HISTOIRE L'ACADE MIE ROYALE D'ÉMISGORDENE ES, ANNEE» AL. D,CC EL. Ar les Mémoires de Mathématique & de Phyfque, pour la même Année. Tirés des Repiftres de certe Académie, DE LIMPRIMERIE ROYALE. AL "OMC: C L'E V: Li 2) , 184 A w Fi re set DE e PAIE 5h ; PRE PET LT 17 nr, Li TABLE L'HUNAS TOER.E. ‘PHYSIQUE GENERALE. JS. UR différens moyens de perfectionner la Bouflole. Page x Sur plufieurs faits d'Hifloire Naturelle obfervés en Jtalie. 7 Sur la manière de diflinguer les différentes Pierres précieufes. 26 Sur quelques effets de la Poudre à canon. 30 Obfervations de Phyfique générale. 34 ANATOMIE. Olfervations Anatomiques. 48 GE UN ME Sur les Embaumemens des E’gyptiens. 53 B.0. Tel QU E. 107 G'ESOM ET R LE. Sur les Quarrés magiques, Lo # ij T A BL'E. AUS TR OU ONMNNE Sur les Elémens de la théorie du Soleil. 125$ Sur les Nœuds à l'Inchinaifon du quatrième Satellite de Ju- pite Ve 132 G'FUOUG'R: ACPUFENE: 142 H:YED'RtANU:L: M QNU-E: Sur la conduite des Eaux, 153 AnxCIOSULS MOQUE. 160 M FIGE ANNERONUNE: Machines ou Inventions approuvées par l'Académie en 175$ 0. 168 Eoge de M. le Duc d'Aiguillon. 173 Eloge de M. de Crouzas. 179 Eoge de M. Petit. 191 Eoge de M. l'Abbé Terraffon. 203 10:0:0:9:0:0!0,0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:010:0:0:0$ MaAï DIE E POUR LES MEMOIRES. XPÉRIENCES fur quelques effets de la Poudre à canon. Par M. pu HAMEL. Page r Sur les Elémens de la théorie du Sokil. Premier Mémoire. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. II De la connoiffance des Pierres précieufes. Par M. DAUBENTON. 28 Mémoire fur la conduite des Eaux. Par M. DE PARCIEUX. 39 Suite des Expériences &7 des Olfervations faites en différens endroits de l'Italie. Pa M. Y'Abbé NoOLLET. s4 Suite d'un Mémoire fur quelques problèmes de Dynamique. Par M. le Chevalier D'ARC Y. 107 Défiription d'un Hermaphrodite , que l'on voyoit à Paris en 1749. Par M. MoRAND. 109 Des nœuds & de l'inclinaifon du quatrième fatellite de Jupiter. Par M. MARALDI. 113 Sur les Embaumemens des E'gyptiens. Premier Mémoire, dans lequel on fait voir que les fondemens de l'art des Embau- memens égyptiens font en partie contenus dans la defcription qu'en a donné Hérodote, &7 où l'on détermine quelles font les matières qu'on employoit dans ces Embaumemens. Par M. ROUELLE. 123 Obfervations de l'échpfe horizontale de Lune du 1 9 Juin 1 75 0, faite à Paris & à Saint-Germain-en-Laye. Pa MS LE MONNIER. 15L * ii ASPRBNL TE. Autres Obfervations de l'Eclipfe horiçontale de Lune du 1 9 Juin 175 0, avec la différence des méridiens entre Paris Êr Caffit. 152 Différens moyens pour perfedtionner la Bouffole. Pa: M. pu HAMEL. 154 Sur les E‘lémens de la théorie du Soleil. Second Mémoire. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. 166 Septième Memoire fur les glandes des Plantes, & le fixième fur l'ufage que l'on peut faire de ces parties dans l'établiffe- ment des genres des Plantes. Par M. GUETTARD, 1 79 Obfervation de l'écipfe totale de Lune du 19 Juin 1750. Par M. DE T'HuRrr. 23 Objervation de 1 ‘éclipfe totale de Lune du 1 9 Juin 175$ 0, faite à l'Obfervatoire royal de Paris. Pax M. DE Foucu#. 239 Méthode facile pour faire tels Quarrés magiques que l'on voudra. 8 Par M. D'ONS-EN-BRaAY. 241 Obfervation de l'échipfe de Lune du 1 3 Décembre 175 0. Par Murs DE Taury & MARALDI. 272 Objférvations Botanico- Méïéorologiques faites au château de Denainvilliers proche Pluviers en Gätinois, pendant l'année 1749. Par M. pu HAMEL. 275$ Extrait des Ofervations Botanico-Météorologiques, faites à Québec pendant l'année 1 749, par M. Gautier, Médecin du Roi en Canada. Par M. pu HAMELz. 309 FHifioire des maladies Epidémiques de 1750, obfervées à Paris, en même temps que les différentes températures de l'air. Par M. MazouIn. 311 Olfervation de l'éclipfe de Lune du r 3 Décembre 17 $ 0, faite dans la rue des Pofles. Par M. BouGuER. 340 Oljfervation de l'éclipfe de Lune, faite à Paris le r } Décembre 1750, au matin. Par M. LE MoNNieR le Fils. 341 T À B LE. Appuife obfervé le 1 2 Août 1 75 0, de l'étoile 8 d'Ophiucus a la Lune. 342 Observation de l'échpfe totale de Lune du 1 3 Décembre 175 0, au matin, faite à Paris dans l'hôtel de Clugny. Px M.DE L'ISLE. 343 Huitième Mémoire Jur les glandes des Plantes, à le féptième fur l'ufage que l'on peut faire de ces parties dans l'établiffe- ment des genres des Plantes. Par M. GUETTARD. 345 Obfervations météorologiques, faites à l'Olfervatoire royal per- dant l'année 17$0. Par M. DE Foucur. 385 Mémoire fur le Verd de Gris. Par M. MoNTET, de Ia Société Royale de Montpellier. 387 Fautes à corriger dans l'Hifloire de 1749" Page 157, ligne dernière, dans toutes les hauteurs, effacez toutes. Page 157, ligne 6, de l’alongement de Ia Terre, lifiz de Faplatiffement de la Terre. Dans les Mémoires de 1749. Page 748, ligne 4, au deffous de la Table, c’étoit fer Chimboraço , É ou précifément, ifez c’étoit fur Chimboraço, & précifément. Faures à corriger dans l'Hifloire de 17ÿ 0. Page $, ligne 9, beaucoup fupérieure, /ifez de beaucoup fupérieure, Page 82, ligne $, à laquelle, lifez à cette partie de laquelle. Page 108, ligne dernière, à refpirer, Aifez à pomper. Page 111, lignes $ à7 6, tout ce qu'il eft poffble , ajoätez qu’elles en tirent. Dans les Mémoires de 1750. Page 24, ligne 5, aogée, Lifez apogée. | LRO À F'A UXTUENS | AC O R RING ERA Dans la feconde édition du Traité phyfique & hiftorique de l'Aurore Boréale, outre celles qui font indiquées dans l Errata qui eff à la fin de la Table des Chapitres de ce Traité. Page 52, Page 95, Page 115, Page 116, Page 120, Page 145, Page 288, Page 335; Page 248, Page 467, Page 485, Page 491, ligne 7, ligne 24, ligne 25, ligne 19, ligne 15, ligne 6, ligne 29, ligne 7 2 ligne 20, ligne 2, ligne 7, ligne 10, & en l’état, lifez & dans l'état. quelconques , /fez quelconque. & que ce que, lfèz & que. ou comme , lfez ou, comme. n'arrive, Afèz arrive. les entouroient, Afez l’entouroient. a furface, Lifez la furface. réfulteroit-i, Zifez réfulteroit-il. du Mobile, lifez du Premier mobile, Thefflie vers le midi, lifez Thefalie vers le nord, & la Macédoine vers le midi. des Remarques, pourroit , Afez pourroient. grands, Afez grand. Page XX de la Table des Matières, mettez SCHEINER après SATURNE, cel qu'il eft plus bas, 7 ajoûtez en fon lieu SGUAR1O [ M. Eufebio] Son Ouvrage fur l'Aur. Bor. 305. Dans la Fig x11, Planche VIT, la clarté du Ciel doit aller en dégradant infenfiblement depuis l'Arc crénelé jufqu'’au haut de la Planche. HISTOIRE HISTOIRE L’'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. | Année M. DCCL. ,@,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0,0), 00,0, 0,00, 6 PHYSIQUE GENFRALE. SUR DIFFERENS MOYENS | DE PERFECTIONNER LA BOUSSOLEF, ES avantages immenfes que la Bouflole a procurés V.les M. à la Navigation, juftifient aflez le foin que les Phy- P: 154- Eat ficiens ont pris de travailler à la perfection de cet infrument, tant en s'eflorçant de pénétrer de plus en plus dans les myftères de laimant, -qu'en recherchant les moyens les plus avantageux d'augmenter fa force directive, & de Yappliquer à Y'aiguille aimantée, Hift 1750. A 2 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoyaLe Les principaux avantages qu'on peut defirer dans une aiguille de bouflole, font de fe diriger vers le pole magné- tique avec force, & d'être extrémement mobile fur fon pivot, fans cependant être ce qu'on nomme vo/age, c'eft-à- . dire, fans perdre la propriété de fe fixer aflez promptement * Voyez Hifl. 1745» PI. vers le point où l'aimant la dirige, à C'eft à donner aux aiguilles de bouffoles ces qualités avan- tageufes, que font deftinées les recherches de M. du Hamel, dont nous allons parler. me Le point le plus intéreflant, & auffi le plus difficile, étoit Paugmentation de la force magnétique ; & pour mieux en- tendre la manière dont sy prit M. du Hamel, nous ferons obligés de rappeler au Lecteur une légère idée de ce que nous avons rapporté en 1745 * fur la même matière. M. Knight avoit envoyé d'Angleterre à plufieurs Acadé- miciens, de petits barreaux d'acier aimantés & d’une force extraordinaire; ils wavoient été, difoit-on, touchés par au- cune pierre : le Phyficien angloïs gardoit fur le refte ‘un profond filence, & fembloit {e faire un plaifir de jouir de l'inquiétude qu'il caufoit aux autres. M. du Hamel entreprit de deviner cette efpèce d’énigme, & vint à bout de faire, d'une manière très-fimple, des barreaux magnétiques auffi forts que ceux du Docteur Knight: il ne fallut pour cela qu'attacher le petit barreau fur l'extrémité d’une longue lame d'acier précédemment aimantée, & aimanter enfuite le tout enfemble. Une nouvelle annonce de M. Knight a engagé M. du Hamel à de nouvelles recherches. On a lu dans les nou- velles publiques , que ce Phyficien favôit compofer des barres magnétiques qui aimantoient les aiguilles trempées dur}, plus puiffamment que les meilleures pierres, qui pouvoient aug- menter la force des aimans foibles, & même changer ab{o- lument la fituation de leurs poles; mais il s'eft contenté d'y énoncer les propriétés de fes barres, fans dire par quelle voie il étoit parvenu à les leur donner. M. du Hamel seft remis fur la voie de fes premières. DE SUSACÎLIE NC 15 ériences, de concert avec M. Antheaume, déjà connu de l'Académie par plufieurs Ouvrages qu'il lui a préfentés, qui » de fon côté, avoit déjà tenté de perfectionner les bouffoles de mer ; & aidé par le fieur le Maire, qui avoit travaillé aux expériences qui furent faites en 1745, il a cherché es moyens de donner aux barres magnétiques les mêmes propriétés que M. Knight fe vantoit de pouvoir leur donner. Les premières épreuves furent faites fur deux barres d'acier d'Angleterre, trempées dur & polies, d'environ 8 pouces de long, 4 lignes & demie de large, & 2 lignes & demie d'épaiffeur: ces lames furent aimantées fuivant la manière que M. Knight prefcrit pour les aiguilles de bouflole, avec deux fames de fibre dont on avoit coupé 1a pointe & 1a foie, & qui avoient été elles-mêmes aimantées fur une barre beaucoup plus longue, comme nous l'avons dit en 1745%*, en parlant des premières expériences de M. du Hamel. - Le fuccès de cette tentative lui fit voir qu'il étoit dans la véritable route : un barreau d'acier trempé très-dur, qui, aimanté à l'ordinaire avec une bonne pierre , pouvoit à peine foutenir une aiguille à coudre, reçut de la nouvelle barre une force fufhfante pour porter une once 4 gros. On prit une pierre d'aimant foible, & qui foutenoit à peine un petit clou ; on marqua fes poles, &-on l'aimanta en fens contraire avec la barre magnétique; les poles de 1a pierre furent changés, celui qui étoit nord devint fud, &c elle porta alors 6 onces: on faïmanta de nouveau en fens contraire, les poles changèrent encore, & revinrent à leur première pofition , la pierre porta en cet état 22 onces. Enfm on aimanta une méme’ aiguille de bouflole fücceffi- -vement, avec une femblable barre & avec une de célles de M. Knight; elle porta également un poids dé 41 gros. ‘11 Malgré le fuccès de ce travail qui avoit, comme on le voit, fourni des barres magnétiques, très-approchantés de celles du Doéteur Knight, M. du Hamel &'M. Antheaume n'étojent pas contens : cés! dernières avoiént encore quelque A ji * Voir Hiffe 17459 P. 2e HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fupériorité qu'ils vouloient leur enlever. Pour cela, ils-chan- gèrent quelque chofe au procédé qu'ils avoient employé; ils. fubftituèrent aux lames de fabre, des lames d'acier plus exac- tement travaillées, ménagèrént des contacts plus précis, & enfin trouvèrent une manière d'aimanter les barres, qui leur donna plus de force que n'en avoient les barres angloifes. Cette manière d’aimanter confifte à difpofer fur une table, les deux barres qu'on veut aimanter, à côté l'une de l'autre, & féparées feulement par une règle de bois de même lon- gueur & de même épaifleur qu'elles, & qui n'a que 3 ou 4 lignes de large. On joint à chaque bout les extrémités des. deux barrés par une petite traverfe de fer qui les touche exactement, & on applique à ces deux efpèces d'armure. que M. du Hamel nomme contaëls, les bouts de deux autres. barres qui auront une largeur & une longueur doubles des premières, & qui auront été aimantées à l'ordinaire, en forte que le tout forme une feule règle: alors on promène le long. de cet aflemblage, Yarmure d'une bonne pierre d’aimant ca- pable de porter 18-à 20 livres, de façon qu'elle ne touche: qu'une des barres du milieu. Par cette opération, cette barre {e trouvera aimantée fur une de fes faces: on changera alors les deux barres de place, & on aimantera de même la feconde: on répétera cette opération pour les quatre faces des. barres, enfuite on mettra les grandes barres au milieu, & les petites. au bout. Par ces opérations réitérées, on forcera la matière. magnétique à couler rapidement à travers les petites barres. qui reçoivent, par cet arrangement, l'écoulement des grandes, & on parviendra à donner aux barres magnétiques une force. égale à celle des barres du Docteur. Knight. Nous difons égale, car quoique les expériences aient démontré plus de force dans les barres de M. du Hamel que dans celles qui avoient été envoyées d'Angleterre, ces dernières pouvoient avoir été aimantées depuis quelque temps, & avoir perdu une petite partie de leur vertu, lorfque M. du Hamel en fit la comparaifon avec les fiennes ; il a trop. de délicatefle poux diflimuler cette circonftance, & pour DRE S 1, SUGL.E NC :8 $ vouloir prendre dans un combat de cette efpèce, aucun avan- tage qui ne füt pas: légitime: - Avec des barres de 14 & 1 5: onces, on peut, fans aimant, donner une très-forte vertu magnétique à de petits barreaux. pourvû que leur poids n'excède pas 4 ou $ onces: on peut, avec ces mêmes barres, changer les poles des pierres d'ai- mant qui font foibles,.& augmenter leur force; enfin, en aimantant les aiguilles avec ces barres, on leur peut com- muniquer une vertu directive beaucoup fupérieure à celle qu’elles auroient pû recevoir des meilleures pierres. On n’aura plus befoin pour cela de fortir du royaume, & M. le Maire. eft en. état de fatisfaire fur ce point les Phyficiens & les. Marins. Les barres magnétiques & les aiguilles doivent étre trem- pées de toute dureté ; la trempe en paquet y paroît très-- propre; & comme il arrive fouvent que les barres fe tour-. mentent ou perdent leur reétitude à la trempe, on doit, pour éviter autant qu’il eft poflible cet inconvénient, recom- mander à ceux qui les: forgent, de ne point les redreffer à. froid, mais de les faire chauffer chaque fois qu’il faudra les. redrefler, celles qui ont été redreffées à froid ne manquant. pas de reprendre leur première courbure à la trempe. IL, y a des barres qui ne reçoivent d'abord qu'une mé- diocre quantité de vertu magnétique; mais fi après les avoir aimantées une première fois, on les laifle-plufieurs jours dans la même pofition,.& qu'enfuite on les aimante-de nouveau, . elles reçoivent une force confidérable à cette feconde opération. 1 femble que la matière magnétique ait quelquefois befoin. de temps pour fe. frayer, dans l'intérieur de l'acier, des routes. que le premier attouchement n'avoit.pû fufifamment ouvrir. - Pour.conferver aux barres & aux aiguilles Ja. force magné-. tique qu'elles-ont reçüe, il faut les tenir deux à.deux dans. une boîte avec leurs contaéts. ou-armures.de fer aux deux. bouts : il s'établit par ce moyen.une circulation de. matière: magnétique dans leur intérieur, & cette circulation entretient. &. conferve leur vertu. | A ïij, 6 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Enfin la figure qui a paru la plus avantageufe pour les aiguilles , eft celle d'un parallélogramme terminé par deux pointes fort obtufes, & on doit leur donner à peu près une demi-ligne d’épaifieur. Des aiguilles de cette figure & de cette épaïffeur, qui doivent encore, fuivant l’ufage de la mer, être chargées d’une rofe de vents, pourroient paroïtre peu fufceptibles d'un mouvement bien libre fur leur pivot : M. Antheaume a trouvé un remède extrêmement fimple à cet inconvénient; au dieu de placer au milieu du fond de la boîte un pivot aigu à l'ordinaire, il y place un petit pilier aflez gros pour rece- voir une chape de verre ou d'agathe, qui y eft maftiquée l'ouverture tournée en haut; il en ajufte une pareïlle au centre de la rofe; alors il fait un petit fufeau de cuivre pointu par les deux bouts, dont l'un entre dans la chape renverfée qui eft au bout du petit pilier, & l'autre dans la chape de Ja rofe. Trois petits contrepoids difpofés en triangle vers le milieu de la hauteur du fufeau, ont aflez de puiffance pour rappeler & retenir le fufeau & la rofe dans la fituation per- pendiculaire, & cette petite addition, toute fimple qu'elle eft, procure à la rofe une mobilité qu'on ne foupçonneroit pas avant de l'avoir vüe. Cette grande mobilité même caufoit un inconvénient con- fidérable : un vaiffeau en mer eft dans un mouvement conti- nuel, & ces aiguilles fi mobiles devenoient ce que l'on nomme volages, c'eft-à-dire qu'avant qu'elles fe fuffent fixées, un nouveau mouvement du navire les éloignoit de leur direc- étion : de petites aîles de papier que ces Meflieurs ont ima- giné de faire coller perpendiculairement fous la rofe, ont remédié à ces incommodes ofcillations ; fans charger fenfible- ment la rofe, elles éprouvent dans l'air une réfiftance qui fuffit pour la faire fixer affez promptement , fans lui rien faire perdre de fa juftefle. Les aiguilles conitruites fuivant les principes rapportés dans le Mémoire de M. du Hamel, reviennent toûjours à leur première direétion, à moins d'un demi-degré près , lorfqu'on les en dérange; au lieu que les boufloles DES SCIENCES. 7 ordinaires ne s’y remettent qu'avec une différence de trois, quatre, ou même fix degrés. On voit combien cette augmen- tation de jufteffe doit être avantageufe à la Marine; elle eft dûe toute entière aux foins que M”: du Harnel & Antheaume: fe font donnés, tant pour perfectionner les aiguilles & leur fufpenfion , que pour deviner & rendre public le fecret que le Phyficien anglois faifoit de fa découverte. SUR PLUSIEURS FAITS D'HISTOIRE NATURELLE obfervés en lialie. N° avons rendu compte l’année dernière, de la pre- mière partie des Obfervations que M. l'Abbé Nollet avoit faites dans fon voyage d'Italie* ; il nous refte à parler cette année de celles qui compofent la feconde & dernière partie de la relation de ce Voyage. Une des premières fmgu- larités qui soffrirent à lui, fut une troupe d'oies, parmi le£ quelles il y en avoit plufieurs qui paroifloient avoir quatre ailes : il fembloit au premier afpeét qu'outre les aîles ordinaires qu’on voyoit couchées le long du corps de l'animal, il y en eût encore deux plus petites partant de l'extrémité du dos, & qui fuffent toûjours ouvertes ; mais cette apparence difpa- roifloit dès que l'oifeau ouvroit fes ailes, & l'examen qu'en fit M. Abbé Nollet lui apprit qu'elle n'étoit caufée que par le renverfement de laileron, c'eft-à-dire, de la dernière portion de l'aile, qui, au lieu de porter, comme à l'ordinaire, les grandes plumes le long du corps, lestenoit relevées. Ces oies extraordinaires étoient venues dans une même couvée- avec d'autres qui n'avoient rien de fingulier, & toutes for- toient d'un même père qui avoit les ailerons repliés, & d'une même mèré qui portoit les aïles à l'ordinaire. L'Italie a, comme la France, ces infectes qu'on nomme vers. luifans ; mais de plus elle en a d’autres, dont les uns, voltigeans pendant les nuits de d'été, prélentent aux yeux: V. les M, P: 54. * Vo. Hi 1749, P. 15» 8 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE des Voyageurs, & plus encore à ceux des Phyficiens, le fpettacle le plus brillant & le plus admirable, & les autres font étinceler les eaux de la mer de toutes parts, & femblent avoir porté le feu & la lumière jufque dans le fein des eaux. L'infecte volant lumineux fe nomme dans le pays, /vcciola ou mouche luifante, mais c'eft un véritable fcarabée, à peu près de la grofleur d'une abeille; les fourreaux de fes aîles font prefque noirs, & le ventre d'un gris cendré, ou d’un brun jaunâtre : c'eft cette partie qui eft lumineule, & qui l'eit affez pour que trois de ces infeétes, enfermés dans un tuyau de verre blanc, faflent diftinguer pendant la nuit tous les objets d'une chambre; un feul éclaire fuffifamment pour faire difcerner aifément l'heure que marque une montre. Ce que cet infecté a de fingulier, c'eft que fa lumière n'eft pas uniforme, & qu'il eft lumineux comme par élancemens : il paroît que les mouvemens qu'il fe donne contribuent à faire paroître fa lumière, du moins elle eft beaucoup plus fen- fible quand on le touche , ou lorfqu'il fe difpofe à s'envoler. La matière contenue dans le ventre de j’infecte, tient appa- remment de la nature du phofphore : M. l'Abbé Nollet a remarqué qu'elle répandoit fa lumière fur les endroits où on l'étendoit en écrafant l’infeéte. Celui qui fait paroïtre des points lumineux, & par fes mou- vemens, des tramées de feu dans les eaux de la mer, n’eft ni fi gros, ni fi aifé à découvrir que celui dont nous venons de parler, & il a long-temps exercé la curiofité & la pa- tience de M. l'Abbé Nollet: il voyoit tous les ‘jours, pen- dant fon féjour à Venife, l'eau des lagunes parfemée d'étincelles très-brillantes, fur-tout aux environs des maïfons où l’eau agitée par le mouvement des gondoles alloit fe brifer ; fou- vent les rames de ces bâtimens formoient par leur mouve- ment , de longs traits de feu. Il fit vainement puifer de l’eau des lagunes une infinité de fois, il n’y paroifloit pas la moindre trace de lumière. Enfin, quelques heures avant fon départ, de nouvelle eau puifée éclaircit tous fes doutes; il y aperçut des points lumineux dans l'obfcurité, adhérens à des feuilles d'algue; DES SCIENCES. 9 d'algue ; il en enleva une, il prefla avec le doigt l'endroit lumineux, & il vit que cette matière s'étendoit comme s'il eût ecrafé du phofphore. Ayant fait apporter une bougie allumée, il n'aperçut fur cette feuille aucun veflige de cette matière, & ne vit qu'une feuille mouillée; la lumière même parut abfolument éteinte dans le feau, quand on eut retiré la bougie; mais le mouvement que M. Abbé Nollet caufa dans l'eau en voulant prendre un nouveau brin d'herbe, la ranima en plufieurs endroits: alors ayant approché fon doigt. ès d'un de ces points lumineux, qui paroifloit tenir à une feuille, il fit rapporter la bougie & aperçut un petit inlecte d'une confiftance très-molle, d'un gris-blanc jaunâtre, formé d'anneaux, avec deux petites nageoires & deux petits filets qui lui fervoient de queue; le tout vû à la loupe paroifloit un peu moins gros qu'un grain de feigle. I le fit voir aux affiftans , & ayant ajoûté qu'il regardoit ce petit animal comme la véritable caufe de la lumière des lagunes, on lui dit que cette opinion avoit depuis peu été propolée par M. Vianelli, Doéteur en Médecine, établi à la Chiozza, ville des environs de Venife, & on lui en montra des preuves. M. l'Abbé Nollet a depuis revû les mêmes êtres lumineux à Porto- Fino; B il eut le plaifir de les confidérer dans le baflin même, & d'obferver tous leurs mouvemens, qui lui parurent parfai- tement fpontanées, tels que le font ceux des animaux, & mullement femblables à ceux d'une fimple matière phofpho- rique inanimée. Cet infeéte, comme celui dont nous avons déjà parlé, luit par élancemens, & fur-tout lorfqu’on le touche ou qu'on le remue; il s'attache volontiers aux herbes & à la moufle: c'eft pour cette caufe que M. l'Abbé Nollet eut tant. de peine à en trouver dans l’eau qu'il faifoit puifer, dont probablement on toit ces fortes de matières; par la même raifon ils fe trouvent fouvent expofés aux coups de rames des gondoliers, & doivent, par le mouvement qu'ils en reçoivent, décrire les longs traits de lumière qu'on obferve effectivement en cette circonftance. … Ces lumières fi éclatantes & fi agréables ne font pas les Hifl, 1750 B ro HisToIRE DE L'ACADÉMIE RoyaALr feules dont brille l'Italie; elle en offre, dans quelques endroits, d'une efpèce bien différente. L'extrémité fur-tout de cette belle partie de l'Europe recèle prefque par-tout dans fon fein, des feux terribles qui quelquefois fe font jour avec violence. & vomiflent avec des torrens de flamme & de fumée, des fleuves de matières fondues & embrafées; les eaux mêmes impregnées de foufre & d’autres matières minérales, y prennent une chaleur & des qualités qui leur font naturellement étran- gères, & la terre laïfle échapper dans plufieurs endroits, des exhalaifons pernicieules aux hommes & aux animaux qui les refpirent. Ces eflets font trop capables d'exciter la curio- fité, pour que M. l'Abbé Nollet ait négligé de les obferver par lui-même. Un des premiers objets de fes recherches fut l'examen des eaux foufrées qui fe trouvent en allant de Rome à Tivoli : le ruiffeau qu'elles forment a, dans l'endroit du pont für lequel on le traverfe, quatre à cinq pieds de largeur, & autant de profondeur : l'eau y coule affez rapidement, & exhale une odeur de foufre fi forie, qu'on en eft quelquefois incommodé à Rome qui en eft à cinq de nos lieues. C’eft probablement cette odeur de foufre qui a fait donner à ces eaux le nom d'aqgua-golfa: s'en trouve de pareilles en plufieurs endroits de lItalie; leur couleur tire fur le girafol, & la vapeur qui en fort, pénètre à la longue les pierres les plus dures: auf Paqua-zolfa de la campagne de Rome at-elle excavé à droite & à gauche fon lit, qui eft creufé dans une efpèce de roche À fleur de terre, & fe répand deflous la plaine qui eft entre le ruifleau & la montagne. On reconnoit cette excavation au bruit & au retentiflement de la terre, lorfqu'on y marche, à celui des eaux qu'on entend fe précipiter d'une cavité dans l'autre, & plus encore aux ouvertures qu'on trouxe en un grand nombre d'endroits, d'où lon voit fortir une vapeur épaifle: quelques-unes même de ces excavations qui ont, pour a plupart, la forme d'un entonnoir, invitent, les Voyageurs à y defcendre, par des fleurs de foufre d'une beauté admirable qu'elles contiennent ; mais il faut bien s'en garder, f1 on ne veut rifquer de recevoir la vapeur qui les D Es SIC T EN c'es ï1 “y'a produites, & de laquelle on pourroit être incommodé fi von y reftoit long-temps expolé. : ++ Cette propriété de détruire la pierre, qu'ont lés eaux fou- frées, doit fervir à expliquem comment un petit lac duquel l'aqua-7ofa prend fa fource, peut être couvert de petites ïfles flottantes: ce ne font que des portions de fes bords que l'eau a petit-à-petit minées & détachées, & qui ne con- fervant du terrein que ce qui eft reflé adhérent aux racines “des plantes & des arbres, flottent fur la furface de l'eau, & y font portées auflpré des vents; explication plus naturelle que “celle qu'ont donnée de ce fait quelques Auteurs qui font . produire ces ifles par un limon élevé & raréfié par le foufre, n Les environs de Naples font, de toute l'Italie, l'endroit le plus fertileren phénomènes’ intéreffans. La fameule grotte ‘du chien fut le premier qui attira les regards & les ober- ‘vations de M. l'Abbé Nollet. : ") * Cette efpèce de caverne eft creufée dans une colline, fur Je bord oriental du lac Agnano: le terrein dans lequel elle reft creufée, n'eft point du roc, mais une terre fablonneufe, ’affez ferme cependant pour fe foûtenir, quoique les parois “oient coupées à plomb: elle a un peu plus de trois pieds de large, près de deux toifes de profondeur, cinq à fix “pieds de hauteur à l'entrée, & un peu moins de trois pieds ‘vers le fond. Le terrein va en baïfflant, depuis le fond de “la grotte jufqu'à l'ouverture, & plus encore depuis la porte “jufqu'au chemin qui borne la colline : on obferve aux parois ‘une légère humidité, qui fe fait remarquer par une couleur “plus brune qui s'élève jufqu'à la hauteur de dix pouces; mais “cette humidité ne produit jamais ni pleurs, ni écoulement, #& on n'y remarque aucune concrétion faline. È ” Lorfquela grotte eft nouvellement ouverte & bien éclairée, ‘on aperçoit, en fe baïflant, un fluide qui: s'élève de cinq à fix pouces, affez femblable à de la fumée de charbon, ex- -cepté qu'il eft plus tranquille, qu'il ne paroït pas fe méler “avec l'air, mais être plus pefant, & que l'on voit la furface *quifépare les deux fluides, fe balancer, comme fi ce fluide Bij 12 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE couloit fous l'air, en fuivant la pente du terrein. On obferve la même chofe au dehors de la grotte, fi ce n'eft que ce fluide y eft moins élevé, & qu'il paroït couler plus rapi- dement, parce que la pente æft plus grande, Ce fluide eft naturellement plus chaud que l'air, & affecte les pieds & la main qui y font plongés, de la même manière que fi on les tenoit huit à dix pouces au deffus d'un vaiffeau ouvert, rempli d'eau bouillante. Le thermomètre que M. Abbé Nollet y laïfla plongé, marqua 29 deorés au deflus de la congélation, & probablement il feroit.m@nté plus haut, fr la porte eût été fermée, puifque l'air extérieur avoit à peine 18 degrés de chaleur. Un flambeau de cire bien allumé, s'éteint promptement quand on le plonge dans la vapeur, mais fans aucun petille- ment qui puifle faire foupçonner qu'elle contienne de l’eau ou quelque matière faline: la fumée, au lieu de fe répandre dans l'air, demeure flottante fur la vapeur, & s'étend entr'elle & l'air; elle acquiert apparemment par fon mélange avec elle, une pefanteur & une qualité qui l'empêchent de s'élever dans Fair, & de s'y difliper: elle coule avec la vapeur, füivant la pente du terrein, #aifant ainfi voir bien fenfiblement le mouvement de ce fluide. On obferve à peu près la même chofe après les éruptions du Véfuve près du volcan, & fur- tout dans les endroits où les /aves fe font arrêtées; tous les endroits creux fe rempliflent d'une matière à peu près pareille: à celle de la grotte du chien, & qui femble couler aufft des lieux les plus hauts dans les plus bas. Les animaux qu'on plonge dans la vapeur de manière qu'ils foient obligés de la refpirer, paroiffent être afleétés de la même façon que ceux qu’on tient fous le récipient de la machine pneumatique, vuide d'air. Un chien qu'on y tint pendant trois minutes, demeura fans mouvement ; on le porta à l'air qu'il refpira à longs traits, &il reprit fa force en deux minutes. un coq foumis à la même épreuve, vomit les alimens qu'il : avoit pris, & fut fuffoqué dans le moment. Les grenouilles, les mouches, les fcarabés, foûtinrent plus long-temps les effets ENS ISMeS RTE AN CRM y dela vapeur, & cela à peu près dans le même ordre qu'ils #oûtiennent le vuide de la machine pneumatique, Toutes ces expériences prouvent évidemment que la va- peur de la grotte eft capable d'ôter la vie aux animaux; mais eft-ce par quelque venin fecret qu'elle contienne, ou fim- plement parce que c'eft un fluide qui excdlud l'air? ou, ce qui revient au même, les animaux qui y périffent, meurent- ils empoifonnés, ou fimplement étouffés ou noyés ? Pour décider cette queftion, M. l'Abbé Nollet y expofa fucceflivement du papier bleu & du firop de violettes, qui -Wy changèrent pas fenfiblement de couleur: le vinaigre 1e plus fort n’y fit apercevoir aucune fermentation; le chien qu'on plongea dans la vapeur, le nez entortillé d'un linge mouillé de vinaigre, n’en effuya pas moins les mêmes fym- ptomes qu'il avoit déjà éprouvés : & le cuivre & le tombac -polis n'y fubirent aucun changement de couleur. IL réfulte donc des expériences de M. Y Abbé Nollet, que la vapeur qu’on trouve dans la grotte du chien, ne contient, - du moins en quantité fenfible, ni acide, ni alkali, ni aucune - matière fulfureufe ou arfénicale: toutes ces matières fe feroient certaineïnent décelées par les effets qu'on fait qu'elles pro- duifent ordinairement fur les différens corps qui avoient {ervi . aux expériences, Elle ne contient non plus aucune qualité corrofive qui -puifle agir fur les yeux ou fur la gorge des animaux. M. l'Abbé -Nollet ne s'eft pas contenté de le conclurre des expériences - qu'il a faites, il s'en ef afluré par des obfervations décifives, -& qu'il n'eût certainement pû exiger du plus zélé Corref- -pondant: il a fait manger à un poulet, du pain baigné dans la vapeur, & voyant que cet animal n’en avoit reçû aucune -incommodité, il a ofé y entrer lui-même, & refpirer cette vapeur, fr redoutée. IL sy plongea d'abord fans la ref _… pirer, & ne fentit aucune impreffion douloureufe fur les yeux -mi fur la langue; il n'éprouva que la même: fenfation que lui auroit procurée la vapeur de l'eau bouillante : il alla en- : fuite jufqu'à la refpirer; pour lors il {entit quelque chofe de "VE 14 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE Royare fuoquant, comme s'il fe füt approché d'un gros tuyau ‘de poêle très-échauffé, ou qu'il fût entré dans ‘une étuve, & une légère âcreté dans le nez & dans la gorge, qui le fit toufler & éternuer, mais fans lui caufer ni naufées, ni mal de téte, ni aucune incommodité, Cette vapeur ne contient donc aucune qualité pernicieufe par elle-même, & n'étouffe les animaux que parce que c'eft un fluide diflérent de l'air qui, comme on fait, eff le feul propre à la refpiration des ani- maux terreftres, ils y font véritablement fufloqués, comme ils le feroient dans l'eau bien pure où dans le vuide : aufx lorfqu'on ouvre ceux qui y ont péri, on ne leur trouve ordi- nairement d'autre caufe de mort, que d'avoir manqué d'air. Le territoire de Naples n'offre pas feulement aux yeux des Phyficiens des endroits remarquables par des vapeurs extraordinaires ; le fameux volcan connu fous le nom du mont Véfuve eft à fes portes, & préflente à la fois une ample matière aux recherches des Phyficiens, & un objet de terreur à fes habitans. Cette redoutable moritagne eft fituée au milieu d'une plame qu'on voit à lorient de Naples, fa bafe peut avoir environ dix lieues de circuit, & vers les deux tiers de fa hauteur elle fe partage en deux pointes diftantes l’une de l'autre d'en- viron $00 toiles; la plus feptentrionale fe nomme Somme, & Fautre eft, à proprement parler, le Véfuve. M. l'Abbé Nollet penche à croire que ces deux pointes n’étoient autre- fois qu'une feule & même montagne, qui s'eft divifée par la fuite, & que fi on ne trouve nulle part époque de cette féparation, c'eft qu'elle eft antérieure aux plus anciennes hif- toires, où qu'elle s’eft faite peu à peu, & à la fuite de plu- fieurs fecouffes éloignées les unes des autres. | AE Pour arriver au volcan, on commence à monter/à un village nommé Refina ,'à cinq quarts de lieuëé de: Naples ; & quoique le chemin foit rude , on peut cependant fe fervir de mulets. Après avoir traverfé environ trois quarts de lieue dé pays fertile & bien cultivé, on rencontre: üne efpèce de plaine remplie de gros éclats dé pierres ; ‘de t6rrens LT DME 28 à SAGHILE, N-C ES 1$ jmmenfes de ces matières femblables à du fer ou à du verr fondu, que le. volcan a répandu dans fes éruptions, & entre+ coupée de ravines très-profondes, qui font autant de préci= pices. Cette plaine traverfée, on arrive enfin au pied de cette partie de la montagne qui prend {a forme d'un cone tronqué ; alors il faut quitter néceflairement les mulets, & grimper, à pied Je Jong de cete montagne, aidé, fi l’on veut, par des payfans qui gagnent leur vie à rendre ce fervice aux Curieux. Ceite partie du trajet eft la plus difficile, le terrein n'étant, compolé que des cendres que le volcan a vomies dans Je temps. de fes éruptions, & d’éclats de pierres tès-aigus, toüjours prêts à rouler fous les pieds. L'expérience du baromètre, faite au haut de la montagne par M. l'Abbé Nollet, lui donna da hauteur du mercure de 24 pouces 8 lignes , plus petite de 3 pouces + qu'elle n'étoit le même jour au bord de la mer, & par conféquent celle du fommet du Véfuve au deflus du golfe, de 595 toiles, très-différente de celle qui fe trouve inférée dans les Mé- noires de l Académie de Naples. . Ce fommet n'eft ni une pointe, ni une plaine, mais une efpèce de trémie ou de baflin de figure un peu ovale, dont le grand diamètre, dirigé à peu près de l'eft à l'oueft, peut avoir un peu moins de 300 toiles, & dont la profondeur eft de 80 ou 100 toifes. On peut librement fe. promener fur la-circonférence de ce baflin, dont le fond paroït rempli d'une matière brune à peu près horizontale, qui cependant offre en-plufieurs endroits des monticules ou des crévafles, 8 paroît interrompue par de grandes cavités : ce font-là les bouches du volcan, par lefquelles il fort en tout temps une fumée très-épaifle , & qui s'aperçoit de très-loin. .M-Lorfque le volcan ne jette que de la fumée, cette colonne difparoît pendant la nuit; mais quand. il fort en même temps de la flamme, elle eft lumineufe dans les ténèbres, non que . æette flamme s'élève auffi haut que ta fumée, car dans les temps. q P. ordinaires elle ne parvient pas à Ja hauteur des bords du baflin, mis parce que la fumée en eft elle-même échirée, 146 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE & en réfléchit la lumière. C'eft dans cet état qu'elle étoit lorfque M. l'Abbé Nollet examina le Véfuve : le volcan, qui avoit été aflez long-temps calme, s’étoit allumé, & s’ani- moit de jour en jour au point de faire craindre quelque nouveau defordre. Dans les temps où le volcan eft tranquille, on peut fe hafarder à defcendre dans le fond du baflin : deux mois & demi même avant que M. l'Abbé Nollet y allät, le fieur Rigade, Muficien attaché à M. le Marquis de l'Hôpital, accompagné de quelques domeftiques de la même maifon, y étoit defcendu; mais foit que cette démarche fût une témé- rité réelle, foit que le danger fût augmenté depuis ce temps, les mêmes payfans qui avoient aidé le fieur Rigade, & qui étoient pour lors avec M. l'Abbé Nollet, refusèrent obfti- nément de lui rendre le même fervice, de quelque manière qu'il s'y prit pour les y engager. Heureufement il n’eft pas néceffaire de defcendre au fond de ce baffin pour favoir ce qui s'y paffe : M. l'Abbé Nollet ayant choïfi un endroit où il étoit moins incommodé de Ja fumée, aperçut vers le nord quatre bouches, de chacune defquelles il fortoit une fois par minute des jets de vapeurs & de flamme d'environ trois pieds de diamètre, qui empor- toient avec eux de groffes mafles, qu'il prit d'abord pour des pierres, mais qu'il reconnut bien-tôt pour des morceaux de ces mêmes matières fondues dont le volcan répand des fleuves dans fes grandes éruptions. Ces jets de flamme ne s'élèvent pas jufqu’à la hauteur des bords du baflin; ils font accompagnés d'un bruit & d’un fracas qui égale les plus grands coups de tonnerre; & dans l'intervalle d’un élancement à l'autre, on entend dans lim- térieur de la montagne une efpèce de mugiflement que M. Abbé Nollet compare au bruit d'un torrent qui fe briferoit dans les rochers. Pendant qu'il étoit occupé à cet examen, une nouvelle bouche s'ouvrit près de lui avec un ft grand fracas, qu'il fentit la montagne s’ébranler fous fes pieds, & il reconnut encore plus clairement qu'il n'avoit fait, que ces mafles Suserr. DE SU SICILE Nc ES 17 Mmafles que le volcan jette avec tant de forcé, ne font, comme nous l'avons déjà dit, que des morceaux de la même matière fondue dont il coule des fleuves entiers quand il f fait quelqu'ouvenwure à la montagne au deflous du fond du grand baflin. Ces matières paroiflent, au premier coup d'œil, être du fer fondu; on voit cependant bien-tôt, en les caflant, qu’elles ne {ont pas du métal, mais une efpèce de vitrification opaque. M. l'Abbé Nollet eft néanmoins porté, par deux raïfons, à croire qu'elles contiennent du fer; elles agiffent fur les aiguilles de bouffole, & on refpire au bord du grand baffin une odeur femblable à cellerde ce métal diflous dans l'efprit de fel. La cendre du Véfuve, ou l'efpèce de pouffière à laquelle on donne ce nom, ne lui femble pas non plus être d'une matière différente des laves: dans les temps de tranquillité du volcan, cette matière, jetée par une force médiocre, paroît fous la forme dos morceaux qui, tout au plus, fe déchi- rent en l'air avant que de retomber dans le baffin; mais dans les grandes éruptions, la violence avec laquelle elle eft lancée, la fépare en parcelles fi menues, qu’elle fe refroidit en l'air, & retombe fous la forme de cette pouffière qu'on nomme cendre. Cette idée conduit à une explication bien naturelle de Ia manière dont le Véfuve a détruit ces malheureufes villes ; de la perte defquelles les Hiftoriens nous ont confervé les époques , & dont on trouve les reftes 6o ou 80 pieds au deffous des lieux préfentement habités; elles n'ont point été remplies par les laves , fi cela étoit, aucun effort humain ne feroit fufffant pour les vuider ; elles l'ont été par cette ‘pouf fière ou cendre métallique, qui, détrempée par les ravines & mêlée avec la terre qu'elles entraînoïient, a formé une efpèce de mortier très-dur capable de conferver tout ce qui y _aété enfermé, en le défendant de Fair & de l'humidité; ce qui ne feroit certainement pas arrivé fr elles euffent été com- .… blées par des cendres, ellés auroient.toüjours donné à l'eau . un libre pañlage, & auroient contribué par leurs fels à détruire Rae (os ® Voyage au Pérou, p. 69. 18 HIisTOIRE D& L'ACADÉMIE ROYALE ce qu'elles auroïent enveloppé; l'idée de M. Abbé Nollet fe trouve confirmée par la nature de la terre qu'on eft obligé de détacheren fouillant dans les ruines de la ville d'Héradée, on y reconnoît ailément la reffemblance qu'elle a avec la cendre du Véfuve, de laquelle elle ne difiere que par le peu de terre avec laquelle elle eft mélée. La tradition conftante du pays eft que dans les grandes éruptions le volcan a jeté beaucoup d'eau avec les différentes matières qui en font forties. L'auteur qui a décrit l’éruption de 1698, dit que la mer fe retira tout à coup de douze pas, & que fes eaux fortirent en même temps du volcan, de manière qu’on trouva fur le rivage une quantité de moules & d'autres coquillages calcinés & fentant le foufre. Cette opinion s'accorde parfaitement avec la Relation que M. Bou- guer a donnée * de l'éruption du volcan de Cotopaxi, arrivée en 1742, & avec celle de l'éruption du yolcan de l'ifle de Lancerotte, l'une des Canaries, en 173 ont M. l'Abbé Nollet a entre les mains une Relation manufcrite. "T4 Malgré tous ces témoignages, Académie de Naples, qui na rien obfervé de pareil en 1737, nie ablolument ce fait, qui ne lui paroît pas vrai-femblable, & elle aime mieux attribuer aux torrens des eaux pluviales qui accompagnent. ordinairement les grandes éruptions, les inondations qu'on y obferve prefque toûjours. Quelque naturelle que cette explication paroïffe à M. l Abbé Nollet, il ne peut adopter le fentiment de cette favante Com- pagnie, & ne regarde pas le fait comme dénué de vrai-fem< blance : en rapprochant toutes fes obfervations , il eft par- venu à fe faire une idée affez nette & affez fimple de ce qu'il croit fe pafler dans intérieur de cette montagne, & nous allons tâcher*de la préfenter en peu de mots. L'intérieur du Véluve peut étre confidéré comme un vafte creufet, ou, pour parler plus jufte, comme la manche d'un fourneau de forge, dans laquelle des matières embrafées font mélées avec des matières fondues & vitrifiéés par la violence du feu : une partie de la furface, expolée à fair au fond de DES SCLENCES 1 lentonnoir, fe préfente aux yeux comme une matière folide: mais comme elle eft continuellement ramollie par l'aétion du feu, elle cède de temps en temps aux jets de vapeurs qui partent de l'intérieur, & qui entraînent avec eux ce qu'ils trouvent fur leur paflage. Ces jets de vapeurs fulfureufes, métalliques & aqueufes qui s'élancent avec des tourbillons de flamme & de fumée, font une preuve fans replique que le fein de la montagne en contient une grande quantité: ceux qui connoiffent com- bien l'eau & les différentes matières réduites en vapeurs par l'action du feu, augmentent de volume, ne feront pas fur- pris que ce foit le principal agent auquel M. l Abbé Nollet attribue la violence des éruptions du Véfuve. IL eft comme impoffble que la voûte qui couvre les immenfes fourneaux qu'on eft obligé d'y fuppofer, ne fe mine en quelques en- droits, & que dans des temps plus ou moins éloignés il n'en tombe quelques portions : ces matériaux, qu'on peut regarder comme froids eu égard au degré de chaleur des matières |fondues & embrafées fur lefquelles ils tombent, refroidiffent eur furface & condenfent une partie de la va- peur qui remplifloit ces vafles cavités; auflitôt il sy forme un vuide relatif, ou, ce qui revient au même, elles {e trou- vent moins pleines, & l'eau de fa mer eft forcée par le poids de Fatmofphère à enfiler des canaux foûterrains qu'on ne peut prefque pas fe difpenfer d'admettre entr'elle & Le volcan. Cette eau verfée fur un feu immenfe & capable de vitrifier les corps les plus durs, eft fur le champ réduite en vapeur, c'eft-à-dire, forcée d'occuper quatorze mille fois plus d'efpace qu'elle ne ,faifoit fous la forme d'eau: il n’eft donc pas étonnant qu'elle ébranle les voûtes qui couvrent les ca- wités, qu'elle fe fafle jour dans quelques endroits de la mon- tagne, & qu'elle fafle pafler avec violence, tant par ces nou- velles bouches que par celles qui fubfiftent au fond du grand baflin, des torrens de matières fondues, une grêle d'éclats de pierre, des nuées de cette elpèce de cendre dont nous avons parlé, & même une, partie de, l'eau qui, n'ayant pas C ji 20 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE eu le temps de fe convertir en vapeur, eft lancée ou fous fa forme de ruifleaux, ou fous celle de gouttes qui retombent en pluie, trouvant plus de facilité à s'échapper ainfi par le haut de la montagne, qu'à retourner à la mer par les mêmes canaux qui l'ont amenée, auxquels on peut fuppofer une telle figure & une telle fituation, qu'elles lui interdifent le retour, ou le lui rendent très-diffcile. Toutes ces conféquences de lhypothèfe de M. l'Abbé Nollet ne font autre chofe que lhifloire même de ce qui arrive dans les grandes éruptions: il lui paroît feulement qu'il feroit à fouhaiter qu'on examinât dans ces occafions, l'eau qu'on foupçonne étre venue du volcan, foit en ravine, foit en pluie, pour voir fr on n’y reconnoîtroit point quelque caraétère de l’eau de la mer. Il ef vrai qu'il faudroit des Obfervateurs bien intrépides pour fonger à faire de pareilles obfervations dans des circonftances auffr critiques; mais on peut toüjours, en attendant, regarder l'hy- pothèfe de M. Abbé Nollet comme une des plus fimples, & par conféquent comme une des meiïlleures qui aient été propolées pour expliquer les terribles eflets des volcans. Les feux qui fortent par le fommet du Véfuve ne fem- blent deftinés qu'à effrayer les hommes; mais le terrein des environs de Pouzzol en contient dans fon fein, qui font moins terribles, & dont l’induftrie humaine a {ü tirer de très-grands avantages: cet endroit fe nomme aujourd'hui la So/fatara, probablement à caufe de la grande quantité de foufre qu'on en retire; on le nommoit autrefois forum Vulcani où campus Phlegræus : on en tire, depuis plufieurs fiècles, une quantité prodigieufe de foufre & d’alun. Ce lieu eft une petite plaine ovale dont le grand diamètre; dirigé de l'eft à l'oueft, eft à peu près de 200 toiles, & dont la plus grande largeur n’excède pas 1 5 0: elle eft élevée d'environ 1 50 toifes au deflus du niveau de la mer, & faut par conféquent beaucoup monter pour y arriver, foit qu'on y vienne de Naples ou de Pouzzol. La Solfatare n’a qu'une feule entrée, qui eft du côté du midi; le refte eft ‘environné de hautes collines, ou pluftôt de talus très-roides, DE SMSIC IE N c Este 21 compofés d'un peu de terre & du débris de grands rochers efcarpés, continuellement rongés par la vapeur du foufre, & qui tombent en ruine. Excepté quelques broffailles, & un taillis d'environ un arpent, qui fe trouve à l'entrée, tout le terrein y eft pelé & blanc comme de la marne : la feule infpection fait juger que cette terre contient beau- coup de foufre & de fels; & fa chaleur plus grande prefque par-tout que les plus grandes chaleurs d'été, & qui va même en quelques endroits jufqu'à brüler les pieds à travers les fouliers, jointe à la fumée qu'on voit fortir de toutes parts, annonce qu'il y a deflous cette plaine un feu foûterrain, On obferve au milieu de la plaine, un enfoncement de figure . ovale, d'environ trois ou quatre pieds de profondeur, dont le fond retentit, quand on le frappe, comme s'il y avoit. au deflous une vafte cavité dont la voüte füt peu épaiffe. Une tradition populaire aflure qu'un Cavalier étant defcendu dans ce baffin, y fut englouti avec fon cheval; mais-M. l Abbé Nollet ne trouva aucuns. veltiges de cette ouverture qui, comme on voit, auroit dû être affez grande, & penche beaucoup à regarder le fait comme apocryphe. Un peu plus loin & dans la partie orientale, on aperçoit un baffin plein d'eau : cette eau eft chaude; en y plongeant un thermomètre, M. Abbé Nollet trouva qu'elle faifoit monter la liqueur à 34 degrés au, deffus de la congélation; degré bien inférieur à celui de l’eau bouillante, & qui ne rendroit pas.même cette eau capable de cuire des œufs, comme quelques Auteurs l'ont afluré: cependant cette eau paroît bouillir continuellement à un coin du baflin, quoiqu'elle foit très-tranquille dans tout le refle.. L’'explication: de ce phénomène ne-coûta à M. l'Abbé -Nollet qu'un moment de réflexion & un coup d'œil fur les “environs du baflin; il y aperçut trois ouvertures par lefquelles - ‘il fortoit des jets de vapeur qui s'élevoient rapidement à 1 $ eu 20:toifes ; il ne lui en fallut pas davantage pour conce- voir que le bouillonnement de l’eau du baffin n’étoit dû qu’à mn. pareil foufile vaporeux qui fortoit de fon fond dans C ii 22 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE l'endroit où l'eau fembloit bouillir: peut-être un femblable bouillonnement qu'on obferve au bord du lac Agnano, doit- il être attribué à une caufe pareille. Ces trois bouches font peut-être ce qu'il y a de plus remarquable à la Solfatare: on peut approcher fans danger jufqu’au bord de leurs ouvertures , qui font chargées de pierres entre lefquelles la vapeur fe fait paflage. Ces pierres, & toutes celles qu'on y expole de nouveau yenduilent aflez promp- tement de fleurs de foufre, & mème à une des trois bouches il fe forme avec le foufre une concrétion faline de couleur jaune & femblable pour le goût au fel ammoniac. La vapeur qui s’élance de ces ouvertures, eft {1 chaude qu'on ne peut fans rifque y tenir la main expofée; mais elle ne left cependant pas afiez pour allumer du papier: il ne paroît pas non plus qu'elle fe convertifle jamais en flamme, comme il arrive à celle du Véfuve. Cependant le P. la Torre, Correfpondant de l'Académie, qui la obfervée pendant la nuit, a afluré qu'il lavoit vü luire, quoique foiblement, dans lobfcurité : feroit-ce par le reflet d'un feu fouterrain qu'on ne pourroit apercevoir, parce qu'il eft impoflible de porter la vüe au deflous de l'embouchüre? ou bien cette lueur vien- droit-elle d’une inflammation imparfaite à laquelle il man- queroit feulement quelques degrés pour paroitre fous une formé plus brillante? Les obfervations de M. l Abbé Nollet ne fui ont donné fur ce point aucun motif de décifion, & il s'eft bien gardé de hafarder un jugement : plus on eft Phyficien, plus on craint d'aller un feul pas au delà de l'ex- périence. Pour connoïtre la nature de cette vapeur, M. l'Abbé Nollet y expola une feuille de papier bleu qui changea fubi- tement de couleur & devint rouge; preuve bien évidente de l'acide qui y étoit contenu. On lui fit remarquer comme une merveille, que le papier fortoit fec de la vapeur, tandis qu'elle mouilloit abondamment une lame de fer, & on en fit fur le champ l'expérience avec une ferpe qui fe trouva fous la main, & qui fut, dans un inftant, couverte d’une liqueur dont DES SCIE NC E«s d123 Je goût étoit très-piquant, & qui teignit en rouge le papier bleu, aufli-bien que l'auroit pu faire un fort acide. L'expli- cation de ce fait ne caufa aucun embarras à M. l'Abbé Nollet: en effet le papier acquiert prefque en un moment un degré de chaleur égal à celui de la vapeur, & devient par-à même incapable de Ja condenfer , au lieu que le fer étant plus long-temps à s'échaufler, produit néceffairement cétte condenfation, & fait reparoître la vapeur fous la forme de liqueur; & effectivement la ferpe tenue dans la vapeur affez long-temps pour s'échauffer fufhfamment, en fortit auffr sèche que le papier. I! eft aifé de s'apercevoir que les vapeurs minérales qui s'échappent par ces ouvertures, font mélées de beaucoup d'eau: on pourroit croire que cette eau vient de la mer, dont la Solfatare eft peu éloignée; mais M. l'Abbé Nollet trouve plus naturel de les faire venir des collines voifines, def quelles on voit fortir beaucoup de fources, même du lac Agna- no, qui n'en eft féparé que par une petite montagne minée par Ja vapeur du foufre, & percée en plufieurs endroits par des eaux courantes: il tire de-là facilement la caufe de toutes les eaux chaudes qu'on obferve aux environs & au deflous de la Solfatare. Ces eaux, avant que de paroître au jour, ont eu à traverfer des terres & des rochers brülans, & n’ont pù manquer de sy échauffer: quelque partie de ces mêmes eaux , expofée à un endroit plus vif du foyer, peut-être même obligée d'y féjourner, s'échauffe jufqu'à bouillir, & fe mélant aux exhalaïfons fulfureufes & falines, fournit les jets de vapeur qu'on obferve. On en déduiroit auf très- aifément pourquoi ce volcan n'eft point fujet à des éruptions extraordinaires & dangereufes: comme l'eau qu'il reçoit, y vient toûjours uniformément, les jets de vapeur y feront continus; & comme il n’en vient jamais en quantité fur- abondante , il ne fe fera jamais d’explofion fubite, & le volcan fera différent de ceux qui communiquent avec la mer, en ce qu'il lancera continuellement de là vapeur, à peu près en même quantité, & jamais aucune autre matière Les LL 24 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE rochers qui entourent la Solfatare, continuellement expofés à la vapeur du foufre, tombent, comme nous avons dit, par morceaux & fe réduifent en une efpèce de pâte ferme & grafle ,avec des taches jaunes & d'autres d’un rouge fort vif; mais ce qui eft de plus fingulier, ceft que parmi ces débris de rochers fumans & calcinés par la vapeur du foufre brû- lant, on voit fur les petites parties de terre qui s'y rencon- trent, des plantes en abondance, & que le revers de ces collines eft très-fertile & très-cultivé: il eft bon que l'obfer- vation nous ait donné ce fait, que probablement la théorie n'auroit pas ofé foupçonner. La mine de foufre qu'on tire de la Solfatare, eft une terre durcie, ou pluftôt une pierre tendre, qu'on trouve en fouillant. Pour en tirer le foufre, on la met en petits morceaux dans des pots de terre qui contiennent environ vingt pintes de Paris. Ces pots font exactement fermés par un couvercle qui y eft lutté: on les place dans un fourneau fait exprès, de manière qu'un quart de leur pourtour fait faïllie hors du fourneau, & demeure découvert au dehors; une femblable partie fait faillie au dedans du fourneau pour recevoir l’action du feu, & par conféquent la moitié du pot eft dans l’épaif- feur du mur : chacun de ces pots communique par un tuyau d'environ 1 pied de longueur, & de 1 8 lignes de diametre, avec un autre pot placé tout-à-fait hors du fourneau, & un peu plus haut que les premiers ; ces derniers pots font vuides & fermés exaétement, excepté vers le bas où on a ménagé un trou d'environ 1$ à 18 lignes. Le foufre dé- veloppé de fa mine par le feu qu'on allume dans le four- neau, monte en fumée & pafle dans le pot extérieur, où ne trouvant plus le même degré de chaleur, il pañfe de l'état de vapeur à celui de fluide, & coule par l'ouver- ture inférieure dans une tinette placée au deflous. Ces tinettes font évafées par le haut & garnies de trais cercles de fer ; lorfque le foufre eft refroidi, on les démonte en #ifant tomber les cercles à coups de marteau, & on a la pue de foufre entière, qu'on refond enfuite de nouveau pour # DIE S:2S4c L'E N C ES Tail 25 pour la purifier & la mouler en bâtons. Il faut que la quantité de foufre que contient la Solfatare, foit immenfe : Pline aflure formellement que de fon temps on tiroit du foufre‘de: la campagne de Naples, dans les collines nommées leucogæi où terres blanches, & qu'après l'avoir tiré de fa terre, on Ta- chevoit par le feu; ce qui refflemble, où ne peut pas mieux, à la Solfatare & à Ja manière dont on y travaille ce minéral. Le foufre n'eft pas la feule matière minérale -que: con- tienne cette minière, on entire aufli beaucoup d'alun : c'eft dans ja partie occidentale ‘qu'on trouve la matière qui le con- tient; c'eft moins une piérre qu'une terre blanche, aflez fem- blable à de la marne, pour la confiftance & Ja couleur: elle: fe trouve fur le champ; on en remplit jufqu'aux trois quarts, ‘des chaudières de plomb enfoncées jufqu'à l'embou+ chüre dans le terrein:, dont la chaleur fait monter-en cet endroit le thermomètre de M. de Reauimur! à:3:7 +! degrés au deflus de Ja congélation; on verfe enfuite de Feau dans chaque chaudière, jufqu'à ce qu'elle furnage la mine de 3, ou. 4. pouces : Ja chaleur du terrein échauflé leltout , 8 par fon moyen lefel fe dégage de la terre, &, vient.fe crif: tallifer: à da furface; mais comme dans-cet état-il-eft encore chargé de beaucoup de matières étrangères , on le fait:fondre de nouveau avec de l'eau chaude contenue dans un grand vafe de pierre qui a la forme d'un entonnoir, & criftallifer enfuite; pour lors on l'a en beaux criftaux, tels qu'on lesvoit! ordis pairement les matières étrangères {e précipitant au fond.de l'entonnoir de pierre. 6 cela Dur sit nushiogst Telles fônt les obfervations que M. l'Abbé Nollet 4 dans fon voyage d'Italie: & qu'il a communiquées à l'Aca- démie ; elles jettent, comme on voit, beaucoup. de-jour fur des objets intéreffañs’ par-eux:mêmes, & fur lefquels des defcrip- tions-peu exactes. & des explications hafardées avoient répandu une grande, obfcurité : il,eût feulement été à fouhaiter, pour Vavancement de‘la Phyfique, que fes occupations lui euflènt “permis un plüs long féjour dans un pays qui contient tant d'objets, dignes, de-fes recherches. :: 2:20) à Hifl. 175$ 0: D V. les M. p. 28. 26 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUR LA MANIERE DE DISTINGUER LES DIFFÉRENTES PIERRES PRECIEUSES. ES Pierres précieufes ont plus été jufqu'ici l'objet du __3 Commerce que celui de l'attention des Naturaliftes : ce n'eft pas; que plufieurs. d'entr'eux n'en aient donné des cata- logues , 8 même des defcriptions; mais les premiers qui en ont écrit, jont été en quelque forte obligés de fe conformer aux divifions faites par les Lapidaires, qui fouvent avoient plus d'égard aux différences qui pouvoient faire changer le prix de leurs pierres, qu'à celles qui en pouvoient indiquer lefpèce. La plufpart de ceux qui font venus enfuite, n'ont prefque fait que les copier, & jf eft réfulté de là que plu- fieurs de leurs‘définitions ne conviennent plus à aucune pierre connue, & qu'on n’a point eu jufqu'ici de méthode au moyen de laquelle on püt reconnoître dans la Nature celles dont on a les defcriptions, & ranger celles que on connoît dans les catalogues, fuivant la clafle qui leur convient. : Les pierres précieufes fe diftinguent ordinairement par trois caraétères, la dureté, la couleur & le poids: la première qualité eft aifée à reconnoître par la vivacité du poli que prend une pierre, & par fon aétion fur quelques matières dont la dureté foit connue. Le poids eft encore plus ‘aifé à connoître d'une manière précife; muis il s’en faut bien que lavcouleur foit auffi facile à reconnoître & à définir nette- ment: cependant c'eft un caractère très-effentiel, & peut-être celui qui fert le plus à fixer la nomenclature & la divifion des pierres précieufes. | C'eft ce qui a principalement déterminé M. Daubenton à faire de cette partie de l'Hiftoire Naturelle un objet de fes recherches ; afin d’en ôter, s'il étoit poflible, toute ambi- guité, & de réduire la couleur des pierres à une expreffion fi nette & fi claire, qu'en retenant d'ailleurs les différences tirées de la dureté, du poids, de la groffeur & de la figure, , DAEAS IS CUVE N.C-E IS 27 i font par elles-mêmes peu fujètes à l'erreur, if pofible. ou une fimple defcription, de juger füremient de la nature & de la qualité d'une pierre qu'on n'auroit jamais vüe. , Pour cela, il étoit néceffaire d'avoir un terme dé compas . raifon qui comprit toutes les nuances de couleurs, & qui de plus fût invariable. M. Daubenton a trouvé lune & Y'autre de ces qualités dans le fpeétre folaire : on fait qu'un rayon du foleil, qui entre par.une petite ouverture dans une chambre obfcure, & qu'on oblige à traverfer un prifine, fe décompole, & forme fur un carton blanc qui le;reçoit après ce trajet, non une image ronde, mais une figure. oblongue qui contient toutes les couleurs depuis le rouge jufqu'au bleu. C'eft à cette image colorée que M. Daubenton, compare toute pierre dont il veut connoître & définir la couleur. Pour y parvenir, il perce dans le volet d'une chambre parfaitement obfcure, deux trous de deux ou trois lignes de diamètre, à côté lun de l'autre, & éloignés feulement d’un pied; il place à un de ces deux trous un prifme équilatéral, & laïfle l'autre abfolument libre : par ce moyen, une des deux ouvertures envoie. vers le fond de la chambre un fpettre folaire, c'eft- à-dire, une image réfraétée où toutes les couleurs fe trouvent, & fe trouvent toûjours dans le même ordre, & fautre un trait de lumière ordinaire; il expofe enfuite à ces deux rayons de lumière une planche mince garnie de deux cou- liffes, dans chacune defquelles, il y a un trou percé, & ces deux trous font aufli diftans entreux d'un pied ; il place à June de ces ouvertures la pierre qu'on veut examiner, & à l'autre un morceau de criftal blanc de la même grofleur & de la même figure, & il obferve de faire tomber le rayon non réfraété fur la pierre, & le fpectre fur le morceau de criftal; alors hauffant ou baïffant la couliffe qui porte ce dernier, il cherche le point auquel le criftal lui paroïît précifément de la même nuance que la pierre; comparaifon qui peut toû- jours être faite aifément, puifqu'on voit les deux objets en . même temps, & que obfcurité de la chambre empèche qu'on n'en voie. aucun autre. : di D ÿ 28 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE La couleur que le prifme donne au criftal, peut étre plus où moins forte que celle de la pierre: pour trouver l'inten- fité lorfqu'on a trouvé 14 nuance, on fera avancer ou reculer Ja Séche qui porte la pierre & le criftal. A 15 pieds de diftance du prifme, lintenfité des couleurs du fpeétre eft égale à celle des pierres les plus colorées, & en s'éloignant davantage, elle va toujours en diminuant; mais fi la cou- eur de la pierre étoit fi foible que l'étendue de la chambre ‘obfcure ne permit pas de s'éloigner aflez, il faudroit fubfti- tuer au criftal enchâfié dans la coulifle, un petit verre con- cave, qui, en écartant les rayons, affoiblit Ja couleur, & pour lors, en expofant à cette lumière le criflal enchäflé dans une monture pareille, on parviendra à trouver Fintenfité de Jumière & de couleur pareille à celle de là pierre. Une feconde difficulté eft que parmi les pierres il s’en trouve dont la couleur eft mêlée de bleu & de rouge, qui font précilément aux deux extrémités du fpectre, & qui par conféquent ne peuvent fe joindre; M. Daubenton y trouve un remède bien naturel, il ne fait qu'ntroduire par une autre ouverture, & avec un fecond prifme, un autre fpectre folaire, dont il fait concourir le bas avec le haut du premier; il parvient par ce moyen à fe donner telle nuance du mélange de rouge & de bleu qu'il juge à propos. A l'égard des pierres qui, comme la topaze de Bohème, ont une légère teinte de brun ou de noir, ïl ne faut que faire pafler le rayon coloré au travers d'un verre légèrement en- fumé, pour imiter parfaitement leur couleur. Mais voici une difficulté plus confidérable, & d’un genre différent. Les couleurs du prifme ne font pas nettement tran- chées fur les extrémités du fpectre; au contraire, elles y font extrêmement lavées & très-indécifes, en forte qu'il eft difficile de faire convenir avec certitude & précifion, ces extrémités avec les termes de la divifion du fpeétre qu'on auroit tracée fur fa planche. Cela polé, comment indiquer précifément la partie du fpettre dont la couleur répond à celle de la pierre, ce qui néanmoins eft néceffaire pour ôter toute ambiguité? DES SCIENCES. 29 La manière de remédier à cet inconvénient, eft extrémement fimple ; le rayon réfraété qui forme le fpectre, & le rayon non réfraété qui éclaire la pierre, reçoivent du foleil Je même mouvement, & font toüjours difpolés de Ja même manière l'un à l'égard de l’autre. M. Daubenton regarde done d'abord, à quelle hauteur au deffous ou au deflus du difque de lumière non réfraétée fe trouve la ligne qui dans le - fpectre fépare le rouge de l'orangé; il eft certain que fi le prifme conferve toûjours la même pofition à l'égard du rayon du foleïil, cette différence de hauteur fera toüjours la même, Or il eft facile de l’obliger à conferver cette mème pofition, foit en faifant pafer le rayon non réfraété par un petit tuyau attaché à l'axe du prifme, & qui ne pourra par conféquent fuivre le mouvement de cet aftre, fans lui préfenter toûjours le prifme dans la même pofition; foit en faifant renvoyer le rayon par un miroir mü par une machine propre à fuivre le mouvement du foleil, & qui par ce moyen renvoie toû- jours ce rayon au prifme dans la même direétion ; inftru- ment connu depuis fong temps, & qu'on nomme #é/offate, parce qu'il renvoie toujours le rayon du foleil comme fi . cet aftre étoit immobile. Par ce moyen M. Daubenton trouve aifément un point fixe fur l'échelle de divifion du fpeître, & il eft clair qu'en obfervant de marquer exaétement la diftance à cette ligne à laquelle le criftal eft coloré comme la pierre, on retrouvera toujours, & en quelqu'endroit que foit, fans aucune équivo- que , la nuance d’une pierre qu'on n'aura jamais vüe: {a définition de cette couleur , fouvent impofñhble à faire, fe trouve réduite à une circonftance précife d'une expérience de Phyfique toûjours poffible à répéter. | + De là naît une nouvelle divifion des pierres précieufes : M. Daubenton établit trois clafles générales, les diamans, les pierres orientales, & les pierres occidentales, au nombre defquelles on doit mettre le criftal de roche ; les fept cou- leurs principales du prifme formeront dans chaque dlaffe au- tant de genres; les nuances fenfiblement différentes, donneront, | D ii 30 HISTOIRE DE L'ÀACADÉMIE ROYALE Jes efpèces, & les différences infenfibles ne feront que des variétés. Comme les dégradations & les mélanges de couleurs font prefque infinis, & qu'il y a tel mélange qui n'appartient pas plus à une couleur qu'à l'autre, il pourra y avoir des efpèces indécifes; mais comme on aura toûjours le terme de comparailon par la divifion du fpeétre, il ne pourra jamais y avoir d'ambiguité pour les individus: le feul degré indiqué les fera plus fürement reconnoître qu'aucune phrafe & aucune définition. Cette efpèce de nomenclature ne fera pas non plus con- forme à certaines règles qu'on fuit communément dans l'étude de l'Hiftoire Naturelle, elle fortira du plan ordinaire; mais eft-il bien für que ce plan foit précifément le meilleur qu'on ait pû prendre? Quoi qu'il en foit, & en reconnoiflant Vutilité des méthodes ufitées, que M. Daubenton reconnoît i-même, on ne peut au moins lui refufer la gloire d'avoir ofé tenter de nouvelles routes, & propoler, pour les mêmes vües, des moyens d'une nature tout-à-fait différente. nt SUR + QUELQUES SEEFÆETS DIE" LVA POT DRE. A CANIN. V. les M. ous avons dit en 1748 *, que les Officiers d’Artil- p. 1. lerie de Toulon ayant voulu faire crever une pièce *Vy. Hi. de canon de fer de huit livres de balle, la chargèrent de 1748: p:28. cinq livres de poudre, la defcendirent dans une fofle où la bouche étoit exactement appliquée contre de forts pilotis, & toute la pièce inébranlablement arrêtée; & nous avons ajoûté que le feu y ayant été mis, cette pièce ne creva point, & que les cinq livres de poudre fe diffipèrent en un inftant par l'ouverture de la lumière, qui n'étoit que d'environ 7 lignes de diamètre. M. du Hamel fe trouvant à Breft avée M. de Morogues, DE SN SC 1Æ Ne pis 31 Correfpondant de l'Académie, crut devoir répéter cette ex- périence; mais la pièce dont ils fe fervirent, s'étant trouvée pleine de fouffures & de chambres, creva fans qu'on pût tirer aucune lumière de cette nouvelle expérience; & comme il n'étoit pas poflible de la réitérer fouvent fur des pièces de canon, ils réfolurent de la tenter en petit, & avec des canons de moufquet. Pour cela ils firent couper un canon de moufquet de bon fer, du côté de la culaffe, à la longueur d'environ trois pouces, & fnrent ajufter au bout coupé de ce petit canon, une feconde culafle à vis comme la première, en forte qu'il reftoit entre les deux culaffes une chambre cylindrique d’en- viron onze lignes de long, qui n’avoit d'autre ouverture que L lumière, dont le diamètre étoit d'un quart de ligne. Cette chambre exaétement remplie de bonne poudre, en contint un gros & demi; alors les deux culafles ayant été bien ferrées, & le petit canon affujéti avec de ta glaife fur un madrier, on y mit le feu. Le coup éclata auffi fec qu'un coup de fufil ordinaire, & le canon refla en fa place & ne creva point. - M. du Hamel fe fit démonter & repolir, alors on aperçut un petit commencement de félure, d'environ deux lignes de long, qui partoit de la lumière, dont l'ouverture étoit fenfiblement augmentée: le métal étoit graveleux à l'intérieur, & on y remarquoit trois commencemens de rupture fenfibles, mais qui ne s'étendoient pas fort avant, comme on le re- connut en faifant couper le canon dans ces endroits, I paroît donc que le hafard avoit donné aux deux Ob- fervateurs précifément la charge que ce canon pouvoit porter fans crever, & que le gros & demi de poudre qu'il conte- noit, s'étoit diffipé en un inftant, comme dans l'expérience de Toulon, par l'ouverture de la lumière. La même expérience fut répétée, mais avec cette difKé- rence, que M.'s du Hamel & de Morogues voulant faire crever le canon, lui laifsèrent un peu plus de longueur, afin qu'il pût recevoir un peu plus de poudre ; il en contint en effet 2 gros, | 32 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Le feu y ayant été mis, il éclata, fuivant fa longueur, en trois morceaux : une des fentes s'étoit faite par le travers de la lumière, dont l'ouverture étoit confidérablement augmen- tée, fur-tout en dedans, où le métal paroifloit comme fondu, en forte que la force de la poudre avoit agi comme un coin qui avoit fait fur la lumière un eflort fufffant pour faire crever le canon. On eft étonné quand on confidère cet effort, fait feule- ment par deux gros de poudre, & de la promptitude avec laquelle un gros & demi de fa même matière s'eft diflipé dans l'expérience précédente, par une ouverture d'un quart de ligne de diamètre; mais on ceflera d'être furpris que le canon ait crevé dans la feconde expérience, & au contraire, on admirera encore plus ce qui eft arrivé dans la première, quand on aura fait réflexion, avec M. du Hamel, fur ce qui {e pafie en pareille circonftance, Les Phyficiens font partagés fur la caufe de l'explofion de la poudre; les uns veulent que cet eflet ne foit dû qu'à la produétion inftantanée d’une grande quantité de vapeurs, & les autres au contraire efluient de l'expliquer par la feule dilatation fubite de fair qui fe trouve. dans les grains de poudre, ou engagé dans leurs interftices. I pourroit même arriver, & probablement il arrive, que lune & lautre caufes contribuent à l'effet dont il s’agit. Quoi qu'il en foit, il eft certain, par les expériences de M: Bernoulli, Haukfbée, Boyle, Hales, Robins, &c: que la poudre enflammée dans le vuide y rend une quantité confidérable d’un fluide femblable à l'air que nous refpirons, par fon poids, par fon élaflicité & par fa dilatabilité; &c il y a grande apparence que fi l'air pouvoit être auflr prompte- ment dilaté que ce fluide left dans le temps de l'inflamma- tion de la poudre, il produiroit les mêmes effets. Selon les expériences de M. Robins, la feizième partie d'une once de poudre, allumée dans le vuide, a fait varier le mercure du baromètre, de deux pouces ; d’où il conclud que, toutes déductions faites, la quantité de fluide femblable à notre BEUSAIÉUC LE N:CUENS L' 29 à notre air, produit par la poudre enflammée, eft à celle de la poudre qui le produit, comme 244 eft à 1; d'où il fuit. que fi cette vapeur eft enfermée & retenue dans quelque corps, elle agit, pour en écarter les parois, avec une force 244 fois fupérieure au poids de l’atmofphère. - Mais ce même fluide eft fufceptible d'être dilaté par la chaleur, & on peut, fans erreur fenfible, regarder celle de la poudre enflammée comme égale à celle d'un fer rouge, Pour connoître ce degré de dilatation, M. Robins a pris un canon de fer exactement fermé par un bout, & ayant à l'autre une ouverture qui w’étoit que d'une ligne & demie de diamètre, il l'a fait rougir, & ayant enfüuite plongé le bout oùvert dans l'eau , il a tenu le canon dans cette fitua- tion jufqu'à ce qu'il füt abfolument refroidi; alors l'ayant retourné, la. proportion de l'eau qui y étoit entrée, avec la capacité totale du canon, ui a fait voir la quantité d'air que le feu en avoit chaffé, ou, ce qui eft la même chofe, à quel -point la chaleur du fer rouge dilate Fair; & par ce procédé il trouve qu'elle augmente fon volume dans la proportion de 194% à 796. I faudra donc multiplier le volume de la poudre par 244, pour avoir la quantité du fluide qu'elle produit en s’enflam- mant; on augmentera le produit dans le rapport de 1942 à 796, pour avoir l'augmentation de volume caufée à ce fluide par la chaleur de la poudre enflammée, & pour lors on aura lefpace qu'occupe ce fluide dans le moment de Yexplofion. ou: En appliquant ces élémens à la première expérience, on verra que le gros & demi de poudre qui étoit contenu, a produit environ 3 20 pouces cubes de fluide qui s'eft échappé en un inftant phyfiquement indivifible, par une ouverture d'un quart de ligne de diamètre. L'efprit ne peut defavouer ce calcul, mais fimagination fe préte à peine à une pareille vitefle. Sion veut préfentement avoir la force que ce fluide a exercée contre les parois du canon, on augmentera fon Hiflizso. E 34 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE Royazr volume, qui eft à celui de la poudre comme 244 eft à r, dans la raifon de r194+ à 796, ou, ce qui eft prefque da mème chofe, on le multipliera par 1000; d'où il fuit que ce fluide exerce à l'inflant de l'explofion, contre les parois du canon, un effort 244000 fois plus grand que le poids de l'atmofphère. On ne doit donc pas être furpris que le canon de la feconde expérience ait crevé , ni que des quan- tités médiocres de poudre puiffent produire des effets ff terribles. Les phénomènes phyfiques qui paroiflent les plus finguliers , fe foûmettent prefque toùjours au calcul , Jorfqu'on a eu l'adreffe d'en déméler les véritables élémens. OBSERVATIONS DE PHYSIQUE GENERALE. I. Le 16 Juillet 1750, un ruifleau qui traverf la petite ville de Sirkes, fituée en Lorraine fur le bord de Ja Mofelle, & qui, dans les temps ordinaires, n'a pas à fon embouchüre plus de 2 ou 3 pieds d'eau, s’enfla tout d'un coup fi prodigieufement, que l'eau s’éleva à la hauteur de 22 pieds, fur da Jargeur d'environ 40 toiles ; elle renverfa le mur d'enceinte, qui étoit très-épais, &c toutes les maïfons qui étoient fur fon pañlage; & ne trouvant pour s’écouler qu'une arcade de 18 pieds, percée dans autre partie du mur de Ja ville, & qui lui fert ordinairement de fortie, elle s'éleva fi confidérablement , qu'elle renverfa ce mur, & une tour qui étoit de ce côté-R, & fortit par cette brèche avec affez d'impétuofité pour fufpendre pendant quelques momens le cours de la Molelle, & porter de l'autre côté de cette rivière les décombres des bâtimens qu’elle venoit de renver{er. Heureufement cette dernière partie du mur n'a pü réfifter à l'impétuofité des eaux; fans cela, en s'élevant davantage, elles auroient détruit toute la ville. Trentetrois maifons ont été abfolument rafées, & vingt-fept tellement minées, qu'elles F DES SCIENCES. ET étoient prêtes à s'écrouler, & qu'il a fallu les abattre. Comme œt accident eft arrivé de jour, il n'y a eu que vingt & une pefonnes de noyées; mais les malheureux habitans ont perdu, avec leurs mailons, les effets qui y étoient contenus, & qui compofoient prefque toute leur fortune. M. le Comte de Treflan, qui a envoyé à l'Académie ceite relation , tirée d'une deitre de M. le Maréchal de Belle Ifle, y a joint quel- ques réflexions fur la caufe de ce funefle évènement. Le ruifleau qui pañle à Sirkes, reçoit les eaux de trois monta- gnes, qui, prifes enfemble, ne compofent pas deux lieues carrées de furface : on n'aperçoit fur ces montagnes aucun étang, aucun réfervoir, dont l'écoulement fubit ait pû donner lieu à Finondation ; il navoit point plu de toute la journée aux environs, on avoit feulement fenti quelques coups de vent : un bois qui couronne la montagne la plus élevée, avoit paru couvert d'un nuage noir fort épais, toutes les ravines qui ont fourni à linondation, paroiïffent avoir tiré leur origine du milieu de ce bois. Ces raifons font conjeturer à M. de Treflan que cette grande quantité d’eau pourroit bien n'être dûe qu'à une trombe qui fe feroit déchargée fur cette mon- tagne : quoique ce météore foit beaucoup plus rare fur terre que fur mer, il eft cependant conftant qu'on y en a quelque- fois obfervé; c’eft du moins la feule caufe à laquelle M. de Treflan croie pouvoir raifonnablement attribuer ce phéno- mène. FE M. de Reaumur a fait voir à l Académie un bois fofflile qui {e trouve en grande abondance dans le comté de Naffau, dont des morceaux femblent n'avoir été pénétrés que d'autant de bitume qu'il en falloit pour les conferver fains, & dont autres, en plus grand nombre, en ont été imbibés au point d'avoir été réduits en une efpèce de charbon. M. Koenig lui en avoit envoyé par ordre du Stathouder, une grande quan- ité de plus & de moins chargés de bitume. Les mines de Le efpèce de bois fe trouvent principalement dans un can- ton rempli de montagnes peu roides ; elles n'y font point en E ij 6 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE filons comme les veines métalliques , mais par lits à peu près horizontaux : nous difons à peu près, parce que ces lits femblent füivre fa penie du terrein, s'élevant lorfqu'il s'élève, & s'abaiffant lorfqu'il s'abaifle, avec cette circonftance que fi le terrein a une pente de plus de 10 degrés, le banc de bois ou de charbon ne s'élève que de cette quantité, & fe trouve par conféquent plus avant fous terre: on ne trouve en quelques endroits qu'un de ces bancs, dans d’autres on en trouve jufqu'à quatre les uns fur les autres; ils font, en ce cas, féparés par des lits d'une argile bleuâtre. Lorfqu'il y a plu- fieurs lits de charbon, les plus profonds font les plus épais: ce charbon, tiré de la mine, doit être porté promptement à Fabri du foleil, autrement il s'éclate & eft réduit en petits fragmens; la pluie & l'humidité ne lui font au contraire en aucune façon préjudiciables , & il brüle auf bien étant mouillé qu'étant fec. Ce charbon eft très-pefant, & ‘dure long-temps. au feu; il répand en brülant une odeur de bitume plus où moins. forte, felon que le banc duquel if a été tiré, eft plus ou moins profond. La couleur des bancs eft aufix diffé- rente: dans les endroits où il y en a plufieurs les uns au * deffus des autres, le charbon du banc le plus haut n'eft que brun, pendant que celui du plus profond eft abfolument noir. En faifant brüler ce bois ou charbon foflile, on en fait un véritable charbon propre aux ufages auxquels celui de bois eft employé. On ne trouve ni forêts, ni rivières confidé- rables aux environs ; il faut que l'époque de l'inondation qui a enfoui ce bois, foit antérieure à toutes les Hiftoires. ESIeT. La nuit du 24 au 25 Mai 1750, on entendit dans la vallée de Lavedan, un grand bruit femblable à celui d'un. tonnerre fourd; ce bruit fut fuivi de plufieurs fecoufles de. tremblement de terre, qui durèrent jufqu'au lendemain, & ne finirent que vers dix heures du matin. Les ébranlemens les plus forts fe font fait fentir entre Saint-Savin & Argdes ;, une pièce de roc enfevelie dans la terre, & de laquelle il. ne paroifloit qu'une partie, a été jetée hors de fa phce, DES SCIENCES. 37 tranfportée à quelques pas, & le creux qu’elle occupoit, a été rémpli par la terre qui s'eft élevée de deflous. Un hermite qui habitoit une montagne voïfme, a dit qu'il avoit entendu les rochers fe froiffer avec un fi terrible bruit, qu'il lui fem- bloit que la montagne alloit sabymer. L’alarme fut grande dans ce canton, & fur-tout du côté de Lourdes, les habitans eoururent à la campagne fe loger fous des tentes: la tour du château de cette dernière ville, dont les murailles font d'une épaiffeur prodigieufe, fut lézardée d’un bout à l'autre, & la chapelle prefque entièrement renverfée; plufieurs maifons de quelques villages voifins furent abfolument détruites, & un nombre confidérable d'habitans périrent fous leurs ruines, Les voûtes de l'églife de l'abbaye: de Saint-Pée furent en- trouvertes. À Tarbes on fentit, ce même jour, quatre fecoufles depuis dix heures du foir jufqu’à cinq heures du matin. Le 26, on en reffentit encore trois, dont une renverfà une ancienne tour de la ville, & fit quelques fentes à la voûte de l'églife cathédrale: ces fecouffes furent toüjours précédées de mugiffemens foûterrains. À Pau, les cloches fonnèrent d’'elles-mèmes, & les maifons furent vivement fecouées, mais fans qu'il en foit arrivé aucun accident. Ce même tremble- ment de terre s'eft fait fentir à Touloufe, à Narbonne, à Montpellier, à Rhodès, à Saint-Pons, en Saintonge, & dans. tout le Médoc. Ce détail eft tiré. de deux lettres écrites à M. de Mairan, lune par M. de Sarrau, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des Sciences & Belles-Lettres de Bor-- deaux; & l'autre, par M. Bordeu, Docteur en Médecine SN Infpecteur des eaux minérales du Béarn. I V. … M. l'Abbé Outhier, Chanoine de l'églife de Bayeux & Correfpondant de l’Académie, a mandé que le 1 1 Odtobre: de cette même année, on entendit fur le: midi. dans tout. le pays compris depuis Cherbourg jufqu'à Avranches, un, >ruit fourd comme d'un tonnerre ou d’une décharge d’artil-- lerie éloignée, ou enfin comme d’un écroulement confidérable;, E ii 38 Histoire DE L’AcaDémiE RoYaLr ce bruit même fe fit entendre jufqu'à Bayeux. Plufieurs per- fonnes crurent, dans ce même temps, avoir fenti une fecouffe ou une commotion dans la terre; c'étoit probablement un tremblement de terre, mais foible, qui ne dura que peu de minutes, & ne caufa aucun dommage. V. Plufieurs Phyficiens font perfuadés que les métaux aug- mentent de poids lorfqu'ils font violemment échauffés. Pour s'en éclaircir, M. du Hamel pefa à une très-bonne balance, un morceau de fer du poids de so livres 8 onces 4 gros; il le fit enfuite porter à une grande forge, & quand il fut chauffé jufqu'à être blanc, il l'attacha de nouveau au même bras de la mème balance: dans cet état, loin d'avoir aug- menté de poids, il peloit 4 onces de moins; on le laiffa fufpendu à la balance, jufqu'à ce qu'il fût entièrement froid, & il refa toujours parfaitement en équilibre avec les poids qui étoient de l'autre côté de la balance. Le feu n'augmente donc pas le poids des métaux; bien-loin de là, il le diminue en détruifant par fon action quelque partie de leur fubftance: il étoit aflez naturel de le penfer, mais il eft encore plus avantageux d'en être für. VE M. Guettard a fait voir une pierre préfentée à feu S. A. S. Monleigneur le Duc d'Orléans: cette pierre n'eft point pierre ponce, cependant elle nage fur l'eau. M. Rouelle trouva, en lexaminant, qu'elle reflembloit beaucoup à celles que jettent quelques volcans dans leurs éruptions. VIL Le 7 Mars 1750, M. de Mairan regardant le Soleil levant, le vit dépouillé de fes rayons, & prefqu'auffi blanc que la Lune; l'air étoit chargé d’un léger brouillard, unifor- mément répandu, qui nempéchoit pas le ciel de paroitre ferein: le mercure étoit dans le baromètre, à 28 pouces 3 lignes À, & le thermomètre de M. de Reaumur marquoit 6 deprés au deflus de la congélation. M. de Mairan dirigea au Soleil la lunette d’un quart-de-cercle de 2 pieds 2 pouces DiESLSLC IE Nc ES de rayon, & fans aucun verre enfumé il vit le Soleil qui wétoit pas plus brillant que laLune dans fon plein, ayant fes bords auffi nettement tranchés : la hauteur du Soleil étoit dors d'environ 6 degrés, & le difque paroïfloit fenfiblement elliptique, en forte que le diamètre vertical étoit plus court que fhorizontal d'environ un quinzième. Cette différence alloit en diminuant , à mefure que le Soleil sélevoit ; à rod de hauteur elle étoit abfolument infenfible, la pâleur s'éva- nouïfloit en même temps & fe changeoit en jaune, & non en rouge, qui, comme on fait, eft la couleur dont le brouillard à coûtume de teindre le Soleil. Vers 8 heures & demie du matin, le Soleil commença à briller, & il ne fut plus poffible d'en foûtenir l'éclat dans la lunette fans le fecours d'un verre enfumé. Dans le commencement de cette obfer- vation, M. de Mairan avoit aperçü deux taches fur le difque du Soleil; mais lorfque le Soleil eut recouvré tout fon bril- lant, il en aperçut deux autres. Cette obfervation ef Ia qua- trième que M. de Mairan ait donnée du même phénomène, . L'Académie a rendu compte des trois autres dans fon Hif- toire de 1721%, de1729b & de1733°: il y a tout lieu de penfer que ces apparences tiennent à quelque propriété particulière de cette partie réfraétive de l'air, qui eft vrai- femblablement très-différente de l'air proprement dit, & des brouïllards. 1 VIIT. M. de Geer, Chambellan de Sa Majefté Suédoife, & Correfpondant de l Académie, a mandé à M. de Reaumur le: fait fuivant. Au mois de Janvier 1749, à Leuflla en Suède, & dans quatre ou cinq paroiffés voifines , on aperçut la neige cou- vérte en plufieurs endroits de vers & d'’infectes de différentes efpèces, bien vivans; le plus grand nombre cependant étoit de: certains vers à fix pieds, qui fe tiennent ordinairement fous terre. On aflüra M. de Geer que ces infectes étoient tombés avec la neige, & on lui en montra plufieurs que différentes xerfonnes avoient ramafés fur leurs chapeaux ; à fon arrivée , il fit Ôter la neige des endroits où on avoit vü les vers, 3 Page 25: b Page 3. © Page 23: V. les M. P: 275. P: 309 40 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE & il en trouva encore plufieurs qui paroïfloient être fur a furface de la neige précédemment tombée, & avoir été re- couverts par celle qui étoit tombée en dernier lieu : il n’étoit pas poflible qu'ils fuffent venus là de deffous la terre, qui, dans cette faifon , étoit gelée de plus de trois pieds, & abfolument impénétrable à ces infectes; mais quand M. de Geer auroit pu avoir cette idée, une feconde apparition des mêmes infectes & de plufieurs autres diflérens, obfervés fur la neige en 1750, l'auroit abfolument détrompé : on en trouva beaucoup fur celle qui couvroit un grand lac glacé, à quelques lieues de Stockolm. Ceux-là n'étoient certainement pas {ortis de deflous terre, & il falloit que le vent les eût apportés : une circonftance qu'heureufement M. de Geer avoit obfervée, lui donna la folution de cette difficulté. La chûte de ces infectes avoit été précédée & accompagnée toutes les deux fois, d’une violente tempète qui avoit abattu: & déra- ciné dans les forêts dont abonde la Suède, un très-grand nombre de pins & de fapins; les racines de ces arbres, qui occupent un large efpace de terrein, avoient par conféquent été enlevées, & avec elles la terre & tous les infectes qui y étoient contenus : ces animaux, emportés par fa violence du vent, avoient été quelque temps foûtenus en Fair, & étoient enfin retombés avec la neige à différentes diftances de leur premier domicile. Cette circonftance fournit une expli- cation bien naturelle de cette pluie d’infeétes, qui, fans elle, feroit abfolument hors de toute vrai-femblance : cet exemple doit faire voir combien ül eft important dans les obfervations de n'en négliger aucune. . ous renvoyons entièrement aux Mémoires, Les Obfervations Botanico-météorologiques faites au château de Denainvilliers, proche Pluviers en Gätinois, en 1749. Par M. du Hamel. L'Extrait de celles qui ont été faites à Québec en 1749, par M. Gautier. Par M. du Hamel. L'Hiftoire DIE SIMSLIEMLE NC ES r L'Hiftoire des maladies épidémiques obfervées à Paris en p. 3rr. 1750, en même temps que les différentes températures de Yair. Par M. Malouin. Et les Oblervations météorologiques faites à l'Obferva- p- 385- toire royal pendant l'année 175 0. L'avoit paru dès les années précédentes un Ouvrage, de M. d'Alembert, intitulé, Réflexions fur la caufe générale des Vens. _ Cet Ouvrage eft compolé de deux Parties; lune eft Ia Differtation latine qui a remporté le Prix propofé par A- cadémie Royale de Berlin, pour l'année 1746; l'autre eft la Traduction françoife que M. d’Alembert a faite de fon propre Ouvrage, & à laquelle il a fait quelques additions. Quoique le vent paroiïfle au premier coup d'œil f1 peu affujéti à un ordre cônflant, qu'on en a fait le fymbole de l'inconftance, cependant en examinant fes retours avec foin, les Phyficiens y ont remarqué une efpèce de régula- rité: les Navigateurs fur-tout ont reconnu que fous la Zone torride il régnoit conflamment fur Océan un vent qui foufHoit d'orient en occident ; que dans certaines contrées des Indes, on a pendant fix mois un vent qui porte de l'o- rient à l'occident, & penda autres mois un vent qui porte de l'occident à Forient. I onc des caufes qui agiflent fur l'air d’une manière plus uniforme que le com- mun des hommes ne Île pen{e, & qui ne nent peut- être des effets en apparence irréguliers que par les différentes façons dont elles fe combinent, & par le concours de quel- ques caufes accidentelles qui les troublent en sy mélant. Les caufes générales qui fe préfentent le plus naturelle- “ment à l'efprit, font l'action du Soleil & celle de la Lune: on fait‘la part que prefque tous les Phyficiens donnent à ces aftres dans les phénomènes du flux & du reflux de li mer, 2 feroit bien fingulier que cette action fe pût exercer de” eaux de la mer, fans agir en même temps {ur l'air su erpofé. . ct Aifizso. F 42 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Il eft évident que l'air étant un fluide fufceptible d'être raréfié par le chaud & condenfé par le froid, il ne peut manquer de fe dilater dans l'endroit où il eft le plus expofé à la chaleur du Soleil, & de fe condenfer au contraire dans l'endroit où il éprouve la moindre chaleur; & que par conféquent l'action du Soleil doit exciter dans l'air des mou- vemens & des courans vers différens côtés, fuivant les diférens points de l'atmofphère que les mouvemens annuel & diurne de cette Planète expolent fucceflivement à fes rayons. En admettant le fyftème de lattraétion Newtonienne, le foleil doit encore agir fur l'air d'une autre manière, c'eft-à- dire, en l'attirant; & la Lune, quoique d’une beaucoup moindre mafle, doit encore agir de ce chef bien plus puif- fimment, à raifon de fa plus grande proximité. On peut encore mettre au nombre des caufes des vents, les vapeurs qui s'élèvent en différens endroits, la direction des côtes & des chaînes de montagnes, & les ouvertures de leurs gorges, qui certainement doivent influer beaucoup fur les mouvemens de Fair. Quoique ces dernières caufes, & l'action de la chaleur du foleil fur l'air, entrent pour beaucoup, même felon M. d'A- lembert, dans la produétion des mouvemens de latmo- fphère, ce n’eft cependant point leur eflet qu'il entreprend d'examiner dans cet Ouvrage; il ne les croit pas encore aflez exactement déterminées pour pouvoir être foûmifes au calcul, & pour avoir place dans une Diflertation prefque abfolument géométrique, £ Il fe borne abfolument à examiner l'effet que peut pro- duire fur l'atmofphère l'action du Soleil & de la Lune, con- fidérés uniquement comme corps attirans en raifon directe de leur mafle, & inverfe du carré de leur diftance, en fuppofant que lattration Newtonienne ait lieu dans la Nature. Pour cela, M. d'Alembert fuppofe d'abord que le globe terreflre foit parfaitement fphérique & folide, que fa furface DES SOLE N°c'E SM 43 foit unie, qu’il foit couvert jufqu'à une certaine hauteur d'un fluide homogène rare, fans reflort, dont la furface foit auf fphérique & concentrique à celle du globe; que toutes es parties de ce fluide pèlent vers le centre de ce globe, pen- “dant qu'elles-mêmes & tout le globe font attirés par le Soleil & la Lune, fuppofés immobiles. Il eft évident que fi l’attrac- tion du Soleil & de la Lune s'exerçoit également fur toutes les parties du globe & de fon enveloppe fluide, il n'en réful- teroit qu'un déplacement abfolu , & jamais un changement de figure dans la furface de l'enveloppe; mais comme fat- traction eft fuppolée agir en raifon renverfée du carré de la diftance, la partie extérieure de l’hémifphère, expofée à l'action des deux aftres, fera plus puiflamment attirée que le centre du globe, & celui-ci plus que la partie de l'enveloppe oppofée à la première ; d'où il fuit que cette première fuyant le centre, & le centre fuyant la dernière, le fluide s’élevera . également au point qui répond fous le Soleil & la Lune, & au point diamétralement oppolé ; cette théorie fi fimple donne la folution d’une difficulté confidérable, fouvent faite contre le fyflème Newtonien , auquel on reprochoit toûjours de ne pouvoir expliquer comment les eaux de la mer s’éle- voient en même temps fous la Lune & dans Ia partie oppolée. … Les mouvemens dans Îe fluide fuppofé ne font donc pas Teffet de l'action totale du Soleil & de la Lune, mais de fa différence entre cette action fur le centre du globe folide, & celle que ces aftres exercent, tant fur la partie du fluide tournée vers eux, que fur celle qui leur eft oppofte: M. d’Alem- bert nomme cette différence an folaire où lmaire, M. New- ton a démontré que l'aétion folaire eft à la pefanteur comme 1 eft à 128 millions 682 mille; mais il n'a pas déterminé l'aétion lunaire avec la même précifion, parce qu'elle dépend de la maffe de la Lune. M. d'Alembert trouve le moyen de faire entrer cette mafle, avec d’autres élémens mieux connus, dans une même équation, de laquelle il tire Îa LL: périodique de la Lune: or, comme cette dernière "peut aifément obferver, il eft clair qu'en remontant de Fi 44 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaLeE Tobfervation aux élémens du calcul, on en déduira aifément cette mafle, qui fe trouve par ce moyen fa feule quantité inconnue, & il trouve qu'on la peut fuppofer dans le rdp- port de 1 à 45 avec celle de la Terre, d'où on tire aïfément la valeur de l'action lunaire. La fuppoñiiion de la figure fphérique du globe n'eft pas tout-à-fait gratuite, il fe pourroit trouver une figure telle que Jaction folaire n'y produisit aucun changement, & cette figure eft celle d'une efpèce d'ellipfoïde, Dans la fuppofition de la figure fphérique, l'action folaire ou lunaire produit un eflet fenfible; elle fait changer celle de l'enveloppe fluide, qui prend fucceffivement celle de dif- férens fphéroïdes elliptiques, plus ou moins alongés; & comme la continuation de ce mouvement fa feroit élever plus haut que laétion de laftre ne l'exigeroit, elle feroit d'abord des efpèces d’ofcillations d'élévation& d'abaiflement qui, dansde cas füppofé du Soleil & de la Lune immobiles, s'arrêteroient affez promptement; mais ce cas n'eft pas celui de la Nature. Le mouvement annuel, le mouvement diurne de l1 Terre & le mouvement propre de là Lune, expofent fucceflivement à l'ation de ces aftres, difiérens points du globe terreftre. Cette circonftance change abfolument l'état de la queftion: la partie élevée du fluide, changeant de place, il sexcitéra un courant des parties de ce même fluide, qui tendront toüjours à remplacer les portions qui en font fucceffivement élevées. On voit aifément comment peut naître de là le vent d'eft continuel de-la Zone tor- ride; mais, ce qu'on n'auroit peut-être pas foupçonné, la même formule géométrique donne encore Îa raifon des vents d’oueft fréquens qu'on reflent dans les zones tempérées, & des vio!ens ouragans qu'on éprouvé à certaines latitudes entre les deux tropiques. Tout ceci a été déterminé en fuppofant le fluide qui couvre le plobe terreflre, & qui, comme on voit, repréfente l'at- mofphère, d'une denfité uniforme & fans reflort. Si on rend À l'air fon véritable état, cefl-à-dire qu'on fuppole l'atme- ; DES: SICOTE N CE sé fphère compofée de couches qui fe compriment les unes les autres, & dont la denfité décroit à melure qu'elles s'é- loignent de la furface de la Terre, alors le calcul devient infiniment plus compliqué: il faudroit même, pour parvenir à des réfultats bien déterminés, connoitre exactement {1 loi fuivant laquelle fe fait ce décroiffement de denfité; & comme elle n'eft pas parfaitement connue, M. d’Alembert ne Lintroduit dans fon calcul que fous l'expreflion d'une indéterminée, fe contentant d'en faire quelques applications en fuivant la loi la plus univerfellement adoptée des Phyficiens, Non feulement nous avions d'abord fuppofé l'air d’une nature très-difiérente de celle qu'il a réellement, mais nous en avions ufé de même pour le globe terreftre, que nous fuppofions parfaitement uni, fans montagnes & fans mers. La feule exiflence de ces dernières change abfolument le calcul ; les eaux font attirées, comme fair, par Faction folaire & l'action lunaire, & cette variété du lit qu'on donne au courant d'air le fait varier fi prodigieufement, que Ja feule profondeur des eaux transforme, dans quelques endroits de la Zone torride, le vent d'eft général en un vent d’oueft qui lui eft diamétralement oppofé. De cette mème action du Soleil & de fa Lune fur les eaux de la mer, il réfute encore que fi l'océan couvroit de fes eaux toute da terre, il s'établiroit un courant vers l’eft ou vers loueft, fuivant que cet océan auroit plus ou moins de profondeur : le véritable état de la mer retenue par de grands continebs, s'oppole à ce courant univerfel; mais M. d’Alem- bert foupçonne que les courans quon oblerve fouvent en pleine mer pourroient être produits par la même caufe. Comme le fluide une fois mis en mouvement s'élève non feulement par la puiffance de l'attraction, mais encore par fa force d'inertie & par Faction mutuelle de {es parties, if fe peut faire que ces forces foient tellement combinées, que de fluide, au lieu de s'élever dans l'endroit expolé à l'action “de l'afhre, s'élève au contraire à 99 degrés de à, & sabaifle fous l'aftre, 46 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Nous avons dit que M. d'Alembert ne faifoit point en- trer dans fon calcul, l'action par laquelle le Soleil échaufle l'air; il lemploie cependant dans fa Difértation, en tant que par cette ation certaines portions de l'atmofphère acquerront , en fe dilatant, une plus grande hauteur que les autres: mais cette différence fe trouve extrémement petite: auffi es obfervations du baromètre ne donnent-elles prefque aucune différence qu'on puifle attribuer à la variation du poids des colonnes de l'atmofphère, caufée par laétion du Soleil & de la Lune. Ici fe préfente naturellement une aflez forte objection contre l'eflet de lattraétion : comment eft-il pofhible que cette puiflance capable de foulever les eaux de la mer fi confidérablement, n’altère pas aflez le poids de l'air! M. d’A- lembert y répond d'une façon très-fimple. Des corps de den- fité inégale éprouvent prefque les mêmes effets de la part d'un corps attirant, puifque celui qui eft le plus lourd a aufli plus de parties folides fur lefquelles F'attraétion peut s'exercer: cela fuppofé, imaginons que l'aétion de la Lune élève les éaux de la mer jufqu'à la hauteur de 60 pieds ; la colonne d'air fera augmentée de la même quantité, & comme les eaux defcendent autant au deflous de leur niveau qu'elles ont monté au deflus, la colonne d'air fe trouvera auffi rac- courcie de 60 pieds dans le temps de la baffle mer, ce qui fait en tout 120 pieds de variation: or à 120 pieds de variation dans la colonne d'air, répondent environ deux lignes dans celle du mercure qui lui eft oppofée; différence qui peut aifément être abforbée par les variations accidentelles, fouvent beaucoup plus confidérables. M. d’ Alembert exhorte cependant ceux qui font ces fortes d’obfervations dans la Zone torride, à examiner avec foin sils n'en trouveront aucun veftige. Quoique M. d'Alembert n'eût pas d’abord entrepris d’e- xaminer les eflets que devoient produire fur les vents, les chaînes de montagnes placées fur le globe terreftre, il a joint à fon ouvrage, des recherches fur le mouvement de DPNET SERRE N CES l'air renfermé entre des montagnes, dont il fuppofe 1a chaîne placée fur fEquateur, fur un parallèle ou fur un méridien, & il trouve que l'air müû horizontalement & uniformément entre deux plans verticaux, ne devroit pas toüjours augmenter fa vitefle, lorfque fon lit fe rétréciroit; mais que, füuivant le rapport de fa profondeur avec l'efpace qu’il parcourroit en un temps donné, il devroit, en ces endroits, diminuer ou augmenter fa hauteur, que dans ce dernier cas il aug- menteroit plus fa hauteur par cette élévation, qu’il ne perdroit en largeur, & que par conféquent l'efpace par lequel il de- vroit pafler, feroit réellement augmenté, & fa viteffe di- minuée. Les principes dont nous venons de donner une léoère idée, font mis en œuvre dans l'ouvrage de M. d’Alembert de la manière la plus adroite : fouvent les difficultés lont obligé d'avoir recours à de nouveaux tours de calcul, qui font autant de gagné pour la Géométrie, mais dont il nous feroit impoflible de donner même la plus légère connoif- fance, fans excéder les bornes qui font prefcrites à cette: Hifloire. Ce que nous en avons dit fufht pour faire juger du travail de M. d'Alembert, & de Futilité que la Phyfique en peut tirer: quoiqu'il laiffe encore matière à bien des re- cherches fur la caufe phyfique des vents, on peut cependant s'aflurer que l'efet de l'attraction y eft développé de manière à m'avoir probablement jamais befoin d'un autre examen. 48 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYyaALeE RÉ TODOOOOOOOOOODOQOOCO ANATOMIE. OBSERVATIONS ANATOMIQUES. ï. Navier, Correfpondant de l'Académie, a mandé à . M. du Hamel qu'en*faifant l'ouverture du cadavre d'un jeune homme de quinze ans, il avoit trouvé les gros inteftins, & fur-tout le reétum, fi prodigieulement dilatés, que ce dernier reflembloit plus, en cet état, à un fac qu'à un inteflin: ce fac étoit abfolument rempli d'excrémens, ainfi que le colon & le cæcum. Le malade alloit à peine à la felle une fois en vingt jours; & quoique les purgatifs fifent un peu d'effet, & diminuaflent la grofleur de fon ventre , il ne rendoit probablement que [a moindre partie de ce qui étoit contenu dans cetie efpèce de poche. Le fphinter étoit en bon état, & ne paroïfloit pas avoir contribué à cette monftrueufe rétention d’excrémens. Ce cas, quoique fingulier & inconnu aux Anciens, n'eft pas abfolument unique, & piufieurs perfonnes ont été guéries de ce mal, en retfrant avec le doigt, ou avec un inftru- ment, l'amas de matière durcie qui fermoit l'anus, avant que les excrémens fe fuffent amaflés au point de faire perdre, par leur volume, le reflort à l'inteftin. Le | Le même M. Navier a trouvé dans le cadavre d'une femme fexagénaire, & qui avoit eu plufieurs enfans, un des ovaires dilaté au point de compoler un globe de plus de fix pouces de diamètre ; ce corps paroïfloit formé par la dilata- tion des véficules ou petits corps ronds qu'on trouve dans les ovaires. Toutes ces dilatations formoient des -cellules plus ou moins grandes, les unes remplies d'une limphe fanguinolente, Des Se E N C FE fanguinolente , & les autres d'une limphe claire & tranfpa- rente: ces cellules n’avoient aucune communication les unes avec les autres, & la limphe, foit claire, foit fanguinolente, u'elles contenoient, n'avoit aucune mauvaife odeur. La trompe & le corpus fimbriatum flottoient après ce globe, & étoient dans leur état naturel. On a plufieurs exemples d'ovaires dilatés, & même remplis d'hydatides,. mais on n'en avoit pas eu jufqu'ici d'une auf mon{trueufe dilatation. ss Un homme âgé de quarante-fept ans, de taille ordinaire, fut arrété dans un bois par des voleurs, qui, l'ayant détourné des routes fréquentées , le laifsèrent attaché à un arbre dans un endroit abfolument defert : cet homme, n'efpérant aucun fecours, fit des efforts extraordinaires pour fe mettre en liberté, ce dont il ne feroit cependant jamais venu à bout, fans un Chaïfeur qui pafla par hafard au bout de fix heures, & qui Jui fervit de libérateur & de guide: les efforts qu'il avoit faits, lui caufèrent un anevrifme dont il mourut. A l’ouver- ture du cadavre on trouva, 1.” qu'il y avoit en même temps deux anevrifmes, l'un à l'aorte, dont le diamètre étoit triple en cet endroit de ce qu'il eft dans l'état ordinaire, & f'autre à l'artère foûclavière gauche, plus confidérable, à proportion du calibre du vaifleau, que celui de Faorte. 2.° Qu'une des valvules coronaires étoit confidérablement augmentée; & qu’au lieu d’être pleine, elle avoit la forme d’un réfeau. 3. Enfin, que dans le même fujet le trou ovale étoit ouvert. Quoique les Mémoires de l Académie contiennent plufieurs exemples d'anevrifmes de Y'aorte aufli confidérables que celui- ci pour le volume, cependant la fingularité des circonftances que nous venons de rapporter, fa engagé à publier cette obfervation, qu'elle doit à M. Guattani, Chirurgien du Pape en furvivance, Profeffeur en Anatomie & en Chirur- gie dans les hôpitaux de Rome, & fon Correfpondant. fee RaV. : Dans un autre cadavre , le même M. Guattani trouva un 5 polype fanguin dans le ventricule gauche du cœur, à l'entrée Hift. I 73 Oe G o HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE de l'aorte: ce polype paroïfloit compofé d’un amas de petites véficules pareïlles à celles que l'on trouve fort fouvent dans le plexus choroïde, mais avec cette différence, que ces dernières font tantôt de petites glandes fquirreufes, tantôt des hydatides, & que dans le polype fanguin elles étoient pleines d'air. Une fille du village de Sala, dans le territoire de Padoue, âgée de dix-neuf ans, voulant, une nuit, fe foulager d’une demangeaifon qu'elle fentoit aux parties naturelles, employa, pour cet eflet, la tête d'une longue épingle de fer: elle sendormit, & trouva, en s'éveillant, que l'épingle avoit pafé par le méat urinaire & étoit tombée dans la veflie, d'où elle eflaya inutilement de la retirer. La honte lui fit taire fon aventure pendant huit mois; mais les douleurs qu'elle fouffroit, occafionnèrent en elle un dépériffement fi vifble, que fes parens s'en aperçurent, & parvinrent à tirer d'elle J'aveu & la caufe de fon mal. On la fit voir à quelques Chirur- giens du canton, qui tentèrent inutilement de la foulager : enfin, au bout de vingt mois de fouffrances, M. Targetti, Seigneur de ce village, fut informé de fon état, & la compañfion qu'il en eut, le porta à prier M. Stella, célèbre Médecin de Venile, de la vifiter; ce Médecin trouva la malade accablée de dou- leurs, & prefque confumée par une fièvre lente : il intro- duifit une fonde d'acier dans la veflie, & fentit avec peine . le corps étranger, qui, dès qu'il avoit touché, fe déroboit à l'inftrument. L'introduction du doigt dans le vagin, ne lui fit trouver aucune dureté ni aucune tumeur : pour recon- noître ce corps f1 obftiné à fe cacher, M. Stella dilata l'urètre, avec une tente d'éponge préparée, & ayant , à l'aide d'un gorgeret, introduit fon doigt dans la veflie, il fentit diftinc- tement épingle, dont plus d'un tiers étoit incrufté d’une matière pierreufe. La portion pierreule étoit logée vers la partie fupérieure de la fymphyfe du pubis, & chatonnée dans une efpèce de poche que la veflie avoit formée en fe mou- lant autour; le refe traverfoit ce vifcère de droite à gauche: cette ftuation ne permettoit pas de faire l'extraétion de ce Des iSilé dk EN CES st torps étranger à l'ordinaire avec des tenettes droites où courbes introduites par l'urètre, & on ne pouvoit délivrer la malade qu'en Ja taillant au haut appareil. I eft vrai que le fâcheux “état auquel elle étoit réduite, ne permettoit guère d’efpérer un heureux fuccès: mais comme la mort étoit certaine en différant l'opération, les parens de la malade preflerent M. “Stella de la tenter, & après l'avoir préparée, il la fit, accom- pagné de M. Teri, Chirurgien à Venife. L'ouverture ne fut fuivie d'aucun accident, & on tira aifément la pierre à laquelle l’épingle fatale fervoit de noyau : l'Académie a vû cette pierre, que M. Stella avoit donnée à M. l'Abbé Nollet pendant fon féjour à Venile, avec la relation de cet acci- dent; mais Je fâcheux pronoftic de M. Stella ne fut que trop jufte, l'état de la malade ne laïfla pas à la plaie la moindre apparence de guérifon, & elle mourut le troifième jour de l'opération, malgré tous les fecours qu'on lui püt donner. M. Guyon, Chiurgien de Carpentras, a mandé à M. de Ja Sône, qu'ayant été appelé pour vifiter un enfant de trois jours, vivant, qui étoit né avec un vice de conformation aux parties de la génération, il trouva, à la première inf pection, le fcrotum placé comme dans tous les enfans mâles; da verge ne paroifloit compofée que d'une portion de gland, formée comme fi on avoit emporté la moitié de ce gland fuivant la longueur de la verge: le prépuce étoit attaché par le frein, comme à l'ordinaire, & reflembloit à celui des _ jeunes circoncis ; cette efpèce de gland n’avoit point d'ouver- ture à fon extrémité, ce n'étoit qu'un bouton charnu, qui paroifloit fortir du milieu d’une fente fituée précifément au defflous du pubis, & qui ne différoit de celle des jeunes filles qu'en ce qu'elle étoit fitnée tranfverfalement. Au milieu de cette fente, & fous le bouton charnu, s’ouvroit un trou fiftuleux qui alloit direétement dans la veflie, & Furine cou- oit continuellement par cette efpèce d'urètre. Cet enfant tant mort, la diffeétion que M. Guyon fit de fon cadavre, ï offrit d'autres fingularités : la verge partoit, comme à î Gi $2 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE l'ordinaire, de la petite branche de l'os ifchion ; elle avoit fes deux corps caverneux, qui fe réunifloient à la partie infé- rieure des os pubis ; on y voyoit de chaque côté les trois mufcles, accélérateur, tranfverle, érecteur ; mais le conduit de Yurètre manquoit entièrement, & on obfervoit dans l'en- droit où il auroit dû être, un tiflu fpongieux qui fe con- tinuoit depuis les glandes proftates jufque vers l'extrémité du gland : M. Guyon le détacha dans toute fa longueur, &c ayant {oufflé dans une des véficules , tout le tiflu fe gonfla. La verge ne paroifloit point avoir de ligament fufpenfoire, La peau qui formoit la fente extérieure dont nous avons parlé, fembloit, en {e repliant dans cette fente, former fu- rètre fngulier que k Nature avoit pratiqué; ce canal alloit en ligne droite aboutir à la veflie, il avoit par-tout une largeur égale & très-confidérable; on apercevoit le veru- montanum, & on découvroit fenfiblement quelques ouver- tures des conduits excréteurs de la liqueur féminale. Si cet enfant eût vécu, c'eût été peut-être un de ces faux herma- phrodites qu'on voit paroître de temps en temps, &. qui font moins rares que l'on: ne penfe, OUS renvoyons entièrement aux Mémoires, V. les M. p: 109, La Defcription d'un Hermaphrodite, Par M. Morand. . BéENSMIS "cf E N'c Es 53 :0/0:0:0:00:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:2i0:010:0! CHYMI 3 SUR LES EMBAUMEMENS DES ECEPTTIFENS L ‘EXTRÈME vénération des anciens. Egyptiens pour les V. les Mi. cadavres de leurs morts, leur avoit fait inventer divers P+ 123. moyens de les préferver de la corruption. Nous admirons encore aujourd’hui des momies égyptiennes confervées depuis plus de deux mille ans, par la manière dont les corps avoient été embaumés. Ces momies font: depuis fong-temps, l'objet des recher- ches des: Antiquaires ; elles ont fait aufli celui d'un petit nombre de Phyficiens, qui ont tâché de deviner le fecret des Egyptiens , & de. tranfporter cet Art parmi nous. Quelques queftions qu'avoit faites M. le Comte de Caylus; au fujet d'un Mémoire qu'il devoit lire à l Académie des Belles-Lettres fur la même matière, réveillèrent dans l'efprit de M. Rouelle plufieurs idées que da lecture d'Hérodote lui avoit autrefois-fait naître, & furent l'occalion du travail dont nous allons parler. M. Rouelle le divife en deux parties; - Ja première, qu'il a donnée cette année à l'Académie, eft deftinée à examiner les principes fur. lelquels eft fondé F'art des Egyptiens:; & la feconde, qui n’a point encore paru, doit contenir les eflais d'embaumemens faits fuivant cette méthode, & des moyens qu ‘il a imaginés fur les mêmes prin- cipes, pour préparer les.pièces anatomiques ; objet bien plus intéreffant que celui des Egyptiens, puifqu'il a pour but de. conferver les vivans, au lieu que les Egyptiens ne. préten- doient. conferver que les morts... Tout ce que les différens Auteurs ont écrit fur. l'art des embaumemens égyptiens, fe peut réduire en général à deux G iij HISTOIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE fentimens ; les uns prétendent que le corps entier étoit pre- mièrement falé, & enfuite pénétré de matières réfineufes & balfamiques, qui, s'incorporant avec Jes chairs, les préfer- voient de la corruption. Les autres prétendent que les corps étoient défléchés après avoir été falés, & que ce n'étoit qu'après cette deflication qu'on leur appliquoit les matières réfineufes & balfamiques. L'infpection feule des momies, jointe à leur durée, détruit abfolument le premier fentiment : les fels falés font des fels neutres qui peuvent bien prolonger pour un peu de temps la durée des chairs, mais qui ne peuvent abforber qu'en très-petite quantité humidité qui y elt contenue; on fait d’ailleurs que les matières réfneufes & balfimiques ne con- tractent aucune union avec l'eau : comment donc conce- voir que des corps, remplis fouvent d'une férofité corrompue, puifent avoir réfifté pendant deux mille ans à l'aétion intef tine de ce fluide, & de plus, s'être confervés dans l'état de fécherefle où nous les trouvons ? Le fentiment des feconds paroït bien plus conforme aux idées de la faine Phyfique, & à l'état où nous paroiffent les momies ; mais ce qui eft fingulier, c’eft l'indifférence avec laquelle on a regardé jufqu'ici un art fi curieux par lui-même, & qui pouvoit procurer tant d'avantages, non feulement pour les embaumemens, mais encore pour le progrès de l Ana- tomie. Il n'y a que deux Auteurs qui aient tourné leurs recherches vers cet objet , de Bils & Clauderus : la méthode du premier n'eft pas trop connue, il en faïfoit un fecret : le fecond a décrit fa préparation, & il paroiît, tant par les écrits de Clauderus que par ce qu'il a pà deviner du pro- cédé de de Bils, que lun & l'autre employoient principa- lement la deffication , opérée par les fels alkalis, pour pré- parer leurs cadavres. Heureufement, Hérodote nous a tranfmis une courte def- cription de l'art des Embaumeurs. Il ÿ avoit, felon cet Auteur, trois différentes manières d'emibaumer ufitées parmi les Egyptiens, & on fe fervoit des unes ou des autres, fui- vant la dépenfe que lon vouloit faire. DES SCIENCES Suivant la première, qui étoit aufli la plus chère, on ouvroit par les narines, avec un fer, la bafe du crâne, & on tiroit par cette ouverture la cervelle, partie avec ie même fer, partie par le moyen des injeétions ; on tiroit les en- trailles par une incifion faite au côté, on les nettoyoit, on les pañloit au vin de palmier & dans des aromates broyés ; . on remplifloit le ventre de myrrhe en poudre, & de toutes fortes d'autres parfums, excepié l'éncens: on fermoit l'ou- verture, & on couvroit le corps de satrum pendant foixante & dix jours, car les loix ou les flatuts de l'art ne permettoient pas de l'y laïfler plus long-temps ; enfuite on lavoit le corps, & après favoir tout enveloppé de bandes de toile de lin en- duites de gomme, ils le rendoient aux parens. Lorfqu'on ne vouloit pas faire une fi grande dépenfe, on fe fervoit de la manière fuivante, qui eft la feconde. On ne failoit aucune incifion au cadavre, on fe contentoit d'injeéter par le fondement une quantité fuffifante pour remplir le ventre, d'une liqueur onétueufe qui {e tire du cèdre ; enfuite ayant bouché l'ouverture, pour retenir Vinjection, on mettoit le corps dans le natrum pendant foixante & dix jours ; au dernier, on tiroit du ventre {a liqueur, qui entraïinoit avec elle les en- trailles confumées ou difloutes, car le nitre diffout les chairs, & il ne refloit du cadavre que la peau & les os; cela fait, on rendoit le corps aux parens. La troïfième manière étoit la plus fimple & la moins difpendieufe. Après les injections par le fondement, on mettoit le corps dans le satrum pendant foixante & dix jours, & on le rendoit fans ÿ faire autre chofe. Cette defcription que fait Hérodote de T'art des embau- meurs, eft bien propre à donner une idée de cet art; il pa- roit cependant qu'il n’en a parlé que für le rapport d'autrui, & nous verrons bien-tôt ce en quoi il femble s'être trompé. Tout le travail des embaumeurs { réduifoit à deux parties effentielles : la première étoit de deflécher les corps, c'eft- à-dire, de leur enlever les liqueurs & les graïfles qu'ils con- tnoient, & qui en auroient occafionné {a deftruction : la 56 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RovALE feconde étoit de défendre les corps ainfi defléchés, de f'hus midité extérieure & du contaét de l'air. . La première partie de ce travail étoit ce qu'ils appeloient faler le corps. Le natrum des Egyptiens n'étoit point fem- blable à notre nitre; c'étoit au contraire, felon M. Rouelle, un véritable alkali fixe: comme tel, il dépouilloit abfolument les cadavres qu'on y mettoit pendant foixante & dix jours, des liqueurs limphatiques & de la graifle, & il n'en reftoit que les parties fibreufes & folides. Les embaumeurs opé- roient par ce moyen, fur les cadavres, ce que les Tanneurs opèrent fur les cuirs par le moyen de la chaux; ils en en- levoient tout ce qui auroit pü, dans la fuite, donner lieu à la corruption : aufli Hérodote ajoûte+-il que les cadavres, en cet état, n'avoient plus que la peau & les os, & on peut tirer de à pourquoi il étoit défendu de laifler les corps dans Le matrum plus de foixante & dix jours: on auroit eu tout lieu de craindre qu'ils n'euflent éprouvé, de la part de ce fel, le même inconvénient qui arrive aux peaux qu'on laifle trop long -temps dans la chaux, qu'ils n'eufient enfin été confumés totalement ou en partie. On avoit foin, felon le rapport d'Hérodote, de laver les corps au fortir du satrum, & cette pratique étoit une fuite vaturelle du procédé; fans cela, l'alkali qui feroit refté ad- hérent au cadavre, & qui, comme on fait, attire puifflam- ment l'humidité de Fair, ‘y auroit bien-tôt introduit aflez d'eau pour en occafionner la pourriture : la même propriété par laquelle il avoit defléché le corps, auroit pü, dans a fuite, y produire un. effet tout contraire, & par conféquent on faifoit-très-bien d'ôter foigneufement tout le {el qui auroit pû y refter adhérent. - On objecteroit en vain que fi le satrum eût été un fel al- kali, il auroit pù agir avec affez de vivacité pour détruire les corps; il eft à préfumer que les embaumeurs égyptiens con- noifloient la force de leur zatrum, & qu'ils ne lemployoient qu'en dofe convenable, -& avec les précautions néceffaires. Tellé étoit la première & Îa principale partie de Ja préparation bp'E%# SCIE N c E s..:; préparation des corps; elle conflituoit même toute feule l'em- baumement de la troifième efpèce, décrit dans Hérodote: ke refle de l'opération confiftoit à appliquer fur les corps déjà defléchés, des matières réfineufes & balfamiques qu'on y retenoit par des bandes de linge dont on les enveloppoit; mais avant que de pafler à cette partie de l'embaumement, il eft à propos de relever quelques erreurs dans lefquelles Hérodote paroît être tombé. En décrivant Tembaumement de la première efpèce, il dit formellement qu'on emplifioit le ventre du cadavre de myrrhe, de canelle & d'autres par- fums, excepté encens, & qu'enfuite on le mettoit dans le natrum, après quoi on le lavoit. À quoi auroient fervi ces matières réfineufes avec lefquelles l'alkali du atrum auroit bien-tôt formé une matière favonneufe que les lotions auroient emportée, au moins en grande partie? il eft bien plus raifon- nable de penfer que les matières balfamiques & réfineufes n'étoient appliquées aux cadavres, qu'après qu'on les avoit retirés du natrum. La même réflexion doit avoir lieu pour le fecond em- baumement. Selon la defcription d’Hérodote, on injeétoit par le fondement & fans aucune incifion, une liqueur tirée du cèdre, pour confumer toutes les entrailles, & pendant Jaction même de cette liqueur on mettoit fe corps dans le natrum. M eft aifé de voir 1. que la liqueur du cèdre ou le cdria ne pouvoit ni deflécher, ni confumer les entrailles, étant réfmeufe & balfamique fans aucune qualité corrofive : 2.° cette liqueur injeftée fans aucune incifion , n’auroit pù pénétrer que dans une petite portion des inteftins; il falloit donc que pour l'introduire dans toute la capacité du bas-ventre, on favorifit fon paffage par quelques ouver- tures: 3.° enfin il y a tout lieu de penfer qu'on failoit deux injetions, l'une avec le natrum pour confumer & def fécher les entrailles, & l'autre qui ne fe failoit qu'après la déficcation du cadavre, & qui étoit compolée de cdria. Cette conjecture eft même d'autant plus vrai-femblable, que fans cette double injection, le troifième embaumement ne Hifl, 1750. 5 ne 8 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE différeroit point du fecond, puifque dans celui-là, après l'injec- tion par lé fondement, on metioit le corps dans le watrum, & on le/reñdoit au bout de foixante & dix jours. Dans cetté dérnière façon d’émbaumer, on n’employoit probable- ment que h feule injection de satrum pour confumer les vifcères, au lieu que dans le fecond, après la déficcation, on faifoit une feconde injection avec le cedria. I y avoit même une quatrième manière de conferver les corps, prefque fans aucuns fraiss M. Maillet, Conful au Caire, rapporte dans fes Lettres, qu'il a trouvé un grand nombre de corps couchés fur des lits de charbon, emmaïl- lottés de quelques linges, & couverts d'une natte fur laquelle il y avoit du fable à l'épaifleur de fept ou huit pieds: c'étoit apparemment Ja manière dont les plus pauvres confervoient les cadavres de leurs parens ; car la confervation des corps faioit, chez les Egyptiens, un point de religion, & les pauvres y étoient obligés comme les plus riches. Avant de quitter Fart de deffécher les corps, ufité chez les’ Esyptiens, il eft néceflaire de dire un mot de la ma- nière d'imiter cet art, qui a été mife en ufage par de Bils & Clauderus dans le dernier fiècle. Le premier a toüjours fait. myftère de fon fecret; mais Clauderus fon contemporain, aflure que l'odeur balfimique qu'on fentoit dans le lieu où de Bils confervoit fes pièces émbaumées , étoit abfolument étrangère à ces pièces, & que ce Chymifle ne s'en fervoit que pour faire illufion aux Curieux, & cacher la véritable préparation qu'il donnoit aux cadavres: il affure même qu’en touchant quelques-unes de ces pièces, & portant fon doigt fur la Jangue, il y avoit reconnu une faveur faline. Cette faveur perluada Clauderus que tout le fecret de de Bils confiftoit en des fels. Sur ce principe H fit tant d’ex- périences, qu'il parvint à deffécher les corps comme les Egyptiens, fans enlever les vifcères; mais il ne fut pas pro- fiter de fa propre découverte, & au lieu de fe fervir des fels alkalis purs , il compofa des mélanges de ces {els avec le {el ammoniac, & parvint par ce moyen à produire um 12 DIE S.!