ie an E SCIENCES, no é gr DCCLV. ! P A { +. . FA je k ‘ L " "1 ET : 5 < t À * | vÈ | } ; A Seb Sn 5 ft bb | } | ; : « hide ME: :1l iunie : “ Fe 0012 DONS A 4 Là VÉPRROSRREELLt ne LUE TE 2 NE AN : ( HX *: Dog! « \AET) TRRRAN A k. A 0 br £ Th: For A ji, CE © #tl re ARE OR ER 7 SEA TE à F à. L ' 4 Fe, Mag, ie à s R s 7 Le } L 4 Le ? - L M 4 : Le | 1 5 & mn dis no: a oh 43 abris | ne \ A0 we Xe BR CR rie c ‘a "a ne nn = pie Es See de à 8 Mes gré f Ô ï | Ag & 6" Site À me, D'ELSUNS CHE NC EE. 214 OBSERVATIONS BOTANICO-METEOROLOGIQUES, Faites au château de Denainvilliers, proche Pluyiers en Güätinois, pendant l'année 175 0. Par M. pu HAMEL. AVERTISSEMENT. 1 = Obfervations météorologiques font divifées en fept colonnes, de mème que les années précédentes. On s'eft toûjours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, ou du terme de la glace: la barre à côté du chiffre, indique que le degré du thermomètre étoit au deffous de zéro; quand les degrés font au deflus, il n'y a point de barre; —o défigne que la température de Fair étoit précifément au terme de la congélation. I eft bon d'être prévenu que quand ïl a fait chaud plu- fieurs jours de fuite, il gèle, quoique le thermomètre, placé en dehors & à l'air libre, marque 3 & quelquefois 4 degrés au deflus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & Ja boîte du thermomètre ont confervé une certaine chaleur; c'eft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée. Les Oblervations ont été faites à huit heures du matin, à deux heures après midi & à onze heures du foir. Ddi 30 Janvier 175 1° 212 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE JAN VOIE R. Baromètre ETAT pu CiEr Mois. ERP | pouc, lign I N:"E: 27. 11 |variable. SU UNE; 27. 10 |couvert. 3 N. E. 27 08 = 4 4 IN IN-NE: 27. 8 |couvert. s |N.E. |—2 |—1 |—4 |27. 10 variable. 6 E. |—5:| 4 |—71 |27. 10 |beau temps, aurore boréale, 7 S. |—2 S 1 |27. 8 |beau temps, glace. 8 CS 2 2 2 |27.. 8 pluvieux. 9 G 2 2 |—1 |27. 9 [grand brouillard. 10 S. |—2 2 |[—1 |27. 10 [grand brouillard. FE &: re 1 |28. gelée blanche & Brouillard. 12 Gs 2 $ $ |27. 9 |beau temps, humidité, 13 S. $ $ 5 |27. 7 couvert tout le jour. 14 S. S 5 3 |27. 6 |variable. 15 G: 2 s 1 |27. 8 |beau le matin, pluie & grêle le foir, 16 SP | A O |27. 10 |beau temps. 17 S. Es : © |27. 11 |grand brouillard & givre. 18 S? — 4 o © |27. 11 brouillard & givre. 19 Se = o 2 |27+ 11 (brouillard & givre. 20 N. 3 1 |28. couvert. 21 N. o |—2 127 7 |couvert. 22 1)ANÈNE : 1 |27. 6 |variable. 23 E: 4 2 |27. 6 [beau temps. 2 E: s 4 [27 9 [doux & variable. 25 FE: S 4 |27. 9 |variable. 200 |NINCNE S 3 (28. beau temps. 27 N. 3 2 |28. 2 [grand brouillard froid. 28 | N.O. 3 2 |28. 2 |couvert. 2 N. 3 o |28. r |brouillard & givre. SO ]NSLE 3 1 |28. beau temps, gelée blanche. 31 | N°E 4 1 |27. 11 [beau temps. DES SCIENCES. 213 Le vent de nord a régné pendant les premiers jours de ce mois, & il a fait aflez froid pour qu'il y ait eu de la glace de 2 pouces d'épaifleur. Depuis le 7 jufqu'au 25, le vent a prefque toüjours été fud, & le temps s’eft fort adouci. Le mercure a été fort haut pendant tout 1e mois : il y a eu de grands brouillards & il eft peu tombé d’eau, de forte que de temps en temps la terre étoit en poudre. : Les blés étoient fort verds, mais bas & clairs, fur-tout ceux qui avoient été femés les premiers dans la terre sèche. Les vignerons achevoient de donner le abour d'hiver , = . qu'on nomme parer, & les fermiers labouroient pour les mars. Les perdrix commencçoient à s’appareiller, & on tuoit des mûles à a chanterelle. I y a eu pendant ce mois, des rhumes, des fluxions de poitrine & des fièvres malignes. Le 6, il y eut une aurore boréale. Nous avons planté fans prefque de mottes & fans les étèter, un noyer de deux pieds un quart, & deux frênes de deux pieds & demi de circonférence : ces gros arbres ent très-bien repris & pouflent à merveille, 214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe FEV R-DNENR: Jours THERMOMÈTRE. du VENT. | Baromètre ETAT DU CIEL. mois. Matin | Midi. | Soir. rer dt) Degrés. | Degrés. 1 | NE: |—1—1 3 ( couvert, gelée blanche. 2 N. F2 © |—2 27. 11 {|couvert, fombre & froid, 3 N'ES soul 27. 9 |beau, gelée blanche. 4 S. — 2 3 42127. 7 |beau, celée blanche. s S. 4 s 6 |27. 7 |grand vent & pluie, 6 Ge 4 6 3 |27. 10 |variable. 7 |"SE: 3 7 5 [27 9 [beau fixe. 8 SES $ 7 $ |27- 11 [couvert & lourd. 9 SE 2 3 6 $ [27 9 |beau fixe. 10 S. ÿ 6 7 |27. 8 |variable. II S. Tdi 81127. 6 |variable. 12 S. 6 7 4 |27. 9 |beau temps. 13 S. | 7 9 7 |27. 7 grand vent. 14 5 7 8 S [27 7 grand veut. 15 SO; 7 9 7 |27. 6 |variable fans pluie. 160] MS NO: 8 | ro 7 |27. 3 grand vent. 17 | S.O:. 7 9 4 |27. 2 |grand vent & pluie. 18 CON 4 7 2 |27. 9 |beautemps. 19 | S.O. 7 lux 9 27. 9 [pluvieux & variable. 201 |NS:10: or 7 |27. 10 |bcau temps. 2r MS. 0: 8 | rx $S 127. 10 |brouillard. 22 SE 7 ASE à 7 |27. 11 [beau temps. 23 S. FAN 7 |27. 11 |variable. 24 S. 2 la en 7 |27. 10 |beau fans foleil, 25 S. 6 | 11 43128. o© |beau temps. 26 N. 2 8 s |27- 10 [beau, gélée blanche. 27 N. 2 | 10 6 |27. 11 |beau fixe, gelée blanche, 28 Des lbSic T'EUN CE ss 21$ Tout ce mois a été fort doux & fec; il y a eu des vents afez confidérables, néanmoins le baromètre n'a varié que depuis 27 pouces 2 lignes jufqu'à 28. Le 3, le 25 & le 27, il y eut des aurores boréales ; celle du 3 commença à fix heures, par des taches rouges à left; if en parut enfüite à l'oueft: enfin le ciel devint blanc, & la lumière fe fixa à l'horizon du côté de l'oueft. Le 4, les perce-neiges étoient en fleur; le 1 5, Îes noi- {etiers. Le 18, les boutons des abricotiers & de quelques poiriers étoient fort gros. Le 22, on voyoit des fleurs de violettes, on entendoit le croaffement des grenouilles, & les chauve-fouris voloient; ainfi tout annonçoit Îe printemps, mais on craignoit d'avance les gelées des mois de Mars &c d'Avril. Les fermiers commençoient à femer les mars, & les vignerons tailloient la vigne. 216 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MARS. Jours THERMOMÈTRE. du | VENT. | | Baromètre ETAT pu Mois. Matin | Midi. | Soir. MAT Degrés. | Degrés.| Degrés. | pour. lign, I O. 3 | 10 7 128. o |variable. 2 SO: LAS 7 |28. Oo l|orand brouillard. 3 N. S 10 6 |27. 10 |beau temps. 4 N- SUN 6 |27. 9 |beau, gelée blanche, S S'10; SRE 9 |27. 9 |beau fixe. CHIMSAO! 6 9 7 |28. o |variable. 7MIPNS NE PRIE 9 |28. o |beau temps. 8 S. 9 | 15 | 10 |27. 10 beau temps. 9,105 0 8 | 10 S |27. 11 |variable. 10 ©. 7 4 1 |27. 6 |pluie, neige & grêle. II Ne |=6 3] 1 [27. 9 {grand vent. 12 | NE. | :|] 3 |—=o |27. 9 neige. 13 S. —=0o 4 2 |27. 10 |couvert. 14 S. 3 6 6 ;28. o |fombre fans pluie, 15 N. s 6 4 |28. o |variable. T'ON INSNE 4 8 5 127. 11 |variable. 17 | N.O 4 8 5 |27+ 8 |beau temps. 18 | N.O SAT 7 |27. 7 beau temps. 19 | SO 6 | 10 s |27- 11 |variable, 20 NE 74 9 |27. 11 2 | INSEE 8 | 14 9 [28 o 221: |S:S10.| 9%}Mr6 || rx 27. x5 23 N. OI 7 128. o b 24 NN O ZA NA 72802 AL temps, ER IEN O; stRro 6 |28. o 26 N. 6 | 14 4 |27. 10 27 N. SAIRIO 6P|27- 09 28 S: 6 | 12 $S |27. 6 |variable. 29 | N.O 9 8 3 |27. 8 !variable. 30114510 3 9 4 |27. 11 |beau temps. 31 NO 4 | 17 7 127 9 couvert. Ce DES SCIENCES. 217 Ce mois a été aflez doux & beau; il y a feulement eu un peu de neige & de grèle vers le 10 : aufir le mercure du baromètre at-il toûjours été fort élevé. Au commencement du mois on voyoit des papillons, les boutons de la vigne commençoient à s'ouvrir, les ormes & les abricotiers étoient en fleur; on voyoit même quelques fleurs de pêcher : on continuoit à faire les mars, & on de- firoit de la pluie pour les faire lever. Le ro, les abricotiers étoient défleuris; on commençoit à apercevoir quelques’ feuilles fur lépine blanche, les hya- cinthes & les narciffes jaunes étoient en pleine fleur, & la fleur des iris printanniers commençoit à paroître. Le 22, les pêchers, quelques efpèces de poiriers, les buis, les cyprès étoient en pleine fleur; néanmoins les bou- tons des maronniers d'Inde n’étoient point encore ouverts: ces arbres ont été, cette année, plus tardifs que les tilleuls. Vers ce temps-là on commença à voir une petite efpèce de fcarabée qui précède ordinairement les hannetons. “Jerzs, les cerifiers & les pommiers entroient en fleur. Les fermiers ayant achevé de femer les mars, defiroient ; tte L de la pluie pour les faire lever, & attendoient ce temps pour les rouler. Les vignerons avoient achevé de tailler, & les boutons étoient affez avancés pour être endommagés par la gelée du 30, qui a pâté aufli beaucoup de fleurs de pommiers, de cerifiers & de pêchers. Les blés étoient très-verds, mais bas. Mém. 1751: EC 218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AP PRMAIE, Tate THERMOMÈTRE. du | VENT. | = | Baromètre ETAT DU CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Degrés.| Degrés.|pouc. lign. I SAO: 6 9 4 |27. 9 |couvert. 21 NN 10; 4 8 4 |27. 10 |beau, grande gelée. 3 S; 4 | 12 43127. 6 |beau temps. 4 | S.0. 4 7 3 |27. 9 |variable. s S. 4 7 7AI27e 006 È blanche. 6 ©. 7 lux 4 |27. 3 |couvert. 7 0. S 7 15127. 3 |couvert. 8 ©. 3 $ 2 |27. 6 |variable. 9 S. 4 7 s |27. © [grand vent, gelée. 10 |. N. O. s 7 | 4 |27. 1 [pluvieux 110 NO: 4 7 4 |27. 6 |variable, gelée blanche. 12 ©. 4 7 7 |27. 8 |variable. 13 NS 10: 6 8 7 |27- 8 |doux & variable. 14 | S. O. | 7 9| 6 |27. 6 |variable, grand vent. 15, | NO: ÿ 7£| 4if27. 5 [variable 16 N 4 8 4 |27. 9 |beau temps. 17 | N°E 4 27. 9 |doux, gelée blanche. 18 15 27. 9 |variable, tonnerre. 19 | VSME: Le Thermomètre|27. 6 variable. 20 | S.E. layantétérompupar|,7, 6 |variable. un accident, les ] Œa = obfervations font |?7 6 variable. 22 S. interrompues. 27. 6 |lourd & variable. S: 27. S$ |variable, lourd & chaud. 5: 27. 3 |pluie & tonnerre. SE 27. $ [lourd & couvert. S: 27. 3 |pluvieux. 10. 27. 2 [grand vent & pluie. N. 27. 8 |variable. 27. 9 |variable, gelée. 6 beau, gelée blanche. em \ # DES SCIENCES. 2% Quoiqu'il foit tombé de temps en temps des verfes d'eau, de la neige, & quelquefois de la grêle, la terre a toüjours été sèche, les gelées ont été fréquentes, le vent violent, & ce froid fort incommode aux hommes a fufpendu la végétation, de forte que toutes les produétions de la terre m'étoient prefque pas plus avancées à la fin de ce mois, qu'elles l'étoient au commencement. Le 3, on trouva quelques morilles. Le 5, on vit quelques hirondelles qui voloient fur la rivière. Le 15, on voyoit quelques fleurs d’épine blanche, épa- nouies. Le 19, on entendit chanter des cailles & le roffignol. Le 22, on vit les premiers hannetons. La gelée du 30 endommagea afez confidérablement les vignes, quoiqu'elle ne fût pas plus forte que d'autres gelées qui étoient furvenues quelque temps auparavant. Les blés, quoique bas, étoient bien verds & fournis, car ils avoient beaucoup talé; les vignerons plantoient les échalas, Eeij 220 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MINANT. THERMOMÈTRE. VENT. | a | Baromètre Matin | Midi. | Soir, ETAT pu CIEx Degrés.| Degrés.| Degrés | pouc. lign. I S. ©. $ 27° variable. 2 ES $ 15 10 |27. S$ fvariable. 3 S. ©. 10 | 16 | 10 |27. 6 [lourd, variable & tonnerre. 4 1"S. OM )HroRNuS 8 |27. 6 |variable. ‘ SAOMIMOARE 7 |27. 7 |variable. 6 E. TIC] ARTS 8 |27. 6 |pluie & tonnerre. 7 S. 10 | 14 9 |27. 5 |hrouillard, orage. 8 | N.E. | ro | 15 | 10 |27. 4 |beau temps. 9 | NE. | 10 | 15 | 9 |27. 3 |variable. 10 N. 6 7 4 |27. 8 |variable & froid. 11 N. 7 | 10 $ |27- 10 |gelée. 12 N. 6 11 8 |27. 11 |couvert. NAS SO 9 | 14 8 |27. 11 |variable. 14 | S- O. 10 | 14 | 10 |27. 11 |beau temps. 15 N. 8 | 14 9 |27. 11 |beau temps. 16 N. 8 | 12 7 |27. 11 [beau avec nuages, 17 N. 8 | ro $s |27+ 8 |variable. 18 N. 8 | 12 8 |27. 8 |variable & froid. 19 E. CHAR 8 127. 8 :!pluvieux. 201 | 0N O0: 8N) Dluvieux. 21 Ë. OMS 10 |27. 6 |srand brouillard. 22 Se 12 | 18 | 12 |27. $ |variable & lourd. 23 S: 1OMNALS 10 |27. 6 |variable. 24 Se 10 | 18 | 12 |27. 7 |louwrd & variable. 25 S: 12 | 17 l'rrl27. 7 variable. 26 S. 12 0027 07 vis. 2 S. 12 | 17 | 12 27. 8 lourd & pluvieux. 28 5: 12 | 16 | 12 |27. 7 |pluvieux. 29 | S.O. | 13 | 16 | 10 |27. 6 |variable avec nuages. 30 | S.O. | 12 | 14 | 10 |27. 5$ |variable. 31 SO: 12 | 15 | 13 |27. 6 |beau avec nuages. D ENSMUSNEUT EN CE s: 224; Quoique tout ce mois ait été fort pluvieux, if n’eft ce- pendant pas tombé beaucoup d'eau. Le commencement a été froid & humide, les blés en paroifloient fatigués & la vigne n'avançoit point; néanmoins les gelées du commen- cement de ce mois Jont peu endommagée, parce qu'il eft . furvenu à propos des rofces ou des brouillards qui donnoient le temps à la glace de fondre avant que le foleil parût : les pluies fréquentes ont ainfr empêché le mauvais effet des brouillards, qui ordinairement rouillent les blés; & les pluies douces de la fin du mois leur ont rendu leur verdeur, & ont fait beaucoup de bien aux avoines. Le r. de ce mois on vit une aurore boréale, Le 5, on fortit les orangers. La végétation avoit tellement été fufpendue, que l'épine blanche, qui avoit commencé à fleurir le 1 $ d'Avril, étoit encore en fleur le 15 de Mai. Le 23, on commença à fervir des fraifes, les feigles étoient en fleur, & les fromens commençoient à épier. A peine a-t-on vü quelques hannetons & quelques che- nilles fur l'épine; ce qui fait que la verdure étoit d'une beauté admirable. E e üiy 222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'OTI IN, mr mener ss n | TurrmonèTRE. | du I VENT. | er | Baromètre ETAT DU CIEL, Mois Matin | Midi, | Soir CET PA Degrss, HS Pre lin. I STE 12 | 14 | 12 |27. 2 |pluvieux. 2 À NO. 9 II rouk27- 07 variable. 3 NrOAWo 11 9 |27- 6 [grande pluie. 4 S. O. II 14 8 |27. 6 |froid & pluvieux. USA 11 13 | 10 7 |couvert & variable. EU ANE Miel Re 6 |beau avec nuages. 7 E. 14 17 14 |27. 2 |orageux. 8 E, 13 | 16 | 13 |27. 4 |grande pluie. 9 | NE. | 12 | 14 Nan P7> VU DL 10 N. 12H06 Tee 7 07 IT S.O. [12 | 16 | 11 |27: S 3 variable. 120 RSNOMIMREN) Dre | Aro) 27-00 13 SYOM ENT 14 0127-07 14 ©. 10 14 9 |27+ 9 [petite pluie & tonnerre. 15 | N.E. | 10 | 16 | 12 |27. 10 |variable, orage. 16 N. 13 | 16 | 13 |27. 10 [lourd & couvert. 17 N. n19Mr7 D INT : 11 |beau avec nuages, 18 N. 14 19 15 |27- 11 [lourd & chaud. 19 N. 15 | 20 | 1$ 27. 9 |beau & chaud. 20 | S.E. | 16 | 21 | 16 |27. 8 |beau avec nuages. 21 1Dà 16 | 25 | 20 |27. 6 |tonnerre. 22 S: A] ET ON 2 7 |orageux. 23 N. 13 | 13 | 12 |27. 8 |pluvieux. 24 | S. O. | 13 | 18 | 13 |27: 83|variable. 25 | S. O. | 14 | 20 | 12 [27. 9 |fombre & variable, 26 | S: O. | 14 | 18 || r3 |27. 17 |varible. 27 | N.O. | 14 | 18 | 15 |28. oO }beau temps. 28 | S. O. | 16 | 20 | 14 |27. 11 |beau avec nuages, 29 | N.E. | 16 | 21 | 16 |27. 11 |beau temps. 30 | NE. | 17 | 22 | 18 |27. 10 |beau avec nuages. DIRMSMASUCNNR LE IN) CE Is 22 Ce mois a été très-pluvieux & orageux, prefque tous les jours on entendoit le tonnerre: quelques endroits ont été endommagés par la grêle, mais il a tombé une fi piodi- gieule quantité d'eau, que la rivière d'Eflonne, qui étoit fort bafle, a débordé, & qu'on voyoit des pièces de vingt-cinq arpens qui fembloient un étang dans lequel il y avoit en certains endroits quatre pieds d’eau. Vers la fin du mois, le hile étoit devenu fort grand; la terre qui avoit été battue par les grandes pluies, éteit durcie comme de la pierre, & les grains fouffroient: heureufment il furvint de temps en temps de petites pluies qui atten- driffoient la fuperficie de la terre; néanmoins la fleur de la vigne n'avançoit point, & les fruits de toute elpèce tom- boient en quantité : ainf l'année qui, à la fin de Février, paroifloit hätive, étoit réellement tardive à 11 fin de Juin. Au refte, les menus grains étoient fort beaux, & les vers qui, les années précédentes, avoient mangé beaucoup d'avoine, ne faifoient, celle-ci, aucun tort, foit que les pluies de cette année leur euflent été contraires, ou qu'ils euffent peu multiplié l'année précédente: car nous remarquames que dans le temps que les vers faifoient le plus de dommage, des pluies aflez abondantes qui étoient furvenues, avoient arrêté le progrès du mal; ce qui nous fit foupçonner que cet infecte avoit fouffert, & qu'il feroit moins abondant Tannée fuivante. Vers la fin du mois, les cantharides dévorèrent une partie des frênes, mais cet infeéte ne toucha pas aux frênes à fleur; ce qui doit rendre cet arbre précieux. 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE JADGIELNLNET, Foie THERMOMÈTRE. du | VENT. | TT | Baromètre ETAT DU CIEL. Mois. Matin! Midi. | Soir. FE Degrés. | Degres. Dale Mr Run I N. E. 17 | 23+| 18 |27. 8:|beau & chaud. 2 | NE. | 19 | 232] 18 27. 8 lbeau avec nuages. 3 ! 15 | 20 | 15 |27. 72+|beau & frais. 4 | NE. | 15 | 19 | 15 |27. 6 |orage & pluie. s Ge 16 | 20 | 14 |27. 4 |orande pluie & orage. 6 S. 101020 52127. 6 |lourd & variable. 7 O. 1$ | 18 | 13 |27. 7 |beau & variable. 8 O. 14 | 17 | 125127. 7 beau & frais 9 O. 14 | 16 11 |27. 8 |variable & froid. 10 O 114| 14 9#127. 8 {variable & froid. IL SO: 14 | 16 | 13 |27. 9 |couveri & brumeux. 12 O. 14 | 17 | 13 |27. 8:|couvert. 13 S. O. rar 17312 . 7 |variable. 14 | NO. | 17 | 17 | 14/27. 8 |variadble, pluie. 15 NE: 17 | 20 15 |27. 8 |beau & chaud. 16 O. | COL Lir2i | Seat variable, chaud & couvert, 17 ©. 14 | 21 | 15 |27. 9 |beau avec nuages. 18 | N.O. | 15 | 201| 16 |27. 8 |variable avec nuages. 19 N. E. 15 20 16 !27. 10 |beau temps. 20 | N.E 17 | 241|....|27. 9 [beau temps. 21 | N.E. | 20 | 261:| 20:27. 9 |beau avec nuages. 22 £ 212] 271] 22 |27. 8 [brouillard & orage. E. 20 27. S82l|tonnerre. 21 |27. 9 |beau avec nuages. 21 |27. 8 {beau temps. 22 |27. 6 beau avec nuages. 20 |27. $ |beau & chaud. ; 17 |27. 9 |beau avec nuages. 16 |27. 7 |beau avec nuages. | 19 |27. s+lbeau & chaud. 18 |27. 6 |variable & lourd. LS 22 ER, RD SR D LEP 2 CO ET MERE SE Rs Au 7 D'ENSE SCI EN CE 4 8 6 |26. 9 {variable fans pluie. 16 S: 4 8 6 |26. 8 |ouragan, grande pluie. 17 S: 6 8 6 |27. 1 |couvert & brumeux. 18 S10 6 8 42127. 9 |couvert & brumeux. 19 No 3 |—0o |28. o |beau temps, gelée blanche. 20 NE |=2 3 1 |27. 9 {beau temps, gelée blanche, 2} FE: I 32:[—=0 |27. 8 |variable. 22 JE —0 > =0O É 6 |variable, grand brouillard. 28 MIRINCRE: 2 s 227. 7 [fombre & variable. 24 | SO: |—2 3 I ie 8 |beau temps, gelée blanche. 25 No s 2 |27. 10 |variable, gelée blanche. 26 S 2 s 4 |27. 9 |fombre & pluvieux. 27 AN 1O 2 6 4 |27. 9 |variable. 28 S 3 4 s |27- 6 |variable, pluie le foir. o |+3 |—1 |27. 10 |beau temps, gelée blanche. 21|[+2 |— 1 |27. 6 |brouillard & givre. LU D 0 © Z 2 [e) nil Pendant D EUSIMSAQUR EN CE LS 233 Pendant tout ce mois le temps a été fort variable, des gelées, quelquefois affez fortes, fouvent de a pluie & des coups de vent violens. Le 12, on a achevé de femer les blés dans fa plaine; mais dans les terres noires, les femailles n'étoient pas finies à La fin du mois. Mén. 1751: + Gg 234 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE D'AENGMENMIBIR NE. THERMOMÈTRE. Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Degrés.| Degrés. —2+ 1 1 —21:|—=0 |—4 JAIE TIME ii |-2 a -- LG I PME) . . Ze) 3 1 S: 3 6 4 S. 4 6 3 10 S. 4 6 3 5 S. tes re 12 S. $ 7 4 13 S. 3 7 $ 14 CE 6 8 s ROIS (0) S 7 9 iU7A S10: 6 8 7 Te MO $ S 4 19 S. O. 3 6 27 20 SR 3 6 s 21 SE 5 8 4 22 S; 15 6 22 25 ©. | 1 S 2 ZANIIS MENU | 5: 2 25 E. I 4+1=0 26 NUE" 010 3810 27 Nu |—=3u0)—=0o"—2 29 N. E. ns 2 |[—0o SONNERIE 0 1 Je 7 31 Baromètre . lign. Es e CCC COS CNE EC ENTRE ER TT = = O©O N[= D FAT ACT D UC TEL: grande neige. beau temps. beau & froid. vaiiable, couvert, neige. brouillard tout le jour. couvert, gelée blanche. pluvieux. couvert & brumeux. grand vent & pluie. grand vent & pluie. beau & variable. variable, pluie & vent. grand vent. pluie & brouillard. variable & humide. pluie continuelle. variable, grand vent. beau & variable. variable. beau & variable. -\beau temps, gelée blanche, beau temps. beau temps. beau & variable. couvert; DENSNOSNGNIE NICIE NS 237$ If a tombé les premiers jours de ce mois aflez’ de neige pour couvrir la terre d'un demi-pied d'épaifleur : le refte du mois il y a eu de temps en temps de la pluie ou des ge- les blanches. : Le 15, on a encore femé quelques pièces de feigle qu’on nomme des avents : ordinairement ces feigles ne s'élèvent pas autant que ceux qui ont été femés plus tôt, mais ils grènent bien. Les vignerons donnoient aux vignes la façon d'hiver qu'on appelle parer. RE CA PITULATIO N. Les mois de Janvier, Février & Mars ont été doux & fort fecs; les mois d'Avril & de Mai ont été froids, & quoiqu'il foit tombé de temps en temps de la neige, de la grêle & même de la pluie, la terre a toüjours été sèche, de forte que les fources tarifloient. Le mois de Juin & le commencement de Juillet ont été fi prodigieufement plu- vieux, que les rivières ont débordé: la fin de Juillet a été fort chaude, les mois d’Août & de Septembre aflez beaux fans chaleur: les mois d'Oétobre & de Novembre ont été aflez doux & médiocrement pluvieux. Une chofe digne de remarque, c'eft que cette année, à la fin de Février, toutes les productions de la terre étoient auffr avancées qu'elles le font fouvent à la fin de Mars; elles font reftées dans le même état pendant près de fix femaines, & l'année qui paroifloit devoir être hâtive, a réellement été fort tardive. FROMENS. Nous avons dit qu'à la levée, les blés étoient fort clairs; ils ont beaucoup talé, & dans le mois de Juin ils étoient très - fournis : on a encore vû qu'à la fm de fhiver ils étoient bas; néanmoins dans le temps de la récolte, la paille étoit fort haute, ainfi il y a eu beaucoup de gerbes; les granges étoient toutes pleines, & il ny a je de fermier 81 236 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qui n'ait été obligé de faire des chaumières. La récolte n’a pas été auffi abondante en grains, car il a fallu vingt ou vingt-quatre gerbes pour faire une mine, pendant que cer- taines années, douze gerbes fourniffent une mine de grain: de plus, il y en a eu beaucoup de charbonné, dans quelques endroits la moitié, dans d’autres le tiers, & prefque par-tout un quart ou un cinquième; ce qui a encore occafionné un déchet confidérable, & a fait que le blé qui valoit avant la récolte, quinze & dix-huit livres le fac pelant deux cens quarante livres, s’eft foûtenu à treize & quatorze livres. Les pluies abondantes qui font venues dans le mois de Juin, l'avoient nourri d'eau; ce qui fait qu'il a été très-difficile à conferver. AVOINES. Les avoines tardives ont été defléchées, ou, comme difent les fermiers, échaudées par les grandes chaleurs du mois de Juillet, mais en général la récolte de ce grain a été fort bonne; elle valoit après la moiffon, quatre livres dix fols ou cinq livres le fac. O RG £:15, Les orges ont bien réuffi, & le grain étoit de bonne qua- lité: le prix a été le mème que celui de l'avoine. PARRAINAGE TENTE ION SES Il y a eu beaucoup de pois & de lentilles, peu de féves ou de haricots. EME NieS La récolte des fois a été abondante: ils ont été ferrés à propos, & font de fort bonne qualité. PANTEN ES: Les raifins ayant müri pendant la féchereffe des mois d'Aoùût & de Septembre, ils auroient été d’une grande qua- lité, sil ne füt furvenu une pluie abondante avant la ven- dange, qui a fait fubitement groflr les raifins: d’où il eft DIEMSMISRERTE INSCIENS. 237 arrivé que ceux qui ont vendangé de bonne heure, ont fait du vin beaucoup meiïlleur que les autres. Le vin a peu bouilli, & a néanmoins été long-temps à fe faire dans la cuve; la récolte a été de trois à quatre pièces par arpent. FUR'U'L'TER H y a eu beaucoup d'abricots & de prunes, pañlablement de cerifes, de poires & de coins, peu de pommes & de pèches, un peu de gland, beaucoup d'azerolles & de fenelles ; les melons ont été médiocrement bons, il y en a eu peu de mauvais & auffi fort peu d'excellens. ° CHANVRE S. Les chenevières ont été afiez belles, & la filaffe de bonne qualité. SAFRAN S La récolte des fafrans a été des plus abondantes, & il a été d'une excellente qualité; néanmoins il y à du choix, parce que, comme on a été obligé d'envoyer des charretées de fleurs dans les villes pour les faire éplucher, une partie s'eft échauffé. GIBIER Ï y a eu peu de perdrix & de caïlles, les grandes pluies de Juin ayant pâté les nids; on a vû paflablement de lièvres & beaucoup d'alouettes. SEMIS ET PLANTATIONS. Il ne nous eft prefque pas manqué un arbre d’une grande quantité de différentes efpèces que nous avons plantée l'au- tomne & l'hiver. Nous n’avons pas été auffi heureux dans les femis, principalement de cyprès; mais nous croyons avoir remarqué que fouvent cette graine n'eft pas fécondée au printemps: if nous a paru que la fécondation a été heureufe ; ce qui nous fait efpérer que la graine qu'on recueillera en 1752, fera bonne. Gg ii 238 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE ETPANUP TN ENTNR DE SPF NAVONX. Beaucoup de fources ont tari, & l'eau a été fort baffle dans les puits. JONANENC ER ENS, H n'y a eu ni hannetons, ni chenilles; les cantharides ont dévoré les frênes : les choux-fleurs ont été fort endom- magés par les punailes Touges. MALADIES. Il n'y a point eu de maladies épidémiques pendant toute cette année. ER RAA Pour les Obftrvations météorologiques des ann, 1 748 ©" 1749* ANNEE 1748. BAROMÈTRE: SEPTEMBRE: Depuis le 1 s jufques & compris le 23, au lieu de 28, lifez 27. Le 30, au lieu de 28, He 27: OCTOBRE. Depuis le 14 jufqu'à la fin du mois, au lieu de 28, lifez 27. NOVEMBRE. Le 1, au lieu de 28, lifez 27. Depuis le 21 jufqu'a la fin du mois, au lieu de 28, lifez 27. DECEMBRE. Depuis le 9 jufques & compris le 15; au lieu de 28, lifez 27. Depuis le 18 jufques & compris le 27, au lieu de 28, lifez 27. ANNEE 1749. JANVIER. Depuis le 1 jufques & compris le 5, au lieu de 28, lifez 27. Depuis le 16 jufques & compris le 18, au lieu de 28, lifez 27. FEVRIER. Depuis le 21 jufqu'à la fin du mois, au lieu de 28, lifez 27. MARS Pendant tout le mois, Zifez 27. AVRIL. Depuis le 1 jufques & compris le 20, au lieu de 28, lifez 27. OCTOBRE. Depuis le 8 jufques & compris le 14, au lieu de 28, lifez 27. Depuis le 16 jufques & compris le 18, au lieu de 28, lifez 27. Le 20, au lieu de 28, lifeg 27. Depuis le 23 jufqu'a la fin du mois, au lieu de 28, lifez 27. NOVEMBRE. Excepté les 24, 25 & 27, lifez par-tout 27. DECEMBRE. Depuis le 6 jufques & compris le 21, au lieu de 28, lifeg 27. CLo0re DES SCIENCES 239 ME MOTITRE SUR QUELQUES CORPS FOSSILES PEU CONNUS, Par M. GUETTARD. I: y a peu de Pays riches en coquilles & en autres corps marins fofliles, où ïüls foient aufli-bien confervés & où ils fe trouvent aufli abondamment qu'en France. On ne peut guère penfer autrement, fi l'on en Juge par les ouvrages qui ont paru fur les fofliles des pays étrangers, & fur ceux de la France. Il n’y en a point qui nous fafle connoître des coquilles auffi entières & auf fraiches que celles de Cour- tagnon, déjà connues en partie depuis long-temps par les ‘écrits de Woodward, que celles de Chaumont annoncées dans les Mémoires de M. de Juflieu l'aîné, encore les unes & les autres, ne l'emportent-elles point par le nombre & la beauté, fur celles de Grignon que M. de Mairan a fait voir à l’Académie; fur celles de Thury & de Mouy, dé- couvertes par Mrs Caffini & Maraldi; fur celles de Thury en Valois, de Soiflons, des environs de Dammery, & de -quélques autres endroits de la Bourgogne & de li Cham- pagne, qui m'ont été envoyées par quelques-uns de ceux avec qui je fuis en correfpondance pour cette matière. La quantité de ces corps n'eft pas moins remarquable : fans parler de ce banc immenfe de Falum décrit* par M. de Reaumur, les endroits dont je viens de parler, font voir des amas énormes de ces coquilles entaflées les unes fur les 22 Décemb. 1751. * Voy. Mén. de l’Académie Roy. des Scienc. année 1720, autres en tout fens, fans ordre ni régularité, & qui forment 7: #0: des mafles d'une certaine étendue, que des recherches fuivies pourroient peut- être rendre telles, que tous ces endroits fe trouveroient liés entre eux ou très-peu féparés, & formeroient ainfi un banc aufli vafte & aufli long que celui de ce falun qui traver{e la Touraine. Difc. admir. page 216. Page 221. Page 222. Page 224. 240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Un pays aufli rempli de ces corps marins que f'eft {a France, ne pouvoit qu'attirer bien-tôt l'attention de ceux qui aimoient l'Hiftoire Naturelle: auffr eft-ce de la France qu'eft {orti, d’entre les Modernes, le premier écrivain qui ait parlé des coquilles foffiles dans des vûes Phyfiques, & qui püflent nous éclairer fur leur nature. Il y a près de deux cens ans que Palifit démontroit au milieu de Paris, que a France avoit été fous les eaux de la mer qui, en fe retirant, y avoit laifé une quantité prodigieule des corps qu'elle ren- fermoit. Cet Auteur, digne d'un fiècle plus éclairé que le fien, faifoit voir que ces corps n'étoient que les productions de It mer & non de Ia terre, comme on le penfoit alors: il tiroit fes preuves des coquilles qu'il avoit ramaflées aux environs de Paris, de Venteuil en Valois, de Soiflons, de Sedan, dans la Saintonge & en Champagne où il en avoit trouvé un grand nombre d'efpèces. « Quant à ce qui eft » des pierres, dit-il, il y en a où il y a plufieurs efpèces de » coquilles, ou bien en une même pierre il y en a grande » quantité d'un même genre, comme celles du fauxbourg Saint » Marceau-lès-Paris. . . . . J'ai fait plufieurs figures des coquilles » pétrifiées qui fe trouvent par milliers ès montagnes des Ar- » dennes, & non feulement des coquilles, ains aufli des poif- » fons qui ont été petrifiez avec leurs coquilles. .. .. Près de » a ville de Sedan eft un rocher, auquel rocher & en plu- » fieurs autres il fe trouve des coquilles de plufieurs efpèces » depuis le fommet de la montagne jufques au pied d'icelle: » combien que {a dite montagne foit plus haute que nulle des » maifons, ny même le clocher dudit Sedan..... Es mon- » tagnes des Ardennes fe trouvent par milliers, des moules » pétrifiées. .... Au pays de Valois, près d'un lieu nommé » Venteul, il y a grande quantité de coquilles pétrifiées, près » d'un hermitage joignant la montagne dudit lieu , auquel je » trouvai grand nombre de diverfes efpèces de coquilles de » poiffons, femblables à celles de [a mer océane & autres : » car parmi icelles coquilles s'en treuve de pourpres & de » buccines de diverfes grandeurs, bien fouvent d’auffi longues « que ’ DES SCIENCES. 247 que la jambe d’un homme, lefquelles coquilles n’ont point été étrifiées, ains font encore telles comme elles efloyent quand le poiflon efloit dedens. .... Depuis avoir veu ladite mon- tagne, j'ai trouvé une autre près la ville de Soiflons, où il y a par milliers de diverfes efpèces de coquilles pétrifiées, fi près à près l'une de l'autre, que l’on ne fauroit rompre le roc d'i- celle montagne en nul endroit que lon ne treuve grande quantité defdites coquilles... .. & combien que j'aye trouvé des coquilles pétrifiées d’huîtres, fourdons, availlons, jables, moucles, d’alles, couteleux, pétoncles, chaftaignes de mer, efcrevices, burgaulx & de toutes efpèces de limaces, qui habitent en la dite mer océane, fi eft-ce que j'en ai trouvé en plufieurs lieux, tant ès terres douces de Xaintonge que des Ardennes & au pais de Champagne, d’aucunes efpèces, defquelles le genre eft hors de notre connoïffance..... & n'en void-on finon par le moyen des nautoniers qui en ap- portent bien fouvent des Indes & de la Guinée. » Quand nous n’aurions pas les Mémoires intéreffans dont jai parlé, l'hiftoire du Languedoc de M. Aftruc, les ob- fervations d'Hifloire Naturelle de M. le Monnier, Médecin, louvrage de M. Hellot fur les minéraux de fa France, & plu- fieurs autres morceaux répandus dans les Mémoires dé l Aca- démie, différens de ceux que j'ai cités; quand, dis-je, nous n'aurions pas tous ces morceaux, les feuls écrits de Palifii n’au- roient-ils pas dû mettre les Naturaliftes françois à l'abri des reproches qu'on leur a faits, même en France, de négliger cette patie de l'Hifloire Naturelle? Faut-il réunir. des noms de foffiles dans un catalogue fec & qui n’annonce que les endroits où lon trouve ces corps, pour fe croire le premier qui ait traité cette matière comme elle devoit l'être? La France a fes Scheuchzer, fes Langius, fes Luid, fes Woodward : pour moi, me contentant de fuivre ceux qui m'ont précédé, Jai cru devoir tirer de la belle collection que S. À. S. M. le duc d'Orléans pofsède, quelques-uns des fofliles qu'elle renferme, & fur-tout de ceux qui font le moins connus, me réfervant de traiter des autres dans la fuite, lorfque Mém, 1751. . HR c L4 LL [24 Page 225; « Page 226, Voyez la Pré. de l'Enuméra- tion des foffiles de la France. y > >» » » “ 2] LA 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Voccafion sen préfentera. Ceux dont il s'agira maintenant, font de la clafle des coraux, & ont été connus jufqu'à pré- fent fous les noms d’Azyonium ou de champignons marins, de figues, & de poires pétrifiées. Une reflemblance groflière de ces derniers corps avec les fruits auxquels on les a comparés, peut difculper du pré- jugé où font tombés ceux qui, après un examen aflez fuper- ficiel, penfent que ces fofliles font réellement les corps qui leur reflemblent, qui, renfermés dans la terre, y ont pris une confiftance folide & pierreufe. Ce préjugé eft tel, qu'il n'eft pas facile d’en faire revenir ceux qui s’y font laïffé entraîner: je lai trouvé entièrement établi dans des pays où ces fofliles & les fruits dont ils approchent par la figure, font communs. J'ai vû dans quelques endroits de la Normandie, nombre de perfonnes qui ne doutoient pas plus que ces corps ne fufient düs aux poires ou aux ponimes qui tomboïent de leurs ar- bres, que ces mêmes fruits qu'ils cuéilloient étoient düs aux arbres même; & je leur paroïflois aufir étrange de vouloir révoquer ce fentiment en doute, qu'ils pouvoient me le paroître de le regarder comme une vérité. Ce préjugé n’eft pas moins fort en Touraine qu'en Nor- mandie, fuivant une lettre du P. Rofe de 'Oratoire, dont je parlerai dans la fuite. « Pour les fruits & les autres corps mous, m'écrit-il, j'ai bien de la peine à croire qu'ils puiffent fe méta- morphofer ainfi, malgré les aflurances que m'a données un de mes amis de Tours, qui prétend avoir des joncs, des pêches, des pommes & des poires pétrifiées. Je n'ai pas plus de foi à cette pétrification, que vous: je n'ai jamais pa me perfuader que ces efpèces de fofliles fuffent de. vrais fruits terreftres pétrifiés, de forte que je n'eus aucune peine à embraffer votre fentiment. Vous rangez tous ces corps dans la clafle des figues de mer, il faut donc qu'il y en ait de différentes efpèces: ce qui eft bien für, c'eft que la forme, foit exté- rieure, foit intérieure, n'eft pas la même dans toutes. II y'en a qui reffemblent parfaitement à des poires, d’autres à des oignons: j'en ai auffi qui ont la forme de ces grofles raves A dis pets MS2chr\ E"Näctes ES de Limofm que les habitans appellent rabioles. Quant à Vorganifation intérieure, elle varie prefque dans toutes: j'ai ouvert quelques-uns de ces prétendus fruits, en les caffant avec le marteau, & j'ai trouvé de la différence * dans prefque tous, foit pour leur couleur, foit pour la matière dont ces corps font formés; il y en a qui ont réellement la figure intérieure d'un oignon ou d'une poire. Je ne fus jamais fi étonné que de trouver dans un de ces foffiles Ja figure d'une orange, & prefque tous ceux à qui je l'ai montré, l'ont reconnu comme moi: malgré cela, je ne fuis point du tout perfuadé que ce foient des fruits terreftres pétrifiés. Je crois que ce font des corps qui ont crü dans la mer, & que cet élément renferme une infinité de produétions qui ont quelque rapport avec celles de la terre: ces fortes de foffiles ne font pas rares dans ce pays-ci, c'eft-ä-dire, aux environs de Saumur; J'y trouve à peu près les mêmes que j'ai recueillis à Vendôme & en Touraine. » Les Naturalifes favent que ces prétendus fruits pierreux ne font que des efpèces de corps marins qui ont cette figure; & il ne faut, pour s'en afiurer, que confulter l'ouvrage de M. Bourguet fur les foffiles : cet Auteur en parle d’après Scheuchzer, & les met au nombre des champignons de iner. L'un & l'autre Auteur regardoient ces fofliles comme appartenans au règne végétal: ils ne favoient pas qu'ils étoient peu éloignés du temps où des obfervations feroient voir qu'ils étoient du règne animal; mais ces Auteurs ne font point tombés dans l'erreur qui les attribue aux fruits avec lefquels ils ont un certain rapport. La mer eft l'élément où ces corps croiflent : c’eft une vérité qu'il ne faut plus démontrer qu'à ceux qui ignorent entièrement l’Hiftoire Naturelle, ou à ces prétendus Naturaliftes qui, fouvent plus frappés de à figure de ces fofliles que de ce qu'ils font réellement, ne font attachés à leurs recherches qu'autant qu'elles peuvent groflir. & augmenter ce que ces corps ont de fingulier. Quoique je n'aie pas, comme Scheuczher, trouvé de ces * Ces différences ne font pas effentielles. Hh à L< 4 L4 cc Lea ce LS 4 LC La 2 Voyez les Planches 1, 11, 111. b Planche 11, fig. 2, O. c Jbid, fig 1,0. 4 Planches 1, LU, I, E, E, € Planche 11, fou, 2, 3,42 sde £ Ibid. fig. s, O. 244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fofliles depuis la groffeur d'une plume à écrire jufqu'à celle du poing, j'en ai cependant vü de diférentes groffeurs : il y en a qui approchent beaucoup des plus grofles de Scheuchzer, mais les plus petites ne le font guère moins qu'une petite poire ou une grofle prune. Tous ces corps, de quelque groffeur qu'ils foient , ont une partie arrondie en forme de globe?, que l’on peut regarder comme le corps ; l'autre eft alongée & conique, & forme une elpèce de pédicule plus ou moins grand: ce qui les fait en quelque forte reffembler aux fruits auxquels on les a comparés. Le centre de la partie fupérieure du corps eft ouvertb, & sil y eft ferméc, la matière qui le bouche a pris le contour de ouverture que ces foffiles avoient dans leur premier état, & foit que l'ouverture fub- fifle encore, ou qu'elle foit bouchée, elle paroît avoir été originairement circulaire, ou approcher plus ou moins de cette figure. De la circonférence de ce trou, l'on voit des lignes 4 que l'on fuit jufque fur toute la partie fphérique, & quelquefois même fur celle qui eft conique: elles y forment des ftries plus où moins apparentes, irrégulières, & qui pa- roifient jeter quelques branches: ces flries ne font pas feu- lement fuperficielles , elles pénètrent jufque dans le centre. Lorfque on ufe fur un grès quelques-uns de ces corps, on découvre facilement le cours de ces ftries<; on les fuit depuis le pédicule jufque dans le corps même, & lon voit aflez bien qu'étant plus rapprochées dans le pédicule, elles s'éloi- gnent infenfiblement les unes des autres dans le corps, où elles s'étendent jufqu'à la circonférence de la cavité qui fe trouve au milieu. Cette cavité eft plus grande fupérieurement ue dans fa partie inférieure ; elle continue prefque jufqu’au pédiculef, & peut-être même qu'elle le pénètre quelquefois, mais il n'eft pas aifé de le bien déterminer, cette cavité renfermant ordinairement une matière étrangère & de la na- ture de la pierre où ces fofliles ont été renfermés. Quoique cette matière rempliffe toute la cavité, elle le fait cepen- dant de façon que l'on voit diftinétement qu'elle eft diffé- rente du corps même; & fes bords ne s'appliquent pas affez DE SNSNG;:WE N ee. 245$ exactement à ceux de la cavité, ils ne les pénètrent pas de façon à fe confondre entièrement, ils en font en quelque forte féparés, ou ils ne les touchent qu'en partie. Cette ef- pèce de bouchon s'étend fouvent jufqu’à la partie fupérieure qui en eft alors, comme je l'ai dit, remplie entièrement : quelquefois auffi cette partie refte plus ou moins ouverte, ordinairement il n'y a qu'une de ces ouvertures à chacun de ces foffiles. J'en ai trouvé un qui en avoit trois bien diftinétes?, à la circonférence defquelles finifloient des ftriesb femblables à celles des premiers qui font fimples: ces ftries cependant fe réunifloient toutes dans le pédicule pour ne former qu'un tout, ou la différence étoit fi petite, qu’il n’étoit pas pofhble de les bien voir. La réunion de ces trois corps donnoit au total une figure plus alongée que celle des fim- ples, & qui font féparés, quoique la figure de ceux-ci ne foit pas toüjours la même: elle approche bien, il eft vrai, . de la fphérique, mais cette fphère eft quelquefois plus ou moins alongée; elle eft quelquefois un peu aplatie par fes poles ou par fes côtés. La différence du corps doit de néceñité en mettre quelqu'une dans celle du pédicule : auffi dans les rondes la fection horizontale du pédieule eft circulaire; lorf- que le corps eft aplatie, elle eft ovale, & elle varie ainfi un peu plus où un peu moins, felon les variétés qui arrivent dans le corps. Les pédicules fouffrent encore des différences du côté de leur groffeur & de leur proportion avec le corps. Souvent cette partie eft aflez proportionnée avec l'autre, mais fouvent auffi elle left peu: quelquefois le pédicule eft gros, le corps étant affez petit{; au contraire le corps a une groffleur confidérable fi. on le compare à la petitefle & au peu de longueur du pédicule <. Cette partie cependant, fi petite qu'elle foit, fe trouve toûjours, & fouvent même elle n'eft fi courte que parce qu'elle a été plus ou moins caffée . dans fa longueur. Cette obfervation peut fervir à faire con- noître certains corpsf de différentes longueur & grofleur, que lon rencontre difperfés çà & 1à dans les mêmes endroits où Yon trouve des figues pétrifiées: ces corps ne font autre chofe HR ii 3 Planche 11; fig. 4, 0,0,0. > EEE € Planche 1, fig. 4. 4 Did. fig. 2. € Ibid fig. ». f Planche 11, fig. 5. 246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que les pédicules qui ont été détachés à différentes diflances du corps même auquel ils ont appartenu. La reflemblance EU im, qui eft entr'eux & les pédicules qui font encore adhérensa NW aux figues, eft une preuve entière que les uns & les autres font femblables, non feulement par la figure, mais encore paï la ftructure. Les premiers, comme les feconds, font ordinairement coniques: quelquefois ce cone eft aplati & P Planche 11, comprimé latéralement ; l'aire de leur fection P reflemble à fig. 5. Te réfeau dont les mailles e feroient circulaires. Ce tiffu eft le même que celui de la partie globulaire ou du corps: 4 Jhid. fig. 1, lorfqu'on l'a ufé fur le tour, on découvre les fibresd qui, EE par leurs ramifications, font un réfeau plus fiche, plus ap- parent, & dont les mailles qui font moins circulaires, ren- ferment cependant une partie arrondie, que fon diroit être par fa feétion un vaifleau cylindrique où un mamelon glo- bulaire coupé par la moitié. Il fuit de ces obfervations, que ces foffiles font un compolfé de fibres qui s'étendent depuis € Hid. fig. 3, le pédicule® jufque dans toute là partie fphérique, & qui, EE P. par leurs fréquentes ramifications, donnent naiflance à des mailles qui font remplies d’un petit mamelon, comme les mailles formées par les vaifleaux des plantes, le font de parties véficulaires auxquelles on a donné le nom de paren- chyme, Mais cette defcription ne fera-t-elle pas très-propre à faire retomber dans le préjugé ancien, que ces foffiles font réelle- ment des fruits de nos arbres terreftres ? une poire eft-elle autre chofe qu'un amas de fibres ou de vaiffeaux, qui par leur entrelaffement forment un nombre infini de mailles qui font remplies par les véficules parenchymateufes’ J'avoue que la reflemblance eft affez forte, mais il y a auf des diffé- rences trop grandes pour qu'elles ne lèvent pas entièrement tous les doutes que l'on pourroit avoir. Dans les fruits, cette partie que l'on appelle l'œil, & que l'on regarderoit peut-être comme la partie analogue à la cavité de la partie fupérieure de nos fofliles ; cette par‘ie, dis-je, n’eft pas perméable, ou elle l'eft très-peu , lorfque ces fruits ont acquis leur maturité : D Æ'SUNISNCMIEIN CES 247 le pédicule des fruits n'eft pas aufli confidérable que celui de nos fofliles, il ne fe continue pas aufii infenfiblement jufque dans la partie fphérique, il coupe plus court & eft beau- coup plus grêle. Outre cela, les fibres des fruits vont aboutir à l'œil & y finir, ou par leurs ramifications à la partie in- térieure que lon appelle le rocher, ou aux pépins; mais les fibres de nos pétrifications paroiflent être continues, c’eft-à- dire que fi on les fuit de l'intérieur à l'extérieur, ou de Fextérieur à l'intérieur, on ne remarque point qu'elles fniflent dans quelqu'endroit, mais pluftôt que par leur continuité elles forment des anfes ; de forte que s'il étoit poffible d'em- porter tout ce qui renferme les mailles formées par les rami- fications, on auroit une fuite de fibres qui refflembleroit à un écheveau de fil dont on auroit pincé une partie & épar- pillé l'autre fans la couper. Ces différences doivent donc, à °c qu'il me paroît, éloigner pour toüjours ces idées d’une reffemblance entière des fruits avec nos fofliles, qu'une atten- tion un peu réfléchie fur l'extérieur ne permettroit pas même de prendre, quand on n'auroit pas d'autres preuves. La meilleure & la plus füre que lon pût donner, feroit de faire voir des corps tirés de la mer, qui fuffent, tant pour l'extérieur que pour l'intérieur , entièrement femblables. La comparaifon que Scheuchzer établit entre ces figues pétrifiées & celle de la mer, décrite par Imperati, femblent indiquer que Scheuchzer penloit que ces corps mavoient de diffé- rence que d’être pétrifiés ou de ne l'être pas: il faut avouer qu'il eft difhcile de fe refufer, au premier coup d'œil, à cette idée, tout porte à la prendre. L'extérieur de ces corps eft à peu près du mème contour; ils ont, les uns & les autres, une ouverture dans le milieu de la partie fupérieure ; les defcriptions que nous avons de celle de la mer, femblent encore augmenter cette induction. « L’akyonium tubéreux, dit Jean Bauhin, a un pédicule qui s'élargit un peu par le bas, il eft d'une fubftance ferrée, il eft pointillé à l'extérieur. Le tiffü intérieur du corps même de la figue eft compofé de fibres qui s'étendent en lignes droites depuis la cavité qui A (4 .A € An [3 L a La 248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft au milieu de l'écorce, jufque vers le centre, où elles fe joignent & fe ramaffent en une feule mafle. » M. le Comte de Marfilli, dans fon Hiftoire phyfique de la mer, s'éloigne en quelque chofe de cette defcription, & me paroït cependant approcher un peu plus du vrai. « La fuperficie de ce corps vü au microfcope, paroît, felon lui, couverte de trous inégaux : en coupant ce fruit pour en voir la ftruéture du dedans, on diftingue un grand nombre de cellules femblables à celles des abeilles.» L'une & l’autre def- cription font en partie vraies, mais elles ne font pas entière- ment exactes. Les tubercules dont Jean Bauhin parle, pour- roient bien être düs à quelque matière étrangère qui auroit rempli les cavités décrites par M. Marfilli. Les fibres dont Jean Bauhin trace le cours, & fur lefquelles M. Marfilli garde le filence, exiflent bien, mais elles ne font pas dirigées comuine Jean Bauhin le dit: les cellules de l'intérieur, com. parées par M. Marfilli à celles des gâteaux faits par les abeilles, ne peuvent foûtenir cette comparaifon; la régula- rité de celles-ci fait qu'elles n'ont d'autre reffemblance avec celles des figues de mer, que d’être des cavités. Un de ces corps, que j'ai en ma difpofition, m'a mis en état d'en donner une defcription plus jufle, plus vraie, & que je crois néceflaire ici, à caufe de la comparaïfon que j'en dois faire avec celle des figues foffiles : celles de la mer font un compofé de fibres plus ou moins fines, entrelaffées les unes dans les autres, fans ordre ni régularité, qui, par leurs rami- fications, s’'anaftomofent, fe réuniflent les unes avec les autres, & forment ainfi des mailles inégales de figure différente, irré- gulières, vuides de toute matière. Il rélulie de cette maffe fibreufe un tout fpongieux, qui eft, à l'extérieur, recouvert d’une pellicule mince, qui n'eft elle-même qu'un tiflu fem- blable au refte, feulement plus ferré, plus compacte, qui s'enlève & fe détache du corps même affez facilement, & ui vû à une loupe d'un foyer plus court que celle que l'on eft obligé d'avoir pour examiner l'intérieur, ne paroït qu'un amas de petites fibres très-fines, qui, par leurs anaftomofes, forment DES SCIENCES. 24 forment auffi des mailles très-petites & femblables aux plus randes. I fuit de cette defcription, qu'une figue marine n'eft qu'une éponge, qui ne diffère des éponges ordinaires que par fa figure , qui eft fphérique dans fa plus confidérable partie, & qui, poftérieurement, finit infenfiblement en un pédicule court & d'une certaine grofleur, qui, à fa pointe, s'élargit un peu & forme une efpèce d'empattement, au moyen duquel la figue eft attachée au corps où elle a pris naiflance : la propriété qu'elle a outre cela de s'imbiber d'eau lorfqu'elle eft sèche, & de la rendre lorfqu'on la preffe, de même que les autres éponges, rend cette comparaifon entière & com- plète. IE n'en fera pas ainfi de celle que lon peut faire mainte- nant des figues marines avec celles qui font pétrifiées ; l'on y trouvera des différences affez effentielles pour engager à diflinguer ces corps entr'eux ; ils ont, les uns & les autres, des fibres qui, en fe ramifiant , forment des mailles; mais ces fibres ne font pas, dans les figues marines, dirigées du centre à fa circonférence, comme dans les figues pétrifiées ; on ne les fuit pas ainfi jufque dans l'intérieur de ces corps, elles paroiffent au contraire n'avoir aucune direétion & ne garder aucun ordre. De plus, les points circulaires que l'on obferve dans le pédicule des figues pétrifiées, fe continuent jufque dans la partie fphérique, de façon que chacun paroît montrer des fections différentes, d’un vaiffeau ou d’un tuyau qui s'E- tend depuis la pointe du pédicule jufque dans l'intérieur du corps même de la figue. L'on ne peut fuivre ainfi les trous des figues marines, ils font irrégulièrement pofés, & n'ont point une continuité qui puifle les faire regarder comme des tuyaux d'une certaine longueur. Je crois donc ces diffé- rences aflez confidérables pour faire penier que les figues foffiles ne doivent pas leur origine aux figues décrites par Imperati, Jean Bauhin & M. Marfilli: il eft vrai que Jean Bauhin admet des fibres qui vont du centre à la circonférence, mais ou cet Auteur s’eft trompé dans fa defcription , ou f'efpèce qu'il decrit eft différente de celle de M. Marfilli, ce que je Mém, 175 1° RU 2 Planches 1, 1,11, 4, E Fe » Planche 1, fig. 4 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ne crois pas: lun & l'autre regardent celle dont ils parlent comme lefpèce défignée par Imperati. On pourroit peut- être croire que la figue marine dont Jean Bauhin donne la defcription, étoit de celles qui font fi prodigieufement groffes, qu'on ne peut les embraffer; & qu'ainfi les fibres étoient plus apparentes que dans celle que j'ai vüe, qui n'étoit guère plus groffe qu'une moyenne poire. La groffeur des figues doit, il eft vrai, influer fur celle des fibres, & les rendre ainfi plus apparentes; mais je ne penfe pas que ces fibres foient aflez fines dans les petites figues pour que leur direction échappe à l'œil, armé fur-tout d’une loupe, d’au- tant plus que ces fibres * fe diftinguent très-aifément, mème à la vûe fimple, dans des figues foffiles beaucoup plus petites que la figue marine que j'ai examinée. Je crois donc que l'on peut conclurre que les figues foffiles ne doivent pas fe rap- porter aux figues marines dont les Auteurs cités ci-deflus nous ont donné des defcriptions: il fuit encore delà qu'il eft probable que Scheuchzer n’a comparé les figues foffiles dont il parle, avec celle d'Imperati, que parce qu'il s'en eft rapporté aux figures & aux defcriptions que nous en avons, & non à l'examen qu'il auroit pà avoir fait des figues ma- rines. Il décrit affez exactement les foffiles pour qu'il eût reconnu qu'elles étoient différentes de celles de la mer, s'il avoit eu de celles-ci pour les comparer avec ces foffiles : celles qu'il avoit trouvées en Suifle, me paroiffent femblables à celles qui font l’objet de ce Mémoire; mais les unes & les autres font différentes de celles d'Imperati, & elles doi- vent pluftôt être rapportées aux madrépores qu'aux éponges, fous le genre defquelles il faut, à ce qu'il me paroït, comme je l'ai dit plus haut, placer les premières. Une de celles qui font foffiles, laquelle a été envoyée des environs de Vendôme, fembleroit cependant prouver qu'elle a été originairement molle, & par conféquent d’un autre genre que de celui des madrépores. Cette figue eft comprimée & aplatieb, de façon que l'endroit où la cavité étoit placée, au lieu d'être dans le milieu de fa partie fupérieure, eft plus bas & comme de DIELSNAS EL E MICE:s. 251 côté; ce qui feroit croire que cette figue ayant fouflert une preffion par un de fes côtés, la cavité a dü defcendire dans le temps que le côté preffé s'élevoit plus que l'autre, qui l'étoit moins. On ne doit, à ce qu'il me paroït, conclurre de cet acci- dent, que ceci feulement : cette figue, dans le temps de fa formation, étoit gènée par un de fes côtés, & devoit ainfr s'étendre inégalement. I] lui eft arrivé ce que lon remarque dans ces madrépores connus fous le nom de champignons de mer; lorfqu'ils croiffent dans un endroit libre, ils ont une figure régulière, ils font ronds, plats & étendus; mais lorfqu'ils font preflés ou qu'ils ont crû dans un endroit étroit, ils prennent des contours diflérens; ils font plus élevés, concaves, alongés, ou ils ont des finuofités, qui font telles, que certains Naturaliftes ont donné à ces corps le nom de fcolopendre & de limace pétrifiées. Au refte, il auroit pû fe faire que la figue en queftion fe füt trouvée dans quelques veines de terre chargée d'un dif- folvant qui eût peu à peu pénétré la figue, & qui, malgré fa dureté, eût agi fur elle jufqu'au point où elle eût été affez molle pour prendre la figure qu’elle a par laffaiffe- ment des terres voifines. Si lon penloit que cette dernière explication füt trop hafardée, l’obfervation fuivante pourroit la rendre plus probable: il femble qu'on ne peut guère l'expliquer autrement. On trouve des pierres figurées dans l'intérieur de plufieurs coquilles, & des coquilles même qui ont perdu de leur forme première par quelque compreflion. Plufieurs de ces coquilles ont dû renfermer des animaux dont les femblables marchent ou nagent, & à qui il eft pofñble par-là de fe délivrer de la gêne où ils peuvent fe trouver. Il n'en eft pas d'eux comme des champignons de mer & des figues marines, qui croiffent & périflent dans le mêine en- droit, où ils font adhérens de façon qu'ils ne peuvent s'en détacher d'eux-mêmes , comme font les coquillages. IL faut donc que la preffion de ceux-ci fe foit faite dans la terre, & qu'elle ait été aidée par un commencement de diflolution, lij 7 Planche1, Sg. 5. 252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Les coquilles font compofées de deux parties principales; Pune eft membraneule, l'autre eft de fa nature de [a pierre; celle-ci fe diffout par les acides minéraux, l'autre y réfifte : ainfi il aura pü fe faire que quelqu'un de ces acides ait agi fur la partie difloluble, lait pénétrée peu à peu & de façon que la partie membraneufe, confervant fa forme, aura pa recevoir les parties étrangères prêtes à couler par la preflion dans la cavité laiflée par la mort de l'animal; ces matières auront dû prendre la forme que la coquille, devenue flexible, aura prife dans l'état de compreflion où elle étoit alors : fi la coquille s'eft enfuite détruite entièrement, la pierre figurée aura gardé cette forme; mais s'il eft arrivé que cette coquille n'ait point reçû de matière étrangère dans fa cavité, qu'elle ne fe foit pas détruite, & qu'elle fe. foit trouvée. feulement preffée, alors elle fe fera dejetée & un peu con- tournée, comme je l'ai remarqué dans plufieurs buccins, dans de très-grandes vis, dans des échinites & dans quelques autres coquilles du cabinet de M. le duc d'Orléans. Quel que foit le fentiment que l’on embrafle fur l'aplatif- fement de ces fofliles, que l’on penfe qu'ils l'aient pris avant ou après le temps dans lequel ils fe font trouvés enfermés dans la terre, je crois que lon ne doutera pas de leur origine, & que l'on fera éloigné de prendre l'idée que j'ai trouvé que quelques perfonnes avoient fur la nature de ces foffiles ; ils les regardoient comme des cailloux ou pierres à fufil, qui s'étoient formés, de même que les cailloux ordinaires , dans le fein des montagnes. On ne peut nier qu'il n'y ait des cailloux qui, pour la forme extérieure, approchent beaucoup de ces fofliles : il y en a qui ont, de même que les figues, la partie principale dont ils font compofes, plus où moins fphérique *, & qui finit en‘une partie alongée appro- chante du pédicule des figues ; mais la ftruéture intérieure ne répond pas fi bien à celle des figues fofliles que la forme extérieure, Ces cailloux font d’un tiffu uni, ferré, fans fibres, & fans ftries; s'ils ont une cavité, elle n'a, ni n'avoit eu aucune communication avec l'extérieur, &, ce qu'on ne remarque DES SCIENCES. 253 point encore dans les figues foffiles, ces cailloux font com- pofés de plufieurs couches, de couleur & de nature affez fouvent différentes ; leur figure vient de celle de la cavité où la matière dont ils font formés a été dépolte; aufii n’an- nonce-t-elle pas, quelque régulière qu'elle {oit, un corps auf bien proportionné que les figues foffiles; elles paroifient dé- pendre d’une caufe qui agit au hafard, pluflôt que d'une qui foit néceflitée à agir fuivant certaines loix & certaines règles. On pourroit cependant, comme je l'ai dit plus haut, s'y méprendre, fi on m'étoit pas prévenu, & j'ai fouvent con- fondu les uns & les autres de ces corps lorfqu'ils étoient mêlés, comme cela n'eft arrivé aux environs de l'Aiïgle en Normandie, qui font remplis de cailloux femblables à ceux dont je viens de parler, & parmi lefquels il fe trouve fou- vent de ces figues fofliles : elles n’y font pas f: communes qu'elles le doivent être aux environs de Vendôme, où les PP. Rofe & Miron de Concire, de l'Oratoire, les ont trouvées en grande quantité. Ces Meflieurs, amateurs inftruits & éclairés dans cette partie de l'Hifoire Naturelle, s'amufant à ramafer les corps marins foffiles qui fe trouvoient dans les monta- gnes voifines de cette ville, voulurent bien me faire part de leurs recherches, & c'eft fur ce qu'ils ont envoyé que j'ai principalement fait mes obfervations. Le P. Rofe en a enfuite: découvert à Vereft, terre de M. le duc d'Aiguillon, aux environs de Tours & de Saumur, comme je l'ai rapporté, d'après lui, au commencement de ce Mémoire; aux envi- rons de labbaie d’Aigues-vives, près de Montrichard, canton: qui eft encore de Ia Touraine. La feconde efpèce de foffiles que je me fuis propolé d'exa- miner dans ce Mémoire, ne mérite pas moins cet examen: que la première; auffi fingulière par fa figure que celle-ci. elle la varie encore plus, quoïiqu'elle tienne toüjours comme elle de la figure conique. De même que les figues, ces corps font ouverts par la partie la plus grofie, & que lo peut appeler la bafe du cone; mais cette ouverture et beau- coup plus grande, plus évalée, & elle eft telle, que fi om Li ii 2 Planche VI, fig. 3. b PI vit, fig. 1, 2. € Planche vi, fig, 2. 4 Jhid. fig. v. € Planche Vi, LCAPE RS 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fe rappelle la pofition que ces corps doivent avoir eue dans la mer, où ils étoient probablement attachés par le bout oppolé à l'ouverture, ou par la pointe du cone, on pourra les comparer à des gobelets®, à des taffes b, à des entonnoirs® de différentes formes, ou à des chaufles d'Hippocrate, à des bonnets 4, ou fimplement à des cones renverfés, felon la proportion que la bafe aura avec la hauteur, & felon que la diminution fe fera plus ou moins infenfiblement depuis cette bafe jufqu’à la pointe du cone, ou plus la figure de ces corps fera plus ou moins régulière, & qu'elle approchera du cone parfait; c'eft-à-dire, fi la bafe eft très-large & que la hauteur foit petite, alors le corps aura pluftôt la figure d'une coupe ou d'un gobelet que de tout autre vaifleau ; fi la bafe étant large le corps fe rétrécit fubitement, le total aura alors la figure d'un entonnoir, & cette reflemblance fera plus ou moins grande, fuivant que létranglement où commence le col de l'entonnoir fera plus confidérable & le col plus long; fi la figure eft plus régulière, fr la bafe & la hauteur ont un rapport plus exact , alors ils approcheront de ces inf trumens que lon appelle dans les laboratoires de Chymie, chaufles d'Hippocrate; ou fi l'on imagine que la partie évafée foit remplie & folide, ils reflembleront à ces cones € de marbre ou de porphyre appelés molettes, dont on fe fert pour broyer les matières que lon veut mettre en poudre impalpable ; enfin, fi la pointe du cone n’eft pas auffi alongée que dans ces derniers, qu'elle foit mouffe & tronquée, & que le corps foit bien proportionné dans le refle de fon éten- due, alors il aura affez la figure d’un bonnet développé & enflé. J'aurois pû facilement infifter fur toutes les différences qui peuvent fe trouver dans fa figure de ces corps, & multiplier beaucoup leur nombre; mais j'ai penfé qu'il fufhfoit de laiffer à l'imagination la liberté de fe repréfenter elle-même toutes les nuances qui peuvent être entre ceux que j'ai décrits & ceux qui naîtroient de cette feconde fuite, & des autres que lon pourroit former, pour en trouver un nombre prefque DES SCIENCES. 255 infini, qui, quoique fe rapprochant groffièrement, auroient peut-être leur diftinction & leur différence. Je parlerai cepen- dant encore ici de quelques-uns qui ont une figure trop dé- terminée pour que je ne les fafle pas connoître. Un, par exemple, eft par le milieu beaucoup plus gros que par fes deux extrémités, & inférieure eft beaucoup plus grêle & plus alongée que la fupérieure, ce qui lui donne là figure d'une grofle poire mal formée dans fon milieu 2; un autre, qui tient de celle d'un entonnoir b, au lieu d’être ainfi renflé, eft au contraire aplati dans la partie qui devroit former l’éva- fement de l’entonnoir; cette partie fe touche intérieurement dans plufieurs points de fes parois; un troifième © eft aplati dans toute fa longueur, & il peut être comparé à un gand de femme à qui on auroit emporté la partie qui recouvre la main. Tous ceux dont j'ai parlé, jufqu'à celui-ci exclufive- ment, ont leur milieu plus ou moins creux ; mais ce dernier eft entièrement folide, & il reflemble en cela à un qui ap- proche de certaines pendeloques 4 coniques que l'on fufpend au milieu de la bafe des luftres de criftal. Les bords de l’ou- verture de ceux qui forment un évafement, font communé- ment uniformes & continus, quelques-uns les ont ondés €, les côtés font ordinairement égaux, mais il y en a f où l'un des deux eft un peu plus court que Vautre. Il s’en trouve dont j'aurois peut-être dû parler des premiers, & que lon prendroit d'abord pour des pédicules de quelques-uns de ceux que j'ai décrits ; ils font plus alongés, moins renflés, point ou très-peu évafés. La figureg des uns approche de celle d’un fufeau, d’autres? reflemblent pluftôt à un pilon, d’autres i à un clou dont la tête feroit grofle & arrondie. Je crois que ces fofliles font entièrement différens des premiers, & qu'ils ne leur ont en rien appartenu; mais parmi ceux-ci, on en trouve qui en approchent pour la figure, & que je crois avoir réellement fait partie des pédicules de ceux qui reflemblent à des entonnoirs: il en eft de ces corps comme de ceux dont j'ai parlé à l'article des figues foffiles. Si Ton jette un coup d'œil fur la figure que j'ai donnée des 3 Plancherx, fig. 1. b Planche vr, fig. 4. € Planche1x, fig. 2. 4 Planche v, fig. 2. e PI vurr, D. 2. £ Ibid, fo. »3 8 Planche ry; fig. 1. h Jbid. fig. 3, i Ibid, fig. 2: 2 Planche V1, fig. 2. Bb Jid. fig. 2. € Pianche 1V, fo. 2° 4 Pjanche1x, 3, (04 fe 256 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE entonnoirs?, on voit facilement que fi la partie qui forme Ie col de f'entonnoir fe cafe plus ou moins près de l'évafement, que le nombre de ces foffiles fe trouvera multiplié, & que leur figure pourra par conféquent varier beaucoup; le pédicule fe caflant vers le milieu, la partie détachée fera alors fim- plement conique & tronquée ; fi la rupture fe fait dans le corps même de la partie évalée, & cela à différente hauteur, la partie qui tiendra au pédicule aura la forme d’un enton- noir dont les bords feront plus ou moins élevés, & qui fera différente de celle que le total avoit; & fi cet accident arri- voit à plufieurs de la même figure, alors ces entonnoirs varie- roient confidérablement par cet endroit, quoique leur nombre n'augmentât pas. Ces réflexions ne doivent cependant jeter aucun doute fur la figure de ceux que j'ai fait deffiner; la leur étoit déterminée; leurs bords font finis, arrondis, & le bourlet eft formé; & s'il y a des endroits où ils font caflés, il s’en trouve où ils font parfaits & entiers. Ces corps font ordinairement ifolés, ils ne forment point de groupe; on les trouve du moins féparés dans les mon- tagnes qui les renferment; quelques-uns cependant en portent un fecond attaché à un de leurs côtés. J'en ai trouvé trois dans cet état; l'un eft du nombre de ceux qui font en entonnoirb, il en a un fecond irrégulier, mal formé, qui eft colé à un de fes côtés; le fecond eft un morceau plat, quarré, qui me paroït être une portion de quelques-uns de ceux qui font aplatis : il eft attaché à un qui eft en fufeau. Ce font deux de ces fufeaux attachés enfemble, qui forment le troifième groupe: au refte, tous ces corps font lifles, fans ramifica- tions; & s'ils ont quelques tubérofités, comme celui qui eft en clouc, & celui qui reflemble à un gant de femmed, ces tubérofités font rares & petites: chacun de ces deux-ci n'en a qu'une qui eft très-courte & arrondie en forme de mamelon. , Hs different en cela de trois autres à qui il me paroïît effentiel d’avoir, non pas des ramifications, mais des digi- jations qui donnent à ces corps une figure qui approche beaucoup DAMES SNC RE NC. ES 2 beaucoup de celle du pied de quelque animal 4: deux de à ces corps ont trois digitations, c'efl-à-dire, trois mamelons alongés, coniques, moufles, un peu différens en grofleur & en longueur, & qui diminuent fucceflivement, comme font les doigts dans l'homme. Les côtés de la portion de ces corps que lon compareroit à la paume de la main, font un peu courbes b dans un, ce qui le fait reflembler à la main plus que les autres : il a même une tubérofité vers les deux tiers du côté qui porte la plus groffe digitation, ce qui augmente cette reflemblance. Les côtés des deux autres font rectilignes, inclinés & viennent fe rencontrer au bout inférieur, où ils forment un angle affez aigu <: ces deux-ci ne différént .en- tr'eux que parce que l’un a trois digitations, & l’autre deux feulement; ils font de plus, de même que le premier, fo- -Jides & aplatis. Pour avoir la figure du troifième, il n'y a qu’à Ôter en imagination la partie qui, dans le fecond, porte Ja plus groffe digitation. | La defcription que j'ai donnée jufqu'ici de ces différens corps, ne fait connoître que leur figure extérieure: leur con- “figuration intérieure mérite d’être développée, & c'eft la feule même qui puifle nous éclairer fur leur nature, & nous faire connoître les rapports immédiats qu'ils ont avec ceux que Ton trouve dans {a mer. Les foffiles font compofés de deux couches d’une confif- tance différente; l'intérieure eft dure, lifle, d'un aflez beau blanc dans les uns, grife dans les autres, ou un peu rou- geñtre ; l'extérieure, c'eft-à-dire, celle qui recouvre non feulement toute la furface extérieure, dans ceux de ces corps qui ne font pas caves, mais encore les parois internes de ceux qui sévafent en entonnoir eft beaucoup plus tendre que l'intérieure, quelquefois même prefque friable, & d'un blanc fale ou rougeître: il eft facile de diftinguer lune & Yautre fubftance dans les morceaux caflés, ou en ratiffant ceux qui ne le font pas, & en mettant ainfr à nu la couche intérieure. Dans la plufpart de ces corps, les deux couches ne font voir aucune organifation fenfible, même à la loupe, Mém: 1757. .Kk 3 Planche 1x, GB: 3» 4 D Jhid. fig. 3. c Jia. fig. 2. 3 Planche 1x; fig. 1. b Planche1v, Gg. 258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mais il y en a d’autres où la vüe fimple en diftingue une dans la couche extérieure, Cette couche eft un réfeau formé par des fibres d'un très-beau blanc de corail, qui s'anafto- mofent les unes aux autres très-fréquemment, qui par-là ne for- ment pas des fibres longues qu'on puifle fuivre dans une cer- taine étendue, mais qui donnent naïflance à un grand nombre de mailles irrégulières, plus petites les unes que les autres. J'ai obfervé ces milles dans l'efpèce que j'ai comparée à une groffe poire * mal formée, & qui eft un peu cave: je. les ai encore vües dans un qui eft en fufeau b, dans un troi- fième que je n'ai pas fait defliner, qui étoit une portion de quelqu'efpèce d'une forme conique, & creufé dans fon milieu. Plufieurs autres qu'il eft mutile de citer, me l'ont auffi fait voir, de façon que je croirois qu'on pourroit, fans craindre de trop avancer, la fuppofer dans les efpèces où on ne peut la diftinguer: il faut qu'elle ait été détruite, ou qu'elle foit tellement confondue avec les parties étrangères, qu'elle ne foit plus remarquable. La couche intérieure ne montre aucune ftruéture femblable; elle eft d’un tiflu ferré, plein & life: on n’y voit point de ftries, de fibres, ni de trous, dans la plufpart même on ne remarque point qu’elle communique avec la couche extérieure, qui femble en quelque forte n'être qu'appliquée deflus; dans plufieurs autres cependant on dif- tingue cette communication, & fur-tout dans ceux que j'ai cités pour avoir lorganifation de 1a couche extérieure plus reconnoiflable. II me paroit donc, & je crois qu'on ne pen- fera pas autrement, que les deux couches doivent avoir une liaifon intime & une correfpondance qui n'en faflent qu’un feul corps, quoique l'on ne puifle pas fuivre cette jonétion dans toutes les efpèces; ce que lon ne peut fans doute rejeter que fur le temps immémorial qu'il y a que ces corps font ren- fermés dans le fein des montagnes; heureux encore de pou- voir trouver quelques marques propres à nous donner, fmon toute la certitude poflible, du moins une qui foit de nature à emporter avec elle une certaine conviction : elle doit être, à ce que je crois, cette conviction, telle que l'on ne peut DES SCIENCES. 2 refufer de convenir que ces corps font organifés, qu'ils ne font pas dûs à une formation fortuite, & qu'ils ont autrefois appartenu à la mer, Mais quels font les corps que l’on pêche maintenant dans la mer, auxquels l'on puiffe rapporter les fofliles en queftion! je n’en vois que de deux genres, les éponges & les madrépores. La cénnoiffance que j'avois des éponges en mie de pain de Marfilli, de Sloane, de celles qui font en tube, ou en enton- noir & en main, de Clufius & de Plumier, me firent d’a- bord penfer que les fofiles que j'avois trouvés, devoient fe rapporter à ces différens corps marins: leur pétrification me paroifloit même aifée à expliquer au moyen des trous dont les éponges font remplies. La matière pétrifiante pouvoit facilement s'infmuer jufque dans Fintérieur de ces corps, & les pénétrer de façon à n'en faire plus qu’un tout uniforme & continu. Je regardois les foffiles qui font en fufeau , comme ceux que l'on devoit rapporter aux éponges en mie de pain, & à celle qui eft en tube, décrite par Sloane & Plumier: les foffiles en entonnoir & en main ne me paroïfloient dif férer de celles de Clufus qu'accidentellement. J'ai cru devoir abandonner cette idée lorfque j'ai eu donné une attention plus férieufe à l'examen que j'ai fait de ces fofliles: je me fuis convaincu qu'ils avoient plus de rapport avec quelqu’efpèce de madrépores, qu'avec les éponges. En effet, il me paroifloit beaucoup plus probable que la couche intérieure de ces fof- files reflemblât pluftôt à cette partie dure, liffe, qui dans les madrépores & les coraux en fait le corps, & qui y eft recouverte d’une fubftance moins dure que lon appelle communément l'écorce, Je trouvois dans ce fentiment une analogie plus complète entre ces fcffiles & les corps marins connus ; Ja couche extérieure des foffiles me paroïfloit être l'écorce des madrépores & des coraux: il faut avouer cependant que cette écorce étant molle dans ces derniers corps , il étoit difficile de croire qu'elle fe füt ainfr confervée, & même pétrifiée. L'on ne trouve pas ordinairement parmi les foffiles, des corps qui'aient eu une certaine fouplefle. & qui aient été Kk ij * Planche VI, fig. 3, 260 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE mous : ils. fe font détruits, ou ils ont laïflé tout au plus leur empreinte fur les corps qui les renferment maintenant, ou bien ils fervent feulement de moule à la matière qui les a remplis, & ils lui donnent la figure & la forme qu'ils avoient. Je ne prétends pas cependant que cette partie foit préci- fément ce à quoi l'on a donné le nom d'écorce dans le corail & dans les madrépores : dans ces derniers, cette partie molle eft foûtenue par uné efpèce de réfeau qui reflemble entière- ment à celui qué j'ai dit former dans nos foffiles la première couche; fous ce réfeau l’on trouve dans les madréporés une mafñle fans fibres, fans flries, mais d’un tiflu ferré, uni & life, femblable à celle qui forme la feconde couche des foffiles. Une nouvelle preuve que ce réfeau n'eft pas dû à Vécorce molle des madrépores qui fe foit pétrifiée, c'eft que la fubftance de'ce réfeau eft d’une nature de corail; elle eft auffi blanche, aufi life, & même auffi reluifante que dans les madrépores qui ne font pas fofliles: ce qui me fait penfer que ce réfeau eft le même que celui que ces corps avoient Jorfqu'ils étoient dans la mer. Une propriété accidentelle d'un de ceux qui sévafent en tafle *, vient encore à l'appui, il porte fur fa furface extérieure plufieurs plaques brunes que lon réconnoit facilement pour être des battans de quel- qu'efpèce d'huître: ces battans y font très-adhérens, & on ne pourroit les enlever fans les rompre, ïls ne font point recouverts par la matière qui forme la première couche de cet entonnoir : il faut donc que cette couche fe foit formée avant que les huîtres s'y foient attachées, autrement elles ‘auroient dû en être incruflées; elles n’en font au contraire ‘en aucune forte pénétrées ni recouvertes, il eft:même facile ‘de reconnoître l’état où elles fe trouvent, & d’en développer lorganifation. Ces petites huitres font dans un'état de décome pofition avancée ; leurs parties intégrantes ne. fe touchent prefque plus: elles forment de petites plaques prefque entiè- rement détachées les unes des autres. Ces plaques font com- pofées elles-mêmes de plufieurs petites lignes circulaires excentriques : on prendroit ces petites mufles, lorfqu'elles font DES SCIENCES 261 ifolées, pour des tuyaux de vers marins contournés fur eux- mêmes, & je crois que c'eft faute d'avoir vû plufieurs de ces petites plaques réunies enfemble, & ne faire prefque qu'un corps, que Scheuchzer & après lui Langius n’ont pas reconnu ces corps pour ce qu'ils étoient, & qu'ils les ont comparés aux corps auxquels ils reflemblent. C’eft à une pareille décompofition qu’il faut rapporter ces tourbillons dont il eft parlé dans un Mémoire inféré parmi ceux de l’Aca- démie pour Fannée 1743 : il eft d'autant plus difficile de sy méprendre, qu'ils font partie du corps même qui y eft décrit, & que l'on y prend pour un corps fingulier, & pour n'être décrit nulle part. Ce corps eft une efpèce d'huître ou gryphite gravée & décrite par Langius : j'ai comparé ces gryphites avec d'autres que j'ai trouvées dans les montagnes qui font entre Logny & une forge à fer qui en eft proche, & que l'on appelle Téminence. Ces coquilles étoient décom- pofées, à peu près comme les huîtres dont j'ai parlé ci-deflus : les parties compofantes & qui fe détachoient les unes des autres, formoient de petits tourbillons de différens diamètres, & dont les lignes circulaires approchoient plus ou moins du cercle. Une preuve que ces petits tourbillons ne font dûs qu'à cette caufe, c'eft que lorfque l’huître n’eft pas entièrement décompolée, il arrive fréquemment qu'un de ces tourbillons fe confond en partie avec un autre, & que fouvent même plufieurs petits font entourés en partie par une ou plufieurs lignes courbes qui feroient parties d’un grand, fi elles étoient continuées. Enfin, ce qui doit emporter avec foi une convic- tion pleme & entière, c'eft que l’on trouve quelquefois que ces plaques circulaires font recouvertes par une lame que je erois être la partie membraneufe qui formoit la paroi externe de la coquille, de forte que les plaques circulaires dont le corps de la coquille eft compolé, fe trouvent renfermées entre deux membranes, Ceft-à-dire, entre celle-ci & celle qui forme Yautre paroi de la coquille. On ne devroit pas fe refufer à cette explication, quand l'on trouveroit de ces petites plaques entièrement ifolées & mème feules fur des corps qui Kk ii 262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n'auroient aucun rapport avec les huîtres, comme font des bélemnites, des entroques ou autres corps femblables. On fait que les huîtres s'attachent fur toutes fortes de corps, de façon même que je ne ferois pas étonné qu'on en vit fur des cailloux roulés, ou fur tout autre corps que l'on rencontre mêlé avec les coquilles foffiles. Une huïtre qui fe fera attachée à un de ces corps, n’a qu’à fe décompolfer, de forte qu'il ne refte que quelques-unes de ces plaques, on n'en trouvera qu'une, deux, trois, &c. plus ou moins, felon qu'il en fera refté d’attachées à ce corps, & l'on prendra alors ces plaques pour des tuyaux de vers marins, quoique cependant un peu d'at- tention dût faire reconnoître que ces plaques n’ont prefque aucune faillie, qu'elles font plates, que le bout qui devroit être l'ouverture du tuyau, eft entièrement fermé, & qu'il l'eft naturellement. En voilà au refle aflez pour conftater la nature de ces petites plaques, dont je n'ai parlé que parce qu'il n''étoit effentiel de déterminer ce qu'elles étoient, ce point influant fur la preuve que je veux tirer de ce qu'elles fe font trou- vées fur un des corps foffiles dont j'ai parlé plus haut. En Vo. Mén. de effet, fi elles n'euffent été qu'un amas d'un grain de terre qui A nue prit facilement cette figure de lignes circulaires, lon auroit gepsgro. été en droit de m'objecter que ces tourbillons fe feroient formés dans les montagnes, & non lorfque les corps fur lefquels ils fe voient, étoient renfermés dans la mer. Cela fuppolé, j'ai donc eu raïfon de dire que ces huîtres fe trou- . vant attachées fur la couche extérieure de ce madrépore en tafle, il a fallu que cette couche fe foit formée dans la mer, & qu'elle foit ainfr naturelle à ce corps, & il fuit de-là & de cette organifation, que ces corps font des efpèces de madrépores. Quelles font au refte les efpèces auxquelles on doive les rapporter ? Si lon cherche à faire cette comparaifon avec ceux qui ne font point foffiles, je n'en trouve point avec lefquels on puiffe mieux comparer ceux qui font en enton- noir, qu'avec les champignons marins; encore ne connoït-on pas une aufli grande quantité de champignons que de ces DES SCIENCES. 