FRS TE 4 HISTOIRE ._ L'ACADEMIE RONA ME DES SOdENECEES. a ANNÉE M DCCXXXIX. j Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, | pour la même Année, Tirés des Repiftres de cette Académie. AU AR LS. DE L'IMPRIMERIE ROYALE. M DCCXELTI. a rer _. + A "ur s PREND" à ea : 1, 48 = NE "A i = = —— Ste vo. Now, Fo Sie Se EE ==e—— i] pipe DO ten lE Oo} RCE 2) F € F ES >) T nono Da es na Roi HS Roi SE Sas LS: IL à es DIRE pus EN ST EUHIS TOR E PHYSIQUE GENERALE. BSERVATIONS de Phyfique générale. Page 1 ANATOMIE. Sur la Circulation du Sang dans le Fatus. 4 Obfervations Anatomiques. 14 CHIMIE. Sur le Remede Anglois pour la Pierre. 21 Obfervation Chimique 24 BOTANIQUE. Sur une Racine qui teint les Os en rouge. 26 GEOMETRIE. a T.A,B;L.E. ASTRONOMI E. Sur la Parallaxe du Soleil cr celle de la Lune, 36 Sur la Parallaxe que pourroient avoir des Etoiles fixes, 42 Sur les Réfrattions Aflronomiques. 45 MECHANIQUE.: Sur les Machines à élever l'Eau. 49 Machines ou Inventions approuvées par l'Académie en 1739: s7 Eloge de M. Manfred. 59 Eloge de M. du Fay. | 73 *. 2h ; 1 Et CIE HE 7 ef os (x a LES MEMOIRE": Ur ane Racine qui a la faculté de teindre en Rouge les Os des Animaux vivants. Par M. pu HAMEr. Page 1 Obfervations Anatomiques fur la difpolition naturelle que nous avons à faire certains mouvements avec les deux mains à la fois, ou avec les deux pieds à la fois, plus facilement en fens contraire qu'en même fens. Et fur la difficulté naturelle de faire à la fois avec les deux mains , ou avec les deux pieds, certains mouvements différents, dont l'alternative n'a aucune difficulté. Par M. WinsLzow. 14 Obfervations Affronomig. faites dans le Voyage de l'an. 173 8. Par M. ÉRESINs DE THuURY. 24 Sur le Trou Ovale. Pin tnss Par M. LÉMERY. 31 Des Moyens que l'on propofe pour remédier aux Abus qui fe font glffes dans l'ufage des différentes Mefures. Pax M. D'ONS-EN-BRAY. SI Obfervations de TE: chiple de Lune du 24 Janvier, & de deux Eclipfes d'Efoiles fixes par la Lune. Pa M. Cassini DE THURY. 59 Sur la Liqueur Eïhérée de M. FroBENIUS. Pax M. HELLOT. . LH 62 x ji TABLE. $uite d'un Mémoire donné en 17 3 3, qui a pour titre : Déter- mination Géométrique de la Perpendiculaire à la Méri- dienne, dc Par M. CLAIRAUT. 83 Sur le Trou Ovale. Second Mémoire. Par M. LÉMERY. 97 Sur les Opérations Géométriques faites en France dans les annees 1737 © 1738. Par M.CassiNI DE T'HURY. 119 Effais fur l'ufage de la Plante nommée par C. Bauhin Polygala vulgaris, pour la guérifon des Maladies inflammatoires de la Poitrine, Par M. pu HAMEL. 13% Mémoire fur la confervation ér le rétabliffement des Forêts. Pax M. DE BUFFON. 140 De la meilleure maniere d'employer les Seaux pour élever de l Eau. . Par M. Camus. : 157 Obfervations Jur l'anatomie de la Sanÿfuë. Premier Mémoire. Par M. MoRAND. 189 Recherche de la Parallaxe du Soleil par l'obférvation de Mars, au temps de fon Oppofition avec le Soleil, de l'année 173 €. Par M. Cassini. 197 Recherche de la Parallaxe de la Lune par les Obfervations de la Conjonéhion E‘chptique de Jupiter 7 d'Aldebaran avec la Lune, du 29 Novembre 173,7, © du 2 Janvier 173 8. Par le même. À 220 Recherche du Diametre de la Lune. Par le même. 297 Hifloire d'une Plante , ‘conmuë par les Botanifles fous le nom de PILuLARIA Par M. BERNARD DE JUSSIEU. 240 Obfervation de LEchpfe du Soleil du 4 Août r7 39. Par M. CaAssiNI, 457 TABLE Sur les Explications Cartéfienne à Newtonieune de la Réfraëion de la Lumiére. Pax M. CLAIRAUT, _ 259 Sur le Remede Anglois pour la Pierre, Par M. GEOFFROY, RE 27 5 Sur les meilleures Proportions de Pompes, & des parties qui les compofent. Pa M. Camus. 297 Expériences [ur la Refpiration, Par M. DE BREMOND. 333 Sur la maniére la plus fimple d'examiner fi les Etoiles fixes ont une Parallaxe, à7 de la déterminer exaëlemenr. Par M. CLAIRAUT: 358 Art de faire une nouvelle efpece de Porcelaine , par des moyens extrémement fimples &7 faciles , ou de transformer le Verre en Porcelaine. Premier Mémoire. Par M. DE REAUMUR. 3790 Obférvation de l'E chipfe de Lune du 8 Septembre 1 7 37, faite à Quito. Pa M. Gopin. diu389 Suite de l'Effai d'une Théorie nouvelle de Pompes. Par M. PiTor. 393 Sur les Réfradtions Affronomiques dans la Zone Torride. Par M. BouGuEzr. 407 Obfervation de l'E‘clipfe de Lune du 8 Septembre 1737, faite - à Quito. Par M. BoucGuERr. 423 Recherches générales Jur le Calcul Intégral. Pax M. CLAIRAUT. #75 Oëfervation de l'E ‘chpfe du Soleil, faite à Paris le 4 Août 1,73 9. Par M. LE Monnier le Fils. 437 TABLE Addition au Mémoire fur le Remede de M!" STEPHENS. Par M. GEOFFROY. 44 Quférvations du Thermometre pendant l'année 1739 , faites à Paris à en différents Pays. Pax M. DE REAUMUR. 447 Obfervations Méiéorologiques faites à l'Obfervatoire Royal pen- dant l'année 1739. Par M. MARALDI. 467 Oëfervations Jur quelques Plantes venimeufes. Pa: M.SAuvAGES DE LA Croix, de la Société Royale de Montpellier. 469 HISTOIRE HISTOIRE. L'ACADEMIE ROYALE D'ES'HSCIENCES. Année M. DCCXXXIX. 0,0,0,0,0,0,0,0,0,00,0,0,0,00,0,0,0,6,0,0 80) PHISIQUE GENERALE. DUB SE RVAMT ON:S DÉNPRENSIOQUV.E GENERALE. Zi N à vû en 172 1 * les idées de M.deReaumur * ,, 12, SN fur la formation des Cailloux. M. Bafin, & iuiv. Correfpondant de l Académie à Strafbourg, a voulu éprouver fr en les: fuivant, il pourroit 2S| parvenir à faire un Caillou artificiel, À ja fin de 1734 il prit de la Terre de Potier toute : Hifi. 1739, - À 2 HiSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE préparée pour faire de la Vaiffelle de Cuifine, le morceau étoit de la grofleur des deux poings, il le détrempa dans beaucoup d'eau, & s’aflüra bien qu'il n’y avoit aucun gravier, aucune petite pierre, mais feulement de la terre pulvérifée, 11 la mit dans une Etcuelle de Terre vernifiée, qu’il expofa fur une fenêtre en dehors au Nord. Il avoit répandu fur la furface de fa terre, en deux endroits différents, quatre bonnes pincées de Limaille de Fer, afin que s’il fe formoit un Caillou, il prit cette teinture métallique. Pendant tout le cours des deux années 1735 & 1736, M. Bafin arrofa cette terre prefque réguliérement tous les jours avec de l'eau de Puits, qu'il jugeoit plus propre qu'une autre à fon deffein, parce que s'étant filtrée au travers des Terres, elle doit s'être chargée de plus de Suc pierreux. En 1737 & 1738 il cefla d'arrofer {a terre, & au commen- cement de 1739, efpace de temps affés court par rapport à ce qu'il cherchoit, il voulut voir s’il ne feroit rien arrivé. Ï n'avoit pas été abfolument trop impatient. Il fentit au fond du Vaifleau un Corps dur qui ne fe laïfloit pas féparer par un Couteau comme avoit fait tout le refte, & il fe trouva que c'étoit une véritable Pierre, grofle comme une Noifette, & qu'il ne put cafler avec le Marteau, qu'en y employant la même force qu'il eût fallu pour applatir la tête d’une Broquette, après l'avoir enfoncée; l'extérieur des fragments étoit la vraye terre, reftée dans l’'Ecuelle fans altération. On m'avoit encore qu'une efpece de Grès, qui felon toutes les apparences füt devenuë Caillou avec le temps. Pour fçavoir plus fürement ce qui en feroit, ou plûtôt pour le faire fçavoir à la poftérité, M. Bafin a remis le refle de fa terre dans Ja même Terrine, après lavoir détrempée de nouveau, & au milieu de cette mafle eft une petite Bou- teille de verre bouchée, où il a fait entrer un petit papier roulé, qui porte fon nom écrit avec une date. On verra un jour fi cette terre fe fera pétrifiée autour de la Bouteille, qui annoncera le temps qu'aura duré l'opération, mais il faut que le tout {e fauve de bien des accidents contraires au fuccès. À 4 LA BUEASMSUCNFE N'C'E S z mise IT. * On a appris par M. Geoffroy, que le petit Géant dont il a été parlé en 1736 *, qui avoit alors 7 ans, n'a crû depuis ce temps-là que de 3 pouces 2 lignes, ce qui eft peu confidérable par rapport à l’accroïflement rapide qu'il avoit pris depuis fa naïflance. Peut-être une Pleuréfie & la petite Vérole qu'il a euës, lont-elles arrêté. Cependant il-a déja toute la force corporelle de 18 ou 20 ans, & fon Menton fe difpofe à être garni, avant deux ans, d'une Barbe fort épaifle. Il a la voix forte, & d'une bafle Taille. A l'Ecole il fait mieux que fes Camarades plus âgés. Il ne laiffe pas d'être fort timide ; ne feroit-ce point par une efpece de honte d'être fi avancé? N°: renvoyons entiérement aux Mémoires * p.55: Les Obfervations du Thermometre à Paris & en EV. les M. différents Pays pendant l'année 1739, par M. de Reaumur. P #47 Les Obfervations Météorologiques de M. Maraldi, à Paris. p. 467. A ÿj V. les M. p.31 &97- * V. PHift. de 1699. p.25. &[. * p.36. &f. */p.32.&f * p. 17. &f. * V.les M. de 1725. p.23 &260. 4 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE IRESESESESNIPESESESSSE) ANATOMIE. SUR LA CIRCULATION DU SANG D'A’NS",L.E'; FŒST U 5 C ETTE Queftion a occupé l'Académie dès fon Renou- vellement en 1 699 *. Elle a été continuée en 1701*, en1703*,en1717*, &enfin en 1725 *, & quoique fi fouvent & fi long-temps agitée, elle demeuroit encore affés indécife, non par l'opiniâtreté d’un parti vaincu qui ne voulüt pourtant pas fe rendre, mais parce que le parti le plus foible en effet n'étoit pas entiérement vaincu. M. Winflow trou- voit même que les deux partis avoient raifon, & il s'en étoit expliqué dans les deux endroits cités de 1725. IH feroit bon de fe les remettre fous les yeux, aufli-bien que tous les autres que nous venons d'indiquer, car nous croyons devoir épargner au Lecteur une longue & fatigante répétition de cent chofes déja dites, & la plüpart dites plus d’une fois. M. Lémery reprend aujourd’hui toute cette matiére aban- donnée prefque par laffitude, & il veut la faire envifager d'un nouveau point de vüëé, d’où elle n’a point encore été confidérée, & qui eft cependant le plus naturel, & le plus propre à la mettre dans fon véritable jour. I ne diffimule pas qu'il eft entiérement porté pour le Sifleme ancien & commun qui fait pafler le Sang de droite à gauche dans le Cœur du Fœtus. Soit que le Sang tienne cette route, ou fa route contraire, ainfi que le prétendoit feu M. Méry, il eft certain que cette circulation eft extra- ordinaire, qu'elle n’eft que dans le Fœætus, & n’eft fondée que fur ce que le Fœtus ne refpire point. Selon le Sifteme commun, ce défaut de refpiration fait que les Véficules du Poumon, deftinées à être remplies d'Air dans Adulte, ne ‘ 4 DAEUSNASQC LE INCCCE 8 l'étant point dans le Fœtus, demeurent affaiffées & applaties, que les Vaifleaux Sanguins qu'elles devroient par leur gon- flement tenir fufffamment féparés les uns des autres, & afés ouverts pour recevoir aifément le Sang, font dans le même état d’affaiffement où elles font, & qu'enfin la Nature a dû épargner à une grande partie du Sang une circulation trop difficile ou alors impoflible au travers du Poumon, ce qui emporte que le Sang paflera du côté droit du Cœur dans le gauche. Selon le Sifteme de M. Méry, ce même défaut de refpiration dans le Fœtus fait que tout fon Sang eft moins rempli, moins animé d'Air, moins propre à être pouflé par le Cœur dans tout le Corps, & la Nature en le faifant pañer du côté gauche du Cœur dans le droit, lui épargne en effet beaucoup de chemin, & a égard à ce qu’il lui eût été alors ou trop difficile ou impoñlible d'en faire davantage. Voilà l'idée générale des deux Siftemes affés exactement comparés, & il eft aifé d'en conclure que le premier a de l’avantage fur le fecond. | Le premier fatisfait à deux vüës, & le fecond ne fatisfait qu'à une. Non feulement le Sang du Fœtus n’eft pas affés impregné d’Air pour être aifément pouflé par le Cœur & diftribué dans tout le Corps, mais de plus le Poumon en particulier fe trouve, faute d’une affés grande quantité d’Air, hors d'état de recevoir dans fes Vaifléaux affés de Sang. Le premier Sifteme auffi-bien que le fecond diminuë & facilite la circulation générale du Sang par tout le Corps, mais le fecond ne confidere nullement celle qui fe fera par le Pou- mon, quoiqu'elle aït beaucoup plus de difficulté, & une difficulté qui n'appartient qu'à elle. Dans l'un & l'autre Sifteme, tout l’Air qui eft dans le Sang du Fœtus, lui vient de la Mere par la Veine Ombili- cale, qui jette dans la Veine-Cave du Fœtus un Sang animé de Air que la Mere a refpiré. Ce paffage de la Veine Om- bilicale dans la Veine-Cave du Fœtus fe fait par le moyen d'un Canal de communication , appellé Veineux , tiré exprès par la Nature, & qui ne fubfifte que dans le Foœtus. Si cet À ii \g 6 HiSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Air venu de la Mere peut bien fufhre au Sang du Foœtus pour le mettre en état d'être pouffé par le Cœur dans toutes . les parties où il ne trouvera qu'une foible réfiftance, mais non pas dans le Poumon où il en trouveroit une très-grande, Je fecond Sifteme ne répond rien à cette difficulté, quoique très-confidérable, & le premier la prévient. If ne paroït pas que l'embarras du Poumon & laffaiflement où il doit être par rapport à toutes les autres parties du Corps, ne doivent être ici comptés pour rien. Il paroît même au contraire que cet embarras & cet affaiflement doivent être l'unique caufe de la circulation extraordinaire du Sang dans le Fœtus. Lorfque tout ce Sang lui eft venu de la Mere, il étoit certainement aflés animé d'Air pour pouvoir pénétrer jufqu'aux extrémités du Corps de la Mere les plus éloignées. IT eft intercepté en chemin, & verfé dans la Veine-Cave du Fœtus, & il left même par un chemin abrégé, ce qui le fait arriver plus promptement & fans avoir rien perdu de fon Air. Il va pénétrer également dans toutes les parties du Corps du Fœtus, pourvü qu'elles foient toutes également difpofées à le recevoir. Mais il eft bien für que celles du Poumon ne font pas autant que toutes les autres dans l’état où elles pourroient être, & où elles feront un jour pour le bien recevoir, il Jeur manque d’être gonflées & tenuës dans une certaine extenfion par un Air que le Fœtus lui-même eût refpiré, & cette condition ne manque qu'à elles, puifqu'’elles en font feules capables. Cependant il eft bien für auffi que le Poumon du Fœtus reçoit du Sang, car il croît toûjours, & ce ne peut être que par des Sucs nourriciers que le Sang y dépofe; mais il eft aifé de comprendre que le Poumon ne reçoive qu’autant de Sang qu'il faut pour cet effet, & non pas autant qu'il en recevroit fi les paffages y étoient plus libres, la lenteur même du mouvement du Sang aide alors à la dépofition des Sucs nourriciers. Mais pour ne s’en pas tenir à cette idée qui ne feroit pas aflés exacle, il eft bon de remarquer que les parties du Corps » D DIÉNSNASIEUTPE UN C Es ne font pas nourries par les gros Vaifleaux qui y conduifent le Sang en les traverfant, mais par de plus petits Vaifleaux qui s’y terminent. Les gros font de grands chemins où le Sang ne fait que pafler rapidement, les petits font des fentiers étroits où le Sang détourné & rallenti laifle des Sucs nour- riciers qui s’y attachent. Ainfi le Cœur n'eft pas nourri par _ le Sang de fes Oreillettes, de fes Ventricules, ou des gros Vaiffeaux Sanguins qui y aboutiflent, ou en fortent, mais par celui de 'Artere Coronaire où Cardiaque, Vaïfleau beaucoup plus petit, & qui lui eft particulier. De même le Poumon n'eft pas nourri par le Sang de l’Artere Pulmonaire, mais par celui de la Bronchiale. Dans le Fœtus le Poumon recevra beaucoup moins de Sang à proportion que les autres parties du Corps, mais il ne laiflera pas de fe nourrir À proportion des autres parties par le moyen de l'Artere Bronchiale, qui contient toüjours fa quantité de Sang indépendamment de lArtere Pulmonaire. Nous n’entrerons point dans d'autres raifonnements plus fçavants & plus profonds fur lefquels M. Lémery appuye la préférence qu'il donne au premier Sifteme fur le fecond. Nous avons parlé d’un troifiéme qui confifte à les admettre tous deux, & la feule autorité de celui qui le propole, fem- bleroit prouver qu'il n’y a rien d’abfolument décifif en fa- veur ni de fun, ni de d'autre. Aufi M. Lémery vient-il enfin à fa derniére & nouvelle preuve, qui ne laïffe plus tant de lieu à l'incertitude, fi elle y en laïfle encore. Jufqu’à préfent ceux qui ont traité de la Circulation du Sang dans le Fœtus, ne l'ont confidérée que dans le Fœtus tout formé, & où elle étoit déja toute établie. Mais M. Lé- mery la prend de plus loin, il remonte jufqu’à l'Œuf, jufqu'à TEmbrion qui commence à fe former. C'eft de-là certaine- ment que partiront de premiéres déterminations, qui influe- ront beaucoup fur tout le refte du Méchanifme de Animal. Tous les Phificiens conviennent aujourd’hui que Animal eft déja tout formé dans lŒuf, mais extrêmement en petit, comme la Plante dans fa Graine ou Semence, & que tout-ce 8 H1STOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE qu'on appelle Génération, n'eft qu'un développement. Pour ne parler que de l'Animal, & même de l'Homme, ce dé- veloppement ne fe fait que par le Sang de la Matrice de Ia Mere, qui pañle dans l'Œuf qu'on fuppole s'y être attaché. Ce Sang toüjours pouflé de ce même côté-là par le Cœur de la Mere, pénetre d’abord, mais en très-petite quantité, dans les premiers petits Canaux de lŒuf capables de le recevoir , les étend , les dilate, les rend toüjours capables d’en recevoir une plus grande quantité, & toüjours ainff de fuite. Le développement eft fucceffif, non feulement parce que tous les Canaux du Fœtus n’acquiérent que par degrés & peu-à-peu l'extenfion qu'ils doivent avoir, ce qui eft évident, mais encore parce que tous les Canaux n’acquiérent pas en même temps leur premiére extenfion. Ceux qui s'offrent avant les autres au Sang venu de la Mere, doivent s'ouvrir & fe dilater plütôt. Le Placenta, qui eft une efpece de Réfervoir d’où le Fœtus doit tirer toute la matiére de fon accroiflement, eft une partie de F'Œuf qui s'eft développée la premiére, & avant que le Fœtus füt en état que du Sang y püt circuler. Mais dès qu'il eft en cet état, quel chemin tiendra le Sang qui va y aborder? Il n’y en a qu'un, c'eft celui de la Veine Ombi- licale qui ayant ramaflé d’abord, & enfüuite diftribué dans les différentes ramifications du Placenta, tout le Sang venu de la Mere, le porte au Fœtus. Cette Veine fe décharge par le Canal Veineux dans la Veine-Cave du Fœtus, gros Vaifieau par rapport aux autres, & cette Veine, plus grofle du côté du Cœur du Fœtus que par-tout ailleurs, le jette naturellement de ce côté-à, & jufque dans Oreillette droite de ce Cœur, où elle aboutit. Cette Oreillette obligée à fe dilater pour recevoir ce Sang, fe contraéte enfuite par fon Reflort, & c'eft-R fa premiére Siftole, par laquelle elle envoye le Sang dans le Ventricule droit qui lui répond. Nous n'avons pas préfentement à fuivre cela plus loin. La Cloifon qui fépare les deux Oreillettes du Cœur eft percée HR SO GIREINC E S 9 percée dans le Fœtus par ce Trou Ovale qu'une longue conteftation a rendu fi fameux. Les deux Oreillettes com- muniquent donc alors enfemble, & n'en font qu'une, fi lon veut. Il faut que le Sang reçü dans l’une pañle auffi-tôt dans l’autre, & comme il vient bien certainement de lO- reïllette droite, il ne peut aller dans l'autre qu'en allant de droite à gauche ce qui décide abfolument la Queftion préfente. Cette direction du mouvement du Sang néceflaire- ment établie dès la premiére origine de ce mouvement, ne changera plus, à moins qu'il ne furvint des accidents bien finguliers. Après qu'on a remarqué que le Sang arrive & ne peut - arriver pour la premiére fois au Fœtus que par le côté droit de fon Cœur, & qu'il peut & doit même pafler de-là im- médiatement dans le côté gauche, au moins en partie, il r'eft plus pofhble d'imaginer qu'il aille jamais de gauche à droite. La fource eft à droite, & il n’y en a point à gauche. Le Cœur étant le premier moteur, le principe de fa Circulation, il eft important que le Sang arrive à celui du Fotus le plütôt qu'il fera poffible. Dans cette vûë la Nature a fait le Canal Veineux qui n’eft que dans le Fœtus, & qui de la Veine Ombilicale porte le Sang dans la Veine-Cave du Fœtus à peu de diftance de fon Cœur. Si, lorfqu’il eft reçû dans l'Oreillette droite, il n’y trouvoit point le Trou Ovale, cette Oreillette en fe contraétant, ne pourroit que le pouffer tout entier dans fon Ventricule, de-là dans l'Artere Pulmonaire, dans les Veives du Poumon, dans l'Oreillette auche, &c. circulation bien conftante dans Adulte. Mais quelques difficultés, ou même impofñbilités, s'y oppoferoient. Le Poumon n'eft pas en état de recevoir tout le Sang qui lui feroit apporté. If eft vrai que nous concevons ici que d'autres parties le reçoivent bien, telle eft l'Oreillette droite, la premiére qui en ait reçû & qui s'eft développée en le recevant, tel eft le Ventricule droit. Mais il faut re- marquer que le Poumon eft la feule partie qui, pour être dans toute l'extenfion qu'elle peut avoir, ait befoin d'un Hif. 1739. - B 10 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE fecdurs étranger, de celui de l'Air qui s'infinuëra dans fes Véficules uniquement deftinées à le recevoir. Or ce fecours manque abfolument au Poumon du Fœtus, qui né peut donc recevoir du Sang que comme toute autre partie en recevra, mais non pas autant qu'il en recevroit dans l’Adulte. Ainfi la Circulation ne peut pas fe faire dans le Foœtus précifément comme dans l’Adulte. Le Cœur a deux Oreillettes à chacune defquelles répond un Ventricule. Quand une Oreillette eft dans fa dilatation ou Diaftole, elle reçoit le Sang, & au moment fuivant elle le poufle par fa contraction où Siftole dans fon Ventricule, La Diaftole & la Siftole font perpétuellement alternatives dans chaque Oreillette, mais la Diaftole de l’une fe fait en même temps que celle de l'autre, & il en eft de même de leurs Siftoles. C’eft ce mouvement égal & régulier qui fait la vie, & il doit avoir commencé par être dans le Fœtus tel qu'il fera toûjours enfuite dans l'Adulte. S'il n'y avoit point de Trou Ovale, le Sang n'étant reçû que dans l'Oreil- leite droite, cette Oreillette feule fe mettroit en Siftole pour le poufier dans fon Veniricule, & il feroit inconcevable que ce Sang arrivé au côté gauche après avoir traverfé le Poumon qui étoit privé d'Air, extrêmement affoibli par un paflage {1 pénible, eût encore la force de s'ouvrir l'Oreillette gauche, & d'y entrer avec affés de vitefle pour la mettre autant en Reflort qu'il y avoit mis l'Oreillette droite à fa premiére arrivée. On voit aflés que par le moyen du Trou Ovale le Sang qui ef arrivé à Oreillette droite fe trouve en même temps dans la gauche, que par conféquent les deux Oreil- lettes fe mettent enfemble en Siftole, d’où fuit tout le refte comme dans l'Adulte, M. Lémery infifte beaucoup fur les inconvénients qui naîtroient de ce que le premier Sang ne feroit pas reçü en même temps dans les deux Oreillettes. Le côté droit du Cœur feroit donc développé, feroit vivant, pour ainfi dire, avant le gauche, & pareillement, toutes les parties qui appartiennent au côté droit, qui en de DES) SICILE NC Es, 1T dépendent. Le Poumon, qui en eft la principale, feroit entiérement développé, tandis que le Cœur ne le feroit qu'à moitié, & cependant le Poumon, qui faute d'Air n'a point de fonction dans le Fœtus, y eft beaucoup moins important que le Cœur, qui y eft toüjours, auffi-bien que dans l’Adulte, le maître Refort. L'Aorte eft l'Artere qui porte le Sang dans toutes les parties du Corps pour la Circulation générale, car l'Artere Pulmonaire ne fait cet office que pour le Poumon en par- ticulier. L’Aorte part du côté gauche du Cœur, & fe divife d'abord en deux grofles Branches principales, l’une Afcen- dante pour les parties fupérieures, l'autre Defcendante. Dans le temps où il n'y auroit que le côté droit du Cœur du Foœtus qui fût développé, l'Aorte Defcendante recevroit du Sang par le Canal Artériel, qui l'auroit, pour ainfi dire, dérobé à l’Artere Pulmonaire, mais l'Aorte afcendante ne recevroit point de Sang. Ainfi les parties inférieures fe développeroient plûtôt que les fupérieures. Et dans le fait c'eft précifément le contraire. Le haut du Corps eft formé avant le bas, la Tête beaucoup plus grofle à proportion que le refte, & d'autant plus grofle que lé Foœtus eft moins âgé. Ce fujet a été traité aflés au long en 1701 *. On a déja vü que les parties du Corps ne font pas nourries par les gros Vaifieaux Sanguins qui les traverfent, mais par de plus petits qui s’y terminent. Le côté droit du Cœur fera développé, étendu par le Sang qui y aborde, mais comme il y en aborde fans cefle qui l’oblige à s'étendre de plus en plus, extenfion feroit bien-tôt trop violente, & la future du Cœur ne la pourroit plus foûtenir. Il faut *Xp.19.&f 240/F dir. donc, puifqu'il ne fe détruit pas, qu'il acquiére en même temps la force qui lui eft néceflaire, & cette force il ne la peut acquérir qu'en devenant d'une confiftance plus folide & plus ferme, en fe nourriffant. Or le Cœur ne fe nourrit que par l’Artere Coronaire, Rameau de l’Aorte, qui ne part que du côté gauche, & par conféquent n'a pas été privé de Sang. Hs 10 1 B ij 12 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE La raifon de l'affaiflement du Poumon, qui étoit la feule que l'on eût trouvée jufqu’à préfent pour le paflage du Sang de droite à gauche, fubffle toüjours, mais elle n'eft plus la feule, & l'on voit qu'il y en faut ajoûter plufieurs autres, qui déterminent encore plus précifément & plus fürement la néceffité de ce paflage. On fçait que le Trou Ovale diminué toüjours à mefüure ue le Fœtus croît, & qu'enfin il fe ferme entiérement dans l'Adulte, plütôt, ou plütard. La caufe de ce phénomene faute aux yeux. Le Poumon dans les premiers commence- ments eft entiérement affaiffé, l'Artere Pulmonaire n'y peut prefque pas pouffer de Sang, ni par conféquent en recevoir du Ventricule droit, ni ce Ventricule de l'Oreillette droite qui eft la premiére fource. Il fe fait donc un regorgement dans cette Oreillette, & une grande partie du Sang qu'elle contient eft obligée d'en fortir par le Trou Ovale; ce fera, fi l'on veut, une moitié de tout le Sang. S'il continuë toû- jours d'en fortir une moitié, elle aura toüjours befoin d’une ouverture de même grandeur, & entretiendra celle du Trou dans cette grandeur égale. Mais fi l'affaiffement du Poumon diminuë, comme il le doit néceffairement , quoiqu’encore fans Air, s’il devient plus aifé à pénétrer par le Sang, alors le regorgement du Sang dans l'Oreillette fera moindre, il n’en fortira plus que le tiers, enfuite le quart, & ces quan- tités toüjours moindres n'ayant pas befoin d'ouvertures fr grandes pour fortir, permettront au Trou Ovale de dimi- nuer toüjours. Car il faut fuppofer qu'il y tend fans cefle, puifqu'enfin il fe ferme. La Méchanique n’en eft pas difficile à expliquer, & elle l'a été. Jufqu'ici pour éviter de compliquer les idées fans une néceffité abfoluë, nous n'avons point parlé d'un fait qui appartient à la Circulation du Sang dans le Fœtus, & auquel il paroït que les Phificiens n'ont pas fait beaucoup d'attention. Nous avons toüjours fuppofé que la Veine Ombilicale fe déchargeoït par le Canal Veineux dans la Veine-Cave du Foœtus, cela eft vrai, mais ce n’eft pas tout le vrai, la \ 4 DÉEMSNSICUTE N'TC'E $, I Veine Ombilicale fe décharge immédiatement dans le Sinus de là Veine-Porte du Fœtus, où le Sang qu'elle contient fe partage en deux portions inégales, la plus forte va par le Canal Veineux dans la Veine-Cave, l’autre fe rend dans le Foye. On a aflés vû à quoi étoit deftinée la premiére por- tion, mais quel eft l’ufage, & en quelque forte l'intention de Îa feconde ? I! tomberoit d’abord dans lefprit que fi la premiére va développer le Cœur, la feconde va développer le Foye, mais le développement du Cœur eft beaucoup plus prefié que celui du Foye, & pourquoi la Nature donneroit- elle cette préférence au Foye fur tant d'autres parties qui n’en étoient pas moins dignes ? M. Lémery répond affés amplement à cette difficulté, qui n'avoit point encore été traitée, & nous ne donnerons que l'eflentiel de fa réponfe. Dans le développement du Fœtus, les Arteres doivent précéder les Veines, parce que les Arteres font les premiers Vaifleaux où le Cœur pouffe le Sang, & où il le poufle avec le plus de force, & que les Veines ne le peuvent recevoir enfuite que fort rallenti. De plus les Ar- teres ou des rameaux d’Arteres nourriflent toutes les parties, & par-là font plus importantes que les Veines , car la caufe Méchanique & la caufe finale s'accordent toûjours. Or tous les Phificiens conviennent que la Veine-porte, quoique véri- tablement Veine, fait la fonétion d’Artere à l'égard du Foye, & que nulle autre Veine du Corps n’eft dans ce cas-là. Par conféquent la Veine-porte a dû être privilégiée, & traitée comme Ârtere par un développement auf avancé que celui des autres. Si les lumiéres qu'on vient de répandre fur la Queftion. de la Circulation du Sang dans le Fœtus pouvoient enfin la terminer, cet exemple aideroit à prouver que les plus lon- gues conteftations des Philofophes ne font pas pour cela de mature à ne finir jamais, & qu'au lieu de leur reprocher leurs incertitudes , il faudroit les louer de la fage patience avec kquelle is attendent les clartés néceffaires.. B ii 14 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLE OBSERVATIONS ANATOMIQUES. I. N Charpentier du Port de l'Orient, âgé de 37 ans, étant fur un Echaffaut, la Sonnette fut renverfée par la pefanteur du Mouton, & le Ranchet lui tomba fur la Tête. La moitié du Coronal, les deux Pariétaux & prefque tout l'Occipital furent dépouillés du Cuir chevelu & du Pericrane, la Peau totalement enlevée, & le tout fe trouva dans le Chapeau du Bleffé. Une feconde Playe, large d’un pouce, occupoit Ja partie moyenne & inférieure du Coronal au côté droit, & divifoit la Paupiére fupérieure en deux parties avec une fraéture fenfible du Coronal. La partie fupérieure de Os du Nés étoit écralée, & cette fraéture étoit compliquée d'une Playe qui pénétroit jufqu'au Vomer. Il n'y avoit de fraéture que celle-là & celle du Coronal. On ne remarquoit aucun fimptome d'épanchement dans le Cerveau. Cet acci- dent arriva le 1 $ Octobre 1738. M. du Fay, Médecin de l'Hôpital de la Compagnie des Indes à l'Orient, & qui a écrit cette Relation à M. Geoffroy, eut très-mauvaife opinion de l'état de ce pauvre homme, ïl lui fit faire d'abord des Saignées révulfives, le mit à une diéte très-rigoureufe, & le traita non feulement felon toutes les Regles de l'Art, mais avec toute l'attention néceflaire à l'application des meilleures Regles. Nous fupprimons tout ce détail de la Cure, pour ne donner ici que ce qu'il y a eu de plus fingulier. L Le Malade fut toüjours fans fiévre. Seulement les chan- gements de temps lui caufoient de vives douleurs, fuivies quelquefois d'infomnies & de perte d’appetit. Dès le 9€ jour on commença à voir l'établiffement d'une bonne fuppuration. Quelques jours après, de petites portions du Pericrane fe féparerent. A chaque penfement M. du Fay voyoit fe répandre fur tous les Os découverts une Rofée qui dura pendant deux mois. D'ENS Sie 7 E N'c'rs 15 Pendant tout le temps que la Playe du Nés fut ouverte, il en coula une matiére pituiteufe mêlée d’un Sang noirâtre, mais la Playe ayant été réunie au bout de fix femaines, le même écoulement prit la route du Palais, & le Malade cracha ce qui fortoit de cette Playe du Nés. Le 14 Mai 1739 tout étoit fini, toutes les Playes cica- trifées. Le Cuir qui avoit été abfolument enlevé, comme ïl a été dit, fe reproduifit de lui-même, ce qui feroit déja aflés étonnant, mais ce qui l'eft encore plus, cette reproduétion ne fe fit que du côté de l'Occipital ; les parties qui le re- couvrirent, fe prolongeoïent en patte d'Oye, & peu-à-peu s'étendirent fur les Pariétaux, lOccipital & le Coronal. IL M. de la Borderie, Docteur en Médecine, & de l'Aca- démie des Belles Lettres de Touloufe, a écrit de Montargis à M. Winflow la Relation du Sommeil extraordinaire d’une- Femme de la Paroifle de St Maurice fur Lauron. Elle a 27 ans, mariée depuis le 22 Avril 1738, avec un homme qui en a 60, & elle a vécu avec lui fans aucune indifpofition jufqu'au 22 Juin de la même année qu’elle s'endormit pen- dant 3 jours fans s'éveiller, & fans qu’on la püt éveiller de quelque maniére qu'on s’y prit. Elle s'éveilla enfin naturel- lement, demanda aufli-tôt du pain, & fe rendormit en le mangeant, au bout de $ ou 6 Minutes. Ce fecond fommeil dura 13 jours entiers fans qu’elle mangeât, ni bût, ni fit aucune évacuation , à Ja réferve de fes Regles, qui lui fur- vinrent bien conditionnées. S’étant réveillée, elle ne le fut à peu-près qu'autant que la premiére fois. Elle mangea en- core du pain, fatisfit aux autres befoins naturels, & fe ren- dormit, mais feulement pour 9 jours, car on croyoit que le fommeil iroit toûjours en augmentant. Enfin pendant tout le refte de 1738, fa vie n’a été qu'une alternative continuelle & bizarre de fommeils exceffivement longs & de veilles très-courtes & très-difproportionnées. Le moindre fommeil a été de 3 jours, & le plus long de 1 3. La plus longue veille a été de demi-heure, fi on en excepte deux, l’une de 3 heures, 16 HiSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE l'autre de 24, celle-ci après avoir pris l'Emétique, & avoir été faignée du bras & du pied. Son fommeil eft fi profond, que M. de la Borderie ne pouvoit pas l'en tirer en lui chauffant les doigts des mains prefque jufqu'à les brüler. Du refte ce fommeil eft extrême- ment doux & naturel, nulle agitation, nulle chaleur extra- ordinaire, la refpiration très-libre , le poux réglé, même avec une certaine force, la couleur du vifage point altérée, une petite moiteur comme dans l'état de fanté. 11 femble feule- ment qu'il y auroit-là quelque léger commencement de Catalepfe, car quoiqu'en général les membres de la Malade n'euffent point de roideur, fes bras, quand M. de la Borderie les avoit relevés, paroiïfloient difpofés à fe tenir long-temps dans cette fituation, & il falloit qu'il les lui fléchit pour les faire rebaïfier. Elle ne devient point plus maigre. Depuis qu'elle a pris l'Emétique, elle fe plaint d’un grand mal d’Eflomac qu'elle fent quand elle fe réveille, & de plus fes Regles qui avoient toüjours paru très-périodiquement, font fupprimées. Jufqu’à préfent l'Académie n'a rien fçû de ce qui lui eft arrivé en 1739. DE Une Femme de Franche - Comté étant accouchée fort heureufement de fon fixiéme Enfant en 1732, fentit quel- ques jours après fes couches une douleur, mais fort fuppor- table, dans la région Hipogaftrique du côté gauche. Son ventre commença à augmenter toüjours de volume peu-à- peu ; la douleur, qui avoit d'abord été fixe au côté gauche, devint générale dans toute la capacité du Ventre, & toûjours plus vive. N'ayant reçû pendant $ ans aucun foulagement ni de tous les Médecins, ni de tous les Empiriques qu'elle put voir, elle s'abandonna à fon mal, qui cependant croifloit perpétuellement. L’enflüre vint à tel point dans les deux années fuivantes, qu'enfin la Malade ne pouvoit plus repofer dans fon lit qu'à genoux, appuyée fur fes Coudes, la face contre le Chevet, parce qu'il falloit que fon Ventre fe logeît dans ne MTS Sc rr N c'E's 1 dans un grand vuide pratiqué aû milieu du lit. Elle n'en fortit plus les trois derniers mois de fa maladie; jufque-là Ælle n'avoit pas laiflé d'agir un peu dans fon ménage. Elle avoit fait aufir aflés librement fes fonctions naturelles. Le cours des Menftruës avoit été aflés régulier pendant les trois premiéres années, mais dans les trois derniéres il fut fupprimé. Ce fut dans fon dernier état que la virent M. Attalin Médecin, & M. Vacher Chirurgien de Befançon, dont nous avons déja parlé en 1738 *, leur pronoffic fut très-facheux, & la mort arriva peu de temps après en 1739. Avant que de difléquer le Corps avec toute l'attention que méritoit la fmgularité du cas, on crut néceflaire d'évacuer les eaux par la Ponction, & on en tira 42 Pintes pour le moins, femblables en confiftence & en couleur à du Café, & du refle fans odeur. Enfuite on vit par la Difeétion un * p: 41. & fuiv. grand Kifte, d'où cette prodigieufe quantité d'eaux étoit. fortie, qui occupoit prefque toute la capacité du Ventre, & à tel point qu’il avoit réduit tous les Inteftins au tiers de leur grofleur naturelle, & qu'au premier coup d'œil on étoit fur- pris de ne voir paroître aucun des Vifceres du bas Ventre. Le Foye devenu fquirreux avoit été pouflé contre le Dia- phragme, porté lui-même jufque vers le milieu de la Poi- trine. La Ratte & la Véficule du Fiel étoient prefque entié- rement effacées. Mais la Matrice n’avoit fouftert de la part du Kifte qu'une légére compreffion, &la Trompe & lOvaire du côté droit s’étoient confervés dans leur état naturel. On comprend affés les effets & les defordres que devoit faire l'extenfion d’un Kifte, qui tenoit 42 Pintes, mais ce Kifte lui-même, qu'étoit-il ? quelle étoitda partie qui avoit pris cette énorme extenfion ? M. Vacher, après en avoir bien examiné la pofition en tous les fens par rapport aux autres arties, les attaches par où il tenoit à elles, les endroits où il étoit plus libre , enfm tous les accidents & les circonflances, ne douta point qùe ce ne fût l'Ovaire gauche. Un Soldat du Régiment Royal- Baviére, âgé d'environ Hif. 1739: » C 13 H1STOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE 40 ans, d'un aflés bon tempérament, & naturellement un peu maigre, fentit pour la premiére fois dans le courant de l'année 17 3 3, des douleurs au Genou droit, particuliérement dans les changements de temps ; elles n'étoient ni perma- nentes, ni accompagnées de gonflement, & il fut décidé avec toute la vraifemblance pofñble, qu'il s’'agifloit fimple- ment d’un Rhumatifme. On traita le mal fur ce pied-là, mais inutilement. Il augmenta beaucoup, le gonflement fur- vint, les douleurs furent fans relâche, & le Soldat entra à Y'Hôpital Militaire de Strafbourg en 1737. I y fut traité par M. le Maire Chirurgien en chef, & par M. le Riche Chirur- gien-Major , le dernier eft celui de qui l'Académie tient cette Relation qu'il envoya cette année à M. Morand. Il examina avec beaucoup de foin la tumeur du Genou. Elle avoit environ 20 pouces de circonférence à l'endroit le plus élevé, & s'étendoit de-là en diminuant jufque vers le milieu de la Cuifle. Cependant un mouvement fenfible de flexion fubfiftoit, & permettoit aux Vaifleaux de diftri- buer la nourriture néceflaire à la Jambe, qui en effet ne paroifloit pas fe fentir du dérangement. La tumeur étoit infenfible au toucher, la peau avoit confervé fa couleur naturelle, & de-là M. le Riche jugea que le mal n’intérefloit que les parties Ofeufes. Le Soldat mourut d’une Fievre continuë au bout de trois mois, & M. le Riche louvrit, fort curieux de voir ce qui lui avoit été caché jufque-là. La tumeur ne contenoit aucun liquide, c’étoit un gonfle- ment prodigieux des Téguments & du Fémur, devenu lui- même monftrueux. La Rotule n'étoit point dérangée, mais feulement ramollie, de même que les Os de la Jambe & du Pied, ce qui a fait croire à M. le Riche que cette maladie étoit une efpece de Spina-ventofa fcorbutique, d'autant plus que le Soldat bien interrogé, n'avoit rien dit qui pût le faire foupçonner d’une autre Maladie plus familiére aux Soldats. Les Fibres des Os paroifloient avoir fouffert des altéra- tions très-remarquables, les unes étant confidérablement 0 naine DE S'NSICT'E N° C'E ss 19 écartées, d’autres croifées en différents fens, & comme en taflées les unes fur les autres, d’autres incruftées de différentes couches de matiére ofleufe, quelques-unes hériflées de pointes, d’autres de lames. Le tout formoit un Os dont le Canal médullaire étoit confidérablement élargi, & le volume bien différent du naturel. Aucune des parties molles qui l'envi- ronnoient, n'avoit été entamée, elles n'étoient que gonflées. Ette année M. le Cat, Correfpondant de P Académie, a envoyé des Piéces d'Anatomie & un Mémoire, dans lequel il fe propofe de prouver l'origine des Tuniques com- munes de l'Œil, conformément à ce qui a été avancé par le plus grand nombre des Anatomiftes, quoique contredit par quelques-uns, au nombre defquels eft M. Winflou. Après avoir établi dans fon Mémoire, que le Nerf Optique recoit fa premiére Tunique de la Dure-Mere, il a fait voir dans un Œil difféqué, que la premiére Tunique de FŒïl, nom- mée Sclérotique, eft une expanfion de la premiére Tunique du Nerf optique, & par conféquent de la Dure-Mere. La Pie-Mere fournit, felon les mêmes Anatomiftes, une feconde Tunique au Nerf Optique, mais M. le Cat a remar- qué que lorfque cette Tunique eft arrivée à l'endroit où la premiére & celle-ci fouffrent un petit étranglement avant de s'épanouir pour former le globe de FŒil, la Pie-Mere fe partage en deux lames, dont l'externe eft folide, & va fe confondre avec la Sclérotique, & interne fait la Choroïde, de forte que la Sclérotique, felon lui, eft faite de la Dure- Mere & de la lame externe de l’expanfion de la Pie-Mere, & la Choroïde émane de celle-ci, comme le velouté de lEflomac & des Inteftins émane de leur Tunique nerveufe. M. le Cat ajoûte que la Choroïde fe dédoublant encore vers … a partie antérieure du globe, forme F'Iris par dehors, comme Yon fçait, & la Couronne ciliaire par dedans. Deux Yeux difféqués de la façon de M. le Cat établiffent les deux premiéres obférvations, d’une maniére aflés précife; Ci LS V. les M, p: 14. p.189. RESEER 20 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE & l'on voit fans peine par la Difleétion & le Mémoire, que M. le Cat a de très-grandes connoiflances en Anatomie. *’Académie a reçû je détail de vingt-fept Tailles latérales faites cette année, fçavoir, dix-fept à Rouen, Dieppe & Abbeville, par M. le Cat Correfpondant de l'Académie, fept à Rochefort par M. de la Haye, deux à Befançon par M. Vacher Correfpondant, & une à Perpignan par M. Dari- gran Eleve de M. Morand. De ces vingt-fept Taillés, if en eft mort fix à la fuite de lopération, dont quatre ont été enlevés par des maladies différentes, fçavoir, un à Dieppe qui étoit Hidropique, deux à Rochefort, dans lefquels M. de la Haye trouva des paquets de Vers qui avoient attaqué les Inteftins, & un à Befançon par les fuites d'un mauvais régime. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L'Ecrit de M. Winflou fur les Mouvements qui fe font en mème temps avec les deux Mains ou les deux Pieds, &c. L’Anatomie de a Sangfuë, par M. Morand. Les Expériences de M. de Bremond fur la Refpiration. CT I TE FC x: DE s. SCIENCES. 2T CRIME DUR L'ELREMEDE. ANGLEOIS PORUCRIAESA LEP AE, R KE. A Pierre eft une des plus cruelles Maladies, & elle left v. 1e M. d'autant plus que l’on n’y connoît jufqu'à préfent qu'un p- 275- & feul Remede aufli cruel qu'elle, & fouvent funefte. Qui en +#!- préfenteroit un autre au Genre humain, feroit un de fes plus grands Bienfaiéteurs. C’eft une louange que le Barle- ment d'Angleterre mérite déja, du moins par fon intention, à laquelle les fuccès ont jufqu'ici aflés bien répondu. On entend facilement que nous parlons du Remede donné par Mie Stephens, Angloife, que le Parlement d'Angleterre s'eft engagé à payer très-noblement s'il réuflifloit, & qu'il a en même temps rendu public, afin que toutes les Nations 6 jugeaflent d’une chofe qui les intérefle tant. H s’agit donc maintenant d’éprouver ce Remede. M. Geof- froy l'a compolé felon toutes les Regles prefcrites en Angle- terre, & s’eft réfolu à en fuivre affiduëment & exactement les effets. M. Morand s’eft joint à lui dans le même deffein, ä connoît bien la Maladie, & aura pu s’aflurer par la Sonde, fi les Malades avoient effectivement la Pierre. Ceux en général qui prennent le Remede, rendent par les Urines des Glaires, un Sédiment blanc & plâtreux, de pe- tites Ecailles très-blanches, convexes d’un côté, & concaves. de l'autre, comme fi elles avoient été parties de Fenveloppe pierreufe d’un corps rond, & tous après ces évacuations fe fentent du moins fort foulagés. La plus confidérable & fa plus décifive des expériences communiquées jufqu'à préfent à l'Académie, eft celle d'un Homme de 5 5 ans, qui avoit Ci 22 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE fouffert long-temps tous les Simptomes de la Pierre, & les lus douloureux, & qui fut parfaitement guéri en trois mois, Ïl eft vrai qu'on ne le fonda pas après cette guérifon pour s'aflürer qu'il n'eut plus de Pierre dans la Veflie, mais ce n'eft pas là une opération, ni qu'un Convalefcent voulüt efluyer, ni que le Chirurgien même voulût rifquer, fans un befoin preflant. Ce Remede méritoit.bien d'être examiné à fond, & c’eft ce qu'a fait M. Geoffroy avec tout l'art de la Chimie. On le prend en Poudre, en Tifanne, en Pilules, il y a un ordre & des temps prefcrits pour ces trois maniéres de le prendre, & ce ne font pas précifément les mêmes drogues que l'on prend dans toutes les trois, mais pour éviter de trop grands détails, nous dirons feulement que le Remede en général eft compofé de Plantes déja connuës pour Diurétiques, de Coquilles d'Œufs & de Coquilles de Limaçons, même avec leurs Animaux vivants, bien calcinées, & du meiïlleur Savon, tel que celui d’Alicant, incorporé avec du Miel. Les Plantes Diurétiques faciliteront d'abord par elles- mêmes le cours des Urines, qui en auront plus de force pour entraîner avec elles les matiéres étrangeres & nuifibles, dont la Pierre fe formeroit. Mais de plus, comme ces ma- tiéres font huileufes ou fulphureufes, & que leurs Diffolvants naturels font les Alkali fixes qui ont été produits par des calcinations, ces mêmes Glaires feront difioutes par toutes les Chaux qui entrent dans le Remede, & non feulement elles fortiront plus aifément de la Veflie, mais il ne s'en formera plus, ou beaucoup moins. Auffi dans les premiers temps de l’ufage du Remede tous les Malades rendent-ils des Urines fort chargées, & toüjours enfuite plus claires. Le Savon d’Alicant, principal ingrédient du Remede, eft le Sel de la Soude ou Kali uni avec de l'Huile. C'eft le plus doux de tous les Alkali. Mais la grande queftion eft de fçavoir fi après que les Urines imprégnées des principes actifs que nous concevons DES SCIENCES. 23 ici, auront bien diflous toutes les Glaires contenuës & flo- tantes dans la Veflie, elles pourront difloudre auffi une Pierre qui fe fera formée de Glaires endurcies, collées enfemble, & cuites par la chaleur naturelle, car fi elles ne le pouvoient pas, le Remede ne feroit qu'arrêter le progrès du mal, & procurer un grand foulagement, mais non pas une guérifon parfaite. On ne fera plus dans cette incertitude, quand des Ma- lades bien guéris, felon toutes les apparences, & à qui on avoit trouvé la Pierre par la Sonde avant l'ufage du Re- mede, feront encore fondés après cette guérifon, ou feront ouverts étant morts de quelqu’autre maladie, fans qu’on leur trouve de Pierre. M. Geoffroy qui n’a pas encore par lui- même cette parfaite affürance, a tâché, en attendant, d'y fuppléer par une expérience qu'il a faite. Il a mis tremper dans de 'Urine d’un Malade qui faifoit le Remede, une Pierre très-dure qui avoit été tirée de la Veflie d’un Homme. 1! renouvelloit l'Urine tous les jours, & pendant le premier mois, qui étoit auffi le premier de l’ufage du Remede ; les urines fort chargées de fédiment & de gravier, firent autour de la Pierre une incruftation qui en augmenta le poids. Ce mois paflé, lorfque les Urines ne dépoferent plus rien, la Pierre bien nettoyée de fon incruftation, ayant été remife dans les Urines pures qu'on changeoït encore tous les jours, non feulement ne s'incrufta plus, mais même diminua un peu de poids en dix jours, & parut avoir la fuperficie un peu rongée. Ce feroit-là une préfomption très-légitime & très-forte en faveur du Remede Anglois, fi l’on ne fçavoit pas d’ailleurs qu'il y a plufieurs Eaux fimples qui diflolvent la Pierre, l'Eau d’Arcueil, par exemple. Feu M. Littre a traité ce fujet en 1720%*, Après tout, quand cette vertu diflolvante feroit commune au Remede & à quelques Eaux fimples, il auroit toüjours de grands avantages fur elles, & par fe trouver en tous lieux, & par agir plus fürement & plus promptement, * p. 4364 24 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYazE nous ne comptons ici pour rien que quand même il n'auroit nul avantage fur certaines Eaux fpécifiques, il feroit toüjours fort glorieux à l'Art de les avoir fi-bien imitées. La grande difficulté étoit d'introduire dans le Sang des matiéres qui, Jorfque les Urines s’en féparent, ne fe féparaffent point d'avec elles, & les fuiviflent par des détours très-fins & très-tortueux jufque dans la Veffie fans rien perdre de leur vertu. Comme l’efpérance eft grande que le Remede réufira, M. Geoffroy ne croit pas hazarder beaucoup fes foins & fes peines en cherchant déja à le rendre plus fimple, & en même temps moins dégoûtant, car il left à un point qui peut re- buter même des Malades, qui fouffrent autant que ceux à qui il eft deftiné. De plus M. Geoffroy enfeigne à le faire & à le préparer aifément chés foi, ce qui peut pafler pour un trait d'amour du Bien public aflés defintérefié. OBSERVATION CHIMIQUE. GEOFFROY a éprouvé que le Cuivre blanc de {x . Chine, que l'on dit être naturel, n’étoit qu'un alliage de Cuivre rouge avec l'Arfenic. Un morceau de ce Cuivre, qui étant blanc, pefoit 2 Gros +, eft devenu rouge après trois fontes, & a perdu 26 grains de fon poids, & il eft aflés évident que ces 26 Grains étoient lArfenic, qui s'en eft allé en fumée, & a laïffé le Cuivre rouge dans fa couleur naturelle. I] a été alors plus doux que quand il étoit blanchi. TE Parlement ayant fait l'honneur à l'Académie, par un Arrêt du 8 Janvier, de lui demander fon avis fur un Amidon fait de Pommes de terre & de Truffes rouges, dont Le S' de Ghife, qui le préfentoit , faifoit de l'Empois, la Compagnie a reconnu par expérience que cet Amidon, à quantité égale, donne un Empois plus épais que ne fait lAmidon DES SCIENCES. 25 YAmidon ordinaire, mais que Email ne s’y mêle pas auffr- bien ; cependant on a cru que comme ‘ce nouvel Amidon n'étoit point fait de Grains, qu’il faut épargner dans les années de difette, il feroit bon d'en permettre l'ufage. — Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L’Ecrit de M. Hellot fur la Liqueur Ethérée de V. Is M. M. Frobenius. à p- 62. L'Art de faire une nouvelle efpece de Porcelaine parM. p. 370. de Reaumur. < Hif. 1739 RD p V 1 les M. 56 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE RESEEREEE PES TPESESES) BO:F AN TO: be, SUR JUNE TR A CPE QUI TEINT LES OS EN ROUGE. L fort aflés fouvent d'Angleterre des Obfervations nou- velles, que les autres Nations fe font enfuite un plaifir d'adopter, & de fuivre plus loin. Un Chirurgien, dinant à Londres chés un Teinturier, remarqua que les Os d’un mor- ceau de Porc frais qu’on avoit fervi, étoient rouges, il voulut approfondir d'où venoit cette couleur , qui auroit bien pu n'en inquiéter pas beaucoup d’autres, mais il eft vrai que ce Chirurgien étoit de la Société Royale, & il apprit que le Cochon, dont il mangeoit, ayant été nourri chés le Tein- turier, devoit avoir mangé d'un certain Son chargé d’un refle d’Infufion de Racine de Garence, ou Rubia Tinorum, qui teint en rouge. Le Chirurgien vérifia cette premiére conjeQure fur un Coq à qui il fit prendre de cette Racine pulvérifée dans fes aliments ordinaires, & dont tous les Os fe trouverent parfaitement rouges après fa mort, qui arriva naturellement au bout de 16 jours de ce nouveau régime. On ne fçait pas que l'expérience ait été pouflée plus loin en Angleterre, & M. du Hamel l'a jugé digne d'une plus ample recherche. I n'a travaillé que fur des Poulets, ou des Dindons, ou des Pigeonneaux. 1] comparoit toûjours quelques-uns de ces Animaux nourris à l'ordinaire avec d’autres tout pareils, à qui il donnoit de la Garence mêlée dans leur nourriture. Is avoient tous beaucoup d'averfion pour cette Garence, & n'en prenoient que par force, ou contraints par la faim. Is ne vouloient point abfolument boire de l'Eau où l'on en avoit mis. MPALSOMS UC ATEUN CES | 27 Quoiqu’on leur fit prendre de cet aliment compo/e autant pour le moins qu'il en pouvoit tenir dans leur Jabot, ils maigrifloient à vüë d'œil, s'affoiblifloient, cherchoient toüjours à fe réchauffer, mouroiïent enfin un peu plütôt ou plus tard. On pouvoit les fauver en les remettant à leur nourriture ordinaire. Apparemment le Cochon de la premiére expérience, & les Cochons en général, foûtiennent mieux la Garence que toute cette Volaille de M. du Hamel, car on affüre pofiti- vement que la chair de ce Cochon étoit de très-bon goût, ce qui eft bien éloigné de marquer une maladie, M. du Hamel ayant ouvert tous ces Animaux, à qui il avoit donné la Garence, leur trouva à tous les Os teints en rouge, à l'exception feulement du Bec & des Ongles, fi on veut les compter pour des Os, quoiqu'on ne le doive guére ; toutes les parties qui n'étoient point Os, avoient confervé leur couleur naturelle, Tous les Os dans un même Animal, & les mêmes Os en différents Animaux, n'étoient pas du même rouge, les teintes alloïent depuis un rouge-pâle jufqu'au Carmin le plus ; vif, ou à l’Ecarlate. . Un Pigeon, que la Garence avoit tué dès le 3me jour, avoit tous fes Os d’une belle couleur d'Ecarlate. Après cela le Coq d'Angleterre, qui ne mourut que le 1 6m jour, ne fera pas furprenant, fi ce n’eft par fa longue vie, Les Cartilages, qui doivent s'offifier, ne prennent le rouge -qu'en s'offifiant, & à mefure qu'ils s'oflifient. Comme les Os du deflous de F'Aïîle ne font recouverts. que d'une peau affés mince, M. du Hamel pouvoit obferver dans les Animaux vivants le changement de couleur qu'y produifoit la Garence. Et même ayant ceflé de donner cette nourriture forcée à un Poulet, en qui il voyoit déja ces Os-là prendre une belle teinture, il vit enfuite qu'ils la perdoient peu-à-peu, &/qu'enfm elle f diflipa prefqu'entiérement au bout de quelques mois. LePoulet revint auflien parfaite fanté, À D ji; " 28 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Toutes ces expériences n'ont été faites que fur de jeunes Animaux, & il peut être incertain fi les Os d'Animaux plus âgés prendroient encore le rouge, ou le prendroient aufli- bien, ou le pourroient perdre après l'avoir pris. Les Os naturellement les plus durs font ceux qui fe co- lorent le mieux. On fçait que la Racine de Garence eft une forte teinture, & que les Etofles qui en font teintes, font de celles qui réfiftent le mieux au débouilli. Les Os qui en font colorés, foûtiennent les mêmes débouillis que ces Etoffes, & auf parfaitement. Cependant l'Air feul agit fur eux beaucoup plus vite. Les plus rouges y perdent une grande partie de leur couleur en moins d'un an, les autres blanchifient tout-à-fait dans le même temps. Les Os teints paroiffent plus gros, plus remplis de Moëlle, plus fpongieux, d'un tiffu moins ferré, & plus aifés à rompre, Leur Moëlle a confervé fa couleur naturelle, comme toutes les autres parties molles. Les parties les moins dures de ces Os s'écrafent entre les doigts, qui en demeurent teints, ce qui marque combien les Os ont été écrafés finement. La Moëlle n'a pu entrer pour rien dans cette teinture des Doigts. Quoiqu'il foit vrai en général que les Os font les feules parties qui fe colorent par la Garence, M. du Hamel na pas laiflé de trouver dans fes Pigeonneaux le Jabot & les Inteftins teints en rouge. Cette fingularité méritoit fon atten- tion, & d'autant plus qu'il pouvoit faire fur ces parties des obfervations qu'il n’auroit pas faites fur des Os. I remarqua que les particules colorantes formoient une efpece de fécule, qui s'étoit arrêtée, & comme accrochée dans le Velouté des Membranes. Là elle avoit apparemment bouché, ou tout au moins embarraffé les Orifices des petits Vaifleaux d’où s'expriment les Sucs néceffaires à la digeftion, & une fuite bien naturelle de cet état eft que les Animaux tombaffent en langueur, & enfin mouruffent. En effet M. du Hamel leur trouvoit le Jabot relâché & flafque, comme après une longue DE SuS$S1crE NC'E 8 29 macération , la Membrane interne ou veloutée fi peu adhé- rente aux autres, qu'elle s'en détachoit par lambeaux. Quand ces mêmes parties colorantes de li Garance font portées dans les Os, elles s'y aflemblent, s’y arrangent mal avec les parties véritablement offeufes, & cela à caufe de Jeur hétérogénéité, & il n'en faut pas davantage pour rendre les Os plus gros, plus fpongieux, & en même temps plus caflants. Il eff fort vraifemblable que cet effet fera plus mar- qué dans la jeuneffe des Animaux, puifqu'alors les Os font plus tendres, & reçoivent de la nourriture en plus grande abondance. Mais pourquoi les particules colorantes de 12 Garence ne fe portent-elles guére qu'aux Os? Voilà ce qui refte de plus important à fçavoir. Il efl certain d'un côté que les Os font formés par des Sucs particuliers fournis par la Limphe, & de l'autre qu'il y a un Diffolvant particulier, ou du moins plus efficace, prefque pour chaque matiére difloluble. Or il eft poñlible que les Sucs offeux de la Limphe foient le Difol- vant de F'Infufion de Garerice, & par-là ils feroient plus propres que tous les autres Sucs animaux à s'unir intimément à la Garence, & à la faire pénétrer avec eux par-tout où ils pénétreront. C’eft-à une fimple conjeture de M. du Hamel, qui ne prétend pas avoir encore épuifé ce fujet. Cette ma- niére de teindre les Os d’un Animal vivant, eft une elpece d'Injection différente, à la vérité, de celles qui fe font fur les Cadavres, mais qui par cet endroit-là même femble pro- mettre des nouveautés aux Phificiens.. N°: renvoyons entiérement aux Mémoires L'Ecrit de M. du Hamel fur la Poligala vulgaris. Celui de M. de Buffon fur la confervation & le rétabliffe- F mént des Forêts. p. V. les M 135. 140. L'Hiftoire de la Pilularia, par M. Bernard de Juffieu p.240: En D ii 30 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE 10:0:0,0:0:9:0:0:0:0:0:0:0:0/0:0:0:0:0/0:0:0:0:0:0:C:0:0:0:0:0 GEOMETRIE. le Rond d’'Alembert a donné -à l Académie un Mé- N . moire où il faifoit plufieurs Remarques fur les Inté- grales des Différentielles Binomes, données dans le 8me Livre de l'Analife démontrée du P. Reyneau, depuis l'art. 678 juf- qu'au 701. L'Académie n'a pas fait de difficulté de recon- noître les erreurs que M. d’Alembert relevoit dans un ou- vrage généralement eftimé, & que le P. Reyneau auroit reconnuës lui-même avec fa candeur naturelle. On a trouvé dans M. d’Alembert beaucoup de capacité & d'exaétitude. M l'Abbé Deiïdier a préfenté à l'Académie un Traité . fur la Mefure des Surfaces © des Solides par 1 "Arith- métique des Infinis &r par le Centre de Gravité, & on a jugé que l’Auteur, dont le deffein étoit de conduire les Com: mençants aux plus fublimes connoiffances de la Géométrie, en n'employant d’abord que Ja Synthefe & le Calcul ordi- naire, avoit rempli ce deflein avec beaucoup de netteté & d’'exactitude. M Samuel Koënig, de Berne, a apporté la Solution . d'un Probleme que M. de Reaumur avoit propolé à d’autres Géometres, qui n'avoient pas voulu l'entreprendre, foit parce qu'il leur paroifioit trop compliqué, & qu'il eût peut-être encore demandé des expériences que l'on n’avoit pas, foit parce qu'il ne roule que fur un petit objet, fur une induftrie d'Infeéte, dont on eft déja bien convaincu d’ailleurs. IL y a long-temps que l’on admire les Cellules exagones des Abeilles ; elles font ordinairement en un très-crand nombre dans une aflés petite Ruche, & il faut qu’elles conftruifent DIE SL SIC ME NAICIE:Ss. ï avec leur Cire un nombre prefqu'égal de Cellules pour les Petits qui leur naitront, & même encore pour d'autres ufages, il faut autant qu'il eft poflible, employer utilement le terrain, & ménager la matiére de la conftruétion qu'elles entrepren- nent. Elles fatisfont à ces deux vüës par la figure exagone des Cellules, qui non feulement s'appliquent toutes les unes aux autres fans laifler entr'elles aucun vuide, comme en laiferoient des Cellules. circulaires, mais qui de plus ont fous un mème contour ou périmetre plus de capacité que n’en auroient des Cellules ou triangulaires où quarrées, qui fe toucheroient auffi toutes fans qu'il y eût de terrain perdu entr'elles. Si les Abeilles avoient employé ces figures de triangle ou de quarré, ïl leur en auroit donc coûté plus de Cire pour donner à leurs Cellules ou Alvéoles autant de capacité qu'en ont les exagones, car les contours ou péri- . metres ne fe font qu'avec de la Cire, & ils euflent dû être néceflairement plus grands. Les Poligones ifopérimetres augmentent toüjours de capa- cité à mefure que le nombre de leurs côtés eft plus grand, & de-là vient que le Cercle qui eft un Poligone d'une infi- nité de eôtés, a une plus grande capacité on aire que toute autre figure ifopérimetre. S'il n’y eût eu que la capacité à confidérer, les Abeilles n'auroïent pas manqué de donner la préférence au Cercle, mais plufieurs Cercles ne fçauroient fe toucher fans interftices vuides, & les Exagones n'en ont point. En conduifant la Suite infinie des Poligones depuis le Triangle jufqu'au Cercle, on voit que l'Exagone eft la derniére figure telle qu'on en puifle afflembler tel nombre qu'on voudra fans vuides, & en même temps elle a une plus grande capacité que les figures inférieures, & même une capa- cité aflés peu différente de celle du Cercle. Ce qu'on appelle Cellules exagones , font des tuyaux creux de Cire à fix pans égaux & d’une certaine longueur, qui s'appliquant tous les uns contre les autres, forment le Gäteau où Rayon, & font ouverts à la face antérieure ou extérieure de ce Gâteau, & fermés à la face oppofée. Ils ne font pas L 32 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE fermés, comme ils pourroient l'être par un fond plat, mais par une efpece de petite Piramide creufe. C’eft-là la piéce que nous avons ici à examiner. On voit d'abord que l'ŒÆuf, qui doit y être dépofé, fera logé plus commodément qu'il n'eût été dans la partie exa- gone du tuyau trop fpacieule & trop vale ; cette partie aura été néceflaire pour laifler entrer & pour contenir l’'Abeille mere, qui aura trouvé enfuite ce petit réduit fi convenable à fon Œuf. Comme le Ver qui en éclorra, n'aura befoin pour fa nourriture que de peu de Miel, ce peu fera plus raflemblé autour de lui, & plus en füreté dans un lieu étroit & pro- fond. Il y a encore plus, Un Gâteau a deux grandes & larges faces oppolées , toutes deux formées de tuyaux exagones égaux & femblables, & les petites piramides, qui terminent tous ceux d’une face, non feulement rempliflent les vuides que laifleroient entr'elles celles de la face oppolée, mais par . cet engrainement mutuel elles fe foûtiennent les unes Îles autres, & rendent tout l'édifice du Gâteau plus folide. Les Abeilles ont donc dû faire les fonds de leurs Cellules pira- midaux, car après'le choix qu’elles ont fait de l'exagone pour la plus grande partie du tuyau, on ne doit pas croire que leur intelligence & leur fine Géométrie les ait abandonnées dans le refte. Si on leur voyoit faire des fautes, on feroit prefque excufable de n'en pas croire fes propres yeux. Concevons un plan exagone horifontal fur lequel on éleve trois plans quadrilateres, égaux & femblables, de façon que pofant tous trois fur l'exagone, ils aillent fe réunir dans un même point, & faire un angle folide au-deffus du plan horifontal. La perpendiculaire tirée de cet angle fur ce plan, paflera par le centre de l'exagone, milieu de la bafe de cette cavité qui fe fera formée entre les trois plans. C’eft-1à pré- cifément la piramide creufe des Alvéoles dont il s'agit ici, elle eft formée de trois quadrilateres égaux, & fon angle folide ou fommet eft dans l’axe du tuyau exagone. Mais comment trois quadrilateres forment-ils une pira- mide? car il eût été plus naturel que ce fufent des Triangles, & fix DES SCIENCES. EX - & fix triangles, dont chacun auroit eu pour bafe un côté de l'exagone, auroient fort convenu. Nos Infeétes n’en ont ‘pas jugé ainfr, ils fe font épargné la peine de faire fix plans différents, & ont découvert le moyen de fe contenter detrois, Sur un angle de l'exagone ils pofent l'extrémité d'une des deux diagonales de chaque quadrilatere, en inclinant le plan vers le dedans du tuyau , de forte que les trois diagonales correfpondantes ayant la Même inclinaifon, vont fe rencon- trer dans un même point à une certaine diflance. Elles fe rencontrent à leurs extrémités oppolées à celles par lefquelles elles font parties d’un angle de l’exagone. II eft évident qu'il n'y a que trois de ces angles d’où il parte des diagonales, & que chaque quadrilatere eft le Joûtendant de deux côtés : de l'exagone. I! feroit trop difficile de faire entendre fuffifamment que ces quadrilateres, pour répondre à toutes les conditions re- quifes par ces pofitions refpeétives, ne doivent pas être des Quarrés, mais des Rhombes quelconques, qui par confé- quent auront un-angle obtus & un aigu. Ce fera par l'obtus qu'ils partiront de l'angle de l'exagone. Tout angle plus grand que 90 peut être le grand angle d'un Rhombe, & cela ne fe termine qu'à l'angle de 180, & alors il eft vifible que le petit angle feroit nul ou infini- ment petit, & par conféquent que le Rhombe deviendroit infiniment étroit, & fans aire. Dans cette indétermination du Rhombe que les Abeilles avoient à prendre pour le fond piramidal de leurs Alvéoles, M. de Reaumur, que l'on verra qui les a fort étudiées, a foupçonné qu'elles pouvoient étre déterminées à un choix par quelque raifon géométrique, & a propofé à M. Koënig d'en faire la recherche. Les trois Rhombes employés par les Abeilles font fuppofés contenir un efpace entr'eux, & il s'agit de fçavoir sil y a trois Rhombes tels qu'ils en contiennent un plus grand que ne feroient trois autres Rhombes quelconques , n'étant tous formés que de la même quantité de matiére, ou s’il y a trois Hi. 1739. , Fra * V.PHift. 4 5. & les + P- 299. 34 HIisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE Rhombes qui, contenant un efpace égal à trois autres quef- conques, puiflent être formés d’une moindre quantité de matiére. Car il eft plus que vraifemblable que les Abeilles, du caraétere dont on les connoît, auront toüjours en vüë ou de gagner de l'efpace, ou de ménager fa Cire. M. Koënig a démontré, par un Théoreme nouveau & curieux , qu'elles ne pouvoient rien gagner für l'efpace, quels que fuflent les angles des Rhombes ; l'efpace qu'ils renfer- meront fera toüjours égal. Et en effet il eft afés fenfible que fi par leur affemblage ils font une piramide plus ferrée & plus pointuë, ils la feront en récompenfe plus longue, & au contraire, ce qui fait une compenfation par rapport à l'efpace contenu dans les différentes piramides, mais il ny a que la Géométrie qui puiffe juger fi cette compenfation eft exacte, & produit l'égalité, Les Abeilles ont donc été obligées à fe tourner du côté du ménage de la Cire, & là elles ont trouvé bien finement ce qui y étoit, & ce que M. Koënig lui-même a dû fe fça- voir bon gré d'y trouver. Plus le grand angle d’un Rhombe eft grand par rapport au petit, plus l'aire du Rhombe eft petite, nous l'avons déja vü, puifque dans le cas extrême du Rhombe dont les deux angles feroient 180 & o, l'aire feroit nulle. Deux Rhombes différents par leurs angles, au- ront néceflairement des aires inégales, donc entre tous les Rhombes différents par leurs angles qui pourront former le fond piramidal de l'Alvéole, il y en aura trois tels que l'aire de chacun fera plus petite que l'aire d'aucun autre. Or cette aire coûtera moins de Cire, donc ce fera celle que l'œco- nomie des Abeilles préférera. La Géométrie feule peut déterminer à quel Rhombe appartiendra cette moindre aire, c’eft à celui dont le grand angle eft de 109° 26', & par conféquent le petit de70°34". Feu M. Maraldi qui, comme il a été dit en 17 1 2 *, avoit fait de curieufes obfervations fur les Abeilles, & avec beau- coup de foin, avoit reconnu ces Rhombes, & mefuré exacte- ment leurs angles, fimplement pour Les mefurer, pour s'aflürer DES SCIENCES, Ge d'un fait remarquable par fon uniformité, & apparemment fans aucun deffein d’en tirer une conféquence glorieufe pour les Abeilles. II trouva ces angles de la même quantité à deux Minutes près, dont M. Koënig a trouvé qu'ils devoient être par le calcul géométrique. Les Abeilles ne fe font écartées de la plus rigoureufe précifion, dans l'exécution de ces an- gles, qu'autant qu'un habile Ouvrier s’en feroit écarté en les traçant même fur une matiére plus favorable que de la Cire. La grande merveille eft que la détermination de ces angles _ pañle de beaucoup les forces de la Géométrie commune, & n'appartient qu'aux nouvelles Méthodes fondées fur la Théorie de l'Infini. Mais à la fin les Abeilles en fçauroïent ‘trop, & l'excès de leur gloire en eft la ruine. I! faut remonter jufqu'à une Intelligence infinie, qui les fait agir aveuglément fous fes ordres, fans leur rien accorder de ces lumiéres capa- bles de s’accroître & de fe fortifier par elles-mêmes, qui font tout l'honneur de notre Raiïfon. Cela s'accorde avec la penfée où eft M. Koënig, que le principe des Caufes finales, dv meilleur, du plus court temps ou chemin, &c. peut être utile en Phifique, car on n'attri- buëra jamais à l'Intelligence infinie des vüës trop parfaites. Sans les mefures actuelles de M. Maraldi, on eût découvert par-à les degrés des angles de nos Rhombes, en fuppofant ® feulement l'œconomie des Abeilles, mais qui nous aflüroit que le Créateur vouloit qu'elles la pouffaflent jufqu'au plus haut point? Ce principe, qui n'eften quelque forte que Moral, _ veut être employé lui-même avec une extrême œconomie, * Ce qu'on en peut efpérer le plus légitimement , c'eft qu'il ferve à donner des avis, à faire naître des conjectures heu- * reufés que l'on n'auroit pas euës, & que fon vérifiera. IN? renvoyons entiérement aux Mémoires 1 L’Ecrit de M. Clairaut fur la détermination géométrique de la V. les M; Perpendiculaire à la Méridienne. p852 700 L'Ecrit de M. de Thury fur les Opérations géométriques faites en p. 1 193 France en 1737 & 1738. Les Recherches générales de M. Clairaut fur le Calcul Intégral. p.4253 PAR n } ENT à 36 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE EME AE HE MERE MERE RE DE PEEREEE RIERERERE AS'TRO NOMULE, SUR LA PARALLAXE DU SOLEIL ET CELLE DE LA EUNE: Ji principes de la Parallaxe en général ont déja été établis en 1706 * & 1722 *, & il feroit inutile de les répéter ici. On a vû l’ingénieufe Méthode inventée par feu M. Caffini pour déterminer la Parallaxe de Mars, la feule des Planetes principales, fi on excepte Venus, qui donne prife en certaines circonftances aux obfervations néceflaires, & celle du moins qui y donne prife le moins rarement & le plus commodément. De la Parallaxe de Mars s'enfuit. par la Regle de Kepler celle du Soleil, & de toutes les Planetes qui ne tournent qu'autour de lui. Feu M. Caffini eut Mars dans les circonftances néceflaires en 1672 & 1704. On l'y re- trouva en 1721, & il y eft revenu en r736. H fat fuivi par M. Caflini pendant les trois nuits dur, du 12 & du 13 Oétobre, toüjours comparé felon la Mé- thode de feu M. Caffini à une même Etoile fixe, dont il étoit proche, & cela par $ obfervations de la premiére nuit, 10 de la 24e, & r7 de la 3me, La Parallaxe baifle toûjours l’Aftre, ou le fait paroître plus proche de FHorifon qu'il ne l'eft réellement, & par fon mouvement vrai ; par conféquent elle lui donne un mou- vement apparent plus grand ou plus vite que le vrai. Le mouvement vrai de Mars étoit bien fürement connu par les Tables, qui ne peuvent guére tromper pour un efpace de temps auffi court qu'une nuit, & de plus on s’en étoit aflüré par des obfervations immédiates précédentes. Le mouvement apparent étoit ce qu'on obfervoit actuellement par rapport à la Fixe, qui certainement n’a point de Parallaxe. Donc toute: DES S CTENCES. 3 {a différence entre le mouvement vrai & l'apparent de Mars appartenoit à la Parallaxe de Mars. Si l'on n’avoit'eu cette différence que par deux obferva- tions, l’une au Méridien, fi l'on veut, & l’autre à Horifon, il eft certain qu'elle auroit été aflés bien marquée, car on ne fonge point ici aux Réfractions, mais elle l’eft encore beaucoup mieux quand elle va par degrés toûjours croiflants depuis le Méridien jufqu'à l'Horifon, & c’eft l'avantage que produit un grand nombre d'oblervations faites en ure même nuit, ou en plufieurs confécutives. On conduit à l'œil, pour ainfi dire, l'action de la caufe que l’on confidere. Il eft vrai que dans ce nombre d'obfervations, qui eft de 32, il y en a une qui donne le mouvement vrai plus grand de 8 fecondes que lapparent, mais cette quantité eft fi petite, & il ef fi aifé & fi naturel qu'elle vienne d’une légeré erreur dans 'obfervation, que M. Caffini ne croit pas qu'on la puifle compter pour quelque chofe, quand on a 3 5 obfervations , qui vont toutes dans le fens contraire. A en prendre le réfultat général, on trouve la Parallaxe de Mars plus grande qu’en ne l'avoit trouvée jnfqu'ici, & de près de 1 3” au lieu des ro que feu M. Caffini avoit déter- minées. La diftance de la Terre au Soleil, que lon pofoit de 33 millions de Lieuës, en feroit diminuée de près de D & réduite à environ 25 millions. Comme cette matiére eft très-délicate, & qu'il eft bon de fçavoir quelles font les circonftances les plus favorables pour les obfervations qu’il y faut employer, foit par rapport . à la pofition de l'Obfervateur fur laTerre, foit par rapport à celle de la Planete dans le Ciel, M. Caflini donne des Regles qu'avoit trouvées M. fon Pere pour en juger. Mais elles font purement Géométriques, tirées des Analogies de certains Triangles, & nous nous contenterons d'en donner l'efprit en termes plus communément ufités. Si l'Obfervateur eft fous l'Equateur, & que la Planete, Mars fi l'on veut, y foit auffr, il verra Mars partir du Méri- dien & du Zénit où il n’aura nulle Parallaxe, & de-là en E ii, * p: 77e 38 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE acquérir toûjours de plus en plus avec l'inégalité la plus ré- guliére qu'il fe puifle, & arriver à l'Horifon avec la plus grande Parallaxe. Si l'Obfervateur eft fous le Pole, la Planete étant toüjours fous Equateur, il ne la verra jamais qu'à l'Horifon , avec une même Parallaxe, la plus grande poffible, mais qu'il ne pourra comparer à aucune autre moindre, & qui par-là lui fera inutile pour cette recherche. De-h il fuit que fa pofition fur la Terre fera d'autant plus avantageufe à cet égard, qu’il fera plus proche de l'Equateur, & fon Zénit plus proche de la Planete. L'Obfervateur étant hors de l'Equateur, plus une Planete s'en éloigne vers un Tropique, plus l'arc du Parallele*qu’elle décrit de ce côté-là depuis le Méridien jufqu’à l'Horifon fur- afle en grandeur un Quart de Cercle, plus par conféquent elle eft abaiffée par la Parallaxe au-deflous du Cercle de 6 Heures, ce qui lui donne une Parallaxe plus grande que l'Horifontale même, cenfée ordinairement la plus grande poflible, parce qu'elle left en effet le plus fouvent. Nous avons déja remarqué un autre cas pareil en 1738 *. Donc la pofition la plus favorable de la Planete dans le Ciel, fera fon plus grand éloignement de l'Equateur du côté où eft l'Obfervateur, & parce qu’elle fera plus proche de fon. Zénit, & parce qu’elle fera plus long-temps fur f'Horifon. Si l’on craint que cette Parallaxe plus qu'Horifontale ne foit trop altérée par les Réfractions de l'Horifon, qui y font contraires, du moins la Parallaxe Horifontale qu’aura {a Pla- nete au Cercle de 6 Heures, fera moins fujette à cet incon- vénient, & on l'aura plus nette qu'on ne l’auroit euë. En raflemblant tout, les meilleures Obfervations pour : nos Climats feroient faites par un Obfervateur placé fous le Tropique du Cancer, Mars y étant aufii. La Lune eft extrêmement proche de [a Terre en compa- raifon de tous les autres Corps céleftes, & fa Parallaxe eft fort grande & fort fenfible. On eft für qu'elle eft aux envi- rons de 1 degré, & que par conféquent le demi-diametre DlEUS HS1C 1,E NC E s. 9 de la Terre eft environ la 6ome partie de la diflance de la Terre à la Lune, ce qui fait un aflés grand rapport. Mais {es Aftronomes fouhaiteroient plus de précifion, fur-tout pour déterminer encore plus jufte qu'ils ne font aujourd'hui les Eclipfes Solaires, qui leur font fi importantes, & où une Parallaxe fi confidérable entre pour beaucoup. Le 29 Novembre r737, ia Lune qui avoit pañlé fon rer Quartier, devoit éclip{er Jupiter. Cette Conjonétion étoit une efpece de point fixe d'où ils partoient tous deux en même temps, il falloit fçavoir de combien dans cette même nuit ils devoient s'éloigner l’un de l’autre par leur mouve- ment vrai, connu d’ailleurs comme il a été dit, & obferver enfuite de combien ils s’en éloignoient par le mouvement apparent ; fa Lune s’en éloignoit toüjours trop, & ce trop appartenoit à fa Parallaxe. ; I eft évident que dans cette recherche, plus la premiére & la derniére obfervation font éloignées l’une de l'autre, plus le réfultat en eft juite. Ici il y eut près de ÿ heures entre les deux. Plufieurs autres obfervations intermédiaires affürerent le progrès de l'action de la Parallaxe, & la laifonr du tout enfemble. M. Caffini trouva que les Réfraétions m'alterent fenfible- ment la Parallaxe que depuis la hauteur de 6 degrés jufqu'à YHorifon. Plus bas que ces: 6 degrés, les obfervations fe- roient fujettes à des Réfraétions que même on ne connoitroit peut-être pas, mais heureufement dans cette même étenduë la Parallaxe n’augmenteroit que très-peu, & on ne perd guére à ne pas poufler l’obfervation jufque-là. ? Il auroit été fort naturel de prendre Jupiter pour un Aftre fans Parallaxe à caufe de fon grand éloignement, & en effet il men a point qui puifle être déterminée par aucune obfer- vation immédiate. Mais celle du Soleil étant connuë par le moyen de Mars, & fa Regle de Kepler donnant enfuite toutes les proportions des diftances Planétaires, Jupiter fe trouve avoir une Parallaxe de 3 Secondes , & M. Caffini a porté Fexaclitude jufqu'à tenir compte d’une fi petite quantité. 40 HISTOIRE DE L’ACADEMIE ROYALE II la portée encore à des chofes d'un plus grand détaïf, dont nous ne donnerons qu'un feul exemple. Quand il s'agit dans des obfervations délicates d’avoir bien fürement les inf- tants où une Etoile arrivée à un certain point de l'ouverture de la Lunette, touche un certain fil du Micrometre, il vaut mieux fe fervir d’une plus longue Lunette, parce qu'en augmentant davantage les objets , elle augmente davantage aufli le chemin apparent de l'Etoile, ou fa vitefle, & que dans un mouvement plus prompt les inftants qu'on veut déterminer font moins douteux. Le réfüultat de tout fut que l'on trouva la Parallaxe de Ja Lune de s $' 10". = I faut bien entendre que cette Parallaxe n'étoit que pour le temps où elle fut trouvée, pour fa diflance où la Lune étoit alors de la Terre, car comme cette diftance varie très- fenfiblement , il eft néceflaire que la Parallaxe varie avec elle, & en même raifon. Le diametre apparent de la Lune varie récifément de même, & à chaque diametre apparent répond fa Parallaxe, avec laquelle il a un rapport conftant, ou réci- proquement. On peut avoir le diametre apparent de Ja Lune pour tel temps que l'on voudra, ou par les Tables qui en font conf truites, ou par obfervation immédiate. La feconde maniére eft la plus füre, mais elle a fes difficultés, quand la Lune n’eft pas pleine, comme elle ne l'étoit pas ici, & c'eft le cas le plus commun fans comparaifon. Que l'on fe repréfente le centre de la Lune pofé dans le plan de l'Edliptique ou de l'Orbe annuel, où font toüjours les centres de la Terre & du Soleil, & que la Lune foit à 90 degrés du Soleil, ou dans un de fes Quartiers, nous verrons la Lune partagée en deux moitiés égales, lune éclairée, l'autre obfcure, & ces deux moitiés féparées par une ligne droite perpendiculaire au plan del'Ecliptique. Ce fera-là certainement le diametre apparent de la Lune, bien aifé à déterminer. Cette ligne droite étoit réellement une demi- circonférence Dies SC TE Nic'E's. 41 circonférence circulaire qui féparoit la partie éclairée de La Lune d'avec l'obfcure. Si la Lune, toûjours dans 'Ecliptique, s'éloigne du Soleil de plus de 9 0°, fes deux différentes parties ne paroîtront plus féparées par une ligne droite, mais par des demi-circonfé- rences circulaires, toûjours plus courbes, ou plus circulaires, à mefure que la Lune s'éloignera davantage du Soleil jufqu'à Toppofition. Les extrémités de ces arcs font ce qu'on appelle {es Cornes. En tirant une droite d'une de ces Cornes à l’autre, on aura encore le diametre apparent de la Lune, puifque cette droite fera le diametre d’une demi-circonférence réelle d'un grand Cercle'de la Lune, qui fépare toûjours l'Hémif- phere éclairé & l'oblcur. Mais tout cela n’eft vrai qu’en fuppofant la Lune dans l'Ecliptique. Dès qu’elle n'y eft plus, ce qui eft le plus ordi- naire, il arrive la même chofe que fi un Spectateur placé au fommet d'un Cone lumineux, ayant vü comme un Cercle la. circonférence d’un Plan perpendiculaire à f Axe de ce Cone,- le Plan venoit à s’incliner à cet Axe ; alors ce qui avoit été vû comme un Cercle, le feroit comme une Ellip{e, d'autant plus différente du Cercle, où d'autant plus Ellipfe que le Plan fe feroit plus incliné. Ainfi ces arcs de demi-Cercles que l'on voyoit fur la Lune, deviennent des arcs de demi-Elliples, & d'autant plus marqués que la Lune eft plus éloignée de YEcliptique, ou a plus de Latitude. Or ces arcs Elliptiques ne peuvent pas être égaux aux Circulaires, donc alors une droite tirée par les deux Cornes de la Lune ne fera pas fon diametre apparent de ce moment-là. M. Caflini ne laifle pas de donner une Méthode pour le démêler de tout ce qui l'enveloppe & le cache. Cela fe fait par plufieurs réduétions fines & adroites, qui remettent les chofes dans l'état où l'on eût voulu les trouver d’abord. Le 2 Janvier 1738, la Lune qui avoit pafé fon premier Quartier, devoit être en conjonction avec Aldebaran ou YŒil du Taureau, & cela dans des circonftances très- favo- rables. Elle avoit 17 degrés de déclinaifon, & ne devoit Aie 1739. .F V. les M. P- 353: 42 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE arriver à fon Cercle de 6 heures qu'avec une élévation fur l'Horifon, encore affés grande pour n'être pas fujette aux plus grands périls des Réfractions. Elle devoit fuivre à peu- près le même Parallele qu'Aldebaran , parce que d'un côté étant abaifiée à fon égard par l'effet de la Parallaxe, elle étoit d'un autre côté prefque autant élevée vers lui par fon mou- vement propre ; ainfi non feulement les Réfraétions n’étoient point à craindre, mais même quand on fe feroit trompé, comme il eft fort poffible, fur le moment important où les deux Aftres auroient paflé par le même Cercle Horaire, l'erreur n’auroit point tiré à conféquence, puifqu'ils fe quit- toient fi peu. Par cette obfervation d’Aldebaran, la Parallaxe horifon- tale de la Lune, ou plûtôt le rapport de cette Parallaxe au diametre apparent fut trouvé de $ $’ à 1 5’, un peu différent de ce qu'il avoit été trouvé par 'obfervation de Jupiter. M, Caffini préfére celle d’Aldebaran. SORA NP AR A L'OR A ALT Que pourroient avoir des Etoiles fixes. ES Parallaxe des Corps céleftes étant la différence des lieux où nous les rapportons, felon que nous les voyons de différents lieux, & ces différents lieux d’où nous les ver- rons, ne pouvant être que différents points ou de la furface du globe de la Terre, ou de la circonférence de l'Orbite que la Terre décrit en un an autour du Soleil, il ne peut y avoir pour nous que deux fortes de Parallaxes , dont lune fera proportionnée à la grandeur du diametre de la Terre, l'autre à la grandeur du diametre de FOrbite annuelle de la Terre. La premiére ne peut être que pour des Objets aflés, proches, & on ne croit pas jufqu'ici qu’elle puifle aller plus loin que Mars, encore faut-il le prendre dans fon Périgées On a efpéré inutilement que la feconde pourroit aller juf- qu'aux Etoiles fixes, elle s'eft trouvée par toutes les Ob{er- DAS NS CT EN! € E K: 43 vations les plus exactes & les plus affiduës ou nulle ou in- fenfible. Mais il eft vrai que ces Obfervations n’ont pas été faités fur toutes les Fixes, & le moyen que cela eût été? On à choif les plus commodes, les plus convenables au defein que l'on avoit, & comme il eft plus que vraifemblable que les diftances des Etoiles fixes à la Terre foient extrémement inégales entrelles, il peut y avoir telle Fixe qui n'ait point été encore obfervée dans ce deféin, & qui foit affés proche de nous pour avoir un peu de Parallaxe. Elles ont toutes Aberration apparente dont nous avons parlé en 1737 *, & fi quelqu'uné avoit de plus une Patal- laxe, comme on ne compteroit pas qu'elle en dût avoir, on tomberoïit dans la doublé erreur & de croire les Regles dé fon Aberration dérangées, & de ne pas s'ippercévoit de la Parallaxe qu'elle auroit.. I eft donc à propos de connoître ce que produiroit la complication de f'Aberration & de fa Parallaxe, fi quelque Fixe avoit toutes Îes deux, & ce füjet appartenoit particu- liérement à M. Clairaut, qui dans l'endroit cité avoit déja traité l’Aberration à fond. I falloit commencer par traiter auffr à part la Parallaxe füppofée poffible. Cette Parallaxe fera la différence des deux lieux du Firma- ment où feroit rapportée la même Fixe vûë du Soleil, où vüë des différents points de l'Orbite annuelle de la Terre, que nous ne prendrons ici que pour un Cercle dont lé Soleil fera le centre. 11 faut, puïlqu'on fuppole une Parallaxe, que la grandeur du rayon de ce Cercle ait quelque rapport fen- fible à la diftance de l'Etoile au Soleil. On prend toüjours our le vrai lieu de la Fixe celui où elle feroit rapportée dans ne étant vüë du Soleil, & pour un lieu faux, celui où. elle n’eft rapportée qué par la Terre. 27 Concevons qu'une ligne droite tirée du Soleil à l'Étoile fixe, pañle auffr par fa Terre, il éft certain que cette ligne féra toute eñtiére dans le plan de l'Orbite annuelle de Ia Terre, ou de l'Ecliptique, que la Fixe y fera qu'elle ÿ 1} * p. 76. & fuiv. 44 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE féra rapportée par le Soleil & par la Terre au même point du Firmament, & par conféquent vüë par la Terre dans fon vrai lieu & fans Parallaxe, malgré la grandeur fuppofée du diametre de l'Orbite. Mais fi cette droite tirée du Soleil à l'Etoile, & qu'on peut appeller ici Directrice, n'étoit plus dans le plan de l'Ecliptique, fi au contraire elle y étoit perpendiculaire, la Terre qui ne fort jamais de ce plan non plus que le Soleil, ne verroit plus l'Etoile que par une ligne différente de cette Directrice par laquelle le Soleil la verroit toüjours, & la ligne vifuelle de la Terre couperoit dans l'Etoile ka Directrice fous un angle d'autant plus grand que le diametre de l'Orbite Terreftre feroit plus grand, c’eft-à-dire, que l'Etoile auroit alors une Parallaxe, & la plus grande qu'il füt poflible, puif que les deux cas que nous venons de pofer font extrêmes, & que le premier eft celui de Ja Parallaxe nulle. Tous les cas moyens fe voyent d'un feul coup d'œil. I ne s'agit plus que de fçavoir dans quels points du cours annuel de la Terre arriveront les deux cas extrèmes. Puifque dans le premier le Soleil, la Terre & l'Etoile feront fur la même droite, il y aura ou une Oppofition de l'Etoile au Soleil fi les trois Corps font arrangés comme on vient de les mettre ici, ou une Conjonétion fi le Soleil eft entre la Terre & l'Etoile. Donc dans les Conjonétions ou Oppofi- tions du Soleil à l'Etoile, ce qui fait des points ou temps bien marqués, elle fera fans Parallaxe. Quand elle fera à 90 degrés de ces points-là, ce qui étoit repréfenté par la Di- rectrice perpendiculaire au plan de l'Ecliptique, l'Etoile aura fa plus grande Parallaxe. Ainfi toute la révolution de la Pa- rallaxe pendant le cours d’une année eft partagée en quatre parties égales, & qui font alternativement les mêmes. Ce n'eft pas la peine de l'expofer plus au long. Ce fera précilément la même chofe, fi lon part d'un temps où le Soleil foit dans le même Parallele ou Cercle de Déclinaifon que l'Etoile, car il fera alors en Conjonction ou en Oppofition avec elle, DES SCIENCES. | Quand on aura établi fur ces principes la Théorie de fa Parallaxe des Fixes, on la comparera à celle de l’Aberration, Toutes deux demandent que les Fixes foient confidérées par rapport au plan de FEcliptique; l'Aberration, en tant qu’elles y font ou n'y font pas, ou en font différemment éloignées; la Parallaxe, en tant qu’elles y font vüës perpendiculaires ou inclinées. Après cela il eft bien für que l'Aberration & Ia Parallaxe agiflant enfemble, doivent fe modifier mutuelle- ment, que l'une augmentera ou diminuëra ou détruira l'effet de l'autre, felon les circonftances-particuliéres. | Mais ce qu'il y a jufqu'à préfent de plus important, c’eft que la Théorie de la Parallaxe jointe à celle de l'Aberration, fervira à découvrir fürement & facilement fi. quelques Fixes ont une Parallaxe. Comme l’Aberration {eur eft commune à toutes, s’il s’en trouve quelqu'une dont l’Aberration s’écarte fnfiblement & conftamment des regles connuës, & que les écarts foient ceux que la complication de Ja Parallaxe devroit produire, on verra aufli-tôt que cette Fixe a une Parallaxe, ce qu'on n'auroit peut-être jamais pu voir immédiatement, M. Clairaut donne déja des exemples de la pratique qu'il faudra fuivre dans cette heureufe occafion. A1 femble que les Fixes foient bien menacées de l'être toüjours de moins en moins. Leur mouvement d'Occident en Orient ou la Pré- ceffion des Equinoxes, leur Aberration, leur Parallaxe, fi on en découvre, ce ne font encore que des apparences apper- çüës lentement les unes après les autres. Mais qui nous affüre qu'il ne viendra pas enfin des changements réels? Tout eft en mouvement, il ne faut que cela, & du temps. MR UD ENSURE ER ACTIONS ASTRONOMIQUES. { | N Voyage fait au Perou par des Aftronomes, & fait V. es M, uniquement pour obferver, ne doit pas être inutile à P-497* TAflronomie. On na pas encore le gros de tout ce qui en F ïi 6 HisToIRE DE L'ACADEMIE ROYALE réfultera, ce ne fera que quand les Obfervateurs feront re- venus en France, mais ils laiflent de temps en temps échap- per quelques fruits de leur travail, qui marchent devant eux, & que l'on recueille ici avec foin. M. Bouguer, profitant de la grande différence du Climat dé la Zone Torride avec le nôtre, a étudié particuliérement les Réfractions Aftronomiques de ce Climat, tant fur le bord de la Mer qu'à la’ ville de Quito aufi élevée fur le Niveau de la Mer que nos plus hautes Montagnes d'Europe, puif- qu'elle l'eft de 1400 ou 1 500 Toiles. If a confirmé ce que l'on fçavoit déja, que les Réfraétions horifontales, & par conféquent toutes les autres, font moindres fous la Zone Torride, & vont en augmentant de l'Equateur vers les Poles. Müis il a découvert un autre fait formellement contraire à ce qui paroifloit bien établi. Feu M. Caffini avoit conftruit une Table fort utile des Réfractions décroiffantes depuis l'Horifon jufqu'au Zénit, & des principes qu'il employoit dans cette conftruétion, il s'enfuivoit que la même Réfraction fera vüë plus grande par un Obfervateur plus élevé au-deflus du Niveau de la Mer. Sur l'autorité d’un fi grand Homme, cette opinion étoit devenuë affés générale. Cependant toutes les obfervations de M. Bouguer à Quito, lieu fr élevé, donnoient précifé- ment le contraire, les Réfraétions plus petites qu’au bord dé la Mer, & ces obfervations en étoient faites avec d’autant plus d'attention, & plus répétées. Enfin M. Bouguer ne put fe défendre de s’y fier, & il chercha d’où venoit l'erreur qui s'appuyoit du nom de M. Caflini. Sa Table fuppofoit que les Rayons ne fe rompoient dans Atmofphere qu'à une certaine hauteur, de 2000 Toiles peut-être , après quoi ils fuivoient toûjours leur nouvellé direction dans un milieu uniforme, & fans fe détourner jufqu’à ce qu'ils parvinffent à l'Œil. C’étoit-là une Hipothefe fufhfante pour la conftruction de la Table, mais non pas la vérité Phifique. L’Atmofphere eft toute formée de Couches différentes en denfité, ou en piffance réfracive, &les Rayons DES SCFENCE Ss. 47 s'y rompent continuellement, ce qui change Îeur direction en une Courbe. De là fuivra le phénomene qui étonna d'abord M. Bouguer. 1 y apporta tant de fcrupule, que non content de l’éléva- tion de Quito, il fe tranfporta fur la Montagne de Pichincha, à un endroit marqué qui fe voyoit de Quito, & plus élevé de 527 Toiles que cette Ville. On y refpiroit à peine à caufe de la grande fubtilité de l'Air à cette hauteur, & le froid y étoit extrême, car les Obfervateurs de la Zone Torride en ont autant fouffert que ceux de la Zone Glaciale, mais non pas fi continuëment, ils efluyoient aufli-tôt après des chaleurs exceflives. M. Bouguer paffa 9 jours à obferver les Réfractions, élevé de 2000 Toifes au-deflus de la Mer, & peut-être placé"plus haut que tout le refte des Hommes. Les Réfraétions ont deux efpeces de variations, les unes eflentielles & perpétuelles, qui dépendent de 1a différente diftance des Lieux à l’'Equateur, auxquelles M. Bouguer ajoûte maintenant celles qui dépendent de la différente élé- vation des Oblervateurs par rapport à la Mer, les autres, accidentelles & paflageres, caufées par une infinité de chan- gements inconnus ou imprévûs, dont {a conftitution de l'Air eft fufceptible. Il eft clair que de cette feconde efpece de variations, qui ne peuvent fuivre, ni admettre aucun ordre, on n’en fera pas de Fables, mais on en'peüt faire de celles de la premiére, & c'eft aufli ce qu'a fait M. Bouguer, quand il a eu devant lui un très-grand nombre de fes propres ob- {ervations, dont il connoifloit bien l'exactitude & la fürété, & qu'il a pu, en les comparant enfemble, reconnoitre la: marche de la variation, & fa loi générale à peu-près, pofer de certains points bien déterminés qui commandaffent à tout le refte, & s’en fervir pour remplir les vuides où les obfr- vations pouvoient manquer. Il a donné deux Tables des Réfraétions, l’une pour les Lieux qui font au Niveau de la Mer dans la Zone Torride, l'autre pour Quito, & pour les Lieux plus élevés ou plus bas de 500 Toiles que Quito. Ce qui a été dit ici explique 48 HisrToiRe DE L'ACADEMIE ROYALE pourquoi ces deux Tables générales font fi reftraintes. La’na- ture des Réfractions Aflronomiques ne permet rien de plus. Ette année M. Daprés de Mannevillette préfenta à l'Académie un Traité fur le Nouveau Quartier Anglois, ou Defeription &r Ufage d'un nouvel Infrument propre à obferver les Latitudes en Mer. On à trouvé que l’Auteur expliquoit avec beaucoup de netteté la maniére de fe fervir de cet Inftrument & de le rectifier, qu'il en faifoit bien voir les avantages, & les principaux défauts de ceux dont fe fervent ordinairement les Pilotes, tels que la Flëche & le Quartier Anglois, & qu'enfin cet ouvrage pouvoit être très-utile au progrès de la Navigation. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires Les Obfervations Aftronomiques de M. de Thury à Montpellier. Les Obfervations du même, de l'Eclipfe de Lune du 24 Janvier, & de deux Etcliples de Fixes par la Lune. L'Obfervation de l'Eclipfe du Soleil du 4 Août par M. Caflini. L’Ecrit de M. Clairaut fur la Réfraction de la Lumiére. L'Obfervation de l'Eclipfe de Lune du 8 Sept. 1737, faite à Quito par M. Godin. | La même par M. Bouguer. L'Obfervation de l'Eclipfe du Soleil du 4 Août 1739, à Paris, par M. le Monnier le Fils. Li MECHANIQUE. ZEN = US REA IS TT I I AI ITS TITI MECHANIQUE. TR et AC NES A ELEVER L'EAU. 1 1 Méchanique ne multiplie point les forces, elle ne fait que les employer adroitement, fon plus haut point de perfection confifte dans cette plus grande adrefle poflible, & quand elle fe propole d'y parvenir, elle ne rencontre pas en fon chemin de médiocres difficultés. : Tirer de I Eau d’un Puits avec un Seau eft quelque chofe de fort fimple, & il ne paroît pas néceffaire qu'une Science Géométrique s’en mêle. Il n’en fera pas effectivement befoin quand le Puits n’aura que 24 ou 25 pieds de profondeur, mais s’il en a 150 par exemple, on s'appercevra bien fen- fiblement qu’au commencement de l'action ou de l'élévation du Seau plein d'Eau, on aura un plus grand effort à faire que vers la fin, ou l'arrivée du Seau au bord du Puits, parce qu'au commencement on aura à foûtenir le poids du Seau, plus celui de toute la Corde, qui, fi elle pefe 2 livres par Toile, en pefera $o pour ce Puits de 25 Toifes de pro- fondeur, augmentation très-confidérable au poids du Seau plein, & fortant de l'Eau, dont il aura peut-être puilé 24 livres. Il eft vrai que cette premiére difhculté de l'élévation ira toûjours en diminuant, & fera nulle au bord du Puits, mais l'action de l'Homme qui tirera le Seau fera donc fort . inégale, il aura d’abord 74 livres à élever, & enfin 24 feulement, & fon action aura à pafler par tous les degrés compris entre ces deux extrêmes. S'il la pouvoit conduire exactement par tous ces différents degrés, il n’y auroit que l'inconvénient inévitable d’une action inégale toüjours plus “fatigante par elle-même qu'une autre égale, mais le moyen Hi 1739. ° G V. les M. p-157- & 297: Ap-122. & fuiv. o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE d'attraper à chaque moment la juflefle & la précifion né- ceflaires, même feulement à peu-près ? Le moyen de ne pas relâcher fouvent fon effort, où beaucoup plus, ou beaucoup moins qu'il ne faudroit ? Cette attention fera-t-elle aifée à ceux qu'on charge de ces fortes de travaux ! ils fe fatigue- ront trop, perdront du temps, & feront moins qu'ils n'au- roient pu. I feroit plus avantageux & plus commode pour a Puif- fance d'avoir une Machine qui réduisit à l'égalité une action inégale par elle-même, de forte que Fon n'eût jamais à foù- tenir que le même poids, où à employer le même effort, quoique le poids de la Corde füt toûjours variable, Pour cela, ke feul moyen eft que quand le poids de Ha Corde fera plus grand, ou, ce qui eft fe même, quand if ÿ aura plus de Corde à tirer, ou que le Seau fera encore moins élevé, la Puiflance agifle par un plus long bras de Levier, plus long précifément à proportion de ce befoin, & par conféquent if fiudra que les Leviers foient toüjours changeants pendant toute l'élévation du Seau. Nous avons déja parlé en 1702* d’une Machine pareille pour les Fufées des Montres. Soit un Treuil ou Four cilindrique horifontal où la Corde fera attachée, & autour duquel elle fe roulera à mefure que le Seau montera, il eft évident que le Levier par lequel agir la Puïffance qui fera tourner le Treuil, fera une droite tirée du centre de celui des Cercles du Cilindre auquel la Corde éft appliquée jufqu'au centre de cette Corde, cilindrique elie- mème ; c'eft le rayon du Treuil, plus celui de la Corde. Si la Corde, pour conduire le Seau jufqu'au haut, n’a befoin de faire qu'un tour fur le Treuil, ce Levier eft toûjours le même, mais fr ele a befoin de faire deux tours, que je fuppofe placés l'un fur l'autre exaétement, le Levier eft augmenté d’un fecond rayon de la Corde, & toûjours ainfi de fuite à mefure que les tours fe redoubleront avec la même condi- tion. Par conféquent plus la Corde feroit de tours, plus la Puiffance agiroit avantageufement ; mais c’eft là précifément le contraire de ce qu'il faudroit, car plus il y aura de Corde RS DENIS | MSC LLE, NICE Se St roulée autour du Treuil, moins la Puiflance en aura encore à foûtenir, & moins l'avantage d’un plus long Levier lui fera néceflaire. De plus, quand même ces Leviers croiflants du commen- cement jufqu'à la fin du-roulement de la Corde, feroient croiflants dans l’ordre oppofé, ou de la fin au commence- ment, ils le feroient toüjours également, ou felon une pro- greflion arithmétique, puifque feur différence feroit conf- tante, & l’on ne feroit pas für que ce feroit-là la maniére dont ils devroient croître pour fe proportionner toüjours aux befoins de la Puiffance: on feroit même für du contraire. Il faut qu'ils croiffent dans la même proportion que les Ion- gueurs de la Corde foûtenuës par la Puiflance à chaque mo- ment croiflent, ou, pour remettre tout dans l'ordre naturel de l'opération, il faut que du commencement à la fin les Leviers décroillent toûjours dans la même raifon qu'il y a moins de Corde à foûtenir. Il y en a toüjours d’autant moins à foûtenir qu'il y en a déja plus de roulée autour du Treuil, & par conféquent ce Treuil ne doit plus être un Cilindre, mais un Conoïde tel que fes différents Rayons tirés de fon axe à fa furface, qui feront les Leviers variables de la Puiflance, croiffent en raifon renverfée des parties de la furface du Conoïde couvertes par la Corde à mefure qu’elle fe roule. Après cela, ce n'eft plus que l'affaire de la Géométrie, mais d’une fine Géométrie, de déterminer la courbüre qu'aura le Conoïde pour rendre Yaction de la Puiflance toûjours égale. M. Camus, auteur de toute cette Théorie, la fuit dans tous les détails & de fpécu- lation & de pratique, On peut former une difficulté, qui n’appartiendroit guére qu'à da fpéculation. Ce Conoïde cherché étant trouvé, &, f1 l'on veut, actuellement exécuté, c’eft à chacun des points de fa fürface qu'il faut que la Puiffance s'applique fuccefli- vement pour exercer une action, toûjours égale ; or ce n'eft pas à ces points qu'elle éft appliquée, mais aux centres de chaque portion de Corde qui les couvre, & les rayons de G ïi 2 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE fa Corde toûjours égaux, ajoûtés aux Ordonnées de fa Courbe génératrice du Conoïde, en troubleront le rapport néceffaire pour légalité d'aétion de la Puiflance. Pour prévenir cet inconvénient , quoique léger, M. Camus imagine que l'on pourroit creufer fur la furface du Conoïde de petits Canaux aflés larges pour contenir la Corde, & fr peu profonds que le centre de la Corde fût toüjours à la premiére furface natu- relle du Conoïde. Mais il ne faut pas trop s'arrêter à confidérer l'aGtion de tirer un feul Seau. Pour peu qu'on veuille avoir d’eau à la fois, il eft plus naturel & plus ordinaire d'en employer deux dont l'un monte & l'autre defcend en même temps; on a le double d'Eau dans un temps égal, & d’ailleurs l'aétion eft beaucoup plus aifée. Tandis que le Seau plein monte, & à mefure qu'il monte, la Corde du Seau vuide qui def- cend fait équilibre avec le poids d’une partie égale de Ja Corde du Seau plein, & à la fin fait équilibre avec toute la Corde de ce Seau, de forte que la puiflance n'a plus rien à foûtenir de fon poids. Dans ce cas des deux Seaux, le Treuil étant fuppolé ci- lindrique, il femble que quelque longue que foit la Corde à caufe de la profondeur du Puits, la Puiflance n'aura rien à foûtenir de fon Poids, du moins au commencement & à la fin de fon attion. Car quand le Seau plein commence à monter, ce qui eft le moment où la Puiflance devroit porter le poids entier de fa Corde qui eft toute déroulée de deflus le Treuil, & où elle n'agit que par fon moindre Levier poffible, la Corde du Seau vuide, qui eft alors tout en-haut, eft toute entiére roulée autour du Cilindre, & par conféquent agit par fon plus grand Levier pofñble, agit pour faire defcendre fon Seau, & par conféquent à élever Fautre de concert avec la Puiflance, qui fait le même effort. À la fin de lation, c’eft la même chofe renverfée. La Corde du Seau plein étant roulée toute entiére autour du Cilindre , la Puiffance agit par fon plus grand Levier pofñble, & a auffi à foûtenir tout le poids du Seau vuide defcendu piels )S'cliE N°C'E < 53 jufqu’à l'Eau. If eff certain que dans ces deux cas extrêmes, la Puiflance a de l'avantage & du defavantage par rapport au poids de la Corde qu'elle foûtient. Dans le premier cas elle eft abfolument foulagée de ce poids en n’agiffant que par fon moindre Levier poflible, dans le fecond elle porte entiére- ment ce poids, mais elle agit par fon plus grand Levier, de forte que fi les longueurs de ces deux Leviers extrêmes font telles qu'il les faut pour égaler les deux aétions du commen- cement & de la fin de l'élévation du Seau plein, la Puiflance agira avec toute la commodité poffible, du moins dans ces deux moments les plus dangereux de tous, & s’il eft poffible que les actions moyennes foient encore inégales, elles ne le feront que très-peu. Quand on a les deux Seaux, il faut les tenir toûjours affés écartés pour ne fe pas rencontrer dans leur chemin, & s’embarrafier lun autre. Comme ils ont chacun leur Corde particuliére, égales toutes deux entr'elles, elles occu- pent chacune fur le Treuil cilindrique un efpace égal, & ces deux efpaces féparés & fermés par des Rondelles, font deux efpeces de Bobines, qui font alternativement ou suës ou chargées de Corde. Ce font ces deux Bobines, ou nuës ou chargées de Corde, qui donnent les deux Leviers dont il eft ici queftion, le moindre quand elles font nuës, le plus grand quand elles font entiérement chargées. L'égalité des deux aétions extrêmes de la Puiflance étant entiérement dépendante des Leviers de ces deux moments, qui feront les Rayons d’une Bobine nuë ou chargée, M. Camus cherche par le Calcul quel doit être pour cet effet le rapport des deux Rayons. Il eft clair que le premier eft toûjours le rayon du Cilindre connu, mais le fecond dépend de la quantité de Corde roulée à l'entour, H faut donc découvrir en fecond lieu quelle quantité de Corde fera néceflaire pour groffir la Bobine au point de donner ce fecond Rayon requis, ou, ce qui eft le même, le rayon du Cilindre & celui de la Corde étant connus, combien il faudra que la Corde faffe de tours dans fa Bobine, G il _ 54 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Si tous les tours de la Corde fe plaçoient exaélement l'un. fur l'autre, auquel cas la Bobine n'auroit d'étenduë en longueur qu'un diametre de la Corde, il feroit fort aifé de trouver combien ou par quel nombre de tours il faudroit groffir la Bobine. Mais les tours de la Corde ne fe tiendront jamais dans cette difpofition exacte, & ils fe jetteront les uns d’un côté, les autres de l’autre, à moins que {a Bobine n'ait deux efpeces de Murailles diftantes entr'elles d’un dia- metre de la Corde, ce qui multiplieroit beaucoup les frotte- ments très-nuifibles à toute Machine. La Bobine fera donc moins étroite, ou, ce qui eft le même ici, plus longue. Alors on peut fuppofer que deux tours étant formés & pofés horifontalement Fun contre l'autre, un troifiéme vien- dra fe placer fur eux en rempliffant autant qu'il le peut le vuide qu'ils laifloient entr'eux. I eft vifible que la Bobine qui dans la premiére difpofition, auroit été groffie de trois diametres de la Corde, ne le fera pas dans cette feconde de deux entiers, & il fera très-aifé de trouver cette détermi- nation précife. Si l'on fuppole encore que la Corde étant entiérement roulée dans fa Bobine, ces deux difpofitions différentes s'y trouvent alternativement, on trouvera le Rayon requis de la Bobine, ou le nombre de tours qu'il faudra que la Corde y fafle, & par ce nombre quelle Jongueur il faudra donner à la Bobine. Mais il eft vrai que tout cela demande des fuppofitions un peu arbitraires, & que la réalité qui ne s'arrange pas fr exactement, pourroit bien démentir. Aufi M. Camus prétend-il bien approfondir encore cette matiére par des expériences, il eft toüjours bon d'en avoir le Géo- métrique bien conftaté. On à cru jufqu'à préfent que l'on ne pouvoit donner un trop grand diametre à l'ouverture des Soupapes des Pompes, & on fe fondoit fur ce principe très-vrai, qu’une certaine quantité d'Eau paffera plus facilement par une plus grande ouverture. Cependant M. Camus prouve que le contraire eft fort poflble. Voici l'éclairciflement du Paradoxe. On MANS SC AE MCE Du: * $ verra par-là quelles attentions prefque exceflives il faut appor- ter aux applications particuliéres des principes généraux les plus vrais. Si la fonétion d'une Soupape ne confiftoit qu'à laifier paffer f'Eau par fon ouverture, le principe auroit lieu fans aucune difhculté, mais une Soupape a deux autres fonctions à remplir. 1°. If faut qu'après avoir laïffé pañler l'Eau, & dès qu'il n’en pañle plus, elle retombe, & ferme le pañage par où l'Eau eft entrée dans le Corps de Pompe. 2°. H faut qu'étant retombée fur fon ouverture qu'elle ferme, elle porte toute la Colomne qui eft entrée. Pour le premier effet, il lui faut une pefanteur fpécifique . plus grande que celle de l'Eau , fans quoi elle ne retomberoit pas maloré la réfiflance de l'Eau, comme elle doit faire. Pour le fécond effet, il lui faut une folidité proportionnée à la Colomne d'Eau qu'elle foûtiendra. Les deux effets s’accor- dent à exiger en général la même chofe. Je fuppofe une Soupape parfaite, qui s'ouvre ou s’éleve, fe referme ou retombe à fouhait, qui ait précifément la folidité néceffaire pour foütenir la Colomne d'Eau entrée dans le Corps de Pompe. Je fuppofe enfuite que pour y faire entrer l'Eau encore plus facilement qu'elle n’y entroit, on augmente l'ouverture de cette Soupape, tout le refte demeu- rant le même, qu'arrivera-t-il? En augmentant l'ouverture, il aura fallu néceffairement augmenter le diametre de la Sou- pape, & par conféquent fon poids ; l'Eau qui n'aura que la même viefle, & qui ne s'ouvre ou n’éleve les Soupapes que ar cette force, élevera donc moins la nouvelle Soupape ou Soupape plus pefante, & le pañlage de l'Eau fera rétréci, & rendu plus difhcile tout au contraire de l'intention qu’on avoit euê. - Voïtà-ce que nous pouvons détacher d’un grand Mémoire -où M. Camus paroît avoir embraflé toutes les principales Machines à élever l'Eau , & où les deux Seaux & les Pompes font celles qu'il a traitées le plus à fond, Le Calcul le plus * p. 104 56 HisToiRE DE 1ACADEMIE ROYALE géométrique regne par-tout, & nous avons choifi ce qui en pouvoit être dépouillé fans perdre la folidité néceflaire aux véritables Sciences. ” Je Chevalier de Pontis, Enfeigne des Galeres du Roy, . dont nous avons déja parlé en 173 8 *, ayant conti- nué fon travail fur les Cordes, en a fait voir un 24 Mémoire à l'Académie ; mais pour en parler, nous fommes obligés préfentement d'approfondir un peu plus la matiére. Les premiers Fils de Fillafle dont une Corde a été com- pofée, ceux qui en ont été, pour ainfi dire, les premiers Eléments, on n’a pu les unir enfemble, & en faire un tout bien lié, qu’en les tortillant. Ils s'appellent alors un Zowron, & de plufieurs Tourons tortillés encore enfemble par la même raifon, on en fait un Cordage , de plufieurs Cordages une Corde, & enfin le Cable, qui fera formé d'Eléments toûjours ainfi croiflants & liés les uns aux autres. : On peut tortiller plus ou moins ferré. Plus le Fil qui tourne autour d'un Axe efl long par rapport à cet Axe, plus il eft tortillé ferré, car s’il n’avoit que la longueur de cet axe, il ne tourneroit pas à l’entour d’un bout à l'autre. Le Fil, premier Elément, étant tortillé d’un certain fens, Je:Touron qui en {era formé, peut être tortillé, ou du même ‘fens, ou du fens contraire. Il en eft de même du Touron à l'égard du Cordage. | On peut faire les Cordages à plus ou moins de Tourons avec la même quantité de matiére. S'il y a un certain nombre de Tourons, comme 6, alors il faut une feche, c’eft-à-dire un Touron droit, autour duquel d’autres feront tortillés. Dei, comme il eft aifé de le voir, naiflent un grand nombre de Queftions à examiner & à décider fur la plus grande force poffible des Cordes. Comme. la matiére eft extrèmement délicate, & que le raifonnement feul pourroit n’y pas fuflire, M. fe Chevalier de Pontis y a employé juf- qu'à 37 Expériences, qui ont paru faites avec tout le foin & l'intelligence néceffaires. Par exemple, DIES SCIENCES. nr : Par exemple, il trouve que plus un Cordage a de T'ourons, Je refle étant d'ailleurs égal, plus il eft fort ; & s’il ya une Meche à ce Cordage, l’Auteur examine comment il faut Ja faire, afin qu'elle s’allonge en même temps que les T'ourons ‘s'allongeront. Quand les Tourons des Cordages font tortillés à contre- fens du Fil, les Cordages en font plus forts, mais moins flexibles. Plus le Cordage eft tortillé ferré, moins il a de force. Dans les Corderies du Roy une longueur de 30 pieds eft réduite par le tortillement à 20 ; fi elle ne l'étoit qu'à 24, 1e Cordage en foûtiendroit un poids plus grand environ de la moitié. En général, l’Académie a cru que la Marine pourroit tirer de lutilité du travail de M. le Chevalier de Pontis. