pi A Lil} 13 : FA FA AT “ta l tape fe, AU LUN l'E k LAN AR OUL AT : LP (UN TR FA 4 1 [RCE Œur nt ju "+ LR AVE 1 + h Fur fr en j "5 s4 bfr ar (Y SUITE des MEMOIRES DE ATHEMATIQUE &d PHYSIQUE de LE ACADE M IE ROYALE DES SCIENC Si MD CCLIV. 4 Tires des Regifîres de cette ÂAcartinie. A PARIS DE L'IMPRIMERIE ROYALE. MDCCLIX. CA HIORÉUM 0) C1] SX Fr — = + = : . > æ F LA VA" re + R AO MU er : à ju ‘4 | OA CERCLE PNEU ANNE ste | AE ai ' NOV RE 1 20 I TRE NN ne ds 8 is l ê { 1 } 4 # "LA LA JE fé H Na 14} | Hi 5000 es sis "TOUR | RAT Le a sis, jf + DES SCIENCES. DZ MÉMOIR E'SUR"L'ALBASTRE. à Par M. D'AUBENTON. D: NS tous les rèones de l'Hifloire Naturelle, {a matière change d'état & prend diverfes formes en différens temps. Les corps organilés éprouvent des viciflitudes continuelles ; lufieurs animaux naiflent, s'accroiflent, dépériffent & difpa: roiflent à nos yeux dans le cours d'une année, & il eft rare qu'un animal pañle un fiècle. Les végétaux font moins orga- nifés que les animaux, auffi font-ils plus durables : quoiqu'on ne fache pas s’il y a furle Liban des cèdres plus vieux que les grandes baleines du Groenland, on ne peut guère douter que les arbies foreftiers ne durent plus que les animaux que nous croyons vivre le plus long - temps; mais l'exiflence Ja plus longue des végétaux, n'eft qu'un inflant paffager en compa- raifon de la durée prefque infinie de ces mafñles énormes de rochers qui déforment notre globe aux yeux du vulgaire par leur volume immenfe & qui paroiffent le furcharger par leur poids: ils couvrent des régions entières; leur bale eftaffife dans les entrailles de la terre & leur fonmnet touche les nues: la folidité, la dureté, lhomogénéité de la matière d’un rocher, femblent le défendre des injures des temps; cependant il eft foûmis à la loi générale des êtres matériels; il change d'état & de forme dans les fucceflions des fiècles, & même le court efpace de notre vie fufft pour acquérir des preuves fenfibles de l'altération qu'il éprouve & du dépérifiement dont il eft . menacé, L'air, dans fes températures alternatives, fait impreffion fur la furface des rochers; la gelée divife leurs parties extérieures ; eau pénètre jufqu'au centre de la mafle, en détache des . molécules, les entraîne dans fon cours & les dépole dans les cavités où elle tombe: ces cavités font plus ou moins grandes: il y a des grottes foûterraines t:ès-vaftes; la plufpart renferment les fingularités que Ja Nature produit par la filtration des EAUX» RON EU 23 Août 1754 238 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ces cavernes font revêtues de matières compolées des détrimens des rochers qui les environnent: le plafond d'une grotte, te fol & les parois font couverts d'une incruflation qui prend diverfes formes irrégulières & bizarres; l'afpect fingulier qu'elles préfentent attirent ceux qui aiment le merveilleux & ceux qui fe plaifent à l'étude de la Nature; c'eft pourquoi toutes les grottes foûterraines du Royaume, qui font d’une certaine éten- due, ont de la célébrité; on connoït même, par les defcri- ptions des Voyageurs & des Naturalifles, quelques-unes de celles des pays étrangers. J'allai vifiter pendant l'automne, il y a près de fix ans, avec M. de Buffon & M. Nadault, Coriefpondant de cette Académie, les grottes qui font en Bourgogne fur le bord de la Cure, à fept lieues d'Auxerre, près de Vermanton; elles portent le nom du village d’Arcy, qui n'eft qu'à une peiite diflance, quoiqu'elles dépendent de celui d'Affey. M. de Sainte- Palaye, de Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres, dont la terre de Sainte-Palaye eft à quelques lieues des grottes d’Arcy, eut la complaifance de nous y accompagner, pour nous faciliter Jes moyens de fatisfaire notre curiofité, quoiqu'il les eût déjà vües plufieurs fois. Elles font dans un rocher de pierre calcaire aflez dure, & on foupçonne que les pierres, dont l'églife cathédrale d'Auxerre eft bâtie, en ont été tirées. L'entrée de ces grottes eft aflez difficile, il ya même un endroit où elle eft fi baffle & fi étroite, que l'on a de la peine à s'y gliffer: dès qu'on l'a pañlée, le foûterrain s'agrandit, mais la ki- mière du jour manque, & ce n'eft qu’à celle des lambeaux que lon peut reconnoitre l'efpace qu'on a à parcourir & les objets dont on eft environné. Après le premier moment de furprife que nous donna la fingularité du lieu, nous nous fixames à hotre objet, qui étoit d'obferver les moyens que la Nature emploie pour donner des formes fi extraordinaires à la matière dont ces grottes font revêtues: nous en caflames quelques morceaux pour voir leur conformation intérieure; au premier coup d'œil, M. de Buflon reconnut que cette matière étoit de Falbâtre, & que c’eft ainfi qu'il fe formé {-cette opinion nous FN D LS AS CUL EN CE: Si 239 parut très-vrai-femblable à M. Nadault & à moi; mais pour avoir une certitude entière, nous nous propofames de com- | parer cette matière avec celle d’un albâtre bien décidé & d’en faire polir des morceaux, pour voir fi elle prendroit le poli de‘l'albâtre, & fi elle auroit fon apparence extérieure. Cela fut fait en peu de jours à Montbard; & quoique ces morceaux euffent été polis par les Ouvriers de fa manufacture de marbre de cette ville, qui n'avoient pas l'art de travailler l'albâtre, nous fumes tous convaincus, à la fimple infpeétion, que la matière tirée des grottes d'Arcy étoit de l'albätre, & on peut s'en convaincre actuellement en jetant les yeux fur les échantillons que j'ai l'honneur de préfenter à la Compagnie. Les différens morceaux d’albâtres orientaux, auxquels je compare labâtre d'Arcy, ont été envoyés de Rome il y a quelques années, au Roi, par M. le Cardinal de Rohan, & mis par ordre de Sa Majefté, dans fon Cabinet d'Hifloire Naturelle, dont je les ai tirés pour les faire voir à l’Acadéinie, Tous ces différens morceaux font généralement reconnus pour albâtres en: Italie & en France. Nous voyons tous les jours différentes pièces de la même matière, fous la forme de tables, d'urnes, de grands vafes, &c. qui font l'ornement des palais ; perfonne ne doute qu'elles ne foient d’albâtre. J'ai éprouvé fur plus de cinquañte morceaux de ces albâtres, quils font tous eflervelcence avec l’eau forte: j'ai fait fa même épreuve fur Falbâtre des grottes d'Arcy, & j'ai vü le même effet; j'ai fait calciner plufieurs morceaux d’albâtres d'Italie & de ceux d'Arcy, ils fe font tous réduits en chaux. Cependant la pluf: part des Naturalifles donnent le nom d’albâtre à une matière de nature bien différente des albâtres dont je viens de faire mention. M. Linnæus, Vallérius & Poot prétendent que Y'albâtre eft du genre des pierres gypfeufes: M. Poot dit en plufieurs endroits de fa Lithogeognofie, que l'albâtre ne fait au- cune effervefcence avec l'eau forte, & qu'il fe convertit en plâtre par la calcination: au contraire, M.* Konig, Kramer, Bruchmann & plufieurs autres Auteurs foûtiennent que l'al- bâtre & le marbre font de même nature, c'eft-à-dire que 240 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE Lalbâtre fit, commele marbre, eflervefcence avec l'eau forte, & quil fe réduit en chaux par la calcination. Les partifans de chacune de ces deux opinions s'accufent mutuellement d'erreur ; & en effet, il paroît abfurde d'attribuer à une même chofe des qualités oppofées : mais il n'arrive que trop fouvent en Hifloire Naturelle, comme en d'autres Sciences, que l'on difpute fur les mots, faute de convenir auparavant de leur fignification ; on abufe des dénominations, en réuniffant dif férentes chofes fous un feul nom, ou en donnant plufieurs noms à une même chofe: des acceptions fr vagues mettent plus de difficulté dans l'application des noms qu'on n'en trouve dans la connoiffance des chofes. Quoique M. Pooteût reconnu, par fa propre expérience, que les albâtres qu'il avoit éprouvés ne fiflent aucune effervefcence avec l'eau forte & fe conver- tiffent en plâtre, il n'auroit pas nié, fans modification, à M. Konig, que l'albâtre fût de la nature du marbre, s'il avoit été informé que l'on donne auffi le nom d'albâtre à des mitières qui font effervefcence avec l'eau forte, & qui fe réduifent en chaux comme le marbre. On trouve dans les cabinets d'Hiftoire Naturelle & dans les atteliers des Lapidaires & des Marbriers de Paris, des pierres sypfeufes & des pierres calcaires, auxquelles on donne indifféremment le nom d'albätre; ce qui prouve qu'on n'eft convenu: jufqu'ici d'aucun caraétère fpécifique qui faffe recon- noître l'albâtre. Pour déterminer l'application de ce nom, il faudroit favoir de quelle nature étoient les pierres que les Anciens nommoient alabaffrites & alabaffrum ; mais Théo- phrafte ni Pline n'ont rien dit de précis à ce fujet. Les Na- turaliftes anciens fe contentoient d'indiquer les matières dont ils traitoient, fans les décrire & fans déterminer leur nature comme on le fait à préfent : Pline dit feulement que l'albâtre de la meilleure qualité, eft de couleur de iel, ce qui con- vient aflez à la plufpart des albâtres calcaires. Et en effet, vous voyons des vafes de cet albâtre qui font de Ia plus grande antiquité. Il femble qu'Agricola ne met que peu de différence entre l'albäwe & le marbre. Aldrovande met Z'alabaffrites au rang DES NSNC-ME NiC.E S 241 rang des marbres; il prétend qu'on ne donnoit autrefois le nom d'albâtre qu'aux vafes faits avec la matière appelée ala- bafrites, & à une ville d'Égypte; & le morceau qu'il a fait graver fous la dénomination d'un alabaftrite, repréfentant par {es taches le cours d'un fleuve, eft très-reconnoiffable pour un albâtre calcaire. Selon Boece de Boot l'alabaftrite eft un marbre imparfait, & l'alabaffrum , au moins celui qui fe coupe au couteau, eft un gyple: quoi qu'il en foit de toutes ces opinions, il eft certain qu'il y a en Allemagne des pierres gypleufes reconnues pour albâtres. J'ai vü auffi des pierres de ce genre que l’on nomme albâtre en Mofcovie, en Suifle & en France: la pierre blanche ou blancheâtre dont on fait de petites figures que l’on vend à Paris fous le nom de figures en albûtre, eft gypfeule ; ces pierres ne font aucune efier- vefcence avec l'eau forte: j'en ai fait calciner plufieurs, entre autres celles du canton de Bâle en Suifle, de Brezé -1a - ville dans le Mäconnois, & un morceau d'une petite figure fr ancienne qu'elle étoit à demi-rongée par limpreffion de Y'air, & jen ai retiré du plâtre; elles ont toutes un grain très-fin dans lequel on aperçoit des points brillans. Il y en a de très-blanches qui reçoivent un aflez beau poli; c'eft fans doute cet albâtre que l'on a pris pour objet de comparaifon lorfqu'on a dit blanc-comme albätre: car je ne connois aucun albâtre calcaire qui foit purement blanc. Peut-être auflt ce proverbe a-t-il pris naïflance dans le temps où l’on appeloit vuloairement du nom d'albâtre tous les marbres blancs. Au rapport d'Aldrovande, il fe trouve des pierres gypfeufes fous le nom d'albâtre qui ne fe polifient que très-imparfaitement, & qui font parfemées de veines noirâtres; mais je n'infif- terai pas davantage fur les albâtres gypfeux. L'objet que je me fuis propolé eft principalement de déterminer la nature & d’expofér la formation de falbâtre calcaire: ceft peut- être la feule matière à laquelle le nom d’albâtre appartienne légitimement, mais cette difcuflion feroit longue & ftérile ; d'ailleurs comme application des noms dépend de l'ufage, il n'eft pas douteux qu'il n’y ait à préfent de Falbâtre calcaire Mém. 1754: Hh 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & de l'albâtre gypfeux, je crois cependant que le premier eft le plus généralement reconnu pour albâtre, & le plus précieux : c'eft auffi le feul dont je parlerai dans la fuite de ce Mémoire. En confidérant divers morceaux d'albâtre calcaire, il eft aflez facile de reconnoître à l'œil le caractère diftinélif de cet albâtre, tandis que je ne pourrai le décrire que très-im- parfaitement. Une defcription n'a aucun des avantages d'un tableau, on n'y aperçoit ni couleur ni apparence de reliefs; elle eft donc beaucoup plus éloignée de la Nature, que les tableaux qui ne font déjà que des repréfentations fuperficielles des chofes: cependant les defcriptions font une des parties effentielles de l'Hiftoire Naturelle; ainfi pour bien caraétérifer l'albbûtre, il eft néceflaire de le décrire. Lorfqu'on a vü fou- vent de l’albâtre poli, lorfqu'on l'a obfervé attentivement & comparé avec les autres matières qui fe polifient, on recon- noît que la marque caraétériftique de l'albâtre confifte pour l'ordinaire dans un poli gras, moins vif que celui du marbre, mais plus fec que celui du jade, & dans une demi-tranfpa- rence plus obfcure que celle de la Chalcédoine, mais plus nette que celle du marbre blanc. Le poli gras de l'albätre joint à fa tranfparence, lui donne l'apparence d'une graifle figée de cou- leur blanche ou blancheâtre, jaunûtre, rougeître, grifâtre, &c. Ces couleurs font mélées indiftinétement par taches ou diftri- buces par veines, par ondes, &c. ou enfin féparées par bandes aflez bien terminées & affez diftinétes pour que on donne à certains albâtres le nom d'albätres onyx. Je ne comparerois pas l'albâtre au jade ni à la Chalcédoine, fi je pouvois trouver des matières avec lefquelles il eût plus de rapport, & qui donnaffent l'idée de fon poli ou de fa demi-tranfparence; car on ne le confondra jamais avec les pierres fines de la nature du caillou dont le poli eft beaucoup plus vif. Tout rocher de pierre calcaire peut produire de lalbâtre par la filtration des eaux, qui forme des flalaétites dans les cavités & dans les grottes; mais les ftalaétites n’ont pas toû- jours toutes les qualités de l'albâtre: je diftingue dans les DRENSHAS IC L'EUNYC E S: 243 flalactites deux fortes de conformation ; les unes ont des par- ties pures, tranfparentes, figurées régulièrement comme les cryftaux & ifolées par lune de leurs extrémités, c’eft le fpar ou fpath; les autres font compolfées de parties plus où moins groflières, à demi-tranfparentes ou prefque opaques, confon- dues & unies les unes aux autres, c’eft l'albâtre. Ainfi {es flalaétites qui viennent d’un rocher qui n’a que peu de ma- tières terreules, ne contiennent que du fpar: il y en a dont les parties de fpar, quoique pures, font confondues & unies de façon qu'elles ne compolent qu'une feule mafle; mais on y reconnoît aifément le fpar à fa tranfparence & aux reflets des lames dont il eft compolé: au contraire les ftalaétites qui fortent d'un rocher mêlé de terre & de fubftances métal- liques, ne contiennent prefque que du fpar imparfait, coloré, chargé de matière groffière & opaque. Ce mélange conftitue l'albâtre qui a différens degrés de beauté dans les couleurs, & de finefle dans le poli, relativement au climat où il fe trouve & à la nature de la pierre dont il fort, & des matières qui entrent dans fa compolition: delà vient la différence de T'albâtre oriental & de l'albätre commun. J'ai fait polir quelques morceaux de ftalaétites des grottes d'Offelle en Franche-comté , fur le bord du Doux, & jy ai reconnu les mêmes caractères d’albâtre que dans celui des grottes d'Arcy. J'ai aufli fait travailler une petite portion du beau grouppe de ftalactite que M. de Tournefort rapporta de la grotte d’Antiparos au retour de fon voyage du Levant, & jai vû dans cette pièce des parties d'albätre beaucoup mieux colorées, plus compactes & plus fines que l'albâtre d'Offelle & que celui d’Arcy, qui ne font pas fufceptibles d'un aufit beau poli que les albâtres orientaux, autant que jen ai pû juger après en avoir fait travailler. On conçoit aifément les caufes de toutes les différences qui fe trouvent entre les albâtres, en réfléchiffant fur la manière dont les flalaétites fe forment, fur leur compofition & fur leur ac- croiffement. Pour donner une idée jufte de cette opération de la Nature; Hh 244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il eft inutile de décrire une grotte en particulier: quoiqu'elles foient toutes différentes les unes des autres pour l'étendue &c la diftribution des lieux, & pour la figure des principaux grouppes de ftalaétites ; cependant elles fe reffemblent toutes par la nature & par la forme eflentielle de la matière qu'elles contiennent. Une grotte, dans le fens dont il s'agit ici, eft une cavité foûterraine formée naturellement où pratiquée par art au dedans ou au deflous d’un rocher de pierre calcaire, & fituée de façon que l'eau des pluies puifle y pénétrer à travers le rocher; car l’eau eft le principal agent dans la for- mation des flalactites, mais elle ne produit cet effet que lorfqu'elle arrive dans les grottes en petite quantité à la fois, qu'elle y tombe goutte à goutte, & que {on cours dure: long- temps. Toutes ces circonftances font néceflaires pour la for- mation & l'accroifiement fenfible des ftlactites: ordinaire- ment la plus grande partie de l'eau des pluies s'écoule par ha pente naturelle du terrein qui eft au deilus de la grotte, une autre partie s'imbibe dans la terre qui fe trouve fur ce rocher & dans fes fentes, où coule au loin fur le prem'er banc de pierre qu'elle rencontre ; il n'y a donc qu'une petite quantité d'eau qui pafle à travers la mafle du rocher pour arriver dans la grotte: cette eau eft filtrée dans a pierre, ou au moins elle lave toutes les faces de chaque bloc & les graviers qui fe trouvent dans les fentes verticales ou dans les intervalles qui féparent les différens Jits. Par ces fortes de lotions l'eau détache des particules de pierre qui font Ja matière du fpar; elle s'en charge & les entraîne avec elle dans les petites routes par lefquelles elle parvient jufqu'à ia grotte, Ces routes s'ouvrent en différens endroits de fes parois fupérieures & latérales; confidérons d’abord celles dont l'ori- fice eft au plafond. L'eau étant parvenue jufqu'à l'extrémité de fon petit canal, eft retenue fur les bords de lorifice, s'y amufle & forme une goutte qui refte fufpendue jufqu'à ce que fon volume étant augmenté à un certain point, elle tombe par fon propre poids, Dans le temps où la goutte ef AD :E1,S, AS -G! I; E:iN :C: E Sa |! 2 fufpendue, les molécules de matière folide dont elle eft chargée & qui font le plus près des bords du petit canal d'où elle fort, s’y attachent fous la forme d'un petit cercle de matière de flalactite; mais les molécules qui en font plus éloignées, font emportées dans la chûte de la goutte & tombent avec elle fur le fol de la grotte, s'y fixent & y forment une petite éminence après que l'eau eft écoulée ou évaporée. Cette éminence du fol, de même que le petit cercle qui eft fur les bords de lorifice du plafond, feroient à peine fenfibles s'ils n'étoient que le produit d'une feule soutte d'eau: mais comme les gouttes fe fuccèdent les. unes aux autres, la maffe de matière folide s'augmente peu à peu de part & d'autre, & parvient dans la fuite du temps au point de former für le fol un cone qui y tient par fa bafe, & au plafond un tuyau qui eft une continuation du canal que l'eau parcourt dans le rocher. Ce tuyau groffit à l'extérieur, parce qu'il reçoit l'eau d'autres canaux du plafond qui arrofe les dehors * du tuyau, & y laifle des couches de matière folide : le cone s'élève par le haut, le tuyau s'alonge par le-bas, & à la fin ils fe rencontrent dans leur accroiflement mutuel & forment en fe joignant une forte de colonne qui s'étend depuis le {ol jufqu'au plafond de la grotte. On peut juger, par la façon dont fe fait l'accroifiement du cone & du tuyan dont je viens.de parler, qu'ifs font tous les deux compolés de couches additionnelles, & que le cone eft folide: mais toutes les flalactites qui font fufpendues aux plafonds des grottes, n'ont pas un tuyau dans eur intérieur. Pour former ce tuyau, il faut d'abord que l'orifice du canal qui eft dans le rocher & dont fort la goutte d'eau, foit à peu près horizontal, afin que la goutte refle fufpendue à tous les points de fes bords, & qu'elle y forme un cercle entier de matière de flalaétite: au contraire, fi l’orifice du canal eft incli. né, de fiçon que la goutte ne tienne qu'à la partie inférieure des bords de l'orifice, les molécules de matière folide dont elle eft chargée, ne peuvent s'attacher qu'à eet- endroit. Dans ce cas, la flalactie eft folide de même que celles qui {ont Ê : H h üj 246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE formées par l'eau qui fort des parois inclinées ou latérales de la grotte: l'eau, en coulant le long de ces parois & en def cendant jufque fur le fol, laifle dans fa route & dépole dans le bas plufieurs couches de matière folide les unes fur les autres ; il arrive aufft, par différens accidens, que le tuyau des flalac- tites du plafond Sobftrue & fe remplit en entier. Des corps ainfi formés par l'eau, font fujets à de grandes variétés de figures: d’ailleurs, les inégalités des parois d'une cavité de rocher contribue beaucoup à donner aux flahétites des contours irréguliers & extraordinaires ; c'eft pourquoi Faf- pet d'une grotte, revêtue de ftalaétite, furprend tous ceux qui y entrent pour la première fois. De quelque côté que l'on jette les yeux, on aperçoit des grouppes figurés de tant de façons différentes & diftribués d'une manière fi variée, que l’on imagine volontiers y trouver des reflemblances avec des chofes connues, comme des fiéges, des tables, des culs- de-lampe, des bornes, des tuyaux d'orgue, des colonnes, des draperies, des broderies, des figures d'hommes, de qua- drupèdes, d’oifeaux, de poiflons, de fleurs, de fruits, de plantes entières, &c. Aufii donne-t-on des noms particuliers aux principaux endroits des grottes les plus fimeufes : mais lorfqu'on confidère toutes ces différentes apparences, fans fe livrer à l'idée du merveilleux, on n'y voit que la repréfentation de plufieurs chütes d'eau; ce font des cafcades qui femblent avoir été fixées & confolidées dans Vinftant où elles formoient des nappes & des bouillons. La différence des formes des ftalaétites la plus remarquable aux yeux d’un Naturalifte, eft à leur furface; les unes font hérifiées de tubercules, de pointes ou d'éminences taillées à facettes, tandis que les autres font prefque lifles, & à peu près unies dans leurs différens contours. La caufe de cette variété de configuration vient de laqualité & delacombinaifon des matières dont les ftalaétites font formées & de la quantité de l'eau qui a été l'agent de la formation. Lorfqu'il fe trouve plus de matière de fpar que de matière pierreufe, c’eft-à-dire plus de matière pure que de matière groffière, & que l'eau ne coule qu'en DES SCIENCES. 3 tite quantité, les particules de fpar fe cryftillifent en fe réu- niflant en flalactites & forment des efpèces de cryftaux fur la furface extérieure de chaque grouppe; mais s’il y a plus de matière pierreufe que de fpar, les molécules de fpar font retenues entre les particules de pierre; elles ne peuvent s’ap- procher ni s'arranger régulièrement; de même, fi l'eau les apporte en trop grande quantité & les amoncelle trop brufque- ment, elles reflent en defordre, parce qu'il n’y a pas affez de temps ni aflez d'elpace pour faire un arrangement régulier, & même du fpar bien formé eft quelquefois recouvert par UNE ma- tière terreufe ou pierreufe. Ainfi différentes ftalaétites s'unifient & fe confondent; c'eft ce qui arrive Je plus fouvent & ce qui doit néceflairement arriver, par la fuite des temps, à toutes les flaladtites des grottes qui fe trouvent fous de grands rochers. Il fe forme des flalaétites en différens endroits d’une grotte en mème temps, foit dans le milieu, foit contre les parois : ces ftalactites s’accroifflent continuellement, ou au moins, tant ue dure l'écoulement des eaux de pluie. Ainfi il doit fuinter de l'eau, prefqu'en tout temps dans les grottes qui font fituées à une grande profondeur : quand même le cours de Feau feroit interrompu, il eft certain qu'il fe renouvelleroit plufieurs fois chaque année; par conféquent il doit arriver que les ftalactites s'étendent au point de fe toucher les unes les autres, & de remplir l'efpace de la grotte en entier, fi a mafle de pierre qui l'environne peut fournir aflez de matière pour cet effet. Alors il fe trouve une carrière d’albâtre à Ja place de la grotte; le temps qui eft néceflaire pour opérer ce changement, n'eft peut-être pas auf long qu'on pourroit le croire: quelques années d'obfervations fur l’accroiflement des ftalactites, pour- roient nous mettre en état de le calculer ; mais je fais, par expérience, que les flalaétites qui fe forment fous les voutes ou contre les murs bâtis avec du mortier de chaux & de fable, & qui font compolées de particules de chaux, s'accroiffent bien plus promptement que les ftalaétites de fpar qui viennent de la pierre; la formation des flalactites de chaux fe fait auffr par da filtration de l'eau. Je ne ferai pas ici mention des 248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE flalactites de caillou ou de toute autre pierre vitrifiable; elles participent à la nature de ces pierres, & font par conféquent d’un ematière abfolument différente de celle de l’albâtre, Lorfqu'une grotte efl remplie d'albätre, au point qu'il ne peut plus y entrer de matière de fpar, l'eau change fon cours & va dépoler cette matière aux environs entre des graviers ou des blocs de pierre & de marbre, &c. car on voit des pierres qui ne font compolées que de graviers aflez imparfai- tement unis par le moyen de la matière du fpar; on en trouve des couches dans les fentes des rochers & on en diftingue des veines dans différens marbres, tels que les lumachelles, Ja bro- catelle antique, celles de Tortofe, de Sienne & d'Efpagne, le vert de mer, les marbres de Lifbonne, de S.-Hdephonfe, de S.-Ange & la plufpart des marbres de Flandre. Il y a au Cabinet du Roi un échantillon de marbre antique, qui eft en partie albâtre & en partie marbre; ce qui eft albâtre, ef coloré d’une teinte rougeñtre, comme celle des plus beaux albâtres orientaux, & les cryflaux de {par n'ont que le degré de tranfparence de l'albâtre; on trouve au contraire dans les marbres de Bourgogne, des cantons de Monibard, Buffon, Sainte- Reine, Fhvigny, Ogny, le Val-de-Sufon, &c. des parties de fpar pur & fort tranfprent, qui font placées jufque dans le milieu des blocs & qui occupent fouvent un aflez grand efpace. Non feulement la matière de l'albâtre fe trouve jointe à celle du marbre, mais le marbre peut aufli, comme la pierre, produire de l'albätre, & il y a tout lieu de croire que les albâtres orientaux, qui font plus durs & mieux colorés que Yalbätre commun, viennent du marbre, parce que les parti- cules métalliques qui colorent le marbre entrent dans la com- pofition des flalactites : de là viennent les belles couleurs des albâtres auxquels les Italiens ont donné les noms d'a/abaffro a rofa, alabaffro frorito, alabaftro agatato, &c. Cet expofé de la formation de falbâtre fait voir pourquoi fes carrières ne font pas difpofées par bancs & par lits hori- zontaux , interrompus par des fentes verticales, comme celles de Ja pierre & du marbre, & donne les moyens d'expliquer difiérens D'ESVS CTENCE $s 2 différens phénomènes que l’on remarque dans l'albâtre; fa demi-tranfparence vient de celle du fpar dont il eft compolfé; {es diverfes couleurs font produites par les différentes matières qui fe mélent au fpar ; les veines de l’albâtre, dirigées en cercle, en ondes, en lignes droites ou contournées de toutes manières, font formées par les différentes couches des flalactites ; on trouve même quelquefois des vuides entre deux couches, parce que l'eau y pañloit en trop grande abondance pour que les particules de matière qu'elle charioit puffent s'attacher à la fldaétite. Car l'eau, qui eft la principale caufe de la for- mation de lalbâtre lorfqu'elle filtre en petite quantité, y oppofe un obfacle infurmontable lorfqu'elle coulé en grand volume & avec rapidité, 41) 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SU REA, D RU ENCRES TION CR QU'AFFECTENT LES FILS-A-PLO MB*. Par M BouGuERr. OO a douté plufieurs fois dans le dernier fiècle comme dans celui-ci, de l'invariabilité du centre de gravité de la Terre par rapport à la mafle entière du globe. I fe fait tous les jours ici bas des déplacemens confidérables de ma: tière: fans parler de ceux qui font purement accidentels, les eaux de l'Océan ne peuvent abandonner nos côtes pendant fix heures, & fe rapprocher de nous pendant fix autres heures, fans apporter quelques changemens dans le point de tendance des graves, qui n'eft autre chofe que le centre de gravité commun. Ainfi nos fils-à plomb qui indiquent ce point & qui en doivent fuivre tous les mouvemens, ne font peut-être pas exempts de quelques légères alternatives dans leur direction ; ils peuvent, par des ofcillations très-lentes, avancer vers un côté ou vers l'autre, felon que le centre de gravité commun change de place. Quoique cette penfée ait dû fe préfenter naturellement aux Phyficiens, il y a tout lieu de croire que le premier qui en ait été affez frappé pour vouloir Ra vérifier, et un gentilhomme de Dauphiné, nommé Calignon de Peirins. Ü fit fur un pendule de 30 pieds de longueur, des expé- riences que Gaflendi publia dans une Lettre adreffée au fa- meux Gabriel Naudé. L'Obfervateur avoit cru voir le pen- dule avancer pendant fix heures, d'une très-petite quantité vers le feptentrion, & employer les fix heures confécutives à fe rétablir dans fa première fituation. Ce phénomène fi extraordinaire excita une difpute aflez vive entre plufieurs Savans. Gaflendi avoua enfin que le fait qu'il avoit commu- niqué au public n'étoit pas fuffifamment conftaté; mais % Ce Mémoire a été Mi, dans l’Affemblée publique du 28 Avril 1756. DES SCIENCES. 251 d'autres Savans, comme Morin, Profeffeur au Collége royal, préiendirent s'en être rendus témoins depuis qu'ils en avoient été avertis. Si l'on conlulte le volume de l'Hifloire de {’'Aca- démie de 1742, on verra jufqu'à quel point M. de Mairan y rend la chole problématique, & on fe convaincra qu'elle méritoit d'être foumife, à un nouvel examen, à caufe des con- féquences qu'elle peut avoir. Si cette queftion étoit de nature à être décidée par le feul calcul, nous ne craindrions pas d'aflurer que la maffe des eaux tranfportée n'eft jamais aflez confidérable par rapport à celle du globe, pour pouvoir changer fenfiblement le cenire de gravité commun: nous montrerions que ce point me peut fouffrir par cette caufe fuppofée unique, qu'une va- riation de quelques pouces dans fa pofition ; quantité trop petite, & en même temps trop éloignée de nous, pour pro- duire fur nos fils-ä-plomb un effet fenfible. Mais ce phéno- mène pourroit dépendre de quelqu'autre caufe plus puiffante; & puilqu'il s'agit d'un fait, il faut néceffairement, pour fe décider, avoir recours aux obfervations. C'eft ce que penfa M: de Mairan en 1742, & c'eft aufli ce qu'a penfé M. le Baron de Grante, Colonel d'Infanterie, dont lhabileté n'eft pas moins connue que fa candeur eft au deffus de tous les témoignages qu'on en peut rendre: il a fuivi effectivement cette route, & il aflure avoir remarqué dans la fituation des fils-à-plomb, des alternatives périodiques très-confidérables. Cet Officier nous en inftruit dans une de fes Lettres rendue publique depuis plus d'un an*, à laquelle on n'a jufqu'à: préfent rien oppofé. 11 commença fes recherches à Paris en 1743, en fe fervant d'un pendule de ;30 pieds de longueur : le plomb fe terminoit par une pointe qui, en fe repofant prefque fur le pavé, permettoit d'en obferver les mouvemens. Cette pointe traçoit dans l'intervalle d'un jour, mne ovale ou ellipfe dont le grand axe dirigé dans le fens perpendiculaire au méridien étoit de 2.+ lignes, au lieu que de petit axe m’étoit que d’une ligne: le: plomb parvenoit à Fextrémité de Yellip{e-vers Forient & vers l'occident à fix lii * Mém. de Trévoux, Oltob. 1754, 1°" vol. 2$2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE heures du matin & à fix heures du foir, & il fe trouvoit toûjours du côté du Soleil par rapport au centre de la petite ellipfe. L'Auteur voulut répéter l'expérience fur d'autres fils- à-plomb fufpendus dans la même falle, mais ils ne s’accor- dèrent point entr'eux ; ils eurent même des mouvemens ab- folument contraires, quoiqu'ils traçaflent toüjours en vingt- quaire heures de petites ellipfes; ce qui fit penfer à notre Oblervateur que le lieu dans lequel il faifoit fes expériences étoit lui-même fujet à quelque mouvement alternatif. H ne pouvoit guère choifir après cela d'endroit plus con- venable que celui que lui offroit le château de Saint-Pierre- du-Vauvrai proche Louviers. Une cave y eff taillée dans le roc fous une montagne; des bancs de pierre à fufil s'y, trou- vent pofés alternativement avec d'autres bancs d'une pierre blanche & tendre, & un banc de pierre de la première ef pèce fert de ciel à la cave. M. de Grante, en employant un pendule de 1 1 pieds, y reconnut par une fuite d'obfervations faites aux mois de Novembre & de Décembre 175 3, lorf que toute la terre étoit couverte de neige, que le plomb füuivoit encore le cours du Soleil, & cela fans nul rapport au mouvement de la Lune, ce qu'il lui fut très - facile de reconnoitre, en obfervant le fil avec le même foin, lorfque cette Planète étoit hors de fes conjonétions ou de fes oppo- fiions. Le plomb, dont la marche dépendoit uniquement du Soleil, traçoit une petite ellipfe dont le grand axe, toujours perpendiculaire au méridien, étoit d'une demi-ligne, & le petit d’un quart de ligne. Cet Officier s'eft afluré de ce phé- nomène, fans en chercher la caufe: il affirme fimplement ce qu'il a vû, liant à d'autres à éclaircir la difhculté, qu'il étoit cependant très en état d'approfondir lui-même: il fe contente, en regardant le fait comme certain, d’enfeigner les corrections qu'il faut faire en conféquence aux obfervations des aftres, felon l’inftant de leur médiation. Les afcenfions droites pourroient principalément être défeétueules, puifque les dévia- tions du fil-à-plomb font deux fois plus grandes dans le fens de l'orient & de l'occident, & que les excurfions du pendule DIBISAUS GT EN IC € SN 253 vont à 1° 5” dans cette direction. Après tout, M. de Grante -reconnoît qu'elles pourroient n'être qu’apparentes, & venir de quelque léger mouvement dans la voute du foûterrain. Tous les Obfervateurs conviendront que l'éclaircifiement d'un pareil doute n'eft point indifiérent aux progrès de l'Af- tronomie: la certitude & même fexactitude d'un grand nombre de pratiques de Géométrie & de prefque toutes les Oblfervations céleftes y font attachées. La pofition de plufieurs Etoiles feroit mal déterminée, nous n’aurions les élémens d'aucune Flanète avec affez de précifion; il ne faudroit non plus tenir que peu de compte des grandes opérations frites par ordre du Roi dans les régions les plus éloignées pour découvrir la figure de a Terre. Quelqu'intéreflé que je fois dans le fuccès de ces derniers travaux, ce neft pas néanmoins ce qui me détermine à prévenir fur le fujet dont il s'agit, le jugement des Savans, celui principalement du célèbre Af- tronome à qui la letue de notre Auteur eft adreffée; mais J'ai depuis long temps fur cette matière un nombre aflez con- didérable d'obfervations ; & fuppolé que contre mon attente ælles ne lèvent pas ablolument tous les doutes, je fuis au moins {für qu'elles répandront beaucoup de lumières fur la queftion. J'ai déjà rapporté ‘dans nos Mémoires de 1744 & de 3745, qu'on oblerva à Quito pendant notre féjour au Pérou, des étoiles voifines du zénit, en fe fervant de grandes lu- nettes de dix ou douze pieds de longueur, fcellées contre des murs. Ces étoiles parurent chaque jour fujettes à des mouvemens fort irréguliers & très-différens de ceux dont nous devons la connoiffance à M. Bradley : on les vit quelquefois “dans l'intervalle de fept à huit jours changer de fituation de 30 ou 3 5 fecondes, & elles parurent enfuite, dans un nombre de jours plus ou moins grand, reprendre fenfiblement leur “première place. Je crus devoir atiribuer ces mouvemens au jeu de thermomètre où d'hygromètre auquel étoient fujets les: édifices. Le moyen le plus fimple de s'en aflurer, étoit de fceller des lunettes contie des murs diverfement orientés, S Li ii 254 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE afin de voir fi elles donnoient les mêmes changemens ap arens, & de joindre outre cela à côté mème des lunettes, des fils à plomb auxquels on püt les comparer. Mes con,ec» tures furent confirmées ; les fils-à-plomb montrèrent que les lunettes n’étoient pas aflez fixes, & qu'il falloit attribuer aux changemens alternatifs de leur direction, toutes ces variations étonnantes & peu réglées qu'on croyoit découvrir dans le Ciel. Les murs s'inclinoient tantôt vers un côté & tantôt vers l'autre, & il dût réfulter de leur action & réaction ré- ciproques dans chaque Obfervatoire un mouvement prefque toûjours circulaire: ou elliptique, femblable à celui qu'on a oblervé dans le château du Vauvrai, comme nous allons Île faire voir. Si l'on fuppofe qu'une grotte où une cave foit couverte d'une voûte en plate-bande où d'un banc de pierre d'une certaine épailleur, pofé horizontalement, ce banc pourra être fujet à une dilatation fenfible par la chaleur; & fi tous les endroits fur lefquels il s'appuie ne mettent pas plus d'obftacle les uns que les autres à fon extenfion, fon centre reftera précifément dans la même place: ce centre fera parfaitement immobile, pendant que tous les autres points s'en éloigneront à mefure que la chaleur produira fon eflet. Rien ne déter- minera de centre à avancer plus d'un côté que de Fautre, puifqu'il éprouvera de toutes parts une égale réfiflance, & ce doit être à peu près la même chofe dans tout corps qui fe dilate; il y a prefque toüjours, pendant que tout le refte eft en action, un certain point qui conferve un exaét repos, quoiqu'il ne foit pas toûjours fitué au milieu. Si lon fufpend donc un fil-à-plomb dans ce point précis, il ne fouffrira aucun changement ; limmobilité du point de fufpenfion fera caufe que le plomb répondra toûjours exaétement en bas au même endroit du fol de la grotte. Les circonftances feront totalement différentes, sil s'agit des autres points de la voûte où du banc de rocher: leur mouvement fera d'autant plus grand, qu'ils feront plus éloi- gnés du centre ou du point immobile, puifque leur jeu ’ DIE! SAS; C:1 E NiC:E.s 2 répondra à l'exienfion de toute l1 partie du rocher ou de. voûte comprife entre ces points & celui qui conferve conf tamment fa place. Il n’eft pas moins clair que le mouvement alors fera toüjours reétiligne : chaque point ne peut s'éloigner du centre que felon un rayon par 'aétion de la chaleur, & il retournera fur fes pas précifément felon ft même ligne lorfque le corps fe rétablira en fe contractant. Ainfi les fils- ä-plomb fufpendus à ces derniers points répondront d'une heure à l'autre à différens endroits du fol, ils paroîtront fujets à quelque déviation par rapport à la ligne verticale, quoiqu'ils confervent exactement leur même direétion; ils ne change- ront de place en bas, que parce qu'ils en changeront en haut. Les changemens fe feront outre cela en fens directe- ment contraires, fi l'on place les fils-à-plomb de différens côtés du cenue, & la quantité de la variation, ainfi que nous venons de le voir, fera toüjours proportionnelle à a diflance à ce même point, fuppofé que le rocher qui forme la voûte foit homogène & par-tout de même épaifieur. I ne faut pas au refle {e perfuader que ces mouvemens foient peu con- fidérables : j'ai obfervé plufieurs fois qu'un pavé de brique pendant deux ou trois heures de foleil $étendoit d'un tiers de ligne fur douze pieds de longueur; cependant ces briques étoient pofées de champ, & elles n'étoient échaufféés que par une très-petite partie de leur furface. | Mais les variations du point dé fufpenfon feront diffé- rentes, & elles cefleront prefque toüjours de fe faire en ligne droite, lorfqu'elles ne feront caufces que par les murs d'appui du bâtiment, ou par les parois de la grotte. Les murs d'appui ne feront pas échauffés en même temps, & il n’eft pas pof fible que le point de fufpenfion du pendule livré à des ac- tions inégales & fucceflives dans des directions différentes, ne décrive une ligne courbe, & une courbe rentrante, pour parler comme les Géomètres. - Confidérons d’abord le filà-plomb à minuit, en prenant : æJe viens peut-être, il efb vrai, trop: tard faire connoître -que da France polsède auffr de ce foflile. On n'apprendra probablement qu'avec une certaine indifférence cette décou- werte dans un temps où l'on fait ;; comme dit Cartheufer, Freder.Carshenf. ique; l'oftéocolle:eft un médicament de peu de vertu, s'il en 2 is -&timême une; qu'il efbtout au plus unabforbant propre à Paris, 17522 sa pes & nullement capable de produire le cal s:foit qu'on l'applique: extérieurement ; foit qu'on je Prenne intériemement.: Mais. une, des vües que je me fuis à + A recherches fur les foffilés, étant de tâcher :de-découvrir en France:ceux de ces. corps qui ont été le LI üj 270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE plus-en-recommandation -dans les pays étrangers à-la France, j'ai cru que je, pouvpis> que je devoisimême, ne pas taire ce que je fais fur#a Hatidke que jé regarde comme une vraie oftéocolle, & que l'on trouve aux environs d’ Étampes. Étampes eft une ville du fecond rang, fiuée à douze lieues de Paris, fur les rivières de LLoberes "& de Chalouetie, Voy.les Antiqir. Qui fe réuniflant à l'entrée de la ville, la traverfent pour aller LR ED BG arrofer une bélle' pfairie ‘dans laquelle eles fe joignent à la Flareux, y. 1, Juiné pour ne: former qu'une ‘feule rivière, connue- foû is le 2,9 3 4, nom derivière d' Étampes, qui va fe décharger dans la Seine arte minéra 08. fer dans ts à Corbeil. C'eft fur les: bords de la prémière de ces rivières, He à favoir, la; Louette, que l'on rencontre principalement :le 66 Li foffile dont il s'agit. Le canton où il eft le plus gonmmun, commence à:la porte de da ville, appelée porte de Chaufour, parce. qu ‘on pafle par cette porte pour aller à un moulin ui a de même nom. Dans cet endroit de bord occidental de la rivière eft, dans l’efpace de quelques centaines de pas, fort élevé en comparaifon rs ce qu'il eft après :cette étendue, Cette élévation n'a été occafonnée que par le dépôt de la matière qui a formé l'ofléocollé, comme je l'expliquerai par: Ja fuite, lorfque j'aurai décrit & mieux fait connoître cette efpèce de foffile. L'oféocolle d'Étampes forme des tuyaux longs depuis trois à quaire pouces jufqu'à un pied, un pied & demi, & plus. Le diamètre de ces tuyaux eft de deux, trois, quatreignes, & même d'un pouce; les uns, & c'eft le plus grand nombre, x Voy. PL I, font sylipésiques *: les autre. font formés de plufieurs pores Done de cercle, qui réunies forment une colonne à plufieurs pans*. x sera 2. I] y en a d'aplatis * ; les bords de quelques autres font roulés à Fi & en dedans fuivant leur longueur *, & ne font par conféquent ea # que demi cylindriques. Plufieurs n’ont qu ‘une feule couche, mais beaucoup plus en ont deux ou trois; on diroit que ce font autant de cylindres renfermés les uns dans les autres: le * Fig. 1,4. milieu d'un tuyau cylindrique fait d'une ou de deux conches*, + Fig, ç, (M Contient quelquefois un troifième qui eft: prifmatique * Fig. 6. triangulane*, Quelques-uns de ces tuyaux font coniques*; DES) S CT E N°CeEns. : M 27 d'autres, ceux-ci font cependant rares, font courbés & forment prefque un cercle *: de quelque figure qu'ils foiént, leut furface> * Fig. 7. interne eft lifle, polie &:oïdinairement flriée* ; extérieure ft» * Fig. 8. raboteufe &boffelée *, fa couleur eft. d'un affez beau’ blanc de; * Fig. 1,4, marne ou dé craie: celle de la furface interne efl quelquefois 2 b, b. d'un jaune tirant fur le rougeñtre, & filelle eft blanche, ce blanc:eft toüjours um peu fales, -1 164 00 ob Blot - Quoique ces tuyaux foienttrès-bien: diflingués Les uns des autres, qu'il foit affez facile de les féparer, on peut ce- pendant dire qu'ils ne compolent en quelque forte qu'une feule & même mafle* qui forme une efpèce de rocaille na- * Voy.PLIL, turelle, affez: femblable à ‘celles que lon fait quelquefois à + certains jets d'eau & aux coquilles des nappes d’eau. Enieflet, :_ la pofition refpeétive de ces tuyaux; qui ef différente, les uns étant comme fufpendus à là couche des terres qui les recou- vrent en deflus, les autres étant dans un fens contraire & affis fn Jedol;scette potion, dis-je, donné au total quelque air de ces ouvrages d'architeéture qu'on appelle ruffiques. 1 re + Le bord occidental. de la rivière n’eftpas le feul qui-foit: ainfi -incrufté de ces mafles tabulaires; celui qui eft du côté | eppofé en eft auffi garni, mais en moindre quantité, & de ppolé € x garn cles DEL façon que le folide qui en eft fait n'éft pas fr élevé ni fr | étendu : il femble que:celui de Fautre bord'aitun point où Félévation eft la plus-grande, & que de part & d'autre elle diminue,en. une forte de talus ou de plan:incliné, dont lin- clinaifon peut être ide fept à huit pieds, ce qui. eft à peu près : hauteur que cette efpècè de:tertre peut avoir. La-maffe di bord oriental n'eft guère que de niveau avec la partie la plus baffle de la mafle oppolée; de forte qu'on pourroit regardes Ja première: commerunecontinuité de l'autre, qui>a peut-être été féparée-par a rivière qui auramaturellement changé fon cours, où à qui on l'aura fait changer pour‘des raifons qu'il eft ai fuaginen 1x9 5199 you dobuog auÂtuS air 51 +» Cet efpace dû bordydela-Louette ;-c'eft -ä- dire; celui qui éfkscompris emre:la porteide Ghaufour où moulin qui-porte y nomr& qui efbpzs klorgnérdesceite porte, & unmoulir rsçun 272 MÉMOIRES: DE L'ACADÉMIES RoYALE à tanqui eft. plüs haut fur cette même rivière, cet efpace, dis-je, eft l'endroit ‘où: Jai encore và l'oftéocolle en plus grande: quamé: on en: trouve de plus de l'autre côté de la ville, & prelque vis-à-vis & le long du chemin qui conduit à la porte d'Orléans, dans untendroit qui regarde les moulins à papier établis furuñe branche de l Chalouette, & furles bords des foflés de la ville qui fc font de ce côté. La mafle que-ces tuyaux: y forment eft moins à découvert & ne paroït pas i confi- dérable en hauteur ni en longueur: je ne puis pas cependant décider au‘juite toutes les dimenfions de ces maflifs, n'ayant pas fait fouiller dans les terres pour n''aflurer de leur étendue, cette circonftance ne-n''ayant pas paru bien intéreffante pour l'hifloire de ce foffile. I eft au refte formé dans ce dernier endroit, comme dans le: premier, en tuyaux de differentes figures, &. pofés, à peu de chole près, de 11 mème façon que les premiers. Loriqu'à infpeétion des endroits où l'on trouve ces tuyaux, on réfléchit fur ce qui peut teur avoir donné maiflance, il fe prélente naturellement deux difficultés à réfoudre:: qu'eil-ce qui peut leur avoir donné la figure qu'ils ont? & d'où vient la matière dont ils font formés? L’explication de lapiemière difficulié me parut d'abord très'difficile à trouver, d'autant plus que les tuyaux de différentes figures lont pêle-mêle & com- polent enfemb'e la malle totale. Je ne voyois fur-tout que très- imparfaitement , comment les tuyaux prifmatiques pou” voient s'être formés. Il ne s'agifloit pas ici d'avoir recours à des parties de même figure, qui réunies formoient un corps femblable à chacune d'elles, comme on le fait pour expliquer k figure des corps réguliers qui peuvent avoir celle-ci où qui l'affedent: les parties qui compofent les tuyaux cylin- driques, étoient de la même matière; aufli ne me era: ni long-temps arrêté à cette idée. : : Lei Je crus enfuite pouvoir trouver - cette explication en fie pofant que l'eau, traverfantidans: les pluies da muffe» où 2ces tuyaux font formés, s'étoit. pratiquée des iffues (emblables à ces tuyaux : je n'étois guère émbarraflé pour-expliquer, par ce moyen, D E:S, SC. TE N C:E.5. 