/ SU IE INC Es 1 s9 fel neutre capable de faler les chairs, & non de les deflécher, & à multiplier inutilement les moyens & la dépenfe. H'eft bien vrai que l'alkali volatil du fel ammoniac n'étoit pas abfolument inutile, mais deux raifons doivent engager à {e réjeter ; la première, qu'il eft beaucoup plus cher; & la fe- conde, qw'il produit dans ce cas, en s'évaporant , une puan- teur aflreufe, qu'on évite en employant les alkalis fixes. H nous refte préfentement deux chofes à examiner, pour fuivre jufqu'au bout l'art des embaumebrs Egyptiens ; a manière dont ils appliquoient les matières balfamiques, & quelle étoit la nature de ces mêmes matières. Hérodote nous apprend que les embaumeurs Egyptiens, après avoir retiré les corps du natrum, les lavoient & des enveloppoient avec des bandes de toile de 1in enduites de gomme. Cependant prefque aucune des momies que l'on con: ferve en Europe, ne paroît enveloppée dé ces bandes enduites de gomme; celles qu'on y trouve font au contraire, pour Ja plufpart, enduites des matières réfineules & ‘balfamiques qui ont fervi à l'embaumement , & qui enveloppent: chaque membre féparément; cependant il s'en trouve deux à Paris, lune dans fe cabinet de Sainte Geneviève, & l'autre dans celui dés Céléftins, für Tefquelles on trouve déux efpèces de bandages ; lun qui enveloppe féparément le corps & chacun des membres, & celui-ci eft enduit de matière bitumineufe; & l'autre qui emmaïllotte en quelqué façon le corps & les membres enfemble, & ce dernier eft fans matière bitumi- neufe : c'eft vrai-femblablement ce dernier feul qu'avoit vû Hérodote, & qu'il a confondu avec celui qui étoit deftiné à retenir la matière de l'embaumement. | f Une autre lettre du même M. Maillet, Confüul au Caire, duquel nous avons déjà parlé, peut lever toutes les diffi- cültés fur cet article; à portée de voir, pour ainfr dire, les momies dans leur fource, il en avoit fait découvrir plufeurs, entrautres il rapporte qu'uné qui fat ouverte-dans la maifon des Capucins, au Caire, avoit les deux efpèces de bandages: fes uns, enduits de matière réfineufe, qui enveloppoient 6o HiSTOirE DE L'ACADÉMIE ROYALE féparément chaque membre, & qui étoient durs & caffans; & les autres, qui emmuillottoient tout le corps : ces dernières bandes étoient non feulement fans matière réfineufe, mais elles étoient chargées en deflus de figures hiéroglyphiques, & en deflous d’une écriture très-fine en caractères inconnus, tracés de droite à gauche, & qui paroïfloient être des vers rimés, parce que les lignes qui fe fuivoient avoient la même terminailon ; circonftance qui, pour le dire en paffant, feroit rémonter fufage des vers rimés jufqu'à la plus haute anti- quité, Ii ajoûte au même endroit qu'on eut l'imprudence de couper ces bandes avec des cifeaux, & qu'elles furent pillées fur le champ, les Egyptiens étant très-curieux de dépouiller ainfi les momies, pour en tirer les différentes amulettes qu’on y trouve quelquefois, & auxquelles ils attribuent de grandes vertus : c’eft pour ‘cela qu'il vient fi peu de momies enve- loppées du fecond bandage. M. Muillet dit, dans un autre endroit, que dans les chambres où font les momies les moins embaumées, celles même qui fe font détruites, on trouve, avec les os, ces fortes de linges qui les enveloppoient. II paroît par-là que les corps les plus pauvres étoient environnés de deux bandages: M. Rouelle les a trouvés fur une momie qui appartient à M.'s de Juflieu, & qui paroït n'avoir été que defléchée par le satrum ; & dans celle-ci, les bandes, -méme intérieures , étoient fans matière réfineufe, & n’ont pû étre collées qu'avec la gomme. M. Rouelle a remarqué que toutes les bandes des momies qu'il a vües, font de toile de coton: Hérodote s'eft-il trompé, lorfqu'il a dit qu'elles étoient de 1m? ou le lin des anciens Egyptiens feroit-il la même chofe que le coton! On voit bien que ces bandes, les vers, les peintures dont on les ornoit, & les boîtes d'une feule pièce dans lefquelles on enfermoit les momies, & qui étoient plus ou moins chargées d’ornemens , devoient introduire une infinité de différences dans la fomptuofité des embaumemens. Il eft temps de pafler à l'examen de cette matière qu'on employoit dans les embaumemens du pre- mier & du fecond ordre, & qui fait le dernier article du premier Mémaire de M. Rouelle. MES: NSUC LE N c E & 61 . I eft bien certain par lexpérience, que cette matière pouvoit conferver les corps pendant plufieurs milliers d'an- nées ; Profper Alpin aflure, dans fon Hifioire Naturelle d'Egypte, qu'il a vû dans F'intérieur d'une momie une branche de romarin aufli verte que fi on venoit de la déta- cher de la planté, foit que cette branche eût été mife dans le cadavre comme un objet de fuperftition , foit que Fem- baumeur eût voulu configner, pour ainfi dire, à la Pofté- rité un monument de l'excellence de fon art & de fon habileté. Non feulement on trouve des momies chargées de cette matière, mais M. Rouelle en a eu qui avoit été trouvée en- fermée au fond d’un vafe, dans les chambres mêmes où font les momies. Par lanaly{e qu'il en a faite, il a trouvé que la matière de lembaumement des momies a pour bafe le bitume de Judée, mêlé dans quelques-unes avec une matière qui a l'odeur du fuccin, & dans quelques autres , avec une fubftance affez femblable au cedria ; ce qui conftitue une efpèce de mé- lange femblable au piffafphaltum des Anciens, excepté qu'au lieu de poix, il contient ces matières balfamiques. . I réfulte encore des recherches de M. Rouelle, que cette matière ne contient ni myrrhe, ni aloès, ni aucune poudre, ceft une matière abfolument bitumineufe & réfineufe, qui fe diflout abfolument dans l'efprit de vin, fans laifer prefque aucune réfidence. M. Rouelle a inutilement tenté de contre- faire cette matière, en y employant, avec, le bitume de Judée, les matières dont nous venons de parler; il n’a jamais pà y réufüir. IE n’y a pas non plus d'apparence qu'on y mélât des poudres aromatiques , comme de la canelle, ces aromates pulvérifés feroient devenus des efpèces d’éponges qui aurojent attiré puiffamment l'humidité de Fair, & par-à is aurojent été diamétralement oppolés au but qu'on avoit de défendre . es cadavres defféchés, de l'humidité On employoit donc ou le bitume de Judée feul, ou mélé avec la liqueur, du _ cèdre, ou enfin avec le cdria, joint à des matières réfineufes | _ Hij 62 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaALE & très-aromatiques. La matière trouvée dans les chambres des momies formoit peut-être une quatrième efpèce d'em- baumement, qui étoit probablement le plus précieux. Si à ces différences on joint celles des bandes dont nous avons parlé ci-deffus, les dorures, les caïfles de bois précieux & même de porphyre, on verra qu’il y avoitdans la pratique: de ce devoir de religion, de quoi fatisfaire à tous les diffé. rens degrés de magnificence que lorgueil des Egyptiens pouvoit defirer. ETTE année parut un ouvrage de M. Hellot, intitulé, l'Art de la teinture des Laines & des E'toffes de laine en grand à petit teint, avec une inftrufion fur les débouillis. A ne confidérer que fuperficiellement la pratique de Ia Teinture, on n'aperçoit qu'un amas de pratiques bizarres, qui ne femblent avoir aucun rapport à la production des couleurs, & qui paroiflent navoir été trouvées que par hafard; mais fi on remonte jufqu'aux principes qui fervent de bafe à cet art, on eft furpris de la Phyfique délicate qui a dû éclairer toutes ces opérations. | Teindre, en général, eft attacher fur une étoffe des par- ticules étrangères qui lui donnent la couleur qu'on fouhaite. Si ces particules colorantes y font tellement attachées que le {oleil & le ferein ne puiflent, pendant douze jours con- féeutifs, changer la couleur de l'étoffe, mais feulement Ia brunir un peu, cette couleur eft dite du grand où bon teint. Si au contraire l'air & le foleil peuvent pendant cet elpace de temps enlever totalement ou altérer beaucoup la couleur, on l'appelle de petit ou de faux teint. Au défaut de cette épreuve, que le temps qu'elle exige ne permet pas toüjours de pratiquer, on emploie un autre moyen ; on fait bouillir pendant un temps déterminé, l'étofle dans de l'eau chargée de certaines drogues, qui doivent lui enlever en peu de minutes ce qu'elle auroit perdu de parties colorantes en douze jours, par Paétion de l'air & du foleil: cette opération fe nomme débouilli, & les règlemens en pÜEUSU Se rE N cr s 63 prefcrivent tout le procédé, tant par rapport aux drogues qui doivent y entrer, que par rapport au temps que l’étoffe y doit demeurer. H eft vrai cependant que l'épreuve du débouilli ne pro- duit pas toûjours les mêmes effets que Fexpofition à l'air & au foleil: on ne doit s’en fervir que lorfqu'on ne fera pas à portée d'employer ce dernier moyen, qui eft la véritable épreuve de la teinture. Le grand teint n'admet que cinq couleurs primitives ou qui doivent, par leur mélange, produire toutes les autres, favoir, le rouge, le jaune, le fauve, le bleu & le noir. Toutes ces couleurs, pour être folides, c’eft-à-dire, pour réfifler aux épreuves dont nous venons de parler, exigent quelques préparations; il faut premièrement, que la matière colorante foit divifée en parties aflez fines pour s'infinuer dans les pores de l'étofle ; il faut que ces pores foient net- toyés & dilatés pour les recevoir; if faut de plus que non feulement les atomes colorans y foient retenus par le reffer- rement de ces pores, mais encore qu'ils y foient comme mafliqués par un fel qui ne foit diffoluble ni à l'air, ni à Veau froide, & duquel ils deviennent en quelque forte parties. . C'eft pour cette raïfon que les étoffes qu’on fe propoie de teindre du bon teint, paffent, prefque toutes, deux fois dans la chaudière : nous difons prefque toutes, parce qu'il en faut excepter celles qu'on veut teindre en bleu, en noir & en fauve, qui fe traitent d'une façon différente, quoique toüjours dépendante des mêmes principes. * La prémière fois on leur donne le bouillon; ce bouillon eft compolé d'eau dans laquelle on a fait entrer du tarte & de Yalun, & M. Hellot rentarque que la feule propor- ton de ces fels ou leur diflérente qualité peuvent faire varier prefque à l'infini, les couleurs tirées d’un même in- grédient. | 1 Après que l'étoffe a refté quelque temps dans le bouillon, on l'en retire, on la lave & on la laifle repofer au frais pour donner le temps aux fels d'agir fur l'étofle & de la préparer: 64 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE alors on la met tremper dans une autre chaudière remplie de ce que l'on appelle le bain, qui n’eft autre chofe que de l'eau chaude chargée des particules colorantes de l'ingrédient qu'on emploie; & quand elle en a tiré toute la teinture, oh poule le feu jufqu'à faire bouillir l’eau pendant quelques minutes. I eft évident que par ce procédé on met fur l'étoffe une efpèce d'enduit compofé de la diffolution des deux fels, & il arrive néceflairement que l'acide vitriolique contenu dans lalun, suniflant avec le tartre, forme un véritable tartre vitriolé qui, comme on fait, n'eft difloluble que dans l'eau bouillante: ces fels d’ailleurs ouvrent les pores de la laine, & lorfqu'après avoir laiffé à ce {el le temps d'exercer fon action, on plonge étoffe dans le bain, les particules colo- rantes fe logent dans fes pores ainfr dilatés, & lébullition mettant en fufion le fel moyen, ces particules qui ont déjà reflerré les pores par une efpèce de flipticité eflentielle à toutes les drogues du bon teint, fe trouvent enchâflées & comme incorporées dans ce fel, & par conféquent hors d'état d’être enlevées par l'eau froide & par le foleil, qui n'ont aucune action fur le tartre vitriolé. On voit aifément qu'en changeant la proportion des fels, il arrive néceffairement que fr on met de lun ou de autre au delà de la dofe néceflaire pour compofer le fel moyen, eelui qui reftera libre, agira fur la matière colorante, en la divifant davantage, ce qui rendra la couleur plus ou moins vive: il pourroit même arriver que s'il fe trouvoit en affez grande quantité, il agit fur l'étoffe & la rendit d'un mauvais ufer; ce qui feroit un véritable défaut. I fuit encore qu'en fubftituant au criftal de tartre & à l'alun, des fels diflolubles à l’eau froide, ou volatils, la tein- ture n'auroit aucune folidité, non plus qu'en retranchant ab- folument le bouillon. Telle eft en général la manière de teindre les étofles en jaune & en rouge, fi on en excepte le rouge de cochenille, autrement nommé écarlate des Gobelins. | Les | DES: SIC LE NC -E & H 65 Les matières colorantes qu'on emploie pour le jaune; font la gaude, la farrette, Va géneftrole, le fenugrec, qui.font.des plantes affez communes en ce pays, & le. lois jaune qu'on apporte des Indes: on peut y ajoûter la eur de la plante nommée virga aurea Canadienfis, dont M. Hellot a fait plu- fieurs épreuves avec fuccès. Le fauve fe fait avec le brou ou enveloppe extérieure de, la noix, la racine de noyer, Yécorce d'aulne, le fantal, qui eft un bois des Indes, le /umach, le roudoul ou fovic, & la fuie. Ces ingrédiens paroiflent démentir toute la théorie que nous venons de rapporter, car ils n'exigent aucune préparation - däns l'étofle, & font néanmoins de bon teint; mais l'exa- men chymique a fait voir qu'ils ne sen écartoient qu'en apparence: lanalyfe y a découvert un tartre vitriolé tout fait: il n'eft donc pas befoin. de leur en procurer d'autre, & cette teinture rentre par-là dans Ja règle dont elle avoit paru s'écarter. \ mit mich} La teinture rouge fe fait avec fa garence, le kermès, la Jacque, le coccus polonicus & Ja cochenille. Les quatre premiers ingrédiens s’emploient comme ceux, qui donnent le jaune, jen faïfant pafñer auparavant l'étoffe dans. le bouillon de tartre & d'alun. ébamibins: amribn La garence eft la racine d’une plante appelée par les Bo- taniftes rubia tinélorum : on entire beaucoup de Zélande; il en croît aufli dans, plufieurs provinces du royaume &: dans quelques endroits de l'Afie; après avoir, bien, fait écher {es æacines | on les moud au moulin, & ceft.en cetétat qu'on les emploie. ns: déc a Le Kkermès eft une galle-infecte qui vit: &; fe multiplie fur l'efpèce de chêne nommée fx aculeata, cocci glandifera : on le recueille en plufieurs endroits du Languedoc, & en plus grande quantité en Efpagne, vers Alicant &: Valence; après l'avoir détaché de l'arbre, on l'étend fur des toiles pour le faire fécher, & on l'arrofe de vinaigre pour. faire :périr les vermifleaux qui pourroient s’y trouver vivans. La décou- verte de la cochenille a fait prefque abandonner cette teinture, Hifl, 1750. 66 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE auvrefois fort en ufage, & connue préfentement fous le nom d’écarlate de Venife ; elle a cependant fur l’écarlate de coche- ñille l'avantage de É foûtenir plus Jong-temps, & celui de n'être pas tachée par la boue comme cette dernière, ‘La cochenille eft un infeéte dont on fait une récolte con- fidérable dans le Mexique, il croït & fe multiplie fur une efpèce d'opuntia ou figue d'Inde, qu'on nomme topal: c'eft avec cét infecte defléché que fe fait la plus belle écarlate, La manière de l'employer éft un peu différente de celle dont on fe fert pour la garence & le kermès. On mêle une partie de la teinture dans le bouillon, qui, par-là, devient un premiér bain où létoffe prénd un couleur de rofe vif; on fubftitue au mélange de lalun & du tartre (qui, à caufe de Y'acide vitriolique contenu dans le premier, rendroit la couleur pourpre) la crème de tartre, fel tout formé & in- difloluble à Feau froide, & on y ajoûte une diflolution d’étain fin par l'efprit de nitre, devenu eau régale par 'addi- tion du fl ammoniac, afin que la chaux de ce métal, très- blanche par elle-même, puifle, en fe mêlant avec les parti- cules de la cochenille, en éclaircir la couleur, qui, fans cela, féroit trop foncée & peu agréable à la vüe : cette diflolution fe nomme, en termes de teinture, compo/ition. ‘ T'étoffe, fortie de ce premier bain, eft lavée dans l'eau froide; on la pafle enfuite daris un fecond bain, que les ouvriers nomment “rougie : ce fecond bain eft préparé comme le premier, excepté qu'on y met plus de cochenille , moins de compofition ; & point du tout de crème de tartre: M. Hellot croit cependant qu'on feroit bien d'y en ajoûter, & que la teinture en Ideviendroït plus folide. Si au Jieu d'employer de 4à cochenille feule dans cette teinture, on emploïe moitié cochenille & moitié garence ou kermès, il en réfultera ce que l’on appelle demi-écarlate ; couleur moins vive, mais auflr folide & auffi durable que Fécär lité de ‘cochénille pure. Lo à Jacque nous eft apportée des Indes, & principalèment dülroyaume de Péru & de Siam; ce n ‘fra autre chofe que la DE SIMS ve Ne es 1er 'é matière de laquelle eft compolée une efpèce de ruche bâtie par des infeétes que le P. Tachard aflure être des fourmis ? on trouve dans les alvéolés de cette efpèce de ruche, la dépouille’ oules débris d’un petit infecte d'un brun rougeätre, & duquel, comme de la cochenille, on tire une téinture “écarlate tès- -vive, L'efpèce de gomme- -réfme qui compofe la ruche, ne paroit contribuer en rien à la couleur : les parties de cette matière colorante font {1 fines, qu'elles paflent avec l'eau par les pores du filtre, ce qui empêchoit de lés avoir en ‘poudre sèche. M. Hellot a trouvé la manière de les’arrêter, au moyen du mucilage de la racine-de grande éonfoude; par cette opération, on eft afluré d’en‘tirer toute la teinture, on la dofe exactement, & on la peut garder fans craindre qu'elle fe corrompe, comme il arrive quelquefois lorfqu'elle eft mêlée avec l'eau; elle s'emploie PAU de 11 même manière que la cocherille. La couleur naturelle de 11 cochenille & de la lacque éft un cramoifi véritable, fur-tout fr l'étoffé a été préparée par Je bouillon de tartre & d’alun. C’eft auffi la ‘manière de teindre en cramoïfi avec ces ingrédiens ; elle ‘n’a ‘rien de différent de ‘celle avec laquelle on emploie la garence & les autres couleurs. Le coccus polonicus eft un infecte un peu moins gros qu'un grain de coriandre; on le trouve adhérent aux racines d’une plante appelée po/ygonum cocciferum+ il s'en rencontre en'abon- dance dans le palatinat de Kiovie, dans l'Ukraine, à Podolie, ki Volhinie, la Lithuanie, & même dans Ja Pruffe du côté de Torné; on le recueille à la fin de Juin, &: après avoir détaché de fa plante, on f'arrofe de vinaigre ou d'eau froide pour faire périr l'infete, & on le fait fécher lentement. Quoique le débit de cette drogue foit confidérable en! Po- logre, cependant M.! Héllot n'a jamais pû parvenir à en faire de l'écarlate; d'ailleurs elle coûteroit plus que 1a plis belle cochenille : ainfi cet article de l'ouvrage de M. Hellot eft plus à l'ufage des Phyficiens qu'à celui des Teinturiers. On emploie pour Len en 2 ÉD de Vus & le vouéde. 1ÿ 68 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE L'indigo eft la fécule colorante d’une plante nommée wi. ou ail, qui croît dans différens endroits des Indes orien- tales & occidentales. On met d'abord pourrir la plante dans un baflin de maçonnerie rempli d'eau; on fait enfuite paffer cette eau chargée des parties de la plante, dans un autre baflin qu'on nomme batterie, où on fa bat avec un moulin à palettes pour faire précipiter la fécule ; on fait écouler par des robinets l’eau qui furnage, & on fait pafer la liqueur épaiffle & colorée dans un troifième baflin où l'évaporation enlève l'eau fuperflue, & laïfle l'indigo en une efpèce de pâte qu'on en tire pour en former des. pains. On emploie l'indigo.dans la teinture, de trois manières: La première eft à froid avec les cendres gravelées & le vitriol verd; les deux autres exigent que la teinture foit chaude : dans la première, on joint à l'indigo les cendres gravelées feules ; dans la feconde, on l'emploie avec lurine, l'alun & le tartre, & dans toutes on y ajoüte la chaux. Pour peu qu'on fafle attention à ce que nous avons dit ci-deffus des caufes de la folidité des teintures, on verra aifément que du mélange du tartre avec l'alun, & de la couperofe avec les cendres gravelées, il naît un tartre vitriolé, ces cendres étant celles de la lie de vin brülée, & conte- nant f'alkali du tartre. On aura plus de peine à comprendre comment avec les feules cendres gravelées on peut, dans la feconde, opération, aflurer la teinture; mais on ceflera, de s'en, étonner, fr on confidère que le feu employé pour faire les cendres gravelées, n’a pas été fufhfant pour en chaffer tout l'acide du tartre, & qu'elles contiennent réellement un criftal de tartre, ou même un tartre vitriolé exiflant, puif- qu'on, l'en peut retirer en affez grande quantité. Onne voit pas de même à quoi peuvent fervir la chaux & l'urine, mais on en fera bien-tôt éclairci fi on réfléchit fur l'extréme ténuité que doivent avoir les. particules colo- rantes pour entrer dans la teinture. Cette divifion ne peut être opérée que par l'alkali volatil; cela eft fi vrai, que fans lui, la matière n'eft qu'une peinture fans aucune folidité, & Dem ul BIENS SCHL E NC E Same LÉ que quand il en opère la diflolution, il fe reconnoît aifé- ment à fon-odeur & à la couleur verte qu'il donne au bain, comme à toutes les matières végétales bleues; couleur que Tétofle ne perd que lorfque Fair a fait évaporer l'alkali, ou ue le tartre vitriolé criftallifé refroidi met les atomes colo- rans à l'abri de fon action; car elle fort verte du bain, & ne prend la couleur bleue que quand elle a été expolée quel- ques minutes à l'air. Cet alkali fe trouve dans l'indigo même, & plus encore dans l'urine ; mais il a befoin de Ia chaux pour fe développer, & ceft la raïfon pour laquelle on en mêle dans cette teinture. Le paftel & le vouëde ne font qu'une même plante connue des Botaniftes fous le nom d’ifatis ou glaffrum ; on la nomme. pallel en Languedoc, & vouëde en Normandie. La prépa- ration qu'on lui donne, confifte à la faire fermenter après lavoir cueillie, jufqu'à ce qu'elle commence à fe pourrir: cette fermentation développe les particules colorantes qui étoient contenues dans la plante; mais on ne fe met point en peine de les féparer, comme on fait aux Indes celles de l'anil, pour les avoir feules: on met le tout en pelottes, qu'on emploie dans la teinture; aufli -quatre livres d'indigo don- - ment-elles autant de teinture que deux cens dix livres de paftel, & M. Hellot croit avec raifon qu'il y auroit un- bé- _néfice réel & confidérable à travailler le paftel comme les Indiens travaillent leur indigo: quelques expériences même qui. en ont été faites d’après les Mémoires de M. Aftruc, femblent prouver que cette opération ne feroit ni difficile, ni difpendieufe. : Le paftel ou le vouëde semploient en les faïfant feule- ment difloudre dans l'eau chaude, & en y mélant une cer- taine quantité de chaux : leur teinture eft cependant folide, & quoique les Teinturiers foient dans l'ufage de mêler de lindigo dans la cuve de paftel, M. Hellot s'eft affuré que cet ingrédient n'étoit nullement néceflaire pour rendre folide Ja couleur du premier, qui eft aufi bonne fans ce mélange. Ceci femble ençore faire une exception à fa règle, car on. Eüj 70 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ne voit ici ni tartre vitriolé, ni alkali volatil; mais l'analyfe du paftel fait évanouir cette difficulté: il contient naturelle- ment les mêmes fels qu'on ajoûte à la cuve d'indigo, & n’a befoin que de la chaux qui eft néceflaire, comme nous l'avons vû, pour développer l'alkali volatil qui doit en opérer la parfaite diflolution. Le noir eft la cinquième & dernière couleur du bon teint ; l'opération qui le produit, eft précifément la même qui fert à faire de l'encre à écrire. On plonge l'étoffe dans un bain compofé d'une décoétion de noix de gale & de diflolution de vitriol verd: il arrive néceflairement que l'acide vitriolique s’uniffant à l'alkali de fa noix de gale, abandonne le fer avec lequel il étoit uni dans le vitriol; ce fer divifé en parties extrèmement fines, fe loge dans les pores de fé- tofle & y eft retenu par le refferrement que la flipticité de la noix de gale y a caufée, & par une elpèce de gomme qu'elle contient & qui l'y maftique. On ne remarque dans toute cette opération aucun ingrédient qui ait pà donner du criftal de tartre ou du tartre vitriolé: auffi la teinture noire n'eft-elle pas à beaucoup près aufi folide que les autres, & elle ne réfifteroit nullement, non plus que les gris qui en font les nuances, aux épreuves du débouilli. Avant de teindre une étoffe en noir, les règlemens exigent qu'elle foit guefdee, c'elt-à-dire, qu'elle ait été teinte en bleu très-foncé: ce bleu, dont la teinture eft folide, fert en outre, en donnant à l’étoffe une couleur approchante du noir, à diminuer la quantité de vitriol qui, fans cela, feroit nécef faire, & qui rendroit l'étoffe rude. On pourroit employer au même ufage le rouge foncé de garence, mais il en rélul- teroit deux inconvéniens ; lé premier, de faire fubir à l’étoffe une première altération par F'aétion des {els du bouillon, & le fecond, de donner au noir un œil rougeître & defa- gréable: on évite lun & l'autre en donnant à l'étoffe une première teinture bleue qui ne détruit pas l'étofle, & qui lom d'altérer le noir, lui donne au contraire un velouté très- avantageux. Mets EST CNT iE N'c1E: SPREEr Le noir & le gris fervent non feulement feuls, mais encore on les emploie pour brunir toutes les couleurs, & c'eft pour cette raïfon qu'on nomme bruniture, la teinture noire ou grife qu'on donne à une étoffe déjà teinte d’une autre couleur. Du mélange des couleurs primitives naïflent toutes les autres couleurs intermédiaires ; le bleu & le rouge donnent la couleur de Roi, a penfée, le violet, le pourpre, Yama- ranthe, érc. Le bleu & le jaune donnent tous les verds ; avec le fauve on en tire une couleur d'olive: le rouge com- biné avec le jaune, donne l'aurore, la couleur de fouci, de langonfle, de fleurs de grenade & Vorangé; avec le fauve ïl fait les couleurs de canelle, de tabac, de chétaigne, de mufc, de poil d'ours, érc. avec le noir il donne les écar- lates brunes, les cramoifis bruns, & tous les gris vineux. Le jaune & le fauve produifent les feuilles mortes, & enfin du fauve & du noïr on tire les café, marron, pruneau, mufe, épine, &c. I eft aifé de voir par tout ce que nous venons de dire, qu'en combinant les couleurs primitives deux à deux, trois à trois, &c. il n’eft aucune couleur dans la Nature, que art ne puifle parvenir à imiter, | Non feulement on réuffit à donner telle couleur qu'on veut à une étofle déjà faite, mais on peut auffi la lui donner en Ja fabriquant avec des laines précédemment teintes des différentes couleurs, & c'eft ce qu'on nomme éroffés de mélange, Pour voir ce que doit devenir la couleur de l'étofle, & juger de a proportion dans laquelle chaque laine doit être employée, on en mêle en petites parties & on la preffe entre les mains, en limbibant d’eau de favon, après l'avoir cardée: il naît de cette opération une efpèce de corps qu'on nomme feutre d'éffai, auquélon fait prendre le caty avec un fer chaud, & qui repréfente parfaitement ce que fera après la fabrication le drap pour fequel on aura employé les laines dans la même proportion. 72 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYyaLe Nous avons dit ci-deflus qu'il y avoit deux fortes de teintures, celles du grand teint & celles du petit teint: ces dernières n'ont pas la même folidité que les autres, les cou- deurs fe paffent promptement à l'air & au foleil, & elles ne réfiftent point à l'épreuve du débouilli; auffi ne les em- ploie-t-on qu'à caufe de la facilité avec laquelle fe font ces couleurs, & du peu de dépenfe qu'elles exigent. H n'y a point dans le petit teint de couleurs primitives; comme ces couleurs m'ont aucune folidité, on ne pourroit prefque jamais teindre les étofles à deux fois, fans que le bain de la feconde n’emportät la couleur précédemment don- née: enfin on ne teint prefque jamais en bleu dans le petit teint, parce que la teinture bleue du grand teint n’eft pas plus chère, & eft infiniment meilleure. Les ingrédiens defquels on fe fert dans le petit teint, font, la teinture de bourre où poil de chèvre garencé, Yorfille, le bois d'Inde où de Campéche, le bois de Brefil, le fufler, le rocou, la graine d'Avignon, & le curcuma où terra merita. Pour faire la teinture de bourre, on prend du poil de chèvre, teint premièrement en bon teint de rouge de ga- rence, & enfuite furchargé de la même couleur appliquée fans bouillon; on le met dans une chaudière avec un poids égal de cendres gravelées, & on fait bouillir le tout: en moins d'une demi-heure il ne refte plus de veftige du poil de chèvre, l'alkali l'a totalement diflous, & toute fa couleur eft paffée dans le bain. On continue de le faire bouillir pen- dant trois heures, & enfuite on y ajoüte petit à petit de l'urine fermentée, en continuant toüjours de tenir la liqueur bouillante: au bout de cinq ou fix heures le bain cefle de jeter de l'écume, & l'opération eft achevée: on couvre alors la chaudière, on Fôte du feu, on la laïfle repofer jufqu'au lendemain, & elle eft en état de teindre. Avant que l'on pale la laine dans cette teinture, il eft bon qu'elle ait été foufrée, c'eft-à-dire, expolée à la fumée du foufre brülant: cette préparation lui donne une blancheur qui contribue beaucoup à faire valoir la couleur qu'on lui veut DES SCIENCES. 734 véut donner. Un quart d'heure avant que de la teindre, on fait, diffoudre dans le bain un petit morceau d'alun de roche; & quand cette diflolution eft faite, on y plonge la laine, -pour en tirér toutes les nuances du rouge, en comtinençant par les plus foncées; car à melure qu'on fe feit du bain, la matière colorante y diminue, & la couleur s'éclaircit; mais comme les dernières nuances, qu'on en pourroit tirer cour- rojent, rifque d’être altérées par les impuretés dont l'eau fe trouve chargée, les Teinturiers aiment mieux faire débouillir quelques bottes. de la laine la plus foncée : l'eau bouillante leur enlève leur couleur, & devient un nouveau bain propre à donner toutes les nuances claires; preuve fans replique du peu de folidité de cette teinture. w'r En examinant toute cette opération, il_eft aifé de voir que quoiqu'une partie de la garence ait été aflurée fur le poil par le bouillon, toutes celles qu'on ÿ a ajoûtées depuis n'y ont aucune adhérence; que le poil ayant été totalement détruit par l'action de l'alkali, il n'exifte plus ni pores, ni matières qui puifent retenir les atomes colorans; & qu'enfin Yurine qu'on y ajoûte fufhiroit feule pour empêcher Y'alkali de fe. joindre avec le peu d'alun qui fe trouve dans le bain, pour former un tartre vitriolé ; d'où il fuit que rien ne xetenant les particules colorantes dans les pores de l'étofie, énormément agrandis par l'eflet de lalkali, la teinture n'y eft aucunement adhérente, quoique faite avec un ingrédient qui naturellement peut donner une teinture folide lorfqu'il eft convenablement employé. 'orfeille eft une pâte molle, d'un rouge foncé, qui étant fimplement délayée dans l'eau chaude, fournit un grand nombre de nuances: il y en a de deux fortes, Fune fe fabrique en Auvergne, elle eft Ja moins belle, & fe nomme orféille de terre où d'Auvergne ; Yautre, qui eft la plus belle, fe ire des ifles Canaries, ou de celles du cap Verd, on la nomme oreille d'herbe. » - L’orfeille d'Auvergne, qu'on nomme auffi perelle, fe fait avec une efpèce de Jichen où mouffe très-commune fur les Hifl. 175 0. K HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE rochers de cette province; celle des Canaries eft le /chen græcus polypoïdes tinlorius faxatilis , ou le fücus verrucofus tinc- torius de J. Bauhin. L'une & l'autre de ces plantes fe pré- parent avec la chaux & l'urine fermentée, avec lefquelles on les mêle après les avoir pulvérifées : ce mélange prend au bout de quelque temps, par la fermentation, une couleur rouge foncée, & pour lors elle eft en état de fervir à la teinture. D'autres lichens où moufles peuvent être employés auffi avec fuccès à faire de l'orfeille, & M. Hellot enfeigne les moyens de reconnoître facilement ceux qui font propres à cet ufage. L'une & l'autre orfeille s’emploient en les délayant dans de l’eau tiède; on augmente enfuite la chaleur jufqu'à ce que le bain foit prèt à bouillir, & on y plonge l'étofle, fans autre préparation que d’y tenir plus long-temps celle à laquelle on veut donner une nuance plus foncée. La couleur naturelle de l'orfeille eft un beau gris de lin tirant fur le violet; mais en donnant précédemment à l'étofle une couleur bleue plus ou moins foncée, on en tire la couleur de penfée, d'amaranthe, le violet & quelques autres femblables. Ces couleurs font belles, mais elles n’ont aucune folidité ; on tenteroit même inutilement de les affurer, en préparant l'étofle dans le bouil- lon de tartre & d’alun. Il eft vrai qu'on peut tirer de lor- feille une couleur prefque aufi folide que celles du bon teint, en l'employant, comme on fait la cochenille, avec la diflo- lution d'étain par l'efprit de nitre régalifé; mais cette couleur ne fera plus celle de lorfeille, au lieu du gris de lin on aura une couleur femblable à la demi-écarlate; {a chaux d’étain, blanche par elle-même, s'eft mélée avec la matière colorante, & en a éclairci la nuance. Le bois d'Inde, quon nomme aufli Lois de Campéche, parce qu'on en trouve en quantité aux environs de la baie de Campëche en Amérique, eft d’un très-grand ufage dans la teinture, tant à caufe de la modicité de fon prix, que parce qu'au moyen de différens mélanges on en tire une grande quantité de couleurs & de nuances, mais qui toutes n'ont aucune folidité. CE DES SCIENCES. 75 La feule préparation du bois d’Inde eft de le réduire en copeaux, & de le faire bouillir dans l'eau du bain, après Yavoir enfermé dans un fac, afin que les copeaux ne reftent pas dans la chaudière : ce bain donne à l'étoffe qu'on y plonge, une couleur violette; on fe fert de cet ingrédient pour donner le velouté aux draps noirs. En mélant dans le bain la noix de galle & la couperofe, on a toutes les nuances de gris qui tirent fur l'ardoifé, le lavandé, le gris de ramier, le gris de plomb, &c. on en tire encore les couleurs de prune, de pruneau , de pourpre & leurs nuances, que l'on brunit aifé- ment avec la couperofe verte; mêlé avec la graine d'Avi- gnon & le verd de gris, il donne en un feul bain le verd de telle nuance qu’on le defire. On peut encore parvenir à donner à l'étoffe un verd du petit teint, connu depuis quelques années fous le nom de verd de Saxe ; on emploie l'huile de vitriol & l'indigo pour compofer une liqueur acide & très-bleue; on prépare l'étoffe dans un bouillon d’alun, auquel on joint, fi on veut, une petite quantité de tartre ; après cette préparation , on la plonge dans un bain d’eau claire, prête à bouillir, où on a mis fufffam- ment de Îa liqueur acide bleue; & quand l'étoffe a pris la nuance qu'on fouhaite, on la paffe dans un bain fait avec la terra merita, dont nous parlerons dans la fuite, pour lui donner le jaune : cette couleur a d’abord un éclat très-vif, mais elle n’a aucune folidité. Sous le nom de bois de Bref, on comprend ordinaire- ment celui de Fernambouc, de Sainte Marthe, du Japon, &c. qui tous s'emploient de la même manière. La couleur naturelle du bois de Brefil eft un rouge affez vif, qu'on nomme faufle écarlate; on en tire auf par le mélange de quelques ingrédiens, des gris vineux, du violet & quelques autres couleurs. On tire la couleur du bois de Bref en le faifant bouillir fucceflivement dans plufieurs eaux, qu’on jette enfuite dans une tonne à mefure qu’elles fe font chargées de couleur; cette, efpèce de décoction fe nomme jus de Brefil, & elle doit être Ki 6 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE vieille fermentée & filant comme un vin gras, avant que de s'en fervir. Ce qu'il y a de fingulier dans cette opération, c'eft qu'on doit, pour tirer la teinture du bois de Brefil, choïfir par préférence l'eau de puits la plus dure, celle qui diflout le moins le favon ; la meilleure eau de rivière n’y feroit pas aufii propre. L'étofie doit être préparée par un bouillon compofé d’alun & de tarire, mais ce dernier y doit être en très-petite quantité, fans cela il altéreroit la couleur par fon acide. Après y avoir fait bouillir l'étoffe pendant trois heures, on l'exprime légèrement, & on la laifle repofer pendant huit jours, enfuite on prépare le bain compolé feulement d’eau & de jus de Brefil vieux. On y pañle d'abord quelques étofles de peu de conféquence, qui en tirent les particules colorantes les plus groffières; enfuite on y plonge celle qui a été préparée par le bouillon, & on l'y roule jufqu'à ce qu'elle foit teinte bien uniment: ce rouge réfifte à Fair pendant long-temps, fans doute à caufe du peu de tartre vitriolé qui a pû fe former; mais comme il ne s'en trouve pas une quantité fufifante, il ne réfifte pas au débouilli du tartre. La couleur du bois de Brefil eft aflez belle pour que quelques T'einturiers du grand teint s'en fervent pour donner de l'éclat au rouge de garence; mais ceft une véritable tromperie, cet éclat difparoït en peu de temps, & ce pro- cédé eft juftement défendu par les règlemens. On peut aifément reconnoître cette falfification en mouillant quelque partie de l'étoffe d’un acide quelconque; car il fera difpa- roître la couleur du bois de Brefil; & cet endroit fe trou- vera fenfiblement bruni. En tenant pendant quinze jours l’étofle hume‘tée de fon bouillon, & en ajoûtant au bain de la gale d'Alep & de la gomme arabique, on tire du bois de Brefil des couleurs folides, mais ce neft plus du rouge brillant; ces couleurs ne font que des cafés & des marrons pourprés, mais qui réuffiffent parfaitement. Le bois de fuffet donne une couleur orangée; il s'emploie Rte DES MSIE MIE N oc ES avec la dernière facilité: on en tire la teinture en le faifant bouillir dans eau, & on y pafle enfuite l’étofle fans! aucune préparation; mais cette couleur fi facile à faire n’a aucune folidité, & air en emporte en peu de jours prefque tout le jaune: avec le brou de noix & Va gaude, on en tire les couleurs de fabac, de canelle, &c. qui ne font pas plus af furées ; mais en Languedoc, on s'en fert avec la gaude & la cochenille, pour donner aux draps qu'on envoie dans le Levant, la couleur de /angouffle qui y eft fort recherchée; _ & quoique ce mélange d'un ingrédient du petit teint avec ceux du grand teint foit contre les règles, cependant comme on parviendroit difhcilement à faire cette couleur plus folide avec les feuls ingrédiens du bon teint, cette circonftance a paru mériter une exception. Le roucou où raucourt eft une pâte sèche qui vient d'A- mérique; elle donne une couleur orangée prefque femblable à celle du fuflet, & aufli peu folide. On fait difloudre le roucou pulvérifé dans de l’eau bouillante où on a mis aupa- ravant un poids égal de cendres gravelées, & on y pañle enfuite l'étoffe; mais quoique ces cendres contiennent, comme nous avons dit, un tartre vitriolé tout formé , les parties colorantes du roucou ne font pas apparemment propres à sy unir, & la couleur n'en eft pas plus aflurée: on tenteroit méme inutilement de lui donner de a folidité, en préparant Tétofle par le bouillon de tartre & d'alun. 2, nu Les 'ingrédiens qui fervent à teindre en: jaune dans le ‘petit teint, font la graine d'Avignon & la-terra merita où cureuma ; cette dernière eft une-racine qu'on tire des Indes orientales: celle qui vient de Patna, eft la plus eftimée; les Teinturiers Indiens la nomment #akh: on emploie l'un &- l'autre de ces ; ingrédiens en les faifant bouillir. dans Veau, &:y. pañant / enfuite létoffe; ces couleurs n’ont aucune folidité. Telles font les couleurs que fournit le petit teint: on pourroit peut-être en tirer des couleurs folides, mais ce ne feroïent plus celles que donnent les ingrédiens qu'on emploie, &elles ne répondroient point au ‘but de cette efpèce de K ü} 78 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE teinture , qui eft d'aflortir facilement des nuances fur des étofles légères qui ne mériteroient pas la dépenfe de la tein- ture du bon teint. ; M. Hellot a eu attention dans tout cet ouvrage de ne préfenter que les procédés defquels il s'étoit bien afluré, d'en écarter le myftère & l'obfcurité que l'ignorance ou l'avi- dité des ouvriers y avoit répandus, & d'éclairer par-tout cette pratique exacte du flambeau de la Phyfique: il feroit à fouhaiter pour la perfection des Arts, qu'ils fuffent tous traités de la même manière. ee: même année parut encore un autre ouvrage du même M. Hellot, intitulé, De la Jonte des Mines , des Fonderies, &c. traduit de l'allemand de Chriftophe- André Schlutter, premier volume qui traite des effais des Mines & Métaux, de l'affnage 7 du raffinage de l'Argent, du départ de l'Or, &c. le tout augmenté de plufieurs procédés &r obfer- vations. Quoique le titre de l'ouvrage de M. Hellot ne l'annonce que comme Îa traduction d’un Traité eftimé en Allemagne, on fe tromperoit cependant fr on ne le regardoit que fous ce point de vüe. L'ordre & l'arrangement de tout le Livre lui appartiennent en entier : les méthodes nouvelles & les remarques qu'il y a ajoûtées , fufhroient pour former feules un ouvrage eftimable. Schlutter avoit écrit uniquement dans la vüûe de conferver des procédés connus & utiles, dans un pays où les Mines font prefque toutes découvertes, & où on ne manque pas de gens propres à les connoître & les exploiter. Dans cette vüe, il a commencé fon Ouvrage par la defcription des fourneaux, des atteliers, & de tout le travail des Mines en grand. La France, peut-être auffr riche en ce point que la partie de Allemagne où vivoit Schlutter, n'a pas à beaucoup près tiré le même parti de cette efpèce de richefle ;. elle eft obligée d'appeler pour l'exploitation de celles de fes mines qui font en valeur, des ouvriers Alle- mands qu'il faut dédommager à grands frais de cette efpèce DES SCIENCES: 1! »9 de’ tranfplantation : encore eft-il prefque für qu'on ne réuffit à attirer que les moins habiles. C’eft dans cette vüe que M. le Garde des Sceaux a cru qu'il feroit utile d'avoir en notre langue un ouvrage capable de guider ceux qui fe de£ tinent à ce travail, & qui püt tenir lieu de ces ouvriers étrangers, fouvent avares de ces connoiflances même qu'ils font payer fi cher. Dans cette vüe, il falloit que l'ouvrage füt formé fur un plan différent de celui de Schlutter; c'eft pour cela que M. Hellot n'en a confervé que le fond: il convenoit au pre- mier Auteur de commencer par les travaux en grand, ül étoit néceflaire que le fecond commencât par la manière de reconnoître les mines & de les eflayer: c’eft pourquoi M. Hellot à renvoyé au fecond volume tout ce qui concerne les atteliers des mines, & ne donne dans celui-ci que la manière de les eflayer, & celle d'affiner l'or & l'argent. À cet ouvrage de Schlutter, ou pluftôt aux matériaux qu’il ên a tirés) M. Hellot à joint plufieurs procédés. pris tant de quelques autres Ouvrages, que des Mémoires qui lui ont été remis par plufeurs particuliers, & notamment par feu M. Groffe, de cette Académie, & par Murs Saur & Blumenfiein, dont le premier eft Correfpondant de cette même Compagnie : il a même fuppléé des articles tout entiers, omis par Schlutter, comme la préparation du cobolt & du bleu d'azur. c | Le travail des mines n'eft pas du nombre de ceux qui fe peuvent entreprendre indifféremment : ce {eroit fouvent une bonté cruelle que d'accorder fans examen des conceflions à ceux qui fe préfentent pour en obtenir. Il faut avant tout être, für que la mine peut indemnifer 1e conceflionnaire de fes frais, :& plus für encore: qu'il foit en état de la, faire valoir; car il-eft fouvent arrivé que des mines. ont ruiné des Entrepreneurs peu intelligens, & en ont enfüite enrichi d'autres plus habiles. M Hellot en cite une qui ne fervoit qu'à vendre aux Potiers pour faire eur vernis, & de laquelle un Chymifte habile tira dansla fuite foixante & quinze livres 8o HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoyALr de plomb par quintal: if faut de plus que le travail d'une mine ne nuife point à d'autres obets de travaux ni aux biens de laterre, qu'il foit fur-tout bien certain que les vapeurs métalliques qui fortiront des fourneaux, auront uné libre iflue, & ne pourront nuire à la falubrité de l'air, & que les écoulemens d’eau qui en viendront, ne cauferont aucune inondation & ne gâteront point les eaux qui fervent à boire où à'abreuver les beftiaux. Le travail des mines ne (doit être “entrepris que pour le bien des citoyens, & il feroit contre l'humanité de le permettre, dès qu'il pourroit leur être nuifible. , C'eft pour cette raifon que M. Hellot a expofé dans une préface raifonnée, tout ce qu'il étoit néceflaire de vérifier, avantique de fe préfenter pour demander une conceflion, & ce qu'il faloit faire enfuite pour fe la conferver; nous difons pour la conferver , ‘car une conceflion n'eft un privilège que pour ceux qui en font ufage, & elle demeure nulle de plein droit fi le conceflionnaire eft plus d’un an fans exploiter la mine qui lui a été accordée. La première addition que M. Hellot à faite au traité de Schlutter, eft un état des mines que l'on connoît dans, le Royaume: il réfulte de cet état, que la France pofsède beau- coup plus qu'on ne croyoit, des tréfors de cette efpèce qui n’attendent que l'induftrie des hommes pour s'y répandre, Les métaux ne fe trouvent que rarement dans la terre, fous la forme métallique; on les appelle en ce cas natifs où vierges: ils ÿ font prelque tous fous celle de pierres ou fables qu'on nomme #inéraux. C'eft prefque toujours le foufre ow Jarfénic qui, en les divifant & les rongeant, les ont miné- ralifés: il faut donc êire inftruit des: fignes auxquels on peut reconnoiître la préfence d'un métal fous cetie forme; autre- ment on pourroit foulei” long-temps aux ‘pieds la, mine Ja plus riche, fans foupçonner même fon exiftence. L'or, fur lequel le foufre & l'arfenic n'ont point d'aétion ; femble faire une exception à cette règle: efleélivement if conferve toüjours fa forme métallique, dans les mines qui DRESASACULÉ N° CiElS 81 le contiennent, mais il y eft-difperfé en parties fi déliées, qu'il n'eft pas plus facile à reconnoître que s’il étoit vérita- -blement minéralifé. Lorfque la matière minérale contient affez de métal pour qu'il y ait du bénéfice à l'en féparer, on la nomme wire, & quand c'eft le contraire, elle porte le nom de pyrite ou marcaffite, fur-tout quand c'eft le foufre ou l'arfenic qui y dominent, comme il arrive le plus fouvent. Les fignes auxquels on peut reconnoïitre la préfence d’une mine, font la fituation, l'aridité du terrein, les vapeurs fub- tiles qui s'en exhalent, & qui, en hiver, fondent très-vite la neige qui y tombe. On aperçoit fouvent à {a fuperficie de la terre des indices de flons ou veines métalliques qui fe décèlent par des veines de quartz ou de fpath, fubftances prefque femblables à du maïbre blanc: fouvent même ces avant-coureurs font naître des efpérances trompeufes pour ceux qui ne font pas bien au fait de ce travail; on les trouve parfemés de paillettes talqueufes qui paroiffent d'argent, qui prennent enfuite très-promptement au feu une belle couleur d'or, & finiffent, en continuant le feu, par difparoître, lai£ fant en leur place, au lieu du prétendu métal, de véritable plâtre: on trouve encore aux environs des filons, des py- rites ou marcaflites qui, rompues, offrent des facettes d’une tres-belle couleur d'or; mais cette couleur fe diffipe au feu avec une forte odeur de foufre. Ces pyrites ne contiennent que peu ou point de métal, fi on en excepte cependant quel- ques-unes dont les couleurs, femblables à celles de ta queue du paon ou de la gorge de pigeon, indiquent qu'elles tien- nent du cuivre, fouvent en quantité, & quelquefois de l'ar- gent duquel on peut féparer de l'or à l'aide de l'eau forte. Les pyrites qui-ne contiennent point de métal, & qui fe trouvent prefque toûjours en abondance dans les mines de cuivre & de: plomb, ne doivent leur origine qu'à la quantité de foufre qui seft trouvée fur-abondante dans la minéralifation du métal. réfulie de ce que nous venons de dire, que pour la Hift 1750. 82 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE découverte des mines, il faut une perfonne intelligente & exercce à ce travail, pour difcerner avec füreté les fignes qui annoncent la préfence d'un métal qu'on ne trouve pref- que jamais fous fa forme naturelle, & qui par un fréquent ufige de l'analy{e chymique, à laquelle on donne le nom de docimafie , ait acquis l'habitude de connoïtre ce que les diffé- rentes pierres métalliques en peuvent contenir. Les mines ne font pas toüjours capables d'enrichir ceux qui entreprennent de les exploiter; fouvent les frais excéde- roient le profit: il pourroit encore arriver que le même inconvénient réfultât de la maniëe dont on opéreroit en grand. Très-fouvent une même mine contient plufieurs mé- taux qui exigent des procédés particuliers pour être féparés fans déchet les uns des autres: ces procédés demandent quel- quefois qu'on mêle d'autres métaux déjà formés avec ceux que la mine a donnés, & qu'on saflure par conféquent du degré de pureté de ces derniers. On évite tous les inconvéniens par les effais qu'on fait tant de la mine que des métaux qu'on emploie: ces eflais indiquent la quantité de métal qu'elle peut donner, la ma- nière dont elle veut être traitte, quel efl le mélange des métaux qu'elle contient, en quelle proportion ils y font, & la manière la plus avantageule de les en féparer, en forte qu'on voit d’un coup d'œil par un eflai bien fait, ce qu'une mine peut rendre de différens métaux, & la dépenfe qu'elle exige. C'eft cette raïifon qui a déterminé M. Hellot à renverfer abfolument l’ordre du livre de Schlutter, & à placer le traité des effais avant celui de la fonte des mines. Mais pour qu'un eflai puifle conduire furement ceux qui veulent entreprendre de travailler une mine, il faut qu'il foit fait par une main habile & fidèle. Si, par exemple, on n'a pas l'attention de choifir des morceaux de la mine, riches & pauvres, à peu près dans la même proportion qu'ils fe trouvent dans la terre, il eft certain que le produit de l'effai fera dans une plus grande ou une plus petite proportion avec DES SCIENCES. 83 celui de la mine, fuivant que les morceaux riches y auront été mis en plus où moins grand nombre: fi de même on n'a pas attention aux différentes matières qu'on doit employer, aù degré de feu convenable dans les opérations, & à une infinité d’autres circonftances, l’effai fera un guide infidèle, plus capable d'égarer que de conduire. Il fuit de ce que nous venons de dire, qu’on ne peut apporter trop de précaution aux effais des mines, tant pour lé choix des ingrédiens & des méthodes, que pour celui de la perfonne à qui on en confie la direction, fr on ne veut courir le rifque d'être trompé. Le travail des monnoïes exige pareillement qu'on effaie les matières d'or & d'argent pour les mettre au titre, & c'eft pour cette raïfon que M. Hellot a joint à fon ouvrage l'opération du départ ou féparation de ces deux métaux par l'eau forte & l'eau régale. Les eflais doivent être faits fur une quantité de minéral qui puiffe laiffer apercevoir nettement la proportion du bé- néfice à la dépenfe; autrement la plus petite différence alté- réroit extrêmement cette proportion, & jeteroit infailliblement dans l'erreur. Il faut donc fe munir des fourneaux & des inftrumens néceflaires pour travailler une quantité fuffifante de matière, & reprélenter une grande fonderie par un attelier qui ne foit pas trop petit: on doit aufli fe munir de poids qui puiffent repréfenter en petit, lorfqu'il le faut, les parties d'un quintal fiétif; car pour ménager les métaux précieux, comme l'or & l'argent, on fe fert d’une très-petite quantité qu'on regarde comme un quintal, & on doit avoir des poids qui foient les livres, demi-livres, &c. de ce quintal, & des balances aflez fines pour obéir à cés livres & ces onces, qui fouvent ne font que des portions dé grains; & comme la proportion des parties de ce quintaf fiétif doit régler celle des opérations en grand, il eft néceffaire que les poids foient fcrupuleufement éxaminés, la balance extrémement fenfible, & fur-tout que la main qui conduit l'opération foit très-füre & très-exercée. Li 84 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Les mines, comme nous l'avons dit, font compofées d'un. ou de plufieurs métaux que le foufre ou l'arfenic ont miné- ralifés, c'eft-à-dire, joints à une terre ou pierre dans laquelle ils font comme perdus. Pour parvenir à leur rendre leur première forme, il eft néceffaire de leur enlever ce foufre ou cet arfenic: c'eft ce qu'on fait en les expofant à un feu fuffifant pour les brüler, mais incapable de fondre la mine; cette opération fe nomme rorréfaélion. Le foufre d’une mine étant enlevé, il faut, avant que de la fondre, en Ôter la partie terreule qui ne tient point de minéral; c'eft ce qu'on fait par des lotions réitérées, après Favoir bien brifée & réduite en poudre: la partie purement terreufe fe méle avec l'eau, & eft emportée avec elle, tandis que la portion métallique eft retenue par fon poids au fond du vaifleau. La mine rôtie & lavée eft portée au fourneau dans lequel on la doit fondre. La matière & la conftruétion de ces fourneaux doivent être différentes fuivant les différentes mines & les différentes opérations qu'on veut entreprendre ; mais il faut de plus y joindre ce qu'on nomme flux ou fondant: ce flux eft ordinairement compolé de deux parties de tartre & d’une de falpètre, pulvérilés & mélés enfemble ; en cet état on le nomme fx blanc; mais lorfqu'on a fait bruler & fulminer ce mélange, le tartre fe réduit en charbon, & la matière en cet état fe nomme flux noir: on fait encore, pour accélérer la fufion des mines rébelles, un flux compolé d’ar- fenic, de falpètre & de litharge. Non feulement on ajoûte à la mine un flux pour en accélérer la fonte, mais fouvent on eft obligé de remplacer par de la poudre de charbon, le phlogiftique qui lui manque, & qui eft néceflaire pour la faire paroitre fous fa forme métallique: on y ajoûte de même du fel alkali pour vitrifier plus aifément les parties de pierre ou de terre dans lefquelles le métal eft engagé: en un mot, un artifle intelligent doit être muni de tout ce qui peut être néceflaire pour vitrifier la terre ou le roc, & fondre la partie métallique, afin de JDPENSNUSCOL'E N CAE [54 8 les avoir féparées l'une de Fautre, le verre, comme plus léger, furnageant le métal. "Ce métal obtenu par fa première fonte n’eft pas pur, très-fouvent il eft-un compolé de plufieurs métaux. Pour le purifier, on le refond encore une ou plufieurs fois, en ajoûtant les matières néceffaires; mais pour féparer les diffé- rens métaux qu'il contient, on emploie différens moyens. On fait, par exemple, que les métaux ont des degrés dif férens de fufbilité, ou, ce qui revient au même, {e fondent à dés degrés :de feu différens : la même chaleur qui tient du plomb liquide, laiferoit en mafle le cuivre qui y -feroit expo; en donnant donc à un compolé métallique un feu qu'on tiendra d'abord très-doux, on aura en fufion les mé- taux les plus aifés à fondre, & en augmentant ce feu par degrés, on les pourra retirer fucceflivement, excepté. cepen- dant le cuivre, l'or & l'argent, qui ne fe fépareroient pas par ce moyen. \ Comme ces deux derniers métaux foufirent, fans fe dé- uuire, la plus vive action du feu, on pourroit, à la rigueur, les féparer du cuivre en pouflant le feu à la dernière vio- lence & le foûtenant à ce degré jufqu'à ce que le cuivre füt confumé, mais par ce procédé on perdroit le cuivre, & il en coûteroit beaucoup. Pour obvier à cet inconvénient , on sy prend d'une autre manière, par laquelle on a l'or &. Vargent mélés, qu'on nomme X fr, avec plus de facilité & moins de dépene. Pour entendre ce procédé, il.eft néceflaire de fe rappeler trois propriétés du plomb; la première eft qu'il fe vitrifie très-aifément ; la feconde, qu'il communique cetie propriété à tous.les métaux avec fefquels if eft joint, excepté l'or & Fargent; & la troifième, qu'il rend ce verre compolé , fr fluide, qu'il pafle au travers du vaifleau qui le contient, pour peu qu'il foit poreux. Sur ce principe, lorfqu'on veut tirer ce qu'une mine contient de fin, on en met une quantité connue avec quatre fois au moins autant de plomb, dans un creufet en forme ; L ii 86 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de tafle ou de coupe, fait de cendres de bois & d'os, def quelles on a enlevé tout le {el par la. leflive, & auquel fa forme a fait donner le nom de coupelle. On place le tout dans un fourneau où l'on fait grand feu; le plomb & le mélange métallique fé fondent; tout ce qui n'eft ni or ni argent, fe vitrifie avec le plomb & pafie à travers la cou- pelle dans laquelle le fin demeure pur. Le plomb & les autres métaux vitrifiés qui fe font ainfr échappés, fe nom- ment Atharge, & on peut, en fondant cette matière & y mêlant ce qui eft néceffaire pour lui rendre le phlogiftique qu'elle a perdu dans la vitrification, en retirer fucceflivement le plomb & les autres métaux qu'elle contenoit. On tire encore l'or & l'argent des mines qui les contien- nent, par le moyen du mercure qu'on pêtrit avec la mine broyée; il fe charge de For & de F'argent, & en le faifant évaporer ou diftiller par le feu, on a ces métaux féparés dé leur terre & de tout autre métal. Lorfque l'argent eft contenu feul dans une mine d'étain, on peut, en ajoûtant dans la fonte, du fer & du plomb, l'en retirer : l'étain fe joint au fer, & couvre leplomb d’une efpèce de nappe qu'on enlève très-aifément. La mine de fer mérite une exception particulière ; elle n'exige aucun mélange de plomb, mais il la faut poufler par un feu plus grand qu'aucune autre, y ajoûter un fx ou fondant très-actif, & de la pouffière de charbon: on tirera par ce moyen un bouton métallique duquel on effaie la mal- léabilité en le forgeant fur une enclume; mais cet effai eft peut-être celui de tous qui exigé la plus grande attention, pour péti qu'on manque à bien oblerver ce qui eft né- ceffairé à l'opération, on court rifque de nobtenir qu'une partie, fouvent très-petite, du métal que la mine peut donnér. Non feulement on trouve dans le fein de la terre, des mines qui peuvent donner du métal, mais il fe trouve en- core plufieurs minéraux qui, fans être propres à en fournir, peuvent cependant être travaillés avec bénéfice, & produire différentes matières utiles. DES SCIENCES. 8 De ce nombre eft le minéral qu'on nomme cobot: Y'ar- fenic eft la partie dominante de cette mine, mis tous les cobolts ne donnent pas cette matière bleue dont on tire çe qu'on appelle le /afre ou fmalt, avec laquelle on donne la couleur bleue au verre qu'on nomme azur; & il eft nécef faire d’effayer cette mine pour favoir fi elle fera propre à cet ufage. Puilque Je cobolt contient de F'arfenic, il faut le chaffer par la torréfaétion ; le feu le fait élever, & fi le fourneau eft propre à cet ufage, l'arfenic élevé par le feu, fe fublime à la voûte & s’y ramafle fous la forme d’une croûte blanche & aline. On méle enfuite la matière rôtie, qu'on nomme en cet Ctat fafre , avec de la pouffière de caïlloux ,-ou de quartz, ou avec du fable blanc bien calcinés; on la met dans un creu- fet, & après avoir fait fondre le tout, on laïfle refroïdir le creufet : on pulvérife ces fcories, on les lave pour voir la cou- leur qu'elles ont prife; & fi elle eft trop foncée, on y joint des cailloux calcinés, jufqu'à ce qu'on ait rencontré l'intenfité de da couleur qu'on defiroït de donner à ce verre bleu qu'on nomme agur. On peut s'épargner, fi on veut, l'opération de la fonte par laquelle on fait l'azur, ft on veut employer l'eau forte pour effayer la mine: en la faifant difloudre à chaud dans l'eau forie, cette liqueur fe charge d'une couleur de cramoif fale fi la mine contient la matière propre à donner le bleu, & fi elle ne la contient pas l'eau forte refte blanche, ou fe teint en verd sil fe trouve du cuivre dans la mine. On peut, fi on emploie cette méthode, fe difpenfer de rôtir le cobolt, l'eau forte n'en prendra pas moins la couleur qui y fera contenue. Le cobolt contient quelquefois de l'argent, il y en a même qui contient de l'or; il faut donc, en ce cas, leflayer pour le fin: pour cela on le torréfie doucement, & on le paffe. avec le plomb dans le fourneau d’eflai. Le cobolt contient quelquefois un dermi-métal qu'on nomme Bifmurh, & plus fouvent ce minéral {e tire de trois ou quatre 98 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE autres efpèces de pierres minérales. Pour effayer fi le cobolt ou ces autres pierres en donneront, & connoître la quantité qu'elles en peuvent fournir, on les fond avec le tartre & le fpêtre, ou avec le flux noir; mais il faut ménager le feu prudemment, parce que fans cela on brüleroit ou on détrui- roit une partie du bifmuth que contenoit la mine. Les pyrites, ces pierres minérales que nous avons dit ne contenir que peu ou point de métal, ne font cependant pas pour cela tout-à-fait: inutiles; il y en a qui contiennent du foufre, qu'on en peut retirer avec profit : on les effaie en les diftillant à feu gradué dans une cornue, à laquelle on adapte un balon à moitié rempli d'eau ; le foufre, élevé en vapeurs par le feu, fe condenfe dans l’eau froïde : on y joint ce qui peut s'en être attaché au col de la cornue; & par la proportion du poids de la mine & de ce qu'elle a donné de foufre, on juge de ce que pourroit produire le travail en grand. | Par une diftillation femblable, l’on retire le mercure du cinabre, en_ y. joignant dans la cornue un poids égal de limaille de fer: mais fi on veut feulement s’aflurer fr un mi- néral contient du: mercure , le procédé devient bien plus fimple : on fait chaufier une brique prefque jufqu'à la faire rougir, on la couvre d'une.demi-ligne d'épaifleur de Jimaille de fer, on pofe le minéral fur cette limaille, :& on couvre le tout d'un verre à boire renverfé ; dès que da mine a pris la chaleur fufhfante, le mercure, s’il y en a, s'élève & s'at- tache au verre en gouttelettes: | | Quelques pyrites peuvent aufir donner du vitriol; pour cela on confume par latorréfaétion Ja partie graffe du foufre, & la pyrite en cet état ne contient plus que d'acide vitrio- dique, qui peut, eu fe joignant à la partie métallique de la pierre, former du vitriol: on leflive cette matière torréfiée avec de l’eau chaude, en la remuant fouvent, & on fait éva- porer cette leflive dans une chaudière de plomb pour en ôter l'eau: fuperflue qui empêcheroit le, vitriol de fe criftallifer ; on la met enfuite dans un.vaifleau de bois, on la porte dans un L DAELSMÈS GC) LE Ni CLELS L So ui lieuvfrais, la criftallifation du fel fe fait, '& on connoit r fà couleur, quel métal eft entré dans fa ;compofition:: en répétant l'évaporation & la criftallifation, o parviendra à-tirer. tout le vitriol que contenoit la quantité de pyrites qu'on a eflayée, & paï conféquent ce que pouvoit produire Yopération en grand. L'effai de la mine d'antimoine fe fait en la fondant dans un pot de terre percé de plufieurs trous à fon fond, & polé fur un autre plein d'eau : on lute bien ces deux vaifleaux enfemble, on ferme le fupérieur avec un couverde pareil- lement luté, & on met le tout dans un fourneau difpofé de manière que le pot d'enhaut foit entouré feul de char- bons: on allume ces charbons par le haut , la mine fe fond & tombe dans le vaiffeau plein d’eau, d'où on la retire pour pefer f'antimoine qu'elle a rendu. | Si on veut favoir ce que la mine d’antimoine pourra donner de régule, on la fond fimplement avec le flux noir & le {el marin, & on trouve après l'opération, un bouton de régule blanc & argentin qui eft fon véritable produit. -LL'alun eft ordinairement contenu dans des rocs un peu réfineux, dans le charbon de terre, dans toutes les terres combuftibles brunes & feuilletées , & dans plufieurs autres terres tirant fur le gris-brun : cette mine s'eflaie précifément comme. celle de vitriol, en la leflivant & faifant criftallifer la leffive après qu'elle a été fufffamment évaporce. Les métaux tirés des mines par la fonte, ne font pas ordinairement en état d'être employés, ils ne font pas aflez purs: on travaille à les affiner au moyen d'opérations un peu différentes de celles qui ont fervi à les tirer de leur mine;! mais toutes fondées fur les mêmes principes; & comme if eft important de’connoître le déchet qu'ils fouffriront dans: cette feconde préparation, & les frais qu'elle doit occafionner ; on en fait des eflais en petit. On rafhne le cuivre de la première fonte, qu'on nomme cuivre noir, en le fondant de nouveau avec leplomb & le borax, &.le pouffant au feu tès-vivement pour fcorifier ce qu'il pourroit tenir d'autres Hifl. 1750: M 90 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE métaux ; car le cuivre ef de tous celui qui fouffre le plus Jong-temps 'aétion du feu fans fe décompofer. On efaie de plomb pour voir ce qu'il tient d'argent, en le faifant réduire en fcories à un feu violent, & en pañlant ce qui reflte, à la coupelle. La même opération de la coupelle fert encore à effayer ce que les différens métaux tiennent de fin; car, comme nous l'avons dit, le plomb qui fe vitrifie entraîne avec lui, au travers de la coupelle, tout ce qui n'eft ni or ni argent. L'or & l'argent fe peuvent toüjours féparer des autres métaux aflez facilement par le {ecours du feu, parce qu'ils réfiftent à une violence de cet agent, capable de décompofer tous les autres & de leur faire perdre leur forme métal- lique; mais ces mêmes opérations feroient infuflifantes pour les féparer l'un de Fautre, & on eft obligé d'employer une autre méthode qu'on nomme départ. Il y a deux fortes de départs, l'un par l'eau forte ou par la voie humide, & Yautre par la fonte ou par la voie sêche. Ce dernier n'eft pas, à proprement parler, un véritable départ, c'eft pluftôt un moyen de ramafler dans une médiocre quantité d'argent, tout l'or qui étoit contenu dans une plus grande; & l'or qu'on en retire n'eft jamais pur, avant qu'on Yait féparé tout-à-fait de l'argent par le moyen de l'eau forte. Pour entendre en quoi confifte cette méthode, il faut favoir que l'eau forte, qui diflout prefque tous les métaux, n'attaque en aucune façon l'or : ainfi lorfqu'on a un mélange d'or & d'argent duquel on veut retirer or, on réduit le métal en petites lames minces, ou bien on le grenaille en le coulant pendant qu'il eft en fonte, dans de l'eau qu'on agite continuellement , pour rendre ces grenailles creufes , petites & légères, & on le met dans un vaifleau de verre, avec de bonne eau forte, Cette liqueur diffout abfolument Yargent qui y étoit contenu, & laiffe tomber l'or au fond du vaifleau, fous la forme d'une pouflière qu'on nomme chaux d'or; on la lave enfuite dans plufieurs eaux pour la dépouiller de l'acide qui y étoit adhérent, & de la petite Duf 4 DESSUS CLIEN CES o1 portion d'argent diflous, qu'il y avoit comme collée, & ‘on la fond enfuïte dans un creufet avec fe borax, pour l'avoir en lingot ou en culot. L'eau forte qu'on a retirée de deffus la chaux d’or, paroit claire, mais elle eft cependant chargée de tout l'argent qu'elle a diffous. Pour l'en retirer, on peut s'y prendre de deux manières, ou à chaud, ou à froïd: fi on veut faire la pré- cipitation à chaud, on met dns une chaudière de cuivre, Feau forte qui tient l'argent, avec fix à {pt fois autant d'eau: on fait bouillir ce mélange, l'eau forte ronge le cuivre de la chaudière & abandonne l'argent, qui { précipite au fond en une pouffière qui fe nomme chaux d'argent. Pour voir f tout l'argent contenu dans l'eau forte eft précipité, on jette dans Îa liqueur quelques grains de fel marin: fi l’eau blinchit, elle contient encore de l'argent, & on continue lébullition jufqu'à ce que le fel ne la blanchiffe plus. Alors on verfe eau qui furnage la chaux, par inclination: on re- tire la chaux, on la lave dans de eau bouillante, on la fond dans un creufet, & on pafle cet argent à la coupelle pour le raffmer. La mème opération fe peut faire à froid dans des vaif- feaux de grès; on y met l'eau forte chargée d'argent, & on y fufpend avec de {a ficelle, plufieurs lames de cuivre: l'eau forte les ronge, & l'argent qu'elle tenoit tombe & s'attache en chaux à ces lames, defquelles on la fépare avec une gratte- broffe ou une broffe rude; mais de cette manière l'opération ft plus fongue & dure environ huit jours : on lave enfuite la chaux d'argent, on la fond & on la coupelle, comme dans l'opération précédente. : Ce qu'on 2 fait avec le cuivre pour retirer l'argent de l'eau forte, on le fait de même avec le fer pour retirer Îe cuivre qu'elle 2 diflous: on y plonge des morceaux de fer, Jeau forte les ronge & dépole fur leur furfice le cuivre qu'elle tenoit & qu'elle abandonne. On connoît qu'elle en elt dépouillée lorfqu'elle ceffe de rougir une barre de fer polie qu'on y plonge; alors on verfe l'eau forte par inclination, Mi 2 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE on lave les lames de fer pour en détacher le cuivre, & après en avoir enlevé F'acide par plufieurs lotions, on le fond à l'ordinaire. Dans toutes ces manières de retirer les métaux de l'eau forte, elle fe trouve perdue: feu M. du Fay a cependant donné en 1728, un moyen de Ja conferver, qui lui avoit été communiqué par le fieur Amand, habile artifte. Pour cela, on ramafle foigneufement toutes les eaux fortes affoiblies, qui ont fervi aux opérations; on leur enlève l’eau qu'on y avoit ajoûtée, en les faifant bouillir jufqu'à ce que la fumée commence à avoir l'odeur d’eau forte: on met en- fuite cette eau concentrée, dans des vaifleaux de grès placés fur un fourneau, & on y ajufte des chapiteaux. On poufle le feu par degrés, jufqu'à faire bouillir {a liqueur; alors l'eau forte s'élève & fe diftille dans les récipiens qu’on a adaptés aux chapiteaux : on remplit les vaifleaux à mefure que a diftiation les vuide, & lorfqu'on s'aperçoit qu'il fe trouve au fond de chacun, environ le quart de fa hauteur de chaux de cuivre précipitée, on poufle le feu plus vivement, & jufqu'à ce que le fond des pots rougifle; alors le tout étant refroidi, on méle les eaux fortes de toutes les diftillations; & comme prefque toûjours cette eau eft trop forte pour lufage auquel on la deftine, on l'afloiblit avec de l'eau com- mune, elle ne revient qu'environ à la moitié du prix de l'eau forte ordinaire. ; Le cuivre qu'on trouve en poudre noire au fond des vaifleaux , eft très-difficile à fondre, en fe fervant à l'ordinaire d'un creufet placé dans un fourneau; la plus grande partie sy réduiroit en un vilain émail. Pour éviter eet inconvénient, on mettra dans la caffe ou foyer d’une forge, du bon charbon. de bois, & lorfque cette cafle fera rouge, on y projettera: peu à peu la chaux de cuivre; en continuant de fouffler fortement, elle s’y fondra, & on trouvera après l'opération, y. ; au fond de fa cafle, un culot de cuivre qu'on refondra en- fuite, {1 on le veut, dans un creufet pour le mettre en lingots. Par une méthode à peu près femblable, on peut, par la. DES SCIENCES. diflillation, enlever à l'eau forte l'argent qu'elle tenoit, fans fe fervir du cuivre; mais on doit, en ce cas, bien prendre garde que les vaiffeaux ne fe rompent, car l'argent ne fe trouveroit plus que dans les débris des fourneaux, & il y en auroit beaucoup de perdu: ceft pour cette raifon que cette méthode, quoique la plus prompte, eft la moins ufitée ; on aime mieux employer plus de temps & de feu, & ne rifquer que du cuivre, que d'aller plus vite en, rifquant de perdre l'argent. Nous avons dit ci-defflus qu'on faifoit auffi le départ par la voie sèche, ceft-à-dire, par la fonte, ou pluftôt qu'on obligeoit l'or contenu dans une grande quantité d'argent, à fe réunir dans une bien moindre quantité de ce dernier mé- tal, de laquelle on le fépare enfuite par l'eau forte. Ce départ fe fait par le moyen du foufre qui pénètre, fcorifie l'argent & le rend poreux, en forte qu'étant devenu fpécifiquement plus léger que For qui n'eft point attaqué par le foufre, il refte au deflus pour la plus grande partie, & l'or tombe au fond du creufét, mêlé avec le peu d'argent qui ma pas été fcorifié: on opère cette précipitation par le fecours des matières qu'on jette dans le creulet pendant la fonte. Pour cela , il faut que ces matières foient ou propres à être abforbées par le foufre, afin d'obliger ce minéral à aban- donner l'or & l'argent, & c'eft dans cette vüe qu'on emploie quelquefois le fer; ou bien qu'elles foient propres à entraîner au fond du creufet l'or qui étoit contenu dans l'argent fco- rifié, & on y réuflit en {e fervant d'argent fin, qui paffant. à travers l'argent fcorifié qu'on nomme plachmall, entraîne Yor au fond du creufet. Lorfqu'on 2 fini l'opération, on fépare aifément le plach- mall du culot d'argent tenant-or; on raffine ce dernier par la coupelle, & on le grenaïlle pour en féparer For par le moyen de l'eau forte. Ce plachmall où argent fcorifié n'eft pas perdu ; on. le remet au creufet & on y.ajoûte du fer jufqu'à ce que: | M i HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fe foufre cefle d'attaquer une tringle rouge de ce métal, qu'on y plonge de temps en temps: alors on y joint de la litharge pour faciliter la féparation de l'argent d'avec les fcories, & quand il eft en belle fonte, on le jette en lin- gots pour le raffiner; on fond enfuite une feconde fois les fcories avec la litharge pour en retirer le peu d'argent qu'elles contiennent. Le départ par l'eau forte fert à enlever l'argent qui étoit mêlé avec l'or. Si au contraire on avoit quelque vaiffeau doré, duquel on voulut enlever For fans le gâter, il faudroit le plonger dans de Feau régale, qui n'eft autre chofe que de l'eau forte mêlée avec le fel ammoniac ou avec F'efprit de {el marin. Ce diflolvant attaque l'or fans toucher à l'argent; alors le vale paroït comme revêtu d’une lie noirâtre qu'on lui enlève avec des brofles un peu rudes, où en faïfant ab- forber par le mercure, cette matière, qui eft l'or diflous par l'eau régale: on fait enfuite évaporer le mercure par le moyen du feu, on a l'or fous la forme d'une poudre qu'on refond, & on blanchit le vaiffeau à lordinaire, fans qu'il ait rien perdu de fa forme. Mais on ne doit fe fervir de cette méthode que lorfqu'on veut ménager le vaifleau ; autrement il vaut bien mieux Jui enlever For en le raclant: on ramaffe foigneufement les co- peaux, on Îles coupelle fi Fargent eft allié, & on en fépare for par le moyen de l'eau forte. De quelque manière que Tor aït été féparé, foit de fa mine, foit de l'argent qui le tenoit, il n'eft pas abfolument pur, & fi on veut l'avoir tel, ïl faut le pafler à l'antimoine, c'eft-à-dire, le fondre avec deux, trois, ou même quatre fois fon poids de bon antimoine ; & comme ce mélange en fufion eft fujet à s'élever par deflus es bords du creufet, on place au fond du fourneau un grand vaiffeau de bonne terre pour recevoir la matière en cas que cet accident arrivät, ou que le vaifleau vint à fe fêler. L'antimoine, dans cette opération, fe mêle à l'argent & aux autres matières que l'or pourroït contenir, & les réduit DES SCIENCES. fous la forme d'une matière fpongieufe qu'on nomme féories ; & comme ce minéral n'a point d'aétion {ur l'or, ce dernier refle au fond du vaiffeau conique dans lequel on verfe la matière fondue ; les fcories le furnagent, & quand tout eft refroidi, on des en fépare facilement, fouvent même elles fe féparent toutes feules: en répétant cette opération deux ou trois fois, & remettant à chaque fois de nouvel antimoine avec le culot d'or, on parvient à rendre ce métal aufli pur w'il eft poffible de l'avoir; mais il eft néceflaire de le re- ani encore une fois à un feu très-vif, & de fouffler deffus avec un foufflet à la main, pour faire évaporer en fumée lantimoine qui pourroit y ètre reflé. Comme lantimoine fe détruit abfolument par le feu, & £ diffipe totalement en fumée, ïl eft facile de retirer Far- gent qui a paflé dans les fcories de la précédente opération : il fufht pour cela de fondre les fcories à grand feu & de fouffler deffus, lorfqu'elles font en fonte, avec un foufflet à la main; l'antimoine fe diflipe en fumée, & l'argent refte pur. On peut, pour accélérer opération & s'épargner la peine de fouffler fur beaucoup de matière, y joindre autant de flux noir que d’antimoine, & lorfque tout eft fondu, verfer le tout dans le vaiffeau conique dont nous avons parlé: Yargent refte pur au fond du vaiffeau, mêlé feulement d’une petite portion d'antimoine qu'on lui enlève en refondant une feconde fois ce culot, & foufHant fur l'argent lorfqu'il eft en fonte. | Cet argent retiré de l’antimoine contient fouvent une quan- tité d'or confidérable; en ce cas, il faut le grenailler & lui enlever cet or par de moyen de l’eau forte. : Quelques précautions qu'on puiffe prendre, il arrive fou- vent dans un laboratoire, qu'il fe répand de la difiolution d'or ou d'argent ; qu'un creufet laifle par quelque fêlure écouter une partie de ces mêmes métaux qu'il tenoit en fonte; qu'il s'en échappe par deffus les bords des vaiffeaux. Tous ces accidens formeroient au bout de l'année une perte con- fidérable, f on n'avoit pas l'art de retirer la plus grande 96 HISTOIRE DE VACADÉMIE ROYALE partie de ces métaux. Pour: cela, dès qu'on: s'aperçoit qu'un creufet a laifié écouler Ja matière qu'il tenoit, on retire 1e feu, on hifle tout refroidir, on accélère même ce refroïdif: fement avec de l'eau jetée modérément, on retire toutes les cendres, on y ramafle ce qu'elles peuvent tenir d'or ou d'argent, en morceaux; on pile les creufets, on lave le tout pour én emporter ce qui neft que pure terre, & on le fond dans un creulet avec le plomb: & Ja litharge, ou avec un flux fain. Si on seft fervi du plomb, on trouve après l'opération au fond du creufet, un culot de plomb qui con- tient lor & l'argent des débris, & qu'on coupelle enfuite pour avoir le fin pur. & fans mélange: fi au contraire on S'eft fervi de flux, on trouve au fond du creufet l'or & l'argent mélés, qui n'ont plus befoin que d'être affinés. Les fcories qui proviennent de cette opération, & les creufets qui y ont fervi, fe gardent foigneufement , parce qu'ils con- tiennent toûjours un peu de fin; mais comme il y auroit de la perte à les fondre en petite quantité, on les envoie, lorfqu'il y en a fufhfamment, à une grande fonderie pour les y travailler. Lorfqu'un vaiffeau contenant de la difiolution d'or ou d'argent s'eft félé, & que cette liqueur s’eft répandue dans le fable qui fert de bain, on fond ce fable, & on trouve au fond du :creufet le fin qu'il contenoit; mais f1 le vaifleau: dans lequel étoit le fable, étoit de fer, il fuffroit de faire: rougir le tout & d'y verfer du plomb fondu -& chufié jufqu'au rouge; ce plomb fe faifit de l'argent, & il n’y a plus qu'à le coupeller pour en retirer le fin. Nous avons parlé jufqu'ici de la manière d’eflayer tous les métaux, excepté d'étiin: on: m'a pas communément à craindré que ce dernier: métal foit falfifié par de mélanger d'autres métaux que le plomb; tous les autres font plus chers que Jui, & la fraude feroit à laperte de celui qui la feroit:: Cela fuppolé, iln'eft queftion que de favoir en quelle quan- tité on a mêlé le plomb dans d'étain, & c'eft ce qui fe:fait avec: la dernière facilité. : | L'étain DIEUSNSTCNLE Nc 'E Si L’étaineft de près de moitié plus léger que le plomb; par conféquent lorfque l’on a une balle, une plaque, un anneau d'étain parfaitement pur, fondus dans un moule, fi on fond dans le même moule une pareille pièce d'étain aufi pur, les deux pièces feront précifément du même poids; mais fr le fecond étain eft allié de plomb, il fera plus lourd, & d'autant plus lourd, qu’il y fera entré plus de plomb. Pour favoir préfentement quelle en eft la quantité, on fera atten- tion que le plomb étant de moitié plus pefant que l'étain, s'il étoit entré dans la pièce une moitié d'étain, elle devroit pefer un quart en fus plus que la pièce égale d’étain pur. Cela fuppofé, une fimple règle de trois fufhroit pour dé- duire de Ia différence de poids des deux pièces la quantité précife du plomb qui yteft entré; mais fr on veut s’épargner ce calcul, il n’y a qu'à fe faire de la pièce d’étain fin une efpèce de quintal ff, en divifant fon poids en 1 10 parties, dont on prendra une pour la livre de ce quintal; autant de demi-livres de ce poids que pefera de plus la pièce d’étain allié, autant pourra-t-on être für qu'il y aura de livres de plomb dans le quintal en grand de cet étain allié. Il n'arrive que trop fouvent que dans les grands incendies la vaiflelle d'argent, & l'or & l'argent monnoyé fe fondent; elquefois auffi Fargent & étain coulent enfemble & e mélent : fi l'or & l'argent font feuls, auffi-tôt que tout eft refroïdi on cherche & on ramaffe dans les ruines tout ce qu'on peut apercevoir, on rejette les plus gros platras, on lave foigneufement tout ce qui peut être foupçonné de contenir de For ou de Fargent, & enfuite on le fond à Fordinaire, pour avoir le fin au fond du creufet. S'il y a de l'étain mêlé, ou il y a été fimplement coulé & mêlé avec Fargent lorfque ce dernier n'étoit plus rouge, ou bien l'argent étoit rouge lorfque l'étain a coulé deflus. Dans ce dernier cas, ils fe font intimement mélés, & on ne peut les féparer que par la fufion de l'argent, & en dé- truïfant étain par le feu, qu'on pouffe affez vivement pour cela, en ajoûtant, au mélange de ces métaux, du {el alkali if. 1750. N 8 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE en quantité fufhfante; mais fi les deux métaux ne fe font point pénétrés, & qu'il n'y ait entreux , -pour ainfr dire, qu'une fimple juxtapofition, on les fépare aifément , en expo- fant le mélange à un feu fufhifant pour faire couler létain, & trop foible pour faire rougir l'argent ; alors ce dernier refte dans le vaiffeau fous la forme d’une écume friable, qu'on enlève & qu'on afhne à l'ordinaire. Cette opération fe peut faire avec une cuiller de fer ordi- naire, mais il eft bien plus commode de fe fervir de la méthode fuivante, donnée par feu M. Homberg. On fait faire des gouttières de terre de 2 à 3 pieds de long fur 3 ou 4 pouces d'ouverture, on les place dans un four or- dinaire, chauffé au même point que pour cuire le pain, & on les y met de façon que l'extrémité qui eft vers le fond du four, foit plus élevée que l'autre, fous laquelle doit être ane écuelle de terre : on met le mélange des métaux au bout des gouttières le plus élevé, la chaleur du four fait couler l'étain qui y eft contenu, il fe rend dans les écuelles, & l'argent refte feul fous la forme d’écume, comme nous l'avons déjà dit. C'eft par cet article que M. Hellot termine la première partie de fon Ouvrage, qui contient non feulement la manière d’effayer toutes les mines connues, mais tous les principes fur lefquels cet art eft fondé, c’eft-à-dire, le germe & la bale de tout ce qu'on peut dire fur cette matière. Le parut encore cette mème année un Ouvrage de M: Malouin, intitulé, Chymie médicinale, contenant la manière de préparer les remèdes les plus ufités, à la méthode de les employer pour la guérifon des Maladies. La préparation des remèdes eft certainement un des plus importans ufages de la Chymie; mais il feroit peu raïfon- nable d’aflujétir ceux qui en font chargés, à la lecture affidue du nombre immenfe d’Auteurs qui les ont inventés ou pu- bliés, & dans les Ouvrages defquels ils font répandus. C'eft pour cette raifon que plufieurs habiles Chymiftes & plufieurs DESSCIENCES favans Médecins en ont formé des recueils connus fous le nom de pharmacopees : ces ouvrages n'ont eu jufqu’ici pour but ue de donner aux Pharmaciens la compofition exacte des remèdes; & f1 dans quelques-uns on a parlé de leurs vertus & de leur ufage, ce n’a jamais été d’une manière aflez étendue pour qu'on püt, avec ce fecours, les adminiftrer avec füreté, L'ouvrage de M. Malouin eft formé fur un plan tout-à- fait différent. Quoiqu'il fe foit abflenu de ce qui m'étoit que purement curieux, qu'il réferve pour un Traité de Chymie Phyfique, on trouve par-tout dans celui-ci les principes fur lefquels chaque opération eft fondée, expliqués nettement & précifément : c'eft de ces principes que M. Malouin tire les précautions qu'on doit apporter dans la préparation de chaque remède; une pareille méthode jette néceflairement de la clarté dans l'ouvrage & de la facilité dans l'opération. Les remèdes font néceflairement compolés de ce qu'on appelle drogues Jimples, c'eft-à-dire, des végétaux, des mi- néraux & des parties animales qui doivent y entrer: plus ces drogues fimples feront choifies avec foin, plus, toutes chofes égales d’ailleurs, les remèdes feront efficaces: & c'eft pour cette raifon que M. Malouin indique la manière de connoître les endroits d'où on tire les meilleures, & Ja manière de les conferver lorfqu’on a pü fe les procurer. La guérifon du malade & {a réputation du Médecin exigent également qu'on puiffe s’aflurer fi un remède eft bien con- ditignné, ou s'il a été falfifié: cet article eft fouvent de la plus grande importance. On peut même, fans mauvaife volonté, avoir fubftitué à une drogue une autre moins chère qui femble de même nature; cependant l'expérience apprend que ces fubflitutions changent la vertu & l’action du réivue; -& faute de les pouvoir reconnoître, le Médecin eft expolé à attendre inutilement les effets qu'il auroit dû produire, & à voir imputer à fon art des accidens qui font uniquement caufés par la mauvaife préparation du remède. Non feulement l'infidélité ou la négligence dans la pré- paration des remèdes, peuvent, comme nous venons de le Ni #00 HIisToiRE DE L'ACADÉMIE Royarz dire, occafionner des accidens particuliers, mais fouvent elles ont fait abandonner des remèdes excellens par eux-mêmes, à caufe des mauvais effets qu'ils produifoient prefque toûjours dans la pratique. M. Malouin s’eft afluré par un ufage pru- dent & fuivi de ces mêmes médicamens qu'il avoit préparés avec foin, que les mauvais effets qu'on leur reprochoit, n’é- toient düs qu'à la manière dont ils avoient été préparés : . €eft ainfi qu'il reflufcite, pour ainfi dire, le turbit minéral, Vaguila alba, le mercure de vie & plufieurs autres remèdes très-utiles, prefqu’entièrement abandonnés par le danger qu’on couroit en les employant tels qu'on les débitoit. Rendre à Ja Médecine un remède, en levant les inconvéniens qui 'avoient fait profcrire, eft faire autant pour elle que de lui en pro- curer un nouveau. Les Pharmacopées ordinaires n’indiquent que fommaire- ment les vertus des médicamens & leurs dofes. Ouvrage de M. Malouin eft en cela bien diflérent: à la compofitibn de chaque remède il ajoüte la manière de l'employer, & les maladies auxquelles if convient. Cette partie feule de fon Ouvrage feroit un Traité de Médecine-pratique, d'autant plus eftimable qu'il n'y a rien avancé que ce qu'une expérience fuivie lui a diété. La Médecine n'a pas été plus exempte des fyflèmes que la Phyfique, & on a vü arriver la même chofe dans lune & dans l'autre de ces deux Sciences: les fyftèmes fe font fuccédé les uns aux autres, & ont entraîné dans leur ruine tout ce qui n'avoit pas d'autre fondement. Les obfervations feules & les raifonnemens qui en étoient légitimement déduits, ont été à l'épreuve du temps. La Médecme qui avoit un plus grand nombre de principes de cette elpèce, en a aufi confervé davantage : la doctrine d'Hippocrate publiée il y a plus de deux mille ans, fubfifte aujourd'hui avec la même eflime qu'elle avoit obtenue des contemporains de ce grand homme, tandis qu'une: infinité d'ouvrages fyflématiques , adoptés d'abord avec une efpèce d'enthoufrafme, ont paffé d'une gloire de laquelle ils n'étoient: pas dignes, à un profond oubli. D'Es S CIE NC ErISv2)l sor Non feulement M. Malouin a profité de fon expérience & de celle de tous les Auteurs de Médecine de l'Europe, mais il a puifé dans des fources plus éloignées: il a enrichi fon Livre de plufieurs compofitions de remèdes & de plu- fieurs obfervations tirées d'un manufcrit Chinois, traduit par M. de Vandermonde, & qui lui a été communiqué par M. Bernard de Juflieu. Ce livre femble être un précis de la Médecine Chinoife, comme les Œuvres d'Hippocrate font celui de a Médecine des anciens Grecs; & pour le dire en paffant , il paroït par cet Ouvrage, que les Chinois con- noiffent nos principaux médicamens & les emploient dans les mêmes cas que nous. À quelques eirconftances Jocales près, la Nature eft affez uniforme dans les moyens. qu'elle offre pour remédier aux mêmes accidens. Un fervice d’une autre efpèce que M.Malouin à. rendu au public dans fon Ouvrage, c'eft d'avoir rétabli däns beau- Æ#0up d'endroits les véritables noms des Auteurs qu'il cite. On a peine à comprendre combien la füreur de tout lati- nifer jufqu'aux noms propres, en a défiguré de fiçon à n'être nullement reconnoiflables : fouvent même il y en a eu qui ont fubi une double métamorphofe par la faute ‘de ceux «qui, fans favoir fe vrai nom des Auteurs, ont, mal traduit €n françois des noms déjà mal traduits en latin. On aüroit, -par exemple, peine à deviner que l'Auteur cité prefque par- tout en françois fous de nom de Quercetan, sappelât réel- lement Jo/epk-Duchéne la Violette: on avoit latinifé fon nom en le nommant Quercetanus, & ceux qui font venus. dans la fuite, simaginant qu'on n'avoit fait qu'en changer la ter- minaifon ; l'ont traduit par le mot de Quercetan. Si la gloire: _& la réputation font la première récompenfe de ceux qui. ont produit des ouvrages utiles, c'eft faire: tort à leur mé- moire que de défigurer leurs noms, & on ne peut. que favoir gré à M. Malouin de leur avoir rendu juftice, en les . reflituant : tout ce: qui tend à entrétenir l'émulation, tend. “en même temps néceflairement au bien de la fociété. M. Malouin ne s'eft pas contenté de donner les vertus, N ij xo2 HISTOIRE DE L’'ACADÉMIE ROYALE des médicamens, & d'indiquer les différentes maladies à la guérifon defquelles ils font propres, mais il a par-tout ajoûté les précautions qui font néceflaires pour les employer utile- ment, & ne pas énerver leur vertu par des alimens où un régime contraires, ou par des mélanges d'autres ingrédiens qui peuvent quelquefois les détruire & es anéantir. On a pû être quelquefois étonné de voir qu'une once de fel de feignette prile dans une décoction de tamarins, ne’ produifoit prefque aucun effet; mais on auroit certainement ceffé de l'être, fr on avoit confidéré que l'acide des tamarins avoit dû décom- pofer le fel de feignetté en s'uniffant à l'alkali de la foude, & que dans cet état il ne pouvoit avoir aucune action. Il y a des remèdes qui paroiflent compofés de parties abfolument femblables : le tartre vitriolé, par exemple, & le fel de duobus, contiennent l'acide du vitriol combiné avec un alkali fixe; cependant on ne doit pas les employer in- différemment lun pour autre. L'expérience à fait voir M. Malouin qu'ils produifoient des effets différens; il faut donc s'en tenir à les employer chacun dans les maladies auxquelles ils font appropriés: la véritable fin des remèdes eft l'effet qu'ils produifent, & ils ne doivent être regardés comme femblables, que lorfqu'ils produifent des effets pareils. L'ouvrage de M. Malouin eft divifé en quatre parties. Dans la première il donne une defcription abrégée des inf trumens néceflai es dans un laboratoire où on fe propofe de travailler à la Pharmacie, la définition des principaux termes & la defcription des opérations ordinaires de la Chymie: cette partie contient, à proprement parler, les principes généraux de tout le manuel dont il fera parlé dans la fuite. Les trois autres parties contiennent les différens remèdes rangés fuivant là divifion ordinaire des trois règnes de la Nature, c'eft-à-die, divifés en animaux, végétaux ou mi- néraux, Sous le règne animal font traitées toutes les matières qu'on tire des animaux, comme les différentes viandes & leurs différentes propriétés, les œufs, le lait des différens animaux, DES SCIENCES. 103 le petit ait, le fel de lait, l'urine de vache ou eau de mille- fleurs, toutes les préparations de corail ufitées, auxquelles M. Malouin à joint un firop de corail compolé, qui a a fingulière propriété de ranimer les forces épuilées par la ma- ladie, fans communiquer au fang le mouvement & la chaleur qu'y portent prefque tous les remèdes qu'on emploie ordi- nairement à cet ulage, On trouve encore dans cette même partie toutes les pré- parations de la vipère, les gouttes. d'Angleterre & tous les remèdes qui fe tirent de la corne de cerf & du fl am- moniac. Chaque article eft accompagné d’une exacte difcuffion des ufages de chaque remède & de chaque aliment, des cas dans lefquels ils doivent être employés, des divers accidens dont leur ufage peut être accompagné, &.des moyens de les prévenir ou d'y remédier; & toute cette partie eft ter- minée par la compofition des injections. qui fervent aux Anatomiftes à con{erver leurs pièces & à reconnoître la route des vaifleaux : objet qui, pour n'avoir d'application que fur les cadavres, n'en eft cependant pas moins utile aux vivans. La troifième partie, qui comprend le règne végétal, com mence par une Differtation fur les propriétés des végétaux pris comme alimens. Cette efpèce de nourriture, plus fimple que celle qui fe tire des animaux, eft auffi bien moins Jujette à corruption; & fi l'ufage de da viande femble donner far Xe champ plus de force, celui des végétaux, & für-tout des farineux, en communique une bien plus naturelle &-plus durable. On peut voir ce contrafte dans toute fon! étendue entre les Anglois qui, comme:on. fit, mangent beancoup de viande, & les montagnards Ecoflois qui né vivent que d'alimens farineux : ceux-ci font plus forts, plus: robuftes, moins fujets aux maladies, vivent plus long-temps, & für- tout font exempts de cette maladie nommée confomption, qui fait périr tant de perfonnes en Angleterre. Ii femble que la Nature ait voulu oppofer la crainte de Ja mort & des {ouf frances à la gourmandife : il paroït cependant que du moins chez les nations qui # difent policées, ce contrepoids n'eft pas affez fort. 104 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE M. Malouin met au nombre des remèdes végétaux le vin, qui en.effet en eft un excellent pour ceux qui n’en font pas un ufage habituel: il traite de la manière de l'employer prademment, foit comme aliment, foit comme remède, & des différentes circonftances dans lefquelles on doit em- ployer les vins des différens crûs que nous connoiflons : on les emploie communément fans tant de raifonnemens, mais aufit fouvent on s'en trouve mal, & l'ufage immodéré du vin eft un des moyens les plus fürs qu'on puifle employer pour abréger fes jours, On fe fert du vin pour tirer des teintures de plufieurs plantes qu'on y met infufer, comme Fabfynthe, 88e. Hip- pocrate recommande de faire tremper dans le vin noir les chofes qu'on veut rendre aftringentes, comme les morceaux de flanelle , les feuilles de bette & de cifte femelle. I eft à remarquer que prefque toutes les éditions d'Hippocrate ont copié fidèlement en cet endroit la même faute, en mettant xu6605, qui fignifie lierre blanc, au lieu de x4080s, qui fignifie le cifte, & on a l'obligation à M. Malouin d'avoir rétabli ce plage. Quoiqu'il bläme dans cet article l'ufage immodéré du vin, il croit cependant que pris modérément il peut être utile, mais il n'eft pas poflible de prefcrire aucune règle générale fur ce point: tout ce qu'on peut dire, eft que dans les pays chauds il eft moins néceflaire & plus dangereux que dans les pays froids; dans les premiers il feroit nuifible d'aug- menter la tranfpitation, & dans les feconds il eft néceflaire de la foûtenir & de réfifter au froid : aufli voyons-nous que les peuples du Midi font peu adonnés au vin, & qu’au con- traire dans le Nord on fait un très-grand ufage des liqueurs fpiritueufes, comme eau de vie, &c. Cette troifième partie contient tous les remèdes utiles qu'on peut tirer des végétaux par exprefhon, par ébullition, par in- fufion, par diftillation, entr'autres quelques-uns qui {e font acquis une certaine célébrité: on y trouvera, par exemple, la compofition du remède Anglois contre la pierre, A du avon DES SCIENCES. 105 favon de Starkey & celle de l'élixir de Garrus ; on y trouve aufi la manière de faire l'eau de goudron, avec les différens cas où il convient de l'employer. Il réfulte de cet examen, que ce remède, bon dans de certaines occafions, a été trop vanté par ceux qui en ont voulu faire un remède univerfel, mais qu'on ne doit cependant pas le rejetter abfolument. La quatrième & dernière partie de l'Ouvrage occupe elle feule le fecond volume, & comprend le règne minéral, c'eft-à-dire, tous les remèdes tirés des minéraux. On croyoit communément que l'or ne contribuoit en rien à la vertu des médicamens .où on_le fait entrer, cependant M. Malouin fait voir que plufieurs teintures d’or ont des vertus réelles différentes de celles des autres ingrédiens qu'on y mêle avec l'or. Les deux minéraux fur lefquels M. Malouin a le plus infifté , font le mercure & Tantimoine : il ne s’eft pas, con- tenté, dans l'article du premier, de détailler fimplement les différentes formes fous lefquelles on lemploie, mais il y a joint une efpèce de differtation très-étendue fur le traitement des maladies vénériennes, dans laquelle il donne, dans le plus grand détail, le traitement de ces fortes de maladies, foit par la voie de la falivation, foit par celle de 'extinc- tion; morceau d'autant plus utile, qu'il écarte tout le danger en rendant publique d’une manière nette & précife Ia ma- nière d'opérer la guérifon de ces maladies, & indiquant à chaque endroit les principes fur lefquels chaque opération eft fondée. Avec une pareille méthode, il eft prefque impofüble à un homme de l'art de commettre des fautes. - En alliant enfemble le mercure & lantimoine, M. Malouin en a tiré un remède jufqu'à préfent inconnu, ceft ce qu'il, nomme ærhiops antimonial. On fait qu'en mêlant le mercure avec le foufre fondu, il en réfulte un compofé auquel fa couleur noire à fait donner le nom d’æthiops minéral. M. Mälouin a penfé que lantimoine tenant une grande quantité de foufre, on pourroit l'unir au mercure, & en compofer un remède qui participeroïit aux vertus des deux Hifi. 1750. O 106 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE minéraux : il a tenté cette union; & après bien des difficultés, il en eft venu à bout. Cette préparation eft déjà connue en Ecoffe, où les Médecins s'en fervent pour guérir les maladies de Ja peau, & même les dartres, qui, comme on fait, font les plus rébelles ; nouveau fecours que l’induftrie de M. Ma- loum a fü procurer aux hommes. La préparation de l'éther & celle des gouttes anodines d'Hoffman, qui étoient dans les mains de peu de Chymiftes, font décrites dans cet Ouvrage avec la plus grande clarté: c'eft en quelque forte donner au Public un remède, quoique déjà connu, que de donner à plus de perfonnes les moyens de le préparer. Si on confidère tout ce que nous venons de dire, il femblera que le livre de M. Malouin doive être d’une im- menfe étendue, puifqu’il contient en même temps une Phar- macopée chymique, & un traité de Médecine- pratique ; il ne forme cependant que deux volumes in-douze, parce qu'il en a foigneufement retranché tous les remèdes inutiles, def- quels on groffit ordinairement le recueil des Pharmacopées ; il s'eft uniquement borné aux remèdes ufuels, & dont f'uti- lité eft bien reconnue. C’eft en quelque forte enrichir un arfenal, que d'en ôter les armes inutiles ou dangereufes. ” Mais ce que nous ne pouvons paffer fous filence, & qui doit paroître encore plus eftimable que l'Ouvrage même, c'eft l'efprit qui y règne d'un bout à l'autre; on y reconnoît par-tout non feulement le favant Chymifte, mais le Médecin- homme, attaché à fa profeffion par l'utilité dont elle peut être au genre humain, n'ayant épargné ni peines ni foins pour fe mettre en état de contribuer à cet important objet, tant en fe livrant aû travail de la main, pour s’affurer par foi- même des opérations qu'il indique, qu'en obfervant affidu- ment la marche, fouvent difficile à démêler, des différentes maladies, & les effets des remèdes. On ne conçoit qu'im- parfaitement combien un pareil travail eft pénible, & com- bien par conféquent l'Auteur mérite de reconnoiffance, "CoÛRer DES SCIENCES, 107 RRRRRRRRRERE AURA BOTANIQUE. N° renvoyons entièrement aux Mémoires, | Les féptième & huitième Mémoires fur les glandes V. tes M. des Plantes. Par M. Guettard. | “3 179 & sa année parut un Ouvrage de M::du Hamel, in- j titulé, Traité de la Culture des terres, fuivant les prin- cipes de M. Tull. ET L'art de l'Agriculture ‘eft probablement auffr ancien: que Ie monde. Les befoins des premiers hommes ‘ont dû :nécef- fairement les porter à chercher les moyens de multiplier des plantes néceffaires à leur nourriture : ‘on, a dû s'apercevoir aflez promptement que des plantés venues dans de la-terre qui avoit été remuée, étoient plus fraîches & plus vigoureufes que celles qui avoient pris naïffance dans d'autre terre, fur-tout sil s'étoit rencontré dans cet endroit de la fiente de quelques ‘animaux. Î1 n’en falloit-pas davantage pour engager à ‘remuer da terre & à léngraiffér avec des fumiers, des terres fortes affès qu'on trouvé'en fouillant, & qu'on nomine #arrle, & diverfes autres nitières que l'expérience a fait reconnoître propres à cet ufage. colis x C'eft für’ ce ‘plan ‘qu'éft établi tout l'art de la culture-des terres, &, én général, celui de l'agriculture. Les labours, les fonriers, lés'terreaux n’en font que la pratique en grand, & on s’eft plus appliqué à trouver les moyens'de faciliter l'ufage de cés moyens qui réuffifloient , qu'à chercher fr on ne pour “roit pas faire mieux. Tout's’eft plié à cet arrangernent au- quel il femble qu'on ne puiffe rien changer fans détruire toùte l'économie de 1a campagne, tant par rapport aux grains, que! par rapport aux beftiaux. Re US 29 ur 0) * Un Ouvrage publié en ‘Angléterré pat M/Tul, a réveillé Oï 108 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE fur ce point l'attention des Phyficiens. Cet ouvrage a paru à M. du Hamel, rempli de recherches dignes d'être fuivies, & il s'eft déterminé à préfenter à fes compatriotes, non une traduction littérale de l'ouvrage de M. Tull, mais les mêmes principes expofés d'une manière plus précife & plus abrégée, & dans un ordre différent; & comme le temps qui s'eft écoulé depuis la publication.de cet Ouvrage jufqu'à celle de ce volume, a donné lieu à un grand nombre d'expériences qui ont été faites en France, de la méthodé de M. Tull, & qui prefque toutes lui-ont été favorables. M. du Hamel les a jointés à une nouvelle édition qu'il-a donnée de fon Ouvrage, comme la meilleure preuve qu'il pût, donner de ce qu'il avoit avancé, & c'eft de cette dernière édition que nous:allons effayer de donner une légère idée. Les plantes font des corps vivans & organifés qui tirent leur nourriture & leur accroiflement de la terre. Les organes par lefquels elles pompent & fuccent, pour ainfi dire, Heur aliment, font leurs racines: ces racines font ou pivotantes, c'eft-à-dire, qu'elles s’enfoncent profondément en terre, ou rampantes, c'eft-à- dire, qu'elles s'alongent horizontalement, fans s'éloigner de fa furface. Les unes & les autres s'étendent d'autant plus qu'elles trouvent la terre plus difpofée à donner aflage à: eurs racines; mais il-eft ailé de remarquer que les labours & les engrais qui ne fe font qu'à la furface de a terre, doivent procurer bien plus d'avantages aux racines ram- pantes qu'à celles qui pivotent. On doit encore confidérer que la racine de chaque plante étant deftinée à tirer fa nour- riture de la terre, elle a beloin pour cela d'occuper un certain efpace de terrein; & que par conféquent en mettant les plantes en trop grand nombre dans un même efpace de terrein, elles fe nuilent les unés aux autres, & ne parviennent ni à leur véritable grandeur, ni à porter tout le fruit qu'on en pour- roit attendre. tu | Ce que nous venons de dire des racines, fe doit auffi en- tendre des feuilles; ces organes font deftinées par la. Nature à refpirer l'humidité de Fair & des rofées, & à fervir à la. roflessmSicune N:c:E 1-4] oo tran{piration de la plante. Il eft donc néceflaire que Îes plantes foient affez éloignées les unes des autres pour qu'elles puiffent librement poufier leurs feuilles, & que ces feuilles foient expofées à l'action libre de fair. On ignore encore quelle eft la qualité de cette liqueur qu'on nomme séve, & que les plantes tirent de la terre; on pourroit penfer qu'elle feroit compolée des fels & des autres fubftances que les engrais peuvent dépofer dans la terre, & que l'analyfe chymique fait retirer des plantes. Cependant les expériences de M. du Hamel *, qui a élevé différentes efpèces de plantes dans de l'eau très-pure, femblent indiquer que la sève eft plus fimple qu'on ne fe l'imagine, & que la modi- fication des fucs eft dûe aux organes de la plante. Plufieurs expériences cependant porteroient à croire qu'une térre peut être. épuifte pour une efpèce de plante fans l'être pour une autre, d'où il fuivroit. que chaque plante tire de la terre un fuc particulier; mais il s’en trouve auffi qui font contraires à cette opinion, & M. du Hamel i’y voit rien d’affez pofitif pour fervir de motif de décifion. Ale «Dans da manière ordinaire de labourer les terres à blé, if y en a toüjours un tiers qui refle vuide, ou, comme l’on dit, en jachére. Le but de cette pratique eft moins de laiffer, comme dilent les gens de campagne, repoler la terre, que de fe procurer un temps fufhfant pour multiplier les labours, afin de détruire lés mauvaifes herbes, d'ameublir & foûlever la terre, & de lui donner la difpofition où elle doit étre pour recevoir le froment; qui eft Je plus délicat. de tous les: grains, comme il .eft à notre égard le plus précieux. Nous difons un temps fufhfant, car ce feroit peu de donner trois ou même quatre labours à une terre , f on ne: aifloit un intervalle raifonnable entre les uns. & les autres : Therbe arrachée par le premier, n'auroit pas le temps de pourrir, avant le fecond ; & la terre qu’on a expolée, en la retournant par le premier labour , aux, impreffions du foleil & des météores, y feroit fouftraite par le fecond avant qu'elle en eût fuflifamment profité, < O ïïj * Voyez Hifi. 1748, p. 7r. 116 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE De ce que nous venons de dire, on peut légitimement inférer que le principal objet des labours eft de divifer & d’ameublir la terre, pour la rendre plus aïfée à pénétrer par les racines, pour en expofer fucceflivement toutes les parties à lation de l'air, du foleil & des météores, & de détruire les mauvaifes herbes. Les fumiers, cendres, marnes, &c. qu'on y répand pour les engraifler, tendent encore au même but, ce font autant de particules étrangères qui, s'introduifant dans la terre, en écartent les molécules, & y excitent une fermentation très- propre à les diviler & à favorifer le développement des parties de la plante. Mais il eft bon de remarquer que ces matières étrangères altèrent toüjours un peu la qualité des productions, & qu'on neft pas toûjours maître de s'en procurer autant qu'on le voudroit, au lieu que les abours multipliés peuvent produire le mème eflet fans aucun incon- vénient. C’eft probablement l'impoflibilité de cultiver la terre dans laquelle le blé eft une fois levé, qui oblige à fumer les terres & à leur donner tant de façons pendant l'année dans laquelle on doit les emblaver : on fait qu'on fera près d'un an fans pouvoir y toucher, & qu'il faut par conféquent les mettre en état de fe pafler de ce fecours. La méthode de M. Tull lève abfolument toutes ces diff- cultés ; mais avant que d'en donner le détail, il eft bon de fe rappeler quelques principes dont nous avons déjà parlé, & qui doivent luï fervir de fondement. Les racines des plantes occupent un certain efpace de terrein, & pour que la plante foit la plus forte qu'il eft pof- fible, il faut qu'elle ne foit pas affez près d'une autre plante pour que celle-ci lui dérobe fa nourriture, & on doit aper- cevoir combien notré manière ordinaire de cultiver les terres eft défectueufe à cet égard, puifque nos terres font chargées de tout le blé qu'elles peuvent porter, fans qu'il périffe, au lieu qu'en ne eur en donnant qu'une quantité bien moindre, on gagneroit peut-être plus fur la force & la mutiplicité des DES SCIENCES. 111 tuyaux, qu'on ne perdroit fur le nombre des pieds, fur-tout fi on étoit maître de procurer au blé plufieurs labours pen- dant qu'il croit. Pour s'aflurer de l'efpace de terre labourée qu'une plante exige pour que fes racines tirent de la terre tout ce qu'il eft poffible, M. Tuif a fait labourer une efpace de terre trian- gulaire, long de vingt brafles, & dont la bafe avoit environ 12 pieds; ayant partagé en long ce triangle par une ligne qui en occupoit le milieu, il a femé fur cette ligne vingt graines de gros navets à égale diftance les unes des autres: par ce moyen il étoit aifé de voir quelle largeur de terre labourée étoit néceffaire à ces plantes pour les mettre le plus à faife qu'il étoit poffible; ceux de la pointe du triangle devoient être très-petits, & les autres devoient aller en grof- fiflant jufqu'à l'endroit où leurs racines avoient tout l'efpace néceflaire, après quoi il ne devoit plus y avoir de différence; & il trouva par ce moyen que ces plantes exigeoient deux pieds de chaque côté pour tirer de la terre tout ce qu'elles en pouvoient tirer; qu'à la vérité elles pouvoient fubfifler dans un efpace beaucoup moindre, mais qu'il y avoit plus à perdre fur la groffeur qu'à gagner fur le nombre. Un fecond inconvénient de notre culture, c'eft que le blé, trop ferré dans nos champs, ne peut poufler qu'une très-médiocre quan- tité de feuilles, fur-tout dès que les tuyaux ont monté, ce qui met encore un obftacle confidérable à la vigueur de Ia plante. On fe tromperoit cependant fi on vouloit efpacer les . plantes également dans toutes les terres; plus un terrein eft gras & fertile, plus auffi chaque pied doit s'étendre pour devenir auffi fort qu'il le peut être, & par conféquent moins. il en faut mettre dans un même efpace de terrein : l'expé- rience feule peut décider de l'intervalle qui doit être entre: chaque plante dans un terrein donné. Il faut encore obferver que dans la manière ordinaire de cultiver le blé, ce que nous venons de dire ne feroit pas praticable, les mauvaifes herbes que l'abondance des tuyaux 112 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoÿaALE étoufle, prendroient le deflus du blé & le feroient périr: mais cet inconvénient difparoît abfolument dans la méthode de M. Tull que nous allons décrire. L’efpace de terre deftiné à mettre en blé étant bien défriché, il le divife par planches larges d'environ 6 pieds, plus ou moins, fuivant la nature du terrein : ces planches font alter- nativement, les unes relevées en dos d'âne, & les autres plates ; celles qui font relevées font deflinées à recevoir le blé, & les autres reflent vuides. On fait fur chacune des planches relevées, deux ou trois raies, fuivant leur longueur, & c'eft dans cés raies que l'on sème le blé les pieds aflez éloignés les uns des autres pour qu'ils ne s’embarraffent pas mutuel- lement: cette femaille fe fait au temps ordinaire. Dès que le froment a pouflé quatre ou cinq feuilles, on donne le premier labour aux intervalles qui font entre les planches, & que M. du Hamel nomme plates-bandes ; ce labour fert à remplir les grands filons, & à y en former des petits pour retirer les eaux des planches & les faire égoutter, ce qui, comme on voit, diminue pour le blé le danger de la gelée. Ce premier labour facilite en même temps Yaccroiflement de la jeune plante, & la fait ce que l'on appelle raller, celt-à-dire, poufler beaucoup de racines &c de tuyaux. Le fecond labour fe donne dès que les grands froids font pañlés: on détruit par celui-ci les petits fillons, & on en ouvre un grand au milieu. Ce labour donne une grande vigueuw aux plantes; avantage d'autant plus grand que c'eft le temps auquel elles ont le plus grand befoin de force, & auquel ordinairement elles font, par la culture ordinaire, les moins vigoureufes ; les pluies. d'hiver ayant remis la terre dans le: même état que fi elle n'avoit jamais été labourée. On donne un troifième fabour pendant que le blé monte en tuyau, & par ce moyen on opère prefque fürement que chaque tuyau porte fon épi; enfm on en donne un quatrième après la fleur, dont le but eft de fortifier la plante, afin que les épis foient mieux nourris: on peut encore, fi on crolt DES M: CL E N:CuE: SN TD croit que le blé en ait befoin, multiplier ces labours fuivant les différentes circonftances. A Pendant tout le temps que le blé croît, on peut, au moyen des plates-bandes , en approcher fuffaniment pour en arracher toutes les mauvaifes herbes; ce qui eft impof- fible dans la manière ordinaire de cultiver le blé, parce qu'on ne peut plus y entrer dès qu'il a commencé à monter en tuyau : avantage confidérable, & qui devient encore infini- ment plus grand dans les années pluvieufes. | ‘On voit affez au premier coup d'œil combien cette nou- velle culture a d'avantages phyfiques fur Fancienne, c'eft-à- dite, combien elle doit être plus avantageufe aux plantes ; mais on ne voit pas de même fr elle a autant d'avantages économiques, ou f1 elle produit réellement à ceux qui l'em- braflent, un plus grand profit. Par la méthode ordinaire, il n'y a prefque jamais qu’un tiers des terres deftiné à porter du froment; un autre ‘tiers donne de l'avoine, de l'orge ou d'autres menus grains, & le dernier eft en jachère & ne produit rien. n. Dans 11 méthode de M. Tull, il n'y a qu'une moitié de la terre occupée en blé; aucune portion ne porte de l'a- voine, & la partie qui ne donne point de blé refte inutile: ainfi il pourroit paroïtre que la nouvelle méthode feroit, à cet égard, moins avantageufe que l'ancienne. Il eft vrai que la moitié de la terre perte du blé tous les ans, au lieu que dans l’ancienne culture il n’y en a jamais que le tiers qui y foit deftiné. IH eft de même conftant que la nouvelle a l'avantage d’être bien moins expofée aux accidens qui peuvent endom- mager les récoltes: mais il n’y avoit que l'expérience ca- _ pable de décider tout-à-fait la queftion; elle l'a en effet décidée, & ïl réfulte de celles qui font rapportées dans 'ou- vräge de M. du Hamel, que fur une ferme de trois cens arpens, Ja culture de M. Tull donne environ. au fermier quatre mille fix cens livres de bénéfice de plus que d'an- cienne. « Hiff. 1750 ; | ‘P 114 HisTOirE DE L'ACADÉMIE ROYALE © Nous avons dit qu'il falloit que le blé füt femé dans les raies à de certaines diftances ; ce qui deviendroit très-pé- nible s'il l'y falloit porter à la main. Mais M. du Hamel a levé cet inconvénient, en perfeétionnant un inftrument dont M. Tull avoit donné la première idée: c’eft une efpèce de charrue à quatre roues, dont l'arrière-train porte les focs qui doivent ouvrir les raies; un coffre rempli de blé, le laifle échapper dans les raies, par des ouvertures pratiquées à fon fond, chaque fois que 'aïflieu des roues de derrière fait, en tournant, lever les foupapes qui ferment ces ouvertures; & ” enfin la même charrue porte un inftrument propre à fervir de herfe & à recouvrir le grain à mefure qu'il eit femé. On voit que par ce moyen les grains feront toüjours placés à la même profondeur, à des diftances à peu près égales, & bien recouverts, fans que le laboureur ait autre chole à faire que ce qu'il feroit pour labourer fimplement. Les charrues dont on fe fert ordinairement ne pourroient être employées au labour des plates-bandes fans rifquer d’en- dommager le blé des planches, defquelles il faut approcher Je plus qu'il eft pofhble: c'eft pourquoi M. du Hamel en propole, pour cette opération, d'une ftruéture différente; & nous ne devons pas diffimuler ici qu'il s'eft prefque rencontré dans cetie recherche avec M. de Châteauvieux , premier Syndic de la république de Genève, qui, malgré l'importance des affaires dont il eft chargé, s'eft livré à ce travail en Phyficien & en homme zélé pour le bien de l'humanité. On peut objecter à la méthode de M. Tull, r.° qu'elle fupprime entièrement les avoines & les menus grains; 2.° qu’en retranchant les jachères, elle Gteroit dans certains pays les feuls pâtwrages deftinés aux troupeaux ; d'où fuivroit nécef- faüirement une diminution confidérable du bétail, & une perte réelle pour l'Etat. Ces objeétions méritent que l'on y réponde, &, felon M. du Hamel, il ne fera pas difficile de les réfuter. Toutes les terres d’une ferme ne font pas également propres à porter du blé; cependant, par la méthode oxdinaire, elles DE suSrerE N CE STE rs en portent néceflairement tour à tour, au lieu que dans {a nouvelle culture, on choifira celles qui feront les plus Jégères, pour ne porter que de l'avoine, rélervant les meilleures & les plus fortes pour le blé: d'ailleurs, les mêmes avantages { trouvant à cultiver l'avoine fuivant cette méthode, une moindre quantité de terre fera fuffifante, & il en réfultera feulement qu'on aura deftiné une moindre partie des moindres terres à ne porter que des menus grains, au lieu qu'on eur confacre à l'ordinaire indiftinétement le tiers des bonnes & des médiocres. La feconde objeétion paroît plus importante, elle n'eft pas cependant fans réponfe. Premièrement, ceux qui n'ont qu'une médiocre quantité de terre à cultiver, ne trouveront que de l'avantage à employer la nouvelle méthode, puifque n'ayant point de troupeaux ni de beftiaux, les jachères leur demeurent tout-à-fait inutiles, & ce cas eft extrémement fréquent dans les pays de vignoble, où la plufpart des payfans ne cultivent de blé que ce qui leur eft néceflaire pour vivre, & le font labourer par les fermiers voifins. Il fera certai- nement plus avantageux pour ceux-ci d'avoir tous les ans la moitié de leur terre en état de leur donner du blé en grande abondance, que d'en avoir néceflairement un tiers en avoine, qui leur eft inutile, & que fouvent ils font obligés de vendre à vil prix. Mais tout le monde eût-il des troupeaux & des bef tiaux, il eft extrêmement aifé de remédier à l'inconvénient qui pourroit réfulter à cet égard de la méthode de M. Tull. Ün arpent de pré fournit autant d'herbe que fix arpens de jachères, & un arpent de luzerne autant que quatre arpens de pré; d'où il fuit qu'un arpent de luzerne ordinaire pro- duit autant de nourriture au bétaïl que vingt-quatre arpens de jachères: il y auroit donc un profit réel à mettre en luzerne ordinaire la vingt-quatrième partie des terreins qu'on laïffe en jachère; mais il y a plus: cette portion qui n'eft que la foixante-douzième partie de la totalité des terres, peut produire beaucoup plus d'herbe que n’en auroit produit le Pïj 116 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE tiers qu'on laifle ordinairement en jachère. La culture de M. Tull n'eft pas moins avantageufe aux fainfoins & aux luzernes , qu'elle left aux blés & aux autres grains : ainft avec la vingt-quatrième partie des terres qu'on laïfle or- dinairement en jachère, on pourroit avoir de quoi nourrir la même quantité de bétail plus abondamment qu'avec ces jachères, fur-tout fi on a foin de choifir pour cette ré- ferve les terres qui y feront les plus propres ; ce qu'on ne peut pas faire dans la méthode ordinaire, où toutes les terres font fucceflivement en blé, en menus grains & en jachères. | Mais M. Tull ne s’en tient pas là, il propole un autre manière de multiplier prodigieufement la nourriture des bef- tiaux par le moyen de ce qu'il nomme des péturages arti- ficiels. Ces pâturages artificiels confiftent en gros navets, que dans quelques provinces on nomme Rabes ou Rebes ; prefque tout le bétail s'en accommode très-bien, cette plante eft fur-tout propre à augmenter la quantité du lait, & à en rendre la qualité meilleure. On en sème une ou deux raies dès Ja mi-Mai dans les plates-bandes de la terre qu'on fe propole de femer en blé pendant Fautomne; on laboure la terre aux deux côtés de ces raies, ce qui les fait profiter merveilleufement : un feul arpent peut produire , fuivant M. du Hamel, r1r$200 pefant de navets. On na point à craindre que ces plantes qui doivent occuper la terre pendant une partie de l'hiver, puiflent nuire au blé qu'on doit y femer : comme les labours réitérés auront mis les plates-bandes en bon état, on pourra femer entre les raies de navets, trois rangées de blé, à fept pouces lés unes des autres; & au printemps, les navets étant arrachés, on labou- rera la terre où ils étoient, qui fervira de plates-bandes au blé qu'on a femé. \ Ces pâturages artificiels fourniront abondamment la nour- riture au bétail pendant tout l'hiver, jufqu'au temps où on peut trouver à le nourrir à la campagne: on doit feulement DES SCIENCES. WMuma7 éviter de les abandonner aux moutons fans précaution ; ils en gâteroient plus en un jour qu'il ne leur en faudroit pour les nourrir pendant un mois. On ne doit jamais les tenir dans les pièces femées en navets, qu'enfermés dans un parc qui contienne ce qu'on voudra bien leur abandonner chaque jour, ou, pour le mieux, on arrachera les navets qu’on leur portera à manger ailleurs: ce qui fera fur-tout abfolument néceflaire, fi, comme nous venons de le dire, le champ où font les navets, contient du blé, De tout ce que nous venons de dire, on eft en droit de condlurre que la méthode publiée par M. du Hamel, donne un produit plus confidérable, avec le même efpace de ter- rein, que celle qui ef actuellement en ufage. Qu'il en coûte moins pour façonner les terres, & qu’enfin on gft moins expofé aux acridens qui peuvent diminuer la récolte. Ce qu'il y a de fingulier, c'eft que les Chinois qui nous avoient précédés en plufieurs autres occafions, nous. ont encore devancés dans celle-ci : cette efpèce de culture eft depuis long- temps établie à la Chine pour le riz, qui fait une grande partie de la fubfiftance des peuples de ce vafle empire. Un long ufage & une économie prudente & réfléchie leur en ont fait apercevoir toute Putilité: il paroït même par un def- fein envoyé par le P. d'Incarville, Jéfüite, Miffionnaire & Correfpondant de F Académie, que les Chinois fe fervent d'une charrue à deux focs, qui laboure & qui feme en même temps. L’ufage que ce peuple fi attentif & fi éclairé fur fes intérêts, fait depuis long-temps de la nouvelle cul- ture, eft peut-être la marque la moins équivoque de fa bonté. Comme les expériences que rapporte M. du Hamel ont befoin, pour être comparées entr'elles, de l'être auffi aux différentes températures de Fair, qui auroïent pü y intro- duire un grand nombre de variétés, il a joint à fon Ou- vrage un extrait des obfervations qu’il a faites fur ce fujet Pü 118 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE pendant les années dont il eft queftion, & qu'il avoit publiées dans les volümes de l'Académie fous le titre d'Olfervations Botanico-météorologiques. Ces mèmes expériences fe conti- nuent toûjours, tant par M. du Hamel que par ceux qui fe font joints à lui pour cet important objet. Multiplier par une culture bien entendue, les fruits qu'on peut tirer des terres d'un Etat, eft peut-être lui procurer un avantage plus réel que ne feroit celui de la conquête d'une province qu'on y auroit ajoütée. GEOMETRIE. SAT OL NES QUARRES MAGIQUES I on divife en un même nombre de parties égales les V.les Mém. quatre côtés d'un quarré, & que par les points de di- P°8° 241: vifion correfpondans on mène des lignes droites, parallèles à ces côtés, l'aire du quarré fe trouvera partagée en autant de petits quarrés, que le nombre dans lequel on a divifé les côtés, multiplié par lui-même, contient d'unités; il y en aura, par exemple, 9, fi chacun des côtés a été divifé en 3, 16:sil a été divifé en 4, &c. Si préfentement on remplit chaeun de ces petits quarrés d'un des nombres d'une progreffion arithmétique, comme 5, 2, 3, 4, &c. de manière que la fomme des nombres con- tenue dans une bande quelconque horizontale ou verticale, & celle des deux diagonales, foit toüjours la même, on aura ce que l'on nomme un guarré magique, nom que pro- bablement cet arrangement a emprunté de Fadmiration qu'il a caufée aux anciens Mathématiciens, & de la difficulté qu'ils ont trouvée à en imaginer les règles. Cette combinaifon deviendra encore plus magique fi, au lieu de nombres en progreflion arithmétique, on emploie des nombres en progreflion géométrique, harmonique, &c. Les quarrés magiques ont été l'objet des recherches de plufieurs favans Mathématiciens. On trouve dans les Mé- nur moires de l’Académie plufieurs méthodes de les conftruire, ,24/ 14e V. qui ont été données par M.'s Frenicle*, Sauveurb, de la sos Hire © & Ozanam. Plufieurs autres Auteurs, au nombre ET Fe defquels on peut compter les PP. Preflet & Kirker, & M. ° Fo em. ' ; a S, pages T'Abbé Poignard, en ont aufli publié de leur côté; mais ces 127 ot 120 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE méthodes n'ont pas paru à M. d'Ons-en-Bray aufli fimples qu'elles pouvoient l'être. On avoit fouvent tenté de rendre les quarrés plus magiques, en augmentant par de nouvelles conditions la difficulté de les conftruire; mais il a trouvé moyen de fimplifier la folution de ce problème, en laiffant fubfifler toutes les conditions defquelles on l'avoit chargé : cette efpèce de magie doit certainement avoir la préférence fur l’autre. Les quarrés magiques fe divifent en pairs ou impairs ; ces derniers n'entrent point dans les recherches de M. d'Ons- en-Bray, parce que la méthode que M. Frénicle a donnée pour les conftruire, lui a paru aufli fimple qu'on pouvoit le defirer : il ne s’eft attaché qu'aux quarrés magiques pairs. Ces quarrés fe fubdivifent encore en pairement-pairs & en impairement-pairs; les quarrés pairement-pairs font ceux dont la racine fe peut divifer par 4, ou, ce qui revient au même, a pour moitié un nombre pair. Les quarrés impairement-pairs font ceux dont la racine n'eft pas divifible par 4, ou, ce qui eft la même chofe, a pour moitié un nombre impair: ainfi le uarré de 8 eft un quarré pairement-pair, parce que fa racine 8 eft divifible par 4, & que fa moitié 4 eft un nombre pair ; & le quarré de 10 eft un quarré impairement-pair, parce que fa racine 10 n'et pas divifible par 4, & que fa moitié $-eft un nombre impair. Pour remplir les cafes d'un quarré, il n’eft nullement né- cefaire d'employer les nombres naturels qui le compofent; ainfi on peut employer pour remplir les feize cellules du quarré de 4, toute autre fuite de nombres que 1, 2, 3,4, &c. jufqu'à 16, pourvû qu'elle foit en progreflion arithmé- tique. On peut également employer $, 7, 9, &c. il n'eft pas même néceflaire que les nombres qu'on emploie fe fuivent tous immédiatement dans la progreflion, on en peut prendre la moitié de fuite à tel endroit qu'on voudra, & l'autre moitié auf de fuite à un autre endroit, cela n'empêchera nullement le quarré qu'on en formera d'être magique. Ceci fup- pofé, il eff facile d'entendre la méthode de M. d'Ons-en-Bray. Pour PphESNM SC TE N CES TUIN sr + Pour peu qu'on veuille faire attention à ce que nous avons dit des quarrés pairement-pairs, On apercevra facilement que 1à racine étant divifible par 4, chaque quarré pairement- pair “peutlêtre confidéré comme formé de plufieurs quarrés de -feize cellules chacun ÿ celui de’ 8'en contiendra quatre, celui -de r2 neuf, &c. | ‘Or le quarré de 4, ou de feize cellules, fe conflruit avec une extrême facilité par la méthode qu'a donnée M: Ozanam : “ôh ‘écrit d'abord les nombres’ tout de fuite dans les feize cellules du quarré, enfuite pour le rendre magique il n'y à qu’à tranfpofer le fecond-chiffre à Ja place du quinzième, & celui-ci à celle du fecond; on fera fubir un changement fem- blable au 3.me &'au rime au $.me &'au 1 2.me, au o.me & au 8me, faiffant en place ceux qui compofent les diagonales. © Pour compofer donc’un quarré magique , par exemple, celui dé 64 céllulés, doit la racine éft '8 ; ‘on écrira les 64 nombrés ‘en deux lignes de 3 2 chacuné! avec cette différence quél lés nombres de li première ligne iront dans leur ordre naturel de gauche à droite , & ceux de la féconde, dans J'ordre renverfé, ou de droite à gäuche, Si, par exemple, on a employé la progreffion 1, 2, 3, &c. on écrira de füite r, 2,3, 4, &c. jufqu'à 32°, & enfuite en revenant, 33 fous 32, 34 fous 31, &c'en forte que 64 fe trouve fous r. On voit que par cet’arrangement les nombres d'une des lignes feront toüjours fés complémens arithmétiques des nombres correfpondans de l'autre ligne, & que la fomme de deux nombres correfpondans, pris où l'on voudra, fera foûjours la même: LUATS : * Cette préparation faite, on'partagera les deux lignes dé chiffres en’ tranches de‘huit nombres chacune, ce qui fera féize nombres dans chaque tranche : on ’agira avec les feize nombres de chaque portion, quoiqu'ils ne foient pas de fuite, de la même manière que s'ils l'étoient, pour en former un quarié de quatré ou de feize cellules par la méthode qué: Von vient d'expliquer; &: ces quatre quarrés étant conftruits ,! ônilesplacerà les uns à côté des autres dans tel'oidre qu'on” Hifl. 17504 Q 122 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE voudra, pourvû qu'ils forment un quarré, il fera magique. On peut, comme on voit, par cette méthode conftruire tous les quarrés pairement- pairs avec autant de facilité que celui de 4, & avec d'autant moins d'embarras, que ces quarrés étant, pour ainfi dire, formés de pièces rapportées & indé- pendantes les unes des autres, on peut interrompre f'opéra- tion quand on le voudra, & la reprendre de même, fans courir le rifque de fe méprendre, ce qui n'eft pas poffible par les méthodes ordinaires; il eft vrai que les quarrés magiques im- pairement - pairs femblent s'y refufer, puifqu'il ne femble pas poflble de les réduire en quarrés de 1 6 cellules où de 4. Cependant M. d'Ons-en-Bray trouve le moyen de les y ramener, & cela d’une manière extrêmement fimple, Tout quarré impairement- pair eft compolé d'un quarré pairement-pair entouré d’une rangée de cellules; fi donc on peut trouver moyen de régler larrangement des nombres qui doivent le remplir, de manière qu'on détermine ceux qui doivent former cette efpèce de cadre & la place qu'ils y doivent occuper, le problème rentrera par ce moyen dans le cas de la conftruétion des quarrés pairement-pairs, defquels nous venons de parler. Pour y parvenir, M.d'Ons-en-Bray partage, comme pour les quarrés pairement-pairs, fes nombres en deux lignes, de façon que les nombres. d'une ligne foient les complémens arithmétiques les uns des autres: fuppofé, par exemple, que le quarré qu'on fe propofe de conitruire foit celui de 6, qui a 36 celliles, il écrit de fuite dans une même ligne x, 2, 3, &c. juiqu'à 18; & dans la ligne fuivante, en revenant, 19 fous 18, 20 fous 17, &c. jufqu'à 3 6, qui fe doit trouver fous 1. Il prend enfuite dans ces deux. lignes une tranche capable de remplir les cafes du quarré pairement-pair le plus prochainement moindre, qui, dans l’'hypothèfe que nous avons faite, eft celui de 4; cette tranche peut contenir les huit premiers nombres de la première ligne avec leurs. complé- mens dans la feconde; on peut la compolfer des huit derniers, des huit du milieu, en un mot des huit qu'on voudra choifir | DPE SIMS Nc: PEN € E/SO 12 de füite. Les dix autres chiffres de chaque bande feront def tinés’ à remplir les cellules qui entoureront le quarré de 4 : mais afin de les ranger comme il faut dans ces cellules, il eft bon de fe rappeler les conditions du problème. Puifque le quarré de 6 qu'on veut conftruire doit être magique, il faut que les additions qu'on fera à chacune des bandes & aux diagonales du quarré de 4, précédemment conftruit, ne changent rien à leur égalité; par conféquent il fera néceffiire qu'un des nombres de la ligne fupérieure étant _ plcé au commencement ‘où à la fin d'une bande, foit hori- zontale, foit verticale, fon complément arithmétique, tiré de la feconde ligne, foit placé à Fautre bout , afin d’ajoûter par- tout une fomme égale à chaque bande d'où il fuit que le problème fe réduit à placer les dix chiffres d’une des deux bandes , puifque ceux-ci une fois placés règlent la fituation de leurs complémens. 