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L'Ecrit de M. d'Onz-en-Bray fur les Moyens de V.les M, remédier aux Abus des Mefures. ù P-51- La Suite de a nouvelle Théorie des Pompes de M. Pitot. p.393. - MACHINES OU INVENTIONS APPROUVEES PAR L'ACADEMIE EN M DCCXXXIX L TH IN Inftrument inventé par le S' Pafdeloup d'Orléans Ÿ pour étrangler les Serpenteaux d’Artifice plus promp- tement que par la maniére ordinaire, qui eft d'en étrangler les Cartouches à la Corde. Le nouvel Outil, qui eft une efpece de Couteau , à qui l'on donne un certain mouvement, fera principalement utile dans les occafions où l'on fera prefié d'une grande quantité d’Artifice, Hifl. 1739. *°H 58 HISTOIRE DE PRE RoyALE Un Poële de M. Frefneau, ancien Chirurgien des Vaif- feaux du Roy, & depuis Chirurgien-Major des Hôpitaux, Son objet a été de faire toutes les opérations de Cuifine néceflaires pour la Table, même fomptueufe des Officiers de Vaifleau, avec la plus grande épargne poffible & du Bois ou du Charbon, & de l'Efpace. L'Académie a vû un Poële de fon invention exécuté en Tole forte, ayant environ 3 pieds de face, où en 3 heures de temps on a fait cuire avec les d’une Falourde un repas our 10-ou 1 2 perfonnes, confiftant en Potages, Ragoüts, Grillades, Rôti, &c. Une feule piéce de Bœuf rôtie, qui peloit 15 à 16 livres, auroit dépenfé dans une Cuifine ordinaire prefque deux fois plus de bois que n’avoit fait le tout enfemble. On voit bien que cela ne s’eft pu faire que par une diftribution adroite des Compartiments du Fourneau où étoient les différents mets felon leur différente nature, & en même temps par une application induftrieufe de l'aétion du feu, proportionnée aux différents effets qu’on vouloit lui faire produire. Ce Poële tient peu de place, pefe peu, eft aifé à tranf- porter d’un lieu à un autre, fe tiendra de niveau malgré les agitations de la Mer à l’aide des Sufpenfions connuës, échauffera dans les temps froids les Chambres principales du Navire, & enfin fera exempt de fumée. On auroit pu objecter à ce Poële de n'être bon que pour les grands repas, ce qui ne l’eût pas empêché d’être encore fort utile. Mais M. Frefneau en a fait voir un plus petit, qu'il appelle la Cuifine du Solitaire , où avec beaucoup moins de bois on peut apprèter un repas affés honnête pour ce Solitaire & pour quelque Ami. L'Académie n'a pas douté que lInventeur ne fût affés ingénieux pour perfeétionner encore fa Machine, fi de nou- velles vüës, que l'ufage feroit naître, le demandoient. CDS DES US'ETE NICE S 59 DOLOOCO0O00O000000000000 be D OiG NE D'E SM A NF R'E"DANT à Séphpsrb MANFREDI naquit à Bologne le 20 Septembre 1 674, d'Alphonfe Manfredi, Notaire dans cette Ville, & d'Anne Fiorini. Il eut trois Freres, & deux Sœurs. . - Son efprit fut toûjours au-deflus de fon âge. II fit des Vers dès qu'il put fçavoir ce que c'étoit que des Vers, & il n'en eut pas moins d'intelligence ou moins d'ardeur pour la Philofophie. Il faifoit même dans la maifon paternelle de petites aflemblées de jeunes Philofophes fes Camarades ; ils répafloient fur ce qu'on leur avoit enfeigné dans leur Collece, s'y affermifloient, & quelquefois l'approfondifioient davantage. Il avoit pris naturellement affés d’empire für eux pour leur perfuader de prolonger ainfi leurs études vo- lontairemént. Il acquit dans ces petits exercices l'habitude de bien mettre au jour fes penfées, & de les tourner felon le befoin de ceux à qui on parle. Cette Académie d'Enfants, animéé par le Chef, & par les fuccès, devint avec un peu de temps, une Académie d'Hommes, qui, des premiéres connoiflances générales, s'élevérent jufqu'à lAnatomie, jufqu’à Optique, & enfin reconnurent d'eux-mêmes l'indifpenfable & agréable néceflité de la Phifique Expérimentale. C’eft de cette origine qu'eft _ venué l'Académie des Sciences de Bologne, qui fe tient préfentement dans le Palais de l’Inftitut, elle a pris naiflance dans le même lieu. que M. Manfredi, & elle la lui doit. IL eût été trop heureux s'il eût pu fe livrer entiérement à fon goût, foit pour la Poëfie, foit pour la Philofophie, foit pour toutes les deux enfemble, & sil meût pas eu d'autres befoins à fatisfire que ceux de fon efprit. H fut H ïi 6o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE obligé de fe donner auffi au Droit Civil, & au Droit Cano- pique, plus utiles en Italie, & plus néceflaires que par-tout ailleurs. Heureufement il avoit une grande vivacité de conception, & une mémoire excellente. I faifoit aifément des acquifitions nouvelles, & les confervoit aufli aifément. I! fut fait Docteur en l'un & l’autre Droit à l'âge de 1 8 ans, prefque encore Enfant par rapport à ce grade-là, qu'il ne pouvoit pas tenir de la faveur, ni de la brigue, On fetrom- peroit de croire que les Vers qu'il faifoit alors fuflent pour lui un fimple délaflement, c’étoit une occupation felon fon cœur, & qui le confoloit de la Jurifprudence. Dans le Pays où il étoit, l'Aftrologie Judiciaire ne pou- voit manquer de fe préfenter à lui, & d'attirer fa curiofité, mais elle ne le féduifit pas, & il lui eut bientôt rendu juflice. Elle lui laifla feulement l'envie d'étudier la Géographie, dans laquelle il devint fort habile. I! en pofféda parfaitement Ja partie Hiftorique, qui fournifloit beaucoup d'exercice, & par conféquent de plaifir à fa grande mémoire. La Gnomonique fuccéda à la Géographie, & après que quelques Sciences Mathématiques, par l'étroite liaifon qu'elles ont enfemble, fe le furent ainfi envoyé les unes aux autres comme de main en main, elles le conduifirent enfin toutes jufqu'à la Géométrie pure, leur origine commune. II en apprit les principes du fameux Guglielmini. Mais le moyen de s'arrêter à la Géométrie même! l’Algebre eft encore au de-là; il remonta jufqu'à l'Algebre, quoique peu cultivée alors en Italie, qui a cependant été le lieu de fa naïflance, du moins pour l'Europe. M. Manfredi fentit fi vivement le charme des Mathéma- tiques, & s’y livra avec tant d’ardeur, qu'il en abandonna entiérement cette Jurifprudence, qui lui devoit être fi utile. Müis il eft vrai qu'il n’abandonna pas la Poëfie, fi inutile pour la fortune, & peut-être plus qu'inutile. De plus les Mathématiques pouvoient plûtôt saccorder avec la Jurif- prudence qu'avec la Poëfie; ce grand amour qu'il eut pour elle, cette préférence fi marquée, méritent que nous ne HMS SRE ILE INKC ES. 61 négligions pas de le confidérer de ce côté-là, L'Italie moderne s’étoit fait un goût de Poëfie aflés diffé- rent de celui de Fftalie ancienne. On ne fe contentoit plus du Vrai que la Nature fournit dans tous les Sujets qu'on entreprend de traiter, on alloit chercher de l’efprit bien loin de-là, des traits ingénieux & forcés, qui coûtoient peut-être beaucoup, & ne repréfentoient rien. 11 faut convenir que ce Vrai dont il s’agit, eft bien loin aufli pour la plüpart des gens, il ne fe trouve que dans la Nature finement & déli- catement obfervée, on ne l'apperçoit que par un fentiment exquis, mais enfm c’eft-là ce qu’il faut appercevoir, ce qu'il faut trouver. Du refte on s’attachoit beaucoup à une certaine pompe de Vers, à une harmonie, qui ont effectivement leur prix. M. Manfredi compofa d’abord dans le ton de ceux qu'il voyoit réuflir, & il eut un fuccès des plus bril- lants, mais la droiture de fa raifon, fortifiée peut-être par les Mathématiques, ne lui permit pas d’être long-temps fatisfait de lui-même. II s’'apperçût contre fon propre intérêt que le goût de fon Siécle étoit faux, & il eut le courage de fe croire injuftement applaudi. Il fe rapprocha donc deformais des Modéles anciens pour le fond de Ja compo- fuion, & conferva d’ailleurs cette magnificence de file poëtique que les Modernes aimoïent, & à laquelle il étoit naturellement porté. Ce milieu, cet accommodement con- cilia tout, & il n’y eut qu'une voix en faveur de M. Manfredi. Nous parlons fur le témoignage qu'en rend M. Zanotti, Sécrétaire de l'Inftitut de Bologne, fameux lui-même dans a Poëfie, auffi-bien que dans les Sciences. . M. Manfredi étoit grand Imitateur, non pas Imitateur forcé à l'être par la Nature, toûjours aflervi à copier quel- qu'un, mais Imitateur libre, & de deffein formé, qui prenoit 1e caractere de tel Poëte qu'il vouloit, & ne le prenoit point fans s'y rendre fupérieur à fon Original même. Je tiens encore ceci d’un Italien, excellent connoifieur, occupé en France des fonétions les plus importantes. Les Sonnets font beaucoup plus à la mode en Italie que ïj 62 HisToIRE DE L'ACADEMIE ROYALE chés nous. M. Manfredi en a fait un grand nombre, & fur toutes fortes de fujets. Il y en a de fimple galanterie, d'amour affionné, de dévotion, fur les événements des Guerres d'Italie de fon temps, à la louange des Princes, des Généraux, dés grands Prédicateurs. Ces Sonnets ne fe piquent point comme les nôtres de finir toûjours par quelque trait frappant, il leur fuffit d’être bien travaillés, & riches en expreflions poëtiques. Dans un autre genre que nous n'avons point, & que les Italiens appellent Cangoni, M. Manfredi a fait un des plus beaux ouvrages qui foient jamais fortis de l'Italie, nous ne craignons point de le dire après M! Zanotti ; le fujet en eft une très-belle perfonne, Giulia Vandi, qui fe fit Religieufe. Le Poëte commence par dire qu'il a vü ce que des Yeux mortels, toüjours couverts d’un voile trop épais, ne fçau- roient voir, tout ce qu'il y a de célefte dans Giulia. La Nature & l'Amour s’étoient unis pour former fa beauté à l'envi l'un de l’autre, & ils ont été étonnés de leur propre ouvrage, quand ils l'ont vü fini. L’Ame choifie pour habiter ce beau corps, y defcend du Ciel, entraînant avec elle tout ce qu'il y a de plus pur & de plus lumineux dans les diffé- rentes Spheres, par où elle pafle. Elle ne fe montre aux Humains que pour leur faire voir par l'éclat dont elle brille, le lieu de fon origine, & le chemin qui les y conduira. Après avoir rempli chés eux cette noble deftination, elle les quitte, & tandis que tout retentit des concerts des Anges, qui lui applaudifient, elle s'enfonce dans une lumiére immenfe, où elle difparoït. Au milieu de tout cela l'Auteur à eu l'adreffe de. parler de lui, & en termes fort paflionnés. Auroit-il eu de l'amour pour Giulia? On le croiroit fi l'on ne connoifloit chés les Auteurs illuftres beaucoup d'exemples d'un certain amour Platonique & Poëtique, qui ne demande qu'une matiére à dire de belles chofes. Une autre Canzone de M. Manfredi, où il invite des Nimphes & des Pafteurs à danfer toute la nuit, eftplus dans le goût de la fimplicité antique, & même dans le nôtre, J | esse Sc DES SCIENCES. 6} car les François peuvent-ils s'empêcher de rapporter tout à leur goût? Ce font de petits Vers qui ont un Refrain, fort coupés, fort légers, fort vifs, qui femblent danfer. If y a 1à toute la grace, toute la gentillefle, que nous pourrions défirér dans des Paroles faites pour le Chant. ; En voilà beaucoup fur un Poëte & fur la Poëfie dans une Académie des Sciences. Mais il n’étoit guére connu dans cette Académie qué comme grand Mathématicien, & il importe à fa mémoire qu’il le foit auffi comme grand Poëte. L'Académie de la Crufca dont il étoit en cette qualité, uniquement occupée, comme l'Académie Françoife, de fa Langue, & des Belles Lettres, aura fans doute permis qu'on le louit chés elle fur cet autre genre dont elle ne £ pique point. Si fune des deux parties de fon mérite étoit ignorée, il y perdroit beaucoup plus que la moitié de fa gloiré, car outre les deux talents pris féparément, il a fallu encore pour les unir un autre talent plus rare, & fupérieur aux deux. Ce fut en vertu de cette union qu'il ofa chanter dans ce même petit Poëme qu'il fit pour Giulia, les Tourbillons. de Defcartes, inconnus jufque-là anx Mufes Italiennes. La fameufe Méridienne de Bologne, entreprife & finie en 1655 par feu M. Caflini*, ce merveilleux Gnomon, le plus grand, & par conféquent le plus avantageux que l’Aftro- homnie eût jamais eu, & qu’elle püt même efpérer, demeuroit abandonné, négligé dans l'Eglife de S: Petrone ; il manquoit des Aftronomes à ce bel Inftrument. M. Manfredi,, âgé: peut-être de 22 ans, réfolut de le devenir, pour Ôter à fa: Patrie cette efpece de tache, & il fut fecondé par M. Stancari, fon ami particulier, & digne de l'être. Hs fe mirent à étudier: de concert des Livres d’Aftronomie, bien-tôt ils pafferent les. nuits à obferver avec les meilleurs Inftruments qu'ils purent obtenir de leurs Ouvriers, & ils furent peut-être les premiers. en Îtalie qui eurent une Horloge à Cycloïde, Is s'étoient fait un petit Obfervatoire chés M. Manfredi, où venoient auffi es trois Freres, tous gens d’efprit, devenus: Aftronomes, ou du moins Obfervateurs, apparemment poux * V.PHift. de 1712. p.84. &£ 64 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE lui plaire. Le re", mais le moins afidu, étoit de la Compagnie de Jefus, célébre Prédicateur dans la fuite ; le 24, Gabriel, Auteur, dans un âge peu avancé, d’un Livre fur l’Analife des Courbes, traitée à la maniére de M. de l'Hôpital; le 3m, Médecin, & grand Philofophe. Mais ce qu'il y a de plus fingulier, c'eft que les deux Sœurs alloient auffr à l'Obfer- vatoire, non par une curiofité frivole, qui auroit été bien-tôt fatisfaite & dégoütée, mais pour obferver, pour apprendre, pour s’inftruire dans l’Aftronomie. Ils étoient là fix, Freres ou Sœurs, attachés à fuivre enfemble & à découvrir les mou- vements céleftes, jamais une Famille entiére & auft nom- breufe ne s'étoit unie pour un femblable deffein. Ordinaire ment les dons de l’efprit & les inclinations louables font femés par la Nature beaucoup plus loin à loin. Au milieu de ces exercices particuliers, M. Manfredi fut fait à la fin de 1 698, Leéteur public de Mathématique dans l'Univerfité de Bologne. Peu de temps après il lui furvint des chagrins domeftiques, dont le détail feroit inutile à fon Eloge, & n'y peut appartenir que par la fermeté dont on aflüre qu'il les foûtint. Son Pere fut obligé de quitter Bo- logne, lui laiffant des affaires en fort mauvais état, & une Famille dont tout le poids tomboit fur lui, parce qu'il étoit Yainé, & qu'il avoit le cœur bien fait. Dans cette fituation il s'en falloit beaucoup que fa place de Lecteur ne püt fuffrre à tous fes befoins, & il recueillit le fruit, non pas tant de fes talents pour la Poëfie & pour les Mathématiques, que de fon caraétere qui lui avoit acquis l'amitié de beaucoup d'hon- nètes gens, car pour recevoir des fervices d'une certaine efpece & d’une certaine durée, il ne fuffit pas tout-à-fait d’être eftimé, il faut pour le plus für plaire, & être aimé. M. le Marquis Orfi, qui s’eft diftingué par plufieurs ouvrages d'efprit, fe diflingua encore plus glorieufement dans cette occafion par fa générofité. Les affaires de M. Manfredi fe rétablirent, & il recommença à jouir de la tranquillité, qui * V. T'Hift Jui étoit fi néceflaire. ) de 1703. p.141. fe Nous avons dit dans les Eloges de Mrs Viviani *, Gu- glielmini RS Sr éme DES SCIENCES. 65 glielmini * & Caflini *, quels font les embarras & les con- * y. rHin. teftations que les Riviéres caufent dans toute la Lombardie, de 1710. & même au de-là. 11 femble que fi on y laifloit la Nature cie À .. en pleine liberté, tout ce grand Pays ne deviendroit à la " “oi longue qu'un grand Lac, & il faut que fes Habitants tra- p.91. &f vaillent fans ceffe à défendre leur terrein contre quelque Riviére qui les menace de les inonder. Par malheur ce Pays eft partagé en plufieurs Dominations différentes, & chaque Etat veut renvoyer les inondations ou le péril fur un Etat voifin, qui n’eft pas obligé de le fouffrir. H faudroit s’accorder enfemble pour le bien commun, trouver quelque expédient général, qui convint à toutle monde, mais il faudroit donc aufli que tout le monde fe rendit à la raifon, les puiffants comme les foibles, & eft-ce à une chofe poffible? Bologne & Ferrare, qui, quoique toutes deux fujettes du Pape, font deux Etats féparés, ont enfemble à cette occafion un ancien différend, qui étant devenu plus vif que jamais, Bologne crut ne pouvoir mieux faire que de donner à M. Manfredi par un Decret du Public importante Charge de Surintendant des Eaux; ce fut en 1704. L’Aftronomie en fouffrit un peu, mais l’'Hidroftatique en profita, il y porta de nouvelles lu- miéres, même après le grand Guglielmini. La conteftation de Bologne & de Ferrare intéreffa auffi Mantouë, Modene, Venife. Cette énorme complication d'intérêts qu'il avoit à manier en même temps, & à concilier, s'il étoit poffible, lui coûta une infinité de peines , d’inquié- tudes, de recherches fatigantes, de le@ures defagréables, quelquefois inutiles, & indifpenfables malgré leur inutilité, d'Ecrits qu'il falloit compofer avec mille attentions génantes. S'il en fut récompenfé par la grande réputation qu'il fe fit, cette réputation devint pour lui une nouvelle fource de tra- vaux de la même efpece ; les démêlés de l'Etat Eccléfiaftique avec la Tofcane fur Ia Chiana, dont nous avons parlé en 1710%, les anciens différends de la Tofcane & de la Répu- * y. l'endroit blique de Lucques, les frayeurs continuelles de Lucques fur cité ci-deflus, . e voifinage de la Riviére du Serchio la réparation des Ports, Hifl. 1739. . 66 Histoire DE L'ACADEMIE RayALE le defféchement des Marais, tout ce qui regardoit les Eaux en Italie, vint à lui, tout eut befoin de lui. Comme il ne fe contentoit pas des fpéculations du Ca- binet , il vouloit voir par fes propres yeux les effets de la Nature, & cet excès d'exactitude penfa un jour lui coûter la vie. Il avoit grimpé avec une peine infinie fur une Roche efcarpée pour voir de-fà le cours du Serchio, & la corrofion u’il caufoit à {es rives ; il étoit polé de maniére à ne pou- voir abfolument ni continuer de monter, ni redefcendre, ni demeurer long-temps là. S'il n’eût eu un prompt fecours, qui pouvoit bien lui manquer, & fi fon courage naturel n’eût empêché que la tête ne lui tournât , il retomboit dans le moment, & fe brifoit. La plus grande partie de ce qu'il a écrit fur les Eaux, a été imprimée à Florence en 1723, dans un Recueil qu'on a fait de Piéces qui appartiennent à une matiére fi inté- reflante pour l'Italie, & d'excellentes Notes, qu'il ajoûtoit à Guglielmini, s’imprimoient quand il mourut. Il ne tiendra pas à l'Hidroftatique & aux Sciences que tout ne s'arrange pour le plus grand bien du Public, mais il eft plus facile de dompter les Riviéres que les intérêts particuliers. Dans la même année où M. Manfredi fut fait Surinten- dant des Eaux du Bolonnois, il fut mis auffr. à la tête du Collége de Montalte, fondé à Bologne par Sixte V, pour de jeunes gens deftinés à l’Eglife, qui auroïent au moins 1 8 ans, Ils avoient avec le temps fecoué le joug, & des études Ecclé- fiaftiques , qui devoient être leur unique objet, & des bonnes mœurs, encore plus néceflaires. Ils faifoient gloire d’avoir triomphé des Regles & de la Difcipline. Leur nouveau Rec- teur eut befoin avec eux de l'æt qu'ont employé les fonda- teurs des premiers Etats. I ramena ces Rebelles à étude par des chofes agréables qu’il leur préfenta d'abord, par la Géo- graphie, qui fut un degré pour paffer à la Chronologie, & de-R il les conduifit à l'Hiftoire Eccléfiaftique, & enfin à la Théologie & aux Canons, dernier terme où il falloit arriver. On dit même que de plufieurs de ces jeunes gens il en fit de Lt —- ie DES SCIENCES. 67 Bons Poëtes, faute d’en pouvoir rien faire de mieux. C’étoit toûjours les appliquer, & loifiveté avoit été une des prin- cipales câufes de leurs déréglements. | On connoît par-tout aujourd'hui lInflitut des Sciences de Bologne. Nous en avons fait l'Hifloire en 1730 *, & nous avons dit que M. Manfredi y eut la place d’Aftronome. Ce fut en 1711, & dès-lors il renonça abfolument au Collége Pontifical, à la Poëfie même qu’il avoit toûjours cultivée jufque-Rà, & il eft glorieux pour elle que cette renonciation foit une Epoque fi remarquable dans une pareille Vie. Quatre ans après il publia deux Volumes d'Ephémérides, dédiés au Pape Clément XT. H l'aflüre fort qu’il n’y a point fait entrer d’Aftrologie Judiciaire, quoique de grands Per- fonnages, tels que Regiomontanus, Magin, Kepler, { foient Jaïlé entraîner au torrent de la folie humaine. Î paroît par-là que fi on ne donne plus aujourd’hui dans l’Aftrologie, du moins on daigne encore dire qu'on n’y donne pas. Le 1er Volume tout entier eft une Introduction aux Ephémérides en général, ou plütôt à toute l’Aftronomie dont ïäl expofe & développe à fond les principes. Le 24 Volume contient les Ephémérides de 1 o années, depuis 171 $ jufqu'en 1725, calculées fur les Tables non imprimées de M. Caflini, & le plus fouvent fur les Obfervations de Paris, M. Manfredi fe fioit beaucoup à ces Tables & à ces Obfervations. Ses Ephé- mérides embraffent bien plus de chofes que des Ephémé- rides n’avoient coûtume d'en embraffer. On y trouve les paffages des Planetes par le Méridien, les Eclipfes des Satel- lites de Jupiter, les Conjonétions de la Lune avec les Etoiles les plus remarquables, les Cartes des Pays qui doivent être couverts par l'ombre de la Lune dans les Eclipfes Solaires, I parut enfuite deux nouveaux Tomes de ces Ephémérides, lun qui va depuis 1726 jufqu'en 1737, & l’autre depuis 1738 jufqu'en 17 5 o. Cet ouvrage s’eft répandu, s’eft rendu néceflaire dans tous les lieux où l’on a quelque idée de VAflronomie, Nos Miffionnaires de la Chine s’en fervent pour prouver aux Chinois le génie Européen, qu’ils ont bien [ij % P: 139e & fuiv. 2 * V.PHift. de 1723. p. 76. & fuiv. 68 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE de la peine à croire égal feulement au leur. Ils devroient à la vérité, par beaucoup de circonftances particuliéres, avoir : un grand avantage fur nous en fait d'Aflronomie, jufque-là ils auront raifon, mais cela même leur donneroit enfuite un extrême defavantage dans le Parallele qu’on feroit des deux Nations. M. Manfredi n’a pas manqué d'apprendre au Public les noms de ceux qui l'avoient aidé dans la fatigante compofition de fes Ephémérides. Cependant il a certainement reçû des fecours qu'il a diflimulés, & on le lui reprocheroit avec juftice, fi la raifon qu'il a euë de les diffimuler ne fe pré- fentoit dès que l'on fçait de qui ils venoient. C'étoit de fes: deux Sœurs, qui ont fait la plus grande partie des Calculs de fes deux premiers Tomes. S'il y a quelque chofe de bien directement oppolé au caractere des Femmes, de celles fur- tout qui ont de l'efprit, c'eft l'attention fans relâche & la. patience invincible que demandent des Calculs très-defagréa- bles par eux-mêmes, & auffi longs que defagréables ; & pour mettre le comble à la merveille, ces deux Calculatrices, car il faut faire un mot pour elles, brilloient quelquefois dans la Poëfie Italienne. En 1723, le 9 Novembre, il y eut une Conjonétion. de Mercure avec le Soleil, d’autant plus précieufe aux Aftro- nomes, qu'on avoit déja efpéré inutilement deux Conjonc- tions pareilles, lune en 1707, l'autre en 1720*. Celle-ci fut, comme on le peut aifément juger, obfervée avec un extrême foin par M. Manfredi dans l'Obfervatoire de l'Infti- tut, qui à peine venoit d’être achevé, & dont l'ouverture fe failoit prefque par ce rare & important phénomene. L'Obfervation fut publiée par fon Auteur en 1724, avec toutes fes curieufes dépendances. I fut choifi en 1726 pour Aflocié Etranger de cette: Académie. Le nombre de ces Etrangers n’eft que de huit. Certainement tous ceux qui feroient dignes de cette place, n'y peuvent pas être, mais du moins ceux qui y font, en: doivent être bien dignes. pes ilSlo TUE Nic ES 69 H fut reçû auffi en 1729 dans la Société Royale de Londres, dont les places font toüjours très-honorables, mal- gré leur grand nombre. Vers ces temps-là il fe fit en Angleterre une découverte nouvelle, & tout-à-fait imprévüë dans l’Aftronomie, celle des Aberrations où Ecarts des Etoiles fixes, qui toutes, au lieu d’être parfaitement fixes les unes à l'égard. des autres, comme on favoit toüjours cru, changent de pofition jufqu'à un certain point. Ces Aberrations ont été expofées plus au long *. Sur le bruit qui s’en répandit dans le Monde fca- vant, M. Manfredi fe mit à étudier le Ciel plus foigneufe- ment que jamais par rapport à cette nouveauté, qui deman- doit les obfervations les plus affiduës, & les plus délicates, puifqu’elle avoit échappé depuis tant de Siécles à tant d’yeux fi clairvoyants. Il publia fur ce fujet en 1729, un ouvrage dédié au Cardinal da Via, où il rendoit compte & de fes obfervations, & des conclufions qu'il en tiroit. Il reçût en- fuite ce qu’on avoit donné, foit en Angleterre, foit ailleurs, fur cette même matiére, & il la traita en 1730 dans un nouvel ouvrage, mais plus court, adreflé à l’illuftre M. Le-- protti, premier Médecin du Pape. . On crut d'abord que l’Aberration des Fixes, qui certaine- ment n’eft qu'apparente, viendroit de ce que la Terre change de diftance à l'égard des Fixes par fon mouvement annuel, & c'eût été là une démonfiration complette & abfoluë de- ce mouvement. Les Italiens qui n’ofent le reconnoître, fe: feroient abftenus de toucher à ce fujet, & l'embarras où ils fe trouvent fi fouvent dans l’Aftronomie Phifique, en auroit: confidérablement augmenté, mais heureufement l'Aberration mieux. obfervée n'étoit point telle que le mouvement de la Terre la demandoit, & M. Manfredi s’engagea fans crainte: dans cette recherche. M. Bradley, célébre Philofophe An- glois, trouva enfin un Sifteme de Ÿ Aberration très-ingénieux, - & peut-être auf vraifemblable, où, à la vérité, le mouve- ment annuel de la ‘Ferre entroit encore, mais néceflaire- ment combiné avec le mouvement fucceflif se Ja Lumiére,. y * V.PHift. de 1737- p- 76: * V. lHitt. p- 59-& füiv. * V.PHift. p.75: &f. * V. Hit. p.102.&f. 70 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE découvert ou propolé, il y a déja du temps, par M": Roëmer, & Caflini. M. Manfredi fit bien encore, ainfi qu'il le devoit, quelque légére réfiftance à ceSifleme, mais il n'en imagina pas d'autre. Hi s’en fervit comme s'il l'eût embraffé avec plus de chaleur, & n’en prouva que mieux la néceflité de s’en {ervir. En 1736 il donna un ouvrage fur la Méridienne de St Pétrone, fa premiére Ecole d'Aftronomie. Elle avoit befoin de quelques réparations, que l'Etat voulut bien faire. On lui en donna la direction, & l’on compta bien que c'étoit plus que fa propre affaire. IL étoit trop fidelle à tous fes engagements pour ne fe pas croire obligé de contribuer aux travaux d’une Académie qui l'avoit adopté. IT a envoyé ici deux Mémoires, dont l'un eft dans le Volume de 1 7 34*, l’autre dans celui de 1738%, tous deux d’une fine & fubtile Aftronomie. On y voit le grand Aftronome bien familier avec le Ciel, & on y fent l'Homme d’efprit, qui fçait penfer par lui-même. L'Académie dût lui fçavoir d'autant plus de gré de ces deux Ecrits, que dans ces temps-là il étoit furchargé d'oc- cupations nouvelles. M. Bianchini, mort en 1729*, avoit laiffé une grande quantité d'Obfervations Aftronomiques & Géographiques dans un defordre, & dans une confufion, dont la feule vûüë effrayoit, & faifoit défefpérer d'en tirer jamais rien. Îl l’entreprit cependant par zéle pour les Sciences, & pour la mémoire d'un illuftre Compatriote, il parvint à faire un choix, qui fut bien reçû du Public. I avoit toûjours confervé Ja fatigante Surintendance des Eaux du Bolonnois, mais de plus la Cour de Rome voulut qu'il entrât en connoiflance d’un différend du Ferrarois avec l'Etat de Venife, & rejetta fur lui un fardeau de la même efpece que celui qu'il portoit déja avec tant de peine. II fut accablé de vieux Titres & d’Actes difficiles à déchiffrer &: à entendre, de Cartes anciennes & modernes, & enfin en 1735 le réfultat de fes recherches fut imprimé à Rome. Dans cette affaire du Ferrarois, auffi-bien que dans le débrouillement des Papiers de M. Bianchini, on retrouve. DES SCIENCES. 71 encore fes deux Sœurs, qui lui furent infiniment utiles, {ur- tout pour toute li manœuvre défagréable de ces fortes de travaux. Avec beaucoup d’efprit, elles étoient propres à ce qui demanderoit prefque une entiére privation d’efprit. Sans ce fecours domeftique il ne füt jamais venu à bout de tout ce qu'il fit dans les cinq ou fix derniéres années de fa vie, pendant lefquelles il fut tourmenté de la Pierre. li foûtint ce malheureux état avec tant de courage, qu'à peine fa gayeté naturelle en fut altérée. Quelquefois au milieu de quelque difcours plaifant qu'il avoit commencé, car il réuffifloit même fur ce ton-là, il étoit tout-à-coup interrompu par une douleur vive & piquante, & après quel- ques moments il reprenoit tranquillement le fil de fon dif- - cours, & jufqu'au vifage qui y convenoit. J'ai oùi dire cette même particularité de notre grand Poëte Burlefque, mais celui-ci étoit plus obligé à être toüjours gaï, il eût perdu fon principal mérite dans le monde, s’il eût cefflé de l'être. Le mal de M. Manfredi alia toüjours en augmentant, & en ne lui laiffant que de moindres intervalles de repos, &‘enfin après 1 8 jours de douleurs continuelles, il mourut le r 5 Février r739, non pas feulement avec 11 conftance d'un Philofophe, mais avec celle d'un véritable Chrétien. Son Corps fut accompagné à la Sépulture avec une pompe extraordinaire par les Sénateurs Préfidents de Finftitut de: Bologne, par les Profeffeurs de cet Inftitut, & par les deux. Univerfités d'Ecoliers. L'Italie & l'Angleterre fçavent rendre aux Hommes illuftres les honneurs funebres. Il avoit une taille médiocre, affés d’embonpoint, le teint vermeil, les yeux vifs, beaucoup de phifionomie, beaucoup d'ame dans tout l'air de fon vifage. 11 n'étoit ni fauvage comme Mathématicien, ni fantafque comme Poëte. Il aimoit fort, fur-tout dans fa jeuneffe, les plaifirs de la Table, & pour êtreexempt de toute contrainte, if ne les vouloit qu'avec fes Amis. Ce n’eft pas qu'il n'obfervât dans la Société toutes les regles de la politeffe, tout le cérémonial Italien plus rigoureux que le nôtre, il y étoit même d'autant plus attentif 2 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE qu'il fe fentoit plus porté à y manquer par le peu de cas qu'il en faifoit naturellement, mais enfin il valloit encore mieux éviter les occafions qui rendoient néceflaires ces faux refpeéts, & ces frivoles déférences. Aufli étoit-il plus in- commodé qu'honoré des vifites ou de gens de marque, ou d'Etrangers, que fon nom lui attiroit de toutes parts. Pour la vraye politefle, il la poffédoit. I cédoit volontiers l'avantage de parler à tous ceux qui en étoient jaloux. Quand il y avoit lieu de contredire quelqu'un dans la converfation, ce qui aflürément n’étoit pas rare, il prenoit le parti de fe taire, plûtôt que de relever des erreurs fous prétexte d’in- ftruction. Il eft fort douteux qu'on inftruile, & il eft für qu'on choquera. Un fentiment contraire au fien, & qui avoit quelqu’apparence, l'arrêtoit tout court, & lui faifoit craindre de s'être trompé, au lieu que d'ordinaire on commence par s'élever vivement contre ce qui s’oppofe à nous, & on fe met hors d'état de revenir à la raifon. Perfonne ne fentoit mieux le mérite d'autrui, il alloit prefque jufqu’à s'y complaire. Le fond de tout cela eft qu'il avoit fincérement peu d'opinion de lui-même, difpofition qu'on pourroit nommer héroïque. Il étoit d’une Confrairie qui affifte, confole les Criminels que lon conduit au Supplice. Il n’en put faire fon devoir que très-rarement, & il en fouffrit tant, qu'il s’étoit déter- miné à y renoncer pour toüjours. Les fonétions de la com- paffion étoient arrêtées en lui par l'excès de la compaffion. Avec une ame fi tendre, il ne pouvoit manquer d’être bienfaifant, officieux, libéral autant que fa fortune le pou- voit permettre. Quand il s'agifloit d'une dette, & qu'il y avoit quelqu'incertitude fur la quantité, il aimoit mieux courir le rifque de payer trop que trop peu. Les qualités de fon cœur ont fait l'effet qu'elles devoient, il a été généralement aimé, On donne des louanges à d’autres grands Hommes par pure eflime, mais à celles que je lui ai entendu donner, j'ai toûjours remarqué qu’on y ajoûtoit un fentiment d'affeétion beaucoup plus flateur, LANCE ELOGE MD ES AND r À Y Harzes-FRANÇoIS DE CIisTERNAI DU FAY naquit s à Paris le 14 Septembre 1 698, de Charles -Jerôme de Cifternai, Chévalier, & de Dame Elifabeth Landais, d'une très-ancienne famille originaire de Touraine. Celle de Ciflérnai étoit noble, & avoit fait profeflion des Armes fans difcontinuation depuis la fin du quinziéme Siécle. Elle … pourroit fe parer de quelque ancienne alliance avec une Mai- fon Souveraine d'Italie, mais elle fe contente de ce qu’elle eft naturellement fans rechercher d’illuftration forcée, . L’Ayeul paternel de M. du Fay mourut Capitaine des Gardes de M. le Prince de Conti, Frere du grand Condé. 11 avoit fervi long-temps dans le Régiment de ce Prince, & quoïqu'homme de Guerre, il s'entêta de Ia Chimie, dans le deflein, à la vérité, de parvenir au grand Œuvre. Il travailla beaucoup, dépenfa beaucoup, avec le fuccès ordinaire. Le Pere de M. du Fay, étant Lieutenant aux Gardes, eut une Jambe emportée d’un coup de Canon au Bombardement de Bruxelles en 1695. Il n'en quitta pas le fervice ; il obtint une Compagnie dans le Régiment des Gardes, mais il fut obligé à y renoncer par les incommodités qui lui furvinrent, & par limpoffbilité de monter à Cheval. Heureufement il aimoit les Lettres, & elles furent fa reflource. Il s'adonna à la curiofité en fait de Livres, curiofité qui ne peut qu'être accompagnée de beaucoup de connoiflances agréables pour le moins. Îl rechercha avec foin les Livres rares en tout genre, les belles Editions de tous les Pays, les Manufcrits qui : avoient quelque mérite outre celui de n’être.pas imprimés, & fe fit à la fin une Bibliotheque bien choifie & bien afortie, qui alloit bien à la valeur de 2 $000 Ecus. Ainfi il {e trouva Hi. 1739: - 74 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyALE dans Paris un Capitaine aux Gardes en commerce avec tous les fameux Libraires de l'Europe, ami des plus illuftres Sça- vants, mieux fourni que la plüpart d’entr'eux des Inftruments de leur profeffion, plus inftruit d'une infinité de particula- rités qui la regardoient. Lorfque M. du Fay vint au monde, fon Pere étoit déja dans ce nouveau genre de vie. Les Enfants, & fur-tout les Enfants de condition, n’entendent parler de Science qu’à leur Précepteur, qui, dans une efpece de Réduit féparé, leur enfeigne une Langue ancienne, dont le refte de la Maifon fait peu de cas. Dès que M. du Fay eut les yeux ouverts, il vit qu'on eftimoit les Sçavants, qu'on s'occupoit de recueillir leurs produétions, qu'on fe faifoit un honneur de les connoître, & de fçavoir ce qu'ils avoient penfé, & tout cela fans pré- judice, comme on le peut bien croire, du ton & des dif- cours militaires, qui devoient toüjours dominer chés un Capitaine aux Gardes. Cet Enfant, fans qu’on en eût expref- fément formé le projet , fut également élevé pour les Armes &. pour les Lettres, prefque comme les anciens Romains. Le fuccès de l'éducation fut à fouhait. Dès l'âge de 14ans, en 1712, il entra Lieutenant dans le Résiment de Picardie, & à la guerre d'Efpagne, en 1718, il fe trouva aux Siéges de S' Sebaftien & de Fontarabie, où il fe fit de la réputation dans fon métier, &, ce qui devoit encore arriver plus füre- ment, des Amis, car dans une feule Campagne il pouvoit manquer d’occafions de paroître, mais non pas d’occafions de plaire à ceux avec qui il avoit à vivre. Pour remplir fes deux vocations, il fe mit dans ces temps-là à étudier en Chimie, Peut-être le fang de cet Ayeul, dont nous venons de parler, agiffoit-il en lui, mais il fe trouva corrigé dans le Petit-fils, qui n’afpira jamais au grand Œuvre, Il avoit une vivacité qui ne fe feroit pas aifé- ment contentée des fpéculations parefleufes du Cabinet, elle demandoit que fes mains travaillaffent auffi-bien que fon efprit. H eut une occafion agréable d'aller à Rome, il s’agifloit ol ns RS DES S: CHLE)N: CE s 75 d’y accompagner M. le Cardinal de Rohan, dont il étoit fort connu & fort goûté; tout le mouvement néceflaire pour bien voir Rome, pour en examiner Îe détail immenfe, ne fut que proportionné à fon ardeur de fçavoir, & aux forces que lui fournifloit cette ardeur. Il devint Antiquaire en étudiant les fuperbes débris de cette Capitale du Monde, & il en rapporta ce goût de Médailles, de Bronzes, de Monuments antiques, où l’érudition femble être éembellie par je ne fçais quoi de noble qui appartient à ces fortes de fujets. Apparemment il avoit eu en vüë dans fes études Chimi- ques une place de Chimifte de l’Académie des Sciences. II y parvint en 1723, & quoique Capitaine dans Picardie, il l'emporta fur des Concurrents, qui par leur état devoient être plus Chimiftes que lui. Sa conftitution étoit auffi foible que vive, & fa prompte mort ne l'a que trop prouvé. Tout le monde prévoyoit une longue Paix, fort contraire à l'avancement des gens deGuerre. . Plus il connoïffoit l'Académie, plus il aimoit fes occupations, & plus il fe convainquoit en même temps qu’elles deman- _doient un homme tout entier, & le méritoient. Toutes ces confidérations jointes enfemble, le déterminerent à quitter _ Le Service, & il ne fut plus qu'Académicien. Il le fut fi pleinement, qu'outre la Chimie, qui étoit fa Science dont il tiroit fon titre particulier, il embraffa encore les cinq autres, qui compofent avec elle l'objet total de . Académie, l'Anatomie, la Botanique, la Géométrie, l'Aftro- nomie , la Méchanique. I ne les embrafloit pas toutes avec 11 même force, dont chacune en particulier eft embraffée par . ceux qui nes’attachent qu’à elle, mais il n’y en avoit aucune ui lui fût étrangere, aucune chés laquelle il n’eût beaucoup . d'accès, & qu'il n'eût pu fe rendre aufli familiére qu'il eût voulu. Il eft jufqu'à préfent le feul qui nous ait donné dans tous les fix genres des Mémoires que l’Académie a jugé dignes d'être préfentés au Public, peut-être s’étoit-il propoté cette gloire fans ofer trop s’en déclarer. Il eft toüjours für . que depuis fa réception il ne s'eft paflé aucune année où il K ij * V.PHift. de 1723. P-13: * V. Celle de 1724 P:39- * V. les Hift. de 1728. Paie de 1730. pue &de1731. PAS * V.les Hilt. de 1733. 6 Hi1SToIRE DE L'ACADEMIE ROYALE n'ait fait parler de lui dans nos Hifloires, & qu'aucun nom n'y efl plus fouvent répété que le fien. Dans ce que nous avons de lui, c'eft Ja Phifique Expéri- mentale qui domine. On voit dans fes opérations toutes les attentions délicates, toutes les ingénieufes adrefles, toute fa patience opiniâtre dont on a befoin pour découvrir la Nature, & fe rendre maïtre de ce Protée, qui cherche à fe dérober en prenant mille formes différentes. Après avoir débuté par le Phofphore du Barometre *, par fe Sel de la Chaux, in- connu jufque-là aux Chimifles *, il vint à des recherches nouvelles fur l'Aiman *, & enfin, car nous accourciffons te dénombrement, à la matiére qu'il a le plus fuivie, & qui le méritoit le mieux, à l'Eleétricité #. 1! l'avoit prife des mains de M. Gray, célébre Philofophe Anglois, qui y travailloit. Loin que M. Gray trouvät mau- vais qu’on allàt fur fes brifées, & prétendit avoir un privi- lege exclufif pour Electricité, il aida de fes lumiéres M. du Fay, qui de fon côté ne fut pas ingrat, & lui donna auffi des vüés. Ils s’éclairerent, ils s'animerent mutuellement, & arriverent enfemble à des découvertes fi furprenantes &c fr inoüies, qu'ils avoient befoin de s’en atteiter, & de s'en confirmer l’un à l'autre la vérité; il falloit, par exemple, qu'ils fe rendiffent réciproquement témoignage d'avoir vü l'Enfant devenu lumineux pour avoir été éleétrifé. Pourquoi l’exem- ple de cet Anglois & de ce François, qui fe font avec tant de bonne foi & fi utilement accordés dans une même re- cherche, ne pourroit-il pas être fuivi en grand par l’Angle- terre & par la France? Pourquoi s’éleve-t-il entre les deux Nations des jaloufies, qui n’ont d'autre effet que d'arrêter, ou au moins de retarder le progrès des Sciences? La réputation de M. du Fay fur l'art de bien faire les Expériences de Phifique, lui attira un honneur particulier ; le Roy voulut qu'on travaillât à un Réglement, par lequel toutes fortes de Teintures, tant en Laine qu’en Soye, feroient foumifes à certaines Epreuves, qui feroient juger de leur bonté, avant qu'on les reçût dans le Commerce. Le Confeil ( DES SCIENCES. 77 crut ne pouvoir mieux faire que de nommer M. du Fay pour examiner par des opérations Chimiques, & déterminer quelles devoient être ces Epreuves. L’Arrêt du Confeil eft du 12 Février 173 1. De-là eft venu un Mémoire que M. du Fay donna en 1737 * fur le Mélange de quelques Cou- leurs dans la Teinture. Toutes les expériences dont il avoit befoin font faites, & on les a trouvé mifes en un Corps, auquel il manque peu de chofe pour fa perfection. Nous avons fait dans Eloge de feu M. Fagon, en 1718*, une petite Hiftoire du Jardin Royal des Plantes. Comme a Surintendance en étoit attachée à la place de premier Médecin, .avons-nous dit en ce temps-là, à que ce qui dépend d'un Jeul homme, dépend auffi de fes goûts, à a me deflinée fort changeante , un premier Médecin, peu touché de la Botanique, avoit négligé ce Jardin , 7 heureufement l'avoit affes négligé pour Je laiffer tomber dans un état où l'on ne pouvoit plus le fouffrir. Il étoit arrivé précifément la même chofe une feconde fois, & par la même raifon, en 1732, à la mort d’un autre pre- mier Médecin. Ce n'eft pas que d'excellents Profefleurs en Botanique, que M': de Juffieu n'euffent toûjours fait leurs lecons avec la même affiduité, & d’autant plus de zéle, que (a P » que, leur Science, qui n’étoit plus foûtenuë que par eux, en avoit plus de befoin, mais enfin toutes les influences favorables, qui ne pouvoient venir que d'enhaut, manquoient abfolu- ment, & tout s’en reflentoit, les Plantes étrangeres s'amai- grifloient dans des Serres mal entretenuës, & qu’on laifloit tomber ; quand ces Plantes avoïent péri, c'étoit pour toù- jours, on ne les renouvelloit point, on ne réparoit pas même _ des breches des Murs de clôture, de grands T'erreins demeu- roient en friche. "Tel étoit l’état du Jardin en 1732. La Surintendance, alors vacante par la mort du premier Médecin, fut fupprimée, & le premier Médecin déchargé d’une fon@ion qu'effe&i- vement il ne pouvoit guére exercer comme il l’eût fallu, à moins que d'avoir pour les Plantes une paffion aufli vive que M. Fagon. La direétion du Jardin fut jugé digne"d'une ii - * V, THife p. 53. * P: 94e & fuiv. 78 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE attention particuliére & continuë, & le Roy la donna fous le nom d’Intendance à M. du Fay. Elle fe trouva, auffi-bien que l'Académie des Sciences, dans le Département de la Cour & de Paris, qui eft à M, le Comte de Maurepas ; & comme le nouvel Intendant étoit de cette Académie, le Jardin Royal commença à s'incorporer en quelque forte avec elle, M. du Fay n'étoit pas Botanifte comme M': de Juffieu, mais il le devint bien-tôt avec eux autant qu'il étoit néceffaire. Is gémifloient fur les ruines de ce Jardin qu'ils habitoient, & ne defiroient pas moins ardemment que lui de les voir relevées. Ils le mirent au fait de tout, ne fe réferverent rien de leurs connoiflances les plus particuliéres, lui donnerent les confeils qu'ils auroïent pris pour eux-mêmes, & cette bonne intelligence, qui fubfifta toüjours entr'eux, ne leur fut pas moins glorieufe qu'utile aux fuccès. L’Angleterre & la Hollande ont chacune un Jardin des Plantes, M. du Fay fit ces deux Voyages, & celui d'Angleterre avec M. de Juffieu le Cadet, pour voir des exemples, & prendre des idées dont il profiteroit, & fur-tout pour lier avec les Etrangers un commerce de Plantes. D'abord ce commerce étoit à notre défavantage, nous étions dans la nécefité humiliante ou d'acheter, ou de recevoir des préfents, mais on en vint dans la fuite à faire des échanges avec égalité, & même enfin avec fupériorité. Une chofe qui y contribua beaucoup, ce fut une autre correfpondance établie avec des Médecins ou des Chirurgiens, qui ayant été inftruits dans le Jardin par M: de Juffieu, alloient de-là fe répandre dans nos Colonies. ‘ A mefure que le nombre des Plantes augmentoit par fa bonne adminiftration , on conftruifoit de nouvelles Serres pour les loger, & à la fin ce nombre étant augmenté de {ix ou fept mille efpeces, il fallut jufqu’à une cinquiéme Serre. Elles font conftruites de façon à pouvoir repréfenter diffé- rents Climats, puifqu'on veut y faire oublier aux différentes Plantes leurs Climats naturels, les degrés de chaleur y font conduits par nuances, depuis le plus fort jufqu’au tempéré, & tous les raflinements que la Phifique moderne a pu DE SNSTCTE N C'E Ss enfeigner à cet égard, ont été mis en pratique. De plus M. du Fay avoit beaucoup de goût pour les chofes de pur agrément, & il a donné à ces petits Edifices toute l'élégance ue le férieux de leur deflination pouvoit permettre. À Îa fin il étoit parvenu à faire avouer unanimement aux Etrangers, que le Jardin Royal étoit le plus beau de Europe, & fi l'on fait réflexion que le prodigieux change- ment qui y eft arrivé, s'eft fait en fept ans, on conviendra que l'exécution de toute l'entreprife doit avoir été menée avec une extrême vivacité. Auff étoit-ce Jà un des grands talents de M. du Fay, L'activité, toute oppofée qu'elle eft au génie qui fait aimer les Sciences & 1e Cabinet, il l'avoit tranfportée de a Guerre à l’Académie. Mais toute l’activité poffible ne lui auroit pas fuff pour exécuter en fi peu de temps tous fes deffeins fur le Jardin, en n’y employant que les fonds deftinés naturellement à cet Etablifiement, il falloit obtenir, & obtenir fouvent des. graces extraordinaires de fa Cour. Heureufement il étoit fort connu des Miniftres, il avoit beaucoup d’accès chés eux, & une efpece de liberté & de familiarité, à laquelle un homme de Guerre, où un homme du Monde parviendra plus aifément qu'un fimple Académicien. De plus il fçavoit fe conduire avec les Miniftres, préparer de loin fes demandes, ne lés faire qu'à propos, & lorfqu'elles étoient prefque déja faites, efluyer de bonne grace les premiers refus, toûjours à peu-près infaillibles, ne revenir à la charge que dans des moments bien fereins, bien exempts de nuages; enfin il avoit le don de leur plaire, & c’eft déja une grande avance pour perfuader, mais ils fçavoient auffi qu’ils n'avoient rien à craindre de tout fon art, qui ne tendoit qu'à des fins utiles au Public, & glorieufes pour eux-mêmes. I étoit quelquefois obligé d'aller au de-là des fommes qu'on lui avoit accordées, & il n'héfitoit pas à s'engager “dans des avances affés confidérables. Sa confiance n'a pas . été trompée par ceux qu'elle regardoit, mais elle pouvoit étre par des événements imprévüs. Il rifquoit, mais pour ce Jardin qui lui étoit fi cher. 8$o HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Devons-nous efpérer qu'on nous croye, fi nous ajoütons que tout occupé qu'il étoit & de l’Académie & du Jardin, il l'étoit encore dans le même temps d’une affaire de nature toute différente, très-longue, très-embarraffée, très-difficile à füivre, dont la feule idée auroit fait horreur à un homme de Lettres, & qui auroit été du moins un grand fardeau pour homme le plus exercé, le plus rompu aux manœuvres du Palais & de la Finance tout enfemble? M. Landais Tréforier général de ’Artillerie mourut en 1 729, laïflant une fucceflion, modique pour un Tréforier, & qui étoit d'ailleurs un Chaos de Comptes à rendre, une Hidre de difcuffions renaiflantes les unes des autres. Elle devoit être partagée entre la Mere de M. du Fay & trois Sœurs qu'elle avoit, & il fut lui feul chargé de quatre Procurations, feul à débrouiller le Chaos, & à combattre l'Hidre. Malgré toute fon aétivité naturelle, qui lui fut alors pius néceflaire que jamais, il ne put voir une fin qu'au bout de dix années, les derniéres de fa vie, & on affüre que fans lui les quatre Héritiéres n’auroient pas eu le quart de ce qui leur appartenoit. Il eft vrai que la réputation d'honneur & de probité que fon Oncle avoit liflée, & celle qu'il avoit acquife lui-même, dûrent lui fervir dans des occafions où il s'agifloit de fidélité & de bonne foi, mais cela ne va pas à une épargne confidérable des foins, ni du temps. Cette grande affaire ne fouffrit point de fon attachement pour l'Académie ou pour le Jardin Royal, & ni l'un ni l'autre ne fouffrirent d'une fi violente diftraétion. I concilioit tout, & multiplioit le temps par Yinduftrie finguliére avec laquelle il fçavoit le difiribuer. Les grands plaifirs changent les heures en moments, mais l'art des Sages peut changer les moments en heures. Comme on fçavoit que l'on ne pouvoit trop occuper M. du Fay, on l'avoit admis depuis environ deux ans aux Affemblées de la grande Police, compofées des premiers Magiftrats de Paris, qu'on tient toutes les Semaines chés M. le premier Préfident. Là il étoit confulté fur plufieurs chofes qui intérefloient le Public, & pouvoient fe trouver comprifes D --oS À DES SCIENCES. &r _ comprifes dans la variété de fes connoiffances. I étoit pref- que le feul qui, quoiqu'étranger à ces refpectables Affemblées, y fût ordinairement appellé. Son dernier travail pour l’Académie, qui, quoiqu'il ne foit pas entiérement fini, eft en état d’être annoncé ici, & peut-être publié, a été fur le Criftal de Roche, & celui d'Iflande. Ces Criftaux, ainfi que plufieurs autres Pierres. tranfparentes, ont une double Réfraétion, qui a été connuë de M" Bartholin, Huguens, & Newton, & dont ils ont tâché de trouver Ja mefure, & d'expliquer la caufe. Mais ni leurs mefures ne font exactes, ni leurs explications exemptes de grandes diffcultés. H étoit arrivé par un grand nombre d'expériences à une mefure jufte, & à des faits généraux, qui du moins pouvoient tenir lieu de principes, en atten- dant la premiére caufe Phifique, encore plus générale. If avoit découvert, par exemple, que toutes Îes Pierres tranf- parentes, dont les angles font droits, n’ont qu'une feule réfraction, & que toutes celles dont les angles ne font pas. droits, en ont une double dont la mefure dépend de l'in clinaifon de leurs angles. Il tomba malade au mois de Juillet dernier, & dès qu'on s'apperçut que c'étoit la petite Vérole, il ne voulut point attendre qu’on vint avec des tours préparés lui parler de Ia: mort fans en prononcer le nom, il s’y condamna lui-même pour plus de füreté, & demanda courageufement fes Sacre- ments, qu'il reçut avec une entiére connoiffance. IL fit fon Teflament, dont c'étoit prefque une partie qu'une Lettre qu'il écrivit à M. de Maurepas pour lui indi- quer celui qu’il croyoit le plus propre à lui fuccéder dans * Intendance du Jardin Royal. H le prenoit dans l’Académie des Sciences, à laquelle il fouhaitoit que cette place füt toüjours unie, & le choix de M. de Buffon qu'il propoloit étoit f bon, que le Roy n'en a pas voulu faire d'autre. H mourut le r 6 Juillet après fix ou fept jours de maladie. + Par fon Teftiment il donne au Jardin une Colletion: de Pierres précieufes; qui fera partie d’un grand Cabinet Hif. 1739. , 82 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE d'Hifloire Naturelle, dont il étoit prefque le premier Auteur, tant il lui avoit procuré par fes foins d'augmentation & d’em- belliffément. 11 obtint même que le Roy y fit tranfporter fes Coquilles. L'Exécuteur Teflamentaire choifi par M. du Fay eft M. Hellot, Chimifte de cette Académie. Toûjours le Jardin Royal, toüjours l'Académie, autant qu'il étoit poflible. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans fon Tefta- ment, c'eft d’avoir fait Made fa Mere fa Légataire univer- felle. Jamais fa tendreffe pour elle ne s'étoit démentie. Ts n’avoient point difcuté juridiquement leurs droits récipro- ques, ni fait de partages; ce qui convenoit à l'un lui appar- tenoit, & l’autre en étoit fincérement perfuadé. Quoique ce fils fi occupé eût befoin de divertiflements, quoiqu'il les aimât, quoique le monde, où il étoit fort répandu, lui en offrit de toutes les efpeces, il ne manquoit prefque jamais de finir fes journées par aller tenir compagnie à fa Mere avec le petit nombre de perfonnes qu'elle s'étoit choïfies. I eft vrai, car il ne faut rien outrer, que les gens naturelle- ment doux & gais, comme il étoit, n'ont pas befoin de plaifirs fi vifs. Mais ne court-on pas fouvent à ces plaifirs-à fans en avoir befoin, & par la feule raifon que d'autres y courent? La raifon du devoir & de l'amitié, plus puiflante fur lui, le retenoit. Il étoit extrêmement connu, & perfonne ne l'a connu qui ne l'ait regretté. Je n'ai point vü d'Eloge funebre, fait par le Public, plus net, plus exempt de reftrictions & de modifications que le fien. Auffi les qualités qui plaifoient en lui étoient précifément celles qui plaifent le plus géné- ralement, des mœurs douces, une gayeté fort égale, une grande envie de fervir & d'obliger, & tout cela n'étoit mêlé de rien qui déplût, d'aucun air de vanité, d'aucun éta- lage de fçavoir, d'aucune malignité, ni déclarée, ni enve- loppée. On ne pouvoit pas regarder fon extrême aétivité comme l'inquiétude d’un homme qui ne cherchoit qu'à fe fuir lui-même par les mouvements qu'il fe donnoit au dehors; À j DEJSNSCTENCES. 83 on en voyoit trop les principes honorables pour lui, & les: effets fouvent avantageux aux autres. L'Académie a été plus touchée de fa mort que le refle du Public. Quoiqu'occupée des Sciences les plus élevées au-deflus de la portée ordinaire des hommes, elle ne laifie pas d’avoir des befoins & des intérêts, pour ainfi dire, tem- porels, qui l’obligent à négocier avec des hommes, & fi elle n'y employoit que des Agents qui ne fçuffent que la Langue qu'elle parle, elle ne feroit pas fi bien fervie par eux, que par d’autres qui parleroient & fa langue & celle du monde. M. du Fay étoit une efpece d'Amphibie propre à vivre dans Tun & l'autre Elément, & à les faire communiquer enfemble, Jamais il n’a manqué foccafion de parler ou d'agir pour l'Académie, & comme il étoit par-tout, elle étoit füre d'avoir par-tout un Agent habile & zélé, fans même qu'il eût été chargé de rien. Mais ce qu'elle fent le plus, c’eft d’avoir perdu un Sujet déja diftingué par fes talents, deftiné naturellement à aller fort loin, & arrêté au milieu de fa courfe, u = = = sl An A LE TT, “MEMOIRES MATHEMATIQUE DE PHYSIQUE, TIRES DES REGISTRES | de l’Académie Royale des Sciences, De lAnnée M. DCCXXXIX. SUR UNE RACINE Qui a la faculté de teindre en Rouge les Os des Animaux vivants. Par M. mu HAMEL. U mois de Février 1737 M. Geoffroy commu- 8 Au » niqua à l’Académie l'obfervation fuivante, extraite 1739- d'une Lettre que M. le Chevalier Sloane, Préfident - de la Société Royale de Londres, lui avoit écrite. Mem. 1739. - 2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE M. Belchier, Chirurgien, membre de cette Société, dinant un jour chés un Teinturier qui travaille en Toiles peintes, remarqua que dans du Porc frais qu'on avoit fervi fur table, & dont la chair étoit de bon goût, les os étoient » rouges. Il demanda la caufe d’un effet fi fingulier, & on lui dit que ces fortes de Teinturiers fe fervoient de Ja racine de Rubia Tinélorum , où Garence, pour fixer (felon leur maniére de s'exprimer) les couleurs déja imprimées fur {es Toiles de Cotton, qu'on nomme en Angleterre Callicoes. Quelques- unes de ces couleurs font faites avec des préparations de Fer, d'autres avec des mélanges d'Alun & de Sucre de Saturne. Les parties imprimées avec des préparations de Fer, devien- nent noires ou pourpres ; celles qui font imprimées avec des mélanges d'Alun, &c. prennent différents degrés de rouge. On a coûtume de faire bouillir enfuite ces Indiennes ou Toiles peintes, dans un chaudron avec du Son de farine, pour les nettoyer & décharger d'un rouge fale dont elles fe font furchargées dans cette infufion de Garence. Enfin pour ne pas perdre ce Son, qui a abforbé l'excédent de la couleur rouge, on le mêle avec l'aliment ordinaire des Pourceaux, & c'eft ce qui produit cet effet fur leurs Os, fans affecter d’une maniére fenfible ni les chairs, ni les membranes, ni les Cartilages, ni aucune autre partie du corps. M. Belchier, dont lobfervation que je viens de rapporter, a été depuis com- muniquée au Public dans le n.° 442, des Tranfactions Phi- Jofophiques, voulant s'affürer fi c'étoit la Garence feule, ou” bien tous les ingrédients du T'einturier mêlés enfemble qui faifoient ce changement dans la couleur des Os, fit alors quelques expériences. ; I! mèêla de a poudre de cette racine avec les aliments qu’il deftinoit à la nourriture d'un Coq. Cet animal mourut après en avoir mangé feize jours. Il le difféqua, & fut furpris qu'en fi peu de temps la racine eut agi. Les Os fe trouverent par- faitement rouges : d’où il conclut que e’étoit à la Garence feule qu'il falloit rapporter cet effet, puifqu'il n’avoit fait. entrer dans la nourriture du Coq ni Fer, ni Alun, ni aucun, DÉERSTSLOMITIENN IC: ENS. autre des ingrédients du T'einturier. 1[ remarqua que Îa tein- ture rouge pénétroit dans l'intérieur des Os, & que les Os des plus durs prenoient plus de cette couleur, que les Os ten- dres,, à l'exception cependant de l'émail des Dents, qui dans le Porc conferve toute fa blancheur. M. Belchier promet à la fin de fon obfervation, de faire d’autres expériences pour reconnoître avec certitude fi le changement de couleur n’a lieu que pour les os ». Mais if ne paroït pas, par les réponfes que j'ai reçüës d'Angleterre, qu'il ait publié autre chofe que ce que je viens de rapporter : ainfi Je me crois autorifé à communiquer au Public es expériences que j'ai commencé de faire à la campagne, dès qu'on eut connoiffance de l’ob- fervation. Elles la rendent certaine & conftante, & ne dimi- nuent rien du prix de la premiére découverte. J'ai pris d'abord quatre forts Poulets que j'ai fait enfermer dans des épinettes ou cages à engraifler les volailles : je leur ai donné pour nourriture une pâtée faite avec le gruau de Froment, dans lequel j'ai mêlé la racine de Garence pulvé- rifée, & pour boiffon une infufion de la même racine, dont j'efperois qu’ils n’auroient pas de dégoût. Les premiers jours ils mangerent affés bien leur pâtée, mais je reconnus que Taddition de la Garence la leur rendoit beaucoup moins agréable que celle du Gruau feul, fur laquelle ils fe jettoient avec beaucoup plus d’avidité que fur l'autre, quand pour éprouver leur goût je leur en préfentois quelquefois. A égard de Finfufion de Garence ; ïls n’en voulurent jamais boire, & je fus obligé de leur donner de l’eau pure, dont ils bürent beaucoup , car cette racine les altere. Enfin au bout de quelques jours ils fe dégoûtérent de leur nourriture _ compofée, ils n’en mangerent plus que fort peu, & mai- grirent à vûé d'œil. : | + Dès le dixiéme jour il en mourut un; deux jours après unautre, & tous les deux ‘avoient déja les os couleur de rofe. Pour prolonger la vie des deux autres, je diminuai la dofe de da racine, &imême de tempsen'itemps je leur donnai dé la pâtée fimple, La racine avoit déjafait fon impreffion; car A ïi MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE malgré le nouveau régime, ils continuérent à dépérir : ce qui m'obligea de tuer le troifiéme cinq jours après la mort des deux premiers. La couleur de fes os n’étoit pas différente de celle de ceux qui avoient vêcu cinq jours de moins. : Quant au quatriéme Poulet, qui paroïfloit un peu moins malade, je le marquai à la patte avec un anneau de drap, & lui rendis la liberté. [[ s'eft rétabli peu-à-peu, en choififlant dans la bafle-cour une nourriture de fon goût, mais auflr ce que fes os avoient reçû de teinture fe diflipa par degrés, &c s'évanouit prefque totalement au bout de quelques mois ; car j'eus attention d’obferver ce changement tous les deux ou trois jours, en regardant les os du deffous de l'aile, qui ne font recouverts que d’une peau affés mince. On voit encore par cette expérience, comme par celle du Coq de M. Belchier, que la racine de Garence fuffit feule pour teindre en rouge les Os des animaux qui en mangent, les os de mes Poulets n’avoient pris que le couleur de rofe, parce que ces animaux, dégoûtés de leur nourriture, n'en mangeoient que quand une faim extrême les y forçoit, & je n'aurois jamais pu parvenir à avoir des os teints d’un beau rouge, fi je n'avois répété l'expérience fur des animaux qu’on pût empäter, & auxquels je fus le maitre de faire avaler de la Garence en grande dofe. .… Je choïfis pour cela des Pigeonneaux les plus vigoureux d'un colombier : deux de ces pigeonneaux ne furent nourris qu'avec du Gruau de Froment ; on empâta les autres avec le Gruau & la Garence, dont on formoit dés boulettes de groffeur convenable, qu’on leur faifoit avaler trois fois par jour, jufqu’à ce que leur jabot en fût rempli. Je tentai de faire boire de l'infufion de Garence aux Pigeonneaux qui pre- noient de cette racine avec le Gruau , mais je ne pus y réuffir, & je fus obligé de leur donner de l'eau pure comme aux Poulets de Ia premiére expérience. Les deux Pigeonneaux nourris de Gruau feul, étoient vifs & gras, digéroient & profitoient aufli-bien que s'ils euflént été nourris par leux mer. Au contraire, ceux qu'on empâtoit avec le Gruau & D'ES SCIENCES A la Garence, ne recevoient cet aliment que par violence, digéroient mal, étoient triftes & fort altérés. Quoiqu’on eût foin de leur: tenir toujours le jabot plein comme aux autres, ils maigrifloient de jour en jour: ils étoient toûjours trem- blants, cherchant à fe mettre au Soleil ou auprès du feu pour fe réchaufler , & les plus vigoureux d’entr'eux fe trouverent bien malades dès Fe - jour. Je fis tuer les deux qui étoient nourris de Gruau fimple; ainfi que ceux qui avoient. été empâtés avec la Garence, & je n'en réfervai que deux, qui me paroifloient en avoir mieux fupporté l'effet que les autres, & dont les os de 'aïle étoient rouges. Un des deux devoit être rétabli par une nourriture fimple, afin de voir f1 en lui prolongeant la vie, la couleur déja très-fenfible dans les ‘os de l'aile fe diffiperoit ; mais au bout de trois jours. il fut écrafé par accident. Cependant je crus appercevoir une teinte bien moins foncée qu'avant ce chan- gement de nourriture, & la même expérience ayant été répétée quelque temps après, me confirma que le change- mient de nourriture fait évanouir la couleur. Je continuai de nourrir avec la Garence l'autre Pigeonneau confervé vivant, _ mais à petite dofe, pour ne le pas faire périx fi-tôt. I[ vécut _encore huit jours fans que fes os paruflent plus colorés que ceux qui avoient été tués les premiers. Tous ces animaux nourris avec l'aliment compofé, furent difléqués, & voici ceque je remarquai. Les plumes, fa corne du becini les ongles n’avoient point changé de couleur, ! même dans Ja partie qui s'infere dans la peau. La peau de out le corpsavoit fa couleur naturelle, le cerveau, les nerfs, - les mufcles, les tendons, les eartilages, les épiphifes, les mem- bianes, n'offroient rien de contraire à l'état ordinaire de ces. parties: Mais les longs tendons ofleux qui fe prolongent le __ Tong dugros os, qu'on-appelle improprement la jambe des oifeaux ; étoient.rouges vers le milieu de leur longueur, qui en eff Ia partie la plus dure. T'ous les vrais os, même les. plus. | _ déliés, étoient rougescomme du Carmin, & par endroits ce … rouge étoit fi foncé, qu'il paroïfloit prefque He if 6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Dans ces jeunes oifeaux, tous les os ne prennent pas éga- lement la teinture rouge : les plus durs font ordinairement plus colorés que ceux qui font plus tendres ; on apperçoit même une différence de ce genre dans un feul os, car le Milieu, qui a plus de folidité que les extrémités, eft prefque toûjours plus rouge. Ce n'eft pas qu'il ne fe trouve quelque- fois de petites taches pâles dans l'endroit où le rouge a le plus d'intenfité, & quelquefois des taches d'un rouge très-foncé dans des parties qui n’ont encore qu’une teinte incarnate, J'ai toûjours remarqué que le grand os de la patte, qu'on nomme communément l'os de la Jambe, étoit fenfiblement moins rouge que les autres. | L J'ai trouvé teints d'un beau rouge les petits os du larinx & des apophyfes, quoique ceux-ci foiént auffi déliés qu'un fil dans les Pigeonneaux. Les anneaux de la trachée artere, qui font entiérement cartilagineux ou membraneux, n'avoient reçü aucune teinture, mais l'anneau le plus voifin de la di- vifion de la trachée étoit rouge dans tous ces Pigeons, & fouvent même le premier anneau de chaque branche de la bifurcation avoit reçû cette teinture, du moins au milieu de fa face extérieure. Les autres parties de la poitrine, fçavoir le cœur, le poul- mon, le médiaftin, la pleuvre, le diaphragme, fe font trouvés de leur couleur naturelle. Ï n’y avoit rien de remarquable au foye, à la ratte, aux reins, non plus qu’à l'extérieur du géfier, mais la membrane intérieure, le jabot & les inteftins, prin- cipalement les gros, paroïfloient rouges. Ayant lavé des mor- ceaux de ces jabots & de.ces inteftins, je reconnus que Ia membrane extérieure reftoit blanche, & qu'il n’y avoit que l'intérieure ou la veloutée qui fut teinte par la Garence. Elle me paroifloit d'abord comme injeétée, cependant en l'exa- minant avec une Loupe, je vis diftinétement que ce n’étoit © pas uné liqueur teinte qui fût contenuë dans des vaiffeaux, comme l'eft celle des injeétions , mais que c’étoit fimplement une efpece de fécule arrêtée dans de velouté de ces mem branes. C'eft fans douté l'adhéfion deices parties colorantes DRENS/:9 CEE NN CES. de la racine, au velouté des membranes intérieures des vif- ceres de la digeftion qui eff la fource de toutes les maladies dont ces animaux ont paru attaqués pendant que je les nour- riflois avec la Garence. Leur jabot principalement étoit, re- lâché & flafque, comme s'il eût macéré dans l'eau pendant plufieurs mois : il fe déchiroit aifément, & fa membrane intér ieure ou veloutée étoit fi peu adhérente aux autres, qu'elle s'en détachoit par lambeaux. Il y a grande apparence que la fécule colorée qui fe détache de la Garence, c'eft-à-dire, cette partie de Ia racine qui fait la teinture, avoit obftrué les petits vaifleaux & les glandes de l'eftomac, .ce qui peu-à-peu, les avoit fait tomber en fphacele. Quoi qu'il en oit, une cer- taine dofe accumulée de cette fécule, retardoit les digeftions, & ces animaux mouroient étiques, quoique l'eftomac plein.) Les yeux de ces animaux encore vivants, paroïffoïent rouges comme ceux de quelques Perroquets; je-crus, après les avoir difléqués, qu ln y avoit de teint que la caplule, ou plütôt le chaton qui reçoit le criftallin : mais M. Morand, auquel j'avois envoyé un Dindon nourri avec Ja Garence a obfervé que la caplule vitrée étoit d’un rouge cramoift, fans que ni l'humeur vitrée ni le criftallin fuffent teints. L’œil de ce Dindon étant plus gros que ceux des Pigeons, la main qui le difféquoit beaucoup plus adroîïte que la mienne, & l'Ana- tomifte plus inftruit, je défere volontiers à fon fentiment, € eft donc la! fule partie molle qui fe trouve vrayement teinte: dans ces animaux, :car je ne regarde pas comme telles celles qui ne le font qu'à loccafion d’un contaét. immédiat avec des parties furchargées de la couleur. M. Morand, dans la note des obfervations qu'il m'a communiquées, &, qu'il avoit faites fur le Dindon que je lui, avois envoyé; confir= mant tout ce que j'avois obfer vé moi-même, il ne doit refler aucun doute fur, ce que je viens: de rapporter. Je reviens à l'examen des Squeletes &de:toutes les Jéoee HE colorées de mes Pigeons, pour les comparer avec les, Squéletes des deux Pigeons nourris de Gruau fans Garence; Les os des premiers étoient, comme. je l'ai dit ci-devant., 8 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d'un rouge de carmin fort vif, dans quelques endroits d'un rouge cramoifi, & j'en ai quelques-uns d’un bel orangé, mais je n'ai pu découvrir d'où venoit cette différence. Ces os teints, étant rompus frais, ou avant que d’être defléchés à l'air, n'ont paru plus gros & plus remplis de moëlle, mais auffi plus fpongieux, où d'un tiflu moins ferré & plus aifé à rompre que les os blancs des Pigeons empâtés avec le Gruau feul. Les parties les moins dures de ces os rouges s’écrafoient entre les doigts, qui en reftoient teints, & cette teinture ne vient pas de la moëlle, car elle refte dans fon état naturel, comme toutes les autres parties molles. Les mêmes parties dans les os blancs ne s'écrafoient pas de même. Si l'on fe reffouvient que les Pigeons empätés avec le Gruau & la Garence font toüjours dans un état languiflant, dans un dépériffement fuccefff, on fentira que par cette feule raifon les os rouges doivent être moins formés & moins durs que les os blancs des Pigeons nourris avec de bons aliments. Mais pourquoi font-ils plus gros & comme bourfoufflés? On n’en peut guéres foupçonner d’autres caufes, que Fin- terpofition de la fécule colorante de la Garence entre les lames offeufes; ces particules hétérogénes empêchent que le contact n’en foit immédiat, & de-là l'augmentation contre nature de leur groffeur, & leur peu de folidité. En regardant “ces os avec une forte loupe, leur furface la plus liffe paroît percée d’une infinité de petits trous dans lefquels on apperçoit la fécule colorante. Si l'on fe fert d’un Microfcope qui grof- fifle davantage, on voit une efpece de réfeau de fibres qui fe divifent & qui fe réuniffent pour former des mailles. Sous ce premier réfeau, qui paroît blanc, fans doute parce qu'il eft fort éclairé, on en apperçoit un autre un peu rouge, & fous celui-ci un troifiéme, & même un quatriéme encore plus coloré; enfin, le fond de toutes ces mailles eft d’un rouge très-foncé, & le tout reffemble affés à un morceau de bois dépouillé de fon écorce. Il femble que cette efpece d'injection faite par la voye de la digeftion, pourroit conduire un habile Anatomifte à des découvertes très-utiles fur la nature DES» SCIENCES. mature & la formation des os; je crois même avoir déja entrevû quelque chofe de nouveau, mais comme j'ai encore quelque fcrupule fur mes obfervations, je n'hazarderai pas d'en annoncer les conféquences. . Pour que la Garence produife fur les os l'effet que j'ai détaillé, il faut que fa teinture foit affés fixe ( felon l'expref- fion des Teinturiers) pour n'être point altérée par l'aétion diflolvante de la falive, du fac ftomachique, du fuc pan- créatique, de la bile, &c. ni par le mouvement périftaltique de l’eftomac & des inteftins ; ces fucs agiffent cependant avec une telle efficacité fur les aliments ordinaires, qu'après Ia digeflion ils ne font plus reconnoïffables ni par leur odeur, ni par leur goût, ni par leur couleur : ce n'eft pas tout, il faut que ces particules colorantes foient aflés ténuës pour pafer avec le chyle dans le fang, & circuler avec lui dans un grand nombre de couloirs ou de vaifleaux, fans en être féparés, & fans qu’il s’en faffe aucun dépôt ni dans le foye, ni dans la rate, ni dans le pancréas. Je foupçonnerois volontiers que cette portion de Ia partie lymphatique du fang, qui eft propre à la nourriture des os, {eroit le vrai diflolvant de la teinture de laGarence, & qu'elle l'entraineroit avec elle jufqu’au lieu où elle doit porter de la nourriture à ces parties folides du corps des animaux. D'après cette conjedure, à laquelle je reviendrai dans la fuite, je crus -que le Squelete des jeunes animaux devoit fe colorer d'une teinte bien plus forte, & plus promptement, que celui des animaux adultes, ou qui ne croiflent plus, parce que les os * des feunes animaux font dans un état d’accroiflement qui exige une plus grande quantité de fuc offeux. Il eft vrai auffr, comme je l'ai rapporté, que ce font les os les plus durs des jeunes animaux qui prennent le plus de couleur. Toutes ces confidérations formoient une difficulté qu'il falloit éclaircir. Aïnfi au commencement du mois d'Octobre dernier, je choifis deux Cogqs d'Inde de l’année, les plus vigoureux que je pus trouver, & de petits Pigeonneaux qui n'avoient en- core que du duvet. Jaurois bien foubaité faire l'expérience B Mem., 1 739: . to MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE fur des animaux de même efpece, mais il étoit impoffible de trouver des Dindonneaux en duvet dans cette faïfon, & d'ailleurs ces animaux étant d’une extrême délicatefle dans leurs premiers mois, leur eftomac n’auroit jamais pu fupporter l'effet de la Garence. A l'égard des vieux Pigeons, je n’en avois pas d’apprivoifés : les fuyards font difficiles à empâter, & en les laiflant manger à leur difcrétion, ils n’auroient pas été fuffifamment garencés , s'il eft permis d'employer cette expreffion. De plus les os de mes deux Cogqs d'Inde étoient fort durs en comparaifon de ceux des Pigeonneaux ; ainfi j'avois dans ces animaux , quoique de différente efpece, tout çe qui étoit important pour mon expérience. Mes Pigeonneaux nourris avec une pâtée mêlée avec la Garence, moururent dès le troifiéme jour, cependant tout ce qui avoit la confiftence d'os dans leur Squelete, étoit déja rouge comme de l'écarlatte. M. Belchier a été furpris de voir les os de fon Coq rougis au bout de feize jours, & voici des os qui le font en trois : mais tout ce qui par la fuite devoit devenir os dans l'un de mes jeunes Pigeons, & qui n’étoit encore que cartilage, comme les épiphyfes, la grande apophyfe du fternum, &c. n’avoit pris aucune couleur ; dans Yautre, il y avoit quelques taches rouges fort légeres au car- tilage du flernum, qui apparemment commençoit à s'oflifier. D'autres expériences femblables, répétées depuis, m'ont appris encore avec plus de certitude, que tous ces cartilages ne fe teignent en rouge par la Garence, que quand ils com- mencent à prendre la confiftence d'os. Si, comme je le foupçonne, c’eft la partie lymphatique du fang qui eft le diflolvant des particules colorantes de Ia Garence ; fi cette lymphe contient le fuc nourricier des cartilages & des os, en chariant avec elle les particules colo- rantes qu'elle a extraites de la racine, pourquoi ne teint-elle pas les cartilages aufli-bien que les os ? Je crois qu'on ne peut réfoudre cette difficulté que par la différence des pores : dans les cartilages ils font trop larges, la matiére colorante les traverfe avec trop de facilité, & ne trouvant point encore DIEPS US CITE N° CE 6. 11 de lame offeule formée faute de furface fuffifamment étenduë qui fa retienne, elle pañle avec la lymphe furabondante à travers des pores du cartilage, Quand ces cartilages commen- cent à prendre de la confiftance, quand il y a déja des lits de lames offeufes, l’obftacle exifte, la fécule colorante Sy arrête & s'y dépofe. Quand le fuc offeux n’eft plus néceffaire que pour réparer une déperdition journaliére de fubftance, comme dans les animaux qui ont reçû toute leur croifance, outre que probablement ce fuc eft alors beaucoup moins abondant, & par conféquent par proportion moins chargé des parties colorantes de la racine, il en doit néceffairement réfulter que les os d’un animal adulte en feront teints bien plus foiblement. C’eft auffi ce qui eft arrivé à mes deux Cogqs d'Inde, qui, quoiqu'empâtés pendant quinze jours avec le Gruau & la Garence, n'eurent leurs os teints que de cou- leur de rofe, un peu plus foncé vers les extrémités que vers le milieu, qui par trop de confiftence n’avoit pu admettre ni retenir la même quantité de fécule colorante que les os tendres des Pigeonneaux. Ainfi les os des animaux qui croif- fent encore, fe teignent beaucoup mieux & plus vite que ceux des animaux formés, & ce, à ce que je conjecture, par les raifons que je viens de dire. Mes deux Cogs d'Inde eurent les mêmes indifpofitions que les Poulets de la premiére expé- rience, dépérirent comme eux, & je fus obligé de les faire tuer au bout de quinze jours. On vient de voir des Pigeonneaux dont les os ont été teints d’un beau rouge de carmin en trois jours : c’eft au moins Îe temps qu'il leur faut pour acquérir ce degré de teinture. Par d’autres expériences fur des Pigeonneaux de même âge, j'ai reconnu qu'en trente-fix heures leurs os étoient d’un couleur de rofe vif, & qu’en vingt-quatre heures ils étoient au moins couleur de chair. Ces derniéres expériences font voir avec quelle prompti- tude fe fait la diflribution du fuc nourricier dans les animaux de cette efpece, qui doivent prendre toute leur croiflance en quelques mois, & combien cette diflribution eft rapide, Bj 12 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE même dans les endroits où la circulation du fang trouve le plus d’obflacle, comme dans fe corps des os. Comme on doit auffi inférer de ces expériences qu'il y a des médicaments végétaux qui fe portent fur les os, & qui par conféquent pourroient remédier à plufieurs de leurs ma- ladies, j'ai cru devoir employer la Garence dans cette vüë. Mais n'étant pas le maître de faire naître dans les os de mes animaux des maladies de différents genres, je me fuis borné à examiner quel feroit fon effet dans une fracture. Je choifis quatre Pigeonneaux forts & vigoureux. On leur cafla à chacun cet os de {a jambe qu'on appelle communé- ment le Pilon. On en fit fur le champ fa réduction, qu'on affujettit par un bandage convenable à la partie & au fujet. Deux de ces Pigeons furent nourris avec le Gruau & la Garence, & les deux autres fimplement avec le Gruau. Ces derniers, malgré la douleur que devoit caufer leur bleflure, eurent toûjours bon appetit, & au bout de huit jours ils commencerent à fe promener avec leur appareil qu’on avoit un peu reliché. Les autres tomberent dans les accidents dont j'ai déja parlé, & moururent, l'un le 10, l'autre le r 4° jour. On tua les deux Pigeons fains pour en comparer le cal. Celui des Pigeons qui n'avoient pas mangé de Garence étoit petit, ferré & fort uni : celui des Pigeons nourris avec cette racine étoit gros, fpongieux, inégal ; il en fortoit des efpeces de végétations, il fe brifoit entre les doigts, & s’y réduifoit en petits grains. I{ eft vrai que l’état de fouffrance de ces animaux, occafionné par leur bleflure, & augmenté par une nourriture qui leur étoit contraire, pouvoit retarder la parfaite réunion de leurs os, mais je crois qu’il réfulte toüjours de cette expérience, & de quelques autres que je fupprime, parce qu'elles ne prouvent rien de plus, que la Garence prife intérieurement, eft plus nuifible que falutaire dans le cas des fractures, & il n'eft pas inutile de connoître ce qu'il faut éviter. La Garence n'eft pas probablement la feule matiére vé- gétale qui peut changer la couleur des os, cependant j'ai DES 1. Co LE Nr © :En si 13 employé fans füccès le Bois d’Inde, l'Orcanette, le Curcuma. Il faut apparemment une matiére moins fufceptible d’altéra- tion, & l’on fçait que la Garence eft de ce genre, puifque les étoffes qu’on teint avec cette racine, foûtiennent fort bien Taction de Pair & les débouillis. J’ai mis les os teints de mes animaux difléqués à différentes épreuves ; d'abord, comme M. Belchier , à celle de l’eau bouillante & à celle de PEfprit de Vin, fans que la couleur en ait été altérée. Elle a auffi réfifté à l’eau de Savon, une forte leffive de Sel de Tartre a un peu déchargé la couleur, & Ya rendu plus éclatante. Le Vinaigre lui a fait prendre une teinte jaunâtre brune & obf. cure. Enfin l’eau d’Alun a déchargé aflés confidérablement la couleur, & elle eft reftée un peu vineufe. Ainfi ces os réfiftent parfaitement aux mêmes débouillis que les Etoffes teintes avec la même racine. Mais l'air agit fur eux beaucoup plus vite que fur ces Etoffes ; car les os des Poulets de là premiére expérience, ceux des Cogqs d'Inde de la troifiéme, & ceux des Pigeonneaux qui n’avoient mangé de Ia Garence que pendant un ou deux jours, font devenus tous blancs en moins d'un an, & les os les plus rouges ont beaucoup perdu de leur couleur ; je crois même que la rofée à laquelle j'en tiens quelques-uns expofés depuis quelques jours, achevera de les blanchir. Comme il y a une efpece d’analogie entre a nutrition des Animaux & celle des Plantes, je n'ai pas négligé d’eflayer fi la teinture de la Garence pourroit s'introduire dans les vaifleaux de quelques-unes; ce qui réufliffant, ferviroit beaus coup à en dévoiler l'organifation. Je rendrai compte dans la fuite de ces expériences qui ne font point encore finies. + B ïï 14 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE OBSERVATIONS ANATOMIQUES Sur la difpofition naturelle que nous avons à faire certains mouvements avec les deux mains à la fois, ou avec les deux pieds à la fois, plus facilement en fens contraire qu’en même fens. Et für la difficulté naturelle de faire à la fois avec les deux mains, ou avec les deux pieds, certains mouvements différents , dont l'alternative n'a aucune difficulré. Pa M Wrns£zo w. UANT au premier article, voici en quoi confifte Ia difpofition naturelle de faire plus facilement à contre- fensou fens oppofés, qu'en même fens ou fens pareils, certains mouvements à la fois avec les deux mains, ou avec les deux pieds. On tracera, par exemple, en l'air avec les deux mains à la fois, deux lignes fpirales en fens tout-à-fait contraires, plûtôt & plus facilement que deux fpirales femblables, ou en fens pareils. On en peut faire les mêmes expériences avec les deux pieds à la fois, étant aflis. On trouve la même dif- pofition en eflayant de faire ces mouvements à la fois avec le bras feul d’un côté & la jambe du côté oppofé, foit affis, foit debout. Cependant il eft naturellement très-diffcile, & prefque comme impofñble de faire à contre-fens ces mou- vements à la fois avec le bras & la jambe d’un même côté. I faut encore rapporter à cet article la difpofition naturelle de pouvoir faire par une efpece de méchanifme purement naturel, fans aucune habitude acquife, avec une main feule, ou en même temps avec l'autre main le parfait contre-fens des mêmes traits que cette autre main a été accoûtumée de faire, & dont celle-là ne pourroit faire le contre-fens qu'après y être exercée pendant quelque temps. C'eft ainfr, par DENEU EN ICE UE ANS € AB: " ëxemple, qu'on peut faire avec fa main gauche feule afés promptement le contre-fens parfait des mêmes lettres & des mêmes traits de plume, qu'on eft accoûtumé de faire avec la main droite, pourvû qu’on laiffe alors la main aller fans y faire attention, à peu-près comme les doigts des joueurs de quelque inftrument de Mufique vont fouvent bien mieux, étant, pour ainfi dire, abandonnés à eux-mêmes, que quand ils font conduits avec attention ; & quoique ces lettres ainfi tracées à contre-fens paroiflent d’abord informes, on les trouvera bien tracées en les préfentant à un miroir. A l'égard du fecond article, il s’agit en généra des mou- vements qui {e font par la feule difpofition naturelle, libre- ment, fans art, fans exercice, & fans habitude; & en par- ticulier de deux mouvements différents en lignes droites, dont l'une feroit perpendiculaire à l'autre, c’eft-a-dire, telles que par leur rencontre elles fe toucheroient ou fe croiferoient en angles droits, mais de façon que par rapport au corps de la perfonne, l’une foit direétement longitudinale, & l'autre directement tranfverfale de côté & d’autre, ou de devant en arriére, ou d’arriére en devant. Je:dis directement, car il n'eft pas difficile de tracer obliquement par rapport au corps deux lignes à la fois, qui fe rencontreroient en angles droits, ou dont l'une feroit perpendiculaire à l’autre. C’eft ainfi, par exemple, que dans l'attitude verticale du corps, il eft naturellement très-difficile de mouvoir direétement de haut en bas, ou de bas en haut une main ou un pied, & de mouvoir en même temps l'autre main ou l'autre pied directement de droit à gauche, de gauche à droit, ou de devant en arriére, d’arriére en devant, fur-tout quand on veut réciproquer ces mouvements, & les faire un peu vite. On éprouve affés cette difficulté naturelle, en eflayant de fe frotter directement de haut en bas, ou de bas en haut avec une main, & de fe frotter en mème temps directement de côté & d'autre avec l’autre main; mais encore plus, f l’on eflaye de faire ces mouvements en l'air fans toucher au corps, ou en ne fe frottant que très-légerement. Ceux qui 56 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE apprennent à jouer de la Trompette marine, s'en apperçoivent d'abord, étant obligés de faire avec une main, pour conduire le pouce le long de la corde, des mouvements contraires à ceux qu'ils doivent faire en même temps avec l'autre main pour conduire larchet. Ce n'eft pas feulement avec les mains ou avec les pieds en général, qu'il eft difficile d'exécuter ces mouvements à la fois, la même difficulté fe trouve encore toute entiére avec les deux bras, les deux avant-bras, les deux pouces, avec deux pareils doigts de chaque main, avec les deux jambes. On voit bien que pour faire ces mouvements avec les jambes ou les pieds, il faut être affis; &c alors, même en tenant les deux talons contre terre, on feroit très-difficilement avec la pointe d'un pied des mouvements de haut en bas, ou de bas en haut, en même temps qu’on feroit avec la pointe de l'autre pied des mouvements de côté & d'autre. Enfin on fentira la même difficulté naturelle, en effayant de faire tout à la fois deux traces en rond, ou en fpirale, ou en ferpen- tant, dont l'une feroit parallele au plan qui couperoit le corps longitudinalement en deux moitiés latérales, & l'autre paral- lele au plan qui diviferoit le corps également en partie anté- rieure & en partie poftérieure, ou dont l'une feroit parallele à un de ces plans longitudinaux, & l’autre au plan qui cou- peroit le corps direétement en travers ; & mème il eft égale- ment très-difficile de faire à la fois ces mouvements avec le bras d'un côté, & a jambe du côté oppofé. I faut ajoûter ici la grande difficulté dont j'ai parlé ci-deflus, de faire avec le bras & {a jambe d’un même côté, les mouvements à contre- fens, fur-tout en rond ou en fpirale. Cependant malgré Ja grande difficulté, & prefque impoffbilité naturelle de faire toutes ces fortes de mouvements fimultanés, il n’y a rien de fi facile que de les exécuter alternativement les uns après les autres, même avec fa plus grande vitefle. Je réferve pour une autre occafion, quelques remarques fur les mouvements égaux des yeux & des paupiéres, fur le mouvement parti- culier qui fait loucher les yeux quand on regarde un petit ; obiet Deus Sr Cor E No C Er sc (7 objet près du nez, & fur limpofhbilité à l'Homme & à plufieurs Animaux, de tourner les deux yeux à la fois en d’autres fens oppofés, comme nous l'avons vû faire très- diftinétement plufieurs fois à un Cameleon vivant, que M. d'Ons-en-Bray avoit fait porter à Académie. Plufieurs réflexions fur ces deux articles m'ont engagé à examiner de nouveau la difpofition des nerfs & de leurs différentes origines dans le cerveau, dans le cervelet, dans la moëlle allongée, & dans la moëlle épiniére. Je me fuis d'abord attaché à l'entrelacement croifé que M. Petit Docteur en Médecine, & de cette Compagnie, a découvert dans la rénure de la moëlle allongée, & que j'avois déja trouvé très- conforme à la defcription & à la figure qu'il en a données dans une Lettre imprimée à Namur en 1710; dans laquelle il rapporte cinq belles obfervations anatomiques qu'il a faites lui-même fur des perfonnes devenuës paralytiques aux bras & aux jambes du côté oppolé à celui des bleflüres de leurs têtes, auxquelles obfervations il en a joint plufieurs autres remarquables, tirées du Sepulcretum Boneri, dre. & quantité d'expériences très-curieufes qu'il a faites fur des. Chiens vivants, dans lefquels il fait naître les mêmes fympiômes par différentes bleffüres des différentes parties de leurs cerveaux. Enfuite je me fuis attaché au croifemént particulier des filets tranfverfes du fommiet de la voute médullaire, communément appellé le corps calleux du cerveau, duquel cioifement j'ai parlé dans mon Traité d’Anatomie, conne auffi de deux cordages ou cordonnets médullaires très-menus, placés l’un auprès de Fautre le long du même fommet de la voute médullaire, & intimément unis aux mêmes fibrés tranfverles., 1:11 - :M'étänt ainfi affüré de nouveau fur la ftruéture de.ces parties, & après avoir aufli confidéré de nouveau les autres communications réciproques des deux moitiés latérales du cerveau, tant par les deux gros cordons tranifverfes appellés les comimiures des, deux emifpherés , que par les grofles fibres tranfverfalés de la petite furfaceinférieure &triangulaire de la voute, &c. j'examinai plus, particuliérement a Moëile Min. 1739 . C 18 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Epiniére par le Microfcope, & outre les fibres tranfverfales qui font la communication réciproque des deux colomnes de cette Moëlle, & dont M. Petit, dans la Lettre citée, a donné la defcription & la figure, il me parut que j'appercevois dans l'épaiffeur de chaque colomne une longue route très-diftinéte, quoique d’une nuance moins blanche, d’un cordon médullaire particulier, dont peut-être on n'a pas encore fait mention, non plus que des cordonnets du fommet de la voute du cer- veau, & du croifement de fes fibres tranfverfales. Je dis peut- être; car il y a du rifque, & préfentement plus que jamais, de s’attribuer quelque découverte avant que d'avoir bien lu, fur-tout les Anciens, dans lefquels ce qu’on a cru depuis long- temps avoir découvert le premier, fe trouve quelquefois, mais d’une maniére fi obfcure, qu'à moins que d'être accoû- tumé à leurs expreflions, & en même temps être exercé dans les fections anatomiques, on paffera très-facilement par deflus. Cela ne diminuë point le mérite des habiles & fçavants ob- fervateurs modernes, qui par eux-mêmes ont réellement dé- couvert les chofes qu'ils ont publiées comme nouvelles, & que tous les Sçavants expérimentés ont aufi eftimé telles pendant plufieurs années, quoique dans la fuite on ait trouvé les mêmes vérités chés les Anciens. Mais pour revenir à notre fujet, il me parut d’abord que par ces croifements & par ces communications réciproques des filets médullaires, qui font comme les premiéres racines de tous les nerfs de chaque moitié du Corps humain, on pourroit parvenir à rendre raifon des phénomenes propolés, fur-tout en obfervant que les deux petits paquets ou faifceaux de filets médullaires, qui compofent les premiers troncs ou troncs primitifs de chaque paire de nerfs de la Moëlle Epi- niére avant leur paflage par les ouvertures latérales des ver- tebres, paroiffent provenir en partie de la colomne ou moitié voifine de la Moëlle Epiniére immédiatement, & en partie de l'autre colomne ou moitié par le moyen du croifement indiqué, & qu’ainfi par le réciproque de ce croifement ou entrelacement l’un des deux paquets de filets de chaque tronc DENIS ISACALENN CIE LS 19 primitifs des nerfs d’un côté, communique avec le pareil pa- quet de filets de nerfs de l'autre côté. On peut, pour abbréger les expreffions, donner à ces derniers filets le nom de fi/ers croifés, & aux autres celui de fiers non-croifés ou immédiats. Stenon , dans fes Eléments de Myologie, imprimés à Florence en 1669, parle d’un croifement ou chiafme de fibres qu’il dit avoir découvert autour des Ventricules du Cerveau, fans en marquer l'endroit. L'ancien Auteur Grec, Areræus Cap- padox, cité par M. Petit dans la Lettre mentionnée, dit pofi- tivement, au chap. & refolurione Nervorum , « que dans la Tête les principes des nerfs font changés de maniére que ceux d'un côté ne vont pas tout droit le long du même côté juf- qu’au bout, mais fe croifent dès leur origine avec ceux de l'autre côté, & font un chiafme», ceft-à-dire, une figure femblable à celle de la lettre y des Grecs, ou de X majuf- cule des Latins. Tout le monde fçait en général, que l'action mufculaire, de même que la fenfation du toucher, fe fait par le moyen des nerfs & de leurs filaments, mais perfonne n’a encore découvert la vraye méchanique de ce moyen; & de tous les fyflemes, même les plus ingénieux qui ont été inventés 1à- deflus jufqu’à préfent, il n’y en a pas un, que je fçache, dont on ne puifle bien aifément faire fentir ou l’invalidité ou la'contrariété. Sans entrer dans cette difcuflion, qui n’eft pas abfolument néceflaire dans le cas préfent, j'avouëé qu'après avoir beaucoup travaillé pour tirer de Ia ftruéture ci-deflus expofée, quelque moyen de rendre raifon de ces phénomenes, j'y trouvai tant de difficultés infurmontables, que je füs prêt d'abandonner entiérement cette matiére. Cependant comme les difficultés me paroiïfient moins infurmontables à l'égard. du premier article de ce Mémoire, je fis de nouveaux efforts pour examiner celui-ci, en attendant plus d’éclairciflement fur le fecond, & voici l’idée que je m'en fuis formée. Quand on veut mettre en mouvement à la fois les deux bras, ou les deux mains, ou les deux pieds, ou deux pareils doigts, &c. alors les filets croifés des troncs primitifs des nerfs Ci 20 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qui vont à leurs mufcles correfpondants de chaque côté, s'entrecommuniquent par leur rencontre immédiate des im- preflions réciproquement femblables, & les font continuer jufqu'aux pareils mufcles de chaque bras, ou de chaque main, &c. Ainfi quand pareils mufcles releveurs ou abbaifleurs feuls font excités à faire en même temps leurs mouvements, ils feront faire des traces fimples en fens pareils, fçavoir, en “haut ou en bas, &c. mais quand pareils mufcles adduéteurs ou abduéteurs feuls de chaque côté font excités à faire en même temps leurs mouvements, ils feront faire des traces fimples en contre-fens, fçavoir, les adducteurs, en appro- chant, par exemple, les mains, & les abduéteurs, en les écar- tant. Et quand par les combinaifons fucceffives & refpecti- vement fimultanées de ces mêmes impreflions réciproques ou croifées, ces quatre pareils mufcles de chaque côté font excités à coopérer femblablement en même temps, ils feront naturellement portés à faire des traces à contre-fens , avec une efpece de fymmétrie plus où moins réguliére, de la façon que je l'ai expolé ci-devant. C’eft aufli principalement par ce méchanifme du croifement & de 11 communication réci- proque des filets nerveux de la Moëlle Epiniére, qu’il m'a paru pouvoir expliquer la facilité naturelle de tracer à contre- fens ou à rebours avec la main gauche, les lettres ou carac- teres qu'on eft accoûtumé de faire par habitude avec la main droite. I faut obferver en général, que ce contre-fens fym- métrique de l'aétion des pareils mufcles de chaque côté, ne peut avoir lieu que dans leurs mouvements obliques & dans les combinés, mais non pas dans leurs mouvements paralleles. Quoique ce phénomene fe préfente très-évidemment dans chaque portion des deux extrémités fupérieures & des deux extrémités inférieures du corps ; cependant pour m'en éclaircir avec plus de fimplicité, jem’arrêtai d’abord feulement aux deux doigts index ou indicateurs, en mettant fur une table, ou autre place horifontale, les deux mains en attitude de pronation, l'une à côté de l'autre, & à quelque diftance June de autre, après en avoir fermé ou plié tous les doigts, DES SICTENCES, LU, cf excepté les index. Je fis par plufieurs reprifes: dans la même fituation avec ces deux doigts à la fois, tous les mouvements, tant fimples que combinés. dont ils font capables en leur particulier par l'articulation de leurs premiéres phalanges avec les os du métacarpe, mais fur-tout le mouvement droit en haut, le mouvement droit en bas, l'adduction horifontale vers les pouces, l'abduétion horifontale vers les autres doigts, & leur mouvement en rond par la combinaifon fucceflive de ces quatre mouvements droits avec tous les degrés de leurs mouvements obliques. Pour continuer de a même maniére, je me bornai aux quatre mufcles pour es quatre mouvements fimples de chaque doigt index direétement en haut, en bas & vers les côtés; lefquels mufcles il fufht ici de nommer par rapport à l'atti- tude que j'avois choifie, Releveur, Abbaiffeur, Adduéteur & Abducteur. Par l'aétion fimple & fimultanée des deux releveurs ou des deux abbaïfleurs, les deux doigts index ne faifoient que des traces paralleles de haut en bas; ou de bas enhaut. Par l'action fimple & fimultanée des deux adducteurs, les deux doigts index fe tournoient direétement un vers l'autre, fçavoir, le doigt droit vers le gauche, & le doigt gauche vers le droit. Par l'action fimple & fimultanée des deux abduéteurs, ces doigts fe tournoient en contre-fens, un à droit & l'autre à gauche. Par l'aétion combinée de labbaifleur & de Fabduéteur de chacun de ces doigts, ils traçoient enfembie en contre-fens fymmétrique deux lignes obliques, rectilignes ou. courbes, dont les extrémités infé- rieures s'écartoient. Par l’action combinée des abbaifleurs & des adduéteurs , ils traçoient deux obliques recilignes ou courbes, dont les extrémités inférieures s'approchoient ; de forte qu'en réuniflant ces quatre traces obliques, il en réful- toit ou un lozange approchant du quarré, où un ovale approchant du cercle. Enfin par plufieurs fortes de combi- naifons des mouvements fimultanés de ces deux doigts, je traçois tout-à-la-fois en contre-fens fymmétrique toutes fortes de figures & de caracteres; par exemple ; deux fpirales en C ii 22 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE contre-fens en deux maniéres, deux lettres en contre-fens, &. même deux figures en maniére de lacets en contre-fens. Il eft à remarquer en tout ceci, que le doigt gauche faifoit ces différents traits fans y porter mon attention, & comme par une pure efpece de correfpondance avec le doigt droit, qui en étoit le principal mobile, & que je conduilois fou- vent feul; & même quand je voulois conduire le gauche avec tant foit peu d'attention, je ne pouvois y réuflir. Après ces expériences, je fis attention aux nerfs qui entrent dans chacun de ces quatre mufcles, & je n'examinai d'abord qu'un cordon de chaque nerf; fçavoir, un cordon d’une branche du nerf appellé Radial, pour le mufcle rele- veur, un cordon du nerf Median pour le mufcle abbaiffeur, un cordon d’une autre branche du nerf Radial pour le mufcle adduéteur, & un cordon du nerf Cubital pour le mufcle abducteur. Les premiers filets ou filets originaires de ces quatre cordons d'un côté, fe rencontrent refpeétivement avec les premiers filets ou filets originaires des pareils cor- dons de l'autre côté dans la Moëlle Epiniére, & y commu- niquent réciproquement par les fibres medullaires tranfver- files qui uniflent les deux portions latérales ou colomnes de cette moëlle, comme il a été dit ci-devant ; de forte qu'il paroït que c'eft par cette communication immédiate que l'impreflion actuelle, quelle qu'elle puifie être, des nerfs d'un côté, fe tranfmet en partie à ceux de Fautre côté, & y agit felon le plus ou moins d’obflacle déterminé par d’autres aétions, faifant alors faire aux pareils mufcles des deux côtés des mouvements plus ou moins fymmétriques, foit en même fens, foit en contre-fens. | Quoique je n’aye pas encore furmonté les difficultés d fecond article de ce Mémoire, je n'en defefpere pas cepen- dant, & cela en partie, parce que nonobflant l’entrelacement plexiforme des troncs primitifs des nerfs Brachiaux après leur fortie d'entre les vertebres, & nonobftant les ganglions de chacun de ces troncs avant leur entrelacement plexiforme, i m'a paru en les examinant , que le cordon nerveux du mufcle DES SCIENCES. 23 releveur de chaque doigt index étoit par fon origine dans {a Moëlle E piniére le premier en rang, celui de l’adduéteur le fecond, celui de l’abduéteur le troifiéme, & celui de labbaiC feur le quatriéme. J'appelle encore ainfi en général ces quatre mufcles felon l'attitude des deux doigts choifie pour mes expériences. C'eft par des recherches réitérées fur cet arran- gement compliqué des Nerfs, que j'efpere parvenir à dé- méler ce nœud gordien. J'y joindrai des Remarques fur le tournoyement apparent qui fe préfente à ceux qui viennent de faire plufieurs tours de pirouettement de tout le corps fur un des talons ou autrement, & cela, à l’occafion d’une idée particuliére que M. de Mairan n'a donnée. (il in 4 Mars 1739: 24 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES EN AREQURCENS DANS LE VOYAGE DE L'ANNE'E 1738. Par M. CassiNr DE THURY. ‘AVANTAGE que l’on peut retirer de la comparaifon E, des Obfervations Aftronomiques avec les Opérations Géométriques, engage à profiter de toutes les occafions qui fe préfentent d’obferver réciproquement les divers phéno- menes qui arrivent dans le Ciel. Nous étions aux environs de Montpellier dans le temps que devoit arriver l'Eclipfe du Soleil du 1 $ du mois d'Aoùût de cette année ; & comme cette Ville avoit déja été déterminée géométriquement dans l'ouvrage de la Méridienne, & qu'elle eft célébre par les obfervations que plufieurs habiles Affronomes de cette Aca- démie y ont faites, & que ceux de la Société Royale de cette Ville continuent avec tout le zele & l'exactitude poffible, nous jugeämes devoir faire cette obfervation de concert avec eux. L'Obfervatoire de M. Guïlminet, fort commode pour les obfervations aftronomiques, nous fournit d'ailleurs tous les inftruments néceffaires, c’eft-à-dire, une excellente Pendule du S.r Julien le Roy, & des Lunettes de différentes grandeurs, Nous primes plufieurs jours de fuite des hauteurs correfpon- dantes du Soleil pour régler la Pendule, & le 1 5 Août au matin ayant remarqué les taches qui paroifloient alors fur le difque du Soleil, nous nous attachâmes, M. Maraldi & moi, à obferver le moment de leur occultation & apparition, tandis que M.'s Guilminet, Clapiès & Danifi déterminoïent par le moyen d'un tambour qu'ils avoient adapté à une Lu- nette de 8 pieds, la quantité des doigts éclipfés. Voici les obfervations, A 10h À rob 2 Pie 2h 2 40 DENS HAS ICI CE Ni CE & 2$ 1" commencement de l'Ecliple, 58 un demi-doigt. 20 un doigt. 1 la 1.'e Tache touche le bord de la Lune: 29 elle eft éclipiée. 14 un doiot & demi. 18 deux doigts, 52 deux doigts & demi, 18 trois doigts. 38 a 2.de Tache touche au bord de la Lune, 12 elle eft éclipfée. 48 trois doigts & demi. 27 quatre doigts. 18 la 3.me Tache touche, 4x elle eft éclipfée, 3 quatre doigts & demi. 11 cinq doigts. s 8” cinq doigts & demi. 27 cinq doigts trois quarts. 56 la r.re Tache paroît. 40 elle eft fortie, 14 cinq doigts un quart. 38 cinq doigts. 3 la 2de Tache eft fortie, 17 quatre doigts & demi. 13° quatre doigts. 4 la 3.me Tache fortie, s8 trois doigts & demi, 23 trois doigts. 39 deux doigts & demi. 47 deux doigts. 43 un doigt & demi, 47 un doigt. 33 un demi-doiot. 59 fin de l'Eclipfe. Mem. 1739. 1e D - 26 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE En comparant les phafes de même grandeur, lon trouve, en prenant un milieu entre leur réfultat, que le milieu de l'Eclipfe a dû arriver à . . . . . . . . . 11h 22° 30". Que la durée totale de l'Eclipfe a été de... 2 35 58. La grandeur . , ... 545". M. de Plantade, qui étoit alors occupé à la Carte de Ia Province du Languedoc, a fait l’obfervation de cette Eclipfe à Touloufe ; elle a été obfervée à Marfeille par le P. Pezenas, Profefleur d'Hydrographie, de forte que par la comparaifon des phafes obfervées dans ces différents lieux, l'on pourra déterminer leur différence de Méridiens avec une exactitude qui dépendra de celle avec laquelle les obfervations auront été faites de part & d'autre. Nous avions déja formé une Suite de Triangles depuis Touloufe jufqu'à Montpellier, & notre deffein étoit de conti- nuer nos opérations jufqu'à Antibe, en déterminant toutes les Villes & Ports de la Mer méditerranée. La fituation du pays, & l’expofition avantageufe des objets fembloient pro- mettre un prompt fuccès de ce travail ; & en effet il fut ter- miné à {a fin du mois de Septembre, de forte que l'on étoit affés À temps pour pouvoir faire l’obfervation de l’occultation d’Aldebaran par la Lune, qui devoit arriver le 2 du mois d'O&tobre. L'on fçait qu'outre l'avantage qu'on peut retirer de ces obfervations pour perfectionner fa T'héorie des mou- vements de la Lune, on peut les employer très-utilement pour déterminer la différence de fongitude de deux lieux éloignés. Nous primes donc le parti de nous partager en deux bandes ; M. Maraldi fe rendit à Antibe, & j'allai avec M. TAbbé de la Caille à Montpellier. J'engageai M. Bœuf & le P. Pezenas à faire cette obfervation, l'un à Aix, & l'autre à Marfeille, pour pouvoir faire la comparaifon de la déter- mination géométrique de ces quatre Villes avec leur pofition aftronomique. Le temps fut très-favorable à Montpellier, & le 2 Oétobre à oh 45" 1" Aldebaran fut éclip{é par la Lune. L'émerfion de Ia partie obfcure fut déterminée à 1 oh 40’ 29”, de forte _—__——— DREMSHISACANIENN: CIEL, 27 que la durée de l'Eclipfe a été de oh 55’ 28". Nous ob- fervâmes dans la même nuit deux immerfions des Satellites de Jupiter, lune du fecond Satellite, qui arriva à 1 1b 18" 44", l'autre du premier Satellite, qui fut obfervée à 2h 1 8’ so"; mais comme Jupiter étoit fort proche de fon oppo- fition, on ne peut guéres compter fur l'exactitude de ces obfervations. Le temps ne permit point de faire les obfervations corref- pondantes dans les endroits que nous avions projettés, de forte que cette obfervation, dont nous ne pouvons faire aucun ufage dans le cas préfent, fervira à déterminer la lon- gitude des lieux de la Terre où l’obfervation en aura été faite. L'on peut joindre à cette obfervation, deux autres que nous avons faites en dernier lieu à l'Obfervatoire : la pre- miére, de loccultation de Regulus par la Lune, du 3 Dé- cembre; la feconde, de l’occultation d’Aldebaran par la Lune, du 23 du mème mois. Obfervation de l'Occulrarion de Regulus par la Lune. Le 3 Décembre, Je Ciel s'étant entiérement découvert vers les trois heures du matin, nous dreffimes une Lunette montée fur une Machine Parallaétique, & ayant fait en forte que la corne fupérieure de la Lune rafät par fon mouvement à l'occident un des fils placés à angles de 45 degrés, nous fîmes les obfervations fuivantes. Premiére Obfervation. À 3h 9” 2" la corne précédentede la Lune au filhoraire, 9 48 la corne fuivante. 10 34 le bord fuivant de la Lune au fil horaire: : 17 55 Regulus au re oblique. 12 43 Reoulus au fil horaire. 13 31 Regulus au 2.4 oblique. 28 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Seconde Obfervation. A 3h 28" 40" lacorne précédente de la Lune au fil horaire, 29 25 la corne fuivante. 30 10 le bord fuivant de la Lune. SAME I Regulus au 1.7 oblique. 31 50 Regulus au fil horaire. 32 29 Regulus au 2.4 oblique. Nous déterminämes enfuite avec une Lunette de 1 4 pieds Yheure de l'immerfion de Regulus dans la partie claire de la Lune à sPo° 57", & l'émerfion de la partie obfcure à 6h s' 57"; de forte que la durée de l'Eclipfe,a été de 1P 5°. L'on obferva dans l'intervalle entre le temps de l'immerfion de cette Etoile & de fon émerfion , le pañlage dé la Lune au Méridien. D'où il réfulte qu'à 5h 16° 57" +, heure du pañage de la Lune au Méridien, fa longitude étoit de 25° s5:36"8, & fa latitude de 1° 6° 29". Il auroit été à fouhaiter que le temps eût permis de voir Regulus au Méridien les jours qui ont précédé & fuivi cette obfervation, pour pouvoir en déduire fon pañlage au Méri- dien le jour même de l'obfervation ; mais ayant tracé par le moyen des obfervations rapportées ci-deflus, la trace appa- rente dé la Lune par rapport à Regulus, j'ai trouvé que le centre de la Lune étoit plus’ occidental que cette Etoile, de 3'1de degré, à l'heure de fon paflage au Méridien, & que Regulus. a paflé à ro minutes environ du centre de la Lune vers fon bord méridional. date Le temps n'a pas permis de faire cette obfervation à Montpellier, i ce:qui fait voir de quelle utilité il eft pour la perfection de l'Aftronomie, que l'on s'applique en différents: lieux de la Terre aux obfervations aftronomiques, pour que les obfervations qui échappent aux uns, puiflent ètre faites par ceux qui habitent les pays où le Ciel a été favorable. DES SCIENCES. 29 Obférvation de l'Occulrarion d'Aldebaran par la Lune. Comme dans cette Eclipfe Aldebaran devoit pafler fort près du centre de la Lune, cette obfervation devoit être très-avantageufe pour déduire avec exactitude la Parallaxe de la Lune. Le 23 Décembre la corne inférieure de la Lune rafant un des fils placés au foyer d’une Lunette de 8 pieds, montée fur une Machine Parallactique, nous fimes les obfervations füivantes. Premiere Obfervation. , A5" 722" le bord précédent de fa Lune à l'horaire, 9 $ Aldebaran au 1. oblique. 9 24 le bord qui manque à l'horaire, 10 13+ Aldebaran à l'horaire. Seconde Obfervation. s"20’ 43" Je bord précédent de la Lune à l'horaire, 22 10 Aldebaran au 1.* oblique. 44+ le bord qui manque à Fhoraire. 23 9 Aldebaran à l'horaire. On obferva enfuite avec une Lunette de 8 pieds limmer- fion d’Aldebaran dans la partie obfcure de la Lune à 534 6"+, & l'immerfion de la partie claire à 6h 34' 6". Nous attendimes le paffage d’Aldebaran au Méridien, qui fut obfervé à 1oh;12" 19"; le bord précédent de la Lune pafla 5’ 9” de temps après. La différence de déclinaifon d’Aldebaran & du bord inférieur de 11 Lune fut trouvée de 2,24 Wo' Le 24 Décembre Aldebaran paffa au Méridien à 10h 7° 56"+, & ob $5' 39"2 après, l'on obferva le pañlage du bord précédent de Ia Lune au Méridien. La différence de D ii 30 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE déclinaifon d’Aldebaran & du bord inférieur de la Lune fut déterminée de 2° 23° 20". L'on peut par le moyen de ces obfervations, comparées à celles qui ont été faites, lorfque la Lune étoit éloignée du Mridien, trouver avec exactitude la Parallaxe de la Lune. Cette obfervation a été faite à Montpellier par M. Guif- minet. Il a déterminé l'heure de l’immerfion d’'Aldebaran, dans fa partie obfcure de la Lune, à $P 3428", & de l'émer- fion de {a partie claire, à 6h 27 32". DES SCIENCES. 