263 foffiles, es champignons de mer étant pour l'ordinaire plus plats, & faifant, lorfque leurs bords font élevés, des vafes moins profonds, moins grands & moins variés. Une pro- priété qui mème les diftingue effentiellement des fofliles, eft de porter des feuillets fur leur furface fupérieure, qui ne fe voient point dans les foffiles: ceux de ces foffiles qui reflemblent en quelque forte à une main, ne pourroient peut-être pas être mieux rapprochés de cette efpèce de poly- pier connu fous le nom de main de mer, à caufe de fa confiftance molle & charnue de ce corps, qui pourroit être un obftacle à fa pétrification. Quant aux foffiles en fufeau, en clou, en pilon, ou fimplement coniques, je n’en connois point de marins auxquels on puifle foupçonner qu'ils appar- tiennent. Je ne vois pas même dans les fofliles dont les Auteurs que je connois ont parlé, qu'il y en ait qui foient de Ia même efpèce que ces derniers & que ceux qui font en main : ceux qui font en entonnoir paroiffent convenir avec ceux auxquels on a donné communément le nom de fongites. On peut en voir des exemples, figure 19 de la Lithographie curieufe de la Suifle par Scheuchzer, tables x1 & x11 de l'Hifloire des pierres figurées de la Suifle par Langius, dont on trouve les figures à la table première du Traité des pétrifications par M. Bourguet: aucune figure ne me paroït plus en approcher que celles que M. Linnæus a données dans fon Traité fur les coraux de la mer Baltique. Toute la différence que je trouve entre les figures 1, 11, 111, & celles des efpèces que j'ai comparées à une molette*, ne confifte qu'en ce que celles de M. Linnæus ont des flries qui s'étendent depuis le fond de la cavité jufqu’à fes -bords, de façon qu'ils forment une étoile dont les rayons font plus ou moins larges, felon la largeur de ces flries. Je n'en ai point vü dans aucun de ceux que j'ai décrits, je n’y ai re- marqué que cette efpèce de réfeau dont j'ai parlé: ces ftries auroient-elles été effacées & détruites? ou pluflôt y en au- roit-il qui les auroient, & d'autres qui n'auroient qu'un réfeau ? * Planche vu, fig, 1 & 2. 264 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Un des fynonymes de Bromelius rapporté par M. Linnæus, fembleroit l'annoncer même pour ceux que M. Linnæus ne regarde que comme des variétés de l'efpèce qu'il appelle madrépore fimple, d’une forme conique, life, & dont la cavité eft marquée d'une étoile. Bromelius dit qu’un de ces fongites, dont le pédicule eft court, le chapeau grand & large, a fon orifice ou fa cavité couverte d'un madrépore en forme de placenta, où qui reflemble à l'efchara nurine, qui eft d'un tiffu fin & réticulaire. Ce réfeau me paroît bien approcher de celui dont j'ai parlé, & ce fongite pourroit bien être de lefpèce de ceux qui me Font fait voir: fi cette différence ne doit pas être regardée comme aflez effen- tielle pour établir de vraies efpèces, comme il paroïtroit que M. Linnæus le penferoit, alors les foffiles dont il s'eft agi ici, feroient de l'efpèce dont M. Linnæus parle dans fon ouvrage, & ne différeroient qu'accidentellement de ceux de Scheuchzer, de Langius & de Bourguet, qui ne me paroiffent être dif- férens que par la forme , qui eft un peu plus ou un peu moins évafée, & par les flries; différences qui ne devroient pas alors être regardées comme effentielles. EXPLICATION DES FIGURES". PLANCHE PREMIERE 7 Figure première repréfente une figue pétrifiée, dont le corps eft très-gros à proportion du pédicule, qui eft court & grêle. Figure 2, figue pétrifiée, dont le pédicule eft plus gros & plus long que celui de fa figue première, quoique fon corps foit plus petit. | Figure 3, figue pétrifiée, dont le corps & le pédicule font plus gros & plus longs que ceux des figues première & feconde, & qui eft plus proportionnée. Figure 4, figue pétrifiée un peu comprimée. ’ Figure $, pierre à fufil qui reflemble affez à une figue pétrifiée, * Les fioures des trois premières Planches, & la cinquième figure de la Plan- che quatrième, font de grandeur naturelle : toutes les autres figures font réduites fur l'Échelle qui eft à la quatrième Planche. ! DE SIN OUGUUE N, CES, 265$ & fur-tout à celle de Ia figure première, mais qui en eft faci- lement diftinguée par les fibres ou ftries marquées F, F, F, & par l'œil marqué O, dans les figures 1, 2, 3, 4, qui ne fe voient point dans ce caillou. PLANCHE Il. Figure r, figue pétrifiée, polie pour en faire voir les fibres intérieures F, F, F, qui fe continuent jufqu’à l'œil O, & qui font grofles & éloignées les unes des autres. Figure 2 , figue pétrifiée, également polie, dont les fibres F, F, F font plus fines, plus proches, & dont l'œil O eft creux; au lieu A PAR ae ; qu'il eft rempli d’une matière pierreufe dans la Figure première. Figure 7, figue pétrifiée, beaucoup plus grofle qu'aucune des précédentes, vûe par le dos, & polie pour faire diftinguer que es fibres F, F, F font dans toute la fubftance de fa figue , & qu'elles fe continuent jufque dans le pédicule P, Figure 4, figue pétrifiée , qui a trois yeux O, O, O très-diftincts & éloignés Îcs uns des autres, à la circonférence defquels vont aboutir les fibres F, F, F, qui ne fe confondent point les unes avec - les autres, & qui confervent d’affez grands efpaces entr’elles, Figure $, pédicule d’une figue pétrifiée , féparé du corps de la figue ; il a été poli pour qu'on pt diftinguer li continuité de Vœil O, des fibres F, F, F, F, & faire remarquer des efpèces de points qui font entre ces fibres P, P, P, PLANCHE. IIE Figue pétrifiée avec fon pédicule, renfermée dans le morceau de pierre où elle a été trouvée : cette figue F, F eft des plus belles & des mieux proportionnées que j’aie vües. La pierre P, P, P eft de la nature des pierres à chaux, & n'a point de figure ré- gulière. PirPaiNie tm Eur TV. Figure 1, corps en forme de fufeau, dont un des bouts eft un peu ouvert. Figure 2, corps en forme de clou, dont la tête a un tubercule ou mamelon. Figure 3, corps en forme de pilon. Mém. 1751. SNS 266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Figure 4, corps de figure conique, dont un côté de la bafe à un tubercule ou un mamelon percé à fa pointe. Figure $, partie d'un pédicule de fongite fpongieux, c’eft-à- dire, que l’efpace qui eft entre les fibres longitudinales F, F, eft un compolé de véficules irrégulières F, W, F. PIL'ANNICEHE Ve Figure 1, fongite globukire qui a un pédicule, & qui reffemble à une figue pétrifiée. Figure 2, fongite qui approche par fa forme de ces efpèces de poires de criftal que l’on place au milieu des luftres faits de cette pierre. Figures 3 7 4, morceaux que l’on penfe être des portions de pédicule de quelque fongite; on y remarque aifément les ftries ou fibres qui vont {e réunir au centre de ces pédicules. PizVA Ne E CUT. Figure 1, fongite en bonnet ; on pourroit l'appeler bonnet de Neptune, nom que l’on donne à un champignon de mer. Ce fongite eft le plus grand & le plus confidérable de tous ceux que Jai vûs; il a près d’un pied de haut fur un demi-pied de diamètre dans fon ouverture. Figure 2, fongite en entonnoir ; il porte attachée à un de fes côtés une portion d’un autre fongite, ou il pourroit fe faire que ce fût le même qui eût pris cette extenfion. Figure 3, fongite en tafle, qui porte fur le dos de petites huîtres Æ, H, H, H, H, H, décompofées en parties circulaires qui forment des efpèces de fpirales ou de petits tourbillons. Figure 4, fongite en entonnoir, dont les bords de louverture font comprimés & fe touchent dans quelques points. PLANCHE VIL Figure 1, fongite en mollette. Figure 2, fongite en mollett, plus étroit, plus alongé que le précédent, & qui eft un peu courbé, Figure 3, fongite en tafle. Lay. 26.PL. 9. LR. des Se, 17, Mende l'Ac Meme l'AeR des Se.1781-P29.200. PL 9 Dem. de L'Aë À des Se x751 Pay, 266 Pl 10 ONE Pen D Pt Le, ET 773 Meme, de LAe.R. des Se, 1781. Pag, 206 PL. n Meme Le Re. des Se. 1781 Pag 266 Pl. Eagurm Neuf Éne en, de A, R . des Se 2752. Pay. 266. PI 12, TERRA Rem enenn enr tm enn ant Li ÿ 1 6 Jeu . Men. de l'A: R. des Se 1751 Pav. 206 Pl.12 gra deap —- Me. de Le R der Se 1752. Pay. 2056 PI 13 on d'afr 29.266.-P1. 14 ce CC 1781 Pe € Aem. de lAe.R des S SN NN NS \\ Meme LA: R dar Se vpôe Pag 266.1. 24 | Pla. VI. Zig | ps de hyrum Seul em. de L'Ac.R. des S'e,1781Pag, 206.21. 15, Hem, de Le, des Se175 Pay 266 Pl 15 re P2g. 266, PL, 16, fe. 751. Me. de l'AC. R des à Hem. de UAe. des e175 Pzy 26. PL. 16, Pla VIN 777 J'hgrun Sup D ENSINSN@ LIEN! CE s 267 Figure 4, fongite en entonnoir , dont le col n’eft pas fi pincé à fon origine que dans ceux de la Planche vi. PLaAnNcHE VIII. Figure r, fongite en tafle à rebord ondé. Figure 2, fongite en tale, ou foucoupe à rebord ondé. Ces deux fongites font, après le bonnet de Neptune de Ia Planche vi, les plus grands de tous ces foffiles. PLANCHE IX. Figure r, fongite en forme de poire, très-peu ouvert dans fa partie fupérieure. Figure 2, fongite en gand, ou aplati, qui a un tubercule 4 fur un de fes côtés. . Figure 7, fongite en main, qui eft un peu courbé, & qui a un tubercule À fur un de fes côtés , qui augmente encore la reffem- blance de ce foffile avec une main. Figure 4, fongite en main, qui eft comme féparé par une côte C dans fa longueur. . NoTA. Tous les corps dont il ef? parlé dans ce Mémoire, 7 qui font repréfentés , pour la bare , dans les Planches IV — IX, fe trouvent dans les montagnes voifines d’un endroit appelé le Guet-à-pan , à quelques lieues avant Mortagne, fur la grande route de Paris à cette ville, On êén rencontre auffi aux environs de l”’ Aigle en Normandie, mais ce ne font que de ceux qui font repréfentés à la Planche IV; ils en diffèrent feule- ment en ce qu'ils font comme devenus cailloux, è7 qu’ils font d'un brun foncé, au lieu que Les autres font à l'extérieur d’un blanc jaunâtre, è7 blancs à l’intérieur, LI ÿ 268 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OVB'S'ELRV A: T'ROPN DEV L' EE" CL TPS EnyDYERRL UNE, Du 2 Décembre 175 1, au foir. Par NE UIB ONUICUIE IR A féparation de l'ombre & de la pénombre étoit fi peu marquée, qu'il ne m'a pas été pofñlible d’oblerver le temps précis du commencement de l'écliple. L'obfcurité étoit aflez grande fur le bord de la Lune dès 8h 19’; mais Je n'ai réuffi à diftinguer parfaitement l'ombre, que lorfquelle étoit déjà fort avancée fur le difque, & parvenue vers le tiers de la diftance du bord à Ariftarque; ce qui eft arrivé à 8h 22° de temps vrai On pourroit, par le progrès de l'ombre, juger du premier inftant de limmerfion; mais il vaut fans doute mieux ne donner ici que ce qui a été obfervé immé- diatement. Je me fuis fervi d'une lunette de ro pieds pen- dant le cours de l'édliple, & à fa fin j'ai mefuré le diamètre horizontal de la Planète avec linftrument auquel j'ai donné le nom d’héliometre dans nos Mémoires de 1748 ; il avoit 12 pieds de longueur. Temps vrai. A 81 28° 5 1" l'ombre eft à Ariflarque & à Galilée. 8. 30. 54 l'ombre eft à Héraclide. 8. 32. 22 l'ombre parvient à Grimaldi, & elle eft moins bien terminée en cet endroit. 34. 32 l'ombre eft à Hélicon, & tout Grimaldi eft immergé. . 39. 10 l'ombre touche à Platon. 40. 10 tout Platon eft dans l'ombre. . 44. 7 l'ombre eft au milieu de Copernic. 50. 22 l'ombre touche au bord de Mare ferenitatis. . 52. 52 l'ombre touche à Mare humorum. . 57e 32 l'ombre eft à Manilius, co do co © so © ce DES SCIENCES. 269 Temps vrai. À 8t 59° . 56 l'ombre eft à Bouillaud. 10. 39. 10. 45. 10. 47. 10. 51. 10. 57. LOT A» 11. 9. 57" l'ombre eft à Menelaüs, 7 l'ombre eft à Dionyfus. . 14 l'ombre eft à Proclus. . 24 l'ombre eft à Promontorium acutum. . 24 l'ombre eft au bord de Pitatus, & Mare Crifium eft eu- tièrement immergée. . 14 Îles nuages qui pañfent fur la Lune, font paroître Jombre mal terminée : je mefure la flèche de la partie claire, & je la trouve de 1 ÿ 10 parties du mi- cromètre de l’héliometre de 12 pieds, lefquelles donnent 8° 25" de largeur apparente à la partie claire. Les nuages deviennent enfuite plus épais, & m'empechent de répéter cette mefure. 39 Dionyfus fort de l'ombre. 19 lHélicon fort de l'ombre. 24 Menelaüs fort. s4 Platon eft à moitié forti. 54 Proclus fort. 26 Mare Crifium eft entièrement hors de l'ombre. 34 fin de l'éclipfe, mais très-douteufe. Immédiatement après j'ai mefuré avec lhéliomètre de 12 ieds de longueur, le diamètre dela Lune, parallèle à l’ho- rizon: il m'a fallu pour cela mettre l'objeétif mobile à 1273 parties & demie du micromètre d'en haut. Lorfqu'on place ce verre à 424 parties, l'angle eft de 29° 33", ce que plu- fieurs expériences m'ont appris; & comme il a fallu éloigner encore l'objectif de 849 parties & demie qui font égales à 795 parties du micromètre d'embas, & qui valent 4° 26”, le diamètre parallèle à l'horizon, obfervé alors, étoit en tout de 33° 59". Ces obfervations ont été faites à Paris dans la rue des Poftes, © Li iÿ 270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EC LIPSEPARIMALE, DANLUNE, Obfervée à Paris le 2 Décembre 175 1, au foir. Par M. LE MonNNiER le Fils. À 8237 commencement de l'éclipfe. 8. 28: le mont Porphyrites à moitié éclipfé. | 8 302 l'ombre rafe le lac Miris & Atlas minor. 8. 32+ l'ombre touchele bord feptentrional du Palus Maræotis. 8. 342 l'ombre au bord méridional du Palus, en même temps qu’elle rafe la tete de la Vierge & le Snus Apollinis. Enfuite nuages & brumes. A9. 49% il reftoit pour la phafe lumineufe, 24is #; ce qui donne pour la plus grande phafe, giss 2, 10, 41% l'ombre au deflous de mons Amanus, & rafoit l'Atlas minor. 10. 45 l'ombre au deflous de la grande ifle: elle effleuroit le promontoire du Sinus Apollinis. 10. $12 l'ombre au milieu de Lacus niger major. 11. 11 fin del'éclipfe. .. Durée 2! 47'3; & le milicu de l'éclipfe à 9" 475 IMMERSION de l'étoile « de l'Arc du Sagittaire fous le difque obftur de la Lune, obférvée par M. d'Après à l'Ifle de France, fituée à 20{ o9 à de latitude auffrale, © que l'on pourra comparer au pafjage de la Lune au Méridien, qui a été obfervé le même jour à Paris par M. le Monnier. 1751,le 24 Oftobre au foir, à 9h 20° 33", immerfion de l'étoile, un peu au deflus du mont Paropamifus, en tirant vers le mont Sinaï. A Paris, à 4h o2'" 19", temps du paflage du 1.4 bord péde 000 rte SES DES SCrENCES 27T de la Lune au méridien. J'ai d'abord conclu (en me fervant du paflage de « de Yaigle) l’afcenfion droite du 1er bord, de 2694 11° o2"+; & fuppofant la déclinaifon méridio_ nale 214 11'2, j'en ai déduit la longitude du centre de a Lune, + 294 29° 05", avec une fatitude boréale de 24 16" 55". Avec ces premiers réfultats, M. d'Après, à qui je les ai communiqués depuis fon retour, a vérifié l'erreur des Tables lunaires, & la longitude des ifles de France & de Bourbon. Mais dans le deffein de vérifier la parallaxe de Ja Lune, voici les hauteurs méridiennes du bord de la Lune, & les dia. mètres tels que je les ai obfervés à mon quart-de-cercle mobile. A 4h 00'+ Haut, mérid, du bord fup. 194 22° o5” corr. 194 22° 22° 4 022 19. 22. 20 19. 22. 37 Le diamètre de [a Lune à 6 heures du {oir, lorfque l’on voyoit la lumière feconde fur le refte du difque, m'a paru de 29° 40". J'ai trouvé dans le mois de Février par &æ de Perfée, & pendant le mois de Juin par l'étoile n de Ja grande Ourfe, que mon quart-de-cercle faifoit les hauteurs trop petites, favoir, de 35" à 37 + au zénit; ce qui ne donneroit qu’en- viron 20 fecondes dont il baifle à l'horizon , à caufe du dé- faut de l'arc qui excède de 1 s"à17+les 90 degrés comptés dans le ciel. Mais comme pendant près d’un mois d’abfence au commencement de l'automne, je n'ai pü répondre abfo- lument de l'état de mon inftrument, je fongeai le 23 Oc- tobre, à mon retour, aux feuls moyens qui étoient praticables en cette faïfon-là, pour conftater l'état du quart-de-cercle, & ayant en vain tenté pendant le crépufcule du matin du mois de Novembre, de voir au zénit les étoiles des dernières pattes de la grande Ourfe, je me fuis déterminé le $ Décembre à obferver l'étoile polaire, comme il fuit. bin Dim À 8 heures du matin, l'étoile polaire 464 51° 42°! Au foir, la plus grande hauteur . . . $0. 53. 20 Et ART 484 52° 31"+ fera la hauteur apparente du pole fur le 272 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE quart-de-cercle : enfin le 13 Février 1752, mon quart-de- cercle tourné la face vers lorient, n'a donné pour & de Perfée, 904 05" 00" fort exaélement. Ceite hauteur furpafle fenfible- ment (quoique je l'aie toüjours regardée comme aflez exacte) celles que j'ai déterminées en 175 1, les 14 & 1 6 Février, de 904 o4' 41" ou 35", de même que celles des 18 & 19 Février 175 1, lorfque j'ai trouvé 90d o4' 42"21 ou 44”; car fi l'on ajoûte la moyenne préceflion de l'équinoxe en déclinaifon, favoir, 12 fecondes, à celle qui réfulte d'un milieu pris entre ces quatre obfervations, l'on auroit à peine, fur la divifion du quart-de-cercle, 904 04° $2"+ en Fé vrier 1752. Or cette hauteur eft plus petite de 7"+, que je ne l'ai trouvée effectivement par obfervation le 13 Fé- vrier au foir, qui eft le feul jour où j'aie pü l'obferver: l’on pourroit donc fuppoler la correction au zénit, de 30 fecondes additive, jufqu'à ce que je l'aie examinée plus attentivement dans une faifon qui foit entièrement favorable pour une opé- ration auffi délicate. Ex 1744, le 26 Avril, à Daman, dans l'Inde portu- gaile, fous la latitude de 204 6’ boréale, le P. Tiefentaller, Mifionnaire Jéfuite, y a obfervé une éclipfe de Lune dont le commencement n'a pas été vifible; mais il en a mefuré la plus grande quantité de 8% 20", & il a obfervé la fin de Péclipte à 14h 52°. A Surate, l'on avoit ceflé d'y voir. la comète le $ Mars, lorfqu'elle étoit haute de 742 feule- ment, un peu avant le lever du Soleil. Ces oblervations n'ont été envoyées de Richelieu par le P. Ifidore de Niort, Provincial des Capucins de Touraine, qui m'a communiqué auffi plufieurs détails géographiques touchant le travail du même Miflionnaire dans tout le pays qui s'étend autour de Goa, Surate, Jacpor, Agra & Dély. OBSERVATION DES SCIENCE. 273 NL LL | O B SE R MF AT I ON MENL'E CÆDP'SEVBDENLU N E, Du 2 Décembre 1751, au foir, FAITE À PARIS DANS L'HOSTEL DE CLUGNF. Par M. De L'IsLE. Fe été fort incommedé, dans l'obfervation de cette écliple, par les nuées, le brouillard & le vent: l'orage des jours précédens avoit rompu les fenêtres du midi, d'où le vent foufHoit. L'ombre fe voyoit difficilement au commencement de l'éclipfe, que j'ai pourtant eftimé à 8h 22'1 de temps vrai, avec une lunette catadioptrique de $ pieds. À 8h 28° 38" l'ombre à Ariftarque. Je me fuis principalement appliqué à obferver avec un micromètre attaché à ma lunette catadioptrique de $ pieds, le progrès de l'éclipfe, d'où j'ai conclu des phafes correfpon- dantes, obfervées peu après le commencement & peu avant la fin, le milieu vers oh 461: ce qui s'accorde avec ce milieu déterminé par le commencement & la fin, ayant obfervé la fin fort exactement à 11h 9° 9". De la partie reflante vers le milieu de l'éclipfe, j'ai conclu la grandeur de l'écliple, fort approchante de 9 doigts un tiers. J'ai eu une grande attention à l’obfervation du diamètre apparent de la Lune, que j'ai obfervé devant & après lé. clipfe, avec le micromètre attaché à ma lunette catadiop- trique de $ pieds. Par l'obfervation faite avant léclipfe, à 6h 51° de temps vrai, j'ai trouvé le diamètre apparent de la Lune, de 33° 46", qui, fuivant la hauteur que la Lune avoit alors fur l'horizon, donne le diamètre horizontal, de 4 LA Mém, 1751: + Mm 274 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Après la fin de l'éclipfe, & 38 minutes avant le pafage de la Lune au méridien, j'ai trouvé fon diamètre apparent, de 34 minutes une feconde, qui donne fon diamètre hori- zontal, de 33 minutes 29 fecondes: ainfi on peut fuppoler avec quelque certitude, que le diamètre apparent de la Lune a été dans cette écliple, de 33 minutes 30 fecondes, DES SCIENCES. 275$ EXAMEN D'UN MEMOIRE ENVOYE A L'ACADEMIE, Dans lequel il s'agit de plufieurs faits concernant les Barometrres. Par M. l'Abbé NOLLET. je faits contenus dans le Mémoire dont ïl eft ici 20 Février queftion *, peuvent fe réduire à quatre principaux. 1751e Par le premier, il femble qu'un baromètre fimple peut conferver fes variations ordinaires, quoiqu’on ait pris foin d'empêcher que l'air extérieur n'ait aucune communication avec le mercure. ? Le fecond fait annonce que cette communication entre : Vair extérieur & le mercure, ainf que les eflets qui doivent s'en fuivre, peuvent être interrompus par la plus petite goutte de liqueur , fi le paffage de l'air au réfervoir de mercure eft un tuyau capillaire, ou une fimple félure faite au verre. En troifième lieu, on prétend que dans un baromètre fcellé par en bas & placé dans le vuide, on a vü la colonne de mercure s'élever au deffus de fa hauteur ordinaire, & baïffer enfuite dès que l'inftrument {e trouvoit dans Y'air libre. Enfin pour quatrième fait, l’Auteur prétend qu'une colonne de mercure de 28 pouces 5 lignes obéit aux différentes * Ce Mémoire a mérité l’atten- | men qui en a été fait felon ces vües, tion de l’Académie, non feulement | en découvrant ce qu'il y a de faux parce qu'il vient d’une perfonne dont | dansles uns, & avec quelles reftric-" elle fait cas, mais encore parce qu’il | tions on doit recevoir les autres, a contient des faits finguliers. L’Au- | paru propre à épargner des peines teur, par une fage & modefte dé- | fuperfiues & des occafions d’erreurs fiance de fes propres lumières, a | aux perfonnes qui fe livreroient à defiré qu’on fit la révifron de ces | de pareilles recherches : c’eft pour- faits, pour les rejeter s'ils ne fe véri- | quoi l’Académie en a ordonné l'im- fioient pas, ou pour en chercher les preflion. raïfons s'ils fe confirmoient. L’exa- Mm ji 276 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE preflions de air extérieur, dans un tube cylindrique fans courbure , fans réfervoir, & qui eft fcellé par en haut & vuide d'air, comme les baromètres ordinaires. PREMIER FAIT, Ce n'eft point pour la première fois que l Académie en- tend parler de baromètres fcellés de toutes parts, & qui continuent d’être fenfibles aux différentes preflions de l’atmo- fphère. En 1684, M. de Louvois lui fit demander l'expli- cation de ce prétendu phénomène annoncé par le fieur T'huret, Horloger ; mais M. de la Hire, chargé d'en faire l'examen, trouva que le baromètre en queftion, qu'on croyoit avoir été fcellé par en bas fort exaétement, ne l'étoit pas. Je crois pouvoir dire la même chofe de ceux de M. Thi- bault de Chanvalon ; mais parce que ne les ayant point eus en ma difpofition, je n’ai pas été à portée de trouver le défaut du feellement, auquel jattribue les effets qu'on a regardés comme extraordinaires , & que d'ailleurs il y a eu des raifons fpécieules pour faire croire que ces baromètres étoient réellement bien fcellés par en bas, je vais dire en peu de mots ce qui me détermine à penfer que le phénomène an- noncé par M. Thibault n'a pas plus de réalité que celui du fieur ‘Thuret. Dès que l'Académie n'eut confié l'examen de ce fait, je préparai huit verres de baromètres avec des tubes de diffé- rens diamètres, & tirés de plufieurs verreries ou de la même, dans des temps fort éloignés les uns des autres: je pris foin de former les boules qui devoient fervir de réfervoir au mer- cure, plus grofles les unes que les autres, & de les terminer toutes par des tubes prefque capillaires de deux pouces ou environ de longueur. Avant chargé ces verres de mercure bien purifié, & de manière qu'il n'y en avoit dans chaque boule que jufqu'au tiers de fa capacité, je me fis tenir tous ces inftrumens lun après l'autre dans une fituation verticale; & avec une groffe chandelle allumée & un chalumeau re- courbé, je fcellai les orifices de tous les réfervoirs , ayant DES SCIENCES. 27 foin que l'air qui s’y trouvoit renfermé ne fe reffentit point de F'aétion de la flamme. Lorfque j'avois lieu de croire que le fcellement étoit bien fait, pour m'en aflurer “davantage, je débouchois le haut du baromètre, en rompant le petit bout que j'avois fait finir exprès en tube capillaire; & fi pendant cinq ou fix heures la colonne de mercure, dont la longueur diminuoit d’abord proportionnellement à la quantité d'air contenue dans la boule, ne continuoit pas de s’abaifler ; fi de cette boule, plongée dans l'eau pendant tout le temps de l'épreuve, je ne voyois fortir aucune bulle d'air, alors je faifois remonter le mercure jufqu'au haut du tube, foit en inclinant le baromètre, foit en chauffant fa boule, & je fcellois de nouveau l'extrémité ui avoit été ouverte. Bien affuré par ce moyen que mes baromètres étoient fcellés de toutes parts, & que Fair extérieur n’y avoit aucun accès, ni par en bas, ni par en haut, je les attachai fur des planches graduées , où je marquai d’abord la hauteur actuelle du mercure; je tins tous ces inftrumens en expérience pen- dant plus de deux mois de fuite, dans un lieu où le foleil n'entre point, ayant foin de les obferver deux fois par jour, & de les comparer avec un baromètre ordinaire & un ther- momètre très-fenfible, que je tenois dans le même lieu. Pendant cet intervalle de temps, à compter depuis le 20 de Juin jufque vers la fin de Septembre, il fe fit des varia- tions aflez confidérables dans la température de fair & dans la preffion qu'il exerce fur les corps terreftres : j'obfervai conftamment que les baromètres fcellés par en bas à la ma- nière de M. Thibault, étoient fenfibles feulement aux diffé- rens degrés de chaud & de froid qui régnoient dans le lieu où ils étoient, conformément à ce que marquoit le thermo- mètre; & quand il leur eft arrivé de fuivre à peu près la marche du baromètre ordinaire, j'ai remarqué que c'étoit dans les cas où l'air, devenu plus pefant, prenoit auff une plus grande chaleur, ou bien lorfqu'il devenoit en même * temps plus léger & plus froid. Mm iüj 278 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Après ces premières expériences, j'en recommençai une nouvelle fuite avec quatre autres baromètres que je fis, & dont j'examinai la marche avec la même afliduité & les mêmes at- tentions que j'avois eues pour les premiers ; depuis le commen- cement de Septembre jufqu'à la fin d'Oétobre, je ne trouvai rien que de très-conforme à ce que j'avois vû pendant les deux mois qui avoient précédé. Enfin, vers le milieu de Novembre, je répétai les mêmes épreuves avec quatre nouveaux baromètres conftruits comme les douze autres dont je viens de parler, & pendant fix femaines que je les tins en expérience, je ne remarquai jamais qu'ils fuflent d'accord avec le baromètre de compa- raïfon, finon lorfque le thermomètre l'étoit lui-même avec celui-ci. Dès le 15 d’Août, voyant que de huit baromètres fcellés par en bas il n'y en avoit aucun qui répondit aux variations du poids de Fair, j'imaginai que la qualité du verre employé par M. Thibault avoit peut-être quelque part au phénomène qu'il nous avoit annoncé, & que je n'apercevois point dans mes épreuves : j'écrivis à M. Sarreau, Secrétaire de 'Aca- démie de Bordeaux, & témoin cité des effets en queftion, pour le prier de me procurer, ou par lui-même, ou par les foins de M. Thibault, quelques-uns de ces tubes dont ils avoient fait ufage; mais fa réponfe me fit connoître dès-lors, comme je l'ai encore appris depuis par une converfation que j'ai eue avec M. Thibault, que les tubes employés à Bor- deaux avoient été tirés indifféremment de plufieurs endroits, & qu'il ne paroifloit pas qu'on pût s'en prendre à la qualité de leur matière pour expliquer la différence de leurs effets, comparés à ceux des miens. Quoiqu'il paroïffe fort fingulier qu'un Artifle exercé à fouder le verre ait pù manquer fur un grand nombre de baromètres , cette opération, qui paroît fi facile, ou que des félures arrivées au verre bien fcellé aient échappé à fes yeux & à ceux de plufieurs bons Oblervateurs, il me paroît ce- pendant encore plus raifonnable de fuppofer lun ou F'autre, D ES: MONG 1 EN CIE ,S 279 ue de penfer, contre tout ce qu'on fait de la nature du verre & de celle de l'air, que ce fluide puifle continuer de faire fentir fa preflion fur une colonne de mercure hermétique- _ment renfermée. La première fuppofition, celle des foudures manquées par un homme qui en fait fon métier, & qu'on intérefle par un nouveau motif à les bien faire, paroît fans doute encore moins recevable, fi l'on confidère que de feize baromètres de cette efpèce que j'ai entrepris de fceller moi-même, je n’en ai manqué aucun; mais pour afloiblir cette difficulté, je füis obligé de dire ici que j'ai un grand ufage de la lampe d’'E- mailleur, & que dans ces fortes de manipulations, une longue habitude & un peu de réflexion fur la manière de traiter le verre au feu, m'ont donné quelqu'avantage fur de fimples ouvriers. : Quant aux félures imperceptibles, elles ont pû fe faire ou avant la foudure par quelque coup de flamme donné mal-à-propos, ou après le fcellement par quelque refroidifle- ment trop fubit, ou bien même parce que le verre aura été chauffé inégalement, ou fera devenu trop épais par la réu- nion des parties fondues : ces efpèces de gerfures ne font d'abord qu'extérieures & f1 peu fenfibles, qu'elles peuvent échapper aux yeux les plus ciairs-voyans; peu à peu elles s'ouvrent davantage ; il ne faut pour cela qu'expofer la pièce au grand jour; mais fi le verre eft mince, ces félures peu- vent déjà donner pañage à fair, & fe dérober encore à fat- tention de l'Obfervateur. Ces accidens, qui paroîtront très-poffibles aux perfonnes qui ont coûtume de manier le verre au feu, me femblent comme indiqués dans plufieurs des expériences rapportées par M. Thibault; j'y vois que des baromètres fcellés qui avoient été d'abord fenfibles au froid & au chaud feulement , font devenus quelque temps après de vrais baromètres : n’eft-ce que la fêlure caufée par le {cellement ou par le maftic ® très-chaud dont on les a bouchés, n'étoit pas d'abord fuftr- fante pour Jaifler pafier librement fair extérieur, & qu'elle 280 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Y'eft enfin devenue par le progrès qu'elle a fait avec le temps? Ce qui me fait penfer que cela peut être ainfi, c'eft qu'il eft fait mention dans le même Mémoire de plufieurs de ces baromètres qu'on ouvrit par le haut, & dont on vit les colonnes de mercure s'abaifler dans les uns plus, dans les autres moins, dans ceux-ci plus lentement, dans ceux-là plus vite, apparemment felon le plus ou le moins de faci- lité que l'air de la boule avoit à fortir par la fêlure invifible, qui rendoit le fcellement comme nul. Mon opinion fe fortifie encore lorfque j'apprends, par le rapport même de M. Thibault, qu'une de ces fêlures, qui pendant un certain temps n'avoit point paru, fe montra par la fuite à découvert, & fit connoître pourquoi le baromètre de M. Sarreau, fcellé avec foin par en bas, avoit repris comme de lui-même fes fonétions de baromètre, qui avoient été interrompues d’abord. Avec ces foudures imparfaites & ces félures qui échappent à la vüe, on peut encore rendre raïfon jufqu'à un certain point, des élévations qu'on a vû prendre au mercure dans le grand tube, tandis qu'on échaufloit fubitement l'air de la boule : car fi cet air, en fe dilatant , trouvoit autant de diff- culté à par au dehors qu’à foulever la colonne de mercure, celle-ci devoit monter d'une certaine quantité au deflus de fa hauteur naturelle, pour fe prêter à l'augmentation du volume de l'air. Mais j'avoue ingénument que cette explication eft d'une foible reffource, lorfque M. Thibault aflure avoir vü dans des baromètres de cette efpèce, reconnus pour vrais baro- mètres par des épreuves antérieures, l'air échauffé par le moyen du feu, foûlever le mercure jufqu'au haut du tube, & s'y foûtenir conftamment. Quand la partie vuide du tube dans laquelle on faifoit ainft monter le mercure, n'auroit eu que 4 à $ pouces de longueur, comme on le peut légiti- mement fuppofer, Jofe dire que ce fait eft un des plus bizarres qu'on ait jamais obfervés en Phyfique ; il offre même une contradiétion qui le feroit rejeter d'abord, s'il ne venoit pas d'auffr D ESS ICE NI GES 287 d'auffi bonne part. M. Thibault, pour safiurer & pour montrer que fes baromètres {cellés par en bas font encore vraiment baromètres, remarque, après une longue fuite d'obfervations, que leur colonne de mercure delcend, con- formément au baromètre ordinaie, dans les Lemps mêmes où la chaleur de l'atmofphère fuit monter le thermometre. me paroit contradictoire que l'air rénfermé dans la boule, fen- fible à-la chaleur du feu & à celle du foleil, comme on dit l'avoir éprouvé, ne le foit pas aufli à celle de l'atmofphère; ou sil left, pourquoi la dilatation ne compenfe-t elle pas, au moins en partie, les eflets du baromètre confidéré comme baromètre! Comment fair intérieur, dilaté quand il fait chaud, n'empêche-t-il pas le mercure de s'abaifier autant que le demande une moindre preïlion de la part de Yair extérieur ? Je n'ai pû vérifier le fait, parce qu'il ne m'a pas été poffible de réuflir à faire des baromèties bien fcellés par en bas qui continuaflent leurs fonctions de baromètres; je penfe qu'a- vant de l'admeitre & d'en demander une explication, M. Thibault doit prendre la peine de le conftater avec un devré d'évidence auquel on ne puille pas {e refufer: peut-être qu'un examen plus approfondi lui fera voir, comme je le crois, ou que ces fories d'initrumens ne fuivent que par accident - les variations du baromètre ordinaire, c’eft-à-dire, quand la marche de ceux-ci va du même fens avec le thermomètre, ou que l'air dilaté dans la boule par la chaleur du feu ne fait monter le mercure que d’une médiocre quantité, & ne le foûtient pas long-temps, alors tout rentrera dans l'ordie. SECOND FArT, « Ayant pris, dit M. Thibault, un baromètre dont le petit tuyau avoit été prolongé en tube capillaire (qu pour- tant étoit ouvert) je fis tomber fur fon ouverture ure guite d'huile, & dès-lors ce baromètre fut fouftrait à l'action de l'air qu'il éprouvoit auparavant; car dès ce moment il devint thermomètre, & s'y maintint », Ce fait paroïit confirm: par Mém. 1751: . Nn 282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE deux autres expériences, dans l'une defquelles on voit une goutte de mercure faire le mème effet que la goutte d'huile, & dans l’autre une félure qui donnoit un libre paflage à fair extérieur, le lui refufer lorfqu'on la couvrit d’une légère couche d'huile. M. Thibault ne dit point combien de temps les baro- ‘mètres ainfi changés en thermomètres fe font maintenus en cet état, ni quelles ont été les variations des baromètres ordinaires tandis que les nouveaux inflrumens refufoient d’obéir aux différentes preffions de l'atmofphère: c'eft pour- tant ce qu'il feroit néceñaire de favoir, pour dire s'il y a ici quelque nouveau phénomène à recueillir; car on fait bien que la même force qui fait que les liquides fe précipitent dans les tubes capillaires, les y doit retenir auffi, de concert avec la réfiflance des frottemens, qui croit en même temps qu'elle, & à mefure que ces tuyaux deviennent plus étroits : d’où il fuit très-naturellement qu'une goutte de liqueur, placée dans l'orifice fort étroit de la boule d’un baromètre, doit faire quelque oppofition au paffage de l'air, tant pour entrer que pour fortir. Or de ce premier effet on en voit naître deux autres infailliblement : 1.° Fair intérieur de la boule, appuyé d'une part contre la goutte de liqueur qui en bouche Vorifice, & de l'autre contre le mercure, doit élever ou ‘Jaiffer retomber celui-ci, felon les impreffions du chaud & ‘ du froid, qui augmentent ou diminuent fon volume. L'inf- trument, en cet Ctat, fait les fonctions d’un thermomètre. 2. Le mercure n'ayant plus de communication libre avec Fair du dehors, ne peut plus avoir dans le tube les mouve- mens propres du baromètre. Mais ces effets, occafionnés par une goutte d'huile placée dans l'orifice capillaire de la boule, doivent-ils tenir conf- tamment, comme il femble qu'on le peut inférer des ex- preffions illimitées de M. Thibault, contre toutes les varia- tions qui arrivent ordinairement dans un intervalle de temps un peu confidérable, à la preffion de Fair, ou à fa dilata- tion ? en un mot, le baromètre, changé en thermomètre de D E SNSICIT ER C'E Se 283 la façon que je viens d'expofer, doit-il, à toute épreuve, /e maintenir dans cet état ? | L’adhérence des liqueurs dans les tubes capillaires étant de plus en plus grande à mefure que les diamètres font plus tits, on pourroit imaginer que la goutte d'huile employée par M. Thibault étoit retenue dans un orifice extrémement étroit, & alors il ne feroit point impoffble qu'un tel obftacle réfiflät à une preffion de l’atmofphère égale à 2 $ ou 3 0 lignes de mercure, qui font à peu près les plus grandes variations du baromètre dans nos climats; mais M. Thibault, pour écarter cette caufe, fur laquelle il croit qu'on ne doit point compter, nous avertit que cet effet a eu lieu avec des ori- fices d'un diamètre raifonnable, à gui, dans quelques-uns, lui a femblé avoir Lien une ligne. Comme nous n'avons pas encore en Phyfique de règle fûre pour eftimer ces fortes de réfiflances ou de forces, dont lintenfité tient à des circonftances dont on ignore & le nombre & la jufte valeur, j'ai cru n'avoir rien dé mieux à faire que de chercher par la voie de l'expérience, ce que je devois penfer des effets rapportés par M. Thibault, | Je préparai plufieurs baromètres dont les boules étoient terminées par des tubes capillaires, mais plus étroits & plus longs les uns que les autres: je les plaçai à côté d’un baro- mètre ordinaire, dans un lieu dont la température varie peu à caufe d'un poële qu'on y allume tous les jours. Je fis couler dans les orifices, tantôt de l'eau, tantôt de l'huile d'olives, & d’autres fois du mercure qui s'y arrêta, & j'ob- fervai ces inftrumens pendant prefque tout le mois de Jan- vier, & une partie de celui de Février; intervalle de temps pendant lequel on fait que Îa preflion de l'atmofphère a varié confidérablement & fréquemment. Voici quel a été le réfultat de ces épreuves. 1. Lorfque Îés orifices de ces baromètres avoïent trois quarts de ligne de diamètre ou environ, & un quart de pouce tout au plus de longueur, la goutte de liqueur qui les bouchoit, demeuroit affez conftamment en place, & F7? ï Nai 284 MÉMOIRES DE,L'ACADÉMIE RoYALE empéchoit que l’inftrument ne fuivit les variations d'un baro- mètre de comparaifon, pourvû que les variations dans celui-ci ne fuffent exprimées que par une ou tout au plus deux lignes d'élévation ou d’abaiflement du mercure 2° Mais fi la preflion de l'atmofphère croifloit ou dimi- nuoit au delà de ce terme, la goutte de liqueur cédant enfin, pañloit au dehors ou au dedans de la boule, & le mercure montoit tout d’un coup ou s'abaifloit au mème degré où il fe faïfoit voir dans le baromètre ordinaire. .* Quand ces baromètres avoient pour orifices des tubes capillaires de deux pouces de longueur, & d'un fixième de ligne de diamètre , la liqueur rempliflant ces tubes aux deux tiers ou aux trois quarts, empêchoit encore davantage ue les variations du poids de l'air extérieur ne fe fiffent fentir fur la colonne de mercure, de forte que je lai trouvée quelquefois de dix lignes plus haute ou plus baffle que dans le baromètre ordinaire auquel je les comparoïs. 4 Ces différences ne devenoient pas fi grandes lorfque je ne rempliflois de liqueur qu'une petite partie des tubes capillaires. se” Mais il ma femblé que les plus & les moins n’étoient pas en raifon directe des différentes longueurs que je faifois rendre aux colonnes de liqueur contenues dans ces tubes. 6° J'ai obfervé quelquefois que ces petites portions de liqueur, chafiées d'un bout à l'autre du tube capillaire par une plus puiflante preffion fupérieure, ou de la colonne de mercure, ou de l’atmofphère, s'étendoient en une lame fort mince fur la paroi intérieure du verre, & laifloient pour un inftant un paffage à l'air par le milieu du tube; mais fe raf- femblant bien-tôt en plufieurs petites parties, elles obftruoient de nouveau ce petit canal, avant que l'air extérieur fe fût mis d'équilibre avec le mercure: d'où il arrivoit que ces inftrumens différoient plus long-temps du baromètre ordi- maire, qu'ils n'euflent fait fi la liqueur du petit tube, entiè- rement expullée, avoit laiffé la communication ouverte entre le dedans de la boule & le dehors. DES SCIENCES 285 7 J'ai plongé les boules de ces baromètres dont les orifices étoient bouchés avec une petite colonne de liqueur, dans un bain d'eau que j'ai fait chauffer peu à peu juf qu'à 15 degrés, à compter depuis le huitième au deffus de la congélation jufqu'au vingt-troifième ; le mercure s'eft élevé de $ lignes dans ceux dont l'orifice avoit environ demi-ligne de diamètre, & de 11 lignes dans ceux dont la boule finifloit par un tube capillaire de 2 pouces de fon- gueur & d’un fixième de ligne de diamètre: après quoi fa liqueur qui bouchoit ainfi la boule ayant cédé à l'eflort de l'air échauffé, eft fortie du tube, & le mercure eft retombé au degré qui convenoit à la preflion aétuelle de F'atmofphère, 8° J'ai fait toutes les expériences dont je viens de rendre compte, tantôt en me fervant d'eau, tantôt en employant de l'huile d'olives, & d'autrefois du mercure, pour remplir les orifices que je voulois boucher, & j'ai toûjours vû à peu près les mêmes effets; excepté que le mercure ne s'étend point en lame mince fur la paroi intérieure du tube, pour fe raffembler enfuite en petites parties, comme je l'ai rapporté des autres liqueurs dans le fixième réfultat. On peut bien imaginer que fi les orifices des boules étoient tirés en tubes encore plus capillaires & plus longs que ceux dont je viens de faire mention, il feroit poffible que Ia liqueur qui convertit ces baromètres en thermomètres, réfiftât à une augmentation de poids dans latmofphère, équivalente à celle de 2 ou 3 pouces de mercure, & dès-lors ils fe- roient infenfibles, même aux plus grandes variations qu'on a coûtume d’cbferver dans la preffion de l'air; mais ce n'eft point là le cas propofé par M. Thibault : les orifices de fes boules (pour me fervir de fes propres expreffions) avoient des diamètres raifonnables, & quelques-uns avoient bien une ligne. Je conjeéture donc, d'après mes propres expériences faites en aflez grand nombre & avec toute l'exactitude que J'ai pü y apporter, que M. Thibault n’a point obfervé pendant un temps fufhfant les baromètres qu'il dit avoir abfolument Nan ii 286 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE changés en thermomètres par le moyen d'une goutte de liqueur arrêtée dans 'orifice de la boule; où que par hafurd, pendant tout le temps de fes obfervations, le poids & la température de F'atmofphère n'ont changé que d'une petite quantité, c'elt-à-dire, trop peu pour que le reflort de fair intérieur de la boule, ou la preflion de celui du dehors, püt vaincre l’adhérence de la liqueur. TR O 1 ST EME NN FNANIT. M. Thibault rapporte avec un étonnement qui me paroît bien raifonnable, qu'on a vü monter conftamment & d’une quantité très-fenfible (qu'il ne détermine cependant pas) la colonne de mercure dans des baromètres fcellés par en bas, & dont la boule aboutifloit dans un récipient que l'on pur- geoit d'air par le moyen d'une machine pneumatique. En effet, par quelle raïon pourroit-on croire que le mercure foit forcé de monter ainfi quand la boule fe trouve déchargée du poids de l’atmofphère? Je ne puis me déterminer à penfer avec M. Thibault, que dans le cas dont il s'agit, l'air inté- rieur de la boule devient plus libre, & que déployant fon reflort contre le mercure, il l'oblise de s'élever plus haut qu'il n'étoit; car fi la boule étoit aflez extenfible pour aug- menter en capacité lorfqu'elle cefle d'être comprimée par dehors, on verroit fans doute un effet tout-ä-fait contraire à celui qu'on eflaie d'expliquer; & fi la boule ne change point fenfiblement de dimenfions, comme on le peut croire, fa réfiflance fupplée à la preflion de l'air extérieur qu'on a fupprimé, & le mercure ne reffent aucune preflion nouvelle de Ja part de l'air qu'elle renferme. Ce raifonnement me parut fi plaufible, que j'aurois re- gardé le fait propolé, comme une illufion qui ne méritoit aucun égard, ft M. Thibault, furpris lui-même de fa fingu- larité, n'en parloit comme d'une chofe dont il a pris foin de s'aflurer en préfence de plufieurs témoins dont les noms, joints au fien, font capables de donner beaucoup de poids à ce qu'il avance. Par refpect pour ces autorités, je me fuis DE SUS'CMENCEÉS. 287 donc mis en devoir de répéter l'expérience; je l'ai tentée nombre de fois, mais toûjours fans fuccès, quoique je fiffe un vuide beaucoup plus parfait que celui dont il eft fait mention dans le Mémoire de M. Thibault. Je foupçonne donc que cette afcenfion du mercure que fon a oblervée, a été caufée par quelque balancement de la machine, ou bien, parce qu'en maniant le récipient (qui étoit, dit-on, fort étroit) on aura fait prendre quelque degré * de chaleur à la boule du baromètre, & l'air qu'elle contenoit, en fe dilatant, aura pouffé le mercure au delà de fa hauteur ordinaire. Il eft, ce me femble, plus vrai-femblable que ces caufes aient échappé à l'attention des Obfervateurs, que de croire qu'un inftrument qu’on a rendu infenfible «ux différentes preffions de latmofphère, en le fcellant par en bas, reprenne une partie de fes fonctions, quand à ce défaut de commu- nication lon ajoûte encore la fuppreffion de l'air extérieur. Un autre effet que M. Thibault dit avoir remarqué, & qui lui paroît encore très-fingulier, c’'eft que dans le grand tuyau d’un des baromètres qui ont été eflayés dans le vuide, on a toûjours vü depuis we certaine humidité diffribuée par gouttes, à qui fournit de temps en temps des bulles d'air qui gagnent le haut de l'infhrument quand on le redreffe. Cette defcription me rappelle un fait qui m'eft affez fa- milier. Quand je chauffe un peu fortement un tuyau de verre dans lequel j'ai fait fimp'ement couler du mercure, à l'endroit , le plus expolé au feu , la lame d'air qui eft demeurée adhé- rente à la paroi intérieure du verre, fe dilate & fe raflemble en petites bulles qui fe détachent & gagnent la partie la plus élevée du tube, fi l'on continue de chauffer le tube au même endroit. Mais fi le degré de chaleur n'a point été affez vif pour détacher ces petits globules, ils demeurent adhérens à la place où ils fe font formés; ce n'eft que par fucceffion de temps qu'ils s’en détachent, & lorfque le mercure qui monte & defcend dans le tube élevé verticalement, les arrache, pour ainfi dire, & les livre à leur légèreté refpedtive, à Faide de laquelle ils gagnent le haut. 288 MÉMoiIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Si M. Thibault, pour adapter fes baromètres à des réci- piens, les y a joints par le moyen de quelque maftic chaud (comme il y a touie apparence) il n'en a pas fallu davan- tage pour faire naître de pareils globules à l'endroit du tube qui aura reienti la chaleur ; mais j'ofe aflurer que ces gla- bules ne font point de l'eau, ils n'en ont tout au plus que l'apparence: s'ils en avoient la réalité, ils feroient infaillibles ment cafler le verre dans le temps qu'on y applique le maftic fondu. Le baromètre dont il s'agit, étoit, dit-on, lumineux; il ne l'auroit pas été, f1 le verre ou le mercure avoit été humide. QUATRIÈME FAIT. M. Thibault propofe une nouvelle efpèce de baromètre qui confifle en un fimple tube long de 3 pieds ou un peu plus, fans cuvette, fans courbure, lequel étant bien cylin- drique & fcellé par en haut, contient une colonne de mer- cuie, haute de 28 pouces $ lignes. Cette colonne, dit-il, monte & defcend lorfqu'il arrive des changemens au poids de l'air extérieur avec lequel elle a une libre communication par le bout inférieur du tube qui eft ouvert de toute fa lar- geur. On ajoûte que ce nouveau baromètre doit être plus parfait & plus für qu'un inftrument du même genre, pro- polé par M. Amontons vers la fin du fiècle dernier, & qui confiftoit auffi en un feul tuyau droit, mais qui, au lieu d'être cylindrique, alloit toûjours en diminuant de grof- feur, depuis le bout d'en bas qui étoit ouvert, jufqu'à celui d'en haut qui étoit fcellé. Il fe préfenie ici deux queflions à examiner. Ï1 faut favoir premiérement fi une colonne de mercure d’une longueur dé- te mince & invariable peut indiquer par fes mouvemens de haut en bas & de bas en haut, les différens degrés de preffion que l'atmofphère exerce fur elle : on peut demander enfuite f1 le baromètre de M, Amontons étoit défeélueux en ce que fon tube alloit toûjours en diminuant depuis le bas juf- qu'en haut, & fi l'on a eu raifon de fonger à lui fubftituer un ho tin D ns DES SCIENCES. 289 un tube qui fût cylindrique dans toute fa longueur. Quant au premier point, fuppofons que l'on conftruife un baromètre à la manière de M. Thibault, dans un temps & dans un lieu où 28 pouces de mercure, élevés en forme de colonne dans un tube, fe trouvent en équilibre avec une colonne de l’atmofphère de même bafe ; il me femble voir clairement (abftraétion faite de toute autre caufe) que la colonne de mercure demeurera fufpendue & comme atta- chée au haut du tube: car quand on compteroit avec le poids du mercure, celui de 7 à 8 pouces d'air contenus au deflous dans le même tube, on ne doit pas croire que cette légère addition rendit la colonne totale fenfiblement plus puiffante que la preflion de l'air extérieur. S'il arrive enfuite que le poids de latmofphère diminue au point feulement de faire baïfler le mercure d'une ligne dans les baromètres ordinaires, il me paroït que dans celui de M. Thibault, toute la colonne de mercure doit def- cendre jufqu'au bas du tube, étant alors trop pelante pour être foûtenue toute entière par la réfiftance de f'atmofphère, & il en doit fortir une portion égale à la quantité dont on aura vù baifler le baromètre de Toricelli placé dans le même lieu. Je crois bien que les chofes ne fe paffent point ainfr, & que, conformément à l'énoncé du Mémoire, la colonne de mercure s'arrête à différentes hauteurs dans le tube quand on le remue; mais ce que joferois bien aflurer, c'eft que ces différences ne feront jamais proportionnelles aux varia- tions du poids de l'atmofphère; elles dépendent bien pluftôt du frottement qu'éprouve la colonne totale de mercure & d'air qui glifle tout d'une pièce dans le tube; bien différente en cela d'une pareille colonne qui monte & s'abaifie dans les baromètres à réfervoir: car on doit penfer que celle-ci salonge & saccourcit par un écoulement qui {e fait d'un bout à l'autre fur le milieu, & comme dans une enveloppe du même fluide qui demeure, pour ainfi dire, fixée au verre, C'eft pour cela que quand Îe mercure monte dans Mn. 175 1. , Oo 290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le baromètre, le bout de la colonne devient convexe, & qu'elle {e creufe au contraire au même endroit lorfque le poids de l'air extérieur venant à diminuer, lui permet de s'abaifler. Quoique ces réflexions me fiffent juger que le baromètre propofé par M. Thibault ne pouvoit avoir lieu, & que fes propres expériences bien méditées püflent me difpenfer d'en faire de nouvelles, je ne laiffai pas cependant de charger quelques tubes à fa manière, & je les tins en expérience auprès d'un baromètre fimple. Les rélultats furent tels que je les attendois; la colonne de mercure a changé quelquefois de place, mais fes mouvemens comparés entr'eux n’étoient pas proportionnels aux variations du poids de Fatmofphère: fouvent cette colonne eft demeurée fixe lorfque le baromètre de comparaifon. haufloit ou baiïfloit de plufieurs lignes ; & quand je redreflois le tuyau après l'avoir tenu couché un. inftant, il arrivoit très-rarement que le mercure fe remit à la même place qu'il: occupoit auparavant. H eft inutile maintenant d'examiner fi lon doit fubftituer un tuyau cylindrique à celui de M. Amontons qui ne l'é- toit pas, puifque, quand on emploie un pareil tube, la co- Jonne de mercure qu'il contient, ne peut jamais faire un vraï baromètre ; mais on peut repréfenter à M. Thibault, que ce qu'il a prétendu réformer dans le baromètre de M. Amon- tons, bien loin d’être un défaut, eft au contraire une con- dition eflentielle à cet inftrument. Le tube diminuant de diamètre depuis le bas jufquen haut, eff un moyen aufii fimple qu'ingénieux de trouver dans une quantité de mercure qui ne varie pas, une colonne qui s'alonge & qui fe rac- courcit quand il le faut, pour faire équilibre à la preffion plus ou moins grande de Patmofphère, & pour en indiquer. les degrés : c'eft dommage que les frottemens dont j'ai parlé ci-deflus, introduifent des irrégularités dans ces effets; mais. onen'y remédie pas en changeant la forme du tuyau. Je condus en finiffant ce rapport, que des quatre faits contenus dans Je Mémoire de M. Thibault, le premier, le: DE: SWSMEMIE NUCIR :5 291 troifième & le quatrième ne s'accordent point avec ce que Ton fait des propriétés de l'air & de fon équilibre avec les autres fluides, & que ces mêmes faits ne fe font point vérifiés par des expériences faites & réitérées avec beaucoup de foin: quant au fecond, on ne peut l'admettre qu'avec des reftric- tions, & dans certaines circonftances qu’il feroit affez difh- cile de bien déterminer. OBSERVATION DE L'ECLIPSE PARTIALE DE LUNE Du 2 Décembre 1751, FAITE A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS Par M. DE Foucurx. Î E temps a été aflez {erein pendant le commencement de cette Eclipfe, mais le vent étoit extrêmement violent. Voici les phafes réduites au temps vrai. A 8% 23° 30" je juge l'Eclipfe commencée. 28. 32 Tombre à Heraclides. 29. 22 l'ombre à Ariftarque. 33- 12 au commencement de Grimaldi. 36. 12 tout Grimaldi eft couvert. 38. 12 lombre à Képler. 40. 10 au commencement de Platon. 41. 2 tout Platon eft couvert. 37 au commencement de Copernic. 45. 7 au milieu de Copernic. 46. 30 à Ia fin de Copernic. . 50. 29 tout Mare imbrium eft couvert. 52. 42 au commencement de Mare ferenitatise 55- Oo au commencement de #are humorum. 58. 12 Manihius. Oo ij . D @ co cb Co Go 6 Co Co Co 6 Co Co co us Le] : 292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A où 1° 30" Menelaüs. 9. 5: 12 Plinius. 9. 8. 37 Dionyfus. 9. 14. 27 au premier bord de Mare crifium. 9. 16. 30 à Proclus. 9. 23. 34 tout Mare crifium eft couvert. 9+ 35. 55 au bord de Langrenus. 9: 39° 56 tout Langrenus eft couvert. Des nuages clairs, qui depuis quelque temps pañloient fur la Lune, vinrent plus continus, on déterminoit au travers, la plus grande phafe d'un peu plus de 9 doigts. Les nuages allèrent enfuite en s’épaifliffant, & il ne fut plus pofible de rien diftinguer; ils s’éclaircirent, & j'obfervai les phales fuivantes. À 10h 30° 13° Ariflarque fort. 10. 36. 37 Mare nedlaris. 10. 45. 2 tout Langrenus eft forti. 10. 46. 12 Dionyfius. 10, 48. 42 Plinius. 10. $2. 17 Platon. 10. 57. 42 le premier bord de Mare crifium. 10. 54 4 Pofidonius. 11. 1. 4o le milieu de Mare crifium. 11, $. 19 tout Mare crifium. 11. 10. 42 fin de l’Eclipfe douteufe. sa. 11. 20 lEclip{e eft finie. DES SCIENCES. 293 M EM OMIÉRIE URI L'ENT PVP OC PRPANNES- Par M. D'AUBENTON. N a diflingué deux fortes d'Hippomanès , la première eft une liqueur qui fort des parties naturelles de Ia jument dans le temps de fa chaleur, l'autre eft une matière plus folide qui fe trouve avec le fœtus de cet animal; on pourroit même ajoûter un troifième hippomanès, dont on a cru que certains Auteurs, & fur-tout Théocrite, avoient fait men- tion, & que l'on a prétendu être une plante, ou une com- pofition faite avec des plantes, &c. Je n’entrerai pas dans des difcuffions critiques au fujet de ce troifième hippomanès, je ne prétends pas même traiter ici du premier, il ne fera quef- tion que de lhippomanès qui accompagne le fœtus de Ia jument. Quantité d’Auteurs en ont fait mention, je n’enirepren- drai pas de rapporter en détail ce qu'ils en ont dit, la pluf- part fe font copiés, & prefque tous ont parlé d’après Ariftote & Pline; mais ils n'ont pas toûjours été aufr mefurés dans leurs expreflions qu’Ariftote. Ce grand Naturalifte n’aflure rien par lui-même à cet égard, il rapporte feulement que lon dit que lhippomanès tient au front du poulain dans le moment de fa naïflance: Quod hippomanes vocant , hæret qui- dem fronti nafcemis pull, ut narratur. Pline eft plus décidé, il dit expreflément qu'en naiflant les chevaux apportent fur le front un poifon qui produit l'ardeur de Famour, & qui eft nommé hippomanés; que cet hippomanès eft de la gran- deur d'une figue fauvage & de couleur noire: Æÿ fane equis amoris enafci vencficium , hipporñanes appellatum , in fronte, caricæ magnitudine , colore nigro, &c. Les Auteurs les plus modernes ent ajoûté que l’hippomanès eft une excroiflance de chair de couleur grile, aflez femblable à la rate pour la couleur & Oo ii Ariflot. Hif, Anim. lib. VIIL,. cap. XXIV. Pin. lib. VITE. Cap, LXVIx 294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la figure; que cette chair eft ordinairement compofée de trois feuillets réunis par un bord commun, ce qui fait deux cavités au dedans, &c. Les anciens, & les modernes d’après es anciens, ont donc tous prétendu que le poulain apportoit en naiffant cette matière fur le front. Ces faits laifloient trop à defirer fur l'origine & la nature de l'hippomanès, & la chofe mitoit aflez d'être obfervée par fa fingularité, pour engager à faire des recherches que l'on avoit négligées, quoique Je fujet en füt indiqué depuis deux mille ans. Ayant à faire des diflections d'animaux pour l’Anatomie comparée, je me propofai, il y a quelques années, d’exami- ner foigneufement toutes les jumens pleines que je difléque- rois, pour tâcher d'acquerir quelques nouvelles connoïffances fur lhippomanès ; ce n'a été qu'après en avoir fait ouvrir - un affez grand nombre, que j'ai reconnu que tout ce qu'on a dit fur fhippomanès ef fort éloigné de la vérité, à l’ex- ception de fa couleur & de fa cavité, & c'eft par le moyen de lexpérience que je me fuis afluré de fon origine & de fa formation. Je fis ma première obfervation fur un fœtus rejeté par un avortement quelques mois avant le terme; j'examinai fon front, & je n'y vis rien qui püt indiquer les reftes, ou feu- : lement les traces de l’hippomanès : ce fœtus étoit féparé de fes enveloppes, on me les apporta en mème temps, je les obfervai foigneufement, & je n’y trouvai rien qui reflemblât à un hippomanès. Quelque temps après, ayant fait ouvrir Fabdomen d’une jument pleine & prefque à terme, on en tira la matrice avec toutes fes dépendances; je fendis la matrice, & je la détachai du chorion ; enfuite j'ouvris le chorion & l'allantoïde, il s'écoula par l'ouverture une grande quantité de liqueur roufle; les deux enveloppes s'étant affaiflées par l'écoulement de la liqueur, je les fendis d’un bout à l'autre, & après les avoir étendues de toutes parts, pour mettre l'amnios à découvert, je trouvai dans la cavité de l'une des cornes, formée par le chorion , & revêtue intérieurement par 'allantoïde, un corps D ESNVMIGR E NICE ss 295 flottant dans un refte de liqueur; il avoit 3 pouces 8 lignes de Tongueur, {ur 1 pouce ro lignes de largeur, & fept lignes d’é- paifleur dans le milieu : les bords étoient amincis ; il pefoit une once $ gros & demi, il avoit une couleur d'olive brune: c’étoit un hippomanès. H y avoit au dedans une cavité d'un pouce huit lignes de longueur fur quinze lignes de largeur; H fe trouvoit dans cette cavité une forte de noyau plat qui là remplifloit prefque en entier, & qui étoit plus adhérent par l'une de fes faces que par autre, qui adhéroït cependant par quelques prolongemens. Le noyau étoit de fubftance: molle & vifqueufe comme de la colle ramollie, & de cou- eur d'olive brune , comme l'extérieur de lhippomanès. La cavité étoit formée par une couche de matière glutineufe de même confftance, mais de couleur plus claire que le noyau; cette couche étoit recouverte par une fubftance vifqueufe & de couleur d'olive brune, femblable à celle du noyau, & qui avoit environ une ligne & demie d'épaifleur. Les bords de l'hippomanès étoient, pour ainfï dire, frangés & terminés par des prolongemens qui avoient un peu moins de confif- tance que le corps de lhippomanès. Cette matière fe fépa- roit en plufieurs lames dans toute fon étendue & dans toute fon épailleur ; on n’y voyoit aucunes traces de vaiffeaux fan- guins ou de nerfs, elle reflembloit à de la gelée fort épaiffie.. H y avoit dans la même corne un petit hippomanès à quel- que diftance du grand; le petit avoit un pouce huit lignes de longueur fur quatre lignes de largeur, il étoit creux comme: Yautre, mais il n'avoit point de noyau, & Ia cavité étoit remplie par des grains de matière brune, un peu vifqueufe,. lus dure que la matière qui formoit ce petit hippomanès, & femblable à celle du grand. H fe trouvoit dans l’autre corne: deux ou trois autres petits hippomanès, ils tenoient à 'al- lantoïde chacun par un petit filet creux qui paroifloit être: une continuation de Fallantoïde, & qui renfermoit quelques: vailleaux fanguins très-petits. * Après cet examen, j'ouvris l'amnios, il en fortit une grande: quantité de liqueur roufle, & on en tira le fœtus, mais 296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on n'y trouva rien qui püt reflembler à un hippomanès. Cette obfervation me fit conclurre que l’hippomanès n'é- toit pas unique dans un même fujet, & qu'il fe trouvoit dans la cavité qui eft entre l'amnios & l'allantoïde. Ces faits ont été confirmés dans la fuite; mais on auroit pü croire que lhippomanès étoit une produétion de l'allantoïde, parce qu'il y avoit des prolongemens de cette membrane qui aboutif- foient aux petits hippomanès & qui leur fervoient d'attaches, & on auroit pà fuppoler que le plus gros des hippomanès en avoit été détaché: les petits filets qui fortoient de F'allan- toïde & qui n'avoient point d'hippomanès à leur extrémité, étoient très-propres à confirmer cette fuppofition: on auroit püû les prendre pour des attaches dont le gros hippomanès avoit été féparé, mais on fe feroit bien trompé. Le parti que je pris de faire ouvrir d’autres jumens, étoit plus für ue le raifonnement pour déterminer ces faits. J'en difféquai dans fa fuite quatre autres avec les mêmes précautions, & je trouvai dans toutes lhippomanès flottant fans aucune adhérence à lallantoïde ou à Famnios. Je ne remarquai aucuns prolongemens de lallantoïde, & je ne vis qu'un feul hippomanès dans chaque fujet, mais fa figure, fon poids & fa cavité n'étoient pas à beaucoup près les mêmes dans les différens fujets; il y en avoit qui n'étoient pas creux: la fubftince, fa confiftance & la couleur étoient au contraire aflez femblables, de même que la fituation; je les trouvai tous dans {a cavité qui eft entre l'allantoide & lamnios. Lorfque je fus bien afluré que l'hippomanès étoit toñjours flottant dans {a liqueur fans aucune adhérence aux membranes qui la contenoient, je penfai qu'il ne pouvoit être formé que par la liqueur même qui l'environnoit, & que ce devoit être un fédiment ou un réfidu de cette liqueur. Dès que je pus avoir une jument pleine, je la fis ouvrir comme les autres: on reçut dans un vaiffeau la liqueur qui étoit entre Vallantoïde & l'amnios; enfuite je fis couler dans un autre vaifeau la liqueur contenue dans l'amnios. La première étoit plus D E SNS r NGC ES 4 plus épaïfle, & d’une couleur rouffe plus foncée que l'autre : je les fis évaporer toutes les deux au bain de fable, Ja li- queur de l'amnios s’évapora fans exhaler aucune odeur fen- fible, & fans laifier prefque aucun réfidu ; Yautre répandoit au contraire une odeur d'urine affez pénétrante: il refta dans la terrine une matière fort abondante, à proportion de Ia quantité de la liqueur évaporée. Cette matière étoit ab{olu- ment femblable à celle de l’'hippomanès, je les comparai, & je ne trouvai aucune différence fenfible entr'elles ; même confiftance vifqueufe, même couleur, même tranfparence, lorfqu'on les étendoit comme on pourroit étendre de la colle à demi ramollie. Enfin il auroit été impoflible de diftinguer le véritable hippomanès de l’hippomanès faétice, fi celui-ci n'avoit été collé au fond de la terrine. Cette expérience prouve clairement que l’hippomanès eft un fédiment de la liqueur contenue entre l'allantoïde & Famnios; c'eft un mucilage épaifli fans aucune organifition régulière, un compofé de couches additionnelles dont on reconnoît les différens lits, à peu près comme les couches d'un caillou onyce. L’hippomanès eft frangé fur fes bords, parce que fa fubftance y étant fort mince, eft defunie & dé- chirée par la fluétuation de a liqueur qui l'environne, ou par le choc des parties voifines : l'hippomanès prend diffé- rentes formes dépendantes de fa pofition, & il change de figure par le déplacement qu'occafionnent les mouvemens de la jument & du fœtus. Lorfque 'hippomanès eft plié, fes bords font réunis par le nouveau fédiment qui fe joint au premier, & il refle une cavité dans fon intérieur; s'il eft plié & replié, il y a deux cavités & bien d'autres acci- dens que le hafard peut produire. Il peut y avoir plufeurs hippomanès au lieu d'un, fr par la fituation des parties il fe trouve deux fonds propres à recevoir un fédiment, ou s'il y a fur les membranes quelques éminences, quelques pro- longemens, quelques inégalités qui puiflent fervir de loges ou de noyau à ce même fédiment, comme je l'ai vû dans June des obfervations dont je viens de rendre compte, Mn. 175 1 . PP 298 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALe Pour lordinaire lhippomanès eft unique, & fe trouve dans la corne de la matrice dont la pofition eft la plus bafle ; c'eft aufli dans cette corne qu'eft la tête du fœtus, fur-tout au moment de la naïffance : ainfi l'hippomanès & le front du poulain font fort près un de l'autre; mais ce- pendant bien loin d'être adhérens, ils ne peuvent pas même fe toucher immédiatement, car lamnios eft néceffairement entre les deux. Pour le prouver, je fuis obligé de faire ici une defcription de la fituation des membranes du fœtus, & des cavités qu'elles forment: c'eft le feul moyen de défigner clairement le lieu de lhippomanès. On verra qu'il pourroit pluftôt pafler dans fa veflie du fœtus, que toucher immé- diatemient à fon front. Je ne ferai mention ici que de ce qui a rapport à la cavité dans laquelle fe trouve l'hippomanès, & je tâcherai de me faire entendre fans le fecours d’aucunes figures : on trouvera ces figures & cette defcription entière dans le IVe volume de l'Hifloire Naturelle à Yarticle du Cheval. Le cordon ombilical, au fortir du nombril du fœtus, eft revêtu fur la longueur d’un pied & demi par deux membranes qui fervent d'enveloppes aux vaifieaux fanguins : l’allantoïde s'étend le long de lun des côtés de cette portion du cordon entre les deux enveloppes ; & lorfqu'elle eft enflée, elle a la forme d’un inteftin. A cette diflance d'un pied & demi du nombril, la membrane extérieure du cordon s'écarte de toutes parts, s'épanouit, fe replie de tous côtés, & forme le fac qui fait la première enveloppe du fœtus que l'on ap- pelle amnios , dans lequel font renfermés le fœtus & la por- tion du cordon dont je viens de parler. Le cordon fe pro- longe au delà de lamnios; mais l'allantoïde qui eft découverte par le renverfement de famnios, s'ouvre au dehors du cor- don, fe replie autour, l'embrafle & devient fon enveloppe extérieure dans tout le refte de fon étendue, qui eft de fa longueur d’un pied. L'enveloppe intérieure eft la même dans cette feconde partie du cordon que dans la première; mais elle eft recouverte par lallantoïde dans la feconde portion du cordon, à la place de Fenveloppe extérieure, dont 1x D ES MSICUR'E UN CE 299 première portion étoit revêtue, & qui a formé F'amnios. L'allantoïde étant parvenue au bout du cordon, s'épanouit de tous côtés, fe recourbe, s’alonge & forme en partie [a feconde enveloppe du fœtus: l'enveloppe intérieure du cordon s'étend fur l'allantoïde, & forme le chorion qui la fuit dans toute fon étendue, & qui y eft adhérent par un tifiu cellu- lire. Au moyen de ce renverfement, l'enveloppe intérieure du cordon devient l'enveloppe extérieure du fœtus, qui eft revêtue intérieurement par l'allantoïde: il refte un vuide affez grand entre l’allantoïde & l'amnios, c'eft dans ce vuide que fe trouve l'hippomanès, qui eft féparé du fœtus par l’amnios : if n'y a d'autre iflue hors de cette cavité que l'ouverture de l'a lantoïde, qui eft à l'endroit où le cordon fe prolonge au delà de l'amnios. Cette ouverture communique dans là vefie, en paflant par la portion de l'allantoïde qui eft renfermée dans le cordon & qui fe joint à l'ouraque: l’hippomanès ne peut donc pas fortir de la cavité qui eft entre l'allantoïde & fam- nios, pour fe joindre au front du poulain, comme on l'a prétendu jufqu’à préfent. IH peut fe faire que l'hippomanès paroiffe au dehors avec Ja tête du poulain lorfqu'il fort de fes enveloppes, & cela doit même arriver le plus fouvent, parce que la tête du poulain étant ordinairement à l'endroit le plus bas de la ma- trice, l’hippomanès qui eft flottant fans aucune attache, doit tomber dans cet endroit, & pañler au dehors auffi-tôt que les membranes font déchirées; mais il ne pourroit tenir au front du poulain que dans un feul cas, qui doit être fort rare: c'eft s'il arrivoit que le poulain emportât fur fa tête une portion de fes enveloppes qu’il auroit déchirées, & dont il {e feroit fait une calotte en fortant du corps de la jument, comme il arrive aux enfans qui naiflent coëffés, felon l’ex- preffion vulgaire : mais encore il faudroit que l'hippomanès . füt retenu entre la portion de amnios & celles de l’allantoïde & du chorion, car fans cela il tomberoit à l'inftant. Or toutes ces circonftances ne doivent fe trouver enfemble que très- rarement, & c'eft cependant tout ce qu'on peut imaginer de Ppi 300 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoyaALe raifonnable pour donner quelque fondement au préjugé; mais les préjugés ont-ils befoin de fondement où même de vrai- femblance? ceux qui en ont le moins, font fouvent les plus accrédités. Après avoir parlé de la formation, de la nature & de la fituation de Fhippomanès, il femblera peut-être qu'il feroit à propos d'examiner fes propriétés : celle qui eft la plus fa- meufe eft de caufer les ardeurs de l'amour avec violence, & d'être pour cette raïfon un des agens les plus efficaces qui puiflent entrer dans a compofition des filtres; c'eft pourquoi Pline défigne Thippomanès par ces mots, veneficium amoris. Je me perfuade volontiers que cette prétendue propriété n’eft pas mieux fondée que celle des filtres dont on fait fi pex de cas aujourd'hui, D E: SNUSICNRLE Miciers 301 OBSERVATION DE L'ECLIPSE DE JUPITER PAR LA LUNE, Arrivée le 9 Oclobre, au matin. Pa M. DE TuuRrvYx. | ue s obfervations des éclipfes des Planètes par la Lune étant très-propres pour déterminer non feulement les longi- tudes des lieux où elles ont été faites, mais encore pour perfec- tionner la théorie de {a Lune, les Aftronomes ont toüjours été très-attentifs à ces fortes d’obfervations qui font aflez fré- quentes, & que l'on peut faire avec une très-grande exactitude. Le 7 Septembre, ayant fixé la lunette mobile du quart- de cercle mural à la hauteur de 6x degrés, qui devoit être à peu près celle du bord fupérieur de la Lune, j'obfervai le pañfage au méridien de plufieurs petites étoiles qui pafloient dans l'ouverture de la lunette, & particulièrement celui de la corne précédente du Bélier, qui arriva à 12h 48" 11"+, à la hauteur de 6od $o’ $0": le bord fuivant de la Lune: arriva au même fil à 14h 44° 14"+, cefkà-dire, 18 56 3" après, à la hauteur de 614 50° 7"2 Le 8 au foir, dès que Jupiter & la Lune parurent, nous effiyames de déterminer avec une lunette de trois pieds montée fur une machine parallaétique, la différence d’afcenfion droite entre le bord fuivant de la Lune & Jupiter A 9" 40° 41" Différence d’afcenfion droite entre Jupiter & Ja: une ENS NC dE CHOC UM CAN 10. 40. 55 Différence d'afcenfon droite . .... 8. 12 11. 40. 8 Différence d’afcenfion droite . .... 5. 53 12. 41. $ Différence d'afcenfion droite. .... 3. 44 Après ces obfervations, nous nous difpofames à celle de Fimmerfion de Jupiter dans le bord éclairé de la Lune ; cette: Pp il 19 Février 1752. 