5 Il eft encore néceffaire que chaque bande du pourtour contienne autant de grands nombres de la feconde bande, que de petits de la première; & comme dans la fuppofi- tion que nous avons faite du quarré de 6, chacune de ces bandes n'a que fix cellules, il faut qu'il y ait dans chacune trois grands nombres & trois petits. Toutes ces conditions étant algébriquement exprimées, M. d'Ons-en-Bray en tire une équation indéterminée, qui fait voir qu'on peut donner quatre arrangemens différens aux nombres de chaque bande du pourtour d’un quarré de 6, en lui confervant la propriété d’être magique. Ce même calcul, appliqué aux autres quarrés impaire- ment-pairs, donneroit auffi la manière d’arranger es nombres qui doivent en former le pourtour; mais M. d'Ons-en-Bray propofe un moyen bien plus fimple de trouver l'arrange- ment de ces nombres dans le pourtour des autres quarrés, en employant celui du quarré de 6, fuppofé déjà conftruit. Pour y parvenir, on retranchera 6 du nombre des cellules du côté du quarré propolé: fi, par exemple, on veut rem- plir le pourtour du quarré de 10 par le moyen de celui du . Qi 124 HISTOIRE DE. L'ACADÉMIE ROYALE quarré de 6, on ôtera 6 de 10, & il reflera 4; on ajoû- tera ce refle 4 aux petits nombres du pourtour du quarré de 6, qui font 1,2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9; 10, & on les placera dans le pourtour du quarré de 10 avec le même ordre qu'ils ont dans celui de 6 , en forte qu'on mettra dans les deux bouts. de la bande fupérieure, $ & 8, qui font les nombres correfpondans 1 & 4 du quarré de 6, augmentés du nombre 4. On placera de même tous les nombres du pourtour du quarré de 6, augmentés de quatre unités, dans les cales cor-; refpondantes de celui du quarré de 10, & par ce moyen on aura placé fans peine dix des nombres qui doivent le com- pofer; on mettra dans les cafes oppofées leurs complémens arithmétiques, & il ne reftera plus à placer que les quatre premiers nombres & les quatre derniers; on les arrangera les uns au deflus des autres, 1 fur 18, 2 fur 17, &c. pour avoir quatre paires de chiffres égales, dont on placera les petits nombres, 1,:2, &c. à volonté dans chaque bande, & on mettra dans les cafes correfpondantes des bandes oppolées, les complémens arithmétiques de ces mêmes nombres. Par cette méthode fi fimple & fi facile, tous les quarrés impairement-pairs peuvent être conftruits avec prefque autant de facilité que les quarrés pairement-pairs, qui, commé on a vû ci-devant, fe réduifent abfolument à la conftruction du quarré de 4. Si les anciens Mathématiciens qui ont donné à ces arrangemens de nombres le nom de magiques avoient connu l'extrême fimplicité à laquelle leur conftruction pou- voit être réduite, ils le leur auroient certainement refufé, les quarrés cependant ne l'auroient jamais mieux mérité : la vé- ritable magie des Mathématiques confifte à opérer les choles les plus furprenantes par les moyens les plus fimples. DES SCIENCES. 125 HA STRONOMEE, MUR ALES AN NENL)EUAMLEIN.S DE LA THEORIE DU SOLEIL. A théorie du Soleil, ou, pour parler plus jufte, celle de la Terre, a toüjours été regardée comme un des plus importans objets des recherches aftronomiques. Placés fur la furface de cette Planète, toutes les déterminations que nous pouvons faire du lieu des mouvemens des autres corps céleftes, font néceffairement affeétées de fon mouvement; de-là naïffent des inégalités qui leur- font étrangères, & dont on ne peut les délivrer qu'à proportion qu'on eft afluré de la part qu'y a le mouvement de la Terre. Ces raïfons ont déterminé M. f Abbé de la Caïlle à re- chercher avec tout le foin poffible les élémens de la théorie du Soleil, On auroit peut-être quelque lieu d’être furpris que depuis Je temps que les Aftronomes travaillent à déterminer ces élémens, leur quantité puifle encore être fujète à quelque incertitude, fr on ne favoit qu’elle fe doit déduire des obfer- vations, qui font néceffairement toûjours fujètes à quelqu'er- reur, en forte qu'il eft comme impofhible d’avoir les lieux du Soleil déduits des obfervations, plus près des véritables que de 10 ou 12 fecondes; & comme cette erreur poffible dans le vrai lieu du Soleil obfervé peut fe trouver en fens contraire dans les Tables conftruites fur les meilleures obfer- yations, il ne doit pas paroître extraordinaire de voir les meilleures Tables s'éloigner quelquefois de 20 fecondes des lieux du Soleil obfervés: cependant lorfqu'on travaille à Ja Q iÿ V. les Mém, page 11 & P- 166. 126 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE conftruétion des Tables, on ne doit pas négliger les plus petites différences; elles s’'accumuleroient & fe multiplieroient au point de produire des quantités confidérables. 1! faut en Aftronomie éviter foigneufement toutes les erreurs volontaires, & nonobflant cette attention, être bien afluré qu'il ne s'en gliffera dans les réfultats qu'un trop grand nombre de celles qui font inévitables. se Pour tirer des obfervations les élémens de la théorie d’une Planète, il y a en général deux méthodes. Dans la première, on fuppole la nature de l'orbite de la Planète connue, & la loi fuivant laquelle elle s'y meut, déterminée, & pour lors avec un petit nombre d'obfervations très-exactes on conclud les principales dimenfions de l'orbite, & on en déduit les Tables du mouvement de la Planète. La feconde méthode exige plus d’obfervations, maïs auffr elle en conclud direétement les nombres qui doivent exprimer les mouvemens de la Planète, & fervir à les calculer. M. l'Abbé de Ja Caille emploie l'une & l’autre méthode dans deux Mémoires qu'il a lüs cette année fur cette ma- tière, & defquels nous ne faifons ici qu'un feul article. En füuppofant, conformément au fyftème de la gravitation Nevwtonienne, que l'orbite de la Terre foit une ellipfe, à un des foyers de laquelle foit placé le Soleil, & que le rayon qui joint les centres de fa Terre & de cet aftre décrive toûjours des aires ou fecteurs elliptiques, proportionnels au temps ; trois obfervations fufhfent pour déterminer la lon- gueur des axes, la diftance des foyers, & tout ce qui ap- partient à cette elliple: il eft feulement avantageux que deux de ces obfervations foient faites aux environs des moyennes diftances, & une vers l'extrémité du grand axe, la plus éloignée du Soleil. On voit aifément que par ce moyen le problème aftrono- mique devient un fimple problème géométrique, & même aflez facile à réfoudre; cependant M. l'Abbé de la Cuille ne fe fert point des méthodes géométriques, il aime mieux en employer une moins directe, & , fr lon veut, moins DES SCIENCE Gr27 élégante, puifqu'on n'y procède que par une efpèce de tà- tonnement, mais aufli plus facile & plus expéditive, per- fuadé que dans lAftronomie Îa véritable élégance de la folution d'un problème confifte dans le plus de facilité qu'on y rencontre. Toute autre manière de fe conduire ne ten- droit point au véritable but que les Aftronomes fe doivent propofer. Suivant cette méthode, ayant trois obfervations choifies du lieu du Soleil, delquelles deux aient été faites aux environs des moyennes diflances, on prend les diffé- rences entre les trois longitudes oblervées ; les comparant au lieu de l'apogée, fuppolé connu, & au mouvement du- quel on a égard d'une obfervation à l'autre, on a anomalie vraie de chacun de ces points, ou fa diftance à l'apogée, & le temps écoulé entre ces obfervations fert à calculer l’a- nomalie moyenne. Cela fuppolé, on prend à volonté une quantité pour l'excentricité, ou la diftance entre les foyers de f'ellipfe & un certain arc pour flanomalie vraie du premier des trois lieux du Soleil obfervés, & on effaie fi avec ces élémens, on retrouvera les mêmes quantités qu'on a eues par obfervation & par le calcul précédent. Si cela ef, lhypothèle qu'on.a faite eft conforme à la vérité; mais fi, comme il doit arriver le plus fouvent, on y re- marque de la différence, on fera varier l'excentricité & la première anomalie, jufqu'à ce qu'on foit parvenu à trouver par le calcul la même chofe que fobfervation avoit don- née : alors étant für de la pofition de l'axe de l'ellipfe & de Ja diftance. entre les foyers, on trouvera, par les: mé- thodes ordinaires | les équations qui conviennent à chaque decré d’anomalie, & les époques des mouvemens moyens. … En fuivant cette. méthode, M. l'Abbé de la Caïlle tire d'un grand nombre d'obfervations qu'il a faites du lieu du Soleil, en comparant toûjours cet aftre avec de certaines étoiles , l'époque du mouvement moyen du Soleil pour le commencement de 1749, de 9f 104 15° 17"-5; celle de l'apogée pour le même temps, de 3f 84 39’ 40"; & * Voy. Hif. 17491P.149: 128 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoïYALE l'excentricité, de 168293 parties, defquelles la diflance moyenne contient 10000000. Dans le calcul dont nous venons de parler, on n'a point eu égard à la différence que doit caufer dans les lieux du Soleil obfervés, fuivant le fyflème Newtonien, la réaétion de la Lune; en l'introduifant dans le calcul, elle y apportera une légère différence: il faudra retrancher des époques que nous venons de donner, 14"-Z, & on aura pour celle du 70 ? mouvement moyen du Soleil, of 1 où 15° 5"Z, & pour celle de l'apogée, 31 84 38° 30”. Par le réfultat de ce calcul, l'apogée du Soleil fe trouve plus avancé de ro à 1 2 minutes que ne le donnent les Tables .de M.rs Caflini & Halley ; l'époque du lieu moyen du Soleif fe trouve auffi plus avancée de 1 1 fecondes qu'elle ne l'eft dans les Tables de M. Caflini, de 36 fecondes plus que dans celles de M. Halley, & enfm de 25 fecondes plus que ne la donnent celles de M. Flamfteed ; mais M. Abbé de la Caille ne penfe pas qu'on doive tirer de cette diffé rence aucune induction, ni contre les élémens qu'il déter- mine, ni contre l'exactitude des T'ables de ces célèbres Aftro- nomes ; elle ne vient, felon lui, que de ce que la durée de Fannée folaire eft plus petite qu'ils né l'ont fuppolée, ce qui rend néceffairement le mouvement moyen qu'ils ont donné, trop lent ; d'où il fuit que la principale époque du mouvement moyen ayant été établie conforme à l'état du ciel dans le temps que leurs Tables ont été conflruites, celles qu'on en déduit à préfent ne fe trouvent plus aflez avancées. La grandeur de l'année folaire de Flamfteed eft de 365i 5h 48" s7"+, celle de M. Halley eft de 365i 5° 48 54"+, enfin felon M. Caffini elle eft de 3 65i 5° 48° 52", & nous allons bien-tôt voir que ces trois quantités font trop grandes: 1. Les obfervations de Waltherus, defquelles nous avons parlé l'année dernière *, faites à la fin du quinzième fiècle, & comparées aux obfervations les plus modernes, ne don- nent année folaire que de 3655 5" 48" 46". 2.° Par la comparaifon DES SCIENCES. 129 comparaifon faite par M. Caffini d'un grand nombre d'équi- noxes obfervés à Uranibourg, à Bologne & à Paris, on fa trouve entre 365i 5 48/47" & 365i 5" 48° 35"; déter- mination quon doit regarder comme d'autant plus exacte, que la précifion du moment de l'équinoxe dépend beaucoup de celle avec laquelle fa hauteur du pole eft connue, & uon connoît très-exaétement celle de ces trois endroits, Enfin la comparaifon d'un grand nombre d’obfervations faites dans diférens fiècles, femble indiquer que l’année folaire eft maintenant plus courte qu’elle ne l’étoit autrefois : M. Euler trouve même ce raccourciffement conforme aux loix de F'at- traction Newtonienne, & penfe qu'il eft un eflet de la ré- fiflance de l'éther aux mouvemens des planètes. Dans cette fuppofition, il a dü néceffairement arriver que lorfqu'au commencement de ce fiècle FAftronomie fortit, pour ainft dire, de l'enfance, les Aftronomes, qui n’avoient aucune obfervation moderne aflez éloignée de leur temps pour en conclurre la longueur de l'année folaire, aient été obligés de fe fervir des oblervations des plus anciens Aftronomes, & de déterminer par ce moyen la durée de {a révolution du Soleil, non telle qu'elle étoit du temps des anciens Aftro- nomes, ni du leur, mais telle qu'on l'auroit pü obferver à peu près au milieu de l'intervalle de temps écoulé entre les unes & les autres. Les Aftronomes ne font plus à préfent dans le même cas, nous avons des obfervations exactes faites à Paris même, il y a environ quatre-vingts ans, qui, comparées aux obferva- tions modernes, peuvent fervir à décider {a queftion. M. Y Abbé de 14 Caille en emploie deux de M. l'Abbé Picard, June du premier Avril r 669, & l'autre du 5. Avril 1681; dans fune & dans l'autre, M. l'Abbé Picard détermine avec toute la précifron poffble le vrai lieu du Soleil, par la difié- rence du pañlage de cet aftre & de Procyon par le méridien, & par celle de leurs hauteurs méridiennes obfervées. Ces deux obfervations, comparées à plufieurs du même genre, faites par M. l'Abbé de la Caiïlle en 1745, 1748, 1749 Hifl 1750. R 130 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE & 1750, donnent, en prenant un milieu entre toutes les petites diflérences qui s'y rencontrent, la grandeur de l’année folaire de 365i 5h 48° 40"; quantité qui fe trouve précifé- ment au milieu des limites qu'avoit établies M. Caffini par la comparaifon de fes obfervations à celles qui avoient été faites à Uranibourg & à Bologne, & plus petite d'environ 10 à 12 fecondes que celle qu'on avoit tirée des obfervations très- anciennes, comparées à celles de la fin du fiècle dernier. Nous avons parlé de la petite différence que pouvoit in- troduire dans les époques du lieu moyen & de l'apogée du Soleil la réaction de la Lune fuivant le fyftème Newtonien, & nous en avons donné la quantité, qui à la vérité fe trouve extrêmement petite; mais comme M. l'Abbé de la Caille a remarqué que les déterminations auxquelles on appliquoit cette équation lunaire s’accordoient beaucoup mieux que celles auxquelles on ne l'appliquoit pas, il a réfolu d'examiner à fond, & par des obfervations choifies avec foin, fi cette équation étoit réelle, & fr elle étoit aflez fenfible pour qu'on fût dans la néceflité de l'introduire dans le calcul : car quoi- qu'elle foit une fuite néceflaire de l'hypothèfe Newtonienne, l'Aftronomie ne doit rien employer dans fon calcul, que les obfervations n’en montrent la néceffité. La Phyfique ne doit jamais être la bafe du calcul aftronomique, elle peut tout au plus lui fervir de guide & d'explication. Pour réuflir dans cette recherche, il a obfervé avec foin les lieux du Soleil dans le temps des quadratures de la Lune avec cet aftre, en le comparant aux étoiles fixes qui fe trouvoient dans fe même parallèle. La circonftance des quadratures eff, comme il eft aifé de voir, choifie avec adreffe, pour avoir équation lunaire plus fenfible, tant parce qu'elle eft alors la plus grande qu’elle puiffe être, que parce que devant, dans une des quadratures, être ajoütée au lieu obfervé, & dans l'autre en être fouftraite, on trouvera par ce moyen entre les lieux obfervés & les lieux calculés fans l'équation , une différence double de fa quantité. De la comparaifon de quinze obfervations, choifies dans É DES NSNG HE) Nc E SVT 1pte mftances, & comparées au calcul tiré avec toute l'exac- titude poflible des Tables de M. Abbé de a Caille, ä rélulte que l'équation lunaire peut -aller jufqu'à 17 fecondes, & par conféquent qu'elle eft réelle, fenfible, & qu'on doit y-avoir égard. Le dernier point que M. l'Abbé de la Caille fe foit pro- pofé d'examiner dans ces deux Mémoires, eft la quantité de la plus grande équation du Soleil : on fait que cet élément fe tire des obfervations directement & fans le fecours d’au- cune hypothèle; car l'équation allant toûjours en croiffant depuis l'apogée, où elle eft nulle, jufqu'aux moyennes dif tances, & de là en décroiflant jufqu'au périgée, où elle redevient encore nulle, il eft clair que vers les moyennes diftances elle doit être pendant quelque temps dans fon plus grand, fans croître ni décroîtré; on fait d'ailleurs qu'elle eft égale avec des fignes contraires, à même diftance de f'a- pogée d’un côté & de l'autre de la ligne des apfides. Cela fuppolé , fi on a obfervé deux lieux du Soleil dans les moyennes diftances , l'un avant, & fautre après {on paflage par l'apogée, on aura l'arc compris entre ces deux lieux obfervés, on aura par le temps écoulé entre les obfervations la quantité du mouvement moyen du Soleil de la première à la feconde : Îa différence entre ces deux arcs fera donc le double de la plus grande équation ; & comme cette mé- thode eft directe, elle peut fervir à vérifier ce qu'on a été obligé d'emprunter de la théorie pour la conftruction des Tables. . M. l'Abbé de la Caille avoit donné dès l'année 17452 » Pay. Mén. une détermination de la plus grande équation du Soleil; mais ?7#9'?-5 99: ä n’avoit eu aucun égard pour lors à l'équation lunaire, ni à l'effet de la nutation de l'axe tefreflre: ces deux équations ‘étant appliquées à fon calcul, les obfervations rapportées en 1745 donneront la plus grande équation du Soleil, de 14 ss” 43", & dexd 55" 45-52; des obfervations rapportées en 1748 P, il la tire de 14 $$"35"2+; & enfin celles dont? Vovz M4. nous/avons parlé au commencement de cet article, {a donnent *7#°#112 Ri V. les Mém. P- 113: 132 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoyALE de 14 55° 39", & 14 $5' 39"-2:: en prenant un Mmi= lieu entre ces cinq déterminations, on aura la plus grande équation du Soleil, de 14 $ 5’ 40", précifément la même ui réfulte de la théorie, en fuppofant lexcentricité telle que M. l'Abbé de la Caille la déterminée. Un accord auffi par-. fait eft la meilleure preuve qu'on puifle donner de la bonté des méthodes qu'il emploie, & de l'exaétitude des obferva- tions auxquelles il les applique. SUR LES NŒUDS ET L'INCLINAISON D U QUATRIEME SATELLITE DE JUPITER. [F s'en faut beaucoup que la théorie aftronomique des quatre fatellites de Jupiter foit également avancée; celle du pre- mier a été aflez promptement portée à un point de précifion capable d'étonner ceux qui connoiffent la délicatefle des ob- fervations qui ont dû néceflairement fervir à en conftater les élémens; mais les autres offrent encore aux Aftronomes un objet immenfe de recherches & de travaux. Quelques éclipfes du quatrième fatellite, oblervées en 1749, ont fait apercevoir à M..Maraldi des différences confidérables entre l’obfervation & le calcul tiré des meilleures Tables: la durée de ces écliples a fur-tout été trouvée ex- trêmement diflérente, & beaucoup plus grande que celle que donnoit le calcul, ce qui l'a engagé à rechercher quelle pouvoit être la caufe de cette différence. La durée d’une écliple peut être augmentée dans le calcul par trois moyens, ou en augmentant le diamètre de l'ombre dans l'endroit où le fatellite la traverfe, puifqu'ayant pour lors un plus grand efpace à parcourir, il doit naturellement employer plus de temps; ou en fuppofant le nœud plus près de l'endroit où seft faite l'éclipfe, puifque par ce moyen DES SCIENCES. 37: où fera parcourir au fatellite uhe corde plus voifine du dia- mètre de l'ombre, & par conféquent plus grande; ou enfin en diminuant f'inclinailon de l'orbite du fatellite, ce qui doit - encore produire le même effet. M. Maraldi a donc entrepris de rechercher lequel des trois élémens dont nous venons de parler, devoit être rec- tifié pour ramener le calcul aux obfervations; mais il a été extrèmement furpris de voir qu'aucun changement ne pou- voit faire accorder ces élémens avec le ciel: aucune hypothèfe na pû mettre les Tables en état de repréfenter toutes les -obfervations, à moins qu'on ne voulüt faire Finclinaifon variable. If eft vrai que comme le mouvement du quatrième fatellite eft lent, l'inégalité des lunettes & plufieurs caufes optiques peuvent beaucoup plus contribuer à la variation de la durée de fes éclipfes, qu'elles n’ont de prife fur celles des autres fatellites ; que cette incertitude peut en jeter fur la durée des écliples obfervées, & qu'on voit aifément que ces inégalités ne peuvent jamais être repréfentées par Îes Tables; mais malgré tout cela, il refle encore des diffé- rences trop fenfibles pour pouvoir être rejetées fur les er- reurs des obfervations : & comme le changement qu'on pourroit faire dans le mouvement des Nœuds, ne peut feul répréfenter toutes les apparences, & que d’un autre côté Le demi-diamètre de ombre eft établi de façon à ne pas pa- roître fufceptible d'un grand changement, fur-tout par l'ob- fervation que feu M. Maraldi fit à Rome le 1.e" Septembre 1702, dans laquelle le fatellite parut rafer la partie fupérieure de l'ombre, ïl faut bien fe réfoudre à fuppofer que fincli- maïifon de fon orbite eft fujète à quelque variation, mais cette variation même a été jufqu'ici rébelle à toutes les loix auxquelles M. Maraldi à tenté de la foûmettre. Dans cette occafion, il a pris le feu parti que pouvoit prendre un, Af- tronome aufli fage & auffi habile que lui: content d'avoir expofé naïvement fes doutes, il y a ajoûté une life des obfervations qu’il a cru propres à déterminer l'inclinaifon de lorbe du quatrième fatellite, en fuppofant le Nœud fixé au R ii V. les Mém. page 23: P: P: P P 151. 236. 239: 272. + 340. PSE ASE 134 HISTOIRE DE L' ACADÉMIE ROYALE 1gme desré 30 minutes du Lion, & par cette Table on voit toutes les variations qu'elle a paru efluyer. IL a mieux aimé s'y prendre de cette manière, que de hafarder un fyftème précipité, qui auroit pü être démenti par l'expérience. Une fage & prudente retenue eft toüjours préférable, en pareille circonftance, à une précipitation qui ne pourroit être exempte de témérité. OUS renvoyons entièrement aux Mémoires, L'obfervation de l'éclipfe de Lune du 19 Juin. Par M. de f'ffle. La mème, par M. le Monnier. La mème, par Mrs Caffini & Maraldi. Et la même, par M. de Fouchy. L'obfervation de l'éclipfe de Lune du 1 3 Décembre. Par Mas Caflini & Maraldi. La mème, par M: Bouguer. La même, par M. le Monnier. Et la même, par M. de f'ffle. Gr année parut un Ouvrage de M. d'Alembert, s intitulé, Recherches fur la préceffion des E‘quinoxes ; & fur la nutation de l'axe de la Terre dans le fyfléme Newtonien. Les Aftronomes ont remarqué dès les premiers fiècles de l'Aftronomie, un mouvement des étoiles, fuivant la fuite des fignes, autour des poles de l'Edliptique. Ce mouvement n'eft qu'apparent ; il a pour caufe un mouvement réel dans l'axe de: la Terre, par: lequel cet axe s'écarté un peu, à chaque révolution, du parallélifme : cette variation en caufe néceffairement une dans les feétions de l’Ecliptique &. de Equateur, & les fait paroître rétrograder contre l fuite dés fignes; & comme ces feétions , qui font les points équi- noxiaux , font le terme d'où les Aftronomes comptent les ANNE SV SCIE N c pis 135 mouvemens des aftres, il eft clair que leur mouvement réel contre Ja fuite des fignes doit en occafionner un apparent - aux étoiles fixes. Ce mouvement rétrograde des points équi- noxiaux- eft ce que l'on nomme la préceffion des équinoxes, L’axe de la Terre a encore un autre mouvement par lequel il s'approche & s'éloigne un peu de l'Edcliptique, fuivant les différentes fituations de l'apogée de la Lune, & ce mou- vement fe nomme nutation de l'axe terreflre ; nous en avons parlé en 1745 *. . M. d’Alembert s’eft propolé dans fon Ouvrage, d'examiner fi les loix de l'attraction Newtonienne peuvent s'appliquer aux phénomènes de Ja préceflion des équinoxes & de la nutation de l'axe terreftre. L'explication du premier de ces phénomènes a été tentée par M. Newtonb; mais quoique par le réfultat de fes cal- culs il trouve la quantité de cette préceflion égale à celle _que donnent les obfervations, cependant M. d’Alembert ne croit pas le problème réfolu, & nous allons tâcher de pré- fenter une légère idée des raifons qu'il a de penfer ainf, en expofant fommairement la méthode dont s’eft fervi M. Newton dans cette recherche. La Terre eft un fphéroïde aplati par fes poles, & Ja po- fition de fon axe eft telle, que cet axe prolongé ne peut jamais pafer par le Soleil, & que le diamètre prolongé de Equateur n'y peut pafler qu'aux deux équinoxes. Si préfentement on imagine un plan perpendiculaire à lEcliptique, qui pafle par les centres de la Terre & du Soleil, ce plan partagera toüjours la Terre en deux parties égales & femblables entrelles, mais qui feront tournées de manière que la partie la plus groffe de chaque moitié fera placée différemment à l'égard du Soleil; dans Tun des deux hémifphéroïdes, cette partie fera la plus proche du Soleil, & dans l'autre, la plus éloignée: il n’y aura que dans les deux équinoxes que ces deux parties feront à égale diftance du Soleil. Cela fuppolé, on voit aifément que Fattraction s'exerçant 2 Voy. Hif. 1745: p.58. b Phil naf, Princ. math. 1, III, prop. 21. 136 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE en raifon renverfée du quarré des diftances, l'hémifphéroïde qui a fa plus groffe partie plus proche du Soleil, doit en éprouver une plus forte attraction que celui dont la partie Ja plus confidérable en eft la plus éloignée, & que par ce moyen les deux moitiés de l'axe éprouvant de la part du Soleil des attractions différentes, l'axe entier fera forcé de fe détourner de fon parallélifme: il fuit de-là que la déviation de l'axe caufée par l'attraction, n'a lieu que parce que la Terre eft un fphéroïde, puifque fr elle étoit parfaitement fphérique;, le Soleil exerceroit également fon action, & que, toutes compenfations faites, le parallélifme de l'axe n'en feroit nul- lement dérangé. Cela fuppofé, M. Newton confidère la Terre comme une fphère qui auroit l'axe pour diamètre, & qui feroit revêtue d'une enveloppe de même nature, fuffifante pour lui donner la figure qu'elle a réellement: il eft évident que dans cette fuppofition, l'enveloppe feule aura part à la diverfité d'action du Soleil, & que le globe n'y contribuera qu'en diminuant par fon poids, l'effet que cette différence auroit dû produire fi l'enveloppe eût été toute feule. Pour rendre ce calcul encore plus fimple, il fuppofe toute la mafle de cette enveloppe réduite en un feul anneau très- mince, rangé dans le plan de l'Equateur, & il regarde les parties qui le compofent, comme une infinité de petites lunes adhérentes entr'elles, & toutes entraïnées par le mou- vement diurne de l'Equateur, il trouve par le calcul, que l'interfeétion de cet anneau avec l'Ecliptique qui eft le nœud commun de toutes ces lunes, doit rétrograder de deux degrés par an. Mais comme faction du Soleil fur l'enveloppe du globe n'eft que les deux tiers de celle qu'il exerce fur Vanneau dont nous venons de parler, & que d’ailleurs cette action doit auffi fe tranfmettre au globe qu'elle doit entraîner, elle fe trouve confidérablement diminuée & reduite à 10" par année, auxquelles fr on ajoûte l'action de la Lune, cal- culée fuivant les mêmes principes, & qui doit être quadruple de celle du Soleil, on aura, pour le mouvement: rétrograde des à À RAD PE SS M SUGALAE: NC En so te) 187: des points équinoxiaux, $0 fecondes; quantité égale. à-celle, ui eft-eflectivement déterminée par obfervation. f Cette folution du problème eft très-ingénieufe; cependant M.,d'Alembert y'trouveplufieurs défauts: eflentiels, : M2 Newton fuppofe; par exemple, que: le inouvement, de l'anneau fera toûjours le même, foit: que. les Lunes qui le compofent foient adhérentes foit qu'on,dés fuppole ifo- kes ; cependant: cette propofition n'eft-rien moins qu'évi- dente: il'auroit fallu démontrer. que de mouvement commun des Nœuds, lorfque les: Lunes font:adhérentes, ef Je même qu'elles auroient étant féparcés, elb cé que. M.-Newton ira pas fait ; ! &:-dont- M. d’Alembert-n'a: pülwenir à, bout: fans une extrême difficulté, :;: ssvsh ok fr : “On vient de voir:dans ce que nous avons dit dela! mé: thode de M; Newton, ‘que l:proportion entré d'action du: Soleil .&celle:de Ha Lune fur la Terre, étoit un élément eflentiel de fa folution; cependant il ve la détermine qué pa da hauteur dés marées; :eftimation. bien vague dans’ tine recherche auffi délicate: les courans, des vents ,: la direction des côtes, & mille autres caufes étrangères à la'gravitation ; peuvent faire varier la hauteur des marées. -M, Daniél, Bei- noulli trouve, en-corparant d'autres obfervations que celles de M. Newton, que les actions du: Soleil & de Ja. Lune font-entr'ellés comme deux à! cinq; ce qui ne-donnéroit que 35° fecondes pour la préceffion, des équinoxes;| en confer- vant tous les autres élémens de M. Newton: quelle défiance -cæ/peu de certitude d'unsélémentleflentiel. ne: peut-il! as: jeter fur la folution: de :M:/Neïvton! 2} #01, à 4 -a2Non!feulement M. d'Alembert à trouvé dans cette:folu: ‘tion: dés erreurs :de fait, mais il ya encore remarqué. des méprifes d’un autre genre. M. Newton fuüppofe; par exemple, -que le, mouvement de l'énveloppe. extérieure: dur globe, & 1celuisde fanneau auquel il réduit cette enveloppe, font: pro- epoñtionnels aux forces qui dés animent slcependant:les forces “ifont'arès+ inégälementrdithribuées ; «Svipour déterminera witefle: anguläiré, d'une mafle totale; fuit néce airerment e] Bifl. 1750. S 138 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE connoitre le mouvement de chacune de fes parties. M. Newton ne partage pas plus exaétément entre le globe & anneau fuppolé , le mouvement que l'anneau ifolé re- cevroit de l'aétion du Soleil: en corrigeant le principe qu'il emploie, M. d'Alembert trouve que l'action feule du Soleil donneroit par an, 12 fecondes de mouvement aux points équinoxiaux , &-que cette correction feroit 10 fecondes de différence dans la préceflion totale; quantité qui certaine- ment n'auroit pas échappé aux obfervations. Enfin M. New ton n'a eu aucun égard au mouvement diurne de la Terre, qui doit cependant influer à tel point fur là préceflion des équinoxes, que M. d’Alembert démontre qu'en le faïfant entrer dans le calcul avec les autres élémens employés par M. Newton, on trouveroit 24 fecondes de mouvement annuel, produit dans les points équinoxiaux par la feule ac- tion du Soleil, au lieu de ro fecondes que trouvoit M: Newton, ; | =: Toutes ces raifons ont déterminé M. d’Alembert à traiter ce problème comme s'il n'avoit jamais été réfolu , & à en tenter la folution par une méthode rigoureufe & direde, n'émployant que les phénomènes obfervés, les loix de ‘a Méchanique, & l'attraction en raifon inverfe du quarré des diftances. | Les différentes forces que le Soleil exerce fur toutes les puties de la Terre étant déterminées, il en déduit par un calcul exact, celle qui en réfulte pour déplacer l'axe du fphé- roïde:’ Un femblable calcul dans lequel il a égard à fa po- fition & à lindinaifon de Forbite de là Lune, lui donne la force que cette Planète exerce de fon côté; & les quan- tités abfolues de ces deux forces étant déterminées, il caloule quel effet elles doivent produire. - Cette partie de l'ouvrage de M. d'Alembert eftfans con- tredit la plus favante & la plus difficile; il a fall um art infini pour réduire la rotation dé axe terreftre aux différens plans qui le reçoivent fuccefliement::-il na pû s'en tirer ique par la folution d'un problème général de'Statique, dans LR | DES SC YE N CE. 139 léquel il détermine les loix de l'équilibre entre des pniffances qui n'agiflent ni dans de même plan, ni par des lignes pa- rallèles; folution tirée d'un ‘principe qu'il a éiabli dans fa Dynamique, où il fait Voir que pour trower à chaque inflant de mouvement d'un corps folivité par im nombre! quelionque de forces , il faut coufidérer le mouvement qu'il avoit dans J'inflanr précédent , comme compoé d'un mouvement qui ef? détruit par ces forces, © d'un autre mouvement qu'il doit prendre réelle- “ment nr qui doit étre 1el que toutes! les parties de’ ce corps puiffent fe faivre fans fe unire es unes aux autres. + C'eft par leomoyen de ce principe que M: d'Alembert:a exprimé en deux formules, les mouvémiens de l'axe terreftre, caufés par la combinaifon des aétions du Soleil & de la Lune; en fuppofant que le fphéroïde ait autour. de fon axe un mouvement ‘de: rotation d'une viteffe quelconque. : y a deux formules, parceque des mouvemens dépendent de: deux variables; lune exprime le chemin que l'axe de la Terre fait ccirculairement autour des poles de l'Edliptique, & Yautre donne, pour de même inftant, da quantité dont ïl æft incliné fur Je plan de ce cercle; en déterminant cette deconde variable, on a da -quantié de la nutation. sl Cetténutationteft, commeon fait, faivant les obfervations de M: Bradley, de a:8 fecondes, &fa période répond exac- tement à: {a /révohition des Noeuds de Ja Lune ; qui eft: de dix -meuf ans. 1 à - y : » Leicalcul-de M. d'Alembert repréfente parfaitement l'ob- fervation; on ycmait que dans l'efpace d'une demi-révolution des Nocuds, l'axe de la Terre/doit s'abaifler dé, 1:8 fecondes vers le plan de FEdliptique, & fe relever d'une quantité preille pendant d'autré demisiévolutions: - 1. 2 -10Ce balancemant -doit mécéflairément -caufer, une inégalité dans da préceffion des points équinoxiaux, & par -conféquent ibfaitiemployer une équation ‘pour corriger ce mouvement: Jes foimules ide M. d'Alembert dorinent' en .même temps œætte éqnation, Hoquantité de la nutation &c.les variations qüien réfültent- dans la poñtion -des Kixes. É ' ÿj 140 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Dans tout ce que nous venons de dire, nous avons toû- jours confidéréle globe terreftre comme parfaitement homo- gène; cependant la comparaifon des diférentes mefures qu'on en à faites, femble indiquer qu'il eft compofé de couches de denfité inégale, fans qu'on fiche jufqu'à préfent quelle eft la difpofition de ces couches; cette connoiflance feroit néan- moins abfolument néceflaire pour avoir le rapport des forces du Soleil & de la Lune, fi M. d'Alembeït n'avoit trouvé une autre voie bien plus fûre, & de laquelle il auroit été impoffible à M. Newton de fe fervir, puifqu'elle dépend dé'la nutation, qui n'a été découverte que long-temps après A mort de ce grand Mathématicien. La préceflion des équinoxes eft produite; comme on a pù le voir, par les actions réunies de la Lune & du Soleil : Ja nutation au contraire & l'équation de la préceflion le font par la feule action de la Lune; on peut donc, en connoiflant leur quantité, déterminer le rapport de la force de la Lune Y celle du Soleil. Par le calcul de M. d’Alembert, ces forces font entrelles comme 3 eft à 7; rapport aflez éloigné de celui que donne M. Newton, mais à peu près égal à celui de M. Daniel Bernoulli. Le même calcul fait voir que quelles que foient les couches du globe terreftre, les quantités, de fa nütation & de fa précéflion des équinoxes auront toûjouis entrelles le même rapport; d’où ä fuit qu'on pourra toüjours, fans connoître cet arrangement, tirer de la nutation comparée à la préceffion, le rapport qui fe trouve entre Faction du Soleil & celle de la Lune; découverte qu'on peut regarder comme un des principaux eh ts la théorie de de d'Alembert. le Si on confidère Ja denfité mes cébéhés de Ja Terre comme variable, on aura une infinité d'hypothèfes différentes qui don- neront la préceffion de $o fecondes, & une infinité d’autres qui la donneront plus ou moins grande. Cette circonftance a engagé: M. d'Alembert dans la folution d'un problème, _ par laquelle on voit que fi la Terre étoit un: corps entiè- rement folide, compéléde couches elliptiques, différemment AMGUIE AS 1 Si CON'E NC-E 147 denfes, elle devroit étre beaucoup moins aplatie qu'on ne Yobferve, pour que la préceffion füt de $o fecondes: mais fl on veut confidérer. la Terre comme un fphéroïde ellip- tique, homogène, couvert d'une couche de fluide d’üne très- petite profondeur, relativement-au-rayon-du-fphéroïde,- 8 d’une denfité différente de celle de la partie folide , on verra aifément que l'aplatiflement connu de la Terre fe peut accor- der avec k préceflion: des équinoxes obfervée; ce qui ne fe peut dans lhypothèfe de, M. Newton. 2) Un point aufli important. & aufli parfaitement éclairci fufhroit bien pour rendre l'ouvrage de M. d’Alembert un excellent ouvrage, mais il a voulu: aller plus loin & réfoudre encore le même problème d’une autre manière plus fimple, mais un peu moins: générale; les deux folutions font con- duit aux mèmes réfultats. Cet accord eft la preuve la plus décifive de la bonté de fa théorie, & de l'exaétitude avec laquelle il a conduit fes calculs dans le dédale de Ia folution d'un problème aufft compliqué & auffi difcile. L'ouvrage de M. d’Alembert eft peut-être l'application la plus heureufe & la, plus favante qu'on: ait faite jufqu'ici du principe de la gravitation univerfelle, FEU IR S if 142 HisTOIRE DÉ L'ACADÉMIE RoyaLe GEOGRAPHIE PETTE année, M. de l'ifle lut à l Affemblée publique y de l'Académie, un Méimoiré fur des Nouvelles découvertes au-nord de là mer du Sud; & prélenta en même temps une Carte que M. Buache avoit dreffée fur fes Mémoires, & qui repréfentoit cés Découvertes avec toute la partie du Globe terreftre, à laquelle elles appartiennent. Ces Ouvrages, alors manufcrits, furent depuis publiés en 1752, & M. Buaché préfenta dans cette même année la première partie de fes Confidérations géographiques fur le même fujet, avec les Cartes qui y étoient relatives, Ouvrage duquel nous parle- rons dans fon temps; nous bornant dans cette Hiftoire au Mémoire & à la Carte préfentés en 1750, defquels nous allons effayer de donner une idée d'après le Mémoire même, imprimé en 1752, & non d'après une feconde édition du même Ouvrage, que M. de Ffle a donnéé en 175 3, avec des augmentations confidérables & de nouvelles Cartes qui n'ont point été communiquées à l’Académie avant leur publication. Les découvertes géographiques dans la mer du Sud n’avoient pas été portées jufqu’ici, du côté: de lAfie, plus loin que le nord du Japon & la terre d'Yeço, & du côté de l'Amé- rique au delà du cap Blanc, au nord de la Californie; & quoique quelques cartes anciennes donnent au nord de l'Amérique une grande proximité avec l’Afie, cette idée n'a jamais été regardée par es Géographes modernes, comme fufifamment conftatée, & les cartes les plus exactes laiffent vuide cet efpace immenfe qui fe trouve entre la Sibérie & Jes baies de Hudfon & de Baffin, & qui s'étend au nord depuis le 48.me ou $0.me degré de latitude. On ignoroit même fi la Californie étoit une ifle ou une prefqu'ifle; en un mot, toute cette importante partie de la Géographie étoit 4 DES SCIENCE 6. 147 igée dans la plus grande incertitude & dans la plus profonde obfcurité, Ce n’eft pas que les Nations. commerçantes de l'Europe, & en, particulier les Anglois, n’euffent fait diverfés tentatives pour. découvrir fi on ne trouveroit pas un paflage à là mer du Sud par le nord de l'Amérique; mais toutes ces tenta. tives sétoient toûjours faites par la mer du Nord, ou par la partie orientale, de l'Amérique. Les côtes de la mer du Sud étant occupées par les Efpagnols en Amérique, ils ont été les feulsqui aient pû entreprendre des recherches au nord de cette,mer, jufqu'à ce que les Ruflès qui occupent quel- ques-unes des côtes orientales de l’Afie, aient été en état de faire de pareilles expéditions. On voit aifément par ce que nous venons de dire, que ce.n'elt que chez ces deux Peuples qu'on à pù recueillir. des connoiffances {ur l'état préfent de cette partie du Globe terreftre, ; : M. de F'ffle étoit, pendant: fon féjour à Péterfbourg, plus ävportée que perfonné d'être bien informé des tentatives qui fe faifoient par l'ordre de l'Impératrice de Ruflie, pour découvrir, les terres qui joignent le nord de l'Afie à celui de FAmérique, oules mers qui les féparent. Un heureux hafard, lui ;à fait tomber. éntré des- maiñs la relation d'une expédition éntreprile dans la même vüûé, en 1 640, par les Elpaghols-au nord de Ja Californie, -La carte drefée fur les découvertes de, ces deux Nations , donne une connoiffance aflez étendue de toute cette partie du globe terreftre jufqu’à préfent inconnue ;: ow.du-moins aflèz mal connue. Nous allons tâcher d'en, préfenter une légère idée. L: Les meilleures cartes, qui font celles de feu M. de Te, terminoient le nord-ef de l'Afie par une côte dont le gife- iment étoit à peu près nord-oueft, &. qui, commençant au nord de da-terre d'Yeco, alloit fe terminer vers le nord à Tembouchre de la Lena : elles marqvoient feulement vers le mmilieu-de cette côte, une petite langue de terre qui s'avançoit dans Ja mer, & où elles plaçoient la ville de Kamitchatka. Du côté, de: l'Amérique son. ne .connoifloit rien .de 144 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE certain au delà du cap Blanc, au nord de la Californie; on: y foupçonnoit feulement quelques baies où embouchüres de; rivières, mâis fans favoir où éles menoieñt: tout le réfte da nord de l'Amérique, excepté le Canada, les côtes de la baie de Hudfon, de celle de Bafhin, & ce que les François avoient découvért par les difflérens voyages qu'ils avoient faits en remontant le Mififfipi, étoit abfolument ignoré, On peut aifément juger qu'un objet aufir important que a découverte de cette vafte portion du Globe terreftre, n'a- voit pas échappé aux vües de Pierre le Grand. Ce Prince, après avoir fait examiner avec foin les limites de la Sibérie au nord-eft, voulut faire enfin déterminer fi elie tenoit à Amérique, ou fi la mer qui en baignoïit les côtes, com- muniquoit avec la mer Glaciale. Le Capitaine Beerings fut chargé de cette expédition, & il crut y avoir fatisfait, lorfqu'étant arrivé au 67.me degré de latitude, toûjours en côtoyant la partie orientale de l'Afie, il aperçüt que la côte tournoit au nord-oueft, que la merétoit libre au nord & à l'eft, & qu'il eut appris des habitans qu'on avoit vû il y avoit $0 à 60 ans, un bâtiment venir par cette mer de l'embouchüre de la Lena au Kamtchatka, qui eft Ha artie la plus méridionale de la côte orientale de la Sibéries:! I réfultoit déjà de cette expédition du Capitaine Beerings; que la mer qui fe trouve à la partie la plus orientale de PAfie, communique avec la mer Glaciale, que l'Amérique n'étoit pas jointe à l'Afie, mais cet Officier avoit découvert aucunes des terres de l'Amérique. Cependant ayant ‘appris! à fon retour, que du Kamitchatka on pouvoit de beau temps voir diftinétement d’autres terres à l'eft, il y entreprit un fecond voyage qui fut inutile, parce qu'une tempête violente le força de regagner le port d'où il étoit parti, avant qu'il eût pù avoir connoiffance des terres qu'il étoit allé chercher. Pendant la route que fit cet Officier, depuis le $o.me degré de latitude jufqu'au 67." le long de la côte orientale de l'Afie, il eut tous les indices poflibles d'une côte ou d’une terre à l'eft. Il trouva larmer- peu profonde & les vagues petites, L | rer LL 2e To a | DErS SCIENCES 14$ petites, & plus femblables à celles qu'on rencontre dans les bras de mer & dans les détroits, qu'à celles qu'on obferve en pleine-mer ; il aperçüt-.des arbres flottans amenés par le vent d'eft, & certainement js y étoient venus d'ailleurs que du Kamtchatka, où il ne s'en trouve point de pareils. Les habitans de la côte l'affurèrent que dans l'hiver le vent d’eft amenoit les glaces en deux ou trois jours »pau lieu qu'il en faut cinq pour qu'on voie paroître celles qui viénnent du nord-eft de l'Afie, & qu’enfin tous les ans certains oifeaux viennent de left dans la même faifon, & qu'après avoir peflé quelques mois fur les côtes d’Afie, ils s’en retournent régulièrement au même temps. Ce que le Capitaine Beerings n'avoit pù faire, fut heu- reufement exécuté en 1731. D'autres Rufles fe fervirent de fon même bâtiment, & fuivant exaétement la route qu'il leur avoit marquée, ils arrivèrent à la pointe la plus orientale de FAfie: alors portant direétement à left, ils trouvèrent d'abord une ifle, & enfuite une grande terre, de laquelle if vint Ÿeux un homme dans ui petit bâtiment femblable à ceux des Æ/quimaux ou des Groenlandois,.& cet homme leur fit entendre que la terre qu'ils voyoient, étoit un grand Continent très-abondantgen fourrures. Ils fuivirent la côte deux jours entiers, & une violente tempête dont ils furent accueillis les força de regagner malgré eux les côtes d’Afie. Muni de ces premières connoiffances, M. de lIfle traça une carte qui repréfentoit l'extrémité orientale de l'Afie, avec la partie oppofée de l Amérique feptentrionale qui y répond, afin de faire voir aifément ce qui reftoit à découvrir, & il drefla un Mémoire dans lequel il expoloit la manière qu'il jugeoit la plus avantageufe pour faire ces découvertes. Trois vaifleaux furent deftinés à cette expédition; le pre- mier, commandé par M. Spauberg, officier Allemand, dévoit aire voile au midi du Kamtchatka en tirant vers le Japon: . par ce moyen on ne pouvoit manquer de reconnoître tout ce qui fe trouve au nord de la terre d'Yeco, dont on ignoroit Jétendue. a: LÉ COR r 146 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Le fecond avoit pour Capitaine le même M. Beerings, qui avoit. été employé aux premières découvertes, fa miflion étoit d'aller chercher ces terres dont il avoit eu de fi forts indices dans la première traverfée. : Enfin le troifième, monté par M. Tchirikow, officief Rufie, devoit faire route direétement à l'eft du Kamichatka, jufqu'à ce qu’il eût rencontré les côtes d'Amérique au nord de la Californie; ce dernier avoit dans fon bord M. de la Croyère, frère de M. de flfle, & Aftronome de cette Académie. s Le voyage de M. Spanberg fut parfaitement heureux : il aborda au Japon en deux endroits, où il fut très-bien reçû ; il alla mème jufqu'à Aatfmey, principal lieu de la terre d'Yeco, & fitué à fa partie la plus méridionale, mais où il ne defcendit point. Le Capitaine Beerings ne jouit pas du même bonheur, ayant été affailli d’une furieufe tempête dans un temps fort obfcur, il ne püt tenir la mer & il échoua fur une ifle défèrte à peu de diftance du port d'Avatcha, d'où il étoit parti ; fon vaiffeau fe brifa fur.les bancs qui fenvironnent, & ce fut-là le terme de fa vie; defefpéré du mauvais fuccès de cetté expédition , il refufa tous les fecœurs qu'on auroit pà lui donner & mourut, n'ayant tiré d'autre fruit de fon voyage que de donner fon nom à cette ifle. La troifième & principale route étoit celle de M. Tchi- rikow, qui devoit fe faire à left du Kamtchatka, jufqu'à ce qu'il eût trouvé la côte d'Amérique. Après quarante-un jours de navigation , il arriva à la vüe d’une terre qu'il jugea être la côte d'Amérique, il étoit alors par la ktitude de $ $ à 56 degrés, & éloigné en longitude à orient de 2 1 8*de: grés du méridien de Paris, Le cap Blanc qui eft à l'extrémité la plus occidentale & la plus feptentrionale de la Californie; eft fitué à 43 degrés de latitude feptentrionale, & diftant du méridien de Paris de 23 2 degrés; il étoit donç'arrivé à 4 4 degrés à Fouelt & à 1 2 degrés & demi au nord de la Cali- fornie, lieu où on n'avoit pas fü que perfonne füt venu avant L à DIE SIMICA ZEN ce Si 147 lui. Arrivé en cet endroit il tenta de s'approcher de terre, mais comme il n'en pût venir à bout avec fon vaifleau, il y envoya fa chaloupe avec dix hommes bien armés: on les perdit de vüe lorfqu'ils furent à terre; il y en renvoya encore trois autres, mais ne voyant revenir ni les uns nj les autres, après les avoir attendus plus d'un mois, il prit le parti de retourner au Kamtchatka. Il eut dans fon retour la vüe de terres éloignées au nord, & à mefure qu'il avançoit vers Toueft, ces terres devenoient plus prochaines. Il s'approcha de la côte, & il y vit des habitans qui vinrent au navire, & que M. de la Croyère, qui, comme nous l'avons dit, étoit à bord, trouva fémblables aux Sauvages du Canada, où il avoit vécu plufieurs années. La latitude de ce lieu fut déter: minée de 51 degrés 12 minutes, & fa différence de Aôn- gitude à loueft du port d'Avatcha de 12 degrés. Mais ce voyage qui avoit duré déjà plus de trois mois, avoit extré: mement fatigué l'équipage, le fcorbut s'y étoit mis & en avoit emporté la plus grande partie : M. de la Croyère même & le Capitaine en étoient attaqués; ce dernier, quoi- qu'extrémement mal, eut le bonheur de fe rétablir après Je débarquement, mais M. de la Croyère y fuccomba & mourut une heure ou environ après qu'on l'eut.mis à terre au port d'Avatcha, d'où ils étoient partis pour cette expédition. On voit aifément par ce que nous venons de dire, que les découvertes des Rufles ont levé plufieurs doutes, & fixé plu: fieurs points importans dans 11 Géographie: il n’eft plus dous eux qu'il n'y ait au nord du Japon, un paffage libre pour aller . par mer au*Kamichatka; qu’en fuivant la côte on ne par- vienne à un détroit qui joint la mer du Sud à la mer Glaciale; & dont la partie la plus étroite, qui n'a pas plus de 40 lieues de large , e trouve fous le Cercle polaire; qu'à l'eft de ce détroit on ne trouvé uné terre qui, fuivant le rapport des . habitans, fait partie d'un grand Continent abondant en fourrures, & qui, felon toute apparence, appartient à l Amé- rique feptentrionale. © L'expédition du Capitaine Tchirkow fsë ‘euconc un . T'ij 148 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RotaALE point de la côte d'Amérique au nord de la Californie; &, ce qui eft digne de remarque, ce point, la partie du détroit qui appartient à l'Amérique fous le Cerde polaire, & le cap Blanc au nord de la Californie, fe trouvent à peu près dans une ligne qui fuit la direction des côtes de cette partie connue de l'Amérique. La pofition de la côte d'Amérique fe trouve donc aflujétie par les découvertes des Rufles en deux points. favoir, la côte du détroit fous le Cercle polaire, & les terres découvertes par M. Tchirikow en 1741 au nord de la Californie. Mais ces mêmes découvertes ne donnent aucune connoiflance fur tout le refte du pays, jufqu'à la baie de Hudfon, & cet efpace immenfe feroit encore à remplir, fi le hafard n'avoit procuré à M. de l'Ifle des lumières qui, jointes aux découvertes que les François du Canada ont faites au dedans des terres, mettent en état de former fur cette partie de la Géographie, les conjectures les plus probables, fi même on peut dire que ce ne foient que des conjettures. Pendant le cours de toutes les différentes recherches des Rufles, il lui tomba entre les mains une relation de celles qui avoient été faites il y a environ un fiècle par les Efpagnols, dans les côtes de l'Amérique feptentrionale, pour.découvrir le paflage de la mer du Nord à celle du Sud par le nord-oueft. Les Efpagnols ayant été informés des tentatives fréquentes ue les Anglois avoient faites pour ‘découvrir ce paflage, en furent alarmés, & prirent la réfolution de le chercher eux-mêmes par la mer du Sud, dans la vüe, s'il s'y en trou- voit eflectivement un, de le fortifier fi bien qu’ils en demeu- raffent les maîtres. [ls armèrent, pour cet effet, quatre vaiffeaux de guerre qui mirent en mer le 3 Avril 1640, au port du Callao , fous la conduite de Barthelemi de Fonte ou de Fuente, dors Amiral de la Nouvelle: Efpagne : il fe fournit à Realejo fur la côte de Mexique, de quatre bonnes cha- loupes conftruites exprès pour aller à la voile & à la rame, refter à l'ancre & tenter les paflages où on craindroit de ne pas trouver de fond pour les vaifleaux. L’amiral de Fonte 4 ‘ DE SUISICUE N CE S 14 arrivé au cap Blanc, extrémité connue de la Californie, fit 45 6 lieues au nord-nord-oueft, & arriva à l'embouchüre d'une rivière à laquelle il donna le nom de rio de los Reyes: dans la dernière partie de cette route, il avoit rencontré beau- coup d'ifles entre lefquelles il avoit fait en ferpentant 260 lieues; ces ifles formoient un archipel que Amiral nomma YArchipel de Saint- Lazare. Dès le cap Saint-Lucas, il s'étoit féparé de l'efcadre un vaifleau monté par Don Diego de Peneloffa, neveu de Don Louis de Haro, alors premier Miniftre d'Efpagne. Ce jeune Seigneur ayant oudire à un Maître d'équipage qu'on avoit engagé dans la route, qu'à 200 lieues au nord de ce cp on rencontroit dans la mer Vermeille un flux venant du nord, qui repoufloit celui qui venoit du fud, en condut que la mer Vermeille métoit point un golfe, & qu'il y avoit une ouverture à fon extrémité, & il partit pour vérifier ce point important, ayant, outre le vaifleau qu'il comman- doit, les quatre chaloupes dont nous avons parlé, & le Maître qui lui avoit donné cet avis. La relation de Amiral de Fonte ne parle point du fuccès de fon expédition. Reprenons maintenant le fil du voyage de l'Amiral de Fonte. À l'embouchüre de la rivière de los Reyes, 'efcadre fe fë- para: un des Capitaines nommé Pedro Bernardo eut ordre de remonter une belle rivière qui fe jetoit dans cette mer, aflez près de la première, que Amiral lui-même fe réfer- voit de parcourir. Pedro Bernardo ayant remonté cette rivière à laquelle if . donna le nom de rivière de Haro en Fhonneuf du premier Miniftre d'Efpagne, entra dans un grand lac où il vit plu- * fieurs ifles & une grande prefqu'ifle qu'il trouva peuplée d'habitans d’un caraétère doux & liant. Il laïffa fon navire à l'erfrée du lac qu'il nomma lac Valafco, & s'étant em- buiqué, avec une partie de l'équipage, fur trois grandes py- rogues Indiennes, il fit dans le lac 140 lieues. à l’oueit, ëx enfüite 43 6 lieues à Feft-nord-eft, & parvint au 77."° degré de latitude, aflez près de l'extrémité nord-ouelt de | | Ti 150 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaALr la baie de Baffin. Un des habitans même mena un de fes matelots jufqu'à cette baie, & lui fit voir qu'elle n'avoit aucune iflue de ce côté-là, & que même elle étoit terminée par de hautes montagnes & par des glaces, qui, felon toutes les apparences, ne fondent jamais totalement. A extrémité fud-oueft du lac Valafco, le Capitaine Bernardo trouva une autre rivière à laguelle il donna fon nom, & qui tombe dans la mer de Tartarie, à 61 degrés de latitude: cette rivière a environ quatre-vingts lieues de cours, & trois fauts ou cataractes. Le lic & les rivières font extrêmement abondans en poiflons de toutes les efpèces, & le pays a beaucoup de gibier. ” L’Ammiral de Fonte remonta, comme nous l'avons dit, la rivière de Jos Reyes, & arriva à un lac d'où elle fort: la marée refoule jufque-là, & fait même difparoïtre une cata- rate qui, de baffle mer, fépare le lac en deux. On y trouve toutes fortes de poiflons, & il a à fon midi une ville Indienne dans laquelle deux Pères Jéfuites qui accompagnoient l'A- miral , avoient précédemment été deux ans en miflion: cette ville fe nomme Conaffet. L'Amiral laifla près de là fes na- vires & pourfuivit fa route avec fes chaloupes. Le lac que T Amiral nomma le lac Belle, eft, comme nous l'avons dit, traverfé d’une cataracte ; il a un écoulement au fud-oueft par la rivière de 4s Reyes, & à left-nord-eft eft une autre rivière à laquelle Amiral donna le nom de Parmentiers, en l'honneur d’un de fes compagnons de voyage. Cette der: nière rivière a huit cataraétes qui font en tout trente-deux pieds de hauteur ,"& elle coule dans un grand lac où il y a plu- fieurs ifles, & auquel l'Amiral donna fon nom, l'appelant lac de Fonte. Ce lac a environ r 60 lieues de longueur dans la même direction que la rivière, & à peu près 60 lieues de largeur: on y trouve beaucoup de très-bon poiflon, & les ifles abondent en fruits fauvages & en gibier de toute efpèce. Une des ifles même plus grande que les autres, parut couverte de bois de futaie t'ès-propre à la charpente & à la conftruction. De ce lac F'Amiral pourfuivant toûjours fa route, arriva AE DPEIS SLC/IIE N CES 151 dans un paffage qui avoit trente-quatre lieues de longueur fur trois ou quatre de largeur, & qu' ‘il nomma efrecho ou détroit de Ronguillo, & pourfuivant toüjours fa route, il parvint à une ville Indienne. Les habitans jui dirent qu'il y avoit près de-là un navire dans un endroit où on n’en avoit auparavant jamais vû: il y alla & trouva effeétivement ce vaiffeau qui venoit de Bofton, & dont le Re. auquel il parla, fe nommoit Shapely. L’Amiral muni de toutes Lt & croyant être arrivé au terme de fes découvertes, prit congé des An- lois, après leur avoir fait & en avoir reçû toutes fortes de politefles; & ayant remis à la voile, il repafla toutes les ri- vières &tous les lacs dont nous venons de parler, & parvint heureufement à fes navires qu'il retrouva en bon état: il y trouva aufli le Capitaine Bernardo qui ly attendoit depuis quelques jours, & ils firent tous enfemble voile pour re- tourner à Lima où ils arrivèrent heureufement. Les découvertes dont nous venons de rendre compte, remr- pliffent, comme on voit, la plus grande partië de ce vafte efpace qui étoit demeuré inconnu au nord de la partie occi- dentale de l'Amérique. M. de fIfle connut d'abord toute Fimportance de cette pièce; mais les vaifleaux Rufles qui avoient été envoyés pour les découvertes dont nous venons de\parler ; n'étant pas encore revenus lorfqu'elle lui fut envoyée, il en remit l'examen après {on retour er France, qui étoit aflez prochain. A fon ärrivée, ïl communiqua fes vûes & cette relation à M. Buache; celui-ci, qui, par la connoïflance qu'il avoit de la Hide de toute la terre connue, avoit conjecturé depuis long-temps que lAfie devoit être liée au nord de Amérique :par une fuite de montagnes & par des mers _de peu de profondeur, eut l'agréable furprife de voir que | ces découvertes nouvelles confirmoient fon opinion. Mais il en eut encore une plus grande, en voyant que la partie de Ja carte dreflée fur la relation de Amiral de Fonte, & _ qui nétoit aflujétie qu'au feul point connu du cap Blanc, 152 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaLr cadroit exactement avec les points déterminés par les Ruffes fur la côte de l'Amérique; accord bien favorable à cette relation, qu'on fouhaiteroit cependant être appuyée fur des preuves plus certaines. Les découvertes de l'Amiral de Fonte rempliffent, comme on voit, l'efpace qui fe trouve à l'oueft des baies de Hudfon & de Baffin, & au nord-oueft du Canada; mais il reftoit encore un grand efpace vague, à l'oueft de ce que les François ont découvert au dedans des terres. Cet efpace eft en grande partie rempli dans la carte par un vafte golfe qui communique avec la mer du Sud au moyen de deux ouver- tures précédemment reconnues au nord de la Californie, lune au 46.° degré de latitude, découverte en 1592 par Jean de Fuca, & l'autre au 43.°, trouvée en 1603 par Martin d'Aguilar. Ce golfe neft pas une pure fuppofition , toutes les relations des différentes nations fauvages qui ont com- merce avec les François du Canada, concourent à en établir l'exiflence, & on lui a donné le nom de mer de ] Oueff. Les déconvertes des Ruffes, jointes à celles de l'Amiral Efpagnol, & à celles que les François du Canada ont faites dans les terres, donnent donc la connoifflance de toute la partie feptentrionale de la mer du Sud, & le dénouement de la difficulté fur la manière dont le nord de l'Amérique a pû être peuplé, rien n'étant plus aifé que de franchir le détroit qui la fépare de l'Afie, fur-tout dans le temps des glaces, où le détroit eft gelé. Il ÿ avoit peut-être long-temps que la Géographie n'avoit fait un fr grand pas vers l'entière connoiffance du Globe terreftre. HYDRAULIQUE: ST, RS Tr LS pes ScrEenNcEes | 153 FcHYDRAULIQUE ‘à , SUR PAANCONDUITE DES EAUX. N a dû être fouvent furpris de voir que l'eau d’un réfer- voir plus élevé que l'endroit auquel on prétendoit la con- duire, n’y arrivät cependant point, ou n'y arrivât qu'en une uantité beaucoup moindre que né fembloit le promettre Le ne. des tuyaux de conduite. Prefque toüjours, lorfque cet inconvénient eft arrivé, on en a rejeté la faute fur le nivéllement, & on s’eft contenté pour tout remède de hauffer, quand on le pouvoit, le point du départ, ou de baiïffer celui de l'arrivée. Il eft cependant une autre caufe qui a dû mille fois occa- fionner cet inconvénient, & à laquelle on ne s’étoit point avilé de Fattribuer , nous voulons parler de l'air qui fe can- tonne dans les finuofités des tuyaux : on le regardoit bien comme un obftacle au mouvement des eaux, mais tout le mal quon lui attribuoit, étoit de faire quelquefois crever les tuyaux: on ne foupçonnoit pas qu'il püt jamais arrêter l'eau en tout ou en partie dans les conduites; & lorfqu'on avoit rendu celles-ci aflez fortes pour réfifter à fon explo- fion,, l'on croyoit n’en avoir plus rien à craindre. Un feul Auteur à connu que l'air renfermé dans les con- duites pouvoit empécher l’eau d'arriver à fa deftination : cet Auteur eft M. Couplet, & l'Académie a rendu compte de fes'idées en 173 2 *. Le fait fingulier d'une fontaine qui s’arré- toit l'été & couloit pendant l'hiver, propolé à l’Académie par M. Sirebeau, Fontenier de la ville de Paris, a donné lieu à M. de Parcieux de développer & d'étendre {a théorie de M. Couplet, nous allons effayer d'en donner une légère idée, Hif. 1750: V V.les Mém. page 39- * Vo. Hif. 1732,P111% 154 HisToire DE L'ACADÉMIE RoYALE Toute conduite qui va du point de départ au point d'ar. rivée, en s'élevant & s'abaiffant fucceflivement, peut être confidérée comme. compofce de plufieurs fyphons joints fes uns aux autres. Si on fuppole.les branches de ces fyphons exactement remplies d'eau, elles fe feront mutuellement équi- libre, &, au frottement près, la conduite fera précifément l'effet d’un tuyau parfaitement droit qui iroit du point de départ à celui de l'arrivée, l'eau y coulera précifément de même. * C'eft fur ce principe qu'on avoit toûjours calculé la quan- tité d’eau que devoit rendre une conduite; la charge du réfer- voir, & fa différence de hauteur d'avec le point où on vouloit conduire leau étant données, on ne comptoit pour rien les finuofités du tuyau dans le fens vertical; & excepté M. Couplet, tous ceux qui ont calculé la dépenfe des eaux. n'ont eu aucun égard à l'action de Fair, ou ne l'ont tout au plus regardé que comme un obflacle dont le feul mauvais eflet pouvoit être la rupture des tuyaux. Pour peu cependant qu'on eût voulu faire d'attention à la manière dont les tuyaux fe remplifient lorfqu'on y met l'eau pour la première fois, on auroit vü clairement que: lorfqu'une conduite avoit des hauts & des bas alternatifs, c'eft-à-dire, des finuofités dans le fens vertical, il étoit comme impoffible qu'il ne fe cantonnât de l'air non feulement dans la partie fupérieure des finuofités, mais encore dans toutes les branches defcendantes. L'eau qui remplit la première branche defcendante, la remplit entièrement, &. monte en même temps dans la première branche montante, qu’elle rem-, plit en entier à melure qu'elle y monte. Jufque-là l'air eft . entièrement chaffé du tuyau par l'eau qui s'y introduit, & il ne s'en fait aucun cantonnement ; mais 1l n’en. eft pas de même de la feconde branche defcendante : dès que l'eau a gagné le haut de la première finuofité, elle commence à couler dans la partie defcendante; & comme elle y coule d'a- bord en filet, elle ne remplit pas abfolument cette branche, & n'enschafle pas entièrement l'air ; arrivée au bas dela branche 1 : L 1 HAMDNE 5 : SÉLE NcEs;)}}) açe defcendante , elle monte dans la feconde branche montante, mais elle n'y monte qu'à mefure*qu'elle en occupe toute la Jargeur, & chafe l'air de toute la capacité de cette branche, qui fe trouve à la fin entièrement remplie d'eau. Par ce moyen, l'air qui n'avoit point été chaffé de la feconde branche defcendante, y refte enfermé entre les deux colonnes d'eau des deux branches montantes qui le précèdent & le fuivent; &! ne pouvant en aucune manière; s'échapper , il intercepte, au moins en partie, le. cours de l'eau, qui ne peut plus pafler dans cette branche defcendante qu'en un filet plus ou moins gros, felon que fair y eft en une plus grande ou moindre quantité. Ce que nous venons de dire de la pre- mière finuofité, doit s'entendre de même de toutes les autres. I fuit de là qu'une conduite qui a des’ finuofités verticales, doit donner moins d'eau que la charge de l'eau & le calibre du tuyau ne femblent l'exiger; qu'il peut arriver même que fair enfermé en trop grande quantité, ou dilaté par la cha: Jeur, intercepte totalement le cours de l'eau pendant du temps: ceft aufli ce qu'on voit arriverfdans les grandes conduites qui ont de femblables finuofités, où l'eau eft quelquefois plufieurs jours à parcourir la longueur du tuyau, & ne fort qu'avec des éruptions d'air violentes & par jets interrompus, Tout ceci eft {1 naturellement déduit de ce que nous venons de dire, que perfonne n'a été furpris en obfervant ces effets. Mais ce qu'on navoit pas trop foupçonné, ceft que ce même air enfermé oblige à donner une charge d'autant plus grande, c'eft-à-dire, à mettre d'autant plus de différence de niveau entre Je-point du départ & celui de l'arrivée, que cet air sy trouve en plus grand volume, & c'eft à développer ce point d'Hydraulique qu'eft deftinéfle Mémoire de M: de Parcieux. é x Nous avons d'abord fuppofé qu'une conduite qui a des finuofités dans le fens vertical, devoit être regardée comme compofée defyphons joints les uns aux autres, & nous avons fait voir que fi on imaginoit ces fyphons abfolument remplis Vi 156 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE d'eau, on pouvoit regarder la conduite comme fi elle alloit en ligne droite du point de départ au point d'arrivée, les finuofités, dans cette hypothèfe, n’occafionnant d'autre obf- tacle au mouvement de l'eau, qu'un plus grand frottement. H eft cependant aifé de voir que cette fuppofition ne ré- pond point à la réalité. La petite théorie dont nous avons donné une idée, montre qu'il eft comme impoffible qu'une pareille conduite foit entièrement remplie d'eau : toutes les branches defcendantes, excepté la première & la dernière, contiendront toûjours de l'air enfermé; il n'y aura donc plus d'équilibre entre les branches montantes & les defcendantes, puifque les premières étant abfolument pleines d'eau, les dernières au contraire font remplies d'un mélange d'air & d'eau beaucoup plus léger, & par conféquent l'eau n’avan- cera que très-difhcilement dans la conduite, à moins qu'on n'élève le point de départ d'une quantité fufhifante pour compenfer le défaut de pefanteur que l'air enfermé dans les branches defcendantes y occafionne. Il peut même arriver que cet air cantonné dans les finuofités, augmentant de vo- lume par la chaleur, la Même charge qui étoit fuffifante pour faire couler la fontaine pendant l'hiver, ne le {oit plus pendant l'été, parce qu'il en réfultera un plus grand vuide dans les branches defcendantes, & c'étoit précifément le cas de celle dont M. Sirebeau avoit parlé à l’Académie : on imagine aifément toutes les nuances qui fe trouvent entre le cours libre de l’eau & fa ceffation totale. Toute cette théorie eft fi bien démontrée, que l'efprit ne peut s’y refufer; mais M. de Parcieux la rendue fenfible aux yeux par des expériences qu'il en a faites à l'Académie avec des tuyaux de qiftal: on y a vû le jeu du fluide & de l'air, dans les difftes finuofités qu'il y avoit pratiquées à deffein; en un mot, on peut dire que l'expérience a fuivi pas à pas toutes les conféquences qu'il avoit tirées de fes principes. On peut remédier à cet inconvénient de plufieurs ma- nières. Premièrement, on doit éviter, autant qu'on le peut, les 2 2 à 4 F DIE SSICLÉ N CES: Re7 finuofités des conduites dans le fens vertical ; faute de cette pré- caution, il peut arriver qu'une contrepente de quelques pieds rende inutile la chûte qu'on tireroit d'une grande hauteur, parce que la branche delcendante qui devroit opérer la plus grande partie de l'effet, fe trouvera prefque pleine d'air, & que l'eau n'y paflant qu’en filet, elle fera en équilibre avec une très-médiocre hauteur d'eau dans la branche montante qui la fuivra. Secondement, on peut, lorfqu'on met l’eau dans la conduite, ajoüter à l'embouchüre du tuyau au point de départ, un tuyau plus ou moins élevé felon le beloin, & garni par le haut d'un entonnoir, & ce fera par ce tuyau qu'on verfera l'eau. Cette charge fera fufffante pour compen- fer le vuide dans les branches defcendantes, & obligera l'eau à couler & à entraîner l'air avec elle; mais fi on avoit befoin pour cela d’une très-grande charge, il feroit à craindre que ce poids & le reffort de l'air cantonné dans la conduite, Hoccafionnaffent la rupture des tuyaux : d’ailleurs il fe dé- gage toüjours de Fair qui étoit mêlé avec l'eau, & cet air reprendroit peu à peu la place de celui qu'on auroit chaffé, & produiroit les mêmes inconvéniens. Enfin on peut, & c'eft le mieux, placer des évents à toutes les fommités des courbures: alors l'air étant libre de s'échapper, ne génera plus le cours de l'eau, & tout rentrera dans le cas de la pre- mière fuppofition. On accufe fouvent la théorie de n'être pas d'accord avec la pratique; mais prefque toûjours c’eft moins à elle & à fes règles qu'il faut s’en prendre, qu'au peu de foin qu'on a de les fuivre & d'examiner avec foin toutes les circonftances des faits auxquels on entreprend de Jes appliquer. Lost Année, M. Belidor, colonel d'Infanterie, Che- Nu valier de l'ordre militaire de Saint-Louis, Membre de dla Société royale de Londres, de l'Académie royale des Sciences de Berlin & Correfpondant de l'Académie, lui pré- fenta le premier volume de la feconde partie de fon Archi- tédlure hydraulique. H feroit inutile de faire valoir ici les Vi * Vo. Hif. 1737/P.10$ 158 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE à avantages de cette partie d'architedure; on fait aflez qu'il eft beaucoup plus difficile de la porter à fa perfection que celle qui a pour objet la conftruction des édifices ordinaires, par la difficulté de mettre les ouvrages en état de réfifter à l'action violente ou fourde des eaux, lune & l'autre prefque également à craindre. L'accueil que le public a fait à la pre- mière partie préfentée par l'Auteur à l'Académieen 1737*, fait mieux voir, que tout ce que nous pourrions dire, le cas qu'on doit faire de cet Ouvrage; dans lequel M. Be- lidor n'a voulu introduire de théorie, que ce qui avoit un rapport néceflaire à une pratique fage & éclairée qui fait le fond de fon travail : facrifice rare, quoiqu'’à le bien prendre, la gloire de bon citoyen doive être pour le moins aufii flat: teufe que celle de favant Géomètre. Le volume dont il eft ici queftion eft prefque entièrement employé à détailler tout ce qui concerne la conftruétion des éclufes: ces ouvrages exigeant ordinairement que leur conf- truction foit précédée d’épuifemens & de pilotages, c’eft aufft à décrire les différentes machines qui fe:vent à cet ufage, qu'eft deftinée une partie confidérable de Ouvrage. de M. Belidor. Les éclufes peuvent être employées à différens ufages: on les emploie pour racheter la différence de niveau dans les canaux de navigation, pour deffécher les pays aquatiques, pour former des inondations artificielles, pour retenir l'eau dans les baffins des ports de mer, pour nettoyer ou appro- fondir les canaux ou les ports, en y lâchant tout d'un coup une grande quantité d'eau, dont le courant entraine au loin les fables & les vafes, &c. Tous ces différens ufages doivent introduire des différences dans la conftruction des éclufes, & il étoit néceffaire de les détailler. Les proportions des éclufes avoient été jufqu'ici très-arbi- traires. M. Belidor les rappelle à des règles plus certaines; & comme dans larchiteéture civile on prend pour mefure commune le demi-diamètre inférieur de la colonne auquel on donne le nom de module, il prend ici pour module la douzième partie de la largeur de l'éclufe. PP DAEVSWSICULE NC E s: 159 Ine nous eft pas poflible d'entrer ici dans fe détail très- étendu de la conftruétion qui compofe la principale partie de cet Ouvrage, nous nous contenterons de dire qu'on fera étonné de la multiplicité des objets qu'il embrafle, & plus encore de la netteté avec laquelle ils font préfentés. Les Hollandois ont été les premiers à faire ufage de toutes ces ingénieufes manières de dompter en quelque forte Ia fureur des eaux. La même néceffité qui força les Egyptiens à inventer la Géométrie pour retrouver les partages des terres après les inondations du Nil, a forcé les Hollandois à in- venter, pour ainfi dire, cette partie de l'Hydraulique pour leur propre füreté : c'eft donc chez eux qu'il a fallu princi- palement s'en inftruire, & c'eft auffi ce qu'a fait M. Belidor; il n'a épargné ni peines ni voyages pour fe mettre en état de donner à fon Ouvrage toute la perfection dont il étoit fufceptible, & ce zèle ne peut qu'être digne des plus grands éloges. Comme nous n'avons point eu en France de plus bel ouvrage en ce genre que le port, les canaux & les fortifica- tions de Dunkerque avant fa démolition, M. Belidor met à la tête de fon Ouvrage une hiftoire de cette ville, & des diflérens états par lefquêls elle a fucceflivement pañlé, & il donne une defcription des ouvrages admirables qui y avoient été faits : un morceau pareil, bien médité, eft peut- être la meilleure leçon qu'on puiffe donner de f'Architeéture hydraulique. En un mot, on peut regarder cette continuation deWfArchitecture hydraulique de M. Belidor comme digne déa première partie qui a précédée, & de la réputation que fon Auteur seft fi juftement acquife. iii LOS 160 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ETTE année, M. Rameau préfenta à l'Académie un 9 Ouvrage intitulé, Démonffration du Principe de l'har- monie, dans lequel il expole les fondemens de fon fyfième de Mufique théorique & pratique. Tout corps fonore que l'on fait réfonner, rend, outre le fon principal, deux autres fons beaucoup plus foibles, mais cependant perceptibles à une oreille délicate: ces deux der- niers font la douzième & la dix-feptième majeure au deffus du fon principal, ou, ce qui revient au même, foétave de fa quinte & la double oétave de fa tierce-majeure. Si préfentement on accorde avec ce corps fonore que nous fuppolerons, pour plus de facilité, être une corde, quatre autres cordes , la première à fa douzième au deflus, la feconde à fa dix-feptième majeure auffi au deflus, la troifième à la douzième au deflous, & {a quatrième à la dix-feptième majeure aufli au deffous; alors fi on fait réfonner le premier corps fonore, les quatre autres cordes frémiront aufli fans qu'on les touche, avec cette différence que les deux premières frémiront dans leur totalité, & que les deux dernières fe partageront en frémiflant, lune en trois & l'autre en cinq. Ces deux expériences fourniflent à M. Rameau le prin- cipe de toute la Mufique. Puifque tout corps fonore rend, outre le fon fondamental, la douzième & la dix-feptième majeure, où en rapprochant ces intervalles par le moyen de leurs oétaves, la quinte & la tierce, cet accord, que le feul fentiment avoit fait nommer accord parfait, eft immé- diatement donné par la Nature, Les nombres qui expriment l longueur des cordes qui rendent ces fons, conftituent une proportion qu'on a nommée harmonique. Si donc on donne le nom d’t au fon fondamental, les autres fons el era ÿ DIES SC I EN C E HE œmér fera entendre, feront mi & fol, ou leurs oétaves. On peut donc regarder le chant w#, mi, fol, ut comme donné par da Nature même, & indépendamment deitout fyftème mufcafl Il fuit de ce principe, que tout fon mufical ne fera que du bruit pour ceux qui, par le défaut de leur organe, n'enten- | dront que le fon principal fans les harmoniques, qui, comme " nous avons dit, font toüjours plus foibles; & qu'à propor- { tion que ces fons feront plus ou moins perceptibles à l'oreille, on prendra aufli plus où moins de plaifir à la Mufique. Non feulement, comine nous venons de le voir, le corps fonore fait frémir les cordes accordées à fa douzième & à fa dix-feptième majeure en deflus, c'eft-à-dire, en rappro- chant, fa quinte & fa tierce, mais if fait auffi frémir fa dou- zième & fa dix-feptième majeure en deflous, ce qui donne …_ une nouvelle proportion; mais celle-ci fe trouve arithmé- 4 tique, au lieu que la première étoit harmonique; & les “ termes de cette dernière étant rapprochés par le moyen de …_ leurs octaves, on entire, en fuppofant toûjours le fon fonda- . mentalwr, les notes fz, la bémol & ut : arrangement dans lequel à À a tierce mineure fz, a bémol fe trouve placée la première, & « latierce majeure /2 bémol, ut la féconde; au lieu que dans les « ons harmoniques montans, wf, mi, fol, la tierce majeure eft la première, & eft fuivie par la tierce mineure. Cet arran- gement des tierces, qui çonftitue touté la différence entre les deux modes majeur & mineur, eft donc auffi indépen- dant de tout fyftème, & donné immédigtement par la Na- ture; & conume les fons harmoniques montans frémiflent enventier & plus vivement que les defcendans, le mode _ majeur aura toûjours, du moins dañs la Mufique inftrumentale, quelque chole de plus naturel que le mineur, & l'oreille fera flattée d'y revenir. ; _."$i on compare préfentement de fon. fondamental. d'abord avec fes deux douzièmes en deflus & en deffous, & en- fuité avec fes deux dix -feptièmes majeures , il en naît une troifième proportion qui eft géométrique. Le feul principe, quévtout. corps fonore, fait entendre les. fons: harmoniques Hifl. 1750. X 162 HisToire pe L'ACADÉMIE RoyaLE avec le fon principal, donne donc inconteftiblement des fons qui, fuivant qu'on les compare, font en proportion harmonique, en proportion géométrique & en proportion arithmétique. Toutes ces proportions combinées autant qu'elles peu- vent l'être, M. Rameau en tire une fuite de notes qui, en fuppofant que le fon fondamental foit ut, font fo, ut, fol, ut, fa, ut, fa; cette fuite de notes eft ce qu'il nomme baffle fonda- mentale. Si préfentement on met au deflus de chaque note de cette bafle fes fons harmoniques , & que parmi tous les fons de chacune on en choififle un, de manière que ces fons foient féparés par le moindre intervalle poñlible, on aura la fuite de notes , ut, ré, mi, fa, fol, la, qui a pré- cifément les mêmes intervalles que la gamme ordinaire, & où chaque: fon eft harmonique dut ou de lune de fes quintes. La gamme w'étoit donc pas arbitraire, ni fimple- ment la fuite d'un fyftème pris à volonté, mais elle dépend de règles invariables & prelcrites par la Nature, & ce fera toù- jours à M. Rameau qu'on devra de les avoir développées. 2 IH eft aifé de voir que cette fuite eft compofée de deux tétracordes ou affemblages de quatre cordes, fi, ut, ré, mi; mi, fa, fol, la, & que les intervalles font parfaitement fem- blables dans fun & dans l’autre: ces tétracordes font préci- fément ceux des Grecs. Quand,.on voit l'extrême facilité avec laquelle M. Rameau les déduit de fes principes , on ef tenté d’avoir regret au temps & à la peine que plufieurs favans Mathématiciens ont employés pour les tirer de leur épineufe obfcurité; car il faut avouer que de tous les pro- diges qu'on nous raconte de la mufique des Grecs, le plus grand feroit peut-être que fà partie théorique eüt été bien nettement entendue de quelqu'un, du moins dans l'état où elle nous eft parvenue. Grace à la théorie de M. Rameau, les tétracordes n’effraieront ‘plus perfonne. L’échelle muficale dont nous venons de parler, eft dérivée abfolument de la note fondamentale ut, & cependant elle commence par le f: en variant un peu l'ordre de la baffe MDflEuS MIS COR NiC:E 87:11) 268 fondamentale, M. Rameau Ôte'cet inconvénient ; & par da même méthode qu'il a déjà employce, il en tire da fuite maturelle des notes wf, ré, mi, fa, fol, la, fi, wr. » De la méme manière que M. Rameau emploie pour tirer dela baffe /o/, ut, fol, ut, fa, Véchelle fi, ut, ré, &c. il tire delarbañle fondamentale mi, la, mi, la, ré, la, ré, dérivée des fons-harmoniques inférieurs, l'échelle /0/, la, fi, ut, ré, mi, fa, qui, comme.on voit, eft celle.du mode mineur; & en tranfpofant les notes de la baffle, & y ajoûtant da note f, ilen déduit l'échelle 42, fi, ut, ré, mi, fa.diefe, fol diefe, la, uieft, comme on voit, celle du mode mineur la plus ufitée, dans laquelle le fz eft dièfe} parce qu'il eft la quinte du f, Le mode mineur eft donc plus fufceptible de variétés que le mode majeur ; mais en récompenfe celui-ci eft plis immé- diatement donné par da Nature, & à reçû, d'elle une force que le mode mineur ne peut avoir; le premier étant produit par la réfonnance du corps fonore même , & le dernier ne Tétant que parle frémiflement qu'il occafionne à fes! mul- tiples. ( f »71 En) t + On'a pü remarquer que toutes les bafles fondamentales dont nous venons de parler, marchent par quintes, dont les unes vont en montant & les autres en defcendant: il y a toüjours un repos d'harmonie à chacune de ces chûtes qu'on nomme cadences, C'eft-à-dire qu'on peut à chacune en de- meurer À , fans que l'oreille defire autre chofe ; mais il y a cette différence entre les quintes montantes & -les defcen- dantes , que les premières ne forment pas un repos fi parfait, auf des appelle-t-on cadences imparfaites, an lieu que les quirites defcendantes forment un repos abfolu , & fe nom- ment cadences patfaites. | Les échelles produites par des baffes fondamentales parti- Sicile eft peut-être le morceau d’Hiftoire le mieux écrit, plus complet & le plus exempt de fables, qui nous refte de l'Antiquité. Cette traduction eft le dernier ouvrage de M. l'abbé Terraffon qui ait paru ; il avoit pour lors atteint l'âge de Joïixante & dix ans, & fa fanté commençoit un peu à {e Ec ii 206 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE déranger. Il demanda la vétérance en 1741; mais ce ne fut que pour être difpenfé d'un travail qui devenoit trop fort pour lui : il ne cefla point d'affifler de temps en temps aux affemblées de l'Académie, & de prendre part, en vrai ci- toyen, à ce qui sy pañloit. L'âge qui s'avançoit toüjours, commença quelque temps avant fa mort, à altérer fa mé- moire, mais lui faifla toüjours le jugement auffi fain qu'il favoit jamais eu: enfin le dépérifiement du corps parut & annonça une fin prochaine; il mourut le 1 $ Septembre der- nier, âgé d'environ quatre-vingts ans. Son caractère étoit un grand fonds de probité & de naïveté ; fon ame étoit peinte toute entière dans fes dif- cours: il étoit fr éloigné de toute faufleté, qu'elle ne lui fembloit pas mème poffible ; il lui fufhfoit que ce qu'on lui difoit püt ètre, pour qu'il le crût. Dans une république compolce de citoyens pareils, on n'auroit eu nul befoin de loix : la droiture de fon cœur & la jufteffle de fon efprit lui avoient appris tout ce que les loix & la morale la plus pure pouvoient enfeigner fur tout ce qui regarde les affaires d'intérêt: aufli pendant le temps qu'il demeura dans la con- grégation de lOratoire , il y fut regardé comme un des plus éclairés dans la décifion de ces cas de confcience. On a trouvé dans fes papiers un traité manulcrit de l'infini créé, où, comme Philofophe, il porte au plus haut point l'étendue & la magnificence des ouvrages du Créateur, fans s'éloigner des principes de la Théologie fa plus exacte & la plus fcru- puleufe. F : Sa Philofophie ne lui permettoit pas de chercher à fe faire valoir. Le retranchement des defirs inutiles faifoit à fon égard le même effet qu'une fortune brillante; parfaite ment content de fon état il n'en ambitionnoit point d'autre: il aimoit le bien public avec paflion, & Ja politique qui le guidoit dans fes vües, avoit été puifée dans le même fonds que fa morale, dans la droiture de fon cœur. IL étoit libéral, & ne manquoit jamais l'occafion de faire plaïfir ; du refle, | à MNENS2 SUGIIE N:C ES 20 fingulier dans fes manières, extrêmement diftrait, & cela de la meilleure foi du monde & fans sen apercevoir. Sa manière de raconter étoit naïve & plaïfante; en un mot, il avoit tout ce qui peut contribuer à faire mener à un Philofophe une vie heureufe & tranquille, fans qu'aucun moment de fa longue carrière ait été expofé aux troubles que caufent les violens defirs à ceux qui, au lieu de chercher à s'en rendre les maîtres, deviennent leurs efclaves volon- taires. & DE PHYSIQUE, BARRES DES: REGISTRES “de l'Académie Royale des Sciences, De l'Année M. DC CL. EX PIE RJ E'NCES SUR QUELQUES EFFETS DE LA POUDRE À CANON, Ro Pa M pu HAMEL. ÿ D':;; le mois de Juin de l'année 1748 , je rendis 28 Févrie compte à l’Académie d'un évènement qui avoit paru 175°* fingulier aux Officiers d’Artillerie de Toulon: voici le fait | en peu de mots, car il eft bon de Je rappeler avant que de Mém. 175 0. “ 2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rapporter les expériences de mème genre que nous avons faites, M. de Morogues & moi, à Breft pendant le mois d’Aoùût dernier. Les Officiers d’Artillerie de Toulon s'étant propofé de faire crever de vieux canons de fer, pour en envoyer plus commodément les morceaux à une forge où on devoit les refondre, ils chargèrent un canon de huit livres de balle avec cinq livres de poudre, ils mirent un valet fur la poudre; & laiflant un pied de vuide, ils mirent un fecond valet qui étoit éloigné du premier de cette diftance ; ils remplirent le refte de la pièce avec de la glaife, qu'ils foulèrent le plus exaéte- ment qu'il leur fut poflible. On croit ordinairement qu'une arme eft fort fujète à crever. quand la balle ne pole pas fur la poudre, c'eft apparemment dans cette vüe qu'on avoit jaiflé un efpace vuide entre les deux valets. On defcendit la pièce ainfi chargée dans une. foffe,.-où on l'appuya par la culafle & les tourillons avec de bons pilotis ; enfin on traverfa le parement de la volée par un fort madrier, qu'on aflujétit encore par des pilotis. On mit le feu à la pièce avec une fance; fe coup éclata comme à l'ordinaire, mais on fut bien furpris de trouver la pièce entière fans être du tout endommagée: la glaife n'étoit point fortie, elle s'étoit feulement ramafée auprès du ma- drier qui traverfoit la volée, où elle étoit fort comprimée. Les Officiers d’Artillerie furent très-furpris de voir que Feflet de cinq livres de poudre fe füt diffipé en un inftant, n'ayant d'autre iflue que la lumière, qui n'avoit que 6 à 7 lignes de diamètre, & ils m'envoyèrent un détail de leurs opérations, que je communiquai à l'Académie. x L'été dernier, nous crûmes, M. de Morogues & moi; qu'il feroit bon de répéter cette expérience : nous primes pour cela un canon de fer de huit livres de balle qui avoit perdu un de fes tourillons ; & comme Ia pièce nous parut foible de métal, nous jugeimes à propos de n'employer que quatre livres de poudre au lieu de cinq que Mefieurs de Toulon avoient jugé être néceffaires pour faire crever dadeur, DES SCIENCES. A cette circonftance près, nous fuivimes de point en point . fout ce qui avoit été exécuté à Toulon; mais la pièce creva dans le fecond renfort en avant des tourillons, à trois pieds dix pouces du fond de lame: la partie de la volée depuis l'aftragale du collet jufqu'au parement, fut emportée en un feul morceau, étant reftée remplie de la glaife qu'on y avoit mife. Ayant examiné les morceaux rompus, nous découvrimes dans lépaifleur du métal, des chambres & des fouffûres très- confidérables qui affoiblifloient beaucoup la pièce; ainfi if n'eft pas furprenant qu'elle ait crevé, quoique moins chargée que celle de Toulon ; & cette expérience eft en pure perte, puifqu'on n'en peut rien conclure, finon que le canon que nous avons employé étoit très-mauvais. Comme il n'étoit guère poflible de réitérer beaucoup d’ex- périences fur des canons, nous nous déterminimes à n’en plus faire que fur de fortes culaffes de moufquet. | Nous choisimes donc un canon de moufquet de bon fer _ & bien fort; nous en fimes couper un bout du côté de Ia culaffe d'environ trois pouces de longueur, & à l'extrémité de ce petit canon nous fimes ajufter une contre-culaffe à vis toute pareille à la culaffe ordinaire que nous avions confervée: ce bout de canon avoit huit lignes de calibre, le métal avoit trois lignes d’épaifleur ; il reftoit entre les deux culafles une chambre cylindrique de onze lignes d'axe, & la lumière, qui étoit percée à une égale diftance des deux culafles, avoit en- viron un quart de ligne de diamètre. Nous remplimes exaétement cette chambre avec de bonne udre, elle en contint un gros & demi; nous ferrèmes bien fort les vis des deux culaffes, & nous pofâmes le petit canon forun madrier, où nous l'affujétimes avec de la terre glaife, enfin nous y mimes le feu avec .une lance. Le coup fut fec, & éclata comme un coup de fuñil ordi-: maire ; néanmoins le canon étoit refté à fa place fur la glaife, & il n'avoit point crevé, 2: Nous le fimes déculafler, nettoyer & repolir, & nous découvrimes une petite fente extérieure ou commencement sb a À ÿ 4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de rupture de deux lignes de longueur qui partoit de Ia lumière, dont l'ouverture étoit fenfiblement augmentée. En examinant l'intérieur, nous vimes que le métal étoit grave- leux, & qu'il y avoit trois commencemens de rupture fort fenfibles; néanmoins nous fimes couper ce canon vis-à-vis les ruptures, & nous reconnümes qu'elles ne s’étendoient pas fort avant dans le métal. On voit que nous avions attrapé par hafard précifément le point de charge que nous defirions, puifqu'un gros & demi de poudre étoit toute la charge que le petit canon pouvoit porter fans crever. Voilà l'expérience de Toulon répétée en petit, puifque leflet d’un gros & demi de poudre s'eft diflipé par une ouverture d’un quart de ligne de diamètre. Nous crümes devoir répéter cette expérience, avec cette feule différence que nous augmenterions un peu le volume de la poudre, pour faire crever le canon. La chambre de ce fecond canon avoit, comme celle du précédent, 8 lignes de diamètre; mais fon axe étoit de 14 lignes?, ainfi lame avoit un quart de plus de longueur que celle du canon de l'expérience précédente : la charge de ce canon fut de 2 gros. Le canon éclata, fuivant fa longueur, en trois morceaux, une des ruptures s'étant faite par le travers de la lumière, dont le diamètre étoit confidérablement augmenté, fur-tout en dedans, où le métal paroiïfloit comme fondu ; ainfi on voyoit clairement que la poudre avoit exercé fon effort à la lumière, où elle avoit agi comme un coin qui avoit eu affez de puiflance pour fendre & éclater le fer. Pour mieux faire concevoir la fingularité de cette expérience, il convient de parcourir fommairement les recherches qu'on a faites fur les effets de la poudre. Quelques Phyficiens confidérant que dans certaines cir- conftances les vapeurs fubitement dilatées produifoient des eflets furprenans, ont prétendu qu'il convenoit de chercher à expliquer les eflets de la poudre par la produétion inftan- tanée d'une grande quantité de vapeurs. mc DERSMBUCIT'E NC E's 5 D'autres ont effayé d'expliquer les effets de fa poudre, par Ja feule dilatation fubite & inftantanée de l'air qui eft con- tenu ou dans les grains de poudre ou entre ces grains; & la caufe dé cette prompte dilatation eft, fuivant eux, l’action d'un feu violent & fubit, qui, agiflant de toutes parts fur cet air, l'étend avec une vitefle incroyable: mais fi on sen tenoit aux expériences de M. Amontons, qui compare la chaleur de la poudre à celle qu'il faut pour faire fondre un petit morceau de verre, comme ce degré de chaleur ne peut dilater l'air que des deux tiers de fon volume, l'effet qui en réfulteroit ne paroît pas proportionnel à l'effet de la poudre. M. Varignon rapporte une expérience {Mém. de l'Acad. 1 69 6), Ï dit que M. Bernoulli ayant renfermé quatre grains de poudre dans un long tuyau de verre fcellé par en haut, & plongé dans l'eau par en bas, y mit le feu avec une lentille de verre, & qu'il reconnut par fabaiffement de l'eau dans le tube, que cette quantité de poudre avoit rendu en s'enflammant, un volume d'air égal à deux cens de ces grains: ainfr, fuivant cette expérience, le volume d'air produit feroit. au volume de la poudre, comme so eft à 1. - M. l'Abbé Nollet remarque fort à propos dans fes Leçons de Phyfique, que cette caule qui influe probablement für les effets de la poudre, ne paroït pas fufñfante-pour les expli- quer : n'importe, cette expémence de M. Bernoulli eft fort: belle, & peut fervir à rendre raifon dès phénomènes dont il s'agit. M. Haukfbée a fait une expérience qui prouve auffi que: la poudre enflammée dans le vuide produit un fluide élafti-. que durable : voici le détail de fon expérience. à H mit fous un récipient un fer rouge & un baromètre, il pompa l'air, & fit tomber une petite quantité de:poudre fur le fer rouge; le mercure defcendit beaucoup au° moment de lexplofion : {ur le.champ il remonta, mais jamais auf haut qu'il étoit avant l'inflammation: de la poudre. Cette-expérience prouve qu'il seft formé par 'explofion de la poudre, un: ii 6 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fluide élaftique: que ce {oit de l'air, comme le penfe M. Va- rignon, ou des vapeurs, comme le foupçonne M. l'Abbé Nollet, cela ne fait rien à ce que j'ai à dire, mais les vibra- tions du mercure prouvent que ce fluide eft élaflique; & de ce que le mercure a reflé un temps confidérable fans reprendre fa première hauteur, on en doit conclurre qu'il eft durable. Ce qui vient d'être prouvé au fujet de l'inflammation de fa poudre dans le vuide, a été dans l'air par l'expérience de M. Bernoulli. Mr: Boyle, Hales, &c. ont prouvé que dans les opéra- tions de Chymie il y a des matières qui produifent un fluide élaftique, & que d'autres mélanges abforbent ou dimi- nuent l'élafticité de l'air qui les environne; le fapêtre pro- duit beaucoup de ce fluide, les vapeurs fulfureufes en abfor- bent beaucoup : il faut donc que dans l'inflammation de 1a poudre, le falpêtre produife plus d'air que le foufre & le charbon n’en abforbent. M. Robins fait remarquer que dans les précédentes expé- riences, Je mercure ou l'eau baiffent beaucoup à l'inftant de l'inflammation ; & après plufieurs ofcillations, ces fluides s’ar- rêtent au deflous du point où ils étoient avant l'inflam- mation. Dans le premier inflant, la flamme augmente beaucoup l'élafticité du fluide, & les liqueurs font beaucoup abaifiées; quand la flamme eft éteinte, la chaleur n'étant plus auffr grande, l'élafticité diminue, & aufli-tôt les liqueurs remon: tent; & quand la chaleur eft diffipée, le fluide produit refte dans un état d’élafticité permanent. I n'eft point hors de propos de remarquer , d'après M. Häles, que les vapeurs fulfureufes peuvent bien abforber une partie de Fair produit, lorfque l'opération dure un cer- tain temps; car en ne comptant que fur le volume de cet air permanent, on ne fait peut-être entrer dans le calcul que la moitié de fair réellement produit. M. Hales a prouvé, 1.” que le fluide élaftique qui fe + 0. DES SCIENCES. 7 produit dans les opérations de Chymie, refle pendant des temps confidérables dans fon même état quand il a été: purgé des vapeurs fulfureufes. 2.° Que ce fluide eft de même poids que l'air que nous refpirons. 3.° Qu'il ef, comme lui, exten- fible & compreffible; d'où M. Robins conclud que fi fair étoit aufli promptement dilaté que le fluide que la poudre roduit, il feroit capable des mêmes effets. L'abaiflement du mercure dans l'expérience qu’on à rap- portée, eft proportionnel à la quantité de poudre qu'on a enflammée; d’où M. Robins condlud que la preffion du fluide produit par la poudre, eft exactement égale à fa denfité, Comme la poudre à çanon produit d'autant plus de fluide élaftique qu'elle eft de meilleure qualité, M. Robins avertit qu'il a fait fes expériences fur de la poudre de guerre; main- tenant il faut fe fouvenir que la chaleur augmente, & que le froid diminue l'élafticité du fluide dont il s'agit, & que la denfité &.le poids de ce fluide font égaux à un paréil volume d'air qui feroit dans une pareille température, . Cela pofé, puifque la feizième partie d'une once poids de marc, fait baïfler le mercure de deux pouces, quinze fois plus de poudre auroient entièrement rempli Je récipient d’un fluide de méme denfité que l'air que nous refpirons ;: & la, capacité de ce récipient étant de 520 pouces cubes, M: Robins en conclud qu'une once de poudré produira 5:75 pouces cubiques de ce même fluide. ; I examine énfuite de. combien cet air étoit dilaté par la chaleur, du fer rouge, qui avoit fervi à linflammation de la poudre; & après, toutes ces fouftraétions ; &:dans là fuppo- Bition qu'une once & une drigme.de poudre forment ‘un folide.de deux pouces eubiques, il-en. conclu. que le: volume du fluide produit, réduit à la denfité de l'air que noùs ref pions, eft au volume de k poudre; qu'on à enflammée, comme 244 Etaà 1. :; suSrnsib 8h éotipit 8 . Pour plus grande exactitude; M. Rôbins a répété cette même expérience quatre fois; fans employer! de fer rouge , Pour enflanmer Ja poudié, & ilia-été! conduit: au anème 8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE réfultat, qui s'accorde auffi très-bien avec les expériences que M. Haukfbée a faites dans l'air. Suppofons maintenant, avec M. Robins, que ce fluide, au lieu de fe dilater, fût retenu dans le même efpace qu'oc- cupoit la poudre à canon avant l'inflammation , l'élafticité de ce fluide étant égale à fa denfité, il auroit dans cet état 244 fois plus d'élafticité que fair ordinaire, ou il agiroit contre le corps qui lui réfifleroit, avec une force 244 fois fupérieure au poids de l’atmofphère , à quoi il convient d’ajoûter la grande augmentation que cette force recevra de l'extrème chaleur que produit lembrafement de la poudre ; & comme on peut comparer cette chaleur à celle d’un fer rouge, M. Robins fe propofa de déterminer par expérience, de com- bien l’'élafticité de l'air eft augmentée quand il eft pouffé au degré de chaleur d'un fer rouge. Pour cela, M. Robins prit un bout de canon de moufquet d'environ fix pouces de longueur ; un des bouts étoit abfolu- ment fermé, l'autre avoit la forme d'un cône qui fe termi- noit par une ouverture d'une ligne & demie de diamètre: ayant fait rougir ce canon dans une forge, il en plongeoït lorifice dans l'eau jufqu'à ce que le canon fût entièrement refroidi; & en comparant la quantité d'eau qui y étoit entrée, avec celle que le canon pouvoit contenir étant froid, il en concluoit que le volume d'air raréfié dans le canon, étoit à celui que le canon contenoit étant froid, comme 796 à 194%. Ainfi, pour avoir l'efpace que produit le fluide élaf tique de la poudre dilatée au moment de Fexplofion , ïl faut multiplier la mafle de la poudre par 244, qui eft la quan- tité de fluide élaftique produit & de même denfité que l’'at- mofphère, & enfuite augmenter le produit dans la propor- tion de 194+ à 796. Nos deux gros & demi de poudre formoient un cylindre de 8 lignes de diamètre, & de 11 lignes de hauteur; ce ui donne un fblide de 5 53 + lignes cubes. H faut multiplier cette fomme par 244, qui eft la quan- tité de fluide d'égale denfité que Fair, & qui eft produit par la DES SCLENCES L 9 la poudre: on aura 1349 66 £ lignes ; laquelle fomme il faut augmenter, à caufe de la raréfaction produite par la cha- leur, dans la proportion de 194+ à 796: ce qui donne. 5526965 lignes ou 319 pouces cubes, 1464 lignes cubes, plus 225 de fluide qui s'eft échappé dans un inftant, pour “ainfi dire, indivifible, par une ouverture d'un quart de ligne de diamètre. Nous avons déjà fait remarquer que le volume du fluide qui eft produit par la poudre, & qui égale deux cens qua- rante-quatre fois le volume de fa poudre, agiroit avec une force deux cens quarante-quatre fois fupérieure au poids de Yatmofphère, s'il étoit retenu dans uit efpace pareil à celui qu'occupoit la poudre: on vient de voir que, par la chaleur de l'inflammation , l'élafticité de ce fluide eft augmentée dans la proportion de 194+ à 796, dont le produit eft 999 + ou 1000; ainfi la preflion du fluide produit par la poudre eft égale à 244 multiplié par 1000, ou à 244000 fois le poids de l'atmofphère. On peut encore remarquer que quand on fait la méme expérience dans Fair, qui eft le cas de notre expérience, la raréfaétion de fair interpolé entre les grains de poudre, doit augmenter & Ja quantité du fluide qui eft forti par la u- mière, & l'effort de la poudre fur les paroïs du canon. EXPLICATION DES FIGURES. 1 figure première repréfente le petit canon garni de fes deux -culaffes. A À, le corps du petit canonkqui avoit 3 pouces de Ion- RS B B, la tête des deux culaffes qui étoient montées à vis aux deux bouts du petit canon. c, la lumière. La figure deuxième repréfente le tronçon du canon fuivant la Jigne a b. On voit la grandeur réelle de Ja bafe de a chambre cylia- drique, dont le diamètre eft de 8 lignes. Mém. 175 0. + B 10 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE On voit auffi l'épaiffeur réelle du métal, qui étoit de 3 lignes. La figure ‘troifième repréfente une coupe longitudinale du petit canon, faite fuivant la ligne de. On voit toute l'étendue Æ de fa chambre où étoit renferinée R poudre, & qui étoit terminée par les deux culaffes. FF, les deux culafles à vis qui fermoient [es deux extré- mités du petit canon. G, la lumiére. : , Û Mer, deLAe,R. des Se.1750 Lag.10, PL 1 ; LL 6 Mn vs P pe me 1) | Lol 0 0) D Jlm deLALR das Se. 1750 Pag 10. PL 1. Je Hunum eur. dc ir à ét | | | | | | | | | | | HRABLENSE Sc 7 EN CES 4 1# DE LA D DAHE ORIE DU. SOLE IL. 14 We Premier NV | Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. à il A de de 1 Terre au Sol a Ride tout temp de bafe & d'échelle commune pour mefurer les dimen- …_ fions de tous les Orbes céleftes; & la pofition refpective de …. … Ja Terre & du Soleil a toûjours été cenfé donnée, lorfqu'il s’eft agi de calculer la pofition de tout autre aftre: d'où ül _ fuit que ces mefures ne font certaines, & que ces calculs ne . font exaéts, qu'à proportion de la précifion avec laquelle on …_ connoit les dimenfions de l'orbite de la Terre, & ce qu'on - appelle en général Æs élémens de la théorie du Soleil. Ceft donc pour parvenir à une connoiffance de ces élémens, Ia … … plus parfaite qu'il eft poffble, qu'il faut employer tout ce ‘1 | qe V'Aftronomie moderne à pû imaginer de plus fufceptible … d'exactitude, foit dans la pratique des obfervations, foit dans art d'en tirer des conféquences. Ce n'eft pas ici le lieu d'expofer en détail tout ce que les Aftronomes ont fait fucceflivement, pour tâcher d'en- chérir es uns fur les autres; je n'ai garde de porter mon …. jugement fur le fuccès de leurs travaux: mais duflai-je courir - le rifque de n'avoir rien fait de mieux que ce qui a été publié jufqu'ici fur cette matière, j'efpère que vû fon im- portance, on me faura quelque gré d'avoir employé un temps très-confidérable, & d'avoir fait des efforts extraordinaires Pour atteindre à la plus grande précifion poffible dans l'état où eft aujourd’hui } Aftronomie, Je me fuis fait une loi d'être toûjours très-fcrupuleux dans. B ij Puis pet SUR DOENSOBE LUE. M E. NS 23 Juin 1750. , + 42 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les détails, & de ne jamais négliger les fractions de fecondes, foit dans les obfervations, foit dans les calculs qui cohcernent quelque recherche délicate; cependant, en me propofant de travailler fur la théorie du Soleil, je ne me fuis pas flatté de parvenir à ce point de précifion, d'être en état d'en dreffer des Tables propres à calculer les vrais lieux du Soleil qui s’accordaflent avét les vrais lieux obfervés, à moins de 5 fecondes près. Je me croirois fort heureux d'être afluré de les avoir à moins de 12 ou 15 fecondes; je ne pourrois éviter le foupçon de vouloir en impofer, fi je promettois une plus grande exactitude: j'ofe même dire qu'on ne peut en démontrer la poffibilité, dans l'état où eft l'Aftronomie; car quoique par le grand nombre de hauteurs correfpondantes ue jai prifes chaque fois, dans les circonftances les plus favorables, & que par Faccord de prefque tous les réfultats du calcul de ces obfervations, j'aie lieu de préfumer que les différences d’afcenfion droite entre le Soleil & la Lyre que j'en ai déduites, font exactes à moins de 5 fecondes près, cependant pour pafler d'une différence d’afcenfion droite entre le Soleil & une étoile, à la longitude vraie du Soleil, il faut faire entrer dans le calcul tant d’élémens, que ce feroit fe faire illufion à foi-même, que de s'imaginer avoir cette longitude à moins de 10 à 12 fecondes près, puifqu'on ne peut ré- pondre d'une feconde dans chacun de ces élémens, ni être affuré qu'on a employé tous ceux auxquels il faudroit avoir égard, & qu'on découvrira peut-être dans la fuite. Cette erreur poffible dans le lieu du Soleil obfervé avee le plus grand foin, pouvant être dans un fens oppolé à une pareille erreur dans les Tables dreflées fur les meilleures obfer- vations, on ne doit pas être furpris de trouver quelquefois 20 fecondes de différence entre lobfervation & le calcul; & il feroit inutile d'entreprendre de faire des Tables qui s'accordaffent mieux, avant que l'on ait porté l'art d'obferver, à une plus grande perfeétion, & que par une étude plus appro- fondie de la Phyfique célefle, on ait auffi perfectionné la théorie des mouvemens de la ‘Ferre, HN ZT D'EIS ESLG:I E N C ES 13 Après cet aveu, j'efpère qu'en trouvant ici des dixièmes de fecondes dans la plufpart des calculs, on ne me reprochera pas d'avoir voulu me parer d'une précifion extraordinaire, mais qu'on conviendra que j'ai eu raifon de les employer, pour éviter l'erreur de plufieurs fecondes entières, dans 1a- quelle j'euffe pû tomber en négligeant les fraétions de fecondes dans les longues opérations qu'il m'a fallu faire. Dans le deffein d'avoir quelque chofe d'exaét für la théorie du Soleil, qui ne fût déduit que de mes propres obfervations, je m'attachai l'année dernière à le comparer uniquement à la Lyre, & dans l'efpace d'environ dix-huit mois, j'eus plus de cinquante différences d’afcenfions droites entre ces deux aftres, déduites d’un très-grand nombre de hauteurs corref- pondantes. Ce font ces obfervations que j'emploie ici pour en conclurre les élémens de la théorie du Soleil; j'en ai fait le calcul en deux manières, lune en fuppofant le fyftème phyfique, qu'on peut regarder comme univerfellement reçû maintenant; c'eft le fujet de ce Mémoire: l'autre manière confifte à chercher quelques-uns des mêmes élémens par un calcul plus indépendant de tout fyftème phyfique; ce fera le fujet d’un fecond Mémoire qui fuivra de près celui-ci. APRUTITC LE À Des Obfervations qui ont [ervi à calculer les élémens de la théorie du Soleil. Les obfervations du Soleil faites proche de fes diftances moyennes à la Terre & près de la ligne des apfides, font les plus propres pour déterminer la figure & la pofition de fon orbite : voici un extrait de celles que j'ai faites dans ces circonftances; le détail en eft dans le Récueil d’obfervations fur les étoiles, que je compte publier inceffimment. . B iÿ 14 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Première Obfervation. LT RES DiFFÉRENCE | RÉDUCTION DIiFFÉRENCES # TEMB. d'afcenfion droite à Réduétion rédui nie A - 1 Ë Fo entre la Lyre |unemêmeEpoque pour tes à une même Epoque. à 8 & le Soleil, ou mouvemens rs. OR OR # 174%: |obferv. pour midi, du Soleil la Lyre. | Pr l'EÉquation | Sans l'Equation $ temps vrai. |enafcenfiondroite. lunaire. lunaire. EE ns | 5 |irad ge 1 |— 4 30 10 — 19,6 [rod 5’ 587 l 1084 s' 46",4 6 | nur. 42. 16, 8|— 3. 36. 3,7 1, 3 LS 6. 11, 8|%o8. 6. 2,1 7 lunos 48. 7 6[— 2. 4 59,4l— 1,0 l108. 6 7,2l108. 6. 1,1 | 8 | rog. 53. 56, o[— 1. 47. 57: als 0,7 |108. 5$. 57, 5l108. 5. 53,0 ' 9 | 108. 59. 58, o[— a. 53. 57» 8]— 0,4 |1o8. $. 59, 8|108. $. 57 7 10 | 108 6. 3,6|— 0. o o0,0|[— 0,0 |108. 6. 3,6|108. 6. 3,6 ar | ro. tr, $2,$|+ 0. 53. 56, 4 0,4 |108. $. 49,3|108. S. So, 9 MER ns Cha RE I NRA 108. 6. 1,1[108. 5. 56,4 Afcenfion droite de la Lyre. .. . ..... 277. 6. 416277. 6, 41, 6 Afcenfion droite du Soleil le 10 Sept. . . . . 1169. o. 40, 51169. d. 45,2 Deuxième Obfervation. 1749: Je Mars 25 | 8727 12,70 [+ 34 37 419] — out 4 545 26 | 88.21. 36,0 | 2. 43- 15: 7|— 91. 4 52, 8 27 | 89. 16. 6,0 |+ 1. 48. 50, 4] — DTA SNS | 28 | go. 10. 37, 5 |+ 0. $4. 24 9|— CLONE PE 29 | 91. 4 $6,0 [Ho 0. 0, 0|— 91. 4. 56,0 MH Che eee DS DIU 91. 4. 56,8 Afcenfion droite de [a Lyre . . . . . . . . . 277 CS 20 Afcenfion droite du Soleil le 29 Mars. . . . 8. 11. 49, 6 Troilieme Obfervation. 1749 ù Avril. 12 | ro3d sol 455$ [+ od 55” 9,0[. ..... ro4d4s” $2,/5[104d45" 52,5 13 | 104. 45. 54 0|+ 0. 0, 0,0]. ..... 104. 45. 54, 0[104. 45. $4 0 Milieu. 2 care (M STAR eu 104, 45e 53» 2|104. 45e 53, 2 Afcenfion droite de la Lyre . . . . . . . . . 277. 7@ 0, 8|277-. 7.10, 8 Afcenfion droite du Soleil le 13 Avril. . . . = 6 PDPDRERS LOS CAILE. N CE Shin Ds. Quatrième Obfervation. Se me DiFFÉRENCES DIFFÉRENCE RÉDUCTION d’afcenfion droite à Réduction | ; 1. à à JUIN | entre ta Lyre |unemémeEpoque| réduites à une même Epoque. 1749 & le Soleil, ou mouvemens Ann. 749 |obferv. pour midi, du Soleil a Lyre. l'Eusc mL temps vrai. [enafcenfiondroite. + Ha vi) ie ET 1904 9° ‘9,/o[—i1d 2° 22,7|. ...4., 1894 16° 46,/3|1894 6° 46,3 189. 6. 49, 5[—io. 0. 0,0[.....,1180. 6.,49, s|189. 4. 49, s ÉER EE D EN € 495 5] MANETTES EU Sea os 010 2189. 6..47; 9/189: 6. 47, 9 Afcenfion droite de la Eyre . . . . . . . .. 277. 7: 24 6|277. 7. 24, 6 ’Afcenfion droïte du Soleil le 19 Juin. . . . : 38. 0. 367] BB o. 36,7 Cinquième Obfervation. 1714 30” 39 7 171: 30. 39, 5 171: 30. 44 2 171, 30.41, 1 277: 7. 25,8 R05: 36. 447 Je... |n71430. 30,7 + 0. ‘© 0, 0!...,...1171. 30. 39, 5 Hi 1 36,7|. ....-|171. 30. 44,2 1714 32/ 21,%7]—I1d 1° 42,0 171, 30, 395 170, 29. 715$ Müller Lena NS ere else +171. 30. 41,1 Afcenfion droite de la Lyre , . .. .….. . . 4.277. 7..25, 8 Afcenfion droite du Solcil le & Juillet . . , .|105. 36.44, 7 Sixième Obfervation. IN T037:0|--10-,10:4 10,001.) cie 2e 118. 16. 37, o|118. 16. 37, 0 11722. 135 | 0. $4 32, 3|. dd... 118.16. 43, 8108. 16. 45, 9 116. 27. 35:21 1. 49. 1,01. ..... 118. 16. 36, 2|118. 16. 39,7 MATERNEL. ete Qu he 118. 16. 41, 1|118. 16. 41, 8 Afcenfion droite de la Lyre. . . . . . . . .. 277007. X8,/2|277.. 7. Afcenfion droite du Soleil le 30 Août. . . . . [158. So, 371 Septième Obfervation. 884 30° 45/0 |— od 54 33/0. . .... j 874 36’: 12,/0 87. 36. 10,0 |— 0. o. o,0o|., 87. 36. 10, 0 86. 41. 36, 3 |+ o. 54 38,21. ..... 87. 36. 14,5 Lies se tr S Cr ge Em in à 87. 36. 12,2 Afcenfion droite de Ia Lyre . . .., apr 1194 11/ 24//0|— où 54 37/0]. . .. . .[1184 16 + 16 447,5 *Afcenfion droite du Soleil le 3 O&tobre : . .|189. 30. $4, 6 16 MÉMoIrEs DE L'ACADÉMIE ROYALE Huitième Obfervation. EEE | DIFFÉRENCE RÉDUCTION DiIFFÉRENCES M d’afcenfion droite à Rédudtion | ,, . à À ARS | entre la Lyre |unemême F'poque _. réduites à une même Epoque. 1750 & le Soleil, ou mouvemens P D * : [obferv. pour midi, du Soleil la Lyre. is ee ANA temps vrai. |enafcenfiondroite. Par l'Equation | Sans l'Equation lunaire. - Junaire. RS ST | 2 | 664 8 s0,"o |+ 24 47 24,/5|— 1,5 | 684 56 13,0] 684 56 9," 3 | 67. 4 43:0 | ir. $r. 29, 2]— 4,0 | 68. 56 r1, 2] 68. 56, 7, 6 4 | 68 0. 39,0 [+ o. 55. 41, 4] — 0, 5 | 68. 56. 19, 9| 68. 56. 18,0 $ | 68. 56. 25,0 [+ 0. o. 0, 0|— 0,0 | 68. 56. 25,0| 68. 56. 25,0 8 | 71. 42. 39,2 |— 2. 46. 23, 9|+ 1, 68. 56. 16,8| 68. 56. 22,8 Müilieu:/ 55 SU PR SAR Eee «| 68. 56. 17, 6| G8. 56. 16, 5 Afcenfion droite de Ia Lyre . . . . . . . .. 2770 7. 125 0| 2770 7 TAr 0 Afcenfion droite du Soleil le $ Mars .. . ..[346. 3. 29, 6[346. 3. 28,5 Neuvième Obfervation. Mars. 30 | gd 45 22,5 | 31 38% 6,/8|— 2”, 01 95423" 27,31 95423’ 24,0 Avril. 2 | 94. 28. 45,8 | o. 54. 33, 8|— o, $ | 95.23. 19, 31 95.23. 17, 8 3 | 95: 23. 2730 j+ 0. 0 oo, of. ..... 9$° 23. 27, O| 9$. 23. 27, O ET E Bact te el AD EN Ole lai à 95: 23: 24» 4| 95:23. 22.9 Afcenfion droite de la Lyre.. . . . . . .. 1277 7.27: 4l27707 274 Afcenfion droite du Soleil le 3 Avril. . . . : 121 30° 51; 8Nr2:@o 50,3 On voit ici que pour ne pas multiplier inutilement les calculs, & pour être en même temps plus für des pofitions du Soleil que je me propofe d'employer, j'ai réduit à un feul & même inftant les obfervations qui ont été faites pen- dant plufieurs jours confécutifs, & que j'ai pris pour la vraie afcenfion droite du Soleil à cet inftant, celle qui réfulte d’un milieu pris entre toutes, & comparée à l'afcenfion droite de la Lyre pour ce même inftant. Pour faire ces réductions, j'ai calculé très-exactement les mouvemens diurnes du Soleil en afcenfion droite, & même, lorfque Son » DES USICUE NcEs 17 lorfque j'ai eu un grand nombre d'obfervations à réduire à une même époque éloignée du milieu, entre le premier & le dernier jour de l’obfervation, j'ai calculé les mouvemens diurnes apparens de la Lyre, qui réfultent de la préceflion des équi- noxes, de a nutation de l'axe de {a Terre, & de aberration caufée par Ja lumière: ces petits mouvemens font quelquefois de plus d'une demi-feconde par jour : enfin dans le même cas, j'ai eu égard dans les réductions, à une petite équation lunaire dont je parlerai tout-à-l’heure. Les afcenfions droites de la Lyre, qui font rapportées dans les obfervations précédentes, font tirées d’une Table que Jai intitulée, Ephémérides des mouvemens apparens de la Lyre en afcenfion droite ; elle doit être inférée dans le recueil d’ob- fervations dont j'ai parlé plus haut, & elle eft fondée fur le réfultat de toutes les obfervations que j'ai faites, pour avoir exactement l'afcenfion droite de la Lyre, qui eft la principale étoile à laquelle j'ai rapporté toutes les autres. On voit enfin que je n'emploie ici aucune afcenfion droite qui ne réfulte des oblervations de plufieurs jours confécutifs, ce qui, joint à ce que le foleil a toüjours été comparé à une même étoile, & chaque fois par un très-grand nombre d'obfervations, doit donner Ja plus grande précifion qu'on puifle avoir. Suppofant donc l'obliquité de l'Edliptique décroiffante uni- formément en vertu de Ja nutation de l'axe de la Terre, depuis 23% 28" 41", jufquà 234 28’ 37", dans l'intervalle du 10 Septembre 1748, au 3 Avril 1750, j'en ai conclu les Jongitudes du Soleil qui font dans a Table fuivante. Mais parce que felon la théorie de la pefanteur, la Terre doit être fujette à une petite irrégularité, qui eft l'effet de l'action de la Lune fur la Terre, j'ai cru devoir y avoir égard; M. Euler en a donné une Table dans fes Opufcules /p. 148): il y fuppofe la plus grande quantité de cette équation, de 1 $ fecondes. Je l'ai réduite à 12 fecondes, tant parce que, de l'aveu de M. Euler, celle de 1 $ fecondes eft trop forte, que parce que les obfervations les plus exactes, comparées entre Mém, 175 0. 18 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE elles, ne m'ont jamais donné une fi grande différence; ce que je ferai voir dans le Mémoire fuivant. Suppofant encore le lieu de l'apogée du Soleil le 1er Jan- vier 1749, dans 3f 8d 38” $ 1", & fon mouvement annuel, de 1° 3”, j'ai conclu les anomalies vraies du Soleil qui font dans la Table; les anomalies moyennes correfpondantes ont été calculées en fuppofant la longitude moyenne du Soleil our le commencement de 1749, dans of rod 15° 06”. La ‘Table fuivante a donc été conftruite pour avoir le mouvement du Soleil en anomalie vraie & moyenne, qui répond à l'intervalle entre deux des obfervations qui font dans la Table. TABLE des Olfervations pour le cakul des E‘émens de la Théorie du Sokil. Longitude du Soleil Temps moyen. obfervée, Anomalie moyenne, | Anomalie vraie. 1748. Le 10 Sept. alyih 56° 36" sf 184 21 sc"+ 21 11d 12° 54" af 4 24 25" 1749 Le 29 Mars à| o. 4. 48 | o. 8. 55. 21 | 8. 28. 20. 25 | 9. o. 16. 15 Le 13 Avril à| o. o. 25 | 0.23::39. oo | 9: 134117 16°! J9. 14.59 5x Le 19 Juin à| o. o. 44 | 2. 28. ro. 19 11. 19. 9. 24 |11. 19. 30. $9 Le 6 Juillet àl 0. 4 7 | 3. 14 22. 45 | 0. $. 54. si | o. 5. 43. 22 Le 30 Août à| o. o. 14 Sr 7033 02-07-0101) -e28 Ne RO Le 3 O& àl1r. 48. 57 | 6. 10. 21. 34 | 3. 3. 37. 17 | 3. 1. 41. 56 u75e. Le $ Mars à] o. 11. 49 un. 14. sr. 27+| 8 4. 26. 04 | 8. 16. 11. 23 Le 3 Avr à] o. 3. 20 | o. 13. 36. 21 9+ 3. o. 40 | 9. 4. 56. 1e ARE EAN CEE LL De la méthode Jüivant laquelle les élémens de la théorie du Soleil ont été calculés. La manière la plus directe de trouver les élémens de Ia théorie du Soleil dans l'hypothèfe de la pefanteur, & par le moyen des obfervations précédentes, eft d'en choïfir trois, dont deux aient été faites lorfque le Soleil étoit vers fes moyennes diflances, & la troifième, lorfqu'il étoit près de fon apogée; & ayant fuppolé le temps de la révolution comme | RES HONG EN: CE Se 19 bien connu, de déterminer géométriquement fa pofition & l'excentricité de l'ellipfe qui eft fa trajectoire. Plufieurs Géo- mètres ont réfolu ce problème, mais les méthodes qu'ils ont - déduites de leurs folutions, ne fe peuvent communément pratiquer que par voie de faufle pofition : le calcul même en eft fort compliqué, & cela d'autant plus que les orbites font plus excentriques. / La méthode que j'ai fuivie eft peut-être la moins élégante & la plus indirecte de toutes, mais elle eft fans contredit {a moins fujette à équivoque, & la plus expéditive: elle n'eft ni moins exacte, ni plus embarraffante, foit qu’on l'applique à une ellipfe prefque circulaire, foit qu'on lapplique à une ellipfe fort excentrique, telle que feroit celle d'une comète: pourvû qu'on connoïfle à peu près la pofition de la ligne des apfides & l'excentricité, il n’eft pas difhcile d'en faire tout le calcul en moins de deux heures de temps; & fi ces deux élémens étoient abfolument inconnus, il ne faudroit guère plus de quatre heures pour réfoudre totalement le problème. La grande facilité de cette méthode vient de celle qu'il ya vertir une anomalie vraie donnée en anomalie moy ns une ellipfe dont lexcentricité foit donnée ; il n'y “deux analogies fort fimples à faire, la première eft celle-ci : Comme la racine quarrée de la diflance périhélie, Eff à la racine quarrée de la diffance aphélie ; Ainfi la tangente de la moitié de l'anomalie vraie, Efl à la tangente de la moitié de l'anomalie excentrique. Cette analogie eft démontrée dans les Mémoires de l’Aca- démie, année 1746. _ Suppofant la moitié du grand axe — 1, on aura cette “feconde analogie : Le quarré du rayon Eff au produit de 57% 17" 44,8 par le finus de l'anomalie excentrique, | Ci 20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Comme l'excentricité Eff à un nombre de degrés, minutes à fecondes qu'il faut ajoû- ter à l'anomalie excentrique pour avoir l'anomalie moyenne, Voici maintenant comme je trouve les élémens de la théorie du Soleil, en y employant le temps de la révolution & trois longitudes oblervées. Je prends les différences entre les tiois Jongitudes obfer- vées, j'ôte de chaque différence la quantité du mouvement que l'apogée a eu pendant l'intervalle entre chaque obferva- tion, ou, ce qui revient au même, je prends les différences entre les trois anomalies vraies, que j'ai déduites des longi- tudes obfervées par le moyen du lieu de l'apogée, à peu près connu: ces différences me donnent deux arcs d’anomalie vraie. Par l'intervalle de temps écoulé entre chacune des trois obfervations, je calcule les deux arcs correfpondans en ano- mualie moyenne, Je prends enfuite une certaine quantité à volonté pour Fexcentricité, & un certain are pour l'anomalie vraie du Soleil au temps de la prentière oblervation; la théorie déjà à peu près connue, me fert à fuppoler des s fort approchantes des véritables. L’anomalie vraie que pofée, jointe aux deux différences d'anomalie vraie déduites des longitudes obfervées, me donne trois anomalies vraies hypo- thétiques, pour le temps de chaque obfervation ; je les con- vertis en anomalies moyennes par les deux analogies précé- dentes, & je vois fi les deux différences de ces trois anomalies moyennes font égales aux deux arcs d’anomalie moyenne, ealculés ci-deflus par l'intervalle entre les obfervations: ear dans ce cas, le problème feroit réfolu. Mais comme cette première hypothèfe ne peut réuflir que par hafard, je fais varier alternativement l'excentricité fuppolée & la première anomalie vraie fuppofée, pour avoir les quantités dont les anomalies moyennes varient à proportion ; & par ce moyen, je trouve facilement quelle excentricité & quelle première anomalie vraie il faut fuppofer pour avoir trois anomalies MENSSIGUILEN CES 2r foyennes, dont les différences foient égales aux deux arcs d'anomalie moyenne calculés par l'intervalle entre les trois obfervations. Le problème eft donc alors rélolu, & le refte du calcul pour trouver les autres élémens de la théorie du Soleil, ef très-facile : l'exemple fuivant fera comprendre aifément tout ce que je viens de dire, & fera voir le procédé du calcul. Prenons les obfervations du 29 Mars 1749, du 6 Juillet & du 3 Octobre de la même année : décrivons une ellipfe 1A O MA, qui repréfente l'orbite du Soleil ; foit la Terre au foyer en F, le lieu du Soleil, le 0 M 29 Mars, en M; le 6 Juillet, en 7; & le 3 OGobre, en O ; foit FA, la ligne des apfides. Par les différences des trois anomalies vraies de la Table précédente, nous avons les angles ZFM = 954 27 7", & 1FO = 854 58 34°; par les différences des trois anomalies moyennes correlpondantes dans Ja Table, Yarc d'anomalie moyenne qui répond à Z FM, eft de 974 34' 26", & celui qui répond à /FO, eft de 874 42'-26". Première Hpothéfe.| Seconde Hypothefe. Excentricité fuppofée . . ...... S'EhatbE 0,01681 0,01685 Première anomalie vraie fuppofée en A1....1894 50" o,'o|89t 50° o,'o - Donc anomalie vraie hypothétique en 1....| 5.37. 7,0| 5.37. 7,0 Anomalie moyenne en M calculée ( par les deux analogies). ............... 91. 45. 34, 6191. 45. 50,9 Anomalie moyenne en Z calculée demême...| 5.48. 34, 5| 5.48. 36,1 Somme de ces deux anomalies moyennes . ...|97. 34. 9, 1|97. 34. 27,0 Arc d'anomalie moyenne qui répond à FM. .[97. 34. 26, 0|97. 34.26,0 Différence, ou erreur de l’hypothèfe. . . ... — 16,9 L 1,0 Autre anomalie vraie fuppofée en A1....... 89. 40. 0,0|89. 40. 0,0 Donc anomalie vraic hypothétique en Z. . . .. SAT 07, O[I0SS 4720 07, 6 Anomalie moyenne en A calculée. . ....... 91: 35: 34, 7191. 55e 50, 9 Anomalie moyenne en J calculée. ........ ge 58. 54, 9| 5. 58. 56,6 Somme de ces deux anomalies moyennes. . . .|97. 34. 29, 6197. 34. 47, 5 Arc d'anomalie moyenne qui répond à ZFM. .|97: 34. 26, 0|97. 34. 26, 0 Différence, ou erreur de l'hypothèfe, . ..... + 36 C ii 22 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Faifant donc pour chacune des deux hypothèfes, comme la fonme des erreurs (on mettroit, comme la différence, f\ elles avoient le même figne) eff à la plus petire ; ainfi la différence des deux anomalies vraies, fuppofées en M, efl à la quantité dont il faut faire varier l'anomalie vraie en M, qui répond à la plus petite erreur: le figne de cette erreur fait voir dans quel fens cette variation le doit faire. Par ce calcul, on trouvera qu'il falloit fuppofer| Pire Fhpothèfe.| Seconde Hjpothefe. l'anomalie vraie en M, de ...... .....189%41" 45,"o|894 50° 24,"o Donc anomalie vraie hypothétique en I. . . ... 5-45 22,00. B61430 Anomalie moyenne en 44 calculée. . . ......|91. 37. 19,7|91. 46. 14,9 Anomalie moyenne en 1 calculée ....:.... Su 000, 3) 5.40 Somme de ces deux anomalies moyennes . .... 97: 34. 26, 0|97. 34. 26,1 Arc d’anomalie moyenne qui répoñd à FM ...|97. 34. 26, 0|97. 34. 26,0 Différence ou erreur de l’hypothèfe, . . ...... + 0,0 + o,1 Nous avons donc dans les deux hypothèfes, deux ano- malies vraies du Soleil en 47 & en Z, qui donnent le même mouvement en anomalie vraie, que celui qui a été obfervé dans l'intervalle du 29 Mars au 6 Juillet, & dont les ano- malies moyennes correfpondantes donnent auf le mouvement moyen en anomalie qui convient au même intervalle: refte à voir comment ces deux hypothèles donneront le mouve- ment en anomalie moyenne, qui convient au fecond intervalle de temps entre le 6 Juillet & le 3 Odobre, & qui doit être de 874 42’ 26", felon lobfervation. Voici le calcul qu'il faut faire. Puifque l'on a trouvé l’anomalie moyenne en I. ..| 5257" 6,"3] 5148" 11,2 Et le mouvement en anomalie moyenne qui répond à 1FO....... M RNEPE OO 87. 42. 26,0|87. 42. 26,0 On 2 donc l'anomalie moyenne en O. ......[93. 30. 32, 3193. 30. 37,2 Et puifque l'on a trouvé l'anomalie vraie en Z.. . .| 5. 45. 22, 0| 5.36. 43,0 Et que felon les Obfervations on a FO. ...[85. 58. 34, 0[85. 58. 34,0 On 2 donc l'anomalie vraie en O .........|91. 43. 56, ol01. 35. 17,0 La réduifant en anomalie moyenne, on a...,..|03. 39. 24, 5[93. 31. 2,7 Différence avec celle qu'on vient de trouver. . .. — 7, 8 + 25,4 IMADRENS USE Ù E N:C ES 23 Je fais enfuite, comme la fomme de ces deux différences (on diroit, comme leur différence, 1 elles avoient le même figne) eff à la plus petite, qui fe trouve ici dans la première hy- pothèle; ainfi la différence entre les deux excentricités fuppofées, eff à la quantité dont il faut faire varier l'excentricité qui répond à la plus petite différence, & le figne de cette différence fait voir dans quel fens la variation doit être faite: par exemple, jai 3312, font à 7"8, comme 0,00004, à 0,0000094; le figne — 7",8, différent du figne + 25,4, me fait voir que la vraie excentricité eft entre 0,01681 & 0,01685, & par conféquent qu'elle doit être de 0,0168194. Je fais encore, comme la fomme des mêmes différences eff à la plus petite, ainfi la différence des deux anomalies vraies fuppofees en M, eff à la quantité dont il faut faire varier celle qui répond à la plus petite différence : j'ai donc 33",2, font à 7",8, comme 8 {30° font à 2° 2”; il falloit donc fuppoler lanomalie vraie en A7, de 894 43° 47". Je réduis enfin cette anomalie vraie 894 43° 47” en anomalie moyenne, qui convient à l'excentricité 0,0 1 681 94 ce qui fe peut faire direétement ou fimplement par cette andogie, comme la fomme des différences trouvées ef? à la plus petite, ainfi la différence entre les excès des anomalies moyennes en M, calculées dans les deux hypothèfes fur les anomalies vraies fuppofées en M dans ces mêmes hypothèfes , eff à la quan- tité dont il faut faire varier l'excès dans l'hypothefe où eff la plus petite différence, pour avoir celui qui convient à l'ano- malie moyenne qu'on cherche fur l'anomalie vraie qu'on vient de trouver. Par exemple, l'excès de 914 37 19,7, fur 894 41° 45",0, eft 14 55° 34",7; celui de o14 46‘ 14,9, fur 89% 50’ 24°0, eft 14 55° 50”,9, la diffé- rence de ces excès eft 1 6”,2 : faifant comme 33,2, font 27,8, ainfr 1 6”,2, font à 4”,3, je trouve qu'il faut aug- menter de 4",3, l'excès 14 5 s' 347, de la première hypo- thèfe, pour avoir 14 5 5" 39” excès de l’anomalie moyenne cherchée für l'anomalie vraie, 894 43° 47": donc cette ano- malie moyenne eft 914 39° 26". 34 MÉMOIRES DE L'ACABÉMIE ROYALE Cela pofé, je calcule ainfi le refte des élémens. Puifque l’'anomalie vraie du Soleil le 29 Mars eft. . ...... Et que la longitude vraie a été obfervée . ..... Donc l'apogée eft dans Otant le mouvement de laogée depuis le 1.‘ Janvier 1749 . . 15,0 21 294 43° 47,0 esse 0. 8. 55.121,10 Le vrai lieu de l'apogée du Soleil pour l'époque de 1749 M. . 3. 8. 38. 53,0 La différence entre l'anomalie moyenne & fanomalie vraie, eft l'équation du centre. J'ai donc, Equation du centre. ..... same ie ceue cie ee 0° OÙ CRT OS HRIONES Longitude vraie obferyée . : . .. . .. .......