3i UE LEE LR CONTI ONF A LE. PREMIER MEMOIRE Dans lequel on examine les différents Syflemes imaginés pour expliquer la Circulation du Sang dans le Fœrus. Par M. LÉMERY. : découverte anatomique d’une ou de plufieurs parties, n'emporte pas toûjours avec elle la connoiflance des ufages de ces parties. Il y a bien des fiécles que le Cœur, les Arteres, les Veines font connuës; cependant c’eft feule- ment dans le fiécle précédent qu'on a commencé à fçavoir que chacune de ces parties étoient les inftruments de Ja cir- culation du Sang, & qu’il y en a une dans tous les Animaux. On ne peut pas même dire que la route que tient le Sang qui circule dans le Fœtus, foit bien conftatée; du moins- n'eft-il pas bien décidé f1 ce Sang pañle de droite à gauche, ou de gauche à droite, ou à la fois dans l’un & dans l'autre fens au travers du Trou ovale, Pour être en état de décider fur cette queftion, confidérons d’abord les différents fyftemes qui ont été imaginés fur le paflage du Sang au travers du Trou ovale, & qu'il me foit permis d'accompagner le rapport que j'en vais faire, de quel- ques réflexions dont la plüpart m'appartiennent, & qui m'ont paru tout-à-fait propres à faire juger d'avance du mérite de chacun de ces fyftemes. é Ce rapport & ces réflexions feront le fujet de ce premier Mémoire, & le fecond contiendra des éclairciflements déci- fifs, & jufqu’à préfent ignorés, fur la route véritable du Sang au travers du Trou ovale, & par conféquent fur la maniére dont il circule dans le Foetus. "= 32 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE MC qui fait la différence de la circulation du Sang du Fœtus, & de celle de ‘Adulte, ce font des parties qui fe trouvent dans l'un, & ne”fe retrouvent plus dans l'autre. On fçait que le fang de l’Adulte ay fortir du ventricule droit du cœur eft porté par l'artere & les {deux branches pulmo- naires dans toute l'étenduë des poukmons, & de-là par les veines pulmonaires dans l'oreillette'& le ventricule gauche du cœur, d’où il fe diftribuë généralement à toutes les parties du corps par d'autres arteres, & revient par d’autres veines dans l'oreillette & le ventricule droit, pour recommencer & continuer toûjours dans la fuite le même chemin. pendant toute la vie de l’Animal. Le pafñlage du fang au travers du cœur, fuppofe donc deux circulations, l'une plus petite de toute Ja mafle fanguine par les poulmons feulement, & du ventricule droit au ventricule gauche dycœur, l'autre confidérablement plus grande, par le moyen dE laquelle toute cette mafle fanguine fortie du ven- tricule gauche fe répand en plufieurs portions dans toute : L'étenduë du corps pour la nourriture de fes différentes parties, fans en*excepter aucune, & revient enfuite dans l'oreillette, &'de-là dans le ventricule droit du cœur. Les chofes ne fe paflent pas tout-à-fait de même dans le Fœtus ; outre le placenta, les vaifeaux ombilicaux & le canal veineux qui lui font particuliers, la cloifon qui fépare les deux oreillettes de fon cœur, eft encore percée par une ou- verture appellée Zrou ovale, & le tronc de l'artere pulmonaire peu après qu'il eft forti du cœur, donne naïffance à un canal appellé artériel, où de communication ; qui fe perd & verfe le fang qu'il contient dans l'aorte defcendante. Le Fœtus étant né, le Trou ovale fe ferme ordinairement peu à peu & tout- à-fait, & le canal de communication fe defféche infenfible- ment, & devient un fimple ligament, L’Anatomie nous apprend que le fang qui, dans Adulte, part de l'artere pulmonaire pour traverfer les poulmons, ne le fait pas pour leux nourriture, mais pour lui-même, c'eft- à-dire, pour s’y refaire en quelque forte par l'impreffion ou le mélange Ë DE ISITS IC MUEUN CIE! 33 Je mélange de fair que la refpiration introduit à chaque inflant dans fes véficules ; qu'enfin le poulmon n'eft nourri que de ce qui lui vient de lartere bronchiale, Or comme le Foœetus contenu dans la matrice ne refpire point, il feroit entiérement inutile que toute la mafle de fon fang pat fucceffivement au travers de fes poulmons, comme élle le fait dans l’Adulte, avant que d'arriver au ventricule gauche du cœur, & de-fà à toutes les parties du corps. Pen- dant que de fang du Fœtus feroit inutilement ce trajet, il n'iroit pas dans le même temps à d’autres parties qui en ont alors un’ befoin preffant, non-feulement pour leur nourriture, mais encore pour leur accroïfiement; & ce qui détermine le fang à fe détourner vers ces parties, & à sy porter le plus promptement qu’il eft poflible, c’eft une fuite de circonftances qui concourent à l'exécution de cet effet. : Quand on confidére ce qui arrive à un Fœtus forti du ventre de fa mere, & qui a fait ufage de Ia refpiration, on remarque que cet ufage hâte & facilite le cours du fang au travers des poulmons, & que l’'extenfion que les particules aériennes procurent aux véficules pulmonaires, donne lieu à uneplus grande quantité de ce fang d’enfiler leurs vaifieaux; par conféquent dans l'état d’affaiffement où fe trouvent les oulmons d'un Foœtus qui n’a point encore refpiré, on a d'autant plus de raifon d'en conclurre que le fang les traverfe alors avec peine, & en petite quantité, ‘que l’abbaïffement des côtes, la grofleur du thymus plus confidérable dans le Foœtus que dans l Adulte, & la voute que forme le diaphragme du côté de la poitrine, les tiennent dans une compreffion continuelle. | : Cette compreffion des poulmons fait à l'égard des arteres pulmonaires, ce qu'y produiroit une ligature qui empêcheroit une partie du fang de ces arteres d'en fortir à chaque fyflole, &. ne leur permettroit de fe défaire pendant l'efpace du temps requis pour cette fyftole, que d’un quart, d’un tiers, ou . d'une moîtié du fang qu’elles ont coûtume de faire marcher en avant à chaque pulfation; on conçoit que le fang arrêté Mem.: 17 39. F 34 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE dans ces arteres, d’une pulfation à une autre, & mélé avec le nouveau fang qui y aborde dans les pulfations fuivantes, doit, en s'y accumulant de cette maniére, écarter les parois de ces vaifleaux, & en augmenter beaucoup plus le diametre, qu'il ne l'eût fait, fi dès le commencement les arteres pul- monaires fe fuflent vuidées plus parfaitement dans les rami- fications artérielles des poulmons : car quoiqu'à chaque pul- fation il pafle vraifemblablement du tronc de lartere dans les deux branches pulmonaires du Fœtus, une affés petite quantité de fang, & cela à proportion, ou très-peu au de-là de ce que les vaifleaux capillaires du poulmon en admettent alors chaque fois ; cependant cette petite quantité de fang de plus, jointe à l'excédent ou au réfidu du fang des pulfa- tions précédentes, peut au bout de quelque temps, former une mafle, & produire une extenfion & un volume plus confidérable dans les deux arteres, que n’eût fait une pareille, ou même une plus grande quantité de fang qui feroit arrivée à chaque battement dans ces arteres, mais qui les auroit toù- jours trouvées, ou tout-à-fait, ou beaucoup plus vuides qu'elles ne le font dans l'autre cas. I auroit été bien difficile que le tronc de l'artere pulmo- naire, continu comme il l'eft, aux deux branches qui portent du fang aux petits vaifleaux du poulmon, ne fe reffentit pas comme elles & par la même méchanique, de lobftacle que le fang qu’elles contiennent, trouve dans les poulmons, ou plütôt de la plénitude dans faquelle elles font en conféquence de cet obftacle; car fi la portion de fang de cette artere qui répond au canal artériel, & qui ne trouve rien de cette part, ni de plus loin, qui l’arrête, n’a befoin que du temps ordinaire d'une pulfation pour s'y engager à la place de celui qui s'eft allé rendre dans l'aorte, ïl n’en eft pas de même des deux portions de fang qui répondent aux branches pulmonaires, elles ne peuvent faire marcher devant elles dans le temps de la même pulfation, qu'une très-petite quantité du fang de ces deux branches, & par-l la plus grande partie de ces deux portions, retenuë & accumulée dans le tronc de f'artere DES SCIENCES. pulmonaire avec le fang qui y vient enfuite, donne auffi à ce tronc un diametre beaucoup plus grand qu’il ne l'eût eu fans cela. Cette plénitude où fe trouve le tronc de l'artere pulmo- naire, influé néceflairement fur le ventricule droit, à qui elle ne permet point de s’y vuider à chaque fyftole auffi parfaite- ment que le ventricule gauche Îe fait dans le tronc de l'aorte, & par-là le fang de plufieurs pulfations précédentes, lequel refte dans le ventricule, & qui fe joint à celui qui vient par- deflus, étend & écarte bien davantage fes parois qu’ils ne leuflent été, fi ce ventricule fe füt toûjours débarraflé à chaque contraétion, de tout le fang qu’il auroit reçû dans la diaftole précédente, Le ventricule droit du cœur eft à l'égard de fon oreillette, ce qu'eft & le tronc de l'artere pulmonaire à l'égard de ce ventricule, & les deux branches pulmonaires à l'égard de leur tronc; c’eft-à-dire, que la quantité de fang que contient déja le ventricule droit, ne permet pas d’en admettre une grande quantité de nouveau de la part de fon oreillette, qui par la même raifon, ne peut contenir & recevoir qu'une partie de celui que lui apporte fa veine-cave à chaque pul- fation, & dont l'autre partie regorge & refluë par le moyen du Trou ovale du côté qui lui offre le moins de réfiftance, c'eft-à-dire, dans l'oreillette gauche, où cette portion de fang fe mêle avec la petite quantité de celui qui revient des poul- mons, & avec lequel elle enfile enfuite le ventricule gauche; ce qui prouve à mon avis, 1.° combien peu les vaifleaux capillaires du poulmon font en état d'admettre & de laïfer pafler de fang lorfque les véficules de cette partie, dénuées de particules aëriennes, fe trouvent dans un état d’affaiffe- ment tel que dans le Fœtus. 2.° Que c’eft l’obftacle que Ie fang des deux branches pulmonaires trouve à l'entrée des ramifications artérielles du poulmon, qui occafionne dans ces branches, dans l’artere pulmonaire & dans le ventricule droit, le volume qu'ont chacune de ces parties dans le Fœtus, & qui ne répond nullement à Ja quantité du fang qui y pañle E ïj 36 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à chaque pulfation, mais à l'amas qui s'y en eft fait; ce font deux obfervations connuës & rapportées, l'une par Bartholin dans fes Obfervations, l'autre dans l'Hiftoire latine de l’Aca- démie Royale des Sciences, par M. Duhamel: la premiére nous apprend que dans ceux qui meurent étranglés ou fuffo- qués, & dans lefquels le paflage de l'air dans les poulmons eft intercepté, on trouve l'oreillette droite & les arteres pulmonaires fort au-deflus de leur grandeur naturelle, & fort remplies de fang ; l'oreillette au contraire, & le ventricule gauches & l'aorte vuides, & cette oreillette & ce ventricule applatis; d'où l'on voit que fair facilite infiniment le pañlage du fang par les poulmons, & que cette partie en étant dé- nuce dans le Fœtus, il n’en faut pas davantage pour donner lieu au fang de s'arrêter dans les branches pulmonaires, & d'en augmenter le volume, aufli-bien que celui de l'artere pulmonaire & du ventricule droit. 3 L'autre obfervation a été faite fur un Chien vivant, auquel on a ouvert la poitrine & té le flernum, auffi-tôt le poulmon s'eft abbaïffé, la circulation du fang a ceflé, & F'artere pul- monaire, le ventricule droit, & les veines-caves fe font enflées au point d’être toutes prêtes à rompre, & quand on veut en cas pareil, continuer quelque temps la vie à l’Animal, il n'y a qu'à introduire de l'air avec un foufflet par la trachée artere dans les poulmons, les faire enfler, & enfuite les laiffer défenfler, & de cette maniére on entretient leur mouvement & celui du cœur, & le ventricule droit & les veines-caves récédemment enflées, fe défenflent. I! fuit de ce qui a été dit, r.° Que l'état de compreffion & de reflerrement des vaiffeaux capillaires du poulmon fe fait fentir au loin, puifque fon effet s'étend véritablement, non-feulement jufqu’au Trou ovale, mais encore au ventricule gauche & à l'aorte. 2.° Que le fang qui fe porte par reflux vers ce Trou, doit naturellement ceffer de le faire à mefure que l'enfant jouira du benefice de Ia refpiration, & que le fang des deux arteres pulmonaires trouvera autant d'accès du côté des poulmons, qu'il trouvoit auparavant de difhcultés DE MST CE NC ES Pr à y pañler. 3.° Que de tout le fang qui arrive à chaque inflant au cœur, il n'y en a qu'une quantité très- médiocre qui paffe fucceflivement par les poulmons & les deux ven- _tricules du cœur, & qu'à l'égard du refte, qui.en eft la plus grande partie, outre qu'elle ne traverfe point les poulmons, elle abrége encore fon chemin en évitant l’un des deux ven- tricules, & fe portant par-là bien plus vite, ou dans les parties fupérieures, ce qui regarde le fang qui a pris fa route par le Trou ovale, & enfuite par le ventricule gauche, où dans les parties inférieures, ce qui arrive à a portion du fang qui a pris fon cours par le ventricule droit, & enfüite par le canal artériel. 1! fuit enfin de ce qui a été dit, que le Trou ovale, & le canal de communication ne font que des parties fubfidiaires des poulmons, formées pour un temps, c’eft-à-dire, pour partager avec eux, pendant ce temps, le paffage du fang de la veine-cave, qui ne pouvant traverfer tout entier les poul- mons du Fœtus, comme il traverfe ceux de l'Adulte, bien plüs dilatés qu’ils ne le font dans le Fœtus, & cela au moyen de la refpiration qui regne alors, & ne regnoit point aupa- ravant, exige néceflairement dans le cas du Fœtus, le fecours de ces parties fubfidiairés pour n'être pas arrêté dans fon chemin, & donne lieu dans l'autre cas à l'anéantiffement de ces mêmes parties, par cela même qu'il les a abandonnées, ce que j'aurai occafion d'expliquer une autre fois plus au long. Le fentiment fur lufage du Trou ovale, dont la mécha- nique vient d’être fuccinétement expofée, eft celui d'Harvée, & le premier en date. Il a toüjours paru fi conforme à l'état des poulmons du Fœtus, & au peu de befoin que fon fang a d'y pañler, qu'il a été unanimement faifs & regardé pendant plufieurs années comme une vérité conftante ; & quoiqu'il ait enfuite efluyé bien des contradiétions de la part des nou- veaux fyftemes qui fe font élevés au fujet du Trou ovale feu- lement, car le canal de communication eft toûjours demeuré en pofleflion de la fonétion qu'on lui avoit d’abord reconnuë, on peut dire néantmoins que l’ancienne opinion fur la route E iij 38 Memoires DE L'ACADEMIE ROYALE du fang au travers de ce Trou a toüjours prévalu & prévaut encore aujourd'hui : cependant il faut avouer que les diff- cultés qu'on a oppofées à ce fentiment, ont produit deux eflets, l'un a été la découverte & la vérification de faits anatomiques, qui ne l'euflent peut-être jamais bien été fans cela; l'autre d’affoiblir le degré de certitude où l’on étoit fur Vufage du Trou ovale; car à dire vrai, pour fçavoir à quoi s'en tenir fur ces difficultés, il faudroit en bien connoitre Ja valeur, & avoir approfondi fur-tout le fyfteme qu'elles combattent. Or peu de gens s'en donnent fa peine, & le plus grand nombre qui ne fe la donne point, étant peu inftruit de la méchanique de ce fyfleme, & des preuves qui Jui fervent de bafe, les objections qui y ont été faites, trouvent par-là d'autant plus de prife, & deviennent d'autant plus capables d’en impoler & de répandre des nuages où l'on n'en appercevoit point auparavant. Feu M. Méry, célébre Anatomifte de cette Académie, a été le premier qui a contredit l'ancienne opinion fur le Trou ovale, & cela fur quelques obfervations dans lefquelles il a cru trouver le fondement d’une circulation toute contraire à celle qu'on fuppofoit auparavant dans le cœur du Foœtus. Il avance que dans l'Homme les deux oreillettes du cœur ont un diametre égal, qu'il en eft de même de fes deux ventricules l’un à l'égard de l’autre, & des deux troncs, Fun de l'aorte, & l'autre de l'artere du poulmon; qu'au contraire dans le Fœtus la capacité de l'oreillette gauche eft d'un tiers ou environ plus petite que celle de Poreillette droite; que la capacité du ventricule gauche, & que celle de l'aorte font chacune de moitié plus petites que celle du ventricule droit, & que celle de l'artere du poulmon; d'où il conclud qu'il pale plus de fang dans l'oreillette droite que dans la gauche, & qu'il en pafle moitié plus dans le ventricule droit & dans Vartere du poulmon, que dans le ventricule gauche & dans Vaorte; & comme le fang ne traverferoit pas chacune de ces parties dans les proportions marquées, fi de l'oreillette droite il alloit par le Trou ovale dans la gauche, pouratisfaire DES SCIENCES. 30 exactement à ces proportions, & fur ce que les deux branches de l'artere pulmonaire ont enfemble plus de diametre, non compris celui du canal artériel, que le tronc de l'aorte inca- pable de contenir tout le fang qu'on fuppofe lui venir de ces arteres par les veines du poulmon, M. Méry a imaginé de faire pafer de l'oreillette gauche dans la droite par le Trou ovale, l'excédent du fang qui ne pourroit-pas entrer dans le ventricule gauche. Sans être un trop zélé partifan de l’ancien fyfteme fur le Trou ovale, on trouve bien des difficultés à oppofer à celui de M. Méry, car 1.” quoiqu'il fafle aller moins de fang par les poulmons du Foœetus que par ceux de l' Adulte, ce qu'il en fait pafler par ceux du Fœtus va de beaucoup au de-là de ce que paroïflent comporter des poumons affaiflés, fans mou- vement, & dont les vaifleaux repliés en eux-mêmes font dans un état peu propre à donner un paflage bien libre & bien facile à beaucoup de fang. Cependant la quantité de celui qui, fuivant le fyfteme de M. Méry, traverfe les poulmons & arrive chaque fois à l'oreillette gauche, excede celle qui peut être admife dans le ventricule gauche, & enfuite dans le tronc de l'aorte à chaque diaftole fucceflive de ces parties, & c’eft auffi l'excédent de cette quantité qu’on fait marcher dans l'oreillette droite, & de-là dans le ventricule du même côté. Mais fi, fuivant M. Méry, & même tous les Anato- miftes, le fang moule les vaiffeaux par où ïl pañle, & leur donne un diametre proportionné à fa quantité, pourquoi celui qui, fuivant la fuppofition de M. Méry, à bien fçû fe faire jour au travers d’une partie affaiffée &c fans mouvement, na-t-il pas fcû faire la même chofe dans le ventricule gauche & dans le tronc de l'aorte, qui font dans un mouvement continuel, & qui en vertu de la molleffe & de la flexibilité qu'ont alors leurs fibres, ne font pas moins en état de céder & de fe conformer dans le Foetus à la quantité ou au volume du fang qui leur vient des poulmons, que ces mêmes parties le font dans l’Adulte? Et en effet que pourroit-on alléguer 4o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pour juftifier la bizarrerie de cette fuppofition, tant à l'égard du fang qu'on fait traverfer les poulmons du Fœtus, & dont on ne fait pañler enfuite qu'une portion au travers du ven-. tricule gauche, qu'à l'égard de ce ventricule confidéré dans le Fœtus & dans Adulte, & qui dans celui-ci fe prête par- faitement, & donne paffage à tout le fang qui lui vient des poulmons, & ne-le peut donner dans le Fœtus à toute la quantité de celui qui lui arrive de la même part, quoique néantmoins cette quantité de fang foit à proportion bien moindre dans le Fœtus que dans l'Adulte? Cherchera-t-on la raifon de ces différences dans une cir- conftance particuliére au Fœætus, dans le défaut de refpiration où il trouve tant qu'il eft enfermé dans la matrice? Mais ne trouve-t-on pas au contraire dans la circonflance même dont il s'agit, la réfutation de ces prétenduës différences? Les fuites immédiates du défaut de refpiration dans le Foœtus ne regardent que fes poulmons : on fçait qu'ils ont des véficules deftinées par la Nature à recevoir l'air extérieur; ue ce fluide, en s'y introduifant, produit différents eflets ; qu'il donne lieu aux petits vaifleaux des poulmons de fe dila- ter autant qu'il le faut pour pouvoir admettre & conduire tout le fang qui leur eft offert à chaque pulfation ; qu’il donne lieu encore aux deux mouvements alternatifs d’infpiration & d'expiration pendant lefquels le fang qui traverle alors les poulmons, y reçoit une impreflion particuliére de la part de l'air contenu dans leurs véficules ; que c’eft dans ces deux mouvements, & dans limpreflion que l'air communique au fang qui pafle par les poulmons, que confifte toute leur fonc- tion. Aufli le défaut de refpiration fait-il remarquer dans le Foœtus tout le contraire de ce qu’on obferve dans l Adulte. +.° Faute d'air, les petits vaifleaux de fes poulmons ne fçau- roient jamais acquérir le degré de dilatation néceflaire pour le paffage de toute la quantité du fang qui y eft naturellement dirigée; & fi lon évaluë par le véritable fyfleme fur le Trou ovale, la quantité de fang qui pale par les poulmons du Foetus, on verra que cette quantité neft guére que le tiers de ce qui ssl DE né D'IEAMSA ST COTE INTCE 6. 4t qui y pañleroit avec l'aide de la refpiration. 2.° Faute d'air, non-feulement toute la mafle des poulmons demeure dans un affaiflement & une inaction parfaite, mais encore la por- tion médiocre de fang qui trouve le moyen de s'y faire jour, le fait alors, fans en tirer pour foi aucun avantage particulier, & tel que celui qu’elle en tireroit par le moyen de la refpira- tion. Par conféquent, les poulmons du Fœtus n’y ont aucune fonction, ils y font une partie tout-à-fait inutile, & ils continuent à l'être jufqu’à ce que l'air extérieur puifle s’in- troduire dans leurs véficules. Il n’en eft pas de même des autres parties du Fœtus, & fpécialement du ventricule gauche du cœur que nous avons ici à oppofer aux poulmons; ce ventricule, ainfr que les autres parties du Foœtus, n’a point été formé pour admettre immédiatement l'air extérieur, comme le font les véficules des poulmons, & l’on n’apperçoit point auffi qu'il ait befoin de cet air extérieur pour acquérir toute la dilatation dont if eft capable, il ne lui faut pour cela que le fang qui s’y porte, & qui le dilatera plus ou moins fuivant fa quantité, & cela d'autant mieux que les fibres du ventricule gauche, ainfi que de toutes les autres parties du Fœtus, font telles qu’il le faut pour obéir à la dofe & au volume de liqueur charriée vers chacune de ces parties; du moins n'appercevons-nous rien dans le défaut dé refpiration, qui puifle empêcher ce ventri- cule, comme il empêche les poulmons, de fe dilater dans le Foetus à proportion du fang qui s’y porte, & c’eft pour cela que ce défaut, moyennant lequel les poulmons du Fœtus font fans mouvement & fans fonétion, ne porte aucun préjudice aux mouvements particuliers & à la fonction de ce ventri- cule. Enfin, comme la deftination naturelle du.ventricule gauche eft de recevoir & de tranfmettre le fang qui lui vient des poulmons, lors même que ce fang les traverfe dans da plus grande abondance qu'il puifie le faire, je veux dire lorf- que la refpiration eft toute établie, il s'enfuit que bien loin que les poulmons du Fœtus foient en état de laifler pafler plus de fang que fon ventricule gauche n’en peut admettre, Mem. 1739: . 42 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ce ventricule au contraire peut en admettre, & en admet en effet d’ailleurs fort au de-fà de ce que les poulmons font capables de fui en fournir. De plus, fi le défaut de refpiration tout contraire qu'il eft à la dilatation des poulmons du Fœtus, ne fçauroit apporter d’obftacle à celle dont le ventricule gauche eft fufceptible à proportion de la quantité de fang qui s'y préfente; fi, à la différence des poulmons qui, dans le Fœtus, font fans mou- vement & fans fonétion, & n’en acquiérent que dans l'Adulte, les deux mouvements alternatifs de fiftole & de diaftole dans lefquels confifte la fonétion du cœur, font auffi réels, auffi continus, & aufii réguliers dans le ventricule gauche du cœur du Fœtus, que dans celui de l'Adulte : fi ce ventricule par la fouplefie de fes fibres, ainfi qu'il a déja été remarqué, n'eft pas moins, & eft même plus dilatable dans le Fœtus que dans l'Adulte ; enfin, s’il eft aufli indifpenfablement néceffaire que le fang dirigé vers le ventricule gauche du Foœtus, & deftiné à fe diftribuer de-là à différentes parties pour leur nourriture, ne trouve pas plus de réfiftance de a part de ce ventricule, que celui de l Adulte en trouve de Ia part du même ventricule; pourquoi ce ventricule qui fufht pleinement pour tout le fang qui lui vient des poulmons de Adulte, ne fufhroit-il pas pour une quantité de fang à pro- portion bien moindre qui lui vient des poulmons du Fœtus? Et puifque, fuivant le fyfteme de M. Méry, une portion de cette moindre quantité de fang peut bien au fortir des poul- mons du Fœtus, dilater le ventricule gauche à proportion de fon volume, pourquoi l’autre portion de ce fang forti en même temps des poulmons, n’en fait-elle pas autant, & va-t-elle, fuivant la fuppofition, porter dans le ventricule droit le degré de dilatation qu’elle eft capable de procurer? D'où lui vient cette préférence en faveur de ce ventricule? Et n’eft-il pas bien fingulier de faire revenir des poulmons par les veines pulmonaires, par l'oreillette gauche, & par le Trou ovale, dans l'oreillette droite, dans le ventricule droit, dans l'artere pulmonaire, & enfin dans les poulmons, une DES SCIENCES. 43 portion de fang qui ne fait que de fortir de chacune de ces parties, & qui n'a point été charriée depuis à aucune autre? Pourquoi perpétuer ainfi dans le Fœtus le même retour, d'autant plus bizarre & révoltant, qu'on ne fçauroit découvrir à quoi il vient & peut aboutir, & que ce n'eft, à proprement parler, qu'une fimple promenade circulaire, prodigieufement -& inutilement répétée, qu'on fait faire à cette portion de fang, dans le temps qu'elle pouvoit être très-nécefaire ailleurs? Or comment la Nature, qui ne fait nulle part de ces fortes d'in- utilités, s’aviferoit-elle d’en faire dans le Fœtus, où tout im- porte & doit être mis d'autant plus à profit, qu'il ne s’y agit pas feulement de fa nourriture & de l'entretien des parties, mais encore de leur extenfion & de leur accroiffement? Quand on fe propole de dévoiler les myfteres de la Nature fur les ufages des parties, & en général fur toutes fes pro- duétions, on doit avoir pour principe de ne lui fuppoler aucune démarche qui ne tende à un avantage réel, fans quoi tout ce qu'on avancera fur fon compte, fera toüjours fort fufpe&t, & le plus fouvent rejettable. Î La feconde difficulté que j’oppofe au fyfteme de M. Mery, naît de la comparaifon de la fonétion du Canal artériel, avec l'ufage que ce fyfteme attribuë au Trou ovale. Le Canal arté- riel, fuivant tous les fyftemes différents, dérobe aux poulmons une bonne quantité de fang qu’il charrie dans l'aorte, pour être diftribuée de-là au plütôt & par le chemin le plus court en différentes parties. Que fait alors le Trou ovale, fuivant M. Mery? Cette partie uniquement occupée de la décharge du ventricule gauche, malgré le peu de befoin qu'il en a, rend au plütôt aux poulmons, fi ce n’eft une quantité pareille de fang, du moins une bonne partie de celui que le Canal artériel leur enleve; & par la furcharge d’autant ces poulmons bien moins propres alors à admettre cette quantité de fang de plus que le ventricule auquel on juge à propos de la fouf- traire. Le défaut de refpiration dans le Fœtus ne paroît-il pas avoir été le motif de Ia formation du Trou ovale & du Canal artériel, puifque ces deux parties s’anéantiffent à mefure que F ÿ 44 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la refpiration s'établit enfuite ; par conféquent elles doivent concourir enfemble au même but, en fuivant les mêmes routes, & en agiflant de la même maniére, & non pas en défaifant continuellement d’une part ce qui fe fait d’une autre à chaque inftant. La raifon a de la peine à fe prêter dans un même fujet à ces deux opérations contradiétoires. En troifiéme lieu, pour ce qui regarde la preuve fonda- mentale du fyfteme de M. Mery, je veux dire fes obfervations fur les différentes capacités des deux oreillettes, des deux ventricules du cœur, de l'artere pulmonaire & de l'aorte, comparés les uns aux autres dans le Fœtus & dans l' Adulte, fi la grandeur du diametre des vaifleaux ne vient pas toû- jours de la quantité du fang qui y pafle d'une pulfation à une autre; & s'il a été prouvé affés clairement que l'amas & le féjour du fang dans l’'artere & les branches pulmonaires, dans le ventricule & l'oreillette droite du cœur du Fœtus, devoient naturellement donner plus de capacité à chacune de ces parties, qu’elles n’en auroient eu fans cela, on eft d'autant mieux fondé à préférer cette derniére caufe de dilatation dans le cas préfent, qu'elle s'accorde auffi-bien avec l'état d’affaiflement des poulmons du Fostus & le refferrement de leurs vaifleaux , que l'autre caufe de dilatation s’y accorde mal. En quatriéme lieu, quand on fait abftraétion de tout fyfteme fur l'ufage du Trou ovale, & qu'on confidere avec impartialité les deux fources qui fournifient du fang aux deux oreillettes, la gauche paroït alors bien moins faite pour en envoyer dans la droite, que pour en recevoir de fa part; & en effet, 1.° On ne peut difconvenir que tout le fang qui pañle des poulmons dans l'oreillette gauche, ne vienne de l'oreillette droite, & cette portion de fang ne fait qu'une partie de celui que contient cette oreillette, & dont elle en- voye encore ailleurs d’autres portions. Or comment conce- voir qu'une fource générale d’où part tout le fang qui arrive Taux deux ventricules, & celui encore qui paffe par le Canal artériel ; que cette fource, d'ailleurs très-riche & très-abon- dante, ait befoin du fang d’une autre fource particuliére D'lEuS rent Ch E NI GES: 45 qu'elle a formée, & qui ne fubfifte que parce qu’elle continuë à l'entretenir par le fang qu'elle ne cefle de lui envoyer? 2.° Comment la fource qui; au fortir des poulmons, porte du fang dans l'oreillette gauche, en fourniroit-elle à l'oreillette droite, puifqu'elle n'en a pas encore ce qui lui en faut, pour donner au ventricule gauche & à laorte, le diametre qu'ils doivent avoir dans la fuite, & qu'ils n’acquiérent que quand les vaiffeaux des poulmons dilatés par la relpiration , ab{or- bent une quantité de fang beaucoup plus grande qu'aupara- vant, & joignent au moins à fa quantité de celui qui y pañoit, celle qui dans le Foœtus s’échappoit par 1e Canal artériel, IL n’en eft pas de même de la fource de l'oreillette droite ; elle ne peut être, & ne devient point auffi dans la fuite plus riche & plus abondante qu'elle left ; car outre le fang que les deux veines-caves lui rapportent à chaque inflant de toutes les parties du corps, elle comprend encore celui qui lui vient de la veine ombilicale par le canal veineux, & l'on peut dire que cette veine eft en état de lui en fournir même à difcrétion : d'autant qu'elle puife dans la premiére fource, c'eft-à-dire, dans le placenta chargé abondamment des fucs nourriciers qui lui viennent des parois de la matrice. Moyen- nant ces fucs, la fource de l'oreillette droite, bien loin d’avoir jamais befoin d'en emprunter, en regorge affés de fon propre fonds, pour êtreen état d'en faire part à l'oreillette gauche lors de fa dilatation. Enfin il eft aifé de faire voir que la membrane du Trou ovale, parvenuë à une certaine grandeur, a des inconvénients eflentiels dans le fyfteme de M. Mery, & n’en a aucuns en cet état dans l'ancien fyfteme ; ce qui fembleroit indiquer encore que la route du fang par le Trou ovale, eft dé droite à gauche, & non pas de gauche à droite. Je n’entrerai point, quant-à-préfent , dans le détail de ce fait. Je le réferve pour une fuite d’autres Remarques anatomiques fur la circulation du Sang dans le Fœtus. I femble que l'efprit de pacification ait fuggéré le troifiéme fyfteme publié en 1717 fur le Trou ovale pu un fçavant üj 46 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Anatomifte de cette Académie. Comme le fang, dans l'opi- nion ancienne, pafle de droite à gauche, & dans celle de M. Mery, de gauche à droite par cette ouverture ; fuivant le troifiéme fyfteme, le fang des veines pulmonaires & celui des veines-caves fe rencontrant fans impétuofité dans les deux oreillettes à la faveur du Trou ovale qui s'ouvre dans lune & dans l'autre, ces deux fangs s'y mêlent réciproquement dans leur diaftole, & par-là deviennent une mafle uniforme & également ranimée des parties aériennes contenuës dans le fang qui vient de la veine ombilicale : cette maffe ainfi mixtionnée fe partage, dit-on, dans la fyftole des oreiïllettes felon la proportion quelconque des capacités, pour être pouffée par les deux ventricules comme par un feul, & pour être uniformement diftribuée par lartere pulmonaire, par le canal de communication, & par l'aorte, comme par un feul tronc artériel, à toutes les parties en général. Mais de ce que les liqueurs féringuées, l'air foufflé, pafent également de droiïte à gauche, & de gauche à droite par le Trou ovale, s'enfuit-il que dans l'état naturel ce T'rou donne à la fois & dans le même temps, paflage au fang de loreil- lette droite dans la gauche, & à celui de l'oreillette gauche dans la droite ? Car, r.° fi les deux fources qui fournifient du fang aux deux oreillettes, rempliflent également & en entier de part & d'autre leurs cavités, comment le fang de lune & celui de l'autre pañleront-ils à la fois par le même trou dans deux fens différents? ne fe barreront-ils pas réciproque- ment le paflage? Et fi l'on fuppofe qu'ils paffent alterna- tivement, l’un de droite à gauche, & autre dans l'inftant fuivant de gauche à droite, comment celui qui fera effort pour aller de droite à gauche, y trouvera-t-il place, fi tout y eft auffi plein que dans l'oreillette à laquelle il appartient? Tout ce que pourront faire ces deux fangs, ce fera de fe repoufler, ou de fe fermer mutuellement le paffage dans leur oreillette particuliére ; du moins s'il fe fait alors quelque mélange, ce ne fera tout au plus que de quelques parties qui fe trouveront à l'entrée du Trou, & ce mélange, qui ne DES SUC .E NT CHE S. 47 pénétrera pas bien avant de part & d'autre, pourra être compté pour rien. 2.° Si on fuppofe, comme on eft en droit de le faire, que l’une des deux fources d’où part le fang de chacune des oreiïllettes, beaucoup moins riche & moins abondante que l'autre, n'envoye à chaque pulfation dans fon oreillette, qu'une petite quantité de fang infufhfante pour le diametre du ventricule que cette oreillette a à remplir ; & fr l'autre fource fait tout le contraire, fi pendant la diaftole de fon oreillette, elle y porte aflés de fang pour la remplir, & même pour le faire regorger par le Trou ovale dans l'autre oreillette; dans ce cas le fang des deux oreillettes ne pafera point à la fois de droite à gauche, & de gauche à droite: cet échange égal de part & d'autre n'aura point alors de lieu dans les deux oreillettes, les deux fangs ne fe méleront que dans celle qui fera la moins pleine, qui par-là, & par la plénitude de l'autre, n’y fera, & ne pourra y faire rien paffer du fien, de maniére qu’elle en recevra feulement ce qui y arrivoit de trop & ce qui lui manquoit pour remplir fa capacité, & enfuite celle de fon ventricule : enfin cette fup- pofition rentrera ou dans opinion commune qui ne fait pafler du fang que de droite à gauche par le Trou ovale, ou dans celle de M. Méry, qui n’en fait pafler par la même ouverture que de gauche à droite. Par conféquent pour l'établiffement & Ia preuve du troi- fiéme fyfteme fur l’ufage du Trou ovale à l'égard du fang des oreillettes droite & gauche, ïl faudroit r.° faire voir comment & dans quels cas, dans quelles proportions de fang des deux oreillettes, l'échange-dont il s'agit, s’y peut faire, & peut être aflés étendu & aflés complet pour mériter qu'on y fafle attention. 2.° Comme les deux premiers fyflemes n'admettent le raffage du fang que de droite à gauche, ou de gauche à droite, & qu'ils contrarient par-là formelle- ment le troifiéme fyfteme qui les admet tous deux en même temps, il faudroit prouver encore que les deux fyflemes font, & par où ils font également rejettables, & qu'aucun d’eux 48 à. MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE n'eft fi bien d’accord que le troifiéme avec l'état d'affaife- ment des poulmons, avec le diametre différent des deux ventricules du cœur, de l'artere pulmonaire & de l'aorte, & enfin avec tout ce qu'on obferve de particulier fur le Fœtus, & fpécialement fur ce que le Trou ovale diminué, ou plütôt fur ce qu'il n’augmente pas à proportion des autres parties du cœur, & de la quantité de fang qui aborde de plus en plus aux oreillettes, & qui en rend a capacité plus grande; car plus le Trou ovale eft petit par rapport à la quantité du fang qui arrive à chaque oreillette, moins le mélange dont il s'agit, peut fe faire, & f1 ce mélange eft néceflaire au Fœætus, il ne left pas moins dans un temps que dans un autre, & par conféquent il fembleroit qu'il devroit toüjours fe faire également en tout temps. L’Auteur du troifiéme fyfleme fur le Trou ovale paroït avoir évité foigneufement d'entrer dans les détails qui vien- nent d'être marqués, il fe récrie même fur ce que M. Méry s'attache trop à la différence des vaifleaux, des ventricules & des oreillettes. Mais ne pourroit-on pas lui reprocher à jufte titre d’avoir un peu trop négligé l'examen du diametre de ces parties, & fpécialement du Trou ovale? Car 1.” quand après avoir expofé le mêlange réciproque d’une portion de fang de l'oreillette droite paflée dans la gauche, & d’une portion de fang de l'oreillette gauche paflée dans la droite, il dit que la mafle du fang des deux oreillettes ainfi mêlée, fe partage dans la fyftole des oreillettes felon la proportion quelconque des capacités, ne fembleroit-il pas par cet énoncé, que le ven- ticule droit, dont la capacité eft plus grande que celle du ventricule gauche, détermine par-là les oreillettes à lui en- voyer plus de fang qu’au gauche? Du moins n’en allegue-t-on point d'autre caufe, quoiqu'il foit notoire que le fang moule fes vaiffeaux, & que ce qu'on remarque de différent dans le diametre du tronc de lartere pulmonaire & de celui de Yaorte, & dans celui des deux ventricules du cœur du Fœtus, n'eft dû qu'à la quantité de fang différente qui traverfe ces parties, ou qui y féjourne ; aufli toute cette différence s'évanouit-elle Sep DIEASMASTCOIE NC 1% 49 s'évanouit-elle dans PAdulte, c’eft-à-dire, lorfqu'il y pafle une égale quantité de fang. 2.° Puifque ce n’eft point parce que le ventricule droit & fartere pulmonaire ont plus de capacité que le ventricule gauche & l'aorte, qu'il va moins de fang dans les uns, & plus dans les autres, mais que c’eft au contraire parce qu'il fe porte ou qu’il féjourne plus de fang dans es uns & moins dans les autres, que les uns ont plus de capacité, & que les autres en ont moins; il eft d’au- tant plus eflentiel de fçavoir ce qui détermine le fang à former les différences dont il s’agit, que la fonétion du Trou ovale tient naturellement à ces différences, & cela par le paflage qu'elle donne au fang de droite à gauche, ou de gauche à droite : aufli Le fyftème de M. Méry n'eit-il appuyé que fur cette différence, dont le fyfteme eft la conféquence bien ou mal tirée, & l'explication. Et fi le fentiment ancien n'eût pas été en état de rendre raifon de ces mêmes diffé- rences, à fa maniére, c’eft-à-dire, par une voye différente de celle de M. Méry, ce défaut d'explication n'eût pas manqué de faire tort à fa vraïifemblance. | x Pourquoi donc le fyfteme de M. Winflow fubfifteroit-il indépendamment des mêmes preuves, & feulement fur Ia fimple expofition de l'ufage qu'il attribuë au Trou ovale, & . , » 3 ES) .. qui n’a d'autre fondement que l'expérience connuë du paffage d’une liqueur ou de l'air de droite à gauche, ou de gauche à droite au travers de ce Trou? A ce compte l'ancien fyfteme & celui de M. Méry avoient naturellement pour eux le même fondement, du moins auroit-on oppofé mal-à-propos à Vancien fyfteme, que le fang ne pouvoit pafler de droite à gauche par le Trou ovale, ou au fyfteme de M. Méry, que le fang ne pouvoit pafer de gauche à droite par le même Trou. Cependant on ne s'en eft pas tenu à la fimple expo- fition des ufages qui leur avoient été fuppofés, on a cherché à faire quadrer ces ufages avec les faits qui avoient rapport à la fonétion du Trou ovale. A l'égard des parties aëriennes pour lefquelles le troifiéme {yfleme fait mêler le fang de l'oreillette droite avec celui de Mem. 1739. #G so MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l'oreillette gauche, fr l'on confidére que, fuivant le premier fyfteme, il pafle aflés peu de fang par les poulmons, & que ce qui y a paflé fe mêle dans l'oreillette gauche avec une quantité de fang fort fupérieure à fa fienne, & nouvellement arrivée du placenta, c’eft-à-dire, autant chargée de particules aériennes qu'elle peut l'être, on verra que pour ranimer le fang revenu des poulmons par des parties d'air, if étoit inutile d'imaginer un nouveau fyfteme très-inférieur au premier du côté de la vraifemblance. En voilà aflés fur les trois fyflemes du pañage du fang par le Trou ovale ; & quoique J'aye affés fait connoître par les réflexions qui ont accompagné le rapport de chacun de ces fyftemes, qu’il s’en faut de beaucoup qu'ils ayent tous le même degré de vraifemblance, & qu'il y en a un des trois qui mérite inconteftablement d'être préféré : fi ce qui en a été dit, paroît ne pas fufhre encore pour convaincre entiére- ment de la préférence qui lui eft düë, & de l’exclufion qu’on doit donner aux deux autres : fr l'on croit enfin qu'il faille de nouvelles preuves, de nouveaux éclaircifiements pour décider définitivement la queftion en fa faveur, jecrois lavoir trouvé cet éclairciflement, dans la découverte que j'ai faite du premier & du principal ufage du Trou ovale, & de quel- ques autres parties qui font particuliéres au Fœtus, ou qui ont dans le Fœtus un ufage particulier. MC HT 2 < > DAT er — DES SCIENCES, SE DES MOYENS QUE L’ON PROPOSE pour remédier aux abus qui fe font gliffés dans l'ufage des différentes Mefures. Par M. D'ONS-EN-BRAY%. le Prevôt des Marchands de Paris ayant reconnu .que les Mefures différentes qui font en ufage, ne portoient ni par elles-mêmes une marque évidente de ce qu’elles devoient contenir, ni ne défignoient rien entr'elles de fixe pour que le Public n’eût point à s'y tromper ; je me fuis engagé d'examiner s’il ne feroit pas pofñble de donner quelque chofe là-deflus qui püt remédier aux inconvénients des Mefüres dont on fait actuellement ufage, finon parfaite- ment, du moins pour en corriger les défauts les plus groffiers. Mais comme cela ne peut avoir fon effet fans occafionner des changements où tout le Public fe trouve intéreffé, j'ai cru ne pouvoir mieux faire dans une matiére femblable, que de mettre fous les yeux de l'Académie les idées qui me font venuës, pour qu’elle juge de leur validité, & pour y joindre celles qu’elle voudra bien me fuggérer avant que je préfente mes remarques à M.'s de Ville. Avant que d'entrer dans le détail des Mefures, il m'a paru que la premiére chofe où je devois nr'appliquer, étoit en premier lieu de conflater ce que c’étoit que la Pinte, c'eft-à-dire, de convenir de la quantité jufte qu'une Pinte doit contenir, parce que c’eft delà qu'on doit partir pour fixer toutes les autres mefures : or la Pinte jufqu'à préfent a été regardée de deux maniéres, ou comme Pinte rafe, ou comme Pinte comble; de-là vient que M. Mariotte dans fon Traité du Mouvement des Eaux /page 240.) diftingue de deux fortes de Pintes, dont l’une qu'il dit ne remplir la Pinte de Paris qu'à fleur de fes bords, pefe 2 livres moins | Gi 15 Avril 1739: 52 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 7 gros d'eau, & qui, étant remplie à furpaffer fes bords fans répandre, pefe 2 livres d'eau. Pour contftater la jufte mefure de la Pinte & celle de fes parties, comme la Chopine, le Demi-feptier, &c. il faut en rapporter la capacité à celle d’une mefure fixe. Je propofe le pied-cube rafe pour cette mefure fixe comme la plus convenable : Or le pied cube contient 3 6 Pintes de celles qui ne font remplies que jufqu’au bord, où qui pelent environ 2 livres moins 7 gros; car fi l'on vouloit fe fervir de la Pinte qui pefe environ 2 livres, où qui furpañle les bords, le pied cube n’en contient que 3 5. Je vais rapporter en peu de mots les avantages particuliers que je trouve dans chacune de ces deux Pintes, pour qu'on foit plus en état de fe décider. La Pinte comble pefant à peu-près 2 livres d’eau, ou de 3 5 au pied cube, eft très-commode pour la mefure du pouce d'eau, parce qu'on prend communément, avec M. Mariotte, pour un pouce d’eau, l’eau qui coulant continuellement par une ouverture circulaire d’un pouce de diametre, donne par minute 1 4 Pintes, de celles de 3$ au pied cube, ou qui pefent à peu-près 2 livres. Cette façon de compter &-de régler le pouce d'eau, feroit, comme nous avons dit, très- commode pour les diftributions des Eaux de la Ville, car à ce compte un pouce d'eau donne trois Muids par heure & 72 Muids en 24 heures. Les avantages de la Pinte de 36 au pied cube, ou qui pefe 2 livres moins 7 gros, font en premier lieu que la capa- cité ou folidité de cette Pinte eft de 48 pouces cubes jufle, ce qui eft une partie aliquote du pied cube ; au lieu que la pinte de 3 $ au pied cube, ou qui pefe à peu-près 2 livres, fa capacité ou folidité eft de 49 pouces + de pouce. Mais en fecond lieu un avantage très-important de la Pinte de 36 au pied, & qui peut feul faire décider en fa faveur, eft que le Muid contenant 8 pieds cubes, on a dans le Muid 288 de ces Pintes ; ce qui s'accorde avec l’ufage ordinaire, qui eft de compter 280 Pintes claires au Muid, & 8 Pintes DES SCIENCES. K 53 de lie; au lieu que fi on prenoit la Pinte de 3 $ au pied cube, il n’y auroit au Muid que 272 de claires, & 8 Pintes pour la lie. Je me fuis donc déterminé par les raifons ci-deffus expli- quées, à prendre pour melure fixe le pied cube rafe, qui contient 3 6 Pintes rafes, ou qui pefe environ 2 livres moins 7 gros fuivant M. Mariotte. J'ai commencé par vérifier les Mefüres de la Ville, tant celles qui fervent de matrice pour le Septier, la Pinte, la Chopine, &c. que celles qui fervent journellement à éta- lonner celles des marchands, & j'ai trouvé qu'elles ne fe rapportoient pas jufte l'une à l'autre, non plus qu'entr'elles, c'eft-à-dire, que le Septier ne contenoit pas exactement huit Pintes, la Pinte deux Chopines, &c. : Pour pouvoir le connoître, j'avois fait faire avec l'exaQi- _tude la plus fcrupuleufe, des Mefures de toutes les parties aliquotes du pied cube par le S.x Langlois, dont la réputation eft avec juftice bien établie, par l'application & le foin qu'il apporte pour rendre parfaits les ouvrages qu’on lui fait exe- cuter ; & cet avec ces Mefures que j'ai vérifié celles de 1a Ville & celles qui fe vendent chés les marchands, où j'ai trouvé encore plus de diverfité pour la précifion. Pour ne me point tromper dans la maniére de remplir mes Mefures, je me fuis fervi de glaces que je coule deflus fans qu'il y refte de bulbe d'air ; par ce moyen je füis certain que ma mefure eft toüjours également remplie. L'exactitude de ma maniére de mefurer n'a fait connoître, 1.° Que les diametres des orifices méritent attention, parce que deux Mefures de Pinte, par exemple, dont la forme eft différente, n’ont pas chés les marchands des ouvertures égales; & fi elles ne font pas remplies à rafe, quoiqu’à pareille hau- teur, il fe trouve moins de liqueur dans la Mefure dont l'ouverture eft la plus grande. Il paroït qu'on peut aifément remédier à ce défaut, en conftatant à la Ville a forme de chaque différente Mefüre, G ii MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à laquélle tous les Potiers d'Etain feront à l'avenir obligés de fe conformer, leur laiflant cependant un temps pour débiter les Mefures qu'ils ont de faites, ainfi qu'on en a agi à l'égard des Bouteilles. 2. La néceflité où l'on eft de remplir les Mefures juf- qu'aux bords, fait qu'il s'en répand toüjours dans le tranf- port & dans le comptoir des Cabaretiers. L'on peut éviter ces inconvénients, en réglant une hau- teur plus grande qu'il ne faut. Par exemple, pour la Pinte, on peut lui donner en hauteur un pouce de bord au-deflus de fon folide de 48 pouces cubes, & ainfi à proportion pour les autres Mefures ; & pour conflater jufqu’à quelle hauteur chaque Mefure doit être remplie, on pourra former en dedans des orifices des Mefures, un rebord qui termine exactement jufqu'où doit monter la liqueur. Les cubes des diametres ne font pas proportionnels aux. capacités des Mefures, ainfi qu'ils devroient l'être. Ces irrégularités caufent des erreurs, quand on fe fert des unes ou des autres pour mefurer. On y remédiera aifément, en faifant les diametres des orifices tels que leurs cubes foient, comme nous avons dit; proportionnels à leur capacité ou contenu des Mefures. Pour déterminer quels diametres on peut donner aux ouvertures proportionnelles des Mefures, il faut obferver que plus ces ouvertures feront petites, & plus les Mefures feront exactes ; mais d’un autre côté, lufage de ces Mefures chés les marchands, demande pour les nettoyer aifément, qu’on ne les fafle pas trop petites ; ce n'eft qu'aux Mefures fidu- cielles de la Ville qu’on peut faire ces orifices fi petits qu'on voudra. H nous paroît que pour les Mefures de marchands, on peut donner à l'orifice de la Pinte 40 lignes de diametre, ce qui détermine les diametres proportionnels de Ia Chopine, du Demi-feptier, & des autres Mefures que l'on trouvera aifément, en fe fervant de la ligne des folides du Compas de proportion. DES SCIENCES. s$ Nous allons mettre ici une petite Table des Diametres & des Hauteurs tels, que les Mefures étant parfaitement cylindriques, devroient avoir. TABLE DES DIAMETRES ET DES HAUTEURS DR ED 10 TE 'SPUUR E S. Diametres. Hauteurs. Noms des Mefures. en pouces. dignes, pouces. lignes. soso ssses 10 LES ssssssssssssese 5 Ss > sonores 4: 4 = DEMI-SEPTIER..... 2 15 POISSON........ssu.e li 8 DEMI-POISSON....| «x Us Je ROQUILLE.. à. 40 Mais comme pour mouler les Mefures, il faut donner de la dépouille aux Moules pour en fortir le noyau, on pourra, fans aucune erreur fenfible, faire les diametres des orifices & ceux des fonds & des profondeurs des Melures, tels que nous les avons marqués dans la Table fuivante, $6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE DIAMETRES DES MESURES Pour la dépouille des Moules. Grand ra Profondeur Noms des Mefures, Diametre JAN ETre jufqu’au ; d'en haut. d'en bas rebord. ou fond. pouces. Îignes. pouces. { Jignes. Es 97 PE 10 117 pouces. lignes. 1 Ls CHOPINE...... Déc] 0 ot NE DEMI-SEPTIER....| 2 2 POISSON........ He] PRE 8 = DEMI-POISSON....] 1 4 ROQUIETES ES. Pour pouvoir connoître aïfément, fuivant cette Table, fi les marchands y ont aflujetti leurs Moules, nous avons ima- giné des Jauges, dont on pourra fe fervir au lieu de liqueur, lorfqu'on apportera à la Ville des Mefures à étalonner ; la feule infpection des Defleins cy-joints en fera connoître la précifion & l'expédition, puifque ces Jauges donnent. la profondeur & les diametres du volume que la liqueur doit occuper jufqu'au rebord dans chaque Melure. A l'égard des Mefures fiducielles où Matrices de la Ville pour étalonner les autres Mefures, il convient de leur donner des RÉ AR EP Me … DIESMAS CO EN ecmomiM Ÿ7 des orifices proportionnels entr’elles, qui foient petits, pour les rendre plus exactes ( ainfi que nous l'avons obfervé ci- deflus) d'autant plus qu'on ne fe fert que d’eau pour les em- plir. Voici celles que nous propofons. Le Septier de 8 Pintes aura une ouverture de 34lignes Seprier. de diametre. lignes quarrées. Cela fait une fuperficie de ..... 908 à Ou , LPS $ G circulaires. Ce quiidemanderoit 30 gouttes de 7 lign. + eubes pour faire fur cette fuperficie un quart de ligne de hauteur. L'ouverture de la Pinte aura un pouce ou 12 lignes de Pinre. diametre. lignes quarrées, Cela fait une fuperficie de ....... 112 Qui :57/702 AE SEES . Quatre gouttes d’eau feront la hauteur d'un quart de ligne à cette ouverture. L'ouverture de la Chopine aura 8 ig. 6 pointsdediametre. Cuorixes. . lignes quarrées. Cela fait une fuperficie (CPP TE Ou. 0.06: 72 circulaires, Deux gouttes feront la hauteur d'un quart de ligne à cette ouverture. L'ouverture du Demi-feptier aura 6 lignes de diametre. Demr-serrirr. lignes quarrées, Cela fait une fuperficie de........ 28 2 O2 500 3 ç circulaires. Une goutte fera la hauteur d'un quart de ligne à cette ouverture. Mem, 1739e + H 53 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE Porsson. L'ouverture du Poiflon aura 4 lignes 3 points de diametre, l lignes quarrées. Cela fait une fuperficie de ...,... 14 à Où : 155,220 ag chrilaires. Une demi- goutte fera la hauteur d’un quart de ligne à cette ouverture. Demi-poisson. L'ouverture du Demi-poiflon aura 3 lignes dé diametre. lignes quarrées. . je L 1 Cela fait une fuperficie de........ 7 circulaires. Ou .......s. 9 Un quart de goutte fera la hauteur d’un quart de ligne à cette ouverture, tte . 68. - de lAcad. 1789 pli pag f | Men. ag PINOT ‘OT Si BE LOUP à ‘ Men. de UAcad 1789 pli pag. 58 Jeptuer de B pintes 2onod ‘or SU I 2x 7 Mem. de LAcad.1739. 1272 2. Pay. 38. = Pente de 48. po. €. LA 1 . . Dm. = > dir ä | —_—_—__—__—r Rogulle dun po. 6. L. C. —_——_— > pr Hem de Ulead 739 pl 2. pay 58 Pinte de 48. po. € #6 0 ds 4 | Here de TAead 3737 pts. par. Jauge du Sépher contenant 8.Pintes. | | | | Î HER LLAEL LEE D US) PAT EE Jauge du Se plier contenant 6. Pintes = } 7 rod or or -Jeptier Jauges pa Mer de Frais pla. .Pag 68. LE Demt Powson nl ù de Cacad ip pl pas 56. ® | ) Jauge LE | | ( : DES SCIENCES \ 5 OBSERVATIONS D E L'E CLIRSÉ DE, LAN F7 Du 24 Janvier ; ET DE D'EUX onEC LE Pas d'Etoiles fixes par la Lune. Par M. CASSINI DE THURY. E 24 Janvier, le temps ayant été couvert pendant toute 4 Mars la journée, & prefque tout le temps de l'Eclipfe, onne 1739. put rien obferver que vers la fin, que l’on découvrit foible- ment la Lune au travers des nuages. Les à oh34'20" du matin, on jugea que l'Eclipfe étoit d'environ un demi- doigt ; la Lune f cacha enfuite, & reparut à oh 38” 59", & on douta fi l'Eclipfe étoit entiérement finie, mais à of 41’ Von vit aflés diflinétement les bords de 1 Lune, & YEclipfe étoit finie. Nous avons reçü les obfervations de cette Eclipfe faite à Boulogne’ par M. Manfredi, & à Montpellier par M, Guiminet. Selon l'obfervation faite à Boulogne, le commencement de PEclipfe eft arrivé le 24 Janvier à1oh18'$2" du foir, la fin le 25 Janvier à 1h rs" 18” du matin, ce qui donne la durée de l'Ecliple de 2h 56"26", le milieu à x 1h49" 5"+ La grandeur a été trouvée de 7 doigts 14 minutes. La différence des Méridiens entre lObfervatoire de Paris & Boulogne, réfüultant de plufieurs obfervations, de 3 6’ 30", l'on aura heure de la fin de cette Eclip{e pour le Méridien de Paris à oh 38’ 48", ce qui s'accorde parfaitement à à l'ob- fervation que nous avons faite à Paris, où nous doutions à oh 38" 50" fi l'Eclipf étoit entiérement finie. À Montpellier, le commencement de cette Eclipfe a été H i 6o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE déterminé à 9h46" 17”, la fin à oh 4311", ce qui donne la durée de l'Eclipfe à 2h 56’ 54", le milieu à 1 1h 1444" La grandeur a été trouvée d’un peu plus de 7 doigts. La différence des Méridiens entre Paris & Montpellier, ayant été déterminée de 6* 10", on aura l'heure de la fin de cette Eclipfe pour le Méridien de Paris, à obtix of,ice qui différe de près de 1” 47” des deux déterminations pré- cédentes. Selon les Tables de mon Pere, le commencement de cette Eclipfe devoit arriver à 9" 49° 23", la fin à12h40"43", & le milieu à r1h15" 3". Selon l’obfervation faite à Boulogne, & eu égard à la différence des Méridiens, le milieu de l'Eclipfe a dû arriver à Paris à 11h 10° 3 5", de forte que l'obfervation eft éloignée du calcul de 4’ 28" quant au milieu de l'Eclipfe. Nous rapporterons ici deux obfervations d'Eclipfes d'E- toiles fixes par la Lune, l’une de l'Etoile à de la Balance, de la 3.me grandeur, & l'autre d'une Etoile du Taureau, de la ‘g-"€ grandeur La premiére étoit annoncée dans la Connoiffance des Temps pour le 2 du mois de Février, & le temps ayant été très-favorable pour faire cette obfervation, nous avons dé- terminé l'heure de limmerfion de cette Etoile dans la partie claire de la Lune à 2h $9" 22"+, & de l'émerfion de la partie obfcure à 4h o' 1 1”, de forte que la durée de lEclipfe a été de 1h 0° 49". À l'égard de la feconde Eclipfe d'une Etoile du Taureau, elle n’étoit point marquée dans la Connoiffance des Temps; parce qu'on ne calcule ordinairement que les Eclipfes des Etoiles de a r.re, 2.de & 3.me grandeur, on ne la trouve pas même dans aucun catalogue d’Etoiles fixes; mais par l’obfer- vation du pañlage de la Lune & de cette Etoile au Méridien, il nous fut facile de juger que cette Etoile pourroit être éclipfée par la Lune, de forte que nous la fuivimes avec une Lunette de 1 s pieds, & nous déterminämes le 1 $ Février, à 6b45'31" du foir, l'immerfion de cette Etoile dans la D} Est HSICATELN C:E | s. 61 partie obfcure de la Lune. L’afcenfion droite de cette Etoile réfulte de l’obfervation de 58° 14° 50”, & la déclinaifon a été obfervée de 14° 25” 50” vers le Septentrion. A Yégard de l'approximation de Regulus, du bord méri- dional de la Lune, indiquée dans la Connoiffance des Temps pour le 23 Février à 1h x $” du matin, nous avons jugé par l'obfervation de cette Etoile & de la Lune au Méridien, où Regulus étoit plus oriental que le bord précédent de la Lune, de 1° 23", & plus méridional que le bord fupérieur de 1a Lune, de 40° 20", que cette Etoile pafferoit plus loin du bord de la Lune qu’il n'étoit marqué dans là Connoiffance des Temps, ainfi lon voit qu’on eft encore bien éloigné de la connoiïflance exacte des regles du mouvement de la Lune, & qu'on ne fçauroit trop s'appliquer à faire des obfervations, foit des Ecliples ou des approximations de la Lune des Etoiles fixes, foit de fon paffage au Méridien. Je rapporterai ici quelques obfervations affés fuivies, du paflage de la Lune au Méridien, faites dans une même lunaïfon. J’en ai déduit la longitude & la latitude de la Lune, pour qu’on puiffe la comparer à celle qui réfulte du calcul des Tables, & en faire ufage pour les perfectionner. Paffage de la Lune Longitude. Latitude. au Méridien. Le 12 Février... 3"3922"1 # 20027 15" 4° 56! 45" 13e... 4 24 53% D43135 SNL Si Meta nets SES 123 & 28 51 30 A2 N20 17h 117128 23 H 23 24 33 3 55 10 Eee PAPE 9 53 40 & O21 4% O 58 42 ce AA PEOIE 10 42 222 A 12 58 23 o 8 $s4 22 ve . 11 30 36 a 25 48 32 1 18 325. 24 +. © 18 267 m 8 55 43 2 26 11 25 ss. 1 5 48 m 22:17 16 3 26 47 26. .... s 1 53 17% & $ 55 39 . 4 17 22 27e . 2 41 15 [LH 19 46 43 4 52 46 Ole lete 3 30 33 M 3 SI 53 S 13 24 1 Mars, .. 4 21 48 M 18 10 12 $ 11 56 Ar 9 Mai 1739: 62 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYyALE SURIL' A LIQUEUR" E THERE DE M FROBENITUS Par M. HELLOT. ErTre liqueur n’étoit connuë que par fes effets, Tor qu'en 1734, M." du Hamel & Grofle en publiérent li compofition & le procédé. Comme j'ai une efpecede droit à leur travail, fans en avoir cependant à la découverte de la liqueur, j'ai cru qu'ils ne défaprouveroient pas que je reprifle l'opération où ils femblent l'avoir laiflée, & je confens volon- tiers que ce que je vais lire ne foit que le fupplément de leur Mémoire. Hs y ont donné trois méthodes de rectifier cette liqueur, la plus volatile & la plus inflammable de toutes celles qu'on a connuës jufqu'à préfent ; & aucune de ces méthodes ne peut manquer de réuflr, pourvû que pendant la diftillation on faififie l'inftant où il faut éteindre le feu, afin de n'avoir que la liqueur fpiritueufe, qui eft l'objet de l'opération, & qui étant rectifiée , ne doit plus fe mêler avec aucune liqueur, ni acide ni fimplement aqueufe. Mais pour faire mieux en- tendre ce que j'ai à dire dans la fuite de ce Mémoire, je fuis obligé de décrire de nouveau ce qu'il y a d'effentiel dans le procédé. La liqueur éthérée fe retire par diftillation à feu très-doux, du mélange d’une partie d'huile de Vitriol blanche, extréme- ment concentrée, & de deux parties d'Efprit de vin reétifié, Après une digeftion de quelques jours, le mélange de ces deux liqueurs doit fe teindre en rouge, fi l'Efprit de vin a été bien choifi. On place enfuite la Cornuë fur un bain de fable ; le feu qu'on met deffous, fait monter d’abord une liqueur fpiritueufe inflammable, & qui dans les épreuves donne des indices d’acidité, DES SCTENCES 1 63 M. Pott, à préfent Profeffeur Royal de Chimie à Berlin, a nommé cette premiére liqueur Acide Vitriolique Vineux, dans une Diflertation curieufe qu'il a donnée fur cette opé- ration, dont cependant on né peut tirer qu'un foible fecours par rapport à l’Ether. f D'autres Chimiftes d'Allemagne la nomment Spiritus Naphtæ, à caufe de fon inflammabilité, qui eft auffi fubite à l'approche d’une bougie allumée, que celle d’une huïle de Pétréole la mieux reélifiée. Je lui donnerai le nom d’£Æjprit acide Vineux dans la fuite de ce Mémoire, pour la diftinguer de cette partie encore plus volatile & plus inflammable qu'on en fépare par la rectification, & qui eft l'Æ/er, ou la liqueur de M. Frobenius. Après cet Efprit acide Vineux qu'on doit mettre à part, vient une liqueur aqueufe-acide & d’une odeur fulfureufe fuffocante, qui n'eft plus inflammable par elle-même. Elle eft accompagnée de vapeurs blanches ondulantes, qui, con- denfées, donnent une huile, tantôt blanche, quelquefois verte, & le plus fouvent jaune, laquelle furnage d’abord 1a liqueur acide-aqueufe, mais qui, accumulée à peu-près juf- qu'au tiers ou à la moitié de cette liqueur acide, fe précipite au fond, & ne la furnage plus. Quelques-uns ont nommé cette huile jaune ou verditre, Oleum Vitrioh dulce Paracelf. Elle doit entrer dans la com- pofition de la liqueur anodine minérale de M. Frederic Hoffmann, qui eft d’un ufage fort étendu en Allemagne, & dont on commence à reconnoître l'utilité à Paris dans les flatuofités & digeftions difficiles : mais il ne faut pas fa confondre avec l'Eau de Rabel ordinaire, qu’en quelques endroits on débite fous le nom de Liqueur d'Hoffmaun , pui(- que la véritable liqueur anodine de ce célebre Médecin ne doit pas fermenter avec les Alkalis. - Vers la fin de la diftillation de là liqueur acide-aqueufe & de l'huile jaune dont elle eft le véhicule, le refte du mélange, qui eft devenu noir dans le vaifleau, commence à s'élever en écume, & fi lon n'arrête pas fubitement le progrès de 64 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE cette écume, en éteignant le feu, elle pale aflés vite dans fe Récipient, & en confond toutes les liqueurs, en forte qu'il eft prefque impoffible de fes recouvrer, diftinétes les unes des autres, par une nouvelle diflillation. Ce n’eft pas le feul inconvénient de l'opération : j'ai ob- fervé que fi on laiffe dans le Récipient FEfprit acide Vineux, & qu'on continuë la diflillation fans l'en ôter, l'huile jaune qui vient enfuite avec la Sr acide-aqueufe, eft abforbée affés vite par ce premier efprit inflammable, & alors il n’eft plus poflible , -par aucune forte de redification que je con- noifle, d'en féparer lE‘ther. C’eft pour cette raifon fans doute que M. Grofe détache le Récipient aufli-tôt qu'il apperçoit par l'odeur que la liqueur acide & fulfureufe commence à monter. J'examinerai dans ce Mémoire toutes les liqueurs qui ne font point l'Ether, lequel étoit le feul objet des recherches de Mrs du Hamel & Grofie. Je ferai voir que celle qui doit être confidérée comme une huile, peut être légere ou pefante fans changer fenfiblement de goût ni d’odeur, que fa quantité peut être augmentée, & que cette huile peut être fupprimée fans paroître dans l'opération ; que ce qui eft totalement ful- fureux volatil, peut devenir prefque fixe, c’eft-à-dire, avoir befoin d’un feu de réverbere affés vif pour être décompolé : que dans d’autres circonftances ce fulfureux, déja à demi condenfé en Réfine, peut être tellement volatilifé par un intermede métallique qu'il le fera difparoïtre. Enfin que par un intermede terreux, on peut faire l'Ether facilement fans qu'il paroiffe ni huile ni écume noire & fulfureufe, & je finirai par l'examen de la Terre qui me fert d'intermede ; Terre qui eft fort connuë, d'un très-grand ufage, & dans laquelle je ne crois pas qu’on foupçonnât deux terres diffé- rentes. Lorfqu’après avoir mis à part 'Efprit acide Vineux, fa liqueur acide-aqueufe & l'huile jaune, on veut avoir la pa- tience de continuer la diflillation pendant douze à quinze jours, fur un petit feu non interrompu , mais aflés foible pour tite PPT ne D BNISTUS ACL EUX EE 5. 65 pour ne faire monter que très-peu de liqueur , l'acide vitrio- ‘ique qui refte, fe concentre avec le plus groffier de la partie inflammable de l'Efprit de vin. Ce réfidu, devenu très-noir, fe condenfe peu-à-peu, forme d'abord une Réfine liquide & encore acide, & enfuite un Bitume aufli compacte & auffi dur qu'un Bitume foflile ordinaire, & prefque en tout fem- blable. Si après avoir caflé Ia Cornuë, on lave ce Bitume pour en féparer l'acide vitriolique furabondant, qui n’a pas trouvé aflés de matiére inflammable pour s’en faifir & fe condenfer, on trouve ce Bitume indifioluble dans l’eau. Qu'on le mette enfuite dans une autre Cornuë, & qu'on diftille à bon feu de réverbere, on en retirera une huile rougeitre qui furnage Veau, qui ne paroïît pas différente de celle qu'on tire de même par düftillation, du Bitume foflile, & qu'on peut regarder par conféquent comme une huile de Pétréole grofliére. Si au mélange d’une livre d'Efprit de vin & de demi-livre d'huile de Vitriol, qui eft la dofe de prefque toutes les expé- riences dont il va être parlé dans ce Mémoire, on ajoûte une ou deux onces d'huile de Lavande, ou de quelque autre huile effentielle, on a moins d’Efprit acide Vineux, & beau- coup plus de ce Bitume demi-fixe. En cohobant fept ou huit fois ce qui eft paffé dans a Cornuë fur le charbon de ce Bitume, & ajoûtant à chaque fois un peu d'Efprit de vin, il fe fait un nouveau compoié, quoique du même genre, c’eft-à-dire, qu'on voit paroître des fleurs de Soufre commun, & même qu'il en diftille quel- ques gouttes. Mais il faut beaucoup d'attention à conduire le feu, car il arrive prefque toüjours qu'à la cinq ou fixiéme cohobation 1a Cornuë fe brife avec un grand bruit, & fait même fauter le dome du chapiteau. Cette expérience, comme celle de feu M. Lémery, peut fervir à expliquer comment fe font les Tremblements de terre ; elle confirme auffi la théorie déja donnée par plufeurs Auteurs, de la formation des Bi- tumes & des Sonfres. Ce qui refte dans la Cornuë, étant mis au feu dans un Mem. 1739. I 66 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Creufet, y brûle encore pendant quelque temps, & Jaifle une terre blancheâtre après qu'elle eft bien calcinée. I feroit chimérique de dire qu'elle s'eft formée du mélange des li- queurs pendant l'opération , puifque c’eft la terre que l'Efprit de vin précipite toûjours de l'huile de Vitriol a mieux reéti- fiée, & dont il eft parlé dans l'extrait d’une Lettre imprimée à la fin du Mémoire de M." du Hamel & Groffe. J'ajoute feulement qu'il y a grande apparence qu'elle vient des luts qu'on met aux vaifleaux pour retenir les vapeurs acides du Vitriol quand on le diftille la premiére fois, & qu'il ef inutile de lui chercher une origine plus myflérieufe. A l'égard de huile jaune dont il a été parlé plus haut, on la multiplie confidérablement en quantité, en augmentant la proportion de l'huile de Vitriol, & en ajoütant au mêlange trois où quatre onces de quelque huile faite par ébullition comme celle des bayes de Laurier, ou de quelque huile par expreflion, telle que celles d'Olive ou d’Amande douce : pour lors il n'y a point d’Efprit acide Vineux, la liqueur acide-aqueufe & fulfureufe monte prefque aufli-tôt que le vaifleau eft échauffé, & amene avec elle beaucoup de cette huile douce & aromatique qui doit entrer dans fa liqueur d'Hoffmann. | Cette huile eft légere ou pefante felon la quantité d'huile de Vitriol qu’on a verfée fur PEfprit de vin. Celle qui vient d'un mélange de fix, de cinq, de quatre & même de trois parties d’Efprit de vin fur une d'huile de Vitriol concentrée, furnage toûjours l'eau & refte blanche ; celle qui diftille de deux parties d'Efprit de vin, eft jaune, & fe précipite le plus fouvent. Enfin celle qu’on retire de parties égales des deyx liqueurs, eft verdâtre, & fe place conftamment fous l'eau. C'eft celle qu’il faut choifir pour ne pas manquer l'expérience qui fuit. Séparés par l’entonnoir l'huile jaune ou verdâtre d'avec la liqueur acide & fulfureufe, & fans l'édulcorer, mettés-la dans une Fiole cilindrique, & environ deux fois autant d’eau par deflus : bouchés la Fiole exactement. Cette huile reftera fous DES SCIENCES, 67 l'eau tant que le Thermometre de M. de Reaumur ne fera qu'à 1 6 où 17 dans la partition du chaud : mais fi la chaleur de l'air augmente aflés pour le faire monter à 21 ou 22, vous verrés alors cette huile fe gonfler, & monter peu-à-peu le long des parois de la Fiole, enveloppér l'eau, dont le cylindre fe rétrécit, s’allonge, & fe trouve enfin au deflous de l'huile. Si vous trempés auffi-tôt cette Fiole dans de l’eau bien froide, & qu'après l'avoir laïflé refroidir une heure de temps, vous agitiés fe mélange en la fecouant, l'eau reprend fa premiére place, & l'huile fe tient au deflous. I ne faut pas, pour que l'expérience réuffifle, laver l'huile dans de l'eau pure avant que de {a mettre dans la Fiole : il faut qu'elle foit encore unie à une portion de la liqueur acide & fulfureufe qui lui communique fon odeur fuffocante ; & c’eft fans doute cette petite portion de fulfureux volatil, mis en action par la chaleur de Fair, qui eft le principe de la fer- mentation & de l'augmentation du volume de fhuile dont je viens de parler. Car lorfque l'huile eft lavée & édulcorée juf- qu'à n'avoir plus que fon odeur propre qui eft aromatique & agréable, elle refte fous l’eau fans s'élever au degré de chaleur que j'ai indiqué ; bien entendu cependant qu'il ny ait pas dans fa bouteille plus de deux parties d’eau fur une d'huile, ainfi que je lai dit plus haut. S'il y en a davantage, le poids de l'eau la comprime trop, & il femble que cette huile foit élaftique, car alors elle s'échappe peu-à-peu de deffous l'eau, même dans les faifons tempérées, & remontele long des parois de la Fiole, comme dans le cas de fa raréfaétion occa- fionnée par la chaleur de Fair. Si on laïffe l'huile, non édulcorée, au deflus de l’eau pen- dant quelques femaines, au même degré de chaleur qui la fait monter, peu-à-peu elle change de couleur & devient prefque rouge. Alors ni le froid de l'air, ni l'agitation vive de la Fiole, ne lui font plus reprendre fa premiére place fous l'eau. Elle eft mème changée en quelque forte, de nature; car {1 étant devenué rouge, on la lave dans beaucoup d’eau, non feulement elle ne redevient ni verdâtre ni jaune, mais elle L'ij 68 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE n'a plus une odeur auffr aromatique qu'une huile femblable qui n'a point rougi. Ainfr cette huile a ce défaut de commun avec prefque toutes les huiles eflentielles qui ranciflent ; & comme elle paroit être du même genre que ces huiles, on voit que dans l'opération de l'Ether, l'huile de Vitriol Ja fépare de l'Efprit de vin : mais elle n’eft pas pour cela l'huile eflentielle pure du Vin, l'acide s’unit avec elle, & en aug- mente le volume, puifque j'ai une plus grande quantité de cette huile jaune ou verdâtre d’une dofe égale d’'Efprit de vin & d'acide vitriolique, que quand j'employe dans le mélange des deux liqueurs deux, trois ou quatre parties d’Efprit de vin contre une d'acide. Il paroît aufii qu’à l’aide de l'Efprit de vin, l'huile de Vitriol eflentifie les huiles communes par expreflion, puifqu'en ajoûtant ces huiles au mélange, j'ai beaucoup plus de cette huile jaune que quand il n’eft com- poté que de l'acide & de l'Efprit de vin. Pour prouver encore que l'acide vitriolique fait avec cette huile une union réelle, quoique cet acide foit infenfible au goût, je prie qu'on fe fouvienne de ce que j'ai dit précédemment de la pefanteur de cette huile qui varie felon que j'ai employé plus ou moins d'acide vitriolique. Cette huile fe charge de l'Or d'une diffolution de ce métal dans l'Eau Régale, comme le feroit une huile de Romarin, ou quelqu'autre huile effentielle, mais l'Or s’en précipite peu- à-peu en poudre brune ; au lieu que quand le véritable Ether a pris l'Or d'une femblable diflolution, il le foutient fans qu'il s'en précipite. J'ai un Flacon bien bouché, plein d'Ether chargé d'Or, dans lequel il ne s’eft formé depuis quatre ans qu'un très-petit fédiment. Donc cette liqueur eft une huile éthérée extrêmement fubtile, & peut-être exempte de tout acide : car il eft vraifemblable que Fhuile jaune ne laiffe précipiter Or que parce qu'elle contient un acide vitriolique qui ne fut jamais le diflolvant de ce métal. Si les autres huiles effentielles l'abandonnent auf plus ou moins vite, on peut croire que c'eft par une raifon femblable ; ou leur acide eft vitriolique, ou fimplement nitreux. DER SNASLCHNLE “Ne GE: S 69 ‘Avec l'huile jaune & l'Efprit acide Vineux non redifié, on fait une efpece de Camphre aflés finguliére , puifqu'elle fe met en deliquium à l'air, quoiqu'avant cette déliquefience, elle foit auffi inflammable que le Camphre ordinaire. J'avois mis dans un grand Flacon environ un demi-feptier d'Efprit acide Vineux, lequel avoit diffous ou abforbé deux gros ou un peu plus d'huile jaune ; j’avois verfé deflus un demi-feptier ou environ d’eau commune : mon deflein étoit alors d'en retirer l'Ether par une lente diffillation ; car je ne fçavois pas encore que cela eft impoffble après l'union intime de l'huile avec cet elprit. Je laiffai le Flacon pendant fix mois dans une Armoire. L’ayant regardé au grand jour, je vis dans le fond du vaiffeau & au milieu de la liqueur, une infinité de petits Criftaux figurés comme ces graines de Chardon qui voltigent dans la campagne vers la fin de Eté. Je fiftrai la liqueur par un entonnoir au bout duquel j'avois lié un petit ‘morceau de taffetas. Ayant raflemblé tous ces petits Criftaux, dont il y avoit environ un gros & demi, je les mis dans une petite bouteille que je bouchaï bien, & que je plaçai à un feu très-doux de digeftion. Le lendemain je trouvai tous ces Criflaux réunis en une mafle réfmeufe blancheître, dont un petit morceau détaché s’enflamma aufli vite que du Camphre à l'approche d’une bougie allumée. De plus cette réfine en a parfaitement l'odeur & le goût. Elle fe diflout comme le Camphre dans l'Efprit de vin ; mais l'Efprit de nitre ne la réduit point en - huile, comme il y réduit le Camphre véritable. Cette con- crétion inflammable fe met en dliquium à air, comme je viens de le dire, & fa déliqueffence brûle encore, mais foi- blement , & laifle une liqueur acide & un peu aromatique. II eft aifé de comprendre que cette réfine criftallifée n’étoit qu’à demi- formée ; que l'union n'étoit pas encore intime entre l'acide du Vitriol & la partie inflammable de l'Efprit de vin, & que c’eft cet acide du Vitriol, encore à découvert, qui à attiré l'humidité de Pair. On a vü que par les moyens que j'ai indiqués, on peut L'iÿ 70 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE augmenter l'huile jaune, tant par rapport à fon poids, qu'eu égard à fa quantité. H y a d’autres intermedes qui l'empè- chent de paroître, même en ajoûtant une huile au mélange de l'Efprit de vin & de l'huile de Vitriol. Ces intermedes font des corps abforbants qui détournent, au moins en partie, l'action de l'acide vitriolique fur la partie inflammable de VEfprit de vin & fur celle de ces huiles ajoûtées. J'ai fur ce fait deux expériences qui offrent chacune une obferva- tion curieufe : voici la premiére ; l’autre fera à la fin de ce Mémoire, ü Mettés dans de l'Efprit de vin du Savon noir autant qu'il en pourra difloudre, filtrés-le, & verfés deflus de l'huile de Vitriol la plus pefante ou la plus concentrée ; agités Le mé- linge, le Savon fe décompofera dans l'inftant, & fon huile furnagera, parce que l'acide vitriolique lui ravit le fel alkali qui la rendoit milcible à lEfprit de vin : diftillés, vous n'aurés que très-peu d'Efprit de Rabel, encore aura-t-if l'odeur defagréable de l'huile la plus rance ; il viendra enfüite beaucoup d'Efprit de vin de même odeur, puis une liqueur aqueufe, acide & fulfureufe, mais pas une goutte d'huile jaune. Il fe forme cependant un champignon bitumineux qui a de la confiflance, qui s'éleve au deflus de la couche d'huile du Savon , laquelle furnage le refte du liquide. Après la diftillation de ces liqueurs, j'avois laiffé la Cornuë fans feu pendant près d’un mois, pour donner le temps à Yacide vitriolique de s'unir au fel alkali du Savon, quel qu'il fût, Soude ou Potañle ; & quoique je fcufle bien qu'il entre beaucoup de chaux dans la leffive des Savonniers, fur-tout dans celle qui fert à faire le Savon noir, je ne foupçonnois pas que cette expérience dût fournir une exception à la Table des Rapports de feu M. Geoffroy, & j'efpérois de trouver dans ma Cornuë un Sel de Glauber ou un Tartre vitriolé bien criftallifés. Je vuidai la liqueur noire par inclination, je fis tomber dans une jatte à part, le bitume en grumeaux & les criflaux falins qui étoient avec; mais leur criftallifation étoit bien Di ENST OU CHE EN CG: E: S 71 différente de celle des deux Sels moyens dont je viens de parler. Ceux-ci n'avoient qu'une ligne d'épaifieur, ils étoient tous quarrés & appliqués les uns fur les autres, avec une retraite égale dans les côtés qui n'avoient pas touché aux parois du vaifleau ; je les trouvai d’une acidité prefque auf grande que celle d’une huile de Vitriol ordinaire. Je voulus les laver dans Efprit de vin pour en Ôter l'enduit réfineux qui les falifloit, mais ils s’y diflolvoient très-vîte, & la terre blanche qui leur fervoit de bafe, fe précipitoit, de forte que je n’en pus conferver qu'une petite quantité, tels que je les avois trouvés d’abord. Ces mêmes criftaux fe diflolvent beaucoup moins vite dans l'eau, à caufe de l’enduit réfineux dont je viens de parler, - qui les défend quelque temps contre l’action de ce diflolvant; mais pendant leur diflolution, la terre de leur bafe ne fe précipite pas comme dans V'Efprit de Vin. Je filtrai cette diflolution faite dans Veau, & la fis évaporer à pellicule; cependant je n'ai pu avoir de criftaux figurés comme les premiers, qui s’étoient formés dans une liqueur graffe & fous un lit ou couche d'huile qui empêchoit la communication de l'air extérieur. ? Dans cette folution concentrée 11 matiére faline acide a végété, tant contre les parois du vaifleau, que du milieu de la pellicule, en aiguilles droites & perpendiculaires au fond de ce vaiffeau, confervant toûjours la même acidité, La terre que j'en ai féparée, foit en la précipitant par TEfprit de vin, foit en retirant l'acide par la diftillation à feu de réverbere, refte blanche, & c’eft la chaux de la leffive des Savonniers. Ayant rafflemblé trois gros ou environ de cette terre blanche, je l'ai calcinée, & j'ai refait de nouvelle chaux vive, dont une portion, humectée d’un peu d’eau, s’eft échauffée avec un petit fifement ; autre mêlée avec un peu de Sel ammoniac, en a développé dans la main l'efprit vo- latile urineux. Il paroït donc par cette expérience, qu'il y a des circonf- tances où la colomne de Facide vitriolique dans la Table des 4 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Rapports de feu M. Geoffroy femble être fujette à quelques exceptions. Dans le cas prélent, par exemple, l'acide vitrio- lique a attaqué la chaux, qu'on met au nombre des Terres abforbantes, préférablement au Sel alkali du Savon, quel qu'il fût. Sans cette préférence j'aurois dû trouver un Sel de Glauber, en cas que le Sel alkali du Savon eût été celui de la Soude, parce qu'il contient {a bafe du Sel marin; où un Tartre vitriolé, fi cet alkali eût été la Potafle. Or le contraire feroit arrivé fuivant la Table des Rapports, & felon l’expé- rience connuë de la précipitation de la terre de l'Alun par le Sel de Tartre. Il feroit difficile de rendre raifon de cette exception fans un plus grand examen ; car enfin qu’eft devenu le Sel alkali du Savon noir, puifque je n'ai trouvé aucune forte de Sel moyen ? Je pourrois répondre à cette queftion, qui s'offre naturellement, que l'acide vitriolique, qui dans l'inftant du mêlange des liqueurs avoit féparé l'huile du Savon, s'étant lié depuis avec fa chaux, auroit laïffé le Sel alkali en liberté de s'unir de nouveau avec l'huile, & de former une feconde fois un Savon liquide. Mais je ne puis donner cette folution que comme une conjecture , & je fens bien qu'il faut recom- mencer cette opération, & fuivre avec attention tous les changements qui arrivent aux matiéres que j'ai fait entrer. dans le mêlange. Mais pour cela il faudroit faire le Savon noir foi-même, afin d'être für du Sel fixe & de l’efpece de chaux dont on auroit : compofé fa lefive. Ce fera l'objet d'un autre travail : il ne s’agit dans ce Mémoire que de ce qui a quelque rapport avec fa liqueur éthérée. Cependant je ferai obferver que dans une autre expérience où j'ai fubftitué le Savon blanc bien choifi au Savon noir, j'ai eu un véritable Tartre vitriolé, accompagné d’un fédiment terreux qui, calciné, a réfiflé aux acides. Depuis j'ai répété l'expérience avec un Efprit de vin faoulé d'un Savon que j'avois fait moi-même avec le Sel de Tartre & l'huile d'Olive. L'acide vitriolique s’eft faifi de ce Sel alkali pur, j'ai eu un beau Tartre vitriolé, & point de fédiment terreux. H s'agit 1 Æ D'ESMAS CT E NTIC En se 3 + H's'agit préfentement de faire voir que l'écume noire & réfine liquide étant déja formées & prêtes à fe condenfer, elles peuvent être tellement volatilifées, que eux couleur noire difparoîtra, & que la liqueur reprendra prefque toute fa premiére limpidité. ’ | Je me fers pour cela de Vif-argent, dont je-mets quatre onces dans une Cornuë avec une livre d'Efprit de vin & demi-livre d'huile de Vitriol; je fais digérer pendant huit jours, agitant tous les jours le mêlange pour divifer le Mer- cure en globules, que je réduis à telle finefle qu'ils ne pa- roiflent plus que comme une poudre grife; alors je diftille à feu doux, j'ai de l'Efprit acide vineux bon à donner de Y'Ether, enfuite ‘une liqueur acide & d’une odeur fulfureufe capable de fuffoquer, puis une écume noire abondante qui entre fort rapidement dans le récipient; enfin une liqueur noire réfineufe. En cohobant deux fois fur le Mercure refté dans la Cornuë, tout ce qui eff paflé dans le récipient, la réfine noire s'éclaircit, la liqueur devient de plus en plus volatile, la couleur noire difparoît quand on augmente le feu, & il ne refte rien de noir dans la Cornuë qu'un petit cercle à fon col. La partie inflammable de l'Efprit de vin, qui par fon union avec l'acide vitriolique, étoit devenuë un commence- ment de Réfine, s'étant volatilifée à l'extrême, & diflipée en vapeurs fulfureufes par les jointures des vaifleaux, malgré le dut qui les fermoit, & qu'elles ont forcé de s’entr'ouvrir, le refte de l'huile de Vitriol attaqua alors le Mercure plus immé- diatement, & le réduifit en une mañe faline, blanche à l’or- NI ‘dinaire. Je pouffai le feu ; une partie de cette maffe fe fublima. Le lendemain je verfai de l’eau dans la Cornuë par le moyen d'un Entonnoir à long tube : ce qui étoit au fond devint jaune dans l'inftant ; c'étoit du urbith minéral. Mais tout ce qui étoit fublimé -blanc à la voute de la Cornuë, noircit auffi-tôt que l'eau l'eut humectée, & il s’en détacha une poudre blanche pefante, qui s'étant précipitée fur la maffe jaune du fond, me parut être, à la Loupe, une infinité de petits Men, 1739. : MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE globules de Mercure qui s’étoit fublimé, fans doute avec un refte de Réfine volatile, & fans avoir été attaqué par l'acide vitriolique, foit parce qu’il n’y avoit pas aflés de cet acide, foit parce que chaque globule étoit enveloppé d’un enduit réfineux. Ce qu'il y a de remarquable dans cette opération, eft [a diffipation totale de la Réfine demi-formée : ce qui n'arrive point dans un mélange fimple d'Efprit de vin & d'huile de Vitriol : & l’on a pu remarquer dans l'analyfe de cette Réfine, rapportée au commencement de ce Mémoire, que bien-loin de fe difiper, elle fe durcit en bitume; qu'il faut un feu de réverbere aflés vif pour en avoir l'huile qu'il contient, &un feu de calcination encore plus fort pour achever de brüler le charbon bitumineux, & en féparer la terre. Ainfi, fi avec le Mercure la Réfine fe volatilife au point de fe difliper totale- ment en vapeurs fulfureufes par les jointures des vaiffeaux, c’eft au principe fulfureux que fournit le Mercure lui-même, qu'il faut rapporter cette volatilité. Or tous les Chimiftes fçavent que quand on fait le Turbith à la maniére ordinaire, il fort de 1a Cornuë une odeur de Soufre très-pénétrante, Enfin, avec le fecours d’un intermede terreux, on a un moyen très-facile de diftiller l'Efprit acide Vineux faris aucun changement fenfible d'odeur, depuis le commencement juf- qu’à la fin de l'opération, fans qu'il foit fuivi de liqueur acide & füulfureufe, d'huile, d’écume noire, de réfine, ni de bitume, fans qu’on foit obligé de prendre de grandes précautions pour la conduite du feu, puifqu’on peut entretenir la liqueur toù- jours bouillante dans la Cornuë, & la diftiller ainfi jufqu’à fec fans aucun danger, Cet intermede eft Ja Terre glaife ordinaire des Potiers. J'en mets fix onces bien pulvérifée & bien féche dans une grande Cornuë avec une livre d'Efprit de vin, & huit onces d'huile de Vitriol. Je fais digérer pendant trois ou quatre jours ; le mélange ne prend point de teinte fenfible, je place la Cornuë fur le bain de fable d’un Athanor, & je continuë la diftillation jufqu'à fec par un feu modéré de charbon. A l'exception des premiéres gouttes qui viennent DIETSNPS AC ŒHN CIE IS 7$ d'abord, & qui ne font que de l'Efprit de vin, tout le refle de la liqueur qui diftille, a toüjours l'odeur de l'Ether, à la vérité un peu plus pénétrante que celle de l'Efprit acide Vineux fait fans cet intermede terreux. -Ce procédé a encore un avantage, c’eft qu’on peut retirer de Terre glaife une bonne partie de l'huile de Vitriol auf blanche qu'on l’a employée, ainfi qu'il fera dit dans la fuite, au lieu que par les procédés ordinaires , l'excédent de l'acide vitriolique étant noirci par la Réfine & mêlé avec un efprit fulfureux volatile, il faut laiffer évaporer tout ce fulfureux avant que de penfer à retirer l'acide, fans quoi il fe gonfle, & pañle noir par le bec de Ii Cornuë pour peu que le feu foit trop fort. - Quant à la rectification de cet Efprit acide Vineux & à la féparation de la vraye liqueur éthérée, 1e moyen que j'em- ploye eft peu différent d’un de ceux que M. Groffe à indi- qués. Je verfe cet efprit dans un Alembic de verre d'une feule piéce avec fon chapiteau. Je fais tomber deflus, par le trou qui eft au haut du chapiteau , deux ou trois fois autant d'eau de puits, la plus dure au goût, & la plus chargée de matiére gypleufe que je la puis trouver : car j'ai obfervé . qu'avec de l'eau bien pure, on a beaucoup moins d'Ether. Si VEfprit acide Vineux a une odeur fulfureufe, ce qui doit y faire foupçonner un peu trop d'acide vitriolique vo- latile, j'ajoûte à l’eau deux ou trois gros de Sel de Potafie pour - abforber cet acide, & je diftille à feu de lampe. Tant qu'il y a du véritable Ether dans le mélange, on le voit monter comme une colomne blanche, placée au milieù de Ha liqueur, & compolée d’une infinité de bulles d'air d’une petitefle prefque inconcevable. Rien ne paroït fe condenfer dans a voute du chapiteau : il refte toûjours clair, fans aue cuné humidité fenfible à Ja vüë. Les gouttes qui tombent du bec fur les paroïs du Récipient, au lieu d'y former un filet, comme le fait un Efprit de vin un peu aqueux; s’y -étendent, Jorfque c'eft du véritable Ether , de la largeur-de deux pouces &plus. Quand on voit cettetracé fe rétrécirconfidérablement k K ji 6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE il faut éteindre le feu : car ce qui vient dans la fuite fe mê- leroit à l'eau, & communiqueroit ce défaut à l'Ether qui eft déja dans le Récipient. Je furvuide cette liqueur éthérée dans une Bouteille longue, Je verfe defius une égale quantité d’eau de puits. Je fecouë la Bouteille ; la liqueur devient laiteufe, & dans l'inftant le vrai Ether fe fépare, furnage, & ne fe mêle plus à l'eau : on l'en fépare par le Siphon, & on le conferve dans un Flacon exac- tement bouché d’un bouchon de criftal. Son principal ufage, comme je lai dit dans un autre Mémoire, eft de fervir à découvrir s'il y a de l'Or dans une Mine ou dans un mélange métallique qu'on foupçonne d’en contenir. Au refte ce procédé, par l'intermede de la Terre‘glaife, ne donne pas plus de véritable Ether que celui de M.‘ du Hamel & Grofie, mais il rend l’opération plus facile, & fujette à moins de précautions. Ce n'eft pas toûjours l'extrême redification de l’Efprit de vin, qui contribuë à la quantité de cette liqueur fubtile. If faut que l'Efprit de vin foit huileux par lui-même. Le meil- leur qu'on puifle employer pour avoir le plus d’Ether qu'il eft poffible, & celui qui m'a toüjours mieux réuffi dans cette opération, eft l'Efprit de vin tiré du marc des Raïfins. On fe contentera de le bien déflegmer fur la Potaffe féche. La Terre glaife, qui étoit reftée féche dans la Cornnë, & fans avoir changé de couleur, s’eft trouvée pleine de trous profonds, arrangés , à l'exactitude près, comme ceux d'une Ruche de mouches à miel, & ayant une odeur un peu ful- fureufe. Il a fallu beaucoup d'eau chaude pour la délayer entiérement. L’ayant délayée, j'ai fait tomber le tout, terre & eau, fur un filtre de papier double. L'eau qui a pañlé de cette premiére lotion fans aucune teinte, étoit auffi acide que de l'Efprit de Vitriol, & fans aucune odeur fulfureufe. Après l'avoir parfaitement édulcorée, je l'ai fait fécher jufqu'à ce qu'elle n’eût plus d'humidité que ce que la Glaïife ordinaire en doit avoir pour être paîtriflable : mais celle-ci ne fe paîtrit . plus, dlle n'a plus d’onétuofité, & paroît prefque auffi friable DES SCIENCES. 77: qu'un fable humeété. Ce qui lui donnoit cette ténacité, qui la rend propre à tant d'ufages, a été enlevé par l'acide vitrio- lique, & je le retrouve dans cet acide, J'ai mis de cette Glaife dans un Creufet que j'ai tenu dans un feu violent pendant une heure, je n'ai point apperçû d'odeur fulfureufe. Enfin le Creufet commençant à fe vitri- fier, je l'ai retiré du feu : la terre y étoit reftée friable, & n'avoit que foiblement changé de couleur, au lieu qu’une Glaife neuve, traitée de même, prend corps au feu, durcit & rougit. Mais celle qui a fervi dans cette opération ne peut rougir, parce qu'elle ne contient plus de parties ferrugineufes qui puifient fe réduire en Crocus : elles ont été enlevées auf par l'acide vitriolique. Cette terre calcinée réfifte à tous les acides, preuve qu’elle a retenu ou fon acide naturel ou une portion de acide vitriolique de opération. Pour rendre cette preuve encore plus convaincante, j'en ai broyé deux parties avec une partie de charbon de bois ; je l'ai calcinée de nouveau, & j'ai fenti une odeur d'#epar fort pénétrante ; ce qui-ne feroit pas arrivé, s’il n’y avoit pas eu un acide vitriolique caché dans cette terre, J'ai mis dans une Cornuë toute Feau acide des Lotions pour la concentrer, & en avoir l'huile de Vitriol. Après que tout le fleome en a été féparé par la diftillation, la liqueur qui refloit dans ce vaifleau eft devenuë verdâtre ; marque certaine qu'elle tenoit une portion de Fer en diflolution. Quelques affaires m’ayant obligé de laiffer éteindre le feu, je trouvai le foir que la liqueur étoit congelée dans la Cornuë en une mafle de Sel blanc, modérément compacte, à peu- près comme un Fromage glacé. Ce Sel congelé, qui ne peut pas être mis au rang des Sels neutres, puifqu'’il eft au moins auffi acide que de l'Efprit de Vitriol ordinaire, fe refond en liqueur limpide & verdätre, quand on lui rend un degré de chaleur fufffant. Lorfque cette liqueur acide a été concentrée à un certain point, elle pañle dans le Récipient avec une partie.de fa bafe terreufe , & s’y congele de nouveau, comme feroit un Beurre d'Antimoine; & je la nommerois volontiers K ii 58 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYyALE Beurre d'Alun, fi j'étois bien aflüré que fans addition d'aucune autre terre, elle en donnât par la fuite; mais les indices que j'en ai jufqu'à préfent, ne font pas encore fuffifants pour me déterminer. De plus cette même bafe terreufe fe fublime en fleurs blanches, quand ce qui refte dans la Cornuë com- mence à fe deflécher. J'ai verfé une autre partie de cette congélation acide, liquéfiée par la chaleur, dans une Capfule de verre que j'avois bien fait chauffer auparavant, afin que le refroidiffement de la liqueur füt plus lent, & que j'eufle le temps d'examiner à 11 Loupe de quelle maniére elle fe congele. D'abord que la liqueur a commencé à fe refroidir, il s'eft formé des Criftaux en molettes d'éperons ; & ces Criftaux fe font fi fort multi- pliés en un quart d'heure, que toute la liqueur eft dévenuë une mafle faline, qui a diminué confidérablement de volume par cette congélation. Je n'ai pu trouver d'autres moyens de connoître la figure des Criftaux de ce Sel fufible, J'ai depuis fix mois dans un grand Verre environ quatre onces de fa liqueur à demi-concentrée, qui n'a pu fe criftallifer dans les jours de gelée de l'Hiver dernier. Si je l'évapore davantage, elle reprend de l'humidité de Fair, ce qu’il lui faut de flegme pour refter liquide, & par conféquent ne criflallife point. L’Efprit de vin qui dans beaucoup de cas facilite & accélere Ja criftallifation de certains Sels, ne fert de rien ici. Cependant un morceau de Verre qui m’avoit fervi plu- fieurs fois à enlever de cette congélation acide, dans le vaif- feau où je la conferve, en étant refté un peu couvert, & ayant demeuré deux ou trois mois expofé à l'air, où il s’eft humecté & defléché plufieurs fois, j'y ai trouvé des Végé- tations alumineufes & de petits Criftaux qui avoient la figure & le goût de l'Alun. Voilà le feul indice que j'ai, quant à préfent, de ce Sel. J'ai mis de cette congélation en expérience dans un vaifleau plat; & comme on fçait par les expériences que M. Geoffroy à rapportées en 1724 &en1728, qu'il faut un temps confidérable pour imiter Ÿ Alun par le moyen de l'acide vitriolique & d’une terre convenable, j'attendsque À De quer L rt DES SCHENCES. 79 V'air ait fuffifamment agi pour fçavoir fi j'aurai de l’Alun ou de la Sélénite. La diftillation au feu de xéverbere le plus fort, n’enleve pas à la terre qui fait la bafe de cette congélation, tout l'acide qu'elle contient. Une partie de cet acide s’y concentre de telle maniére, que la calcination à feu de forge ne peut d'en chaffer. J'ai calciné de cette terre jufqu’à la vitrification du Creufet: elle y a pris la couleur d'un tripoli commun, ayant dans quelques endroits des taches rouges de colcothar, marque qu'on retrouve dans ce Sel fufible le Fer qui étoit précédemment dans la Glaife, & qui a été diffous par l'huile de Vitriol, aufli-bien que la terre blanche que ce même acide a prife pour fa bafe. Cette terre calcinée n’étant point alkaline ou abforbante, aucun acide, pas même l'huile de Vitriol, ne da diflout. > 5 © Mais fi au lieu de diftiller le Sel fufible, on le diffout dans : beaucoup d'eau, & fi on en précipite la terre par l'huile de Tartre, comme on précipite ordinairement la terre de l’Alun, on a alors une terre abforbante. Après qu'elle a été exaéte- ment édulcorée par plufieurs lotions d’eau chaude, & qu'on Y'a laiflée fécher à demi fur le filtre, elle refte grafle & douce au toucher, fe prend à la langue comme un bol, fe paîtrit & s'attache aux doigts comme une Glaife bien choife, Et il femble qu'on pourroit conclurre de cette expérience, que fans cette efpece de bol, la terre des Potiers n’auroit aucune liaifon, & leur deviendroit inutile, puifqu'elle refte friable quand cette terre blanche lui eft enlevée. 1 Cette terre ainfi précipitée, fe diflout dans tous les acides. Avec l’'Efprit de Nitre il fe fait une efpece de Gelée, :& le Fer qu'elle contient, fe précipite en rouille, parce qu’il a été précédemment diflous par l'acide vitriolique. | "1 L'Efprit de Sel, qui a diflous de cette terre jufqu'à fatiété, conferve fa couleur jaune, fa limpidité, & prefque toute fon acidité. Si je verfe deflus de l'huile de Vitriol, il ne la pré- cipite point, comme il précipite la terre de cette liqueur, que des Chiiftes ont nommée Huile de Chaux, & qui eft l'acide St [24% 8o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE du Sel marin faoulé de la chaux, dont on s’eft fervi comme intermede dans la diftillation de l'Efprit volatile de Sel ammo- niac. Quand j'ajoûte de la même terre au mélange de ces deux"acides jufqu'à ce qu'ils refufent d’en difloudre, & que je fais évaporer cette diflolution jufqu'à ficcité, alors en ver- fant de l'eau pour rediffoudre ce mélange, la terre fe préci- pite, non en coagulum paîtriflable comme celle de l'huile de chaux, mais en poudre fort fine : & cette terre ayant repris dans cette expérience d'acide vitriolique que l'huile de Tartre Jui avoit enlevé dans la premiére précipitation, elle rede- vient indifloluble à tous les acides. Seule, & fans autre préparation que d’avoir été précipitée par le Sel de Tartre, elle ne développe point l'efprit urineux du Sel ammoniac, quand an broye ce Sel avec elle, même en les humectant un peu ; au lieu que fa Chaux éteinte à l'air, étant broyée avec le même Sel, en fait élever une odeur uri- neufe : la Craye fait la même chofe, mais moins vite & moins fenfiblement que la Chaux éteinte. | Cette même terre ayant. été calcinée pendant une heure à feu de forge le plus fort, y a pris une teinte rougeître, mais elle n’eft point devenuë chaux, au contraire elle eft reftée indiffoluble dans tous les acides, hors dans celui du Sel marin qui l'attaque à la longue , mais foiblement. Dans le cas préfent , on ne peut pas attribuer cette réfiftance aux acides, à ‘un acide vitriolique concentré comme dans les cas précédents, puifqu'il avoit été enlevé par le Sel de Tartre qui a précipité cette terre : il faut donc la rapporter à un commencement de vitrification ; d’ailleurs cette indiflolubilité eft commune à tous les bols qui ont été violemment calcinés. On exige vraifemblablement , qu'avant de finir ce Mé- moire, je dife pourquoi dans le procédé de l'Ether, par l'in- termede de la Terre glaife, il n’y a ni liqueur acide fenfi-’ blement fulfureufe, ni huile jaune ou verdâtre, ni écume noire, ni réfine, ni bitume, comme dans tous les procédés dont j'ai parlé. J'avouë qu’il me paroït extrêmement difficile de trouver la véritable raifon de cette différence, & que je devrois 10 DIE SMS ICT EUNI-C Es 1h 8% devroïis me contenter de la fingularité du fait, fans chercher quelle en eft la caufe. Je vais rifquer cependant quelques conjectures. 1.” On pourroit foupçonner que la Glaife abforbe Les _ Soufres à mefure qu'ils fe forment dans la Cornuë pendant j: l'opération , & que c’eft même une de {es propriétés, puifque c'eft au milieu de ces fortes de terres grafles & tenaces que fe forment, ou au moins qu'on trouve formées les Pyrites, qui, comme on l'a appris par lanalyfe chimique, font un compofé de Soufre, de Vitriol ordinairement ferrugineux, & d'Alun. Mais quand on fuppoferoit que les Pyrites fe fuflent formées dans la Glaife, cela ne fuffiroit pas pour fatis- faire à la queftion préfente. Car fi ma Glaife avoit abforbé la réfine à mefure qu’elle fe formoit, j'en aurois dû retrouver . quelque indice : cependant, à la réferve d’une odeur fulfu- reufe volatile, qui fe diffipa bien vite quand j'eus démonté Les vaifleaux, je n'ai rien eu qui dénotit la préfence actuelle . d'une Réfine qui eût commencé à fe former, puifque l'eau des lotions, qui emmena avec elle l'acide vitriolique refté dans la Glaife après a diftillation de la liqueur qui contenoit TEther, pañla par le filtre, limpide, fans teinte & fans aucune odeur de foufre ni de bitume. Or tous les Chimiftes fçavent “ quela plus petite portion de matiére graffe fuffit pour teindre en noir, ou tout au moins en rouge, une aflés grande quan- tité d'acide vitriolique. Si après la concentration de cette … liqueur filtrée, il a paru une teinte verdâtre, on doit attri- … buer cette couleur, ainfi que je l'ai déja dit, à la petite por- tion de Fer que l'acide vitriolique avoit trouvé à diffoudre dans la Glaife : la diffolution de ce métal par cet acide étant toüjours verte, fur-tout quand elle eft nouvellement faite. … 2. On pourroit dire aufli que pendant l'ébullition de la . liqueur, qui dure, même à petit feu, jufqu'à la fin de l’opé- _ ration, les parties de cette terre voltigeantes dans le liquide . en mouvement, fe trouvent à tout inftant placées entre celles . de l'acide vitriolique & celles de la matiére inflammable » de l'Efprit de vin, qui fans un contact immédiat & non Mem. 1739 | SON 82 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE interrompu, ne peuvent s'unir aflés intimement pour com- pofer la Réfine, puifque dans les autres procédés elle ne com- mence à paroître que quand les parties acides & huileufes fe trouvent fuffifamment rapprochées vers la fin de la difti- lation. Enfin ce qui me paroît plus fimple & plus fatisfaifant que les deux conjeétures précédentes, c’eft de dire que la portion la plus volatile de l'huile de Vitriol fe joint au principe in- Hammable de l'Efprit de vin ; que de cette union, il en ré- fulte la liqueur éthérée ; ou, fi l'on veut, que ce même prin- cipe inflammable volatilife une portion de Facide vitriolique, &. pafle tout entier dans le Récipient avec cet acide qu'il s’eft approprié, & qu'alors le refte plus groffier du même acide portant fon action fur cette terre ou bol difloluble qu'il trouve dans la Glaife, il cefle d’agir fur le principe inflam- mable de l’'Efprit de vin; que par conféquent n’y ayant plus de combinaifon immédiate & continuë de ces deux fubftances, if n’en peut réfulter ni réfine ni bitume. Outre la découverte de cette terre, qui donne vraifem- blablement à la Glaife les propriétés qu’on lui connoît, de fe hifler paîtrir, de prendre telle forme qu'on veut, & de fe durcir au feu, les autres obfervations que j'ai rapportées dans ce Mémoire, confirment encore, comme je l'ai dit plus haut, tout ce que M.'s Homberg, Lémery, Stahl, Hoffmann, Teichmeyer & plufieurs autres ont publié pour expliquer la formation des Soufres & des Bitumes. On y a vû qu'ils exiftent artificiellement fous différentes formes, felon la pro- portion & le choix des matiéres inflammables qu'on unit à l'acide vitriolique ; que fr on détourne lation immédiate de cet acide, en lui préfentant des corps qu'il puifle attaquer comme diflolvant, on empêche, au moins en partie, la géné- ration de ces concrétions inflammables. T'outes ces obferva- tions font voir de quelle utilité peut être la Chimie pour dé- couvrir le fecret des produétions de la Nature, & fi ce ne feroit pas une efpece d'injuftice de lui reprocher quelques manques d'imitation. L'art qui peut faire des Bitumes, des | DES SCIENCE s. 8 Huiles minérales, des Soufres, des Vitriols, de l Alun , du Cinabre, femblables aux naturels ; régénérer des Sels, revi- vifier des Chaux métalliques, imiter le Tonnerre, les Trem- blements de terre, les Feux foûterrains, pourra bien parvenir à former des Pyrites, des Pétrifications, &c. I ne faut que des expériences & du temps. On a déja l'exemple de 1 pofhbilité d'une Pétrification imitée dans l'expérience de M. Bazin, Correfpondant de cette Académie, dont M. de Reau- mur fit part à la Compagnie il y a trois mois ou environ. ——————————nnennes SUITE D'UN MEMOIRE Donné en 1733, Qui a pour titre: DÉTERMINATION GÉOMÉTRIQUE DE LA PERPENDICULAIRE À LA MÉRIDIENNE, dc. . Par M. CLAIRAUT. ‘4 D’ s Ie Mémoire que je donnai en 1 733; à l’occafion de la Perpendiculaire à la Méridienne tracée par M. Caffini, depuis Paris jufqu'à S.: Malo, je fis voir par la defcription decette ligne, qu’elle étoit une Courbe à double -courbûre, dans Ja fuppofition où la Terre n’eft pas parfaite- ment ronde. Je démontrai en même temps que fà propriété effentielle étoit d’être la ligne la plus courte entre deux de fes points quelconques, & par cette propriété, je trouvai une Equation qui exprimoit fa nature, & qui apprenoit à la décrire fur un Sphéroïde donné, ou, ce qui revient au même, qui donnoit une relation entre {a longitude & a latitude de tous les points de cette ligne. Comme la théorie que je donnai alors, eft affés difficile à mettre en pratique, & que cette matiére a été rappellée v depuis peu à l'Académie, je me fuis propofé de fimplifier les opérations de calcul. Pour y parvenir, j'ai fuppofé que Li 15 Mai 1739e 84 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la Terre étoit un Sphéroïde qui difére peu d’une Sphere, & après avoir réfolu une Equation d’une nature aflés fingu- lire, je fuis arrivé à des formules fort aifées à employer, qu'on trouvera dans ce Mémoire. On y trouvera auffi un calcul de la Perpendiculaire à fa Méridienne, en fuppofant que cette ligne, au lieu d'être la ligne à double courbüre qui eft la plus courte entre deux de fes points quelconques, foit l'Ellipfe qui donne la feétion du Sphéroïde par le plan du premier vertical. Par ces calculs, on verra que ces deux lignes ne s’écartent pas fenfiblement lune de fautre dans une petite étenduë, telle que celle de Paris à S.t Malo, ou à Strafbourg, & on le verra d’une maniére bien füre, puifqu’on fçaura précifé- ment la quantité dont elles s’écartent dans tout leur cours. Quoiqu’on eût pu s’aflürer autrement de cette vérité, & fe contenter de calculer les Perpendiculaires à la Méridienne, tracées par M." Caffini, comme fi elles étoient des Ellipfes, j'ai cru qu'on me fçauroit gré d'avoir donné la méthode qui prenoit la queftion dans toute fa rigueur, fur-tout lorfque les calculs n'en font pas plus longs. L Suppofons que PA re- BP préfente l'Ellipfe dont la révo- | lution autour de l'axe PC a formé la Terre, & que 4 M foit la Perpendiculaire à a Mridienne de Paris, tracée par M. Caffini, ou toute autre ligne qu’on voudra, tracée de la même maniére; nous aurons pour l'Equation de cette Courbe, fuivant ce que nous avons enfeigné dans le Volume de l'année 1733, page 412, PRE pmdtvV(i+it) point M, c'eft-à-dire, l'angle 4 PM enfermé entre les Méridiens 4 P & PM, r exprimant la tangente du com- plément de la latitude de 1, p la tangente du complément GC , x exprimant la longitude du Re TT ORPIUE Pre | Lt ARE er! Ÿ DES SCIENCES. 85! _ de la latitude de À, 7 le demi-axe, & —* le rayon de Equateur. II. Pour fçavoir ce que cette Equation devient, fi # différe très-peu de l'unité, foit == 1 —«, nous ferons ainfi le calcul. Suppofons que w varie & augmente de 4m, nous aurons gi pmdtv(r Hu AA, pdtv{i-tt) ttdm T7 sr mm) V{rr—pp) tr V(tt—pp) FX 21 (mm+rr)= dans laquelle il faut mettre 1 pour #, & — à pour 4»; pdt ptdr “ Vpn) np. (i+t)" V(tt—pp) t nous aurons donc 4x — dont l'intégrale eft x — l'angle dont le finus eft V(tt—pp) VOo+t © ARUBA EE Pvrrn* l'angle dont le finus ef PROBLEME I. IT. L'angle APM, ou la longitude du lieu M étant donée; trouver la latitude du même lieu ! SOLUTION. La queftion fe réduit à trouver la valeur de ; en x dans j 28 g dr . patdt Equation x —/— 7 ff ? J dy Vlr pr) Au) arr) Pour la trouver, nous fçavons que 7 différe très-peu de ce qu'il feroit, fi & étoit zero, c’eft-à-dire, fi le Sphéroïde étoit une Sphere, aïnfi nous mettrons au lieu de x, r +47; & dr fera l'inconnu, lEquation précédente fe changera AASEPR pat pd aprdr par en x = f——— #0 2 Pa tV{(tt—pp} sv(tt—pp) J'G+tr) V(r—pp} pardr , dans laquelle je néglige le dernier terme, à caufe qu'on y trouve à a fois & & dt, qui font tous les deux dés quantités infmiment petites. “ Suppofint enfüite que s foit le finus de Ja longitude x; L ii 36 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE j'écris ainfi l'Equation précédente, __" AX{(r=pr) pa v{rt—pp) pdt AA 1 red eme qu ÉvV{tt—pp}) où le figne À veut dire l'Angle dont la quantité, qui eft auprès, eft le Sinus. Suppofant à préfent LE = | #2: EEE. c'eft-à-dire, prenant pour { ce qu'il feroit fi a Terre étoit Sphérique, on v(tt—pp) É aura S = Le: ÿ} d'où lon tire 1— —?., 7 V{i—5ss) 3 , fui re V{tt—pp) pdt L'onanaienthte "1420 V(i+pp/ v{i+tr) tv(tt—pp} Vit— pp en at V{rt—pp}) JA Pr) _ de —0o, oudt = Re V(i+pr) V{t+r) ? TLHETTES atv(tt—pp}) APR) EG arts 15 irc x V(i+pp) VO +) site vip) Vi +) qui exprime le petit angle qu'il e faut retrancher de la latitude du lieu A1, calculée premié- rement en fuppofant la Terre ronde, afin d’avoir la latitude du même lieu, la Terre étant un Elliploïde. Nous prenons ici la Terre pour un Sphéroïde applati, dont l'Equateur furpañle l’'Axe dans Ja raïfon de & à 1. Si l'on vouloit faire les mêmes calculs pourunSphéroïde allongé, on n'auroit qu'à mettre —%, au lieu de &. Voici un petit détail néceffaire pour employer l'expreflion précédente, c'eft-à-dire, une efpece de récapitulation de notre Probleme. s, fmus de {a longitude donnée, ou de angle 4 PAZ p, tangente de Ia diftance de À au pole. L = 9, finus de la latitude de A. vai+rp/ DES SCIENCES.s 87 seen) —1, tangente de Ia diflance de 44 au pole, fi la Terre étoit Sphérique. t FENTE æ, excès de l'Equateur fur Axe. as qu u Aus —=dÀ, où quantité qu’il faut retrancher du nombre de degrés trouvé premiérement pour PM, pour avoir le vrai. On fe reffouviendra que À veut dire lAngle, dont la quantité qui eft auprès, eft le Sinus. Pour rendre l'opération précédente plus claire, nous allons donner un exemple. IV. Soit la Terre un Sphéroïde applati vers les Poles, dont l’Equateur furpaffe l'Axe de +=, ce qui ne différe pas beaucoup de ce que nous avons trouvé par la mefure du degré au Cercle Polaire. a fera g, finus de la fatitude de À, fera le finus de la atitude de Paris, ou de 49°. P, la tangente de 41°. . Suppofons préfentement qu'on ait parcouru fur la Perpen- diculaire à la Méridienne un arc À /Z, tel que la longitude de M foit de 8°. s fera donc le finus de 8°. V{i—ss), ou le fmus du complément, fera le finus de 8 2°. Cela pofé Log. p, Tang. 41°... 99391631. Log. v/1—55), Sinus 82°... 99957528. Ne ls. 99434i03, . quidonne41° 17" pour la latitude du lieu #7, en fuppofant _ Terre ronde. Log. #, finus de l'angle dont la tangente eft r...... 98194012. Log. s, finus de 8° longitude... “91435553. Log. SUororssosrsssessssses ÆR89629565, finus de cette même diftance. 88 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ou finus de l'angle exprimé dans notre formule par A5su, d'où cet angle eft de 5° 16’. Log. 54... ...… 89629565. Op Une eee e due de es 98194012. Log. g, ou finus de 49°. : « « 98777799. Log. de gsuu. .. . 486601376, par rapport au rayon des Tables. IL faudroit enfuite retrancher 100000000 du Loga- rithme précédent, pour avoir le véritable Logarithme de gsuu, lorfque le rayon eft 1. Au lieu de cette opération, je retranche feulement $ du premier chiffre, & je cherche dans la Table des Logarithmes, des nombres naturels à quoi répond 36601376, & je trouve 4572, qui étant divifé ar 100000, à caufe des cinq chiffres retranchés, donne 4572 pour la valeur de gsuu, Multipliant donc ce nombre par 5° 16’, ou 316", ou 18960", & le divifant par 100, à caufe de a =, on aura environ 8"+ pour dA, c'efl-à-dire, que la latitude du point #1 fur fe Sphéroïde applati dont l'Équateur furpaffe l'axe de 2, fera de 8"+ plus petite que fur la Sphere. V. Si l'on veut fçavoir ce que JA devient lorfques = 1, ceft-à-dire, lorfque la Perpendiculaire à la Méridienne a rencontré le Méridien qui fait un angle droit avec celui d’où Yon eft parti, l'on aura Ÿ{/1—55)—=0, 1—00, = 1. Donc d1—=«gD. D fignifrant l'angle droit. Si l'on met dans cette valeur pour 4 le finus de 49°, & pOur &, 535 On aura #7 x 90, ou 40° 45" pour la quantité dont la latitude du point 44 fera plus petite fur le Sphéroïde que fur la Sphere. PROBLEME , - apm ait pour finus s, finus de {a fongi- DE Si MS ec A ÀE NC :E 6 _ 89. PROBLEME Il. Suppoons prefentement que YA AM joit l'Ellipfe qui eft la Jection du Sphéroïde par un plan élevé perpendiculairement Jur la droite À c perpendicu- laire à l’Ellipfe en A. On demande la latitude du point M, borfque [a longitude (ceft-à-dire, l'angle APM) eff donnée. - VI Je divife la queftion en ces deux-ci. 1." Trouver Fangle 47cP que fait avec l'axe PC, la ligne Ac, dans laquelle le plan À 41e rencontre le plan M PC. L __2.° L’Ellipfe où Méri- dien de la Terre: LA M étant donnée avec fon cen- tre C, le point À, & la Perpendiculaire Ac à ce point ; trouver la latitude du point 47, telle que la droite c M fafle un angle donné avec PC, Pour réfoudre fe premier de ces Problemes, j'imagine le Triangle fphérique rec- JOLY 1 tangle pam, dont ap ait pour tangente p, & dont l'angle c tude donnée, & je cherche lhypothénufe pm, mefure de l'angle pcm. EC Par les préceptes de fa Trigonométrie ON fphérique, on aura modo fa tan- das cu Te gente cherchée de l'angle pom où PeM (Fig précédente.) Mem, 173 9: M 90 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Venons préfentement à la feconde queftion. Soient toûjours CP=1, le rayon de l'Equateur CE DS ELLE CEPETEEE Li ae la tangente du complément de la latitude de À, —=p; celle du com- plément de la latitude de M,=t; par la page 412, E du volume de 1733, on aura À Q — CITES TTE p+mm) ? & par conféquent Qc — SE — Æ mv(pp+um) ? ce — nl CN CR V(pp+ mm) f 7 my(pp+mm) d F, ni NET = ————— = ————, d'où aura MR mV(rt+ mm) &CR V{tt+ mm)” où l'on R mi 1 — mm (M NT ARBRE V{it#-mm) A mV(pp+mm) ' Préfentement l'angle Ac R étant donné par fa tangente HE 8 v{i—5ss) Fe m 1—"mm P » nous aurons cette proportion EE mvV(tt+mm) vV(rt+mm) mv(pp +mm) V{i—55s) L L— 71m P É ——— 1m) 1 ——> 15, où! £+ MM V{ttmm) ag 058 qui fera trouver l’inconnuë 7. Si on fuppofe préfentement, comme nous avons fait déja, que M1 —«, la proportion précédente fe changera en . ! NOR V IT Ir) P 3 r—X EE :: ——— è N AK vi+rr) .Y(i— ss) : 1, en négligeant les termés qui font de l'ordre de &°. Nous mettrons préfentéement#-+-47, au lieu der, & nous préndrons pour £ ce qu'il feroit fr le Sphéroïde étoit une D'ENS SC 1'E N CE 6. gx Sphere, c'eft-à-dire, que nous ferons 1—= Ce Nous aurons donc f + dt 2zæv(1+1t) VO +pr) se #4: 1, dans laquelle il n'y a d'inconnuë que dt, qui fera par conféquent — 2atv(itt). VAi+rr) ? 