273 moyen, les tuyaux cylindriques, il me fufhfoit que l'eau eût péné- tré ce mañlif en ligne droite & perpendiculaire pour les former : il me fembloit même avoir trouvé {a raifon de ce qu'ils étoient Jiffes en dedans; le pañlage rréitéré de l'eau par les tuyaux une fois ouvert, devoit les polir de plus en plus. Mais comment expliquer les tuyaux prifmatiques, les différentes couches de quelques-uns & les ftries de leur furface interne convenoit-il d'imaginer que trois, filets. d'eau avoient en même temps, ou dans des temps diflérens, traverfé le maffif, de façon qu'ils fe fuffent tracé des chemins qui fe joigniffent à angles égaux ! Ces tuyaux font trop réguliers pour être l'effet d’une caufe fr irrégulière; & quand cela feroit poflble, qu'eft-ce qui auroit formé les flries de ces tuyaux? feroient-ce! les dernières gouttes ou. les derniers filets d’eau , en coulant fur la furface interne des tuyaux? on répondroit contre cette explication, que ces flries font trop femblables & pofées trop parallèlement les unes aux autres. Enfin, qu'eft-ce qui auroit occafionné ces différentes couches? l'eau, en traverfant le mafñif, ne devoit former que des tuyaux plus ou moins larges, felon la groffeur du filet d'eau qui auroit pénétré l'endroit où il fe feroit creufé un tuyau, & ce tuyau -auroit été d'une feule lime, Je crus avoir fuppléé à l'infuffifance de cette explication, en fuppofant que ces tuyaux n'avoient été ainfi formés que parce qu'ils avoient renfermé des os, qui, en fe détruifant, leur avoient donné les figures qu'on leur voyoit : j'étois d'au- tant plus porté à admettre cette idée, que j'avois trouvé un os long parmi ces tuyaux*; mais la pofition perpendiculaire des tuyaux, la forme contourñée de quelques-uns, me pa- f surent très - difficiles à expliquer dans cette fuppofition, fans parler des différentes couches de plufieurs & de ceux qui, étant cylindriques, en renferment de triangulaires. . Javois donc pris [a réfolution de m'en tenir au fait & de n'en point chercher la caufe, lorfque je penfai que ces tuyaux pouvoient être dûs à des tiges & à des racines de plantes aquatiques qui avoient été chargées de la matière qui com- pole les tuyaux, on qui l'avoient percée en y croiffant. Je Mém. 1754: M m * Voy. PL I, x Voy. PI. I, fig. 2, 274 MÉMOYRES DE WACADÉMIE ROYALE faifis cette idée, qui me parut expliquer très-aifément toutes les formes des tuyaux , leur groffeur, tous leurs attributs, leur ombre, leur pofition & le mélange des uns'avec les autres. Il y a dés plantés aquatiques dont les tiges font cylindriques, telles que font les #ypha ou mafles d'eau, les /crpus ; d'autres les ont triangulaires ou prifmatiques, telles que les fouchets. Dans ces genres de plantes, les tiges font d'une certaine groffeur; les cypéroïdes & les fcirpoïdes , parmi les prifmatiques, les ont grèles & ménués, de nième que les joncs parmi les cylindriques: Il me päroiïfloit donc que tout s'expliquoit, en fuppofant qu'il y avoit eu autrefois des plantes aquatiques dans ces en- droits, & qu'il s'étoit dépolé fur ces plantes une matière propre à prendre la forme de leurs tiges, où que ces plantes s’étoient infinuées dans cette matière & l'avoient ainfi moulée. Il eft prefque inutile de dire qué dans cette fuppofition, les tiges cylindriques font les noyaux des tuyaux cylindriques, les tiges prifmatiques ceux des tuyaux prifmatiques, & que la groffeur des uns & des autres eft en proportion de la groffeur des tiges qu'ils ont contenues. Les tuyaux à plufieurs pans * n'ont cette figure, que parce que plufieurs tiges cylindriques ont pénétré le même endroit, & que fe touchant par une partie de leur furface, elles n'ont imprimé dans le maffif que l'autre partie, ou que c'eft cette feule partie qui a été recouverte du dépôt; les tuyaux demi-cylindriques* ont été formés par une tige pourrie . ou rongée à demi; les tuyaux comprimés* l'ont -été par une . tige dans cet état, & ceux qui font prefque circulaires * par des tiges contournées de cette façon, ou pluftôt par quelques parties de racines qui peuvent aïfément prendre cette figure. S'il y a une quantité de petits tuyaux attachés fans ordre aux gros*, ce ne font que des parties de tiges brifées, & qui, tombées pêle-méle au bas des tiges, y ont occafionné tous ces’ petits tuyaux. Pourquoi plufiéurs des tuyaux font-ils bouchés . par un de leurs bouts*, & pourquoi fontt- ils plus gros par ce bout que par l'autre? cet accident n’eft que la fuite de la figure des tiges de toutes ces plantes, qui ont plus de groffeur par en bas que par en haut, 8 du dépôt qui a dû néceflairement DE st SUCT AE NC æi 84 0 MAM être plus confidérable aurfondde l'endroit où il s'eftfait qu'à la furface , & par conféquent être’aflez abondant pour,que l'ef,, pace que des tiges pouvoient laifler quelquefois entre-leur ex- trémité inférieure & la terre, pût être rempli par cette matière & former ainfi des tuyaux bouchés par ce bout. :; : «+ Enfin, tout s'explique-aifément, jufqu'aux fries,; au: poli, & à la couleur jaunâtre-de l'intérieur des tuyaux. Les|fhriès # * Voy. PI. I, ne font que l'empreinte des fibres des-tiges, les tiges m'étant, F3: 8 / SJ: réellement qu'un compofé de fibres longitudinales, parallèles les unes aux autres, & qui s'étendent d’une extrémité des tiges! à l'autre, ou qui ne font au plus interrompues que par les nœuds de ces mêmes tiges. Le poli ne vient que de ce que les tiges étant unies, fouvent fans branches & fans nœuds, fort apparens, elles n'ont pû rien laïffér de raboteux fur ces tuyaux. La couleur jaunâtre eft une fuite du mélange du fuc de la plante avec la matière dépolce: On n'eft pas plus arrêté par les tuyaux formés de différentes couches* , ni par ceux qui, étant cylindriques, enrénferment * Fig. 1, 4, de prifmatiques * : il ne s’agit que de fuppoler , pour expliquer % le premier cas, qu'après la formation d'un tuyau, il s'eft dé- * Fig: 5e. polé fur fx furface une ou deux fois de la matière compo- fante, qui a rempli en partie les_interftices qui étoient reftés entre les tuyaux formés, efpaces qui ne fe font lenfuite remplis qu'à la longue, & lorfque les endroitsioù ces tuyaux: fe trorivent fe font defléchés, que la matière.qui pouvoit encore être fufpendue dans l'eau s'eft infmuée peu à peu dans ces interf- tices, qui les ayant plus ou moins remplis, des a plus ou moins liés enfemble, comme il paroit qu’on leremarque encore lorfqu'on' veut détacher des mafles de ces tuyaux; opération que l’on fait avec facilité dans quelques endroits du maffif; tandis que dans d'autres il eftaffez difficile d'y parvenir. Les tuyaux prifmatiqués, enclavés dans des:tuyaux cylindriques, ñe le font ainfi que parce qué le premier ayant-été formé, il a crû une plante àtige prifmatique dans ce tuyau; &c qu'il s'eft fäitienfuite un dépôtur étre tige, qui,isétant détruité;.a laiffé le tuyau auquel elle-x fervicdernoyaus 2 sur M m ji 276 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Tous ces faits trouvent donc affez aifément leur explication, dans la fuppofition que nous avons faite de l’exiftence de plantes aquatiques dans les endroits où ces tuyaux fe rencontrent ; & cette explication eft d'autant plus jufte & doit paroître d'autant plus fatisfaifante, qu'on trouve encore dans quelques-uns de ces tuyaux des lames aflez longues, d'une fubftance fragile, ftriée, de même que les membranes des plantes aquatiques, & qu'on ne peut guère s'empêcher de regarder comme une partie des tiges qui ont rempli ces tuyaux; on y remarque encore la différence des fibres longitudinales qui, extérieurement, font alternativement proéminentes & enfoncées comme dans les plantes aquatiques. L'intérieur de ces plantes n'eft fouvent qu'un réfeau formé par des véficules confidérables : j'ai obfervé que, conféquemment à cette ftruélure, l'intérieur de certains tuyaux étoit rempli de grains de matière femblable à celle des tuyaux ; que ces grains étoient peu liés entr'eux, & ils m'ont paru sêtre moulés dans les véficules des tiges, qui, à caufe de leur tiffu lâche, n'ont pû donner naiflance à un amas de, la matière qui s'y eft dépolée qui fut dur & folide. Après avoir rendu raïfon de la formation des tuyaux, il faut maintenant faire voir d’où la matière dont ils font faits a pû étre apportée, ou fr elle eft naturelle à ces endroits ; queftion qui eft la feconde difhculté qui, comme on l'a dit plus haut, fe préfente à réfoudre lorfqu'on examine les endroits où ces tuyaux font placés. Ces endroits font fitués dans une vallée & à quelque dif- tance des montagnes voifines: ces montagnes font, pour la plufpart, chargées vers leur fommet d’an lit de marne plus @u moins dur; le fol de la vallée eft un fable ordinairement blanc, quelquefois d’un jaune de différentes nuances, & lon ne voit pas de marne dans d’autres endroits que dans ceux où ces tuyaux ont pris naiflance. Il eft donc naturel de penfer que la matière qui compole les tuyaux eft düe à cette marne des montagnes, & au fable des vallées ou des montagnes, puifqu'elles en font, pour la plus grande partie, auffi formées. Cette marne & ce fable auront été emportés par les averfes DE MAS CU E NIC E:s 277 d'eau, & arrêtés par les mares & les plantes dont elles étoient remplies & furlefquelles ils fe feront dépofés. Des crûes d'eau, femblables à celle du 2 Février 175 3*, arrivée à la Louette, & occafionnée par une fonte fubite de neige, ont pù auffi contribuer à la formation de ces tuyaux, lorfque les berges étoient peu élevées, en y occafionnant de pareils dépôts. Quand il n'y auroit pas encore le long de l’une ou de l'autre des rivières dont on a fait mention, de petites mares remi- plies de plantes aquatiques, où il pourroit fe former de * Cette crûe fe fit très-promp- | des montagnes, ou ne devoient pas tement, elle commença à el du moins en avoir beaucoup perdu, für les neuf heures du matin, onne | à caufe du peu de chemin qu’elles s'en aperçüt que lorfqu'on ne put y | avoient eu à parcourir, depuis les apporter du remède; l’eau monta, | fources de la rivière jufqu’a Étam- prefque dans l'inftant, à cinq ou fix | pes. Elles n’en font environ qu’à: pieds de haut, elle endommagea les | deux lieues & demie ou qu’à trois moulins qui étoient fur cette rivière: | lieues au plus. La ville d'Étampes eft les eaux furent toute la journée à | fujette à fouffrir ainfi de temps en s'écouler, & far les neuf ou dix heures | temps de pareilles crûes d’eau : l’on du foirila rivière fétoit rentrée dans | fe fouvient encore d’une qui arriva il fon, lit. Cette crûe ft l'effet d’un | v.a déjà du temps, occafionnée par le torrent qui tombe des montagnes; | gonflement des eaux de la Chalouette; &rquoique celles qui font voifines | il fu tel, qu'un quartier-bas de la ville, de la rivière ne foient pas bien ef- | que cette rivière coupe par plufieurs carpées, cependant comme elles for- | defesbras, & qui eft appelé Æ Perray, ment une vallée aflez étroite, l’eau | en fut tellement inondé, que les put ainfr acquerir afféz de vitefle | habitans furent obligés de quitter le & de force pour occafonner le | raiz-de-chauffée & de monter au pre- déoât qu'elle ft , & le faire très- | mier, d'où ils fortoient en bateau promptement. On peut voir dans la ! pour aller chercher les chofes nécef carte minéralogique des environs d'É- | faires à la vie: cette crûe dura plu- tampes, citée déja plus haut, l’état | fieurs jours. & la fituation des endroïts où la On voit, par ces obfervations, que Louette prend fon origine; on verra | quoique Îa rivière d’Étampes ne foit d’un coup d’œil qu’ils devoient con- | pas des plus confidérables, elle peut tribuer beaucoup à cer effet, Les | cependant, en certaines années, fources de cette rivière font dans des | contribuer beaucoup à la crûe deseaux anfes de montagnes, où il s’étoit | de la Seine où elle va fe jeter, fi accumulé beaucoup de neige, qui; | principalement la Juine, qui fe réu- par une fonte fubite ; s’écouloit | nit à la Louette & à la Chalouette, prefqu'en même temps dans [a ri- | fouffre, en même temps que:ces deux- vière, à caufe du peu d’étendue en } ci, Ja même augmentation d’eau, & largeunde ces anfes. Les eaux avoient | que cette augmentation fe fafle promp- conférvé à Etampes toute la vitefle | tement, comme dans les ças dont qu’elles avoient acquife en tombant | on a parlé, PE M m iij 278 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE nouveaux tuyaux, fr elles ne fervoient pas à faire rouir des chanvres, & f1 l'on n'empêchoit pas, par cétte manœuvre, la tranquillité avec laquelle Le dépôt doit fe faire pour la for- . mation des tuyaux; quand il n'y auroit pas, dis-je, de nos jours de ces mares, il n’y a pas de doute qu'il devoit s'en trouver beaucoup le long de ces rivières, lorfque le pays d'a lentour étoit couvert de bois, comme il paroït qu'il l'étoit, fuivant plufieurs traits de l'hiftoire d'Etampes, par le Père Fleureau *, Au moyen des dépôts fucceffifs, la berge a dû s'élever, & il eft facile de s’apercevoir qu'elle l'a fait, puifque, lorfque l'on veut détacher quelques maffes de tuyaux, il arrive affez fouvent qu'il s'en fépare des blocs, dont la bafe eft terminée, & dont les tuyaux font bouchés par l'extrémité inférieure, & que ces blocs paroiffent avoir été affis fur d'autres, diftinéts de ceux-ci ; de forte qu'il feroit peut-être affez facile, fi l'on faifoit une coupe exacte de toute la hauteur de la berge, de remarquer combien il y a de plans de ces tuyaux, & combien il y a eu par conféquent de crües d'eau qui les ont formés, ou du moins à combien de reprifes cette élévation s'eft faite, I pourroit bien en eflet être arrivé qu'il eût fallu plufieurs de ces crûes pour former un plan de tuyaux, qu'il ne fe feroit élevé qu'à la faveur de plufieurs années, & il n'eft pas impoflible * Le Père Fleureau, en voulant | » coup au château appelé Ia tour de rendre raifon de ce qui put engager les premiers peuples qui fe fixérent à Étampes, à le faire, dit que ce fur probablement « les belles prairies, » remplies de beaucoup d'arbres , en- » vironnées de’collines, au deffus def= » quelles s'étendent des plaines très- fertiles, page 2..» A la page “a l'Auteur rapporte que «le Roï Robert fe plaifoit à » Etampes, & y venoit fouvent pour » y jouir.de la bonté de l'air & de » la beauté du pays, qui écoit plus » couvert qu’il nef préfentement. # La tradition du pays porte que » Ja Reine Brunehault fe platfoitheau- » Brunehault, à caufe de fon agréable » fituation ; car d’un côté il a la prai- » rie, & de l’autre 1/ avoit Les bois, » où il n’y a plus aujourd’hui qu’une » plaine, nommée la Varenne, c’eft- » à-dire, la Garenne, par le change- » gement de G en Ÿ, anciennement en ufage & fort commun: page 1 6, » On voit, par ces paflages & quel- ques autres de ce même Ouvrage que l'on peut confulter, que les environs d'Étampes étoient couverts de beau- coup de bois, &:qu'ainfi les vallées devoient , en plufieurs endroits, être marécasgeufes & remplies de plantes aquatiques. TEEN SE DE NÎe' Es. 279 que les tuyaux, commencés à fe former, aient renfermé des tiges des mêmes plantes plifieurs années de fuite, & que ces tiges, recevant des dépôts à plufieurs réprifes, les aient ainfr agrandis fucceffivement. Mais, quel que foit le temps que les tuyaux ont été à fe former, on ne peut guère douter, à ce que je crois, que la caufe que nous aflignons pour leur formation, ne foit plus que probable. On peut encore en tirer une preuve d'une obfervation que j'ai faite plufieurs fois dans les environs de Ia même ville d'Etarmpes: j'ai rencontré aflez fouvent des tuyaux de quatre à cinq poucés de long, de h groffeur du petit doigt, cylindriques ou à plufieurs pans irréguliers, hériflés d’efpèces de petites branches ou ramifications très - délicates & très faciles à rompre : ces ramifications leur donnent affez l'air de petites branches de corail ou de lithophyte. On trouve ces tuyaux branchus aflez ordinairement attachés aux côtés des fentes des montagnes, des fouilies qu'on y a faites, ou bien dans la pente de ces mêmes montagnes, où l’eau, en ferpen- tant, caufe de petites cafcades au bas de chaque faut, defquelles il pend fouvent dé ces tuyaux : lorfqu'on les froiffe entre les doïgts, il eft aifé de s'apercevoir qu'ils ne font qu'un compoié de parties marneufes & de fable. Cette marne, délayée par Veau & coulant le long d’endroits capables dela faire féjourner, $y attache de façon que fi le fable fur lequel ces tuyaux font couchés vient à s’écrouler , ils forment des efpèces de réfeaux groffiers & à jour. Si cette eau, chargée de marne, fe filtre à travers des fables, & qu'elle rencontre quelque lieu où elle puifle s'arrêter ou quelques fibres de racines qui reçoivent ce qu'elle charie, alors ces tuyaux fe forment dans l'intérieur des montagnes, & fouvent en cieufant on met à découvert des corps cylindriques, longs de quelques pouces, creux & d'une certaine confiflance: quelquefois ce ne font que des plaques de ces mêmes matières, qui n'ont point de figure ré- gulière; différence qui ne vient fans doute que de la différente figure de l'endroit où le dépôt s'eft fait. On s'aperçoit aifément de la conformité qu'il y a entre Mercure de Trance, Juin 175 tome À, page 159 € fuir. 286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la caufe productrice de ces derniers tuyaux & celle qui donne naiflance à ceux dont il s'eft agi d'abord. Ici ce ne font que de très-petits filets d’eau, que les pleurs des montagnes, comme Von dit, qui détachent la marne, & qui la détachent en petite quantité, qui ne peuvent pas la porter au loin ni jufque dans la plaine, au lieu que le premier effet peut être produit par des averfes, par des fontes de neige, qui charient la marne jufque dans les vallées & les plaines éloignées des montagnes qui en font charges. Si j'avois eu befoin d'une preuve de comparaifon pour foûtenir la jufleffe de cette explication, & que Îles obferva- tions de M. Jacquin fur le foûterrain d'Albert, petite ville de Picardie, à cinq lieues d'Amiens, euflent été données au Public, j'en aurois trouvé une dans ces obfervations. Le foû- terrain en queftion eft une cave de plus de cent pieds de long, ou plutôt c'eft une efpèce de boyau étroit, large au plus de deux à trois pieds, ouvert fur le côté d'une carrière qui fert aux ufages pour lefquels les caves font ordinairement em- ployées. À droite & à gauche de ce long foûterrain, lon ne voit que tuyaux de différentes longueurs & groffeurs, des maffes de corps infiniment ramifiées, des efpèces de colonnes plus ou moins cylindriques, droites ou couchées, du corps def quelles il fort quelquefois des branches aflez confidérables: a mafle entière de tous ces différens corps, au milieu de laquelle on a percé ce foûterrain, & au milieu de laquelle on le con- tinuera quand on le voudra, ef polée fur un fond d'une efpèce de glaife d'autant plus mêlée de la matière dont les tuyaux & les autres corps font formés, qu'elle eft plus proche de la bafe du maffif. A la vûe de ce foûterrain fingulier, je fus, je l'avoue, furpris du fpetucle curieux qu'il préfente, & je ne doute point que la perfonne la plus indifférente pour l'Hifloire Naturelle ne Jeüt été autant que moi; mais ce qui me flatta Je plus, fut la preuve que jy trouvai, de ce que j'avois avancé fur lori- gine de l'oftéocolle d'Etampes : je reconnus, à n'en pas douter, qu'une caufe femblible avoit opéré de Ja même façon ae es D'EMSUNS ©°LE N'C' ES 287 Jes deux endroits. Le foûterrain d'Albert, de même que les éndroits des environs d’Étampes qui renferment de l'oftéo- colle, ont anciennement été des marais ou des mares remplis de rofeaux, de maffes d'eau & d'autres plantes aquatiques qui ont été incruftées d’une matière de Ja nature de la craie ou de la marne, entraïnée des montagnes par les pluies & Les débordemens des rivières. Quoique les preuves que j'en aï apportées dans mon Mémoire, duflent, autant qu'il eft probable de l'efpérer, paroître com- plètes, j'en retrouvai avec plaïfir de nouvelles preuves dans ce que je vis à Albert. On ne rencontre point à Étampes de ces mafles qui font fi délicatement ramifiées, & qu'on ne peut méconnoître pour des incruftations de moufles plus fines les unes que les autres, de ces cylindres confidérables, qui ne font autre chofe quedes incruftations femblables de troncs, ou pluftôt de fouches d'arbres & de leurs racines ; & ce qui me parut devoir faire évanouir toutes fortes de difficultés, ce font les co- quilles qui fe rencontrent dans l'efpèce de glaife dont j'ai parlé plus haut, Ces coquilles, qui ont confervé {eur fubflance, qui ñe font point pétrifiées , & qui ont fimplement changé de cou- leur, qui de brunes font devenues blanches; ces coquilles, dis-je, font précifément celles que l’on connoît fous le nom de grand, de moyen & de petit buccin d'eau douce & des marais: de plus, la glaife qui renferme ces buccins eft de Ja nature de celle dont le fond des maraïs eft ordinairement couvert, c’eft-à- dire, d'une glaife peu tenace & qui approche un peu de la na- ture de cette terre qu'on appelle communément de la bourbe, & qui n'eft qu'un compolé de parties terreufes, de celles qui font produites par la décompofition des végétaux, & peut-être même dés animaux, qui fe trouvent dans les eaux. De pareïlles preuves ne doivent laïfler aucun doute, & s'il en reftoit, l'obfervation fuivante me fembleroit devoir les faire tomber entièrement. ’ : On fait que le fond des mares prend ordinairement une figure courbe, qu'elles font plus larges par le haut que dans leur fond, qu'elles font en quelque forte un cone rénverfé. Mém. 1754: Nn 282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'ai remarqué quelque chofe de pareil dans un endroit de fa partie du foûterrain dont on a tiré des pierres à bätir; une portion du ciel de cette carrière s'efl détachée & a formé fur le plancher un tas énorme de terre, de parties marneufes & de pierres. La place d'où toutes ces matières font forties, a précifément la forme du fond d'une mare: cet endroit eft circulaire, fes côtés femblent être en talus, & il n'y a guère lieu de douter que sil n'eût été poflible de fouiller aifé- ment dans l'amas des matières qui remplifloient ce vuide, je n'y eufle trouvé des vefliges de coquilles, & peut-être de plantes incruftées. Cet endroit du foûterrain n'efl pas, il eft vrai, celui où lon voie beaucoup de ces incruftations ; ainfi il y auroit lieu de penfer que la mare en queftion en étoit dépourvûe; mais comme on commence à en rencontrer dans un endroit peu éloigné de celui-ci, on peut cependant foupçonner qu'il y en avoit réellement. Quoi qu'il en foit, la forme de cette partie du ciel du foüterrain, laquelle je crois pouvoir regarder comme une mare, me femble prouver qu'il y en a eu anciennement , non feulement dans l'étendue du terrein où la carrière a été ouverte, mais dans toute l'étendue ui eft maintenant remplie d’oftéocolle. Je dis d’oftéocolle, & je crains d'autant moins maintenant de me fervir de ce nom pour défigner ces incruftations, que les fouches des arbres & les racines qu'on ne peut mécon- noître parmi les tuyaux & les moufles incruftées, doivent être regardées comme de vraie oftéocolle par ceux qui n’ad- mettent pour cette matière, comme on le dira par la fuite, que celle qui a la figure de tronc, de branche ou de racine d'arbres; mais f1 l'on admet que ces dernières incruftations foient de l'oftéocolle, comme il n’eft guère poflible de n’en pas convenir, pourroit-on raifonnablement ne pas vouloir que les tuyaux & les mafles ramifrées en fuffent ? Les incruftations d'Albert, comme celles d'Étampes, mé- ritent donc ce nom; elles font de la même nature & fe forment , à très-peu de chofe près, de la même façon que celles qu'on regarde fpécialement comme de loftéocolle, ce PI IBUSL USA G LT LE NC Er se (1282 ue lon verra plus bas. Quant à la formation de celiés d'Albert, il n'y a pas lieu de douter que les caufes que j'ai affignées pour avoir donné naïflance à l'oftéocolle d'Etampes, ne foient femblables: les environs d'Albert font remplis de marne, de craie où de pierres calcaires; la matière incruf- tante n'a donc pas manqué dans ce canton: de plus, la rivière qui pafle à Albert & qui porte le même nom, a une fin- gularité qui a dû probablement former dans l'endroit où fe trouve foftéocolle, des mares & même dés marais aflez étendus. L Cette rivière coule en quelque forte fur une montagne, Albert étant réellement bâti fur une montagne, puifqu'il faut monter pour y arriver. Cette fituation fait que lorfque la rivière a traverlé la ville, & qu'elle eft parvenue au bout qui eft du côté par où l’on entre en venant d'Amiens, c'elt- à-dire, à l'extrémité fud-oueft, cette rivière forme, en tom- bant de cette montagne, une cafcade qui peut avoir trente ou quarante pieds d'une pente inclinée: on la lui a ménagée, en formant un mur de pavés de grès depuis l'endroit où commence fa chûte, jufqu'au fond de la vallée, Au moyen de ce mur, on a prévenu {a dégradation de la montagne, & on a empêché la rivière de creuler de plus en plus fa vallée: l'effort qu'elle fait en tombant éft par-là beaucoup moins confidérable, & même prefque, pour ne pas dire en- tièrement nul, puifqu'il agit contre ce mur de grès, qu'il eft toûjours au refte, lerfqu'il eft endommagé, très - facile de réparer, en détournant Ja rivière au moyen d'une éclufe placée fur le côté de la cafcade & qui a été probablement ménagce à cet effet Outre l'utilité dont ce mur eft pour fa confervation de la montagne, on peut dire que par une conféquence qu'on ne cherchoit probablement pas, on a procuré à cette ville un fpectacle qui ne peut diminuer de beauté que par l'habitude où l'on eft de le voir tous les jours. Lorfqu'on eft à une cinquantaine de pas dé cet endroit, on diroit que c'eft une belle nappe d'une matière argentée qui. coule fur un plan incliné, & qui paroït d'autant plus belle ni 284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE À cette diflance, qu'on ne s'aperçoit pas des petits intervalles qui peuvent fe rencontrer entre les petits flots que la chüte occalionne. Mais je reviens à l'explication que j'avois com- mencée. Dans les temps les plus reculés, & lorfqu Albert n'exiftoit pas, une rivière femblable à celle de cette ville devoit faci- lement, dans les moindres crûes d’eau, fe répandre fur fes côtés, tomber dans les fonds & y former ainfi des amas d'eau qui donnoient naiffance à des mares ou à des marais: cette rivière devoit auf y charier les parties de marne, de craie ou de pierre à chaux que ces crües d'eau lui apportoient; ainfi il devoit fe faire facilement des dépôts de cette matière fur les plantes dont ces endroits marécageux étoient remplis; & comme fouvent le bord des mares & les marais font plantés de faules, de peuples ou de quelques autres arbres, il a dû fe faire de ces incruftations fur une partie du tronc de ces arbres & fur celles de leurs racines qui pouvoient être à dé- couvert, peut-être même fur des arbres entiers renverfés par hafard dans ces marais. En un mot, tout contribuoit à former dans cet endroit de ces incruftations, & même de confidérables par leur quantité. Quoique Ja longueur du foûterrain annonce déjà que la mafle de cette oftéocolle foit d'une affez grande étendue, je ne doute prefque pas que fi on continuoit l’ex- cavation , tant en longueur qu'en largeur, on ne trouvât qu'elle eft bien plus confidérable, peut-être même feroit-on voir qu'elle s'étend fous une très- grande partie de la ville, Il femble même que tout près de la cafcade il y ait un endroit qui donne lieu de penfer que fi lon y perçoit la montagne, on pourroit y pratiquer un chemin qui communiqueroit pro- bablement avec la cave qui eft déjà ouverte, & ce chemin feroit peut-être, comme cette cave, bordé de part & d'autre de tuyaux & de moufles incruftées, puifqu'on aperçoit dans cette montagne des veftiges de ces incruftations, montagne qui dans ce lieu ne paroît elle-même qu'un mauvais tuf qui pourroit être dû à un dépôt fait par la rivière & par DŒ Ss SCIENCE 4. 28; les crües d'eau , de même que l'oftéocolle, & qui ayant bien quinze ouvingt pieds de haut, & même plus, fait fentir de quelle groffeur doit être la maffe totale de cette oftéocolle, fi elle s'étend fous la ville & fi elle a par-tout cette hauteur, comme il y a lieu de le foupçonner par celle dé 11 cave, d'où Jon en tire maintenant qui a bien fept, huit, dix, douze pieds de haut dans des endroits auxquels où na pas donné toute la hauteur qu'ils pourroient avoir, fi fon em portoit de plus en plus du maflif d'oftéocolle. Quoi que l'on penfe de ces foupçons, on ne peut au refte difconvenir que le foûterrain d'Albert ne foit très-curieux à voir, & un effet de la Nature qui mérite même quelque’ ad- miration. Pour moi, j'avouerai que j'en ai été frappé, & même beaucoup plus que lorfque je vis la première fois loftéocolle d'Etampes: comme elle eft dans ce dernier endroit à l'ex: térieur de la terre, qu'on n'a pas bâti au deflus, & qu'elle n'a pas été naturellement où par art recouverte de beaucoup de terre, qu'on n'a point été par conféquent obligé d y pratiquer des foüterrains, on ne peut voir qu'un côté du maffif; on ne fe trouve pas, comme à Albert, entouré de cette matière qui a pris différentes formes, & cônféquemment le fpedtacle n'eft pas fi agréable. Outre cela, loftéocolle d'Albert à beaucoup plus de confiftance que celle d'Étampes: elle rend en quelque forte un fon lorfqu'on frappe defus ‘les différens corps qui en font formés. 171 De toutes ces remarques il réfufte que les Amateurs d'Hif toire Naturelle feront encore plus fatisfaits de voir le foû- terrain d'Albert que les endroits des environs d'Étampes; que Toltéocolle d'Albert confervera plus long-temps que celle d'Étampes la figure qu'elle a prife dans le lieu de fa formation: on ne peut donc que favoir gré à M. Jacquin d'avoir fait connoître cet endroit, de l'avoir décrit aufli exatement qu'il Va fait, & de façon à faire tomber toutes les critiques lorfque fon ouvrage à la main on parcourt ce foûterrain fingulier. Le tuf de Bonneville près Rouen, dont il a été auffi parlé pr 25. dans un mercure, me paroït être une oftéocolle femblable Ar :755, Nn üj P:113 Ü' fur, 286 MÉMOIRES DE L ACADÉMIE ROYALE à celle d'Étampes : j'en juge ainfi par un morceau confervé dans le cabinet de M. le duc d'Orléans, & qui a été en- voyé par M. Dangerville , Correfpondant, de l Académie, Ce morceau, qui n'eft qu'un amas de parties en quelque forte vermiculées, eft percé de tuyaux ronds ou à pans, qui reflemblent beaucoup à ceux de cette figure dont j'ai parlé en décrivant l'oftéocolle des environs d'Etampes. Ce font de femblables tuyaux qui me font croire qu'un morceau de tuf calcaire & blanc, beaucoup plus dur que ceux de Bonneville & d'Étampes, eft encore de l'oftéo- colle. Ce tuf eft de la montagne de FOrme près de Mezel, fituée à Ja rive orientale de l'Allier, à trois lieues de Cler- mont en Auvergne, fuivant ce que m'en a écrit M. Ozy, connu des Amateurs d'Hiftoire Naturelle par fon goût pour cette Science. Ces deux derniers tufs fe font fans doute formés de fa mème façon que ceux d'Etampes & d'Albert. La proximité de la rivière de l'Allier, le lieu bas & humide de Bonne- ville, le voifinage des montagnes qui entourent ces endroits, les matières crétacées que ces montagnes renferment, toutes ces différentes obfervations me portent à le penfer, quoique je n’aie pas examiné ces fortes d'oftéocolles dans les endroits où elles fe trouvent: il femble même qu'indépendamment de ces remarques, on pourroit l'inférer de ce que j'ai dit au fujet des oftéocolles d'Étampes & d'Albert. On ne peut pas trop, à ce que je penfe, méconnoître la marne & le fable pour la matière dont ces différentes fortes de tuyaux font formées; leurs propriétés extérieures Le décèlent affez : cependant, comme ces propriétés peuvent en impofer, & que les expériences chymiques font la vraie pierre de touche au moyen de laquelle on peut fürement, ou du moins plus exadtement, déterminer la nature des foffiles, j'ai cru devoix foûmettre ces tuyaux à un examen chymique: j'entends feu: lement les premiers, ceux qui fe font formés dans des mares d'eau, car. ceux des montagnes font fi fragiles & {1 délicats qu'il n'ai été impoflible d'en conferver. DES SCIENCES. 287 La première expérience qui fe préfente d'abord à faire, eft de tâcher, par da trituration & le lavage, de féparer les diffé rentes matières qui peuvent entrer dans la compofition de ces corps. Ces opérations, quoique faites avec foin, & de façon à féparer les matières de pefanteur fpécifique différente, ne m'ont donné qu'une matière blanche de craie très-fine, & qui fe diflolvoit entièrement à l'eau forte: quelque précaution que j'aie prife pour avoir le fable féparément, il eft probable- ment fi fin qu'il fe confond avec la marne ou craie, & qu'il fe foûtient dans Feau forte. Cet acide n’eft pas le feul qui agifle fur cetie matière, il eft cependant celui qui la diflout avec plus de promptitude & de vivacité; il s'élève en bulles confidérables, il jette beau- coup de fumée & ï fait plus de bruit. L'efprit de fel eft l'acide dont Faction approche le plus de celle de l'acide nitreux, celui du vitriol eft beaucoup plus lent, & fouvent même il ne diffout pas entièrement le petit morceau qu'on y jette. La partie ex= térieure, celle qui eft moins dure, moins compacte, difparoît, : au lieu que l'intérieure, celle qui eft ftriée, refté prefque intacte; & f1 long:temps qu'on l'y lafle, c'eft-à-dire, plufieurs jours de fuite, elle ne s’y diffout pas davantage. La nature de Foftéocolle des environs d'Etampes * eft, à ce quil me paroït, établie par ces expériences & par les obfervations rapportées au commencement du Mémoire; c’eft un compofé de marne, mêlé probablement d’un peu’ de fable, de quelques parties végétales, & peut-être même d'animales. Je ne crois pas qu'on puiffe fe refufer aux preuves que j'en ai rapportées; mais comme l'on pourroit exiger que je fifle voir la conformité qu'il y a entré cette matière & celle que les Auteurs reconnoiflent pour être de loftéocolle, j'ai cru devoir prévenir ces demandes très-juftes en elles-mêmes, & qui ne peuvent, étant remplies, que jeter beaucoup de jour fur le fentiment que j'embraffe par rapport aux foffiles des environs d'Etampes. À * Celle de l’oftéocolle des autres endroits l’a été par de femblables expé- riences: les mêmes phénomènes! fe font fait voir; ainfi une matière femblable eft entrée dans Ja compofition de ces oftéocolles, Kentm, nomencl, rer. foffil. p. 715 edit. Gefneri, in- 12. Gefrer. de figur. lapid, p. 151 à feqg. in-1 2. Math, comment. Ju Diofcoride , p.746 liv. V, chap. CIX, its fol. édir, Franç, Era. epifl. de Hatir , Materia, ortu, atque ufu lapid. fabul, rc. in -4,° 288 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Avant Eraftus, Médecin de Heidelberg, capitale du Pafa- tinat du Rhin, &;qui écrivoit en 1 $72, on ne connoïfloit que très-imparfaitement l'oftéocolle. Agricola, Kentman Mé- decin de Drefde en Allemagne, Conrard Gefner & plufieurs autres Médecins, avoient déjà cependant parlé de l'oftéocolle ; mais les connoïffances que l'on avoit fur cette matière étoient pluflôt relatives aux prétendues vertus de ce foffile, qu'à fa nature & qu'à ce qu'il pouvoit être en lui-même. Kentman, qui connoiffoit différentes fortes d'oftéocolles, de blanche, de cendrée, de couleur d'argille & d'une certaine dureté, veut qu'elle faffe reprendre les os Jorfque l'on en a ufé intérieure- ment. Gefner, qui penfoit de même fur cette prétendue vertu, dont l'eflet, felon lui & Kentman, tient du merveilleux, pré- tend qu'elle fe forme du fable dans lequel on la trouve. Avant eux, Mathiole, qui rapporte que des fractures qui n'avoient pà être refoudées en quarante jours, l'ont été en trois, lorfqu'on employoit de l'oftéocolle, dit que quelques-uns penfoient que ces pierres naiflent des racines d'une herbe femblable au pas de cheval ou tuflilage, pour lui il les compare à l'efpèce de pierre que nous connoiflons fous le nom de tuf. Gefner, fentant 'obfcurité des idées que l'on avoit fur la nature de l'ofléocolle, engagea Eraftus, comme il le dit dans fon Traité des pierres figurées, à examiner ce foflile avec foin dans le lieu d’où on le tiroit alors. Eraflus répondit aux inflances de Gefner, ce qu'il reconnoît lui-même, & après des recherches répétées il donna le petit Traité que nous avons de lui fur: cette matière, fous le nom de Pierre fabuleufe. Ce curieux Ouvrage ef la fource de prefque tout ce qu'on a dit depuis fur l'oftéocolle: l'Auteur y donne une defcription de Ja façon dont l'oftéocolle ferpente dans daiterre, comment elle s'y ramifie: il prétend qu'elle y forme des troncs qui vont ordinairement en grofliffant depuis leur partie fupérieure jufqu'à leur pied ; il avertit auffi que ces troncs font cepen- dant quelquefois d’une égale groffeur dans toute leur étendue ; leur diamètre étoit tel, qu'on pouvoit les empoigner avec les deux mains; les ramifications étoient dela groffeur du pouce F : ” où DES SCIENCES. 289 ouun peu plus. Lorfque plufieurs troncs fe trouvent liés en- femble par une matière intermédiaire, ils en forment un, dit Eraftus, qui égale quelquefois celui du plus gros arbre. Chaque tronc, continue le même Auteur, n'eft pas fait de parties égales, mais de différentes groffeurs, qui font réunies enfemble & au bout l'une de l'autre, de façon qu'elles compofent une efpèce de corps pyramidal: lorfque ces troncs font près de la furface de la terre, ils jettent des ramifications qui s'étendent dans la terre même ou fur fa fuperficie; ils font alors ronds & prefque égaux dans toute leur longueur. Eraftus de plus décrit exactement l'endroit où ces efpèces d'arbres fe fouillent; il reconnoît qu'on n'en voit que dans les fables, qu'ils font pofés fur une efpèce de terre qu'ilappelleargille, & qu'ils ne la pénètrent point ou que très-peu. Cette argille eft grafle, cendrée, tirant fur le bleu; elle a des veines d'un jaune de rouille de fer; on y remarque de petites coquilles fruftes & dénaturées, & elle eft à plufieurs pieds fous terre. La matière qui forme l'oftéocolle eft, felon Eraftus, un compofé de fable pur, fin, & qui ne tient pas du gravier; les grains en font liés, non par l'eau de la pluie, mais par des vapeurs grafles fulfureufes qui s'élèvent de la terre, & qui, par leur glu, font propres à faire corps avec le fable. De cette théorie, Eraflus conclut que l'oftéocolle ne doit pas fon origine à des os qui fe font détruits ni à des arbres pourris, mais qu'elle fe forme à {a façon de plufieurs autres fofliles, qui prennent des figures relatives à celle de l'endroit où ils ont crû. Enfin lon doit encore à notre Auteur d’avoir contribué à nous defabufer des vertus imaginaires de l'oftéocolle; il n’y reconnoit au plus que celle de pouvoir deffécher les parties aqueufes & 1ymphatiques qui fuintent des plaies, & il met au nombre des chofes exagérées toutes les merveilles que lon cite de l’oftéocolle, Les idées d'Eraftus ont été fuivies par les uns, rejetées par d'autres, & modifiées par des troifièmes : les uns ont penfé comme lui fur lorigine de l'oftéocolle, d'autres fur les vertus Mém. 1754: Oo 290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Schverckffirp. de ce foflile feulement. Schwenckfeld, Médecin de Siléfie,eft ë foffi. Silef. catal, in-4.° Poëti. de Boot, de lapidib.. Ÿ un de ces derniers ; il admet, dans fon Catalogue des fofliles de ce pays, imprimé en 1601 , les vertus de f'oftéocolle contre le fentiment d'Eraftus, & il foufcrit en entier à ce qui regarde la formation de cette matière. Huit ans après, en 1609, Boëtius de Boot, qui avoue gem. ui. Il cap, avoir pris des leçons d'Eraflus, diffère en plufieurs chofes de fig: Hildan, obferr. chirur. cent. Il, CCXXXIU Ÿ fon maitre au fujet de loftéocolle; il en reconnoît de trois fortes; celle qui eft décrite par Eraflus, il l'appelle fle/echite, parce qu'elle a la forme de branches d'arbre; une feconde, qui pourroit devoir fon origine à des os dénaturés, puifqu'elle jette, en brülant, une odeur de parties animales, qu'elle eft fpongieufe intérieurement comme des os, & qu'elle l'eft même en deflus, ainfi que ces parties forfqu'elles fe pourriflent : Ia troifième, qu'il nomme Æofleum, diflère des deux premières par fa folidité, par l'odeur & le goût qu'elle a de la corne de rhinocéros. Boot femble vouloir ainfr réunir les différens fentimens qu'on avoit fur cette matière, & il fe trouve en cela oppofé à Eraflus, qui dit pofitivement, comme on fa rapporté, que lofléocolle n'eft pas düe à des os. Boot qui, de même que Schwenckfeld, fait revivre les vertus de l'oftéo- colle, donne encore dans une opinion qui tient plus du mer- veilleux ; il veut que loftéocolle poufle au printemps, de fa mème façon qu'un chou cabut, & qu'elle répande fes branches dans la terre; il rapporte du moins cette opinion, qu'il tenoit d'un Officier de la maifon de l'Empereur Rodolphe, troifième du nom, comme très-propre à expliquer la formation de Toftéocolle. Hildanus, qui n'en parle qu'en Médecin, c'eft-à-dire, que Bb. r, oblérvat, PAX rapport à {es vertus, ne les regarde que comme des vertus XC. in-8.° imaginaires, du moins quant à la promptitude de leur action, & ileft, dit-il, en cela oppofé au fentiment de Mathiole & de = Quercétan. Il fe trouvoit donc, comme fon voit, dès ce temps- là, car Hildanus écrivoit en 16 14, plufieurs Médecins qui ne croyoient point aux vertus de l’oftéocolle, ou qui ne Îes admettoient qu'avec beaucoup de xeftridtion. D'Œrs Si ChILENN. C1E:5. | 29r Un autre Médecin, de Laët, qui dans fon Traité des pierres De Laër, de précieufes ne fait fouvent que commenter Boot, où ne rap 4” Pr porter que l'effence de ce qu'il dit, le fait fpécialement à l'égard 1647. de l'ofltocolle, & n'en diffère en rien, quant au fond. On lit dans [Ouvrage d'Aldrovande, intitulé, Cabinet de Alwv. ef. Mérallurgie, & imprimé en 1648, que les pierres qui ref. "#7 Pare femblent à des cornes, doivent, de mème que loftéocolle | : & beaucoup d'autres pierres femblables , leur origine à une argille ou pluftôt à une marne, qui, en coulant dans les cavités de la tee, prend différentes formes fuivant là figure de a cavité où elle fe ramaffe. C’eft le fentiment, dit Aldrovande, d'un grand nombre de Savans. C'eit, par exemple, celui de Wormius qui, dans le Ca- wm. mgcum talogue de fon. cabinet, qu'il a donné en 165$, dit que Ho. AVE l'oftéocolle femble être une marne qui, en ferpentant dans SAT les fentes de la térre, prend la figure qu'on lui voit. Peu s'en faut, dit M: du Hamel, Secrétaire de l’Académie -Pu Ham de royale des Sciences, dans fon Traité fur les foffiles, que je TR ne g ne fois du fentiment de ceux qui peñfent que loftéocolle 209,inquarto, eft une plante, puifqu'elle eft molle fous terre & qu'elle s’'en- * CCS durcit à l'air. M. du Hamel paroït auffi avoir cru les vertus de l'oftéocolle, puifqu'il veut que la partie médullaire, c'eft- à-dire, la partie molle qui eft dans f'intérieur, ne foit pas propre à refouder les os; ce qui fuppofe qu'il penloit que le refte pouvoit y être utile. Béckman écrivoit en 1668 à Oldenbourg, Secrétaire de man 44. la Société royale de Londres, que l'oftéocolle pourroit être 7hwof. Soc. reg. une efpèce de marne ou avoir du moins beaucoup d'ffinité 4e ie avec la marne que l'on trouve à Francfort fur l'Oder. Plu- ami r668. fieurs des Auteurs précédens, tels que Kentman, Gefner, Eraflus, avoient averti que loftéocolle fe trouvoit dans un terrein fableux. Il femble que l'affectation avec laquelle Beckman dit que ce foflile fe forme dans une terre de la nature du gravier & non du fable, annonce que cet Auteur ait voulu réfuter ceux qui avoient penfé le contraire. Beck- man embraffe de plus le fentiment de ceux qui veulent que Oo ij Chart, Onom. 2: 252. in-4.° Lachm. Oryc- 10gra. fildesh. cap. XXI, pag. #7. 1669. Imperat. Hif. Nar.l XX IV, cap. XXV1, p. j 84. in-folio. 1672. Konig. regn. miner. p 119. in4.° 1 677. ddem ibidem , P. 266, 3037. In-4° 1703: 292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les ramifications de l'ofléocolle ne dépendent que de celles qu'ont les racines fur lefquelles la marne fe dépole: la preuve qu'il en apporte eft l'exiflence d'une matière ligneufe &c pourrie, qui le trouve dans le centre & dans la longueur des tuyaux formés par la deftruétion des racines. La même année parut lOuvrage de Charleton, intitulé, Onomaflicon: on reconnoit dans ce que cet Auteur dit de Vofléocolle, que la lettre de Beckman lui étoit connue. Quoi- qu'il ne la cite pas, il eft en tout de l'opinion de cet Auteur: il adopte même jufqu'à la diftinétion que Beckman fait des terreins propres à loftéocolle; il indique feulement de plus les endroits de l'Angleterre où l'on trouvoit de ce foilile, & il remarque qu'on prend à tort pour de l'oftéocolle une efpèce de ftalaétite blanche, poreufe, égère, molle, qui fe diffout facilement & qui a un goût un peu falé. C'eft à de la marne que Lachmund. attribue encore Ia formation de l'oftéocolle; c'eft dans du gravier qu’elle fe forme en ferpentant, elle prend quelquefois la figure de corail , ce que quelques Auteurs avoient déjà remarqué, de mème que la friabilité qu'elle a en fortant de la terre, & la dureté qu'elle prend peu après. Tous les Auteurs dont nous avons parlé jufqu'à préfent ont donc prétendu que l'oftéocolle étoit de la marne qui fe mouloit dans les cavités de la terre, fuivant la figure de ces cavités, ou en fe dépofant fur des racines d'arbre, ou bien ils ont voulu que ce füt un compolé de fable lié par quel- que matière bitumineufe ou fulfureufe. Il femble par la façon dont fmperati s'énonce, qu'il penfoit que l'oftéocolle n'étoit qu'une pétrification de racines pénétrées par une matière de la nature du fable; idée qui revient, comme on le verra plus bas, à celle d'un Auteur des plus modernes, ainfi qu'il le reconnoïit lui-même. Peu de temps après, en 1677, Konig, Médecin de Bâle en Suifle, vouloit qu'elle fe formät de même que le cryftal: dans une autre édition de l'Ouvrage où il a mis au jour cette idée, & intitulé Rêgne minéral, il paroît embraffer, à DES S-CUL ÊBN:CE s 293 Yarticle où il parle de ce foflile fous le nom d'ofiifrage , Jopinion de celui qui penfoit qu’elle poufoit à la manière des plantes. « Elle pullule, dit-il, quelquefois hors de terre, & elle a la figure d’un arbre qui a perdu fes branches». A Yarticle où il l'appelle du nom d'oftéocolle, il femble s’en tenir au fentiment de Beckman, ou, pour parler plus jufte, Konig n'a rapporté que les opinions de plufieurs des Auteurs qui l'avoient précédé, fans trop en admettre aucune: il cite Hildanus, Lachmund, Libavius, Sachs, Kircher, Erafus, Beckman & Hayne. - L'idée que lon avoit eue de regarder l’ofléocolle comme des os qui avoient perdu de leur fubftance, devoit paroître, par ces différens fentimens, anéantie pour toûjours : elle femble cependant revivre dans le Catalogue des foffiles d'Angleterre par Luid; cet Auteur place du moins l'oftéocolle dans la claffe des os foffiles, & il lui donne le nom de cartilage minéral. Luid n'a pas eu beaucoup de partifans; le fentiment d'Imperati a été plus fuivi: fon a facilement adopté une opinion au moyen de laquelle on pouvoit expliquer, fans beaucoup de peine, toutes les variétés que l'on obferve dans loftéocolle. Ce n'eft pas cependant que lon n'ait encore varié & que l'on mait été divifé d'opinion. Lochnerus, par exemple, embrafle celle de Beckman, & ce quil rapporte de ce foffile dans l'explication du cabinet de Befler, n’eft prefque qu'une traduélion de ce que ce premier a dit dans les Franfadtions philofophiques. Herman, dans fa Maflogra- phie ou Defcription des fofliles qui fe trouvent dans les en- virons de Maflen, eft pour l'incruftation feulement. Jufqu'à cet Auteur nous n'avions eu, autant que je le peux croire, que les figures de quelques morceaux détachés d’oftéocolle, Je ne fais fi Gefner n'eft pas le premier qui nous en ait donné: on retrouve ces figures avec quelques autres dans Aldrovande; Imperati en a fait graver de nouvelles, mais qui ne font guère plus confidérables que celles que l'on tient de ces deux Auteurs, Pour M. Herman, non feulement il Oo iij Luid. Ichrogr. pag. 78, num. 1519. in-12e 1699: Lechn. mufæum Befler. p. #5, @, 171 6.10 {olio, 294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l Herm. Mafogr. décrit le cours de l'oftéocolle, mais il donne des figures dé- El pat le uiflées des ramifications que ce foffile jette fous terre. On a un femblable détail, tant pour les figures que pour la def Helwing.Litk. cription, dans la Lithographie d'Angerburg par Helwing, se cu qui prétend aufli que l'ofléocolle n'eit qu'une incruflation des ing°1717. racines de fapin, qui fe pourriflent peu à peu. L'incruflation n'a pas paru fufhifante à Lancifi pour ex- pliquer Ja formation de l'ofléocolle; l'opinion d Imperati lui a plu davantage, & il a été fuivi en cela de M. Wal- © Lancif. Miet, lerius & Wolierfdorff. L'opinion de Lancifi fe trouve dans ARE le Commentaire qu'il a donné en 1719 fur le cabinet de —279 info. Mercati: celui-ci, fans donner d'explication de la formation AA de l'oftéocolle, 11 décrit feulement & indique, d’après plu- fieurs Auteurs allemands, les endroits où l'on en trouvoit de fon temps. Lancifi ajoûte à cette defcription, que l'oftéo: colle eft une efpèce de bois pétrifié : les belles figures gra- vées dans cet Ouvrage, de deux morceaux de ce foffile, font réellement bien reffemblantes à certains morcerux de bois pétrifiés qui ont, dans ce changement, fouffert les eflets de la pourriture. Waller. Miné. Wallerius ne rejette pas l'idée de Lancifi & des Auteurs zome Il, p. 17. Sa RÉRETT Se N” édirion françofe, Que celui-ci a fuivis; il ladopte au contraire en entier, & in8® »753. va même jufqu'à défigner le bois qui fe pétrifie ainfi: ce font, Hé. alim, felon lui, des racines de cette efpèce de peuplier qu'on appelle Douai "7 communément le sremble, « L'oftéocolle, dit-il, n'eft pas calcaire, fuivant l'opinion commune: quand on a coupé le tremble, qui croit ordinairement dans un terrein fablonneux, » ou qu'il vient à fe fécher de lui-même, fa racine commence auffi-tôt à fe pétrifier. » Lim. ff. Na, Un an après qu'eût paru Ouvrage de M. Wallerius, ee LE M. Linnæus rétablit l'idée la plus commune; il regarde ce j foffile comme une efpèce de tuf calcaire, qu'il défigne par fa figure cylindrique & par fa propriété de former un canal dans toute fà longueur. Cette opinion a été admife fans ref- Grove. indez Writion par Gronovius dans fon Catalogue des foffiles, dont Pbeson il a donné une feconde édition en 1750. s ” y S DES SCIENCES. 29$ L'idée de M. Linnæus n'a pas plu à M. Wolterfdorff, Sem, minéral, qui, en 1748, donna fon fyflème fur les pierres; il y range ne FR Yoféocolle avec les végétaux pétrifiés, & il y caraétérile 1748, ing” Yoftéocolle par la propriété de repréfenter des troncs, des branches ou des rameaux, felon que la racine qui seit pé- trihiée eft plus ou moins grofle. Depuis environ deux cens ans que l’on a écrit fur lof- -téocolle, en vûe de nous inftruire de la nature de ce foffile, Yon étoit parvenu enfin à rendre ce point d'Hifloire Na- turelle plus problématique qu'il ne fétoit peut-être dans le temps où lon a penfé à le foümettre à un examen fait fuivant les loix de cette Science. Les différentes opinions fe font, pour ainfi dire, entrechoquées fes unes & les autres: une opinion, fi fingulière qu'elle ait été, a eu fes partifans, & peu de temps après elle a été abandonnée, pour reparoître enfuite avec plus d'éclat. Ces viciflitudes demandoient donc que l'on tacht de nouveau de fixer les idées fur ce qu'on devoit penfer au fujet de ce foflile. M. Gleditfch a travaillé Gaz of, il y a quelques années à cet objet important de l'Hifloire fr la véritable de loftéocolle, & l'on trouve le fruit de fes recherches dans bu I un Mémoire intitulé, Obfervations fur la véritable offéocolle des Sciences de de la Marche de Brandebourg, & inféré dans le volume des He LA Mémoires de l'Académie de Berlin pour l'année 175 0. M. Gleditfch, qui wignoroit pas fans doute le nombre - d'opinions contraires que lon a eues fur foftéocolle, pré- tend que jufqu'à lui lon a peu connu le foffile en quef- tion, & il fait dans le paragraphe fecond de fon Mémoire, une critique courte, mais animée, des Auteurs qui l'ont pré- cédé. « Ce foffile, dit-il, Fun des plus curieux, n'a été guère connu des Auteurs qui ont écrit fur l'Hiftoire Naturelle ou fur la matière médicale : on n’en trouve que des delcriptions -imparfaites & confufes, & c'elt ce qui n'a engagé à le foû- « mettre à un examen plus attentif. [l n'étoit guère queftion « - que de la figure externe de notre foflile & du lieu de fon « origine, dans les principales relations qu'on en a données « jufqu'ic. & ne faifant pas beaucoup d'attention à la chole « n À A LS 296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE » même, on avoit confondu plufieurs productions étrangères, » par exemple, les gypleufes, les arémaires, les félénitiques, » les tophacées, les fllaétitiques, les argilleufes, & même les » concrétions falines, avec les productions martiales & autres » métalliques figurées : c'eft ce qui me donnera lieu, continue » M. Gleditfch, de relever plufieurs erreurs & de les rectifier fuivant la mefure de mes forces. » _Brachm. qi. Pour entendre ce paflage, il eft bon ‘d'entrer dans un dé- AS À tail qui lui fervira en quelque forte de commentaire. On a &. Lxvin, dfà vû que M.” Linnæus & Gronovius rangeoient l'ofléo- cenwr. 11, pag. colle avec les tufs: ce fentiment n'eft point particulier à ces jé: … Auteurs; Bruckman veut, dans fa LxxI.* Lettre de la deu- mr mai xième centürie, que loftéocolle de Francfort foit de la même #98. matière que le tuf que l'on tire de la fontaine des Poëtes, Epif. LXAI, fans doute des environs de cette ville, quoique f'Auteur ne pis 18 Je dife pas. Le même Bruckman met aufli au nombre de Gr. 11, pag. Voftéocolle une matière molle & graveleufe ou arénaire, qui AT fe tire dans le village de Warnitz près lUcker, à une demi- lieue de Suckow. Cet Auteur parle encore d’une oftéocolle ferrugineufe en canons, du canton de Maflen: on trouve des exemples d'une pareille oftéocolle dans le catalogue des Fundm. promp. ouvrages de la Nature & de Fart par Kundman; on y en A Yratite it aufli d'oftéocolle arénaire'; on y parle d'oftéocolle qui varie par la figure, comme d’oftéocolle fiftuleufe, de fpon- gieufe, de ramifiée, de globulaire.. Les oftéocolles font, fui- vant Woodward, dans fa diftribution méthodique des fof- files, du fpar mêlé avec de la matière terreftre & pierreufe qui a incrufté des pierres ou d'autres corps femblables. IL fe fait, au rapport de Gefner, dans les bains Carolins de la Bohème, un dépôt gypfeux ou calcaire que les Chirurgiens allemands appellent du nom de malflein, nom qui revient à celui d’oftéocolle: Gefner nomme lui-même ce dépôt, offéo- colle cruflacee. Il paroït donc que M. Gleditfch a eu en vüe les obfervations de ces Auteurs, ou des obfervations femblables; mais quoi- qu'il foit vrai que l'oftéocolle de la Marche de Fee oit . DES SCIENCES. 