302 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE planète étoit alors fi élevée, que lon ne pouvoit qu'avec beaucoup de difhculté la regarder avec une linette de 18 pieds, ce qui m'engagea à tenter de faire cette oblervation avec la lunette de 34 pieds; & ayant remarqué qu'on pouvoit la fixer à la hauteur de la Lune, fans que le vent la dérangeît, & fans que je fuffe obligé d'être dans une fituation incommode, je la préférai à celle de 1 8 pieds dont M. Gentil s’eft fervi pour faire la même oblervation. Le 9 Oétobre à 2h 46° 1 0" du matin, le bord de Jupiter me parut toucher celui de la Lune, & à 2h 48° 1 3", Jupiter ne paroifloit plus : M. Gentil, avec la lunette de 1 8 pieds, a eftimé lattouchement des bords à 2h 46’ s', & l'immer- fion totale à 2h 48° 11"; ainfr le temps que le diamètre de Jupiter a employé à pafler fous la Lune, a été, felon mon obfervation, de 2° 3", & felon celle de M. Gentil, de 2° 6”. Après cette obfervation , je difpofai le quart-de-cercle mural pour faire celle du paflage de la Lune au méridien ; & dans l'incertitude où j'étois fr Pémerfion de Jupiter arri- veroit avant où après le paflage de la Lune au méridien, je préférai de faire cette dernière obfervation , que je regardois comme très-importante pour reconnoitre l'erreur de nos Tables, qui, au commencement de l'éclip{e, s'éloignoient beaucoup de lobfervation : M. Gentil vint prendre ma lu- nette; & à peine je l'avois quittée, que Jupiter parut, & à 39 40" 5 8", M. Gentil détermina l'émerfion totale de Jupiter. L'obfervation du pañlage de la Lune & de Jupiter au mé- ridien, fut faite avec une très-grande exactitude, & fuivit de fort près l'émerfion de Jupiter ; car à 3h 43° 17”, Jupiter arriva au méridien, il précédoit le bord fuivant de la Lune de 2°15"+ La hauteur du centre de Jupiter fut obfervée de 624 3420", & celle du bord fupérieur de la Lune, de 624 401265": Cette oblérvation a été faite à Thury par M: Maraldi & par mon père: M. Maraldi s'eft fervi d'une lunette de 14 pieds, avec laquelle il a déterminé l'attouchement des bords DE 15)M SNCÈRE NéCI'ENS. 303 à 2h47" 18", & l'entrée totale de Jupiter à 2h 49° 8”; l'émerfion du premier bord à 3h 37° 31", & lémerfion totale à 3h 39° 35". Il réfulte de l'oblervation de M. Ma- raldi, que la durée de l'écliple a été à Thury de 50° 20", & le milieu de l'écliple à 3P 13° 23": fi lon compare a pre- mière avec la dernière phafe, on trouvera le milieu à 3h 13° 26", plus grande de 6" que par la deuxième & {a troi- fième phale, qui donnent le milieu à 3h 13° 20"1. Mon père s'eft fervi, pour la même obfervation, du quart- de-cercle de deux pieds & demi de rayon; & quoique fon obfervation ne foit pas auffi exacte que celle de M. Maraldi, parce que indépendamment de la différente longueur des lunettes, la Lune & Jupiter ne paroïfloient qu'au travers des nuages, j'ai cru cependant devoir la rapporter, pour que lon püt juger de l'avantage que peut procurer la longueur des lunettes dans ces fortes d’obfervations. A 2h 47" 6", le bord de Jupiter parut toucher celui de la Lune, & à 2h 48° 46" Jupiter ne paroifloit plus; à 3" 37° 36" Jupiter reparut, & à 3h 39° 35" Jupiter étoit entièrement forti: cette obfervation donne le milieu de l'é- cliple à 3h 13° 16", avec une différence de 7 fecondes de celle de M. Maraldi. À Paris, nous avons trouvé la durée de féclipfe de 5 2’ 45" par la lunette de 34 pieds, & le milieu de l'écliple à 3h 13° 34", ce qui donne la différence de longitude entre Paris & Thury, de 11 fecondes à l'occident: cette déter- mination neft éloignée que de 4 fecondes de celle qui ré- fuite de la diflance de Thury à la méridienne, que nous avons déduite de nos Triangles de 7 fecondes de temps. On trouveroit un accord plus parfait entre lobfervation de M. Maraldi & celle de M. Gentil, faite avec des lunettes à peu près de la mème longueur, car l'obfervation de M. Gentil donne fe milieu de l'éclipfe, à Paris, à 3h 13° 30", & par conféquent la différence de longitude entre Paris & Thury, de 7 fecondes, précifément la même que celle qui xéfulte des Triangles. La 16 Juin 1751. 304 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoraLr OBSERVATIONS SURVLES PREPARATIONS DU FONDANT DE ROTROU, ET DE L'ANTIMOINE DIAPHORETIQUE. Par M. GEOFFROY‘. L y a peu de matières dont on tire, par le moyen de a Chymie, autant de préparations utiles en Médecine, que lon en tire de l'antimoine. Toutes ces préparations, même les plus efficaces, & qui ont eu dans le temps de leur nouveauté des fuccès que l'expérience confirmoit tous les jours, font tonibées peu à peu dans l'oubli, & de ce grand nombre de préparations on ne connoît prefque plus que le tartre émétique, le Kkermès minéral, lantiheétique, & le diaphorétique minéral lavé: quelques-unes cependant de ces préparations anciennes reparoiffent avec fuccès, mais fous une nouvelle dénomination, foit qu'elles foient perfec- tionnées ou non: telles font, par exemple, le virum anti- moni ceratum , le fondant de Rotrou & quelques autres. Le vitrum antimonii ceratum dont la préparation a été pu- bliée dans les Actes d'Edimbourg, & dont j'ai donné l'examen à l'Académie en 1745, eft un verre d'antimoine dont Îa vertu émétique eft détruite ou du moins extrêmement afloi- blie par le bitume que la cire, en pénétrant ce verre, a formé en fe brülant. Cette préparation eft nouvelle & fin- gulière dans fes eflets; elle remplit mieux l'idée qu'ont eue quelques Chymifles de corriger l'éméticité du verre d'anti- moine, que toutes les autres préparations de ce genre: tel eft le chylifta d'Hartman connu depuis long-temps, &. qui n'eft autre chofe qu'un verre d'antimoine bien broyé, que lon fait digérer dans de Fefprit de vin impregné de maflic, & aui- Ets CS D'E S\S CNE N° CE S 111 205$ & qui, par ce moyen, fe couvre d'un enduit de cette gomme. Les autres préparations au moyen defquelles on tente de corriger l'éméticité du verre d'antimoine en yÿ appliquant un enduit huileux ou gommeux, ne font pas plus parfaites que le chylifta: auffi font-elles toutes fort inférieures au virrum antimoni ceratum. Le fondant de Rotrou, ainfs nommé parce qu'il fut em- ployé avec fuccès à Saint-Cyr par un Chirurgien de ce nom qui l'appeloit le fondant de Paracelfe, étoit ün fecret dont nous fommes redevables à la libéralité de Louis XIV, qui l'ayant acheté pour la maifon de Saint-Cyr, permit enfuite qu'il füt rendu public. Ce remède fi efficace & fi utile n'eft point nouveau dans le fond, puifque ce n’eft autre chofe qu'un diaphorétique minéral non lavé, préparé avec le régule: il eft vrai que comme cette matière, en fortant du creulet, eft fort äâcre, pour l’adoucir, on y ajoûte fur chaque livre fix onces d'eau de canelle fpiritueufe + & lorfque cette poudre, en fufant dans cette eau comme feroit de la chaux vive, en a abforbé une partie, s’il en refte de fur-abondante, on len- lève en faifant fécher cette matière au bain-marie; puis, pour en affoiblir encore plus lâcreté, on joint à trois parties de ce fondant deux parties de matières abforbantes, comme des coquilles d'œufs lavées &'broyées. C'eft la préparation de ce remède qui m'a engagé à examiner plus exactement que je n’avois fait jufqu’alors, ce qui fe pafle dans l'opération du diaphorétique minéral, & les précautions qu'il faut prendre pour le préparer auffi beau & aufli blanc qu'il eft poñlible. Pour préparer le diaphorétique minéral, il faut mêler l'an- timoine avec trois parties de nitre bien purifié; puis ayant projeté ce mélange par cuillerées dans un creufet, on le cal- cine pendant une heure ou environ, & on édulcore enfuite la mafle par des lotions réitérées : [a liqueur de la première lotion qui eft la plus chargée de fel, eft prefque toûjours d'une couleur bleue, approchante de celle du faphir. On ob- tient par cetté opération une chaux fine & bien blanche, quand l'antimoine dont on seft fervi eft pur; mais comme Mem, 1751, . Qq 306 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'antimoine que l'on tire à préfent de nos mines d'Auvergne eft moins pur qu'il ne l'étoit autrefois, le diaphorétique que Von en prépare, eft prefque toüjours jaune. Cette opération eft même un moyen certain de connoître la pureté d’un antimoine qu'on voudroit eflayer : car la couleur jaune qu’il donne quelquefois au diaphorétique eft une preuve certaine que ce métal contient du fer, & qu'il n'eft pas propre à faire du verre d’antimoine, parce qu’au lieu de donner un verre d'un rouge d'hyacinthe foncé, il fournit une vitrifica- tion d'un jaune trop pâle. Pour remédier à cet inconvénient caufé par le défaut de pureté de l'antimoine, il faut employer pour la préparation du diaphorétique minéral, l'antimoine réduit en régule, & bien purifié par les méthodes ordinaires: j'emploie dans cette opération trois parties de nitre le plus rafiné, contre une partie de régule. Je fais bien que le régule étant un anti- moine déjà dépouillé de fon foufre groffier, deux parties de nitre pourroient fufhre pour enlever à une partie de ré- gule d’antimoine le phlogiftique qu'il contient, en fuppofant que le mélange des deux matières füt parfaitement exact ; & eflectivement il faudroit alors que ce mélange füt beau- coup plus exact que dans l'opération du diaphorétique mi- néral fimple, parce que comme le régule eft déjà dépouillé de fon foufre groflier, la détonation qu'il produit étant mêlé avec le nitre, eft beaucoup plus foible; & par conféquent la male étant bien moins agitée en tous fens pendant Yigni- tion de la matière, il pourroit fe trouver dans le centre du creufet des parties de régule entières, qui auroient échappé plus facilement au contact du nitre, s'il n’y en a que deux parties, qu'elles ne le feront s'il y en a trois. Ainfi on aura par ce moyen une cérufe d’antimoine bien dépouillée de tout fon phlogiftique , & d’ailleurs extrêmement atténuée par le nitre, qui s'eft alkalifé en s'uniffant à ce même phlo- giftique. Ce nitre alkalifé produit les mêmes effets qu'un véritable fel alkali, puifqu’il eff en état de calciner & de dé- compofer le verre à vitre: j'en ai fait voir à Académie des Le DES SCIENCES. 307 morceaux qui prouvent ce que je viens d'avancer ; & voici ce qui m'a donné lieu de faire cette obfervation. Je projetois -dans un grand creufet, au milieu d’un fourneau à vent, un mélange de régule d’antimoine & de nitre purifié, pour pré- parer du diaphorétique minéral : je m'aperçüs dès le com- mencement de mon opération, que le creufet fe fendoit en long; jimaginai, pour faire fervir ce même creufet jufqu’à la fin de l'opération, d'appliquer en dedans, vis-à-vis cette fente, une bande de verre à vitre, que j'avois échauffée peu à peu jufqu'à rougir. Cet expédient me réuflit fort bien, & l'opération s’acheva fans que le verre fe dérangeit; mais lorf que j'eus retiré le diaphorétique, je trouvai que le verre, qui avoit augmenté en épaiffeur, étoit devenu opaque, fpongieux, & qu'il étoit même criblé en bien des endroits. Cette ob{er- vation prouve bien clairement que le nitre alkalifé eft un diflolvant très-puiflant , fur-tout lorfqu’il eft alkalifé par Fu- nion d'un phlogiftique minéral. : J'ai confervé pendant près de fix ans, dans une bouteille de verre bien bouchée, la liqueur de la première lotion du diaphorétique minéral, fans qu'elle ait perdu la couleur bleue de faphir, ni le goût cauftique & brülant qu’elle avoit d'abord, quoiqu'il fe füt précipité au fond de la bouteille un dépôt jaunâtre. J'ai mis évaporer de cette liqueur à Fair dans un plat de porcelaine, -il s'y eft formé à la longue des crif- taux nitreux, des criftaux alkalis & des criftaux triangulaires qui fufoient fur les charbons, en y laiffant un dépôt blanc. La liqueur avoit dépofé au fond du plat un précipité blanc, dans lequel j'ai trouvé des criftaux alkalis qui reflembloient à peu près à des fegmens de lentille; ces derniers criflaux, mis fur un charbon ardent, blanchifient, deviennent opaques en fe calcinant, & jettent à chaque coup de foufflet que Von donne, une vapeur blanche antimoniale, fans perdre cependant leur forme extérieure. Cette maffe faline, après fa calcination , au lieu d'avoir perdu quelque chofe de fa caufticité, femble au contraire en avoir acquis une plus forte, relle tombe en déliquium étant expofée à l'air, & elle dépote Qai 308 MÉmoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE la partie du diaphorétique qui avoit fervi de bafe pour a formation des criftaux. = Ces obfervations n'engagèrent à examiner du diaphoré- tique minéral non lavé, fait par le régule, que j'avois con- fervé depuis plufieurs années dans un poudrier de verre qui étoit fimplement couvert d'un papièr : cette maffe faline s'étant peu à peu imbibée de humidité de Fair, s'étoit écartée, & étoit tombée en farine comme auroient fait de la chaux vive ou des pyrites. Les fels avoient été fondus, & en fe deffé- chant ils avoient rampé le long des parois du bocal : le papier qui couvroit ce bocal, étoit lui-même pénétré par ces {els au point qu'il n'étoit plus inflammable : en le préfentant à la flamme d'une bougie, au lieu de s’enflammer il rougifloit comme un charbon; il fufoit dans quelques inftans, à caufe des particules de nitre non alkalifé dont il étoit pénétré, & il rendoit une fumée blanche dont lodeur approchoit de celle du flux noir qui brüle dans le creufet, parce que le charbon falin & huileux du papier s’'allumoit par le contact du nitre: les vapeurs blanches qui s'en élevoient, étoient produites par les particules de diaphorétique que cette efpèce de flux reflufcitoit en régule, & qui enfuite étoient diffipées par le feu. A l'égard de la mafle faline raréfiée qui étoit dans le bocal, elle avoit perdu toute fon acrimonie; ainfi le fel alkali cauftique qu'elle contenoit au fortir du creulet, s'étoit adouci & changé en fel moyen, en agiffant fur da chaux régu- line pendant qu'il étoit diflous par l'humidité de l'air. Cette obfervation n'a fait foupçonner que les poudres blanches de M. Bideaux & de M. de la Chevalerais, qui font regardées dans le public comme des remèdes fort utiles & préfque univerfels, ne font autre chofe que des prépara- tions à peu près femblables à la matière que je viens de décrire, attendu qu’en les réduifant avec le flux, j'en ai tiré du régule d’antimoine. J'ai appris depuis que ce remède que M. Bideaux, Valet de chambre du feu Roi, diftribuoit au- trefois, étoit effectivement le même que celui de M. de fa Chevalerais: étant ainfi parvenu à connoître la bafe & mème, DES SCIENCES. 309 fhivant toutes les apparences, une partie de la manipulation qui fert à préparer ce remède, j'aurois pù poufler mes re- cherches plus loin , mais j’aurois pris une peine inutile, attendu que M. Hellot à qui M. de la Chevalerais avoit confié la préparation de fon remède, fe difpofe à la rendre publique. Cette poudre de M. de la Chevalerais eft plus ou moins douce, à ce que je crois, felon qu'elle eft plus où moins ancienne ; elle s'adoucit avec le temps : j'en ai que je con- ferve depuis trente ans, qui n’a aucune caufticité, & c'eft en cela feulement que ce remède me paroït différer du fondant de Rotrou. On m'a montré depuis de ce remède de M. de la Chevalerais, que j'ai trouvé trop âcre & trop peu différent du fondant de Rotrou: s’il a été préparé exactement, comme on me l'a afluré, je ne puis attribuer fa trop grande caufti- cité qu'à fa nouveauté; c'eft ce que nous apprendra le pro: cédé dont nous ferons redevables à M. Hellot. H eft important , dans l'opération du diaphorétique minéral non lavé, de ne pas continuer le feu pendant trop lons- temps après que le nitre a abforké & détruit tout le foufre du régule, parce qu'alors étant alkalifé par fon union avec ce phlogiftique, il pourroit fe fondre & percer le creufet très-promptement. I réfuite de tout ce que j'ai rapporté dans ce Mémoire, que le fondant de Rotrou eft, à ce que je crois, la même préparation que le remède de M. de la Chevalerais, mais moins parfaite, puifque ce fondant a befoin d’être adouci ou corrigé par des additions. 1751. 310 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE SUITE DES OBSERVATIONS FAITES AU CAP DE BONNE-ESPERANCE, POUR LA PARALLAXE DE LA LUNE, Avec un fextant de fix pieds de rayon. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. TE Obfervations fuivantes faites depuis le mois de Mars 1752 jufquau mois d'Oétobre de Ja même année, font toutes fort exactes ; je ne les aï faites que dans les nuits les plus tranquilles : l’état de l'inftrument étoit biea connu, & fon plan affez exactement dans le méridien. On peut donc regarder les diftances au zénit, rapportées ci-deflous, comme auffi préciles qu'il eft poflible de les avoir avec un inftrument de fix pieds de rayon, & en conclurre la paral- laxe de fa Lune indépendamment des étoiles, fi on a obfervé en Europe les diftances de la Lune au zénit avec un inf trument bien vérifié. Le 23 Otobre 1752, je reçus au Cap un Mémoire de M. Grifchow, pour faire des obfervations concertées : je m'y conformai aufli-tôt autant que le vent de fud-eft me le permit. Le fextant avoit été démonté de deflus fon pied quelque temps auparavant , mais je me fuis affuré par un grand nombre d'obfervations des deux claires de Ja Colombe qui paflent près du zénit du Cap, que l'axe de la lunette n'avoit fouffert aucun dérangement fenfible. La hauteur du pole au lieu de ces obfervations, eft de 334 55° 15", telle qu'elle réfulte d'un grand nombre d’ob- fervations dont je rendrai compte dans les Mémoires de l'année 17 5 2. DE SUIS CINE NIC,E;S 31Y TEMPS VRAI DisT. AU ZÉNIT, du affectée Paffage au fil vertical * de la Parallaxe de la & funette du Sextant. de la Réfradtion. FUN * Le 6 Mars 1752: 16, 38. 56 Bmer..ess sv. 17. 10. 15 | Le bord fuiv. de Ja Lune. . . Bord auftral. Le 1 8 Juin. $e 52. 3 | Le bord précédent de la Lune. $- 53: 10 | J'ai obfervé Ia dift. au zénit... Bord bor... sr ss Le 19 Juin. 6. 38. 20 | Le bord précédent de la Lune. 6. 39. 23 J'ai pris Ia dift. au zénit. . . . Bord boréal. Le 22 Juin. Le bord prée. de la Lune. . . Bord boréal. GONE OM MONT I OPINION » 014.148. 37,3 110-032-0253 Le bord préc. de la Lune. . .. Bord boréal.| 13. 38. 45,5 Le 25 Juin. 9. 31. Bmer-ssssssssse. ss... 14. Le bord préc. de Ia Lune, . .. Bord boréal. Le'20 Juiller. Le bord préc. de Ia Lune. . .. Bord auflgl. ses see 312 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE | TEMPS VRAI. DisT. AU ZÉNIT. DES SSSR PE E US 3 H M S. Le 21 Juillet 1752. D. M S Le bord préc. de Ia Lune... Bord boréal.| 13. 58. 18,8 Le 22 Juillet. OA 1 Os RO ICRA RCI BL 14. 48. 40,0 . 2 | Le centre de Saturne. . . ......... [02.207 . 13. 27 | Le bord préc. de Ja Lune. . . Bord boréal.| 13. 39. 6,4 Le 23 Juillet. La): r: 302% | Le bord préc. de Ia Lune. . . Bord boréal.| 14. 19. 41,2 HO A2 OR ever ls tette sole NUS en Le 24 Juillet. J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord boréal.| 15. 57. 45,1 + | Le bord fuiv. dela € qui n’eft pas terminé. Le bord précédent étoit dans un nuage au temps de fon paffage au méridien. Le 25 Juillet. II. 3$. 19 Le bord préc. de la Lune. 11. 37. 27 | Le bord fuivant. IN AS TO MIN Ciel tete ee eee 18. 22. 37,0 Le 30 Juillet. 15. 20. 9 | J'ai pris Ja dift. au zénit. . . . Bord boréal.| 30. 6. 51,1 15. 20, 57 | Le bord fuivant de la Lune. DR VW EN 10. 50. LOST Ê Bordboréal. 18. 27. 53,0 Le 24 Aoïtr. Ben os se to core oo. » HERO a - 27.0 16 TES Le bord préc. de FRS préc See DR Bord boréal.| 28. 20. 13,4 1H 2 38 LHON SUOMEE 28 Le 53e Le bord fuivant. bin Din TEMPS VRAI D'E SA SICRLE N°c-E£E 5. 313 Di1ST. AU ZÉNIT. Le 31 Août 1752. Aldebaran 42 57502 MANENUE at J'ai pris la dift. au zénit: . . . Bord boréal. Le bord fuivant de la Lune. D. A. J. Le 1° Septembre. J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord boréal. Le bord fuivant de la Lune. Le 18 Septembre. A Klip-fonteyn, dont la latitude eft 324 41° 58", & la longitude 13 fecondes de temps a l’Eft du Cap, B% a précédé de 2° 1 8” le bord terminé de Ja Lune au mérid. fa diff. au zénit....| 17. 9. 14,6 Bord auf. de la Lune....| 17. 41. 18,7 Le 25 Odobre au Cap. J'ai pris la dift. au zénit . . . . Bord boréal.| ÿ4. $5. 15,0 Le bord fuivant de la Lune. FONCIA RO PTE joucdbootos ÿ4. 51. 46,2 15. 43. 55 | J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord boréal.| $4. 51. $3,2 15. 44. 392 | Le bord fuivant de Ia Lune. 16. 42. 23 (ko co lot éeor sessssosseee.] 54 48. 11,8 Le 28 Octobre. PRE ane eos ose e se Mel 4884 40,0 14. 7. 19 Aldebarn.. "0... 49. 53. 27,8 17. 39. 1$ | J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord auftral.| So. 7. 56,1 17. 40. 26+ | Le bord fuivant de la Lune. Mén. 1751. 314 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ARE LR DIisT. AU ZÉNIT. TEMPS VRAI. DEZ 8. A1. 5 Aie 315558 ASE Leire Novembre 1752. Le bord précédent de la Lune. J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord auflral. > diOrioni see eee reel 40. 0. 36,8 Le 19 Novembre. y de Pégafe .. ,. ee. | 47 48-14 Le bord précédent de la Lune. J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord auflral.| 48. 40. 21,0 DO LME Ra Matte TRE 48. 54 41,1 Le 21 Novembre, NE oc essereseee : | 52.30.3351 Le bord précédent de la Lune. J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord auflral.| 53. 55. 15,4 Le bord fuivant de la Lune. Le 22 Novembre. BEIC CIS. ERA C0 ADN O 0 0 53 29 29,8 J'ai pris la dift. au zénit . .. Bord boréal.| s5. os. 38,7 Le bord fuivant de la Lune. { He. Rates soon s etoile see s4. 48 9,5 {' s'étoit caché fous la € ,à 12h 49° 26”. Le 23 Novembre. J'ai pris la dift. au zénit. . . Bord boréal.| 54. 10. 17,5 Le bord fuivant de la Lune. Le 2$ Novembre. J'ai pris Ia dift. au zénit. . . Bord auftral.| 47. 46. 41,6 Le bord fuivant de la Lune. LEA on Rte « ee 46 41. 58,0 CIO EE AZ Di TRES. 40. 13. 36,5 DES SCIENCES. 315 TEMPS VRAI DisT. AU ZÉNIT. RE à Le 26 Novembre 1 7 52. NAN 15- Oo. 29+ | 8 Procyonis . . ... ... RAS LC CON 42. ,40. 18,4 17. 17. 47 | J'ai pris la dift. au zénit. . : Bord auftral.| 43. 29. 30,9 17 18. 56 Le bord fuivant de la Lune. Le 14 Décembre. : 6. 27. 48 Le bord précédent de la Lune. 6. 28. 51 J'ai pris la dift. au zénit. . .. Bord auftral.| 38. 2. 34,2 9. 18. 20 |aCeri. .... ee tote este siole cle tete 37* ©. 47,8 Le 17. Décembre 8. 55. 242% | Le bord précédent de la Lune. : 8. 56. 31 J'ai pris la dif. au zénit. . . . Bord auftral.| so. 14 2,6 LR TON TRE EPA O TO EN D ERA ER AO ERP PE 48. $4. 31,5 10. 37. + | Aïdebaran. Meet cu 49. 53- 23,7 4 I 8 Pa 9. $2. 112 | Le bord précédent de Ia Lune. i 9+ 53- 23 | J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord auftral.| ; 2. 56. 31,9 HOT AS- MSN E Dee ule ÉTÉ Did DEAR HS 2. 300924 Le 27 Décembre A4 Il Fyarr lie leieie et 18. 18. 44 | J'ai pris [a dift. au zénit. . . E Bord Rr 18. 19. 48 Le bord fuivant de Ia Li Le 14 Janvier 175 3. 7- 23. 59 Le bord précédent de 1a Lune. Ê ZEN J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord auftral. Sie 33e S133 8. 34. 42 PR oO LÉDER NT ANR METRE cs] 49. 53: 19,5: BON GEAOTD À GLOBE MMS 224210 34,3 10. 20. 12 Le bord précédent 5 la Lune. 10. 21. 20 J'ai pris Îa dift, au zénit, . : . Bord boréal. 54: 18. 45,3 26. 18. 36,6 26. 11. 55,7 Rri 316 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TEMPS VRAI. 7H .….. Le bord précédent de la Lune. J'ai pris la dift. au zénit. . . Bord boréal. Le bord fuivant mal terminé. Le 19 Janvier. 8. 13. 30 Aldebaran. . ......... Done 12, 24. $22 | Le bord précédent de la Lune mal terminé. 12. 26. 4 | J'ai pris la dift. au zénit. . . Bord boréal. 12. 27. 17 | Le bord fuivant de la Lune. a 5 caché à l'inftant du paffage . . . .... æ S au travers d'un nuage. ........ Le 22 Janvier. Le vent empêche d’obferver e £). 15. 9. 39 | J'ai pris la dift. au zénit. . . Bord auftral. 1$. 10. 40 Le bord fuivant de la Lune. 15. 14 57 By... Moss. seit Le 1 3 Février. 8. o. 32 | Le bord précédent de la Lune. 8. 1. 39 | J'ai pris la dift. au zénit . . . Bord boréal. 8. 23. 514 |rH.......... Sao sta PRANUES #2: 10. 39. 492 | dis... 0.00. en 16. 12. 39 | Arclurus. ...... see oi ….. Le 14 Février. 9 ©. 50 Le bord précédent de la Lune. 9. 2. o | J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord boréal.| 53. DES SCIENCES. 317 TEMPS VRAI. DisT. AU ZÉNIT. Le 15 Février DAS Aldebiran era ANNE Le bord précédent de Ia Lune. J'ai pris la dift. au zénit. . . Bord boréal. Le 16 Février. Le bord précédent de Ia Lune. J'ai pris la dift. au zénit, . . . Bord boréal. 46. 31. 29,3 HOLERS RENE EAU ES ENTIER 44. 54. 4,1 CP ETC ANT PO OI PERTE ....| 26. 18. 24,9 J'ai pris la dift. au zénit. . . . Bord auftral.| 26. 1. 26,5 Le bord fuivant de Ja Lune. Le 24 Février. Pme tele tels Me statue Jacoaue 14. 48. 38,8 J'ai pris Ia dift. au zénit. . . Bord auftral. 14. 36, 39,3 Le bord fuivant de la Lune. REMARQUES. Pendant les derniers jours de Février 175 3, & les pre- miers jours de Mars, j'ai vérifié toutes les divifions du fextant avec lequel ces obfervations ont été faites: j'y ai trouvé très- peu de fautes, &, aflez petites pour que l’on en puiffe attri- buer la plus grande partie à la vérification même: de forte que l'on peut s'aflurer qu’il n’y a pas d'erreur fenfible à craindre de la part de cet inftrument. Je rendraï compte ailleurs du détail des opérations que j'ai faites à cette occafion. Dans les Obfervations imprimées parmi les Mémoires de | Rr üj 318 MÉmotres DE L'ACADÉMIE RoYALE l'Académie pour l'année 1748 , il s'eft gliflé un aflez grand norhbre de fautes. Pour les découvrir, nous avons vérifié, M. de la Lande & moi, toutes les obfervations des diftances au zénit fur les Journaux & Regiftres originaux, & nous avons trouvé les corrections fuivantes. Dans les Obfervations de la parallaxe de la Lune, Life Au lieu de r7sre 12 Maise 218155" 56,34... . 120415 56",;3 13 Aoltre $4+ 37e 153 =. + 54138: 1,3 1 Septise 15: 40. 21,6 « - + «+ 1$- 40. 29,2 x Septose 18. 22. 1754 ee « 18.122-0227 2USEPr TBE z2 7: 7he cel 222108 2 épr.: TO 3 NS 6er COTON A0 plOGob Sa NS. 347 cree SLT 25,4 10 Oéfob., $4r SI. 40,5 . . . . S4. 51. 43,5 4 Nov... $$. 57: 44,9 « . ... 55: 56: 44,9 6 Déc... 46. 33. 36,8 ..... 46. 38. 36,8 DEN DEC, NS 20128-11838 ehelereue 2. 58. 18,8 1752, 21 Janv. 42. O0. 54,6 . . . .. 42. 10. 54,6 3 Févr... 26. fé 2-3 ele ele 26.144873 260 FEV «47-003. 05350. A7 RS 5330 a are diarid ete . x & Em Partout. He. . ES & Er Dans les Obfervations de la parallaxe de Véus, 1751 27) Oobs. 12: 56: 38,3 « . + 12: $$e 38,3 Dans les Obfervations pour la parallaxe de Mars. Le 26 Sept. mettez a 2x pour y = 1.1 DES SCIENCES. 319 M EM ONNERNR LE Sur une réfine élaflique, nouvellement découverre à Cayenne par M. Frefneau: Et fur l’ufage de divers fucs laiteux d'arbres de la Guiïane ou France équinoétiale. Par M. DE LA CONDAMINE. hr en 1736 à l’Académie, par la voie de feu 26 Février M. du Fay, peu de temps après mon arrivée à Quito, "751: quelques rouleaux d’une maffe noïrâtre & réfineufe, connue en cette ville fous le nom de Caoutchouc {Cauchuc fuivant Yor- thographe Efpagnole). C’eft le nom que donnent à cette ma- tière les Indiens de la province de Maïnas, chez qui elle eft fort commune, & qui en font divers ouvrages : je l'avois ap- portée à Quito de la province d’Efmeraldas, que je venois de traverfer, & dans laquelle elle porte un autre nom. Voici ce que j'en difois dans l'extrait d’obfervations que nous envoyarmes, M. Bouguer & moi, à Académie, le 24 Juin 1736, & qui doit être tranfcrit fur le regiftre, mais qui n'a pas été imprimé. ; « Il croît dans les forêts de Ia province d’Efmeraldas un . arbre appelé par les naturels du pays Æhiévé (les Efpagnols « écrivent Jévé) : il en découle par la feule incifion une réfine « blanche comme du lait; on la reçoit au pied de l'arbre fur « des feuilles qu'on étend exprès; on lexpole enfuite au foleil « où elle fe durcit & fe brunit d’abord extérieurement, & en- « fuite en dedans. On en fait des lambeaux d’un pouce & demi « ou deux pouces de diamètre fur environ deux pieds de I6ng: « on les enveloppe d'une double feuille de bananier ou de « Bihhao (Bixao) pour la contenir quand elle eft liquide & « _enflammée. Les flimbeaux ainfi préparés sallument fans « mèche, & ne coulent point quand ils font en place; ils ont « 320 MÉMoïREs DE L'ACADÉMIE RoyaLe » un peu d'odeur, mais qui n'eft nullenient defagréable: feur- » lumière eft très-vive, & une moitié de flambeau préparé » comme jai dit, dure environ douze heures. J'ai appris de- » puis mon ariivée à Quito, que l'arbre d’où diffille cette ma- » tière, croît aufli fur le bord de la rivière des Amazones, & » que les Indiens Maïnas la nomment Caoutchouc; ils en cou- » vrent des moules de terre de la forme d’une bouteille; ils » caflent fe moule quand la réfine eft durcie: ces bouteilles » font plus légères que fr elles étoient de verre, & ne font point fujètes à le cafler ». | C'étoit tout ce que je favois au fujet de Ia réfine Caou- chouc en 1736: j'en avois fait ufage habituellement pour m'éclairer les nuits pendant ma route, en remontant la rivière des ÆE‘meraudes, & fur-tout pendant mon féjour dans les bois de Sylanché, lieu de mon débarquement, où je fus retenu onze jours, faute de guides & de monture pour me rendre à Quito. Pendant le long temps que nous avons refté dans la Pro- vince dont cetie ville eit la capitale, j'ai fà qu'on employoit le Caoutchouc à beaucoup d'autres ufages. On s'en fert pour vernir des capotes de toile qui font impénétrables à la pluie, mais un peu lourdes : j'en fis enduire un gros canevas taillé pour fervir de furtout à un quart-de-cercle de trois pieds de rayon; ce qui me donnoit la facilité de laifler l'inftrument monté fur fon pied, à l'abri de la pluie & de la neige. J'ap- pris auffi que dans les miflions de AMaïnas, à Vorient de la Cordelière des Andes, on faifoit avec le Caoutchouc des bottes qui ne prenoient point l'eau, & qui reffembloient tout- à-fait à du cuir quand elles étoient pafices à la fumée. Je ne répéterai point ici ce que j'ai dit de la grande Voyeg Mén. élafticité de cette réline dans ma relation de Y' Amazone, ni 174911-#30- des ufages auxquels l'emploient les Omaguas dans le centre du continent de Amérique méridionale; ufages qui ont été fort étendus par les Indiens du Para, où les Portugais ont donné à l'arbre qui produit le Caoutchouc, le nom de bois Séringue (pao de Xiringa) parce qu'ils font de cette réfine des DES SCIENCES. 321 des feringues, à limitation des Omaguas : ce font de petits balons creux, de Ja figure d’une poire, auxquels on ajufte une canulle. On moule encore au Para cette nutière en différentes formes; on en fait des figures d'animaux, des boules creufes ou folides, ornées de compartimens en creux & en relief, qu'on y imprime quand la matière eft encore : molle, &c. Un Créole du Para, fils d'une mère françoile de Cayenne, où if me füivit en 1744, y avoit apporté un grand nombre de ces petits ouvrages ; ce qui réveilla l'attention des habitans fur 11 recherche de farbre qui produit cette réfine; cet arbre jufqu'alors étoit inconnu dans la Colonie où il vient d'être découvert, comme on le va dire. C'eft fans doute de la même matière, ou du moins de quelqu'autre fort analogue, que font faits ces anneaux dont quelques Voyageurs ont rapporté qu'on fait des bagues qui deviennent, quand on veut, des bracelets, des colliers, & même des ceintures. Il y a de l'exagération dans ce dernier fait, & beaucoup plus que de l'exagération dans ce que rap- portent quelques Auteurs graves, qui ont prétendu qu'il fe trouvoit dans l'ifle de Saint-Domingue une matière fi élaftique , que les balles qu'on en formoit rebondifioient plus haut que le point d'où on les avoit laiflé tomber. S'ils n'ont pas aperçu ce qu'une pareille fuppofition a de contraire vaux loix de a Phyfique, il leur fufhfoit, pour en fntir Yabfurdité, de faire réflexion aux conféquences. Il eft évi- dent qu'une femblable balle qu'on laïfleroit tomber librement fur un plan horizontal, remontant & retombant alternative- ment, & sélevant toüjours plus haut après chaque chûte, faivant leur fuppolition, acquerroit un mouvement qui n'au- roit de bornes que limmenfité quant à lefpace, & que l'éternité quant à la durée. Le Caoutchouc ne fe diflout ni dans l'eau, ni dans les liqueurs fpiritueufes; du moins j'en ai gardé plufieurs mois fans que feau pure ni lefprit de vin aient caufé d'altération #enfble au corps plongé, fi ce n'eft que fa couleur devenoit un peu plus claire. J'ai remarqué que la mafñle flottoit à Mn. 175 re . Sf * Vo. Hif. de l Acad. année 1745: p. 66. 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fleur d’eau dans l'eau pure, & qu’elle avoit feulement dépofé quelques particules au fond du vafe: elle va à fond dans V'efprit de vin fans rien dépoler, & la liqueur conferve toute fa limpidité. Cette matière fe ramollit & devient fouple dans l'eau tiède, & même dans l'air quand le thermomètre de M. de Reaumur marque de 20 à 30 degrés au deflus de la congéla- tion F. J'ai fait diflérens eflais dans la vûe de l’amollir aflez pour la paîtrir & la mouler de nouveau : je n’ai pü y réuffir. Ce n'’eft que lorfqu’elle eft encore liquide, qu'elle peut fe lier & recevoir toutes les formes qu'on veut lui donner. Dans les féjours que j'ai faits en divers lieux fur les bords de l’ Amazone, & pendant le cours de ma navigation, j'étois fur-tout occupé d'obfervations aftronomiques, de détails to- pographiques, & de tout ce qui pouvoit contribuer à la per- fection de la Carte que je levois du cours de ce fleuve; ce qui ne me permettoit pas de donner aux recherches d'Hif- toire Naturelle tout le temps que j'aurois defrré. J'étois d'au- tant plus tranquille à cet égard, que j'avois fur qui me repofer de ce foin, dans Don Pedro Maldonado, mon compagnon de voyage, que fon goût & fes lumières rendoient propre à tout, & que l’Académie a honoré de fes regrets *. Pendant le temps qu'il m'avoit attendu à la Laguna, chef-lieu des Miffions elpagnoles, où il étoit arrivé plus d'un mois avant moi, il s’étoit appliqué particulièrement à s'inftruire fort en détail, à laide des Miffionnaires & des Indiens dont il en- tendoit la langue, fur toutes les productions du pays, fur les pratiques & les diverfes induftries par lefquelles ces Nations pourvoient à leurs befoins, & fuppléent aux arts qui leur manquent. Chez les Omaguas où nous paflames peu de temps après, & fur-tout au Parà où nous fimes un long féjour, un des principaux objets de notre curiofité fut la réfine qui fait le fujet de ce Mémoire. M. Muldonado eut une attention particulière à recueillir tout ce quil put apprendre à ce fujet, & fur fa manière de la préparer , avec d'autant plus d'ardeur qu'il étoit Gouverneur de la province d’E/meraldas, # Le plus ou le moins dépend de J'épaiffeur de Ja mañle. À vote mnt age nr nd on De à DES SCIENCES. 323 où j'ai dit que cette matière étoit commune, & où l’on ne s’en fert guère qu'à faire des flambeaux. Ses recherches fur Je Caoutchouc devoient faire un des articles les plus curieux de fes Mémoires, qu'une mort prématurée Ja empêché de mettre en ordre & de publier : fes papiers reftés en dépôt à Paris chez un de fes compatriotes, ont été remis à M. Yambaffadeur d'Efpagne par ordre de S. M. C. fans que j'en aie eu communication. Comme je n'avois écrit aucun détail fur larbre qui produit le Caoutchouc, ni fur la préparation de fa réfine, j'attendois de nouvelles inftruétions du Para, lorfque j'ai reçû un Mémoire qui laïfle peu de chofe à de- firer fur ce fujet. I eft de M. Frefneau ; Chevalier de l'Ordre militaire de S. Louis, ci-devant Ingénieur à Cayenne où il a pafé quatorze ans. Après de Jongues recherches, il a enfin découvert dans cette Colonie l'arbre d’où difille le Caout- chouc ; il s'eft informé-foigneufement des Indiens du Para, de Ia manière dont ils le mettoient en œuvre: il a fait en- fuite lui-même, avec l’adreffe & l'intelligence dont il a donné bien d’autres preuves, des expériences qui ont été fuivies du plus heureux’ fuccès. On en va voir le détail dans Le Mé- moire fuivant. Expériences de M. FRESNE AU. Les petits ouvrages de réfine élaftique (c'eft M. Frefneai qui parle) apportés en différens temps à Cayenne par les Portugais ou les Indiens du Para, m'avoient donné beau- coup de curiofité de connoître l'arbre dont on tiroit cette réfine : on prétendoit qu'il ne fe trouvoit que fur la rivière des Amazones, mais le terrein de Cayenne étant limitrophe, peuplé des mêmes animaux, & fertile en mêmes produc- tions que les bords de Ÿ Amazone, je ne doutai point qu'avec d’exaétes recherches on ne parvint à découvrir cet arbre dans Pintérieur de notre Colonie. J'intéreffai plufieurs Indiens par de petits préfens de mercerie, & fur-tout par de l’eau de vie, qui eft encore plus de leur goût : je fus la dupe des efpérances que quelques-uns d'eux m'avoient données. HOT formai {a Sf i Figure 1.re Figure 2. 324 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE réfolution de faire des eflais, en mélant le fuc laiteux que donnent un grand nombre d'arbres du pays; les uns étoient trop liquides pour faire corps, quelques-uns extrêmement gras, étoient inalliables avec d’autres de mème nature, mais plus fecs. J'ai cependant éprouvé que fi fon mêle le fuc lai- teux du Mapa avec une égale quantité du fuc du figuier fauvage, en travaillant le mélange comme il fera dit, on. parvient à faire une efpèce de courroie ou de femelle fem- blable à du cuir. L'arbre Mapa, que ceux du Parà nomment Amapa , eft fi connu & fi commun, que je néglige d'en faire la defcrip- tion * ; je dirai feulement que c’eft un arbre qui vient très- haut & fort gros, fans être branchu; fon écorce eft life, & fa feuille reflemble aflez à celle du tilleul de Hollande, hors qu'elle eft un peu plus large. DESCRIPTION de divers arbres de la Guiane, par M. Frefneau. Le figuier fauvage, que les Portugais nomment grande Comacaï , eft un arbre extrèmement gros; j'en ai vü qui, à dix pieds de hauteur, avoient vingt-quatre pieds de circon- férence ; fes branches tortues s'étendent au loin, il reffemble aflez aux chênes qui viennent feuls & ifolés dans la campa- gne; fon écorce eft raboteufe; il eft entouré & foûtenu d’une douzaine de fortes racines qui reffemblent à des arc-bou- tans, ou pluftôt à des contre-forts pleins, qu'on nomme dans le pays arcabas : ce font des triangles inégaux polfés ver- ticalement, dont le plan a depuis cinq pieds jufqu'à dix de bafe; leur largeur va en diminuant, & fe réduit à rien à douze pieds de hauteur quand l'arbre eft gros. La bafe de ces mêmes triangles fe prolonge à fleur de terre en racines raboteufes, qui rampent jufqu'à vingt & vingt-cinq toifes du tronc. La feuille eft rude & épaifle, elle a cinq à fix pouces * Cet arbre doit donc être décrit dans la France équinoctiale de Barrere; mais il l’eft fans doute fous un autre nom, & je n’ai pas encore reçû de Cayenne les éclairciflemens que j’attendois fur l'arbre que M. Frefneau nomme #apa. DES SCIENCES. 325$ de long fur environ trois de large, elle forme à fa queue un cœur, comme beaucoup d'autres feuilles : fon extrémité eft arrondie, & s'incline du côté gauche de celui qui Ia regarde par dedans la pointe en haut, comme fa fig. 2 la repréfente ; elle eft aflez life intérieurement, & ordinairement tachetée de jaune & de feuille-morte. Le fruit reflemble à certaines figues rondes d'Europe, Figure 3, mais il eft plus dur; il a la peau unie, & il eft rempli de petites graines; fon diamètre eft d'environ un pouce, fa queue, de trois cinquièmes de pouce, fe détache des branches avec le fruit mûr, & tombe en fi grande abondance au premier vent, que le terrein en eft couvert à plus de dix-huit toifes aux environs ; il fait du bruit quand on l’écrafe en marchant, & s'attache aux pieds par un lait glutineux femblable à celui que contiennent l'écorce & les racines. Les arras, les perro- quets & les quadrupèdes mangent de ce fruit. Le fuc de cet arbre, que nous avons nommé fguier fan- vage, S'aMie encore mieux avec Île fuc d’une efpèce de poirier que nous ailons décrire, qu'avec le fuc du Mapa. Du méange de deux parties de fuc laiteux de ce poirier, que les Portugais nonyment au Par, Couma , avec trois parties de Comacaï ou figuier fauvage , il réfulte une efpèce de cuir plus parfait que celui dont nous avons parlé, qui fe fait en mélant parties égales du fuc de ce même figuier & de celui du Mapa. L'arbre que les Portugais du Para appellent Couma, du nom indien, abonde en sève laiteufe, par laquelle, & par la figure de fon fruit il reffemble plus à un figuier qu’à un poirier: fa tige eft auffi haute que celle des plus grands chênes, & garnie de branches. L'écorce eft afez égale; les racines piguent & fe plongent en terre, fans tracer au dehors comme celles Figure 2. du figuier fauvage. La feuille a la forme d’un fer de lance & fes deux extrémités pointues; elle a trois ou quatre pouces de long fur deux à trois pouces de large; elle eft un peu rude en.deflus, & d'un verd clair & plus fale en deflous *, Le fruit reflemble à la neffle, il en a la couleur & Ia Figure 5. n À Ficus folio citrei acutiore , fruélu viridi, Plumier. Barrer. pag. 52, Sf ii Figure 6. Figure 7. Figure 8. Figure 9. 326 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE confiftance dans fa maturité ; la peau eft fort fine, & ren- ferme des graines velues de la forme d'une petite lentille: toutes ces graines raflemblées peuvent égaler la fixième partie du volume du fruit; fon diamètre tranfverfal eft d'environ ‘an pouce trois quarts, & de deux pouces un quart de a queue à la tête. Ce fruit fe mange & eft pañablement bon, il poiffe les lèvres, & produit le même effet que {a neffle; les quadrupèdes en font friands. J'ai découvert un autre arbre dont le fuc laiteux s'épaiffit fans aucun mélange, & a beaucoup de rapport à celui qui donne la réfine élaftique; cet arbre, qui eft très-rare dans la Guiane , n'eft connu fous aucun nom, ni des habitans ni des nègres de Cayenne. Les Indiens portugais, de qui je me fuis informé s'ils le connoifloient, ne m'ont point appris le nom que lui donnent les naturels du pays dans leur langue, mais feulement qu'il étoit connu au Parà fous le nom de pao comprido, qui veut dire en Portugais, bois long. En effet, cet arbre eft extrèmement haut, de grofleur proportionnée, fans branche autour de fa tige, avec une belle tête ronde & de petites racines où arcabas (Voyez ci-deffus) traçantes autour du tronc: il abonde extraordinairement en fuc laiteux, qu'on dit être corrofif. & dangereux pour les yeux, s'il en rejaillit lorfqu’on entaille le tronc. La feuille de cet arbre eft pointue, tant à fa queue qu'à fon autre extrémité, liffe en dedans & rude en dehors, de couleur verd clair tirant fur le jaune; elle a environ trois pouces de long fur un pouce de large : les nervures font à peu près comme dans Ia feuille du poirier de France. Le fruit de cet arbre eft long, & gros à peu près comme le petit doigt; quand if eft mur, il eft jaune, fon noyau eft fort long & dur: on mange de ce fruit, qui eft doux & agréable au goût ; les perroquets, les arras & toutes les efpèces de finges en laïflent peu tomber fur Ia terre. Le deffein en fait voir la forme, ainfi que celle du noyau. Les expériences que je fis fur Ja manière d'employer le fuc laiteux de cet arbre, & dont je rendrai compte, ache- vèrent de me perfuader, ce dont j'avois douté jufque-là, qu'il Û D E S,9 GAUE AN C ES 327 pouvoit y avoir un arbre dont la sève laiteufe, fans autre mélange, fit cette réfine élaftique dont parle M. de la Con- damine dans fa Relation de la rivière des Amagones *, ce qui me fit penfer à m'en informer des premiers Indiens portugais, que je pourrois rencontrer. Le hafard n'apprit que l'équipage du canot qui fut employé à une pêche de lamentin , n'étoit compofé que d’Indiens Nouragues, fugitifs des Miffions portugailes qui réfident à Mayacaré. J'invitai ces Sauvages à entrer chez moi, je les accueillis, les fis affeoir & les régalai d'eau de vie; heureufement il s’en trouva un parmi eux qui parloit françois. Après diverfes queftions, je leur demandai s'ils connoifloient l'arbre avec le fuc duquel les Portugais faifoient des feringues & d’autres ouvrages que je leur montra; plus véridiques & mieux inflruits que ceux qui m'avoient long-temps amufé, ils me dirent qu’il y avoit chez eux beaucoup d'arbres d'où couloit la réfine élaftique que je cherchois, ce qui me fit grand plaïfir; mais il ne m'étoit pas poflible, en temps de guerre, de m'éloigner de 4e lieues de la place de Cayenne, outre que les circonftances de la faïfon, des vents & des courans rendoient alors imprati- cable le voyage de Mayacaré. Je me réfolus donc à cher- cher avec foin cet arbre dans les bois des environs de Cayemne, où je ne doutois pas qu'il ne fe trouvât; j'engageai d'abord mes Nouragues à imiter avec de la terre glaife le fruit de cet arbre qu'ils connoiffoient fi bien; je les trouvai beaucoup plus officieux & plus complaifans que nos Sauvages, qui, livrés à leur pareffe naturelle, ne font que d’un foibie fecours aux François. Les Nouragues me donnèrent donc en terre glaife la forme d'un fruit triangulaire qui devoit renfermer trois amandes, que produit l'arbre qui donne Ia réfme élaf- tique; celui-là même que les Portugais appellent Pao xiringa, {bois de feringue) & qui fe nomme à Quito, Caoutchouc, fuivant le rapport de M. de la Condamine: je leur fis auffi deffiner la feuille, qu'ils me diren 1reffembler aflez à celle du Manioc: Muni de ces deux indises, je ne doutai plus de la réuflite de ma recherche; je congédiai mes Indiens, à qui * Page 78, édit, de 1 us So m-oflavo, ! 328 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE je donnai une bonne provifion de jel que j'avois fait dans un marais, à la manière de Saintonge & d'Aunis. Je ne penfai plus qu'à faire plufieurs modèles du fruit de l'arbre feringue, que je diftribuai aux Nègres chaffeurs, les plus intelligens : j'en -envoyai auffi à Aprouague, à la Comté & à Oyapok, différens quartiers de la Colonie; peu de temps après j'eus la fatisiac- tion d'apprendre que le fieur Aérigot, demeurant à Aproua- gue, y avoit découvert un pied de Farbre dont je lui avois donné le fruit modelé, en le priant de faire des recherches. Impatient de me fatisfaire, j'eus recours à M. d'Orvilliers, Commandant de la Colonie (& depuis Gouverneur); il nvac- corda un canot aux frais du Roi; & pour rendre mon voyage doublement utile, il. me chargea de lever la carte de a rivière d’Aprouague & de celles que je remonterois. M. de Vfle- Adam , Commiffaire ordonnateur, pourvut le canot de vivres & de merceries pour le paiement des Indiens. J'arrivai chez le fieur AMérigot, où je trouvai un très-beau pays, juf- qu'ici défert, mais d'un excellent terrein & très-propre à éta- blir des fucreries. Le jour même, je vis l'arbre que je cher- chois, & j'enduifis quelques ouvrages de carton que j'avois préparés à Cayenne. Le lendemain, je remontai la rivière Aa- taruni, où j'avois appris qu'il y en avoit une grande quantité; jy arrivai de nuit; je fus bien reçû des Sauvages Couflaris, qui vinrent m'éclairer avec des lambeaux d’écorce d'arbre: nous trouvames les femmes & les enfans occupés à danfer. Le Chef me fit tous les honneurs qui fe pratiquent chez eux; on nous offrit de leur boiflon dont je ne bus point, on nous fervit pour fouper un Amara defféché à la fumée, qui eft un bon poiflon à écaille. Je fis voir aux Couflaris le fruit que j'avois de l’efpèce d'arbre que je defirois voir mul- tiplié, & leur fis demander s'il y avoit de ces arbres aux environs de chez eux; ils répondirent en leur langue qu'il y en avoit beaucoup. J'envoyai mes Indiens Nouragues recon- noître les lieux de grand matin, je trouvai un nombre infini d'arbres qui bordoient des deux côtés la rivière Mataruni; jen fis entailler plufieurs pour en:tirer le fuc laiteux, il fe trouva his ét. ous D':E :55:4 SUGIMBEL NNC LE /5: 329 trouva épais, & je ne pus en ramaffer, pendant les fix jours que je pafiai chez les Sauvages Couffaris, qu'une petite quan- tité, dont je me fervis pour faire une paire de bottes & pour d’autres petits ouvrages, comme feringues, boules élaftiques & bracelets : c'étoit au mois d'Oétobre, qui eft la fin de l'été de ce pays-là. Il y avoit eu durant cette faifon une grande & longue fécherefie, qui vrai-femblablement avoit occafionné l'épaifliflement de la sève de ces arbres. DESCRIPTION de l'arbre Seringue , (ainfi nommé par les Portugais du Parà; Hhévé par les habirans de la province d'Efmeraldas, au nord-oueff de Quito: & Caoutchouc chez les Maïnas). Cet arbre eft fort haut, très-droit, ayant une petite tête, & fans autres branches dans toute fa longueur. Les plus gros dans la Guiane n'ont guère que deux pieds de diamètre, & . toutes leurs racines font en terre: fon tronc eft plus gros vers fa bafe, & écailleux à peu près comme une pomme de pin; la feuille reflemble affez à celle du ÆManioc, c'eft- à-dire qu'elle eft compofée de plufieurs feuilles de grandeur inégale, portées fur la même queue, tantôt au nombre de cinq, tantôt de quatre, & le plus ordinairement de trois. Les plus grandes feuilles qui occupent le centre, ont environ trois pouces de longueur, & trois quarts de pouce de largeur ; elles font d’un verd-clair en deffus, & plus pâle en deflous. Le fruit de cet arbre eft une coque triangulaire, femblable * par fa figure au fruit du ricin ou pala Chriffi, mais il ef Figure 10. Figure 11. Figure 12. beaucoup plus gros; la fubftance de la coque eft épaifle & Figure 13. ligneufe : cette coque a trois loges qui renferment chacune une feule femence ovale & de couleur brune, où fe trouve Figure 14. une amande, Ufages qu'on peur faire de cet arbre à de fon fruir. L'arbre Seringue eft fur-tout très-propre pour faire de. : petits mâts d'une feule pièce & des mèches aux gros mâts. Mém. 175$ 1. CUT Figure 15. 30 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE left léger & extrêmement liant, il vient très-droit & très- haut. L'amande qu'il porte étant pilée & bouillie, donne une graifle fort utile aux Indiens pour préparer leurs mêts, {lon le rapport qu’ils m'en ont fait; de plus, les perroquets, les arras & les quadrupèdes mangent cette graine, ce qui prouve qu'elle n'eft pas mal-faifante. Quant à la manière de tirer & d'employer le fuc de Yarbre Caoutchouc, ainfi que celui des autres arbres dont j'ai parlé dans ce Mémoire, voici le réfultat de mes expériences. On commence par laver le pied de l'arbre, enfuite on fait avec une ferpe des incifions en long, mais un peu de biais, qui doivent pénétrer toute l'épaifleur de l'écorce, ayant attention de les faire les unes fur les autres, en forte que ce ui fort de l'incifion d'en haut tombe dans celle qui eft au deffous, & ainfi de fuite jufqu'à la dernière, au bas de la- quelle on met une feuille de balifier ou autre femblable que l'on fait tenir avec de la terre glaife pour conduire le fuc dans un vafe qui eft placé au pied de Farbre. Pour employer les fucs laiteux des divers arbres dont j'ai fait mention, & qui font tous réfineux; on fait un moule de terre ghife, felon ce qu'on a deflein de former, & pour le tenir plus commodément, on enfonce un morceau de bois dans l'endroit qui ne doit point être enduit de fuc laiteux : c’eft ainfi qu'on conferve dans ces ouvrages une ouverture par laquelle on fait fortir enfuite la terre glaife en y introduifant de l'eau pour la délayer. Un moule quelconque étant formé, poli & adouci avec de l'eau, & préparé comme il a été dit, on l’enduit entièrement de fuc laiteux avec les doigts, après quoi on expole cet enduit fur une fumée épaifle, où l'ardeur du feu fe faffe peu fentir, en tournant fans cefle pour que le fuc fe répande également fur le moule, & pre- nant bien garde que la flamme ne fatteigne; ce qui feroit bouillir le fuc laiteux , ou il fe formeroit de petits trous. Dès qu'on voit une couleur jaune, & que le doigt ne s'attache plus à ce premier enduit, on met une feconde couche que Yon traite de même, & ainfi des autres, jufqu'à ce qu'on D! EL SMISNCMRIE INT C'EN'S: CE juge qu'il y ait afez d'épaiffeur, & alors on tient fa matière plus long-temps fur le feu, afin d'en faire évaporer toute lhumidité, & qu'il ne refte plus que la réfine élaftique qui n'eft, comme je le penfe, qu'une efpèce d'huile réfineufe, condenfée & dépouillée de fa partie féreule, qui s'eft éva- porée peu à peu à la chaleur de la fumée épaifle fur laquelle cette huile a été expofte pendant l'opération ; enfin les ou- vrages feront d'autant plus folides, qu'on y aura employé plus de couches. Quand l'ouvrage eft fraîchement fait, avant méme de le deflécher parfaitement, on peut faire tel def fein que l'on fouhaite avec une pointe de fer ou de bois dur: j'ai auffr imité des coutures de. bottes avec un morceau de bois denté à diftances égales, avec lequel, en l'appliquant à plat, je faifois refluer la matière tout le long de la couture feinte, toûjours du même côté, ce qui formoit une trace en zigzag; enfuite j'appliquois outil de l'autre côté en fens con- traire , en faifant femblablement & à pareille diftance refluer la matière, obfervant de placer les vuides de foutil vis-à-vis le plein de ce qui étoit déjà formé. Par ces deux opérations, j'ai imité une couture où J'alène ni le ligneul n'ont point eu de part. J'ai fait auffi de certains agrémens avec le canon d'une clef, dont je me fuis fervi à peu près comme d'un emporte- pièce: j'ai encore percé un morceau de bois de fix lignes de diamètre, & environ deux lignes d'épaiffeur, comme on le voit au profil, dont les bords étoïent moins épais & dentelés vers le milieu, j'ai fait de petits trous en rond & un au centre; en appliquant cet outil fur la matière réfineufe dont jai parlé, il formoit une figure autour de laquelle on peut faire des rayons avec la pointe ci-deflus: de même on ima- ginera d’autres agrémens tels qu'une roulette de pâtiflerie, &c. qu'on pourra mettre en pratique, & poncer tels deffeins » LJ x qu'on jugera à propos. Ufages des différens fucs laïreux ci-deffis mentionnés. Figure 16. Figure 17. Fioure 18. Figure 19. Figure 20. Avec ces différens fucs & de la toile, on pourroit faire - Tti 332 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE des prélats*, des manches de pompe, des habits de plon- geurs, des outres, des facs pour renfermer du bifcuit en campagne, &c, fans crainte que cette matière donnät aucune mauvaile odeur ; mais toutes ces chofes ne peuvent s'exé- cuter que fur les lieux où croiffent ces arbres, car ces fucs perdent bien-tôt leur fluidité, & plus particulièrement celui de l'arbre Caoutchouc. L Je crois devoir avertir que les ouvrages nouvellement fa- briqués & approchés les uns des autres, fe collent pour peu qu'ils fe touchent, fur-tout quand le foleil donne defius ; mais j'ai trouvé le moyen d'empêcher cette union & de donner fur le champ à la réfine élaftique la couleur brune qu’elle n’acquiert qu’à la longue: il fufhit pour cela de frotter leuduit frais avec du blanc d'Efpagne, de la cendre, ou même de la pouflière. Il me refle à faire connoître plus particulièrement la pro- priété des difiérens fucs ou réfines d'arbres dont jai fait la defcription. Premièrement , le mélange du Mapa avec le figuier fauvage fait une efpèce de cuir non élaftique qui peut fervir à toutes fortes d'ouvrages, pourvû qu'ils ne foient point expofés au feu ou à l'ardeur du foleil: cette matière eft impénétrable à l'eau, & peut par conféquent être utile. Le Comacaï mêlé avec le poirier de la Guiane fait une autre efpèce de cuir plus parfait, fans cependant être élaftique; il eft également impénétrable à l’eau : il eft vrai que la trop grande chaleur peut lamollir & même déformer l'ouvrage quand if n'eft point foûtenu fur une toile ou autre chofe, mais il peut étre très-utile à une infinité d'ouvrages qui feroient même expofés à la plus grande ardeur du foleil. Le fuc laiteux du pao comprido ou du bois long, outre qu'il eft impénétrable à l'eau comme les deux précédens, a de plus l'avantage que la chaleur, quelque grande qu’elle foit, ne l'amollit point, & que le froid ne le gèle point, mais il n’eft prefque pas élaftique: fa couleur naturelle eft la couleur de chair. + Toile graffe dont on couvre fur les vaiffeaux en temps de pluie les treillages qui donnent du jour à l’entrepont. em. de LA: R des Se.1781. Pzg, 332, Pl, 19. y { fraut et graines du Pouvier de la 7) Cuiane dt Couma , Am. de Le Rdas Sex Æ À J fruit et graines du Porrier de la Gurane dt Couma Fignum Jeu Le em, de L'Ac.R.des Se.2751 Pay. 332.P 20. Aer. de LA: R. des Se 21 Pag. 332, Pl 20 Llem, de L'Ac.R. des Se.1761. Pag, 332. Pl. 18. 4 #} fh y, ML ) D ) Alem, de LA: R fe 1751. Pig, 332. Pl.18. Æ1q | : DlE SI) /SNGNINE NICtE ls. 333 Les ouvrages du fuc laiteux de l'arbre Seringue, quoique fenfibles à la moindre gelée, furpaflent infiniment les autres; aufli les Portugais lemploient- ils feul. Il a de plus la propriété de s'attacher fur tout, & beaucoup plus intime- ment que les autres fucs : lardeur du foleil n'y fait aucune impreffion ; l'eau ne peut le pénétrer, quand mème il n'y auroit que quelques couches d’enduit fur quelque matière que ce foit: c'eft ce qui doit le rendre très-propre pour une infinité d’ufages, préfentement qu'il nous eft connu. I eft à remarquer que les réfmes dont je viens de parler, diffèrent des autres réfines connues, en ce qu'elles ne font point caf- fantes : elles peuvent de plus fervir à faire des efpèces de bougies & de lambeaux qui n'auroient pas abfolument be- foin de mèches, & qui s’'enflamment très-facilement. Si l'on a la précaution de mettre quelque vafe au deffous de ces flam- beaux, on ramañfera ce qui en découlera, & qui pourra fervir à en former de nouveaux. M. Frefreau ne sen eft pas tenu aux recherches précé- dentes; il a efflayé divers moyens de difloudre le Caoutchouc » à quoi je n'avois pà réuffir ni dans l'eau, ni dans les liqueurs \ fpiritueufes. H à été beaucoup plus heureux que moi; il eft | parvenu à cette diflolution en mêlant le Caoutchouc avec huile de noix, & le tenant long-temps en digeftion fur la cendre & diverfes autres expériences curieufes mettent M. Frefreau dé | chaude ou au feu de fable doux. Le détail de ce procédé * en état d'enrichir le Recueil des Mémoires étrangers pré- $ . fentés à l’Académie, : / Tt ii Gramen, Chiendent. 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE NEUVIEME MEMOIRE SU RNOE ME GLANDES DES PLANTES Par M. GUETTARD. AI rapporté à la fin du dernier Mémoire fur les Glandes des Plantes, les raifons qui m'avoient engagé à interrompre l'ordre que j'avois établi dans le premier: ces raifons ne fub- fiftant plus, je crois pouvoir reprendre cet ordre. Des Glandes miliaires. Je commencerai ce Mémoire par quelques additions au premier : la claffe des chiendents m'en a fourni une aflez curieufe pour m'être pas négligée; elle regarde les glandes miliaires de plufieurs genres. Ces glandes fe trouvent, comme Jon fait, entre les nervures des feuilles, des tiges & des balles : celles de ces dernières parties fe gonflent dans cer- tains temps à un point qu'elles les rendent rudes & cha- grinées, & qu'on prendroit ces glandes pour des glandes globulaires ; mais comme je n'ai pas obfervé que ce gonfle- ment arrivat dans tous les chiendents que j'ai examinés, quoiqu'ils aient tous les glandes miliaires, je crois que cet état ne leur eft ordinaire que dans certaines circonftances, & peut-être qu'il eft affecté aux efpèces de certains genres pluftôt qu'à celles de plufieurs autres. J'ai du moins fait cette obfervation principalement dans les fromens, les orges, les feigles, & dans plufieurs des chiendents qui ont été comparés au feigle & à l'ivroie. Les fromens rapportés dans les Inftituts, que j'ai examinés, font le froment d'hiver qui n'a pas d'arête, celui qui donne plufieurs épis, celui dont l'épi eft blanc & dont les arêtes font plus longues que dans l'ordinaire, celui qui eft comparé à la mafle d'eau & qui n'a qu'un follicule, & celui DES SSCMIENNE CE: de Pologne. J'ai examiné les deux feigles & toutes les orges de ce mème Ouvrage. Entre le grand nombre des chiendents qui y font cités, ceux qui mont fait voir des glandes mi- liaires gonflées font les 1, 2, 4, 6, 71 10, 16,18, 19, 20; ils y font comparés à l'ivroie, les quatre fuivans au feigle, favoir, les 41, 42, 46, 47: les 73, 74, 75: 78, 82, ont les femences arrangées en forme d’épi. Ceux qui ont des pannicules, & comme ces derniers, des glandes gonflées, font les 108, 109, 124, 125, 145, 146, 163, 175: Je crois les avoir auffi obfervées dans le chiendent des boutiques, à racine rampante, & dont les épis font en pied d'oifeau, & dans celui d'Egypte qui reffemble à ce dernier par fes épis. Je les ai très-diffinctement vûes dans es efpèces 1, 2, 4, $ du Corollaire. S'il eft vrai, comme il y a lieu de le penfer, que ces glandes ne font que les miliaires qui fe gonflent quelquefois, il eft peut-être inutile de citer les autres efpèces de chien- dents où je les ai trouvées dans cet état, puifque celles où je ne les ai pas obfervées, peuvent auffi les avoir dans cer- tains cas; cependant, comme il y a toûjours lieu de craindre qu'on ne penfe qu'on s'eft trompé en examinant des objets aufir petits, je crois devoir encore nommer ici plufieurs de ces plantes où je les ai auffi trouvées, & qui font rapportées dans d’autres Auteurs, tels que font ceux des n.° 53& ss du Prodrome de Gafpard Bauhin, celui qui eft en épi & qui a les feuilles rudes au toucher, & le froment d'été du Pinax du même Auteur; les froments 2, 6, 14 de l'Hif toire d'Oxfort par Morifon ; le 1sjtti-pulla de Malabar : le quatrième chiendent de la page 1289 de l'Hiftoire de Raï; les trois fuivans qui font du Syropfis du même Auteur, . favoir, le chiendent dont les balles ont des arêtes, dont la racine eft rampante, & qui vient dans les bois; le petit dont . Tépi eft en queue de fouris, court & dont les arêtes font recourbées, & le froment à épis & grains rouges; ceux des Tables cxc & ccxLv, fig. 1, & celui de la Table ccc, fig. 8 de la Phytographie de Plukenet. Les quatre qui fuivent, 336 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE font des ouvrages de Pétiver, les trois premiers viennent de Madras, le quatrième de la Jamaïque; l'un eft le très- petit pied de poule à gros épi & double, le fecond eft le grand chiendent dont les épis font armés de petites épines . qui lui font une efpèce d'ornement; les épis du troifième qui eft petit, reflemblent aux têts du chardon-roland ; le quatrième eft l'ifchæmon à crête, & que l'on diroit êire armé de deux cornes : un qui eft encore de la Jamaïque eft cité par Sloane qui l'appelle le très-grand pied de poule velu, dont les épis font très-multipliés : trois autres font des Ouvrages de Micheli, favoir, le pied de poule d'Egypte, dont l'épi eft fimple, velu & qui a des arêtes; le chiendent du n.° 80 des plantes d'Italie & d'Allemagne ; celui du n.° 677 des plantes de Rome & de Naples; celui que Boccone compare à l'ivroie, qui eft très-petit, qui n'a qu'une pannicule, eft encore de ce nombre, de mème que celui du Jardin uni- verfel, & dont l’épi reflemble à une lime; enfin celui du n.” 1215, fig. 43 des oblervations de Barrelier. Les glandes dont il s’agit ne m'ont, dans aucun de ces chien- dents, point fait voir de liqueur qui en eût tranfpiré: on les prendroit cependant d'abord pour des gouttes d'une pareille liqueur, ou pour des grains d’une matière qui auroit quelque confiflance; mais fr lon met quelques-unes des glumes où ils font les plus apparens, dans fa bouche ou dans de l'eau, on ne remarque point que ces grains y fouffrent aucune diflolution. Il n’en eft pas de même de la liqueur qui fort d’une autre efpèce de glandes dans plufieurs genres des mêmes chiendents. Cette obfervation mérite encore d'autant plus d’être rap- portée, qu'elle expliquera un fait qui, pour avoir été fans doute remarqué très-fouvent par ceux que leur état où d’autres raifons obligent de fe trouver le matin dans des campagnes femcées de froment, de feigle ou d’autres grains femblables, nen eft pas plus connu pour ce qu'il eft. Lorfque ces fe- mences n'ont encore poulié que quelques feuilles, & fur-tout Jorfqu'elles font jeunes, le bout fupérieur de ces feuilles eft | chargé DES ScIEÈNCES ÉE 4 chargé tous les matins d'une goutte de liqueur, dont Ia grof- feur varie fuivant la grandeur des feuilles : elle eft portée précilément vers le bout; & fi elle eft plus bas, ce n'eft que parce qu'elle a coulé un peu le long de la furface de la feuille. Je ne doute prefque pas que l’on n'ait fouvent attribué ces gouttes de liqueur à la rofée qui s’étoit attachée pendant 1a nuit à ces feuilles; je les lui ai du moins attribuées moi-même, jufqu'à ce qu'ayant fait attention que ces gouttes étoient pré- cifément toutes au bout, ou vers le bout des feuilles, & que Je refte de ces feuilles n'en étoit point chargé, ou qu'il n'y avoit tout au plus que la goutte fupérieure qui avoit coulé plus bas, je penfai qu'il pourroit bien y avoir une glande à l'extrémité des feuilles, qui donnât cette eau. Je m'en aflurai par l'examen que je fis de cette partie, au moyen de Ia loupe; je vis facilement que cet endroit eft plus épais que le refte, qu'il eft renflé, & qu'il a par-là du rapport avec les glandes à godet des dentelures de plufieurs autres plantes ; il en ap- proche d'autant plus, qu'il paroïît ouvert lorfqu'il eft chargé d'une goutte de liqueur. Je ne me contentai pas cependant de cette obfervation, je voulus n'en aflurer par une expé- rience, afin de lever tout le doute qui pourroit refter : on ne manqueroit pas d'objeéter la proximité de la terre, & que les vapeurs qui forment a rofée en étant élevées, il y auroit tout lieu de penfer qu'une partie s'arréteroit fur les feuilles, & pluftôt vers le bout que toute autre part, cette partie étant plus épaifle que le refte; & que fi elle paroifloit alors ouverte, cela pourroit venir du féjour de l'eau , qui F'a- molliroit, la feroit ouvrir, & qui feroit peut-être deftinée pluftôt à fournir à la plante une eau dont elle a befoin, qu'à la décharger d'une qui lui eft fuperflue. Je femai donc le 17 Mai 1749, du millet ordinaire, de Talpifte, du froment, du feigle, de l'orge & de l'avoine dans différens pots : ces grains levèrent depuis le 2 1 jufqu'au 23, le figle parut le premier, le froment & l'alpifte les derniers : tous avoient la goutte de liqueur placée comme je l'ai dit plus haut ; celle de l'orge me parut plus grofle que Men. 175 1e vou 338 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE celle du feigle, qui ne létoit pas non plus tant que celle du millet. J’obfervai de plus que les glandes miliaires de ces feuilles étoient couvertes d'une femblable goutte de liqueur, mais beaucoup plus petite, de façon qu'elle n’étoit pas fen- fible à la vüe fimple, Quoique cette expérience dût me pa- roître convaincante, cependant comme je m'avois pas fongé à couvrir la terre des pots, la difficulté reftoit dans tout fon entier pour tout autre : il étoit néceflaire d'apporter cette précaution. Je répétai donc peu après cette expérience, & dès que les feuilles pointèrent hors de terre, je les fis paffer à travers un papier, que je perçois d'autant de trous qu'il y avoit de grains qui avoient pouflé; & comme l'humidité de la terre auroit encore pü pénétrer par cette ouverture, quoiqu'aufir petite que je l'eufle pù ménager, je la fermai encore au moyen d'un petit morceau de papier que j'enfi- lois dans chaque poufle, & que je failois defcendre jufque fur l'autre papier : le trou fe trouvoit parà très-bien bouché; je tins même les pots dans ma chambre, ce que je n’avois pas fait la première fois, les ayant au contraire polés fur Ja tablette de la fenêtre de cette chambre. Les gouttes de liqueur n'étant dües ni à l'air, ni à la vapeur qui s'élève de la terre, je les,revis comme auparavant ; elles difparoif- foient dès que le foleil avoit frappé les pots dans la première expérience, dans celle-ci elles reftoient plus long-temps, elles couloient même le long des feuilles & sévaporoient enfuite entièrement : le lendemain elles étoient remplacées par d’autres, & cela pendant plufieurs jours. Lorfque les feuilles furent un peu avancées, les gouttes difparurent peu à peu, & même celles des glandes miliaires. Je penfe donc que la liqueur des unes & des autres leur eft düe, & qu'elle ne vient immédiatement ni de l'air, ni des vapeurs de la terre. Quoique je n’aie fait cette expérience que fur un petit nombre dé plantes, je crois que les autres chiendents doivent donner cette eau, puifqu'ils ont tous les glandes miliaires, & que: le bout fupérieur de leurs feuilles a la glande à godet; & s'il eft quelquefois difcile d'apercevoir cette goutte, cela DE S/: SAUCE Ni CES 3297 né vient que de fa petitefle, qui eft une fuite de celle de la plante. Je ne prétends cependant parler que des glandes des premières feuilles; car fi grandes & fi fortes que foient les feuilles des tiges & les tiges elles-mêmes, je n'ai jamais pü être auffi certain fur l’exifience de cette liqueur dans ces par- ties que dans les premières feuilles, quoique celles-ci ne foient pas plus fournies de glandes que les autres parties. On fe rappelle fans doute ce que M.rs Mufchenbroek & Gerften ont dit fur cette matière; on {e reflouvient qu'ils prétendoient que ces gouttes de liqueur étoient dües à a tranfpiration des planies. Ce fentiment étant contraire à ce que j'ai dit dans mes Mémoires fur la tranfpiration infenfible des plantes, où jai fait voir qu'elles ne tranfpiroient pas la nuit, ou fi peu qu'on ne pouvoit point en ramafler fenfible- ment de liqueur, je me trouve dans l'obligation de rapporter ici ce que ces deux Auteurs ont dit fà-deflus. J'aurois trop à craindre l'autorité de ces Ecrivains, fi ce qu'ils ont oblervé eft contraire à ce que j'ai vü, pour ne pas mettre mon tra- vail à Pabri d'une cenfure auffi jufte que méritée par le peu d'exactitude que j'aurois apporté en faifant mes expériences. La lecture des ouvrages de M. Mufichenbroek & Gerften mettra aifément en état de concilier mes obfervations avec celles de ces deux Meffieurs. \ I s'agit dans leurs obfervations de fa fueur des plantes; ceft-à-dire, d’une liqueur qui en tranfpire, qui fe mani- fefle à l'extérieur , & qui fe ramafle fur ces plantes, au lieu que dans mes Mémoires il n’eft queftion que de la tranfpiration infenfble, qui ne devient apparente que lorf- qu'on l'empêche de s'exhaler, & qu'on l'arrête par les pa- rois de quelque vafe ou par quelqu'autre moyen, imitant en cela ce que Sanétorius faifoit en appliquant une glace fur fa bouche, ou en la touchant de fes doigts. Puifque les obfervations de M.rs Muffchenbroek & Gerften & les miennes ne regardent pas la même action dans les plantes ; elles ne peuvent pas probablement fe trouver contraires les unes aux autres, Je dis plus ; il me femble qu'on peut les Vuï * Jrflit. de Phy- Jique, traduction frang. in-quarto. 