% Ses cle. OO SIENNE Donc longitude moyenne du Soleil Ie 29 Mars. ........ o. 6. 59. 42,0 Mouvement moyen du Soleil depuis l’époque de 1749. .... 2. 26. 44. 25,0 Donc époque du mouvement moyen pour 1749. ....... 9. 10. 15. 17, @ Par de femblables calculs, j'ai comparé enfemble trois des obfervations rapportées dans la Table /page 1 8) après avoir choiïfi onze combinaifons les plus favorables pour donner exactement les élémens de la théorie du Soleil, & j'ai trouvé les onze réfultats fuivans. REG QG EPOQUE E PE Fu E » € la sas COMBINAISONS DES OBSERVATIONS. |de l’apog. du © LA hnoyenne Excentricité. es 7e pour 1749. 10 Sept. 1748. 19 Juin 1749. s Mars17so 10 Sept. 1748. r9Juin 1749. 3 Avr. 175013. 8. 41. 36 |9. 10. 15. 18, 0 10 Sept. 1748. 6]Juill. 1749. 5 Mars 17so 9. 10. 15. 16, 6 0,0168116 0,0168148 0,0168055 lo. 10. 15. 19, 3|0,0168134 9. 10. 15. 20, 1[0,016818z 9. 10. 15. 21, 3/0, 0168152 6 Juill. 1749. 3 Avr. 1750 10 Sept. 1748. 29 Mars1749. 19 Juin 1749 . 29 Mars1749. 6 Juill. 174913 9- 10. 15. 15, 6[0,0168188 9. 10. 15. 17, 0|0,0168194 9. 10. 15. 28, o|o, 0168466 19Juin 1749, 6 Juill. 1749. 3 O&, 1749 6 Juill, 1749. 3 O&. 1749 |3 29 Mars 1749. 29 Mars 1749. 13 Avril 1749. 9. 10. 15. 28, 3|0, 0168466 9. 10. 15. 24, 2/0, 0168548 En 13 Avrili749. 19 Juin 1749. 3 O&. 1749 13 Avrili749. 6]Juill. 1749. 3 Aoûti749 DUT CR PE RS CR DES SCIENCE Ss 25 .+ Æn prenant un milieu entre ces onze déterminations, on aura l'époque de l'apogée pour le commencement de 1749, dans 3° 84 38° 45", celle de la longitude moyenne, dans g! rod 15" 20",4, & l'excentricité, de 0,016824r. - Mais parce que les obfervations du Soleil, dont on s'eft fervi, étoient aflectées de la déviation caufée par la nutation de l'axe de la Terre, à laquelle on n'a pas eu égard juf- qu'ici, parce que cette déviation approchoit, pendant le cours de l'année 1749, du terme où elle eft la plus grande, & qu'ainfi elle na pas varié fenfiblement dans intervalle des obfervations ; il faut ôter 14,7 de ces époques, & l'on aura celle de l'apogée, dans 31 84 38° 30", & celle de la lon- gitude moyenne, dans of rod 15° 5,7. _ Sion ne veut pas tenir compte de l'équation lunaire dont Jai parlé, les nombres de Ja Table des obfervations /p. 18) feront un peu différens; on aura ceux-ci. TA BLE des Olfervations pour le calcul des élémens de la théorie du Soleil, fans avoir égard à l'E‘quation lunaire. Longitude du Soleil t; obf{ervée. Aromalie moyenne. | Auomalie vraie. #748. Le 10 Sept. . .| 5184 2° 53/2] 29 r1d 12° 54] 21 924 22/2 2749. Le 29 Mars. . .| o. 8. 55. 31 +] 8. 28. 20. 2$ | 9. 0.16. 2$ x Le 13 Avril . .| 0223. 38. $r 9-13. 7: 16 | 9. 14. 59. 42 _ Le 19 Juin...| 2.28. 10. 29 2|rr. 19. 9.24 |ur. 19. 31. 9 £ Le 6-Juillet..| 3.414 22.33 ©. 5-54 5x | o $.43. 10 Le 30 Août . .| 5: 7. 7-25 | 2. o. 7.10 | 1.28. 27. $2 Le 3 Odob.:.| 6. 10. 21. 22 US 377 UE) MAT 24 2750. Le $ Mars. .|rt. 14. $r. 19 8. 4 26. 4 | 8.16. 11. 14% £ Le 3 Avril, ..| o. 13: 3611 | 9. 3e. 0.40 | 9. 4.56. a. Min, 1750: | : “44 5 iè 26 MÉMOIRES DE L’'ÂACADÉMIE ROYALE Ayant recommencé tout le calcul fur ces déterminations,, j'ai trouvé les élémens fuivans. EPOQUE EPOQUE COMBINAISONS DES OBSERVATIONS. |del’apog. du © nl Aires poney 40) pour 1749. Excentricité. 10 Sept.1748. roJuin 1749. $ Mars 17so|3f 84 50! 31% {of 10 15° 10,6|0,0168z20o1f 10 Scpt. 1748. 19Juin 1749. 3 Avrili75o|3. 8. 52. 7 |9. ro. 15. 5, 8|0,0168151k ro Sept. 1748. 6 Juill 1740. 5 Mars 175013. 8. 35. 26 |9. ro: 15. 9, 7|0,0167910. ro Sept. 1748. 6Juill. 1749. 3 Avrili7so)3 10 Sept. 1748. 29 Mars 1749. 19 Juin :7409|3. 10 Sept. 1748. 29 Mars174o, 6 Juill. r749|3 . 44 37 |9: 10. 15.23, ol0, 0168365} 8 . 8. 33. r6 |9. 10. 15. 17,.110,0168046 8 8. 27. 48 |9. ro. r$. 26, 8|0, 0168224 29 Mars1749. 19 Juin 1749. 3 O&. 1749|3. 8. 46. on [94 105.15. 17, o|0, 01684608, 8 29 Marsr74o.. 6Juill. 1749. 3. O&. 174913: 8. 34 6 |o. 10. #5. 16, 8|0, o1 68470 13 Avrili740. 6Juill. 1749. 3 O& 174913. 8: 32. 10 |9. ro. 15. 20; 5|o, 0168470] 13 Avrili749. 19 Juin 1749. 3 O&. 1749 | 3. 8 13 Avrili740. 6 Juill. 1749. 30 Aoûti1749|3. 8. 33. Le AD DSTI RE EX TC VE DEUST . 47: 9 |9- 10. 15. 26, 6|0,.0168417 3. 0|0- "#0. 7 18 2 CEA ë RS LO ATEN LL MIUEECETRE EU EDS EL AN En prenant un milieu entre ces onze réfultats, l'époque de l'apogée du Soleil pour le commencement de 1749, eft 3f 8d 39° 40”, eelle du lieu moyen du Soleil eft 9f ro 15' 17",5, & l'excentricité, 0,0168293. ArRTICEE FLE Réflexions fur les calculs précédens: £ En comparant enfemble les réfuitats des calculs précé- dens, on voit que les élémens de la théorie du Soleil que jai déduits des obfervations corrigées par l'équation lunaire, font à très-peu près les mêmes que ceux que j'ai conclus fans avoir égard à cette équation; mais l'accord de ceux-ci. ne vient évidemment que du grand nombre de déterminations différentes entre lefquelles j'ai pris un milieu: car ces déter- minations s'accordent moins bien entre elles que celles où Ton a eu égard à l'équation lunaire. Dans celles-ci le lieu de: Fapogée eft entre 84 3 s/, & 84 43’ du Cancer, c'eft-à-dire;, DES Sciences 27 éntre des limites de 8 minutes : dans celles où on a négligé Yéquation lunaire, ces limites ont 24 minutes d’étendue, depuis 84 28’ jufqu'à 84 5 2". Dans les premières, les deux époques de la longitude moyenne, les plus écartées, diffe- rent de 12"+; dans les autres, elles different de 2 1 fecondes: le préugé elt donc pour l'équation lunaire. IT. L'apogée du Soleil fe trouve ici plus avancé de 10 à 12 minutes que dans les Tables de Mrs Caffini & Halley; fa pofition s'accorde fort bien avec celle que j'ai déterminée dans les Mémoires de l'Académie, année 1743 (p. 190). III. L'époque de fa longitude moyenne du Soleil déduite des calculs précédens, donne le lieu moyen du Soleil plus avancé de 11 fecondes que dans {es Tables de M. Cafini, de 36 fecondes que dans celles de M. Halley, & de 25 fecondes que dans celles de M. Flamfteed. Cette différence confidérable ne doit pas rendre fufpeéts les élémens que j'ai trouvés, ni ceux de ces ïlluftres Aftronomes; car j'efpère. démontrer évidemment dans le Mémoire qui fuivra celui-ci, e la principale raifon en eft que la grandeur de l'année faire eft à préfent plus petite que celle qui a été employée par ces Aftronomes; que par conféquent le mouvement moyen du Soleil qu'ils ont inféré dans leurs Tables, eft trop lent: & comme la principale époque du lieu moyen du Soleil qu'ils ont déduite des obfervations fur lefquelles ils ont fondé leurs théories, a été établie il ya plufieurs années, & con- formément à l'état du ciel pour lors; celles auxquelles nous a réduifons pour le temps préfent, ne font plus aflez avancées, 05% 0 SAN Ci Dj 8 Avril 750. 28 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DE LA CONNOISSANCE DEROETERRES PRECTE CSA Par M. D'AUBENTON. UOIQUE les Pierres précieufes aient été recherchées dans. (@) tous les temps, que dans toutes les nations civilifées on: en ait fait un des principaux objets du Commerce, & qu'on les ait regardées par tout comme la repréfentation du plus grand luxe, les Naturalifles femblent avoir négligé cette belle partie. de l'Hifioire Naturelle, & même Favoir abandonnée-aux gens. d'art. Les Jouilliers & les Lapidaires font les maîtres de donner. le nom qu'il leur plait à toutes {es pierres qui ne font pas d'un ufage ordinaire, & ils peuvent faire pafier les unes pour des auires, en confondre plufieurs enfemble, & changer les noms, fans courir Île rifque- d'être convaincus d'erreur. Rementons à la fource de cette confufion de noms, & tichons d'en découvrir la caufe. Toutes les pierres font nommées dans la plufpart des anciens auteurs d'Hiftoire Na- turelle, & fouvent le nom eft fuivi de la defcription.. Pline a écrit fur cette matière un Livre entier : il paroït que ce grand Naturalifle a eu pour objet de défigner les pierres, & de les décrire aflez poux que l'on püt les reconnoître; cependant on ne fait plus à queiles pierres conviennent cer- tains noms, & la plufpart des Auteurs qui ent écrit depuis Pline, n'ont fait que le copier, fans le rendre plus intelli- gible. Pour peu que Von ait parcouru les différens Ouvrages que lon a fur cette matière, il eft aifé de reconnoître qu'ik ya plus de noms & de defcriptions dans les Livres, qu'ik n'y a d'efpèces de pierres dans fa Nature: H réfulte de-là une: obfcurité qui augmente encore par le defordre qui règne dans les defcriptions, & par le peu de liaifon qu'elles ont entre elles. L'ordre qui paroît avoir été fuivi pour la diftinétion des diverfes efpèces de pierres, eft le plus fouvent Lx IL ne DES SCTENCES. ä relatifà leur prix, & il femble qu'on ait eu plus d'égard à Jeur valeur arbitraire qu’à leurs qualités eflentielles; ou fi l'on a employé quelqu'une de ces qualités, on ne s'efl prefcrit aucune règle certaine pour prévenir l'équivoque dans les noms, & pour éviter la confufion dans les chofes. - Lorfqu'on à diftingué les pierres précieufes par les degrés. de Ja tranfparence, on n'a pas pü confondre les pierres opa- ques avec les pierres tranfparentes; mais da troifième che, qui contient les demi-tranfparentes, n'a jamais été bien dé- terminée : plus les nuances ont été difficiles à faifir, parce qu'elles approchoient plus ou moins de {a tranfparence par- faite ou de l'entière opacité, plus il a été difficile de les défigner & de les reconnoître. La defcription des pierres eft donc devenue très-obfeure par cet inconvénient, & les dénominations des couleurs ont achevé de li rendre prefque inintelligible: car en employant même les difiérentes nuances de la tranfparence & de l'opacité, il n'étoit pas poflible de décrire les pierres exactement fans faire mention de leux . couleur. Ce dernier caraétère a toûjours été un de ceux qui ont paru les plus propres à les faire reconnoïtre; en efet, ceft le plus apparent. On a donc dénommé chaque eou- leur dans les pierres, & de plus, on a voulu exprimer les teintes & le mélange des couleurs; pour cela on a cherché des termes, on a fait de nouvelles expreflions, on en mème employé de compofes, & l'on a peu réufli : l'œil faifit ées nuances que lon ne peut exprimer dans. aucune langue. On ne fait comment fixer la fignification des mots pour défigner toutes les. variétés des couleurs : il n’eft donc pas étonnant que nous ne puiflions pas reconnoître les vraies couleurs des pierres par les defcriptions qui. nous reftent des. Anciens, puifque fur cette matière nous ne pouvons pas nous fire entendre dans notre propre langue. © Etant obligé de renoncer à toute defcription, lorfqu'il eft queftion de couleurs, je me fuis propolé de rechercher dans da Nature même un objet de comparaifon qui fût affez étendu pour répréfenter tout ce que je ne pouvois pas décrire, & D üj 30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE affez conftant pour ne jamais caufer d'erreur. Je crois avoir réufft dans cette recherche par l'habitude que j'ai depuis plu- fieurs années de voir, pour ainfi dire, à toute heure, da nombreufe collection de pierres précieufes qui eft au Cabi- net du Roi. Après avoir d'abord examiné f1 de toutes leurs qualités les couleurs étoient vraiment le caraélère le plus propre à faire diftinguer les différentes efpèces , je me fuis convaincu par plufieurs expériences, dont je ne dois pas rendre compte ici, que ni la dureté, ni le poli, ni la pefanteur fpécifique, ni toute autre propriété des pierres, ne peut faire un carac- tère auffi certain & auffi évident que la couleur. Enfuite j'ai imaginé que l'on pouvoit rapporter les couleurs de toutes les pierres au fpectre folaire que le prifme donne par la réfraétion des rayons de lumière, & tirer de cetie comparaifon des con- noiffances invariables dans les détails les plus étendus. Ayant vû dans les pierres précieufes les couleurs relatives aux fept dénominations principales du fpettre, par exemple, le rouge dans le rubis fpinel, lorangé dans l'hyacinthe, le jaune dans la topaze, le verd dans l’émeraude, le bleu & d'indigo dans les faphirs, & le violet dans lamétifie; j'ai vü de plus que toutes les couleurs mélangées des pierres étoient de mème relatives aux couleurs intermédiaires du fpectre, & qu'elles fuivoient exactement le même ordre; par exemple, le rubis balais, qui eft d’une couleur rouge mêlée d'orangé, & l'hyacinthe appelée hyacinthe la belle, qui eft d'une cou- leur orangée mélée de rouge, correfpondent à des couleurs intermédiaires du fpeétre qui font entre Îe rouge & l'orangé; la topaze du Bref, qui eft d'un jaune mélé d'orangé, cor. refpond à une couleur intermédiaire entre lorangé & le jaune; le péridot, qui: eft d’un verd jaunâtre, correfpond à une couleur intermédiaire entre le jaune & le verd ; l'aigue- marine, qui eft d’un verd mélé de bleu, correfpond à une couleur intermédiaire entre le verd & le bleu. H y a, comme je l'ai déjà dit, des faphirs bleus & des faphirs de couleur indigo. Il y en a auffi qui ont des couleurs correfpondantes aux couleurs intermédiaires qui font entre le bleu & l'indigo, RS PT CR EE MES S'CTENCE S jt On voit quelques teintes d'indigo & de violet dans certaines. pierres que l’on confond avec les faphirs & avec les amétiftes ;. ces teintes correfpondent aux couleurs intermédiaires entre l'in- digo & le violet. Les couleurs des deux extrémités du fpeétre font rapprochées & miélées dans quelques efpèces de pierres, comme dans le rubis oriental, où l'on voit un mélange de rouge & de violet. Ainfi, pour conftruire exaétement l'échelle des couleurs des pierres, il faudroit que le fpectre folaire for- mäât un cercle en fe rapprochant par fes deux extrémités, de forte que le violet anticipât fur le rouge. Quoiqu'il foit im- poflble de donner cette figure au fpedtre, on fait qu'il eft aifé d'y fBpléer en expofant deux fpeétres de façon que l'extrémité: fupérieure de lun anticipe fur l'extrémité inférieure de l'autre. + L'opération que l'on a à faire pour rapporter les couleurs: des pierres à celles du fpectre, eft fort fimple & fort aifée, même pour les gens qui ne font point exercés aux expé- xiences d’Optique: Lorfqu'on a fermé une chambre de façon: qu'il n'y entre aucune lumière, on perce dañs le volet d’une: fenêtre expofée au foleil deux trous de deux ou trois lignes de diamètre, à côté l’un de l'autre, & à un pied de diftance; enfuite on monte de la façon ordinaire un prifme équilatéral,, pour recevoir le rayon du foleil qui pafle par Fun. des trous. du voiet, & qui forme le fpectre au fortir du prifme; ül entre par l'autre trou un autre rayon qui traverfe la chambre fans [ubir aucune réfraétion. Les chofes étant ainfi difpofées,. wn prend une planche fort mince dans laquelle on a fait deux coulifies parallèles. pofées à côté une de l'autre à un: pied de diftance, & mobiles de haut en bas & de bas en haut ; on pérce-dans chaque couliffe un: trou de deux lignes. de diamètre, & lon applique fur le trou de l'une des cou- diffes la pierre que lon veut comparer, & fur le trou de Vautre coulifle un morceau de criftal à peu près femblable- à la pierre précieufe, foit pour l’épaiffeur, foit pour la taille: Les deux pierres étant attachées fur la même face de la planche, on reçoit fur l'autre face le fpetlre & le rayon de lumière non réfracte à la diflance de quinze pieds du prifnie, 32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & dans la pofition où la lumière non réfraétée tombe fur fa pierre précieule, & où le criflal eft coloré par le fpeétre: alors on pañle: derrière fa planche, & on voit la pierre pré- cieufe bien éclairée fur la largeur de l'orifice dans lequel elle eft enchafée, & le criftal fe trouve coloré par le fpeétre: On hauffe ou on baifie le criftal au moyen de la coulifie, jufqu'au point où la couleur que lui donne le fpectre, devienne femblable à celle de la pierre précieule : on peut fes com- parer aifément, puifqu'on les voit tous les deux à la fois, & qu'il n'y a que ces deux objets qui foient vifibles, Le criftal reçoit par ce moyen la couleur, les nuances & les mélanges de toutes les couleurs des pierres précieufes#mais c'eft par une feconde opération qu'on lui donne les teintes ou les dégradations de chaque couleur. Pour cela il fuffit de J'approcher ou de l'éloigner du prifme; plus il en eft près, lus fa couleur eft foncée; plus il eft loin, plus fa cou- leur eft foible. Cependant on eft obligé de {e prefcrire des limites : car fi on approche du prifme de plus près de quinze pieds , le fpeëtre que l'on reçoit à cette diftince n'étant pas aflez développé, la partie qui pañle par un orifice de deux lignes de diamètre, porte des couleurs trop fenfiblement diffé- rentes ; il faudroit dans ce cas rétrécir l'orifice, mais alors on w'auroit plus afiez d’efpace pour bien juger de la couleur qui tomberoit fur le criftal : on n'eft jamais expolé à cet inconvénient, parce qu'à quinze pieds la couleur du fpetre a aflez d’intenfité pour furpafler celle des pierres les plus foncées. Si on vouloit comparer des pierres d’une teinte très- foible, on feroit obligé de les éloigner à une f1 grande dif- tance, que l'efpace de la chambre n'y fufhroit pas ; pour prévenir cet inconvénient, on tire le crifll de l'orifice dans lequel il étoit enchàffé, & on met à la place un verre con- cave, qui, en rendant les rayons divergens, afloiblit {a couleur; enfuite on préfente le criftal enchäflé de nouveau ans un autre orifice pareil au premier, &- on le met à Ja diftince du verre concave où la couleur qu'il reçoit eft femblable à celle de la pierre précieule. Si on veut comparer des MAPDES SCUENCES 33 des pierres montées, on laïfle vuides les trous des couliffes qui ont dans la planche, & on fait pafler par un un rayon de dumière non réfratée, à laquelle on expofe la pierre précieufe, & par l'autre une petite partie du fpeétre que l'on fait tomber fur un criftal monté à peu près comme fa pierre précieule. If y a des pierres qui, comme les topazes de Bohème, ont une légère teinte de brun ou de noir: on peut aufii les imiter au moyen d'un verre légèrement enfumé, à travers lequel on fait pafer le rayon coloré. Voilà donc les coufeurs des pierres comparées dans tous les cas à celles du fpectre auxquelles elles correfpondent : il ne refte plus qu'à conflater le point de la comparaifon de chaque pierre, afm que l'on puiffe retrouver la couleur fans avoir la pierre. Pour cela, il faut d’abord graduer le fpectre en divifant chacun de fes intervalles en plufieurs parties égales: cette échelle eft la bafe d’un triangle dot le fommet aboutit au prifme; cette bafe, avec fa graduation, eft tracée fur la planche à côté de la couliffe qui porte le criftal. La plus grande difficulté étoit de faire tomber le fpectre précifément fur cette bafe, fans qu'il débordât en haut ni en bas: on fait que les extrémités du fpeétre ne font terminées que par une lumière qui difparoït peu à peu dans l'ombre ; par con- féquent on ne peut pas y fixer un terme évident que lon puifle rapporter exactement aux extrémités de la bafe. Ce- pendant, fr je n'étois pas parvenu à ce point d'exactitude, toutes les comparaifons de couleurs que j'aurois pù faire, raurojent été fujètes à des erreurs continuelles; maïs j'ai trouvé un moyen certain de les éviter. Les deux rayons de lumière qui entrent dans fa chambre à travers les deux trous du volet, font toûjours dans la même direétion lun par rapport à l'autre, quoique la hauteur du #oleil change. Je fais conflamment dépendre la pofition de Aa bafe graduée, de celle du difque de lumière que le rayon non réfraété produit fur le carton, & dont la place eft mar- quée par un trait circulaire. La direétion de ce même rayon fert de règle pour la direction du fpeétre; par exemple, à em. 175 0: ; MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE telle hauteur du foleil avant midi, l'endroit du fpectre où : M. Newton a placé la ligne qui fépare le rouge de l'orangé, fe trouvant à telle diflance au deflus du centre du difque de lumière non réfraétée, cette diftance fera toûjours la même, fr, à mefure que te foleil s'élève, on fait tourner le prifine dans. l même proportion. ‘Il eft très-facile de réduire ce mou- vement à la plus grande précifion : fufht de faire palier le rayon de lumière non réfractée par un petit tuyau attaché à une branche qui foit une continuation de l'axe du prifme; dès que le difque. de lumière commencera à séclipfer fenfi- blement fur la planche, on fera aveïti qu'il faut hauffer le- prifme & tourner fon axe: on rend par ce mouvement le tuyau parallèle au rayon qui paie à travers; en même temps. on élève la planche pour que le difque de lumière occupe le- cercle qui y eft figuré. Avec ces précautions, on eft bien für que le fpectre eft tofljours exactement pofé fur la bafe graduée; en pourroit mème s'épargner la peine de toucher fi fouvent au prime & à la planche, en appliquant à chacun une petite ma- chine pareille à celles que l'on appelle Aéhoffates. On auroit pü fe convaincre par la feule théorie des cou- leurs, que les moyens que je viens d'indiquer ne peuvent pas manquer de donner une idée jufte de la couleur de toutes les pierres précieufes ; l'expérience l'a pleinement confirmé. -On peut donc être afluré de: pouvoir imiter fidèlement avec: le fpectre , toutes les couleurs des pierres, toutes les nuances & tous les mélanges de leurs couleurs; mais on pourra dire que puifqu'il y a des nuances prefque à l'infini dans les cou- leurs, il y aura auffi une infnité d'efpèces de pierres, & que par conféquent il ne fera pas poflible de fixer les termes. des divifions pour difiinguer les différentes efpèces & pour déterminer leur nombre. À cela je réponds que je ne pré- tends pas déterminer le nombre des efpèces, ni déeider les termes de leurs divifions.: il y auroit de la témérité à ofer compter les différentes produétions naturelles dans aueun genre, FEftre fuprème qui les a créées eft feul capable de- comprendre & de: développer le fifféme de la Nature dans toute {on étendue, DES SCIENCES. Les fpt dénominations principales des couleurs défigne- ront fept genres de pierres précieufes : on rapportera à cha: cun de ces genres, non feulement les pierres qui auront fa couleur qui y eft dénommée, mais encore toutes celles qui auront des couleurs correfpondantés aux couleurs intermé- diaires qui fe trouvent dans l'efpace que M. Newton à déter- miné dans de fpectre pour la couleur dénommée. Voilà un moyen de reconnoître les efpèces de chaque genre; mais if m'eft pas fans exception. Je fuppofe que l'on ait une pierre dont da couleur foit femblable à celle qui fe trouve dans le fpectre à l'endroit de la féparation du rouge & de l'orangé, fa couleur fera également mêlée de rouge & d'orangé; ainfr lle appartiendra également au genre des pierres rouges & à celui des pierres de couleur orangée : auquel a rapporter? Voilà la difhculté, qui‘eft infurmontable par toutes les mé- thodes, & que l'on ne peut vaincre que par l’objet de comparaifon ; dès qu'il nous préfente la vraie couleur de cette pierre, nous connoïflons parfaitement fon efpèce, & da connoiflance du genre nous dévient inutile. H n'eft pas plus poflible de compter les efpèces, que de déterminer exactement l'étendue des genres. Le Mélange de deux couleurs peut être varié prefque à l'infini; mais cepen- dant toutes les pierres dans Jefquelles le mélange des couleurs fera fenfiblement différent, peuvent être rapportées aux cou Jeurs intermédiaires auxquelles elles correfpondront dans le Spectre : ainfi on réconnoïtra toutes les efpèces, fans qu'il #oit néceffaire d'en favoir le nombre. Chaque degré fenfible dans le mélange des couleurs des ‘pierres, conflituera donc une efpèce particulière; mais les dé- fgradations de chaque couleur ne feront regardées que comme des variétés : en effet, on voit le plus fouvent différentes “teintes dans différens endroits d’une même pierre. La briéveté que je me fuis prefcrite dans ce Mémoire me me permet pas de donner toute la fuite de ma méthode pour la connoïffance des pierres#préciéufes, je dirai feule- ment que je divife ces pierres en trois élafles générales ; {a E j 36 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE première comprend les diamans; la feconde, les pierres que l'on appelle orieutales ; & la troifième, les pierres occi- dentales, au nombre defquelles le criftal de roche doit être mis. On trouvera des pierres de toutes couleurs dans chacune de ces trois elafles, même dans celle des diamans : les claffes feront diftinguces par les différens degrés de dureté, que l'on peut reconnoitre par le poli & par le poids. Les pierres fines, ceft-à-dire, les cailloux, les agates, les chalcédoines, les far- doines , les cornalines , les jafpes, & autres pierres de même nature, feront une feconde branche de cetie méthode. Après ce que je viens de rapporter des moyens de recon- noître les pierres précieufes par la comparaifon de leurs cou- leurs avec celles du fpeétre folaire, je puis dire que ce n'eft que par cette méthode qu'il eft poffible de fe faire une idée jufte & précife d’une pierre-que l'on ne peut pas voir. Pour le prouver, je fuppofe qu'un Naturalifte fe trouve au royaume de Pégu, & quil y rencontre une pierre qui mérite, par la beauté de fa couleur, d’être connue dans toutes les parties du Monde: je fuppofe de plus notre Afiatique expérimenté, dans le conumerce des pierres précieufes, & favant en Hif- toire Naturelle: avec ces connoiffances il faura d'abord diftin- guer {1 fa pierre eft un. diamant, ou fi c'eft feulement une pierre orientale; il comparera fa dureté, & par-là il donnera. une idée de fon. poli; il rendra compte du poids de cette pierre, il en exprimera la figure, il dira fi elle eft nette, ou bien il détaïllera les défauts qui sy-trouveront. Toute cette defcription lui fera facile; mais lorfqu'il faudra défigner le mélange, les nuances & les teintes de couleur qu'aura fa. pierre, lexpreflion lui manquera, & il ne pourra jamais faire entendre aux autres ce qu'il aura vü. Si nous apprenons. à cet Indien comment il peut comparer les couleurs des pierres - précieufes. à celles du fpectre folaire, d'abord il fera une copie de la fienne parfaitement reflemblante à l'original; & dès. qu'il aura indiqué fur l'échelle du fpettre le degré auquel on doit s'arrêter, on pourra voir à Paris la vraie couleur de L pierre qui fa au Pégu : on l'imitera fur le criftal, & DIE SMSNC LE N C'E'S on en verra une image fidèle & invariable; les Naturaliftes définiront fon genre & fixeront fon elpèce, les Joailliers jugeront de fa beauté & décideront de fon prix, enfin cette pierre fera bien connue. On pourra aufir déterminer de com bien de degrés eile eft plus où moins colorée qu'une autre, & quelles nuances on y ajoûteroit en la montant fur telle ou telle feuille. Si Pline avoit eu cette méthode, nous connot- trions parfaitement aujourd’hui les pierres des Grecs &des. Romains: j'efpère qu'avec ce fecours nous pourrons tranfmettre à la poftérité une idée jufte de celles que nous avons. La plufpart des Naturaliftes, fur-tout les Méthodiftes & les Nomenclateurs, pourroient regarder ce que j'ai avancé fur le dénombrement des genres & des efpèces, & fur les termes des divifions, comme contraire à certaines règles que Von a introduites en Hifloire Naturelle; c'eft pourquoi je me crois obligé de m'expliquer à ce fujet, ainfi je finirai par quelques réflexions fur les méthodes. Toutes les fois que Von a voulu divifer & fubdivifer les règnes de l'Hiftoire Naturelle en clafes, genres, efpèces, ordres, tribus, familles, on n'a pû fe déterminer, pour ordonner là fuite entière de ces diftributions méthodiques , que fur les différences ou les reflemblances que lon a remarquées entre les individus; car il n'y a que l'individu qui puifle être réellement connu & phyfiquement décrit, tandis que l'efpèce, le genre & la claffe ne font que les réfultats de certaines combinaifons que Von a faites des caraétères de plufieurs individus : ces rélul- tats, quoique arbitraires, font d’autant moins éloignés de Ja Nature, & d'autant moins équivoques, qu'il y a eu moins de combinaifons à faire pour les former. On s'eft donc rare- ment trompé dans la_diftribution des premières clafles ; par exemple, dans celle des animaux, on diftingueaifément les. adrupèdes, les oifeaux, les poiflons, &c. mis lorfqu'on vient à fubdivifer ces claffes générales en: ordres, en genres, en efpèces, fe nombre des combinaifons augmente néceffai- xement à mefure que lon defcend dela claffe aux ordres, & de l'ordre aux genres; & ce nombre devient fi grand lor£ qu'on arrive aux efpèces, que l’on eft obligé de négliger la: 38 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLre plufpart des caractères de l'individu, pour avoir un réfüultat que l'on puiffe exprimer en peu de mots, & retenir aifément. Ce retranchement que l'on eft obligé de faire de la plu part des caractères de l'individu, produit une différence éflen- tielle entre les phrafes données par les Nomenclateurs & les defcriptions faites par les Naturalifles, & il devient la caufe dé plufieurs erreurs, où au moins de quantité d'équivoques; car fl peut arriver que fon connoïffe parfaitement le nom, h phrafe & le caractère d’une efpèce, fans bien connoître fes individus. On conçoit aifément que le choix que l'on fait des caraétères employés dans les diftributions méthodi- ques , eft arbitraire, autrement ce feroit avoir le fecret de la Nature : à en juger par l'expérience, il paroît qu'on ne fa pas encore deviné; car de toutes les méthodes que l'on a faites jufqu'à préfent en Hifloire Natürelle, les plus nouvelles n'ont pas toüjours été les meilleures. Au refle, mon objet n'eft pas de difcuter f: nous pou- vons efpérer de faire des méthodes auxquelles le titre faftueux de Syflème de la Nature puifle convenir; mon intention n'eft pas même d'infinuer que les méthodes que nous avons, foient inutiles, je crois au contraire qu'il y en a plufieurs qui font utiles à ceux qui étudient l'Hifloire Naturelle, qu'elles peu- vent fuppléer à la mémoire de ceux qui favent déjà, & que ces diftributions méthodiques doivent entrer dans l’arrange- ment d'un cabinet d'Hiftoire Naturelle; ce que j'ai voulu prouver, c'eft que lon peut faire des méthodes fur un meil- leur plan que ceux que l'on a fuivis jufqu'à préfent. Dès qué de nombre des combinaifons qu'il y auroët à faire pour pref- crire l'étendue des genres, & pour décider du nombre des æfpèces connues, eft fi grand qu'il n'eft pas poffible de le réduire en pratique, je crois qu'il vaut mieux y renoncer, fur-tout lorfqu'on trouve un objet de comparaifon tel que le fpectre folaire par rapport aux pierres précieufes, avec lequel on eft für de diftinguer & de reconnoître toutes les efpèces poffibles indépendamment de leurs genres, comme la Nature des produit indépendamment de nos méthodes. eve a LA, PE MES SG LE N° C E Sc 39 MEMOIRE SUR LA CONDUITE DES EAUX. Par M. DE PARCIEUX. IR partie de l'Hydraulique qui enfeigne à élever & con- duire les eaux, a fouvent fait l'occupation de plufieurs grands Mathématiciens, foit pour inventer ou perfectionner les machines qui fervent à les élever, & les inftrumens propres. à faire connoitre fi l'eau de telle fource, ou élevée à telle hau- teur par quelque machine, pourra arriver à tel endroit; foit. pour déterminer Fépaifleur des parois des tuyaux , eu égard: à leurs différens diamètres, & à la charge d'eau qu'ils doivent fupporter. Mais on a un peu trop négligé, ou abandonné aux ouvriers, à difpofition des conduites ; ceux-ci n'ont jamais douté que- Teau n’arrivât à fa deflination dès que l'orifice d'arrivée feroit: plus bas que lorifice du départ, quelle que-füt d’ailleurs la di£ pofition des tuyaux dans l’enire-deux ; & fi après qu'une con- duite étoit achevée de pofer, l'eau n'arrivoit pas où l'on vouloit: a conduire, ou quelle n'y arrivât pas avec toute la viteile qu'on efpéroit, on ne manquoit guère d'en attribuer toute la faute au. nivellement : on baifloit alors orifice: d'arrivée, ou Fon haufloit celui du départ, quand on le-pouvoit, jufqu’à: ce que l'eau fortit par l'orifice d'arrivée avec la vitefle qu'on mvouloit; ce qui a été pratiqué en 1734 à la cuvette de la: pompe du pont Notre-Dame, qu'on a hauffée de trois pieds: & demi, parce que Feau n’afrivoit pas aux premières ou plus: proches fontaines de chaque département , fur-tout’ à celle- - de Saint-Severin, avec autant de vitefle-qu'on attendoit, &c: … ‘qu'on avoit lieu d'attendre d'une charge d'environ 4 pieds &. + demi que le nivellement donnoit. Je ferai voir ci-après où: étoit le* défaut, & où il eft encore, parce qu'on a cherché à y remédier par un moyen tout difiérent de celui qu'il fallois employer, 27 Juin 1750. ë LI 40 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE H y a long-temps qu'on a dit que dans les conduites qui ont des pentes & contre-pentes, à caufe des hauts & des bas où l'on eft obligé de les faire pañler, il y reftoit de l'air enfermé qui {e cantonnoit dans les finuofités fupérieures, & on a propolé avec raifon d'y mettre des ventoufes; mais prefque tous les Auteurs n'ayant attribué à cet air enfermé, que d’être la caufe de la rupture des tuyaux, par les fecouffes æsu chocs qu'il occafionne lorfque les finuofités étant trop pleines d'air il vient à sen échapper quelque bouillon, les perfonnes qui ont fait faire des conduites, ont cru remédier à cet inconvénient fans y mettre de ventoufes, en faifant les tuyaux plus forts. II faut donc prouver la néceflité des ventoufes par une raïfon plus forte que celle de la rupture des tuyaux, & faire voir ce qui fe pafle dans les conduites où il refte de Fair enfermé. M. Couplet eft le feul que je fache avoir dit, dans une remarque qu'il y a à la fin de fon Mémoire fur le mouve- ment des eaux, de 1732, que f'air enfermé dans les finuo- fités des conduites peut empècher l'eau d'arriver à fa deftina- tion. Comme cette remarque eft fort courte, & que le difcours en eft très-concis, je vais la rapporter en entier; elle eft la dernière de plufieurs raifons que M. Couplet apporte de ce que l’eau mettoit autrefois plufieurs jours pour aller du réfervoir du Parc-aux-cerfs à celui de Roquencour; on verra par-là que cet Académicien avoit très-bien fenti ce qui fe pale à cet égard dans les conduites, & que cet article méritoit d'être plus détaillé. « Il y a encore, dit M. Couplet, une meilleure raïfon pourquoi leau ne fortira point, & même ne doit pas fortir, ou paffer à travers une conduite, lorfque cette conduite aura une certaine conftruétion , comme l’on voit ci-après (fig. 4‘), où je dis qu'il peut arriver que quoique Le haut #/ du tuyau de conduite d'eau foit plus bas que fon embouchüre À, cependant eau ne fortira point fi l'on ne fait point de ven- toufe au point Æ pour faire échapper l'air DE F'; car l'eau Sinfimuant d'abord dans le tuyau par l'embouchüre 4, ne chafiera s DES USNCLT E-N.C ES 4T chafléra pas tout l'air qui étoit contenu dans ledit tuyau, & Veau s'introduira peu à peu dans la partie EG H du tuyau, juiqu'à ce que fa hauteur F7 foit égale à la hauteur 4 2; - alors la bulle d'air D EF fera également preflée des deux côtés, car dans cet état l'eau F°G L étant en équilibre, il n'y a que la partie L A qui s'oppolera au paflage de la bulle d'air, & par conféquent au paffage de l'eau, puifque l'équilibre exif- tera toutes les fois que Z F, qui eft la hauteur de l'eau contenue dans L H, fera égale à À B, qui eft la hauteur de l'eau con- tenue dans À A, n’y ayant que cette partie À 47 qui puifle faire équilibre avec la partie LH; & lorfqu'il y aura plufieurs coudes femblables dans une même conduite, il eft clair que Veau n’en fortira point tant qu'il fe trouvera de fair renfermé entre deux colonnes d'eau égales, & partant en équilibre June contre l'aûtre, à moins qu'on ne fafle des ventoufes, & pour lors air séchappant par la ventoufe en Æ, l'eau s'approchera de D en F; & s'étant unie avec elle, l'eau continuera de monter le long du tuyau G À, & fortira par l'extrémité de ce tuyau, fi peu inférieur qu'il foit à l'embou- chûre A». M. Couplet fait fentir dans cette remarque prefque tout ce qu'on peut dire à ce fujet; mais il y pafle fi rapide- ment, que peu de perfonnes y ont fait attention; les Auteurs même qui ont compofé depuis des Traités complets fur cette matière, n’en.ont rien dit, quoique l'article foit des plus effentiels. La néceffité où j'étois de rendre fenfible l'explication d'un fait propofé l'an paflé à l Académie par M. Sirebeau, Fonte- nier de fa ville de Paris, me fit penfer qu'un Mémoire fur ce fujet pourroit ètre utile. Je communiquai mon idée & mon explication à M. Camus, avec qui j'avois été nommé Commiflaire, & à qui je l'aurois communiquée indépendam- ment de cette raïifon ; parce qu'aidé de fes avis, j'étois bien plus für de bien faire. Ce Savant convint que la remarque de M. Couplet méritoit d'être plus détaillée, vü le nombre confidérable d'erfdroits où ce défaut arrive, & combien il Mém. 175 0. ! + Fig. 1 & 2. Fig, 1. 42 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft facile d'y tomber en faifant pofer des conduites, fi on n'y apporte un foin particulier; foin qu'on ne prend pas tant qu'on n'en connoit pas k néceffité: pour la mieux faire fentir, je ferai voir que c'eft l'air enfermé dans les tuyaux qui eft caufe qu'il y a des conduites dans Paris auxquelles, fur une diftance de 280 toiles, ou 300 tout au plus, on a été obligé de donner des 7 à 8 pieds de charge du côté du départ pour faire arriver l'eau à fa deftination. Je fais l'explication fur une figure où les finuofités font forcées ; mais le fait eft le mème, foit que les branches BC, CE, EF, érc. foient perpendiculaires à l'horizon, foit qu'elles approchent de lui être parallèles, puifque les fluides ne pèfent que felon leurs hauteurs. | Je dois, avant d'aller plus loin, prévenir ceux qui pour- roient l'ignorer, que quand on met l'eau dañs une conduite, foit la première fois, foit après qu'elle a été mile en dé- charge pour y faire quelque réparation, l'on commence toû- jours par la faire entrer doucement, ou peu à peu, & non pas à plein tuyau, parce qu'elle pourroit les faire crever, & le feroit fürement lorfqu'il y a beaucoup de charge. L'eau allant ainfi doucement , quand-il fe rencontre quel- ue branche montante, comme BC, elle l'emplit peu à peu; dès qu'elle eft parvenue au plus haut H, elle defcend rapi- dement de l'autre côté, n’occupant qu'une très-peiiite partie de la capacité de la’ branche defcendante © E, Dès qu'elle touche en £, ou qu'elle emplit tout-à-fait le tuyau à cet en- droit, tout l'air qui occupe le refle de la capacité de la branche defcendante € £ fe trouve enfermé, & n'en fortira plus, à moins quedes branches defcendantes ne fuffent très-obliques, & que l'eau püût acquerir une très-grande vitefle. Il eft aïfé de fentir dans le cas de la première figure, que Pair qui fe cantonne dans les petites finuofités fupérieures CF, . &c. rétrécit la capacité du tuyau, ou, pour mieux dire, le pañlage de l'eau, & que par conféquent élle ne peut pas y afler avec l1 même vitefle, ou en aufli crande quantité P D 1 qu'elle feroit fi tout le pafñlage étoit libre, en la fuppofant ‘te 81 Me SN SNE:T E N° C ES 43 fortir d'un réfervoir; mais malgré toutes ces finuofités, tant queles points B, E, G feront plus élevés que les points 4,1, Veau arrivera À fa dellimation peu ou bewucoup, pourvû que Yorifice d'arrivée À loit plus bas que orifice du départ D, - Dans le cs de la feconde figure où les endroits B, E, G font plus bas que les endroits 7, /, l'eau arriveroit bien encore à fa deftination pour peu qu'il y eüt de charge du côté du départ, f1 la première fois qu'on la fait entrer dans la con- duite on pouvoit la faire entrer à plein tuyau, & qu'elle allât de mème jufqu'au bout en chaffant toûjours l'air devant elle, mais on fe donne bien de garde, comme je lai déjà dit, de la faire entrer fi rapidement; & d’ailleuré, quand on la feroit entrer aufli vite qu'on le pourroit, fa viteffe feroit bien-tôt ralentie, foit par le frottement de l'eau contre les parois des tuyaux, foit par la réfiflance de l'air qui ne peut pas fe mettre en mouvement tout à a fois dans toute la longueur de la conduite; ainfi, outre le rifque, on n’en feroit pas beaucoup plus avancé, faifant entrer l’eau vite, qu'en la faifant entrer doucement. _ On voit qu'il faut que la branche D B semplifie ju£ qu'en Æ pour que l'eau arrive en Æ/, delà elle defcend dans Yautre branche € £:#'occupant qu'une partie de la capacité du tuyau , elle Foccupe bien-tôt tout en £: fi l'air qui fe trouye alors dans Ja branche Æ C pouvoit s'échapper par quelque ouverture faite vers C, le poids de la colonne d’eau qui fe formeroit dans £C feroit monter en: même temps leu dans li branche £ F, fans qu'elle füt oblfgée de monter au deflus de Æ; mais l'air qui refte enfermé dans EC ne pouvant pas s'échapper, occafionne un défaut de poids dans cette colonne ÆC égal au poids de l'eau dont il occupe la place, prife felon la hauteur perpendiculaire. L'eau ne peut cependant monter vers F qu'elle ne foit pouflée par quel- que force venant de la branche C £; il faut donc que fair foit pouffé lui-même du côté oppofé € par une colonne d'eau égale en hauteur à celle que la même eau acquiert dans la branche £X L'eau doit donc monter dans À D d'une Fij 44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE quantité # L égale en hauteur à celle qu auroit l'eau qui manque dans € Æ, plus ou moins la quantité dont la fmuo- fité À fera plus haute ou plus bafle que la fmuofité C8 ainfi des autres branches 7 G, G À, &c. par où l'on voit que le nombre des finuofités & leurs élévations peuvent être telles qu'il faudroit une charge très-confidérable en L P pour faire fortir l'eau en À. On remarquera que dans l'état d'équilibre, la hauteur de la colonne de Æ en L n'eft pas égale à la hauteur de la branche Æ H, mais feulement à Ja hauteur de l’eau dont Fair occupe la place: or Fair n'occupe pas, à beaucoup près, toute la câpacité des branches defcendantes € E ou Æ£G; car dans linftant que le paffage en Æ'ou G fe ferme tout- à-fait, le courant d'eau qui defcend de Æ ou / occupe une partie de la capacité du tuyau; & en outre, cet air fe comprime à mefure que la conduite s'emplit de Æ vers L, & de £ vers 1, ou de G vers À. Aiïnfi, dans l'état d'équilibre, les branches defcendantes C'£, F G font pleines d’eau par en bas jufque vers 47, N, felon que l'eau entre d’abord dans la conduite plus ou moins abondamment: ce que je fais remar- quer exprès, parce que j'en ferai ufage dans la fuite. On voit encore comment l'eau qui defcendroit d'une montagne D ne remonteroit que très-peu haut en Æ À, eu égard à la quantité dont elle defcendroit, fi la conduite étoit faite comme le montre la fig. 3 ; défaut dans lequel il feroit aifé de tomber, car fi on avoit, par exemple, à conduire en Æ À une fource qui eft en D, y ayant dans l'entre-deux Vélévation 1, tout près de la fource, mais moins élevée que la fource, on pourroit aifément s'imaginer que l'eau mon- teroit très-haut en Æ£ A; le fait ne répondroiït cependant à l'attente qu'après avoir fait une ouverture en C pour laïffer échapper Fair de la branche C £. . H faut maintenant indiquer les endroits. où eft l'air en- fermé qui eft caufe de la grande charge qu'on a donnée à la cuveite de la pompe du pont Noue-Dame fur celles des “trois premières fontaines où l'eau va en fortant,de ceie pre- miière cuveiiee LE 7. DREPSUISNGNI E N:CE-S 45 L'eau étant élevée par la pompe du pont Notre-Dame jufqu'au haut du bâtiment, eft recüe par les conduites qui doivent la porter dans les différens quartiers de Paris. Ces conduites defcendent verticalement & aflez bas dans le même bâtiment, jufqu'à un plancher incliné qui les porte à f'en- droit du pont le plus élevé, en remontant d'environ deux où trois pieds, pour defcendre enfuite, fuivant les pentes du pont & des rues, lune vers le grand Châtelet , l'autre vers la Grève, & la troifième vers le petit Pont, fur lequel elle remonte & redefcend après très-avant en terre dans une portion d'aqueduc qu'on y a fait de quatorze ou quinze pieds de profondeur, d’où le tuyau remonte enfuïie dans Ja fontaine de Saint-Severin. Quoique ce trajet ne foit pas de 300 toifes, on a été obligé de donner huit pieds de charge pour faire arriver l’eau à la cuvette de la fontaine de Saint-Severin, & avec cette grande charge, l'eau n'arrive encore qu'avec la vitefle néceffaire; ce qui vient de fair qui fe trouve nécef- fairement enfermé dans la branche de la conduite qui va en defcendant depuis le haut du pont Notre-Dame jufque vers le bas de la rue du Marché-palu, & dans la branche qui defcend du haut du petit Pont jufqu'au bas de la fontaine de Saint-Severin ;. ce qui n'arriveroit pas fi on eût mis une ventoufe à robinet, ou autrement, auprès de la porte de a pompe du pont Notre-Dame, & une à l'endroit le plus élevé du petit Pont. H y a bien trois ou quatre robinets ôu tuyaux branchés le long de cette conduite, mais ils font placés dans les en- droits les plus bas, ou dans les branches remontantes, qui, par-là, ne peuvent pas faire l'effet des ventoules. On fent de même qu'il doit fe faire un grand vuide dans les tüyaux qui vont en defcendant, l'un jufqu'à la Grève, & l'autre jufqu'au bas de la rue de la Joaillerie; auffi les cuvettes où arrivent les eaux de, ces deux condui:es font-elles beaucoup plus baffes que celle de la pompe du pont Notre- Dame, mais moins que celle de la fontaine de Saint Severin, parceque cette dernièie conduite a deux delcentes confidérables: F iij 46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE après avoir pañlé la première courbure inférieure qui eft dans le bâtiment de la pompe, repréfenté par 2 dans la figure 2. IL en auroit betucoup moins coûté à la Ville en 1734 pour faire mettre les ventoufes néceflaires à ces con- duites, que pour faire élever la cuvette de la pompe dé la quantité dont on l'éleva, & d'ailleursda machine doit pro- duire moins qu'elle ne feroit, parce que la roue {e trouvant plus chargée, doit aller moins vite. La conduite qui porte les eaux d’Arcueil, de la cuvette du Luxembourg, qui efl dans la rue d’ Bab, à la fontaine de la croix du Trahoiïir, doit avoir au moins huit à dix pieds de charge, fi elle n'en a pas davantage, à caufe de fair qui eft, de néceflité, enfermé dans hi conduite à la defcente de la rue de la Gore) parce qu'au defius la con- duite a dû aller en montant; il y en a enfuite à la defcente du milieu de la rue Dauphine juiqu' au Pont-neuf, & dans les deux defcentes des deux parties du Pont- neuf. On gagneroïit au moins cinq ow fix pieds de pente en mettant des ventoules à toutes ces finuofités. Je pourrois indiquer encore bien d’autres endroits où fe trouve le même défaut, mais ce n'en eft pas ici le lieug il fuffit d'avoir fait connoître les plus effentiels, & la néceffité u'il y a d'y mettre les ventoufes dont on a cru pouvoir fe afier. | On voit donc par tout ce que je viens de prouver, que les ventoufes font beaucoup plus néceffires pour faire arriver l'eau le plus haut qu'il eft poflible, que pour empêcher Fair d'occafionner la rupture des tuyaux : lon peut éviter lun, mais non pas fautre, ce qu'il falloit faire voir pour ceux qui ont cru, comme je l'ai déjà dit, pouvoir {e pafler de ventoures , en faifant les “tuyaux beaucoup plus forts; & encore n'y ont-ils pas tout-à- fait remédié, car on pourra remarquer, ft on veut, qu'ily a beaucoup plus fouvent à faire aux €: RE où je ds qu'il y a de l'air enfermé, qu ‘ailleurs. If fuit de [x, & de ce que les terres font fujèies à s'affaifler par différentes caufes, fur-tout dans les villes, qu'on doit +1 t6&. ÿ « d }. ame “al on GS A opte Le tt ü ‘dt MES MSNCIILE N CES 47 éviter, autant qu'on le peut, de faire aller les tuyaux bori- zontalement, parce qu'il faut regarder comme impoffñble que les ouvriers ne les pofent allant en montant à des endroits, & en defcendant à d'autres, ce qui occafionne des finuofités aflez fréquentes , qui deviennent d'autant plus nuifibles, que les tuyaux font d'un moindre diamètre; & quand les ouvriers poferoient les conduites parfaitement parallèles à l'horizon, l'affiflement des terres qui fe fait plus à des endroits qu'en d'autres, feroit avec le temps ce qu'auroient évité les foins des ouvriers: ainfi il faudroit avoir attention de faire pofer les conduites de manière -qu'elles alaffent toûjours un peu en montant & en delcendant alternativement , mettant des robinets de décharge à tous les endroits bas, & des ven- toufes à tous les endroits élevés, obfervant fi on veut, pour plus de précaution , que les pentes des tuyaux de petits dia- mètres foient plus fenfibles , afin que les autres finuofités qui s'y feront dans la fuite, foit par les diflérens affaiffemens des terres, foit par la négligence des ouvriers lorfqu'ils les rac- . commodent, ne puiflent pas arrêter & cantonner beaucoup d'air. ; I! feroit auffi à propos, lorfqu'on fait des conduites neuves, & fur-tout en plomb, qu'on battit bien la terre du fond de: la tranchée, & qu'on la dreffât à la règle felon les pentes & contre-pentes qu'on jugeroit à propos de leur donner; &. quand on les raccommode, ï faudroit que les ouvriers euffent foin de les bien dreffer, & de bien battre la terre: qu'ils remettent deflous, avant de mettre celle de deflus. J'ai dit ci-devant que dès qu'on avoit fait les tuyaux d’une: conduite très-orts , quelque tortueu'e qu'elle fût, on n'y foup- çonnoit plus rien de la part de Fair; & que fi l'eau n'arrivoit pas à fa deftination avec toute la vitefle qu'on elpéroit, l'on baïfloit lorifice d'arrivée, ou Kon haufloit celui du départ; c'eft ce qui a été pratiqué il y a feize ans, comme je l'ai « déjà dit, à la cuvette de la pompe du pont Notie-Dame, . qu'on hauffa de trois pieds & demi, parce que l'eau n'arri- voit pas aûx différens quartiers de Paris avec autant de vitefle 48 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'on auroit attendu de la charge ou élévation que la cuvette du pont Notre-Dame avoit fur les autres ; car avant cet “ exhauffement, la cuvette de la pompe du pont Notre-Dame étoit quatre pieds & demi ou environ au deflus du niveau -de celle de Saint-Severin, & M. Sirebeau m'a afluré plu- fieurs fois que quand on remettoit l'eau dans la conduite, après quelque réparation, il fe pafloit quelquefois des vingt & vingt-quatre heures avant que l'eau arrivât à la cuvette de la fontaine de Saint-Severin, ce qui ne pouvoit venir, comme on le voit, que de l'air qui reftoit enfermé dans les finuofités dont j'ai parlé ci-devant, & qui y refte encore; mais l'augmentation de charge de trois pieds & demi qu'on a donnée par l'exhauflement de la cuvette de la pompe du pont Notre-Dame, remplace le défaut de poids de l'air en- fermé dans les branches defcendantes de la conduite, à quoi on auroit remédié bien plus fimplement fi on eût connu ce que je propole ici: il en réfulteroit que {a machine qui élève l'eau fatigueroit moins, n'ayant pas à élever l'eau plus haut qu'auparavant, ou bien qu'elle en éleveroit davantage qu'elle ne fait; les conduites feroient moins chargées, & par con- féquent moins fujètes à réparation ; ou*bien la cuvette reftant élevée comme elle left aujourd'hui, on pourroit en profiter pour porter eau plus haut dans les quartiers où elle va, & . même la porter dans des quartiers où elle ne va pas; enfin on ne profite pas, à beaucoup près, de tout l'avantage qu'on a, quand ce ne feroit que pour la porter avec plus de vitefle, & par conféquent en plus grande abondance, dans les en- droits où elle va, dans les cas d’incendie. Il eft maintenant aifé, au moyen de ce qui vient d’être établi, d'expliquer le fait propolé l'an pañié à l’Académie par M. Sirebeau. Fontenier de la Ville, & dont M. Camus & moi fûmes chargés de rendre compte à la Compagnie: voici de quoi il eft queftion. Les Religieufes de S.te Marie du fauxbourg Saint-Jacques ont dix lignes d'eau d’Arcueil à prendre à ia fontaine des Carmelites du même fauxbourg : la cuvette de cette fontaine eft re * a à DITS PSNOUTIEN CEE 49 eft plus élevée de trois pieds & demi que les bords du réfervoir des Religieufes de Sainte-Marie, où l'eau doit arriver, & où elle arrive en effet pendant l'automne, l'hiver & le printemps, C'eft-à-dire, tant que l'air. eft froid, tem- péré, ou peu au deflus du tempéré; mais dès que les cha- leurs viennent, l'eau commence à ne plus arriver avec Ja même abondance, -& elle continue à diminuer à melure que les chaleurs augmentent, tellement qu'il y a eu plufieurs étés où l'eau a tout-à-fait ceflé d'arriver pendant les deux ou trois mois ou environ que nous avons nos plus fortes chaleurs. Le tuyau qui porte ces dix lignes d'eau, de la fontaine des Carmelites aux Religieufes de Sainte-Marie, a un pouce & demi de diamètre, & 178 toifes de longueur, avec deux ventoufes qui n'y font que pour dire qu'on y en a mis; l'une eft vers le milieu du chemin , appuyée contre le mur de Saint-Magloire, où la conduite doit encore aller en mon- tant; & l'autre, dans Îa cave des Religieufes, tout proche du réfervoir où l'eau arrive, & à la partie la plus bafle de la conduite à cet endroit-là, qui devient par conféquent inutile. } Il n'eft pas douteux que cette conduite ne faffe plufeurs fnuofités qui doivent être même affez grandes; lorfqu'on ÿ a mis l'eau pour la première fois, ou après qu'elle à été mife en décharge pour y faire quelque réparation, l'air qui s'eft cantonné dans les finuofités fupérieures ‘étant dans fon état naturel d'élafticité dans l'inftant que la finuofité inférieure s'eft tout-à-fait fermée, s'eft comprimé peu à peu à mefure que la première branche de 11 conduite s'eft remplie pour faire monter l'eau jufqu'au haut de chaque finuofité. Cet air ainfr comprimé permet à l'eau d'occuper vers le _ bas une païtie de chaque branche defcendante, comme je lai remarqué ci-devant, & n'occafionnant pas en cet état un trop grand défaut de poids, la charge fe trouve fufffante pour faire arriver l’eau à fa deftination: mais fi la chaleur vient à augmenter le reflort de cet air enfermé, il pourra s'étendre en pouffant l'eau qui ef entrée dans le bas de chaque Mém. 175 0. , o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE branche defcendante, & occupera plus de place fans néan- moins fortir, ou fortira même en partie s'il fe dilate aflez “pour cela. À mefure que cet air fe dilate, il occafionne un plus grand défaut de poids du côté du départ; & fi la pre- mière branche qui eft foudée à la cuvette dans la fontaine des Carmelites, ne peut pas acquerir aflez de hauteur pour remplacer tous les défauts de poids ainfi occafionnés par la dilatation de l'air qui eft dans toutes les finuofités de la con- duite, l'eau ceflera d'arriver à fa deftination. Voilà ce qui doit arriver à cette conduite. Quelques obfervations & expériences que M. Sirebeau a faites à ce fujet, s’expliquant de la même manière, con- firment que c'eft-là la caufe qui empêche l'eau d'arriver à fa deftination pendant les chaleurs de l'été. M. Sirebeau a obfervé pendant unedixaine d'années, d’après un thermomètre qu'il a, dont la graduation a été faite au hafrd, qu'il fait un peu moins chaud lorfque l’eau commence à revenir, que quand elle cefle tout-à-fait, & cela doit être ainfi: il faut qu'il ait déjà fait chaud pendant quelque temps pour que la chaleur pénètre la terre jufqu'à la profondeur où eft la conduite, & enfuite la terre ne perd pas la chaleur qu'elle a reçüe, aufli vite que l'air extérieur perd la fienne, Ayant été moi-même ex1miner tout ce que je pouvois voir de ceite conduite, ceft-à-dire, le départ à la fontaine des Carmelites, & farrivée dans le couvent des Religieufes de Sainte-Marie, je demandai aux Religieufes qui m'accom- pagnoient, fi elles n'avoient point remarqué, lorfque l'eau ne Vient que goutte à goutte, que ces gouttes étoient plus fréquentes à certaines heures du Jour qu'à d’autres: elles me dirent avoir obfervé plufieurs fois que les gouttes étoient fenfiblement plus fréquentes le matin que le foir, pendant plufieurs jours de fuite; on voit que c'eft encore par a même raifon. M. Sirebeau, auffi circonfpeét pour ne pas induire à des dépenfes qui puffent être inutiles, qu'exact à remplir toutes les fonctions de fa place, n'a rien voulu entreprendre fur Éd 6 Lois HAE /SHDISUG IIEI NC ES cette conduite, fans avoir auparavant confulté l’Académie, pour voir fi on ne trouveroit pas la caufe de cette inter- ruption, & fans avoir lui-même e‘ayé tous les moyens qui, semployant fans dépente, pouvoient lui procurer quelque lumière, ou aux Commiflaires que l'Académie nommeroïit pour rechercher la caufe de ce fait. Ce fut dans cette vüe, & pour donner en même temps de l'eau à ces Religieufes, que le 26 Août 1748, M. Si- rebeau fit mettre un entonnoir dont la tige ou douille avoit trois pieds de longueur, dans l’orifice du départ de la conduite qui porte l'eau chez ces Religieufes, & l'ayant bien calfaté tout autour avec du vieux linge, il y fit verfer de l'eau pen- dant quelque temps, & entretenant l’entonnoir toüjours plein à la même hauteur; lorfque l’eau eut acquis dans la conduite toute la vitefle qu'elle pouvoit prendre, M. Sirebeau obferva plufieurs fois que la conduite dépenfoit quinze pintes trois quarts en cinq minutes , ayant remarqué le degré où étoit fon thermomètre. Il répéta fon opération deux jours après; fon thermomètre étant defcendu de 3 degrés, la conduite dépenfa feize pintes & un quart dans le même temps de $ minutes. Huit jours après, le thermomètre étant encore defcendu de quatre autres degrés , la conduite dépenfa environ dix-huit pintés d'eau dans les mêmes cinq minutes. M. Sirebeau ne fit plus d’ex- périences avec l’entonnoir, parce que peu de jours après, eau commença à venir continuement, donnant d’abord 1a valeur d’une ligne, puis deux, puis trois, &c. augmentant de jour en jour jufqu'à ce qu’elle donnât toute la conceffion. Tout cela s'accorde avec le principe établi ci-devant; car à mefure que la chaleur diminuoit, air qui eft enfermé dans les branches defcendantes de la conduite, occupoit moins de place & occafionnoit par conféquent un moindre défaut de poids; & l'entonnoir donnant toûjours la même augmentation de charge, elle augmentoit fon effet à mefure que l'air occupoit moins de place. IL s’agit maintenant de trouver un moyen, s'il eft poffible, G ij 52 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE pour empêcher cette interruption. Le plus für feroit, fans contredit, de relever toute la conduite pour la mieux pofer, car elle eft fürement des plus mal pofées qu'il y ait: mais ces Religieufes, qui ne font pas riches, voudroient bien éviter, ou tout au moins diflérer cette dépenfe, jufqu’à ce qu'il faille relever toute la conduite, à caufe des pétrifications que pro- duit l'eau d’Arcueil, qui ne tarderont pas à boucher tout-à- fait cette conduite, attendu qu'elle eft d'un fort petit dia- mètre. Voici ce qui paroit devoir produire l'effet qu'on demande. , La première fois que le cours de l'eau fera interrompu, ou que l'air qui eft dans la conduite fera le plus dilaté, ïl faudroit mettre un tonneau d'un muid ou plus, au troifième ou quatrième étage de la maifon qui touche la fontaine des Carmelites , le mettant dans la chambre à la hauteur de la fenêtre, ou un peu plus, Je’fuppofe le tonneau défoncé par un bout, & polé fur autre fond; on aura un tuyau de cuir, de ceux qui fervent aux pompes pour les incendies, & aflez long pour en mettre un bout à un trou fait au fond du tonneau, qu'on y attachera bien folidement, & faifant fortir ce tuyau par la fenêtre, on mettra l'autre bout dans l'orifice de lai conduite qui porte l'eau aux Religieufes de Sainte- Marie, puis ayant bien bouché avec un long bâton , par le dedans du tonneau, l'ouverture qui communique au tuyau de cuir, on remplira le tonneau avec de l'eau de la fon- taine; on Ôtera enfuite peu à peu le bâton qui bouche le trou du fond du tonneau pour laifler emplir doucement le tuyau de cuir avant d'ôter tout-à-fait le bâton; ce tuyau portant ainfi l'eau dans la conduite avec une très-grande charge, donnera une très-grande vit-fle à celle qui eft dans la conduite, dont les finuofités étant fans doute fort obliques, il eft à préfumer que cette grande vitefle obligera l'air can- tonné dans les finuofités, à fortir en fuivant le courant de l'eau, fans donner néanmoins de trop fortes fecoufles à la conduite, qui puiflent l'endommager: fi le courant d’eau n'en- traîne pas tout l'air enfermé dans la conduite, il en fera fortir: F 52, Pl 2, 50. ag: D À des Se.17. de LA, Men. | mn UN TTENLN Mer de LAc,R des Se 1750. Pa 52 Pl, FN # L ‘ Fu "1 PRRMBNESUIS:C.Fr E N CE SN 53 “du moins une très grande partie, ce que ne peut pas faire la charge ordinaire de eau quand elle ne delcend que de ha cuvette, ou de trois pieds plus haut quand on fait ufage de lentonnoir. I eft cependant à propos, avant de tenter ce moyen, d'examiner fi le tuyau de la conduite, fur-tout celui qui defcend de la cuvette de la fontaine des Carmelites jufque dans da terre, eft fuffifamment fort pour fupporter la charce qu'on lui donnera pendant le temps qu'il y aura de l'eau dans le tonneau, qu'il eft néceflaire d'entretenir plein pen- dant quelque temps, afin de faire renouveler toute l'eau de la conduite, qui contient environ deux muids. Si ce moyen ne fuffit pas, on pourroit en eflayer un autre qui eft un peu plus coùceux; ce feroit de découvrir la con- duite en cinq ou fix endroits dans fa longueur, faifant chaque tranchée d'environ cinq ou fix pieds de long ; élever le tuyau d'environ un demi-pied vers le milieu de chaque tranchée, pour lui faire faire autant de finuofités fupérieures, & fouder une ventoufe à chacune pour attirer les parties d'air qui pourroient être cantonnées dans le voifinage, & y mettre “enfüite l'eau : fi elle a encore de la peine à arriver à fa defti- mation, on répétera le premier moyen, qui fera beaucoup plus d'effet, l'air pouvant s'échapper plus aifément. Si après avoir fait ufage de ces deux moyens, l'eau nar- rive pas à fa deftination, lorfqu'il fait nos plus grandes cha- Meurs, je ne vois pas d'autre moyen que celui de faire lever la conduite pour la mieux poler. : G * 1749: BV. Mémn. de l'Acad. 1749, ?. 494. 54 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SEULS E XP ERA ENCGES EM 'D ES. O0 B SERV AT TONER FAITES EN DIFFERENS ENDROITS DE L'ITALIE. Par M. l'Abbé NoLLET. ARTICLE. VL Oïfeaux rares ou Jingulièrement conformés. Infeëtes lumineux. 16 U commencement du mois de Juin de l’année dernièrez, il y eut des coups de vent terribles dans Je Piémont & dans plufieurs endroits de l'Italie, comme je Y'ai rapporté à la fm du cinquième Article b. Quelques jours après ces tempêtes, on prit fur le Pô, près de Turin, trois onocrotales que le vent avoit fans doute jetés dans le pays, comme cela eft déjà arrivé plufieurs fois: ces oifeaux étant fort pefans, & ne pouvant s’enlever qu'avec beaucoup de difhculté, on les approcha aifément ; deux furent tués à coups defufil, & l'autre ayant été furpris, { laiffa prendre vivant : on lui coupa les plumes d'une aîle, & on le mit dans le jardin du Roï pour y vivre en liberté. Comme cet oifeau eft affez connu des Na- turaliftes, je n’en ferai point ici de defcription détaillée, je dirai feulement qu'il a le gofier fort large, & qu'il digère lentement: je lui vis avaler une truite qui avoit treize pouces de longueur, & trois pouces de largeur à l'endroit du ventre; environ fix heures après, ayant été irrité par les agaceries de quelques Cu- rieux qui étoient venus pour le voir , il fit revenir ce poifion prefque tout entier dans la poche qu'il porte fous fon bec. 2. En pañlant par une petite ville du Piémont, appelée Carignan, je fus invité à voir dans la cour d'une hôtellerie une troupe d'oies, dont plufieurs avoient, difoit-on, quatre ailes: en effet, on F'auroit dit au premier coup d'œil ; car D ESNAMNOCLT EN € É# & lorfque ces oïifeaux étoient tranquilles, & qu'ils avoient les véritables aîles couchées fur le corps, il fembloit qu'il y en eût encore deux plus petites vers- l'extrémité du dos, & toüjours ouvertes, comme on le peut voir par la fgure r.r° : mais ces faufles aîles difparoïfloient quand les premières venaient à s'étendre & à fe dreffer. Ayant fait prendre un de ce animaux pour l'examiner de plus près, je vis que l'aile- ron fe replioit de côté, & portoit en dehors les grandes plumes, qui fe couchent ordinairement comme les autres fur le corps de l'oifeau. On m'aflura que ces oifeaux , au nombre de cinq ainfi conformés , étoient venus dans une même couvée, avec d'autres qui n’avoient rien de femblable, quoi- qu'ils fuflent tous enfans du même père & de la même mère, qu'on me montra : celle-ci portoit les aïles à l'ordinaire, mais le mâle avoit les aïlerons repliés en dehors, & il étoit né, comme fes enfans, avec des frères qui ne lui refflem- bloient pas à cet égard. Je n’ai pas pû apprendre d'une ma- nière bien certaine s'il venoit lui-même d’un père qui parût avoir quatre ailes; quand je le demandai, on me répondit que oui, mais il me parut qu'on n'en étoit pas für. 3. Au-delà des Alpes comme en France & ailleurs, on voit briller pendant les nuits d'automne, ces vers luifans qui rampent le fong des chemins au pied des buiflons & des haies. Ces animaux, dignes, par-tout où ils fe trouvent, de l'attention d'un homme qui étudie la Nature, en attirant mes regards ne m'ont rien offert de nouveau; je les ai trouvé de tout point femblables aux nôtres, fi ée n’eft peut-être . qu'ils font un peu plus gros. Mais fi nous avons, comme Fltalie, de ces lumières rampantes qui femblent éclairer les “pas du Voyageur, elle a de plus que nous d’autres infectes —… lumineux , dont les uns font étinceler l'air de toutes parts, & les autres paroiflent avoir porté ou fait naître le feu dans le fein des eaux. Dès que les premières chaleurs de Fété fe font fentir, c'eft un très beau fpectacle de voir à la campagne, environ unc heure après le foleil couché, voler de toutes parts de: 56 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYxaLe petits animaux qui font lumineux par élancemens, de forte que chaque coup de lumière comme inflantané & très-vif repréfente aflez bien une étoile qui fcintille. Tandis qu'une partie de ces infectes fait ainfi briller l'air de fes feux, les autres pofés fur l'herbe ou voltigeant autour, font paroître la terre toute parfemée de pareilles étincelles; les yeux du fpetateur en font éblouis. IRETS Cet infecte, qu'on nomme improprement mouche luifante, Lucciola dans le pays, eft véritablement an fcarabée oblong, un peu moins gros qu'une abeille, qui a les fourreaux des aîles prefque noirs & le ventre d'un gris cendré ou d’un blanc jau- nâtre. C'eft cette dernière partie qui eft lumineufe; elle ren- ferme une matière qui tient de Ja nature du phofphore, & qui répand fa lumière fur les endroits où on l'étend, en écrafant animal. La lumière de ce pitit infe6te eft fi forte, qu'en ayant renfermé trois dans un tube de verre blanc, gros comme le doigt, & long de quatre à cinq pouces, je n'en fervois très-bien pour diftinguer les objets dans une chambre pen- dant la nuit; un feul fufht pour faire voir très-diftinétement lheure qu'il eft à une montre de poche. Comme cet animal, lorfqu'il vole, fe montre toujours lumineux par élancemens, je croyois que cela pouvoit venir de ce qu'il cachoit & découvroit alternativement fon ventre par quelque manière particulière de mouvoir les aîles, où peut-être parce que fon corps prenoit difiérentes pofitions, tantôt propres à laifler voir fa partie lumineule, tantôt con- traires à cet eflet; mais l'ayant examiné lorfqu'il étoit poé, je vis que ces coups de lumière étoient réels, & qu'ils dé- pendoient d'un mouvement intérieur que j'apercevois avec la loupe à travers la peau. Ces effets dévenoient plus fen- fibles quand je touchois l'animal , quand je le remuois; ou dorfqu'il fe difpoloit à prendre fon eflor pour s'envoler; dans les autres temps il luifoit d'une lumière tranquille, plus foible, & qui s'éteignoit quelquefois entièrement, pour repa- xoître un inftant après. 4 J'avois il MUENSMSICI-E NC ES Tdi + 4 J'avois ouï dire à tant de Navigateurs que l'eau de la mer devenoit lumineufe en certains temps, que je ne fus! ue médiocrement furpris, lorfqu'étant à Venife#e vis tous les foirs étinceler l'eau des /agunes fous les coups de rames des gondoliers. Mais comme c'étoit pour la première fois 1e ce phénomène s'offroit à mes yeux, je ne me laflois pas de le confidérer, & fans ofer efpérer d'en trouver la caufe, je m'appliquois à en étudier toutes les circonftances. Cette lumière, je ne dis pas celle qui s'aperçoit en pleine mer & que je n'ai jamais $ occafion de voir, mais celle que. j'admirois dans les canaux dé Venife, paroït commu- nément fous la forme.d’étincelles très-brillantes, & le plus grand nombre fe voit aux murs des maifons, à l'endroit où l'eau va fe brifer après avoir été agitée par le mouvement des gondoles; elle paroît auffi quelquefois comme une lame de feu, quand la rame vient à fendre l'eau, ou qu'on la traine fur la fuperficie: ft fon en veut croire les gondoliers, elle ne fe fait voir que dans les grandes chaleurs, & elle annonce infailliblement forage, mais cela ne s'accorde point avec les cbfervations que jai faites depuis; j'ai vû abon- damment de ces lumières dans la Méditerranée, au 1 s Otc- tobre &. par un temps très-calme qui duroit depuis plus d'un mois, & qui continua pendant plus de quinze jours après. »1 Pour examiner cette lamière plus à mon aife, je fis puiler. plufieurs fois. de l'eau du canal qui pañoit fous les fenêtres _ de mon auberge: mais cette eau qui s'étoit montrée lumi-, neufe (dans cent endroits. un quart d’heure auparavant, lorf- que j'y paflois avec ma gondole, portée dans ma chambre & agitée de toutes les façons, ne me donna jamaïs aucun trait de limière. Je delcendois au canal, j'en agitois l'en avec .une canne ou autrement, & je ne manquois guère d'exciter quel- ques: étincelles très-vives. nDix jours fe pañlerent ainfi, pendant lelquels l'eau des lagunes exerça tous les foirs ma curiofité & mon attention: je me rappelois fans cefle ce que j'avois ouf dire de l'eau de la mer; &iquand je le, comparois à ce que j'avois fous les Mem, 175 0. : * Le 6 Août à dix heures du foir. 53 MÉmMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE yeux, jy trouvois une différence aflez grande pour me faire foupçonner que ce n'étoit pas le même phénomène. On dit que laMlumière que le fillage d’un vaifleau fait paroître, eft diffule, & qu'elle occupe en même temps un grand elpace; je ne voyois le plus fouvent auprès de ma gondole que des étincelles, des coups de lumière vifs & de peu de durée, & quand cela s’étendoit en longueur par le mouve- ment de la-rame, il me fembloit que cétoit moins une lu- mière réellement continue, que l'impreflion fubfiftante d'un point lumineux à qui lon failoit faire un prompt trajet, comme on le voit pendant la huit lorfqu'on traîne en fair un charbon ardent avec une certaine vitefle. Enfin, quelques heures avant mon départ *, étant appuyé fur un balcon fous lequel l'eau du grand canal étoit fort tran- quille, j'aperçüs tant d'étincelles , que je ne püs m'empêcher de faire puifer encore une fois de cette eau. Un domeftique en alla prendre avec un feu, & me l'apporta dans une chambre où il n’y avoit point de lumière; j'y vis d'abord plufieurs points lumineux, qui le devinrent davantage quand je les voulus toucher : cette lumière, tout-à-fait femblable par la couleur & par la vivacité, à celle des fcarabées dont j'ai parlé précédemment, étoit adhérente à des feuilles d'algue, ce qui me donna lieu de l'enlever hors du vaifleau ; l'ayant reffée avec le doigt, je vis qu'elle s'étendoit comme fi j'euffe écrafé du phofphore, & cependant je ne fentis rien de dur qui m'annonçât la prélence d'aucun corps ; je fis apporter une bougie allumée, & je n'aperçus rien qu'une feuille d'herbe mouillée. On écarta la bougie qui m'éclairoit, & ayant porté la vûe fur le feau pour y prendre quelqu'autre brin d'herbe chargé de cette matière {emblable à du phofphore, je n’en trouvai plus, tout avoit difparu; mais lorfque j'y portai la main, la lumière fe ranima dans quantité d'endroits. Je plaçai le bout du doigt le plus près qu'il me fut poffible, d'un de ces points lumi- neux; & ayant fait revenir la bougie, j'examinai avec la loupe ce que cette petite place pouvoit avoir de particulier pour | D'ats :SNcALIEN cimis“3M 9 da rendre luifante: alors j'aperçüs un très-petit infeéte: d’ane confiftance très-molle, d’un blanc jaunâtre, dont le corps, autantique. j'ai pü le diftinguer, étoit formé de plufieurs anneaux , avec deux petites nageoires, & un ou deux petits filets «qui fervoient de queue. Le tout enfemble, vû avec une loupe d'un pouce de foyer, me paroïfloit un peu, moins gros qu'un: grain de feigle. Fort content de ma découverte, j'en fis part fur le champ à M Angelo Quirini, qui me donnoit à foupér ce jour-{à avec-plufieurs de fes amis, & qui, fentant approcher l'heure de mon\départ, aflujéti à l'exactitude d'uñe voiture publique, me fit quitter mon ob{ervation plus tôt que je ne l'aurois voulu. Dès que j'eus prononcé que je regardois toutes les étincelles des lagunes comme autant de petits animaux luifans , quel- qu'un de la compagnie me dit que cette opinion avoit été propolée depuis peu par M: Vianelli,, Doéteur en Méde- cine établi à Chioggjia, petite ville des environs de Venife, & que j'en aurois des nouvelles à Boulogne. En effet, M. Becari, qui a fr bien écrit fur les phofphores, &:à qui j'en parlaï, me communiqua obligeamment unelettre latine, dans laquelle je trouvai des preuves fuffifantes du fentiment que M: Vianelli avoit embraflé avant moi touchant les étincelles des eaux de Venife. Cette lettre feroit très-bonrie à rapporter ici tout au Tong, mdis’je n'oferois faire ce larcin à l'Aca- démie de FInflitut , à qui elle appartient de: droit ,:& qui fe fait fans doute un plaifir de la publier dans le Recueil de fes Mémoires. : Mist ; Si 122 # Quoique j'eufle vü en gros la figure de ces infeétes Jui: neux , par l'examen que j'en fis avec une loupe, j'aurois biemy voulu cependant en avoir le détail, & je’comptois le trouver avec Ja lettre dont je viens de parler; mais la defcription qu'on y fait de l'animal eft relative à un deflein qui man- quoit au manufcrit, &c dont ‘je nai point eu communica- tion. Je fongeai donc à réparer cette perte que la difette du temps mavoit fait faire, en priant M. Sommis, Docteur en Médecine, qui alloit à Venife, de vouloir: bien examiner H i 6o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE lui-même ces infeétes, les defliner, ou au moins en mettre une certaine quantité dans une fiole pleine d'elprit de vin, pour me les envoyer, ou pour me les remettre quand nous nous retrouverions à ‘Turin. I me le promit; mais il m'a dit depuis que ces petits animaux mavoient point paru pen- dant le féjour qu'il avoit fait à Venife, parce qu'il faifoit toûüjours ou de la pluie ou grand clair de lune : c'eft donc une nuit obfcure & du beau temps qu'il leur faut. Je croyois avoir perdu de vüe pour jamais ces vers Juifans de mer ( car je crois qu'on les peut nommer ainfi ), lorfque je les retrouvai ex très-grande quantité à Porto-fino, où je fus obligé de coucher le 1 $ Octobre, en faifant le trajet de Lerici à Gènes. Je me promenois fur le bord du baffin, dans un endroit où l'eau pouvoit avoir deux ou trois pieds de profondeur, je vis la mer étinceler comme à Venife. Pour être plus à portée de confidérer ce qui fe pafloit, je me couchaï tout à plat fur le ventre, & j'avançai la tête au deflus de l'eau: je voyois alors tous ces petits êtres lumineux partir du fond, qui étoit tout couvert d'algue, & s'élancer jufqu'à la furface, quelquefois perpendiculairement, aflez fouvent par des lignes obliques : je les voyois defcendre de même; & tous ces mou- vemens, bien examinés, me paroïfloient être de ceux qui appartiennent aux animaux. Je cherchai inutilement un dinge blanc & un peu fix, pour le tendre au bout d'un bâton ouvert en fourchette, & par ce moyen pêcher quelques-uns de ces petits infeétes; les auberges de ce pays-là manquent des chofes qui font les plus communes ailleurs: je n’eus d'autre reflource que mon amouchoir qui étoit rayé de diverfes couleurs fort obfcures, & fur lequel je ne pus diftinguer comme il faut, ce que Javois deffein d’y reconnoître: je remarquai feulement qu'étant forti de l'eau, il reftoit parfemé de petites taches lumineufes qui s’étendoient par la preffion du doigt, comme fi Fon eût écrafé une matière molle, & qui fubfiftoient plus d'une heure après que j'avois tordu le mouchoir pour en exprimer l'eau. Je pris un peu de la moufle qui tenoit aux pierres à fleur PM ENSM ISSU: T E Ni © fs: - 61 d'eau, & marquant avec le doigt les endroits que je voyois duire, je paflai dans un lieu éclairé pour les examiner avec da loupe: j'eus beaucoup de peine à trouver les animaux, ils étoient plus petits que je ne les avois vûs à Venife, & la mouffe me les offroit bien moins commodément que la feuille d'algue qui eft ifle. Malgré cela je vis que c'étoit le même animal, & j'aurois entrepris de le deffiner, fans les contre- temps inévitables des voyages qui fe font en compagnie de gens qui n'ont pas les mêmes goûts, & dans des lieux où Ton manque abfotument de toutes commodités : je me con- folois par f'efpérance de le pouvoir faire à mon aife à Gènes où j'arrivois le lendemain ; mais j'ignorois que peu de temps après le coucher du foleil, le port & Ja ville font féparés par une barrière qui ne s'ouvre que par des ordres fupérieurs. Je pouffai jufqu'à lobftination, le defir d’emporter avec moi, ou les animaux mêmes, ou de deffein fait d'après na- ture. Quand je partis de Gènes, je vins coucher dans un fauxbourg & hors des portes, afin de pouvoir aller le foir à la mer: j'y allai en effet, mais je n’y trouvai point ce que je cherchois, quoique je fuivifle Ja côte affez loin; failoit clair de lune, l'eau étoit agitée, il n’y avoit ni herbes ni moufle ; je ne fais à quoi de tout cela je dois attribuer mon infortune. | Quoique je n'aie pas pû fuivre avec autant de détail & de loifir que je l'aurois fouhaité, mes obfervations fur cette hunière qui fait étinceler l'eau de la mer, j'en ai vû aflez pour pouvoir affurer que cela ne vient pas de l’eau même, comme on le croit communément à Venife & fur les côtes dela Méditerranée, mais d’un infeéle qui luit par élancement: lorfqu'il eft pofé, & qui foûtient plus long-temps fa lumière Jorfqu'on le touche ou qu'il fe meut * : comme il eff fort petit, & que je n'ai pas eu la commodité de le bien examiner, * Depuis la leéture de ce Mé- | au microfcope. Le premier l'appelle, moire, M. Vianelli, & après lui | cicindela, ou lucciolerra dell acque M: Grizelini ; jeune Médecin de | marina, & il paroît par la defcrip- Venile, ont donné la defcription dé | tion qu'en donnent ces deux Auteurs, taillée de cet infecte, vû & examiné | & par la figure a en ont fait Hi] 62 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE je ne faurois dire s'il eft luifant en tout ou feulement par quelque partie de fon corps, comme les autres animaux de ce genre. La lumière qu'il répand le fait juger bien plus gros qu'il neft, mais ceft un eflet de la réfraction: caufte par l'eau dans laquelle il eft plongé, ou dont il refle mouillé uand on le tire de la mer. Il fe tient bien plus fouvent fur les herbes & dans la moufle, qu'il ne nage en pleine eau; c'elt pourquoi j'ai fait puifer tant de fois dans un des canaux de Venile, fans jamais en pécher aucun: ils fe ren- controient plus fouvent fous la rame du gondolier, parce qu'ils fe trouvoient attachés aux herbes & aux autres ma- tières qui flotient très-communément fur ces eaux, & l'on conçoit bien que cet animal qui luit pendant tout le temps qu'on le touche ou qu'on l'agite, fe fentant tranfporter bruf- quement, devoit me Jaifler voir un trait de lumière aufir long que le coup de rame. A RTC LyEr- Vo LR Sources d'eau foufrée, vapeurs dangereufes. 1. Un Etranger que la curiofité a fait aller à Rome, ne manque guère de vifiter Tivoli, Frefcati, Paleftrine, & quel- ques autres villes que leur antiquité a rendu recomrman- dables, & qui font encore aujourd'hui, quoiqu'avec moins de fomptuofité, les délices des Romains, par l’agrément de leur fituation, par fe bon air qu'on y refpire, par l'abon- dance des fruits qu'on y recueille, & par mille beautés natu- relles, qui n'ont: point cédé à injure des temps comme les fuperbes édifices qui les décoroient, & dont on ne voit'plus que les rüines. Plus ces lieux font fréquentés par les Voya= eurs, & célébrés par les Auteurs qui ont publié les mer- veilles de italie, plus j'ai été emprefié de les voir : mais graver, que c'eft une efpèce de fcolo- | marina, ère. Celui de M. Grizelini pendre. Le Mémoire de M. Via- | eften françois, &a pourtitre, {Vox nelli eft intitulé, AVuove Scoperre | velles Objervations fur la Scolo- éntorno le luci notturne dell acqua | pendre marine. s) MaMEuS = Sc 1 E N°c E'S. 6; plus auf j jai de raifons pour ne point rapporter ici ce que jai eu lieu d'y admirer ; je me bornerai donc à quelques oblérvations fur dés objets déjà connus, mais dont j'ai tâché de démêéler & d'approfondir un peu les circonftances. À quatorze miles de Rome, en allant à Tivoli, on pafle fur un ruifleau qui a quatre à cinq pieds de largeur & autant de profondeur, dont l'eau, qui coule affez rapidement, eshale one forte: odeur de foufre qui lui a fait donner dans le pays le nom d'Aqua yolfa : cette odeur fe répand afez loin aux environs, & {ur-tout quand elle eft portée par un ent qui n'eft point aflez violent pour la difiper; on dit méme que dans certains temps, & principalement pendant la nuit, on en eft incommodé jufqu'à Rome, quoique cette ville en foit éloignée de près de cinq lieues communes de France. Ces fources d’eau foufrée ne font point rares en Italie; aux environs de Viterbe, elles fe font fentir quelquefois d'une manière très-incommode aux paflans ; j'en ai trouvé, en allant de Rome à Naples, fur le grand chemin qui pafle au deflous de Sermonetta, & l'odeur de foufre qu' on fent en différens lieux où l’on pale, felon le vent qui règne, prouve affez que le pays ne manque point de ces eaux : elles font prefque toûjours plus chaudes que l'air de l'atmofphère, & d'une couleur laiteufe femblable à celle de giralol ; la vapeur qui en fort pénètre infenfblement les pierres les plus dures qui s'y trouvent expolées, elle les enduit de fleur de foufre, elle les calcine intérieurement, & les diflout de telle forte, qu'elles deviennent légères & perdent beaucoup de leur con- fiftance naturelle. Par cette raifon, l’Aqua golfa de la campagne de Rés à deux milles de els a peine à fe contenir dans le lit qu'elle s'eft creufé, & qu'on prend foin de lui entretenir dans un terrein rempli de roches qui font à fleur de terre. Elle s'extravafe en plufieurs endroits, & par fucceflion de temps, en fuivant la déclivité du terrein, elle a excavé tout le deflous de la plaine qui eft entre le ruiffeau & la montagne 64 MÉMGIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE au bas de laquelle elle rencontre le Zeverone. La terre entrou- verte, les lits de pierres enfoncés, y forment quantité de précipices, & plufieurs foupiraux d'où l'on voit fortir une vapeur épaiffe, & par lefquels on entend le bruit des eaux qui {e précipitent d'une cavité dans l'autre. Par-tout ailleurs, ces excavations foûterraines s’annoncent par un bruit fourd, ou par le retentiflement très-fenfible que les voitures exci- tent en roulant, ou que font entendre les pas des chevaux, des bœufs, & même ceux des hommes qui appuient un peu en marchant, " En remontant ce ruifleau, je trouvai quelques -unes de ces excavations aflez profondes, mais dans lefquelles cepen- dant il étoit poflible de defcendre: ces fortes de grottes, creufées dans des lits d'une pierre femblable à celle que j'ai fait connoître ci-deflus fous le nom de #ravertine, avoient pour la plufpart la forme d’un entonnoir incliné, & au fond duquel l'eau échappée du ruiffeau alloit fe perdre comme dans un gouffre: je me difpolois à y entrer pour détacher des fleurs de foufre fublimées que j'y apercevois en grande quantité, & d'une beauté à faire envie de les recueillir; mes compagnons de voyage *, aufli curieux que moi, en vou- loient faire autant dans d’autres cavernes de la méme efhèce; mais des payfans qui travailloient aux environs, & qui s'aper- çürent de notre deflein & de nos tentatives, accoururent, & nous perfuadèrent de n'en rien faire, en nous affurant que nous nous expofions à être fufloqués, & qu'ils en avoient vû des exemples fur des animaux qui étoient tombés dans ces trous, & fur des enfans qui avoient eu la témérité d'y defcendre: nous nous réfervimes le droit de douter de ecs faits, mais nous crûmes qu'il étoit prudent de céder à leurs remontrances, d'autant plus que la démarche à laquelle ils s'oppofoient , n'avoit qu'un motif aflez léger. J'ai eu depuis * Les PP, Jaquier, le Seur & Garo, Minimes, dont il a été fait mention plufieurs fois dans ces Mémoires, & qui m'ont beaucoup aidé de leurs foins & de deurs lumières dans les recherches que j'ai faites à Rome & aux environs. : occafion 2 HAMS E" 1$1C 4 EN CE S 65 ‘otcafion de me convaincre qu'on peut fans danger s'expofer à des vapeurs de foufre très-fortes. » | L'eau du ruiffeau eft chaude, mais if s’en faut bien qu'elle Je foit autant qu'on le dit; j'y plongeai un thermomètre de mercure gradué felon les principes de M. de Reaumur, & qui ayant été mis à l'ombre pendant un temps fufhfant, wenoit de fe fixer à 1 6 degrés au deflus du terme de la con- gélation : le mercure ne monta que de 4 devrés plus haut, ‘& cette chaleur étoit la même au fond de l'eau, au milieu & vers la furface, c'eft-a-dire, de 20 degrés par-tout. Nous remontâmes ce courant d'eau jufqu'à fa fource, qui eft à deux mil'es du chemin que nous avions quitté, en pre- nant fur la gauche. C'eft un petit lac qui peut avoir trente ou quarante toiles de largeur tout au plus, dont les bords font couverts de jones & de rofeaux : on voit fur cette eau, qu'on dit être extrêmement profonde vers le milieu, plu- fieurs petites ifles dont le terrein reffemble tout-à-fait à celui des bords du lac, & qui font couvertes des mêmes plantes. Ces ifles, dont la plus grande m'a paru n'avoir pas trente pieds de diamètre, flottent au gré des vents, & fe trouvent tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, quelquefois difperfées, & plus fouvent réunies plufieurs enfemble : c'eft-là principa- lement ce qui fait l'admiration des gens du pays, & ce qu'on fait remarquer avec le plus de foin aux Curieux que lon y conduit: C4 .« M. Spon, dans fon Voyage d'Italie *, etfaie d'expliquer ce phénomène, en difant que ce lac étant produit par des fources d’eau foufrée, les bouillons qu'on y remarque élèvent un Jimon raréfié par le {oufre, lequel venant à furnager & à s'attacher à des joncs & à des herbages, fe groffit peu à peu, & forme des amas de femblables matières, où il croît enfuite de nouvelles plantes, &c. Mais n'eft-il pas plus fimple & plus naturel de penfer que ces ifles flottantes ne font autre chofe que des portions du terrein même des bords avec lequel elles ont tant de reflemblance, lefquelles, après avoir été minées par-deffous, fe font enfin détachées du continent! Mn. 1750. FE * Livre premier, 66 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALr Puifqu'un canal prefque entièrement creufé dans la pierre a tant de peine à contenir cette eau, puifqu'elle s’extravale & qu'elle fe fraie des routes par des excavations dans des lits de pierre qui s'affaiffent enfuite, & fe rompent par mor- ceaux, comme je l'ai dit ci-deflus , cette même eau ne peut- . elle pas, à plus forte raifon, produire les mêmes effets à fa fource, miner peu à peu la terre qui ne fe trouve point liée par les racines des plantes , après quoi il ne refte, pour ainfi dire, qu'une croûte fuperficielle qui fe détache par quelque accident, & qui fe trouve aflez légère pour flotter, parce que ce n'eft qu'un tiflu de racines mêlées avec une petite quantité de terre bitumineufe? Cette conjeéture me paroït d'autant plus vrai-femblable, que prefque tous les bords du lac ont fair d’être creufés en deffous : quand on y frappe du pied contre la terre, elle retentit comme une voûte, & tous les gens du pays croient, avec beaucoup de vrai-fem- blance, que ce petit lac n’eft que l'ouverture d'un abyme d'eau beaucoup plus large, qui s'étend davantage fous le marais. On n'avoit dit comme une grande fingularité,, que l'eau du lac bouilloit en certains endroits, & cette idée jointe à celle de fa chaleur, qu'on n'avoit beaucoup exagérée, n'avoit fait croire, en ne prenant pas même les chofes au pied de la lettre, que je pourrois à peine y plonger la main: au premier coup d'œil je revins de cette erreur, & mon ther- momètre m'apprit bientôt après, qu'il n’y avoit que vingt degrés de chaleur, comme je l'avois éprouvé dans le ruifleau, un mille plus bas. Ce bouillonnement dont on m'avoit parlé, fe réduit à une infinité de petites bulles qui viennent continuellement fe crever à la fuperficie de l'eau, & que je crois être de petites portions d'air ou de vapeur dilatée, qui s'élèvent du fond à melure que leau y arrive: car comme la fource ne fe manifefte en aucun endroit, ni par de gros bouillons ni par des jets qui répondent à la quantité d’eau qui fort du lac pour former le courant dont j'ai parlé d'abord, il eft à préfumer que cette eau vient du fond par une infinité de pertuis par AMBPENS LS CEE N° 0? à" SA 67 fefquels elle fe crible, pour ainfi dire; & fi elle y eft amenée de plus loin par des canaux qui communiquent avec l'atmo- fphère &ans quelque endroit de Ieur route, elle peut avoir _entfaîné une certaine quantité d'air qui fe divife comme elle, en perçant le fond du lac, & qui s'élève en petites bulles jufqu'à la furface. * On me montra une efpèce de foffe ou de puifart, faifant partie du lac, où l'on vient, dit-on, fe baigner pour quelques maladies ; il faut que ce bain ne foit pas bien fréquenté, & qu'il ne le foit même que par des gens peu foigneux de commodités, car il n'y en a aucune: hors une mafure qui eft à deux pas de là, que les Antiquaires appellent /es thermes d'Agrippa, & que perfonne n’habite, on ne trouve dans ce lieu aucun bâtiment, aucune retraite pour fe mettre à cou- vert de l'ardeur du foleil, de l'infulte des infectes, ou de 1a pluie, s'il en furvient: les chemins d'ailleurs font peu frayés autour du lac, & l'on n’y voit aucune marque d'une grande fréquentation. Der | 2. La Nature encore plus admirable & plus inftruétive dans les environs de Naples, que dans les autres parties de l'Italie par lefquelles j'avois pañlé, me fit regretter de n'avoir pas tout le temps néceffaire pour l’étudier & pour recueillir toutes les connoïffances qu'elle fembloit m'ofhir : mon retour en France déjà trop différé & aflujéti à certaines circonftances, qui ne dépendoient pas de moi, ne me permettoit plus qu'un féjour de peu de durée, encore devoit-il être partagé entre mes recherches, & des devoirs de bienféance dont je ne pouveis me difpenfer. If fallut donc me borner au plus in- téreflant, & me contenter d'y voir ce qui n'exigeoit point un examen fait avec beaucoup de loifir: le Véfuve, la ville d'Herculane confidérée par rapport au Phyfique, la Solfa- tare & la fameufe grotte du chien, font prefque les feuls objets fur lefquels j'aie fixé mon attention, & c'eft le der- nier qui va faire le fujet de cette leure*. * Cette partie qui concerne la Grotte du Chien, a été ûe à la rentrée publique de l'Académie, le 8 Avril r7$0. 15 1] * Siofe di San- Germaro. 68 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette caverne connue depuis fi long temps & célébrée par tant d'écrivains, s'efl appelée /a grotte du chien, fans doute parce que c'eft ordinairement fur un animal de cette efpèce qu'on répète les expériences pour les curieux qui sy font conduire; elle eft creufte dans une colline fur le bord oriental du lac Agnano, entre Naples & Pouzzol. On ne la laiffe point ouverte, elle eft fous la garde d'un homme qui tient à cent pas de là une étuve naturelle*, c'eft-à-dire, un petit bâtiment à rez-de-chauffée, partagé en cinq ou fix chambres fi chaudes par la nature du fol, que les malades y vont fuer par ordonnance de médecin. La grotte dont j'ai à rendre compte, n'’eft point taillée dans le roc, mais dans une terre fablonneufe, qui a pourtant aflez de liaïfon & de confiftance pour ne point s'écrouler, quoique les parois foient coupées d'aplomb: elle a un peu plus de trois pieds de largeur, près de deux toifes de pro- fondeur, cinq à fix pieds de hauteur à l'entrée, & un peu moins de trois pieds vers le fond. On y entre de plein pied, quoique le terrein foit un peu incliné du dedans au dehors, & beaucoup plus depuis la porte jufqu'au chemin qui en eft éloigné de deux toiles & demie, & qui borde la colline: je dis qu'on y entre de plein pied, pour faire entendre qu'il n'y a aucun efcalier à monter ni à defcendre, & que la pente eft affez uniforme depuis le fond de la grotte jufqu'à fon entrée, & depuis l'entrée jufqu'au chemin. Cette expli- cation eft néceffaire pour faire mieux fentir ce que j'ai à dire dans la fuite. Quand on fe place à quelques pas de diftance en dehors, & qu'on fe baïfle pour avoir l'œil à peu près à la hauteur du terrein de la grotte nouvellement ouverte & bien éclairée, on aperçoit dedans une vapeur aflez femblable à celle qu'on voit au deflus d'un réchaud plem de charbons ardens, mais diférente en ce qu'elle eft moins animée & comme ram- pante, ne s'élevant point au delà de cinq ou fix pouces. Ce fluide à peine vifible, & qui paroit fi fubtil à la vue, s'é- tend uniformément, & femble affecter l'équilibre, comme DIES S CIE N'CE's. _ 69 une liqueur: f furface, beaucoup plus terminée que les autiés vapeurs, balance vifiblement fous l'air, comme fi ces deux matières avoient peine à fe mêler. J'entrai dans la grotte, dont je trouvai le terrein humide, & l'on m'affura que c'étoit fom. état ordinaire: cette humi- dité s'aperçoit auffr aux parois tout autour, & jufqu'à la hau- teur de dix pouces feulement : il eft aifé d'en juger par la couleur de la terre, qui y eft plus bnime & plus molle que partout ailleurs. Cependant, ce qui l'humecte aïnfi ne pro- duit ni pleurs ni écoulement fenfible : on ne remarque aucun enduit de matière faline, comme on en voit aux murailles des étuves dont j'ai parlé. Après y avoir refté debout pen- dant quelques minutes, je ne remarquai qu’une légère odeur de terre, femblable à celle qui règne communément dans les foûterrains qu'on a tenu fermés ; mais je fentis aux pieds une chaleur douce; qui me parut s'étendre en hauteur à peu près autant que la vapeur dont j'ai fait mention : pour m'en aflurer, j'y portai la main; il me fembloit l'avoir plongée dans la vapeur de l'eau bouillante à huit où dix-pouces au deflus du vafe d'évaporation. Ma main, par une pareille immerfon que je fis durer environ une minuté, ne con- traéla aucune odeur ni aucun goût dont je pûffe m'apercevoir en la portant au nez, ou er appliquant mes doigts fur ma langue : un. petit thermomètre gradué felon les principes de M. de Reaumur, que je laïflai par terre pendant plus d’une demi-heure dans la grotte, marqua 29 degrés au deffus du terme de la congélation ; il en auroit fans doute marqué da- vantage, fi la porte n'eût point, été ouverte, car quand je fs cette expérience, l'air extérieur avoit à peine 18 degrés de chaud. … Je fortis de la grotte, & m'étant mis à genoux à quel- ques pas de diflance au deflous de l'entrée, pour examiner encore la vapeur , j'obfervai mieux que la première fois les balancemens fous l'air, parce que l’un & l'autre fluides venoient d'être agités: à peine avois-je été-quelques inflans dans cetie poflure, que je fentis aux jambes, & à la main gauche que li 70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE j'avois pofe à terre pour m'appuyer, une chaleur femblable (quoique plus foible) à celle que j'avois remarquée dans la grotte : je me retirai un peu de côté, & baiffant la tête pour regarder à fleur de terre, je vis très-diftinétement une vapeur pareille à celle de la grotte ;:moins élevée cependant, & qui me fembloit couler en fuivant la pente du terrein. Je conjefturai de-là que ce fluide, trop pefant pour s’éle- ver plus de cinq à fix pouces, fans être retenu de toutes parts, fe répandoit du foûterrain où étoit fa fource, dans les endroits qui étoient au deflous, & qu'il s'y diflipoit, foit en fe partageant dans un grand efpace, foit enpcédant aux agitations de l'air. J'imaginois encore que les environs de la grotte pouvoient bien exhaler comme elle ce fluide que j'apercevois, avec la feule différence du plus au moins. La cha- Jeur que-je fentois à la main lorfque je l'appuyois par terre, rendoit très-probable la dernière de ces conjeétures, & Ia pre- mière fe tourna en certitude par l'expérience qui va füuivre. On ne manque pas de faire voir aux Curieux qui vont à la grotte, un flambeau de cire bien allumé qui s'éteint dès qu'on le plonge dans la vapeur: j'en fis l'épreuve moi- même plufieurs fois ; &, ce qu'il eft bon de remarquer en paflant , je vis toüjours périr la flamme fans bruit , fans cette efpèce de pétillement qui fe fait entendre toutes les fois qu'un corps enflammé s'éteint dans l'eau ou dans quelque matière qui en contient beaucoup. En examinant ce phéno- mène, j'en aperçûs un autre qui n'et guère moins intéreffant : la fumée épaiffe qui paroïfloit immédiatement après l'extinc- tion du flambeau, demeuroit, flottante fur la vapeur ; plus légère qu'elle, mais plus pefante que l'air qui étoit au deflus, elle s’étendoit entre fune & autre, & coulant d'abord gra vement du dedans au dehors, & enfuite avec plus de viteffe, parce que la pente devenoit plus grande, elle indiquoit d'une manière bien fenfible & bien füre, l'écoulement du fluide qui l'entraïnoit. | On demandera peut-être pourquoi cette fumée ne s'éle- voit pas dans l'air ‘qui étoit au deflus d'elle, & d'où lui nee LAMPE LSNC NE N;C.E.S 71 venoit ce degré de pefanteur qu’elle n’a pas coûtume d’avoir: elle le tenoit apparemment de la vapeur même dans laquelle la flamme avoit été étouffée. On peut penfer que ces deux fluides, plus propres à fe mêler enfemble qu'avec l'air, s’'étoient unis vers la fuperficie de Ja vapeur, & que la fumée, toû- jours plus légère que celle-ci, avoit cependant affez de poids pour demeurer flottante fous la furface de Fair. _ La vapeur de la grotte n'eft point la feule qu'on ait và couler ainfr fous l'air, & fe répandre de fa fource dans les lieux inférieurs. Après les grandes éruptions du Véfuve, il arrive quelquefois qu'aux environs du volcan, & principa- lement près des endroits où fes laves fe font arrêtées, les fofes, les caves, les citernes, les puits fe remplifient d'ure efpèce de moffète2 qui reflemble affez à celle de la grotte, excepté qu'elle n'eft point permanente comme elle; mais pen- dant tout le temps qu'elle dure, on obferve qu'après avoir rempli le lieu de fa fource, elle déborde, fe répand dans les endroits qui font plus bas, & Sarrête dans ceux qui font creux, comme pourroit faire Feau d'un baflin qui devien- droit trop plein. Après l'expérience du flambeau , on fit devant moi celle du chien. Le Gardien de la grotte prit d’une main les deux pattes de devant de l'animal, & de l'autre celles de derrière: il entra dans la grotte, au milieu de laquelle if le tint couché fur le côté; aufli-tôt fe chien fit des efforts pour s'échapper, au moins pour porter fa tête hors de la vapeur ; if battit des flancs comme fi la refpiration lui manquoit, il fouffloit de Ja gorge & du nez comme pour repouffer une matière qu'il avoit répugnance d'avaler : après s'être tourmenté ainfi pendant trois minutes les forces lui manquèrent, il demeura fans mouve- ment : on le porta promptement en plein air, il le refpira à Jongs traits, comme quelqu'un qui revient d'un grand éva- nouïffément ; en deux minutes il acquit affez de forces pour fe ® Meplitis, exhalaifon mortelle ou très-dangereufe. Fa Neapolit, Scient. Academ, de Vefuvii conflagratione commentarius, p. VI, 72 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE relever, & il parut être dans fon état naturel. Ce chien étoit jeune, vigoureux, d'une moyenne grandeur, & fon maître m'aflura qu'il y avoit plus de fix mois qu’il le faifoit fervir prefque journellement à de pareilles épreuves. Je pris un coq, & l'ayant porté dans la grotte, je lui plongeai la tête dans la vapeur; à peine y füt-il, qu'il fit des efforts pour vomir: en effet, les alimens qu'il avoit pris quelques minutes auparavant , lui revinrent abondamment dans le bec; il fut lufioqué tout d'un coup, & fans retour. Je mis fucceflivement à la même épreuve plufieurs gre- nouilles nouvellement prifes au bord du lac: toutes demeu- rèrent pémées & prefque fans mouvement au bout detrois ou quatre minutes; mais quoique je les eufle laiffées plus d'un quart-d'heure dans cet état, elles reprenoient vigueur en peu de temps forfqu'on les remettoit en plein air. De groffles mouches, un fcarabée de ceux qu'on nomme flercoraires , & quelques papillons, que je traitai de même, furent plus long-temps fans laiffer apercevoir qu'ils fouffroient, & ils revinrent à la vie après une défaillance de plus longue durée. Ces deux dernières expériences me firent connoître que Jes reptiles & les infeétes tiennent plus long-temps que les autres animaux contre les effets de la vapeur: je me con- tentai de lavoir vû deux fois, parce que le P. la Torre * m'aflura qu'il s'en étoit rendu certain par une fuite d’expé- riences qu'il avoit faites l'année précédente avec M. Tait- bout, notre Conful à Naples. En effet, depuis mon retour, M. de Reaumur ayant bien voulu m'en communiquer les réfultats qui lui avoient été remis, j'y vois qu'un crapaud a réfifté pendant près d'une demi-heure, qu'un lézard n'étoit pas mort au bout de cinq quarts-d'heure, & qu'une grofle fauterelle remuoit encore dans la vapeur après plus de deux heures. On ne peut donc pas ue que cette vapeur ne foit * Religieux Somafque, Profefleur de Philofophie, & path : LE l’Académie des Sciences. capilŸe | DES SCIENCES. 73 capable d'ôter la vie à un animal; fi l'expérience nous y failoit trouver quelque qualité peftilentielle, quelque venin fecret, nous devrions fans doute, comme la plufpart des Auteurs qui ont traité des mofietes, da compter au nombre de ces exhalaifons meurtrières dont les mauvais effets {e font fentir avant qu'on ait pà les prévoir, parce qu'ils ne s'an- noncent à nos {ens par aucune odeur defagréable, par aucune qualité propre à infpirer de la défiance: mais ce n'eft point par l'extinétion feule de la vie animale qu’on en peut juger, puifque cet efiet peut venir également ou d’une matière qui agit en détruifant ou en infeétant, comme le poifon, ou d'un - fluide qui prend la place d'un autre dont il ne peut remplir les fonétions; c'eft pluftôt en examinant la vapeur en elle- même, pour tâcher d'en connoître la nature, ou au moins quelques-unes de fes qualités effentielles, & ce fut dans cette vûe que je continuai mes expériences. Ayant coupé en deux une feuille de papier bleu, j'en mis la moitié par terre dans la grotte, & je l'y laïffai près d’une demi-heure. Quand je retirai ce morceau de papier, il étoit un peu chaud , il mavoit point contracté de moiteur, & fa couleur, comparée avec celle de autre demi-feuille que j'avois “sardée dans maspoche, n'étoit changée que d'une légère nuance, en tirant fur le violet. Je renverfai au fond de la grotte un gobelet de verre, & je l'y laiflai aflez long-temps pour avoir lieu de croire que la vapeur l'avoit bien rempli; je le remis enfuite dans fa fituation naturelle, fans le faire fortir de Ja vapeur dans a- quelle il avoit été plongé, & j'y verfai du firop de violettes, qui ne changea pas fenfiblement de couleur. Je ne vis point d'autre effet lorfque je verfai de ce même firop dans un autre verre, au fond duquel j'avois mis de la terre récemment tirée du même endroit. Je trempai un linge dans du vinaigre très-fort, & l'ayant attaché au bout d’une canne, je le portai dans la vapeur de Ja grotte; mais quoique je l'y tinffe plus de trois minutes, je w'aperçus aucun figne de fermentation. , Mém. FASO. < . K 74 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Il me vint dans l'efprit d'effayer fi Fodeur du vinaigre ne feroit pas capable de garantir un animal des mauvais eflets de la vapeur. J'enveloppai avec le linge de l'expérience pré cédente, la gueule du même chien qui nous avoit déjà fervi, & qui ne le reflentoit plus de la première épreuve; je l'en- veloppai, dis-je, de manière qu'il pouvoit relpirer librement, & tandis que fon nuïtre le tenoit couché dans la grotte, japprochai encore du nez de l'animal, une éponge pleine de vinaigre. Tout cela n'empècha point qu'il n'eût les mêmes accidens qu'il avoit eus la première fois, & à peu près dans le même efpace de temps : il en revint de mème lorfqu'on lui fit reprendre l'air. Comme nous avions pañlé une partie de Ja journée dans a Solfatare, nos bouclés de fouliers, qui étoient de tombac, avoient confidérablement changé de couleur; je regretois de n'avoir pas quelques morceaux du même métal poli, à plonger dans la vapeur de la grotte, pour voir ft par un eflet fem- blable, nous n'y découvririons pas quelque qualité tenant du foufre ou de l'arfenic: mais le Père la Torre à qui je failois part de mes regrets, m'apprit que cette épreuve étoit du nombre de celles qui avoient été faites avec M. Taitbout, & que ce métal, après un temps aflez confidérable, avoit toûjours paru fous la couleur qu'il avoit auparavant. Un moment après, je trouvai par terre au fond de a grotte un fragment de ces feuilles de cuivre battu à la ma- nière de l'or, dont je nr'étois fervi plus de deux heures au- paravant, pour quelques expériences d'électricité: cette petite feuille de faux or n'avoit point changé de couleur, ou fi elle en avoit changé, la différence n’étoit pas fenfible. Par ces expériences, nous ne voyons pas pofitivement ce: que c'eft que ce fluide qui éteint la flamme & qui fait mourir les animaux dans la grotte du chien; mais il me femble- que nous apprenons affez bien ce qu'il n’eft pas. Nous pou- vons dire avec beaucoup de vrai-emblance, qu'il n’eft ni fulfureux, ni arfénical, ni alkali, ni acide, au point d'être dangereux ou de nuire fubitement par aucune de ces qualités; MAIS 816 1 EN: © El il ne fait d’ailleurs aucune impreflion fur la peau de la main, c‘qui donne à croire qu'il n'en feroit pas plus fur celle du vilage, fur les yeux, {ur {a langue, ni peut-être fur les parties internes du corps, s'il n'y étoit introduit que comme les alimens; mais ne nous arrétons point à des conjectures, voici des faits qui répondent à ces queftions. Enhardi par toutes ces expériences dont j'ai rendu compte, & par les conféquences que j'en avois tirées, je ne crus point commettre une imprugence en me plongeant nmici- même dans la vapeur, avec l'attention cependant de ne a point refpirer d'abord, & de n'y refter que très-peu de temps. Je me plaçai à genoux dans le milieu de la grotte, ayant les deux mains appuyées par terre: je portai la face en avant, & jufqu'à deux ou trois pouces du terrein, tenant les yeux ouverts, la langue un peu avancée hors des lèvres, _& fufpendant pour un moment ma, refpiration. Cette première immerfion me fit fentir un attouchement affez femblable à celui d'une vapeur d’eau bouillante, chargée de quelque fel; ce qui me fit d'abord fermer les yeux par un mouvement naturel à cet organe, quand il efk frappé par quelque autre matière qu'un air tranquille & pur; mais elle n'y produifit aucune impreflion douloureufe, ni aucune forte de faveur fur la langue qui refla découverte pendant tout le temps que j'eus le vifage plongé; ce qui dura trois ou quatre fecondes. | Plus j'étudiois la vapeur de la grotte, moins je la trouvois capable d'agir en qualité de poifon; j'étois perfuadé qu'on en pouvoit faire avaler à un animal avec des alimens, fans Fexpofer à mourir, & pour en être für, je préfentai à un poulet, du pain baigné depuis long temps dans la vapeur; ïl le mangea fans répugnance, & n'en parut nullement incom- mrodé, Comme jallois quitter cette fimeufe grotte pour ne Ja revoir jamais, felon toutes jes apparences, j'étois bien aife qu'il ne me reftät rien à defirer de ce qu'on pouvoit y faire; _ Je ne voulois pas omettre fur-tout certaines épreuves dont Ki 76 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on ne peut bien juger que quand on les a faites {oi-même, & que je n'aurois ofé exiger dans la fuite, de la complai- fance ou du zèle d’un Correfpondant. Il me prit envie de refpirer moi-même cette vapeur, qui avoit été jufque-à un des principaux objets de mes recherches: c'eût été fans doute une témérité blämable deux ou trois heures auparavant; mais fi l'on fe rappelle toutes les expériences qui avoient précédé, celle du poulet fur-tout, & l'exemple tant de fois réitéré des animaux qu'on plonge dans cette vapeur, qui n'y font jamais fuffloqués fubitement, & qui ne reflentent aucune fuite des accidens qu'ils y ont fouflerts, on verra que je ne courois pas grand rifque en failant cet eflai avec ménage- ment; on conviendra que je m'expofois tout au plus à refpirer une fois defagréablement : ce fut auffi tout ce qui n'en arriva. Ayant avancé mon vifage jufqu’à la fuperficie de la vapeur, j'eflayai de prendre haleine doucement : je fentis quelque chole de fuffoquant, à peu près comme quand on a la bouche près d'un gros tuyau de poêle fort échauffé, ou que l'on entre dans une étuve où il règne une grande chaleur avec de l'humidité: je fentis encore dans la gorge & dans le nez une légère âcreté qui me fit toufler & éternuer; mais cette épreuve, qui dura peu à la vérité, ne me caufa ni naufées ni mal de tête, ni aucune autre incommodité; elle me fit croire plus que jamais qu'il n’y avoit dans cette vapeur aucune de ces qualités venimeufes ou peftilentielles qu'on attribue aux mofletes, au nombre defquelles cependant elle a été mile par divers auteurs. Pour moi, quand je confidère la promptitude avec laquelle: elle agit, je n’y vois rien autre chofe qu'un fluide dont vé- ritablément la nature m'eft inconnue, mais qui eft {pécifr- quement plus pefant que l'air, & qui a peine à fe méler avec lui; ce qui me fufht pour rendre raïfon des eflets qu'on voit dans la grotte. L'air eft, comme l'on fait, pour les animaux terreftres , le feul fluide propre à entretenir la refpiration; encore faut:il qu'il {oit pur à un certain point, & qu'il ait un degré de 0 mm. me pété HE LuS2ct EN C'ÉIs denfité convenable: un quadrupède ou un oifeau périroit bien-tôt par défaut de refpiration, dans da meilleure & la plus faine de toutes les eaux, & perfonne ne pourroit vivre long- temps dans une fumée fort épaïfle, quand ce feroit celle de Ja paille brülée, ou de quelqu'autre matière encore plus in- différente, on y feroit bien-tôt fuffoqué. On peut dire la même chofe à l'égard de la flamme, elle s'éteint néceffai- rement lorfque Fair lui manque, aucun autre milieu ne lui convient : or, de quelque nature que puifle être la vapeur de la grotte, dès qu'il eft certain que ce n'eft point de air _ où que ce n’eft point un air femblable à celui de latmofphère, on voit dès-lors pourquoi les animaux ne peuvent pas y refpirer ; ils y périfflent, non comme empoifonnés, mais feulement comme noyés dans un fluide incapable de fuppléer à l'air qui {eur manque, & il en eft de même du flambeau allumé. Plufieurs raifons rendent cette explication plaufible. Pre- mièrement, l'on a vü que les animaux qui ont le plus fouffert dans la grotte, fe rétabliffent promptement & à coup für quand ils font portés à l'air avant que d’être morts. Si les accidens qu'ils ont éprouvés; venoient d’une matière qui eût offenfé quelque partie noble, qui eût infecté la mafle du fang, ou qui eût fufpendu le cours des liquides par quelque contraétion ou irritation excitée dans les folides, le mal ne devroit-il pas fubfifter en conféquence de ce qui a été fait, & autant de temps que le fujet ne feroit pas purgé de cette matière? On ne jette plus les animaux dans le lac après les. avoir tirés de Ja grotte; c'eft une vieille erreur, & dont on eft bien revenu, de croire que cette eau doive leur fervir d'antidote: elle acheveroit pluftôt de les noyer s'ils y étoient mis, & qu'il ne leur reflât point aflez de forces pour nager & pour tenir la tête levée jufque dans l'air. Secondement, on aperçoit une forte de reffemblance entre: les animaux qui fouffrent dans la grotte, & ceux que lon tient dans un air extrèmement raréfié. On fait que dans le vuide de la machine pneumatique, les reptiles & les infeétes : (“4 ;) Site 73 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE meurent plus diflicilement & plus tard que les quadrupèdes & les oifeaux: ces derniers fur-tout (je l'ai fouvent oblervé) lorfqu'on les fait fervir aux expériences de la machine pneu- matique, peu de temps après qu'ils ont mangé, périffent fuffo- qués dans un inflant en faifant des eflorts pour vomir; tout cela reflemble aflez bien à ce que j'ai rapporté ci-deffus, du coq, des grenouilles, des lézards, des fcarabées, des mou- -ches, &c. qu'on a tenu plongés dans la vapeur de la grotte. Troifièmement enfin, j'ai appris de M. Serrao Secrétaire de l'Académie des Sciences de Naples, du Père la Torre, & de plufieurs autres Savans du pays, qu'en faifant l'ouver- ture des animaux fuffoqués dans la grotte, on n'y avoit rien trouvé de remarquable, fmon les poumons un peu affaiflés ; état affez conforme à celui d’un animal mort pour avoir feu- lement manqué d'air. Au refe il ne faut pas confondre ce témoignage avec ce que rapporte le même M. Serrao, des eflets de certaines moffetes qui parurent pendant quelque temps aux environs de Portici, après l'éruption du Véfuve de 1737. Quoique ces dangereufes exhalaifons reflemblaffent par bien des en- droits à celle de la grotte, elles en différoient auffi à plufieurs égards; elles étoient plus froides que l'air de l'atmofphère ne l'eft communément dans l'été; elles rendoient livide la chair des animaux qu'elles faifoient périr, elles donnoient un mau- * Vos. k Chap. Vais goût à l'eau. Cependant en lifant avec attention l'examen * 25 # LE _ qui en fut fait, on y trouve bien des raifons pour croire que defas. {1 ces mofletes paffagères ou accidentelles avoient quelque mauvaife qualité de plus que la vapeur de la grotte, c'étoit moins par-là qu'elles étoient mortelles ‘ou qu'elles nuifoient aux animaux qui s'y trouvoient plongés, que par l'impofli- bilité où elles les mettoient, de refpirer leur propre élément. Acte TH BE. M Hs Volcans. Minières de foufre à” d'alun. 3, Les éruptions des Volcans font fi terribles, les forces PORT Le 27, “04 Doeis 28:C41EN CES. qui remuent ainfr les entrailles de la terre font fi fort au deflus des mouvemens ordinaires dont nous connoiflons l’ori- gine, que ces rares eflets nous paroiflent toüjours plus grands que les caufes phyfiques auxquelles nous les attribuons. Cette difproportion apparente qui Ôte toüjours aux conjectures les plus raifonnables, une grande partie de leur vrai-femblance, ne viendroit-elle pas de ce que nous n’envifageons ces caufes que par partie & féparément, lorfqu'il s'agit d'expliquer un effet qui dépend de plufieurs enfemble! Les matières cal- cinées ou fondues, les flammes que vomifient ces grands fourneaux, annoncent vifiblement des fermentations, des effervefcences, un embrafement foûterrain: l'expérience nous a appris que la force élaftique de l'air échaufté, eft d'autant plus grande, que ce fluide fe trouve plus comprimé. Dans ces bouleverfemens qui arrivent à certaines parties de notre globe, ne confidérons donc pas feulement une fermentation qui prend feu & qui fait bouillir, pour ainfi dire, des ma- tières fulfureufes & falines qui fe font mélées, mais encore des volumes d'air d’une grandeur énorme, comprimés, & qui tendent à fe dilater avec d'autant plus de force, qu'ils font en même temps, & plus embrafés, & plus contraints. À ces deux premières caufes, joignons-en une troifième. qui eft encore plus puiflante; c'eft la dilatation des vapeurs, non feulement des matières que nous nommons inflammables, mais encore de l'eau même qui peut fe rencontrer dans le voifinage des feux foûterrains, & qui détermine peut-être par des écoulemens accidentels, ces éruptions qui arrivent -de temps en temps. Ce n’eft qu'en confidérant ainfi le concours de plufieurs caufes éonnues, & en embraflant même la pof- fibilité de quelques autres qui ne le font pas encore affez, qu'on peut Ôter à ces grands effets l'idée de prodige fous laquelle ils s'annoncent depuis fi long temps*. Telles étoient mes penfées fur les éruptions des volcans, long-temps avant que j'en eufle vü, & lorfque je ne les connoiflois encore que par les relations des Voyageurs ou des Hiftoriens, & par les differtations des Naturalifles, c'eft- * Leçons de Phyfig. expérim, tom. IV, p: Q$o. ‘ * Le 14 Sep- tembre 1740. 80 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à-dire, lorfque je n'en avois encore qu'une idée aflez im- parfaite; car quoique plufieurs auteurs aient parlé de l'Etna & du Véluve, d'une manière aflez circonflanciée, tant d’autres ont fi mal rendu ce qu ‘ils en avoient vü ou ouï dire, qu après les avoir tous lüs, j'avois encore befoin de voir par moi- même, pour être en état de raifonner fur les faits avec quelque confiance. I eft vrai que je n’avois point vü les Mémoires de l’Aca- démie de Naples écrits par M. Serrao Secrétaire de cette compagnie de Savans. Cet Ouvrage entrepris par l'ordre du roi des Deux-Sicilés, au fujet de l'éruption arrivée en 1737, & publié en italien & en latin en 1738, embrafle prefque toutes les recherches qu'on peut imaginer de faire fur le Véluve, & en expole les phénomènes avec tout le détail & toute la clarté qu’on peut defirer. Aïdé de cette le‘ture quelques jours avant que j'allaffe e vifiter le volcan, j'en ai plus appris dans l'efpace de cinq où fix heures que je paflai fur Ja mon- tagne, j'ai conçu des idées plus nettes & plus juftes, que je n'avois pà faire en plufieurs années, par la lecture des autres Ouvrages de cette efpèce. Ces Mémoires étant entre les mains du public, il feroit inutile que je nvétendifle ici en defcriptions; je me bornerai à quelques remarques fur l'état dans lequel je trouvai fe Vé- fuve au mois de Septembre de l'année dernière *, & j'exa- minerai la poflbilité de quelques effets fort finguliers, que lon a mis au nombre de ceux qui accompagnent fes érup- tions, & que des auteurs graves conteftent aujourd'hui, parce qu ‘ils n'y trouvent point de vrai-femblance: mais comme j'aurois peine à me faire entendre des pe#fonnes qui n’auroient pas encore acquis, ou qui auroient perdu l'idée de ce fameux volcan, il eft à propos que je la retrace, & c'eft ce que je ferai le plus brièvement qu'il me fera poffible, à mefure que mon fujet le demandera. Au milieu d'une belle plaine fituée à lorient de Naples, & qui commence où finiffent les fauxbourgs de cette capitale, on voit une montagne dont la bafe a bien maintenant dix lieues D'E:S SCIENCES. 8r _ Jieués de circuit, & qui, vers’ les deux tiers de fa hauteur, fespartage en deux pointes écartées lune de Fautre de cinq cens toiles ou environ par leurs extrémités. L'un de ces deux fommets, qui eft au nord, fe nomme Somma; Yautre, qui eft un peu moins élevé & fitué au midi, eft, à proprement parler, ce qu'on appelle Z Véfuve: mais c'eft aflez lufage dans le pays, de comprendre indifférem- ment l'un & l'autre fous le nom commun de monte di Somma. IL y a de fortes raifons pour croire que ces deux pointes n'étoient au commencement qu'une feule & même montagne qui aura été divifée par quelque bouleverfement poftérieur à la naiffance du volcan; mais on n’en fait pas l'époque: peut-être auffi que cette divifion fe. fera faite par fucceffion de temps, & à la fuite de plufieurs fecouffes éloignées les unes des autres; ce qui l'aura dérobée à l'attention des Ob- fervateurs & des Hifloriens. Depuis Refina, village fitué fur le bord de la mer, à cinq quarts de lieue de Naples, on commence à monter avec quelque peine ; le chemin eft rude, mais il eft praticable encore avec des mulets. On traverfe d’abord trois quarts de lieue de pays bien cultivé, & très-fertile en vins & en fruits; après quoi l'on pañfe une efpèce de plaine qui peut avoir une demi-lieue de largeur, f1 lon peut appeler plaise un terrein qui a un peu moins de pente que celui qu'on vient . de monter, mais qui eft parfemé de gros éclats de pierres, interrompu par de profondes ravines qui font autant de pré- cipices, chargé enfin de torrens immenfes de ces matières qu'on nomme /es, qui ont coulé du Véfuve en différens temps, & que l'on prendroit pour des lits de fer fondu ou de mâchefer, parce qu'elles en ont la couleur & {a dureté. Après ce dernier trajet, on arrive à cette partie de la montagne qui prend la forme d'un cone tronqué: il faut de néceflité quitter les mulets, & fe fervir des pieds & des mains pour gravir, fi fon n'aime mieux fe faire traîner ou poufler par des payfans qui gagnent leur vie à conduire ainfr les Curieux. De quelque manière qu'on s'y prenne, ce dernier Mém. 175 0: Fo LA 2 Mém. de l A- cad, des Scienc. 1703:P233: b La Fig. de la Terre, déterminée Yc. p.39. 82 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE ; pas eft très-fatigant, parce qu'il y a beaucoup à monter, & que lon ne peut s'appuyer que fur une efpèce de fable fort mouvant, que le volcan vomit dans le temps de fes érup- tions, & auquel on a donné le nom de cendre, ou bien fur des fragmens de pierres dures, très-aigus, amoncelés es uns fur les autres, & toujours prêts à s’écrouler fous les pieds. J'avois porté avec moi un baromètre que je mis en expé- rience au plus haut de {1 montagne; le mercure fe fixa à 24 pouces 8 lignes, ceft-à-dire, 3 pouces + plus bas qu'il n'étoit le même jour au bord de la mer. Ces 40 lignes d’a- baïffement du mercure, felon la règlé établie par Mrs Caffini & Maraldi*, donnent la hauteur perpendiculaire du Véfluve au deffus du niveau du golfe, de $ 3 6 toifes 4 pieds, ou bien de 595 toiles, fi lon fuit celle dont M. Bouguer a fait ufage pour mefurer {a hauteur des montagnes de la Corde- lière au PérouP; mais quand on s'arrêteroit'à cette dernière évaluation, qui efl la plus forte, il s'en faudroït encore d’une quantité aflez confidérable que la hauteur du Véfuve ne füt auffi grande que nous la donnent les Mémoires de l'Aca- démie de Naples. Selon ce qu'en a écrit M. Serrao fon Hif torien, en 1738, la hauteur perpendiculaire du Véfuve au deffus du niveau de la mer étoit de 686 cannes, ce qui fait 762 toiles 1 pied 4 pouces, la canne Napolitaine con- tenant 6 pieds 8 pouces melure de Paris. Il n’y a pas d'appa- rence, felon moi, que dans l'efpace de onze années, pendant lefquelles le Véfuve à été aflez païfible, fa hauteur ait fouffert un déchet de 167 toiles: comme on ne dit pas de quelle manière cette mefure fut prife en 1738, il eft permis de croire qu'on seft fervi pour cela d'an baromètre, &' que pour évaluer les hauteurs correfpondantes à chaque ligne d'a= baiffément du mercure, on a fuivi quelqu'autre progreffion- que celles dont j'ai fait mention ci-deffus? ou bien fi cett hauteur de 68 6 cannés a été détérminée par des Géomètres, il faudroit convenir que dans certains cas fes mefüres prifes par lé Moyen du baromètre feroient fujètes à d'étranges érieurs. J'attends fur-cela des éclairciffemens qu'on n'a promis MAMIE IS MISTEOT E NTc'E 1. 83 dans de pays, & que je joindrai à cet article quand je les aurai reçüs 2. Si le fommet du Véluve wétoit que tronqué par une fe&tion parallèle à fa bafe , lorfqu'on y eft arrivé on verroit une plaineun peu ovale, dont le plus grand diamètre, dirigé à peu près de left à loueft, peut avoir 300 toifesb; mais au lieu de cette plaine, on n'en trouve que la circonférence, tout’ le refte, abaïflé en forme de trémie, reflemble à un grand baflin de 80 ou 1 00 toiles de profondeur €: on aper- çoit'au fond une matière brune, dont la furface, à peu près horizontale quand on la confidère en totalité, s'élève en plufieurs endroits en forme de monticule, & paroît ailleurs éntr'ouverte par des crevailes, & interrompue par de grandes cavités. Ce font prefque autant de bouches par où il fort en’ tout temps une fumée fort épaifle, que les Voyageurs voient de fort loin. . Cette fumée s'élève comme une colonne, en gardant la direction verticale plus ou moins loin, fuivant le degré de force avec lequel elle eft lancée ; après quoi, obéiflant au vent qui règne, & prenant fon équilibre plus ou moins haut, fuivant l'état actuel de Fair, elle devient comme un grand nuage, que lon confondroit avec les autres fi lon perdoit de vüe fon origine. | + Quand le volcan ne jette que de la fumée, cette colonne ‘qu'on en voit fortir pendant le jour, fe dérobe aux yeux lorfque la nuit eft venue; mais on l'aperçoit lumineufe dans les ténèbres, & rouge comme du feu dans les temps où elle fort avec de la flamme; non pas que cette flamme monte auffi haut que la fumée, ni qu'elle s'élève méme-au deffus = Une perfonne qui eft à Naples, qui eft en relation avec tous les Savans du-pays, m'a écrit que cette melure avoir été prife géométrique- ment; mais elle ne m'a pas appris le nom de celui qui a fair cetteopération, ni dans quel temps cela s’eft fait. "- P Cette eflimation eft même un peu forte; M. Bellicar, qui en me- füra la circonférence en 1750 , ne la trouva que de 8 so toïfes de France: < Cette profondeur varie confidé- rablement d’un temps à l'autre, parce que le fond s'élève & s’abaifle fui- vant les mouvémens inteftins du vol- can; ainfril n’eft point étonnant que fur cet article les Auteurs parlent fort différemment les uns des autres, :: L ij Fr7$0. 2 » 84 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE des bords du baflin ( cela n'arrive que dans les grandes érup- tions), mais parce que la fumée eft éclairée par la flamme qui eft au deflous, & qu'elle en réfléchit la lumière. C'’étoit ainfi qu'elle fe faifoit voir lorfque j'étois à Naples: depuis un an où un peu plus, fe Véfuve s’étoit allumé après avoir été aflez long-temps calme; de jour en jour on remar- quoit qu'il s'animoit davantage, & lon commençoit à craindre quelque nouveau defordre de fa part: on en fut quitte pour trois fecouffes que lon fentit dans toute la ville & aux en- virons le 29 d'Octobre fuivant, c'eft-à-dire, environ un mois après mon départ, felon ce que j'en ai appris depuis par M. d’Arthenay, Secrétaire d’Ambaffade de M. le Mar- quis de l'Hôpital, qui m'en écrivit ainfi le 9 Janvier de cette année *. « Le Véfuve s'eft beaucoup tranquillifé depuis qu'il nous a fait {entir trois tremblemens de terre, le 29, Otobre : je ne n'aperçus point du premier, qui arriva pen- dant la nuit; le fecond, qui furvint à fept heures du matin, fut horizontal, & conféquemment peu dangereux ; une heure après nous efluyames le troifième, qui, étant vertical, nous fecoua vigoureufement..