297 foit formée par de la marhe qui pénèue des bois qui fe pourriflent, fuivant M.Glieditfch, eft-il contre les règles de l'Hifloire Naturelle de regarder comme des efpèces d'of- téocolles, des dépôts qui fe font faits fur des portions de plante ou d'arbre, dont les parties, en fe détruifant, ont pä également fe mêler avec la marne? La difiertation que cet habile Naturalifte nous a donnée fur cette matière, me pa- roitroit pouvoir même fervir de preuve à ce fentiment: M. Gleditich dit du moins, au paragraphe xvn1 de fon Mémoire, « qu'il n'y auroit au@né contradiétion à dire que des change- mens d'une mêmeelpèce, pierreux, par exemple, ou falins, où métalliques, peuvent arriver aux racines d'arbres de plifiéurs efpèces différentes, & l'expérience le confirme, ]l n'y auroit par conféquent, continue-t-il, aucune ablurdité dans l'opinion, que des arbres de diverfes efpèces venant à mourir & enfuite à fe pourrir & fe creufer, confervaffent la formation d'un feul & même foflile, à favoir le nôtre. » : Ceci fuppolé, ne peut-on donc pas en condlurre qu'il peut | avoir des’oftéocolles de différente nature? & feroit-on reçû à dire qu'il faudroit que le dépôt fe fit dans des arbres ou des, racines creufées, pluftôt que fur ces mêmes racines? une différence aufli petite peut-elle influer fur {a nature de la chofe même! & n'y a-t-il pas autant à préfumer que l’of- téocolle fe forme auffi- bien de la dernière manière que de la première? Tous les Auteurs conviennent, M. Gleditfch lui- même, que l'oftéocolle efl en tuyaux ou cylindies creux : dans cette fuppofition, n'eftil pas plus aifé d'imaginer que ce foffile n'eft ainfi que parce que le corps qui a fervi.à le mouler s'eft pourri & a daiffé à jour le cylindre auquel il avoit fervi de noyau, que de fuppoler, avec M. Gleditfch, que cette cavité a été formée par l'eau qui étoit chargée de la matière compofante, & qui s'eft filtrée à travers le maffif de marne qui avoit rempli le creux des racines, dû à la deïtruction de l'intérieur de ces racines? M. Gledit{ch aflure, il eft vrai, qu'il m'a pas trouvé de matières pourries dans le milieu des cylindres d'oftéocolle: d’autres Naturaliftes, bons obfervateurs, -difent Mém, 175 4. c Ph R >» ÿ 298 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en avoir obfervé: ainfi les différentes circonftances, les temps différens où ces Oblervateurs fe font trouvés, ne font-ils pas la aufe feule de cette contrariété. On peut donc, à ce qu'il me paroit, conclurre que quoique M. Gileditfch puifle avoir raifon, les autres Naturaliftes dont il a été queflion peuvent fort bien n'être pas taxés d'erreur; M. Gleditfch nous fournit même une obfervation qui le prouve inconteftablement; il s'énonce ainfr au paragraphe x 1. « IL s'eft offert à ma vüe un fpectacle tout-à-fait agréable, favoir, une branche de la groffeur du bras, continue au tronc, dont toute la fubftage morte étoit char- gée en véritable oftéocolle, la terre ligneufe & pourrie étant - demeurée au centre.» Qui a donc pû empêcher, dans ce cas-ci, à l'eau de fe filtrer au travers de cette terre & de l'emporter peu à peu, comme M. Gleditfch le veut pour les cylindres creux? Mais ne devroit-on pas dire pluftôt qu'une pareille filtration eft capable de réunir les parties ligneufes, au moyen des molécules de marne diffoutes dans cette eau, qui doit les dépofer en traverfant la terre végétale, n'en faire par confé- quent qu'un mafff, & former ainfi des cylindres folides? If faudroit fans doute une certaine rapidité à l'eau pour pouvoir entraîner la terre des cylindres creux dans le temps qu'ils en foni remplis : il faudroit qu'il arivât dans ce cas à peu près la même chofe que ce qu'on obferve dans les tuyaux qui conduifent l'eau d'Arcueil à Paris. Cette eau étant chargée de parties pierreufes qui fe dépofent fur les parois des canaux, il en réfulte des tuyaux cylindriques, creux dans toute leur longueur; encore faut-il qu'il n'y ait qu'un certain temps que le dépôt ait commencé à fe faire, autrement les tuyaux de conduite fe rempliroient entièrement, & lon auroit des cy- lindres folides au lieu de cylindres creux. Au moyen de ces éclairciflemens, on peut, à ce qu'il me paroît, aflez bien concilier ces différens fentimens. On peut encore en faire autant pour plufieurs autres contra- dictions apparentes qui fmblent être entre les uns ou les autres des Auteurs dont il a été fait mention : M. Gleditfch me four- nira encore de quoi les rapprocher. La plus frappante de ces DES S4c L'eNicue SM à contradictions eft celle qui paroît être enue M." Lancifi, Waile- rius & tous les autres qui ont écrit fur l’oftéocolle: les‘ deux premiers difent que l'oftéocolle n'eft autre chofe qu'un chan- gement de bois en pierre; tous les autres, Imperati même & M. Gleditich, qui admettent une métamorphofe à peu près femblable, veulent au contraire que l'oftéocolle foit une matière aifce à fondre, ou du moins friable. Une remirque de M. Gleditfch peut éclaircir cette diflérence confidérable: peut-êrre que M.° Lancifi & Wallerius n'ont vü que des branches d'oftéocolle devenues cailloux, femblables à celles dont M. Glediifch parle. « Certaines pertes branches d’un feu & même tronc; dit-il, quoique cachées dans un fable affez humide, font dures, & leur dureté augmente au point qu'elles deviennent de véritables pierres qui rendent des étincelles en les frappant contre l'acier. J'ai trouvé la fubftance ligneule de quelques arbres réduite en une pouffière qui ne fe diffipoit pas, mais qui, mélée avec l’ofléocolle, formoit une concré- tion pierreufe plus où moins dure. » M. Lancifr & Walle- rius n'ont peut-être vû que de pareilles branches: trompés pai ‘cet accident, ils ont dit, trop généralement il ft vrai, que l’oftéocolle étoit un changement du bois en pierre. Puifque par l'analyfe chymique l'ofléocolle donne quelques indices de matières animales, l'on ne doit pas être furpris de ce que Gefner, & après lui Boot, ont reconnu une forte d’oftéo- colle qui, en brülant, jetoit une odeur de corne brülée. L'obfervation que j'ai rapportée moi-même, au fujet d’un vrai os trouvé parmi les maflés d'oftéocolle d'Etampes, fait connoître d'où peuvent venir les parties animales mélées avec l'oftéocolle, & que la diftillation ou uftion font développer. Les diflérentes figures attribuées à foftéocolle par des Auteurs, tandis que d'autres ne lui affignent que la figure Cy- lindrique, peuvent encore faire naître des efpèces de doutes fur celles dont les uns ou les autres parlent. On à déjà vû que Bruckman & Kundman font mention d'oftéocolle rameufe, de fifluleufe, de fpongieufe & de globulaire. Valentini s'ex- prime encore plus généralement dans une Tr fur lof: Py LCA LS 3 LOS Valenr. AG nat. curiof. vol. 1, obferv. C LV 1, p.328.in-4.° 300 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE téocolle de Gieflen, ville de la Heffe fupérieure en Allemagne. L'oftéocolle de cet endroit varie, fuivant Valentini, d'une manière fingulière & étonnante: il affure qu'on en apporte des morceaux qui reffemblent aux parties naturelles de l'homme; que d’autres font caves, d’autres folides, qui, par leur figure, approchent de celle ‘d'une racine de gingembre: Valentini prétend même en avoir Eu un morceau qui repréfentoit aflez une femme tenant un enfant dans fes bras: queïques autres Auteurs veulent qu'il y en ait qui formént des efpèces de coraux par leur figure. On trouve aifément l'explication de ces figures, dans la fuppofition que l'ofkocolle n'eft qu'un dépôt de matière marneufe qui fe fait fur des corps de diflé- rentes figures ou dans les cavités qui varient de même. Si les cavités font rondes, on aura des oftéocolles globulaires; fi elles font contournées, on en aura qui pourront imiter des racines de gingembre ou d'autres plantes, & alors ces mor- ceaux feront folides s'il ne s’eft point trouvé de racine dans cette cavité, creux s'il y en a une, & fpongieux s'il y en a eu plufieurs petites; ces petites racines ayant, en fe pourrif fant, laïffé plufieurs petits canaux qui, par leur nombre, donnent affez à l'intérieur de ces morceaux d'oftéocolle la forme de la partie fpongieufe des os. Si ces racines n’ont’ point été ainf réunies en mafle, mais qu'elles foient reftées éloi- gnées les unes des autres, alors le total de l'incruftation re- préfentera, par fes ramifications, celles de certains coraux. J'ai eu occafion de faire fouvent de ces obfervations dans les environs d'Etampes, comme je l'ai déjà infinué plus haut: je n'ai jamais cependant eu d'occafion plus favorable que celle que j'ai trouvée depuis peu. La coupe que l'on fait maintenant d'une montagne * près d'Étréchy, village à deux lieues d'É- tampes, fur la grande route de Paris à Orléans, m'en a offert une très-favorable. Le corps de cette montagne eft de fable; le haut eft chargé d'un lit de marne ou d'une matière de craie, furmontée du lit de terre labourable: dans cette terre * Cette montagne s’appelle la montagne de Coquatery ; on l’a ouverte pour y faire pañfèr le grand chemin, & l’adoucir en Je baiflant plus qu'il n’étoit. DJ ES SiC-1VE NC'E!s. 301 font plantées des vignes; les racines de ces vignes pénètrent quelquefois jufque dans le fable, à travers la marne: il seft fouvent formé fur ces racines une incruflation de matière marneufe, mêlée de fable, & quelquefois de paillettes talqueufes d'un bel argenté où d'un brun brillant plus ou moins foncé. Plufieurs de ces incruftations fe ramifient comme le corail, & quelquefois comme les panaches de mer, ceft-à-dire que les efpaces qui font entre les ramifications, font remplis par cette même matière; ee qui vient de ce que les cavités ou les fentes où ces incruftations fe font faites, étoient larges & étendues, & que le dépôt seft fait dans l’entre-deux des racines aufll-bien que fur ces racines. I[ ne m'a guère été pof fible de cenferver de ces jolis morceaux ; leur peu de folidité eft caufe qu'ils fe brifent pour peu qu'on les touche, & l’on ne peut les. détacher fans cafler mème des groffes rami- fications, ou pluftôt les tiges. Plufieurs de ces tiges font creufes, d'autres font folides, d’autres font fpongieules, & dans ces deux dernières fortes on remarque ordinairement une matière noirâtre, qui n'eft probablement que la partie terreufe des racines qui fe font pourries. Les racines de vigne ne font pas les feules où il fe fait de femblables dépôts; celles de différentes plantes, comme peuvent être les chardons rolans & aûtres femblables, s'en trouvent auffi fouvent chargées, L’explication que j'ai donnée de la formation de l'oftéocolle des environs d'Étampes, & l'idée où je fuis que ce foffile eft une vraie oftéocolle, exigeoient que j'entraffe dans le détail que l'on vient de lire, le fentiment de M. Gleditfch étant oppolé à celui que plufieurs Auteurs avoient eu, & qui me paroiffoit cependant pouvoir être embraffé. Le détail que j'ai donné em- _ porte avec lui, à ce qu'il me paroît, la préuve de ce que j'ai _ avancé, & je crois que l'on regardera auffi-bien comme une vraie oftéocolle le dépôt de marne qui s'eft fait fur es tiges de rofeaux & autres plantes aquatiques, que celui qui fe pafle dans le creux de vieux arbres pourris ou für leurs racines qui font dans cet état. Je crois de plus, que fi jamais l'ufage dé loftéocolle revenoit en Chirurgie, le fofhle que nous P p ii Page 15, 302 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE poñédons méritéroit autant d'être employéque celui qui vient d'Allemagne; 1& Jon pourroit, fans craindre de fe tromper beaucoup, le faire aufli-bien entrer dans nos apothicaireries, que cette’ efpèce de tuf dont il eft parlé dans le Mémoire de M. Gleditich, qui eft en partie informe & en partie compofé de l'aflemblage de plufieurs petits tuyaux de différente pature, que l'on regarde comme de l'oftéocolle dans‘ les apothicaireries de {a Thuringe. | L'opinion que je fuis, multiplie beaucoup, il eft vrai, les différentes fortes d’oftéocolles, & l'on pourroit regarder, dans cêtte idée, comme une oftéocolle, tout’ dépôt qui R& fait fur les racines & les branches d'arbres, & même fur tout autre corps ; de cétté façon, toute ftalactite pourroit être rangée avec l'éftéocolle.. Ce fentiment ne feroit peut être pas deftitué de räifons propres à le faire foûtenir ; il a déjà été embraflé par de très grands Naturaliftes, ce qui cit une prévention en’ fa faveur; Gefner paroît penfer ainfi; M." Linnæus & Gronovius l'adoptent en partie: le fecond place l'oftéocolle avec les con- crétions faites d'une glaife réduite en poudre fine, & il re- garde comme flalaétite toute concrétion formée d’urie aroille calcaire, qui a pris naiflance fur un rameau d'arbre : le premier donné le nom de tuf à toute matière dépofte dans l'eau, & celui de flalaétite à celle qui’ fe dépole à l'air. Cette dernière différence me paroît encore moins fufilinte que la première, pour établir des genres: la nature du lieu où fe paile l'opé- ration qui donne naiffance à un nouveau corps, ou pluftôt à un nouvel arrangement que ce corps prend, ne doit en aucune manière influer dans les marques caraétériftiques aux- quelles on doit reconnoître ce corps, d'autant plus que c'eft au moyen de l'eau que les tufs & les flalactites fe forment, Le parti que M. Gronovius a choifi, paroftroit plus propre à cet eflet; mais il rend fans doute ces caractères trop géné- raux : l'on ne peut, par ce moyen, renfermer fous l’un ou l'autre genre, toutes les concrétions qui prennent lune ou l'autre - forme. Il y en a beaucoup de glaifeufes & d'argilleufes; mais combien en connoît-on de gypfeufes, de ferrugineufes, de AO ES À CHIEN Lx Er Son SM 303 pyriteufes, de,faines ,.de félénireufes, de fableufes, qu'il, n'eft pas poffible de ranger fous l'un ou l'autre de ces genres | elles peuvent à la vérité contenir de [a glaife ou de l'argile, mais elles font principalement formées. des autres parties qui leur ont fait donner le nom fous lequel on les connoît. Cette matière, au refte, demande à être examinée un peu plus en détail, c'eft ce que je me propole de faire dans un Mémoire particulier *: je dirai feulenient ici qu'il me paroît qu'il eft inutile d'établir «an genre de ftalaétite, la forme qu'un corps prenden fe détrui- fant, fans changer de nature, ne devant pas le faire regarder “comme eféntiellement différent de ce qu'il étoit auparavant ; & l'on doit agir, par rapport aux flalactites , comme l'on fais «pour les mines d'or, d'argént, dé cuivre. & autres qui fe ra- “mifient, lorfque par une difflolution où par quelque autre ‘opération de là Nature ellés viennent à former ces corps rarnifiés que l'on appelle communément or, arcent, cuivre natifs, &,que l'on range cependant fous le genre primitif du métal dont ils tirent leur origine. If en doit être, à ce qu'il me paroît, de même des ftalaétites; on doit fes placer chacune à Ja fuite du genre propre au corps dont ellés ne font que des concrétions, c'eft-ä-dire que les flaladtites féléniteufes ap- partiennent au genre de la félénie, les gypfeufes à celui du gyple, les fableufes à celui du fable, les marneufes à‘celui de la marne; & conféquemment l'oftéocolle, que l’on doit regarder, felon moi, comme une ftalaétite marneufe, fera du genre de la marne, & pourra être appelée marne dépoée fur quelque corps figuré, & d'on fpécifiera les différentes fortes-d'oftéo- colle par la figure des corps qui lui auront donné celle qu'on di trouvera. L'oftéocolled'Étampes feroit doncnommée marne «en forme de tuyaux où marne tabulaire: & fi l'on vouloit en fpécifier toutes Les fortes, on l'appelleroit marne en forme de tuyaux cylindriques, triangulaires, fufiformes, prifmatiques, femi-circulaires, & ainfi des autres figures qu'on y remarque- xoit: De cette façon, les. idées feroient fixées , elles feroïent plus nettes, & le même’ corps.ne porteroitipas ne. fi grande quantité de noms; ce qui eft arrivé à Fofléocolle, comme on él NO ei « * Foy. les pâges 78 fuir, de ce Volume. 304 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE peut le voir par la life fuivante de ceux au moyen defquels on a défioné ce corps fingulier. SYNONYMES DE L'OSTÉOCOLLE." An MOSTEUS. Conrard. Gefn. de figur. lapid. pag. 152, à, Livuri, 1565. in-8. Cartilago mineralis vulgaris (aut tegularis). ÆEduardus Luidius, Lithophyl, Britann. ichnograph. p. 78, n° 45 19. Londini, 16 9 9, in-1 2, Coni Norici. Welfchius, hecatofl. 1, p. 86 Rariora muf. Beflériani. Edit, Michaël Frider. Lochneri, p. 86. . Fiftularia feu Ofteocollus Maflenfis ferruginei S. cincrei coloris. Leonh. Day. Hermannus, Maflogr, part. IL, cap, II1, pag. 198, tab. Vir1, n° 5. Kundman. Promptuar, rerum natural. 7 artifie. pag. 212, n. SI. Geodes oblonga, fpecie ftercoris canini. Bejerus, Oryélograph. Norica, pag. 33. Rariora muf. Befleriani. Edit. Michaël, Frider. Lochneri, pag. 86 h Holofteus, variorum auctorum. Lapis fiftulofus. Thomas Eraflus, difputat. pars altera. Bafe, 1572, in-4. ad calcem, Lapis offifragus, variorum auclorum, Morochtus, variorum auclorum. Morochtus lapis coloris mellei (f. 295). Kundm. Prompt. rer. natur. 7 artific. pagn202,n 66 Offifragus. Emman. Konig..Regn. mineral. pag. 266. Bafileæ, 1703, in-4 Offifragus lapis. Anfélm, Boët. de Boot gemm. &7 lapid. hifler, pag. 204, cap. CCXXXIII—CCXX XVII, lib. 11, fig. a, b, cv, Hannoveriæ, 1 609, in-4° 1d. ibid. pag. 416. Luoduni- Batay. 1647, in-8." Id, ibid, p. 536, trad. franç. fous le nom de Par- fait Jouaillier. Lyon, 1644, in-8 Joann. de L'aët de gemm. à lapidib. lib. 11. Lugduni-Batavor. 1 647 in- 8." Guillelm. Fabric, Hildanus, cent. 117, lib. 1, obferv, xXC. Michaël, Alberti Lexic, reale. Hal. Magdeburg. 1727. in-4° Oftcites, variorum autlorume Ofteacolla. DNEMSMS CNE N'C:E S 305 Offeacolla. Athanaf. Kircher, mund. Jubterran. p: 60, L VIII, Jet. 11. Amficlodami, 1 665, in-folio. Guillehn. Fabre, Hildanus, obferv. eT curation. medico-chirurgic. cent. 1, obferr. XC r xcr. Francofurti, 1 646, in-4", Gualter. Charleton, Onomaflic. Pag. 25 2. Londini, 1668, in-4°, Emman. Konig. Regn, mineral. Pag. 119. * Baflek, 1 687, in-4”, Id, ibid. Pag. 3203. Bail. 1703, in-4". ANicol. Lémery, Traité univerfel des Drogues Jimples. Paris, 1 714, in-4°; deuxième édition. Michaël. Rupert. Befler. Rariora muf: Bef: kriani, p. 85, tab. XXVI1, figur. 1716, in-folio. edit, Michaël. Frider. Lochneri. Georg. Andr. Helvine, Lithograph. Angerburg. pag. 14, 43 © feq. tab. 111. Regiomonti , 1717, ina, Gabriel. Ryaczynski, Hiflor. natur. curiof. regni Polonie, P- 11. Sandémirie, 1721,in-4". Id. Autluar. Hiff, natur. regni Polon. p. 17. Gedani, 1745, in-4". Michaël, Albert, Lexic, reale. Hal Magdeb, 1727, in-4". Bref. Befch. € verf. pag. 1975 ex Michaël. Albert, lexic. real. Hale-Magdeburgi, 1 73 1 ,in-4",. Woodward; diffrib. méthod. des _foffiles, page 320 de la Géographie phylique. Paris, 1 ZEN in-4", traduétion françoife. Bourouet, arrangement des fofiiles, p. 16, deuxième partie du traité des Pétrifications. Paris, 1 742, in-4° Etienne Franç. Geoffroi, Mati. médic. vol I, Se. II, chapitre 11, p.178, trad. frang. Paris, 1743, in12. À, J. D. Dargenville, Soffil. gall. énumer. p. 44. Paris, 1751 in-8”. Ofteocolla alba, mollis, terrea ae arenofa, de Warnitz ad Uc- kcram, pago regio, hora tantum dimidia à Suckow fito. Pruckm. cpifl. itiner. L'X XII, cent. II, pag. 9 0 7. Ofteocolla, aliis Oflifragus, Ofteites, Ammofteus, Ofteolithus, Holofteus, Steiechites, Germanis Bein-bruch, Bruch-tein, Bein- wol. Olaus Wormius, Mu. Worm. pag. 5 3. Lugduni- Batavorum, 1655, in-folio. Oftcocolla ferruginei coloris fiftulofi Maflenfs (f:758), Kundman. Promptuar. ver. natur. ér artific. p. 225,n." 88, Leonk. Dav. Herman. Maflograph. part. 11, cap. 111, PAL: 191. Ofteocolla cortice albo.obducti cum medullä fufcä, fpongiosi {S. 264). Kundman. Promptuar. rer. natur. & artif. n° 89. UF. Aldrévand. Mu. metall. lib, IV, pag. 626. Ofleocolla figurata Giffena. Chrifloph. Bernhard. Valentin, Ac. matur, curiof. vol. 1, obférv. CLVI, pag. 328, Norimbervæ, in-4°, Ada erudit, Lipf. ann. 1717, Novemb. pag. S07, ex Mirhaël. Albert. lexic, real, Aa erudit. Lipfiæ, anno 1 71 , Jul. P'324, ex todem, W Mém, 17 Se Q q 06 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ofteocolla Francofurtana, ex eadem marga ex qua TFophus fontis poëtici materia. Jobflen. pag. 32 7 33. Bruckman, cpifl. itiner, LXXII, cent. 11, p. 89 8, Ofteocolla Francofurtana-in-Oderim. Jof Chriffoph. Beckman, AG. philof. Soc. reg. Angl. an. 1668, menfe Sept. p. 645. in-4* Ofteocolla, hpis albo cinereove colore, offifque figuram æmu- lans. Johan. Schroder. Pharmacop. med. chymic. lib. II, pag. 3 8, Lugduni, 1649, in-4'. Michaël, Ettmuller. Schroderi dilucidati mineralog. tom. II, pag. 348, Lugduni, 1 6 9 0, in-folio. Ofteocolla, non unius formæ, in ftratis Berolinenfibus crefcens. Bruckman. epifl. itiner. L'XVIIL, cent, II, p. 75 8,n° 1296. Ofteocolla, Offifragus, Bruchftein, Bein-bruch, Bein-well, feu lapis figuram ofis exhibens. Friderici Lachmund. Oryélograph. Æildesh. cap. XXI, pag. 67. Ofteocolla, radice convertita in pietra cementitia molle, e di faftanza fabbioniccia. Ferrant. Imperat. dell'hiflor. natur. L XX1V, cap. XXVI, fig Ofteocolla ramofa, Dammerenfis prope Namflaviam Silef. ef foffa ($. 426). Kundman. Promptuar. rer, natur. à artif. n° 9 0. Leonk, Dav. Herman. Maflograph. part, II, cap. II, p. 1 87. Ofteocolla ramofa in monte arenario Maflenfi frequens, ex quâ foflile ibidem arborefcens præparatur, Bein-bruchftein ($. 30). Kundman. Prompt. rer, natur, à artif. pag. 224, n° 87. Leonk. Dav. Herman. Maflogr. part. II, cap. II, p. 1 82, cum figuris. Ofteocolla fubrubra ex montibus Femine Kundman, Promptuar, rer, natur, à artif. (S. 265), n° Ofteocolla feu Ofteolithus. pd : muf. Chrifliani quinti, pag. 36. Hafn. 1 69 6, in-folio. Ofcocollæe variæ, ferrugineæ, fiftulofæ Me Pruckman, épifl. üiner. LIX, cent, I, pag. 7. Oftiocolla. AMonconys, Journal des Voyages, vol. II, pag. 1 1 7. Paris, 1677, in-4°. Claud. Deodatus, Panth. Hygiaflic. Hippocr. Hermet, Buntruti, 1629, in-quarto, ex Moncon. Ofteocollus. UF. Aldrovand. Muf. metall. pag. 626 à fegg. Bononiæ, 1648, in-folio, cum figuris. Ofteocollus candidi vel cinerei coloris, fiftulofus. Joan. Kentm. Nomencl, rer, foffil, p. 3 0, b. Tiguri, 1 5 65, in-12, edit, Gefn. A en EE DES SCIENCES. 307 Ofteocollus in Mifnià qui in terrâ argillosâ reperitur, argillæ colore, folidus & duritie afperior. Joan. Kentm, Nomenclatur, rer, Soft. pag. 3 0, b. Tiguri, 15 65, in-12, edit. Gefner. Ofteocollus, Pfammofteus, Holofteus, Stein - Bcinwell, Bruch- ftein. Cafpar. Schnrenckfeld Jp. € fo VA Sile GE catalog, Liplie, 1001, in-4 Ofteolithodes. Étienne Franç. Geoff. mat. medic. vol. I, , Je Ir, chap. 11, pag. 11 8, traduët. franç. Paris, 1743, in-1 2. Oftcolithus. Conrard. Gefner. de figur. lapid. p. 151, b. fig. 1, T1, TITI, 1V. Tiguri, 1 5 65, in-oclavo. | Ofteolithus vel potiùs Holofteus. Æichaël. Rupert. Bejler. rar. muf. Befleriani, pag. 86, tab. X XVII, cum figur. 171 6, in-folio, cdit. Michaël. Frider. Lochner. Petrificatum vegetabile radicis arborum vel plantarum. Rizohthus, Johann, Goijchalk. W° allerius, mineral, pag. 335$, Jpecies CCCIF. Stock. 1747, in-8”, Id, ibid. pes 17, efpèce CCCXII1, t 11, édit. frang. Paris, 1753, in-8 Pierre à fouder les os. ba Matthiole, Comment. à Diofcoride, liv, V, chap. CIX. Lyon, 15 72, in-folio, édit, franç, de du Moulins, Pierre des rompus ou oftéocolle. Darvenville, Lithol, part, I, pag. 64, Paris, 1742, in-4,° Pierre os-rompu. André Toel, Parfait Jouaillier, trad. de Boëce de Boot, page 536, livre II, chap. Ds im fig. ab, c. Lyon, 1644, in-ottavo. Pfammolithos, variorum äutlorum. Pfammofteus. Gefner. ex Geoffr. Rizolythus radicis populi nigræ. Johan. Gotfchalk. Wallerius , mminerulog. p. 335, Jpecies CCCIV, Stok. 1747, in-8 Id. ibia. P- 17, eJpèce CCCXIII, t. I, édit. frang. Paris, 1753, in-8 Stelechites. Conrard. Gefner. de figur. lapid, pag. 152, a. Ti- guri, 1565. in-8,° Joan. de Laët, de gemm. er lapidib, lib. IT, pag. 174. Lugd. Batav, 1647, in-8°, À. J, D, re ds Lithol. part. 1, pag. 65, Paris, 1742, in-quarto. ” Stelechites, qui fpeciem ftirpitis habet, prope Mifenam in ar- . Silla reperitur. Johan. Kentman, Nümenclahwr, rer, fofil. pag 36, a, Liguri, 1 565, in-oélavo, Qaqi o8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Stelechites feu minera ferri fiftulofa Malmicenfis, ducatus Glo- govienlis Silefiæ ($. 130): Kundman. Prompt, rer. natur. é7 artif. pag. 226% n° CV1, In Unferen Sammlungen von natur. und, med. Gefih. 1, verf. ann, 1717, menfe Septembri, claÿ. 1V, art. 171, pag. C1 & fèq: Ubf. Aldrov. mufæum metall, lib. I, pag. 147. Petr. Albin. Meifnifch. Bergchronica, titul. VII, pag. 71. Johan. Georg. Liebknechtz, difcur. de diluv. maxim. ex Kundman. Stelechites feu Ofteocolla. Johan. Luc. Wolterfdorf. fyflem. mi- neral, pag. 43. Berl. 1748, in-quarto, form. oblong. Stelechites feu Ofteocolla fiftulofa Tirolenfis alba, ex meris globulis compofita (5. 263). Xundm, Prompt. rer. natur, à artif. pag. 226, n° 105. Stelechites five Ofteocollus. Æichaël. Mercat, AMetallork. PAZ: 277 Cap, XXVIII, XXIX, Cum Jiguris. Rome, 1719)» in-folio. Stelechites flipitis fpeciem oftendens, cujus rami funt mutilati, colore cinereus. Gevrs. Agricola, de natur. foffil. lib. V, p. 261. Baflez, 155 8, in-folio. Tophus argille ramofus & fiftulofus. Johan, Freder, Gronovius, Index fuppellett. lapid. prim. edit. Tophus calcareus cylindricus perforatus, Caro. Linnœus, fyflem. naturæ, pag. 1 89. Liphæ, 1748, in-8°, Johan. Frideric. Gronov Index fuppell. lapid. Lugduni-Batavor, 175 0. in-8 edit. altera. Nous connoiffons déjà, par les dénominations précédentes, plufieurs endroits qui renferment de l'oftéocolle, favoir, Maflen, Warnitz, bourg royal fur l'Ucker, à demi-heure de chemin de Suckow, Gifen, Francfort fur lOder, Berlin, Daimmeren, près Namflaw, ville de a Bohème, dans le duché de Wratif law, Malmen, & en général les montagnes de Mifnie & le Tirol. J'ai dit de plus au commencement de ce Mémoire, d'après M. Dargenville, qu'on en trouvoit en Poitou, à la Gaubreuière, qui eft à quelque diflance de la paroiffe des Herbiers. Les Auteurs que j'ai cités en indiquent encore plufieurs autres: Agricola, par exemple, dit qu'on en trouve dans le pays de Hefle - Caffel, près Spangenberg, fur la, colline Cnoreberg. Boot parle des environs de Spire, : ville. du : D En Sy 191 C-T'ÉE N-C:E.8 àM 399 pälatinat, de Heidelberg, capitale du bas Palatinat, de Jene én Saxe, de Schonwald, bourg de Siléfie, d'un, canton appelé des Bergffrag, dans les environs de Darmflad, ville du cercle du haut Rhin: Mathiole & Monconyscitent ce même endroit: Linnæus marque la nouvelle Marche de, la, Prufle Électorale comme fon vrai pays: Luid aflure qu'on en trouve beaucoup dans les fables de Farington en Anopleterre ; fuivant Lachmund, il's’en voit près d’Alfeld, ville dela bafle Saxe: Helwing en a découvert dans la montagne Rafailka, qui eft près Wilkaffen dans le diftriét de Læcens: on it dans Mercati que les environs de Whena, ville de l’intérieur de la Saxe, en donnent, de même que ceux de Miffen: Gabriel Rzaczynsky en marque aux environs, de Thorn ville de la Pologne An- féatique, dans la Pruffe royale & près de la Viflule: il en marque.encore, proche une chapelle dédiée. à, Sainte-Barbe, aux environs de Leba, ville du pays de Leobourg dans 1a Prufle, près’ Datzick, dans la montagne Hagels-berg:: elle . eff commune, felon le même Auteur, près le moulin dé la ville de Bol{zewoen - Cafübie, canton de l'Allemagne : M. Gleditich en découvrit en’ 173'5! dans uné campagne fiblons neufe qui eft près des: villes de Potfdam,. Teuenbritzen: & Belitz; en 1737, il en ramañla plus abondamment dans le territoire même de Berlin, hors de Ja porte qu'on nonime de Halle, & dansdesiterres fablonneufes qui font. entre iles willages-de Schoneberg.&. Charlottenbourg ; l:en rencontra encore, ce femble, dans plufieurs endroits du cercle de Lebus, & principalement autour de Ja ville de Munehemberg & dés villages de Hoppengarten, Quillitz»Rofenthal & -Frisdlind, aufli-bien que dans les diftrils voifins de la baffe Luface, autour des villes de Beskow, Stoïkow'& Lierberofe; mais, uivant, M. Giledit{ch,, l'oftéocolle abonde für -tout dans: les champs, vignobles & bruyères qui--font autaur-dés villes de Droffen & de Sonnenbourg, tous endroits de la Marche du Brandebourg. M. Gleditfch,en avoit encore eu de la mon- tagne fablonneufe de Creminre. nur k Mais fans m'arrêter daVantage à ommer les endroits qui Qa iÿ 310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE donnent üe Toftéocolle, je dirai, en général, que ce foflile peut fé'tonver dans tous ceux où il y a de la marne; if s'agit feulement pour cela Que les pluies entraînent de cette marne & qu'elles la dépolent fur des racines de plantes & d'arbres ou fur d'autres corps qui, en la moulant, lui donnent la forme qu'ils ont eux-méêmiés. EXPLICATION DES FIGURES PLANCHE TI ; : Figureipremière xepréfente un tuyau cylindrique d'oftéocolle ; il eft compolé de plufeurs couches défignées par Iles lettres 4, 4, a; la couche éxtéricure eft chaprince ou couverte de petits tuberéules B, b, 6, b. La figure 2' fat voir un tuyau compofé de plufieurs portions de cercle, ce qui lui donne la figure d'une colonne à plufieurs pans; il eft chargé. de quelques petits tuyaux défignés par la ettre c. La figie 3 eft un tuyau aplati. La figure 4 en eft un (dont les-bords font roulés en dedans & Hor- ment un filon 4, fuivant la longueur du tuyau. La figure ÿ démontre un tuyau cylindrique qui en renferme un triangulaire e. La figure 6 repréfente un, tuyau conique. La figure 7 eftoun tuyau courbé en ccrcle. : La figure 8 fait Voir un tuyau ouvert fuivant fa longueur , pour qu'on en diftinpue les ftries longitudinales f, f, f; une portion g d'un tuyau femblable eft attaché à un de fes cotés. La figure 9 cft un os Tong trouvé parmi les mafles de tuyaux. Pa AN,e HE LL La figure de cette Planche repréfente une maffe d'oftéocolle com- pofée de différentes efpèces de tuyaux: fe * } Men. de l'Ae.R des de.1784. Page 810 Plio, Mem. de L'Ac.R. des Sc.1764 Page 10. Pl. 1, DES CL LE NQCLE S 311 OPA BOL TES | di DE S I DRPOSITIONS DE JUPITER ET DE SATURNE y ed REGUIRE. SOLEIL: Obs à l'Obfervatoire royal, depuis l’année 1733 juqu'a l’année 1755 inclufivement ; avec un Aiémoire. fun les Obfervations dont on s’eft .fervi pour calculer ces Tables. Par M. LE GENTIL. A 1 1 à l'Académie, le 12: Août 1752, un Mémoire fur les inégalités que l'on remarque dans les mouvemens de Saturne & de Jupiter: j'avois mis à la fin de mon Mémoire deux Tables qui renfermoient les oppofitions de ces deux lanètes avec le Soleil, depuis l'année 1733 jufqu'à l'année 1752 inclufivement, {ur les obfervations tirées des regiftres de l'Obfervatoire Royal. Mon Mémoire avoit été deftiné pour limpreflion parmi ceux des Savans Étrangers; mais ayant eu Yhonneur d'entrer à l’Académie l'année fuivante, & mon Mé- moire ne {e trouvant point encore imprimé, je le retirai pour lors de l'Imprimerie, dans l'intention d'y faire différens chan- gemens & de le relire à la Compagnie: diverfes occupations ont retardé l'exécution de mon deffein. J'avois entrepris de plus une vérification générale de mes calculs, c'efl-à-dire, une feconde réduction de toutes les obfervations qui m'ont fervi pour -conftruire mes deux ‘Tables des oppofitions de Jupiter & de Saturne, & pareillement un fecond calcul des oppofitions de “ces Planètes, pour être plus à portée de découvrir les erreurs qui gliffent fi aifément dans les calculs. Cette vérification (que je n'avois cependant réfolu de faire que dans certains momens.) quoique, longue & ennuyeufe, devoit bien me 312 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE dédommager de mes peines, par la füreté qu’elle donnoit à mes calculs. Elle eft heureufement finie, & ce font de nouvelles Tables corrigées des oppofitions de Jupiter & de Saturne depuis 1733 jufquà 1755 inclufivement que je donne à l'Académie, calculées fur les obfervations tirées des regiftres de l'Obfervatoire royal; & comme M. Caffini a donné, dans {es Elémens d’Aftronomie, les oppofitions de ces deux Planètes, obfervées à Paris depuis 1.672 pour Jupiter, & 1685 pour Saturne, les Géomètres & Aftronomes qui voudront travailler à la recherche des mouvemens de ces Planètes, trouveront par ce moyen des obfervations fur Jupiter pendant quatre- vingt- trois ans, & fur Saturne pendant foixante-dix ans, toutes faites au même endroit. En mon particulier, j'ai déjà beaucoup travaillé fur cette matière; mais comme elle demande des recherches, pour ainfi dire, infmies, j'attends que j'aie un nombre fufffant de con- clufions pour les communiquer à l'Académie: je me borne feulement ici à rendre compte de mon travail fur les oppo- fitions dé Saturne & de Jupiter depuis 1733 jufqu'à 1755, & à faire voir en même temps les erreurs de nos meilleures Tables aftronomiques. Comme je fais que les obfervations aflronomiques font des dépôts précieux pour les Aftronomes, & qu'un grand nombre de réfultats de calculs, dont on ne voit ni les élé- mens ni les obfervations, n'ont pas auprès d'eux le même crédit, je fais précéder mes deux Tables des oppofitions de Jupiter & de Saturne, chacune d'une Table qui renferme les obfervations mêmes, en fix colonnes : les deux prentières con- tiennent les paflages au méridien, de Jupiter, de Saturne & des Etoiles auxquelles on a comparé ces Planètes, avec leur hauteur méridienne apparente, telle que l'inftrument l'a donnée; uné colonne à côté renferme l'erreur du quart-de-cercle: les quatre dernières colonnes contiennent les obfervations réduites, c'eft-à diré, l'afcenfion droite, la déclinaifon, la longitude & la latitude des deux Planètes, ce qui laïffe toüjours la liberté de vérifier le caleul à quiconque voudra l'entreprendre. Les obfervations D ES SICIENCES. 313 obfervations renfermées dans ces deux Tables, ont été faites avec le quart-de-cercle mural de fix pieds de rayon, dont M. Cañini s'elt fervi depuis 1732 pour obferver tous les paflages au mé-- ridien & les hauteurs des aflres, ce qui offre deux points de critique également importans pour juger du desré de précifion que l'on peut attendre de ces obfervations. Le premier point regarde la pofition du plan du quart-de-cercte par rapport au plan du méridien, & le fecond regarde l'erreur du même inf trument par rapport aux hauteurs apparentes des aftres. Quant au premier point, M. Caflini, qui a fait conftruire . ce quart-de-cercle par le fieur Langlois, a pris toutes fortes de précautions pour le placer le plus près qu’il fût poffible du plan du méridien. De plus, cet habile Aftronome n'a rien négligé pour lui procurer toute la folidité néceffaire: il Va fait fixer contre un des murs de Ja tour orientale de l'Obfervatoire, qui a huit pieds environ d'épaifieur. On fait aufi que tout l'Obfervatoire eft bâti avec d'énormes pierres de taille, fur des fondemens de pierre de près de quatre-vingts pieds de profondeur: on fent donc combien des murs de cette efpèce, conftruits depuis fi long temps, doivent être exempts des mouvemens progreflifs auxquels feroient fujets des murs peu épais & bâtis, pour ainfi dire, fur le fable. Vers la fin de l'année 1750, j'entrepris de vérifier la déviation de tous les points du limbe qui font entre les deux tropiques, & d'en conftruire ‘une Table, afin d'y avoir égard dans les paflages au méridien de la Lune & des Planètes. Cette Table fut achevée vers le folftice d'été de l’année fuivante, & je me vis à portée par-là d'entreprendre la réduction de toutes les obfer- vations, de Saturne & de Jupiter, qui avoient été faites avec cet inftrument depuis 1733. J'ai fuppofé, je l'avoue, que depuis 1733 jufqu'en 175 1, le quart-de-cercle n'avoit point varié fa pofition par rapport au plan du méridien ; mais on verra dans la fuite que j'ai pà faire cette fuppoñition, fans craindre une erreur de plus d’une feconde & demie ou deux fecondes de temps pendant un intervalle de plus de vingt-trois ans. En effer, ayant comparé mes obfervations fur fa déclinaifon Mém, 1754: Rr 314 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Royarr du Mural avec des obfervations faites en 1733, 1738 & 1742, je n'ai pas trouvé que cet inftrument ait fouffert de va- riations aflez confidérables, pour que je ne fuflé pas für de tous les paflages au méridien, à une feconde & demie près où deux fecondes tout au plus. Voici les preuves de ce que j'avance. En 1733, felon une Table que j'ai trouvée dans les resiflres, le point de 214 48’ du quart-de-cerclé déclinoit à l'Orient de deux fecondes; & en 1750, j'ai trouvé, par mes obfer- vations, que le point de 22 degrés déclinoit pareïllement à YOrient, de 1" +. La même année 173 3, le point de 451 30° déclinoit à l'Orient de deux fecondes, & en 17 SO jai trouvé que le point de 46% + déclinoit aufli à l'Orient de 2" 41°" *, I eft vrai que je nai point trouvé dans les regiftres les hauteurs correfpondantes fur lefquelles la Table des déviations, faite en 1733, ait été conflruite; ce qui me fait croire que . M. Caffini fe fera fervi de quelque méridienne: mais com- ment cette méridienne aura-t-elle été conftruite, fr ce n’eft par le moyen’ de hauteurs correfpondantes! En 1738, jai trouvé des hauteurs correfpondantes qui donnent la correction du mural de 2" + additive à fa hauteur de 38 degrés, & mes obfervations m'ont donné, à la méme hauteur de 38 degrés, la correction de 1” 58°" addiive. En 1742, j'ai trouvé des hauteurs correfpondantes qui donnoient 3-1 $"" pour la déclinaifon à l'Occident du point de 334 34, & j'aitrouvé en 1750, pour 34 4’, 1" 28"; la différence eft 1" 47". Cette différence, qui eft la plus grande de toutes celles que j'ai trouvées, fait voir qu’il eft arrivé bien peu de variation dans Finftrument, par rapport au plan du méridien, pendant * Quoique j'aie calculé les dévia- tions du mural jufqu’à la précifion des tierces, je n’ai pas prétendu pour cela que mes obfervations me don- naflent cette précifion imaginaire : ce que j'ai fait, je l'ai fait pour l’exac- titude & Ja facilité du caleul dans lequel il eft bon de ne pas fe néelicer, & d'employer en même temps les méthodes qui ont le plus de com- modité, felon que les cas le deman- dent. De plus, la Fable dont je me füis fervi pour corriger mes hauteurs correfpondantes , eft celle des Éphé= mérides de M. l'Abbé de la Caille, dans la conftruétion de laquelle PAu- teur n’a pas épargné les tierces, “ve ont éme. à D ES SCIENCES. 315 un très-grand intervalle de temps. Voici d'autrés vérifica- tions encore plus exactes : depuis le 6 Février 1752 *, juf- qu’à la fin de l'année dernière 175 5, j'ai pris de temps en temps des hauteurs correfpondantes du Soleil, & je les ai comparées au midi donné par le mural, de forte que le même point fe trouve avoir été obfervé trois où quatre fois; _jai conclu de mes obfervations, que le mème point, vérifié dans les mêmes faifons, n'a point changé par rapport au méridien, pendant un efpace de trois ans. Je vais citer quelques- unes des oblervations que j'ai faites fur ce fujet, qui ferviront- à confirmer ce que j'avance. En 1752, la correétion pour $ 14 30! & 524 12’, étoit de 00" 18°” & oo" 16" additive; & en 175 5, elle étoit, A 4 LUI SAUT T7 pour le même degré, de oo" 44" en plus, avec une diffé- _ rence (ou variation, fr l'on veut) de 00" 26" en trois ans. En 1752, la correction pour 6 3Ÿ+, étoit de 1” 5 5” additive; & en 1755, elle étoit pour 6242, de 1” 12°”, avec une différence de 43 tierces en trois ans. Enfin en 175 2, la correc. tion pour 184 $'° & 184 25', étoit de 5" 19°" fouftractive; &en 1754, pour 1947, elle étoit de 5” 36", avec très-peu où point du tout de variation en deux ans. ” Tous ces exemples, & plufieurs autres que je fupprime our abréger, m'ont affez fait connoître que dans les faifons femblables les déviations de l'inftrument font les mêmes : car, pour la différence d'une demi-feconde au plus que je trouve pour fe même deoré par les obfervations de 1752, comparées à celles de 1754 & de 1755, ne peut-on pas fuppoler que la plus grande partie doit en être rejetée fur l'er- reur des obfervations! En effet, quel eft l'Aftronome, quelque adroit qu'il foit, qui puiffe répondre d’un fixième de feconde fur un midi conclu par plufieurs hauteurs correfpondantes, fans parler encore de l'obfervation du paffage du Soleil par le méridien, fur lequel on ne peut guère moins fe tromper *uLe 6 Février de l’année 1752, M: Caffini a. fait ôter le micromètre du quart-de-cercle mural pour le faire raccommoder, & le 10 du même mois le micromètre a été remis à fa place. Rr i 316 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que d'un fixième de feconde? Ne fufhroit-il donc pas qu'en 1752 ces erreurs (fans en fuppofer de plus grandes) euflent été dans un fens, & en 1754 & 1755 dans un fens con- taire, pour produire une diflérence plus grande que celle que je trouve? Mais comme les obfervations que je rapporte ont été faites dans des faifons à peu près les mêmes, il peut arriver, me dirat-on, que les corrections que je viens de donner pour un même point, ne foient pas les mêmes dans toutes les faifons, & cela parce que nous favons que le chaud & le froid agiflent fur tous les corps, & principalement fur les métaux & les pierres. Je réponds à cette difhculté par les expériences que j'ai faites fur ce fujet; elles m'ont fait connoître qu'il n'eft pas arrivé au mural dont je parle, d’auffi grandes variations du froid au chaud que celles que j'aurois pà foupçonner d'après les idées de quelques Aflronomes: en voici des exemples. Le 29 Février 1752, j'ai pris plufeurs hauteurs corref- pondantes du Soleil vers les neuf heures du matin & es trois heures après midi, pour vérifier le point du limbe de 3345 & j'ai eu foin de marquer dans ces obfervations, comme dans les fuivantes, les degrés du thermomètre de M. de Reaumur. Par ces hauteurs, qui différoient à peine de 30 tierces, j'ai trouvé la déclinaifon du point de 33% de 1° 58°" fouftrac- tive. Le thermomètre avoit varié dans l'intervalle de neuf heures du matin à trois heures après midi, depuis fix divifions jufqu'à fept au deflus du terme de la congélation. J'ai examiné enfuite fi pendant la nuit la déclinaifon de ce point étoit la même: pour cet effet, j'ai pris le 11 Mars fuivant, fix hauteurs correfpondantes du cœur de l'Hydre, qui ne dif- féroient entrelles que de 22 tierces, & qui donnèrent fa déclinaifon du point de 3342 de 1" 45" fouftradive, c’eft- à-dire, fans aucune différence, ou avec 1 3 tierces feulement de différence de ce que j'avois trouvé le 29 Février par ie Soleil. Le thermomètre avoit varié depuis huit divifions jufqu’à trois au deffus du terme de la congélation; ce qui fait s degrés plus froid que le 29 Février. DT ENS NS ICE ÊN: CE. s. 317 Le 14 Juin 1752, Saturne étant près de {on oppoñition, jai pris plufieurs hauteurs correfpondantes de cette Planète fur les neuf heures du foir & trois heures après minuit, le thermomètre marquant, dans les obfervations du foir, 1 6 de- grés, & dans les obfervations du matin, 12 degrés au deflüs du terme de la congélation. Ces obfervations, qui différoient entr'élles d’une feconde feulement, donnèrent la déclinaifon du mural à 1942 de hauteur, de 3" 40" fouftractive. Le 30 Décembre de la même année, par un très-beau temps, le thermomètre étant fur les neuf heures du matin à 4 decrés au deffous du terme de la congélation, j'ai pris fix hauteurs du Soleil, & fur les trois heures après midi, le thermo- mètre étant encore d'un demi-dégré au defious de la congéla- tion, j'ai obfervé les correfpondantes. Ces obfervations, qui ne difftroient prefque point entrelles, donnèrent la décli- naifon du mural de $" 19""en moins, c'eft-à-dire, de 1" 39"! plus grande en hiver qu'en été, en ne fuppofant point d'erreur dans les obfervations des deux faifons: par conféquent la dé- clinaifon d'un même point du mural n'auroit varié que de 1" 39° feulement, pendant que le thermomètre auroit varié de 20 degrés. Le 2 Décembre 1754, pour 191 de hauteur, j'ai trouvé la correction de $* 36” fouftractive: j'oubliai de marquer le degré du thermomètre, mais M. de Reaumur nr'a commu niqué les obfervations qu'il en a faites chez lui ce jour-là, & qui doivent différer de fort peu de ce que j'aurois trouvé au thermomètre de l'Obfervatoire pour la température de l'air du 2 Décembre 17 54. De plus, quand la différence monteroit à 1 degré, que pourroit-il en réfulter dans mes obfervations, puifque je trouve fi peu de chofe pour 20 degrés? Selon les obfervations de M. de Reaumur, fon thermo- mère étoit le 2 Décembre 1754 à 10 heures du matin, à 242 au deffous du terme de la glace, & à 2 heures après midi il étoit encore à demi-degré au deflous du même terme: or cette obfervation comparée à celle du 14 Juin 4752, donne une variation de 1° 5 6°” dans le mural, pour Rrii 318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 19 degrés environ de variation dans le thermomètre; ce qui difière de 17 tierces feulement de la quantité que j'ai trouvée le 30 Décembre 1752, c'eft-à-dire, deux ans au- paravant. Par conféquent linflrument mural en queftion ne varie pas de 2 fecondes de temps dans les paflages au méridien pour 20 degrés de variation dans le thermomètre, en y comprenant les erreurs des obfervations. Enfin, pour vérifier fi les hauteurs correfpondantes prifes à différentes heures de Îa journée donnent exaétement le même midi, j'ai pris le 2 Mars 1752 quarante-deux hau- teurs correfpondantes, depuis 8 heures du matin jufqu'à 10 heures, le thermomètre étant à 6 degrés au deffus du terme de fa glace: toutes ces hauteurs (ce qu'on aura peut- être peine à croire, quoique vrai) ne différoient pas entrelles de 30 tierces, après la correttion faite pour le changement du Soleil en déclinaifon. L’après-midi le thermomètre fut à 7 degrés feulement au deflus du terme de la glace, ce qui ne fait qu'un degré de variation du foir au matin. Le 3 Mars de fa même année le thermomètre varia da- vantage, car à 8 heures du matin il n'étoit qu'à 2 degrés au deffus de la glace, & l'après-midi il étoit monté à 841 au deflus du même terme, ce qui fait 642 de variation du matin au foir: ce même jour je pris dix-huit ou dix-neuf hauteurs correfpondantes depuis 8 heures du matin jufqu'à 10 heures & demie, c’eft-à-dire, pendant un intervalle de deux heures & demie, favoir, quatre hauteurs à 8 heures, quatre à 9 heures, quatre à 10 heures, & fix à 1r heures. Ces hauteurs, après les correétions faites pour le changement du Soleil en déclinaifon, ne différoient pas entr'elles de plus d'une demi-feconde. Le ro Mars de la même année les variations du ther- momètre furent comme celles du 3 Mars: j'ai pris ce jour-là dix-fept hauteurs correfpondantes, favoir, fix à 8 heures, fix à 9 heures & cinq à 10 heures, & je n'ai pas remarqué entrelles de plus grandes différences que dans celles du 2 & du 3 Mars. DVEUS 'S'C1E N CE Ss. 319 Ce qu'il y a de remarquable encore, c'eit que fur un fi grand nombre de hauteurs il ne s'en eft pas trouvé une feule àrrejeter: j'y donnois, il eft vrai, des attentions fingulières ; cétoit dans la tour orientale de Obfervatoire que je les prenois avec un inflrument de 2 pieds de rayon qui étoit principalement deftiné pour ces fortes d’obfervations. Le fil- à-plomb étoit un cheveu noir très-fort, qui portoit une balle de fufl, laquelle trempoit dans une petite cuvette pleine d'eau pour en arrêter les balancemens; ce qui, joint à une vis de rappel qu'on avoit fait mettre à l'inftrument, procu- roit une très-grande facilité pour mettre le filà-plomb für le point avec la dernière exaclitude & fans qu'il reflât le moin- dre fcrupule, De tout ce que je viens de dire, on peut tirer cette con- féquenice que j'ai annoncée dès fe commencement, que l'inf trument mural de lObfervatoire n’a pas varié fenfiblement depuis 1733 jufqu'en 175 5, c'eft-à-dire, depuis qu'il eft en place, & qu'on peut répondre à 1" + ou 2" de temps des paffages au méridien que je rapporte dans mes Tables, en ÿ comprenant les erreurs des obfervations. Le fecond point à examiner, regarde la quantité dont le mural haufloit ou baif£ foit les jours auxquels Jupiter, Saturne & les Étoiles ont été obfervés. Pour découvrir cette quantité, j'ai fait ufage des obfervations du Soleil & des Étoiles quand j'en ai trouvé de principales, & j'examinois un ou deux jours avant, & un ouù-deux jours après l'obfervation des Planètes, l'erreur de l'inftrument. Par toutes les comparaifons que j'ai faites, je Mai pas trouvé de plus grande différence que de dix fe- condes; quelquefois je n’en trouvois pas cinq, mais j'ai toû- jours pris un milieu entre deux ou trois réfultats: c'eft de cette facon que j'ai déterminé l'erreur de l'inflrument, ren- fermée dans mes deux colonnes, pour corriger les hauteurs apparentes de Jupiter & de Saturne. On voit, par ces colonnes, que cet inftrument a varié pour les hauteurs depuis 1733 Jufqu'en 175 5 , puifqu'au temps dé l'oppofition de Jupiter du mois d'Avril 1733, il donnoit les hauteurs trop petites de 320 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 1 29", & en 1751, au temps de l'oppofition de Jupiter, il les donnoit au contraire trop grandes de cinq minutes, ce qui fait environ 6" + en dix-huit ans. Outre cette variation, que l'on peut remarquer en fuivant mes colonnes d’un bout à l’autre, on en verra une autre: en eflet, on reconnoîtra que dans les mois de Décembre, Janvier & Février, l'erreur de l'inftrument eft communément de 45" 5 8", & même 1” 5" plus grande que dans les mois de Juin, Juillet & Août, aux jours de tous ces mois où Jupiter & Saturne ont été obfervés. Si l'on me demande maintenant comment il fe peut faire que cet inftrument qui a varié pour Îles hauteurs de 6’ +en dix-huit ans, & qui. varie en outre jufqu'à une minute d'une faifon à l'autre, nait pas varié de deux fecondes de temps dans fa polition par rapport au plan du méridien, Je réponds, premièrement, que c'eft un fait, quelle qu'en foit la caufe. Secondement, il peut très-bien fe faire que le plan du limbe de cet inftrument ait un petit mouvement progreffif, même variable, dans le fens vertical, quelle qu'en puifle être la caufe, fans que fa direétion par rapport au méridien change con- fidérablement ; car comme il eft attaché ferme par trois points, il ne peut guère fouflrir d'autre changement que celui qui fe fait dans le vertical par l'affaiflement de l'inflrument, & en- core par le mouvement de l'alhidade autour du centre. Au furplus je ne fuis pas tenu d'en donner la raifon, il me fuffit d'avoir exactement l'erreur pour tous les jours d'obfer- vation ; ce que j'ai recherché, comme j'ai dit, en comparant entr'elles plufieurs obfervations, fans craindre une erreur de plus de 8 à 10 fecondes dans la déclinaifon des deux Planètes dont je donne les obfervations, Éclairciffémens fur la Table des Oppofitions de Saturne, Dans la détermination des afcenfions droites de cette Pla- nète & de celles de Jupiter, j'ai toûjours pris un milieu entre les afcenfions droites que me donnoit le Soleil, & celles que donnoient des étoiles obfervées avant ou après le paflage DES SCIENCES. 