540 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE prouver les unes par les autres, & qu'il en eft peut-être des plantes comme des hommes, qui fuent plus lorfqu'ils wanfpirent moins, & qu'ainfi la tranfpiration infenfible des plantes étant arrêtée la nuit, la fueur pourroit être plus confidérable alors, où du moins paroître davantage, le foleil ne la faifant pas exhaler. L'expérience que j'ai rap- portée plus haut, & qui a été faite fur des chiendents, en eft une preuve, comme elle left de ce que Mrs Mufichenbroek & Gerflen ont vû fur des plantes fem- blables. Le premier *, après avoir diflingué trois fortes de: rofées, favoir, celle qui s'élève de la terre, celle qui tranf- pire des plantes, & celle qui tombe de Fair, après avoir prouvé fexiftence de la première, s'énonce ainfr: « Paflons- maintenant aux autres efpèces de rofées qui font compofées de gouttes aqueues , que l'on voit à la pointe du jour fur- les feuilles des arbres & des plantes après une nuit sèche: On a cru que cette liqueur tomboit de Fair fur es plantes & fur l'herbe, où elle fe trouve en fi grande quantité qu'on ne fauroit traverfer le matin une prairie fans avoir les pieds tout mouillés : on peut dire néanmoins qu'on fe: trompe lourdement à cet égard, parce que la rofée des plantes eft proprement comme leur fueur, & par confé- quent une humeur qui leur appartient, & qui fort de leurs vaifleaux excrétoires. De [à vient que les gouttes de cette rofée différent entrelles en grandeur, en quantité, & occu- pent différentes places fuivant la ftruéture, le diamètre , la quantité & la fituation de ces vaiffleaux excrétoires : tantôt on les voit raflemblées proche de la tige où commence la feuille, comme dans les choux & les pavots; une autre fois elles fe tiennent fur le contour des feuilles & fur toutes fes éminences, comme cela fe remarque principalement dans le creflon d'Inde; quelquefois on les voit au milieu de fa feuille, proche de la côte; elles fe trouvent auffr aflez fouvent fur le fommet de la feuille, comme dans l'herbe des prés; enfin elles occupent encore diverfes autres places, de forte qu'on ne fauroit trouver deux plantes de différentes efpèces DE SU SI@IRE Nic'E-s. 348 far lefquelles la rofée foit difpofée de la même manière. » Après cet énoncé, M. Mufichenbroek prouve ces obfer- vations par une expérience faite fur le pavot, & qui fe trouve favorable à fon fentiment. La mème expérience répétée fur les orties & fur l'herbe des prés, vient à appui de celle-ci: « M. Gerflen, continue M. Muffchenbroek, a confirmé ce fentiment par de belles obfervations, dont on trouve la def- cription dans un petit livre où il traite de [a rofée.». Voici en fubftance ces obfervations *. M. Gerften dit avoir remarqué fur le chiendent & fur l'ortie des gouttes de liqueur dans un temps où les arbres, les arbrifleaux & les plantes voifines n'en avoient aucune; qu'il confirma cette obfervation en couvrant d'un récipient une ortie, avec la précaution d'appliquer fur la terre des environs un papier huilé pour arrêter les vapeurs de la terre. M. Gerflen conclud enfuite qu'il y a donc une rofée qui eft dûüe aux plantes, & une qui s'élève de la terre, fuivant d’autres expériences qu'il avoit faites dans la vüe de le prouver, & qui ne font pas de notre fujet. M. Gerften diftingue deux fortes de rofées dans les plantes, une dont les gouttes font arrangées fur leurs feuilles régulièrement, & une dont la difpofition des gouttes eft irrégulière & fans ordre. Les gouttes font toûjours, dit M. Gerften, au fommet des feuilles de chiendent & de froment, tant que ces plantes n'ont pas pouflé de tiges: ces gouttes font arrangées fur le bord des feuilles du chou, & dans l'en- droit où les vaifleaux de ces parties finiffent. Les feuilles de la menthe aquatique, des concombres, de impériale & de la vigne ordinaire, les portent vers le bord fupérieur. Pour prouver que ces gouttes de liqueur étoient dües aux plantes, M. Gerften a coupé la partie d'enhaut des feuilles de quelques chiendents, & les a recouvertes d’un chapiteau de cucurbite de verre; le bout de ces feuilles s'eft chargé d'une goutte d'eau, & mème plus tôt que les feuilles entières. Les gouttes arrangées irrégulièrement {e voient fur les feuilles de la grande ortie, du grofeillier épineux /uva fpina) & fur beaucoup d'autres que notre Auteur ne nomme pas. Vu ii * Gerfl. tehs tam. de rore. 342 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE Tous ces faits font vrais; je les ai rapportés dans mes différens Mémoires fur les glandes des plantes, & ils avoient déjà été vüs, pour la plufpart, par M. Malpighi qui parle fpécialement des gouttes qui fe voient fur la vigne : il n'y a donc pas de doute que les plantes ne donnent une liqueur qui fuinte de leurs glandes, mais eft-ce parler correétement que de dire que la fueur des plantes eft une efpèce de rofée? ne vaudroit-il pas mieux au contraire dire qu'elle n'en eft pas une, en avertiflant que ce qu'on prend pour la rofée eft une efpèce de fueur des plantes? & c'eft fans doute à le fens que l'on doit donner'à ce que Mrs Mufichenbroek & Gerften ont écrit fur cette matière: il: faut encore, à ce que je penfe, modifier ce que M. Gerften dit de l'irrégularité de la pofition des gouttes de fueur dans certaines plantes. Cette irrégularité ne vient que de ce que toutes les glandes ne jettent pas en même temps la goutte du fuc qui s'y filtre: dès-lors les gouttes font difperfées çà & là; car lorfque toutes les’ glandes en fourniflent, toutes les gouttes font pofées avec la dernière régularité, les glandes & leurs vaiffeaux excrétoires l'étant également, On doit encore, autant qu'il me le paroit, apporter quelque modification à ce que M. Mufichenbroek dit fur la quantité de la fueur des plantes, & .qui eft telle gw'on en ef mouillé lorfqu'on traverfe le matin une prairie: cela peut être dans cer- tains temps par rapport aux chiendents, comme on le peut inférer de ce qui a été dit, mais c'eft peut-être trop s’avancer que de rendre cette aflertion fr générale. M. Gerften avoit : déjà remarqué que les chiendents ne jetoient de goutte de liqueur que lorfqu'ils n'avoient pas encore pouflé de tiges, & j'ai de plus obfervé que lorfque les feuilles radicales étoient un peu avancées, elles ne donnoient plus de cette liqueur: je n'ai même jamais remarqué que la fueur des autres plantes, même de celles des prés, füt fi abondante. Il faut en excepter cependant le tamaris dont il ef parlé dans ce Mémoire: on verra qu'il en a une confidérable, & qui l'eft à un point que les mains en font mouillées lorfqu'on les paffe par-deffus fes DES) SLCUE » mi CES. branches; mais ce ne peut être de cet arbre dont M. Mufi- chenbroek parle, puifque le tamaris ne fe trouve pas dans nos prairies, ni, à ce que je crois, dans celles de Leyde: ainfi je penferois que la plus grande quantité de l'humidité que l'on voit fur les plantes des prairies, eft dûe à la rofée qui s'élève de a terre, ou à celle qui tombe de l'air. Je n'ai point déterminé dans mon premier Mémoire les £yviferum, efpèces de prêles & d'ephedra que j'avois examinées : j'y ai Prêle. feulement dit en général que ces plantes avoient les glandes Æplhedra miliaires polées entre les nervures des feuilles & des tiges; je crois devoir ici les fpécifier un peu plus. Outre toutes les efpèces de préles qui font rapportées dans les Inflituts, j'ai vü celle de la Chine appelée mouhfé, & celle des marais à feuilles qui reflemblent aux feuilles de la linaire, dont on fait des balais. Toutes ces eflpèces m'ont paru femblables du côté des glandes ; la dernière cependant m'a fait voir de courts mamelons fur le tranchant des nervures des feuilles, que je regarderois au refte comme des glandes miliaires gon- flées. J'ai trouvé de pareils mamelons & femblablement polés dans les ephedra , & fur-tout dans lefpèce qui eft appelée mahoan à a Chine: j'ai de plus examiné toutes celles des Inflituts & la première du Corollaire; elles ne diffèrent point par les glandes. M. Vaillant plaçoit l'anacau de Flacourt avec les préles: je n'y ai point vü de glandes miliaires, mais de courts filets blancs fur les tiges, & des mamelons fur les côtes des feuilles. Cet arbre ne me paroît être ni une prêle, + ni un ephedra, mais approcher beaucoup des uns & des N, autres. Des Glandes véficulaires. Une feconde addition au premier Mémoire concerne les Æypericum, millepertuis. Toutes les efpèces qu'elle renferme m'ont fait Millepertuis, voir des glandes véficulaires en plus ou moins grande quan- tité: une feule cependant m'en a paru privée, mais elle eft chargée d'un grand nombre de filets blancs fur toutes fes parties, excepté les pétales, les étamines & les fruits. Cette Er 344 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE plante eft appelée par Plukenet dans fa Phytographie, millé pertuis d'Amérique, rameux, à grandes feuilles arrondies, crénelées & à fleurs jaunes. Quoique ce grand nombre de filets püt à la rigueur pafler pour le fupplément aux glandes véficulaires, cependant comme j'ai remarqué ces glandes dans plufieurs elpèces très-velues, je ne fais fi lon ne devroit as Ôter cette plante du nombre des millepertuis, & fr elle n'eft pas pluftôt de celui des plantes qui ont porté ce nom, quoiqu'elles ne fuflent pas de fon genre. Le millepertuis à feuilles de myrthe, étroites, en fer de lance & d’une cou- leur de verd de mer, de Boccone; celui du jardin du Roi, qui vient d'Egypte, qui eft vivace, très-petit & à feuilles de renoué, font prefque dans le mème cas par le petit nombre de leurs glandes véficulaires. Je n'en ai vü que quelques-unes fur les feuilles du premier, & celles du fecond ne m'ont même paru avoir que des points arrondis ou oblongs, qui font plus clairs que le refte de la furface de ces feuilles qui font grafles & épaifles, & qui par-là peuvent aifément em- pêcher de voir au tranfparent ces glandes qui font très-pe- tites: autant ces glandes font rares dans ces efpèces, autant font-elles abondantes dans celui que Commelin dit venir des Canaries, s'élever en arbriffeau & avoir beaucoup de fleurs, dans le petit d'Egypte qui a des feuilles arrondies & qui eft velu, dans celui de Mariland à feuilles larges, obtufes & dont les fleurs du haut de la tige font en petit nombre: ces deux derniers ont été démontrés fous ces phrafes au jardin Royal. Le premier de Tragus & qui, felon cet Auteur, fe trouve dans les buiflons, n'en eft pas moins fourni : je n’en ai obfervé qu'une médiocre quantité dans celui qui, fuivant Micheli dans fon Catalogue des plantes de Florence, vient fur les montagnes, s'élève plus haut que les autres, & porte des fleurs plus grandes & comme chargées de gouttes de liqueur: ces prétendues gouttes ne font que des glandes vé- ficulaires dont il a quelques-unes fur ces parties, comme plufieurs autres efpèces, & fpécialement un de l’herbier de M. Vaillant, qui y eft nommé petit millepertuis des Alpes à grandes DES SCIENCES 345 à grandes fleurs ponétuées. Je n'ai point trouvé fur les fleurs des trois fuivans, qui font aufli de l'herbier de M. Vaillant, les glandes véficulaires, mais les feuilles en avoient propor- tionnellement autant que celles des précédens: une de ces elpèces eft défignée par fes feuilles liffes, femblables à celles du caille-lait jaune & qui vient fur la Sainte-Baume. Les _deux autres font d'Acadie; Tune eft baffle, elle a de larges feuilles, une fleur petite & de couleur de rofe; l'autre eft très-petite & a des feuilles de linaire: quatre autres, dont les citations ne font pas bien déterminées, font aufli dans le cas de ces dernières; elles ont une quantité médiocre de glandes véficulaires fur les feuilles. La couleur de ces glandes eft rougeûtre dans tous ces millepertuis, comme dans ceux du premier Mémoire: quelquefois cependant on en trouve plufieurs qui font mêlées fur les feuilles avec les rougeitres, dont la couleur eft d'un beau noir de jayet. L’odeur réf- neufe que les Commentateurs de Diofcoride ont reconnue avec lui dans les fruits du millepertuis, de l'aftyrum & de Vandrofæmun, me paroïfloit être un indice des glandes véfi- culaires dans ces parties : elles m'ont cependant échappé pen- dant quelque temps, ou pluftôt je ne penfois pas devoir regarder comme telles, des efpèces de tubérofités plus ou moins longues, qui font fouvent ouvertes dans leur milieu, &. qui paroïflent remplies d’une efpèce de réfine. Un examen plus exact m'a fait reconnoître ces tubérofités pour de vraies glandes véficulaires qui fe gonflent dans certaines circonf- tances, & qui fe manifeftent, lorfqu'elles ne font pas gon- flées, par un point plus clair, moins foncé que le refte du fruit, dans toutes les efpèces dont j'ai pû voir les fruits, & que je ne rappellerai pas ici. La couleur de ces glandes eft d'un jaune de réfine qui eft plus ou moins foncé, mais qui ne prend jamais la couleur noire de jayet de celles dont j'ai parlé plus haut, & de celles dont il va être queftion. Ces glandes font des mamelons ordinairement arrondis, ou plus où moins alongés, & qui le font quelquefois de façon qu'ils forment des glandes à cupule: comme il eft Men. 175 1 AUX Ruta, Rue. Pfeudo-rura, Faufle-rue, 346 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rare de les trouver dans ce dernier état, j'ai mieux aimé Îes mettre au nombre des glandes à godet, que fous celui des glandes à cupule. Ils s’oblervent ordinairement fur les bords des découpures des calices ou fur ceux des pétales : j'en ai quelquefois vü fur les feuilles, les tiges, le pétale, & même fur le fommet des étamines, mais ils font, pour l'ordinaire, placés fur le bord des pétales & des feuilles. Quoique je n'aie pas trouvé de ces glandes à toutes les efpèces dont j'ai parlé dans ce Mémoire & dans le premier, j'ai cru qu'il étoit inutile de défigner celles qui en avoient où qui en étoient privées, parce qu'il nv'a paru que des efpèces qui en étoient le plus communément garnies, en avoient quelquefois très-peu, & qu'on en rencontroit aflez fouvent quelques-unes dans celles où elles ne fe trouvoient pas ordinairement. Ce feroit peut-être ainfi donner occafion à des doutes, que de vouloir fpécifier celles qui ont de ces glandes, où qui n’en ont pas: il fufhit de favoir en général que fi l'on ne voit pas ces glandes dans toutes les efpèces, il n'y en a aucune où l'on n'ait pas lieu de les foupçonher. à Je ne fais pas fi l'on pourroit dire la même chofe des filets ; le plus grand nombre des efpèces m'ont paru conflimment en manquer : il eft vrai que celles qui font les plus velues, font, par comparaifon à cet état, quelquefois lifles. Je ne les ai cependant jamais vües autant privées de ces filets que celles qui ne m'en ont jamais fait voir: au refle, je ne rap- pellerai pas ici ces millepertuis, puifque cette propriété eft énoncée dans les dénominations que les Auteurs en ont données. Je me contenterai de dire que ces filets font co- niques, blancs, qu'ils recouvrent plus où moins les feuilles, les tiges & les calices. J'ai avancé dans le premier Mémoire qu'il feroit curieux de favoir fi le genre de plante que Micheli appelle fauffe-rue, feroit lié à ceux de la rue & de l'Aarmula- par la contormité des glandes: je fuis maintenant en état de fatisfaire fur ce point. L'herbier de M. Vaillant qui a été pour moi une fource féconde d'oblervations, m'a encore fourni celle-ci: jy: DENS MH SPCMEUR CIE S: 347 ai trouvé cette plante qui eft appelée par Boccone, rue des campagnes d'Efpagne, qui a les feuilles de lin. Cette plante a les glandes véficulaires comme les autres rues ; elles s'y trouvent fur les tiges, les feuilles, les calices & les fruits, mêlées avec des filets blancs & coniques : cette dernière propriété lui eft commune avec une d'Orient à feuilles de linaire, dont il a été parlé dans le premier Mémoire, & une de l'herbier de M. Vaillant qui n'y eft qu'avec le nom de M. Lippi, & qui m'a paru reflembler beaucoup à celle d'Orient ; ces trois plantes étoient même féparées des rues dans l’herbier de M. Vaillant qui leur avoit impolé le nom de rutaftrum, nom qui revient à celui de faufle-rue donné à une de ces plantes par Micheli. Ce dernier Auteur a fait entrer, comme une marque ca- ractériftique de ce nouveau genre, la propriété de ne point avoir les pétales velues, au lieu qu'elles le font dans les rues: il eft vrai que celles des fauffes-rues font liffes, mais plufieurs de leurs autres parties font chargées de filets, & les parties femblables en font privées dans les rues; ainfi tout ne feroit- il pas compenfé par là? & fi l'on penfe ainfi, ne pourra-t-on as alors ne faire qu’un genre de toutes ces plantes, ou ne tirer leur différence que de la figure des pétales qui eft plate dans les fauffes rues, cave & gaudronnée dans les vraies? L'univerfalité des glandes véficulaires pour les orangers, s'eft confirmée par l'examen que j'ai fait de quelques-uns dif. férens de ceux dont il a été parlé dans le premier Mémoire, favoir , l'oranger à feuilles étroites & en lance des Infituts, le voangha de Flacourt, le citronier appelé par le même Auteur vafaremanni, celui de la campagne qui eft épineux, qui a le fruit rouge & la feuille velue en deflous. Les filets qui font cylindriques, ne recouvrent pas feulement la partie annoncée dans la phrafe, mais encore les tiges & les boutons, & quoique très-abondans, ils n'empêchent pas de voir la mul- tiplicité des glandes véficulaires, qui font même très-grandes & d'ün rouge foncé. Il eft rare de trouver une auffi grande quantité de filets dans les autres orangers, qui même en font XXx ij Aurantiuf, Oranger. 348 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fouvent entièrement privés, comme je l'ai obfervé non feu- lement dans ceux dont il eft parlé dans le premier Mémoire, mais encore dans tous ceux que l'on cultive dans nos jar- dins, dans lefquels j'ai aufli trouvé les glandes véficulaires. J'ai vû les filets fur le bord des calices de l'oranger à feuilles étroites & vergetées, fur les péduncules & les jeunes tiges du curuta-cheddé du jardin de Malabar, dont le fruit a des glandes véficulaires qui forment dés mamelons rouges, & chaque nœud des branches eft armé de deux longues épines. J'attribueroïs volontiers lé manque de filets dans plufieurs de ces arbres aux eflets de la culture; ce qui s’obferve dans plufieurs autres arbres, & dans un grand nombre de plantes. Lyfinachia, On à vù lorfque j'ai parlé dans le premier Mémoire des Lyfimachie. yfimachies & dés mourons, que ces deux genres de plantes Anagallis, avoient beaucoup de rapport par les glandes véficulaires, & 90 que je regardois comme telles des points noirs qui s'obfervent fur les mourons. J'ai été porté à embrafler ce fentiment par les points noirs qui font quelquefois mêlés avec les glandes véficulaires de couleur de karabé, obfervées dans les lyfima- chies: j'y ai été confirmé par ce que j'ai vü dans le mouron d'Efpagne, à larges feuilles & à très-grande fleur; il a non feulement les points noirs, mais encore les glandes véficulaires de couleur de karabé. Il paroït donc par-là que ces points noirs des autres mourons pourroient réellement n'être que des glandes pareilles qui fe font ouvertes, & dont les bords fe font, comme je F'ai dit, defféchés & noircis. Je n’ai trouvé que les points noirs fur celui de Portugal à feuilles étroites de linaire, mais lun & l'autre avoient les glandes à cupule des pétales, de même que celui à fleurs bleues, & dont les feuilles font deux à deux ou trois à trois; celui de Crète qui reffemble à l'ordinaire & qui a la fleur jaune, m'a ce- pendant laiflé en doute fur l'exiftence de fes glandes, tant des véficulaires que de celles à cupule. Les Iyfimachies ne n'ont pas même donné un pareil doute; celle qui eft à fleurs jaûnes, dont les feuilles font ponétuées & quatre à quatre, difpofées en croix, avoit une grande quantité DES IAIS CUIE NC: ES de glandes véficulaires, noires & oblongues fur fes feuilles, fes calices & fes fleurs ; elles n'étoient pas fi abondantes, mais de couleur de karabé fur celle à fleurs jaunes en épi, & à feuilles couvertes d'un velu blanc: c'étoit encore la cou- * leur de celles de la Iyfimachie d'Orient qui a les feuilles plus courtes & plus larges, la fleur blanche & qui vient dans les marais. Outre ces glandes véficulaires, j'en ai encore vû à cupule fur le pédicule des étamines dans les deux premières elpèces & dans plufieurs de celles dont j'ai parlé dans le pre- mier Mémoire, comme dans la grande à fleurs jaunes & à feuilles marquées de points noirs, dans celle d'Orient à feuilles étroites & à fleurs pourpres: elles en avoient même comme la grande de Diofcoride fur les feuilles & les tiges. Les trois premiers mourons dont j'ai parlé plus haut, m'ont auffi fait voir fur le pédicule des étamines les filets grainés du commun, qui fuppléent aux glandes à cupule. Ces dernières glandes, lorfqu'elles font fur les feuilles & les tiges, font mélées avec des filets coniques & qui, au contraire de ce que j'ai dit dans le Catalogue des environs d'Etampes, font à articulations pourpres, foncées ou de cou- leur de karabé comme les glandes, à moins que ce ne fût une partie de la matière qui fe doit exhaler par les filets, qui fe déposât ainfi dans différens endroits de leur longueur. Les orties que j'ai examinées depuis mon premier Mé- moire, m'ont fait voir, de même que les autres, les glandes véficulaires. Ces nouvelles efpèces font l'ortie en arbre & à baie du P. Plumier, l’ovalliere des Caraïbes ou le Lino des Braflliens, celle de Virginie à feuilles de malabatrum, à trois nervures & qui reflemble beaucoup à la mercuriale de Vir- ginie, celle de l'ifle d'Elbe à feuilles étroites, piquantes & découpées profondément, celle que Micheli appelle ortie piquante, très-grande & très-velue, & celle des ifles Ba- léares, dont les fruits font arrondis en pilules, les feuilles étroites & les tiges vertes. M. Linnæus regarde celle-ci comme une variété de l'ortie pillulaire à femence de lin, qui n'eft auffr, felon cet Auteur, qu'une variété de l'ordinaire, X x ii] Urrica, Ortie, 350 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Toutes ces orties & celles qui font citées dans le premier Mémoire, font plus ou moins hérifilées de filets en alêne fur toutes leurs parties, même fur celles de la fleur, & quoique le nombre des glandes véficulaires foit très-confidérable, if ne l'eft pas plus que celui des filets: aufli a-t-on cru ne pou- voir marquer leur effet par un terme plus doux qu'en les appelant des orties brûlantes, celle à feuilles de malabatrum a été nommée par Plukenet ortie douce. Cette différence ne vient, à ce que je crois, que parce que fes filets étant très- courts & très-fins, ils ne fltrent pas autant de liqueur que ceux des autres efpèces. Je penfe en eflet que c'eft pluftôt à cette liqueur qu'aux épines mêmes qu'il faut attribuer la douleur que l'on fent après qu'on a manié des orties. J'ai déjà dit qu'on voit dans quelques efpèces la liqueur monter & defcendre dans ces filets; que cette matière eft même dans quelques-unes fr abondante, qu'elle s’amafle au bout de ces filets, & qu'elle y prend une certaine confiflance par l'évaporation: de plus, H ne s'agit pas de manier très-fortement ou d'être frappé avec ces plantes pour qu'elles faffent élever des ampoules fur les parties qu'elles ont touchées. Pour peu qu'on les approche de ki main, on fe fent aufh-tôt bleffé, & l’on voit paroître les veffies fur la peau: lorfque les orties font sèches, quoique les épines aient confervé toute leur roideur, elles font alors fans eflet. Il paroït donc que c'eft Ia liqueur feule qui fait tout le mal, elle agit comme un cauftique appliqué fur la peau, & non comme une liqueur injettée dans les vaiffeaux de cette partie. Les filets qui font piquans par eux-mêmes, comme ceux du bois de Capitaine, & des grands & petits pois à gratter, font aufli à craindre lorfque ces plantes font sèches que lorfqu'elles font vertes : ils s'introduifent facile- ment dans la peau dans lun & l'autre état, au lieu que ceux : des orties ne s’y attachent point, qu'ils fe brifent pluflôt & font fans effet, & ils font auffi doux alors, que le font ceux des parictaires qui leur font fi analogues par la figure. n'y en a guère où cette reffemblance {oit auffi grande DE SNS GINENN, CES 35€ que dans la pariétaire à feuilles oppofées & à fleurs d'ortie à grappe, que M. Vaillant plaçoit avec les orties: fi en eflet elle n'en eft pas une, elle en approche beaucoup par les glandes véficulaires & les filets, & même plus que les autres pariétaires au nombre defquelies M. Sloane la ran- geoit. Au refle, ce grand rapport ne doit pas furprendre, puifque, comme on l'a déjà vü, les pariétaires ont des glandes véficulaires, ou au moins des mamelons, qui, ayant perdu leurs filets, paroiffent au tranfparent femblables à des glandes véficulaires. C’eft ce que j'ai encore obfervé dans la parié- taire d'Orient à feuilles de renouée & blancheître, qui doi- vent cette couleur à leurs filets, qui font longs & abondans, & qui font ainfr caufe que l'on voit très-peu de véficules. Je n'ai point trouvé de différence entre la pariétaire ordinaire & la petite de Cràe, dont les capfules des femences font aîlées, & celle qui vient de Portugal, qui eft très-petite- & annuelle. M. de Tournefort, fur l'affirmation du P. Plamier, croyoit que l'arbre appelé par Clufius figuier d'Inde, en étoit réelle ment une efpèce : à l'infpection de ces filets, je penfai que cela ne pouvoit être; ils font autant de houppes, au lieu que ceux des autres figuiers font des filets coniques, en alène à manche court. Cet arbre me paroifloit être une malvacée; mais comme dans le nombre de fes fynonymes il y en a un où fes feuilles font comparées à celles du tilleul, & que le tilleul a auffi des boupres, je fufpendis mon juge- ment jufqu'à ce que je trouvai ce figuier au nombre des mauves dans le catalogue des plantes de la Jamaïque par M. Sloane; je penfe du moins, avec M. Vaillant, que c'eft le même arbre: M. S'oane plaçoit quelques autres arbres avec les figuiers, qui font aufi de la claffe des mauves: mais j'en parlerai plus particulièrement lo:fqu'il s'agira des houppes. Quant aux vrais figuiers, celui de Crète qui eft fauvage, & qui a les feuilles entières & légèrement créne- es, celui dont les feuilles font divifces en doigts & argen- tées. en deilous, n'ont fait voir des filets femblables à ceux. Partïetaria, Paritaire. Ficus,. Figuier, Morus» Mürier. G lycyrrhifa ñ Réglifle. 352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE du figuier ordinaire: l'argenté du dernier ne vient que dé leur quantité; & malgré ce nombre, on aperçoit quelquefois des véficules, qui ne font, à ce que je crois, que des ma- melons dont ils font tombés: c'elt ce qui arrive auffi dans Je figuier à fruit amer de Flacourt, où je n'ai vü que de ces mamelons, qui étoient blancs & petits. I[ y a encore dans l'herbier de M. Vaillant quelques autres arbres au nombre des figuiers: lun y eft appelé fycomore fauvage de Portugal; un autre n’y eft défigné que par le nom de figuier de M. Lippi : leurs filets m'ont paru femblables à ceux du com- mun. Il en eft de même pour un mürier de ce dernier Bota- nifle & celui de Virginie à feuilles très-larges ; leurs filets font femblables à ceux du mürier ordinaire, & lorfqu’ils font tombés, les mamelons paroiflent tranfparens. Dans les uns & les autres, c’eft-à-dire, dans les figuiers & les müriers, les filets s'obfervent non feulement fur les feuilles, mais fur les jeunes poufles, & dans les muriers, fur les chatons & les fruits. Me voilà à la fin de l'addition que j'avois à faire au pre- mier Mémoire; je vais maintenant rapporter ce que j'ai en- core obfervé fur les glandes véficulaires, & finir cet article. J'ai dit à la fin de mon premier Mémoire, que plufieurs genres des papillonacées avoient des glandes véficulaires ; les Mémoires qui l'ont fuivi en ont donné des exemples , je vais dans celui-ci en rapporter encore quelques-uns. Les réglifles des Inflituts & du Corollaire diffèrent peu entrelles du côté de ces glandes: ces parties font un peu gonflées, abondantes fur le deffous des feuilles & dans l’entre-deux des nervures des tiges ; elles laiflent échapper une matière gluante qui fe fait aifément fentir au toucher. Les réglifies ont également des filets cylindriques fur les mêmes parties & fur les filiques, mais ils font plus abondans dans celle du Corollaire, qui eft même caractérifée en partie par cette propriété. M. Vaillant avoit rangé avec les réglifles plufeurs autres plantes, DE LGU NS ICONE Ni CES 252 plantes, que le manque de glandes véficulaires m'empéche de regarder comme des elpèces de ce genre: ces plantes font l'aftragale (falawacenfis) dont les feuilles & les filiques font liffes; une fenfitive qu'il appeloit fenfitive bâtarde & d'Amérique, une velce qui eft des Indes & qui a le def fous des feuilles argenté. Ces trois plantes ont, non feu- lement fur le deffous des feuilles,-mais fur les tiges & les filiques, des filets en faufle navette, couchés fuivant la lon- gueur de ces parties. Les filets des quatre fuivantes font pluftèt cylindriques, droits, rouffeàtres dans les trois pre- mières, blancs & très-abondans dans la dernière. La pre- mière eft du cabinet de Pétiver, elle y eft appelée bague- - naudier velu, dont les fleurs font petites, les filiques velues & pendañtes en dehors. La feconde & la troifième font des ouvrages de Plukenet : l'une eft l'orobe d'Amérique, velu & blanc, & dont les fleurs font d’un pourpre incarnat ; l'autre eft le pois chiche qui reflemble à un aftragale, & qui vient peut-être de Virginie, qui eft velu, & qui a de grandes fleurs rougeîtres ; la quatrième eft l'orabouboue ou le bois à enivrer de Surian. Je n'ai point obfervé de filet dans le courbaril, mais Îe deflus & le deffous des feuilles & les tiges ont un grand nombre de glandes véficulaires plus ou moins grandes, d'un brun roufleitre, & qui s'élèvent affez fur les tiges pour y former un grainé à peu près femblable à celui du chagrin: les filiques en ont un pareil, que je crois également dû à des glandes véficulaires gonflées. H faut que l'arachidna dont il eft parlé dans le P. Plu- mier , foit garnie dans certains temps de beaucoup plus de filets que je ne lui en ai trouvé, puifque cet Auteur a fait entrer cette propriété dans la dénomination qu'il a donnée de cette plante; je n’y en ai vû que quelques-uns, qui font blancs fur les pédicules & le bord des feuilles, & quelque- fois rouffeîtres fur les tiges. Ce peu de filets eft compenfé par des glandes véficulaires fans couleur déterminée, & qui fe font aifément reconnoître au tranfparent. Mn. 1751. 4) Courbaril, Arachidna, Clymenum, Latyrus, Gefle. Nifolia, Nifole. Aphaca, 4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'ai déjà dit plufieurs fois que le pointillé blanc où rou- geâtre dont plufieurs papillonactes ont leurs feuilles recou- vertes, devoit être regardé comme de petites glandes véficu- laires qui n’étoient point tranfparentes. Je penfe qu'il en eft de même de celui des trois efpèces de chymenum dont il eft parlé dans les Inftituts, & de celui de Bithynie à filique foli- taire & à petites fleurs, fuivant Boerhaave: ces quatre plantes conviennent auffi par la petite quantité de filets cylindriques & blancs qu'ils ont fur les feuilles, les pédicules & les jeunes branches. 3 La réunion que M. Linnæus a faite des chymenum & des geffes, femble être confirmée par le rapport que ces plantes ont entrelles au moyen du pointillé blanc & roufleitre ou des petites glandes véficulaires: la plufpart même des geffes conviennent encore par le peu de filets, puifqu'on pourroit dire qu’elles font en quelque forte liffes; du moins de toutes celles que j'ai examinées, il n'y a que les 12 & 17 des Inflituts, la o du jardin de Cliffort, celle que Jean Bauhin défigne par fes feuilles petites & fa fleur rouge, & la vefce à feuilles étroites, qui s'élève en fous-arbriffeau, qui eft droite, qui a la fleur pourpre & les feuilles de différentes figures, citée dans le jardin univerfel, & que M. Vaillant plaçoit avec les gefles, il n’y a, dis-je, que ces plantes où j'ai vü de vrais filets cylindriques, ou fur les tiges & les feuilles ou fur les filiques: les autres n’ont que de petits corps en larmes bata- viques, qui font fur les feuilles, les tiges & les filiques, qui ordinairement tombent très-promptement, & fe diffolvent dans la bouche. Ces deux dernières propriétés me font penfer que ce ne font pas de vrais filets, mais pluftôt une matière qui tranfpire de ces parties, & qui en fe durciflant prend cette figure: je le penfe d'autant plus volontiers, que fou- vent ces corps n'ont point fur les filiques cette figure; ils y font feulement arrondis & fans pédicule. Ces corps, il eft vrai, ne conviennent pas feulement à ces efpèces que je re- garderois comme lifles, puifque je les ai obfervés dans les autres, & mème dans la neuvième du jardin de Clifort, Drag u'StCoE NIIC,E.,5. plus que dans toute autre, quoiqu'elle foit la plus velue de toutes. Si ces corps euflent été propres aux gefles lifles, on auroit peut-étre pü féparer ces gefles des autres, & ne laiffer avec les cymenum que celles qui font velues, mais il en eft tout autrement, & peut-être qu'on reconnoîtra que les geffes qui m'ont paru lifles, ne le font pas réellement. J'ai même déjà remarqué dans quelques-unes que le bord des ftipules fe découpe de façon qu'il a des efpèces de filets; ce qu'on peut voir dans la petite gefle à fleurs rouges, que l'on cul- tive en Angleterre, fuivant M. Vaillant, dans la petite du jardin univerfel & qui a des feuilles de glayeul, la fleur rouge & folitaire, dans une qui eft également petite & qui a les feuilles étroites, du Catalogue des plantes des environs de Montpellier. Les 1 & 40 des Inftituts ont les feuilles en dent de fcie; les 13 & 22 du même Ouvrage tiennent des unes & des autres: au refte cela n'eft peut-être qu'accidentel, puifque la 13 neft, füivant M. Linnæus, qu'une variété de la première. Les autres efpèces que j'ai examinées, com- prennent avec celles-ci les 1—9, 11, 17, 20, 22 des Inf tituts, auxquelles il faut joindre celle du n.° 1 1 6 des plantes de Florence par Micheli, & la plante que Bodæus-à-Stapel dit, page 39 de fon Commentaire fur Théophrafte, être fem- blable à l'ara, & venir en Efpagne. M. Linnæus joint encore aux gefles la niflole & Taphaca ; une & l'autre n'ont paru entièrement lifles & privées to- talement de glandes véficulaires. Les pieds d’oifeau & les chenilles ont encore du rapport avec les geffes par les filets & le pointillé, & fur-tout avec celles qui font velues. Les quatre premiers pieds d'oifeau des Inftituts & un de l'herbier de M. Vaillant, & qui a les filiques en réfeau, ont un aflez grand nombre de filets cylin- driques fur les feuilles, les tiges & lés calices : Ia dernière des Inflituts m'a paru lifle. Les chenilles ne diffèrent que par la longueur & la grof- feur de leurs fllets, par ceux fur-tout qui font portés fur le dos des filiques où ils manquent cependant quelquefois, de f Yyi Orrithopodiums Pied d’oifeau. Scorpioïdesy Chenille. Bonduc. 56 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE forte qu'elles ne font hériflées que des mamelons qui devoient porter ces filets, & qui font gonflés de façon qu'ils forment alors des vefies confidérables : ce qui a fait penfer que ces plantes dans ces différens états étoient différentes elpèces ; fentiment que M. Linnæus a réfuté en n'en faifant qu'une feule des quatre premières des Inftituts. La dernière ne dif fère guère des autres par les filets & les glandes, les uns & les autres y étant très-abondans, les glandes fur-tout qui y font en deflus & en deffous des feuilles comme dans les autres. Il eft fingulier que la plufpart des papillonacées qui ont le pointillé dont je viens de parler, font de celles dont les filicules font articulées, comme les fainfoins, les graves, les pieds d'oifeau & les chenilles, & que l'on pourroit même trouver des différences entre ces plantes par les glandes & les filets; les fainfoins ayant les glandes en deffus des feuilles, les graves en deflous, les chenilles en deflus & en deffous, les pieds d’oifeau en deflous, & qui diffèrent des graves par les filets qui y font cylindriques, & en lance ou faufle na- vette dans les graves, & fi lon étend la comparaifon juf- qu'aux geffes, celles-ci en différeront par les corps en larmes bataviques. Le bonduc qui approche beaucoup des papillonacées a auffi fur les feuilles des glandes véficulaires qui y font ordinaire- ment fans couleur déterminée: elles prennent cependant quel- quefois celle d’un affez beau jaune, car je ne penfe pas que la plante que j'ai trouvée dans l’herbier de M. Vaillant fous le nom d'éimboi, foit une efpèce de bonduc différente de l'ordinaire. Les glandes y étoient colorées & plus grandes que dans celui-ci: elles étoient plus abondantes dans celui que M. Vaillant appeloit Londuc à petites feuilles aigues, plus petites dans le voatolalac de Flacourt, mais il y a lieu de penfer que ce ne font-là que des variétés qui arrivent dans le même arbre. Ces différentes plantes avoient des filets fur les jeunes pouffes, les filiques & les pédicules : ces filets étoient blancs, courts & mélés à de plus gros & plus alongés, qui avoient une certaine roideur qui n'approchoit cependant OT RE CRT nd _ÉSL E DES SCIENCES. 357 pas de celle des épines dont les pédicules font armés, & dont la pointe eft tournée vers le bas de ces pédicules. Une plante dont le genre n'eft peut-être pas encore beau- Z;axinelle, coup éloigné de la claffe des papillonacées, eft la fraxinel!e. Fraxinelle. Tous les Auteurs qui nous ont Jaiffé quelque defcription de cette plante, ont ordinairement parlé de fon odeur forte & difgracieufe: ils la comparent à celle qui fort de cet ani- mal qui {ert de comparaifon pour la plufpart des mauvaifes odeurs, je veux dire celle que l’on fent orfqu'on approche d'ün bouc. On fait de plus ceite expérience des plus connues maintenant, qu'une lumière préfentée proche les tiges de cette plante, lorfqu'elle eft verte, l'enflamme, & que cette facilité à prendre feu ne lui vient que d’une matière réfineufe qui f répand fur toute fa furface; mais on n'a pas porté Ia curiofité jufqu'à s’aflurer de quelles parties cette matière {or- toit, rien cependant n'étoit plus aifé à déterminer après ce que Malpighi avoit obfervé fur fes fleurs. I n’y a guère de plante qui ait plus de glandes véficulaires & de glandes à cupule: c'eft des unes & des autres que fort la matière vif queufe & 1énue, qui fe fait fentir dès qu'on touche cette plante; non feulement les tiges, mais les feuilles, leurs pé- dicules font comme criblés de glandes véficulaires: elles font en tout femblables à celles des millepertuis, mais leur nombre eft beaucoup plus grand dans la fraxinelle que dans ces der- niers. Il n'eft donc pas étonnant que cette matière qui en fuinte rende cette plante aufli gluante qu'elle l'eft: la nature réfineufe de la matière qui tranfpire fe fait aflez connoître par fon odeur forte & par la facilité qu'elle a à s’enflimmer. Les cupules ne font pas moins abondantes fur le haut des tiges, les fleurs & les fruits: elles font pourpres, à pédi- cule court & affez gros, de façon que lorfque la cupule eft emportée, on prendroit ces pédicules pour des mamelons | dont ces païties feroient chagrinées. Parmi les cupules on “ remarque de courts filets blancs qui font en aflez grande . quantité, & dont on ne voit fortir aucune liqueur. - On penfe communément qu'il n’y a de connue qu’une Yyij Tamarifcus, Tamaris. 358 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE efpèce de fraxinelle qui varie par la fleur & les feuilles. Mo-. rifon a tâché de prouver ce fentiment, & il a été fuivi par plufieurs autres. # Le tamaris que j'ai, dans mon premier Mémoire, annoncé pour avoir des glandes véficulaires, en eft réellement parfemé d'un très-grand nombre fur toutes fes feuilles, fes jeunes tiges & fes fleurs : ces glandes filtrent une liqueur abondante, & qui, pour ainfr dire, ruifielle fur ces parties ; elle eft en fi grande quantité, que fi l'on pafle la main fur une des bran- ches de cet arbre, on la retire toute mouillée. Je ne pouvois, Jorfque cela m'arriva pour Îa première fois, me perfuader que cette eu fortit de la plante, je l'attribuai pluftôt à un refle de petite pluie que le foleil n’avoit pas encore enlevé, ou bien à la vapeur condenfée de la mer, fur les bords de laquelle j'étois alors : idée que je pris d'autant plus facile- ment, qu'ayant mis dans ma bouche un bout de branche chargé de feuilles & de fleurs, je trouvai à cette eau un petit goût falé des plus agréables; mais deux obfervations que je fis le moment fuivant me confirmèrent le contraire. Il venoit naturellement à l'elprit que fi c'étoit la vapeur de la mer, cette vapeur devoit fe trouver fur les plantes voifines ; mais de plufieurs plantes que j'examinai, aucune ne me fit voir de liqueur. La feconde obfervation fut qu'ayant enlevé par la fuc- cion la liqueur dont les branches que j'avois miles fucceflive- ment dans ma bouche étoient couvertes, je remarquai fur ces branches un nombre infini de glandes, qu'il eft même facile de voir à la vüe fimple, & dans le milieu defquelles la loupe fait aifément apercevoir une goutte de liqueur claire & limpide comme de l'eau lorfqu'on ne la pas enlevée par le frotte- ment ou par quelqu'autre caufe. Je crois que le nom d'eau convient à cette liqueur plus que tout autre; elle ne life rien de vifqueux lorfqu'on la touche, elle n'a point d'odeur frappante, & elle fe mêle aifément à l'eau commune. Celle du tamaris laifle dans la bouche une fraîcheur très-agréable, que je crois être düe au fel qu'elle contient, & qui y doit être très-ténu, ayant paflé par les vaifleaux déliés de cet DES SCIENCES. 359 arbre; & c'eft peut-être à ce fel que l’on doit la vertu que les auteurs de Médecine attrbuent à cette plante dans les obftruétions de la rae. Ce fel ne fe manifefte pas feule- ment par le goût ; une obfervation faite fur des branches de tamaris prifes dans le Jardin royal de Paris, & defféchées, m'a fait voir ce fel: lorfqu'on examine ces branches à 1a loupe, on remarque qu’elles font toutes ridées, que dans la plufpat de ces rides il y a un petit corps demi-fphérique & d'un blanc de lait. Ces rides font formées par les cavités des glandes, & ces corps demi-fphériques ne font que le fel dont l'eau étoit chargée, & qui s'eft dépofé dans chaque cavité lorfque l'eau s'eft évaporée. Pour n'en aflurer, je mis une de ces branches dans ma bouche; le fel fe fondit dans F'inftant, & me laïffa un goût falé qui me parut même * plus fort que celui que j'avois fenti la première fois fur les - bords de la mer: le {el n'étoit pas fans doute fi bien diflous par la falive qu'il l'eft dans l'eau qui fe filtre dans les glandes, & par conféquent il fait une impreflion plus forte fur la langue. On peut voir ce fel non feulement fur le tamaris d’Afle- magne , ou le commun qui eft celui des bords de la mer, & fur lequel j'ai fait la première fois cette obfervation, mais …_ encore fur ceux de Narbonne, d'Euypte de Gafpar Baubhin, — de Madras qui reflemble au cyprès de Pétiver, de F'Apouille, - qui approche de celui de Narbonne, & qui a les épis de . fleurs longs d'environ un pouce; de Micheli, dans fon Cata- logue des. Plantes des environs de Rome & de Naples. Je n'ai vû de différence entre ces arbres que celles qui peuvent venir de la grandeur des feuilles & de la grofieur des . branches. , - Les fraxinelles & les tamaris étoient les plantes dont il = me refloit à parler, de celles que j'avois annoncées dans les … deux premiers Mémoires : on trouvera dans le quatrième ce … qui regarde les pattes d'oies; dans le cinquième, les .obfer- « vations faites fur les Zmonium dont j'ai parlé à la fin du pre- — mier: celles qui ont été faites fur les plantes citées à la fm Terebinthus, T'érébinthe. Lentifcus, Lentifque. Fraxinus, Frêne, 360 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Royazr du fecond, favoir, fur le ldum & fur les fougères, fe trou: veront dans le troifième & le quatrième. Quitte de cette partie, je vais maintenant travailler à conduire à fa fin le plan que je m'étois propofé dans le premier, ce qui demande encore deux ou trois Mémoires avec celui-ci : travail dont je fens maintenant toute l'étendue & que je ne croyois pas devoir être auft long, & j'ofe dire, aufli pénible; je fens même qu'il peut l'être pour ceux qui s'y intéreflent en quelque chofe : l'on eft bien aife d'avoir une idée générale des ma- tières de cette nature, mais un long détail ennuie, Il le falloit cependant ce détail pour ceux qui étudient fpécialement cette partie de l'Hifloire Naturelle ; & puifque javois fait les obfervations qu'il demandoit, autant falloit-il les rapporter : j'ai été d'autant plus engagé à me conduire ainfi, que M. Lin- næus, dans un de fes derniers Ouvrages, a pofé, d'après mon premier Mémoire, même comme un principe, fur le- quel on doit faire les defcriptions des plantes, la connoïffance des glandes & des filets; parties auxquelles on n'avoit prefque pas fait attention jufqu'alors : l'approbation que l'Académie femble avoir donnée à ce travail, eft encore pour moi un motif qui n’eft pas moins preflant & moins fort. Ceci polé, je continuerai l'examen des glandes véficulaires, & je com- mencerai par celles de trois genres d'arbres, intéreffans par les matières qui en fuintent, je veux dire les térébinthes, les lentifques & les frênes. Celles des térébinthes ne fe manifeftent guère que par la matière qui en tranfpire; cette matière eft pourpre, elle prend la forme de larmes bataviques : lorfqu'on regarde cependant avec attention les feuilles de ces arbres, on remarque de petits points fans tranfparence qui donnent chacun un grain de cette matière. Les jeunes poufles font chagrinées de petites glandes Jenti- culaires, propres à un très-grand nombre d'arbres; elles jettent une liqueur vifqueufe & beaucoup plus abondante que les grains des feuilles. Cet ce que j'ai obfervé dans tous les térébinthes des Inftituts, il DES SCIENCES. 361 Infituts, excepté le dernier, que je n'ai pas vû, dans le petit & dans celui à feuilles étroites & crépues, qui ne font, à ce que Je crois, que des variétés: ils conviennent auffi tous par de courts filets coniques portés fur les principales ner- vures des feuilles & des jeunes poules. Le lentifque commun, qui eft le feul que j'aie obfervé, ne diffère des térébinthes qu'en ce que ces grains n’ont aucune couleur déterminée, & qu'il n'a paru life. Les frênes ne font difiérens que par la figure des grains, qui font ronds, fans couleur, où d’un brun roufleître. Ces arbres ont même les filets femblables, & comme ceux des térebinthes qui ont les feuilles dentelées, ils ont le bout de leurs dentelures épais, en forme de glande à godet alongé : ils ne manquent pas non plus de glandes lenticulaires des jeunes poufles, mais je n'en ai vû fortir aucune liqueur. Ceux que j'ai obfervés, font les frênes des Inflituts, celui du Corollaire, les 77 — 79; 81 — 85 du Catalogue des plantes des environs de Florence par Micheli; celui de la Caroline à larges feuilles, & un de la nouvelle Angleterre dont les pennes des feuilles finiffent-en pointe, cité par Miller; celui d'Alep, du jardin de Leyde & de la Phyto- graphie de Plukenet, Tab. cLxxx11, fig. 4: & un d'E£. pagne dont les feuilles font argentées, & qui eft de l'herbier de M. Vaillant: l'argenté de celui-ci n'eft dû ni à des filets, ni à quelque liqueur qui tran{pire, il eft propre aux feuilles. La térébenthine, le maftic & la manne qui fe tirent par incifion ou fans incifion de ces arbres, ont fans doute beau- coup de rapport avec les matières dont j'ai parlé: on ne peut même prefque pas en douter pour la manne qui fe ra- mafle en petits grains de la groffeur de ceux de la coriandre ; & fi ces arbres n’en donnent point dans ce pays, on ne doit peut-être l'attribuer qu'au peu de chaleur & ‘aux pluies fréquentes qui diffolvent les petits grains qui tranfpirent des glandes de ces arbres. D'autres arbres qui pourroient donner des matières femblables, font les aunes & les bouleaux : elles font f Mém. 1751. NE Alnus 5 Aune. Betula , Bouleau, 362 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE abondantes dans quelques efpèces d'aunes, qu'on a fait entrer la vifcofité qu'elles occafionnent, dans leur dénomination. I y a de ces glandes en deflus & en deffous des feuilles, fur les pédicules & les jeunes pouffes: celies de ces dernières parties font pluftôt du genre des lenticulaires, mais, comme celles des feuilles, elles donnent beaucoup de liqueur qui fe durcit en grains vermiculaires en fe féchant. Les écailles des fruits laiflent échapper une efpèce de térébenthine belle & claire, lorfqu'on les écarte les unes des autres: cette térébenthine n'eft düe qu'à des glandes de cette nature. Les aunes que j'ai obfervés font le commun, celui à feuilles blancheîtres, celui dont les feuilles font très-bien découpées, & l'aune des montagnes à feuilles larges, crêpues, glutineufes & découpées en dent de fcie. Ces efpèces font rapportées dans les Inflituts: une de cet Ouvrage & que je n'ai pas vûe, ne diffère de la dernière, fuivant fa dénomination , que parce que fes feuilles font dentelées ; ainfi il n'y a guère lieu de douter qu'elle n'ait les glandes. Une des environs de Rome & de Naples du n° 447 de l'ouvrage de Micheli, & que cet Auteur prétend m'être pas vifqueufe, m'a paru manquer en effet des glandes, mais il y a à leur place de petites écailles circulaires qui en font fürement les fonétions, & qui n'en diffèrent qu'un peu par la figure. Tous ces arbres ont de plus des filets cylindriques fur les nervures & dans leur aiflelle, & celles qui font blanches en ont une fi grande quantité qui leur donne cette couleur, que les glandes peuvent à peine fe diftinguer. 12} Les bouleaux qui fe réduifent au commun & à celui dont . on fait les canots en Canada, font prefque femblables en cela Populus Peuplier, aux aunes; ils ont les filets à peu près difpofés de même, & les glandes des feuilles, des pédicules & des jeunes pouffes: elles s'élèvent un peu fur ces dernières parties qu'elles ren- dent chagrinées, & où elles font plus lenticulaires que celles des feuilles. Les peupliers défignés dans les Inftituts, celui de la Ca- roline, & le noir à feuilles oblongues & coniques du Jardin D E15 VSIC/RIEIN c'Es 36% royal, ne diffèrent de ces arbres que parce que tout et moins apparent. Lorfque les feuilles font jeunes, elles font parfemées d'un grand nombre de grains blancheîtres qui pa- roifient appartenir à des glandes très-petites & auffi peu apparentes que celles des térébinthes & des lentifques. Les glandes lenticulaires des pédicules & des jeunes poules, celles à godet des dentelures des feuilles font plus vifibles ; elles donnent même dans le peuplier noir une liqueur vifqueufe & qui eft femblable à celle qui fuinte des glandes véficu- laires des écailles. des œilletons. Cette liqueur eft plus abon- dante dans cette elpèce que dans les autres; ce qui a fans doute déterminé les Auteurs en Pharmacie à la préférer aux autres pour leurs compofitions. il Ces arbres ont encore tous des filets cylindriques plus ou moins blancs fur les feuilles & les jeunes poufies, & ils font un peu plus abondans dans le peuplier blanc à grandes feuilles, que dans les autres. Lorfque j'ai dit plus haut que les matières que l'on tiroit Liquidambar de plufieurs arbres par incifion ou fans incifion , devoient avoir beaucoup d'analogie, il n'y a peut-être que la manne du frêne qui en foit bien différente: le frêne eft le feul qui ne foit pas de la même dafle. La raifon d'en étre pourroit auffi faire penfer que la liqueur des peupliers, & leurs grains font analogues à ceux des térébinthes, des lentifques, &c. il eft au moins aflez fingulier que ces arbres aient encore ce rapport, qui fe foûtient dans le liquidambar connu par cette réfine agréable & odorante qui en découle: ïl eft entièrement femblable par les glandes véficulaires & lenti- culaires, par les filets difperfés fur les feuilles & réunis en toufre dans Îles angles des nervures. La figure & la difpofition de ces filets me fit penfer, P/atanusy lorfque je trouvai cet arbre au nombre des platanes dans RHqUee Therbier de M. Vaillant, qu'il devoit être d'un autre genre, de même que le platanoïdes à feuilles d'érable qui a des appendices, cité par Pétiver. Les platanes, favoir celui des anciens, celui d'Orient à feuilles d'érable, & celui de 4 Zzi nm nl éme Re li RCD à Gal, Pimentroyal, arbre de cire ou à chan- delle. 364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Virginie ou d'Occident, ont des houppes à cinq ou fix filets dont plufieurs s'élèvent en goupillons : les houppes fe voient fur les feuilles, les pédicules, les jeunes poulies & les cha- tons, les fruits font hériflés de filets fimples & de longues lanières hériflées de même. Lorfque les houppes font tom- bées, le deffous des feuilles paroît garni de glandes véficulaires d'un jaune d'or & comprimées quoiqu'un peu élevées, & qui pourroient bien n'être que les mamelons des houppes un peu aflaiflés, quoiqu'elles me paroiflent femblables à celles des fous-arbriffeaux fuivans. Ces fous-arbriffeaux font les gale ou pimens, dont l'ef- pèce qui vient de la Louifiane eft fi célèbre par cette matière réfineufe que lon tire de ces fruits, & qui peut fuppléer à la cire. Les glandes de ces fous-arbrifleaux font d'un couleur d'or aflez vif, aplaties & répandues en aflez grande quan- tité fur le deffus & le deflous des feuilles, les pédicules, les jeunes poufles & les fruits, mêlées à des filets fimples, cy- lindriques & blancs. J'ai vü ces différentes chofes dans le piment de ces pays-ci, dans celui de Portugal cité dans les Mémoires de l'Académie de année 1706, page 83; dans celui d'Afrique dont les feuilles ont des finuofités, & qui refflemble à un petit chêne verd, dans celui du même pays qui a les feuilles de céterac, & qui efl de la Phytographie de Plukenet, Table c, fig. 67; dans l'arbre à chandelle de Penfilvanie, qui eft le myrica du jardin d'Upfal par Linnæus. L'odeur agréable que ces fous-arbriffeaux répandent, & qui a même déterminé les gens de la campagne à en mettre les branches dans les habillemens qu'ils veulent pafumer, me rendit attentif à découvrir la matière qui pourroit tranfpirer: de ces glandes, mais je n'ai pû en remarquer de folide ni de liquide. Cette elpèce de cire que lon tire par ébullition des grains de l'efpèce qui vient dans la Louifiane, n'eft même pas dûe à fes glandes; elle fuinte au travers de l'écorce des fruits, qu'elle remplit en dedans, où elle entoure amande : elle exige ainfi, pour paroître au dehors, que l'écorce foit amollie & même entrouverte par lébullition ou par le D'ElSWS CRE NcC|E |S: 365 defféchement occafionné par le foleil ou quelqu'autre caufe. L'arbre de cire de la Louifrane eft, à ce que je crois, le feul qui fournifle une affez grande quantité de cette matière pour être recueillie : celui de ces pays-ci ne paroït pas du moins en devoir donner beaucoup, fon fruit étant fec, & n'ayant pas cette enveloppe intérieure qui recouvre l’amande, Le charme qui eft encore de cette claffe, a auffi des glandes véficulaires qui donnent de petits grains blancs ; elles font très-abondantes, fur-tout dans le commun: celui qui reflemble à l'orme, qui a le fruit en grappe comme le houblon, l'ef£ pèce qui vient d'Orient, qui a de petites feuilles & des fruits courts, celle de Virginie, n'en différent pas beaucoup, peut- être y font-elles un peu moins abondantes. Ces arbres ont aufli fur prefque toutes leurs parties, de longs filets fimples, cylindriques, mêlés avec de très-petits & très-courts. Des arbres d’une autre clafle, qui font toûüjours verds, & qui entrent dans ornement des jardins, les filarias, ont des glandes véficulaires qui s'élèvent un peu & forment de petits mamelons dont les feuilles font chagrinées en deffus _& endeffous, & qui donnent de petits grains brillans; on peut le voir dans toutes les efpèces des Inftituts, excepté les deux dernières: ils ont de plus les feuilles dentelées, dont chaque dentelure eft épaiffe. Ils ont auffi fur les feuilles & fes jeunes poufles de courts filets coniques d'un brun verdâtre. Les lilas, qui ont beaucoup de rapport par la fleur avec ces arbres & le frenga, que M. Linnæus à joint aux lilas, conviennent encore par.les glandes véficulaires, qui pa- …_ roiffent comme autant de petites cavités, & qui donnent de petits grains brillans dans les lilas; on les remarque, comme c'eft l'ordinaire, pluftôt fur les jeunes parties que lorfqu'elles font avancées. On peut sen affurer dans toutes les elpèces des Inftituts, elles ont aufli toutes de courts filets blancs coniques, parmi lefquels il y a des cupules baffes , fur - tout . dans le lila de Mathiol. Le frenga eft autant fourni de ces … filets, & il eft pointillé très-légèrement dans les mailles for- —. mées par les nervures: ce pointillé peut fuppléer aux glandes Z ii] Carpinus, Charme, Phyllirea, Filaria. Lilac, Lila: Syrenga , Srenoa. Clionanthus, Coffra, Café. Liguftroïdes. Guajacana , Plakminier. Molle, Ptelea. ZLeucoxylum, Bois blanc. Fagara. 66 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE véficulaires; celles à godet de fes dentelures compenfent auf les glandes à cupule des lilas dont les feuilles ne font pas dentelées. Le chionanthus de M. Linnæus ne m'a paru différent des lilas que parce qu'il eft life: fes glandes donnent une liqueur qui, en fe féchant, dépole une matière d'un blanc du fe le plus blanc. Le café eft auffi life, les jeunes feuilles font tavelées de taches roufleîtres qui pourroient avoir quelque rapport avec les glandes véficulaires. Le Ziguftroïdes où l'arbre épineux , dont le fruit eft à deux coques, a fur les jeunes feuilles de courts filets d'un brun roufleatre, & en deflus de fes feuilles une quantité de petites glandes qui font, caves, & qui contiennent un grain brillant. Un grand nombre d'autres arbres, arbrifleaux & plantes ont également des glandes véficulaires : je vais, pour finir cet article, en rapporter encore quelques exemples, qui, réunis à ceux des Mémoires précédens & à ceux que je pourrai donner dans les fuivans, fufhront & au delà pour donner une idée de ces glandes & de leurs différentes efpèces. Les deux guajacana où plakminiers des Inftituts, le pi/amin de Virginie, qui en eft une efpèce, font pointillés de ces petites glandes : le mr0//e en a de femblables, & on y remarque de petits grains brillans que l'on ne voit pas dans les plak- miniers. Ces arbres ont aufli des filets courts, coniques fur plufieurs de leurs parties: ceux de Ia prelka du jardin de Cliffort font courts & en petit nombre, mais les véficules . font grandes, abondantes & blancheîtres. Le Zucoxylum à feuilles de laurier, alternes, aïgues & à petit fruit , défigné par Burman, ou le bois blanc, en montre de petites en deflus & en deflous des feuilles, qui donnent de petits grains ronds, brillans, & d'autres alongés, d'un brun rouffeître. Le grand fagara d'Amérique à feuilles de frêne, & qui ont des finuofités ; le petit à feuilles de lentifque , ne différent entre eux du côté de ces parties, que parce que les glandes du premier sélèvent un peu & qu'elles font fans couleur D!E S:USUICHNE NICE Ss. 367 déterminée, au lieu que celles du fecond font jaunâtres. Dans Jun & l'autre, ces glandes font fur es feuilles, les pédicules, les jeunes tiges, mélées à des filets courts & coniques : tous deux ont encore à chaque nœud des parties qui peuvent être, lorfqu'ils font jeunes, des vaiffeaux excrétoires ; dans le premier, ce font deux épines pourpres, & noires en deflous des nœuds, & fouvent une en deflus; dans le fecond, deux filets coniques, gros, moufles en deffus, & en deflous trois plus petits. Le frène d'Egypte, clane, tamarind ou afcanna d'Avicene, felon Profper Alpin, m'a paru avoir les feuilles chagrinées en deflous de glandes élevées. L'alcanna à feuilles oblongues & dentelées, du Jardin royal, avoit fes dente- lures épaifles, quelques filets courts fur la gouttière du mi- lieu des feuilles, & il n\a paru fans glandes véficulaires. Le bois à gaulettes ou l'yauaoa des Indiens, felon Surian, étoit, comme l’elane , chagriné de mamelons. L’agallochum où bois d'aloës de la Chine, n'en diffère que parce que ces ma- melons jettent une matière qui fe durcit & devient blanche: ces mamelons s'ouvrent dans le paletuvier violet ou bois à côteleties, qui eft le fixième montochiba des Indiens & de Surian. La pomme de Maboya, n° 47, de Surian, a les feuilles pointillées. La fapotille a les fiennes couvertes d’une fleur blanche, qui paroït fuinter d'un pareil pointillé, que Ton voit aifément lorfqu'on a enlevé cette fleur. Le voa/a- calaca de Flacourt montre une grande quantité de glandes dorées, plattes en deflus & en deflous des feuilles, fur les pédi- cules & les jeunes poufles. Le mamei ou abricotier de Saint- Domingue en a un bon nombre fur les feuilles, & qui font grandes & rougeñtres. Elles font fans tranfparence dans Thimahavale dont les feuilies fentent bon, fuivant Flacourt, Ces glandes font auffi fans couleur déterminée dans l'arbre d'Amérique qui reffemble à un prunier, cité dans la Phy- tographie de Plukenet, Tab. cccxxvir, fig. $. Celles du É quatrième ambare font aufli invifibles au tranfparent; elles font rougeîtres, oblongues & grandes dans l'yamalao des “ Indiens & de Surian. Elles ont aufli cette couleur & font un Alcanna, Bois à saulettes Agallochum, Bois d’aloës. Paletuvier ou boisà côte- lettes. Pomme de Maboya. Sapota , Sapotille. Voalacalaca, AMarmner , Abricotier de: S.!: Domingue, ÆHimahavale, Prunifera, Amnbare. Yamalao, Coulaboule. Jambos. Boisépineux. Bois deperdrix. Simplanobla, Chamælea, Corchorus, Acajou, 368 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE peu élevées dans le coulaboule des Indiens & du même Auteur: L'iambos de Jean Bauhin en a de femblables fur les feuilles, les calices & les pédicules; mais elles ne fe voient pas au tranfparent fur ces deux dernières parties. Outre ces glandes rougeâtres, reconnues par Surian dans le bois épineux jaune, puifqu'il dit qu'il eft troué de toutes parts, & qu'il fent bon, il y a encore des points noirs fur les feuilles de cet arbre, & des taches noires fur leurs pédicules qui me paroifient ana- logues aux glandes : chaque fimuofité des feuilles eft garnie d'une glande véficulaire plus grande que les autres, & le pédicule commun des feuilles eft chargé dans toute fa lon- gueur d’épines aflez longues. Le bois de perdrix à grandes feuilles, du même Auteur, a des glandes noires, qui, par leur groffeur, approchent beaucoup des globulaires. La fmpla nobla des Canaries eft tavelée de pourpre fur fes feuilles. Toutes ces plantes m'ont paru lifles, excepté l'akanna à feuilles oblongues & le bois épineux : les fuivantes ont des filets coniques fur quelques-unes de leurs parties. Le chamaælea à trois coques eft pointillé de blanc; celui de Malabar , qui eft épineux & à trois feuilles, a des glandes jaunâtres, grandes & en grande quantité fur les feuilles & les fruits ; les pédicules & les tiges font hériflés d’épines cro- chues & tournées vers le bas de ces parties, & qui fup- pléent aux filets de l'ordinaire, que je n'ai pas vüs dans celui-ci. Les corchorus, favoir , celui qui eft appelé welochia par Jean Bauhin; l'anthyllis à feuilles d'helxine, de Surian; deux d'Amérique, dont un a les fdliques échancrées, & l'autre eft toûjours verd, dont le fruit eft court & la fleur purpu- rine ; deux de Madras, dont un a les feuilles larges & l'autre longues, cités par Pétiver; celui qui fait l'arbriffeau, qui a les feuilles lifles & reluifantes, fuivant M. Vaïllant dans fon Herbier, ont des grains qui me paroïflent fortir d’un poin- tillé véficulaire, qui ne fe voit pas cependant au tranfparent : ces grains font verdâtres dans le premier, brillans dans le troifième, pourpres dans le quatrième ; je ne les ai pas bien déterminés dans les autres. L'acajou, fi connu par fa noix que are De oh DES' SCIENCES. 3 69 que lon mange, quoiqu'elle renferme fous fa première écorce une glu cauftique & coulante, dûe peut-être à des glandes, fait voir fur le deffous de fes feuilles des points aplatis, roufleîtres , qui me paroiflent être une ma- tière qui fuinte des véficules qui font fous chacun de ces points. Le racamahaca à feuilles crénelées, ou le fadelhou rude, bois propre aux uftenfiles, cité par Plukenet, a des mamelons qui donnent une glu fur le bord des écailles des œilletons. Le fanrefanri de Flacourt montre fur fes feuilles des glandes véficulaires rougeîtres. Le tulipier à baies, de Virginie, qui a des feuilles de laurier qui font couvertes en deflous d'une fleur bleue, fuivant Plukenet, doit peut - être cette fleur à des glandes véficulaires d’un beau rougeitre dont ces feuilles font garnies en deflus & en deffous ; celui qui vient de Virginie & qui s'élève en arbre, a auffi une grande quantité de ces glandes. Si abondantes qu'elles foient, elles ne le font pas encore au point où le font celles de l'ampala- tangluavi de Flacourt , elles y font par milliers. Les glandes des plantes fuivantes font fans couleur déterminée, fivoir, Yarbriffeau qui fent ambre & qui vient d'Afrique, gravé à la Table cLxxxin, fig. 1 de la Phytographie de Plukenet; Voulaouake de Surian : elles s'élèvent cependant dans celui-ci en mamelons noirâtres; la plante qui approche par le port extérieur & par les feuilles, du crindum, qui eft à larges feuilles, & qui vient de Curaflau, felon Plukenet; le randi- roba à feuilles de lierre & anguleufes, de Plumier, où elles fe gonflent en mamelons, comme dans Fazonboug de Fla- court ; le raïfinier bâtard de Surian ; la rauvolf à quatre feuilles étroites, de Plumier; {a pétiver à feuilles de morelle & à capfules épineufes , qui en à de petites & tranfparentes, & deux épines de chaque côté des capfules. Les fraifiers donnent de petits grains que je ne crois pas devoir attribuer à d'autres parties qu'à des glandes véficulaires : ces grains font répandus fur les feuilles & les tiges; il arrive cepen- dant de ne les pas fouvent rencontrer fur ceux que l'on à appelés ftériles. Plufieurs de ces efpèces donnent apparemment Mén. 175$ 1. . Aa Tacamahaca Sanrefanri, Tulipifera , Tulipier. Ampala- tanghuavis Oulaouake. Coris-indi affinis, INandiroba, Azonboug. Raiïfinier bâtard. Rauvolfia , La Rauvolf, Petiveria , La Pétiver. Fragraria, Frailier, 370 MÉMoIREs DE L' ACADÉMIE ROYALE une liqueur claire & limpide qui s'évapore entièrement, & ne dépole aucune matière, comme on l'obferve dans le ftérile de Gafpard Bauhin. Les grains font blancs dans celui de Vir- ginie à fruit de couleur de Karmin; dans l'ordinaire, dans les capitons, dans celui du Chili, ils font d'un beau jaune doré, Ceux-ci, de mème que les flériles, ont les feuilles à den- telures épaifles, pourpres & pointues: ils font chargés de filets blancs aflez abondans fur toutes leurs parties, fans excep- ter de celles de la fleur le placenta ; mais ces filets ne font dans aucun auffr communs que dans ceux qu'on appelle fériles, & dans ceux des Alpes à feuilles argentées : ces filets * font cylindriques & fimples dans tous. Celui qui eft aufr Leucas. Sarracena , La Sarrazin. ftérile, qui vient dans les bois, qui ef foyeux , blanc, & qui eft le Æucas de Diofcoride, diffère de tous les autres: par de très-petites houppes, dont plufieurs ont au milieu un filet de moyenne grañdeur; ce qui m'engageroit à en faire un genre, & à lui impofer le nom que Diofcoride lui a donné. Quoique l'ordre & la fymmétrie que l’on remarque dans l'arrangement des glandes dont j'ai parlé jufqu'à préfent dans ce Mémoire & dans ceux qui l'ont précédé, annoncent un defiein prémédité dans les vües de fa Nature pour la confer- vation des plantes, je crois que ce deffein ne fe montre dans aucune aufit évidemment que dans la plante qui finira cet article, & dans celle qui commencera celui des glandes glo- bulaires. La première eft la farrazin, l'autre eft le Zandura ou la plante diflillatoire : les matières qui tranfpirent des autres plantes s’exhalent & s’évaporent promptement, ou font difloutes par les pluies; celles de ces deux plantes ont un réfervoir fingulier, & qui eft fait de façon que cette liqueur sy amafle, s'y conferve, pour des raifons qu'il eft difficile, pour ne pas dire impofññible, de pénétrer. Je ne chercherai pas à les découvrir, je me contenterai de décrire ces réfervoirs, & les glandes qui me paroiffent filtrer la liqueur dont ils fe rempliflent. Le réfervoir de la farrazin n'eft formé que par les feuilles, te DES ASICMAEINICIE LS 371 ou, plufiôt chaque feuille en eft un. Dans le commun des plantes ces parties ont peu d'épaifleur ; leurs furfaces ne font féparées par aucun vuide; elles le font dans la farrazin * par un qui eft confidérable & proportionnel à {a grandeur des feuilles, dont la figure eft aufli celle des réfervoirs. Leur pédicule qui eft creux fe dilate infenfiblement jufqu’à environ la quatrième partie du total de la feuille: cette feuille fe gonfle alors elle-même & forme une veflie renflée dans fon milieu, &. qui a pour longueur deux fois où environ celle du pédicule: à fon extrémité fupérieure à où eft l'ouverture de la cavité, elle s'étend en une efpèce de pavillon en forme de cœur dont Île milieu eft relevé d'une côte affez forte, & qui le fépare en deux parties ou battans qui font en quel- que forte mobiles fur cette côte ou charnière. Ces deux bat- tans font au moins capables de s'approcher & d'appliquer de façon leur furface intérieure lune contre l'autre, qu'elle ferme cette bouche aufii exaétement qu'il eft poffible : les contours & les échancrures du pavillon font telles qu'elles s’ajuftent très-bien avec celles de l'ouverture de la cavité. Cette ou- verture eft tellement échancrée fur fes côtés, que la partie antérieure s'élève en une pointe triangulaire dans fon milieu qui eft plus épais que le refte, & qui a ainfi une efpèce de bourlet. Ces échancrures font remplies, lorfque l'ouverture eft fermée, par.la partie inférieure & arrondie de chaque côté du pavillon qui s'applique contre le bord antérieur & triangulaire de l'ouverture, & le renferme de fiçon qu'il eft entre les deux battans du pavillon : il n'eft guère poffible alors que leau puifle fortir. La pofition des feuilles étant droite ou peu inclinée, l’obftacle à fa fortie doit, à ce que je crois, ètre encore augmenté par un grand nombre de filets coniques dont l'intérieur du pavillon eft hériffé, & dont Ia pointe eft tournée vers l'intérieur de la cavité, de forte que l'eau ne pourroit fortir fans les obliger de fe redrefer; ce qui formeroit, vü leur grande quantité, une réfiftance à {a fortie de l'eau plus grande que fi les battans étoient liffes. II eft vrai que l'extérieur des battans en eft également hériffé, Aaaij * Voy. PL L fig. 1. 72 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que ces filets font même communs fur les calices & fur fe ftigmate du piftille, & qu'ainfi ceux de l'intérieur du pavillon n'ont peut-être pas d'autre fonction que celle qui peut leur être commune avec ceux-ci. Les premiers cependant font droits & tournés vers le haut des parties qui en font chargées, & ainfi dans un fens contraire à ces derniers ; peut-être que ceux-ci ont une fonétion encore plus effentielle & qu'ils con- tribuent par la liqueur qui peut en tranfpirer à augmenter l'eau qui fe ramafle dans la cavité: ils font même plus gros que les autres. Les principales parties qui fourniflent œætte eau, font au refle, à ce que je penfe, un nombre prodigieux de petites glandes véficulaires roufleâtres, dont toute la fur- face intérieure de {a cavité eft parfemée, & qui me paroiffent analogues à de gros mamelons dont le fruit eft chagriné. Je fais qu'on penfe communément, & on me fa écrit du Canada, que l'eau de ces cavités n'étoit düe qu'à celle qui y entroit du dehors, foit qu'elle vint des pluies, des ruif- feaux ou des rivières où cette plante croit. Je ne puis m'i- maginer que tout cet appareil n'ait été fait que pour empêcher Jévaporation d'une eau qui ne pouvoit que rarement manquer à cette plante, & qu'il ait été fait de façon à en empêcher pluftôt l'entrée qu'à la faciliter. Il en eft de cette eau, comme il en feroit de celle des chiendents, du tamaris dont j'ai parlé dans ce Mémoïre, de celle des orangers dont il a été queftion dans le premier, s'ils avoient des réfervoirs, & pour faire une comparaifon encore plus jufte, comme de celle de la plante diflillatoire, fur l'origine de Jaquelle on n'a eu aucun doute, & que tous les Auteurs reconnoiffent être une fuite de la tranfpiration de cette plante, fi ce n’eft Flacourt qui paroît croire que les rélervoirs de cette plante ne font pleins que lorfqu'il a plu; opinion que je crois aufli faufle que celle qu'il a renverfce, fuivant laquelle les Indiens penfent qu'il pleut le jour que quelqu'un s'eft avifé de couper de ces ré- fervoirs : ce qu'ils ont fcrupule de faire, & que Flacourt fit fans en craindre les fuites, & fans qu'il y en ait eu. Au refte les réfervoirs de cette plante ont encore quelque chofe LS B° EN SNAS IGUELE NI CES: 372 de plus recherché, & fi j'ofe le dire, de plus induftrieux que ceux de la farrazin, comme la defcription que je vais en donner le fera voir. Des Glandes globulaires. Les pédicules des feuilles ou des réfervoirs de Ja farrazin AVepenthes, font aflez forts & aflez gros pour contenir les feuilles, quel- que remplies de liqueur qu'elles foient, dans feur fituation ] naturelle, & empècher ainfi que l'eau ne fe renverfe, comme andura , Plante diftil- atoire, cela pourroit arriver malgré la réfiflance du pavillon, fi le : pédicule n’étoit pas auffi ferme. Cette fituation eft encore entretenue par la pofition de fes feuilles qui s'élèvent peu au deflus de fa furface de l'eau qui les foûtient ; ainfr lart employé pour fermer l'ouverture de ces réfervoirs pouvoit être fuffifant, mais il ne l'auroit pas été pour ceux de la plante diftillatoire * : les fiens font portés au bout d’un pédi- + y. PL 14 cule grêle & pour le moins auffi long que les réfervoirs qu'ils portent. Ces pédicules partent de l'extrémité fupérieure de chaque feuille; ils groffiffent peu à peu jufqu'à fe dilater & devenir creux par le bout où ils font attachés aux ré- fervoirs qui font d’une figure peu différente de celle de Ia farrazin : ils font renflés dans le milieu comme ceux de cette plante, mais il s'en faut de beaucoup qu'ils foient auffi grands. Ï y en a dans la farrazin qui pourroient contenir un demi- fetier de liqueur; les plus grands de ceux-ci n’en contien- droient peut-être, pas le tiers. Ils diffèrent encore par leur ouverture & le couvercle qui la ferme; elle eft exaétement ronde: fes bords ont un bourlet qui entre dans une rainure de la furface intérieure du couvercle qui eft auffi rond & fait pour sajufter à l'ouverture & la fermer exactement ; elle left réellement très-bien par cette méchanique, mais _ comme il peut & qu'il doit même arriver fouvent que es réfervoirs fe renverfent étant dans une agitation conti- … nuelle, à laquelle la longueur des pédicules doit contribuer, il falloit encore prévoir cet inconvénient & empêcher que —… le couvercle pût être forcé par le poids de l'eau, & refter À aa ii * Grinm. Mif- cell. curiof. ann, 1, Decur. II, Offervar. 146, POg- 3 67» 374 MÉmMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE ainfi ouvert. Je crois qu'une efpèce de petit crochet qui n'eft que la continuation de la côte qui partage le milieu du dos du réfervoir en deux parties égales, peut avoir cette fonc- tion : cette côte eft en eflet prolongée jufqu'au deffus de l'ouverture, & cette partie prolongée eft pointue, courbe: de dehors en dedans, & eft affez ferme pour empêcher le : couvercle, malgré fon élaflicité que Grimmius * à reconnu être telle que ce couvercle étant preflé, fort de l'ouverture, & fe lève avec vitelle ; je crois, dis-je, ce crochet affez : ferme pour retenir le couvercle, & même le faire retomber fur l'ouverture du réfervoir, ou au moins l'empêcher de fe renverfer entièrement, contribuer ainfi à la confervation de la liqueur, & mème à une nouvelle colleétion, en mettant l'intérieur à couvert de l'action de l'air & du foleil, & en prévenir ainfi l'évaporation totale & continue. Ce couvercle concourt encore autrement à la produétion de cette liqueur; il eft, ainfi que tout l'intérieur du réfervoir, rempli d’une très-grande quantité de glandes globulaires : chaque glande eft cachée en partie fous une membrane coupée en portion de calotte fphérique, dont le fond regarde le bas du réfer- voir. Cette difpofition a des avantages, & elle ne peut que favorifer la confervation de la liqueur lorfqu'il arrive que le réfervoir fe renverfe ; il doit alors entrer fous chaque ca- lotte une partie petite, il efl vrai, de la liqueur, & lorfque le réfervoir fe redreffe & fe remet dans fa fituation naturelle qui paroït être la droite, il doit réparer par ce moyen une partie de fa perte. Cette méchanique n’a pas été employée pour la färrazin, parce que les rélervoirs n'étoient pas ex- polés, comme je fai dit, à perdre leur direction & à être dans un mouvement continuel, tel que peut être celui des réfervoirs de la plante diftillatoire : cette méchanique ne l'a pas même été pour les glandes des fleurs de cette plante, qui font à découvert & expofes ainfi entièrement à tout ce qui peut occafionner lévaporation de cette liqueur, dont ils navoient pas apparemment befoin. Lorfqu'on eft porté par fyflème à croire que tout a été ans omis à, - pale mm ie dti. el ts Lay: , : Q Des SIGNE Nc Es 375 fait pour les beoins de l'homme, on ne peut pas s'imaginer que cette liqueur ait été ainfi ramaffée pour ceux de la plante qui la donne, & l'on fe perfuade facilement qu'elle lui doit être pluftôt fuperflue que néceflaire. Si l'homme entre dans les vües de la Nature, lorfqu'’elle a ainft tout difpofé, je crois que ce n'eft que fecondairement, & qu'il faut fans doute que cette plante & même la farrazin, quoiqu'au milieu de l'eau, aient befoin de cette liqueur dans certains cas. Quoi qu'il en foit de cet ufage, les hommes tirent fouvent profit de la liqueur de la plante diftillatoire, & fuivant ce qu'en r'ap- porte Grimmius, elle mérite de n'être pas négligée : elle eft douce , limpide, agréable, confortative, rafraichiffante & fi abondante qu'il ne faut pas fouvent pour défahérer une per- fonne qui a foif, plus de liqueur que celle de fix ou huit _de ces réfervoirs; ce qui feroit même confidérable, puifque, felon Flacourt, chaque réfervoir en contient bien fouvent un demi-verre. Je ne connois qu'une efpèce de farrazin & de plante dif- tilatoire, & je crois qu'il n'y en a encore qu'une de connue dans chaque genre, malgré les différences qui peuvent fe trouver dans les figures que lon a de la plante diflillatoire: les feuilles, dans celle que Burman * a donnée, ont des fibres bien différemment arrangées que dans celle que j'ai fait faire. Cet Auteur dit de plus dans fà defcription, que le réfervoir eft life; j'ai vû des filets fauves non feulement fur cette partie & fon couvercle, mais fur les feuilles, Les tiges & les calices, & les fibres de ces parties font longitudinales, & s'étendent depuis une extrémité jufqu'à l'autre : ce qui ne fe voit pas dans les figures que nous en avons. Les différences que Flacourt, qui appelle cette plante du nom africain anra- mitaco, a trouvées dans le réfervoir, qui eft rouge ou jaune, & qui eft plus grand lorfqu'il eft jaune, ne font, à ce que Je crois, que celles des différens états par lefquels il peut { paffer. Dans le grand nombre de plantes que j'ai examinées, & qui ont des glandes globulaires, je n'en ai point vü où ces * Burm. Thef., Zeylan. Tabul, XVII, p. 42» Dracocephalon , Plante cata- leprique. * Mém. de l'A- cad, des Scienc. année 1712» P- 212: , 376 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE glandes euffent cette efpèce d'abri qui couvre celles qui font répandues dans le réfervoir de la plante diflillatoire, elles font feulement renfermées dans une petite cavité, du milieu de laquelle elles fortent un peu en dehors, & font comme une petite pierre arrondie fertie dans un chaton. C'eft ce ue J'ai conftamment trouvé dans toutes les plantes de la clafle des labiées, dans quelques-unes de celles des perfonnées ou à fleurs en mafque, dans plufieurs de celles des fleurs à fleurons, demi-fleurons & radiées. Les divifions que j'ai faites dans le Catalogue des plantes des environs d'Etampes, pour mettre quelqu'ordre entre les labiées, font tirées de la couleur de ces glandes, ou de leur grofieur plus ou moins confidérable, qui les fait ainfi fortir plus ou moins de feurs cavités. Ces divifions ne peuvent plus fubfifter depuis les nouvelles obfervations que j'ai faites ; elles étoient cependant juftes , vü le petit nombre de plantes que j'avois à rapporter alors: mais dans la grande quantité dont j'ai à parler ici, il y a fouvent des efpèces d'un même genre où ces glandes font colorées, & d’autres où elles ne le font pas, elles for- tent plus où moins de leurs cavités dans les unes ou Îles autres de ces efpèces ; ainfi j'admettrai pour le préfent l'ordre établi par M. de Tournefort. Le premier genre de ceux que je dois examiner ici, eft le dracocephalon , dans la Heur duquel M. de la Hire le jeune a remarqué ce fait fingulier *, qui a du rapport avec le figne pathognomonique des cataleptiques , c'eft-à-dire, de refler dans la fituation où on la met. Cette plante eft la feule de fon genre, à moins qu'on ne la réunifle aux moldavies, comme fait M. Linnæus. J'ai rapporté dans le cinquième Mémoire mes obfervations fur les moldavies; je dirai de plus ici que celle qui a les feuilles découpées, & le dracoce- phalon, m'ont fait voir fur les feuilles de petites glandes qui n'ont pour couleur que celle de ces parties : les calices & le haut des tiges ont quelques petites glandes à cupule pourpre mélée avec des filets coniques, articulés, courts, peu abon- dans, & qui le font encore moins fur les fleurs, les tiges & les - mé | D'ESMISNGMREINN (CE s & les feuilles: ces dernières parties ont des dentelures pour- pres, cpaïfles, alongées, & qui font une efpèce de glandes | à godet. | Le genre de [a toque eft un de ceux où les glandes glo- Cafida, | bulaires font des moins apparentes & des plus rares : on les Moque: trouve cependant dans toutes fur l’une ou l'autre partie; & celles qui en ont le moins en font ordinairement voir fur les calices, comme la commune : le calice & le pétale font auffi ordinairement chargés de glandes à cupule, les tiges en font quelquefois hériffées ; & fur toutes ces parties ces glandes | font mêlées avec des filets coniques, articulés, blancs, de ; différente longueur, & dont la pointe eft communément 1 tournée vers le bas, fur les tiges. Les toques que j'ai exa- minées , font toutes celles des Inftituts, excepté celle à fleurs blancheîtres, qui n'eft, à ce que je crois, qu'une variété de J'efpèce dont Columna parle, & celle d'Amérique à feuilles de mauve. Il faut excepter des efpèces du Corollaire l'avant- dernière, qui n'eft peut-être auffi qu'une variété de celle qui la précède. Les glandes globulaires font dans la plufpart d’un blanc brillant; dans quelques autres, d’un jaune doré, comme dans celles à feuilles de cataire, dont les tiges font aufii chargées de glandes à cupule, de façon que je n’en ai point vü dans aucune efpèce de ce genre, en auffi grande quan- tité. Les glandes globulaires étoient d’un blanc nacré où d'un blanc bleuâtre dans celle des Alpes qui s'étend fur terre & qui a une grande fleur : je n'ai vü fortir aucune matière de ces glandes; celles à cupule en donnent dans quelques efpèces. La toque d'Orient à feuilles de germandrée, & celle à feuilles découpées, ont ces parties blanches en deflous; propriété qui eft düe à un duvet qui fe diflout dans la bouche, & que je croirois être une matière qui tranfpire de toute cette furface : on ne remarque point qu’elle forte des glandes glo- bulaires, qui font très-petites, très-dificiles à voir, & qui m'ont paru d'un brillant d'eau. Outre ces plantes, j'ai encore obfervé la toque de Virginie à feuilles d'hyffope & à fleurs bleues, de l'Almagefle de Plykenet, & celle qui eft dans Mém. 1751. . Bbb Prunella, Brunclle. Stachys, Epi fleuri. 