2 I—2a@ —- M NS vo 2æ7 2at 1—-rt V(s+pp) “(i+rr) ou en fe fervant des mêmes dénominations que ci-deffus, dt d'où l'on aura 7h, ou — — — 1+tt 2@uI FN — + 2a44q, qui exprime le petit angle, dont la latitude du point AZ, calculée d’après la fuppofition de la Terre fphérique, diminuë lorfqu'elle eft un Sphéroïde applati, dont l'Equateur eft à Axe, comme 1 + @ à 1. VIT. Pour faire une application de cette méthode, nous prendions le même exemple que ci-deflus, c'eft-à-dire, que nous ferons & — 45, g.— le finus de 40° ; nous aurons donc par conféquent toüjours pour le logarithme. de #, 99434103,quieft Ja tangente de 41° 17"environ. Quant au logarithme de #, nous pourrions prendre comme ci-deflus, 93194012, qui eft le logarithme .du finus de 41° 17°. Maïs pour plus d’exaétitude, ce quieft un peu plus néceflaire dans ce cas-ci, nous prendrons 9 8193 5 19, qui eft le finus répondant à la tangente, 99434103. Nous aurons donc, Logarit. uu .... 196387038 Logarit. ...... 99434103 Logarit. —. . 96952935 ai 8 Donc— — 479 ue 10900 : M à 92 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Logarit. g..... 98777799 Logarit. #..... 98193519 Logarit. gu.... 196971318 Donc gu — 492, 10000 # 21 24uH Donc— + qu— ———, Donc — —— + 2quæ t 10000 r —#_, lorfque le rayon eft 1, & 420 pour le rayon 100000 des Tables; mais alors le finus ou l'arc d’une minute vaut 2909. Prenant donc la même partie de 1° que 420 eft de 2909, on a 8"+ environ pour fa quantité dont la lati- tude du lieu 47 fur le Sphéroïde, eft plus petite fur le Sphé- roïde que fur la Sphere. VIIL Si l’on fuppofe préfentement que sr, c'eft-à-dire, que la Perpendiculaire à la Méridienne fuppofée une Ellipte, foit arrivée au Méridien qui eft à 90 degrés du Méridien d’où elle eft partie, lexpreffion — 2% + 2 qua fe réduira à 27@; fi lon met donc pour &, 2, & pour g, 7547, qui eft le finus de 49°, on aura 15224 pour la 1000000 valeur de 4 À, en fuppofant le rayon 1 ; & en prenant le rayon des Tables, on aura 1 50940 pour la valeur de cet angle. Mais on fçait que 2909 eft la valeur d’une minute ou environ ; divifant donc ce nombre par 2909, on aura si” 53" pour la quantité, dont Ia latitude du lieu 77 eft plus petite que dans la Sphere. TX. Si l’on fe rappelle préfentement ce que nous avons dit dans l'article V, où nous avons trouvé 40"45" pour la même différence, lorfque l'on prend la véritable Perpendi- culaire à la Méridienne, on verra que cette Courbe paile 11° 8" plus près du Pole que l'Ellipfe, qui eft la fection par le premier verticak, ou, ce qui eft la même chofe, que l Perpendiculaire à la Méridienne s'écarte du même plan de: x1°18" après 90° de longitude, DIEXSU:S CE E N°iGE 93 PROBLEME IIl. X. La latitude d'un lien quelconque M étant donnée, trouver la longueur de l'arc AM. On fe rappellera que la TU valeur du petit arc Am, élé- ment de la Courbe AA, a été trouvée page 41 1 du Vo- Jume de 1733, 22% , a & y étant les ordonnées de EI lipfe aux points À & 4. F. Mettant dans cette valeur pour 3 & pour a leurs valeurs (page 412), on aura pour A», div EEE 2 dont Y'intégrale fera la valeur de EL (tt+ mm)? vV(tt—pr) Yarc À M. Pour appliquer cette valeur au Sphéroïde qui différe in- finiment peu d’une Sphere, nous mettrons comme ci-deffus, 1 — à, au lieu de 1, & la valeur de A! fera tdtV(1+pp) tdr Vért—pr) x (tt+1) paf V{it—pp) x (tt+ 1) f atdrv(1 + pp) Ré) premieres Comme on fçait par la Trigonométrie fPhérique, que fi & étoit zero, c'eft-à-dire, fi a Terre étoit ronde, cette ; £ s | tdtV(1+pr) valeur de AM, qui feroit RE 5 expri- Vip) v(i+r1) quantité égale à 7 pour abréger le calcul, l'expreffion pré- dt ‘ a dz HER TU) a+ vit a dirt) av dr mr 1 nre res Pr+: ÿ où f——* 42) En 2499 Vox) + iagqr Vi — 12), valeur de l'arc A4, fort aïfée à mettre en pratique meroit Farc dont le finus eft . Soit fait cette cédente fe changera en 94 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE PROBLEME I V. La longueur d'un arc AM de la Perpendiculaire à la Méri- dienne, étant donnée, trouver la latitude du lieu M. On convertira premiére- ment la longueur donnée pour l'arc À M1 en degrés & minu- tes du cercle dont le rayon eft le demi-axe du Sphéroïde. Cette opération ne peut ren- fermer aucune difficulté, puif- qu'auffi-tôt que le Sphéroïde c eft connu, la longueur de l'axe eft donnée en toiïfes, & par conféquent la fongueur des degrés du cercle dont l'axe eft le diametre. Et fi Von n'avoit pas pris la peine de calculer l'axe en toifes, mais que l'on ne connût que le rapport de l'axe à l'Equateur & la longueur du degré de latitude en À, trouvée, par exemple, de $7060 toifes, on commenceroit par chercher lexpreffion du rayon R de la courbüre en À, ce qui «ft fort facile, puifque fon nm -e expreflion générale eft - [i+-(mm—3) ss] ? de la latitude) ; & l'on diroit À : 1 :: 57060 toiles font au degré du cercle dont l'axe eft le diametre. Suppofons que z foit le finus de Parc de cercle du rayon 1, égal à l'arc AAZ, nous aurons l'Equation Se LEURS Es LE z 4 Fe z4gq Vic) —+2ta«ggq (1 — 7) 2 f- En nl dans laquelle il faudra trouver la valeur (s fignifiant le fnus de 7 en . Pour cela, comme nous fçavons que 7 ne différe que très- peu de #, à caufe que « eft fort petit, mettons # + du au lieu de 7, & du fera l'inconnuë. L'Equation précédente fe j ; d d changera donc en fée ont nee 7 Hd 94 hrs D'EsNIS dt ENér sr M Je ERP Te à ai ut) = fe — à | some ERTT TJ V(i—uu) ? s caufe qu'on néglige les termes où feroient & & du. # Li] d En réduifant, on aura — —"" 1, qq FAR à vi —uu < Wi—uu) + La uqgqV{(1—uu), dans laquelle il eft aifé d’avoir du. . , . . 74 Mais comme c’eft le petit changement de fa latitude — LS mi 2 que nous cherchons, il faut reprendre Equation v(tt—pp) : dt td? udu PR. UI do ne QU = — Va Her) tr 4 114 ET t.(i—uu)* à caufe que 7 & # peuvent être pris pour les mêmes dans cette occafion. dr d Nous aurons donc —da—=— - ST 2 É é l— y 1 +aqqu aqgquu ET nn TE Ur EX- si t V(1—uu) t V{1—uu) t lie x primer le petit angle qu'il faudra retrancher de la latitude du lieu A7, calculée d'après la fuppofition de la Terre fphé- rique, afin d’avoir fa vraye latitude. Pour employer cette expreflion, on commencera par Fabréger, en mettant S au lieu de , où de Îa tan- u V(i—uu) gente de angle dont le fnus eft #, & on aura ag . Sdqqun TA u + Nous montrerons l'application de cette formule par ur exemple. Soit fuppofé pour cela que la diftance de À au Pole foit de 41°, & que la longueur 4 47 de la Perpendiculaire à la Méridienne foit égale à 8 degrés du cercle qui a pour diametre l'axe de la Terre. On commencera par trouver Ja diftance de 4 au Pole, en fuppofant la Terre fphérique, ce qui fe fera en calculant Fhypothénufe d'un Triangle fphérique rectangle, dont les: deux côtés font de 41°, & de 8°. g, fmus 49°, latitude de À. #, tang. 41° 38", diftance de 47 au Pole, calculée par [a longueur de AY, en fuppofant la Terre fphérique, 96 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE u, finus 8°. S, tang. 8°. Au—=8°—28800". AZ Logarit. gg. 1975555938 Logait, uu... 182871106 380426704 Logarit. 1..... 90488443 4809382617 44 — 1 100000 t sqauuæ 186: Donc Logarit S — 91478025 Logarit. gg ++. 1975555598 a NS t 10000000 Q 2890330623 Logarit. f..... 00488443 9006 __ qgg® 2895451801... ee = 1a4qq® ___ 4503 Donc { Fa 10000000 Lagq® 8800” Donc 2222 4 y = 5H — 127,9 t 10000000 < I faut préfentement réduire en fecondes la valeur 186x 2 +qquuc — que nous avons trouvée pour , afin de —— 10000000 LA pouvoir 'ajoûter à 12",9 que nous venons de trouver TEL : 12 Au. Pour cela, on fera cette analogie, pour : 2909 : 60"::1 GAS RES nf) VE caufe que l'on fçait que le rayon étant 10000000, la valeur du finus ou de Farc d’une minute eft 2909. :_ Ajoûtant donc 31”,5 avec 12”,9, on aura 44",4 pour retrancher de la latitude du lieu 47, calculée d’après hypo- thefe que la Terre eft fphérique, afin d’avoir fa véritable Jati- tude dans le Sphéroïde dont l'Equateur furpañfe l'axe de SUR D ES 48 C1.E :N: CE 97. SU RUE, Lo 0, Li OV AL SECOND MEMOBRE Dans lequel on fait voir qu'on ignore le premier cr le principal ufage du Trou ovale, cr de quelques autres parlies qui ne fe trouvent ; ou qui n'ont de fontlion indi{penfablement néceffaire que dans le Fœtus ; Que Ji ce premier ufage du Trou ovale n'eût pas tant rad Je faire connoître , il eût prévenu & empéché toutes les conteftations qui fe font élevées à la fin du dernier Siécle, 7 dans celui-ci entre de célèbres Anatomiftes de cette Académie à de l'Europe, fur la Circulation du Sang dans le Fœtus : Qu'enfin il y a lieu de croire que la découverte de ce premier: ufage, dont on va faire part à d'Aradémie, terminera toutes ces conteflations, €7 décidera la queflion qui y a donné lieu, Par M. LÉMERY. C: qui a empêché jufqu'ici de diftinguer & de reconnoitre le premier & le principal ufage de ces parties, c'eft qu'on les a tobjours confidérées eds le temps que la circu- lation du fang y étoit toute établie, & qu'on ne s'eft pas ais à portée de découvrir l'utilité particuliére & Îa néceffité indifpenfable dont elles font pour l'établiflement même de cette circulation. Pour parvenir à la connoïffance de leurs ufages, & fur- tout de celui du Trou ovale, mettons-nous donc dans un point de vüë différent de celui d’où jufqu’ici l'on s’eft con- tenté d’envifager les différentes parties du Fœtus ;, au lieu de les confidérer dans le temps qu'elles font toutes développées, & que les canaux deftinés à la circulation du fang ont acquis la capacité requife pour laifler pañer re du cœur aux parties, & des parties au cœur, Île fang qui y aborde, faifons attention à ce qui fe pafle dans les | premiers temps Mem, 1739: : 98 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE du développement de l'œuf fécondé & reçû dans la matrice; examinons quelle doit être la marche du fuc qui s'y engage, & quelles font les parties qui doivent naturellement reflentir le premier effegde cette marche pour le développement régu- lier & uniforme de chaçune des différentes parties du corps. : Pour fe former une idée nette de ce développement, attachons-nous au fentiment le plus raifonnable, & le plus génératement reçû fur la génération : c’eft qu'il en eft des Animaux comme des Plantes, que toutes leurs parties font contenuës en petit dans ce qu'on appelle Œuf pour les Ani- maux, & Graine où Semence pour les Plantes; & qu'ainfi un œuf fécondé qui tombe dans la matrice, en doit tirer fon développement, fa nourriture & fon accroifiement, comme le fait une graine ou femence jettée en terre : que les racines qui font en petit dans la femence, & qui font deftinées par la Nature à porter dans le-corps de Ia petite Plante contenuë dans la femence, les fucs qu’elles tireront de la terre, que ces racines, dis-je, font à l'égard de cette petite Plante, ce qu'eft au Germe de l'œuf la veine ombilicale ou le placenta, qui n’eff, à proprement parler, qu'un épanouiflement des vaiffeaux ombilicaux, ou un amas de petits vaifleaux entrelacés qui aboutiffent dans la veine ombilicale, & qui font partie du germe de l'œuf, comme la radicule le fait auffi de la petite Plante contenuë dans la femence: que ce qui repréfente dans Tœuf le placenta & la veine ombilicale du Fœtus, & ce qui eft en effet le placenta & la veine ombilicale du germe de cet œuf, en fait l'office en petit à l'égard du germe de cet œuf tombé dans la matrice, comme ces mêmes parties le feront en grand à l'égard de ce germe tout développé & parvenu à une grandeur capable de le faire reconnoître pour ce qu'il eft : qu'enfin le développement des parties du germe fe fait dans la matrice de la même maniére, par les mêmes organes, & précifément par la même méchanique que s'y font la nourriture & l'accroiflement du germe développé & devenu Fœtus. Et en effet, le développement des parties du germe ñe différe point effentiellement de la nourriture &'de SR = ASE = À D'E S SG JE NC:E 5 l'accroifiement des parties dece germe. Dans l'un & l'autre cas, ce font des fucs nourriciers qui coulent dans des vaif feaux, qui les dilatent, qui s'y arrêtent, & s'y condenfent en partie; toute la différence du développement des parties du germe & de l’accroiflement du Fœtus, c’eft que le déve- loppement eft le premier pas que fait la Nature pour l'aug- mentation du volume de chaque partie, mais ce premier pas ne différe du fecond, du troifiéme & des fuivants, qu'en ce qu'il eft le premier, & qu'il donne lieu à l'établiflement de la circulation que les autres, qui la trouvent toute faite, ne font qu'entretenir en marchant fur la même voye, & continuant à dilater de plus en plus ce qui avoit déja com- mencé à l'être par les fucs qui étoient entrés les premiers _dans le germe. Par conféquent, fr les fucs deftinés à opérer le développe- ment des parties du germe, fuivent la même route que ceux qui fervent à fa nourriture & à fon accroiflement, comme Anatomie nous découvre manifeftement que ceux que le placenta tire de la matrice pañlent dans la veine ombilicale, & delà dans les différentes parties du Foœetus, nous devons en conclurre que ceux qui paflent dans le germe pour le développement de fes parties, ont auf été tirés de la ma- trice par le placenta & la veine ombilicale du germe, d'où la diftribution fe fait aux différentes parties de ce germe, de la maniére que nous l'allons faire voir. Le placenta étant la partie du germe qui par fa ftructure particuliére eft deftinée à s'unir à la matrice, & à recevoir immédiatement les fucs qu’elle y envoye, il a dû reffentir les premiers effets de ces fucs, je veux dire, qu'il a dû être développé le premier, & d’infenfible qu'il étoit dans le germe, acquérir en peu de temps un volume aflés confidérable. Auffi remarque-t-on que peu de jours après la conception, le pla- cénta groflit affés pour fe faire appercevoir & diftinguer avant l'apparition des autres parties du germe, ou du moins avant qu'elles ayent reçû un degré de développement aflés confi- dérable, pour fe manifefter aufi diftinétement que le fait ce Ni 100 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE placenta ; & fi cette partie eft la premiére en date du côté du développement, la veine ombilicale doit venir en fecond, & enfüuite chacune des parties qui fe trouvent dans la route naturelle de fa circulation, obfervant toüjours que celles qui S'y trouvent les premiéres, doivent être développées avant celles qui ne s’y trouvent qu'après elles. Enfin il étoit d’au- tant plus néceffaire que chacune des petites parties du germe fe dévelopañlent fuivant l’ordre de Ja circulation, c’eft-à-dire, faivant la marche du fang au travers du cœur, des arteres "& des veines, que l'établiffement de la circulation eft une fuite immédiate du développement de ces parties ; que ce développement ne fait autre chofe qu'ouvrir & préparer les voyes de la circulation ; qu'il eft par conféquent obligé de fuivre ces voyes dans fon opération, & que ce n’eft aufii qu'en les fuivant avec la derniére exaéitude, qu'il peut être régulier, uniforme, & s’accomplir dans le moins de temps qu'il eft poflible, & avec le moins d'inconvénients. Par conféquent, le cœur étant le centre d’où partent & où aboutiffent tous les vaifleaux fanguins, c’eft cette partie qui doit être développée la premiére par les fucs de la veine ombilicale ; & comme le cœur envoye immédiatement du fang dans le genre artériel, ce font les arteres dont le déve- Ioppement doit pañler après celui du cœur ; par la même raïfon le développement de chaque partie doit fuivre immé- diatement celui de l'artere particuliére dont elle reçoit des fucs nourriciers ou autres : & enfin les veines qui n’ont pour les développer, que le réfidu des fucs de chacune des parties d’où elles partent, doivent être développées les derniéres, à l'exception néantmoins du placenta, de fa veine ombilicale, & d'une portion de la veine-cave qui fe décharge dans le cœur, & dont le développement devoit par conféquent pré- céder celui de cette partie. J'excepte encore la veine-porte de la regle commune des veines, & j'en dirai la raifon dans la fuite, en faifant quelques réflexions fur un fait anatomique qui n'a jamais pu être expliqué par aucun fyfteme, & fur lequel je me flate de répandre un éclairciffement parfait. ji is DEN SN USTCR À LE Ni GE" 5: TOI Entrautres exemples capables de vérifier l’ordre dans le- quel nous prétendons que les premiers fucs {e portent dans les différentes parties du germe, & les développent chacune fuivant leur rang, en voici deux qui me paroiflent bien évi- dents & bien conformes au fentiment propolé. L'un eft d'un Embrion de 2 1 jours ou environ, qui n'avoit que 7 lignes de long depuis le fommet de la tête jufqu'au bas de l'épine du dos où il fe terminoit, d'autant que les cuiffes n’étoient point encore développées non plus que les bras ; & cependant le placenta de cet Embrion de 7 lignes avoit au moins un pouce & demi de diametre. D'où feu M. Dodart, qui a donné cette obfervation dans l'Hiftoire de l’Académie de l’année 1701, conclud qu'à melure que le Fœtus eft moins éloigné du moment de la conception, le placenta eft plus grand par rapport aux enveloppes & au Fœtus, & fait une plus grande » partie du tout où ileft compris. Cette obfervation ne prouve- t-elle pas bien clairement que le développement du placenta » précéde de beaucoup celui des autres parties du Fœtus. La feconde obfervation eft d'Harvée, qui avance qu'à peine les arteres ombilicales peuvent être trouvées dans les premiers mois de l'Embrion ; mais que la veine ombilicale fe découvre & fe manifefte long-temps avant ces arteres, ce qui s'accorde parfaitement avec la route que nous faifons tenir au liquide deftiné pour le développement des diffé- rentes parties du germe de l'Œuf. Car fuivant cette route, les fucs nourriciers du placenta paflent immédiatement dans la veine ombilicale, & non pas dans les arteres : ce feront au contraire ces arteres qui porteront des fucs au placenta après leur développement : mais en attendant, la veine om- bilicale fe trouvera toute développée, gonflée par un liquide, & en exercice actuel, que les arteres ombilicales feront en- core dans leur premier état, & fans emploi. Pour juger de l'intervalle de temps qu'il pourra y avoir entre le développement de la veine ombilicale & celui des deux arteres ombilicales, il faut fçavoir que le fang, qui, après le développement de la veine, doit travailler à celui N ii r02 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des arteres ombilicales, ne peut le faire qu'après le dévelop- pement du canal veineux, d’une portion de la veine-cave, du cœur, de l'aorte, & des deux iliaques d'où fortent ordi- nairement les arteres ombilicales ; ce qui laiflera un efpace de temps confidérable depuis le développement de la veine ombilicale jufqu'à celui des deux arteres, & permettra à la veine ombilicale de devenir fenfible avant que les arteres du même nom ayent été pénétrées , ou layent été fuffifamment pour fe faire appercevoir. Quand la liqueur qui seft fait jour dans la veine ombi- licale, eft parvenuë au fmus de la porte , elle en dilate les parois pour y trouver place, & perce enfuite de Ja même maniére par le canal veineux dans la veine-cave, & de-là dans le cœur. On fçait que ce canal veineux eft une efpece d'appen- dice, ou de prolongation de la veine ombilicale , qui s'étant perduë dans le finus de la porte, renaît en quelque forte par ce canal ; du moins femble-t-il entrer dans fes vüës, qui font de porter au cœur par le chemin le plus droit & le plus court, la plus grande quantité du liquide charié par la veine ombi- licale en conféquence & à la fuite de fon développement. Lorfqu'on confidere & qu'on fe repréfente le fang arrivé par degré à l'entrée de l'oreillette droite du cœur, il n'eft plus poflible ni de fe méprendre fur la route qu'il va tenir au travers du Trou ovale, ni de méconnoitre le premier & le principal ufage de cette partie, jufqu'ici auffi ignoré que fa connoiflance importe par elle-même, & par l'éclairciffement qu'elle répand für la Circulation du Sang du Foetus. A peine ce liquide a-t-il fait quelque effort pour écarter les parois de l'oreillette droite, qu'il trouve le Trou ovale, au travers duquel une partie du fang qu'apporte continuelle- ment & en abondance la veine-cave dans oreillette droite, eft naturellement contrainte de fe détourner & de refluer dans l'oreillette gauche, qui en eft développée & remplie dans le même temps que l'oreillette droite left auffi par la portion du liquide qui s'y eft introduite, & y eft reftée; en un mot, pour avoir une jufle idée de l'emploi du Trou ovale, DÉEUSNISACTIENN C:E),S, 103 concevons qu'il fait précifément l'office d’un des troncs des veines du poulmon, en faveur duquel la veine ombilicale fe feroit partagée, & dans lequel une de fes deux branches au- roit porté du fang pour oreillette gauche, comme l'autre branche en auroit porté pour l'oreillette droite dans la veine- cave : car par le moyen du Trou ovale, qui donne lieu aux deux orcillettes de communiquer l'une dans l'autre, où, fi l'on veut, de n’en faire qu'une de deux, la veine-cave fe trouve à portée de produire une double opération, c’eft-à-dire, de fournir à la fois de quoi développer & remplir dans le même temps l’une & l'autre oreillette, Î 4! à : À L On voit par ce qui vient d’être remarqué, que quoique … l'expérience nous apprenne qu'on peut également faire pañler à de l'air, une liqueur, de droite à gauche, ou de gauche à droite, par le Trou ovale, il eft cependant certain que dans . la circonftance préfente, une portion du liquide apporté par “ la veine-cave, ne pañe que de droite à gauche paï ce Trou, “ puifqu'il n'ya pour lors aucune fource qui puifle en fournir … de gauche à droite, & qu'il y en a une très-effective & très- “ abondante qui le fait, &'ne peut le faire que de droite à gauche, & qui n’eft pas moins en état de continuer enfuite “… la même route, qu'elle la été cette premiére fois. À Mais ce n'eft point encore affés d’avoir une certitude mc- « chanique de ce pañlage de droite à gauche; pour fe convaincre + de fa néceffité indifpenfable dans l'état préfent des chofes, - réféchiflons un inftant fur les avantages effentiels qui en réfultent, & fur les inconvénients terribles qui fe font apper- cevoir, en fuppofant le contraire de ce que nous voyons clairement. ‘On ne peut difconvenir que le fang, qui du placenta arrive pour la premiére fois au cœur, ne le faffe pour fon dévelop- pement, qui doit précéder celui de toutes les autres parties, à l'exception néantmoins de quelques-unes, qui ne font utiles & ne fubfiftent que dans le Fœtus : or le cœur étant com- : pofé de deux orcillettes, qui pendant la vie font & doivent “ tre perpctuellement dans deux mouvements fucceffifs & | 104 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE alternatifs, l'un de diaftole & l'autre de fyftole ; & chacun de ces mouvements fe faifant & devant aufli s’exécuter en. mème temps dans l'une & dans l'autre oreillette; cet accord dans leurs mouvements, effentiellement néceflaire pour l'éta- bliflement & la continuation de la circulation, devoit natu- rellement trouver fa fource dans le développement même de chacune de ces parties, ce qui ne pouvoit arriver qu'autant que les deux ortillettes fe développeroient enfemble, c'eft- à-dire, que le fang deftiné à leur développement s'engage- roit dans le même temps dans une & dans l'autre, qu'il les dilateroit jufqu'à un certain point, & que de cette dilatation contemporaine des deux oréillettes naïtroit enfuite dans le même temps leur contraction. Cet arrangement dans le développement & dans les mou- vements alternatifs de ces deux parties étoit d'abord d’une néceffité d'autant plus grande, que les oreillettes font, pour ainfi dire, à la tête des organes de Ia circulation, qu'elles y préfident en quelque maniére, & que les premiéres déve- loppées, elles entrent aufli les premiéres & en même temps dans les mouvements fucceflifs, l’un de dilatation , & l’autre de contraction, qu'elles impriment immédiatement ou mé- diatement, & tranfmettent à d'autres parties dans l'ordre régulier qu’elles obfervent pour elles-mêmes, & dont, s’il ef permis de le dire, elles donnent l'exemple. Et en effet, fr les deux oreillettes fe développent, fe remplifient & fe di- latent enfemble, elles doivent aufli fe contracter & fe vuider enfemble dans fes deux ventricules, qui par conféquent en feront aufli développés & dilatés en même temps, ce qui leur donnera lieu de fe contraéter aufli de compagnie, & cette contraction influera fur le développement, & la diaftole des arteres, comîne le mouvement de contraction des oreillettes aura influé fur les ventricules, & comme la fyftole des arteres le fera auffi fur les parties qui fe trouveront fur leur route, & qui fe développeront chacune dans leur rang, les unes un peu plütôt, les autres un peu plus tard, fuivant leur degré d'éloignement du ventricule, d’où partiront leurs vaiffeaux 3 artériels, DLEUSMES CA E AN C'E's 10 artériels, & fuivant aufhi le degré de réfiftance qu’elles offri- ront aux liqueurs qui fe préfenteront pour les traverfer. On voit clairement par ce qui a été dit, 1.° Que defa circonftance des deux oreillettes développées & dilatées en même temps, & contraétées enfuite de même, il s'enfuit & il doit arriver la même chofe dans les deux mouvements contraires & alternatifs des ventricules, & dans ceux auffr des arteres. 2.° Que ces ventricules doivent toûjours être dans leur diaftole Jorfque les oreillettes & les arteres font dans Jeur fyftole, & qu'ils doivent être dans leur fyflole lorfque les autres font dans leur diaftole. Enfin puifqu’il étoit d’une fi grande importance pour le bien de toute la machine, que les deux oreillettes fe déve- loppañient enfemble, & par conféquent que le fang parvint en même temps dans lune & dans l'autre, le Trou ovale, à qui l'on doit certainement cet effet, doit être regardé comme la premiére fource des avantages qui en réfultent. Et en effet, ils difparoîtront tous ces avantages, & une foule d'inconvénients prendront leur place, fi l'on veut bien fuppoler pour un inftant qu ‘il n'y a point de Trou ovale, ou, ce qui revient au mème, que le fang de la veine-cave ne fe diftribuë point à la fois aux deux oreillettes, que rien ne pafie de droite à gauche par cette ouverture, & que tout va de loreillette Hoi dans le ventricule droit du cœur, & enfuite dans l’artere pulmonaire. En conféquence de cette premiére marche de la liqueur chariée par la veine-cave dans le cœur, il arriveroit donc, 1.” Que tout le côté droit de cette partie fe dévelo pperoit d'abord, & que le développement du côté gauche refteroit long-temps à fe faire, & ne pourroit commencer qu'après celui du tronc & des branches pulmonaires, des poulmons “. & des veines qui en partent, & qui feules auroient le droit de rachever ce qui auroit été laïffé à moitié fait. A ce compte, le cœur, cette partie principale dont la fonétion elft fi im- portante, & vers laquelle il paroït que la Nature occupée de {on développement, s'eft fi fort hâtée d'envoyer des fucs Mem. 1739. . O 106 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE nourriciers par le chemin le plus droit & le plus court ; le cour, dis-je, n'obtiendroit fon développement qu'après celui du poulmon, qui bien différent du cœur, n’a aucune fonétion actuelle dans le Fœtus, n’en acquiert que dans l'Adulte, & avoit tout le temps d'attendre. Le fecond inconvénient qui fuit néceflairement de Ja fuppofition qui a été faite, c'eft que le tronc de l'aorte qui forme un canal continu avec ce qu'on appelle l'aorte defcen- dante , moins grofle que ce tronc, demeureroit long-temps fans être développé, pendant que l'aorte defcendante le feroit, & l’auroit été peu de temps après le développement du ven- tricule droit du cœur, & cela par le fecours du canal artériel ; & ainfi pendant que toutes les parties inférieures qui reçoi- vent du fang de l'aorte defcendante en feroient développées, une moitié du cœur, le tronc de l'aorte, les trois rameaux fupérieurs qui en partent, & toutes les parties fupérieures qui en dépendent pour leur développement, leur nourriture & leur accroiffement, feroient laifiées à l'écart. Reconnoïît-on dans cet expolé la regle, l'ordre & l'uniformité qui doivent néceffairement regner dans un ouvrage tel que celui dont il sagit ici ? Et f1 quelques parties devoient être développées les premiéres, n'étoient-ce pas le cœur & les parties fupé- rieures ? Du moins eft-il für qu'elles ne le font point les derniéres, puifqu'un Embrion de 2 1 jours dont il a déja été parlé, & dont la Jongueur étoit de 7 lignes, avoit une tête dont la longueur étoit au moins le tiers de toute celle de l'Embrion. Ce qui marque que la Nature avoit travaillé d’abord au développement de cette tête, qui n'auroit jamais pu acquérir fans cela en 21 jours beaucoup plus de groffeur à proportion qu'elle n’en a dans l’Adulte. On fçait encore par plufieurs autres obfervations pareilles, que moins un Fœtus eft âgé, plus fa tête eft grande à pro- portion du refte du corps, ce qui devroit arriver tout autre- ment fi la Nature ne s’occupoit du développement de la tête qu'après celui des parties du bas-ventre & de celles du bas de la poitrine. À f DES SCIENCES. 107 En troifiéme lieu, ne trouve-t-on rien à appréhender dans la fuppofition de la fuppreffion du Trou ovale pour les mouvements alternatifs des oreillettes & des ventricules du cœur, qui dans le même temps doivent toûjours être uni- formes entre les deux oreillettes ou entre les deux ventri- cules, & toüjours différents dans les deux oreillettes par rapport aux deux ventricules, & dans les deux ventricules par rapport aux deux oreillettes? Comment s'affürer que la tiqueur qui percera pour la premiére fois dans l'oreillette gau- che, & cela long-temps après le développement de l'oreillette droite, le fera de maniére que la gauche fe contraétera toû- jours & à point nommé, dans le temps de la fyflole de la droite, & continuera dorênavant & de concert avec elle, les mêmes mouvements alternatifs dans l’ordre de chacun de ces mouvements par rapport à chacun de ceux des ventricules ? Enfin le développement des parties ne confifte pas uni- quement dans l’écartement & l’extenfion des parois de leurs cavités ; fi le fang qui y paffe ne faifoit que cela, ces parois qui n’acquerroient pas par-là plus de maffe qu’elles en avoient auparavant , feroient feulement plus étendues, plus émincées & plus foibles, courroient rifque d’éclater & de rompre, & le feroient même par la continuation de l’abord & du paflage de la liqueur. Pour empêcher cette rupture, il faut qu'à mefure qu’une portion de liqueur s'ouvre une route dans ces cavités qu'elle dilate fans y rien laiffer, & dont elle n’augmente le volume qu'en augmentant, sil eft permis de le dire, le vuide de ces cavités ; il faut, dis-je, qu'une autre pertion de liqueur aille par des vaifleaux particuliers deftinés à fa nour- riture & à l’accroiflement des parois de ces cavités, y porter des fucs qui s’y figent, qui augmentent leur mafle, & les mettent par-Rà en état de réfifler à toute lextenfion que ces parois auront à foûtenir. C’eft ainfi que le fang des arteres pulmonaires qui ne fait, comme on le fçait, que traverfer & dilater les petits vaifleaux du poulmon , & qui ne porte rien pour la nourriture de cette partie, en détruiroit immanqua- blement le tiffu, fi dans le même temps une autre portion O ij 108 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de fang emportée par le canal artériel dans l'aorte defcendante, & de-là dans l'artere de Ruifch, confacrée à la nourriture du poulmon , ne venoit pas alors & au plütôt au fecours de cette partie, pour la mettre en état de réfifler au choc qu'elle a à effluyer de la part des courants qui s'y font fait un paflage. Il en eft de même du cœur ; le fang qui traverfe fes oreil- lettes & fes ventricules, ne les nourrit point; ils font à fon égard ce qu'eft le fang des arteres pulmonaires au poulmon, & il feroit auffi préjudiciable au cœur que le fang des arteres - pulmonaires le feroit au poulmon, fi le fang de l'artere coro- naire ne venoit fecourir le cœur, & fortifier les parois de fes oreillettes & de fes ventricules, comme le fait celui de l’artere de Ruifch à l'égard du poulmon. Cela étant, fi, en fuppofant toüjours que de la quantité de fang que la veine-cave porte pour la premiére fois, & enfuite dans l'oreillette droite pour fon développement, il ne s'en diflribuë point en même temps dans la gauche par le Trou ovale, & par conféquent que le côté gauche du cœur ne fe développe qu'après le développement du côté droit & après celui des poulmons & de leurs vaifleaux artériels & veineux ; d'où les parois de l'oreillette droite & du ventri- cule droit emprunteront-elles alors des fucs nourriciers qui s'engagent dans le tiffu de ces parois, & qui les défendent contre limpulfion du fang, qui ne cefle de faire effort pour les écarter & les étendre? Car ces fucs ne leur peuvent venir que de la part des arteres coronaires, qui ne font point encore développées, & qui ne le feront de long-temps, & feulement lorfque l'oreillette gauche, le ventricule gauche & le commencement du tronc de l'aorte, d’où partent ces ar- teres coronaires, l’auront été. I! étoit donc indifpenfablement néceflaire, pour foûtenir & mettre à profit le développement du côté droit du cœur, & pour empêcher que faute de fucs nourriciers, ce développement ne fe réduisit à rien, & ne devint un délabrement, une deftruétion totale de la partie développée, que l'oreillette gauche fe développät en même temps que la droite par le fecours du Trou ovale, & qu'elle - DÉELSAUS/CLN'E NS C Ei Sc 109 procurät par-là & au plûtôt le développement des parties qui donnent lieu à celui des arteres coronaires deftinées feules à la nourriture du cœur. On voit par ce qui a été dit, 1.° Que ce que la Nature nous découvre-d'abord dans l'examen du développement du cœur, c'eft que le fang qui y aborde, ne peut méchaniquement pafler par le Trou ovale que de droite à gauche, & qu'il ef: indifpenfablement néceflaire, pour {e développement dont if s'agit, que ce paflage fe fafle de cette maniére, & non autre- ment. 2.° Que le Trou ovale eft réellement le fubftitut, & fait l'office des veines pulmonaires dans le développement de l'oreillette & du ventricule gauches ; car ce que ces veines fembleroient devoir faire pour le côté gauche du cœur, & cela à l'exemple de ce que fait la veine-cave pour le côté droit, le Trou ovale le fait en entier, en laïflant pañler de droite à gauche le fang qui s’y préfente. 3.° Qu'après le dé- veloppement du cœur, le Trou ovale remplit encore feul le même office, en continuant de fournir de même du fang à Yoreillette & au ventricule gauches du cœur, & cela beau- coup plus long-témps peut-être qu'on ne fe l'imagine. Car 1.° dès que le cœur eft développé, l'oreillette gauche n’en reçoit pas pour cela de nouveau fang de la part des veines pulmonaires : ce fang ne peut y parvenir qu'après le déve- loppement des arteres pulmonaires, du poulmon, & des veines qui en partent. Or ce développement, du moins celui du poulmon, n'eft pas chofe bien prompte & bien aifée, à caufe de fon état d'affaiflement, moyennant lequel il offre une . … réfiftance beaucoup plus grande qu’il ne l'eût fait fans cela, au fang qui fait eflort pour s'y introduire, & qui ne peut s'y infinuer & parcourir les routes qu'il a à traverfer, que dans une quantité $& avec une lenteur proportionnée aux difficultés qu'il trouve à chaque pas à furmonter : ce qui s'accorde par- faitement avec les preuves expérimentales que nous avons du peu de fang qu'admet le poulmon quand la refpiration lui eft interdite, & que {es véficules ne font point gonflées & foûtenués par des particules aëriennes. 2.° Quel que foit le O iij 10 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE temps que demande le poulmon pour fon développement, toûjours eft-il vrai que jufqu'à ce qu'il foit achevé, & que le fang fe foit fait jour des veines pulmonaires dans l'oreillette gauche, le Trou ovale eft feul chargé d’en fournir à cette oreillette & au ventricule du même côté ; ce qui fait bien voir que la veine-cave, foûtenuë de la veine ombilicale, eft une fource abondante, capable de fuffire à la fois & pleine- ment aux befoins des deux orcillettes du Foœtus. Enfin quand les veines pulmonaires, au moyen de leur développement & de celui des parties qui les précédent, en- trent pour la premiére fois en fonétion à l'égard de Foreillette gauche, & cela pendant fa diaflole, & conjointement avec le Trou ovale, qui dans ce temps-là même y apporte fon contingent ordinaire, on peut dire que ce qui arrive alors & quelque temps encore après à cette oreillette de Ia part de la nouvelle fource , eft affés peu de chofe ; & ce qui le fait juger, ce n’eft pas feulement la difficulté & la lenteur avec lefquelles on fçait par les preuves rationnelles & expé- rimentales déja alléguées, que le fang doit traverfer les poul- mons, fur-tout lorfqu'il n’a pas encore eu le temps d'élargir jufqu’à un certain point fes routes ; c'eft particuliérement encore l'obfervation fuivante. Le Trou ovale n'a pas toüjours la même grandeur par rapport au tronc de l'aorte ; le temps où fon ouverture eft la plus grande, c'eft dans les premiers mois du Foœetus : elle furpafle alors ou égale au moins le diametre de ce tronc : elle diminuë enfuite & infenfiblement, & à la fin fa grandeur fe trouve fouvent de beaucoup au deflous de celle du tronc, au deffus de laquelle elle étoit néantmoins auparavant. On conçoit aifément que tant que le diametre du Trou ovale eft plus grand que celui du tronc de Faorte, ou qu'il lui eft égal, ce trou eft en état de laiffer pafler, & de fournir feul au ventricule gauche, & enfuite à l'aorte, la quantité de fang dont elle a befoin, & que s’il en arrive alors à l'oreillette gauche de la part du poulmon, fa petite quantité mérite d'autant moins de nous arrêter, que pour peu qu'elle füt plus D/E:SN CIE NICE S Er: confidérable, elle influeroit bien-tôt fur le diametre actuel du Trou ovale. ° Et en effet {e degré de grandeur qu’il a d'abord & aflés long-temps par rapport à l'aorte, & qui diminuë enfüuite fucceflivement & infenfiblement, peut être regardé comme un effet & une preuve de la lenteur du développement des poulmons, du progrès infenfible de la dilatation de leurs vaifleaux & de la différente quantité de fang qui pañle natu- rellement par le Trou ovale dans les temps de fes grandeurs différentes. On a déja vü dans le commencement de ce Mémoire, que le pañlage du fang de droite à gauche par le Trou ovale, ane fe faifoit que par regorgement ; que la caufe de ce regor- gement étoit dans le poulmon même, dans la réfiftance qu'il offre au fang qui lui vient des branches pulmonaires ; qu'au moyen d’une grande partie de ces fucs retenus dans ces bran- ches, d’une pulfation à l’autre, le ventricule droit ne fe vui- doit qu'imparfaitement dans lartere pulmonaire ; que l’oreif: lette droite en failoit de même à l'égard de ce ventricule, & que la portion de fang qui arrivoit enfuite dans cette oreillette déja à demi-pleine, ne pouvant y être contenuë toute entiére, une partie étoit obligée de refluer à gauche par le Trou ovale. D'où il fuit, 1.” Que moins le poulmon admet de fang de fa part des branches pulmonaires, plus le reflux doit être grand du côté du Trou ovale, & par confé- quent que lorfque le poulmon n’eft pas encore développé & devenu un paflage pour le fang des branches pulmonaires, ou du moins qu'il ne peut encore être traver{é entiérement que par une très-petite quantité de liqueur, le fang qui refluë alors avec d’autant plus d’abondance par le Trou ovale, doit par-là l'entretenir dans une grandeur proportionnée à 1a quantité & au volume de ce fang. 2.° Qu'à mefure que les vaifleaux du poulmon acquerrent par la fuite un nouveau degré de dilatation, qui leur permet d'admettre & de laifier pañler dorénavant une plus grande quantité de fang qu'aupa- ravant, il en pafle d'autant moins alors par le Trou ovale, 112 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ce qui doit auffi faciliter & favorifer la diminution du dia- metre de €e trou. Qu'enfin ce qui refte au Trou ovale de toute la quantité de fang à laquelle il donnoit paflage dans les commencements, & dont une partie a pris la route des poulmons, ou plûütôt que la portion de fang que la dilatation fucceflive des vaifleaux du poulmon n’a pu enlever comme l'autre au Trou ovale, l'eût néantmoins été, fi cette dilata- tion eût pu être portée dans le Fœtus au point où elle arrive dans l'Adulte par l'ufage de Ja refpiration. Si le Trou ovale eft abfolument néceffaire, non feulement pour le développement du cœur, mais encore pour celui de beaucoup d'autres parties, & de plus pour l'ordre & la régu- larité qui doivent regner dans celui de toutes les parties du. corps, le canal artériel contribuë auffi très-efficacement au développement de l'aorte defcendante, & de toutes les parties où cette artere envoye du fang par différents rameaux; cependant il s'en faut bien que le canal artériel foit d'une importance aufli grande & d'une nécefité auffi indifpenfable que le Trou ovale, & qu'il puifle être à l'égard de ce trou ce que ce trou peut être au fien. Que le canal artériel, par exemple, manque, fi quelque conformation particuliére ne fupplée point à fon défaut, le Trou ovale peut toüjours y fuppléer, pourvû que fon ouverture foit plus grande qu'elle n'a coûtume ce l'être lorfque le canal artériel ne manque point ; & ce qui pourra donner plus de grandeur à cette ouverture, ce fera l'augmentation de la quantité du fang qui y refluera pour lors, & qui s'y fera un paffage. Quand donc tout ce fang fera arrivé par le ventricule gauche au tronc de l'aorte, il s'y partagera en deux portions, l'une pour les parties fupérieures, l'autre pour les inférieures, de chacune defquelles il procurera à fa fois & tout aufli-bien le développement, que s'il y eût eu un canal artériel. Mais que le Trou ovale manque, jamais le canal artériel, quelque diametre qu'on lui fuppofe, ne pourra remplir la fonétion du Trou ovale à l'égard des parties fupérieures ; il faudroit pour cela qu'il fe déchargeñt dans le tronc de l'aorte d'où DES S'CTENEES 113 d'où partent les arteres carotides & foûclaviéres, & il ne fe décharge que dans l'aorte defcendante, qui n’a qu'un certain nombre de parties, & fur-tout les inférieures, dans lefquelles elle fe diftribuë par différents rameaux. Par conféquent lorfqu’on ne trouve point de Trou ovale dans un Fœtus, d’ailleurs bien conforimé, ce qui-éfttrès-rare, il faut néceflairement qu’il y ait eu quelque fupplément à ce trou, & ce fupplément ne doit point être cherché, dans la grandeur du canal artériel; M. Winflow nous en indique un, ce font de petits trous de communication par defquels le fang peut pafler de la veine-cave fupérieure dans celle:du poulmon, & ces petits trous il les a quelquefois obfervés dans l'Adulte, Je finirai ce Mémoire par l'explication d'un fait fingulier, dont la raifon paroît avoir été jufqu’à préfent ignorée. On conçoit aifément par ce qui a été dit, pourquoi le fang de la veine ombilicale va au plûtôt & par le chemin le plus court, c’eft-à-dire, par le canal veineux dans la veine- cave : le cœur.eft l'objet de cette marche précipitée & ab- brégée ; il eft abfolument néceffaire qu’il foit développé le premier, ce qui ne peut fe faire trop tôt, puifque fon déve- loppement influë fur celui de toutes les autres parties du corps, comme il a été fuffifamment prouvé. Mais pourquoi le fang de cette veine ombilicale ne fe répand-il pas d’abord &c immédiatement dans la veine-cave? pourquoi va-t-il aupa- ravant dans le finus de la porte? pourquoi-ne va-t-il pas de même dans chacune des veines principales des différentes parties du corps! Le voici. Tout le monde convient que la veine-porte, toute veine qu’elle eft par fon origine, c'eft-à-dire, parce qu'elle n'eft qu'une continuation & le rendés-vous de veines différentes qui s’y perdent, & y apportent le fang qu'elles ont recueilli de plufieurs parties ; que cette veine, dis-je, toute veine qu'elle eft, eft néantmoins une artere véritable à l'égard du foye par l'office qu'elle .y remplit. Ses ramifications y de- viennent plus petites, &cs"y. multiplient comme il arrive en Mem. 1739 » P 114 MEMOIRES DE L'ACADEMIÉ ROYALE cas pareil à celles des arteres en général, & en particulier à celles de l'artere épatique qui s’infinuë de même dans le foye: elle porte du fang aux glandes du foye pour la filtration de la bile, comme les-arteres feules le font en d’autres vifceres “pour d’autres filtrations : le fang de la porte reflé après la filtration de la bile, eft repris & rapporté par la veine-cave, comme left par la même veine celui de l'artere épatique; on peut même dire que la quantité du fang que la veine-porte fournit au foye, furpafle de beaucoup celle qu'il reçoit de lartere épatique, puifque cette veine comprend le fang qui ui vient de l'épiploon, de Ia ratte, du pancreas, de l’efto- mac, des inteflins, du méfentere; par conféquent les rami- fications de cette veine, d'autant plus nombreufes qu'elles ont plus de fang à charier que celles de l'artere épatique, répondent aufli dans le foye à une plus grande étenduë de terrain, & en qualité d’artere qu’eft véritablement dans le foye la veine-porte, toutes les parties de ce vifcere fpécialement foumifes à fon paffage, ne peuvent être développées que par fon moyen, de même que celles qui font du reflort de l'artere épatique, & où cette artere feule a droit d'aller, ne le peu- vent être que par fon fecours. Cela étant, comme le foye reçoit en même temps du fang de la veine-porte & de l’artere épatique, & que par-là ces deux vaifleaux concourent enfemble & à la fois à la fon@tion de ce vifcere, ne femble-t-il pas auffi que la veine- porte devenuë artere à l'égard du foye, devoit au moins être développée dans le même temps que lartere épatique, & cela pour travailler enfuite & de concert, chacune dans fon département, au développement total du foye! Et ne paroit-il pas aufi que fi le développement de l'un des deux vaifleaux avoit à commencer avant celui de Fautre, ce devoit être celui de la veine, dont action moins efficace & moïns prompte peut-être que celle de lartere épatique, pouvoit avoir befoin d’un peu d'avance pour achever fon ouvrage en mème temps que l'artére fur le foye. Cependant en fe renférmant uniquement art lordré . . DES SCTENTCE S: | rs qu'on voit clairement que la Nature obferve dans le déve loppement des différentes parties, on n'imagine pas alors’ comment celui de la veine-porte pourroit fe rencontrer dans le même temps que celui de l’artere épatique, & donner lieu à cette veine d'agir fur le foye en même temps que lartére. Et en effet, c’eft fur-tout la céliaque qui fournit à Ja fois des arteres particuliéres au foye &c aux différentes parties dont la veine-porte tire le fang qui lui arrive : or il falloit nécellairement que le développement des arteres contemporaines de F'épatique précédät non feulement celui de la veine-porte, mais encore celui de chacune des parties où aboutiffent ces arteres, & des veines qui fortent de cha- cune de ces parties, & dont le développement devoit encore pañler avant celui de la veine-porte, &'en être enfuite la caufe immédiate ; par conféquent, en füppofant toûjours les chofes dans la regle ordinaire, dès que l'artere épatique auroit été développée, elle eût porté fon aétion fur le foye, & quand elle y auroit opéré tout ce qui dépendoit d'elle, &c cela dans le même temps ou à peu-près que d’autres arteres contemporaines de l’épatique, & diftribuées dans les diffé- rentes parties dont il a été parlé, y auroient produit ce qu'elles y avoient à faire, il fe feroit trouvé que le produit de ces arteres auroit été un développement entier de chacune des parties fur lefquelles elles auroient agi, & que celui de Yartere épatique n’auroit été que le développement d’une moitié ou peut-être d’un tiers feulement du foye, parce que Yautre moitié ou les deux autres tiers de cette partie non développée ne pouvoient l'être que par la veine-porte. * Encore fr au moment que l'artere épatique auroit fini fon opération fur le foye, la veine-porte y eût tout de fuite commencé le fien, mais il eût fallu pour cela qu'elle eût été alors toute développée, & en état d'agir, ce qu’elle né pou- voit encore être; car le développement des différentes parties qui pouvoient influer fur le fien, ne s'étant fait, comme if a été dit, que dans le temps du développement incomplet du foye, les veines de chacune de ces parties, & enfuite:le P ij 116 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE veine-porte, ne faifoient encore immédiatement après le développement incomplet du foye, qu'entrer fur les rangs pour être développées, ce qui auroit laïflé un intervalle d'action depuis le temps que fartere épatique auroit ceflé d'agir fur le foye, jufqu'à celui où fa veine-porte eût été en état & eût commencé d'y opérer; & quand cette opération auroit été achevée, il fe feroit trouvé que le foye, bien-loin être totalement développé comme les autres parties, c'eft- à-dire, avant les veines, ne l'eût été qu'après & encore à la fuite & en conféquence du développement de certaines. Cependant outre qu’il étoit naturel que le développement du foye fe fit à peu-près dans le même temps & dans le mème ordre que celui de toutes les autres parties, une cir- conftance fembloit encore l'exiger particuliérement , il fert à la dépuration du fang qui revient de l'épiploon, del’eftomac, & des autres parties déja rapportées : il devoit donc avoir des canaux tout ouverts, & qui offrifient à ce fang un libre paffage pour arriver aïfément aux couloirs de la bile, au lieu que fuivant la regle, qui a befoin ici d'exception, c'eût été ce fang même qui fe feroit formé un paffage au travers de la veine-porte & des canaux du foye; & comme il auroit été arrêté par-tout, & qu'il n’auroit continué fa route qu'avec peine ou du moins avec lenteur, il eût été à craindre que celui qui auroit fuivi fes pas à chaque pulfation, n'eût excité par-R un embarras & un engorgement. C'eft pour obvier à la bizarrerie & à l'irrégularité d’un femblable développement, & pour éviter les fuites qui en pouvoient naître, que la veine ombilicale fe décharge dans le finus de la veine-porte, où les fucs qu’elle y répand, fe partagent en deux portions, l’une plus forte qui fe rend par le canal veineux dans la vene-cave & l'oreillette droite, l'autre plus foible qui prend la route du foye, & en com- mence aufli-tôt le développement, fans attendre que celui de lartere épatique, non encore arrivé, mais qui le fera bien-tôt, mette cette artere en état deconcourir avec la veine, au développement total de ce vifcere. PÉDSIEFSNCNIE NICE SIN: F17 Cet expédient de Ia Nature pour le développement du finus de la veine-porte, eft une efpece de tempérament dont elle fe fert pour fatisfaire à tout. Il s’agifloit de faire en forte que le foye füt développé tout de fuite, fans inter- ruption, & en même temps que les autres parties du corps, & celles fur-tout qui recevoient comme lui du fang de la céliaque, & celles encore qui en recevoient de la méfente- rique, & au fortir de chacune defquelles tout ce fang s’alloit dépurer dans le foye ; il falloit donc pour cela, comme il a déja été remarqué, que la veine-porte qui faifoit l'office d'artere à l'égard de ce vifcere, füt développée auffi-1ôt que les arteres : or le cœur qui agit immédiatement fur les arteres, & qui par cette action immédiate, donne lieu & à leur développement, & au temps de leur développement, le cœur, dis-je, ne pouvoit jamais agir de même fur la veine-porte, ni fur aucune autre veine. D'un autre côté, le temps ordi- naire du développement des veines arrivoit toüjours de beau- coup trop tard pour pouvoir s'accorder avec celui dans lequel le foye devoit être développé. Puis donc que la veine-porte étoit effentiellement & originairement une veine & le ré- fervoir en quelque forte, du fang de plufieurs autres veines qui y aboutifloient, il falloit pour fon développement avoir recours à la place de ces autres veines, non au cœur, ni à une artere, mais à une veine dont le développement pré- _ cédât de beaucoup celui de toutes les veines du corps, & qui pût par-là développer d’aflés bonne heure la veine-porte, pour rendre enfuite l'aétion de cette veine fur le foye, je ne dis pas feulement contemporaine de celle de l'artere épa- tique fur ce vifcere, mais même antérieure à celle de cette artere. C’eft aufli ce que la veine ombilicale étoit feule ca- pable d'exécuter; c’eft une veine, il eft vrai, mais à la diffé- rence de toutes les autres veines, elle eft développée, & doit néceffairement l'être avant le cœur, & par conféquent la veine-porte qui left immédiatement par la veine ombilicale, trouve dans la fource même de fon développement, le moyen d'agir aflés tôt fur le foye, pour qu'il foit développé dans Pi 118 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fon rang, c’eft-à-dire, immédiatement après les arteres, &c peut-être même un peu avant d'autres parties dont le déve: loppement n'a pu être commencé d’aufli bonne heure que le fien. Enfin il paroît clairement par tout ce qui a été dit, que le fang de la veine ombilicale ne prend fa route par le finus de la veine-porte, qu’en faveur du foye, & par rapport à fon développement, qui fans cela ne fe feroit point ou fe feroit mal ; & comme il n'y a que la veine-porte qui devienne artere, ou du moins qui en faffe exactement & en tout point l'office, & qu'elle demande pour cela d'être bien plütôt développée que les autres veines dont toute la fonction fe réduit à reporter au cœur Île fang qu’elles ont reçû de diffé- rentes parties, il n'eft pas étonnant que ce que la veine ombilicale fait à Fégard de la veine-porte, elle ne le fafle pour aucune de ces autres veines qui n’en ont pas befoin pour leur fonction particuliére, & qui ne fe trouvent jamais dans le cas de la veine-porte. i DES SCIENCES ‘13 SUR LES OPERATIONS GEOMETRIQUES . Faites en France dans les années 1737 à 173 6. Par M. Cassint DE THURY. 5 Public a déja été affés informé des avantages que l’on doit retirer de la defcription géométrique & exacte de la France, & il ne refte plus qu'à lui rendre compte du progrès de ce travail, que le Miniftere a toüjours fait conti- nuer avec le même zele. Nous le ferons fuccinétement, & nous expoferons les vüës que nous avons pour terminer ce grand ouvrage, & pour lui donner toute la perfection pof: fible, mais il eft bon de fe rappeller ce qui a été fait précé- demment. - La Perpendiculaire à la Méridienne de Paris ayant été tracée en 1733 & 1734, dans toute l’étenduë de la France, d'Orient en Occident, on décrivit en 173 5 & 173 6, deux autres Perpendiculaires du côté de l'Occident, à la diflance de 60000 toiles de celle de Paris, en fuivant les Côtes de a Normandie & de la Bretagne, dont on a déterminé exacte- ment la pofition, & on s’eft réuni des deux côtés à Bref. On 2, par ce moyen, reconnu la précifion des opérations géométriques qui avoient été faites de part & d'autre, & qui concouroient au même point, & on les a comparées aux Obfervations Aftronomiques qui y avoient été faites par M. Picard & les autres Aftronomes de l’Académie. Coinme rien ne doit plus mériter notre attention que ce qui peut contribuer à réndre la Navigation füre, & par conféquent à faciliter le Commerce, nous avons jugé, avant que de continuer du côté de FOrient les mêmes lignes que lon avoit prolongées du côté de FOccident , dévoïr achever 8 Avril 1739 120 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ce qui reftoit à déterminer des Côtes de la France qui font fur l'Océan. On avoit la pofition de celles de Bretagne & de prefque toute la Normandie, en forte qu'il ne refloit plus que celle du Poitou & de la Gafcogne, depuis Nantes jufqu'à Bayonne, la pointe de Cherbourg, & la Côte de Picardie & de Flandres, depuis S.t Valery jufqu'à Dunquerque. . Comme la direction des Côtes du Poitou & de Gafcogne eft à peu-près Nord & Sud, on fe propofa, en füivant toù- jours le même plan, de décrire en 17 37, une nouvelle Méri- dienne qui pañlät par Nantes, & allt fe terminer du côté du Septentrion à Cherbourg, & du côté du Midi à Bayonne. On avoit en 1 672, dès les premiers établiffements de l'Aca- démie, déterminé par des Obfervations aftronomiques, la pofition de cette derniére Ville & des principales qui ter- minent les Côtes occidentales de la France ; mais comme il n'auroit pas été poffble de fixer le contour des Côtes par les Obfervations aftronomiques, que on ne doit employer que dans de grandes diftances, il étoit néceflaire d’avoir re- cours aux opérations géométriques, & de former des T'riangles le long des Côtes, dont les points ferviflent à déterminer leurs différentes configurations. Cet ouvrage a été exécuté en 1737, par M. Maraldi & moi, tandis que mon Pere conjointement avec M. l'Abbé de la Caille travailloit à la defcription de la Côte, depuis S.t Valery jufqu'à Dunquerque, pour avoir dans la même année la détermination géométrique de toutes les Côtes de Océan, à la réferve des environs de Cherbourg, qui étoient trop écartés de notre direction. Nous avions dans les Voyages précédents, déterminé la pofition de Nantes, de même que des lieux principaux qui font de côté & d'autre de la Loire jufqu'à la Mer; mais les Officiers de Marine & les principaux Commerçants de la Ville nous ayant repréfenté qu’il y avoit vers l'embouchûre de la Riviére, divers rochers qui en rendoient le paflage diff- cile, & l'entrée dangereufe, faute d’en connoître exactement la pofition ; nous jugeämes devoir les déterminer avant que de . DES SCIENCES. 121 de commencer les opérations que nous nous étions propofés de faire pendant le cours de la Campagne de 1737, nous nous embarquâmes pour cet effet à Nantes, & nous defcen- dimes la Riviére jufqu'à S.t Nazaire. Conume la plüpart de ces écueils font fous l’eau, même dans le temps de la bafle Mer, nous y envoyâmes par un temps calme des Chaloupes avec la fonde à la main, pour les reconnoiître & y jetter l'ancre, de maniére que le mât füt à pic fur le rocher, & nous fervit de fignal pour en dé- terminer la fituation, ce qui fut exécuté par le foin des Pilotes & autres Navigateurs qui nous avoient accompagné dans .motre Voyage. Nous nous plaçämes fur les bords de la Riviére dans des endroits dont la fituation avoit déja été déterminée, & ayant obfervé les angles entre ces différents mâts, que l'on reconnoifloit par des fignalements dont on étoit convenu, nous eûmes la pofition exacte de ces écueils, que l’on pourra dorénavant éviter, en sy dirigeant à différents objets fur la Côte, que nous eùmes foin auffi de déterminer. On pourra par des moyens femblables avoir la pofition exacte de tous les rochers ou écueils dont il eft néceflaire de connoïtre exactement la fituation & la diftance, tant _ entreux, que par rapport aux divers endroits des Côtes de la Mer, que nous avons déterminés par des opérations Tri- gonométriques. A notre retour à Nantes, nous commençämes la defcrip- tion de notre Méridienne par des Obfervations aftronomiques faites fur les Tours de la Cathédrale de cette Ville, pour en déterminer {a direction ; nous aurions pu la déduire des opé- rations Trigonométriques prolongées depuis Orleans jufqu’à cette Ville, mais comme il auroit pu fe glifler quelqu’erreur dans la fuite des T'riangles, on jugea néceflaire de la déter- miner immédiatement, joint à ce que la figure de la Terre doit changer cette direétion, que nous avions calculée dans Yhypothefe qu'elle fût exactement fphérique. Nous prolongeâmes enfuite nos opérations le Tong des Côtes du Poitou, mais comme notre Méridienne traverfoit Mem. 1739: . Q 122 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la Mer dans la plus grande partie de fon étenduë, nous nous tranfportâmes en différentes Ifles, telles que le Pilier, lIfle Bouin, Noirmoutiers, l'Ifle-Dieu, les Ifles de R€ & d'Oleron, que l'on appercevoit des Côtes de la Mer, & d'où on les voyoit réciproquement. Nous trouvâmes dans cette occafion, de même que dans toutes celles qui s’étoient préfentées juf- qu'alors, tous les fecours neceffaires pour faciliter cet ouvrage, au moyen des ordres qui furent envoyés dans tous les Dépar- tements par M. le Comte de Maurepas, toüjours attentif à ce qui peut procurer le progrès des Sciences, & l'avantage de la Navigation, qui fe trouvoient réunis dans cet ouvrage, & nous ne fçaurions affés exprimer le zele avec lequel tous fes ordres furent exécutés. Nous continuâmes de cette maniére jufqu’à l'entrée de la riviére de la Garonne, au de-là de laquelle nous trouvâmes des Landes & un pays rempli de bois & de collines de fable mouvant, dépourvû d'objets convenables pour former de grands Triangles, ce qui nous obligea de fuivre la Garonne jufqu’à Bordeaux dont nous établimes la pofition, de même que de tous les lieux principaux qui font de part & d'autre de la riviére en remontant jufqu’à Agen; nous fuivimes en- fuite la riviére de l'Adour, & nous nous réunimes à Bayonne & à S.' Jean-de-Lutz, où nous terminâmes nos opérations de l'année 1737, nous réfervant dans l’année fuivante de décrire par petits Triangles les Côtes de la Gafcogne, qui de toutes celles de la France font celles qui étoient les moins connuës & les plus dense par les fréquents naufrages qui y arrivent. Les Obfervations qui furent faites en 1737, avoient eu’ pour fondement une Bafe déduite des Triangles prolongés depuis Orleans jufqu’à Nantes, dont tous les angles avoient été obfervés. Mais comme dans toute cette étenduë, les petites erreurs inévitables dans les Obfervations, jointes en- femble, pouvoient en caufer une fur la longueur de cette Bafe, dont il étoit important de s’aflürer, nous jugeñmes à propos de commencer nos opérations de l'année 1738, par- ” DES SCIENCES. 123 la mefure aGtuelle d’une nouvelle Bafe aux environs de Nantes, où ayant trouvé près de Savenay un terrein fort uni dans des Landes, nous mefurâmes une étenduë de 5 2 24 toiles & 4 pieds, depuis le Moulin du Céric jufque près de Savenay vers l'Orient, ce que nous recommençämes pour conftater cette mefure, & nous ne trouvâmes que 8 pouces de diffé. rence entre les deux mefures actuelles ; nous y vérifiimes de nouveau la direétion de la Méridienne de Nantes. Nous allimes de-là à Bordeaux où nous mefurâmes par deux fois une nouvelle Bafe de 528 5 toiles +, qui traverfe le grand chemin de Bordeaux à Bayonne, & aux extrémités de laquelle on éleva deux Pyramides. Nous prolongeimes enfuite nos Triangles depuis Bordeaux jufqu’au Baflin d'Arcachon, où nous laiflâmes quelques-uns de ceux qui nous accompa- gnoient, pour lever par de petits Triangles toute la Côte de la Gafcogne d’une part depuis l'embouchüre de la Garonne, & de l'autre jufqu'à Fontarabie, ce qui fut exécuté. Nous avions l'année précédente mefuré une Bafe près de Dax, peu éloignée de la Mer, mais comme nous ne pümes en reconnoître les termes avecévidence, nous la remefurâmes une feconde fois, & nous y fimes élever deux Pyramides à fes extrémités. C'eft une précaution que M. le Controlleur Général avoit jugé néceflaire dans les endroits où, faute d'objets convenables, on avoit élevé des fignaux, & prin- cipalement aux extrémités des Bafes, pour perpétuer dans la fuite ces fortes de mefures, qui doivent être invariables, & pour fervir à toutes les’ opérations géométriques qu'on doit faire en détail, fuivant fon Projet, dans toute l’étenduë de la France, & dont les Bafes actuelles doivent être le fondement. . A Ja defcription des Côtes de l'Océan devoit fuccéder. celle de la Mer Méditerranée, & pour fuivre toûjours le méme plan, il étoit néceflaire de décrire un fecond Parallele qui le termineroit du côté de l'Occident à Bayonne, & du côté de: YOrient à Antibes ; ce qui enclaveroit toute la partie occi- dentale de la France, & donneroit les limites de toute fa Q i 124 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE partie méridionale. C'eft ce que nous crumes devoir exécuter l'année derniére, en décrivant une Perpendiculaite qui ren- contreroit la Méridienne de Paris à la diflance de 300000 toifes, & que nous fçavions devoir traverfer la Gafcogne, le Languedoc, & la partie méridionale de 1a Provence, Nous eûmes par ce moyen la pofition de toutes les Villes principales qui fe trouvoient aux environs de cette Ligne, de même que des Montagnes les plus remarquables des Py- rénées, qui s'appercevant de prefque tous les endroits de cette Province, peuvent fervir à en déterminer la fituation, lorf- qu'on voudra entrer dans un plus grand détail. Dès que nous fûmes parvenus aux environs de Touloufe, nous commençämes à reconnoître divers lieux qui avoient été déterminés autrefois dans le Voyage de la Méridienne, auxquels il étoit néceflaire de nous réunir. Nous avions formé, pour ainfi dire, les trois côtés d’un Quadrilatere, dont l'un étoit le Parallele d'Orléans, le fecond le Méridien de Nantes, le troifiéme le Parallele de Bayonne, & le quatriéme la portion de la Méridienne de Paris depuis Orléans jufqu'aux environs de Carcaflonne. Si la Terre étoit une furface platte, de même qu'on la repréfente dans les Cartes géographiques, il eft certain qu'en rencontrant la Méridienne, on auroit dû fe réunir à un même point, avec la feule différence qui proviendroit des erreurs caufées par le défaut de précifion dans les obfervations que l’on a em- ployées : mais fi on la fuppofe Sphérique, il doit y avoir une différence que l’on peut calculer fuivant la Méthode que j'ai donnée à l’Académie, pourvü cependant qu’on ait fuivi dans les opérations géométriques, la direétion des Méri- diennes & des Perpendiculaires, que lon s’eft propofé de décrire, ce qu'il eft impoflible d’executer , faute de trouver : des objets qui foient toûjours dans la direction requife. IE doit y avoir encore des différences fuivant que la Figure de la Terre s'écartera plus ou moins de a Sphérique. Ainfi juf- qu'à ce que les obfervations que l’on fait aétuellement au Pérou, foient comparées à celles qui ont été faites vers le DES SCIENCES. 12$ Nord, de même qu’à celles que nous projettons de faire en France dans le même deflein ; il feroit difficile de fçavoir à quel degré de précifion nous nous fommes rencontrés avec la Méridienne. Nous continuâmes enfuite nos opérations, en traverfant le Languedoc d'Occident vers l'Orient. On fçait que depuis quelques années M.': Plantade, Clapiès & Danizy, de la So- ciété Royale de Montpellier, font chargés par les Etats de cette Province, de travailler à la defcription géographique de tous les Diocèles qui la compofent. Cet ouvrage eft déja fort avancé, & l'on ne fçauroit rien ajoûter à l'exactitude que ces Meffieurs y ont apportée dans fon execution ; ce que nous avons eu occafion de reconnoître par les obfervations que nous avons faites dans les lieux principaux qu'ils avoient employés, & qui fe font accordées dans leur Réfultat avec toute la précifion que l’on pouvoit efpérer. Mais quoiqu'ils euflent pris pour fondement de leurs me- fures la Méridienne dont ils avoient vérifié les T'riangles qui traverfent le Languedoc du Nord vers le Midi par de nou- velles Bafes, ils avoient befoin de divers autres points pour y rapporter les opérations qu'ils avoient faites en détail, ce que nous executâmes pendant le féjour que nous fimes dans cette Province, d’où nous paflèmes enfuite dans 1a Provence jufqu'à Marfeïlle, en fuivant principalement les Côtes de la Mer, dont nous nous étions propofé de faire la defcription. Ce fut-là où nous nous partageimes; M. Maraldi continua les opérations jufqu’à Nice, où fe terminoit la Perpendiculaire que nous avions entrepris de décrire, & qui traverfe toute la partie méridionale de la France depuis l'Occident jufqu'à TOrient. Pour moi, j'allai avec M. l'Abbé de la Caïlle à Arles & aux embouchüres du Rhône, pour faire 1a defcrip- tion de cette partie de la Côte de la Provence, & exécuter divers Projets dont Académie m'avoit fait l'honneur de me charger avant mon départ. Nous avions au Printemps de l’année derniére, fait aux environs de Paris diverfes expériences fur la Propagation du Qi 126 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Son, pour déterminer toutes les loix & variétés que Fon pourroit remarquer fuivant qu'il feroit tranfmis à de plus grandes ou de plus petites diftances, ou que cette propagation fe feroit par des milieux différents. Mais pour rendre ces obfervations encore plus complettes, il étoit néceflaire de déterminer, 1.” Si le Son fe tranfmettoit avec le même degré de viteffe dans un climat différent. 2.° Si la Mer & la difpo- fition des milieux que le Son avoit à parcourir, n'accélére- roit ou ne retarderoit pas fa propagation ; enfin fi employant des intervalles encore plus grands que ceux qui avoient fervi aux expériences faites à Paris, on trouveroit que le degré de vitefle du Son füt le même. Les diftances que l'on avoit déterminées dans le Voyage de la Méridienne pour un objet bien différent de celui de connoitre la nature & la propagation du Son, nous avoient fervi pour cette recherche, &elles nous furent auffi très-utiles dans cette occafion. On apperçoit du Fanal de Sette la Tour de Conflans à Aiguefmortes, dont nous avions déterminé la diftance de 22537 toiles. Ces deux lieux font au bord de la Mer, fans qu'il fe trouve dans leur direétion aucune T'erre ou Montagne qui puifle interrompre ou modifier la vitefle du Son. Ainfi nous Les jugeñmes très-propres pour nos expériences, que nous n'avions pas encore exécutées à une f1 grande diftance. 11 y avoit aufli aux environs de Sette divers endroits où nous ouvions faire commodément ces fortes d’obfervations, & entendre le bruit d’un Canon de 24 livres de balle, placé fur la Jettée à la diflance de 36 toiles du Fanal. Nous y trouvâmes, de même qu'à Paris, tous les fecours néceffaires pour cette expérience, par les ordres que M. d'Angervilliers donna au Commandant de la Place de nous fournir ce que nous pourrions avoir befoin pour le fuccès de nos opérations. Nous fuivimes le même ordre que l'on s’étoit prefcrit dans celles de Paris. On tiroit chaque jour deux coups de canon chargé de 20 livres de poudre, & les Obfervateurs avec des Pendules placés à différentes flations, comptoient le nombre = DES SCIENCES. 12 des Vibrations écoulées entre la lumiére & le bruit du Canon; ce qui fut continué plufieurs jours de fuite. À Aiguefmortes, l'intervalle entre la lumiére & le bruit du Canon fut oblervé deux fois de 2° 10". Ce qui, par rapport à la diftance du Canon, qui étoit de 22 5 72 toiles, donne la vitefle du Son de 1 73 toifes & demie par feconde, fort approchante de celle qu'on a déterminée à Paris de 173 toiles. Nous ne donnerons point ici le détail de toutes les autres expériences que nous avons faites fur le Son, qui feroit peut-être trop long, & nous nous contenterons de faire quel- ques remarques fur le réfultat de celles qui ont été faites à Paris & en Languedoc. Nous avions trouvé que dans un efpace de 1462 1 toifes, tel que de la Tour de Mont-ehery à la Pyramide de Mont- martre, l'intervalle de temps entre la lumiére & le bruit du Canon étoit de 1’ 24" 30°” dans un temps calme. Cette expérience s’eft trouvé confirmée par celle que nous avons faite à la Maïfon de campagne de M. Danizy, éloignée du Canon de 1463 5 toifes que le Son a parcouruës en 1’ 24" [IL Po: avoit remarqué aufli que dans les lieux placés entre Montmartre & Mont-lehery le Son ne s’étoit pas plus rallenti dans les endroits qui en étoient éloignés que dans ceux qui en étoient plus proches. Cette obfervation eft conforme à celle que nous avons faite le même jour à Aiguefmortes & à Montpellier, où le Son s’eft tranfmis dans des efpaces de temps proportionnels aux différentes diftances. ‘On avoit trouvé en troifiéme lieu par les obfervations faites à Dammartin & à Mont-lehery, où le Son avoit eu à traver{er d’une part des plaines & de l'autre un terrein fort inégal, que la difpofition du milieu que le Son avoit à par- courif, n'influoit pas fenfiblement fur la viteffe de fa propa- gation. Cette expérience eft confirmée par l’obfervation faite à Aiguefmortes, où le Son d’une part s'étoit tranfmis le Jong de la Mer, & de l'autre dans un terrein inégal & rempli de 128 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Montagnes, dans des intervalles de temps, proportionnels aux diflances. Enfin il réfultoit de diverfes expériences faites à Paris, que le Son plus ou moins fort fe tranfmettoit avec le même degré de viteffe, & que la direction, foit perpendiculaire, foit oblique, de l'arme à feu, ne produifoit aucune variation fenfible dans fa propagation : ce que nous avons vérifié, en faifant tirer au Château de Montferrier d’abord une Boîte, & enfuite plufieurs à la fois, pour augmenter la force du Son, qui ne s'eft pas tranfmis avec un plus grand degré de vitefle, ce que nous avons répété plufieurs fois pour nous en aflürer. Ce font-fà les éclairciflements que nous avons cru que l'on pouvoit défirer fur cette matiére, auxquels j'ajoute ici une expérience fur le feu du Canon, qui nous a paru bien finguliére, & qui peut même être très-utile pour les Signaux que l'on fait par ce moyen, en ce que l'on appercevoit Ja lumiére de différents endroits, d’où l’on ne pouvoit diftin- guer le Fanal de Sette, & fur-tout de Montpellier, qui fe trouve précifément dans la direétion de la Montagne de S.t Bauzeli, dont la hauteur eft de 130 toiles, ce qui n’empécha pas qu'on ne vit le feu avec la même diftinétion que fi ces deux lieux fe fuflent vüs réciproquement l'un de l'autre. Voilà à peu-près le détail abbrégé des opérations, tant Géométriques que Phyfiques, que nous avons faites l'année derniére, & dont le fuccès a été complet. II nous a encore réufli d’en faire un grand nombre d’autres pour déterminer la hauteur des Montagnes, de même que labbaiffement du niveau de la Mer, & la hauteur du Mercure à diverfes élé- vations, que nous nous difpenferons de rapporter ici, parce que nous comptons d’en faire encore de plus décifives dans le Voyage que nous projettons de faire cette année, en fui- vant les vüës que nous allons expofer ici. I ne fera pas inutile de fe rappeller d'abord ce qui a été déja D'IPLSMAS AC EN CE se 129 déja dit dans les Mémoires précédents, que dans le plan que : Ton s'eft formé pour la defcription de la France par des “Opérations Trigonométriques, on a cru devoir les rap- porter toutes à la Ligne Méridienne de Paris qui traverfe Le Royaume dans toute fon étenduë depuis le Nord jufqu'au Midi. On fent donc de quelle importance il eft d’avoir la def- cription de cette Méridienne avec toute la précifion poffible, tant par rapport à fon étenduë, que par rapport à fa direction. On peut voir dans le Traité de la Grandeur & de là Figure de la Terre, toutes les précautions qu'on a prifes pour fa defcription; mais quelqu'attention qu'on ait, il eft extréme- ment difficile d'éviter de petites erreurs, qui venant à fe multiplier, peuvent en produire de très-confidérables dans une étenduë aufli grande que cette ligne, qui eft de près de 500000 toiles. Nous avons donc cru devoir entreprendre de vérifier de nouveau cette Méridienne, en n’y employant, s’il eft poffible, aucun angle qui n'ait été obfervé. La perfeétion à laquelle nos Inftruments ont été portés, les défauts qu'on y a corrigés par une longue expérience, les additions qu'on y a faites pour en rendre l’ufage plus facile, & en même temps plus exact, femblent nous promettre un heureux fuccès, & ce que nous pouvons affürer, eft que nous ne népgligerons rien de ce qui peut contribuer à la perfection de cet ouvrage, … Mäïs outre l'avantage que nous efpérons de retirer de fa vérification de la Ligne Méridienne, pour ce qui concerne l'intérieur de la France, nous avons encore une autre vüë qui n'eft pas d’une moindre conféquence, qui eft de déter- miner la grandeur exacte des degrés en France, pour les comparer aux Obfervations que M.'* de l'Académie ont déja faites fous le Cercle Polaire, & à celles que l’on doit faire fous l'Equateur. Nous avons déja le réfultat de celles qui ont été faites vers le Nord avec toute l'exactitude qu’on puiffe défirer, & Mem. 1739. Re 130 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE où on a employé des Inftruments excellents faits tant en France, qu'en Angleterre. Suivant ces Oblervations comparées à celles de la Mefure de la Terre de M. Picard & aux nôtres, il réfulte que les degrés vont en augmentant en s'approchant des Poles, & nous fommes perfuadés qu’elles feront confirmées par celles qui fe font actuellement au Pérou. Cependant comme il convient de tächer de découvrir d'où viennent les différences qu’on a obfervées en France, & d'y faire des Obfervations exprès, pour déterminer a Figure de la Terre, on fe propole cette année de mefurer un arc de la circonférence de la Terre vers l'extrémité mé- ridionale du Royaume, que l’on comparera au degré mefuré vers le Cercle Polaire, ce qui donnera une étenduë plus grande de 6 degrés, que celle que l'on a employée jufqu'à préfent, en comparant le degré obfervé vers le Nord avec celui de M. Picard; de forte qu’au lieu d’un intervalle de 1 8 degrés qui eft entre ces deux mefures, on en aura un de 24 degrés, qui augmentera la précifion de l'inégalité des degrés dans une proportion encore plus grande que celle de 18 à 24, parce que l'augmentation d’un degré à l'autre, quelque hy- pothefe que l’on fuive, doit être plus fenfible entre le 42.° & le 48.e degré de latitude, que dans tout autre endroit du Méridien. Pour faire cette mefure avec le plus d’exactitude qu'il fera poflible, on fe propole de fubftituer de nouveaux Triangles à ceux qui ont été employés dans Îa partie méridionale de Ja France, & d'en obferver les trois angles, fans en conclurre aucun, ni en admettre qui ait moins de 3 o degrés. On peut même avancer ici que la plus difhcile partie de ce travail eft déja exécutée; car comme il avoit été impoffñible d’ob- ferver au Canigou, où fe terminoient les derniers Triangles de la Méridienne, parce que cette montagne étoit alors couverte de neiges qui la rendoïent inacceflible dans la plus grande partie de l’année, & que dans les temps où l'on peut Sr 2e mere Dit Ti Ti DUMAS UC ENN CIE :S 131 y monter, la brume qui eft répanduë {ur l'horifon, empêche le plus fouvent de diftinguer les objets des environs, comme il eft arrivé à M. de Plantade, quoiqu'il eût choifi la faifon la plus avantageufe ; pour éviter tous ces inconvénients, que M.'s de l'Académie ont remarqués de même que nous fur les hautes montagnes du Pérou, nous avons formé l'année derniére, depuis Perpignan jufqu’à Carcaflone, une nouvelle fuite de Triangles dont tous les angles ont été obfervés, & dont le moindre excede 3 3 degrés; de forte qu'il ne s’agit plus que de prolonger ces Triangles jufqu’à Alby, pour avoir un efpace de 70000 toifes ou d'environ 1 degré +. Si cette étenduë n’eft pas jugé fuffifante, on en mefurera une plus grande, aux extrémités de laquelle on fera les obfervations des Etoiles pour avoir la mefure de l'arc célefte qui y répond. Pour avoir les dimenfions des côtés des Triangles, on mefurera une nouvelle Bafe dans la Plaine du Rouffillon, qui ne peut être la même que celle que lon a employée dans la Méridienne, à caufe que la Mer a anticipé en cet endroit dans les terres, & on la vérifiera, s’il eft poffible, par une nouvelle mefure à l'extrémité feptentrionale de notre arc. Outre ces obfervations, nous comptons en faire aufli à Bourges, dont la fituation eft, fuivant ce que M. de Mau- pertuis a fait voir dans les Mémoires del’ Académie de 173 5, la plus avantageufe pour comparer les différences de latitude avec les diftances mefurées fur la Méridienne. Pour déterminer les diftances des Etoiles au Zénith, né- ceffaires pour connoître la grandeur de l'arc célefte, on em- ployera un Seéteur de 6 pieds de rayon, qui a été conftruit par le fieur Langlois, qui y a fait diverfes additions pour en rendre l’ufage plus facile, & en même temps contribuer à fa précifion, ce que nous avons déja vérifié par un grand nombre d’obfervations. Le limbe de ce Secteur comprend environ 5 2 degrés, & on y a appliqué une Lunette de toute la longueur du rayon, dont laxe eft parallele à Ia ligne qui pañle par le centre & le milieu de la divifion, afin de pouvoir R ïi L 132 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE oblerver les Etoiles de part & d'autre du Zénith à la diftance de 26 degrés, & retourner l'Inflrument pour avoir les véri- tables diftances. On auroit pu fe contenter de donner au limbe de ce Secteur 1 6 à 1 8 degrés, qui fufhifoient dans toute l’étenduë de la France, qui n'eft que de 8 à o degrés; mais nous avons jugé qu'il convenoit mieux qu'il fût d’un plus grand nombre de degrés, afin de pouvoir déterminer par fon moyen, fi les regles de l'Aberration de la Lumiére, que lon a remar- quées dans plufieurs Etoiles fixes qui font au Zénith, s'ac- cordent à celles qui en font éloignées de 26 degrés ; car comme, fuivant ces regles, les Etoiles qui fe trouvent près du Pole de l'Ecliptique font celles où l’Aberration ef la plus grande, & que fous le Parallele de Paris, ce Pole paffe par le Méridien à la diftance de 17 à 18 degrés du Zénith, on pourra obferver ces Etoiles avec ce Secteur, & déterminer leur plus grande Aberration pofible. On obfervera de même les Etoiles qui font près de l'Ecliptique vers le commence- ment de l’Ecrevifle, qui pafle à Paris par le Méridien à la diftance de 2 $ ° 20', lefquelles ne doivent avoir aucune varia- tion en déclinaifon caufée par l'Aberration des Etoiles & la Préceflion des Equinoxes. On pourra aufli déterminer par cet Inftrument, Ia hau- teur du Soleil au Solftice d'Eté, & le vérifier, en le retour- nant, fans aucune erreur fenfible, parce que le Soleil ne varie alors d'un jour à l'autre, que d’une quantité très-peu confi- dérable, & qu'on connoit exaétement. Quoique cet Inftrument, dont le rayon n’eft que de 6 pieds, foit plus petit que ceux qu'on a employés en France pour obferver les diftances des Etoiles au Zénith; cependant on efpere pouvoir les déterminer avec plus de précifion par le moyen de fa conftruétion extrèmement folide, & fur-tout du Micrometre adapté à la Lunette, de l'invention de M. le Chevalier de Louville, au moyen duquel les grands Inftru- ments n'ont plus le même avantage qu’ils avoient auparavant D'EXSMMISPCUIE N°C Es; 673 für ceux d’une grandeur médiocre; car comme on divife ces derniers par des points avec autant, & peut-être plus d’exac- titude que les grands, le principal avantage de ceux-ci eft de pouvoir y employer de plus grandes Lunettes, dans lef- quelles les divifions du Micrometre font plus fenfibles dans le Ciel. à H y a même, felon les apparences, dans la grandeur que Jon doit donner aux Inftruments, une certaine mefure au de-là de laquelle le plus d'étenduë devient plus nuifible qu'avantageux à la précifion qu'on en efpéroit : Qu'on aug- mente, par exemple, la fongueur d'une Lunette, on verra le difque des Etoiles plus grand, mais on y appercevra en même temps un plus grand tremblement caufé par l'agitation de l'air, qui en rendra les obfervations moins certaines; mais nous n'infifterons pas fur cette recherche, qui ne peut être fondée que fur une longue expérience. Après avoir terminé les Obfervations nécefaires pour déterminer la grandeur du degré de latitude dans la partie méridionale de la France, nous nous propofons d'y mefurer auffi quelques degrés en longitude fur un Parallele, par le moyen des feux que l'on fera à la plus grande diftance pof- fible, avec de la Poudre à Canon, que l’on 2 trouvée, dans des expériences du Son, très-propre à être apperçüë de fort Join, & dont on obfervera l'inftant de part & d'autre avec des Pendules bien reglées, pour avoir fa différence des Méridiens entre ces divers lieux. Nous avons déja eflayé d'en faire l'année derniére fur la Montagne de S.te Viétoire près d'Aix en Provence, éloignée du Mont de Sette de 78997 toiles, c'eft-à-dire, de près de 2 degrés, d'où on . voyoit très-diftinétement une lumiére de 6 livres de Poudre qu'on y avoit allumée, & nous efpérons avoir par ce moyen la mefure d'un degré d’un Parallele, & fon rapport à un degré du Méridien correfpondant, ce qui doit contribuer à la détermination plus précife de la Figure de la Terre dans tous les fens. R iij 134 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE Nous aurons aufli une grande attention dans ce Voyage, comme dans les précédents, à ce qui aura rapport à l'Hif- toire Naturelle & à la Botanique ; & comme nos opérations doivent nous conduire dans plufieurs Montagnes d'Auvergne & des Pyrénées, le fecond fils de M. le Monnier, qui s'ap- plique depuis long-temps avec fuccès à Ja Botanique, doit fe joindre à nous, & fe propole de faire des recherches fur ces Montagnes, des Plantes nouvelles ou peu connuës, pour en faire part à l’Académie. Indépendamment de ces Obfervations, M. Maraldi fe propofe de décrire une Méridienne du Midi vers le Nord, qui ira rejoindre aux environs de Strafbourg, la Perpendi- culaire tracée en l'année 1734, & M. l'Abbé Outhier doit achever ce qui refte des Côtes de la Normandie du côté de Cherbourg. ! DES SCIENCES. L- 135 ESS AIS Sur l'ufage de la Plante, nommée par C. Bauhin Polygala vulgaris, pour la guérifon des Maladies inflammatoires de la Poirrine. Par M. pu HAMEL. LL: 1 5 Janvier de l’année 173 8 , l'Académie reçut une Lettre de M. Teynnint, Médecin Ecoflois, qui lui faïfoit part des obfervations qu'il avoit faites à la Côte de Virginie, fur l'ufage d’une Plante qu’il avoit employée avec beaucoup de fuccès pour la guérifon des maladies inflimma- toires de la Poitrine. Dans le Pays, on nomme cette Plante Seroca, & M. Miller Ya appellée Polygala Virginiana 1 folis oblongis floribus in thirfo candidis radice alexipharmaca. M.Teynnint avoit joint à fa Lettre le deffein de Ia Plante, & environ une demi-once de fa Racine, qu'il marquoit être la partie de Ia Plante qu'il avoit fi heureufement employée, tantôt en fubftance à la dofe de 3 $ grains, ce qu'il répétoit plufieurs jours de fuite. D'autres fois il donnoit fon remede en infufion, à la dofe de trois onces, qu'il faifoit bouillir dans deux pintes d’eau, dont il faïfoit prendre au malade trois cuillerées dans l’efpace d'une journée. Lu M. Lémery & M. de Juffieu fe chargerent de l'épreuve de ce remede, &ils en firent peu de temps après un rapport très-avantageux, ce qui fit défirer à l'Académie d'en avoir une plus grande quantité ; on s’eft donné des mouvements pour cela, & il y a lieu d’efpérer qu'ils ne feront pas in- utiles. Cependant on agita dans l'Académie f1 l’efpece de Poly- gala qui eft fi commune dans nos campagnes, celle que C. 14 Février 1739- 136 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Bauhin a nommée Polygala vulgaris, ne produiroit pas le même effet. La différence des Pays où ces Plantes croiflent, pourroit faire douter qu’elles euflent exactement les mêmes vertus ; d'ailleurs ces Plantes, quoique vraifemblablement du mêmé genre, font de différentes efpeces, qui même fe reflemblent peu par leur port extérieur & par leur goût; le goût du Polygala de Virginie eft fort aromatique, acre & amer, & le nôtre a un goût légérement acre mêlé d’une très-foible amertume. Ce qui paroïfloit établir encore une plus grande différence entre l’ufage de notre Polygala & celui de Virginie, c'eft que Gefner qui appelle notre Polygala Anrarella, aflüre qu'il eft un puiffant purgatif, qualité qui en pourroit rendre l'ufage fufpect dans les maladies inflammatoires dont nous parlons, au lieu que M.'s Lémery & de Juflieu ont remarqué que le Polygala de Virginie calmoit promptement la fiévre des Pleuretiques, fans produire d'évacuations confidérables par les felles. Quoi qu'il en foit, ayant trouvé ces Vacances derniéres dans mon Laboratoire à la Campagne, un paquet de notre Polygala que j'avois ramaflé il y a quelques années dans l'intention de vérifier ce que Gefner dit de fa vertu purga- tive; ma premiére idée fut de trier ce que je pourrois de racines dans ce paquet, pour les remettre à M. Lémery & de Juffieu, mais la plüpart des pieds n'avoient pas de racines, & les racines des autres étoient fi menuës qu'il m'auroit été impoflible d'en ramafler feulement un gros. Cette grande délicateffe des racines commença même à me faire douter fr cette Plante pourroit jamais devenir d'un ufage familier, par la difficulté qu'il y auroit à en ramafer une fufhfante quantité. Je me déterminai donc à attendre qu'il fe préfentât quel- ques malades attaqués d’une pleuréfre ou d’une fluxion de Poitrine dangereufe, pour eflayer fi toute la Plante ne pro- duiroit pas le même effet‘que les racines, il ne s’en eft encore préfenté L DES SCIENCES. 137 préfenté que deux dans l'état que je les defirois ; je vais rap- -porter les effets que notre Polygala a produits. L re OBsERVATION. Une Fille âgée de 22 à 23 ans, ayant été attaquée d'une Fiévre violente & continuë, accom- agnée d'un crachement de fang, fut faignée du bras le 3 de fa maladie, & on lui ordonna une tifane pectorale ; la faignée foulagea la malade dans le moment, mais bien-tôt après les accidents recommencerent, & le 4 elle fouffrit extrèmement d’une douleur de côté qui s'étoit fixée entre la mammelle & l'aifelle. On la faigna pour la feconde fois, & comme les douleurs étoient vives, on mit dans fa tifane quelques légers calmants. Cette feconde faignée ne la foulagea non plus que pour très-peu de temps, & le crachement d'un fang de mauvaife odeur continuoit toüjours, quoique l’expec- toration ne fût pas abondante. Le foir, comme on lui trouva les yeux rouges & enflammés, on la faigna pour la troifiéme fois, & quelques heures après on lui donna une amandée, elle paffa la nuit un peu plus tranquillement, & le 5, le fang qu'elle crachoit, étoit un peu plus vermeil ; alors on fit bouillir dans fa tifane, qui étoit compofce de Chien-dent, de Réglifle & de fleurs de Pas-d’ine, une bonne poignée de Polygala. Elle en but à fa foif, qui étoit grande, toute Ia matinée ; l’expectoration commença vers les deux heures, & devint fi abondante, que le foir la malade avoit rendu plus de trois chopines de crachats, qui d'abord étoient jaunâtres, enfuite ils devinrent blancs, & enfin fluides ; la fiévre devint bien-tôt moins ardente, & le pous plus mollet & mieux réglé. Le 6 au foir, on lui fit prendre quelques cueiïllerées de fyrop fait avec le Polygala, & environ une heure après if furvint une fueur fi abondante qu'elle mouilla jufqu’à fon lit deplume. Le 7, on lui trouva très-peu de fiévre, & prefque plus de toux. Le 8 , elle eut un cours de ventre, ce qui empècha de lui donner un purgatif comme on l'avoit réfolu, mais on lui fit prendre quelques abforbants. Le 9, on la trouva debout, & elle dit qu'à la foibleffe près elle ne fentoit point de mal, mais un grand appetit, Le 12, on la Mem. 1739. 8 138 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE urgea, & le 1 5 elle commença à fortir & à travailler. Cette Fille étoit affés fouvent indifpofée, depuis deux meis elle n'avoit point été réglée, au refte elle n’eft ni maigre, ni replette, & elle eft d’une force médiocre. On ne s'eft point apperçû que le Polygala caufit de nau- fées, ni qu'il ait purgé la malade, quoiqu'à la vérité elle ait eu toûjours le ventre libre pendant qu’elle en a ufé. ÎL4t OBsERVATION. Un homme âgé de 25 ans, robufte & fec, fut attaqué d’une Pleuréfie, & porté à l'Hôtel- Dieu de Pluviers; en 12 jours on le faigna fept fois fans pouvoir calmer le point de côté. Le 9, de fon entrée à l'Hôtel-Dieu , il tomba dans un délire confidérable, qui dé- termina à lui faire une faignée du pied, les fens lui revinrent, & on lui adminiftra les Sacrements. Le 10, il étoit prefque moribond, & le 1 1 il lui prit un râlement qui faifoit juger que la poitrine s’embarrafloit ; le foir on lui fit une tifane, dans laquelle on mit une bonne poignée de Polygala. Le 1 2 il en but, & peu de temps après il rendit des crachats, d’abord noirs, enfuite rouges, & enfin blancs, ce qui débarrafla beau- coup la poitrine. On continua la tifane, & il eut quelques petites fueurs ; on le purgea quelques jours après, & il fortit de l'Hôtel-Dieu après y avoir refté 20 jours. Je fuis bien éloigné de penfer que les deux exemples que je viens de rapporter, foient fufffants pour aflürer l'excellence de ce remede ; & quand l’ufage en feroit juftifié par beaucoup d’autres fuccès, ne faudroit-il pas après cela s’affürer fi ce remede convient également dans les différentes efpeces de Fluxions de Poitrine & de Pleuréfie ? N'y auroit-il pas à étudier la meilleure façon de le donner? Si ce fera dès le commencement de la maladie, ou après avoir vuidé les vaif- feaux par quelques faignées ? S'il agira mieux en fubftance qu'en apofeme? S'il convient de lui joindre des abforbants, ou de le donner feul? &c. Je ne perds point de vüë l’éclair- ciflement de ces points principaux, mais il faut du temps pour y parvenir, & j'ai cru devoir me prefler de rendre compte des obfervations que je viens de rapporter, afin DES SCcTENGES. 139 d'exciter l'attention des habiles Médecins, qui par la fré- quence des occafions & par la connoïflance plus parfaite de leur art, pourront établir plus promptement & plus fürement tout ce qui appartient à la nature & à l'adminiftration d'un Remede qui probablement ne fera pas inutile pour la cure d’une maladie qui eft très-fréquente dans plufreurs Provinces _du Royaume, & par-tout très-dangereufe. Depuis la leture de ce Mémoire, j'ai eu plufieurs fois occafion d'employer le Polygala de Virginie à celui de ce pays, il m'a paru que l'un & l'autre facilitoient beaucoup l'expeéloration, mais celui de Virginie bien plus puiflamment que le nôtre. pu HAMEL a oublié d'inférer dans fon Mémoire . fur la Garance la citation fuivante, qui marque qu’on connoifloit il y a long-temps que cette Plante a la propriété de teindre en rouge les Os des animaux vivants : Æryrhro- danum vulgd Rubia T'inétorum dium, offa pecudum rubenti & fandycino colore imbuit, fi dies aliquot illud depaflæ fint oves, etiam intaéé radice, que rutila exiffet. Mizaldus, 1 $ 66, Mes morabilium jucundorum à utilium Centuriæ novem. 8 Avwil 1739: 140 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE MEMOIRE SUR ZA CONSERVATION ET LE RETABLISSEMENT D ESP UOMRME" SA FISS Par M. DE Burron., ,,/ ee bois qui étoit autrefois très-commun, maintenant fuffit à peine aux ufages indifpenfables # & nous fommes menacés pour l'avenir d'en manquer abfélument ; ce feroit une vraye perte pour l'Etat d'être obligé d'avoir recours à {es voifins, & de tirer de chés eux à grands frais ce que nos foins & quelque légere œconomie peuvent nous procurer. Mais il faut s'y prendre à temps, il faut commencer dès aujourd’hui ; car fi notre indolence dure, fi l'envie preffante que nous avons de jouir, continuë à augmenter notre in- différence pour la poftérité, enfin fi la police des Bois n’eft pas réformée, il eft à craindre que les Forêts, cette partie la plus noble du Domaine de nos Rois, ne deviennent desterres incultes, & que le bois de fervice dans lequel confifte une partie des forces maritimes de l'Etat, ne fe trouve confommé & détruit fans efpérance prochaine de renouvellement. Ceux qui font prépolés à la confervation des Bois, fe plaignent eux-mêmes. de leur dépériflement ; mais ce n’eft pas aflés de fe plaindre d’un mal qu'on reflent déja, & qui ne peut qu'augmenter avec le temps, il en faut chercher le remede, & tout bon citoyen doit donner au public les expé- riences & les réflexions qu'il peut avoir faites à cet égard. Tel a toûjours été le principal objet de l Académie ; l'utilité publique eft le but de fes travaux. Ces confidérations ont engagé M. de Reaumur à nous donner en 172 1 d'excellentes remarques fur l'état des Bois du Royaume. Il pofe des faits inconteftables, il donne des vüës faines, & il indique des PE LE DE BESIMÉSNCATIENN C'ELS 141 expériences qui feront honneur à ceux qui les exécuteront. Engagé par les mêmes motifs, & me trouvant à portée des Bois, je les ai obfervés avec une attention particuliére ; & enfin animé par les ordres de M. le Comte de Maurepas, j'ai depuis 7 à 8 ans fait plufieurs expériences fur ce fujet. Des vüës d'utilité particuliére autant. que de curiofité de Phyficien , n'ont porté à faire exploiter mes Bois taillis fous mes yeux, j'ai fait des pépinieres d'arbres foreftiers, j'ai femé & planté de grands cantons de Bois, & ayant fait toutes ces épreuves en grand, je fuis en état de rendre compte du peu de fuccès de plufieurs pratiques qui réuflifloient en petit, & que les Auteurs d'Agriculture avoient recommandées. Il en eft ici comme de tous les autres arts, le modéle qui réuffit le mieux en petit, fouvent ne peut s’exécuter en grand. Tous nos projets fur les Bois doivent fe réduire à tâcher de conferver ceux qui nous reftent, & à renouveler une partie de ceux que nous avons détruits. Commençons par examiner les moyens de confervation, après quoi nous vien- drons à ceux de renouvellement. Tout le bois de fervice du Royaume confifte dans les Forêts qui appartiennent à S. M. dans les réferves des Ecclé- faftiques & des Gens de main-morte, & enfin dans les Bali- veaux que l'Ordonnance oblige de laïfler dans tous les Bois. . On fçait par une expérience déja trop longue, que le bois des baliveaux n’eft pas de bonne qualité, & que d’ailleurs ces baliveaux font tort au T'aillis. J'ai obfervé fort fouvént les effets de la gelée du Printemps dans deux cantons voifins de * Bois taillis ; on avoit confervé dans l'un tous les baliveaux de quatre coupes fucceflives, dans l'autre on n’avoit réfervé que les baliveaux de la coupe actuelle; j'ai reconnu que la gelée avoit fait un fr grand tort au Taillis furchargé de bali- veaux, que l'autre Taillis l'a devancé de près de cinq ans fur douze. L’expofition étoit la même ; j'ai fondé le terrein en différents endroits, il étoit femblable. Ainfi je ne puis attri- buer cette différence qu'à l'ombre & à l'humidité que les bali- Veaux jettoient fur le Taillis, & à obftacle qu'ils formoient Si 142 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE au defléchement de cette humidité, en interrompant f'aétion du vent & du Soleil. Les arbres qui pouffent vigoureufement en bois, produifent rarement beaucoup de fruit ; les baliveaux fe chargent d’une grande quantité de Glands, & annoncent par-là leur foibleffe. On imagineroit que ce Gland devroit repeupler & garnir les Bois, mais cela fe réduit à bien peu de chofe ; car de plu- fieurs millions de ces graines qui tombent au pied de ces arbres , à peine en voit-on lever quelques centaines, & ce petit nombre eft bien-tôt étouffé par l'ombre continuelle & le manque d'air, ou fupprimé par le dégouttement de l'arbre, & par la gelée, qui eft toüjours plus vive près de la furface de la terre, ou enfin détruit par des obftacles que ces jeunes plantes trouvent dans un terrein traverfé d'une infinité de racines & d'herbes de toute efpece; on trouve, à la vérité, quelques arbres de brin dans les Taillis, ces arbres viennent de graine, car le Chêne ne fe multiplie pas par rejettons, & ne pouffe pas de da racine, mais les arbres de brin font ordi- nairement dans les endroits clairs des Bois, loin des gros baliveaux, & font dûüs aux Mulots ou aux oyfeaux, qui en tranfportant les Glands , en fement une grande quantité. J'ai fçû mettre à profit ces graines que les oyfeaux laiflent tomber. J'avois obfervé dans un champ, qui depuis trois ou quatre ans étoit demeuré fans culture, qu'autour de quelques petits buifons qui s’y trouvoient fort loin les uns des autres, plu- fieurs petits Chènes avoient paru tout d'un coup, je reconnus bien-tôt par mes yeux que cette plantation appartenoit à des Geais, qui en fortant des Bois, venoient d'habitude fe placer * fur ces buiffons pour manger leur Gland, & en laifloient tomber la plus grande partie, qu'ils ne fe donnoient jamais la peine de ramaffer. Dans un terrein que j'ai planté dans fa fuite, j'ai eu foin de mettre de petits buiffons, les oyfeaux s'en font emparés, & ont garni les environs d’une grande quantité de jeunes Chênes. Il faut qu'il y ait déja du temps qu'on ait commencé à s'appercevoir du dépériffement des Bois, puifqu'autrefois must Se. IC ES 143 nos Rois ont donné des ordres pour leur confervation. La plus utile de ces Ordonnances eft celle qui établit dans les Bois des Eccléfraftiques & Gens de main-morte, la réferve du quart pour croître en futaye ; elle eft ancienne, & a été donnée pour la premiére fois en 1 573, confinmée en 1 $07, & cependant demeurée fans exécution jufqu'à l’année 1 669. Nous devons fouhaiter qu'on ne fe reliche point à cet égard; ces réferves font un fonds, un bien réel pour l'Etat, un bien de bonne nature, car elles ne font pas fujettes aux défauts des baliveaux ; rien n’a été mieux imaginé, & on en auroit bien fenti les avantages, fi jufqu'à préfent le crédit, plûtôt que le befoin, n’en eût pas difpofé. On préviendroit cet abus, en fupprimant l'ufage arbitraire des permiflions, &en éta- bliffant un temps fixe pour la coupe des réferves. Ce temps feroit plus ou moins grand felon la qualité du terrein, ou plütôt felon la profondeur du fol, car cette attention eft abfolument nécefaire. On pourroit donc en régler les coupes, à $o ans dans un terrein de 2 pieds + de profondeur, à 70 dans un terrein de 3 pieds+, & à 100 ans dans un terrein de 4 pieds + & au de-là de profondeur. Je donne ces termes d’après les obfervations que j'ai faites au moyen d’une Tar- riére haute de $ pieds, avec laquelle j'ai fondé quantité de terreins, où j'ai examiné en même temps la hauteur, la grofleur & l'âge des arbres ; cela fe trouvera affés jufte pour les terres fortes & paîtriflables. Dans les terres légeres & fablonneufes on pourroit fixer les termes des coupes à 40, 60 & 80 ans; on perdroit à attendre plus long-temps, & il vaudroïit infiniment mieux garder du bois de fervice dans des magazins que de le laïfler fur pied dans les Forêts, où il ne peut manquer de s’altérer après un certain âge. Dans quelques Provinces maritimes du Royaume, comme dans la Bretagne près d'Ancenis, il y a des terreins de Com- munes qui n'ont jamais été cultivés, & qui fans être en na- ture de Bois, font couverts d’une infinité de plantes inutiles, comme de Fougeres, de Genêts & de Bruyeres, mais qui font en même temps plantés d’une affés grande quantité de 144 MÉMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE Chênes ifolés. Ces arbres fouvent gâtés par l'abroutiflement du bétail, ne s’élevent pas, ils fe courbent, ils fe tortillent, & ils portent une mauvaife figure, dont cependant on tire grand avantage, car ils peuvent fournir un grand nombre de piéces courbes pour la Marine, & par cette raifon ils mé- ritent d’être confervés. Cependant on dégrade tous les jours ces efpeces de Plantations naturelles ; les Seigneurs donnent ou vendent aux payfans la liberté de couper dans ces Com- munes, & il eft à craindre que ces magazins de bois courbes ne foient bien-tôt épuifés. Cette perte feroit confidérable, car les bois courbes de bonne qualité, tels que font ceux dont je viens de parler, font fort rares. J'ai cherché les moyens de faire des bois courbes, & j'ai fur cela des expériences commencées qui pourront réuflir, & que je vais rapporter en deux mots. Dans un Tüillis j'ai fait couper à différentes hauteurs, fçavoir à 2, 4, 6, 8, 10 & 1 2 pieds au deffus de terre, les tiges de plufieurs jeunes arbres, & quatre années enfuite j'ai fait couper le fommet des jeunes branches que ces arbres étêtés ont produites ; la figure de ces arbres eft devenuë par cette double opération ff irréguliére, qu'il n’eft pas poffible de la décrire, & je fuis perfuadé qu'un jour ils fourniront du bois courbe. Cette façon de courber le bois feroit bien plus fimple & bien plus aifée à pratiquer que celle de charger d’un poids, ou d’aflujettir par une corde la tête des jeunes arbres, comme quelques gens l'ont propolé, Tous ceux qui connoiffent un peu les Bois, fçavent que Ja gelée du Printemps eft le fléau des T'aillis, c’eft elle qui, dans les endroits bas & dans les petits vallons, fupprime continuellement les jeunes rejettons, & empêche le bois de s'élever, en un mot, elle fait aux Bois un auffi grand tort qu'à toutes les autres productions de Îa terre, & fi ce tort a jufqu'ici été moins connu, moins fenfible, c'eft que la jouiflance d’un Taillis étant éloignée, le propriétaire y fait moins d'attention, & fe confole plus aifément de la perte u’il fait; cependant cette perte n'en eft pas moins réelle, puifqu'elle recule fon revenu de plufieurs années. J'ai tâché de prévenir, 7 DES SCIENCES. 145 de prévenir, autant qu'il eft poflible, les mauvais effets de la gelée, en étudiant la façon dont elle agit, & j'ai fait fur cela des expériences qui m'ont appris que la gelée agit bien plus violemment à l'expofition du Midi, qu'à lexpolition du Nord; qu'elle fait tout périr à l'abri du vent, tandis qu’elle épargne tout dans les endroits où il peut pafler librement. Cette oblervation, qui eft conftante, fournit un moyen de préferver de la gelée quelques endroits des T'aillis, au moins pendant les deux ou trois premiéres années, qui font le temps critique, & où elle les attaque avec plus d'avantage; ce moyen confifle à obferver, quand on les abbat, de commencer la coupe du côté du Nord; il eft aifé d'y obliger les Marchands de bois, en mettant cette claufe dans leur marché, & je me fuis déja très-bien trouvé d'avoir pris cette précaution pour mes T'aillis. Un pere de famille, un homme arrangé, qui fe trouve propriétaire d’une quantité un peu confidérable de Bois taillis, commence par les faire arpenter, borner, divifer, & mettre en coupe reglée, il s'imagine que c’eft-là le plus haut point d'œconomie; tous les ans il vend le même nombre d'arpents, de cette façon fes Bois deviennent un revenu annuel, il fe fçait bon gré de cette regle, & c'eft cette apparence d'ordre qui a fait prendre faveur aux coupes reglées : cependant il s'en faut bien que ce foit-là le moyen de tirer de fes T'aillis tout le profit qu'on en peut tirer; ces coupes reglées ne font bonnes que pour ceux qui ont des Terres éloignées qu'ils ne peuvent vifiter, la coupe reglée de leurs Bois cit une efpece de ferme, ils comptent fur le produit & le reçoivent fans s'être donné aucun foin, cela doit convenir à grand nombre de gens; mais pour ceux dont l'habitation fe trouve fixée à la campagne, & même pour ceux qui vont y pafler un certain temps toutes les années, il leur eft facile de mieux ordonner les coupes de leurs Bois taillis. En général, on peut affürer que dans les bons terreins, on gagnera à les attendre, & que dans les terreins où il n'y a pas de fond, … ilfandra les couper fort jeunes; mais il feroit bien à fouhaiter Mem. 173 9e PA 146 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qu'on püt donner de la précifion à cette regle, & déterminer au jufte l'âge où l'on doit couper les Taillis; cet âge eft celui où l'accroiflement du bois commence à diminuer. Danses premiéres années, le bois croît de plus en plus, c'eft-à-dire, la produétion de la feconde année eft plus confidérable que celle de la premiére, l’accroiffement de la troifiéme année eft plus grand que celui de la feconde, ainfi l’accroifiement du bois augmente jufqu’à un certain âge, après quoi il dimi- nuë : c'eft ce point, ce maximum qu’il faut faïfir pour tirer de fon Taillis tout l'avantage & tout le profit poffible. Mais comment le reconnoître, comment s’aflürer de cet inftant? I n’y a que des expériences faites en grand, des expériences longues & pénibles, des expériences telles que M. de Reaumur les a indiquées, qui puiffent nous apprendre l’âge où les bois commencent à croître de moins en moins; ces expériences confiftent à couper & peler tous les ans le produit de quel- ques arpents de Bois, pour comparer l'augmentation annuelle, & reconnoitre au bout de plufieurs années, l'âge où elle commence à diminuer. Quoique ces expériences paroiflent être au-deflus des forces d'un particulier, j'ai déja au moins eu le courage de les entreprendre, & j'efpere qu'en moins de dix ans, je ferai en état d'en rendre compte; ce long terme ne doit point effrayer les autres, puifqu'il n’a pu me rebuter. J'ai fait plufieurs autres remarques fur la confervätion des Bois & fur les changements qu'on devroit faire aux Regle- ments des Forêts, que je fupprime comme n'ayant aucun rapport avec des matiéres de Phyfique : mais je ne dois pas pañler fous filence le moyen que j'ai trouvé d'augmenter la force & la folidité du Bois de fervice, & que j'ai commu- niqué derniérement à l'Académie ; rien n’eft plus fimple, car il ne s'agit que d’écorcer les Arbres, & les laifler ainfr fécher & mourir fur pied avant que de les abbattre : Aubier devient par cette opération aufli dur que le cœur de Chêne, il augmente confidérablement de force & de denfité, comme je m'en fuis affüré par un grand nombre d'expériences, & D'ENEMISYET EN CES 147 les fouches de ces Arbres écorcés & féchés fur pied, ne laiflent pas que de repoufler & de reproduire des rejettons, ainfr il n'y a pas le moindre inconvénient à établir cette pratique, qui, en augmentant la force & la durée du bois mis en œuvre, doit en diminuer la confommation, & par conféquent doit être mife au nombre des moyens de conferver les Bois. Venons maintenant à ceux qu'on doit employer pour les renouveller. Cet objet n'eft pas moins important que le premier, combien y a-t-il dans le Royaume, de terres inutiles, de Landes, de Bruyeres, de Communes qui font abfolument {tériles? La Bretagne, le Poitou, la Guyenne, la Bourgogne, la Champagne, & plufieurs autres Provinces ne contiennent que trop de ces terreins inutiles ; quel avantage pour Etat, {1 on pouvoit les mettre en valeur? La plüpart de ces terreins étoient autrefois en nature de Bois, comme je l'ai remarqué dans plufieurs de ces cantons deferts, où l’on trouve encore quelques vieilles fouches prefque entiérement pourries. II eft à croire qu'on a peu à peu dégradé les Bois de ces terreins, comme on dégrade aujourd’hui les Communes de Bretagne, & que par la fucceffion de temps on les a abfolument dé- garnis. Nous pouvons donc raifonnablement efpérer de réta- blir ce que nous avons détruit. On n'a pas de regret à voir des Rochers nuds, des Montagnes couvertes de glace ne rien produire, mais comment peut-on s’accoütumer à fouffrir au milieu des meillenres Provinces d’un Royaume, de bonnes terres en friche, des contrées entiéres mortes pour l'Etat? Je dis de bonnes terres, parce que j'en aï vû & j'en ai fait défricher, qui non-feulement étoient de qualité à produire de bon bois, mais même des Grains de toute efpece. II ne s'agiroit donc que de femer ou de planter ces terreins, mais il faudroit que cela püt fe faire fans grande dépenfe, ce qui ne laïfle pas que d’avoir quelques difficultés, comme on en jugera par le détail que je vais faire. Comme je fouhaitois de m'inftruire à fond fur la maniére de femer & de planter des Bois, après avoir lû fe peu que T ij 148 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE nos Auteurs d'Agriculture difent fur cette matiére, je me fuis attaché à quelques Auteurs Anglois, comme Evelyn, Miller, &c. qui me paroifloient être plus au fait, & parler d’après l'expérience. J'ai voulu d’abord fuivre leurs méthodes en tout point, & j'ai planté & femé des Bois à leur façon, mais je n'ai pas été long-temps fans m'appercevoir que cette façon étoit ruineufe, & qu'en fuivant leurs confeils les Bois, avant que d'être en âge, m'auroient coûté dix fois plus que leur valeur. J'ai reconnu alors que toutes leurs expériences avoient été faites en petit dans des Jardins, dans des Pépi- niéres, ou tout au plus dans quelques Parcs où l'on pouvoit cultiver & foigner les jeunes Arbres, mais ce n'eft point ce qu'on cherche quand on veut planter des Bois ; on a bien de la peine à fe réfoudre à fa premiére dépenfe néceffaire, comment ne fe refuferoit-on pas à toutes les autres, comme celles de la culture, de l'entretien, qui d’ailleurs deviennent immen£es lorfqu'on plante de grands cantons? J'ai donc été obligé d'abandonner ces Auteurs & leurs méthodes, & de chercher à m'inftruire par d’autres moyens, & j'ai tenté une grande quantité de façons difiérentes, dont la plüpart, je lavouërai, ont été fans fuccès, mais qui, du moins, m'ont appris des faits, & m'ont mis fur la voye de réuflir. J'avois, pour travailler, toutes les facilités qu'on peut fouhaiter, des terreins de toutes efpeces, en friche & cultivés, une grande quantité de Bois taillis, & des Pépiniéres d’Arbres foreltiers où je trouvois tous les jeunes plans dont j'avois befoin ; enfin j'ai commencé par vouloir mettre en nature de Bois un efpace de terrein de 8o arpents, dont il y en avoit environ 20 en friche, & 6o en terres labourables,, produifant tous les ans du Froment & d’autres Grains, même aflés abondamment. Comme mon terrein étoit naturellement divifé en deux parties prefque égales par une haye de Bois taillis, que l'une des moitiés étoit d'un niveau fort uni, & que la terre me paroifloit être par-tout de même qualité, quoique de profondeur affés inégale, je penfai que je pour- rois profiter de ces circonflances pour commencer une DES: SCIENCES. 