321 affage de Ja Planète par le méridien, quand j j'en ai trouvé, Les Tables du Soleil de M. Caflini étant fort exaétes } je n'ai pas cru devoir préférer la détermination par les Étoiles à la détermination par le Soleil: d'ailleurs la plus grande partie des afcenfions droites, comme on le voit dans les Tables, n'ont pà, être déterminées autrement que par le paflage des Planètes au méridien, En, 17733, on trouve que Saturne a. été obfervé les 17. & 18 Décembre, c'elti-dire, près de deux, mois après: fon oppoñition avec le Soleil. Dans ces deux obférvations: Saturne étoit fort près de fa flation, de forte que fon mouvement du 17 au 18 Décembre a dû être prefque infenfible ; d'où il fuit que ce mouvement, n'étoit point, propre pour déter- miner J'oppofition, Dans ce, cas ; j'ai employé, pour la dé- terminer, les deux, obfervations prifes :féparément: j'ai pre- mièrement! fait le calcul de loppofition fur les Tables de M. Caffini , enfuite j'ai cherché par les mêmes Tables {a longitude géocentrique de la. Planète | pour; les deux jours d'oblervation; de là j'ai tiré le mouvement, de Saturne dont je me fuis fervi pour déterminer le moment de loppofition avec les! deux longitudes obfervées. * Pour 1735, j'ai fuivi la même route. Pour 1737, il eft bon de remarquer que le pañfage au méridien du 8. Décembre wa pû être déterminé qu'à peu près, parce que le Soleil n'a point été oblervé depuis le 6 Décembre jufqu'au 1 43 de forte que j'ai préféré de conclure Y'afcenfion droite de Saturne par” quelques étoiles des Gémeaux qui ont pallé, à mème hauteur que Saturne en 1742 Le Soleil n'a point été obfervé, depuis le 5 Février juiqu'au 8, ni, depuis. le8, jufqu'au, 124 ce qui fait que j'ai conclu les midis du 9, du 10. &. du. 1 1 par ceux qui ont été oblervés 4 : &le 12: Au refle, la pendule du 8au 9 ayant fait 6’ 9" pendant une révolution du premier mobile, j'ai ARTE lafcenfion droite de Saturne par les étoiles des Gémeaux, & par, Aldebaran qu pafloit à la même hauteur que: Saturne, : Mém. 175 4 Sf = 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Eclairciffemens, fur, la Table des oppofirions, de, Jupiter, En 1734, jé rappoite deux obférvations de Jupiter, l'une le 22 Juillet, l'autre le 28, éloignées de près de deux mois du moment de loppofition; mais je n'ai employé que celle du 22 Juiliet, en fuivant la route que j'ai tenue en 1733 & 1735 pour Saturne: l'obfervation' du 28 Juillet n'eft rapportée qu'en faveur de ceux ‘qui travailléront à la théorie de Jupiter, & qui ne feront petit-être pas fichés d'avoir une vérification. En 1746, le pañlage de Jupiter au méridien le 4 Tsa n'a pû être marqué qu'à peu près, parceque je n'ai trouvé aucun paffage du Soleil oblérvé depuis le 29 Juin jufqu'au 13 Juillet} & que la pendule n'a paru avoir efluyé quelque variation du 29 Mäi au 4 Juin;'ceft pourquoi j'ai déter- miné J'afcenfion droite de Saturne, en me férvant de la boréale au front du Scorpion , ayant trouvé trop de difficultés à fa déterminer’ par le Soleil. Je crois ma détermination d'autant plus exacte, que du 4 Juin au 6 Hs pendule a fuivi le temps moyen. En 1747, les obfervations que l’on trouve dans la Table, font éloignées de l'oppoñition; June éft treize jours ‘avant, & Fautre quinze jours après ; mais comme elles font prefqu'éca- lement éloignées du moment de l'oppofition, le mouvement de Jupiter qu'on en tire, eft fuffifamment exaét pour déterminer l'oppofition. Cependant, pour ne laïfler aucun doute fur cette matière, j'ai encore déterminé l’oppofition de Jupiter par cha- cune gs deux obfervations en particulier, en’fuppofant le mouvement de là Planète pris des Tables) comme j'ai fait én 1733 pour Saturne. Ces deux derniers réfultats 1 font accordés fr parfaitement enfemble, & avec la première dé: termination, qu'ils font une preuve évidente, & de la juftefle des calculs, & de l'exactitude des obfervätions. Comme il eft néceffairement arrivé que dans l'efpace de plufiéurs j jours le mouvement, tant de la Terre que des deux Planètes, n'a point été égal ni nee foit qu'on Je c'dédii DES Sciences. * 323 des Tables, foit qu'on le calcule par les obfervations que leur mouvement au contraire à été retardé ou accéléré, felon que ces aftres fe font approchés ‘ou éloignés de‘leur äphélie, loppofition, déterminée par la méthode ordinaire; né pourroit Pas répondre à un même & unique point de l’Écliptique: ceft ce que j'ai vérifié plus d'une fois : Jai eu égard à Ja correction qu'exigeoit, pour cette raïfon » le moment de lop- pofition déterminé par la méthode ordinaire, qui fuppofe un mouvement égal & uniforme. LEE Pour ce qui eft de l'erreur des Tables aftronomiques, celles de M. Caffini, dans 11 dernière oppofition de Saturne, c’eft-à- die, dans celle de 175 5, donnent de lieu de cette Planète de 3° 28" moins avancé que felon lobfervation, &' celles de M. Halley, de 15° 51”; maislen 174 3, lorfque les deux Plantes étoient en conjonétion! les Tables de M. Cafini fe font écartées de 1 1” 40", & celles de M. Hälley feulement de 3° 21" en moins, de forte que ce font là jufqu'à préfent les plus grands écarts de nos Tables modernes pour Saturne, À Tégard de Jupiter, tes Tables de M. Halley fe font écartées en 1748 de 10’ 42" en plus, & celles de M. Caffini, la même année, de 7’ 54" auffi en plus. * 7" Fe En 166 3, les deux Planètes furent en conjonétion, 8 Saturne avoit, au, moment de fon oppofition avec le Soleil ; 111 134 5 d'anomalie moyenne. M. '‘Halley, qui a donné à la fin de fes Tables les oppofitions de Jupiter & de Saturne depuis 1663 jufqu'en 1719, trouve en 1663 l'erreur de fes Tables, pour Saturne, de 3 9" en plus. En 1692, au contraire, lorfque les deux Planètes furent en oppofition entrelles, Saturne ayant prefque la même anomalie moyenne qu'en 1 663, c'eft-à-dire, r1f as £, M. Halley trouve que fes Tables donnoïent la longitude de Saturne de 9’ 17" moins avancée que felon Folfervation , de forte que Saturne auroit té dérangé de 12’ 26" dans lop- pofition de 1 69 2. Je trouve à peu près la même quantité par les obfervations de 1 7 5; Saturne a été cette même année En oppofition avec Jupiter, & de plus cette Planète avoit à fi 324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE peu près la même anomalie moyenne qu'en 1663 & 1692}; c'eft-à-dire, 10! 2542 En 1750, les Tables de M. Halley . faifoient la longitude de Saturne de 9” 43" moins avancée que felon fobfervation, de forte que Saturne auroit été dérangé de 12° $2” dans fon oppofition à Jupiter de l'année 17 50; ce qui s'accorde aflez, c'eft-à-dire, à 26”, avec ce que l’on trouve rapporté dans les Tables de M. Hälley, fur la con- jonction de 1663 des deux Planètes, comparées à leur op- pofition de 1692. Au refte, je donne, pour les temps des oppofitions, le calcul de la longitude de Jupiter & de Saturne fur les Tables de M." Hälley & Caffini, avec l'erreur de ces Tables à côté, en faveur de ceux qui voudront faire de ces fortes de com- paraïons, fans fe donner la peine de faire de calculs. Je me fuis beaucoup étendu fur les obfervations que je rapporte , mais ceux qui aiment à voir clair ne me blämeront pas: il froit à fouhaiter que toutes les obfervations qui ont fervi au favant Géomètre * qui a remporté le Prix fur les inégalités de Saturne & de Jupiter, euflent été difcutées avec autant de critique; il en eût trouvé beaucoup à rejeter, dans kefquelles l'erreur eft pour le moins auffi grande que celle qu'il s'eft propofé de détruire par la correétion des Tables. * M. Euler a remporté le Prix propofé par l’Académie, fur les inéga- liés de Saturne &, de Jupiter. Ù DES SCIENCES. 325$ f 1L: OBSERVATIONS de Jupiter faites à l'Obfervaroire royal avec un quatt-de-cercle fixe de fix pieds de rayon, lefquelles ont fervi à calculer les oppofitions de cette Planète, renfermées | dans la deuxième Table. : TABLE PRE M ÉËÈ RE b ERREUR PASSAGES AU MÉRIDIEN. | HAUTEUR. de l'Inftrument. ASCENSION DE. DROITE. LATITU DÉCLINAISON | LONGITUDE. 1733. 22 Avril. 12. 11.40+ 1h EAN: - 12. 3.002 | 1734 EU. 7: 48:30 72435. 12: 2. 393 - 11. 58. _— D cé ] . MS. DARAEAENS | D: .56.2$A 215. 17. 46|1. .51.$$ |215. 2.44ltr. a —_——— 1 ———_— | ————_— | ————_] —_—_—— | ——————_— | ————— 738. 170 7 50.51 Îs1 Jupier précéda Ÿ du Taureau de 1" 36 Es au fil horaire d’une lunette placée fur une machine parallaétique qui répondoit au méridien, Jupiter fut trouvé par les fils obliques de 1’ 38” de temps plus au nord que l'étoile. . «+ 8.16:27 Jupiter précéda de 1h 36 35", , . .. .,. . . .. . ... 1.48 de temps plu au nord que l'étoile. iles cl 24e No 578 22 O0B) 25:27. 18|/1..3408 A: Peletelens IN ete AQU 24 1.56| 8.21.20 | 2$.19.00|1. 33. 34 .[23. 56. 14|répondoient à| 360. -20 |60.45.30| —o. $5| 59.43. 15|19.34.12 RSR 12. 1.41 60.43. 10| — 0. 55] 59-36. 39|19.31.5$2 - 58.51 -23:164.28.40| —1. 00| 96.13.40|23.17.23 3° 41 . 9 | Aldebaran. | 23. 56. 8 |répondoient à MAMAN .-124/160.11.40| —o. $8|131. 00. 00|19.00.18 |128. 20. 36|0. -12 [pied luifant|des Gémeaux. .-1$ |60.18.15 —o, 58|130.35 3019. 6.53 |127. 56. 27|0. 40. 57 12.12 Regulus,,.| 23.56. 7£|répondoient Ale ee EE 360. | +12. 3.155150.35.30| —o. 52|161.28.20| 9.23.59 |159.20.47|1, 25.42 28.....11. 8.307|Regulus...| 23.56. 7:|répondoient à| . . . . . .. 360. spssesl1.59. 3 |[50:38.40| —o.5s2 161,20.24| 9.27. 9 |1$9,12.20]1. 25. 40 326 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE TRE EE SRRRET PER RER Lo - + "os 1: -| ERREUR PASSAGES AU MÉRIDIEN, |[HAUTEUR. de ASCENSION DéÉCLINAISON | LONGITUDE. |LATITU DE. , DROITE. l'Inftrument. SL ) Go 0en RTE EE m Heur Min. Sec. | D. M. S. | D. MINS. D. M. S D. AM. LD. S | D, 1744. 26 Mars..12.13:40% 38.51.25). 0e, 189. 32.40| 2.21. 17æ5° Jupiter. . 28 Avril. 12: 4.471/27.52.50| —3. O|217. 30. 18 1 Mai..11.43.433la de la &. 11 52.007|20-159 — 3. 0217. 9.15 1746. 27 Mai... 12.19. 2+|10.54 $0[ —2. 28|249.1 8.00 4 Juin, .11. 00.233 suis la boréale auf Jupiter. dou... 11.42.237/20. 2.5S — 2. 28|248. 14. 00 Du 4 Juin au 6 du même mois.|. . .”. .. 3”+|répondoient à L747° 1748. 79: 1750. 9 STE EE . 27 Mars. FO. 2 285. 40.25 1oJuillet. 10.52.36 l18. 4.45]. . . MISES 3537 8 Août... 12. 4.161 24. 38.45 . so 320. 9-11 9e «5 11-59-56 |24.35.00 . $so|320. o: $sl|1 ns Sp 124 es penis JU: — + 46 461354. 44. 13 .25|1. 35:48 16Oû.…..12.32. 6 sers +40. 34.20 I . 5811. 31:31 24e + «+ 11.42. 314|a du Bélier. 11.43.32 |P du Bélier. tenir 11 57: 322110. 46.44 +40.34-20| +43 53 2|r.@ir. 28 27Nov... 12. 5.322161. 51:40) — 54 0016465555 Si MONS D se +40.34.20| 64.46.29 27 Déc. 12 19. 262| 64. 18.00 POP 102. 15.44 2301083 rade 9:293 64.19.55|. —4- $5|102.00.11 21Juin.….13. 2181/1828. 2 .343158.59-55| —4 50 cs 00. 12 rs Se AR mi +158 552: 00 6. 10+|50. so. 6.30 — 4. ie 53: 59 a DES SCIENCES. 1.327 TABLE DEUXIÈME. PPOSITIONS de Jupiter depuis 17 33 jufqu'à 1755 inclufivement, calculées fur les obfervations rapportées dans. la Table précédente, (LONGITUDE|LATITUDE| LONGITUDE. obfervée. obfervée. | Calinte Ra pere | t 36 LONGITUDE. ANNÉES & Jours + Temps! Enreur| | C . | Tables de M. Halley- LS D. M S |D:M S F7 DO MTS Fes 6. 7. 5-.00.27|1. 26.23 B| 7. 4.59 ANS 4 20 . 8. 5.48: 31lee . «à 8. 5.49.43|+ 1.712 : 9. 8 7.170. 00.19 A| 9 JMS U722| 41085 10.12.22, 58|0. $3. 14 ë 10.12.23.53|+ O.55 +131 0.25.18.2511. 33: 34 -431 0.25.19.10!4+ 0.45 2. 1.30. 610. 58. 59 :33| 2 rag:$7|— 1. 9 3+ 5-57:13/0e —3e 1f 3 S57A 6|— 047 4 8.25.17|0. 49.37 B —3.22| 4 .26.30|+ 1.13 Se 9.183711. 25.42 —3.14| $- 9.20.5gl+ 2.20 .6. 9.20. 44l.x . —3. 7| 6. 9.22.46|+ 2. 2 7e 9-22:36|1. 22. 46 —1. 8| 6. 9.26.24|+ 3.48 8. 10.16. 210. 45.37 +i.45|)8.10.22.10|+ 6. 8 Ha 0. 8.12 9.12.50.56|+5.38] 9.12.53.38|+ 8.20 0.17.16.42|1. 1.46A|10.17.24.36|+7. 54|10.17.27.24|+10.42 1.23:32:10 |. + +. ele 11.23.40. 3|+7.47|11.23.42.49|+10.33 1.00.26.20|1. 31. 28 1.00. 30. 58|+4.38| 1. 0.33. 50|+ 7.30 2. 6.29. 210. $1. 6 2. 6.30. 6|+1. 4| 2. 6.34 2|+ 5.00 3.-10.4$. 9[0o. 4 21B| 3.10.40.45|—4.24| 3.10.45.34|+ 0.25 4.13-00.16[0. $5.10 | 412.54. S$|—6.11| 4.12. 59-13|+ 1. 3 S:13-42: 53e S:13:36.56|—5$ SPA ANSE PE ECRIRE PERS 328 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royarr T'a 8 LE UTIR OA STEAM E- OrsErvATIONS de Saturne, faites à l'Obfervatoire royal avec un quart. -de-cercle fixe de fix pieds de rayon, lefquelles ont fervi à calculer les oppofi ftions de cette Planète, renfermées dans la quatrième Table. ERREUR ASCENSION PASSAGES AU MÉRIDIEN. [HAUTEUR. de DROITE, | PÉCLINAISON LONGITUDE. : l'Inftrument. Fur. Min See | D M M EU CHE EUR 1733: 17 Déc... 7.48. 10X|47.49- 22.21.30| 6.38.48B TO DICE 7-43.44 |47:49: 22. 41. 10| 6.38.43 1734 31 Oét..s12. 11. 444|53-37- 38: 54 35|12.27.21 1 Nov.….12. 7.30% 53:36. 38. 49. 39] 12.25.56 1735. 29 Nov...1r. 3.20% S7: 338- ù si. 21.24 ré 86 1 Déc..ro, $4 7 57:26: - _grer2eit 16.16. 6 1737. S Déc.12.25.4ren.|63. 4. told ie € [21-5445 12.55.232| des H...|. . . . . . . 82: Mgu aDE% 2e ve 12.57. 312|w des ne../23. 55. 58% répondoient à| 360, T4. s.11:57. 7263. 4-00! ° + 0.20 81.48.40/21,54.00 11.57: 282 la tro fième|l du baudrier d’Orion. 1738. 19 Déc... 1.490.404 a d'Orion |du 19 au 20 | Décembre. . .[23.56. 74 Jrépondoient à 12.40. 382/63.42.20| — 0.16! 98.00.c0|22.31.46 | 07-231 23: ..:12-21. 33263. 4255 — 0.16! 97: 39- . 232.21 97- 4.20 20.23. 30%] Aréurus. |du 23 au 24] Décembre... Décembre. ..|23. 56. 102 |répondoiïent à 1740. 28 Janv.…..10.41.001|63. 113.45 — ©. = T7 hits za 23, 2.554 |109° 31/26 : 1741, 23 Janv.….o0., 3. 544[60. 50 sol — 1. 127.29. 12/19.40.27 |124. 57-570. 38. 24 Déhe re » loto 11.59.22 J60.52.. $ — 1 127. 2$.20|19.41.42 0. 38. 44 1742. 8 Fév... 6.49.4 33 Aldebaran. 3. 56. non à|3601. | à 8.53. 3/-pied luifant fe ee 11.55-382|57-41.10| — 1.20|141.29.45$ 16.28.32 |138.38.22|1. 17. 40 9 Fév... 6.47. 57+| Aldebaran. | 8.49. 81Ipied luifantides Gémeaux. 11.51.23%| 57:42:35 — 1.20|r41. 24 17|16-29.57 . 32: . 1743° 27 FÉv...11. 1213 Reaulus. du 28 Février[au 1.7 Mars. 23. 56. 7£ [répondoient à 11.35.114/53-47. $| — 0.52|1$4-25. 50|12.35.40 151.44. 4611. 2 Mars.11.02. 6 | Regulus, [du 1% Marslau 3 Mars..|23.56. 83 répondoient à MOMENSMISTCOIE NUC:ES 329 ERREUR ASCEN “| PASSAGES AU MÉRIDIEN. | HAUTEUR, de ' 2 l'Inftrument. SION HUE DÉCLINAISON| LONGITUDE. LATITUDE.} DEA ET Heur. Min, Sec, | D. M S HLUZTUS DOUIMTNUS. DM. S. D. M. S M4 2 Mars. 11.23.10 |53.52-15|. — 0.52|153-12.30/12.40.50.|151.30:27 L LA . du 3 au |4 Mars....|23. 56. 62 |répondoient à| 3604. Vas 7 Mars...10. 39.48 | Reoulus. |23. 56. aïlrépondoient à|36of1, À à 11. $4u 25 [49 5-10) — .1:31/167.23.00| 752.57 |165. 19.35|2. 16.12 Mas. 23 Mars.rr. 23. 312] queue du | Lion... .,. 23- 50. 4[répondoient à|360t!. | Mu :. here — 2: 9/179-14.00| 3. 7.40 |178. 3. 312. 33.49 Il 2$+..:.11. 16.16 | queue du | Lion... :..| 23. 56. 4/répondoient à|36of. DE 11.36.2097 44e2420) (== 2. 9}179: .$:40| 3.11.20 177-53: 5612. 33.0 Du746. 30 Mars..12. 7.583139. 20.00 — 2.25$5|191. 18. 12| 1.53, 37A/r91. 7.21|2. 40. 13 Alu ts 2) € 12 4 [39-21-55 225191. 14.23] 151.32 |191. 3-24/2. 44.33 | 47. 15 Avril. 11. 55. jet — 3. 38/202.29.18| G:27. 2 203.11. PE 46.18 | E - Lure SOA 11.51.11#/34.49.35| — 3.381202. 24. 59| 6-25-17 |203. 7.41,2. 46 2 749. 7 Maï..12. 1. 561/26.41.00| — 3. 50|225. 26. 34|14:34:36 |227. 10. 41/2 30. 49 AS: 408 11.57.452[26.47. 10 — 3: s0|225.21.58|14.33.26 |227. $:55|2. 30.41: 1750. 19 Mai... 12. 2.16 23.31.40] — 4. 371237. 4.52|17.45. $s |238.48. MÉMENES h. 2Opv.e..t 157. 55% — 4 37|236. 59-29|17.44.18 |238.43. 32/2, 13. 7 D. 2e DST F SU LS FN TE D. 455) — 4 151248; 56.23|20.11.41 |250. 16. 41/1. $1. 12 ns.20 hu — 405 248 sut 8 lo. ni r. 1250.12. 2111 50.25 Juin... 19:28:10] — 3.-50/260.43.47 NPRNTE 261.,23..44|1 25.89 sy 19.28:30|: — 3. 50|260.39. 9l21,47:54 |261.109.20|r, 23.49 —__—_——_— | ——_—_————— | ———— | —————————— | —————_——— | Le] A NO [e] | (N [e] © \O NI en a un (e] b |1 à Uu) Le] 1 © fa Lai em a La J [e] = WU | "| oO Mén. 1754, Tt 330 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ER SL EUMOQ HEART RONIEUMLE. OrPosITIONS de Saturne depuis 17 33 jufqu'à 1755 inclufivement, calculées fur les obfervation rapportées" dans la Table précédente. : | | ÎLE E ANNÉES & ARTE Temps LonNGiTUDE LATITUDE| LONGITUDE. ERFATE LONGITUDE. En UR : ; ñ ! : S du mois. DO TIENS obfervée. | obfervée. Tables de M. Caflini.| Tables. |Tables de M. Halley-| Tables. PSC REC | I EURE DU CAO TT | TRE RORUEEEED lee EEE CET PNR EMEA: CAE H M ES |S D. M. 5 |. M. 5 £. D M S M S|S D M. Ss. M. 1733.19 OGtob.|15.42.39| 0.26.45.26|. . . . . 0.26.52.34|+ 7. 8| 0-26.38.17|— 7. 9 1734 2 Nov...|10.46.00! 1.10.18.$0]. . . . . .| 1.10.28.37|+ 9.47| 1.10.13.14|— 1735-16 Nov...l12, 6.18| 1.24. 10.53]. . . . . .|1.24.20.$7|+10. 4| 1.24 4.38|— 1737: 13 Déc...|19.31.15| 2.22.27.31|1. 21.40 | 2.22.38.0$|+11.34| 2.22.20.35|— 1738.28 Déc...l 1. 6.421 3. 6.42.55lo. 55.21 | 3. 6.52.461+ 0.511 3..6.35. 61— 1740. 11 Janvier] 4.57.17| 3.20.54. 9]. . . . . . 3.21. 3.56|+ 9.47] 3:20.46.29|— 8 1741. 24 Janvier] $.33-57| 4. 4.55.12l0..38.38 | 4. $s« 6.20|+11. 8| 4. 4.49.10|— 6. 1742. 7 Février] 3. 3.18| 4.18.44.22|1. 18. $ | 4.18.ç55.47|+11.25| 4.18.39.r3|— 5 1743. 20 Février| 18.23.38] $. 2.16.56|1. so. 24 | $. 2.28.36|+11.40| 5. 2.12.44|— 4 1744. $ Mars..| 4.41.42| $.15.30. 4|. . . . . .| $.15.42.43|+12.39| 5.15.27.43|— 3 1745. 18 Mars. .|12.12.40| 65.28.25.46|2. 33. 47 | 5.28.37.34|+12. 8| 5.28.23.15|— 1746. 31 Mars..|10.50.45| 6.11. 3.46|2. 44. 37 | 6.11.12.46|+ 9. o| 6.10.59.21|— 1747. 13 Avril..| $. 2.17| 6.23.20.28|2. 46. 2 | 6.23.29,39|+ 9.11| 6-23.16.47|— 1749. 7 Maï.….| 6.10. 5| 7.17.11.47|2. 30. $1 | 7.17.15.42|+ 3.55] 7.17. 3.52|— 1750. 19 Maï...|13. 8.19| 7.28.47. 5212. 13.24 | 7.28.40.44|+ 1.52] 7.28.38. 9|— 1751. 31 Maïi...|16. 9.59| 8.1o.15.55|1. si. 1 | 810.15. 1|— o.$54| 8.10. 3.41|—12.14 1752. 11 Juin...l20. 6.55| 8.21.35.13|1. 23. 12 | 89.21.34. 41|— o.32| 8:21-23.15|—11.58 1753 23 Juin...|22. 6. $| 9. 2.53.13|. . . +. 9. 2.52. O|— 1:13] 9. 2.40. 9|—13. 1754. 6 Juillet.| 1. r0.57| 9.14.13.00|. . 9-14. 10,11|— 2.49| 9.13. 57: 52]—15. 1755: 18 Juillet.| 4.57. 5] 9.25.35.521.. . .« . .| 9.25.32.24|— 3.28] 9.25-20. 1|—15.51 PB ENS OS C'IIENN © E's 331 DIVERSES OBSERVATIONS ÉCONOMIQUES SUR LES ABEILLES Par M. pu HAMEL. M PrRouUTEAU, excellent Économe, qui avoit fon bien . auprès de nos terres, étoit parvenu à beaucoup per- feGionner l'éducation des Abeilles ; c'étoit un plaifir bien fen- fible pour moi que d'être de temps en temps témoin du progrès de fes recherches, & d'admirer le fuccès de fon induftrie : jen tenois des Mémoires, que j'ai communiqués à M. de Reaumur, qui, en joignant aux obfervations très-intéreffantes qu'il a faites fur les Abeilles, les méthodes économiques de M. Prouteau, a donné une certaine célébrité à notre province du Gâtinois. M. Prouteau ef mort, mais le goût d'élever des abeilles s'eft multiplié, quantité de perfonnes s'en font une occupation férieufe; & ce qu'il y a de fingulier, c'eft que l'efprit de recherche s'étant perpétué, plufieurs dignes fuccefleurs de M. Prouteau ont fait des effais, & ont eu des fuccès. Je dois nommer entre ceux-là le fieur Defbois, Marchand de Pithi- viers, qui excelle entre tous Îes autres pour le gouvernement de ces petits animaux. Cet Économe a imaginé de nouvelles pratiques qui font adoptées par tous ceux qui élèvent des abeilles , & {eur utilité me les a fait juger dignes de l'attention de l’Académie. On trouvera, il eft vrai, le germe de ces pratiques dans les Ouvrages de M. de Reaumur; mais il eft bon que le Public foit informé qu’elles s'exécutent en grand, & avec fuccès, ne füt-ce que pour détruire le préjugé qu'on a contre les re- cherches des Naturaliftes, auxquelles on reproche de n'être que _ Tti 21 Av 175 4e 332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE curieufes & amufantes. Je conviens bien que les Ouvrages de M.° Swammerdam, Maraldi & de Reaumur, ne fe trouvent point dans les Bibliothèques de nos Economes; on y cher- cheroit inutilement d’autres livres que de petites brochures; mais des gens inftruits peuvent fe trouver à portée de converfer avec ces Économes intellisens, & un mot fufhit pour leur ouvrir les yeux & les mettre en état d'imaginer de nouvelles pratiques qui rendent leur commerce plus avantageux. Quand on a Iü les Mémoires de M. de Reaumur, on fait que l'ufige du Gâtinois n'eft pas de faire périr les abeilles pour avoir leur cire & leur miel; on ménage au contraire, avec tout le foin poflible, ces vigilantes & induftrieufes ouvrières. On s'approprie, il eft vrai, les fruits de leurs travaux, en les faifant changer de ruche, mais c'eft avec une forte de recon- noiffance, puifqu'on fubvient à leurs befoins, en les tranfportant dans des pâturages où les fleurs ne leur manquent pas. Voilà en général à quoi fe réduifoit la pratique de feu M. Prouteau, mais on a pouflé linduitrie plus loin ; & pour expoler avec ordre les découvértes qu'on a faites depuis fa mort, je vais parcourir les différentes opérations qui fe fuccèdent pendant le cours d’une année. | y Si-tôt que la faifon eft devenue plus douce, les abeilles fortent de leurs ruches pour aller faire leur récolte, & les fleurs des buis & des ormes font les premières qui leur en fourniffent un_peu abondamment: on les voit aufhi s'attacher à l'écorce des arbres réfineux ; on juge qu'elles y ramafent la propolis. Les fleurs des pêéchers, des abricotiers, & un grand nombre d'autres qui. éclofent au printemps, fourniflent fucceflivement du travail aux abeilles qu'on laiffe fe livrer tranquillement à ces occupations jufqu'à la fortie des premiers eflains, qui dure ordinairement depuis le 20 du mois de Mai. jufqu'au 20 de Juin; & pendant ce temps, les fainfoins, qui font communs dans notre province, leur fournifient de quoi fairé d’abondantes récoltes. On veille, avec toute l'attention poffible, à mettre dans des paniers les éffains forts & foibles; les forts fervent à former EPP RS 7 TS Te D'ÆNSA MS Ch: EuN C:E:S 1 UM 3233 de bons paniers, & les petits à fortifier ceux qui. ont beloin de ce fecours, comme nous l'expliquerons dans la fuite; car le grand art confifte à à entretenir les ruches toujours bien garnies _de mouches, puifque ce font autant d'ouvrières qui travaillent avec une activité furprenante à à enrichir le pr opriétaire. Les eflains qui ne fortent que dans le mois de Juillet, trouvant nos campagnes dépourvûes, de fleurs, périroient in- -failliblement fi on négligeoit de les tranfporter dans. des pâtu- rages gras; mais comme la plufpart (de. ces effains tardifs font petits, on les emploie à fortifier les colonies foibles d'ouvrières, “& plufieurs, fans s'embarrafler de ces petits eflains, s'occup:nt dès le commencement de Juillet à changer les mouches de panier, pour s'approprier toute la cire & tout le miel qu'elles ont ramaflés en grande quantité furdes fleurs, du printemps. Voici en peu de mots le détail de cette opération. ! On forme au haut du panier qu'on veut vuider,, une ou deux ouvertures , én coupant les ofiers de travers, & ména- geant le plus qu'on. peut. les longitüdinaux, pour ne point perdre le panier, qu'on rétablit, quand il ft vuidé, en y re- paflant, de nouveaux ôfiers. On pole ce panierfur le dos! d'une chaifé de paille, qu'on couche pour l'appuyer fur un banc; on couvre le panier plein, de celui dans lequel on veut faire pafler les mouches, dif pofant les deux. paniers-comme deux-cornets. à aie aux dez qu'on met l’un dans l'autre. Comme les mouches pourroient pañler entre es. deux paniers, on les enveloppe d'une ferpillière qu'on’ aflujétit avec une corde; tout de ‘fuite, un: homme quistient ‘un pot de terre, dans lequel il y a quelques charbons allumés; couverts ervieux Jinges, pour faire beaucoup: de: fumée, paflé ce: pot fous le dos de la chaife, afin que la fumée fe répande dans le panier plein. Les mouches, qui craignent berucoup l'odeur de la fumée, montent, pour d'éviter, au haut du panier plein, & fortent par lés ouvertures pour: feretireridans-le panier vuide: quand on juge qu'elles y: font toutes-paflées; on foûlève doucement Et ii} 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLr le nouveau panier pour Île pofer à terre, & on emporte vite celui dans lequel font les gâteaux. Par cette méthode, toute fimple qu'elle eft , au lieu de faire périr tant de mouches qui ont travaillé fi utilement pour nous, on ménage un grand nombre d'ouvrières, qui bien loin d'être découragées par notre larcin, redoublent bien-tôt d'activité & fe preflent de réparer les pertes énormes qu'elles ont fouffertes. IL y a déjà plufieurs années que cette excellente pratique eft établie dans notre Province, & je n'ignore pas qu'elle s'exécute dans plufieurs autres , mais l'induftrie de nos habitans a été beaucoup plus loin; la population des abeilles eft bien autrement ménagée, au grand avantage du propriéaire. Par la méthode que nous venons de décrire, on perdoit tout le couvain , toutes les nymphes, qu'on doit regarder comme une multitude d'enfans qui font encore trop foibles pour {e rendre utiles à la république, mais qui touchant à l'état d'a- dolefcence, feront dans peu de jeunes & vigoureufes ouvrières, capables de fupporter les plus grandes fatigues. D'ailleurs on fait, à n'en pouvoir douter, quand on a pris phaifir à répéter les obfervations de M. de Reaumur, que la propagation de f'efpèce, le foin d'élever les petits, eft ce qui intéreffe le plus les abeilles : êtez-leur les provifions qu’elles ont eu tant de peine à amafler, elles fauront en faire de nou- velles ; il femble qu'elles redoutent peu les torts qui peuvent fe réparer par le travail; mais fi on leur ôte leur couvain, le découragement eft fenfible, & il n'y a que l’efpérance de voir fa mère faire une nouvelle ponte, qui puifle les déter- miner à fe remettre à l'ouvrage. Aufli remarque-t-on que quand on ménage le couvain en changeant les paniers, Fac- tivité eft bien plus grande que quand les mouches s'en trouvent privées. Pour expliquer comment on parvient à ménager le cou- vain, il faut être prévenu que la fumée qu'on a employée pour faire fortir les mouches des gâteaux, leur caufe une forte d'ivreffe dont elles ne reviennent que peu à peu. Or on profite de ce temps pour tirer les gâteaux du panier dom D'EUSQ 'SaC/r EN c'es 335 on vient de faire fortir les mouches: le propriétaire met à part tous les rayons où il aperçoit du miel, c’eft fon profit ; mais il ménage foigneufement ceux où il y a du couvain, pour les replacer dans un panier neuf, en les y foûtenant tout au haut avec des baguettes placées en croix; on reporte vite ce panier auprès de celui où on a dépofé les mouches, & après les avoir étourdies de nouveau avec la fumée, on frappe for- tement l'ouverture du panier par terre, pour faire tomber les mouches, qu'on recouvre avec le panier où on a attaché le couvain: bien -tôt les. mouches, revenues de leur ivrefle, montent dans ce panier, où trouvant leur couvam, elles s’oc- cupent avec une aétivité incroyable à tout réparer; les gâteaux mal difpofés font retenus par de nouvelles attaches au panier mème ou aux baguettes qu'on avoit placées pour foûtenir lés gâteaux; les nymphes qui ont été tuées dans cette opération font tirées des alvéoles, qu’on emplit de miel; on {e prefe de former de nouveaux gâteaux, & on verra dans un moment avec quelle vivacité l'ouvrage eft pouffé, lorfque les abeilles font dans un lieu bien pourvûü de fleurs: inceffamment le couvain forme de nouvelles mouches qui augmentent {e nombre des ouvrières, & elles laiflent quantité d’alvéoles vuides, qui font bien-tôt remplies de miel ou de nouveau couvain. Ordinairement on commence, comme nous l'avons dit; à changer les mouches de paniers dans les premiers jours de Juillet; & afin que les ruches fe rempliflent promptement, ona foin de les tranfporter dans des endroits où il y ait beaucoup des efpèces de fleurs qui leur conviennent; ce font celles des bruyères, du mélilot, des joncs marins, des genêts, des grofes féves, qu'on nomme à Paris de marais, des pois, des vefces, de cette efpèce de finapi qui, dans quelques provinces, remplit ls avoines, & fur-tout du virga aurea virginiana zanoni, que les payfans appellent la chenevière bâtarde. Si la faifon eft belle & que les fleurs foient abondantes, les ruches qu'on a changées les premières, font très-bien rem- plies vers la fin du mois d’Août. Quand cela eft, on les vuide _uné feconde fois, ayant toûjours grand foin de ménager le couvain, 326 MÉmorres DE L'ACADÉMIE ROYALE Quelque adrefle & quelque précaution qu'on apporte dans les opérations que nous venons de détailler, il périt néceffaire- ment un certain nombre.de mouches: & comme il eft de Ja plus grande importance que les ruches en foient toûjours le mieux fournies qu'il eft poflible, on eft fouvent obligé de fortifier les bons paniers avec les petits eflains qui feroient trop foibles pour pafler l'hiver. Quand on fe propole de réunir les mouches de deux paniers, on les enfume tous les deux pour étourdir les mouches; on fait tomber à terre les mouches du petit panier, & on les couvre avec la ruche qu'on veut fortifier : les mouches étran- gères fe mélent avec les domiciliées, & quand les unes & les autres font revenues de leur ivrefle, elles forment fouvent une feule famille, fans qu'il y ait beaucoup de débats ; mais quelquefois il naît des querelles qui coûtent la vie à une couple de poignées d'abeilles, on croit même qu'elles ne ceffent que par la mort d'une des mères. Si on fe trouve furchargé de petits effains, & qu'on n'en ait point de bons à fortifier, on rifque d’en mêler quelquefois trois enfemble, & on a vü de ces paniers, pour ainfi dire, combinés, devenir très-bons. Si-tôt que les paniers ont été changés pour la feconde fois, on les tranfporte dans les pays de farazin, pour mettre les abeilles en état de faire une troifième récolte; & quand {a faifon eft favorable au travail, quand if ne fait ni pluie ni vent, & quand les fleurs s'épanouiflent bien, une partie des paniers eft aflez remplie, à la fin de feptembre, pour qu'on puifle rogner les gâteaux de près d'un demi-pied. Cette opération exige peu de précautions: on couche les paniers fur une chaïfe de paille un peu renverfée, on oblige les mouches de {e retirer au haut du panier, en foufflant de la fumée entre les gâteaux ; alors on les coupe, fans que les mouches y forment le moindre obftacle. Il eft prefque fuperflu d’avertir qu'on ne doit changer les abeilles de panier que quand les ruches font très-pelantes &c bien fournies d'ouvrières, mais il faut fur-tout avoir attention de ME BAS IGLE Ni CE: SX UM 327 de ne point rogner les paniers foibles, on courroit rifque de les perdre pour un profit aflez modique, le ruiel que Jes abeilles amaflent fur le farrafin étant toüjours jaune & de peu de valeur; il eft vrai que quand la faifon eft favorable, les: forts paniers ont bientôt réparé le dommage qu'on leur a fait. Au commencement d'Octobre, on vifite les paniers, ou plufôt on les pèle à la main, pour donner du miekcommun à ceux qui font légers & qu'on juge n'avoir pas aflez de Lt vifions pour pafler l'hiver. . La meilleure manière de leur donner ce fecours, eft de méler du miel avec de la paille hachée fur une affiette, qu'on pole le foir fous les ruches qui manqueroient de nourriture. Le “ lendemain les mouches travaillent, avec toute l'aivité poffble, à monter ce miel dans les alvéoles, & le foir la paille eft auffi fèche que celle qu'on tireroit de la grange. La précaution de ne donner le miel aux abeilles que le foir, n'eft point indifférente; car fi les mouches des paniers voifins étoient Is de prendre part à cette diftribution, il en naîtroit des querelles qu ‘il et bon d'éviter. On proportionne les fecours aux befoins de chaque ruche: ce fera quatre, fix ou huit livres, fuivant que les paniers feront plus ou moins légers, car l'habitude fuffit pour juger à peu près de ce qui leur eft néceffaire. # A cette occafion, j Je crois ne devoir pas paffer fous filence ün fait dont nous n'avons, pû découvrir la raifon. Ayant vifité cette automne nos ruches, pour voir celles qui auroient befoin de fecours, nous en trouvames une fort lécère, & nous jugeames, avec M. Dupas, Chirurgien de THôtel- dieu de :Pithiviers, qui connoit bien la conduite des abeilles, qu "il ‘falloit. donner fix livres de miel à cette ruche. Quatre ou cinq jours après, quand on voulut foûlever le panier pour mettre deflous l'affiette de miel, on le-trouva très-pefant, fans qu'il nous ait été poffible d'imaginer comment, dans une faifon auffi avancée, les abeilles avoient pû faire une auffi abondante récolte. Nous foupçonnames qu'elles avoient pillé quelque panier abandonné; mais en ce cas elles l'ont été Mém. 1754 Vu © 338 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE chercher bien loin, car il n’y-a de ruches que dans le villagé, qui eft fort éloigné de l'endroit du pare où font dépofées les nôtres. Quoi qu'il en foit, avec le fecours de quelques livres de mit commun, Îles abeilles font en état de Pafler l'hiver dans le repos, & l'année fuivante n'eft que la répétition de ce que nous venons dé détailler, avec les changemens qui dépendent de la température des faifons; car ft dans les années fivorables on change certaines abeilles de trois paniers, il arrive que d'autres ne le peuvent être au plus qu'une fois. C’eft au propriétaire intelligent à juger du travail que peuvent faire fes abeilles, relativement à l'état de la faifon, au nombre d'ouviières & à leur activité; car il perdroit bh fonds, fi, après qu 1 a mis fes abeilles dans des paniers vuides, il fürvenoit de grands vents ou des pluies aflez abondantes pour empêcher les mouches de travailler, ou s'il négligeoit de les tranfporter dans des endroits abondans en fleurs. Si la faïfon eft humide, on évite de les placer dans des lieux ombragés & aquatiques: elles n'y feroient que de mauvais miel, & elles y feroient attaquées de dévoiemens qui les feroient périr. Au contraire, ces fituations font préférées dans les années sèches, où les plantes font brulées dans les terres arides ; mais les changemens fubits & imprévüs des faifons trompent quelquefois les Économes les plus attentifs & jes plus intellisens, qui ont É° chagrin de voir les mouches, nouvellement ‘changées de panier, hais d'état de faire de nouvelles provifions. L'induftrie de celui qui fe livre à l'éducation des abeilles, ne fe borne pas à ces attentions ; il doit vifiter de temps en temps es ruches, pour s’affurer de l'aétivité du travail; car on trouve des paniers, les uns très-pleins, les autres vuides, où les ouvrières font dans l'inaétion; on les appelle, dans notre province, des paniers deévenerés, Toutes les mouches ne font pas également laborieufes: on a pelé des paniers de mouches très-vivilantes, qui, au bout de vingt- -quatre heures, fe font trouvés augmentés de fix livrés, tant en cire qu'en miel. Mais il y a des abeilles qui ne travaillent préfque que pour w he lie nn % DES) SCIE N°CE s 339 vivre: ordinairement cette inaction, dans les paniers vuides, annonceque la mère efkmorte; fr alors le panier eft foible, on étourdit les mouches avec de la fumée pour les joindre à un fort panier, ou fi le panier dégénéré eft bien fourni de mouches, on lui joint ur petit panier, dans lequel il y ait une mère; quelquelois auffi on ænfumeun petit panier pour chercher la-mère qu'on met dans le: fort panier dégénéré, & voici dans quelle circenftance cela fe fait. ? 2) + Si quelqu'un, après avoir changé toutes fes abeilles & dif. tribué fes petits eflains pour fortifier les autres, s'aperçoit qu'il .a des ruches dégénérées, il demande une ou plufieurs mères à fon voifin qui n'a pas encore changé toutes fes mouches; celui-ci cherche, par la méthode que nous venons d'expliquer, des mères dans.les petits effains qu’il fe propole de joindre ‘à d'autres, & il les vend à celui qui en a befoin, depuis douze jufqu'à vingt fols. Le poffeffeur des mères tire ainfi un petit profit de leur vente, fans fe deflaifir de fes mouches jqui n'en font que meilleures pour être jointes aux forts effains, & icelui qui manquoit de mère remét l'aétivité dans fes ruches. pour un prix fort modique. Hi H y a des ruches qui dégénèrent, quoique très -remplies de gâteaux & de mouches; alors il arrive fouvent que ce n'eft -pas faute de mères, mais les abeilles, contentes de leurs provi- ‘fions, :reftent fans ‘travailler. Le moyen de leur donner de d'activité, eft de des changer de panier ou de beaucoup rogner les sâteaux, en les réduifant à quatre ou cinq pouces, qui reftent au haut de la ruche. Si après cette opération le travail ne fe franime pas; il y ailieu de juger que la mère eft morte, & Yünique reflource eft d'en fournir une auximouches oifives, 111Ce que nous venons dedire fait apercevoir pourquoi les mouches qu'on faiffe deux ou’ trois années dans fe mème «panier, font fujettes à désénérer; & le but de l'Économe étant ‘de tirerun, profit du travail de fes abeilles, il doit exciter Taétivité du grand nombre d'ouvrières que fon.induftrie Fa mis à portée de fe procurer; c'eft pourquoi il ne doit pas manquer de léhariger és moches’ quisr'ont poifit fourni: d'effains, car Vuïi 340 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE étant “ordinairement abondamment fournies d’ouvrières; elles tuent le couvain & vuident les alvéoles pour les remplir de miel, Le moyen de ménager ces viétimes de Factivité des abeilles, eft de les changer de panier en ménageant le couvain; car la colonie s'occupe à réparer le tort qu'on leur a fait, & elle hiffe fubfifter le couvain, qui leur fera dans peu nécellaire pour les grands travaux qu'elles ont à exécuter. Au lieu de changer les mouches de panier, on pourroit, comme cela fe pratique en quelques provinces, mettre des haufles fous les ruches, & ces deux méthodes ont des avan- tages particuliers fuivant les circonftances. En changeant les mouches de panier, on nettoie les ruches de plufieurs infeétes qui mangent le miel &font périr le cou- vain; & comme le propriétaire prend tous les rayons pleins de miel, il retire le plus grand profit poffible, fans perdre fes. ruches, fi l'abondance des fleurs & la-douceur de la faifon permettent aux abeilles de fe livrer au travail avec toute l'ac- tivité dont elles font capables ; mais les haufles me paroiffent préférables quand on craint une difette de fleurs ou. des temps pluvieux & Orageux qui forceroient les mouches de refter oifives. Si, ayant mis des haufles, les circonftances devenoient plus favorables qu'on ne croyoit devoir Fefpérer, on ne laifie- roit pas de retirer un profit aflez confidérable de ces ruches: j'en tire la preuve de ce qui arriva il y a quelques années au Curé de Tillay-le-Pélieux, qui eft dans notre voifinage. Ce Curé plaça un fort panier fur le fond d’un cuvier ren- verfé, auquel il avoit fait un trou; les mouches remplirent tellement le cuvier de gâteaux épais, dont les alvéoles pro- fondes reflembloient à des tuyaux de plume, que le fieur Defbois, qui lacheta du Curé, retira de ce cuvier cinq à fix livres de cire & quatre cens vingt livres de miel. C’eft-beaucoup, car un bon panier, tel que ceux que nous employons dans notre province, pèfe quatre-vingts à cent livres; on en retire deux livres un quart ou deux livres & demiede cire, & foixanté- dix livres de miel, dont la plus grande partie eft ferme, blanc DES SCIENCES. 341 &.de très-bonne qualité. Cette année, qui a été fort sèche, on n'a retiré de miei commun qu'à la preffe. Concluons de ce qui vient d'être dit, qu'un Économe qui fe propole d'élever des abeilles & d'en tirer un profit confi- dérable, doit, 1.” ménager avec toute l'attention poffible la vie de fes ouvrières, & augmenter le plus qu'il peut leur po- pulation ; 2.° il doit entretenir l'activité dans: fes ruches , & exciter {es abeilles au travail; 3° qu'il prenne garde que fa cupidité du gain ne le porte à occafionner des difettes qui cauferoient infailliblement la mort de beaucoup d’abeilles; fon propre intérêt & une forte d'équité doivent le porter à veiller foigneufement à la fubfiftance de fes ouvrières, ou en leur abandonnant , dans certaines circonftances, tout le fruit de leurs travaux, ou en les tranfportant dans des pâturages fertiles, où même en leur fourniffant des fecours étrangers lorfque les récoltes ont manqué. Si Li fj ”. “ î JL 7H 2517 1Cf : AIQEAAD &. LD! CCS X [ee 9 1) be ai; 342 Mémoires DE L'ACADÉMIE Rovarr SOLUTIONS DES PRINCIPAUX PROBLÉMES Dib Li 4 MANŒUVRE DES VAISSEAUX. Par M BouGuEr. | Méchaniciens favent combien la théorie de la ma- nœuvre des Vaifleaux renferme de difficultés: le navire et expofé en même temps à l'action de deux fluides qui le frappent felon des direétions différentes; & quoique {a forme foit extrêmement propre pour le fillage, il ne fuit prefque jamais dans fa marche la direction de fon axe. Cette com- plication de mouvemens ou d'aétions eft telle, que quoique plufieurs Savans euflent examiné cette matière, on en ignora cependant les vrais principes jufqu'à ce que M. Jean Ber- noulli les établit d'une manière folide dins fon Effai de ma- nœuvre. Ce fameux Géomètre réfolut en même temps les problèmes les plus fimples, mais en négligeant toüjours plu- lieurs attentions qui étoient de la plus grande importance: il confidéra le navire comme s'il étoit environné d'un fimple trait horizontal, quoique fa carène foit terminée par une fur- face courbe dans tous les fens: il regarda comme nulle, dans plufieurs de fes recherches, la dérive ou la déviation de Ia route par rapport à l'axe du navire: il fuppofa de plus que la vitefle du vent étoit comme infinie, quoiqu'elle foit à peine triple ou quadruple de celle du fillage, & qu'il foit certain que limpulfion du vent fouffre un changement très- confidérable par la manière dont les voiles évitent une partie du choc par la fuite plus où moins rapide du navire: il fuppofa enfin que le vaifleau n'avoit qu'une feule voile, au lieu que nos navires en ont prefque toüjours plufieurs, les unes placées devant les autres, & appliquées à différens DES SCIENCES. 4 mâts. Cette multiplicité de voiles eft caufe que l’impulfion fe fait fur une plus grande ou une moindre furface, lorfqu'on réçoit le vent plus où moins de côté; ce qui doit apporter de nouveaux changemens dans les règles de manœuvre, parce que le choc ceflint d'être proportionnel au quarré du fmus d'incidence, il faut avoir égard à Faugmentation ou à la diminution de la furface frappée. J'ai eu occafion, quoiqu’en pañlant, d'examiner ce fujet dans le Traité du Navire: j'ai montré principalement qu'on pouvoit marquer d'une manière très-fimple & très-générale la relation qui fe trouve entre la fituation des voiles & angle de 11 dérive, pour toutes les figures de la carène, pourvû que l'eau ne frappât que fur les mêmes parties. On avoit cru que cette relation étoit abfolument différente pour chaque figure, & qu'elle devenoit plus où moins compliquée par la nature des furfaces courbes, géométriques ou méchaniques, qui terminoient da cerène , au lieu qu'elle eft exactement la même pour toutes, dans la condition marquée. J'ai fourni en même temps des confiruétions méchaniques de tous les problèmes qui f préfentent fur ce fuiet, non pas dans la fuppoñition trop forcée, admife par M: Bernoulli, que la vitefle du vent étoit infinie, mais en confidérant cette viteffe dans fon état actuel. IL refloit à appliquer ces recherches aux cas particu- liers, ce qui pouvoit préfenter de nouvelles difficultés, & à y faire entrer une confidération qui devoit les multiplier encore beaucoup davantage, celle de Ia pluralité des voiles lorfqu'elles font placées les unes devant les autres: c'eft ce que je tâche d'exécuter dans ce Mémoire. En me propofant de ne négliger aucune attention effentielle, cependant je parviendrai, à ce que je crois, à des folutions entre tefquelles il y en aura d’extrêmement fimples; & à l'égard de cellés qui front trop compliquées, il fera toüjours délormais facile d'en renfe mer les réfultats dans des tables qu'il n'y aura qu'à con- fülier dans 'occafion. IL eft vrai qu'au lieu de m'occuper de fa folution directe " MARS TE { ARE br irite x A) de; problèmes dont if sagit, je me fuis borné à chercher 344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE des règles qui fiflent connoître à chaque inftant de fa navi- gation fi le navire étoit réellement dans la difpofition con- venable. Un des principaux problèmes qu'en puifle fe pro- pofer, c'eft de trouver la fituation des voiles par rapport au navire & par rapport au vent, lorfqu'on veut fuivre une cer- taine route; mais on ne connoît prefque jamais affez bien la direction du vent en mer, parce qu'elle eft fans cefle al- térée par le mouvement du navire, qu'on attribue au vent même. Ainfi, lorfqu'on fe propofe d'embrafler une route, il ve faut pas ordinairement regarder l'angle qu'elle fait avec la direction du vent, comme donné. Le navire change de pofition par l'action du gouvernail ou par cellé du vent, & on oriente fes voiles peu à peu. Ce changement en apporte toûjours néceflairement dans la direction & la force relatives du vent, indépendamment des changemens phyfiques ou réels qui peuvent y furvenir: il arriveroit donc très-fouvent que la détermination fournie par fa folution du problème, quoiqu'exacte pour l'inftant auquel on vouloit changer de route, fe trouveroit défeclueufe après qu'on auroit achevé la manœuvre néceffaire : il faudroit faire plufieurs applications facceflives du même problème, applications qui auroient toù- jours leurs difficultés, & qui demanderoient beaucoup de temps dans des rencontres où on n’en a pas toûjours affez. Mais if paroit bien plus avantageux pour la pratique d'avoir des règles qui fervant de criterium dans chaque inftant, nous apprennent fans cefle fi les voiles & le navire font dans la difpofition la plus convenable, & qui indiquent dans quel fens il faut changer ces difpofitions, lorfqu'elles ne fe trouvent pas abfo- lument conformes à ces mêmes règles. Cette manière de confidérer la chofe a plus de rapport aux befoins de la Navigation, & la rend en même temps incomparablement plus fimple que fi l'on entreprenoïit de chercher des folutions directes & abfolument complètes. Tous ces problèmes dépendent de la méthode de maximis où de maximis maximorum : on ne pourroit les réfoudre d’une ma- nière abfolue qu'en connoiffant la relation qu'ont entrellés toutes 111 TDIE sr Sie LÉ NC E;s 1345 toutes les quantités variables qui y:entrent; il faudroit, pour en-trouver les fimples expreffions, fe livrer à un calcul très pénible: Mais ce n'eft pas la même; chofe lorfqu'on fe ren-. ferme dans les limites que nous venons’ de, marquer; car dans ce fecond cas la plufpart des quantités qu'on aura in- térêt: de connoître, pourront être fournies par des mefures aétuellés :: c'eft ce qu'on vai voir, dans des recherches fui-. vantess j J j'uotelior sus» 1 del | Pan io fu Qu'on peut toñjours réduire les voiles à deux, lorfqu'il y en à! plufieurs les unes devant les autres. Nous remarquerons d'abord que les voiles, quel qu'en foit. le, nombre, peuvent toñjours par, a penfée fe réduire à deux .dans toutes les, recherches de manœuvre. Si nous fuppolons que le navire dont À eft la proue & B:la pouppe, ait trois voiles parallèles CD, £ F, GH, que nous repréfen- tons-par trois plans, & qu'elles foient frappées par le vent {lon une, infinité,de lignes parallèles aux. direétions 14, LM, il y aura qu'une partie des deux voiles EF & GH qui fera frappée par le vent, pendant que la voile DC de la pouppé offrira feule fa furface entière à l'impulfion; mais BR grandeur de l'impulfion totale fera toûjours. exactement la we, foit qu'on diminue la argeur de da voile £F du milieu, foit-qu'on l'augmente jufqu'à rendre la voile HG abfolument inutile. On pourroitimême, dans le.cas repréfenté par notre figure, fupprimer entièrement cette voile inter- médiaire; car la perte qu'on feroit de l'impulfion fur fà partie ÆEK, feroit exaétement réparée: par la partie plus lirge de la voile GH qui feroit-enfuite frappée par le vent. Suppofé même que l'obliquité du! choc füt encore plus grande, 1a réduétion. des trois voiles à deux ‘froit encore permife ; if fuffroit d'attribuer, une plus grande: largeur à Ja voile GH par l'extrémité A7, pour fuppléer à tout ce qu'on perdroit par la fuppreffion de la voile EF. dot :°On peut non feulement réduire par la penfée toutes les Mim. 1754. X x Fig. 1. 346 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Fig. 1. voiles à déux, on peut aufli-fuppoler que ces deux voiles font ékactement de même largeur. Tout ce qu'on Ôte par la penfée, où réellement, à la fargeur de la voile GH de la proue du côté de G, on na qu'à lajoûter à la voile DC du côté de D. Rien n'empêche non plus de changer la largeur dé ka voile DC du côté de €, fans faire aucun autre changement. Si on rend 'impulfion du vent. plus où moins grande fur cette voile, on procure un eflet contraire fur limpulfion que reçoivent les voiles de la proue; & l'im- pulfion totale, quoique diftribuée différemment, fera toûjours exactement de la mème grandeur, pourvü qu'on fe fit ren- fermé dans certaines limites très-faciles à diftinguer lorfqu'on fait lé changement. ? ici Les mûts du même vaifleau ont des hauteurs’ différentes, celui du milieu eft toûjours plus haut; ainfr les voiles du milieu ont üne certaine partie qui n'eft jamais couverte-par les autres voiles fituées plus vers la pouppe. Mais nous pou- vons fubftituér éncore par la penfée à ces voiles de différentes hauteurs, d’autres voiles d’une ‘hauteur parfaitement égalez noûs m’avons qu'à fupprimer la partie excédante fur la hauteur & en ajoûter l'étendue où à la première voile CD, ou à la dernière GA fur la largeur, en obfervant de faire cette addition vers l'extrémité D de Ia voile de la pouppe, ou vers l'extrémité G dé la voile de la’ proue. L'impulfion, quant à fa quantité, fera toûjours précifémient la même, comme il eft évident; & il fufhra de faire cette opération une fois pour toutes, c'eft-à-dire, de chercher les diménfions des voiles fidices rectangulaires de même hauteur, qui feroient équiva- Tentes aux voiles réelles de hauteurs inégales. | Enfin fi une voile n'eft pas par-tout de même largeur, fi elle eft triangulairé, où en! général fi fes côtés dans le fens vertical ne font pas exaétement à plomb, on prendra entre toutes les largeurs une largeur moyenne qui confervera à dà voile fa même étendue: il'eft vrai que dans toutes ces tranf formations la direction de Yiinpulfonceffera d'être la mème, La mbfliplicité dés voiles ou’ désmâts fert si | ina D'E:S S CHEN CES, M 347 à faire.en, forte que la direction de l'effort du vent réponde en différens endroits de Ja longueur du navire; mais il faut remar- quer/qu'il ne s'agit dans les, recherches, préfentes que de la grandeur de F'impulfion, fans qu'il foit. néceffaire d'avoir égard au point du vailleau auquel répoud fa direction: Outre cela, la réduétion que-nous. faifons: des woiles à deux nel ici que-mentale, comme nous l'avons déjà.dit, & elle na pour objet: que la facilité des règles: 3} 4; A Sons à q? | e 104 1 IG 900 exo you :S1iveu L'angle des voiles avec la quille étant donné, reconnoftre “fr l'obliquité avec laquelle on prend le vent rend la viteffe dr …fillage la plus grande qu'il ef pofille. Per 6: Ces chofes étant fuppofées, nous nous propoferons Îe pro- blème le plus fimple qui.fe préfente fur cette matière, Les voiles font déjà orientées par rapport au navire, & il s'agit de reconnoitre fi elles ont,,de même que Je navire; la dif- ion Jay plus convenable par rapport au vent, pour rendre efillage rapide, Ce problème n'a d'application que dans un cas très-particulier; mais, comme on Je verra dans la fuite, ileft de ceux qu'il faut abfolument réfoudre, fi'on veut fire de:la manœuvre des vaifleaux un art complets, 4 -#Soit. donc 4 B Je navire. dont.