378 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Yherbier de M. Vaillant fous le nom de feucrium, qui fent loœillet, qui a la fleur bleue, & qui reffemble à un cafque: Vune & autre étoient peu différentes entr'elles, & de celles dont les glandes font fans couleur déterminée. J'ai trouvé les glandes globulaires des toques en deffus des feuilles dans des efpèces, en deflous dans d’autres. Les brunelles ne m'ont paru en avoir qu’en deffous, &+ elles étoient de la couleur des feuilles : les filets ne font pas rares fur les feuilles , les tiges, les calices & les fleurs. Il eft facile de s'en affurer dans toutes les efpèces des Inftituts, excepté Ia première & l'avant-dernière , que je n'ai pas vües, mais que je ne crois être que des variétés; Tune de celle qui eft à feuilles découpées, l'autre de celle qui les a entières. J'ai vû les mêmes chofes dans la très-grande à feuilles d'hyflope & qui vient au Canada, & dans une autre qui eft de Vir- ginie, qui a des feuilles femblables à celles de la précédente, & les pédicules des fleurs très-longs : ces deux plantes font de l’herbier de M. Vaillant. Les flachys où épis fleuris diffèrent principalement des deux genres précédens, & de prefque tous les autres des labiées, par le grand nombre de filets dont toutes les parties, excepté les étamines & le piftille, font couvertes, & qui le font à un point qu'elles en font drapées. Lorfqu'on enlève de deflus ces parties le velouté, on aperçoit, même dans ceux où il eft le plus épais, des glandes globulaires qui font rouf- feîtres, comme dans celui de Crète & dans celui d'Alle- magne, ou bien d'un couleur d'eau blancheñtre, comme dans tous les autres des Inftituts & le dernier du Corollaire; dans ceux de l'Ecole de botanique qui ne font pas cités dans cet Ouvrage, dans celui des montagnes & dont les feuilles font courtes, larges, noirâtres, cité par Boccone ; dans le petit de Crète à fleur purpurine & panachée, dans celui d'Orient à grandes feuilles de fauge & fleurs jaunâtres & panachées, du Jardin royal, & dans un de l'herbier de M. Vaillant, qui y eft défigné par fes feuilles de fauge, fa fleur qui tire fur le jaune, & qui a des points un peu pourpres : D'EUSHASICMAIENICUE,S 379 Les glandes de cette efpèce font d'un beau jaune foufré. Une plante que M. Vaillant rangeoit fous ce genre, & qu'il pen- foit être la crapaudine des montagnes à feuilles rudes & de lamier, en avoit de rougeatres, & des filets moins abon- dans que ceux des autres. Je ne fais point fi l'efpèce qui eft démontrée au Jardin du Roi fous le nom d'épi fleuri des Canaries, qui s'élève en arbrifleaw, qui a des feuilles de molène, étroites & décou- pées en dents de fcie, n'eft qu'une variété de celle à feuilles de molêne des Inflituts; on le penferoit à fa dénomination, & mes obfervations le confirment : car j'ai remarqué que les filets de ces plantes jettent chacun fix à fept branches, & Yon diroit que les articulations qui leur donnent origine, font caflées, c'eft-à-dire, qu'elles forment avec ces branches un angle confidérable. Ces filets étoient jaunâtres : on peut les regarder comme des goupillons, ils font mélés à des houppes femblables ; les glandes globulaires font d'un beau blanc de Hait. La différence des filets de cette efpèce en annonceroit peut-être une dans la fleur: M. Vaillant l'avoit rangée avec quelques autres plantes, auxquelles il avoit donné le nom de galeopfioïdes, ce qui augmente le foupçon ; on pourroit ainfi en faire un nouveau genre, & y joindre l'épi fleuri des Canaries, qui s'élève en arbrifleau, qui a les feuilles de moléne, blanches, & qui eft du Jardin royal. M. Vaillant en faifoit un de l'épineux de Crète, qu'il . appeloit gaidarothymum , du nom que cette plante porte dans Profper Alpin : elle ne m'a rien fait voir de particulier, elle à les filets blancs, articulés, fimples & abondans, & les glandes globulaires d’un couleur d’eau blancheître & brillant des autres efpèces; ces prétendues épines ne font que les bouts des anciennes branches. M. Vaillant mettoit fous le même genre la crapaudine vifqueufe , qui {ent le bitume, & qui eft citée dans Morifon : fes filets font blancs, mais beau- coup moins abondans; fes glandes globulaires font en grand nombre, élevées, groffes & d'un beau jaune doré: peut- être que c'eft à elles que le vifqueux de la plante & fon Bbb ij Gaïdarothye ULUTTL, Cardiaca, Agripaume. Leonurus, Queue de lion, AMonarda, Monard. 380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE odeur font dûs; je n'ai rien vü qui püt le prouver: Les agripaumes, favoir, la commune, la crépue, celle de Tartarie à feuilles profondément découpées, qui ne font peut-être que la mème plante qui foufre différens accidens, & celle du Corollaire, ont toutes des glandes d'un couleur d'eau brillant, & en très-grande quantité, principalement fur le defflous des feuilles : celle du Corollaire eft un peu plus hériflée de filets que les autres, ce qui la fait défigner, par la molleffe de fes calices & la blancheur de fes autres parties. Un genre de plante qui approche beaucoup du précé- dent, fon M. de Tournefort, & qui y a été confondu par M. Linnæus, eft celui du Æonurus où queue de lion : M. Linnæus en a cependant féparé l’efpèce qui vient du Canada, & qui a les feuilles d'origan, que M. Vaillant plaçoit avec les clinopodium. Les vrais leonurus, favoir , le vivace d’ “Afrique & l'annuel d'Amérique, cités dans les HAE le petit du cap de Bonne-efpérance, & qui «ft le commun de Boerhaave; celui * qui fait l’arbrifleau , a des feuilles de nepeta, & eft cité à la fin du Catalogue du jardin de Leyde, diffèrent peu entre eux : leurs glandes font d'un beau blanc de lait: leurs filets font blancs, excepté fur la fleur, où ils font d’un bel aurore, & plus longs que fur les autres parties. Les glandes font pluftôt couleur d’eau dans le petit des Indes qui eft couronné, & cité dans l'Almagefte de Plukenet, dans l'agripaume de la Table TX, fig. 7 du même Ouvrage; dans le premier marru- biaffrum du Corollaire, placé fous ce genre par M. Vaillant; dans le #mbakola de Burman, & qui eft la queue de lion du Catalogue des plantes de Ceylan par Linnæus. Celles qui portent le nom de monard dans les ouvrages de M. Linnæus, & qui font rapportées dans le jardin d'Upfal de cet Auteur, diffèrent peu des vrais Æomwus; le rapport va même jufqu'à avoir des filets, même en dedans des ca- lices, qui ne font différens que parce qu’ils ne font pas aurores, mais blancs, comme dans les derniers. Les glandes * Hyfiquanenfis, DE SIMSNCMMENN CE: S 38r de la monard du Canada viennent quelquefois d’un pourpre foncé. Elles ont auffi quelquefois cette couleur dans les menthes, qui eft cependant ordinairement d'un beau jaune doré, & quelquefois verd- foncé ou noirâtre; le plus fouvent même les plantes qui ont de ces glandes, en ont auffi de dorées fur l'une ou autre partie & communément fur les feuilles. Je n'ai vü cependant de celles- ci que fur les calices du chonacolla de Ceylan qui eft la menthe du même pays, qui fent le camphre & qui a trois ou quatre feuilles: celles des feuilles font noirâtres; elles font claires, tranfparentes, fans couleur déterminée dans la menthe d'Egypte ou des bords | du Nil, qui eft blanche, qui a des épis courts & des feuilles étroites. Ce font-là des variétés qui peuvent venir & qui viennent réellement, à ce que je crois, des différens états où ces glandes fe trouvent lorfqu'on les examine, comme je l'ai déjà dit autre part. Les autres plantes de ce genre que j'ai obfervées, font toutes les efpèces des Inflituts, aux- quelles il faut joindre la grande menthe à feuilles étroites & dentelées du jardin du Roï: il faut réunir au wenthaftrum du premier Mémoire la feconde menthe à feuilles rondes & à fleurs en épi. Cette plante reffemble par fes glandes & fes filets ramifiés à cette dernière : les filets des autres font fimples, coniques, articulés ; ils fe trouvent fur les feuilles, les tiges, les calices, & ils font aflez fouvent tournés vers le bas des tiges. Les efpèces dans les dénominations defquelles on a fait entrer le velu, en font les plus chargées, comme le pouillot male qui eft réellement cotonneux : les autres menthes qui portent le nom d'aquatique, en ont beaucoup moins que cette efpèce & même que toutes les autres, mais il n'y en a aucune de liffe. Les feuilles de toutes font auffi dentelées, & chaque dentelure finit par une partie épaifie ou glande à godet plus ou moins bafle & arrondie, L'uniformité n'eft pas auffi grande dans les marrubiaftrum ; aufli ce genre établi par M. de Tournefort a-t-il été détruit par M. Linnæus: ce que M. Vaillant avoit fait en partie Bbb iij Menthe, Menthe. Marrubiaf{çarm 382 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE dans fon herbier. Il portoit dans le genre des cnopodium ; celui qui eft à feuilles de crapaudine, à calice épineux, à fleurs purpurines, & qui eft l'alyffon à verticilles & à feuilles crénelées de Gafpard Bauhin, & celui qui n’en diffère que par fa fleur jaune, qui a le bord d'un pourpre noir & dont le haut eft jaunâtre. Il appeloit marrubiaffroïdes celui qui avoit la fleur blancheâtre: ïl laifloit au nombre des marru- Biaftrum, celui qui a la fleur jaune & d'un pourpre noir; je crois que toutes ces efpèces peuvent être réunies fous un mème genre, & qu'elles font de celui que M. Linnæus ap- pelle cunila. Ces plantes conviennent non feulement en ce que le bout des denielures des calices finit par un filet gros & pointu que l'on a comparé à des épines, mais en ce que les dentelures des feuilles finiflent de mème, que les filets font des plus communs des labices, mêlés à de très-petits; que les glandes globulaires font très-petites, claires, non colorées, brillantes feulement & communes. Le wrarrubiaftrum ordinaire & celui des marais qui a une mauvaile odeur, étoient, fuivant M. Vaillant, des galeopfis, & füuivant M. Linnæus, ils font des crapaudines. Ces deux plantes ont des filets fimples, coniques, articulés fur toutes leurs parties, excepté les étamines & le piftille comme les précédentes : les den- telures des calices font pourpres & un peu moins aigues que dans celles-ci, celles des feuilles peu différentes , les glandes globulaires femblables. Le marrubiaffrum à feuilles d’agripaume, qui eft une crapaudine pour M. Linnæus, étoit appelé par M. Vaillant galeopfoïdes, auquel il joignoit une plante qu'il appeloit auffi pied de loup à grandes feuilles d'ortie. Je n'ai vüû que les feuilles de cette plante, mais elle avoit les glandes globulaires de largenté brillant de celles de la première, où je les ai trouvées non feulement fur les feuilles, mais fur les tiges, les calices & les fleurs qui avoient auffi ‘des filets coniques. Ces filets & ces glandes ne font pas rares dans lune & l'autre elpèce; les feuilles font à demtelures épaifles, les dentelures des calices finiffent dans le premier par une pointe roide &c prefque cpineufe. M. Vaillant plaçoit Le re ne me detre Re 2e TT. Et shine DielsiiS cet elr!s 383 au nombre des ztrahit qu'il avoit formés, une plante qu'il avoit d'abord appelée marrubiaftrum à feuilles arrondies, à fleur blanche dont le limbe eft d'un pourpre noirâtre ou cra- paudine , qui reflemble au baflic de Valentin: elle m'a paru ne différer des cunila que parce que les glandes globulaires y étoient d’un fôufre doré. Les /ycopus où pieds de loup des [nftituts auxquels il faut joindre, felon M. Vaillant, le faux marrube des marais de Virginie qui paroit life, qui eft grand & qui a les feuilles entières, conviennent pour les glandes globulaires qui font nombreufes & fans autre couleur qu'un brillant d'ewu, par les filets qui font fur toutes les parties, excepté les étamines & les piftilles, par les dentelures épaifles des feuilles, & par la rigidité des découpures des calices; ce qui les approche beaucoup des marrubiaftrum. Le genre des crapaudines dont j'ai parlé un peu plus haut, doit renfermer, felon M. Vaillant, les 3, 4, 6, 8, 11 des Inftituts, & les 2 & 3 du Corollaire, celles du mont Sipile & une qui eft dans herbier de M. Vaillant, avec le nom de M. Sherard, & appelée très- grande crapaudine à fleur d'un blanc jaunätre & à feuilles rudes fans pédicule. Je ne fais pas fi toutes ces plantes y doivent réellement être compriles, mais j'ai vû quelques petites différences dans quel- ques-unes : a plus confidérable eft celle des glandes à cupule que d'autres n'ont pas. On les trouve dans les 9—11, dans l'odorant de Perfe cité par Zanoni, dans celui de M. Sbe- rard; elles garnifent le plus fouvent le haut des tiges & les feuilles: elles ont de plus les glandes globulaires qui font ordinairement foufrées, aflez fouvent aufli d'un clair d’eau comme dans la troifième, Ces glandes fe voient fur les feuilles, les tiges, les calices & les fleurs, ou feulement fur lu#e ou l'autre de ces parties, qui ont aufli toutes des filets coniques ; ils ne font dans aucune aufli abondans que dans la deuxième du Corollaire, dans celle d'Egypte qui s'élève beaucoup & qui a‘des feuilles de seucrium : H me paroït ce- pendant que le cotonneux de cellè-ci feroit pluftôt une Lycopus, Pied de loup, Sideritiss Crapaudine, Tetrahit, Æorminoïdes 384 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE matière qui fuinteroit de ces parties ; il s’enlève du moins fort aifément pour peu qu'on le frotte. Les premières crapaudines des Inftituts & du Corollaire font du nombre des tetrahit de M. Vaillant, la première de Clufius, celle qui eft droite, qui a des feuilles femblables | au teucrium des prés, qui vient d'Ethiopie & qui eft citée par Plukenet, Favant-dernier galeopfis des Inflituts, les deux dernières bétoines du même Ouvrage, la première du Co- rollaire, celles des n.” 109 & 846 du Catalogue des plantes de Rome & de Naples, & 303 de celles de Florence par Micheli, une que M. Vaillant appeloit bétoine maritime à fleurs d’un jaune pâle & à feuilles qui finiffent en une longue pointe jaune, enfin un galcopfis appelé par le même, ga/eopfis de Crète, à feuilles de bétoine & à fleurs jaunâtres, aux- quels on pourroit joindre la crapaudine commune, velue & droite de Gafpard Bauhin. Les glandes globulaires font tès-peu fenfibles dans toutes ces plantes; elles font très-pe- tites & ordinairement d'un couleur d’eau brillant. Celles de l'avant-dernière bétoine des Inffituts font d’un blanc de lait, du moins fur les calices & les fleurs; celles de la dernière de ces bétoines font d’un rouge d'ambre de Quito, & lon en voit fur le deffous des feuilles, fur les tiges, les calices & les fleurs. La première de ces deux plantes avoit auffi des cupules fux le haut des tiges, de même que lavant-dernier galeopfis, celui de Crète & la première crapaudine de "Clu- fius; ces cupules étoient foufrées. Je n'ai point vû les cupules dans aucun des autres, peut-être m'ont-elles échappé, mais toutes avoient des filets coniques, fimples en plus grande ou en moindre quantité fur toutes leurs parties, excepté les éta- mines & le piftille: les dentelures des calices s'alongeoient en une pointe qui avoit une certaine roideur , & elles font auffi chargées de filets. : Une autre plante appelée par Lippi crapaudine d'Egypte, qui reflemble à l'hermin, eft placée dans l’herbier de M. Vaillant fous un genre particulier qu'il nonumoit /orminoïdes. Cette plante ne diffère pas beaucoup des précédentes qui ont | des dde oise ch 2er SC DPENSNMSTCNIEINN GENS. 38 des cupules; les fiennes étoient fur les calices & le deffous des feuilles : les glandes globulaires étoient foufrées, les filets à l'ordinaire fur toutes les parties. La crapaudine blanche à feuilles d’olivier, felon Boccone, eft différente de toutes les précédentes par une quantité pro- digieufe de petites houppes blanches qui drappent les parties, qui font chargées de filets fimples dans les autres, & qui fe trouvent aufli fur celles de cette plante, mélées de plus à des glandes à cupule tranfparentes. Cette différence eflen- tielle demande peut-être qu'on la fépare des autres par un genre particulier, ou qu'elle foit réunie à un de cette claffe dont les efpèces aient des houppes: Le genre des melifles a, comme les crapaudines, fouffert des changemens. M. Linnæus Fa féparé en trois genres; la meliffe des jardins, celle des environs de Rome qui eft douce au toucher à caufe de fon velu & qui fent fort, la petite & qui s'élève peu, citée par M. Boerhaave; celle qui eft d'un rouge noirâtre & à feuilles de bugle du jardin d'EL- thame, celle d'Amérique qui devient très-haute, qui a les feuilles arrondies, & que lon dit être liffes, du Jardin royal; celle qui vient très-haut, qui porte, felon le P. Plumier, de petites boules, font des melifles : elles ont des glandes globulaires fans couleur fur les feuilles, des filets fur prefque toutes les parties dont les plus petits jettent quelquefois des gouttes de liqueur par le haut comme peuvent faire les glandes à cupule. La petite melifle à larges feuilles & très-grandes fleurs purpurines, & fes deux variétés, portent le nom de melitis; elles diffèrent peu des précédentes, fi ce n’eft par la quantité des filets qui font moins abondans. M. Linnæus appelle hormin, celle des Pyrénées à tige life & feuilles de plantain ; elle eft différente par le peu de filets, qui s'y trouvent cependant fur les mêmes parties que dans les plus velues, & fur-tout par fes glandes globulaires abondantes & d’un jaune de foufre ou d'imbre foncé. … Cette couleur des glandes globulaires eft auffi celle qu'elles prennent dans les cataires; d'abord elles font verdâtres ou Mém, 1751. 100 Melif{à » Melifie. Cataria, Cataire. Betonica, Bétoine. 336 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE couleur d’eau, ou noirâtres: elles gardent quelquefois cette dernière, mais elles deviennent plus communément d'un cou- leur d’or plus où moins foncé, il y en a qui font quelquefois rougeâtres. J'ai trouvé ces petites variétés dans les unes ou les autres des cataires des Inftituts & du Corollaire, que j'ai toutes examinées, excepté la troifième & l'avant -dernière du Corollaire. Toutes ces plantes avoient encore de comimun d'être chargées plus ou moins de filets fimples, articulés fur toutes leurs parties, excepté les étamines & le pifille: quelques-unes m'ont fait voir des glandes à cupule bafle, comme les 1, 2, 4 du Corollaire, & celles d'Efpagne, à feuilles étroites de bétoine & à fleurs bleues ou blanches. M. Vaillant plaçoit fous ce genre les deux dernières crapau- dines des Inflituts; elles diffèrent peu des cataires: leurs glandes globulaires font foufrées, leurs filets font courts & en moyenne quantité, on n'y voit pas de cupule; elles convenoient en cela avec deux que l'on démontre au Jardin royal, qui s'é- lèvent très-haut : une eft de Canada, fes feuilles reflemblent à celles de la fcrophulaire, & fes tiges font verdâtres ou pur- purines ; l'autre eft d'Amérique & a de très-petites fleurs. Ces deux efpèces ont du rapport par leurs glandes globu- laires qui n’ont que la couleur des feuilles, où qui n'avoient que celle-ci lorfque je les ai obfervées. I ne me refte plus à parler ici que de deux genres de la clafle des labiées, favoir, celui des bétoines & celui des bafilics. J'ai déjà rapporté ce que j'avois và fur plufieurs du premier : celles qui me reftent à examiner, font la dernière du Corollaire, qui n'eft peut-être qu'une variété de celle qui la précède, les fix premières des Inftituts, celle de cou- leur de chair citée par Volkamer, celle des Alpes à feuilles blancheâtres & fleurs pourpres, celle qui a l'épi de fleurs plus long, plus doux & qui fleurit plus tard: elles ont toutes des filets fur les parties où on en voit fur les cataires, elles ont les dentelures des calices en pointes roides. Les glandes globulaires font mélées aux filets ; elles font ordinairement verdâtres & deviennent d’un blanc de lait quelquefois doré, DEN INSNCAINENUN) CES. 38 tomme dans celle du Corollaire & dans celle des Alpes à fleurs jaunes. ; Les baflics que l'on cultive dans les jardins ordinaires, fe doivent, fuivant le fentiment qui règne maintenant parmi les Botaniftes, réduire à une feule efpèce qui varie infini- ment par le plus ou le moins de grandeur des feuilles, par les couleurs qu'elles prennent, par celles de la fleur qui varie auflr, & par l'odeur de la plante qui n’eft pas toùjours {a même. Ce fentiment paroît très-probable, puifque la même graine femée donne prefque toutes ces variétés en même temps: fur ce principe tous les bafilics des Inflituts fe réduifent peut- être à une feule efpèce, ou tout au plus à l'efpèce commune & à la petite. J'ai vü ces deux, le très-petit qui a les feuilles gauderonnées, le grand qui a de femblables feuilles, le grand à umbelle de Barrelier, le moyen, celui qui fent le citron: toutes ces plantes ont fur les feuilles des glandes globulaires qui donnent une liqueur claire & limpide. Je n'ai pas vû cette liqueur dans les fuivans, mais les glandes étoient d’un jaune doré, au lieu qu'elles font verdâtres dans les premiers, excepté le citronné où elles ont la couleur des fuivans; ceux-ci font le petit bafilic des Indes, purpurin, à odeur de f/yrax liquide, le rtomba de Flacourt, deux de Ceylan qui font vivaces, dont l’un eft du jardin de Leyde, & l'autre de Jherbier de M. Vaillant, avec la citation de M. Sherard : le premier eft vivace, s'élève en arbriffeau & reffemble par les feuilles au calament; le fecond a les feuilles étroites, la lèvre fupérieure découpée en deux, verdâtre, l'inférieure blanche, étroite & petite, celui qui eft d'Afrique, qui a les feuilles larges, qui fent très-bon & qui eft du Jardin royal. La claffe des plantes à fleurs en mafque ou perfonnées, qui approche beaucoup de celle des fabiées, fe diftingue principalement par les glandes à cupule; quelques-uns de fes genres ont cependant des glandes globulaires : je ne par- lerai dans ce Mémoire que de cerx-ci. Le premier de ces Ocimum , Balilic. genres dans les Inflituts eft cell des bignones: ces plantes Bignonia, ont fur les feuilles un aflez grand nombre de olandes Bignone. Ccci IScrophularia , Scrophulaire. - 88 MÉMoIiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE globulaires, peu de filets, dont les petits femblent s'évafer 1m peu en cupule. Les glandes globuliires fe chargent quelquefois, comme dans celle qu'on appelle communément jafmin de } Virginie, d'une matière brune: cette matière eft en grains brillans dans le catalpa, blanche dans le poirier d'Amérique, où elle brunit enfuite; dans le chêne, elle eft pluftôt en grains blancs, tranfparens, qui deviennent d'un brun fale. La grifle de chat a des glandes rouffeätres fur les fleurs: ces glandes font argentées dans la douzième des Inftituts, d'un jaune doré dans les $ & 6 du mème Ouvrage, dont il ny a que les 7, 8, 10, 11 & 13 que je n'aie pas examinées ; elles font remplacées par les fuivantes, favoir, la bignone d'Afrique en arbre, à feuilles larges de frêne, à grandes fleurs rouges & du Jardin royal, herbe à malingre, la petite bignone grimpante, à feuilles de frêne, une appelée dans Yherbier de M. Vaillant, pata murina à iliques en forme de coutelas, fur les feuilles, les pédicules & jeunes poules de laquelle if y a principalement une quantité confidérable de grains brillans qui deviennent jaunes, & qui font dûs aux glandes : elle eft une des efpèces qui ont les filets articulés & coniques les plus longs. Quelques efpèces font voir des glandes à godet fur les pédicules des feuilles, que je n'ai pas déterminées dans les autres; il y en avoit quatre à cinq de chaque côté dans la petite à feuilles de frêne, elles étoient grandes, rondes & verdâtres. Le jafmin de Virginie en avoit d'oblongues qui étoient femblablement poltes, & fept ou huit en nombre. Les efpèces du genre des fcrophulaires, que l'on a défi- gnées en paitie par leur velu, ont plus abondamment que les autres des filets coniques, articulés, blancs, d'une lon- gueur qui varie, qui fe gonflent quelquefois par leur milieu, comme ceux des graflettes, & qui garniffent les feuilles &c les tiges. Celles qu'on a appekes lilles ont peu où point de ces filets, mais toutes ont plus ou moins de glandes à cupule fur les feuilles, & principalement ur le haut des tiges : cette cupule eft pourpre, violette où fans couleur. D'EMNSWS LICE NC ES 89 Toutes ont aufli, les liffes {ur-tout, des glandes globulaires qui ne prennent communément que la couleur des feuilles : il fort de ces glandes une liqueur qui, en fe féchant, devient blanche dans plufieurs efpèces ; quelquefois ces plandes s'é- lèvent aflez fur les feuilles pour former une efpèce de cha- . griné. La lèvre fupérieure du pétale a une petite languette fur laquelle il y a quelques glandes globulaires qui donnent une matière qui fe durcit, & forme de petits grains brillans. J'ai vü cette languette dans plufieurs de ces plantes, je ne me fuis pas afluré fi elle eft dans toutes, M. Linnæus pré- tend qu’elle manque dans quelques-unes. Les efpèces que j'ai obfervées, font toutes celles des Inftituts, excepté les 10, 15; je nai vû de celles du Corollaire, que les trois pre- mières, les deux dernières, & celle qui a des feuilles de chanvre. I1 faut ajoûter à ces efpèces celles du mont Ma- donia en Sicile, à feuilles d’ortie plus profondément dentelées, qui paroiflent liffes & luifantes; l’ykeraiea des Brafiliens, celle des bois à feuilles d’ortie, rudes & fleurs d’un rouge noi- râtre; celle à feuilles longues & aigues, de Ray ; & une de YHerbier de M. Vaillant, qui y eft appelée fcrophulaire d'Orient à feuilles différemment découpées, & qui s'étend - {ur terre. Il y en a encore quelques-unes dans cet Herbier qui n'ont pas de citations : j'y ai obfervé les mêmes chofes que dans les précédentes. Les acanthes des Inftituts, celui de Portugal à grandes feuilles qui n'ont point d'épines, & fur-tout celui de Malabar à feuilles de grand houx, des ouvrages de Pétiver, ont des glandes globulaires fur les feuilles, & que je crois donner une liqueur; je fai du moins obfervée dans ceux des Inftituts & celui de Portugal : les filets font coniques, articulés & peu abon- dans; on en remarque fur les feuilles, les tiges & les calices; & dans celui de Malabar, en dedans de la fleur, où ils font très-gros & très-longs : le fonxmet des étamines en a dans tous, comme dans un grand nombre des labiées, qui ne font pas articulés, & que l'on pouroit peut-être regarder comme les reflorts des pouflières, puifquils ne paroiffent : Ccci Acanthus, Acanthe, Chelone. Valdia, Capraria. Plantagisella, Cornutia, La cornuti. Halleria, L'Haller. Bontia. Virex five 390 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE que lorfque les bourfes qui forment les fommets, font ou- vertes. | Le chelone d'Acadie à fleurs blanches, & celui à feuilles aigues, & qui reflemble au muffle de veau, ont fur les feuilles des glandes globulaires en petit nombre, de la cou- leur des feuilles : ces parties font voir aufli quelques filets coniques, articulés &c blancs. La valdia des nouveaux genres du P. Plumier montre en deffus des feuilles de pareilles glandes ; les filets y font femblables : les dente'ures des feuilles, comme dans les acanthes, roides, épineufes, ce qui apparemment a été caufe que le P. Plumier a comparé les feuilles de la va/dia à celles des chardons. Les capraria conviennent avec la valdia par les glandes & les filets, ceux-ci fe voient fur les découpures des calices & fur le bord des feuilles dans celle de Curaffau, appelée com- munément cabritta : les glandes, qui font affez abondantes, aplaties, claires & brillantes d'abord, fe trouvent fur le deffus & le deffous des feuilles, l'extérieur des calices, les fruits, où elles font plus groffes. La dernière véronique des Inflituts, qui eft de ce genre, en a fur les mêmes parties, & qui font colorées; on y voit auffi les filets de la précédente. J'ai déjà dit dans le Catalogue des plantes des environs d'Etampes, que la plantaginella, qui a des glandes globulaires fans couleur en deflus & en deflous des feuilles, m'a paru lifle. La cornuti des nouveaux genres du P. Plumier, bien loin d'être life, eft hérifiée fur toutes fes parties, excepté les éta- mines & le piflille, d’une très-grande quantité de filets courts, blancheîtres, & a des glandes globulaires d'un foufre doré fur les mêmes parties, & aufli abondamment. IL en eft à peu près de mème de l’halleria. La bontia en arbre, à feuilles de garou, a fes feuilles parfemées de fem- blables glandes, qui font d'un jaune de karabé rougeître; elles font plus élevées, plus grofles fur les fleurs. Les glandes des agnus caflus font d'un foufre doré orfque Agnus caflus, ces arbres vont perdre leurs feuilles ; mais lorfque ces parties D'ES SCIE N CE 5. 39r font jeunes, les glandes font noires, & prennent peu à peu cette autre couleur: c’eft ce que j'ai obfervé dans toutes les efpèces des Inflituts, dans celle qui a les feuilles élégam- ment découpées, & dans le nucheela de Malabar, qui eft Vagnus caflus de Madras à feuilles larges, découpées en main, qui a des fleurs en grappe, & qui eft cité par Pétiver; celle-ci eft outre cela blanche, d’une très-grande quantité de courts filets qui couvrent toutes fes parties, excepté celle de linté- rieur de la fleur ; ils ne font pas aufli abondans dans les autres efpèces, mais ils sy trouvent fur les mêmes parties. Les glandes s’'obfervent en deflus & en deflous des feuilles, fur les tiges, les calices & même les fruits. J'ai déjà fait voir dans quelques-uns des Mémoires pré- cédens, que plufieurs genres des plantes à fleurons, demi- fleurons & radiées avoient des glandes globulaires, & que ces glandes étoient ordinairement d’un jaune doré plus ou moins vif, ou qu'elles étoient rougeâtres ou ambrées: les glandes des genres dont j'ai à parler ici, ont de même l’une ou l'autre de ces couleurs. La première fection de la claffe des plantes à fleurons de M. de Tournefort, eft compolée des genres du petit glouteron, de l'ambroifie & du gnapha- lodes: M. Linnæus les a Ôtés de cette claffe, en a fait un ordre à part, & y a joint le partheniaftrum. J'ai parlé de cette plante & du tarconanthe qui peut être aufli rangé fous cet ordre, dans le fixième Mémoire: j'ai fait voir que ces plantes ont des glandes globulaires. Il n'y a que les plantes du genre du graphalodes des trois autres qui n’en ait pas; mais ces plantes font couvertes d’un duvet blanc, cotonneux, qui fuinte de toutes leurs parties, excepté des fleurons. Ces efpèces font le gnaphalodes de Portugal, celui d'Efpagne ap- pelé par Barrelier f/ago, qui s'étend fur terre, qui a les têtes rondes & couvertes d'un duvet, & celui que Gafpard Bauhin appeloit gnaphallum à feuilles larges. Les trois petits glouterons rapportés dans les Inflituts, ne différent les uns des autres que parce que les glandes du commun font roufleâtres, qu'elles font couleur de cerife dans Graphalodes; Xanthium , Petit glouteron “Ambrofia , Ambroilie. Conyfa, Conyfe. 392 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ceux de Canada & de Portugal qui font diftingués par les épines des fruits, dont la longueur & la roiïdeur font plus confidérables dans celui de Portugal: ce qu'ils ont de com- mun, font les filets à valvules, les glandes à cupule & les épines des feuilles, qui font cependant auffi plus roides, & comme branchues dans celui de Portugal. H faut joindre aux trois ambroifies des Inflituts, celle de Canada à feuilles de chanvres, découpées en digitations & qui eft vivace, la maritime du Pérou & qui eft plus grande que les autres, celle qui a des feuilles d’abfinthe & qui font blanches. Ces plantes font démontrées au jardin du Roi; les trois fuivantes font de l’herbier de M. Vaillant: elles y font appelées, lune ambroifie de Memphis dont les feuilles font très-bien découpées; l'autre plante qui approche de l'am- broifie, qui vient de Madras, qui a des feuilles de perfr- caire, & qui eft citée par Pétiver; la troifième eft l’efpèce d'abfinthe du n° 67, page 1 33 de F'hiftoire de Madagafcar par Flacourt. Toutes ces plantes ont des filets cylindriques en grande quantité fur les feuilles, les tiges & les calices: ces filets font ordinairement longs & doux; il n’y a guère que ceux de l'ambroiïfie du Canada à feuilles de platane, qui font gros, aflez rudes & moins abondans: les glandes y font également moins communes & moins brillantes que dans les autres où elles font d'un jaune doré, & où elles {e font voir fur les mêmes parties que les filets. Le genre des conyles des Inftituts a été un peu corrigé ou divifé par les Auteurs qui ont fuivi M. de Tournefort, & fur-tout par M. Linnæus : je crois que ces corrections font en grande partie juftes. J'ai vü des différences dans ces plantes par rapport aux glandes & aux filets: les unes n'ont paru m'avoir que des filets, d’autres en avoir avec des glandes à cupule, & d’autres avec les glandes globulaires. Les premières font les s, 6 & 14 des Inflituts, les conyfes 3, 4, 8, 9, 22, 27, 28 du Mémoire de M, Vaillant, la grande conyfe en arbre d'Egypte, à feuilles en dent de fcie, & à fleurs d'un pourpre lavé, felon Lippi, & celle de Malabar à An (e} ie spot eg - DES SICIÉNCES. 393 de lamier & à fleurs pourpres, de Commelin. M. Linnæus a fait un genre qu'il appelle ageratum, de Ja conyle d’Amé- rique à feuilles de lamier, qui eft la fixième des Inftituts. Toutes celles que je viens de rapporter féroient-elles de ce genre? je le croirois, du moins pour celles qui ont peu de filets, comme la cinquième des Inftituts, la neuvième du Mémoire de M. Vaillant, & celle de Commelin. Les autres elpèces du Mémoire de M. Vaillant font drapées d'un duvet épais qui fuinte des furfaces mêmes des parties qui en font couvertes, ou du bout des filets à valvules; ce qui n'empècheroit de les regarder comme des ageratum. Les -conyfes qui ont des filets & des glandes à cupule font les 1, 4 des Inflituts, la 22 du Mémoire de M. Vaillant, celle de Sicile à tiges d'un rouge noirâtre, défignée ainfi par Boc- cone, une que M. Vaillant penfoit être la quatrième petite conyfe exotique de Gafpard Bauhin, & que M. Vaillant ap- peloit conyfe, jaune, vifqueufe, qui fent bon & qui vient d'Efpagne , une de Sicile qui eft annuelle, à fleurs jaunes, à feuilles d'un verd noirâtre & à tiges rougetres, & une d'Amérique qui s'élève en arbrifleau, & qui a les feuilles d’arroche. Ces deux font démontrées fous ces dénominations au Jardin royal: les cupules de ces plantes donnent une li- queur plus ou moins apparente & tenace; elle à ces qua- lités dans celles qui font appelées vifqueufes & à odeur agréable: ces glandes font mélées avec les filets. Les co- nyfes qui ont des filets & des glandes globulaires, font les 6, 11— 15, 19, 23 —25$, 29 — 32, du Mémoire de M. Vaillant, auxquelles il faut joindre le barnuff que les Arabes cultivent dans les jardins, à caufe de l'odeur agréable de fes fleurs, la grande en arbre, qui vient d'Egypte, qui à les feuilles en dent de {cie fur leurs bords, les fleurs d’un pourpre lavé & odorantes, fuivant Lippi, celle que M. Boerhaave dit venir d'Afrique, avoir de petites feuilles, s'élever en fous- arbrifleau, & porter des fleurs d'un jaune doré, la verge d’or des Indes orientales, à fleurs blanches & qui eft couverte de duvet felon Plukenet; celle que le même Auteur appeloit Mém. 1751. , Ddd ÆEupatoriun, Eupatoire. 394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE, conyfe aromatique, qui fait le fous-arbrifleau, qui a les feuilles de camphrée, velues {ur feurs bords, & une grande fleur d'un jaune doré, qui eft compolée de fleurons en flûte: M. Vaillant en faifoit un genre particulier qu'il appeloit flepha- topterophoros. Les glandes globulaires font d'un beau jaune doré dans toutes ces efpèces, affez abondantes & très-appa- rentes, fur-tout dans la 3 1, où elles s'élèvent en gros ma- melons qui rendent ces parties rudes au toucher; elles font mélées, fur les feuilles, les tiges, & quelquefois même für les calices, aux filets, qui garniflent aufli ces mêmes parties dans les plantes qui font avec ou fans olandes à cupule ; ces filets donnent quelquefois un fil qui fort de leur extrémité fupérieure, mais le plus fouvent ils font fans ce fil. Les eupatoires, qui ont beaucoup de rapport avec les conyfes par les fleurs, en ont auf par les slandes; elles y font également d'un jaune doré, de couleur de cerife ou noirâtres, J'ai remarqué la première de ces couleurs dans les 1 — 6, 20, 21, 25, 29 du Mémoire de M. Vaillant; de couleur de cerife dans les 17 & 19; de verdätres dans les 20 & 22: celle-ci cependant en a auffi de dorées fur les calices L'eupatoire d'Amérique qui s'élève en arbrifleau, dont les feuilles font longues, d'un verd clair, découpées légèrement en dent de fcie, qui a les fleurs blanches & petites, & qui eft démontrée fous ce nom au Jardin royal, a des taches oblon- gues, irrégulières, qui donnent une liqueur lorfque la plante eft jeune : elles peuvent ainfi être regardées comme des glandes fans couleur déterminée. Les eupatoires 14, 16 & 23 du Mémoire de M. Vaillant ne m'ont fait voir aucunes glandes, pas même ces dernières, elles ont feulement les filets des autres efpèces, &, comme elles, en plus grande où moindre quantité. fur les feuilles, les tives & les calices, où ils font mélés avec les glandes dans les efpèces qui ont de ces glandes. C'eft auffi fur ces mêmes parties que lon remarque ces glandes & ces filets dans la cacalia de l'hiftoire d'Oxford, & qui eft à feuilles arrondies potes au bas des tiges & fans pédicules; dans Feupatoire qui vient, felon Plukenet, de l'ifle ST 1 — — D'EMSNAS ACINIE nt © ps s Marianne, dont les feuilles reflemblent à celles de l'Ayera- cium de Savoie, que Lobel à fait connoître, & qui font rudes & dentelées: dans une que M. Vaillant penoit être l'eupatoire à trois feuilles de fauge, qui a des têtes d'un beau pourpre, qui -eft auffr de l'ifle Marianne, & citée par Plukenet : M. Vaillant failoit de ces trois plantes des efpèces de pétafites. Les autres genres de plantes qui font d'une des claffes dont il s'eft agi dans ce Mémoire, étant plus remarquables par les filets que par les glandes, je renverrai à un autre Mémoire ce que j'ai obfervé fur ces glandes, & finirai celui-ci par les précédens. EXPLICATION DES FIGURES. PUTMANN'C AE NE Fig, 1, À, branche de Ia farrazin dont on a coupé la partie fupérieure. B, feuille dans fon état ordinaire, & dont on voit les nervures longitudinales. C, pavillon qui ferme le haut de la feuille lorfque fes deux lèvres font rapprochées : on les a développées à moitié pour en faire fentir le jeu, & faire voir les filets ou poils dont elles font chargées, & qui font dirigés de haut en bas, pour que la liqueur qui en peut fortir s'écoule dans la cavité de là feuille, ou pour empêcher la liqueur ramaflée dans cette cavité, d'en fortir aifément. D, feuille coupée par le milieu dans toute fa longueur, afin de faire voir la prodigieufe quantité de glandes véficulaires dont elle eft couverte, & qui forme le pointillé que l’on remarque fur toute à furface, même jufqu’au bas & à l'origine du pédicule, qui eft également creux. Le pointillé du pavillon n’eft dû, comme on a dit, qu'aux filets dont il eft hériffé. Æ, portion de la racine dé Ia plante, avec quelques-unes de fes petites racines ou de fon chevelu, Fig. 2, F, portion d’une feuille étendue & vüûe par le dos, pour < A phase Le P 1e que l'on püt diftinguer aifément la forme du pavillon D dd à 396 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE & la principale nervure de la feuille, qui le coupe longitudinalement par le milieu. Fig.3, G, portion d’une feuille étendue & vüe en deflus : om diftingue ainfr fa forme que le pavillon a de ce côté, & le bourlet 77 dont l'ouverture de la cavité de la feuille eft renforcée. Figure 4, filet ou poil qui eft conique, porté fur une glande ou mamelon qui en forme fa bafe : ce filet eft un de ° ceux qui recouvrent intérieurement le pavillon. PL, AN CHE, IT Fig 1, A, branche de bandura ou plante difillatoire, chargée de: rameaux qui portent les fleurs. B, B, B, feuilles dont on voit les fibres fongitudinales qui s’éten- dent d’un bout des feuilles à l’autre, & qui fe réu- niflent à la partie fupérieure pour former un long pédicule par lequel les feuilles finiflent de ce côté. €, C,C, longs pédicules de l'extrémité fupérieure des feuilles, & qui portent le réfervoir où la liqueur fe rumafîe. D, D, référvoirs : celui qui eft fermé, eft comme on le voit: à la vûe fimple, c’eft-à-dire, qu'il ne préfente que fes fibres longitudinales, qui ne font probablement qu’une extenfion de celies du pédieule, qui fe fé- parent & fe développent pour former le réfervoir. in Celui qui eft ouvert par le haut, fait voir au tranf- parent les glandes de l’intérieur du réfervoir, & telles qu’elles paroiffent à une loupe de moyen foyer. On. y remarque encore les vaifleaux qui aboutiffent à ces. glandes, & qui font tellement difpofés refpective- ment les uns, aux autres, qu'ils forment un carré ou pluflôt une figure rhomboïde. On a fupprimé les longitudinaux , pour éviter la confufion. Æ, couvercle du réfervoir, qu’on a levé pour en faire voir la rainure, qui règne intérieurement dans toute la. circonférence de ce couvercle. Æ, bord fupérieur du réfervoir, qui cft renflé de façon. qu'il forme un bourlet qui entre dans la rainure du couverele, & qui ferine ainfr exactement l'ouverture. du réfervoir, eu ASP ES ER ES RG dr ma ee je 4" ro the > mi æ— em. de UdeR. des Se1781. Pag. 396. PL 22. Meme. de Lde_R. des sep i Pan Jov Pl 2. digne feugr Hem. de l'A R der Ve.1r81 Pgo 396. Pl 2 Planche I, Ci | PR BRELSNUSGCRREN C Es 9 G, glandes de fa furface intérieure du couvercle & de 1x partie fupérieure du réfervoir. ZX, réfervoir coupé longitudinalement dans toute fa lon- gueur, & développé pour faire voir la grande quan- tité de glandes dont il eft couvert dans toute fa furface intérieure. I, couvercle du réfervoir Æ relevé & chargé également -de glandes. Æ, K, K, fleurs de fa plante : elles ont quatre pièces aux calices & quatre pétales. Fig. 2, IL, portion d’un réfervoir vüe par le dos, pour en faire remarquer lefpèce de crochet 47, qui n’eft qu’une continuation de la nervure du milieu du réfervoir : ce crochet n’eft probablement fait que pour empé- cher que le couvercle ne fe renverfät, & n’occa- Ft fionnät ainfi là perte de K liqueur contenue dans le réfervoir. W, portion du même réfervoir, développée, & dont le couvercle O eft relevé, pour montrer comment il eft arrêté par le crochet P. Fig. 7, Q, portion d’un réfervoir, vûe à une loupe de deux ou trois lignes de foyer: on diftingue aifément alors que les glandes R font rondes, relevées & globu- laires, qu'elles font renfermées deffous une efpèce 14 d’entonnoir S, $, dont l'ouverture ou le pavillon regarde le fond du réfervoir; méchanique employée probablement par 1 Nature, pour que la liqueur pût fe ramafler, du moins en partie, dans fes entonnoirs, fi les réfervoirs venoient, par quelqu’accident, à fe renverfer. « Fig. 4,7, pétle de là fleur qui a des glandes femblables à celles: hi" du réfervoir, mais qui ne {ont point recouvertes d’un entonnoir. Juillet 1754. Voy, la Planche. 398 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DIVERSES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES ET PHYSIQUES, FAITES AU CAPOUDENPONNNE ES PERANCE Pendant les années 175 1 à" 1752, à partie de 17528 Par M. l'Abbé DE LA CAILLeE. TAUTE que de donner le détail de ces obfervations, j'ai cru qu'il étoit néceffaire de décrire en peu de mots le lieu où elles ont été faites, les inftrumens que j'y ai em- ployés , les méthodes que j'ai fuivies, tant pour les vérifier que pour en faire ufage, afin qu'on juge quel degré de con- fiance peuvent mériter les Obfervations qui font le fujet de ce Mémoire, & celles que je donnerai à part dans la fuite. 15 Defcriprion de l'obfervatoire du Cap. L'obfervatoire où j'ai placé mes inflrumens, étoit un bati- ment fait exprès par ordre de M. Tulbagh, gouverneur de la Colonie. Il étoit placé au fond de la cour de la maifon où je demeurois, fur un terrein élevé de 7 à 8 pieds fur le niveau de la mer. En voici à peu près le plan & les di- menfions. ABCD eft une enceinte carrée dont chaque côté étoit . de douze pieds & demi dans œuvre; CHKF1G eft un mur de dix-huit pouces d’épaifleur formant une double croix; M eft un pilier de trois pieds d'épaifleur en tout {ens. Tous ces murs, avec celui de enceinte, étoient bâtis en grofes roches à chaux & à fable: ils formoient un maflif de ma- connerie de fept pieds de hauteur, y compris les fondemens, profonds de deux pieds : le refle étoit terraffé avec du fable, DE SMPMEUNLE N: CE s. pour élever le fol de l'obfervatoire de cinq pieds au deflüs du rès de chauflée. Le-mur en croix £G LH fervoit de piédeftal au fefeur de fix pieds de rayon: il étoit élevé de huit pouces au deflus du niveau des briques qui formoient le carreau de l'obfervatoire. Le mur en croix N/FK étoit élevé de deux pieds, & fervoit de piédeftal au fextant : ces deux piédeflaux étoient couverts de grandes pierres plates. Le pilier 47 étoit élevé de trois pieds & demi au deflus du carreau, il étoit couvert d’une pierre extrémement dure & peñnte, cétoit une efpèce de marbre de Bengale, elle avoit trois pieds en carré &c huit pouces d’épaiffeur : le quart- de-cercle étoit pofé fur ce pilier. Sur les gros murs de l'enceinte de Ia terrafle, on avoit élevé un mur de huit pouces d’épaiffeur, bâti en briques à la hauteur de dix pieds & demi d'un côté, & de neuf pieds de l'autre, pour donner au toit la pente néceflaire. Ce toit étoit un plancher couvert d'une grofle toile à voile gau- dronnée, qu'on avoit foin de rafraichir de temps en temps : on y avoit pratiqué des trappes au deffus de chaque pilier, pour voir librement le ciel. Cet oblervatoire étoit orienté de façon que le méridien étoit dirigé dans fa diagonale : les faces de chaque pilaftre étoient auf expofées direétement aux quatre points cardi- naux. J'avois encore tiré différentes méridiennes repréfentées par des fils tendus, pour mettre les inftrumens dans le plan du méridien. La pendule étoit placée dans l'encoignure À, la porte en P, la fenêtre en R: il y avoit un lit en O. Le refle de l'emplacement étoit occupé par une table & des chailes. Dans cet efpace, quoique petit, chaque inftrument tournoit librement fur fon piédeftal, & rien n’étoit embarraflé pour un feul Obfervateur. LE Des Inflrumens dont je me fuis fervi. Ces inftrumens étoient, 1.° un feéteur de fix pieds de 400 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rayon, & le limbe ou farc divifé, de 514 20':il a été achevé en 1738, pour la vérification de la méridienne qui traverfe la France. On en peut voir la defcription & la figure dans le livre où l'on a rapporté les obfervations faites pour cette vérification (page lxxj ). 2. Un fextant de fix pieds de rayon & de 64 degrés de limbe : il étoit conftruit de la même manière que le font nos quart-de-cercies jes plus modernes & les plus folides; il étoit garni de deux lunettes fixes, armées chacune d’un mi- cromètre. L'une de ces lunettes avoit fix pieds & demi de longueur, elle étoit placée parallèlement au rayon qui pañle par le point zéro de la divifion ; elle fervoit à prendre les diftances au zénit jufqu'à 64 degrés : il y avoit encore trois degrés divifés au delà du point zéro, en forte qu'on pouvoit vérifier Ja pofition de la lunette en retournant l'inftrument, & par le moyen des étoiles qui paffoient à moins de 3 degrés du zénit. La feconde lunette avoit cinq pieds & demi de longueur : elle étoit placée perpendiculairement à la précédente, elle fervoit à prendre des hauteurs depuis fhorizon jufqu'à 64 degrés, & elle pouvoit être vérifiée, ou à l'horizon par le renverfement, comme les lunettes des quart-de-cercles ordi- maires, ou par la première lunette, parce qu'on pouvoit ob- ferver les mêmes étoiles avec les deux lunettes dans un arc commun de 19 degrés. 3. Un quart-de-cercle de trois pieds de rayon d'une conftruétion extrêmement folide, avec lequel j'ai fait toutes Jes obfervations qui font rapportées dans les Mémoires de Académie depuis l'année 1743. 4. Une pendule excellente, faite par M. Julien fe Roy: jen avois placé une autre dans une des falles de la maifon où je demeurois, elle me fervoit pour les fatellites de Ju- piter quand cette planète étoit dans la partie orientale du ciel. J'avois alors de la peine à y pointer une longue lunette fans fortir de fobfervatoire. 5 Des lunettes de différentes grandeurs, & fur-tout une fort D'ENSUISICER EN CUE s ! + 40% fort bonne de 1 4 pieds, avec laquelle j'ai obfervé les écliples des fatellites de Jupiter. IIL Vérification des inflrumens, 7 manières dont je m'en fuis fervi. Pendant qu'on bâtifloit mon obfervatoire, je fis monter mes inftrumens; j'avois emmené avec moi un habile ouvrier qui m'a été fort utile pendant. mon féjour au Cap. Je fis raccourcir la lunette de mon quart-de-cercle, & je la réduifis, de près de cinq pieds qu'elle avoit, à trois pieds & demi: je n'aflurai de {on parallélifme au plan du limbe de cette manière. Je fis conftruire deux petits chaffis de cuivre égaux ; dans leur milieu je mis une croifée de fil d'argent très-fin : j'attachai lun au centre de l'inftrument, & l'autre au point géro de Ia divifion du limbe. Ayant calé le quart-de-cercle & pointé fa nouvelle lunette à un objet fort éloigné, je m'écartois à quelque diftance, & je voyois, à l'aide d'une courte lunette, fr lorfque les fils des deux croifées paroifloient confondus l'un fur lautre, ils paroifloient en même temps fur l'objet éloigné. J'ai vérifié de même la pofition des lu- nettes du feéteur & du fextant. Après avoir garni les micromètres de fils d'argent tendus par des reflorts, & mis dans chacun un fil de foie pour fervir de curfeur parallèle à celui qui étoit de fif d'argent, afin d’obferver plus exactement les bords du Soleil & de la Lune, je m'aflurai que ces fils étoient réellement aux foyers des objectifs; & en calant les inftrumens, puis pointant les lu- nettes à l'horizon de la mer, je les aflujétis à être les uns parallèles au plan de Finftrument, les autres perpendiculaires. Avant que de fortir de Paris, le 1 $ Septembre 1750, j'avois déterminé les parties du micromètre de la lunette de 6 pieds & demi, en melurant l'angle entre deux mires éloi- gnées entre elles de 21 pieds 6 pouces 5 lignes & demie, & vües à la diflance de 585 toifes 3 pieds 9 pouces+, Men. 175 1: tEce 402 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mefurée exactement fur le revêtement de la terrafle du petit cours. Les parties du micromètre de Ja lunette de $ pieds+, furent déterminées le même jour par l'angle entre les deux mêmes mires, vûes à la diflance de 478 toiles 4 pieds 2 pouces +. Dans les obfervations des hauteurs que j'ai faites avec mon quart-de-cerc'e, le fextant & le fecteur, je me fuis toüjours fervi d'un poids fufpendu au centre avec un fil d'argent fort fin; ce poids étoit dans un baquet plein d'eau que l'on chan- geoit fouvent : les divifions étoient éclairées par une lampe adaptée au garde-filet, & je les regardois avec une forte loupe lacée fous cette lampe. Pour faire répondre le fil à plomb à l'une des divifions, & pour l'y aflujétir, je faifois mouvoir Yinftrument à l'aide d'une verge de fer qui étoit arrêtée par un bout à une des extrémités du limbe, & qu'on pouvoit faire couler parallèlement au plan de f'inftrument dans une boite fixée à la tige du pied: ce mouvement s’exécutoit par une vis, auffi doucement qu'on vouloit, & cette vis fervoit encore à arrêter inftrument dans la fituation où l'on avoit voulu le mettre. Pendant tout le temps que le quart-de-cercle a été dans cet obfervatoire, il n’a fervi qu'à prendre des hauteurs cor- refpondantes du Soleil & des étoiles; c'eft pourquoi la con- noiffance de la vérification de fes divifions & de la pofition de fa lunette n’eft ici d'aucune utilité : ainfi j'en fupprime le détail. Dans les obfervations que j'ai faites au feéteur, j'ai toû- jours retourné cet inftrument, & pris de part & d'autre de la lunette qui étoit fixée au milieu du limbe, trois, quatre, cinq ou fix diftances de Ja même étoile au zénit; ce qui donne autant de vérifications de la pofition de la lunette, qu'il y a eu d'étoiles obfervées. Cette lunette étoit parallèle au rayon qui pañloit par le point du limbe marqué 264 23° 10"; car après avoir ré- duit toutes mes oblervations au 1.4* Janvier 1750, & pris un milieu entre toutes les obfervations d'une même étoile, nd Te ne “à DES SCIENCES. 403 j'ai trouvé que l'axe de la lunette étoit parallèle au rayon qui pafloit par les points fuivans du limbe. 264 23° 5” par uncétoile. 26. 23. 6 parhuitétoiles. 26. 23. 7 par neufétoiles. 26. 23. 8 par feize étoiles. 26. 23. 9 par dix-fept étoiles, 26. 23. 10 par dix-huit étoiles. 26. 23. 11 par vingt-une étoiles. 26. 23. 12 par quinze étoiles. 26. 23. 13 par neuf étoiles. 26. 23. 14 par cinq étoiles. 26. 23. 15 par unc étoile, Cet accord eft déjà une preuve affez fenfible de Ia flabi- lité de la lunette pendant le cours des obfervations, & de 'égalité des divifions de Finftrument. Je rapporterai bien-tôt ce que j'ai fait pour m'en aflurer autrement. Les deux lunettes du fextant ont été vérifiées avec Île même foin. Cet inftrument fut placé dans l'obfervatoire le 1. Juin 1751; mais après avoir fait déjà plufieurs obler- vations, je m'aperçus le 26 Juillet fuivant, que les vis qui arrêtent au centre de finftrument le porte-objectif de la Îu- nette de 6 pieds £, n’étoient point ferrées: ce ne fut même que depuis le 21 Août, que cette lunette refla dans un état fixe jufqu'à mon départ du Cap; auffi recommençai-je l'année fuivante toutes les obfervations des étoiles que j'avois faites avant le 21 Août 1751. Pour vérifier la polition de cette lunette à l'égard du premier point de la divifion du limbe, je pris en différens temps de l'année un grand nombre de diftances de neuf étoiles au zénit, la face de l'inftrument étant tantôt vers lorient & tantôt vers l'occident, comme j'avois fait pour le fecteur. Ayant réduit de même toutes ces obfervations à l'époque du 1. Janvier 1750, je trouvai que cette lunette faifoit paroître les diflances au zénit trop petites d'environ Eee ij 404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 3 minutes un quart, comme on peut le voir dans la table fuivante. . Pare pen Août 1751........... MOINS A TUE ML 1 Par « de la Colombe en Déc. 1751 & Janv. 1752... 3. 15,4 Par 6 de la Colombe en Janvier 1752 ......... 3. 16,9 Par £ de l'Eridan en Janvier 1752. .......... 31156 Par d de la Colombe en Janvier & Février 1752. ... 3. 15,4 Par : du Centaure en Janvier & Février 1752. .... 3- 16,9 Par ; du Centaure en Juin & Juillet 1752. ...... 3. 16,9 Par g du Centaure en Juin 1752... 324152 Par 4 du Centaure en Juin 1752. . . . . . .. Jos on HA Par £ du Sagittaire en Juillet & Août 1752+..... 14,9 Par & du Scorpion en Juillet & Août 1752 ..... 14,3 Par « dela Colombe en Déc, 175 2 & Janv. 1753... 3. 15,6 Par 8 de la Colombe en Déc. 175 2 & Janv. 1753... 3. 19,9 Us LU Lw Lo ei ge, Ne J'ai fuppofé par un milieu 3” 1 6"3, ou fimplement 3° 1 6". La lunette de $ pieds & demi a été vérifiée à Fhorizon par le renverfement, en Mai 175 1; outre cela j'ai comparé entr'elles un très-grand nombre d'oblervations de trente étoiles différentes, faites avec les deux lunettes de ce fextant, & réduites à l'époque du 1.47 Janvier 1750 : de-là j'ai conclu que l'écart de l'axe de la lunette de $ pieds & demi à l'égard du premier point de la divifion, a été de r11”2 additives, depuis le 1. Juin 175, jufqu'au 28 Novembre de cette année. Depuis ce jour-là où le porte-objetif fut ébranlé par accident, puis raffermi, jufqu'à mon départ du Cap, j'ai trouvé par une comparaifon femblable, que l'écart de la lunette étoit de 7 fecondes dont elle hauffoit. Enfin après avoir fini toutes mes obfervations, je vérifiai immédiatement toutes les divifions de mes deux inftrumens de 6 pieds. Voici comme j'y procédai. Je fis faire une lunette de 6 pieds en fer-blanc bien foudé, d'un pouce & un quart de diamètre; fon porte-ob- jectif étoit de cuivre: il y avoit à fon extrémité une petite queue percée d'un très-petit trou qu'on appliquoit fur le ES. DIE CSS UCHERE NC EPS. 405$ centre de linftrument. On introduifoit dans ce trou l’éguille qui portoit le fil du plomb fufpendu au centre de 'inftru- ment. Une petite équerre arrètoit l’éguille & la maintenoit dans une fituation perpendiculaire au plan de Finftrument : on pouvoit faire rouler cette lunette en forme d’alidade; fon porte-oculaire étoit aufli de cuivre, il y avoit un micromètre garni de fils de foie. | Le 8 Janvier 1753, je mefurai dans fa plaine qui eft au piel de la montagne du Lion, fur la partie fablonneule qui eft entre la Savane & les dunes du bord de la mer, une ligne droite de 343 toiles 1 pied 10 pouces 3 quarts. A l'extrémité de cette droite j'élevai de part & d'autre une perpendiculaire, à l'aide d’un quart-de-cercle de 11 pouces de rayon; le long de cette perpendiculaire je tendis un fil à voile, & je fis chaque partie de 22 toiles 3 pieds & deux tiers de ligne, marquant leurs extrémités par un point fur la tête d'un clou de cuivre enfoncé dans un piquet plauté juf qu'au rès de terre. Le 10 Janvier, je plaçai deux mires aux extrémités de cette perpendiculaire; je pofai le feéteur de 6 pieds fur deux tréteaux bien calés: le centre étoit à 2 pouces & demi au delà du commencement de ma mefure, ce qui la réduifoit à 343,447 toiles. L’angle véritable entre les mires étoit de 74 29° 48"; j'arrétai le fecteur en forte que fon plan étoit dans le même niveau que celui des mires, & que l'alidade pofée fur le point zéro de la divifion, étoit en même temps pointée exactement à une des mires: je portai enfuite lali- dade fur 74 30’, & je pris cinq ou fix fois l'angle entre les mires, je le trouvai de 74 29’ 48". Je fis un peu tourner le fefteur fur fon centre, & je pris confécutivement, & à plufieurs reprifes, l'angle de 74 30" à 154 o', de 154 0° à 224 30’, & ainfi de fuite: j'en pris même plufieurs autres au hafard, & je les trouvai par un milieu aflez précifément de 74 29° 48". L'intervalle de 74 30° à 1 54 o’ me parut trop petit d’une feconde trois quarts, & ceux de 154 0” à 224 30", & de 22d 30° à 30d o', me parurent trop Eee iij - 406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe petits fur l'infrument, d'une feconde & demie. C'eft fe ré- fultat que me donna le milieu entre un. grand nombre d’ob- fervations, mais je crois qu'on peut attribuer cette différence autant au défaut des expériences qu'à celui de l'inftrument, Le 11 Janvier, je fis les mêmes opérations fur le {ex- tant, & je ne pus y découvrir des erreurs fenfibles. Dans les derniers jours de Février & les premiers de Mars 1753, je fis ajufler au porte-oculaire de mon alidade, un limbe de cuivre d'environ 4 degrés d'étendue de part & d'autre. Ce limbe étoit terminé en bifeau fin, concentrique & aboutiffant au cercle fur lequel les points de divifion étoient marqués fur le feéteur ou fur le fextant: je tirai fur ce limbe deux traits fins répondans précifément , lun au point zéro de la divifion, & l'autre au point de 74 30’; enfuite je promenai cette alidade tout le long du limbe de l'inftrument pour examiner fr leur intervalle étoit toüjours égal, par exemple, celui de od 10° à 74 40”, celui de od 20" à 74 50”, & ainfi de fuite. Le petit limbe de l'alidade étoit fixé au chaffis mobile d'un micromètre fait avec beaucoup de foin pour un grand compas à verge, de forte que ce mi- cromètre faioit fa fonction d'une vis de rappel : j'arrêtois fur Vinftrument {a boîte de ce micromètre. Je faifois tourner fa vis jufqu'à ce qu'à laide d'une forte loupe, je viffe qu'un des deux traits du limbe de l'alidade répondoit précifément à un point de divifion ; j'allois enfuite voir avec la même loupe f1 l'autre trait répondoït exactement à un autre point de divifion: sil y avoit quelque différence, je la melurois par les centièmes de tours de vis dont ïl s'en falloit que la correfpondance ne füt parfaite. C’eft ainfi que j'ai vû toutes les fautes de détail qui étoient dans les divifions de ces deux inftrumens. | Ceux qui favent ce que c'eft que d'exécuter des melures auffi délicates, conviendront fans peine que, quoique je trouvaffe fouvent des petites différences, il m'étoit prefque impoffible de les attribuer toutes à des défauts réels dans la divifion : ainfi après les avoir écrit toutes fur mon regilire, DES SCIENCES. 407 jai cru devoir négliger celles où la différence trouvée don- noit une erreur au deflous de 3 fecondes ; cela polé, ïl m'en eft refté très-peu. J'ai trouvé en général que les divifions de mon fextant étoient plus égales que celles du fecteur, & je me fuis arrêté aux corrections fuivantes. Pour le fecteur, il y a 3”3 fouftractives aux points de 91 40’, rod o’ & 124 10’; il y a quatre fecondes fouf- tractives à 404 10°, & 47 à 394 40": enfin il faut ajoûter $"4 à 18d 20”. Pour le fextant, j'ai trouvé 3”3 à Ôter de 184 40’, & s fecondes à ajoüter à 344 50’. JA ir RAING ES Et Recherches fur la hauteur du pole à l'obfervatoire du Cap, à fur l'obliquiré de l'E'cliprique. J'établirai d’abord Ia hauteur apparente du pole, c'eft- à-dire, celle qui n’eft cenfée altérée que par la réfraction, par les obfervations de cinq étoiles circompolaires. Quatre de ces étoiles ont été obfervées avec la lunette de 6 pieds. & demi, & lune de ces quatre, avec une cinquième, la été avec la lunette perpendiculaire ou de $ pieds & demi: à caufe de la petitefle de ces étoiles, j'ai choifi, pour en obferver les hauteurs ou les diflances au zénit, les temps des crépufcules ou ceux des grands clairs de Lune. J'ai employé dans mon calcul ces obfervations toutes réduites au 1." Jan- vier 1750, telles qu'elles font rapportées dans le recueil de toutes les obfervations des étoiles que je dois publier. Ayant pris un milieu entre la plus grande & Ia plus petite diflance de l'étoile au zénit, j'y ai ajoûté la différence entre la réfraction qui convient à 56 degrés de diftance {c'eft Ja diftance du pole au zénit) & la réfraction moyenne arithmétique entre celle qui convient à la plus grande dif tance & celle qui convient à la plus petite. J'ai pris ces ré- fractions dans la Table que je rapporterai dans l'article fuivant, —._ ceux qui voudront examiner où peut aller l'incertitude. 408 MÉmMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE caufée par cette préférence, ne la trouveront pas de plus d'une feconde, en y employant les différentes Tables de réfractions qui ont été publiées depuis que la nature de la réfraction eft devenue paflablement connue. Avec la lunette de 6 pieds 7 demi, 13h 507 32) la2û 210 55" LT ET RES Afcenf. droites des Etoïles...| 9h" 287 12” |roh 15° 49” Plus grande diftance au zénit..| 614 25° 22/6 |634 22° 12/3 1634 33° 241 [574 13 115 Plus petite diflance. . . ....[$o. 40. 52,1 |48. 44. 0,8 |48. 32. 44,3 [54 53. 13,3 Donc diflance moyenne. . ..[56. 3. 73 [56 3. 6,5 56 3. 12,4 2 Excès des Réfraétions . . . »$ 5° 0,4 Dift. appar. du Pole au zénit.|56. 3. 3 fe 3.1 11»50l5 6.0 3° EP Bt2/ 0 Avec la lunette de $ pieds éT demi, Afcenfions droites des Etoiles . . . . . . . . OUEN oh 12° 22” Plus grande hauteur. . . . . ue ee l41S 270181045916 079 Plus petite hauteur. . . . . . . . : . . .. ++ [26. 26. 29,9 |21. 37. 3733 Donc hauteur moyenne. . . . . see. |33. 56 540 133. 57 41 Excès des Réfraétions . . . . . . MONS TU RUE $10 11,4 Donc hauteur apparente du Pole. . . . . . .. 33: 56. 49,0 |33 56052,7 Diftance apparente du Pole au zénit. . . . . « . [56 3. 11,0 [56 3. 7,3 Donc en prenant un milieu, Îa diftance apparente du pole au zénit, eft de 564 3° 10"3. Voici maintenant les diftances folfticiales du Soleil au zénit, telles qu'elles ont été obfervées, puis réduites, en fup- pofant la parallaxe horizontale du Soleil de 12 fecondes, fes demi-diamètres tels qu'ils font dans les Ephémérides, & la réfraction de 10 fecondes à 10 degrés de diftance au zénit, 17ÿ1e DhE SA SICHHRE:N © is, 409 DISTANCE du bord fupérieur du Soleil au zénit. du Soleil db bord fupérieur du Soleil au zénit. au Tropique, Décembre.. 16 24 I, 17,8 25 2. 38,7 26 4 27,7 27 c 6. 44,8 a Donc par un milieu. ........ se Parallaxess es ape ten sels te LAS ES RéfraCHon 3 sf 2 Jui LUI Demi-diamètre du Soleil. ..,..,..,.... Déviation de l’obliquité Donc diftance folfticiale vraie du Soleil au zénit.| 10. Mén. 175 1. MAURE 410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE T7 52° SERRE D ED DUC ABLE CIE FONCIA EL DE DE MEL PORTE ÉNE AE-LMNP EONCR TLP CEST OUI 15| 561 59° 28°8 | 6° 416 | 571 6° 10°4 16/57. Uu.142,0 | 4.132,91 157.016: 1459 1217 030121530240 lis 16-104 16 57 MAMA ON I2 0791857 MINT 8 Juin...4 19! 57. 5. 36,8 3547 MGR 207 AG REC 9187-16-09 22 NS 7 Nes AS 21, ONE 7 NON DANS 7 NS 22 732 NS 7 MIO ATOS 25571 72.215435 oi2NIES 7 Né RE Donc par un milieu. . ... utéls 5 éral0tb 6. Re do ets dE 0 Bloom GEST Demi-diamètre du Soleil. ..,......... Déviation de l’obliquité. . ...... . 16| 10. 16. 14,9 | 5. 40,3 ANTON PR PANIER TE 18| 10. 12. 30,9 | 1. 59,2 19| 10. 11. 19,1 51,5 20| 10. 10. 39,8 12,0 21| 10. 10. 28,3 0,2 17,0 Décembre Donc parun milieu... .... .N Parallaxe, Réfr. Demi-diam. comme ci-deflus. Déviation de l’obliquité. ... ......... Donc dift, folfticiale vraie du Solcil au zénit. . Prenant un milieu entre les deux diftances folfticiales vraies du Soleil au zénit, obfervées dans les années 175 1 & 1752, mous fuppoferons cette diflance de 104 26’ 52"3. ; \ DES SCIENCES. 4it Pour trouver la réfraction qui convient à {a hauteur ap- parente du pole, & celle qui convient à a diftance appa- rente folfticide du Soleil au zénit dans le tropique du Cancer, il faut ajoûter à celle-ci [a quantité dont fa réfraétion excède celle de la hauteur du pole; car alors les deux réfraétions deviennent égales. Cet excès fe trouve dans la Table de l'ar- ticle fuivant de 4"9 : on a donc a diftance du zénit au tropique du Cancer, réduite à la même réfraction que celle de la diftance du zénit au pole, de $7d 22° o"s ; cela pofé, je fais le calcul fuivant. Diftance vraie du zénit au tropique du #..... 104 26 533 Dift. du zénit au pole auft. altérée de la réfraétion. 56. 3. 10,3 Doncdift. du pole auft. au Tropique du % , altérée de HE rrefralion ter ARE ENS TENTE 66. 3°. 3,6 Dift. du pole au zénit, altérée de la réfraction ... 56. 3. 10,3 ‘Dift. du zénit au Tropique du Cancer, altérée HeMabrÉ fraction te DEV A ele 71122. 10,5 Somme altérée du triple de la réfraétion . . . .. DNS EN 14 Donc triple de la réfraction . . .. .. SITE, 4. 45,6 Donc réfract. qui convient à la hauteur du pole. DNPIP NE TES Et par conféquent vraie dift. du pole au zénit... 56. 4. 45,5 Hauteur vraie du pole. ..... seed ele RD QUE ED PR Diftance vraie du pole au Tropique du 4... .. 66. 31. 38,8 Donc obliquité vraie de l'Etcliptique. . . ..... 23: 28: 21,2 Cette obliquité eft celle qui n’eft pas cenfée altérée de la déviation du pole, caufée par la nutation de l'axe terreftre. J'ai fait encore à l'Ifle de France des obfervations de {1 hauteur folfticiale des deux tropiques. Je les rapporterai dans un autre Mémoire: leur réfultat n\a donné 234 28’ 16” pour Fobliquité vraie de l'écliptique en feptembre 1753. Ff{i 412 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ART 1 CL Eu LE Olfe TVations pour Les Réfraëions aflronomiques; avec la Table qui m2 ‘4 Jer vi à corriger les hauteurs que j'ai vbfervées au Cap. S'il n’y avoit pas de réfration, la diflance véritable de deux parallèles, par exemple, de Paris & du cap de Bonne- efpérance, fe déduiroit direétement de la fimple comparaifon . de deux hauteurs méridiennes d’une même étoile, obfervées June à Paris & l'autre au Cap; & s'il n'y avoit de réfraction qu'à l'un des deux endroits, comme s'il n’y en avoit qu'au Cap, il rélulteroit de cette comparaifon une diftance de pa- rallèles qui ne feroit aliérée que par la réfraction du Cap. Si donc on eft parvenu, par quelque moyen que ce foit, à connoître la vraie diftance de ces parallèles, la différence entre la diftance véritable & celle qui eft altérée par la réfrac- tion, donnera cette réfraction. Telle eft la méthode que j'ai employée dans la recherche qui fait le fujet de cet article. _. hauteur vraie du pole à l’oblervatoire du Cap, eft de RDS ÉLUS _celle de mon obfervatoire au collège Mazarin eft de 484 51° 25". J'ai donc fuppolé la vraie diflance de ces parallèles de 824 46" 40”. Les étoiles qui paffent au méridien près de l'horizon du Cap, pafent à Paris près du zénit. J'ai obfervé avec le fefteur les hauteurs apparentes de toutes les étoiles principales qui paflent aux environs du zénit de Paris; je les aï corrigées par la Table de réfraétions qui eft inférée dans le livre de /4 Mérid. de Paris vérifiée, page kxÿ. Toute autre Fable étoit également bonne: j'ai donc pü fuppoler que j'avois les hauteurs vraies de ces étoiles, comme s'il n’y avoit pas de réfractions à Paris. J'ai obfervé au Cap avec la lunette de $ pieds + du fextant, les hauteurs méridiennés apparentes de la plufpart de ces mêmes étoiles; & ayant réduit toutes ces obfervations , tant celles de Paris que celles du Cap, à une même époque (le 1er Janvier 1750) j'ai conclu les réfractions dont les hauteurs D'E Sy S CNE N°c Es. 41 … obfervées au Cap étoient altérées. Toutes ces obférvations ainf réduites , font dans le Recueil que j'ai cité; je me contenterai donc de rapporter ici le réfultat des comparaifons que j'ai faites. Voici A bn les étoiles voifines de horizon. RÉFRACT, RÉFRACT. obfervées felon D GE Se moe] Noms Des EToies. | Métidienne la Connoiff. FRNCSP FETE CONS EMA ER FAR NEMETE Brdu/Dragon EEE 1 19e HduiDragon. «Le RARE »n de la grande Ourfe, . .... 9 2 GES ÉNNPREMr ; : AMEN 6) CIN ET EMPIRE STE ER : © SAME SERA ES HRRE SA SÉRIE 4 Si De tolotels MEURT AA aid} Cyonens CENTMMEEEUT 4 We Bidu#Bouvier: Mer 206 UN A UAZ ERA EE AE à 2$ o d'Andromède. ...,..... : : 3 Bide/Perfée #14 Lt et: È , BE ’inf. ; ÊTIE ; : 3: CRCRONCECMLTIC ICT UE 3 y du Bouvier ALES 20 Ë E eLdePerfées st); NUE 3 j A RAA € EU Pa J À a 8 d'Hercule. . .... ets TE à L 2; JNdOMAAVIES te sec tele à À 2. B d'Andromède ..,.,.... ; $ 2, À du Bouvier. . ......... 21.151 2: 3o ei B'deita Dyres is teirs NM 25402 2: 125 2. Adi Cypne ns À 2 MAP RUEeel 23. 3 2411 16 2, | 414 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE En obfervant les hauteurs méridiennes de ces étoiles voï- fines de l'horizon au Cap, j'ai marqué l'état actuel du ther- momètre & du baromètre; mais comme je n'ai fait ici aucun ufage des réfraétions qui conviennent à des hauteurs au deflous de 20 degrés, je n'infifterai pas fur cela davantage. En examinant les réfractions de la Table précédente, & en les comparant à celles qui font extraites de la Counciffance des Temps, on voit évidemment que les réfraétions qui ré- pondent aux hauteurs plus petites que 12 à 16 degrés, font plus petites; qu'entre 12 & 16 degrés, elles font fenfible- ment égales ; mais qu'au deflus de 1 6 degrés, les réfraétions du Cap furpaflent celles qu'on a calculées pour Paris: ce qui eft encore confirmé par fa réfraction de 1° 35" que nous avons trouvée dans f'article précédent pour 34 degrés de hauteur apparente ; au lieu qu'on trouve 1° 27" dans la Cou- uoiffance des Temps. On peut remarquer encore que les réfractions obfervées au Cap font toüjours plus grandes que celles que M. Halley a données dans fes Tables aftronomiques. Les étoiles dont j'ai déterminé les déclinaifons au Cap, ne paffent pas à plus de $7 degrés du zénit. Les réfrac- tions rapportées dans la Table précédente ne fufli{ent pas pour en conclurre celles qui conviennent à toutes les dif tances du zénit. J'ai donc été obligé de déterminer quelques réfraétions pour de plus grandes hauteurs. J'ai fuppofé d'abord qu'à la hauteur de 484 2 les réfrac- tions étoient égales à Paris & au Cap. Cette fuppoñition ne peut s'écarter beaucoup de la vérité, puifque fi la différence étoit fenfible, les réfraétions du Cap, felon l’hypothèfe reçüe que les réfractions font plus petites vers l'équateur , feroient plus petites que celles de Paris; cependant nous venons de trouver qu'au deffus de 16 degrés, qu'à 34 degrés même, elles étoient un peu plus grandes que celles de la Comnoiffance des Temps, qui paffent pour être aflez approchantes des véri- tables réfractions. Au refte, fi la fuppoñition que j'ai faite étoit faulfe, l'erreur ne ê ù DES SCIENCES. 4 feroit, après tout, que de la moitié de [a différence des réfrac- tions véritables. Elle feroit donc fort petite, puifque les ré- fractions de toutes les hypothèfes & de tous les climats appro- chent de l'égalité à mefure que la hauteur approche du zénit. Voici les comparaifons des étoiles que j'ai faites pour avoir la réfraétion qui convient à 414 22° de diftance au zénit. Diftance de Ia claire du Serpent au cénit$ ni qui ÉUNETE € Paris.. 41. 36. 37,1 Somme affectée des deux réfraétions . . - .. . .. 82. 44. 45,9 Vraie diftance des paralléles . ............ 82. 46. 40,0 Double de la réfraction à 414 22° de dit. au zénit. 1. 