14 - expérience dont le réfultat eff fort éloigné, mais qui fera fort utile, c'eft de fçavoir dans le même terrein la différence que produit fur un bois l'inégalité de profondeur du fol, afin de déterminer plus jufte que je ne l'ai fait ci-devant, à quel âge on doit couper les Bois de futaye. Quoique j'aye com- mencé fort jeune, je n'efpere pas que je puifle me fatisfaire pleinement à cet égard, même en me fuppofant une fort longue vie ; mais j'aurai au moins le plaïfir d'obferver quel- que chofe de nouveau tous les ans, & pourquoi ne pas laifier à la poftérité des expériences commencées? J'ai donc fait divifer mon terrein par quarts d'arpent, & à chaque angle j'ai fait fonder la profondeur avec ma Tarriére, j'ai rapporté fur un plan tous les points où j'ai fondé, avec la note de Ia profondeur du terrein & de la qualité de la pierre qui fe trouvoit au-defious, dont la mèche de la T'arriére ramenoit toüjours des échantillons, & de cette façon j'ai le plan de la fuperficie & du fond de ma Plantation, plan qu'il fera aifé quelque jour de comparer avec la produétion. : Après cette opération préliminaire, j'ai partagé mon ter- rein en plufieurs cantons, que j'ai fait travailler différemment. Dans l'un, j'ai fait donner trois labours à la charruë, dans un autre deux labours, dans un troifiéme un labour feule- ment ; dans d’autres j'ai fait planter les Glands à la pioche & fans avoir labouré ; dans d'autres j'ai fait fimplement jetter des Glands, ou je les ai fait placer à la main dans l'herbe; dans d’autres j'ai planté de petits arbres, que j'ai tirés de mes Bois ; dans d’autres des arbres de même efpece, tirés de mes Pépiniéres, j'en ai fait femer & planter quelques-uns en Automne & d’autres au Printemps, quelques-uns à un pouce de profondeur, quelques autres à fix pouces ; dans d’autres j'ai femé des Glands que j'avois auparavant fait tremper dans différentes liqueurs, comme dans de l'eau pure, dans de fa lie de vin, dans de l'eau qui s’étoit égouttée d’un fumier, dans de l’eau falée. Enfin dans plufieurs cantons j'ai femé des Glands avec de l'Avoine; dans plufieurs autres, j'en ai femé que j'avois fait germer auparavant dans de la terre. Je vais T iÿ 150 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Û rapporter en peu de mots le réfultat de toutes ces épreuves, & de plufieurs autres que je fupprime ici, pour ne pas rendre cette énumération trop longue. La nature du terrein où J'ai fait ces effais, m'a paru en- ticrement femblable dans toute fon étenduë ; c’eft une terre forte, paitriflable, un tant foit peu mêlée de glaife, retenant l'eau long-temps, & fe féchant aflés difficilement, formant par la gelée & par la fécherefle une efpece de croûte avec plufieurs petites fentes à fa furface, produifant naturellement une grande quantité d'Hiébles dans les endroits cultivés, & de Geniévres dans les endroits en friche & environnés de tous côtés de Bois d’une belle venuë. J'ai fait femer avec foin tous les Glands un à un & à un pied de diftance les uns des autres, de forte qu’il en eft entré environ douze mefures ou boifleaux de Paris dans chaque arpent. Je crois qu'il eft né- ceflaire de rapporter ces faits, pour qu'on puifle juger plus fainement de ceux qui doivent fuivre. L'année d’après j'ai obfervé avec grande attention l'état de ma plantation, & j'ai reconnu que dans le canton dont j'efpérois le plus, & que j'avois fait labourer trois fois, & femer avant l'Hyver, la plus grande partie des Glands n’avoit pas levé ; les pluyes de l'Hyver avoient tellement battu & corroyé la terre, qu'ils n'avoient pu percer, le petit nombre de ceux qui avoient pu trouver ifluë, n’avoit paru que fort tard, environ à la fin de Juin; ils étoient foibles, effilés, la feuille étoit jaunâtre, languiffante, & ils étoient fi loin les uns des autres, le canton étoit fi peu garni, que j'eus quelque regret aux foins qu'il avoit coûtés. Le canton qui n’avoit eu que deux labours, & qui avoit aufii été femé avant l'Hyver, reflembloit affés au premier, cependant il y avoit un plus grand nombre de jeunes Chênes, parce que la terre étant moins divifée par le labour, la pluye n’avoit pu la battre autant que celle du premier canton. Le troifiéme, qui n’avoit eu qu'un feul labour, étoit par la même raifon un peu mieux peuplé que le fecond, mais cependant il l’étoit fr mal, que plus des trois quarts de mes Glands avoient encore manqué. DiiEx SMS CHE NI CE s 11 Cette épreuve me fit connoître que dans les terreins forts & mêlés de glaife, il ne faut pas labourer & femer avant YHyver; j'en fus entiérement convaincu, en jettant les yeux fur les autres cantons. Ceux que j'avois fait labourer & femer au Printemps, étoient bien mieux garnis ; mais ce qui me furprit, c'eft que les endroits où j'avois fait planter le Gland à la pioche, fans aucune culture précédente, étoïent confi- dérablement plus peuplés que les autres; ceux même où l’on n'avoit fait que cacher le Gland fous l'herbe étoient aflés bien fournis, quoique les Mulots, les Pigeons ramiers & d’autres animaux en euflent emporté une grande quantité. Les can- tons où les Glands avoient été femés à fix pouces de pro- fondeur, fe trouverent beaucoup moins garnis que ceux où on les avoit fait femer à un pouce ou deux de profondeur. Dans un petit canton où j'en avois fait femer à un pied de profondeur, il n’en parut pas un, quoique dans un autre endroit où j'en avois fait mettre à neuf pouces, il en eût levé plufieurs. Ceux qui avoient été trempés pendant huit jours dans de Ia lie de vin & dans de l'égout de fumier, fortirent de terre plütôt que les autres. Prefque tous les arbres gros & petits que j'avois fait tirer de mes Taillis, ont péri à la premiére ou à la feconde année, tandis que ceux que j'avois tirés de mes Pépiniéres ont prefque tous réufi. Mais ce qui me donna le plus de fatisfaétion, ce fut le canton où j'avois fait planter au Printemps les Glands que j'avois fait aupara- vant germer dans de la terre, il n'en avoit prefque point manqué ; à la vérité ils ont levé plus tard que les autres, ce que j'attribuë à ce qu'en les tranfportant ainfi tout germés, on caffa la radicule à plufieurs de ces Glands. Les années fuivantes n’ont apporté aucun changement à ce qui s’eft annoncé dès Ia premiére année. Les jeunes Chênes du canton labouré trois fois, font demeurés toûjours un peu au deflous des autres, & font encore plus foibles que ceux des autres cantons. Aiïnfi je crois pouvoir affürer que pour femer une terre forte & glaifeufe, il faut conferver le Gland pendant l'Hyver dans de Ja terre, en faïfant un lit de deux 152 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pouces de Glands furun lit de terre d’un demi-pied, puis un lit de terre & un lit de Glands, toüjours alternativement, & enfin en couvrant le magafin d’un pied de terre, pour que la gelée ne puifle y pénétrer. On en tirera leGland au com- mencement de Mars, & on le plantera à un pied de diftance, CesGlands qui ont germé, font déja autant de jeunes Chènes, & le fuccès d’une plantation faite de cette façon n’eft pas douteux ; la dépenfe même n’eft pas confidérable, car il ne faut qu'un feul labour. Si l'on pouvoit fe garentir des Mulots & des oyfeaux, on réuffiroit tout de même & fans aucune dépenfe, en mettant en Automne le Gland fous l'herbe, car il perce & s'enfonce de lui-même, & réuflit à merveille fans aucune culture dans les friches dont le gazon ef fin, ferré & bien garni, ce qui indique prefque toüjours un terrein ferme & mêlé de glaife. Comme je penfe que la meilleure façon de femer du bois dans un terrein fort & mélé de glaife, eft de faire germer les graines dans de la terre, il eft bon de raflürer fur le petit inconvénient dont j'ai parlé. On tranfporte le Gland germé dans des manequins, des corbeilles, des paniers, & on ne : peut éviter de rompre la radicule de plufieurs de ces Glands, mais cela ne leur fait d'autre mal que de retarder leur fortie de terre de quinze jours ou de trois femaines, ce qui même n'eft pas un mal, parce qu'on évite par-là celui que la gelée des matinées de Mai fait aux graines qui ont levé de bonne heure, & qui eft bien plus confidérable, J'ai pris des Glands germés, auxquels j'ai coupé le tiers, fa moitié, les trois quarts, & même toute la radicule ; je les ai femés dans un Jardin où je pouvois les obferver à toute heure, ils ont tous levé, mais les plus mutilés ont levé les derniers. J'ai femé d’autres Glands germés, auxquels, outre la radicule, j'avois encore ôté un des lobes, ils ont encore levé; mais fi on retranche les deux lobes, où fi fon coupe la plume, qui eft la partie eflentielle de l'embrion, ils périfient également. Quand l'expérience a une fois appris ces faits, il eft aifé de les expliquer, mais, encore une fois, je me borne dans ce Mémoire DES SCIENCES. 153 Mémoire à donner des faits ; quelque jour dans un ouvrage plus étendu je compte ne rien obmettre de ce qui peut être intéreffant fur cette matiére. Dans l’autre moitié de mon terrein, dont je n’ai pas encore parlé, il y a un canton dont la terre eft bien moins forte que celle que j'ai décrite, & où elle eft même mêlée de quel- ques pierres à un pied de profondeur ; c'étoit un champ qui rapportoit beaucoup de grain, & qui avoit été bien cultivé, Je le fis labourer avant l'Hyver, & aux mois de Novembre, Décembre & Février j'y plantai une collection nombreufe de toutes les efpeces d'arbres des Forêts que je fis arracher dans mes Bois taillis de toute grandeur, depuis trois pieds juf- qu'à dix & douze de hauteur. Une grande partie de ces arbres n'a pas repris, & de ceux qui ont pouflé à la premiére féve, un grand nombre a péri pendant les chaleurs du mois d'Août, plufieurs ont encore péri la feconde, & encore d'autres la troifiéme & la quatriéme année; de forte que de tous ces arbres, quoique plantés & arrachés avec foin, & même avec des précautions peu communes , il ne m'eft refté que des Cerifiers, des Aliziers, des Cormiers, des Frênes & des Or- mes, encore les Aliziers & les Frênes font-ils languiflants, ils n’ont pas augmenté d’un pied de hauteur depuis cinq ans; les Cormiers font plus vigoureux, mais les Meriziers & les Ormes font ceux qui de tous ont le mieux réufli. Cette terre fe couvrit pendant l'Eté d’une prodigieufe quantité de mau- vaifes herbes, dont les racines détruifirent plufieurs de mes arbres. Je fis femer aufli dans ce canton des Glands germés, les mauvaifes herbes en étoufferent une grande partie; ainfs je crois que dans les bons terreins qui font d'une nature moyenne entre les terres fortes & les terres légeres, il con- vient de femer de l’Avoine avec les Glands pour prévenir Ja naiflance de ces mauvaifes herbes, dont la plüpart font vivaces, & qui font beaucoup plus de tort aux jeunes Chênes, que l'Avoine, qui cefle de pouffer des racines au mois de Juillet. Cette obfervation eft füre, car dans le même terrein les Glands que j’avois fait femer avec l'A voine, avofent mieux Men, 1739: .V 154 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE réuffi que les autres. Dans le refle de mon terrein, j'ai fait planter des jeunes Chênes, de l'Ormille, & d'autres jeunes plans tirés de mes Pépiniéres, qui ont bien réufi ; ainfi je crois pouvoir conclurre avec connoiflance de caufe , que c'eft perdre de l'argent & du temps que de faire arracher des jeunes arbres dans les Bois, pour les tranfplanter dans des endroits où on eft obligé de les abandonner & de les laiffer fans culture, & que quand on veut faire des plantations confidé- rables d’autres arbres que de Chêne ou de Hêtre, dont les graines font fortes , & furmontent prefque tous les obfltacles, il faut faire des Pépiniéres où on puifle élever & foigner les jeunes arbres pendant les deux premiéres années, après quoi on les pourra planter avec fuccès pour faire des Bois. M'étant donc un peu inftruit à mes dépens, en faifant cette plantation, j'entrepris l’année fuivante d’en faire une autre prefqu'auffi confidérable, dans un terrein tout différent; la terre y eft féche, légere, mêlée de gravier, & le fol n’a pas huit pouces de profondeur, au deflous duquel on trouve la pierre. J'y fis auffi un grand nombre d'épreuves dont je ne rapporterai pas le détail; je me contenterai d’avertir qu'il faut labourer ces terreins, & les femer avant l'Hyver. Si l'on ne feme qu'au Printemps, la chaleur du Soleil fait périr les graines. Si on fe contente de les jetter ou de les placer fur la terre, comme dans les terreins forts, elles fe defféchent & périflent, parce que l'herbe qui fait le gazon de ces terres légeres n'eft pas aflés garnie & aflés épaifle pour les garantir de la gelée pendant l'Hyver, & de l'ardeur du Soleil au Prin- temps. Les jeunes arbres arrachés dans les Bois, réuffiflent encore moins dans ces terreins, que dans les terres fortes, & fi o1 veut les planter, il faut le faire avant l'Hyver avec des jeunes plans pris en Pépiniére. Je ne dois pas oublier de rapporter une expérience qui a un rapport immédiat avec notre fujet. J'avois envie de connoître.les efpeces de terreins qui font abfolument con- traires à la végétation, & pour cela j'ai fait remplir une demi- douzaine ‘de grandes Caifles à mettre des Orangers, de DES SCIENCES. T matiéres toutes différentes ; la premiére de glaife bleuë, 1a feconde de gravier gros comme des noiïfettes, la troifiéme de glaife couleur d'orange, la quatriéme d'argile, la cinquiéme de fable blanc, & la fixiéme de fumier de vache bien pourri. J'ai femé dans chacune de ces caifles un nombre égal de Glands, de Châtaignes & de graine de Frêne, & j'ai laiffé les caifles à l'air fans les foigner & fans les arrofer ; la graine de Frêne n'a levé dans aucune de ces terres ; les Châtaignes ont levé & ont vêcu, mais fans faire de progrès, dans da caifle de glaife bleuë. A l'égard des Glands, il en a levé une grande quantité dans toutes les caifles, à l'exception de celle qui contenoit la glaife orangée, qui n’a rien produit du tout. J'ai obfervé que les jeunes Chênes qui avoient levé dans la glaife bleuëé & dans largile, quoiqu'un peu effilés au fommet, étoient forts & vigoureux en comparaifon des autres ; ceux qui étoient dans le fumier pourri, dans le fable & dans le gravier, étoient foibles, avoient la feuille jaune, & paroif- foient languiflants. En Automne j'en fis enlever deux dans chaque caïfle, l'état des racines répondoit à celui de la tige, car-dans es plaifes Ja racine étoit forte, & n'étoit proprement qu'un. pivot gros & ferme, long de trois à quatre pouces, qui n’avoit qu'une ou deux ramifications. Dans le gravier au contraire & dans le fable fa racine s'étoit fort allongée, & sétoït prodigieufement divifée, elle reffembloit, fi je puis m'exprimer ainfi, à une longue coupe de cheveux. Dans le fumier , la racine n’avoit guére qu'un pouce ou deux de lon- gueur , & s’étoit divifée dès fa naiflance en deux ou trois cornes courtes & foibles. H eft aifé de donner les raifons de ces différences, mais je ne veux ici tirer de cette expérience qu'une vérité utile, c'eft que le Gland peut venir dans tous les terreins. Je ne diffimulerai pas cependant que j'ai vû dans plufieurs Provinces de France des terreins d’une vafte éten- duë , couverts d'une petite efpece de Bruyere où je n'ai pas vû un Chêne ni aucune autre efpece d'arbres ; la terre de ces cantons eft légere comme de la cendre noire, poudreufe, fans aucune liaifon. Je n'ai pas eu occafion de faire des expériences Vi 156 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fur ces efpeces de terres, mais je fuis perfuadé que fi les Chènes n’y peuvent croître, les Pins, les Sapins, les Cyprès, & peut-être plufieurs autres arbres utiles pourroient y venir. J'ai élevé de graine, & je cultive aétuellement une grande quantité de ces arbres , j'ai remarqué qu'ils demandent un terrein femblable à celui que je viens de décrire. Je fuis done perfuadé qu'il n’y a point de terrein, quelque mauvais, quel- qu'ingrat qu'il paroïfle, dont on ne pût tirer parti, même pour planter du bois; if ne s’agiroit que de connoître les efpeces d'arbres qui conviendroient aux différents terreins, mais cette connoiflance fuppofe bien des expériences, & demande un grand nombre d’obfervations. J'en ai déja fait plufieurs, dont je rendrai compte au Public dans un Traité fur la culture de toutes les efpeces d’Arbres qui peuvent s'élever en pleine terre, qui eft fort avancé, & qui eft le réfultat des expériences & des remarques que j'ai faites, en. élevant en pépiniére tous ces arbres. Je ne me fuis pas borné à faire une fimple colleétion pour la curiofité, j'ai multiplié, & j'ai actuellement des Pépiniéres remplies de Pins, de Sapins, de Cyprès, de Planes, de Cédres du Liban, & de toutes les autres efpeces qui peuvent s'élever en pleine terre, dont j'efpere faire bien-tôt des Plantations en grand. C’eft travailler pour utilité publique que de naturalifer tous ces Arbres étrangers, à l'exemple de M. du Fay, à qui le Public a tant d'obligations depuis qu'il a l'Intendance du Jardin du Roy. D. DES SCIENCE: 157 DE LA MEILLEURE MANIERE d'employer les Seaux pour élever de l'Eau. Par M. Camus. FE grand ufage que l'on fait de F Eau pour tous les befoins de la vie, pour les Manufaétures, pour l'entretien des Jardins & leur embelliffement , a fait inventer une quantité prodigieufe de Machines, dont l'objet eft 'Elévation de l'Eau. Toutes ces Machines, que Îa variété de leur conftruétion à multipliées à un point qu'il eft difficile d’en faire l’énuméra- tion, ont chacune leur avantage particulier, en forte qu'on ne peut donner à aucune la préférence en général für les autres, & quefi lonaun choix à faire, ce font les circonftances qui le doivent déterminér. H faut pourtant convenir que les machines les plus fimples font toûjours préférables aux autres quand elles peuvent avoir lieu : mais faute de connoître les meïlleures proportions de leurs parties, on n'en tire pas toûjours tout le fervice qu'on en pourroit attendre, on les néglige, & on leur en fubfti- tué d'autres plus compofées, qui demandent un plus grand entretien. Les Seaux font fans contredit les machines Îes plus fimples pour tirer de l'eau, l’ufage en eft extrèmement commun pour tirer de l'eau des Puits, mais on les équipe différemment, fuivant les différentes profondeurs des Puits, DE 14 BAsCuULE Juin 1739° Lorfque le Puits ou le lieu dont on veut tirer l'eau, n’eft Hess pas profond, & qu'il n’y a que 1 2 ou 1 $ pieds de profon- deur ou de hauteur à tirer, on fe fert dans plufieurs endroits, d'une Bafcule AB , dont l'appui eft au haut d'un poteau de- bout, terminé en fourche, pour mieux contenir la Bafcule, V iÿ Fig. 2e 158 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaALE On attache le Seau S à l'extrémité d’une perche de 13 ou 1 6 pieds, & l'on applique l'autre extrémité de cette perche au bout 4'du plus grand brâs de la Bafcule, de maniére qu'il uifle jouer fur fon attache. On charge l'autre bout de Ja Bafcule d'un poids ?, tel qu'il faffe équilibre avec la moitié du poids du Seau quand il eft plein. Par le moyen de cette machine, qui eft des plus fimples, & dont le fervice eft extrèmement prompt, un homme feul peut élever à 12 ou rs pieds plus d’un muid $& demi d'eau par heure. On fe fert de cette machine en Flandre, principalement dans les Brafleries, qui dépenfent une quantité d'eau confi- dérable. Dr, Peters x == +1) X — &2xe—= CoOoROLLAIRE Il Si lon fubftituë dans ces quatre Equations les valeurs fuppofées dans le Corollaire 2 du Probleme I], ou trouvées auparavant, & qu'on fafle encore la longueur de la corde, ou /— 150 pieds. 1 Si p—g; on aura x = 6.026, & 2xe— 5.785 pouces. 2 Sip—V3 &g—2, on aura «= 5.344, & 2xe— 5.135 pouces. C'eft-à-dire, que r.° quand Îe rayon de Ia bobine eft augmenté par chaque rang, s: l'épaiffeur de la corde, il faut dans chaque rang 6 tours 555, & que la bobine ait entre fes j jouës 5. .78 5 pouces de long. 2." Et quand le rayon de la bobine augmente, comme Zi 180 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fi chaque tour portoit fur deux tours inférieurs, il faut que la corde fafle $ tours EEE pour chaque rang, & que la bobine ait 5.135 pouces de long entre fes jouës. CorozLAïRE IL. En prenant pour / e, r,p, les mêmes quantités, 1 5 o pieds, 12 pouces, 6 pouces, 1 0 pouces +, fuppofées dans le Coroll. 2 des Problemes IT &IIT, ou calculées auparavant, nous avons trouvé dans la Remarque du Probleme 1E, » — 6 ; ainfr 21 fubftituant encore 6 pour #, Equation x = mx(p+r+e)xn 300 pieds 3600 pouces : iendra x = "7" — == un peu devie x 63x17pouc. 7x 6 653-13 pouc. P plus de 53, & 2xe— $ pouces 27. C'eft-à-dire, qu'il faudra dans chaque rang un peu plus de $ tours + de corde, & que la bobine ait entre fes jouës 1 pouces + REMARQUE. 11 faut remarquer que quand les cordes fe roulent ainfi fur une double bobine, on ne corrige pas toute l'inégalité des différences des moments oppofés. La différence des moments du poids qui monte & de celui qui defcend, eft la même au commencement & à la fin de l'élévation du Seau, elle fe trouve encore quelquefois la mème entre le milieu & la fin de cette élévation, mais elle eft plus fouvent différente; de maniére que le moment de la manivelle eft encore variable; mais la quantité dont varie la force appliquée à la manivelle, n'eft pas à beaucoup près fi confidérable qu'elle le feroit fi la corde, en s’enveloppant, ne fe redoubloit pas fur le Tour. On peut faire l'arbre du Tour en double Conoïde, de maniére que la différence des moments du poids qui monte & de celui qui defcend foit toûjours conftante, en forte que la puifflance qu’on appliquera à la manivelle foit auffr conf tante; c'eft le fujet du Probleme fuivant. M Ÿ DS Re ES SMS A TS RTE DES SCIENCES. 181: PROBLEME y. Trouver un Concide EDFIHG, ou la Courbe EDF, qui par Ja révolution fur fon axe A B, décrit un Conoide, tel que le moment du poids qu'on éleve, moins le moment du poids qu’on POIAS q PoIas q _ fait defcendre, Joit égal au moment conflant donné de la manivelle, & que ce foit tofjours la même chofe , de quelque côté qu'on mette le poids le plus pefant. SOLUTION. Soit Sun Seau plein qu’il faut élever avec fa corde, & & un Seau vuide qu’il faut faire defcendre avec fa corde. S'il ne s’agifloit que de rendre conftante la différence des mo- ments de ces deux poids, on pourroit faire de quelle figure on voudroit le côté £G H D du Conoïde, fur lequel s’en- velopperoit la corde du Seau montant, & chercher enfuite la figure de l’autre côté D H 1 F, de defius lequel la corde. du Seau defcendant fe doit développer. Mais le Seau plein S'étant monté, one vuide, & le Seau æ étant defcendu, fe remplit, en forte qu'il faut élever le Seau plein +, &faire defcendre le Seau vuide.S. Il faut donc, pour que les moments foient les mêmes, que dans le premier cas la corde du Seau plein & s'enveloppe fur un Conoïde égal à celui fur lequel la corde du Seau plein S' s’étoit enveloppée, & que la corde du Seau vuide S fe développe de deffus un Conoïde égal & femblable à celui de defius lequel la corde du Seau vuide & s’eft développée. U I! eft donc évident que les deux côtés du Conoïde doi- vent être égaux & femblables. Soient la pefanteur de chaque Seau, S'ou &. . , —5, le poids de l’eau que doit contenir un Seau . . . , —4. 1. Suppofons que le Seau S plein d'eau, & arrivé dans une pofition telle qu'une partie de {a corde s’eft déja enve- loppée fur le Conoïde, & en couvre une partie EMGO, le Seau « fera defcendu d’une certaine quantité, & une partie de fa corde, en fe développant, aura découvert une partie 4 DANT A de l'autre côté du Conoïde, 4 182 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Suppofons encore qu'un canal fpiral eft creufé fur fe Co- noïde pour recevoir la corde, & que les pas égaux du canal répondent à des parties égales de l'axe AZ. Enfin fuppofons la corde infiniment déliée, & par conféquent infiniment “longue pour qu'elle couvre la même furface que couvriroit une corde d'une épaifleur & longueur finie, La corde étant regardée comme infiniment déliée, chaque pas de la fpirale pourra être pris pour un anneau cylindrique qui aura lordonnée de la courbe pour rayon, & chacun de ces anneaux répondra à une partie de l'axe À B égale à lépaifleur de la corde par fuppofition. Puifque le Seau S étant dans la fituation où il'eft, une putie de fa corde couvre la partie E 10 G de fon côté de Conoïde, & que toute la corde doit couvrir tout leConoïde; en repréfentant le poids de la corde par l'efpace qu'elle couvre, le poids de la corde entiére fera repréfenté par les furfaces cylindriques de tous les anneaux qui compolent le Conoïde, & le poids de la corde qu’il faut aétuellement foûtenir avec le Seau S, fera repréfenté par les furfaces cylindriques de tous les anneaux qui répondent à la partie CP de l'axe. Soit CP—x, PM=—=y, Pp—dx, & m le rapport du rayon à la circonférence, my dx fera la furface cylindrique d’un anneau que la corde du Seau S eft prête à couvrir, & mSydx fera la fomme des furfaces des anneaux qui reftent à couvrir, & exprimera par conféquent le poids de la corde appliquée au rayon PA avec le Seau S & l'eau à qui eft dedans ; ainfi my Sydx+-5y+-ay fera le moment de la corde, du Seau & de l'eau, actuellement appliqués au levier PM. De Fautre côté du Conoïde, il y a un moment contraire, fcavoir celui du Seau , dont le poids eft s, & celui de Ja corde qui eft defcenduë avec ce Seau, lefquels poids font appliqués au levier QN. : Comme la corde qui fe développe, fait toûjours en fe développant, autant de tours que celle qui s’enveloppe, la partie CQ de l'axe qui répond à la portion DNAT du rs DIEMSANANCNLIE IN CHE ST LE Conoïde, découverte par la corde du Seau defcendant ÿ, eft égale à la partie AP du même axe qui répond à la portion EMGO de l'autre côté du Conoïde, couverte par la corde du Seau S'qui monte; ainf CQ—CA— x, & Qqg—=—dx. Et appellant QN, 7; —mydx fera la furface d’un anneau que la corde du Seau & découvre, & — mf7dx fera la fomme des furfaces des anneaux que la corde du Seau & a dé- couvertes, & exprimera par conféquent le poids de la corde appliquée au levier QN, avec le Seau & dont le poids eft 5; ainfi — "7/7 dx +57 fera le moment de la corde & du Seau & appliqués au levier Q N. Mais la différence de ces deux moments oppolés, eft égale au moment de la manivelle, que je nommerai FR, parce que je ferai fon rayon —R, & la force conftante qu’on lui applique —=f. On aura donc, 1° myfydx + sy + ay+-myfrdx — 57 —=fR. 2.° Que le Seau & foit plein, & le Seau S'vuide, & qu'ils foient encore dans la même pofition, le poids de la corde du Seau &, qui et... ——mfzdx, Jetpoidsidu Seau &, quiet . . . , . à... . —5, le poids de l'eau qui eft contenuë dans le Seau Sr, quieft — 4, : font enfemble appliqués au levier QN . . . . . —7; ainfi le moment de ces trois poids ft = — »7/f7d x “ +57 +az De l'autre côté, la corde du Seau S, où mSydx, L: Mines du Su S'viidé 2. ee. 5, » font enfemble appliqués au rayon PM... .. ——ÿ}) ainfi le moment de ces deux poids eft #yfydx +57. Mais la différence de ces deux nouveaux moments oppofés, M doit encore être égale au moment de la manivelle. On aura donc, 2. —myfzdx +57+-a7—myfydx : — 5 =fR. . Comparant enfemble ces deux Equations, on trouvera _{R —S) —a) += —fR—5y+ag +57, 184 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ou si =} +; ainfi y +7 eft conftant, Müis lorfque PM ou y=CD, on a QNouz =28F = AË, ain y+z=CD+BF Ain faifant DR — BF, & tirant la droite À X parallele à l'axe AZ, on aura toûjours y où PM+QN=CR, & par confé- quent PM = NZ & QN— MF, ce qui donne lieu aux réflexions fuivantes. 1. Lorfque la corde du Seau S fera en 4, & répondra au milieu À du côté AC de l'axe, la corde du Seau & fera en B,.& répondra au milieu 7 de l'autre côté CB de l'axe; & comme les deux côtés du Conoïde font égaux & fembla- bles, on aura Au = 7f. Mais Au—= LR & 7 —=e, ainfi les quatre lignes Au, ue, m2, Bd\, font égales entre elles, & par conféquent les deux courbes femblables Du ME, D NRF, rencontrent les droites DE, DF, dans leurs mi- lieux pu, L. 2. Comme toutes les ordonnées PAZ à la portion de courbe Æ£u, font égales aux ordonnées Z N de la portion DB, & que les abfcifles de ces ordonnées correfpondantes PM, ZN, font égales, les courbes aux portions de courbes £ y, DB, font femblables & égales; mais la courbe £y eft fem- blable & égale à la courbe FR, & la courbe DB eft auffr femblable & égale à la courbe D y. Donc les quatre portions de courbe Du, mE, DB, BF, font femblables & égales. .” Il fuit de ces deux remarques, que les deux courbes femblables DIE, DNF, ont chacune un point d’inflexion, Vune en w, l'autre en f. Je vais maintenant chercher l'Equa- tion qui détermine la nature de ces courbes. 2fR Soit > ou y à, & par conféquent fR = & 7 —=b—y; & fubflituant ces valeurs de fR &dez dans l'Equation trouvée précédemment my Sydx+ sy +ay+mrSzdx —s7=fR, on aura MySydx +sy + ay + m(b—7y) x Sbdx mx (— by) x Sydx —sb+sy=—, 4 ou . DES ISCI1EN CES 185$ DE — ou (RE) pdt 0 des (—bx +88) x Ce NC ESP (5x +08) x x (b—y), ou bien Sydx {ox —08) BV) unie jrs x (-—) = . Différenciant ydx —=bdx X — = b—2y EC 2 mL mt x dy = bdx (B— 23) | , D + (br —0B)xbdy rar flo à x (b—3)= dx x (2by—23y 04) = rue. +d d CR, Donc —"#*_ — cal, vend nn ar, 4 7 = x EE) (b—23)x(20y— 2yy 15) B— 23 —+x(4ydy—2bdy) NET 20e) . 29 —2by+bb Les deux membres de cette Equation font des différences . Jogarithmiques ; ainfi ne on aura //—Hx=B) — JA — Apte et — + 1(2yy —2by +0); D—2 & paflant aux nombres — = F8 = D P A VDo + (69) , ou bien y4x x (b—35ÿ) “Vds HE A x ( B—2y pr Do + (15) ] k Ji De ce font les Equations de 12 Me cherchée, qui par fa révolution fur axe ACB doit j décrire le Cho EDGH où FDIH HAx% (B— 29) 4 VD +0) DE B, lorfque l'on aura Las a CR; mais % alors on Aura de Ch — 2 1 CA, ainfr, Ja conftante E— a moitié de axe AC d'un côté du Conv'de. Je ha Des Tautre conflante A & A & par Ja Me & ot de Dhs] Ou au 200 55h \ Mem. 1739. à CAE ME — ; d'où lon tirera “Es Equation x — B=— = - donnera Fig. 8. 186 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE +ib%x — | (#— 2) fi n — VA (:—2;] ait connoitre que la courbe a 4 branches hyperboliques femblables & égales, qui partent du point g, & font femblablement poées par rapport à la droite pr parallele à CA : de ces 4 branches, il y en a 2 au deflus de pr, & 2 au deflous. Mais on le verra mieux en transformant les axes, fçavoir en prenant les abfciffes de la courbe fur pr, & mettant leur origine au point : Soit uy—=7, yM=u, on aura py ou x = By, 2.° L'Equation y—+ & PM ou y = Hu, & par conféquent x — B — Hz, &y— L —= =, Subflituant ces valeurs de x —B & de y— — dans l'Equation y —+ = D mens V2 Au) | Cette Equation fait voir évidemment que la courbe à 4 branches, umP, MN, uMO, mQ, femblables & égales ; car pour chaque 7 ou wy, foit pofitif, foit négatif, on a deux valeurs égales de z, ou de + A7, c'eft-à-dire, que pour +7, on a deux valeurs égales de #, lune pofitive, l'autre négative ; & pour une abfciffe négative —7, on a pareillement une ordonnée pofitive #, & une autre négative — 4, Les 4 branches de cette courbe font hyperboliques, car lorfque + 7 —= À y2, le divifeur 7/2 4°— 77) ft —0, ainfi les ordonnées # font infinies. On voit encore que la conftante À V2 — Ia diftance qu'il y a du nœud de fa courbe aux afymptotes X, FZ. Le Conoïde DEGH ef fait par la révolution des deux portions de courbe 5 D, w E, priles dans les branches oppo- fées u MD O, MEN, & le nœud x fépare ces deux portions égales de courbes, Les portions correfpondantes ne, ud\, que le même nœud x fépare, & qui font prifes dans les deux autres branches oppofées ue P, md\Q, fervent à 4 , on aura HE u—= 4 pes SCtTENCESs. 187 décrire un autre Conoïde 6d\0@ par leur révolution au- tour de l'axe AC du premier Conoïde. Ainfi le Conoïdé D EGH étant celui fur lequel s'enveloppe la corde du Seau montant, l'autre Conoïde ed 8@ feroit celui de defius le- quel la corde du Seau defcendant devroit fe développer, & réciproquement. Je dis que cela feroit ainfr, files deux Co- noïdes DEGH, ed\ôo, ne croifoient pas, & ne fe nui- foient pas réciproquement. Pour empêcher ces deux Co- noïdes de fe nuire, on les décroife, & on les place l'un au bout de l'autre, en les oppofant par leurs, grandes bafes ou leurs petites bales, c'eft-à-dire, quon place le fecond Co: noïde | [NII +: 17 . d ag . 8. I 39 VA 7: P Z DES SCIENCES. 189 OBSERVATIONS R L'ANATOMIE DE LA SANGSUE. Premier Mémoire. DM Par M MoRaAND. CC: que l’on a jufqu'à préfent de plus détaillé fur l'ana- tomie de a Sangfuë, confifte dans la defcription qui ven a été donnée par M. Poupart, dans le Journal des Sçavants de l'année 1697, & M. Dillenius (Jean-Jacques) dans les “Ephémérides des Curieux de la Nature, en 1718. Dom - Allou, Chartreux, cité par M. de Reaumur dans fon hiftoire des Infectes, a fait fur celui-ci plufieurs découvertes qui montrent également la patience & la fagacité de ce Curieux ; jai là avec plaïfir fon ouvrage manufcrit, & j'aurai grand Join de lui rendre ce qui lui appartient fur plufieurs points … de l'hiftoire de la Sangfuë. … Quoique la defcription que M. Poupart a donnée de ce Ver aquatique, foit la plus exacte, elle n’eft pas fans défaut, “& d'ailleurs elle n’eft accompagnée d’aucunes Figures. La “ defcription de M. Dillenius eft plus étenduë, mais pleine “de fautes en Anatomie, & les Figures qu'il y a jointes ne font pas fupportables. “ Après avoir fait l'anatomie de la Sangfuë avec quelque foin, j'ai vü qu'il n'étoit pas difficile de donner en defcrip- “tion & en figures, des chofes où la Nature fût mieux dé-. “veloppée & plus clairement renduë. + J'obmets ici tout ce que l’on {çait communément de Ia Sangfuë, & ce qu’il eft facile à chacun d’appercevoir. 1.° Par la fimple infpettion, comme les anneaux cutanés de fon fourreau, l'arrangement & les couleurs des rayes, des pyra- “mides, des points dont ce même fourreau eft orné, l'avidité des Sangfuës à fuccer la chair des Animaux, la façon dont À a iij 190 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE elles appliquent leur bouche en forme de ventoufe pour s’y attacher, une forte de mouvements qu'on voit à travers de leur peau quand elles fuccent, & qui femble répondre aux mouvements de la déglutition. 2.° Par des expériences faciles, comme le temps qu’elles vivent dans eau fans autre nour- riture que l'eau même, la faculté qui leur eft commune avec plufieurs autres efpeces d'animaux, de fe mouvoir, quoique coupées par morceaux. J'ai cru toutes ces chofes fuffifam- ment connuës, & je ne me fuis occupé dans ce Mémoire que de fa confidération des parties qui entrent dans la ftruéture de la Sangfuë. En commençant par celles au moyen defquelles la Sangfuë a la propriété d'entamer la peau d'un autre animal, & d'en fuccer le fang, je remarque d’abord qu’on les confond toutes avec ce que l'on nomme /a bouche. Cependant depuis l'ex- trémité de fon corps qui repréfente la tête, jufqu’à l'entrée de l'œfophage, il y a cinq parties différentes à examiner, fçavoir, deux levres, une cavité qui eft proprement la bouche, des inftruments pour entamer, d’autres pour fuccer, & un gofier pour la déglutition. Lorfque la Sangfuë eft en repos, fa levre fupérieure fait un demi-cercle aflés régulier, & l'inférieure une portion d’un plus grand cercle. Quand la Sangfuë allonge fa tête pour avancer, le demi-cercle de la levre fupérieure fe change en deux lignes obliques dont la jonction fait un angle faiflant que la Sangfuë applique d’abord où elle veut s'attacher, & qui eft marqué par un petit point très-noir au bord extérieur du milieu de la levre. La foupleffe des fibres de cette partie lui donne la facilité de prendre la figure dont l'animal a befoin pour tâtonner les endroits où il veut s'appliquer, afin de cheminer, ou pour développer les parties avec lefquelles il doit entamer la peau de quelqu'autre animal. Dans ces deux cas, fes deux levres toutes ouvertes fe changent en une efpece de pavillon exactement rond par les bords; & dans ce moment il y a peu de différence pour la forme entre la bouche appliquée, DES SCIENCES. 191 & l'acetabulum de la queuë; fune & l’autre imitent affés fa figure de la patte d'un Verre vüë par-deffous. Enfin quand la Sangfuë eft tout-à-fait fixée, par exemple, aux parois intérieures d’une fiole, ces deux parties font tout-à-fait appla- ties & exactement appliquées à la furface qu'elles couvrent. Les lettres À & 2, font voir la Sangfuë entiére, avec ce que lon nomme a tte à fa queuë. L'ouverture qui eft entre les deux levres de la Sangfuë … cft proprement fa bouche ; Iorfqu'on à tenu ces deux levres … dilatées un peu de temps par quelque corps dur, on en voit aïfément la cavité. Cette bouche eft, comme les levres, $ compofée de fibres très-fouples, moyennant quoi elle prend $ toutes les formes convenables au befoin de l'animal; de “ façon que quand Îa Sangfuë veut s'attacher quelque part, … elle ouvre d'abord les levres, enfuite elle retourne fa bouche î de dedans en dehors, elle en applique les parois intérieures, ÿ & de toute la cavité de fa bouche on ne diftingue plus { qu'une petite ouverture dans le milieu, où la Sangfuë doit : faire avancer l'organe deftiné à entamer. À h 1 « * Cette derniére partie paroït avoir donné bien de la peine aux Naturaliftes, & tous ne font pas abfolument d'accord fur . fa forme. + | 11 n’étoit pas raifonnable de croire que Ia Sangfuë n’avoit qu'un aiguillon, comme Îe Coufm; on fçavoit bien qu’elle “ ne fe bornoit pas à faire une picquûre dont il n’auroit ré- …. fulté qu'une ampoule, une élévation à la peau, on devoit » {ntir qu'il falloit nécefairement qu’elle fit une playe, pour — füccer le fang avec autant d’avidité & en auffi grande quan- . tité qu’elle le fait, & qu’un aiguillon ne fufhfoit pas pour cela. … Auffi trouve-t-on peu d’Auteurs de ce fentiment. L'ouverture que {a Sangfuë laïfle appercevoir au milieu - de fa bouche appliquée pour entamer, eft triangulaire, par -conféquent on a dü imaginer que l’inftrument qu’elle lance au travers de cette ouverture pour entamer, étoit triple ; . c'eft pourquoi quelques Naturaliftes lui ont donné trois — aïguillons, d’autres trois dents. Cela ne füuffit pas encore, car 1 el 192 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE il eft conflant que cet inflrument eft à trois tranchants, & la plüpart des Naturaliftes modernes s'accordent fur cela. La découverte pourroit bien en être düë à la fimple obfervation de la playe faite par la Sangfuë. En effet, fi on examine cette petite playe, elle reprélente fenfiblement trois traits ou rayons qui s’uniflent dans un centre commun, & qui font entr'eux trois angles égaux ; & l’on voit que ce. ne font point trois picquüres, mais trois playes /C). On ne le remarquera pas après avoir appliqué les Sangfuës à des hémorroïdes, mais {1 elles l'ont été à d’autres endroits de la peau, & fur-tout d’une peau blanche, on voit le jour même de l'opération un peu de fang coagulé qui recouvre la playe, le lendemain le petit caillot tombe, mais un léger gonfle- ment confond tout; enfin le troifiéme ou quatriéme jour, on voit diftinétement les trois playes marquées. L'organe pour entamer eft placé, comme je l'ai déja dit, entre l'ouverture faite par les deux levres & le fond de la bouche. Après avoir ouvert dès Sangfuës par le ventre & fuivant la longueur de l'animal, & avoir cherché cet organe dans l'endroit défigné, c’eft le taét qui m'en a d’abord décou- vert quelque chofe. J'ai obfervé qu'en pafant le doigt fur l'endroit où eff cet organe, je fentois une impreflion pareille à celle que m'auroit faite une lime douce fur mon doigt ; ce qui fuppofe déja des parties qui font non-feulement rabo- teufes, mais {olides & de la nature de l'os, ou tout au moins de Ja corne. Confidérant enfuite cette partie avec une grofe loupe, j'apperçüs que la membrane interne de la bouche, vers fon fond, étoit hériffée de petites pointes capables, étant fi près les unes des autres, de faire des lames dentées. Sur cette fimple expofition, on concevra aifément que fi par quelque mou- vement particulier, ces lames s’avancent enfemble & dans le fens de Fouverture triangulaire vers la partie à laquelle la Sangfuë applique fa bouche, elles doivent faire une playe telle qu'elle a été décrite, Mais Dom Allou a été bien plus loin, il y a découvert trois DLESMISUCUT ŒEUN-ChE IS I * trois rangées de dents ou trois petits rateliers, dont la dif- . ; pofition & la ftruéture ne peuvent être expliquées, qu’en “ rapportant les termes mêmes de Auteur. « Au fond de fa à bouche, dit-il, font difpofés trois petits mufcles qui s’avan- “ cent en demi-cercles, & portent fur leurs arêtes un petit | cordon dont la courbüre eft pareille, c’eft-à-dire, qu'elle » forme aufli un demi-cercle; ce petit cordon, qui d'un bout “ à l'autre efl traverfé par de petites incifions, reflemble aflés î à une lime qu'on appelle queuë de rat, & que l’on auroit _ainfr courbée. L’entredeux de chaque incifion s'éleve en demi-rond, ce qui forme autant de godrons, & ce font ces godrons qui fervent de dents à la Sangfuë. Les godrons font au nombre de foixante, le long de l’arête de chaque mufcle ; ainfi les trois mufcles portent jufqu’à cent quatre-vingt dents. La Sangfuë fe fert de ces trois demi-cercles dentelés, comme d'autant de tranchoirs avec lefquels elle coupe la peau des animaux, & même elle pénétre jufque dans la chair, prin- _ cipalement avec le milieu de ces tranchoirs, qui eft leur partie la plus avancée; & par le moyen de ces mufcles retirés _ & avancés alternativement, elle fe fert de fes dentelures . comme d'une petite fcie ». Cette ftruéture eft repréfentée h dans les Figures D, Æ, F. La lettre D repréfente la bouche triangulaire, fort en grand, un peu entrouverte pour faire _appercevoir les trois rateliers. Æ, les trois mufcles portant chacun leur arête dentelée, chaque mufcle feize fois plus 4 grand que dans le naturel. Æ, l'arête en demi-cercle, déta- . chée du mufcle, & portant fon ratelier, quatre-vingt fois . plus grande que dans le naturel. : ._ Le méchänifme de ces parties ainfi développé par Dom . Allou, eft bien différent de l'expofition faite par M. Poupart, qui ne croyoit pas que la Sangfuë perce la peau, & qui . explique la divifion qu'elle y fait, en difant que « Lorfque “ap a appliqué fa bouche à la chair d’un animal, tous mufcles dé fon-gofier fe contractent ; il fucce cette chair _ avec une telle violence & avidité, qu'il la fait entrer en - forme d’un petit mammelon jufque dans fa gorge, en forte, b Mem, 1739. s Ÿ v CA » 194 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ajoûte-t-il, que tous les efforts de la fuccion fe bornant à un fort petit efpace, il eft néceflaire que la chair fe rompe en cet endroit ». La découverte de Dom Allou établit néceflairement, & les Figures D, £, le font voir, une ouverture dans le centre commun des trois rateliers, & j'ai été étonné de voir qu'après une defcription auffi exacte de cette partie, notre Solitaire fe contente de dire « Que l’ouverture étant fuff- famment faite dans la peau, & même dans la chair, la Sangfuë en afpirant, attire le fang, & s'en remplit autant qu’elle peut ». En effet c’eft le moment d'examiner comment elle fucce : l'ouverture qui eft au centre des trois rateliers fe préfenteroit en vain à la playe, il faut néceflairement que quelque chofe détermine le fang à enfiler cette ouverture. Voici ce que j'ai obfervé à ce fujet. Au de-là des rateliers, dans l'endroit où la bouche rétrécie de la Sangfuë commence à prendre la forme de canal, & où Yon fe repréfenteroit la luette dans l'Homme, il y a un mam- melon très-apparent /G), & d’une chair aflés ferme. Ce mam- melon eftun peu flottant dans la bouche, & il m'a paru naturel de lui affigner l'office d’une langue. Lorfque les organes que J'ai décrits d’abord, font appliqués où la Sangfuë cherche fa pâture, lorfque les rateliers ont fait playe, & que l’ouver- ture qui eft à leur centre, eft parallele au milieu de la triple playe faite par les rateliers , il doit être facile au mammelon lancé au travers de ceite ouverture, de faire le pifton, & de fervir à fuccer le fang qui fort de l'entamure, pendant que la partie de la bouche, continuë aux levres, fait le corps de ompe. Enfin fe préfente la cinquiéme partie de la bouche, que j'appelle le pharinx. L'on voit réellement entre Ja racine du mammelon, que j'appelle la Zangue, & le commencement de Feftomac, un efpace long d'environ deux lignes /Æ), garni de fibres blancheîtres, dont on diftingue deux plans, lun cir- culaire, & l'autre longitudinal. Celles-ci fe contraétent:appa- xemment pour élargir & raccourcir la cavité de la pompe, DES SICIENCE S. + 195 les circulaires reflerrent lecanal, & déterminent vers l’eflomac le fang qui vient d'être-fuccé. * Ce fang entre alors dans une poche membraneufe qui fert d'eftomac & d'inteftins à la Sangfuë, & qui occupe intérieu- rement une grande partie du refte de fon corps. Si on in- troduit de l'air dans cette partie par la bouche de la Sangfuë, Yair entre dans un tuyau droit qui eft au centre, & qui s'ouvre des deux côtés dans des fäcs ou cellules bien plus larges que le tuyau principal /1). * M:Poupart appelle ces réfervoirs des vabules, mais elles ne paroiflent telles que lorfque la partie eft entamée felon toute la longueur de l'animal; car fr on les examine pleines d'air, après avoir difléqué {a peau qui les enveloppe, ce font de vrayes poches rondes attachées au tuyau, qui pourroit être confidéré comme un œfophage commun/L). Tout cetorgane eft fait d'une mémbrane bien mince jufque vers la queuë de Fanimal, où la membrane eft fortifiée de quelques fibres cir- culaires fort diftinétes, dont quelques-unes font fpirales 4). Si on fait de ces facs autant d'eftomacs, on en pourra compter jufqu'à vingt-quatre dans une Sangfuë affés groffe. Î y a apparence que le fang fuccé par la Sangfuë féjourne PP RPPSRARE ras, long-temps dans ces réfervoirs comme une provifion de nourriture; j'ai au moins la preuve qu'il y refte plufieurs mois prefque entiérement caillé, plus noir que dans l’état naturel, prelq l q . & fans aucune mauvaife odeur; & comme le fang d’un animal _ quelconque ef le réfultat de Ia nourriture qu'il a digérée, on pourroit croire que la Sangfuë ne vivant que de fang, n’a pas befoin d'une grande dépuration de la matiére qui lui fert de nourriture. Au moins eft-il vrai qu'on ne lui connoît point d’anus ou d'ouverture qui en fafle la fonction; & s’il - eft abfolument néceflaire que quelques parties hétérogenes _ sen féparent, apparemment que cela fe fait par une tranfpi- + ration perpétuelle au travers de fa peau, fur laquelle il s’amaffe une matiére gluante qui s’épaiffit par degrés, & fe fépare par filaments dans de l’eau où l’on conferve des Sangfuës. Comme cette matiére en fe délayant dans l'eau, ne forme Bb ï 196 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE que de petits lambeaux déchiquetés, j'ai imaginé un moyen de rendre cette dépouille plus fenfible ; j'ai mis des Sangfuës dans de l'huile, & les y ai laiflées plufieurs jours, elles y ont vêcu, & lorfque je les ai remifes dans de l'eau, elles ont quitté cette pellicule, qui repréfentoit alors une dépouille entiére de lanimai, comme feroit la peau d’une Anguille. On voit, à l’occafion de cette expérience, qu'il n’en eft pas des Sangfuës comme des Vers terreflres, & qu'elles n'ont as leurs trachées à la furface extérieure du corps. Il eft vrai- femblable qu’elles refpirent par la bouche ; fçavoir -quelle partie leur fert de poulmons, cela ne me paroit pas facile à décider : tout ce que j'ai pu apprendre fur cela, eft qu'elles ont certains mouvements qui répondent à ceux de la refpi- ration. Voici comment je l'ai découvert. Après avoir laiflé plufieurs jours des Sangfuës dans de l'eau froide où elles étoient fans mouvement, comme engourdies & très-retirées, j'ai mis près du feu la fiole où elles étoient; d’abord que les Sangfuës fentirent la chaleur, elles commen- cerent à s'égayer & à faire quelques mouvements; la chaleur augmentant à un certain point, toutes les Sangfuës, jufqu’a- lors attachées par les deux bouts, détacherent leurs têtes, reflerent attachées par la queuë, & firent avec le corps des balancements alternatifs & ifochrones, qui fembloient ré- pondre à ceux de la refpiration, & tels que fr elle fut devenuë plus courte & plus pénible dans un atmofphere plus chaud; enfin ces mouvements devenoient très-vifs, mais toûjours à temps égaux, lorfque j'approchois davantage la fiole du feu, & diminuoient fenfiblement avec la chaleur lorfque j'éloignois la fiole. Comme j'ai befoin de confidérer les Sangfuës en diffé- rentes faifons pour décrire les parties de la génération, je remets ce détail, avec quelques autres circonftances, à un fecond Mémoire, 196. Acad. 1739 PAG Mem. de L Mem. de L'Acad. 1759 pag.196 DE SUES CI E N°C E S. 197 w PAR L'OBSERVATION DE MARS, ll Au temps de fon Oppofition avec le Soleil, de l'année 1736. Î Par M. Cassini. LD'NTrE les éléments de la théorie du Soleil & de toutes DA _. les Planetes, leur Parallaxe eft un de ceux qu'il eft plus - difficile de déterminer avec précifion, & dont la connoiflance ef des plus utiles à l’Aftronomie. . Comme toute l'étenduë du diametre de la Terre ef très- « peu confidérable par rapport à la diftance de la plüpart des ‘ÿ Planetes à la l'erre, ïl eft aifé de concevoir que l'angle fous lequel ce diametre eft vü d’une Planete, qui mefüre fà Parallaxe, doit être fort petit; d'où il fuit que les moindres reurs que l'on peut commettre dans la mefure de cet angle, | doivent caufer de très-grandes dans la diftance de la Pla- e à la Terre, qu'il s'agit de déterminer. Id Cette recherche de la diftance des Planetes & du Soleil Terre, par le moyen de laquelle & de leur diametre arent on détermine leur grandeur véritable, ne fe borne nt à une fimple fpéculation , elle eft abfolument néceffaire our la perfection de FAftronomie, dont le principal objet de regler le mouvement des Aftres, & de déterminer le qu'ils occupent réellement dans le Ciel: car outre la action qui nous empêche de les voir dans leur vraye on, elles nous en paroiffent aufli dérangées par leur allaxe, avec la différence qu'au lieu que la Réfraétion e les Aftres {ur l'horifon, leur Parallaxe les abbaifle, mais üivant des regles bien différentes, les Réfractions étant les mêmes pour tous les Aftres à une hauteur donnée, au lieu 4 Bb ïij 27 Mai 1739 198 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE que leur Parallaxe eft plus où moins grande à la même hau- teur, fuivant qu'ils font plus ou moins éloignés de nous. Mais autant que cette recherche eft utile & curieufe, autant eft-il difficile de pouvoir s'en affürer avec exactitude, quoiqu'elle foit fondée fur les mêmes principes que la Géo- métrie pratique, qui nous apprend le moyen de déterminer la diffance où nous fommes d’un lieu inacceflible, par le moyen d'une bafe connuë. Nous n'avons pour bafe que le diametre de la Terre, & ce diametre n’eft prefque qu'un point par rapport à la diftance où nous fommes de la plüpart des Aftres. On a jufqu'à préfent tenté inutilement de découvrir la Parallaxe des Etoiles fixes, en admettant même le fyfteme de Copernic, qui nous fournit pour cette mefure une bafe incomparablement plus grande, qui eft tout le diametre de YOrbe annuel ou le double de la diflance de Îa Terre au Soleil. On a feulement reconnu que leur Parallaxe n'étoit aucunement fenfible, & qu'ainfr elle ne les dérangeoit pas de leur fituation véritable, ce qui étoit néceffaire pour l'Aftro- nomie... Il n’en eft pas de même de toutes les Planetes, elle eft très- fenfible dans la Lune, & lon en voit l'effet dans les Eclipfes du Soleil qui, par l'effet de la Parallaxe, font centrales à l'égard de certains endroits de la Terre, pendant que dans d’autres le Soleil paroît dans le même temps tout à décou- vert. Auffr a-t-on trouvé les moyens de la reconnoître avec affés d'évidence, fans que les Aftronomes s’en éloignent les uns plus que les autres, d'une quantité qui monte à plus d'une minute, ou la foixantiéme partie de la diftance de la Lune à la Terre. À l'égard de Ja Parallaxe du Soleil & des autres Planetes, les Aftronomes ne s'accordent pas de même dans fa quantité, les uns la faifant plus du double de celle que les autres la fuppofent, fans qu'ils ayent eu tous foin de marquer fur quel fondement ils ont établi cette différence. Onpeut voir dans les anciens Mémoires de l'Académie, DES SCiENCESs. I es recherches que mon Pere a faites en 1672, pour décou- vrir la Parallaxe du Soleil par le moyen de celle de Mars _ dans fon Oppofition avec le Soleil, de même que celles de feu M. Maraldi en 171 3: | On avoit jugé jufqu'alors que comme l'angle fous lequel 1 le diametre de! la Terre eéft vü d’une Planete, eft la mefure “ de fa Parallaxe, ül étoit néceflaire pour la découvrir, que | deux Obfervateurs fufient placés à deux endroits'de la Terre . les plus éloignés qu'il feroit poflible les uns des autrés en latitude, & qu'ils obfervaffent en même temps la hauteur méridienne de la Planete, qui, par l'effet de la Parallaxe, devoit être plus grande dans le lieu où elle fe trouvoit plus près du Zénith, que dans celui où elle étoit plus près de lhorifon, avec des différences qui augmentoient à propor- tion que la diftance en latitude entre ces lieux étoit plus grande. On pouvoit aufli, attendu la diftance immenfe de la Terre aux Etoiles fixes, comparer de part & d'autre la fituation de la Planete à celle d’une Fixe qui en feroit voifine, - pour en déduire la quantité de fa Parallaxe. - Mais on voit bien que ces fortes d'opérations ne font pas d’une médiocre difficulté; il faudroit, pour une plus grande … précifion, que les deux Obfervateurs fuffent fous un même . Méridien, ou qu'ils connuffent exactement la différence des Méridiens entre les lieux de leurs obfervations, pour tenir + compte du mouvement propre de la Planete dans l'intervalle - Entre fon pañlage par ces deux différents Méridiens. H fau- … droit d’ailleurs obferver la hauteur méridienne de la Planete le part & d'autre avec la derniére précifion, ce qui fuppofe . des inftruments parfaitement exacts, & tenir compte dela » Réfraction quieft différente à diverfes hauteurs, &peut n'être … pas la même fous différents climats; ‘ou bien, trouver une - Etoile aflés près de la Planete pour que la différence des * Réfradtions n'en produisit aucune fenfible dans fa Parallaxe, Cet ce qui donnalieu à mon Pere d'imaginer une mé- . thode par laquelle un même Obfervateur peut déterminer | aParallaxe d'une Planete ; fans avoir beloin d'y employer l de PEUR Al 200 MEMOIRES DE L'ACADEMIE! ROYALE d’autres inftruments qu'une Lunette garnie de quelques fils au foyer commun de fes verres, & une Pendule à fecondes dont les vibrations foient uniformes dans un petit intervalle de temps, tel que de quelques minutes ou fecondes. Cette méthode confifte à obferver le paffage de la Planete dont on veut déterminer la Parallaxe, par le même cercle de déclinaifon qu'une Etoile fixe qui en eft voifine, & qui fe trouve à peu-près fur le même parallele. : Pour en donner une idée, foit CBE le plan de lEqui- nodial de la Terre dont le Pole eft projetté en P, HA1 le parallele du lieu où l'on obferve, qui, à l'Obfervatoire de Paris, eft éloigné du Pole de 414 9° $ 0”, dont le finus eft mefuré par AP, DTR une portion du cercle que la Planete décrit par fa révolution journaliére lorfqu’elle eft dans le plan de l'Equinottial, & dont la diftance au centre de la Terre eft melurée par PD. Ayant pris D N égal à la déclinaifon de la Planete au temps de l’obfervation, foit mené VNQ, perpendiculaire fur PD, & foit décrit fur PQ le cercle Q VO ; il eft évident que PQ fera à PD, comme le finus du complément de la déclinaifon de la Planete eft au finus total, & que le cercle QVO repréfentera le parallele que cette Planete décrit par fa révolution journaliére. Si lon fuppofe préfentement l'Obfervateur placé fur la Terre au point 4, & la Planete en L fur le parallele Q VO, de maniére que l'angle TA L foit de 90 degrés, tel qu'il eft fix heures ou environ avant & après fon paflage par le Méridien ; tirant des points À & P au point Z,, les lignes AP & PL, Vangle VPL, mefurera fa diftance au Méridien par rapport au centre de la Terre, l'angle 4 L fa diftance apparente, & l'angle À LP, différence entre ces angles, repréfentera la plus grande Parallaxe de Ia Planete en afcen- fion droite. Cette Parallaxe eft plus petite plus la Planete eft éloignée du point L, & fe trouve près du point F, où étant vuë dans da direction de la ligne PA, à fon paflage par le Méridien, fa Parallaxe cefle entiérement. Si donc, faifant à IS he à Ÿ $ S IR A HN LE Tonrnnane deal | DES SCIENCES. 2017 4 | faifint abftraction du mouvement propre d’une Planete, on Ja obfrvée à fon paflage par le Méridien par rapport à une | Etoile fixe placée en S fur le même Méridien à une diftance 2 prefque infinie; fix heures ou environ après, cette Etoile » fera, par fon mouvement journalier, parvenuë en Æ; en même ÿ temps que la Planete eft arrivée en L'; & tirant du point À … à l'Etoile fixe la ligne Af, qui, à caufe de la grande diftance . de cette Etoile par rapport à À P, peut être regardée comme } _ parallele à à PF, VObfervateur placé en À la verra füivant - la direction de la ligne Af, éloignée du point L de toute «la quantité de l'angle L Af, qui, à caufe des paralleles 4f …PF, eft égal à l'angle À LP de la plus grande Parallaxe de la Planete en afcenfion droite. Dans les autres fituations de la Planete fur fon RUES “comme en //, où elle n'eft pas éloignée de fix heures du Méridierr, fa Parallaxe eft mefurée par l'angle À AZP, dont de finus eft au finus de l'angle À LP, comme le finus de Yangle 7/4 41, qui melure la diftance de la Planete au Mé- “ridien, eft au finus total. Connoiïflant donc par obfervation {a Parallaxe horaire d'une Planete lorfqu'elle s'eft trouvée en quelqu'endroit de parallele, comme en 44, on aura fa plus grande Parallaxe aire, en faifant, comme le finus de l'angle FA M de fa ance apparente au Méridien, eft au finus total; ainfi le s de la Parallaxe horaire À A7P, tirée de l’obfervation, 1 finus de fa plus grande Parallaxe, qui eft mefurée par - langle 4 LP. + Connoiflant la valeur de angle ALP, on aura la plus e Parallaxe qui convient au parallele de l'Obfervateur, fur fEquinoctial, qui eft mefurée par l'angle AGP, fant, comme PD eft à PQ, ou comme le finus total au fus du complément de la Planete; ainfi le finus de ngle ALP de la plus grande Parallaxe horaire, eft au finus le l'angle AGP de Ja plus grande Parallaxe qui convient ü parallele de l'Obfervateur, réduite à l'Equinoial qui eft nmogrand cercle de la Sphere. s » Mem. 1739. , Cc 202 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Enfin l'on trouvera la valeur de l'angle BXP, qui mefure la Parallaxe horifontale de la Planete, en faifant, comme AP finus de la diftance de l'Obfervateur au Pole de la Terre, eft au demi-diametre de la Terre BP, qui mefure le finus total; ainfi le finus de l'angle AG P de la plus grande Parallaxe horaire qui convient au parallele de lObfervateur, réduite à un grand cercle de la Sphere, eft au finus de la plus grande Parallaxe horifontale cherchée. Ces trois analogies font précifément les mêmes que celles que mon Pere a marquées dans la théorie de la Comete de Vannée 1680, mais dans un ordre renverfé, & les deux derniéres {e réduifent à celle-ci : comme le finus de la diftance de l'Obfervateur au Pole de la Terre, eft au finus de la diftance de la Planete au Pole de Equateur ; ainfi le finus de l'angle ALP de la plus grande Parallaxe horaire tirée de F'obfer- vation, eft au finus de l'angle BXP de la Parallaxe horifon- tale cherchée, On peut, au moyen de ces analogies, choifir les obfer- vations les plus favorables pour déterminer la Parallaxe des Planetes: car puifque par la troifiéme, AP eft à PB, comme le finus de angle À L P de la plus grande Parallaxe horaire tirée de Fobfervation, eft au finus de l'angle BÆ°P de Ia parallaxe horifontale; il eft évident que plus l'Obfervateur, fuppolé en À, fera près de Equateur, & plus la Parallaxe obfervée approchera de l'horifontale. I! réfulte auffi de la feconde analogie, que plus une Planete a de déclinaifon, plus fa Parallaxe horaire fera grande, puif- que l'angle À LP augmente à mefure que PL ou PQ, com- plément de fa déclinaifon, diminuë; de forte qu’il y a des cas” où la Parallaxe horaire obfervée, réduite en degrés du parallele que la Planete décrit par fa révolution journaliére, excedera fa Parallaxe horifontale qui eft cenfée la plus grande, ce qui paroît un paradoxe : car la Planete décrivant, par exemple, le parallele Q 10, par rapport à l'Obfervateur placé en À fous la ligne Equinoétiale, fa plus grande Parallaxe horaire fera mefurée par l'angle BXP, qui eft plus grand que f 1 4 DIE, SHASUIC RME UN CES. 20 Parallaxe horifontale BXP ; d'où il fuit que le temps le plus favorable pour déterminer la Parallaxe des Planetes, eft lorf qu'elles font vers les Tropiques, où leur déclinaifon eft {a plus grande, parce qu'alors fr lObfervateur eft placé entre l'Equinoctial & le Tropique où fe trouve {a Planéte, il voit la Parallaxe horaire plus grande que l’horifontale; & s’il fe trouve entre le Tropique & le Pole, comme fur notre pa- rallele, fa Parallaxe horaire qu'il obferve, eft plus grande lorf que la Planete eft plus éloignée de l'Equateur que lorfqu’elle en eft plus proche ; à quoi il faut ajoûter qu'il faut choifir par préférence dans notre hémifphere, le temps où la déclinaifon de la Planete eft la plus feptentrionale, parce qu'étant alors plus de douze heures fur notre horifon, on la voit pañfer par le Cercle de fix heures où fa Parallaxe horaire eft la plus grande, & où elle fe trouve plus élevée fur Fhorifon que lorfque fa déclinaifon eft moins feptentrionale, ce qui rend Tobfervation de fa Parallaxe moins fujette aux erreurs caufées par la réfraction, comme on le verra par la fuite. Nous avons jufqu'ici confidéré la Parallaxe des Planetes j qui doit réfulter de la comparaifon de leur mouvement appa- rent à l'égard de celui des Etoiles fixes, fans avoir égard à leur mouvement propre; mais comme, à la réferve des temps où elles font flationnaires, elles en ont un particulier qui les fait écarter plus ou moins de ces Etoiles, il eft néceffaire d'y avoir égard dans la détermination de la Parallaxe, foit en obfervant plufieurs jours de fuite leur vrai lieu pour avoir la quantité du mouvement qui répond à l'intervalle entre les obfervations, foit en le calculant par les Tables qui, dans un intervalle d'environ fix heures, ne peuvent pas s'éloigner fenfiblement de ce qui réfulte de l'obfervation. Ayant donc égard à cette quantité de mouvement dans Ja différence obfervée entre le paflage de l'Etoile & celui de la Planete par le Méridien & par un cercle de déclinaifon plufieurs heures avant ou après, le furplus eft ce qui convient _ à la Parallaxe. - … Comme de toutes les Planetes, à la réferve de la Lune, Cci 204 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE Mars & Venus font celles qui s'approchent le plus de Îa Terre, & que connoiflant la Parallaxe d’une Planete, on en déduit celle de toutes les autres, tant inférieures que fupé- rieures, de même que leurs diftances réciproques dont le rapport eft connu exactement ; il eft évident qu'il faut pré- férer pour cette recherche, les obfervations de ces deux Pla- netes, lorfqu'elles f rencontrent dans les circonftances les lus favorables. A l'égard de Venus, quoiqu’elle s'approche encore plus de la Terre que Mars, cependant comme elle {e trouve alors près de fa Conjonétion inférieure dans les rayons du Soleil, on ne peut pas la diftinguer de nuit, ni la comparer aux Etoiles fixes voifines qui fe trouvent fur fon parallele, & if n'y a que les temps où cette Planete paroît pañfer devant le difque du Soleil, qui foient favorables pour la recherche de fa Parallaxe, ce qui n’a été encore obfervé qu'une fois par Horoccius en 1639, & qu'on doit appercevoir pour la fe- conde fois en 1761. Pour ce qui eft de Mars, fes Oppofitions avec le Soleil, où cette Planete eft plus près de nous que dans tout autre endroit de fa révolution apparente à l'égard de la Terre, font plus fréquentes, puifqu’elles arrivent après l'intervalle d’en- viron 26 mois ; mais entre ces obfervations, il faut préférer celles où cette Planete eft en même temps dans fon Périhélie pendant que la Terre eft dans fon Aphélie, parce qu'elle fe trouve alors plus près de la Terre, que dans toutes fes autres Oppofitions avec le Soleil. Ce font auffi les temps les plus précieux aux Aftronomes pour découvrir fa Parallaxe & déterminer fa diftance à la Terre, de même que Îa grandeur réelle de fon diametre. Dans l'Oppofition de Mars avec le Soleil, du’ mois d'Otobre 1736, la diftance de Mars au Soleil étoit de 14220 parties, & celle de la Terre au Soleil de 9965 de ces mêmes parties, ce qui donne le rapport de Ia diftance de Mars à la Terre à celle de la Terre au Soleil environ comme 43 à 100, ce qui rendoit cette Oppofition favorable DES SCIENCES. 20$ pour la recherche de la Parallaxe de Mars que j'obfervai à Thury près de Clermont en Beauvoifis, en cette maniére, Le 1 o Octobre de l'année 173 6, Mars étant alors éloigné feulement de deux jours de fon Oppofition avec le Soleil, où il devoit arriver le 1 2 du même mois, j'y dirigeai une Lunette de 14 pieds, pour reconnoître s'il y avoit alors quelque Etoile qui en füt affés près pour pouvoir les com- parer enfemble, & j'y apperçüs l'Etoile u de la $.me gran- deur, qui eft dans le lien des Poiflons, qu’on diftinguoit dans la même ouverture de la Lunette, & qui étoit fituée! de ma- niére qu'elle devoit dans la fuite s'en approcher davantage, tant en afcenfion droite qu’en déclinaifon. Je plaçai enfuite Mars & cette Etoile dans a Lunette d'un Quart- de - cercle garni d'un Micrometre, de maniére que Mars fuivit un fil parallele, & je trouvai qu'à 1 oh $ 6’ 8" le pañfage de l'Etoile par le fil horaire précédoit celui de Mars de 1” 4”, & qu'à 1 1° 3 2° 4" la différence entre leurs pañlages n'étoit plus que d'une minute, ce qui faïfoit voir que Mars s’approchoit en afcenfion droite dela Fixe, dont je déterminai la différence en déclinaifon, de o% 9 43" dont la Planete étoit plus feptentrionale. Lo enel ‘Je me préparai le lendemain 1 1 Oétobre, à faire cette obfervation aufii-tôt après le coucher du Soleil, temps au- quel Mars devoit être dans fa Conjonétion en afcenfion droite avec l'Etoile 4, pour quel effet j'avois placé fur une Machine Parallactique une Lunette de 7 pieds, garnie d'un Micrometre à réticules!; mais le Ciel ne fe découvrit qu'à 8h21, & ayant dirigé la Lunette à Mars, j'obfervai à 8h 471 47", la différence entre le pañlage de Mars & celui de l'Etoile, de 7 fecondes feulement dont Mars précédoit l'Etoile, au lieu que dans l’obfervation du jour précédent, cette différence étoit de 1° 0" dont l'Etoïle pañloit avant, ce qui donne:le mouvement de la Planete en afcenfion droite, de 1° 7" dans l'intervalle de 2 1h 26’ 40". Je continuai enfüite ces obfer- vations jufqu’à 1 1° 57° 3 6", temps auquel le paflage de Mars précédoit celui de l'Etoile, de 19", ou 4’ $ 2"+ de degré Cc ii 206 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE en afcenfion droite. Leur différence en déclinaifon étoit de 6’ 10”, plus petite d&3" 3 3" que le jour précédent à 1 1" 1° 35" du foir, ce qui fait voir que Mars, qui avoit déja pañlé fa Conjonction en afcenfion droite avec l'Etoile x, s’en approchoit en déclinaifon. Pour déterminer la Parallaxe de Mars par le moyen de cette obfervation , nous avons choifi entre les obfervations du r : Octobre celles qui ont été faites à peu-près à la même heure que le jour précédent, & l'on a trouvé qu'à 11h 36° 14" le paflage de Mars avoit précédé celui de la Fixe, de 1 8 fecondes. On avoit déterminé le 1 o Oétobre à 1 1h 32° 4" la différence entre ces paflages, de 1’ o" dont la Fixe avoit précédé Mars ; l'ajoûtant à 18 fecondes, à caufe que ces différences étoient en fens contraire, on aura 1° 18" pour le mouvement vrai de Mars à l'égard de a Fixe dans l'efpace de 24h 4° 10" depuis le 1 o Oétobre à 1 1 3 2° 4", jufqu’au jour fuivant à 11h 3614"; ce qui eft à raifon de 10" 14" pour 3h 9’ 29", intervalle entre l'obfervation faite à 8 47° 47 &à 118 $7' 16". Le paffage de Mars précédoit celui de {a Fixe de 7 fecondes dans la premiére de ces obfervations, & de 19”Æ dans la feconde. La différence eft de 1 2"+ qui mefurent le mouve- ment apparent de Mars dans cet intervalle, dont retranchant le mouvement vrai de cette Planete, qui a été trouvé dans le même efpace de temps de 10" 14", refte 2" 1 6” dont le mouvement apparent de Mars en afcenfion droite a été plus grand que fon mouvement vrai, conformément à ce qui doit réfulter de l'effet de la Parallaxe. Nous avons comparé de la même maniére les obfervations fuivantes, que nous avons cru devoir rapporter ici telles qu'elles ont été faites, afin que l’on foit en état de juger de la précifion avec laquelle on en peut déduire la Parallaxe, D A 11"57' 16” E a 57 35 39 19 30 différ. d'afcenfon droite entre es. & l'Etoile, 8:47 47" 47 54 7 19 30 ue o [o) o 12 30 10 14 S.9, C I EN CE S M 207 Le 1 1 Oétobre. Mars au fl horaire. l'Etoile y au même fil horaire. ait 571 6*. Mars au fil horaire. l'Etoile & au fil horaire. différ. d’afcenfi ion droite entre Mars & l'Etoile, à 8" 4747". différence à 11" 57 167. mouvement apparent de Mars en afcenf. droite, dcpuis 8" 47'47" jufqu'à 11" 57" 16”, mouvement vrai de Mars, qui réfulte des obferv. du 10 & du 11 Oétobre. 2 16 . Parallaxe. 850" 47" 0" Mars au fil horaire. 519 555 8 Lo o l'Etoile y. différ. d’afcenf ion droite entre Mars & l'Etoile, a 8" 5041". 19 30 différenceai1l 57 16. 11 30 mouvement apparent de Mars. 10 5 mouv. vrai de Mars, qui réfulte des obfervations du 10 & du 1 1 Ottobre. 1 25 Parallaxc. 854 53" pure 9 //2 o Le} ©: Mars au fil horaire. l'Etoile x. différence à 8h54" 53". 19 30 différ. .. 11 57 16. 10 30 mouvement apparent de Mars, 2 DE © 39 Parallaxe. 8" 57" 34° 57 43 9 02 o Le Q mouvement vrai. Mars au fil horaire. l'Etoile u. différence à 8h 57 j4 208 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 19" 30" différence à 11" 57 16”. 10 30 mouvement apparent de Mars. 9 43 mouvement vrai. 0 47 Parallaxe. 9" 835" o° Mars au fil horaire. 8 44 30 l'Etoile w. 9 30 différence à 9" 8*35" to#20 Pdffer #1. ns 7216 10 o mouvement apparent de Mars. 9 7 mouvement vrai. 0" o 53 Parallaxe. -On voit par la comparaifon de ces obfervations, que le mouvement apparent de Mars a toüjours été plus grand que fon mouvement véritable tiré des obfervations faites après l'intervalle d'environ 24 heures, comme il doit arriver lorf- ue la Planete a une Parallaxe fenfible ; car l'effet de cette Parallaxe la faifant paroître plus près du cercle de 6 heures, qu'elle n'étoit réellement, & cet effet venant à cefler lor fque la Planete a pafé par le Méridien , fon mouvement vrai, qui étoit alors de l'Orient vers l'Oéédent! a dû paroître aug- menté d’une quantité égale à celle de la Parallaxe qui répon- doit au temps de chaque obfervation. On voit auffi que cette différence d’afcenfion droite entre le mouvement apparent de Mars & fon mouvement vrai, a été plus grande dans les premiéres obfervations que dans les derniéres, où fa Parallaxe étoit plus petite, quoiqu'il n'ait point fuivi, comme il l’au- roit dû faire, une progreflion uniforme, ce qui vient de la difficulté de déterminer le moment précis de chaque obfer- ation, dont on ne peut s’affürer qu’à une demi-feconde près. Le lendemain 1 2 Oétobre, je me difpofai à obferver Mars & l'Etoile w auffi-tôt après le coucher du Soleil. Le Ciel étoit fort ferein & tranquille, & je plaçai la Machine Paral- lactique à l'air libre au pied de mon Obfervatoire, d’où l'on entendoit diftinétement les vibrations de ma Pendule à fe- condes, ce que je jugeai devoir me donner une plus grande N précifion DES SCTENCES. 209 précifion que fi j'avois fait compter à la Pendule, parce que les moindres différences entre le coup de la vibration & la voix qui les répéte, peuvent en caufer quelqu'une de {enfible dans une recherche auffi délicate que celle de la Parallaxe. Mars étoit fort près de fon Oppoñition avec le Soleil, qui devoit arriver pendant la nuit, & il s’étoit approché depuis le jour précédent, de 3 minutes ! du parallele de la Fixe, dont il n'étoit plus éloigné que de 2’ 40" vers le Nord, ce qui donnoit le moyen de déterminer avec plus de précifion fa différence en afcenfion droite à l'égard de cette Etoile, parce que quand même le fil horaire de la Lunette n’auroit pas été exactement perpendiculaire au parallele que l'Etoile décrivoit, cela n’auroit produit aucune erreur fenfible dans la différence entre fon pañlage & celui de Mars par ce fil, à caufe de leur peu de diftance en déclinaifon. | Nous commençâmes nos obfervations à l'entrée de 1a nuit, “_ & nous les continuâmes jufqu'au de-là de minuit, ainfi que “ nous avons cru devoir les rapporter avec la Parallaxe qui en « rélulte, que nous avons déduite de fon mouvement apparent comparé à fon mouvement vrai, que je trouvai de 1’ 1 6" 42" en 24 heures, par le moyen de cinq obfervations com= “ parées à celles du jour précédent. Le 12 OGobre. À 12167 35" o" Mars au fil horaire. 18 12 7 ÎEtoïle x an fil horaire. 1 37 7 différ. d'afcenfon droite entre Mars & Etoile, a112h16 35% ; t. | ! 619" 21" 0" Mars au fil horaire. 20 38 o l'Etoile # au fil horaire. | 1 17 oO différ. d'afcenfion droite entre Mars & l'Etoile, a 6" 1921”. k 1.37 7 différence à 12h 16135". 4 20 7 mouvement apparent de Mars en afcenf. droite, Ÿ à en 5h 57 14. 19 1 mouvem. vrai dans le même intervalle de temps. 1 6 Parallaxe, LT Men, 1739 #54 210 MEMOIRES DE LACADEMIE ROYALE 623 54" 0" Mars au fil horaire. 25 10 o Etoile w. 1 16 © différ. d’afcenfon droite entre Mars & l'Etoile, à 6h23 54". 1 37 7 différ. entre Mars &l'Etoile, à 12h 16/35”. 21 7 mouvem. apparent de Mars en afcenfon droite, CSA AUS 18 47 mouvement vrai. 2 20 Parallaxe. 627 6” 0" Mars an fil horaire. 28 22 30 l'Etoile. 1 16 30 différ. d'afcenfion CL a 68 Es 6”. 1 37 7 différence à 121635 20 37 mouvement apparent de Mars en 5" 49297. 18 36 mouvement vrai. 2 1 Parallaxe: 629" 35" o" Mars au fil horaire. 30 51 3o FEtoile x. 7 1 16 3o différ. à 6h29 35". PDA dér d'a re Oro" 20 37 mouvement apparent de Mars en 5" 47 0". 18 38 mouvement vrai. 2 9 Parallaxe. 6% 34 39" 0” Mars au fil horaire. . 325 56 0 l'Etoile u. 7 117 © différ. à 6534 30". RE AR NC ME es 7 20 7 mouvem. apparent de Mars en shalt 56% 18 12 mouvement vrai. 1 55. Parallaxe. é* 44 42" 45” Mars au fil horaire. 46, 1. o' IEtoilex. 71 18 15 différence à 6" 44 42/45". DES SCIENCES, 211 * 137" 7" différence à 12h 16/35" 18 52 mouvement apparent de Mars en 5" 31/52". 17 40 mouvement vrai, 1 12 Parallaxe. 6" 50 49" 0° Mars aufil horaire. s2 7 15 lEtoilcx. 1 18 15 différ. à 6h50! 497. 1 37 7 différ. à12 16 35. 18 52 mouvem. apparent de Mars en 5" 2546". 17 21 mouvement vrai. 1 31 Parallaxe. 6% 54! 18"45" Mars au fil horaire. 55 36 45 l'Etoile pu. 1 18 oo différ. à 6h54 197. 1 37 7 différ. à12 16 35. 19 7 mouvem. apparent de Mars en 5" 22’ 16”. 17 9 mouvement vrai. AUS y Bd Parallaxe. 122 6: 5743" o° Mars au fil horaire. 59 1 15 Etoile x. 1 18 15 différ. à 6" 57 43° 1 37 7 diffé. à12 16 35. 18 52 mouvem. apparent de Mars en 5h 18/ 5 2”. 16 59 mouvement vrai. 1 53 Parallaxe, 7% 3! 25" o" Mars au fil horaire. 4 44 oo Etoile w. 1 19 Oo différ. à 7h 3! 25°. 1 37 7 différ. 212 16 35. 18 7 mouvem. apparent de Mars en 54 3° 10°. 16 40 mouvement yrai, 1 27 Parallaxe, Ddi 212 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 7 9° 37" 0" Mars au fil horaire. 10 56 15 l'Etoile. 1 19 15 différ. d'afcenfion droite à 7" 9° 37". 1 37 7 différ. d’afcenfion droite à 12 16 35. 7 37 52 mouv.apparentdeMasen 5 6 58. 16 21 mouvement vrai. 1 31 Parallaxe. 7h12" 6" o" Mars au fil horaire: 13 25 30 l'Etoile u. ro oMdier. a ae tAGrS 10707 difér aus Ur6),215 17 37 mouvem, apparent de Mars en 5" 4 29. 16 13 mouvement vrai. 1 24 Paralfaxe. (1 739" 6” 0” Mars au fil horaire. 40 27 oo lEtoile x. F2 LNO Midi a 730 V0 1637007 0difiér. dan 201003 S 16 7 mouvem. apparent de Mars en 4h 37 29". 14 46 mouvement vrai. 1 21 Parallaxe. 7h41 53" 8°” Mars au fil horaire. 43 14 30 l'Etoile . 1 21 22 différ. à 7h41’ 53". 1 37 7 difiér. à12 16 35. 15 45 mouvem. apparent de Mars en 4h 34/ 42% 14 38 mouvement vrai. 1 7 Parallaxe. 7 59" 945” Mars au fil horaire. 8 © 32 o l'Etoile . MNT ON ion 1, 3707 différ à 12 16:35. 14 $2 mouvem. apparent de Mars en 4h 17/25". 14 18 mouvement vrai. VA Parallaxe. à L DES SCIENCES, 21% 8 233" 7" Mars au fil horaire. 3 $5 o lEtoile y. r 21 53 différence d'afcenfion droite à 8h 2° 33» 1 37 7 différence à ....... se DZ TO 354 15 14 mouvem. apparent de Mars en 4 14 2. 13 35 mouvement vrai. 1 39 Parallaxe. 8h os 6” o" Mars au fil horaire. 6 28 o lEtoile u. 122000 différ- Male Eis GE 137 7 différ. à 12 16,31. 15 7 mouvem. apparent de Mars en 4* 11/29, 13 29 mouvement vrai. 1 38 Parallaxc. On voit par la comparaifon de ces obfervations faites aw nombre de dix-fept, que le mouvement apparent de Mars à été de même que par les obférvations du jour précédent , ® toùjours plus grand que fon mouvement vrai, comme il doit arriver par l'effet de la Parallaxe. Nous continuimes ces obfervations le lendemain 1 à O&tobre, de la même maniére que les deux jours précédents ; mais le Ciel qui étoit couvert à l'entrée de la nuit, nous-em- pêcha d’appercevoir Mars avant 7 heures, temps auquel nous commençämes nos obfervations, que nous.ne pûmes conti- nuer que jufqu’à minuit & quelques minutes, à caufe des nuages qui furvinrent, & qui ne nous permirent pas d’obferver, comme nous nous l'étions-propolé, jufqu'à la fin de la nuit. Mars s’étoit éloigné de l'Etoïle u en afcenfion droite, mais. il s'en étoit approché en déclinaifon, dont il étoit alors plus: méridional feulement d’une minute, au lieu que dans l'obfer- vation du jour précédent il en étoit plus feptentrionaf de 2’ 40", de forte qu'il pafloit prefque par le même endroit du fil horaire que l'Etoile 4, ce qui contribué à rendre le pañfage: entre ces Etoiles plus exact. Dd if 214 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Suivant neuf de ces obfervations comparées à celles qui avoient été faites le jour précédent, environ 24 heures aupa- ravant , on trouve que le mouvement vrai de Mars, dans l'efpace de 24 heures, a été de 1° 16" 42”, qui ne différe pas fenfiblement de celui que nous avions déduit des ober- vations des 1 1 & 12 Otobre, ce qui fait voir la régularité de ce mouvement, qui eit un des éléments néceflaires pour la détermination de la Parallaxe qui réfulte de ces obfervations que nous rapporterons ici de même que les précédentes. Le 1 3 Olobre, A 12h 6 12" 0" Mars au fil horaire. 9 $ o l'Etoile x au fil horaire. 2 $3 © différence d'afcenf. droite entre Mars & l'Etoile, A2 OT 7" 6 53" 0°” Mars au fil horaire. 9 28 o l'Etoile w au fil horaire. 2 35 o differ. d'afcenfion droite entre Mars & l'Etoile, à 7" 6 53". 2 $3 o. différence à 12" 6 12° 18 o mouvement apparent de Mars en 4' 59! 19". 15 57 mouvement vrai. 2 3 Parallaxe. 7“12 $o” 0” Mars au fil horaire. 15 25 o JEtoile y. 213$ oo différ. à 7h12 50% 2 $t310 ©. différ:, à 2,k, 6, 124 18 0 mouvem. apparent de Mars en 4° 53"22", 15 38 mouvement vrai. 2 22 Parallaxe. 726 53" o” Mars au fil horaire. 29 30 o TEtoile u. 21371 © € différa 7020 05.310 2 53 Oo différ. 212 6 12. 16 o mouvem. apparent de Mars en 4h 39/ 19». 14 53 mouvement vrai. 1 7 Parallaxe. D'E S: S:C-TE N:CE:s. |. 3r$ 732 5" o” Mars au fil horaire. 34 42 oO TEtoile x. ù 2 37 © différence d’afcenfion droite à 7h32 sr. 2 53 O différence d'afcenfion droite à 12 6 12. 16 O0 mouvementapparenten ... 4 34 7. 14 36 mouvement vrai. 1 24 Parallaxe. 7“4it 55" 0" Mars au fil horaire. 44 32 30 lEtoilex. 2 37 30 différ. à yh4ut ss. 2 ÿ3 O' différ. à12 6 12. 15 30 mouvem. apparent de Mars en 4h 241%. 14 ÿ mouvement vrai. : 1 25 Parallaxe. 7849 34" oo" Mars au fil horaire, $s2 13 o l'Etoile uw. 2 39 o différ. à 570 49" 34". 121153 ot différ M aruizt lt 6 y2e 14 Oo mouvem. apparent de Mars en 4h16" 3 8”. 13 40 mouvement vrai. 0.20 Parallaxe. 7" 5945 o” Mars au fil horaire. 8 225$ _o lEtoile . 40 o différ. à 7h$s0'.45". 53 © différ. à12 6 12. 13 Oo mouvem. apparent de Mars en 4h 6! 27». 13 8 mouvement vrai. o 8 Parallaxe. - 8% 5’ 2330” Mars au fil horaire. 13 8 3 30 Etoile x. 2 40 oo différ. à 815’ 23" 2 53 o différ. 212 6 12. 13 © mouvem. apparent de Mars en 4tor4gf". 12 $o mouvement vrai, © 10 Parallaxe, 216 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 8410 33" o” Mars au fi horaire. 13 12 30 lEtoilcw. 2 39 30 différence d'afcenfion droiteà 8h 107 33°. 21S9 1 CUUdNFÉrEN Ce a A MURIPNS 12) CNE 13 30 mouvement apparenten... 3 55 39. 12 33 mouvement vrai. o 57 Parallaxe. gn14 52" 0” Mars au fil horaire, 17 32 © l'Etoile. 2 40 oO différ. à 8 14° 52". 2 $3 voi différ. à 22, 6,12. 77 13 © mouvement apparent en 3h ÿ1/207. 12 19 mouvem. vrai. o 41 Parallaxe. En comparant enfemble les obfervations du 1 3 Oétobre, qui font au nombre de dix, il paroït que le mouvement apparent de Mars en afcenfion droite a été plus petit que fon mouvement vrai, à la réferve de la feptiéme faite fur les 8 heures du foir, où la différence eft de 8 tierces en fens con- traire de ce qui doit réfulter de la Parallaxe ; de forte que dans le nombre de trente-deux obfervations faites le 1 1 , le 12 & le 1 3 Octobre, if ne s’en trouve qu'une feule qui ne foit pas favorable à la Parallaxe, ce qui doit être regardé d’une précifion fuffifante : car comme pour {a détermination de la Parallaxe il faut employer quatre obfervations, dont deux d’une Etoile fixe & deux de la Planete, l'erreur d’un quart de feconde dans chacune de ces obfervations, dont il eft difficile de pouvoir s’aflürer, en peut caufer une d’une feconde entiére dans l'argument de la Parallaxe de Mars, & de plus de ro fecondes de degré dans celle du Soleil, qui eft celle que mon Pere avoit trouvée autrefois par la même méthode. On voit par-là combien il étoit important pour ‘cêtte recherche d’avoir un grand nombre d’obfervations qu'on'pût comparer L DES SCIENCES. ak comparer enfemble, puifque fi on n'y en avoit employé qu'une feule ou un petit nombre, il auroit toüjours été in- certain fi la différence entre le mouvement vrai & l'apparent de Mars eût dû être attribuée à la Parallaxe, ou à la fomme des petites erreurs qui peuvent fe gliffer dans chacune de ces obfervations, au lieu que l'effet de fa Parallaxe étant fenfible dans plus de trente obfervations, on ne peut point préfumer - que toutes les erreurs commiflibles ayent été toüjours du même fens. Pour déterminer préfentement par le moyen de toutes ces obfervations la Parallaxe de Mars, & en déduire celle du Soleil, qui eft le principal objet de nos recherches, nous “avons, fuivant les regles prefcrites ci-deflus, réduit d’abord en degrés la différence entre le pañfage de l'Etoile x par le Méridien & par le Cercle horaire pour le temps de chaque » obfervation, à raifon de 3 60 degrés pour 23P 5 6/22"2, qui mefurent à la Pendule le temps de la révolution journaliére de cette Etoile qui a pañlé par le Méridien le 1 r Octobre à 22h 6" 19", ler2à r2h 2° 41”, &le 13 à x rh $9' 4". - Comme la derniére obfervation du paffage de Mars & de la Fixe, que on a comparée à celles qui ont été faites de- puis leur lever fur l'horifon, n’a pas été faite au temps précis … de leur paflage parle Méridien , mais quelques minutes avant, » comme celle du r 1 Octobre, ou quelques minutes après, … telles que celles des deux jours fuivants, on a réduit en degrés … letemps entre le paflage de l'Etoile par le Cercle horaire & + {on pañlage par le Méridien dans chacune de ces obfervations, & l'on en a pris les finus que l'on a retranchés l'un de l'autre, lorfque Jes deux obfervations que l’on a comparées enfemble, » ont été faites avant le paffage de la Fixe par le Méridien, & que l'on a ajoûtés au contraire lorfqu’elles ont été faites, l’une … avant & l’autre après. Ÿ SRE EX )ELM PL FE Pre premiére obfervation du paflage de l'Etoile & par le … Mm 1739. « Fe ‘218 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Cercle horaire, du 1 2 O&tobre, eft arrivée à 6h 20° 38”. Sa différence à 12h 2° 41", pañlage de cette Etoile par le Méridien, eft de $P 42’ 3", qui converties en degrés, à raifon de 3 60 degrés pour 23h $6° 22", font 85443" 54", dont le finus eft 99720. Le même jour la derniére obfervation du pañlage de l'Etoile par le Cercle horaire, eft arrivée à 121 18" 12". Prenant fa différence à 12h 2° 41", on aura 15° 31", qui étant converties en degrés, font 34 53’ 21", dont le finus eft 6779, qui étant ajoütées à 99722, donnent 106$01, qui répondent à l'argument de la Parallaxe obfervé de 1” 6”, ou 16 fecondes 30 tierces de degrés ; c’eft pourquoi l'on fera par la regle prefcrite ci-deffus, comme 106501 font à 100000, ainfi 16" 30" de degrés font à 1 5" 30° qui me- furent la Parallaxe de Mars qui convient au parallele de l'Ob- fervateur & à la déclinaifon de la Planete. Enfin lon fera, comme le finus de 404 38’ 30”, complément de la hau- teur du Pole de Thury, eft au finus du complément de Ia déclinaifon de Mars, qui étoit le 1 2 Octobre de 44 50° 0" vers le Nord ; ainfi la Parallaxe de Mars que l’on vient de déterminer, eft à fa Parallaxe horifontale, que l'on trouvera de 23"30. La diftance de Mars à la Terre étoit alors, comme on Ta remarqué ci-deflus, de 425$ $ parties, dont la diftance moyenne de la Terre au Soleil eft de 10000 ; c'eft pourquoi l'on fera, comme 10000 eft à 4255, ainfi 23° 30° font à ro" 6”, qui mefurent la Parallaxe horifontale du Soleil, qui réfulte de cette obfervation. C'eft de cette maniére que lon a déterminé la Parallaxe du Soleil, qui réfulte de toutes les autres obfervations, que Fon a trouvée, en prenant un milieu, de 1 6" 3 2" par celles du 1 1 O&tobre, de 1 5” 6” par celles du jour fuivant, & de 10" 36” par celles du 1 3 Octobre. Les obfervations du 1 1 Octobre ne font qu'au nombre de cinq, & la premiére n'a été faite que trois heures avant à D'ESMSICAE NUC:E.S. 219 le paflage de Mars par le Méridien, de forte qu'on ne peut pas faire affés de fondement fur la détermination qui en réfulte. Celles du 1 3 O&obre ont été faites au nombre de dix, mais le Ciel ayant été couvert au coucher du Soleil, on ne püût obferver Mars & la Fixe qu'environ cinq heures avant fon paffage par le Méridien : d’ailleurs ces obfervations furent interrompuës par Îes nuages qui ne permirent pas d’en faire une aufi grande quantité que le jour précédent, ni avec une égale précifion. A l'égard des obfervations du 12 Oëtobre, qui font au nombre de dix-fept, elles ont été faites par un temps ferein & calme, dans un plus grand intervalle de temps, & plus près de l'Oppoñition de Mars avec le Soleil, qui eft arrivée la même nuit au matin, qui font les circonftances les plus favorables pour cette recherche ; on apperçoit auffi moins de variété dans la Parallaxe qui en réfulte, ainfi elles paroiffent mériter a préférence fur celles du jour fuivant. Cependant fi on veut prendre un milieu entre ces deux déterminations, on aura la Parallaxe horifontale du Soleil, de 12" $1", ou, pour avoir un compte rond, de 13 fe- condes, que lon juge devoir fort approcher de fa Parallaxe véritable, Nous avons dans la détermination de cette Parallaxe, comparé les obfervations de la Planete & de l'Etoile, faites à diverfes heures après le coucher du Soleil, avec celle qui en étoit la plus éloignée, parce que plus les intervalles entre les obfervations font grands, & plus la Parallaxe eft fenfible. Ce- pendant fi au lieu de la derniére obfervation du 1 2 & du 1 3 Octobre, on choifit la pénultiéme pour y comparer toutes des autres, on trouvera la Parallaxe du Soleil de la même quantité que ci-deflus, à quelques tierces près, ce qui eft une confirmation de celle que l’on vient de déterminer. IL feroit trop long d’en donner le détail, c’eft pourquoi ñous nous contenterons de rapporter à la fin de ce Mémoire les obfervations qui font néceffaires pour e recherche, e 220 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE afin que lon puifle, fi on le juge à propos, en déduire fa Parallaxe de la maniére que nous l'avons enfeigné. Le 12 Octobre à 12h 11° 46” Mars au fil horaire, 12 13 33 lEtoile u au fil horaire. Le 13 Ofobre à 11h47" à 5" Mars au fil horaire. 11 50 7 l'Etoile u au fil horaire. RECHERCHE DE LA PARALLAXE D'AviL I AN EVENE Par les Obfervarions de la Conjondtion E cliprique de Jupiter &r d'Aldebaran avec la Lune, du 29 Novembre 1737, & du 2 Janvier 1736. À Près avoir déterminé par Îes obfervations de l'Oppofition de Mars avec le Soleil, de l'année 1736, la Parallaxe de cet Aftre, & par conféquent celle des autres Planetes dont le rapport des diftances à l'égard du Soleil & de la Terre eft aflés exaétement connu par les regles de l'Aftronomie; nous avons cherché les occafions favorables de déterminer Ja Parallaxe de la Lune, dont les mouvements, après ceux du Soleil, femblent nous intérefler le plus : car outre les regles de la vie civile dont quelques-unes leur font aflujetties, on en a auffi befoin pour la détermination exacte des Phafes des Eclipfes de Lune, du Soleil & des autres Planetes ou Etoiles par la Lune, & pour la détermination des Longitudes par le moyen de ces Eclipfes, puifque faute de connoître la grandeur exacte de cette Parallaxe, on eft fujet à tomber dans de grandes erreurs, qui font d’autant plus confidérables que ces Eclipfes font moins centrales. Nous ne rapporterons point ici les diverfes méthodes que Yon a employées pour découvrir la Parallaxe de la Lune, il nous fuffira de dire que tous les Aflronomes ne font{point DES: SCIENCES. 224 d'accord de fa quantité; ce qui provient de la difficulté de difcerner fon mouvement apparent de fon mouvement vrai, dont les regles ne font pas encore parfaitement connués. Comme dans l'obfervation de l'Eclipfe de Jupiter par la Lune, du 29 Novembre 1737, ces deux Planetes fe de- voient trouver fort près lune de l’autre dans le temps de leur paflage par le Méridien, nous jugeimes que cette obfervation pouvoit être employée utilement pour la recherche de 1a Parallaxe de la Lune. Ainfi le Ciel s'étant découvert ce jour-là fur les cinq heures du foir, nous commençämes à obferver le paflage de ces deux Planetes par les fils horaires & les obliques d’une Lunette de 7 pieds, montée fur une Machine Parallactique, en faifant d’abord parcourir le fil parallele par la Corne fupérieure de Ja Lune, & prenant le paflage du bord & des Cornes par le fil horaire pour avoir celui de fon centre. La Lune qui avoit paffé le même jour par fon premier quartier, étoit alors plus méridionale que Jupiter, & elle devoit enfuite, à caufe de fon mouvement en déclinaifon qui . Yapprochoit de Equateur, devenir plus feptentrionale, ce qui a donné le moyen d'obferver ces deux Planetes dans le temps qu’elles étoient fur le même parallele, ce qui en rend les obfervations plus favorables pour cette recherche que lorfqu'’elles en font éloignées ; car outre qu'elles ne font point alors fujettes aux erreurs caufées par les Réfraétions, elles ont encore cet avantage, en ce que paflant par le même endroit du fil horaire, on a leur différence exacte en afcenfion droite, au lieu que pour peu d’obliquité qu'ait le fil de la Lunette qui repréfente le Cercle horaire à l'égard de a pofition exacte de ce Cercle, il en réfulte une erreur fenfible dans 1a. différence entre le paflage des Etoiles qu'on y obferve, qui eft d'autant plus grande, qu’elles font plus éloignées les unes, - des autres en déclinaifon. Nous continuâmes ces obfervations jufqu'au pañlage du centre de la Lune & de Jupiter par le Méridien, dont le premier fut déterminé à 6h 40’ 47"1, & le fecond à 65 ” Écig 222 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 41" s", temps vrai, avec une différence de 17 fecondes £ dont la Lune étoit plus à l'Occident. Nous obfervimes en- faite l'entrée de Jupiter & de fes Satellites dans le difque de Ja Lune, de même que leur fortie, ainfi qu'on les a rapportées à l'Académie, & nous fuivimes ces deux Planctes jufqu’à 1x heures + qu'elles étoient fort près de l'horifon, après avoir déterminé par plus de trente obfervations la différence entre leur pañlage par le fil horaire & les obliques de la Lunette, pour pouvoir choïfir celles qui paroifloient avoir été faites avec plus d’exactitude, & déterminer [a Parallaxe de la Lune qui réfulte de ces obfervations. Comme dans la derniére on n'avoit pu placer Jupiter ni les bords de la Lune fur le fil parallele de la Lunette, à caufe de la trop grande différence de déclinaifon qu'il y avoit alors entre ces deux Planetes, nous examinerons d’abord ce qui réfulte de l'obfervation précédente, fuivant laquelle on détermina le pañlage de Jupiter par le centre de la Lunette à 112841", & celui du centre de {a Lune par le fil ho- raire à 11P 35° 36"+, ce qui donne la différence entre ces pañlages de oh 6” $ 5" + dont la Lune étoit plus orientale. On avoit déterminé l'intervalle de temps entre le paflage de ces Planetes par le Méridien, de 1 7" + dont la Lune étoit plus occidentale, & qu’il faut par conféquent ajoûter à oh 6! $ 5" + pour avoir le mouvement apparent en afcenfion droite de fa Lune à l'égard de Jupiter dans l'intervalle de 4h 5 4 49", depuis le paflige de la Lune par le Méridien jufqu'au temps de lobfervation, de oh 7’ 1 3". Les convertiffant en degrés à raïfon de 3 60 degrés pour 231 $ 6 12", qui me- furent le retour de Jupiter au Méridien d’un jour à l'autre à la Pendule, qui retardoit alors de 8 fecondes fur le moyen mouvement, on aura le mouvement apparent de la Lune à Yégard de Jupiter, de 14 48” 32", dans l'intervalle de 4h s4' 49" depuis fon paflage par le Méridien, qui eft arrivé à 6h 40" 47", jufqu'à fon pañlage par le fil horaire, qui a été obfervé à 11h35" 36"<. Convertiflant e temps entre ces obfervations, qui a été DES SCIENCES. 217 trouvé de 4h 54’ 49" à la Pendule, en temps vraï, on aura 4h 54 50"40", pour lequel on déterminera par les Tables le mouvement vrai de la Lune en afcenfion droite, de 24 24'34"4 Calculant aufli pour le même temps le mouve- ment propre de Jupiter, on le trouvera de 49 fecondes, qui “ étant retranchées de 2424" 34"+, donnent le mouvement vrai de la Lune en afcenfion droite à l'égard de Jupiter, de 2d23'45"+, dont retranchant fon mouvement vrai, qui a été trouvé de 1448" 32", refle of 3 $’ 1 3" qui mefurent | l'argument de la Parallaxe de fa Lune, qui répond à l'arc du IN parallele que cette Planete a parcouru depuis fon pañage par “ le Méridien jufqu'au temps de l'obfervation. Comme cet arc mefure auffi le mouvement apparent de Jupiter dans l'intervalle entre fon paflage par le Méridien & Je même cercle de déclinaifon qui a été obfervé de 4h 47° + 36”, on le convertira en degrés de même que ci-deflus, à Il raifon de 360 degrés pour 23h 56*12", & on lestrouvera MU dE725 23" Connoiflant cet arc, & la déclinaifon de la Lune qui étoit de 6d 1 $’ au temps de l’'obfervation, de même que la hau- teur de l'Equateur de Paris de 4od 9° 50", on aura par les analogies ci-devant indiquées, la plus grande Parallaxe ho- raire de 37° 1°+, & la Parallaxe horifontale de la Lune au temps de l’obfervation, de of $ 5" 5 5". Il faut préfentement confidérer que Jupiter & la Lune n'étant élevés que de 6 ou 7 degrés au-deflus de l'horifon au temps de cette obfervation, la réfraction a dû rapprocher ces deux Planetes d’une certaine quantité LO, de maniére que fuppofant Jupiter en C, & a Lune en ZL, le centre de l cette Planete, au lieu de parcourir l'arc L Z qui mefure la " différence vraye entre fon paflage & celui de Jupiter par le … fil horaire CZ, a paru décrire farcOG, qui eft plus petit “ que l'arc L ] d'une quantité qui eft mefurée par Æ/, &-qu'il “ faut par conféquent ajoûter à la différence obferyée entre ces | pafages pour avoir la différence véritable. = Pour déterminer cette quantité dans d'exemple propolé, mit ns Fig, 2, Fig. 2. 224 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE on réfoudra le Triangle fphérique Z PL, dans lequel Z P mefure la diftance du Pole au Zénith de l'Obfervatoire de Paris, qui eft de 414 9° 50", PL repréfente la diftance de Jupiter au Pole, qui dans le temps de fon paflage par le cercle de déclinaifon, étoit de 974 24’, & l'angle Z PL compris entre le Méridien & le cercle de déclinaifon qui pañoit par Jupiter au temps de l’obfervation, a été déter- miné ci-deflus de 724 3°23". C'eft pourquoi l'on trouvera Farc ZL de 74441"54", qui eft le complément de l'arc LA, hauteur véritable du centre de Jupiter fur l’horifon, qui fera par conféquent de $4 $ 5” 6”. On trouvera aufli l'angle ZLP qui mefure l'inclinaifon du cercle de déclinaifon à l'égard du vertical, & qui eft repréfenté dans la premiére Figure par Yangle ECT, de 3941' 35". Ajoûtant à la hauteur vraye de Jupiter fur l’horifon, qui a été trouvée de 54 5 5” 6”, {a réfraction qui lui convient, qui eft de 8” 50", on aura fa hauteur apparente de 64 3’ 56! dans le temps qu'il a paflé par le centre C de Ia Lunette. La différence de déclinaifon entre le centre apparent de Ja Lune & celui de Jupiter, au temps du pañlage de la Lune par le fil horaire, étoit de 3 2° 3 6", qui eft repréfentée dans la Figure 1, par GC; & dans le Triangle GCB, rectangle en G, dont le côté CG eft connu de 32° 36”, & l'angle BCG ou ECT a été déterminé de 394 1° 35”, on trou- vera BC, de 41° 58", qui mefure l'élévation apparente du. centre de Ja Lune au-deflus de Jupiter, & qui, étant ajoûtée à celle de cette Planete, qui a été trouvée de 64 3° 56", donne la hauteur apparente du centre de la Lune fur l’ho- rifon lorfqu'elle étoit en 2, de 64 45° 54". Prenant la ré- fraétion qui convient à cette hauteur, on la trouve de 8’ o". On avoit déterminé celle de Jupiter, lorfqu'il a paffé en C par le centre de la Lunette, de 8° so", la différence eft de 0° so”, qui mefurent l'arc LO ou ÆB, dont la Lune s’eft approchée de Jupiter par l'effet de a réfraétion ; & dans le Triangle ÆG 1, dont le côté KG ou ÆB eft connu de 5° fcondes, & l'angle XGZ ou ECI eft de 394 1° 35”, on —…. de Jupiter & de la Lune par le fil horifontal & le vertical plEtsSmASI.coh E NICE! S 22 &n trouvera le côté Æ7, de 31 fecondes & demie, qu'il faut ajoûter à OG ou LK, mouvement apparent de fa Lune à l'égard de Jupiter, déterminé de 1448" 32", pour avoir fon mouvement apparent Z/, corrigé par la réfraction, de 1,409" 3", par le moyen duquel on trouvera la Parallaxe horifontale de la Lune à l'égard de Jupiter, le 29 Novem- bre 1737 à 11F 2841" du foir, de ss’ 7". Y ajoûtant 3 fecondes pour 1a Parallaxe de Jupiter, qui, fuivant le rapport de fa diftance au Soleil & à la Terre, étoit alors environ la quatriéme partie de celle du Soleil, on aura-la Parallaxe horifontale de 11 Lune au temps de l'obfervation, de od 55° 10". à | On voit par cet exemple, que dans les obfervations qui f font près de l’horifon, pour déterminer la Parallaxe de fa Lune par le moyen de:fon paflage & de celui d’une Etoile par le fil horaire d’une Lunette, il eft néceflaire de tenir compte de la réfraction, puifqu’à la hauteur de 6 degrés fur Yhorifon, elle a produit une différence de 48 fecondes qui doit varier fuivant que la différence entre la déclinaifon de da Lune & de l'Etoilé eft plus grande ou plus petite, On auroit trouvé une erreur caufée par la réfraétion fans. * comparailon plus grande; fi l'on avoit obfervé la Lune fort près de lhorifon, ce qui fait voir qu'il ne convient pas d'employer ces fortes d’obfervations pour la recherche de Ia Parallaxe, d'autant plus qu’elle n'augmente pas alors fenfible- ment d’un degré à l'autre. | On auroit pu éviter la correction qu'il faut faire à 1 Parallaxe à caufe de la réfraction, en obfervant le pafage de la Lunette d’un Quart-de-cercle : car la réfraétion faifant fon effet fuivant la direction du fil vertical, elle ne produit aucune différence dansl'intervalle entre les pañlages des Etoiles par le même fil horifontal. Mais commeles Quaït-de-cercles mobiles n'excedent guére la grandeur de 3 pieds, on n’auroit pas eu l'avantage d'obferver, comme on d'a fait, ces Plnetes avec une Lunette de fept pieds, montée fur une Machine Mem. 1739: QUE! 226 MEMOIRES DE L’ÂCADEMIE ROYALE Parallactique, où l’on diflingue avec plus d'évidence fe mo- ment du paflage des Etoiles qui paroiflent fe mouvoir avec plus de viteffe dans les Lunettes plus elles font longues. I convenoîit d’ailleurs de fçavoir quelle eft la correction qu'il eft néceflaire de faire à caufe de la réfraétion, pour pouvoir choifir les méthodes que l'on doit employer par préférence, eu égard à la fituation des Etoiles les unes à l'égard des autres; car {1 la Planete fe trouve à peu-près dans le même parallele ue l'Etoile à laquelle on la compare, on doit fans difficulté préférer la méthode dont on s'eft fervi dans cette obferva- tion, en prenant l'intervalle entre le temps de leur pañlage par le fil horaire. Si au contraire elle s’en trouve éloignée, il faut donner la préférence à la méthode fuivant laquelle on obferve le paflage des Etoiles par le fil horifontal & le vertical d'un Quart-de-cercle, principalement lorfqu'elles font proche de l'horifon. Après avoir comparé l’obfervation qui a été faite lorfque Jupiter n’étoit élevé que de 6 degrés fur lhorifon, nous avons cru devoir examiner ce qui réfulte des obfervations qui ont été faites lorfque cette Planete étoit à une hauteur où la réfraction ne pouvoit pas caufer d'effet fi confidérable, Entre ces obfervations, nous en avons une où le paffage de Jupiter par le fil horaire a été obfervé à 1ob 45° 57", & celui de la Lune à roh $ 1° 38"+, avec une différence de $’ 41"+, qui, étant ajoûtée à 17"+, différence entre le paffage de ces deux Planetes par fe Méridien, donne $' 59", qui converties en degrés, à raifon de 3 60 degrés pour 2 se 56’ 12", font 14 29° 59", qui mefurent le mouvement apparent de la Lune en afcenfion droite à l'égard de Jupiter dans l'intervalle de 4" 10" $ 1” entre le pañlage de la Eune par le Méridien, & fon paffage par le fil horaire. Calculant par les Tables le mouvement vrai de la Lune qui répond à cet intervalle réduit en temps vrai, on le trouve de 24 3° 2", dont retranchant 42” pour celui de Jupiter, xefte le mouvement vrai de la Lune à l'égard de Jupiter, de 24 2’ 20”, dont la différence à fon mouvement apparent, "4 À DES SCIENCES. 227 qui a été trouvé de rd 29’ $9", eft de 3 2° 2 1", qui mefurent 1a Parallaxe horaire de la Lune au témps de l'obfervation. Convertiflant en dégrés la différence entre le paflage de Jupiter par le Méridien & par le fil horaire, qui a été ob- fervéede 4" 4’ 5 2”, à raifon de 3 60 degrés pour 2 3h 5612", on aura 614 22° 43", qui mefurent l'arc entre le Méridien & le cercle de déclinaïfon par lequel Jupiter &la Lune ont paflé, & connoiflant la déclinaifon de {a Lune, qui étoit alors de 64 24 vers Le Midi, on trouvera par les analogies ci-deflus, fa Parallaxe horifontale de ÿ $ 39e La-hauteur de Jupiter fur l'horifon, étoit «400 dentadi 0’, & l'angle du vertical avec le Méridien, de 364 14' 0"; c'eft pourquoi connoiflant la différence entre la déchiaifonsde ces Planetes, qui étoit de 25 minutes dont la Lune-étoit plus feptentrionale que Jupiter, on trouve de la maniére qui a été enfeignée ci-deflus, que la correction qu'il faut faire à la Parallaxe de la Lune, eft de 10 fecondes’, qui, étant re- tranchées de $ $' 39", dépnets la Parällaxe horifontale de la Lune à l'égard de Jupiter, de $ 5’ 29°", à laquelle il faut ajoûter 3 fecondes à caufe de la Parallaxe deJ upiter, & lon aura Îa Parallaxe horifontale de la Lune, de 5 5’ 32" , plus grande de 22" que par kR comparaifon précédente. Enfn, j'ai examiné la Parallaxe qui réfultoit de l’obfér- ation qui a été faite dans le temps que Jupiter étoit: fort près du parallele qui pañle par le centre de la Lune, auquel cas il n’y à aucune erreur caufée par la réfraction: 1] Le paflage de Jupiter par le cercle horaire fut alors obfervé à 8h 42° 6”, & celui de la Lune à 8 4435", d'où j'ai déduit fa Parallaxe horaire de 183 1°, & fa Par he hori- fontale de $5'21" ; moyenne entre les deux qui avoientiété ci-deflus déterminées, Lé demi-diametre de da se) tiré des Tables, étoit alors de rs'o", ce qui donne le rapport de'ce demi diametre à à fa Parallaxe, qui eft toüjours conftant, comme 1 5 ‘o"às5'21". L’obfervation de lEclipfe de Jupiter par là Lüne, du 29 Novembre 1737, aété fuivie _ en ïj 228 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qui ef arrivée le 2 Janvier de l'année 1738. Dans cette obfervation, la déclinaifon de la Lune, qui différoit peu de celle d’Aldebaran, étoit d'environ 17 degrés; ce qui, comme on fa remarqué ci-deflus, a dû augmenter l'argument de fa Parallaxe, & cette déclinaifon étoit fepten- trionale, de forte que fix heures après fon paflage par le Méridien où la Parallaxe en afcenfion droite eft la plus grande, elle étoit encore élevée de plufieurs degrés fur l'horifon où les erreurs caufées par la réfraction, font prefque infenfibles. Aldebaran qui, au temps de fon pañlage par le Méridien, étoit plus feptentrional que le centre de la Lune, s’'appro- choit continuellement de fon parallele, dont il ne devoit guére s'éloigner pendant tout le temps de cette obfervation, parce que la Parallaxe de cette Planete l'abbaïfloit en appa- rence à mefure qu’elle sapprochoit de lhorifon, pendant que fa déclinaifon qui devenoit de plus en plus feptentrionale, l'élevoit; ce qui rendoit cette obfervation très-favorable poux cette recherche, puifqu'il ne pouvoit y avoir aucune erreur fenfible caufée par la réfraction, ou par le défaut de précifion dans {a direction des fils de la Lunette à l'égard du cercle horaire. Ainfi nous nous préparâmes à faire avec tout le foin pof fible cette obfervation, que nous commençämes à 7 heures du foir, temps auquel le Ciel fe découvrit, & que nous continuimes jufqu'à plus de 2 heures après minuit, que la Lune entra dans les nuages. À 9"24 41” 30” le bord occidental de Ja Lune a pañfé par le fil vertical du Quart-de-cercic fixe qui cft dirigé au Méridien. 9 27 x o Aldebaran à pañlé par le même fil. 9 39 51 30 Aldebaran eft entré dans le bord obfcur de fa ! Lune, ce qui a été obfervé prefque dans le même inflant par une Lunette de 18 pieds, & une de 4 pieds. 33. 1, 6 o Aldebaraneft forti du bord éclairé de la Lune par OUT * Ja Lünette delr 8-pieds, &'on ne l'a apperç : que plufieurs fecondes après par a Lunette dé 4 pieds, DAELSMESNC A EN CES 229 Ces obfervations ont été précédées & fuivies de plufieurs autres faites avec une Lunette de 7 pieds, montée fur une Machine Parallactique, par le moyen defquelles on a déter- miné la différence entre l’afcenfion droite & la déclinaifon de la Lune & d’Aldebaran à diverfes heures de la nuit. Entre ces obfervations nous avons choifi d’abord la der- niére comme faite dans des circonftances plus favorables, par laquelle le paflage d'Aldebaran a été déterminé à 2h 329", temps vrai, & celui du bord occidental de {a Lune à 2h 8° 35", ce qui donne l'intervalle entre ces paffages, de ob s’ 6”. Onavoit obfervé au Méridien la différence entre le paflage du bord occidental de la Lune & d’Aldebaran, de 2! 19"2, dont le paffage d’Aldebaran a fuivi celui de la Lune, au lieu qu'il l'avoit précédé dans la derniére obfervation. L’ajoûtant à 5/6", onaura7'25"+, qui, converties en degrés à raifon de23h 56’ 4" pour 3 60 degrés, font 14 $ 1’ 40" qui me- furent le mouvement apparent du bord occidental de Ia Lune en afcenfion droite dans l'intervalle de 4h 435 3"2 entre fon paflage par le Méridien, qui eft arrivé à oh 24' 41"+, & fon paflage par le fil horaire de la Lunette, qui _a été obfervé à 2h 8° 3 5" après minuit. Retranchant de 14 $ 140", s fecondes +, dont le demi- diametre apparent de la Lune, qui étoit alors élevée de 26 degrés fur l'horifon, étoit plus petit que lorfqu'elle a paflé par le Méridien, ce qui a dû faire paroître l'intervalle mefuré par le paflage entre le bord occidental de la Lune, plus petit de cette quantité que celui qui eft entre le centre; on aura le mouvement apparent du centre de 1a Lune dans l'intervalle entre ces obfervations, de 14 $4° 342 Pour déterminer préfentement le mouvement de la Lune en afcenfion droite pendant cet intervalle, nous avons em- ployé les obfervations du pañlage de cette Planete par le Mé- ridien des 1, 2, 3 & 4 Janvier, par le moyen defquelles nous avons déduit le mouvement vrai horaire de la Lune en afcenfion droite pour le temps de ces obfervations indépen- demment des Tables Aftronomiques, & nous avons trouvé ; Ff ii 230 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare que dans l'intervalle ci-deflus de 4h 43" 5 3", ce mouvement a été de 2426'24", dont retranchant fon mouvement appa- rent que nous avions trouvé de 14 $ 1° 34"+, refte 34° 50" pour l'argument de la Parallaxe. Prenant la différence entre le paflage d’Aldebaran par le Méridien & par le Cercle horaire, on aura 4h 3 6° 28", qui, converties en degrés à raifon de 360% pour 23h 56 4”, mouvement journalier des Etoiles fixes à la Pendule, don- nent 694 18’ 0" pour l'arc intercepté entre le Méridien & le Cercle horaire au temps de la derniére obfervation, par le moyen duquel & de la déclinaifon de la Lune, qui étoit alors de 1 64 40’ vers le Nord, on trouve fa Parallaxe hori- fontale le 2 Janvier 1738 à 14h 0", de od $4' 12". Cette obfervation avoit été précédée de trois autres, dont nous ne rapporterons ici que ce qui eft néceflaire pour en déduire fa Parallaxe de [a Lune. fé Suivant la premiére, le paffage d’Aldebaran par le fil ho- raire a été obfervé à 111 $9'10"+, & celui du bord occi- dental de fa Lune à 121 0° 39", d'où l'on a déduit fa Pa- rallaxe de od 54 17". | Suivant la feconde, le paflage d’Aldebaran a été obfervé à 1h 40’ 49" après minuit, & celui du bord occidental de la Lune à 1" 45'13", ce qui donne la Parallaxe de of $ 4 9". Suivant la troifiéme, le paflage d’Aldebaran eft arrivé à ab s1' 9", & celui du bord occidental de la Lune à rh 56” 5 5" d'où l'on a tiré Ja Parallaxe de of 54° 3". Prenant un milieu entre ces différentes déterminations, on aura Îa Parallaxe horifontale de la Lune pour le temps milieu entre ces obfervations, de od 54’ 9", qui ne differe que de 3 fecondes de celle que l'on a trouvée par la derniére, qui doit être préférée aux autres, à caufe que l'argument de la Parallaxe étoit alors plus grand. On auroit eu encore une plus grande précifion, fr l'on avoit pu faire cette obfervation dans le temps que la Lune a paflé par le Cercle de 6 heures, auquel cas l'argument de la Parallaxe auroit été de 37° 14", plus grand de 2’ 24° que Fe Dr sk 1610 1 IN 6 € 6, 231 celui que l’on a trouvé par la derniére obfervation. Cepen- dant comme cette augmentation de Parallaxe n’eft que d’un feiziéme, & que la Lune auroit été plus près de Fhorifon, ôù lon a à craindre les erreurs caufées par la réfration, on peut regarder notre derniére obfervation, comme faite à une diftance des plus favorables pour cette recherche. RECHERCHE DU DIAMETRE D'E\;L AR UNE LA Parallaxe horifontale de la Lune ayant été aïnft déter- minée, il convient préfentement de déterminer pour le même temps la grandeur de fon Diametre, qui a toûjours un rap- port conftant à fa Parallaxe, puifqu’elle augmente ou diminuë dans la même proportion que la grandeur apparente de ce Diametre. Pour le déterminer, on peut employer diverfes méthodes, dont celle qui fe préfente d’abord eft d’obferver avec un Mi- crometre l'intervalle entre les bords de la Lune. Mais comme, à la réferve des temps où la Lune eft dans fon Plein, cette méthode eft fujette à quelque difficulté dans la pratique, à caufe que la fection qui pañie par les Cornes de la Lune, n’eft point perpendiculaire au parallele qu’elle décrit par fa révo- lution journaliére, de forte qu’il faut ajufter dans le même inflant les fils du Micrometre aux deux bords de la Lune qui les traverfent obliquement ; nous en propoferons une autre our déterminer géométriquement la grandeur exaéte du Diametre de la Lune à fon paflage par le Méridien, ou par un Cercle horaire, tant par l’obfervation du paflage des bords: . de la Lune par ce Cercle, que par celle de la hauteur du bord — éclairé de la Lune & de l’une de fes Cornes, en cette maniére: Soit AL PO, le difque de la Lune, telle qu’elle paroît quelques jours après avoir paffé fon premier quartier ; AN, a portion du parallele qu'une Etoile fixe paroît décrire par fon mouvement journalier; SO, un diametre perpendiculaire 232 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à la ion AP qui pafle par le centre C, & par les termes A & P de la demi-circonférence AOP de la Lune, qui nous paroît entiérement éclairée. Il faut confidérer que le mouvement apparent de l'Etoile fe faifant fuivant l'arc AZN, parallele à l'Equateur, la portion du diametre de la Lune que l’on obferve par le moyen de fon paflage par le Méridien ou par le Cercle horaire, eft me- furée par la ligne AK, qui eft parallele à AZN, & comprife entre les deux perpendiculaires X N, BH, dont l'une touche le demi-cercle AO P au point V, & l'autre la demi-elliple AH P au point À, dont on déterminera la fituation en cette maniére. : La diftance de la Lune au Soleil au temps de fon pañlage par le Méridien ou par un Cercle horaire, étant connuë par les Tables ou par l'obfervation, on prendra fa différence à 180 ou 3 60 degrés que l’on portera de côté & d'autre du point S, comme en Z &o, par lefquels on menera la ligne « LZ qui rencontrera CS au point L. CL mefurera le petit demi-diametre de l'Ellipfe À LP qui termine la partie éclairée de la Lune, lorfqu’elle eft fur le plan de l'Ecliptique, ou que fa latitude eft peu confidérable, & l'on aura le rapport de ce demi-diametre au grand Axe AP, en faifant, comme le finus. total eft au finus du complement de l'arc SZ ; ainfi CS fuppofée de 100000, eft à la valeur de CZ. Les deux Axes de l'Ellipfe À L P étant ainfi connus, on connoîtra auffi la pofition de fes foyers en £ &en F. Du point £ foit mené £G parallele à AN, & du point à l'intervalle FG égal à 4 P, foit décrit un arc qui coupe ÆEG au point G, Joignés FG qui rencontrera l'Ellipfe ALP au point /7, par lequel on menera la ligne HX parallele à MN où EG, & la ligne 42 qui lui foit perpendiculaire, & rencontre le grand Axe AP prolongé en 2. [left évident que la ligne AB fera Tangente à l'Ellipfe AHP au point A, & que la ligne 47 Æ qui lui eft perpendiculaire, fera mefurée par le temps que la partie éclairée de la Lune a employé à pañer par Le fil horaire qui eft ici repré{enté par BA ou XN. Connoiffant DES SCIENCES. 