À.eftfextrémité de. fa proue, & B celle de 4a pouppe; les deux. voiles Æ D. & GF font parallèles, elles font exactement de même hauteur & de même largeur au moins du côté du navire qui eft vers le vent, ceft-à-dire que leurs parties CD &:ZF, depuis Ja digne BA, font exactement égales. Comme. elles ont une fituation oblique. par rapport à la quille, le navire aura Fire Fig. 2» de Ja dérive, c'eft-à-dire qu'au dieu de fuivre la direction | de fon axe, ilembraflera-la route C7 qui fait avec la quille «un angle AG7, dont la grandeur-dépend de la fituation, des woiles qui eft donnée par rapport à la quille. , : : : uLa ligne C7 marqueJdarvitefe, du fillage ou, le, chemin ‘que parcourt Je navire, &. CM eft Ja vitefle, & Ja direction du vent, c'eft-à-dire que pendant. que pures pañe, de C x i] 348 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royat£ Fig %. En Z, les particules d'air qui l'environnoient en C' parcourent T- Page 431. h ligne CM; ainfr éétte ligne répréfente la vitefle &c a di- rection abfolues du vént: noùs difons abfôlues, car le navire parcourant C7 en même temps que le vent parcourt CA, les particules d'air ne s’éloignent du navire que de la quantité 1M, & elles ne Sen éloignent que felon cette ligne. Il fuit de Jà que le vent ne'paroït fuivre que la ligne ZA & avoir la vitefle ZM pour le Navigateur qui eft tranfporté par le navire: nous tirons donc par de point D la ligne DA pa- rallèlement à cette direétion relative 2, & le point À fera l'extrémité de la partie FX que le vent frappe, de la voile de la proue. " Nous défignons après cela par f la diftance perpendiculaire ‘DH où PF d'une voile à l'autre; 2 marquera la largeur ou Y'étendue des voiles qui feroit frappée par un vent perpen- diculaire aux voiles, c'eft-à-dire que 2 défignera ED = FH ou EP. Nous nommerons / la. partie Æ/X° qui efti frappée de plus, à caufe de T'obliquité du vent, de forte que 4 =4e"7 défignera toute l'étendue frappée ED + FX: Nous nom- mérons en mêtne temps à le finus total, 6 la tangente de Yangle CAM que font entr'elles les deux directions du vent, Yablolue CM & la relative ou apparente ZM; p fera le finus de l'angle d'incidence relatif DX A, &'enfin nous nom- ierons #la vitefle C7 du navire, & + la vitefle apparente du vent. Nous aurons &p*w* + /p° v* pour d'impulfion totale du vent, conformément aux principes reçûs fur l'ac- tion des fluides. Nous multiplions l'étendue des voiles 4 + 7, pa le carré du finus d'incidence relatif; mais, ce qui rend notre expreffion exacte, comme nous lavons montré dans 1 Traité du Navire*, nous employons en même temps la Yitefle apparente du vent, que nous élevons au carré. ‘Cette impulfion 4p° v* + /p°v* du vent doit être égale à l'impulfion de l'eau fur la proue, puifque le navire eft cenfé fe mouvoir d'un mouvement:uniforme. Si nous ‘défignons done par’ l'impulfion de Feau: fur la proue ,\en tant qu'elle” eft dépendante de la forme du vaifieaur; noës He eus MS: CUR EN CE SE | 349 arohs.éu* pour 'expreflion complète de l'impulfion de l'eau, Fig. 2 «ce qui nous donnera l'équation générale pv + Jp° v* == ia”, dans laquelle les fèules quantités à & i font conf. ‘tarîtes: la quantité à — £ H + FH, parce que les voiles faifant un angle conftant avec-la quille, la partie HF ne fouffie aucun changement, & la quantité ;eft auffi invariable, ‘parce’ que l'obliquité des voiles étant toüjours la même, la arène préfente au choc de l'eau toûjours les mêmes parties, & ces parties font toüjours frappées avec la même incidence. .… Quant à la vitefle z du navire, elle eft variable: mais comme nous cherchons le cas qui la rend a plus grande, fa différentielle fe trouvera égale à zéro, & nous aurons 286pvdu + 2bv"pdp + 21pvdv +. 21v°pdp + p°v" dl = o,'qui fe réduit par la divifion à 2 4p4v + 20vdp + 2/pdu0 + 2lvdp.-+ pudl — 0. Ainfi il ne nous refle qu'à remplir les conditions exprimées par cette formule ou équation différentielle, pour réfoudre de problème propolé. La | Is'agit d'abord, de, trouver la relation qu'ont entr’elles les différentielles dp, du & dl; les exprimant les unes par les ‘autres, nous les bannirons de notre formule. 11 faut fuppoler pour cela, que le navire prenne deux différentes difpofitions -par, rapport au vent; mais parce;que les différentes fituations du .vaiffeau rendroient notre figure trop confufe, nous fein- drons que c'eft Ja direétion abfolue CZ du vent qui change du petit angle MC, la vitefle abfolue Cm étant toûjours exactement la même ou égale à C M. La vitefle apparente v du vent fera 2m, & elle aura augmenté par rapport à Z M, ‘de Om —= dv, pendant que la différentielle de {a vitefle CZ du navire fera nulle, puifque cette vitefle doit être un saxi- um. On voit auffi que la direction D 4 doit être parallèle à Îm, de même que DE étoit parallèle à 7 M; ainfi le petit elpace. A4 fera la différentielle 4/ de la partie AL que le Ment frappe de plus, à caufe de fon obliquité. ‘Quant à l'anglé d'incidence du vent, it {ra plus petit après wleuchangement que nous venons de feindre: nous X x ii s0 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . trouverons d’abord la valeur de fon finus p par cette analogie; DK[= VDH° + HK)1] = v(f" + fl) et au finus total a, comme D 'H— f eft au finus p de l'angle D KH, Nous aurons donc p = FT ; & finous différentions, + l) afldl C7 état de trouver de combien diminue l'angle même D XH. Le finus p de cet angle recevant la petite diminution 4p, l'angle ou l'arc quile mefure diminue, comme on le fait, de a dp Cr dt 1 : ; en Fe FF < NOUS avons donc la valeur du petit angle XD4 il nous viendra dp = — +, ce qui nous mêt en , & cette expreffion fe change, par la fubftitution, qui eft égal à la différence des deux angles d'incidence. Ce même angle eft égal à 4710 ; ainfi nous pouvons faire cette afdl f° + 1: KDE, comme / M = ® eft au petit ac MO — FER À & fi on fe fouvient que nous avons nommé 8 la tangente de l'angle Z MC, & que nous confidérions que cet angle eft égal à celui m 10 du petit triangle reétangle m O M, nous aurons cette analogie; le finus total a'eft à roportion, a eft à , petit arc qui mefure l'ancle prop b q gl OM = es se la tangente 8 de l'angle # M O : Fe _ _ftvd? à fti0m—= d®v— PT Der D Rien ne nous empêche maintenant d’exclurre de notre équation générale 2 bp du + 2bvdp+ 21p dv + 2/vdp + pudl = 0, les quantités p, dp & dv, en introduifant à leur place leurs valeurs : aflal fèvdt différentielle, fi nous la divifons par :d/; il nous viendra af VR +)» cette équation ceffera enfuite d'être (DES SCIENCES. 3:51 m26f ÿ _fBa bener 24abflv 2f 4 fav ER De + er = 0j que nous réduifons, en tranfpofant & en multipliant par CL à l'équation 2 2f01 __ pi 26f8 On peut traiter cette dernière comme fi elle étoit du ‘+ x 238 à Si s 8 deuxième degré, & nous trouverons / + 4 — À « + + b° + LAS ) dont il fufñt d'ôter Ha largeur & Æ D de la voile de la pouppe, pour avoir celle qu'a la partie frappée FK de la voile de‘la proue, lorfque l'impuülfion du vent eft la plus grande qu'il eft poffñble, ou lorfque le navire prend la plus grande viteffe. RAS Cette même formule peut fe réduire à une conftruction très-fimple, par le moyen de laquelle il fera toûjours très-facile én mer de reconnoître fi lon prend le vent affez de côté, ou fr on le reçoit trop obliquement. La vitefle C7 du navire’ eft connue par les moyens que fournit l'art du Pilote: if: weft pas difficile non plus de mefurer la viteffe apparente M du vent, & les girouettes. du: vaiffeau- indiquent da di- reétion felon laquelle le vent a cette vitefle.: Aïnfi il fufft de réfoudre le triangle obliquangle CZA, pour avoir l'angle: IMC que fait la direction réelle du vent avec la dirédion Fig. 2.7 apparente. Cet angle né fera jamais de plus de 13 à 20. degrés, & on d'aura toûjoursaffez exaétementi en réfolvant, . même d'une manière groffière, le triangle: Nous avons nome mé-f la tangente-de cet angle, en prenant 4 pour finus total. .& di nous tranfportons cet angle-par:la penfée en HDS à plu, 4 s'EfY F ; I côté de DH, nous aurons, HS pour la valeur de 2° dont wÿ } a GS hous aurons prefqu'aufir aifément la mefure actuelle que celle: de DH = f & celle de — ED'+ HF. - Cela fuppolé,: nous n'avons qu'à tirer la ligne £7 qui 1] . : 352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . ferve de plus grande diagonale au parallélogramme où a trapèze que forment les deux voiles parallèles. Cette diagonale” fera égale à y{6* + f°), puifqu'elle eft-Hhypoténufe du triangle rectanglé EPF dont le côté EP — ED + HF —b,& l'autre PF = f. Nous éleverons à l'extrémité F de cette diagonale la perpendiculaire FQ que nous rendrons égale à HS — #., & fi nous tirons la ligne ÆQ, nous aurons fa valeur de {b° + f* + ÉD) & y ajoûtant Fr QR égale à FQ ou à AS, la ligne totile ER fera Ê + VE + f + E®Y, valeur de / + b; & elle nous marquera par conféquent avec la largeur Æ D de la voile de la pouppe, celle de la partie FX de la voile de la proue, qui doit être expofée à l'impulfion. Il ny aura donc, du point Æ comme centre, qu'à décrire Farc DT, & la ligne TR nous apprendra la grandeur qu'il faut donner à FX, c'eft-à-dire que légalité entre FX & TR fera le criteriume de da difpofition la plus avantageufe du navire par rapport au vent. Si le vent avoit une viteffe comme infinie par rapport à celle du vaifleau, ce qu'on peut fuppofer dans certains cas, Yangle 41 fera comme infiniment petit; la tangente 8. &c HS== a feront nulles, de même que FQ & QR, & il fuffra alors, pour avoir la largeur FX, d'examiner combien la diagonale £ F eft plus grande que la largeur ED de la voile de Ja pouppe. Lorfque l'angle que font les deux di- réétions du vent;-la réelle & l'apparente, eft d’une certaine grandeur, AS ne fera pas nulle, mais ÆQ ne fera jamais fenfiblement plus longue que la diagonale EF; ï fuffira donc d'ajoûter QR — HS à l'excès de la diagonale fur ÆT, pour avoir la largeur de la voile de l'avant qui doit être foûmife à limpulfion. | Il n'y a pas d'apparence qu'on puiffe trouver une autre \ pratique DES SCIENCES. 353 pratique plus fimple: on exécutera cette conftruétion fur une pig, ;. figure, lorfqu’on voudra parvenir à une détermination exacte, & dans les autres cas on en retirera encore de l'avantage, lorfqu'on la fuivra groflièrement à vûe d'œil fur les voiles mêmes, puifqu'elle fournira une règle dans une matière où on n'en avoit pas; mais nous ne devons pas manquer de faire obferver qu'elle devient imparfaite lorfque les deux voiles font trop voifines lune de l'autre, ou lorfque f eft trop petite. En effet, fi on approchoit réciproquement affez les deux voiles pour qu'elles n'en formaflent plus qu'une feule, les trois points D, 4 & K'{e confondroient, & notre conftruction deviendroit alors tout-à-fait inutile; elle ne nous apprendroit rien. On ne peut faire ceffer cette indétermination du problème qu'en cherchant quelqu'autre inconnue à la place de HX. Si nous nommons ? la tangente de l'angle A DX que fait la direction apparente du vent avec D A, ou la cotangente de l'angle apparent d'incidence du vent, & que nous con- . . x . A tinuions à nommer f la ligne DA, nous aurons LE, pour a l'expreflion de ÆX° que nous avons ci-devant nommée /; G 3 b ! & fi nous la fubftituons dans l'équation 7° — 2e «a bf8 : UN ESS Ur ae = , nous fa changerons en #° — 207 be : 10 Poe + Let pe Ée , dont nous déduirons : — 8 b 2 2 24? : ' — + {a + 8 + ———, qui nous donne d'une manière très- fimple la tangente : du complément de l'inci- dence apparente du vent. On peut même prendre par appro- ximation Ja racine de la quantité qui eft fous le figne radical, d 2 & on aura, à très-peu près, — 8 + con af F8 2b 2abr af ou encore ? = À + na Dans le cas où le navire n’a qu'une feule voile, la diftance f où DH difparoït, & on a 2 = 8, ce qui eft parfaitement Mém. 1754 Yy Fig. 3. 354 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE conforme à notre dernière équation ou formule transformée 2abt te 2abt deux fimples termes —— — f — 201 + = a° + mail qui fe réduit aux Fr 2ab8 , ment petite. Ainfi nous voyons qu'il faut alors que la tangente 7 du complément de l'incidence apparente du vent, foit exacte- ment égale à la tangente 8 de l'angle que font entr'elles les deux directions ; & il fuit de-là que la direction abfolue du vent doit être perpendiculaire à la voile. Cette difpofition parti- culière nous eft repréfentée par la figure 3: la vitefie du fillage eft C1; la ligne ZM eft la vielle & la direétion apparente du vent ; D K'eft parallèle à 7 47, & ces direétions apparentes du vent font, avec la perpendiculaire D Æ à la voile, un angle dont la tangente eft #: mais puifque cet angle eft égal à l'angle 47, dont 8 ef la tangente, la direction réelle } 7 du vent eft parallèle à DH & perpendiculaire à la voile, Ceft ce que nous avions déjà fait voir, mais d'une manière très- différente, dans le Traité du Navire, en montrant que quoique la vitefle du fillage rende plus compliquées prefque toutes les règles de la manœuvre des vaiffeaux, les vitefles du fillage font toüjours néanmoins proportionnelles aux finus réels d’inci- dence du vent fur fa voile, lorfque les autres circonftances font abfolument les mêmes & lorfqu'il n'y a qu'une feule voile. Il fuit de-là, qu'en augmentant l'angle réel d'incidence, on augmente Ja rapidité du fillage, & qu'il faut le rendre droit pour que le fillage devienne le plus grand qu'il eft poffble; mais on ne fauroit trop remarquer qu'il s’agit ici de l'angle réel d'incidence & non pas de l'apparent. I eft ficheux pour le Manœuvrier que cet angle droit ne doive être formé que par da direction réelle du vent, qui n'eft pas fenfible, & qu'on ne peut connoître que par la réfolution du triangle CZ 41. lorfqu'on rend f infini- I ne nous refte plus qu'à obferver, touchant les conftruc- tions précédentes, qu'elles n'ont d'application que dans un as très-rare, ou pluftôt unique, dont nous parlerons dans Tarticle I V ; c'eft lorfqu'en voulant courir avec la plus grande —- DES SCIENCES. 355 viteffe poffible, il n'importe für quelle direction l'on marche. Nos lecteurs font fans doute prévenus que ce n'eft pas fa route directe qui donne toûjours le plus de rapidité au fillage. Nous venons de déterminer fobliquité du vent par rapport aux voiles ; mais il faut encore favoir alors fi l'on donne aux voiles la difpofition la plus convenable par rapport au navire. Ce problème, confidéré dans toute fon étendue, appartient à {a méthode de maximis maximorum, & on doit en déterminer le premier maximum à part, comme nous venons de faire, parce qu'il ne dépend pas du fecond. Le problème eft tout différent lorfque la direction de {a route eft donnée; car on ne peut prendre le vent plus ou moins obliquement, fans fe trouver obligé de changer en même temps la fituation des voiles par rapport au navire, afin que le vent fafle toûjours le même angle avec la route qui eft prefcrite. Ainfr, généralement parlant, pour trouver dans cet autre cas un, plus grand avantage dans la difpofition des voiles par rapport au navire, il faut fe défifter du #aximum dont nous venons de chercher les conditions. On n'y eft pas obligé, lorque l'angle JC formé par ia direction réelle du vent & par la route du navire, n'eft pas donné, où Jorfqu'il s'agit fimplément de rendre CZ un maximum, en faifant abftrac- étion de la direction fur laquelle on marche : il faut alors que l'angle réel d'incidence foit droit,file navire n'a qu'une feule voile. Ce ne fera plus la même chofe fi l'angle VC eft donné, puifqu'en diminuant très-peu l'angle réel d'incidence, la voile fera pouffée fenfiblément avec la même force: mais Yangle WCF étant un peu aigu, l'angle FC deviendra plus grand, le navire recevra un plus grand mouvement felon fa quille, &. il. pourra arrivér,quon gagne davantage de ce côté qu'on ne perd de l’autre. | fie J TITI Lorfque le navire fuit une route dont la direcion efl donnée, trouver les conchtions dont dépend la plus grande viteffe du Jillages C'eft ce problème, dont l'ufage eft prefque continuel, que Yyi Fig. 3. 356 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . nous allons maintenant réfoudre. Soit À 2 un navire dont À {oit la proue & PB Ia pouppe; C Z eft la route qui fait, avec la direétion abfolue ou réelle du vent, un angle donné; FC M eft cette direction du vent, & 7/47 eft la direétion apparente. Pour trouver les conditions de la difpofition la plus avantageufe du navire par rapport au vent, il faut que nous confidérions le navire dans deux fituations différentes, infiniment voifimes l’une de l'autre; mais au lieu de cela, nous attribuerons, comme ci-devant, deux directions différentes au vent, favoir, M & om. Nous donnerons aufli deux fituations diflérentes aux voiles; nous les fuppoferons fituées en de & fg, après les avoir confidérées en DE & FG. Chacune de ces fituations procurera une route C7 où C5, qui fera un angle différent avec da quille du navire; mais l'angle infiniment petit /C5, que font entre elles ces deux routes, doit être égal à l'angle infiniment petit que font les deux directions abfolues € 41 & Cm du vent. Dans la réalité, la direction abfolue du vent n'a pas changé, & la route du navire tombe auffr fur la même ligne CZ; c'eft le navire qui a changé de fituation, puifque l'angle du vent & de la route eft donné. Nous devons remarquer, outre cela, que les deux difpofitions du vaifleau étant cenfées également avantageufes, les vitefles C7 & Ci du fillage font égales; 1& il fuit de-là que les vitefles apparentes du vent 741 & 7m font aufii égales, c'eft-à-dire, que les deux triangles CZM & Cim font parfaitement égaux, mais feulement fitués un peu difléremment: DX eft parallèle à 744 & retranche fur la voile de la proue, la partie FX frappée par le vent: de même dk eft parallèle à im, & on a fk pour la partie de la voile de la proue, frappée par le vent dans la feconde difpofition. Nous nommerons, comme ci-devant, v la viteffe apparente du vent, & z la vitefle du navire; nous défignerons l'impul fion de l'eau fur la proue par la lettre ;, en faifant abftraction de fa vitefle du navire; nous continuerons à marquer le finus total par la lettre a ; nous marquerons par g le cofinus de l'angle que font les voiles avec la quille, c’eft-à-dire que fi la droite CO eft perpendiculaire à Ja furface de la voile DE, DES NS" LE N © E s 357 . nous aurons 4 pour le finus de l'angle ACO ; nous défignerons Fig. 4. par à la largeur DE de cette même voile, & par c la diftance CZ d'un mât à l'autre: cette diflance eft égale à celle DF qu'il y a entre les extrémités D & F des voiles, parce que nous fuppofons les deux parties CD & ZF égales, ce qui nous eft toûjours permis. Enfin # défignera la tangente de l'angle apparent d'incidence du vent fur les voiles, c'eft-à-dire, at la tangente de Fangle DXF, & ous) SHFONs donc 79 - pour fon finus. Toutes ces chofes étant fuppofées, nous abaïffons du point D Ha perpendiculaire DA fur l'autre voile FG, & nous aurons dans le triangle reétangke DHF, le côté HF — T x DH Es puifque Fhypoténufe DF eft égale a CAES ce que l'angle FD A eft égal à l'angle ACO, dont 4 eft le finus. Ayant D A, nous trouverons AK par cette analogie: la tangenée + de l'angle DXH eft à DEA — dnrirn comme le finus total 4 eft à AK = étais Ainfi nous aurons, pour la furface totale des voiles frappées par le vent, ou pour leur largeur E D + FK, Yexpreflion & + 7 + Bari: ml qu'il ne a , nous refte plus qu’à multiplier par le carré de la vitefle apparente & du vent, & par le carré du finus d'inci- dence aufli apparent pour avoir limpulfion at V{ + #)» ’ 23 2 2 2 2 EE 2 F L LE “go ÉpaaoE sexe I). Cette impul- a Hé | É + CENTER ion du vent doit être égale à celle iv * de l'eau fur la proue, ce D. Loubitee acqi & ctV(a — q°) inous d l'équation —— “qui nous donne l éq ue EE ZE FREE rx À, dans laquelle il y a trois variables 7, g & i; les quantités z & g, parce que l'angle apparent d'incidence Y y ïi aedtV{a—q") + (28h + 2a°cg)xtdt—acrdtV{a—g) + (ct Hett)xdg— (act—ac8)x DU ET Rte pee "LEP MN PRE En eFES act Va — g°) + (@b + ac) xt + act Va — 9) + (ab + cg) xit 358 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . du vent 1eft pas le même,: non plus que l'angle que font, les voiles avec la quille, dans les deux difpofitions que re- préfente notre figure; & outre cela, la quantité i eft variable, parce que l'angle de la dérive étant plus ou moins grand, la proue ou la carène eft frappée par l'eau avec une incidence diflérente. za btdt 2a*bt3ds ad 2e 1: (a° LE A act” dq z2acqtdt 2acqt}dt dcdtV{a —q) Nous différentions, il nous vient DE + doi 1 M AE FRE & ctqdq 2 act dtV(à — g°) & nous divifons chaque membre de cette équation différen- tielle par chaque membre correfpondant de la première équation, ce qui nous donne la même chofe que fi nous avions différentié logarithmiquement, & ce qui fait évanouir pts Ts dix, 1° Je rapport —: Nous trouvons v gd Va? — 9) équation qui renferme toutes les conditions dont dépend la folution du problème dont nous nous occupons. Il n'eft plus queftion que de chercher la relation qu'ont entrelles les différentielles qui entrent dans cette équation. L'impulfion À dépend de l'angle AC de la dérive, ou de lobliquité avec laquelle l'eau frappe la proue; & d'un autre côté, l'angle de la dérive AC1 dépend de la fituation des voiles par rapport à la quille & du cofinus g de l'angle 4CD. Ainfi, en examinant la figure du navire, & en fe fervant des formules que nous avons pour trouver l'impulfion des fluides fur les furfaces courbes, il nous fera toüjours poflible de / à . 5 : di, dq découvrir, au moins par approximation, le rapport de tee Je fuppofe que 4 foit l'expofant de ce rapport, & qu'on ait di ___ hdg | = os Te i D ESS CHENCES 359 Le petit angle O Co répond à l'augmentation dg, xeçûe Fig. 4. par le finus 7 de l'angle ACO ; ainfi l'arc qui le mefure, eft ad Te nr Müis puifque l'angle AC de la dérive dépend de l'angle ACO, l'angle infiniment petit /Cÿ en dépend auffi, & il doit être plus petit que l'angle O Co un certain nombre de fois que je défigne par 4. Le petit angle /Ci eft donc adq terminer 4 que de déterminer 4. Cela fuppofé, il nous eft très-facile detrouver la variation de l'angle apparent d'incidence du vent dans les deux différentes difpofitions. La tangente de cet angle étant z, la différentielle de l'angle même, ou pluftôt & il ne doit pas nous coûter davantage de dé- : d dt / A x de Farc qui le mefure, fera +, & elle eft égale à l'excès a du petit angle OCo fur le petit angle Ci, c'eft-à-dire qu'elle 1 A adq adg CREME TU PS MAPS ue nous avons SD Ver) Ip) © A : 2 dt k—: a : 3 nt £ — ga -. La raifon en eft bien évi- PRE ET 0° Ma — °) dente ; angle apparent d'incidence 44 f eft augmenté d'un côté de tout le petit angle FZf, & ce dernier angle eft égal 4 , . d . A à l'angle O Co qui a jp pour mefure; mais ce même si angle d'incidence eft diminué de l'autre côté en même temps, parce que Z4 n'eft pas parallèle à DA, & que ces deux directions font entr'elles le même angle que ZM & im, ou ; d que CI & Ci, Or l'angle ZCi ft — 27 & fi on l'ête Aa — g) de O Co, il reflera F'accroiffement réel de l'angle apparent je . * H dt 4 — d'incidence D XF. Nous aurons donc —“ ES) LS Get ED A d LA; 2 2) 4 QT di — (= saPAe Ma — 7°) a — 4°) Nous pouvons maintenant chaffer de notre équation gé- nérale les différentielles qui lembarrafloient; nous mettrons 360 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE k—: da(# +") hdg ; di x at place de —, & x —7;—— à la place Ë k a — q) de df, & nous aurons £E—: ; 2k4—2 ah K— 2 acq x 1 KE (+ FAT = | k km )t+et 4, actWa* — qg) (+—ab+ cg)" a: qui étant ordonnée par rapport à £, nous donne at b 4 — ————— + @ 2h Var — g°) ——, li = La HR NS ED SES Va — g°) kA kKhab | khacvV(ar — 41) CES ins | F : | #hab (ri — Hi) x ce — Ainfi nous avons d'une manière générale & en termes finis, la relation qu'il y a entre l'angle apparent d'incidence du vent, dont z eft la tangente, & l'angle que font les voiles avec Ja quille, dont 4 eft le cofinus, lorfqu'en fuivant une route prefcrite on marche le plus vite qu'il eft poflible. On voit que le problème eft toüjours du fecond degré dans le fens que nous nous le fommes propolé. L'équation précédente nous fournit la formule générale, +: — «bg £ cg » DES EE) Dir È dun re perThan Lie LEE eue 9) He et 2 octo reorde ete à VA (TE 8 2 Ts PEER Pet g Va? — q° a « PEER CR à: QG x TE — hAD II eft vrai que cette formule nous engagera dans des calculs qui feront fouvent trop longs pour qu'on puifle les réduire à des pratiques graphiques dont l'exécution foit facile; mais outre qu'il fe préfente divers moyens d'en diminuer le tra- vail, nous fommes au moins en état de former des tables auxquelles il fufhra que les Navigateurs aient continuellement recours. Pour favoir en mer fi le navire & les voiles font dans la difpofition la plus avantageufe pour marcher avec viteffe fur la route qu'on fuit, on mefureroit l'angle que font les DES. SCIENCES. 361 les voiles avec la quille & l'angle apparent d'incidence du vent, & onwverroit enfuite dans la Table fi ces deux,angles ontl'un à l'égard de l'autre la grandeur convenable. Nous n'infiftons pas fur les moyens de trouver les valeurs de 4 & de 4 qui entrent dans notre formule, il nous fufit de remarquer que lorfqu'on fe propole de conftruire une Table qui contienne les angles d'incidence du vent pour tous les divers angles des voiles & de la:quille, il eft auf permis de regarder l'angle de dérive 2CA comme connu, que l'angle OCA, &qu'on n'a toûjours alors qu'un calcul abfolument direct à faire pour découvrir les valeurs de 4 & de 4. L'eau frappant la carène felon la direftion /C, nous avons des méthodes pour fupputer la-grandeur de limpulfion,, & nous pouvons chercher aifément de combien elle change. Lorfqué le fluide, au lieu dé frapper felon 7 C, fuit une autre direction iC, impulfion dont il s'agit s'exerce felon une direction OC; qui change auffi par le changement de la ligne iC, fe'on la- quelle fe fait le choc. Ces variations de directions & de forces pourroient donner ici lieu à plufieurs remarques , & nous au- rions différentes choles à propofer, foit pour donner aux calculs plus de généralité, foit pour les rendre plus faciles; mais ce froit, pour ainfi dire, nous écarter de notre fujet: outre cela, nous nous fommesbeaucoup occupés ailleurs de recherches qui avoïent rapport à celles-ci, & nous pouvons y renvoyer *. Applications du problème précédent à quelques exemples. Nous ajoûterons néanmoins que fi la proue étoit formée par un plan incliné en avant, ou par une furface qui fût feulement courbe de haut en bas, & que les deux flancs de la carène fuffent auffi terminés par des furfaces courbes dans le fens vertical, fans être courbes dans le fens horizontal, on pourroit alors fubffituer à la figure du navire celle d'un pa- rallélipipède rectangle. Cette dernière figure feroit rigoureu- fement équivalente aux autres dans les problèmes dont nous * * Voy. le chap. V des additions àz la Pièce qui remporta le Prix de l'Académie en 1727, fur la miâture des vaïfleaux : le Traité du navire, page 307 é7 (fiv. les Mémoires de l’Académie del 1733 7 17464 Mém. 1754 Z Fig. 4, 362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE! ROYALE . nous occupons, fans qu'il importät en rien que les furfaces courbes de la proue & des flancs fuflent géométriques ow méchaniques: il faudroit rendre le parallélipipède rectangle fort étroit, non feulement parce que les navires font beau- coup plus longs que larges, mais encore parce que la forme de leur proue, en diminuant le choc de l’eau dans le fens direét de 1 quille, produit précifément le même eflet que fi la carène avoit encore moins de largeur. Mais fuppolé que a qui défiyne le finus total, défigne aufli la demi-longueur du favire, & que 2 défigne en même temps la moitié de la largeur de la figure fiétice à laquelle nous le comparons, & que 7 foit la cotangente de Fangle des voiles & de la quille, où la tangénte de l'angle O CA, dont nous avons déjà indiqué s le finus par la lettre g, on aura alors 4 — ne e m° —em ” : 172 : as, # — ———. Ainfi il ne refle qu'à introduire ces quantités a Em dans notre formule générale, en fubflituant en même temps, < aq à acceder 222} fi on le veut, "1 à Ja place de TES Si le navire, quelle que foit fa figure, n’a qu'une voile, fa diflance € d’un mât à l'autre fera cenfée nulle, les deux voies feront fuppolées fe confondre par leur proximité, & notre for- mule générale fe réduira à 4 = Pot TR: parce qu'il faudra effacer tous les termes qui contiennent c. Dans ce cas particulier, le problème devient incomparablement plus fimple, & c’eft encore la méme chofe dans les routes très- obliques, quoique le navire ait plufieurs voiles. En effét, toutes les fois que les voiles approchent de faire un angle de qua- rante degrés avec la quille, celles de la pouppe ne nuifent plus à celles de la proue ; la furface frappée par le vent cefle d’être variable, & les voiles font alors abfolument équivalentes à une feule qui feroit beaucoup plus large. La petite formule 24 — 2 aq 1—= ——— % 17 ñoùs donnera donc alors pour tous 4h Va — 4) ; P les vaifleaux, l'angle apparent d'incidence du vent, qui eft le DES SCIENCES. 363 plus avantageux, & on déterminera cette formule à fervir pour Fig: 4. les navires dont nous’ parlions plus haut, en mettant à {a place de 4 &'# les valeurs que nous venons d'indiquer. : JI y aura encore moins de difficulté, lorfqu'il fera permis de négliger la dérive, ou de confidérer le navire comme s'f étoit infiniment étroit. Un vaifleau eft à peu près quatre fois plus long que large, mais la figure de fa proue produit ‘le même effet que sil étoit encore beaucoup moins large, con- formément à ce que nous avons déjà dit. Or, fr on fuppofe 24avVm + 2mvV(me] fà demi-argeur e — o, la quantité À — = - [®] a + m que nous avons trouvée pour Île navire en parallèlipipède rectangle, deviendra infinie en même temps qu'on aura ï 1 5 à Ge / R 4 — * = = ln 8 fa petite formuler = 2 Eye 069 a FRET 4h Maà—g) 2aV{a —g) 24° nous donnera alors / —= Gr ol M TA at Aiïnfr OV Si 2 + dorfque le navire n'a point de dérive, & qu'il n'eft pouffé que par une feule voile, ou Jorfqu'il eft pouffé par plufieurs, mais qu'elles ne fe nuifent pas, on a un criterim très-com- mode pour juger de da difpofition la plus avantageufe du vent par rapport au navire, & aux voiles: il faut que li tangente 1 de N'angle apparent d'incidence foit double de la tangente (= = g’? ou — 4 dé angle que fait la voile avec la quille; ceft ce que divers Auteurs avoient déjà trouvé. Quoique le navire ait plufieurs voiles qui fe couvrent en ‘partie les unes les autres, on réfout encore le problème très- aifément, pourvû qu'on puifle négliger Ia dérive, ce qui doit être permis dans une infinité de cas. Bnr introduüifant 4, rendue 21 . 2, .: )1 : : r: 1 à infinie, & 4 —= x ci 7 dans l'équation du fecond degré dont noûs avons tiré notre formule générale, on la réduira à uen DEV QD 0 0 € abgx fat gt)! CS PPT E 4 vabg + cg° KE #4 il abg cg AOL A LR Zzi Fig, 4. 364 Mémoires, Dr L'ACADÉMIE ROYALE Pour une plus grande facilité, nous nous propoferons à la place de 7, quelque autre inconnue dont on puifle plus aifément vérifier la grandeur fur le navire même, Si nous cv {a° ait q') » A . nous reffouvenons que DA = ———"—, & qu'après avoir nommé / la partie HK de la voile de la proue que le vent frappe à caufe de fon obliquité, nous cherchions la valeur des ke ca — j° À par rapport à 1 nous aurons { = sis? ; & fr nous lintro- duifons dans notre dernière équation du fecond degré, nous bc cg la changerons en 7° —- SU == Te Er 5 nous el & i 2 2 l tirerons / = — à + V{E + À + +) ou / = — LH vi + (40 +2}; qui nous fournira une pratique extrémement fimple pour trouver la largeur A7. Ayant fait AR égale à DC — + D, moitié de la voile de la pouppe, nous tirons la droite RCY, qui fera perpent diculaire aux deux voiles }#G, DE, ou parallèle à DA; noùs faifons enfuite l'hypoténufe Æ/$ du triangle reétangle HRS égale à la largeur entière DE = ; le côté SR fera égal à b (2) ; & fi nous tirons du point S la ligne SF à l'extrémité Æ' de la voile de la proue, cette ligne fera égale à VE LT = VISR RH HE]. Ainfi nous n'aurons qu'à retrancher de SF la partie ST égale à SH — b, & le refte 7°F' fera égal à / ou à la partie HK de la voile FG, que le vent doit découvrir au-delà de la perpendiculaire 4 D. Lorfque les voiles feront fitées prefque perpendiculaire- ment à la quille, la perpendiculaire DA tombera à très-peu de diftance de Fextrémité Æ#, & l'arc HT, qui a le point S pour centre, fera très-petit, & fera fenfiblement une ligne droite, qui fera un angle de 30 degrés avec HF. Dans ce cas, TF fera fenfiblement la moitié de AK; il faudra SELS DES SCIENCES. 365 donc que la partie 7 K de la voile que le vent frappe, à Fig. s. caufe, de fon obliquité, foit alors la moitié de ÆF, pour que les voiles & le vaifleau aient la difpofition la plus avan- tageufe par rapport au vent. Mais lorfque AK eft la moitié de #4 F, la tangente de l'angle apparent D À H d'incidence du vent eft double de la tangente de l'angle que font les voiles avec la quille, précifément de même que s’il n'y avoit qu'une feule voile, La chofe fera différente lorfque HF fera une partie confidérable de la largeur des voiles, car AK = TF fera alors plus grande que la moitié de HF. L'angle appa- rent d'incidence du vent fera donc un peu plus petit que dans l'autre cas, ou, ce qui revient au même, fa tangente ne fera pas double de celle de l'angle AZ Æ. Ainfi, généralement parlant, if faut, Jorfqu’on veut faire une route dont la diredion eft donnée, orienter différemment les voiles, felon qu'on en emploie plufieurs ou qu'on n’en emploie qu'une feule. Si le navire dont on peut négliger la dérive, n'a qu'une voile, lou s'il en a plufieurs & qu'elles ne fe nuifent, pas, da tangente de l'angle apparent d'incidence, nous le répétons , doit être double de la tangente de l'angle que font les voiles avec la quille. Si au contraire les voiles fe couvrent en partie, HXK doit être plus grande que la moitié de HF, & Ia tan- _gente de l'angle apparent d'incidence ne doit pas être double de Ja tangente de l'angle FZ A, fait par les voiles & par la quille; elle doit être un, peu moindre. Or ces différentes conditions exigent prefque toüjours qu'on apporte quelque changement à la manière dont les voiles font orientées, ou qu'on change leur obliquité par rapport à la quille. Si le navire marche d'abord avec deux voiles, & qu'après en avoir ferré une, la tangente de l'angle apparent d'incidence ne fe trouve pas affez grande, on fera obligé, pour marcher le-plus vite qu'il eft poflible avec une feule! voile, de diminuer l'angle qu'elle fait avec la quille. 11 ne: faudra pas prendre le vent plus en pouppe fans changer Ja difpofition de la voile par rapport au navire, car on cefleroit de fuivre la route dont la direction eft prefcrite ; mais en diminuant peu à peu l'angle P : PAR B: z ii 66 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Fig. $. F'Z À, fa tangente fe trouvera moindre, & aufli-tôt qu'elle fera exattement égale à la moitié de la tangente de l'angle apparent d'incidence, & que fa viteflé du fillage fera déjà parvenue à l'uniformité, on fera für qu'on aura trouvé la dif pofition la plus avantageufe de la voile par rapport au navire & par rapport au vent. I V. Marquer les conditions dont dépend la plus grande vitefle pofible du fillage. Enfin il s'agit quelquefois, non pas fimplement de fuivre une certaine route avec vitefle, mais de marcher abfolument le plus vite qu'il eft poflible, en cherchant, entre toutes les directions, celle fur laquelle on peut aller le plus rapidement. On veut s'éloigner d'un certain endroit où d'un certain point le plus vite qu'il eft poflible, & on ne fe met pas en peine de la direction qu'on doit fuivre. Ce problème dépend des deux différens maximum que nous avons difcutés dans ce Mémoire, & il fufft toûjours de les réunir pour fatisfaire parfaitement à la queftion. Lorfqu'on peut négliger Ja dérive du navire, on n'a qu'à voir fi les conditions exprimées dans les figures 2 dr ÿ font exactement remplies: la partie HK doit être exactement égale à 77 dans la dernière de ces figures, & outre cela toute la partie F Æ de la voile dela proue doit être égale à TR dans la figure 2, ou, ce qui revient au même, la largeur £ D +- FX des voiles frappées doit être égale à £R. Ces chofes étant exécutées, on jouira des deux maximum, & on marchera le plus vite qu’il fera poffible; car il y auroit à perdre fi lon changeoit la difpofition des voiles par rapport au vaif- feau, ou fr on la changeoïit par rapport au vent. Lorfque le navire, qui n'eft fujet à aucune dérive fenfible, n'a qu'une voile, le problème fera encore réfolu, & méme d'une manière beaucoup plus fimple: il faudra que la tangente de l'angle apparent d'incidence du vent foit double de l'angle que la voile fait avec la quille, & qu'outre cela la direétion abfolue du vent foit perpendiculaire à la voile. Suppofé qu'on À DES SctIENCES. 367 prenne la figure 3 pour reprélenter ce cas, la tangente de l'angle Fig. s. apparent d'incidence DC F' doit être double de la tangente de l'angle FCA, & il faudra de plus que la direction réelle CA du vent fafle un angle droit avec la voile, comme nous l'avons fait voir à la fin de l'article Il, c’eft-à-dire qu'il faudra que l'angle que font les deux directions du vent, la réelle & l'apparente, foit exactement le complément de l'angle d'incidence apparent, Il eft facile de s'aflurer qu'on. tomberoit. dans des calculs extrémement longs & très-embarraffans, fi on -entreprénoit de réfoudre ce problème d’une manière abfolument directe, Prenons, par exemple, la forme de parallélipipède rectangle, qu'on peut attribuer, comme on l'a vû, à plufieurs navires : fuppofons, outre cela, que ce vaifleau n'a qu'une voile, & fervons-nous des mêmes dénominations que ci-devant, en défignant de plus par a lettre fe nombre de fois que la viteffe du fillage eft contenue dans la viteffe abfolue du vent, lorfqu'on cingle vent en pouppe. Il faudra réfoudre l'équation À + zem — à © — m VE) (fs) xax (à ne D RAT UE UE nocuer Soc USE traitant # comme inconnue, pour trouver fa cotangenté de Fangle que la voile, lorfqu'elle eft unique, doit ER avec la quille, afin que la vitefle du fillage foit un maximum maximorum. \ eft vrai que cette équation fe réduira à | x b 2 3 Loë ? — 1)2 bah 2 (p—nfiin pales pl m}é jérraub sf Dali, Va + nr) 7e et lorfque le navire n’a point de dérive, ou lorfqu'il-eft infini ment étroit, ce qui nous fournit une expreffion très-fimple 2 SECR : : du finus HS de l'angle queih voile doit faire-avec.la quille ; mais en général Je problème fera très - compliqué, principalement lorfque le navire aura deux voiles, &c'il eft bien fenfible qu'il faut, dans de femblables circonftances, avoir recours à la méthode de médiation. Mais le tâtonnement fera bien plus facile, lorfqu'on fe conformera aux pratiques"que nos avons indiquées dans ce PAL A 368 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Mémoire. Nous pouvous nous procurer une Table qui nous marque la grandeur deil’angle apparent d'incidence pour tous les angles que les voiles peuvent faire avec la quille. S'il eft toû: jours queftion du navire en parallélipipède rectangle, & qu'if 2a rte 2ème VE _ mi VE n'ait qu'une voile, la formule + — M — € nous donnera la tangente 7 de cet angle apparent d'incidence: mais {1 après nous être conformés à cette formuie ou à la Table qui en fera déduite, nous nous apercevons que les règles de l'article IL fe trouvent violées, ce fera une marque qu'il faut néceflairement changer la difpofition des voiles par rapport au vaifleau: c'eft ce qui fe fera avec la plus grande facilité, & fans y employer plas de temps qu'on n'en met ordinairement à orienter les! voiles. | Lorfque le navire fera excellent voilier, ou lorfqu'il prendra une grande partie de la vitefle du vent, il faudra donner beau- coup d’obliquité aux voiles, pour obtenir le maximun maxi- morum de la vitefle du fillage. Suppofé au contraire que le navire foit pefant en fait de marche, il faudra rendre les voiles moins obliques par rapport à la quille, & il pourra arriver qu'on foit obligé de les mettre tout-à-fait perpendiculaire- ment & de recevoir le vent exactement en pouppe. C'eft en particulier ce qu'il faudroit faire dans le navire fans dérive, sil n'avoit qu'une voile & s'il ne prenoit que le tiers de Ja vitefle réelle du vent dans la route directe; car on auroit rit : 3 drap due WE alors f = 3, & fprtite formule PF) RE rx fe réduiroit à = — 4; ce qui nous apprend qu'il fau- Va + n° droit rendre le finus de l'angle de la voile & de [1 quille égal au finus total. Mais fans avoir recours à la folution com- plète & directe du problème, on fera toûjours averti de ce qu'on aura à faire, fi on confulte attentivement nos règles. Comme cet Écrit eft déjà affez long, nous reviendrons à cette même matière dans un autre Mémoire. . PÂTE OBSERVATIONS Mem. de l'Ac.R. des Se. 1764. Page 868, Pl. Mer. de Le. R des Je 1764. Page 368. PL 13. # rt ; Dem de LAe R das 4764 Lago S68.PL 13 DES SCIENCES : 369 OBSERVATIONS ANATOMIQUES SUR: HDLE :.CGŒnU:R, TROISIÉME MÉMOIRE, . Contenant la déftription particulière des Oreillettes, du Trou ovale èr du Canal artériel. Par M. LIEUTAUD. A’ RÈS avoir examiné dans mon fecond Mémoire ce 21 Août, qu'il y a de commun aux deux oreillettes, je m'arrêterai "754 dans celui-ci à ce que chacune de ces cavités préfente de particulier, m'éloignant le moins qu'il me fera poñlible de mon premier point de vüe. J'ai dit que la première oreillette avoit Première une direétion verticale, & qu'elle avoit plus de capacité que Orilletc. la feconde; mais je dois ajoûter qu'il n'eft pas poflible d'en déterminer au jufte le rapport. L’injection ne fauroit ÿ con- duire, parce qu'il faudroit lui imprimer le mème degré de force que le fang emploie à leur dilatation, & pouvoir leur rendre en même temps le reflort vital qui doit les mettre en équilibre avec cette force. On éprouvera la même difficulté lorfqu'on voudra comparer l'étendue des oreillettes à celle des ventricules; on peut feulement affurer que la capacité de cha- . que ventricule furpaffe de beancoup celle de l'oreillette qui lui … répond. Ce fait, qui, à ce que je crois, ne fauroit être contefté, À peut éclairer les recherches qui tendent à développer l'aétion _ de ces parties. Il ne fera pas plus aifé, pour le dire en pañfant, …—. de fixer les proportions des deux ventricules: on peut bien . juger que le premier eft plus grand que le fecond, mais ‘on * me parviendra jamais à connoître de combien il l'excède : toutes JéStentatives qu'on a faites à ce fujet donnent des réfultats - différens: ils s'accordent pourtant en un point, qui eft que le premier ventricule eft plus grand que le fecond ; ce qu'on peut Mém. 175 4 À aa 370 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE très-bien décider par le feul témoignage des fens. C'eft encore un fait qu'il eft bon de ne pas perdre de vüe. Quelque irrégulière que foit la cavité de la première oreil- Jette, on peut cependant la confidérer comme un efpace carré: long, dont les quatre angles font très-remarquables par les parties qui les occupent. Ces colonnes charnues, aflez nom- breufes, font pour la plufpart parallèles, de forte que les parois en paroiffent fillonnées : elles occupent principalement fa partie libre, favoir, l'antérieure & la fupérieure, de même que l'ap- pendice : celles qui fe rencontrent ailleurs font moins fenfibles, ou prefque effacées : il eft rare d'en apercevoir dans le fond de la cavité, je veux dire, aux environs du trou ovale jufqu’à l'entrée du premier ventricule. Les colonnes de l’une & l'autre oreillette paroiffent en quelques endroits n'être liées que par la rencontre de l'enveloppe capfulaire & de la membrane interne; mais il eft afluré qu'il y a entre deux une couche mufculaire qui en forme la continuité. Ce qu'il y a de plus remarquable dans la première oreillette fe réduit à quatre ouvertures, trois cavités & deux valvules. Les ouvertures appartiennent aux deux veines caves, à la coro- naire & au premier ventricule, dont l'orifice très-ample reçoit le fang que les vaiffeaux ont verfé dans le fac. La veine cave fupérieure s'ouvre dans l'angle droit & fupérieur de l'oreillette; l'inférieure rencontre l'angle inférieur du même côté, Je dois faire obferver ici que quelques Anatomiftes, parmi lefquels. on doit nommer M. Winilow, ont prétendu que les deux veines caves fe rencontroient: cette opinion n’eft pas defti- tuée de fondement; le premier afpect des parties lui eft même favorable, mais la ftructure de l'oreillette y paroit être con-. traire, puifque ce demi-canal qui répond aux veines, & que Yon prend pour leur continuité, a quelquefois dans fon fond plus de deux lignes d'épaiffeur, ce qui ne fauroit convenir aux veines. D'ailleurs les fibres charnues qui fe répandent fur fune & l'autre oreillette, leur arrangement & leur marche, caractérifent, ainfi que M. Senac l'a remarqué, l'oreillette, & la, diftinguent très-bien des veines qui y aboutiflent. La troifième mn. + = ‘une À nec eo émht-ni-hasil DES SCIENCES 371 œuveïture eft formée par l'embouchüre de la veine coronaire, qui n'eft point éloignée de l'angle inférieur & gauche. L'entrée du premier ventricule, qui occupe prefqué tout le côté qui eft entre les deux angles gauches, préfente a quatrième. Les cavités qu'on obferve dans la première oreillette, font pre- mièrement celles de l'appendice, dont l'entrée occupe l'angle fupérieur & gauche; la deuxième eft une efpèce de fac qui forme l'angle inférieur du même côté; il eft très-remarquable par la veine coronaire qui s'y termine; fa profondeur eft plus ou moins confidérable; on-pourroit la prendre, dans quelques fujets, pour une appendice, toûjours pourtant moins marquée que la fupérieure. La troifième cavité ef l'entrée du trou ovale, très-fenfible dans tous les âges ; elle eft fituée dans le fond de l'oreillette, entre les deux veines caves, plus près de l'infé. rieure ; fa fituation oblique porte cependant fon fommet hors de leur direction & le rapproche du cœur. Les parties dont je viens de faire mention fe rencontrent dans tous les fujets, mais il n'en eft pas de même des valvules dont il me refle à parler. La première couvre une grande partie de l'embouchüre de la veine coronaire, l'autre eff fituée à l'extrémité de ia veine cave inférieure; elles font commu nément très-apparentes, & il n'eft pas même ‘difficile de reconnoître leurs traces, lorfqu'elles ont été détruites, La val- vule de la veine coronaire préfente un croiïffant affez régulier, dont le bord libre regarde Ia veine cave fupérieure; elle eft Valvule de Ja veineceronaires lus étendue dans fa largeur que l'embouchüre de la coronaire . P 8 ne femble le demander, quoique par fa hauteur elle ne couvre pas entièrement l'orifice de ce vaiffeau ; fa pointe droite s'étend dans’ plufieurs fujets jufqu'au bord de la valvule d’Euftachi, ces deux parties étant alors continues: elle éfl communément entière dans les enfans, mais on la trouve prefque toüjours détruite totalement ou en partie dans un âge avancé, La dif- pofition de cette valvüle mérite une attention particulière ; élle eft placée vis-à-vis lembouchüre de la veine, c'eft-à-dire - que fa poche eft oppofée au courant du fang. On fait que les autres valvules , tant des artères qué des veines, ont une Aa ij Valvule d'Euftachi, 372 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fituation contraire. Celle-ci foutient donc le choc du fang qui eft verfé par la coronaire, & en brife le mouvement ; de forte qu'on ne doit pas être furpris qu'une partie, qui n’a vrai-femblablement d'ufage que dans le fœtus, fe détruife par le temps, & qu'on n'en trouve fouvent que les débris, repréfentés dans quelques fujets par de fimples filets flottans dans la cavité inférieure de l'oreillette. La feconde valvule dont j'ai fait mention, eft celle d'Euftachi; elle fe trouve ordinairement dans le fœtus, très- fouvent dans les enfans, & quelquefois dans l'adulte. C’eft une membrane mince, femilunaire, qui tient à plus de la moitié antérieure de l'orifice de la veine cave inférieure, dans le poirit où, après avoir percé le diaphragme & le péricarde, elle dégénère dans li cavité de ce dernier en oreillette. Cette val- vule, très-mal repréfentée dans les Tables même d'Euftachi, a dans le cadavre une fituation obliquement tranfverfale par rapport à l'axe du vaifleau dont elle occupe environ la moitié du calibre; fa pointe ou fa corne gauche, qui eft la plus élevée, s'étend fur le bord faillant gauche de l'entrée du trou ovale; fa pointe droite plus inférieure eft attachée à la partie de l’embouchüre de la veine cave qui eft la plus éloignée du cœur. Cette digue membraneule, qui ne fauroit dans le vivant avoir d'autre direction que celle de Ja veine cave, con- duit, ainfi que M. Senac l'a déjà obfervé, le fang de ce vaiffeau vers le trou ovale, deftiné dans le fœtus à le recevoir; elle donne, dans cet état, plus de profondeur au fac inférieur de Voreillette, en prolongeant la veine cave dont elle fait le com- plément; elle couvre par conféquent l'entrée du cœur, qui avant f'ufage de la refpiration ne doit recevoir qu'une partie du fang que les veines verfent dans l'oreillette. Au refle, il ne faut pas penfer que cette partie membraneufe, quoique en forme de croiflant, reflemble aux valvules ordinaires des veines, qui font de véritables poches dont ka cavité regarde le cœur: la valvule d'Euftachi a une difpoñition contraire, & ne peut leur être comparée en aucune façon. Quoique j'aie donné le nom de digue membraneufe à ceite partie, je D'LEuS 4 Si (CHE IN CES nè prétends pas cependant én exclurre les fibres charnues ; il ya tout lieu de penfer que les deux lames qui la compofent en renferment une couche: un réfeau très-apparent, qu'on obferve, quoique rarement, fur la face de la valvule qui re- garde l'oreillette, & qui s'étend même quelquefois dans cette cayité, ne permet pas d'en douter. auroit peu de difficulté für la valvule, fton {a trouvoit toljours telle que je viens de la décrire; mais elle préfente quelquefois dans les enfans & dans Fadulte une forme fr bizarre & fi variée, qu'on ne fait préfque plus à quoi sen tenir. Elle manque quelquefois ablolument, mais il eft très- rare qu'avec un peu d'attention l’on n’en découvre la trace dans le rebord, qui termine la veine cave. Lorfqu'elle fubfifte dans l'adulte, on la voit prefque toüjours percée par des trous de différentes formes, qui préfentent des mailles plus ou moins étendues, dont on ne fauroit fixer le nombre : on ne trouve; quelquefois que des cordages oudes filamens qui font atta- chés, tantôt au bord de la valvule, telle que nous avons, repréfentée, tantôt à Forifice de la veine, & qui tiennent à ces. paities par leur extrémité ; ils font quelquefois fimples, {ou- vent ils paroifflent én recevoir d’autres , formant par leur rencontre, des efpèces de réleaux qui occupent ordinairement. la-place de Ja valvule, toûjours détruite dans cet endroit, de forte qu'il, n'y a pas lieu de douter que ce ne foient les débris de la valvule que le choc du fang a mife dans cet état. Cette partie fort mince, étant après la naïflance plus expolée, par fa ftuation , au courant du fang qui prend f route vers, le ventricule, s'amincit infenfiblement ; le frottement! de ce liquide qui la heurte continuellement