54,1 Donc réfraction cherchée. .............. 57,0 If fuffit d'indiquer ici les réfultats tirés de la comparaifon des autres étoiles, puifque les obfervations toutes réduites en font inférées dans le Recueil que j'ai cité: les voici. Par & de l'Aigle, Réfraétion. . . . . 58"o Panetde Pépafe M. 2. 0lsi0,0 Pare du Serpent... Mlle 05728 Par, BideH’Aigle!.! 1.0 6156 Par 8 du Serpentaire ......... 56,0 Par & de Ja Baleine... ....... 50,3 Par un milieu, j'ai fuppolé la réfraction à 48 degrés de hauteur apparente, ou à 424 de diftance au zénit, de $ 8"2, Enfin j'ai fuppolé qu'à 1 4 degrés de diftance au zénit, fa réfraction étoit de 1 $ fecondes. C'eft ce que donnent prefque toutes les Tables qui ont été publiées jufqu'ici. Cela polé, j'ai eu les élémens fuivans pour calculer toutes les autres réfrac- tions depuis 20 degrés de hauteur jufqu'au zénit. Dif.. appar. au zérit. Réfrattion, Joe. .,... 2 46"+ tirée, par un mil. de Ja Tab, préc. 56......., 1: 352+ tirée de l'article I. ADssorseee O0 587 AR RATES Cu OO... 0 © J'ai donc interpolé ces quantités pour avoir les réfractions 416 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE intermédiaires ; pour cela j'ai fait l'unité égale à 14 degrés, à caufe que les intervalles des hauteurs apparentes font de 14 degrés, ou des multiples de 14 degrés : j'ai enfuite conftruit la formule 0" 4687 5x — 3"0625x? + 8"40625x* + 9"1875x, & jen ai tiré la Table fuivante, dont j'ai fait ufage dans les réductions de toutes les obfervations que j'ai faites au Cap. TABLE des Réfraions. EG SCENE CCS D GES HU LR 22) ES EEE REP TEMER DORE 77 éCradti mé DisT. |Der.a: è Réfraétion.| Différ. Lane Réfraétion. mel LV ne 7. 7 2'46%,2| 8 354 | o° 45,9 Ze 38,4 6,5 34 443 RULES 2 Us 20,8 59 7 ae . , s,6 3 395 2,2 2. 9,8 De 2e 1457 1. 59,8 212 PNEU Me 1. 50,8 Pr 1. 46,6 # 1. 42,6 ee 1. 38,8 ce 1. 3592 3» ee NE Le: 1- 49158 1. 28,5 4 1e 2554 2 1. 22,4 38 + 19,6 x vip 2,8 2,6 2,51 2,4 2,4 2,2 O bw Bu Le Va DES SGH EN CÆ s. 417 ARE POCHE LI] Obfervarions des hauteurs méridiennes du Soleil à des _ Æroiles, lorfqu'ils fe font trouvés fur le même parallèle. Ces fortes d'obfervations font fort propres à trouver direc- tement la parallaxe du Soleil, je n'ai pû cependant en faire un aufli grand nombre que j'aurois voulu; elles m'auroient privé de l'ufaige de mon fextant. I me falloit profiter des temps clairs dans f'abfence du vent de fud-eft, pour prendre un grand nombre de hauteurs méridiennes de plus de trois . cens étoiles : voici le peu qu'il n'a réuffi d'en faire. k Le 20 Juillet r 751, le centre du Soleil précéda Aréurus au méridien de 6h 7' 11"6 de temps aux fixes : fon bord auftral étoit plus boréal qu'Aréurus auffr au méridien, de 30 fecondes; car la diftince apparente d’Arurus au zénit fut trouvée de 544 23 73, & celle du bord auftral du Soleil, de 544 22’ 37"1. Le 20 Août1751, le Soleil précéda l'étoile 4 du Ser-. pentaire de 7h 26° 44"21 de temps aux fixes : la diflance apparente du zénit à fon bord boréal étoit de 464 42'47"7, & celle de l'étoile, de 464 39’ S9"I. Le ; Septembre 175 1, le Soleil füivit & d'Orion au mé- ridien de 5h 6’ 11”7 aux fixes: la diflance apparente de fon bord auftral au zénit fut de 414 17° o"1; celle de Tétoile de 414 14° 36/1. Le 8 Novembre 1751, Syrius précéda le Soleil au mé- ridien de 8h 18’ 43” aux fixes: fa diflance apparente au zénit fut obfervée de 1 7%31"18"5, & celle du bord boréal du Soleil, de 174 37 173. Le 30 Août 1752, la claire de l’Aigle précéda le Soleil au méridien de 1 5° 1° 7" de temps aux fixes : fa diftance apparente au zénit fut trouvée de 424 8’ 35”7. Celle du bord auftral du Soleil fut obfervée le 31 de 42d 6" 1 16: Le foir, la claire de J’Aigle fuivit le Soleil de 8h RD LE & fa diflance au zénit fut obfervée de 4248/0560, Mén. 1751, + Ggg 418 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE Le r.er Septembre 175 2, le Soleil précéda la même étoile de 8h 55" 16": la diftance de fon bord boréal au zénit fut ©, trouvée de 424 16' 21"1, & celle de étoile, de 424 o 39" S- Dans toutes ces obfervations, le fextant eft refé fixe pen- dant l'intervalle du paffage de l'étoile & du Soleil, & le fil-à- plomb battoit fur le même point de la divifion , en forte que : la différence des diftances au zénit a été mefurée par la marche feule du micromètre. AURITUTE LE LTNV) Olfervarions de deux oppofirions de Saturne au Soleil Les 27, 30 & 31 Mai 1751, je pris un grand nombre de hauteurs correfpondantes de Saturne, du Soleil, de l'épi de la Vierge & de plufieurs autres étoiles, dont le détail eft rapporté dans le Recueil de mes obfervations, je n'en férai ici que l'extrait. Différence d'afcenfion droite Temps vrai, avec l'épi de lu m Fe 7Mar-tamero 7 Saminect es TEE Loch CiriaNo Mo one SOIN re 2 RS TGS Lebpo ae NE tMSatuEne et TRS Oo SO Lobutadotnorsronlte Sole 30 T2 tue Lori aurz-Rhetns Saturne to so Le fextant ni le feéteur n’étoient pas encore placés dans Tobfervatoire, ni la méridienne bien déterminée. Je ne püs prendre les hauteurs méridiennes de Saturne, afin d’avoir fa déclinaifon ; pour y fuppléer, j'ai calculé toutes les décli- naifons qui rélultoient des hauteurs correfpondantes mêmes, en réfolvant un triangle fphérique: enfuite j'ai conftruit la Table fuivante. J'ai fuppofé lafcenfion droite apparente de l'épi de la Vierge, de 1984 2° 25"5; les mouvemens diurnes du Soleil en afcenfion droite, comme on les tire de la Cor- uoiffance des Temps, & Yobliquité de l'Ecliptique, de 234 281252 D. E4s MS) CRE:N ciE:s. 419 | Afcenfon droite| Déclinaifon Afcenfion droite] Longitude de | Longitude du Temps vrai. | de Saturne. auflrale. du Soleil. Saturne. Soleil. Maï 27. à 12h 19° 47" l240d 147 137204 14 11°] 648 17! 33/5 {rod 33 412 | 64 10° 28/}) « 30..-|12. 6.41 |249. 0. 6 |20. 12. 15 |67: 19. 49,0| 10. 20. 18 + 9-1 2. 13 31-...|12. 2.18 |248. 55. 26 J20. 12. 2 |68. 20. 52,0|10. 15e 55% |9- 59. 3t & comme ces mouvemens font très-uniformes , à la réferve de la déclinaifon, qui n'eit prefque d'aucune conféquence pour la recherche dont ïl s'agit ici, on trouve par Îa partie proportionnelle que le temps vrai de loppofition eft arrivé le 31 Mai r7si, à 18h 14° ro”, la longitude de Saturne étant dans 10d 14’ 46", & fa latitude boréale, à très- peu près de 14 So'15". En 1752, le 1 1 Juin, je trouvai par des hauteurs corref poudantes la différence d’afcenfion droite entre le Soleil, à midi, & Syrius, de 1 8d ALIAS Ca LAPS temps vrai du paflage de Saturne au méridien, la différence d’af- cenfion droite entre cette planète & Syrius, de 1 624 24 153"- La diftance apparente du zénit à Saturne dans le méri- dien, fut obfervée au fextant de 1 24 s':59": . Suppofant donc le mouvement diurne du Soleil en afcen- fion droite de 14 2° 8”, l'afcenfion droite apparente de Syrius de 984 33° 30"+, & l'obliquité de l'Etcliptique de 2020 20", Jai trouvé que le 11 Juin1752, à 12P 2 4" temps vrai, la longitude du Soleil étoit dans 2 14 14 3"H; celle de Saturne dans 2 14 37° 2 1"#3, fa latitude boréale de 1 4 2 GE 131"+ Or felon les Tables aftronomiques de M. Caffini, le mouvement diurne géocentrique de Saturne en longitude étoit de 4’ 24"; & en latitude décroiffante , de 8”: donc Toppofition eft arrivée le 1 1 Juin à 21P s’ 52" de temps vrai, la longitude de Saturne étant 214 35 41", & fa latitude 14 23° 29" boréale, ASRÉTNTICTAE IN. Obfervation de l'oppofition de Mars au Soleil. Le 13 Septembre175 1, à 12h 13’ 2" temps vrai, Mars ‘affa au méridien; j'avois oblervé un grand nombre de hauteurs Ggegi -. 00 420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE correfpondantes de cette planète & de Syrius, par lelquelles j'ai trouvé leur différence d'afcenfion droite de 1034 $ 1° 36". Je pris aufli jé le lextant la diftance apparente de Mars au zénit de 254 33 15", que je réduilis à 254 33° 35° en y ajoutant 31 condes pour La réfraction, & en ôtant 11 fecondes pour la parallaxe. Le 1 4 Septembre à midi, je trouvai par un grand nombre de hauteurs correfpondantes 1a Mn d’afcenfion droite entre le Soleil & Syrius, de 734 21° $0"; l'ayant réduite à celle qu'on eût dû trouver le 1 3 Septembre à 12h 13" 2", jeus 724 $ 5° 24". Suppofant donc l'obliquité de l'Ecliptique de 23° d 28" ii À l'afcenfion droite apparente de Syrius de 9 84 3 3 1 S"+ calcul donne la longitude du Soleil dans 204 43° en celle de Mars dans 214 48° SX, fa latitude auftrale de si ! 16". Selon les Tables de M. Cafini, le mouvement diurne du Soleil étoit de 53” 33"; celui de Mars en longi- tude, de 16° 54”, & en latitude décroiïflante, de 2° 42”: donc l’oppofition le 14 Septembre 1751, à 8h 59 32" temps vrai, la longitude de Mars étant dans 214 3337") & fa latitude de 54 30° 57" auftrale. AR 'VAIC LE 1 VE E'chpfes de quelques Etoiles par la Lune. Le $ Novembre 1751, immerfion de x ‘3 fous la partié claire de la Lune, à 2h 22° 2 9" du matin, temps vrai : je fis cette obfervation avec une lunette de 14 pieds, mais une petite ondulation que fouflroit le bord de Ia Lune, la rend un peu douteufe, il peut y avoir 4 ou $ fecondes d'incertitude. Le 20 Mars 1752, à 7h 1° 23° du foir, temps vrai; immerfion de l'étoile © ÿ 2 le bord obfcur de la Lune: vers fi corne boréale. Le 22 Novembre 1752, à 12° 49" 26”, immerfion de Ë% fous la partie claire de fa Lune, obfervée avec une lunette de 14 pieds. L'éclipfe s'eft faite dans un point du limbg D'E/S "SC TE N © Es. 427 tant foit peu plus méridional que la droite qui pafle par les taches appelées Copernic, Képler & Galilée. L'émerfion seft faite vis-à-vis du milieu de are crifum , entre 14h 10’ 11° & 14h 10° 19", pendant que je remuois ma lunette. Le 16 Janvier 1753, à 111 45 3" du foir, temps vrai, Ja même étoile € fut écliplée par te bord obfeur de la Lune. Le 22 Janvier, à 10h 39° 12" du foir, l'étoile y Q fortit de deffous la partie obfcure de la Lune. ART GE E VIT Obfervations de deux éclipfes de Lune. Le 8 Juin LAS Le temps fut couvert prefque tout Le jour : il l'étoit légè-: rement au commencement de l'éclipfe, en forte que les quatre premières phafes furent affez bien obfervées : mais les nuages s'épaiflirent enfuite de plus en plus. Je me fervois d’ane lu nette de 9 pieds de longueur. Le commencement à 13h r ze A 13h 19° 27" l'ombre étoit à Grimaldi. 13. 21. 41 Grimaldi tout couvert. 13. 24. 41 l'ombre à Mare humorum. 13. 37. 45 Tycho fur le bord de l'ombre. 13. 45. $2 Ariflaïque entre. 14 8. o lombre à Dionyfus. 14. 11. 18 à Manilius. 14. 15. 17 à Menclaüs. Le temps totalement ‘couvert jufqu'à 1562: l'éclipfe étoit » fort diminuée, D A: 5" 22° 51° Ariftarque fort. 15. 28. 35 Timocharis hors de l'ombre. M 5:3* Îles bords de Grimaldi. TOME SANT 3$. 37* 4 Eratofthène forx 422 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Royare SRE 4 les bords de Copernic. 15. 45. 18 16. 36, 24 je doute de Ja fin de l'Eclipfe. 16. 36. 54 je la crois finie. 16. 37. 24 lEdlipfe eft certainement finie. Le 2 Décembre 1752. Le ciel a refté fort net pendant toute la durée de cette écliple, mais dans fon commencement le vent de fud-eft foufHoit avec violence, & rendoit ondoyans les bords de la Lune & fes taches un peu confufes : le calme revint à 10 heures du foir. Je me fervois encore d’une lunette de 9 pieds de longueur. À 9" 26° 30° commencement de l'Etlipfe qui eft un peu incer- tain, à caufe de l’ondulation de la Lune: il eft peut-être arrivé un peu plus tard. SHOT ni l'ombre à Ariftarque. CHU O 2 (a à Grimaldi. 9. 40. 30 9- 39. o à Képicr. SEE Ai à Platon. 9+ 44 40 9. 46. 40 à Eratofthène. DNA7e A à Copernic. 9:+ 49: 45 AUDE un à Ariftote. 9-153-150 9- 54. 35 à Eudoxe. k 9. 55- 5 au bord de Mare ferenitatis. 9- 58. 10 au bord de Mure humorum. ci à Manilius. 3015 # Rue à Menelaüs 10 NES -HAIS 7. 50 à Bullialdus, DE sINSlC ue NC ELS 423 Aioh 8° 25" 10. 9. 40 10. 13. 10 à Dionyfus. 10. 18. 10 au bord de Are crifium. 10. 18. 55 à Promonterium fomnir. 10. 27. 20 AÂare humorum tout dans l'ombre, & y refle fur le bord. 11. OS. 15 Mare humorum commence à fortir. RU 7 Fi Grimaldi fort. Î l'ombre à Plinius. 11. 10 He ai Arillarque fort. 11. 32. 40 EN I2- 0 11, 35. 10 È 11. 48. 30 Manilius 11. 50. o Hélicon. 11. $1. 50 Menelaus. 11. $4. 50 Plinius. 11, 57. S$ Platon cft hors de l'ombre, FAN fe Mare crifium fort. 12. 9. 10 12. 13. 30 je crois l'Etclipfe à fa fin. 12. 14. 10 elle cft certainement finie. Au paffage de la Lune au méridien, j'ai obfervé avec le fextant la diftance apparente du bord auftral de Ja Lune au | zénit, de 554 54° 583. APROTP CEE AMF ET. E'clipfes des fatellires de Jupiter. - Je n'ai pû faire, pendant mon féjour au cap de Bonne- efpérançe, un grand nombre d'obfervations des fatellites de - Jupiter, parce que la déclinaïfon de cette planète étoit alors boréale & fort grande, & que par conféquent Jupiter s’éle- . voit peu fur horizon. D'ailleurs, le vent de fud- eft ne permet È Copernic, 424 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fatellite de Jupiter, obfervée avec une lunette de 1 3 pieds L mé- diocrement bonne. Les Edclipfes fuivantes ont été obfervces avec une lunette de 14 pieds beaucoup meilleure. Le 22 Août à 5" o’ 10° du matin, immerfion du premier fatellite de Jupiter. Le 14 Septembre à 5" 16° 37" du matin, immerfon du même fatellite. Le 30 Septembre à 3" 37° 39" du matin, immerfion du même fatellite: le ciel étoit couvert d’une brume légère. Le 23 Odobre à 34 53° 43" du matin, immerfion du même fatellite: le temps eft ferein. Le 25 Décembre à 10" 56° 7” du foir, émerfon du premier fatellite: le ciel étoit légérement embrumé, & il faifoit du vent. Le 10 Janvier 1752, à 9" 6° 52" du foir, émerfion du même par un temps fercin. Le 2 Février à 9" 14’ 57” du foir, émerfion du même, temps ferein. Le 18 Février à 7h 33° 54° du foir, émerfion du même fatellite par un beau temps. Le 22 Novembreà 3° 32° 5 5" du matin, immerfion du fecond fatellite, temps ferein. Le 4 Décembre à 1 1" 59° 5 1" du foir, immerfion du premier fatellite par un beau temps. Le 19 Décembre à 3" 41° 33° du matin, immerfion du même fatellite par un beau temps. Le 11 Janvier 1753, à oh 14° 53" du matin, émerfion du fecond fatcllite par un beau temps. Le 15 Janvier à 9" 45° 7" du foir, émerfion du troifième fatellite: le ciel eft très-ferein. Le 20 Janvier à 2h 1 8° 4" du matin, émerfion du premier fatellite: Jupiter eft près de l’horizon & mal terminé. Le 4 Février à 9h 18° 15" du foir, émerfion du fecond fatellite : la lunette cft un peu agitée par le vent. Le ; Février à o! 32° 44" du matin, émorfion du premier fatellite de Jupiter. : Le 13 Février à 8" ; 5” 6” du foir, émerfion du premier fatellite par un temps fort ferein. Le 20 Février à 10" 50° 30" du foir, émerfon du premier fatellite: Jupiter eft un peu embrumé. Le 17 Mars à 7" 15° 53" du foir, émerfion du premier fatellite: Ie ciel étoit fort beau. Par la comparaifon de ces obfervations avec celles qui ont pi Art mime een re Fr DES SCIENCES. 425$ ont été faites en différens lieux de l'Europe, aux mêmes inflans, ou peu de jours avant ou après, M. Maraldi a conclu la longitude de la ville du cap de Bonne-efpérance, de 1 64 10° à l'orient de Paris. La pointe des terres qui forment proprement le Cap, eft fous le même méridien que la ville, comme je l'ai vérifié par des obfervations faites exprès : elle eft plus au fud de 29 minutes; de forte que la longi- tude de ce Cap proprement dit, eft de 1 64 10’ à l'orient de Paris, & fa latitude de 344 24’ méridionale, AORUT MOULE 41 Xe Mefure du trente-quatrième degré de latitude auftrale. Ayant remarqué pendant le cours de quelques petits voyages que j'avois faits par curiofité à quelques lieues au nord de la ville du Cap, qu'il étoit fort aifé de melurer plus de 60000 toifes du méridien, je ne balançai pas de l'entre- prendre aufli-tôt que j'eus achevé les obfervations des Etoiles, qui failoient le but principal de mon voyage. Cette mefure devenoit intéreflante, foit pour voir fi lhé- milphère auftral de a Terre eft femblable à l'hémifphère boréal, foit pour faire exaétement le calcul des obférvations des parallaxes de la Lune, lequel fuppofe la longueur du rayon de courbure au lieu où chaque obfervation a été faite, lorfqu'on admet un aplatiflement irrégulier dans {a figure de la Terre. M. Tulbagh gouverneur de Ia Colonie ayant approuvé Je projet que je lui préfentai fur ce fujet, & ayant nommé M. Muller capitaine d’Artillerie & ingénieur de Ia Fortereffe, pour être témoin de mes opérations, M. Beftbier, chez qui je demeurois au Cap, m'offrit généreufement , 1on feulement . Fufage de fes chariots pour le tranfport de mes inftrumens, & de fes efclaves pour m'aider, mais il voulut encore me conduire lui-même par-tout pour me fervir d'interprète & pourvoir à tous les beloins que j'aurois dans les différens endroits où il me falloit Kjourner. Mém. 1751. » Hhh 426 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE Après un petit voyage préliminaire fait dans le mois d'Aoùût 1752, pour reconnoitre les points dont je devois me fervir, nous partimes du Cap le 9 Septembre, & nous allames au lieu que je deftinois à être le terme boréal de ma melure. C'eft une habitation nommée Xpfonteyn, ftuée au pied d’une montagne qui aboutit à une autre fort longue & fort efcarpée, qui s'appelle le Piquetberg. Je plaçai dans la grange de cette habitation le feéteur de fix pieds de rayon. Ayant mis le plan de cet inftrument parallèle à un fil tendu dans le méridien, j'obfervai pendant fix nuits d’un ciel clair & ferein, les diflances de feize étoiles au zénit : huit de ces étoiles pafloient au nord du zénit, & huit au fud. Les 16, 18 & 19 Septembre, la face du fecteur étoit tournée à l'orient, & les 22, 23, 24, elle étoit tournée au .couchant. Je réduifis toutes ces obfervations au premier Janvier 1750, & en les comparant avec celles que Javois faites au Cap avec le même inftrument, & qui étoient auffi réduites à la mème époque, je déterminai Farc du méridien célefle compris entre le lieu où j'ai obfervé à Klipfonteyn, & l’obfervatoire du Cap. Voici le réfultat de ces comparaifons ; les obfervations font dans le recueil que j'ai cité. DIiSTANCES au zénit du côté du nor Noms des Etoiles. A KLIPFONTEYN. AU CAP. DiFFÉRENCE. d' DOME D RMS : 53,2 | 823-0872 PRE NTIES ph...) 5. 28. 40,5 CAISSE TA Tee I 17 5729 | 12031 1420 T3 LEA Bb... 171 8.133,6 1118. 27.148,40 13. 14,808 COQ US 115. 120-43: 60111603 9.050210 T3 0 LAS Phomalhaut.| 1. 45. 29,3 2°, 5 80470. I UE 0 l'E Getr. M3 ro M 4 0 MAS 7006-70 APE Syrius. . .N16: 18.0 0,0 [17 3 1:016,20| 1.3 Mn D'Erss IS Ci EN: C Es. 427 DisTANCES au génit du côté du fud. Noms des Etoiles | A KLIPFONTEYN. AU Cap. DIiFFÉRENCE. SE DSEUNNS D NON PSN DR 8. 21. 15,1 7e 7e 59,9 |1. 13. 15,2 15. 25. 58,2 | 14. 12. 43,8 |1. 13. 14,4 ÿ+ 49. 28,1 4. 36. 9,9 |1. 13. 18,2 æGruis . ..| 15. 27. 8,3 | 14. 13. 51,2 |1. 13. 17,1 BGruis ...| 15. 28. 37,2 | 14. 15. 20,8 |1. 13. 16,4 a Phænicis….| 10. $7. 44,9 9. 44. 28,8 |1. 13. 16,1 k B Phænicis..| 15. 21. 29,2 | 14. 8. 11,9 |1. 13. 17,3 ® Phænicis..| 11. $4. 10,8 | 10. 40. 53,1 |1. 13. 17,7 Prenant un milieu entre ces feize différences, on trouve 2913" 16"1; & y ajoûtant 12 pour l'effet de la réfrac- tion, l'on a 14 13° 17"+ pour l'arc du méridien céleite, compris entre les parallèles de Klipfonteyn & de l'obferva- toire du Cap. Tel eft le réfultat de la partie aftronomique de cette melure. A l'égard de fa partie géodéfique, elle confifte en deux grands triangles principaux, & en deux autres moindres *, * Way. PI. 11. formés fur une bafe mefurée pour connoître les dimenfions des deux premiers triangles. Le premier des grands triangles eft formé 1.° par un point à Klipfonteyn, éloigné de 36 toiles à l’oueft préci- fément du lieu où le feéteur étoit placé. J'ai fait planter un piquet à demeure dans ce point, & j'y ai fait faire des feux pour pouvoir l’obferver des autres endroits; 2.° par un fignal placé au point le plus élevé de la feconde pointe de la montagne appelée Riebeckfcaflel , en comptant ces pointes depuis le nord; 3.° par une roche à-peu-près cylindrique, & la plus orientale de celles qui font fur l'ex- trémité occidentale de la montagne du Groene-Kloof appelée Capocberg. nn int nee a. nt Re es ES à Hhh ji ? t À ! : : } 428 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Le fecond des triangles principaux eft formé par les deux mêmes points fur Riebeck{caftel & fur Capocherg, & par le coin oriental de mon obfervatoire au Cap. Ce coin n'eft que de 2 pieds + plus au fud que le pilier où j'ai placé le feéteur pour obferver les étoiles au Cap. Les deux petits triangles font formés, le premier, par la même roche fur Capocherg, & par deux points pris dans Ja plaine du Swarteland, défignés ici par les mots figral occidental, fignal oriental. Leur intervalle mefuré aétuellement de la manière que je le dirai dans la fuite, a fervi de bafe pour le calcul de tous les autres triangles. Le fecond triangle eft formé par la même roche de Capocberg, par le fignal fur Riebeck{caftel, & par le fignal oriental de Ja bale. Pour melurer les angles de ces triangles, je me fuis fervi d'un quart-de-cercle de trois pieds de rayon, armé d'un micromètre. Voici les obfervations telles quelles ont été faites à chaque flation, puis réduites au centre, enfuite à l'horizon, par le moyen des diftances apparentes des objets au zénit de chaque flation , lefquelles ont été obfervées avec le même quart-de-cercle. Je fuppofe le lecteur au fait de ces réductions, qui font d'ailleurs expliquées dans les ouvrages imprimés fur la figure de la Terre. OBSERVATIONS géodéfiques. À Kpfonteyn. Hana ANGLES He ù SRETI éduits t Entre le feu fait à 664 du nord à l’oueft du fignal obfervés: P&i PHoHdatt fur Riebeckfcaftel, à 19 pieds de diflance, & Ta | amer |meuremmeeneems roche fur!/ Gapocherpe MERE TUE +129 59° 5021294 59° 1515" à Riebeckfcaltel . .|80. 41. 40 à Capocherg . . ..|90. 4. 30 Sur Riebeckfcaflel. Entre Capocberg & le feu fait à Klipfonteyn. . . .|76. 4: 414176. M 4053 Et la direction du fignal à 1 9 pieds de diftance... | 3 2. Entre le coin du nord-oueft de la rue du Cap; appelée Heerenflraat, & la roche de Capocberg...|48. 10. 14 |48. 8. 56 Et Ja direétion à 19 pieds£ de diftance. .. ..|74. 30. o Diftances apparentes du zénit} DIE ISNS |G'EMEUN. € Els: 429 DÉRIRN DAS AA ANGLES Fe See BE réduits au centre € à l'horizon. À Entre fa roche fur Capocherg & Ie figual oriental ; denatbaler. tenta. 2 APUNAE ARTE PAM 22040 Direction du fignal de [a bafe à 19 pieds=. m|32% 39 46” REMARQUE. Le coin de la rue dite Féorenffraat au … Gap, cft à 73 degrés du fud yers left du coin oriental de ) Yobfervatoire, à la diftance de 111 pieds= : if fe diflinguoit fort bien , étant d'un blanc de chaux, & projeté fur le mur du grand attelier de la Compagnie, lequel eft peint en noir & fort élevé. à Klipfonteyn....[90. 56. o a Capocberg. . ... 90. 50. 10 au Cap: .Lbierst. 90. 59. 40 au fignal de Ja bafe...|91. 38. 30 | Sur Capocberg. Entre le feu fait à Klipfonteyn & le fignal de # 8 Diftances apparentes du zénit Riebcckfcaftel. . . ..... a AO AT CEE TE 562173. Si Et la direction de l'axe de la roche à 1 3 pieds£.. 25.004" Vo Entre Riebeckfcaftel & une roche fur Daffenbers….. 58. 40. 30158. 39. 55 Et la direction à gauche à 12 pieds ...... LENS De Entre la pointe fur Daffenberg & le coin de Ia rue du Cap appelée Æeerenftraat . . ...... 39: 36. 421139. 39. Et [a direction en dedans à 11 pieds. ..... PALM Ne) Entre le fignal occid. de la bafe & le fignal oriental.| 33. 36. 24 |33. 36. 182 Direction du fignal oriental à 12 pieds<. pure le fignal oriental de 1a bafe & celui de arte tel O MMM RLER PRET EME SHANL8e 15351. 16. 39 Direction du fi fo Aer à 12 picds à Klipfonteyn. . . .|90. 43. à Riebeckfcaflel. . .|89. 20. Diftances apparentes du.zénit/ * Daffenberg.. .. .|90. 11. au Cap. . . .. +90. 43. au fignal occidental..|o1. 27. { au fignal oriental.…..|o1. 5. OO 000 430 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE A Au Signal occidental de la bafe. NGLES obiervés. ANGLES réduits au centre & à l'horizon. Entre le fignal oriental & une roche fur Contreberg.|8 34 25° 26":|834 25° 25"2 Entre cette roche & la roche fur Capocberg . ...[16. oo. 10 au fignal oriental.….|89. 58. 30 Diftances apparentes du zénit ! Contrcberg....189. oo. o à Capocberg. . ... 88. 42. 30 Au Signal oriental de la bafe. Entre le fignal de Ricbeckfcaftel & la roche de C2pocho se ER PIE TES 96. 1. 51 Et la direction en dedans à 3 pieds. ...... 146. 0. o Entre Capocberg & le fignal occidental... ..,. 46. 58. 10 Et la direction à gauche à 1 1 pouces. . .... 43. 30.1 lo à Ricbeckfcaftel....[88. 34. 30 Diflances apparentes du si) Capocherg. . . .. 89. "6. 30 au fignaloccidental..|90. 5$. 30 À l'obfervatoire du Cap. Entre Capocberg & le fignal de Riebeckfcaftel....133. 31. $o Et le fommet de Daffenberg. . ........... 17.127. 1515 Et une roche faillante fur la partie occidentale de CelfOMmMEE eee lle lire elle tcierete telles 17.024.004 Et la direction du coin oriental à 13 pieds. ..[37. oo. o à Capocherg. . . .. 89. 43. 48 Diflances apparentes du si Ja roche de Daffenb...|89. 37. oo à Richeckfcaftel. . -[89. 32. 30 16. 46. 33° 17. 0. 12 722 DINENSMUSACUIMENNUC: ENS: 437 OBSERVATIONS faites au coin oriental de l'obfervatoire du Cap, pour trouver la dircétion de la méridienne. Le 30 Aoët 17$2, au matin. HAUTEURS AZIMUTS VRAIS ANG LES DÉCLINAISON vraies [AUTEURS obfervés dela roche calculées du Soleil, entre le centre | fur Daffenberg, du Soleil, Iculé du Soleil du nord à ’eft, Ë calculés eu égard & la roche par rapport à la par les Tables | fur Daflenberg, | au coin oriental . [Réfrattion. aftronomiques. réduits au centre de l’obfervatoire & à l'horizon. du Cap. RD ES D PE TU SD EU 78. 44. 26 |63. 46. 36 |14. 57. so 78. 14. 37 |63. 16. 44 |14 57. 53 77e 53: 58 162. 56. 15 14. 57. 43 77: 33: 24 |62. 36. oo |14. 57. 24 77+ 23- 24 |62. 25. 44 |14. 57. 41 77. 2: 41 |62. 5. S$ |14. 57. 36 76. 52. 10 |61. 54 42 |14. 57. 28 76. 41. 56 |61. 44 12 |14. $7. 44 PACE ON ONCE PO NUE APE 76: 10. 22 |6r. 12. 45 |14. 57. 37 Le 31 Août 1752, au matin. nannannnnanlt BH #H L D WW D D Om # 0 b a 6. 27. 33| o. 53 [ F. 22 [79 4. 19 [64 6. 54 |14. 57. 25 6. 28. 44| 1. 8 | 1. 35 |78. 54. 24 |63. 56. so |14 57. 34 6. 32. 19] 1. 52 | 2. 13 |78. 24. 13 |63. 26. 27 |14. 57. 46 6. 34. 46| 2. 21 | 2. 40 |78. 3. 31 |63. 6. 3 |14. 57. 28 6. 37- 9| 2. 50 | 3. 7 |77. 43. 18 |62. 45. 31 |14. 57. 47 6.139. 37| 3. 20 | 3. 35 |77- 22. 17 |62. 24. 6.43 a7| 4 4 | 4 16/76. 51. 1 |6r. 53. Doncipanun, milieu ER TN ei UP EUE ERREURS Entre Capocherg & Ia roche de Daffenbers sos... Donc Capocherg décline du nord vers l'ouett, de à l'égard du coin oriental de l’obfervatoire. 432 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Sur ces obfervations réduites au centre & à l'horizon, j'ai dreffé la fuite des quatre triangles qu'on va voir. Angles corrigés pour Angles obfervés &r réduits. le calcul. Signal occidental de Ia bafe. . .. 992$" 37"4... 99% 25° so" Signal oriental. . . :....... 410-757 A3 Ciel 04 OA Roche de lCapocherg. "M 530 618 0 33 310. 22 7959439 Signal occidental de Ja bafe. . . . 96. 3. 20 .... 96. 3.28 Roche de Capocherg. ...... SÉT0 3 19 etes 05 L'NTOER Signal de Riebeckfcaltel. . . . . . 32. 39. 46 .... 32. 39. 49 LAPS OEEAS Roche deb Capocherp es 4 0675 - SA Signal de Ricbeckfcaftel. ... ... 76. 4.53 .... 76004 57 Klipfonteyr #4 EN 1102 0 50 SG AZ 000 TS OC D 205,0 je Roche de Capocherg. . . .... 98. F9.h 30.1 2108 9-14 Signal de Riebeckfcaftel. . . . .. CO DECO CROP EL TS Coin oriental de l'obfervatoire..…. 33. 31. 42 .... 33. 31.45 APR OOECE La bafe qui doit fervir au calcul de ces triangles, a été prile vers le milieu de la plaine du Swartland. Le terrein où elle a été alignée eft fort uni, à la réferve de quelques petites inégalités que j'eus foin de niveler. If eft en quel- ques endroits un peu embarraflé de brouffailles, ce qui a été cufe qu'il a fallu employer fept jours, tant pour l'aligne- ment que pour la melure. J'eus pü faire cette bafe beau- coup plus longue; mais le terrein, fans cefler d'être uni, étoit trop couvert d’arbufles, fur-tout vers la partie occiden- tale. La longueur que j'ai prife m'a paru fufhfante pour le peu de triangles qu'il y a à calculer. La mefure de cette bafe fut faite du 17 au 21 octobre, Jy employai quatre perches de fapin de 18 pieds de lon- gueur ; elles avoient trois pouces de large fur deux’ d'épaif- eur; elles étoient peintes de deux couches à l'huile, & ferrées | ; | DRENSIIRONGHIMENN C Es, 433 ferrées par les bouts. J'avois apporté de Paris une toile de fer, vérifiée avant mon départ fur l'étalon du fieur Langlois, qui a fervi à fixer la longueur précife de toutes les autres toifes qui ont été portées au Pérou & en Lapponie. J'ai fait faire au Cap une autre toife de bois fort & bien fec, termi- née par des plaques de cuivre, & parfaitement égale à celle de fer. Celle-ci a toüjours été renfermée dans une caifle de bois, pour n'être pas expofée au foleil. Le temps fut couvert pendant les trois premiers jours de Ja mefure, & le vent de fud-eft qui fouffla avec force pendant les deux autres jours, rafraichifloit fair, de forte que la toile de fer na dû fouffrir aucune altération de la part de la chaleur. Ces deux toiles m'ont fervi à conflater la longueur des quatre perches. La mefure de la bafe fut exécutée chaque jour à peu-près dans cet ordre. Je commençois dès le matin par m'aflurer de la longuéur jufte de mes quatre perches mifes en ligre droite & bout à bout. Je mefurois enfyite 6 ou 700 toiles, felon que le terrein étoit plus ou moins facile. Je prenois moi feul le foin de faire aboutir exaétement toutes les perches les unes aux autres. À chaque portée, qui étoit de 12 toifes, je me faifois donner un jeton par celui qui étoit à la tête des perches. Je plantois un petit piquet, prefque à fleur de terre, au bout de 10 portées, ou de 120 toiles. Je revenois enfuite, en melurant une feconde fois & en comptant toùjours mes jetons : je voyois fi à chaque dixième je retombois fur mes petits piquets. Etant arrivé au terme d'où jétois parti d'abord, je marquois la difié- rence entre mes deux mefures, puis je vérifiois la lon- gueur de mes quatre perches. Tel étoit l'ouvrage de Ia matinée, Je faïlois enfuite tranfporter mes perches, mon lit & mes provifions (car nous étions dans un#défert ) à 1200 ou 1300 toifes plus loin, c'eft-à-dire, au lieu où je comptois terminer la mefure du jour. Là, après avoir diné & pris quelque repos, je déterminois [a longueur de mes quatre Mn 1751. . lii 434 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE perches; j'allois en mefurant jufqu'à l'endroit où j'avois ceffé avant midi; je revenois en remelurant, & je finiflois par vérifier encore la longueur de mes perches. C'eft ainfr que je trouvai la longueur de ma bafe par a fomme des premières mefures, de 6467 toiles 4 pieds 3 pouces +; & par la fomme des fecondes, de 6467 toiles 4 pieds 11 pouces, avec une différence de 8 pouces. Je pris le milieu, & j'en Ôtai 2 pieds 9 pouces + pour dix-huit inégalités de terrein nivelées; il me refla 6467 toiles 1 pied 10 pouces. Mais je ne l'employerai dans les calculs que de 6467 toiles +, à caufe des autres petites inégalités de terrein que J'ai cru pouvoir négliger, & qui tendent toutes à faire paroître la bafe plus longue. Ayant donc calculé les quatre triangles précédens fur cette bale, j'ai trouvé les diftances horizontales qui fuivent. au fignal occidental de Ia bafe. . . 8540,6vifs au fignal oriental. ......... 11526,8 Diflances de Capocherg 4 à Klipfonteyn............41230,9 au fignal de Richeckfcaftel . . . . 21238,3 au coin oriental de obfervatoire.. 28641,2 au fignal oriental de la bafe. . . . 16663,r Dift. du fignal de Rata Klipfonteyn ........... 40815,8 au coin oriental de l'obfervatoire. . 38045,2 Connoiffant ainfi tous les côtés des deux triangles prin- cipaux, & la pofition d'un de ces côtés à l'égard du méri-. dien qui pafle par le coin oriental de mon obfervatoire, il m'a été facile de calculer que le piquet placé à Klipfonteyn, étoit à 2604 toiles à left de ce méridien, & à 69668,6 toifes au nord du coin oriental de l’obfervatoire. J'y ajoûte 0,9 toifes, à caufe de l'écart du parallèle de Klipfonteyn à Yégard de fa perpendiculaire tirée fur la méridienne du Cap, & employée dans le calcul précédent au lieu du parallèle ; & j'en Ôte 0,4 toifes pour la quantité dont le coin oriental de l'obfervatoire eft plus auflral que le pilier où le fecteur étoit placé : j'ai donc, toutes réductions faites, 69 669, 1 toiles 7 D see “SE LÉ FO S DIENS A IOMNEMINEUN CE 1 435 pour l'arc du méridien terreftre qui répond à celui du méri- dien célefle, qui a été trouvé ci-deffus de 14 13° 174 D'où il fuit que 11 longueur du degré du méridien terreftre, dont le milieu pañle par 334 1 8'2 de latitude auftrale, eft de 57037 toiles. J'avoue que je ne m'attendois pas à trouver ce degré aufli grand, puifqu'il eft prefque égal à celui que nous avons déterminé, M. Caflini de Thury & moi, dans la partie méridionale de la France, entre le 42 & le 45.° degré de datitude boréale; mais un obfervateur n’eft tenu que de répondre de l'exactitude de fes melures, & non de leur réfultat. Tout le travail dont je viens de rendre compte, confifte en trois différentes opérations ; dans les obfervations des étoiles, dans celles des angles des triangles, dans la mefure de la bafe. Or, fans entrer dans le détail de toutes les pré- cautions qu'un long ufage ne m'a pas permis d'oublier cu de négliger, ni de toutes les circonftances qui ont concouru à rendre les obfervations des étoiles aufi précifes qu'il eft poffible de les faire avec un feéteur de fix pieds de rayon, l'accord des coraparaifons de feize étoiles différentes ne laiffe rien à defirer de ce côté-là. A l'égard des angles des triangles, quand même la 1on- gueur du rayon du quart-de-cercle, fa folidité & l'égalité de fes divifions éprouvée depuis dix ans, ne répondroient pas de leur juftefle; la grandeur de ces angles, leur petit nombre, & leur fomme toùjours approchante de 180 degrés dans chaque triangle, n’y laïffent aucun foupçon d'erreur confi- dérable. I ne refte donc que la mefure de la bafe fur laquelle on pourroit former quelque doute, & craindre que par inadver- tence il ne fût échappé, à M. Muller & à moi, quelque mécompte. À a feconde mefure que nous avions faite chaque jour, nous avions toûjours trouvé le mênre nombre de toiles u'à la première, à l'exception de deux endroits que nous . vérifiames fur le champ. Dans la confiance où j'étois de ne lii 436 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n'être pas trompé, Je retournai au Cap le 23 Octobre pour refaire à loifin mes calculs. Leur réfultat s'étant trouvé tel que je le viens de rapporter, quoique je ne pufle me faire aucun fcrupule fur ma bafe, pour prévenir toutes les objec- tions qu'on pourroit me faire, je pris le parti d'en vérifier Ja longueur. L'erreur, s'il y en avoit une, ne pouvoit être que d’une ou de deux portées, c'eft-à-dire, de 12 ou de 24 toiles. Je partis donc du Cap le 2 Novembre, avec un cordeau de 30 toifes, divifé de 3 en 3 toiles. Je le portai tout le long de ma bafe, dont l'alignement fubfiftoit encore, & je retrouvai toüjours mes petits piquets au bout du quatrième cordeau, à l'exception de trois, qui étoient arrachés ou enterrés; mais comme ils n'étoient pas de fuite, je retombai fur le fuivant au bout du huitième cordeau. Vers le terme occidental de la bale, je ne métois fervi que de trois perches, & les piquets étoient placés de 90 en 90 toiles. Je les retrouvai tous À trois longueurs de cordeau. C'eft ainfi que je nraf furai, avec la dernière évidence, a il n'y avoit pas d'erreur dans le nombre de 6467 toifes + que j'ai employé dans mes calculs. AS RUT IL GARE |} OA Mefure de la longueur du Pendule à 33 55" de latitude auflrale. J'ai fait, pendant mon féjour au Cap, différentes tenta- tives pour déterminer la longueur du pendule fimple à fecondes : elles m'ont toutes donné le même réfultat, à trois ou quatre centièmes de ligne près; c'efl pourquoi je me contenterai de rapporter les dernières que j'ai faites, dans lefquelles toutes les circonftances n'ont paru concourir à les rendre exactes. Les inftrumens dont je me fuis fervi ont été faits à Paris fur le modèle de ceux que M. Bouguer a employés au Pérou pour la même recherche, & qu'il a décrits dans fon livre de la figure de la Terre {page 330 © fui.) D ENS IS /CULIEUN. @ Ef 437 C'étoit une pince à reflort, pour fufpendre avec un fil de pite très-fin, un poids de cuivre formé de deux cones tronqués joints par leur plus grande bafe. Le diamètre de cette bafe & l'axe du double cone font précifément de 10 lignes; le diamètre de la partie tronquée eft d'une ligne +. J'avois aufir une règle de fer dont les extrémités étoient taillées en bifeau & trempces; fa longueur jufte étoit de 3 pieds 3 lignes. Cette même longueur, en cas d'accident, avoit été marquée, avec toute la précifion poffible, par deux points très-fins, fur la toife de fer qui a fervi aux mefures de mes bafes. Je vérifiois la longueur de ma règle fur ces deux points; puis je n'en fervois pour aflujétir la longueur du fil de pite de 3 pieds 3 lignes entre [a pince & Ia fur- face de Ja petite bafe fupérieure du double cone, de forte que la diftance de la pince au centre de gravité du poids, étoit précifément de 3 pieds 8 lignes. Je fufpendois le poids quelques jours avant l'obfervation, afin que le fil eût le temps de prendre toute fon extenfion. Les 1 & 2 Septembre 1752, je pris des hauteurs corref- pondantes du Soleil pour régler mon horloge, qui fuivoit le mouvement des Fixes. Je trouvai que le jour folaire moyen étoit alors de 24h 3° 57"+ de cette horloge. Je fis le 2 Septembre les expériences rapportées dans fa table fuivante. Heure où le pendule : Eat du thermomètre Heure du commence fimpleavoit perdu 12" de M, de Reaumur. ment de l'expérience. fur l'horloge. CE REETC UMA RME MEL AUUE 7e 53 cu... 9. 9 1246: see (910 2 - + 10 25 NO 3e el ER SO UM ETUIS E ET Id he ce cn 7eme 14. 23+ 140257 ehelste TS (40X 135$... 15. 415..... 16. $S6Z Les premières ofcillations que je faifois faire au poids, au ‘commencement de chaque expérience, n’avoient que 2 pouces lii ü 438 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d'étendue. Avant, après, & dans deux intervalles des expé- riences, la Jongueur du fil avoit été mefurée, & trouvée de 3 pieds 3 lignes précilément; le baromètre n'a pas varié fenfiblement, il s'eft tenu entre 28 pouces 3 lignes & 28 pouces 2 lignes. Il réfulte de ces oblervations que le pendule fimple à retardé de 1° 36” en 10 heures 1°£ marquées à l'horloge: donc en 24h 3° 57"+, il eût retardé de 3° $50"+, & le jour moyen eût été à ce pendule de 24h o° 64. Le pen- dule étoit donc trop court de -Z> de lignes, & par confé- quent la longueur vraie du pendule fimple à fecondes étoit de 3 pieds 8,07 lignes. J'avois un pendule invariable que M. Rivas n''avoit donné, & auquel il avoit appliqué un mouvement pour compter les ofcillations. Ce pendule étoit compofé d’une lentille fort pefante, fixée à une verge de fer terminée dans fa partie fupérieure par deux couteaux d'acier trempé, dont le tran- chant étoit arrondi & poli; ils portoient fur deux rainures arrondies & polies, pratiquées dans un couflinet d'acier, mobile fur deux pivots, placés horizontalement dans un chaflis de fer qui fervoit à fufpendre toute la machine. Ce pendule étoit d'ailleurs ifochrone à celui avec lequel M. de la Condamine a fait des obfervations au Pérou. Je le mis en mouvement le re Septembre, & je trouvai qu'il faifoit affez uniformément 410$ vibrations à chaque heure de mon horloge. Il en fit 98789 en 24h 3° 56” : donc il en eût fait 987902 en 24h 3° $7"+, ou en un jour folaire moyen, Le thermomètre étant à 13 degrés, IAURCUE CALIE DONNE Obfervations météorologiques, ou Defcriprion des vents dr des faifons du Cap. Pendant mon féjour au Cap, j'ai tenu un resiftre exact de tout ce qui seft paflé dans l'atmofphère; jai écrit jour par jour les variations du baromètre, celles des vents, l'état cts dance rer ne D A PS EE as — D} ENS HS ICULE NC Es S. 439 du ciel, & tout ce qui pouvoit fervir à donner une notion exacte des faifons de ce pays. Je mettrai ici en note un abrégé du détail de toutes ces obfervations : je ne donne que celles que j'ai faites dans l'intervalle du r.* Juillet 175 x au 1er Juillet 175 2, parce qu'elles font fans aucune interrup- tion, & que celles que j'ai faites avant ou après, ne m'ont fait apercevoir aucune différence fenfible. Dans les cas un peu rares, je citerai celles que j'aurai faites dans quelque temps que ce foit. sb SL. Des vents qui règnent au Cap. Ce que je dis ici des vents, ne doit s'entendre que de eux qu'on éprouve dans la ville & fur la rade du cap de Bonne-efpérance; car comme cet endroit eft placé dans une latitude limitrophe de celles où les vents font conftans d’un côté, favoir, du côté du nord, & variables du côté du fud, il n'y,a pas de doute qu'un peu au large du Cap, les vents ne foient plus variables, & moins aflujétis aux règles que je vais établir d’après les obfervations faites uniquement à la ville. H n'y a guère que deux vents généraux qui règnent au Cap, favoir, le fud-eft /a) & le nord-oueft /&). Les autres ne (a) Le vent de fud-eft a foufflé pendant 1 13 jours de l’année, à com- mencer au 1." Juillet 1751, favoir, le 4 Août; en Septembre, les 18, 23, 24, 25, 26,27; en Octobre, les 6, 10, 11, 13, 21, 24; en Novembre, les 3, 6,7, 9, 20,21, 22, 25,26, 27,28, 29; en Dé- cembre, les 1, 2, 3, 4, 5; 9, 10, 11, 16, 17, 18, 19, 29, 30,31; en Janvier 1752, les 2, 3, 4, 5, 6, 7» 8, 93 12, 13: 14, 17 21; 25; 27, 28, 29, 30, 31; en Fé- Micros ULE25 "455 65e 13; 14 15, 16,18, 19, 20,21, 23, 24, 25; en Mars, les 2, 3, 45 75 83 95 10,11, 12, 133 143 15» 16, 17, 18, 19, 20; en Avril, les 3, 4, 6, 14, 15,16, 173 21, 26, 27, 28, 29; en Mai, les 1 & 12; en Juin, lés 13, 14, 17; 29, 30. Et pour faire voir qu'il fouffle dans tous les mois de l’année, on peut remarquer qu'on l’a fenti en Juill {es 3, 6, 7, 8, 20, 21, 29, 30, avec toutes les circonf- tances ordinaires & détaillées dans toute la defcription du vent de fud-eft. (b) Le vent de nord-oueit a foufflé, outre prefque tous les jours de pluie fpécifrés dans la note (p), en Juillet 1751, les 1, 6, 16, EN 26, 27, 29; en Aoùt, les 2, 7, 440 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE durent guère que quelques heures; ils ne font fouvent que des paflages du nord -oueft au fud-eft, & réciproquement. Les vents les plus rares font ceux d'eft & de nord-eft. Les vents de nord & de nord-nord-oueft font ceux qui amènent les gros temps & les ouragans dans les mois d'Avril, Mai, Juin, Juillet, Août; mais ces ouragans, quelquefois furieux, ne font pas fréquens /c), du moins n'en ai-je pas vû de fort à craindre. Les vents d'oueft, de fud-oueft & de fud, font ordinairement accomÿagnés de brumes & de nuages, quel- quefois de pluie. Ils font aflez fréquens, mais de peu de durée, A l'égard du nord-oueft, il y en,a de deux fortes ; l'un foible, qui n'eft qu'une petite brife de mer qui s'élève le matin & dure jufque vers midi dans la beile faïfon, & dont je parlerai dans la fuite; l'autre fort & violent, qui fouffle fouvent pendant plufieurs jours de fuite dans les mois de Mai, Juin, Juillet, Août & Septembre, & de temps en temps dans les autres mois de l’année. Alors le temps eft prefque toüjours couvert, où du moins fort variable; & lorfque ce vent a foufflé avec force pendant quelque temps, il amène de la pluie. Le vent de fud-eft mérite une delcription plus détaillée. Ce vent foufHle au Cap dans tous les mois de l'année, mais beaucoup plus fréquemment dans ceux d'Octobre, Novembre, Décembre, Janvier, Février, Mars & Avril, que dans les autres, 10, 18, 19, 26, 28, 30, 315 en Septembre , les $, 20; en Octobre, les 23, 31; en Novembre, les 8, 23,24; en Décembre, les 23 26; en Janvier 1752, les 10, 27; en Février, le 8; en Mars, le 29; en Avril, le 18 &le 24; en Mai, les 8, 9, 14, 26, 30. Ajoûtez-y en- core tous les jours où le vent de fud-eft eit tombé avant le Jever du Soleil, & qui font marqués dans les notes fe) & (f). (c) Les 6 & 7 Juillet 1751, très-orand vent de nord-nord-oueit & groffe pluie. Les 26, 27 & 28 Novembre, grand vent d’eft, avec de fortes ondées de pluie. Le 37r Mars 1752, orage & tonnerre. Les 10 11 Avril, ouragan & grofle mer qui met en danger plufreurs vaif= feaux, & fait brifer toutes les cha- loupes & canots qui font à terre. Le 10 Mai, grand vent, groffe mer & pluie. Le 13 Juillet, grand vent de nord-nord-oueft, tonnerre, groffe pluie & grofie mer. Le 7 DES" S'CHPELN c'es 44 Le vent de fud-eft s'entend ici du fud-fud-eft & de l'eft-fud- * eft:il eft plus ordinairement l'un des derniers qu’il n’eft propre- ment fud-eft; mais nous l’'appellerons ainft pour nous confor- mer à l'ufage du pays, & parce qu'il eft difficile, à caufe des montagnes voifines, de décider au Cap le vrai rumb des vents qui viennent de la partie comprife entre le fud & left. Le vent de fud-eft eft froid & fec: le ciel eft toüjours très-clair quand il fouflle, excepté damwdeux cas, 1.° lorf- qu'en commençant à fouffler après un temps pluvieux ou nébuleux, il repouffe les nuages ; 2.° lorfqu’il eft bas & foible, … & quun vent de fa partie de l'oueft rèone dans la région » fupérieure, & eft prêt à prendre le defius fur le fud-eft, alors ce vent amène des nuages, & il pleut quelquefois pen- 1 dant que le fud-eft fe fait encore fentir. Mais comme le * fud-eft a coûtume de l'emporter fur les vents oppofés, cette pluie eft fort rare, & je ne lai remarquée que deux fois pendant tout le temps de mon féjour au Cap, favoir, le 1 8 Septembre 1751, & le 30 Juin 1752. L Lorfque le fud-eft eft prêt à fouffler par un ciel clair, il s'élève toùjours de la mer, qui eft au fud-eft du Cap, des pelotons de nuages blancs, qui, parvenus à l'ouverture de 1a faufle baie /voy. Planche 11) le féparent en deux bandes. L'une va ramper fur le fommet des montagnes les plus élevées, qui s'étendent depuis l'entrée orientale de cette baie jufque bien avant dans les terres vers le nord. L'autre bande vient de même ramper fur le fommet des plus hautes montagnes ui renferment la faufle baie à l'oueft, & qui forment la côte occidentale de l'Afrique depuis l'entrée occidentale de a fauffe baie, où eft le vrai cap de Bonne-efpérance, jufqu'à la mon- tagne de la Table. Ces pelotons fe réuniflent à mefure qu'ils s'avancent : ils couvrent les fommets des plus hautes monta- gnes , fans defcendre dans les vallées, ni même s'arrèter aux montagnes un peu plus bafles que les autres ; de forte que lorfqu'une montagne eft élevée & ifolée, le nuage qui en couvre le fommet, y femble attaché & fufpendu. Lorfque la matière qui forme ces nuages eft fort abon- Mém. 175 1. . Kkk 442 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dante, elle defcend jufqu'au fommet des montagnes plus bafles, elle femble même vouloir fe précipiter dans les vallées en prenant la courbure du fommet; mais ce qui fe détache du nuage pour tomber en bas, {e diffipe à chaque inftant & devient abfolument invifible dès qu'il eft defcendu de quel- ques toifes. Quelquefois auffi de gros pelotons fe détachent du nuage qui couvre le fommet d'une montagne ifolée; & comme le vent les chaffe au loin, fans qu'ils s'élèvent fenfi- blement plus haut qu'ils n’étoient en quittant la montagne, ils paroifient toûjours voifins de l'horizon, & n'empèchent pas par conféquent que le ciel ne foit fort clair. Le nuage qui couvre le fommet d'une montagne pendant le règne du vent de fud-eft, paroït ordinairement fort aplati & comme taffé entre deux plans de niveau; c'eft ce qui leur donne la figure d'un chapeau rabattu lorfqu'ils fe tiennent fur Je fommet pointu d'une montagne ifolce. Enfin quand le vent de fud-eft commence à fouffer dans un temps encore nébuleux, & que les fommets des monta- gnes font couverts de gros nuages de figure fort irrégulière, ces nuages s’aplatiflent, & fe conforment à toutes les mêmes apparences que ceux qui font venus de la mer par un temps clair, comme je viens de le dire. Lorfque le vent de fud-eft a foufflé pendant quelque temps, & fur-tout lorfqu'il doit fouffler pendant plufieurs jours de fuite fans interruption, ces nuages deviennent de plus en plus minces, puis ils difparoiffent abfolument, & il arrive fou- vent que le vent continue de fouffler pendant plufieurs jours, fans qu'il y ait aucun nuage fur les montagnes /d); de forte que lorfque le cief eft d’ailleurs clair, l'apparition d'un nuage tel que je l'ai décrit, eft un préfage aflez für d'un vent de fud-eft ; mais il arrive auffi que ce vent vient à fouffler fans qu'il paroiffe aucun nuage fur les montagnes. ve: (d) I n’a paru aucun nuage pen- | 1752, les $, 6, 14, 31; en Fé- dant la durée du vent de fud-eft | vrier, les 1, 2, 15, 16, 21, 26; en Novembre 1751, les 20 & 22; | en Mars, les 4, 14, 19, 20. en Décembre, le 10; en Janvier DRET RG NUOT GENS f D' ES" :S C'L'E NC ES. 443 Le fommet de la montagne de la Zable eft élevé d'environ so toiles au deflus du niveau de la mer: étant vû du côté de la ville du Cap, il paroît uni & de niveau, du moins fenfi- blement , dans toute fa longueur, qui eft de 1344 toiles, excepté que les deux extrémités femblent un peu plus éle- vées. Son milieu eft fitué au fud-fud-oueft par rapport à la ville, à la diftance d’un peu plus de 2000 toiles : a face fe dirige de l'eft à l'oueft, & eft prefque entièrement à pic; elle termine tout-à-coup la chaîne de montagnes qui com- mence à l'entrée occidentale de la faufle baie, à 29 minutes de diftance au fud de la ville. Ce qu'on appelle la montagne du Vent, où plus communément la montagne 44 Diable, eft une portion de la montagne de la Table, placée au nord-eft à fon égard, & qui n'en eft féparée que par une gorge peu profonde & peu large. Le fommet en eft ilolé & pointu, plus bas de 3 r toifes que l'extrémité voifine de la Table. Les deux extrémités de la Table font d’ailleurs prefque à pic; ce n'eft que vers le milieu de fa face oppofée à la ville du Cap, que cette montagne, en s'étendant au fud-fud-oueft, fe communique à la chaîne qui va former le vrai cap de Bonne-elpérance. Par cette difpofition fingulière, le nuage qui eft pouffé par le vent de fud-eft, & qui ne parvient à la Table qu'en rampant le long des fommets contigus des montagnes, ne trouve pas le bout occidental de la Table fur fa route, il le laifle par conféquent à découvert, tandis qu’il s'étend fur le refte de la montagne, & qu'il va former un chapeau fur le fommet de la montagne du Diable. Lorfque la matière qui forme le nuage eft très-abondante, elle remplit la gorge qui fépare les deux montagnes ; elle s'étend jufqu'au bout occidental de a Table, mais il eft très-rare qu'elle le couvre totalement. Quelquefois aufli le nuage commence à fe faire voir en rampant dans la gorge dont je viens de parler. à Après que le vent a foufflé quelque temps , le nuage de la Table commence à fe difliper ; alors il forme une bande KKk i 444 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fort mince qui ne fait qu'effleurer la partie de la Table comprife entre les deux efpèces d'éminences qui font à fes extrémités : il ne femble pas la toucher, & une portion déta- chée fe tient fufpendue à quelque diflance au deflus du fom- met de la montagne du Diable. Tel eft le réfultat des obler- vations que j'ai faites fur ce nuage, & que je n'ai rapportées ici en détail que pour faire voir à quoi {e réduifent toutes les chofes merveilleufes qu'en ont écrit les Voyageurs. Le vent de fud-eft commence ordinairement à fouffler fur les quatre, cinq, fix heures du foir; il augmente de force à mefure que la nuit approche, il tombe enfuite entre dix heures & minuit, le refte de la nuit eft calme /e). Il arrive fouvent /f) qu'il commence un peu après midi, alors il dure plus long-temps ; il ne cefle guère que fur les trois ou quatre heures du matin. Dans ces deux cas, qui font les plus ordi- naires, lorfque le jour commence à paroître, il s'élève fur a Rade un petit vent de nord-oueft, à la faveur duquel les vaif feux qui arrivent, contraints par le fud-eft de mouiller fous lifle Robben, peuvent venir jufqu'au mouillage devant la ville, Ce vent ou cette brife du large tombe infenfiblement vers dix heures ou midi, & le refte du jour eft calme, ou bien le vent dé fud-eft reprend aux heures que j'ai dites. Il arrive aufli quelquefois /g), & cela fur-tout après qu'il eft tombé de la pluie, que le vent de fud-eft prend fubitement (e) Ceci eft arrivé en Oétobre | Mars, le 2; en Avril, les 3, 16, 1751, les 6, 13, 24; en Novem- | 27, 28. Aurefle, on peut être für bre, les 6, 9, 26; en Décembre, | que j'ai marqué exactement fur mes AE CITES IC 29; | regiftres les heures du commence- en Janvier 1752, les 9, 13, 14, | ment & de la fin du vent, parce 17, 21, 25; en Février, les 4, ç, | que j'ai pañlé prefque toutes les nuits Ô, 11,13; 16, 109,26; en Mars, où ce vent a foufllé, à obferver les les 3,7, 10, 14, 19, 20. En tout | étoiles comprifes entre le pole du trente-quatre fois dans l’année. fud & le tropique du Capricorne, (F) Ce cas eft arrivé vingt-quatre | & je ne quittois qu’à l’approche du fois, favoir, ‘en Septembre 1751, | lever du Soleil. le 25; en Oétobre, le 21; en No- (2) Le vent de fud-eft a foufflé, vembre, les3,7, 21,22, 25» 29; fans interruption ni diminution feu- en Décembre, les s, 17, 19, 30; | fible, 1.° du 23 Septembre 17517, en Janvier 1752, les 3, 12,209; en | à fix heures du foir, au 25 à fix Février, les 14,18, 20, 23; en | heures du matin: 2.°du 0 Oétobre pds (4 D'Erse S CUIIE NC Es. 445 avec force, & qu'il fouffle deux, trois, quatre jours confé- cutifs, fans fe ralentir fenfiblement ; en forte qu'il eft impof- fible aux meilleures chaloupes de naviguer fur la Rade pour le fervice des vaiffeaux qui y font à l'ancre. Le vent de fud-eft foufHle toûjours par fortes bouffées; uand il commence, il en envoie qui font entre-mélées d’in- tervalles de calme. La durée de ces intervalles diminue de plus en plus, enfuite le vent fouffle par bouffées continuelles, & ordinairement de plus en plus fortes; lorfqu’il eft prèt à finir, les intervalles de calme entre les bouffées reviennent & augmentent de durée jufqu'à ce que le calme règne tout feul. Le vent de fud-eft eft prefque toüjours très-violent ; il fait voler des tourbillons de fable & de pouffière qui obfcur- ciflent l'air, & qui rempliflent les rues & les maifons du Cap : il en jette dans les yeux de ceux qui font hors de la maifon, de forte qu'il leur eft impoflible de fe conduire, ni de porter un chapeau. I tranfporte & fait changer tous les jours de place & de figure aux grofles dunes de fable qui ne font pas couvertes de plantes ou d’arbuftes, il defsèche la terre & les plantes, il brife quelquefois les arbres, ou du moins il les empèche de s'élever; lorfqu'ils font ifolés ou fimplement en avenue, ïl les force à fe courber & à étendre leurs branches dans fa direction, ce qui les rend defagréables à la vüe : il caufe un trémouflement dans la lumière qui fait qu'on ne peut obferver les aftres avec précifion, & que l'horizon paroît toûjours embrumé, quoique le ciel foit très- clair. Il excite fur la baie de la Table des vagues courtes & blanches d’écume ; mais les vaifleaux qui ont de bons cables à une heure du foir, au 11 à dix heures du foir: 3.° du 3 Novembre à midi, au 4 à huit heures du foir: 4. du 2 Janvier 1752, à fept heures du foir, jufqu’au 6 à deux heures du foir: $.° du 29 Janvier a midi, au 2 Février à fept heures du foir : 6.° du 19 Février à trois heures du foir, au 21 à dix heures du foir: 7.° du 23 Février à deux heures du foir, au 25 à cinq heures du foir : 8.° du 10 Mars a une heure du foir, au1 3 à onze heures & demie du foir : 9.° du 14 Mars à trois heures du foir, au 19 à dix heures du matin: 10.° du 13 Juin à neuf heures du foir, au 14 à deux heures du foir. KKk ij 446 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ne font pas en danger, parce que fa tenue eft paffablement bonne, & que d'ailleurs ce vent poufiè au large. En général, on eft obligé de prendre beaucoup de précautions pour garan- tir de fes fureurs les jardins, les maifons, les vignes & les graine, Le vent de fud-eft perd de fa violence à mefure qu'il foufile plus loin vers le nord du Cap : il arrive aufit fort fouvent qu'il eft furieux à la ville, tandis qu'on ne le fent pas dans les habitations du Rondbofch, qui font fituées au pied de la montagne du Diable & de la Table, du côté oppofé à h ville, qui, par cette raifon, femble expolé à toute la violence du vent, puifque rien ne le couvre du côté du fud-eft. Lorfque le vent de fud-eft a foufflé pendant plufieurs jours de fuite, foit fans interruption , foit qu'il ait été remplacé tous les matins par une légère brife de nord-oueft, alors il fait place à quelques jours de calme /4), qui font ordinaire- ment fuivis de deux où trois jours de temps variable, cou- vert (i) & quelquefois pluvieux. Pendant ces jours, les vents de nord, de nord-oueft, d'oueft, de fud-oueft & de fud fe fuccèdent les uns aux autres; & dès qu'ils ont ceflé ou amené quelque pluie, le vent de fud-eft reprend fes droits. EL ES De la température de l'air au Cap. Le Cap, à parler en général, n’eft pas un pays chaud : if (h) Il y a eu foixante-quinze jours de calme accompagnés de beau temps, favoir, en Juiller 1751, les AN Ter TA NS 020; 21022; 23, 24; en Août, les 6, 13, 16, 17, 20, 22,23, 24, 25; en Sep- tembre, les 14, 15, 21, 22, 28, 29; en Oétobre, les 7, 8, 14, 17, 25; en Novembre, les $, 10, 19, 30; en Décembre, les 6, 20, 24, 25, 27, 28; en Janvier 1752, les 10, 18, 19, 22, 26; en Fé- yrier, less 730722 EL 027 Len Mars, less, 21, 30; en Avril, les 5> 7 93 13: 305 en Mai, les 19; 20,21, 22,31; en Juin, les, 2, 34 mSp IUT 2 UNS MSP LOS 24, 2$; 26; 27: (à) Les temps couverts fans vent fenfible, ni pluie, ont été en Juillet 1751, les 3, 9, 12, 26; en Sep-. tembre, les 1, 13, 16, 20, 30; en Oétobre, les 1,4, $, 19,20, 27; en Novembre, les 8, 11, 15; en Décembre , les 1$, 16; en Jan- vier 1752, le 23; en Mars, les 23, 26, 27; 28; en Avril, lesy, 8, 22,23; en Mai,les2; 3,4, 6,7; 17; 23, 27; enduin, les, 2H 225128 DAEAS M SIECLE NC :E 16. 447 arrive quelquefois que les chaleurs y font exceflives, mais leur durée eft toûjours fort courte: ces jours chauds font ceux où il n'y a pas de vent, depuis le mois de Novembre juf- qu'au mois de Mars. La plus grande chaleur que j'aie obfervée, a été de 33 degrés +le 17 Février 1752, & de 3 $ degrés le 22 du même mois (4), mais tout le monde avouoit que » cette chaleur étoit fort extraordinaire : à la fuite de ce jour le thermomètre defcendit à minuit, à 1 $ degrés, par un brouil- lard fort humide qui s’étoit élevé, & tout-à-coup eft furvenue une maladie épidémique dont très-peu ont été exempis, plu- + fieurs même en font morts, fur-tout parmi les perfonnes âgées : c'étoit un gros rhume, accompagné de fièvre & de maux de tête infupportables, avec un abattement général. La plus grande chaleur des jours calmes d'été, eft de 28 à 29 degrés //), comme dans les pays les plus chauds de l'Europe; mais pendant que le vent de fud-eft fouffle avec force, l'air eft très-froïd ; il caufe même, le foir, un faififfe- ment à ceux qui fortent de la maïfon; & s’il s'introduit dans une chambre par quelque porte entrouverte, il tranfit ceux qui y font expolés. C’eft-là ce qui tempère la chaleur, que les fables, la féchereffe du climat & le voifinage du Tropique femblent devoir rendre infupportable. 1 Dans l'hiver, quoique les nuits paroiffent extrêmement froides, il gèle rarement; du moins n’y ai-je pas vû de glace, ni le thermomètre plus bas que 4 degrés + au-deffus de la congélation /m). Le peu de glace qui fe forme au grand (4) Les chaleurs ont été fort grandes en Février 1752; cepen- dant, excepté les 17, 22, 27, le 5 de Mars, où le thermomètre ra été au dela de 31 degrés, je l’ai toüjours trouvé , à une heure & demie après midi, entre 27 & 28%. — (1) La plus grande chaleur, en Décembre 1751, a été de 25 de- “grés. En Janvier 1752, le vent de id-eft a trop régné pour s’aperce- voir de la chaleur. En Février, la chaleur à été telle que je viens de le dire dans la note /4). En Mars, excepté le 4, où elle fut de 30 de- grés, & le $, de 31+, elle n’a pas furpañlé les autres jours 262. En Novembre 1752, elle a été jufqu’à 253; en Décembre à 297; en Jan- vier 1753, jufqu'à 324 le 24; en Février, à 314 le s. (m) Dans les plus grands froids, j'ai obfervé 4 deurési au deflus de la congélation , le 1. Juin 1752, a fix heures du matin, le 18 à cinq heures & demie du matin, & le 3x 448 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE air, fe fond prefque tout de fuite. Je n'ai pas vû d'apparence de gelée blanche. Les montagnes les plus élevées du Dra- keflein & du Sable rouge (lefquelles ont plus de 1000 toifes de hauteur; j'en ai mefuré une de 1071 toiles ) paroiflent ordinairement conferver pendant quelques femaines leurs fommets blanchis, comme s'ils étoient couverts de neige; mais on m'a afluré que cétoit de la grêle. Quoique l'entrée de la rade du Cap foit interdite aux vaifleaux Hollandois depuis le 1 $ Mai jufqu'au 1 $ Août, à caufe des ouragans que le vent de nord où de nord-nord- oueft y excite quelquefois, cependant on peut dire en géné- ral que ces mois, avec celui de Septembre, forment la belle faifon du Cap. A la vérité il y pleut fouvent, & même pen- dat quatre, cinq, fix jours de fuite /#); mais auffr on jouit après cela, pendant autant de jours confécutifs, du plus beau ciel, d’un calme & d'une chaleur douce /o). Les plus beaux jours du mois de Septembre à Paris n'en approchent pas. Dans les autres mois de l’année, la chaleur ou le vent de fud-eft interdifent le plaifir de la promenade & de la cam- agne. He SAT. De la pluie, de la grêle à du tonnerre. La pluie eft copieufe & fréquente dans les mois de Mai, Juin, Juillet & Août, qui forment proprement fhiver du Cap. Alors elle tombe ordinairement par grofies ondées, à la fuite d’un grand vent de fa partie du nord tirant vers Joueft; elle eft quelquefois mêlée de grèle. Il ne laiffe pas de pleuvoir pendant plufieurs jours des mois d'Avril, de Juillet à fix heures trois quarts du matin. L'année précédente , j'avois trouvé pour le plus grand froid, 6 deyrés 1, le 22 Août à fix heures du matin. (nm) Voyez la note {p). (0) On peut voir à fa note /A) combien il y a eu de beaux jours dans la fin de l'hiver de l’année 175 1, &au commencement de celui de 1752; à quoi on peut ajoüter qu’en 1752, dans le refte de l'hiver, on eut les jours fuivans de calme & de beau temps. En Juillet, les 4: 520180 0000220820 A0 Os 31; & en Aoùt, les 6, 7, 8, 9, 10, MT 28 TA SO 24e PSAEM to Septembre | Dents SRCPIVENN c ‘Es: 449 Septembre & d'Octobre, & en général dans tous fes mois de fannée /p); mais ce font des pluies plus douces & moins abondantes. Ce qu'il en tombe en Janvier & Février, fufit à peine pour abattre la pouflière pendant quelques momens, & fouvent ce meft qu'au pied des hautes monta- gnes que quelques brouillards fe réfolvent en pluie fine. Les mois de Janvier, Février & Mars forment donc la failon sèche; les pâturages font abfolument arides, & s'il ne tombe pas de la pluie en Avril, avant le froid, pour faire croître de l'herbe qui rende là vigueur aux bœufs qui font extrême- ment maigres & foibles, les pluies froides des mois de Mai & de Juin en font périr une grande quantité. La grèle ne tombe guère que dans la faifon pluvieufe ; j'en ai cependant vü tomber le 1 1 & le 12 Oétobre 1751 & 1752. Elle n'eft pas fort groffe, du moins celle que j'ai vüe; & comme elle tombe dans le temps où les productions de Ja terre font peu avancées, elle n’y fait point de dégit. Le tonnerre fe fait entendre rarement au Cap, encore n'eft-ce guère que dans la faifon pluvieufe /g). Je n'ai pas remarqué d'éclairs à l'horizon par un temps chaud & ferein, comme on en voit en Europe: j'ai vû de grands éclairs fans tonnerre, mais par un temps couvert, le 24 Janvier 175 2 au foir, le 22 Février, les 2 & 4 Mai fuivans. ) Ia plu dans les jours fuivans : ken 1, le $ ; les 6 & 7 très - copieufement ; les 8, 10, 11, 17, 18 28, 30 & 31:en Août, les 1, 3; 9 11,12, 14, 1S, 21; 27,29 : en Septembre, les4, 12, 17, 18, 19, 23: en Oétobre, les 23 OULI, 12, 15,116 ,0trés- forte pluie; les 18, 24,26, 29, 30: en Novembre, les 2, 6,12, 13, 14, 16; les 17 & 18, très-forte pluie ; les 23 & 24; le 27, Jongue & copieufe pluie par un grand veut d’eft fort extraordinaire : en Dé- cembre, les7, 8, 12, 13, 14,21, Men. 171. 22, 29: en Janvier 1752, les 1, 2,11, 15, 16, 20, 24: en Fé- vrier, les9, 10, 28,29 : en Mars, les 1, 2, 24, 25, 31: en Avril, les 1,2, 3, 10, 11, 12, 19, 20, 25, 26: en Mai, les $, 7, 10, 11; 13: 155 16524, 25, 28, 20: en Juin, les 6, 8, 9, 10, 16, 20, 23, 30. Entout103 fois. (q) Depuisile 19 Avril 1751 jufqu’à la fin de Décembre 1752, il n’a tonné que fept fois; le 26 Avrili7s1, les 13 & 14 Juin, le 29 Février 1752, le 31 Mars, le 9 Juillet & le 21 Septembre. LI eZ 45e MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TA Du Baromètre. Le baromètre a varié au Cap depuis 27 pouces 1 0 lignes À jufqu'à près de 28 pouces 8 lignes. Ses plus grandes varia- tions fe font dans l'hiver. Dans les gros temps & les oura- gans de cette faifon, le mercure defcend au deflous de 27 pouces 1 1 lignes; & lorfque le beau temps doit revenir, & durer quelques jours, il remonte au deflus de 28 pouces 6 lignes. Dans l'été, il ne s'élève guere au deflus de 23 pouces 4 lignes +. A l'approche des grands vents, le mercure defcend, excepté lorfque ce doit être le fud-eit. Je n'ai pas remarqué qu'un vent de fud-eft, plus ou moins violent, fit varier fenfble- ment le baromètre; mais comme ce vent ne foufile ordinai- rement qu'à la fuite des temps nébuleux, le baromètre eft vers le terme de fa plus grande hauteur lorfqu'il commence à foufller. Les changemens de temps ne fe font pas fubitement au Cap; auffi la marche du baromètre eft-elle affez égale. Il monte promptement quand le temps va fe remettre au beau; puis Sarrêtant en un certain point, il en defcend infenfible- ment jufqu'à ce que les temps nébuleux reviennent, & que les vents commencent à foufiler fortement de la partie de Voueft ; mais dès que ces vents retournent au fud-eft, le mercure remonte fort vite, La variation journalière du mercure dans le baromètre eft très-fenfible au Cap; il eft toüjours plus haut à midi que dans le refte de la journée; dès deux heures après midi il eft déjà defcendu d'une demi-ligne environ. Mais lorfque du matin au foir le prochain retour du beau temps oblige le mercure à remonter fort vite, cette diminution du midi à deux heures n’eft plus fenfible. + Voici les termes extrêmes où le mercure s’eft trouvé chaque Fe mn vé-éésienie D ms MSNOMYEUN CHE. AS1 mois à midi, à moins que l'on ne marque uñe autre heure. Au plus haut. Au plus bas. Lc 13 Juilletrys a à 28788, , le $l.. . 27r1 lines BAGUE NL A DO TR MAMAN PER AB) 672 Na minuie, 14Septembre M2 8N6E IE Int M2 MP 110 tobret: 20281620 rent. 2 ANT 9JINovembre 12805 MES 6 22 80e 9 &17 Décembre. 28 4....les 7&20. 28 oo 17Janvicr1752. 28 44...le14.... 27 11#à1h" mat. tARévren A2 60e 2 Jo BEC 27e ebimat. 7 Masai 0 281354: len25 ie + 27 rire 2 MANS {ur £U 28 72 ...le 10 ...: 27 102à2hfoir. ga Mai... 28 6.. le ro .... 27 1123à9tfoir. 11Juin......28 6% .:.le 8.... 27 117à5hfoir. 3odJuillet.....28 72...1e13.... 27! 102à4h/{oir. 2 > VAR D CU DA SA a a Obfervation de la hauteur du mercure dans le Baromèrre, Jur les montagnes voifines de la ville du cap de Bonne-efpérance. La ville du Cap ef fituée vers le centre d'une vallée formée en demi-cercle par trois montagnes efcarpées & affez hautes. Ce font 1° la montagne du Lion, aux deux extré- mités de laquelle font placés des mâts de pavillon pour faire des fignaux à l'approche des vaiffeaux. 2.” Celle de la Table, dont j'ai fait une efpèce de deicription dans l'article précé- dent. 3.° Celle du Vent, qu'on appelle plus ordinairement la montagne du Diable, parce que c'eft d'elle que paroît partir ce vent de fud-eft fi furieux dont j'ai fait l'hiftoire. dans article XI. Je me propofai de déterminer la fituation & la hauteur de ces montagnes, tant pour fatisfaire la curiofité de la plüpart des habitans & de ceux qui abordent en cette ville, que pour y füre l’obfervation de la hauteur du mercure #dans le baromètre. Le 18 Août 1751 je mefurai fur la plage voifine de la REP 452 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mer , une ligne droite de 89 5,2 toifes, depuis le coin oriental de mon obfervatoire jufqu'à un fignal planté fur une petite dune de fable un peu au delà de la grande Batterie. Sur cette bafe, je fis, avec un quart-de-cercle de 1 1 pouces de rayon, dont lalidade étoit armée d'un micromètre, une fuite de triangles qui joignoit les deux fommets de la montagne du Lion, les deux pans ou extrémités du fommet de la Table, & le fommet de la montagne du Diable. Avec mon quart- de-cercle de 3 pieds de rayon, j'oblervai la hauteur appa- rente de tous ces points, & la fituation du méridien de mon obfervatoire à l'égard des lignes droites horizontales qui aboutiflent à tous ces mêmes points réduits au niveau de Ja mer ; de là je concius leur hauteur abfolue au deflus de ce niveau, & leur diflance au méridien & à fa perpendiculaire. Les voici dans la table ci - jointe. DisTANCES | DiIsTANCES à la à la méridienne. | Perpendicul. LE 5: Toifes. Toifes. Pied dumât de pavillon furlacronpeduLion|o21 occid.| 238:bor. Pied du mât de pavillon fur la tête du Lion.|772 occid.| 16032 auftr. Efcarpe de la pente occidentale de la Table.|963 occid.|2023 auftr. Signal près de la pente occid. de la Table. 953 occid.|2032 auftr. Signal près de la pente orientale. . . . . . .| 138 £ or... 2249+auftr. Efcarpe de à pente orientale .......[334 or. 23 69+ auftr. Sommet de la montagne du Diable. . . .|746 2 or... |1847 auftr. Le 22 Septembre je portai fur le fommet de la mon- tagne de la Table deux tuyaux de verre de 2 lignes de diamètre & de 36 pouces de longueur, avec du mercure purifié par les foins de M. Rouelle. J'y conftruifis un baro- mètre, en mettant à plufieurs reprifes du mercure dans un tuyau , je ly fis bouillir fur des charbons ardens, & j'en chaffai les bulles d'air avec un fil de fer très-délié, puis je: renverfai avec précaution le tuyau dans un petit vafe à demi- D'EISNSNONPIENN c'es 453 plein de mercure. Je mefurai fa hauteur à 11 heures 1 du matin, au pied d'un fignal que j'avois placé fur l'endroit le plus élevé & le plus proche de l’extrémité orientale de la Table; je la trouvai de 24 pouces 10 lignes£. Je tranfportai enfuite mon baromètre à un autre fignal placé tout proche de la pente occidentale de la Table, & je trouvai à midi {a hauteur du mercure de 24 pouces 9 lignes. J'avois placé dans mon obfervatoire un baromètre de pareille conftruétion & d'égal diamètre, qui me fervoit pour les obfervations météorologiques que j'ai rapportées dans l'article précédent. IL n’étoit élevé au deflus de la furface de 1a mér que de 12 à 1 5 pieds. À 4 heures du matin, la hauteur du mercure étoit de 28 pouces 3 lignes ? : à midi, mon hôte la marqua par un petit index qui couloit le long des divifions, de 28 pouces 1 ligneZ; & à 7 heures du foir, je la trouvai de 28 pouces ++ de ligne. Le jour avoit été fort beau, le temps calme & pañfablement ferein, le foir la montagne fe couvrit de nuages, & il plut le lendemain après midi. J'avois deflein d'effayer d’obferver de deflus cette mon- tagne, l’abaiffement du niveau de la mer au fud & au nord, pour voir fr la différence en feroit fenfible. M. Bouguer m'y avoit fort exhorté. La mer eft en effet tout à décou- vert depuis le fud-eft, par le fud & l'oueft, jufqu'au nord- nord-oueft. Comme il étoit impoñlble de tranfporter fur cette montagne mon quart-de-cercle de trois pieds de rayon, javois fait faire un niveau de fer blanc de 4 pieds, à la façon de M. Picard. J'attendis long-temps une occafion favo- rable pour faire cet eflai; mais je vis qu'il feroit très-diff- cile de réuflir, parce que dans les plus beaux jours, & par les temps les plus fereins de l'été, l'horizon eft prefque toù- jours enbrumé, de forte qu'on diflingue à peine des mon- tagnes éloignées de $ ou 6 lieues. Je reftai même avec mon quart-de-cercle de trois pieds, pendant onze jours confécutifs, fur le fommet de la montagne appelée Riebeckfcaftel, qui eft un des points des triangles pour la mefure du degré, & dont LI 454 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la hauteur au deflus du niveau de fa mer eft de 48 2 toiles ; dans tout ce temps, où je n'avois autre chofe à faire qu’à ob- ferver un feu après le coucher du foleil, je ne pus trouver un inftant favorable pour voir diftinétement l'horizon de Ja mer dans une étendue un peu confidérable. On y parviendroit fans doute dans quelques-uns de ces beaux jours qu'il fait pendant la faifon pluvieufe; mais les obfervations des étoiles m'occupoient trop, & me paroifloient trop preflées dans cette faifon incertaine, pour facrifier à cette entreprife quel- ques-unes de ces belles journées. ART ICE NNLLL Sur la longueur des Crépufeules. Les 16 & 17 Avril 1751, étant en mer & en calme, par un ciel extrêmement clair & ferem, où je diftinguois Vénus à l'horizon de la mer comme une étoile de la feconde grandeur , je vis la lumière crépufculaire terminée en arc de cercle aufli régulièrement qu'il eft poffible : ayant réglé ma montre à l'heure vraie, au coucher du Soleil, je vis cet arc confondu avec l'horizon, & je calculai par lheure à laquelle je fis cette obfervation, que le Soleil étoit abaiffé le 16 Avril de 164 38"; &le17, der7d 13°. Le r6 Avril, la lumière zodiacale étoit étendue fur toute la conftellation du ‘Taureau & des Gémeaux ; elle fe perdoit dans la voie lactée. J'ai remarqué en général, fans en prendre cependant des mefures particulières, qu'au cap de Bonne- elpérance, & encore plus à fle de France, la Jumière zodia- cale étoit extraordinairement claire & longue. Les habitans la remarquent très-bien, & la croient une vraie lumière du crépufcule, on ne peut même les en defabufer. ARTICLE XIV. Obfervarions fur lAinan. J'ai pofé plufieurs fois une bouflole de 4 pouces+ de diamètre, dont l'aiguille étoit très-vive, fur une méridienne DES SCIENCES. s5 que j'avois tracée avec foin dans {1 falle de Ja maifon où je demeurois, & j'ai toûjours trouvé la déclinaifon de cette aiguille, de 1 9 deurés du nord vers l'oueft. Je l'ai trouvée de la même quantité fur la montagne appelée Riebeckfcaffel, én relevant à la bouffole les objets dont la pofition à l'égard du méridien m'étoit parfaitement connue, par les opérations faites pour la mefure du degré. J'avois encore une bouflole d'inclinaifon, faite par M. Magny, qui appartient à l Académie. Je m'en fuis fervi dans toutes mes routes, pour obférver l'inclinaifon de l'aiguille aimantée; j'en rendrai compte à Ja Compagnie dans un autre Mémoire. En attendant, je ferai remarquer ici que tant que l'aiguille de cette bouffole à marqué f'inclinaifon du côté où elle la marque à Paris, elle a donné fenfiblement la même inclinaifon, foit qu'on préfentät vers le nord du monde le côté de la bouffole marqué nord ou marqué d'une fleur de lis, foit qu'on le préfentät vers le fud: mais qu'auffi-tôt que Tinclinaifon , après avoir toüjours diminué & Paffé par zéro, seit faite en fens contraire, j'ai toûjours trouvé 2 degrés +, quelquefois plus de trois degrés de différence entre indi- naïon de l'aiguille lorfque le côté nord de la bouffole étoit préfenté au nord magnétique du monde, & l'inclinaifon de la même aiguille lorfque le côté nord de la bouflole étoit tourné vers le fud. Je n'ai pas encore eu le temps d'exami- ner la caufe de cette différence, qui à difparu pendant Ia route à mon retour, aufii-tôt que linciinaifon a paflé la ligne horizontale. Voici donc ce que j'ai obfervé, ayant placé la bouffole fur un méridien magnétique. Le 26 Avril 1751, la fleur de lis de la bouflole étant tournée vers le nord, j'ai trouvé l'inclinaifon de l'aiguille, de 414 50’, en les comptant depuis la ligne horizontale. Ayant retourné la bouflole, & mis la fleur de lis du côté du fud, Jai trouvé l'inclinaifon de 444 10’, Le 13 Avril 1752, ayant répété l'expérience précédente, Jai trouvé Yinclinaifon dans la première fituation , de 414 20’; & dans la feconde, de 44di, 456 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLx A'RTUCLE. LA V: Sur l'heure à la hauteur de la marée. La mer s'élève très-peu au cap de Bonne-efpérance. Il y avoit, en face de la maïifon où je demeurois, des roches en mer qui font prefque à fleur d'eau ; la plüpart étoient recou- vertes pendant la haute mer, & je trouvai, par le moment de leur immerfion & de leur émerfion, en temps calme & le jour de la nouvelle Lure, que la haute mer arrivoit à deux heures & demie. Je mefurai la hauteur d’une de ces roches, que je n'ai jamais vû couverte dans la pleine mer, je la trouvai d'un peu moins de 3 pieds+ au-deflus de la bafle mer, de forte que la différence entre la haute & la baffle mer n'excède jamais trois pieds, à moins qu'il n'y furvienne quelque caufe particulière, telle qu'un ouragan où tempête du nord-oueft, pendant laquelle on a vü quelquefois les rues du Cap, qui aboutiflent fur la plage, entièrement couvertes par les vagues qui brifoient contre les mailons. NOTA. Je m'étois propolé de ne faire imprimer ces Obfervations que dans le volume des Mémoires pour l'année 1 75 2, ainfi qu'il eft dit ci-deffus (page 3 10), mais l’Académie en a difpofé autrement. OBSERVATIONS Mende LAc.R . des Le.1781. Pag.456. Pl 23 Momiide de RoderSe-17é Passe Pl23 | 7 Pgo our Llèm, de V4c.R. des Se.1752. Pag. 456. PL. 24 4° À StHelens Baay ‘à N f darts 277 # à F3 Lacrd Berg 2 RRÈR e* : mr À ét de ses Environs. False B day Romans Apr Jimons Baay A a À Zufits Baav Hanglp #4 Cap Fute 4 Æchelle de Toues dont & 34° CAE Cap de Bonne : Hd o° >" Efperance, : * HAVE: Swarte Land An Le Srarhe % EU ® pl 2225 Ce Dassen De ci Éviand LS fs Robb, Evland q P) De\ 24 Rien > Di Enkiun À) Aicboks Cartel 3 VS Se Kloof Aimé bé RU EEE 2 EN D Gutre Ar à a kw ZRPaussen Bay Tafel Baay Esperance É et de sas False Bi Ronians Ah rar Zay Hanglip ou Cas Andre a Zufalr Danv $ Æchelle de Loin dont Le 3° dure conte 5703 oran d'a DfEUSU |SNC TE LN © re 6, 457 ER ee RINNON ERE Re n OBSERVATIONS FAITES PAR ORDRE DU ROT, POUR LA DISTANCE DE LA LUNE À LA TERRE, À lObférvatoire royal de Berlin, en ARICU EAST. Par M. LE FRANÇOIS DE LA LANDE. A théorie de la Lune, dont tous les Aftronomes ont aflez reconnu Vutilité, de nos jours , exigeoit indif penfablement une connoïfflance exacte de fa diflance à la Terre. On fait que cette diftance a un rapport conftant avec fa parallaxe, c'eft-à-dire, avec l'angle fous lequel eft vü du } centre de la Lune le demi-diamètre de la Terre, ou, ce qui à revient au même, avec la différence de fà fituation vûe de la furface de la Terre, à fa fituation telle qu’on l'obferveroit fi Ton étoit au centre de la Terre. Il étoit donc naturel de penfer que la méthode la plus directe & la plus füre pour : découvrir cette diverfité d'afpett, où cette parallaxe, {eroit _ de placer deux Oblervateurs à une grande diftance, pour … pouvoir prendre les différences des réfultats de leurs obler- vations. Cette méthode étoit fans doute la plus fre, & cependant la feule qui n'eût jamais été employée. Auffr f Académie n'eut pas pluftôt appris l'arrivée de M. de la Caille au cap de Bonne-efpérance, extrémité méridionale de notre continent, qu'elle fouhaita de placer un autre Obfer- en) vateur du côté du nord, fous le même méridien, pour y “ faire des obfervations correfpondantes. j Toûjours fecondée dans fes entreprifes , fous le règne d’un Prince aufli éclairé que le nôtre, & par les foins d’un Miniftre … aufli jaloux du progrès des Sciences, elle reçut bien-tôt tous ÿ Mém. 175 1. te Mt 458 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les ordres nécellaires à cet eflet, & je partis de Paris en conféquence au mois d'Aoùût 1751. La fituation de Berlin, peu éloignée du méridien du Cap, & fur-tout le zèle de M. de Maupertuis, Préfident de l'Aca- démie royale des Sciences de Prufle, pour le fuccès de l'entreprife, nous firent regarder cette ville comme le lieu où ces obfervations fe pouvoient faire avec le plus d'avantage. Le Roi de Prufle daïgna y prendre un intérêt fenfible; ce grand Prince me déclara que je trouverois dans les Etats toutes les facilités que j'y pouvois defirer, & j'ai reffenti les effeis de la protection qu'il accorde aux Sciences, pendant toute la durée de mon féjour à Berlin. M. Kies, Aftronome de l'Académie royale des Sciences de Prufle, Soit bien auffi travailler de concert avec moi, & nous avons prefque toûjours obfervé enfemble avec diffé- rens inftrumens. Je ne parlerai point ici des Iongs préparatifs qui précédè- rent le commencement de mes obfervations, ni des ouvrages que M. de Maupertuis fit conftruire à grands frais dans l'Obfervatoire royal, au nom de l’Académie de Berlin, pour y placer dans le méridien un quart-de-cercle mural de cinq pieds de rayon que j'y avois tranfporté; je réferve ces détails, aufli-bien que beaucoup d’autres, pour le. temps où j'examinerai le réfultat de ces obfervations, en les appli- uant à la correétion des Tables aftronomiques. Les diftances au zénit, que je vais rapporter, font affeftées de la réfraction, de la Dalle) & des petites erreurs qui peuvent fe trouver dans la divifion du limbe, mais dont je parlerai dans la fuite. Je ne rapporterai ici que les principales obfervations, c'eft- à-dire, les plus exactes ou les plus intéreflantes, & les temps feront comptés aftronomiquement, à commencer depuis midi, pendant vingt-quatre heures. La hauteur du pole, à l'Obfer- vatoire de Beïlin, eft de $24 31° 13", fuivant les obferva- tions de l'étoile polaire que j'ai faites au mois de Septembre PAS 2 DES SCIENCES. 