…... Pendant ces tremblemens, la mon- tagne retentifloit d'un bruit effroyable. . ... Gens dignes de foi, qui avoient vifité le baffin quelque temps avant cet évène- ment, & qui l'ont été voir après, m'ont afluré à leur retour que le grand entonnoir sétoit rempli de matières à 200 pieds de hauteur plus qu'ils ne l'avoient vü auparavant». J'avois un defir extrême de defcendre au fond de ce baffin} comme l'ont fait quantité de perfonnes curieufes dans des temps où il y avoit moins de danger ; ce qui s'y pañloit alors, & que je ne pouvois voir que par intervalles, à caufe des tœurbillons de fumée qui m'en déroboient fouvent la vüe, étoit un fpeétacle fi grand, fi magnifique, fi fingulier pour moi, que j'eufle peut-être hafardé inconfidérément cette dé- marche, fi je n’en eufle été détourné par les avis réitérés & très- preffans des perfonnes * qui m'aidoient dans mes recherches, +. Le P. Ja Torre & le P, Garo, tous deux Correfpondans de l’Acadé- mie, & M. Taitbout, fils du Conful de France, Et VOUS Re er PT 7, . F3 . His es (So rE LC rs 85 mais encore plus par le refus conftant que firent nos guides de m'y accompagner, quoique je les y engageaffe par répri- mandes & par promefles. Deux mois & demi auparavant, le fieur Rigade, Mufi- cien attaché à M. le Marquis de l'Hôpital, avec quelques domeftiques de la même Maïfon, avoient hafardé cette péril- leufe vifite, leur exemple aiguifoit encore mes defirs; mais confidérant que les mêmes payfans qui étoient defcendus avec eux, & que j'avois alors avec moi, ne vouloient pas . me rendre le même fervice, je compris, ou qu'ils regardoient ce qu'ils avoient fait comme une témérité, ou qu'ils trou- voient le danger plus grand dans le moment que je leur propolois d'y retourner. Quoique cette dernière raifon. foit plus que probable, uand on confidère que depuis un an Finflammation du Véfuve alloit toûjours. en augmentant, & qu'on fait atten- tion au temps qui seft écoulé entre ie voyage du fieur Rigade & le mien, cependant, après avoir là le détail qu'il a fait du fien, & que feu M. Geoffroy a bien voulu me communiquer , après l'avoir reçü de M. le Marquis de l'H6- pit, je ne puis mempécher de. dire que cet intrépide Muficien s'eft beaucoup expolé en marchant fur des matières dont il ignoroit la confiftance, & qui pouvoient s’entr'ouvrir fous fes pas; en fe plongeant dans des tourbillons de fumée qui pouvoient durer aflez pour le fuffoquer'; en s'approchant de ces bouches à feu, & de. ces vapeurs enflammées, dont un feul jet, dirigé obliquement , l'auroit confumé; en s'ex- pofant à la chûte d'une quantité prodigieufe de matières fon- dues ou vitrifiées qui s'ancent perpétuellement par les diffé rentes bouches du volcan. C'eft dommage qu'une entreprife aufli hardie ne nous ait valu prefque aucune connoiffance nouvelle, & que la plufpart des obfervations n'aient porté que für, des effets qui varient comme le hafard qui les pro- duit, & dont il eft prefque inutile, de tenir compte. Le feur Rigade, dont on ne peut trop louer le courage & le defir de bien faire, s'eft appliqué à prendre les dimenfions. | L ïij 86 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE du baffin, tant en haut qu'en bas, les différentes inclinaifoné de fes parois, les matières dont elles fe trouvent revétues, celles qui font au fond; mais tout cela eft expolé avec le plus grand détail dans les Mémoires de l Académie de Naples, que J'ai déjà cités plufieurs fois; & quant aux inégalités qui naiffent des efforts du feu foûterrain, où qui fe forment par les matières lancées qui retombent & qui s'accumulent, ce font des accidens qu'il fufhit de favoir en gros, & qu’on devine aifément. S'il eft permis de comparer les petites chofes aux grandes, on peut confidérer le baffim du Véfuve comme une vafte chaudière en partie pleine de matières fufibles, mais pour- tant difficiles à liquéfier, fous lefquelles agit un grand feu qui a déjà non feulement fondu, mais même enflammé: ce qui eft expofé le plus direétement & de plus près à fon aétion: Ja fuperficie, trop loin du foyer, & toüjours expofée à l'air & à {es influences qui lempèchent de s'échaufler aflez, con- ferve prefque par-tout la confiftance d’un corps dur; mais fa violence du feu lamollit, la foûlève & a perce enfin en certains endroits: la vapeur dilatée & embrafée qui s'élancé par ces foupiraux, frappe Fair avec une violence extrême, & entraîne avec elle tout ce qui fe rencontre fur fon pañfage. On conçoit aifément que toutes ces bouches, en s’'ouvrant, forment autant de monticules qui s'accroiffent felon la durée des éruptions, & fuivant la quantité des matières qui re- tombent autour: on peut bien imaginer encore que quand Yaction du feu fe ralentit fous quelque endroit qui avoit été prefque liquéfié, la furface, en fe refroïdiflant, fe condenfe & s'entrouvre; ce qui fait naître des crevafles à peu près fem- blables à celles qu'on voit à la terre, dans le temps des grandes féchereffes. Mais comme ces effets dépendent de l'action du feu qui fe porte tantôt plus, tantôt moins, d’un côté que de l'autre, fans qu'on puifle favoir pourquoi ni comment, on peut dire qu'ils ne font ni plus réglés ni plus conftans qu ges caufes purement accidentelles. ? IH n'eft pas néceflaire non plus de defcendre au fond du DIE SUFS IC 4 E NC'E"S 87 baffin, pour favoir ce qui s'y pafle: après avoir un peu chez miné fur le bord, & ayant trouvé un endroit commode pour la vûe, & où j'étois moins incommodé de la fumée, jobfervai très-bien vers le nord, quatre bouches, de chacune defquellés une fois par minute, & même plus fréquemment, il s'élançoit des jets de vapeurs & de flamme qui me pa- roifloient avoir au moins trois pieds de diamètre, & qui emportoient avec eux une grande quantité de groffes mafles, que je prenois d'abord pour des pierres: en les examinant avec plus d'attention, je remarquai bien-tôt que ce n'étoient pas des corps durs, mais des matières fondues, une efpèce de pâte qui changeoit de forme & fe déchiroit en l'air. Je vis aufli dans certains momens où le vent diffipoit la fumée, ue ces mafles, en tombant, s'applatifloient & s'appliquoient comme de la boue épaife, fur les endroits où elles arrivoient: En regardant à rafe terre, d'un bord à l'autre du baffin, je vis qu'il s'en falloit de beaucoup que là flamme n'attei- gnit à cette hauteur; ces maflés dont je viens de parler & qui montoient avec elle, fe tenoient encore plus bas; cepen- dant, après en avoir fuivi plufieurs de Ja vûe, & avoir compté avec un pendule de 3 pieds 8 lignes & demie, le temps qu'elles employoient à retomber, il m'a paru que leur chûté duroit affez communément 4 fecondes; ce qui donneroit 240 pieds, fi lon mavoit point égard à la réfiftance du milieu, qui doit caufer ici un déchet affez confidérable, parce que ces corps ne tombent point dans un air calme & d’une denfité ordinaire, mais le plus fouvent dans un torrent de füimée ou de vapeur qui s'élève violémment contre eux. Chaque élancement qui faïfoit jaillir toutes ces matières, étoit accompagné d'un bruit & d'un fracas qui reflembloient aux plus grands coups de tonnerre, & dans les intervalles on ne ceffoit d'entendre une forte de mugifiement que je comparerois à celui d'un torrent qui fe brife dans des rochers: > Un de ces coups, plus fort que les autres, & tel que je fentis la terre frémir fous moi, nous annonça une nouvelle : bouche qui s’ouvrit plus près de nous que n'étojent les autres: : Le * In Meteo- rologiä montis Ethna. 88 - MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE {oit qu'elle s'ouvrit en eflet,-oit que l'étant déjà, elle eût été un certain temps fans rien jeter, je l'aperçus alors pour la première fois; & comme nous étions plus à portée de J'examiner, je vis plus diftinétement encore que je n'avois pû faire, tout ce que je viens de rapporter. Je reconnus vifi- blement que cette matière molle dont j'ai parlé, étoit la même que celle qu'on nomme lave, & qui fe répand comme un fleuve de verre ou de métal embrafé, lorfque la montagne vient à {e crever en quelque endroit au deflous du niveau de celle dont on voit la furface durcie au fond du baffin. Quand on fe rappelle ce qu'a dit Borelli des laves de VEtna*, & qu'on a fous les yeux celles du, Véfuve, on reconnoît aifément que les unes & les autres font la même chofe; quoique ces matières par leur dureté, leur poids & leur couleur aient extérieurement les apparences du fer fondu, on voit bien en les caflant, qu'elles ne font pas du métal, mais pluftôt une forte de vitrification opaque, & qui reflemble affez à la pierre d'aiman: elles contiennent du fer cependant, puifqu'on a oblervé qu'elles agiffent fur les boufloles. Ce qui me le fait croire encore davantage, c'eft qu'au bord du grand bafin, je relpirois une odeur qui m'a paru tout-à-fait fem- bible à celle de ce métal diflous par l’efprit de fel. Le Véluve ne fait aucun defordre tant que la montagne ne s'ouvre par aucun endroit au deffous de fon fommet, & que ce qu'il vomit par en haut retombe dans le baffin, comme cela arrive lorfqu'il ne jetté qu'à une médiocre hauteur. Mais dans le temps des grandes éruptions, il fort de toutes ces bouches une quantité prodigieufe de pierres, lefquelles pouffées avec une violence au deflus des idées communes, & prenant des directions obliques que facilite l'évafement du baflin, portent la défolation & a terreur dans tous les environs; avec ces pierres, la flamme & la fumée emportent des tor- rens de cette pouffière qu'on nomme ændre, & que je crois n'être autre chofe, pour la plus grande partie, que la matière même des laves que j'ai vü s'élancer du fond du baflin : amollie feulement lorfque le volcan n'eft que médiocrement enflammé, DES SCILENCEÉS - 89: . enflammé, elle ne mionte qu'à une hauteur peu confidérables & ne fait tout au plus que fe déchirer; mais dans les grands: énibrafemens, elle fe fond jufqu'à être liquide, & chaflée avec la dernière impétuolité elle fe divife en pluie & de- meure en poufhière; le vent s'en empare alors, & felon fa direction, fa durée & fon degré de force, il la porte plus ou moins loin, & en inonde un pays plus que l'autre. C'eft ainfi qu'on a vû de nos jours plufieurs villages aux environs de Naples, prefque enfevelis fous cette efpèce de, gravier, non pas qu'il en fût tombé affez pour remplir en- tièrement les rues & les vuides qui féparoient les maifons, mais parce qu'il avoit chargé les toits au point d'en écrafer plufieurs. Quand fa pluie fe mêle à ces accidens, ou qu'elle furvient peu de temps après, comme on a remarqué que cela arrive prefque toûjours, elle les rend encore plus funeftes; . car elle fait de cette cendre une efpèce de mortier qui perce par-tout, qui remplit les endroits couverts, & qui fe dur-. ciffant enfuite, rend le mal prefque fans remède. - Ces exemples récens nous expliquent d'une manière bien naturelle, la ruine de ces malheureufes villes dont les Hi£ toriens nous ont confervé les époques. ÆHerculea, dont on retrouve aujourd'hui les refles, foixante-dix ou quatre-vingts pieds au deflous des lieux habités qui lui ont fuccédé, n'a point été remplie par des torrens de Javês, comme on le ‘pourroit croire, & comme on l'a dit long-temps: fi cela étoit, oneffayeroit en vain de la vuider; aucun effort humain n’en viendroit à bout, & tout ce qui auroit été touché par ces torrens de feu, n’auroit pas manqué d'en être confumé, ou … froit changé au point de n'avoir plus rien de fon premier. état. Les laves ont aboli quelques quartiers de cette ancienne - wille, mais les autres parties, celles où l'on fouille mainte-, . nant, ont été comblées par une pluie de cendres qui a duré fans doute affez long-temps de fuite, pour ôter aux habitans Yefpoir d'y remédier; les eaux venant après ou en même temps, & entraînant encore de nouvelles cendres ou de la terre des ravines, auront fait une efpèce de ciment liquide Mém, 1750. de o MÉMOIRES DE L'ÂACADÉMIE ROYALE quiaura rempli des rues, les places, les maifons, & les autres édifices. Cette conjecture (fr c'en eft une) devient prefque uné certitude pour quiconque fe donne 11 peine d'examiner la terre qu'on eft obligé de détacher pour chercher dans ces foûterrains ; elle eft liée & endurcie de façon que j'avois peine à l'entamer avec un fort couteau, elle eft rude & grenue comme Îa pogzolane, & en la confrontant avec la cendre du Véfuve dont j'ai parlé plus haut, je vis que c'étoit au fond la mème matière, mêlée d’un peu de terre, “Si l'on confidère cette prétendue cendre, non comme un mélange de terre & de fel fixe, conformément à l'idée que ce nom préfente, mais comme une poudre de matières vi- trifiées ou de pierres dures calcinées & broyées, on apprendra avec bien moins de furprife, que des marbres, des bronzes, des peintures à frefque, & jufqu’à des filets de pêcheurs ou d'oileleurs, sy foient confervés. pendant près de dix-fept fiècles: car ce qui gâte ordinairement & ce qui détruit la plüfpart des corps qui demeurent long-temps fous la terre, ce font les eaux qui la pénètrent & qui portent prefque toû- jours des parties falines dont elles fe font chargées en fe fil trant; ce qui caufe la pourriture & la rouille. Mais ce ciment où mortier durci dont je parle, ef fi ferré, fi compact, que les eaux n’ont pù le pénétrer : les corps qu'il a enveloppés, & autour defquels il s’eft durci en peu de temps, s’y {ont trouvés incruftés comme dans une pierre, préfervés d’une part des matières corrofives qui auroient pü lés atteindre dans toute autre efpèce de terre, & contenus de manière que leurs parties auroient eu peine à fe prêter à des mouvemens intef- tins capables d'en altérer confidérablement l'économie. : C'ft une tradition reçüe, que le Véfuve, dans plufieurs de fes grandes éruptions, a jeté beaucoup d’eau parmi les diffé rentes matières qui en font forties *. M. d'Arthenay, dans * Cette opinion n'a pas lieu feu- | tion qui fuivit Péruption du volcan lement pour le Véfuve :.on dre Cotopaxi en 1742; pañloit dans l'ef Noir par ce se rapporte M. Bou- | prit de tous les habitans de Quito pour guer dans la Relation de fon voyage | un déluge forti de l’intérieur de Ia au Pérou, page 69, que l'inonda- | montagne, J'ai entre les mains une ÿ k E | Mp'es SOrEN cCE's 97 fon Mémoire fur Herculea, adopte le fait, & s'en fert fo ingénieufement pour expliquer comment tout fut plein préf que en même temps dans cette Ville, tant l'intérieur que le dehors des édifices ; ce qu'il eft préfque nécefñaire de fup- poler, parce que fans cela il femble qu'une preffion extérieure qui n'auroit point été contre-tenue , auroit dû faire écrouler les bâtimens. M. d'Arthenay fe fondé fur des monuméns publics qui parlent de ces éruptions d'eau aflez clairement, & fur le témoignage pofitif de plufieurs Hiftoriens tant an- ciens que modernes, dont quelques-uns, témoins du fait, en rapportent les circonftances, & difent que ces eaux venoient originairement de la mér, qu'on en a vü des nurques fur le rivage & fur les endroits où elles avoient coulé en #ortant du volcan. spa Cependant l’Académie de Naples, qui n'a rien obfervé de {émblable dans l'éruption de 1737, dont elle fait l'hif- toire, nie le fait en général, parce qu'il ne lui paroït point vrai-fémblable; & quant à la manière dont l'intérieur des édifices fe remplit, & aux inondations qui accompagnent prefque toüjours lés éruptions du Véfuve, elle les attribue üniÿuement aux pluies qui. furviennent ordinairement dans . cés témps-là, & dont les éaux, changeaïit de route, & deve- nant plus rapides, parce que la cendre a augmenté dans bien des endroits la déclivité du terrein, arrivent en moins de temps, & par conféquent avec plus de force. . .. Cette dernière explication efl fans doute très-plaufble; mais le füt-elle encore davantage, elle ne détruit pas un fai qui QUE bien attefté : on a beau diré qu'il n'eft pas Relation faîte par un ténioin ocu- laire, de.plufieurs volcans qui s’ouvri- rent au mois dé Septembre de l’année 1730, dans l'ifle de Lancerotte, une Canaries; il n’y avoit alors ni poire ni, pluie, & l’Auteur dit for- Îement : æ Le 19, fur les quatre . ou cinq héüres après midi, le vol- æéan, qui, s'étoit un peu appaifé » pendant les trois derniers jours, } commença à ire beaucoup de « bruit, -& tout d’un coup s’appaifa, æ _jerant de l’eau en l'air avec beau- & ‘coup de fumée ». À la vérité ce pa- pier n’eft point. authentique ;; mais , en confidérant la manière naïve dent il eft écrit, & comment toutes lés circonfäncés font détaillées ;. on y trouve tous les caractères de vérité qu'on peut défirer. , M à 2 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE vrai-femblable; combien n'y a-t-il pas de chofes vraies qui ne nous paroiflent pas l'être, parce que nous ignorons com- ment elles peuvent. fe faire! J'ofe donc entreprendre de donner de la vrai-femblance à ce phénomène, qu'on à rejeté comme n'en ayant point, en eflayant de faire voir qu'il eft poflible. Si pour y parvenir j'emploie des exemples prefque infiniment inférieurs aux effets que j'entreprends d'expliquer, pourvû que la difparité ne tombe que fur le plus & le moins, on fe fouviendra que la Nature, dans le petit comme dans le grand, opère toüjours fuivant es mêmes loix; & que deux effets, dont Fun furpafñfe infiniment l'autre en grandeur, peuvent venir de deux caufes femblables, quant à l'efpèce. Telle étoit fans doute la manière de penfer de Defcartes, lorfque par l'expérience de Téolipyle il effayoit d'expliquer Yorigine des vents. Ne puis-je donc pas, à l'exemple de ce grand homme, rappeler ici les effets de cet inftrument ff connu en Phyfique, pour donnèr une idée de la manière dont je conçois que le Véfuve peut abforber l'eau de la mer, pour la vomir enfuite par fon fommet? On fait que quand ce vaifleau de métal a été sr à Yation du feu, {1 quelque refroidiffement fubit vient à Con- denfer Fair ou la vapeur dilatée dont il eft plein, fa capa- cité devient comme vuide, & dans linftant elle fe remplit ou de l'air de l'atmofphère, ou de Ja liqueur dans laquelle on tient fon orifice plongé. Au lieu d'un feul canal par où l'éolipyle fe remplit, s'il en avoit deux, & que l'un reflät en l'air tandis que l'autre {eroit plongé dans l'eau, on conçoit bien que J'inftrament fe rempliroit d'eau & d'air en même temps, c'eft-à-dire, que l'air entrant par un côté, n'empêcheroit pas qu'il ne vint de l'eau par un autre endroit. Enfin, fi l'éolipyle étoit fait de façon qu'ayant un orifice en haut, & vers le tiers ou le milieu de la hauteur un canal qui defcendit jufque dans un vale plein d’eau, comme on le peut voir par la figure 2°, au moment qu'il fe feroit un vuide DAME SNOICIENCES | dans fon intérieur, n'eft-il pas conftant que l'eau monteroit encore par ce canal, & tomberoit dans le fond du vaifleau? Suppofons maintenant que cette eau, poufiée impétueufe- ment par le poids de l'air extérieur, trouve en arrivant au fond du vaifleau un degré de chaleur beaucoup au deflus de celui qu'il faut pour ia faire bouillir & pour la réduire en vapeur, difons une chaleur égale à celle qui fait fondre le verre : mille exemples familiers ne nous apprennent-ils pas que cette eau fera de grands efforts pour fortir par où elle trouvera le moins de réfiftance, & que les premières couches, fubitement évaporces & dilatées à l'excès, chafferont devant elles, par le haut du vaifleau, une grande partie de celle qui n'aura pas eu le temps de l'être? Qu'il me foit permis de faire application de ceci au Véfuve. On ne peut pas nier que ce volcan ne foit, comme tous les autres, embrafé au fond; & fi l'on juge de cet’ embra- fement par les effets qu'il produit, quelle idée n’en aura- t-on pas! à Les vapeurs fulfureufes, bitumineufes & aqueufes qu'il vomit avec la flamme, ne nous laiflent pas douter qu'il n'y en ait une prodigieufe quantité dans le corps de cette mont- tagne, & lon fait combien toute vapeur, de quelque nature elle foit, occupe de place & fait d'effort pour s'étendre Drqu'lle eft animée par lation du feu. Si les effets de Yéolipyle ne nous en donnent qu'une idée trop légère, rap- pelons-nous toutes les précautions qu'il faut prendre pour contenir la vapeur de Feau dans cette boîte de métal qu'on nomme 2 marmite de Papin ; réfléchiflons un moment fur les accidens funeftes qu'on voit venir de pareilles caufes, Jorfque des Artiftes imprudens coulent le métal fondu, dans dés moules où il refte feulement quelque humidité ; fon- geons enfin que dans cette belle machine qu'on nomme pompe à feu, une fimple bouilloire anime des pièces d'un ids immenfe, & fait monter des volumes d’eau très-con- fidérables. - H eft très-vrai-femblable qu'il y a des conduits ouverts M ij * Domenico Auouio Parrino. L2 94 Mémoires DE L'AcaDémiE ROYALE entre la mer & le Véluve, qui nen eit éloigné que de quelques milles : le {el qui fe trouve mêlé abondamment avec le foufre & avec les autres matières qu'on ramaffe fur les bords de ce grand baflm dont j'ai parlé, nous porte tout.à- fait à le croire; & felon le témoignage d'un Auteur * qui a décrit l'éruption de 1698, « La mer fe retira tout à coup de douze pas, & fes eaux fortirent en même temps du volcan, de manière qu'on trouva enfuite fur le rivage une quantité de moules, d'efcargots & de hériflons de mer calcinés & fentant le foufre». D'ailleurs, quand ces communications f6ä- terraines ne fubfifteroient pas toûjours, ne voit-on pas com- bien il eft poflible qu'il s’en fafle, lorfque des fecouffes extraordinaires du Véfuve font trembler tout le pays? Quand le volcan vient à s’embrafer plus que de coûtume, & qu'il fait de nouveaux efforts, il peut arriver que des parties confidérables de fes parois intérieures & de fa voûte, minces & comme calcinées peu à peu, s'écroulent tout à coup, & tombent vers le fond. Non feulement cela peut arriver, mais il eft comme indubitable que cela arrive, puifque dans les grandes éruptions le pays eft inondé d'éclats de pierres de toute efpèce & en toutes fortes d'état, ainfr que d’une pouflière qui reflemble on ne peut pas mieux à celle qui naîtroit de pareilles décombres : fans ces matières écrou- lées, que des torrens de vapeur dilatée emiportent au dehors, comment concevroit-on que le fommet de la montagne fe fût abaïffé, comme ïl left, au point de former un immenfe baffin? & d'où pourroient venir tant de matières étrangères dont le fol naturel eft vifiblement augmenté aux environs, file haut du Véfuve, peut-être auf convexe originairement . qu'il eft concave aujourd’hui, n'y avoit fourni à mefure que le feu l’a miné par dedans? Je conçois que des écroulemens de cette efpèce, quand ils ne font que médiocres, n'ont pas la force de condenfer Ja Vapeur, qüi faifant toûjours de viclens eflorts pour fortir, les entraîne au dehors avant qu'ils aient pû tomber juiqu’au fond: la fuie qui fe détache du haut d'une cheminée où le feu s'eft mis, DES SEIFNCES. & que lon voit s'élever en l'air avec la flamme qui h poufle devant elle, eft une image légèré, mais pourtant afléz expref five, de ce que je veux faire entendre: JET) taie Mais fuppofons qu'une: fecouffe violente ou quelqu’autré’ accident fafle tomber tout à la fois une plus: grande quantité de ces matériaux: veñant d'un endroit éloigné du foyer, ils peuvent être confidérés comme froids; eu égard au degré de: chaleur qu'il faut pour entrétenir dans fon degré de dilatation” & d'activité, la vapeur enflammée qui remplit toùt le creux de M montagne, & alors je vois naître trois effets. : 1 Premièrement, ces matières refroidifient là vapeur, f&! condenfent, & par-là il fe fait un grand viside dans la mon- tagne. Secondement, tombant fur le foyer, elles en couvrent: la fuperficie, & en -ralemtiflent, pour uni temps, l'ardeur. Troifièmement, le vuide qui s’eft fait, fe remplit en tout ow: en partie, de quelque fluide que ce foit qui peut ÿ trouver un accès. #5 Si l'eau de la mer peut y arriver par des canaux qui ne lobligent pas de monter au de-à de ce qu'elle peut faire, étant pouflée par le poids de l'atmofphère, & encore mieux fi ces canaux lui offrent une pente favorable, elle ne doit: pas manquer de s'y porter avec précipitation; & dans un: lieu vuide qu'on peut fuppoler d'une étendue immenfe, il peut entrer une grande quantité d'eu qui n'en occupe qu'une petite partie. Mais que deviendra cette eau dans un lieu & fur un fond. dont la chaleur eft capable de vitrifier les pierres & les mé- taux ? Si le feu fuperficiellement ralenti lui laiffe le temps: d'arriver, reprenant bien-tôt fa première ardeur, il doit ré- duiré en une vapeur extrèmement dilatée, les premières couches: de l'eau, & cette vapeur doit poufler le refte dehors par … Yiffue la plus prompte, & avec une viteffe proportionnée: au degré de chaleur qui l'anime. » Je dis par l'iffue la plus prompte, pour faire entendre que fa plus grande partie de cette eau doit jaillir par Le haut: de la montagne, où font les bouches, pluflôt que de retourner 96 MÉmorres DE L'ACADÉMIE RoYaALE à fa mer par les canaux qui l'ont apportée: car outre qu'il ÿ a beaucoup plus de chemin à faire, il eft à préfumer que ce trajet beaucoup moins ufité, préfente plus d'obftacles que celui de bas en haut, que la vapeur & la flamme fe font frayé. Je ne voudrois pourtant pas nier que le volcan, dans ces occafions, ne renvoyât de l'eau à la mer; cela pourroit fort bien fe faire fans qu'on s'en aperçüt : je n’infifle ici que fur la plus grande quantité que je crois devoir fortir par la - bouche fupérieure du volcan. . Je ne crois pas non plus que ces eaux abforbées de Ja mer, lorfque le Véfuve les rejette, puiffent fortir fous la forme d'un fluide qui s'écoule: je penfe bien pluflôt que divilées par le mouvement impétueux qu'elles reçoivent, & évaporées par la Hlanime qui les accompagne, elles s’élancent fort loin dans l'air, pour retomber enfuite en gouttes plus ou moins grolles, fuivant le degré de divifion qu'elles ont foufert, ou felon les circonftances qui varient leur réunion, le temps & le lieu de leur chûte: & feroit-ce une conjedture trop hafardée, fr je difois que ces pluies qui ont accompagné ou fuivi de près les éruptions du Véfuve, peuvent s’'attribuer en partie à ces eaux lancées dans l'atmofphère? Si là pouffière ou la cendre qui vient du même endroit, peut fe foûtenir affez dans l'air pour permettre au vent qui furvient, de l'emporter au-delà des mers, comme on la obfervé; à plus forte railon, l'eau qui pèle bien moins, peut former des nuages, & prendre la forme d'une pluie ordinaire. j Ce que l'on n'a point fait, & que je voudrois que l'on fit. fi Voccafion s'en préfentoit, ce feroit d'examiner ces eaux qui ont coûtume d’inonder le pays, quand le volcan exerce fes fureurs; fi elles viennent de la mer après avoir paffé par. le volcan, elles doivent le faire connoître par leur goût ou par d'autres qualités: il eft vrai que quand elles n'en vien- droient pas, elles pourroient bien n'avoir pas toute la pureté d'une pluie ordinaire, à caufe des cendres & des exhalaifons dont l’atmofphère fe trouve alors remplie aux environs du volcan. Mais on peut croire au moins qu'on tirera quelque, connoiflance (DES ScirIENCES. à connoiffance de cet examen, fi dans ces temps de confié nation il f trouve des Obfervateurs aflez de fang froid: pour s'appliquer à de telles recherches. 2, J'ai vifité cette grande & fameufe minière de foufre & d'alun qui eft auprès de Pouzzol, & qui porte aujourd'hui le nom de So/fatara, au lieu de celui de forum Vulcani ou de campus Phlegreus qu'on lui donnoit autrefois ; c'eft une petite plaine ovale, dont le grand diamètre dirigé à peu près de l'eft à l'ouelt, a un peu plus de 200 toifes, & dont la plus grande largeur n'excède guère 800 à 900 pieds. II faut beaucoup monter, foit qu'on y aille de Naples, foit - qu'on y vienne de Pouzzol; comme je n’avois plus de ba- romètre, ni de quoi en faire, lorfque j'y allai, je ne pus juger . de l'élévation du lieu que très-imparfaitement: je ne crois pas cependant qu'elle foit moindre que de 150 toiles au deflus du niveau de la mer. On entre à la Solfatare, par une pente douce & par une efpèce de tranchée ou de gorge qui eft au midi, déclinant un peu à l'oueft. Tout le refte eft bordé de hautes collines, ou pluftôt de grands rochers efcarpés qui tombent en ruine, & dont les débris accumulés les uns fur les autres, & mélés avec un peu de terre & quelques arbuftes, ont formé des . talus extrêmement roides. À la”réferve d'un petit taillis qui peut avoir un arpent . d'étendue, & de quelques broffailles que j'ai remarquées fur . Ra gauche en entrant, tout le terrein eft pelé & blanc comme de la marne: il eft prefque par-tout fenfiblement plus chaud que l'air de Fatmofphère ne left dans les plus grandes cha- * Heurs de l'été; & dans beaucoup d’endroits, il left tellement, qu'il brûle les pieds à travers les fouliers. Pour peu qu'on y regarde, il eft aifé de voir qu'on marche fur une terre pleine de foufre & de fels; & la fumée qu'on voit fortir de tous côtés, fait bien connoître que le tout eft animé par _ mn feu foûterrain, Vers le milieu, ce petit champ s’abaiffe de trois ou quatre pieds, & forme une efpèce de baffin de figure ovale, dont Mimi7so. N s Antonio Par- zino, MNuova Guida de’ Foref- sisi, Pe 2e b Æiÿff d'Iralie, pags 30: 03 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le fond retentit, Jorfqu'on le frappe avec le pied ou en y jetant des pierres, comme s'il y avoit deffous quelque grande cavité dont la voute eût peu d'épaifleur. Les gens du pays qui ne s’y expofent que rarement, ne manquent pas, pour montrer leur crainte & l'infpirer aux étrangers, de leur ra- conter l’hiftoire d'un Cavalier qui fut englouti dans cet abyme, pour avoir eu la témérité de paffer deffus avec fon cheval : cette hiftoire (fr ce n'eft point un conte) n’eft pas nouvelle; il y a bien cinquante ans qu'un auteur Napolitain * en a fait mention, mais il n'en a cité d'autre garant que la tradition populaire. S'il eft vrai que cet abyme ait été ouvert de fa forte, il eft für qu'il s'eft bien refermé depuis, & je trouve plus de difficulté à dire comment cela a pü fe faire, qu'à croire l'accident du cavalier, apocryphe, & imaginé poux juftifier une défiance d’ailleurs afez raifonnable. Un peu plus loin dans a partie orientale, on me fit voir un baflin prefque plein d’eau, & l'on me fit remarquer que cette eau bouilloit perpétuellement, quoiqu’elle n'eût qu'une: médiocre chaleur; en eflet j'y plongeai un thermomètre-dont la liqueur fe fixa à 34 degrés au deflus de la congélation : il s'en faut bien par conféquent que cette eau puifle cuire des œufs, comme le prétend Eéandre Alberti b, fux la foi d'un de fes compatriotes, qui difoit en avoir fait l'expérience. H y a grande apparence que cet Obfervateur qu'il a pris. pour garant, n'a que préfumé le fait, lorfqu'if a vü le bouil- lonnement, n’imaginant pas peut-être que l'eau püt bouillir par une autre caufe que par lation du feu portée à un cer- tain point. Je crois pouvoir fans injuftice porter ce jugement d'un homme qui, racontant cette prétendue merveille, ajoûte: qu'on ne retire jamais de cette eau bouillante qu'une partie de ce qu'on y & plongé, & qui allègue pour preuve, qu'il nu retiré que trois œufs, de quatre qu'il y avoit jetés. Quoi qu’il en fit, comme je ne trouvois pas dans cette eau une chaleur fuffifante pour exciter le bouillonnement que j'y apercevois, je cherchai quelqu'autre caufe à hquelle je püfñe raifonnahlement aitribuer ce phénomène : je me LL DES SCIENCES. | +98 rappelai que dans mille endroits de ces coljines ou de ces rochers fumans qui entourent Îa Solfatare; on rencontre des foupiraux d'où ä fort une vapeur violente & humide, fent- blable à celle d'un éolipyle; & à quatre pas du baflin même qui faifoit l'objet de mon attention, la terre eutrouvérte Jançoit partrois bouches, des torrens impétueux d'une vapeur très-épaifle. En faut-il davantage pour faire conjeéturer que le bouillonnement dont il s'agit, n'eft qu'un foûlèvement qufé par quelque fouffle de cette efpèce qui fort par le fond ou par d'autres endroits au deffous de 14 furface-de l’eau? cela devient encore plus vrai-femblable quand on confidère que Jeau ne bout point par-tout, mais feulement à un coin du baflin, tandis qu'elle eft tranquille dans tout le refté, . Je penfe qu'on doit expliquer de même un bouillonne- ment à peu près ferublable à celui-ci, qu'on ne manque pas de faire admirer aux Curieux qui vont vifiter les bords du lac Agnano, d'autant plus que cet eflet cefle, à ce que l'on dit, lorfque l'eau ft fort bafle; ce qui s'accorde bien avec la fuppolition que je fais d'un fouffle vaporeux qui {ortiroit de la rive, comme on en remarque quantité par-tout aux environs. _ Auprès de cette eau bouillante dont je viens de parler, il y a d'autres fofles peu profondes, du fond defquelles il sexhale continuellement une légère vapeur de foufre. J'ai oui dire que ces foffes étoient faites pour recevoir des gens attaqués de la galle, de rhumes opiniâtres, & de quelques | autres maladies, qui venoient fe plonger dans cet air foufré, & le refpirer pendant plufieurs heures de fuite, & l'on m'a afluré que plufieurs s’en trouvoient très-bien. On voit encore près de-là plufieurs tranchées ou excava- tions plus profondes, d'où l'on tire journellement une forte de terre durcie, ou pluftôt une forte de pierre tendre que Jon travaille au feu, comme je le dirai ci-après, pour en tirer le foufre dont elle eft toute remplie; ce minéral s'y montre par-tout, non feulement par une odeur très-forte & par une vapeur que les yeux aperçoivent, de encore par 1 100 MÉMOIRES DE I'ACADÉMIE RoYALE fes fleurs qui sattachent abondamment aux parois & aux voûtes de ces fortes de carrières. Ce qu'il y a de plus remarquable à la Solfatare, ce font les trois bouches dont j'ai parlé plus haut; les jets de vapeur ui en fortent continuellement, font un bruit qui s'entend d'aflez loin, & produifent une colonne de fumée qui perce Fair avec beaucoup de vitefle, jufqu'à la hauteur de 15 ou 20 toiles, lorfqu'il ne fait point de vent. On peut aller jufqu'au bord de ces trous fans danger ; leurs embouchüres font chargées de pierres qui laiflent entre elles des pañlages ar où s'élance la vapeur: ces pierres & toutes celles qu'on y expofe de nouveau, s'enduifent très-promptement de fleurs de foutre ; & à Fune des trois bouches, outre le foufre, il fe forme encore une forte de concrétion faline, de couleur jaune, & dont le goût reffemble fort à celui du fel am- moniac. Ces jets de vapeur font fi chauds, que ce feroit témérité d'y expoler la main; mais ils ne le font point affez cepen- dant pour enflammer le papier: j'y en prélentai une feuille de bleu, qui dans Finftant changea de couleur & devint rouge. On me raconta comme une merveille, que le papier fortoit fec de cette vapeur, tandis qu'elle mouilloit abon- damment une lame de fer, & on en fit fur le champ l'ex- périence avec la ferpe d'un ouvrier qui fe trouva préfent : en eflet cet outil plongé un inftant dans la vapeur, fe cou- vrit d'une liqueur dont le goût étoit très-piquant, & qui teignit en rouge un morceau de papier bleu, comme auroit pû faire un fort acide. Un peu de réflexion me fit déméler la caufe de cette différence : je penfai que la feuille de papier, à caufe de fon peu d’épaifleur, devenant tout à coup auffi chaude que la vapeur même dans laquelle je la plongeoïs , ne pouvoit point ia condenfer & h réduire en gouttes; au lieu qu’une lime de fer ou d'acier épaiffe de plufieurs lignes, devoit pro- duire cette condenfation par un degré de fraîcheur de plus longue durée. Pour voir f ma conjetre étoit jufte, je tins DES SCIENCES _rof Ja même ferpe affez long-temps dans la vapeur pour lui faire prendre un degré de chaleur fufffant; alors je La retirai aufft- sèche que le papier. d Je nai pas ouf dire que jamais ces jets de vapeurs qu'on voit s’élancer avec tant de violence, fe foient convertis en flamme comme au Véfuve, quoiqu'il femble qu'on le doive conclurre de 44 narration d’Antonio Parrino, qui dit formel- lement: Mon vi é dubio cheil fuoco vada rodendo le vifcere del monte, Vedendovi-fi alle volte dalla parte che corrifponde ad Agnano all’ oriente, aperte bocche di fuoco, e fumo *. Ce témoi- * Nuova Cuidé de Forefiieri, gnage d'un Auteur du pays ne me laifleroit aucun doute fur &+. p. 53 le fait ( qui eft d'ailleurs très-pofhible) fi je ne trouvois dans la defcription qu'il fait de la Solfatare une certaine confufion, & un mélange de fauffes merveilles, qui me font foupçonner dans cet Hiftorien un peu trop de crédulité, & plus de confiance qu'on n’en doit avoir pour tout ce qui fe débite parmi le peuple. Au refte, fi cette vapeur paroît toûjours comme éteinte à la clarté du jour, le P. fa Torre, qui a pris a peine de l'aller obferver pendant la nuit, m'a affuré qu'il lavoit vû luire ( mais foiblement) dans l’obfcurité, Seroit-ce par la réverbération de quelque embrafement foû- terrain, que l’on ne peut apercevoir, parce qu'il n'eft pas flible de porter la vüe au deflus de l'embouchüre? ou bien cette lueur foible viendroit-elle d'une inflammation impar- faite? d'une chaleur à faquelle it manqueroit feulement quel- ques devrés pour faire briller au grand jour les parties fulfu-- reules qu'elle anime? Avec le foufre & les matières falines que cette vapeur - contient, on voit aufli qu'il y a de l'eau abondamment : on pourroit légitimement fuppofer que cette eau vient de la mer, . qui n'en eft éloignée que d'urr mille où un peu plus: mais- _je croirois encore plus volontiers que l'eau arrive à ces foyers üterrains par des écoulemens femblables à ceux qui pro- duifent des fources au pied de toutes les coMines des environs: peut-être même y a-t-il quelque communication ouverte entre le fond embralé de la Solfatare & le lac Agnano, qui n'en N iij #02 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft féparé que par une petite montagne minée par la vapeur du foufre, & percée en plufieurs endroits par des eaux cou- rantes. L'eflet de la vapeur du foufre fur les rochers qu'elle pénètre, n'a paru digne de toute l'attention de ceux qui vont vifiter ces lieux : la plufpart ne marchent qu'en tremblant dans {a petite plaine, qui rélonne fous leurs pas, & fe croient en danger lorfqu'ils approchent de ces foupiraux dont j'ai parlé; mais il en eft peu qui ne montent hardiment, & fans autre crainte que celle de {e fatiguer, fur les hauteurs qui en for- ment l'enceinte. Cependant, quand on y fait attention, l’on voit que tous ces éclais de roches fur lefquels on eft obligé de pafler, ne font que des fragmens, la plufpart nouvelle- ment détachés, de mafles énormes qui font au deflus, & qui, tou es fumanies & déjà entrouvertes en mille endroits, n'attendent que quelques degrés de diflolution de plus pour fe précipiter : ceft-à, felon moi, ce qu'il y a de plus à craindre à Ja Solfatare. J'ai entamé avec le couteau plufieurs de ces pierres , qui me paroifloient femblables à un grès fin & ferré; je les trouvai converties en une efpèce de pâte ferme & comme grafle, d'un blanc un peu fale, avec des taches jaunes, & d'autres d'un rouge fort vif vers la fuperficie. Parmi tous ces débris de rochers, où lon ne refpire que le foufie, & où l'on 4 peine à refler quelquefois à caufe de la trop grande chaleur que l'on fent aux pieds, j'étois furpris de voir que les petites parties de terre qui s’y rencontrent fuffent abondamment couvertes de différentes plantes, de plufieurs fortes d’arbuftes, & principalement de celui qu'on nomme arboifier, dont la verdure & le fruit faifoient un contrafte également agréable & fingulier avec la nature du lieu. On eit encore plus étonné, lorfqu'étant arrivé fur la hauteur, on trouve au revers de la colline une terre bien cultivée, féconde en vins pañlablement bons, & en fruits de toutes les efpèces: on eft toûjours prêt à croire qu'un terrein fi différent des autres, ne peut qu'infecter les plantes & les arbres, & brüler les femences quon lui confie, Pare UpES ScrENCESs. 103 / En entrant à la Solfatare du côté de Pouzzol, on voit 4 droite quelques bâtimens où l’on affine & où l’on tient em magafn le foufre & alun qui fe font fur le lieu. Sous un grand hangar adoffé contre un mur, & ouvert des trois autres côtés, on tire le foufre par diftillation, des pierres tendres dont j'ai parlé plus haut. Les ouvriers, comme je l'ai dit, fouillent la terre pour les avoir, & négligent toutes celles qui font à la fuperficie, quoiqu'elles foient la plufpart bien jaunes & couvertes du minéral tout déve- loppé: ils prétendent que ces fleurs qui ont pénétré au dehors, & qui ont été long-temps expofées à fair, ont perdu leur efprit; & que le foufre qui en vient lorfqu'on les travaille, ne fe trouve pas de honne qualité, . La mine nouvellement tirée de Ja terre, fe met par petits morceaux dans des pots de terre cuite, qui contiennent en- viron vingt pintes de Paris, & dont la forme eft repréfentée par la figure 3e, Dix de ces pots, couverts avec des plateaux de terre cuite, qu'on a foin de luter aux bords, s'arrangent fur deux lignes parallèles dans une maçonnerie de brique qui forme les deux côtés d'un four, dont le plan eft repréfenté par la fgure 4e, & ils ÿ font pris de manière qu'un quait de leur pourtour demeure faillant & découvert, tant en dedans: que par dehors. Ces deux parois, furmontées d'une voûte, laiflent entre: elles un elpace de 15 à 18 pouces de largeur, de 7 pieds. ‘de longueur, & de 2 pieds+ de hauteur, tout ouvert par un bout & fermé par l'autre, à la réferve d’une petite che. _ minée qu'on y pratique pour donner lieu au courant d'air & à l'évacuation de la fumée ( Voycg la figure se), Chacun des pots dont je viens’ de parler, percé vers fa partie fupérieure, {e joint par un tuyau de terre cuite qui a. 48 lignes de diamètre intérieurement , & environ un pied: de longueur, à un autre pot vuide de la même grandeur que: Je premier, couvert comme lui, & ouvert en bas par un: ou rond de 15 à r8 Jignes de diamètre, comme on. ke: 104 MÉMOIRES DE L'ACADÉM'IE ROYALE peut voir par la figure 6.me, Cela fait pour chaque four deux autres rangs de pots, à la diftance d'un pied de part & d'autre, & chacun d'eux répond à une tinette de bois qui eft placée plus bas dans une tranchée. On bâtit quatre ou cinq de ces fours fous-le même hangar, on les allume en même temps, & il paroît qu'on les démolit après chaque diftillation, foit pour renouveler les pots, foit pour ôter plus facilement les réfidus. Lorfque je vifitai cet attelier, il n’y en avoit aucun qui füt entier, on fe préparoit à les rebatr. Le feu qu'on allume dans chaque four, échauffe les pre- miers pots qui contiennent la mine; le foufre développé monte en fumée dans la partie fupérieure, d'où il pañle par le tuyau de communication, dans le vaifleau extérieur, & c'eft dans celui-ci que paflant de l'état de vapeur à celui de fiquide, il coule par le trou d’embas, dans la tinette dont j'ai fait mention. Afin que le foufre puiffe fe détacher avec facilité forfqu'if s'eft durci, on a donné à toutes les tinettes une forme un peu évalce, & les douves qui les compofent, font affemblées & retenues par trois cercles de fer qu'on fait tomber aifé- « Vyez la ment avec quelques coups de marteau*: au moyen de quoi fgst 7. le vaifleau s'ouvre de toutes parts, la mafle de foufre fe fépare fans peine, & on la porte au bâtiment dont j'ai parlé d'abord, pour y ètre fondue, épurée, moulée en bâton ou autrement, & rangée dans le magafin. Il paroît qu'il y a long-temps qu'on tire ainf du foufre de cet endroit & de fes environs, pour en faire commerce, Pline dit formellement, évvenitur fulfur in Napolitano Cam- panoque agro, collibus qui vocantur Leucogæi, quod eff cuniculis 2e He. Nat effoffum, perficitur igniv. Leandre Alberti fait auf mention 10. XXXV, ‘A: » . ; . PE ,. cap. 15 dans fon hiftoire d’Italiec, de l'alun qui fe faïfoit, dit-il, dans .< Hifl d'hal. une vallée à lorient de la Solfatare (celle apparemment où Je. Yon voit le lac Agnano). Selon cet auteur, on tiroit les pierres qui contenoient ce fel, de la colline qui fépare cette vallée de la Solfatare; on les calcinoit pour en faire enfuite une ÿ L AODUE SA SICHUE N,C-E 5 10$ une leffive de laquelle on tiroit l'alun en criftaux. Mais ft cela fe pafloit ain il y a deux cens ans, il faut avouer que les choles ont bien changé depuis: je ne reconnois dans cette narration ni le lieu où fe fabrique maintenant Y'alun, ni la mine dont on fait ufage, ni la manière dont on {à traite. Î | Cette mine eft moins une pierre, qu'une terre blanche aflez femblable à de la marne, pour fa confiftance & pour la couleur; on la ramafle dans le champ même & dans a partie occidentale, de la Solfatare : on en remplit jufqu'aux trois quarts, des chaudières de plomb de deux pieds & demi ou environ de diamètre & de profondeur, enfonctes jufqu'à fleur de terre, fous un grand hangar qui eft éloigné des fourneaux à foufre, de trois à quatre cens pas fur la gauche. On jette de l'eau dans chaque chaudière jufqu'à ce qu'elle furnage Ja mine de trois ou quatre pouces, & le tout s'é chaufie par fa chaleur naturelle du terrein qui, en cet endroit, me fit monter la liqueur du thermomètre de M. de Reau- mur, à 37 degrés & demi au deflus du terme de la con- gélation; par le moyen de cette digeftion, la partie faline fe dégage de la terre, & s'élève à la fuperficie , où on la re- cueille en gros criftaux. ” Mais comme l'alun, en cet état, eft encore chargé de beau- coup d’impuretés, on le porte au bâtiment qui eft à l'entrée de Ja Solfatare; &, pour le purifier, on le fait diffoudre avec de l’eau chaude dans un grand vale de pierre qui a la forme d'un entonnoir. Dans l'enceinte de la Solfatare, & dans les dehors aux environs, on trouve beaucoup d’endroits femblables à celui qu'on a choiïfi pour établir les chaudières de plomb: fi fa chaleur qu'on y reffent à la fuperficie du terrein va jufqu'à 35 Ou 40 degrés, on doit croire qu’elle eft bien plus grande à une certaine profondeur au deflous; & cela explique d’une manière bien naturelle pourquoi l'on voit au pied de ces collines des fources d'eau fi chaudes, qu'il eft impoffible d'y tenir la main plongée un moment. Toutes ces eaux, avant Mém. 1750. O th à, 106 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que de paroître au dehors, coulent dans une terre, & à travers de rochers brûlans, d’où elles tirent fans doute cette rande chaleur qu'on ne fe laffe pas d'admirer. Je préfume qu'elles s’échauffent encore davantage, & jufqu'à bouillir, lorfque leur écoulement naturel les mène au deflus de ces efpèces de foyers, dans des cavités où elles font obligées de féjourner; c'eft au moins une fuppofition qui devient comme néceflaire pour rendre raifon de ces jets de vapeur humide qu'on rencontre fréquemment , & qui reffemblent on ne peut pas plus à ceux qui fortiroient d'un grand éolipyle. Voilà tout ce que j'ai cru pouvoir offrir à l'Académie, des obfervations & des expériences que j'ai faites dans le cours de mon voyage; les autres remarques dont mon journal itinéraire fe trouve encore chargé, ou ne portent pas fur des fujets dont l'Académie ait coûtume de s'occuper, ou ne me paroiffent point aflez importantes pour mériter fon atten- tion ; je les rélerve pour mon inftruction particulière, em. de LAz.R. des Je.1700 Lay. 206.P1., 3, Momie Las À der Se 17% Log 206 PL. 3, JT grem dl Seul er del ot sl il nl MemdelAeR.des Se\1760 L9.106. 21. # Lemude Lt: Rides Se 1768 Pg.u6. PL 6. | Mur NUL Fier 0 , Cf PRET ’ ! AIMMPIDIENS, Sc IE N CES MEO7 : | SUITE D'UN MEMOIRE DE DYNAMIQUE, 1 + tbe dans les Mémoires de. l Académie de 1747- Par M. le Chevalier D'ARCY. l'E principe de Dynamique que j'ai donné dans le Mémoire imprimé en 1747, eft nue - Que A,,B, C, &c. foient un fyftème de corps qui aient ii recü chacun des impulfions quelconques, & qui agiffent les uns fur les autres d’une façon quelconque, foit par des … fils, des lignes inflexibles, des loix d'attraction, &c. Soient _ de ae Aa, Bb, Cc, &c. les arcs que ces corps décrivent ? dans le même temps. Alors fi on tire des lignes Oa, O À, | OB, O5, &ec. d'un point quelconque O, mais fixe; AO a, par la maffe du corps À + BOB x B + COcxC, eff proportionnel au temps. Wi: ” Dans ce Mémorïre, je me p'opofe de dénontrer que f on prend un autre point quelconque P,'& que lon tire les … … ligne PA, Pa, PB, Pb, &c. & que l'on fuppole le centre ( de gravité en repos, APax A+ BPix B+ CPcxC Ki eft égdlà AOa x A+ BOb x B+COcxe, &c. Suppofons que P foit le centre de gravité du fyftème, on voit quén démontrant cette propriété pour ce point, elle fera vraie pour un point quelconque. ù Par la propriété du centre de gravité, l'on a, en tirant la … ligne OP, que AOPx A+ BOP x B=COP: 6, DDR OP OP x C; mais aO0 P mu — AOP + aPi— AOi, & bOP — BOP+BPE . — BOKk, & enfin «O0 P = COP + «O1 — CPI; … & en fubftituant ces valeurs dans la feconde équation, lon . aura AO P x A + aPi x À — AO i x À . + BOPx B+ DPk x B— BOkxB MM=COP Cu OlL x C — CPIx CG Or en oi 108 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ôtant AO P x À + BOP x B d'un côté, &COP x C qui leur eft égal de l'autre, lon aura a Pi x A+ BP4xB + CPlx C=AOix A+ BOKx B + cOI x C: mais en ajoûtant de part & d'autre les quantités Aa x À + BkbxB+ Clcx C Vonaura APax A+ BPbxB + CPcexC— AOax A+ BObxB + COcxXC Ce qu'il falloit démontrer. Si le centre de gravité P /mêéme fig. } marche dans la line CP, & que l'on veuille favoir la fomme des quantités AO a x À + BOB x B + &c. Ton trouvera que Pp étant la ligne décrite, pendant que les corps 4, B, &c. décrivent les courbes Aa, B b, &c. on trouvera, dis-je, que AO a x A+ BObxB + COcx C— POpx À + B + C eft toûjours conftante, dans quelque fituation que l'on prenne le point ©, ce qui eft facile à démontrer. Je réferve à un autre Mémoire la manière de déduire de ce principe, cette loi de la Nature, que la quantité de mou- vement eft toujours la même, ou pluftôt qu'elle a toujours la même faculté pour produire ou détruire une quantité de mouvement donnée. Aom de LAc.R des Se.1760. 219.108. P1, 6. | | Am de L'A-R des 1760 Pig m8 PU 6 | | DES SCIENCES. 109 D'EMNSYCIR IP T I ON D'UN HERMAPHRODITE, Que l'on voyoit à Paris en 1749. Par M. MoRAND. |, ‘1 Kraft ne DROÜART, né de pauvres gens fur la paroiïfle de Sainte Marguerite, à Paris, âgé de fize ans, étoit habillé en fille, & pañloit pour telle, lorfque le bruit {e répandit qu'elle étoit hermaphrodite: je l'ai vifitée, & voici ce que j'ai obfervé. Droüart a une verge placée où elle Feft naturellement dans un mäle / A, voyez les figures), au bas de la commiflure des os pubis, couverte des tégu- mens ordinaires, avec les deux corps caverneux , un gland /B) toûjours découvert, & aflez de prépuce pour le recouvrir prefque en entier, à fa partie fupérieure. Ce gland n'eft pas plus large à la couronne qu’à la pointe; il n'eft point percé, il a feulement à fa pointe, & un peu au deflous, une petite dépreflion à recevoir une lentille, laquelle, diminuant de largeur, eft continue avec une rainure ou fillon à la peau /C), propre à recevoir la convexité du > canal de lurètre, s'il y étoit. n Deux plis de peau, qui font les bords de la rainure, - forment une efpèce de double frein plus court que la verge, . qui la tient courbée en deflous, & le gland très-incliné (A -en bas, _ La verge & le gland ont enfemble deux pouces de lon- —… gueur hors le temps de l'érection, & trois pouces & demi cn pleine érection, pendant laquelle le ligament fufpenfeur de Véfale eft fenfible, Une portion de peau, plus épaiffe & plus ronde que ne le feroient les lèvres d'une vulve, accompagne de chaque … coté (D) & depuis la racine de la verge, la gouttière où 7 O ii 110 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE manque furètre; & dans leur jonétion, cela repréfente affez exactement la fente ou vulve féminine /Æ), totalement cachée par la verge lorfqu'elle eft pendante. I n'y a fürement point de tefticules fous cette peau, & cependant, en fa prenant dans toute fon épaifleur, on touche fentiblement, depuis les anneaux & des deux côtés, une efpèce de cordon fpermatique, dont on peut diflinguer les trois vaif- feaux, qui femblent fe perdre dans la peau. Cette ftruéture polée, il eft bien difficile que les tefticules foient dans le ventre. I y a deux pouces & demi de diftance du bout du gland À une ouverture cachée par la fente qui a été décrite, & qu'on aperçoit en écartant les deux portions de peau qui defcendent des deux côtés de la verge, & qui repréfentent les lèvres de la patie féminine. Cette ouverture, aux nymphes près qui manquent, repré fente à peu près l'entrée du vagin d'une petite fiile qui vient au monde, & porte à fa partie inférieure une caroncule ronde, grofle comme un pois {Æ:), d'un rouge vif, fans aucune mem- brane ni partie de membrane circulaire. Ce petit vagin permet fans peine l'introduétion du petit doigt, avec lequel on en touche le fond, qui fait un cul-de- fac arrondi comme le feroit le bout d'une portion de gand qui recouvre un doigt. On ne fent au delà ni ouverture, ni partie faillante en forme d'orifice; cependant il faut qu'il {oit percé au fond, & qu'il y ait un canal plus long que le vagin mème, puifqu'une bougie que l'on y a mis devant moi, y eft entrée plus de quatre pouces. C'eft dans ce vagin que s'ouvre le conduit des urines, mais on ne fait point précifément dans quel endroit; car quelque effort que l'on fafle pour découvrir le méat urinaire en ouvrant\f'orifice, on ne peut l’apercevoir : peut-être, eft-if au fond du vagin même; & ce qui pourroit le faire croire, c'eft qu'en portant une fonde dans le vagin pour en con- noître la profondeur, fans avoir intention de trouver le méat urinaire, & la fonde étant entrée de près de trois pouces, : l'urine eft venue par la fonde: dans l'idée de la ftruéture DES SCIENCES. 111 érdinaire à la femme, j'aurois fuivi une autre direction. Etant für que a fonde étoit dans la veffie, je l'ai retirée pour voir le jet naturel de urine, qui étoit prefque auffi gros que le comportoit toute la rondeur du vagin même; j'ai reporté la fonde une feconde fois jufqu'où elle a pà pénétrer, & tant le vagin que le canal qui eft au delà, m'ont paru déter- aminés de la longueur de quatre doigts: cette feconde explo- ration a été fuivie d’un peu de fang, & lhermaphrodite s’eft plaint d'une petite douleur qui n’a pas eu la moindre fuite. Plufieurs Anatomiftes ont fait la même tentative que moi, & la même chofe eft arrivée; d’où ä fembleroit permis d’in- férer que le canal de lurètre mafculin manquant entièrement à la verge, il commence dans l'intérieur du vagin, fans pouvoir être aperçû , & reprend fon calibre’ ordinaire juf- qu'à la veflie. intervalle du bord inférieur de Ia petite vulve à l'anus {(G), que les Anatomiftes appellent le périnée, a un pouce & demi d'étendue; ce qui ne reflemble point au périnée féminin. Toutes ces parties ont à leurs.bords des poils noirs tels que fon äge de feize ans le comporte; il y en a une petite touffe au deflus & à la racine de 1a verge. A égard des fonétions de ces parties, voici ce que j'ai obfervé. L’hermaphrodite a fouvent à fon réveil, de l’érec- tion plus où moins forte, qui fe foûtient environ une heure de fuite; il en a auffi lorfqu'il eft en compagnie de jeunes filles qui lui plaifent; il ne fe foucie point de fe 1a provoquer hors de ces deux circonftances, & dit que cela lui eft fort difficile, quoique poffible. II dit qu'à la fin de l'érection il fent au dedans un chatouillement très-vif qui lui fait plaifir, & que dans ce temps-là il lui femble que quelque chofe de chaud s'échappe , fans qu'il fache dans quelle partie. On lui a demandé fi après cette fenfation il n'étoit point mouillé par l'ouverture féminine, il a répondu ue non; cependant on pourroit croire que l'évacuation fe ait dans le petit vagin, car fa chemife eft très-fouvent tachée, ce que quelques-uns ont cru être des fleurs blanches, 112 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ï n'eft point du tout fenfible à l'introduétion du doigt dans la partie féminine, même aux mouvemens que lon feroit pour l'exciter. Cette circonftance, jointe aux fuivantes , dénote que le fexe mafculin domine; il a la marche, le maintien, les gefles, la voix d'un garçon, une indclination décidée pour les filles, la poitrine très-plate, pas la plus légère apparence de tetons de fille, & quelques commencemens de barbe au menton & à la lèvre fupérieure : ce qui me fait croire en même temps qu'il n'a pas de matrice, c'efl qu'il fe porte très-bien, & qu'il ne fent aucun avant-coureur des règles, ni aucune des incommodités qui feroient caufées par leur défaut dans une fille décidée, & âgée de feize ans. Cependant il y a une forte de mélange bizarre des deux sèxes dans tous les points, car le baflin offeux du bas ventre paroît un peu plus évafé qu'il ne doit l'être näturellement dans un garçon ; & confidérant les deux cuifles enfemble, femble que l'une tient de celle du garçon, & fautre de fa fille. Je m'en tiens à la fimple defcription des parties : l'on a tant raifonné fur pareils phénomènes fans rien éclaircir, que j'ai cru ne devoir être qu’obfervateur. EXPLICATION: DES FIGURES A, la verge. B, le gland non percé. C, la gouttière qui, dans l'état naturel, logereit l'urétre. D, l'une des lèvres de la partie féminine. E, la vulve. F, une petite caroncule au bas de Ia vulve. G, l'anus. @. v DES ANS À NS N NA N Lu Mn de LR des Se.s760 Pay 22, > KL \ \\ 1 em de VA: R dut Je 1760 Pis 23. 2 >, — —_ Ze Tagrum we TL T Z LL CACILTL. Mer, de LAeR. des Se 1750, Lay n2 Pl 9. LS Z CZ TE IL : em, de Az R. das Se.1750 Ligne Pl 9. JT Rarum Ve LG 5. … Mes “A DES ScrENCESs 17 “ DES NŒUDS ET DE L'INCLINAL)ON 20 : FES 77 à I 01 ET QUATRIEME SATELLITE DE JUPITER. Par M MARALDI. | 1 Aftronomes qui ont obfervé, l'année dernière; les L_1écliples des fatellites de Jupiter, ont dû être furpris de : Aa différence qu'il y a eue entre les immerfions du quatrième - fatellite dans l'ombre de Jupiter, & fe calcul de la Connoif- + fance des Temps. La feule obfervation que j'aie faite, a pré- : cédé ce calcul, de 38 minutes; car le 7 Septembre, j'ai -.… cbfervé l'entrée totale. du fatellite dans l'ombre, par un fort beautemps, à 4P 6’ 3" du matin, temps vrai: elle eft mar- à quée dans la Connoïffance des Temps, à 4h 44". Comme …_ javois fait ce calcul fuivant les Tables de M. Wargentin, - qui font les meilleures qui aient paru jufqu'à préfent, je crus mètre trompé; mais. ayant fait de nouveau ce calcul, auffi- —…._ tôt après mon obfervation, je trouvai la différence de 39, ce qui métonna infniment & me donna la curiofité de cal- … culer cette immerfion par mes Tables, par lefquelles je ne “…._ trouvai plus la différence que de 17° 30", parce qu'elles … fuppofent l1 durée de cette éclipfe beaucoup plus grande que … les tables de M. Wargentin. I n’a pas été poffible de déter- … miner immédiatement la durée de cette écliple, parce que — Jupiter étant trop près de Foppofition, & une partie de la —… fettion de l'ombre nous étant cachée par le difque de œtte “planète, l'émerfion n'a pas été vifible: mais je me fuis afluré par d'autres moyens, que la corde de la fection de l'ombre 4 que le faillite a parcourue dans cette éclipfe, a été plus … grande que ces Tables ne la fuppofent. Je pourrois le prouver $ - par l'oblervation de l'émerfion du 23 Septembre, que M. de “ Jfle a faite à Paris, comme je fen avois prié en cas que … jéne püfle pas. l'obferver à Thury, où j'ai pafié l'automne. Mém 17e, HE 21 Mars 1750. 114 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Je pourrois même déterminer la grandeur de cette corde, fi Jon me permettoit de fuppofer le mouvement du quatrième fatellite, exempt d'irrégularités fubites pendant une de fes périodes: car en calculant par les Tables, le temps des conjonétions véritables du fatellite, du 6 & du 23 Sep- tembre, & comparant l'intervalle entre ces conjonétions, au temps écoulé depuis lobfervation de limmerfion du 6 Sep- tembre jufqu’à lobfervation de lémerfion du 23 du même mois, la différence me donneroit la durée d'une édliple, à la diftance de Jupiter aux nœuds, dans laquelle il s'eft trouvé le 15 Septembre, milieu entre ces deux jours, qu'il me feroit aifé de réduire à la diflance aux nœuds où il a été le 6 & le'23 Septembre. Mais voici une oblervation complete d'une éclipfe ob- fervée à Turin par le Père Accetta, de l'ordre de Saint Auguftin, à qui j'avois envoyé le calcul corrigé conformé- ment aux deux obfervations précédentes, qui prouve incon: teftablement que la durée a été beaucoup plus grande qu'aucune Table ne la fuppole. 6» 31° 32° du foir, temps vrai, le Satellite diminue. Ciel ferein. 5 z , J6. 32. 20 Immerfon totale. L'air eft un peu A Turin. 1749, le 1 6 Décembre à ds pate tro td 9. 1. $o commencement del’émerfon. 9. 3. 59 on voit le Satellite diftinétement, Ce Père me mande que ces phafes font exactes, & fur- tout l’émerfion, parce que le ciel étant ferein, & Fair tran- quille, M. Vaudagna & lui l'attendoient avec une très-grande attention ; & s'il y a quelque doute dans Fimmerfion, il m'aflure que ce ne peut être que de peu de fecondes, parce que le fatellite avoit prelque perdu toute fa lumière, lorfqu'il parut quelque brouillard dans l'air. La durée de cette éelipfe a donc été de 2h 29° 30”; on la trouve par les Tables de M. Wargentin, de 14 34/, & par mes Tables, de 18 59° 44”. Je fuppofe dans mes Tables, le demi-diamètre moyen ns te . DE SUUS NC 1 E N © E: 5 "mu de la fetion de l'ombre de Jupiter, de 24 8' 55”, que le fätellite parcourt en 2h 24’; je l'ai conclu des obfervations de l'année 1736, & il a été confirmé par celles de 1748. Comme ce demi-diamètre de la feétion de l'ombre de Ju- piter eft peu différent de celui qui a été fuppofé par feu M. Caflini dans fa Table de la demi-demeure du quatrième fatellite dans l'ombre de Jupiter, que j'avois abandonnée pour en adopter une autre de mon oncle, que j'ai trouvé manuf- crite à la marge de celle de M. Caffini, & qu'it avoit faite afin de concilier (fans toucher à Findlinaifon & au lieu des nœuds } certaines obfervations qui, fuivant {a table de M. Caf- fini, feroient arrivées hors des termes écliptiques, comme je l'ai fait voir en 1732; j'ai été obligé, en adoptant ce nouveau demi-diamètre de l'ombre, & retenant toüjours les nœuds au 144 30’ du Lion & du Verfeau, de changer Vinclinaïfon que j'ai prife de 24 39’, milieu entre plufieurs déterminations qui réfultent des ebfervations de différentes ‘ années. M. Wargentin n’a pas indiqué les élémens fur lefquels if a conftruit fa table de la durée des éclipfes du quatrième fatellite; mais on voit bien qu'il fuppofe le demi-diamètre de la fction de l'ombre, de 24 9° 49", que le fatellite parcourt en 2h 25’, les nœuds au 16€ degré environ du Lion & du Verfeau, comme ceux du premier & du troifième fatellite. A l'égard de l'inclinaifon, il paroît qu’il la fuppofe variable, ou pluftôt qu'il ne s’eft attaché à aucune hypothèfe, & qu'il n’a eu en vûe que de faire accorder fes Tables aux Obfervations; car j'ai calculé cette inclinaifon par la durée des éclipfes, qui répond aux nombres 450, 470 & 490 de fa Table, & je lai trouvée de 24 42° 50", de 24 48° 55", & de 2d 47° 28": mais dans un difcours imprimé à Stockolm en 1748, qu'il a mis à la tête des obfervations du premier fatellite, il dit qu'elle eft rarement plus de 24 28”. M. Whifton nous apprend que M. Bradley, dans fes Tables, que je n'ai pas encore pû me procurer, fuppofe le demi-dia- mètre de la fe£tion de l'ombre du 4.° fatellite, dé 24 8° 1”, Pi 116 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que ce fatellite parcourt en 2h 23/, l'inclinaifon, de 24 42’, & qu'il place les nœuds dans le 1 1° degré & demi du Lion & du Verfeau, auxquels il paroît porté d'attribuer un mou- vement d'un degré en douze ans, contre la fuite des fignes, fi ces nœuds ont été au 1 4° degré & demi des mêmes fignes, comme ils ont été déterminés par feu M. Caflini. Dans la diverfité de ces hypothèfes, dont aucune ne peut repréfenter les obfervations de cette année, j'ai cru que les Aftronomes ne feroient pas fâchés de trouver ici les éclip{es du quatrième faellite, dont on a déterminé la durée par l'entrée du fatellite dans ombre & par fa fortie, pour exami- ner à quelle de ces hypothèles il faut donner la préférence, ou pour en tirer de nouveaux élémens. J'y joindrai les im- merfions & les émerfions éloignées entre elles d’une période du fatellite, defquelles on peut , avec le fecours des Tables, conclurre la durée des écliples, & dont je n'ai pas héfité de faire ufage au défaut des obfervations immédiates: il m'auroit été difficile, fans ces obfervations, de trouver le lieu des nœuds du quatrième fatellite; car parmi les obfervations im- médiates des écliples, je n’en ai pû trouver une feule obfervée avant le pañlage de Jupiter par les nœuds ou par les limites, dont la durée ait été égale à celle d'autre éclipfe obfervée après le paflage de Jupiter par les nœuds ou par les limites, qui eft le meilleur moyen de déterminer les nœuds, & peut- être le feul dont on puifle attendre quelque précifion, en prenant le milieu entre les longitudes de Jupiter calculées pour le temps de ces deux obfervations. Mais j'ai conclu de ces dernières obfervations, c’eft-à-dire, des immerfions & des émerfions éloignées entre elles d’une période du fatellite, trois durées des éclipfes, dont une a été tirée des obfervations faites à Pekin le 13 & le 30 Janvier de Fannée 1718, & s'eft trouvée égale à celle qui a été déterminée par les obfervations immédiates de l'entrée du fatellite dans l'ombre, & de fa fortie, faites à Bologne le 20 Décembre 1730. Dans la première, la longitude de Jupiter étoit de 3 294 25' 48", & dans la feconde, elle PE tn MATE SNASICE E NC: E, S 117 étoit de: 4f 294 52’ 20", dont le milieu donne Je: lieu du nœud defcendant à 144 39° du Lion, pour le 6 Juillet 1724. Les deux autres durées égales ont été conclues des obfervations du 22 Janvier & du 8 Février 1741, & des obfervations du 6 & 23 Septembre de l'année dernière 1749, & donnent le lieu des limites pour le 24 Mai 1745, à 164 13° du Scorpion, & par conféquent le lieu du nœud defcendant, à 164 13° du Lion, éloigné de 14 34’, de celui que nous avons trouvé par les obfervations précédentes. Tel feroit le mouvement des nœuds dans l'efpace de vingt années trois cens vingt-un jours, ce qui eft à raifon de 4’ 29" 54" par an, {1 l'inclinaifon étoit conftante :, mais il y a lieu de la croire variable, puifque le mouvement des nœuds que je viens de trouver, n'eft pas fufhfant pour re- préfenter la durée des éclipfes de l'année dernière. Ce mou- vement ef trop lent, fi on fuppole le lieu des nœuds pour le 24 Mai 1745, à 16d 13° du Lion & du Verfeau, comme on l'a trouvé ci-deflus, & F'inclinaifon de 24 30", qui eft plus petite que celle que fuppofent Mrs Wargentin & Bradley dans leurs Tables, & par conféquent plus favo- able; & ce mouvement feroit trop grand, fi en fuppofant la même inclinaïfon de 24 39", on prenoit pour époque : du lieu du nœud déterminé par M. Caffini à 144 30’ du Lion & du Verfeau, l'année 1 69 3, dans laquelle fes Tables ont été imprimées. . M. Wargentin, qui a remarqué l'inégalité des durées des éclipfes du quatrième fatellite dans les mêmes points de l'or- bite de Jupiter, dit que fi cette inégalité ne vient pas de celle des lunettes dont différens Aftronomes fe font fervis, & fi. .elle eft réelle, il faut que l'indlinaifon foit diminuée, & que les nœuds aient eu un mouvement fuivant la fuite des fignes, & qu’il ne penfe pas qu'on puiffe l'expliquer au- tement. Il eft certain qu'il fe glifle des erreurs confidérables _ dans les obfervations des écliples du quatrième fatellite, que les Obfervateurs ne peuvent pas éviter, parce que la caufe tient à l'état du ciel plus ou moins ferein, de la nuit plus P i 118 MÉMoiRes DE L’ACAPÉMIE RoYyaLe ou moins obicure, de la proximité du fatellite à Jupiter plus ou moins grande, & de beaucoup d'autres dont les Aftronomes ne s'aperçoivent même pas; car nous avons des obfervations de fa mème éclipfe faites par différens Af tronomes, qui donnent la durée confidérablement différente, comme on peut le voir par les obfervations de 1728 & de 1743: mais la différence que nous avons trouvée entre les obfervations de l'année dernière & les Tables, eft trop bien conftatée, & elle eft trop grande, pour qu'on puifle l'attri- buer au défaut des Obfervations ;. & puifqu'on ne peut pas la repréfenter toute entière par le mouvement des nœuds, il faudra en attribuer une partie au changement de l'inclinaifon. En eflet on la trouvera de 24 34° 37”, par l'obfervation du 16 Décembre 1749, en fuppofant le lieu des nœuds à 164 34 du Lion & du Verfeau, comme il réfulte des déterminations précédentes; & fi, fuivant les mêmes prin- cipes, on cherche l'inclinaïfon par lobfervation rapportée dans fes Mémoires de l'Académie de 171 2, que mon oncle a faite à Rome le 1. Septembre 1702, dans laquelle le fatellite ayant frifé l'ombre, on peut fuppofer fa latitude égale au demi-diamètre de l'ombre que je fuppofe de 24 8° 55”; on Ja trouvera de 24 40’ 11", plus grande que celle qu'on a trouvée par l'obfervation de l'année dernière, de 5’ 35": ainfr, fuppofé qu'elle eût toüjours diminué, & que çe füt-à toute la diminution, elle auroit été de 1° 24" dans chaque période de Jupiter. Mais il paroït que l'inclinaifon n'a pas toûjours diminué, puifque je la trouve de 24 41”, par la durée de l'édlipfe que M. Caffini & moi, fun à Thury & l'autre À Paris, avons obfervée le 6 Novembre 1737, & ce ne feroit pas non plus toute la diminution, fi on s'en rap- portoit aux obfervations de 1735, faites par M. Godin, au petit Goave dans f'ifle Saint-Domingue, que j'aurois fou- haité voir accompagnées des circonftances de l'état du ciel, de la bonté & de Ia longueur de la lunette, pour juger de leur exactitude; car la durée des éclipfes, tirée de deux obfervations éloignées entre elles d'une période du fatellite, favoir, de PRESSION DES SCIENCES. ° 419 Timmerfion obfervée le 10 Septembre, & de l'émerfion obfervée le 27 du même mois, donneroit l'inclinaifon, de 24 20': il eft vrai que ces oblervations ne font éloignées des nœuds que d'environ 3 0 degrés, où une erreur dans Ja demi- durée en produit une plus grande dans l'inclinaifon. . J'aurois fort fouhaité, en avançant ou en reculant le lieu des nœuds, & en lui attribuant un tout autre mouvement que celui qui réfulte des déterminations précédentes, que je ne crois pas aflez exactes pour m'y arrêter, d'autant plus que M. Newton a calculé que ce mouvement devoit étre de $' 2" 24" par an, ou de 8d 24 en cent ans, contre la fuite des fignés; j'aurois fort fouhaité, dis-je, pouvoir combiner le changement de J'inclinaïfon avec le mouvement des nœuds, de manière à pouvoir repréfenter la durée de toutes les éclipfes oblenvées jufqu'à préfent: mais il n'a pas été poffible de les concilier toutes, & je me garderai bien d’en rejeter aucune, pour hafarder des conjeétures & bâtir un fyflème qui ne Manqueroit pas d'être détruit par les obfervations qu'on fera par la fuite. Je me contenterai donc, en attendant que le lieu & le mouvement des nœuds foient bien conftatés par un grand nombre d'obfervations, de donner les obfervations que j'ai promifes ci-deflus, & l'inclinaifon que j'ai calculée par quel- ques-unes, en fuppofant les nœuds fixes, à 14% 30’ du Lion - & du Verfeau, & le demi-diamètre de l'ombre de Jupiter - dans l'ombre du quatrième fatellite, de 24 8’ 55”- Voici » Jes obfervations. L Vers H M: S. ; ! 10. 56. © Le 4.° Satellite commence à É d diminuer. + 15 6. © Il paroîit à peine, 11. 8. IH s'eft un peu éclairci. | : 11. 14 © Onnele voit prefque pas dans £ A Rome, ...., 1702 Sept... 1. fa plus grande obfcurité, 11.21. © On le voit un peu. 11. 28. © Il commence à croître. 11,31. © Ia crû, &il eft brillant. Taclinaifon. 22 43° 227.7 a 120 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Jours, A Upminfter ... 170$ Févr.. 22. Gréenwich... 170$ Paris. «+ 1705 Paris, «+ Juillet 9. Paris: ee D 2 Févr ; Févr. Paris. «+ 1717 Janv. Marfcille .... 1717 Janv.. 26. Marfeille.... 1717 Pékin...e.. 1718 Pékin..... . 1718 Paris: « « ste 2 0S Pékin. ..... 1718 Paris. cote 720 S.: Péterfbourg. 1728 Janv... Janv. Mars. 22, 22: 6. 1708 Avril, 6. à H, 8. 8, 10. 8. 10. Ê 6. 9. 7: 3: So: 134% « 8: RO MEET: 7e A 40 8. 2r. U ae 7° L3- 13. 7.3 M. SUN Ar 57° 3° Se . 58 . 12 [°] Lo Immerfion. Immerfion. Seconde éd. de l'Hift. Célefle de Flamflecd. Emerfion. Inclinaifon 24 33 42". Lunette de 34 pieds, avec laquelle ta urée a dû pa- roitre plus courte qu'avec Em. }une lunette de 16 où 18 pieds, & doit donner l'in- clinaifon plus grande. Laclinaifon 24 44° 57". Imm. Imm. Lunette de 34 pieds: _ “RLunetie de 18 pieds. Inclinaifon 24 34 $5" Immerfion. Emerfion. Inclinaifon 24 35° 49" Immerfion. E'merfion. Inclinaifon 24 33° 10 Immerfion. 2 Emerfon. Inclinaifon 24 35" 32° Immerfon. E'merfon. Immerfion. E‘merfon. Immerfion. E’merfon. Immerfion. Emerfion. Inclinaifon 24 35° 42°. Immerfion. Emerfon. Pékin, … haie ii de pe DES SCrENCE s. Jours, € M. ss er. 6.30. o À Pékin. :....1729 Janv. 16. À re Paris, ...,., 1729 Févr. + 18. ro. $3. so Thury......1729 Mas. 7 8. 20. 40 ; 6.53: 7 S.'Péterfbourg. 1729 Mas. 7. As eue Lr= . 6. 46. 20 Pékin. ,....1729 Mars.. 24. LA Kb Dee 13. 12: 40 Pékin. ,....1729 Nov... $ te ap 3° 17. 47. 0 Paris... .... 1730 Janv. 19. 11. 12. Si Pekin... :2 1730 Févr.. 5. 17.28: o a Sr 6.4$. o Pékin......1730 Févr. FL {, LEA MAS à +. « « 1730 Mars. 27. 11.21. 21 Paris. ......1730 Avril. 13. 1o. 11. ÿ1 k 11. SO, € Bologne. ....1730 Déc.. 20, se e jé np “sé 12. 38. 12 Pékin... 1731 Jan. 6. in He anv. LM it 6. 33. Pékin ...... 1731 Mars. 3r. ts #5 Fe S." Péterfbourg. 1731 Mai... 3. 12. 56. 58 Paris. . . .. +.1731 Mai... 20. O9. $.43 Petit Goave, js + 10. 10. 7. 22 An EE 27. 8.21. 38 S.' Péterfbourg. 1736 Sept.. 13. 7. $1. 37 Paris. ...... 1736 Sept.. 13. 10.47. at 6.55. $ Thury......1737 Nov. 6. AS 0. 4 : 6. 55. 27 Paris... 1737 Now. €. Paris 1737 Nov À 9. 59. 43 Mém, 1750. 121 Immerfon. Emerfion: Tnclinaïfon 24 35" 38". Immerfon. E'merfion. Immerfion. Emerfon. Jnclinaïfon 24 33" 57. Immerfon. E'merfion. Tuclinaifon 24 36° 21°. Immeron. Emerfon. Immerfion. Emerfion. . Immerfion. E'merfion. Immerfon. E'merfon. Imm. Em. Tmmerfion. Emerfion. î Lunette de 1 1 picds, Immerfon. E'merfion. Immerfion. E'merfion. Immerfion. Emerfion. Immerfion. E‘merfion. Immerfon. Emerfion. Immerfion. Emerfion. #22 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Jours. H M. s, A Paris. ......119741 Janv. 22. 12, 21. 19 E‘merfon. S.' Péterfbourg. 1741 Févr.. 8. 4. 58. o Immerfon. JInclinaifon 24 41° 0" S.' Péterfbourg. 1741 Mars. 30. ‘F1. 18. 17 Imm. Upfl......31741 Mars. 30. 10. 28. 52 Imm. S.' Pétcrfbourg. 1741 Avril. 16: 8; 28. 10 Em. Uphl...... 741 Avrili 16 * 9, 15. 30 Em. Inclinaifon 24 39° 35" ET TR DE erfion. S.: Péterfbourg. 1743 Avril. 6. Et y Li Ja 15.10. 7 Immerfon. (2: 35. 26% Emerfon. Inclinaifon 24 34° 12°, . (16. 8. © Imm.(M.Celfius, lunette dé as jé 38. o Em. À ‘20 pieds. AR 1743. Déc... 13. Upfat...... 1743 Déce. NS MCE Imm. L Uphl...... 1743 Déc nf. se “A Ke sl è M. Hiorter. Paris eee 1748 Juillet 35 9. 34. 40 Immerfon. bio e 1748 Août. 17. 8. 37. 25 Emerfion, Upfal 23 100 1748 Août. 17. 9:37. 30 Emerfiom Paris. . ..... 1749 Sept.. 6. 16. 6. 3 Immerfon, Paris. . ..... 1749 Sept.. 23. 13. 45. 33 Emerfon, | Taclinaifon 2% 29° 9°. Lorfque le Satellite avoit: Imm. Jprefque perdu toute fa : lumiere, il ‘’eft levé un Turin. ..... 3749 Déc.s ré 6. 32. 20: 6 peu de brouillard. Em. fe fercin, & Fair calme. Taclinaifon 28 29° 25° Twin. ,.,,,. 1749 Déc, 16 9. 1. 50 [2 DUR SU S er E N'c'ESOMEMI ES PER: LES EMBAUMEMENS D'ES 4, E GAP: TL ENS PREMIER MÉMOIRE, Das lequel on fait voir que les fondemens de l'art des Embaumemens “y, ptiens font en partie contenus dans la defcriprion qu'en a donné Hérodote, à” où l'on dércrmine quelles fonr les matières qu'on employoir dans ces Embaunemens. Par M. ROUELLE. | be travail fur les Embaumemens égyptiens n’a pas d'abord été entrepris dans la vüe de le préfenter à l’Académie; il ne devoit fervir qu'à jeter quelques éclairciflemens fur un Mémoire de M. le comte de Caylus, deftiné pour l’'Aca- démie des Infcriptions & Belles-Lettres. M. le comte de Caylus ayant reçû d'Egypte, une tête, une main & un pied de momie, & un peu d’une efpèce de matière réfineufe & balfamique, renfermée dans un vale, & trouvée avec les momies, il me confulta pour favoir s'il me féroit pas poffble de déterminer ce qui compofoit cette matière, & en quoi elle différoit de celle qui embaumoit es parties de là momie, & f1 j'avois qu‘iques connoiffances fur les embaumemens. Je lui dis qu'Hérodote m'avoit fait naître quelques idées fur Jes embaumemens égyptiens, & qu’elles étoient f1 nettes, que j'efpérois, avec le fecours d'expériences « faites fur les matières de différentes momies, rétablir un art qu'on croyoit perdu; il m’encouragea à pour SUR ce travail : j'ai fuivi fes confeils, & les recherches que j'ai faites m'ont paru affez intéreffantes pour être préfentées à l'Académie. Je les diviferai en deux parties. Dans ce Mémoire je ferai voir quels font fes fondemens de l'art des emibaumeurs Q ÿ 24 MÉMOIRES DE FÂACADÉMIE ROYALE égyptiens; je montrerai qu'Hérodote en a décrit une partie, & je tâcherai de déterminer par des expériences, quelles font es matières balfamiques & bitumineufes qui ont été em- ployées dans ces embaumemens. Dans le fecond Mémoire: je rendraï compte des expériences & des tentatives que J'ai faites pour imiter les embaumemens égyptiens, & je don- nerai des moyens fondés fur les mêmes principes, pour pré- parer des pièces anatomiques. Je n'expolerai point les différens fentimens des Auteurs, au fujet des embaumientens égyptiens, M. le comte de Caylus les ayant rapportés & difcutés amplement dans un Mémoire qu'il a 1ù à l'Académie des Infcriptions & Belles- Lettres: je me contenterai d'en rapporter ce qu'if y a d'eflen-- tiel par rapport à mon travail. On' peut réduire à deux fentimens, tout ce que les auteurs: mous ont dit au fujet de l’art des embaumemens égyptiens. Le premier eft de ceux des. Auteurs qui ayant peu examiné les momies, ont cru avec Sérapion, que le corps entier falé, a. été embaumé de manière que les matières balfuniques, réfi- neufes & bitumineufes fe font unies avec les chairs, les graifies & les. différentes liqueurs, & qu'elles ont formé enfemble une malle égale, telle qu'on l'obferve dans les. momies. Le fecond eft celui. d’un très-petit nombre d'auteurs qui ent examiné avec plus de foin les momies. Ils prétendent qu'on defféchoit le corps après l'avoir falé, & qu'alors on lui appliquoit les matières balfamiques; ils regardent l'humi- dité comme une caufe de corruption. Quelques-uns ont voulu qu'on féchât le corps à la fumée; d’autres ont cru qu'on fai{oit.bouillir le corps dans le piffafphaltum , pour con- fumer les chairs & les graifles, mais que cette méthode m'étoit que pour les embaumemens inférieurs. L'infpettion feule d'une momie & quelques réflexions fuffifent pour faire voir le peu de vrai-femblance du premier fentiment. Tous ces corps font dans un. tel état de féche- reffe & d'aridité, qu'il eft impoffible de pouvoir imaginer qu'une fi grande quantité de diflérentes liqueurs, telles que DES SCIENCES. 125$ celles de certains corps, morts de maladies inflammatoires, qui font, pour ainfi dire, diflouts par des pourritures & des corruptions fubites, puiflent être abforbées par les matières réfineufes & balfamiques, qu’on fait d’ailleurs ne faire aucune union avec l'eau : ainfi cette grande quantité d'humidité auroit été, par la fuite, une caufe de deftruction du corps. Si les momies avoient été préparées fuivant cette méthode, on de- vroit en trouver qui euflent confervé quelque trace de cette humidité; mais on trouve le contraire: tous ces corps font très-fecs, & n'ont aucune humidité. Le féntiment des derniers eft plus conforme à état où font les momies; ils ont eu raifon de croire que ces corps avoient été privés de leur humidité, avant que d'être em- baumés: j'efpère prouver que la defcription des embaume- mens des Egyptiens, donnée par Hérodote, eft oppofée à ce que prétendent la plufpart de ces auteurs. Clauderus eft le feul qui ait propolé quelque chofe de femblable à la mé- thode des Egyptiens, fans cependant en avoir connu les effets, Voici le paflage d'Hérodote traduit littéralement. « I y a des hommes en Esypte qui font métier d’embaumer les corps. Quand on. deur apporte un. mort, ils montrent au porteur, des modèles de morts peints fur du bois: on dit que la peinture ou la figure la plus recherchée, repréfente ce dont je me fais fcrupule de dire le nom en pareille oc- eurrence. .Ïls en montrent une feconde qui eft inférieure à la première, & qui ne coûte pas fi cher; ils en montrent encore une troifième qui eft au plus bas prix: ils demandent enfuite fuivant laquelle de ces peintures on veut que le mort foit accommodé. Après qu'on eft convenu du modèle & du prix, les porteurs {e retirent, les embaumeurs travaillent chez eux pour embaumer le corps, & voici. de quelle ma- mière ils exécutent l’embaumement le plus recherché. . Premièrement, ils tirent avec un fer oblique, la cervelle par les narines; ils la tirent en partie de cette manière, & en partie par le moyen des drogues qu'ils introduifent dans h têie: enfuite ils font une incifion dans le flanc, avec une pierre d'Ethiopie aiguifée. [ls tirent par cette ouverture les 4e v ; » » > w # » ÿ + Le termes, grec fign fe 1 fondues, ra-? mollies, li- 5, quéfiées , ? Ÿ Ÿ M 140 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE diflous , qui a réellement les propriétés qu'Hérodote attribue au cedria. Ne pourrois-je pas conjecturer, & même aflurer avec plus de vrai-femblance, que cetie méprife d'Hérodote eft précifément la même que celle du premier embaumement, dans. lequel il dit qu'on emploie des matières réfineules 8 balfamiques avant de faler avec le satrum ! Ainfi ces injec- tions avec la liqueur du cèdre mont été faites qu'après que le corps a été falé & lavé. Si dans la deuxième manière d'embaumer on n'ouvroit point le ventre, comme le rap- porte Hérodote, on injectoit d'abord le #atrum pour confumer les vifcères. Hérodote, dans la troifième efpèce d'embaumement, me fournit une preuve de fa jufteffe de ma correction fur le fecond embaumement : voici fes paroles. « La troifième ma- nière d'embaumer eft celle-ci, elle n'eft employée que pour les moins riches. Après l'injeétion par le fondement , on met le corps dans le nitre pendant foixante-dix jours, & on le rend à ceux qui l'ont apporté ». Quelles font ces injections dont il parle? il eft naturek de croire qu'elles font faites avec la liqueur du cèdre, puif- qu'il n'a parlé que de celle-là : fi on admet la liqueur du cèdre, le dernier embaumement ne differe pas du fecond , ils font abfolument les mêmes. Difons donc qu'il y avoit, comme je l'ai déjà établi, deux efpèces d’injeétions : la pre- mière, qu'on employoit en falant le corps pour confumer les vifcères; & la feconde, qui fe faifoit avec la liqueur du. cèdre, mais qu'on employoit Jorfque le corps étoit falé & lavé. Il eft facile de voir en quoi differe le troifième em. baumement du fecond; Île corps n'étoit que fimplement in-. jecté, & falé avec le satrum. Je n'ai pù m'aflurer fi le cerveau avoit été tiré par les narines , comme le rapporte Hérodote ,. que fur la feule: momie qui a été envoyée à M. le comte de Caylus, & j'ai, vû que réellement le crâne a: été percé dans le fond des marines, & que le fond de l'orbite du côté droit a été auffi: ouvert. Il eft donc facile d'interpréter Hérodote dans un fens ee SPACE DES SCIENGES 141 plus favorable que celui qui fe préfente à a première le£ture; car on diroit qu'il a prétendu qu'on vuidoit le cerveau par les narines, comme sil y avoit eu une oùverture naturelle qui pénétrât dans la capacité de fa tête. Je fuis perfuadé que ce furent les cadavres qu'on trouva dans les fables de l'Egypte, & qu'on y trouve encore dans un tel état de fécherefle & de légèreté qu'ils femblent avoir été tannés, qui firent naître dans l’efprit des Egyptiens, les premières idées de la deflication des corps: on peut voir un de ces corps confervé dans le cabinet de S.te Geneviève. La confervation des corps étant chez ces peuples un point de religion, il falloit que les corps du petit peuple fuffent également confervés: ont-ils été embaumés!? .c'eft ce qui eft très-difficile à croire, vü le grand nombre des ha- bitans de ce pays. M. Muillet me tire de cet embarras, & me fait voir, dans fon Hiftoire de l'Ecypte, quelle étoit la. fépulture du peuple. H dit * «qu'il a vü un grand nombre de corps couchés fur des lits de charbon, emmuaillottés feulement de quelques langes, couverts d’une natte fur laquelle réfide une épaifieur de fept à huit pieds de fable». Cette fépulture du peuple peut être regardée comme une efpèce d'embaumement que les Egyptieris imaginèrent éga- lement d'après les corps defféchés dans les fables ; les pauvres furent flattés par-là que leurs corps féroient au moins auffi. durables que ceux des riches qui étoient embaumés fomptueu- PE a ; P fement. Je crois avoir fait voir que tout l'art des embaumeurs égyptiens {e réduiloit à deux travaux différens; que dans le premier, ils enlevoient toutes les différentes liqueurs & les graifles aux cadavres, par le.moyen du fel alkali, & que par ce moyen, ils les defléchoient fi fort, qu'il ne reftoit. que les parties fibreufes :. j'ai également fait voir que dans le fecond travail, ils appliquoient fur tout le corps, des nta- tières. réfineufes & bitumineufes à la faveur des bandes de toile, afin de défendre ces corps du contact de l'air, & par conféquent de l'humidité; c’eft en rempliflant ces deux vües, S iïj * Lattre vit, nd 281, Le Profperi AI- Pini Hifloriæ JEcypti natu- ralis, pars pri- me. Lugd. Ba- 1aV0rum, 173$, lib. 1, cap. VII, in-g. 542 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que les Egyptiens fe promirent de rendre les corps très-du- rables, & de les défendre de la corruption. Les momies qu'on conferve dans les cabinets, font autant de preuves de leur fuccès; il y a de ces corps qui ont été embaumés il y a au moins deux mille ans, & on peut conjeéturer que les momies qui font encore renfermées dans leurs chambres, & qui ne communiquent -point avec l'air, fur-tout celles qui ont des caiffes, dureront encore une longue fuite de fiècles. Cetie conjecture n'eft point hafardée, voici un fait fingulier, que nous devons peut-être à la fuperftition des Egyptiens, qui fait voir quelle peut être la durée immenfe des momies, fi elles font préfervées du contaét de l'air, puifque même les foibles parties d’une plante font confervées avec ces corps, je veux parler des branches de romarin, trouvées dans la poitrine d'une momie, fi bien confervées, qu'on auroit cru qu'elles venoient d'être cueillies & defléchées: c'eft ce qu'a vû Profper Alpin. Ne pourroit-on pas conjeéturer que l'em- baumeur, en mettant cette plante dans la momie, a voulu laifler à la poftérité, des preuves de l'excellence de fon art? du moins s'il n’a pas eu ces vües, elles n'en font pas moins un fujet d'admiration. Voici le paffage de l'Hiftoire Natu- relle de l'Egypte de Profper Alpin, qui eft trop intéreffant pour ne le pas rapporter en entier. Nos intra quoddam medicatum cadaver invenimus [carabeum magnum ex lapide marmoreo efformatun, quod intra pellus cum libanotidis coronarii ramis colligatum, fuerat repofitum. Incre- dibile dilu, rami roris marini, qui una cum idolo inventi fue- runt, folia ufque adeo viridia à7 recentia vifa fuerunt, ut câ die à plantä decerpti © pofiti apparuerint. Après les obfervations que j'ai faites fur le paflage d'Hé- rodote, ‘il ne me refte plus qu'à examiner les matières des embaumemens proprement dits, je veux dire, ‘es matières réfineufes & bitumineufes des momies. J'ai comparé les ma- tières des embaumemens de fix momies différentes, dont j'ai fait l'analyfe, afin de découvrir, s'il étoit poflible, quelque chofe de fatisfaifant fur une matière dont les Naturalifles & sx J de ne DNENSN ASC LE NC ES 143 les Médecins ont tant parlé, fans en avoir fait d'examen fuivi: je traiterai de même une matière balfamique confervée däns un vafe qui a été trouvé dans les chambres des momies. La matière tirée de l’embaumement de la tête de la momie qui a été envoyée à M. le comte de Caylus, eft fi peu al- térée, qu'elle eft encore affez molle dans un temps chaud, pour que l'ongle entre facilement dedans ; en la maniant, élle fe ramollit de plus en plus. Cette matière a donné par la diftillation avec une retorte, en appliquant le feu par degrés, & fuivant les règles de l'art, d'abord un peu d’eau infipide, mais qui, dans la progreflion de la diftillation, eft devenue de plus en plus acide; il a pañlé en même temps une huile limpide peu colorée, fon odeur eft comme celle de l'huile de fuccin: dans la fuite, cette huile s'eft épaiflie & colorée davantage; en refroidiflant, elle s’eft figée & a toûjours confervé l'odeur du fuccin. Voyant donc que cette matière me donnoit, à peu de chofe près, les mêmes pro- duits que ceux de la diftillation du fuccin, j'ai tenté s'il ne feroit pas poffible de faire criflallifer la liqueur acide, de même que fait la liqueur du fuccin; j'ai lavé ces huiles avec de l'eau bouillante, afin de bien féparer cet acide: la liqueur étant filtrée, je lai évaporée; elle a répandu une odeur de fuccin, & tout s'eft diffipé: il y avoit trop peu de matière pour avoir des criftaux. J'ai tiré par la diftillation de Ja matière de lembaume- ment d'une tête de momie qui appartient à M. de Juffieu, un acide, une huile claire, plus abondante que celle de a première momie; fur la fin, un acide plus concentré, une huile épaifle & colorée qui eft reftée fluide, & qui ne s’eft point figée en refroïdiflant, comme a fait la dernière huile de la première analyfe. Tous ces produits font affez égaux, foit par le goût ou par l'odeur de l'acide & des huiles, & ils reflemblent aux produits de la diftillation du fuccin: les ma- tières reftantes dans les retortes, font raréfices, & telles qu'en donnent les matières. bitumineufes ; celles de la première momie font un peu moins raréfiées que celles de l'autre. 144 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Les deux matières de ces momies préfentent à Ja vüe peu de différence; celle de M. le comte de Caylus eft un peu plus noire & plus luifante que l'autre : la feconde à en- tièrement les caractères que Diofcoride donne au bitume de Judée; un morceau de cette matière eft noirâtre & un peu brillant ; en l’écrafant, il eft d'un rouge fale comme du fang de bœuf defléché. J'ai comparé cette matière avec un petit échantillon d’un vrai bitume de Judée, ils fe reflemblent. On peut donc conclurre que la feconde momie à été embaumée avec du bitume de Judée, mais qu'il y a quelque chofe de mêlé, & qui eft fr peu confidérable, qu'il eft pref- que impofhble de le diftinguer fans la comparaifon, parce que cette matière ne diflere de l'autre que parce qu'elle eft un peu plus noire, moins rougeitre, & qu'elle a donné fur la fin de la diftillation une huile qui s'eft figée. La matière d'une autre momie qui appartient à M. de Juffieu, dont il n'a qu'une partie de la cuifle & de la jambe, eft noire, très-luifante; elle n'a prefque point de couleur rouge étant écrafée : en la diftillant corume les deux autres, j'ai obtenu d'abord une liqueur acide, & un peu d'huile fluide peu colorée, mais beaucoup moins que celle des deux mo- mies précédentes. Cet acide & cette huile ont une odeur réfineufe très-vive & pénétrante: fur la fin de la diflillation, il a pafié une huile épaifle, & elle avoit une odeur de fuccin ou de bitume de Judée, mais foible en comparaifon de celle des deux premières momies. La matière de l1 momie des Céleftins a Ja même -con- fiftance & la même couleur que cette dernière que je viens d'examiner ; par la diftillation j'en ai obtenu précifément les mêmes chofes que de l'autre. La momie de S.te Geneviève reflemble exactement aux deux précédentes , auffi at-elle donné les mêmes chofes par la diftillation, excepté que l'odeur de bitume de Judée, qui s'eft fait fentir fur fa fin, a été un peu moins marquée que celle des deux autres, parce que le morceau que j'ai diftillé étoit une partie du bandage qui couvroit le crâne: les bandes de DPEUS/h SG IE NC E SVM de toile, dans ce morceau, étoient fi proches les unes des autres, qu'il n'y avoit prefque point d'épaifleur de matière bitumineufe entre elles; ainfi les finges ont altéré l'odeur. Les charbons qui ont refté des diftillations de ces trois momies, font les mêmes; celui de la quatrième eft un tant foit peu plus abondant. Comme les Auteurs ont tant parlé du piffafphaltum , ou du mélange de la poix & du bitume de Judée, employé dans les embaumemens égyptiens , j'ai donc cherché à voir sil étoit pofhible de référer à quelque odeur celle de cette première huile que j'ai retirée des trois momies ; mais toutes mes tentatives ont été inutiles. J'ai diftillé différens mélanges de réfines & de poix avec le bitume de Judée, & les odeurs _de ces matières ne reffemblent aucunement à celles des momies. Comme cette matière réfineufe qui fe trouve mélée avec le - bitume de Judée, eft aromatique & très-vive, je conjeture que ce pourroit bien être la liqueur du cdria, puifque les Auteurs qui l'ont décrite parlent fur-tout de fon extrême péné- trabilité. La matière de l'embaumement de ces trois momies me paroit être celle que les Auteurs ont appelée piffafphaltum. J'ai auffi traité par a diftillation la matière balfamique, trouvée dans les chambres des momies, & confervée dans un vale; elle eft pareille à celle dont parle Maillet dans fon Hifloire de l'Egypte; elle eft noirâtre, brillante, molle & flexible entre ies doigts; en {a maniant un peu, elle répand une odeur douce & fuave:; machée, elle ne fe diffout point, étant une matière purement réfmeule ; elle répand une légère odeur aromatique; elle n'eft nullement amère, comme elle le feroit s'il y avoit de l'aloës ; il n'entre aucune poudre dans f compolition, étant d'une fubftance égale comme les ré- fines, {a diflolution dans l'efprit de vin me fa confirmé. J'ai eu par la diftillation quelques gouttes de phlesme, ou d’eau infipide, mais légèrement aromatique ; le feu augmenté, il a paflé quelques gouttes de phlegme acide, & en même temps une huile légère à peine colorée, d’une odeur vive & pénétranie , telle qu'eft celle. des huiles éffentielles les plus Mim. 1750: qu #46 MÉmorïrEs DE L'ACADÉMIE RoyaLre fubtiles, confervant l'odeur de la matière balfamique. La quans tité de cette huile légère a été prefque d'un quart du poids de la matière balfamique; à cette huile fégère, il en a fuccédé une autre épaille qui a une forte odeur de bitume de Judée: l'acide qui accompagne cette huile, avoit aufli la mème odeur. On voit facilement que cette matière diflere beaucoup de celle que je viens d'examiner : il eft certain qu'il eft entré dans fa com- pofition quelques fuLftinces aromatiques réfineules, qui don- nent dans la diftillation beaucoup d'huile effentielle, & que la bafe de cette efpèce de baume eft le bitume de Judée. Comme les Auteurs , d'après Hérodote, ont beaucoup parlé de la myrihe employée dans les embaumemens, je fai diftillée feule, & jointe au bitume de Judée, pour en com- parer les produits & l'odeur avec ceux de cette matière; mais ils n'ont aucun rapport enfemble, ils diflerent totale- ment. J'ai auffi diffous cette matière avec l’efprit de vin, afin de voir fi je ne pourrois point féparer quelque chofe de gommeux, ce qui auroit été une efpèce de preuve qu'il y a de la myrrhe; mais je n'ai eu rien de gommeux, elle s'elt difloute prefque totalement, & n’a laïflé qu’une très -légère réfidence , telle qu'en laïffe le bitume de Judée, & cette réfidence ne s’eft point difloute dans de l'eau. J'ai aufli com- paré les produits de la diflillation du bois d’aloës, dont ont parlé quelques autres comme d’une des matières des embau- memens précieux, mais je n’ai pas eu plus de fuccès qu'avec la myrrhe. Cette matière balfamique fervoit-elle aux embau- memens? il eft aflez naturel de le croire; mais pourroit-on l'aflurer fans avoir des preuves, ou des pièces de comparai- fon, je veux dire, des momies embaumées avec elle? J'ai été affez heureux pour en rencontrer une parmi celles que j'ai examinées, c'eft celle que confervent les Petits-Pères; cepen- dant il faut avouer qu'il y a quelque peu de différence, comme on le va voir. J'ai eu par la diftillation de cette momie, une première huile légère, aromatique, abfolument la même que celle de la matière balfamique ; il a paf enfuite une deuxième huile, PENSE. L'E NC EE. 147 æolorée, d'une odeur pénétrante , telle que la première huile que j'ai eue des trois momies embaumées avec un mélange de bitume de Judée, ou de matière réfineufe, ou, fi on veut, du «dria : odeur de cette feconde huile participoit un peu de celle de la première qui eft mélée avec elle, À cette deu- xième, il en a fuccédé une troifième un peu épaifle, plus colorée, & ayant l'odeur de bitume de Judée, Cet embaume- ment eff fait avec la matière balfamique, à laquelle on à joint Ja liqueur du cèdre. | Cette matière balfamique que je viens de décrire, eft une fubftance purement réfineufe, elle ne contient aucune poudre; cependant les Auteurs aflurent tous, d'après Héro- dote, que dans les embaumemens les plus précieux, on em- ployoit des drogues aromatiques, telles que la canelle réduite en poudre: d'où vient qu'il n’y en a pas? c'eft encore une nouvelle faute d'après Hérodote, mais il eft facile de la re- ever, fi on fait attention à la nature différente des fubftances réfineufes ,-& de celles qui ne le font point, Le but principal des embaumeurs étoit, comme je l'ai déjà dit, de défendre de l'humidité le corps defléché : les matières réfimeufes ne faifant point d'union avec l'eau, étoient, par cette propriété, des plus capables de le défendre de l'humidité, en formant à fa furface une efpèce de vernis. Les matières végétales, telles que la canelle, réduites en poudre, deviennent des ef- pèces d'éponges capables de fe charger d'une grande quantité d'humidité ; elles ont donc des propriétés diamétralement oppo- fées aux vües des embaumeurs: aufli voit-on qu'ils ne les ont point employées ; s'ils euflent agi autrement , ils auroient com- mis.des fautes groffières contre les principes de F'art, telles que celles que l'on commet dans les embaumemens modernes. Nos expériences nous fourniffent donc trois embaumemens diffé- xens par leur matière; le premier, avec le bitume de Judée ; Me fecond , avec le mélange du bitume & la liqueur de cèdre sou le cdria; & le troifième, avec ce mélange, auquel on a “joint des matières réfineufes & très-aromatiques : la matière trouvée dans les chambres des momies, que nous appelons à Ti 148 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE matière balfamique, a dû faire une quatrième efpèce d’embau- mement, & même le plus précieux. Précis des Embaumemens. Afin de rendre plus fenfible art des embaumemens égyp: tiens, je vais en faire un tableau court & précis. Les em- baumeurs comimençoient par vuider le cerveau, en faifant une ouverture au crâne par les narines, fe fervant, pour cet ufage, d’inftrumens convenables ; ils vuidoient enfuite les vifcères, par une ouverture faite du côté des flancs; ils la- voient le corps avec foin, enuite ils le faloient avec le na- trum. Xs fôient auffi le corps fans enlever es vifcères, mais : avant cela, ils injeétoient le satrum diffous, par le fondement, à la faveur de quelques incifions , afin qu'il püt pénétrer dans la capacité du bas-ventre: ils faifoient encore quelques autres incifions à la poitrine & au bas-ventre, afin de pouvoir injecter toute la capacité intérieure du corps; fans cela, il n'auroit pas été poflible de confumer les vifcères. Le corps ayant été falé pendant le temps requis, ils le voient avec foin pour lui enlever les refles de liqueur & de natrum, ils le faifoient fécher à air; ce qui étoit facile dans un pays tel que l'Egypte, ou, à la faveur d’une étuve: ce corps ain féché, faïloit, fuivant Hérodote, une efpèce d'embaumement, mais que je crois être le moins cher. Is appliquoient fur tout le corps & fur les membres féparé- ment, des bandes de toile, en les enduifant de gomme, en- fuite ils emmaillottoient avec un nouveau bandage, également gommé, les bras croifés fur la poitrine, & les jambes réu- nies enfemble : c'eft une deuxième efpèce d'embaumement. Le troifième embaumement, qui coûtoit beaucoup plus que les précédens, & qui eft proprement un vrai embaume- ment, confiftoit à remplir la tête, la poitrine & le ventre, de matières réfineufes & bitumineufes, & à en couvrir toute la furface du corps; & pour retenir les matières, ils employoient un grand nombre de tours de bandes de toile. Sans doute qu'ayant appliqué une couche de bandes fur tout le corps, 3 DIET S LC 1 E Ne ES | 149 1 l'enduifoient enfuite avec la matière de l'embaumement, fondue & chaude, en fe fervant pour cela d'une elpèce de pinceau ou de broffe, après quoi ils recouvroient le tout par de nouveaux tours de bande, & ainfi fucceflivement ils don- nojent l'épaif eur convenable. Il et très-difficile de décider lequel du mélange du bitume de Judée avec le cdria, où du bitume de hide {eul, étoit J'embiumement inférieur, car la momie de S.'e Geneviève eft embaumée, comme celle des Céleftins, avec le piflaf- plhalte; mais elle a des bandes de toile plus fines, & elies font en plus grand nombre que dans les autres; il faudroit avoir vû davantage de momies pour en décider : cependant, puifque parmi les momies que j'ai vues, le plus grand nombre font embaumées avec ce mélange de bitume de Judée & de cedria, qu'on peut appeler le rilla aphalte, on peut croire que c'étoit l'inférieur. Le corps ainfi pr éparé, on lui croifoit-les bras fur la poitrine, on lioit les jambes en- femble, & on l'emmuillottoit avec des bandes de toile qu'on pouvoit coller enfemble avec de la gomme, comme le dit Hérodote: ce troifième embaumement devenoit une qua- trième efpèce par la dépenfe, en donnant une caifle à cette momie. Ce n'eft pas fans fondement que je regarde la caiffe de fycomore comme une fuite d’un embaumement cher, c’eft ÿ , A3 HA ; . A que ces eifles ont dü être d'un grand prix, même fans beaucoup d'ornemens, à.caufe de la rareté du bois. Ces caiffes font d’une feule pièce, elles font creufées à l'outil; il a donc fallu avoir des troncs de ces arbres, d'une grofleur confidérable; les motifs de religion, Fopulence de l'Egypte, & méme la vanité, ont dû rendre ce bois rare, & par con- “équent très-cher. Les momies de S.t° Geneviève &. des Céleftins me font voir qu'il y avoit-encore des divifions de cet embaumement, par rapport à la dépente des bandes, qui aux uns font de toile fine, & aux aus de grofle toile. On peut en faire d'une nouvelle efpèce, en employant pour le dernier bandage, des bandes peintes de caractères hiérogl y- phiques & d'écriture: on peut encore joindre la dépenfe qu'on Ti 150 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE feroit en amulettes ; en idoles & en peintures pour là caiffe. : Enfin il y avoit un dernier embaumement qui étoit le plus cher de tous, & qui étoit fait avec une compofition bal- famique, telle que celle qui a été trouvée dans les chambres des momies, confervée dans un vafe; mais cet embaumement pu encore avoir des variétés, comme me le fait voir l'examen que j'ai fait de a momie des Petits-Pères: joignez à cette Mmaubre balfamique, les foins de l’art, la finelle des bandes de toile, & toute la fuite de la magnificence du deuxième bandage, foit par ces écritures, ou par les dorures. On à trouvé des momies dont les ongles étoient dorées; la caifle a dû avoir part aufli à cette magnificence, par la beauté de {à peinture, Des momies que j'ai vûes, il n’y a que celle des Petits- Pères, qui oit de ce dernier ordre; cet embaumement n'a été en ufage que pour les perfonnes très-riches: il efi facile de conjeélurer qu'il y avoit encore un dernier embaume- ment qui étoit rélervé pour les rois. N'eft-ii pas naturel de -penfer que ces Souverains voulant accrédiier un dogme de religion, & donner l'exemple, fe font aufli diflingués par Kuis embaumemens? la matière balfamique qui y lervoit, étoit compolée avec les aromates les plus précieux, & le rafinement de l'art dans toutes les parties de lembaumement, fat pouffé à fa dernière perfection : joignez à cela des caiffes de porphyre; mais ce qui les diftingua le plus des riches ce fut la magnificence de leurs tombeaux, qui nous étonnent encore aujourd'hui. Toutes les toiles dés momies qui font fans matière réfi- dreufe, que j'ai eu occafion d'examiner, font toutes de coton; es morceaux de linge dont les oifeaux embaumés font garnis, afin de leur donrer une figure plus élégante, font également de coton. Ces morceaux de linge font de forme & de gran- ‘deur très-différentes , tels que font les linges ou drapeaux que ramaffent nos chiffoiiers dans Paris. Le lin des Egyptiens “étoit-il le coton? ou le coton étoit-il confacré par Keligion pour les embaumémens ? OS 4 di pB'EesuSeTrrE N CES sr OBSERFVATION DE L'ECLIPSE HORIZONTALE DE LUNE Du 19 Juin 1750, FAITE À PARIS ET À SAINT-GERMAIN-EN-LAYE, Par Mr: LE MONNIER. 8h+, étant monté fur la terrafle de M. le Maréchal de Noailles, jai commencé à apercevoir la partie qui reftoit du difque de la Lune, que je diftinguois facilement, malgré les fumées & les vapeurs qui bordoient l'horizon. À 8% 28‘? ou 29° Jmmerfion de la Lune dans l'ombre 9. 53 >.... Emerfonle ciel étant fort ferein Pendant la demeure dans l'ombre, le difque de la Lune, {durée dans l'ombre 1h 24/2 oW 2 $/ » x k T7: ., « rougetre & enfumé, paroïfloit {eufiblement plus clair vers le fud. = ; A 06 57'+, le Palus Maræotis fort de ombre, & j'avois jugé que l'émerfion s’étoit faite dans la circonférence du difque environ 1 242 plus haut, c'eft-à-dire, plus au fud. A rot 12"+1e mont Porphirites fort de l'ombre, qui étoit bien terminée. , 10. 18 ou17* Sénai.... la brume commence à obfcurcir la Lune. Etant retourné à mon obfervatoire , qui n'eft guère qu'à 100 toiles vers l'occident de l'hôtel de Noailles, j'ai mefuré avec le micromètre les Phafes fuivantes. À 10" 49” diftance des pointes des cornes o4 21° 27": MR ee qe ue + ete oo tie 0. D Ro 10.522 j'ai mefuré la partie éclipfée de 0, o$. oo 10. 54 Jombre devenue fort confufe o. 04. bat 10.59 Ja fin fort douteufe, & qu'il vaut mieux déduire des phales obfervées & comparées à eclles des autres Aflronomes, à caufe À 827 9: 5 32 E‘merf. de l'ombre 152 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'à 10" 524 je crains d'avoir compté une révolution de moins fur mon micremètre, ce qui donneroit [a diflance des pointes des cornes pour lors de od 05” 55" ou 06”. Le milieu de l'écliple, déduit de mes obfervations, à hTAREL OU HUeR , ! " À minuit, diamètre vertical de Ja Lune 3 1° 12", ou, cor- rigé par la différence des réfractions, 3 1° 17". -. À Jaint-Germain-en-Laye. A 8h r0'+, le bord inférieur de la Lune a paru rafer la côte qui borde Fhorizon du côté de la machine de Marly, & mon frère a continué de faire les obfervations fuivantes. Immerfon totale je durée dans l'ombre 1h 26/+, & fe milieu de l'écl, à 9h 10%+ 9. 572 le Palus Maræotis fort de l'ombre. 10. 07 10.17 le mont Porphirites fort de l'ombre. VA re Sinaï. 10. 59: Emerfion totale, ou fin de l'éclipfe. IL faudra ajoûter une minute à toutes ces obfervations ; pour les réduire au méridien de Paris, ou bien, fi l'on veut, feulement $7"+, pour réduire ces dernières oblervations aux précédentes. Autres Obfervations de l'E‘clipfe horizontale de Lune du 19 Juin 175 0, avec la différence des méridiens entre Paris à. Caffel A Touloufe, avec une Lunette de 7 pieds à demi. A 8! 24° 35" Immerfon totale. 9. 49. 20 Emerfion. 10. 56., 37 fin de lPEdclipfe. À par M. GUARIPUI. L'ombrera été bien terminée pendant cette Eclipfe. Le matin qui a fuivs le paflage de a pleine Lune au méridien, à 2h 19 23", l'étoile 8 du pied d'Ophiucus a été écliplée dans la ligne droite. qui pañloit par Lacus niger major, & le quauième tache d'Arlas miner. | À Berlin, . DES SCIENCES. 153 À Berlin. Immerfon totale obfervée par M. Kies, à ot 12° 48”. L'Emerfion de l'ombre, à . . . . . . . 10. 38. oo. RAA honene re ce he rte J'ai Diérit Soit le milieu à 9h 5 5’ 24”:.cette oblervation, comparée au milieu que j'ai conclu des miennes, donne oh 44° 10", à + de minute de ce qu’elle a été conclue par les nouvelles méthodes. . * M. Grifchow, qui fe trouvoit pour lors à Caffel, n'a pas eu le temps affez favorable pour obferver la plufpart des phales de cette Edlipfe. La fin à été déterminée avec aflez d'exaclitude à 1 1 29° 16"; mais comme, des obfervations de li fin, & que j'ai déduites ici des dernières phafes à ‘aide du micromètre, & que mon frère a vûes immédiate- ment à Saint Germain, la fin doit fe condlurre pour Paris àr1Po1'+, on auroit donc la longitude de Caflel oh 28; à l'orient du méridien de Paris. ' Comparaifon de la demeure dans l'ombre, & de la demi-durée de l'éclipfe - de Lune, felon les obfervations faites en différeutes villes de l'Europe. La demeure dans l'ombre. * La demi-duré. À Paris, felon mes obfervations. . . ... 1h 24‘ ou 25°... 1h 50‘: ou $o‘ À S.' Germain, où la fin a été vüeimméd. 1. 265 ...,.... 1. 492 AEauzanné. 0, Les. Api22ñ see se 1482 AESON.Ae I ENNN 1. 24 . catusb anis 2 2% bb. Hood leon iueg dada. Mre 49e Rome, .....4 res uue sos 1u02Biqa ns dame 101482 Pbnrli.,S. eo db UN emuaunb ASE. oracle SOE Et par un milieu. ... 1. 252 ......4. 1. 491 ÿ PL) N LL < $ Avril 1750. , 54 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaLr DIFFEFRENS.MOYENS POUR PERFECTIONNER LA BOUSSOLE, Par, M D6 HAXMEL. Anteaume, déjà connu de l'Académie par plufieurs . chofes utiles qu’il a foumiles à fon examen, & qui réunit à beaucoup de fagacité & d'invention, l'exactitude & la pré- cifion qui font le fuccès des recherches expérimentales, me fit part, l'été dernier, de plufieurs corrections qu'il avoit faites à une Bouffole de mer. Dans l'examen exact que nous fimes de cette bouflole, il nous parut qu'il convenoit de faire quel- ques changemens à l'ingénieufe difpofition que M. Anteaume Jui avoit donnée; & cette difcuflion n'engage: à lui com- muniquer quelques vües que je me propolois de fuivre , pour donner à cet inftrument une perfection d'un autre genre que celle qui avoit fait l'objet de fes recherches. Comme il eft utile de raffembler dans un même Mémoire tout ce qui ap- partient à un même objet, nous eonvinmes fur le champ de réunir nos idées, & de travailler de concert à perfectionner un inftrument qui fert également à la Géographie & à la Na- vigation.. Nous allons rapporter dans ce Mémoire, le détail de nos expériences, qui ont eu tout le fuccès que nous pou- vions defirer. he Il convenoit pour perfectionner la bouffole, de remplir trois objets différens. Le premier_eft d'augmenter dans une aiguille, la force qui la. fait fe diriger vers le nord. C'eft l'impreffion magné- tique que le fer reçoit, qui occafionne la direction de fai- guille: s'il étoit poflible de doubler, de tripler, même de quadrupler dans une aiguille, cette impreflion , aflurément on augmenteroit proportionnellement la force direétrice, &c ainfi on feroit que l'aiguille fe porteroit avec d'autant plus de vitefle & de puiflance dans la pofition nord & fud: c'eft Der S C0 1 £ Nic°E 5° MMS cè moyen d'augmenter la vertu magnétique des aiguilles, que je m'étois propolé de chercher. Mais pour profiter de cette force magnétique, il faut qu'aucun obftacle ne s'oppole à fon aétion; il faut tellement diminuer les frottemens de l'aiguille fur fon pivot, qu'elle ait la liberté de fe mouvoir prefque auffi librement qu'elle le feroit fi elle flottoit fur un fluide. Une aiguille fort légère n'éprouve pas beaucoup de frottemens, mais aufli elle a très- peu de force magnétique; fr pour augmenter fa force, on la rend plus pefante, les frottemens augmentant proportion- nellement, on n'en tire pas un grand avantage. Avec le fup- port que M. Anteaume a imaginé, les plus lourdes aiguilles font auffi mobiles fur leur pivot, que les plus légères fur les fupports ordinaires ; ainfi rien ne les empêche d’obéir à la grande force magnétique dont nous favons les impregner, Quoique les aiguilles foient d'autant plus parfaites qu'elles font plus mobiles, les marins craignent cependant cette grande mobilité: car l'agitation de ces aiguilles (qu'ils nomment vo- lages) occafionnée par le mouvement du vaifleau, les em pêche d'en connoître la vraie direétion. Nous fommes parvenus à éviter ce défaut, fans diminuer de la mobilité de nos aiguilles; ainfi nos bouffoles feront auffi utiles pour la Navigation que pour les opérations de la Géographie. Avant d'entrer dans le détail de nos recherchés, äl convient d'établir par quelques faits la fupériorité de nos bouffoles fur les bouffolés ordinaires. Une aiguille de bouflole trempée dur, du poids de 2 gros & demi, étant aimantée fur une bonne pierre, n’a pû porter que 5 à 6 gros; la même aiguille, aimantée avec des barres de M. Knight, a porté 9 gros ; & étant aimantée avec nos barres & à notre façon, elle a porté ro gros & demi. Nous fommes donc parvenus à beaucoup augmenter Ja force d'attraétion de nos aiguilles, Si on préfente un petit morceau d'acier aimanté à une de nos aiguilles, il en change {a direétion en étant éloigné de 14 à15 pouces, &le même morceau d'acier ne change Vi 156 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE la direction des aiguilles ordinaires qu'en étant approché de 4 à 5 pouces: de même, une barre magnétique de M. Knight agit fur nos aiguilles à 3 pieds de diftance, & il faut d'appro- cher de 9 à 10 pouces des aiguilles ordinaires pour en chan- ger la direction. Nous fommes donc parvenus à beaucoup augmenter la force de direction des aiguilles. Si lon change doucement & d'une petite quantité 4a direétion d’une aiguille ordinaire, il s'en faut prefque toûjours 3, 4 où même 6 degrés qu'elle ne revienne à fon point, au lieu que nos aiguilles reprennent leur première direction, ou ne s'en écartent que d'un quart, d'un tiers, où au plus d'un demi- desré, ce qui prouve la grande mobilité de nos aïguilles. Enfin, fi on agite la bouflole ordinaire & la nôtre, elles fe fixent l'une & l'autre prefque aufli promptement fur eur point de direction, ce qui eft avantageux pour a Navigation. | Après avoir prouvé la fupériorité de nos bouffoles fur celles qu'on fait ordinairement , il convient de rapporter comment nous Jeur avons procuré cet avantage; & pour fuivre l'ordre que nous avons déjà choifi, nous commençons par ce qui regarde l'augmentation de force magnétique des aiguilles. Je rendis compte à l'Académie en 1745, des recherches que j'avois faites avec M. le Maire, pour donner à de petits barreaux d'acier autant de force magnétique qu’en avoient ceux que M. Knight envoyoit d'Angleterre : la chofe étoit aile, il ne falloit qu'attacher ces petits barreaux fur une grande lame d'acier précédemment aimantée, & enfuite aimanter tout enfemble la grande lame & le petit barreau, qui, étant détaché de la grande lame, avoit autant de force que les barreaux anglois. Je dis alors dans ce Mémoire, qu'on pouvoit employer cette méthode pour procurer une grande force magnétique aux aiguilles de boufiole, & M.le Maire en à tiré un très- bon parti, non feulement pour faire de meilleures bowffoles, mais encore pour former des aimans artificiels qui portent des poids confidérables , relativement à leur groffeur. Nous avions donc déjà un moyen de beaucoup augmenter DÆSs SCrrNcCESs Uni la force magnétique des aiguilles de boufloles, mais M. Knight vient de nous apprendre qu'on peut faire quelque chofe de mieux. On lit dans le Mercure de France de Janvier 175 0, qu'il fait compofer des barres magnétiques (c'eft ainfi qu'il les nomme ) qui communiquent aux aiguilles trempées dur une vertu beaucoup plus forte, & infiniment plus durable que celle qu'elles acquièrent en les aimantant avec les meïlleures pierres; il ajoûte que ces barres ont la propriété d'augmenter la force des aimans foibles, & de changer 1a direction de leurs poles. Ces phénomènes finguliers, & le deflein que mous avions de communiquer à des aïguïlles une grande force magnétique, nous faifoient defirer de connoître la com- pofition de ces barres magnétiques, dont M. Knight fait un fecret qu'il n’a point révélé à fa propre nation. Nous choifimes deux lames de fabre fort larges, & en ayant coupé la pointe & la foie, nous les réduifimes à deux pieds fept pouces de longueur. Nous aimantames ces lames, les ayant liées à une autre plus grande, comme nous l'avons dit en 1743. Nous fimes forger, tremper dur & polir deux petites barres d'acier d'Angleterre qui avoient chacune 8 pouces de Jongueur , 4 lignes & demie delargeur, & 2 lignes & demie d'épaiffeur. Nous aimantames ces deux barres avec nos deux lames; ‘en nous conformant à ce que prefcrit M. Knight pour aiman- ter les aiguilles de bouflole: nos barres acquirent une force magnétique très-approchante de celle des barres de M. Knight; ‘on en jugera par les expériences fuivantes. Un petit barreau d'acier d'Angleterre trempé très-dur, & qui pefoit 44 grains, ayant été aimanté à fordinaire fur une ne pierre, pouvoit à peine foûtenir une aiguille à coudre; mais ayant été aimanté avec nos petites barres à la manière de M. Knight, il porta une once 4 gros. Une pierre d’aimant foible, qui avoit environ un pouce en quarré fur trois lignes d'épaifieur, & qui pefoit une once, V ïij 158 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLE pouvoit à peine foûtenir un petit clou; nous marquames fes poles, & ayant aimantée en fens contraire de fes poles naturels, le pole fud devint nord, & le pole nord devint fud; de plus, la force de la pierre fut confidérablement augmentée, puifqu'elle portoit alors 6 onces: nous l'aiman- tames de nouveau, mais en fens contraire des poles que nous lui avions fait prendre ; la pofition des poles fut en- core changée, & la force de la pierre augmenta pluftôt que de diminuer, de forte qu'après l'avoir aimantée plufieurs fois, elle porta 22 onces. - M. le Maire, qui avoit affifté à nos expériences, fé preffa de faire deux barres un peu plus grandes que celles que nous avions de M. Knight; mais au dieu de les aimanter comme nous avions fait nos petites barres, il s'étoit con- tenté de les aimanter fur une grande barre, comme nous avions fait les petits barreaux en 1745 : néanmoins ayant aimanté fucceflivement avec ces barres & avec celles de M. Knight une même aiguille de bouflole, elle porta éga- lement bien un poids d'une once 4 gros & demi. On voit que nos barres approchoient beaucoup de Ja bonté de celles de M. Knight, ainfi nous avions déjà lieu d'étre contens de nos recherches; néanmoins nous jugeames que nous aurions encore plus de fuccès fi nous fubftituions aux lames de fabre, dont la furface eft convexe, des lames d'acier de même longueur , mais plus pefantes, & dont la fuperficie feroit plane, afin que le contact avec les barres que nous voulions aimanter étant plus exaét, la communication de la vertu magnétique fût plus aifée. Le fuccès a juftifié nos foupçons, & M. Anteaume ayant, outre cela, un peu changé la difpofition relative des grandes & des petites barres, nous fommes parvenus à faire des barreaux magnétiques plus forts que ceux qui nous avoient été envoyés d'Angleterre. Les bornes de ce Mémoire m'obligent de paffer rapidement fur Je détail de nos recherches; mais je ne puis me difpenfer de décrire le plus fuccinétement qu'il me fera poflble, la manière de faire d'excellens barreaux magnétiques, PES ScrENcCESs. 159 H faut avoir quatre grandes barres & deux petites, les unes & les autres du meilleur acier d'Angleterre ; les quatre grandes barres auront au moins 2 pieds 6 pouces de Ion- gueur, 12 à 15 lignes de largeur, & $ ou 6 d'épaiffeur; elles feront trempées dur, & bien polies : il fera bon de marquer un des bouts d’une S, & f'autre d’une A, pour diftinguer leurs poles. Les deux petites barres qui doivent faire les barres magné- tiques, auront 1 0 à 1 2 pouces de longueur , fur environ 6 à 7 lignes de largeur, & 4 à $ lignes d'épaifieur ; elles doivent être trempées fort dur, & bien polies, fans aucun recuit : Jeurs extrémités feront aufi diftinguées par les lettres S & AN. On aura une petite règle de bois de la longueur & de lépaifleur des barreaux, & large de 3 ou 4 lignes ; elie eft deftinée à mettre entre les barreaux, pour empêcher qu'ils ne ne fe touchent. Il faut aufi fe pourvoir de deux parallélépi- pèdes de fer doux, de 7 à 8 lignes de largeur, dont lé- paifleur foit égale à celle des petites barres, & qui aient de longueur à largeur des petites barres , & de plus celle de da petite règle de bois; comme ces morceaux de fer fe pla- “ cent fur le bout des barres, nous les nommerons les contrats, Enfin on doit avoir une bonne pierre d’aïmant qui puifle porter 18 à 20 livres, car une plus petite ne pourroit pas aimanter les grandes barres *. “ On aimantera à l'ordinaire deux des grandes barres que “ je nomme À, pour les diflinguer des deux autres que je nom- _ merai 2. - Les deux barres À étant ainfi un peu aimantées, on placera fur une grande table les deux barres 2 parallèlement l'une à autre, avec la règle de bois entre deux, & au bout les con- tas, de façon que le bout N de l'une foit du même côté que . Le bout S de l'autre; puis on ajoûtera au bout les barres 4 qui font déjà un peu aimantées, de façon qu'un des bouts M Fig. 1. ,* On dit qu'il faut une pierre | cette vertu fans aimant, M. An- d’aimant pour abréger l'opération; | teaume a trouvé une façon de fim- 3 ù . . La La . Gax Outre qu'on fait communiquer | plifier & d’abréger cette opération, t Fig. 1° 160 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALr d'une des barres À touche le contaét vis-à-vis Je bout S d'une des deux barres 2; l'autre barre À fera placée à l’autre bout de la même barre À, de façon que le bout S de la barre À touche le contact vis-à-vis le bout ÆV de la barre 2. Tout étant ainfi difpolé, on paflera trois ou quatre fois armure /V de la pierre, depuis le bout Æ d'une barre At jufqu'au bout S de Fautre barre 42, faifant couler armure tout du long de la barre Br qu'on fe propofe d’aimanter ; alors la barre Br fera bien aimantée fur une de fes faces. I faut aimanter de même la barre B2; pour cela on tranf- portera la barre A1 du côté de A2, la placant de façon que le bout /V de la barre A1 touche le contact vis-à-vis le bout S de la barre B2 ; & on tranfportera {a barre A2 du côté de la barre At, pour la placer de façon que le bout S de la barre A2 touche l’armure vis-à-vis le bout /V de a barre B2; & tout étant ainfr bien difpofé, on paffera trois ou quatre fois l'armure A de la pierre, commençant par le bout AN de la barre Ar, & finiflant par le bout S de la barre 42. + Alors la barre 2 2 fera aufii parfaitement aimantée fur une de fes faces, que la barre B 1 f'avoit été par la première opération. On écartera enfuite les deux barres À, pour retourner fur l'autre face les deux barres B, & ayant replacé, comme on l'a expliqué, les deux barres À fucceflivement vis-à-vis les bouts des barres 2, de façon que le bout V d'une des barres À réponde vis-à-vis le bout S des barres 2, & le bout S des barres À, vis-à-vis le bout À des barres Z, on paflera l'armure AN de la pierre, commençant par N & finif- fant par S, comme nous l'avons expliqué; alors les deux barres Z feront aflez bien aimantées. On mettra les deux barres À à Ia place des deux barres B, & mettant au bout, vis-à-vis les contacts, les deux barres B, comme on avoit mis les deux barres À, on aimantera les barres À fur leurs deux faces, comme on a fait les barres Z. Après ces opérations, les quatre barres feront affez bien aimantées ; néanmoins on augmentera encore leur force magnétique ; 4 TERRES $ c:1:E N c-B:& 147 MG: agnétique , fon répète deux ou trois fois la même chofe, métant alternativement les barres À au milieu, & enfuite res-2; car nous avons conftamment remarqué que l'acier devient d'autant plus propre à acquerir une grande force ma- “gnétique, qu'il a été aimanté un plus grand nombre de fois. . Quandles quatre g grandes barres font une fois bien chargées -de vertu magnétique, on na plus befoin de pierre pour communiquer une grande vertu à de petits barreaux de 9, #9, 12 pouces de longueur, femblables à ceux de M. Knight. «+ Pour les toucher, il n'y a qu’à les mettre fur une table, comme les grandes barres, avec la règle de bois entre deux & des contacts, placer au bout, comme nous l'avons expliqué plus haut, deux des grandes barres, celles qui paroïtront _ desplus foibles À, par exemple. On poféra enfüite fur le milieu des petits barreaux, les deux bouts des barres 2, de façon que le bout A de ja _ barre B 1 foit du côté S du petit barreau, & le côté S de la barre B 2 du côté AN du petit barreau ; alors.on féparera des deux barres B, faifant couler B 1, juqu'à l'extrémité S' de Ar, & B2, juiqu'à l'extrémité À de A 2, & cette _ même opération étant répétée trois ou quatre pes fur les ces des deux petits barreaux, ils auront acquis une très- | ra magnétique, fi l'acier dont ils font faits eft trempé … bien dur, & qu'il foit de nature à bien recevoir la vertu É métique: car il y a des aciers qui s'en chargent bien plus parfaitement que d'autres, à propos de quoi nous ne lieues pas omettre sus remarques qui font aflez im- Es * Nous avons eu des. RER d'acier, qui, aux pre- ères touches, ne prenoient qu'une vertu très foible: nous baiffions dans leur boîte avec leur contact, & fr quel- ps après on les retouchoit de nouveau, ils acque- une grande vertu & devenoient fort bons: il fembleroit que le courant magnétique qui fe faifoit d'un barreau à l'autre s contacts, avoit difpolé les pores de l'acier à recevoir plus.de vertu magnétique. | Mén. j 759 SR. Fig. 2e Fig. 3° 162 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 2. Ayant des barreaux qui ne prenoient prefque point de force magnétique, je n'avifai de les mettre bout à bout & de les coucher fur un de mes grands barreaux, ayant mis au bout de mes petits barreaux un morceau de fer qui s’éten- doit jufque fur les contacts des grands: ces petits barreaux étant reftés dans ce:te même fituation une quinzaine de j jours, gagnèrent une force magnétique affez confidérable; ce qui femble indiquer , comme l'expérience précédente, que la matière magnétique fe fraie peu à peu dans l'acier des routes qui n’avoient pü être ouvertes par un premier attouchernent. 3." Les petits barreaux font excellens pour toucher des aiguilles de bouflole trempées dur; mais pour leur donner toute la vertu poffible, il faut mettre deux aiguilles l’une à côté de Fautre, ajufter au bout, des mafles ou des contaéts de fer qui foient échancrés pour recevoir les bouts des aiguilles, & les toucher avec quatre barreaux, comme nous Favons expliqué plus haut. Si on lafe ces aiguilles répondantes à leurs contacts, & qu'on lés retouche de nouveau tous Îes quatre ou cinq jours pendant un certain temps, elles acquerront une très-grande vertu qu’elles conferveront fort long-temps, fur- tout fi on les tient deux à deux dans une boîte avec des contacts de fer au bout, ou fi on les met fur leur pivot ; car dans le premier cas, la circulation de la matière magné- tique fe fait d’un barreau à l'autre par les contacts, & dans Fautre, l'aiguille fe plaçant à peu près dans l'axe magnétique, elle participe du courant .. de cette matière qui circule autour de la terre. * La figure qui nous a paru la plus avantageufe pour les nssilless elkun parallélogramme terminé par deux pointes fort obtufes, & il convient de leur donner à peu près une demi-ligne d'épaifleur. 5. Nous avons recommandé qu'elles fuffent trempées fort dur, non feulement parce qu'en les touchant fuivant notre méthode, elles en acquièrent une plus grande force magnétique, mais encore parce qu'elles la confervent plus long-temps. 184 DR LPP AT | # 1 at où nent PUY er RaNtimiersn Sc tE N1C:Eis 163 NU6P AI faut , pour que les barreaux confervent leur vertu, les” tenir toûjours dans une boîte avec leurs contaéts, qui doivent être de fer fort doux, de même épaifleur que les barreaux, & {fuffifamment larges pour que la vertu magné- tique ne {e faffe point apercevoir au travers des contacts. 