par la diréétion de fon mouvement, vers le cœur, l’étend .en écartant fes fibres, laf- foiblit; il ufe, pour ainfi dire, & la perce enfin en plufieurs. endroits. … Ces trous, par lefquels le fang fe fraie une nouvelle route, sagrandiffent, ou. par ;l'alongement des..fibres, où par ‘le, déchirement de fa portion. membraneule qui les fépare ; ; de: forte que ces lambeaux dégénèrent infenfiblement en cordages: Aaa ii 374 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLr fimples ou entrelacés, que Fon doit regarder comme les débris: de la valvule dont ils occupent la place, en confervant en partie leurs anciennes attaches. Tout cela eft aifé à entendre; mais il fe préfente une difhculté qui m'a arrêté long-temps, & que je ne fache pas qu'on ait éclaircie. Ces cordages ne font pas toûjours contenus dans Forifice du vaifeau, où ils devroient être naturellement placés : on en obferve qui tiennent par uné de leurs extrémités aux environs de la veine coro- naire ou à quelques autres parties de l'oreillette, à plus ou moins de diflance de Forifice de la veine cave. Quoique ce cas, qui n'eft pas bien rare, paroifle être contraire à ce que je viens de dire, il peut cependant le confirmer. : Les variétés, dont onne trouvera jamais la fin, & qui ont beaucoup nuï aux recherches anatomiques, peuvent aufit les éclairer lorfqu'elles font bien méditées. J'ai trouvé dans: quelques fujets (je ne parle ici que de l'adulte) ces cordages tantôt fimples, tantôt fous une forme réticulaire, détachés par un de leurs bouts, & flottans quelquefois dans la veine cave, mais plus communément dans l'oreillette : l'extrémité libre étoit dans quelques-uns un fimple fil, & dans d’autres elle: confervoit la forme d'un réfeau; je les aï trouvés depuis deux ou trois lignes jufqu'à un pouce & plus de longueur : j'ai obfervé quelquefois qu'une partie de la valvule ou des lam- béaux entiers ou dentelés, qu'on ne pouvoit méconnoître, étoient renverfés dans l'oreillette & qu'ils sy étoient collés. On fait aflez, & le nombre d'obfervations que nous avons ne nous permettent pas d'en douter, que les parties molles & folides des animaux, qui, dans quelques circonftances , fe rencontrent & s'appliquent enfemble, fans mouvement con- traire, contractent bien-tôt une adhérence plus ou moins forte, relativement à leur étendue, & deviennent contigues : c'eft ce qui arrive aux lambeaux flottans de la valvule d'Euftachi &c de celle de la veine coronaire, expofée aux mêmes accidens, qui préfentent alors une conftruétion bizarre que perfonne: n'a entrepris d'expliquer. Il ne faut pas penfer que le jeu con- tinuel de l'oreillette puifle être un obflacle à cette adhérence,: DS U Si CAIEN cr: SuUM H7S puifqu'il foffit, pour qu'elle puiffe sexécuter, que ces lam- beaux, appliqués par le cours non intérrompu ‘du fang aux parois de l'oreillette, & qui en fuivent le: mouvément, ne fouffrent aucun déplacement. Le cœur & le poumon n’ont pas certainement plus de repos que les oreillettes ; on fait cependant qu'ils contractent fouvent dans l'état de maladie, & ‘peut-être même quelquefois dans la fanté, de très-fortes adhérences, l'an avec le péricarde,, fautre avec la plèvre. Mais ces cordages ou ces réfeaux qui tiennent d'une part au bord ‘de da veine cave, & dé l'autre aux environs de embouchüre de la veine coronaire, ont une autre origine. J'ai dit, après l'avoir vü & démontré plufieurs fois, que les deux valvules communiquoient très-fenfiblement dans plufieurs füjets , c'eft-à-dire, que la pointe droite de [a valvule de 1a veine coronaire avoit fon attache à la corne gauche de la valvule d'Euftachi. Cette continuité eft très:manifefté dans quelques fujets où:ces parties n'ont pas encore fouffert : il eft plus difficile de la rencontrer dans les adultes & les vieux fujets, à caufe des délibremens qui y arrivent; maïs on ren- contre quelquefois dans ces derniers des cordages & des réfeaux qui, de la valvule d'Euftachi, où du rebord qui lui donné naiffance, fe jettent fur Ja valvule de Ja veine coro- naire ou fur la partie où elle avoit fon attache: ces cordages doivent être regardés alors comme les débris communs aux deux valvules ou les reftes de leur continuité, Brindel, qui a repréfenté ces cordages communs, n’a pas donné 1à-deffus le: moindre éclairciffement. La valvule de la veine coronaire fe préfente d’abord à Ja -vüe, lorfqu'on à ouvert l'oreillette par une feétion parallèle aux veines, mais il n’eft pas ailé d’apercevoir la valvule d'Euf- tachi, für-tout lorfqu'elle eft en partie détruite; on n'y réuf£ firarqu'en faifant une grande ouverture à l'oreillette, après s'être afluré de l'orifice de la veine cave qu'il faut épargner: on faifira enfuite la valvule avec des pincettes pour l’étendre, afin de pouvoir juger de fa véritable pofition & de fes attaches. On peut wès-bien examiner ces parties fans rien déplacer , fi le 376 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE lieu où l'on travaille efl aflez éclairé; mais fi l'on manque de jour, il faut néceffairement enlever le cœur avec fon péri- carde & la partie du diaphragme qui lui répond; il eft même néceflaire de conferver un ou deux pouces de la veine cave au deflous du diaphragme, en emportant la partie du foie qui lembrafle, qui doit refler attachée au diaphragme. La veine cave confervera, par ce moyen, fa tenfion; circonftance très- nécefaire pour découvrir diftinétement la valvule ou fes débris, qui, fe perdant dans les rides de ce vaiffeau lorfqu'on manque de prendre cette précaution, peuvent échapper à la vüe. II arrive très-fouvent qu'en maniant ces parties, on forme des plis aux environs de la valvule, qu'on pourroit prendre pour la valvule même, fi, en étendant ces pièces dans un autre fens, on ne les effaçoit. Ceux qui ont cru voir la valvule double, n’auroient-ils pas été trompés :par un de ces plis? je fuis d'autant plus porté à le penfer, que dans plus de cent fujets où j'ai obfervé fa valvule, je ne l'ai pas trouvée double une feule fois. Il eft vrai que j'aurois été plufieurs fois fur le point de la croire telle, fi j'avois été moins en garde contre lillufion. La feconde oreillette eft plus étroite que la première, & {a cavité moins irrégulière: on remarque dans fes parois plus d’épaiffeur, fur-tout dans fa partie poflérieure & près de la cloifon, où elles ont dans quelques endroits plus de trois lignes. Sa partie l plus relevée, c'eft-à-dire, celle qui eft du côté de appendice, & lappendice même, n'ont guère plus de folidité que la première oreillette, & font chargées de colonnes charnues qui ont à peu près la même difpofition; il n'en paroît prefque pas dans les autres parties de l'oreillette: Les quatre veines pulmonaires qui y aboutiflent, ont des calibres difiérens; les deux fupérieures font les plus confidérables : celles du même côté paroiflent communément n'être féparées que par une cloifon mitoyenne, mais les droites font à une diftance confidérable des gauches. Le nombre des orifices varie; j'ai vû des fujets où il n’y en avoit que trois, dans quelques autres j'en ai compté cinq; mais ces obfervations paroitront "M Be BES SCIENCES 377 paroîtront peu importantes à ceux qui connoiffent lés variétés fans nombre que les vaiffeaux fanguins, & principalement les veines, éprouvent dans leur marche &' leur divifion. I faut remarquer, au fujet de lappendice, que fon entrée eft tour- née du côté des veines pulmonaires gauches, pendant que les droites regardent le fecond ventricule. L'appendice de 1a première oreillette a la même difpofition à l'égard de la veine cave inférieure, la fupérieure étant dirigée vers l'entrée du premier ventricule. Si le hafard n'a point de part à cet ar- rangement conftant & uniforme dans l'une & l'autre oreillette, men peut-on pas conclurre que de toutes les parties de ces facs, il n'en eft aucune qui foit plus expofée au choc du fang que celle où font placées les appendices? Ce fait me fournit une nouvelle preuve de ce que j'ai avancé fur foi gine de ces prolongemens. C'eft dans la feconde 6reillette qu'on doit examiner fa valvule du trou ovale, qui, ainfi que toutes les autres parties, eft expofée à de grandes variétés: fa foudure dans l'adulte n'eft pas toujours bien fenfible, & lon auroit fouvent de 11 peine à lapercevoir, ft lon ne s’afluroit de fa pofition, en la regardant du côté de la première oreillette, où l'entrée du trou ovale eft toûjours très-remarquable : c’eft-Hà que l'on obferve fa cicatrice, terminée fupérieurement par une arcade, dont le pilier gauche contribue, par fa faillie, à former J'entrée du fac inférieur de l'oreillette; & le droit, qui a moins de relief, va-fe perdre versla partie poftérieure de l'o- rifice de la veine cave: c'eft cette fameufe digue, placée dans le confluent des deux veines caves, à laquelle Vieuffens a - . donné le nom d'ifthme. Pour fe former’ une jufte idée du trou ovale, il faut le confidérer, en y comprenant la valvule, comme un canal qui perce obliquement la cloifon des oreil- Aettes, répondant par fa direction à la veine cave inférieure. La partie poftérieure de ce canal, qui étant mobile, peut s'appliquer à fon entrée & la fermer, eft ce qu'on nomme la valvule, dont le bord fupérieur, & principalement fes deux attaches, ont aflez de folidité. Cette paitie, en formé Mém. 1754: B bb 378 MÉMOIRES DE, L'ACADÉMIE ROYALE de croiflant, f colle à a cloifon lorfque le fang de la feconde oreillette eft en équilibre par fa mafle avec celui de la pre- mière. On peut démontrer cette valvule prefque dans tous les fujets, en la décollant tout fimplement , ce qui s'exécute avec aflez de facilité: on trouve mème aflez fouvent de petites ouvertures dans la trace de fa foudure, mais il n’en faut pas conclurre que le fang puifle y paffer. La partie de la valvule qui, du côté de la feconde oreillette, furmonte le trou ovale, n'a point d'étendue déterminée: dans quelques fujets, elle rencontre le bord fupérieur du trou ovale, n'ayant alors que ce qu'il lui faut d’étendue pour le boucher; je l'ai vüe dans d’autres jufqu’à cinq ou fix lignes de diftance, La foudure fe fait tantôt à un endroit, tantôt à un autre; elle fuit très- fouvent le contour du trou , & lorfque dans ce cas la valvule a plus d'étendue, elle forme, du côté de la feconde oreillette, une poche qui reflemble aflez aux valvules figmoïdes des grofles artères, Lorfqu'on réfléchit fur la pofition de la valvule & a conftruction du trou ovale, on connoît aifément le terme de leurs fonctions. Les deux oreillettes communiquant dans le fœtus par cette ouverture, doivent être confidérées comme une feule cavité, qu'un liquide quelconque remplira égale- ment, felon les proportions de leur capacité: il eft impof- fible d'imaginer que cela puifie être autrement, fur-tout lorf que l'on conviendra que ce liquide coulera plus abondamment dans la première oreillette. Tout le monde fait que les veines. pulmonaires, dans Je fœtus privé d'air, rapportent peu de fang à la feconde oreillette, pendant que 11 première reçoit celui qui revient de toutes les parties, de même que dans l'adulte, Il eft done néceflaire qu'une partie du fang qui eft verfé dans la première oreillette pafle par le trou ovale dans la feconde, la difpofition de la valvule n'y étant point con- traire, jufqu'à ce que les parois des deux facs foient égale- ment diftendues. Si le canal artériel, après la naiffance, cefle de donner paffage au fang, & que les branches de Fartère pulmonaire reçoivent tout celui qui y eft pouffé par le premier Des SCIENCES. 379 ventricule, les veines qui reviennent du poumon: verferont plus de fing dans la cavité de la feconde oreillette, qui fe mettra, par cette raifon, infenfiblement en équilibre avec la première. La valvule alors, repoufée par des forces égales, & parallèle à la cloïfon, fera fans ation & fans mouvement; elle f collera, felon les différens reliefs que lui préfentera a cloifon, tantôt à un endroit, tantôt à un autre, par la feule raifon, comme je l'ai déjà dit, que les parties molles con- tractent des adhérences avec les parties qui eur font appli- quées, lorfque leur mouvement ne s'y oppofe point. Mais pourquoi le fang ne paflera-t-il plus par le canal artériel? l'infpeétion anatomique peut nous l'apprendre. Ce canal, placé antérieurement à côté de l'aorte, marche dans le fœtus, depuis fon origine jufqu'à fon infertion, prefque parallèlement à ce vaiffeau. I eft ailé de juger que les bronches lâches & aflaiflées avant l’ufage de la refpiration, doivent laiffer à ce canal la liberté de fe dilater; mais lorfque fair s'ouvre un paflage dans le poumon, des canaux bronchiques s'étendent, fe développent & fe dilatent; ce qui ne fauroit arriver fans que leurs premières divifions, foûtenues de ice côté par le volume du cœur, fe rapprochent de l'aorte & s'appliquent aux parties correfpondantes de ce vaifleau. Le canal artériel, engagé entre ces deux parties, :éft foûmis dans: toute fon étendue aux effets de cette preffion, de forte que de fang ne fauroït y pafler avec la même liberté, même dans le temps de J'expiration, parce que les bronches & la trachéeartère font itoûjours, comme on Je fait, plus ou moins remplis d'air. - Ine paroît pas douteux que le: fang , ‘après la naiflance, pafle encore quelque temps dans le canal artériel dont la cavité me S'oblitère que lorfque les poumons-ou fes vaifieaux ont ac- °quis 1m certain degré d'extenfion. La dilatation des branches ‘defintère pulmonaire , quieft une fuite néceflaire du :déve- Joppement du poumon, eft encore une caufe accefloire qui Hurait de fang au canal artériel déjà comprimé , Le Liquide de-portant où il trouve moins de -réfiflance> L’extenfion ou l'afongement de la croffe de norte, qui ‘déorit-un plus B bb ij 380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE grand arc par la dilatation des bronches qu'elle embrafle; la dilatation de la trachée -artère qui la repoufle à gauche, c’eft-à-dire, vers le canal artériel, font autant de caufes qui favo- rifent le nouveau cours du fang. Mais l'aorte, dira-t-on, ne fera-t-elle point aufli comprimée que le canal artériel? Cette difficulté, qu'un grand Anatomifle n'a d’abord faite, peut fe réfoudre fans beaucoup de-peine, en confidérant, 1.” que l'aorte a plus de folidité que l'artère pulmonaire, dont le canal artériel neft qu'une branche; 2° que le fang qui eft pouflé dans l'aorte a incomparablement plus de force que celui qui eft jeté dans Fartère pulmonaire; 3.° que l'aorte reçoit tout le fang qui pafle par le fecond veniricule, pendant que le canal artériel n'admet qu’une partie de celui qui vient du premier ; de forte que la réfiflance de ces canaux, en fuppofant que leur fituation les expofe à la même preflion, n'étant pas la même, ik eft certain que l'un pourra foûtenir une force à laquelle Fautre ne fauroit réfifler. L'examen anatomique de ces parties dans le foetus, comme dans l'adulte, rend, ce me femble, ce méchanifme aufli évident qu'il eft fimple. Le canal artériel eft fujet, ainfi queles autres parties, à bien des variétés, je n’en connois aucune qui puifle le fouf- traire à cette preffion , qui peut à la vérité ne portier quelque- fois que: fur une partie du canal; mais ne fuffit-il pas qu' foit comprimé en un point, pour que le cours libre du fang y foit arrêté? De là vient peut-être qu'on le trouve ouvert dans les enfans, & quelquefois dans l'adulte, tantôt d’un côté, tantôt de l'autre: cependant la cicatrice eft très-communément plus fenfible dans l'artère pulmonaire que dans Faorte, où elle ne laifle pas d'être aflez apparente; ce qui vient vrai- femblablement de limpétuofité du fang, qui heurtant de front la première, l’entretient ou en retarde l'union, pendant que gliffant fur la feconde, il permet aux folides de remplir ce vuide avec plus de régularité. I eft très- important de remarquer que la pofition du canal n'eft point dans l'adulte telle qu'elle eft dans le fostus: dans ce dernier, le plan dela crofle de l'aorte eft prefque parallèle à celui desapophyfes tranf£ Hu | DES SCIENCES. 381 verfes des vertèbres, pendant que dans l'adulte il approche de la perpendiculaire. IL eft bien aifé d'en rendre raifon, lorfqu'on fait que d'un côté le thymus, très-confidérable dans le foctus, éloigne du fternum le principe de l'aorte, pendant que de Yautre la trachée-artère $&c les bronches vuides & affaiffées Jui Jaiffent la liberté de s'approcher des vertèbres: mais lorf- que l'enfant relpire, ces canaux dilatés repouflent le principe de l'aorte vers le fternum, de thymus s'y prétant alors par la diminution de fon volume, qui efttoûjours, comme on le fait, en raïfon inverfe de celui du poumon. N’eft-il pas évident que f1 Ja crofle de l'aorte change de place pendant que fon extrémité, attachée aux vertèbres, eft immobile, fa direction doit approcher alors de la perpendiculaire? De-1à vient que le canal artériel, qu'on prendroit dans le fœtus pour la continuité du tronc de l'artère pulmonaire, marche antérieurement à côté de l'aorte, & paroît fans aucune pré- paration, auffi-bien que. ce vaifieau, au lieu que dans l'adulte, quoique plus long, il faut le chercher derrière l'aorte où il eft très-caché. Ces faits rapprochés me paroiflent s'accorder parfaitement, &'ne laifler prefque point de doute fur la caufe de f'oblitération du canal artériel. B bb 382 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALr O'B SERV A FAT .0 :N De l'Occultation de l'étoile p du Verfeau par la Lune, é7 de la Conjondtion de l'Étoile 8 avec la méme Planète, le 21 Novembre 1754 au for, Faite à Paris dans l'hôtel de Clugny. Pat Al D E L'ÎSL.E. PRÈS voir obfervé ce foir le paflage de la Lune an méridién, on à pris plufeurs différences de paflage entre le bord précédent de 11 Lune & l'étoile 8, pour y pouvoir déterminer le temips de fa conjonction; & dans le temps de cette conjonction apparente, où dans de temps que cêtte Etoïle s'eft trouvée dans fi Tigne des Cornes, on a méfuré avec un micromètre appliqué à un télefcope New- tonien de 4 pieds & demi, la diftance de l'étoile 8 à 4 corne boréale de fa Lune, que l'on a trouvée de 3° 6”: on a enfuite attendu l’occultation de l'étoile p avec le même télefcope, qui groffifloit de foixante-quinze fois. Quoique la Lune füt offufquée par un nuage clair, cela na pas em- pêché d'obferver exactement cette occultation, qui s'eft faite dans un inftant à 8h 28' 45"+ de temps vrai. On seft affuré de ce temps vrai par le paffage du Soleil, obfervé le 21 & le 22 à un inftrument des paflages dont on a foin de vérifier fouvent Ia fituation par des hauteurs correfpon- dantes. Par celles qu'on a prifes les 29 Octobre & 26 Novembre, on n'avoit trouvé l'erreur de cet inftrument que de deux fecondes de temps. Les nuées qui fe font accu- mulées après l'immerfion de étoile ph ont empêché d'en ob- ferver lémerfion, qui fe devoit faire de la partie claire de la Lune. A l'égard de Foccultation de l'étoile 8, qui eft arrivée le ee DJESS;CHE N C.E.s 383 31 Août dernier au foir, les nuées ont empéché d'en ob- ferver limmerfion, & pour ce qui eft de l'émerfon, elle s'eft faite pendant le paflige de a Lune au méridien, après lequel la Lune étant regardée avec le télefcope de 4 pieds & demi, l'étoile paroïfloit déjà un peu éloignée du bord éclairé de la Lune qui approchoit de fon plein. OBSERVATIONS BOTANICO-MÉTÉOROLOGIQUES, Faites au château de Denainvilliers, proche Pluviers en Gâtinois, pendant l'année 175 3. Par M. pu HAMEL. AVERTISSEMENT. | Obfervations météorologiques font divifées en fept colonnes, de mème que les annéés précédentes. On seft toûjours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, où du terme de la glace: la barre à côté du chiffre indique que le degré du thermomètre étoit au deffous de zéro: quand les degrés font au deflus, il n° 12 Juin 1754 a point de barre; —o défigne que Hi température de l'air étoit précifément au terme de la congélation. I eft bon d’être prévenu que quand ïf a fait chaud plu- fieurs jours de fuite, if gèle quoique le thermomètre placé : en dehors & à l'air libre marque 3 & quelquefois 4 degrés : au deffus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la boite du ‘thermomètre ont confervé une certaine chaleur : éeft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Ge, Les Obfervations ont été faites à huit heures du matin P à deux heures après midi, & à onze heures du foir: 384 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE JANNGPAL TER: BR THERMOMÈTRE. du | VENT. | em | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir. Rrs Degrés. gré, Durée pouc. lign. F I N. °|—6 —5$ |27. 8 |heau & froid. 2 Ns |—=7 —4 |27. S$ [variable avec de Ia neige. î 3 N. |—9 —3 5 3 |beau temps. | 4 ONE —6 |27. 6 {couvert & nébuleux. SUPNSRERIESS —3 |27. 7 |le foir il tombe beaucoup de neige. 6 N. |—s —4 |27. 8 |orand brouillard & givre. 7 N. }—4 —3 |27. 8 {grand brouillard & givre. 8 NREES —2 |27. 9 |orand brouillard & givre. 9 N. —2 — 2 |[27. 9 |couvert. 10 | S. E. | —4 © |27. 2 couvert & grand vent, II SE, 2 4 © |27. o |grande pluie & vent. 12 S. EN > © |27. 6+|orand brouillard & verglas. 13 S> o 42] 2+l27. S$ |beau temps, gelée blanche. 14190 2 43| 1:+/127. 6 |beau temps 154890: oO 35%! 1 |27. 8 |couvert & gelée. 16 S2O.21— 1 o © |27. 72|grand brouillard & givre. N7ANBINÈRES o 1 Oo |27. 7 |beau temps, gelée blanche. 18 N. |—2 Oo |—1 |2 s |beau temps, forte gelée. 19 NS OMIEN o CNE 6 {couvert & nébuleux. N. © |—1 |—3 |27. 8 |couvert, il tombe un peu de neige. I Oo |—2 |27. 11 temps couvert. ; 2 (o) © |27. o lil tombe beaucoup de neige. 2 |—11/27. 9 |couvert, neige fondue, 3 62128. 1 |beau temps. —4 |—7 |27. 11 |beau temps fixe. —4 |[—73l27. 8 |beau temps fixe. —10l—5$ |—6 |27. 6 \couvert avec du brouillard. —21|—41/27. 6 [couvert & nébuleux. —2 |—5s |2 8 |temps couvert. o o |27. 8 |variable. 2 22|27. 72+|couvert & humide. F D'E S S CIE N CE S 385 Il a gelé, même affez fort, pendant tout le mois, puifque le 27, le thermomètre a defcendu à 10 degrés au deflous - de-zéro. Si l’on joint-les-gelées du mois-de-Décembre avec celles du mois de Janvier, on remarquera que le froid a repris deux fois, où que la gelée a été interrompue par un petit dégel. La terre, qui pendant les premières gelées n'étoit point couverte de neige, a été glacée, dans les terres re- ! muées, à 10 pouces de profondeur, & n'a pas entièrement dégelé avant la feconde reprile; mais comme 14 terre a toû- jours été couverte de neige pendant la feconde gelée, elle à été moins pénétrée de glace qu'elle ne avoit été par les premières gelées, quoique le froid füt plus vif. À Ha fin du mois on mefura l'épaifleur de la glace dans les mares, elle fe trouva être de 10 pouces. Le fac de froment, pefant 240 livres, s'eft vendu vingt- une livres, & celui d'avoine huit livres. Après les gelées on trouvoit que les vins avoient perdu de leur verdeur, & qu'ils prenoient de la qualité. I a régné pendant ce mois une fi prodigieufe quantité de petites véroles & de rougeoles fur les enfans, qu'on a été obligé de difcontinuer Jes écoles, Mn. T7 4 ds Ccc } Jours du mois. ÙN = O © NN Ou Fr 0 N = + & 15 16 VENT. (2 #24. LS Zmonvunmunmu: 386 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE FLE PRE R. D SN EL ER XLR TT EEE TT D THERMOMÈTRE. Pt Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Degrés, Dents. | 23/5 5 $ 4 1 ii 3 © Er © o — 1 o |—2 Ex r |[—7 —2 |—1 15 — 3 1 12 = 2 1 | —1+ —2 1 |—1 5 ONE 2 3 PA 4 7 7 6 10 8 8 10 8 9 | II 9 8 11 9 8 II 8 S 8 8 5 19 4 4 r{ 5 3 7 3 2 8 6 ÿ 7 716 08 AR 4 5 Æ 1 1 o al 4 leo Baromètre! pouc, lign 27-4110 274 27e 27e 27e 27. 27e 27e x 27. 27. 27: 27 26. 27e 27. 27. 27e 27° 27. 27: 27 « 27. = ŸN0 WW Oman bu ana NN aw on = Wim ble DI= bi bi ÉTAT DU CIEL. | couverte couvert & froid. neige toute la journée. grande pluie & dégel. pluie, vent de bife & grêle. neige toute la nuit, temps couvert. beau temps. beau temps. grand brouillard puant. couvert avec brouillard & givre. variable. il pleut Ja nuit, il bruine le jour. grand vent, pluie & bruine. couvert & pluvieux. temps couvert. temps couvert. grand vent, le temps à Ja pluie, variable avec pluie. grande pluie pendant la nuit. variable fans pluie. beau temps, gekée blanche, couvert & brumeux. couvert & pluvieux. couvert. variable & froid. couvert, froid & nébuleux, beau & forte gelée. H'EiMSBAQULE NC Es 387 - Les deux premiers jours de Février ayant été fort doux, la fonte des neiges avoit formé des mares dans la campagne, fur lefquelles il y avoit béaucoup de canards fanvages. Dès le 3, la gelée recommença, & le thermomètre defcendit jufqu'à 3 degrés. Depuis le 12, jufqu'à la fn, l'air fut très- doux; & le thermomètre monta quelquefois le matin jufqu'à gdegrés au deflus de zéro. A L'élévation du mercure dans le baromètre a varié depuis 26 pouces 11 lignes + jufquà 27 pouces 11 lignes. Le 15, on vit des chauve-fouris. Les fromens, qui étoient à peine levés avant les gelées de Décembre, ne paroifloient prefque pas après le dégel; mais à la fin du mois ils avoient pris un œil de verdeur qui failoit plaifir. Une pièce de feigle qu'on avoit femée à la fin de Dé- cembre, leva fort bien après le dégel du 12 Février. La fécherefle de automne ayant empêché de donner la pre- mière façon à la vigne, qu'on nomme parer, & les gelées ayant empèché de labourer pendant les mois de Décembre & de Janvier, on travailloit à la fin de Février à ce labour, qui eft fouvent en partie fait à la fin d'Octobre. Il n'a été poffible non plus de commencer :à labourer pour les mars qu'à Ja fin de ce mois, quand Ia terre, qui avoit été pénétrée d'eau par la fonte des neiges, a été aflez defléchée pour être travaillée. L’appariade des perdrix a commencé fort tard, & on n'a tué des mäles à Ka chanterelle qu'à la fin de ce mois. Les maladies du mois précédent ont augmenté pluftôt que de diminuer. tue A hé Ccci 388 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE MA RS, EN PT SO PERRET Tours THERMOMÈTRE. du | VENT. | a | Baromètre ÉTAT Du CrE Mois. Matin | Midi. |! Soir, Emo PES PPESE CERO PA ARE OPEN Degrés.| Degrés.| Dégrés.|pouc. lign. s = li Ed 4 |27. 7 |variable avec pluie. È 7 27. 8+]variable fans pluie. t 6 1 E 2 Fe 2 2 3 S. o 3 |27. 10 |beau temps, gelée blanche, 4 O. 26007 32|27° 11 |beau temps. s N. o 8 4 |28. © |beau temps, gelée blanche. 6 N. I 8 3 |28. © |beau temps, gelée blanche. 7 FE! 2 7 4 beau temps, gelée blanche. 8 N. srneleee CIN RE -[jufqu'au Le, le vent nord, le Épips a 9 été beau ; tous les matins il a gelé blanc. 10 II 12 13 S. le ba| rome |tre a | defcendu. | 14 S. ce .…. grande pluie. 15 S. ATTEES ose pjoscle ml à + [grande pluie. 16 S.10 Le 8 F 2 7 [grande pluie. 17 S 3% II 8 127. 8; | variable fans pluie. BI RS 10; 7 |11 6 |27. 61|pluie & vent, giboulées. 19 O. 2 8 $ li © | beau! témps. 20 Si 3x0 6127. 10 | beau temps, gelée blanche. 21 CRM) 4 9 3: 127+ :9 | variable, giboulées. 22 S. | 2 9 7 |27. 7 |beau temps, gelée blanche, Ë 25 1 AO: 7NIATO 6 |27- 61|variable avec pluie. 2HUIS O7 | 6 | re 8° 27. 4 |beau temps. FLY 25 Se 8 ) :s 127. 8 |beau temps. 26 Lis sur 7 127: 8 [beau temps. 27 E. | 10 7 |27- 9 |variable avec pluie. 28 0. 7 9 6 |2 $ |Prouillard, pluie & tonnerre, 2 O. 7 | PES 9 |27- $ |variable avec giboulées. 30 S. 7 | 13 | 10 |27. S$ |variable avec pluie. 31 S. 10 | 17 | 12 |27. S$ |beau, chaud & orageux. ET P. ot — #4 De ‘st Sr - me Tue” _ fe DEN sMÈS: CIE Nic'E*s. 8 Jufque vers la fin du mois, l'air a été froid & il a gelé de temps en temps; la fm en a été aflez douce, & tout ce mois peut pañler pour fec, quoiqu'il foit venu de temps à autre de petites pluies qui ont été très-favorables pour mettre les avoines en terre. Ces petites pluies, jointes à la douceur de Zair, ont fait que les blés, qui ne paroïfloient prefque pas au commence- ment de ce mois, ont verdi & ont donné des efpérances qui ont fait diminuer le froment de deux ou trois livres par fac: pour lavoine, elle s'eft maintenue entre fept & huit livres. Au commencement du mois on paroit encore les vignes, & pendant le courant on les a taillées: on commençoit à voir des fleurs de violette. Vers la fin du mois on a femé quelques gros légumes, comme des lentilles, les groffes fèves, &c. Les pêchers & les abricotiers étoient en fleurs; les faules de Virginie, l'épine blanche, les rofiers & les grofeillers étoient tous garnis de feuilles. . Le 28, il tonna aflez fort d'un nuage qui alloit du fud à loueft. : Les rougeoles ont encore été plus communes à. Pithiviers’ que les mois précédens, ? 4 220 dun RAT à à . ‘ Cccij 390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Ro YALE AVRIL THERMOMÈTRE. Jours 5 du VENT. | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir. pes | ns) Dégrés. | Degrés | Degrés, | pour, dign. I Se 10 | 12 727 pluvieux. 2 S: 7. |ULO $ 127- 6 |variable avec pluie, 3H SO 6 8 s |27- 3=|pluvieux. 4 S: 6 6 42126. 6 |grande pluie & vent. S S.10: 4 $ 3 [27e 2+%lgrand vent. 6 S. 3 6 3 |27. 3 |beau temps, gelée à glace. 7 || S.0. 3 $ 3 |27. 3 |pluie froide. 8 || S..O. 3 $ 3 |27. 4 [pluvieux. JAN O: 3 6 31127. 6 |couvert, froid & humide. 10 N. 3 $ 2 |27. 6 |fombre & neige. YrAENCRE: 2 S 2 |27. 6 |beau temps, gelée à olace, 12 N. 3 7 3 |27. 7 [beau & froid. 13 S. 4:| 8 6 |27. 6 beau temps. 14 0. 8 | 13 8 |27. 3 |beau temps le matin, pluie Ie foir. 15 | N.O. S 9 6 |27. 4ï|il pleut la nuit. 16 N 3 9 7 |27. 3 :|beau temps, gelée blanche. 17 S: AN le 7 |27- 4 [beau & variable, 18 | S. O. Gun 7 |27. 9 lbeau avec nuages & vent. 19 | IN: Or 6 | 12 9 |27. 8 n?e Gil 9 | 14 | 9 127 8 (peau temps. Ù 21 N. 9 | 17 | rx 27470 22 N° 15081 rs lez lo 23 E; 12 | 19 | 12 |27. 72|beau temps, le foir il éclaire à l’ouet. 240| S*O: 7 9 8 |27. 9 {variable 25 S. 7 | 13 | 10 |27. 6 |beau avec nuages. 26 S. 7 | 13 8 !27. 4 |beau temps. 27 S: ce | ONE 7 |27- S$ [variable avec pluie. 284MS10;: 9 | 13 | 10 |27. 6 |variable avec pluie. 2 N. 9 | 13 9 |27- 8-2+|beau temps. 3° N. 8 | 14 | 11 27. 10 [beau temps, gelée blanche. DES ScrEeNCcEs. 391 Le commencement de ce mois a été pluvieux, & le ba- romètre a defcendu le 4 au plus bas terme où nous l'ayons vü, 26 pouces 6 lignes. L'air a été froid & incom- mode; il a même gelé à glace le 6 & le 11. Le 8, les amandiers défleurifloient, les péchers & les abricotiers étoient encore en fleurs; les boutons des maronniers d'inde & des tilleuls étoient ouverts, mais on ne voyoit pas encoré de feuilles. Le 1 1, le Soleil ayant paru tard, la gelée, qui étoit forte, n'a pas fait grand tort aux fleurs des pêchers. Le 1 6, les poiriers, les pruniers & les amandiers nains étoient en fleurs: on voyoit depuis quelques jours des hirondelles; on enténdit chanter le roffignol dans le parc, mais il y avoit plufieurs jours qu'il fe faifoit entendre dans les vallées. Le 2r, on trouva des morilles & on entendit chanter le coucou : les pommiers & les fraifiers étoient en pleine fleur. Les gelées blanches du 24 & du 2 $ n'ont rien gâté; les poires nouèrent à merveille, mais les fleurs & les feuilles des pommiers étoient remplies de vers. A la fin du mois on entendit le loriot, & on fortit les orangers. Quoique les boutons des vignes en tréïlle fuflent fermés, celle du Canada commençoit à montrer fes fleurs: mais elles ont toutes coulé, comme cela arrive depuis plufieurs années - que nous {a cultivons. Toutes les avoines de a plaine étoient femées dès es premiers jours d'Avril : les fermiers commençoient à lever les guérets; mais comme la plus grande partie de ce mois a été très-häleufe, on ne pouvoit libourer, & l'herbe jaunifloit ; néanmoins les avoines étoient aflez belles & les fromens fai- foient très-bien, fur-tout dans les bonnes terres. Les vignerons fe font occupés pendant ce mois à donner . à la vigne la feconde façon, qu'on nomme marrer; mais la terre, qui étoit trop dure, ne leur permettoit pas de piquer les échalas. Il eft furvenu des vents froids & violens qui ont beaucoup fatigué les fleurs des arbres fruitiers & Zroui les feuilles des abricotiers & des péchers. -_ Hyaeu pendant ce mois une affez grande quantité de fièvres malignes, 392 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE M A L Tare THERMOMÈTRE, du | VENT. | | Baromètre ÉTAT Du CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir, THE Degrés.| Degrés. D. pouc, lign. I N. 10 | 18 | 135127. 10 |beau temps. 2 N. 11 | 20 | 16 |27. 10 |beau fixe. 3 N. 10 | 19 | 14 |[27. 11 |beau temps. 4 N. 12 | 16 { 11 |27. 11 |beau temps. s N. ZAR 8 |27. sd ‘ N. “ E. 7 Fe : ra * beau temps, le vent froid, 8 IN.N.E.| 6 | 12 9 |27. 9 9 N. 7u| 14 9 |27. 10 |beau fixe. DONIPENCUES 9 | 15 | 11/27 9 |beau & chaud, 11 S. 8 | 17 | 19 |27. 6 |variable. 12 S..0: 9 | 12 8 |27- 6 |variable avec pluie. 13 s: el TE 10 |27. 4 |variable. 14 N. Cha 1e 7 |27- 5$ |variable, 15 0. 8 | 13 8 |27. 4 |beau temps, petite gelée, 16 O. PARLE 6 |27. $+|pluie & vent. 17 O. 6 9 8 |27. 6 |variable fans pluie. 18 SE Fab) (5 8 |27. 6 |variable avec de la bruine. 19 S: 7 Wu 8 127. 8-+|bourrafque & pluie. 20 N. 7 | 13 | ïo |27. 9 |couvert. 21 SE 12 À 14 | 12 |27. 9 [couvert & variable. 22) N. 11 15 10+|274 11 |couvert & fombre. 23 E 9 | 14 | 11 |28. o |beau fixe. 24 | N.E. | 10 | 15 | 13 |27. 10 |beau temps avec du vent. 2$ | N.E. | ro | 16 | 14 |27.: 9+|beau avec nuages.” 26% ON, E |MI22|M18"IPr6|27- 16% lbeautfxe. 27 | N.ËE. ! 14 À 20 | 17 |27. *8=|beau fixe. 28 | N.EË. | 14 | 20 | 16 |27. oO |beau fixe. 29 | N.E. | 16 | 22 | 17 |27. 9 |beau'avec nuages. “30 | N.E. | 14 | 22 | 18 |27. 8<|beau temps, brouillard fec. 31 E 17 | 22 | 18 |27. 7 |beau temps, vent mou; il éclaire, 14 — ? À 1 mes iS cf E NC E si. UK | “ 393 | Tout ce mois a été extrêmement fec; le comméncement a été très-froïd, & on n'a pü fe dipenfer d'allumer du feu qu'au 20. Le hâle, le froid & les vents de nord violens - ont beaucoup fatigué les fleurs de tous les arbres fruitiers : * es fromens fe foûtenoient dans les bonnes terres, mais ils _pâtifloient dans les terres légères, & beaucoup ont été attaqués e la rouille après un brouillard qui eft venu le 3 0. Ces cir- | — ont fait que le fac de blé, qui étoit diminué de rois livres, a augmenté de vingt fols. Les avoines fouffroient LR: beaucoup de la fécherefle, & feur prix s’'entretenoit toûjours Gntre fept à huit livres. L * La vigne poufloit très-bien, & paroifloit ne pas fouffrir du - … froid, parce que la terre étoit fi sèche, que Îes petites gelées : * ne faifoient aucun dommage, & elles n'étoient fenfibles que _ dans les vallées. Le 11, on entendit quelques coups de tonnerre; il plut en quelques endroits, & les vignes y furent endommagées par la gelée, auffi-bien que les chênes. Le 12, il tomba un peu de grêle, & il tonna affez fort, I n'ya point eu d’hannetons, mais les feuilles des tilleuls ont été criblées par les infeétes; on a vû beaucoup de de. moifelles, des chenilles, & les cantharides ont paru fur les À fines, les chèvrefeuilles & les lilas. | Vers La fin du mois, on fervoit des pois verds & des fes. Il eft orti quelques effains pendant ce mois. Méuizs - Ddd 394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE CUIEN, Dos mess ee Se ee sr, + | THERMOMÈTRE. CS, | Baromètre ÉTAT pu CIEL, Main | Soir. a EEE Degrés:| Degrés. I 18 | 33 | 20 |27- 7 |beau temps, difpolé à l'orage. 2 : 183 | 23 | 20 |27: 7 |de-mêmé, il éclaire. . 3 | NE. | 19 | 24 | 19 127. 7 |de même, il a tombé une rofée, 4 | N°E. | 17 | 21 | 19 |27+ 9 Île temps eft enfuimé. s | NE. | 14 | 19 | 17 27. 8 |letemps eftenfumé & voüté fans foleil. 6 N. E. | 15 |:2124| 17 |27. 8 |beau, il a tonné au loin à l’eft. 7 N. RE 16 |27. 9 |beau, il tonne à left fans pluie. 8 | N°.E. | 15 | 23 | 18 |27. 9 variable, il a tonné. 9 | NE. | 15 | 23 | 18 27: 9 |beau temps. 10 N. E: 16 |:23 27. 8 |il ya de gros nuages-blancs. II N'ES 21 172127 7 |beau temps. 12 | N.E. | 16 | 232| 19 |27- 7 (beau fixe. 13 |"S. E. 17 | 24 | 19 |27. 8 |variable, tonnerre fans pluie, 14 | N.E. 16 | 23 18 |27. 7 :|beau avec nuages blancs. 1$ E. 16 | 33 18 [27. 6+|variable & lourd. 16 0. r8, 120 4h 1:52 7 |couvert. 17 S: 14 | 22 | 7 |27. 8 |couvert & variable fans pluie, 18 N. 15 | 20 | 15 |27. 11 |couvert & variable fans pluie. 19 N. 13 | 18 | 17 |27. 10 |beau ffxe & frais. 2 0. us A2 QT 7 8 |beau avec du vent, 2h O. 12 | 19 | 10 |27. 7 lorand vent avec une petite ondée, 22 SA10-41Pr22/ 760) 7 |beau & frais avec nuages. 2 S20-4IProIE ro 7 |27. 6 |sgrande pluie froide, 24 S. 9 | 12 | 10 |27. 62|variable fans pluie. 2$ S: 12 | 17 | 12 |27. 72|beau & variable fans pluie, 26 S. 12 | 19 | 15 !27. 8 |beau temps avec nuages, 27 S, 15 19 | 17 |27. 72+|beau & chaud. 2 ©. 16 | 22 | 15 |27. 8 |variable avec pluie. 29 ©. 16 | 22 | 17 |27. 9 |variable fans pluie. 30 N. 15 | 22 | 175127. 92%|beau & chaud. pe: : Le DES LUS CURE, NC LE: SN 39 54 Jufqu'au 23, qu'il tombaune pluie froide affez abondante, le temps paroifloit menacer d'orage; on entendoit tonner ü'loin, le ciel couvert de nuages fembloit difpofé à la pluie; "mais tous ces orages reftoient fur la forêt, & il ne tomboit dans a plaine que quelques gouttes d'eau, qui fufhfoient à peine our-abatire la pouflière: aufli la terre étoit fendue en diffé- ens endroits, l'herbe des tapis étoit entièrement defféchée ; es blés étoient bas & clairs, parce qu'ayant levé tard, &c es gelées ayant duré long-temps, les pieds navoient point alé, mais les épis fe montroïent beaux. L'avoine épioit au raz de terre, néanmoins les fainfoins qu’on faucha au com- mencement du mois étoient bien fournis d'herbe, mais elle étoit fort bafle; ainfi il y a eu peu de fainfoins, mais ils ont été ferrés bien fecs, & ïüls font de bonne qualité. j Les vignerons ont donné la troifième façon à la vigne, ! dont les verjus faifoient bien dans les terres fortes, mais il . ‘en tomboit beaucoup dans les terres légères. La pluie du 23 ayant pénétré la terre de quatre à cinq . pouces, fit grand bien aux vignes, aux blés& aux avoines tardives; mais celles qui étoient épiées avant cette pluie en _profitèrent peu, parce que le grain n'étoit pas formé dans les épis que cette pluie fit produire lorfqu'on fut obligé de | es faucher, car les grappes formées avant la pluie étoient ! mûres & fe feroient égrainées: auffi le prix de favoine fe … foûtenoit à fept & à huit livres, & le blé ne fe vendoit L À que quatorze & feize livres. 0 Nous avons dit qu'il avoit paru en Avril une nuée de cantharides, mais ces infectes n'ont pas autant dépouillé les frènes pendant le mois de Mai que pendant celui de Juin. Vers le 20, les roflignols ont ceflé de chanter. Les orangers ont donné affez abondamment de fleurs pendant ce mois. 24e 1 | + On a fervi les différentes efpèces de cerifes, mais il y en ‘avoit peu, les vents froids ne leur ayant pas été favorables. Les fraifes ont duré fort longtemps, & on en mangeoit re vers la fin du mois. sus D dd à D 396 MÉMOIRES DE L'AcADÉMIE RoYyALÉ PCM AENT . a Jours THERMOMÈTRE. du | VENT. | a | Baromètre ÉTAT. pu CIEL, “Mois. Matin. | Midi. | Soir. Dégrés. | Degrés, | Degrés.| pour, lign N. 18 | 24 | 19 |27. S |beau & difpofé à l'orage. I 2 ! N.O. ! 17 | 2251 17 |27. 6+]|variable, tonnerre. 211150; | 14 | 18 | 12 |27. 6 |orand vent, petite pluie. 4 S. 11 16 | 14:27. 7 couvert. s Se 13 | 20 | 18 |27. 7:2|beau avec nuages. 6 FE 19! | 2 22 |27. 8-2+|beau & chaud. 7 | SE. | 22 | 29 | 24 |27. 8<|beau & brûlant: 8 N. 19 | 273] 22 |27. 9 |beau avec nuages. 9 S, 18 | 18+| 17 |27. 9 |variable, tonnerre. 10 Se 14 | 21, | 18 |27. 72|beau & frais. II Se 17 | 20 | 17 |27. 6 |orand vent frais, 1 12 O. 11 17 | 14 |27. 72|beau temps. 13 S. 13 | 173] 13 [27. 8 |variable, tonnerre. 14 S. II 172] 17 l27. 7 |beau & frais. 15 S2 14 | 15 | 114127. 6 [variable avec pluie. 16 | S.Q. 11 | 13 | xx |27. 3 [grande pluie & vent. 17 NS Or ns Neal 27 7 /hlplure: 18 | N. O. | 12 | 17251 15 |27+ 723|beau avec nuages. 19 O. 112 | 16 | 10 |27. 7 |variable fans pluie. 2! N. 13 17 | 12/27. 8lbeau & frais. 21 N. 12 | 17 | 14+|27. Hepfese & couvert. 22 N. 12 | 1741 13 |27. 9 |beau & frais. 23 N. 12 | 17 | 14. 127. 9 [beau & frais, grand vent. 24 | NE. | 12° |nrg [115 |27: 9 [beau fixe: 2$ | N°.E. | 14 | 20 | 18 27. 8 |beau temps. 20 MINES 19 | 22 163,27: 7| variable avec nuages. 27 | NE, | 19 | 24 | 16 \27. 6 {variable & étouffan. 28 | N.E. | 17 | 19 | 122|27. 7 [lourd & variable. 29 S: 11 18 27a beau avec nuages. 30 N. ON ESS variable fans pluie, 16 ; variable, DES SciENCESs. À. 30 Le mois de Juillet a été chaud & fec, le thermomitre ant monté le 7 à 29 degrés au deflus de zéro; il n'a plu de "rs & le 16. Cette pluie n'a pas laïffé de faire grand-- jen aux fromens, qui ayant müri promptement, co DiEnt | ifque d’être retraits ou ridés, & aux avoines tardives qui toient encore en état d'en profiter. Comme les. orages étoient affez fréquens, & qu'on entendoit fouvent tonner au loin, if la plu affez abondamment en quelques endroits qui fe font “trouvés fur la route des nuages. - h 1 ; L _ On a fauché les foins au commencement du mois; la | chaleur étant grande, ils ont été bientôt en état d'être LÀ Lferrés: on a commencé auffi à peu près dans ce même temps | Ja moiflon des feigles, qui étoient fort beaux. Les vignes D. À | faifoient des merveilles. On a achevé au commencement de ce mois de faire fortir les abeïlles de leurs paniers, ce travail on été commencé le mois précédent. ' Vers le 19, on a commencé {a moïiflon des fromens: comme le ciel a été fouvent couvert, les moiflonneurs pou- - voient fupporter leur travail qui étoit fort rude, parce qu'il falloit fcier les blés au raz de terre, Dans ce même temps, on fervit les abricots ordinaires ; Ja prune qu ‘on nomme Ja jaune hâtive, des cerneaux & des Lpoires de blanquette, L I n'y a point eu pendant ce mois de maladies épidémiques, il a feulement régné une grande quantité d'ophtalmies, qui étoient bien difhciles à guérir; elles étoient des fuites des + rougeoles & des petites véroles du printemps. | D dd i 398 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoxaLe " T'ON IT FREE DER SNA CT ES | Jours THERMOMÈTRE. du VENT. | | Baromètre ÉTAT pu CIEL. Mois. | Matin | Midi. | Soir. TE 1 |rDegrés| Degrés. He pour, lign: I 5: 13 173| 1 27. 7 |béau avec nuages. 2 Si 13 13 12 |27. 9 |petie pluie fine. 3 S: 13 172| 14 |27. 7+|beau avec nuages. 4 | SE. 13 | 19 | 15 |27. $ [beau avec nuages. s S. 15, | 19 | 1323/27. 6 |beau & grand vent. 6 S. 12 | 19 | 15 |27. 7 |couvert avec brouillard. 7 S: 15 | 1921 16 |27. $ [variable & couvert. 8 Se 16 | 201! 16 |27. 4+|variable avec pluie. 9 CH 14 | 19 | 14 |27. 6 I|beau temps. 10 S. 13 181] 134127. 6 |beau avec nuages. IL S2 14 | 19 | 14 |27. 5 couvert, il tonne au loin. 1201 NsOMIL IS brer7s nr" |27-A 7 alcouvert 13 EF: 10 | 16 | 13 |27. 2 [grand vent, pluie. 14 | S. O. | 11 | 14 | 12 |27. 4 |pluie, vent & tonnerre. 15 S 12 | 16 | 13 |27. 4 |grand vent, pluie froide. 16 S. 11 | 17 | 12 |27. $ grand vent, pluie. 17 Se 11 | 16 | 12 |27. 6 :|variable avec pluie. 18 O. 11 | 14 | 11 |27. 5. |pluvieux. 19 || SO. 1 rOU NES 9 |27. 9 [grande pluie. - 20 N. ©. 9 14 105|27. 10 variable fans pluie. 21 | N.O. | ro | 16 | 124/27. 11 |beau avec nuages. 22 N. 12 | 161114 |27. 11 |beau temps. 23 N. 1211 19 | 15 |27. 9 |beau temps. 24 N. 13 | 20 | 16 |27. 8 lbeau avec nuages. 2, |: NE: 14 | 21 | 16 |27. 8 [beau & pommelé, 26 E: 14 | 21 | 181127. 8 |beau & chaud. 27 IN: 16 | 24 | 18 127. Oo |variable. 28 N. 16 | 22 | 17 |27. 9 |variable. 29 ©. 14 120 |"T6AlE 8 |variable. 30 N. 12 | nr al 2e 8 |couvert. 31 | N.O. | 12 | 16 | 12 |2 9 |couvert. shot à RS ne nr + mn ve LR ne Ts DE EL esdeét | DES L SL AUE N° C:E S 399 t L'air a prefque toûjours été frais pendant ce mois; & h: - quoiqu' lil foit tombé de l'eau aflez fréquemment, la terre, trèmement sèche, la buvoit, & bien-tôt elle paroifloit auffr che que sil n'avoit pas plu. ? La moiffon des fromens & de Ja plus grande partie des oinés a été finie avant la fin de ce mois. F re Un vent violent qui eft furvenu le $, a abattu beaucoup | 4. fruit & égrainé quelques pièces de froment: on eflime que Je dommage égaloit la femence. Les pluies ont fait grand bien aux haricots, qui féchoient fur pied. Les pluies & le froïd ont rendu les melons fort mauvais; avant ce temps ils étoient excellens. CI Le prix du froment a un peu augmenté, le vieux valoit dix-fept à dix-huit livres, & le nouveau pour les femences vingt livres. Vers Ja fin de ce mois, il s’eft formé für toutes les haïes une grande quantité de ne de chenilles. On a commencé Ja vendange le 20, vin les raifins i ne fufent pas encore fort mürs. € 5 | I ya eu pendant ce mois beaucoup de fièvres lignes. \ 400 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE S'ÉÉRRE DURE, RATS EERETÉE | ER CREER ESC RENE ae THERMOMÈTRE. du | VENT. | a | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Mois Matin | Midi. | Soir, | | Ton Degrés.| Degrés.| Degrés. | pouc, © lign, I N. 30 |-17 |-11 [27.10 |variable. 2 N. 9 | 17 | 14 27. 9 [beau temps. 3 N. O. 14 |. 19 16 |27. 8 |couvert & lourd. 4 N. 16 | 20 ! 14 |27. 9 [couvert & lourd. s I N.O. | 13 | 17 | 14 |27- 10 |couvert & variable. 6 N. 10 | 16:| 12 |27. 101 |beau temps. 7 NE 10 | 18 | 121|27. 8 [beau avec nuages. 8 N. 14: | 1720 270,9 9 N. 12 | 18 | 13 |27. 10 10 N. 14 | 19 |ir6 27-11 TN MESA nn ET OMIS DIET temps. 120 (NME Pr 6Mr2onl x34 127-411 13 | N.E. | 14 | 20 | 15 |27. 10 14 N. 1200202) rl 27-0"9 15 E: qu |i2zoil 15 |27. .8 16 | S.O. | 14 | 1721 14 |27. 9 |beau avec nuages. 17 | N.O. | 12 | 16 +127. 11 |beau avec nuaoes. 18 | N.O. | 17El 152) 11 |27. 11 [beau temps, petite gelée blanche. 19 | N.O. 74] 19 | 12 |27. 9 |beau temps, petite gelée blanche, 20 | N.E. | 10 | 19 | 14 |27. 7 |beau temps. 27 | N:10: 27. 7 |beau & chaud. 220NN OC; 27. 8 |beau temps. 23 N. 27. 92+|beau temps. 2 SO; 2 9 [couvert & variable. 25 INÈNE: 27. 82|variable. 26 ISIN. "ES 27. ‘7 |beau temps. 27 S. 27. 6 |variable. 28 S. 27. S$ |variable. 29 Se 27. 9 |beau temps. 3 S. 27. 7 |beau temps. Il n’a - _ EiCnéés Sc 1e Nic Es. | 407. Il n'a prefque point tombé d’eau pendant tout ce mois: : comme Fair a quelquefois été fort chaud & toûjours très- doux, excepté vers le 19 qu'il y a eu quelques petites gelées blanches, les raïfins qui n'étoient pas vendangés ont acquis : be ucoup de maturité; ce qui étoit néceflaire, car ils avoient peu avancé pendant le mois d'Août, durant lequel Y'air avoit - Été frais & humide; & fi cette intempérie avoit continué pendant le mois de Septembre, les vins n'äuroient eu icune qualité, s applis engere ai à de at." Le à ed ip eg 402 MÉMOIRES LE L'ACADÉMIE ROYALE O'C'IMONDIRTE, THERMOMÈTRE. VENT. lt a Baromètre ÉTAT pu CIEL. Matin| Midi. | Soir. ONE EE Degrés. | Drgrés. | Degrés.} pour. lign. 1 S. 12 16 13 |27. 7 [grande pluie, tonnerre, 2 Se 9 | 12 9 |27. 8 [variable avec pluie. 3 SO: 8 | 13 9 |27. 9 |beau avec nuages. TA UMSRES 7 | 14 | 10 |27. 10 lbeau temps. s N. 6 $ 9 |27. 9 |beau temps, gelée blanche, L 6 N. 7 TA: 7 |27. 10 |beau temps, gelée blanche. 7 N. 7 1$ | 12 27 | beau temps. 8 | S.O. | 12 | 16 | 12 |27. 7 [beau temps. 0. PS EME" ubr 73 le 7r 6 variable avec pluie. 10 Se 12 | 16 | 12 |27. 4 |variable, tonnerre. II Se 12 | 17 | 14 |27. 3 |variable fans pluie, 12 S: 12 | 17 | 144]27. 4 [lourd & couvert, 13 S. 12 | 16 | 12 |27. 8 [variable & couvert. 14 S: 10 | 14 | 13 |27. 9 |couvert, brouillard. 15 S. 11 15P 327, 7,11cpavert & pluvieux. 16 | S.O. j 10 | 14 | 10 |27. 7+|grande pluie la nuit, 14e ©. S | 9 sUl27etuI variable. 18 ©. 4 9 8 |27. 7 |pluvieux. 19 N. 6R|Mio s |27. 6 |variable. 2 N. 3 8 31127. 7 |beau temps, gelée blanche. D IN 1 S 6 |27. 8 variable & couvert, gelée blanche, LE N. 6 8 7 |27. 8 [variable & couvert, gelée blanche. 23 N. 6 8 7 |27. 9 |couvert & bruine. 24 N. 6 9 7 |27. g+|couvert & bruine. 25 | N°.E:. 7 |i1o | 8 |27. 9 |fombre & couvert. 26 N. FA Co) ser 4 a : : : : - couvert. 29 Se $ 8 727000 30 N. S 7 2 |27. 6Xl|variable avec de la grêle. 31 0. 1 4 11127. 4 |froid, gelée blanche, pluie, vent, neige. VOL MES UNIS CITE AN QUE 403 Il eft furvenu de temps en temps quelques gelées blanches, néanmoins fair pendant tout ce mois a été fort doux: le commencement a été beau, mais depuis le à jufqu'à la fin 1 a plu aflez fréquemment, ce qui étoit avantageux pour les mailles: on a achevé le 3 de couper les raifins. Les fafrans donné, depuis le commencement du mois jufque vers 18, une fi prodigieufe quantité de fleurs, qu'on ne pou- voit trouver d’éplucheufes; on donnoit jufqu'à deux & trois Aivres pour éplucher une livre de fafran verd, ce qui fait douze ou quinze pour une livre de fec, qu'on vend dix-neuf vingt, _ vingt-une livres, & il yen a eu beaucoup de perdu. Ecci 404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE NO LE LEP UREE, EE TRIER IEEE IDD EN DD PA EE CES Jours THERMOMÊTRE. du VENT, | mr | Baromètre ÉTAT DU CïIEL. Mois, Matin | Midi. | Soir. Degrés. | Degrés.| Degrés.| pouce lign. 1 S. O. o 4 SANS beau temps, gelée blanche. 2HASNO: 3 27. S$ [variable fans pluie. 3 N. 4 27. 11 [couvert & brouillard. 4 S: 4 3. © lorand brouillard. $. S. o Ve brouillard, 6 S; I 27: pluie. 7 NMEUE :| 27e beau temps, gelée à glace. 8 N. |— 27» beau temps, gelée à glace. 9 N. 27e pluie & neige. 10 N. 5 27 +|Couvert avec neise. | 27. 6 |neige. 3 4 8 6 4 6 2 ù 3 # 4 (°) 6 3 1 6 I 4 2 4 I 4 I s : I 3 o 6 110) "N° "E I 4 1 |27. . 6 |couvert, gelée à glace. 128 |MS 10; 4 6 $ |27. 5 |variable avec pluie. 13 S: 3 S 2 |27. 6 |variable avec pluie. 14 N. 2 $ 3 |27. 11 [couvert & pluvieux. UNIS 10; 2 S 6 |27. 8 {grand vent & pluie. | 16 MES NO: 4 7 6 |27. 4 |pluie continuelle. LAIMSNO s 6 7 |27. 3 [grande pluie & vent. OMMSAO ZA TO 9 |27. 2 |grande pluie & vent violent. 19 N. 9 $ 2 27. 6 |pluie. | 20 S: () $<| 2 |27. 8 |beau temps, gelée blanche. 21 N. © S 1 |27. 10 lbeau temps, gelée blanche, brouillard. | 22 N. I S o |26. o couvert. e 23 N. o 2 o |26. 11 |grand brouillard & givre, Û 24, 5: I 4 3 |26. 11 |pluie, grande humidité, ; 25 S: 2 3 4 |26. 11 [grand brouillard. 26 S. 4 6 6 126. S2|grande pluie & vent. . Î 274 10S. O: 6 7 3 [26. 11 [grande pluie & vent, ZONES RONA 1 |27. 3 |gelée à glace & neige. 29 S: — 2 1 © |27. 4+lneige. | S. I () À _. a été fort une & & froid st ef Pr & temps de la neige, néanmoins les fromens G font main- . h : Fes. À | J ‘+ l } ei ALU eu GT AT | Sytish "de 1 VAWaY ) ub ! | he: À nids ti Lholtr | CHEN CES RS mn : ' Lors | sy tx 1 Gedà | 3 | | | fu L+4 134109 | $ DILX te L NE } FN 5 » il Ah, “ Jnainslt é US ” } s SITTERREUR. : k 4 far 7 50e ts DYAAN AX °NS ETS PT" É 4 Lj ù 21 br à à SE SRE TUE b" auda f mn 1RAE NaeS LE "à E + er. & 5 } | É DE qi ao se 1e] 18 HAN Que sx 46 at à 2 D LAITEE Ur Rp TA L À à un j ®. Lr7 à, Ma RPG rfi | D LERBLE £ 7 ! flan ie métesionée 10 AR VAE “eee D f é 11200 7e 2 AU ELA or De. ll < : Re: és ile le), punis Û Patte Fe Sbitan et 2 est 24 Pa Dr rA re / A r < = € ct : s 4 Fe QUES: ol 0 ©} ob L38 ui) fus | sl ‘©! nu e 6 £i Sauf sus ie 8 vel, 13 Etoo a à h1 lieu vd j se) CIREMR LIT ü 26 {1 M fe NES REX À.0 à: ea, At MbEME À ‘LE ù t @ +1 ous “vd ol Lx SE ET Un 2 - £i ARE a ent obonrekend-ee tue Ver ni ne CR-1E- t ä derrpoialel à LR es PR | Nbr RUTE ile vw & à - “ re L pigment gite rmagenenirm Len © | n p he mm nm mo 7 .. em ee . « . Cu Ce ds © to ho © reg ZE 60 SAS Le ge ga pr D TND AU PR SAIT RTE RRT OÉ _ SRENEISTA EE mc Sn CS TS D vb ERA 406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE D'ÉCEMBPRE. CREER EERE NT BEMRETE SOUPE RMNEREENEE PETER | THERMOMÈTRE. VENT. | nr | Baromètre ÉTAT Du CIEL. s | Matin | Midi. | Soir. res CS Degrés.| Degrés. | Degrés. | pouc. lign. N. |—1 1 oO |27. L 8 couvert. 3 |27. 9 |couvert. L 9 +|couvert. ES) = Cu | Ses RE ve Z [es [us | VW pi [ +127. beau temps, gelée à glace. gelée à glace, brouillard. pluvieux. variable fans pluie. 