459 CS PASSAGES au fil vertical de la lunette. OBSERVATIONS. DisTANCES at re DE TN 2 ANT PEL UE ET SEP EEE Le RO EURE HONTE au zénit, TEMPS | Temps val. de la pendule, Rau mrsst e =] Le 29 Novembre 1751. © 8. 49. 46 | 9. Bord précédent de la Lune. Bord aufbral 2 # Mr D CHE MINEURS leVele la Dale b Le centre de Jupiter . . ..... Adebaran ee er ele LENS Le > Décembre, Us VS Le EN OES D D + La = N # d'Orionmt. . . . .. «le 45 9. 57 Premier bord de la € mal terminé. Bord'antielie era ETC UICEe Syrius ..........4. CIE 9+ 2 17 | Bord auftral de la Lunc . .... 40. 50. 20 58. 53;l +... o du lien des Poiflons . ,.... 44 46: 27 9: 19. 47 |... « du Bélier. 11, 45- 4Szl eee sense Le centre de Jupiter . ...... DER TONC 11. 47. 50 |. . Aldebaran. Le 30 Novembre. 9. 47: 51%] 9+ 58. 47 | Bord précédent de la Lunc. os SN iBordiantiahi et Lie si Conte ME 10. O0. 22 | -.....e. CENTS ER TN EE Ve 38. 28. o CANNES E ICIPOIEAEICERS ARGUS ARS NIONS HRENUNE Bis 2001218 11. 40. 20 |11. 51. 13 | Le centc de Jupiter ....... BTS OA RUe L1. 434 57 lee... Ale bara ne RO ERNEST ON 3 1109 Le 1.7 Décembre. | 1, 48. 33 | ........ ajde ta Pyrenees 13: 56. 46 AE 56 ........ BidunVen einen ce SONO END $+ 12. 252... æruVereane RE CIN sn .ls4 ‘Oo. 34 10. 48. 59% Bord précédent de Ja Lune. 460 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ES ARR Le 7 TRE Manet LDERES € TEmP D de la PAR TEMPS VRAI. Ma à Am ol es) Les Déembeipsr Eos ROUTE B du Merfeau 400 nn 510 RL 4.026: 101]... 1.4. NNlelde légales ere me 453-045-0009 $. 21. 2 CECI B du Poiffon auflral . .... OS MS GEO LES TRAT eee & de Pépafe. ......,..... A2 NS 7 DA S47N 3 CENNEENRENe FGmahan/e PPT ect. 83-097 1} 24 NORMES Lis raie Aldebaran. 1... .......4%: 2ÉNSTENZ2 11.028.015 . I dustaurcans). trie 137.0 6-27 15. 1. 35 |15. 9. $2 | Bord fuivant de la Lune. ES: 8. 42 | Bord auftral. ............ 357: WEST 15e 14 1ÿsleess.eee Petite Etoile... 111.1 er)e 34. 40. 17 Le 6 Décembre. 16. 2. 43 | Bord auftral de la Lune . . . . .. 4ie 15. 44 15. 56. 7 |16. 3. so | Bord fuivant. Le 8 Décembre. 17. 32 $3 |17. 392 env.| Bord auftral de Ia Lune . . . .. HOLD Br 4e 4 See slal-tehe tel va la patte du Lion. . ...... SENS E Le 23 Décembre. 0. | 4 44 || ©. 22. 425] a dela Lyÿre. ........ DORE NET 227 10) 4 1. 37 | 4. 19. 30 | Bord auftral de Ia Lune . . . .. 57». 44 33 ANTON RENE duiVer team ele lee ele 69. 36. 20 AN 27e A0 nele Le œ'dePCoafe te ANT Chacteles DID 7 ne Le 26 Décembre. 6. 23. 27 | 6. 29. 37 | Premier bord de la Lune. 6. 30. 40 | Bord auftral ............ RU AM) 1020940003) 6 MINIER AAONONET = ehetels etes cieleie 46. 25. 13 Le 27 Décembre. PAR NZ 7. 30. $1 | Premier bord de la Lune. 70 3 SU N7:08 2.00 NMBord auttalN elec -fele cree 318-0822 DES RP Ce CS | TEmPs de la pendule. TEMPS VRAI. _…....... SACHIMEINNCUENS, nl LS Bords de la Lune... Bord auftral. 12. 3° 27% DISTANCES au Zzénit. Le 2 7 Décembre 175 1. 1.er bord de Jupiter . . . Bord bor.| 3 2 Aldcbaran 6 Le 28 Décembre. Algenib de Pégafe Premier bord de la Lune. Bord auftral ss. Bords de Jupiter. . . Bord boréal. Aïdebaran. . ... . . : Le 24 Janvier 1752: Le centre du Soleil . . . Bord fup.| 72. : La première étoile du Bélier. . .134. 26. a du Bélier : ; Bord auftral de la Lune : a d'au front du Taureau TA Le 30 Janvier. Le 31 Janvier. Le centre du Soleil... Bord bor. Bord précédent de la Lune. Bord auftral de la Lune © avant Îa patte du Lion Le 1.7 Février. Le centre du Soleil. Le 8 Février. 19. 14. 41 | Bord précédent de Ia Lune.. 19. 15. 47 | Bord auftral.. . .......... 74. 48. 25 462 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AE DO CET EN RQ TETE ERP IEC Z | TEMPS de fa pendule, DisTANCES TEMPS VRAI. A au Zenit, o. 10. 5 |23. 59. 54 | Le centre du Soleil... Bord bor.|66 GEMINI TAROT e du grand Chien ......... CNE te LORIE 9 du grand Chien. ........ JON 4. (2551) le FrotyOn Elle Eee ie ciel Le 21 Février. Le centre du Soleil... Bord bor.| 62. s 2445 : Bord précédent de la Lune. AS BAS 3 Bordiauftral use mn 22m ALLIE MIMECAUTE . 44. 47 | 1. bord de Jupiter... Bord bor. Deu28nre Le 23 Février. ET DOG T ENCRES EE EEE ET NN EE, ONE EE CR A A AE b Æ c Si + D DE CE a D ls (e) LA sp + Lo LA La NES CR Vs «He 23. 4$ÿ. 212123. $9. 54 | Le centre du Soleil ... Bordbor. 62. 0. 16 s: 1290262100 opte 1." bord de Jupiter .. . Bord bor.| 32. 16. 15 $. 41,314 ec... Aldebarants et al C Rent B 6 M3IL RO 6. 40. 15 | 6. 54. 39 | Bord précédent de là Eunc. 6. 41. 21 | 6. 55. 45 | Bordauftral............. 3 2. 24 6 2. 33 6. 56. 7 € du Taurcau 'stofas ete doteter 31. 32. 39 720 EN NE | PNA MRE E'merl. de { du Taureau, qui avoit été éclipfée environ à 7h 1 5°. Ze $3e 39 |... SyAUS M er CRIE RE RE 6852 0e Le 26 Février. 23. 46. 40223. 59. 54 | Le centre du Soleil. . 35. 272] 9. 48. 10 | Premier bord de la Lune. 9. 49. 40 | Bord boréal . . .......... 38. 27. 46 GE ISA AMSO EIRE IE TRERS æ de lEcrevife. .......... Dig: 42120 EAN AE Flores. CARO ce ete hietelelctelet 39. 20. 23 | Le 29 Février. II 257. 48 [wir 39.12 LT 23042 4 | roi du an 428 1121464 43 |11.0 58024 Ni 212ù nie, 2904) POSE bIOro re | eau pied du Lion Mir 0e 90 PL CRT A DE DESERT EI CETTE RIRES € LARGES TT | QE TEmPs TEMPS VRAI. de la pendule. RE ee LE MU Le 29 Février 17 52. 12. 12. Re D 10. 11, 12. 47:|16 12. 38 |16 D EMTON MENCLS BmSNStcltlE Noel sl" 465 42 |12. 22. 22 | Premier bord dela € mal terminé. 46 |12. 23. 26 | Bord auftral de la Lune . . . .. Le premier Mars. 2$ |23. 59. $4 | Le centre du Soleil ... Bord bor. Le 3 Mars. SM Se see SYEUS EEE ee PAS Dh Pate Et Rd Shi DOM sieletelelee SUPOTANANCHIEN NN EN. AIN SARL TRS EE LE CT AM MT ONS 1 CHERE 29 |14. 45. 48 | Bord auftral de la Lune ..... 325 14. 46. 51%] Bord fuivant. 224 ce... NC ANIME EE RE RECREE 45 ce... 2 deNNBHence se es NIET Le 4 Mars. 442123. 59. 54 | Le centre du Soleil, .. Bord bor. CT | MERS HORS QUE Epaule occidentale d'Orion . .. 202) 6. L'Epaule orientale d'Orion. û Hel-teeie Spnte) Hé eneoaisite BOaR . $9. 54 | Le centre du Soleil .. . Bord bor. . 22. 142| Bord fuivant de la Lune. l RE PEN G fibre te © HO RABRMAME 72: 46. 50 DisTAnces au zénit. _... ASE E’paules d'Orion.....,.....4 eus... | SYUUS. ss. du Séorpiansiels ti 0 Ie0e 74. 20. 38 CORTE &'du/ Scorpion. ALAIN rl 3: 52 one à dut Scorpion 16 ter Le 464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe En PE LEZ CEE EE NC CE A , de de pendule, | TEMPS VRAI Me Le 6 Mars 1752. H. M S | H MS |La pendule ayant été remife en mouv.| 2. M & DIT -M42 INT tte hole Le centre du Soleil ... Bord bor.| 57. 37. 14 7e 35e 22]... Syrius. 7. 58. 56 | ----.-l.. ddrisrand'Ghicni-t- tetes ie 78 27020 AIR PANIER OP MO À au pied d'Ophiucus ....... TAN 3-02) ARE T0) ORROOON a du Scorpion ....... sci |78e 017020 17. 21. 36 |17. 9. 42 | Bord auftral de la Lune . .... 74. 13° 55 17. 22. 3417. 10. 40% Second bord de la Lune. 1733 ES eee Cd SCOTPIQN ele ee ciel 86. 7 Le 7 Mars. SO MA ele col «de lRAGhevIE Re LP EL E CNAB LAS NU NOMADES diduistandi@hiend.N-1.le 40e 7 BeU27 020) SO Me Ne let- Le eueLe elle cue lle tre RCNEURRE ANNE 1002 MAIN che iorelee | 8 d'Ophiucus SPC FOREST LU Po dv Se 7e DO 178 te Bord auftral de la Lune . , . .|74. 41. 162 18. 11. 352117: 59 Bord fuivant. ) 18. 49.395|1: 410100. AE Het le Fe RE 69. 44. 32# 18. 91,20 18. 19 Le centre de Saturne « « . 0 TAN 2TMNO Le 8 Mars. 18. 59. 27 |18. 46. 43 | Bord auflsal de la Lune . . . :|74. 8. 27 19. o. 32 |18. 47. 48 | Bord fuivant. Le 23 Mars, - 7. Al. 85 6. 53. 44 A CAD de la Lune. 6. $4. 54 | Bord boréal. . .. ........ DÉCORER E 7-30 Arai rise ele PrOGYONS et ee 46. 39. 37 AMENER MERE à Btdes Gémeaux ERA EET 25. 5405 Le 2$ Mars. DAUD- 2 ANNE: 22702 Bord précédent de la Lune. 8.48-13711lBOrdiborELE Let ci en cle te 41, 21. 34 SSSR RER E EEE TEE IT 7 PEACE EEE RNNERNNE EEE RREES CA CT ESS RE ETC RE EE Temps de la pendule. M. DRE Nésise GLStEe 28. S 314 TE 6 32 - 45, FH MANS NE OPE TEMPS VRAI, ss... ......... _....... 23: 59. 59 14 21, 36 15. 58. 34 Mer, 1751 pi ssl SAGALUE Ne Es. 465 Le 28 Mars 1752. D, MS DISTANCES au zénit, RE SIN EE EPS Le centre du Soleil. d à la cuiffle du Lion ..... +147. 33: 33 g à la dernière patte . ....... ÿ4+ 47. 50x Bord précédent de la Lune. BordYbore Re ET 55: 53° 25 Le 29 Mars. Le centre du Soleil... Bord bor.|48. 35. 45 Le 30 Mars. Bordéauftral ENS 65. 21. 44 Bord fuivant de la Lune. À la jambe mérid. de la Vierge. .| 59. 18. s9 Auprès du pied de la Vierge . .|66. 14. 43 Auprès du pied de la Vicrge . .|60. 36. 23 ATCEUTUS ere tele ie ele cle 22 RUN Le 31 Mars. Bord auftral de la Lune : .., .|68, 56 27 Bord fuivant. a de la Balance. . .... ...:|67. 28. 12 Le 1,7 Avril Le centre du Soleil. f à la première patte de Ia grande Oufe, au nord. . 0. 20. 35 Bord auftral de Ja FU tre 7l. 42 21 Sidul Scorpion 212... ..1410 1 74» 20. 56 & du Scorpion . ,..... pvese|7t. 34 42 Le > Avril Bord auftral de la Lune... ,.. 7äx 24e 55 s Nnn 466 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TEMPS | DISTANCES au zénit. de la RES TEMPS VRAI. NAN A AGO Le 3 Avril 1752. 16. 19. jeilis 59- 39+| Bord fuivant. nr bilele . BiduNDragon ee ET ENT 12 MAOphinous 2126). eiel Le 4 Avril. 17. o. 115|16. 39. 45 | Bordfuiv.deSaturne... Bord bor.|74. 26. 25 17. 7. 18 |16. 46. $15| Ventre de la Lune. 17. 7. 41 |16. 47. 145] Bord précédent. ... Bord boréal.|73. 46. 3x 17. 8. 461116. 48. 20 | Bord fuivant. 17 50: 54 (lee ARE OS OA EN QE TOI ENT: 2] Second bord de Ia Lune, Bord'borealle ere CE RIT 70. 36. 45 Le 1 8 Avril Le centre du Soleil. Le 6 Avril 0. 24. 42, |23- 59. 59 RC EMNN AR TOO AdOrONE tee ALES FAT :[45. 9. 48 4. 21. 303] 3- 56. 44% Bord précédent de la Lune. 4 224 3720 3e S7-19 LE Bordhboréaliifiel:t er. n 32 7: 30 SAT 16% su etoté do SYTILS PIE SEE RUE 68: 52. 24 7e Se 49 | ere. 8 de la grande Ourfe, au nord. .| o. 16. 13 8. 4 4iile....... nabibtoni Ages 2 sé.s *..l41. 30. 0 FLE 32#/-....... «du Lion LL JEUX ROME .-.127: 36. 35 8. 42. 591 .-...... CdulLionti.14).1 7816 +-.[31. 25. 36 9+ 32: 49 | 9+ 7: 57 | Immerfion de y au troifième pied des Gémeaux. Le 20 Avril | 44. 572 1182, 246000 | 44e 48 |........ 6. 18, 48 | 5. 53. 9 | Bord précédent de Ja Lune. | 5 54 14 | Bord boréal. ............ 36. 26, 152 Le 22 Avril SIT O- | - lets che odulLion..............|4r 30 "2 DIEU SWNS CAN )E Ne CES 467 RECETTE EEE LE DEEE ELLE EEE EE RE EST CT AAE C r E Temps TEMPS VRAL DIsTANCES de la pendule. ÿ au zénit. Le 22 Avilr752. D. M S CU EG) MIA ARENA ARE TEE: > rations Rae 202 (OA Premier bord de la Lune. Bord borealmaEta Le ent 44. 38. 18 Pe/mémejbord ets. 1.400 44. 38.25 Réoulas ae EU RICE 39. 20. 222 y à la tête de la Vierge. . . .... AA VIS Il LE Le 23 April 8. $4 26 | 8. 28. 27 | Bord précédent de la Lune. BHss-1291116:180.)3 01 MBord'boréad.| ÆPIAMEARELULIOE 49. 25. 12 9.311212 . 41... Proche Ia patte du Lion ..... 49. 29. 17 9: 3$e 12 |... 7 à la jambe du Lion ....... 48. 17. 2 9- 38. 31 | ...... +. | ea la griffe du Lion....... 54 :8. 19 9+ $3+ 6e... | y de la Vierge ........... 44 35- 11 9- 56. 235 -.-..... fon SOA ORPI 1126025: 101028 9e 57. 45 |... . bide a Mierse REINE EEE 49. 20. 22 Le 24 Avril. O. 27. Iÿif ee... Le centre du Soleil. 8. 12. 21[........ Edito LE SMIC 39. 20. 22 9. 40. 40] 9. 13. 15%] Bord précédent de la Lune. 9+ 14-+ 16 | Bord boréal .......... s.]54 17. 6 CNE PP M PEACE Giduibionsner-s4te.1 . 36 33 10 À Le 25 Avril. 0. 27. AOË| +... Le centre du Solcil ... Bord bor.|38. so. 43 | Le 26 Avril [O, Ê I 2 LEA + 1824 HE ot Etoiles du Corbeau . .... ME 2 fi e 11. 14. 14510. 45. 532] Premier bord de fa Lune. Nun i] L 468 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE TEE D EEE TE PL AREUE SO OPEN TEE SEC CEE PERRET TEMPS : D ç de la pendule. TEMPS VRal. | RO A “A ON QUE MS Le 26 Avil1752. mi: 5. 1710. 46. 552| Bord boréal... . . ..:.). ... Te AN SO ele r-ueele a de.la Vierge . :... ...... Le 27 Avril 0. 28. 361 -....... Le centre du Soleil .. . Bord bor.! 38. CHOCO PAT E Régulus.. 1.4.5. TON ANNE | ones HE y du Corbeau. . ...... sie 10-.425-105 4e ls here y du Corbeau. ......... . OT ÉRR CORE ES MOMOITICRS CIE a de la Vierge. ........... 12. 1. 29511. 32 385{ Les bordsde la Lune... Bord bor.|6 : S . [07e 7° 487 12. 3. 3811. 34. 474 Le 28 Arril. 7e 1518. ABUS le ele Le Régulus. . ............ 319: (202422 SO Mammil teste eele Cdu Lions let: ce teietele 27e 123012 8. 9. 56+ HN DE AUt DAC LU Bio) ON EE sus.|31 25. 35 0.516 Mois lItereletei-iee æ du Corbeau. . ....... DOC ELEC TOR ARE OX ELA TERRE :'dulGentaure. 1 5... 8 3707 LUNA TA ED TO) | EIE tte «+ | «dela Vierge. . . . .. Le .1.]62. 20.44 EE 45 JAN ah Petites étoiles entre le Corbeau, IE »A PANNE T CNRS la np & la queue de l'Hydre. 67. 23. 48 INT: 3 90-1210 69. 21. 28 12. 40. 9 |........ | «de la Balance.......... 67. 28. 13 12. $o. 301/12. 21. 113] Premier bord de la Lune. 12. 22. 16 | Bord boréal. . . : . =. se...|70 II. 23 Le 30 Avril. La pendule ayant été remife en mouv. MELON DE Sn 0e X à la jambe d’Ophiucus. . ....|70. 20. 31 1840. NON AT INA TEE @ à la jambe d'Ophiucus. . ....166. 27. 25 13. 56. 50 |13. 58. 17 | Bord boréal de la Lune . . ....|73. 37. 24 13. 57: 543113. 59. 212] Bord fuivant. 23. 58. 50!| o. oo. o | Lecentre du Soleil. ........ 36. 58. 36 DES) SC NEIN CES. 469 men mms Temps de la pendule. DisTANCESs TEMPS VRAI. au zénit, CE AIME Le 147 Mai 1752. DRM CORTE AN iyidetaiVierger. + MONT 52. 3$. 21 On TES 9 au deffous du pied d'Ophiucus.… 78. 38. 47 DRE Jbid............,.,. lc. 26. 11 SOEELENS + + | 8 au pied d'Ophiucus. .. ..... 77e 10. 3 RE lO NE B au pied d'Ophiucus . ...... 7612231010 ÉRTOMENS a 1 £ à la partie infér, du Serpent. . | 67. 41. 30 14 48. 2 | Bord fuivant de 11 Lune. 14. 49. 32 | Bord boréal. ....... 7 Sr 24 14 56. 422 B ; 1( Bords de Saturne. ... Bord bor. 23. 14. 56. 21|14. 56. 451 74 23: 35 Le 2 Mai, 23 59. 322 . È Le centre du Soleil .. . Bord bor 36. 40. 42 Ce jour-là, j'ai trouvé par des hauteurs correfpondantes du Soleil que la lu- nette étoit exactement dans le méridien à cette hauteur. S'AOGICÈRE EN) OAI SYnUS NOT DATI +...168. 52. 27 NS 17e NE DO L Ée M PEAR PATENT 31. 25. 36 14: 52. 42 |14. 52. 43 | 1. bord de Saturne... Bord bor 74 23. 26 CR AET" à 7 à la main d'Ophiucus. . . ,... 60. 38. 33 GÉRÉE NE + | de Farc du Sagittaire... ,.... g 74 15. 16. 462 AE OOUNE; 5 13: 35- 18 |15. 35. 18 | Bord boréal ..,..... 73. 5. $s2 15: 36. 14/15. 36. 142] Bord fuivant de Ia Lune. CORPORATE LES ERNST ARtE *..l13. 56. 50 Le > Mai. La pendule ayant été remife en mouv. L'ÉNCEE NET RRETEN safe ee 2 37e AS. 5 16. 23. 5 |16. 22. 38 | Bord boréal de la Lune... 7e 24 23 16. 24. 2 |16. 23. 35 | Bord fuivant de Ia Lune, ne men een mom Nan ij 470 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE TEMPS de la pendule. ere né na de à DISTANCES TEMPS VRAI. au zénit. Æ MS |H M S Le 4 Mai 1752. RSS IRON Me Ve s1-leus BrdetalEyre cree ETS TU CIE SES De 2 70 tele se site cdeNIDie eee lle 17. 10, 14 |17. 9. 8+| Bord boréal de la Lune . . . .. #17. 11, Oo 17. 9. 542| Bord fuivant de la Lune. ë Le $ Mai. o. 1. 161] o. oo. o | Le centre du Soleil... Bord bor.|35. | Le 22 Mai, La pendule ayant été remife en mouv. 2. 30. SA course Syrius. 7. 54 42] 7. 59- 26| Premier bord de la Lune. 7e 552 AÏst [1821 0. .29 |NBord) boréal :. . . . . .. .... 958,125 entrer dela Vierge... . 2. 10. 25. 28:| -....... x de la Vierge. .......... Le 23 Mai. 23. 53. 1421 0. oo. 1F| Le centre du Soleil. 8. 40. 11 | 8. 44. 59 | Bord précédent de Ia Lune. 8. 41. 20 | 8. 46. 8 | Bord boréal de la Lune... ... DN 32 43) mere et a dela Vierge. . .........: 102 4185 462-110 0 8 à l'aile de la Vierge. . .....,. 8. 40. 15 [........ La différence d’afcenfion droite entre le premier bord de la Lune & l'épi de la Vierge, prife à un inftr. des paflages, oh 23° 322. 2° Le 24 Mai, 23. $$. 112] ©. oo. 1] Le centre du Solcil. 22 ASE cesse Syrius. 519% 30 ME IMAENE Ir LA IG Oo 62. 20. 53 25. 542| 9. 30. 46%| Bord précédent de la Lune. V2 V2 D % DES SCIENCES: 47T EC EE ED 22 NEO ICE EE PP em Temps Se Et DisTANCES de la pendule. j ; au zénit. CETELSAELENENSLS . pps nes Si À: -] M SAM S Le 24 Mai 1752. D. M S SSSR CIE À au pied de a Vierge. . ..... PE RIRE IOMMOICE HidenHaiBalance eee Rene te no. 24, 251] ........ ITEM BAliNCC ER EN PRE Le 28 Mai. LENS GREAT Les deux bords de 1a Lune. 12.038.026 12. 37. 20 |12. 42. 82] Bord boréal de Ja Lune. . . . .. PME AIS De AMPTO Else tee ele AMOPHUCUSE NEC, UES. 39. 44. 25 124 58. 43 |13. 3. 312 2 Re élus. 3 ae Saturneste hf j Bord boréal. ..|74. 18. 54 LR HOBIRMERTE L'AGONSMITE CAS CORCIEIOROACIE TEDNEE NE Le 29 Mai. 13. 24. 31 |13. 29. 19 | Bord précédent de la Lune. ME - 20l 032 0201 INBoTdiborale ANRT MENT TeNE CN Tr 1 N261381|[n3% 37.12 Bord fuivant. 51096: 0 088 € MERS EE A à l'arc du Sagittaire. . . .. .. PTS CAE 13. 50. 15 |13. 55. 3 | Emerfon de l'étoile y du Sagit- taire fur la ligne tirée de Copernic par le milieu de Mare ferenitatis. Id 9. 14 ........ o à la tête du Sagittaire, . . .. .. 73-05 2036 ac SÉONENRIRRRENT : * du Sagittaire . .......... 74 31, 48 Le 30 Mai. 23. 55. 15 | ©. oo. 22} Le centre du Soleil. Le 31 Mai. KM TE RS PO AAC RD EME ot 44. 15. 49 14. 59. 26 |15. 4. .9 | Bord boréal de la Lune. . ... 69 52 5 15. oo. 295115. 5. 125| Bord fuivant. LOI CAE RO æ du Capricorne, première. . . .[65. 43. 43 2-7 INTEL NS RIT B du Capricorne . . .... °...168 oo. 43 ri 472 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DIsTANCESs TEMPS VRAI. Ta au Zenit. TEmPs de la pendule. 14 M s|H Le 117 Juin 1752. 44 47315: 49. 261] Bord boréal de la Lune ..... . 45. 505115. 50. 29:|.Bord fuivant de la Lune. Le 2 Juin. k $4e 12 er. proche du pied d’Antinoüs. . .. É s 2 oz Eee tele proche du pied d'Antinous . 3. 29 |... À au pied d’Antinoüs . .. dal 14 22. 38 | -.... +. | x à l'aile de Pégafe.. . au nord... 16. 29. 20 |16. 33. 52 | Bord boréal de la Lune . . . . 16. 30. 19 |16. 34. S1 | Bord fuivant de la Lune. Le 3 Juin 9. 23. 48 sr... 6 du Bouvier. . . . au nord. ... 13e 50, IL le... proche du pied d’Antinoüs . . . 13. 54. 481] ...... +. | proche du pied d’Antinous. . . . 13. 59. 261... À d'Antinoüs .........se 14e 17e 35 |... x de Pégafe. .... au nord. . . 17. 13. 26 |17. 17. $2:| Bord auftral de la Lune . . . . 17. 14 242117. 18. 51 | Bord fuivant de la Lune. Le 4 Juin. 23. 55. 37+l 0. O0. 3 | Le centre du Soleil. 9. 19. 45 le... 8 du Bouvier. ........... 13. 46 6 |........ proche du pied d’Antinoüs . .. 13e SO 45 le... proche du-pied d'Antinoüs . . .. ss... | à d'Antinoüs......e.- 17+ 57 49 118. 2. 14 | Bord boréal de la Lune . . ... Le $ Juin. 23» 55° 38 | o oo. 3 | Le centre du Soleil... Bord bor. 29:37:00 ’ D'EUSMIS! CITE NC Es. 47% RER CR EEE ET EPA RES de pedale, | TEMPS VRAI Paie | H M S Le 24 Juin 1752. D M TR AE a Le centre du Soleil... Bord bor. 28. 44. o 10. 32. 435| Bord précédent de la Lune. 10123-04811) PBord boréale EEE 73. 48. 28 css... # d'Ophiucus!. . 1. ... 167.152. | 3 HoubEco 8 d'Ophiucus . . . . . . . . 7. NS 11 3. 53. | 1." bord deSaturne... Bordaufl.|74. 13. 59 oies AduSapitiure ee 070.22 MORTE Er AS À du Sagittaire ...|.........|77. 58. 12 Hate à HHÉRSAGITIATE ele te eU-Lale dede Le DANS UENAU x de Pégafe . . . . au nord. .. Jo. 24. 4 DER LACS QNIOROIOICREIENE 0. 41. 47 Le 25 Juin. 10. 57. 25il........ Le centre de Saturne... Bordauft.|74. 13. 50 NT ET NRA DS Bords de la Lune Bord boréal de la Lune . .... 73: 44. 45 p du Sagittaire... ....... 733 NE a du Sagittaire . .,......... ANSE NE. Le 26 Juin. ANHEMOCA OMOTENE A du Sagittaire WU ee AN EUT) 12. 6. 39;|12. 8. 322] Premier bord de Ia Lune. Bord boréal seal lniels idfetiers le 72, 42: 32 Le 27 Juin. 12. $$. 46 |12. 57. 292| Premier bord de Ia Lune. 124 56. so |r2. 58.1 33% Man 3220 LEE Bord boréal ........,... 70» 45. 20 æ du Capricorne. B du Capricorne. ......... 68, 10 4 rh Le 29 Juin. Petites Etoiles. ...,..,... 2039: 58 _........ (GS RRRGRY QC OUR GRRRUMORRERET VER ARERET RER 14 13. nl 14. 17. 40% 1 Mém. 1751. . Ooo | Temps DisTANCES il de la pendule. au zénit. Le 29 Juin 1752. DIM . 26. 49 | Bord boréal de la Lune 14. 27. 49 | Bord fuivant de la Lune. WAP 47 lee cie 7 du Capricorne . ......... Dig. 54 46 ee... A du Capricorne. ......... Aus. 14 33 leo. a du Verfeau . . ... Moon ete | Le 30 Juin. PEUR) LOISIRS SES 1 ATUMVEN EURE ICE Aid. 43. 475... y du Capricome.......... 14. 49. 362. 0 0 ride BeTaCER ET Malte fi4. 50. 47 |........ d du Capricorne . . ... lis. 9. 34 l15. 10. 47 | Bord boréal de la Lune . . .. .. NE EMPICE 26: 15. 11. 392| Bord fuivant de la Lune. Le premier Juillet. DISC LE) ISO æ du. Verfeau . . ...... ets ts 015 Le FhIO- AS 22. 20e eRIele y du Verfeau............ 55. 6. 46 15. 53. 20 |1$5. $4. 24 | Bord boréal de la Lune. . .... 5 6, LMo-MS 15. 54. 16:/15. 55. 201| Bord fuivant de la Lune, Le 2 Juillet. 162.138 CE « du Verfeau. . ....... 65480 2 16. 37. 45 |16. 38. 381] Bord boréal de la Lune. . . ... 51: 32.139 16. 38. 42 |16. 39. 354] Bord fuivant de Ia Lune. | Le 17 Juillet. 5. 16. 12 | 5. 16. 18:| Bord précédent de Ia Lune. 5. 17. 18 | 5. 17. 242| Bord boréal. . ....... 163. 10. 5 Le 1 8 Juillet. 6 2. 571] 6. 3. 6:| Bord précédent de la Lune. 6. 4 o! 6. 4. 9 | Bord boréal. .......... TEMPS de la pendule. EE tn cd | (| DENIS GNURLE NEC) Es 475$ avancement de 34? (au lieu de $”2) dont j'ignore a caufe, de forte qu’il peut y avoir une erreur [ur le temps vrai, de même que fur a hauteur. Ooo ij AM Le 1 8 Juillet 175 2. D. M. ne O6 du Capricorne 63:43 SAT a P dy NE PRES EME & du Capricome. ..,...,.. 68. oo. Le 20 Juillet, 7.137. 182 Bord précédent. PAM AE Bord fupérieur. . ......... 72: 13. SAR Mao Ile 21 ME Amar AE A AQU Are 78. 17. : : 2 65. . nu “7e er. ++ | « du Capricorne. ......... Aie 12. 1. 40+ 65. 46 12. 4 26|:::..::. B du Capricorne. :...:.... 68. o. Le 23 Juillet. 9. 44 26 |........ AC LS TE RAA EE 73+ 33: DS BAR a du Sagittaire. . . .... ...:177 58. 10. 1. 125110. 1. 49 | Bord précédent de la Lune, 10. 12. 45|10., 2. 51] Bord boréal. 1.1, . 2 2.0 72 RE 10. 14 6 . Layer) le CEE 13- 56. DO-N2 5. Mmos li... Ne sidu Sanitaire. |. (nRl./28 els 79+ oo. ORNE ER M DE OAI ORSES SIL GhAndSarittaire. Mer 82. 36. COBMESE QUE NÉE RAI Proche de 7 du Sagittaire . . . .|74. 31. TE RMI ASE a du Capricorne, première . . .|65. 43. 10. 25. 467 Le 24 Juillet. 71. 20. pro. 29. 1815...,.... Petites étoiles. Mel. (24e 72 2. 10. 33. 25 y 71e 33: 10. 48. o:l10. 48. 5521] Premier bord de la Lune. 10. 49. 21 |10. 50. 16 | Bord boréal. . ........,... 71. S9. Du24au2s,ilyaeudanslapenduleun| ox 58. [l TEMPS VRAI. DisTANCES au zénit. Los ee PS ne Ci ge ||] AE RP EE LE EN D DD me rm mr mr mm) 476 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ER PSE DO ZE DES AAC A AR EL DE SEE SEC OTN UR NERO REA DisTANCES TEMPS de la pendule. Lee Qi Le ve * | à H. M S: 13. 48. 31 13. 49. 43 14 7: 45 144 25: 32% 14. 33 39 14 34 39 Lise NT 2 HO US TEMPS VRAI. ELOUMRENS 13, $0. 10 22 _...... 15. 20 2 15. 21. 37z 19: 44. 24 19: 4$e04 GOMICON 1 3: 57e 56 3e 458-150 au zénit, Le 28 Juillet 1752. Le ventre de la Lune. Bordiboréal! Let Snt. Eee te Fomahan. Petite étoiles M 451. estelle Le 29 Juillet. Bord fupérieur de la Lune. . . .. Bord fuivant de la Lune, Le 30 Juillet. æd'Androméde . .. «0 Algenib de Pégafe ........ Bord boréal de la Lune ..... Bord fuivant de la Lune. Le 4 Août. BITRNCyENnE RCE ere eleiele ide MATIERE ie ecole Bord boréal de la Lune, ..... Bord fuivant. Le ÿ Août. Le centre du Soleil... Bord bor.|35: 23: 13 J'ai trouvé par des hauteurs correfpon- dantes, que le Soleil avoit paffé ce jour- là au fil vertical de la lunette, oh 0’ 2” après midi. Le 14 Août. Premier bord de la Lune. Bord boréal. . ........ «..165. 16. 9 æ du Capricorne, première. æ du Capricorne, feconde. . ..[65. 46. o ee. RÉ D D or DES SCIENCES. 477 Temps de la pendule. TEMPS VRAI. DiIsSTANCES au zéhnit. EOUTANOE ARE Le 1 8 Août 1752. DINVARUUE 7- 3: 285] 7. 11. 30 | Bord précédent de la Lune. 7 4: 8 | 7. 12. 91| Bord boréal de la Lune. .. . ... L TOO RERO CS OO ACL ET Aro CPAS LUN 202,30. 3021. « ee. 1. SYNUS EM ÉMETERR TEL RUE AA Le 19 Août. + ÿ1. 314] 8 oo. 5 | Premier bord de la Lune. 7 7+ 52. 40 | 8. 1. 135] Bord boréal de la Lune .., .. 7e 59- 152] -....... | d du Sagittaire. ....,..,.. A7 Alt re et Fomahan. . ..... CLOS PIC PRR2 A4 NAS ce & de la Baleine. .......,.,.. Le 20 Aoft. 8... 38. 53 | 8. 47. 56 | Bord précédent de la Lune. 8. 39. 42 | 8. 48. 45 | Bord boréal de Ja Lune..... 8. 44 56 |..:..... | 0 à la téte du Sagittaire. 0. 26. © [1 0. 35. 5 | Immerfon dep du Sagittaire, 30° au fud de la ligne tirée de Ae- nélas à Copernic. Le 27 Août. 9- 25. 333] 9. 35. 12] Premier bord de Ia Lune. 9. 26. 44 | 9. 36. 122| Bord boréal de la Lune, .. . .. PONT MEME ER « du Capricorne, première. . . 9. 49. 58 | ........ | « du Capricorne, feconde. . . .. GSM PE ENS B du Capricorne .......,.. Le 22 Août. 10. 11. 25 |10. 21. 172| Bord précédent de la Lune. 10. 12. 56 |10. 22. 481] Bord boréal. ......,..... RAA TON |. LR Ÿ du Capricorne .......... DEEE NRA ... | « du Verfeau ........... 12.10. 25 |....:,.% D deiFépale el RE AU RE 42. COMENT AMP EN RO dub Vertou a Lt Alter ti 0 D 478 MÉMOIRES DE L'AcaDémiE ROvALE CCI PPT DEL DOTE OI ur LCA RU ES 7 JE ARR PE GE VTC NBC CAE SEE EN TEMPS DisTANCES de la pendule, TEMPS vrAI. Ar CRD CE A RENE TERNSRND H M S|H MS Le 23 Août 1752. FUTrE: 10. 56. 34%|11. 6. 495| Bord précédent de la Lune. LOS CN 7 57 MIRBOMIOEAl EEE EI +163. 21. 18 10. 58. 38 |11. 8. 53 | Bord fuivant. Le 24 Août, 9203/2008 MTS SO MOI PANEITANS ST ee TAN SIENe SAS IT T2) SRE ONE MOI . | & du Capricorne, première. 927 NON IAA" +. | « du Capricorne, feconde. OS ADE NAME Peel BduiGapricormes NTI 68. o, 41 HO SUR SRE NAS ele didyiVierfeanst. ia es sas so. 57438 1.025 0212)0. 0 ON a AUIVerCau EEE TE S3 050 HE on tt Lei et els Bord précédent de la Lune. Bordiboréal tee eleeieiele So? 13.02 11. 43. 24 |11. 54. 9 | Bord fuivant. 12. 16. 472 --.... Female eee ere s...:183. 18. 18 Le 2$ Aoïût. 10, 47. S32| «+ elalle ele Le BidumVerfeau trie ce s.+l5s9 7. 41 11e 022022 RERO PET t erduaVier eau Elle ren ser..ls3. 0. 56 Le 28 Aoû. 13. 39. 26 |14. 11. 15 | Bord boréal de la Lune... ..|4$, 31. 30 14. oo. 122]14. 12. 1%] Bord fuivant de la Lune. Le 29 Août. 1$. 39. 34 |15. 52. 6 | Bord boréal de Ïa Lunc. . .... 3713100 6 | Bord fuivant. OR SRE |EMalAta; ce 1e a dc la Baleine. . ... .. tele: To Le 31 Août. LAS AS 7e LS AN me ete n AUBIN ART ENS se [30.13 41e 17. 30. 205|17. 43. A Bord fuivant de la Lune. Le de CT CS | æ a ES © D © » La VU LA je SU ESICHMENNG Es. 479 TEMPS TEMPS VRAI DIsTANCES de la pendule. i ; au Zzénit. CPE PERS -RESRRETEME | ACT. NU IRALINNE ET EN EE EEE EM | PDO SLA MINS Le 31 Août 1752. D. M S 17. 31. 15 |17. 44. 32 | Bord boréal de la Lune. . . .. 32. 50, 29 19. 37. 54 Syrius, Le 1.7 Septembre. ÉMOTION 'duEDEcon SITE NS 0. 59. 2 BidutDrason.t.1.11./" 12/1 «10: Ur: 723 LA) me X de Pégafe ....aunord...| o. 24. 16 ROME NN ee LEE LIEN ob EC NO CM QIP IE 23. 16. 54 AN AOSN(O: OPEN La première étoile du Bélier. ...[36. 26. 22 EAE 09 DOTE RNA E CRE de EE 30. 13° 39 “CoÛse OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE ROYAL PENDANT L'ANNEE\ A )DECLI, Par M. DE Foucurx. Sur la quantité d'eau de Pluie. pouc. lign. pouc: lign N Janvier.. 1 9% |Enduillet..... 1 44 Février... 1 L1+ Août... 2 4 « D # Mars. ..... 3 1% Septembre.. 1 104 Avril ..... 3 10 Oétobre.... 2 52% Mai...... 2 7# Ncvembre.. © 10 À JUNE. OUUIS Décembre.. 1 3 3 4 3 EZALRE 5 10 2 + La pluie tombée pendant les fix premiers mois de l'année, 480 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLre a été de 12 pouces 1 1 lignes +; celle des fix derniers mois, de ro pouces 2 lignesi; & par conféquent la quantité de pluie tombée pendant toute l'année a été de 23 pouces 2 lignes, de 6 pouces 6 lignes au deffus de celle de 1 6 pouces 8 lignes qui a été déterminée en 1743 pour l'année moyennes Jur le Thermomerre. Le plus grand froid de l'année a été le 10 Février; le thermomètre de M. de Reaumur, expolé à Fair & à l'abri du foleil, marquoit 10 degrés au deffous de la congélation; & l'ancien, placé à côté, marquoit 1 1 degrés +. La plus grande chaleur eft arrivée le 17 Juin ; la liqueur du thermomètre de M. de Reaumur eft montée à 29 degrés + au deffus de la congélation ; l’ancien marquoit alors 8 2 degrés. Sur le Baromètre. Le baromètre fimple a marqué la plus grande élévation du mercure le 23 Février, à 28 pouces 6 lignes, par un vent de nord-eft: il eft defcendu au plus bas le 18 Mars, à 26 pouces 11 lignes, par un vent foible de fud, accompagné d'un grand brouillard. Déclinaifon de l'Aiguille aimanrée. Les 16 & 17 Juin 1750, à lObfervatoire royal, une aiguille de 4 pouces déclinoit de 174 1 5” vers le nord-oueft. MESSIEURS #08 DRE SMPSNCYÉNE ENT © En 521" 298 — — © ES Tr: Pere ee ot 19 DEN > À SREDr ie BA # RS © ol 7 AESSIEURS DENLANSO' CHE E' Royale des Sciences établie à Montpellier, ont envoyé à l’Académie | ‘Ouvrage qui fuit, pour entretenir l'union intime qui doit étre entre elles, comme ne failant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roi au mois de Février 1 70 6. MER O TI RCE SUR L'ELEVATION ET LA SUSPENSION DE L'EAU DANS L'AIR, Et fur la Rofée. Par M. LE Ro, Docteur en Médecine. ES Auteurs qui ont écrit jufqu'ici fur l'élévation & la L fufpenfion de l'eau dans l'air, me paroiffent tous s'être propolés pour but d'en expliquer le méchanifme. Dans cette vüe, ils ont imaginé différentes hypothèfes : les uns ont eu recours à la divifion de l'eau en molécules aflez fubtiles pour que l'augmentation de furface, relativement à la mafle, fût telle, que l'air püt les élever & les foûtenir : d’autres ont penfé que par l'union des particules de feu , les particules d’eau pouvoient augmenter de volume jufqu'à devenir fpécifique- ment plus légères que air : d’autres enfin, & ceux-ci font Mém. 1751, - Ppp * Hifloire de ‘l’Académie de 17428 482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en petit nombre, ont penfé que l'élévation & la fufpenfion de l'eau dans l'air s'opéroient par la diflolution. Telle eft à peu près l'idée que M. Mufichenbroek préfente à l'article 1496, n° 3 de fon Effai. C'eft auffi l'idée de M. Bouillet *, & celle que M. Barberet, médecin de Dijon, a donnée dans un Mémoire , dont on trouve l'extrait dans le Mercure du mois de Novembre 1752. En lifant attentivement les paflages des Auteurs que je viens d'indiquer, on remarquera aifément qu'ils fuppofent que le méchanifme par lequel les corps {e diflolvent dans leurs menftrues, eft plus connu que celui de l'élévation de feau dans l'air; de forte qu'en avançant que l’eau s'élève dans l'air par voie de diflolution, ils ont cru par cette comparaifon expliquer, ou du moins éclaircir le méchanifme de l'élévation & de la fufpenfon de l'eau dans l'air. Ce qui a été dit jufqu’ici fur ce fujet fe réduit donc à de fimples fuppofitions, au moyen defquelles on a tâché d’ex- pliquer d’une manière plaufible le méchañïfme de l'élévation & de la fufpenfion de l'eau dans l'air. Le but que je me fuis propolé dans ce Mémoire, eft totalement différent; pour lexpoler avec plus de clarté, il eft néceffaire de commencer par examiner ce qu'on entend par le mot dffolution, & à quel figne on peut là reconnoitre. Le mot diffolution eft employé par les Chymiftes pour fignifier deux chofes très-diflérentes; quelquefois ils s'en fervent pour exprimer l'action du diflolvant. C'eft dans ce fens qu'ils l'emploient, lorfqu'ils difent que la diffolution du [el dans l'eau Je Jait par l'action des molécules d'eau, qui, comme autant de coins , s'infinuent entre les molécules du Je. Dans d'autres cir- conftances , ils fe fervent du mot diffolution pour fignifier le mélange fingulier qui réfulie de la fufpenfion du corps diflous dans le diflolvant, On attache cette idée au mot 4ffolution, lorfqu'on dit, 4 diffolution du cuivre dans l'huile de virriol eft bleue : les véritables diffolutions font tranfparentes. C'eit dans ce dernier fens que j'emploierai ordinairement le mot ffo- lution dans ce Mémoire : s'il m'arrive de lui donner la première p'iets US (cie lntc El s 483 fignification, j'aurai foin de la déterminer par les termes qui l'accompagneront. Nous n'avons jufqu'ici aucune connoiflance certaine fur le méchanifme de la diflolution confidérée comme l'action du diflolvant. Les meilleurs Chymifles prétendent que fa nature du mélange fingulier du diflolvant & du corps diflous, qui conflitue l'état de diflolution, eft mieux connue, & que ce mélange fingulier confifte dans l'union intime des dernières molécules de ces deux corps; mais comme cette confidéra- tion n'eft point eflentielle à mon objet, je ne m'arrêterai point à détailler les expériences qui femblent démontrer Ia vérité de ce fentiment: il me fuffra de remarquer que le mélange fingulier qui conftitue l'état de diflolution, eft carac- térifé par une propriété fenfible à laquelle on peut le recon- noitre. Cette propriété, c'eft fa tranfparence; ainfi, de l'aveu de tous les Chymiftes , Jorfqu’un corps folide ou fluide eft fuf- pendu dans un fluide, de forte que du mélange de ces deux corps il en réfulte un fluide homogène & tranfparent, alors on peut dire que ces deux corps font mélés dans l'état d’une véritable diflolution. Si au contraire un corps folide divifé en molécules très-fubtiles eft fufpendu dans un fluide tranf- parent, de façon que du mélange de ces deux corps il en réfulte un tout hétérogène, opaque, alors on peut affurer qu'il n'y a point de véritable 4ffolution, & que ce corps folide eft fufpendu dans le fluide dans l'état qu'on appelle état de fimple divifion méchanique. Ainfi lorfque deux fluides font mélés enfemble, de forte que leurs molécules, quoique très- fubtiles, ne font cependant pas fi intimement unies qu'elles ne confervent chacune leurs propriétés particulières, le fluide qui réfulte du mélange de ces deux fluides n’eft point homo- gène : les réfractions différentes que la lumière fouffre en le traverfant, le rendent opaque, quoique compofé de deux fluides tranfparens, & dans ce cas il n'y a point de véritable difolution, ces deux fluides font mélés dans l'état de fimple divifion méchanique. Après ce que je viens de remarquer Pppi 484 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fur la diflolution , il n’eft pas difhcile de concevoir le but de ce Mémoire: je vais l'expofer avec le plus de précifion qu'il me fera poffible. Perfonne n'ignore que l’eau peut fe charger de fel, & le foûtenir dans l'état de diflolution : on fait de plus que cette diffolution a certaines propriétés particulières; que, par exem- ple, une certaine quantité d’eau, à un degré de chaleur donné, ne peut tenir en diffolution qu'une quantité de fel détermi- née ; qu'étant foulée de fel à un certain degré de chaleur, elle pourroit en difloudre de nouveau fr on l'échaufloit da- vantage; qu'au contraire, fi elle venoit à fe refroidir, elle laiferoit néceflairement précipiter une partie du {el qu'elle tenoit en diflolution. Appliquer au mélange d'air & d'eau qui conftitue notre atmofphère, ce que je viens de dire fur les diffolutions des fels dans l'eau, eft le principal objet de la première partie de ce Mémoire. Je me propole donc de prouver que l'air de notre atmofphère contient toüjours de l'eau dans l'état d’une véritable diflolution ; qu'une quan- tité d'air déterminée (ayant un degré de chaleur donné) ne peut tenir en diflolution qu'une certaine quantité d'eau ; qu'é- tant foulé d'eau à un certain degré de chaleur, il en peut difloudre de nouvelle, fi on l'échaufle davantage; qu’au con- traire, fi étant foulé d’eau à un degré de chaleur donné, ü vient à fe refroidir, il laiffe néceflairement précipiter une partie de l'eau qu'il tenoit en diflolution ; en un mot, je me propole feulement de rapprocher certains phénomènes que préfente l'eau fufpendue dans l'air, de ceux que préfentent les fels fufpendus dans l'eau, & de faire remarquer que ces phénomènes font parfaitement les mêmes de part & d'autre; ainfr, qu'il y a lieu de croire que l'élévation & la fufpenfion de l’eau dans Fair s'opèrent à peu près par le même mécha- nifme que l'élévation & la fufpenfion des fels dans Feau. On voit par ce que je viens de dire, qu'en avançant que Teau fe foûtient dans l'air dans l'état d’une véritable diflolu- tion, & que cette diflolution a les mêmes propriétés que celle des fels dans l'eau, je ne prétends pas pour cela DENSIISTIGNNMENNT CE 485 expliquer par quel méchanifme l'eau s'élève & fe tient fuf- . pendue dans Fair; bien loin de R, je penfe que le mécha- nifme par lequel les fels s'élèvent & fe foûtiennent dans Veau dans l’état de diflolution, n’eft pas mieux connu que celui duquel dépendent l'élévation & la fufpenfion de l’eau dans Fair; ou du moins, que nous n'avons fur ce fujet que des fuppofitions qui font encore bien éloignées de l'évidence; & par conféquent, qu'on auroit tort de croire avoir expliqué le méchanifme de l'élévation & de la fufpenfion de l'eau . dans fair, parce qu'on auroit fait voir que ce méchanifme eft femblable à celui par lequel les fels s'élèvent & fe foû- tiennent dans l'eau. Je me reftreins donc, & je ne faurois trop le faire remarquer, je me reflreins, dis-je, à établir ce principe de fait, que l'eau fe foûtient dans l'air dans l’état de véritable diflolution ; que cette diflolution préfente les mêmes phénomènes que les diflolutions des fels dans l'eau, & qu'elle femble par conféquent fuppofer le même mécha- nifme. Les preuves que j'apporterai de ce principe, quel- ques expériences auxquelles il m'a conduit, & les confé- quences que j'en déduis, fourniront la matière de la première partie de ce Mémoire. Dans la feconde, je rendraï compte d'un travail fuivi fur la rofée, auquel j'ai été conduit par le mème principe. PREMIERE PARTIE. Sur l'élévation à la fufpenfion de l’eau dans l'air. ARTICLE Î. L'eau fouffre dans l'air une véritable diffolurion. ETTE propofition peut facilement fe prouver par une expérience connue de tout le monde, mais à laquelle on n'avoit pas fait toute l'attention qu'elle méritoit; il s'agit feu- lement de mettre, un jour d'été, de la glace dans un verre bien fec, le verre s’obfcurcit bien-tôt après, & fes parois extérieures fe couvrent d'une infinité de petites bulles d'eau, Ppp ii 486 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE L'eau qui, dans cette expérience, s'attache en très-grande quantité aux parois du verre, fe trouvoit donc auparavant fufpendue dans fair qui l'environnoit ; & comme elle ne troubloit point fa tranfparence, cette expérience réufliffant par le temps le plus ferein , il eft clair qu'elle y étoit con- tenue dans l'état d’une véritable diflolution. Ce font les pre- mières réflexions que j'ai faites fur cette expérience, qui m'ont conduit de conféquences en conféquences à toutes les pro- pofitions que je démontrerai dans ce Mémoire. AR ET GITE Cerre diffolurion préfente les mêmes phénomènes que la diffolurion de la plufpart des fèls dans l'eau, L'air échauffé à un degré de chaleur donné, ne peut tenir em diffolution qu'une quantité d'eau déterminée. Si étant chargé de cette quantité d'eau il fe refroidit , il laiffe précipiter (a) une partie de l'eau qu'il tenoit en diffolution; fi au contraire il s'échauffe, il en peut diffoudre davantage. L'expérience qui fuit me paroïit prouver évidemment fa vérité de ce que je viens d'avancer. Vers le commencement du mois d’Août de l'année der- nière, le temps étant fort ferein, je pris une bouteille ronde de verre blanc, je la bouchaï exactement ; elle ne contenoit que de Fair, dont la chaleur étoit ce jour-là au 20. degré du thermomètre de M. de Reaumur. Je laïffai cette bouteille fur ma fenêtre, & quelques jours après j'obfervai, le matin, que le froid de la nuit ayant fait defcendre mon thermomètre au 1 5.° devré, ce froid avoit fuff pour faire précipiter une partie de l'eau difloute dans l'air renfermé dans ma bouteille; & que cette eau s’étoit ramaffée en petites gouttelettes à la partie fupérieure, qui, étant la plus expofée, devoit fe refroidir (a) J'emploie dans ce Mémoire les mots précipirer & précipitation, dans le fens des Chymiftes, pour fignifier le paflage de l’état de véritable diflolution d’un corps dans un menftrue, à l’état de fimple divilion mé- chanique. tn ns Do DES SCIENCES. 487 Ja première. Après cette obfervation, je tranfportai ma bou- teille fur la plate-forme de notre obfervatoire, je l'y fixai fur le porte-lunette de la machine parallaétique, & je plaçai au même endroit un thermomètre. Vifitant ma bou- teille tous les matins, j'obfervai qu'au 1 5e degré il fe for- moit une petite rofée dans l'intérieur & à la partie fupérieure de la bouteille, & que cette rofée étoit d'autant plus confi- dérable, que le froid de la nuit avoit fait defcendre le ther- momètre plus bas. Enfm, vers le 6.° degré, la rofée qui fe formoit dans l'intérieur de la bouteille étoit fi confidérable, qu'il m'a femblé pouvoir en conclure qu'une partie du poids de Fair (au moins en été) doit être attribuée à l'eau qu'il tient en diflolution. Lorfque la chaleur étoit aflez forte, l'air contenu dans fa bouteille diflolvoit dans le jour l'eau qui s'étoit précipitée pendant la nuit (6). Voici une autre expérience, qui, dans le fond, ne diffère pas de la précédente, & qui demande moins de temps. Je prends, un jour d'été, un globe de verre blanc fc), je bouche exactement fon ouverture /4); examinant ce globe avec toute l'attention poflible, on n’y peut pas découvrir une feule goutte d'eau. Ce globe étant ainfi préparé, je le place fur un grand gobelet plein d'eau refroïdie prefque au terme de la glace, de manière qu'une partie du globe foit contigue à l’eau; après avoir laiflé les chofes dans cet état pendant trois ou quatre (b) J'ai actuellement un globe de verre, avec lequel je fais la même expérience. L’air contenu dans celui- ci, n’a laiflé précipiter de l’eau que lorfque le froid de la nuit a fait def cendre le thermomètre vers le 2.° degré au deflus du terme de la glace. L'eau qui s’étoit précipitée à ce degré, fe rediflolvoit dans air con- tenu dans le globe à mefure qu'il fe réchauffoit. (c) Je me fers de globes tout neufs, afin qu’on ne puiffe pas foup- Conner qu'on y ait mis de l’eau. Plus le globe dont on fe fert eft grand, plus Je fuccès de certe expé- rience eft manifefte, Ia furface des globes n’augmentant pas dans Ia même raïfon que la quantité d’air qu'ils contiennent. (d) Je mets premièrement fur Vouverture un morceau de carte, enfuite plufieurs couches de cire fon- due; par-deflus la cire, je mets du lut ordinaire bien étendu & bien féché , fans aucune crevafle; enfin je couvre le tout d’un linge enduit d’un lut fait avec le blanc d'œuf & la chaux. 488 Mémoires DE L’ACADÉMIE RoyaLe minutes, je retire le globe; & ayant efluyé la partie qui étoit contigue à l'eau, on la trouve couverte intérieurement de petites gouttes d'eau : cette eau fe rediffout bien-tôt à mefure que le globe fe réchauffe. Laiflant échauffer enfuite l’eau contenue dans le gobelet, & y expofant le globe à diffé- rentes reprifes, on obferve que moins l'eau du gobelet eft froide, moins eft grande la quantité d'eau qui fe précipite; & qu'enfin au deflus d'un certain degré, il ne fe précipite plus rien. Dans cette expérience, je mets feulement une partie du globe dans l'eau froide ; afin de concentrer l’eau qui fe précipite, dans un petit efpace ; fi on plongeoïit le globe tout entier dans l'eau froide, l'eau qui fe précipiteroit ne feroit pas en affez grande quantité pour être bien fenfible, étant répandue fur toute la furface intérieure du globe. On pourroit penfer que, quoique je ne me ferve que de globes tout neufs, l'air auroit cependant pû y porter des particules d'eau, qui, étendues fur toute a furface du globe, ne sapercevroient pas, & ne deviendroient fenfibles dans cette expérience que parce que l'inégalité de chaleur des parois du globe les feroit fe ramañler dans l'endroit le plus froid. Cette idée pourroit faire douter f1 l'expérience dont il s’agit, eft effectivement démonftrative; c'eft pourquoi j'ai cru que, pour ne laiffer aucun fujet de doute fur cette matière, il ne feroit pas inutile de prévenir cette objection, en rapportant l'expérience qui fuit. J'ai pris un globe de verre, bouché comme je fai dit ci-deffus. Dans l'expérience dont il s'agit, Veau refroidie au 8.° degré, produifoit une précipitation bien fenfble fur la partie du globe qui lui étoit contigue; au ro. degré, il ne fe faïfoit plus aucune précipitation, L'eau ctant froide à ce degré, j'ai expolé ce globe àu foleil. I eft certain que dans ce dernier cas, la chaleur des parties du globe qui étoient hors de l'eau, furpañloit plus la chaleur de la partie du globe qui étoit contigue à l'eau, que lorfque Je globe étoit dans la chambre, & que l'eau étoit froide au 8.° degré, cependant il ne fe faifoit aucune précipita- tion. D'où il réfulte que l'inégalité de chaleur des différentes parties DLÉIS LS ICTENN EC rs 489 parties du globe ne fuffit pas pour produire cet effet; & par conféquent , que les gouttelettes d'eau qui, dans cette expérience, fe précipitent fur la partie du globe contigue à Veau froide, n'étoient point auparavant étendues fur toute {à furface interne; en un mot, que cette expérience démontre effectivement ce que nous avions deffein de prouver. Nous avons fait voir dans l'article précédent, que l’eau fe {oûtient dans l'air, dans l'état d'une véritable diflolution (e): maintenant, fi l'on pèfe attentivement toutes les circonftances des deux expériences que je viens de rapporter, on fera obligé de convenir qu'elles prouvent tout ce que nous avons avancé au commencement de cet article. Nous devons encore remarquer que de même que les fels, en fe criftillifant, retiennent une partie de f'eau qui les tenoit en diflolution, ainfi l'eau qui fe précipite, retient une partie de l'air qui la tenoit en diffolution ; & qu'ainfi que plufieurs fels privés de leur eau de criftallifation la reprennent, s'ils font expolés à un air humide, aïnfi l'eau dépouillée, s'il eft permis de pärler ainfi, de fon air de criftallifation, le reprend bientôt après. I fuit delà, qu'il y a une parfaite analogie entre la diffolution des fels dans l'eau, & celle de l’eau dans l'air: de forte que le Phyficien qui pourra développer fe méchanifme de la diflolution des fels dans l’eau, expliquera en même temps le méchanifme de l'élévation & de la fufpenfion de l'eau dans l'air, & donnera, pour ainfi dire, la clef au moyen de laquelle on expliquera exaétement la formation de plufieurs météores. ARTICLE ÏIIl. Manière de déterminer les caufes qui font varier la quantité d'eau que l'air tient en diffolution. L'air de notre atmofphère ne contient pas toûjours 1a même quantité d'eau en diflolution; deux caufes principales, (e) Ourre l’eau véritablement difloute , l'air contient fouvent de l’eau furabondante qui trouble fa tranfparence, & forme les nuées & les brouil- lards. On voit bien qu'il ge s'agit ici que de la premiere. Mém 175 1. + Qqq Ce que j'en- tends par degré de faturation de d'air. 90 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le vent & la chaleur, la font varier très-confidérablement: Avant que de pafler au détail des obfervations que j'ai faites fur ce fujet, je dois premièrement expliquer ce que j'entends par degré de Jaturation de l'air, & décrire l'expérience dont je me fers pour le déterminer & pour reconnoître le plus ou moins d'eau que l'air tient en diffolution. Nous avons démontré plus haut que l'air peut difloudre d'autant plus d'eau, qu'il eft plus chaud. Cela poié , on conçoit aifément qu'il y a en tout temps un certain degré de froid auquel l'air eft prèt à lâcher une partie de l'eau qu'il tient en diffolution : j'appelle ce degré, degré de faturation de l'air. Suppofons, pour me rendre plus clair, que le 28 Août, l'air de l’atmofphère tienne en diflolution une quantité d'eau, telle que le 10. degré foit le point de faturation ; ce jour-là l'air pourroit être refroidi jufqu'à ce degré, fans qu'il fe précipität aucune partie de l'eau qu'il tient en diflo- lution : refroidi à ce degré, il ne pourroit diffloudre de nou- velle eau: refroidi au deffous, il lâcheroit néceflairement une partie de celle qu'il tenoit en diflolution, & il en laifleroit précipiter une quantité d'autant plus grande, que le froid feroit plus fort : dans ce cas, le 10. degré fera appelé degré de faturation de l'air. M eft clair que plus le degré du thermomètre, où fe trouve celui de la faturation de l'air, eft élevé, plus Fair tient d'eau en diffolution, &7 vice ver[ä. D'où il fuit, qu'en obfervant chaque jour les variations du degré de faturation de fair, & en examinant en même temps les circonftances du temps, on peut aifément parvenir à a connoiffance des caufes qui font varier la quantité d’eau que Vair tient en diflolution. Voici l'expérience facile à faire, dont je me fers pour déterminer le degré de faturation de l'air, fuppofé que le degré foit au deffes du terme de la glace /f). (F) Quoiqu’au moyen de cette | de la glace, je crois cependant que expérience on ne puifle déterminer | perfonne ne me conteltera que les Je plus ou moins d’eau que Fair | conclufions que j’en tire ne puiflent tient en diflolution, que pour les | auffi s'appliquer aux temps où ce temps auxquels le degré de fatura- | deyré eft au deffous du terme de tion de l'air eft au deflus du terme | Ja glace. ” I à a — De IS NUE NDEUNN CES: 491 Je prends de l'eau refroidie au point de faire précipiter fenfiblement l'eau que fair tient en difiolution, fur les parois extérieures du vaiffeau dans lequel elle eft contenue; je mets de cette eau dans un grand gobelet de criftal bien fec par dehors, y plongeant la boule d’un thermomètre, afin d’ob- ferver fon degré de chaleur /g); je la laifle échauffer d’un demi-degré, après quoi je la tranfporte dans un autre gobelet. Si à ce nouveau degré, l'eau difloute dans Pair fe précipite encore fur les parois extérieures du gobelet, je continue de laïfler échauffer l'eau de demi-degré en demi- degré, jufqu'à ce que j'aie faifi le degré au deflus duquel il ne {e précipite plus rien. Ce degré eft Æ degré de fatura- tion de l'air, Par exemple, le foir du $ Oétobre 17 EP E chaleur de l'air étant au 1 3.° degré, l'eau qu'il tenoit en diflolution, commencoit à {e précipiter fur le verre refroidi au 5.° degré}: au deflus de ce degré, la furface extérieure du verre reftoit sèche; au deflous, l’eau qui fe précipitoit de l'air fur le verre, étoit d'autant plus confidérable que le verre étoit plus froid. ILeft clair que ce jour-là, le degré de fatu- ration de l'air étoit un peu au deflus du $.° degré+, puifque ce fluide refroidi à ce degré, laifloit précipiter une partie de l'eau qu'il tenoit en diflolution /4). On peut donc, au moyen de cette expérience, déterminer en différens temps le degré de faturation de l'air, & reconnoiître les caufes qui font varier la quantité d’eau qu'il tient en diflolution. Je remarquerai en pañlant, que les expériences que je viens de rapporter, font une nouvelle preuve de ce que j'ai avancé dans T'article précédent ; favoir, que la diffolution de l'eau dans l'air préfente les mêmes phénomènes que celle de la plûüpart des fels dans l'eau. Avant d'en venir à l’expofition des caufes qui font varier la quantité d'eau que Fair tient en diflolution, je crois qu'il g) Pour faire cette expérience | thermomètres dont je me fers, font avec facilité & exactitude, on doit | à efprit de vin, gradués fur l'échelle fe fervir de thermomètres dont [a | de M. de Reaumur. boule foit la plus petite, & le tuyau (h) Voyez plus haut la définition le plus étroit qu'il eft poffible. Les. ! du degré de faturation de l'air. Qqqi MANIÈRE de déterminer fe degré de faturation de l'air. OBJECTION prévenue, 492 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft néceffaire de difliper les doutes qui pourroïent naître dané l'efprit du lecteur, au fujet du lieu où fe fait l'expérience que je viens de rapporter. En effet, il femble au premier coup d'œil, que dans le même temps, fuivant le lieu où elle fe fait, les fuites en doivent étre fort différentes; que, par exemple, dans la ville, & fur-tout dans les maifons, l'air doit être plus chargé d’eau qu'en pleine campagne; & qu'ainft le terme auquel l'eau commence à fe précipiter, ou, ce qui revient au mème, le degré de faturation de l'air y doit paroître beaucoup plus haut qu'il ne l'eft en plein air. Mais ces doutes m'étant venus à moi-même, lorfque je commençai à faire ces expériences, pour les éclaircir, j'obfervai plufieurs fois dans le même temps, le terme auquel l'eau commençoit à fe précipiter fur la plate-forme de l'obfervatoire, dans la ville, & dans une chambre au rez-de-chauffée, & je trouvai qu'il n'y avoit aucune différence, au moins apparente, dans le degré de faturation de fair, obfervé en même temps dans ces trois endroits. ARTICLE, LV. Variation du degré de farurarion de l'air, produire par la chaleur. Le vent étant le même en direction & en force, la quantité d'eau que l'air de l'atmofphère tient en diflolution, en différens jours & aux mêmes heures, eft à peu près proportionnelle à la chaleur de l'air. Cette propofition paroït n'être quun corollaire de ce qui a été prouvé plus haut; favoir, que l'air peut tenir en difiolution d'autant plus d'eau, qu'il eft plus chaud; & en effet, l'expérience la confirme pleinement : par exemple, le $ Août de l'année dernière, le thermomètre étant au 19.° deuré, & le vent au fud, le degré de faturation de l'air seft trouvé au 1 5.° degré. Le: ‘11 OGobre, le vent étant de même au fud, & le thermo- mètre au 1 5.° degré +, le degré de faturation de Fair s'eft trouvé au 11° degré, Il fuit néceffairement de ce que nous DES SCIENCES venons de dire, que Fair de notre atmofphère étant d'au- tant plus froid qu'il eft plus élevé, il tient auffi en diflolution une quantité d'eau d'autant moindre qu'il eft plus élevé (ë); confidération qui, comme nous le verrons dans Ja fuite, doit entrer pour quelque chofe dans la détermination de la hauteur de latmolphère. . ATRET IT GIE-E: Ve Variation de ce degré, produire par le ven, La direttion du vent & fa force font varier très-confidé- rablement la quantité d’eau que l'air tient en diflolution : on croira aifément qu'à Montpellier Fair qu'amène le vent de mer, tient le plus d’eau en diflolution : en effet, il en eft pour fordinaire chargé au point que le degré de faturation de l'air eft fort près de fon degré de chaleur (A). Au con- traire, l'air qu'amène le vent de nord ne tient, proportion- nellement à fa chaleur, que très-peu d’eau en difiolution. Je citerai feulement pour exemple de ce que je viens de dire, les expériences que j'ai faites le 11 & le 16 Octobre de année dernière, en omettant une infinité d’autres qu'il feroit ennuyeux & inutile de rapporter. Le 11 au foir, vers le coucher du foleil, fe vent étant au fud, & le thermomètre au 15.° degré+, le degré de faturation de l'air s'eft trouvé au 11.° degrés. Le 1 6 à fa même heure, le vent étant nord, un peu fort, & le thermomètre au 14.° degré, le degré de fituration de l'air s'eft trouvé au 3° De femblables expériences n'ont appris, 1.° que plus le vent de nord eft fort, moins Vair contient d’eau en diffo- lution; 2.° que par le vent nord-oueft, qu'on appelle ici (?) Par exemple, enété, lorfque | tance de Ia terre : d’où il fuit que le degré de faturarion de l'air eft près de la terre, l’eau eft mélée à près de la terre au 10. degré, ou | l'air dans une proportion beaucoup plus haut, à une lieue de la terre | plus grande que dans les régions de le terme de faturation doit être au | l’atmofphère qui en font éloignées. terme de la glace , ou plus bas, puif (4) Même lorfque le temps eft qu'il gèle en tout temps à cette dif- | fercin. 4 Qqa iÿ ( 494 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE miftrao (1), Yair tient, relativement à fa chaleur, plus d'eau en diflolution que par le vent de nord, & qu'il en tient en diffolution d'autant moins qu'il eft plus fort, & d'autant plus qu'il eft plus foible; 3.° qu'il en eft à peu près de © même du nord-eft, qu'on appelle ici le grec. Je dois pour- tant faire remarquer que quoique l'air qu'amène le vent grec contienne à la furface de la terre peu d'eau par rapport à fon desré de chaleur , il n'en eft pas de même de la partie élevée de latmofphère; car en hiver, lorfque ce vent fouffle, le iemps eft ordinairement couvert: preuve iaconteflable que pour lors la région de l'air dans laquelle flottent ces nuages, contient plus d'eau qu'elle n'en peut diffoudre relativement à fa chaleur. ARTICLE VIE Corollaires rirés des articles précédens. Corol. 1. La théorie que nous venons de développer, nous donne des idées précifes fur l'élévation & la fufpenfion de Veau dans Fair, & fur les caufes de fa précipitation ; idées qui me paroïffent devoir être fubftituées aux notions vagues de raréfaction & de condenfation des vapeurs, dont on s'eft contenté jufqu'ici. Corol. 2. L'eau déjà chargée de fel, en diflout de nouveau d'autant plus rapidement, qu'elle eft plus éloignée du point de faturation. Il en eft de mème de l'air, plus il eft éloigné du point de faturation, plus vite il diflout l'eau. Cette remarque donne des idées préciles fur l'état de Fair lorfqu'il eft /ec ou humide. Ces mots ne peuvent fignifier, comme on le croit ordinairement, la quantité d'eau abfolue que l'air contient ; ils doivent feulement défigner la quantité d'eau qu’il contient relativement à fa chaleur. L'air peut être très-defléchant un jour d'été, & contenir beaucoup plus d'eau que l'air très- humide d’un jour d'hiver. Dans une forte gelée par un vent (L) Ce vent donne le beau temps dans le bas Languedoc : c’eft aufli le lus falutaire pour les perfonnes bien conftituées; quand il eft trop fec, il incommode les perfonnes qui ont Ja poitrine délicate, D'EMSUAS GNT IEN CE S 495 de nord, l'air peut être beaucoup plus éloigné du point de faturation (& par conféquent plus defféchant) que fair fort chaud d’un jour d'été. Corol. 3. Si l'on compare ce que je viens de dire fur ce qui rend fair plus ou moins defficatif, avec ce que j'ai dit plus haut (art. V) fur la différente quantité d’eau qu'il tient en diffolution, fuivant la direétion du vent & fa force, on s'aper- cevra aifément que les expériences que j'y ai rapportées met- tent, pour ainfi dire, fous les yeux la conftitution de l'air füivant tel ou tel vent, & les caufes des effets différens que les vents produifent fur le corps humain. Corol. 4. Suivant notre théorie, il n'eft pas difficile dexendre raïfon de ce qu'une forte gelée par un vent de nord eft le temps le plus favorable à l'électricité, puifqu'il fuit évidem- ment de ce que nous avons dit dans les articles IV & V, que c'eft dans ce temps que f'air eft, pour ainfi dire, le plus pur, & contient le moins d’eau , qu'on fait étre fi contraire à la production de l'électricité. Corol. ÿ. La pefanteur de fair doit être attribuée, au moins en partie, à l'eau qu'il tient en diflolution. Quoique les expériences que nous avons rapportées plus haut, prouvent feulement que fair tient de leau en difiolution lorfque fon degré de faturation eft au deflus du terme de la glace, je crois cependant que perfonne ne peut révoquer en doute que l'air le plus froid ne contienne de l'eau en diffolution, puif- que cela paroït évident par l'évaporation rapide des liqueurs dans les plus fortes gelées. Je crois aufii que les perfonnes qui, en répétant les expériences que j'ai rapportées dans J'ar- ticle IT, remarqueront la quantité confidérable d'eau que Fair tient en diflolution pendant l'été, & qui feront attention qu'on eft bien éloigné de pouvoir faire précipiter toute celle qui y eft difloute ; je crois, dis-je, que ces perfonnes ne feront pas éloignées de croire avec moi que la pefanteur de Yair dépend en partie de l'eau qu'il tient en difiolution. Corol. 6. U fuit de ce que nous avons dit jufqu'ici, qu'on doit confidérer l'air de notre atmofphère comme un fluide s Hif. Acad (1733 b Relation du Voyage fait au Pérou. 496 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE compofé de deux fluides dont les pefanteurs fpécifiques font prodigieufement inégales. Nous avons outre cela prouvé (article IV) que ces deux fluides fe trouvent mélés dans des proportions très -diflérentes, fuivant l'éloignement plus ou moins grand de la terre; de forte que dans les couches de J'atmofphère voifines de la terre, l'air fe trouve uni à une beaucoup plus grande quantité d'eau que dans les couches qui en font fort éloignées : d'où il fuit qu'indépendamment de l'inégalité de condenfation qui réfulte de ce que les couches fupérieures de l'atmofphère font moins comprimées que les inférieures, la pefanteur fpécifique de l'air doit varier encore, & fe trouver d'autant plus grande dans les couches voifines de la terre, & d'autant plus petite dans celles qui en font plus éloignées: Cette confidération me paroït devoir entrer pour quelque chofe dans l'eftimation de a hauteur de lat- mofphère ; elle fait fentir toute la difficulté de ce problème, & l'impofñbilité d'en donner une folution qui convienne également à tous les temps & à tous les climats; elle nous donne auffi l'explication des obfervations de Mrs Cafini, de Plantade? & Bouguer h, qui ont trouvé, par des expé- riences, qu’en s’éloignant de la terre, la denfité de l'air décroït dans une proportion beaucoup plus grande qu'on ne devroit Vobferver, fi l'air étoit un fluide homogène dont les couches ne difléraffent entrelles que par l'inégalité de condenfation qui réfulte de ce que les couches inférieures font plus com- primées que les fupérieures. Corol. 7. Le poids de l'eau que Fair tient en diflolution, faifant au moins une partie confidérable de la pefanteur de at- mofphère, & la hauteur moyenne du baromètre étant vrai- femblablement à peu près la même au niveau de la mer dans tous les pays, il s'enfuit néceflairement que la mafle d'air qui environne notre globe, prife en général, contient en tout temps à peu près la même quantité d'eau en difiolution. Conjelure DES SCctENCES 497 Conje&ure fur une des caufes du vent, déduite de notre principe. Confidérons encore toute la maffe d'air qui environne notre globe; appliquons à ce fluide les loix de l'Hydrofta- tique. Toute cette mafle d'air reftera calme & tranquille, tant qu’il y aura équilibre entre toutes fes colonnes : aufli-tôt que cet équilibre fera altéré, air fe tranfportera des endroits où il pèfe le plus, vers ceux où il pèfe le moins, ou, ce qui revient au même, il y aura du vent. Les changemens de notre atmofphère, qui peuvent ètre admis pour caufes mé- chaniques du vent, doivent donc être tels qu'ils puiflent déranger état d'équilibre dont nous venons de parler /"). Ce n'eft point ici le lieu de rechercher toutes les caufes qui peuvent déranger cet équilibre, & d’ailleurs je ne fuis point aflez verfé. dans les Mathématiques pour l'entreprendre; je me propole feulement de faire voir que le principe que nous venons de développer, nous conduit à la connoiflance d’une des caufes du vent. La pefanteur de l'air dépend, au moins en partie, de Ia quantité d'eau qu'il tient en diflolution : la variation de cette quantité d'eau doit donc être mife au nombre des caufes qui peuvent faire varier fa pefanteur, déranger l'état d'équilibre & de repos de Fatmofphère, & produire du vent. Pour éclaircir cette idée, & rendre la chofe auf fimple qu'il eft poffible , je fuppoferai que l'air de toute l'atmofphère foit dans l'état de repos, & qu'il n'y arrive aucun changement, excepté dans la quantité d’eau que Fair qui couvre la France tient en diflolution. Cela polé, il eft évident que fi l'air qui couvre ce royaume, venoit à fe charger d’une plus grande quantité d’eau, il deviendroit plus pefant, l'équilibre feroit dérangé, & {e rétabliroit, fuivant les loix de l'Hydroftatique, (m) Suivant ces principes, il eft | vant rien changer à Ia pefanteur de clair que la raréfaétion & la conden- | Fair, ne peuvent par conféquent fation de l'air, que la plufpart des | concourir à la production des vents, Phyficiens ont regardées comme les | au moins de ceux qui règnent dans caufes principales du vent, ne pou- | toute la hauteur de l’atmofphère, Mém 1751. PRET 498 MÉMoiREs DE L’ACADÉMIE RoYALE par un vent qui diftribueroit une partie de l'air de la France dans l'air de toute latmofphère. Ce vent iroit toüjours en diminuant de force, à mefure qu’il s’éloigneroit de ce royaume, il fouffieroit fuivant une infinité de direétions qui partiroient | toutes du centre de la France, comme autant de rayons. Si ; au contraire l'air qui couvre la France devenoit moins pefant, par la précipitation d’une partie de l'eau qu'il tenoit auparavant en diflolution, ce changement produiroit un vent contraire au premier, qui fouffleroit de tous les pays voifins vers le centre de la France. Le vent dont je vais parler, me paroît pouvoir fervir d'exemple & de preuve de ce que je 6 viens d'avancer. Sur les côtes de la Méditerranée, pendant les grandes chaleurs, on obferve prefque tous les jours, lorfque le temps eft calme & ferein, un vent de mer réglé & périodique. Ce vent s'élève vers les huit ou neuf heures du matin, fe {| renforce infenfiblement jufqu'à midi : il eft dans fa plus il grande force depuis environ midi où une heure, jufqu’à trois ñ heures; enjuite il diminue infenfiblement, & tombe totale- | ment vers les cinq ou fix heures du foir. Ce vent foufile } directement fur les côtes; il n’eft pas fenfible au delà de fix ES à fept lieues dans les terres; fa force diminue à melure qu'il î s'éloigne de la mer (4). il { (f Un Phyficien {0} a affigné pour caufe de ce vent (comme lavoient fait avant lui plufieurs autres Phyficiens, par rap- port à des vents femblables) la raréfaétion de Fair. Suivant ‘| fon opinion, fair qui couvre les terres, fe raréfiant pen- “pi dant la chaleur du jour, plus que celui qui couvre la mer, devient par-là hors d'état de le contre-balancer. L'explication .* Efais de que M. Muffchenbroek donne des vents de mer *, quoi- Prfque, qu'appuyée fur le même fondement , eft cependant un peu différente. Il penfe que l'air qui couvre la mer devient plus (n) Voyez M. Affruc, Mém. | les vents de mer, cependant j'ai cru pour fervir à l'hifloire du Langue- | ne devoir parler que de celui-ci, doc. Quoique cette defcription con- | que j'ai obfervé. vienne vrai-femblablement à tous (0) Id. ibid. DES US)eMNENNIC.|E 499 pefant que celui qui couvre les terres, parce que celui-ci, plus raréfié par la chaleur, s'élêve en haut 7 paffe par deffus la furfac de l'atmofphére. Mais les principes que nous avons établis ci-deflus, ne paroiflent-ils pas prouver que la feule inégalité de raréfaction de fair ne fufhit pas pour produire du vent ? d’ailleurs, f Vinégalité de raréfaétion pouvoit le produire, il fembleroit que ce féroit l'air qui couvre les côtes, qui étant plus dilaté, vaincroit la réfiftance de celui qui couvre la mer; ce qui . produiroit un vent qui foufferoit par une infinité de direc- tions des côtes de la mer Méditerranée vers le centre de cette mer; directions cependant tout-à-fait oppolées à celles du vent dont il s'agit. - A l'égard de la feconde fuppofition de M. Mufchenbroek ; que air qui couvre les terres palle par defflus la furface de l’atmofphére, quoiqu'ingénieule, elle eft fujète à plufieurs difficultés que je paflerai fous filence, de peur d'être trop long. Enfin il me paroit que fuivant notre théorie, l'expli- cation de ce phénomène eft toute fimple, & qu'on doit attribuer la caufe de ce vent à ce que l'air qui couvre Îa mer, fe charge dans la grande chaleur du jour, d’une plus grande quantité d'eau, & devient plus pefant que Fair qui couvre les terres. QUESTIONS. 1. Le plus ou moins d’eau que l'air tient en diflolution, peut-il faire varier fenfiblement la réfraction aftronomique ? 2." Si fair de notre atmofphère , froid au terme de Ia glace ou au deflous, fe refroidifloit au point de ne pouvoir tenir en diflolution toute l'eau qu'il tenoit auparavant, les particules infenfibles de l'eau fe gèleroient à mefure qu'elles fe précipiteroient: n'eft-ce pas ainfi que fe forme la neige, dont les flocons paroiffent formés de particules très-déliées, glacées féparément, & unies en un corps rare & léger? 3° La figure régulière qu'affeétent quelquefois les flocons Rrri Soo Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE de neige, ne doit-elle pas la faire regarder comme une efpèce de ciftallifation de l'eau /p)? S:E: C'ONN'D'EM P'ANRMIMRNES Sur la Rofée. L ES Anciens ont avancé, mais fans en donner de preuves, que la rofée tomboit de l'air. En 1 687, quelques Membres de l'Académie des Sciences foupçonnèrent qu'elle s’élevoit de la terre; M5 Geaflen & du Fay appuyèrent ce fentiment d'un grand nombre d'expériences. Celles que ce dernier rap- porte, fembloient démontlratives. Enfin M. Muffchenbroek paroïfloit avoir réuni ces deux fentimens; mais fi l'on fait attention à ce qu'il dit à la fin du paragraphe 1 5 34.°, & au commencement du 1 536. de fes Effais de Phyfique, on remarquera aifément que dans le fond fon fentiment eft le même que celui de M. du Fay, & qu'il n'en diffère qu'en ce qu'il foûtient qu'après s'être élevée de la terre dans l'at- mofphère, la rofée retombe enfuite d'un mouvement direéE de haut en bas, tandis que M. du Fay penloit qu'elle flotte çà & à, fans aucune direction déterminée. M. Mufichen- broek parle d’une efpèce de rofée particulière, qu'il regarde comme une fueur des plantes, dont nous aurons occafion de parler dans la fuite. Voilà en peu de mots l'hiftoire de ce qu'on a penfé jufqu'ici far l'origine de la rofée. II feroit inutile d'entrer dans le détail de ce qu'on a avancé fur les caufes de ce météore; les auteurs qui en ont parlé, n'ayant point connu Ja propriété de l'air qui a été développée dans la première partie de ce Mé- moire, feule caufe de la rofée, & qui ainfi peut feule fervir de fondement à fa théorie, n’ont pû nous donner fur ce fujet que des hypothèles vagues, fort éloignées de la vérité. Je paflerai donc tout de luite au détail de mes expériences : (p}) La variété de figure des flocons de neige ne détruit pas cette con- - ® D 11 . . . jedure, puifqu’on obferve beaucoup plus de variétés dans la criflallifation de certains fels. DES SCIENCES. sort commençons par indiquer comment la connoiffance de la propriété de l'air dont je viens de parler, m'y a conduit, Le degré de faturation de air fe trouvant affez fouvent, pendant le jour, peu éloigné de fon degré de chaleur, & Vair devenant toutes les nuits de plufieurs degrés plus froid que pendant le jour, il étoit naturel de penler que l'air fe refroidifloit certaines nuits au deflous du degré de faturation ; & que lorfque cela arrivoit, toute l’eau furabondante au degré de chaleur de l'air devoit fe précipiter & former 1a rofe qui tombe de fair, fuppofé qu'il y eût une telle rofée. L’ex- périence fuivante me montra bien-tôt la juflefle de cette conieture. Le 27 Septembre 1752, au coucher du foleil, j'obfervai fur la plate-forme de l'obfervatoire, le degré de faturation de l'air, qui étoit le 1 3.