7° M nous a paru que acier trempé en paquet étoit très- propre à recevoir la vertu magnétique. wu8. If eft bon, quand les barreaux font forgés, de les écrouir à petits coups de marteau à mefure qu'ils refroidiffent: les bons Forgerons ont coûtume de les écaïller, en trem- pant Jeur marteau dans feau, & cette précaution nous paroît fort bonne. té , » 9.” I eft bien difficile d'empêcher que les barreaux ne {e touimentent en les trempant : pour diminuer cet inconvé- nient, il faut recommander aux Forgerons de ne point re- dreffer leurs barreaux à froid, mais de les faire chauffer toutes les fois qu'ils veulent les redreffer ; car les barreaux qu'on a redreflés à froid, reprennent leur: courbure lorfqu'on les _% ro Si on veut fe former une idée de ce qui s'opère dans les barreaux par notre façon de les aimanter, il faut concevoir que les deux grandes barres que nous mettons aux deux extrémités du barreau que nous voulons aimanter, étant elles-mêmes très-chargées de vertu magnétique, le profluvius magnétique ténd à pafler d’une barre à fautre au travers du petit barreau, & probablement la matière magnétique le tra- werfe : le courant eft d'autant plus rapide dans les petites barres que la mafle des grandes barres eft plus grande que cellerdes petites ; mais ce courant eff encore beaucoup aug- | menté quand on pañle d'autres grandes barres fort magné- 1es fur toute la longueur , tant des premières grandes barres des petits barreaux : peut-être ce courant eft-il en partie … Mnterrompu par les contacts, & nous foupçonnons qu'une ; paflé dans le barreau parallèle qu'on n'aimante pas encore; ce neft-là qu'une conjecture que nous ne delefpé- ons pas de prouver dans {a fuite. Quoi qu'il en foit, avec X i 164 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les précautions que nous avons rapportées, nous avons fait des barreaux plus forts que ceux qui nous font venus d’An- gleterre; on en jugera par les expériences fuivantes , quoi- qu'elles n'aient point été faites avec nos meilleurs barreaux. Deux barreaux de M. Knight, qui pefoient 12 onces 3 gros, ont porté 28 onces 2 gros. | Deux petits barreaux de notre façon, qui pefoient 6 onces 32 gros, ont porté 36 onces 3 gros. Enfin deux autres Parreaux, encore de notre façon , qui pefoient 14 onces 4 gros, ont porté 44 onces 2 gros. Ïl eft donc bien établi, r.° qu'il eft aifé de faire des barres magnétiques auffi fortes que celles de M. Knight ; je ne dis pas plus fortes, parce que celles de M. Knight étant plus anciennement fabriquées que les nôtres, peuvent bien avoir perdu de leur vertu. 2. Avec des barres de 14 & 15 onces, on peut, fans jerre d’aimant , faire de petites barres très-bonnes, pourvüû qu'elles ne pèlent pas plus de 4 à 5 onces. 3." Avec ces mêmes barres, on peut changer les poles des pierres d'aimant qui font foibles, augmenter leur vertu, & communiquer aux aiguilles de bouflole beaucoup plus de force qu'avec les meilleures pierres; & fans fortir du royaume, M. le Maire eft en état d'en fournir aux Phyficiens & aux Marins. 3 Nous avons donc rempli notre premier objet. Le fecond étoit de rendre les aiguilles très-mobiles fur leur fupport : il eft étonnant de voir avec quelle facilité M. An- teaume y eft parvenu ; il place au centre de fa bouflole un petit pilier de cuivre qui eft aflez gros pour qu'on puifle y mafli- quer une petite chape d'agate où de verre; il ajufte une pareille chape au centre de fa rofe; il fait enfuite un petit fufeau de cuivre, dont un des bouts eft reçü dans la chape qui eft au haut du petit plier, & l'autre répond à la chape qui eft au centre de Ja rofe : enfin, du milieu de ce fufeau il part une petite verge de cuivre qui porte trois petits poids difpoés à tiers point, qui ont affez de puiflance pour rappeler RSR CT ER LE ne em de LAc.R . des Se,1750. Pag 153_Pl.10. CE LL TS Fr A em de LA. À dar Se17 50. Po Wy Plso. Li LL CT EE A TN CNT I A I EN Te MM in a Hess} Sc 1 E Nice s mes | le fufau & la rofe dans la perpendiculaire: cet ajuftément, qui eft d'autant plus eftimable qu'il eft fimple, donne à l'ai- | tille une mobilité qu'on ne foupçonneroit point avant * Enfin äl ne nous refloit plus qu'à faire en forte que ces aiguilles ne fuffent point volages, & cette correction étoit néceffaire pour la mer, parce que la grande mobilité de nos aiguilles faifoit qu'elles étoient un quart d'heure à fe fixer : le remède que nous avons apporté à ce défaut, eft bien fimple , il ne confifte qu'à avoir collé fous la rofe de petites aîles de papier, qui, fans la charger, éprouvent une réfif- tance dans l'air, qui diminue beaucoup les ofcillations. + "Aïnff nous fommes parvenus à faire des barres magné. tiques au moins auffi fortes que celles de M. Knight, nous avons beaucoup augmenté 1 force magnétique des aiguilles de bouflole , nous les avons rendu très-mobiles fur leur pivot, | nous avons empêché qu'elles ne fuflent volages : c'étoit l'objet , de nos recherchés. | 4 CHTTUU AN TPS THE donol qu'à Si 23 Juin 1750: 166 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALe SU ME MES) EroLs EM TMS DE LA L'ARE CRIE" D'U'"S OD'E TER Second Mémoire. Par M. l'Abbé DE LA Cr db E me propole de difcuter dans ce Ménoire, trois points importans. 1° Quelle eft la durée de la révolution an- nuelle du Soleil? 2.° L'équation lunaire eft-elle fenfible dans les obfervations du Soleil, en forte qu'on ne puiffe fe dif enfer d'y avoir égard? 3.° Quelle eft fa plus grande équation du Soleil? AUR MER C'L'E "LS De la grandeur de l'année folaire. La grandeur de l'année folaire moyenne que Flamfteed a employée dans. fes Tables ,.eft de 365i 5h 48" 5723 felon M. Halley, elle eft-de 3 651 5h 48" 54"+, & felon M. Caflini, elle eft de 1365 5" 48 52". J'ai dit dans le Mémoire précédent, que je éroyois ces durées trop longues; voici fur quelles raifous-je me fonde. * I. Par un calcul exaét que j'ai fait fur les meilleures ob- fervations de Walthérus, faites à fa fin du quinzième fiècle, & comparées aux obfervations de ces dernières années, j'ai trouvé la révolution du Soleil, de 365i 5h 48° 46"+, comme on le peut voir dans le Mémoire que je lus l'année dernière. | IT. La grandeur de l’année folaire moyenne que M. Caf fini a trouvée par la comparaïfon d'un très-grand nombre d'équinoxes obfervés à Uranibourg, à Bologne & à Paris, eft entre 365i 5" 48" 47", & 365i 5h 48! 35". (Voyez MOT ENS AS. CHHIELN CES | E lémens d'Affronomie, pages 228 & 230). Or il eft Ai 4 que ces obfervations Es de-toutes celles qui ont été faites avant l'ufage des lunettes, les plus propres à déterminer fa grandeur de f'année, puifque nous connoïflons fort exacte- ment la hauteur du pole de ces trois endroits, & que c'eft de la connoiffance précife de la hauteur du pole, que dépend pren celle du moment de l'équinoxe. IIL M. Euler dit (page 1 37 de fes opufcules) que par k comparaifon d'un grand nombre d’obfervations faites dans diflérens fiècles, il s'eft convaincu de cette vérité; que le temps de la révolution annuelle du Soleil eft maintenant plus court que dans les fiècles précédens; & il fait voir dans un Mémoire fait exprès, que cette accélération eft un effet de L réfiftance de Péther. * JV. Les Aftronomes du: commencement de ce fiècle n'avoient encore aucune obfervation moderne affez éloignée de leur temps, pour en conclurre la révolution du Soleil avec füreté; ils ont donc été obligés de s'en tenir aux plus anciennes, & alors s'il eft vrai que le mouvement du Soleil s'accélère infenfiblement, ils n’ont pû en déterminer la révo- lation, que pour un temps moyen entre les deux obfervations qu'ils ont comparées, & par conféquent pour un temps aflez éloigné du nôtre. Nous commençons à n'être plus dans ce cas : les premières obfervations exaéles qui ont été faites ici il y a quatre-vingts ans, peuvent fervir maintenant à décider la queition. La plus ancienne de ces obfervations propres à déterminer Ja grandeur de année folaire, eft celle que fit M. Picard de 1e Avril 1 669; il plaça fon quart-de-cercle à très-peu | près dans le plan du méridien; il'obferva l'inftant du paffage centre du Soleil au fil vertical tendu au foyer de fa lu- nette, & la boire méridienne apparente du centre du Soleil, À “qu'il trouva de 454 59' o". Ayant enfuite laiffé fon inftru- ment dans cette RCA il attendit le paflage de Procyon Fu à le même fil vertical; mais parce que Procyon étoit un “pie élevé que le Soleil, il lui fallut élever tant foit peu 168 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fa lunette, en faifant tourner verticalement fon inftrument, & il trouva que le paffage de cette étoile fe fit 6h 35° 54” de temps moyen après celui du centre du Soleil: la hauteur méridienne apparente de Procyon fut aufli obfervée de 474 10’ 0". M. Picard conclud de fà que la différence d’afcention droite entre le Soleil & Procyon, étoit le 1° Avril 1669 à midi, temps vrai, ou à o" 3° 47", temps moyen, de 994 14° 33"; ce qui fuppofe que la pendule de M. Pi- card n'étoit pas parfaitement réglée au temps moyen, autre- ment il eût fallu 994 14° 45"+; c'eft fans doute par la connoiflance de l'état de fa pendule, que M. Picard à fait cette réduction. Par le calcul des Tables de M. Caffini, je trouve que le Soleil étoit alors dans 124 14° 50" Y, & qu'en fuppofant lobliquité de l'écliptique de 234 28" $0", telle qu'elle étoit dans ce temps-là, felon les obfervations de M. Richer à Cayenne, corrigées par l'équation qu'exige l'eflet de la nu- tation de l'axe de la Terre, la déclinaifon du Soleil étoit de 44 $0" 5 5" boréale; & par conféquent celle de Procyon, de 64 1’ 5 5” auffi boréale, puifque, felon l'obfervation, Pro- cyon étoit plus boréal que le Soleil, de 14 11° o”. Soit donc Æ le pole de l'écliptique, P celui de l'équateur, S le Soleil, 7° Procyon : foit mené Farc E de grand cercle ZS. Dans le triangle TPS, on a PE sb PSE RE P 95 x EL PSE 90 14739 51e calcul donne TS — 9$4 38° 34", &T ? alors dans le triangle T'ES, où ES — 904 o' 0", & ET = 105457" 55", felon le Catalogue de Flamfteed, on trouve T'ES, différence des longitudes entre le Soleil & Procyon, de 984 59" 32". Mais parce que l'équation lunaire faifoit paroître le Soleil trop oriental de 2 fecondes, nous établirons la différence des longitudes du Soleil & de Procyon le 1. Avril 1 669, à oh 3° 37" de temps moyen, de 934 59° 34". Remarquez que dans ce calcul on ne doit pas avoir égard à … ses nu > - “mat. DESuS CTEN CE #4 Où à Ja déviation caufée par la nutation de l'axe de la Terre, parce qu'elle altère également toutes les Jongitudes en même temps. . Voici les Obfervations que j'ai faites, pour avoir fa diffé- rence des longitudes du Soleil & de Procyon. J'ai pris un très-grand nombre de hauteurs correfpondantes de ces deux aftres, & j'ai trouvé DiFFÉRENCE RÉDUCTION! [RÉDUCTION] DIFFÉRENCE d'afcenfion droite au pou réduite à midi. premier Avril 1749. | Procyon. au premier Avril, a ne ee ne = a] 11 La « [4 4 1074 53 75715 3082] — 1,7 [ioot 37° 35°,6 166. 48. 28,5|— 6. 21. 3,7| — 1,5 100. 37. 23,3 106. 4. 7, 5]— $. 26. 37, 5] — 1,2 |100, 37. 28,7 105. 9. 36,0|— 4. 32. 12,2] — r,0 104 1$. 8,0|— 3. 37. 46,7| — 0,7 102. 26. 17, 0|— 1. 48. 55,0] — o,5s Avril. ÿ | 96. $9. o,7|+ 3. 138: 12,3| + 0,8 Equation Iunare. “+4 4. 50 Différence d'afc. droite entre le Soleil & Procyon le 1,4 Avril . La hauteur méridienne apparente de Procyon a été ob- fervée de 474 0° $"E, d'où j'ai conclu fa déclinaifon boréale de 54 50° 37". J'ai trouvé auffi la déclinaifon du Soleil, par oblérvation, de 44 42° 13" boréäle; en calculant fur ces données les deux mêmes triangles fphériques, j'ai la différence des longitudes entre le Soleil & Procyon le r1.er Avril 1749, à oh 3' 52" de temps moyen, de 1004 27 15"7, de forte que le Soleil étoit éloigné de 14 27’ 41° È lieu où il étoit à l'égard de Procyon le 1.e* Avril 1 660. Selon le calcuf des Tables, le Soleil a dû employer 15 118 4o' 8" à décrire cet arc; & par conféquent il eff parvenu le 2 Avril 1749, à 11h 44 0" de temps moyen, à la _ même pofition à l'égard de Procyon, quele 1.9 Avril 1 669, àoh 3 47"temps moyen. : , + Mén, 1750. No Matine À 170 MÉMOIRES DÉ L'ACADÉMIE ROYALE Le Soleil à donc fait 80 révolutions fidérales dans l'ef- pace de 29320i 118 40" 13", & par conféquent chacune a été de 365i 6P 8’ 45”; mais parce que [4 préceffion an- nuelle moyenne dés équinoxes eft de $o fecondes au moins, qui répondent à 20° 17"+, la révolution tropique moyenne du Soleil eft donc, felon ces obfervations, de 3651 s"48" 27"2, On la trouvéroit éncoré plus pétité de 4 fecondes; fi on émployoit li précéflion des équinôxés de so fecondes un tiérs, comme elle eft Yrai-femibliblémént : il faudroit en< core la diminuer de 4 fecondes, fi on fuppoloit que la diffé: rence d'afcenfion droite éñtre Procyon & le Soleil, obfervée par M. Picard, dût être de 994 14 45"2, au lieu de IH 141832 à rebug" Pour confirmer ce rélultat, j'ajoûterai encore trois ob{er- vations que j'ai faites dans le même deffein. Là première eft du 30 Mars 1745 ; le détail en eft imprimé dans les Mémoires de cétte année {page s 0 9), & il en rélulte que le 30 Mars 1745, à oh 4' 30° temps moyen, la différence! d'afcehfion droite entre le Soleil & . étoit de 1024 25'12/. Je trouve par le calcul que cette différence {e réduit à 1024 24 8”1; & y ajoutant 6 fecondes pour l'équa= tion lunaire, la différence de longitude entre Procyon & le Soleil étoit alors de 1024 24/1472, & par conféquent à 34 24° 40" + du lieu 6ù M. Picard a détérminé le Soleil én 1669. Le calcul dés Tables fait voir que le Soleil n'a réjoint cé lieu qué le 2 Avril, à r 1h 15" 5 6" temps moyen; l'intervalle dé témips étant divifé pat 76, donne chaque ré- volution fidérale de 365i 6h 8° 50"+, & par conféquent l'année tropiqué dé 365) 5h 48° 33" au plus La feconde cbférvation eft du 31 Mars 1748 , felon laquelle la difrénce en afcénfion drojté éhtre le Soleil & Procyon, étoit à oh 4! 6", temps moyén, de rord 18° 7", ou, à eaufe de l'équation lunaire, de 1014 18° 13”; laquelle réduite en différence de longitude, eft de ro1d 11° 2121: donc alors fe Soleil étoit éloigné de 24 11° 47" : du lieu où M. Picard l'avoit obférvé; donc ïl y éft parvenu ” DES SCIENCES 17t le 2 Ayril à 5° 38° 15" temps moyen, &, fa révolution fidérale à été de 3651 6h 8° 47"+: donc la révolution tropique eft de 365) 5" 48° 30" au plus. - La troifième obfervation eft du 3 Avril 1750: felon cette obfervation, la différence d’afcenfion droite entre le Soleil & la Lyre, a été déterminée pour ce jour-là, à oh 3' 20" de temps moyen, de 954 23° 24,4, ou, ayant égard à l'équation lunaire, de Ds 22 232), 2:407 HE. 30 Mars, la différence entre Procyon & la Lyre avoit été ob- fervée par un grand nombre de hauteurs correfpondantes, de 1944 26° 3", plus grande de 2'"9, quelle ne devoit être le 3 Avril, ayant égard à tous les mouvemens apparens de ces deux étoiles. Donc le 3 Avril, la différence entre le Soleil & Procyon étoit de 994 2° 27,8 : la hauteur méridienne vraie du centre du Soleil fut aufli trouvée de 464 31° 5"; & par le calcul des deux triangles fphériques décrits ci-deflus, la différence de longitude entre le Soleil & Procyon étoit le 3 Avril 1750, à oh 3° 20" temps moyen, de 984 44’ 27". Le Soleil étoit donc. éloigné du lieu où M. Picard favoit obfervé, de 1 5’ 7"; & par con- féquent il avoit atteint ce lieu le 2 Avril à 17h 54 14"; il avoit donc employé 29585517" $0' 27", à faire 8x révolutions fidérales, dont chacune a été de 365i 6h 8’ 46"2: da révolution tropique eft donc de 365i 5h 48° 29° au plus. y] sh 210 | | . prenant un milieu, on voit qu'en fuppofant la pré- ceflion annuelle moyenne des équinoxes de 5.0 .fecondes, Yannée folaire moyenne eft tout au plus de 3 65i 5" 48" 30"; ‘& if faudroit une erreur de 39".2 5" dans le temps de l'in- tervalle entre les oblervations de M. Picard & celles que je wiens de rapporter, pour faire aller l'année {olaire moyenne à 365i 548" 57"=, telle que Mrs Newton & Flamiteed Tont adoptée : cette erreur en fuppoferoit une de plus d'une minute & demie dans les obfervations comparées. & Outre l'obfervation de 1669, nous en avons-encore une de M. Picard, faite dans les-mêmes circonftances, Jan 1 681, Y ÿ 172 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE le $ Avril. Ce jour, M. Picard trouva la différence d'af- cenfion droite entre le Soleil & Procyon, qui étoient tous deux, à très-peu près, dans le même parallèle, de 954 39° 40"; ce qui donne la différence des longitudes le $ Avril, à oh 2° 32" temps moyen, de 95 715", ou, à caufe de l'équation lunaire, de 9 5% 7’ 9"2: comparant cette ob- fervation à celle du 3 Avril 1750, on trouve que le Soleil eft parvenu à cette même différence le 6 Avril1750, à 168 33; & que par conféquent il a fait 69 révolutions fidérales complètes en 25202i 16h 30° 28”, ce qui fait voir que chacune a été de 365i 6h 9° 8", & par confé- quent la révolution tropique a dû être de 365i 5h 48’ 50"+ au plus; & parce que les trois autres obfervations que jai faites, comparées à la première de M. Picard, s'accordent ; à 3 ou 4 fecondes près, dans le réfultat, elles s’accorderont de même avec celle-ci. Je crois donc qu'on peut conclurre de là, que la gran- deur de l'année folaire moyenne n'eft à préfent que d'environ 365) Sn 48" 40". _- ARTICLE) LT Recherches fur l'E‘quarion lunaire. Dans le deffein d'examiner fi équation lunaire eft fen- fible ou non, c'eft-à-dire, fi la réattion de la Lune déran- geoit fenfiblement les mouvemens de la Terre, j'ai obfervé les différences d’afcenfion droite entre le Soleil & les étoiles principales vers les temps de la quadrature de à Lune avec le Soleil, parce qu'alors cette équation eft la plus grande, & que fon effet eft de rendre l'arc que le Soleil parcourt dans l'intervalle de la première quadrature à la feconde, plus petit du double de cette équation, & l'arc parcouru dans l'intervalle de la feconde à la première quadrature, plus grand auffi du double de cette équation. J'ai dreflé enfuite des Tables du Soleil fur les plus exaétes ebfervations que j'aie faites, les élémens en font rapportés dans fe Mémoire précédent; & pour calculer les mouvemens MIEIBLUS c i'E NC ESS MNMIEAS vrais du Soleil avec la plus grande précifion poffible, j'ai eu égard aux dixièmes de fecondes dans ces Tables. J'ai enfuite comparé les mouvemens du Soleil déduits de l'obfervation des différences d’afcenfion droite entre cet aftre & une même étoile, dans deux quadratures fucceflives, avec les mouvemens calculés fur ces Tables, & j'ai toujours trouvé une différence dans le fens qu’exigeoit l'équation lunaire; de forte que quoi- que les petites erreurs inévitables dans les oblervations & dans les Tables, ne m'aient pas permis de déterminer le #aximum de cette équation, cependant je me füuis convaincu de fon exiftence, & de la néceffité d'y avoir égard dans l'ufage des lieux du Soleil, pour fervir à quelque recherche délicate, Voici les obfervations que j'ai faites; le détail & les po- fitions des étoiles que jy emploie, font dans le Livre que je compte publier inceflamment. 4 Première Obfervation, | 1747. Différ. d'afc. droite. + Mai 1. Entre 4rGurus &lcO.|1728 49° 19",8 Afcenf. droite d'Ar&.|211. 2. 34,2 Afcenf. droite du ©... 38. 13. 14,4 Deuxième OÙfervation. 1747. Différ. #4 moe. Réduétion, Différence réduite, Mai 16. Entre Aréturus &lcO@.| 158415" 53,"9|— 59" 20°,0 sd 16° 33,9 Meme ebalie oo ee ee à 157: 16. 32, 5|— | panne PI TE A NE . Afcenfion droite d'Ar&urus. . . . . . . Afcenfion droite du Soleil le 17 Mai. . | Troifième Olférvation. | NETLTE Ari 12: Entrele Soleil & Aréz.| 169% 53° 39°,0|— o° o",o|1691 53" 39,0 & TR ME 4 1 9» 0|169. 53. 46,5 Fe: RE TENR R E ee ste à URPSNATE NS ER «+ 169: 53. 42, 8 MID 0, Afcenfon droite d'Ardurus. à 2, Lui ere ANAL Al 5, $ à N :- Afcenfion droite du Soleil. . «5... . 204 57. 48, 3 174 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Quatrième Obfervation. 17494 Différ, d'afe. droire. Avril 23. Entrele Soleil & Aré.| 179% 54 29°2 2$e ess + + +178. 1. 39,7 Milieu . . . . . . 178. 58. 4,5 Afcenf. droite d'Aré&.|211. 4. 7,2 Ac. dr. du © le 24 Avril.| 36. 6. 2,7 Cinquième Obfervation. 1749: L Mai 9. EntreleSolcil&Aré?.| 164% 38 575$ Afcenf, droite d'Ar&.|211. 4. 8,0 Afc. droite du Soleil..| 46. 25. 30,5 Sixième Obfervation. 1748. Févr. 21. Entre Procyon &le®. Afc. dr. de Procyon.. Afc. droite du Soleil. 1374 14° 20°,8 LINE 20 56,8 334 17. 36,0 Septième Obfervation. Réduétien, Différence réduite, + 0° o0”,0o|1234 10° 21,2 1748: Mars 7. Entre Procyon &le@.|1234 10° 21,2 9. UMR ent T2 2 LAS AE SUR 5e2 ARE MIE 2587 Mens etre lens Neh ste MS Dabie Rene celine 123. 10. 16, 8 Afcenfon droite de Procyon. . . .. TES re RES AR Afcenfon droite du Soleil le 7 Mars. . . . . . . .[348. 21. 38,0 Huitième Obfervation. 1749: Mars 25. Entre a LS 87127 12"ol— o' o',o| 87i27 12,0 26. - 088. 27 3650|— 54, 26,2| 87: 27 9,8 Milieu MU CHENE UE E GOOM +. «| 87. 27. 10,9 Afcenfion droite de la Lyre . . . . . . : . . . , .|277. 6. 50, 6 Afcenfon droite du Soleil le 25 Mars . . ./. , « | 4.34. 1,5 rt RAM NENS MMS LC l'E N'ES ‘475 LL Neuvième Olfervation. 1749° Ÿ Différ. d'afc. droite. | Rédudtion. Différence réduite, Avril 12. EntrelaLyre&le©..|1034 50° 43",5— o° o"0o|1034 50’ 43,5 130 ee. sn + «0e .[104. 45. 54, O]— 55. 9,0 103. 50. 45,0 NHEU Danone er et RENE ARAS + + + + -[103. s0. 44,2 Afcenfon droite de Îa FR nil de 277. 7) 16,2 Afcenfion droite du Soleil le 12 Avril, . . . . . .. 1749. Dixiéme Obfervation. Mai 8. EntrelaLyre &le©..|1284 19° s1,"0 LD.) sttiiee ue. [13 0. 016.u20 2 129. 18. 10,1 Afc. droitedelaLyre.|277. 7. 12,9 “Afc. dr. du Soleil leo Mai.| 46. 25, 23,0 1749. . Ongième Obfervation. Mai 24. Entrela Lyre&le®..|1444 9° 25",5l— o° o"ol144à 0° 25"s (ER TMER AD 145. 9. 51,0]— 60. 22,0|144. 9, 29,0 Mifioë hs 74 6. .0 0 CN ES RE L 4 AT ++ +. .[144.! 9. 27,2 Afcenfion-droite de la Lyre. . . . ...... ,. aps. 9. 17, 9 HET droite du Soleil le 24 Mai. . . . à . . .| 61. 16. 45, E 1749. Douzième Obriation. Juill, 19. Entre la Lyre & le ©..| 1 5 84 1 8 7':5|—120" 43 157: 18 9,0|— $9. 57,9 156, 18. 6,0l— o. 0,0 PATENTS PS PER A PE RENE EME PIC 1, ve Ke die. Le à 24 Alcénfion droïte de la Lyre . . . . . : iles) | :: Afceénfon droite du Soleil le 21 Hôfet il) 104 er 1564418 3"2- 156. 18. 11,7 156. 18. 6,0 156. 18. 6,8 277 7: 24, 5 +[120. 40. 17,7 loss... 749. Treigième Olfervation. ‘hote 2e Entre la Lyre&le ©. 144430" 24,0 | !_: TaK 1 RPTRESS 140. 39. 10,7 ) - MERE LA! 142. 34. 47,3 Afc. droite dclaLyre.|277. 7. 24,2 ® Alf. dr. du Solcil le 4 Août.| 134. 32 369 | " . 5. 176 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Rovyär Je joins à ces obfervations, celles qui ont été rapportées dans le Mémoire précédent, (Obferv. 17 à v); & ayant cal culé ies lieux apparens du Soleil qui répondent à ces afcen- fions droites, & par les élémens de la théorie du Soleil déterminés dans le Mémoire précédent, les longitudes du Soleil, fans avoir égard à l'équation lunaire, j'en ai formé la Table fuivante. Longitudes apparentes du Soleil Longitudes calculées par Ordre des a midi. ls Tables. Quadratures, ry4y. 0 Mai... 1 10438650 UT 10439" 060. 17 Mai... 1. 260 5-40, Dee 207 052030, 161 eh 1748. 21 Février.. 11. 2.18. 24,0....11. 2.18. 46,6.... 7 Mars... 11. 17. 20. 35, 0.4 11. 17.020. 31,1. 1749. 25 Mas... O0. 4. 58.41,6.... o. 4. 58. 35,3.... 12 Avril. . "0.122.140. 411, 2e. 02122-54006; sie Par Aréurus. . ©. 22. 40. 14,0, .,, O.22, 40. 6,1... 24 Avril. .. 1, 4:22. 10,$...+ I. 4e 21. 52,7% 9 Mair + 1918753.21, 54.01 1 180 53.117; un Par la Lyre.. 1° 18. 53. 14,0... 1. 18. 53. 7,4. 24 Mai... 2, 3. 18. 54,0... 2. .3, 18. 47,6 19 Juin... 2. 28.,10. 29, 5. +. J1228:40.M7, 7% 2 6 Julliet. 12 04228 320) 0 7 NU d 22-20 een 2xrJuilet- 3284-2190 20000 4 Août... 4e 12, 44 23,3 4 Voici comment j'ai comparé ces lieux du Soleil. 128 14Tr.13/2/pereee M one oc D Om D "= 0m ND ND = ND D " = D s— 1h 7 7 Somme des Lieux du Soleil obfervés. Lieux du Soleil calculés. E quat. lun. 1747. 1 Mai... 11 10438" 56",5.... 11 10439 6,9 17 Mai... 1.26. 5.40,5.... 1.26. 5. 30,6 Différences ©. 15. 26. 44, 0. ... 0. 15. 26, 23,74 + « 20,3 1748. 21 Février. ..11. 2. 18. 24,0....11. 2. 18. 46,6 7 Mars. .. .11. 17. 20. 35,0... 11. 197: 20. 31,1 : Différences 0.15. 2: 11, 0. 01 O. 15. 1e 4455 « + : 26, S 0 “CRT M” oO. 4 58. 41,6... 0. 4. 58. 35,3 12 Avril. +. . O0. 22. ON, 2e 0. 1 10.122:/40: 10, 0E Différences 0. 17. 41. 29, Ge O0. 17, 41. 30,8 4.1,2 17498 1 DES ’ .« 12 Avril par ges. ne 24 Avril. ... Différences 24 Avril par Aréurus. 9 Mai..... Dr. ; SCIENCES. Lieux du Soleil obfervés. 66 2407 40. 142200 ROGERS ENT NO EN EE STE EME ET TE Différences o. disais ML O$ 0033 9 Mai par la Lyre.... 1. 18. SR UT IO NP à 24 Mai .... Différences 6 Juillet... Différences 6 Juillet... 0. 14..2$. 44, 5. 19 Juin.... 2, 28. 10. 29,5.... 2.28. 10. 17,7 3 14. 22. 33,0... 2. 3. 18. 58,5... . ni 4 Somme des Lièux du Soleil caleuls. E'quat, lus. of 224 40° 6", 1504212 0. 11.41. 46,6... 979 fe 421. $2,7 I. "4 16463 7,4 0. 14. 31: 14,7... 3,7 L. 18. 53. 7,4 2. 3. 18. 47,6 Q. 14: 25. 40,2... 4,3 3° 14. 22. 48,8 GUNGE 2.103,15. Ne Vo: 16, 12, 31,1... 27, 6 3° 14+ 22. 33,04. 3° 14. 22, 48,8 21 Juillet... 3. 28. 41. 21,0... , 3. 28. 41. 32,3 Différences 0. 14. 18, 48,0... o. 14018495 : M4, 5 21 Juillet... 3. 28. 4#1.21,0..,, 3. 28. 41. 32,3 4 Août. ... 4 12. ER NES Différences 0. 13. 23. 2, Fois 4. 12. , $. 10,5 PL T CR en | 0. 13:23: 38,2... 35,9 _ On voit donc évidemment que l'effet de l'équation lu- . naïre eft aflez fenfible; & comme je n'ai omis aucune des obfervations propres à être comparées entre elles de la même _ manière que les précédentes, je fuis en droit de conclurre - que toutes mes obfervations démontrent l'exiftence & a né- 4 ceflité de cette équation. de AR TIC NE EU LOT TI … Recherche de la plus g'ande équation du Soleil. TL Dans les Mémoires de l'année 1745 de la plus grande équati _ dans lequel je n'ai pas eu égard à l'équation | Ja déviation caufée par la nutation de l'axe = on trouve un calcul Mém. 1750. (page Sop), on du Soleil, lunaire, ni à de la Terre: Z 178 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE faifant ces deux corrections, on trouvera que les deux déter- 55° 43% 55-4552 IT. En 1748, dans le rapport que je fis à l'Académie des oblervations que j'avois faites, je conclus qu'ayant égard aux deux mêmes correélions, il falloit fuppofer l'équation duscentre lets te NS RM A SE à hs A 3 5'1ÈEe III. Selon les obfervations que j'ai rapportées dans le Mémoire précédent /p. 14 à 1 5) & corrigées par l'équation , lunaire, & felon le calcul de ces mêmes obfervations fur les Tables dont j j'ai parlé plus haut, jai fait tes comparaifons fuiv. Longit. vraies cure . . . . fes A [l minations que je donnai alors, fe réduifent à di Longitudes du © obferv.] Longitudes pos. je Le29 Mars 1749.....[0f 8455" 21"o|of 64 s9 45"6jof 8155" 264 3 Odobre 1749...[6. 10.21. 34,016. 12. 17. 12,616. 10. 21. 36,8 Différences. : .: .. . …. . CNT. 26. 1350 | 0 MES Mr 727 06 T2 C0. Difiér. des longit. moy... DNS NL 127,0 ee - l'US Me 0 Somme des Efquations...[o. 3. 51. 14,0. à DOME TAN Somme des plus grandes Equat. felon les Tables. . . . ... ON ISERE D Différences. AE CAMEROUN Ce ENS TNT re +. .[0. © © 4,# Qu'il faut ajoûter à la fomme des Equat. obfervées..|o. 0. o. 4,4 Vraie fomme des Equat...|o. 3.51. 18,4 Plus grande Equation, . .[o. 1. 55. 39,2 Le 3 Octobre 17494 ... .[6. 10. 21. 34,016, 12. 17. 12,616. 10. 21. 36,8 3 Avril 17$02,.).... HE 0121600. MAI: MACON TOR "0) Différerices. Men ÿ-e 26- 45. 13,016 oo. 36. 8,615. 26.:45. 11,8 Différ. des longit. moy... 6. 0.36. 8,6 ÉPOEN TE PH 6. 0.36. 8,6 Somme des Equations.….|o. 3. 50 55,6 STE 0. 3. 50. 56,8 O. Où j0.124,2 BETA HEC Vraie fomme 4941.00) 0h05 10e 0.40: 010, 224,2 Plus grande Equation. . .lo. 1. 55. 30,9 Si donc on prend un milieu entre ces cinq déterminations, on aura la plus grande Le 1 du centre du Soleil, de 14 $s" 40", 6, précifément telle qu'elle rélulte de l'excentricité que j'ai trouvée dans le premier Mémoire LTOR ‘ 4 4 for s- VS icirE Nic:rés 11 po SEPTIEME MEMOIRE MURS ELLES, GDAND'ES DES PLANTES, !” à 1 f ET 6e Lula Xl EuUMLE Sur l'ufage que l’on peut faire de ces parties dans l'établiffement des genres des Plantes. Par M. GUETTAR D. N lit à la tête du livre de M. Linnæus, intitulé, Gewre des Plantes, plufieurs demandes en forme de doutes, fur des genres que cet habile homme penfoit pouvoir étre réunis les uns avec les autres, & il invite tous les Botaniftes à réfoudre ces difficultés. Quoique dans des ouvrages pofté- rieurs à celui-ci, & für-tout dans la dernière édition de fon Syflème de la Nature, M. Linnæus ait lui-même répondu en quelque forte à ces queftions, en continuant à féparer ces genres, cependant comme il n’a pas précifément dit fr c'étoit en conféquence de nouvelles obfervations, qu'il a été déter- miné à en agir ainfr, & qu'il a même encore ajoûté quel- ques genres à ceux qu'il avoit compris dans la life qu’il en _ avoit faite, j'ai cru pouvoir contribuer à lever ces doutes, : qu'iln'eft pas donné à tout Botanifle d'avoir. Ce font ces vües qui n'ont déterminé à renfermer dans ce Mémoire & dans le … fuivant, ce que j'ai obfervé fur ces genres incertains : je fui- Vrai dans ce détail, l'ordre que M. Linnæus à gardé dans Fénumération qu'il en a donnée, & j'y inférerai les nouveaux, en les plaçant à l'endroit qu'ils occupent dans le Sy/fme de. la Nature. On trouvera déjà dans les Mémoires qui ontprécédé celui-ci, quelques-uns de ces points éclaircis, quelques autres où. il peut y avoir encore du doute; il.en Zi 2 Juillet 1751. Cannacorus, Balifier. Maranta, Hecrbe-à-fléehe. Salvia , Sauge. Æofmarinus, Romarin. Sclarea, Sclarée. Horminum , Ormin. 180 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Rovyazr fera à peu près ainfi#pour ceux que j'ai à examiner. Je ra porterai cependant mes obfervations, foit qu’elles foient dé- cifives, foit qu'elles ne puiflent pas donner toute la certitude que l'on peut exiger. : Celles que jai faites fur le balifier & l'herbe-à-flèche, font de la nature de ces dernières; le balifier m'a paru life, & n'avoir que de la fleur répandue fur fes feuilles & fes tiges ; l’herbe-à-flèche, outre cette fleur, a les feuilles garnies en defflus & en deffous, de courts filets blancs & à peu près cylindriques; mais cette différence peut très-bien n'être qu'ac- cidentelle. Le balifier pourroit avoir de femblables filets dans certains temps, quoique je n’y en eufle cependant jamais trouvé : cette petite différence n'eft pas même foutenue dans les fruits; ils font chagrinés de gros mamelons oblongs, ou- verts dans leur partie fupérieure. Je les ai du moins và tels dans le balifier, & M. Linnœus dit, en parlant de l’herbe- ä-flèche, que fon fruit eft raboteux, ce qui ne me paroît être occafionné que par des mamelons femblables : la reflem- blance eft encore plus grande entre ces plantes, par les glandes miliaires qui font placées dans l'entre-deux des fibres longi- tudinales des feuilles ; il n'y a de différence que d’être tranf- parentes, & de reffembler à des glandes véficulaires dans les balifiers defféchés, & de n’avoir pas cette tranfparence dans Yherbe-à-flèche. J'ai vû les efpèces & les variétés de balifier, rapportées dans le Jardin de Cliffort; elles comprennent les plantes citées dans les Inftituts de M. de Tournefort, excepté là dernière: je n'ai eu en ma difpofition que l'herbe-à-flèche qui reflemble au rofeau, qui a des feuilles de balifier, & dont il eft parlé dans les ouvrages du Père Plumier. Ce que j'ai obfervé dans les fauges & les romarins, ne laiffe aucun doute; la différence qui eft entre les filets, eft fi grande, que je ne crois pas qu'on puiffe réunir deux genres fi différens par cet endroit, quoiqu'ils conviennent même par les glandes. Les filets des romarins font branchus, au lieu que ceux des fauges font fimplement à articulations ou à cupule; les premiers jettent dans leur longueur & de tout MD ES SCIENCES. 187 côté, plufeurs filets très-courts & ordinairement blancs. Quoi- que les feuilles, les jeunes tiges, les calices & le pétale des rômarins en foient très-garnis, il eft aflez difficile, vû la pe- titefle de ces filets, de bien déterminer leur vraie figure; mais un peu d'attention la fait très-bien diftinguer, fur-tout fi Yon examine une feuille un peu avancée, & qui, n'ayant alors confervé qu'une partie de fes filets, ne préfente plus cette confufion que leur grand nombre occafionnoit. Toutes les plantes rapportées fous ce genre dans les Infti- tuts, ne font peut-être qu'une efpèce; il n'y a même guère de doute que fur la dernière, mais ce n'eft pas du côté des filets, qui »y font qu'un peu plus grands; les glandes glo- bulaires n’y font même que d'un foufre rouge, un peu plus foncé que dans les autres, & elles ÿ font, comme dans tous, mêlées avec les filets fur toutes les parties qui font chargées de ceux-ci. * Les fauges ont auffi des glandes femblables, mais Jeurs filets font fimplement coniques & articulés; ils font mélés avec des glandes à cupule, principalement fur la partie des tiges qui porte la fleur: les glandes globulaires font verdâtres, d'un blanc de lait, ou d'un foufre rougeitre, plus où moins foncé, couleurs différentes qui ne dépendent peut-être que des différens états où ces plantes fe trouvent lorfqu'on les examine. Ces glandes fe rencontrent toûjours dans toutes les efpèces, fur les feuilles, les tiges ou fur les calices, & même fur les fleurs, parties qui font aufli toûjours plus où moins couvertes de filets coniques: ces filets font arrangés tas, au milieu de chaque grande maille des feuilles. I me paroît que les glandes à cupule s'obfervent auffi géné- ralément que les globulaires ; peu d'efpèces m'ont femblé en manquer, & peut-être que celles où je n’en ai pas vû, » m'en étoient privées que parce qu'elles pouvoient les avoir * perdues par le defféchement. F Je ne parlerai en particulier que des efpèces qui ne font pas rapportées dans les Inftituts & leur corollaire; il me fuffra de dire pour çelles-ci qu'excepté la petite, dont les feuilles font Z ü 182 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ondées & d'un jaune doré fur leur bord, & qui n'eft peut- ètre qu'une variété de fa petite ordinaire, j'ai vû toutes les autres, & que des onze du Corollaire, il n’y a que les 1, 3» 4, 7, que je n'aie pas examinées. Celles qui ne {e trouvent pas dans les ouvrages de M. de Tournefort, font les fui- vantes ; favoir, la fauge de Crète, dont les feuilles font gar- nies de deux paires de petites feuilles, qui eft pourpre & vifqueule; celle d'Orient à larges feuilles aîlées, très-velues, légèrement dentelées, qui ne fent rien, & qui a la fleur & le calice pourpres; deux d'Amérique démontrées au Jardin royal, dont lune eft très-petite, & a les feuilles de mélifie, la fleur petite, bleue ou blanche, l'autre eft très-haute, & a les feuilles étroites & à petites dentelures ; celle du Mexique, qui eft aufir très-haute, & qui refflemble au tournefol où héliotrope; enfin trois qui viennent d'Afrique, qui s'élèvent en arbrifleau, dont la première reffemble par fes feuilles à la fauge des bois, qui a une fleur violette: la feconde n’en differe que par fa fleur : la troifième a les feuilles arrondies, d'un verd de mer, & une grande fleur d’un jaune doré. Lorfque j'ai dit plus haut que toutes les efpèces de fauges du Corollaire convenoient entre elles, je n'ai pas cependant voulu y comprendre celle d'Orient à grandes feuilles aïlées & légèrement dentelées en forme de fcie: elle a bien, comme les précédentes, les filets articulés, les glandes à cupule & les globulaires qui y font d'un jaune d'œuf; mais on y trouve de plus, des houppes à plufieurs filets, du milieu defquels il sen élève un qui fait la cupule, & qui jette une liqueur claire &, limpide. Ces houppes m'empècheroient de placer cette plante lavec des fauges, & sil y a des différences dans la fleur, comme je le penfe, & qu'elle ne convienne avec aucun des: genres qui ont des houppes, jen formerois un nouveau de cette plante. | Ce n'eft que conformément au fyftème de M. de Tour- nefort, que jai parlé jufqu'ici des fauges; ce n'eft qu'en regardant comme fauges les plantes que cet Auteur a rangées fous ce genre: il d'a bien moins étendu que M, Linnæus, MAENSIS) © FE N'crEre * 183 qui joint ceux des fclarées & des ormins. Cette réu- Fais demande que je fafle ici ce que j'ai déjà fait dans de fee cas, que je rapporte, afm que la comparaifon s'en e plus aférnen / ce que jai obfervé fur les plantes: de ces deux genres: ces oblervations ont été à peu près les mêmes que celles qui ont été faites fur les fauges; les filets coniques à articulations, les glandes à cupule & les globu- laires f trouvent dans des plantes de ces deux genres ; avec les mêmes circonflances & les mêmes reftrictions que j'ai rapportées plus haut; les glandes à cupule cependant me pa- roifient être plus communes dans les fclarées que dans les one & même que dans les fauges ; les glandes globu- ires ne s'oblervent pas non plus en une aufli grande quan: tité, & elles ne font pas ordinairement auffi apparentes dans les ormins que dans les autres genres. ) Toutes les efpèces d'ormin citées dans les Inflituts, & les », 3, s & dernière du Corollaire, ne font pas les feules e j'aie examinées, les fuivantes font de ce nombre; favoir; celle que Gafpar Bauhin défigne par fa petitefle & par f propriété de s'étendre fur terre; celle de Barrelier, qui ef plie, , pétite, qui a les feuilles incifées, & la fui coileun azur; celle que Micheli appelle ormin à feuilles arrondies fans fimuofités, & qui a une fleur pourpre; trois qui font rapportées dans Fhiftoire d'Oxfort par Morifon, & dont Yune vient de Virginie, dont les tiges font nues, les fleurs: alongées en un long tuyau , Les feuilles emblibles à celles du chêne; celle de Tunis, à larges feuilles aîlées, & qui ft a L vage; celle d'Alep, qui a auffi les feuilles aîlées & une ande fleur rouge. J'en aisencore vû deux du Jardin catho- e, lune eft la petite des campagnes, qui a des fleurs bleues & des feuilles oblongues & arrondies; l'autre reffemble par Les feuilles à la fauge, & par fon port à l'ormin cultivé: ele fi E vifqueue, roïde, & d'un pourpre violet : enfin l'efpèce q qui Eft démontrée au Jardin da Roï, fous lenom d’ormin d'Egypte, f illes découpées comme la verveine, &c qui eft odorante, e du nombre des ormins que jai obfervés. rate. nu + 184 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Les filets articulés ne laiffent point ordinairement füinter dans toutes ces plantes, de liqueur ni de matière qui prenne quelque confiftance; une efpèce feulement doit être exceptée, c'eft l'ormin d'Orient à larges feuilles , qui eft vifqueux, & qui a la fleur en partie blanche, & en partie purpurine, rapporté dans le corollaire des Inflituts : les filets de cette plante donnent un fl blanc qui reffemble au duvet qui fuinte de plufieurs plantes à fleurons & à demi -fleurons. J'ai remarqué plufieurs efpèces de fclarées qui étoient dans ce cas, de façon que l'on pourroit en quelque forte les di- viler en deux fections, dont lune feroit des plantes qui m'auroient que les glandes globulaires, les glandes à cupule & les filets articulés, d'où ïül ne fortiroit point de fil: la feconde renfermeroit celles qui ne différeroient des autres, que parce qu'elles auroient de plus les fils qui manquent à ces premières. Les plantes de Ia première fetion & qui font citées dans les Inflituts, font celle dont les racines font femblables à celles de l'afphodèle ; celle des Pyrénées, à feuilles qui ont des finuofités, & qui eft vifqueufe; la précoce qui eft an- nuelle, & qui vient en Afrique; l'ordinaire des prés & fes variétés, celle de Syrie & aufli fes variétés, & celle d’A- frique qui s'élève en arbre, qui reffemble par fes feuilles à lhélianthème; de plus, la deuxième & la dernière du Co- rollaire. La feconde feftion feroit compote des quatre premières efpèces des Inftituts, qui font lorvale ordinaire, l'athiopis de Dodon, la fclarée à feuilles découpées, & ceile de Por- tugal qui eft vifqueufe, & qui a des feuilles qui font très- grandes: on doit joindre à ces efpèces, celle de Tunis qui fent mauvais, & qui a des feuilles velues; celle des Indes à fleurs panachées; celle dont les feuilles font triangulaires, & dont la tige eft velue; celle qui a les feuilles rudes, bof- felées & découpées; enfin deux elpèces qui viennent en Orient, dont l'une eft*à feuilles arrondies & très-blanches, & l'autre eft blanche, & a les feuilles comme aîlées. Les elpèces N Le / \ DES SCI1ENCES. 185 efpèces qui font défignées par leur blancheur ou feur velu, font celles qui ont plus de duvet; l'ærhiopis & la fclarée à feuilles découpées, reflemblent à celles qui en font le mieux fournies : elles en font, pour ainfi dire, drapées. On trouvera toutes ces plantes citées dans les ouvrages de M. de Tournefort, les fuivantes n'y font pas rapportées; Yune l'eft dans l'ouvrage de Micheli fur les plantes de Rome & de Naples: cet Auteur l'appelle très-grande fclarée d'Italie, qui a une longue racine & qui eft marquée de taches de couleur de fang. Deux autres font démontrées au Jardin royal, lune fous le nom de fclarée d'Egypte qui s'élève en arbrifleau, qui eft velue & qui a une fleur blanche; l'autre fous celui de fclarée d'Orient, à feuilles de bétoine, & qui a les fommités de fes branches pourpres : les filets de ces trois elpèces ne donnent pas de duvet, elles ont les glandes globulaires fouffrées, & les cupules ; une, qui eft de l’'Her- bier de M. Vaillant, où elle eft nommée fclarée velue, à feuilles d'æthiopis, à grandes fleurs un peu pourpres, n'en differe que par {es filets qui jettent chacun un brin de duvet. La différence d’avoir de ce duvet ou de n’en point avoir, pourroit peut-être fire penfer que les plantes qui font dans - Jun ou autre cas, ne devroient pas être du même genre : je moferois dire que cette différence fût fufhfante pour qu'on féparät ces plantes; mais pourquoi ne feroit-on pas cette féparation, fi on trouvoit quelque rapport dans la fleur _ des unes, qui ne fe trouvât pas dans celle des autres? M. Vail- &. lant avoit rangé fous un genre différent la fclarée à feuilles … triangulaires; Je ne fais pas quelles étoient fes railons, peut- » être y a-t-il réellement quelque différence dans la fleur, & « fr elle fe trouvoit dans toutes celles qui ont du duvet, je “ croirois qu'on pourroit conferver le genre d'orvale, bien loin … de réunir, comme M. Linnæus a fait, les fauges avec les - (clarées & les ormins: au refte, fi cette réunion doit fub- fifler, celle des romarins avec les fauges ne doit jamais - être faite. nt Je «aaï, pas d'obfervations : aufft propres à éclaircir ce Mém. 175 0. Aa 2 Valeriana , Valériane. Borrhavia, Patagon. € 186 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'on doit établir par rapport aux valérianes & aux patas gons: fr celles que J'ai faites peuvent y entrer pour quelque chole, ce fera pluftôt pour engager à réunir ces genres qu'à les féparer. En effet, j'ai remarqué dans ces plantes des filets fimpies, coniques, & aflez fouvent d’autres filets beaucoup plus courts, qui finifloient par une efpèce de corps rond en bouton, qui peut-être s'ouvre en cupule: je regarderois vo- lontiers ces derniers filets comme de vraies glandes à cupule. Ces glandes font ordinairement, dans les valérianes, pofées fur le bord des feuilles, & dans les patagons fur toute leur furface, où elles font mélées avec les autres filets; je les ai du moins vües ainfi dans le grand patagon à feuille de morelle, &: dans le petit qui a des feuilles femblables, & les femences lifles: je n'ai trouvé que des filets fimples dans celui qui s'élève en arbriffeau grimpant, & qui a les feuilles de morgeline. Les différences que j'ai obfervées entre les valérianes, ne méritent pas que j'entre dans un détail circonftancié; toutes ont peu de filets, on en voit ordinairement quelques-uns fur les feuilles. Les valérianes que M. Vaillant appeloit val- rianodes | m'en ont fait voir le moins; elles font même pref- que liffes, mais leurs feuilles & leurs tiges ont une efpèce de fleur répandue fur toute eur furface: celle qui a des feuilles de chauffe-trape, la première efpèce des Alpes, le phu & celle à feuilles de cacaha, font plus garnies de filets; j'en ai même vû fur les femences de la première: mais foit que ces plantes aient peu ou beaucoup de filets, elles donnent des grains réfineux ou gommeux qui fe ramaflent dans les gouttières formées par les nervures & les côtes des feuilles. C'eft à peu près la même chofe dans les mâches ou valérianelles, que M. Linnæus a réunies aux valérianes; les filets font feulement plus gros, plus roides, dans celle dont Yépi de fleur forme une corne d’abondance, & dans celle qui a les femences étoilées. En admettant pour variétés celles que M. Linnæus resarde comme telles, j'ai vû toutes les efpèces de valérianelles, dont on lit les dénominations dans les Inflituts, & la première du Se DES Sei1ENCEs. 187 Corollaire, &, excepté les 2, 3, 5, 6 valérianes, toutes celles L du premier ouvrage, & la 3 & 4 du Corollaire; de plus, “ la valérianelle d'Egypte à femences étoilées, qui s'élève plus haut que l'ordinaire, & celle qui a les fleurs découpées, & qui. fe tient droit. À + La marque la plus diftinétive qui foit, fuivant M. Lin- nœus, entre les fouchets, les /cirpus & les Ænagroflis, confifte en ce que les femences des premiers font lifles; celles des feconds portent fur leur partie fupérieure où inférieure, des filets qui font plus courts que le calice, & celles des troi- fièmes font plongées au milieu d’une touffe de filets qui font non feulement plus longs que les calices, mais même que l'épi de fleurg£es différences peuvent, à ce qu'il me paroît, fufhre pour bien diftinguer ces genres, & peut-être qu'il feroit alors mutile d'avoir égard à celle que M. de Tournefort admettoit entre les fouchets & les fcirpus: cet illuftre Auteur diflinguoit les premiers par leurs tiges trian- gulaires, & les autres par leurs tiges rondes. Je ne fais f c'eft de la différente configuration de ces parties que les fouchets ont de très-courts filets ou de très-petites pointes fur les côtés de leurs tiges, qui ne fe trouvent pas fur celles des fcirpus, mais j'aï toûjours remarqué cette difparité dans toutes les efpèces de ces deux genres que j'ai examinées; ainft elle pourroit peut-être entrer pour quelque chofe dans les marques caractérifliques de ces genres, conmme M. de Tour- nefort le vouloit: les Zragroffis m'ont paru avoir des tiges liffes , aïnfr ils feroïent plus rapprochés par-1à des /Girpus e des fouchets, mais {a touffe des filets de leurs femences Les diftingue fuffifamment des /crpus. ” Au refle, toutes les plantes de ces trois genres que ji vües, ont fur leurs feuilles & leurs tiges, les petites glandes . miliaires des autres graminées; elles y font femblablement pofées: leurs feuilles & les pédancules des fleurs des efpèces où les fleurs font ainfr portées, ont les petites dentelures des autres; dentelures’ qui ne font formées que par de très- courts filets femblables ? ceux des tiges. ; Aai) (& Jp Souchet, Scirpus. Linagroflis. 188 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'ai examiné un très-grand nombre de ces plantes, des fouchets fur-tout, il feroit ennuyeux de les rapporter toutes en détail, je dirai feulement qu'à quelques efpèces près, j'ai vû tous les fouchets & les fcirpus des Inflituts & du Co- rollaire, un grand nombre de ceux de Pétiver, quelques-uns de Micheli, de Rai & de quelques autres Auteurs. Je n'ai remarqué dans aucun des filets finguliers par leur figure; fr quelques-uns en avoient fur d’autres parties que fur les fe- mences, ils étoient rares & toüjours cylindriques, comme dans toutes les graminées. 1 Fefluca. Yls ont par conféquent cette figure dans les efpèces des Bromus. fefluca & des bromus qui font velues; ces dernières le font ordinairement, les premières font plus 1munément lifies, & sil étoit bien conftant que toutes +. AR de bromus fuflent velues comme celles des fefhuca lifles, cette différence feroit bien propre à mettre une diftinction entre ces deux genres de plantes, qui conviennent entre eux par d’autres endroits, comme d’avoir les feuilles, les balles & les arêtes de ces parties, armées fui leur bord & fur leurs groffes ner- vures, de petites pointes ou de très-courts filets; propriété qui eft auffi générale que celle d'avoir des glandes miliaires entre les nervures des feuilles, des tiges & des balles. On peut voir dans le Catalogue des plantes des environs d'Etampes, les efpèces de l'un & de l'autre genre qui y font rapportées ; outre celles-là, j'ai trouvé dans l'Herbier de M. Vaillant, au nombre des fefluca, plufieurs chiendents des Inf tituts, qui font les 21,24, 130,131,169,171,177,18r, 184, 203,207:les79,194,105,196,197, 198,109, font au nombre des 4romus ; les fix derniers ne font peut-être même que des variétés les uns des autres, ils ne n'ont au moins paru différer que par le velu qui eft un. peu plus ou un peu moins épais. M. Vaillant regardoit encore comme des efpèces de ce dernier genre, les chiendents fuivans, dont les deux premiers font cités dans les ouvrages de Raï; Fun y eft appelé féfluca, reflemblant à l'avoine, à épis étroits & compofés de balles lifles; l'autre chiendent femblable à ca di GR DES SC 1E N°c-E s0/1%M 189 Y'avoine, à pannicule épaïfe; celui de Morifon, qui vient dans les prés, qui a des pannicules velues, écailleufes & femblables aufli à celle de lavoine. Les chiendents rapportés dans l’ou- vrage de Micheli fur les plantes de Rome & de Naples, au mn 133, 229, 1600; dans l'hifloire de Raï, 1909; dans Gafpar Bauhin, page 10; dans le mufeum de Boccone, n.° 2 ; dans le corollaire des Inftituts, n.° 1 1; dans le Catalogue des plantes de la Jamaïque de Pétiver, page 39, font des féfluca. La propriété d'avoir ou de ne point avoir de filets étant ut-être moins frappante que d'en avoir de doux & de flexibles, ou de rudes & prefque épineux, fera peut-être auffi moins propre à diftinguer des genres de plantes, malgré ce que j'ai dit plus haut. M. de Tournefort a du moins cru cette dernière affez confidérable pour qu'elle püt être la marque diftinctive entre deux genres, favoir, ceux des caillelaits & des graterons : le nom de ces derniers ne leur vient proba- blement que de ce que le bord de leurs feuilles, les côtes de leurs tiges & les femences font garnis de courts filets roides, que j'ai cru devoir comparer à des aiguilles courbes. Les caillelaits en ont bien de femblables fur les unes ou les autres de ces parties, mais ils font beaucoup plus doux, & ne fe font prefque point apercevoir au toucher; ordinaire- ment même on n'en oblerve que fur le bord des feuilles: c'eft cette flexibilité dans ces filets, & leur petite quantité, qui a fait dire à M. de Tournefort que ces plantes n’étoient ni rudes ni velues, & qui lui a fait regarder cette prétendue propriété comme une de celles qui pouvoient contribuer à établir ce genre, de même que dans les graterons celle d’avoir des feuilles rudes ou velues. Ces deux genres ne different -pas cependant ainfi eflentiellement; une roideur ou une flexi- bilité plus ou moins grande dans les filets, ou la propriété d'en avoir fur plufieurs parties ou fur une feule, ne doit pas, à la rigueur, entrer pour beaucoup dans le caractère généri- que des plantes: néanmoins fi lon fait attention que les fe- mences des caillelaits font ordinairement liffes, ou très-légè- rement pointillées ;,que celles des graterons font hérifiées Aa ii] Gallium , Caillelait. Aparine, Grateron. L 190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de filets communément roides ; & que fi ces filets viennent À manquer, les femences font chagrinées de gros mamelons, qui, probablement, doivent porter dans certaines circonf- tances des filets femblables aux autres; on pourra conferver ces deux genres, & tirer, comme a fait M. Linnæus, la marque caractériftique des graterons, de ce que leurs femences font hériflées, & de ce que celles des caillelaits font liffes. Suivant ces principes, Île caillelait annuel dont les feuilles font fines & étroites, qui a la fleur blanche, & qui vient dans l'ifle de Crète, feroit pluftôt un grateron qu'un caille: hit; fes femences font hérifiées de lonys filets plus recourbés que ceux des autres parties, ce qui s’obferve dans tous les graterons. Cette plante eft citée dans le corollaire des Infti- tuts, & elle eft la feule que j'aie vüe de ceux qui y font vapportés; mais de treize qui le font dans les Inflituts, il n'y a que celui de Narbonne, & celui des Pyrénées qui ref- femble à de la moufle, que je n’aie pas vüs. Je ne pourrois pas trop, dans toutes ces plantes, excepté cependant celles qui appartiennent à d’autres genres, dont il fera parlé dans V'ar- ticle fuivant, défigner celles où les filets font plus communs; elles en ont toutes très-peu, comme je l'ai déjà dit, leurs feuilles en font ordinairement garnies fur leurs bords, & leur bout fupérieur finit toùjours par un qui n'eft que le prolon- gement de la nervure du milieu. J'ai marqué plus haut les parties où lon en trouvoit dans les graterons; je dois ajoûter ici que ceux des tiges font toüjours tournés vers le bas de ces parties, comme ceux des femences & de la partie du bord des feuilles qui eft Ja plus proche des tiges. C'eft cage direction qui a fait dire à M. Raï que ces filets n’étoient qu'autant de crochets qui fervoient à ces plantes de mains pour grimper fur les plantes ou les autres corps voifins d'elles : ils peuvent peut-être avoir cette fonétion, mais je ne crois pas qu'elle {oit la première & leffentielle, je penfe qu'elle n'eft pluftôt que fecondaire, & que ces filets font faits pour les mêmes ufages que ceux des autres plantes, c'eft-à-dire, pour fervir de vaifleaux excrétoires à des glandes qui ne font autres que les mamelons qui portent ces filets. Du, MINES NC IP NOC'E 191 Excepté le petit grateron d'Efpagne & celui de Portugal à fruits hériflés , jai examiné tous les autres cités dans les Inftituts, je leur ai vü à tous les filets ; un des plus rudes eft l'ordinaire, & le plus doux eft le petit des marais des environs de Paris, & qui a la fleur blanche : tous avoient les femences hériflées , & celui de Portugal, que je n'ai pas vû , les a fans doute aufli, puifque M. de T'ournefort a fait entrer cette propriété dans la dénomination de cette efpèce; celui qui a de petites femences, eft feulement chagriné de mamelons, qui font moins gros que ceux de lefpèce dont les femences font comparées aux grains de coriandre pré- parés avec le fucre; mais ces deux plantes ne font peut-être que des variétés du grateron ordinaire, M. Linnæus le penfe du moins ainfr pour fa dernière. Outre ces graterons, j'ai encore vü celui du n.° 19 de l'ouvrage de Micheli fur les plantes de Florence, & celui du n.” 200 du Catalogue des plantes d'Italie &-d’Allemagne par le même Aur'eur. La rubéole des Alpes à feuilles ténues, citée par Boccone, le caïllelait blanc à feuilles de lin, les deux que Micheli ap- pelle, l'un caillelait des montagnes , qui a de larges feuilles, qui eft rameux, droit, & à fleurs purpurines; l'autre, caïlle- lait du"mont Gargan, dans la Pouille, qui vient fur les ro- chers, qui eft blanc, & qui a les feuilles aufii déliées que des cheveux ; toutes ces plantes étoient au nombre des caillelaits dans l'Herbier de M. Vaillant, & je penfe qu'elles en font réellement des efpèces. J'ai dit dans le Catalogue des plantes des environs d’E- tampes , que la croifette velue & que le caillelait de nos campagnes dont la fleur eft bleue, avoient fous les feuilles . des tubérofités que je crois pouvoir être regardées comme des - glandes lenticulaires ; jy ai encore dit dans une note, que je connoïflois d'autres plantes qui en avoient de femblables, & que l'on pourroit peut-être réunir fous un même genre ces différentes plantes: fi cela fe peut , celles-ci ne devroient pas _ être jointes aux rubéoles & au /permacoce, quand les autres le dévroient êwre. Les croifeites des Alpes à feuilles larges Afperula, Rubeola, Rubéole. Sherardia , La Shérard. Spermacoce, 192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ou étroites, ceile d'Orient qui a auffi des feuilles larges, qui fe tient droit, & qui, comme les deux autres, a paru liffe à M. de Tournefort, font les plantes qui mont fait voir des glandes lénticulaires, fur-tout la première, où elles font plus abondantes. Ces glandes font d'un blanc verdâtre: je ne fais fi on ne devroit pas regarder comme des glandes fem- blables, des taches d'un jaune foufré, que l’on voit aufli en deflous des feuilles dans une croifetie que M. Vaillant penfe être celle d'Orient, qui s'étend fur terre, & qui paroît life. I eft fingulier que deux de ces plantes qui ont les glandes lenticulaires, compolent en partie le genre appelé afperula par M. Linnæus : il conviendroit peut-être d'ôter de ce genre celles qui ne les ont pas, & d'y joindre les plantes des autres genres où elles s'obiervent ; ainfi il faudroit en Ôter l'hépatique des bois & la rubéole commune, qui n'ont que les filets des autres rubiacées, comme je l'ai rap- porté dans lOuvrage cité ci-deflus. M. Linnæus a fait un nouveau genre qu'il appelle crucianelle , des rubéoles à feuilles larges & étroites, auxquelles on pourroit peut-être joindre celle qui a un épi très-long: ces plantes ne different pas beaucoup des rubéoles ordinaires, &'des autres elpèces des Inflituts, qui font la maritime, & celle de Portugil, qui m'a paru cependant avoir un peu plus de ces filets, qui étoient même un peu roides, principalement fur les feuilles: propriété que M. de Tournefort a fait entrer dans fa déno- mination : cette plante cependant n'eft pas à comparer, pour la quantité de fes filets, à celles qui font appelées dans le corollaire des Inftituts, rubéole blanche à fleurs purpurines, & qui vient de l'ile de Crète; rubéole d'Orient à feuilles de caillelait, à fleurs doubles & d’un verd jaunâtre; rubéole de Crète, qui a une odeur difgracieufe , qui s'élève en arbrifleau, qui a les feuilles de myrthe & une grande fleur rougeitre. Les deux premières font blanches par la quantité de leurs filets, qui eft telle qu'il y en a même jufque fur le pétale: la troifième eft un peu moins velue, les tiges m'ont paru en être les plus chargées. Deux efpèces citéés dans les ouvrages de _. JAP rs SC 1e N © Es M ro; de Micheli, lune appelée rubéole à quatre feuilles, life, plu droite & plus élevée que l'ordinaire, & qui a des fleurs pur- …purines ; l'autre diftinguée de celle-ci par fes tiges, qui font plus groffes & plus roides, & parce qu'elle vient fur ses, bords dela mér, m'ont paru entièrement liflès; mais je penferois que ces deux plantes ne font que des variétés de l'efpèce ordinaire. Le fecond caillelait des montagnes, cité par Profper Alpin, étoit placé par M. Vaillant avec les rubéoles ; il n'a paru auffi life, mais il pourroit aifément fe : ‘faire que des plantes qui ont ordinairement fi peu de filets, perdiflent très-promptement le peu qu'elles en ont, ou qu'elles euflent des tiges qui en fuffent entièrement privées. - Voyons maintenant ce que les /permacoce peuvent avoir de fingulier: telle dont M. Linnæus parle, qui eft e pouliot en arbriffeau, droit, à verticilles très-touffus, ainf dénommé par M. Sloane, ne m'a paru avdir que de très-courts filets \ fur le bord des feuilles: celle qui eft appelée par Plukenet, plante anonyme d'Amérique, à feuilles de parictaire, rudes au toucher, & qui a des fleurs blanches, prefque invi- fibles, polées à l’origine des feuilles, en a un peu plus fur les feuilles lorfqu'elles font jeunes; j'y en ai même vû fur les femences, où ils font plus doux que fur les feuilles. L'anthylis à feuilles de renouée, dont les feuilles font petites, les ver- ticilles ramaffés en boule, & qui eft peut-être la caapotiragoa de Margrave, eft celle qui en eft la- mieux fournie; les feuilles, les tiges, les calices, le haut du pétale, m'en ont fait voir; ils font longs & flexibles. J'ai d'autant plus vo- Jontiers regardé ces deux dernières plantes comme des fper- macoce , que M. Vaillant les avoit rangées avec la première, fous un même genre qu'il appeloit mollugo, & que ces trois plantes conviennent en ce qu'elles ont une fpathe à chaque nœud des tiges, qui les embraffe de façon qu'elle forme une efpèce de cuvette, découpée cependant en dix ou douze . danières. Cette fpathe diftingue ce genre de toutes les autres rubiacées , du moins de celles que j'ai examinées : il eft bien vrai que plufieurs efpèces ont des mamelons oblongs Mén. 1750. 3 Bb : Alchimilla , Alchimille, “planes, 194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE dans l'aifielle des feuilles, en deffus ou en deffous, & que ces mamelons paroiffent faire l'équivalent de cette fpathe, mais ils font féparés les uns des autres. On en peut voir de femblables dans le caillelait à fleurs blanches, dans le gra- teron ordinaire; celui qui a les femences femblables à celles de la coriandre préparées avec le fucre, m'a paru n’en point avoir: fr cela étoit conftant, il y auroit lieu de penfer que ces deux plantes feroient deux elpèces bien diftinétes. L'hé- patique des bois, à feuilles larges ou droites, diflere des précédentes par une couronne de filets horizontaux qui eft pofée à chaque nœud des tiges: je ne puis pas dire fi-les autres efpèces de.ces différens genres ont de femblables par- ties; je penferois cependant qu'il y en a qui n'en font point garnies, & peut-être même qu'il peut y avoir des genres qui font différens des autres par cette propriété : des obler- vations décideront cette queftion par la fuite. Je pafle à l'examen de deux autres genres d’une autre clafle, favoir, celui de lalchimille & celui de l'aphanes que Dillenius appeloit perchepier. Ce dernier Auteur eft le premier qui ait formé ce genre; il avoit tiré d'entre les alchimilles rapportées dans les Inflituts, celle qui y eft appelée très- petite alchimille des montagnes; cette plante a des filets femblables à ceux des alchimilles ordinaires, mais avec eux d'autres qui jettent de la liqueur par leur bout fupérieur qui me paroît s'évafer en cupule: ceux-ci ne fe trouvent pas dans les alchimilles, du moins dans la petite, dans celle des Alpes & qui eft blancheâtre, dans celle qui a les lobes des feuilles frangées, dans celle qui a les feuilles argentées & femblables aux feuilles de la quintefeuille, dans l'ordinaire & dans la très-petite qui eft blancheâtre, & qui vient au cap de Bonne- elpérance. ‘Foutes ces plantes m'ont paru être privées des glandes à cupule, & n'avoir feulement que les filets cylin- driques, qui y font ordinairement abondans, couchés fur les feuilles, les tiges, & fur le bord fupérieur des découpures du calice, où ils forment une petite toufle; celles de ces plantes que l'on a défignées par leur blancheur ou par une elpèce PU QU 7 DES SC LE NC ES. 195 d'argenté, font celles qui en font les plus couvertes. Toutes ces plantes font rapportées dans les Inftiuts; & puifque, fuivant M. Haller, l'alchimille ordinaire à calice blanc, & la petite des Alpes font des variétés de la plus commune, il fuit de {à que toutes les vraies alchimilles des Inftituts ont été examinées. On peut voir à l'article du fékeranthus, dans les obfer- vations fur les plantes des environs d'Etampes, ce que j'y ai rapporté fur les alchimiiles à feuilles de chiendent, & à grandes & petites fleurs: les alchimilles à feuilles de linaire, & dont le calice de la fleur eft blanc ou jaune, qui ne font _que des variétés l'une de fautre; celle du mont Gargan dans la Pouille, qui a auffi des feuilles de linaire, le calice blanc, & qui, fuivant M. Haller, n'eft aufli qu'une variété de celle-ci ; ces plantes, dis-je,*font mifes par M. Linnæus au nombre des thefum: dles ne n'ont fait voir que de très-petites pointes ou filets fur le bord des feuilles, & fur les côtes des tiges, encore ne les ai-je bien vüs que dans celle qui vient du mont Gargan, où ils font un peu plus apparens. Il paroit donc par ces obfervations, que l'on a eu raïfon de féparer des alchimilles, celles que l'on a placées fous le genre de thefium & de fclerantus, & que celui d'aphanes peut aufii fubifter, | Il en fera à peu près de même pour les genres fuivans, dont plufieurs ont été déjà réunis fous un feul par M. Lin- næus, & auxquels il ne fait fi on ne doit pas joindre la dierville. Ces genres font le chévre-feuille, le perichmenum , le chameceraus & le xylofleum de M. de Tournefort, le triof- teofpermum, & le fymphoricarpos de Dilenius. J'ai trouvé dans plufieurs efpèces de ces genres, des glandes . à cupule pourpre, mêlées fouvent avec des filets coniques fimples, & s'il eft arrivé que les cupules manquoient quel- quefois, ce n'étoit, à ce que je crois, que parce qu'elles étoient déjà tombées; c'eft ce qui s'obferve principalement dans les chévrefeuilles: il faut les examiner de bonne heure pour trouver ces glandes, il faut même les chercher princi- Bb ji Scleranthus. Thefium, Lonicera, La Lonicere. Caprifolium , Le Chévre- feuille. Diervilla , La Dierviile, &c. 396 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE palement fur la partie de la tige qui porte les fleurs, fur les fleurs même, en dedans defquelles il y en a quelquefois, & fur le piftille. Les feuilles qui accompagnent les fleurs, en font auffi plus fournies que les autres ; mais les unes & les autres’ ainfi que les tiges, ont une fleur blanche qui fe fait aifément reconnoître. Il feroit bien difficile d’affigner une différence par rapport aux glandes, entre les éveil des Inftituts & celui du Corollaire, & même entre les deux fuivans, c'eft-à- dire, le chévre-feuille du Canada, qui eft toüjours verd, & dont les feuilles ne font pas percées par la tige; la lonicère à feuilles un peu ovales, qui porte les fleurs deux à deux, qui font velues en dedans, & dont la lèvre fupérieure eft divilée en deux: ces deux efpèces font de celles qui ont des glandes en dedans de la fleur. Le chévre-feuille du Canada, qui eft toù- jours verd, & qui a une petite fleur, m'a paru lifle, & cou- vert de beaucoup de fleur ou pouffière blanche; mais je crois qu'il eft dans le cas de celui d'Italie, auquel je n'ai pas trouvé de glandes lorfqu'il-étoit avancé, & qui m'en a fait voir fur des pieds dont les branches étoient plus jeunes. Si les periclymenum different des chévre-feuilles, ce n'eft peut-être que par le peu de glandes; j'en ai ordinairement moins trouvé dans celui de Virginie, qui eft toujours verd & toûjours en fleurs, & dans celui qui s'élève en arbre & qui a des fleurs jaunes, qui font les feuls que j'aie examinés. J'ai remarqué dans celui-ci de petits points brillans fur les feuilles, qui fe font auffi montrés dans la deuxième ranga- raca de Surian , qui me paroît, au refte, être la même plante que ce dernier chévre-feuille & la rangaraca de Margrave, qui avoit auffi ces points brillans, que lon pourroit regarder comme des glandes véficulaires propres à faire les fonétions des cupules. Les chamæcerafüs ne font auffi guère différens que parce qu'ils ont beaucoup moins de fleur ou de pouffière blanche, & plus de filets coniques que les chévre-feuilles, & Fon peut dire que la différence eft encore plus petite entre eux: c'eft ce qu'on peut vérifier fur les efpèces des Inftituts, que j'ai d De Dr: SMS IC LE N° CES: LM 87 examinées toutes, & fur celui du Corollaire, où j'ai cepen- dant vû des glandes véficulaires en deflus & en deflous des feuilles, que je n'ai pas trouvées aux autres; de même qu'à une plante du royaume de Murcie, qui eft dans l'Herbier de M. Vaillant au nombre des chamaæcerafus , fous le nom de plante qui porte des baies, qui grimpe, qui a des feuilles d'androsème, & qui vient en Efpagne. Les xylofleon fe rapprochent plus des chévre-feuilles, ils ont de la fleur & leurs filets. Je nai pourtant vû que de la fleur dans celui des Pyrénées; mais ne l'aurois-je pas vû dans le cas de certains chévre-feuilles? Celui du Canada à feuilles larges & vertes, avoit les feuilles, les tiges & les jeunes poules velues ; celui qui eft appelé communément bois de . plomb, & qui eft figuré dans la Phytographie de Plukenet, Table ccxxx1x, fig. 2, avoit aufli beaucoup de filets en deflous des feuilles. é … Le rrioffeofpermum à large feuille & à fleur rouge, eft le feul que j'aie vü; une & autre furface de fes feuilles, fes tiges, les calices & les pétales avoient des filets fimples qui étoient tranfparens , entre lefquels les cupules fe trouvoient mêlées, principalement fur les calices, les fleurs & le haut des tiges qui portent ces fleurs. ._. Je n'ai également examiné qu'une efpèce de /ÿmphoricarpos, _… quieft celle dont les feuilles font arrondies; fes tiges, fes feuilles & le dedans de la fleur étoient garnis de filets coniques; ils étoient mélés fur le deflous des feuilles avec de petits … corps brillans, que je penfe: être des glandes véficulaires gonflées. . Il en eft de mème pour la dierville, j'y ai trouvé des filets - coniques fur le bord des feuilles, fur les découpures des calices , fur la partie fupérieure & intérieure de celles du _pétale, au bas des étamines & du flile; outre ces filets, j'y ai … auflr obfervé les glandes véficulaires gonflées fur les jeunes feuilles & les jeunes fruits, où elles étoient, comme dans le . fimphoricarpos, d'un blanc brillant. Ces deux plantes fe ref emblent ainfi beaucoup de ce côté; & fi l'on vouloit regarder Bb iij Capficum , Poivre d’Inde Convolvulus, Liferon. Quamoclir, 198 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les glandes véficulaires gonflées comme des glandes à cupule très-bafles, il y auroit peu de différence entre toutes les plantes de cet article, & l’on pourroit peut-être les réunir, quoique je penchafle cependant plus à en féparer au moins les deux dernières, que l'on pourroit joindre enfemble. Au refte, je. n'ai vü que la dierville commune; car je ne penfe pas que celle qui eft dans l’'Herbier de M. Vaillant, fous le nom de dierville d'Acadie & de Canada, à feuilles de chamaæcerafus des Alpes, foit différente de celle-ci. Ce que j'ai rapporté dans le fecond Mémoire au fujet de fa divifion que l'on peut faire des morelles, défigne celles de ces plantes auxquelles on devra joindre le poivre d'Inde s'il doit étre réuni. J'y ai dit qu'une partie des morelles avoient des houppes, & que l'autre n'avoit que des filets coniques à valvule : c'eft à celle-ci que le poivre d'Inde reflemble par les filets; les fiens font entièrement femblables, il a même auffi les petits grains clairs & tranfparens de ces moreiles; ainfi le doute eft entièrement levé. Je n'ai vû que trois poivres d'Inde cités dans les Inftituts, mais c'eft peut-être les avoir tous vüs, puifque M. Linnæus-prétend que tous ceux qui y font rapportés ne font que des variétés les uns des autres, En effet, toutes ces prétendues efpèces ne varient que par Îa figure du fruit, que l'on fait d’ailleurs n'être pas conftamment | la méme toutes les années, quoiqu'elles proviennent toutes de li même femence.. Une des dernières des Inftituts eft défi- gnée par fa tige velue, mais cette marque eff très-changeante; je n'ai vû de filets que dans les aiffelles des feuilles de celui qui a les filiques longues & pendantes; celui dont le fruit eft très-petit & rond, en avoit de très-courts fur les feuilles, les tiges & les calices ; celui qui a les filiques recourbées, m'a paru life: ces trois plantes font les feules que j'aie exa- minées. J'ai eu le plaïfir d'examiner une bien plus grande quan- tité des plantes dont je vais parler maintenant, fur-tout des liferons; car, avec les efpèces de nos campagnes, j'en ai và une bonne partie de ceux qui font rapportés dans les Inftituts, " $ | + MnIMUSAC/TIiEAN CHE US 199 favoir, es huit derniers ; de plus, les efpèces qui font inclu- fivement depuis le 34 jufqu'au 43, auxquels il faut joindre les 24, 25, 20, 30, qui eft la fcammonée d'Egypte, & ceux qui font depuis le 5, qui eft le liferon pourpre à feuilles un peu arrondies, jufques & compris le 9; enfin, le 12, le 15, qui eft le chou marin d'Amérique; le 18, qui eft celui de nos côtes. Excepté le 4 & le dernier du Corol- laire , il faut encore joindre aux précédens toutes les autres elpèces, & à ceux-ci, le modecca du jardin de Malabar, les patates-camotes des Efpagnols, le 3 du jardin de Clifort, qui eft la vraie patate; les 4, $ du même Ouvrage; & le 14, qui eft hériflé de gros mamelons qui ont porté ou qui auroient dû porter des filets, & qui ont été comparés à des épnes, fuivant fa dénomination; le 1 $ du Prodrome du jardin de Leyde par Van Royen, il s'élève en arbre, & a les feuilles rondes. Je pourrois fans doute me pafler de citer les autres efpèces que j'ai examinées , vü le nombre des précédentes; je crois cependant qu'il ne fera pas inutile de le faire le plus briève- ment qu'il me fera pofhble. Les cinq premiers des fuivans font cités dans le troifième tome de l'Hifloire des Plantes par M. Rai; le premier eft celui d'Afrique, qui reffemble au petit liferon commun , & qui a une très-petite fleur; le fecond eft celui d'Amérique à feuilles de fagette, qui a beaucoup de fleurs, & les tiges de couleur de chair; le troifième vient de Curaçao , il a les feuilles arrondies de la fcammonée, la eur blanche, dont le milieu eft noir; le quatrième eft de — Virginie, & fes feuilles font velues, oblongues, la fleur blan- L … cheâtre & très-grande; le cinquième nous eft apporté de … lifle Saint-Jacques, fes feuilles font velues, cinq à cinq où pt à fept, & fa fleur eft blanche. Les huit derniers font - de différens Auteurs ; le co/arunan-coode de Malabar en eft un, la liane à salingre, ou le carnarou des Caraïbes, cité À Surian, en eft un autre. Le 3 & le 4 font rapportés dans V Almagefte de Plukenet; l'un eft celui des Canaries, à _ feuilles longues, blanches & douces au toucher ; l'autre eft la = 200 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE liane jaune à feuilles de mandioca, découpées, fept à {ept, à fleur & écorce blanches, racines groffes & en boule: Le cinquième eft de Barrelier, il vient fur les bords de la mer, il rampe, il a les feuilles oblongues & étroites, & la fleur purpurine. Le fixième eft comparé par Micheli au mufle de veau, {a fleur eft blanche, très-petite, & ï fe trouve dans fa Pouille. Le feptième eft de la Caroline, il a les feuilles de lierre, anguleules , la fleur blanche & petite ; il eft démontré au jardin du Roi fous cette dénomination, & fous le nom de M. Rande. Enfin le huitième eft le pied de tigre, ou la pre- mière efpèce de l'ouvrage de Burman, intitulé Zrefor des Plantes de Ceylan. 0 Dans ce grand nombre de liferons, je n'ai rien trouvé qui püt donner un caractère propie à les diftinguer des guamoclit ; les uns & les autres ont des filets coniques, à valvules, ou bien ils font lifles ; & fi j'ai aperçü dans quelques liferons des efpèces de glandes véficulaires que je n'ai pas trouvé dans les autres, il en a été de même pour les gramoclit ; ceux de ce dernier genre qui en ont, font le gramoclit d'Amérique à feuilles de lierre, & le couairou & Y'anati troifième, qui n'ont paru lifles, aufli-bien que celui qui a les feuilles découpées en plume, où je n'ai pas vü les véficules, elles étoient mal déterminées, dans celui à très-grandes feuilles anguleufes ; müis il avoit des filets, quoiqu'en moindre quantité que le très-petit à feuilles d'herniole, qui s'étend fur terre, & qui vient dans les marais ; il en étoit tout blanc, excepté fur les pétales & les étamines. I paroît donc qu'il n'y a rien de bien conftant dans ces plantes du côté des filets & des glandes, à moins qu'on ne Voulût dire que ces véficules ne font que les mamelons qui avoient des filets, qui font devenus tranfparens, & que les plantes qui font lifles, & où ces glandes ne s'aperçoivent pas, ont des mamelons affez épais pour ne pas prendre cette tranf- parence, même en fe defléchant. Si ce raifonnement peut avoir lieu, il faudra dire la même chofe pour les liferons qui font dans l'un ou l'autre cas : le liferon découpé & liffe l'eft véritablement, me. MES S. CM EN CIEL 201 véritablement, fans que j'y aie vû des véficules: il en eft de mème des choux marins, celui de nos côtes m'a paru cepen- dant chagriné de mamelons gonflés, mais fans tranfparence ; c'eft ce que l'on remarque aufli dans celui qui a les feuilles de violette de Mars, dans le corallunan coode , dans celui d’A- mérique, qui eft le 49 des Inflituts. Les véficules font tranf parentes dans la vraie patate, dans la liane jaune, où plu- lieurs forment des lignes, principalement fur les. côtés des nervures : elles font d'un jaune foufré dans ceite efpèce, au lieu que la couleur ordinaire dans les autres eft un peu rou- _ geñtre.. Ces véficules s'obfervent dans les fuivans, quoiqu'ils aient aufli des filets; ces liferons font le modecca, où elles font mal déterminées; celui de nos campagnes & celui d’A- frique qui lui reflemble, où elles font de différentes figures ; celui de Sicile dont la fleur a des appendices, où elles font -moins abondantes ; celui qui, à caufe des mamelons des tiges, eft rude au toucher, & qui a même été appelé épireux, où elles le font beaucoup. On en peut encore diftinguer dans quelques autres, comme dans celui qui a de très-grändes feuilles en cœur , & dans celui qui s'élève en arbriffen, & qui a des feuilles rondes. Toutes les efpèces où l’on voit de ces véficules, font très- peu velues; je ne crois pas cependant que les véficules foient proportionnellement plus abondantes où il y a moins de ces filets: c'eft ce qui peut fe conclure de ce que j'ai dit du chou marin d'Amérique, puifqu’il eft life, & qu'il n'a pas de véficules; le liferon d'Amérique à feuilles de fagette, a très-peu de filets, & je n’y ai pas vû de véficules. If n’y a donc ainfi rien de pofitif fur ce fujet dans ces plantes ; on peut cependant dire que le plus grand nombre des liferons, » sis n'en ont pas tous, font garnis de ces filets plus ou moins abondamment fur quelques-unes de leurs parties, il y en a même qui en font tout couverts; ce font fur-tout ceux qui ont les feuilles entières & oblongues. M. Vaïllant avoit donné à ceux-ci le nom ancien de ceorum, que quel- ques-uns d'eux avoient porté. Toutes les parties de ces plantes, Mém. 175 0. Cc > Ÿÿ > Ÿ 2 o > ÿ > ÿ » 2 202 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE excepté les étamines, les fruits & les pétales, qui en ont cependant fur les côtés de la fleur, entre lefquels les plis font renfermés avant qu'elle foit développée, en font drapées; ils y font ordinairement couchés, ou peu élevés, & d'un blanc argenté, qui devient fouvent ventre-de-biche. ‘Il n'y a rien d'aufli conflant dans les autres, foit qu’ils: aient leurs feuilles entières & en forme de cœur ou de pique, foit qu'ils les aient découpées. M. Vaillant avoit laiflé le nom de convolyulus aux premiers, & il appeloit convo/vuloïdes les derniers : plufieurs des uns & des autres n'ont paru lifles, & plufieurs font chargés d'une grande quantité de filets fur les feuilles & les tiges, & fur les côtés des fleurs. Une marque bien plus füre que celle que on pourroit tirer des véficules, des filets, & même de la forme des feuilles, fe trouveroit dans le ftyle du piftille que M. Vaïllant a re- marqué n'être pas femblable dans toutes les efpèces: voici ce qu'il dit dans le manufcrit de fon Herbier, note qui mérite d’être rapportée, quoiqu'un peu étrangère à mon objet principal. «Les fleurs des convohulus font comme à cinq angles, leur calice eft découpé en cinq parties; les étamines. font cinq en nombre, le flyle eft terminé par deux ou trois cornes dans quelques efpèces, & par un bouton dans d’autres : ces dernières efpèces pourroient fe rapporter au quamochit qui fait des ftyles de même, & plufieurs fleurs foûtenues dans les aiffelles des feuilles par un pédicule com- mun; ce qui peut fervir de diflinétion à ce genre d'avec celui du convobulus ». Cette remarque importante peut fervir à éclaircir le problème de M. Linnæus, mieux que toute: autre obfervation, & il auroit été à fouhaiter que M. Vail- lant eût rangé ces plantes fuivant cette vüe, mais c'eft ce qu'il n'a pas fait: il a cependant indiqué quelques-uns des liferons convolvuloïdes & cueorum, dont le ftyle avoit l'une ou l'autre fivure; il eft fourchu, par exemple, dans le liferon de Grèce à feuilles de fagette & fleur blanche, dans le petit de nos campagnes, dans celui de Sicile, qui a une petite fleur garnie de deux petites appendices, dans le chou marin PROMIS CTIEN CE 4803 de nos côtes, dans l'argenté, à feuilles légèrement découpés; ce qui lui donne quelque élégance, fuivant la penfée de M. de Tournefort; dans les 2, 3 du corollaire des Inftituts, dans de petit argenté, rampant & prefque fans tige; dans celui qui a la fleur d'un bleu célefte, & dans l'argenté, qui porte fes fleurs en ombelle, & qui s'étend fur terre: ces cinq derniers font placés au nombre des cueorum par M. Vaillant, les quatre premiers avec les liferons, & l’autre avec les con- volvuloïdes. I y en a parmi ceux des deux dernières fections, dont le ftyle forme un bouton: ces efpèces font le liferon pourpre, à feuilles arrondies ; le bleu, à feuilles de lierre & anguleufes ; celui d'Amérique qui eft velu, qui a Îes feuilles cinq à cinq ou fept à fept; celui-ci eft un convolvuloïde, les deux autres, font des liferons; le commun de nos campagnes, qui a une fleur blanche, & qui eft le plus confidérabie par fa grandeur, eft le feul que M. Vaïllant ait dit avoir un ftyle à trois parties; il le compare à une ancre à trois crampons, M. Vaillant neft pas le feul qui ait voulu diminuer les efpèces du genre des liferons, qui eft fi ample & fi bien fourni; M. Dillenius y a aufli travaillé, & il appeloit voUbilis, ceux qui portent de grandes & petites fleurs ramaflées en boule, & qui ont les femences aïlées: on fait outre cela que ce fruit eft à une, deux ou trois loges; que les femences font arron- dies, & fouvent angulaires. Ainfi il paroît qu’au lieu de réunir les liferons au guamoclit, | n'y en auroit qu'une partie qui demanderoit cette réunion, & que l’on pourroit même faire un nouveau genre de ces liferons, en admettant la figure différente du pétale des quamochir, qui y fait l'entonnoir à bec très-alongé , pour le caractère générique de ces gwamoclit. J'ai eu, en quelque forte, recours à des obfervations qui me font étrangères, four tâcher de déterminer ce que l’on doit penfer au fujet des liferons & des quamoclif ; je n'ai point été dans cette obligation pour le lierre & 11 vigne, que M. Linnæus penfe pouvoir ne faire qu'un genre. On fera peut-être furpris que cet Auteur ait foupçonné cette réu- Dion, mais la furprife ne fera que pour ceux qui croient Cci ÆHedera , Lierre. Viris, Vigne, 204 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'un fruit plus ou moins fucculent peut faire une différence de genre, ou même d’efpèce; mais quand ïl n'y auroit pas des vignes dont les grains font prefque auffr fecs que ceux du lierre, on fait d'autre part que le même fruit tranf- planté dans différens pays, y change confidérablement par rapport à fon plus ou moins de chair; il neft donc pas étonnant que la réunion du lierre avec la vigne ait été ima- ginée: je crois cependant que les filets de ces plantes Ja doivent empêcher; ils forment dans les lierres, des houppes compofées de plufieurs filets. Je n'aurois rien à dire de plus fur le lierre, que ce que j'ai rapporté dans le catalogue des plantes des environs d'E- tampes, fi je ne devois pas faire connoître les houppes de l'efpèce qui eft appelée par Surian arbre des Indes, qui fent fort, & qui a les feuilles du lierre. M. Vaillant a placé dans fon Herbier avec le lierre ordinaire: fes houppes ne différent de celles du nôtre, que parce que leurs filets font plus roides, plus droits & qu'is approchent par-là beaucoup de ceux qui forment les houppes du cierge appelé commu- nément queue de fouris. Je n'ai trouvé de ces houppes que fur les pédicules des jeunes feuilles ; il arrive probablement dans cette efpèce, ce que j'ai obfervé dans l'ordinaire; les houppes tombent très-promptement de deffus les feuilles & les jeunes branches: il eft heureux que j'en aie encore ren- contré fur les pédicules des feuilles de l'autre efpèce, après le long temps qu'il y a qu'il eft confervé dans l'Herbier de M. Vaillant; il faut que les filets foient peu adhérens fur les mamelons, puifqu'ils tombent fi promptement, même lorfque la plante eft fur pied. Le lierre ordinaire, celui-que l'on a appelé lierre des poëtes ou de Bacchus, parce qu'on en faïloit autrefois des couronnes aux poëtes célèbres, & que l'on s'en couronnoit dans les. feftins ; celui qui eft flérile, & le panaché, ne font qu'une feule & même elpèce. Les Anciens le penfoient ainfi de: Fordinaire & du ftérile, comme on le peut voir dans Gaf- par Bauhin; M. Linnæus croit qu'il faut ne pas penfer autre: 4 | BE SNS C FE NC El. 205 chofe fur celui des poëtes: pour moi, j'ai vû les houppes dans tous, ainfi je fe trouverois aucune difficulté à embrafler ce fentiment. Les vignes mont que des filets coniques fimples, fur les feuilles, les jeunes poules & les vrilles; ces dernières parties & le pédicule des feuilles m'ont fait voir dans toutes les elpèces que j'ai examinées, lorfqu'elles étoient fur pied, des gouttes de liqueur affez groffes, & fort aifées à apercevoir à la vüûe fimple ; elles s’enlèvent aifément dès qu’on les touche, & elles difparoiffent très-promptement. On les prendroit d'abord pour des œufs d'infeétes qui auroient été dépofés fur ces plantes; mais outre que la plufpart des vignes en ont, dans quelque pofition qu'elles fe trouvent, c'eft qu'elles font auffi tranfparentes qu'une goutte d'eau, quelles fe diflolvent non feulement dans la bouche pour peu qu'on les y mette, mais même f1 on les touche avec un peu de falive ou d'eau mife au bout d'un petit bäton ou d'une épingle. On pourroit encore les prendre, & même plus facilement, pour des gouttes d'eau qui feroient dûes à la rofée ou à la pluie, mais on les trouve pluftôt lorfqu’il fait foleil, que lorique la pluie ou la rofée tombent, & lorfque les parties où elles fe remarquent font jeunes, que lorfqu'elles font avancées : ainfi il n'y a guère lieu de douter de la nature de ces gouttes, & je penfe qu'elles ne font produites que par la matière qui tranfpire . de glandes qui ant du rapport aux glandes lenticulaires des. jeunes branches des arbres, & qui, dans les vignes, font placées entre les côtes des pédicules & des vrilles, où elles ne forment que de petits points blancs oblongs, & qui demandent beau- . coup d'attention pour être aperçüs , même à une forte loupe. I n’en eft pas de même de ceitains grains blancs, fem- blables à une matière réfineufe ou gommeule, qui par leur amas forment en deflous des feuilles de plufieurs vignes de nos jardins & de nos campagnes, des plaques blanches qui font un peu concaves, & qui par conféquent occafionnent. en deflus des feuilles, des efpèces de tubérofités. Je pente, il eft vrai, qu'ils ne font aufli qu'une matièie qui a tranfpiré Cc üj 206 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE de ces endroits, & qui s'y eft durcie; mais je crois que cette tran{piration eft forcée, & que cé n'eft pas tant une tran{piration naturelle, qu'une extravafation düe à une caufe intérieure & extraordinaire, ou à l'état actuel de l'air qui frappe ces parties, ou au travail & même à la pique de quelque inteéle, Si on vouloit douter de l'origine de ces plaques blanches, on ne pourroit néanmoins étendre ce doute jufqu'à croire qu'elles ne font pas accidentelles à ces plantes; elles fe trouvent aflez rarement dans certains temps, tandis qu’elles font communes dans d’autres: une partie feulement des feuilles des pieds où elles en font le plus chagrinées, en fera attaquée, l'autre étant fortfaine; il n'en eft pas de même des gouttes, & fur-tout des filets. J'ai và les gouttes dans la vigne avec le fruit de laquelle on fait ordinairement du vin, dans la fauvage qui n'en eft, felon M. Linnæus, qu'une variété auffi-bien que celle de Co- rinthe, dans la Cioutat où les gouttes font très-conimunes ; celle de Canada à feuilles d'érable, en a de très-petites, & j'en ai trouvé très-peu dans celle d'Amérique, à feuilles d'abutilon, & à gros grains d’un pourpre noir. Je n'ai pä cependant rencontrer ces gouttes dans les fuivantes, dont les trois pre- mières font de Virginie; une eft fauvage, l'autre eft appelée vigne de renard, qui a les feuilles jaunes en deflous; la troifième a les feuilles découpées & femblables à celles de perfil. Toutes ces efpèces ont les filets, principalement en deffous des feuilles, & celles dont cette furface eft remar- quable par fa couleur blanche ou jaune, ne l'ont ainfi, que parce que ces filets ont l'une ou l'autre de ces couleurs, la blanche eft la plus commune: if en eft ainfr pour celles que je n'ai vües que sèches, qui font, le morillon noir; celle du pays d’Alfiflach, que Flacourt dit avoit plantée au fort Dau- phin, & en avoir mangé le premier raifm au mois de Jan- vier de Fan 1655 ; celle de Madras, dont le fruit eft azur, la feuille arrondie & anguleufe; celle que Micheli défigne par fes feuilles découpées & finueufes ; celle dont le raifin eftæpetit, noirâtre & fans pepin, & celk qui eft fauvage, ins DORE 7, ATEN Sc 1 E NICE S 207 dont on fait du vin en Amérique, qui a les feuilles cou- vertes en deffous, d’un velu épais, & que les Anglois appellent communément white fox-grape, fuivant Plukenet, c’eft-à-dire, raifin blanc de renard. Je crois que qui verroit ces dernières fur pied, pourroit y trouver les gouttes de liqueur des pré- cédentes, & qu'il ne s’agiroit peut-être que d'examiner les autres dans diflérens états pour les y rencontrer, ce qui pour- roit auf arriver par rapport aux filets dans la vigne grim- pante à cinq feuilles du Canada, & dans la petite d’Amé- rique, à trois feuilles, & dont les grains font gros & en fabot; ces deux m'ont paru lifles, & elles m'ont fait voir ces gouttes de liqueur, qui étoient communes & très-appa- rentes dans la première, & très-petites dans la feconde. Qui . voudroit examiner toutes les vignes que l'on cultive dans les jardins ou dans les campagnes, ne feroit vrai-femblablement que répéter les obfervations qu’ auroit faites fur {1 vigne ordinaire, dont peut-être toutes les autres ne font que des variétés. Pour moi, il me fufhra de dire qu'on peut voir les gouttes & les filets dans celles que l'on appelle communément le #ufcar, le rognon de cog, le raïfin de livre où daupliné, le chaffelas blanc où bar-fur-aube, le chaffelas noir ou rouge, le bourdelais. Des cinq genres qui vont faire le fujet de ce paragraphe, les Jauriers-rofes font ceux qui, fuivant mes obfervations, demanderoient le plus à être féparés des autres, auxquels M. Linnæus voudroit les réunir: ce n'eft pas à caufe de leurs filets qui font coniques, fimples, & qui conviennent à ainfr avec ceux du frangi-panier & des pervenches, mais à … caufe de certains mamelons dont leurs feuilles font très-bien #; d, 2 » Le : à Le fournies, & qui, dans les feuilles sèches, font ouverts de façon qu'ils forment des efpèces de petites étoiles femblables aux faufles houppes des oliviers, dont j'ai déjà parlé plufieurs fois à l’occafion de femblables comparaïfons. Je ne penfe pas cependant que ces mamelons ainfi ouverts foient de fauffes …. houppes, mais qu'ils les imitent feulement par la façon dont ils ouvrent: on peut sen affurer dans les cinq premiers é lauriers-rofes des Tuftituts, qui m'ont paru fe reffembler non À - Cameraria, La camerarius; Tabernæ- mnontana, La tabernæ- montanus. Plumeria, Frangi- panier. Pervinca, Pervenche, ÎVerium, Laurier-rofe, 208 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE feulement du côté de ces mamelons, mais même par Îes filets qui garniflent le haut des tiges, les péduncules, les ca- lices, les filiques, & l'une & l'autre furface des feuilles. Ces filets ne font pas fi communs dans les efpèces des autres genres que j'ai pü voir; il y en a mème où il m'a été impofñble d'en trouver après un examen exat & fait dans des temps difiérens: le frangi-panier, par exemple, dont la fleur eft très-odorante & de couleur rouge, m'a toûjours paru life, foit que je l'aie examiné dans l'Herbier de M. Vail- lant, foit que Ç'ait été fur des pieds vivans. Les deux efpèces à fleurs blanches, dont l'une a les feuilles obtufes & plus petites que l'ordinaire, l'autre, longues, étroites ou aïigues, font affez bien fournies de filets, pour que leurs feuilles en foient blanches, fur-tout en deffous. Quoique les pervenches aient aufii de ces filets, on pour- roit les regarder comme étant lifles, fi on les comparoit avec ces derniers frangi-paniers & avec les lauriers-rofes ; les plus velues ne m'en ont fait voir que fur les nervures des feuilles, le bord des calices, des pédicules & dans l'intérieur de la fleur, où ils font plus longs & plus gréles, encore font-ils en petit nombre. Il paroït cependant qu'ils augmentent quelque- fois jufqu'à faire prendre la grande pervenche à larges feuilles, pour une efpèce différente de la commune qui a de femblables feuilles; ce qui eft, à ce que je penfe, arrivé à Micheli pour celle qu'il appelle pervenche d'Italie à larges feuilles, un peu velues, à grandes fleurs violeties. Je crois qu'elle ne difiere de la première, que parce que fes filets font un peu plus communs; il eft vrai que fes feuilles font tavelées de petits mamelons rouffeâtres ; mais des véficules que j'ai remarquées dans les autres, ne font, à ce qu'il me paroit, que de pareils mamelons moins élevés & moins foncés en couleur: de plus, . June & l'autre, de même que l'ordinaire à feuilles étroites, qui a auffi les filets & les véficules, portent à l'origine des feuilles un petit mamelon en godet arrondi. Si l'on regarde la pervenche de Micheli comme une variété, il s’enfuivra que je n'aurai examiné que deux efpèces de pervenches, quoique DES SCIENCES 20 quoique j'aie vü les dix dont il eft parlé dans les Inftituis, & qui ne different les unes des autres que parce que la leur eft bleue, blanche ou rougeitre, qu'elle eft fimple ou double; ce qui ne conftitue que des variétés. J'ai cependant encore examiné fa plante que Flacourt appelle tongue à fleur blanche; M. Vaillant la plaçoit avec les pervenches, elle ma paru life, & la diftribution de fes vaifleaux, qui eft différente de celle des vaifleaux des pervenches, me porte à croire qu'elle n'eft pas une efpèce de ce dernier genre. Le manque de filets, & für-tout des mamelons oblervés fur le deflous des feuilles des lauriers-rofes, n\'a aufli engagé à ôter du genre de ces arbrifleaux, lhonnits - ancazon de Flacourt, au nombre def quels M. Vaillant le mettoit: c'eft encore une femblable ob- fervation qui m'a laiffé indécis fur la abèrnæ-montana laiteufe, à feuilles de citronnier & ondées, & fur la cameraria à larges feuilles de myrie, ces deux plantes n'ayant paru entièrement liffes. M. de Tournefort avoit caractérifé la fanicle ordinaire & la fanicle des montagnes par leurs femences; celles de {a pre- mière font hérifiées, celles de la feconde font renfermées dans une coëffe ftriée & crépue: M. Linnæus penfe que l’on pourroit négliger cette différence, & réunir ces deux genres, J'ai examiné plus particulièrement ces femences, & j'ai re- marqué que ce qui hériffoit les femences de la fanicle ordi- naire, étoit de longs filets recourbés en croffe par le haut, & que la coëffe des femences de la fanicle des montagnes, m'étoit crépue que parce qu'e‘le portoit fur fes nervures prin- cipales, des mamelons coniques blancs, argentés, contigus, & qui navoient pas de filets : lorfque ces mamelons font defléchés, on les prendroit pour autant de veflies; cette dif- férence, quoique petite, peut fuffire avec celle que M. de Tournefort à obfervée, pour laiffer fubfifter ces deux genres. » Celui de Ia fanicle des montagnes ne renferme peut-être £ncore qu'une efpèce. Les trois plantes que M. de Tournefort a citées ne font, fuivant M. Linnæus, que des variétés; je leur aï trouvé à toutes trois un long filet blanc, dont le Mém, 175 0. Dd Sanicule, Sanicle. Affrantia, Sanicle des MONAYNESe 210 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mamelon eft en gouttière, & qui eft pofé au bout de chaque dentelure des feuilles ; celles de la fanicle ordinaire & de la fanicle de Canada à grandes feuilles, finiflent aufii par un fem- blable filet, mais le mamelon n'a paru fimplement rond : le refte de ces plantes eft life. Les côtes des tiges de la fanicle des montagnes font aîlées, c'eft-à-dire qu'elles font bordées d'une membrane mince & qui eft blanche. — Opulus, Deux des trois genres dont je vais parler conviennent en Obier partie par les filets, l'autre en eft totalement différent: celui- Tinus, Laits ci, qui eft l'obier, n'en a que de coniques ; les deux autres, Viburnum,… Ju-tout celui de la viorne, {ont garnis de houppes compolées Viorne. de plufieurs filets. Ces houppes font fi abondantes dans les viornes, que les jeunes feuilles , les jeunes poufles & les fruits en font drapés. Celles des côtes & des nervures s'élèvent beaucoup plus que les autres, elles forment des goupillons, afez femblables à ceux des bouillons-blancs : ces goupillons ne s'obfervent pas dans le laurier-thym , mais à leur place on voit des filets coniques fimples qui reflemblent à ceux des obiers. Si ces derniers arbres conviennent en ceci avec les lauier-thyms, ils en different encore par les glandes à godet plat & large qu'ils ont vers le haut des pédicules & à la bale des feuilles; ces glandes font placées de façon qu'il y en a une de chaque côté. Ces différences dans les glandes de ces trois genres d'arbres , doivent fans doute confirmer celles qui ont été obfervées dans la fleur, & il paroït inconteftable que ces trois genrés ne doivent pas être confondus. Le nombre des efpèces qui y font rapportées, doit être pluftôt réduit, comme M. Linnæus le veut; l'obier commun & celui à fleur en boule, font les mêmes, fuivant cet Auteur; j'y ai trouvé les mêmes chofes ; les filets y font peu abondans, on n'en trouve guère que fur les nervures du deffous des feuilles, fur-tout lorfqu'elles font un peu avancées ; elles font encore: voir, fur-tout avant cet état, des grains brillans, folides, qui £ ramafent principalement dans la gouttière de leur furface fupérieure, & que je crois n'être formés que d'une liqueur qui a fuinté peut-être de petites glandes véficulaires, du moins De ET rites 12 DES SCIENCES 211 on remarque de petits endroits diflingués par leur tranfpa- rence, & qui approchent de ces dernières glandes. On voit de femblables véficules dans les laurier-thyms, mais elles y font d'un beau couleur de cerife: les grains lolides que Yon trouve aufli fur les feuilles, pourroient en avoir fuinté, quoiqu'ils n'aient pas cette couleur, & qu'ils n'en aient aucune bien déterminée, fi ce n'eft qu'ils font brillans. Les trois laurier-thyms des Inflituis ne font, fuivant M. Linnœus, - qu'une feule efpèce; on pouiroit peut-être y joindre le lau- rier-thymr de Portugal, cité par Clufius, & celui que Mi- cheli défigne par fes grandes feuilles de citronnier. Je n'ai pas trouvé une grande différence dans toutes ces plantes, il y en a une bien plus confidérable entre les viornes; celle qui vient en Canada, qui a les feuilles de thym, d’un verd clair, & celle d'Amérique qui reflemble à un philaria, qui eft communément appelle apalachine où caffine, n'ont pas, comme la viorne ordinaire, des houppes parfaites & des goupillons , mais feulement celles qui font imparfaites, c’eft- à-dire, qui n'ont ordinairement les filets qu'à moitié décou- pés; elles y font même brillantes, & d’un brillant argenté, comme dans plufieurs autres plantes dont j'ai parlé autre part. Cette couleur, il eft vrai, n'eft peut-être pas conftante dans les viornes , elle étoit du moins d'un rouffeître pourpre, & d'un couleur de cerife pale dans la viorne de Canada qui paroît lifle, & qui eft appelée par Plukenet, dans fon Alma- gelte, neffier à feuilles de prunier, qui vient de Virginie, qui neft pas épineux, & qui a le fruit noir : cette efpèce paroît en être moins fournie que les deux autres, qui en ont fur les feuilles, les jeunes pouffes & les cœilletons. La plante ï eft démontrée au jardin du Roï fous le nom de vibur- noïdes d'Amérique, qui a le fruit petit, rond, qui fort de Vaifleile des feuilles, & qui eft rougeâtre, cette plante, dis-je, convient mieux avec a viorne ordinaire par fes filets, que Mes efpèces que je viens de nommer; elle a, comme elle, des houppes parfaites & des goupillons, & fur les mêmes parties; jy ai vû aufh des grains brilians d’un foufre doré, Dd i Caffine. AMaurocena, Rhus, Sumac où roux. Toxicodendron, Cotinus, Fuftet, 212 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ui fe trouvent auffi dans l'ordinaire, mais avec une couleur d'un blanc brillant. Sans doute que ces petites variétés dans les viornes, ne doivent pas en faire des genres différens; fr cependant on vouloit le faire, ne devroit-on pas pluflôt réunir fous le même les efpèces qui ont des filets femblubles, -que de les féparer, c'eft-à-dire, joindre le viburnoïdes à Ja viorne ordinaire, & faire un genre des autres efpèces de viorne dont j'ai parlé, & de celles qui leur feroient femblables? C'eft à caufe d’une propriété bien frappante que l'obier doit ètre féparé des viornes & des laurier-thyms; J'aurois defiré en trouver une pareille entre la caffine & a mauro- cena , je 'y en ai au contraire Vù aucune. Ces plantes con- viennent entre elles, en ce qu'elles font lifles , & qu'elles ont des mamelons qui s'élèvent au deffus des furfaces où ils fe trouvent: ce font, à ce que je crois, des glandes véficu- laires gonflées; je n'en ai vü que für le deffus des feuilles de la maurocena, où ils deviennent fouvent d’un jaune foufré, La caffine en a fur les jeunes tiges, les pédicules, le deflous des feuilles, ils font rouffeâtres : ces deux plantes font celles qui font rapportées dans le Jardin de Clifort. En examinant fi le fuftet fe peut joindre au fumac, c’eft exa- miner en même temps fi l'on peut le réunir aux zoxicodendron, que M. Linnæus a déjà confondus avec les fumacs: ce que j'ai obfervé confirme en partie cette réunion. J'ai trouvé des filets coniques dans les trois genres ; ils y font mélés avec des glandes à cupule pourpre dans les fumacs, avec des glandes en larme batavique dans les soxicodendron, & à de petits corps blancs & courts, qui pourroient être des cupules bafles, dans le fuflet. Les larmes bataviques pourroient être regardées comme des cupules dont le filet grofliroit depuis le bas jufqu'au haut, au lieu de diminuer, ce qui fait une petite différence. Il n'y en a donc point de bien confidérable dans ces arbres du côté des filets, ils ne varient que dans la quantité, & cette différence eft très-grande. Ces filets font ordinairement très-abondans dans. les fumacs, les tiges en font fur-tout entièrement hériffées, & elles les confervent très-long-temps, ce qui eft particulier à RER RET 2 | DES ScrEeENCcESs LU VE ces arbres; les soxicodendron en ont beaucoup moins, & ont même un coup d'œil lifle ; le fuftet en eft encore moins fourni, mais on remarque fur les feuilles des efpèces de ces deux derniers genres, une fleur blanche affez abondante qui fe met en petits grains dans les soxicodendron, Des deux efpèces de ce dernier genre, dont M. de Tour- nefort parle dans fes Inftituts, celle qu'il appelle zoxicoden- dron ile, le paroit , il eft vrai, à la première infpetion, mais elle a quelques filets en deffous des feuilles ; les feuilles de l'autre font non feulement toutes blanches de ces filets, mais les tiges & les pédicules des fleurs le font auffi. Le fuftet ne nva fait voir ceux qui font fimplement coniques, que fur ces dernières parties, ils y étoient pourpres. Entre les trois fumacs de M. de Tournefort, il y en a un qui eft défi- gné par fes feuilles lifles des deux côtés: il eft vrai qu'il a fur ces parties moins de filets, mais il n'y en a qu'un peu moins , ‘non feulement fur ces parties, mais fur les tiges & les péduncules ; il en a même fur les fleurs, qui en font auf * hériffées dans les autres efpèces: ces filets font ordinairement pourpres , & les autres roufleitres. Les efpèces de ces trois genres font peu nombreufes dans les Inflituts ; de celui du fuflet, je n'ai vü que l'efpèce qui y eft citée, & elle eft peut-être la feule connue. On peut joindre aux foxicodendron celii d'Amérique à feuilles aïlées, de Pétiver ; celui de la Caroline à feuilles en plumes & à petites fleurs herbacées, de Miller; celui à trois feuilles, qui les a moins finueufes, & qui eft démontré fous cette dénomination au Jardin Royal; ïls different peu de celui qui eft appelé toxicodendron life. Une efpèce que M. Vaillant penfe être le lierre à trois feuilles finueufes & dentelées, & qui. vient d'Amérique, reflemble à celui qui a les feuilles blancheîtres. Les fumacs fe trouvent encore beaucoup plus - multipliés par l'addition de ceux que j'ai encore examinés; ces derniers font lé fumac à feuill s étroites, de Gafpard Bauhin; celui qui vient de la Chine, qui a le pédicule- Dd ii Alë , Aloès. Fucca, 214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE commun des feuilles aïlé, & les feuilles biancheaues, cité par Plukenet; celui d'Afrique à trois feuilles, & un autre d'A- frique, aufli à trois feuilles, mais qui font défignées par le velu de leur furface inférieure : M. Vaillant dit tenir cette efpèce de M. Zintgrafle; celui à trois feuilles dont la fleur femble former des chatons. Toutes ces efpèces varient peu entre elles, & different peu des ordinaires: les trois fuivans en font un peu plus difiérens; le petit d'Egypte à trois feuilles lifles, a réellement très-peu de ces filets, je ne lui en ai vü que quelques-uns fur le deflous des feuilles, mais il y a des mamelons fur l'une & l’autre furfaces, d’où il fuinie une liqueur gluante. Celui qui eft démontré au Jardin Royal fous le nom de grand fumac à trois feuilles, & qui vient en Afrique, ne m'a fait voir qu'une matière blanche argentée en deflous des feuilles; & celui que Plukenet appelle petit fumac d'Afrique à trois feuilles luifantes, arrondies & entières, m'a paru Jifie: ceux-ci ne pourroient-ils pas être des toxicodendron pluitôt que des fumacs? & dans la fuppofition qu'on ne püt pas réunir les fumacs à ce dernier genre, ceux-ci ne pourroiént-ils pas cependant être ôtés de celui du fumac? I me paroïtroit auffr que l'efpèce que M. Vaillant penfe être celle de Virginie à feuilles de myrte, & qui ef citée dans le Jardin d’Amfterdam, devroit en être féparée; je lui ai trouvé de longs filets cou- chés fur les feuilles & les tiges: on prendroit ces hlets pour de faufles navettes, au lieu que ceux des fumacs font droits, coniques, & ont une efpèce de roideur. La fubftance pulpeufe & fucculente de la plufpart des aloès, qui ne fe trouve pas dans quelques autres, à engagé des Auteurs à féparer les plantes qui avoient Fune ou l'autre fubftance. M. de Tournefort ne s'eft pas arrété à ceite pro- priété, il a même négligé, contre fon ordinaire, celle que les aloès d'une fubflance sèche ont de porter la fleur fur le fruit, que ceux d’une fubflance fpongieufe renferment au milieu de leur fleur; il à confondu toutes ces plantes fous le mème genre : il a d'abord été fuivi en cela par M. Linnæus, sl tro Faber DES SC1ENCES. tar qui doutoit même fi l'on ne devoit pas y joindre lycee, qui avoit été appelé du nom d'aloés par quelques Botaniftes. Quoique M. Linnæus ait levé, à ce qu'il paroït, ce doute dans un Ouvrage poftérieur, qu'il ait même établi la divi- fion qui devoit être faite entre les aloès, & qu'il ait appelé agave ceux d'une fubftance sèche, & qui portent la fleur fur de fruit, je rapporterai cependant mes obfervations comme fi ces éclairciflemens n'étoient pas dennés. La différence que jai trouvée entre ces plantes, ne. peut être attribuée qu'à cet état, qui a fait mettre les aloès au nombre des plantes graffes. Les efpèces dont les véficules parenchymateufes font remplies & gonflées par un fuc abondant, ont une partie de ces véficules qui s'élèvent au deflus des furfaces de leurs feuilles, & qui y forment des mamelons plus ou moins gros, que l'on 2 comparés dans les uns à des verrues, dans d’autres à des perles, ou à des tubercules cartilagineux. Il eft fingu- lier que cette propriété convienne principalement à ceux qui ont le fruit placé au milieu de la fleur : il eft vrai qu'il y en a quelques efpèces où l'on ne voit que de grandes taches Jongues, qui ne s'élèvent point, ou que peu, au deflus des furfaces ; mais ces taches font propres à ceux qui font fuccu- ens, & fi les feuilles des autres en font marquées , ce font des taches qui paroïffent manifeftement n'être que de celles qui font donner à éertaines plantes le nom de plantes panachées, & qui font pluftôt la marque d’un état de maladie que d'un état naturel ; au lieu que je penfe que les tubercules ou les taches des aloès d’une fubflance graffe & fpongieufé, ne peu- went être comparés qu'aux mamelons des autres plantes qui portent ordinairement des filets. Je regarde donç ainfi les tu- bercules des aloès comme des efpèces de glandes : en effet, orfqu'on examine à la loupe une feuille d’une de ces plantes, “on la voit non feulement chagrinée de ces gros mamelons, _ mais tavelée de perites taches blanches placées régulièrement, "& plus où moins arrondies ; ges petites taches me paroiffent être des glandes véficulaires , ou des efpèces de pores diftin-- gués des autres, & femblables à une efpèce de ceux des : 216 MÉMorres DE L'ACADÉMIE ROYALE Jiliacées ; lorfqu'ils viennent à être gonflés par un fuc plus abondant qu'a l'ordinaire, alors ils s'élèvent au deflus de la furface, & y forment ces tubercules, qui, fi l'on veut, feront une, maladie, mais une maladie des glandes, & non pas des véficulés parenchymateufes ordinaires, comme il arrive dans les plantes panachées. Ces mamelons doivent donc être regardés comme des glandes véficulaires extrêmement gon- flées ; il arrive même quelquefois qu'elles lâchent une ma- tière gluante & vifqueule, ce que j'ai vû dans l'aloès d'Afrique triangulaire, à feuilles vifqueufes, & qui font aufi le triangle: ceue efpèce eft la huitième du Jardin de Cliffort. Les ma- melons des autres ne font pas ouverts, if eft vrai, du moins je ne les ai jamais trouvé tels, mais il paroït qu'il faudroit peu de chofe pour qu'ils souvrifient; ils font d'un blanc brillant par le bout fupérieur , ils refflemblent à ces veñlies de Ja peau, qui, étant extrêmement tendues, font plus bril- lantes, plus liffes, par l'endroit où elles doivent crever. Cela polé, il n'y aura pas de ce côté de différence effen- tielle entre les aloès fucculens & ceux qui font fecs. Il faut convenir, comme je l'ai dit, qu'ils n'ont pas de tubercules, mais on y remarque entre les fibres, les glandes véficulaires, ou les pores particuliers & différens des autres ; ainfi ce ne fera qu'accidentellement que ces aloès différeront par-là les uns des autres. On ne peut donc fe fervir de ces mamelons comme d'une marque propre à diftinguer ces plantes ; il en fera de même pour les ycca, ils reflemblent aux aloès fecs: Si une partie des uns ou des autres avoit été armée d'épines, & que l'autre ne leût pas été, on auroit peut-être pù avoir recours à cette diflinétion; mais il y en a parmi les uns & les autres qui font épineux; le bout fupérieur des feuilles finit dans tous par un filet plus ou moins court & dont la roideur eft fouvent telle, qu'elle fait une forte épine & femblable à celle du bord des feuilles, où de la côte du milieu du deflous: ces dernières épines font ordinairement plates par le bas, & un peu arrondies par le haut, ce qui leur donne la figure d'une pyramide à bafe triangulaire; les autres ayant un mamelon rond, PAMIDIEZSM S: CIE NaiC:EnS . 217 rond, font une pyramide à bale circulaire. Les aloës qui ne font pas épineux & qui pourroient le devenir, font ceux que l'on appelle communément le perroquet, les becs de canne, les éventails , le camus, l'araignée ; le filet du bout des feuilles de celui-ci eft long, & les feuilles fe recourbent en dedans, de façon que ces filets fe touchent & prennent par leur enfemble Ja forme d’une toile d'araignée, ce qui lui a fait donner le nom qu'il porte. Les aloès épineux font les féroces, les mitrés, le fuccotrin: parmi les aloès d’une fub- flance très-peu fucculente & prefque sèche, le commun d'Amérique en eft un, il eft même défigné LES quelques Auteurs par l'épine roide, dont le bout de fes feuilles eft armé; celui que l'on appelle peau de ferpent, à caufe que fes feuilles font panachées comme celle de plufieurs de ces animaux ; celui qui porte le nom de flambe , à grappe & à fleurs jaunes ; le piet, font encore de|ce nombre. Tous ces aloès font rapportés dans l'ouvrage de M. Linnæus, intitulé Jardin de Cliflort, & je les ai tous examinés & prefque toutes les variétés qui y font citées, le feul piet excepté, que je n'ai rapporté que d'après Ja figure que Commelin en a donnée dans le Jardin d'Amfterdam: on peut voir dans cet ouvrage plufieurs des aloès qui font épineux, ou à verrues, ou à taches feulement ; ils. y font gravés avec beaucoup d'exactitude. On peut joifidré 2 à ceux-ci, les fuivans que j'ai encore obfervés, favoir, l’aloès d’ Amérique à feuilles larges de {cille & qui n'eft point épineux ; celui de la Wera-cruz, qui a, les feuilles plus étroites & d’un verd de mer plus clair, il me parot n'être qu'une variété de l'ordinaire, il a comme lui une pointe au bout de chaque feuille, qui eft plus grofle que celles du bord; celui qui eft pourpre & liffe, rapporté par Muntin- gius; celui d'Afrique que Boerhaave a caractérifé par fes longues feuilles conjugées, caves en deflus, qui. eft chagriné de tuber- cules comparés à des perles , & qui a une He d'un très- beau rouge ; il n'eft je crois qu'une variété des becs de canne. Ces aloès different peu des précédens. = Les yucca que j'ai eus en ma difpofition fe réduifent à quatre, Mém. 175 0. Ee Allium, Aïl. Cepa Oren. Porrum , Poireau. 218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Royazr ceiui qui à 16 ieuihés d'aloës, celui qui s'élève en arbre, qi a les feuilles plus roides, droites & en dent de fcie, le fecond du Catalogue du jardin de Florence par Michel, qui pour- roit bien n'être que le précédent, le quatrième eft le fda- menieux. Le premier eft lifle; le fecond eft bien liffe, mais la dentelure des feuilles eft formée par des mamelons pourpres * & roïides; le quatrième ne diflere de l'ordinaire que parce que le bord des feuilles fe fépare en de longs filets, qui ne font que les fibres qui le compofent, & qui fe détachent les uns des autres par la fécherefle ; ce ne font pas de vrais filets : je n'en ai pas même vû dans les aloès & dans ces plantes d’autres que les épines piquantes, ou qui étoient fans une roideur capable de bleffer. La plufpart, pour ne pas dire tous, ont feulement une pouffière blanche répandue fur leurs feuilles & fur les tiges des fleurs principalement, qui a tranfpiré ou des véficules ou du refte de leurs furfaces. Les plantes des genres dont je vais parler, qui font ceux de l'ail, de l'oignon & du poireau, conviennent avec les aloès par le pointillé blanc, lorfqu'il ne s’eft pas élevé en tubercules & qu'il compole de petites glandes véficulaires. Dans ces der: niers genres, comme dans les aloès, elles font pofées entre les fibres longitudinales, & elles n’y font pas moins abondantes, elles le font beaucoup & très-fines dans les aulx, mais ils m'ont paru ne pas convenir auffi-bien par d’autres côtés; les uns étoient entièrement lifles, les feuilles des autres avoient un bordé formé par de couts mamelons, qui compofoient une elpèce de petite dentelure; un feul avoit des filets longs, cylindriques & blancs, à la place de ces mamelons: celui-ci eft l'ail à feuilles étroites & à fleur blanche en umbelle. Ceux qui ont les petits mamelons font les 24, 28, 33, 36 des Infti- tuts; Les fuivans m'ont paru en être privés, favoir, les 6, 7, 8, 16, 17, F9, 26,127, 97.240 du même ouvrage; il en eft de même pour celui des environs de Stockolm & qui a la tête ronde, pour celui de Virginie & qui eft odorant, & pour l'oignon qui vient fur les rochers des Alpes, qui a les feuilles de jonc, les fleurs blanches } la racine longue, couverte | 1 D'IEASM'ST Er R Nicr Es 219 de peaux purpurines & qui eft vivace, M. Vaillant plaçoit celui-ci avec les aulx. Parmi les oignons, ceux qui n'ont paru reflembler aux derniers aulx, font l'oignon rouge, la ciboule, le fhanoprafum de Dodon, celui des marais des Alpes, & qui a les feuilles étroites, celui de Portugal, le moly d'un noir pourpre de Swertius. L’ail fauvage à deux cornes, dont la fleur eft d'un verd d'herbe blancheître avec trois ftries pourpres, que M. Vaillant plaçoit avec les oignons, avoit les mamelons : sil étoit ordinaire que ces plantes euffent ou h'euflent point de ces mamelons, on pourroit joindre enfémble celles où ils fe trouveroient, & celles qui en feroient privées pourroient appartenir au même genre, mais cela eft très: peu certain; Jai même vü dans le poireau, que de jeunes feuilles paroifloient n'en point avoir, tandis que les vieilles en étoient bordées; ceux des premières n’étoient peut-être pas gonflés, ce qui peut arriver aufli aux autres plantes qui ne m'en ont point fait voir. Je dirai en finiffant cet article, que l'on remarque fur les feuilles de plufieurs aulx des efpèces de véficules femblables à celles que M. Malpighi appelle véficules huileufes, parce qu'on les prendroit pour une goute d'huile extravafée entre les membranes des feuilles ; elles font jetées çà & à fans ordre: elles me paroiïffent acci- dentelles & n'être qu'un gonflement occafionné par quelque liqueur femblable, qui s'eft extravafte. M. Linnœus a levé lui-même dans l'édition de fon Syftème de la Nature, donnée en 1748, le doute qu'il avoit formé dans fon livre fur les genres des plantes, à l'occafion de ceux dés biftortes, des renouées & des blés farrafins: il a réuni cés trois genres en un, & y a même joint celui de a perfi- caire. Mes obfervations avouent bien a réunion des trois premiers, mais elles pourroient exciter quelques incertitudes für celui de la perficaire. Les biflortes ont ordinairement des filets moufles & coniques, qui font un peu plus alongés, mais moins gros que les mamelons que l'on remarque fur les mêmes parties des blés. farrafins ; ceux des renouées font Ee ij Bifforra, Biftorte, Polyeonum, Renouée. Fagopyrum, Blé farrafin. Perficaria, Perficaire, 220 MÉMOIRES. DE L'ACADÉMIE ROYALE feulement un peu plus petits ; de forte quon ne peut pas-dire de toutes ces plantes qu'elles ont des filets, mais pluftôt des ma- melons plus ou moins alongés : les perficaires ont de vrais filets coniques, &, ce qui les diflingue principalement des biftortes & des blés farrafins, elles ont de petites glandes véficulaires qui forment un pointillé fur le deffous de leurs feuilles. Les mamelons des renouées font ordinairement placés fur le bord des feuilles & fur les côtes des tiges; je les ai du moins trouvés ainfi dans les 1 — 4, 6, 7, 8, 10, citées dans les Inftituts, dans une qui ne differe de fa feptième que parce que fes branches font plus groffles, dans celle qui a beaucoup de fleurs, rapportée dans Pétiver, dans celle d’orient, qui {e répand fur terre, qui a les feuilles arrondies & rudes, äpreté qui ne vient que de fes mamelons : celle d’orient à feuilles d'œillet & à grandes fleurs blanches, ne difiere des précédentes que parce que fes fpathes fe découpent en de longues lanières étroites, & que celles des autres reftent en: tières. La différenceque j'ai trouvée dans celle qui ef ligneufe, droite, qui reffemble par fes feuilles au romarin, & qui vient en Virginie, n’en eft, à proprement parler, pas une, puif qu’elle ne confifte qu'en ce que fes mamelons font femblables à ceux des blés farrafins. De toutes les biftortes des Inflituts, il n’y a que la petite des Alpes qui m'ait paru différer des autres, encore n'eft-ce que parce qu'elle n'avoit pas de mamelons; elle convenoit avec les autres en ce qu'elle a, fur-tout en deffous des feuilles, beaucoup d'une fleur blanche: celle des Alpes qui differe de celle-ci par fes feuilles d’enbas qui font arrondies &:très- finement dentelées, n'eft peut-être que la même; elle ne ma paru différente que par les petits mamelons qui font les den: telurés fines dont il eft parlé dans la phrafe. Les trois blés farrafins des Inftituts conviennent auffi entre eux, & fi celui qui eft droit, a quelque petite différence, elle ne vient que de ce que fes mamelons font un peu plus gros. L'efpèce qui vient en Sybérie, & qu'Amman défigne HIVUDIBISUS C T'EUN GES * 2217 par fes femences qui font chagrinées, ne differe réellement du commun que parce que fes .femences portent des ma- melons fur leurs côtés ; ce qui les rend rudes au toucher: celui d'Orient qui eft rameux, qui a beaucoup de fleurs & les feuilles femblabies à celies de la perficaire, eft peut-être effectivement une perficaire. Il convient du moins beaucoup plus avec ces dernières plantes qu'avec les blés farrafins; le deffous de fes feuilles a de longs filets coniques, roides, tranf- parens, dirigés vers le haut des parties; les côtes des tiges en font garnies de femblables, mais qui font plus roides, ointus & couchés de haut en bas des tiges : ce que cette plante a de plus fingulier, & ce qui la rapproche plus des perficaires, eft le pointillé, de fes feuilles, qui eft femblable à celui de certaines perficaires. | Je dis de certaines, car ce pointillé n’eft pas le même dans toutes ; quelques-unes ont pluftôt des glandes véficulaires. Il eft vrai que ces glandes ne different peut-être des petites taches qui forment le pointillé, que parce que ces taches ne font que des glandes véficulaires beaucoup plus petites, & qui ne demandent peut-être. qu'une abondance de fuc plus confidérable, pour s'étendre & devenir plus apparentes: les perficaires où elles le font beaucoup, & où elles ont un beau couleur d'or, font celle qui eft maculée & douce au goût, celle à feuilles de patience & dont la fleur eft pourpre, celle à larges feuilles & à fleurs blanches , celle d'Orient où elles font cependant un peu moins confidérables. M. de T'ournefort re- garde comme une variété de la maculée dont je viens de parler, celle dont les taches des feuilles font le fer à cheval ; je n'ai point vû dans celle-ci les véficules, ni dans celle qui n’a point de taches, non plus que dans celle qui a des fleurs blanches; ces trois, pourroient être une feule & même efpèce, mais diffé renie de la première. C'eft ordinairement. {ur les feuilles que Ton trouve les véficules, mais j'en ai obfervé fur les tiges de celle qui vient de Virginie, qui s'élève en arbriffeau, qui aa flur blanche, & qui, n'eft pas maculée. Le pointillé eft gommunément blanc, il eft en partie rougeätre dans celle: € Ee ii æ 522 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE Royer que l'on appelle poivre d'eau, & dans celle qui eft grande; à larges feuilles, qui vient fur les montagnes & qui a les fleurs en grappes: les véficules ni le pointillé ne donnent pas pour l'ordinaire de liqueur fenfible; mais. il paroît que celle du Ni, qui par fa grandeur a été comparée à un géant, qui a les feuilles gluantes & macules, la fleur grande & pourpre, rend par {es glandes une liqueur confidérable, puif qu'elle fe fait fentir aïfément au toucher. Je n'ai pas cepen- dant vû cette liqueur, la plante étant sèche lorfque je fai examinée; mais J'y ai oblervé beaucoup de mamelons noirs, fur-tout en deflous des feuilles, d'où fans doute cette liqueur doit fortir: c’eft je crois à une femblable liqueur, & qui eft différente de celle-ci en ce qu'elle devient folide, qu'on doit attribuer le duvet blanc qui recouvre le deffous des feuilles de la peificaire, dont les feuilles font blanches en deffous. Je ne fais pas fi ce duvet fe trouve conflamment dans cette plante, mais celui que j'ai vû dans la perficaire maculée & douce au goût, n’y eft pas toüjours; lorfqu'il s'y rencontre, les véficules ne font pas apparentes ; elles ne l'étoient pas plus dans la précédente, & peut-être parce qu'elle avoit du duvet: ce n'eft point à du duvet, mais à de longs filets & qui font en grand nombre, que celle du Nil, qui eft coton- neufe, élevée, qui a de grandes feuilles légèrement tachées, doit ce coton. Les efpèces fuivantes n’avoient rien d’extraor- dinaire; ce font la petite à feuilles de bafilic, celle dont les feuilles font étroites, la petite proprement dite, celle de Ja Chine à fleurs dont l'épi eft peu ferré, & celle d'Orient à feuilles de tabac, & dont la fleur eft pourpre. Ces plantes n'ont que les filets & le pointillé; les filets s'y voient fur les feuilles & principalement en deflous, comme dans les autres, fi fon en excepte une qui eft l'efpèce qui vient fur le bord du Nil, & qui jette une liqueur vifqueufe, elle m'a paru life: la perte de ces filets au refle n'eft peut-être dûe qu'à lextravafation de cette liqueur, & lorfqu'elle cefle, la plante fe couvre peut-être des premiers. L'analogie fe trouve, à ce qu'il femble, interrompue dans ce genre par les glandes D'EUS : Sc r'£ NC Es 223 véficulaires, mais on peut a rétablir fi ces véficules ne font dûes, comme je l'ai infinué plus haut, qu’à plufieurs de celles qui forment le pointillé, qui ont été réunies enfemble par une liqueur plus abondante qu'à Fordinaire, qui a rempli l'efpace qui féparoit plufieurs de ces petites véficules, & qui s'étant ramaffée dans la grande qu'elle a formée, eft ainfi de- venue plus apparente: peut-être aufli n'eft-ce fimplement qu'un gonflement très- confidérable de chaque petite véficule du pointillé; au refte fun ou fautre fentiment femble être prouvé par les petites véficules rougeâtres du poivre d’eau, & par ce -que j'ai rapporté de celle qui eft douce & maculée, Si c'eft- là la caufe de ces variétés, tout rentre dans l'ordre, l'analogie eft complète; elle s'étendroit même alors jufqu’aux renouées, qui ont toutes un pointillé femblable que je n'ai pas trouvé aux blés farrafins ni aux biftortes. L L’analogie peut auffi fe retrouver dans les plantes des genres i vont faire le fujet de Farticle fuivant; ces plantes qui font les cafles, les fénés & la parkinfon, ont toutes, au moins fur leurs feuilles, des filets ordinairement blancs, pluftôt cylindriques que coniques, & en une quantité plus où moins. grande : la parkinfon eft celle qui men a paru la moins fournie. Je ne lui en ai và qu'en deflous des feuilles, & même que fur les côtes de cette furface, au lieu que les Cafÿfia, Caffe, Senna, Séné. Parkinfonia, La parkinfon, autres en ont le plus fouvent fur toutes leurs parties, excepté . feulement les étamines & les pétales; la parkinfon à outre cela une épine au bas du pédicule commun des feuilles, & une autre de chaque côté des nœuds : je n'ai point trouvé de ces épines aux fénés ni aux caffes, mais ou des ftipules dans l'aiffelle du pédicule commun des feuilles, ou des glandes à godet fur ce pédicule. Les flipules du féné à feuilles ob- tufes & aigues, & qui vient en Italie, ou aux environs d'Alexandrie , font gros & verdätres ; ils le font encore plus dans celui qui, par fes feuilles, reflemble au troefne, ils ÿ » font prefque cylindriques ; ils fe trouvent non feulement à Ja jonction du pédicule commun des feuilles, mais fur le Pédicule mème, dans celui qui a les filiques aïlées & les. x 224 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE feuilles très-grandes. M. Linnæus a déjà remarqué les ftipu'és: du féné d'Occident à plufieurs filiques, & dont les feuï'e; font femblables à celles de la fenfitive ; il les compare à uns alène; il dit de plus, que ceux de la cafle fauvage, puante, à filiques ailées, font grands. M. Linnæus a aufli parlé des glandes à godet de plufieurs cafles, & il en a même marqué la pofition. Je n'ai point vû ces efpèces : J'ai trouvé de femblables glandes dans quel- ques autres : les trois fuivantes n'en avoient qu'une en deifus du pédicule commun, à la jonction de la première paire des feuilles ; l'une de ces caffes eft la petite en arbre, à filiques plates & articulées; fa glande étoit alongée, un peu com- primée par les côtés, & jaune. La feconde eft celle qui a fix feuilles, & des filiques à deux caplules; la troihième s'appelle communément /ophera ; la glande de ces deux der- nières étoit arrondie: celle de la cafle de Mariland à feuilles obtufes & racine rampante, citée par Miller, étoit placée un peu au deflus de l'origine du pédicule commun des feuilles. M. Van Royen marque cette glande fur la bafe des pédi- cules dans la cafle à filiques plates du Père Plumier, & à l'origine du pédicule dans le faux féné en arbre, à feuilles menues, de Houfton ; c'eft la treizième cafle de Van Royen: la première, qu'il dit être lifle, eft cependant aufli velue que la plufpart des autres. Celle d'Amérique qui fent mauvais, qui a les feuilles arrondies & aigues, n'a pas pour une glande fur chaque pédicule, on peut même dire que tout le bord de {es feuilles en eft garni, puifqu'il porte des mamelons qui me paroiflent analogues à ces glandes : il y en a de plus de femblables dans la gouttière du deflus des feuilles, & à chaque conjugaifon de ces feuilles; ce grand nombre n'empêche pas qu'elle n'ait la glande arrondie un peu au deffus de l'origine du pédicule commun. Les efpèces qui ont des glandes, n’ont pas ordinairement de flipules ; j'ai remarqué les uns & les autres dans la petite cafle à filiques de fenugrec, elle a à l'origine des pédicules deux longs ftipules ; à la première & fconde paire des feuilles, quelquefois à fune ou l'autre feulement, 2 \ lis Sc 1 € 00 me NM | une. glande cylindrique , alongée , hériflée de petites pointes. M. Vaillant place l'abfus de Madras à quatte Aeuilles avec les cafles: j'y ai bien trouvé les filets cylim- _ driques des autres caffes, & enauffi grande quantité; mais {parmi ces filets, il y avoit des glandes à cupule grofle & foufrée : cette A PE n’en annonce-t-elle pas une dans la fleur, comme le manque de he à pe “ de flipules les fuivantes? re Ces plantes font la El en bâton d'Alexandri ie, & toutes des autres efpèces des Inflituts dont je n'ai point parlé, excepté cependant celle de Java, & celle d' Amérique qui fent mau- vais, & qui a les fevilles obtufes, que je n’ai pas vüûes : les autres font, au refle, velues, de façon qu'il y a peu de diffé- rence entr elles, & même entre les précédentes. Ces filets 1 ne font pas toûjours blancs, ils font d’un couleur de cerife dans une de l'Herbier de M. Vaillant, qui n'eft différente de celle d'Amérique à feuilles arrondies. & aigues, que parce qu'elle ne fent pas mauvais, & qu'on à fait entrer dans fon -caraétère fpécifique les filets dont elle ef hériffée : je fais qu'elle n'eft guère plus velue. que l'autre; mais eft-elle odo- _ranté où non? c'eft ce que je n'ai pü déterminer. Si elle n'eft pas différente de l'autre, fes filets varient alors de couleur, & cela fur le même pied, puifque ceux de cou- deur de cerife ne s'obfervent que fur les bords & les côtes _ des-feuilles & des tiges ; ils font beaucoup plus longs que D des blancs qui font répandus fur la furface.de ces parties : ls étoient jaunâtres dans les efpèces fuivantes, qui font le du Brefil, la sragera de Madras Heuilles de ré ifle ; l'itabou des Indiens, ou le grand fainfoin d'Amérique fleurs jaunes, à filique, & qui eft appelé fleur hydragogue jar ion: a cle à feuilles de féné, obtufes & blans « cheâtres en deffous ; la crête de paon qui n'eft pas épineufe, rare Lu membranculs , Jes es à ose ÆFeuchera, 226 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE des variétés de couleur ; mais faut-il toûjours taire ces variétés! Je diraï de plus que lon voit dans plufieurs efpèces un léger pointillé plus ou moins brun, & quelquefois de petits grains blancs, qui en ont fans doute tranfpiré. Ces obfervations conduifent, à ce qu'il me femble, à faire penfer que f1 tous les fénés avoient des ftipules, & toutes les cafles des glandes à godet, on pourroit daiffer fubfifler ces deux genres; & que quoique cela ne foit pas, on pourroit regarder les plantes qui ont les unes ou les autres, comme des fénés ou des cafles, & que celles qui en font privées, fi cette privation eft conftante, pourroient être jointes à la parkinfon, quoique les deux épines de chaque nœud, & ceile du bas du pédicule commun des feuilles, pa- roiffent bien devoir compenfer les ftipules, puifque M. Lin- nœus a obfervé que celles des nœuds n'étoient d'abord que très-peu piquantes: celte différence ne fufhroit-elle pas même pour empécher la réunion de la parkinfon avec les autres genres! Si cela étoit, l'on pourroit faire un nouveau genre des caffes & des fénés qui feroient privés des ftipules où des glandes à godet, & alors l’analogie fe retrouveroit entre les plantes de chaque genre; ce que j'ai infinué au commence- ment de cet article. Le genre de l'huchera a été formé par M: Linnæus, qui, en le faïfant, penfoit qu'il pouvoit être réuni aux itella. M. Vaillant plaçoit la plante qui le compofe encore feule, avec les geunr : on verra, en comparant cette plante avec celles de ces deux genres dont j'ai parlé dans le troifième Mémoire, qu'elle auroit pü être mife au nombre des unes ou des autres, en fuivant le rapport des glandes ; fes feuilles, fes tiges & fes calices font couverts d'une quantité de filets coniques crilallins, parmi lefquels il y a des glandes à cupule pourpre, dont le pédicule eft blanc ; les dentelures des feuilles font épaifles à peu près comme dans les geum, & on voit fur ces feuilles les taches pourpres, longues ou rondes, de ces dernières plantes. Celle-ci, au 4 “mel ee: SC bE Nr c'ErsS0 NY M ar refte, eft la cortufa d'Amérique à fleur d'un pourpre fale: M: Linnæus l'a appelée hcuchera , du nom de Heucher, auteur du Jardin de Wirtemberg. : » ]1 n'eft pas rare de trouver dans un même genre tr plantes des efpèces qui, par leurs farmens, grimpent & sattachent - le long des corps qui en font voifins , & l'on voit fouvent des arbres recouverts d'une plante grimpante qui eur eft congénère : cela ne Jaifle pas de paroïtre d'abord affez fingulier à qui connoît jufqu'où vont les rapports & l'ana- logie qui fe trouvent entre des corps de même genre ; mais ibeft vrai aufli que l'on rencontie dans un genre des elpèces qui fembleroient, par leur port extérieur, convenir avec tout autre qu'avec celui où elles doivent être naturellement placées : Von auroit cependant tort, fur cette fimple propriété extérieure , de la ranger avec celles qui leur paroifient fem: blables. Le P. Plumier n'avoit pas été féduit par de pareils rapports, il avoit mis avec les érables des plantes farmen- teufes, quoiqu'il eût pù en faire un genre particulier, fi, par un examen plus circonftamcié de [a fleur, il y eût reconnu les différences que M. Linnæus y a trouvées; auffi M. Lin- nœus n'a-t-il fait aucune difficulté d'ôter ces plantes du genre des érables ; & d'en faire un nouveau, auquel il a impofé le-nom de Bnédier: auteur qui a ésiaiilé fur les plantes de Virginie. M. Linnæus, en prouvant que les bannières de- voient être féparées dés érables, a refté en doute für ce point; doit-on les joindre avec le genre du sriopteris ou non? -Ce que j'ai obfervé ne n\a pas donné, par les glandes, de “diftinction eflentielle, les uns & les autres n'ont que des | filets coniques, courts, couchés fur les parties qui en font À * fournies, de façon qu'on les prend aifément pour des filets è ven navettes : ils different par leur couleur; ils font fauves * “dans le zonoloumili , appelé vulgairement liane à bouquet, & rapporté par Surian, n° 65 ; dans l'érable grimpant d'A. É mérique, qui a les feuilles de citron, la fleur bleue & en | épi; Er couleur eft blanche dans celui qui a auffi les feuilles | su citron , le fruit jaune & petit, & dans celui qui a les fi Bannifleria, Baoniltére. Tripreriss Acer, Erable. 