9 6 6 5127. 8 |temps couvert. o Oo |variable, couvert. 7 2] variable fans pluie. pluie. pluvieux & hunide.. pluvieux & humide. variable & humide. variable fans pluie. variable & humide. variable fans pluie. variable avec vent. grande pluie. 12 pluvieux. pluvieux. pluvieux & humide, pluvieux. D couvert & pluvieux. couvert & pluvieux. vent froid avec neige. D RE FO CAS ST SO OL OL UC OL Pr nb ET IL ON bu ND mi O D 00 NO à F8 IN NE #00, 0 an : nn UunvnnunnnnzZ A: à ©: ù ‘ . . ù ù . ù à 5 É Ge F; NU O W © J HO oo m0 NU An (© 0 © Nu m 4 bin bin Ni D De lee = æ h © © © œ\0 \0 1 W \9 \O Fr D # O ND & O NU FE = | ww OS] Nr 00/0 \9 9 0 N © NN om O ©W Mn O D ME pin Ni him R D R CENTRE LEE N N N N N © = (7 o | il gèle tout le jour. beau & vent de bife. beau & calme. Ni= D NN 5 3 6 8 9 8 6 6 6 6 27. 8 |pluvieux. () 9 6 7 3 2 LA EN net ie RE 8 8 JV) [e) | NN u|= BR 1 b N beau temps, MES SG AEN CES 407 . Le 1.” il tomba un demi-pied de neige qui ne fondit point pendant la journée, même fur les toits expolés au midi. . Ce mois a été prodigieufement humide, le ciel toûjours - couvert dans le commencement ; les pluies étoient très-froides, , : Taix s'eft adouci enfuite, & l'intérieur des maïfons étoit auffi È : humide que dans les plus grands dégels: ileft même très-rare ! de voir une aufft grande humidité, çar les gouttes d'eau tomboient des planchers peints à l’huile. ., À la fin du mois, les fromens étoient plus verds & plus forts qu'ils n'étoient l'année dernière après Pâques. Tous les arbres étoient extrèmement chargés de nids de chenilles. RÉCAPITULATION. On peut dire en général que cette année a été chaude & sèche; on a éprouvé des chaleurs confidérab'es, celles du - commencement de Juillet ont même été exceflives. Le mois d'Août a été froid: la féchereffe a duré depuis le mois de Mai jufqu'à la fin d'Oftobre; les pluies qui. font. tombées pendant cet intervalle de temps, celle du 23 Juin exceptée, n'ont pas été capables d'abattre la pouffière. La fin de l'année a été auffi humide que le milieu avoit &té fec. F RO MEN 5. On doit fe rappeler que les fromens avoient été femés dans _ Ja pouffière Fautomne 1752, & qu'à la fin de Décembre . les plus avancés étoient à peu près dans le même état où - cetie efpèce de grain eft ordinairement à la Touflaint, beau- coup même 1'étoient pas fortis de terre : on étoit donc inquiet à la fin de cette année de voir des grains qui étoient depuis deux mois en terre fans paroître. On vient de voir que les k ne | gelées ont été très-fortes en Janvier, ainfi beaucoup de fro- mens n'ont levé qu'en Février. Les mois d'Avril & de Mai ayant été froids, & la fécherefle ayant duré jufqu’à la moiflon, ds fromens ont peu tallé, ainfi ils étoient clairs, la paille « Si de Courtagnon l'on va à Marfaux, Chaumafy, Cham- plat, on y remarquera un terrein extrêmement gras, compofé de plufieurs glailes affez variées dans leurs couleurs. Le corps des montagnes qui avoifinent ces villages fait voir des pierres à fufil:‘on y trouve auffi beaucoup d'autres pierres qui font M mm i) 460 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE employées, où à bâtir, ou à faire de la chaux ; il s’y forme encore des efpèces de flalactites de vrai grès, qui varient par les formes. IL paroït par un amas de tuyaux d'un jaune roufleûtre, cylindriques, écailleux & pétrifrés, que Fon y a découvert, que ces montagnes pourroient fournir des corps marins fofliles: le terrein y eft inhabitable l'hiver ; les fources & les mares d'eau y font en fi grand nombre, qu'on s'en tire difficilement, même avec des chevaux. En retournant de ces villages à Reims, & fur le haut de la montagne de Sacy, aflez près de Marfaux, ily a une ferme fort connue fous le nom de Grand - champ. Dans les terres qui tiennent à cette ferme & qui en dépendent, on trouve une grande quantité de ces pierres poreufes ap- pelées pierres de meulière par la refflemblance qu'elles ont avec les furfaces raboteufes des meules de moulin : c'eft de cét endroit qu'on en fait venir à Reims, quand on veuten employer dans la conftruétion des édifices. A deux pas de À en tirant un peu vers Marfaux, on voit deux trous qui ont été ouverts dans le deffein de tirer de la houille: on eu a efleétivement trouvé quelque peu; mais la quantité n'étant point proportionnelle à la dépenfe qu'on a été obligé de faire pour fuivre ce travail, on a abandonné cet objet. M. Allard a eu occafion de defcendre dans ces trous dans * le temps quon y travailloit; il en a examiné la variété des terres & des fables qui les compolent. Il s'en trouve.de vingt couleurs différentes, & qui forment un contrafte fingulier ; tantôt on remarque un banc d’une feule couleur; à celui-ci en fuccède un fecond qui imite le marbre par fa variété des fiennes. Les trous ont bien deux cèns pieds de profon- deur: on ne rencontre aucune pierre dure, excepté quelques bancs de grès, mais dont la fokidité n’eft point telle qu'elle doit être pour Fufage qu'on en fait ordinairement. Sacy, Méry, Villedomange, Rofnay préfentent auffi de quoi fatisfaire les Curieux: on n'entrera pas dans un détail particulier de ces endroits, il fuffra de dire qu'outre les fables, EM EN SM Si 1Qp ME. Ar Ce Eu Se 461 les coquilles, les pierres à fufil & les cailloux qui s'y voient en affez grande quantité, ,on:y. trouve du gyple femblable à celui de Montmartre près Paris; il.a la figure prefque triangulaire, il fe fépare-par lames; il n'en: diffère, à ce qu'il paroït, qu'en ce que fa forme & fa tranfparence nefont pas tout-à-fait femblables, Outre le gyple on y-voit auffi une efpèce de pierre rou- geûtre dans laquelle -on aperçoit des:;coquilles en aflez grand nombre, telles que-péuvent être des chames à grofles & fines cannelures, des -buccins, des-huîtres appelées pelures d'oignons. Vüe à fa loupe, il femble que cette pierre a le grain du grès; ce qui-peut faire penfer qu’elle eft feulement un compofé de fable & de, coquilles, & qu'en. cela elle diffère des autres pierres dont il; fera queftion. Si l'on écrafe un morceau. de cette pierre, qu'on la réduife en une poudre très-fine, qu'on l'examine au microfcopé, on reconnoit que chacun, des grains. a la forme & la tranfparence du fable ordinaire, & que s'il y a une différence elle ne tombe que fur. la couleur. If eft bon de dire en pañlant, que les couches de fable font à peu près. les mêmes que celles de. Saint- Thierry, & qu'immédiatement deflous on rencontre les car- rières de craie; l'expérience a fait voir ce qu'on avance : dépuis plufieurs années on a ouvert une de ces carrières, précifément au bas de Sacy, où fuivant {a montagne où eft -eetie carrière, on la trouve prefque par-tout la même. Les variétés qu'on y remarque ne méritent prefque pas d'être comptées: on n'a pas de peine à s'en convaincre, lorfqu'on a égard à l'arrangement des matières & à la hauteur plus ou moins grande des bancs. En faifant cette légère attention, l'on ren- scontrera toüjours les mêmes bancs & les mêmes couches à ‘une pareille hauteur: il n’ÿ.a guèrequ'aux feuls endroits où il .pafle des fontaines, qu'on peut trouver quelque changement. Ce qu'il y a de particulier à. Méry eft un banc fort étendu de filex, ou, fi lon veut, d'une agathe brune: ce:banc peut avoir trois à quatre travers de doigt d'épaifleur, fur une longueur & une largeur indéterminées; il eft pénétré de M mm il} 462 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE plufieurs fortes de coquilles qui font-agathifiées & qui font intimement corps avec la pierre, de façon que le total pren- droit aifément un beau poli. Les furfaces dé ce banc‘ font incruftées de ces mêmes coquilles: celles-ci ont confervé eur fubftance & ne font point changées, du moins pour la pluf- part, car quelques-unes font durcies dans leur intérieur &c devenues flex. On remarque dans le nombre de ces coquilles différentes vis, des chames, des tellinés & des limaçons de plufieurs grandeurs. On conferve dans le Cabinet de M. le Duc d'Orléans, un morceau de cette agathe, qui a deux pieds & plus de long, fur un pied’ & demi de large. Quoique ce filex foit très-dur, je ne crois pas cependant qu'il approche de la nature de l'agathe autant qu'un: autre morceau confervé dans le même Cabinet, & qui vient de Rofhay : on y remarque des lignes d'un brun-noir, formées par les feétions différentes des coquilles, qui font devenues elles-mêmes flex ou agathes, & qui font confondues dans la mafle. On obferve tout le contraire à Gueux, les coquilles y font moins agathifiées qu'à Méry; mais, à cela près, ce font les mêmes fortes de coquilles. Ces petites différences dans les montagnes de Méry & de Rofnay ne font point contraires à la reflemblance qu'on a en général établie entre ces montagnes & celles de Sacy & de Villedomange: au refte, tout eft placé auffi HE rément dans les unes que dans les autres. On ne remarque pas moins d'ordre & de régularité ds celles d'Ourches: ce village eft à quatre lieues de Reims & à fa partie occidentale; c'eft de fes carrières que l'on tire la pierre blanche & rouffeâtre qu'on emploie communément dans les grands bâtimens. Ces carrières font analogues à celles de Saint-Thierry: ce font toûjours des pierres coquillières, feulement plus compactes, & par conféquent plus dures; on y remarque des chames à groffes & à petites cannelures, des vis & des pelures d'oignon. Ces coquilles font quelque- fois entièrement détruitess elles font ordinairement mêlées à . er". LrA*OË Ets SA 0 /TrErN cum: 463 despetits graviers qui paroiffent avoir été roulés. Ces gra- viers manquent quelquefois, mais fon voit des fauffes pi- folitesrondes où oblongues, qui font prefque toute la mafle de la pierre. Les bancs de ces pierres font placés fous mu gravier Jjaunâtre qui foûtient: diférens bancs de glaile, elles font faciles:à travailler: mais de ces deux elpèces, fa roufle eft, fuivant l'obfervation journalière des ouvriers, encore plus aifée, & celle qui fe frature le moins, au lieu que la blanche eft fujète à la gelée; ce qui prouve que fon tiflu n'eft point aufli compacte que celui de laroufle , que les pores qu'on y remarque. abondamment font autant de .cellules qui donnent entrée à d'air &:àd'eau qui, en fe raré- fiant & fe:-condenfant enfuite, defuniflent & écutent fs parties. AE 227 OD 9 S I l'art g Il ne refe: plus qu'à parler des: carrières de Trigny & de Chenay:-ces deux villages font éloignés de-Reims de trois lieues; ils-font fitués éntre :fa partie ‘occidentale &. fà partie feptentrionale. A une lieue: ou environ de S-Thierry onretrouve dans’ ces carrières différéns bancs de ghife, qui forment une hauteur d'environ cinq à fix pieds: ces glaifes font fuivies d'une pierre qui pañle dans le Pays pour un grès bâtard, mais qui n’en’eff pas un ; c’eft tune ‘pierre ordinaire, Pour peu qu'on examine :à la loupe} on-y :apércoit: des pores tout différens de ceux du: grès::ce qui. paroit avoir déterminé à Ja nommer grès bâtard, eft:fans doute fa cou- * leur, qui eft prefque Ja même que celle du vrai grès: On remarque dans le corps: de:cette pierre des couches bleues, reffemblantes àl l'ardoife, qui font cependant.de la même nature: que le: fond: de la pierre: le total eftparfemé de coquilles brifées & de petits points noirs qui -pourroient être une partie de Ja fubftance de la coquille, ou plufôt de quelques matières ferrugineufes. Cette pierre fe tire entre Chenay & Trigny.. »!: RTS IT ‘Aïuñe demi-lieue: de cé dernier village, il y a une fon- taine qu'ôn nomme la Méchanatte > elle eft fur da montagne: fes'eauxront la même propriété que-celles de la fontaine de a Voy. pag. 436. 464 MÉMOIRES DE L'AGADÉMIE ROYALE Courtagnon, elles incruftent également tout ce qu'elles ren contrent. On trouve quelquéfois près de fa fource de ces corps que l’on regarde comme du bois -pétrifié: celui qu'on y a ra maflé reflemble beaucoup à un-éclat d'écorce d'arbre; il en a les fibres, & même un nœud auffr bien formé que dans le bois même. Ce morceau eft très-diflérent de ceux qu'on a trouvés en fuivant le courant de l'eau, près d'un quart de lieue plus bas; ils n'étoient pas fi durs ni fr compaétes, ils commençoient feulement à s'incrufter. On a auffr obfervé dans diflérens endroits que le gravier fe ioit &' formoit ainfi une pierre ‘extrêmement poreufe, & dont les parties fe defunifient par le moindre froiffement des doiots. î Les habitans de Trigny ont un préjugé ‘aflez grand, & qui ne paroît avoir pris fon origine que de ces incruftations; ils font tellement perfuadés que l'eau de fa fontaine occa- fionne la gravelle, qu'ils aimeroient mieux «mourir de {oif (ce font leurs termes) que d'en ufer en aucune manière. Mais il eft facile de fe convaincre, en réfléchiflant un peu, qu'une eau qui coule continuellement dans un gravier &c qui reçoit à chaque inftant une élaboration à travers les cailloux &c les pierres qui lui fervent de filtre, ne peut être que très- falutaire, & que le mal qu'on lui attribue n'eft fondé que fur une chimère & fur de vains préjugés. Ce que l'on a rapporté de ces différentes carrières, quoique court & fuccinét, eft cependant affez étendu pour faire con- noître en général les fofliles qui fe trouvent dans un cercle d'environ vingt à vingt-cinq lieues de circonférence autour de Reims, chacun de ces endroits étant de chaque côté éloi- gné de cette ville un peu plus où un peu moins de trois à quatre lieues. | Reims, au refte, eft fitué dans une plaine légèrement enfon- cée; fon plan forme une figure oblongue & fort irrégulière; {es murs font arrofés de la Vefle: elle eft embellié de:b6- cages auxquels fuccède une chaîné de montagnes qui paroiflent en former d'enceinte. Elle eft bâtie fur un terrein dur, auflr étoit-elle appelée anciennement Durocoflorui : elle à reçû vers le (DES SCIENCE Ss 465 le couchant & en remontant au midi une étendue confidé- table, particulièrement fur la fin du dixième fiècle jufqu'au quatorzième. Il y avoit cependant avant ce temps un terri- toire du côté du midi, où les premières éplifes ont été bâties; on l'appelle le banc de Saint- Remy. Ce territoire, avec toutes les habitations conftruites depuis le dixième fiècle jufqu'au quatorzième, a été enclavé dans l'enceinte des remparts nou- veaux & des murs bâtis du temps de la prifon.du-Roi Jean en Angleterre. Tout le banc de Saint-Remy n'eft que craie, tant en fortant des portes de la ville de cecôté-à, qu'en defcendant vers Fancienne cité: tout ce qui eft au couchant en tirant vers fa rivière de Vefle, n'eft que marais, c'eft-à- dire que les maifons font bâties dans un terrein qui fe fent plus ou moins du marais, à proportion qu'il eft près de la rivière *, I[ ya beaucoup de jardins potagers dans cet efpace: la ville, du nord au midi, a une bonne demi-lieue de lon- gueur, fur un grand quart de lieue de largeur; lancienne cité fait prefque la moitié du total. On bâtit beaucoup en bois & en craie, peu en pierres; _parce qu’elles ne font pas communes ; il y en a cependant des parce q P y P carrières à quatre lieues dela ville, qui font des pierres blanches & roufles de très-bonne qualité. Le pavé eft, comme on fa dit plus haut, d'un fort beau grès qu'on tire des montagnes voifnes de Saint-Thierry: il y a, pour bâtir, de la grève blanche, où crayon, & de {a grève jaune, dont on fait d’ex- cellent crépi quand on les méle enfemble avec beaucoup de chaux; parmi les grains qui compofent la grève jaune, il y en a qui font affez gros pour pouvoir fervir au mortier propre à poler les blocailles & les craies & à compofer les torchis des pans de maifôns. 2346 À la porte de Fléchambault, qui conduit à la montagne, il y a une fontaine d'eau minérale, dont on fait ufage dans * Les prés qui bordent cetterivière | & qu’on, favoit, par tradition, que m'ont paru être de nature à four- | des mottes coupées, dans ces prés, &. nir de la tourbe. M. le Louvier, | defléchées, avoient très-bien brûlé É à qui je parlois de cette obfervation; | le fu y ayant pris par hafard. m'a afluré qu'il penfoir de même, | : / Men, 1754 Nnn 466 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE les maladies d'obftruétion : une femblable fe voit {ur la mon: tagne de Beru. M. Jonet, habile Médecin de Reims, a donné une diflertation fur les qualités des eaux dé cette fontaine; Dalechamp, & depuis lui M. de Mailly, auff Médecin, en’a fait une. fur celle de Chenay, & le Public eft décidé, par l'ufage & l'expérience, fur la bonté de celle de Saci, F’eau de la fontaine du champ Chevalier-de-Vrigny, comparée à celle de cette dernière, en approche par fa légèreté de fi près, qu'il y a peu de différence entre ces eaux. Les. environs de Troies font, à ce qu'il paroît par les obfervations de M. Ludot, peu différens de ceux de Reims. Ea craie, dit-il, eft lé feul moëllon & prefque la feule pierre qu'on emploie à Troies dans les bätimens. Quand on veut bâtir en pierre dure, on fe fert de cailloux de pierre à fufil, qui fe trouvent dans les vignobles, ou d'une pierre brute, nommée ici roche, & qui eft bonne auffi à faire de R chaux; elle eft de la même nature que celle de Soulaine, dont il fera queftion dans la fuite, & comme celle-ci elle renferme des huîtres, des palourdes & autres corps marins pétrifiés. Il faut aller chercher cette pierre, ainfr que la chaux, au village de Fouchères, à cinq lieues d'ici au moins, en remontant la Seine, & mème au delà. On emploie aaffi: uné forte_dée pierre de taïlle blancheätre & qui eft fujette aux eflets de la gelée, qui vient du Tonnerrois, à onze Heues ou environ de diftance, ou enfin on fe fert, mais rare- ment, de pierre de‘Savonnières, qui eft fort bonne, mais qui vient encore de plus loin. Tout le pays qui eft au cou- chant au nord & jufqu'au nord-eft de Troies, efb crayeux où graveleux *, principalement fur la route de Chälons: les fentes irrégulières font très-communes dans les mafäfs de : *# Il paroît, par bob férvéationc M Defmareft, il y en a une carrière que je tiens de M. Defmareft, qui | qui règne jufqu'à Romilly. M. joint aux connoiflances profondes Defnaret a encore obfervé que ces de la Géométrie ün goût déterminé | graviers font herborifés, gercés & pour l’Hiftoire Naturelle, il paroît, | mêlés de différens corps, qui fou- dis-je, que ce pays graveleux fe | vent fe trouvant réunis enfemble rencontre aufli au midi de Troies, | & avec les graviers, forment des puifque , fuivant l’obfervation de | efpèces de poudingues, 10$ Ets $C TE IN CHE SUN 8&ÉZ craie, &c fi multipliées, qu'en plufieurs lieux elle ne peut pas même fervir de moëllon. On trouve de la craie dans tous les villages circonvoifins, & celle que l'on préfère à toutes les autres pour le blanc de Troies fe tire de. Vireloup, ou Villeloup;: diftant de Troies d'environ: quatre Jieues du côté du couchant, & différent d'un autre Vireloup qui eft au midi, & à deux lieues & demie ou'trois lieues de cette ville, Quoique le blanc de Troies foit une chofe très-commune, que lon trouve la façon de le faire décrité dans quelques Ouvrages, j'ai cependant penfé que l'on verroit ici avec plaifir une defcription nouvelle de cette manipulation, que je dois encore à M. Ludot. Cette defcription m'a paru plus exacte, plus circonftanciée qu'aucune autre, & faite avec cette précifion & cet art que donnent les méchaniques que M. Ludot pofède. Le procédé fuivi à Troies pour la préparation -du blanc que fon tire de cette ville, & que quelques-uns nomment abufivement blanc d'Efpagne, mérite à peine, dit M. Ludot, le nom d'Art, étant trop fimple & ayant trop peu de parties; il renferme néanmoins une adreffe par laquelle on accélère da préparation & par où l'on fauve, en conféquence, de la place dans d'atelier, fans compter quelque épargne d'eau. Cette adréfle, dont l'invention n’auroit pas été indigne d’un Phyf- cienou d'un Artifte habile, ne doit apparemment fon origine qu'au hafard; car les Ouvriers en blanc ne font pas des plus fins, & il n'y a pas lieu de croire que ceux qui les ont précédés l'aient été davantage. La matière du blanc fe trouve en grande abondance, comme on vient de le dire, dans un village nommé Vireloup. Le {ol de ce village eft une terre très-maigre & peu pro- fonde, qui porte à peine du feigle. Sous cette couche règne un gros maflif de craie plein de gerçures: c'eft cette craie, qui ne vaut rien pour bâtir, qui eft la matière du blanc. Les habitans de Vireloup la tirent en petits moëllons, & Tayant laiflée efluyer, c'eftà-dire fécher, ils la battent avec des maillets armés de clous, pour da réduire en poudre groffière qu'ils paffent au crible, & telle eft la première façon donnée Nnni 468 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE au blanc. Cette matière brute eft enfuite voiturée à Troies; où elle vaut quatre à cinq fols le boiffeau, melure du pays: or les Ouvriers prétendent qu'il en faut trois boiffeaux pour un cent pefant ; le boiffeau de Troies contient vingt pintes du pays, qui en valent vingt-quatre de Paris, & la manière de mefurer eft même telle, que ce qui pañle pour un boiffeau de blanc vaut bien vingt-fix pintes de Paris, & peut-être davantage ; ainfi il pourroit bien fe faire qu'il ne fallüt efledi- vement pas trois boifieaux de blanc brut pour le cent pefant. Les Ouvriers de Troïes demandent que le blanc brut leur foit amené parfaitement fec, & ils y ont intérêt pour une raifon qui fera marquée plus bas. La manipulation ultérieure de cette matière confifle à fa broyer plus finement & à la mettre en pains: pour cet effet, Ouvrier ayant commencé à humecter cette matière, ainft qu'il fera dit ci-deflous, la jette dans un tonneau avec certaine quantité d'eau pour la délayer groflièrement & la réduire en une efpèce de bouillie fluide jufqu'à un certain point. Il ne faut pas beaucoup de temps à l'eau pour pénétrer la craie à un degré convenable, & quelques heures après que le mélange a été fait, on eft en état de pañler à l'opération fuivante. L'Ouvrier met fa bouillie au moulin; ce moulin eft fem- blable à celui avec lequel on broie la moutarde, & on le fait jouer de la même manière: il eft compolé de deux meules de feize à dix-fept pouces de diamètre, tirées des fragmens de vieilles meules de moulin à blé. La meule fu- périeure a environ deux pouces & demi d'épaifleur; elle eft percée dans fon centre d'un trou de la grandeur du doigt ou environ, & au deflus eft cimentée une écuelle percée de même, où Ouvrier jette de temps en temps fa craie détrempée. Cette matière defcend peu à peu entre Îes meules &. fort par un trou pratiqué dans la cage où elles font logées, en formant un filet continu: plus la matière eft liquide & les meules moins ferrées, plus facilement elle pañle & moins elle eft affinée, & au contraire; c’eft pourquoi tout le blanc de Troies n’eft pas de la mème finefle. On tient d’un Ouvrier DIENSOSICR'EN CES 469 qu'il pouvoit en broyer jufqu'à la concurrence de fix cens livres dans un jour, mais fon blanc étoit moins beau que celui d’un autre Ouvrier. Les Peintres de bâtimens ou autres qui veulent ménager le blanc de cérufe, demandent quel- quefois aux Ouvriers de Troies du blanc plus fin qu'à l'or- dinaire, afin d'avoir moins de peine à l'affiner eux-mêmes fur le marbre, & alors ceux-ci pañent {a craie trois fois confécutives par le moulin. La craie moulue eft verfée dans les tonneaux où on {a laifle repofer pendant fept à: huit jours: dans ce temps, une partie de l’eau qui tient la craie délayée s'en fépare & furnage. Cette eau eft enlevée à mefure avec une écuelle, & fert à détremper de la nouvelle matière brute. | La craie ceffant de laïffer échapper l'eau dont elle eft im- bibée en quantité fenfible, eft cependant encore trop molle our être maniée aifément & réduite en pains; & quand on voudroit Ja former dans des moules, les pains feroient füujets à fe gercer en féchant. La confiftance de Ia craie eft alors telle à peu près que celle de la chaux fondue; c'eft ici où eft la finefle du métier. L'Ouvrier étend fa matière molie fur des pièces de treillis pofées fur un lit de blanc brut: cette pouflière qui, comme on Fa remarqué plus haut, eft fort sèche, attire puiffamment & boit l'humidité fuperflue de 1a craie moulue, en forte que celle-ci vient en confiftance de pâte en vingt-quatre heures; l'Ouvrier n'a befoin, dans ce temps, que de remuer une fois la craie moulue, afin d’ex- poler de plus près à l'attraétion ou imbibition celle qui en étoit éloignée, & que le tout s'efluie plus également. J1 paroît par-à que l'air agit moins efficacement ou moins prom- ptement que la craie sèche ou peu humide, pour l'eflui de la craie molle. L'Ouvrier forme enfin avec les mains feules des pains de fa pâte de craie: les plus gros de ces pains nexcèdent pas trois livres, & leur figure eft celle d'un pa- rallélépipède émouffé fur les arêtes. IL ne refte plus qu'à faire fécher .ces pains parfaitement : or il y a encore en cela une petite adrefle; c'eft l'air qui N nn iij 470 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALe doit être ici le principal agent, mais les pains ont fix faces, & il n'y en a que cinq qui puiffent être expofées à l'air; le pain doit être polé fur la fixième, & fu celle-ci ne féchoit pas aufli-tôt que les autres, il y auroit peut-être de l'inconvénient, ou l'on feroit du moins füjet à a peine de retourner fouvent les pains. Que fait donc FOuvrier? il a dans fon attelier plufieurs moëllons de craie de Vireloup de trois à quatre pouces d'épaifleur, & des plus larges qu'il s'en trouve; ces moëllons étant fecs, il pofe deflus les pains récemment formés, & le moëllon fuce l'humidité de la face qu'il touche, comme le feroit l'air, ou à peu près. Les pains étant enlevés de defius les moëllons, il faut environ un jour d'été à ceux-ci pour fe fécher & revenir à l'état néceflaire pour recevoir de nouveaux pains. Tel eft tout le procédé du blanc de Troies, dont le mé- diocre fe vend vingt-cinq à trente fols le cent pelant en gros. Cette marchandife eft plus chère en temps de paix qu'en temps de guerre, & le blanc brut eft auf plus cher alors: on a omis de remarquer que les pains de blanc font extrêmement fragiles, leur matière n’ayant point de vifcofité & n'étant liée par aucune colle lorfqu'on les forme, mais par l'eau fimple. C'eft dans le lieu le plus haut des maifons & le plus acceflible à l'air que lon prépare le blanc, & c'eft par cette raifon que les Ouvriers ménagent leur vieille eau: on ne travaille à ce métier qu'après le mois de Mars & jufqu’à la fin d'Ottobre; la moindre gelée dérangeroit toutes les parties du travail, & nuiroit particulièrement aux pains récens qu'elle diflolvoit. Ce n'eft pas feulement à Vireloup qu'on trouve de Ia craie, il y en a, comme on l'a déjà dit, dans tous les villages d’alentour: on en voit différentes carrières autour de Troies & aflez près de cette ville; on s'en fert à bâtir; mais c'eft la feule craie de Vireloup que les faifeurs de blanc trouvent propre à leur métier. Comme les frais de voiture font une bonne partie du prix de ce blanc brut de Vireloup, les Ouvriers de Troies ont eflayé d'employer Ia craie de plufieurs carrières DES SCT EUN CE Si 47I plus voifines, mais ils n’ont pas été contens de leurs eflais; outre qu'ils ont eu plus de peine à broyer cette craie au moulin, les pains qu'ils en ont faits ont été moins blancs que ceux de la matière de Vireloup. Ces Ouvriers difent même que toute la craie de Vireloup n'eft pas également bonne : les payfans, qui choififlent toüjours la plus blanche, en amènent quelquefois où il fe trouve une légère vifcofité, qui eft grafle, comme difent les Ouvriers, & qui pafle plus difficilement & plus lentement au moulin. Il paroït donc que les qualités requifes par les Ouvriers pour une bonne matière de blanc, c'eft 1.” qu'elle foit très-blanche, 2.° qu'elle foit tendre & très-friable, 3.° qu'elle ne foit point vifqueufe, 4. qu'elle foit exempte de toute matière hétérogène & gra- veleufe, telle que le gravier & les coquilles; car il ne faudroit, difent-ils, qu'un grain gros comme une tête d'épingle, gliffé entre leur meule, pour déranger le travail & les obliger à démonter le moulin : auf ont-ils foin, lorfque la matière délayée dans le tonneau tire à fa fin, d'y promener la main, pour voir fi rien d'étranger n’eft tombé au fond. La craie de Vireloup réuniffant ces qualités, eft celle qui donne le plus beau blanc & qui coûte e moins à façonner. Reprenons maintenant la defcription du terrein des en- virons de Troies. Il y a un banc de fable fin, peu large, dans une colline ouverte à une lieue de cette ville, & il n'y a pas de pareil fable ailleurs. Le terrein de ce canton, à une lieue à la ronde, eft affez plat: on trouve un peu plus loin des collines qui renferment des cailloux ou pierres à fuf parmi la terre furperfcielle; le fond eft de tuf, ou de fable, ou de craie: quelques endroits ont au plus haut de leurs collines un fol rouge, qui m'eft pas culiivé; on en met un peu dans les vignes autour dés jeunes ceps, où l'on croit qu'il eft excellent. C’eft une efpèce de terre un peu glaifeufe : cet engrais eft employé: par les habitans de Souligny & de Bouiïlly. Le vignoble voifin de Troies confifle en une chaîne de côteaux, dans la plufpart defquels il fe trouve de cette terre plus ou moins rouve: cette chaîne a plus de 72 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE trois lieues de long; elle commence à Montoneux, village fitué à l'oueft de Troies, continue par Torvilliers, Lépine, Laines-aux-bojs, Souligny, Bouilly, Javernant, Crefantine & plufieurs autres. Des bois occupent le fommet de ces montagnes; on y obferve dans plufieurs endroits, comme à Souligny, à Laines-aux-bois, des pyrites rondes à plufieurs facettes, & de ces efpèces d'échinites que l'on appelle com- munément pied de loup. Les fables blancs ou jaunes, les glaifes verdâtres & brunes, les craies rouges, que lon appelle crayon, qui n'ont été envoyés de Chaourcé par M. Teffier, Médecin de Troies, me font penfer que les environs de la première de ces deux villes font aufli crayeux. Chaourcé eft fitué à la fource de l'Armance, à fix ou fept lieues de Troies vers le midi, dans le diocèfe de Langres. Si les obfervations fur la nature du terrein de Langres; que je dois à M. Morand le Médecin, ne conduifent pas à regarder ce canton comme vraiment crayeux, elles nous ap- prennent qu’il renferme des pierres calcinables, dures, qui prouvent que ce pays tient en général de la nature du ter- rein que l'on a jufqu'à préfent reconnu dans la Champagne. M. Morand appelé à Langres par l'Evêque de cette ville, afin qu'il tâchât de découvrir la fupercherie d’une fille prétendue poflédée, qui après s'être introduit différentes efpèces de pierres plus ou moins groffées dans la veffie, fe les failoit tirer, M. Morand, dis-je, voulut bien m'apporter les pierres dont on bätit ou dont l'on pave dans cette ville: celles dont on bâtit fe tirent de Noïdan & de Cohons, villages éloignés Jun de l'autre d'un quart de lieue; la première n'eft qu'un compofé de parties qu’on diroit être fpatheufes, & qui font brunes, brillantes, liées entr'elles par une matière jaunâtre ; la feconde ne diffère de l'autre que parce que la matière liante eft moins jaunâtre, & prefque blanche. Ces parties qu'on prendroit pour du fpath, font à lames, & pourroient bien n'être que des parties d'entroques décompofées. La pierre dont on pave eft femblable à ces deux-ci, mais elle a plus de in be» UT Sad dite CORNE AMIE DNERSNMS/CLICE IN: C'E S 473 de dureté; le fond en eft un peu bleuâtre: on la tire du fond des carrières dont on a d'abord enlevé celle qu'on appelle duitte à Langres. Cette dite eft grifâtre, mélée d'un peu de jaune pâle avec quelques parties à lames femblables à celles des précédentes: on diroit, en quelque forte, que la mafle de cette pierre n'eft formée que de ces parties plus intimement liées. La couverture des maifons & celle des murs fe font, dans les villages circonvoifins, avec cette forte de pierre que Ton appelle /ave, & dont on a déjà parlé. Cette lave eft grifätre, compofée d’une quantité confidérable de fauffes pi- folies, ou de petits corps oblongs qui ne me femblent différer. des pifolites que parce qu'ils ne font point, comme elles, compofés de différentes couches. Ces faufles pifolites font mélées avec quelques petites partiés à lames brillantes, liées par une matière gris-blanc. Toutes ces différentes pierres, la lave même, fe diflolvent promptement dans l'eau forte, & avec un pétillement qui caufe quelque petit bruit. Ï en eft à peu près des environs d'Armance comme de ceux de Langres; les obfervations fur le premier endroit, qui font dûes à M. de Montaigu, me conduifent du moins à pen- fer ain. Les environs d’Armance, dit M. de Montaigu, forment ‘ affez bien un entonnoir, au milieu duquel eft fitué ce village, connu par fa poterie, & dont toute celle de Chavange eft tirée. Armance eft fitué entre Dienville & Vandeuvre; au : couchant & fur la hauteur, eft le village de la Ville-aux-bois: la plus grande partie de l'eau qui tombe de ce côté fur la colline, fe perd dans un gouffre qui eft actuellement rem- pli de terre, au travers de laquelle l'eau pañfe; ces gouffres font communs dans le pays. Il fe trouve de ce côté différens bols, & un qui reflemble parfaitement au bol d'Arménie, de la craie & de la terre d’un très-beau rouge; il renferme auffi des pierres à rafoir qui font blanches, & que deux Hermites, qui demeurent en ce lieu, taillent aflez paflablement, & de la : pierre à bâtir très-dure, qui ne forme pas de bancs, mais qui eft confondue dans fa terre comme dans un terrein boulever{é: au côté oppolé la terre eft fableufe; elle entroit : Mém 1754: Ooo 474 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE autrefois dans la compofition du verre qui fe faifoit dans cet endroit, mais la verrerie eft détruite à caufe de la cherté du bois que lon flotte fur l'Aube pour Paris. : A Îa partie du midi de cet entonnoir, on ne voit rien de tout ce dont on vient de parler. Sur la hauteur eft placé le village de Radonvilliers, & le long de la côte on re- marque dans les ravins un fable aflez gros, de couleur brune & jaune, qui paroit ferrugineux; la terre où il fe rencontre eft couleur de fafran de mars. Ce côté contient un grès très-rougeitre, avec lequel on bâtit; on le diroit métallique. Au levant, en tirant vers le midi, toute la terre eft couverte d'huîtres à l'écaille pétrifiées; les habitans les appellent pierres à fufl: la pierre qui s'y trouve le plus abondamment n’eft qu'un aflemblage de petites coquilles; il y en a de très- tendres, & dont le dedans eft verdâtre. Si cette pierre pouvoit prendre le poli, elle feroit affez belle par fes nuances: on l'emploie à bâtir, & elle ne gèle pas. Tout le fond de cet entonnoir, du côté du midi & du leväht jufqu'au couchant, n'eft qu'une carrière d’une pierre dure & difficile à tirer. On n’a rien remarqué au feptentrion qu'un lieu couvert de bois & fort humide, où coule la petite rivière d'Armance: il y a dans cet endroit, au milieu d'un pré, une fontaine qui coule l'été & qui abforbe l’eau en hiver. On ne trouve point abfolument de pierre fur la hauteur de ce côté, mais de la grève en tirant fur Dienville. L'entonnoir peut avoir, du nord au midi, une demi-lieue de diamètre, & un quart de lieue de left à l'oneft. Dans cet endroit, à cent ou deux cens pas d'un pont, dans une montagne coupée pour une nouvelle route qui con- duit à T'roies, on trouve communément des cornes d’Ammon ; elles font enfouies dans une terre glaife qu'on nomme rerle dans le pays; toute la rivière d’Aube en eft bordée dans ce canton, & elle y coule fur un fond qui en eft fait: en coupant la montagne on a trouvé mille autres curiofités. La terle eft noire lorfqu'on la tire, elle devient blancheîtré & cendrée en féchant: lorfqu'on la coupe avec la bèche, elle DORE MADEISOS'E E UN CE 6. 475 s'ouvre par feuillets, & elle préfente diverles figures qui difparoïffent aufli-tôt qu'elle eft sèche. Ces figures ne font que les empreintes des corps qui fe font trouvés renfermés dans cette glaife, & qui y ont laïffé [eur impreffion; de façon qu'on y voit des coquilles de différentes efpèces, des moules & autres corps marins. Chaque fois qu'on enlève de cette glaifes on ne voit pas des empreintes, mais cela arrive très-fréquem- ment. On diroit, au premier coup d'œil, que les coquilles & les cornes d'Ammon font métalliques, à caufe du brillant jaune qu'elles ont; müis cette couleur paroït n'être dûe qu’à des parties fulfureufes renfermées dans la ser; elles sy font du moins fentir lorfqu'on cafe des morceaux de cette glaife. Sur une hauieur des environs du village de Radonvilliers {ortoit une fontaine dont l'eau fervoit, il y a quelques années, aux ufages de la cuifine; les habitans de ce canton l'employoient au lieu de fl: une perfonne en ayant bu une bouteille ou deux le matin à jeun, en fut très-purgée. On a comblé cette fontaine & on a bâti deflus: au pied de la hauteur, on voit autres fontaines dont la nature n’eft pas déterminée. Quoique dans mon Mémoire de 1746, j'aie déjà parlé des environs de Vitry-le-François, d'après M. Varnier, Médecin de cette ville, je crois devoir rappeler ici ces ob- fervations, d'autant plus que M. Varnier m'en a envoyé de nouvelles que je ne devrois pas fupprimer. Vitry-le-François, dit M. Varnier, a été bâti très-régulièrement par François 1.7 fur le bord oriental de la Marne, des ruines de Vitry en Pertois, brülé par Charles-Quint en 1540, d’où lui eft venu le nom de Vitry-le-brülé; ïl avoit été lui-même formé des ruines de Pertes, qui eft à quatre lieues de Vitry-le- François & à deux de Saint-Dizier. Cet endroit, qui n'eft maintenant qu'un village, étoit anciennement la capitale du Pertois, qui en a emprunté fon nom. Elle fut, au commen- cement de la Monarchie, détruite par les Vandales *. Ce * Vo. Atrige pays plat, c'efl-à-dire le Pertois, qui comprend tout ce ‘qu'il Mans nt ë y a entre la Marne & Ja rivière de Saulx, a un terrein qui #éy. confifle en une terre rouge, franche, excellente pour le Oooij 476 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE froment, d'un pied d'épaifleur dans des cantons qui font très-fréquens, tel que le fol de Vitry-le-François. Cette terre fe trouve dans tout le Pertois, avec cette diflinétion que dans certains endroits elle eft plus noire, ou plus rouge, ou d’une nuance plus claire: c’eft à peu près la même chofe dans toutes les gorges qui aboutiflent à cette contrée, depuis Vitry juf- qu'au delà de Saint-Dizier en remontant la Marne, de Vitry à Vafly en remontant auffi la rivière de Blaife par Édclairon, de Vitry à Nettancourt & au delà, en fuivant dans le même fens la rivière de Saulx & les autres qui s'y jettent, & en paffant par Maurup, Helmonet, Sermaife, &c. & depuis Vitry jufqu'à Châlons en remontant la Marne & fa Genette entre les deux côtes. Il y a deflous ce pied de terre cultivé trois ou quatre, quelquefois cinq pieds d’une terre jaune dont on fe fert pour mâconner, en y ajoûtant un peu de chaux, & dont on fait des carreaux que l’on sèche feulement au foleil, pour bâtir des fours & des tuyaux de cheminées : les Serruriers lemploient pour fouder leur fer. Il paroït qu'elle eft de même nature que celle de la fuperficie, mais exempte du mélange des matières animales & végétales qui ont altéré la couleur naturelle de cette dernière, Thuile groffière qui réfulte de la putréfaétion de ces matières fufhifant pour donner cette teinte à la furface, mais ne pouvant altérer la couleur de celle de deffous, s'il y en a, parce qu'il n'eft pas poffible qu'elle pénètre au delà d'un pied, pour plufieurs raifons. I faut obferver que cette terre ne fe trouve ordinairement que vers la rivière, & peu ou point dans le milieu des terres: de plus, la couche de cette terre varie pour fon épaiffeur, qui eft plus ou moins grande, felon certains cantons. Après cette terre, on trouve une grofle grève mêlée d'un peu de fable : cette grève eft quelquefois fi fuperficielle, qu'il n’y a guère plus de trois ou quatre poucés de bonne terre au deffus d'elle, encore cette terre efl-elle mélée de quantité de grève, ce qui fait un mauvais fonds. Quelquefois le banc de grève eft coupé par un banc d’une bonne tourbe: celui-ci fe rencontre à fix pieds de profondeur, il a lui-même cette épaiffeur; ik D'ESYS'CTENCErS 477 Je faut percer pour trouver les fources d'eau vivé qui font deffous. On 2 rencontré de cette tourbe fousde fol même du bourg de Dienville, au diocèfe de Troies. Ce banc de grève eft fuivi de terre glaife qu'on appelle tuf dans ce pays: on ren- contre quelquefois parmi cette glaife des pyrites, qui ne font qu'un compofé de parties terreufes & fulfureufes. La terre glaife eft d'une profondeur inconnue : les puits ont leur fond deffus, & lorfqu'on la rencontre, on celle de creufer pour fonder {es plus grands édifices ; fouvent même on ne va pas jufque-à. Toute la haute Champagne, c’eft-à-dire depuis 1 Marne jufqu'à la Seine, eft d'une terre blanche, légère, peu propre au froment; on n’y sème que du feigle & les autres menus grains. Cette terre ne fe trouve pas fr généralement que dans certaines gorges & vallées, dans certains cantons plats il ne fe rencontre que de la terre rouge ou brune, bonne . pour le froment: tout le fol, au refte, eft d’une bonne craie légère, excellente pour les bâtimens, & qui fournit du fal- pétre qui s'y engendre. Les carrières font très-profondes, & on n'a jamais pù en trouver fa fin : les Ouvriers s'étendent plus en largeur qu'en profondeur ; rien ne pourroit les arrêter que l'eau, qui eft très-éloignée: il y a des puits dans les villages élevés, qui ont des cent cinquante & deux cens pieds de fond. Il n'eft pas cependant ordinaire de tirer de fa craie des vallées, ou parce qu'il n'y en a pas, ou, ce qui paroït plus vrai-femblable, parce que l'eau eft trop voifine. Le niveau de cette eau eft peut-être le terme de fa craie, qui pourroit étre füivie de la glaife, dont on ne connoît pas fa profondeur. - La pierre à fufl couvre Ia furface de la terre en haute Champagne, c'eft-à-dire qu'on l'y rencontre fouvent; les anciens chemins des Romains en font conftruits dans ces pays: les pyrites y font auffi très-communes, le Peuple les y appelle pierres de Tonnerre; elles font ferrugineufes, arrondies ou comprimées, & à facettes à l'extérieur, & ceft l'ordinaire dans cette forte de pyrite. Le fond des rivières eft, comme on le penfe bien, de Ia nature du terrein où elles pañlent. La grève, par exemple, ne Oooi 478 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fait le lit de la Marne que depuis le grand pont de Saint- Diier; ce pont eft même polé fur le roc ou le banc de jerre à bâtir fans pilotis: depuis Saint-Dizier jufqu'à Langres, c'eft toute autre chofe. La Bhile eft auffi graiveufe jufqu'à Vaff, ainfi que la Saulx jufqu'à Bar-le-Duc. Ces deux rivières coulent dans des gorges qui étendent le Pertois. Si fon remonte a Marne jufqu'à Norrois, & que lon tire à cette rivière une parallèle qui paffe à Neuville, Saint-Genis, Saint-Remy, Ion, Outines, Bailly & Joncrevil qui eft à côté, on trou- vera un terrein aflez inégal, d'une terre extrémement forte, labourable, prefque toute couverte de haute futaie & d'étangs. Cette terre eft noire à peu près comme celle de jardin, & d'un fonds inépuifable : il n'y pafle aucune rivière, fi ce n’eft en remontant vers Vilrot & Villers où il y en a une petite fort poiflonneufe. Là commence une nouvelle plaine qui a bien trois lieues de long fur deux de large, d’un terrein à peu près femblable à celui du Pertois. Cette plaine eft bai- gnée d'un côté par cette petite rivière qui coule au pied de Montmorenci, Courcelles, Ronay, de l'autre côté par la rivière d’Aube, depuis l'abbaye de Beaulieu jufqu'à Dienville; enfin une hauteur, fur laquelle font les deux Brienne, ferme a plaine qui fe continue en gorge par la petite rivière de Ronay jufqu'à Chaleite & autres lieux. La haute Champagne eft terminée par la Brie, qui com- mence à Sezanne, éloignée de quatorze lieues de Vitry-e- François fur le chemin de Paris. C'eft une chofe fingulière que dans la ville même de Sezanne, où finit la Champagne & commence la Brie, certaines caves font partie dans la craie & partie dans le grès, qui font le fond du fol de cette pro- vince: c'eft de là qu'on tire une partie du pavé de Paris & les meules dont fe fervent les Potiers de terre, c'eft-à-dire que où finit la craie, là commence le grès, dans lequel je ne connois aucune efpèce de coquilles, dit M. Varnier. Ce grès refflemble apparemment à celui d'Étampes, qui en eft entière- ment privé, au lieu que celui que l'on tire de Herblay & que fonamène auffi à Paris, en eft parferhé; elles y font très -bien PIÉISNIOIC TE NICE S 479 conférvées en fubftance, fouvent même avec leur vernis naturel, & quélquefois avec prefque leur première couleur. Les autres pierres que M. Varnier avoit jointes à fon Mé- moire, font des pierres calcinables, excepté un rouflier pareil à celui dont on a déjà fait mention plufieurs fois; il fe tire aux environs de Dienville, vers Bar-fur-Aube: on en fait les fondemens & les encoignures de maifon. Une de ces pierres étoit d'un bis-blanc, un peu graveleufe: les graviers, vüûs à la loupe, font ronds ou oblongs; ils paroifient être des pifolites. Ces pifolites contiennent dans leur intérieur une matière jaunâtre; certaines en renferment une qui eft plus dure, blanche & comme cryftalline: fouvent cette pierre prend un coup d'œil plus bis, & elle a plus de dureté qu'à l'ordinaire. Une autre de ces pierres étoit brune, parfemée de terrafles ou cavités remplies d’une terre jaunâtre. Une quatrième étoit d’un jaune d'œuf très-clair; elle n’eft qu'un compofé de bivalves moyennes en grandeur , de tellines fur- tout, & parfemée de pifolites; elle vient du même canton que le rouffier. Une cinquième eft d'un brun terreux, dont certaines parties font remplies de pifolites, auffi d'un brun terreux; d’autres font d'un tiflu ferré, très-fin & un peu graveleux, ce qui n'eft, à ce qu'il me paroït, que la fuite d'une diflolution de pifolites unies intimement. Cette pierre eft plus dure que les précédentes, & fur-tout que la fuivante, qui eft appelée pierre morte dans le pays: celle-ci eft tendre, d'un blanc verdâtre, nette fans. mélange; elle reflemble en- tièrement à certain fau de Touraine, Cette dernière pierre n'eft pas cependant. toûüjours aufft tendre; on en tire de la. même carrière qui eft très-dure, & feulement d’un banc différent : fa dureté n'eft pas abfolument grande, quand elle fort de la carrière; il n'y a que les Ouvriers qui -puiflent la diftinguer en la travaillant : on la connoit à l'ufer, & l'épreuve en eft longue; les gens riches en pavent leurs cours & les parties où il ne pafle pas de chevaux : on en fait les marches des efcaliers des bâtimens; elle ne s'ufe.pas plus que le marbre, elle fe durcit au contraire: on la 480 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE voiture fort loin pour les pérons, marches & autres ouvrages: Les lits de cette pierre n'ont que fix à fept pieds d’épaiffeur. Une forte qu'on nomme franche roche, ordinairement remplie de coquilles, eft extrèmement dure. Les villes de Sainte-Ménehould, de Saint-Dizier & de Vitry en font pavées ; elle fe tire au deflus de Saint-Dizier, au village de Roche, prefqu'à fleur de terre. Avant que de trouver cette pierre, on rencontre un lit de quatre à cinq pouces, qu'on appelle à Vitry croûte de pavé: elle eft fi dure, qu'on ne peut la tailler ; on en pave les cours & le deflous des portes par fragmens qui ne font point travaillés. La pierre la plus fine de Savonières, qui eft à deux lieues de Saint-Dizier vers Enferville, eft d’une longue durée, plus tendre, mais aufli parfaite que la pierre de Liais. Les lus beaux édifices en font conftruits; on en fait des chemi- nées : elle eft bonne dans l’eau & dans air, rien ne l'altère; elle fe taille au marteau & à la fcie à dents, Les blocs en font de toutes grofleurs. Une autre pierre de Savonières à gros grains, dont les Ouvriers font peu de cas à caufe de fa dureté, eft appelée, par ces mêmes Ouvriers, / chien; elle fert, comme l'autre, pour les grands bâtimens; elle entre dans les fondemens : on n'en fait pas des cheminées, ni aucun ouvrage qui demande des moulures ou quelqu'autre façon. L'une & l'autre de ces pierres font de celles qui font décrites plus haut, & appartiennent aïnfi à la Champagne. Une autre, qui étoit du même envoi, fe tire à Tremont en Lorraine, à fept lieues de Vitry, au deflus de l'abbaye de Cheminon: on.s'en fervoit communément avant la dé- couverte de la carrière de Savonières. Elle fe pourrit cependant dans l’eau, fe calcine à Y'air. Elle eft remplie de coquilles, & il n'y a guère que les payfans qui s'en fervent, parce qu'elle eft à bon marché. On trouve probablement dans ces cantons des coquilles féparées des pierres, ou lon en peut aifément tirer; il y a du moins lieu de le penfer pour celles qui compofent la pierre D ES VSNCMI EN CE! 5. 