233 Connoiffant donc par l'obfervation la valeur de a ligne AK, on aura celle du diametre À P où SO de la Lune, en cette maniére. : Dans le Triangle EFC, les côtés EF & FG font connus en parties, dont le rayon AC eft 100000, & l'angle FEG, È ou fon fupplément P£G, eft égal au complément de l'angle MCS de Finclinaifon de la route apparente de la Lune à Tégard de fon orbite; c'eft pourquoi l'on aura l'angle EFG & l'angle £G H où AH EG qui lui eft égal, & qui étant ajoûté à l'angle P£G, donne la valeur de l'angle BEA, ou fon fupplément EF. Dans le Triangle £ FH, les angles HEF, EFA, font connus, & le côté EF, c'eft pourquoi l’on aura la valeur du côté £H ; & dans le Triangle 4 EC, dont les côtés EH, - EC, font connus, & l'angle compris A EC, on trouvera Ia … valeur du côté CA & de l'angle £ HC, dont retranchant * angle £/7] qui, à caufe des paralleles EG, HK, eft égal à Yangle HEC, refte angle CHI. 3 Enfin dans le Triangle 7 7 C reétangle en Z, dont lhy- pothénufe C A & l'angle C' A7 font connus, on trouvera … de côté H1, qui étant ajoüté au demi-diametre CN ou ZX …. fuppofé de 100000, donne la valeur de HK par rapport —…._ au diametre AP de la Lune. ë *. On fera donc, comme ÆX que l'on vient de déterminer en parties, dont le rayon AC eft 100000, eit à AN ou — AP 200000 ; ainfi AK mefuré par la différence entre le % paffage par le fil horaire du bord de la Lune & de fa partie —…. éclairée, que l'on appelle le ventre de la Lune, réduite en mi- . nutes & fecondes de degré d’un grand Cercle, eft à la gran- — deur véritable du Diametre de la Lune pour la hauteur ob- « fervée. Ce qu'il falloit trouver. | HU On peut pratiquer aufli cette méthode pour déterminer 1e Diametre de la Lune, lorfqu'elle eft dans fon premier ou (M dernier quartier, comme lorfque fa partie éclairée eft repré- — {ntée par la figure AS PH L, auquel cas on obfervera le : temps auquel le terme de la partie 4 L HP toucheïie fil : Mem. 1739. . Gg 234 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE horaire # H. Mais comme on n'employeroit en ce cas qu'une petite portion du Diametre de la Lune pour en conclurre toute fon étenduë, il convient mieux alors de fe fervir de la méthode ordinaire, qui eft d’obferver l'intervalle de temps entre le paflage de fes Cornes par le fil horaire, dont le milieu donne le paflage du centre de la Lune, qui, comparé à celui du bord éclairé, mefure fon demi-diametre. On peut déterminer par la même méthode le diametre de la Lune, en obfervant à fon pañlage par le Méridien la hauteur de fon bord & celle du terme de la partie éclairée, ou mefurant avec un Micrometre cet intervalle qui eft repré- fenté par la ligne D T' comprife entre les deux paralleles QT, DB, dont la premiére touche le demi-cercle AOP au point Q@, & la feconde la demi-Ellipfe 4 LP au point D, dont on déterminera la pofition en cette maniére. Soit mené du foyer Æ, qui eft le plus près du point D, la ligne FV parallele au fil horaire RQ, & foit décrit de: l'autre foyer £ à l'intervalle £F égal à l'axe AP, un arc qui coupe FF au point F. Joignés £W/ qui rencontrera l'Ellip{e- AHB au point D, par lequel on menera la ligne DT per- pendiculaire à F7 ou RQ. Cette ligne repréfentera um: parallele, & fera Tangente à l'Ellip{e au point D. La ligne DT fera donc mefurée par la différence entre la hauteur du bord Q de la Lune & celle du terme D de fa partie éclairée, : & lon connoïtra fa valeur par rapport au diametre de la: Lune À P, de la même maniére qu'on a trouvé ci-deflus. celle de AK. Lorfque la Lune eft en Croiffant ou dans fon Décours # fon premier & dernier quartier, comme-elle eft repréfentée par ha figure ASPHL, on prendra l'intervalle entre le bord: de la Lune éclairé & la Corne qui lui eft oppofée, qui eft mefuré par la ligne À F comprife entre les lignes Ry & PF paralleles à AC N, & l'on fera, comme le finus total eft au: finus du complément de l'angle PC M ou C PF, inclinaifom du: parallele à l'égard du diametre À P de la Lune, ainfr AC 100000 eft à CF, dont on connoitra la valeur, qui D'EISMISICTIE IN € Es 23 étant ajoûtée à RAC, donne l'intervalle À F entre la hauteur du bord & celle de la corne P. On fera enfuite, comme AP 200000 ti RY que l’on vient de trouver, ainfr l'intervalle obfervé entre le point À & la corne P en minutes & fecondes de degré, corrigé par la Réfraétion & la Parallaxe qui convient à [a hauteur de la Lune, eft à fon diametre pour le temps de l'obfervation. La méthode que lon vient de propofer, pour déterminer par l'obfervation du paflage de la Lune par le fil horaire, a grandeur apparente de fon Diametre, eft dans la fuppofition ue le centre de la Lune eft dans le même plan que celui du Soleil & de {a Terre, ou qu’il n’en differe pas confidéra- blement ; mais Jorfque la Lune eft élevée de plufieurs degrés fur le plan de l'Ecliptique, fon centre qui étoit projetté au point C de fon difque, paroîtra s’en éloigner vers À ou P plus ou moins, fuivant que la Lune aura plus où moins de latitude. Suppofons, par exemple, que 1a latitude de 1a Lune foit de 90 degrés, auquel cas la Terre feroit élevée perpendi- culairement au deflus du plan de fon orbite, alors le centre de Ja Lune répondroit au point 4, & la Terre ne verroit que la moitié de fon hémifphere éclairée par le Soleil, d’où il fuit que la Lune feroit toüjours en quadrature , & que le cercle qui termine cette hémifphere, & qui étoit repréfenté par l'Ellip@ ALP, paroîtroit en forme d’une ligne droite SO qui termineroit la feétion de la Lune. Dans les autres élévations de la Terre, au deffus du plan de l'orbite de la Lune, l'Ellipfe À L P doit fe transformer “ dans une autre Ellipfe ZG A, dont le grand Axe eft toüjours le même, puifqu'il eft mefuré par le diametre de la Lune, mais dont le petit Axe diminuë continuellement à mefure | que l'Ellipfe fe rétrécit, & approche d’une ligne droite. Pour déterminer le rapport de fes Axes, fuivant les diffé- | gents degrés de la latitude de la Lune, foit À L P le demi- cercle de la Lune qui termine fa partie éclairée par le Soleil, & qui vû de la Terre, étoit repréfenté dans les Fig. 3 & 4, Ggi Fig. 4, Fig, $e 236 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par l'Ellipfe À LP. Soit auffi À B P un autre cercle qui pañle par notre œil & le centre de la Lune, & qui étoit repréfenté par le diametre AP, en forte que l'arc LC foit du même nombre de degrés que l'arc AZ de la Figure 3, qui mefuroit la diflance de Ja Lune à fa quadrature. La Lune s'étant abbaïffée au deflous du plan de FEclip- tique d’une quantité égale à l'arc BC, fon centre projetté fur fa furface, paroîtra à notre œil élevé fur le plan de l'orbite, répondre en B ; & menant de ce point fur la circonférence H LP un arc perpendiculaire B G, le fnus de cet arc me- furera le petit demi- diametre de l’Ellipfe terminée par la feétion de la Lune éclairée par le Soleil, lorfque fa latitude eft mefurée par BC. Car l'arc BG étant le plus petit de tous ceux que l'on peut tirer du point 2 fur le cercle ALP, fon finus doit par conféquent melurer le plus petit diametre de YEllipfe formée par la projeétion du cercle À L P fur le difque de la Lune. Pour le déterminer, on réfoudra le Triangle fphérique AG B, rectangle en G, dont l'hypothénufe À B eft égale au complément de la latitude de la Lune, & l'angle 2 4 G ou CAL, diftance de la Lune à fa quadrature, eft connu; c'eft pourquoi l’on aura la valeur de l'angle 4 BG & de Varc BG ; & l'on fera, comme le finus de l'angle C AL ou de l'arc CL eft au finus de l'arc BG que l’on vient de trouver; ainfi CZ connu en parties du diametre de la Lune, eft à 2G petit demi-diametre de l'Ellipfe cherchée, dont on connoîtra par conféquent les dimenfions. Retranchant l'angle ABG, que lon vient de déterminer, de l'angle droit AB G, on aura l'angle À B H qui mefure linclinaifon du grand Axe Æ 7 de l'Ellipfe qui termine {a partie éclairée de la Lune à l'égard de l'axe AB qui eft per- pendiculaire à l'Ecliptique. La pofition & la grandeur des. axes de cette Ellipfe étant ainfi connuës, on déterminera, de même qu’on l'a enfeigné ci-deflus, la grandeur véritable du Diametre de la Lune, ) DES SCIENCES, 237 EXEMPLE. Le 3 Janvier de année 1738, on a obfervé le pañlage du bord occidental de la Lune par le fil horaire, à 2h 1 3" 6 du matin, & celui du ventre de fa Lune à 2h 15" 4", ce qui donne l'intervalle entre ces pañlages, de 1° 58". Le retour de la Lune au Méridien, du 2 au 3 Janvier, ayant été obfervé à la Pendule, de 244 48’ 1 5", on fera, comme 24% 48’ 1 5" font à 24 heures, ainfi oh 1! 5 8" ou od29'30" font à od 28'32"2,& comme le finus total eft au finus du complément de la déclinaifon de fa Lune, qui étoit alors de 1 64 20’, ainfi od 28! 32"+ font à od Da 20"+, qui mefurent dans un grand Cercle Farc AK compris entre les Cercles horaires B 4 & KN. La diflance de la Lune au Soleil étoit de 4f 254 36, dont retranchant 3 Signes, refte l'arc LC de s 5436! qui mefureroit la diflance du centre de la Lune au terme de la partie éclairée, fi cette Planete n’avoit pas eu de latitude ; mais comme elle en avoit alors une Méridionale de s4 2’, la ligne tirée du centre de la Terre au centre de {a Lune, a dû répondre fur fon difque à un point 2 élevé de {a même quantité de $4 2” au defius du point C, où on l’auroit vüë fi cette Planete avoit été fur le plan de l'Ecliptique; & l'Ellip{ qui auroit terminé la partie éclairée, a dû fe transformer en une autre Ellipfe ALP, dont le petit diametre eft mefuré par C L, & dont on connoïtra la valeur, en faifant, comme le fmus total eft au finus de l'arc AB de 844 s 8’ qui mefure le complément de la latitude de la Lune, ainfi le finus de Yangle LAC de $ 54 36° eft au finus de l'arc GB de 5 sd 16/30", qui dans la troifiéme Figure eft repréfenté par CZ, qu'on trouvera de 82182 parties, dont le rayon À C eft 100000. Ù , On déterminera auffi l'inclinaifon de l'axe À P à l'égard du plan de lEcliptique, en faifant, comme le finus total eft à la T'angente du complément de l'angle GAB de $ 54 36, ? ainfi le finus du complément de l'arc AB de 844 5 8’ eft à G gi Fig. $e Fig. 3»: Fig. 5» Fig. Se 238 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la Tangente du complément de l'angle ABG de 8 24 380", qui étant retranché de l'angle droit 4 BG, donne cette in- clinaifon de 74 2 2’ qu'il faut porter dans la troifiéme Figure, de S vers X, parce que notre œil étant alors élevé fur le plan de l'Ecliptique de C vers À, le point ZL qui eft à l'extrémité du petit demi-diametre C L de l'Elllipfe 4 LP, qui termine la partie éclairée de la Lune, doit être au deffus du plan de l'Ecliptique qui fera repréfenté par #C. La longitude de la Lune au temps de l'obfervation, étant de 2184 16", & fa latitude méridionale de $4 2’, on calcu- lera l'inclinaifon de l'Ecliptique à l'égard du cercle de décli- naifon qui pafloit alors par le centre de la Lune, que l’on trouvera de 8 14 10° vers l'Orient, que lon portera par conféquent de X vers À comme en À. Menant du point R le diametre RQ, auquel on tirera le diametre perpendicu- lire 1 N ; RQ repréfentera le cercle de déclinaifon de Ia Lune, & AN le parallele qui lui répond, & qui eft incliné à l'Ecliptique XC de 84 50". Les ajoûtant à l'angle SCY, que l'on a trouvé de 74 22’ en fens contraire, on aura l'in- clinaifon du parallele CZ à l'égard du petit demi-diametre CL de l'Elipfe À LP, de 164 12’. La valeur de CL étant connuë de 82182 parties, dont le rayon AC eft de 100000, on aura EC ou CF de 56980, & dans le Triangle G£F, dont le côté FG qui a été pris égal à AP, eft de 200000, le côté EF, diftance entre les foyers, eft de 113960, & l'angle F EG eft de 1064 12’, onaura l'angle E FG de 40d 3740", & l'angle EGF de 3341020", dont le double 664 20° 40" mefure Vangle EHF, & dans le Triangle £HF, dont les angles EHF, EFA, &le côté EF, font connus, on trouvera le côté EH de 81022, & l'angle F EH de734 1 40". Dans le Triangle HEC, les côtés EH, EC, & Yangle FEH compris entre ces côtés, étant connus, on aura CH de 84349, & l'angle EHC de 40 14’ $ 5", dont retran- chant l'angle Æ£ H 1, qui, à caufe des paralleles AK, EG, eft égal à l'angle £GF de 3 3410" 20”, refte l'angle C2 29.238 33 pl 10p Acad, 17. £ Ÿ À S nn . D'EISMOSUCIÈ E IN Ç ES 239 — de74 35". Enfin dans le Triangle CH, rectangle en Z, \4 dont l'hypothénufe CA eft de 84340, & l'angle C H1 de … 7435", on aura 1 de 83707, qui étant ajoûtés à ZK 100000, donnent AK de 183707 qui mefurent larc … ‘compris entre les Cercles horaires BK & XN. On fera donc, … comme ÂK 183707 eft à AZN ou À P 200000, ainft + 27 20"+ qui mefurent dans un grand Cercle l'arc AK, font à fa grandeur apparente du Diametre de la Lune au temps de Yobfervation , que l’on trouvera de 29’ 46", dont il faut . retrancher 1 3 fecondes, à caufe que la Lune étant à la hau- teur de 2 6 degrés, fon diametre a dû paroître augmenté de cette quantité, & lon aura la grandeur du Diametre hori- M fontal de la Lune, de 29° 3 3", qui répond à fa Parallaxe, qui . a été trouvée pour le même temps de $4 10". | … Suivant cette détermination, le rapport de fa Parallaxe … horifontale de la Lune à fon demi-diametre, fera: comme . $5'o"à 150"; ce qui donne cette Parallaxe plus petite - de 21 fecondes qu'on ne l'avoit trouvée par Fobfervation - du 29 Novembre, à laquelle celle du 2 Janvier 1738 doit … être préférée, non feulement parce qu'elle s'eft rencontrée dans des circonftances plus favorables, mais auffi parce qu'o® + y a déterminé immédiatement la grandeur du Diametre de: _ k Lune, 240 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE HISTOIRE D'UNE PLANTE, CONNUE PAR LES BOTANISTES SOUS LE NOM DE PILULARIA. Par M. BERNARD DE JUssIEU. S Von étoit moins perfuadé des difficultés qui, dans plu- fieurs Plantes, s’oppofent à la découverte des parties qui en forment les fleurs, on feroit plus furpris de voir au- jourd’hui des obfervations nouvelles en ce genre, fur une Plante des environs de Paris. Les fleurs font ce qu'il y a de plus intéreffant pour placer avec quelque füreté les Plantes dans les clafles des méthodes établies, les fleurs feules donnent les caracteres qui diftinguent les divers genres de Plantes connuës; mais les parties de ces fleurs font quelquefois fr petites, qu'elles échappent à la vüë, & c'eft un des incon- vénients que je conviens qui pourroit être objecté contre le fyfteme des méthodes de Botanique. Aufli mon objet n’eft-il pas de démontrer ici la préférence d’une méthode à une autre, je me propofe uniquement dans ce Mémoire, de faire Thiftoire d’une Plante finguliére des environs de Paris, de montrer les rapports qu'elle peut avoir avec les Fougeres, par la façon dont elle végéte, d'en établir le caractere, qui fera fondé fur l'examen des parties de a fleur qui étoient inconnuës, & que j'y ai obfervées, d’expofer enfin les parti- cularités que le Microfcope m'a fait appercevoir dans cette fleur : & fi j'ai joint à cette hiftoire, comme par maniére de digreffion, quelques obfervations qui pourroïent paroître étrangeres, c'eft que je les ai cru nécefaires pour la perfec- tion de la méthode, & pour la connoïffance d’une efpece de conformité entre les caraéteres & les ufages des Plantes, Cette Plante porte le nom de Pilularia dans l'ouvrage de M. Vaillant, qui le premier s'en eft fervi pour la défigner plus DES MECHA'E AN: GES VAN 24 «plus à propos qu'elle n’étoit par les noms de Gramen, de Graminifolia & de Mufeus. Je ne crois pas que la nouvelle dénomination de Calamiffrum, que lui donne M. Difenius, au rapport de M. Limeus, puifle être préférée à celle de .Pilularia, qui exprime afiés bien la forme de globule qu'ont des boutons de fleurs de cette Plante, forme qui-eft celle que Ton donne à une forte de médicament connu fous le nom de Pilule. . Pilularia peut être appellée en notre langue, l Pilulaire. - Cette Plante eft très-baffé, rampante, & couchée fur terre. Ses racines font des filets blancs, longs, fimples, flexibles & - ronds, plongés perpendiculairement, & garnis à leur extré- _imité de quelques menuës fibres très-courtes ; chaque filet ou racine naît-précifément au deflous de chacune des feuilles qui {ont placées fur les branches & fur les rameaux de cette Plante, & jamais il ne s'y trouve de feuille qui n'ait à fa bafe une racine dont la longueur varie fuivant l'âge, & fur-tout _f&lon le lieu où cette Plante fe rencontre ; car fi c’eft dans les eaux, ces racines augmentent de beaucoup en longueur ; f | au contraire le terrein eff feulement humide, elles le péné- trent au plus de trois ou quatre pouces de profondeur. Quoi- ue leur couleur foit plus communément blanche, elle change . cependant, & la nature de la terre ou de la vafe la rend plus _ ou moins foncée, en fauve, en brun & en noirûtre. Leur . confiftence eft pareïllement plus molle, plus tendre & plus . caffante, quand la Plante eft baignée, au lieu que dans les endroits que l'eau a abandonnés, quoiqu'elles foient. plus » folides & plus fermes, elles font néantmoins plus flexibles ; + à l'égard de leur groffeur, elle n’eft dans les plus fortes, que . d'un tiers de ligne de diametre. : . … Les tiges & les branches de cette Plante font fi égales, fr . -entremêlées les unes dans les autres, que la principale tige . eft difficile à diftinguer ; je me contenterai donc de décrire * une branche chargée de rameaux, telle que je Fi fait repré- - fenter dans la Figure que j'en donne d’après nature, où lon -voit la difpofition des racines qui tenoient cette branche Mem. 1739: . Hh 243 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE plaquée contre terre, ou fur une efpece de moufle commune dans les endroits marécageux. Cette branche eft ronde, verte, noueufe, & jette de diftance & par intervalles inégaux, des rameaux difpofés dans un ordre alterne, tantôt à droite & enfuite à gauche, en continuant ainfi jufqu'à fon extrémité, qui eft terminée par ‘un bouton, ou plûtôt une éminence veluë, un peu applatie fur les côtés ; dans quelques rameaux & dans le bout des branches où ce bouton groflit davantage, il en fort une feuille veluë qui, en naiflant, eft entiérement roulée en forme fpi- rale. À mefure que la feuille s’'éleve, le velu dont elle étoit garnie, tombe ; les contours de la fpirale s’écartent, & la feuille repréfente alors par le haut la figure d’une crofle ou celle d’un crochet; différences de forme qui ne font remar- quables que dans les feuilles naiflantes & les moins avancées. Les intervalles de la naïffance d’un rameau à l’autre rameau, font nuds, fans feuilles, & l'efpace renfermé entre chaque rameau eft plus grand dans les premiéres ramifications, & infenfiblement plus petit dans les derniéres. Cette branche avoit environ 6 pouces de longueur & demi-ligne d'épaifleur. Les rameaux font cylindriques, moins gros que les bran- ches dont ils prennent origine ; leur couleur eft Ta même ; ils font plus longs vers le bas de la branche, plus écartés, & fe répandent l'un à droite & l’autre à gauche, en formant avec la branche des angles plus où moins ouverts, pendant que les moindres rameaux & les plus courts qui garniflent l'extrémité de la branche, y font plus approchés, & font avec elle des angles plus aigus. Quant à leur confiftence, elle eft tendre & caffante. Les feuilles naiffent alternativement fur les deux côtés des rameaux ; elles font fimples, vertes, droites, tendres, prefque cylindriques, plus grofles à leur bafe, & terminées en pointe; elles reflemblent aflés bien à celles de la Ciboulette ou du Jonc, & la longueur qui dans quelques-unes eft de quatre à cinq pouces, n’eft pas d'un demi dans les moins avancées. Les fleurs viennent dans les aiffelles des rameaux, & quatre DES SCIENCES. 245 fleurs enveloppées , chacune en particulier, par une mem- brane fine & délicate, font toûjours renfermées fous une enveloppe commune, dont la forme eft celle d'une fphere hériflée de poils verts. Cette fphere augmente de volume, elle a dans fa maturité la groffeur d’un grain de Poivre; elle s'ouvre alors, & fe partage en quatre quartiers égaux, qui tiennent chacun par un angle au pédicule qui les foûtient. La membrane fine, délicate & tranfparente, qui renferme chaque quartier de fphere, eft d’une feule piéce, & a trois faces, une convexe, qui tapifle intérieurément un quartier de l'enveloppe commune, & deux en forme de demi-cercle, qui fe joignent par leur diametre, & forment le taillant du quartier de fphere. Les angles inférieurs de’ ces trois faces fe terminent par un point commun, & les faces en demi-cercle s'ouvrent un peu, vers le point oppofé, dans l'épanouiffement de la fleur , de maniére que les deux faces en demi-cercle s'éloignent tant foit peu de la face fphérique au fommet de Yangle fphérique fupérieur. Chaque quartier du globule fphérique eft creux, & fa cavité, qui a auffi la figure du quartier de fphere, eft rem- plie par une fleur hermaphrodite, compofée d'étamines & de piftiles, rangés fur un placenta commun. ; … Le placenta de la fleur eft une bande membraneule, atta- chée à la portion intérieure fphérique de la membrane qui enveloppe la fleur ; ce placenta s'étend à diftances égales des deux faces en demi-cercle, depuis le fommet de l'angle fphé- rique inférieur jufqu’aux deux tiers de Ja hauteur de la cavité, _ & il n'occupe que la moitié de la largeur de la cavité, en … forte qu'il a la figure des deux tiers d'un croiflant dont on a emporté une pointe. Ce placenta eft garni de piftiles des deux côtés & fur le bord qui eft tourné vers le tranchant de l'enveloppe, en forte que les piftiles d’un côté du placenta » font prefque oppofés aux pifliles de l'autre côté. Il y a de chaque côté du placenta quatre rangs de piftiles qui vont … directement depuis la foudure du placenta vers le tranchant « de la cavité. Pour remplir les deux tiers de la cavité, les : Hh j 244 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE piftiles qui font dans la partie la plus large de la cavité, font à peu- près perpendiculaires au placenta, les autres fe cou- chent de plus en plus vers l'angle inférieur du placenta, à mefure qu'ils approchent de cet angle & du bord du placenta, en forte que ceux qui font fur le bord du placenta, font exactement dans le plan du placenta. Le tiers de la cavité qui n’eft point remplie par les piftiles, eft occupé par les étamines, qui ont la forme de petits cones, & qui font placées comme je vais l'expliquer. L'angle où fe terminent les deux bords du placenta, eft garni d'une petite tête où naiflent toutes les étamines qui y font attachées par leur pointe; ces étamines, en fe dirigeant de tous les côtés, forment une houppe pyramidale, renfermée par trois plans & par une bafe fphérique. Le nombre des pifliles varie dans les fleurs de fa Pilulaire ; j'en ai compté douze dans quelques fleurs, feize dans les unes, & vingt dans d’autres fleurs. Ces piftiles font des petits corps ovoïdes, enveloppés chacun par une membrane fine, plifiée & ridée; ils font fans ftyle, ils ont feulement fur leur extré- mité fupérieure, une éminence, une pointe moufle, à Ja- quelle on pourroit donner le nom de ffygmate, terme dont s'eft fervi M. Linnæus pour défigner cette partie qui termine le corps du piftile, ou les ftyles dont plufieurs piftiles font accompagnés. Les piftilesde {a Pilulaire font autant d'embryons de graine; les appeller ovaires ou germes, c'eft employer des dénomi- nations qui, quoiqu'elles ne leur conviennent pas à tous égards, font néantmoins reçüës en Botanique. Celle d'æuf ou d'embryon me paroît ici la plus propre, elle exprime mieux en quelque forte l'analogie qu'ont dans la Pilulaire ces parties comparées à celles des animaux, & fi j'adopte par préférence Eéments de Ve mot d'embryon, c'eft que, füivant M. Tourneforr, « on doit He “» prendre pour ovaire, l'endroit où les femences des Plantes #51. » fontattachées, & où elles reçoivent leur nourriture, & pour ». germe , la partie de la graine qui renferme en petit une Plante » de la même efpece ». ä Ress D'ESuSICTE NICE S. | 245 1! y a dans chaque fleur trente-deux étamines, & ce nom- bre m'a paru le plus ordinaire ; elles font fi petites, que Ia, yüë fimple peut à peine les diftinguer & les reconnoître : c'eft fans doute par cette raifon qu'elles ont échappé dans les recherches qu’en ont fait d’illuftres Botaniftes, qui ne les ayant pu découvrir dans ces globules dont cette Plante eft quelquefois chargée , ont pris ces mêmes globules pour des fruits à quatre loges ou cellules pleines de menuës femences; mais on peut facilement s'aflürer du nombre, de la fituation & de la forme de ces étamines, fr on les obferve avec une Loupe, & mieux encore avec le Microfcope. Pour défigner particuliérement les enveloppes, tant exter- nesqu'internes, de cette fleur, ne conviendroit-il pas ici de leur donner les noms que leur ufage femble déja indiquer? comme l'enveloppe externe renferme plufieurs fleurs, on ne peut mieux la caraétérifer que par le terme de calice externe ou commun, & cette membrane qui couvre intérieurement chaque fleur, doit, ce me femble, tre appelée calice interne ou propre. - Le pédicule qui porte chaque globule, a environ une ligne de hauteur & un tiers de ligne de diametre, fa bafe eft char- gée quelquefois de deux & de trois feuilles, dans le milieu defquelles il paroît plongé, & ces feuilles font femblables à celles qui fe trouvent fur les rameaux. - Chaque globule eft feul ordinairement à l'aiffelle d'un ra- meau, & le velu qui le couvre, de vert qu'il eft d'abord, devient dans la fuite plus tanné & plus châtain, cette couleur eft celle que prend auffi la Plante en vieilliffant. Je vais rapporter préfentement le détail des obfervations ue j'ai faites fur les piftiles & les étamines de fa fleur de la Pilulaire, & la defcription des chofes particuliéres que j'ai eu occafion de voir par le moyen du Microfcope. J'avoué que fi les caracteres devoient toûjours dépendre de parties f: difficiles à appercevoir, la connoïflance des genres de Plantes deviendroit rebutante, peut-être même toüjours in- certaine, & qu'on auroit lieu de nous reprocher d'employer Hh ij 246 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE dés êtres invifiblés pour reconnoître des objets fi diverfifiés dans d’autres parties qui les diftinguent les uns des autres; mais né pourroit-on pas trouver une excufe de ce reproche par une comparaifon qui a été faite autrefois fur les Infectes, dont les Naturaliftes ne peuvent découvrir les vrais caracteres que par le fecours des meilleurs Microfcopes ? Il éft dans les Plantes, des familles entiéres dont la ftruéture des fleurs’ n’eft vifible qu'à laide de femblables inftruments ; celles que l'on avoit confonduës fous le nom trop général de Champignon & de Lichen, en fourniffent un exemple que les curieufes recherches de feu M. Michel ont très-bien démontré. Mais ce n'eft pas ici le lieu de difcuter quelle ef fa partie qui doit fervir de bafe univerfelle & fondamentale à la méthode na- turelle des Plantes, je pourrai dans une autre occafion exa- miner ce point, duquel le fyfteme de Botanique a encore befoin malgré les différences des méthodes établies, Les étamines de la fleur de la Pilulaire, vûüës au Micro- fcope, font de petits cones boflelés extérieurement , & il paroît qu'ils font formés d’une membrane très-fne & très- déliée, qui dans fon intérieur renferme des grains de poufliére ronds, de couleur jaune-foncé ; ce font ces grains qui font autant de boffes ou éminences à la furface de cette membrane. Pour mieux découvrir la forme de ces étamines, je les ai placées fur une goutte d’eau & au foyer d'un bon Micro- {cope ; je les ai vüés pour lors fe dilater, augmenter de volume à mefure que l'humidité les pénétroit, & prendre la figure d’une Perle allongée & tranfparente, dans l'intérieur de Ja- quelle étoient des grains ronds, épars, & comme plongés dans une liqueur prefque femblable à de la gomme difloute ; quelques-unes de ces étamines fe font ouvertes tranfverfale- ment vers le haut, & ont jetté avec élafticité les grains de pouffiére qu'elles contenoient. Ces grains répandus dans l'eau, m'ont paru ronds, dorés, & finement chagrinés fur leur furface ; ils ont augmenté de grofleur, mais je ne les ai jamais vûs s'ouvrir; ce que j'ai obfervé autrefois, en examinant de cette façon les pouffiéres DES SCIENCES. 247 que laiflent tomber les étamines des Valérianes, des Fume- terres, de la Raquette ou Opuntia, des Moutardes, & de Jufieurs Plantes à fleurs en croix ; poufliéres qui, lorfque . T'eau les touche, rendent aufli-tôt'par une petite déchirûre qui fe fait à un point de leur capfule, un jet de liqueur ou ma- tiére huileufe qui refte dans l'eau fans s’y mêler, & comme par petits globules d’une finefle extrême. J'ai voulu voir ce que deviendroïent ces grains de pouffiére des étamines de Ia Pilulaire, en les laïffant dans d’eau, &au bout de deux jours je les aï trouvés blanchis, ayant cépen- dant confervé leur figure ronde. J'ai répété cette obfervation fur les grains de poufliére que l’on trouve dans les capfules qui dans la plüpart des Fougeres font bordées d'un côté par un anneau élaftique, & ces poufféres, en féjournant dans Veau, de brunes & obfcures qu'elles étoient, font devenués vertes & tranfparentes. J'ai fait fur les piftiles de la Pilulaire qui, quoique très- petits, fe voyent néantmoins à l'œil fimple, des obfervations femblables avec le Microfcope, ils m'ont paru ovoïdes, ter- minés par le haut en pointe obtufe formée par cinq côtes de relief, qui vont s'unir au même point ; leur furface extérieure étoit mal unie, & pour ainfi dire inégale par différents plis & replis. Vers le commencement des cinq côtes & à leur naïflance, tout autour du corps de ces piftiles, dans leur partie fupérieure, j'y ai apperçû diflinétement une bande circulaire d'un jaune orangé qui occupoit environ un tiers de leur longueur. Lorfque j'ai fait nager ces piftiles, les plis & replis qui “. paroifloient à leur fuperficie, fe font infenfiblement dilatés ; peu-à-peu il s’'eft formé fur le corps de chaque piftile un rézeau tranfparent & à fines mailles, leau pénétrant de plus en plus ce tiflu, il eft refté uni & continu, il a pris Îa forme d'une veflie enflée & très-tranfparente, dont la cavité étoit remplie par un piftile. Je me fuis convaincu que cette “vefe étoit une vraye membrane, par les différents lambeaux que j'en détachois avec 1 pointe d'une aiguille, & non 248 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE comme je l’aurois penfé d'abord, une matiére mucilagineufe, femblable à celle qui couvre plufieurs femences lifles, polies -& luifantes. Les piftiles que je viens de décrire, deviennent autant de femences ovoïdes arrondies par la bafe, & terminées en pointe obtufe par le haut ; leur couleur eft blanche , lavée d’un peu de jaune dans leur maturité, Examinons préfente- ment comment ces femences fortent des loges où elles font renfermées. Si la Pilulaire eft baignée, lorfque les femences font par- venuës à leur maturité, les quartiers du calice commun des fleurs s'écartent & fe renverfent un peu plus vers le pédicule, les calices propres quittent par le haut fa portion du calice commun à laquelle ils étoient adhérents, il fe fait ainfi dans chaque loge une ouverture plus grande, un paflage pour les femences, l'eau y pénétre, les veflies qui entourent chaque femence, groffiffent, elles occupent plus d’efpace, elles preffent les unes contre les autres, elles font détachées du placenta, élevées & fortent, les femences fe répandent enfuite fur l'eau, elles y germent, & produifent de nouvelles Plantes. Il étoit de quelqu'importance de connoître la premiére végétation de la femence de la Pilulaire ; car on fçait que dans le nombre des Plantes les femences des unes ne pouffent d’abord qu'une feule feuille, & les autres s'élevent toûjours avec deux lobes qui fubfiftent quelque temps, ou elles dé- ployent deux feuilles, auxquelles par 1a différence de leur forme, on a donné le nom de feuilles feminales: cette raifon m'a rendu foigneux & attentif à obferver de quelle façon fe feroit dans la femence de la Pilulaire, cette premiére germi- | nation, & je n'ai pas négligé de la faire defliner dans les différents temps des changements qui lui arrivoient. J'ai vû d'abord le fligmate, ou cette partie fupérieure & pointuë de la capfule de cette femence, fe féparer tout au- tour de la bande jaune-orangé qui s'y rencontre, il eft forti de cette ouverture, qui a fuivi la chûte de cette piéce, un bouton verdâtre, auquel dans la fuite il eft furvenu des déchirüres, D EVSMESMENT, E Ni C ES 24 déchirûres, des écartements de différents lambeaux , qui n'étoient cependant que dans la portion la plus extérieure de ce bouton, ce qui m'a fait reconnoître que c'étoit-là une des enveloppes internes de la plantule ; les lambeaux étant plus écartés , il a paru au deflous un bouton blanc qui s'éle- voit au deflus des bords de l'ouverture de la capfule féminale ; il a grofft enfuite, & a pouflé deux éminences oppolées, l'une en s'allongeant, a pris la forme d’une feuille, & l’autre celle de la radicule, la capfule reftoit toûjours adhérente à cette jeune Plante ; quelques jours après cette feuille a été fuivie d’une feconde, d’une troifiéme, & enfin d’une qua- triéme feuille, ce qui a fufñt pour mon obfervation, car j'ai vû conftamment les racines fe multiplier comme faifoient les feuilles fur la jeune tige, & conferver dans leur arrangement le même ordre alterne de droite à gauche. Ainfi lon ne fera pas embarraffé de donner à la Pilulaire, dans l'arrangement des Plantes, une place qui peut lui con- : venir par cette maniére de végéter. Comme dans la méthode naturelle les Monocotyledones doivent former la premiére di- vifion générale des Plantes, on l'y placera ; & s'il y a quelque clafle dans laquelle elle puifle entrer, c’eft, autant qu'il me paroît, dans celle des Fougeres, près defquelles je crois devoir placer cette Plante par les raifons fuivantes. 1.” Par la reffemblance que la Pilulaire a avec les Fou- geres, dont elle imite l’accroiflement & da végétation, & fur-tout de celles qui, comme notre Fougere fémelle, ram- peñt fur terre, & dont les feuilles naïffent verticalement & alternativement fur les côtés des tiges ou des rameaux, tantôt . à droite, & enfuite à gauche. m2 Par da figure qu'ont toutes les feuilles de ces fortes de Plantes avant leur développement, qui plus ou moins rou- lées en fpirale, de l'extrémité jufqu’à leur bafe; préfentent dans la campagne des formes de croffes, ou des rouleaux prêts à fe dévuider, & font dans cet état, foit avant leur fortie de terre & dans leur premiére élévation, enveloppées Mem 1739 .li 250 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLeE & chargées d’un velu fort ferré, qui dans les unes tombe, & dans les autres y refte par intervalles. 3.° Par la faveur que cette Plante mâchée laiffe d’un peu d'aftriction, mêlée d’une humidité vifqueufe qui approche fort de la faveur des Fougeres. 4° Par l'odeur que rendent les feuilles de la Pilulaire, écrafées entre les doigts, qui m'a paru la même que celle des Fougeres preflées & mortifiées dans la main. 5.” Enfin par cette forme de fommet d'étamine, & par la façon dont il s'ouvre tranfverfalement, ce qui me fait penfer que ces capfules environnées d’anneaux élaftiques, font dans les Fougeres les vrais fommets, puifqu'elles s'ouvrent de même tranfverfalement; d’ailleurs on n’y trouve point de placenta, qui dans tous les fruits des Plantes y foûtient les femences. J'avouë que j'ignore encore, malgré mes diffé- rentes tentatives, les piftiles ou parties fémelles des fleurs des Fougeres, à moins que dans ces capfules il n’y en ait de deftinées à la pouffiére fécondante, tandis que d’autres fem- blables conferveroient les femences de ces fortes de Plantes. Les fommets dans la Pilulaire ne font pas garnis d’anneaux élaftiques, & par cela même il me paroït que dans la clafle des Fougeres la Pilulaire pourroit bien être le chef d’une fection particuliére ; mais le caractere effentiel de cette claffe feroit tiré de la forme des étamines, dont les fommets font des capfules qui n’ont qu'une cavité, & de la façon dont ces fommets s’ouvrent tranfverfalement. Je n'avance pas les autres chofes qu'on pourra peut-être y ajoûter, lorfqu’on aura fur ce fujet toutes les obfervations qui font encore à faire, & que l’on a lieu d'attendre des recherches que feu M. Micheh a annoncées avant fa mort, & qui doivent bien-tôt paroître, par les foins qu'y donne M. Targioni. Le caractere d’une Plante eft ce qui Ia diftingue de toutes celles qui ont quelque rapport avec elle, & ce caractere, par les loix établies en Botanique, doit être formé d’après J che: PE RE D'E SNS ICE E NC Es 251 l'examen des parties qui compofent {1 fleur. L'on nomme carailere incomplet, où , fälon M. Linnæus, caractere artificiel, celui dans lequel on décrit feulement quelques parties de fa fleur, en gardant le filence fur les autres parties que, par Îa méthode qu'on s'eft propofée, l'on fuppole inutiles ; au lieu que l’on entend par le caracfere naturel, celui dans lequel on défigne toutes les parties de a fleur, & on en confidere le nombre, fa fituation, la figure & la proportion. Si, en fuivant les principes de la méthode de M. Tour- nefort, je cherche le caractere de la Pilulaire, je trouverai, en l’établiflant à fa maniére, que c’eft un genre de Plante dont les fleurs font enfermées dans un calice fphérique, le- quel s'ouvre en quatre quartiers ; chaque quartier eft une loge qui contient dans fa cavité une fleur à étamines, com- pofée de plufieurs fommets attachés à l'extrémité fupérieure d'un placenta membraneux, dont toutes les faces font char- gées de piftiles ou embryons de graine ; le calice, lorfque Ia fleur eft pañlée, devient un fruit à quatre loges ouvertes par le haut, & remplies de femences menues ovoïdes. * Cette Plante fera par conféquent renvoyée dans la feconde fe&tion de la xv.° claffe des Eléments de Botanique, où font rangées les Herbes qui ont les fleurs à étamines. … Maïs ce caractere eft incomplet, car il n’exprime pas tout ce qu'il eft à propos de remarquer dans la fleur de la Pilulaire, & il n'eft pas poflible d’après un tel caraétere, de donner à cette Plante une place qui lui convienne dans les clafles de plufieurs méthodes de Botanique ; la façon dont M. Limnæus établit les caracteres naturels des Plantes dans fon Livre inti- tulé Genera Plantarum, &c. fournit cet avantage, elle eft plus exacte, & elle me paroït mériter par-là quelque préférence. Les Fleurs de la Pilulaire ont deux calices, un externe ou commun, & Tautre interne ou propre. Le Calice externe renferme quatre fleurs , il eft d’une feule piece fphé- rique, velué, épaïffe, dure, qui s'ouvre en quatre portions égales, & chaque portion eft collée à la face convexe d'un des quatre calices internes, Ii ij 262 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Le Calice interne contient une fleur, il ef membraneux, d’une feule piece dont la forme eft celle d'un quartier de fphere, & il s'ouvre par l'extrémité fupérieure. Le Placenta, qui dans chaque fleur, porte les étamines & Îes piftiles , eft une bande membraneufe, longue, étroïte, qui naît du fond de la cavité du calice interne, fe prolonge jufqu'aux deux tiers de fa hauteur, & s'attache à la face fphérique de ce calice, dans le milieu de fa largeur. Les Etamines font pour l'ordinaire au nombre de trente-deux fommets fans filets, leur figure eft celle d’un cone; ils font tous attachés par la pointe à une petite tête, qui termine Îe bord fupérieur du placenta, fur laquelle ils forment, en fe dirigeant en tous fens, une houppe pyramidale; ces fommets font des capfules délicates, membraneufes, elles s'ouvrent tranfvcrfalement , & répandent une poufliére ronde. Les Piftiles font au nombre de 1 2, de 1 6 ou de 20 embryons ovoïdes, fitués perpendiculairement fur le placenta, dont ils couvrent les faces & le bord tranchant; ils n’ont point de ftyle, mais la partie fupérieure de chaque embryon eft terminée par un fligmate court & obtus. Le Péricarpe ef le fruit de cette plante, ül eft à quatre loges compofées des deux calices qui fubfiftent & confervent plufieurs femences. Les femences font menuës, blanchâtres, ovoïdes, arrondies par la bafe, & terminées en pointe par Île haut. Le Germe ou la Plantule contenuë dans la femence, fort, dans Ja ger- mination, de la partie fupérieure de la capfule féminale, & pro- duit une premiére feuille & une radicule. Après un tel caraétere, il eft bon de placer encore la Pilu- laire dans les clafles de la nouvelle Méthode de M. Linnæus, & je crois que par rapport aux divifions qu'il y établit, la Pilulaire doit être ôtée de la fection des Algues où cet Auteur Ya placée, dans la clafle des Cryptogamies, c'eft-à-dire, dans cette clafle où font rapportées les Plantes dont les fleurs échappent à la vüë, pour être tranfportée dans la feétion des Fougeres, inférée dans la même clafle ; on corrigera pareïl- lement l'imperfection du caraétere qu’il donne à la Pilulaire ous la dénomination de Calamiffrum Dillenii, car il foupçon- noit alors des fleurs mâles ou fommets cachés dans la ligne Jongitudinale des feuilles roulées & naiflantes de cette Plante, Dog 00 men ER TErR AT LS LE Un DIE: SMSrCOE NC Er Soi > » Les anciens Botaniftes n'ont pas connu la Pilulaire; ou du moins ils ne paroïffent pas en faire aucune mention. J'ai raflemblé les différentes dénominations dont fe font fervis quelques Auteurs qui ont écrit fur les Plantes dans le dernier Siécle & dans le commencement de celui-ci, je les rapporte dans l'ordre que ces fortes de recherches exigent pour Putilité dont elles peuvent être dans le Pinax général des Plantes, qui eft à defirer en Botanique. PILULARIA. Pilularia paluftris juncifolia D. Vaillant. Prod. Bot. Par. 07. Bor. Par.p.158.Tab. Xv. Fig. 6. Joannis Martin *. Aÿff. Plant. circa Londinum. Anglice. vol. 2. p. 175. Calamiftrum Dillenii. Car. Linnæi. Gen. Plant. p. 326. N° 800. Gramen piperinum. Merret. Pin. 57. Petiverii. herb. Brie. Tab, 9. Fip. 8. Graminifolia paluftris, repens, vafculis granorum piperis æmulis. Raïi. Cat. Angl. 7 53. edit. 2. Raïi. Synopf. Stirp. Britt. edit. 1.209. app. 246. R. Synopf. edit. 2.281.app. 344. R. Synopf. edit. 7. À. D. Dillenio. 136. Raï. hift. 132$. cap. 10. Morifoni hift. Oxon. 608. fe. 15. Tab. 7. Fig. 49. Mufcus aureus, capillaris, paluffris, inter foliola, folliculis rotundis (ex fententiä D. Doody quadripartitis. ) Pluknet almag. Bot. 2 56. Phytogr. Tab. 48. Fig. 1. . * Cetouvrage eft l'Hiftoire des Plantes des environs de Paris, de M. Tournefort, traduite en Angloïs par M. Jean Martin D. M. & accommodée pour les Plantes remarquées près de Londres, Entre ces Auteurs dont je viens de rapporter les différents fynonymes, Merrer eft le premier qui ait fait mention de cette Plante, & parmi les Figures citées ci-deflus, la meilleure _ eft celle qui fe trouve dans l'ouvrage de feu M. Vaillant. Les endroits humides où l'eau a féjourné pendant l'hyver, & où elle ne s'évapore pas totalement pendant l'été, font * ceux où la Pilulaire croît plus volontiers. Je ne vois que la France & l'Angleterre où cette Plante ait été remarquée : à . Tégard de la France, les feuls environs de Paris font encore les lieux uniques où elle ait été obfervée. Ti üÿ ÿ Ÿ Ÿ Ÿ ÿ La 254 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE M. Vaillant dans fon Botanicon Parifienfe, page x 58, dit « que cette Plante forme ordinairement des petits gazons qui tapiflent toutes les petites mares de la Forêt de Fontainebleau & celles de Grois-bois quand elles font à fec. Cette Plante fe trouve auffi autour des mares de l'Otie & entre Coigniéres & les Effarts autour des lacunes qui font entre le grand che- min & la chauffée de l'Etang ». M. Tournefort , dans des Notes manufcrites qu’il avoit faites à la marge de fon Hifloire des Plantes des environs de Paris, dont l’'exemplaire eft entre mes mains, affüre « qu'il n'eft rien de fi commun que cette Plante dans le Pré marécageux qui eft à gauche, à l'entrée de la Forèt de Fontainebleau, au de-là de la Bûvette royale, & que le fruit de cette Plante eft mûr en Septembre ». J'ai trouvé fa Pilulaire dans Ia plüpart des endroits cités par ces deux Auteurs, & de toutes les mares ou platiéres que j'ai vifitées dans la Forêt de Fontainebleau, je n'ai pu encore découvrir cette Plante que dans les mares de Franchard & de la Belle-croix. La Pilulaire eft la feule efpece connuë de fon genre, elle paroît vivace ; fes jeunes branches, qui fubfiftent d’une année à l'autre, fervent à la renouveler, pendant que les anciennes périffent. Les globules qui renferment les leurs, commencent à montrer dès le mois de Maï; il en repoufe continuel- lement de nouveaux à mefure que les tiges & les branches fe prolongent, & l’on trouve fouvent fur la même branche des globules naiffants, de fort avancés & d'autres en parfaite maturité dans les mois de Septembre & d'Oétobre. J'ai vû auffi dans ces temps-là plufieurs femences répanduës fur les eaux, qui y avoient germé. On peut dans les Jardins de Botanique élever & cultiver la Pilulaire, en la plaçant dans des lieux où l'eau ne s’évapore pas entiérement, ou dans des terrines ou baquets propres à conferver l'eau que l’on aura attention d'y entretenir. H réfulte donc des obfervations que je viens de rapporter, 1.° Qu'il y a des Plantes dont les fleurs, comme dans la Figue, DES SCIENCES, 2 font cachées fous des enveloppes, & que le feul exemple que l'on en avoit, eft augmenté par celui que fournit la fleur de la Pilulaire. 2° Que dans la famille des Fougeres, les feuilles ont en naiflant, & lorfqu'elles font prêtes à fe développer, une même forme & une figure tout-à-fait fmblables, 3° Que dans les fleurs de ces Plantes les fommets des étamines confervent une. figure propre, finguliére & conf- tante, & qu'ils obfervent aufli une façon de s'ouvrir qui leur - eft particuliére. b Il me refteroit à donner quelque chofe fur les vertus de cette Herbe, mais comme elle n'a jufqu'ici été mife en ufage par perfonne, aufli ne lui trouve-t-on aucune propriété aflignée dans les Auteurs. Cependant fi on doit avoir égard à un préjugé qui, depuis quelque temps, a pris faveur fur Tanalogie des vertus des Plantes avec la conformité de leurs caracteres, on donneroit à la Pilulaire une qualité atténuante, incifive & apéritive, qui eft celle des Fougeres, auxquelles elle paroît avoir un rapport aflés bien établi, par les raifons que nous avons détaillées. Nous ne faifons ici que hazarder une conjecture, & nous fentons par avance les objeétions que l’on peut faire contre cette idée. Une pareille propo- fition mérite cependant d’être examinée avec foin & avec beaucoup de fcrupule ; & quoique nous trouvions dans plu- fieurs clafles de Plantes une forte de régularité & de corref. pondance dans les vertus qu’elles ont, nous n’ofons encore entirer une conclufion trop affirmative & générale ; il faut néantmoins avouer qu'il y a fur ce fujet des indudions aflés fortes & aflés bien démontrées dans les ordres que préfentent les Plantes graminées, les labiées, les umbelliferes, deschico- racées, les corimbiferes, les cinarocephales, des légumineufes, les Plantes à fleur en croix ; fr l'on en excepte quelques genres qu'il faut retrancher de cette clafle, les Plantes qui doivent être rangées dans les mêmes ordres du Ricin, de a Calebañie, de la Mauve, dela Garance, de la Bourrache, &c. C’eft ce qui nous fait efpérer qu'on pourra rendre Ja méthode 256 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE par laquelle on connoit les Plantes, plus utile dans fa pra: tique de Médecine, & plus néceflaire à tous ceux qui veulent, à l'abfence de nos Plantes d'Europe dont les vertus font connuës, fe fervir dans les pays éloignés, des Plantes qui y viennent naturellement, & qui par le même caraétere qu'elles auroient avec celles que nous employons, feroient par confé- quent deftinées aux mêmes ufages, & c'eft-là le point de per- fetion dont on peut enrichir la Botanique méthodique. EXPLICATION DES FIGURES. A, deffein d’une branche de la Pilulaire, avec fes racines, fes feuilles & fes globules, en leurs états différents. B, Globule qui renferme les fleurs. C, :Globule, lorfqu'il fe partage en quatre quartiers, D, Globule coupé tranfverfalement pour montrer les quatre loges. un quartier de Globule. Fleur de grandeur naturelle, vüë par lune de fes faces; a, Piftile; , Etamine de grandeur naturelle. Fleur groffie, vüë par les deux faces intérieures. la même Fleur, vüë par la face extérieure. la même, vûüë par l’une des faces intérieures. Etamines, vüëés au Microfcope. Poufliére des étamines, groflie & vüë au Microfcope. Piftile enveloppé d’une peau tranfparente & à fmes mailles, vû au Microfcope. le même Piftile, dont la peau s'eft dilatée & eft devenuë unie, étant placé fur une goutte d'eau. | Piftile grofii, dont la peau a été enlevée. Semence germée & groflie. | la même pouflant une premiére feuille & une radicule, jeunes Plantes en différents états. BRSÈOEEs > » % » OS > » £ La DR | OBSERVATION . 266 D Men. de lAcad 1739. p D) ESS LOM EN CE $: 257 ONBNSNE R VF AIO N DAME E CL PSE DU: SOLEEFL,; Du 4 Août 1739. Par M. CAS SNL | E temps a été favorable pour l’obfervation de cette Eclip{e, que nous avons faite avec des Lunettes de 7 … 8 pieds, montées fur des Machines Parallactiques, dont … l'une étoit garnie d’un Micrometre à réticules qui compre- _noient exactement le difque du Soleil, & les autres ren- > voyoient l'image fur un papier où l’on ävoit décrit des cercles - concentriques qui repréfentoient les doigts & demi-doigts. . Comme il y avoit dans le Soleil quatre amas de T'aches en différents endroits, dont deux vers le Nord, qui devoient “être éclipfées par le Soleil, nous avons eu foin le 4 Août an cr de déterminer {eur fituation exacte dans le difque du - Soleil, en dirigeant une Lunette garnie de fils qui fe croifent à angles de 45 degrés, de maniére qu’un des bords du Soleil ivit exactement le parallele, & marquant Je temps que ces “bords & les Taches employoïent à à pafler par le fil horaire & obliques de cette Lunette; & comme ces Taches devoient a avoir quelque mouvement apparent fur le difque du Soleil, de- puis ces obfervations jufqu’au temps del’'Eclipfe, on a obfervé leur paflage par le Méridien, de même que leur hauteur, pour erminer leur fituation à nd & en conclurre celle qu'elles “devoient avoir au'temps qu'elles paroîtroient s’éclipler. A 3r36 8"lEclipfe paroït déja commencée par une Lunette de 7 pieds. On juge que fon commencement eff arrivé à 3h 3 540" 3 42 57 un doigt. 53 jo 29 deux doigts. 55 18 laTachela plus feptentrionale touçhe le bord du Soleil 55 41 cle eft entiérement cachée. Men. 1739. . KKk 8 Août 1739 258 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE A 3"58 1” trois doigts. 4 1 quatre doigts. 5 cinq doigts. 23 1 fix doigts. 4 28 38 la derniére des Taches'qui compofent le fecond amas, touche le bord du Soleil. 28 49 elle eft entiérement cachée. 34 49 fept doigts. A 44 25 fept doigts 35 à 40", qui ef la plus grande Eclipfe. ss 24 fept doigts. $ 1 34 la feconde Tache eft fortie. 7 47 fix doigts. 16 35 cinq doigts. 23 49 quatre doigts. 5 24 58 la Tache la plus feptentrionale eff fortie, & paroît éloignée du bord du Soleil éclipfé de tout fon diametre. trois doigts. deux doigts. un doigt. fin de l'Eclipfe par une Lunette de 14 pieds. 53e DEA 5 49 Entre toutes les phafes de cette Ecliple, celle de l'entrée de la Tache la plus feptentrionale a été obfervée avec le plus d’évidence ; & comme cette Tache doit paroître dans le même inftant au même endroit du difque du Soleil dans tous les lieux de la Terre, on pourra s’en fervir pour déterminer avec beaucoup de précifion a différence de longitude entre tous les lieux où l'on aura fait la même obfervation, y em- ployant les éléments néceflaires à cette recherche. On a auffi obfervé avec beaucoup plus de précifion a fin de l'Eclipfe que le commencement, que l’on ne peut ordi- nairement appercevoir que lorfque la Lune y a formé une petite échancrüre, au lieu qu’à la fin on peut diftinguer par de grandes Lunettes, à quelques fecondes près, le temps au- quel la partie du Soleïl éclipfée cefle de l’être entiérèment & devient parfaitement ronde. On apperçut pendant tout le temps de l'Eclip{e, des in- égalités & des éminences fenfibles fur le bord de la Lune qui éclipfoit le Soleil, ainfi qu'on l'a repréfenté dans cette Figures LOC h 21 Lo +h S ARR Men. de UAcad. 2739 plu pag. 258. Figure de lElpse du Solal du 4. Aoust 1739. e DE SNISICOLEN CES 259 DOUR DES EXPLICATIONS CARTESIENNE ET NEWTONIENNE : DE LA RÉEFRACTION DE LA LUMIERE., Par M. CLAIRAUT. TD AR: les opinions des Philofophes fur Ia réfraction n .L de la Lumiére, je n'en vois point d’aufli célébres, ni … qui méritent mieux d'être comparées que celles de Defcarte _ & de Newton. . :… L'explication de Defcartes paroït avoir un avantage, elle … fait dépendre la réfraction de {a Lumiére, des mêmes prin- cipes dont dépend la réfraction des Corps folides qui tra- … verfent un fluide. Mais quand on vient à penfer que les … phénomenes qui naïflent de la réfraction de la Lumiére, ne … s'accordent point avec les circonftances qui accompagnent … Ja réfraction des Corps folides, le prétendu avantage ne laifle … plus fntir que les difficultés auxquelles il expole. …. | Il eft prouvé que la réfraction d’un rayon de Lumiére qui a traverf le verre d’un récipient, augmente à mefure que … Quelle difficulté pour les Cartéfiens? diront-ils que la Ma- * chine Pneumatique augmente l'embarras du milieu qu'elle … raréfre, & que le rayon ne doit jamais éprouver plus de réfiflance que lorfque le récipient eft aufli purgé d'air qu'il “et pofñble? Ils le doivent dire fans doute, & ils ne peuvent … £ difpenfer d'admettre que les Corps les plus denfes font ceux qui ouvrent le paflige le plus libre à la Lumiére. Etrange conféquence, bien propre à dégoûter du principe; je doute “qu'il y ait des adoucifiléments capables de lui faire perdre ce qu'elle a de révoltant. Voici pourtant, felon moi, une diff- culté encore plus confidérable: Si la réfiftance du milieu caufe Ja réfraction de la Lumiére, comme elle caufe la réfraction Kk ji 24 Juillet 1739° … des coups de pifton raréfient l'air contenu dans ce récipient. : 260 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des Corps folides, il fuit qu'un rayon qui fouffre plufieurs réfraétions, doit perdre fenfiblement de fon mouvement, & w'il le perdra même entiérement, ainfi qu'il arrive à um Corps folide qui traverfe un fluide. Or l'expérience dément encore ici la comparaifon que doivent faire les Cartéfiens, & s'il arrive qu'un rayon qui traverfe plufieurs milieux, perde fenfiblement de fa lumiére, il n’en faut attribuer la caufe qu'à la perte réelle de plufieurs de fes parties interceptées ou réfléchies par les particules folides des milieux ; celles de fes parties qui échappent & qui pénétrent, continuent leur route avec la totalité primitive de leur mouvement. Qu'on fe rappelle ce que M. de Mairan a fi folidement établi dans fon dernier Mémoire au fujet de la différence de réfrangibilité des rayons diverfement colorés, on verra qu'une même vitefle continuée dans les rayons de même genre ou de même couleur, eft la caufe de Ia conftance du rapport entre les finus d'incidence & les finus de réfraétion, quelles que foient les inclinaifons de ces rayons; comme au contraire la diverfité des réfrangibilités & des couleurs pro- cede de la diverfité des vitefles qu'ont les différentes parties de la Lumiére. Or fi une petite différence dans la vitefle de la Lumiére eft capable de varier les réfrangibilités & les couleurs, quelles altérations ne produiroit pas une diminution de vitefle auf confidérable que celle qui viendroit néceflaire- ment de la réfiftance du milieu dans le cas où cette réfiflance feroit la caufe de la réfraction? Que deviendront les expériences par lefquelles il eft prouvé qu'un rayon qui a paflé par plufieurs milieux réfrin- gents, ne laifle pas de fubir les mêmes loix de coloration & de réfraétion que tous les rayons de fon genre à qui il n'eft point arrivé de traverfer des milieux fenfiblement réfiftants ? ‘ On dira peut-être que les rayons affoiblis par des milieux réfiftants, recouvrent leur vitefle en rentrant dans des milieux moins réfiftants. Mais comment un corps peut-il acquérir une vitefle perduë en paflant dans un fluide où la réfiftance, DES SCIENCES: 261 quoique moindre, eft toüjours une réfiftance, il ne peut au contraire que faire une nouvelle perte? M. de Mairan, dont la fagacité prévoit & mefure toutes les difficultés d'un fyfteme, n'a pu ignorer celle-ci, mais if ne Ja croit forte que dans la fuppofition où la propagation de la Lumiére s'explique par l'émiflion des particules que darde le corps lumineux. Je ne m'arrêterai point à examiner sil vient à bout de la faire difparoître dans la fuppoñition où la propagation de la Lumiére s'explique par le fecours des vibrations, je me borne à repréfenter qu'il faut opter entre la fuppofition des vibrations qui me paroît remplie de difficultés, où la fuppofition de l’'émiffion que l’Aftronomie femble démontrer. . Les obfervations de Roëmer fur les Emerfions des Sa- tellites de Jupiter, en font une preuve convaincante pour un grand nombre de Mathématiciens; mais quand il faudroit avec d’autres fçavants, ne les regarder que comme une preuve que la Lumiére n'eft pas inftantanée, l’Aberration de la Lumiére, dont je vais rappeller en deux mots la théorie, ache- veroit de déterminer en faveur du fyfteme de l'émiffion. - Imaginons que AB repréfente C D un côté infiniment petit de l'orbite de la Terre, & CP la direction des rayons d'une Etoile, qui viennent à la Terre tous parallelement, à caufe qu’on fuppole cette Etoile à . mnediftance infinie par rapport à la Ferre, & même par rapport à fon orbite. A. B . Jedis que fi lObfervateur a placé fa Lunette fuivant cette direétion, il ne verra l'Etoile qu’en fuppofant que la Terre foit en repos, ou que Îa viteffe de Ja Lumiére foit infinie par rapport à celle de la Terre; mais fi la vitefle de la Terre eft comparable à celle de la Lumiére, il faudra que la Lunette fafle un certain angle avec la direction CB que je trouve ainfi. -!: Imaginons que l'Etoile dont tous les rayons qui arrivent . KK if Memorres de l'Acad. 1 73 7. page 205. 262 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à la Terre, ont la même direction C2, marche elle-même d’un mouvement CD égal & pa- C D rallelé à celui de la Terre, & qu'elle lance fes rayons fuivant CA, en forte que CZ foit la diagonale du parallelogramme À BDC. Cette fuppofition ne change rien à Ja maniére dont la Lumiére vient de l'Etoile. La Terre & l'Etoile ayant alors le même mouvement, on À B peut les regarder toutes deux comme en repos, & dans ce cas l'Obfervateur verra l'Etoile fuivant la direction CA, c'eft-à-dire, plus bafle qu'elle n’eft véritablement, de la quantité de fecondes que contient l'angle 4C 8. Comme cette matiére a déja été difcutée beaucoup plus au long dans l'Académie, ce que nous venons de dire fufhra pour rappeller la théorie de Aberration, chacun verra que le rapport de AB à CB, qui eft celui de la viteffe de la Terre à la vitefle’ des corpufcules de Lumiére, détermine l'angle ACZ, en quoi confifte l'Aberration; & fi cet angle eft affés confidé- rable pour être obfervé exaétement, il n’y a point de théorie lus aifée à confirmer que celle-ci. M. Bradley à qui on la doit, & plufieurs autres habiles Aftronomes qui l’ont examinée après lui, l'ont confirmée par leurs obfervations, dont il réfulte que le rapport de la vitefle de chaque corpufcule de Lumiére à {a vitefle de la Terre dans fon Orbite, eft celui de roo000000 à 969. Or fi la lumiére de toutes ces Etoiles fe meut avec cette vitefle, il eft naturel de croire qu'il en eft de même de celle du Soleil. Calculant donc combien de temps il faudroit à un corpufcule de lumiére pour venir du Soleil à nous avec cette vitefle, on trouve environ 8 minutes+, ce qui eft à : peu-près le milieu entre 7 minutes que M. Roëmer avoit trouvées par fes premiéres obfervations, & 1 1 minutes qu’il avoit trouvées par d'autres. Qu'on réfléchifle préfentement à ce que nous venons de DES SCIENCES. 263 dire dans les deux articles précédents, on voit d’un côté par les obfervations de M. Roëmer, que la Lumiére n’eft pas inftantanée, mais qu'il faut un certain nombre de minutes pour que nous appercevions le Satellite qui fort de ombre, On voit de l'autre par la théorie de l’Aberration, que les corpufcules de Lumiére ont une prodigieufe vitefle, & celle qu'il faut précifément pour venir à nous dans le même nom- bre de minutes. N'eft-il donc pas bien vraifemblable qu'ils viennent effectivement à nous dans ce temps-là! Je donnerai maintenant l'explication Newtonienne de Ja Réfraction, elle eft fimple, & elle s'accorde avec tous les phénomenes de la réfraétion, qu'il n’eft pas aifé de concilier dans celle des Cartéfiens ; mais elle a d’abord à combattre la répugnance de plufieurs Phyficiens, le feul mot d’Arraction qu'on eft obligé d'employer, révolte. On n’examine plus fr cette Attraction peut avoir une caufe méchanique, & l'on rejette toutes les découvertes qu'on peut faire par cette voye. . Je demande qu'on veuille bien ici n'écouter en faveur -de la déclaration que je fais, de ne vouloir point établir Attraction comme une propriété effentielle de la matiére, Je n'ai point de fentiment fur une queftion qui pañle mes forces. Mon feul but en cet endroit eft de faire voir quel eft _ lufage que M. Newton fait de Attraction, lorfqu’il tente d'expliquer la Réfraétion ; mais il s’eft fi peu étendu fur cette matiére, que je crois devoir commencer par une explication qui refflemble beaucoup à la fienne, & que je hazarde d’au- tant plus volontiers, qu’elle fait voir que je ne n''éloigne pas de croire qu’on peut fubftituer à Attraction fa caufe mé- chanique. : Si l’on fait attention à ce que beaucoup de phénomenes ; comme l'afcenfion des Liqueurs dans les Tuyaux capillaires, Tinflexion des rayons de Lumiére auprès de la Lame de cou- teau, &c. montrent, que les corpufcules extrêmement fubtils font pouflés vers la furface des corps dont ils font fort près, on fera porté naturellement à croire que quelque fluide in- vifible les pouffe vers ces corps, ! 264 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Nous imaginerons donc tous les Corps environnés d'une Atmofphere très -déliée qui poufle les corpufcules voifins vers la furface des corps, comme la maticre fubtile, fuivant Defcartes, fait tomber les graves vers la Terre. Nous de- manderons de plus que les corps les plus denfes ayent une atmofphere plus forte, & ce qui paroît vraifemblable, lorfque deux corps auront une furface commune, nous fuppoferons que les atmofpheres de ces deux corps fe confondront, & n’en feront plus qu'une qui pouffera les corpufculés vers le corps le plus denfe. Que l'efpace AB DC renfermé par les deux pa- ralleles À B, CD, repré- fente un milieu plus denfe que celui qui l'environne au deffus de À B & au deflous de CD ; fuivant notre fuppofition, tous les corpulcules, commeg, c qui feront au deffus de AB, feront pouflés vers dE! Z la furface AB. De même | les corpufcules 4 qui feront au deffous de CD, feront poufiés vers CD. Plus le milieu qui environne À B DC fera rare, plus la pefanteur vers le ‘milieu denfe fera forte. Imaginons préfentement qu'un trait de lumiére fg, ou un petit globule qui va d'un mouvement très-rapide, vienne dans une direction perpendiculaire à AP, il eft évident que fon mouvement, joint à fa pefanteur, concourront à le faire pañler perpendiculairement dans le milieu, tout le changement ui lui arrivera étant que fa vitefle naturelle fera augmentée par l'accélération que lui donne la force de Ia petite atmo- fphere qui pouffe vers AB. On voit de même que lorfque le corpufcule fera arrivé en CD, la petite atmofphere qui poufle vers CD , diminuera autant de fa vitefle que le pre- mier en AB en avoit ajoûté, en forte que le trait de lumiére repaflera CR DES SCirENcESs 265 … répañera dans le premier milieu inférieur à CD, avec le … même vitefie qu'il avoit avant que d'arriver en AB. ” _ Quant à Ra réfiflance qu'il peut fouffrir dans les milieux 4, F, je la fuppofe nulle, parce que je m'imagine qu'il n'y a de parties qui traverfent le corps, que celles qui en ont pris des interftices, celles qui rencontrent des particules folides étant réfléchies ou perduës dans le corps. Me Lorfque le globule aura une direction oblique #g, il . eftclair qu'aufhitôt qu'il fera arrivé à une diflance gp aflés petite pour que l'atmofphere puifle agir fur lui, il commen- _ cera à fe détourner infenfi- . blement ; puis la force im- _ pulfive de cette atmofphere . accélérant fon mouvement _ perpendiculaire, il décrira _ unepetite courbe 2; concave ! vers iB, ainfi qu'un grave … jetté obliquement, décrit une parabole dont la concavité e _ tournée vers la Terre, _ Le corpufcule étant arrivé en à fur la furface, il traverfera . Tefpace A B DC en ligne droite jufqu'à ce qu'il rencontre _ €n4 la furface CD, R il retrouvera la même atmofphere qui _ XL repouflera vers CD ; mais comme il a une vitefle fuivant . da direétion 4, au lieu de rentrer dans le corps, il fe re- . Courbera un peu vers £C comme un Bombe jettée en l'air. . T eft évident que la courbe 47 fera parfaitement égale & . fmblable à la courbe ig, puifque l'atmofphere de CD fera » perdre au corpufcule tous les degrés de viteñle que celle de - AB avoit ajoûtés à fa vitefle naturelle ; & lorfque le cor- . pufcule fera hors de la puiffance de l'atmofphere, il fe mouvra _ fuivant une ligne droite /m qui fera le même angle à l'égard _ de CD, que Ag à l'égard de AB. - Examinons préfentement pourquoi la Réfraëtion ne peut Mem 1739, + L f 266 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE jamais être changée en Réflexion, en paflant du milieu rare dans le milieu denfe, & qu’au contraire elle le peut fous une certaine inclinaifon , lorfque le rayon va d’un milieu denfe dans un rare. Le premier cas eff fort facile, puifque quelle que foit l'in- clinaifon du rayon, la force qui agit fur lui, lobligera d'arriver fur la furface plütôt qu'il n’auroit fait sil s’étoit toûjours mû en ligne droite, & d'entrer dans le corps fous une inclinaifon moindre qu'il n'avoit d’abord. Quant au fecond cas, fuppofons que le rayon A viennefousuneinclinaifon € très-confidérable à l'égard de CD, la force de l’atmo- fphere qui pouffe vers CD, , X ne lempêchera jamais de fortir, mais il eft certain qu’elle augmentera fon inclinaifon vers CD, & qu'elle pourra lui faire décrire une courbe 4/1, femblable à une parabole très- ouverte, qui rencontrera promptement une feconde fois CD, & repaflera dans le milieu denfe fous linclinaïfon on C égale à 4 D. Car fi le rapport entre l'inclinaifon 45 & l’étenduë de l'atmofphere eft aflés grand pour que le rayon foit parvenu à une direction /A parallele à CD avant que d’être forti de latmofphere, le rayon décrira néceffairement une feconde branche de courbe An égale à la premiére 47, & rentrera par conféquent dans le milieu denfe fuivant l'inclinaïfon 01C égale à 54 D. De cette explication il fuit que la raréfaétion du milieu F peut donner aux rayons lobliquité qui leur manquoit pour être réfléchis, en forte que le cas où la réfrangibilité fe change en réflexibilité plûtôt qu'en tout autre cas, eft celui où l’on fuppofe que l'efpace F eft purgé d'air, ou même abfolument vuide, fi cela étoit poffible. D'où l'on voit que ceux qui rejettent l'opinion de Defcartes fur la Réfraétion , font bien éloignés de penfer que le Vuide repouffe alors la Lumiére: ce feroit-là, felon moi, une des plus extravagantes chimeres que les Phyficiens ayent imaginées, LL DE SMISICGUIIE N.C.E s. 267 … … Refle à déduire de ce que nous avons dit, cette loi fi belle de la Réfraétion, qui maintient un rapport invariable entre … Je finus d'incidence & le finus de réfraction; mais gardons- = nous pour cela d’entaffer hypothefes fur hypothefes, & con . tentons-nous d'attribuer en général à nos petites atmofpheres, a propriété de poufier les corpufcules de Lumiére fans être obligé de les faire agir fuivant quelque loi arbitraire. 3 PROBLEME [LI | Soit PS une furface vers laquelle tous les corps font pouffes per- … pendiculairement par une force qui agit, non comme une puiffance - de la diffance à la Jurface , mais comme une fonction quelconque … de cette diflance, on demande la courbe que décrit un corps qui part du point donné À avec une viteffle &7 une direction données. Imaginons que le corps eft arrivé en un point quelconque M, & que tandis . que fon mouvement . d'impulfion le porte . à parcourir la ligne Mm dans un inftant finiment petit dr, … la force qui agit fui- . vant mx, loblige à LÉ Mére la ligne Ju, EN CLS He tr P . qui devient un des côtés de la courbe cherchée. Soïent en- » fuite menées les droites A1Q & mg perpendiculaires à PS, je nomme 1Q, x; PQ, y, & j'exprime par la fonction … dex, qui défigne la force qui agit en AL. . … … Cela po, je dis que fi les Q 7 ou les dy, ou, ce qui revient au même, fi les dr, c'eft-à-dire les inftants, font - fuppofés conflants, on aura mw—ddx. En effet, fi dans un petit intervalle de temps d4 égal à celui qu’il faut pour parcourir Am, le corps a décrit oM—Mnm, il eft évident . que menant or parallele à 42Q, rQ fera dr à Qg- | y 268 MEMOIRFS DE L'ACADEMIE ROYALE Préfentement par le principe des forces accélératrices; on aura Xdt — — ddx, car les fléches font comme les quarrés des temps multipliés par les forces. Pour intégrer cette Equation, nous la multiplierons par dx; & nous aurons X 4x dt —— dxddx, où — 2 Xdxdf —2dxddx, dont l'intégrale eft a dr — 24 [Xdx> — dx". On voit que a df° eft une conftante homogene qu'on doit ajoûter dans l'intégration. IH faut chaffer dr À par le moyen du dy, ds: Pour cela, fuppofons le corps parti de À, en faifant une incli- naifon à l'égard de la perpendiculaire , dont le finus foit "1, pendant que le rayon eft 1. On aura 122 F pour le petit côté Aa SF Ter P que le corps parcou- roit alors dans un inftant égal à celui qu'il met à parcourir Mu, d'où la valeur de dr fera 2 mf ? en nommant f la vitefle du corps en À. Par le moyen de cette valeur de dt, Equation précé- a dy 2 dy AU 2 CT dat nil Xdx = dx", ou [x] dx" (en mettant [x] au lieu de dente fe changera en 2 ady 2 dy° mm ff mm ff {X dx) dans laquelle if faut déterminer la conftante à par la condition du Probleme, qui demande que le corps foit parti de À à la diflance À P donnée & égale à 4. I faut donc qu’en faifant x = AP =, le finus de l'angle a A2. ' foit, ainfi que nous l'avons fuppolé, = #1. 3 L* SRE Le finus de Fangle HM Qt... dé +] “ CN RE ET ES ont 5 mt RÉ = D'EUSSLCIT EN. C ES. 26% pre ii I dy _ @u en mettant pour dx dans == Due : TD) … fa valeur tirée de l'Equation précédente ; fi l'on met donc I NV pour x dans cette valeur, elle deviendra = Se he ET ED À qui étant égalée à , donnera Da nn — 1er LO] valeur qu'il faut remettre dans l'Equation précédente. La L'PTARTNNENERTE d fubflitution faite, il viendra dy — PTT EE 5 1 Un nf — EE) à - Equation de la courbe cherchée par laquelle on pourra Îa | conftruire auffi-tôt que lon connoîtra la fonction X, c’eft- à-dire, la loi de la Pefanteur vers la furface PS, À Faifons préfentement Fapplication de ce Probleme à fa réfraction ; c’eft-à-dire, fuppofons que le point À, d’où nous avons fait partir le corps, foit celui où commence la puiffance de la petite atmofphere qui agit fur la Lumiére, il s’agit de … déterminer le rapport du finus de l'angle 4 À P au finus de . l'angle que fait avec la perpendiculaire à la furface PS; car il eft évident que le premier de ces angles eft celui d’in- _cidence , & le fecond celui de réfraction. . Le finus de l'angle à A P eft m, & celui de l'angle 4 À MQ, c'eft-à-dire, étant tiré de l'Equation précédente, | m val] (1) À P au fnus de x M1Q fera exprimé par y7x HR [6] fera . Donc le rapport du finus de Rs [x]/ dans laquelle ïl faut fe fouvenir que f eft une | conftante qui exprime la vitefle de la Lumiére, Comme on ne trouve point dans cette expreflion la ettre qui défigne l'inclinaifon primitive du rayon; quelle que foit x, pourvü qu'elle foit {a même Jorfque l’on compa- … xéra différents rayons, il s'enfuit que le finus de wmQ fera . au fnus d'incidence en raifon conflante, indépendemment # LI ii 270 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de l'obliquité primitive du rayon Aa. Propriété remarquable de nos T'rajectoires, qui étant commune à tous les points de la courbe, fera par conféquent vraye au point F où x=0, & où l'angle A1Q devient l'angle de réfraction. Nous avons donc démontré que quelle que foit la maniére dont la petite atmofphere qui environne les corps réfrin- gents, agit fur la lumiére, pourvü que fon étenduë & fon activité foient toûjours les mêmes autour des corps de même nature, & que la force foit la même à la même diflance, Ia loi de la réfraétion fera conforme à ce que les expériences faites avec le plus grand foin, nous ont appris. Quoique la démonftration précédente ne paroïfle faite que pour le rayon qui va du milieu rare dans le milieu denfe, il eft évident qu’elle peut s'appliquer également au cas inverfe, puifque, lorfque le corps eft arrivé en F, s'il repartoit vers À avec la même vitefle & la mème direction qu'il a alors, il repafleroit par tous les mêmes points w, 41, 0, a, A. Suivant notre explication, la différente réfrangibilité des rayons dépendra de leurs différentes viteffes. Comme M. de Mairan a fait la même fuppofition, & qu'il a très-bien ré- pondu aux objeétions qu'on pourroit faire contre l'inégalité du mouvement des parties de la Lumiére, nous renverrons à fon Mémoire ceux qui pourroient avoir quelque doute l-deflus. … I y a préfentement bien peu à ajoüter à ce que nous venons de dire, pour changer notre explication en celle de M. Newton. Qu'on fuppole que toutes les particules du Verre, ou du milieu réfringent AB DC, ayent la propriété d'attirer fuivant une loi telle qu'à de très-petites diftances l'attraction foit très-forte, & prefqu'infenfible à de grandes; il eft évident que la furface d'un € ; D corps réfringent À B D C fera regardée comme un plan in- fini, en forte qu'un petit corpufcule g aura autant de matiére D'EUSMSRCUT ENN CES 271 attirante des deux côtés de la perpendiculaire gA, d'où la direction commune de toutes les forces des particules du mi- lieu réfringent fur le corpufcule g, fera la perpendiculaire g4. Il eft évident que pour avoir égard à Fattraétion de toutes les particules dont eft compolé le milieu 4 où eft le cor- pufcule g, il faut mener ab parallele à 4 B, & également diftant de g en deflus que À 2 left en deflous; & fr le mi- lieu X eft plus rare que le milieu Ÿ, il faudra retrancher la force de g vers la furface ab de fa force vers À B, car les attractions des parties renfermées dans l’efpace Aaë B, doi- vent détruire réciproquement leur effet. Le corpufcule g fera donc regardé comme s’il étoit dans un vuide parfait en g, & que le milieu attirant 4 B DC, fût d'une denfité égale à la différence des deux denfités Y, F. Voici donc l'attraction des parties de la matiére fubftituée à notre petite atmofphere environnant les corps, en forte - que lorfque les globules de Lumiére viendront pour traverfer les milieux réfringents, l'attraction les détournera précifément fuivant les mêmes loix que nous avons prouvées ci-deflus ; mais lattraétion ne ceflera pas, ainfi que la force de nos . petites atmofpheres, lorfque le corpufcule de lumiére aura _ atteint la furface des corps réfringents. Suppofons, par exem- ple, que le corpufcule g foit arrivé en dans l'intérieur du milieu AB DC, fi Yon mene la parallele Ga à AB, qui foit Autant en deflous de / que 4 l'eft de À B, ïl eft évident que - J'attration de l’efpace 4 BGa fur 4, fera entiérement nulle, . mais celle du folide, dont la furface fupérieure eft 46, agira . fur / toûjours perpendiculairement & en embas. Le corpuf- - cule de Lumiére eft donc encore attiré dans l’intérieur jufqu’à . ce qu'il foit enfoncé de la longueur ir égale à la diflance :S - de la furface AB au point S, où l’on fuppofe que l'attraétion . de la matiére AB DC eft infenfible. Pour rappeller alors la Théorie Newtonienne à la nôtre, . il faut regarder le corps réfringent comme n’ayant commencé . qu'à la furface wrr, & la force impulfive de notre premiére . atmofphere que nous fuppofions terminée en AB, comme n continué jufqu'à la face vs, 272 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Notre Théorie & nos Calculs feront abfolument les mêmes, en forte que pour faire entendre l'explication New- tonienne de la Réfraétion, nous en pourrions refter-là ; mais comme Newton a fuppofé que les particules de matiére attiroient fuivant une puiffance quelconque des diftances, & a calculé d’après cette hypothele, les forces attractives des milieux réfringents, nous allons donner le plus fuccintement & le plus clairement qu'il nous fera poffible, le Calcui qu'il a fupprimé. PROBLEME ÏIE Soit PM 4e rayon d'un Cercle dont le plan ef? perpendiculaire à la droite AP, on demande l'attraétion que. ce Cercle exerce fur un corpufcule placé en À, en fuppofant que chacune des particules dont la furface de ce Cercle eff compofée, agifle en raïfon renverfée d'une puiffance quelconque des diflances. On nommera AP, a, & PM, 7, _ le rapport de fa circonférence au rayon, d’où l'on aura ÿ/aa-77) pour AM, ———— À P... (aa+vt) = pour la force attractive d’une particule de matiére en M, füivant la direction AM, & —_——— pour Îa partie de {aa+it) cette force qui agit fuivant AP. Multipliant cette expreffion par + zd3, qui exprime la petite zone ou couronne formée 7,4 - d par la révolution de Mm—d7, on aura ——"#%#< —— r. (a+) © pour l'attraétion de cette petite couronne füuivant la direc- tion AP. L'intégrale complette de cette quantité fera der: Où APR A PHAM | Let D ES: S:C A E:N C-E,s. 273 Il eft evident que fi # furpañie 2, le 2.4 terme de cette va- leur devient zero, lorfque À MA fera infinie, d'où l'attraction d'un plan infini für À eft finie & égale à nr APT Il eft clair encore que fi le plan PAZ, fans être infini, eft d'une étenduë très-confidérable par rapport à A2, fon attraction pourra, fans erreur fenfible, être prife pour AE ET 7. PROBLEME IIL … Trouver l'attradtion d'un folide infini, produit par la révolution du redlangle MPQN dont l'épaiffeur eff finie, | On aura par le Probleme précédent mom 4Q 2—1).r x Qg pour lattraétion d’un élément NQ y» du folide propolé, l'intégrale complette de cette quantité fera La — Br err APT per AQ TT, | & expriméra l'attraction cherchée du folide, produit par Ja révolution de l’efpace infini APQN. | Si n > 3, c'eft-à-dire, fi attraction des parties de Ja matiére fe fait en raifon renverfée d'une puiffance plus grande que le cube, le fecond terme de cette valeur deviendra zero | lorfque AQ fera infinie, d’où l'attraction d’un folide infini dans toutes fes dimenfions, dont la premiére & unique furface feroit 41 Pm, auroit une valeur finie & égale à ET AP "7 cef-à-die, proportionnelle à ni” | c (n—3).7. APT °* Ps Eau I! eft évident que lorfque le folide donné fera très-éterdu par rapport à 4 P, on pourra fuppofer fon attraction pro- . portionnelle à — 7 comme s’il étoit infini. Mem. 1739. .Mn * 274 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE Lorfque Newton a donné ces deux Propofitions, qui ne font autre chofe que le calcul de la Propoñition 93, liv. x des Princip. Mathem. Philofoph. Natur. ne s'en eft pas fervi pour chercher la Courbe que décrit le rayon de Lumiére, ni pour conclurre de la nature de cette Courbe, que la propor- tion du finus d'incidence au finus de réfraction eft conftante, mais parce que la force qui pouffe les corpufcules de Lumiére vers la furface d’un milieu réfringent, peut être fuppofée conftante pendant un efpace de temps infiniment petit, il a regardé la Courbe en queftion comme compofée d'une infi- nité de petits arcs de Parabole, & il a fait voir que chacun de ces arcs de Parabole qui traverfe un petit efpace terminé par deux paralleles à la furface réfringente, a cette propriété que le finus d'incidence eft au finus d'émergence en raifon conftante; d’où il fuit que la Courbe, après avoir pafié un efpace fini, confervera toûjouis la même propriété. Je ne m'arrêterai point à commenter la Propofition 94, liv. 1, où cette propriété de la Parabole a été établie : outre que Newton n'a rien fupprimé dans fa démonfiration, celle u'on tire de notre Probleme 1." me femble plus directe & plus lumineufe. Mais Newton n'ayant pas donné la Courbe que le rayon de Lumiére décrit, & ce Probleme pouvant intérefler les Géometres, je tirerai du Probleme premier, l'Equation de cette Courbe dans Fhypothefe que Newton a choifie, c’eft-à-dire, en fuppofant que l'attraction des parties qui compofent la matiére réfringente, agit fuivant une puiflance quelconque » de la diftance. On reprendra pour cela Equation générale dx : $ dy = ———————, qui exprime toutes les Ve IT ogg mmf] Courbes de cette nature. Il faut fe reffouvenir que [x] eft fXdx; ainfi mettant pour #, px?" (qui exprime par le Probleme 3, l'attraction entiére du corps réfringent fur le corpufcule placé à la difance x), on aura [x], ou fX 4x = 12x77, & par conféquent [ë] = pit. in oi 4—% DES SCIENCES. 275$ L'Equation de la Courbe cherchée fera donc dx s. 7 a pd ART mm = mnff (4=Nnmff SUR LE REMEDE ANGLOIS POUR LA PIERRE Par M. GEOFFROY. 4 réputation que le Remede de Mademoifelle Stephens s'eft acquife en Angleterre, tant par le foulagement qu'en __ont reçù quelques malades attaqués de la Pierre, que par les mefures que le Parlement a prifes pour recompenfer cette Demoifelle de la découverte de fon fecret , au cas que les Commiflaires nommés par le même Parlement fiffent un rapport favorable des effets de ce remede, a déterminé plu- fieurs Particuliers attaqués de Ja Pierre, tant à Paris que dans les Provinces, à en faire ufage. Ce qui leur étoit d'autant plus facile, que, la même recette ayant été traduite & imprimée en François, tout malade pouvoit l'exécuter lui-même, & s'aflürer qu'il n'y avoit dans le remede aucun ingrédient qui ne fût convenable à fa maladie. L'Académie elle-même ayant entendu lire par M. Morand le détail des dix premiéres obfervations publiées à Londres fur l'effet de ce remede, & fur les premiéres apparences de fa réuflite, a fouhaité qu'il continuat de lui rendre compte de celles qu'on publieroit encore en Angleterre. Une femblable découverte méritoit l'attention de cette Compagnie, & c’eft pour lui procurer des éclairciflements fur l'efficacité de ce Remede, que je vais donner le détail de mes propres obfer+ vations, On y verra d'abord les états différents de maladie, de Mn ij _ 276 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE foulagement & de fanté ( car je n'ofe dire de guérifon) où fe font trouvés quelques malades que j'ai fuivis avec attention, & auxquels j'ai donné le remede préparé d'après la recette Angloife, & fans y rien changer, quoiqu'on püt fans confé- quence en fupprimer plufieurs ingrédients qui paroiflent par- faitement inutiles. Enfüite je donnerai une analyfe chymique tant du Savon, qui femble être le principal agent de ce remede, que de l'urine de ceux qui en font ufage, comparée avec celle des perfonnes faines, & je finirai par des conjeétures fur la maniére dont ce Savon peut agir dans le corps du malade. Le remede de Mademoifelle Stephens eft compolé, comme on le peut voir dans la recette imprimée, d’une poudre, d’une décoction ou tifanne, & de pilules. La Poudre eft un mêlange de Coquilles d'œufs & de Co- quilles de limaçons, les unes & les autres calcinées. La Tifanne eft compolée d'une décoétion de feuilles ou fleurs de Cimomille, de feuilles de Fenouil, des feuilles de Perfil & de Bardane qu’on fait bouillir dans deux pintes d’eau, d’une boule de Savon du poids de quatre onces & demie, dans lequel on a incorporé du Miel & du charbon de Creffon fauvage, c'eft-à-dire, de cette plante calcinée en vaifleau clos, jufqu’à noirceur. A l'égard des Pilules, on les compofe de quatre onces du meilleur Savon & d'une fufñfante quantité de Miel ; on fait entrer dans ce mélange en le battant dans un mortier de marbre, des poids égaux de Limaçons calcinés, de femence de Carotte fauvage, de femence de Bardane, de fruits de Frêne, de Grateculs & de Senelles ou fruits de lAubépine ; le tout calciné jufqu'à noirceur. Ainfi lon voit qu'il n'entre dans tous ces compolés que des plantes déja connuës prefque toutes pour diurétiques, mais prefque toutes auffi altérées par leur calcination précédente, en forte qu’on peut douter avec raifon f: leur effet eft auffr falutaire, étant ainfi décompofées, que fi on les employoit dans leur état naturel. Il eft vraifemblable que ce font des DES SCIENCES. 277 doutes de ce genre qui ont donné lieu à quelques écrits qu’on a publiés contre ce remede en Angleterre, depuis que le fecret de Mademoifelle Stephens eft entre les mains de tout le monde. Mais comme ces mêmes écrits n'alléguent aucun cas où le remede ait eu de mauvaifes fuites, & qu'on S'y récrie feulement contre l’exceffive quantité de Savon & de Poudre que les malades font obligés de prendre par jour ; contre le long ufage qu'il en faut faire, qui peut rebuter 1e malade, fans qu'on ait fufhifamment d'expériences qui éta- bliffent le pronoftic d'une guérifon certaine ; plufieurs ma- lades, tant d'Angleterre que de France, {e font déterminés, malgré toutes ces raifons de douter, à en faire ufage, féduits par l’efpece de fuccès des premiéres expériences, & fans en attendre un plus long confirmé : les douleurs vives que reffentent ceux qui font attaqués de la Pierre, & dont ils ne _ peuvent efpérer d'être délivrés que par une opération encore plus douloureufe, & d’un fuccès afés fouvent incertain, dé- termineront toüjours à tenter des remedes de tout genre, quelque prévenu qu'on foit qu'ils ne font que palliatifs. Enfin, parmi un grand nombre de malades qui ont eu re- cours à ce remede, il y en a quelques-uns que j'ai fuivis, & qui ont bien voulu tenir eux-mêmes un journal exact des effets qu'ils en ont reflentis. Je remettrai ces journaux à M. Morand, qui fçaura bien en faire un ufage utile au Public. L'un de ces malades, âgé d'environ $ $ ans, eft fils d’un Officier qui avoit la Pierre, & qui avoit été taillé. Quoique celui-ci n'ait jamais voulu être fondé, il étoit dans le cas d'être vivement foupçonné d'avoir la mème maladie, puifqu'il en avoit tous les fymptomes. I urinoit le fang, reffentoit des douleurs aiguës dès qu'il faifoit quelque route un peu longue, ne pouvoit plus voyager en -chaife de pofte. Ses douleurs augmentant de jour en jour, il fe détermina le premier Août de cette année, à commencer Fufage du-remede Anglois, prenant trois fois par jour, & à chaque fois 56 grains, de da poudre des deux efpeces de coquilles dont if a été parlé ci-devant , chaque dofe délayée dans quatre onces de Vin Mm iij 278 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE blanc ouenviron, & par-deflus chacune de ces dofes un demi- feptier de la tifanne. Ainfi c'etoit par jour trois demi-feptiers de tifanne, & 1 68 grains de poudre; il a fuivi le régime pre£ crit par la recette imprimée, avec la plus grande exaétitude, pendant trois mois, prenant peu d'aliments, faifant peu d'exer- cice & büvant peu, quoiqu'il fût quelquefois très-altéré. J'ai 1û dans les derniéres aflemblées de l'Académie, qui ont pré- cédé les vacances, un journal des obfervations écrites par le malade lui-même pendant le premier mois; on y a vü qu'il fe fentoit déja confidérablement foulagé, qu'il avoit rendu avec fes urines, des matiéres pierreufes, blanches & en lames, la plûpart convexes d’un côté & concaves de l'autre, je les fis voir alors à la Compagnie. Le 34.me jour du remede, ce malade alla fe promener, & marcha pendant deux heures, &c à grands pas. Î{ craignoit de refientir, en rentrant, de grandes douleurs, tant à caufe de cet exercice, outré par rapport à fon état, que parce qu'il s'étoit retenu d’uriner pendant un temps aflés confidérable, ce qui dans d’autres temps, lui faifoit uriner le fang. Mais il eut la fatisfaétion, étant rentré chés lui, d'uriner abondamment fans aucune douleur ; & fon urine fe trouva très-belle. Le même foir il rendit une écaille blanche, grenuë & femblable aux précédentes. Le lendemain il rendit encore, comme depuis l'ufage commencé du remede, des urines chargées de matiéres blanches, détrempées, mêlées de glaires. Elles fe font quelque temps après éclaircies, puis re- troublées, chariant de femblables matiéres; & vers les der- niers temps elles étoient d’une odeur affés forte. Quatre jours après la premiére fortie, dont je viens de parler, il en tenta une feconde qui n'eut pas un fuccès auffi favorable. Ses urines à fon retour furent teintes de fang; vers le foir il jetta une fi prodigieufe quantité de fable & de glaires fonduës ou délayées, que fon urine en paroïfloit huileufe. Le 10 Septembre, les irritations ceflérent, & il ne fe pañla rien de particulier jufqu'au 20, qu'il rendit cinq fragments pierreux plus gros que les premiéres écailles. Le 22, même matiére pierreufe , mais plus folide que les précédentes; ce DES SCIENCES. 27 qui a éontinué, à quelques jours près d’intermifion, jufqu’au 1 8 Octobre que le malade fortitencore. A fon retour il urina facilement, & cependant il-rendit deux ou trois petites écailles. L'agitation fiévreufe qu'on appercevoit précédemment à fon poulx lorfqu'il devoit rendre de ces fortes de matiéres pier- reufes ou concrétes ou délayées, n'étoit plus fenfible. L’in- fomnie & l'altération, dont il fe plaignoit au commencement de lufage du remede, tout s'étoit évanoui peu-à-peu, fs urines étoient devennës claires & fans fédiment. .Le 28 du même mois d'Oétobre, il quitta lufage du re- mede. Le 30 il fortit en voiture, fe promena à pied, & vint à l'Opéra qu'il vit tout entier fans s’affeoir , fans avoir aucun befoin & fans reflentir aucune douleur; ïl alla énfuite en voiture dans deux quartiers fort éloignés, & revint chés lui fans qu’il eût lieu de fe plaindre d’avoir pouffé trop loin l'expérience. Le lendemain les urines de la nuit fe trouvérent un peu colorées, dans la journée elles dépoférent un fédiment rouge comme le font fouvent les urines de quelques per- fonnes qui font cependant en parfaite fanté, mais dès le 2 Novembre, elles reparurent claires, de bonne couleur & fans dépôt. Quelques jours après, foit à l’occafion du froid qu'on reflentoit alors, foit à caufe du changement de régime, qui fut peut-être un peu trop fubit , le convalefcent fut atta- .qué d’une fiévre à friffon qui avoit le caractére de double- tierce. Mais cette fiévre a duré peu, & a cédé aux remedes ordinaires, & à quelques prifes de Quinquina; ainfi le malade ma pris le remede Anglois que pendant trois mois moins trois jours, mais avec un fuccès inefpéré, puifque pendant plus de deux mois & demi fes urines ont été prefque toûjours chargées d'une matiére blanche comme de Ia Craye, qui for- moit une incruftation aflés confidérable fur les parois du vafe où cette uriné étoit reçüë ; & qu'outré cette matiére terreufe délayée, il rendoit de temps en temps, & affés fou- —…. vent, des écailles & des fragments femblables à ceux dont il - aété parlé ci-devant, & qui vers le commencement du troi- fiéme mois, étoient d’un volume affés confidérable, Enfin, 280 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE toutes ces matiéres étrangéres ne paroiflant plus à fa fin du troifiéme mois, & les urines étant auffr belles & auffi pures qu'elles le peuvent être, on en pourroit prefque conclurre que fa Pierre, au cas qu'il en eût une, auroit été fonduë par fe remede, Mais comme il n’avoit point été fondé, il n’y a rien de conftant que les fymptomes précédents, & qui font tous évanouis, pour faire foupçonner l’exiftence de cette Pierre. Quoi qu'il en foit, on peut toûjours conclurre de ce premier exemple, que le remede Anglois peut foulager confidérable- ment dans de cértaines maladies où les diurétiques font né- ceflaires, puifqu'il divife les glaires & entraine les fables des reins & de la veffe. Les autres malades dont j'ai à parler ont été tous fondés, & on leur a trouvé la Pierre. L'un d'eux qui étoit un enfant de 12 ans, avoit été amené à l'Hôpital de la Charité pour être taillé. On lui fit commencer l’ufage du remede le 1 2 du mois de Septembre dernier. Les douleurs qu’il reffentoit étoient très-vives, il ne pouvoit retenir fes urines ; au bout de dix jours de l'ufage du remede il étoit en état de les garder. I rendoit affés fouvent des écailles avec des fédiments blancs, mais ce fuccès n’a pas eu une longue durée; les accidents font revenus, & il ne paroït pas même à préfent, que le remede lui procure aucun foulagement. Ce qui, joint aux obferva- tions faites en Angleterre, depuis la publication dela recette, feroit foupçonner que le remede n’eft falutaire qu'aux adultes. Cependant un autre enfant du même âge que le précédent, & qu'une Dame de qualité avoit fait venir de fes Terres en Picardie, pour le faire fonder par M. Morand, qui lui trouva la Pierre, ayant pris ce remede à demi-dofe pendant un mois feulement , a été, dit-on, parfaitement guéri : c’eft-à-dire, que l'appetit & les couleurs font revenus, qu'il engraifle & ne reflent plus de douleurs ; c’eft à quoi fe réduifent les fym- ptomes vrais de fa guérifon, felon le rapport qu'on en a en- voyé pendant les vacances derniéres. On doit le faire revenir À Paris pour le faire fonder une feconde fois, & voir fi on lui trouvera encore la Pierre, Quatre er D'EMSMISICOr € NC Es AIM 58; : Quatre autres malades que M. Morand à fondés de même, & qu'il a declarés avoir la Pierre, ayant fait ufage de la tifanne & de la poudre à dofe entiére, trois d’entr’eux en ont refenti .à peu-près les mêmes effets, ils ont rendu des glaires en quantité, des fédiments plâtreux & des écailles. L’urine du quatriéme étoit feulement chargée de flocons de glaires qui fembloient s'être divifés en de petits corps légers, blanchis par un fédiment gypfeux d’une très-grande finefle, mais qui à la loupe paroïfioient brillants comme des paillettes talqueufes. Un autre malade, dont les douleurs vives l'obligeoient d'uriner continuellement, a rendu en différents temps, des urines chargées de glaires épaifles & veinées de bleu, comme fi on y eût délayé du bleu de Pruffe, & des petites pierres très-dures remplies de trous. Ce malade fouffroit beaucoup la veille & le jour de la fortie de ces corps pleins de rugofités. Un autre malade que M. Petit a fondé, & auquel il n’a trouvé que des graviers, pareils à ceux qu'il rendoit avant que de prendre le remede, & fur lefquels la fonde fonnoit comme fur de petits cailloux, a rendu dès le premier jour, après le troifiéme verre de la tifanne à demi-dofe, & fans avoir pris encore de poudre, des urines chargées d'un fédiment blanc, & un petit corps graveleux, gros comme un grain de Coriandre, & couvert du même fédiment. Ce corps étoit depuis du temps dans fa veflie, puifqu’il avoit un noyau & des couches appliquées les unes fur les autres, mais elles étoient teintes de jaune, parce que ce malade avoit alors une bile répanduë qui coloroit toutes fes liqueurs, & par confé- quent fes urines. … Je fupprime plufieurs autres obfervations faites fur d’autres malades, parce qu’il y a fi peu de différences eflentielles, que de les rapporter ce feroit allonger inutilement ce Mémoire: Je paffe à l'examen du remede. La boule de Savon qu'on fait diffoudre dansune décoétion de quelques Plantes diurétiques &icarminatives, eft elle-même teinte en couleur d’ardoife par d’autres végétaux auffi de la clafle des diurétiques, mais réduits en charbons. Si ce n’eft Men. 1739: . Nn 282 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE que pour déguifer le remede, qu'on employe ces Plantes brü- les, comme Mademoifelle Stephens l'avouë elle-même; on voit que tout autre charbon de Plante diurétique, quel qu'il puifle être, doit faire à peu -près le même effet. Ainfi s’il concourt à l'action du remede, ce ne fera pas à raifon des vertus qu’on a cru reconnoitre jufqu'à préfent dans une Plante diurétique, mais feulement comme charbon. Or fous cette forme, il ne peut communiquer au Savon que très-peu de fel & un peu davantage de matiére fulphureufe ou d'huile brülée de {a Plante. Cette maticre fulphureufe fe développe pendant l’ébullition, par l’action des fels alkalis du Savon, & l'on fent une odeur fulphureufe ou plütôt d’Aépar, mais qui ne noircit que légerement l'Argent qu’on tient expoé à cette vapeur. A l'égard du Miel, il femble qu’on ne l'ait joint au Savon que pour en divifer les parties, les rendre plus folubles, en adoucir l'acreté faline, & rendre la liqueur un peu moins defagréable à boire. Quant à la Poudre, elle eft compofée de Coquilles d'œufs. bien lavées, puis calcinées, & de Limaçons qu’on calcine tout entiers à noirceur, fans féparer l'animal de fa coquille. L’une & l'autre calcination fournit des abforbants terreux qui tien- nent (fur-tout la Coquille d'œuf) de la nature de la chaux, puifqu'on peut faire de la chaux véritable avec les coquilles de tous les animaux teftacés & cruftacés. Cette chaux d'œufs, felon la recette, doit être expofée à Fair pendant trois mois pour s'y éteindre d'elle-même, & cela arrive effectivement. Tous les petits fragments calcinés tombent en pouffiére fine, & fi au bout d’un certain temps il y en a encore quelques-uns qui reflent entiers, on atten- droit inutilement qu'ils fe réduififfent en farine , ils refteront toûjours dans le même état, parce qu’ils n’ont pas été aflés pénétrés par le feu pour être calcinés comme les autres; ainfr le plus court eft de paffer cette poudre par un tamis de foye bien fin, pour n’en avoir que ce qui eft réellement réduit en chaux. 3 DES SCIENCES. 283 * On joint à cette premiére poudre, celle des Limaçons brülés, * & dont l'animal eft réduit en charbon. C’eft encore un abfor- bant terreux, mais pénétré de l'huile fœtide de l'änimai. Les Plantes carminatives & diurétiques, qu’on fait bouillir dans l'eau avec a boule de Savon, paroiffent avoir été ajoûtées par les premiers Auteurs de ce remede, pour corriger les flatuofités qu'une fi grande quantité de Savon devroit pro- duire, & pour poufler en même temps par les urines. … Dans la recette des Pilules, on ne joint au Savon & au Miel que la poudre de Limaçon, on fupprime la chaux d'œufs, & on les déguife par le charbon fulphureux des graines carminatives & diurétiques, tous abforbants fervants à mo- dérer l’aétion du Savon, qui, eu égard à la quantité qu’il en faut prendre, purgeroit trop fans cela. Mais je ne vois pas ce qui a déterminé à fupprimer la chaux des Coquilles d'œufs de la mafle de ces Pilules, fi ce n’eft qu’on a cru que l'action de cette chaux acre feroit trop vive, n'étant pas corrigée par Tacide du Vin blanc; & l’on n’y a admis que le charbon des - Limaçons entiers, parce que n’ayant pas été calciné de même ni réduit en véritable chaux, ïl eft regardé comme un ab{or- bant beaucoup plus doux. Ces deux recettes, dela Tifanne & des Pilules, étant à peu de chofe près les mêmes, & devant produire les mêmes effets, il femble qu'on pourroit indifféremment les fubftituer lune _ à l'autre, s’il étoit poflible de prendre en pilules autant de Savon qu'on en prend en décoétion. Cependant j'ai cru m'ap- percevoir que ce remede en boïflon réuflifloit toüjours beau- coup mieux qu'en forme folide, & qu’il fatiguoit beaucoup moins l’eftomac des malades qui prenoient la réfolution de _ s'accoûtumer à ce qu'il a de dégoûtant. Ceux cependant qui ne pourront vaincre leur dégoût, doivent boire immédiate- ment après chaque prife de pilules une taffée ou deux de _boïffon chaude, comme infufion de Pariétaire, de fleurs de Mauve, ou de quelques Plantes diurétiques & adouciflantes. IL eft vrai que la décoétion du Savon purge plus volontiers que les Pilules, & procureroit même une diarrhée, fi on Nn ij | 384 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE continuoit de la prendre feule pendant quelque temps, ce qui n'eft pas cependant généralement vrai pour tous les tempé- raments, car il fe trouve des malades que cette boiflon ne fiche point. Quoi qu'il en foit, j'ai obfervé qu’ eft toûjours plus für de donner immédiatement avant la tilanne de Savon, une prife des deux poudres abforbantes. C’eft un alkali, partie terreux, partie falin, qui fe joint au fel du Savon & à fa partie grafle, & dont il réfulte un compofé capable de fe mêler, après les digeftions, avec Îa férofité, de circuler avec elle, d'être filtré par les reins, & de pañler dans la veflie fuff- famment chargé de ces principes, pour agir enmduite fur la Pierre comme diflolvant des foufres ou matiéres grafles qui peuvent avoir contribué à la coaguler. Ce qui vraifemblable- ment arrivera avec fuccès fur des Pierres qui n’ont pointencore acquis un degré de dureté capable de réfifter à l’action d’une liqueur qui n'a & ne peut avoir que des fels alkalis. A l'égard de ces Pierres dures extérieurement, comme de certaines pyrites en marron, ce feroit trop attendre du remede Anglois, que de fe flatter qu'il difpoféra l'urine à agir fur des corps qu'on ne peut difloudre peut-être que par des acides. Quelques perfonnes prétendent que fes 168 grains de poudre terreufe abforbante qu'on fait prendre par jour aux malades , étant entraînés en partie par les urines , forment la matiére blanche & les écailles de même couleur que rendent prefque tous les malades. Mais outre ce que j'ai déja dit du malade fondé par M. Petit, qui, après le troifiéme verre de la tifanne, & fans avoir encore pris de poudre, rendit du fédiment blanc & un gravier affés gros enduit du même fédi- ment, il me paroît plus vraifemblable de fuppofer que ces poudres, après avoir agi comme abforbant für les liqueurs de leftomac, & avoir communiqué où uni leurs parties falines & futphureufes aux parties falines & fulphureufes du Savon, paffent dans les inteftins avec le plus groffier du Savon & des aliments, mais je reviendrai à cette fuppofition avant que de finir ce Mémoire. Paffons à l'examen chymique du Savon, pour voir quelles font les matiéres qui le compofent, &en D'HET SU AS NC I Æ UN CE IS 285 quelle quantité chacune d'elles entre dans fa compoñition. * Mademoïifelle Stephens choifit pour fon remede le Savon d'Alicant, qui a pour bafe, coagulant l'huile, le fel de la Soude, lequel eft le plus doux de tous les fels fixes. On le rend ce: pendant plus aétif par la chaux vive avec laquelle on le effive. ‘On évapore cétte leffive jufqu'à un certain point, puis on y _ajoûte de l'huile d'Olive dans une proportion convenable; on cuit ce mélange jufqu'à ce qu'il foit en état de pouvoir prendre corps, & former une pâte folide en refroidifiant. Ce que je rapporte ici de fa fabrique, n’eft qu’un extrait très-court des Mémoires que M. de Reaumur m'a communiqués, & qui doivent faire partie de la defcription des Arts. Quant aux dofes, chaque millerolle d'huile d'Olive, melure qui en con- tient 113 à 15 livres poids de marc, cuite avec la leffive de Soude & de Chaux vive, doit rendre après la cuiflon 1 80 livres de Savon parfait, foit blanc foit marbré. L'huile d'Olive cuite avec une leffive de fels alkalis, ne doit perdre que très-peu de fon poids à la cuiflon ; ainfi les 65 livres qui font le furplus du poids du Savon parfait au- deflus des 1 r 5 livres d'huile, doit être le produit du fel alkali contenu dans la leffive : ce feroit donc à peu-près 6 $ livres de fel qui fe feroient unies à l'huile, s’il n'y avoit l'humidité _aqueufe à en défalquer, & qui eft encore affés confidérable ‘dans le Savon. Or je trouve pardiverfes épreuves, que la bonne ‘Soude d’Alicant, la Bourde, la Barille, les Cendres de Levant, defquelles étant leffivées fourniffent toutes un {el alkali de même genre qui fe criftallife, qui fe calcine à l'air, & qui . contient la bafe du fel marin, rendent de ce {el pur par quintal ‘environ la moitié de leur poids, c'eft-à-dire, so livres ; ainf ‘dans les 1 8 o livres de Savon ci-deflus, il doit y avoir solivres. de fel alkali, & r 5 livres d'humidité aqueufe fi l'on a em- ployé un quintal de bonne Soude pour des fabriquer. 1 faut -cependant compter dans cetté mafle pour quelque chofe, Ja portion la plus fine de la chaux vive qui:a dû refter dans la Jeffive décantée. Mais fans avoir égard, quant à préfent, à cette «chaux, il réfulte ducalcul précédent ; qu'une livre de Savon. Nn ïj 286 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE peut contenir 10 onces 1 gros $ 6 grains d'huile, 4 onces 3 gros 40 grains de fel, & une once 2 gros 48 grainsd'eau. Cette proportion par rapport aux fels, ne peut être exaéte, parce qu'il n'efl pas poffible qu'il n'en refle confidérablement dans lé marc des leflives. Ainfi comme j'ai cru néceffaire de fçavoir précifément ce qu'un malade prenoit par jour, d'huile & de fel alkali dans fes trois demi-feptiers de décoétion ou tifanne de Savon, il n'a fallu chercher dans le Savon lui- même ces différentes proportions ; ce qui a donné lieu à l'analyfe fuivante. J'ai pris un creufet dont le poids m'étoit connu: j'y ai brûlé peu-à-peu 2 onces de Savon, afin qu'il füt dépouillé de toute fon huile & de toute fon humidité, il m'’eft refté un fel qui pefoit 4 fcrupules ou 9 6 grains. Mais comme ce n’eft pas dans cet état extrême de calcination qu’on l'employe dans la fabrique du Savon, & que c'eft plütôt dans un état voifin de fa criftallifation qu'il faut le prendre, puifque l’eau de la leflive, en le féparant de fes terreftréités, lui donne l’aqueux néceflaire pour fà criftallifation, j'ai ajoûté à ce fel calciné pareil poids d’eau ( c'eft la dofe du flegme qu’on trouve toû- jours dans les criftaux de fel de Glauber, de fel deSoude, &c.) J'ai trouvé que dans mes deux onces de Savon, il pouvoit avoir environ 2 gros 48 grains de fel véritable de la Soude. Quant à la proportion de l'huile, il a fallu s'en afürer par une autre voye. J'ai diflous 2 onces du même Savon dans trois demi-feptiers d’eau chaude ou environ; j'ai verfé fur cette folution, qui étoit dans un matras, de l'huile de Vitriol goutte à goutte. À chaque goutte il fe formoit un coagulum. J'agitois de temps en temps le matras, afin que l'acide pût attaquer également le fel alkali répandu dans la liqueur que j'avois foin d'entretenir tiéde. J'ai ceflé de verfer de l'huile de Vitriol quand il ne s’eft plus formé de coagulum, &c que la liqueur s'eft parfaitement éclaircie. Je l'ai étenduë enfuite par de nou- velle eau bouillante, ce qui pouvoit aller en tout à 5 demi- feptiers, l'huile par ce moyen s’eft dégagée de l'eau, pure & claire. Je l'en ai féparée avec toutes les précautions néceffaires | ? x 4 : DES ScrENCESs. 287 . pour n’en pas perdre, & j'en aï trouvé une once 3 gros 20 grains. C’eft une véritable huile d'Olive, qui en a le goût, . Todeur, la fluidité dans les temps chauds, & qui fe fige au froid ; ainfi un morceau de Savon d’Alicant du poids de 2 onces, contient 2 gros 48 grains ou environ de fel de Soude, une once 3 gros 20 grains d'huile d'Olive, & environ 2 gros 4 grains d'eau. Donc lorfqu'un malade boit par jour 3 demi- . feptiers de tifanne, dans lefquels il entre deux onces 2 gros de Savon moins la petite portion qui s'en perd dans la cuiffon & dans les Plantes , il prend une once 4 gros 49 grainsZ d'huile d'Olive, & le poids de 3 gros de fel de Soude ou environ. Après avoir décompofé le Savon par les moyens précé- dents, j'en ai tenté la récompofition en employant les mêmes dofes. Dans deux onces d’eau de chaux premiére, j'ai fondu 3 gros de criftaux de fel de Soude qui a blanchi cette eau en s’y fondant, preuve qu'il s’en précipite une partie terreufe qui étoit auparavant en diflolution. J'ai ajoûté à ce mélange une once 4 gros 49 grains d'huile d'Olive la plus fine, & après quelques jours de digeftion j'ai eu un Savon liquide, mais d’un goût beaucoup moins defagréable que ne l'eft le Savon ordinaire. Ainfi lon peut prefque fur le champ pré- parer un Savon moins dégoûtant pour ceux qui auroient de la répugnance à prendre la tifanne du Savon ordinaire, & peut-être feroit-ce un moyen de faire prendre encore plus de faveur au remede Anglois. … II eft queftion préfentement de urine de ceux qui font dans l’ufage de ce remède. Un des malades dont il a été parlé ci-deflus, rendoit dans fes urines, des mafles de glaires auf épaifles & gluantes que du frai de Grenouille; ces glaires étoient marquetées de bleu, & le mucilage qui fe dépoloit dans le pot, étoit de la même couleur. Ce bleu peut bien être comparé à du bleu de Pruffe : or on fçait qu'on en peut faire avec la Soude & un acide, J'ai fait voir à l'Académie 1 y a environ trois ans, des Criftaux de {el de Glauber de- yenus bleus comme des Saphirs, dans la compofition defquels ‘288 M'EMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE il n'étoit entré que des criftaux de Soude & de l'huile de Vitriol. Ces urines étant devenuës plus falines & plus fulphureufes, elles fermentent un peu plus vivement avec une huile de Vitriol foible, que celle des perfonnes qui ne prennent point le remede. Ces mêmes urines étant mêlées avec l'huile de Chaux, il fe fait une précipitation d’un blanc rouffeätre, de laquelle il fe fépare à la longue une matiére pefante, grafle & mucilagineufe. La liqueur en fe defféchant devient gom- meufe, puis dure, tranfparente & féche comme de la colle forte, elle brüle de même, décrépite fur le charbon, & ré- pand une odeur de corne brûlée. Celle au contraire des perfonnes non foupçonnées d'avoir fa Pierre, ne produit avec l'huile de Chaux qu'un très-léger coagulum fans glaires, & qui a beaucoup de peine à fe deffé- cher. On apperçoit auffi dans l'urine des malades, à laquelle on a uni l'huile de Chaux, de petits criftaux cubiques & d’autres criftaux oblongs, mais qui, au bout de $ ou 6 jours, fe confondent avec le mucilage. Lorfque je verfe fur l'urine des malades, de la folution d’un fel de Soude bien pur, il s’en précipite une maffe compofée de plufieurs flocons blancs, fr adhérents les uns aux autres par les points où ils fe touchent, qu’on ne peut les détacher que difficilement quand on agite la liqueur ; ce que ne fait pas l'huile de Chaux. Si à la folution des criflaux de fel de Soude, je fubftituë une forte leffive de Soude ordinaire, les flocons dont je viens de parler font pr efqu’ aufli féparés les uns des autres que ceux de la précipitation par l'huile de Chaux. Quand je verfe de la même folution de fel de Soude fur de l'urine de perfonnes faines, il y paroït peu après de petits criftaux déliés, mais qui perdent leur tranfparence & de- viennent terreux au bout de quelques jours. La même criftal- lifation ne fe forme pas dans l'urine des pierreux qui prennent le remede, parce que cette urine étant devenuë huileufe ou grafle, ce {el de Soude ne peut s’y recriftallifer aifément, comme DES SCIENCES. 