228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALr» feuilles anguleufes. - Cette efpèce eft celle où-ils m'ont paru. être plus abondans; non feulement les branches à fleurs, les fruits & les nervures “du deflous des feuilles, mais encore toute cette furfice, en étoient couverts: ce que cette efpèce a de plus fingulier, font deux grofles glandes à godet plat & arrondi, fituées en deflous & à l'origine des principales ner- vures qui fortent du pédicule. Elles m'ont paru manquer aux autres efpèces; je n'y ai obfervé que de ces glandes lenticulaires plus ou moins alongées, dont les branches d’un grand nombre d'arbres font garnies: j'en ai vü de femblables, mais beaucoup plus petites, & de courts filets blancs, fur les mêmes parties du sriopteris que j'ai examiné, qui eft F'arbre qui a du rapport à l'érable ou au paliure, qui ne jette point de branches, qui a cinq pétales à la fleur qui forme une belle grappe pourpre, qui a un fruit fec garni de trois mem- branes qui lui forment autant d'ailerons, fuivant l'expreflion de Sloane. Lorfque les filets de ces plantes font tombés; Yon remarque dans quelques-unes un grand nombre de poirits blancs, fur’les feuilles principalement, que je ne crois être que les:mamelons qui portoient les filets, à moins que l'on aimât mieux les regarder comme de petites glandes véficulaires. On en obferve de pareilles dans les vrais érables, & je crois que c'eft à elles qu'on doit les grains blancs & brillants dont les jeunes feuilles de ces arbres font parfemées, & même comme faupoudrées ; je n'ai point auffi bien diftingué ces glandes dans les autres érables que dans le petit de la campagne, dont les feuilles font communément divifées en trois parties , dont le fruit eft petit, liffe, blanc & étendu, & qui eft cité par Micheli dans fon Catalogue des plantes des environs dé Florence : ces glandes y étoient même élevées, & pour fa plufpart d'un affez bel or. I en étoit à peu près de même dans le grand érable dont le fruit a des aïles à demi fermées, & qui eft du même ouvrage de Micheli. Le faux regundo, ou l'arbre à trois feuilles d Amérique de Zentgrafie, & le très-grand érable de Virginie, à feuilles découpées en trois ou en cinq parties, cités dans les ouvrages de Plukenet, ' AAMADUE" SY:S :C 1'E N:C ES 229 m'ont paru m'avoir de ces véficules que lorfque les filets étoient tombés. Toutes les autres efpèces que j'ai examinées ren ont bien fait voir, mais elles y étoient beaucoup plus petites & beaucoup: plus rares : ces efpèces font les fix emières des Inftituts & leurs variétés, dont M. Vaillant parle dans fon grand Catalogue des environs de Paris, les deux du Corollaire. de M;:de Tournefort, celle qui, au Ca- nada, donne une efpèce de fucre, celle de Madras-à feuilles d'alaterne, &-dont les ailerons des fruits font fimples. Tous ces érables ont des filets, fur-tout dans les angles des nervures dés feuilles, fur.ces nervures & fur les fruits où ils font petits &couchés;. mais ces filets font peu abondans, & il n'y a point d'efpèces qui en aient autant que les fuivantes, dans la dénomination defquelles on a même fait entrer cette propriété, Deux de ces arbres viennent de Virginie, fun eft de Plu- kenet, l'autre eft rapporté dans le Jardin d’Amfterdam ; Le premier eft défigné par la grandeur de fes feuilles, par leur fürface inférieure qui eft argentée, .& par celle de deffus qui eftd'un verd reluifant ; le fecond a le deffous des feuilles blancheître, les fleurs d'un verd rougeître. Les deux derniers que j'aie vûs font l’érable de Canada à feuilles velues en deffous & découpées en trois lobes, & l'arbre qui reflemble à un érable & dont les feuilles font velues en deffous ; celui-ci eft : detPétiver ;l'autresdesSarrazin.:1}s5 amer 1e 22 | + Le grand nombre des Ychnis ou lampettes dort il.eft parlé dans des Inftituts de M. déTournefort, demandoit fans doute qu'on tâchât de trouver des marques caraétériftiques fufffantes . pour qu'on püt divifer ce genre en plufieurs. I paroît par ‘herbier de M. Vaillant, qu'il avoit penfé à travailler à cette “cri il tiroit {es caraétères principalement du nombre «des capfules que de fruit avoit. M. Linnœus à rempli cette idée, mais ce grand Botanifte, toûjours fcrupuleux fur la certitude des vrais caractères des plantes , fur ceux que la . Nature fuit fans fe démentir, n'a pà fe refufer aux doutes _ “qu'ila eus fur ceux qu'il a obfervés. Il demande, donc fi Yon ne pourroit pas réunir celui qu'il appelle chroferma à | : Ff iÿ Agroffemmas Gañte. Coronaria, Armoirie. Lychnis, Lampette. Cucubalus, Silene, 230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALe celui à qui ä a donné le nom de coronaria, & celui du ychnis au cucubalus de M. de-‘Tournefort, & au filene, qu'il a formé lui-même. ‘ Je n'ai rien vû de bien différent que dans les flene : ces plantes ont avec les filets coniques à valvules des autres genres, des glandes à cupules, qui, à ce que je crois, doi- vent conftater pour toujours ce genre de plantes. Je penfe que toutes celles dans la phrafe defquelles on a fait entrer la propriété qu'elles ont d'être vifqueufes, doivent être de ce genre : alors celui-ci fera jufqu'à préfent le plus nombreux ; car outre toutes les efpèces qui font appelées dans les Inflituts & dans le Corollaire du nom de vifqueufes, foit que la liqueur forte de filets à cupule, foit qu'elle fuinte des parties mêmes, il faut encore y joindre celles des mêmes ouvrages qui ont des calices ftriés & renflés, celles qui y font dites fleurir la nuit, plufieurs de celles qui ont porté le nom d’ocymoides , où qui ont été comparées à l'efpèce qui a eu la première ce nom, comme celle qui a la fleur verte & les trois qui la füivent, qui ont la fleur fimple ou double, la grande ocymoide rampante des montagnes, celle des campagnes de Montpellier qui a le piftille de la fleur blanc & recourbé, la dernière de la page 337, la petite ou la blanche , celle qui s'élève en arbre & qui reflemble par fes feuilles au myrte, celle des campagnes qui eft velue, annuelle, qui a la fleur petite & de couleur de chair, fa petite velue à fleur panachée, celle à feuilles de linaire, à fleurs petites & abondantes, celle d'Efpagne, qui a auffi beau- coup de fleurs & qui a les feuilles de ka}, celle de Portugal, | qui vient fur les montagnes & qui fent mauvais, enfin les … deux dernières dont une eft de F'ifle de Corle, & Fautre » qui a des feuilles femblables à celles de la véronique. Les | elpèces du Corollaire font, outre celles dont le calice eft pyramidal & ftrié, celles dont on a comparé les feuilles aux - feuilles de la paquette, du pourpier fauvage, à l'œillet des prés, au muffle de veau, à la faponaire & fa variété qui eft | à fleur double. # | + À M HET ScrEmcEs, | gr A cés Mn. il faut encore joindre les fuivantes qui font citées dans différens Auteurs; les trois premières font des ouvrages de Micheli, favoir, celle du n.° 12 $ des plantes de Rome & de Naples; la 122 de celles de Florence, la 1 15 des plantes d'Italie & d'Allemagne; la grande de Dublin qui eft vivace, qui fleurit la nuit, & qui, felon Linnæus, n'eft qu'une variété de fa première f fi lene ; la très-petite qui fleuri suffi {a nuit, qui eft velue & citée dans le catalogue des plantes de Montpellier; trois d'Orient de 'Herbier de M. Vail- dant, dont lune a des feuilles qui font comparées à celles de la globulaire; les deux autres lui avoient été envoyées par M. Sherard, l’une eft défignée par {es feuilles très-étroites, es fleurs blanches & en épi, fa tige qui s'élève en arbre, Les feuilles lifles, l'autre par fes feuilles velues, vifqueufes, {es fleurs petites , enombelle, &. fes caplules longues ; deux |jautres du même Herbier, dont l'une eft d'Efpagne, amnuélle, à feuilles d’œillet prolifere. & à fleur blanche ; l'autre vient “dans les Alpes, elle a‘une fleur incarnat, les calices longs, welus, pendans , fuivant la dénomination dé Cupani ; l'œillet des Alpes à calice oblong, velu, qui eft de fecond de Galpar :Bauhin; celle que Boccone appelle lampette maritime, qui eft velue, qui s'étend fur terre, qui a les feuilles épaifles ; celle qui reflemble à Focimaffrum , qui ta la fleur très-petite, qui Wient: très-haut, fuivant Triumphetti: enfin une du jardin univerfel, qui eft appelée Jampette maritime, blanche , rouge en deflous, vifqueufe ; _velue, à feuilles épaiffes ; ‘un eu larges, & femblables à celles de la plante nommée reille de fouris. + On démontre les Ripigea au Jardin du Roi, & on les lle, l'une, lampette des Alpes, qui s'abid: fur terre, Re fleur & le calice oblongs, Yautre, lampette des bords mer, à larges feuilles & à. fleurs pétites & rouges; les es d’une troïfième font comparées à celles de la linaire, Ile jette un grand nombre de tiges ; fa fleur eft très-petite & «double: une quatrième vient d'Egypte, elle eft annuelle, très- | : he rameufe, la fleur eft pourpre, les feuilles nerveufes; 2932 Mémoires DE LACADÉMIE RoyaALr une cinquième qui eft vifqueule ; qui a les feuilles de grande joubarbe, les fleurs un peu vertes, & qui vient très-haute: ce genre, comme on peut le voir, fera des plus nombreux, puilque fi Ton comptoit les efpèces dont je viens de parler, -on «en trouveroit déjà plus d’une foixantaine. Toutes les autres elpèces rapportées dans les Inftituts & Je Corollaire, que j'ai examinées; ne m'ont fait voir que des filets coniques à valvules, ou bien elles étoient lifles. Je les “ai prefque toutes vües, car outre les vifqueufes, ‘il ne faut excepter de la page 334 des Inftituts, que la 7; 8, 22, «encore ne {ont-elles peut-être que des variétés de celles qui les précèdent, la 1 de la page 336, & la 12: celle-ci eft fans doute une variété de la petite efpèce velue de {a cam- -pagne; elle n'en diflere du moins, felon M. de Tournefort, -que parce qu'elle eft plus grande. Il y en a fix de a page -337 à excepter, favoir, da 4, 8, 10, 12, 13, 18, qui -paroiffent être de vraies efpèces ; de la page 338,les 1, 4, 7, 8, 17, 21, 26, 28. Des 29 du Corollaire, celles que -je n'ai pas obfervées, font les 1, 6, 13, 16, 23, 26, & les trois dernières: de toutes les efpèces de ces deux ouvrages, ‘il n'y en a donc que 28 à excepter; & fi l'on compte les swariétés & les efpèces qui y font rapportées, comme j'ai fait, le nombre fe monte à 146. Ce qui sen manque pour que ce nombre foit complet, fera rempli par des efpèces citées dans d’autres Auteurs; celles des n° 253; 711, 957, 997 du catalogue des plantes des environs de Rome & de Naples par Micheli, doivent y être comptées; la lampette à feuilles de Jin, qui a les têtes de fleur groffes & éloignées ; celle qui eft à fleur jaune, & qui reflemble à Ja globulaire par fon port & par là façon dont {es fleurs font ramafiées en tête; ces deux font de Barrelier; la fuivante eft de Boccone,: il l'appelle lampette rouge, à tête de globulaire; la petite qui.eft roide, trouvée par Chartier, & citée par Jean Bauhin; celle que Volkamer appelle petite lampette d'Afrique à fleurs pourpres & qui eft annuelle; une de l'Herbier de M. Vaillant envoyée par M. Sherard, fous le mms: S cux un cs 233 le nom de lampette d'Orient à feuilles étroites, calice flrié & chagriné, font auffi de ce genre. J'ai encore trouvé ‘dans l'Herbier de M. Vaillant, les trois fuivantes qui y font fous le nom de fampette vivace, blanche, à feuilles épaifles de giroflée, de lampette des campagnes de Crète, à petite fleur pourpre & calice ftrié, de lampeite qui s'étend fur terre, qui a les feuilles de pourpier, épaifles, d'un verd noir , la fleur blanche & les pétales fendues en deux : celle de Virginie qui elt annuelle, qui a les feuilles étroites, da fleur très-petite, celle qui eft appelée par les Septentrio- maux, gollobjerber, & qui eft à fleurs blanches, celle de Ruffie à feuilles d’hyflope, à fleurs blanches, & qui eft vi- vace, celle d'Egypte qui eft annuelle, petite, à petite fleur pourpre, font démontrées au jardin du Roï fans citation. Dans ce grand nombre, quelles font celles qui font liffes, fuivant ce que j'ai annoncé ci-deflus? les efpèces dont on a comparé les feuilles à celles de la percefeuille, le font en- tièrement; leurs feuilles & leurs tiges étoient feulement cou- vertes d’une fleur blanche, qui les fait paroïître d’un verd blancheître : les fuivantes me l'ont paru auffi, favoir, celle qui a les feuilles femblables aux feuilles de la valériane rouge du Corollaire, celle d'Efpagne à feuilles de kali, celle des Alpes qui a beaucoup de fleurs femblables à celles du lin: ces deux font des Inftituts; l’œillet à feuilles de lin, lifes, à calice quadrangulaire & qui a beaucoup de fleurs; la centaurée de Ceylan, à feuilles & fleurs de lampette; celle qui reflemble | à un chiendent, qui vient fur les rochers, qui a les fleurs pourpres & en ombelle, du jardin univerfel; l'oreille de fouris d'Orient, à feuilles de percefeuille, & qui reffemblent à celles du Dehen blanc; enfin celle de Plukenet, qui vient des Alpes, qui a des feuilles de mouffe, toufiues, la fleur petite, le calice roïide. M. Vaillant avoit donné le nom d’affnoides à ces elpèces, excepté à l'oreille d'ours qu'il plaçoit avec les behen, - il rangeoit les autres avec les lampettes. … Les /ehen, après celles-ci, font les efpèçes qui font les moins welues; il faut mettre de ce nombre toutes celles des Inftituts 4 Mém. 175 0. Gg 234 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qui ne font pas vifqueufes, celles de la campagne qui font défignées par leurs fleurs blanches & fimples, le cucubalus de Pline. M. Linnæus les a toutes réunies fous ce nom: on pourroit y Joindre la lampette annuelle, blanche, fimple, à calice ample & renflé en veflie, de M. Boerhaave; celle que M. Linnœus appelle agroflemma, a beaucoup de longs filets : les coronaria en font aufli très-bien fournies, mais les leurs différent de ceux des précédentes, en ce qu'ils fe con- tournent & forment ainfi une efpèce de vermicelli qui couvre fur-tout le deffous des feuilles. Les coronaria des Inftituts font de ce nombre; j'y placerois celle que Micheli appelle lampette des Alpes, qui vient fur les rochers, qui eft très- bafe, un peu velue, qui a une fleur blanche, le calice très- ample & ouvert; fes filets du moins fe contournent aufi. Toutes les autres efpèces dont il a été queftion, m'ont auffi fait voir des filets plus où moins longs; dans les plus petites, ils font ordinairement les plus courts, & alors ils ont une certaine roideur : le plus communément on en trouve fur les feuilles, les tiges & les calices; il y en a cependant où les tiges font liffes, & alors elles ont une fleur blanche, comme dans celle d'Orient à feuilles de bsplevrum où oreille de lièvre; enfin un grand nombre ont des véficules fur leurs feuilles, & ce font le plus ordinairement celles qui font les moins garnies de filets: ce qui me fait penfer que ces véfi- cules ne font que les mamelons qui ont porté ou qui auroient rté des filets. On peut voir ces véficules dans plufieurs behen , dans celle qui reflemble à l'oreille d'ours, dans celle qui eft velue, qui a une fleur d'un rouge d’écarlate, dans le pain de coucou, dans plufieurs faponaires, dans la lampette du n° 711 de Micheli, dans celle à tête de globulaire, citée par Boccone, & dans plufieurs autres; les calices de celles qui ont été nommées affinoides par M. Vaillant, comme je l'ai dit plus haut, font pointillés de blanc : ces petits points pourroient bien être de petites glandes véficu- laires. Je n’en ai pû remarquer dans les vifqueufes, cepen- dant celle qui eft pourpre, à larges feuilles, qui eft life & ombre dést-en n - nette. 08 LOUER DE TS. CEE Sie PARUS: SC LUE NICUENS: 235 vifqueufe, m'en a beaucoup fait voir; elle avoit peut-étre en partie perdu les cupules, ce qui arrive, à ce que je crois, dans celles où la liqueur vifqueufe fort des parties mêmes. Je l'ai remarqué ainfi dans celles de nos campagnes qui ont, pour ainfi dire, la fleur aufli imperceptible que celle des moufles ; dans celle des campagnes de Montpellier, qui a une fleur femblable à celle de ces dernières; dans la blanche à larges feuilles & lifles; dans celle de Crète à feuilles étroites, dont le pédicule eft trèsong, & qui a les capfules pyrami- dales; dans celles d'Orient à feuilles de bugloffe, de petite centaurée jaune, & peut-être dans la petite de Sicile, dont le calice eft très-grand & flrié, que Dillenius appelle vifcago ; enfin dans celle qui eft femblable à l'oreille d'ours, à qui Jean Bauhin avoit aufi donné le nom de vi/cago. J'obferverai avant que de finir cet article, que les ftyles de prefque toutes les efpèces, pour ne pas dire de toutes, font chargés de filets vermiculaires d’un blanc argenté & brillant, On peut maintenant décider fur ce qui regarde la réunion ou la non-réunion de ces différens genres: je crois qu'on peut laifer fubfifter celui de floue, & que la petite différence des coronaria peut mériter attention. Gei 236 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . OBS" ERV A T TOM DELECLIPSE TOTALE DE LUNE Du 19 Juin 1750, Par M DE THURY. ES nuages qui étoient à l'horizon, à l'endroit où la Lune devoit fe lever, ne nous permirent de la voir que lorf- qu'elle étoit déjà élevée de plus d'un degré. À 8 heures & quelques minutes, nous découvrimes une petite partie du difque de la Lune, laquelle n'étoit pas aflez diftinte pour que l'on püt déterminer avec précifion fa quan- tité de la partie de la Lune qui étoit déj* écliplée. La Lune, à mefure qu’elle montoit fur l'horizon , paroifloit avec plus de clarté, & nous déterminames aflez exactement le temps de l’immerfion totale à 8h 27° 30”. Pendant la durée de limmerfion totale, l'on voyoit très- diftinétement le difque de la Lune d'une couleur rougeitre, avec diverfes nuances de clarté qui fe font fuccédées les unes aux autres jufqu'à l’émerfion totale, que nous avons jugée d'abord à 9h 52° 30", & plus certainement à of 53" 40": nous nous fommes férvis d’une lunette de 8 pieds, garnie de réticules, pour déterminer les autres phafes de l'éclipfe, A 9% 58 50" ombre à Grimaldi. 9. 59. 40 un doigt. 4 10. 6. 10 Galilée découvert: 10. 6. 5o deux doigts. 10. 11. © Mare humorum découvert, 10. 12. © Âriftlarque découvert. 10. 14. Oo trois doigts environ, la Lune fe couvre:. 10. 17. 50 Îa Lune fe découvre, & l'ombre à Tycho. 10. 19. 30 quatre doigts, Tycho découvert. 10. 26. o cinq doigts environ. MAMSDVE Sir SC LE N'C:E:S 1 227 + À 10h 30° 50" fix doigts environ, la Lune ne paroïît qu'entre les nuages. 10. 38. 20 huit doigts environ. 10. 43. 50 Menelaüs fort. 10. 46. 20 neuf doigts. ‘lo, 46. 50 Pline fort. 40. $1. 10 dix doigts environ. 10. 56. .o un doigt environ. 10. 59. 20 la Lune fe cache. En comparant le temps de limmerfion totale avec celui de l'émerfion , l'on a le temps ‘de la demeure dans l'ombre de 1h 26° 10", & le milieu de Fécliple à oh 10° 35". Nous avions obfervé depuis le 1 3 de ce mois le paffage de la Lune au méridien ; le 1 8 Juin, veille de l'éclipfe, quoique la Lune ne parüt qu'entre les nuages, il nous réuffit cepen- dant d'obferver le paffage de fon bord précédent à 1 1 10” 41", & la hauteur apparente du bord fupérieur, de 1 64- 2 8’ S OZ Ayant calculé, fuivant cette obfervation, la longitude & la latitude de la Lune, nous avons trouvé, en fuppofant Yafcenfion droite du Soleil de 874 11° 20", & la parallaxe de hauteur de cd 53’ 40", la longitude de la Lune de 1 64 28" o", & fa latitude de 14 19° 15". Les Tables de mor père donnent Îa longitude pour ce temps, de 164 28’ 21”, & la latitude de 14 20° 51”. Celles de Flamfteed donnent la longitude de 1 6 26’ 38”, & la latitude de 14 20’ 25”. Cette conformité entre le calcul & les Tables de mon père, étoit une preuve que les phales de l'éclipfe arriveroient à peu. près dans le temps marqué dans la Connoiflance des Temps; » c'eft ce que l'on remarque dans les différences, qui ne vont guère qu'à une minute de temps, & l'on fait que c’eft à peu: près la précifion que lon peut attendre de la détermina- tion des phafes d’une éclipfe de Lune. L'obfervation du paffage de la Lune au méridien , faite le: jour même de lécliple, confirme encore le rapport des Tables avec l'obfervation : la Lune, qui sétoit cachée vers k fin. Ga ij 238 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de la fin de l'écliple, reparut quelque temps après, & nous la vimes très-diftinétement à l'heure de fon paflage au mé- ridien, qui arriva à 128 6° 40": fa hauteur méridienne du centre de la Lune fut obfervee de 164 44 55", & le pañage du difque de la Lune, de are Le calcul de cette obfervation donne la longitude de Ja Lune de 294 56’ 23", & fa latitude de of $" 40"; les Tables de mon père donnent le lieu de cette planète, pour ce temps, de 294 55° 55”, & fa latitude de of 7° o”; celles de Flamfleed donnent la longitude de 294 5 5° 2", & la latitude de od 6 17". Je ne rapporterai pas ici le calcul des autres paflages, je me contente d'expofer ici les oblervations mêmes, & je laifle à ceux qui voudront en faire ufage, le choix des élémens qu'il faut employer dans le calcul. Paffage au méridien du Hauteur méridienne du bord précédent. bord fupérieur. Ler2 Juin ah raie." 3020 14 Juin 9. $4. 172%++-+.. 26. 20. 45 ns Unin re 8180 MS EME 220 Me 17 Juin 10. 17. 255...... 17. 20. 25 Bord fuivant 20 Juin 13. 2. 38 ....... 18. $7. 45 DES SCciEeNcEs. 239 DÉRESSEGR PA TEI,O N \DE L'ECLIPSE TOTALE DE LUNE Du 19 Juin 1750, FAITE À L'OBSERVATOIRE ROYAL, Par M. DE Foucurx. A Lune fe devoit lever éclipfée à peu près de huit doigts; mais l'horizon fe trouva fi chargé, que je ne pus l'apercevoir que vers 88 24’: elle me parut alors édlipfée d'environ onze doigts, & à 8h 27° 35" je ceffai de l'aper- cevoir , fans pouvoir cependant aflurer bien pofitivement fi ce moment étoit celui de l’immerfion totale, ou fi c’étoit le brouillard qui la failoit difparoitre. Pendant le temps que dura l'obfcurité totale, l'air fut pafña- blement frein , & je vis affez diftinétement le corps de la Lune fubir les changemens de lumière & de couleur qu’elle à coûtume de fubir en pareil cas ; j'obfervai enfuite le recouvrement de lumière & les phafes fuivantes avec une lunette de 7 pieds, de la conftruction de M. Roëmer, & garnie de fon réticule. À oh $4 o” recouvrement de lumière, 9. 58. 24 l'ombre à Grimaldi. ROM AO 0100 s1e PERRET …... Jadoigt, 10. 5. 50 à Galilée OR ONE OR CRE re ir 10 10. 12. O à Lanfbergius. TÉNNE MEME OOrAT MER + 9 LENCO SOA, 10. 22. o à Hélicon. HOME Hole... .... 1.07 MONA OMS ONE. close sais e 6 Les nuages, qui jufqu'alors avoient paflé en médiocre 240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE quantité, couvrirent totalement la Lune, & je ne pus rien oblervér qu'à travers les moins épais; ainfi les obfervations fuivanies ne doivent pas être regardées comme auffi ceriaines -que les précédentes. ARTONES TO "LE Qi iso! euetele DIS JOB NOM: 1S 0e Ra PNR Et 10. 38. 5o a Fracaftor. 1045202 Ole AT eee De HOMO O) ot doit fois à do tioy ee La Lune fut alors couverte de nuages, qui ne me permirent plus de rien obferver, Si l'on veut s'en fier à limmerfion totale, cette phale & Je recouvrement de lumière donnent la durée de Fobcurité totale de 1b 26' 20", & le milieu de l'écliple aura été à 9h 10° 35". ‘ METHODE DES SCIENCES 241 METAODESEACILE POUR FAIRE TELS QUARRES MAGIQUES QUE L'ON VOUDRA. Par M. D'ONS-EN-BRAY. Le difficultés que j'ai trouvées en voulant n''amufer à la campagne, à conflruire des quarrés magiques fuivant les méthodes qui font favamment traitées dans nos Mémoires & ailleurs, par M's Frenicle, Sauveur, de la Hire, Ozanam, par le P. Preftet & par le P. Kircher Jéfuite, par M. l'abbé Poignard & plufieurs autres, m'ont donné occafion de cher- cher quelque méthode qui füt plus ailée à mettre en pra- tique, que celles qui ont été propolées par tous ces Savans. Je ne prétends pas donner ce que j'ai fait fur cette matière, comme un traité complet des quarrés magiques; je le pro- pole feulement comme un eflai qui peut faciliter la pratique des méthodes déjà décrites, & les mettre à la portée de tout le monde, quelque grands que puiflent être ces quarrés magiques. xh ‘a Tous ceux qui ont parlé des quarrés magiques, les dif- tinguent en impairs & en pairs, en progreffion arithmétique, .. géométrique & harmonique, par une fuite de nombres ou . de lettres différentes: mais comnre tous ces différens quarrés fe font par les mêmes méthodes que celles qu'on va expli- quer pour les nombres en progreflion arithmétique, je ne parlerai que de ces derniers. _ Je me fuis donc propofé de donner en deux Mémoires, . les quarrés magiques. Je traite dans le premier, qui eft celui-ci, des quarrés magiques qui fe forment par une fuite de nombres ou de lettres différentes; je réferve à traiter dans le fecond Mémoire, des quarrés magiques qui fe font par une fuite de nombres ou de lettres répétées, Mém. 1750, Hh 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je confidère les quarrés «magiques comme impairs ou comme pairs: quant aux quarrés magiques impairs, je n'ai point cherché de méthode nouvelle, en ayant trouvé une très-aifée de M. Frenicle & autres, dans nos Mémoires, qu'on pourra fuivre. Pour ce qui eft des quarrés magiques pairs, je les diftingue en pairement- pairs, & en impairement-pairs; j'entends par quarrés pairement- pairs, ceux dont la racine ou le nombre des cellules de chaque bande peut fe divifer par 4, ou bien, ceux dont la moitié du côté ou de la racine eft un nombre pair, comme les quarrés de 4, 8, 12, 16, 20, 24, 28, &c. par quarrés impairement- pairs, j'entends ceux dont la racine ou le nombre des cellules de chaque bande eft divi- fible par le feul nombre pair 2, ou bien, ceux dont la moitié du côté ou de la racine eft un nombre impair, comme les quarrés de 6, 10,14, 18,22, 26, 30, &c. Les deux méthodes que je vais donner, apprendront à les faire fans peine. PREMIÈRE MÉTHODE, Pour faire tous les quarrés magiques pairement-pairs, avec des nombres donnés en progreffon arithmétique , felon l'ordre naturel des nombres 1,2, 3:40 x [. faut diviler le quarré qu'on veut faire, en autant de cellules ou cafes qu'il en doit contenir, cet de que le quarré de 4, doit avoir quatre cellules de face fur quatre de hauteur; ce qui donne feize cellules dont le quarré de 4 eft compolé, puifque 4, côté du quarré multiplié par lui- même, produit 7 6. Pareillement, fi vous multipliez # par 4, vous aurez C4, qüi eft le nombre des cellules dont le quarré de 8 eft formé, = & ainfi de tous les autres quarrés pairs & impairs. I faut fe rendre familière la manière de remplir les cellules d'un quarré de z, puifque par la méthode que je vais donner, tous les quarrés pairement-pairs font compolés de quarrés de 4: \ PAIE" S'c LE Mc ENS : 243. Je propofe deux manières pour former le quarré de 4, j'ai trouvé la première décrite dans M. Ozanam; elle m'a aru très-aifée, quand il n'eft queflion que de former un quuré fimpie de 4: la voici telle qu'il la décrite, « Ayant fait un quarré a, D, c, d, on remplira d'abord Me Fig. 1.97 b les diagonales à — d, b—c: pour y réuflir, on commencera par compter les nombres fuivant leur fuite natu- f relle, r, 2, Jr 4, &c fur les cafes a— D, de n gauche à droite, & on ne Marquera que 7 & 4 dans les cafes a & à qui appartiennent aux diagonales. On comp- tera enfuite les autres . nombres ÿ, 6, 7, 8, fur les cafes de Ia feconde bande e, f, de gauche à dioite, & l'on ne marquera que 6 & 7, dans les cafes qui appartiennent aux diagonales: puis on comptera 9, 10, 11, 12, fur les cafes de Ia troifième bande g, 4, de gauche à droite, & lon ne marquera que 10 & 717, dans les cales qui appartiennent aux diagonales. Enfin on comptera 17, 14, 1$, 16, fur les cafes de la quatrième bande c, 4, de gauche à droite, & l’on ne marquera que des nombres r > & 1 6, dans les cafes ç, d, qui appartiennent ‘aux diagonales, » M Hhÿ 544 MéÉnoïREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Acb Tiges ep « Ces diagonales étant » ainfi Jemplies, on » remplira les cafes vui- » des; on commencera » par compter les nom- f » bres fuivant leur ordre » naturel 1,2, 3,4, fur k” les cales de la bande » d, c, en commençant » par la cafe 4, & allant » ici de droite à gauche, » & l'on écrira le 2 & FE: » le 3 dans les. cafes EE de (NOT RE sgh Let » vuides: on continuera de même par lés bandes 4—g, f—e, » & b—a; en allant toüjours de droite à gauche, le quarré » fera rempli de manière que la fomme de chaque bande & » de chaque diagonale fera 34, en quelque fens qu'on les prenne. » Cette méthode eft fort bonne, quand les feize chiffres vont tout de fuite; imais quand il n'y a que huit petits chiffres avec leurs complémens, elle devient fouvent embar- raflante, & l’on peut facilement fe tromper. Voici une feconde manière que je propole pour remplir le quuré de 4, dont tous les quarrés pairement-pairs fe trouveront faits; je la trouve plus fimple que ce que M. 4 Frenicle en dit dans les ouvrages de Mathématique & de ? Phyfique de l'Académie royale des Sciences, & l'on eft moins fujet à fe tromper. x Formez-vous des tables avec les nombres dont le quarré que vous voulez faire doit être rempli, par exemple: Si vous n'avez qu'un feul quarré de 4 à remplir, lequel n'eft compofé que de feize cellules, écrivez de fuite les huit premiers petits nombres, que j'appellerai petits chiffres, & placez au deflous & à rebours, les huit derniers, que j'appel- lerai grands chiffres, qui deviendront les complémens des huit Dis. S'ecrxrnCEs 24$ premiers, puifque les deux placés l'un fous l'autre, donnent 7 Fe OE AN TRE ARR DEEP ds 8. Petits chiffres. 10, 15, 14 131 12, 11, 10, 9. Grands chiffres. ‘Ou bien, au lieu d'écrire ces tables fur le papier, ayez de petits quarrés de bois ou de carton, blancs d'un côté, & jaunes de l'autre, pour diftinguer vos diagonales, f: vous le voulez. Ecrivez fur ces petits quarrés, le même chiffre deflus & deflous, rangez-les devant vous, & on fuppofera pour plus grande facilité, que les nombres dont les cellules doivent . étre remplies, commencent par l'unité, & qu'ils s'entrefuivent _ ‘avec la différence de fa même unité, comme font r, 2, 7, 4 5, 6, &c. car en ce qui dépend de placer & ranger les "nombres dans les cellules, il n'importe pas quel foit le moindre _ nombre, ni quelle différence ils aient entre eux; il fufht uils foient en progreflion arithmétique, ou qu'ils fe fur- montent l'un l'autre d’un excès toüjours égal, comme 7, 7, Pince Sol Ts |14, 175 … Prenez les feize premiers nombres, que vous rangerez na- turellement fuivant le quarré n° 1, & fans toucher aux quatre chiffres qui terminent les deux diagonales, changez en croix les deux chiffres de chaque bande extérieure contre _les deux chiffres de fa bande ‘oppofée, c’eft-à-dire, mettez le chiffre a à la place du chiffre 4, le c à la place du à, & ainfi des autres, comme vous le verrez dans les quarrés . ci à côté, & l'on aura la figure fuivante n° 6. o ” IRD 12 & L DE de 146 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Pour former donc quelque grand quarré pairement-pair MUR SIC N CES IN ur que ce foit, il faut partager vos nombres en deux parties égales, & ranger la moitié de ceux qui doivent compofer _ votre quuré, & que j'appelle petits chiffres, {ur une ligne, placer enfuite l’autre moitié de ces nombres que j'appelle grands chiffres ou complémens, fur une autre ligne inférieure & à rebours; enfuite les féparer de £ en & avec leurs com plémens, pour pouvoir en former autant de quarrés de z, compolés de feize cellules, qu'il en entre dans le quarré qu'on veut faire, en fuivant toüjours la manière du quarré de z, décrite ci-deflus. | . Les règles que je vais donner, ferviront de guide pour tous es autres quarrés pairement-pairs, tels grands qu'ils puiflent être, par exemple: : St vous voulez former le quarré de 2, mettez dans une même bande les'trente-deux premiers nombres z, 2, Pr 4 5, 6, ec jufqu'à 72, & placez au deflous de ceux-là Îes trente-deux nombres fuivans, mais dans un ordre renverl, comme on fa dit ci-devant, mettant > 3 lous 32, 4 fous 31, 35 ous 30, dc ainfi qu'on Le voit ci-après. UE rilrz DE 15/16917{18|19120 5756|55 belle Les nombres de Ia feconde bande font les complémens de ceux de la première, puifque les deux pris enfémble font toûjours la même fomme qui, dans notre exemple ci-devant, ft C5: cela fait, divifez vos bandes de £ en & nombres, tant dans la bande fupérieure que dans linférieure; vous aurez dans chaque portion, feize nombres, favoir, huit petits avec leurs huit complémens; dont vous formerez autant de quarrés de 4 ou de feize cellules. 21)22 44143 23124425 38 Ds is © 2e 2] 33 3 per: 3715613513 STE SR A | _ : L'on agjira avec les feize nombres de chaque portion ou tranche, quoiqu'ils ne foient point de füite, de la même manière que sils l’étoient, plaçant d'abord les quatre plus petits dans une bande fuivant leur ordre naturel, & les quatre . füivans dans la bande au deflous : on mettra dans la troifième p ‘248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE bande les quatre plus petits de Îeurs complémens , pris auffi fuivant leur ordre naturel ; & enfin, dans la quatrième bande, & dans le même ordre, les quatre derniers, ainfi qu'on le voit dans le premier des deux quarrés ci-deflous, où l'on a placé les feize nombres de la première portion ou tranche. FLE 2,m6 Cela fait, fuivez Ia règle du quarré de 4, ci-devant décrite, poriez le nombre de 4 en b, & celui de à en a; celui dec en d, & celui de d'en c; celui de e en f, & celui de fene; - enfin celui de 4 en g, & celui de g en 4, fans avoir touché aux diagonales, & ces feize nombres feront difpofés de ma- .nière que ceux de chaque bande & ceux des deux diagonales feront la même fomme, comme on le peut voir dans le fecond quarré ci-deflus. L'on opérera de la même manière pour difpofer magi- quement les feize nombres de chacune des autres tranches : ces quatre quarrés étant faits, on les placera à côté les uns des autres, de quelle manière on voudra, pourvû qu'ils faflent an quarré, & l'on aura le quarré magique de 8. Cette méthode eft générale pour tous les quarrés paire- ment-pairs; on la mettra en pratique en partageant par de gros Ar um IS LS LC UAE NC EN TO MUNR 4 gros traits, le quarré pairement-pair propolé, en autant de quarrés de Z qu'il n peut contenir : ainfi Le quarré de 12 de trouvera divifé en neuf quarrés de 4; celui de 76, en deize quaués de 4; celui de 20, en vingt-cinq quarrés de #2; & celui de 24, en trenteix quarrés de 4, dx. enfuité on remplira tous ces quarrés de 4, l'un après l'autre, fuivant qu'il eff marqué ci-deflus. Cette méthode eft d'autant moins pénible, que l'on peut ceffer, quand on veut, la conftruétion d'un quarré, & Îa Æeprendre, fans craindre de fe méprendre & de fe fatiguer da tête. | ta Obfervez qu'on a marqué dans chaque quarré de 4, les plus petits des petits chiffres pat une barre au deflous, & Mes plus petits des grands chiffres, par! une: croix. : Le tableau fuivant mettra au ait dés chofes qu'il n'a pas “paru méceflaire d'expliquer plus en détail: les titres de chaque * colonne indiquent æ qu'elle contient, favoir, le! nom de ‘chaque quarré, le nombre des cellulés & des chiffres qui ’compofent chaque quarré entier, 4e nombre des quarrés de 4 qui ÿ entrent, la quantité des petits & grands chiffres, *& enfin le nombre des quarrés de Z qui forment chaque : bande, foit horizontale, bit etienne. Les deux quarrés de 72 & de 76 ci-après, démontreronk la fimplicité & Ia füreté de cette méthode, « Mém. 1750. li 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLEAU, pour les Quarres magiques. pairement-pairs , faits par des quarrés de 4: Méthode première. é NOMBRE | NOMBRE NOMBRE des’ Quarrés Nombre |-Nomere des cellules d d des Quanres| & des chiffres tue É de leur | Quarrésde 4, dont chaque etits de. P pour ; uarré : mt à chaque Quarré.| 1 chiffres, |complém. chaque quarré. eft compofé. Ali: i 8 64. 4 12 144: 9 256 251 , SCIENCES. Quarré de 12. DES 252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Quarré de, 16. LED'ELS SCIENCES 1 453 SECONDE MÉTHODE Pour conffruire les quarrés magiques impairement pairs, . avec des nombres donnés en progreffion arirhmétique, Jelon l'ordre naturel des nombres x, 2, 3, 4, 5,6, de. J'ai déà dit que je nommois guarrés impairement-pairs, ceux dont la racine quarrée eft divifible par 2, & non pas divifible par 4, comme les quarrés 36, 100, re. dont les racines € & ro font paires, & non divifibles par 4 Fous les quarrés magiques impairement- pairs peuvent être faits par le moyen des quarrés magiques pairement-pairs, auxquels on ajoûte fimplement un pourtour; & comme on a vü dans [à première méthode, que tous les quarrés ma: giques pairement-pairs fe réduifoient à la conftruétion du quarré de z, on voit que la feconde méthode, pour conf- truire les quarrés magiques impairement-pairs, fuppole {eu- lement qu'on fait faire un quarré de z, & demande de plus une méthode pour faire les pourtours qui doivent entourer les quarrés pairement-pairs : mais avant d'expliquer fa ma- nière d'arranger les chiffres dans ce pourtour, il eft néceffaire d'expofer comment on fait le choix des chiffres qui doivent - compofer le quarré pairement-pair du milieu, & celui des chiffres qui doivent entrer dans le pourtour. | Afin de mieux faire entendre le choix de ces chiffres, je - prendrai pour exemple le quarré de 6, qui demande trente- - fix nombres. | | … On rangera fur deux lignes les trente-fix nombres qui » doivent remplir le quarré de. #, en écrivant de fuite dans … ha première ligne, les dix-huit premiers chiffres que je nomme » petits où premiers, & en mettant dans la feconde ligne & _ à rebours, les dix-huit chiffres fuivans, que je nomme /éconds où grands chiffres, comme il fuit: M 2 nus 5, 6, 7, 8, 9,10, x1) #2, 19, 14, 15, D 35» 34r 33» 32 313 30, 29, 28, 27, 26,25, 24,023, 22, …. Les dix-huit feconds chiffres étant ainfi écrits au deflous Ti üj 1 16, 17, 18, 21,20, 19. 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE des dix-huit premiers, en feront nommés les complémens, parce que chaque chiffre inférieur, joint à fon fupérieur, fera toûjours la même fomme 37, qui eft celle des extrêmes de la progreffion des trente-fix chiffres. Le quarré de 4, qui efl r 6, étant le plus grand quarré pairement-pair qui peut être infcrit dans le quarré de 6, on pourra prendre les huit derniers petits chiffres 11,12, T9: 141 15 DOS ANT O avec leurs complémens 26, 2$, 24,23, 22,21, 20, 19, pour avoir les feize chiffres du quarré pairement-pair de %, que l'on conftruira par la première méthode. Les chiffrés du quarré pairement-pair étant ainfi choïfis, les dix premiers petits chiffres 7, 2, >, 4, $, 6, 7, #8, 9,ro, avec leurs dix complémens 36, 35, 34 33: 32, 31,30,29,28, 27, feront les vingt chiffres avec lefquels on remplira les vingt cafes du pourtour. I faut remarquer qu'on auroit pà prendre les huit pre- Imiers, petits: Chifiress(e d'au Cr, 2, NS en Net avec leurs huit complémens 36, 3$, 34, 23» 32, 31, 30,29, pour compofer le quarré pairement-pair de 4, & réferver Jes dix derniers petits chiffres 9, ro,11,12,13, 1415161716, avec leurs dix complémens 28, 27, 24,25$,24,23,22,21,20, 79, pour les vingt chiffres du pourtour. On pourroit encore prendre pour le quarré pairement-pair, les huit petits chiffres du milieu, 4, 7, 4, 9,10, 11, 12, 13, avec leurs huit complémens .... 21, 30, 29, 28, 27, 26, 25, 24, & réferver les cinq premiers & les cinq derniers petits chiffres à à RL TNT EE AE PR AN MON EN avec leurs dix complém. 36, 35,34, 33,32, = 23,22,21,20,19, pour remplir les vingt cafes du pourtour. DES SCIENCES. 255 AIÉTHODE pour remplir les pourtours des quarrés fs znpalrentent = PArs. — Quoique la méthode que je vais propofer foit générale, & convieune pour faire les pourtours de tous les quarrés, je crois qu'il eft plus à propos*de l'appliquer à des exemples, ‘que de la propoler dans toute fon univerfalité: je commen- cerai par le pourtour du quarré de 6, & pour plus grande facilité je fuppoferai que les dix petits chiffres du pourtour font les dixnombres deuite, 1, 2, 3, 4, $, 6, 7, 4, 9,10, avec leurs dix complémens 36, 35, 34, 33, 32,31, 30,29,28,27. Je remarquerai feulement en général, que chaque bande ho- rizontale & verticale, & les deux diagonales du quarré pai- xement-pair, doivent être augméntées d’un petit chiffre & de fon complément, & que chaque petit chiffre doit par conféquent être oppolé à fon complément; en forte quel petit chiffre qui fera à un bout de la diagonale, doit avoir fon complément à lautre bout de la même diagonale, & tout petit chiffre qui fera dans une bande du pourtour, ailleurs qu'aux coins, aura fon complément dans la cafe correfpon:- _dante de la bande oppofte; ainfi les petits chiffres étant placés, on n'aura qu'à mettre les grands dans les cafes oppolées. . Je. dois encore remarquer que chaque bande du pourtour + “doit contenir autant de grands chiffres que de petits, & comme il n’y a que fix cales dans chaque bande, il n'y aura dans chacune que trois petits chiffres &c trois grands, & les quatre coins feront remplis par deux petits chiffres & par deux grands : enfin. je .dois avertir que je ferai toûjours en morte que toutes les quatre bandes du pourtour foient de - pareille fomme en petits chiffres. DU. CAN A .256 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je fuppoferai que Les trois petits chiffres de la bande fupérieure du pour- tour font 4, &, c, que les petits chiffres a & 4 font aux deux coins, & que de petit chifireceft dansune cafe quelconque, diffé- rente des coins, Quoique les trois petits chifires des bandes latérales du pour- tour ne puiflent pas être les mêmes que ceux de la bande fupérieure, comme ils doivent faire la même fomme, je puis les repréfenter auffi par à + 4 + c, & par ag b+c Enfin, comme la bande inférieure du pourtour deit pa- reillement contenir la même fomme de petits chiffres, & qu'il faut deux grands chiffres aux coins, je mettrai a+ bc, dans les trois cafes inférieures oppolées aux fupérieures qui ne font point remplies: la figure fait mieux voir la difpofition de ces lettres, que tout ce que je pourrois dire de leur arrangement. : Ajoûtant enfemble les dix lettres qui occupent les dix eafes où doivent être placés les dix petits chiffres, c a + bd + la fomme de ces lettres fera 3a+3b+azc Les dix petits chiffres étant r, 2, 3,4, $, 6,7,8,9, 710, leur fomme fera 5 5, & cette fomme étant repréfentée par la fomme. .......,.. 3a + 36 + 4c des ler- tres, on aura cette égalité za + 324 46 = $5. L'équation indéterminée /3a + 34)+ 4c= 5 PE ai DES SCrTENCES 257 fait voir que pour avoir la valeur de 3 a + 3b, & cel de Zc, il faut partager 55 en deux parties, dont l'une foit divifiblé par 3, pour 34 + 36, & dont l'autre foit divifible par 4, pour 46 Les parties de $ ÿ, qui font divifibles par >, & qui donnent un refle divifible par 4, font STE 70 T ILE Les parties correfpondantes divifibles par 4, font 40, 28, 16, 4. dl IS = 3a + 36 BR — 16 Ainfi en faifant / 27 — 34 + 30 on fra )22 = 40 39 = 34 + 36 D — 40, SI 3a + 36 : Prenant le tiers des quatre premières égalités pour avoir la fomme des coins fupérieurs, & le quart des quatre der- nières pour avoir le troifième chiffre de la bande fupérieure, | Rte $ a+B— 9 a+ b—= 13 a+b= 17 on aura CNED) (= 7 € — 4 C—= I abb+c—= 15l«+i+e= 16[a+8 + = 17|a+8 + ec — 18: _ Ces égalités contiennent quatre manières générales de réfoudre le problème, & fourniffent les règles fuivantes. _ 1 Les trois petits chiffres de chaque bande, qui font repréfentés par 4 + à + c, doivent faire une fomme qui fit égale à r $, ou à 76, ou à 77, ou à r 8. » 2.” Le petit chiffre « de la bande fupérieure, & qui n'eft . pas dans un coin, doit valoir, ou 70, ou 7» OU 4, OÙ 7, _ 3 Les deux chiffres qui font aux coins de la bande fi. périeure, doivent valoir enfemble ou ÿ» OU 9, Où 7 7, ou 1 7. . Pour faire l'application de ces règles à un pourtour du quarré de 6, dans lequel il faut placer les dix petits chiffres »4 DS Zn ARE 7 VO: 5 d'0 avec leurs complémens 30 3$»34 333231, 30,29,28,27, on choifira laquelle on voudra des quatre méthodes qu'on Mém. 1750; < 258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE vient de trouver. Suppofons qu'on fe détermine pour la pre- a 0 mière qui HONTE Me ere 0 PES EYES = 1: 1. On placera 70 pour c dans la bande fu- périeure par-tout où l’on voudra, excepté dans les coins. 2° Puifque lon a a+ b— $, on par- tagera $ en deux parties, pour a & b: ces deux parties pouvant être éga- lement r & 4, où 2 & 3, on mettra 7 & dans les deux coins d’en- haut , comme dans le preuier quarré, ou bien on mettra 2 & > dans ces deux coins, comme dans le fecond quarré. 3 Suppolons qu'on fe foit déterminé à mettre 1 & 4 dans les coins d'en-haut, & quela bande fupérieure ait les trois petits chiffres 7, 10, 4, qui font enfemble 7 $, ainfr que lindique lé- quation a + b + € D PE faudra mettre dans la bande verticale qui eft fous lez, deux chiffres qui faffent enfemble : 7, afin que ces deux, chiffres, joints au troifième +, faffent 7 ;. Ayant donc effacé 7 PA 14 MAIS: S CHEN CE 259 dans la fuite r, 4, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, xd, les trois chifires 1, 4 10, qui font employés, on choifira parmi ceux qui ; _ réflent, deux chiffres quelconques, comme 2 & 9; qui faffent 11, & on les écrira dans les deux cafes qui font au deflous du +. 4 Les deux chiffres qui doivent être placés fous 7, dans Jautre bande verticale, doivent faire 74, puifque les trois enfeémble de cette bande doivent faire 7 j; ainfi ayant efficé les chiffres déjà employés, on choifira parmi les autres, deux chiffres quelconques # & 6, qui faflent enfemble 14, & on les écrira au deffous de 7, dans les cafes qui ont des cales vuides vis-à-vis elles. 5-" Enfin les trois chiffres reflans, >, $, 7, qui font 7 D feront placés dans la bande inférieure, au deffous des cales qui font vuides dans la bande fupérieure. Les dix petits chiffres du pourtour étant ainfi placés, il 1e ny aura aucune difficulté pour y mettre les grands chiffres, L . . . 4 V4 — n car les dix petits chiffres étant écrits avec leurs complé- NU. . pe. ir . , . mens au deflous, ainfi qu'il a été dit, & comme il füit, LORD Pr 6, 7 8, 9» TO; MO MEL 2232, 21,20, 29,20, 27; on prendra les complémens 26 & 33, des chiflres r & 4 ME RO 260 MÉMOIRES DE L'AcADÉMIE RoYALE des coins, & on les meitra dans les coins diagonalement oppolés. On prendra aufli les autres complémeus, pour les placer vis-à-vis & à l'oppolite des peits chiffies dont ils font les complémens. * Les opérations étant faites ainfi que je le viens d'expliquer, le pourtour du quarré de 6, fera fait. EXEMPLE pour le pourtour du quarré de 10. Comme le pourtour du quarré de 70 a dix cafes dans chacune de fes bandes, & qu'il faut mettre dans chaque bande autant de grands chifres que de petits, il y aura cinq petits chiflies & cinq grands chiffies dans chacune. Je repréfen.e les cinq petits chiffres de la bande fupé- rieure par les cinq lettres a, 4, c, d,e, & je place les deux lettres a, D aux deux coins, les trois autres étant dans des cafes quelconques de la même bande. DES SCIENCES 261, Comme chaque bande doit contenir la même fomme a, 8, c, d,e, en petits chiffres, je mets encore a, c, d, e, dans une +. verticale fous 3, & je place b, c, d, e, dans Jautre bande verticale fous 4, vis-à-vis les cales qui ne font point remplies dans la bande oppolée : enfin je place a, d, €, d, e, dans les cafes de la bande inférieure qui font au deffous des cafes vuides de la bande fupérieure, Les cinq lettres étant C++ d+ e, ainfi dans les quatre a+ b+ c++ d+ e bandes, je les ajoûte a+ + c++ d+ e toutes enfemble, & DER ONE UREEE Sd + € LR IR PA EC TERRE M RTE RSR j'ai pour leur fomme..... 3a+3b0+sgc+a4d+age * Suppofons maintenant que les dix-huit petits chiffres qu'il faut placer dans le pourtour, font 7, 2, 3, 4, $, 6, 7 8, 910,11, 12,13» 14 15:10, 17 1 8, dont la fomme eft 1 71 : cette fomme fera égale à la fomme des lettres, ainfr Von aura 3a + 30 + agc+ gd + ge II. On voit par cette équation indéterminée, que pour avoir la valeur de 34 + 36, & celle de ge + 4d + 4e il faut partager 7771 en deux parties, dont lune foit divi- fible par 3, pour > a + 36, & dont l'autre foit divifible par æ pour 4c + gd + 4e. Parties divifibles par 2+..... 15, 27, 39 51, 63» 75 87, 99. … Parties reltantes divif par ge.rsé, 144, 132, 120, 108, 96, 84, 72: { On aura donc a+ 3b— 1jou27ou;goufroué;ou7ÿou 87ou29, Et AS q4d+ ge 156, 1421032; 120,108, 96, 84, 72» d Wie ’ À Par conféquent a+-i — sou plou 13 lou 17lou21|ou2;|ou29 où 7 7. Etc + d He 59|ou360u33 ou 39 “ Eta+b+c+d+e— 44louzs ou +6 |ou +7 ou rl Rp jon So »* ou27lou24|lou21 ou 7 8, EE, Où S/s 3 Voilà huit formules générales pour placer les dix-huit _ petits chiffres dans le pourtour du quarré de 70. . KKk üy \ 262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Suppofons qu'on prenne la première formule, où la fomme etits chifires de chaque bande eft ; des pei I 44 5 [hnh s FETE 1. Comme a + b — ÿ dans cette première bande ; il faudra partager $ en deux chiffres quelconques, par exem- ple, en r & 4, pour les placer aux deux coins d’én-haut : & comme c + d+ e — 39 dans la même formule , ayant effacé les chiffres employés z & 4, on choifira parmi les autres trois chiffres quelconques qui faflent enfemble 29: je fuppofe que l'on prendra $, r 6, r 8, que l'on placera où Ton voudra dans la bande fupérieure entre les coins: $ 2. Chaque bande devant contenir 44 en cinq petits chiffres, on choifira donc parmi les chiffres reftans, quatre chiffres qui fafent 40; la bande verticale où eft 4 devant encore contenir 4 o en quatre chiffres: je fuppofe qu'on prendra 2, 6, 15,17, qu'on écrira dans les quatre cafes qui font au deffous de 4. 3+ Laure bande veiticale devant contenir 44 en cinq nn. MMIDPENSL! Sic:nvE IN CE 6") 263 - chiffres, & ayant déjà 7 à fa tête, il ny manque que 47 én quatre chiflres; on choifira donc parmi les chiffres ref- tans, quatre chiffres qui faffent enfemble 4 > : je fuppole qu'on prendra 7, 9, 13» 14 qu'on écrira au deflous de 7, dans . les quatre cales qui font vis-à-vis des cafes vuides. 4° Il reftera immanquablement cinq chiffres, qui feront enfemble 47, & que l'on placera dans les cinq cafes infé- rieures qui font au deflous G cinq cafes vuides dans fa . bande fupérieure. L'opération étant faite ainfi que je le viens d'expliquer, on n'aura plus qu'à placer les complémens dans les cafes vuides, vis-à-vis les petits chifires dont ils font les complémens, en » faifant attention de mettre les complémens des coins dans les coins oppolés diagonalement. | . On fera de la même manière celui de z4, en prenant a+b+e+ d+e + f + g, pour les fept petits chiffres de la bande fupérieure, & en mettant à & - aux deux coins, & l'on trouvera, [l L ab— Plans gout; |ou z7|ou27|ou2çlouzgolou?;lou?7louzrlouzsiou 49 L c+d+e+f+s — 84 lou 85 |ou z8|ou 75 |ou 72 |ou 69 |ou 66|ou F3 |ou Folouszlousslou sr ct d+e+f+s — Sgloupoloupr CALE ou gl engin 7% ou y7|où y # |ou 99 ou108 : | | * ce qui fera douze Pmules générales, avec lefquelles on opé- ‘reia comme on à fait dans les deux quarrés précédens. . Quoique les exemples qu'on vient de donner pour faire “les pourtours des quarrés de 6, de 7 0, & de 7 4, compofent une méthode générale par laquelle on peut faire les pour- “tours de tous les autres quarrés dont les racines ou côtés font »impairement pairs; comme on ne trouve par cette méthode que la fomme des coins dé la bande fupérieure, avec la fomme “des chiflres qui doivent compofer chaque bande, & qu'on pourroit peut-être fe tromper dans le choix des chiffres qui doivent compoler ces fommes, j'ai cru quil étoit à propos de donner ici une pratique aifée, par le moyen de laqueile “on placera fans peine, & fans avoir befoin de beaucoup 264 MÉMOIRES DE L'ACAPÉMIE RoYALr d'attention, les petits chifires dans les pourtours de tous les quarrés plus grands que celui de 6. La pratique que je vais propofer, fuppofe que l’on fera un quarré de € pour fervir de modèle, & que les petits chiffres font placés dans le pourtour de ce premier quarré impairement - pair. Comme on a quatre façons véritablement générales pour compofer le pourtour du gré de 6, c'eft-à-dire qu'on peut faire en forte que la fomine des petits chiffres de chaque bande du pourtour foit, ou de 7 $, ou de 76, ou de 77, ou de z 4, on pourra, par le moyen du quarré de 6 ou de fon pourtour, faire quatre efpèces générales de pourtours pour tous les quarrés impairement-pairs plus grands que celti de 6. MÉTHODE pour placer les petits chiffres dans les pourtours de tous les quarrés impairement-pairs , par le moyen des petits chiffres du pourtour du quarré 2) F 2 4 de 6. La pratique que je propofe confifte en deux opérations très-fimples, que je vais expliquer. 1. Otez 6, du côté du quarré impairement-pair, ‘dont vous voulez faire le pourtour; fi ce côté eft de 7 o, il reftera 4; si eft de 74, il reftera 8; sil eft.de 7 8, il reftera 12, &c. Ajoutez ce refte à chaque pellt chiffre du pour- tour du quarré de 6, que vous avez fait pour modèle; les petits chiffres du quarré de 6, étant ainfi augmentés, placez- les dans les cafes correfpondantes du pourtour que vous avez à remplir, c'efl-à-dire, mettez les coins augmentés du quarré de 6, dans les coins du nouveau pourtour, & placez les autres chiffres augmentés dans les bandes correfpondantes ; par cette première opération, vous placerez trois petits chiffres dans chacune des quatre bandes de votre pourtour. 2° Ayant placé trois petits chiffres dans chaque bande du: pourtour du quarré plus grand que celui dé 6, il vous reftera encore à placer les premiers & les derniers de vos peiits chiffres; & comme vous en aurez autant des premiers que des derniers; vous DES SCIENCES. 265 vous écrirez les derniers fous les premiers & en fens con- traire, de manière qu'ils feront toüjours la même fomme. Vous partagerez ces fommes en quatre parties que vous placerez dans les quatre bandes de votre pourtour, une partie dans chaque bande, comme on le voudra. L'exemple fuivant donnera mieux l'intelligence de cetté méthode, que ce que j'en pourrois dire en général. EXEMPLE pour le pourtour du quarré de 10, & | de celui de 14. 266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLeE Soit un pourtour du quarré de 6, où les petits chiffres foient placés comme on fe voit ci-deffus. Si lon veut, par le moyen de ce pourtour de 6, faire un pourtour du quarré de 70, ou du quarré de 14. 1. On retranchera € de 1 0 ou de 14, & il reftera 4 ou #. Pour le pourtour du quarré de 70, on ajoûtéra le refle 4, aux petits chiffres du pourtour du quarré de 6, c'eft-à- dire qu'on ajoûtera 4 aux deux coins 7 & Z du pourtour de 6; & l'on aura $ & 8 pour les coins correfpondans du quarré de 7 o : on ajoûtera pareillement Z aux autres chiffres du pourtour de 6, & Ton aura les chiffres des cellules cor- refpondantes du pourtour de r 0. Pour!le pourtour du quarré de 74, on ajoûtera le refte & aux petits chiffres du pourtour de 6, c'eft-à-dire qu'on ajoûtera # aux deux coins r & 4 du pourtour de 6, & Yon aura 9 & 12 pour les deux coins du pourtour de r 4: Jon ajoûtera pareillement Z aux autres chiffres du pourtour de 6 pour avoir les chiffres correfpondans du pourtour de 7 4. Les petits chiffres qui doivent faire le pourtour de 7 o, font, Ls 2 35 5509 75 8 95 109 EL5 125 139 Tr IS 5 LONIT I LE Les dix chifires du milieu font placés par le moyen du pourtour de 6; on n'a donc plus que les quatre premiers 1, 2, 3, 4, avec les quatre derniers 1 5, 16, 17, 18, à placer. : On rangera les quatre derniers à rebours fous les quate premiers, comme il fuit, ÉTAT NET 18) 173 10, d fe pour avoir quatre paires égales de chiffres qu'on mettra dans les quatre bandes, en plaçant une paire dans chaque bande, comme on voudra, & le pourtour du quarré de 10 fera fait pour les petits chiffres, DU DES Si Cire Nic ue, 267. Lespetits chiffres qui doivent faire le pourtour de 4, font, U2:3#$3 67, (8,9, EOT I 12,13;14 1$16,17,18),19,20, 21,22,27,24,2$,26. n Les dix chiffres du milieu font déjà placés dans le pour: tour de 14, par le moyen du pourtour. de 6, aux chiffres -duquel on a ajoûté 8; on n'a donc plus à placer que les huit premiers avec les huit derniers. . Ayant rangé les huit derniers fous les huit premiers à xébours , comme il fuit, TrN er Es # ÿ’ 6; DONNEZ De DES j 79 8, 20,, 19, on aura huit paires égales de chiffres qu'on partagera en quatre parties; ces quatre parties qui feront compofées chacune de quatre chiffres, feront mifes dans les quatre bandes du pour. tour de 7 4, uné partie dans chaque bande, comme onvoudra, x le pourtour du quarré de 7 4 fera fait pour les petits chiffres. .… Si c'étoit le quarré de 7 4 que, vous voulufliez faire, après avoir formé le quarré de 16, de la même manière que ci: deflus, par, feize quarrés de.Z, lon ajoûteroit douze unité à chaque petit nombre du pourtour du: quarré de: 4 ‘Pour avoir trois petits nombres du Pourtour du quarré de 1,8 dans chacune de fes. bandes: après. quoi l’on mettra dans une _ bande les trois plus petits & les trois, plus grands des vingt; quatre petits nombres reflans, &trois autres peiits. nombres & trois, grands des, dix-huit reflans dans-une. autre bande & ainfi du refte, nster ls dix cf sb :. Le quarré de 22 fe fait.de li même manière; car après avoir formé les quarrés de 4, comme il eft dit ci-deffüs, pour en faire l'intérieur, l'on! ajoûtera feize unités à chaque petit nombre du: pourtour du quaré de. 6; &. ayant écrit les trente-deux! petits, chiffres reftans, .de Ja ième -manière . qu'aux précédens;: l'on siettra dans une: bande les quatre: plus | petits &:les. quatre plus grands de ces, trente- deux . petits … nombres reftans: le refle fe ‘init commeles autres ci-de{lus.., … Le tableiu dés poivtours de ces quarrés impairement-pairs … qéjemets cjaprés, Rnconnojtre h Écilité de cette méthode, nsnblqmos 9h tic 1110 à £ 20H54 E 1 1h sb 268 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fi on oblerve qu'il faut toüjours augmenter de quatre unités d'un quarré à l'autre, les trois petits chiffres de chaque bande du quarré de 6; ce qui fait que le quarré de € commençant par 7, celui de zo commencera par $, celui de 14 par 9, celui de 7 8 par r 7, & ainfi dés autres, Les quatre unités qu'il faut ajoûter d'un quarré à l'autre, viennent de ce qu'il faut retrancher 4 du côté du quarré, pour avoir ce qu'il faut ajoûter à chaque petit chiflie du quarré de 4, & de ce que les côtés des quarrés impairement- pairs font une progreflion dont la différence eft z. Si on vouloit commencer celui de & par 72, celui de ‘10 commenceroit par 7 6, celui de 14 par 8, & celui de r 8 par 22, &c. Obfervez encore que les petits chiffres qui reftent à placer dans chaque bande de chaque quarré, & fous defquels j'ai fait de petites barres — pour les pouvoir diftinguer dés autres qui ont des +, & qui ont rapport à ceux du quarré de 6, augmentent de deux d'un quarré à Fautre, de forte que le pourtour du quärré de z 0, a deux de ces petits chiffres ref- tans à chaque bande, celui de 74 en a quatre, celui de 7 8 en a fix, & ainfi des autres. J1 réfulte donc de la première & de {a feconde méthodes; qu'on pourra faire tous les quarrés pairs, favoir, tous les quarrés pairement-pairs par {a première méthode toute feule, & tous ks quartés impairement-pairs par le ‘concours des deux mé- thodes, en faïfant par la première le quarré pairement-pair du‘milieu, & en rempliflant le pourtour de ce quarré par ki feconde. On trouvera ci-après un tableau qui indique d'un coup d'œil plüficurs chofes qui ne font pas expliquées dans cette méthode £ce-qu’on connoîtra par les titres de chaque colonne, favoir, le noni de chaque quarré, Le nombre des cellules & des chiffres qui compofent chaque quarré, le nombre des petits «chiffres de chaque quarré dont le nombre de leurs complémens eft fe même, le'nombre des quarrés de 4, en- tourés d'un pourtour, & enfin Je nombre des petits chifires de chaque pourtour, qui ont autant de complémens. noers! Sicirim Nîc'EUs 269 Je donne aufli un tableau des petits chiffres qui reftent à placer dans les quatre bandes de chaque pourtour des quarrés formés par des quarrés de 4, après en avoir placé trois dans chaque bande par le moyen du quarré de 6, qui leur fert de bale à tous: je finis cette méthode par une couple de quarrés plus grands pour en faire concevoir la facilité. TABzEAU pour les Quarrés magiques impairement-pairs, fais par des quarrés de 4. &7 un pourtour. Méthode 2.° NOMBRE . Nomgrel| ,de. Nomsre | NOMBRE des cellules En Êe des despetits chiffres € cl ue Quanres|& des chiffres Charte Quarrés de 4, de ÿ | quicompofent |dontlenomb.| entourés chaquepourtou chaque Quarré. de leur | Gun pourtour. | ui ont autant f cnprentL, de complémens, eft le même. RIRE EST ES 18 10 Ke 5° 4 18 24 196 1 198 9 26 18 324 162 16 34 22 J 484 24 2 1 2 $ 4 2 | 26 676 338 36 so 25 200 450 49 58 34 1156 578 64 66 Li iÿ 270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 4 Quarré de 10. ; | Mém, de l’Ac, R, des Sc, 1750, p.270, Plir. | bandes de chaque Pos Quarrés de 4, après en avoir L pe le moyen du q | 4 731193 DE EN OS 7 barre nombres reflans. 318 Fi complémens. x# 16| 278 Petits nombres refans. 318 Petits nombres reflans, — "|" — De) ses 66660)643|659 6441658|645|657|6468 Leurs complémens, \ re US | Quarré de 22. * Quarré de 1 8. Quarré de 10. Carédi4 | — 196|171|195 TABLEAU des peris Chiffres qui reflent à placer dans les quatre bandes de chaque pourtour des Quarrés impairement-pairs, formés par placé trois dans chaque bande, par le moyen du Quarré de 6, qui leur fèrt de bafe à tous. Petits nombres reflans, Leurs complémens, 1 +:| 2 41| 3 n 40| 4| 39 5 484|445/483[444/482 445 481446 480 447 479 348/478 sl #3 9 Mém. de l'Ac, R: des Se. 1750, p.270, Pl 11. des Quarrés de 4, après en avoir 11 24| 12| 23} Petits nombres reflans. 315 goo[j14/301 Leurs complémens. 27À Petits nombres refans. 6711632 670|633 669 634[668 45547: 456/470|457|469 4581 Leurs complémens. 34] 18] 33 SCT EN CR: Su Net Quarré de 14. I 26 2 | 25 18 ang pus RE 46 48 52 ALI 272 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVE TT OM DEEE C-L-FP.$ ED E- L'ONN-E Du 13 Décembre 175 0. Par M DE Taury & MARALDI. ous avons obfervé cette écliple dans la tour occi- dentale de l’obfervatoire, où l'on avoit porté une pen- dule & les lunettes néceflaires pour faire cette obfervation: en plufieurs manières différentes. Le ciel qui avoit été dé- couvert prefque toute la nuit, fe couvrit vers le temps où l'écliple devoit commencer, & ne nous permit pas de dif- tinguer avec affez d'évidence le bord de fa Lune, pour que lon pt eftimer précifément le commencement de l'écliple, que mon père a cependant jugé à 4h 47 42". L'ombre parut enfuite mal terminée: nous ne laïffames pas cependant, M. Maraldi & moi, de déterminer à peu près la quantité des doigts éeliplés, tandis que mon père & M. Gentil mar- quoient à la pendule les intervalles de temps écoulés entre Je palage du bord éclairé de la Lune, & celui des cornes. Voici quelques phafes que nous avons obfervées. À 4h 57 42" deux doigts & demi environ. $+ o. 22 trois doigts. $+ 5. 27 quatre doigts, & l'ombre à Copernic. 5. 8. so l'ombre à Tycho. S-+ 9. 42 cinq doigts environ. La Lune difparoit. À 5h 25° 42" huit doigts, $- 29. 42 neuf doigts. $+ 30. 32 promontoire aigu. S+ 35- 32 dix doigts. $+ 37. 12 l'ombre à Proclus. $. 46. 12 la fin de l'éclipfe exacte, | Le h ommrntsr Séi te nd CET S0 NIV M Le ciel devint enfuite fort clair, & l'on diftingua toûjours le difque de la Lune, qui paroifloit de couleur rouge-brun, jufqu'au moment du recouvrement de lumière que nous dé: terminames très-exaétement à 7h 26° 6”. À 7h 31 1”un doigt. 7. 35. 51 deux doigts, 7. 38. 6 Ariftarque eft forti. 7. 4l. 30 trois doigts environ. - I ne fut plus poffible de diftinguer les termes de l'ombre, parce que la Lune approchoit de l'horizon, & que. le jour augmentoit confidérablement. Parmi les phafes que nousavons obfervées, celles de limmerfion totale & du recouvrement de lumière ont été déterminées avec toute l'exactitude que Yon peut attendre de ces fortes d'obfervations; elles donnent A1 demeure dans l'ombre, de 1° 39° 54", & le milieu de Yécipfe à 6h 36° 9". La Connoiflance des Temps, ou, ce n qui revient au même, le calcul des Tables de mon père, donne la demeure dans ombre, de 1h 39° 52", & le milieu de Fécliple, à 6h 35' 28”: ce qui s'accorde parfaitement avec lobfervation, & s'éloigne du calcul des Tables de M. Halley, rapporté dans fa figure que M. Delifle a pré- fentée à l’Académie, laquelle donne le milieu de l'écliple, à GP 41° 14". : Nous avions profité du beau temps qui avoit précédé léclipf, pour obferver le paflage de la Lune au méridien, & celui des étoiles n, w & d\ des Gémeaux, qui fe trou- voient ce jour-là à peu près fur le même parallèle que le bord inférieur de la Lune. Voici les obfervations du pañage de Ja Lune au méridien. ; Temps vrai. Paflage ai méridien. aih 41 42" 1. bord. ... 64% 17 35" bord fupérieur. | 11. 44. 12 2. bord... ,. 63. 43. So bord inférieur. 11. 42. 30 63. 33. 45 La hauteur du bord inférieur de 11 Lune ayant été ob- frvée avec le quart-de-cercle de fix pieds de rayon, on hiffs Mém. 175 0: Min :74 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Finftrument dans la mème fituation, & au temps du pafage des étoiles par le fil vertical, l'on mefura avec le micromètré leurs différences de déclinaïfon par rapport au même bord de la Lune: l'étoile » pafla oh 57 25" après le bord pré- cédent de la Lune, avec une différence de déclinaifon d’une minute feulement ; la deuxième, 1h 5’ 26”, avec une dif- férence en déclinaifon de près de 3 minutes; enfin la troi- fième, 2h 2° 37"+ après le paflage du même bord, avec une différence de 9 fecondes. La différence de déclinaifon ou de hauteur de ces mêmes étoiles a été déterminée dans le même temps au quart-de-cercle mural par M. Gentil, & ne differe de celle qui réfulte des oblervations faites au quart- de-cercle mobile, que de quelques fecondes. Ces mêmes étoiles fe trouveront encore fur le parallèle de la Lune les & 5 Mars de l'année prochaine, & font celles que M. l'Abbé de la Caille fe propofe d’obferver au cap de Bonne-efpérance,, pour déterminer la parallaxe de la Lune. Ayant calculé la longitude & la latitude de la Lune qui réfultent de l’obfervation faite au méridien, on trouve la lon- gitude, de 2f 174 2 44", & la latitude, de o 27° 0": les Tables de Flamfteed donnent la longitude pour ce temps, de 2f 174 2° 4", & la latitude, de od 27° 3"; ce qui s'accorde parfaitement avec lobfervation, les Tables de Flam-- fleed différant peu de celles de M. Halley. 108 8s SérEenNces 7 27$ MU OBSERVATIONS BOTANICO-METEOROLOGIQUES Faites au château de Denainvilliers, proche Pluviers en Gäâtinois, Pendant l'année 1749. . Par M. pu HAMEL, AV ERT 1S$ S E ME N I Es Obfervations météorologiques font divifées en {pt colonnes; la première indique les jours du mois; Ja econde, le vent qui a régné le plus fréquemment, n'étant pas poffible de marquer toutes les variations qui arrivent dans le cours d'une journée. Les trois colonnes fuivantes font deftinées pour les obfervations du thermomètre, la première défignanit les obfervations du matin, qui ont été faites à huit heures; fur quoi il eft bon de remarquer que le thermo- mètre étant placé dans l'angle de deux murailles, fur une tér- rafle expofée au nord, il marque 2 degrés ou 2 degrés + au … deflüs de zéro, quoiqu'il gèle, principalement quand les gelées . ne font point continues : les obfervations du milieu du jour ont été faites à midi, & celles de {a fin du jour, fur les onze heures du foir. On seft toûjours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, ou du terme de la glace : la barre à côté du chifre, indique que le degré L thermomètre étoit au deflous de zéro; quand les degrés nt au deflus, il n’y a point de barre. La fixième colonne eft d-ftinée pour le baromètre. La feptième colonne indique, pour chaque jour, s'il a » tombé de la pluie, de la gréle, de la neige, &c. : . , Mn ji 276 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE JANINE R. THERMOMÈTRE. du | VENT. | a | Baromètre Mois. Matin |'Midi. | Soir. | Degrés. | Degrés Degrés: | pouc. lign, ETAT DU CIEL. I Se 4 al 73| 2. 9 |variable. 2 S. 4 6 4 | 2. 9 |variable. 3 S. 4 6 3.| 2. 7 «variable. 4 S. 3 8 8 | 2. 3 |variable; pluie, vent. Ses OC: 6 7 4 | 2. $ |variable. 6 S.'E: S 7 62127. oO [couvert & pluvieux. 7 S: 8 8 CRIETARNEN PAPE grand vent. 8 S. |, 521, 6%] 4 [274,0 pluvieux. no] S ee 6 4 |27. - 2 3| variable fans pluie. 10 Sie 33 5 4 |27. 7 [couvert & pluvieux. 11 S 7 9i| 7 |27. 7 [couvert 12 N. 4 7 6 |27. 6 |variable fans pluie. 13 S: 4 7 $ 127. 9 |variable fans pluie, 14 S: 2 6 $ |27. 11 |variable fans pluie, brouillard, IS S. : 4 8 5 |28. o!:|heau temps. 16 S. 4 S 6 |28. o |brouillard 17 S S 8 6 |28. 6 |brouillard & pluie. 18 | SO: S 7 3 |28. 6 |variable. 19 Se 3 s 4 126. 11 brouillard & pluie. 20). |lISMES 3 S 6 |26. 1a |pluie & grand vent. 21 SO: 7 9 6 |26. 9 [grand vent & grande pluie. 22 S: $ 6 $s |26. 8 |pluie, vent & orage. 23 S. s 6 s |26. 8 |erand venr & grande pluie, 24 Se 3 7 $s |27+ 3 |heau, grand vent. 25 S. 6 9%l 9 {27 $ [pluie & bruine. 26 S. 7 9 8 |27. 3 |variable. 27 S, 6 8 7 127. 3 variable. 28 S. 4 7 6 |27. 5 |beau temps. 29 [N.N.O.| 4 8 3 |27. 6 [beau temps. 300$ 120003 6 4 |27. 6 [brouillard & pluie. 31 O. 4 S. 3 [27 5 [pluvieux > sÉGDiErS (SCIE N:C:E:E 1er L'air a été fort doux pendant tout le mois de Janvier, puifque le thermomètre a quelquefois monté à o + degrés, & _qu'il n'eft point defcendu au deflous de 2; auffi at-il tonné plufieurs fois, le tonnerre eft même tombé à Beaune où il p'a fait aucun dommage: il n’en a pas été de même des vents de la partie du fud, qui ont toùjours été fréquens & violens ; car les ouragans qui furvinrent aux environs des fêtes de Noël, découvrirent des maifons, & déracinèrent des arbres. Quoiqu'il plût prefque tous es jours, les grands vents defléchoient la terre, & il ne s’'eft formé de mares dans les campagnes, que vers la fin du mois, où les pluies devinrent beaucoup plus abondantes. Les variations du baromètre ont été très-grandes, puifque le mercure a monté à 28 pouces, _& qu'il a defcendu, pendant les orages, à 26 pouces 8 lignes. On auroit cru être au printemps, car il y avoit encore des feuilles anciennes qui avoient confervé leur verdeur fur les pommiers. - fur paradis: dès lé 10, es fleurs femelles des noïfeitiers com- _mençoient à s'ouvrir, & peu de temps après, les fleurs mâles ou les chatons s'alongèrent. Le 1 3, le faule de Virginie avoit des pouffes nouvelles. Le 1 7, les paquettes, les giroflées jaunes, les petits ellébores noirs, à feuilles de renoncule, & les perce- neiges étoient fleuris; les boutons des amandiers étoient fort. gros, & quelques fleurs de pêcher s'épanouirent. Pendant tout le mois, les herbes potagères, perfil, cerfeuil , civette, ofeille, &c. étoient vertes comme au printemps, & les artichauds avoient de fort grandes feuilles: les blés étuient auffi d’une verdeur admirable, mais quantité de petites limaces: + | mangeoient leurs feuilles; ce qui caufoit quelque inquiétude :. …. les hannetons étoient à la fuperficie de la terre, & les abeilles’ … trompées par ces apparences de printemps, s’écartoient quel- _quefois aflez loin de leurs ruches. n Le temps étoit très-favorable pour Les plantations, & nous. . en avons profité pour planter les marcottes des platanes . d'orient & d’occident, d'érable à feuilles de frêne, & d'autres arbres qui ne font point fenfibles aux gelées d'hiver : les: hboureurs entre-hivernoient leurs terres. M a iÿ, 278 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE PT, HSPENEUNR EE "Ie THERMOMÈTRE. Lt, | Baromètre ETAT DU CIEL. Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Digrés. | Degrés, | pouc, lign. 1 |: 540: 3 7 6 |27. 6 |pluie & bruine. 2 So: S 6 4 |27. 6 pluie, bruine & grêle. 3 ©. 2 4 1 |27. 6 |grand vent & pluie. 4 O. o |—4 1 |27. 6 |gelée blanche, variable, s O. Oo |—3 |—6 |27. o glace, variable, 6 O. S 6 4 |27. 2 |variable. 7 0. 3 O |—4 |27. 3 |pluie, neige, gelée, 8 N. — 3 O2|—02|27. 6 |beau temps. 9 N. |—72l-3 |—5 |27. 11 |beau temps fixe. 10 S: —42|—2:| 027. 6 |couvert, neige. FO SO o 2 © |27. 6 |beau temps. 12 SE 2 4 5 [27 $ |couvert, brouillard. 13 SO: S 6 $ 127. 2 variable, grand vent. 14 SO s 7 $ |[26. 11 |variable, bruine. 15 SO? 4 $ 3 |26. 8 :|pluvieux. 16 SO 3 4 2 |26. 1 |couvert, bruine, 17 O, 2 4 1 |26. 7 |beau temps. MN IMC E o 4 3 |26. 7 |variable, gelée blanche, 19 SO: s 6 3 126. 9 |couvert, bruine. 2011 S*0; 3 6 3 |28. o [gelée blanche. 21 E:. I 6 z |2$. 9 22/NE 2) 61 328. 9 Vie blanche, be 2 E. 2 8 4 |28. 9 24 | N.E. I 4 1 |28. 10 N. o |[—6 |—3 |28. 11 [glace, beau temps. ©. I $ 12/28. 11 [gelée blanche, brouillard. N. O. 3 $ 12/28. 10 |variable. N. E. 3 4 11128. 9 |[couvert. “Mmes ScorirNors 279 Le tems doux & humide ayant continué pendant tout je mois de Février, la végétation a fait beaucoup de progrès; y à eu des violettes en fleurs pendant tout le mois. Le 9, on vit une aurore boréale, . Le 17, les amandiers étoient en fleurs, & les boutons de poirier prêts à épanouir. Le 18, on fema des pois hâtifs & des fèves de marais. Le 20, on fema quelques planches d'oignons. : à Le 22, on travailloit à force à tailler la vigne. # Le 23, les amandiers avoient produit quelques feuilles mouvelles, & les boutons des poiriers étoient fort gros; on pu les abricotiers, & on trouvoit beaucoup de boutons qui L toient intérieurement noirs. _ Le 26, on femoit encore des avoines d'hiver, & on la bouroit avec toute la diligence poffble pour les mars. . On voit que les productions étoient aufli avancées à la fin: de Février, qu'elles le font ordinairement au commencement d'Avril; mais les blés étoient fi remplis de cette efpèce de- xenoncule que les payfans appellent des Laffins, qu'on craignoir fort que cette mauvaife plante ne prit le deflus. 1 ci F. ; 280 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MARS lee | THERMOMÈTRE. du | VENT. | Baromètre ETAT pu CIEL, Mois. Matin | Midi. | Soir, | Degrés. Degrés.| Degrés,|pouc. lign, 1.7) IN Où 2 4 © |28. 6 |beau temps. 20 T0 Un RE EC 1 |28. 8 |beau, gelée blanche. 3 | NE. |—-r 3+| © |28. 8 |beau temps, glace. 4 | N°E o 5 | 3 128. 8 |beau temps, glace. s NE 5 9 4 |28. 7 |beau temps, gelée blanche, 6 S 6 8 $ |28. $ |couvert, pluie douce. 7 S. 4 9 5 |28. 6 |variable. 8 SE (« 9 6 |28. 6 |beau temps. DÉlLUINAE S 7 6 |28. 6 |pluie. rot IS: 107 S 8 $S 128. 7 |variable, II SE S 8 7 128. 7 |bruine. 122| SE 7 l'r0 8 |28. 10 |variable. 14 SO 8 | ro 9 |28. 10 |couvert. 14 (GX 8 8 8 128. 10 \couvert, humide. 5218 SLOa) RS Ennr 81128. 10 |variable. 16 SC Al 9 |28. 7 |beau temps. 1741 S RC 9 | 11 | 10 |28. 6 |nébuleux. 19 HS AO 9 | 11 | 10 |28. 3 |pluvieux. 10.1] INNE: 8 9 5 [28 6 |couveat. SIOMNANÈRE S 7 4 128. 7 |beau temps. 210] NOM 3 $ 6 |28. 6 |variable, gelée blanche. 22 ©. S 9 725128. 2 |pluie & vent. 23 O. 4 8 43128. S$ |variable. 241| INNE* 2 4 o |28. 9 |beau & froid. 2$ N.E. |—2 3 |—025128. 11 [beau temps. 26 | N.E. |—2 3 |—1 |28. 11 grand vent, beau. 27 | N. E.J—" 2 |—1 |28. 7 |erand vent, beau temps. 28 | N.E, |[—1 1 |— 3 |28. $ |beau temps. 2 S: .O.4|— 1 4 Oo |28. 6 |beau temps. 30 N. o 6 11128. 8 |variable. 31 S. I 2 o |28. 7 |couvert, gelée. Dies ŸS CTE Nc prison Mgr Le mois de Mars a encore été aflez, doux. Le 6, les hyacinthes & les narciffes communes étoient en fleur. Le 7 les grofcillers épineux étoient prefque tout verds. Le 8, les abeilles & les mouches de toute efpèce voloient comme au printemps, & on fema des racines potagères, comme le falfifix & les fcorfonnaires. Le 12, on débuta les artichauds, mais nous en avons eu qui ont paflé l'hiver fans avoir été couverts; néanmoins il en a beaucoup pourri dans les jar- dins bas. Le 13, les boutons des poiriers étoient épanouïs, Le 15, les pèchers & les abricotiers étoient en pleine fleur, les abeilles faifoient leur récolte fur les fleurs des ormes, des * buis, des pêchers & des abricotiers: enfin tout annonçoit le printemps, puifqu'on entendoit le cri des crapaux. Le 17, on continua à femer les racines potagères, panais, carottes, &c. on apercevoit dans les bois quelques petites feuilles de charmille, la vigne pleuroit abondamment, & fes boutons montroient {eur bourre. Le 18, les hyacinthes commen- çoient à pafler; les narcifles doubles, les impériales, les petits iris blancs étoient en fleur: au refte on femoit les mars, & on achevoit de taïller {a vigne. Le 20, il y eut une aurore boréale. Le 21, le temps étoit fort beau, les papillons vo- loient, & nous profitames du beau temps pour faire des marcottes de platane & de tilleul de Canada, qui a Ja feuille plus belle que celui de Hollande. Le 24, les amandiers commençoient à défleurir : jufque-là Fhiver avoit été un beau printemps, mais le 2 5, la gelée, les ondées de neige & ._ de gréle, & les vents froids commencèrent à {e faire {entir: néanmoins le 31, les boutons à bois de l'épine blanche s'ou- vroient, & les boutons de cerifier qui étoient prêts à s'épa- . nouir, étoient déjà fort endommagés, de même que les fleurs des péchers, abricotiers & poiriers; au refte les blés étoient fort verds. | ? Mém. 1750. Nu 282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ANA, THERMOMÈTRE. VENT Baromètre ETAT DU CIEL. Matin | Midi. | Soir. Ds Dégres.| Degrés, | pouce. lign. 1.1] FINSeES 2 4 2 |28. 8 |variable. 20] INA 2 4 3 [28. 8 |variable. 3:41 AINSMEr 4 8 4 |28. 8 au temps, 4 | SO. 7 | da 8 |28. 7 |variable, sl S*O: 9 | 12 8.128. 7 |beau temps. 6 GE 8 | rt 6.128. 5 |variable, 7 S © 6 9 7 128. 3 |pluvieux. 8 S. CS G |28. 6 |pluvieux. DIS: O! 8 | 13 | ro |28. $ |brouillard. NO | SE g | 11 7 |28. 4 |variable. 100 CN OL 8 9 7 |28. 5$ |variable. 12 | N.E | 4 | 8:| 4 |28. s |beau temps, gelée. 13 || N197 4 9 6 |28. 6 |beau, gelée blanche. 14 SEA 4 |1r 10 |28. 2 |variable, selée. 1j S: 15 ut 8 |28. 6 Igrand vent, orage. 16 S; 8 9 |. 7 |28. 3 |grand vent, pluie. 17 S: 4 6 s |28. 5 |pluie & grêle. 18 N. S 7 4 |28. 7 variable, froid. 19 N. 4 7 51/28. 8 |couvert & froid. 201 LIN O: | $ 9 S: 12847 variable. AARIIELSÈAES 8 | 8 | s |27. o pluvieux & froid. 22) ILUINSOE: (d 8 51/27. 5 [couvert & froid. 23 SNO: | (0 o) 6 |27. 7 variable. 24 | SO. 4 9i| 5 |27. S$ |ouvert. 25 O. 8 |'11 6 |27. 6 |variable. 26 | S. 8 | 102] 7 |27 5 = pluie. 27 S; 6 11 8 |27. 9 |variable. 28 S. 8 13010 1|27-000 = temps. 29 De ro | 12 9 |27. 6 |couvert. 39 S. 9 | 10 6 |27. 6 |pluie, grêle & orage. DES SCc1IENCÆSs. 283 Le mauvais temps de la fin du mois de Mars a continué en Avril; néanmoins le 2, on femoit les orges, & on don-. noit la première façon aux vignes. Le 6, les avoines levoient très-bien dans la plaine, mais elles n'étoient qu’à moitié femées dans les terres noires, le long de la forêt. Le 10, on vit les premières hirondelles. Le 12, le cerifier mahaleb, l'épine blanche, les maronniers d'Inde, & quelques tilleuls, avoient des feuilles. Le 18, on voyoit quelques feuilles de vigne fur les treilles bien expofées. 1 Le 20, on entendit chanter des caïlles, & le 22, le rofii- gnol & le coucou; on vit aufli des chauve-fouris. Le 24, on fe phignoit que les avoines n'étoient pas bien levées ; les uns en attribuoient la caufe à la femence, qui étoit petite & légère; d'autres, à ce que la fuperficie de la terre, qui avoit été battue par la pluie & le vent, étoit fort dure. Le 25, on trouvoit quelques épis de feigle. Le 28, on vit paroître tout d'un coup une grande quan- tité de hannetons ; les vignerons fe prefloient de piquer les échalas, parce que la terre avoit été attendrie par les pluies. Vers la fin du mois, les grofeillers à grappe étoient en fleur, & les boutons de la vigne foit gros; on fervoit des pigeon- neaux de colombier. On a vû cette année peu de fleurs de violettes, & de morilles. I s'en faut beaucoup que ce mois ait été aufli agréable que les précédens, car quoique les gelées n'aient pas été fortés, les ondées de neige, de grêle & .de pluies froides, accompagnées d'un vent de nord forcé, rendoient la faifon . fort defagréable pour les hommes, & gatoit beaucoup les _ fruits. Quoiqu'il foit tombé beaucoup d'eau, & que le foleil parût rarement , la terre étoit fort sèche, ce qu'on ne peut attribuer qu'aux vents de nord violens & continuels. Na i 284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M A 1 Jours THERMOMÈTRE. du | VENT. | | Baromètre ETAT pu CIEL. Mor: Matin | Midi. | Soir. pm Degrés. Der. pouces dign. PARCS > 1 S..O: cale S |27. 9 [froid & pluvieux. 2 |NSAO: SE 7 |27. 9 variable. 3 Se FAURE 103|27. 9 |variable: 4 5 10 15 9 |27* 7 |beau temps. S N.O..} 10 | 16 | 105|27. 7 |variable. 6 | N.E. | 11 | 18 | 15 |27. 8 |variable, tonnerre. 7 SYE> D Ce 15 |27+ 9 |beau temps. 8 12 14 19: | 15 27.1 9: | variable & chaud. 9 N. 15 19 | 15 Gr 9 {pluie, orage & grêle: 10 | N.E. | 12 | 16 |.10 |27. 8 |brouillard froid. 11 NOÉ 9: | 14 8 |27. 7 |brouillard. 12 1 INC 8 | 14 8 |27: 7 |grand brouillard. 13 | N.0: 8. | 14 | 10 |27. 4 [grand brouillard. 14 | N. O: $ o 4-|27. S |variable. 15 |S. S. O.|— ri 9 [—4227. 6 |variable, forte gelée. 16 S. up ere 3127. 3 {bheau, gelée blanche. 17 S. g | 11 7 [27 S$ [grand froid. 18 S. 9 | 12 9 |27. 7 |gelée blanche. 19 S. 9 | 13 9 127: 7 |variablé, 2 ON |ISNS TES 9 | 15 | ro |27. 7 |varibie. 21 S: 10 | 17 | 1$ |27. 7 lvariable. 22 N. 14 | 19 | 14/27. 8 |beau temps. 2 Na 1$ | 21 | 13 |27. 82|beau temps, tonnerre. 2 N. 142] 20 | 15 |27. 9 [beau & chaud. 2 N. 15. | 20 | 142127. 7 |beau temps, tonnerre. . 26 N: 17 | 212| 17 |27. 8 |beau temps. 2 SE. | 15 | 21 | 18 l27. 8 |beau temps, tonnerre. 28 S. 18 | 22 | 18 |27. 8 |orageux. 29 S: 16 | 20 | 14 |27. 7 |orageux. 30 S. 15 | 20 | 15 |27. 8 |variable. 31 N: 15 | 22 | 15 |27. 7 |beau & chaud. D BS: SCIE NC Es .28:5 Le mois de Mai a été aflez defagréable, quoique plus doux que le précédent. Le 6, les ormes n'avoient encore que leurs graines, qui leur tenoient lieu de feuïlles : on entendoit le jour les loriots,, & le foir les courlis. * L , . Le 9, on fortit les orangers, & Îles hannetons dévoroient toute la verdure. Le ro, les fitifes des Alpes étoient en fleur, &. lépine blanche commençoit à fleurir; les vignerons travailloient à faire des foffes. = Le rs, il gela-très-fort le matin, le ciel étant très-net; les poules des chênes , des chènes-verds, des noyers, des frênes, platanes, müriers rouges & blancs, furent gelées: une vigne enfermée d'une muraille de fept pieds de hauteur, . fut auffi gelée entièrement, -pendant. que la vigne qui étoit . de l'autre côté de la muraïlle ne fut point, ou prefque point endommagée : la feule différence qu'il y avoit entre ces deux vignes, eft que celle qui étoit dans le clos étoit.vieille, & que celle qui étoit' dehors étoit jeune. Le 16, il gela encore, mais fans faire de dommage, parce: que le foleil ne parut-pas. Le 20, on ne voyoit plus que quelques hannetons , les gelées des jours précédens en ayant fait périr Îa plus- grande’ partie. Le 24, les contre-boutons de la vigne. qui étoient fermés : pendant les gelées, poufloient & montroient quelques petites - grappes. Le 25, les feigles commencoient à défleurir, & if tomba une pluie. qui fut très-avantageufe aux menus grains. Le 29, on fervit-des frailes affez abondamment, & les: premiers petits pois. - N n. É ii. 286; MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MNIFHTEN. THERMOMÈTRE. VENT. | CT Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Degrés. | Degrés. Baromètre ETAT pu CIEL. I S. 17 | 225| 161:|27. 7 |nébuleux. 2 N. 17 | 223] 18 27. 7 ichargé. 3 N. 17 | 21 | 17 |27. 6 |beau & chargé. 4 E. 16 | 21 ! 16 |27. 1x1 |orage. $ |S- S. O.| 10 | 14 9 |27. 1 |pluie & vent. GA UNE, 7 | 12 8 |27. $ |variable. 7 | N°0. 9 | 12 8 |27. 6 |couverr. SAIANCÉE: 6 | 10 6 |27. $ lfroid. 9 | NE, 6 9 6 |27. 5 |pluie froide, 10 N. Ab Le 9 |27. S$ |pluvieux. 11- | NE [D RE 73127. 624/fombre fans pluie. 12 | NE. s | 10 9 |27. 6 couvert. 13 SO} 9 | 11 9 |27. s |pluie & orage. 14m) SO 9 | 11 8 |27. $ |pluie & vent. 15 | 5.10: 9 | 12 8 |27. $ (pluvieux. 16 | N. O. ga au 7 |27. 7 |variable. 17 N. 9 | 11 g |27. 9 |variable. 18 N. 10 142] 10 |27. 9+ beau temps. 19 | N.E. | ro | 16 | 12 |27. 82'beau temps. 20 N. 12 | 16 | 14 |27. 7 |brouillard. 21 N. 9 [| 11 9 |27. 8 |pluie. 22 N. 9 | 13 8 |27. 9 [couvert & variable, 23 S: ro | 14 | 11 |27. 16 |beau temps. 2 N. 10 | 14%] 104|27. 0 |beau & variable. 25 N. 10 | 14 | 10 |27. $ {beau & variable. 26 S20: io | 13 7 |2 4 |variable & couvert. 2 O. 6 | 11 81127. 72lgrand vent. 28 SL RATE NE TS “+ + .|couvert, bruine, 2 S. 12 | 132:| 11 |27. 6 [grand vent. 30 0. 11 | 13 | 101|27. 8 |pluvieux. Homes! Sc i'x NC ENS NIMES Le premier Juin, il tomba à Montigny & Châtillon dans notre voifinage, une grêle qui perdit tous les biens de Ia terre: Le 4, on commença, malgré le mauvais temps, à. faucher les fainfoins dont l'herbe étoit fort baffe. Le 5, les rofiers & les fureaux étoient en fleur; on voyoit quelques fleurs d'orange, & aux treilles, quelques fleurs de vigne. arisé Le 1 3, la vigne étoit prefque en pleine fleur: on ne voyoit prefque plus de- cantharides, qui n’avoient mangé que a moitié des frênes à l'expofition du midi; & une remarque- qu'il eft bon de faire, c'eft que ces infectes ne touchent. point aux frênes à fleur: nous avions des frènes ordinaires pêle-mêle avec des frênes à fleur; tous les frênes ordinaires ont été attaqués par les cantharides,. fans que les frènes à: fleur aient été du tout endommagés: c’eft un grand avantage: pour cet arbre, qui eft d'un très-beau verd, & qui produit une aflez belle fleur. Le 18, les cantharides qui avoient difparu pendant le- mauvais temps, revinrent achever de dévorer les frènes; les. vers qui avoient beaucoup fait de tort aux avoines avant les. pluies, ne paroifloient plus leur faire de dommage: enfin: les blés étoient en fleur... Le r9, on ferroit les fainfoins qui avoient été fort mouillés depuis qu’ils étoient fauchés; néanmoins ceux qui n'avoient: point été retournés, étoient encore affez verds, parce qu'ayant: toûjours refté humides, Fherbe n'avoit point pañlé par des. alternatives de féchereffe: & d'humidité, ce‘qui. l'endom- mage: beaucoup. Le 23; la vigne qui étoit toüjours en fleur, ne s’accom- _modoit point des fraicheurs & des pluies, beaucoup de grains noircifloient, &. il fe formoit des vers qui bouchonnoient: les grappes : on n'entendoit plus le. roffignol: Le.28, ceux qui avoient des abeilles, étoient défolés.de-ce: 288 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLE qu'il ne fortoit point de jetons; &’comme les effains tardifs ne réufliffent pas ordinairement , ils étoient déterminés à changer leurs mouches de panier: les fèves pourriffoient, les blés étoient fort verds, néanmoins on en découvroit beaucoup de charbonné. ; Tout ce mois a été très-froïid & humide, & fort contraire aux biens de la terre; il a été impoñlible de fe pañler de feu dans les appartemens, auffi la vigne a-t-elle beaucoup coulé; il y a du noir dans les blés, & beaucoup d'herbe, de l'ergot dans les feigles, & grand nombre d’épis ont été gelés. On a travaillé pendant ce mois à biner les vignes & les guérèts. * JU IEEE RNB Es SCIE NN ce Mt Bo Le dat LT LR UET | THERMOMÈTRE. PT MM | Baromètre ETAT WIvMCIEL, Matin | Midi. | Soir. Digrés.| Degrés. | Degrés | pouc. ligm LE beau fixe. ME 13 | 19 | 14+|27. 15 | 205) 16 |27. 17 | 24 | 19 |27. 15 | 19 | 16 |27. 18 | 21 | 17 |27. 19 | 18 | 15 127. 16 | 14 | 13 _ D b * © beau fixe. b ww bb variable. ÿ S. O. | 124] 16 | 12 |27. 9 |beau & variable. à EN EX 13 | 16 | 14 127. 71\variable. : 3 SNOF 13 | 16 13 27. 7: |couvert. 4| 5. Où 13 |-16 { 13 |27. 9 |variable, couvert. $s | N.O. | 13 | 17 | 13 |27. 10 |beau temps. 6 N.O. | 15 | 20 | 16 |27. 11 |beau avec nuage: 7 | SO: 16 | 215| 17 |27. 11 [beau avec nuages, ‘8 N. 17 | 22 | 16 [27. 11 |beau avec ruages. 9 E. 19 | 23 | 20 |27. 9 Ho] 5.01 |:2011k24, Roi azur 11 | NE. | 17 | 22 | 18 |27. 11 } beau fixe. 12: NE. | 19 | 24 | 19 |27. 9 1301 SE. | 20: 2742142709 14 19 | 215] 17 |27. 10 |beau avec nuages. us 17 | 21 | 16 /|27. 10 |beau fixe. 16 16 | 22 | 16 27. 9 |beau avec nuñges. 17 1$ | 20 | 14 |27. oO |beau fixe. 18 14 | 19 | r$+|27. 10 (beau avec nuages. 19 14 | 18 | 13 127. 11 beau & frais, &\9 E ©] NJ NJ beau fixe, variables beau fixe. 16227 Pire 15 | 19 14 d27. 8 14 | 19 | 16 |27. 8 15 | 19+| 14 |27. 8 [couvert 16 | 21 | 18 |27. 7 variable. PPgooprres rime Us 0 F4 o D D D D D D O'DNI un U OO / EC PT EC SE 2 RO Me. 175 0+ O o 290 MÉMoirEs DE L'ACADÉMLE RoraLe Le 2 de Juillet, les raifins faifoient fort mal, une partie des grains noircifloit & tomboit; les feigles commençoient à jaunir. Le 8, on commença à faucher les foins, & à fcier de petits morceaux de feigle; on ferroit les fainfoins qu'on avoit confervés pour la graine : le temps ayant été beau, on fanoit & on ferroit les foins; comme les jetons des abeilles étoient petits & mauvais, on changeoït les mouches de panier, & on ne trouvoit dans les gâteaux que du couvin des bourdons, & du miel brut, & dans des paniers qui auroient dû fournir 60 à 7o livres de bon miel, il n'y en avoit que 30: la douceur de Fair, pendant l'hiver, avoit engagé les mouches à fortir, & elles avoient tellement confommé de miel, que les mouches de plufieurs paniers font mortes de faim, & les autres écoient à la fin de leurs provifions, elles n'avoient prefque travaillé que pour vivre; pendant les vilains temps des mois d'Avril, Mai & Juin, éllés avoïent feulement amafté du miel brut pour la nourriture des vers. Le 15, depuis la ceffation du mauvais temps, Îles verjus fifoient #flez bien; on coupoit les feigles, & les fromens jaunifloient. Lé 18, les mouches qu'on n'avoit pas changées de panier, tuoient les bourdons. Le 19, on a achevé de ferrer les foins, fans qu'ils aïent efluyé une goutte d'eau : l'herbe étoit de bonne qualité, mais fort bafle, ayant peu profité pendant les fraicheurs des mois d'Avril, Mai & Juin, de forte que cette récolie étoit d'un tiers moindre que celle de l'année précédente. Les orangers ont commencé à fleurir vers les premiers jours de Juin; les fleurs étoient affez abondantes le 19; mais pendant toutes les pluies les boutons font reftés fans fleurir, & ils ne fe font épanouis qu'au moyen des chaleurs. du commencement de ce mois. Le 20, il n’y en avoit prefque plus : ainfi les orangers \ HÉAMUE 6 SCLE N-C-EU6. Mt eos ont été Jong-temps en fleur, & en ont beaucoup fourni. La -sève a été également arrêtée dans les autres plantes, car le “ro il y avoit encore des fleurs à Ja vigne. Le 22,, da fécherefle & la chaleur ayant fubitement fuc- édé aux pluies, les feuilles des arbres jauniffoient, &: on craignoit que le blé ne füt échaudé: les petites pluies qui furvinrent le 23, le 24.8t les jours fuivans, firent plaifir. Les laboureurs ont travaillé pendant ce mois à mener des imiers, à biner leurs terres, & ils ont commencé la moifion des blés vers la fin du mois. 4h ul us Depuis les beaux temps, le peu de raïfin qui étoit aux ignes, failoit très-biens 6 PEN x * . Éiindés stérile étinailisnle: che) | PA £ + v - — . nl . te À À | | beetle à mem rrnromng ven > _ "Ooi 292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 10 | 14 | 10 |27. 10 |beau fixe. 11 | 55 | #1 |27. 10 |beau & frais. 11 | 17 | 13 |27. 9 fheau fixe. 13 | 18 | 14 |27. 9 [beau fixe. 14 | 21 | 16 |27. 9 [beau fixe. [9] Co PAZ Fm n° Z AQU SAT. ER anses, T ue | THERMOMÈTRE. |* du [VENT | TN | Baromètre EMAUT D'U' "CIE Mois. | Matin | Midi. | Soir. } | RE Fa Desrés. | Degrés. | Des pouc. lign. k I N. 16 18 | 12 |27: O9 |variable. 2 | N°O. | 12 | 17 | 12 |27. 9 |variable, 3 E 13 18 1$ 27. 7 |beau, aurore boréale. 4 E 15 | 17 | 15 [27. 6 |couvert & lourd. S N 16 | 19 j 15 |27. 8 |variable. 6 N. 1$.| 17 | 13 |27: 1a1/|hbeau/fixe, 7 N. 14 | 19 | 152127. 8 |beau fixe. 8 S. E 160022; 18 |27. 7 |beau fixe. 9 S 18 | 2211 18 |27. 621|variable. rou|1S. © 26 | 15 | 12 |27. 6 |pluie & orage. 11 S 12 | 17 | 12 |27. 6 |variable. 20 NS. O 13 | r8 | 13 |27. 2 |variable. 13.| S. O0: sue Von 27 io tvarable, AN | eS AO: 13 | 16 | 13 |27. 6 [pluie & tonnerre. 15 [S. S. O.| 13 | 15 | 13 |27. 6 [broulard & pluie. 16 | S. O. | 12 | 142] #3 |27. oO |variable. 17 | S. O. | 12 | 18 | 1$ |27. 8 |variable. 18 | S. O. 13 | 21 | 17 |27. 8 |beau & ferein. 19 | S. O. | x7 | 211] 18 |27. 8 [beau avec nuages. 20 | S. O. | 17 | 20 | 17 |27. 8 [beau avec nuages. 21 | SO. | 16 | 21 | 18 |27. 9 [beau avec nuages, 22 | S. O | 14 | 16 | 14 |27. 7 lorage. | 23 | S10: 13 | rs | 14 |27. 8 |variable. DA NO 12 15 13 |[27. 8 |beau avec nuages. 25 |S. S. O.| 13 | 15 | 14 27. 8 |variable. 26 N 22 | 15 | 11 |27. 10 |brouillard Je matin. SMMOIUE ss: Sie YEN CES ARE TC Le r1 Août, on fervit des perdreaux gros comme des pigeonneaux. LerS, on fervit des pèches-magdeleines, & on com- mençoit à enlever les avoines. Le 19, on voyoit beaucoup de chenilles du chou. Le 22, il plut beaucoup, & le tonnerre tomba fur deux maifons dans un de nos hameaux, elles furent toutes les deux réduites en cendre; & cependant, une maifon qui fépa- roit les deux incendies , fut confervée, il eft vrai qu'il ne faïloit point de vent. . Le 28, la moiflon des blés étoit achevée, & celle: des avoines très-avancée. Le temps a été très-bon pour la moiflon des blés, & les pluies qui font tombées vers le milieu du mois, étoient néceffaires pour les avoines ; elles ont auffi très-bien fait pour les arbres, qui fouffroient, & qui + font rentrés en sève, néanmoins beaucoup de grefles ont péri ; mais les melons, qui étoient excellens avant les pluies, » font devenus depuis fort mauvais. Les premiers grains de : raifin n’ont commencé à tourner que vers le 20 ; mais après les dégâts de la gelée & de la coulure, on ne devoit efpérer . ‘ qu'une vendange très-médiocre, éetees rer r-opstmner geu-cd en été be om Oo ni] 294 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE SE PTE BR.E, | THERMOMÈTRE. TS | Baromètre Mois. Matin | Midi. 1 | ET AT DU (CIEL Degrés.] Degrés.| Degrés. S Lo c- beau fixe. brouillard le matin. nébuleux. variable. variable. beau fixe. -| beau & frais. grand vent. beau .& frais. temps noir, [ME couvert. beau fixe. grand vent. oo “] o0 © ce 9 10 Oo] 0 © ‘D © cc variable. beau fixe. variable. beau fixe, Ter à en + VU D M Où 0 © au CO O CON variable. beau fixe, beau fixe. gelée blanche. grand vent. variable, variable. variable. variable. pluvieux. pluvieux. pluvieux. santa E:5 SicEan cwrigriM ETS Le 6 Septembre, les raïfins étoient plus d'à moitié jun. à | | _ Pendant tout le commencement de ce mois, on a beau- coup vû de papillons de la chenille du chou; mais comme faifon étoit tardive, feurs œufs n'ont pas réuffi, ce qui faifoit efpérer qu'on auroit peu de ces animaux en 1750. Vers le 10, on fervit plufieurs melons , qui étoient beau- coup meilleurs que ceux qui avoient müri depuis les pluies lu mois précédent ; on fervoit auffi les poires de beurré. . Le 24, on commença la vendange. Le 30, on ne voyoit plus d’hirondelles, Tout ce mois a été beau, fec & chaud, le thermomètre yant monté à 21 degrés, & ayant été fouvent à 17, ce ui a été très-favorable aux approches de la vendange. Les miers ont labouré à demeure, & mené les fumiers. 296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OICTOBRE, THERMOMÈTRE. du | VENT. | Mois. Matin Didi | Soir. — Degrés; | Desrés. | Degrés. | pouc. ligne Barometre ETAT | DU 4 CAES 1 NAN Mo |. 13 10 |27. 7 |variable. 2 IN°0E* 10 15 120127: 000 | peau temps. DUIPINREr" 8 15 92127 IT jbeau temps. 4 N. 6 | 11 8 |27. 11 |beau temps. SITINORE DIS 9 |27. 112|beau temps fixe. 6 | NE. SAME 8-28. beau, gelée blanche. 7 SAPIN T-ES 8-| 14 8 |28. vi |beau, gelée blanché. 9 | N°E: 8,4: 13 73128. 11 +|beau temps fixe. non | IN-1ER 6 | 12 8 |28. 11 brouillard, gelée blanche, 12, |UN-RE? Del TTeS 7 [28- 10 brouillard. 1211 | NAOË Loft 9 |28. 9 couvert. 13 N.'E. 6 Lex 7 128.: 7 |variable. 141 1h 540: FAR ON 6 |28. 10 |couvert. 15 N. S 10 7 |28. gelée blanche, ré AN 6h |RTo 7 |28. 10 |beau temps. 17 Sr O7 9 v2 8 |28. 10 |variable, 18 SE: 7 | 12 7 128. 10 |orand brouillard où |PPSMIE: SA lLre 9 °]28. grand brouillard, 20 IN.N.E.| 8 12 7 |28. 11 [grand brouillard. 21 N. 7 6 2 |28. couvert: 22 N. > 7 4 |28. gelée blanche, 23 NÈRE 3:| 8 425128. 11 |variable. 24 N. 3 +|— 0 |28. 8 jbeau temps. 25 N. |—4 |—o |— 2:28. 9 |variable, neige, 26 N. |—4 |—1 |—1r |28. ro |gelée blanche. 27 S. 2 6 $ {28. 11 |variable. 28 N. s 7 $ |28. 10 |iemps couvert, brouillard. 29, | N°10 7 7 3 |28. 9 |variable. 30 | N.O 3 6 2 |28. 10 |oelée blanche. 31 N. O 4 6 7 |28. 10 {froid & pluie, Le metres, Scene Nc ks 297 Le 4 Ofobre, la vendange étoit faite prefque par-tout; le vin qui bouilloit dans les cuves, jetoit une écume fort rouge, & répandoit une odeur forte, ce qui annonçoit de bon vin. Il gela blanc le matin. Le 6, on ferra les orangers; ils étoient très-verds, avoient peu de fruit en état d'être cueilli, mais il y en avoit beau- coup pour 1750. * Le 9, on commença à femer les fromens, & fe temps y étoit très-favorable. Ler8, on fervit encore un melon qui étoit fort bon, ce qui eft rare dans une faifon fi avancée. _ Le 20, on commençoit à prendre beaucoup d'alouettes. Vers le 25, il y eut des gelées affez fortes. - 1 _ Le 29, les blés fes premiers femés levoient, quoique la terre füt fort sèche. Le 3r, les fermiers s’'amufoient à faire des entre-hivers, én attendant qu'il fût tombé de Peau, pour femer les blés méteils, car tous les fromens étoient femés, & en partie levés. La récolte du fafran s'eft auffi faite pendant ce mois; malgré fa gelée, la verdure fubfiftoit encore fur plufieurs arbres. ÂMem. 175 0. Pp 298 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE NOVEMBRE THERMOMÈTRE. LT M | Baromètre ETAT DU CIEL. Matin | Midi. | Soir. er comen | eomnmenn Degrés.} Degrés, | Degrés.| poucs lign. Jours du VENT. Mois. : 1 Al SMOE S 7 6 |28. 9 |temps variable. 2 S! 7 7 7 |28. 10 |pluvicux. 3 SL 7 7 7 128. 9 [couvert & humide. 4 SU 6 7 7 |28. 7 couvert & humide. s S. S 9 7 |28. 6 |variable. 6 S. S 9 7 |28. 4 |variable. 7 ùE F & 7 |2S8. 2 [couvert & humide. BTS. EE 7 9 7 |28. 2 |variable. 9 | N. O:. s 8 $ |28. 6 |variable. 10 S. s 8 7 |28. 7 variable. II S: 6 8 | 6 |28. 6 |pluvieux. 12 S: S 8 6 |28. 7 |pluvieux. 13 N. 6 8 6 |28. 9 |couvert fans pluie. 14 IN 4 7 2 |28. 9 |beau. 15 N. 2, 7 o |28. 9 |gelée blanche, beau temps. , 16 | N.E. |—2 |—3 o |28. 6+|brouillard, gelce blanche. 17 N. x |—4 |—12/28. 4 |brouillard, gelée blanche, givre. 18 N. SMS 3 |28.:5$ [brouillard. 19 N. 2 4 1 |28. 11 |grand brouillard. 20 N. CE oi Ha 28. 10 |grand brouillard. 21 N. [|—o !—2 |—o |28. 11 [couvert & fombre. 22 N. |—o |—o |[—o |28. rx |bruine & verolas, 23 E. |—o |—o |—o 28. r1 |verglas. 2 NUE MEE dUhe 0 es Lg. brouillard. 20e co —43l—2 |[—1:|128 beau temps fixe. 26 | N.E. |—4 |—o |—1 }28. 11 |variable. 27 EE. {—ril-1: |—:1:/28. beau temps. 2 N. |—2 |— 1-2 |28. 2 |brouillard & givre. 2 N. |—2 |—o |—1 |28. 3 lhrouillard & givre, 30 N. [—:r |—1 |[—1 |28. r+|yrand givre & bruine, “dreafeusr S: CAE N'C-E:SoN M eo Le 7 de Novembre, on. avoit achevé les fmailles, & on voyoit des roitelets. … Les blés étoient bien’ levés à la fin de ce mois; mais comme l'air a toûjours été froid, qu'il y a eu du givre, que le thermomètre eft defcendu à 4 degrés? au deflous de zéro, & -qu'il eït peu tombé d’eau , les blés n’étoient pas forts. Les vignerons ont arraché les échalas, & ils ont donné Ja façon d'hiver qu'on nomme parer la vigne : Jes laboureurs ” ont fait des entre-hivers. Nous avons fait beaucoup planter d'arbres de toutes Îes efpèces, quoique la terre füt fort sèche, 300 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE D'E CE ATENR"E THERMOMÈTRE. La TS, Matin | Midi. Degrés. Degrés | Degrés. Baromètre ETAT Dpiu (C'LEL Soir. 28. bruine. 28. 1 |orand brouillard. A 54 28. variable & fombre. ; 128. beau temps. > 28. variable, brouillard. À 28. 11 [couvert & froid, S. ©. 2 $ 3 |28. 8 |variable. N. ©. 2 3 2 |28. 8 |variable & froid, gl S: O: 2 $ 4 |28. 6 {couvert TON S. O2 2 3 1 |28. $ |variable, 11,! NE. |—6 |—3 |—6 |28. 1 |petie grêle. 12 | S. O. |—6:|—3 O |28. 11 |verglas. 13 | S Elo 33 ‘28. 10 [Ombre & couvert. 14 S: 3 S 32128. 9 |fombre & humide. 15 S 3 S 33128. 9 |couvert. PEN RS AO 3 s Oo |28. 10 |doux & couvert. 17 S o |—3 O |28. 9 |beau, gelée blanche. 18 S. J— 4|— 2:|— +128. 9 [brouillard froid. TOUS NO: 3 S 1 |28. 8 [couvert 20 |NSNO;: o |[—4 |—1 |28. 8 |variable, gelée blanche. 21 S. O. |—o S 4 |28. 3 |gelée blanche. 22 S: 3 s 2 |27. grand vent & pluie. 23 | S. O.=0 3 |— 1 |27. 11 |gelée blanche. 24 0 3 |—1 |[—1%l27. 11 ‘brouillard. 25 N.E. |—1 |—2 |—3 |27. 11 |couvert. 26 S. 3 S 3 |27. 6 |couvert. 2 S: 3 $ 3 |27. 6 |couverr. 28 . O. |—o |—3 o |27. 10 |couvert, gelée blanche. O © |27. 11 |brouïllard. O © E 3 28. variable. 28. beau temps, RER NP PL SE RCI SI IRC ETS CREED mis S cie Nic Es Mes : Le mois de Décembre s'eft paflé fans grandes gelées, & es travaux de la campagne ont été les mêmes que ceux du mois précédent. RAC A RP IT U LANT 1 ON. ETAT GÉNÉRAL DES SAISONS. L'hiver a été doux, la gelée n'ayant pas fait baiffer la liqueur du thermomètre au deflous de 4 degrés; il a auffi été fort fec, étant tombé peu de pluie, & prefque point de neige : mais il y a toûjours eu beaucoup de vent, qui diffipoit le peu d'eau qui étoit tombé. Les herbes potagères ont été vertes pendant tout l'hiver; la sève des arbres étoit en mou- vement dès le mois de Mars: les fruits à noyau qui étoient en fleur, ont été fort endommagés par la gelée de la fin de ce mois, qui a fait defcendre le thermomètre à 3 degrés au deflous de zéro. Le printemps peut paffér pour froid, fi on en excepte * quelques jours du mois de Mai: il furvint vers le 16, des gelées qui perdirent prefque tout, fur-tout dans Jes endroits où il étoit tombé de l'eau ou de la gréle: le mois de Juin a été froid & humide, L'été a commencé par étre pluvieux, le refle à été fec fans chaleur, le vent de nord ayant régné; ce qui étoit avan- tayeux pour les blés, qui ayant d'abord été nourris d’humi- dité, auroient été échaudés s'il étoit venu des chaleurs. L'automne a été sèche & froide, puifqu'en Décembre, . da liqueur du thermomètre a defcendu à 6 degrés & demi - au deffous de zéro. FROMENS. La récolie du froment a été médiocre pour la quantité, _ afféz bonne pour la qualité; il y a cependant beaucoup de » graines & de charbonné: les renoncules, qui, comme nous Favons dit, couvroient les guérêts, ont été étouffées au prin- temps par les blés, Nous parlons ici des terres de la plaine; Pp ii 302 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE car dans les terres noires, Ja récolte à été fort mauvaife, Fherbe ayant pris le deflus: les fromens ont été ferrés fort fecs. SAUT GOLD ENS, La récolte a été aflez bonne, néanmoins beaucoup d'épis ont été gelés par fa pointe, & dans des endroits il y avoit beaucoup d'ergot. AVOINES. : Les avoines de la plaine ont été meilleures que le fong de la forêt, quoiqu'elles fuffent mélées de beaucoup d'ivroie: nous avons dit que les vers dont nous avons parlé les années précédentes, en avoient beaucoup détruit; mais les pluies froides ayant fait périr ces vers avant leur métamorphole, nous efpérons que cet infefte qui s’eft beaucoup multiplié depuis quelques années, fera moins abondant en 1750. OrrxG* ES. Le peu d'orge qu'on fait dans notre province, a affez bien réuffr. PLANTES LÉGUMINEUSES.\ H y a eu fort peu de pois, fèves, lentilles, vefces, &c. Tes pluies froides du printemps les ayant fait pourrir par le pied. s Eu it. Mir Les fainfoins ont été fort bas, il y en a eu de perdus à caufe des pluies qui ont régné après qu'ils eurent été fauchés; néanmoins ceux qui les ont laiffés fans les retourner, jufqu'à la fin des pluies, ont eu.une herbe affez verte, parce que le deflus feul eft devenu jaune; le deflous, qui étoit refté toûjours humide, a été peu endommagé: mais'ceux qui, par une précaution mal-entendue, :ont retourné leurs fainfoins, ont rendu toute l'herbe noire, la fleur & les feuilles font ‘tombées, & il n'eft refté que les tiges. | — L'herbe des prés étoit aufii fort bafle, ce qu'on ne peut Ti! ps à DAENSU NS CE NC rs 303 attribuer qu'aux fraïicheurs du printemps, qui ont fufpendu lasève, & empêché l'herbe de profiter : au refle, ils ont-été ferrés bien {ecs, fans avoir été mouillés, & ils ui de bonne [5 V° IN. Leré de Mai, il gela très- fort, quoique la liqueur du thermomètre ne füt qu'à 12 degré au deffous de la congé: Rtion, comme cela sobferve toüjours ‘quand les gelées; font” pallagères, à caufe de limpréffion des murs ; & dans cé cas, il gèle blanc, quoique le thermomètre oi 2 + degrés au dé us de Zéro: Toutes les MÉUR 2e les _erdroits où n= YF! 2 tenir diminué Ja Re | rt. vin. ef. v erd dans les vignes qui ont été fort Ars » magées par la geke, parce qu'on n'a prefque eu à Xendanger | que les, verjus qui font fortis des yeux tar difs qui n'avoient ps pouflé quand les autres ont été gelés, & qui n'auroient » point pouté fans. cela ; ce qui. fait, que les vignerons les aPs … pellent. affez à, propos, des yeux qui dorment. 6 hp les. vignes -qui;n’avoient-pas été, fort, endommagées Par » la gelée, nous-ont donné, des, yaifins affez MUUS ; qui Ont * bouilli-promptement &c. jeté une écume fort rouge, répandant forte odeur vinéufe; i-eft refté à peu, près. huit. Jours : darcuve; &c-ce vin.eft,!par fà: coulent & par A qua= peu difféient de celui de 1746) ce quiet furprenant, | quand on fe. pappelle que: e vigne à été, présrtle fix Lemaines ù eus ane! vue Arret y esl-smrtotos'l | “Mais “pendant : les mois d'Aoët:, ds : Septembre: &.. le commencement d'Otobre; il eft peu tombé d'eau le foleik a eu beaucoup d'action fur les-raifins ;:qui ävoientrété édhiicis par coulure ; la fcherefle à encore fait que les grains Les RUTLUR À (1 FINE 304 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE premiers mûrs n'ayant point pourri, fe font confervés jufqu’à la maturité des grains tardifs ; ainfr, contre l'efpérance des plus expérimentés , les raifins font parvenus à une maturité aflez parfaite. Lorfque les boutons des farmens fe font ouverts, if pa- roifloit une prodigieufe quantité de grappes ; mais la gelée & la coulure ont fait un delordre fi prodigieux, que dans des vignobles où on auroit fait trente mille pièces de vin, on n'en a recueilli que trente ou quarante. La gelée du prin- temps a été fmgulière, en ce qu'elle a gâté des vignobles entiers, & qu'elle en a épargné d'autres; en ce qu'un mor- cœau de vigne n'a pas eu un bourgeon de pâté, & que le voifim a été ou entièrement perdu, ou fort endommagé. La mème bizarrerie s’eft fait remarquer fur les noyers, puifque dans une allée on en voyoit qui avoient beaucoup de fruit, pendant que d'autres n'en avoient point du tout : à l'égard de cet arbre, on fait qu'il y en a qui font plus hâtifs que les autres, & cette feule circonftance peut fournir l'explica- tion de F’obfervation précédente. Il y a bien auffr quelques vignes plus hâtives que d’autres, & nous avons déjà fait remarquer que la gelée avoit caufé plus de defordre dans fes endroits où il étoit tombé de la grêle ou de fa pluie: on fait que dans les bas & à l'abri du'vent, la gelée fait plus de dégät qu'ailleurs; mais nous avons obfervé entr'autres une vigne en plaine, qui étoit feulement partagée par un mur aflez bas; toute celle d'un côté du mur, étoit entièrement perdue, pendant que celle de l'autre côté, n'avoit prefque pas un bourgeon de pâté; celle-ci étoit plus jeune & plus avancée, ce qui la mettoit dans le cas d'être plus endommagée. Je crois néanmoins que la force de la sève fait quelquefois un obftacle à la gelée, car j'ai fouvent remarqué, 1.° que l'automne les arbres confervent d'autant plus Jong-temps Îeurs feuilles, qu’ils font plus vigoureux; 2.° queles gelées d'automne, même aflez fortes, n’endommagent point certains bourgeons qui ont pouffé tard & avec force. FRuITS, DES SCIENCES 305 FRUITS. Depuis l'année 17009, nous n'avons pas éprouvé uné difette de fruits auflt confidérable, nous n'avons prefque point eu de poires, de pommes , de pêches, de prunes, de ceriles, fort peu de noix & de noifettes : il n'en faut point être étonné; les mois de Janvier, Février & Mars ayant été fort doux , tous les arbres avoient pouffé, & ils ont été perdus par des gelées & les pluies froides de la fin de Mars, & des mois d'Avril, Mai & Juin, CHANVRES. Les chanvres ont été aflez beaux, & Ia filaffe eft de bonne qualité. SAFRAN S La fleur a été affez abondante, de bonne qualité, & elle a duré fort‘ long-temps, parce qu'elle avoit été interrompue par des gelées d'automne aflez vives, & les bons ont donné jufqu'à dix livres l’arpent. F HAUTEUR DES EAUX. … Les fources n’ont point tari, &c l'eau n’a pas manqué dans _ fes puits; cependant le niveau des eaux a toujours été aflez bas. ABELILLES. » L'hiver ayant été fort doux, il n'y a point eu de mois . où les mouches n'aient {orti de leurs paniers; elles ne trou- * * voient point de récolté à fleur, il falloit vivre du miel de . Ja ruche, & elles en confommoient d'autant plus, qu'elles Lo fait plus d'exercice; les provifions des paniers foibles . ayant été confommées de bonne heure, les mouches ont péri: Pendant fes beaux jours du commencement du prin- temps , des mouches des paniers qui n'ont pas péri, ont . ramaffé du miel , mais elles l'ont confommé pendant les … mauvais temps d'Avril, Mai & Juin; fi elles alloient par _un rayon de foleil chercher leur nourriture, elles trouvoient . des fleurs mouillées qui leur ont donné des dévoiemens, … Mém. 1750, Qq 06 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE maladie très-fâcheufe pour ces fortes de mouches: apparem- ment que les jeunes mouches qui auroient dû remplir d’autres paniers, ont {ervi à réparer la perte des anciennes colonies, car il n'y a prefque pas eu d’eflaims: de-là, le peu de miel qu'on a trouvé dans les ruches qu'on a vuidées; delà, l'état même de foiblefle de celles qui fubfifloient en automne. J'NTSE CITES I n'y a prefque pas eu de chenilles , excepté celles des choux, que les mauvais temps ont fait périr avant leur méta- morphole, I avoit paru beaucoup d’hannetons; mais les pluies froides les ayant fait périr , ils n'ont pas fait beaucoup de tort à la verdure. Les mêmes pluies ont aufit été fort contraires aux can- tharides, qui n'ont endommagé les frènes que du côté du {oleil, & à l'abri du vent. SEMIS ET PLANTATIONS. On a planté des arbres pendant tout lhiver, le printemps a été favorable pour les faire reprendre; mais la sève de cette faifon a été foible, non feulement parce que la végétation Sopéroit lentement pendant les pluies froides, mais encore parce que les gelées du printemps avoient détruit les premiers bourgeons : ces gelées ont fait auflr beaucoup de tort aux femis des olands, les nôtres n'en ont cependant pas fouffert, parce que, fuivant notre ufage, nous n'avons mis le gland en terre qu'au printemps. Plufieurs arbres foibles, foit qu'ils fuffent nouvellement plantés ou non, ont péri à la sève d’Août. M: ANE, A, DL IENS, Sur les Mémoires qui ont été fournis par M. Arnauis de Nobleville Médecin à Orleans. JANVIER. Cette année a commencé par des pluies abondantes -& rte. us te Coé. SOEET S dS ce D des gens fe font plaints d'étourdiffemens. continuent, DES ScIENCES. 307. continuelles, le ciel reflant brouillé & nuageux dans les inter- valles, fans aucune gelée; cette température de d'air a occafionné: toutes les maladies dépendantes du relâchement des folides, coime apoplexies féreufes, léthargies, paralyfies, rhumatifimes, afthmes & fluxions de poitrine : nous avons eu aufli des indigeftions, pefanteurs d'eflomac, pertes d’app'tit, & des fièvres continues, entre lefquelles il s’en eft trouvé d’un mau- vais caractère. Le Kkermès minéral & les doux purgatifs ont uéri les fluxions de poitrine, dont les caufes dépendoient se lépaifliffement de l'humeur bronchiale; les faignées abon- dantes ont nui à caufe du grand relâchement, & en général les purgatifs ont fait du bien. NOR VE PURE SR: 11 y a eu peu de maladies nouvelles; celles qui ont paru, ont été quelques éruptions cutanées, des rhumes, des faufes pleuréfies, quelques morts fubites, & des fièvres intermit- tentes fans danger. M, ARS : Ia paru beaucoup de fluxions humorales, des phlegmons éréfipélateux, des fièvres continues & intermittentes, & bien AVR I L Il y a eu fort peu de maladies; celles qui ont paru, ont été des rhumes, des extinctions de voix, des dévoiemens, & quelques fièvres continues, accompagnées de malignité, M A 1. Les maladies ont été les mêmes que celles du mois der- nier; nous avons eu quelques petites véroles aux environs » L d'Orléans. À JUIN. HN n'a paru que des maux de gorge, des rhumes & des fufles pleuréfies occafionnées par le froid; les petites véroles Qq i 308 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE JUTLLET Il y a eu fort peu de maladies, excepté quelques fièvres réglées en tierce & double-tierce; il y a eu aufli des fièvres malignes. AOUS T: là régné peu de maladies, feulement quelques fièvres intermittentes; vers la fin du mois, il y a eu quelques apo- plexies & des fièvres léthargiques dont plufieurs vieillards font péris: le froid qui eft furvenu dans le milieu du mois, a occafionné des rhumes, des maux de gorge, des coliques. & des dévoiemens. SEPTEMBRE, Les maladies fe font développées davantage que dans les mois précédens ; nous avons eu beaucoup de fièvres con- tinues, putrides & malignes, & des fièvres réglées’ en tierce & double-tierce, des dévoiemens & des dyfenteries : beau- coup de gens de la campagne qui ont été attaqués de ces fièvres putrides, ont rendu quantité de vers, fur-tout à Blois & à Chambord, d'où les Ullins de M: le Maréchal de Saxe: venoient tous les jours par charretées, fe faire traiter à l'Hôtel Dieu de cette ville, OCTOBRE. Les maladies précédentes fubfiflent encore, & même elles ont été plus abondantes; le froid a ramené les toux, les maux de gorse, les fluxions & les pleuréfies : les dyfenteries ont été abondantes à la campagne, mais elles ont cédé facilement aux remèdes ordinaires. NOVEMBRE. Toutes les maladies du mois dernier fubfftent encore; & de plus il y a eu à la campagne beaucoup de pleuréfies qui ont emporté bien du monde, quelque méthode que Von ait employée pour les traiter. Dies, S:C-LE NC 309 Ia paru encore de ces efquinancies fâcheufes qui régnoient il y a deux ans; trois enfans font morts dans la même maifon. en fix jours de temps, & la mère, qui les a foignés, a penf£ périr quelques jours après, de la même maladie, ayant coûché avec eux. DÉCEMBRE. Toutes les maladies qui ont paru, ont été du genre de éelles qui furviennent à loccafion de la tranfpiration fuppri- mée, comme fluxions, rhumatifmes, éréfipèles, paralyfies, & des rhumes, dont plufieurs ont dégénéré en faufles pleu- téfies. Nous avons eu auffi des parotides, des dévoiemens, & quelques fièvres malignes ; cependant il eft mort fort peu de monde, excepté quelques vieillards & des pulmoniques. EXTRAIT DES OBSERVATIONS BOTANICO-ME'TEOROLOGIQ UES, Faites à Québec pendant l'année 1749, par M, Gautier, Médecin du Roi en Canada. Pa M pu HAMEL. . eee de 1749 a été affez violent pour qu'il fe: {oit formé un pont de glace fur le fleuve Saint-Laurent, vis-à-vis de Québec, jufqu'à Montréal; il eft tombé environ 4 ou $ pieds de neige dans les campagnes. … Le dégel au printemps eft arrivé plus tôt qu'on ne penloit,, & on a commencé à faire les femences de bonne heure; on a eu un temps magnifique à la fin d'Avril, & pendant tout le mois de Mai, pour les ouvrages d'agriculture: la fleu- raïfon des arbrès a été très-belle, mais il eft venu des vents de nord-oueft fort froids, qui ont fait périr ou couler une _ partie des boutons des pommiers & poiriers ; aufli a-t-on cu moins de pommes qu'à l'ordinaire, mais les autres fruits,, Qais # 410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE comme frailes, framboiles, &c. ont été très-abondans & de- bonne qualité. L'été a été fort chaud, & il y eft tombé de temps en temps des pluies d'orage qui ont fait un bien infini aux pro- ductions de la terre; les blés en ont bien profité, & font venus à une, parfaite maturité: k rouille ni léchaudage n'y ont point fait de tort. La récolte a été très-abondante cette année en Canada, & il y a eu beaucoup de fourrages; tous les blés ont été fort nets de mauvailes herbes; leur grain a été bien nourri & a muüri parfaitement, auffi rend-il beau- coup de farine & de bonne qualité; le blé ne vaut actuels lement que deux livres le minot; il y en a même à vingt-cinq & trente fols. . Il y a eu peu de maladies cette année, & aucune maladie épidémique n'a régné: on peut dire que la colonie a joui de abondance & de la fanté, \ 1 MIE 5 SIGU'E N-C 311 OS DOI RE DES MALADIES EPIDEMIQUES DE 1750; Obfervées à Paris, en même temps que les différentes températures de l'air, Par M MaALoUuïIn. DE qui, dans la Nature, eft le plus à notre ufage, & le plus commun, eft ordinairement ce que nous con- noiflons le plus mal, & ce qui attire le moins notre attention, parce que nous y fommes habitués depuis l'âge où l'on n'eft pas encore capable de réflexion ni de connoiflance; c'eft de l'air dont je veux parler ici : l'air eft la première chofe dont \ nous ayons fait ufage à l'inftant même de notre naiflance, & cet ufage eft continuel jufqu'à la mort ; il eft eflentiel pendant toute la vie: nous ne ceflons point naturellement de refpirer, nous fommes perpétuellement dans l'alternative de Finfpiration & de Fexpiration. L'air nous environne entièrement, & nous fommes preflés de tous côtés par le poids de latmofphère ; le reflort de - Tair nous ébranle perpétuellement ; il caufe & il entretient nos mouvermens naturels. _ I n'eft pas moins effentiel au dedans de nous qu'au de- hors, il fait même partie de nos corps, il eft mélé en grande . quantité avec nos liqueurs, il entre dans la compofition de nos chairs & mème de nos os. On peut donc dire que l'air eft ce qui influe le plus fur _ motre vie & fur notre mort; c'eft pourquoi le Chancelier Bacon n'a pas fait difficulté d'avancer, dans fon Zraité de le vie à de la mort, que les viciflitudes de l'air font les prin- cipales caufes de la deftruétion des êtres: vivans. Ces confidérations doivent nous engager à faire plus d’at- | tention à l'action variée de f'air fur les corps; il faut y avoir ’ 12 Février 1752. a Mémoires de l'Académie des wSciences,1747. b 7 749: 312 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE égard dans le régime, pour, la confervation & le rétabliffes . ment de la fanté; & dans le traitesient des malades, poux la recherche des caufes des maladies, & pour leur guerifon. J'ai expliqué* dans l'Hifloire des maladies épidémiques des années précédentes, ce que peuvent le reffort de l'air & la pefanteur de 'atmofphère fur. nos corps, & j'ai rapporté b les effets de fa fécherelle & de fon humidité: if faut aufi confidérer le chaud & le froid, qui entrent pour beaucoup dans les opérations de la Nature; cet par le moyen de l'air ue la froidure & la chaleur des failons nous afiectent. Ce n'eft pas que les rayons du foleil n'échauftent les corps in- dépendamment de l'air, mais l'air entourant continuellement les corps, & étant échauffé , communique & conferve la chaleur. RS IL n'eft point de qualités de Fair auxquelles nous foyons plus fenfibles, qu'au chaud & au froid : tout ce qui furpañle le degré de notre chaleur naturelle, nous paroït chaud; & au contraire, tout ce qui l'eft moins, nous paroît froid. Tout ce que nous fentons chaud ou froid, ne left point pi lui-même; l'air n'a de foi-même aucune chaleur, il la reçoit des caufes qui la produifent, comme du foleil, & il fe refroïidit lorfque ces caufes ceflent d'agir. L'air qui eft plus près de la furface de fa terre, reçoit plus de chaleur que celui qui eft à la partie fupérieure de fon atmofphère : il fait en tout temps très-froid au fommet des hautes montagnes, comme fur la montagne de Pitchincha au Pérou, où la neige fe conferve, quoiqu'elle foit fous Ia zone torride; la neige n'y fond point à 2430 toiles, c'el- . à-dire, à une grande lieue au deflus du niveau de la mer, Mrs Bouguer & de la Condamine ont dit dans les Re- lations de leur voyage, qu'en montant & en defcendant les montagnes du Pérou, ils fentoient le froid ou le chaud, & faifoient monter ou défcendre fenfiblement le thermomètre, depuis plus de $ degrés au deflous du terme de la congé- lation, jufqu'à plus de 28 au deflus, & ils ont ainfi ren- contré fucceflivement {ur ces montagnes, en quelques heures, difiérens HO ES): 91e VE NICE SI 1184 différens climats. On reffent le plus grand froid au fommiét de ces montagnes, parce qu'elles font extraordinairement hautes, & au contraire on éprouve au pied, le plus grand chaud, parce qu'elles font fous la zone torride. IL fait plus chaud dans les plaines que fur les hauteurs ; parce que l'air eft condenfé à proportion du poids dont if eft chargé: or l'air inférieur de la plaine étant plus denfe par le poids de Fair fupérieur, reçoit plus d'impreflion des rayons du foleil, & en retient plus de chaleur, par la raifon que les corps qui font plus compactes , ayant plus de matière, confervent plus de chaleur de même qu'ils confervent plus de mouvement : au lieu que fair fupérieur des hauteurs reçoit & retient d'autant moins de la chaleur du foleil, qu'it eft plus rare, par la liberté qu'il a de s'étendre. n'étant point ou n'étant que peu chargé. La partie fupérieure de f'atmofphère eft à Ja vérité plus près du foleil que ne left la partie inférieure, mais cette différence eft extrémement petite par rapport, à la diftance immenfe du foleil à la terre, de forte que cette petite pro ximité de l'air des hauteurs fit moins à la chaleur, que ne fait la denfité de l'air des plaines. D'ailleurs l'air inférieur eft mêlé avec des parties étrangères qui émanent de la terre; ces parties concentrent & réflé- chiffent les rayons du foleil, & font des efpèces de petits mi: roits ardens: la terre elle-même & les corps qui font deflus, réfléchiffent dans fair qui en eft à portée, les rayons du * foleil. L'air échauffé le jour par le foleil, fe refroidit lorfque cet aftre eff couché, parce.que la caufe ceffant d'agir, l'effet n’eft plus entretenu , il s'afloiblit; outre cela, l'air Supérieur qui eft toûjours plus où moins Hoi: LAS peu à peu- celui qui eft deffous, & qui communique enfuite la froïdure à celui qui eft plus proche de la terre, lequel étant devenu. froid lui-même, diminue aufli peu à peu la chaleur de la rre & de tout ce qui en dépend. 