° degréz. Le thermomètre étant au même endroit à l'ombre, au 17.° degré, je fixai fur le porte- lunette de la machine parallactique, un thermomètre & une bouteille de verre blanc. Le lendemain matin, ayant retourné à l'Obfervatoire avant le lever du foleil, je trouvai beaucoup de rofée fur ma bouteille; le thermomètre étoit au 1 2.e degré+, un degré au deffous de celui de faturation obfervé le {oir précédent. Cette première expérience fut donc une preuve complète de Ja vérité de ma conjecture. II étoit facile d'en tirer cette confc- quence, que puifque le degré de faturation, obfervé la veille, étoit plus haut que le degré auquel l'air s’étoit refroidi pen- dant la nuit, toute l'eau furabondante à ce degré avoit du néceffairement fe précipiter, & former au moins une partie de la rofée qui étoit tombée cette nuit; & par conféquent, que certains jours la rofée vient au moins en partie de l'air. La conféquence que je viens de tirer de cette première. expérience, a été confirmée par un grand nombre de fem- blables expériences, dont voici le réfultat. Toutes les fois que Jai trouvé ma bouteille mouillée de rofée, le froid de la nuit avoit fait defcendre le thermomètre au deffous du degré de faturation obfervé le foir précédent; & toutés les fois que je Rrr ii H ya une rofée qui Vient de Pair, so2 MÉMOIRES DE L'AÂCADÉMIE ROYALE n'y ai point trouvé de rofée, le froid de la nuit n’avoit pas fait defcendre le thermomètre auffi bas que le degré de faturation obfervé la veille. N'ayant trouvé de la rofée fur ma bouteille, que toutes les fois que l'air s'étoit refroidi pendant la nuit au delà du degré de faturation obfervé la veille, ou, ce qui revient au même, toutes les fois qu'il étoit tombé de I rofée de Yair, il me femble qu'on en peut conclurre que cette rofée venoit toute entière de Pair, & que la rofée qui s'élève de la terre, & dont nous parlerons dans la fuite, ne peut guère s'élever à une fi grande hauteur. Je ne dois point diflimuler que les nuits du r12au1 2 duræaurs, durs au 16, & du 26 au 27 Otobre de l'année dernière, je ne trouvai point de rofée fur ma bou- teille, quoique ces nuits-là le froid eût fait defcendre le thermomètre au deflous du degré de faturation obfervé la veille. Cette obfervation paroïît d'abord contraire à ce que nous venons d'avancer, mais il eft facile de prévenir lob- jeétion qu'on en pourroit tirer contre moi, en avertiflant que ces mêmes nuits le vent changea, & du fud ou de l'oueft {e tourna au nord; changement qui, comme nous lavons remarqué dans la première partie, fait baïfler fubitement le degré de faturation de l'air; de forte que l'air auroit pü fe refroidir ces nuits-[à de plufieurs degrés au deffous du degré de faturation obfervé la veille, fans atteindre pour cela le nouveau degré de faturation introduit par le changement de vent; ce qui, fuivant nos principes, auroit été’ néceflaire pour qu'il tombât de la rofée de l'air. Par une raifon con- taire, il pourroit arriver que le vent fe tournant pendant la nuit du nord au fud ou à l’oueft, l'air fe refroidit au deffous du nouveau degré de faturation introduit par le changement de vent, & que par conféquent il tombät de la rofée de L'air, quoique le thermomètre fe füt foûtenu plus haut que le degré de faturation obfervé la veille. Ainfi, quoique certains jours le changement de vent puifle çaufer des irrégularités dans le fuccès de notre expérience, ces DEUST S 0 ANÉNNE CNE) .S 593 irrégularités, dont nous venons d’expofer les caufes, ne peu- vent renverfér ce que nous avons avancé; favoir, que certains jours la rofée vient au moins en partie de l'air, & que cette rofée eft formée par la précipitation de la partie furabondante de l'eau, laquelle, cet air refroidi pendant la nuit, ne peut plus tenir en diffolution. | Lorique Fair libre, après s'être refroidi pendant 1a nuit jufqu'au degré de faturation, continue à devenir plus froid, pour lors à mefure que l'air fe refroidit, la partie d’eau furabondante fe précipite infenfiblement, & le degré de faturation baifle en même temps que le degré de chaleur *, Cela polé, il ne nous eft pas difficile de rendre raifon de ce qu'il ne tombe point de rofée dans les villes, même les nuits que l'air s’y refroidit au deflous du degré de faturation obfervé la veille. Pour expliquer ce phénomène, ïl fuffit de faire obferver que pendant la nuit l'air eft ordinairement de deux ou trois, & quelquefois de quatre degrés plus chaud dans fa ville qu'à la campagne; d'où il réfulte ( le degré de faturation étant toûjours le même à la ville & à la campagne ) que fair ne peut jamais fe refroidir dans la ville pendant {a nuit jufqu'au degré de faturation : éclairciffons ceci par un exemple. Pourquoi il ne tombe point de rofée dans les villes. * Vo. l'Art, I, p. 488. Le 2 1 Septembre 1752, le foleil venant de fe coucher, le thermomètre étoit fur la terraffe de l'obfervatoire au 1 6.€ degré : le degré de faturation de Fair étoit le 1 5° Le fende- main matin, avant le lever du foleil, le thermomètre fixé fur : le porte-lunette de la machine parallaétique étoit defcendu au 11. degré, quatre degrés au deffous du degré de faturation obfervé le foir précédent : la bouteille que j'avois fixée au même endroit, étoit toute couverte de rofce en groffes gouttes. Dans la ville, le thermomètre n'étoit defcendu qu'au 14. degré +: je ne trouvai point de rofée fur une bouteille que javois mife en expérience fur mon balcon, quoique l'air de la ville fe füt refroidi pendant la nuit un demi-degré au deffous du desré de faturation obfervé le foir précédent. Dans cet exemple, il eft clair qu'avant que fair de fa ville 504 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE elt atteint, en fe refroidiflant, le 1 $.e degré, le degré de faturation n’étoit plus le même que la veille, mais au moins trois degrés plus bas ; de forte que, quoique l'air de la ville fe fût refroidi cette nuit-là un demi-degré au deffous du degré de faturation obfervé la veille, on peut cependant dire avec vérité qu'il avoit pas atteint, en fe refroïdiffant, le degré de faturation, parce que ce degré avoit baïffé pendant la nuit, & fe trouvoit toüjours au moins de trois degrés au deflous du degré de chaleur de l'air de la ville. L'air de Ja ville fe foûtient donc toutes les nuits de quelques degrés au deffus du degré de faturation /4): voyons comment cette différence peut être caufe que la rofée qui tombe de Fair ne s’oblerve point dans la ville. L'air qui eft dans la ville n'atteint jamais le degré de fatu- ration : il ne peut donc fé précipiter de l'eau de cet air {ur jes corps qui lui font expofés, & ces corps ne pourroient s’humetter de la rofée qui tombe de l'air, que par la chûte des particules d'eau qui fe précipiteroient de la partie de l'atmofphère qui eft au deflus de la ville; mais ces parti- cules d'eau font aifément diffipées, ou pluftôt dffoutes, à mefure qu'elles fe précipitent, parce que l'air de la ville fe foûtenant toutes les nuits de quelques degrés au deflus du degré de faturation, il ne peut perdre, comme l'air libre, toute fon activité diffolvante : voici une obfervation qui me paroït confirmer ce que je viens d'avancer. | Dans le territoire de Montpellier, Vair eft, certains jours d'hiver, fr chargé d'eau, relativement à fa chaleur, qu'en plein jour, quoique le temps foit ferein, il dépofe de l'eau fur les plantes dans les endroits qui font à l'ombre, de forte que ces plantes fe couvrent de rofée en plein jour. Cette efpèce de rofée ne s'obferve pas feulement à la campagne, elle tombe en mème iemps très-abondamment {ur les pavés de la ville dans les endroits qui font à l'ombre. Cette eau, que l'air dépofe en (g) Nous ne parlons ici que des quartiers garnis de maifons; dans les endroits découverts, l'air fe refroidit comme à la campagne, & il y tombe de-même de la rofée. plein nee het si, HE Si Se CHE NU :E 5 so$ plein jour, n'eft-elle pas une véritable rofée qui tombe de 'air dans les endroits où il n'eft pas échauffé par les rayons du foleil, & où fa température eft au deffous du devré de fatura- tion de Fair libre & échauffé par les rayons du foleil? Cette rofée tombant auffi dans la ville, où l'air eft, péndant le jour, & fur-tout en hiver, au moins dans les pays méridionaux, auffi froid, pour ne pas dire plus, que l'air libre, n'efl-ce pas une preuve de ce que nous avons avancé, que la rofée qui vient de l'air & qui tombe k nuit, ne s’oblerve pas dans la ville, parce que dans ce temps fair de [a ville eft beaucoup plus chaud que l'air libre? La rofée qui vient de l'air fe forme dans tous les points de l'atmofphère, par la précipitation de l'eau qu'abandonne chaque partie de l'air refroidi au delà du degré de fatura- tion : fi dans l'inflant de la précipitation ces particules d’eau fe trouvent voifines d'un corps qui les attire, elles sy doi- vent attacher. De à il éft aifé de concevoir pourquoi cette rofée mouille non feulement la partie fupérieure, mais auffi la partie inférieure des corps qui attirent l'eau, tels que le verre, la porcelaine. La propriété de s'attacher facilement au verre, aux porce- laines, & d'être, pour ainfi dire, repouflée par les métaux polis, ne paroït pas être particulière à 1a rofce; il me femble au contraire qu'elle eft commune à toute vapeur aqueufe. - Lorfqu'il étoit tombé pendant la nuit de la rofée de Fair, j'ai obfervé conftamment le matin fur les campagnes humides, par exemple, fur les prairies, une vapeur épaiffe en forme de brouillard, qui s'élève ordinairement de fept à huit pieds au deffus du fol, quelquefois plus, quelquefois moins. Cetie efpèce de rofée vifible ne diffère que par la quantité, de fa rofée invifible dont je vais parler : c'eft pourquoi je n’expo- ferai fa théorie qu'après avoir développé l'origine & les caufes de celle-ci. Dans le cours de mes expériences, il m'eft arrivé le plus fouvent de trouver de la rofée fur les plantes à la campa- -gne, quoique, l'air ne s'étant pas refroidi jufqu'au degré de Mém, 1751: ; Pourquoi Ja rofée qui vient de l'air, mouille la furface infé- ricure des corps qui y font ex- pofés. Deuxième ef- pèce de rofée, qui , dans le fond, ne diffère de Ja troifième que par la quan tité. Troifième el- pèce de rofce. Cette rofée n'eft point gé- nérale: faquan- tité eft propor- tionnelle à l'hu- midité des terres. 506 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE faturation, je n’eufle point obfervé cette vapeur épaiffe dont je viens de parler, & que je n'eufle point trouvé de rofée far des bouteilles expofées fur fa terraffe de l'obfervatoire ; en un mot, quoiqu'il ne füt tombé aucune des deux efpèces de rofée dont j'ai parlé ci-deflus : la rofée qu’on obferve ces jours-là fait donc une troifième efpèce de rofée. Les deux premières efpèces s’'obfervent peu fréquemment, au moins à Montpellier; au contraire, il y a peu de jours dans année où l'on ne trouve plus ou moins de cette troifième efpèce, Commençons par le détail des obfervations qui nront fervi à déterminer fon origine, enfuite il ne nous fera pas difficile d'en developper la théorie, Les jours où l’on obferve les deux efpèces de rofée pré- cédentes, les plantes fe trouvent à la campagne chargées de beaucoup d'humidité, même celles qui font dans les terres les plus arides; au contraire, les jours où lon n'obferve que cette troifième efpèce de rofée, toutes les plantes font moins chargées d'humidité, & lon n’en trouve point du tout fur les plantes qui font dans une terre sèche. En général , Fhu- midité dont les plantes font couvertes, eft à peu près pro- portionnelle à l'humidité des lieux qu'elles habitent : j'ai fou- vent obfervé ces jours-là que dans un terrein inégal les plantes qui étoient dans l'endroit le plus bas & humide, étoient chargées de rofée, tandis que des plantes de la même efpèce qui étoient dans l'endroit élevé & aride, à une diftance de quelques pieds, n’en étoient aucunement mouillées. Les obfervations que je viens de rapporter, prouvent que la rofée dont il s'agit ici ne vient point de l'air: on ne peut non plus la regarder comme une humidité ou vapeur infen- fible, qui, s’'élevant du fein de la terre, fe répandroit de là dans latmofphère, pour retomber enfuite fur les plantes, Enfin, il eft clair que cette efpèce de rofée n'eft point géné- rale, mais qu’elle doit être attribuée à l'humidité particulière des lieux que les plantes habitent. Il nous refte actuellement à déterminer comment cette humidité produit la rofée dont il s'agit; fi c'eft une vapeur qui, s’élevant de la terre dans MES: VOICE NC E S& s07 les endroits humides, s'arrête enfuite fur les plantes; ou fi nous devons regarder, avec M. Mufichenbroek /r), cette rofée comme une efpèce de fueur des plantes : les expériences que je vais rapporter démontrent qu'elle fe forme, au moins pour la plus grande partie, de la première manière. Si lon expole des morceaux de verre à un ou deux pouces au deflus d'un terrein un peu humide, on obfervera, 1. qu'ils ne fe chargent d'aucune humidité pendant le jour, foit qu'ils foient expolés au foleil, foit que l'endroit foit à ombre; ïl en eft de même lorfque le temps eft couvert : 2.° que les nuits pendant lefquelles on n'obferve que de notre troifième efpèce de rofce, ils fe couvrent de rofée, ce qui n'arrive pas aux morceaux de vitre expolés de la même manière au deflus d’un terrein fec ; d'où il fuit que les nuits où l'on obferve notre troifième efpèce de rofée, il s'élève de la terre une vapeur qui s'attache aux morceaux de verre qui en font peu éloignés : cette vapeur où humidité ne s'attache pas moins aux plantes; en voici la preuve. Le 21 Avril de cette année, après le coucher du foleil, je pris des feuilles de chiendent arrachées de leurs tiges, Jexpofai ces feuilles fur un réfeau de fil au deffus d'un en- droit où il y avoit des herbes femblables : le lendemain matin j'obfervai que quoiqu'il ne fût tombé cette nuit que de notre rofée de la troifième efpèce, les feuilles des plantes arra- chées de leurs tiges en étoient chargées comme les feuilles des plantes entières qui étoient au deflous : les gouttelettes de rofée gardoient fur les premières à peu près le même arran- gement que fur les plantes entières. Cette expérience ayant été répétée un grand nombre de fois, a toüjours eu le même fuccès. Les expériences que je viens de rapporter montrent que le verre & les plantes arrachées de leurs tiges , corps qui ne (r) L’efpèce de rofée dont nous | entend fans doute par le mot de nuif parlons actuellement, eft la même | sèche, une nuit pendant laquelle il que celle que M. Mufichenbroek | ne tombe point de rofée fur des corps dit s’obferver après une nuit sèche. | expofés en plein air, éloïgnés de a (Efais de Phyfique, n° 1532). | terre. 4 SITE TR Cette rofée eft dûe, au moins pour la plus grande partie, à une vapeur qui sélève de la terre & s'arrête fur les plantes, Théorie de cette rofée. * Voyez l'ar- ticle V, Corol. 2. … Elle dépend d’une évapora- tion toute fim- ple. 508 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE peuvent fuer, expolés à peu de diflance de la terre, fe cou- vrent de rofée de la troifième efpèce ; d'où il eft aifé de conclurre que cette rofée doit étre attribuée, au moins pour la plus grande partie, à une humidité qui s'élève de la terre pendant la nuit, & s'arrète fur les plantes. Confidérons cette rofée fous ce point de vüe, eflayons d'en développer la théorie, & de l'appliquer à la deuxième efpèce de role dont nous avons parlé plus haut. Pour expliquer clairement comment ceite vapeur s'élève de fa terre pendant la nuit, & humeéte les plantes & le verre, tandis que la même chofe n'arrive pas dans le jour, nous ferons, avec le lecteur, les obfervations fuivantes. 1° L'humidiié étant fuppofée la même, la quantité d'eau qui. s'évapore des corps, dépend de la chaleur propre de ces corps, & de l'activité diflolvante de l'air * ; elle eft proportion nelle à l'intenfité de ces deux caufes. 2. Toutes les fois que l'air ne peut diffoudre à mefure toute Jeau qui sexhale d'un corps, la partie de cette eau qui ne fe diflout pas, forme une vapeur qui s'arrête fur les corps qui y font expoles, fuppolé que ces corps foient confidéra- blement plus froids que celui d'où part la vapeur //). 3. Dans un air dont faétivité de diflolution eft foible ou nulle, la vapeur qui s'exhale d'un corps peut devenir fen- fible, & humeéter les corps qu'on lui préfente, quoiqu'elle foit en très-petite quantité; tandis qu'une vapeur beaucoup plus confidérable fera infenfible & ne mouillera pas les corps qui lui feront préfentés dans un air dont Factivité de diflo- lution fera forte. Ces principes, dont la vérité paroît inconteftable, étant une fois polés, il eft facile d'en déduire que l'humidité qui s'arrête pendant la nuit fur le verre & fur les plantes, dépend d'une évaporation toute fimple, qui, quoique plus confidé- rable pendant le jour, ne devient cependant pas fenfible, & (f) Si ces corps n’étoient confidérablement plus froids que celui d’où part la vapeur, à raifon de leur chaleur, ils diffiperoient autant d'humidité qu'ils en pourroient recevoir. BNEN SIL SCIE NUC'E 5 so au contraire, quoique moins confidérable pendant la nuit È devient fenfible, & s'arrête fur le verre & fur les plantes. Pour faire fentir la vérité de ce que je viens d'avancer , je me contenterai de faire remarquer que le jour & la nuit diffèrent par les circonflances requifes pour que l'humidité qui s'élève de la terre devienne fenfible & s'arrête fur les plantes pendant la nuit, quoique moins confidérable que le Jour, où elle ne s'arrête pas fur les plantes : telles font les cir- conftances fuivantes. 1." L'air eft plus froid la nuit que le jour ; lorfqu'on obferve cette efpèce de rofée, fon degré de chaleur eft toûjours près du degré de faturation (+), fon adivité diffolvante eft beau- coup plus foible que pendant le jour /Voy. ci-deffus la 3.° Oë- fervation). 2.7 La terre ne fe refroidit pas pendant la nuit autant que l'air, de forte que la quantité d'eau qui s'en évapore, ne diminue pas dans la même proportion que l'aéivité diffol- vante de Yair s’afloiblit. . Enfin, les herbes ou le verre expolés à ceite vapeur fe refroidifient pendant la nuit autant que fair, & par con- féquent beaucoup plus que la terre , de forte que la vapeur qui sen élève peut s'arrêter fur ces corps fans être diffipée à mefure {Voy. ci-deflus la 2. Obfervation). Voici une expérience au moyen de laquelle, en imitant les circonftances que nous venons de remarquer, on peut produire en plein jour une rofée toute femblable à notre troifième efpèce de rofée; ce qui paroït une preuve complète de la jufteffe de la théorie que je viens d'établir. Je prends un pot plein de terre bien humettée, j'expofe à quelques lignes au deflus de cette terre un morceau de vitre: ce pot pourroit demeurer des journées entières dans une chambre, fans qu'il s’attachât une goutte d'eau à la furface du (t) Le degré de chaleur de Fair | deffus du desré de faturation , il con- ne diflère ordinairement ces nuits-là | ferve une activité difiolvante confi- que d’un, deux ou trois degrés du | dérable; auffi ne trouve-t-on point degré de faturation : quand il fe | de rofée ces jours-là, au moins aux foùtient de plus de quatre degrés au | environs de Montpellier. [f üij Circonflances par lefquelles fa nuit diflère du jour , & qui font que lhu- midité qui s’é- lève de la terre s'arrête fur les plantes pendant la nuit. Expérience qui confirme cette théorie, * Application de cette théorie à la deuxième efpèce de rofée. Cette théorie paroît aufli de- voir s'appliquer auxbrouillards. $10 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE morceau de vitre ; il en feroit de même s’il demeuroiït toute la journée expofé au foleil: mais fr, cette terre ayant été bien échauffée par le foleil, on tranfporte le pot dans un endroit plus frais, par exemple, dans une chambre, la furface infé- rieure du morceau de verre fe couvre en peu de minutes de gouttelettes d'eau. La fimilitude des circonftances de cette expérience & de celles que jai dit concourir pendant a nuit à la production de la rofée dont il s'agit, eft fr vifible, qu'il feroit inutile de m'arrêter à la faire {entir : je conclurrai donc que la vapeur qui, pendant la nuit, s'élève de la terre & s'arrête fur les corps qui en font peu éloignés , doit être attribuée à une évaporation toute fimple, qui, quoique moins confidérable pendant la nuit, devient cependant fen- fible par le concours des circonftances que nous avons indi- uées. Lorfque l'air { refroidit pendant la nuit jufqu'au point de faturation , la terre, beaucoup plus chaude que l'air, continue d’exhaler de l'eau : cette eau ne peut fe difliper, ou, pour mieux dire, fe difloudre dans l'air refroidi au devré de fatu- ration, elle y doit demeurer dans l'état de pure divifion méchanique , ou, ce qui revient au même, dans fétat d'un brouillard. De-là ül eft aifé de concevoir comment fe forme l'efpèce de rofée qui s’oblerve les mêmes jours que la rofée qui tombe de l'air, & qui sélève comme un brouillard fur les campagnes humides : il eft clair que cette efpèce de rofe eft produite par les mêmes caufes que celle dont nous venons de parler, & qu'elle n'en diffère que par la quantité. Suivant toutes les apparences , cette théorie pourra auf s'appliquer à ces brouillards réglés qui soblervent à Lyon & ailleurs : quoique je n'en aie point d'hifloire exacte, ce- pendant, autant que j'en puis juger par ce que j'ai vü moi- même & par ce que j'en ai entendu dire, il me paroît que les circonftances des temps & des lieux qui font favorables à la production de notre deuxième efpèce de rofée, font aufir favorables à la production de ces brouillards, &7 vice verfà, & qu'ils ne diffèrent de cette efpèce de rofce que par leur DES SCIENCES. II élévation : peut-être auffi cette même théorie Pourra-t-elle s'étendre à tous les brouillards en général. Pour ne rien laifler à defirer, Jaurois fouhaité ne pas Réflexions quitter cette matière fans m'être affuré par des expériences 1 l'opinion fi les plantes fuent effectivement pendant la nuit, comme Ya M. Muffchen- penfé M. Mufchenbroëk, & fi cette caufe concourt avec celle que nous venons de développer, à Ja production de notre rofée de la troifième efpèce ; mais ayant été détourné de ces recherches par des occupations qui vrai-femblable- ment ne me permettront pas de quelque temps de Les re. /. prendre, j'ai mieux aimé laiffer quelques doutes für ce fujet, -que de différer trop long-temps à publier ces obfervations. Je rémarquerai feulement que l'expérience für laquelle M. Muflchenbroek appuie fon fntiment, ne femble pas être auffi convaincante qu’ellé lui a paru l'être : voici fon expérience, I prend deux demi-cercles de plomb échancrés au milieu de leurs diamètres, pour donner paflage à la tige d'un pavot; ces deux plaques étant poles für la terre l'une contre l'autre, & embraffant la tige du pavot, il couvre le tout d’une cloche de verre. Cette plante, à Fabri de toute humidité qui pour- roit venir de fair ou de la terre, s’humette pendant {4 nuit de rofée, comme celles qui font en plein air ; d'où ce célèbre Phyficien conclud que la plante qui f couvre de rofée fous la cloche, ne pouvant recevoir d'humidité que par l voie de @ propre tranfpiration, la rofe qui fe trouve für les plantes expofées en plein air, eft aufi dûe à leur tranf. piration, & qu'elle n’eft autre chofe qu'une efpèce de füeur : fur quoi je remarquerai , | 1. Que cette condufion eft trop générale, puifque nous avons démontré ci-deflus que notre troifième efpèce de rofée devoit être attribuée, au moins pour la plus grande partie, à l'humidité qui s'élève de Ia terre. 2. Que cette expérience ne Pourroit être réellement dé- monftrative en faveur de ce fentiment, qu’autant que la plante qui eft fous la cloche f trouveroit abfolument dans les mêmes circonftances que celles qui font en plein air; avec cette feule sd >] » » » Lo] L22 y > » » L22 s12 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE différence, que celle-là ne pourroit recevoir d'humidité que par la voie de fa propre tranfpiration : mais il s'en faut bien que la chofe ne foit ainfi ; outre la différence dont je viens de parler, on remarque aifément qu'elles diffèrent encore par les circonftances fuivantes ; 1." la plante qui eft fous a cloche ne fe refroidit pas aufr vite, & tranfpire beaucoup plus que celles qui font expofées à l'air; 2.° l'humeur de Ia tran{piration de la plante couverte fe ramafle fous la cloche dès le premier inflant qu'elle en eft couverte, ce qui n'ar- rive pas aux plantes expolées à l'air, l'humeur de leur tranf piration (qui s’évapore avant que l'air foit aflez refroidi pour que la rofée commence) elt entièrement perdue, & ne peut fervir à les humecter; 3.° enfin, l'eau qui s'exhale de la plante renfermée fous la cloche, a bien-tôt foulé l'air qu'elle contient, de forte qu'il ne peut plus difloudre de nouvelle eau; au contraire, l'air qui environne les plantes découvertes eft toüjours deflicatif ou diflolvant, toutes les nuits qu'il ne tombe que de notre troifième efpèce de rofée. Gutre l'expérience que nous venons de rapporter, & fur Jaquelle M. Muffchenbroek fonde principalement fon fenti- ment , il s'appuie encore fur l'obfervation fuivante : voici {es paroles. « La rofée des plantes eft proprement comme leur fueur, & par conféquent une humeur qui leur appartient, & qui fort de leurs vaifieaux excrétoires : de-là vient que les gouttes de cette rofée diff èrent entrelles en grandeur & en quantité, & occupent différentes places, fuivant la ftructure, le diamètre, la quantité & la fituation de ces vaifleaux excré- toires : tantôt on les voit raflemblées proche de Ja tige où commence la feuille, comme dans les choux & les pavots; une autre fois elles fe tiennent fur le contour des feuilles & fur toutes les éminences, comme cela fe remarque fur-tout dans le crefion d'Inde; quelquefois on les voit au milieu de Ja feuille proche de la côte; elles fe trouvent auffi aflez fou- vent fur {e fommet de la feuille, comme dans l'herbe des prés; enfin elles occupent encore diverfes autres places, de forte qu'on ne fauroit trouver deux plantes de difiérentes efpèces DES PS dpi Er PVR Li ft it. eo DRE SN (SLCHILE.- NA CE LS. S13 _efpèces fur lefquelles la rofée foit difpolée de la même ma- « nière.... On doit donc condlurre que la rofée des plantes « eft proprement leur fueur». Les obfervations que je vais rapporter, me paroiflent pouvoir être oppolées à celles de M. Mufichenbroek, & montrer que l'induétion qu'il en tire n'eft pas folidement établie. On trouve ordinairement fur les choux-fleurs une quan- tité confidérable de rofée à l'aiflelle des feuilles près de a tige, dans un endroit où la feuille fait un repli; ce qui prouve, felon le fentiment de M. Mufichenbrock, qu'il ÿ a dans cet endroit des vaifleaux excrétoires particuliers qui fourniffent cette rofée ; mais, pour peu qu'on y faffe atten- tion, on remarquera aifément qu'elle s'y amaffe feulement à raifon de la déclivité. En effet, on ne trouve pas dé la rofée feulement à la naiflance des feuilles, toute leur fuperficie en eft couverte, avec cette feule différence, que la rofée qui fe trouve répandue fur la fuperficie de la feuille eft difpofée en petites gouttes : un coup d'œil fur la pofition de ces feuilles fuffñt pour faire remarquer que les petites gouttes qui fe trouvent fur leur fuperficie ne peuvent fe réunir & rouler fur la feuille fans aller fe rendre à fon aiflelle, & il n’eft pas difficile de fe convaincre que la quantité confidérable de rofée qui fe trouve à l'aiflelle des feuilles, s’y eft raflemblée de cette manière ; car en fecouant légèrement la feuille , on voit les gouttelettes de rofée qui étoient répandues fur fa fuperficie fe réunir en gouttes plus grofles, rouler fur la feuille, & fe rendre vers fa naiffance à l'endroit où l'on trouve ordinairement la rofée ramaffée. Cette obfervation ne prouve donc pas qu'il y ait dans cet endroit des vaifleaux excrétoires particuliers, elle me paroît prouver feulement que fur les choux la rofée fe ramaffe vers l'aiffelle des feuilles à raifon de la déclivité; cela eft fr vrai, que fi la confor- mation de la feuille eft telle qu'elle forme en quelq'autre endroit un creux où la rofée puifle être retenue, elle s'y -ramaffe de mème. Enfin , lorfque le chou-fleur eft avancé Mém. 1751. ; 1313 14 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & que la feuille commence à fe renverfer, pour lors la rofée eft portée par la déclivité vers les bords de Ia feuille, & sy amafle en grofles gouttes fur les petites éminences qui fe trouvent le long de ces bords. A l'égard des plantes gra- minacées , il paroit beaucoup plus difficile de rendre raifon de ce que, lorfque ces plantes font fort petites & droites, on ne trouve de la rofée qu'à la pointe de leurs feuilles; mais il n'eft pas aufli difficile de faire voir que cette obfer- vation n'eft pas concluante en faveur du fentiment de M. Mufichenbroek. Ayant femé du blé dans un pot de terre, lorfqu'il étoit haut d'environ deux pouces, je l’afpergeai d'eau: d'abord , après l'afperfion, je vis des gouttes d'eau difperfées çà & là fur la fuperficie des feuilles, mais un quart-d’heure ou une demi-heure après, je vis les pointes des feuilles garnies chacune d'une grofle goutte d'eau ; ce blé étant expolé à Ja pluie, j'ai obfervé que la même chofe arrivoit. Or il eft certain que dans ces deux cas l’eau qui fe ramafle à la pointe des feuilles, vient du dehors; d’où il fuit qu'on ne peut pas conclurre de ce qu'ordinairement la rofée fe trouve à Ia pointe des feuilles feulement, que cette rofée vienne de Ja plante même, & qu'elle y fr apportée par des vaifieaux excrétoires particuliers. J'aurois pà prouver encore la même chofe, en faifant remarquer que cette particularité dépend beaucoup de {a fituation de la plante; car dès que les feuilles font inclinées, on trouve de la rofée fur toute leur fuperficie. Je fuis bien éloigné de penfer que ces réflexions fufhifent pour prouver que la tranfpiration des plantes ne concourt aucunement à la production de notre rofée de la troifième efpèce, je les crois feulement fufhfantes pour en faire douter, & pour montrer que fi cette caufe a quelque part à fa produc- tion, au moins elle n’y concourt pas de la même manière que l'a penfé M. Muffchenbroek, & que cette rofée ne paroït pas devoir être regardée comme une humeur fournie & dépolce en certains endroits particuliers par des vaifleaux excrétoires deflinés à cet ufage. DUELS SCIE NC: ES. 15 Après ce que nous avons dit jufqu'ici fur la rofée & fur fes différentes efpèces, il nous eft facile de répondre aux queftions fuivantes. 1. Pourquoi la rofée eft-elle plus abondante dans les Explication campagnes bafles & humides ? Pourquoi en trouve-t-on éuslonemede fouvent dans ces campagnes, tandis qu'il n'y en a point se Rte ailleurs? C'eft que la rofée qui s'élève des terres dépend eur d'une évaporation proportionnelle à leur humidité. 2." Pourquoi, dans l'automne, le printemps & l'hiver (u), la rofée eft-elle plus abondante qu'en été? C’eft que dans cette dernière faifon Îes terres font arides ; outre cela il me femble avoir obfervé que dans cette faifon il y a moins de différence entre la chaleur de l'air dans le jour & pendant {a nuit, que dans les autres faifons. Cette dernière circonftance ( fuppofé que mon obfervation foit jufte) eft également con- traire à la production de la rofée qui vient de Fair, & à a production de celle qui s'élève de la terre : la première cir- conftance eft feulement contraire à la production de celle-ci. 3." Pourquoi la rofée eft-elle très-abondante par un temps calme & ferein , le vent étant au fud, au fud-eft ou au fud- oueft, lorfqu'une nuit fraiche fuccède à un jour chaud ? C’eft que ce font-là les circonftances dans lefquelles l'air eft le plus chargé d'eau pendant le jour, & fe refroidit le plus au deflous du degré de faturation pendant la nuit. 4° Pourquoi , lorfque le vent de nord fouflle, n'obferve- t-on, pour l'ordinaire, aucune efpèce de rofée /x)! C'eft que par ce vent le degré de chaleur de l'air fe foûtient pen- dant la nuit beaucoup au deflus du degré de faturation, de forte qu'il conferve trop d'activité à difloudre l'eau pour que la rofée de la troifième efpèce puifle avoir lieu. (4) Sous le climat tempéré de Montpellier, on obferve de la rofée en hiver comme dans les autres faifons, excepté par le vent de nord. Voyez la remarque (t), page 509. (x) Nous ne parlons ici que d’un vent de nord décidé & qui fe fafle fentir. st Ttti 16 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE + Quel degré de chaleur pendant le jour, & quel degré de froid pendant la nuit font requis pour qu'il tombe de la rofée? Il eft facile d'apercevoir par tout ce que nous avons dit jufqu'ici, que cette queftion de M. Mufichenbroek eft, pour m'exprimer avec les Géomètres, une queftion indéter- minée qui peut recevoir une infinité de folutions (y). Réflexions Enfin, je terminerai ce Mémoire par quelques remarques Le Duo fur les expériences de M. du Fay*: j'examinerai feulement de M. du Fay. celle qui eft rapportée à la page 3 60, parce que les réflexions * Mén, Acad. que je ferai fur cette expérience feront faciles à faifir, & 3736. s'appliqueront aifément aux autres expériences du même Auteur. « J'avois aufli expofé ce même jour-là, dit ce célèbre Phy- » ficien, deux vitres bien sèches, l'une à un pouce de terre » fur un appui de bois, & l'autre à treize pieds, débordant de » trois pouces de deffus une planche ifolée. A cinq heures & » demie, il y avoit de l'humidité en deflus & en deflous du » verre qui étoit à un pouce de terre, mais plus en deflous » qu'en deflus, & il ny en avoit pas la moindre apparence » fur la vitre qui étoit à treize pieds, A fix heures il y avoit » des gouttes formées deflus & deflous celle qui étoit près de » la terre, & fur l'autre le commencement d’une très-légère » vapeur. À neuf heures, les gouttes étoient formées fur l'une » & fur l'autre, mais celles de la vitre d’en bas étoient beau- » coup plus groffes & plus nombreufes, & toüjours plus en deflous qu'en deflus ». Cette expérience fut répétée fix jours de fuite avec le même fuccès, ce qui faifoit dire à M. du Fay «qu'il lui paroïffoit que ces obfervations répétées tant de fois, » & toûjours uniformes, ne laifloient plus aucun doute fur la » nature de la rofée, au moins en ce qui concerne fa chüte » où fon élévation, & qu'on pouvoit être afluré qu'elle s'élève de la terre & des plantes ». Cette conclufion a paru juqu'ici (>) On peut tirer ces folutions de ce que nous avons dit, page $oo ëT Juiv. fur la rofée de l'air, & de ce que nous avons dit, note (1) page 509, fur celle qui s'élève de la terre. ais mms cs à ete nl DÊRS SCIENCES. S17 à tous les Phyficiens, comme à M. du Fay, une conféquence néceflaire de l'expérience que nous venons de rapporter (7); cependant j'efpère faire voir que cette expérience ne dément point ma théorie, & qu'elle ne prouve pas que toute la rofée s'élève de la terre. Nous avons remarqué ci-deflus, page So 9, note (1) que pour que la vapeur qui s'élève de la terre puifle s’'amaffer en gouttelettes fur les corps qui en font peu éloignés, il n'étoit pas néceffaire que l'air fe refroidit jufqu'au deuré de fatura- tion : or l'air fe refroidiffant dans la nuit par une gradation infenfible, il eft clair qu'il ne peut parvenir fubitement à ce degré, & qu’ainfi, dans l'expérience de M. du Fay, la vapeur qui s'élève de la terre devoit s'arrêter fur la vitre qui n'étoit qu'à un pouce de terre , ong-temps auparavant que l'air fe füt refroidi au degré de faturation, & que la rofée qui tombe de l'air eût commencé à mouiller la vitre qui étoit à treize pieds de diftance de a terre ; d’où il fuit que cette expé- rience ne prouve pas que toute la rofée s'élève de la terre. Outre cela, on conçoit aifément qu'à mefure que le froid de l'air approche plus du point de faturation, la quantité de vapeur qui, s'élevant de la terre, ne peut fe difloudre dans l'air, & sarrête fur les corps qu’on lui prélente, devient toû- jours plus confidérable, & peut s'arrêter & fe manifefter fur des corps placés à de plus grandes hauteurs. Cette propofi- tion fuit fr évidemment de ce que nous avons dit plus haut *, & nous fournit une explication fi facile des autres expériences de M. du Fay, qu'il feroit inutile d'entrer dans un plus long détail fur ce fujet. Voilà ce que j'avois à dire fur la rofée : le principe qui m'a conduit dans cette recherche, n'a fuggéré des idées & des expériences fr éloignées de celles des Auteurs qui m'ont précédé, qu'à moins d'entrer dans de très-longs détails, il (t)/ Même à M. Mufchenbroek , quoiqu'il foûtienne qu'il y a une rofée qui tombe de l'air {Voy. ce que nous en avons dic ai commencement de cette feconde partie). Tttiij * Voy. la page 08, obferr.2. 518 MÉm. DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. m'eût été impoflible de faire une critique un peu exacte de ce qu'on a dit avant moi fur cette matière; c'eft pourquoi je n’en ai parlé qu'autant qu'il m'a paru abfolument nécef- faire pour l'intelligence exacte de ce que j'ai avancé : écrivant un Mémoire & non un Traité fur cette matière, j'ai cru devoir me repofer fur le leéteur du foin d'examiner les fen- timens de ces Auteurs dans leurs propres ouvrages, & de juger lui-même de ce que je puis avoir ajoûté à ce qu'on favoit avant moi fur cette matière. A. ne PAR j19 RELATION ABREGEE* DU VOYAGE FAIT PAR ORDRE DU ROI, au Cap de Bonne-efpérance. Par M. l'Abbé DE LA CAIÏLLE. E compte que je me propofe de rendre de mon voyage au cap de Bonne-efpérance, contient peu de choles capables d’inftruire ou d'amufer, quoiqu'il concerne les points les plus importans de l'Aftronomie. Il n’y a guère que le recueil des obfervations mêmes, que j'ai l'honneur de pré- fenter à l'Académie, qui puille intéreffer les Aftronomes. La relation que je ferai ici de quelques circonftances de ce Voyage, fera donc fort fuccinéte, de peur d'abufer de Ja patience de l'Affemblée. Pour peu qu’on foit initié dans l'Aftronomie, on fait que la connoiffance de la pofition exaéte des étoiles fixes eft abfolument néceflaire pour donner aux obfervations la pré- cifion dont elles ont befoin. C’eft pour cela que, fans parler des anciens Aflronomes, les plus célèbres Obfervateurs du fiècle précédent & du nôtre ont pris tant de peine à dreffér des catalogues d'étoiles; mais aujourd'hui on n'ofe plus s'y fier dans les recherches un peu délicates. Les connoiffances que nous avons acquifes depuis quelques années dans les mouvemens apparens des étoiles, & la perfection à laqueïle les inftrumens aftronomiques ont été portés, nous font voir que toutes ces pofitions font fujètes à des incertitudes qui paf- foient, il y a trente ans, pour des erreurs peu confidérables , * Cette relation n’a été Iûe que | fieurs des obfervations defquelles le 1$ Novembre 1754, après le | parle l’Auteur, y font contenues, retour de M. l'Abbé de la Caille, | l’Académie a cru que le public lui toutes les feuilles de ce volume étant | fauroit gré de fon empreflement à imprimées ; cependant comme plu- | publier ce Mémoire. Mém. 175 1. . Vuu 520 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE lefquelles paroifloient même alors très- difficiles à éviter; mais que nous regardons comme trop grandes depuis que nous avons appris à nous en garantir. La recherche de la pofition exacte des étoiles fixes, & fur-tout des plus apparentes, étoit donc un travail à recom- mencer, C’eit la tâche que je m'impofai il y a plus de dix ans: je me propofai même d'y employer la méthode d'ob- ferver la plus longue & la plus pénible, mais la plus exacte que l’on ait encore imaginée. Cependant, quelques foins que je me fuffe donnés, il m'étoit impoflible de procurer à toutes mes obfervations une précifion fufffante pour les befoins de l'Aftronomie, à caufe de la pofition de la fphère fort oblique à horizon de Paris: il falloit donc, afin d'avoir un ouvrage complet, aller au delà de l'Equateur pour obferver les étoiles de la partie auftrale du ciel, qui s'élèvent trop peu fur l'horizon, ou qui font abfolument invifibles en Europe. D'ailleurs, le féjour d'un Aflronome muni de bons inftru- mens, dans Fhémifphère méridional, pouvoit donner lieu à d'autres obfervations fort intéreflantes, telles que font celles des parallaxes de la Lune & des Planètes, celle de fa lon- gueur du pendule fimple à fecondes, celles de la longitude & de la latitude de quelques points importans pour perfec- tionner la Géographie & les Cartes marines. Ayant fini à Paris toutes les obfervations des étoiles que jy pouvois faire avec précifion, je ne pouvois fouhaiter d'achever mon travail dans un lieu plus avantageufement fitué que le cap de Bonne-efpérance, puifque c'eft l'endroit le plus auflral qui {oit habité dans notre hémifphère; que fon méridien pafle par le milieu de l'Europe, & que c'eft le lieu où Fair eft le plus pur, & le plus fain qu'on puifle trouver dans aucun des établiffemens que les Européens aient formés au delà de la Ligne. À peine eus-je préfenté un projet de ce voyage approuvé par l'Académie, que le Miniftère s'emprefla à me procurer ioutes les facilités poffibles pour l'exécuter. M.rs de la Com Métis STE : à à x he re DAENSI NOR OMRIENM CRETE s 21 pagnie des Indes voulurent bien fe charger du tranfport de mes inftrumens, & de mon paflage au cap ;-& fi l'on ne connoïfloit leur zèle pour le progrès de la Navigation, qi dépend en grande partie de celui de lAflronomie, je ne faurois à quoi attribuer tous les foins & toutes les attentions qu'ils ont eus pour moi, ni leur en marquer aflez ma re- connoiffance. Je m'embarquai à l'Orient le 21 Novembre 1750, für Je vaifleau le Gorieux, commandé par M. Daprès de Man- névillette, Correfpondant de cette Académie, & connu par le Neptune oriental, ouvrage très-eflimé de tous ceux qui mavigent dans les Indes. Un bon vent nous porta en peu de jours aux ifles du cap Verd: nous tentames d'aborder à celle de Saint-Yago, pour faire remédier à une voie d'eau confidérable, qu'avoit un petit bâtiment qui étoit aufft fous les ordres de M. Daprès ; mais quoiqu’à peine trois fémainés fe fuffent écoulées depuis notre départ, notre eftime nous faifoit à l'eft de Saint-Yago, tandis que nous étions réelle- ment à l’oueft de cette ifle. Nous la cherchions donc inuti- lement, mais par bonheur une éclipfe de Lune arriva le 13 Décembre; elle nous fit reconnoître notre erreur qui étoit de plus de 4 degrés en longitude. Le vent ne nous permet- tant pas de revenir fur nos pas, nous pourfuivimes notre route, & après avoir efluyé dix-huit jours de calme aux environs de la Ligne, nous entrames le 2$ Janvier 1751, dans la baie de Rio Janeiro, où M. Daprès avoit réfolu de faire caréner fon petit bâtiment. Nous y trouvames M. Godin qui y étoit arrivé de Bue- nos-aires depuis quelque temps, avec le Vaïfleau qui le re- conduifoit en Europe: il nous rendit de grands fervices auprès du Capitaine général qui Der dans le pays. Nous fumes fort ailes, M. Daprès & moi, de nous voir pré- venus par un auffi habile Aftronome, dans le deflein que nous avions de déterminer en cette AGE AS la pofition de ce fameux port. Nous n’y fimes donc que quelques obfer- vations fur l'inclinaifon & la déclinaifon de l'aiguille aimantée, Vuui 522 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE fur la longueur du pendule, & fur la méthode de déterminer les longitudes fur terre, par les diftances de la Lune aux étoiles zodiacales. Nous en avions déjà fait plufieurs effais fur mer pendant la traverfée ; mais je ne puis rapporter le détail de toutes ces obfervations que dans nos aflemblées particulières. Nous partimes de Rio Janeiro le 25 Février 1751, & nous nous trouvames proche du cap de Bonne-efpérance le 30 Mars; mais les vents contraires & le peu de connoiffance que nous avions de la côte qui eft vers le nord, & fur la- quelle le vent nous avoit portés, nous empêchèrent d'arriver à la rade avant le 19 Avril. J'allai le lendemain me préfenter à M. Tulbagh, Gou- * verneur du cap, muni d’une lettre du feu prince d'Orange; elle fut fuivie d’autres lettres de la Compagnie de Hollande & de M. le comte de Bentink. M. Tulbagh me reçût avec beaucoup de politefle : je fus accueilli de même très-gracieu- fement par tous les principaux Offciers de cette colonie, Un des premiers bourgeois de la ville, nommé M. Beftbier, Allemand de naiflance, & qui a fervi autrefois dans les troupes de France, m'offrit obligeamment fa maifon & la difpofition abfolue de tout ce qu'il avoit chez lui. On verra dans la fuite de ce difcours, qu'il ne tint pas à lui que toutes les obfervations que j'ai entrepris de faire pendant mon féjour au cap, n'euflent tout le fuccès poflible. M. le Gouverneur apprit que je me difpofois à faire bâtir un logement exprès pour y placer mes inftrumens ; il donna auffi-tôt fes ordres pour que les ouvriers que la Compagnie de Hollande entretient à fes gages y travaillaffent incefflamment, fuivant le plan que j'en donnerois, & que les matériaux fuflent tirés des magafins de la colonie. J'em- ployai tout le mois de Mai à faire conftruire cet obfervatoire, où rien ne fut épargné de tout ce qui pouvoit contribuer à lui procurer toutes les commodités néceflaires, &, ce qui eft le plus important dans l'Aftronomie pratique, toute la foli- dité poffible aux piédeftaux fur lefquels mes grands inftru- mens devoient être placés. DES ScrEeNCes. 523 En partant de France, je m'étois propoé trois chofes que je devois achever dans l'efpace d’une année entière. La pre- mière & la principale étoit de déterminer les pofitions des plus belles étoiles auftrales, favoir, de celles de la première, feconde & troifième grandeur, & même de celles de la qua- trième, qui font voifines de 'Ecliptique. Le fecond objet de mon voyage étoit d'oblerver les parallaxes de la Lune, de Mars périgée, & de Vénus en conjonétion inférieure. J'avois pour cela laiflé à Paris un petit écrit où je marquois de quelle manière je comptois faire ces obfervations, afin que les Aftronomes d'Europe puffent agir de concert avec moi, comme il eft néceffaire pour parvenir à la connoif fance des parallaxes. Le troifième objet étoit d'établir Ja pofition du cap de Bonne-efpérance, qui eft un des points les plus importans de la Géographie. La réuflite des projets d’obfervations aftronomiques dans un efpace de temps fixé, dépend principalement d'un ciel chair & ferein. Il n'y a peut-être pas de pays für la terre, où l'air foit en même temps auffi tempéré, & le ciel auffi clair qu'au cap de Bonne-efpérance; mais il s'en faut de beaucoup que le ciel le plus clair ne foit toûjours le plus propre aux obfervations: au contraire, on ne doit cette pureté d'air au cap & ce ciel fi clair, qu'à un vent de fud-eft, le plus violent qu'il y ait au monde. Lorfque ce vent fouffle, quelque abri que l’on fe procure, il eft abfolument impof- fible de fe fervir de grands inftrumens pour obferver les aftres avec précifion : ils paroiffent tous très-confufément terminés, & dans une agitation d'autant plus vive, que la lunette dont on fe fert groffit davantage les objets. Pour fe former une idée aflez jufte de état du ciel au Cap, on peut partager l'année en cinq parties égales, en afligner près de deux pour le règne du vent de fud-eft, une pour les jours abfolument calmes & fereins, un peu plus d'une pour les temps va- riables, c'eft-à-dire, où le ciel dans le même jour eft tantôt chair & tantôt couvert, une enfin pour les jours où le temps eft entièrement couvert de nuages. On peut juger quel doit Vuuiij 524 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE être le déplaifn d'un Aftronome de voir, pendant le règne du vent de fud-eft, couler tant de nuits de fuite d’un f beau ciel fans en pouvoir profiter: on va voir cependant que j'ai eu l'avantage de ne perdre aucune de ces belles nuits ; j'ai même eu lieu de fouhaiter qu'elles fuflent plus fréquentes. Le fyftème d'obfervations que je n'étois formé en partant de France exigeoit, comme je ai dit, l’efpace d’une année entière : le temps de mon départ comparé à celui où les vaifleaux font obligés de partir du cap pour retourner en Europe, me promettoit un féjour au cap de plus de qua- torze mois; mais ma traverfée ayant été prolongée de plus de deux mois par la relâche à Rio Janeiro & par les vents contraires à notre arrivée, ayant enfuite employé près de fix femaines à conftruire & à arranger mon obfervatoire, je me vis réduit à ne pouvoir finir mes obfervations avant le mois de Juin 1752, temps auquel la mauvaife faifon fe dé- clare, & la rade du cap eff interdite aux Vaifleaux ; elle refté même préfque toûjours déferte jufqu'à la fin de l'année. Forcé de prolonger mon féjour au cap de plus de fix mois au delà de ce que j'avois compté, je me propofai de mettre ce temps à profit. En comparant la partie méridionale du ciel avec les cartes céleftes, & fur-tout avec celle qui a été dreffée fur les obfervations de M. Häalley, faites en 1677 dans l'ifle de Sainte-Hélène, je m'aperçus aifément qu'un très-grand nombre d'étoiles de la quatrième & cinquième grandeur, & prefque toutes celles de la fixième, n’y étoient pas marquées; de forte que quoique la partie auftrale du ciel foit fans contredit plus étoilée que la partie boréale, il fem: bloit à linfpection des Cartes, que ce füt le contraire: je ne pus donc me difpenfer de chercher les moyens d'en dréffer un catalogue plus complet. Faute d'un inflrument mural, qui eft ft commode pour cette forte d'obfervation, j'eus recours à une méthode que .) j'avois effayée à Paris, mais que lés temps trop fouvent & trop long-ternps couverts m'avoient forcé d'abandonner. Je partageai la partie du ciel comprife entre le Pole auftral & DES SCIENCES 525 le tropique du Capricorne, en vingt-cinq zones d’une lar- geur à peu près égale: j’appliquai à mon quart-de-cercle une lunette de 28 pouces de longueur, dont l'oculaire extrême- ment foible permettoit de lui donner un champ de près de 3 degrés. Au foyer de la lunette je plaçai une efpèce de réticule rhomboïde, qui embrafloit toute l'étendue de ce champ, de forte qu'en arrétant mon quart-de-cercle à une certaine hauteur dans le plan du méridien, ou à très-peu près, je pouvois, à l'aide d’une pendule & du réticule, déterminer la pofition de toutes les étoiles qui traverfoient le champ de cette lunette, qui, par la révolution diurne du ciel, dé- crivoit une de ces vingt-cinq zones, que les divifions du quart-de-cercle faifoient diftinguer facilement. Cette méthode avoit deux grands avantages ; elle étoit infaillible pour ne laifler pafler aucune étoile fans être vüe, & elle étoit praticable pendant Ja plus grande fureur du vent: car pour obferver loccultation d’une étoile derrière un corps opaque, il n'eft nullement néceffaire que la lunette groffiffe les objets; il fufht qu'elle les rende plus diftinéts. Aïnfi, par la conftruction de ma lunette, l'agitation des aftres, caufée par la violence du vent, devenoit infenfible; d'ailleurs, une ouverture de 3 ou 4 pouces de diamètre au toit de l’ob- fervatoire étoit fuffifante, & on pouvoit placer la lunette à une aflez grande diflance, & hors de la direction du vent, pour être parfaitement à l'abri. Mais cette mème méthode eff, dans la pratique, très-longue & très-pénible; car outre qu’en ne fuppofant aucun obftacle de la part des nuages, il ne falloit pas moins de cent nuits ou féances non interrompues de plus de fix heures confécu- tives, en reftant debout & fans changer de place ni d'attitude, laquelle devenoit fouvent extrémement génante, puifqu'il fal- loit tenir la tête entièrement renverfée pour füivre plufieurs zones fituées en deçà & au delà du zénit, il falloit encore, pour plus de précifion, que les étoiles obfervées à chaque féance fuffent toutes comparées à deux étoiles remarquables , dont l'une paffat vers le haut du réticule, & autre vers le 526 MÉMOIRES DE L'AÂCADÉMIE ROYALE bas, & qu'enfuite la pofition de ces deux étoiles füt déter- mince par d'autres obfervations faites exprès, par la même méthode que pour les étoiles principales que je m'étois pro- polé d'abord d'obferver uniquement, ce qui en augmentoit le catalogue de plus de cent. Quelque confidérable que fût ce furcroït de travail, je trouvai les circonftances trop favorables pour balancer à l’en- treprendre. Je pouvois procurer aux Aftronomes une con- noiffance de cette partie du ciel beaucoup plus étendue que n'eft celle que l'on a actuellement de la partie boréale: je pouvois remarquer les étoiles doubles, nébuleufes ou d’une configuration fingulière. Le vent de fud-eft, toûjours accom- pagné d'un ciel clair, étoit plus à fouhaiter qu'à craindre, Je trouvois toutes fortes de facilités, & dans la complaifance de M. Beftbier mon hôte, qui s'emprefloit à me procurer toutes les commodités poflibles, réglant même les heures de fes repas fur les momens où je pouvois être libre, & dans lhabileté d'un ouvrier, élève de M. Langlois, qui m'avoit accompagné pour prendre foin de mes inftrumens. Il exécu- toit avec beaucoup d'adreffe toutes les machines qui n''étoient néceffaires à chaque efpèce d'obfervations qui fe préfentoit dans foccafion: fans fon fecours, je n'aurois pà rien entre- prendre au delà de ce que j'avois projeté en France: j'aurois même, en m'y reftraignant, été arrêté dans un grand nombre de rencontres. Enfin ne manquant pas de courage, je n'eus befoin que de me ménager, de forte que je fufle en état de terminer cet ouvrage dans l'efpace d'une feule année ; car la moindre interruption caufée par quelque maladie ou par quelque abfence, n'auroit pü être réparée que dans là même faifon d’une autre année; & je ne pouvois alors difpofer que de dix-fept à dix-huit mois. Je commençai le 6 Août 1751 : les eflais que j'avois faits autrefois de cette méthode, m'avoient appris que pour me garantir du fommeil il falloit me tenir toujours en aétion, & par conféquent ne me pas contenter de n'obferver que les étoiles de la fixième grandeur & au deflus, mais qu'il falloit | déterminer POP | : à | DES SCIENCES. 27 déterminer auffi toutes celles qui pouvoient l'être facilement, de quelque grandeur qu'elles fufent ; car quoiqu'il ne foit pas néceflaire de furcharger les cartes & les globes de toutes ces petites étoiles, elles ne laiflent pas d’être fort utiles dans la pratique de ’Aftronomie, fur-tout pour décrire & füivre dans le ciel {a routé des comètes, lorfque fur {a fm de leur apparition elles font fort obfcures. Ayant donc pris le parti d'obferver toutes celles que j'apercevrois diflinétement, on ne doit pas être furpris que j'aie déterminé Ja pofition de plus de 9800 étoiles entre le Pole auftral & le tropique du Capricorne : c'eft ainfi qu'en employant les nuits d'un ciel clair & ferein à remplir le projet qué j'avois formé en France, & qui ne pouvoit l'être qu'à l'aide de grands inftrumens, & les nuits où fouffloit ce furieux vent de fud-eft dont j'ai parlé, à obferver mes zones, je terminai tout ce travail dans les premiers jours d'Août 175 2. Pendant le cours de toutes ces obfervations , j'en faifois d’autres felon les occafions, telles font celles des Réfradions, de la hauteur du Pole, de Fobliquité de l'Ecliptique, des hauteurs méridiennes de Mars, de Vénus & de 1a Lune pour en conclurre leur parallaxe, des éclipfes de la Lune, de celles des fatellites de Jupiter, des éclipfes des étoiles par la Lune : ces trois dernières fortes d’obfervations ont fervi à fixer par 164 10’ la longitude orientale du cap de Bonne- efpérance, fur laquelle les fenitimens des plus habiles Géo- graphes étoient partagés, & différoient de plus de 3 degrés. Jai encore obfervé à plufieurs reprifes la longueur du pen- dule fimple à fécondes, que j'ai trouvée plus courte qu'à Paris d'une demi-ligne précifément. Enfin j'ai tenu un journal exaét de toutes les variations de l'air, de l’état du baromètre & du thermomètre, des vents qui ont régné chaque jour: fai été fur-tout fort attentif au vent de fud-eft & au nuage qui le préfage , afin d'être en état de donner une: idée jufte des faifons de ce pays-à, & qu'on fache à quoi s'en tenir par rapport à toutes les chofes merveilleufes qu'on trouve dans les relations des Voyageurs au fujet de ce vent. Mém. LPS E .Xxx 528 MÉMOIRES DE L ACADÉMIE ROYALE Après avoir achevé tout ce que je pouvois faire pour les étoiles auftrales, il me reftoit encore cinq à fix mois de féjour au Cap, en attendant le temps du retour des Vaifleaux en Europe. La protection fingulière que mes lettres de recom- mandation n'avoient procurée, me mit en état de penfer aux moyens de mefurer un degré du Méridien. Le réfultat en devoit être intéreflant, parce que les obfervations faites entre le Cercle polaire boréal & lEquateur, qui concourent toutes à donner à la Terre la figure d'un fphéroïde aplati, ne s’ac- cordent pas de même à lui donner celle d’un fphéroïde régu- lièrement elliptique : d’où l'on peut former quelques doutes, entre autres , fi la Terre n'eft pas plus irrégulière qu'on ne l'a conclu des mefures exécutées jufqu'ici par les foins de A- cadémie, & fi la partie auftrale de la Terre n'eft pas d'une figure différente de celle de la partie boréale. La mefure d'un degré dans la partie auftrale , à une diftance confidérable de l'Equateur, pouvoit donc fervir à éclaircir ces doutes. Mais ce qui rendoit cette mefure comme indifpenfable dans les circonftances où je me trouvois , c'eft que dès que la Terre n'eft ni fphérique, ni d'une courbure régulière bien déterminée, une des conditions néceffaires pour faire le calcul des obfervations de la parallaxe de la Lune, eft la connoif fance exacte du rayon de courbure de la Terre au lieu où chaque obfervation a été faite: & l'on fait que la mefure d'un degré du méridien donne la longueur de ce rayon de courbure, indépendamment de toute hypothèfe fur la figure de la Terre, Dès le mois de Septembre 175 1, j'avois eu occafion d’aller à quinze lieues au nord de la ville du Cap: j'y remarquai deux montagnes tellement fituées, que leur diflance pouvoit fervir de côté commun à deux grands triangles, dont lun pouvoit aboutir à mon obfervatoire au Cap, & l'autre à un point éloigné de vingt lieues au nord du lieu où j'étois : l'intervalle entre ces deux montagnes n'étoit qu'une vafte plaine de fable, où l'on pouvoit mefurer une bafe fufffante pour en conclurre exaétement les dimenfions de ces deux triangles. Sur cela je dreffai un projet, je le préfentai à M. le As ce ps DES PF IONCUME NC ENS s29 Gouverneur du Cap, qui lapprouva ; & lorfqu'au mois d'Août 1752 je fis mes préparatifs pour l'exécuter, il me fit remettre un écrit figné de lui, qui contenoit une per- miflion générale de faire toutes les opérations néceffaires, & en même temps un ordre à tous les habitars auxquels je m'adrefferois , de me donner tous les fecours poffibles. 11 nomma de plus lOfcier qui faifoit la fonétion d'Ingénieur de la forterefle, pour m’accompagner & pour m'aider. Malgré tout cela, je n'eufle pà réuffir dans cette entreprife, fans des fecours extraordinaires, tels que je n'euffe ni ofé les exiger de la complaifance de M. le Gouverneur, ni pü me les procurer , parce que cette mefure n’étoit pas l'objet direct de ma miffion, & que je ne favois pas encore fi l Académie en avoit agréé le même projet que je lui avois envoyé l'année précédente. Le pays qu'il me falloit traverfer plufieurs fois avec un grand attirail d’inftrumens, l'endroit où je devois faire quelque féjour pour les obfervations céleftes, les montagnes où il falloit porter un quart-de-cercle de 3 pieds de rayon, beau- coup plus pefant qu'aucun de ceux qui ont fervi à de pareilles mefures, la plaine propre à mefurer la bafe, tous ces lieux font prefque entièrement deferts, fans eau, & couverts d'épaiffes brouflailles. Quels fecours pouvois-je efpérer d'y trouver? Les habitans qu'on y rencontre en petit nombre, font très-pauvres, & n'ont pas fuffifamment de monde pour cultiver leurs terres & pour garder leurs troupeaux. If eft inutile que j'entre ici dans le détail d'autres circonftances locales qui euflent pü m'arrêter & me faire abandonner fentreprife, quand même jeuffe été pourvû de tous les équipages & de tout le monde néceflaires. M. Beftbier, cet hôte fi obligeant chez qui je demeurois, me fit fentir toutes ces difficultés, & j'ai éprouvé qu'elles n'étoient rien moins qu'exagérées; mais en même temps il m'oflrit l’ufage de fes chariots, & de tous ceux de fes efclaves dont je pourrois avoir befoin : il voulut encore m'’accompa- gner par-tout, pour me fervir de guide & d’interprète; & X xxi] * Le plan pré- fenté a l'Acadé- mie, a été rédtuit à gravé parmi les planches de ce volume. Voy. PI. AAC page 45 6. 530 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE comme il eft Capitaine des Milices & fort eftimé dans tout le pays, je me trouvai pendant tout mon voyage aufli à Yaife & auffi libre, que fi j'eufle été dans la meilleure pro- vince de France. M. Beftbier me mena d'abord vifiter les points dont je devois me fervir. Je n'avois alors d'autre inftrument qu'une bouffole ; mais étant retournés enfuite au Cap, nous en par- times le 9 Septembre 1752 pour aller exécuter la melure projetée. Je fupprime ici le détail de ce voyage & de mes oprations, je le réferve pour nos aflemblées particulières. If fufira de dire que je formai en effet les deux grands triangles dont j'ai parlé, & qui font reprélentés fur le plan que voici *; que la longueur du côté commun à ces deux triangles fut déterminée par deux autres plus petits, fitués très-avantageu- fement, & terminés par une bafe mefurée de 6467 toiles; que par la comparaifon de feize étoiles obfervées au Cap & à l'extrémité boréale de ma mefure, l'arc célefte correfpon- dant à Farc terreftre fe trouva de 14 13° 17"; & qu'enfin la longueur du degré du méridien terreftre qui pañle par 3 34 13’ de latitude auftrale, en réfulta de 57037 toiles. Ce degré, qui saccorde avec ceux que l'Académie à mefurés depuis dix-huit ans, en ce qu'il eft plus long que celui de l'Equateur, & plus court que celui du Cercle polaire, efl plus grand que je ne nrattendois dé le trouver par comparaifon aux melures faites en France: ce qui fembleroit favorifer Fhy- pothèle de faplatiflement irrégulier de la Terre. Je retournai à la ville du Cap le 23 OGtobre 1752 : j'y reçüs un Ecrit publié par M. Grifchow, Profeffeur d’Aftro- nomie à Péterfbourg, dans lequel il difoit qu'ayant appris que je devois prolonger mon féjour au Cap, il fe propoloit de continuer pendant une année les obfervations pour la pa- rallaxe de la Lune: if indiquoit celles qu'il jugeoit les plus propres à cette recherche, & il invitoit les Aftronomes à y êvre attentifs. Je me difpofai auffi-tôt à m'y conformer pour le refte du temps que j'avois à pafler au Cap: le terme du projet de M, Grifchow étoit la fin de Février 1753, & ceft / DES MISLCINE Nice rs I vers ce même temps que les Vaifleaux mouillés à Ja rade du Cap, en partent pour leurs différentes deftinations. Je reçûs auffi à la fin d'Oétobre un ordre du Roi, follicité par Ms de fa Compagnie des Indes, pour aller du Cap aux ifles de France & de Bourbon, afin d'en déterminer exactement la pofition géographique. Ces ifles, qui font le rendez-vous de prefque tous les Vaifleaux françois qui vont aux Indes orientales où qui en reviennent, font fituées à left de fifle de Madagafcar, à plus de 800 lieues du Cap. Je favois que M. Daprès venoit de faire cette même année toutes les obfervations néceflaires pour en établir {a longitude & 1a latitude : j'avois examiné moi-même ces obfervations peu de mois auparavant, lorfque M. Daprès, en retournant en France, étoit venu relâcher au Cap, & je ne pouvois me flatter. de faire rien de mieux ; mais il m'’étoit alors impoflible de faire fur ce voyage des repréfentations qui m'euffent pû procurer affez à temps un contre-ordre. Je pañai donc les deux der- niers mois de l'année 175 2, & les deux premiers de l’année fuivante, à rédiger mes obfervations, à en faire des copies pour les envoyer à l'Académie. Je n'appliquai fur-tout à dreffer un planifphère le plus complet qu'il étoit poflible, de la partie auftrale du ciel com- prife entre le Pole & le tropique du Capricorne. Pour parvenir, je conftruifis un catalogue de 19 30 étoiles choifies fur les 9800 que j'avois obfervées : je les plaçai fur une carte, je comparai cette carte avec le ciel, pour voir fi je n’a vois pas oublié dans mon catalogue quelqu'une de celles qu'on pouvoit diflinguer à 11 vüe fimple, parce que je me propo: fois de les défigner chacune par une lettre particulière de Yal- phabet grec & latin, de la même manière qu'on l'a pratiqué dans les planifphères qui repréfentent les étoiles vifibles en Europe. Sur la même carte, je traçai dans leur place les conflellations auftrales décrites par les anciens Aftronomes grecs & latins, & celles qui ont été formées autour du Pole par les premiers Navigateurs Portugais. Il me refta entre toutes ces conftellaions de grands intervalles qui, quoique X xx ii 32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALeE réellement parfemés d'étoiles très-vifibles, étoient abfolument vuides fur toutes nos Cartes, parce qu'on n'avoit pû y mar- quer jufqu'’ici qu'environ trois cens étoiles qui euflent été obfervées: je ne pouvois donc défigner par des noms & par des lettres de l'alphabet, toutes ces nouvelles étoiles qui remplifloient ces vuides, qu'en introduifant de nouvelles conftellations; mais au lieu d'y employer, comme les Por- tugais l'ont fait à limitation des Anciens, des figures d’ani- maux inconnus en Europe, & qui font par conféquent pour la plufpart ridiculement repréfentées fur nos cartes célefes, je deffinai les figures des principaux inftrumens des beaux Arts: felon cette idée, j'ai fait faire le tableau que j'ai l'hon- neur de préfenter à l'Académie. Je paffai enfin les derniers jours de Février 1753 & les premiers de Mars, à vérifier tous les points de divifion de mes inftrumens, puis je me difpofai à partir pour nos ifles. On pourroit s'attendre que je fifle ici quelque defcription de ce fameux cap de Bonne-elpérance, que j'expolaffe les mœurs des naturels du pays connus fous fe nom de Æot- tentots, que je parlafle des produétions particulières de la terre & des mers voifines; mais outre qu'on peut juger par ce que je viens de dire, que je n'ai eu guère de loifir pour faire des recherches fur ces articles, je dois avouer que mes connoiflances font trop bornées pour être en état de fatif- faire les Curieux & les Phyficiens fur cette partie de Y'Hif toire Naturelle. Ce qu'il y a encore de plus ficheux, c'eft que l'intérêt de la vérité moblige à déclarer que rien n'eft moins exact que ce qu’on lit fur ce fujet dans un gros Livre écrit en Allemand par Pierre Kolbe, & dont nous avons en françois un extrait en trois volumes. Kolbe étoit un Pruffien envoyé exprès au Cap par feu M. le baron de Krofick, pour y faire toutes les obfervations poflibles d'Aftronomie, de Phyfique & d'Hiftoire Naturelle. If y féjourna fept an- nées entières; mais tous ceux qui l'ont connu dans le pays, aflurent conftamment qu'il ne s'eft point occupé à remplir Fobjet de fa miflion; que, quoi qu'il en dife, il n'a fait D'ENSTISICPEÆN C € S 533 aucun voyage dans l'intérieur du pays; auffi dans fon ou- -vrage, qui ne paroït fait que de mémoire après fon retour, les cartes qu'on y trouve n'ont-elles aucune reffemblance avec le terrein; elles y fourmillent de fautes groffières. Les def criptions topographiques qu'il donne, font prefque toutes abfolument faufles, pleines d’hyperboles outrées, & même de chofes imaginaires. L’hifloire des plantes du pays eft incomplète, & n'eft pas de lui: celle des animaux eft très- défectueufe, & celle des Hottentots fort fufpecte. L’Auteur ne les a pas fréquentés, excepté ceux qui fe trouvent au fer- vice des Européens, mais qui, nés ou élevés parmi les ef- claves, & féparés des corps de leur nation, n’ont qu'une tradition très-confufe de leurs anciens ufages, & fe font affujétis à la plufpart de ceux de leurs maîtres. Malheureu- fement encore ceux de ces peuples qui vivent en liberté, hors des limites de la colonie Hollandoife, font à préfent fi éloignés de la ville du Cap, qu'il eft très-difficile de vérifier ce que les Voyageurs en ont écrit, la plufpart fur des ouï- dire. Quelques faits certains qui font parvenus à ma con- noiïflance, & les petits voyages que j'ai faits dans le pays, m'ont donné lieu de rectifier un aflez grand nombre de bévües qui font dans le livre de Kolbe; mais il s'en faut de beau- coup que je ne fois en état de donner quelque chofe de complet fur l'hiftoire de cette extrémité de l’Afrique. Je n'embarquai le 8 Mars 17 5 3, fur le Vaifleau françois le Puyfieulx, deftiné pour la Chine, & qui devoit relâcher aux ifles de France & de Bourbon, & j'arrivai à l'ifle de France le 18 Avril fuivant. Pendant cette traverfée, je m'occupai, comme dans a première & dans celle de mon retour en France, à faire des effais fur la manière d’obferver les longitudes fur mer, par le moyen de la diftance de la Lune à quelqu'étoile zodiacale. Depuis mon départ de France, j'avois fait un grand nombre de recherches pour faciliter la pratique de cette méthode, propolée par M. Hälley. Je m'étois beau- coup exercé à ces fortes d'obfervations, & j'avois reconnu 534 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE évidemment qu'il étoit inutile d'avoir recours à une autré façon d'employer la Lune pour les longitudes; qu'il ne s'a- gifloit uniquement que d'en rendre le calcul praticable aù commun des Marins; qu'enfin il étoit impoñlible de leur propofer de le faire tout au long, felon la méthode des Aftronomes. Je cherchai différentes manières de leur en éviter la plus grande partie, & Je trouvai que fi l'on vouloit mettre entre les mains des Navigateurs certains réfultats de calculs faits à loifir par d’'habiles Aflronomes, il ne leur ref teroit que trois opérations fort courtes & fort ficiles pour conclurre leur longitude. Je fis d'avance quelques-uns de ces calculs pour faire eflayer cette méthode par quelques-uns des Officiers de notre vaifleau, & dès la première fois, ceux qui voulurent fuivre mes opérations avouèrent qu'il leur feroit facile d'en faire de pareilles, à l'aide de calculs préli- minaires. Je leur en fis pour le refte du voyage, avec une inftruétion par écrit pour faire ufage de ces calculs, & ces Meflieurs s'en fervirent fans y trouver de difficultés. J'ai fait depuis inférer cette inftruétion dans l'introduction aux Ephé- mérides, pour les dix années prochaines. L’utilité de ces obfervations fut bien fenfible dans cette même traverfée; car ayant fait route pour nous mettre par eflime à quarante lieues dans left de l'ile Rodrigue, afin de l'ailer reconnoître avant que d'aborder à l'ifle de France, les obfervations de longitude que nous fimes, lorfque nous nous jugeames à cette diftance de quarante lieues, nous en mettoient à plus de cent quatre-vingts; ce que l'évènement juftifia. Je fus très-bien reçû à l'ifle de France par M. Bouvet; qui en eft le Gouverneur: il semprefla à me procurer toutes les facilités poflibles pour mes oblervations, & tous les agré- mens dont le pays eft fufceptible. En peu de jours j'eus un endroit fort commode & fort folide pour y placer mes inf trumens. Mon féjour dans cette ifle a été de neuf mois: cet inter- valle, quoiqu'affez long & déterminé par le temps du re- tour des Vaifléaux en France, ne fufhfoit pas cependant pour entreprendre DB ISN Sr MEN CET SE? 525 Entrépréndre un fyftème fuivi d'obfervations aftronomiques dans le genre de celles qui m'avoient occupé jufqu’alors: d'ail- leurs le ciel, quoiqu'aflez beau en général, y eft beaucoup moins favorable qu'au cap de Bonne-efpérance. Dans le lieu où eft le principal établiflement de la Compagnie des Indes à l'ifle de France, le temps eft prefque toûjours couvert les après-midi, & dans les plus beaux jours de l’année; de petits pelotons de nuages fe détachent à tout moment des montagnes voi- fines, & parcourent tout le ciel, de forte qu'il n'arrive que trop fouvent qu'à l'inftant où il faut obferver un afke, il fe trouve couvert d’un de ces petits nuages : aufii n’ai-je pû réuffir à faire qu'un affez petit nombre d'obfervations intéreffantes pour l’Aftronomie, & dont j'ai envoyé un Mémoire à l'A- cadémie. Je me fuis attaché entre autres chofes à la détermination de l'obliquité de l'Ecliptique : je l'avois trouvée au Cap plus petite qu'on ne l’emploie ordinairement. Ma fituation à l'ifle de France étoit aflez avantageufe : j'étois à plus de trois degrés en dedans des tropiques : j'avois deux inftrumens de fix pieds de rayon bien vérifiés. Par un grand nombre de hauteurs méridiennes du Soleil, prifes aux environs des folftices de Juin & de Décembre 1753, jai trouvé, toutes réduc- tions faites, cette obliquité de 234 28’ 16", un peu plus -petite qu'au Cap; de forte qu'en comparant ces réfultats avec ceux des obfervations les plus exactes qui aient été faites dans ce fiècle & dans le précédent, on ne peut raifonnablement douter de Ïa réalité de fa diminution conftante de l'obliquité de l'Ecliptique. Dans les mois où Jupiter, près de fa conjonétion avec le Soleil, ne permettoit pas d’obferver des écliples de fes fatel- lites pour avoir la longitude de l'ifle de France, je nv'occupai à prendre avec toute l'exactitude néceflaire les principales dimenfions de cette ifle. J'en partis enfin le 1 6 Janvier 17 54, & j'arrivai le lendemain à Saint-Denys dans l'ifle de Bourbon: J'y reftai pendant fix femaines, pour y faire les obfervations relatives à la longitude & à Ja latitude de cette ifle. Je Mém. 1751. «. Yyy 536 MËm. DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES: m'embarquai pour la dernière fois le 27 Février fur le vaitfeaw Y Achille, commandé par M. de Baubrian. Nous doublames le cap de Bonne-elpérance le 25 Mars , de là nous vinmes mouiller fous lifle de l’Afcenfion le 15 Avril. Cette ifle, munifeftement formée, ou entièrement brûlée par un volcan éteint , eft fi fingulière par la nature de fon terrein, par la figure & la pofition de {es pierres & de fes montagnes, que fa vüe infpire une certaine horreur. Quoique fort petite & déferte , fon hiftoire pourroit occuper long-temps un Natu- ralifte, & fournir de longues réflexions à un Philofophe: pour moi, je ne la pouvois regarder que comme un point impor- tant pour la Géographie & la Navigation : tous les Vaitfeaux de là Compagnie des Indes y abordent dans leur retour en France ; ils y prennent un grand nombre de tortues de mer, qui leur fournifient un excellent remède contre les maladies fcorbutiques, & une très-bonne nourrituré pendant plufieurs femaines. Je profitai donc des cinq jours de relâche que nous y fimes, pour en déterminer la latitude; je la trouvai au lieu du mouillage ordinaire, de 74 5 4" auftrale, & j'eus le bon- heur d'y obferver une émerfion du premier fatellite de Jupiter, qui le fut auffi à Paris par M4 Maraldi & de F'fle: c'eft ce qui m'a fervi à établir la longitude de cette ifle de 1 64 19’ à l'occident du méridien de Paris. Nous levames l'ancre le 20 Avril, & nous arrivames à Orient le 4 Juin, après avoir fait une des plus courtes & des plus heureufes tra- verfées qu'on puifle fouhaiter.