289 | “comme cela arrive ordinairement à tous les {els diffous dans des liqueurs trop grafles. L’urine des malades qui prennent le remede, étant éva- .porée jufqu’à ficcité, m'a laiflé une mafle brune, épaifle & fi faline, qu'elle étoit ftriée du centre à la circonférence, ce que _ j'ai déja obfervé dans l'évaporation de certains fels. Le det- quium de cette maffe, féparé de fa partie grafle, donne par une nouvelle évaporation une quantité affés fenfible de {el appro- chant de celui de Ja Soude, & pareil à celui que j'ai retiré du Savon. J'en ai fait un fel de Glauber; comme on le verra dans la fuite de ce Mémoire. Ce qui prouve qu’une portion de Savon pañle dans l'urine, puifqu'on y retrouve fon {el, & que par tous les indices précédemment rapportés, d’une ma- tiére grafle furabondante dans cette liqueur excrémenteufe des malades, on y retrouve aufli une partie de fon huile. La férofité du fang d’un malade qui prend le remede Anglois, eft beaucoup plus limpide que celle des perfonnes faines faignées par précaution. Elle fait avec l'huile de Chaux une colle moins forte & moins colorée. Avec la folution du {el de Soude il s’y forme un peu de précipité en flocons, mais fort légers, & qui fe tiennent long-temps fufpendus dans Ja liqueur, | Le fang de ceux qui font dans l'ufage du remede, donne dans l’analyfe chymique les mêmes principes que celui des autres : mais le fel qui refte fixe, y.eft en beaucoup plus grande abondance, il fe criftallife en cubes pleins, & décrépite fur le - charbon.comme le fel commun, mais ce fel, à la quantité près, eft prefque femblable au fel fixe du fang des perfonnes faines. S'iliétoit raifonnable de foupçonner un acide du fel tout développé dans le fang des malades qui font ufage du Savon, on trouveroit aifément la caufe de cetie plus grande quantité de {el commun qui y refte après la diftillation, & . J'on diroit que s'étant porté fur le fel de Soude du Savon, & - y ayant trouvé fa bafe propre, il s'y feroit régénéré. Mais il ne paroitra pas vraifemblable qu'il fe fafie dans le Corps — Meur 1739: - Oo 290 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE humain, des opérations chymiques pareilles à celles de nos laboratoires. ? J'ai dit précédemment que je féparois exactement l'huile du Savon, en verfant fur fa folution dans l’eau une certaine quantité d'acide vitriolique. La même opération fert auffi à prouver que le fel alkali du Savon d’Alicant employé dans la préparation du remede Anglois, eft un véritable fel de Soude. Car tous les Savons ne fe préparent pas par-tout de la même maniére; chaque pays a fes ufages particuliers. H y en a où l’on fe fert de la Potafle, La liqueur faoulée d'acide reftée après [a féparation exacte de l'huile, a été évaporée à ficcité. J'ai mis dans un creufet le fel refté au fond de la cucurbite; je lai fait rougir pour en chafler l'acide furabondant, & ce qui pouvoit y être refté de gras à l’occafion de fa premiére union avec l'huile. J'ai difious de nouveau ce fel ainfi calciné, & l'ayant filtré & laiffé évaporer, j'y ai trouvé des criftaux de véritable fel de Glauber, ce qui n'arrive que quand Facide vitriolique ren- contre dans un fel alkali quelconque la bafe du fel Marin. Or on a déja par différentes expériences , des preuves certaines que cette bafe exifte dans le fel des cendres du Kali, & dans le fel de toutes les Plantes qui croiflent le long des côtes de Ja Mer. Mais on trouve avec ce fel de Glauber, retiré du Savon par le moyen de l'huile de Vitriol & de la calcina- tion dans le creufet, une quantité afés fenfible de la Chaux qui étoit entrée dans la leffive du Savonnier. Cette chaux fe fépare & fe précipite au fond du vafe pendant la eriftallifa- tion du fel de Glauber; on la retrouve aufir précipitée lorf- qu'après avoir calciné jufqu'à l'extrême le Savon feul & fans addition d’acide, on veut avoir, en fondant dans l’eau le {el qui refte dans le creufet, les véritables criftaux de fel de Soude; cette Chaux fe fépare toüjours de ce {el pendant fa criftallifation. Si l'on verfe de l'huile deVitriol goutte à goutte fur une portion de la liqueur faline, dont cette terre a com- mencé à {e féparer d'elle-même, il fe fait une fermentation, DEV SMUSOLU TE EN CELLES 291 & en même temps il fe forme un coagulum aïfe à paîtrir, qui ne fe rediflout plus, même dans l'eau bouillante, & ne fait que s'y divifer en particules plus petites, & qui, par un plus long féjour dans le vaifleau, prennent la figure de ces petits corps gypfeux qu’on retrouve dans prefque toutes les liqueurs * où un acide vitriolique rencontre une terre qui peut devenir Chaux par la calcination. Si le Savon fur lequel on feroit de femblables expériences, avoit pour bafe un fel alkali différent de la Soude, tel que la Potafñle ou les cendres gravelées, bien dépurées de leur fel moyen, l'acide vitriolique qui feroit verfé fur le fel refté après la calcination d’un tel Savon , au lieu de donner un {el de Glauber, donneroit un Tartre vitriolé fem- blable à celui que M. Hellot a trouvé, & dont il a parlé dans le Mémoire qu'il a |à cette année fur la liqueur éthérée. Le Savon dont il s'étoit fervi, avoit été pris au hazard chés les détailleurs. Quoique je maye aucun deflein d'approuver ni de con- damner l’ufage du remede Anglois, parce que je nai pas affés de preuves convaincantes qu'il foit capable d'agir comme diflolvant fur une Pierre, qui feroit du nombre des plus dures, je puis aflürer cependant d’après des expériences, qui fe mul- tiplient encore tous les jours, qu'outre le foulagement aflés prompt qu'en reçoivent tous les malades déclarés pierreux ar da fonde, ils rendent tous une très-grande quantité de glaires & de fédiments plâtreux ou blancs. J'ai déja fait ob- ferver au commencemenr de ce Mémoire, que ce fédiment ne peut être imputé à la terre abforbante des Coquilles calci- nées des œufs & des Limaçons, puifque des malades qui ne font ufage que du Savon feul, diflous dans la décoclion des Plantes diurétiques & carminatives , rendent des urines trou- bles & fort chargées de ce fédiment. Or comme il n’y a pas d'apparence que l'urine foit, dès les premiers jours, aflés pré- parée par le Savon pris intérieurement, pour agir fur les premiéres couches extérieures de la Pierre, & en détacher ou les écailles convexes dont il a été parlé, ou une matiére plus divifée réduite en poudre, on pourroit croire, ce me Oo ïj 292 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE femble, avec plus de vraifemblance, que ce feroit la Chaux de Y'alkali du Savon qui fourniroit la matiére de ce fédiment. Car fi le fel alkali du Savon pafle dans le fang, les parties fines de la Chaux qui y font refté unies pendant la fabrique du Savon, y doivent pafler auffi, puifqu'on ne peut les en fé- parer que par un acide puiffant, tel que l'huile de Vitriol, ou par une calcination violente ; & les expériences fuivantes démontrent qu’au moins les urines des malades qui charient actuellement beaucoup de glaires & de ce fédiment, n’agiffent point fur la Pierre comme diffolvant ; exception qu'on n'a point mife dans les obfervations qui ont été faites en Angle- terre, fur la maniére dont ces fortes d’urines agiflent, dit-on, fur le calcul de la veffe. J'ai fufpendu dans un vaifleau une de ces Pierres de vefñie qu'on met communément au rang des Pierres dures. Elle pefoit exactement 2 onces 3 gros $ grains & demi, & elle avoit extérieurement des rugofités, c'eft-à-dire, quelques profondeurs & quelques petites éminences. J'ai verfé tous les matins dans le vaifleau, de l'urine fraîche d’un malade actuelle. ment dans l’ufage du remede Anglois; ce que j'ai continué pendant un mois. Au bout de ce temps je l'ai trouvée enduite d’un limon pierreux qui s’y étoit exaétement appliqué, L’ayant . bien lavée avec de l’eau qui en a emporté tout ce qui pouvoit s’en détacher extérieurement, je l'ai fait fécher dans une étuve quelques jours de plus que ce qu'elle y avoit été avant que de la faire tremper dans l'urine, & je l'ai trouvé augmentée du poids de fix grains & demi. Il faut remarquer que c'étoit Yurine renduë pendant le premier mois du traitement, & que, comme toutes les autres premiéres urines de ces fortes de malades, celle-ci charioït beaucoup de fédiment & de gravier, dont le vaiffeau fervant à l’expérience fe trouva aufii forte- ment incrufté. Quelque temps après m'étant apperçü que les urines du même malade ne dépofoient plus, j'ai fufpendu de nouveau la même Pierre au milieu du vaiffeau bien nettoyé, & j'y ai mis de cette nouvelle urine devenuë pure, ayant foin, comme dans l'expérience précédente, de la changer tous les ts PT 298 PT RS pre D'É SIVSNE TE N CE S 29% matins. Mais voyant qu'au bout de dix jours il ne s’y fo“moit _ aucune incruflation, je la retirai, la Javai & la fis fécher dans la même étuve & le même nombre de jours que la premiére fois, & je trouvai qu'elle ne pefoit plus que 2 onces 2 gros 42 grains. J'ai confervé cette Pierre, parce qu'elle peut déter- miner à croire que le remede Anglois rend furine propre à agir comme diflolvant ; car cette Pierre paroït comme gravée extérieurement en quelques endroits, & on y apperçoit de petits trous par lefquels il femble que l'urine commençoit à agir dans fon intérieur. Cette diminution de demi-gros en dix jours de temps, comparée à la premiére expérience où elle avoit augmenté de fix grains, fait voir que ce n’eft que quand l'urine eft dé- purée de fes glaires & de fon fédiment, qu'on peut avoir un indice vraifemblable de fon action fur la Pierre. Je ne rapporte cependant ces deux expériences, que comme une exception aux obfervations faites en Angleterre, defquelles on coneluroit peut-être trop favorablement en faveur du remede ; car on ne peut tirer une conféquence décifive de cette diminution de poids, puifque l’eau fimple, même l’eau d'Arcueil, toute chargée qu’elle eft de matiére propre à for- mer des incruftations pierreufes , diflolvent le calcul de la veflie: ce qui a été obfervé il y a plufieurs années par feu M. Littre, à l'occafron de l'eau de la fontaine de Bougeaïlles. Cependant il n'eft démontré par le foulagement que ref- fentent tous les malades qui prennent le remede Anglois, & par la guérifon jufqu'à préfent parfaite du premier malade dont j'ai parlé, qui avoit les fymptomes les plus cruels d’un homme attaqué de la Pierre, qu'on peut employer le Savon en grande -dofe pour les maladies dont il eft queftion dans ce Mémoire, fans que les malades courent aucun rifque, ni qu'il leur fur- vienne aucun accident fâcheux malgré le long ufage qu'ils font de cette drogue. On a vû par les détails précédents, & je l'obferve encore tous les jours chés la plûüpart des malades qui prennent la décoétion de Savon , que leur urine pendant le premier mois Oo iij 294 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & fouvent pendant le fecond , eft très-glaireufe & chargée de fédiment blanc. Or ce fédiment n’eft abondant que quand il y a des glaires, il difparoït quand les glaires difparoiffent; ainfi ces glaires détachées par le Savon, agiflent dans le corps par leur vifcofité, comme le blanc d'œuf dont on fe fert à clarifier plufieurs préparations de Pharmacie, ou comme la colle de Poiflon qu'on employe à éclaircir le Vin, en précipitant toutes les parties terreufes, ou tous les petits corps qui, par leur folidité, peuvent être enveloppés par cette efpece de colle excrémenteufe. Or d’abord que l'expérience prouve que l’ufage du Savon poufle les glaires par la voye des urines, il en doit réfulter un effet falutaire, ne füt-ce que parce que ces glaires fe trouvent de moins dans les liqueurs de notre corps ; & sil étoit poffible de bien démon- trer que le calcul de la veflie & le gravier des reins, qui eft Ja même chofe en petit, n’eft qu'un amas de petits corps terreux, durs, féparés de nos aliments, réunis par des parties huileufes, réfineufes & glaireufes féparées de notre fing, & qui féjournent affés ou dans les reins, ou dans la veffie, pour s'y cuire, s’y deflécher par la chaleur naturelle, & fe raffem- bler fucceflivement couches par couches, on appercevroit aifément la poffibilité de l'effet falutaire promis par ceux qui ont écrit en faveur du remede Anglois. Le Savon agiroit en ce cas, & par l'huile & par le fel alkali qu'il contient; par l'huile, en relächant les conduits par où doivent fortir les graviers & les autres corps étrangers de même efpece, qui peuvent enfiler {a route de ces conduits, en forte que l'excrétion s'en feroit avec beaucoup moins de douleur qu’au- paravant. Il agiroit par fon fel alkali fixe, en ce que tout fel de cette nature étant un diffolvant naturel & effectif de toutes les matiéres huileufes, fulphureufes & réfineufes, l'urine qui en fera furchargée, agira plus efficacement fur les matiéres de ce genre qui auront fait la coagulation du calcul, qu'une urine ordinaire non préparée par l’ufage du Savon, & en les diflolvant peu à peu, diminuëra aufli peu à peu leut D'E S!"SIC/IEN C'E'S./:)". 205 . volume. Les parties terreufes ou gypfeufes qui contribuoient par leur aflemblage & leur concrétion à fa dureté de ce corps étranger, fe trouvant féparées les unes des autres par la diflo- lution de la matiére collante qui les unifloit, feront réduites à leur premiére ténuité, & en cet état fe laifferont entrainer par l'urine dans le temps de fon excrétion. On voit bien qu'il ne feroit pas difficile de donner à cette fuppofition toute la vraifemblance dont elle eft fufceptible, Il n’y auroit qu’à raffembler un nombre confidérable de petits corps gypfeux pareils à ceux qu'on apperçoit au Microfcope dans certaines pierres de veffies qu'on a rompuës, les paîtrir avec un Sel alkali volatil concret, avec un peu de matiére huileufe renduë réfineufe par concentration, même avec un peu de blanc d'œuf, qui font toutes matiéres analogues à celles qui conftituent vraifemblablement le compofé du calcul humain; on mettroit enfuite ce calcul faétice en digeftion dans une urine furchargée d’alkali fixe, ou, fi l’on veut, dans laquelle on auroit fait une folution de Savon, la forme de ce corps feroit bientôt détruite, & {es parties compofantes féparées les unes des autres, Voilà, à ce que je crois, une des raifons les plus plaufibles qu'on puifle employer pour déterminer les malades qui fouffrent, à tenter l'ufage du remede de Mad.le Stephens, avant que de fe livrer à l'appareil effrayant de la Taille; au moins s'ils ne guériflent pas effectivement, ils auroient Yefpérance de guérir par le foulagement aflés prompt qu'ils reflentiroient. Cette feule raifon devroit fufhre pour leur faire vaincre le dégoût qu’on a d’une femblable boiffon dans les premiers jours qu’on en fait ufage. Ce remede, comme je l'ai dit au commencement de ce Mémoire, eft facile à préparer par les malades eux-mêmes, ou par leurs domeftiques. Ce qu'il y auroit de plus embaïc raflant, ce feroit la préparation des Coquilles d'œufs & des Limaçons, & j'ai cherché à la rendre facile, Jé fais tremper les Coquilles d'œufs pendant deux ou trois jours, enfuite 296 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE brifées, on les fait égouter & fécher à l'air, enfuite on fes met dans de grands creufets qu'on en remplit fans les trop entaffer. On a foin de faire percer quelques trous aux creufets de côté & d'autre, & à différentes hauteurs; on couvre ces creufets de leurs couvercles avec lefquels on les lutte, & je les fais placer dans un four de Potier, à l'endroit où le feu doit être le plus vif. Il n’y a guére de Ville un peu confi- dérable où il n’y ait des Potiers. Comme à Paris le bois eft rare, & qu'on chauffe ces fours afés foiblement, il faut y laiffer ces creufets pendant trois fournées, & l'on en ef quitte pour payer au Potier la place des pieces qu'il auroit cuites dans cet endroit de fon four. On eft für que les Coquilles d'œufs font aflés calcinées, quand ce qui eft au centre du creufet a blanchi, car il refte ordinairement vers ce centre, & fur-tout vers le fond du creufet, des petites parties de Coquilles qui demeurent noires, & ce font celles qui ne tombent point en farine à fair, & qu'on doit féparer par le tamis de foye, comme je l'ai dit précédemment. A l'égard des Plantes réduites en charbon, fi l'on croyoit encore, malgré tout ce qui a été dit, qu'il fût néceffaire de les employer, on peut les brûler dans un Tuyau du Poële d'un pied & demi de long, à l'un des bouts duquel on fait river un fond, & ajufter à l’autre bout un couvercle de tole, Ayant rempli cette longue boîte de Creflon fauvage ou autre plante, on la place horifontalement dans une cheminée, au milieu de deux ou trois buches, & on l'y laiffe jufqu'à ce qu'on ne voye plus fortir de fumée par les jointures du cou- vercle. C’eft alors que la plante eft réduite en charbon ful- phureux. On peut brüler de même les fruits d'Aube-épine, les Grateculs, &c. À l'égard des Limaçons, après les avoir Javés & égoutés, il faut les calciner comme les plantes, dans une femblable boîte de tole, & la tenir au milieu du feu jufqu'à ce qu'il ne forte plus de fumée par les jointures du couvercle. Le refte de la préparation étant bien décrit dans la recette imprimée, je nen répéterai point le détail; je ferai obferver feulement qu'on 4 D: ES SUCARLE;N .C ES, 207 . qu'on ne doit jamais faire bouillir le Savon dans des vaifieaux de Cuivre, ni laifler féjourner la déco tion dans de fembla- bles vaifleaux, parce que le Savon les corrode, & que cette tifanne feroit impregnée de verd-de-gris. On doit fe fervir de vaiffeaux de terre ou de fer-blanc. SUR LES MEILLEURES PROPORTIONS DE POMPES, ET DES PARTIES QUI LES COMPOSENT. Par M. Camus. | € D: toutes les Machines Hydrauliques qu'on employe pour élever l'Eau continuellement, les Pompes font les plus communes, & caufent moins d'embarras. On les a variées de tant de façons, qu’il feroit difhcile d'en donner une définition exacte qui convint à toutes leurs efpeces. En _ général, on compte trois efpeces de Pompes; fçavoir, la — Pompe Afpirante, la Pompe Foulante, & la Pompe BAPE _ & Foulante. » Les parties efentielles d’une Pompe font le corps de . Pompe, le Pifton & les Soupapes. Ces trois parties deman- + dent chacune un examen particulier. Je commencerai par _ celui des Soupapes , parce que leur grandeur influë fouvent fur les proportions les plus avantageufes qu'on peut donner _ à une Pompe. e L DES SOUPAPES. » La premiére qualité d’une Soupape, c'eft d’être fidelle : pour être telle, elle doit 1.” fe fermer exactement, fi-tôt que jen ne loblige à à refter ouverte ; 2. ° lorfqu'’elle eft fermée, elle doit retenir l'eau, & n'en rien Jaifler échapper s'i eft poffible. Dur. 730 . Pp 3 Juin 1739 298 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE La pofition & la conftruétion d’une Soupape contribuent beaucoup à fa fidélité : fa pofition la plus avantageufe, c’eft d’être horifontale, & de fe fermer perpendiculairement de haut en bas. Une Soupape qui fe fermeroit de bas en haut, ne vaudroit rien ; elle ne pourroit pas fe fermer, à moins que Veau par une grande vitefle ne l'y obligeit, mais avant qu'elle fût fermée, il s'échapperoit une quantité d’eau affés confi- dérable. Si pourtant on étoit obligé de faire fermer une Sou- pape de bas en haut, on pourroit le faire en faifant pouffer par un reffort la Soupape contre l'ouverture qu'elle doit bou- cher. Une Soupape qui fe fermeroit latéralement, c’eft-à-dire, par un mouvement horifontale, ne fe fermeroit pas d’elle- même auffi fidellement qu'un Clapet horifontal, elle pourroit -bäiller, & laifler échapper une quantité d’eau confidérable avant que cette eau eût acquis une vitefle affés grande pour Tobliger à fe fermer. La bonne conftruction d’une Soupape, fr elle ef entiére- ment de métal, demande qu’elle foit rodée avec du fable extrèmement fin dans fa coquille. Si elle eft en partie de cuir garni de plateaux, la queuë du cuir doit être affés fléxible pour lui permettre de fe fermer exactement d'elle-même. La feconde qualité d’une Soupape confifte dans fa gran- fdeur ; car il eft une grandeur de Soupape la plus avantageufe, & c'efl cette grandeur que je me propofe de trouver. DES OUVERTURES DES SOUPAPES. La plüpart de ceux qui conduifent les Pompes, & les ouvriers qui les conftruifent, ont pour principe, de donner à la Soupape un diametre égal à la moitié de celui du piflon. Il eft évident que ce principe renferme trop peu d'éléments pour être bon, car s’il y a un diametre de Soupape qui foit le meilleur, il faut qu’il foit déterminé par la quantité d’eau qui doit paffer dans un temps donné par l'ouverture de la Soupape. Ainfi deux Pompes qui fournifient la même quan- tité d’eau dans un temps donné, doivent avoir des Soupapes de même diametre pour être également bonnes. Or deux DES SCIENCE 6. #59 . Pompes peuvent fournir la même quantité d’eau dans un temps donné, fans avoir le même diametre. Donc deux : Pompes, pour être également bonnes, peuvent avoir les Soupapes de même diametre, fans avoir elles-mêmes des diametres égaux, & par conféquent ce n’eft pas fur les dia- metres des Pompes ou des piftons feulement qu’il faut régler les ouvertures des Soupapes. Plufieurs de ceux qui ont écrit fur les Pompes, ont recom- mandé de faire les ouvertures des Soupapes les plus grandes qu'il étoit poffible ; ils ont même affüré qu'on né pécheroït jamais par les faire trop grandes, pourvû que la couronne, par laquelle l’eau pafle autour de la Soupape, füt égale à Ja fuperficie de l'ouverture du trou de la Soupape. I y a un Auteur qui a été plus loin. Il a prétendu démontrer que les forces qu’il faut employer pour élever Ja même quantité d'eau dans le même temps & à la même hauteur, font en raifon réciproque des quatriémes puiflances des diametres des ouvertures des Soupapes. Voici {es propres paroles. Lorfque l'on aura deux Pompes de même calibre, deflinées à refouler à la même hauteur une égale quantité d'eau ; que dans la premiére l'eau puiffe monter fans obflacle, 7 que dans la Econde elle foit contrainte de paler par le trou d'une Soupape, dont la fuperficie foit plus petite que celle du cercle du piflon: on voit qu'il faudra que les forces qui les feront mouvoir avec la même viteffe, foient dans la raifon réciproque des quarrés des fuperficies du cercle du piflon à du trou de la Soupape. Le même Auteur s'explique encore plus nettement dans ün exemple qu’il donne tout de fuite. Par exemple, dit-il, Ton a un piflon dont le cercle eff de $ o pouces , il arrive par le défaut des Soupapes à coquille, que l'eau eff contrainte de paffer par un trou dont la Juperficie n'eff que de 2 0 pouces ; regardant ces deux nombres comme les fecondes puiffances des diametres , les quarrés des mêmes nombres, 2 So0 © 400, exprimeront le rapport des quatriémes puiffances des diametres ; alors les forces qu'il faudra appliquer aux piflons de ces deux Pompes, feront dans la raïfon réciproque de 2 $ à de 2 ; Ts que s'il PI Architecture Hydraulique, liv. 3. tome 24 page 126 300 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE faut 4 degrés de force à la puiffance qui refoule l'eau fans ob- flacle, il en faudra 2 $ à celle qui eff obligée de la faire paller par la Soupape à coquille, fans compter le furcroit de réfiflance que cette derniere puiffance trouvera de la part des obflacles que cette Soupape fait naître par fon oppofition au paffage de l'eau. La raifon fur laquelle cet Auteur fonde fa propofition, c'eft que lorfque la même quantité d’eau doit fortir d’un Réfervoir par des orifices différents, il faut que les hauteurs de l’eau au deflus de ces ouvertures différentes, foient en raifon réciproque des quarrés des fuperficies de ces ouver- tures. Mais il ne fait point attention que quand l'eau fort d'un Réfervoir par ur orifice, toute la charge de l'eau au defus de l'orifice, eft employée à faire fortir la quantité d’eau donnée par cet orifice, & que rien ne s’oppole à la fortie de l’eau. Dans les Pompes, ce n’eft pas la même chofe ; la colomne d’eau qui eft au deflus de la Soupape, s'oppofe au paflage de l’eau par la Soupape, en forte que la puiflance appliquée au pifton a deux réfiftances à vaincre ; premiére- ment, le poids d’une colomné d’eau de même diametre que le piflon, & d'une hauteur égale à celle du Réfervoir au deflus du pifton ; fecondement, la force d'inertie de l'eau, qui réfifle au mouvement que le pifton doit lui donner. Quand même rien ne s’oppoferoit au paflage de l’eau par Ia Soupape, on ne pourroit pas dire que pour faire monter Ja même quantité d’eau à la même hauteur, il faut appliquer au pifton de deux Pompes égales, des forces en raifon réci- proque des quarrés des fuperficies des ouvertures des Sou- papes ; car en employant des forces dans ce rapport, l’eau monteroit à des hauteurs qui feroient dans le même rapport que ces forces, & non pas à la même hauteur. Il faut donc, pour rendre la propofition vraye, fupprimer la condition & la même hauteur ; encore ne fera-t-elle vraye que quand l'eau, en fortant par l'orifice de la Soupape, s’élevera par fa force afcenfionnelle comme un jet, c'eft-à-dire, en vertu de Ia vitefle que la puiffance appliquée au pifton, lui aura donnée à fon paflage par l'orifice de la Soupape, D .. D'ESMOICITE N CE S 307 Mais l'eau pouffée par une Pompe, ne monte pas comme un jet par fa force afcenfionnelle, elle monte doucement dans un tuyau qui la renferme, & la vitefle qu'elle a dans ce tuyau, eft à peine capable de la faire monter à quelques pouces, Tors même qu'elle monte à plus de 1 00 pieds. Prefque toutes les parties de l’eau montent dans le corps de Pompe avec Ia même vitefle, au lieu que dans un jet, les différentes parties du jet ont des vitefles proportionnelles aux hauteurs qui leur reftent à monter. Il faut pourtant convenir que fi l'air n’oppoloit aucune réfiftance à l'afcenfion du jet, il faudroit employer à peu-près Ja même force pour faire monter l’eau en jet, que pour la faire monter en même quantité & à la même hauteur par un tuyau. Mais la propofition de notre Auteur n’en fera pas plus vraye; car la quantité d’eau & la hauteur à laquelle elle doit monter, étant données, on n’eft pas maître de faire à l'eau le paflage auffi grand qu'on voudra, & Forifice par le- quel elle fortira, fera déterminé. : L'expérience fait voir q'ie quand un orifice fait à un Réfervoir, eft chargé de 1 4 pieds d’eau, l’eau fort avec une vitefle propre à lui faire parcourir un efpace de 28 pieds par feconde; en forte que fi un large pifton pouffé par une puiflance équivalente au poids d’une colomne d'eau de 14 —… pieds de hauteur & de même diametre que le pifton, fait - fortir l'eau d’un corps de Pompe par un orifice d’un dia- - metre beaucoup plus petit que le fien, il montera par feconde » à {a hauteur d'environ 1 4 pieds Ja valeur d’un cylindre d’eau, “. long d'environ 28 pieds, & d’un diametre égal à celui de “ lorifice. Si l'orifice eft un cercle d’un pouce de diametre fous 14 pieds de charge, on aura à peu-près à la même hauteur de 1 4 pieds, $ pintes + par feconde ; & fi l’on ne » veut avoir que le quart de $ pintes + ou 1 pinte & à la même “ hauteur , le diametre de l'orifice ne doit avoir qu’un demi- 1 pouce, tout autre diametre d’orifice plus grand ou plus petit “ ne donneroit pas la quantité d'eau demandée à la hauteur * donnée. Ppiÿ o2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Je conclus donc que quand l’eau doit être élevée en jet, & que la quantité d'eau & fa hauteur du jet font données, l'orifice eft aufli déterminé, & qu'on n’eft pas maître de lui donner quel diametre on voudra. Lorfqu'une Pompe poufle l'eau dans un tuyau, fi la quan< tité d’eau que la Pompe fournit, eft donnée, je dis qu'il ya un diametre de Soupape qui efl le plus convenable, Pour le déterminer, j'ai befoin des principes fuivants. I. 4‘ Tout le monde convient qu'il faut laifier à l'eau Ie plus grand paffage qu'il eft poffible. C’eft auffi là le premier prin- cipe fur lequel il faut déterminer les ouvertures des Soupapes. Ce principe ne me conduira pas à faire les Soupapes les plus grandes qu'il eft poffible ; mais fa quantité d’eau étant donnée, je trouverai une Soupape d’une ouverture médiocre, qui laiflera à l'eau le plus grand paflage qu'il eft poffible, de manicre que fi l’on fait la Soupape plus grande ou plus petite, l'eau aura un moindre paflage. R LE Je demande que le poids de Ia Soupape foit plus grand que celui d'un pareil volume d’eau. | Cette demande eft jufte, car la Soupape doit fe fermer par fon propre poids, dès que rien ne l’oblige à refter ouverte; &.-fi elle n'étoit pas plus pefante qu’un pareil volume d’eau, elle flotteroit, & ne retomberoit pas fur l’ouverture qu’elle doit fermer. : ) Ordinairement on fait les Soupapes de Cuivre, qui eft environ neuf fois aufli pefant qu'un pareil volume d’eau : jaurois donc pu fuppoler que la pefanteur fpécifique d'une Soupape & celle de l'eau font entr’elles comme 9 &7r, & que la pefanteur d’une Soupape dans l'eau eft à celle d'un pareil volume d'eau comme 8 eft à 1. III. Une Soupape doit avoir affés de folidité pour foûtenir Ia colomne d’eau qui eft au deffus d’elle; elle doit donc avoir une épaifleur raïfonnable, & d'autant plus grande que la Des! SCTENCE!'Ss 08 colomne qu'elle foûtient eft plus haute, & qu’elle a elle-même un plus grand diametre. Je pourrois donc fuppofer que les Soupapes qui ont des colomnes de même hauteur à foûtenir, ont des épaifleurs proportionnelles à {eurs diametres. Mais pour rendre mon examen plus général, je fuppoferai que fous les colomnes de même hauteur, les Soupapes doivent avoir des épaifleurs proportionnelles à des puiflances données /4) de leurs diametres ; en forte que fi fous une colomne de hauteur donnée, une Soupape dont le diametre eft 4, doit avoir une épaifleur /e), il faut que fous la même colomne une Soupape d’un diametre —s, ait une épaifleur = , Car (hyp.) 7 NES AE = Dans les Pompes qui font monter l’eau à 60 ou 80 pieds, on fait l’épaifleur réduite de la Soupape, égale à environ a dixiéme ou la huitiéme partie de fon ouverture, en forte que Yépaifleur réduite de la Soupape eft _ ou eh J'appelle épaiffeur réduire de la Soupape , Yépaifleur qu'elle auroit, fi elle étoit réduite en plateau rond, d’épaiffeur uni- forme & de même diametre que {on ouverture. Je fuppoferai dans cet examen des Soupapes, qu’elles font placées horifontalement, & qu'elles s'ouvrent & fe ferment, en s’élevant & retombant perpendiculairement parallélement à elles-mêmes. TN J'appelle Aauteur dûë à la viteffe de l'eau, la hauteur dont ‘un orifice doit être furmonté pour que l'eau ait la vitefle requife en fortant par cet orifice. Si l'eau fort d’un vafe dans l'air, la hauteur dûë à la vitefle de l’eau fera la hauteur dont l'eau du vafe furmontera le filet qui fort avec une viteffe moyenne. V. L’eau qui fort par une ouverture dont la furface eft €, avec une vitefle düë à une hauteur z, peut foûtenir un poids égal au poids d'un prifme d'eau, dont la bafe eft C, & dont h hauteur eft 3. Fis. r. 304 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE THEOREME. Soit Ja pefanteur fpécifique d’une foupape. . : —=p; la pefanteur fpécifique de l'eau . . . ... A le diametré À B de la foupape. . . . . .. Et l'épaifeur réduite de fa JOUPADE es te etes la hauteur dûë à la vitefle de l'eau qui fort par la foupapel. : Hi hd! vs j'a " x [4 EN Rr 1 )- & qu'il falloit trouver. i CoOROLLAIRE. Si l'on ne fait point attention à la pefanteur du cuir dans Teau, & qu'on fuppofe les épaifeurs des clapets proportion- nelles à leurs diametres, on aura G—1)=6, & gr, j khdvs 2 Ekdvs 2 NS Be (ep) } Exemple. Soit l'épaiffeur des deux platines de métal prifes enfemble, égale à la dixiéme partie du diametre du clapet, _ c'eft-à-dire, d— 10, e— 1. Soit de plus =: de pied, P—=9: Enfin, fuppofons que la Pompe doit donner 7 pintes ou 7 de pied cube dans une feconde, on trouvera x — 4pouc. 8 lignes+; c’eft-à-dire, qu'une Pompe qui doit donner V4 pintes dans une feconde, & dont le clapet à les conditions fuppofées, doit avoir au moins 4 pouc. 8 lign. + de diametre. 16 REMARQUE. Le diametre que je viens de trouver, eft le plus petit que l'on puiffe donner à la Pompe ou au tuyau qui renferme un clapet, & il n’y a aucun inconvénient de faire ce dia- metre plus grand. Mais fi lon vouloit employer le plus petit. diametre que je viens de trouver, il faudroit avoir attention de ne point placer le clapet au milieu de la feGtion perpen- diculaire à la Pompe ou au tuyau; car en le mettant ainff, Je pañlage qui fe trouveroit entre le clapet & le tuyau, quoi- qu'égal au pañfage par le diaphragme, feroit mal difpofé par * rapport au pañlage que l'eau à entre le diaphragme & le _ clapet. Le clapet étant incliné fur Le diaphragme, le pañage que l'eau trouve entre ces deux piéces, n'eft pas éval de tous ni: Tti 332 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE les côtés, mais très-ferré du côté de la queuë du clapet, & fort large du côté oppolé; ainfi il pafle très-peu d'eau vers la queuë du clapet, & il en paffe d’autant plus par les autres endroits, que ces endroits font plus éloignés de la queué du clapet. | Après que l'eau a paffé entre le diaphragme & le clapet, il faut qu’elle pale entre le clapet & le tuyau; ainft il faut arranger ce nouveau paflage, & le ménager de maniére que fa plus grande partie foit la plus éloignée de la queuë du clapet, & que fa plus petite foit à la queuë du même clapet, & par conféquent il ne faut pas placer le clapet au milieu du tuyau, mais le mettre de façon que fa partie qui tient à la queuë, foit très-proche des bords de Ia fetion du tuyau. ræ AMem. de L'1cad.1789. pl.13 pag.332. Mende Ercad 139 plis pag 332 Sinonneau Soufs Men. de lAcad, 2739. Pta5. Pag.33 Er | J'unonneatzs eu. U" Mem de lAcad.1789. pl16 pag. 332 DES SCTENCES 334 RUE RAD EN :C E S SUR LA RESPIRATION. Par M. DE BREMOND. L n’y a point de phénomenes dans 'œconomie animale, ,, Août À fur lefquels les Phyficiens anatomiftes foient plus d'accord 1739. que für ceux de la Refpiration, & il n’y en a point dont il paroifle plus facile de s’afürer. Tout le monde connoiït cette harmonie & cet accord admirable qui regnent entre les mouvements fucceflifs, dans lefquels confifte la Refpiration. Perfonne n'ignore que pen- . dant Fnfpiration, l'air eft reçû dans les poulmons, & que’ dans l'Expiration il en fort. Ces mouvements commencent avec nous, ils commencent dès que le Fœtus fort du fein de fa mere, ils fe continuënt réguliérement pendant notre vie, & nous ne fommes plus lorfqu'ils ceflent. Ces mouvements font très-fenfibles dans tous les Animaux ” vivants; pendant l'infpiration les côtes s’élevent, fur-tout les fupérieures, le fternum eft pouffé en devant, l'abdomen fe gonfle & fe diftend, la poitrine augmente de capacité, & fa circonférence s'élargit. _ C’eft tout le contraire dans l'expiration, le fternum s’ab- - baifle, les côtes retombent, la poitrine diminuë de capacité. _ Silon confulte Anatomie guidée par l'expérience & par Tefprit d’obfervation, dans le premier cas les mufcles inter- ‘coftaux internes & externes fe contraétent, les cartilages des ôtes.ne font plus le même angle avec le fternum, le dia- _phragme s'applanit, lintérieur de la poitrine augmente en … tous les fens, & l'air entre dans es poulmons par Ha glotte. » Dans l'expiration, les cartilages des côtes, qui font fort ” élaftiques, fe rétabliffent, & leur courbüre augmente, les muf- 4 les du bas-ventre fe mettent en contraélion de diaphragme 4 tu] Mayow. MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE {e voute, le thorax s'abbaifle, l'air eft chaffé des poumons. Lorfque l'air entre dans les poulmons, ils font diftendus & dilatés, & fi on en croit prefque tous les Anatomiftes, ils rempliffent exactement la capacité de la poitrine, d'une part ils s'appliquent exaétement à la plevre, & de l’autre au diaphragme. Quand Fair fort des poulmons, les véficules pulmonaires font comprimées, elles tombent les unes fur les autres, &c elles s’affaiflent entiérement. Un célébre Médecin Anglois s'eft fervi d’une comparaïfon fort ingénieufe pour donner une idée de fa Refpiration, il compare les poulmons dans la poitrine, à une veffie renfermée dans l'intérieur d’un foufflet, il fuppofe que le col eft exacte- ment attaché à l'orifice du foufflet, & que l'air ne peut entrer que dans la veflie ; fi l'on écarte les parois du fouftlet, l'air entre dans la vefie; fr on les abandonne à eux-mêmes, ils retombent, & l'air eft exprimé du foufflet : cette com- paraifon eft fort fimple, & elle plaît beaucoup à limagina- tion, mais on verra par la fuite qu'elle eft plus fpécieufe que folide. Autant il étoit facile de s’afürer des effets fenfibles, des effets extérieurs de la Refpiration, autant il étoit difficile d'en affigner les caufes phyfiques: on n’avoit pour cela qu'un petit nombre de faits, on les a rapprochés, on les a regardés comme des axiomes certains & des principes inébranlables, & on a tâché de bâtir deflus le fyfleme phyfique de la Refpiration. On étoit perfuadé jufqu’à préfent, qu’en ouvrant lethorax d’un animal, fes poulmons s’affaifloient ; on voyoit que dans le Foœtus qui n’avoit point refpiré, les poulmons formoient une mafe folide & compaéte; on fçavoit que les animaux morts dans le vuide de la Machine Pneumatique, avoient les poul- mons aflaifés ; on avoit cru que les véficules pulmonaires de ceux qui font tués par la foudre, étoient totalement applaties; on étoit certain qu'aprèsavoir gonflé facilement les poulmons des cadavres, ils retomboient par leur propre poids, & que DES SCIENCES. 335 l'air en étoit chaflé; on avoit enfin découvert que les mufcles infpirateurs n’avoient .point d'antagoniftes, que feuls ils fe contractoient & fe relächoient, & que de leur contraction & de leur dilatation alternative & réguliére, dépendoit le mouvement du thorax. … - Les conféquences que don tiroit de ces connoiflances, entraînoient de grandes difficultés ; il s’enfuivoit néceffaire- ment que tout le mouvement, que toute l’action étoit dans les mufcles infpirateurs, que tout le jeu de fa Refpiration venoit d'eux uniquement, & que fans eux tout étoit oifif; de-là on a conclu que le poulmon n’avoit nulle ation, qu'il tendoit à fe refferrer quand il étoit abandonné à lui-même, mais qu'il ne pouvoit s'étendre ; qu'il falloit pour le dilater, Taction de Fair. L'air entré, a-t-on dit, par la bouche & la trachée artere, agit par fon poids & par fa force élaftique fur les véficules du poulmon, il les développe, il les diftend, & il fait effort contre l'air qui preffe la poitrine à l'extérieur, On a donc attribué aux mufcles infpirateurs la dilatation du thorax, & à l'air celle des poulmons ; on a donc fuppolé que les mouvements des poulmons étoient ifochrones avec ceux du thorax, que les dérangements qui arrivoient aux derniers, fe faifoient fentir aux premiers, & que la force _ contractive des poulmons étoit moins un mouvement, qu'une tendance au mouvement. _.… On n’a pu s'empêcher de reconnoître que cette hypothefe fouffre des difficultés très-grandes, car quelle eft la caufe de . Ja contraction alternative des mufcles infpirateurs? Quelle . puiffance les oblige à fe contracter? Quelle force les fait - relâcher? Le fluide, dira-t-on, qui les fait contracter, eft _ Jeur antagonifte. Mais quel pouvoir a-t-il fur eux? On eft obligé de fuppofer que pendant Finfpiration, c’eft-à-dire, _ pendant la contraétion des mufcles infpirateurs, le fang arté- riel agit avec moins de force fur ces mufcles, & que ces _ mufcles font obligés de s’afloiblir & de prêter. Mais tout : mufcle contracté ne reçoit pas de fang, & par conféquent … Jes mufcles iatercoftaux & le diaphragme n’en ont pas befoin, M. Boërhaave. 336 MEMOIRES DÉ L'ACADEMIE ROYALE Îl importe encore peu pour leur aétion, qu'il pañle plus où moins de fang dans le ventricule gauche, pourvü qu'ils foient fuffifamment contraétés : ils ne le feront pas, pourfuit-on, parce qu’il ne monte pas autant de fang dans le cerveau pen- dant l'infpiration, car alors il en va moins au ventricule gauche; par conféquent les nerfs ne feront plus fi tendus, les caufes qui contractent les mufcles intercoftaux, diminuë- ront alors, & par le relächement de ces mufcles, les côtes élevées s’'abbaifleront. Quand au contraire, le fang aura pañé des poulmons dans le ventricule gauche, le fang montera au cerveau, le fluide nerveux coulera vers les mufcles infpira- teurs, & leur contraction recommenceràa. ee, Pourquoi dans ce fyfteme la même caufe qui fait tomber en paralyfie les mufcles intercoftaux & le diaphragme, n'eft- elle pas fenfible à tous les autres mufcles du corps? D'ailleurs le fang qui paffe abondamment dans l'aorte pen- dant l'expiration, ne peut obliger les mufcles intercoftaux à fe contraéter, car les mufcles ne font remplis de fang que quand ils font relâchés, pendant leur contraction ils päliflent, leurs fibres mufculaires font gonflées, les vaifleaux fanguins font comprimés par le gonflement des fibres, le fang fe ramafle dans les arteres à l'entrée des mufcles, par fa force il vainc à la fin la réfiflance que lui oppofent les véficules mufculeufes, & pour lors le mufele eft obligé de céder & de fe relâcher ; c'eft-là l'effet oppofé à celui que fuppofe l'illuftre Auteur du fyfleme que nous venons de réfuter, fyfleme cependant plus ingénieux & plus clair que tous ceux qu'on a propofés encore, Tous les Phyficiens font partis des mêmes points pour la théorie de la Refpiration, & ont tous également fuppofé la vérité des expériences & des faits que nous avons rappor- tés; ces expériences avoient été adoptées au renouvellement de la Phyfique, & dans le temps qu'on faifoit l’heureufe ap- plication des découvertes nouvelles à lœconomie animale, Pitcarne, Bellini, Baglivi, Borelli, & tant d’autres ne fe font point écartés de ces notions, ils les ont fuppoles, ils n'ont pas DES SCIENCES. 337 pas même cru devoir les examiner. S'ils avoient cependant confulté ceux qui les ont précédés, ils en auroient eu quelque défiance, mais ils auroient été encore plus embarraflés pour expliquer les difficultés qui fe feroient préfentées en foule, & il leur auroit été encore moins facile d’enfanter des fyftemes. I faut avouer que Anatomie contribuoit auffi à induire en erreur ces grands hommes ; ils fçavoient que la fubftance du poulmon eft prefque toute fpongieufe, qu’elle eft com- pofée d’une infinité de cellules membraneufes & de vaifleaux fans nombre. Ces vaifleaux font des vaifleaux fanguins, des Vaifleaux Iymphatiques & des bronches ; ces bronches fe divifent à l'infini, toutes leurs ramifications font véficuleufes. A mefure que ces bronches avancent dans la mañle du poul- mon, elles perdent leurs cartilages, ainfi quelle force, quelle action peuvent avoir de pareilles fibres ? ont-elles même de l'élafticité? Les colomnes ou lignes mufculeufes découvertes depuis quelque temps par M. Morgagni ont-elles une grande puiffance ? Le raifonnement s’épuife, & l'efprit n’en eft pas plus éclairé. I faut recourir à l'expérience, & c'eft ce qu'a fait M. Houfton, dans un excellent Mémoire imprimé dans les Tranf actions Philofophiques de 17 36, p- 65 de ma Traduction, On peut divifer ce Mémoire en deux parties. Dans la pre- miére, l'Auteur rapporte les expériences qu'il a faites à Leyde en 1728 & 1729 ; & dans la feconde, tâche de les concilier avec la théorie ordinaire reçüë dans les Ecoles. + Des expériences de la premiére partie il réfulte, 1.” qu'un Chien ne paroît pas avoir la refpiration gênée malgré une playe pénétrante dans la poitrine, forfque le poulmon n’eft pas attaqué, & qu'il aboye à fon ordinaire. 2.° Que les poul- mons ne s’affaiflent pas quand le thorax eft ouvert. 3.° Que quand le thorax eft ouvert, les mouvements du thorax & ceux du poulmon ne font pas ifochrones. Dans la feconde partie, M. Houfton tâche d'expliquer ces expériences, & femble chercher des raifons pour les rendre inutiles On pourra lire ces raifons dans les T'ranfactions Mem. 1739: Vu 8 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Philofophiques, & je m'y arrêterai d'autant moins ici, qu’elles ne s'accordent pas tout-à-fait avec les notions les plus certaines de fa Phyfique & de l'Hydroftatique. Ces expériences me furprirent beaucoup, & j'avouërai qu'elles me parurent un peu paradoxes. Je réfolus de les vérifier, & elles m'ont donné occafion de voir des chofes qui étoient nouvelles pour moi, avant qu’elles m'euffent obligé delire & de parcourir les Auteurs qui vivoient il y a cent ans. Je me garderai bien de vouloir , avec les expériences que j'ai faites, expliquer tous les phénomenes de la Refpiration, je me contenterai de rapporter fimplement les faits tels que je les ai vüs, & d'en tirer les conféquences les plus immédiates, J'ai répété plufieurs fois les mêmes expériences, je les ai faites de plufieurs façons, je les ai répétées fur plufieurs animaux, & fur des animaux de différente efpece ; je me flatte que ceux qui les répéteront après moi, verront que je ne me fuis pas trompé. Pour une plus grande certitude, j'en ai fait une partie avec un jeune Médecin de mes amis, M. Bertin, connu déja à l’Académie par plufieurs découvertes anatomiques. Le 22 Mai1738, j'enfonçai de chaque côté de la poi- trine d’un petit Chien un fcalpel, la playe fut affés profonde pour pénétrer les poulmons, le Chien aboya d'abord un peu, mais bien-tôt il cefla de crier, & mourut très-promptement. Le même jour, je pris un autre petit Chien, je difléquai les téguments de chaque côté de Ia poitrine, & je plongeai enfuite la pointe d’un fcalpel dans le thorax, je ne perçai que la plevre, & les poulmons ne furent nullement bleffés. La refpiration de ce Chien parut un peu gênée, mais cependant il aboya & cria à fon ordinaire. Quand on l'eut détaché, il fe mit à courir dans a chambre, il marcha facilement, les lobes du poulmon ne fortirent point par la playe. On ne put parfaitement décider fr Ja dilatation & la contraétion du thorax fe faifoient en même temps que la dilatation & Ia contraction des poulmons. Mais on vit très-clairement que quand le poulmon fe dilatoit, Fair entré dans le thorax pen- dant l'expiration précédente, fortoit par la playe, & faifoit D'ÉASTASNONE ENN CET 339 en fortant un petit fifHement ; je fus aflüré après la mort du Chien, que fes poulmons n'avoient point été endommagés. Ainfi la fortie de l'air par une playe faite à la poitrine, n'eft point un figne certain de la léfion des poulmons. J'attachai le même jour un gros Chien-barbet fur une table, j'enlevai avec foin les téguments de deflus la poitrine & de chaque côté du thorax, je fis une playe qui n'offenfoit que la plevre, & qui n’entamoit point les poulmons; je vis le poulmon fe dilater quand le thorax fe contraétoit, & le thorax fe dilater lorfque le poulmon fe contraétoit. Ces dila- tations & ces contractions étoient fortes & vigoureules ; à chaque expiration, c’eft-à-dire, à chaque contraction du thorax, l'air entré par la playe, en fortoit avec bruit, & chafloit avec lui le fang de toutes parts, & une partie du poulmon (lequel pendant la contraction du thorax étoit dilaté) fortoit hors de la poitrine par l'ouverture de la playe ; enfuite on ouvrit davantage la playe, on caffa plufieurs côtes, & on vit beaucoup mieux le même effet. Le poulmon, quoi- qu'à découvert & frappé par l'air extérieur, fe dilatoit très- bien ; je liai avec une bonne ficelle {a trachée artere, fans pouvoir venir à bout d’intercepter totalement l'entrée de l'air dans le poulmon, & je vis encore les poulmons fe di- later & fe contraéter : chaque dilatation & chaque contraétion duroit long-temps par rapport à l'état naturel. Le 13 Juin au matin, après avoir lié un Chien de taille moyenne, Je coupai tous les téguments & les mufcles qui recouvrent la poitrine, & je lui ouvris le thorax fans offenfer les poulmons. Je ne caffai d'abord que trois ou quatre côtes _ d'un côté, & je vis le poulmon fortir par Ia playe & fe dilater , tandis que le thorax fe contraétoit ; je continuai en- fuite l'incifion du thorax, & j'enlevai toute fa partie anté- rieure avec le fternum, la poitrine fe remplit pour lors de fang, & les poulmons s’affaifferent tout-à-fait ; malgré cela on obfervoit dans [a partie reftante du thorax & dans le diaphragme les mouvements de Ia refpiration, c’eft-à-dire, les mouvements de la dilatation & de la contraction, & Vu i 340 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE quoique le poulmon ne fe dilatät plus, le cœur battit encore fort long-temps. J'eus quelque fcrupule fur cette expérience, je foupçonnai que le poulmon avoit été bleflé, & que l'air en fortoit, mais en foufHant avec une cannule par la trachée artere, je vis la démonftration du contraire, car les poulmons fe diften- dirent dans toute leur étenduë. Quand la playe faite au thorax étoit feulement de Ja largeur de trois doigts, les poulmons en fortant de la poitrine pen- dant leur dilatation, chafloient avec impétuofité l'air entré dans la cavité de la poitrine lorfqu'ils étoient contraétés, & en même temps faifoient réjaillir le fang de tous côtés. Ce Chien mourut bien plus promptement que ceux des expériences précédentes. ( Le 14 Juin après midi, je liai un Chien affés grand, âgé de deux ou trois ans, & lui ayant coupé les téguments, je lui ouvris le thorax du côté gauche, & je lui fis une grande playe, car j'emportai quatre ou cinq côtes; je vis auffi-tôt de la maniére la plus fenfble, a dilatation & la contraétion alternative des poulmons & du thorax, le poulmon fe dila- toit pendant que le thorax fe contraétoit, & au contraire dans le temps que le poulmon étoit contracté, le thorax étoit dilaté. Ces mouvements étoient fort fenfibles, & pendant leur durée la refpiration de l'animal étoit très-forte, mais au bout de quelques minutes le poulmon gauche s'affaifa, on ouvrit pour lors le thorax du côté droit, & on trouva le poulmon droit aufi affaifé. De temps en temps on remar- quoit dans ces poulmons un petit mouvement de dilatation & de contraction, mais ces mouvements étoient toujours oppolés aux mouvements du thorax; je foupçonnai que le prompt affaiflement des poumons devoit être caufé par la perte confidérable du fang de l'animal, & on verra dans la fuite la confirmation de cette idée : Ie Chien mourut fort promptement. Le 16 Juin au matin, je fis une longue incifion à Ja gorge d'un Chien de taille ordinaire, pour découvrir la DES SCIENCES. 341 trachée artere ; ce Chien étoit très-fort & fit beaucoup de ré- fiflance, j'eus de la peine à détacher de deffus la trachée artere les mufcles qui lenvironnent, cependant je paflai le doigt par-deflous la trachée artere, & je fis gliffer un cordon de fil pour a lier. Le Chien tomba alors dans une fi grande fyn- cope, que je le crus mort, & je jugeai qu'il étoit inutile de faire la ligature : le Chien n’avoit aucun mouvement, & ne paroifloit plus refpirer, je lui ouvris à tout hafard le côté gauche du thorax, en lui faifant une incifion longitudinale le Jong du fternum dans les cartilages des côtes ; aufli-tôt' le Chien revint de fa défaillance, malgré l'action de air exté- rieur fur le poulmon, on vit reparoître la refpiration, & on apperçut de la maniére la plus fenfible & la plus claire, que le poulmon fe dilatoit, & fortoit même hors du thorax quand le thorax fe contraétoit, & vice verfa. Lorfque je fus parfaitement für de cetteobfervation, je liai Ja trachée artere avec deux forts cordons de fil placés à un doigt de diftance lun de l’autre; ces ligatures n’interrom- pirent point la refpiration, elle fe faifoit feulement plus diffi- cilement, les mouvements d'infpiration & d'expiration du- roient plus long-temps, & les mouvements du poulmon & du thorax n’étoient jamais ifochrones. Je voulus fcavoir s’il pañloit de l'air par fa trachée artere malgré les ligatures, pour cela je coupai la trachée artere à un demi-travers de doigt de la glotte, & je vis avec furprife pendant quelques minutes, . que les poulmons fe dilatoient & fe contraétoient, quoique la trachée artere eût été coupée; je foufflai avec une cannule par la trachée artere auffi-tôt que le mouvement de Ia ref piration fut ceflé dans les poulmons, & je trouvai que les fortes ligatures que j'avois faites, n’avoient point empêché Yair de pañler. Ayant foufflé dans le poulmon, le poulmon fe dilata, enfuite il fe contraéta, puis de lui-même il fe dilata; ce mouvement alternatif dura pendant quelques fecondes, & cefla enfuite, en foufflant de nouveau on le fai{oit re- paroître. On ouvrit l'autre çôté du thorax, on fépara à coups de Vu ïüj 342 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE {calpel toutes les côtes, on en cafla plufieurs, & quoiqu'il n'y eût plus de mouvement dans les poulmons, la dilatation & la contraction du thorax & des côtes fe faifoit à l'ordinaire, on voyoit fenfiblement la contraction & la dilatation des mufcles qui fervent à la refpiration, on diflinguoit de temps en temps certains mouvements forcés de refpiration, En irritant ou pinçant le nerf diaphragmatique, le mou- vement du cœur & de tous les mufcles du thorax, revenoit précipitamment, & on n'appercevoit nul mouvement dans le poulmon. Au contraire en foufflant dans le poulmon, on faifoit reparoitre le mouvement des poulmons, & en même temps celui du cœur, du diaphragme & des mufcles inter- coftaux. Il y a tout lieu de croire que le poulmon, en fe dilatant, touchoit où comprimoit le nerf diaphragmatique. J'ai obfervé le battement du cœur de ce Chien pendant une heure & demie, les mouvements de la refpiration du- roient encore une demi-heure après avoir coupé la trachée artere, & les mufcles de la refpiration confervoient encore leur action un bon quart d'heure après que les poulmons étoient totalement affaiflés. Le 1 8 Juin au matin, je fis une incifion à la gorge d'un Chien très-gras & déja âgé, je découvris la trachée artere & j'y fis trois ligatures fort ferrées, auffi-tôt j'ouvris la poitrine, & je vis la refpiration fe faire très-promptement ; d'abord le poulmon, dans fa dilatation, fortit hors de la poitrine, & je remarquai que a dilatation du poulmon & celle du thorax n'étoient point ifochrones. Je ne fçavois pas s'il entroit de Y'air par la trachée artere, ou s'il n'en pañloit point; dans cette incertitude, j'attendis la mort de l'animal, qui arriva quelques minutes après qu'on lui eut coupé la trachée artere au-deffous du larynx & au-defflus des ligatures, & pour lors on foufHa dans la trachée avec une cannule, les poulmons ne furent point diftendus, & Fair ne parut point y entrer ; cependant il me refloit encore quelque fcrupule fur cette obfervation, c’eft pourquoi je détachai le poulmon de la poitrine, & foufflant enfuite avec force, je vis enfin Fair 2 SRB ET ee DES SCIENCES. MT entrer dans le poulmon, & le dilater : cette expérience prouve du moins, que pour peu qu'il entre d'air par la trachée artere, le poulmon eft totalement dilaté. Le 30 Juin au matin, on attacha un gros Chien, & on lui fit une incifion longitudinale à la gorge, on coupa les mufcles fterno-hyoïdiens, & tous les autres mufcles qui vont à l'os hyoïde & au larynx, & on vit auffi-tôt tous les mufcles fe retirer, & diminuer confidérablement de longueur ; on coupa enfuite tranfverfalement la trachée artere au-deflous du larynx, & la refpiration, c’eft-à-dire, la dilatation & la contraction des poulmons, ne fut point interrompuë pour cela, on entendoit un bruit de fifHement caufé par Ha fortie & l'entrée de l'air dans le poulmon, on voyoit le canal de la trachéeartere augmenter & diminuer de longueur. Pendant Tinfpiration, il rentroit confidérablement dans la poitrine, & pendant lexpiration il fortoit en dehors, fon diametre s'élargifloit auf & fe rétrécifloit fuivant que l'air entroit ou fortoit. J'introduifis dans la trachée artere un morceau de bois fur lequel on avoit fait plufieurs entailles circulaires, & je liai la trachée artere fur ces entailles avec un cordon de fi, j'interceptai totalement l'entrée de l'air, & peu de temps après, l'animal qui étoit très-fort & très-vigoureux, tomba en fyncope, & perdit tout mouvement; au bout de quelques minutes on coupa la ligature, de peur que ce Chien ne périt, & on rendit à l'air extérieur fon entrée dans le poulmon ; animal commença pour lors à revenir, & reprit dé nou- velles forces; je lui ouvris le côté gauche du thorax, en faifant une longue & grande playe entre le flernum & le milieu des côtes fur la partie même cartilagineufe, & je trouvai le poulmon totalement aflaiflé ; cependant il paroiïfloit à l'exté- rieur, qué la refpiration fe failoit très-bien, car on voyoit de Ia maniére la plus fenfible, la dilatation & la contraction des mufcles du bas-ventre, on remarquoit la dilatation & la contraction du thorax, on s'appercevoit de certains grands mouvements d'expiration, on diflinguoit quelques 344 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyarE mouvements convulfifs & d’autres mouvements entrecoupés. Au bout de quelque temps, on fouffa avec une cannule par la trachée artere, la dilatation & Ja contraétion que l'air fouffé produifit dans le poulmon, augmenterent le mouvement du thorax, & firent fortir avec plus d’abondance les jets de fang que fourniffoient les arteres mammaires, les arteres inter- coftales, & les autres du voifinage, je réïtérai plufieurs fois le gonflement des poulmons, & je vis toüjours la même connexion d'effets. J'ouviis le côté droit de Ia poitrine, pour voir fi le poul- mon de ce côté-là fe dilatoit & fe contractoit, je pouvois le foupçonner, à caufe de la contraction & de la dilatation réouliéres du thorax; mais je le trouvai totalement affaiflé, & je fus d'autant plus certain de l'affaiflement de ce poulmon . avant l'ouverture, que je n’avois point entendu le bruit de l'entrée & de la fortie de l'air par la trachée artere. Je foufHai encore dans les poulmons, & en excitant l'action des poul- mons, je ranimai celle du thorax, & celle des arteres ; enfin Y'animal mourut au bout de trois quarts d'heure. Le mème jour, je variai mes expériences fur un autre Chien de grandeur ordinaire, je lui fis une incifion fur les mufcles du bas-ventre que j'enlevai en partie, je découvris le diaphragme, & je fis une ouverture dans la partie charnuë du diaphragme du côté gauche, latéralement & un peu anté- rieurement, je trouvai tout d'abord Île poulmon affaiffé, quoique la dilatation & la contraction du thorax & du dia- phragme fe fiflent à l'ordinaire, Cette obfervation acheva de me prouver, qu'en ouvrant le thorax, on trouvoit toûjours les poulmons affaiffés lorfque l'animal avoit perdu béaucoup de fang. Quelques-unes des expériences précédentes me l'avoient fait depuis Jong-temps foupçonner; en effet quand on commençoit par faire l'inci- fion au thorax, on voyoit pendant quelquetemps la dilatation & la contraction des poulmons, de {a façon la plus fenfible. Malgré la playe au diaphragme, le Chien vécut plus d’un quart-d'heure, Dans DES SCIENCES 34$ Dans les Grenouilles, les poulmons occupent une étendué aflés confidérable, ils font compolés de véficules membra- neufes, tranfparentes, prefque hexagones, & femblables à peu-près aux alvéoles des Mouches à miel. Le 11 Août au matin, je fis plufieurs des expériences précédentes für quatre Grenouilles ; après avoir enlevé la peau, & découvert entiérement les mufclés de Ja poitrine & du bas-ventre, je vis fenfiblement au travers de ces mufcles, la dilatation & la contraétion fucceffive des poulmons, & je diftinguai très- bien les mouvements d'infpiration & d'expiration que failoit l'animal. J'ouvris enfüite le bas-ventre, & je fis monter l'in- cifion jufqu'auprès de la bouche, le long de la ligne blanche & du fternum, j'enlevai tous les mufcles avec le péritoine, je coupai de chaque côté le thorax recouvert des mufcles pectoraux, & les poulmons furent alors expofés entiérement à l'action de l'air extérieur. Je remarquai auffi-tôt le mouve- ment de fiftole & de diaftole du cœur, je vis de la maniére la moins équivoque, la pointe du cœur s'approcher de la bafe pendant fa contraction lorfque le cœur avoit pali, & la pointe s'éloigner de la bafe pendant le relâchement du ventricule & la contraction de l'oreillette. Le poulmon ne fut point affaiflé, il demeura au contraire pendant quelque temps dilaté, enfuite il fe contracta, puis il fe dilata, & ainfi fucceflive- ment; dans l'infpiration toutes les petites véficules membra- neufes devenoient prefque fphériques, & étoient parfaitement gonflées, dans l'expiration elles s’applatifloient & s’affaifloient les unes furdes autres; les mouvements d’infpiration & d’ex- piration laifloïent entr'eux un long intervalle. La Grenouille peut être long-temps en infpiration, & le poulmon, quoi- qu'à découvert, n’eft point affaifié. * Je fis une playe aux poulmons de cet animal, & je les vis s’affaifler tout-à-coup ; cependant les véficules ne s’appla- tirent point toutes à la fois, il en refta encore quelques-unes gonflées, qui ne s'abbaifferent & ne perdirent leur figure qu'après quelque temps. Il me parut qu’il falloit à l'air un cer- tain temps pour fe dégager de ces véficules, il en fort fous la Mem 1739e s Xx 346 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE forme d’une petite écume très-tranfparente. J'ai vü plufieurs fois, une demi-heure après qu’une Grenouille étoit ouverte, le mouvement du cœur prefque anéanti, reparoître de nouveau, & les poulmons prefque totalement affaifés, fe gonfler à la moindre irritation, quelquefois même fans irritation. Plufeyrs Auteurs, & entr'autres Malpighi, & Oligerus * Ole. de Jacobæus*, fe font bien apperçüs que les poulmons de la Gre- Raris, p.39: nouille ne s’affaiffent point lorfqu’ils font expofés à l'air, & ils * Hané, ont dit * que la durée de la dilatation des poulmons dépendoit A DR de la volonté de l'animal. En effet la Grenouille peut ramafñler He une grande quantité d'air dans fes poulmons, & le faire fortir = en ‘2 à fa volonté, fur-tout quand elle veut coafler ; elle le peut auffi conferver très-long-temps, puifqu’elle demeure quelque- fois dans l’eau plufieurs heures de fuite. Mais fi Fair pouvoit par fon poids affaiffer les poulmons des quadrupedes, pour- quoi n'affaifleroit-il pas ceux de la Grenouille? Cela devroit arriver, quand la provifion d’air que la Grenouille a faite, eft épuifée, ou quand elle a coaflé, fes poulmons étant à décou- vert ; auffi-tôt que fes poulmons feroient une fois affaiffés par Yexpiration volontaire de l'animal, pourroient-ils fe dilater de nouveau ? Si lon lui fuppofe une force à l’orifice de la glotte, qui retienne l'air captivé dans les poulmons, pourquoi auffi-tôt que cette force eff vaincuë , le poulmon fe dilate-t-il de nouveau après s'être contracté? J'ai introduit plufieurs fois la pointe d’une épingle ou d’un fcalpel dans Forifice de la glotte, j'ai fait à l'inftant affaifier le poulmon , & j'ai vü faire à l'animal une violente expiration, cependant auflli-tôt après le poulmon s’eft dilaté de nouveau, & ne s'eft contraété qu'au bout de quelque temps. Le 12 Août au matin, je continuai mes expériences fur les Grenouilles, & je vis encore plus clairement la dilatation & la contraétion des poulmons ; une des Grenouilles ref- pira fans difcontinuer pendant plus d’un quart d'heure après avoir été attachée. Auff-tôt que j'eus ouvert le bas-ventre, les poulmons fortirent de chaque côté avec impétuofité, & fe diftendirent beaucoup; ils refterent enfuite quelque temps DES SCIENCES. 347 dans le même état, fe dilatant & fe contractant fucceflive- ment, après cela ils diminuerent peu-à-peu de volume mal- gré leurs mouvements alternatifs, & enfin ils s’affaifferent prefque tout-à-fait, mais bien-tôt après ils fe dilaterent de nouveau : pendant un certain temps la pointe du poulmon étoit affaiflée & les véficules rapprochées, & puis elles fe dilatoient entiérement. Ce jeu s’exerçoit tantôt dans les deux poulmons à la fois, tantôt dans un feul, & les mouvements de contraction & de dilatation n’étoient pas toûjours égaux dans les deux poulmons. Lorfque les poulmons étoient en action, on voyoit dans les mufcles peétoraux un mouvement, mais ce mouvement étoit fi prompt, que je ne pus point déterminer s’il étoit ifochrone avec celui des poulmons. Quand j'étois prêt à penfer que la contraction & la dilatation de ces mufcles ne fe faifoient point en même temps que celles des poulmons, je croyois appercevoir quelque chofe qui pouvoit me porter à juger différemment. Ce qui rend cette action très-difficile à obferver, c’eft le mouvement du cœur qui frappe fans cefle contre ces parties, & qui peut troubler aux yeux leur véritable mouvement. * SuruneautreGrenouille, j'ai remarqué qu'un des poulmons peut fe dilater ou fe contracter, foit prefque en entier, foit en partie, indépendemment de l'autre poulmon ; auffi ai-je vü que foufHant avec force par la trachée artere; on peut très-bien diftendre le poulmon d’un côté, fans que le poul- mon du côté oppolé fe gonfle, & j'ai été obligé de les fouffler fucceflivement, & d'incliner la cannule vers le poulmon que je voulois dilater. J'aï obfervé en même temps que quand on picque avec une épingle le poulmon d’un côté, il s'affaifle aufhi-tôt, quoique celui du côté oppolé ne s’affaifle pas. n Ces obfervations, ce me femble, prouvent aflés bien a force particuliére des fibres du poulmon, & démontrent que eur action dépend de la volonté dans certains animaux. Sur ces mêmes Grenouilles, j'ai eu occafion de vérifier Ia fameufe expérience de Gafpar Bartholin, fils de Thomas, X x ij Gafp. Barthos ini Th. filii, de ANervorum fu im pnotu Pulmomum Epiflo!a, ad cal- cem ob{ervation. Jacobæi de Ra- ms, p. #9. 348 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE au fujet du mouvement mufculaire dans les Grenouilles. Ce, mouvement fe conferve fort long-temps après que le cœur & tous les vifceres de cet animal font détachés du corps ; j'ai vû une heure après avoir féparé le cœur & tous les vifceres d'une Grenouille, la Grenouille que j'avois couchée fur le dos, fe retourner & fauter pour s'enfuir ; à la moindre irri- tation que je faifois avec la pointe d'un fcalpel, & dans quelque fens que je fiñe cette irritation, aufli-tôt les mufcles entroient en contraction. Dans une autre Grenouille, dont javois coupé le cœur, la tête & tous les vifceres, j’apperçüs du mouvement dans les cuifles, dans les jambes & dans les bras. Les partifans du fyfteme des Efprits animaux n’ont point encore réfolu les difficultés que forment ces obfervations, & il faut avouer qu'elles font bien fortes. | Le célébre Malpighi, dans fa feconde Lettre fur la flru@ure des Poulmons, remarque auffi qu'ayant fait une ligature au deflus de l'oreillette du cœur de la Grenouïlle, le mouvement de la circulation continua dans le refte des vaiffeaux , le fang des veines venoit heurter contre la ligature pour entrer dans le cœur, & trouvant un obflacle invincible, il retournoit fur fes pas. Au même endroit, il ajoûte qu'il a vü la circulation fe faire de même après que l'oreillette & le cœur font arrachés. Le 1 $ Août, j'ai examiné fur quatre différentes Grenouilles la ftruéture de la trachée artere, de la glotte & des poulmons; la glotte fe ferme très-exaétement, & elle fait de la réfiftance lorfqu'on veut l'ouvrir. Ses levres font garnies de deux car- tilages très-forts, qui s'appliquent l'un contre l'autre, & qui fe touchent parfaitement. La gorge de la Grenouille à une ftrudture très-particuliére; par le moyen des mufcles décrits par Malpighi, cet animal peut tantôt la dilater confidérable- ment, & tantôt la diminuer. Lorfque la bouche & les narines font ouvertes, la Grenouille remplit d'air, ou en partie, ou entiérement fa gorge, enfuite fermant fa bouche & fesnarines, elle ouvre la glotte, & par la contraétion des mufcles de la gorge & des autres mufcles voifins, elle preffe l'air vers fon larynx & le détermine à entrer dans les poulmons ; elle peut Des SACITESN ci 1M 9x9 par cet artifice en admettre la quantité qu’elle veut : de même en reflerrant fes poulmons & dilatant fa glotte, elle chaffe autant d'air qu’elle le défire, ou totalement ou en partie ; c’eft dans cette méchanique que confifte le coaffement. Je réferve pour une autre occafion une explication détaillée du coafle- ment de la Grenouille, qui dépend d’obfervations anatomiques qui méritent d’être encore répétées. Le canal de la trachée artere eft très-court & à moitié cartilagineux, comme l'a re- marqué Malpighi. Inférieurement, à droite & à gauche, font les ouvertures des poulmons, qui font deux grands facs mem- braneux, garnis tout autour de petites véficules hexagones. : Ayant fait fécher des poulmons de Grenouilles foufflés, j'ai très-bien vü le réfeau de fibres charnuës & mufculaires qui enveloppent & recouvrent les poulmons de la Grenouille, Ces fibres doivent avoir beaucoup de force dans ce vifcere, & fervir également , quoique d'une façon différente, pour fa contraction & fa dilatation. Après avoir coupé à une Grenouille les cartilages de fa glotte, le fternum & tous les mufcles peétoraux, & après lui avoir ouvert le bas-ventre, j'ai encore trouvé les poulmons dilatés aflés confidérablement , ils ont refté quelque temps danis cet état, & j'ai vû finir leur dilatation par l’affaiflement des: véficules de la pointe des poulmons : cet affaiflement a commencé d'abord d'un côté, & quelque temps après il a été fenfible de l'autre côté. … IH paroît par toutes ces obfervations, qu’on ne peut guére douter qu'il y a une force, une action fucceflive dans les fibres pulmonaires de Ja Grenouille, & que chaque cellule ‘peut, indépendamment de fes voifines, fe dilater & s’affaifer, -de même que chaque poulmon peut agir féparément. | 1, Onlit dans les Œuvres poflhumes de Malpighi, in-fol.p. 8. qu'ayant coupé a mâchoire inférieure de la Grenouille, & découvert la cavité, de la gorge, les poulmons. he peuvent “plus fe dilater, mais il paroît par les expériences que je viens -de rapporter, que cet habile Anatomifte s’eft trompé. Le 20 Août au matin, je voulus examiner la refpiratiopr X x ii 7 Rés. Scient. Acad. Hift. l.2. cap. 2. 1689. $S-3°P 271. 350 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE des oyfeaux vivants, mais Je trouvai beaucoup plus de diff- cultés que je ne l'avois penfé. Je fis plufieurs expériences fur des Pigeons, & la plüpart moururent de la perte de 1eur fang avant que j'eufle pénétré dans la cavité de a poitrine, fur-tout l'incifion étant faite à côté du fternum, le long des mufcles pectoraux ; Je remarquai cependant, en coupant les téguments qui recouvrent la partie infériéure du col au bas de la trachée artere, & en déchirant la plevre, que 1a refpi- ration continuoit, que les mouvements de dilatation & de contraction étoient fort fenfibles dans le poulmon & dans 1e thorax, & que l'action de l'air extérieur n'y apportoit point de changement confidérable. Sur un autre Pigeon je répétai l'expérience, mais je pé- nétrai plus facilement dans la poitrine, parce que je fis la playe fous l'aile, & que je coupai les côtes dans leur partie moyenne & latérale ; la refpiration dura dans fon entier juf- qu'à ce que les forces de l'oyfeau fuffent épuifées. Cette expérience fe trouve confirmée par celle que M. Méry a faite autrefois fur une Oye vivante; cet Académicien lui ouvrit le ventre pour examiner les facs pulmonaires infé- rieurs. Îl remarqua que ces facs fe remplifloient d'air lorfque le fternum s’abbaifloit dans l'expiration, & que les deux diaphragmes attachés par leur partie charnuë aux vertebres, s’éloignoient des côtes. Il pañla enfuite à la poitrine, il dé- couvrit les côtes, il vit fenfiblement le mouvement des muf- cles intercoftaux , & après avoir levé le fternum, il obferva les facs pulmonaires fupérieurs , il s’aflüra de la maniére a plus certaine que les facs fupérieurs communiquent avec les inférieurs, qu'ils fe rempliffent d'air en même temps, & qu'ils expriment en même temps. M. Méry auroit-il pu faire toutes ces obfervations, fr le poids de l'air extérieur affaïfoit P es poufmons lorfqu’ils font à découvert ?. | Le 3 Août 1739, je voulus encore répéter mes expé- riences fur des Chiens, pour voir fi je ne me ferois pas trompé, ou fi je n’aurois pas jugé avec trop de précipitation; je variai les expériences fur quatre Chiens forts & vigoureux, PD'HSMSLENRNE NICE M IM ppt & fur es quatre je vis les mêmes phénomenes. Je remarquai, -à n'en pouvoir douter, que les poulmons fortent hors de 1a phye lorfqu'ils viennent à fe dilater d’un côté, qu'ils fe con: tractent enfuite, & que leurs mouvements de dilatation & de contraction durent aflés long-temps malgré la préfence de l'air, malgré la pefanteur de latmofphere. M. Hunauld, préfent à la derniére de ces expériences, vit ce phénomene comme moi, & ne parut point le révoquer en doute. Je crus appercevoir affés bien que les mouvements de dilatation & de contraction du thorax, d’une part, & du poulmon, de l'autre part, n’étoient nullement ifochrones. Sur ces expériences, on me fit deux ou trois objections très-fortes, & les feules raifonnables que puifle faire fur cette matiére un Anatomifte éclairé. On me dit, 1.° que quand le poulmon me paroifloit dilaté, il pouvoit être chaflé en dehors par le diaphragme, les mufcles de l'abdomen, & le thorax. 2.° Que les poulmons pouvoient paroître contraétés en rentrant en dedans, quand la caufe qui les avoit pouflés, cefloit. 3.° Que toutes ces parties pouvoient être dans un état de convulfion. Il y avoit dans les expériences que j'avois fiites jufqu’ici, de quoi répondre fuffifamment à toutes ces objections, mais l'autorité de celui qui me les fit, me déter- mina à examiner encore la queftion avec l'attention la plus rigoureufe, & même avec un efprit de prévention contre tout ce que j'avois vü; c'eft pourquoi Le 6 Août, je répétai les expériences ordinaires fur deux Chiens & un Chat, & je vis à ces trois animaux, le poul- mon d’un côté, fortir hors de la poitrine ; je fus convaincu que ce n'étoit point le thorax qui, dans fa contraction, le pouffoit hors de la capacité, car j'eus foin de mettre ma main dans le thorax, & de porter en dehors la rangée de côtes que j'avois détachées du fternum : le poulmon ne laïfla pas que de fortir entre le médiaftin d’un côté, & ma main de l'autre: “. ainf il n'y eut nul effort de la part du thorax. » Le 12 Août, j'ouvris un gros Chien, & je vis certaine- “ ment que ni le thorax, ni le diaphragme, dans leur contrac: ” 352 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE tion, ne poufloient en dehors le poulmon; au contraire ft le poulmon reçoit quelqu'impreflion de la part du thorax, c'eft pendant la dilatation du thorax, car alors il y a un petit mouvement de foûlevement dans le poulmon, mou- vement qui eft très-vifible lorfque le poulmon eft affaiflé, & que le jeu du thorax feul le continué. Pour que le thorax chaffàt en dehors le poulmon, il faudroit que le thorax s'appliquât contre le poulmon, qu'il le preffàt exactement de toutes parts, & que le poulmon trouvant moins de réfiftance vers la playe, profitit de cette ifluë. Or cela n’eft pas poflible, r.° Parce que j'ai obfervé qu'il y avoit entre le thorax & le poulmon trop de jour, trop d'efpace pour que le thorax s’appliquat ainfi contre le poulmon. 2.° Parce que tenant à pleine main les côtes de fa partie coupée du thorax, & les empêchant de fe mouvoir, le poulmon fort à fon ordinaire. 3.° Parce que le thorax n’eft réellement en action que quand if eft dilaté par les mufcles infpirateurs, & cette action, comme l'on fcait, écarte les côtes du poulmon. Lorfque le diaphragme agit, c’eft dans l'infpiration, il devient plane, il s'applique contrel'abdomen, & s’écarte de la poitrine: donc dans ce moment d’aétion, dans ce mouvement de contraction, tout tend à ne point agir fur le poulmon. Pen- dant l'expiration, l'action n’eft pas plus puiflante, le thorax s'abbaifle, foit par le jeu des cartilages, foit par l'action de certains ligaments; mais cet abbaiffement n’eft que l'effet d’un reflerrement nullement comparable à la force puiflante des mufcles : le diaphragme remonte alors dans la poitrine; quand il remonte, quand il va s'appliquer contre les poul- mons, il eft relâché; s’il a quelque force, c’eft une force qui lui eft donnée par les mufcles du bas-ventre alors en con- traion, ainft il nous refte à voir fi les mufcles du bas-ventre peuvent agir affés puifläamment fur le diaphragme relâché, pour que le diaphragme, en conféquence de leur preffion,. chaîle par une playe latérale un corps qu'il ne touche que par le bas, & qu'il ne peut que faire monter en haut. On ne peut difconvenir que les mufcles du bas-ventre ne faffent des DES Sie YE N°'C Es. 353 des preflions violentes, & qu'ils ne fe mettent fortement P q en contraction. Ï faut avouer aufli qu'ils font remonter confidérablement le diaphragme alors relâché, & qu'ils pouf- fent en haut les poulmons, mais leur effort ne fe fait que latéralement, & quand on fuppoferoit même Ja force des mufcles du bas-ventre capable de chaffer les poulmons, cela ne réfoudroit point encore la difficulté. Les poulmons fortent du thorax bien dilatés, bien diftendus, le thorax doit être alors en état de relâchement, puifque les mufcles du bas- ventre agifient; par conféquent il y a dans ce cas oppoñfition | entre la dilatation & la contraction du thorax & des poul- mons. Lorfque les poulmons fortent par la playe du thorax, üls font durs au toucher, & ils blanchiflent ; & quand, pen- dant la dilatation du thorax, les poulmons rentrent, ils s'affaiflent & rougiffent. Remarques fur les Expériences précédentes. Sennert, perfuadé que le poulmon eft le principal organe de la refpiration, fuppofoit deux mouvements, un dans le thorax & un dans le poulmon ; deux principes, un pour le thorax, & l'autre pour le poulmon. H prétendoit que ces prin- cipes & ces mouvements étoient indépendants lun de l'autre, mais qu’ils étoient toûjours unis, parce qu'ils concouroient au même effet, & qu'ils étoient deftinés aux mêmes ufages. IL croyoit que le poulmon fe dilatoit par fa propre force, virtute fu&, & i fondoit toute cette théorie fur l'anatomie &c Pexpérience. Il avoit vû, en ouvrant Ja poitfine d'animaux vivants, les Iobes du poulmon fortir de a playe & fe mou- voir hors de la poitrine, & il avoit obfervé que le poulmon avoit fon mouvement alternatif dedilatation & decontraétion pendant qu'il étoit expofé à l'action de l'air extérieur. Felix Platerus, excellent praticien d'Allemagne, croyoît que les poulmons avoient une force, une action particuliére pour fe dilater, qu'ils n'étoient point pañlifs, & il avoit remarqué que dans les playes pénétrantes, les poulmons des _ animaux ne s’affaifloient pas toüjours. Men. 1739. : Yy Inffit. Medie. lb. 1. cap. 114 de facult. virals Quaf. Phyfe- log.29.p. 5 Ge Difquifr. Anatom. lib. 2. part. 3, Cap. ze 2.185. à fe. 354 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Highmore, célébre Anatomifte Anglois, tantôt a obfervé les poulmons s’affaifler quand l'air entre dans le thorax, & tantôt il les a vüûs fortir par la playe hors du thorax, & continuer leur mouvement ; il a remarqué que le mouve- ment du thorax dure encore après que celui des poulmons eft fini; & fentant toute la force de fes obfervations, il balance beaucoup avant que d’embraffer un autre fentiment que celui de ceux qui admettoient un mouvement propré dans les poulmons. Jean Walleus, François Sylvius, François Vander Schagen & Gafpar Bartholin, fils de Thomas, ont tous obfervé que les poulmons fe dilatoient & fe contractoient lorfque le thorax étoit ouvert, ils ont tous remarqué des lobes du poulmon {ortir avec éruption hors de la playe, & ils ont tous cru que ce mouvement venoit du médiaftin & du dia- phragme, qui chafloient en dehors le poulmon, ou qui lui communiquoient du mouvement. Ces Auteurs ne font pas les feuls qui ont donné cette raifon, Highmore & M. Houfton y ont été trompés comme les autres, mais je crois qu'une des expériences que j'ai rapportées, fuffit pour détruire cette fuppofition. On a vû que les côtes d’un animal étant tota- lement caflées & féparées, & le flernum étant enlevé, le mouvement du poulmon fubfiftoit encore. Le même Gafpar Bartholin a aufli remarqué que le mou- vement des poulmons n'eft point régulier, & qu'il n'eft pas même naturel lorfqu'on lobferve, le thorax étant ouvert, parce que quahd le thorax s'abbaifle, dit-il, le poulmon s'éleve, & au contraire quand le thorax s’éleve, le poulmon fe contracte. II fe fervoit de cette obfervation pour appuyer fon fentiment au fujet de l’aétion du diaphragme dans ce cas. Je ne finirois point fi je voulois citer tous ceux qui ont obfervé le mouvement des lobes du poulmon hors d’une playe faite au thorax ; Galien l'a remarqué, & en parle; Borelli, Swammerdam, de Lamzweerde, Thrufton, Deufingius, &c. l'ont vû auf. Après ces obfervations, n’eft-il pas bien éton- nant qu'on fe foit fi long-temps amufé à difputer fur la DE: SUSDONN UE NL GE: 8 355 maniére dont l'air entre dans les poulmons, à déterminer fi c’eft par fon poids qu'il fe fait jour, ou s’il eft pouflé par l'élévation des côtes & du thorax? &c. Enfin peut-on croire que les poulmons font totalement paflifs, & mettre encore en doute s’il pafle de l'air par les poulmons dans le fang ? Je fens combien les expériences que je viens de lire pré- fentent de difficultés, & combien l'explication de la refpi- ration devient embarraffante, mais je me contenterai de füivre ici fcrupuleufement les intentions que l’Académie dé- clare dans toutes les occafions qui fe préfentent. Pour ré- foudre certaines difficultés, il faut que pendant long-temps * on les ait fenties, il faut que l'on ait montré toutes les ma- niéres différentes dont il n’eft pas poflible de les réfoudre, & dès-lors on ne tarde pas à appercevoir la vérité, parce qu'on a évité Ja précipitation. Cependant, avant que de finir, je vais préfenter dans un feul coup d'œil toutes les confé- quences qu'on peut tirer des différentes expériences que j'ai rapportées. Coroll. 1. Lorfqu'on fait une ouverture de chaque côté de la poitrine d’un animal fans bleffer le poflmon, Fair qui entre par les playes, n'empêche point l'animal de crier & de refpirer : l'air dans ce cas eft entré dans la poitrine par les playes, cet air pefe fur les poulmons, cet air n’empêche point l'entrée de l'air par la glotte pour entretenir la refpi- ration, le mouvement d'infpiration & d'expiration fe fait malgré la force & la preflion de fair qui eft entré par les playes : donc ce n'eft point l'air extérieur qui, agiflant par fa pefanteur fur Forifice de la glotte, oblige le poulmon à {e dilater : donc ce n’eft point, comme l'ont cru quelques-uns, air pouffé & comprimé par l'élévation des côtes dans l'inf piration, qui oblige le poulmon à fe dilater. Coroll. 2. Si ce n’eft pas l'air extérieur qui, par fa pefan- teur, oblige le poulmon à fe dilater, & fi, lorfque air eft entré par deux playes faites au thorax, le poulmon dans fa dilatation, furmonte la preffion de tout le os de l'atmo- 7 356 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALeE fphere, il faut que le poulmon ait une aétion, & une action puiflante : donc le poulmon pourroit bien n'être point un vifcere pañlif, Coroll. 3. Si le poulmon a une action, cette action eft fort différente de celle des mufcles intercoftaux & du dia- phragme. Lorfque le poulmon d'un animal dont le thorax eft ouvert, fe dilate, on voit fouvent le thorax fe contracter, & quand le thorax fe dilate, le poulmon fe contraéle; dans ce cas, l'action des mufcles de la refpiration, & l'aétion des poulmons n'efl point ifochrone, elle eft au contraire oppofée : donc fr dans ce cas, ces deux actions peuvent agir dans des temps différents, elles ne font point conjointes; elles font donc différentes, & dépendent d’une caufe qui peut n'être pas la même. : Coroll. 4. La dilatation & Ja contraétion des poulmons, ou, ce qui eft la même chofe, l'action des poulmons le tho- rax étant ouvert, n’a lieu que quand l'animal n’a pas perdu fon fang, & que fes forces ne font point épuifées ; dans ce dernier cas même, quoique les poulmons foient entiérement affaiflés, & les côtes totalement féparées du flernum, & même caffées } l'action des mufcles de la refpiration dure encore fort long-temps : donc l'action du thorax eft plus forte & plus puiflante que celle des poulmons. Coroll. 5. Quand on foufle avec une cannule dans les poulmons affaiflés d’un animal vivant, & qu’on les diftend, leur mouvement reparoît pour quelques fecondes, & la force du cœur & des mufcles de la refpiration augmente; quand au contraire on irrite le nerf diaphragmatique & le cœur, le cœur bat plus vivement, les contractions des mufcles de la refpiration deviennent plus fréquentes, mais les poulmons reflent toüjours dans l'inaction & dans l'affaiflement : donc la caufe de l'action des poulmons & des mufcles de la refpi- ration, vient de l'irritation ou plütôt de l'aétion des folides. Coroll. 6. Après que les poulmons font affaiffés, le mou- vement du cœur & celui du thorax durent très-long-temps, l'animal vit & conferve de la force: donc il n'y a pas um DES SNCUL E N° CE & 3557 rapport & une liaifon auffi intime entre l'aétion des poul- mons & le principe de la vie, qu'entre le principe de la vie & l'action du cœur. Coroll, 7. Lorfque le poulmon eft dans fa plus grande dilatation, on voit le thorax dans fa plus grande contraétion: donc pour que les poulmons fe dilatent bien, & qu'ils foient à leur aife, il n'eft pas néceflaire qu'ils occupent toute l'é- tenduë de l’intérieur du thorax. M. Morgagni dit qu'il a obfervé & fait obferver à fes amis, que dans l'infpiration, & à plus forte raifon dans l'ex- piration, les poulmons ne s'appliquent pas exaétement contre le thorax, qu'entre les parois du thorax & les poulmons, il y a un efpace afés grand. Pour faire cette expérience, il faut découvrir le thorax, fans endommager la plevre, & on peut voir facilement au travers le mouvement des poulmons. CONCLUSION GÉNÉRALE, L’air qui entre dans la poitrine par une playe faite au thorax, n'empêche point la refpiration, & ne fait point affaifler les poulmons ; il eft donc poffible que le thorax & le poulmon n’agiflent pas en même temps: & f dans l'état ordinaire, il paroît que le poulmon fuit le mouvement du thorax, où même fi le poulmon fuit réguliérement le mou- vement du thorax (comme il n’y a guére lieu d’en douter) il eft du moins certain que dans un état violent, les poulmons & le thorax peuvent agir féparément & en fens contraire. Je ne crois pas qu'il foit néceffaire de faire voir ici Ja différence qu'il y a entre mes expériences & celles de M.rs Houfton & Van Swieten, il me fuffit de renvoyer aux Tranfa&ions Philofophiques, leurs expériences font en petit nombre, elles font faites dans d’autres vüës, & les confé- _quences qu’ils en ont tirées, font entiérement différentes & des conféquences que j'en ai tirées, & de celles qu'ils em auroient pu tirer, SRE Y y üj Adv. Anat.S à animadverf. 3 34 Pe 46 358 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE SUR LA MANIERE LA PLUS SIMPLE d'examiner fi les E toiles fixes ont une Parallaxe, êr de la déterminer exaltement. Par M. CLAIRAUT. 1e doit Ja plus grande partie de fes progrès à la fixité des Etoiles. Lorfqu'on veut déterminer le cours d’une Planete, on rapporte fes différentes pofitions à celle des Etoiles fixes, comme dans la Géographie l'on dé- termine la pofition des Lieux inconnus, par leur relation aux points dont la fituation eft donnée. Mais on éprouve en Aftronomie aufli fouvent qu'en toute autre fcience phy- fique, que les vérités les plus générales font fujettes à des reftriétions. Cette fixité des Etoiles, qui paroit la chofe du monde la plus füre lorfqu'on n’obferve qu'avec des inftru- ments communs, s'évanouit quand la perfection eft pouffée à un certain point dans les obfervations. On apperçoit des mouvements dans les Etoiles, petits à la vérité, mais auxquels les Aftronomes doivent être fort attentifs. Je ne parle point ici de la Préceflion des Equinoxes qu'on a apperçüë de bonne heure, parce que c'eft un mou- vement égal & connu, auquel il eft par conféquent facile d'avoir égard. Mais il paroït par quelques obfervations, qu'il pourroit bien y avoir d’autres mouvements qui dépendroient ou de ce que les Etoiles ne feroient pas abfolument fixes dans leurs places, ou de ce que la Terre auroit quelqu'efpece de mouvement dont la caufe n'eft pas encore connuë,. Parmi ces différents mouvements, ceux qui s’'accompli- roient dans des périodes d’une durée comparable à celle de la Préceffion des Equinoxes, ne font pas les plus effentiels à bien connoitre dans un grand nombre d'opérations d’Aftronomie, parce qu'on n'y employe pas un temps affés confidérable pour D'ESUSIETE NC Es! 359 craindre quelqu'erreur dans ces mouvements. Mais quant aux inégalités dont la marche eft prompte, comme eft l'AB- erration, & comme eft la Parallaxe, s’il y en a une, il eft extrêmement important de les déterminer exactement. A l'égard de l’Aberration, ce phénomene 2 été fi bien conflaté & fi bien calculé, que l’on peut corriger d’après {a théorie les obfervations qu’on aura faites d’une Etoile quel- conque, avec autant d’aflürance que fi l'on avoit obfervé immédiatement les variations annuelles de cette Etoile: car quoique M. Bradley, qui a découvert & établi l’Aberration, ait trouvé après un certain nombre d'années, quelques petites irrégularités qui ne s'accordoient pas avec fa théorie, ces irrégularités ayant une correfpondance avec les Nœuds de la Lune, elles ne diminuënt rien à la certitude de la théorie de l’Aberration, mais elles prouvent feulement l'action de la Lune fur la Terre, foit par l'impulfion de fon tourbillon, foit par l'attraétion de fa mafle. Quant à la Parallaxe, il femble qu’on pourroit conclurre d’après les obfervations de M. Bradley, qu'il n’y en a point de fenfble, puifque cet Aflronome n'a pas trouvé 1” quand il a eu fait le retranchement néceflaire pour lAberration ; cependant comme les Etoiles qu'il a obfervées, font en petit nombre, puifque l'inftrument dont il s’eft fervi, n’avoit qu'un limbe de 1 2 degrés, ïl me femble qu'on n’eft pas en droit de conclurre qu'aucune Etoile n'a de parallaxe, comme on peut afhrmer que toutes les Etoiles font fujettes à l’Aberra- tion de la lumiére, & l'on va voir ce qui me fait penfer ainfr. Les obfervations de M. Bradley prouvent que la vitefle de la lumiére des Etoiles qu'il a obfervées, eft la même; on en doit donc conclurre que Îa lumiére de toutes les autres Etoiles eft également prompte, fans quoi faudroit ima- giner que par le plus grand hazard M. Bradley n’a rencontré dans fon Secteur que celles qui avoient précifément la même vitefle de lumicre. Mais la Parallaxe dépendant de Ja diflance des Etoiles à la Terre, comme entre les différentes Etoiles que M. Bradley 360 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE a obfervées, il y en a vraifemblablement de plus éloignées les unes que les autres, quoique les plus proches foient à une trop grande diflance pour avoir une Parallaxe fenfible, on doit croire que parmi les autres Etoiles, il y en a de beaucoup plus proches & de beaucoup plus éloignées que ces premiéres, & rien n'empêche de penfer qu'entre celles qui font les plus proches, quelques-unes pourroient l'être affés pour avoir une Parallaxe. Tout ce qu'on peut dire contre fa poffibilité, c'eft qu'il y a plus d'Etoiles qui n'ont pas de Parallaxe, que de celles qui en ont, puifque dans le nombre de celles que l'inftrument de M. Bradley lui permettoit d'ob- ferver, aucune n’en avoit. H eft donc encore douteux s'il y a des Etoiles qui ayent une Parallaxe; & comme c’eft une queftion importante en Aftronomie, j'ai cru qu'il feroit utile de donner des regles qui fuflent bien fimples pour chercher cette Parallaxe, ou pour pouvoir prononcer qu'il n'y en a pas. Quoique la Parallaxe dépende d’un principe tout différent de celui de l’Aberration, on verra dans ce Mémoire que la même méthode peut faire trouver l'une & l'autre, en forte que le calcul de fa Parallaxe eft tout auffi fimple que celui de l'Aberration, & que les éléments font prefque communs. Et comme ceux qui auront obfervé une Etoile pendant quelque temps, n'auront pas manqué de calculer fon Aber- ration, puilque c'eft une correction toüjours néceflaire, ils pourront, fans prefque rien changer au calcul, fçavoir f l'Etoile a une Parallaxe, & quelle elle ef, | Sans le rapport de cette matiére à l’Aberration que j'ai traitée dans l’Académie, & fans la grande fimplicité des regles que j'établis par-là pour la Parallaxe, je n'aurois pas ofé donner ce Mémoire, puifqu'il n'y a perfonne qui ne puifle voir fi les obervations qu'il aura d’une Etoile, quadrent ou non avec Îa Parallaxe ; mais on pourroit pour cela fe fervir de telle méthode dont le calcul feroit long, & dégoûteroit de faire cet examen, fur-tout s'il y avoit beaucoup d'Etoiles d'obfervées. PROBLEME, DES SCIENCES, ir 36% PROBLEME. : Trouver la Courbe que paroft décrire une Etoile autour de fon vrai lieu, lorfque fa diflance ef? comparable au tayon de l'Orbite de la Terre. LC L Soient ATGVBFro© A Orbite de Ja Terre, que nous fuppofons Circulaire, C le centre ou le Soleil, « l'Etoile propofée. Si l’on imagine d’un lieu quelconque 7° de l'Orbite où l’on fuppole la Terre, & du centre C, deux lignes tirées à l'Etoile, l'angle CeT fera la Parallaxe pour ce temps-là; & en menant du centre C la parallele Cz à 7e, le point e où la droite C'£ rencontre la Sphere, fera celui où un Ob-, fervateur qui fuppoferoit la Terre en repos & au centre, croiroit voir l'Etoile, - Préfentement comme tous les rayons tirés des points de l'Orbite de la Terre à l'Etoile, forment enfemble un Cone oblique, dont « eft le fommet, & ATGVBFTOA la bafe ; les paralleles Cr aux côtés Te de ce Cone, formeront un autre Cone parfaitement femblable à celui-là, dont la pointe fera en C, & la commune feétion de ce Cone avec la Sphere donnera la Courbe que l'Etoile paroît décrire. ; . Or comme ce Cone doit être très-aigu, vû la petitefle de AB auprès de Ce, la partie de la Sphere qu’il retran- chera, fera fi petite qu’elle pourra pafler pour plane, & par conféquent la Courbe cherchée eff une Ellipfe. IT. Si Yon imagine préfentement par le point Æ un plan parallele à l'Orbite, il coupera lé Cone dont nous venons de parler, dans un petit Cercle, dont le rayon Ær fera en même raïfon à CÆ, que CE ou CT à la diflance Ce de Etoile; & le grand axe de l’Ellipfe ou Courbe en queftion fera £a égal au rayon £7; le petit axe fera E4, que l’on a en tirant Cf 4 par C & par le point f terminé par la droite E f parallele à 4 B & égale à Er. _ III. Les temps de l’année où l'Etoïie paroîtra aux extré- mités du grand axe, feront ceux où la Terre fera en F & en G, qui partagent avec À & B lOrbite AT BA en quatre » _ Mem. 1739. « LR Fig. 1: Différences des longitudes &. latitudes vrayes, aux apparentes. Fig» 2. Différences des déclinai- fons & afcen- fions droites vrayes, aux apparentes, 362 MEMOTRES DE L'ACADEMTE ROYALE parie égales ; & les temps où l'Etoile parc oîtra aux extré- mités du petit axe, c'eft-à-dire, le plus près du vrai lieu, féront ceux où‘ Terre efl'en 4'&en B, c'eft-à-dire, lorf que l'Etoile paroît en conjonction ouien: oppoñition avec le Soleil. | IV: Lorfqu'on fe propofera de trouver pour un fe queléonque de l’année, la différence du lien apparent au lieu: vrai d’une Etoile, dont la longitude, la latitude &' la diftance! font fuppofé données, voici l'émploi qu'on fera de’ ces- éléments. Suppofons que là Térre marche dans fon Oïbite dé 7° vers À ; Vrepréfentant le point où la Terre‘*eft-dans le mos ment del'Equinoxe de Piintemps, on prendra l'arc VB'ésal à la longitude de l'Etoile, on tirera le diimetre PC À, & on prendra depuis A’jufqu'en Æ Varc À Æ’égal à la latitude de l'Etoile. Si'cette latitude étoit méridionale, on PAS A E en deflous du plan ATB: On prendra enfuite VT' égale à Ia Tongitude du Soleit! dans le temps propolé, on tirera CT, & par le point £° on lui menera la parallèle Æ7 dans une direétion‘oppolée à celle: de C vers7,, &dont la longueur foit à CE comme le rayon de lOrbite eff’ à la diftince de l'Etoile: Le rayon C7 don- nera alors fur là Sphere le point e, qui fera le lieu apparent" dé l'Etoile, Æ étant le vrai. V. Il La bien aifé enfüite de connoître la longitude, 12- latitude, la déclinaifon, & l'afcenfion droite apparentes. En füfant pañlèr l’are de grand Cercle Pe par P} Pole de l'Eclip- tique, & par e; la différence des arcs PE & Pe feral la différence de là latitude apparente à Ja vraye ; l'angle EPe fera la différence de la longitude apparente ? à la vraye: VI: Si Fon prend enfuite BH—=90", en remontant contre l'ordre dès Signes, que l'ontirè le gr and Cérele PH & que l'on prenne Pp égale à Tobliquité” dé l'Ecliptique, p repréfentera le Pole du Monde. D'ou la différence-des arcs dé grand Cercle p Æ, pe, fera la différence dé la déclinaifons: apparente de l'Etoile à [x vraye, & l'angle £pe exprimera DIE SNS /OU EN CE S » 363 Ja différence de l'afcenfion droite, apparente à fa vraye. Mais s'il falloit, pour chaque temps de l'année executer les opérations que nous venons d'indiquer , on auroit une peine infinie. Nous allons l'abbréger tout d'un coup, .en rappéllant- Ja conftruétion néceffaire pour trouver le lieu où l'Aberra- tion de la lumiére fait paroître l'Etoile. Voici quelle eft cette çonftruétion. VIL Suppofons que la Terre foit en © dans le temps Fig. re joù l'on cherche l'Aberration, on mene par le point Æ Îa parallele £'# au petit côté @r de l’Orbite de la Terre en ©, & dans le même fensique la marche de la Terre ; on prend . cette petite droite ÆEr en même proportion au rayon CE, .que la vitefle de la lumiére à celle de la Terre, c’eft-à-dire, égale à 20" de la circonférence 4 E B; &:tirant par # & par:C le rayon Ce, le point e. où.il rencontre la Sphere, eft ‘le lieu apparent de L'Etoile;alors. VIIL Si l'on fait attention préfentement qué le petit _«<0té@r de l'Orbite de Terre, que nous regardons comme Circulaire, eft perpendiculaire au rayon CO, ouparalléle au sayon. C7", qui va joindre la Terre trois Signes après le temps © ,:on verra que le lieu apparent d’une Etoile, ,caufé par la Parallaxe, fera‘le même que ce lieu apparent caulé par TAberration trois Signes après, fi la plus grande Parallaxe -eft égale à.la plus grande Aberration, c'eft-à-dire, fi Æ£r, -quieft pris en même proportion à l'égard de CE que CE -à la diftance de l'Etoile, eft égal àd’arc de 20”. : Donc l'opération néceffaire pour trouver fa Parallaxe pour un temps quelconque de l'année, eft celle-ci. ., TX. On calculera f Aberration pour trois Signes après le Maniére de "temps. où l'on veut avoir la Parallaxe, & Ton prendra une réduire le cul “quantité qui foit à l'Aberration de ce temps-là comme l'an- rallaxe d'une ugle.CsF eft à 20"; & cette quantité fera la Parallaxe pour Foie à cel Jetempspropolé. Elle exprimera la variation en déclinaïfon, tion.” fon a calculé l’Aberration en dédlinaifon ; de même de afcenfion droite, &c. gi | vPuifque les circonftances principales de person font z ij 364 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE les mêmes que celles de la Parallaxe, en fe reflouvenant de de ces circonftances, on en tirera tout de fuite les fuivantes. Différences X. La déclinaifon apparente d’une Etoile, caufée par la entre les décli- Parallaxe de l'Orbe annuel, aura quatre époques principales, allons vrayes » . . -. . & apparentes diftantes de trois mois ou de trois Signes les unes des autres : pendant l'an deux à un intervalle de fix Signes l'un de l'autre, où la née entiere, déclinaifon apparente fera égale à la vraye : deux autres au même intervalle l'une de l'autre, & à trois Signes des deux premiéres, où la déclinaifon apparente différera le plus qu'il eft poffible de la véritable. + XI. La déclinaifon apparente, caufée par Ia Parallaxe pour un temps quelconque, fera proportionnelle au finus de farce : qui exprime la différence entre le temps donné & le temps où la déclinaifon apparente eft égale à la vraye. XIT. Lorfque la déclinaifon apparente, caufée par l’Ab- erration, fera la plus grande qu'il eft poffible, ïf n’y aura point de différence caufée par la Parallaxe, & au contraire. XIII. Il en eft de même de tout ce que nous venons de dire pour l'afcenfion droite. Cela eft évident, à caufe que Y'Aberration en afcenfion droite, eft fujette aux mêmes loix que l’Aberration en déclinaifon, aïnfi que je lai fait voir dans Jes Mémoires de 1737, page 217, ér fuiv. Comme aucune Etoile ne peut être fans aberration, celles. qui auront outre cela une Parallaxe, paroîtront décrire une Courbe qui participera de celles que donneroit chacun de ces deux phénomenes. Nous allons chercher quelle fera cette Courbe. Fig.3. XIV. Pour cela fuppofons encore Ia Terre en 7° dans Détermi- un point quelconque de fon Orbite, le rayon qui vient de Pape Ne l'Etoile pour traverfer {a Lunette de l’obfervation feroit eT, aroî décrire f1 la Terre étoit en repos ; maïs comme elle marche de 77 fol, ee vers r avec une vitefle comparable à.celle de Ia lumiére de rallaxe jointe à Etoile, il faut mener d’un point quelconque 7 du rayon Te, TAberration. me droite / À parallele au petit côté Tr de 'Orbite de æ Terre, & dont la longueur foit à 27 en même raifon que la vitefle de la Terre eft à celle de la lumiére; alors tirant 7 Æ, DE SUIS 'CMEINC ES NI SES on a a poñition de la Lunette pour appercevoir l'Etoile; mais comme on rapporte tout au centre de l'Orbite, puif- ‘que l'Obfervateur fe fuppofe toûjours en repos, il faut donc _mener le rayon Cr parallele à TX, & la Courbé où tous Mes rayons tracés comme C#', rencontreront la Sphere, fera celle que paroït décrire l'Etoile, en vertu de Ia Parallaxe & de Y’Aberration. Pour mener cette parallele C7’ à T'Æ° d'une maniére qui ‘fafle voir ce que la Courbe cherchée tient des deux précé- dentes, il faut commencer par imaginer, comme ci-deflus, un plan’ parallele à l’Orbite qui pañle par E, enfuite fur ce plan mener Er parallele à 7°C, & en même raïfon à CE que CE à la diftance de l'Etoile. On menera après 1" per- pendiculaire àre, & dans la même raïfon à CE que Ja ‘'vitefle de la Terre à celle de Ja timiére. Enfüite i imaginant _ «un Cone dont la bafe foit la courbe de tousiles points #, & dont le fommet foit le centre €, la commune féétion de . ce Cone & de la Sphere fera la Courbe cherchée.' Mais comme Æ£7 & 1 f° font des lignes conftantes, puif- *que la diflance de l'Etoile au Soleil éft toûjours 4 même, & ‘que la vitefle: de la lümiére ne varié! pas non'plus, l'hypo- thénufe £r fera conftante encore. Donc le lieu de tous les points # eft un Cercle. Donc la Courbe cherchée eff encore une Ællipfe. Pour avoir das un'temps quelconque de r année re quan- -tité dont le vrai lieu d’une Etoile s’écaite du lieu’ apparent, il faudroit, dans la rigueur géométrique executer la conf ° truétion précédente ; mais il eft évident que l’on: peut dans la pratique, calculer premiérement la Parallaxe comme sil ? m'y avoit aucune aberration, & FAbérrätion de même} en - mégligeant da Parallaxe, enfuite: ajoûter ces deux quantitésifr - les font de même ns, &les foufträire fielles-ne le font pas. Dans tout ce que nous venons de dire, nous avons re- gardé Ia diftince de l'Etoile comme connuë ; mais comme : elle ne le peut être qu'après un grand nombre d obfrvations, | “es regles que nous venons de donner; ne __. doncpas z ii} 366 MEMOIRES DEL'ACADENIE, ROYALE fervir à calculer la Parallaxe. d'une Etoile avant qu'on l'ait obfervée, ainfi qu'on peut faire de l'A berration d'une Etoile quelconque. Voici donc ce:qu'il faut faire pour examiner ft une Etoile a une Parallaxe, &c-quelle,elle ef, qu Fig. æ \XV.: Soit tracé, pour fixer l'idée, Je Cercle, Q AR N Méthode -qui repréfente.une,année, ou les douze Signes.du Zodiaque, poreamne dont l'ordre foit de AZ vers R. Soient calculés,enfuite, par une Parallixe. : les regles de l'Aberration, lestemps.A7.&.N où l'Aberration _en déclinaifon.eft.nulle,.&.les temps Q 1&.R oùelle eft la plus grande. Imaginons de plus que des.deux temps Q.&R, LR foit celui, où la déclinaifon apparente eft.la plus grande, -&:Q celui oùelle.eft la plus petite. Enfin fuppofons que £R repréfente le nombre,de fecondes de la plus grande Aberra- tion endéclinaifon. 4 Si dans le:temps À,-on trouve/la.déclinaifon de l'Etoile plus grande précilément de Æ,R que dans le temps, ou W, eft évident qu'il n'y aura point:de Parallaxe ; mais, fi on trouve au-contraire-que la déclinaifon en À ne furpaffe pas “celle en 44 de,la-quantité Æ À ,.oumême-qu'elle foit égale -ou-plus petite, il faudra lattribuer à da Parallaxe, fuppofé que cette différence foit une chofe conflante qui revienne toutes -des années, dans la même faifon. La xaifon de.cela.eft évidente par.ce que.nous avons vü (art. 8.) car l Aberration étant nulle en {7, la Parallaxedoit augmenter le plus qu'il.eft poffible-la déclinaifon apparente, _puilque:trois Signes après, la déclinaifon spparente.eft ang- “mentéede plus-qu'il-eft poffble par F'Aberration. F XVI. Donc.fi lon trouve que la: déclinaifon apparente ‘en R, furpañle d'une! quantité moindre que, £RÀ, lla décli- .maifon.en A1,le nombre de fecondes. qu'il s'en faudra, fera a plus grande différence en déclinaifon.caufée par la Parallaxe. - XVII Si lon trouvoitla déclinaifonsen AL égale à celle | en R, cela fignifieroit que la plus. grande Parallaxe eft la -amême que la plus grande Aberration. | | XVIIL. Si l'on trouvoit au contraire de ce-qu'il doit arriver par l'Abewration, que la dédlinaifon-füt plus-petite DES S'crE nocœ Esp: l| 6x enR 4 en M, il faudroit ajoûter lw différence à ER: y Bon … auroït da plus grande Parallate ten déclinaifon. Appellons 2 cette plus grande différence dans la décliriaifon'caufée par læ Pärallaxe: noirail * XIX. Suppofons préement ad VeUHIÉ vor nl Maniété: un térnps quelconque 7° Ia quantité dont la Patallaxe & l'AB- de Douven Be! erration doivent changér la déclihaïfon, on abbäïffera de T'Y parallaxe &e la perpendiculaire TT fx NM, &'i eft évident, par Ja lAberation théorie de l'Aberration, que cette perpendiculaire exprénièra inaon, Le 1? quantité dont l'Aberiation augmenté là déclinafon ‘dans cr quel de’temps 7. +: Preñant-enfuitétüne, drokres qui foit à £:7 comme. P eft. à.ER, & ajoûtant cette droite à ZT, la fomme repréfentera ce dont Abérration jointe à la Paralläke, augmente | la véri- table déclinaifon dans 1e temps 7. ” J'araifon enieft évidente par Y'article 8, où nous avons dit que Ja Parallaxe, däns'un tenrps quelconque, reft à Ab: erration trois Signes après, comme la plus grande Parallaxe eft à la plus grande Aberration: Or°Æ" eft égale! aa per- les tri abbaïffée fx N71 da À vanene re d. der: que se: Ain! atpuis A jique eñ: RŸ utléiérttiont dedéc ET du clinaifon feraexprimée par = + 174 XXL HT 50 R' jufqu'en N: Le SA Me ex" D pr ro x 19 4p à bivài Da l XXI: Depiis N'jufqu'en Q, Ra épée pu é ElxP! nTR ne f fioi Î : XXL: Et depuis Q jufqu'en! M pat Her rm . XXJV, Si l'Etoile qu'on a ichoïfie, eftidé ceHes;où ion diminuë en À la saute au lieù de laug- meritér) comme nous avons faits if faudra éhigeries pt Pen “quatre quantité 2969 16 SOON 4l 16 ,G Hiogq Simplification de la Méthode précédente, Fig. 5. 368 IMEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE On voit par-là qu'il eft bien aifé de s’aflürer fi fes ob- fervations qu’on a faites dans le courant d’une année, qua- drent ou non avec {a Parallaxe, Quoique le calcul de fa méthode que nous venons d’em- ployer, foit aflés court, voici une maniére de l’abbréger en- core, qui donne dans un feul terme, l'effet de la Parallaxe &c de l’Aberration. Quelques nouvelles remarques fur l'effet des deux phénomenes réunis, nous Ja fournifient. XXV. Premiérement, il eft aifé de remarquer qu'entre R & NN, il y a un temps où la déclinaifon apparente fera égale à la vraye ; & pour trouver ce temps, on n'a qu'a faire l'ex- preffion générale EP rêLeuy T— 0. D'où l'on voit tout de fuite, qu'en prenant NH =P, &# tirant EH, on a le temps K, où la déclinaifon apparente eff égale à la vraye. XXVI. Il eft évident enfuite que dans le point F, oppofé au point #, ou, ce qui revient au même, fx Signes après le temps K,, la déclinaifon apparente eff encore égale à la vraye. XXVIT. On verra encore qu'il y aura entre A7 & R; & paï conféquent entre Q & AV fur le même diametre, un point où la déclinaifon apparente caufée par les deux phé- nomenes, fera la plus! grande qu'il eft poffible, & qu'elle furpaffera alors la déclinaifon réelle, de la quantité exprimée par VE R°+ P'). Et les temps où cela arrivera, feront aux milieux des temps Æ° & #, c'eft-à-dire, à trois Signes de ces points. Car il eft évident qu'en prolongeant une ordonnée quel-. conque / 7 du cercle NR A1Q jufqu'en F, où elle rencontre la droite XF, la droite Y T exprimera la différence de la déclinaifon apparente à la vraye pour le temps 7; puifque IF fera ET de Fe EIxP le maximum des YT. Or il eft évident qu'il fera dans le ER point S, où la tangente au cercle eft parallele à ÆF, c'eft-. à-dire, , qui, étant joint à ZT, donne pour la valeur + IT. I ne s'agit donc que de trouver PT 368. A É Ÿ à 5 ÉE Nmonneau J'eulp DES! SierE Nc Ets" il 56ÿ à-dire, comme nous l'avons dit, au milieu des points K& F rs lefquels la déclinaifon apparente eft égale à la vraye. De plus, la droite SG, qui exprime alors le maximum des . JT, ou, ce qui revient au même, /2 plus grande différence entre la déclinaifon APTE ca la Mage, ua R a EH, ou à V(ER°+-P°) : {C Donc Jorfque la Parallaxe d'une Etoile { joint à l'Aber- ration de la Lumiére, il eft encore vrai, comme dans l'A ber- ration feule, que l'année eff partagée.en quatre parties égales par les pcints où la déclinaifon apparente eff égale à la vraye, © par ceux où elle en: différer le plus: qu'il ef? poffibie. XXVIIL. On va voir encore que la Parallaxe, jointe à VAberration, donne encore lieu à ce Théoreme, que /a varia- tion cn déclinaifon pour un temps “quelconque, eff proportionnelle au Jinus de l'arc qui exprime la di ifférence du temps donné à celui où la déclinaifon apparente eff égale à la vraye : car il eft évi- dent que 7'Ÿ, qui exprime cette variation en déclinaifon pour un temps quelconque, eft proportionnelle à [a perpen- diculaire 7 V/, abbaiffée de T fur XF. Or cette perpendi- culaire eft le Sinus de l'arc XT, qui exprime la différence entre le temps #, où la déclinaifon apparente eft égale à la vraye, & le temps donné 7. Men. 1739. . Aa 370 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE ART DE FAIRE UNE NOUVELLE ESPECE DE. PORCÇCELAPNE,; Par des moyens extrémement fimples 7 faciles, ou de transformer le Verre en Porcelaine. PREMPE'R .MEMOTR'ES Où l'on examine la nature àr les qualités de la nouvelle Porcelaine, èr où l’on donne une idée générale de la maniére de la faire. Par M. DE REAUMUR. L IDÉE Ja plus nette qu'on fe puiffe faire de Ia nature de la Porcelaine, de fon caractere efentiel & diftinctif, c'eft de la regarder comme une matiére à demi-vitrifiée, comme une matiére dont l'état eft moyen entre celui de la Terre cuite, de nos Poteries de terre, & entre celui du Verre. C'eft en partant de cette idée que je fuis parvenu à connoître quels étoient les vrais principes de l'Art de faire de la Por- celaine, & que je les ai expliqués dans des Mémoires im- # Mem. & primés en différentes années parmi ceux de l’Académie *. 