1 Lorfque air, de chaud qu'il étoit,. AR froid tout & Mém, 1750: Rr 314 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE coup, comme il arrive quelquefois à Paris, fur-tout dans es mois de Juin & de Juillet, c'eft par des vents qui chaflent air chaud, & qui y fubftituent un air froid qu'ils apportent des climats froids. Ou bien les vents produifent ces changemens en rabattant Vair fupérieur contre la terre, & refroidifiant par ce moyen l'air inférieur qu'ils déplacent. De forte que la température de fair par rapport au chaud ou au froid, eft différente, non feulement felon la. différente pofition du pays par rapport au foleil, mais auffr felon la différente élévation du terrein dans l'air, & felon les vents. JANVIER. Le mois de Janvier a été extraordinairement doux ; fa liqueur du thermomètre y a rarement été au deffous du degré de la congélation: le plus bas où elle foit defcendue dans ce mois, eft à $ degrés & demi au deflous de ce terme; ce fut le 6 au matin : le’ plus haut au contraire où elle’ait été, ceft à 15 déürés au deflus; ce fut le 8 après-midi. L'air à été foit pefant pendant ce mois : le mercure eft monté dans le baromètre jufqu'à 28 pouces & demi, & il a prefque toüjours été plus haut que 27 pouces 7 lignes: le plus bas où it foit defcendu, c'eft à 27 pouces $ lignes & demie, & ‘if n'y a été que quelques heures. J'ai obfervé que la pefanteur de Pair a fouvent varié dans ce mois, non feulement d'un jour à un autre, mais même du matin au foir; à la vérité, ces variations comparées entre élles, n’ont pas été confidérables; elles ne {e font pas faites fubitement , fi ce neft le 26, que le baromètre monta tout d'un coup de 7 lignes, & redefcendit prefque aufli- tôt de 5. | Au refle, on peut dire que la température de Tair a été aflez égale pendant ce mois: le vent y a peu varié; il a le plus fouvent été fud-eft, & le plus rarement fud‘oueft. I à peu gelé, le ciel a prefque toujours été couvert, & il a fait fouvent du brouillard, de forte que l'air a été très-humide, PDA S. LS CJL'E NC. ES. 31 quoiqu'il ait très-peu plu. La hauteur de la pluie tombée en Janvier, a été de 8 lignes & un cinquième. Les maladies épidémiques de ce mois ont été des fluxions & des fièvres : ces fluxions étoient fort dangereules, & tom- boient fur la poitrine. Il y a aufir eu des rhumes opiniâtres, qui dégénéroient en fluxions de poitrine, lorfque la fièvre & l'inflammation furvenoient. J'ai vû aufli, fur-tout dans le commencement du mois, beaucoup de perfonnes tourmentées de rhumatifines. Il y a encore eu des dévoiemens, & ces dévoiemens ont été dyfentériques: j'ai obfervé que quelques-uns de ces ma- fades rendoient des matières liées à l'ordinaire, & qui étoient mélées avec ce qui failoit le dévoiement ; cela prouve, ce me femble, que cette maladie ne venoit pas dim relâche- ment des inteftins, mais de l’âcreté de humeur fluxionnaire qui s'y portoit, & qui y délayoit une partie des excrémens. Les remèdes rafraichiflans & les adouciffans réuflifloient dans le traitement de cette maladie, & au contraire les af- tringens, comme le dafcordium ou la thériaque, y étoient nuifibles ou inutiles ; quelquefois à la vérité ils fufpendoient le dévoiement, mais ce n’étoit que pour peu d'heures. Il y a eu dans le même temps beaucoup de fièvres pu- tides, qui paroïffoient commencer par attaquer la tête; les malades étoient affoupis, ou bien ils déliroient lorfqu'ils étoient abandonnés à eux-mêmes: fi au contraire on les interrogeoit, ils répondoient de bon fens. Quelques-uns fe plaignoient de douleurs d’entrailles; ils avoient la plufpart mal à la gorce, quelquefois auffi ils avoient mal au cœur: j'ai vü avec M. de la Sône, une fille malade de cette fièvre; elle vomifioit du fang noir & glaireux, elle en rendoit auffi par bas de fort noir, qui n'étoit point caillé. Ceux qui mouroient de ces fièvres, avoient le corps noi- râtre, peu de temps après leur mort. Les évacuations, fur-tout celles qui étoient faites par les pur- gatifs, réuffifloient dans cette maladie lorfqu'elles étoient pro- curées dansde commencement, & que le malade oblervoit un À Rri 316 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYaALE bon régime: les faignées faites promptement, auffi dans {es premiers jours, étoient fort utiles Jorlqu'il y avoit des acci< dens inflammatoires; mais lorfque Ja pourriture des humeurs approchoit de celle de la gangrène, aucun remède n'y réuflifloit. H y a auf eu beaucoup d'apoplexies pendant ce mois; & elles paroifloient tenir de la nature des fièvres putrides qui régnoient en même temps: ces apoplexies étoient avec fièvre, fréquence &petitefle dans le pouls, & avec quel- ques mouvemens convulfifs. Les malades n’étoient point afhiffés, comme on l'eft ordinairement dans cette maladie: ils avoient les yeux vifs & clairs, ils déraifonnoient même dans leur convalefcence avec vivacité, au lieu que dans le cas d'apoplexie ordinaire, il y en a qui paroïffent feulement être hébétés. J'ai obfervé auffi que la paralyfie qui a fuivi cette forte d'apoplexie, n’a pas été auffi opiniatre qu’elle a coûtume d'être, fur-tout lorfqu'on n'avoit pas été obligé de faigner beaucoup ces malades, & qu'ils avoient été plus purgés. Mrs Molin & Poufle, Médecins de Paris, m'ont dit qu'ils lavoient obfervé de même. I eft entré à l'Hôtel-dieu pendant le mois de Janvier, 1935 malades; if y en avoit déjà dans cet hôpital le pre mier jour de ce mois, 3481. H eft mort à Paris, dans le cours de ce mois, 1 898 per- fonnes; 1001 hommes & 897 femmes. H eft né pendant ce mois, 2074 enfans; 1077 garçons & 997 filles. De ces 2074 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 336, 182 garçons & 1 54 filles. H s'eft fait dans cette ville, pendant le mois de Janvier, 1$34 mariages. FEV RTER Le mois de Février a été beaucoup moins froid cette année, qu'il n'a coûtume de l'être: le thermomètre obfervé dans le milieu de Paris, n’a pas defcendu au deffous de zéro; DES SCrTEN CES 317 il a été à ce terme de Ia congélation, dans les jours les plus froids de ce mois, favoir, le 3 & le 4 La pefanteur de laatmofphère y a fouvent varié: elle à été plus légère dans le milieu du mois que dans le commen- cement & qu'à la fin. Le mercure a été dans le baromètre, à 28 pouces 3 lignes, le fecond & le pénultième jour du mois: c'eft le plus haut où il foit monté en Février: & le degré le plus bas où il foit defcendu, c'eft à 2 7 pouces 4 lignes 1; te fut le 17 du mois, le vent étant oueft & violent : il tomba aufli un peu de pluie ce jour-là. La hauteur de la pluie tombée pendant tout le cours de ce mois, n'eft que de $ lignes & trois cinquièmes. Le vent a foufflé de tous les côtés: il a été conftamment oueft quatre jours de fuite, vers la moitié du mois, & il a fait ces quatre jours-à un temps d'équinoxe, le vent étant très-violent. : Au refte, l'air a été extraordinairement fec pendant ce mois, & le ciel prefque toüjours ferein. Le 3, fur Les fix heures du foir, ä y eut une aurore boréale fort rouge ; elle s'étendoit de 'eft à l'oueft, & elle dura environ 4 heures, Ilen parut une autre le 9, fur les huit-heures du foir; elle ne dura qu'une heure, elle étoit au fud & par éclairs qui répandoient beaucoup de lumière fur la terre; le ciel étoit fort étoilé ce foir-Hà : il y en eut encore une le 2 7, à une heure après minuit. Il a continué d'y avoir des rhumes, & il y a eu quelques pleuréfies dans fe commencement de ce mois ; mais les ma- ladies qui ont attiré le plus d'attention en Février, par leur nature & par leur nombre, ont été les fièvres malignes, qui étoient putrides. Il y avoit aufi dans les autres fièvres ordi- - naires, qui ont régné en même temps, de la difpofition à 14 putréfaction des humeurs; elles étoient accompagnées d'un dé- voiement. M. Senac, Médecin de Paris, & de cette Académie, m'a dit que quelques-uns de ces malades avoient auffi des fueurs très-abondantes dès les premiers Jours de leur maladie, HN y a eu d'autres malades de ces fièvres, dont la crife Rr ïj 318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE étoit une jaunifle; ce qui dénotoit que le fiége principal de cette maladie étoit le foie, & que la bile dominoit fur les autres humeurs. Quelques-uns de ces malades reffentoient une douleur ; tantôt à un côté, tantôt à un autre; elle toit femblable à celle de la pleuréfie, & elle reftoit, même après la guérifon de la fièvre: cette douleur étoit vrai-femblablement caco- chime, ou fcorbutique, où vérolique. Les petites véroles & les dylenteries étoient épidémiques depuis plufieurs mois à Paris. J'ai obfervé que les petites véroles étoient plus bénignes en Février, que les mois précédens ; & au contraire les dy: fenteries y ont été plus malignes. On a reçû à l'Hôtel-dieu en Février, 1658 malades; il y en avoit déjà le premier de ce mois, 3573. If eft mort dans ce temps, 1 5 80 perfonnes ; 890 hommes & 690 femmes. IL eft né 1914 enfans; 947 garçons & 067 filles: de ces 1914 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 380; 182 garçons & 198 filles. Il s’eft fait à Paris dans le cours de ce mois, $ 54 mariages. MARS. Le mois de Mars a été extraordinairement doux; la liqueur du thermomètre y a toüjours été aux environs de 1 2 degrés au deflus de la congélation l'après-midi, & aux environs de 6 degrés le matin. Il y a eu de la rofée certains jours de ce mois, comme il a coûtume d'y en avoir dans le mois de Maï: il y a eu du brouillard le foir, la nuit & le matin, tous les jours, depuis le 18 jufqu'au 25. L'air a été extraordinairement fec en Mars ; il n’a été humide que depuis le 9 jufqu'au 14: il a plu le 9, il eft tombé de la grêle & de la neige le 10 ; la hauteur de la pluie & de la neige fondue n’a été, dans tout le mois, que de 6 lignes & deux cinquièmes. DES SCrENCESs. 319 Prefque tous les jours de Mars ont été fereins, & malgré tout cela, les productions de Ja terre n’ont pas été avancées à proportion de la chaleur de l'air, parce qu'en même temps il a été moins humide que de coûtume, Cette féchereffe à fait auffi que le froid qui a été un peu plus grand le 11,1e 12 & le 13, n'a point endommagé les fleurs ni Les fruits des arbres précoces, & cela d'autant moins, que le foleil n'eft pas devenu ardent tout à coup après ces jours-à ; d'ailleurs les vents qui ont prefque toüjours été fud ou ouelt, n'ont pas été violens, M. de Mairan obferva le 7, que le foleil étoit blanc: à fon lever, le baromètre étant à 28 pouces 3 lignes D & le thermomètre à 6 degrés au deffus de la congélation. . La pefanteur de l'atmofphère a peu varié pendant ce mois ; & elle a été très-confidérable; le mercure a toûjours été au deffus de 28. pouces dans le baromètre. I! à continué d'y avoir en Mars, comme il y avoit eu en Février, des fièvres putrides & des pleuréfies, qui, fui- vant l'obfervation qu'en a faite M. Vernage, devoient être traitées comune des fièvres malignes. Beaucoup de perfonnes fe {ont plaintes dins ce mois, de douleurs de rhumatifme: il y à aufli eu des apoplexies. On a obfervé qu'après les petites véroles de ce mois, il eft furvenu des maladies de ta peau. M. Lepy, Médecin de la Faculté, a vû des petites véroles bien guéries, à la fuite defquelles cependant il eft venu des dartres. Les maux de gorge ont été la maladie la plus dominante dans ce mois. J'ai oblervé que plufieurs de ces malades avoient de la falivation ; au refte ces maux de gorge n'avoient point de malignité: nous les avons traités facilement, füur-tout avec un gargarifme compolé d'une décoétion de ronce, de miel rofat, & d'huile de vitriol. Mrs de Juffieu & Renard fai- foient mettre du tartre ftibié dans les gargarifmes. * On faifoit ufer à ces malades de l'eau d'orge pour boiffon, dans laquelle on fifoit fonde un peu de criflal minéral; & ceux qui avec cela s'abftenoient de nourritures folides, guériloient plus promptement, 320 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALr Il eft entré à l'HÔtel-dieu, dans ce mois, 1710 malades: il y en avoit le premier Jour, 3729. Il eft mort à Paris pendant ce temps, 1627 perfonnes, fivoir, 953 hommes & 669 femmes. JL eft né 2022 enfans; 1029 garçons & 993 filles: de ces 2022 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 3452 183 garçons & 162 filles. Il ne s'eft fait que 34 mariages à Paris, dans tout le cours de Mars. AV RAE, Ce mois a été tempéré comme il f'eft ordinairement; il a été humide & doux, quoique le vent nord - oueft y ait été fort pendant quelques jours, fur-tout le 14 & le 15. Il a grêlé & neigé le 8, & il a gelé quelques nuits, fa voir, le 2, le 3, le 8 & le 29. La hauteur de la pluie tombée en Avril, eft de 2 pouces 5 lignes. Le jour où Ia liqueur du thermomètre eft defcendue Ie plus bas ce mois-ci, a été le 9; elle y a été ce jour-là, au matin, 4 degrés au deffous du terme de Ja congélation, le vent étant fud-oueft, l'air très-humide, & le baromètre à 27 pouces 7 lignes: le baromètre defcendit enfuite ce jour-là même, à 27 pouces 3 lignes. Ê Le plus haut degré où foit monté le thermomètre en Avril, ce fut le 21 après-midi; la liqueur y monta jufqu'à 1 6 degrés au deflus du terme de la glace, le baromètre étant à 27 pouces & demi, & le vent fud-oueit, avec tonnerre & pluie. En général, l'air a été moins pefant dans ce mois que dans les précédens : le mercure a le plus fouvent été au def fous de 27 pouces 9 lignes dans Je baromètre: le plus bas où il foit defcendu, c'eft à 27 pouces 3 lignes; ce fut le 9 & le ro du mois; il gréla, neigea & tonna un peu. le J0,'le vent étant oueft : au contraire, le plus haut où foit. ; monté Dies SCiENcErrS ar Monté le baromètre, c'eil à 28 pouces 2 lignes; ce fut de 29 du mois: le 2 & le 17, il avoit monté à 28 pouces une ligne. Le vent a foufflé fucceflivement de tous les côtés en Avril; il eft cependant venu le plus fouvent du fud-oueft. Il y a eu moins de fluxions de poitrine dans ce mois; qu'il n'a coûtume d'y en avoir, parce que l’hiver a, cette année, été doux & égal; il y a eu beaucoup de fontes de pituite, qui produifoient des rhumes: j'ai obfervé que ces rhumes finifloient par des fueurs abondantes; ces fontes cau- foient quelquefois des coqueluches, & fouvent des rhuma- tifmes , dont quelques-uns ont été avec paralyfie & enflure; il y a eu aufli des crachemens de fang. Nous avons obfervé des fièvres malignes putrides, dont les accidens étoient un point de côté & de la défaillance : on a vü aufli dans le même temps, quelques fièvres éphé- mères qui fe terminoient par des boutons éréfipélateux aux lèvres & au nez. Les maladies prenoient d’une façon extraordinairement fubite dans ce mois, par un grand froid, avec douleur de tête, des reins & du ventre; & ces maladies fe terminoient fort promptement aufli par des fueurs où par la mort: il y a mème eu des morts fubites, ce qui me paroït arriver le plus fouvent quand le baromètre eft bas, c’eft-à-dire, quand Tatmofphère eft plus léger. IL y a eu de ces maladies qui fe terminoient par un en- gorgement au foie, & quelquefois par une jaunifle ; elles étoient prefque toutes avec corruption dans les humeurs: en général , le fang qu'on tiroit aux malades ce mois-ci, a été très-mauvais. Plufieurs perfonnes fe font plaintes de douleurs _ de reins, & elles rendoient du fable dans leurs urines. Il a régné dans ce temps une efpèce de pétite vérole vo- Jante, qui ne duroit que fix à fept jours; il ny avoit point, dans le commencement de ces petites véroles, des maux de cœur & des douleurs de reins, comme il y en a ordinaire- ment dans ces maladies; elles avoient encore ceci de particulier, Mém. 175 0. Sf 222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE c'eft qu'elles commençoient par de la toux, & que les bou: tons étoient avec demangeaifon dès les premiers jours, au lieu qu'ordinairement la demangeaifon n'eft qu'à la fin de la maladie. H eft entré à 'Hôtel-dieu en Avril, 18 32 malades; il y en avoit déjà le premier de ce mois, 3718. I eft mort pendant ce temps à Paris, 1848 perfonnes; favoir, 1044 hommes & 804 femmes. I eft né 1876 enfans; 964 garçons & 9 12 filles: de cs 1876 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 331, 174 garçons & 157 filles. - On a fait à Paris en Avril, 522 mariages. M A L L'air a été aflez tempéré dans le mois de Maï; cependant on peut dire qu'il a été plus froid que chaud : le plus haut point où la liqueur du thermomètre foit montée, c'eft à 16 degrés au deflus de la congélation; ce fut le 14 & le 22 du mois: le plus bas au contraire où elle foit defcendue, éeft à 6 degrés audeflus de la congélation, ce fut le 11, le vent étant ce jour-là nord, & le baromètre à 28 pouces une ligne. L'atmofphère a eu, à peu près, le même poids ce mois-ci que dans le précédent; le degré le plus bas où foit defcendu le baromètre, c'eft à 27 pouces & demi; & le plus haut où il foit monté, c'eft à 28 pouces une ligne, & il y eft refté quatre jours, favoir, le 1 3, le 14, le 1 5, & le 16 du mois: le ciel étoit couvert ces jours-là, mais fans pluie, & même l'air étoit {ec. Le 24 Mai, à dix heures du foir, on a reflenti un violent tremblement de terre à Lourdes, à Tarbes, à Pau, à Bor- deaux & à Touloufe: ce tremblement à paru commencer da côté du midi, & avoir fon origine dans les montagnes des Pyrénées ; fuivant plufieurs relations , la terre s'élevoit dans les lieux où fe faïloit le tremblement: ce jour-là, il y eut à Paris de l'orage avec tonnerre, le vent étant pañlé de l'oueft à left, & le baromètre à 28 pouces. TT ei VA DES ScITENCES 323 En général, le temps na point été clair ni ferein dans le mois de Mai; le ciel y a prefque toüjours été couvert de nuages. : L'air y a été fort humide; il y a plu beaucoup, & de tous vents: j'ai obfervé qu'il y a même plu davantage, le vent étant nord-eft, que lorfqu'il étoit fud-oueft. La hauteur de la pluie tombée pendant ce mois, eft de 2 pouces 7 lignes --. .… Le 3, il y eut du tonnerre & de Ia pluie, le vent étant fud-eft, & le baromètre à 27 pouces 4 lignes; il y eut encore du tonnerre le 8, par le même vent fud-eft, le baromètre étant auffi à 27 pouces 4 lignes +. Ayant obfervé pendant ce temps, fi les vents qui agitoient les nues étoient diflérens de celui qui tournoit les girouettes plus prochaines de la terre (ce qui n'arrive pas toüjours) j'ai vü que le même vent fud-eft poufloit les girouettes & les nuages d'où tomboit la pluie. If a moins plu dans ce mois par le vent fud-oueft que par les autres vents: il eft arrivé que le vent tournant au fud- oueft, la pluie a ceffé; & le 28, le vent étant fud-oueft, il ne pleuvoit point; mais le füd-oueft ayant ceflé, & le fud-eft lui ayant fuccédé, il a recommencé aufli-tôt à pleuvoir par orages, comme il avoit fait le 24 & le 25 : j'ai obfervé aufi que lorfque le vent étoit nord, il y avoit des giboulées, M. Guettard m'a dit avoir obfervé ce mois-ci, du chan- gement dans les fièvres, felon des changemens de temps. Il n’y a pas eu beaucoup de malades, quoique le temps füt mauvais, parce qu'il étoit aflez également mauvais : les maladies ont ceflé lorfque le ‘baromètre étant haut, n’a point varié, ce qui a duré pendant quelques jours; maïs lorfqu'il a redefcendu, & que le, temps eft devenu pluvieux , il y a-eu des convalefcens qui. font retombés malades, &c la plufpart de ceux qui étoient malades fe font trouvés plus mal. Mr le Thieulier & Perfon, Médecins de la Faculté, m'ont dit dans Je temps avoir obfervé la même chole. . Ce qui a été épidémique dans ce mois, ré font des : sx Si 324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE coliques hépatiques, dont la réfolution fe faifoit par un écou- lement bilieux dans les inteflins ; cet engorgement du foie étoit bilieux, & n'étoit point inflammatoire fanguin: la fièvre & la chaleur n'étoient pas proportionnées à la douleur; quel- quefois même il y avoit peu de fenfibilité à la partie affectée: il furvenoit ordinairement à ces coliques un dévoiement falu- taire: l'eau de rhubarbe y failoit fort bien. Il y a encore eu des petites véroles, & quelques fluxions de poitrine, des maux de gorge & d’autres maladies de fluxion. J'ai oblervé ce mois-ci dans les malades, une difpofition à la fueur ou à l'éréfipèle. Il eft entré à l'Hôtel-dieu, 1657 malades; il y en avoit le premier du mois, 3622. I eft mort 1586 perfonnes; favoir, 937 hommes & 649 femmes. Ï eft né 1914 enfans; 1015 garçons & 899 filles: de ces 19 14 enfans, on en a porté 3 17 aux Enfans-trouvés; 380 garçons & 137 filles. Et il y a eu 420 mariages. LOUER, La température de l'air a été aflez égale pendant le mois de Juin, par rapport à la chaleur qui y a été médiocre, fr ce n’eft les derniers jours qu'il a fait plus chaud: le 21 à été le jour le plus chaud de Juin; la liqueur du thermomètre monta ce jour-là jufqu'à 23 degrés, le baromètre étant à 27 pouces 8 lignes, le vent fud, & le ciel couvert: la nuit füivante, il y eut du tonnerre, des éclairs & une pluie abondante. Le plus bas où la liqueur du thermomètre foit defcen- due dans ce mois, c’eft à 9 degrés au deffus du terme de la glace; ce fut le 4 & le $, le baromètre étant à 28 pouces, & le vent fud-oueft. En Juin, la pefanteur de latmofphère a été comme elle eft ordinairement à Paris : le mercure dans le baromètre, a ke plus fouvent été à 27 pouces 9 lignes: le plus bas où We s' S'erE Nc Es 325 if foit defcendu, c'eft à 27 pouces s lignes; ce fut Je 2 du - mois, l'air étant humide & le temps pluvieux: le plus haut au contraire où le baromètre foit monté, c'eft à 28 pouces 2 lignes & demie; ce fut le 28, le vent étant nord-eft & le ciel couvert. L'air a été extraordinairement humide en Juin, & le ciel y a prefque toüjours été couvert: j'ai obfervé que dans ce mois comme dans le précédent, il a plu davantage par le vent nord-eft, que par le fud-oueft, & il eft même arrivé plufieurs fois, que la pluie qui tomboit par le vent nord-eft, cefloit fi le vent devenoit fud-oueft, & elle recommencoit Jorfque le vent redevenoit nord-eft, Il eft tombé pendant ce mois, 2 pouces 9 lignes de pluie. Le vent a fort varié, non feulement d'un jour à l'autre, mais même chaque jour; cependant il eft plus fouvent venu de l'oueft que d'aucun autre côté. I y a eu, ce mois-ci, beaucoup d'étourdiffemens, dont . les fuites ont été fort dangereufes; dans quelques perfonnes ils ont été fuivis d'apoplexie, & dans d’autres, de mort fubite. Dans le commencement de Juin ïl y a eu des coliques hépatiques, qui n’étoient point inflammatoires, parce qu'elles n'étoient point avec une tenfion douloureufe du côté droit, ni avec fièvre, & parce que la maladie fe diflipoit lorfqu'il furvenoit un dévoiement bilieux, foit que ce dévoiement vint naturellement, ou que l'art le: procurit. H y a encore eu des maux de gorge, pour la guérifon . defquels M. Cofhier, Médecin de la Faculté, nous a dit que a faignée de la jugulaire avoit été utile, * M. Macquer nous a dit auffi qu'il avoit vü parmi le peuple, des fluxions de poitrine: on a oblervé qu'il y en a eu beau- coup moins parmi un autre monde; en général, ceux qui ont le néceffaire & les commodités de la vie, font ordinai- rement moins fujets aux maladies épidémiques, que ceux qui en manquent. Ceux aufli qui non feulement ont le né- ceffaire & les commodités de la vie, mais même qui jouiffent d'un fuperflu, & font des excès, ne font pas fr expolés aux Si 26 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE’ maladies épidémiques que les pauvres ; mais ils font fujets à d'autres maladies qui ne font pas moins grandes, & qui font la fuite du mauvais régime de l'opulence: il femble qu'il y ait une compenfation en tout. M. Senac a obfervé des efpèces de rhumatifmes qui oc- cupoient la tête, le cou & la poitrine, jufqu'au défaut des côtes, avec fièvre & difficulté de refpirer; ce qui failoit une maladie aigue & dangereule : les malades en mouroient promp- tement lorfque l'humeur qui les cauloit, fe portoit dans l’'in- térieur de la tête ou de la poitrine: il m'a dit qu'il croyoit ue le bézoard jovial que propofe Rivière dans des cas fem- blables, y étoit bon; le fang qu'on tiroit à ces malades, étoit couenneux. M. Baron nous a dit aufli qu'il avoit vü de ces ma- lades, qui étoient avec enflure des parties affectées, & M. Cof nier a prétendu que les vefficatoires y pouvoient convenir. M. Vernage a obfervé qu'il y a eu dans ce mois-ci des maladies de là peau, qui paroifloient d'abord être des fièvres miliaires, & qui fe terminoient en plaques femblables. à celles de la rougeole dans fon commencement. Il faut remarquer que, pendant le même temps, à quatorze lieues de Paris, dans la ville de Beauvais, la maladie qu'on nomme /a Suette, faifoit beaucoup de ravage. M. Boyer, Médecin de Ia Faculté, y donna une méthode de la traiter, qui réuffit, & qui lui valut une députation & un préfent de la Ville. Le Roï ayant appris ce procédé de la ville de Beau- vais envers fon médecin, en marqua fa fatisfaction. Il eft entré à l'Hôtel-dieu, 1479 malades; il y en avoit le premier du mois, 3267. Ï eft mort dans Paris, 1356 perfonnes; favoir, 790 hommes & 566 femmes. H eft né 1735 enfans; 896 garçons & 839 filles: de ces 1735 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 2 953 153 garçons & 142 filles. H seft fait pendant ce temps, 406 mariages. MATE 81 Sc TE © pe E! 327 JU LULSE, TT: Le mois de Juillet a été fort chaud; la liqueur du thermo- mètre eft montée jufqu'à 2044, qui eft le degré de chaleur le plus haut de cette année; & ce qui n'eft pas ordinaire, c’eft que cette chaleur a continué plufieurs jours, favoir, le 2r, fe 22, le 23 &le27, le vent étant fud-eft, & le temps ferein: & au contraire le plus bas où foit defcendu le thermomètre le matin, c'eft à 11 degrés au deflus de la congélation; ç'a été le 12 du mois, le vent étant ouelt, & le temps pluvieux. Pour ce qui eft de la pefanteur de l’atmofphère, le baro- mètre eft monté le 19 jufqu'à 28 pouces 2 lignes & demie, & c'eft le plus haut degré où il foit monté dans ce mois: 1e plus bas au contraire où il foit defcendu, c'eft à 27 pouces 7 lignes; ce fut le $ de Juillet. Le ciel a fouvent été couvert, & l'air humide: il eff tombé plus de pluie qu'il na coûtume d'en tomber dans ce mois: en eft tombé r pouce 11 lignes & À. Le vent y a le plus fouvent été fud, & quelquefois oueft; äl a plus rarement été nord & eft. Le 26, fur les onze heures du foir, il a paru une petite aurore boréale, M. Vernage a encore vü dans ce mois, quelques malades de fluxions de poitrine. M. Hazon, Médecin de la Faculté, a traité des rhumes & des catarres fur Îa gorge. H y a eu dans ce temps beaucoup d'enflures, paiticuliè- rement des jambes & des pieds. M. Hériffant, de cette Aca- démie, a fait la même obfervation. + J'ai vû auffi quelques fièvres malignes, & M. le Hoc, Médecin de la Faculté, a vü des éréfipelles. La maladie la plus épidémique & la plus dangereufe de ce mois, a été une colique qui paroïfloit être hépatique, en ce qu'elle fe failoit fentir dans la partie du ventre qu'occupe le foie; mais elle en difléroit, fur-tout en ce que les malades de cette colique n’avoient point le teint jaune, & que leurs excrémens n'étoient point blancheâtres, 328 MÉMorres DE L'ACADÉMIE RoyaALrE Cette colique avoit quelque reflemblance avec la coliqué de Poitou, parce qu'elle étoit avec crampe & avec une efpèce d'engourdifiement des extrémités; mais elle en différoit en ce que les purgatifs y étoient nuifibles en général, au lieu que pour la colique de Poitou, les purgatifs , même violens, conviennent fpécialement lorfqu'ils font bien appliqués. Jl y a eu des malades qui font morts en trois jours, de la colique épidémique de ce mois, fur-tout lorfqu'elle étoit compliquée d’une indigeltion: la difpofition de quelques ma- lades à avoir cette colique, leur a occafionné de l'indigeftion; & dans d’autres, une indigeflion a déterminé leur difpofition à avoir cette colique. Plufieurs de ces malades avoient mal au cœur, & ceux qui vomifloient, avoient les yeux enfoncés, & les traits du vifage tirés dès le premier jour ; ils étoient dans un grand abattement, & ils avoient le pouls petit & vif: ils avoient le ventre tendu, n'alloient point à la garderobe, & foufiroient des douleurs dans les flancs & dans les reins, de forte'qu'on doit regarder cette maladie comme le cholera-morbus fec dont parle Hippocrate dans fen traité dv Régime de vivre dans les maladies aigues. La faignée y a été employée utilement pour la plufpat, parce qu'elle a diminué l'accident principal de la maladie, favoir, la tenfion, qui étoit convulfive: les purga- tifs pouvoient y être employés après qu'on avoit ainfi détendu par la faignée; il falloit auffr, avant que de purger, délayer les humeurs, en bûvant extraordinairement de l'eau tiède & de l'eau de poulet; enfuite les narcotiques y étoient néceflaires, lorfque la tenfion & les douleurs perfévéroient ; enfin on les purgeoit avec des eaux de Vichy. On a reçù à l'Hôtel-dieu, 1432 malades: il y en avoit Je premier de Juillet, 3090. Il eft mort 1236 perfonnes ; favoir, 680 hommes & 5 6 femmes. IH eft né 1818 enfaws: 959 garçons, & 859 filles : de ces 1818 enfans, on en a porté aux Enfans- trouvés, 268 ; 146 garçons & 122 filles. I s'eft fait dans ce temps, 410 mariages. AOUST. À DES Score N° cCENS 329 ALONU, SF, La température de l'air a été en Août, comme elle l'eft ordinairement dans ce mois, par rapport à la chaleur : le thermomètre y a le plus fouvent été, dans le temps le plus chaud du jour, à 20 degrés au deflus de la congélation, & à x 1 feulement dans le temps le plus froid; il eft même def cendu à 72; mais cela n'elt arrivé que le 29 du mois. Pour ce qui eft de la pefanteur de Fatmofphère, elle a été plus grande à la fin d’Août qu'au commencement : le mercure a été à 27 pouces + le 9, & celt le plus bas où il foit defcendu ; le plus haut où il foit monté, c'eft à 28 pouces 2 lignes, ce fut le 209. Les derniers jours de ce mois ont été plus fecs que les premiers : la hauteur de la pluie a été de 3 pouces $ + lignes. Le vent a fouvent été fud-oueft dans le commencement d'Août, & nord-oueft à la fm ; il y a eu quelques orages, mais ils n’ont pas été violens. Il parut la nuit du 26 au 27, une petite aurore boréale. Après le colera morbus du mois de Juillet, il y a eu dans le mois d'Août des malades d'indigeftions , qui étoient très- dangereufes par la mauvaife difpofition des entrailles : il y a eu auffi des dévoiemens avec maux de cœur. On a vû plus de maladies de veflie dans ce mois, qu'il n'y en a ordinairement, fans qu'on puifle déterminer que ces maladies fuffent épidémiques. M. Bourdelin m'a dit qu'il a vü à l'Hôtel-dieu, des fièvres malignes, des pleuréfies & des dyfenteries. J'ai vû beaucoup de fluxions qui étoient fur un des côtés de la tête, & en même temps des échauboulüres au refte du corps. Il y a encore eu quelques petites véroles bénignes. Il y a eu dans ce mois, des fièvres intermittentes, des tierces & des quotidiennes, qui prenoïient en froid avec friflon. H y a eu auffi des fièvres malignes éréfipélateufes : M. Vernage a vü une malade de dix-huit ans qui fut prife Mn. 175 0. TRE + + 330 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de douleurs vagues & de la fièvre; le troifième jour de fa maladie , elle tomba dans un afloupifflement continue , qui indiquoit un grand embarras de la tête ; il fa fit faigner du pied deux fois en un jour, ce qui attira une éréfipelle à la jambe, & qui, en même temps, débarrafla la tête : cepen- dant la fièvre & les douleurs fubfiflant encore, M. Vernage confeilla à {a malade de fe faire faigner encore du pied; on la faigna du bras, elle étoit difficile à faigner du pied. L'é- réfipelle difparut, & la tête retomba dans l'embarras où elle avoit déjà été: le Médecin infifta pour la faignée du pied, on la fit; l'éréfipelle reparut prefque auffiôt à la jambe, & la tête fut délivrée. Enfin, l'éréfipelle étant guérie au bout de neuf jours, la malade fut prife par un friflon de la fièvre, avec cette douleur de tête qui eft ordinaire dans les fièvres, & avec une autre douleur dans le côté du ventre, vers la hanche : on lui fit une cinquième faignée, elle fut faite du pied; & après cette faignée, il parut une tumeur rouge à la cuifle, & enfuite il reparut de l'éréfipelle à Ja jambe. Enfin, cette maladie fe termina par des douleurs dans le ventre, qui furent fuivies d'un dévoiement, par lequel la malade ren- doit quelques glaires enfanglantées. Il y a eu dans ce mois, des maux de gorge éréfipélateux ; qui étoient avec difficulté d’avaler, fans gonflement des amyg- dales : M. le Monnier, Médecin du Roï à Saint-Germain, m'a dit que les malades de ces maux de gorge qu'il avoit vüs, avoient les lèvres rouges comme des rofes de Provins, & des rougeurs aux mains, & il n'a ajouté que ces malades ne favoient pas qu'ils euflent mal à la gorge, quoique la gangrène blanche y fût; & lorfqu'ils guérifloient & venoient en convalefcence, ils paroifloient être pulmoniques. Il eft entré à l'Hôtel-dieu, 1 503 malades; il y en avoit déjà 2887. {l n'eft mort pendant ce mois, que 1203 perfonnes; favoir, 643 hommes & $ 60 femmes. H eft né 1916 enfans; 944 garçons, & 972 filles: de ces 1916 enfans, on en a porté aux Enfans -trouvés 301; 141 garçons & 160 filles. Du:s SLCTEIN CEE 327 Pour ce qui eft des mariages, il s’en eft fait à Paris, ce mois-ci, 323. ; HÉEPTEMEPBRE. Le mois de Septembre a été extraordinairement beau : le thermomètre y eft monté, prelque tous les jours, l'après-midi, au deflus de 20 degrés, & rarement il eft defcendu le matin au deflous de 10, fur le terme de la glace. La pefanteur de latmofphère a moins varié en Septembre qu'elle navoit fait en Août: le mercure, dans le baromètre, a le plus fouvent été au deflus de 28 pouces; le plus bas où il foit defcendu, c'eft à 27 pouces 7 lignes: ce fut le 23 du mois, le vent étant oueft, & l'air fort humide; au contraire, le plus. haut degré où foit monté le baro- mètre, c'eft à 28 pouces 3 lignesi; ce fut le 7, le vent venant de l’oueft, & le ciel étant couvert. Le vent eft venu de tous les côtés en Septembre; il y a eu des temps où il n'y en avoit point du tout, & il n’y a jamais été violent, pas même dans le temps de léquinoxe. Les trois jours qui ont précédé l’équinoxe, le jour même de léquinoxe & le lendemain, le temps a changé, le vent a quitté l'eft où il étoit, il eft devenu fud, fud-oueft & ouelt, le ciel s'eft couvert, l'air eft devenu moins fec, & il a plu. Il a éclairé, tonné & plu le 20. Au refle, l'air a été fort fec : il n’eft tombé en Septembre que 9 lignes de pluie. Il a continué d'y avoir des fièvres bilieufes, qui étoient tierces dans les uns, & quotidiennes dans les autres. IL y a eu aufli quelques inflammations du ventre, qui, lorfqu’elles étoient confirmées , faifoient mourir fort promptement le malade, parce qu'il furvenoit une mortification gangréneufe, Ceux qui, ayant coûtume de fe purger quelquefois par précaution, ont pris leur médecine ordinaire dans ce temps, où il fembloit qu'il y avoit généralement une mauvaife dif- pofition des entrailles, ont eu de vives douleurs de colique avec foif à la fuite de {eur purgation : il y en a eu quel- ( Tr à LI 332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE ques-uns qui n'ayant rien la nuit que de l'eau froide, en ont bû, & s'en font bien trouvés. Nous avons obfervé en mème temps, que pour la dyfen- terie, qui a été la maladie épidémique de ce mois, les remèdes rafraïchifians, comme font les émulfions, ont mieux réuffi que les échauffans, comme eft le diafcordium ou la thériaque, qui n'arrêtoient pas le dévoiement, & qui échauf- foient beaucoup. M. Cochu, Docteur de la Faculté & Médecin de l'Hôtel: dieu, noûs a dit que pour ces dyfenteries il avoit fait donner avec fuccès 1 $ ou 18 grains d’ipécacuanha le matin, dans du bouillon , & qu’il avoit fait réitérer de même deux ou trois jours de fuite. I eft entré à l'Hôtel-dieu pendant ce mois, 1702 malades ; il y en avoit le premier jour, 2898. H eft mort 1287 perfonnes; favoir, 681 hommes & © 606 femmes. I eft né 1904 enfans ; 9 54 garçons & 950 filles : de ces 1904 enfans, on en a porté 309 aux Enfans-trouvés; favoir, 151 garçons & 158 filles. Il y a eu 416 mariages. OCETIONBURICE. Le mois d'Oftobre a été extraordinairement fec : il y 4 très-peu plu; il n’eft tombé que 7 lignes & de pluie, mais il y a eu des rofées abondantes. Le vent qui a dominé pendant ce mois, a été celui de nord , fouvent aufli il a été nord-eft & oueft, rarement fud- eft, & il n’a point été fud-oueft. Le temps a été fort doux par rapport au froid, fur-tout les premiers jours du mois: le ther- momètre eft monté l'après-midi jufqu'à 17 degrés£ au deflus de fa congélation, & le matin il eft defcendu à 2 degrés. L'atmofphère a été fort pefant au commencement d'Oc- tobre, c’eft-à-dire, jufqu'au 17, & pendant ce temps il a fait chaud & fec: le baromètre eft monté le 3 jufqu'à 28 pouces quatre lignes; mais lorfque l'air a commencé à { me si Seite Nc EE 333 refroidir, & le temps à être moins ferein, ce qui eft arrivé le x7, le baromètre a commencé auffi à defcendre, & il s'eft trouvé à 27 pouces 4 lignes le 20 du mois, ce qui fait une différence d'un pouce : le vent étoit nord, & le ciel couvert ce jour-là ; il y eut aufli fur les huit heures du foir, une aurore boréale qui s'étendoit du zénit à l'eft. I y à eu beaucoup de morts fubites dans ces quatre jours que l'air eft devenu fi léger. Lorfque le temps a ainfi changé, & qu'il eft devenu froid, il s'eft fait des rhumes de cerveau. M. Baron à obfervé qu'il a commencé à y avoir dans ce temps, des fluxions de poitrine; il y a eu auffr quelques maux de gorge fimples, qui ont quelquefois été accompagnés de rhume, Le temps ayant peu varié pendant ce mois, & ayant continué d'être fec, comme en Septembre, il y a eu moins de maladies en Oétobre qu'en Septembre. Il y a encore eu en Oétobre de ces dévoiemens, dont il y avoit eu des malades depuis deux mois. M. Senac a oblervé que lorfque ces dévoiemens étoient arrêtés mal à propos, c’eft-à-dire, fans en avoir détruit la caufe, ils étoient fuivis d'une fièvre continue, qui avoit des redoublemens. Souvent auffi ces dévoiemens dégénéroient en dyfenteries. M. Vernage m'a dit qu'il avoit vü dans ce mois, beaucoup d'enfans malades de dyfenterie. J'ai obfervé que la tifanne faite avec la racine de nénuphar, émulfionnée par les quatre femences froides, étoit fort eff- cace pour guérir ces dévoiemens dyfenteriques. On a vü à Paris dans le mois d'Oétobre, quelques malades de la colique de Poitou : il faut remarquer que depuis le mois de Juillet, il y a eu une mauvaife difpofition générale dans les entrailles, qui a donné lieu au co/era-morbus, aux inflam- mations gangréneufes du ventre, à des dyfenteries & à des dévoiemens. M. de la Breuille, Médecin de la Faculté, nous a dit qu'il y avoit dans fon quartier, qui eft celui de Saint- Sulpice, des coliques qui avoient été, il:y a environ quatre ans, dans le même quartier & dans la rue Saint- Amoine :. Ttii 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ces coliquées prenoient par une douleur dans les membres; qui fe portoit fur la poitrine, enfuite au ventre; & caufoit la colique, avec un battement extraordinaire de l'artère cœliaque; ce qu'on diftinguoit parce qu'il étoit plus fenfible, & qu'il n'étoit pas aufr profond que left celui du tronc inférieur de l'aorte: lémétique & les bains étoient ce qui réuflifloit le mieux dans cette colique. Par l'ouverture des corps de ceux qui en font morts, on a trouvé que les inteflins duodenum & jejunum étoient principalement affectés; la plus grande partie des inteftins étoit gangrénée, & lorfqu'on en avoit écrafé entre les doigts, on y fentoit une certaine rudeñle, comme quand on a touché des acides minéraux. Nous avons vü aufit dans ce mois, des fièvres qui étoient avec douleur de tête & de la poitrine; elles fe guérifloient par la faignée & par la purgation feulement. J'ai obfervé que la faignée du pied y étoit plus efficace que celle du bras. Il y a encore eu des fièvres malignes. M. Bouvart nous a dit avoir vû une fille malade du mal de gorge gangréneux, qui a rendu par la bouche, une membrane de la longueur d'environ 2+ pouces: cette fille eft morte de cette maladie, IL eft entré à l'Hôtel-dieu, 191 3 malades; il y en avoit déjà 2910. I eft mort 1376 perfonnes; favoir, 742 hommes & 634 femmes. Il eft né 1886 enfans; 975 garçons & 911 filles: de ces 1886 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 303; 148 garçons & 155 filles. Il y a eu 404 mariages. NOVEMBRE. La température de Fair a été en Novembre, par rapport au froid & au chaud, comme elle eft ordinairement dans ce climat pendant ce mois: la liqueur du thermomètre y a toüjours été au deflus de la congélation, au milieu de Paris, Le 5, elle delcendit à ce terme, il gela ce jour-là; il y eut de la glace de l'épaifleur d'une ligne aux environs de Paris, AUOT 0 PS + PT te Pa ot NUE Tee oh) +. BE SLSUCLE NC Er SYTNPNERS - Je vent étant nord-oueft, & le mercure à 27 pouces 8 lignes. La pefanteur de l'air a fort varié, non feulement chaque jour, mais même d'une heure à f'autre, En général, air a été plus léger en Novembre que dans les mois précédens : le baromètre a le plus fouvent été aux environs de 27 pouces & demi; il eft même delcendu le 8 à 26 pouces 9 lignes: cependant il eft monté le 19 jufqu'à 28 pouces 3 lignes. L'air a été extraordinairement humide pendant ce mois: il y a fouvent plu, ïl y eft tombé 3 pouces & deux cin- quièmes de ligne de pluie. Le vent a aufli beaucoup varié pendant ce mois, & il eft venu de tous les côtés; cependant il a le plus fouvent été oueft & fud-oueft. On a remarqué que prefque tout le monde s'eft plaint d'avoir été agité la nuit du 8 au 9, le mercure étant tombé de 27 pouces & demi à 26 pouces 9 lignes, par un vent eft-fud-eft violent, & étant remonté tout d’un coup le 9, à 27 pouces 7 lignes, par un vent nord-oueft, Il y a eu peu de malades ce mois-ci, & ül n'y a point eu de maladie épidémique, fi ce n'eft qu'il y a régné encore quelques dévoiemens, des dyfenteries & des fièvres malignes: il y a eu aufli des fluxions. Nous avons obfervé qu'il y a eu des paralyfies qui n'avoient point été précédées d'apoplexies auffi fortes que le font ordinairement celles à la fuite defquelles viennent des paralyfies qui n'étoient point proportionnées, comme il arrive ordinairement, aux apoplexies dont elles étoient la fuite: ces apoplexies étoient égères, & les paralvfies complettes ; & ce qui eft encore fingulier, c'eft que ces para- lyfies { guérifloient beaucoup plus facilement qu'à l'ordinaire. I eft entré à l'Hôtel-dieu, 1 880 malades: il y en avoit déjà 3030. I eft mort 1486 perfonnes: favoir, 802 hommes & 684 femmes. | IL eft né 1885 enfans; 982 garçons & 903 filles: de ces 1885 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 319; favoir, 165 garçons & 1 54 filles. I s'eft fait pendant ce mois, $ 57 mariages, | 336 Mémoires DE L'ACADÉMI# RoyaLe D'ÉCEMBRE. Le mois de Décembre a été aflez comme il doit être dans ce pays, par rapport au froid; il y a eu quelques jours de gelée au commencement & à la fin: la liqueur du ther- momètre y elt defcendue les derniers jours, à s degrés au deflous de la congélation; les autres jours elle à été le plus fouvent au deflus, même le matin, & elle eft quelquefois montée l'après-midi jufqu'à 7 degrés. Le baromètre a fort varié & a été très-haut: il ef monté jufqu'à 28 pouces s lignes les deux derniers jours, quoiqu'il dégelât, & que le vent füt changé, étant devenu nord: le plus bas où ïl foit defcendu, c'eft à 27 pouces 3 lignes; ce fut le 11, le vent étant fud & fud-oueft. Le vent a foufflé de tous les côtés pendant ce mois; ce- pendant il a le plus fouvent été fud & fud-oueft, & ces vents ont été très-violens: il a été fud dans les derniers jours du mois, dans le temps qu'il faïloit le plus froid. H y a eu peu de brouillard en Décembre, & médiocres ment de pluie; il n'en eft tombé pendant ce mois, qu'un pouce 7 lignes & cinq fixièmes. Jl a gelé peu de jours, & le dégel a été extraordinairement doux & fans pluie. C'eft vrai-femblablement cette température douce de Fair, qui a fait, du moins en partie, qu'il y a eu peu de malades pendant ce mois. Il y a eu un grand nombre d’enfans malades de la rougéole; & beaucoup de perfonnes avancées en âge, ont été priles de la petite vérole. On a encore vû des malades de dévoiement, & même de dyfenterie : on a auffi eu à traiter quelques fièvres malignes. Enfin il y a eu quelques rhumes & des fluxions fur les parotides. Il eft venu à l'Hôtel-dieu pendant ce mois, 1889 ma- lides; il y en avoit déjà le premier jour, 3396. Il eft mort 1370 perfonnes; favoir, 682 hommes & 688 femmes. H = + - le: 1 8 dit Dies Sic,ilE Nrorvss 37 Il eft né 1876 enfans, 912 garçons & 964 filles: de ces, 1876 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 281; 138 garçons & 143 filles. Il ne s'eft fait en Décembre, que 39 mariages. RÉCAPITULATION. HTV'ER L'hiver de 1750 a été humide dans fon commencement & très-fec à fa fin; les rivières ont été extraordinairement bafes dans cette faïon, parce qu'il y a très-peu plu, quoique, comme je l'ai dit, le commencement en ait été humide : cette humidité du commencement de l'hiver venoit fur-tout de ce qu'il y a eu beaucoup de brouillard, & de ce que le ciel a prefque toûjours été couvert dans ce temps. Vers la moitié de l'hiver, les vents ont été violens comme ils ont coùûtume d’être dans les équinoxes : il faut remarquer que le temps qui a fuivi ces ouragans, a été femblable à celui du printemps. Le froid a été beaucoup moindre qu'à l'ordinaire, cette année à Paris; & ce qui a rendu la chofe encore plus ex- traordimaire, c'eft que comme il a fait moins froid que de coûtume, cet hiver, dans le nord de la France, il a fait plus froid qu'à l'ordinaire pendant le même temps dans les pro- vinces méridionales; ce qui prouve que la chaleur dans un pays, ne dépend pas feulement de fa pofition par rapport au foleil; & que plufieurs autres caufes y concourent. : Le jour le plus froid de cette année, a été le 6 Janvier : la liqueur du thermomètre defcendit ce jour-là vers fept heures du matin, à $+ degrés au deffous du terme de la glace. . La température douce de cet hiver eft vrai-femblablement ce qui a fait que les maladies ont plus porté à la peau qu’elles m'ont coùtume de faire dans cette failon. PRINTEMPS. Ï! y a auffi eu de Ia difpofition à la fueur dans les mala- dies du printemps, qui a été humide à la fuite d'un hiver fec, Men. 1750: Vu 38 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Rovare Le commencement du printemps a été beaucoup plus beau que le refle: toute cette faifon a été fort tempérée pour le froid & pour le chaud, EU AUES L'été a été humide dans fon commencement, très-fec & beau à fa fin. La plus grande chaleur de cette année a été les derniers jours de Juillet; le thermomètre y eft monté jufquà 29 degrés & demi. Il y a eu en France pendant l'été de cette année, moins d'orages qu'à l'ordinaire, & au contraire il y en a eu extraor- dinairement en Angleterre: il femble que ce qu'il y a de moins dans un pays, fe trouve de plus dans un autre, & qu'il eft, pour ainfi dire, une fomme de tout, qui eft diffé- remment répartie en diflérens temps. Il y a eu dans cette faifon, beaucoup de maladies de la peau. AUDE TEORMINNE. L'automne a été fort tempérée par rapport au chaud & au froid, mais la pefanteur de l’atmofphète y a fouvent varié, de même.que les vents; ils ont été violens vers l'équinoxe. » de . » £ Le, a . Ki C'’eft la faifon de l'année où il y a eu le moins de malades. LR 4 | cé > L. 2,7 L'air a été fec les premiers jours d'automne, & il a été fort humide {e refte de cette faifon. RESTE TE ANT Ea quantité d'eau de pluie qui eft tombée à Paris dans le cours de cette année, monte en hauteur, à 20 pouces 40 lignes. Il y a eu beaucoup de fruits cette année: en général, ils ont été bons, & n’ont point été mal-faifans; cependant ils étoient plus propres qu'autre chofe à caufer des indigeftions à ceux qui fe fentoient de la manvaife difpofition où on a obfervé qu'étoient les entrailles, cette année. Il a eu du dévoiement & de la dyfenterie toute l'année, plus ou moins : j'ai obfervé que les maladies y portoient, + Cat D RE RS ne CD \ , : | “bles SCrTENC:ES ou-aux inteflins, ou à la peau; il y a aufli eu toute l'année, des petites véroles. Les huîtres n’ont pas incommodé cette année comme elles : ont coûtume de faire dans le commencement de l'automne. Les Troupes fe font miles en campagne plus tôt cette année que les autres années de guerre, parce qu'il a fait peu d'hiver & que le printemps a commencé de bonne heure: je ne fais cette remarque, que pour faire voir que la tempé- rature de l'air influe naturellement für les actions des hommes, fur leurs coûtumes, fur leurs loix, fur leurs caractères & fur leurs mœurs, comme fur leur fanté. I! eft entré à l'Hôtel-dieu de Paris pendant cette année, 20590 malades: le mois où il s'y en eft moins préfenté, c'eft en Juillet; & au contraire celui où il y en a eu le plus, c'eft en Janvier. IL eff mort à Paris en 1750, (en y comprenant les morts des Maifons religieufes, & ceux des Religionnaires) 18084 perfonnes; favoir, 9961 hommes, 81 23 femmes. Le mois où il eft plus mort d'hommes, c'eft en Avril : & le mois où il eft plus mort de femmes, c'eft en Janvier. Le mois où il eft moins mort d'hommes, c'eft en Décembre : & celui où il eft moins mort de femmes, c’eft en Juillet. H eft né 22850 enfans; 116$4 garçons, & 11166 filles : de ces 22820 enfans, on en a poité aux Enfans- Woûvés 3785; 1943 garçons & 1842 filles. Le mois où if eft plus né d'enfans, foit garçons, {oi filles, c'eflgen Janvier; celui où il en eft moins né, c'elt en Juin. Le nombre des mariages monte, cette année, à 4619: le mois où il s'en eft plus fait, c'eft en Novembre: & celui où il sen eft moins fait, c'eft en Mars. Vuï 340 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OB SERV AT LION DE BEN O"NL'T PISCES D) E "LOMME Du 13 Décembre 175 0. FAITE DANS LA RUE DES POSTES. Pa M BoucuErR. F Es nuages qui ont caché fouvent la Lune, fe font con-. fondus avec la pénombre & l'ombre de la Terre, & l'éclip{e étoit déjà fort avancée, lorfqu'il nv'a été poffible de l'obferver: c'eft ce que j'ai fait avec une lunette de huit pieds qui n'avoit point de micromètre; ainfi je me fuis borné à obferver l'inftant de l'immerfion des taches. Temps vrai. A4 52° 18"lombre eft parvenue au milieu de Galilée. Les nuages recouvrent enfuite la Lune, & ils ne fe diffipent que cinq ou fix minutes après, $9. 24 mare humorum fe touve entièrement dans l'ombre. 1. 34 l'ombre eft parvenue à Ariflarque. 3. 33 l'ombre eft à Bouillaud. 8. 22 Pitatus eft à moitié dans l'ombre. 9. 42 l'ombre parvient au bord de Tycho. VA La La La La en même temps. Les nuages fe fuccèdent enfuite, & empêchent d'obferver pendant plufieurs minutes... $- 29. oo Fracaftorius à demi entré dans lombre. L $- 30. 52 Promontorium acutum fur le bord de l'ombre. $- 38. 8 Proclus fur le bord de l'ombre. $- 44. 30 tout mare crifum dans l'ombre. $; 47: 26 immerfion totale de a Lune, mais douteufe à caufe des nuages qui pafloient fur la planète. Il n’a pas d’ailleurs été pofhble de continuer davantage. Yobfervation, la vüe étant bornée du côté de l'occident, dans la maifon où l'on obfervoit. COR 11, 9 Tycho eft tout dans l'ombre, & Héraclide s’y trouve. | RSR LE 0 nee png eV | — = UE 1:80) 11: NC Fi SOMEN 34 oo MIQBSERVATION DE EM ENG LI P SE DEEE, E'UNFES Faire à Paris le 13 Dé-mbre 1750, au matin. Par M. LE MoNNIER le Fils. L:° MBRE du difque terreftre étant parfaitement bien terminée à 4h 52° $ 5", j'ai jugé, par le progrès qu'elle failoit fur la Lune, que d'éclipfe avoit dû commencer avant 4h $o'; mais je n'étois pas fitué commodément pour me fervir dans cet inftant de mon micromètre, & conclurre des premières phafes obfervées, le commencement de l'éclipfe. A 5° 00’ 15” l'ombre au fommet du mont Porphyrites ou Arif- tarque. 5. 10. 3$ l'ombre au fommet du mont Sirai ou Tycho. Dans la partie boréale de la Lune, l'ombre pañloit au même inftant par le fommet d’Atlus minor, quon nomme autrement Æjeraclides ou téte de la Vierge. Cela differe prodi- gieufement de la figure publiée à hôtel de Soubize. À 5" 26’ &aà 5" 27' la dift. des pointes des comes... 32° 37" Se 294... . la portion éciairée qui reftoit.. 9. 16 £ Se 307... SE QUE Dle UE REA ENNEMIS ADM: 2e MS. 2720 ein. Corn 80e mener 6. 48 = EE this la Lune moins claire . ..... $. 47 2 À sh 44" Zmmerfon douteufe, obfervée entre les nuages avec la même lunette de 86 pouces + de foyer, dont on s'eft fervi pendant l'édipfe. | A7h25'5 ou 26’ Emerfion fort cxaëte, obfervée, malgré le crépufcule, dans un lieu plus élevé, & avec une excel- lente lunette de 3 pieds, le ciel étant fort ferein en ce moment, de même qu'il l'avoit été depuis le commencement de l'é- clipfe jufqu'à sh 35’. Ainfi la durée dans fombre a dû être; de 1h 42’, fi j'ai bien eftimé l'énerfion, Vu 342 MÉMOIRES DE L'ACAPBÉMIE ROYALE Le diamètre vertical de la Lune a paru au méridien, de 33° 20"+, & réduit à l’horison, 32° 49 ou $0": il a paflé en 2° 29"+ où 2° 29"+, ce qui donne le diamètre hori- zontal de 32° 57" | A Londres, par le Dodleur Bevis, oh o' 28" à l'occident de l'obfervatoire de Greenwich. À 4% 36° 5o” commencement. 50. 07 l'ombre au fommet du mont Porphyrites. A . oo. oo l'ombre au fommet du mont Sinaï. 36. 05 immerfion totale. 14 33 émerfion. rs {due dans l'ombre, 1" 382, Appulfe obfervé le 12 Août 1750, de l'éroile 8 d'Ophiucus à /a Lune. A 78 59° 37"+, Emerfion obfervée avec une lunette de 12 pieds, un peu au nord du Palus Maotis : à caufe du grand jour, peut-être $ à 10" plus tôt, ce qui donneroit lémerfion à 7h 59° 30". 2" DEs SiCcTENcEE 343 OVBSÈE R VA T'I1.0 W DE L'ECLIPSE TOTALE DE LUNE Du 13 Décembre 175 0, au matin. FAITE A PARIS DANS L'HOSTEL DE CLUGNY. Par M. DE L'ISLE. s ; UELQUE difficulté que lon ait le plus fouvent à déterminer le commencement des éclipfes de Lune, fur-tout lorfque l'ombre de la Terre eft mal terminée, comme . elle Ta été dans cette dernière écliple, je crois cependant Yavoir aflez fürement reconnu à 4h 47’ + de temps vrai. L'inmerfion totale eft une phafe que lon peut déterminer ordinairement plus exaétement que le commencement, parce que l’on a pü reconnoître pendant le progrès de l'écliple , la force de ombre, & la diftinétion de fes limites, ce qui fert à mieux jugerdu moment auquel l'ombre couvre en- tièrement la Lune; cependant différens Oblervateurs l'efti- ment aflez fouvent différemment, à caufe d’une lumière qui refte quelque temps auprès du bord de la Lune après Fim- merfion totale. Dans cette dernière écliple, la Lune a été entièrement couverte de nuages à mon égard, 7 minutes environ avant fon immerfion totale; mais n'étant reftée cou- verte que pendant 4 minutes environ, j'ai pü eftimer aflez. bien Fimimerfion totale, qui m'a paru fe faire à 5h 45° 0" de temps vrai, en négligeant {a précifion de peu de fecondes,, dont il n’eft pas poffible de s’aflurer. Pendant la durée de léclipfe, je me fuis occupé à en. marquer le progrès, par l’obfervation des pañlages des bords de la Lune & de l'ombre, & ceux des cornes de fa Lune: par un fil perpendiculaire au parallèle de la Lune, & cela: avec une lunette catadioptrique de $ pieds de longueur :: 544 MÉMOTRESs DE L' ACADÉMIE ROYALE ceite méthode, que je pratique depuis trente-deux ans, m'ayant paru une des meilleures pour déterminer tout ce que l'on peut defirer de favoir dans les écliplés, j'ai cru la devoir référer aux autres méthodes , qui font le plus fouvent d'u- fage. Pendant les $7'+ que la Lune a employées, felon moi, à entrer dans l'ombre, j'ai pü obferver quatorze fuites de pañlages par le Hil dont j'ai parlé ci-deflus: les nuées qui ont occupé le ciel en difiérens temps pendant plufieurs minutes, m'ont empêché d'en obferver davantage; je crois cependant en avoir affez pour en conclurre quelques élémens avanta- geux à l'examen des Tables. Je les rappoñterai dans une autre occafion, avec ce qui fe déduit du paffage de la Lune ar le méridien, qui eft arrivé cinq heures avant l'éclipfe. Pendant la durée de l'éclipfe totale, la Lune n'a point difparu, comme il arrive quelquefois dans les éclipfes totales prefque centrales ; on l'a toûjours vüe, tant à la vüe fimple qu'aux lunettes, teinte d’une couleur rouge, & plufreurs taches s'y font toùjours pà diflinguer : elle étoit entourée de plufieurs petites étoiles. Après limmerfion totale, le bord occidental de Ja Lune, qui venoit d'être le dernier cou- vert par l'ombre, eft refté long-temps plus lumineux & plus fenfible que le refte du difque, & ce n'a été qu'après le milieu de l'éclipfe, que le bord oriental qui devoit fortir de l'ombre, a commencé à fon tour à devenir plus lumineux que l'occidental, ce qui a continué jufqu'à la fin de l'éclipfe totale ou la fortie de l'ombre, qui ma paru fe faire à 7h 26’ o", fans égard à quelques fecondes dont il n'a été impoflble de n'aflurer, à caule du grand jour qu'il com- mençoit à faire alors. Cette circonftance, & le peu de hau- teur de la Lune au deflus de Fhorizon, que je n'ai pas bien libre de ce côté-là, m'ont empéché de faire d’autres obfervations que celles que je viens de rapporter. (er AUITIE ME DES SCIENCES 134$ HUITIEME MEMOIRE S SUR LES GLANDES DES PLANTES, ER LYHESS SLA EP ULE M ED) Sur l'ufage que l'on peut faire de ces parties dans létabliffement des genres des Plantes. Pa M GuETTARD. | F ieprendrai dans ce Mémoire, la fuite des obfervations ,> Déceme. J que jai faites fur les Plantes, de {a réunion defquelles bre 1751. M. Linnæus eft en doute, & je fuivrai jufqu'à la fin la lifte qu'il en a donnée, en commençant où j'étois refté dans le feptième Mémoire. à J'ai obfervé une grande affinité entre les genres fuivans; Æe/pilus, _& fi M. Linnæus a été embarraflé à découvrir dans les par- Neflier. _ ties de la fleur, des différences conftantes, je ne Vaï pas Cratægus, moins été à en trouver dans les glandes & les fdets. M. Line © ErRà næus croit qu'on ne peut bien diftinguer f'alifier, fe forbier Soibier. & le nefflier, que par le nombre des ftiles du piftille ; il: y en a deux dans la fleur du premier, trois dans celle du : fecond, cinq dans celle du troïfième: fur ces principes, ül a tranfporté des neffliers de M. de Tournefort au genre de falifier, & de ceux-ci au premier. Pour moi, je n'ai vü . dans tous que des filets fimples cylindriques, & des glandes . à godet au bout des déntelures des feuilles; s'ils different, ce n'eft que par la quantité, qui eft fur-tout plus grande-dans les alifiers, & par leur couleur, qui eft un peu plus où un peu moins blanche: ils jauniffent, par exemple, dans Îes Tbier, dans le nefflier ordinaire, & dans quelques autres. 4 + Je né fais cependant fi les alifiers n’ont pas auffi un peu x I ) DR TD Ps PE BHO SN Xx 326 Mémorres DE L'ACADÉMIE Royare de duvet, qui fort principalement de Ja furface inférieure dés. feuiltes.{ J'ai wvû des: quatre. des Inflituts, le forbier cultivé, le fauvage, & ee'ui d'Orient à feuilles de frêne, le- nefflier ordinaire, lazerolier, Pamelanchier, l'aubépin , le cotonafer, le buiffon ardent & celui de Canada, F'alizier dont les feuilles font découpées, le coudoumalia des Grecs, celui de Crète qui-a les feuilles rondes & comme échancrées en cœur; toutes ces efpèces d'arbres font rapportées dans les Iniftituts: ou leur Corollaire: on y en trouvera plufieurs autres. efpèces qui y font en partie défignées par le velu de leurs: feuilles ; leurs filets font fans doute les mêmes, & je crois que lon peut dire que cette propriété eft commune à toutes. J'ai dû moins trouvé ces filets dans quelques autres, . qui font le neffier de Virginie à feuilles de grofelier, dont Spiræa Filipendula, Filipendule. Barla cayre, Barbedechèvre % Voy. Mém. # l'Académie Roy. des Scienc. ane 1747 ?. Sf7: il eft parlé dans la Phytographie de Plukenet, celui de Ca- nada à feuilles d'aulne noir , lalizier n.° 3 $ 8 des plantes de- Rome & de Naples; celui du n.” 50 de celles de Florence, dont Micheli a donné le Catalogue, & le forbier fauvage . des, Alpes à feuilles qui font joliment crénelées, & qui et cité par le même Auteur dans fon Ouvrage fur les plantes d'Italie & d'Allemagne. Tous ces arbres avoient auffi les dentelures des feuilles épaifles comme les précédens, & je: -penfe que les uns & les autres ont encore des ftipules dans les aiffelles des feuilles. y a beaucoup plus de rapport entre les filipendules & la barbe de chèvre, qu'entre ces plantes & les Jpiræa, aux- quels M. Linnæus voudroit qu'on les joignit : les houppes du fpiræa à feuilles d'obier Féloignent entièrement de toutes: ces plantes, & les filets des autres me paroiffent d'une figure pluftôt conique que cylindrique, qui eft celle des filipendules & de fa, barbe de chèvre Je renverrai au Catalogue des Plantes des environs d'Etampes , pour ce qui regarde les fili- pendules ; au fecond. Mémoire * fur les glandes des Plantes, pour,ce qui concerneles /piræa; j'y ai parlé de toutes les elpè- ces que j'ai examinées excepté de la petite filipendule & de: celle à fleurs doubles, qui ne font, au refte, que des variétés. | NO BIE,S.2 SC UIE NI CES. Ar de l'ordinaire, & qui, comme je l'ai obfervé, lui reflemblént entièrement du côté des filets. Je n'ai vû qu'une feule efpèce de barbe de chèvre, elle m'a paru fmblable aux filipen- dules, qui, de mème qu'elle, ont les dentelures des feuilles épaiifes. | | Re L'on feroit effrayé du grand nombre de plantés qu'il fu- droit voir pour établir quelque chofe de certain fur des cerifiers, & fur-tout fur les pruniers, f1 tous ceux dont äl, eft parlé dans les livres de jardinage , & même. de Botanique ,. étoient de vraies elpèces ; mais lorfque , par une connoiflance plus profonde de cette dernière fcience, on fait que toutes ces prétendues, elpèces peuvent fe réduire à deux dans le cerifier, & à trois dans le prunier, en em- braffant le fentiment de M. Linnæus, qui regarde même les abricotiers cités dans Mr: de Tournefort. & Boerhaave, & re à ARR sure 6 En | RSS SE Ps … DE S'SÉTENT HS HET où blanches, leiquels ne font eux-mêmes, fuivant M. Lin- nœus, qu'une feule e‘pèce; en admetiant de plus que les onze: fuivans ne font aufli que des variétés des uns & des autres, comme il eft plus que probable. Cela pofé, je dirai que non feulement les calices, mais les principales nervures du deffous. des feuilles du pavot des jardins, à femences blanches ow noires, ont de ces filets. J'ai rapporté dans le Catalogue des plantes des environs d'Etampes, mes obfervations fur le co- quelicot & fur les pavots à têtes oblongues, liffes ou velues : celui des Pyrénées, à fleurs jaunes, en avoit un peu plus que les pavots des jardins; jy en ai trouvé fur les tiges : celui à feuilles de Coriandre en étoit encore plus fourni, ik en étoit tout couvert, excepté fur les pétales & les étamines. Des trois du Corollire, l'efpèce qui vient d'Orient, qui a une grande fleur, & qui eft très-velue, en a réellement beaucoup, & qui ont quelque roideur; fon fruit cependant m'a toüjours pau fifle: celle qui a des feuilles d’Aypecoon, en étoit peu garnie; je n’y en ai vü qu'au bout des den- télures des feuilles : ces parties & les calices en étoient char: gés dans Ja troifième ; ils fe trouvent aufi dans le pavot jaune, vivace, découpé & qui vient de Cambridge; dans le Dorien qui na qu'une tige, & dont la fleur eft blanche, muis fun & autre en avoient peu. Toutes ces plantes font faupoudrées d'une fleur blanche qui m'a paru plus abondante: dans les pavots des jardins que dans toutes les autres efpèces : elles’ conviennent encore en ce que les rayons du ftigmate font chargés de très-courts filets, ordinairement rouffeîtres , dont il fort, à ce que je crois, une liqueur; ces filets font abondans, fur-tout dans le pavot d'Orient à grandes fleurs. _ Le pavot épineux, la chélidoine & la boccone font pri- vées de ces filets branchus; les leurs font fimplement coni- ques & coupés dans toute leur longueur de gros nœuds : il eft vrai qu'ils conviennent avec ceux des pavots, en ce: qu'ils font d'un couleur de nice affez vif, fur-tout dans: Jes premiers genres. J'ai éu beau obferver les plantes que ceux-ci renferment, dans différens états, je ne leur ai jamais 352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALE trouvé les branches de ceux des pavots, qu'il eft bon c£peu- dant d'examiner avant que toutes leurs parties foient bien développées; autrement ces branches pourroient être tombées: lorfqu'ils les ont perdues, ils font alors, au brillant près, fera- blables à ceux de l'argemone, de la chélidoine, & de la boc- cone. L'argemone du Mexique cependant n'en differe pas feulement par cet endroit, mais encore par des épines coniques & jaunâures, dont les dentelures & les nervures des feuilles & les fruits font armés; elle differe même par-fà des deux “autres genres, où il n'y a que les filets ordinaires. C'eft ce dont on peut facilement s’aflurer dans toutes les efpèces des chélidoïnes, des pavots cornus, des Inftituts & du Corollaire, que M. Linnæus a réunis fous le nom de chélidoine, & dans la boccone: les filets de cette dernière plante font à plus gros nœuds, ce qui leur donne la figure de chapelets ; ceux des chélidoines font plus longs, leurs nœuds font plus gréles; ceux des pavots cornus approchent beaucoup de ceux des chélidoïnes, ils m'ont feulement paru plus abondans. Au refte, if eft ordinaire d’en trouver dans toutes les efpèces fur les feuilles, les tiges, les calices, & fouvent fur les fruits; ces dernières parties font, dans Îles pavots comus, fouvent fimplement chagrinées de mamelons qui ont perdu leurs filets : il fuinte aufli de ces plantes un peu de fleur femblable à celle des pavots. . Capparis, … Les filets des capriers & des Dreynia dont je vais parler, Caprier. ne font pas moins propres à mettre une diftinétion entre ces genres, & où peut même dire qu'ils le font plus que ceux des pavots & des autres plantes de la même clafle: les breynia ont des houppes imparfaites fur toutes leurs parties, excepté les pétales & le ftyle du piftille où elles font par- faites, & les étamines qui en font entièrement privées, Ces houppes font d'un très-bel argenté, comme la plufpart de ce genre de filets: les capriers n'ont que des filets | coniques, fouvent des épines d'une figure femblable ; ces AR filets font très-rares, on n’en voit guère en deflus & eñ ” deflous des feuilles qu'un petit nombre, qui tombent même très- £! Breynia, La Breynius. DES SC ET NICUE AS RTE très-promptement. Les épines font placées à chaque nœud des tiges & des branches, le plus communément une de chaque côté: il en eft de même dans le caprier dont le fruit eft petit, & dans fe petit des environs de Florence cité par Micheli; dans celui que Lippi a trouvé en Egypte, & qu'il appeloit caprier d'Egypte très-épineux, à petite feuille ronde, aigue & à fruit alongé en maflue ; celui-ci a non feulement les épines dés nœuds, mais fes tiges en font tout hérifiées. Les deux capriers en arbre, qui reflemblent par leurs feuilles au faurier, & qui font rapportés dans les Inflituts, m'ont paru être fans épines, & même fans filets, mais je leur ai remarqué fur les tiges, des elpèces de glandes lenticulaires qui pourroient n'être que les mamelons qui ont porté ou qui auroient porté les filets: il en a été de même dans l'ou- coueboulou des Caraïbes, dont Surian parle au n.° 45 de fon Ouvrage. Il paroït que ces trois arbres ne font point épineux; toutes les plantes confervent ordinairement leurs épines, à moins qu'elles ne les aient perdues par la culture, ce qui n'étoit pas, à ce que je crois, arrivé à ces capriers en arbre: le peu de filets qu'a le premier, qui eft le feul où je les aie trouvés, me fait penfer qu'ils étoient tombés des autres, que je n'ai pü voir que dans F'Herbier de M. Vaillant, d’au- tant plus que fa branche du premier, qui y étoit renfermée, m'avoit également paru liffe. Les houppes des Oreynia font plus adhérentes; auffi les ai-je trouvées dans les efpèces que j'ai obfervées: ces efpèces font’ le bois de maboya à petits pois, que le P. Plumier appelle breynia à feuilles d'æleagnus; le bois de pran dont Surian parle, & que M. Vaillant croit être la même chofe que celui de maboya; le faule d'Amérique qui poite des veffies, qui a des feuilles très-longues, argentées & aigues, repréfenté dans Valmagefte de Plukenet. M. Vaillant avoit mis au nombre des breynia : je n'ai pas remarqué de différence dans ces plantes. Celle des plantes des deux genres fuivans n’eft pas non plus bien grande: elles ont toutes des houppes à plufieurs filets un peu roides, mais fes triumphetti portent fur leurs fruits Mém. 175 0. Y y Triumphetta. La triumphettr. Helio-egrposs FRanunculis, Renoncule. AMyofuros, Queue de Souris, 354 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE des filets coniques recourbés par le haut en forme d’un crochet: délié qui femble articulé au corps du filet, Le fruit de l'e/io- carpos étoit chargé de glandes à cupule-qui,, à ce qu'il m'a paru, jettent une liqueur; larrangement de ces filets fur les bords de ce fruit eft tel, qu'ils paroïflent autant de rayons qui en fortent, & il a donné l'idée que préfente le nom de cette plante: de plus, les quatre ou cinq dentelures du bas des feuilles s'évalent en godet rond, dont le bord eft pourpre. Ces différences peuvent confliter l'établiflement de- ces deux genres, quoique les plantes dont ils font compolés, aient encore de commun de laiffer fuinter de leurs feuilles une: liqueur qui forme probablement les petits grains que, l'on. y. obferve. Les filets à croffe des triumphetti ne font pas entièrement: les mêmes dans toutes: ceux de l'efpèce qui a les fruits épi- neux, ramaflés en grappe, font hérifiés dans. toute leur lon. gueur, de petits crochets femblables à celui du bout des longs. filéts dont j'ai parlé plus haut, &, comme ce petit, ils font recourbés vers le bas, des fruits: ces petits crochets man- quoient dans les filets du fruit. de la triumphetti.que Pétiver appeloit aigremoine de Madras, à feuilles de vigne. Je n'ai. pas vû les fruits de: celle à qui le mème Auteur donnoit auffi le nom d'aigremoine de Madras, & qu'il diftinguoit- par fes- feuilles rondes, blanches en deflous, & portées chacune fur: un pédicule particulier: les houppes de celle-ci. étoient un peu plus: blanches & plus douces.que celles des autres efpèces; fes fleurs avoient de ces houppes, & je crois: que les autres. elpèces en font garnies fur les mêmes parties. Je füivrois plus volontiers les Auteurs qui chercheroient non feulement à ne pas joindre-les deux genres de renoncule & de queue. defouris, comme M. Einnæus le demande, mais qui avec Dillenius.,, & après lui M: Haller, feroient encore- quelque divifion. dans le: genre: des renonçules, déjà trop. grand. IL faut dire-à là gloire de M, Vaillant, qu'il eft le: premier qui ait fait voir que toutes les renoncules ne con-- venoient pas. par les. parties de la fleur, & qu'il falloit çn. MRADESs SCLLINCÉS 355 compofer différens genres. Il donna én 171 9, un Mémoire dans lequel il en établit fix: il appelle le premier, fagette- ou flèche d'eau; le fecond, flûte de berger; le troifième, fylvie; le quatrième, queue de fouris; le cinquième, grenouil- lette; & le fixième, renoncule. M. Dillenius, à peu près dans Je mème temps, fit de plus ceux de Jicaria & d'hépa- tique. M.'5 Vaillant & Dillenius ont été fuivis en grande partie par M. Linnæus; mais ce dernier, en confondant fous le genre de renoncule ceux de ficaria & de grenouillette, a formé celui d'adonis. M. Häaller a non féulément admis tous les genres de M. Linnæus, mais il 1 encore rétabli celui de ficaria : je ne ferois aucune difficulté d’embraffer le fentiment de M. Haller; je ne férois pas même furpris que quelqu'autre Auteur divisät encore le genre des renoncules, les obfer- vations de M. Linnæus pourroient y conduire. Cet habile Oblervateur dit dans fon ouvrage fur les plantes de Lappo- nie, au n. 228, que la glande necarifere, dans laquelle il fait confifier le caraétère principal des renoncules, n'eft pas la même dans toutes les efpèces; qu’elle eft entourée dans certains, d’une membrane; qu'elle eft dans d’autres, recou- Verte par une petite écaille, & que dans d’autres elle ne l’eft point: il apporte au n° 232, un exemple d'une glande qui n'a point de membrane; au n.° 234, un d'une glande qui à cette membrane. IE paroït que celle de Ia première rénon- cule du Jardin de Cliflort, eft éncore différente des autres: M. Linnæus dit dans une note, qu'elle s'élève en pointe, du côté qu'elle regarde le pétale. J'ai obfervé que celle du fecond myofuros de M. Vaillant, en avoit une recouverte d'une petite écaille ea forme de palette oblongue. H eft fin- gulier que la renoncule du Jardin de Clifort foit une de celles qui ont les feuilles Jongues, & que celle du n.° 2 3 4 foit uné des aquatiques, & dont les feuilles qui font dans l'eau, fe découpent profondément. Par conféquent fi toutes les renon- anilu-ris Quelques particuliers préparent les lames neuves de cuivre avant de s'en fervir; cette préparation confifle à les enfevelir pendant trois où quatre jours , dans du verd de gris : ils affurent que par cette préparation; elles ne s’échauffent ps tant, lorfqu'elles font mêlées avec les rafles, & que la difio- lution s'en fait mieux: d’autrés n'emploient point cette mé- thode, qu'ils regardent comme inutile, Il eft vrai que les lames’ fe diflolvent fans cette préparation, mais non pas fi aïfément; ainf je penfe qu’il convient de les préparer de cette fiçon, lorfqu'elles font neuves : l'acide fur-abondant qui eft dans le’ verdet dans lequel on'les enfevelit, les pénètre, & par-là facilite la diffolution. Ce qui prouve ultérieurement l'utilité de cette préparation, c'eft que les lames qui ont déjà fervi, fe rouillent plus tôt, parce qu'elles ont été pénétrées par l'a cide du' vin ‘dans les opérations antérieures. Le vaïfleaudont on fe fert pour faire le verd de gris, eft une efpèce d'urne-de terre qu'on appelle dans la langue vul- gaire du pays ou; ce vaifleau eft fait d’une terre glaife qui eft grilé, qu'on trouve aux environs de cette ville: c'eft de cétte terre & de la fiente de chéval dont nous nous fervons pour enduire & luter nos -cornues de verre. On réduit en poudre cette terre, après favoir fait fécher; on la pafle au tamis, on la paîtrit enfuite, & on en forme fur le tour un vafe conforme à la figure que j'en donne, puis on le fait fécher à fair, & on le met au four pour lui donner le même degré de cuite qu'on donne communément aux vaiffeaux de terre employés aux ufages de la cuifine. Ces vaiffeaux font fort'poreux ; fi on ne les prépare, ils perdent le vin qu'on y met: cêtte préparation confifte à les faire bien tremper pendant huit jours dans de Ia vinaffe*, où dans du vin, f on n'avoit point de viraffe. 5 Quand ces vafes ont été bien pénétrés par la vrafe, on * Terme d'art, qui an vin qui a fervi à la préparation du vetd dé ais. L 4 DIE S, $C,1E N;C/ ES», M 394 les lave avec la même liqueur », Pour i idétacher & emporter quelques parl ties-tartareufés, qui s'étoienteattachées: aux parois ; après quoi ils font-très-propres, pour: faire le, verd de grissp Je ferai. remarquer que l'expérience a. appris.que plus. ces vafes ont fervi, plus ils font propres à cette préparation, par la raifon .que nous en donnerons quand nous expolerons la théorie de la formation du verdet; maisaprès un certain temps, on a -foin de es) écurer-exaétement avec,du fable &. de la vinaffe, pour emporter les-parties grafles: &. mucilagineufes, qui, pa des opérations réitérées, s’attachent àileurs parois. -Quelques particuliers; dans la yüe de rendre ces vaifleaux moins poreux, &c par-là de les perfeétionner, les firent enduire en dedans d'un: vernis commun}; mais tls-eûrent :moins de verd de gris, «& ‘Heurs vaifleaux s'engraifférenit, plus aifément que les autres; parce que facile de ns difo jout le vernis. un 2 112 o St: Le mot. engraiffen eft un terme: de Lait quon emploie lorf que.les vales & des rafles font.enduits d'une ‘huile mucilagi- Bei qui eft-un: obftaclé.à la foimation du verd d le gris. . Ces: vaiffeaux, deterrel font: d'une grandeur. différente, on né fauroit 1à- -defflus établirrien de pofitif: communément ils ont feize pouces ide, hauteur, quinze pouees.ou environ de diamètre à à la partie. la plus large ; leur-ouverture eft de douze pouces .ou environ ;sautour,de laquelle; règne ‘un; rebord courbé en dedans, -qui açun/ pouce &; demi de largeur: on ange dans ces vaifleaux cent lames de cuivre, plus ou! moins ; il eft de l'intérêt du particulier d'y en. rer beaucoup, par- Le je confomme,moins de vin: : z1Tous les vins-ne font pas propres à fe Je verd de gris: les vins verds, aigres Se moifis) comme aufli ceux qui font. trop ‘doux, ‘font rejetés: «on ne:-demiande pas que les vins/aientune: belle couleur; il fufht qu'ils n'aient, pas | les mauvaifès:qualités que nous venons d'indiquer; mais il faut qu'ils aienti dur feu ( comme parlent les particuliers) c'efb:à- die; qu'ils fientifpiritueux; auffi-tout Feflai qu'ils font:du vin ‘at counofire s nus ii Le pour cetté-opération, confifle n de 92 MÉMOIRES DÉ L'ACADÉMIE ROYALE à le faire brüler, celui qui brûle le mieux eft toûjours pré- féré, & lorfqu'il ne brûle point, on le rejette: ce qui prouve que l'acide du vin, joint à fa partie inflammable, concourt, comime nous le dirons dans la fuite, à difloudre le cuivre & à former le verd de gris. ! | La couleur du vin ne contribue en rien au fuccès de cett opération; ce qui le prouve, c'eft qu'elle réuffit quand on fe fert de vin mufcat : le verd de gris feroit même plus beau & plus abondant, s'il étoit poffible de n'employer que cette efpèce de vin, comme on l'a fouvent éprouvé. Les rafles demandent des préparations avant de {es em- ployer: dans ce pays, on les ramafle lorfqu'on vendange; c'eft qu'on eft dans l'ufage d'égrainer les raifins avant de les écrafer. Je ferai remarquer que ce font les rafles qu'on em- ploie, & non le marc de raïfins, comme quelques Chymiftes peu inftruits de cette opération l'ont avancé, car le marc des raïfins eft compofé du pericarpe où peau des raïfins, & de pépins dont on a tiré prefque tout le fuc par le fecours de la prefle, &°non des rafles, qui font la partie ligneufe à laquelle font attachés les grains de raifins ; on les ramafle avant d’écrafer les raifins, & fi on ne le fait point, on les fépare du marc pour sen fervir. La première préparation confifte à les faire bien fécher au foleil ; il faut avoir foin de les remuer de temps en temps, pendant qu'elles font ex- pofées à l'air, & prendre garde qu'il ne pleuve deflus : fi on négligeoit ces précautions, l'eau fur-abondante contenue dans les rafles, y exciteroit une fermentation: on les verroit bien-tôt fe noircir, elles deviendroïent peu propres à faire aigrir de vin, & il faudroit abfolument les rejeter, comme le pratiquent, en pareil cas, les femmes qui font du verdet, & comme je l'ai moi-mème obfervé. C'eft par la même raifon que toutes les plantes mal féchées ont peu de vertu pour les ufages de la Médecine. Lorfque les rafles font par- faitement sèches, on les ferre au haut de la maifon. La fe- conde préparation confifte à les faire fouler de la partie acide & fpiritueufe du vin, comme nous le dirons Re Je QE LÉ ment om ee En. > DES SCIENCES. ' ferai remarquer que lorfqu'on ferre les rafles féchées au foleif, . il ne faut pas les mettre dans un endroit où il y ait de lhuile, & moins encore, comme le font par mégarde quel- ques particuliers , les envelopper dans des draps qui ont été imbibés d'huile (tels font ceux qui ont fervi à ferrer les olives avant de les porter au moulin); parce qu'elles s'en- graiffent, & deviennent peu propres à l'opération que nous ällons décrire ; comme aufi on ne doit point employer les vaifleaux de terre qui ont contenu quelque corps gras ou huileux , ils s’engraiffent auffi-bien que les rafles, Procédé dont on fe fert aujourd'hui pour faire le verd de gris. On prend une certaine quantité de rafles bien féchées au foleil, on les fait tremper pendant huit jours dans de la vinalle ; par cette macération elles acquièrent environ le double de leur poids : au défaut de vinaffe, on peut les faire macérer dans le vin, & non pas dans le vinaigre; attendu que par le vinaigre il { formeroit un verdet fi &re, qu'on auroit de la peine à le féparer des lames. Cette première opération , & toutes celles qui fuivent, fe font à la cave. Les rafles étant bien pénétrées de vinaffe ou de vin, on les Jaifle égoutter un moment fur une corbeille; enfuite, en les mélant bien, on en forme un peloton qu'on met dans le vafe de terre; chaque peloton contient environ deux livres de rafles sèches, qui, imbibées de vinaffle, pèfent environ quatre livres ; on vérf par-deflus trois pots de vin, qui équivalent à quatre pintes de Paris; on appelle cette ma- nœuvre dans le pays, aviner. On a foin de retourner ces tafles fans deffus deflous, pour qu'elles foient bien humeétées par le vin; on couvre enfuite le vafe d’un couvercle, qui eft fait avec les ronces & la paille de feigle, qui a un pouce .d'épaiffeur, & autour duquel il y a un rebord, afin qu'il ferme exaétement le vaiffeau. n Quelques particuliers mettent le vin dans le vaifleau avant Mém. 175 0. Ddd 94 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoxALE d'y mettre les rafles, mais cela revient au méme; d’autres expolent feulement les rafles à la vapeur du vin fur deux morceaux de bois en fautoir, qu'ils placent à un pouce de. diftance du vin qu'ils ont mis dans le vaifleau : cette mé- thode, qui étoit fort en ufage autrefois, ne left plus dans cette ville, parce qu'on a reconnu qu'on ne faifoit pas tant de verd de gris, puifqu'on plaçoit un plus petit nombre de limes, & que l'on confumoit plus de vin, fans que la diffo- lution s'en fit mieux. On laifle tremper les rafles dans le vin pendant deux jours, au bout de ce temps-là on les remue comme la première fois, & on les abandonne enfuite, en fe contentant d'examiner de temps en temps fi la fermentation commence (on doit entendre la fermentation acide): fi on trouve les rafles trop chaudes, il faut les remuer, & laiffer aller la fermentation; on reconnoîïtra qu'elle eft au point requis, en eximinant la couleur du vin, qui devient louche, & en faifant attention à l'odeur qu'exhalent les rafles, qui eft forte & pénétrante. Les perfonnes qui s'adonnent à cette prépa- ration , reconnoiffent encore le point de la fermentation à une efpèce de rofée qui ne recouvre que les rafles placées vers le milieu de la couche fupérieure, & qui ne paroit point fur les autres rafles de la même couche qui font autour des parois du vale: cette rofce eft une marque que la fer- mentation eft au point defiré, & qu'on doit faif cet inftant pour ranger les lames de cuivre; car ce temps manqué, Felprit acide le plus pénétrant & le plus volatil, qui eft le principal agent de la diflolution de ce métal, fe diflipe. Mais quoique ces attentions fufhfent pour connoître le point de fermentation néceflaire à l'pération que nous dé- crivons, on peut s’en aflurer encore en mettant fur les rafles une plaque de cuivre chauffée ; fi la fermentation eft au point qu'il faut, dans l'inftant la plaque elt attaquée par Tacide du vin, & dans l'elpace de fix heures elle a acquis une couleur de verd d'émeraude : c'eft alors qu'il faut ranger dans le vale les lames de cuivre avec les rafles, ce qu'on appelle vulgairement cover. Le nombre des jours ne décide DES S€IENCES. 395$ rien ‘pour cette fermentation; {a faïfon, l'air, fa qualité du vin, l'accélèrent plus ou moins; en été, elle ait parfaite dans fix, fept, huit jours, tandis qu’en hiver il faut douze, quinze, vingt, trente, & même quarante jours. Dans cette fermentation, les rafles e chargent des parties du vin qui ont la propriété de difloudre le cuivre; quand elles en font chargées, ce qu'on reconnoït, comme nous avons dit, à l'odeur forte & pénétrante qu'elles exhalent, à 1 rofée qu'on aperçoit fur les rafles fupérieures, ou bien en y mettant deflus une plaque de cuivre chauffée, on rejette le vin, qui eft devenu vraffe (c'eft-à-dire un foible vinaigre). On hiffe égoutter un moment les rafles fur une corbeille en les mélant bien, puis on les range dans les vafes couche par couche avec les lames de cuivre qu'on a fait chauffer, obfervant que la première & là dernière couche foient de rafles, enfuite on couvre le vaïfleau avec le même couvercle. Autrefois bnne jettoit pas la wraffe, on la laïfloit au fond du vaïffeau ; on plaçoit les plaques de cuivre fur ces morceaux de bois, difpofées en fautoir, fur lefquels on avoit mis les rafles ? on les rangeoiït tout de même couche par couche, mais la première couche étoit de lames, & 14 dernière de rafles. Quelques particuliers 1e font encore aujourd'hui ; mais le plus grand nombre manœuvrent de la manière que je l'ai dit, parce qu'on place plus de cuivre dans le vafe, & par-là le verd de gris éft plus abondant, & aufli beau que fi on employoit l'ancienne méthode. Lorfqu’on à ainfi rangé les lames de cuivre avec les rafles, on les laïffe pendant trois ou quatre jours, & quelquefois davantage: on a foin cependant de les vifiter de temps en temps pour reconnoître le moment où lon doit retirer les lames de cuivre. On les retire lorfqu' on aperçoit fur celles qui ont verdi, des points blancs qui ne font qu'une criftal- lifition, comme nous le dirons: les particuliers qui font du verd de gris difent qu’alors Jes lames fe cotonnent; ce mot cotonnier eft encore un térme de l'art. Lorlqu' on aperçoit ces points blancs, il faut tout de füite retirer du vale les lames Dddïi 396 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de cuivre; fi on les y laiffe plus long-temps, toute la partie verte fe détache des lames, tombe dans le vafe, & s'attache fi intimement aux rafles, qu'il eft fort difficile de Ja recueillir. Quand on examine attentivement les rafles qui ont fervi à cette préparation, & que les particuliers font fécher à caufe qu'elles font trop graffes, on y voit des parties de verd de gris qui viennent de ce qu'on a laiflé les lames trop long- temps avec les rafles dans les vafes. Il faut remarquer que les rafles qui ont fervi ne demandent plus la préparation qu'on fait aux neuves; préparation qui, comme on fa déjà dit, confifle à les faire tremper dans de la vinaffle où dans du vin: cette préparation feroit néceflaire fi les ratles s'étoient engraiffées ; dans ce cas, après les avoir fait fécher, on les prépare comme fi elles n’avoient jamais fervi. Nous avons dit que les rafles s'engraiflent, lorfqu'elles font enduites d'une huile mucilagineule, qui eft un des plus grands obftacles à la formation du verd de gris: fur quoi je remar- querai ici en paffant, qu'on doit être fort attentif à ne point ferrer les rafles dans les endroits où il y a de l'huile, & à ne les point envelopper dans des linges qui en ont été imbibés; comme auffi il ne faut jamais mettre des fubftances graffes, huileufes, dans les pots qui doivent fervir à cette opération. Les femmes connoiffent fi fort le dommage que l'huile peut porter à leur travail, qu'elles ne defcendent jamais avec une lampe dans les caves où elles préparent le verd de gris; elles fe fervent de chandelle: une feule goutte d'huile qui feroit tombée par mégarde dans le vafe, leur feroit perdre le produit de ce vale. L'expérience d'une dame de cette ville, qui fait faire une grande quantité de verd de gris, prouve incontefta- blement ce fait. Un domeftique qui portoit du vin à la cave dans un grand chauderon, y laïfla tomber une lampe pleine d'huile : on ne s’aperçut de cet accident qu'après. avoir mis du vin dans plufieurs vafes : lorfqu'on voulut juger du degré de fermentation, on trouva les rafles & les vales engraiffés au point qu'on fut obligé de jeter le vin & les rafles, & de faire écurer les pots. DES SCiIEeENCES. 397 Je reviens à la fuite de l'opération: dès que les lames fe cotonnent, on les tire du vale; on en met un certain nombre de plat les unes fur les autres, & on les range fur un de eurs côtés, à un coin dela cave, où on les laïffe pendant trois ou quatre jours (cela s'appelle mettre au relais). Elles fe féchent pendant ce temps-là ; alors on les trempe par leurs côtés dans la vinaffle, de manière qu'il n'y ait que leur extrémité qui y foit plongée: on les laïfe égoutter en les tenant quelque temps fufpendues, puis on les range dans leur premier ordre pour les faire fécher, & on renouvelle à trois reprifes cette manœuvre, Lorfque les lames font sèches, quelques-uns les trempent dans le vin, & non dans la vinaffe , d'autres les trems pent dans l'eau: par-là ceux-ci ont un verd de gris plus hu- mide, plus pefant, moins adhérent à la lime, & confervent même leurs lames, qui font moins rongées par l'acide du vin affoibli par l'eau, Ce verd de gris ainfi nourri eft moins coloré & inférieur à l’autre, pour les différens ufages auxquels on femploie: c'eft ce qui a déterminé M. Fntendant à dé- feñdre cette manœuvre par une Ordonnance, où il enjoint de fe fervir de vin ou de vinaffe pour humecter les lames : c'eft ce qu'on appelle vulgairement sourrir le verd de gris, Lorfque les plaques de cuivre font au relais, plufieurs particuliers les enveloppent d’une toile fort claire, mouillée d'un peu de vin, & d’autres les arrofent de temps en temps, &. les entourent de rafles.… : # Hp Le temps du relais & de la nourriture du verd de gris n'eft pas fixé; le feul coup d'œil décide de fa perfection, qui eft plus ou moins avancée felon que {a diffolution du cuivre a été plus où moins parfaite. Au relais, la matière diffoute fe gonfle, s'étend, & forme une efpèce de moufle unie, verte, qu'on racle foigneufement avec. un couteau émouflé: cette moufle s'appelle ver de gris ou verdet. to] g.ph C Dès qu'on a exactement raclé les James, les uns les Expos fent à l'air libre pour les faire fécher, les autres les mettent dans une efpèce de caifle de bois pour les faire fécher & D dd ïij 398 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE chauffer, & les préparer par-là pour une feconde opé- ration. . , x-f1 Les James de cuivre, parles difiolutions réitérées , perdent confidérablement -de leur mafle, & deviennent peu: propres à cette opération, non qu'ellesine. foient -aifées à difloudre, mais parce .qu'étant réduites en lames extrêmement minces, elles ne peuvent plus être raclées fans {e plier & fe rompre par quelqu'un, de leurs côtés ; alors on les vend aux chau- deronniers , qui dés fondent pour eur .ufage. Nous remarquerons que quand on fait du verd de gris, il ne faut pas fe contenter d'avoir le nombre de lames de cuivre qui peuvent être contenues dans les vafes, il faut en avoir un pareil nombre de réferve; ainft chaque pot conte- nant cent James de cuivre, il faut, pour faire un pot de verd de gris, avoir deux; cens lames de ce métal; pour deux pots, quatre cens: lames, &:ainfr de fuite: de cette façon les vaif- feaux & les rafles ne reftent pas oififs, & on fait dans le même temps une plus grande quantité de verdet : voici la manière dont il faut procéder. Quand on a tiré les lames du vale, &-qu'on les a mifes au relais, on verfe tout de fuite trois pots de vin {ur des rafles pour’ préparer ‘une nouvelle fermentation : Jorfque :cette fermentation eft au point requis, on place dans le même vale les cent lames de cuivre qu'on a réfervées, que lon retire & que lon met au relais quand elles font couvertes de verdet; alors on verfe de nouveau du vin für les rafles, pour préparer une nouvelle diffolution. De cent premières lames qui ont été raclées, on a au bout de l'opération un nouveau verd de gris, & alors on em- ploie les cent autres lames, & ‘toûjours ainfi de fuite. On obfervera encore que quandon fait une grande quan- tité de verd de gris, comme certains particuliers qui en ont jufqu'à cinqcens pots, il faut mettre dans de grandes auges ou dans de grands tonneaux, à un coin de la cave, toute la vinafle qu'on a tirée des vales (nous avons dit quel étoit lufage de cette vinaffe ) foit pour faire macérer des rafles, foit pour boucher les pores des pots neufs, ou pour, tremper les DES: SC-LE N(C:ES0 lames quand. elles. font-au relais, cou: pour pétrir le: verdets On ne jette la winaffe que. quand.elle eft devenue claire, & qu'elle n'a prefque plus. de force. Les particuliers, après avoir raclé &: ramaffé le: verd' de: gris, le vendent à des marchands commiflionnaires , qui le préparent avant de l'envoyer dans les diférens pays. Pour cet efet, ils font pêurir le verd de pris. dans de grandes auges avec de la vinaffe, & enluite ils le font mettre dans des facs de peau blanche, qu'on expole à l'air pour les faire fécher : cette matière pêtrie & ferrée dans ces facs, s'y durcit à un tel point, quelle ne forme qu'une feule. mafle. On range enfuite ces facs dans de grands tonneaux avec de la paille; on les y ferre & prefie bien, & on les envoie dans les différens pays. Plufieurs marchands étrangers fe font plaints que le verd de gris qu'ils recevoient, n'étoit pas fec, & n'avoit pas la couleur ordinaire: cela vient de ce que certains marchands commiflionnaires avides de gain le font pétrir avec de l'eau au lieu de vinaffe.: L'eau empêche que la matière ne fe sèche trop, & étendant l'acide du vin uni aux parties cuivreufes, rend la couleur du verd de gris plus claire, & lui donne un coup d'œil plus beau; au lieu que la viraffe, par les parties tartareufes qu'elle contient, ternit ün peu le brillant de là couleur du verd de gris, à Pour empêcher que la viraffle ne ternifle la couleur du verd de gris, je vais propofer un expédient que l'expériencé m'a fait connoître; c'eft de diftiller la virafle dans de yrandes cornues pareilles à celles dont on fe fert pour tirer l'efprit de nitre pour les manufadures. De trois parties de vivafle, qu'on diftillera aifément & à peu-defrais, il n’en faut retirer que deux ; la liqueur qu'on aùra par la diflillation, fera un efprit de vinaigre fort foible, avec lequel il faut pétrir le verd de gris, fans craindre qu'il le mange, comme on le penfe; produira le même efiet que la wuaffe, fans: altérer la cou- leur du verd de gris. Je ferai obferver que la vinaffe qu'on jette après cette 400 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE opération, pourroit être mife à profit pour les teintures, & même pour d’autres ufages que je ne rapporte pas ici, parce qu'ils font étrangers à mon fujet, mais qui pourront être la matière d’un autre Mémoire. Telle eft Ia façon dont on prépare à préfent le verd de gris : on penfe communément qu'on ne peut en faire qu'en cette ville & dans quelques lieux voifins ; mais je fuis per- fuadé qu'on peut en faire par-tout fr on connoît le pro- cédé, & fr on peut fe procurer les vins propres à cette opé- ration. Nos expériences nous ont fait connoître que cette opé- ration ne réuflit pas feulement, comme on a coùûtume de le dire, dans les caves où on le fait ordinairement, mais qu'elle réuflit encore au haut des maifons, avec certaines précautions qu'il fera néceffaire de prendre par rapport à l'air & à la fitua- tion du local; c'eft ce que je tächerai de démontrer dans un fecond Mémoire. Théorie de la formation du verd de gris. Le verd de gris eft un fl métallique formé par Funion des parties du cuivre avec l'acide du vin joint à a partie inflammable, & à beaucoup d'eau ; lanalyfe chymique le prouve évidemment: pour connoître plus exactement la for- mation de ce fef, il faut examiner la nature du cuivre, & celle de la partie du vin qui le diflout. Le cuivre eft un métal imparfait, compofé d'une terre rougeâtre & de beaucoup de phlogiftique; il contient de plus, une paitie arfénicale intimement unie à fa terre: c'eft cette partie arfénicale qui le rend, de tous les métaux, le plus difficile à la fufion, fuivant M. Rouelle. Ce métal fe laïfle difloudre par tous les acides & les alkalis, tant fixes que volatils; les fels neutres & l’eau ont de faction fur lui: de plus, les huiles effentielles, & même les huiles orafles, dif- folvent encore ce métal; on en voit un exemple en exa- minant les mefures de cuivre dont on fe fert en cette ville pour ME, S'OUE MES 407 ur melurer l'huile: après un certain temps, on aperçoit du verd de gris fur leurs rebords*, La grande quantité de phlogiftique que contient le cuivre, lui donne ceite propriété d'être attaqué par tous les diflol- vans, fur-tout par ceux qui participent du principe inflam- mable, comme l'affure M. Rouelle. Le vin diflout le cuivre par l'acide qu'il contient; mais pour qu'il produife cet eflet, il eft néceflaire que cet acide foit dé- veloppé & uni à la partie inflammable. Voilà pourquoi il ne faut, dans le vin, qu'un commencement de fermentation acide, pour produire le verd de gris: ce qui le prouve, cet que fi on laifle avancer la fermentation , lors de la pré- paration des rafles, la partie inflammable du vin fe diffipe, l'acide fe développe davantage ; & débarraffé de la matière huileufe qui le modifie, il ronge à la vérité le cuivre, mais plus diffcilément , & forme un verd de gris fi fortement attaché à la lame, qu'il eft difficile de l'enlever. C’eft donc l'acide du vin qui diflout le cuivre, mais il faut qu'il foit modifié par la partie inflammable ; plufieurs obfervations le confirment : 1." l'odeur forte & pénétrante qu'exhalent les rafles qu'on prépare, le prouve; cette odeur eft produite par * Le hafard m'a fourni une obfer- vation qui prouve démonftrativement ceue action des huiles fur le cuivre. En 1749, au mois de Mai, je mis dans une petite cucurbite de cuivre trois livres d’huile d'olive , pour faire | de l'huile des Philofophes. D’autres occupations m’ayant détourné de ce travail, je laiflai dans un coin de mon laboratoire, fitué au troifrème étage, la cucurbite, avec l’huile qui y. étoit contenue ,, & qui la rem- plifloit à demi : j'avois couvert la cucurbite d’une brique feulement ; je l’oubhai pendant tout l'été. Au mois de Septembre, ayant befoin de cette cucurbite , je fus furpris de trouver lhuile que j'y avois laiflée, daïre comme de l’eau; l'ayant goûtée, Mén. 175 0. je a trouvai d’un goût acide très- fort; mais ce qui me furprit le plus, ce fut de voir tout le haut de la cucurbite, où l’huile ne touchoit pas, incrufté uniformément d’une matière: bleue d’une ligne d’épaifleur , que j'enlevaicommele verdet. La grande chaleur de cet été décompofa cette huile, lui donna Ja limpidité d’une huile eflentielle , développa l'acide qui entre dans fa compofition; les parties les plus volatiles de certe huile décompolée n'ayant pû s’évaporer, à caufe de la brique qui fermoit aflez exactement l'ouverture de la cucurbite, s’attachèrent à fa partie fupérieure, ce qui fit la difolation du cuivre, & en forma-cette matière bleue que j'y trouvai. Ece 402 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE Jexhalaifon de l'acide du vin & de la partie inflammablé, qui s'élèvent par leur volatilité. 2. La partie inflammable eft fr néceflaire, que lorfqu'on emploie du vin trop aqueux, il faut néceflairement y ajoûter de l'eau de vie pour lui donner la partie inflammable, comme le pratiquent les particuliers qui emploient un vin trop foible. 3.° Il eft certain que lorfque les rafles font fort foulées de cette partie, elles favorifent beaucoup plus la diflolution du cuivre: je crois te démontrer par l'oblervation fuivante. En 1752, je mis une certaine quantité de rafles sèches au deflus d’une claie que je plaçai fur une cuve pleine de raifins preflés, & je les y laiffai pendant tout le temps que fe fit la fermentation fpiritueufe : ces rafles simbibèrent de la vapeur qui s’élevoit pendant a fermentation, & j'eus par leur moyen plus de verd de gris que par la méthode ordinaire. I neft pas furprenant que pour faire le verd de gris on emploie les vins qui brülent aifément: ces vins donnent r. un acide plus fort, plus abondant, comme tout le monde fait ; 2.° la partie inflammable y eft en affez grande quantité pour fournir & de l'acide, & une partie pour le mitiger. De ces réflexions on déduit aifément la raifon pour laquelle les vins de certains terroirs ne font pas propres pour faire du verdet; ils ne font pas aflez fpiritueux à caufe de la trop grande quantité d’eau qu'ils contiennent: c'eft par cette raifon que les vins des jeunes vignes font inférieurs à ceux des vieilles. Les vins verds ou aigres font rejetés, parce qu’il leur manqué la partie inflammable, Je fuis perfuadé que ces vins pourroient fervir en y ajoûtant de l'eau de vie: c'eft une expérience que je me difpofe à faire, & dont je parlerai dans quelqu'un des autres Mémoires que je dois donner fur cette matière. Lorfqu'il pleut pendant la faifon des vendanges, les vins deviennent peu propres à l'opération dont il s’agit, parce que ces vins font peu fpiritueux, étant noyés dans beaucoup d'eau, & par-là fujets à saigrir facilement. Il eft des terroirs qui fourniffent des vins très: propres pour la préparation du verd. DES SCIENCES. 403 de gris, éomme ceux de Perols, village fitué à une lieue de Montpellier, & dans le voifinage de la mer. Il eft certain que ce vin ronge plus le cuivre que les autres: plufieurs par- ticuliers le préferent aux autres vins, d'autres le rejettent parce, difent-ils, qu'il mange trop le cuivre; mais en cela ils rai- fonnent peu conféquemment, puifqu'il eft certain qu'ils ont plus de verdet par da diffolution plus confidérable du cuivre: quelques-uns mélent le vin de Perols avec d'autre vin, pour employer à cet ufage, … Cette propriété des vins de Perols ne viendroit-elle point de la quantité de fl marin que ces vins contiennent, ayant été recueillis dans le, voifinage de la mer: on fait que les plantes voifines de la mer fourniffent par la leffive qu'on fait de leurs cendres, outre un fel alkali, un fel marin ; & de plus il eft conftant que le fel marin favorife Ja diffolution du cuivre. Je foumets cette conjefure au jugement de l'A- cadémie. | Ce n'eft pas fans fondement que j'ai avancé que le fe marin aide la diflolution du cuivre; car outre qu’on fait que toutes les fubftances falines ont de L'action fur ce métal, la manœuvre de certains particuliers le prouve évidemment : les uns jettent du fel marin en poudre dans les vaifleaux, lorfqu'ils mêlent le vin avec les rafles; les autres en faupoudrent les lames lorfqu'elles font au re/ais, le tout dans la vüûe d'aider B formation du verd de gris. hoc DA Les vins foufrés font bons par l'acide vitriolique qué leur fournit le foufre; les vins altérés par le falpêtre, l'alun, le fel marin qu'on met dans les cuves ou dans les tonneaux, foit pour préparer ces vins, foit pour leur donner plus de feu, font aufli fort propres à Ja formation du verd de gris. . + Les vins doux font rejetés, parce qu'ils font peu abondans en parties fpiritueufes, &c qu'ils contiennent d'ailleurs trop de parties huileufes & mucilagineufes qui, nageant furla fur- face du vin lors de la fermentation, s’attachent aux rafles & aux parois des vaiffeaux, & par-là les engraiffent. On £onçoit aifément que ces parties hujleufes pe Por ee ij 404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE enveloppant l'acide & la partie inflammable, qui font en moindre quantité dans ces vins, diminuent confidérablement leur action fur le cuivre: ainfi le verd de gris qui fe forme, gft en très-petite quantité. Nous avons déjà remarqué combien les huiles par expreffion font contraires à la formation du verd de gris; ce n’eft pas que ces huiles ne foient des diflolvans du cuivre, mais elles ne peuvent le difloudre que lentement & en petite quantité, à moins qu'une grande chaleur ne les ait atténuées, & n'ait développé leur acide: dans ce cas-là même elles donnent un verd de gris tout différent de celui que nous décrivons. Ce que nous venons de dire doit être appliqué aux vins qu'on a tirés du marc par le fecours du prefloir: ces vins ne conviennent point, parce qu'ils contiennent les parties les plus groffières des raifins, & trop peu de parties fpiritueufes; ainfi on ne peut les employer qu'en prenant Ja précaution de les mèler avec d’autres vins de bonne qualité. Plufieurs particuliers de ce pays voulant adoucir leur vin & le rendre plus délicat, mettent dans la cuve pendant la fermentation, ou dans les tonneaux, des amandes, des alizes & d’autres fruits femblables: ces fubftances donnant au vin le principe huileux qu'elles contiennent, lui ôtent, une partie de la pro- priété qu'il a de diffoudre le cuivre. Les vins qu'on auroit adoucis par les diflérentes prépa- rations de plomb, produiroient les mêmes effets: fi on étoit ici dans cet ufage, on les rejetteroit comme les autres dont nous venons de parler. Pour développer l'acide du vin ou exciter le fecond degré de fermentation néceflaire pour la formation du verd de gris, on prépare les vafes & les rafles: cette préparation na d'autre but, 1.° que de fouler les rafles de l'acide de la vinaffe où du vin, afin qu'elles accélèrent cette fermentation; 2. que de boucher les pores des vafes. Ces matériaux ainfi préparés exhalent un acide qui favorile la fermentation, . «il n’eft pas douteux que la fermentation acide ne s'excite. plus 10t dans les vaiffeaux où elle s'eft déjà faite: on fai, Ds SciENCESs. 405$ ue dès qu'un tonneau a fervi à faire du vinaigre, il eft très-propre à faire aigrir le vin. Du refte, lorfque les vales & les rafles ont fervi, cette préparation eft inutile. On met dans le vale, du vin & des rafles préparées; les rafles y produifent deux effets: le premier, c'eft de fournir pour la fermentation, un levain qui lui eft propre; en eflet elles contiennent un acide, comme le prouve le goût qu'elles ont, qui naturellement eft aigre & acerbe, & qui l'et encore plus quand on les a fait macérer dans la vinafle où dans le vin : le fecond eflet des rafles, c’eft de fe charger de l'acide qui fe développe par la fermentation, & de la partie inflammable, pour les: fournir aux lames de cuivre lors du couvage:. L’odeur qu'exhalent les rafles, prouve ce. que je viens d'avancer; & on le démontre ultérieurement par la diftillation de ces mêmes rafles : j'en ai tiré une partie fpiritueufe & un acide, ce que je n'avois pas fait avant la. préparation, car alors je n'en avois tiré qu'un phlegme & un acide. Pour exciter la fermentation dont il s'agit, il faut un cer-- tain degré de chaleur; car le trop grand froid, comme auf le trop grand chaud, y font un obflacle. L'air des caves de cette ville, où l'on fait communément le verd de gris, n'eft pas toûjours dans le degré de chaleur néceflaire à cette. opé- ration; en hiver on eft fouvent obligé d'y tenir.un réchaud plein de feu pour échauffer l'air, & de boucher toutes les ouvertures de la cave. Les Chymiftes ne s'accordent point fur le degré de chaleur néceflaire: il eft vrai que dans les différens traités de: Chymie qu'ils ont donnés, ils ne font. attention qu'à la fermentation acide qui donne du vinaigre; ainfi on ne peut rien conclure de ce qu'ils difent pour Fo- pération dont il eft ici queftion. La fermentation acide defirée n'eft qu'une fermentation imparfaite, une fermentation faite à demi; car fi elle devient parfaite, l'opération échoue, & on. na qu'un verd de gris fort aigre.. | Ce feroit ici le lieu de déterminer précifément le degré de. chaleur néceffaire pour cette fermentation acide: je me: ÉÉCUR 406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALr propole de donner cette détermination dans un autre Mé- moire, lorfque j'aurai raflemblé fur ce fujet un aflez grand nombre d'expériences : je remarquerai feulement que ceite fermentation réuflit fort bien, le thermomètre de M. de Reaumur étant au 15° ou au 18° degré: c'eft ce que j'ai fouvent obfervé. La fermentation defirée s’excite par la chaleur, & par le levain qui eft fourni principalement par les rafles; l'acide du vin, par ce mouvement inteftin dont on ignore la caufe, fe développe, fes parties les plus volatiles s'élèvent avec la partie inflammable, & pénètrent les rafles qui, étant fufifamment imbues de ces matières, exhalent une odeur forte & péné- trante: le vin à demi aigri par ce mouvement inteftin, perd. fon odeur fpiritueufe & fa couleur, & fe change en une liqueur trouble appelée viraffe. | | I! ne faut pas croire que la vinaffe foit entièrement dépouillée de toute partie fpiritueufe; c'eft un vinaigre imparfait, qui en contient encore: elle en contient plus lorfquelle.eft ré- cente, que quand elle a vieilli; c’eft qu'en vieilliffant, elle approche plus du vinaigre parfait. La diftillation que j'ai faite de la viraffe, prouve évidems. ment que la nature de cette liqueur eft telle que je le dis: la vinaffe récente diftillée dans une cornue de verre au feu de fable, n'a fourni un efprit ardent, mais en moindre quan- tité que le vin, & un acide qui rougifloit aflez promptement la teinture de violettes. La vinaffe vieille qui a fervi à Ta préparation des pots & des rafles, & qu'on rejette enfuite comme inutile, étant diftillée, ne donne prefque plus d'efprit ardent, & elle fournit un acide plus foible que la viraffe récente; car cet acide ne rougit pas fi promptement que celui de la récente, la tein- ture de violettes. Cela vient de ce qu'on a interrompu la fermentation acide, & en fecond lieu de ce que cette vinaffe eft dépouillée de l'acide le plus développé, par les préparations qu'on a faites des pots & des rafles; l'acide qui y refle eft noyé dans beaucoup de phlegme, & enveloppé dans les parties MOPE SSI VE NTIC ETS 407 * fuileufes & terreufes qui nagent dans cette liqueur: ces ma- tières reftent avec une partie de l'acide dans la cornue après la diftillation; & par le fecours de la calcination, l'on peut en tirer une petite quantité de {el alkali fixe de tartre. Je ferai obferver que lorfque la virafle a été employée à ta pré. paration des rafles ‘qui ont {ervi, on trouve dans la cornue quelques parties cuivreufes qui viennent des parties du verdet contenues dans les rafles, &qui ont été réduites en métal par le phlogiftique qu'a fourni le tartre contenu dans la vinaffe, Lorfque les rafles font fuffifamment chargées de l'acide du vin & de fa partie inflammable, fuffifamment développés & enlevés par la fermentation, il faut les retirer & couver tout de fuite, fans quoi elles s'engraiffent ; parce que la partie huileufe groffière du vin, atténuée par la fermentation, s'élève, nage fur la furface de la vénaffe, & s'attache aux rafles & aux parois des vafes. Nous ne penfons pas que l'huile inflam- mable, qui eft a partie fpiritueufe du vin, puiffé produire cet effet; c'eft une huile entièrement atténuée & divifée par le premier degré de fermentation, unie à un acide auffi atténué & divifé, & par-là devenue volatile : cetie matière n’eft pas propre à engraiffer, parce que ce n'eft qu'une huile éthérée ou effentielle, & qu'il n’y a que les fubftances graffes & mu- cilagineufes qui produifent ce mauvais effet. Les rafles ainfi préparées, on les range dans les vaifleaux couclie par couche, avec les lames de cuivre bien battues & chauflées : on les échauffe pour que l'acide puifle plus aifé ment les pénétrer, car les parties ignées en ouvrent un peu le tiflu. Les James étant convées, l'acide qui eft dans les rafles, uni à la partie inflammable, les abandonne pour fe joindre aux lames de cuivre avec lefquelles il a plus d'affinité, les pénètre, & diflout les parties de la furface de ces lames : par cette diflolution , le phlogiftique eft en partie féparé de Ia. terre métallique, & l'acide s'y unit au point de changer les furfaces & de les rendre feulement propres à réfléchir les- rayons verds. , Voilà le verdet qui fe forme par l'action de cet acide-uni: 408 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYarE à la partie inflammable. Ce n'eft pas gratuitement que j'avancé que le cuivre, par cette diffolution, a été dépouillé d'une partie de fon phlogiftique: ce qui le prouve démonftrative- ment, c'eft qu'on ne peut pas bien réduire le verdet en cuivre, fans le fecours du flux noir ou d'une autre matière qui con- tienne du phlogiftique, comme je l'ai obfervé. Après que l'acide du vin uni à la partie inflammable à rongé les furfaces des lames, on aperçoit au bout de quel- ques jours fur la furface de ces lames couvertes d'une pou£ fière verte, une efflorefcence en grains blancs, qui fait dire aux femmes que les lames fe cotonnent : c'eft la marque qu'il faut Ôter les lames du cuvage pour les placer au relais. Cetté efHorefcence eft formée par la terre métallique entièrement dépouillée de fon phlogiftique par une diflolution plus par- faite, & unie plus intimement à l'acide du vin; ce qui formé un véritable fel:métallique, au lieu que Ki pouffière verte n’eft point un fel métallique parfait, l'union de l'acide avec la terre métallique n'y étant point fï intime que dans les points blancs, Ces grains ou eforefcences blancheîtres ont un goût dou- ceître, femblable à celui du fucre de Saturne, comme je l'ai éprouvé ‘plufieurs fois: cette faveur eft dûe à la nature de Facide pluftôt qu'aux fubftances métalliques, puifque les paties de cuivre rongées par l'acide du vin (qui eft toû- jours adouci par une plus grande ou plus petite quantité d'huile effentielle) n'ont pas la faveur du fel de Saturne, Je crois avoir fait le premier cette obfervation, du moins je ne.connois aucun Auteur qui ait obfervé dans ces grains blancheîtres cette reflemblance de goût avec le fel de Sa- turne, comme auffi la figure qu'ils prennent en fe criflallifant, Les différentes figures de ces criftallifations font toutes aflez particulières ; les unes font en étoiles, mais le plus grand nombre font en forme d’éventail; on en oblerve même qui ont la figure des fels alkalis volatils qu'on tire des animaux: ces criftaux font de petites aiguilles qui, partant d'un même centre, forment les figures que nous venons de décrire. Il fut remarquer que ces criftallifations ne s'obfervent bien que D E.5 : 5, CvipEN CE SUS do .que fur les lames du cuivre neuf & qui n'a pas été enfeveli dans le verdet; le verdet, en fe formant, prend ces mêmes figures, mais elles ne deviennent apparentes que lorfque les furfaces blanchiflent, ce qui me porte à croire que le verd de gris ne devient un fel métallique parfait que lorfque la terre métallique eft plus dépouillée de fon phlogiftique, comme elle l'eft dans ces criftallifations blancheîtres. _ Lorfque ces criftallifations paroiflent, on retire les fames du couvage, fans quoi tout le verd de gris fe diffiperoit, & les lames fe couvriroïent entièrement de ces points blancs. Je dis que le verd de gris fe diffiperoit ; en effet, l'expérience démontre que les lames fe dépouillent peu à peu de la partie verte, laquelle s'attache aux rafles : on peut l'en retirer en faifant tremper les rafles dans la vinaffe ; cette liqueur s'en charge, & par le fecours de la diftillation, l'on retire le verd de gris, réduit en cuivre par le phlogiftique que lui fournit _le tartre contenu dans la même liqueur. C'eft le meilleur moyen qu'on puifle employer pour retirer tout le cuivre qui s'attache aux rafles, & on l’employeroit fans doute fi la dé- penfe qu'il faudroit faire pour cette opération n’en devoit pas excéder le profit. -‘ Les lames de cuivre couvertes de ces points blancheîtres, acquièrent la couleur verte en les mettant au relais dans un lieu humide, & en les nourriffant avec de la vinaffe. H n'eft pas douteux que la vinaffe ne contribue beaucoup à cet effet; l'air humide des caves où fon fait le verd de gris, peut y contribuer auflr, étant chargé d’une grande quantité de parties acides & inflammables du vin. Nous penfons encore qu'il fe fait une nouvelle diffolu- tion des parties cuivreufes par l'acide dont font imbibées les lames, qui s'étend par l'humidité, ou par celui qui eft dans Vair, ou dans la viraffe avec laquelle on nourrit ces lames: ces parties de cuivre reprennent la couleur verte par cette nouvelle diffolution. Les lames de cuivre fuffifamment pénétrées du diffolvant fourni par les rafles, on les met au relais: c'eft-là que Mn. 1750. Fff 4ro MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE la diflolution s'achève & fe perfectionne. Pour cet effet, on les app'ique les unes fur les autres, & on les couche fur un de leurs côtés; on les couvre de Jinges imbibés de vin ou de vinaffe, ou bien on les entoure de rafles trempées dans des mêmes liqueurs, pour fournir un nouvel acide, afin de per- fetionner 1 formation du verdet, Cette méthode, que quelques particuliers emploient, n'eft pas nécellure, fur-tout dans les caves où lon à fait pendant long-temps une grande quantité de verd de gris, parce que l'air de ces caves,chargé d'une aflez grande quantité d'acide, de phlegme & de parties inflammables qui s’évaporent des vales ou de la vivaffe qu'on répand, eft en état de fournir aux lames qui font au relais Yacide fuflifant pour perfeétionner l'opération dont il s'agit. On ne fauroit douter de ce que j'avance; l'exiflence de ces parties acides, aqueufes & inflammables, répandues dans l'air, fe fait reconnoître à l'odeur que lon fent en paffant auprès du foupirail des caves, odeur forte & pénétrante,. qui ne difiere point de celle qu'exhalent les rafles qu'on a préparées pour le couvage, & qui n'a paru fouvent femblable à celle de l'éther *. ‘ Les lames étant au relais, appliquées les unes fur les autres, fe fourniffent réciproquement l'acide & la partie inflammable dont elles ont été imbibées lors du couvage ; cet acide s'étend, fe diftribue plus également dans l'intérieur des lames, & ronge de plus en plus leurs furfaces: au bout de quelques jours, on les trempe par leurs côtés dans de la vinaffe ou dans du vin; nouvelle préparation qui non feulement étend Pacide * On fera peut-être furpris de cette reflemblance de l’odeur des rafles à celle de l’éther, c’eft une expérience que j'ai faite plufieurs fois; ne voulant pas m'en fier à moi-même, j'ai fait fentir des gouttes d'Hoffman à plufeurs femmes très- expérimentées dans l’art de faire le ve: 1 de gris; elles m'ont toutes afluré que l'odeur qu’elles fentoient étoit la même que celle des rafles, quand elles ont acquis le degré de force | paré néceffaire pour la diflolution du cuivre. Suppofé qu’il y ait effectivement de léther dans les rafles préparées, la fermentation ne lauroit-elle pas développé? ne feroit-il point pré- ar les mains de la Nature! enfin acide du vin ne feroit-il point un acide viriolique modifié d’une: certaine manière, comme plufieurs habiles, Chymiftes le conjecturent: avec quelque fondementi “ DES SCIENCES AULE & le rend plus propre à difloudre le cuivre, mais encore. fait gonfler le verdet qui a été formé: l'air des caves y contribue par fa qualité: le verdet, formé & gonflé fur une lame , s'attache à celui de la lame fupérieure , par laffinité qu'ont entr'elles les fubftances de même nature: de-là vient que les lames qu'on retire du relais pour les racler, fe trou- vent quelquefois aflez intimément unies , principalement quand l'opération a été portée à fa dernière perfection. * Les Hiqueurs dont on fe fert pour nourrir le verdet, ne fournifient pas feulement de l'humidité pour étendre l'acide, elles donnent encore aux lames un nouvel acide qui aug- mente la diflolution, & rend par-là le verd de gris plus abondant & plus coloré. On pourroit fe fervir d'eau pour le nourrir, comme font quelques particuliers, dans la vûe de rendre le verd de gris plus pefant, & d'épargner le cuivre, qui étant moins rongé par l'acide afloibli: par l'eau qu'on emploie, fe laiffe enlever plus aifément : c'eft une pratique qui eft utile feulement au particulier, mais qui rend le verd de gris moins propre aux ufages auxquels on le deftine. Dans l'efpace de douze à quinze jours, pour l'ordinaire, les lames de cuivre font couvertes d'une fuffifinte quantité de verdet. Le verdet eft ajgre & moins abondant lorfque les lames font neuves ; cela vient de ce que les furfaces des lames ont été altérées par le feu & par le battement du mar- teau, & fur-tout de ce que leur tiflu na pas été faffifam- ment pénétré de l'acide du vin uni à la partie inflammable : ce qui le prouve, c’eft que les James qui ont fervi, donnent au contraire un verdet très-abondant, doué de cette ondtuo- fité qui lui eft néceflaire; ainfi il convient de préparer les lames de cuivre neuf avant de s’en fervir, en les enfeveliffarit dans le verd de gris qu'on a rétiré fraichement des lames ; ar-là on corrige l'altération qu’elles ont fouferte ar le feu _P A q P & par le battement du marteau : & en les pénétrant d'acide, on les difpofe à donner un verdet femblable à celui què fourniffent {es lames qui ont déjà fervi. Le verd de gris fe trouve encore aigre, fi on a laïffé durer Fffi 412 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE + trop long-temps la fermentation acide; car dans ce cas, une grande partie de l'huile inflammable fe diffipe, & on fait ue cette huile donne au verdet l'onétuofité qu'on y démande. Ce n'eft pas que l'acide du vin qui eft devenu vinaigre, ne diflolve le cuivre, mais nous avons déjà dit plufieurs fois que cette diffolution eft fi intimement unie aux lames de cuivre, qu'on ne peut l'en féparer qu'avec peine, & nous avons ajoûté que ce verdet eft fi dcre, qu'on ne fauroit l'em- ployer. * Voici un fait qui confirme ce que je viens de dire de Jâcreté du verdet fait par un diflolvant trop dénué de parties inflammables. Une femme de Nimes, qui faifoit du verd de gris, fut condamnée à une peine afHiétive par feu M. de Lamoignon de Bafville, Intendant de cette province, parce w’elle avoit vendu à un marchand de Montpellier fon verdet, qu'elle faifoit tout autrement qu'on n’a coûtume de le faire. Ce verdet ayant été trouvé de très-mauvaile qualité, M. de Bafville, à qui on en porta des plaintes, ayant reconnu qu'elles étoient fondées , ordonna qu'on brüleroit ce verd de gris en préfence de cette femme, attachée au carcan, ce qui fut exécuté. Cette femme avoit du criftal de tartre en poudre fine, elle en mettoit une bonne couche fur de grandes pla- ques de cuivre, ayant le foin de bien humecter le tout avec de fort vinaigre. Le vinaigre, joint à l'acide de la crème de tartre, diflolvoit le cuivre; le criftal de tartre s’unifloit, pour la plus grande partie, avec le métal diflous, & le tout prenoit la couleur verte naturelle au verd de gris, dont on avoit par ce moyen une beaucoup plus grande quantité que par les méthodes ordinaires, quoiqu'on eût employé peu de cuivre. Il eft manifefle que ce verdet n'avoit pas la qualité de autre, qu'il étoit fort dre, étant deftitué de parties inflammables néceffaires pour lui donner de l'onc- tuofité. Je crois avoir fuifamment établi la néceffité du concours de la partie inflammable pour l'opération dont il s'agit: je dois rapporter cependant une expérience que j'ai faite, qui » 4 ° d + A1 u DES.SCIENCES 413 prouve inconteftablement la même vérité, & qui m'a paru : devoir trouver ici fa place. Je fufpendis par le moyen d'un fil: d'archal, deux lames de cuivre dans un vaiffeau de terre qui pouvoit contenir environ une douzaine de livres d’eau: javois mis au fond du vale un pot d'urine, & j'avois cou- vert le tout d’une brique. L'urine étant devenue trouble par la chaleur, lalkali volatil fe développa par la fermentation, & les lames de cuivre furent vivement attaquées par ce dif folvant; en peu de temps j'eus une diffolution affez uniforme à la partie inférieure des lames: y avoit à la partie fupé- rieure un peu d'urine que la fermentation avoit emportée. Le verd de gris réfultant de cette diflolution étoit d’une belle couleur bleue, fort fec & fort adhérent à la lame, en forte qu'on avoit beaucoup de peine à l'enlever: on voit par-là que pour l'opération que nous décrivons, il faut le concours de la partie inflammable qui empêche cette adhérence, & donne l'onétuofité néceflaire. 4 Selon ce que nous venons de dire, il n’eft pas douteux que le verdet ne foit une efpèce de fel métallique, formé par l'acide du vin uni à la partie inflammable par des parties de cuivre, & par une certaine quantité de phlegme ; mais dans quelle proportion ces différentes fubftances font-elles unies? [1 neft pas difficile de le déterminer, en analyfant le verd de gris: c'eft ce que j'ai fait, & que je vais rap- & porter pour mettre fm à ce Mémoire. Huit onces de verdet, tel qu'on le porte aux marchands -commiffionnaires , expofé au foleil pendant trois ou quatre jours, jufqu'à ce qu'il ait pa fe mettre en poudre, ont été ç réduites à quatre onces, par la perte qu'elles ont faite du phlegme & d’une partie de l'acide du vin & de l'huile in- lammable. Ces quatre onces, miles dans une cornue de verre à laquelle on avoit ajufté un ballon, ayant été diftillées au feu de fable, j'en ai retiré un efprit acide qui a pefé deux onces & demie, d’une odeur forte & defagréable; cet elprit eft ce que les Chyimiftes appellent l'acide radical, qui eft extré- mement concentré : ce qui eft refté dans la cornue, qui étoit F#f ü 414 MÉM. DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. d'une couleur grife, & qui pefoit une once & demie, étant mis dans un creufet bien couvert, avec un égal poids de flux noir, & calciné pendant une heure, a donné une once deux gros de cuivre parfait; ce qui prouve que huit onces de verdet, tel qu'on le porte aux marchands commiflionnaires, contiennent une once deux gros de cuivré-diflous, & fix onces fix gros d'acide d'huile inflammable & de phlesme, par où il eft aïlé de déterminer la quantité de cuivre diflous par l'acide du vin. CRT annee Au FFIN. 4 38 Il sk ys] mel % Ses$ \ Mn, de l'Ae.R des Se.17560. Pay. gg. Pl, Pht avec son Couverck . Abomicte l'A Rides Sears Pay sg Pl Lot avec son Couvercle em, de l'Ae.R. des Se.1750. Pag. 4. PI. mins M Dm de l'A. R. der Se.3752. Pag. gag PU Couverrée