727 J'y ai montré qu'il y avoit deux maniéres générales de faire Dem. 1729. de la Porcelaine. L'une, de faifir atiére vitrifiable fu Mem. 1729. de la Porcelaine e, de faifir une m v r ?4e325: Jaquelle le feu agit fortement dans le paffage de l’état de Terre cuite à celui de Verre, de la faifir lorfqu'elle n’eft en- core qu'imparfaitement vitrifiée. La feconde maniére générale * Ce Mémoire, compolé depuis plufreurs années, ne fut Iû qu'à l’Affemblée publique de l’Académie, d’après Pâques 1740. Mais on a cru en devoir avancer l’impreffion, pour fatisfaire à l’empreffement de ceux qui ont témoigné defirer de travailler à faire de la Porcelaine fur les principes qui y fontexpliqués. DIE Sri SuG AMEN CuErSmaM 37% demande qu’on compofe une Pâte de deux matiéres réduites en poudre, dont lune puifle réfifter au feu le plus violent, le foûtenir fans devenir Verre, & dont l'autre puifle être facilement vitrifiée. Après que le feu a agi fur les ouvrages faits de cette pâte, & que celle des deux matiéres qui peut être vitrifiée, l’a été, il en réfulte un compofé qui n'eft- Verre qu'en partie, ou qui eft de la Porcelaine. ét C’eft fuivant le premier de ces procédés qu'ont été faites toutes les efpeces de Porcelaines dont il y a eu des Fabriques établies en Europe, comme celle de S.t Cloud, celle du Faux- bourg S.t Antoine, celle de Chantilly & celle de Saxe, Quoiï- qu'entre ces Porcelaines il y en ait de très-belles, de com- parables en beauté à celle de la Chine, qui eft la plus efti- mée, il eft toujours aifé de découvrir que leur nature differe de la nature de cette derniére. Pour les avoir dans l'état où on nous les montre, on les a fouftraites à une trop longue & trop puiflante action du feu : fi on les expofe à un degré de feu plus violent que celui à qui elles doivent ce qu’elles font, il acheve de les vitrifier, & les fait pafler de leur état de Porcelaine à celui de Verre. Mais la Porcelaine de Ia Chine, dont la nature eft d’être compofée en partie d’une matiére qui n’eft point ou prefque point vitrifiable, peut fe foûtenir contre un feu extrémement violent ; il peut agir fur elle, fans Jamener à être du Verre. Nous ne nous en fommes pas tenus à cette théorie géné- rale de la Porcelaine : nos recherches nous ont conduits à connoître les deux matiéres eflentielles à celle de Ia Chine; elles nous ont appris ce que c’eft que le Petuntfe & ce que c'eft que le Kaolin dont on la compofe. Enfin ces mêmes recherches, & un grand nombre d’effais dont elles ont été fuivies, ont prouvé que nous avons en France des matiéres de même nature que celles qui font employées à la Chine, & capables de donner d'auffi belle & d'aufli parfaite Porcelaine. . Je nai pourtant pas diffimulé les obftacles qui nous devoient faire craindre de n’en pas voir des établiflements réuffir en grand. Il faudroit la pouvoir donner à auffi bon marché que Aaa i > MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE celle de la Chine, car ce feroit peut-être trop que d'exiger que nous achetaffions plus cher des ouvrages, lorfqu'’ils n’auroient de plus que le mérite d’avoir été faits chés nous. Or les Chi- nois exércés depuis long-temps dans l'art de faire de la Por- celaine, ont un grand avantage fur nous, & qu'ils confer- veront apparemment, celui de nourrir un ouvrier pour un fol par jour. Un Etranger, qui a beaucoup de connoiffances & de génie, après avoir travaillé à faire de la Porcelaine fur les principes que j'ai donnés, a pourtant offert d'en faire des établiffements en France, & a cru pouvoir promettre de Ja débiter à un prix qui feroit bien au deflous du prix de celle de la Chine. Je fouhaite que les expériences qu'il fe difpofe . à faire en grand, diffipent la crainte que j'ai que fes calculs de dépenfe ne foient pas auffr exaéts qu'il feroit à defirer. I refte une troïfiéme maniére de faire de la Porcelaine, qui a été ignorée jufqu’ici, que je me fuis contenté d’an- noncer dans les Mémoires que je viens de citer, & que je me propole de faire connoître aujourd’hui. Je n'ai pas encore porté cette nouvelle méthode à un point de perfeétion tel qu'elle puifie donner de la Porcelaine qui le difpute en beauté aux Porcelaines antiques ; mais elle peut aétuellement nous en fournir qui ne fera inférieure aux meilleures en aucune des qualités effentielles, qui leur fera même fupérieure en quelques-unes, & enfin qui fera moins chere que la Porcelaine commune de la Chine. Ce n'’eft pas par leurs chef-d'œuvres, par leurs produétions les plus rares, que les Arts nous font le plus utiles, c'eft par des ouvrages moins parfaits qu'ils four- niflent à nos ufages ordinaires. Le Potier qui ne nous donne que des Pots vernifiés, faits de la terre la plus commune & la plus groffiére, mais qui nous les donne prefque pour rien, nous eft plus utile que ne nous le feroit l’ouvrier qui nous feroit acheter à un grand prix des Vafes qui égaleroient en beauté Ja Porcelaine précieufe à la Chine même. Enfin la nouvelle efpece de Porcelaine n’eût-elle pas pour nos ufages toutes les utilités que je femble en promettre, elle auroit au moins de quoi intéreffer la curiofité des Phyficiens, par Ja ns DES, SCIENCES. 37% fingularité & la fimplicité des procédés qui fa produifent, & parce qu'elle peut leur donner beaucoup de connoiffances nouvelles fur la nature du Verre. ‘ft avec le Verre même que je fais la nouvelle efhece de Porcelaine. J'ai déja dit aïlleurs qu’on pouvoit faire entrer le Verre dans la compofition de Porcelaines, qui auroient le caractere de celle de la Chine ; qu'après l'avoir réduit en une poudre fine, on pouvoit l'aflocier avec fuccès à une ma- tiére non vitrifiable. Ce que nous avons à propofer'actuelle- ment, dépend d'un tout autre principe. C’eft avec le Verre feul que nous voulons apprendre à faire de la Porcelaine ; & cela, fans avoir befoin de le réduire en poudre, ni de toutes les manipulations difficiles auxquelles il faudroit avoir recours pour former des ouvrages avec une pareille poudre. Ce que nous avons à enfeigner, c’eft le moyen de convertir des ouvrages de Verre en ouvrages de Porcelaine fans altérer leur forme ; ou, pour nous fixer à quelques exemples , c’eft de changer des Bouteilles du plus vilain Verre, telles que celles qu’on fert journellement fur nos Tables, en Bouteilles d’une Porcelaine blanche ; c’eft de transformer une Cloche de Verre, telle que celles qui ne font deftinées qu’à couvrir les Plantes dans nos Jardins, en un Vafe qui par fa blancheur puifle mériter d'être mis en parade. On ne sattendroit pas qu'une transformation fi fmguliére püt être faite avec autant de facilité & avec auffi peu de frais qu'elle le peut être. On n'imagineroit pas, ce qui eft pour- tant vrai, que pour changer une de nos Bouteilles à vin en une Bouteille de Porcelaine, il n’en dût coûter guéres plus qu'il en coûte à un Potier pour faire cuire le Pot de la terre la plus groffiére. Les moyens d'y parvenir font fi fim- ples, qu'il n’y a perfonne qui ne puifle être en état de rendre toutes Îles Bouteilles de fa Cave des Bouteilles de Porcelaine, ® Heft aïfé de juger que les ouvrages d’une pareille Porcelaine doivent être donnés à grand marché. On employe moins de-temps & moins d'appareil dans les Verreries, pour faire prendre au Verre les formes qu'on lui veut donner, qu'un Aaa ii 374 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE Potier n’en employe à former les Vafes de terre les plus grofliers. Si quelques ouvrages de Verre ne font pas à grand marché, c’eft lorfque fa compofition de leur Verre demande des matiéres choifies. Or comme fi tout devoit concourir à rabbaifler le prix de la nouvelle Porcelaine, on verra dans la fuite que le Verre par lui-même le moins cher, y eft le plus propre. Mais on demandera, & on doit demander, s’il eft bien réel que le Verre foit converti en Porcelaine; fr cela eft bien pofible ? L'état de vitrification a été regardé comme le der- nier terme de laction du feu fur les corps. On demandera fi je ne me fais point illufion ; fi je ne regarde point comme de la Porcelaine, un Verre dans lequel il ne s’eft fait d'autre altération que celle d’avoir été rendu opaque & un peu blan- cheître, car nous avons des Verres laiteux auflr opaques que la Porcelaine ? Enfin, felon notre définition, la Porcelaine n’eft qu'une vitrification imparfaite, une demi-vitrification; pour rendre le Verre Porcelaine, il faut donc le ramener en partie à fon état antérieur, le dévitrifier en partie. Or cela eft-il poffible? Nous prouverons que cela l'eft. Mais pour difpofer à recevoir les preuves que nous avons à en donner, : nous ferons remarquer que la Chymie nous a appris que nous pouvons faire reparoître fous leur premiére forme les métaux qui nous ont femblé vitrifrés. On fçait que les Verres doivent les couleurs par lefquelles ils imitent les Pierres les plus pré- cieufes, à des matiéres métalliques. J'ai quelquefois pris plaïfir à revivifier le Cuivre, à faire reparoître fous fa pre- miére forme, celui auquel du Verre devoit fa couleur rouge. H ef aifé de retirer le Plomb de ces Verres, dont il augmente fi confidérablement le poids, & à qui il donne une couleur jaune. La révivification du Verre d'Antimoine eft très- connuë. Si les métaux parfaits, fi les métaux imparfaits, tels que l'Antimoine, après avoir été conduits à l'état de Verre, peuvent être révivifiés, être ramenés à leur premier état, eft-il bien für que les Sables & les Cailloux pulvérifés, après avoir été rendus du Verre ordinaire, ne puiflent pas auffr DES SCtrENCESs. être ramenés en partie vers leur premier état, fur-tout fr des ‘ matiéres minérales entrent dans leur compofition ? C’eft an moins ce qui méritoit d'être examiné ; & ce font les eflais que j'en ai faits, qui m'ont découvert la nouvelle elpece de Porcelaine. Mais avant que d'expliquer les moyens de la faire, je crois devoir prouver qu'aucun des caracteres eflentiels à la bonne Porcelaine ne lui manque. Un des moins équivoques, comme nous l'avons établi dans d’autres Mémoires, eft celui que nous fournifient fes caffures. Celles de tout Verre & de tout Email, ont un poli, un luifant, qu'on ne voit point aux caflures des vrayes Porcelaines : celles-ci ont des grains, & c'eft en partie par la finefle des grains que les caflures de la Porcelaine different de celles des terres cuites ; & c’eft enfin par la groffeur & la difpofition de leurs grains que les Por- celaines different entrelles, & qu’elles s'éloignent ou s'appro- chent plus ou moins du Verre. Notre Porcelaine par tranfmu- tation, par revivification, notre Porcelaine de Verre, car nous demandons qu’il nous foit permis de la défigner par ces diffé- rents noms, a des caflures qu'on ne fçauroit confondre avec celles d'aucun Verre. Elles font bien éloignées de montrer du brillant, du luifant, elles ont une efpece de mat-fatine. Ses caflures d’ailleurs ont non feulement le blanc qui paroît fur la furface de la piéce entiére, elles en ont un qui furpañle celui-ci. Aufli n’y auroit-il rien à defirer pour la beauté de cette Porcelaine, fi on étoit parvenu à donner à fon écorce la nuance de blanc qu'a fon intérieur. Si les caflures de la Porcelaine par transformation la diftine guent fi bien du Verre, elles la diftinguent auffi de toute autre efpece de Porcelaine. Leur mat eft foyeux ; il femble qu’elle foit compofée de fibres, de filets de foye d’une extrême finefle, couchés les uns contre les autres. Elle n'offre donc pas de fimples grains, elle offre des fibres compolées de grains extrémement fins. La ftruéture de {es caflures eft par-là tout-à-fait finguliére, & donne un caraétere bien marqué, qui diftingue cette Porcelaine de toute autre. Si pourtant on ne 376 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE lui aïmoit pas cette tiffure, fi on la vouloit fimplement grainée comme left la Porcelaine ordinaire, il feroit aifé d'y réuffir. Quand nous expliquerons les meilleurs moyens de faire cette Porcelaine, nous en donnerons de la faire grainée, fr on la veut telle; mais on l'aimera apparemment mieux avec des fibres, lorfque nous aurons parlé des avantages qui lui re- viennent de cette tiflure. 4 Un autre caractere de la bonne Porcelaine, c’eft d’être moins fufible que le Verre, ou plütôt de pouvoir être amenée difficilement à être du Verre : nous l'avons dit ailleurs, c’eft h vraye pierre de touche, la coupelle qui fait diftinguer la Porcelaine de fa Chine de toutes celles d'Europe ; expofée à un degré de feu très-violent, elle le foûtient fans ceffer ’être Porcelaine ; au lieu qu’un degré de feu bien inférieur, réduit les autres à n’être que du Verre. Entre ces derniéres, les unes peuvent être vitrifiées plus ou moins aïfément, felon qu'elles font plus ou moins imparfaites ; mais il n'en eft aucune de ces derniéres qui puifie foûtenir un feu pareil à celui auquel réfifte notre Porcelaine par transformation. Les Tafles qui en font faites, pourroient fervir de Creufets dans lefquels on fondroit les Porcelaines d'Europe. Enfin dès que nous aurons expliqué les principes d'où dépend fa formation, ä fera aifé de juger qu'on pourra la rendre auffi fixe qu’on le defirera; peut-être plus fixe, s'il en eft befoin, que celle de la Chine. Voilà donc le Verre réellement transformé dans une matiére qui ne peut être méconnuë pour de la Porcelaine, puifqu'elle en a toutes les qualités effentielles. I eft prefque inutile que nous ajoûtions que quelque froide que foit la nouvelle Porcelame, elle peut recevoir les liqueurs les plus chaudes fans fe cafler ; il n'y a pas à craindre qu'elles y pro- duifent des fèlures comme elles en produifent fouvent dans les autres Porcelaines, & même dans celles des Indes. Rien n'eft plus ordinaire que de voir des T'affes qui ont des fêlures produites par la chaleur, qui les a attaquées trop fubite- ment. Quand notre nouvelle Porcelaine aura été renduë auffr parfaite DES SICHENCES. 377 parfaite qu’elle le peut être, non feulement elfe n'aura rien à craindre des liqueurs les plus chaudes, on pourra l'expofer à des épreuves, & l'employer à des ufages auxquels on n'ofe- roit expofer celle de la Chine. On pourra hardiment & fans précautions la mettre fur le feu. J'ai fait bouillir de l'eau dans des Vales de cette nouvelle Porcelaine, fans les ménager au- trement qu'on ménage en pareil cas les Cafetiéres de terre & celles de fer blanc, A deffein je ne rempliflois pas entiére- ment le Vale d'eau, je le pofois brufquement auprès des char- bons les plus ardents; l'eau s'y échauffoit vite, & bouilloit dans le Vafe ; je le retirois du feu plein d'eau bouillante, & quelquefois je le pofois fur un marbre froid. Après toutes ces épreuves, auxquelles peu de Porcelaines réfifteroient , le Vale étoit parfaitement fain. Quelquefois j'ai fait beaucoup plus, j'ai mis un Gobelet de cette Porcelaine à la Forge, fur des charbons ardents, & dont l’ardeur a été encore animée par des coups de foufflets réitérés pendant près d'un quart d'heure; en un mot, j'ai fait fondre du Verre dans ce Gobelet fans que fa forme en ait fouffert. Nous pouvons donc aflürer que par rapport à nos ufages, il n'eft point de meilleure, & peut-être n’eft-il point d’aufii bonne Porcelaine que celle qui doit uniquement fon origine au Verre. Elle auroiït toutes les prééminences, fi elle avoit de même celle de Ja beauté ; mais je dois avouer que les eflais, que je n'ai pas eu la facilité de répéter en grand autant que je l'eufle voulu, n'en ont pas encore produit qui puifle dif- puter pour la nuance de blanc avec la Porcelaine antique. Mais ne fera-ce pas aflés pour une Porcelaine qui doit être donnée à très-grand marché, f fon blanc eft fupérieur à celui de nos Porcelaines communes, telles que celles qu'on fait dans le Fauxbourg S.t Antoine? s’il eft aufli beau que celui de Ia Porcelaine de S.t Cloud, qu'on vend cher, quoi- qu'elle ne foit que médiocrement bonne ? enfin fi fon blanc n'eft pas inférieur , & s’il eft même fupérieur à celui de beau- coup de Porcelaines qui nous viennent des Indes ? Or les €flais m'en ont donné de telle ; & je n'ai garde de croire Mem, 1739. . Bb 378 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare que les Porcelaines de Verre ne puiffent pas prendre un blane plus parfait que celui que je fuis parvenu à leur donner. La blancheur de leur intérieur me prouve trop évidemment le contraire , elle furpaffe toüjours celle de leur furface exté- rieure; & quoique je n’aye pas réuffi encore à les faire auffi blanches extérieurement qu'intérieurement, je ne crois pas qu'il foit impofible d'y parvenir. Quand j'entrerai dans le . détail des obfervations fur le choix des Verres les plus conve- nables, on verra combien il y a de différence de Verre à Verre par rapport à la couleur qu'ils acquiérent en fe trans- formant en Porcelaine; or malgré le grand nombre des eflais que jai faits fur différentes efpeces de Verre, il n'eft pas à préfumer que j'aye éprouvé l'efpece qui eft la plus propre de toutes à être convertie en belle Porcelaine; une infi- nité de circonftances qui m'ont manqué, & fur-tout celle d’avoir un Fourneau de Verrerie à madifpofition, m'ont mis hors d'état de faire faire les Verres que je croyois les plus convenables ; il a donc fallu me fervir de ceux qui fe font journellement dans une toute autre vüëé. Si on eft parvenu avec des Verres pris tels qu'ils fe trouvent, à faire de la Porcelaine paffable, ne doit-on pas efpérer qu'on parviendra à la faire beaucoup plus belle, lorfqu'on fera compoler les Verres qui y feront les plus propres? Une infinité d'autres circonftances qui ne fçauroient être expliquées que lorfqu'on fera inftruit de la maniére dont fe fait la transformation du Verre en Porcelaine, me perfuadent que je fuis bien éloigné d'avoir donné à la nouvelle Porcelaine la perfection à 1a- quelle elle peut atteindre. La maniére de la faire eft un art tout nouveau, & il n’eft point d’art qui dès fon origine ait fait tous les progrès qu'il peut faire. La Porcelaine antique de la Chine, tout antique qu'elle eft, n'eft pas apparemment auffi ancienne que l’art de compofer la Porcelaine. Pour perfectionner notre nouvel Art, il faut faire des recherches fur les différentes fortes de Verre, femblables à celles qui ont été faites par rapport aux anciennes Porce- laines, fur les Terres & fur les Pierres ; & c’eft parce que j'ai D ES, SCIE N C E S t 379 toûjours efpéré de trouver les occafions & le temps de faire ces recherches, que j'ai différé depuis plus de vingt ans à donner ce nouvel Art au Public. Je me le reproche aujour- * d'hui; d’autres auroient peut-être achevé de le perfectionner, _ fi je l'euffe fait connoître plütôt. + Quoique le blanc foit ordinairement le fond de fa cou- leur de la Porcelaine, on en fait dont le deflus eft en entier de quelque autre couleur. On a des T'afles-à Café brunes, on les appelle des Capucines ; on en a de toutes bleuës, de ver- dâtres, &c. Sans autres façons, & même fans autres frais que ceux qu'exige la converfion du Verre en Porcelaine pour le blanc, on pourra donner aux ouvrages différentes couleurs, comme différents bruns plus ou moins foncés, & tous agréa- bles, ou des couleurs plus claires, comme celle d'Agathe; on pourra même les rendre d’un beau noir. Mais ces couleurs ne feront que für la furface extérieure, comme elles font fur celle de la Porcelaine ordinaire, l'intérieur confervera toute fa blan- cheur. Enfin il eft inutile de dire que fi on veut embellir & renchérir nos Porcelaines par vitrification, elles recevront, comme les autres Porcelaines, toutes les couleurs qu'on vou- dra appliquer fur leur extérieur, & qu'il fera de même aifé de les y incorporer. Ce ne font-là après tout, que des accef- foires : en fait de Porcelaine, l’eflentiel eft la matiére dont elle eft compofée. : Mais pour mettre mieux en état de juger des avantages de cette nouvelle méthode de faire la Porcelaine, & pour faire voir aux Phyficiens ce qu'elle a de fingulier, venons | enfin à donner une idée générale des procédés qu'elle exige, -& de la route qui nous a conduits à les trouver. Toutes les recherches de Phyfique & de Méchanique fe tiennent, & fe tiennent beaucoup plus qu'on ne limagineroit. Je n'eufle certainement pas imaginé, lorfque je commençai à chercher les moyens de convertir le Fer en Acier, & ceux de rendre traitables les ouvrages de Fer fondu, que j'étois fur la voye de trouver une nouvelle façon de faire de la Porcelaine. J'y ai pourtant été conduit par ces mêmes Re que je il ÿ 380 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE faifois par rapport à Acier & par rapport au Fer fondu; &c j'avois en vüë ce qu'elles m'avoient appris par rapport à la Porcelaine, lorfqu’en finiflant de décrire l'Art d’adoucir le Fer fondu, j'ai dit qu'il me reftoit à communiquer des faits curieux & utiles fur des matiéres qui avoient du rapport avec celle que je venois de traiter. Toutes les expériences fur le Fer, foit fondu, foit forgé, ou prefque toutes les expériences dont il s’agifloit alors, avoient été faites par des Recuits; c'eft-à-dire, que les ouvrages, foit de Fer, foit de Fonte, avoient été renfermés dans des Creufets bien lutés, entourés de certaines Poudres, telles que celles de Charbon, de Suye brûlée, d'Os calcinés, foit feules, foit mêlées enfemble, foit mélées avec des Sels. Les Creufets étoient enfuite expolés à un long feu plus ou moins violent, felon que l'on jugeoïit que l'opération le demandoit. La Chymie, qui nous a fourni tant d'expériences faites par la voye de la fufion & de la calcination à feu ouvert, & par la voye des diftillations, a, ce femble, trop négligé celles qui fe font par la voye qu'elle a nommée de cémentation, & qui eft ce que dans des arts plus groffiers on nomme des recuits. Ce que la cémentation ou les recuits operent par rapport à la conver- fion du Fer en Acier, & par rapport à l'adouciffement du Fer fondu, devoit, ce me femble, nous en faire efpérer beaucoup d’autres productions fnguliéres & utiles. C'eft peut-être la façon d'opérer qui approche le plus de celle de la Nature, qui ne fait fes mêlanges que doucement & im- perceptiblement, & qui de même ne décompole les corps que peu-à-peu, que très-lentement. Tout eft mêlé trop bruf- quement par la fufion, & fouvent les matiéres, avant que d'être mêlées, ont fouffert trop d’altération ; les calcinations & les combuftions font trop promptes; mais la chaleur que fouffre un corps folide pendant un recuit de Jongue durée, dilate fes parties, elle les écarte, elle ouvre des milliers de pañlages où s’infinuent les particules volatiles qui font dé- tachées continuellement des matiéres qui le touchent de tous côtés, ou des particules propres à ce corps s’en échappent ; fa À 4 4 4 i # 8; x | DES SCIENCES. ! 38+ compofition s’altere, fe change infenfiblement, & après le recuit il n’eft plus le même; on a un nouveau compolé ; on a un compolé dans un état très-différent de celui où il étoit avant que d’être renfermé dans le Creufet. L'idée que j'avois de cette façon de faire agir le feu, m'a porté à éprouver l'efficacité des recuits fur différentes efpeces de matiéres, foit métalliques, foit fimplement minérales. Ce n'eft pas à préfent le lieu de rendre compte de tous ces effais, dont plufieurs même n'ont été ni aflés fuivis, ni aflés variés, Je fouhaite que quelqu'un veuille fe charger de pouffer ces fortes d'expériences plus loin que je n'ai fait ; je fuis con- vaincu que fon travail fera récompenf£é par des obfervations fatisfaifantes. Mais ce qui doit exciter à de pareilles tenta- tives, ce font celles dont j'ai à rendre compte à préfent, & que je fis fur le Verre. Quoiqu'on l'ait regardé comme le dernier terme de l’action du feu, je voulus voir fi le feu n'y produiroit point des altérations confidérables, lorfqu’il feroit renfermé dans des Creufets bien lutés, & remplis de quelques matiéres actives. J'avois aflés fuivi la compofition du Verre, pour m'être fait un fyfteme qui me fembloit l'expliquer avec vraifemblance. Ce fyfteme me conduifoit à penfer que le Verre commun, le Verre fait avec les Sables, les Caiïlloux, les Cendres, pourroit peut-être être décompolé, comme le peuvent être les Verres métalliques, & cela, fi on intro- duifoit dans le Verre des matiéres fulfureufes ou des Sels même de la nature de ceux qui loin “d’être favorables à 1a vitrification , lui font contraires. Quoi qu’il en foit de cette idée, elle me détermina à renfermer des morceaux de diffé- rents Verres dans des Creufets bien lutés, où les uns étoient environnés de toutes parts de poudre de Charbon, les au- tres d'un mélange de poudre de Charbon, de Suye & de Sel marin, tel que je l'ai employé pour l'Acier ; les autres Yétoient de poudre d'Os, ou d’un mêlange de cette poudre & de Charbon, dont j'ai appris qu’on pouvoit faire ufage pour adoucir les ouvrages de Fer fondu. Le feu fut donné plus ou moins long-temps à ces différents effais : quelques-uns Bbb iij 382 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoxaLr le foûtinrent pendant un jour, & d’autres davantage, Le détail des fuccès de ces premiéres épreuves feroit fong * & inutile actuellement. Il fufit de fçavoir que plufieurs me firent voir des morceaux de Verre totalement méconnoif- fables. On ne pouvoit les reconnoître que par leur forme extérieure qu'ils avoient confervée. Plufieurs avoient entié- rement perdu cette tranfparence qui nous femble prefque eflentielle au Verre. Les caflures de ces mêmes morceaux me firent voir des changements encore plus grands que ceux que leur extérieur annonçoit; au lieu d’une caffure d’un poli vif & brillant, je trouvai des caffures telles que je les ai décrites au commencement de ce Mémoire. Elles étoient d’une très- grande blancheur, & montroient des filets extrêmement fins, couchés avec régularité en ligne droite les uns à côté des autres. En un mot il n’eft point de caflure d'aucune efpece de Pierre opaque qui paroifle plus différente des caflures du Verre, que celles des Verres recuits différoient de celles de pareils Verres non recuits. Qui m'eût offert de pareille ma- tiére fans me dire fon origine, je ne l’eufle certainement pas appellée du Verre, & je n'aurois pas imaginé qu'elle en eût été autrefois. Je vis donc que mes Recuits avoient opéré dans le Verre une compofition, ou, f1 l’on veut, une décompofition très- finguliére. IL étoit naturel de fonger à avoir des Vafes de ce Verre métamorphofé ; il étoit à préfumer qu'ils devoient avoir d'excellentes qualités, qu'ils pourroient être expolés brufquement au feu fans rifque. Tout ce que mes premiers eflais me donnerent de Verre transformé, étoit très-noir à fa furface ; les poudres, & d’autres circonftances qu'il n’eft pas temps de rapporter, en étoient la caufe. D'ailleurs ces Verres étoient devenus abfolument opaques. Il n''auroit toû- jours paru curieux d’avoir des ouvrages d’une matiére fi par- ticuliére ; mais j'efperai plus, j'efperai que puifqu'’on ôtoit totalement la tranfparence au Verre par cette voye, qu'en faifant un ufage plus modéré des moyens qui l'avoient rendu opaque, on pourroit lui laifler un degré de tranfparence DES SCIENCES: 1 383 moyenne, une demi-tranfparence, telle que celle de la Por- celaine. J’efperai aufli qu'en me fervant de diverfes autres matiéres pour recuire le Verre, j'en rencontrerois quelqu’une qui, quoique capable de produire cet effet, conferveroit à la furface du Verre recuit, cette blancheur qu’avoit tout fon intérieur. En un mot il me parut que le Verre pourroit être transformé en une nouvelle efpece de Porcelaine. Voilà où j'ai été conduit par mes premiéres recherches. - Quelque vrai qu'il foit que le hazard nous fert beaucoup . dans nos découvertes, il ne l’eft pas moins qu’il ne nous fert pour l'ordinaire qu'autant que nous avons des vüës qui nous rendent attentifs à ce qu’il nous préfente. Il doit être arrivé cent & cent fois qu'après avoir caflé des Cornuës ou des Matras de Verre qui, lutés, avoient été expolés à un grand feu ; il doit, dis-je, être arrivé cent & cent fois qu’on en ait vû dont le fond avoit été rendu blancheâtre & opaque. Je ne {çais pourtant que M. de Montamis, Gentilhomme de M. le Duc de Chartres, qui, après avoir remarqué un fond de Matras en cet état, ait fait attention qu'il fembloit avoir été rapproché de l'état de la Porcelaine. M. de Montamis, ui, à beaucoup de connoïflances, joint un grand goût, bien de Fadrefle & de l'intelligence pour Îes expériences, tra- vailloit à en faire pour avoir des Verres opaques & colorés, lorfque le fond d'un tel Matras , qui avoit été couvert de Chaux, soffrit à fes yeux. L'obfervation lui parut finguliére, & il crut devoir éprouver ce que pourroit de la Chaux fem- blable à celle qui avoit luté le Matras fur du Verre renfermé dans un Creufet. Cette expérience lui donna des morceaux de Verre qui lui parurent tenir de la Porcelaine. Il me les apporta pendant l'hyver 1740, pour fçavoir fi je les regar- deroïs comme tels. 11 fut fort content, lorfque non feule- ment je le confirmai dans l'idée qu'il en avoit, mais que je lui fis voir que cette maniére de faire de la Porcelaine, pou- voit devenir un art utile que ÿavois réduit en régles, & que je lui montrai les différents ouvrages que ce nouvel art m'avoit produits. 384 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE - Mais lorfque je fis, il y a plus de vingt ans, mes pre: miéres expériences fur la converfion du Verre en Porcelaine, lorfque j'en fis de telles que celles qui ont réuflr à M. de Montamis, je ne prévoyois pas toutes celles qui me reftoient à faire. Ce n'étoit pas aflés que de fçavoir faire changer au Verre de nature, il falloit lui en faire changer au moyen des matiéres les plus propres à le faire paroïtre après fa méta- morphofe, une Porcelaine d’un blanc agréable. De combien de matiéres différentes m'a-t-il fallu l'environner fucceflive- ment pour éprouver ce qu'elles peuvent ! Les Verres mêmes n'ont fourni matiére à une longue fuite d’eflais ; il y en a dont les qualités font très-différentes ; il y en a beaucoup d’efpeces qu’on tenteroit fans fuccès de rendre Porcelaine, & entre les efpeces en qui ce changement peut être fait, il y en a qui ne font propres qu'à en donner de très- vilaine. Enfin les expériences faites en petit fur des morceaux de Verre, n’inftruifoient pas aflés fur la maniére de travailler en grand, fur celle de transformer des ouvrages entiers de Verre en ouvrages de Porcelaine. Il falloit trouver des maniéres commodes de donner des degrés de feu convenables. D'au- tes difficultés même auxquelles je ne m'étois pas attendu, fe font préfentées dans le travail en grand. Enfin il a fallu réduire en art la maniére de faire la nouvelle Porcelaine, & trouver tous les préceptes de cet art. On fent bien que ces préceptes ne fçauroient être affés détaillés & expliqués dans un feul Mémoire; j'en employerai plufieurs à rapporter les éclairciffements néceffaires. Mais je ne fmirai point celui-ci, fans donner au moins une idée groffiére de la fimplicité à laquelle a été réduite cette nouvelle maniére de faire de la Porcelaine, & même fans mettre en état de l'éprouver, ceux qui en feront curieux. H faut d'abord choïfir la matiére fur laquelle on veut opérer. Pour mettre en état de faire ce choix, je diftingue les Verres en quatre claffes.s La premiére eft compofée des Verres les plus tranfparents, les plus blancs & les plus ten- dres, c'eft-à-dire, les moins durs & les plus fufibles : tels font ceux DES SCIENCES. 38 ceux que nous appelons des Criftaux. Les Verres blancs des «Fftampes, les Verres à Vitres, les Verres dont nous faifons nos Glaces, nos Verres à boire, & beaucoup d’autres efpeces de Verres, parmi lefquelles il y en a de plus où moins blancs -& de plus ou moinstendres, font rangés dans la feconde claffe. Nous mettons dans la troifiéme clafle tous ceux qui ont une -couleur qu’on ne cherche pas à leur donner, comme font les Verres de nos Bouteilles à vin, ceux des Cloches de Jardin; tels que font fouvent les Verres de la plûpart des Matras & des Cornuës. Enfin nous donnons à la quatriéme claffe tous les Verres colorés par dés matiéres métalliques , & qui en font #ort chargés, parmi lefquels les Emaux tiennent le premier rang. Nos expériences fur ces différentes fortes de Verre, nous ont mis en état de donner pour regle, que les Verres les plus durs fe recuifent le plus aifément. C’eft inutilement que j'ai tenté de convertir en Porcelaine le Verre appellé Criflal, & tous les Emaux. Avec des précautions, on peut changer en Porcelaine les Verres à Vitres, les Verres à Æftampes, & les Verres appellés Glaces. Mais il paroïtra fingulier que les Verres les plus beaux & les plus tranfparents ne donnent pas d'aufir belle Porcelaine que la donnent ceux de la troifiéme clafle, qui nous déplaifent par leur vilaine couleur; un morceau de da plus belle Glace ne peut parvenir à {a blancheur que prend le Verre d’une très-vilaine Bou- teille. Entre les Verres de la troifiéme clañle, il y en a qui méritent d'être préférés aux autres, & il y en a même qui doivent être abfolument rejettés ; mais nous ne pourrions apprendre à les diftinguer les uns des autres, fans nous jetter dans de longs détails. Nous ne nous engagerons pas même actuellement dans Fexamien qui peut nous faire connoître les différentes qua- dités des matiéres pr oprés: à opérer. Nous nous contentérons d'apprendre qu'une des matiéres des plus propres à changer le Verré en une Porcelaine blanche, c'éft le Gyps calciné, c'éft-à dire, icette ‘maticre appellée vulgairement du Take, Mem. 1739. IG 386 MEMOIRES DE L'ACABEMIE ROYALE & dont les Carriérés de Pltre de Montmartre, & d’autres lieux des environs de Paris, nous fourniffent abondamment, Le Sable peut auft opérer cette transformation, & un mé- lange de Sable très-blanc, tel que celui d'Etampes avec le Gyps, donne une poudre compofée qui doit être employée par préférence au Gyps feul, ou au Sable feul. Lorfqu'on a choïfi des ouvrages d'un Verre convenable, & qu'on a provifion de Gyps bien blanc, calciné & bien pulvérifé, rien n’eft plus fimple que de les convertir en ouvrages de Porcelaine. Ceux qui font un peu au fait des pratiques des Arts, fçavent que les Fayenciers font cuire leurs ouvrages dans de grands Vafes de terre cuite, qu'ils appellent des Gagettes. On aura de ces Vafes de terre cuite, ou d’autres pareils, il n'importe, c'eft-à-dire, des efpeces de très-grands Creufets. On mettra dans ces Vafes, dans ces très-grands Creu- fets, les ouvrages de Verre qu'on voudra convertir en Porce- line. Onremplirales ouvrages & tous les vuides qu'ils laiflent entr'eux, de la poudre faite d’un mêlange de Sable blanc & fin & de Gyps. On aura attention de faire en forte qu'elle touche & prefle les ouvrages de toutes parts, c'eft-à-dire, que ceux-ci ne fe touchent pas immédiatement, & qu'ils ne touchent pas non plus les parois du Creufet. La poudre ayant été bien empilée, bien preflée, on couvrira la, Gazette, le Creufet , on le lutera ; & tout ce qui dépend de l'Artifte fera fait; ce fera au feu à achever le refte. On portera la Gazette, le grand Creulet, chés un Potier de terre, pour être mis dans fon Fourneau , & dans un endroit où l'aétion. du feu eft forte. Quand la fournée de Poterie de terre fera cuite, on retirera le Creufet. Lorfqu'on ouvrira, on aura le plaifir de voir que les ouvrages de Verre feront devenus d’une belle Porcelaine blanche. La même poudre qui a fervi pour Ja converfion des premiers ouvrages, peut fervir pour celle de beaucoup d’autres; & je ne fçais s'il vient un temps où. l'on doit cefler d'employer celle qui. a fervi. Au lieu que nous n'avons mis qu'une feule Gazette dans le Fourneau, on voit a DES SCIENCES. 387 bien qu'on y en peut mettre autant que les Fayenciers en mettent dans les leurs. J'ai regret de ne pouvoir m'arrêter à décrire ici tout ce qui fe pafle pendant que fe fait la converfion du Verre en Porcelaine ; de ne pouvoir raconter affés en détail comment le Verre qu'on recuit, prend fucceffivement différentes nuan- ces de bleu ; dans quel temps fa furface commence à blanchir; de faire remarquer qu’alors il eft entouré d’une couche, d'une enveloppe de fibres très-courtes, dont chacune eft perpen- diculaire à la furface d’où elle part ; comment ces fibres s'allongent, & comment celles de deux furfaces oppolées, viennent enfin à fe rencontrer vers le milieu de la piéce. Mais je ne finirai point fans faire remarquer que le peu que je viens de dire de cet Art, fufht pour le rendre dès- à-préfent utile à la Chymie. II étoit jufte qu'un art qui lui doit fon origine, travaillât pour elle; il peut lui fournir des vaifleaux tels qu'elle les a defirés depuis long-temps, des vaifleaux qui ayant, comme ceux de Verre, d'avantage de contenir des matiéres qui tranfpireroient au travers de ceux de Terre, n'expoferont plus aux rifques que l'on court avec ceux de Verre. Combien de temps, de feu, & de diverfes dépenfes euflent été épargnées , & combien d'expériences peut-être euflent été amenées à une heureufe fin, fi les Chymiftes euffent pu avoir à leur difpofition des vaifeaux de Porcelaine, & d'une Porcelaine qui, fans fe caffer ni fe fèler, eût réfifté à l’action d’un grand feu? Il ne tiendra à préfent qu’à eux de convertir leurs Cornuës, leurs Cucur- bites, leurs Matras de Verre en vaifleaux de cette Porcelaine. Pour être en état de le faire, ils n’ont pas befoin d’inftruétions plus étenduës que celles que je viens de donner. I leur . importe plus de les mettre en état de réfifier au feu, que de eur donner un blanc admirable ; de Ja Porcelaine brune par dehors leur fera aufi bonne que Ia plus blanche. Mais il faudra bien d’autres explications, defcendre dans d’autres dé- tails, pour mettre les ouvriers en état d'exercer ce nouvel art, Ccci 388 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & de le perfectionner en même temps. Ce qu'il y aura de plus difficile, ce fera d'avoir des ouvrages de Verre de qualité convenable. Peut-être même que le nouvel Art demandera que les Gentilshommes Verriers acquérent par l'habitude Ia facilité de faire des ouvrages de différentes formes avec des Verres qui ne font pas auffi traitables que ceux qu'ils façon- nent ordinairement. Cet obftacle, que j'avois regardé comme un des plus grands de ceux qu’il y auroit à furmonter, m'a paru cependant moins confidérable que je ne l'avois jugé d’abord, depuis que j'ai engagé des ouvriers de Verrerie à me faire des Vafes de différentes formes avec un des Verres qui m'a paru le plus propre à être-converti en Porcelaine. DES SCIENCES 389 OBSERVATION De l'Eclipfe de Lime; du 8 Septembre 1737, faite a Quito. Par M GopDin. N Ous defcendimes tous des Montagnes fur lefquelles nous étions occupés, chacun de notre côté, à prendre des Angles néceffaires à la mefure de la Méridienne, pour venir obférver cette Eclipfe à Quito ; d'autant mieux que de-là nous devions pafler , à l'égard de cette Ville, vers un côté oppolé à celui où nous étions auparavant. Le 8 Septembre, M. D." Jorge & moi nous réglimes par des hauteurs du Soleil, la Pendule dont nous voulions nous fervir ; mais la nuit fuivante, quelque temps après YEclipfe, elle fut arrêtée. Le 9 , nous effayämes de reprendre de nouvelles hauteurs, dont nous ne pûmes avoir les corref- pondantes après midi. Nous réfolümes donc de la comparer à la Pendule de M. Bouguer, dont l'état & la marche étoient bien connus, & par-là nous fçûmes auffi l’état de la nôtre, & nous fümes en état de réduire au temps vrai les obfer- vations que nous avions faites au moyen du midi vrai que nous avions eu le 8. Nous obfervâmes prefque tous enfemble, mais cependant fans trop nous communiquer les moments auxquels nous jugions les phafes. Voici mon obfervation particuliére, faite avec une Lunete de 7 pieds, armée d’un Micrometre, mais dont je ne pus faire que très-peu d’ufage, & prefque feule- ment pour connoître la grandeur de l'Eclipfe. Le 8 Septembre 1737 au foir, Temps vrai, A 8h55’ 8” commencement de l'Eclipfe, difficile à juger. 8 58 44 Tombre à Harpalus. 9 1 49 ..., + à Heraclidese v Ccciÿ Quito, 13 Septemb. 1737 390 MEMOIRES DE L'ACADEM1E ROYALE 9" 3° 33" Ariflarque tout entier dans l'ombre. NOM OM 64 be be et be Vi Vi et et et je be 24 dt et Ed © 0 © © o © © o © © © © © © © © © © o \ \b \5 Ws L © LL \o es w% W 9 9 7 48 10 49 12 o 12 10 118100 24 10 25 40 27 590 29 55 34040 57 12 58 34 Helicon dans l'ombre. l'ombre à Platon. Eratofthene dans l'ombre. l'ombre à l'autre bord de Platon. pie Us à Timocharis. Kepler entre dans l'ombre. l'ombre à Copernic & à Mare ferenitatis. l'ombre au milieu de Copernic. Copernic entiérement couvert. l'ombre à Grimaldi, mais déja la pointe Nord 2 difparu. l'ombre à Manilius. ... à Menclaüs. l'Etclipfe eft de 54 9° 12. l'ombre à Pline. Grimaldi fort de l'ombre. lEclipfe eft de 54 29°. Jombre à Mare crifium. CIS a nProciuse MARNE au milieu de Mare crifium, lEclipfe eft de 54 29°. l'ombre à Dionyfius & à Promontorium fomnis, l'ombre paffe par le milieu de Kcpler. Reïinholdus hors de l'ombre, Galilée hors de l'ombre. tout Mare crifium dans l'ombre, & tout Kepler forts Dionyfius découvert. L'Eclipfe eft de 54 29°, TEdlipfe eft de sä 9 12°. Copernic Ariftarque Eratofthene Manilius Mare crifium commence à fortir. Menelaüs Plinius hors de l'ombre, Heraclides hors de l'ombre. DES SCIENCES. 391 1x8 3’ 23” Proclus 11 4 20 Helicon 11 11 44 Platon 15 13 25 Mare ferenitatis 117 15 $ Mare crifum hors de l'ombre, 11 15 44 Ariftoteles 11 19 so Cleomedes 11 21 $6 Meffahala 11 23 12 Hermes x1 30 47 fin de l'Eclipfe. ‘Au commencement & dans es premiéres phales, l'ombre fe diftinguoit à peine de la penombre ; dans la fuite elle fut aflés bien terminée, particuliérement vers le milieu de YEclipte. = Lorfque ombre fut prête à couvrir Ariffarque, nous re- marquâmes tous qu'en cet endroit elle n’étoit pas circulaire, mais échancrée, à peu-près en ellip{e, fort allongée, de plus d'un doigt de grand axe, & d'environ + de doigt de finus verfe. Le Cercle fuireur de la lumiére & de l'ombre, où Yhorifon terreftre, expofé alors au Soleil, pañloit pour cet endroit-là, par ces Terres où Mers inconnuës qui font à l'occident de l Amérique feptentrionale, depuis la Californie jufqu'au détroit de Smith. S'A y a dans ce trajet quelque dif- pofition particuliére capable de caufer cet effet, c’eft ce que Jignore. L’aimofphere pourroit y avoir contribué auffi, où enfin le corps même de la Lune : car ïl ne feroit pas im- poffible, vers Ariffarque fur-tout, qui de toutes les T'aches de la Lune nous paroït toüjours la plus vivement éclairée, que la figure & la fituation de cette région fût propre à former cette apparence. I n'eft pas aifé dans ces fortes d'Eclipfes partiales, où les- Taches rencontrent l'ombre fort obliquement, de bien juger de leur immerfion & émerfion, cependant il me paroït que: nous tous qui l'avons obfervée ici, nous accordons affés à cet égard, 392 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE Je n'ai pas trouvé fa grandeur au deflus de 54 29’, & jy ai fait une attention particuliére : je remarque par la comparaifon des phafes que j'ai obfervées vers le milieu de YEclipfe à celles qu'a obfervées M. Bouguer, que j'ai pris alors l'ombre moins étenduë que lui. Je ne fçais ce que d'autres auront obfervé, mais j'ai lieu, ce me femble, d’être content des phafes vers le milieu, l'ombre m'ayant alors paru très-bien terminée. Je trouve ce milieu par le commencement & Ia fin, à r1oh 1257" Par les 2 phafes de 54 9’ 12", je le trouve à roh 12° $1"2, Par celles de.....s$ 29 o0...........à10 12,19. Mais celles-ci font trop peu éloignées l’une de l'autre, 1 il 1, sq ENT T4 SUITE DES SCIENCES 393 PPT E D'ELLES SA I D'UNE THEORIE NOUVELLE DE POMPES, Par M. PrTor. 15 donné dans un Mémoire de 1735, un Effai d'une Théorie de Pompes, dans lequel j'ai établi quelques prin- s Aoû 1739 cipes généraux , dont perfonne, que je fçache, n’avoit parlé jufqu'alors : & après avoir fait quelques applications de ces principes fur les calculs de l'effet des Pompes, je détermine le plus grand effet qu'on puifle efpérer des Pompes les plus parfaites, le moteur étant donné. Je paffe enfuite aux Pompes qui ont des afpirants & des efpaces vuides, & je déduis des formules qui font connoître tous les cas où ces fortes de Pompes peuvent réuffir, & ceux où elles ne réufliroient point, Enfin je tire de ces mêmes formules les réfolutions des huit Problemes fur les Pompes, propofés à tous les Sçavants de © J'Europe par M. Parent. J'ai dit au commencement de l'eflai de ma Théorie des Pompes, que perfonne n’avoit donné jufqu'à préfent des Traités particuliers fur ces Machines, quoiqu'elles foient les plus en ufage & les plus utiles de toutes les Machines hydrau- liques. M. Mariotte s’étoit propofé, au rapport de M. de {a - Hire, de compofer un Traité particulier fur les Pompes. M. Parent a annoncé dans le troifiéme Tome de fes recherches de Phyfique & de Mathématique, qu'il donneroit bien-tôt au Public une Théorie des Pompes, mais cet ouvrage n’a point paru. Du refte, tout ce qu'on trouve fur les Pompes dans les recueils de Machines, dans les Traités fur les Hy- . drauliques, ne font que des defcriptions de Pompes dans lefquelles les vrais principes de ces Machines ne font point établis. Voici quelques additions à notre Théorie fur cette Mem. 1739: Le PD'dd 394 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe matiére, que nous efperons de rendre beaucoup plus com- plette. I. Dans toutes les Pompes, foit afpirantes, foit refoulantes, la puiflance qui meut le piflon ou qui refoule, eft toüjours chargée, dans l'état d'équilibre, du poids d’un cylindre d’eau qui a pour bafe le cercle de Ja bafe du pifton, & pour hau- teur celle des tuyaux montants jufqu’au réfervoir où l’eau eft élevée. Ce principe eft connu de tous ceux qui ont quelque connoiffance des machines hydrauliques : il eft généralement vrai, foit que les ouvertures des clapets & foupapes foient différentes, foit que les groffeurs des tuyaux montants foient aufli différentes, foit enfin que ces mêmes tuyaux montent verticalement ou obliquement par des détours & des coudes. Mais la hauteur de ce cylindre d’eau doit-elle être prife de- puis le pifton ou depuis le niveau de l'eau élevée, ou du puifart jufqu’au réfervoir ? 1 y a des cas où il faut prendre cette hauteur depuis le niveau de l’eau, d’autres depuis la bafe du pifton, & cela fuivant les différentes efpeces & formes de Pompes, dont voici quelques-unes des principales de lun & l'autre cas. IT. Lorfque le corps de Pompe eft noyé dans l'eau, comme dans la premiére Figure, où la ligne À B marque le niveau de l’eau, dans ce cas, la hauteur de la colomne d’eau qui a pour bafe le cercle du pifton P, doit être prife depuis le niveau de l’eau ; car lorfque le pifton eft defcenduau bas du corps de Pompe, la partie de cette colomne d’eau qui fe trouve au deflous du niveau À 2, eft foûtenuë par l'eau extérieure qui fait équilibre avec celle qui eft dans le corps de Pompe jufqu'au niveau À B. IL Lorfqu'il y a un tuyau d’afpiration £ F, comme à la feconde Figure , dans ce cas, il faut encore prendre la hau- teur de la colomne ou cylindre d’eau depuis le niveau A2 ; car quoiqu'il paroiïffe que le pifton P ne foit chargé que de l'eau contenuë dans les tuyaux montants CD, à caufe de Yafpiration, le poids de Fatmofphere qui pefe fur la furface de l'eau 42, & la fait élever jufqu'au pifton, pefe auffi de la DES SCrENCESs 395 même quantité fur le pifton ; de forte que l’on peut dire que le pifton eft chargé non feulement de l’eau qui eft au deffus de lui dans les tuyaux moñtants CD, mais auffi par celle qui éft au deflous jufqu'au niveau À 2. IV. Lorfque l’eau entre dans le corps de Pompe au deflus du pifton par un tuyau d’afpiration ÆF, comme dans la troi- fiéme Figure; dans ce cas, il ne faut compter la colomne d'eau que depuis le cercle de la bafe du pifton P, car ici Yafpiration fe fait lors de la defcente du pifton, ce qui fou- lage fa levée du poids de 11 colomne d’eau afpirée. V. Ilen eft de même lorfque l'eau eft refoulée dans les tuyaux montants par la defcente du pifton P, comme à fa quatriéme Figure ; car dans ce cas l’eau eft afpirée dans le tuyau d’afpiration EF, & dans le corps de Pompe par la levée du pifton, & enfuite refoulée par le pifton dans le tuyau montant CD, jufqu'au réfervoir. Ainfi dans ce cas, comme dans le précédent, la puiffance qui refoule n’eft chargée dans le premier inftant de fon mouvement ou dans l'état d'équi- libre, que de la hauteur de la colomne d’eau depuis la bafe du pifton jufqu’au réfervoir. VI. Outre le poids de la colomne d’eau que la puiflance qui fait agir le pifton doit vaincre, il y a encore une réfif- tance que la même puiflance doit furmonter, lorfque les Pompes font en mouvement ; cette réfiftance ou cette force provient de la vitefle de l'eau qui eft élevée, principalement à fon paffage par les ouvertures des foupapes ou clapets. J'ai démontré dans le Mémoire de 1735, page 328, que la grandeur & la viteffe du pifton étant les mêmes, cette réfif- tance ou cette force étoit à différentes oùvertures de fou- papes & clapets en raifon réciproque de la quatriéme puiffance des diametres des mêmes ouvertures, ou en raïfon doublée féciproque de leurs furfaces. Sur quoi il eft bon d'obferver que fi le diametre des tuyaux montants étoit plus petit que celui des ouvertures des foupapes, il faudroit compter cette force ou réfiftance de l'eau caufée par fa viteffe, fur le pied de fon paffage le plus étroit dans les tuyaux ue Ddd ïi 396 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE VII. II fuit de ce principe, qu'il faut que les diametres des ouvertures des foupapes & des tuyaux montants foient les plus grands qu'il eft poffñble, & que pour une Pompe par- faite, il faudroit que ces diametres fufient égaux à celui du cercle de la bafe du pifton. Je vais faire ici les calculs de cette feconde force ou ré- fiftance que la puiflance qui meut le piflon doit vaincre ; je: répéterai une partie des raïfons & démonftrations que j'ai données dans mon Mémoire de 1735. On ne fçauroit trop répéter des vérités auffi utiles. VIIT. Je nomme le diametre du pifton P......:. a. Celui de l'ouverture de la foupape S............... db. Le chemin ou la vitefle du piflon................. % La vitefle de l’eau à fon paffage par l'ouverture de la fou- pape, fera exprimée par “7. Mais toute vitefle d'eau peut être regardée comme provenant d’une chüûte dont la hauteur eft exprimée par le quarré de la vitefle ; ainfi le quarré de 4 ; 5 TT ou 4 fera l'expreflion de la hauteur de ce folide d'eau. Si on fa multiplie par la furface de l'ouverture de a 2 . + foupape exprimée par 44, on aura 7 pour l'expreffion de ce folide, dont le poids fera Ia valeur de la force ou ré- fiftance de l'eau à fon paflage par l'ouverture de la foupape. Mais l'eau étant pouflée par le pifton, pour avoir toute Ja réfiftance il faut multiplier la furface de la bafe du pifton, ou 44, par la hauteur SE pour avoir Pts valeur du folide d'eau dont fe poids donne la feconde réfiftance que la puiflance qui meut le pifton doit vaincre. IX. Si lon veut avoir l'expreffion de l'effort total que la puiflance qui meut Îe pifton doit vaincre lorfqu’elle fait agir la Pompe, nous nommerons 4, la hauteur depuis le niveau de l’eau jufqu’au réfervoir dans les deux premiers cas, ou depuis le cercle de la bafe du pifton dans le 3.me & le 4€ cas. Multipliant cette hauteur par 44, expreffion de la bafe du pifton, on aura 4a 4 pour l'expreflion du cylindre DES: SICTE N CES. 397 ou de fa colomne d’eau dont le pifton eft chargé dans l'état d'équilibre, & enfin aak + a fera l'expreffion de l'effort total que Ja puiflance qui meut le pifton doit vaincre. X. Suppolons, pour un exemple, que le diametre du cercle de la bafe du pifton foit de 10 pouces, le diametre de l'ouverture de la foupape de 6 pouces ; que la vitefle du pifton foit de 3 pieds par feconde, & la hauteur du réfervoir au deffus du niveau de l’eau du puifart ou de la bafe du pifton de 100 pieds ; on aura a — 10 pouces, ou À de pied ; b— 4 pouces, ou + de pied; v— 4 pieds par feconde, & A— 100 pieds. Subflitant ces valeurs dans aa 4 + _ , ON aura aa — 2522 de pied cylindrique, dont le poids, à raifon de 5 5 livres le pied cylindrique, eft de 381 9 livres 7 onces, pour la valeur du cylindre ou de la colomne d’eau qui pefe fur le pifton dans l'état d'équilibre. La vitefle de l'eau à fon pañlage par l'ouverture de Ia foupape, étant exprimée par 5, fera de 25 pieds. Or füivant fa regle que M. dela Hire a donnée dans les Mémoires de 1 792, page 266, dont nous nous fommes fervis dans plufieurs de nos Mémoires, fi l'on divife le quarré de la vitefle 2 5, qui eft 625 par 56, le quotient 5 fera la hauteur de 11 chûte capable de 25 pieds de vitefle par feconde : enfin multipliant cette hauteur 25 par la furface de {a bafe du pifton 5 de pied, on aura ses pour le folide du cylindre d’eau, dont le poids, à raifon de 55 livres le pied cylindrique, donne 426 livres 3 onces pour la valeur de la feconde réfiftance que la puiflance qui meut le pifton doit furmonter : enfin fi Von ajoûte les poids de ces deux colomnes d'eau, la fomme 424.5 livres 1 o onces fera l'effort total que la puiflance qui meut le pifton doit vaincre & furmonter pour faire agir la Pompe. XI. Le diametre du pifton étant donné avec fon chemin ou fa vitefe en pieds par feconde de temps, trouver le dia- metre de l'ouverture qu'il faudroit donner à la foupape, afin Ddd iÿ 98 MEmoiRes DE L'ACADEMIE Royare que la feconde réfiflance que la puiffance qui meut le piflon doit vaincre, foit égale à la premiére, c'eft-à-dire, au poids de toute la colomne d'eau qui pee fur le pifton dans l'état d'équilibre. , Ayant nommé, comme ci-deflus, a le diametre du pifton, fa vitefle, & 2 le diametre de l'ouverture de fa foupape, on aura de même que ci-deflus, <= pour l’expreflion de Ja viteffe de l'eau à fon pañage par l'ouverture de la foupape, & mo pour la hauteur capable de cette vitefle. Multi- a vv 566* Ja valeur du folide d’eau, dont le poids eft la valeur de Ja feconde réfiftance que la puiffance qui meut le pifton doit vaincre : mais ce cylindre ou folide d'eau étant, par fa fuppo- pliant cette hauteur par la bafe du piflon, on aura pour . (d A L L fition, égal au premier, on aura aa — ete , d’où l’on tire 4 EN — SE CS ETES TE Si le diametre a du pifton eft de 1 pied, fa vitefle v de 3 pieds par feconde, & la hauteur / de 100 pieds, on trou- vera que le diametre 4 de la foupape doit être de 57 pied, ou de 2 pouces 4 lignes +. XII. Si lon vouloit trouver quelle devroit être la viteffe du pifton avec des diametres donnés du pifton & de l'ouver- ture de la foupape, pour que le fecond effort que la puiffance doit vaincre, foit encore égal au premier, on tirera de la formule ci-deflus, v — _— (564). Sia—1 pied, b— 4 pouces ou + de pied, &4— 100 pieds, on tirera la vitefle à — $55 de pied, ou de 2 pieds 10 pouces 7 lignes par feconde. XIII. Je vais comparer à préfent les efforts réfultants de la viteffe de l’eau à fon paflage par les ouvertures des foupapes de deux Pompes différentes, afin d’en déduire tous les rapports des mêmes efforts ou réfiftances, fuivant les différentes ouvertures des foupapes, les différents diametres \ il | . } {| | 2 DES SCIENCES. 399 des piftons & leurs différentes viteflés. Pour cet effet ; Je nomme les diametres des piflons ....,,, 4 & a Les diametres des ouvertures des foupapes CRE se sens » © 0 too VU & €, Les viteffes ou chemins des piflons....,.. y & Les viteffes de l'eau à l'ouverture des fou- 7 aav ag BTS MErONt Ne eh, os = & Les hauteurs des chüûtes d’eau capables de A . 7 4 ces vitefles, feront exprimées par... 27% gr æ*uu Enfin les expreffions des folides d'eau, dont les poids donnent la valeur des efforts, 6 LE SOYE LQN PRE PAPE le Re LE TU D'où il s'enfuit que fi les diametres des piftons font égaux & leurs vitefles égales, les réfiftances de l'eau feront entre elles comme -+ à +, ou comme 6* à 4#, c'eft-à-dire, én raïfon réciproque des quatriémes puiffances des diametres des ouvertures des foupapes ; ce que nous avons démontré page 328 des Mémoires de l’Académie de 1 735$ X1V. Si les diametres des ouvertures des foupapes & les viteffes des piftons font égales, on aura 4 —€ & w—v, Les réfiftances feront entr'elles comme a‘ à 6, c'eft-à-dire, en raifon direéte des fixiémes puiflances des diametres des bafes des piftons, ou en raifon triplée de la furface de leurs bafes. XV. Si les diametres des piftons & ceux des ouvertures . des foupapes font égaux, on aura a— a, b— 6, & les réfiftances feront entr’elles comme 4 v à uv, en raifon directe des quarrés des viteffes des piftons. XVI. S'il ny a que les diametres des piflons qui foient égaux, les réfiflances de l'eau feront entr’elles comme TT x vu à 7, ou comme CG? à bfvu, c'eft-à-dire, en raifon compofée de la raifon direéte de Ia doublée des vitefles & 4oo MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de Ia raifon réciproque des quatriémes puiflances des dia- metres des ouvertures des foupapes. X VIT. Si les diametres des ouvertures des foupapes font égaux , les réfiftances de l'eau feront entr’elles comme 4°vv à a‘vu, c'eft-à-dire, en raifon compofée des fixiémes puif- fances des diametres des piftons & des quarrés des vitefles. XVIIL Enfin fi les vitefles des piftons font égales, les réfiflances de l’eau feront entr’elles comme _. à , ou comme a‘ G* à a°b*, c'eft-à-dire, en raifon compofée de la raifon directe des fixiémes puiflances des diametres des piftons, & de la raifon réciproque des quatriémes puiffances des diametres des ouvertures des foupapes. XIX. On peut encore faire entrer dans les expreffions énérales des réfiftances ci-deflus, les longueurs de l’efpace que le pifton doit parcourir à chaque levée, & les temps employés à chaque levée, nommant pour cet effet les longueurs des levées ..................... 1 & À, les temps pour chaque levée. .............. 1 & 0. Or on {çait que les vitefles font égales aux longueurs divifées é s CE, LEE : par les temps, ce qui donne v — = & v— + Subfti- tuant donc dans les expreffions générales des réfiftances de G (A Veau & + pour vv & vu, leurs valeurs _ &T, Lt # t on les changera en celles-ci, ns & ne XX. On peut déduire à préfent de ces deux expreffions générales, les rapports des réfiftances de l'eau dans tous les cas. Si, par exemple, les diametres des piftons & des ouver- tures des foupapes font égaux, auffi bien que les longueurs ou hauteurs des levées, on verra que ces réfiftances font entr'elles comme — à D ou comme 08 à#r, c'eft-à-dire, en raifon réciproque des quarrés des temps. XXI. De mème fi les diametres des piftons & des ou vertures des foupapes font égaux avec les temps des levées, les DES. SCHENCES, 401: les réfiflances feront entr’elles comme // à A À, ou en raifon directe des quarrés des longueurs ou hauteurs des levées des piftons, &c. XXII. On vient de voir des preuves bien fenfibles & bien évidentes que de quelqu'efpece & forme que foient les foupapes , foit des foupapes à coquilles, foit des foupapes coniques, foit des foupapes à clapets, il faut, comme nous avons dit, pour rendre les Pompes parfaites, que les diametres des ouvertures des foupapes ou des diaphragmes foient les plus grands qu’il eft poffible, XXIIT. Les foupapes doivent être les plus légeres qu'il eft poffible ; fi leur poids pouvoit être égal à celui d'un pareil volume d'eau, elles feroient à cet égard les plus par- faites. Nous allons donner les preuves de ce que nous avan- çons ici fur la légereté des foupapes. XXIV. Pour peu qu'une foupape foit ouverte, le pifton eft chargé, même dans l'état d'équilibre , de tout le poids de la colomne d'eau qui a pour bafe celle du pifton, & pour hauteur toute la hauteur depuis le niveau de l’eau du puifart, ou depuis fa bafe du pifton jufqu’au réfervoir. Dans cet état, fi la pefanteur de la foupape étoit égale à celle d’un pareil volume d’eau, f fituation feroit indifférente, puifqu’elle na- geroit, pour ainfi dire, entre deux eaux. XXV. Dans le temps de la defcente du pifton, la fou- pape S (Fig. 1. & 3.) eft chargée du poids de {a colomne d’eau qui a pour bafe la foupape même, & pour hauteur celle du réfervoir au deffus de la foupape ; mais au moment que le pifton recommence à monter, la foupape fe trouve preflée . par l'eau contenuë dans le corps de Pompe, avec une force . füupérieure au poids de cette colomne d'eau, alors elle s’ou- vriroit entiérement fi fa pefanteur ne furpafloit pas celle d’un pareil volume d’eau, mais elle s'ouvrira d'autant moins que fa pefanteur fera plus grande. XX VI. Si l'on calcule le poids d’un folide ou cylindre d'eau qui auroit pour bafe le cercle de l'ouverture de la fou- pape, & pour hauteur celle d’où l'eau devroit tomber pour Mem. 1739. "HHIG 402 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE acquérir la viteffe à fon paflage par la même ouverture, Ie poids de ce folide d’eau fera celui de la plus grande pefanteur qu'on doive donner à la foupape ; car ce poids étant égal à la force de l’impulfion de l’eau contre la furface de la fou- pape, fi cette force d'impulfion eft égale ou plus grande que le poids de la foupape, elle s'ouvrira fuffifamment, & laiflera un libre paflage à l'eau. XXVII Mais les grands défauts des foupapes viennent le plus fouvent plûütôt de leur mauvaife execution que de leur forme & leur pefanteur ; car pour peu que la foupape S laife de paflage à l'eau des tuyaux montants dans le corps de Pompe, dans le temps de la defcente du pifton (Fig. r. & 3.) ou de fa montée (Fig. 4.) cette eau entre dans le corps de Pompe avec tant de violence, que l'eflet de Ia Pompe ou la quantité d’eau qu'elle éleve, eft confidérablement diminuée. XX VIII. On attribuë & on accufe une Machine, une Pompe, d'être défeétueufe, & de ne pas réuffir, faute de voir le plus fouvent les défauts particuliers d'execution, à quoi les auteurs & conftruéteurs ne fçauroient être trop attentifs. Une Pompe eft une des machines des plus difhciles à bien exe- cuter; car enfin fi la puiflance qui meut le pifton a aflés de force & de vitefle, quelle que foit l'efpece & la forme d’une Pompe, celle de fes foupapes & du pifton, chaque coup de pifton élevera toüjours toute la quantité d’eau contenuë dans le corps de Pompe, à moins qu'il n'y ait, comme on vient de dire, quelques défauts particuliers d'execution, foit de la part des foupapes, foit de la part du pifton, qui laiffe aflés fouvent du jour & du pañage à l'eau, foit de la part des liens & des brides qui entent les tuyaux les uns aux autres ; car pour peu que ces liens ou brides laiffent de jour, quand ce ne féroit que par un trou à pafler une épingle, l'air entrera dans le corps de Pompe avec tant de violence, que la plus grande partie de fa capacité fera vuide ou pleine d'air, de forte que chaque coup de pifton n'élevera qu'une petite partie de la quantité d'eau qu'il devroit donner, & la Pompe DES SCctrEnNcEs:. I! 403 ne fera pas, à beaucoup près, l'effet qu'on auroit Jieu d'en efpérer. XXIX. Je vais finir ce Mémoire par l'examen d'un Paralogifme dans lequel M. Belidor eft tombé, & dont il a fait plufieurs applications dans le fecond Volume de fon Architeéture hydraulique. C’eft avec bien du regret que je releve ici la méprife d'une perfonne que j'eflime, J'ofe me flatter que M. Belidor me rendra la juitice de croire que ce n'eft pas par un efprit de critique que je releve l'erreur de principe contenuë dans fon ouvrage, que j'ai d’ailleurs ap- prouvé avec éloge, & qui, malgré cette erreur, fera toûjours très-utile, Je vais donner une démonftration fimple & évidente du principe, en faifant les mêmes fuppofitions , & fur les mêmes figures de M. Belidor, & je ferai voir enfüuite en quoi con- fifte fon paralogifme, dont il fçait bien que je l’avois averti plufieurs fois, & même difputé aflés long-temps avec lui fur ce fujet avant qu'il eût donné fon ouvrage au Public, XXX. Ayant un Tuyau vertical À D, entretenu toû- jours plein d’eau, uni à une branche horifontale CÆ, dans laquelle on a introduit un pifton foûtenu par une puiflanceR, il arrivera, 1.° Que fi la force de la puiflance R eft égale au poids de la colomne d’eau contenuë dans la branche ver- ticale AD, le pifton P reftera immobile, puifque l'effort de la puifflance & celui du poids de l'eau feront en équilibre, 2.° Si au contraire la puiflance abandonne entiérement le pifton P, que nous fuppofons fans pefanteur, ce pifton fera chafié par l'eau avec toute fa vitefle acquife par fa chûte de la hauteur verticale AD, cette vitefle fera exprimée par la racine de a hauteur À D, car dans ce cas le pifton ne fera aucun obftacle à la fuite & à l'écoulement de l'eau dans {a branche horifontale CE. 3.° Si l'effort de la puiflance R eft moindre que le poids de Ia colomne d'eau du tuyau ver- tical À D, le pifton P fera chaffé avec une vitefle moindre que la viteffe qui feroit acquife par toute fa hauteur 4 D, Pour déterminer, dans ce troifiéme cas, la viteffe avec Ece ij 404 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE laquelle le pifton fera chafé, fuppofons que l'effort de la puif- fance foit égal au poids de l'eau de fa partie 47 D de a branche verticale AD, le poids de cette colomne D fai- fant équilibre avec l'effort de la puiflance À, fuivant le pre- mier cas, le pifton fera chaflé, comme dans le fecond cas, avec la vitefle qui feroit acquife par une chüte de la hauteur reftante AM; car puifque le poids de la partie 42D eft en équilibre, &, pour ainfi dire, anéanti par l'effort égal de la puiflance, il eft bien évident que le pifton P fera dans le même cas, que fi la puiflance l'ayant abandonné, la branche verticale n’eût de hauteur que celle de la partie reftante AZ. Ainfi nommant a, la hauteur ou chûte AD ; 4, la partie AM de cette hauteur, & c, la partie A1 D foûtenuë par la puif- fance, on aura a bc & Va — V{b+-c), ce qui eft de la derniére évidence. La viteffe du pifton fera donc expri- mée par la racine de la hauteur on chûte 4 #7, ou par vb — Va —c). | XKx. Si lon adapte à préfent au bout £F une feconde branche verticale V F d’une hauteur égale à AD pour for- mer un fiphon renverfé ADFN, le poids de l'eau de cette feconde branche N F fera équilibre avec celle de la partie MD de la premiére branche, & fera par conféquent égal à l'effort de la puiffance À du troifiéme cas ci-deflus ; ainfi le pifton 2, que nous fuppofons à préfent dans la branche NF, fera chaflé par l’eau de la partie reftante AZ avec une vitefle qui feroit acquife par la chûte À #7 exprimée par la racine de cette hauteur. Or puifque NF=MD=c, AD—=a, & AM=b, la vitefle du pifton P ou de l'eau à fa fortie de l'o- rifice N, fera exprimée par ÿb—V/a—c) comme ci-deflus. Voilà un principe fimple, connu de tous les Auteurs qui ont écrit fur les Hydrauliques, & que je ne démontre ici que pour faire voir clairement le paralogifme dans lequel M. Belidor eft tombé. XXXII. Si lon voit ordinairement les vrais principes avec toute l'évidence & la clarté qui les accompagne, les faux au contraire font ordinairement obfcurs & difficiles à D'E: sh «SC 4'E Ni CiE 5 405 Raïfr. J'avouë que j'ai eu de la peine à voir clairement ce qui a fait prendre le change à M. Belidor, perfuadé d’ailleurs de fa capacité & de fon application fur la Théorie du mou- vement des eaux. Or voici de quelle maniére il raifonne à l'art. 899, page 77, du fecond volume cité ci-deffus. Je vais rapporter fes propres paroles : « Ayant, dit-il, un tuyau ver- tical À D toüjours entretenu plein d’eau, uni à une branche «. horifontale CDEF, dans laquelle on à introduit un pifton L, « foûtenu par une puiffance À, il arrivera que fi cette puiflance « que je fuppofe toûjours la même, eft inférieure à la pouffée « de l'eau, le pifton fera chaflé vers l'orifice £ F avec une cer- « taine vitefle uniforme, & (ajoûte-t-il en lettre italique) l'action « relative de l'eau que foûtiendra cette puiffance, fera exprimée par « le quarré de la différence de la vitefe du Piflon à celle dont la « chüte BD eff capable »: M. Belidor nomme enfuite, comme nous avons fait ci-deflus, a la chûte BD ; b, celle qui ré- pond à la vitefe du piflon, qui eft 4/7; c, la chûte capable d'une prétenduë vitefle refpettive. Or, fuivant lui, cette vitefle refpeétive, c'eft la différence entre la viteffe du pifton & celle dont la chûte BD eft capable : d'où il conclut enfin que Va—vb+ve, au lieu que Va = + c), ainfi que nous venons de le démontrer d’une maniére fimple & évidente. XXXTIIT. La méprife de M. Belidor vient principale- ment d'avoir confidéré une vitefle refpective qui n’y ef pas, & d'avoir voulu appliquer ici la regle que l'on eft obligé de fuivre lorfqu’on calcule {a force de Vimpulfion d'un courant d'eau contre une furface, une aube de Moulin, qui fe dérobe au chemin ou vitefle du courant; dans ce cas, il faut prendre a viteñle refpective, qui eft la différence entre la vitefie 1b- foluë du courant & celle de Faube : mais ce cas eft bien diff£- rent de celui dont il s’agit ; car ici ce font des hauteurs de chüûtes d'eau qu'on peut regarder comme des quarrés, puif. que les vitefles font comme les racines de ces hauteurs, ou comme des lignes. Or on voit évidemment qu'ici c'eft une chüûte AD égale aux deux chûtes 447 & MD, ou comme Eee iij 406 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE un quarré égal à deux autres quarrés ; au lieu que dans le cas de l'aube frappée par un courant d'eau, c’eft une viteffe égale à deux autres vitefles. Donc par la même raifon que les deux côtés du Triangle rectangle font enfemble plus grands que l'hypothénufe, de même aufi les deux vitefles ou Vb—+-vc font enfemble plus grandes que la vitefle ya. XXXIV. L’entiére confiance de M. Belidor fur l'évi- dence du faux principe dans lequel il eft tombé, l'a porté à citer en fa faveur , dans l'article 1225, page 274, l'exemple du Triangle reétangle, exemple qui auroit dû le détromper, s'il y avoit bien fait attention. II reproche au contraire, dans le même article, à tous ceux qui ont écrit jufqu'ici fur le mouvement des Eaux, d'avoir prétendu que la vitefle de l'eau à fa fortie NV füt égale ou exprimée par la racine de la charge ou chüte A/Z, fon paralogifme le portant à conclurre que cette vitefle étoit égale ou exprimée par la différence entre les racines de la branche ou tuyau de chafle AD, & la branche de fuite NF. XX X V. Suppolons, par exemple, que {a branche de chaffe AD foit de 2 5, & celle de fuite de 1 6, Ia charge AA fera de 9, dont la racine 3 exprimera réellement la viteffe de l'eau à fa fortie par l'orifice N ; mais, fuivant M. Belidor, cetie vitefle ne feroit que de 1, puifque de la racine de 25, qui eft 5, retranchant celle de 16, qui eft 4, il refte 1. Voilà une erreur bien dangereufe, dont il faut que M. Belidor fe defabufe, puifqu'elle va aux deux tiers dans cet exemple, & elle peut aller infiniment plus loin à mefure que les tuyaux de chafle & de fuite feront plus longs. XXXVI. Ce faux principe, dont M. Belidor n’a fait que trop d'ufage, ne m'avoit point échappé dans la lecture & l'examen de fon Livre; je fis dès-lors mon poffble pour le defabufer, M. Belidor étoit fi fort prévenu, que voulant au contraire me détromper moi-même, il me dit qu'il por- teroit fa démonflration à l’Académie, je le laiflai faire, pré- voyant bien qu'il y feroit condamné, comme cela ef arrivé, SIN Mem. de Creadi73 pl18. Pa9.406. a ———— Menr de Licad 1739 pl. pag 406 de TE oi Ar < e | M! \ ne. M | | Fig. 5 | R |/ > E] DES E D E| PR = i JOVEZ | = | Le + @ — F E F F L E F | ee i LE APE | nn ( D CRD | En Fig 7 Fig. () | | Zig.9 ha | E | \ F | | En] = | | [r | | = a Tp ne = LL J , / | | | La | | —T— = ; — 7A pour Intégrale, À étant une : dz conflante, & fe que y foit conftant. l'Intégrale de ETS en fuppofant Il eft évident qu'il ne faut rien ajoûter en intégrant, à moins que ce ne foit un multiple de /y, parce que f/ — - _. ne peut être qu’une fonction de dimenfion nulle, & les fonc- tions de y qu'on pourroit ajoûter, ne fçauroient être de dimen- fon nulle, que lorfqu'elles font des multiples de /y. La Méthode de M. Fontaine renferme encore une for- mule qui peut être très-utile dans l'intégration des Equations IMAGE d d d à trois variables fans conftantes, c'eft & 7 — 7 N . . Pom at « . D um) © [= . . . CRIE DT UE © © A + ww D . CRAN) UW9 + pi CL . . . 29 a NN bi HS Ne hi R A D N it LE Ueh ele (eee che lens jro AE Sao e otre ee A RE PEN SAR LT 49. 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ES Lai » o + ww Die ble his wi us . $ Brent gl 6! . sus Lost L'rLAR AIRES 8 + ÿ k 22 AOL) te RP or Een 47 9 « SU 25 (OR EUAEEN 2e EE ONU 7È > PAPAS s+ MANIERE CHRONO CN LEE ER REMQNS C51 5e Femme OMS tretienes pie TRE TA éneeerÈie 82] 92 rss 26e. : © Yo SSAMOR 3 DES SON TOMOR EN (72 NES CORRE NOR o = NE) MOMENT GET COOPER 113 ON T2 Enr Se 14] + àCharenton. « 3 5] 2 CRÉPIN «4 7 DA DRE DE EN EME Ont to 6+ CCR ONTROCCIEOE Men) lee” -2r met es A Die spi + Lee] Bin Nm EN 450 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE À RARE TRRr.e 20 “rpm een pres MAIL. [1739.] JUIN. Degrés du Matin. [be d'Aprés-midi. | J.| Degrés du Matin. | Degrés d'Aprés-midi. FRET Degrés. | Heures. Degrés Heures. Degrés.| Heures. Dégrés. 1|à $£ àCharenton-à 7 |à2 . . . .. à nas Elo. 0d 14 2 ES SNS eo Z se ie iebolte 2 ON NC OZ! 34m 8 leon did hold 8 ROME LL on +5 24 N SÉRIE OR 16 22 AT Oh Apollo 4 | 24 1) APE 162) 3%4rrr2 0 HMS Te ee 7e A OSSI S D ER ARE HO OMC de de De. 7 ce NU RE NP dtPs tr 71 0e Loto. 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OONTOE TC ENT SICITEN CES [1739.] Deprés d’Après-midi.| J. | Degrés du Matin. 457 À OUST: — Deprés d’Aprés-midi. Degrés. Heures, Degrés.| Heures. Degré À . à 19 ras. à 10:|à3...,., à 17 2 ot0) 0 GA ARE Or AUOT al re 18+j SRE. 5 15 ... 185] 3 RU | 4e 20 20 A Se Tete de OS RER ER El. 2 NII APAPARPES + 22È SI AEMORRE 14 | .....: LE UML à midi 2i2 À RARE TEA A LA IS TA 201] 6 . 1 EME 20 M7 -.-..... RAP PENSE 222] 7 RENE de lee 22 8 : + à Paris 137 . , 16 8 “ 18 9|-:-.....12 |. ... . 1825] 9 A'miIdie se 18 | HOMME MAPA NE ete els . 18+l10 HO © 174 PMU fes . . 20 |r1 AO CAE E 18+ EAN ANUUNUE 127 to .. 18 |12 CIN OU COLE 17 13 .-...... 10 ete 18 |r3 Coran ME à 15 MAIS del ee TO MIN- Des letie te 18+|14 ë , 17 15 . 107 20 f1$ seu se. 17 FIRE A RATE Sd D 40:36 17| - « ñ A2 Is ee e)Pelrests 21+ 17 | ‘+ sà Charentons.e 13 |. .,1, 4, 18 Bts 20e Tee ONE NEO! NUE) o)] RICE LE ul RE Lecce DORE 17 19] «+... . 12% + + « . 202119 OMR. ed à M SELS, PARC 16 FX) MOMIE 14 .... 22 ES PONT SNRER Se. due 15 ITA RATE NP PARENT : 10 LT TA 22 ho 15 | -....... 27 122 à Paris 8 ñ 14 At 7 Lolo nt | ESSTRS RASE 18 SIC SRE EE 1 ns et en boop ct = SIN ee. TO AU EE LT 27 0 4 NT PEN NE 1e FIAT ne ES RPC ES ES MERS EV EL EE à RES ORNE 11: n271 55. je Re oiniaioE 15 . 1 EN R RONE I LE 20 DONNE: . 11 c M NITE . 013" |" à midi, 20 29| + + à Paris 133 dre tee baie 1474 EU) SRE . 11 3e. 172 452 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE SEPTEMBRE. 101739) : O C:T0 8 RE J.| Degrés du Matin. | Degrés d’Après-midi.| J. | Degrés du Matin. | Degrés d’Aprés-midi. Heures. Heures. Dregrés. | Heures, Degrés, Heures, Degrés. Dégrés. nds Laroe A AMO PES ve 0e Halal OI LR ANT IAE ENS D SRE EPS oi LMD MERS TN PE PE 1 3 3 + SRE, LL. 0204l'plh. ete, HN 2ER pce 20 4 es... 14 [a midi...... 20% 4 se... 213 | 27 21 SAME aber oo to rer DAN|D 3ee cree -denlUe dinar ere SIRET CN EAP UD CROIRE LITE 71 MAROC IE ETC TTC OI CE 71 MOMONCOROPONCNN PL | LE 8| ..à Etampes ++ 11 | 2+Æ4Toury + 17%] 8] - . . . . . . 12 9| S+.àArtenyee 9 { 2+aOrléans + + 163] 9| . . . . . . . 10 |. 10| $£àClery:-e 12 | 2ÆàSaineDié.. 16+|10 HR UBO ONE A ADO CRIDe PQ ere 6. à Blois ++ e 3 àäAmboif -. 17 il - -. . + . . | 8 | . 7 12] S.à Amboie.. 6] 3 prèsdeTourss. 152412] + + + + + . . L 13| S$-.àLangse.e 9 | 3aprèslaChapel.bl 15 [13] + + + « + « . 10 6 6 14 $ + à Saumur » - « 2% après Montreuil 1 $ + I4l = 15| 6..3Thouars .- 2% près Breffüire 16215 - - . . . . + 7 |... ....... 6. $ = à Breflüire - - 9 4 à Reaumur + « 172116 ae deu ae 17| 6..äReaumuree 13 | 24....,,, 16217] ce +. +. 72 FN CRM EMORRRORONL TI EEE STE CS LC) SERIE CG 19! + + + 14 2Heesesee 17219l eee. S TS) MRC LE 64 SEEN TE | EE oem IS Er UN SC Nr fe 22 || CIO SPA UT 237)] EN" SNSAORONLE ocre 15 [22] 6iiBrMiree. 33 ZE près Thouars 23| «ss. _ roues 13 2 6. . 3 Thouars » » $ 2 prés Montreuil 8+ 24l.,...., 6 | 34....... 13424] G..ssaumurs $ | 21e Chapel. blanche 8 A) TARRORORMET 1 NEA NE 6... àLangés. + $ | 2 pr Tours... 6 26 1 rond Vatatteile 8. posais IR 4E 7+ à Amboifes « 4% 4+ «a Bloiss…. 6x 621 dires ve Li 2e lt Si ÉEMNES D dans fa Forêt 4+ d'Orléans 2 à Etempes « « 6 7 près Cleryse 17 4 N . . . » . . = 1 UD 9 UJ WU . . . . . ee a bi 6+ à Toury..s 3 D près Châtres ] + MARIO 6..3 Etampes - « Us . « I 6. . à Paris « » o 1= vo) S'CrENCcCES [1739] DES NOVEMBRE. 453 DECEMBRE. Degrés du Matin. Degrés d’Après-midi.| J. Degrés du Matin. Degrés d’Après-midi. es Degrés.| Heures. selles Degrés. | Heures. Degrés. Ie cie 022 )A2h ein aveu es à pan pla Sur dope ary 6 Là 240 che 0e à * 6 2| 6. sh (o PA AAC 1e ALU RE L LUSUÉE LA. Bi CNE One 1718 3ll. - AIR ei eunR 4 10 M) ERP ete Sa I Mise date las 6 8 DSfreeesers Fa SATA Æ: is 6|. ee $ SA d'aONS 8+ S+ 71| OO (18 LES : 29 s: 8 HE AL AT 8 | 8 $ Ê ADR pa ch MON ae alaetelt 1m 2 Vote ets oleiote 8 61 ri REF NREUT EF 8: MRC emRmmIt ue | vec de MOSS error lerenere SE DORE : 4 13 ER Dao 824131 - -... Dietate ARE leiere im oi Le Je 15 14 RS sata el .. 614... z À s 16 ORNE Nice 4 Vis ...... PAGE ET AD IAE 8 : 7eme E Le Tar Greece: 8: BAISE --eReutE # nl coosseomese GElesses..e . 821 18 £ 18 eue ol 6+ ee ce 81 19 shétitotréeete 15 19| cesse 33 ... ANA 20H06 E rar ul ein Si 20| -.. AD Ca El ARE) : Der EN A CONPrEMET "ES estadaihe; fous PE PE 6: 22) | EME ENS nel ANAL OAI RSR alrtiez e.. 4% : : AE + 62 2e) ROSES CCSN) BPCO CN UWENIPS v…. 2eme hie » «0 0 37 2414.44. ‘3 ss. + 124 sus... I ss... 4 25 esse "RE CES) An 1 eesstose. Zéros S + 26 4) -- 4880 1% SAN ee: ie _5# core I DNA na cree NE Ce ere 15 29|....,: niet 3% A Ne le 34 ail 454 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE RESULTATS pEs TABLES PRÉCÉDENTES, qui donnent les plus grands chauds à les plus grands froids de chaque mois de 1739, foit du matin, foit de l'après-midi. Plus grand froid | Plus grand froid | Plus grand chaud | Plus grand chaud du Matin. de l’Après-midi. du Matin. de l’Aprés-midi. ee dre L s-àmidita22ir DES SMS CEE NI cms, Es Plus grand froid } Plus grand chaud | Plus grand chaud Plus grand froid de l'A près-midi. du Matin. de l'A prés-midi. du Matin. SEPTEMBRE. Joursi Jours, Jours: Pa ’ , 28-2435 Arrd far, a6P arr 3 x 3"à22d 24 a6h à 64 Le 1 se jour de Janvier, qui de tous ceux de ce mois fut celui où la liqueur s'éleva le plus, fut encore plus remar- quable par les coups de Tonnerre qui fe firent entendre Je matin. fur les trois, heures & demie ; ils fe fuccédoient fans interruption ,& étoient aufli forts que ceux, de nos grands orages d'Eté, Le 1 8 du même mois mérite auf d’être re- marqué à caufe du Vent terrible qui regna pendant la nuit & le matin., La tempête s'affoiblit vers les dix heures du matin. Le mercure du Barometre étoit alors à 26. pouces 1 o lignes; le Vent ayant prefque ceffé à x. heure, lé mercuré s'éleva-à-27 pouces 5-lignes:; ainfi.en trois heures de temps il monta de 7 lignes : le lendemain il s'éleva à 28 pouces. Le mois de Février ayant été doux, & précédé d’un mois de Janvier peu rude, les‘arbrés ont pouffé de bonne heur Dès le 26 & le 27 de Février plufieurs Maronniers de fa grande allée des Thuileries avoient leurs feuilles set. auffi dès le 3 de Mars ai-je vû des feuilles épanouies à un des Tilleuls de mon jardin: Le 8 du même mois plufieurs Ormes des avenuës de Vincénnes étoient en fleur, & -j'em wis uh qui fe faifoit diftinguer des autres , «parcd) qué’ fe: graines étoient déja vertes. Le Roffignol ne s'eft Péhrbo Deer verres mon 456 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pas rendu aux environs de Paris plütôt qu’à l'ordinaire : je J'ai entendu chanter à Charenton pour la premiére fois le 1 $ d'Avril à 6 heures du matin; mon Jardinier affüroit l'avoir ouï dès le 13. Le plus grand froid de cette année a été le 27 Novembre, jour où la liqueur fe trouva à 6 heures & demie à $ degrés£ au-deflous de la congélation. Le plus bas où elle foit def- cenduë dans le mois de Janvier, a été à 2 degrés? au-deflous de la congélation, ce qui ne fait en Hyver qu’un degré de froid affés modéré. La plus grande chaleur de l'Eté a été le 23 deJuillet, & a été exprimée par 27 degrés d'élévation de la liqueur. | ISLE DE-FRANCE. Tant que M. Coffigny a réfidé à FIfle de France, il a fait affidûment des obfervations qui ont été imprimées dans les Volumes précédents ; nous donnerons encore dañis celui-ci les Réfultats de celles qu'il y a faites en 1739 jufqu'au ro de Juillet qu'il en eft parti pour l'Inde. IF à continué fes obfervations pendant fa route, & nous pouvons promettre ,. . - 21 >. qu'il les continuera dans tous les endroits de l'Inde qu'il par- courra, & dans ceux où il doit faire un plus long féjour. JOURS DE CHAQUE MOIS JOURS DE CHAQUE MOIS où la liqueur du Thermometre | où fa liqueur du Thermometre s'eft le plus élevée. s’éft le moins élevée. à 23 degrés EAEV ER IE SR: à 25 degrés:| Le 16 à 22 degrés MARS. à 25 degrés AVRIL, DES SCIENCES. 457 ne nana a nv Jours de chaque mois où la liqueur| Jours de chaque mois où Ia liqueur s’eft le plus élevée. s'eft le moins élevée. me AVRIL. Le 4 Le 5 ;....... à 24 degrés | Le29......., à 22 degrés Le 7 M A TI. Lena 2, à 23 degrés ae à ss... .. à 21 degrés JUIN. ee (ia Doe à122 degrés Ler17..1:. 14 à 19 degrés ——————— À JULIE (Tr: Dans les dix jours qui ont été obfervés, 21 degrés : eft le plus haut terme où Ja liqueur foit montée, & 19 degrés le plus bas terme où elle foit defcenduë. ee mm mm mnnn, 2, Toutes les fois qu'on compare la marche du Thermo- metre dans notre pays, avec fa marche dans l’Ifle de F rance, on admire, & on envie cette temperature , telle que le plus grand chaud d'un mois ne differe pas quelquefois du plus grand chaud d'un ou de plufieurs mois d'un degré, & telle que dans le même mois la différence du plus grand chaud au moindre chaud fe trouve à peine de 2 ou 3 degrés, pen- dant que la liqueur parcourt quelquefois chés nous 10 à 12 degrés ou plus depuis le lever jufqu’au coucher du Soleil. Le ro de Juillet au foir M. Coffigny s'embarqua fur le Vaifleau Maurepas, qui mit le 1 1 à la voile pour Pon- dichery. Sa route, dont je fupprime le détail, a été com- prife entre 21 degrés 2 minutes Sud, & 1 1 degrés latitude Nord. II arriva à la rade de Pondichery le 24 d'Août : le plus haut où il ait vû Ja liqueur du Thermometre pendant ce voyage, a été à 25 degrés le 22 d'Août, & il n’eft pas defcendu plus bas que 19 degrés, ce qui eft arrivé le 1 8 de ‘Juillet & le 21 d’Août, Mem. 1739. » Mmm 458 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Obfervations du Thermometre, faites par M. C OSSIGNY à Pondichery ; pendant les mois de Septembre, d'Odobre, dr celui de Décembre. SEPTEMBRE. OCTOBRE. DECEMBRE. Jours.| Matin.| Soir. | |Jours.| Matin. Jours.| Matin.| Soir. I 24+| 27 I 10 19 21 2 PE 14 2 3 22. 3025511026 3 A 224 4 | 23+| Jd. 41 | 23> 22. SIN: Îd. (| LP (2 22+ 600231 (| Z2 6 | 4. 23 7-\- 14, Îd, 7 | 24 8 | 23+| 26 8 | 225 oUN235118267 9 | Zd. 10: |! 23 GE 10 | 22% or pi IE 25 RSS 12 | Ja. 26 12 | 221 13 | /d. 2S= 13 | /d 14 | 233 | 2641 14 | 23 15 24 26 15 PE: 16 | Jd. 262 LOU, 2e 17 | da, 26 17 | d. 18 Id. Id. 18 | 224 19 14. 27 19 22 20 | Jd. 26À 20 | 214 21 | 23410267 21 | 20: 22045026 220|h 4H, 231 N JZMON 36 De NE: 2 Ia. 2$+ 24 | 213 2 23 25 M. Coffigny s’embarqua le 24 d'Oétohre, au foir, fur le Jupiter, pour aller à Karey-kal, où il n’a pu fuivre le Thermometre , & d’où il n’a été de retour à Pondichery que le 9 de Décembre. AA TL UER SE TE IN. Prefque tous ceux qui ont des Thermometres conftruits fur nos principes, les tiennent de M. l'Abbé Nollet. En 1739, il eut l'honneur d'être appellé à Turin par le Roi DES SCIENCES. s9 de Sardaigne, pour y faire un Cours d'expériences de Phy- fique au Prince de Piémont. Son féjour dans cette ville a été pendant les mois les plus chauds de l'année, il ne pou- voit manquer d’être attentif à faire les obfervations propres à nous mettre en état de comparer la chaleur qui fe faifoit alors fentir à Turin, avec celle que nous avions à Paris dans le même temps. Obfervations du Thermometre , faites à Turin en x 739 par M. l'Abbé NozrzeErT. JUILLET. ï Jours LE MATIN|LE Soir à 8 heures. à 8 heures. Jours! LE MATIN|LE Soir à 8 heures. à 3 heures. Degrés.| Degré. ss 16 7 ANR ns QE 224 Kobe OR Ne 023 8e 0231 COR 06 A ET Rue un es « 162]. 21 a srbmilbir RE TTS 6 BE sr «413... 18 * se 32121. 21 «1164 8 15 263 + 1727 : : 26 *... 19 |. +. 237 27 54) En thon 1 ci Pichon 5 ra Al Oh Ms ie RES jo ZONE ATP 2 7 En OR Cube L'ART EE 224] laie 21e se 2e 5 oeil E 80) hoatcthche 1 241 +. + 20%]... . 30 25 |. . «2321. . . 29 OUR h-n26 102207 SANMEMRET: Aloe) Re ec) 29000 51216 1 460 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLr AOUST. SEPTEMBRE. Jours! LE MATIN] LE Soir | IjoursLE MATIN|LE Soir à 8 heures. à 3 heures. à 8 heures. à 3 heures. E Dregrés. Degrés. ANA MENT TT ON ET, 1 2 PC TONEN POLE 2 3 + 193... 274]| 3 4 OS LE CEE 4 $ 170 a 26 $ 6 17 26-11 (6 7 20 DE MR 7 8 16+ 26 8 9 19 "02 9 10 Dé lle Me le M0 11 à 12 13 + 16% 13 12 CRE 14 13 19+ 15 Die 20 16 16 + 21 1 17+ NAS 18 15, SUTOE 19 14 +. 20 20 17 + 20 PA ACRESRNTET SHC RRADIS. à Je AT 221 CR Te ZOE Je Ra 23 |. 15 + 19 24, HAS CAL) 25 . 14 22 26 16 212 27 M. l'Abbé Nollet pañfa le Mont 28 rates HA Uaot Cénis le 28 d'Octobre 1739 ; la 29 . 167 222 plaine qui eft au haut de la Mon- 30-46 DR tagne, étoit couverte de 1 pied £ 31 de neige depuis trois femaines; & ce jour-là , à o heures du matin, 1 liqueur du Thermometre étoit à 3 degr. au-deflous de la congélation. AL UT RE C'FA'T: Perfonne ne fait les Obfervations Météorologiques de tous genres avec plus d'affiduité que M. Mufichenbroek ; les Vents, les Orages, la quantité d’eau qui tombe, & la quantité d’eau qui s’'évapore chaque année, les Aurores Boréales, les DES SCIENCES I! 46 variations de Aiguille aimantée, les élévations & les abbaiffe- ments du Barometre & du Thermometre, font journellement & à différentes heures deichaque jour les objets de fon atten- tion. C'eft à Utrecht qu'il a fait pendant plufieurs années toutes ces fortes d’obfervations; qu'il: continuë de faire à Leyde depuis que cette fameufe Univerfitéeft parvenuë à lavoir au nombre de fes célébres Profeffeurs. Feu M. du Fay a donné dans les Mémoires del Académie dé 1734 1735 &\173 6, desréfültats des Obfervations Météorologiques de ces différentes années; qui lui avoient été communiquées en entier par cet attentif Obfervateur, qui m'a fait de plaifir de m'envoyer la fuite complette de celles de 17 39 ; cette fuite mériteroit d'être imprimée dans les Mémoires de Académie, Mais de fi excellents matériaux pour a Phyfique, ne refte- ront pas inutiles entre les mains de M. Mufichenbroek, plus capable que qui que ce foit de-les mettre en œuvre. Mon objet actuel demande feulement que j'en employe la partie qui regarde le Thérmometre : celui dont fe fert M. Mufñchen- broek eft un Thermometre à Mercure conftrüit par feu Fa- enheit, qui, par lefprit d'invention, étoit fort fupérieur,; même aux ouvriers induftrieux. Ce Therniometre a quelques termes fixes, mais Fareinheit ne femble pas avoir eu directe- ment en vüé dans la conflruction de fes Thermometres {e principe qui m'a plû davantage ; fçavoir, que chaque degré fût une portion connuë d’un volumelde liqueur connuë; ce qui fait que tous les degrés font des points fixés, & d’une valeur connuë. Selon cette idée, j'ai regardé lé volume que la liqueur occupe dans la boule &:dans le tube lorfque-cette liqueur a précifément le degré de froid :qui-fuffit-pour congeler Feau, comme :compolé de»1000:parties. J'ai-pris enfuite pour chaque degré du Theimometre une] portion ‘du tube qui contient une milliéme partie du volume déter- “miné. Quelle que foit Ja liqueur qu'on veuille faire entrer dans le Thermometre, de l’efprit. de Vin très-iectifié, ou de Tefprit de Vin affoibli, d’autres efpeces d'Huiles; foit volatiles, #oit grofliéres, des efprits de Sels, &c, enfin du -Mercuié, Mmm ii) * Mem. de d'Acad. 173 0. page 45 0. 462 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE les principes que j'ai établis doivent toüjours être fuivis, ils font pour quelqu'efpece de liqueur que ce foit. Au refte, ce n'eft qu'avec lefprit de Vin, ou avec le Mercure qu'on compofe les Thermometres qui font en ufage. 1 feroit à defirer que les Thermometres à efprit de Vin, & ceux à Mércure, faits felon les principes que nous venons de rap- peller, défignaffent les mêmes degrés de froid & les mêmes degrés de chaud, par le même nombre de degrés ; mais cela ne peut être par une raifon que j'ai expliquée lorfque j'ai traité de la conftruction des Thermometres*. J'ai dit alors, & je l'ai prouvé, que les dilatations & les condenfations de deux liqueurs différentes ne font pas proportionnelles dans les différents termes par lefquels elles paffent pour arriver à un certain terme, foit de chaud, foit de froid. J'ai fait depuis des expériences pour comparer les dilatations & les conden- fations de l'efprit de Vin avec les dilatations & les conden- fations du Mercure, opérées fur l’une & fur l'autre liqueur par le même degré de chaleur ou de froid, & cela dans une longue fuite de degrés, mais je n’ai pas trouvé le temps de publier ces expériences. Tout ce que j'ai befoin qu’on fçache actuellement, c’eft qu'il fuit de ce que deux liqueurs diffé- rentes ne fe dilatent ni ne fe condenfent proportionnelle- ment, que fi l’on veut avoir un Thermometre à Mercure qui exprime les degrés de froid & de chaud par les mêmes nombres par lefquels ils font exprimés fur le T hermometre à efprit de Vin, on eft dans la nécefité de graduer le premier fur le fecond, comme M. l'Abbé Nollet l'a fait, & continuë de le faire avec foin ; & réciproquement on graduëra un Thermometre à efprit de Vin fur un Thermometre à Mer- cure lorfqu'on voudra que le Thermometre à efprit de Vin parle la langue de celui à Mercure, Comme il m'a paru qu’il feroit commode detrouver aufli dans la même langue, toutes les obfervations rapportées dans nos Mémoires, j'ai cru devoir donner les obfervations faites par M. Mufichenbroek fur le Thermometre à Mercure de Fareinheiït, en degrés dé notre Thermometre à efprit de Vin. M. f Abbé Nollet a obfervé DES SCIENCES 463 que dans les termes qui ne s’élevent pas extrêmement au- deflus de la congélation, & dans ceux qui ne defcendent pas beaucoup au-deffous$ 1 0 degrés du Thermometre à efprit de Vin, fait {ur nos principes, valent 20 degrés? du Ther- mometre à Mercure de Fareinheit. C'eft fur cette.obferva-. tion que J'ai changé les degrés de ce dernier Thermometre en degrés de l'autre. Mais en faifant cette transformation, des fractions fe préfentent fouvent, & quelquefois extrême- ment petites; j'ai négligé celles qui font au-defflous dé £'; la matiére dont il s'agit ne demande pas même qu'on porte la précifion fi loin. } Les Tables d'obfervations.‘du Thermometre, . faites par + | M. Mufichenbroek font compléties pour tous les jours de chaque mois, & elles en donnent même trois pour chaque jour; mais je me fuis borné à en extraire quatre par. mois, Yobfervation du plus grand froïd du matin, celle du plus grand froid de l'après-midi ; & l’obfervation du plus grand chaud du matin, & celle du plus grand chaud de l'après-midi ; c'eft auffi à midi que fe trouve dans ces Tables le plus grand chaud de la journée. RÉSUETATS LDES..TABLES De M. Muffchenbroek, Qui donnent les plus grands froids à les plus grands chauds d'Urrechr, de chaque mois de 1739. | L Plus grand froid | Plus grand froid | Plus grand chaud | Plus grand chaud de Après-midi. du Matin. de F Après-midi. JANVIER 17 Jours. . ‘xd sus. 7 8123 devrse 0 4120. d.,..: 464 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Plus grand froid | Plus grand froid | Plus grand chaud | Plus grand chaud du Matin. de l'A près-midi. du Matin. de PA près-midi. 3 | | OCTOBR E. 26&31. à.,-14 Hs us ijlro. dass NOVEMBRE. A UPS AL: DES ScrENCES 465 MO PSAL L'Académie a dans M. Celfius un excellent Correfpondant, qui a donné de grandes preuves de fon zéle à contribuer aux différentes recherches qu’elle a pour objet. Ses talents pour des obfervations plus difficiles & plus importantes que celles du Thermometre, font aflés connus. On n’en fera que plus für de l'exactitude des obfervations de ce dernier genre, qu'il a faites à Upfal pendant le cours de l’année 1730. I s'eft contenté d'envoyer l’obfervation du plus grand froid, & celle du plus grand chaud de chaque mois. RESULTATS des Obfervarions du Thermomerre, faites à Upfal par M. CE1sivs, pendant l'année 17 39. PLUS GRAND FROID. PLUS GRAND CHAUD. JANVIER 1739. Le 8 à 9" du matin à1745|Ler4 à 22 dufoir à 243 FEVRIER. Le $ à 6h: dufoir à14%-#|Lez24 à midir ..... à 64 MARS. Ler6 à 8": dumatin à 84#|Le24 à 2haprès-midi à 64 AVRIL. Lc28 à 8h du matin à 84i a11h du foir 2 du matin à 242|Lez23 à 8h après-midi à 1844 à7 JUIN. Le 6 à 7"2du matin à me Le 27 à 4h- après-midi à 1742 JUILILE T. Lc22 à 7"2dumatin à 84? | Le 12 à 3"4après-midi à 1 842 Mem. 1739, , Nan 466 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE ibid ete ctirir Plus grand froid. Plus grand chaud. A'OUrS T Le13 à7" du matin à $4+ | LE 27 à 5h après-midi à 17%} S-E PET'E MBR"E; Le21 à 9h du matin à 2% |Le 1 à midi OCTOBRE. Le23 à 82 du matin à 44£|Le 2 à 8h du matin à 642 NOVEMBRE. Lei3 à 82 dufoir à 612|Lez24 à 9h: du fois à 51 D'EVCYE*M°B°RYE,. Hegr à 9" 2 du matin à 114% Leio à g"+ dufoir à 54 En comparant les obfervations de cette Table avec les obfervations faites à Paris, on voit que le 14 Janvier, la liqueur eft defcenduë à Upfal à 17 degrés + au -deflous de la congélation; ce qui exprime un froid plus grand que celui que nous avons eu ici en 1709, & que ce même jour la liqueur s'eft tenuë à Paris à 1 degré+ au-deflus de la congé- lation, ce qui fait un air affés tempéré pour le mois de Janvier. Notre plus grand froid du même mois a été le 5, jour où la liqueur eft defcenduë 2 degrés + au-deflous de la congé- lation. Nous avons donc eu le plus grand froid de ce mois neuf jours avant le plus grand froid d'Upfal. Mais le 27 No- vembre, il a fait bien plus froid à Paris qu’en Janvier, puif- que la liqueur eft defcenduë ce jour-là à $s degr. + au-deffous de la congélation, & dans ce même mois il n’a guére fait plus froid à Upfl qu'ici, 6 + étant le terme le plus bas où 1a liqueur foit defcenduë à Upfal pendant ce même mois, LAC DES HSUCMMELN CUE..S 467 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE ROYAL PENDANT L'ANNEE M. DCCXXXIX, Par M. MARALDI. Obfervarions fur la quantité de Pluye. pouc. lign. pouc. Kzn N Janvier.. 1 72 | En Juillet..... 1 82 9 Janviæ Février... 1 oi Aouts ester + M2 NT 17402 Mars. «ee 1 . Septembre.. 1 112 Avril..... 1 8i Octobre... 2 9£ Mai... I 9 $ Novembre... o 10$ Juin...... 1 6À Décembre.. o 9 3 1 8 11+ FO NE Ainfi la quantité de la pluye tombée en 1739 à l'OB- fervatoire, a été de 19 pouces 1 ligne +. La pluye des fix premiers mois a été de 8 pouces 1 1 lignes +, & celle des derniers a été de 1 0 pouc. 2 lignes. Il y a long-temps qu'il n’y a eu d'année auffr pluvieufe que celle-ci ; elle eft la plus pluvieufe qu’il y ait eu depuis 1713, cependant elle n'eft que comme une année commune des précédentes à 17 1 3. Jur le Thermometre. Le plus grand froid de l'année 1739 s'eft fait fentir dans le mois de Novembre depuis le 24 de ce mois jufqu'au 28 par un temps ferein & un petit vent d'Eft. La liqueur de Tancien Thermometre, qui marque le terme de la glace à 3 0 degrés, eft defcenduë le 24 à 274+,le25 à 264+, le 26 à 154, le27 à 234. Le Thermometre eft toüjours au même endroit, c’eft-à-dire, dans le bas & intérieur de la Tour orientale de lObfervatoire qui eft découverte, & la liqueur du Thermometre de M. de He qui eft expolé nn ij , 268 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE au-dehors de cette Tour, dans l'encoignüre de la fenêtre feptentrionale, eft defcenduë le 24 de Novembre à 344 au-deflous du terme de la glace, le 25 à 44, le 26 à 44, & le 27 à 5%. Le froid du commencement de l’année a été très-modéré, la liqueur du Thermometre de M. de Reaumur eft à peine defcenduë au terme de a glace pendant l'intervalle de quatre jours, depuis le 4 de Janvier jufqu'au 8 ; elle a été le 4 de ce mois à 998 +, c'eft-à-dire, 14+au-deffous du terme de la glace artificielle, qui ef le plus bas où elle ait été pendant le mois de Janvier. La liqueur de l'ancien Thermometre eft defcenduë le même jour à 2742. Les mêmes Thermometres ont marqué la plus grande chaleur de l'Eté les 20, 21 & 22 de Juillet, car la liqueur de l'ancien T'hermometre monta le 20 après-midi à 6842, le 21 à 734 &le22à75+; & celle du Thermometre de M. de Reaumur monta le 20 à 2192, le 21 à2392, & le 22 à 274 par un vent de Sud-oüeft. Sur le Baromerre. Le Barometre a marqué la plus grande hauteur du Mer- cure à 28 pouc. 3 lign.+ les s, 6 & 7 de Mars par un vent de Nord-eft, & la plus petite hauteur à 26 pouces 8 lign.+ le s de Février par un vent de Sud. Ï y a eu pendant les mois de Janvier & Février de très- grands vents de Sud-oüeft, & particuliérement la nuit du 1 $ au 1 6 de Janvier, qui furent accompagnés d'un grand orage avec des éclairs & des tonnerres qui durerent long-temps; le vent de la nuit du 17 au 1 8 fut encore plus violent que celui de la nuit précédente. Déclinaifon de l' Aiguille aimantée. J'ai obfervé plufieurs fois pendant le mois de Décembre, avec une Aiguille de 4 pouces, la déclinaifon de F Aimant de 1 5%30” vers le Nord-oüeft. RO L fur. * HOXC Ÿ HOXCE OC OCR OC MOKCE OMC SE DO | & 97 à \Y RENAN SAR US MESSIEURS DE LA SOCIETE Royale des Sciences, établie à Montpellier, ont 1 \ : / . 2 . n envoyé à l’Académie l'Ouvrage qui fuit, pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles, comme ne faifant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roy au mois de Février 1706. | SOS @:B S'E'R V' A T I © N'S$ SUR QUELQUES PLANTES VENIMEUSES, Par M. SAUVAGES DE LA CROIX. 1F y a long-temps qu'on fe plaint de ce que les Botaniftes femblent s'attacher uniquement à caractérifer les Plantes, & que la connoïffance de leurs propriétés n'avance prefque pas ; mais ce n'eft pas leur faute , if à fallu s’'affürer du nom & du caractere de chaque Plante, & c’eft enfuite au hazard à nous en apprendre les vertus. En eflet, ni l'analyfe chy- mique, ni les expériences faites fur les animaux vivants, ni le goût, l'odeur & les autres qualités fenfibles des Plantes ne nous découvrent pas quels effets elles font capables de pro- duire fur nous. On fçait que de tous ces moyens Fanalyfe chymique eftle moins fidelle ; l'Académie royale des Sciences s'en eft affürée par un long travail. Quant aux effais faits fur les Animaux, ils ne concluent rien pour nous ; les Amandes ameres, le Perfil, tuent des Oïfeaux, & ne laïflent pas de | Nnn iij 470 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE nous fervir d'aliments ; & au rebours les Chevres broutent le Tithymale pour réveiller leur appetit, & cette même plante empoifonne les Poiflons, & n'eft pas moins dangereule aux hommes. Pour ce qui regarde les qualités fenfibles, nous ferons voir plus bas qu'elles trompent très-fouvent ; & la reflémblance des caraéteres botaniques ou leur proximité dans les claffes, ne nous aflürent pas des affinités de leurs vertus ; car les Ciguës, les Phellandrium, les Ænanthe, fe trouvent dans fa même famille que les Angéliques, le Fe- nouil & autres plantes fort falutaires. Rien ne nous aflüre donc des bonnes où mauvaifes pro- priétés des Plantes à notre égard, que l’ufage réitéré que nous en faifons nous-mêmes ; or il eft peu de Botaniftes, comme Gefner, zélés pour le bien public, jufqu’à rifquer leur vie en éprouvant fur eux-mêmes les vertus des Plantes. On ra- conte quece grand homme mourut pour avoir effayé {ur lui la vertu du Doronic à racine deScorpion. La prudence veut donc qu'on attende patiemment ces eflais des Empiriques téméraires, ou des payfans affés malheureux pour fe tromper quelquefois fur le choix des remedes & des aliments tirés des Végétaux. Un Apothicaire fort honnête homme, mais peu verfé dans la Botanique, débitoit un Remede fous le nom d’Æxtrair de l'Hellebore d'Hyppocrate, qui eft le Ranunculus fæniculaceis folis, Hellebori nigri radice. Hort. reg. Monfpel. J’eus befoin de l'employer, & j'en fis prendre douze grains dans un verre de médecine à une fille, qui heureufement n’en reflentit aucun mauvais effet, & n'en fut pas plus purgée qu’elle avoit accoûtumé de tre par la médecine feule. Mais quelle frayeur n'eus-je pas quelque temps après, quand à force de perquifitions, je n''affürai par mes yeux que la plante dont Javois ordonné l'extrait, étoit l A€Za de Pline, ou le C#riffo- phoriana d'Odon , plante mife à bon droit par es Anciens parmi les plus venimeufes, & dont une feule baye, ainfi que je l'ai appris fur la montagne de la Louzere où elle vient, tuë fur de champ les Poules & autres oifeaux qui s’avifent DES SCIENCES. 471 d'en manger? Je ne doute pas que le feu employé pour tirer l'extrait des Plantes, n’en altere beaucoup les vertus. Un autre Apothicaire s’avifa de faire un commerce des Racines du Colchicum, ou Tuë-chien, fous le nom de Racines d'Hermodattes, mais je n'ai pu fçavoir quels effets produifit ce poifon. - On voit par ce que nous venons de dire, que la recherche des vertus des Plantes eft très-rifqueufe, & que c’eft au temps &£ à des hazards heureux ou funeftes à nous inftruire là-deflus. Mais c’efl des Plantes venimeufes que la connoiffance nous intérefle le plus, car elles nous trompent fouvent par les apparences de fruits doux & agréables, témoins la Belladona, la Chriftophoriane, & fur-tout le Coriaria, dont nous parle- rons plus bas ; ainfi il eft avantageux de faire connoître ces poifons, afin qu'on les évite foigneufement. Une autre raifon qu'on ne foupçonne pas d'abord, doit nous engager encore à la recherche de ces fortes de Plantes, c’eft leur vertu médi- cinale ; car toutes venimeules qu'elles font, elles peuvent fort bien fournir des remedes, d’autant plus efficaces qu'elles font plus dangereufes, & au fond les poifons ne different fouvent des remedes que par la dofe ou par la maniére de les appli- _quer. On tire du Laurier-cerife une eau très-venimeufe, & cependant les feuilles de cet arbre donnent aux crêmes un goût d'amande amere qu'on recherche avidement, & dont on fe trouve bien. Le Laurier-rofe, poifon violent, même … pour les chevaux, purge certains hommes robuftes avec fuccès. L'Opium, qui eft un fouverain remede, appliqué à propos & à jufte dofe, hors de ces cas eft un poifon violent. La Dente- laire de Rondelet, où Plimbago, eft un cauftique fi fort, qu’une fille qui s’en étoit frottée pour guérir de la galle, fut écorchée vive; & par cette même vertu, j'ai vü trois Cancers invé- térés & cenfés incurables par leur adhérence à des parties offeufes, radicalement guéris. Ce remede, dont le poflefñeur fait un grand fecret, n’eft autre chofe qu’une Huile d'Olive dans laquelle on fait infufer les feuilles de Plumbago, & de cette huile on oint trois fois par jour l'ulcere chancreux, en répétant cette application jufqu'à ce que l'efcarre noire fe 472 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe foit aflés encroûtée pour que le malade ne fouffre plus de vives douleurs par cette application, ce qui va à environ deux femaines. Le Redoul où Roudou, que feu M. Nifole a décrit le premier, & a nommé Coriaria , dans les Mémoires de l'A ca- démie, 17 1 1, efl le Sous-arbriffeau connu des Anciens fous le nom de RAus fyheffris. Plin. & de Rhus myrtifolia Monfpe- liaca. C. B. M. Linnæus l'a rangé parmi les Plantes qui ont des fleurs mâles fur des pieds différents de ceux qui portent les fémelles ; elle a dix étamines à fa leur male, & la fémelle eft baccifere, toutes deux font fans pétale , les feuilles font enticres, lifles, trois ou quatre fois plus grandes que celles du Myrte, oppofces deux à deux le long des tiges. On appelle encore cet arbufte l Æerbe aux T'anneurs , & en effet ils la font fécher, & la font moudre fous une meule pofée de champ, qui tourne autour d'un pivot vertical, & cette poudre eft un T'an beaucoup plus fort que celui de l'écorce du Chêne vert; car quand ils veulent hâter la préparation-des Cuirs, ils ne, font que mêler le tiers ou le quart de cette poudre au Tan ordinaire, au moyen de quoi le cuir eft plütôt nourri, mais il en vaut beaucoup moins pour l'ufage. Tous les Modernes qui ont écrit fur cette Plante, fe font. contentés de dire qu'elle fervoit aux Tanneurs à nourrir les Cuirs, & aux T'einturiers à teindre en noir les Marroquins ; mais les Anciens, fidelles copiftes de Pline, ont avancé de plus, fur la foi de cet Auteur, que le Frutex coriarius, ou Rhus fylreftris à feuilles de Myrte, fert non feulement aux Tanneurs, mais même qu'il eft utile dans la Médecine pour réfifier au Venin, pour guérir les malades appellés Cæliaques, pour les Ulceres du fondement, des oreilles, qu’il chaffe les Teignes, & même quelques-uns l'ont pris pour le RAus obfoniorum, qui eft le Sümach, avec lequel la reflemblance des noms & le défaut des caracteres l’avoient fait confondre. Après tous ces éloges répétés par les Anciens, on ne foup- çonneroit pas que le Redoul füt un poifon, bien des gens font au contraire perfuadés que fes bayes peuvent fervir dans les DES SCIENCES. 473 les ragoûts ; cependant c'en eft un, & des plus finguliers, ayant la propriété de caufer l'épilepfie aiguë aux hommes qui mangent de fes fruits, & le vertige aux animaux qui brouttent fes jeunes rejettons. IL y a quelques années que je vis à la campagne des Che- vreaux & des Agneaux, qui au retour du pâturage chance- loient, tournoyoient, & enfin tomboient à la renverfe avec des trémouflements & des convulfions de tout le corps ; ces animaux fe relevoient enfuite, mais pendant un temps ils portoient la tête bafle, donnoïent étourdiment de la tête contre ce qui fe prélentoit à leur paffage , enfin ils reftoient des heures entiéres dans cet état d'épilepfie ou de vertige. Les Bergers confultés fur cela, dirent que le Redoul en- ivroit ces animaux, & que ce n'étoient que les jeunes qui s'y laifloient attraper, les plus vieux fe donnant bien garde d'y toucher; ils ajoûterent que ce n’étoit rien, & que cette ivrefle ne tiroit guére à conféquence. J'en fis faire des expériences fous mes yeux, & je trouvai que ces animaux ne mangent que les feuilles tendres & nou- velles, les fruits & les feuilles anciennes font un poifon plus violent, au lieu que les nouvelles ne fant qu’enivrer, Ceci fert à confirmer l'opinion de M. Linnæus, qui croit que les jeunes poufles de certaines Plantes très-venimeufes peuvent être falutaires, auffi trouva-t-il qu'en Lapponie l’ufage de manger en falade les jeunes feuilles de l'Aconit bleu ou Napel, étoit établi ; & en effet ne mange-t-on pas en France es Afperges ou jeunes pouffes du Cematitis five flammula re- pens. C. B. dont les feuilles plus anciennes fervent aux men- diants à s’exciter des ulceres aux jambes, à raifon de quoi on la nomme l'Æerbe aux gueux ! Après ces obfervations, j'étois fort en peine de fçavoir fi ce Redoul n'étoit pas un poifon pour les hommes, car on fçait que ce qui l'eft pour fes animaux, ne left pas toûjours .pour nous ;. mais deux expériences funeftes, & qui coûterent la vie à deux perfonnes, m'inftruifirent trop bien là-defus. À Alais, un Enfant âgé de dix ans, en 1732, s'avifa de Men. 1739 , Ooo 474 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE manger des bayes du Coriaria, trompé peut-être par Ja reffemblance qu'elles ont avec les Müres de ronce qui fe trouvent fouvent mêlées avec le Redoul. Etant de retour chés lui, il tomba coup fur coup dans plufieurs attaques d'épilepfie fr violentes, que nonobftant tous les fecours ordi- naires en pareil cas, le lendemain il mourut. L'année d'après, à pareille faifon , c’eft-à-dire, au mois de Septembre, un Travailleur de terre, âgé de quarante ans, revenant d’une campagne où je l'avois vü un mois aupara- vant en bonne fanté, preffé de la foif & par bêtife, mangea une quinzaine de ces fruits, & en demi-heure de temps il fut faifi d’une ou de deux attaques d’épilepfie, à l'occafion def- quelles il fut faigné; mais ces attaques redoublant toûjours, il fut conduit tout de fuite à l'Hôtel-Dieu, & ayant été à fon fecours, je le trouvai pris des convulfions, fans connoif- fance, de couleur livide, prêt à tomber du lit, fans que fes voifins , qui avoient horreur de fon état, voulufient le fe- courir. L'Emétique qu’il prit hors de l'attaque, lui fit rendre huit ou neuf bayes de Redoul, & le foir même à {a quinziéme attaque il périt. L'ouverture du Cadavre ne nous découvrit aucun dérangement dans le rerveau, le ventricule, ni ailleurs, nous trouvâmes feulement dans le ventricule cinq ou fix bayes de cette Plante. . Trop convaincu de fa qualité venimeufe du Redoul, je répandis ce bruit dans tous les environs, afin qu’on fe donnit plus de garde d'en manger, & je m'attachaï à découvrir fa maniére d'agir, mais j'avouë n'y avoir rien compris. Je ne voulus pas prendre la peine d'en faire lanalyfe chymique, par laquelle j'aurois feulement appris que le Redoul donne les mêmes principes que d’autres Plantes fort falutaires. Le goût, h vüë, l'odorat, ne la rendent fufpeéte qu'autant qu'il faut pour ne pas manger d'un fruit dont on ne connoît pas les propriétés. L'affinité de caractere qu'elle a avec le Cafia, Y'Ephedra, le Smylax, le Tamnus , le Genevrier, ne fait pas connoître fa vertu. Ces bayes, qui d'abord paroiffent agréables, ne fe DA BDSNC TE NC ES 475 démentent pas pour être mâchées plus long-temps , comme il arrive au Riccinus Americanus , à V Aconit, à la Dentelaire, Je tiraï l'extrait de la Pulpe, qui eft mucilagineux , doux- aigrelet, & [{e fond à l'air après avoir été defléché. Je pul- vérifai deux dragmes de Pépins, & les ayant fait infufer dans l'eau de vie, & paflé enfüite au travers du papier brouillard, je ne trouvai aucune partie huileufe, On foupçonnera un acide coagulant dans ces bayes , mais ce fera un foupçon gra- tuit, le fang des cadavres ne paroiffant pas du tout congulé, & leur lividité prouvant qu'il avoit été poufié feulement avec violence dans les vaifleaux cutanés par la force des convul- fions. C’eft au temps à éclaircir la théorie des Venins. Au refte les Bouchers ont coûtume d’arrofer d’eau bien fraïche les animaux qui tombent en épilepfe par lufage du Redoul, & j'ai vû employer avec fuccès ce même remede fur un homme dans l’épiepfie ordinaire. FIN. Faures à corriger dans les Mémoires de 173 9. Page 224, ligne8, lifés, 724 s' 23", au lieu de7243'23", Ligne 9 , if. 8444" 54", au lieu de 7 4à 41" 54". Page 2 34, ligne 20, if. AHP, au lieu de AHB, & DR, au lieu de DT. | s Page 239, ligne $, li. BH, au lieu de BK. % val: y * exists 4! ba .. tre. 5 ‘ je M td » 2 4 Hs : SÉat aLARES En D 2 < na bpeia le ilimeebe rà pr errtinn gr tn RE di : mé. » , 2 Ja VE 2 - L'ut LÉ NRCNE we ER PE Us Lire È Li ” ? » “ “ i . { ce L « . + F : » 74 L7 l'E UE Qt 1 £ 295 fr 14 5 HAS PHARE HOHIE [HIT RE “Bus u