48® pierre morte, puilque M. Varnier a eu féparément de ces huîtres appelées gryphites ou rateaux; qui font canelées, courbées un peur en arc, & dont les deux battans s’engrènent Yun dans l'autre par des efpèces de dents qu'elles ont fur leurs bords. De plus, il a encore envoyé des huîtres communes, enclavées dans une terre glaifeufe un peu verdâtre. Le territoire, ou, comme lon dit dans le pays, le finage de Nommecourt près Joinville, peut fe divifer en deux par- ties; la première eft compofée d'une terre que les gens du pays nomment franche herbue: quoiqu'ils la regardent comme froide, elle produit le plus beau blé, mais elle demande d'être réchauffée par le fumier. La feconde partie du finage eft d’une terre appelée faufle terre; le blé n'y vient jamais f beau que dans l'autre, il y eft plus fujet à la bruine, à la nielle & aux autres accidens qui arrivent à ce grain. La différence que j'ai obfervée entre ces terres, confifte principalement en ce que la franche herbue ne fe diffout en aucune façon à l'eau forte, au lieu que la faufle terre y fermente, lentement, il eft vrai, & forme promptement un fédiment au fond du verre. La couleur de ces deux terres ne diffère pas encore beaucoup; la première eft d'un jaune terreux ou d'un gris un peu jaune, la feconde eft jaunit-e. D'où peut donc venir 11 différence en bonté qu'il paroït y avoir entre ces terres, fuivant les obfervations journalières des habitans de Nommecourt, puifqu'il y en a fi peu à l'extérieur! L'expérience que j'ai faite en les foûmettant à * Faétion de l'eau forte, peut jeter quelque lumière fur cette queftion: celle qui fe diflont à l'eau forte eft apparemment chargée de trop de parties calcaires; quoique la fermentation - ne foit pas confidérable, elle a moins de ces parties de terre végétale qui font les plus propres à procurer une végétation forte & utile, Les parties calcinables que contient celle qui fe _ diffout en partie à l’eau forte, font qu’elle eft dans cas d’une terre trop marnée, qui brüle, pour ainfr dire, les jeunes embryons ou ne les nourrit pas autant qu'une terre végétale & meuble, dont les engrais font bien proportionnés, comme il paroît Mém. 1754: Ppp 482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que font ceux de Ia franche herbue de Nommecourt lorf qu'on la fumée, Pour améliorer la faufle terre, il faudroit donc y jeter des terres fortes, tenant un peu de la glaife, la Jabourer fouvent, mêler par-là les parties calcaires avec ces nouvelles terres, rompre leur trop grande aétion & rap- procher la qualité de cette terre de celle de la franche terre; elle ne demanderoit alors que les engrais que l'autre exige. Quoi que lon penfe de ces réflexions, on conviendra que l'expérience faite fur la faufle terre pourroit donner à penfer que Nommecourt feroit dans un pays de pierres à chaux, quand je n’en aurois pas d’autres preuves ; mais d'au- tres terres de ce canton, & les pierres que j'ai reçües avec ces terres & que je dois à M. l'Abbé Collet, Curé de cette paroifle, ne laiflent aucun doute à ce fujet. Quant aux terres, elles font toutes, excepté trois, pluf- t0t des fortes de marne que des terres proprement dites ; elles fe diflolvent à l'eau forte. La première de ces terres eft gris-de-fer; la feconde eft bleuâtre, & a une certaine dureté qui feroit dire qu'elle tendroit à devenir pierre; la troifième tient, pour la couleur, de la première & de la fe- conde; elle renferme des huîtres foffiles aflez groffes, cour- bées en gondoles ou en lampes antiques; elles fe trouvent auffi dans les pierres calcaires & bleuâtres ; la quatrième eft blancheître. ‘Toutes ces terres ou pluflôt ces marnes font fort grafles lorfqu'elles fortent des trous d'où on les tire, & fur-tout la troifième; mais lorfqu'elles ont paflé l'hiver à l'air, elles s'émiètent comme de la cendre, & elles échauflent tellement la terre où elles ont été mifes en tas, qu'il n'y vient pas un brin d'herbe la première année; ce qui failoit penfer à M. Collet qu'elles pouvoient être des marnes , conjedture que l'expérience a prouvé étre vraie, Ces terres {e tirent des mêmes trous, & dans l'ordre que j'en ai parlé. Ces tros fourniffent encore une marne blancheïtre, par- femée de grains plâtreux; ces grains du moins fe calcinent à la lumière d'une bougie, & ne fe diflolvent point à d'eau forte ni devant ni après la calcination, ce qui eft une pro- priété reconnue dans les plâtres. MPSNSErENCES 483 Les trois autres terres font des glaifes; l'une fert à foulér les étofles & les gros bas drapés, elle eft d'un gris terreux: les deux autres s'emploient à faire de la tuile étant mélées enfemble, l'une eft jaunûtre, l'autre eft noire. Ces glaifes ou ces marnes renferment quelquefois, à ce qu'il paroït, des matières pyriteufes, on en a outre cela trouvé près d'une fontaine: cette pyrite eft irréulière ou aplatie, d'un blanc brillant & propre aux pyrites de cette forte. Une furface d'un morceau étoit recouverte d’une fubf- tance noire, qui paroïfloit être du bois pourri: cette circon£: tance me feroit croire qu'elle s'étoit formée dans des glaifes, ces fortes de pyrites ainft incruftées d'un bois pareil fe trou- vant fouvent dans ces terres. Les pierres de ce canton font calcaires, celle dont on ÿ bâtit eft d'un gris cendré, fine, nette, aflez dure: elle tient de la nature des pierres dont on fait f1 cendrée de Tournai. La dureté de cette pierre ne lui vient qu'à l'air, & lorfqu'elle y a été expolée pendant un certain temps; elle eft fort tendre en fortant de Ia carrière. Celle dont on fait de fa chaux dans ce pays eft d'un blanc mat & d'un grain affez fin; elle a par endroits des efpèces de fibres qui me paroiffènt être des portions de ma- dréporés qui ont rapport à ceux qui fe remarquent dans de femblables pierres fibreufes: celle-ci eft de plus parfemée de oolithes fenfibles feulement à la loupe; leur petit nombre ef fingulier, & je ne me fouviens pas d'avoir vû des pierres avec des oolithes, en étre fi peu fournies. Une troifième reflembloit à 11 première pour la couleur & la finefle, mais elle fe difflolvoit dans l'eau forte promp- tement & avec bruit, au lieu que l'autre n'étoit attaquée par cet acide que lentement & de façon qu'elle n'y excitoit point dé bruit; elle différoit encore par-là de {a feconde; la troi- fième étoit recouverte fur une de fes furfaces d'une couche de petits cryftaux blancs, irréguliers & fpatheux. En remontant la Marne depuis Joinville jufqu'à Langres & Ys, on rencontre Foulain & Defnouveaux; les environs Pppi 434 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de ces endroits font auffi remplis de pierres de la nature des précédentes: celle dont on fe fert à Foulain pour faire de la chaux, eft une pierre jaunâtre, compofée de petits grains ronds & oblongs, femblables à ceux des pierres de Langres dont on a parlé plus haut. On pave à Foulain avec une pierre d'un blanc mat, d'un grain ferré, dur & fans mélange, elle fe tire de Vierville: celle avec laquelle on fait de la chaux eft des environs de Foulain. Le fol de Defnouveaux eft d’une terre très-légère, remplie de petites pierres qui font ordinairement le fumier de ce pays, qui donne du feigle & du froment: ce dernier grain n’y vient pas communément trop bien; le chêne y croit à merveille, le pays eft entouré de bois & il n’y a ni prairies ni vignobles. Defnouveaux eft fitué à lorient de Chaumont, fur un ruiffeau qui defcend d'Ys à Andelot, & qui va tomber dans la Marne. A un quart de lieue de ce ruifleau, on rencontre une carrière de pierres blanches calcinables: elle eft placée fur une hauteur qüi peut avoir plus de deux cens pieds au deflus du niveau de ce ruifleau, & le terrein fous lequel on tire la pierre de taille ou de blocaille, peut avoir une demi-lieue en longueur. On y travaille à voie ouverte, c'eft-à-dire à découvert par la fuperficie de la carrière: après la terre labourable, qui eft d'un jaune rougeätre, tirant fur la rouille de fer, on en trouve une d’un rougeître foncé, dont le banc a fix pieds de hau- teur; cette terre eft parfemée de morceaux de pierre blanche formée de quantité de faufles pifolites: deffous ce banc en eft pofé un autre d’une pierre femblable à la précédente, mais qui forme un banc continu d'environ deux ou trois pouces d'épaifeur, & dont on fait des carreaux. La pierre qui fuit celle-ci eft dure & rouge, & elle a deux pieds d’épaiffeur ; elle eft placée au deflus d'une qui eft d'un gris-blanc, éga- lement dure, remplie de cette efpèce de bivalve qu'on appelle poulette, lifle, ondée ou ftriée. On trouve encore dans ce banc des mafles confidérables de madrepores dont les trous font remplis d'une matière fpatheufe, ciyftallifée en très-petits cryftaux. Le banc fuivant eft de la même couleur DES SAC ILE N C.E 5 485 & de la même dureté, ou à peu de chofe près; il eft com- pofé de oolithes à moitié effacées, & parfemé de corps ronds ou oblongs qu'on diroit avoir été roulés, de parties fpatheufes en James & de poulettes flriées ou liffes, prefqu'entièrement abolies. Il a environ dix pieds de hauteur, il eft continu & fans aucune féparation ; quelquefois cependant il s'y en trouve, mais les maffes qui le divifent ainfi font toûjours de la même nature. Le dernier banc eft encore d’une pierre propre aux bätimens; elle eft plus dure & remplie de fils; elle renferme les oolithes & autres corps de 11 précé- dente, & elle eft de la même couleur. Après tous ces bancs de pierres, qui peuvent en tout former quinze pieds en hau- teur, on ne rencontre ni fable ni gravier, comme cela arrive dans beaucoup d’autres carrières. Le dernier banc de celle-ci va peut-être jufqu'au niveau de l'eau; on ne peut au refte en décider, puifqu'on ne tire point de cette forte de pierre: les joints qui fe voient entre les bancs de cette carrière ont bien une matière qui les remplit, mais c'eft une terre fem- blable à celle qui fuit la terre labourable. La face inférieure du bon banc eft recouverte d'une matière cryflallifée en lames plates, demi-circulaires, & peut-être fpatheufes, & il y auroit lieu de croire que cette matière s'étend fur toute fa longueur du banc. Le canton de Cheminon, qui eft entre Bar & S'-Dizier, donne une pierre aufli blanche que celle de Savonières, mais qui eft dure, difficile à travailler, & dont on fait du pavé pour les cours & les allées. A Boulancourt vers Bar-fur-Aube, on en tire d'aufli belle & d’auffi dure que la pierre de Liais: on sen fert à faire des cheminées très-propres, mais ele neft bonne que dans œuvre & au fec, parce qu'elle fe cal- cine à l'air & à l'humidité. Les environs de Soulaine, vit lage fitué à trois lieues au nord de Bar-fur-Aube, fourniffent, fuivant une obfervation de M. Defmareff, plufieurs fortes de corps marins foffiles, & entrautres des huîtres & des ourfins. La première couche des carrières de pierres, qui dans ce canton font calcaires, eft prefque toute compolée d'huitres : Pppii 486 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE . cette couche s'étend à deux lieues à l'oueft jufqu'à Efclance, & ce n'eft fans doute pas là qu'elle fe termine; on l'a fuivie jufqu’à cet endroit. Les ravines font voir de ces huîtres, elles ont été détachées des rochers voifins par les eaux : la mafe des pierres qui forment les couches inférieures des carrières en renferment, elles y font ifolées ; ces pierres font d’une très- bonne qualité. On obferve que les lits d'huîtres font à peu près à la même hauteur fur les croupes des côtes où les rochers viennent fe terminer. Vers le nord, le terrein au delà de Soulaine eft de terre noire; les rochers fe continuent au nord-oueft, & s'étendent fur une lieue de large jufqu'à Somme, qui n'eft probablement pas l'endroit où ils finiflent. On trouve entre Vitry & Châlons une craie en très- petits fragmens, qu'on appelle graveline, c'eft même le nom de la montagne qui en eft formée; on en fable les par- terres pour l'agrément: ces obfervations font encore dûes à M. Varnier. Celles de M. Terrier, Ingénieur des ponts & chauffées, m'ont fait connoître la craie de Barbery qui eft à trois quarts de lieue de Troies vers le nord-oueft, & celle de Chaudé, qui, de même que la première, renferme des morceaux de pinne marine, des poulettes flriées & des empreintes de grofles bivalves que la première na point. On trouve probablement dans la carrière de celle-ci des pyrites femblables à celles de Chaudé, quoique je n'en aie pas eu de cet endroit: celles de Chaudé font rondes, oblongues ou irrégulières, à facettes, & femblables à celles de Souligny, de Laines-aux-Bojs, & à celles des environs d’Arzelliers que je dois à M. Jobineau de la Doctrine chrétienne, à qui je fuis encore redevable d'un grand nombre d'obfervations fur les environs d'Avalon, que je détaillerai autre part. Les pierres qui m'ont été envoyées de Ricey par M. Gau- tier, Médecin de cet endroit, m'ont éclairé fur la nature du terrein de ce canton: ce font toûjours des pierres calcaires qui {e diflolvent entièrement à l'eau forteavec force & promptitude. Une de ces pierres fe tire à une lieue de Ricey, fur le territoire des Religieux de Molème, qui la vendent; elle eft d'un gris- DES SCIENCES 487 blanc, dure, un peu coquillère: un morceau renfermoit une poulette flriée, des écailles comme fpatheufes, femblables à celles des entroques. Elle contient des parties rondes, plus dures, plus brunes que le refle, & ne fe gèle pas au froid. La feconde pierre du canton de Ricey fe trouve près Ja chapelle Saint-Clair, du territoire même de cette ville; c'eft celle dont on fe fert le plus pour les murs en pierres non tailles : elle eft bife, dure, remplie de très-petits trous qui renferment une terre jaunâtre; fon boufm a des écailles fpa- theufes comme la précédente, & le morceau qui a été en- voyé étoit couvert de Zac lmæ jaunâtre, en mamelons. Proche d'une autre chapelle dédiée à Sainte-Sabine, en- core du territoire de Ricey, on tire une efpèce de «os fem- blable à cette pierre fi commune aux environs d'Orléans ou fur les bords de la Loire, & qui eft couverte de fi jolies dendrites. Celle de Sainte-Sabme eft d'un grain fin, uni, brun-terreux, lavée de jaunâtre, fans mélange, trouée feu- lement de petites cavités remplies de petits cryftaux fpatheux ; elle eft peu d'ufage, cependant elle entre dans la conftruction des murs comme celle de Saint-Clair. Une quatrième, nommée pierre de Saint-Antoine, parce qu'on la prend aux environs d'une chapelle dédiée à ce Saint, & qui eft du territoire de Ricey comme les deux précédentes, fert à faire les jambages des portes & des croi- fées ; elle eft tendre, d'un affez beau blanc, & n'eft qu'un amas de faufies pifolites très-petites, mélées avec de grofles qui font moins abondantes, Cette pierre reffemble à une dé celles que jai vües aux portes de la Charité & de Nevers. : À une demiïieue de Ricey il y a une métairie qui donne fon nom de Vannage à une pierre gris-blanc, dure, com- pofée d’un amas prodigieux de petites pifolites de groffeur diférente, & de grofies qui font oblongues & aplaties; Le total eft mêlé de filets fpatheux. À trois lieues de Ricey & à quatre de Tonnerre , eft un endroit nommé Balo, qui donne une pierre qui porte ce 488 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE nom ; elle eft velifle, grife & fouettée de jaunâtre : elle femble être compofée d'une quantité de grains, faufles pifolites, qui font aux trois quarts fondus & diflouts, de forte que ia pierre paroît, à la vüe fimple, unie & d'un grain continu : on y remarque quelques paillettes fpatheufes. On emploie à Ricey une efpèce de lave femblable à Ja pierre de Vannage, pour faire les voûtes des caves; une autre ui eft bife, compolée de très-petits grains oolithes, mélés de paillettes fpatheufes, fert à faire des tuiles dont on couvre les maifons: ces deux laves fe trouvent dans les environs de Ricey, ce que j'ai appris de M. Moutier, Ingénieur des ponts & chauflées, dont je tiens aufli que lon trouve dans les environs de cet endroit des poulettes & d'autres coquilles foffiles, & des grès. Tonnerre, dont il a été parlé plus haut, eft depuis ong temps connu par la bonté & la beauté de fa pierre: l'on en choifit préférablement à toute autre une forte pour la fculpture, & pour les autres ouvrages où l'on veut réunir l'élégance à la durée. C’eft d'une pierre des environs de Ton- nerre qu'on fe fert dans les bâtimens du Roï pour des ou- vragés de cette nature, & c'eft en conféquence de l'emploi qu'on y fait de cette pierre, qu'on a donné au banc de la carrière d’où on la tire, le nom de banc du Roi. L'endroit où fa carrière de cette pierre eff fituée n'eft pas proprement Tonnerre, mais Ancy: cette carrière a trois bancs, Îa hauteur de chacun eft de dix-huit, vingt & ‘vingt-deux pouces de hauteur: on en peut tirer des blocs de trois, quatre, cinq & fix pieds de long fur trois & quatre pieds de large, fuivant les échantillons que l'on donne. Une autre forte qui fe tire de la carrière des bois de Ja ville, peut donner des blocs à peu près des dimenfions qu'a la première : cette pierre eft très-bonne pour toutes fortes d'ouvrages de réfiftance, elle n’eft point fujète aux effets de la gelée; on l'emploie ordinairement dans le pays pour la première affife des gros bâtimens, pour les ponts, les moulins & autres ouvrages expofés à fair, La pierre DES SCi£ENCESs. 489 La pierre de la carrière de Montfarron entre dans Ja bâtifie commune, elle n'eft pas füre à la gelée; fes blocs les plus longs qu'on puifle en avoir font longs de trois à quatre pieds, fur deux pieds de hauteur & deux ou trois pieds de largeur. Outre ces fortes de pierres, qui font les meilleures du pays, il y en a quantité d'autres qui ne font propres que pour paver à grands pavés, & qui ne réfiftent point à la gelée: plus les autres vieilliffent, & pluselles deviennent dures; elles font toutes du genre des pierres calcinables. La première de ces pierres efk: d’un beau blanc de craie, comme la pierre Saint-Leu; celle de Montfarron eft peut- être un peu moins douce & moins unie: la feconde eft dure, mêlée de caïlloux bruns; vüe à la loupe, elle eft un peu poreufe. II y a des bancs de celle-ci qui font un peu plus blancs, & où les cailloux font plus abondans. La marne, la craie & les coquilles foffiles des environs de Damery, qui m'ont été apportées par M. Dumelle, dont j'ai parlé en 1746 à l'occafion des topafes du Bref, fixent la nature du fol de cet endroit: ceux d’Arcy-le-Ponfard font déterminés par les différentes pierres que je tiens de M. Branly, maintenant Chirurgien de la Compagnie des Indes. Il avoit ramaflé comme une pierre qui méritoit plus fon attention que toute autre, une efpèce de cos d'un gris plus où moins clair, coupé quelquefois de filets de 11 nature de Ja pierre à fufil, d'un grain fin, liffe, net. Cette pierre, que M. Branlay penfoit être l'état moyen par lequel le flex pañle, eft calcinable & propre à faire de la chaux: je crois qu'elle peut être regardée comme étant du même genre que les autres pierres de ce pays, qui le font auffi; elle n’en diffère que par une couleur moins blanche & par un grain plus fin. On -en voit de femblables, fuivant M. Branfay, aux environs de Ja Ferté-fous-Jouarre: le morceau qu'il en avoit apporté étoit d'un jaune laiteux avec des taches brunes, grandes, parfemées de petites dendrites horizontales, rayonnées & noires. Les environs de Château-Thierry & ceux de Villers en donnent de femblables. Les pierres à fufil de Luzancy & du bac qui Mn. 175 4 Qqq 490 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft proche, celles d'entre Fifmes & Arcy-le-Ponfard, & d’Arcy- le-Ponfard même, les pyrites qui varient par leur figure ronde, oblongue, cylindrique, courbe, qui fe ramaffent dans les envi- rons d'Épernay, & qui font fémblibles à celles de Reims, de Troies & de plufieurs endroits dont il a été parlé dans ce Mémoire, prouveroient en quelque forte que les pays où elles fe trouvent, font de la même nature que ces dérniers *. Quand je w’aurois pas eu d'autres obfervations fur les en- virons de Chälons-fur-Marne, que les fuivantes dûes à M. Navier, Médecin de cette: ville & Correfpondant de l'Aca- démie, ces obfervations, quoique fort fuccinétes, fufñroient cependant pour fixer les idées fu cette matière. Il ny a, m'écrivoit M. Navier, ni marbres, ni ardoifes dans ce canton les mines de fer font éloignées de cette ville de huit à dix lieues: on a cru trouver ici une mine de charbon de terre, miais on Ya abandonnée. On ne connoîit aucune eau minérale, ni ther- male, ni acidule; on trouve des pyrites fuffureufes martiales, très-belles: il y a des montagnes entières de cryftaux fpa- theux, les carrières de craie montrent quelquefois des mor- ceaux ou pelotons de coquilles entaffées & à demi calcinées. Le peu de grès des environs de Sens, les pierres blanches dont on y bâtit, la marne & les filex qui fe forment de- dans, doivent faire renfermer ce canton dans le pays mar- * J'en aï eu une preuve complète à mon retour de Reims. J’ai trouvé de la craie & des cailloux de pierre à fufil qui étoient bruns, veinés d’un brun plus foncé, à Gueux, à Tramey & à Bouleuvre: il m'a paru de plus, que les environs du château de Prun, qui. eft fur la droite de Tramery, & ceux de Faverolle, qui eft au deflus de Prun, renferment aufir de la craie, à en juger par les coupes des montagnes où ces endroits font placés. Ces cou- pes font d’un beau blanc de craie, & s’aperçoivent par conféquent de très- Join. Je crois donc pouvoir avancer que l’efpace qui eft enve Reims & ces endroïts eft, quant à la nature du terrein, femblable aux environs de Reims: il m'a même paru qu'il fe continuoit en paflant par Pafly- grigny jufqu’aux environs de Chaflin, » Vincelles & Hocreau, qui dépend de la paroifle de Trelon. Ces villages font placés fur la côte qui regarde Dormans, Jai vü de la pierre blanche à Pafly-grigny, de mêmé qu’au haut & bas Verneuil, mais j'ai cru aper- cevoir quelque différence dans le terrein un peu avant Chaflin & ces autres endroits. On y trouve du. grès qui fe mène à Épernai, à Fifmes & autres lieux aflez éloignés de Dormans, en remontant là rivièré. D'EIS ISuCL E N CES, 491 neux: fans doute que qui chercheroit avec foin, y trouveroit des coquilles fofliles. Je tiens même de M. l'Abbé Fénel, de l'Académie des Belles-Lettres, que l'on rencontre plufieurs -efpèces d'échinites à Palluau, village peu éloigné de Sens: j'ai un de ces échinites, ils font devenus cailloux, .ou, pour parler plus jufte, la coquille eft détruite, & ces échinites ne font que des pierres figurées dans des coquilles *. Enfm toutes les oblervations détaillées dans ce Mémoire concourent à prouver que la Champagne eft un pays rempli de marne, de craie & de pierres blanches calcinables, dans lefquelles on trouve en quantité des pierres à fufl; les bancs de giaile qui forment le ciel des carrières, en renferment: fouvent auffi des cantons fourniffent du grès, & quélques- uns de la pierre. meulière; les coquilles foffiles y font très- abondantes & le plus fouvent parfaitement bien confervées ; les mines de fer y font communes dans quelques endroits. En un mot, cette province eft une partie de la bande mar- neufe, comme je l'ai avancé dans mon Mémoire de 1746. Les cantons glaifeux, tels que font le Pertois & les pays de Valange & d'Argonne, ne font que des endroits chargés d’une mafle plus confidérable de ghife que celle qui recouvre fou- *° Lorfqu’en revenant de Lyon je paflai par Sens, & de là à Moret & dans les environs de Montereau- faut-Yonne, il me parut qu’on pou- voir renfermer ces pays dans la bande marneufe : on y voit de la marne & des cailloux de pierre à fufil qui fe forment daus cette marne. Il eft vrai que les grès deviennent com- muns à Morer &, vers Montereau, & que la pierre meulière s’y rencontre; mais, touût bien confidéré , ces deux efpèces de pierres, comme il paroît par ce qui a été rapporté dans ce Mémoire, fe trouvent aflez comm nément dans des terreins femblables. Quoi qu'il en foit, : Montereau , fur-tout, eft rempli de marne dans fes environs. Certe marne renférme dès pyrites Mitrioliques, des -pierres à fufl, & des efpèces d'huîtres qu’on pourroit ‘défigner par leurs furfaces lis & unies, par leur figure prefque demi-globulaire, & par deux efpèces d’aîles ou d'oreilles qui font parties de ce qu'on appelle le talon des co- quilles.. Ces coquilles font aflez bien confervées & entiérementfemblables, à celles qui fe trouvent dans Ja craie de Bougival près Saint-Cloud, Les terres & les pierres que j'ai eues de ce canton, n'ont rien qui ne puifle convenir aux terres & aux pierres des, pays marneux. C’eft ce que j'ai été à portée de conitater, par l’en- vor de ces foffiles que m’avoit fait M. Hill, Anglois de nation, qui aimoit les Arts & avoit. des connoïiffances dans l'Hiftoire Naturelle, : Qqaqi 492 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE vent les carrières de craie dans les cantons de cette province, qui font principalement compofés de cette fubflance crayeufe. Une pareille différence n'en eft pas effentiellement une, les glaifes étant propres à toutes fortes de pays. Les carrières d'ardoifes dont Mézières eft entourée, en forment pluftôt une, de même que les eaux minérales chaudes de Bourbonne- les-bains: j'en parlerai dans la feconde partie de ce Mémoire, afin de finir celle-ci par un mot fur quelques corps marins foffiles de cette province. L'un a été découvert par M. Fafcio dans les environs d’Autri-fur-Aifne, près Grandpré; les autres font du canton de Molefme: je les dois à M." la Comteffe de Rochechouart qui, par fon goût pour la Minéralogie, a contribué plus que tout autre à faire naître dans le pays qu'elle habite, l'efprit des recherches en ce genre. Les fofliles de Molefme font principalement de la claffe des coraux, & de ceux auxquels on a donné le nom d'af troïtes. Les étoiles d’un de ces aftroïtes font confidérables par leur grandeur, elles tapiffent les parois d'une cavité for- mée dans un morceau d'une pierre blanche & calcaire; un autre eft un compolé de petits cylindres ftriés longitudina- lement, & réunis par une terre blanche de la nature de fa pierre à chaux. La mafle qui en eft compofée a peu de con- fiftance, de forte que les cylindres fe détachent aifément les uns des autres, Un troifième doit être regardé comme une pierre encore calcaire, formée de ces petits corps ronds ap- pelés oolithes, & pénétrée de morceaix de madrépores: une de fes furfaces et recouverte de portions cylindriques & comme ramifées, d'aftrones devenus fpatheux. La mafle de la pierre eft parfemée de parties de ce fpath, & il y en a de plus un très gros morceau à facette qui y eft attaché. Enfin un quatrième de ces aftroites eft à petites étoiles, fes bran- ches font difperfées dans une pierre blanche de la nature des précédentes. Outre ces aftroïies, ôn trouve encore à Molefme des bucardites lifles, dés peignes à ftries moyennes, & fans doute plufieurs autres corps de cette nature, C'eft encore à la clafle des coraux qu'appartient celui des Cd DES SCIENCES. 493 environs d'Autry-fur-Aifne ; il eft du genre de ceux auxquels on a donné le nom de figues pétrifiées, & dont j'ai parlé en 1751 dans un Mémoire inféré parmi ceux qui com- pofent pour cette année le volume des Mémoires de Aca- démie. Les perfonnes qui aiment à tirer les noms qu'ils veulent impoler à certains corps, de la reflemblance que ces corps ont avec quelqu'autre; ces perfonnes, dis-je, pourroient ap- peler ceux dont il sagit, des concombres pétrifiés. Pour moi, n'étant point naturellement porté à admettre ces noms relatifs & éloignés, j'aime mieux les défigner par le nom que les Naturaliftes ont donné à ceux auxquels ils ont effen- tiellement rapport: je crois que ce font des madrépores qui varient par la figure, quoiqu'en général celte figure foit {a même dans chaque individu. Ces corps font toüjours oblongs, renflés dans leur milieu, ils ont ainfi la figure d’un fufeau plus ou moins alongé par fes bouts. Un de ces bouts, qu'on peut resarder comme l'inférieur, fe retrécit brufque- ment, & forme une efpèce de pédicule. Cette partie eft pro- bablement celle par liquelle ces corps étoient attachés lorf- qu'ils étoient dans la mer: leur longueur varie; il y en a dans le Cabinet de S. A. S. M. le Duc d'Orléans qui ont trois pouces de long, fur un pouce & demi de large dans la partie la plus renflée; d’auties un peu plus ou un peu moins d’un demi-pied de longueur, fur trois pouces de largeur ; d'autres ont près de huit pouces dans la première dimenfon, fur quatre pouces dans la feconde. La furfice extérieure eft criblée de très-petits trous ronds qui cominuniquent avec Yintérieur où ils forment, en s'y continuant, des tuyaux plus ou moins longs. Ces tuyaux paroiflent couper fous différens angles les parois d'autres tuyaux perpendiculaires, qui s'étendent en longueur depuis la bafe du corps juiqu'à fon extrémité fupérieure, de façon cependant qu'ils fe ramifient , s'anafto- mofent les uns avec les autres, & forment ainft des efpèces de réfeaux. Ce$ tuyaux perpendiculaires peuvent avoir une ligne de diamètre, les latéraux un quart de ligne; & . comme les premiers fe continuent, ainfi que je viens de le Qgqq ii 494 Mémoires DE L'ACADÈMIE RoYALE dire, jufqu'à lextrémité fupérieure, il fuit de à, que cette extrémité eft criblée de trous beaucoup plus apparens que ‘ ceux de fa furface extérieure. Le pédicule étant formé par la réunion de tous ces tuyaux qui fe font confondus les uns avec les autres, l'extrémité de ce pédicule ne doit pas être trouce : en effet, elle ne l'eft pas, ou que très-peu. Si l'on compare cette defcription avec celle que j'ai donnée des figues pétrifices, il fera aifé de $apercevoir que ces corps, & ceux dont il s'agit ici, ont beaucoup de rapport entreux, & qu'il n’eft pas trop poflble de les ranger fous des genres diférens, Ce n'a même été que pour compléter en quelque forte ce que j'avois dit en 1751, que j'ai cru devoir, dansce Mémoire-ci, donner la figure & la defcription de ces derniers. E XPILLCATLON\DÆE SE LGU BEM pan r repréfente une moitié d’un madrépore en fufeau, vûe extérieurement. 4, Bout fupérieur fpongieux & un peu café, de façon qu'on voit la continuité des trous avec les tuyaux 4 longitudinaux ou perpendiculaires. c, Surface extérieure criblée de petits trous. La figure 2 offre l'autre moitié de ce corps , vüe intérieurement. a, Extrémité fupérieure fpongieufe: on remarque facilement que ce qui, la rend ainfi fpongieufe, eft le nombre des tuyaux 4 longitudi- naux & perpendiculaires qui finiflent à cette extrémité, apres s'être anaftomofés intérieurement. C, Tuyaux latéraux qui communiquent avec les perpendiculaires, & qui forment, par leur bout extérieur, le pointillé « de la furface vüe dans la première figure. La figure 3 eft celle d’un corps femblable en fufeau, mais com- : primé latéralement: on y diftingue aifément l'extrémité fupérieure fponsieufe 4, les tuyaux longitudinaux 4, & le pointillé c. Pons y P Mer, de KAcR des Se 1784 Lay. 494 Pl, _ ATIVE A UN MEMOIRE DE M: GUETTARD .. Mem de LAe.R des Se 1784.Pag 404. Pl 128, @ Hide © Gr ec Caulou ou Pierre Bees Myrcasvue où : a ad Lrrde Peru gineus ; e- Gravier © Perre meulueré NB. Zontame Alnerale Poule ] g mn n 2 page Mem de lAzR feur8g Pig. 408 18. ES Eouber 7, Opin à Aubenton T- Ê à 5 Re HAI E / K VS ) D rs NE & la Mon Ce Hole à n” Do ET CM Æ) M: CT rie : Lu re Æ RE LR ne &\E F RE > la Ferté ever Zruare 7 e—< #7 E\C x A fAÏL O N s4 | Rumiru | ) Anglire Aube Rd Provins L Mare. Æù = À at Avis vur/hçéè # G N bat eur Sene CA RAT 721 Bryv C2 Fr # À nitirA tAmartce da Eurare 7 Vléneuve no 77 a À Zur _ "Vine au Bois £ Lun To pra Pontsur Yonne 4 & Sens £ Both Bout |A Mars Pliaroes & Pleneuve _ Jouy : GR omance À de Roi # TRS & Arts EE À {ar Ai à a AMslar nie SE Tonnerre 7" cables © Se Auxerre gs & À cn me Qt Explication des Caracteres @ Arte e—< Cuou e—cCulln roule 7 THRIOIS à Ye+ | ntane Nétuncou Vu = Honéne on qe, enr Y ur June CT Man C2 Péérre à Cire bande C9 re blu M Fortune mue- rale chande SE Jyuñ © Pérre meube Charer | Alinerule Froude ts DES SCHtENCES. 495 MWOAHISTOIRE DES MALADIES ÉPIDÉMIQUES DE 1754, Obférvées à Paris en même temps que les différentes q he températures de l'air. Par M. MAaLOUIN. + expliqué dans les Mémoires de cette Académie, années 1747, 1749, 1750, 1751 & 1753,Ccomiment les maladies, aufli-bien que la vie, dépendent fur-tout de Fair & des alimens; il n’eft point de Phyficien qui n’en convienne, & cette vérité met les Médecins dans la néceffité d'obferver la température de l'air & la nature des alimens dans chaque pays. Les obfervations fur les épidémies, dont je rends compte chaque année, étant faites à Paris, je me trouve en quelque forte obligé d’expofer en général quel eft le climat de cette ville, & la manière de vivre de fes habitans. Elle eff fituée dans une plaine où font plufieurs collines; fa diftance du premier méridien , c'eft-à-dire fa longitude, eft de 20 degrés: __ fi on obferve dans fa partie la plus méridionale, fa latitude, … ceft-à-dire fa diflance de l'équateur, elle eft de 48 degrés $o minutes 10 fecondes. = Paris a l'inconvénient des grandes villes par rapport à la … fälubrité de Fair, qui eft que la quantité d'animaux de toute … efpèce qu'il renferme, & les immondices qu’on porte dans les … marais & fur les terres des environs, remplifient l'air d'exha- _ daifons qui le rendent plus épais & moins pur; mais ce qui remédie, du moins en grande partie, à cet inconvénient, ceft que l'air y eft renouvelé par les vents qui changent fou- vent dans ce pays. Depuis que je fais des obfervations météoro- logiques, il ma paru que le nord-oueft eft celui qui y À | ; 8 Février 1757: 496 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE dominé le plus, & qu'au contraire le fud-eft y eft le plus rare: le nord-oueft devient encore plus humide qu'il ne l'eft ordinairement, en entrant dans Paris, paffant au travers du bois de Boulogne, qui eft à la porte de la ville de ce côté-là. Le fud-oueft amène prefque toüjours de la pluie dans Paris: le nord-eff, qui eft je plus fec de tous les vents, eft en même temps Île plus chaud en été & Le plus froid en hiver. La température de l'air change fouvent à Paris, comme les vents; les deux extrêmes du chaud & du froid, obfer- vés pendant plufieurs années, comme pendant quarante ans, y font éloignés de 46 degrés: la liqueur du thermomètre eft defcendue, dans l'hiver 1709, à 15 degrés au deflous de la congélation; & au contraire, dans Fété 175 3, ellea monté à 31 degrés au deflus de ce terme. La mer, qui eft à en- viron 3 0 lieues de cette ville, en diminue fa froïdure lorfque le vent vient de loueft: ce vent apporte au centre de Paris, au bout du Pont-neuf, un air pur, c'eft-à-dire qui n'eft point encore mêlé des exhalaifons de cette ville, parce qu'il y arrive de la campagne mème, en paflant par le grand vuide que fait au milieu de Paris la rivière de Seine qui coule de l'eft à l'oueft, ce qui y procure l'effet d'un ventilateur. Pour ce qui eft de la profondeur de la Seine, elle varie fouvent; auffi il y a eu 28 pieds 4 pouces + pour la plus grande différence en hauteur. Cette rivière a eu dans la plus grande inondation, qui fut le 11 Juillet 1615, 28 pieds 10 pouces de profondeur; & au contraire, le plus bas où elle foit defcendue, ce fut le 13 Oétobre 1731, qu'il n'y eut que 1 0 pouces + d'eau dans le pays haut vers la Bourgogne, & 1 pied 1 1 pouces & demi au pays bas, vers la Normandie, L'eau de cette rivière pañle pour être falutaire; elle eft un peu faxative, c’eft ce qui fait que la plufpart des perfonnes qui ne font point accoûtumées à en boire, ont le dévoie- ment lorfqu'elles commencent à en faire ufage. Les Parifiens font dans l'habitude de boire beaucoup d’eau, & on peut dire qu'en général ils en ufent trop, parce qu'ils en boivent non feulement à leurs repas & le matin, mais auffi ct te 5e sd de ne nd 4 M bante tré co di à: sd » PRET EVER DIBIS UNS NC E EN CE sr auffi dans le cours de la journée. Le peuple eft fujet à faire ‘excès de vin le dimanche, après avoir ainfi Dû trop d'eau pendant la femaine. Je crois qu'on peut dire qu'il n’y a point de ville au monde où l'on boive autant de vin & où l'on mange autant de pain qu'à Paris. Il y a aufft à Paris des eaux de fource, favoir, celles d’Ar- cueil & celles du Pré-Saint-Gervais. Ces eaux font moins léoères & plus dures que celle de la Seine, mais elles font plus fraîches & plus pures. L'eau d'Arcueil contient une grande quantité d'une efpèce de fel félénitique qui n’eft point mal-faifant, comme on le croit vulgairement; c’eft une efpèce de fel fédatif. J'ai parlé de la nature & des propriétés du fel félénitique dans les Mémoires de l'Académie des Sciences . (année 1745) en traitant du fel de Ia chaux. On ne veut point fe baigner à Paris dans les eaux des fontaines, dont cependant on boit: on fait puifer l'eau à la rivière pour Îles bains. Les Parifiens ont encore un autre préjugé à cet égard, ils ne fe baignent pas dans l'eau de la rivière après qu'il a plu, & ordinairement ils en boivent dans ce temps-là même, c'eft-à-dire, ils font difficulté de fe fervir, pour {e laver, d'une eau dont ils boivent. î On fait ufage dans les maifons de fontaines fablées pour chrifier l'eau de ka Seine, qui eft fujette à être trouble après les grandes pluies; mais il vaudroit mieux l’épurer par le repos feulement, parce que l'eau, en traverfant le fable, devient plus pefante : air, d'où dépend fur-tout la légèreté des eaux, ne pale pas à travers le fable, comme fait l'eau. Les eaux des puits de Paris ne fervent qu'à laver, elles ne font pas bonnes à boire, parce que les terres par lefquelles ces eaux paflent, ne font pas pures fous une ville aufii habitée que Paris, fur-tout à caufe des fofles des lieux. La quantité d’eau de pluie’ qui tombe dans cette ville, eft d'environ 20 pouces en hauteur, année moyenne, On ne peut pas dire que l'air de Paris foit humide en général, ce qui contribue à rendre le climat de cette ville bon pour {a fanté. Le mercure dans le baromètre eft le plus fouvent, Mém. 17 54 Rrr 498 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à Paris & aux environs, de 27 pouces 10 lignes, mais il varie ordinairement tous les jours, & quelquefois même d’une heure à l'autre. Les variations du baromètre, celles des vents & celles du thermomètre, fuppofent effentiellement de grandes variations auflt dans le poids de l'atmofphère ou dans la température de l'air; ce qui eft un defavantage, parce qu'en général les changemens fubits du temps font la vie courte, en interrom- pant la Nature & en changeant fes façons d'agir: c'eft ce qui a fait dire à Bacon, dans fon Traité de la vie & de Ja mort, que les viciflitudes de Fair font les principales caufes de la deftruétion des êtres vivans. On peut cependant dire que l'air de Paris eft aflez fain; fes habitans ne font point fujets à avoir des maladies particulières, fr ce n'eft la soueure ou le rachitis des enfans & les pertes ou fleurs blanches des femmes. Ces maladies font plus communes dans la capitale que dans la province, comme elles le font plus dans les villes qu'à la campagne, ce qui tient beaucoup aux mœurs, & non pas feulement à la température de l'air. Certain excès de propreté des femmes de Paris peut caufer ou augmenter les pertes blanches auxquelles elles font fujettes. JANVIER. La température de l'air a peu varié pendant ce mois; le froid a infenfiblement augmenté depuis 2 degrés au deflous du terme de la congélation, où étoit la liqueur du thermo- mètre le 1.” de ce mois, jufqu'à 7+ degrés où elle ef defcendue le dernier jour. Le thermomètre eft différent felon les divers quartiers & les diférentes heures où on lobferve : le 8, M. de Reaumur avoit à 12, M. le Monnier à 14, & moi à 10, tandis que M. le Camus ne l'avoit qu'à o. M. le Monnier obferva la Lune très-matin ce jour-là; le Soleil fit remonter rapidement le thermomètre : il arrive ainfi des froids paflagers & inconnus, la nuit. Ce jour-là 8, il eft tombé de la neige fondue. Le baromètre eft monté extraordinairement haut dans ce édite ms DES US CTEN CE 499 mois: le 21, il a été jufqu'à 28 pouces 7 lignes, & il étoit à 28 pouces & demi la veille & le lendemain. Le vent eft le plus fouvent venu de loueft, auffi l'air a été plus humide que fec: le vent d'oueft eff, comme je l'ai dit dans les Mémoires précédens de cette Académie, celui des quatre vents principaux qui eft le plus humide. I eft tombé en Janvier la hauteur d'un pouce 6 lignes de pluie. La plus grande hauteur de Ia rivière, pendant ce mois, a été le 20, de 12 pieds 8 pouces au deflous de Paris en defcendant à Rouen, & de 11 pieds 7 pouces au deffus en montant à Auxerre; & les plus baffes eaux ont été le 15, de 8 pieds 10 pouces au deflus de Paris, & de 9 pieds 11 pouces au deflous. I y a eu pendant ce mois beaucoup de morts fubites & des hémorragies; il y a aufli eu des maux de gorge, des rhumes & des fluxions. M. Fournier a eu occafion d’obferver des éréfipèles; M. Macquer à fait la même obfervation. Il s'eft préfenté à l'Hôtel-dieu en Janvier, 246$ ma- lades; il y en avoit déjà le 1.” de ce mois, 2765. Année 17S25 page 120. Il eft mort pendant ce temps à Paris, 1847 perfonnes; r hommes & 856 femmes. I! eft né 2189 enfans, favoir, 1120 garçons & 1069 filles : de ces 2189 enfans, on en a porté aux Enfans- trouvés 390, favoir, 202 garçons & 188 filles. H s'eft fait dans le cours de Janvier, 406 mariages. FER E"R: Le froid a été grand dans ce mois, fur-tout au commen- cement; la liqueur du thermomètre eft defcendue le 8 à 1 1 degrés £ au deffous du terme de la glace: à {a mi-Février elle a remonté au deflus, & à la fin du mois elle a été tantôt au deflus, tantôt au deffous, variant d'un jour à fautre. Le mercure a encore été fort haut dans le baromètre: il a prefque toûjours été au deflus de 28 pouces, il eft même monté jufqu'à 28 pouces & demi. Rrri soo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le vent a prefque toûjours été nord, prefque jamais fud, fouvent nord-oueft, rarement nord-eft. Il y a eu dans le milieu du mois un dégel complet & très-doux ; air a été fort humide pendant ce temps, & au contraire il a été bien fec au commencement & à la fin du MOIS. | L'eau de la pluie n'a eu que 11 lignes en hauteur, mais il eft tombé une quantité extraordinaire de neige. La plus grande hauteur qu'ait eu la Seine dans ce mois,’ a été de 15 pieds 1 pouce au deffous de Paris, & de 14 pieds au deflus: les plus baffes eaux ont été à 6 pieds 7 pouces au deflus de Paris, & au deffous 7 pieds 8 pouces. IL y a eu pendant ce mois des maladies de la faïfon, favoir des rhumes, des douleurs de dents, des fièvres catarrales, des inflammations du poumon avec des douleurs au côté gauche de la poitrine. Il s'eft préfenté à l'Hôtel-dieu pendant ce mois, 2258 malades, il en étoit refté du mois précédent 2889. IL eft mort à Paris en Février, 2129 perfonnes, favoir, 1183 hommes & 946 femmes. Il eft né pendant ce temps, 2113 enfans, 1020 gar- çons & 1093 filles: de ces 2113 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 372, 171 garçons & 201 filles. Le nombre des mariages eft monté à 736. MARS. Le temps a été affez égal pendant ce mois; le froid n'a pas été grand: la liqueur du thermomètre a toüjours été près du terme de la glace, pluftôt un peu au deflus qu'au deffous. Le baromètre n’a pas extraordinairement varié; le mercure s'eft toüjours foûtenu au deflus de 28 pouces dans le com- mencement du mois, il eft même monté jufqu'à 28 pouces $ lignes; mais vers la mi-Mars il eft defcendu à 27 pouces 3 lignes : le refte du mois, il a toùjours été aux environs de 28 pouces. Le vent eft venu le plus fouvent du nord: le 11 & le 12 DES SGIENCE:s. 505. du mois, il a été violent; le 24, fur les fept heures du matin, le vent nord-eff a été véhément, c'étoit le vent équinoétial : c'eft ordinairement le troifième jour de léquinoxe que le changement de temps eft plus fenfible. Le vent a coûtume ‘être impétueux dans le temps des équinoxes, lorfqu'ils fe rencontrent dans la pleine lune ou dans {a nouvelle, M. le Monnier l'Aftronome ‘ma dit que le 27, la Lune avoit paflé par le méridien fur les trois heures après midi, & j'avois obfervé, le même jour & à fa même heure, qu'il tomboitun peu de pluie; ce que je ne rapporte que comme une rencontre fingulière, & fans en tirer de conféquence. L'air a été fec pendant ce mois, il n'eft tombé que $+ lignes de pluie; ce qui n'eft pas étonnant, le temps ayant été égal par un vent de nord, & le baromètre ayant le plus fouvent été haut. L'eau de la rivière a baïflé jufqu'à n'avoir que 4 pieds 11 pouces de profondeur au deflus de Paris, elle avoit 6 pieds au deflous; fa plus grande hauteur en Mars a été de 9 pieds r1 pouces au deflous de Paris, & de 8 pieds 10 pouces au deflus. | Les maladies épidémiques de ce mois ont été des pleu- réfies, ou pluftôt de faufes pleuréfies qui étoient des fièvres catarrales avec douleur de côté. M. Belletefte & d’autres de mes confrères m'ont dit dans ce temps, qu’ils avoient à traiter beaucoup de pleuréfies gangréneufes avec envie de vomir, fans qu'on püt faire rendre aux malades de la bile par les vomitifs, qu'ils avoient des douleurs dans les côtés, que leur pouls étoit ferré, que malgré les faignées réitérées ces accidens fubff toient toüjours, & que les malades mouroient en peu de jours; ils m'ajoutèrent que le kermès & les incififs-béchiques, qu'on emploie ordinairement avec fuccès dans les pleuréfies & dans les fluxions de poitrine, étoient alors fans effet dans ces maladies. Mon avis, fondé fur l'expérience, fut de traiter ces malades, qui ne toufloient point ou que très-peu, par les éva- cuans & par les délayans, non point par les adoucilans: les évacuations faites par les faignées ne foulageoïent pas comme Rrr iij $02 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE celles que l'on faifoit par les purgatifs; cependant la faionée y avoit plus lieu en général que les fudorifiques & les diurétiques. Au refe il falloit fe propofer tous ces moyens dans le traite- ment de ces maladies, & infifter feulement plus fur les uns que fur les autres, felon leurs effets, qui étoient prefque toûjours meilleurs de la part des purgatifs. Les délayans les plus fimples, comme efl l'eau, y réuflifloient mieux aufli que ceux qui étoient trop chargés. Pour les diaphorétiques, il falloit les choifir pour qu'ils n'échaufaffent point, tels que la bourroche ; je faifois prendre du jus de cette herbe dans les intervalles des bouillons, & quelques cuillerées dans les bouillons même; j'en failois mettre aufir le marc dans la boiïffon des malades. J'ai obfervé dans ces cas, que la purgation devenoit quel- quefois un diaphorétique; le reflerrement du pouls ne devoit pas empêcher de purger dans ces maladies: on a un purgatif relâchant, détendant & adouciffant, très-convenable dans les maladies de la poitrme; c'eft l'huile d'amande douce, dont il faut aider l'effet par des lavemens fimples & par des pur- gatifs. M. Boyer, Médecin de la généralité de Paris, fut mandé pour traiter ces maladies populaires dans la campagne ; il ob- ferva que dans un des villages le dévoiement gucrifloit ces malades, il prit le parti de traiter les autres par les purgatifs, & il réuffit. IL nous a rapporté qu'il y en avoit eu qui avoient été pris de cette maladie tout d’un coup, que la tête s'étoit embarraffée, & que la plufpart de ceux-là étoient morts fort promptement, en moins de deux jours. On a dit qu'à Mar- {eille il y avoit dans le même temps des rhumes avec fièvre, dont on mouroit en quarante-huit heures. M. Petit, Médecin de M. le duc d'Orléans, m'a dit que ha faignée étoit mortelle dans cette maladie épidémique; que quoiqu'il y eût un grand crachement de fang, il faifoit vomir, purgeoit, & faifoit appliquer des veflicatoires avec fuccès. Il y a auffi eu pendant ce temps des fièvres tierces fort opiniâtres & des fièvres fluxionnaires. M. Morand na dit qu'il y avoit beaucoup de fcorbut à Dies #9.G I: ELN CE: 593 Hôtel des Invalides, qu'il s'en préfentoit chaque jour une douzaine. On a reçû à Y'Hôtel-dieu en Mars, 266: malades; il y en avoit le 1.” de ce mois 2874. Il eft mort 2572 perfonnes, favoir, 140 s hommes & 077 femmes. Il eft né pendant ce temps, 2121 enfans, 1103 gar- çons & 1018 filles: de ces 2121 enfans, on en a porté à l'hôpital des Enfans-trouvés 42 3, favoir, 2 19 garçons & 204 filles. H ne s’eft fait à Paris que 30 mariages dans tout le cours de ce mois. AVRIL. Ce mois a cette année été plus froïd que chaud, eu égard à ce qu'il eft ordinairement : Ia liqueur du thermomètre a fou- vent été au terme de Ia glace, & même les premiers jours elle eft defcendue le matin à 4 degrés au deffous. Le baromètre a peu varié, il a prefque toüjours été aux environs de 28 pouces; il a defcendu les premiers jours du mois à 27 pouces & demi, & il eft monté les derniers jours à 28 pouces 3 lignes. Le mois d'Avril, qui ordinairement eft humide, a été fc cette année, quoique le vent foit fouvent venu du fud- ouéft, qui, dans ce pays, donne ordinairement de Ia pluie. La hauteur de la pluie qui eft tombée pendant ce mois, a été _de 2 pouces 3 lignes. La rivière a été beaucoup plus haute dans le commence- ment & à la fin du mois que dans le milieu: la plus grande hauteur de Feau a été de $ pieds 11 pouces au deffous de Paris, & de 4 pieds 10 pouces au defflus; les plus bafles eaux, au contraire, ont été de 3 pieds 1 1 pouces au defius de la ville, & de s pieds au deffous. Le vent a fouvent été fud-oueft, comme je fai dit; ïl a auffi été fud & fud-eft. Le 3, le vent étoit plein fud, & cepen- dant Fair étoit froid, parce que vrai-femblablement ce vent / so4MÉmMoirEs DE L'ACADÉMIE RoyaLE qui venoit du fud étoit un vent nord-eft, renvoyé par un courant d'air du fud. La température de Yair, par rapport au froid & au chaud, a paru n'être pas ce mois-ci relative, comme elle L'eft ordinairement, aux vents du nord & du fud, puifqu'il a fait froid le vent étant fud, & chaud le vent étant nord : les deux derniers jours, la liqueur du thermomètre eft montée après midi à 24 degrés au deflus de Ja congélation, le vent étant nord. I y a eu dans ce mois beaucoup de fièvres violentes avec inflammation de poitrine, & des péripneumonies dans lef- quelles les faignées réuffifloient moins qu'à l'ordinaire:les autres évacuations, fur-tout celles qu'on procuroit par les felles, étoient falutaires : il étoit bon auffr d'entretenir la tranfpiration. M. le Monnier le Médecin a obfervé à Saint-Germain-en- Laye, par l'ouverture de ceux qui mouroient de ces maladies, que la gangrène étoit à la partie où étoit le fiége de la douleur ; qu'un des côtés du poumon étoit par-là adhérent aux côtes, &, que cette partie de la plèvre étoit fort épaïfle. Les accidens de cette maladie épidémique n’avoient pas la vivacité de linflammation fimple & effentielle de Ja plèvre: le point-de-côté venoit d'un des lobes du poumon, doulou- reufement engorgé dans une partie, & les malades rapportoient cette douleur inflammatoire à la partie correfpondante de la plèvre, à laquelle elle communique fon mal. Comme l'in- fammation de la plèvre, qui eft rare, peut altérer la partie du poumon qui y répond : fouvent, & promptement, Ia partie du poumon enflammée fe colle à la plèvre & la gâte. L'ouverture des corps morts de cette maladie fait foi de tout cela. M. Lieutaud, Médecin de la Charité de Verfailles, qui en a fait ouvrir plufieurs dans ce mois, me la confirmé: l'ouverture des cadavres a fait voir auffi à Paris qu'il y avoit de la gangrène dans ceux qui étoient morts de ces maladies de poitrine. Le danger de cette maladie venoit cette année de ce qu'elle étoit compliquée par un vice dans les liqueurs du corps: c'eft ce vice du fang qui produifoit les maladies fcorbutiques qui fournifloient alter értte AC Sn de à nd ” + F. @ SCIENCES. s0$ fournifloient tant de malades aux Hôpitaux. M. le Camus, Médecin de la Faculté de Paris, dit avoir remarqué que deux perfonnes, plus que feptuagénaires, après avoir été parfaite- ment guéries de ces, fluxions de poitrine, eurent, pendant leur convalefcence, des taches livides aux jambes & quelques hliétènes ou véficules remplies d’une efpèce d'eau. Les Médecins de l'aflemblée qui fe tient tous les premiers jours de chaque mois, au fujet des maladies populaires, décidèrent le premier Avril, que les purgatifs étoient extraordinairement utiles dans celles de ce mois; que les faignées, au contraire, y étoient préjudiciable. M. Petit, Médecin - Anatomifte de la Faculté, nous dit qu'il avoit auffi employé dans ces cas des véficatoires avec fuccès, J'ai oblervé qu'il y a eu dans ce mois beaucoup de per- fonnes qui fe font plaintes d’hémorroïdes : il y a aufli eu des maux de gorge opiniâtres, fans douleur aigue & fans fièvre. IL y a encore eu de la petite vérole, plus à la campagne qu'à la ville: il y en a eu beaucoup à Montrouge près. Paris; jy ai fait, chez M. le Duc de la Vallière, une obfervation à l’occafion d’une fille de treize ans qui avoit gagné la petite vérole d’une demoifelle de quinze ans, dont elle étoit la complaifante; elle fut prife par des douleurs de tête & de reins, par un abattement avec mal de cœur & débordement d’humeurs bilieufes par haut &c par bas. Je la fis purger auffi- tôt par le haut & par le bas, la nuit & le jour, fans violence; mais fans relâche, jufqu'au matin du quatrième, que j'aperçûs une éruption à la peau, de petits boutons naïflans de petite vérole, qui furent reconnus aufli par tous ceux qui ap- prochoient la malade : je lui donnaï encore fur le champ une purgation, comme j'aurois fait dans une maladie de la peau par humeurs, ce qui emporta le refte de l'humeur de la petite vérole, qui, fermentant avec les liqueurs du corps, particu- Jièrement avec celles qui s'évacuent naturellement par la tranfpiration , auroit formé des petits dépôts d'humeur à Ia peau. L'éruption n’augmenta pas, elle fe diffipa même par les évacuations des felles : enfuite la malade fut pendant quelques Mém. 1754: St 506 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE jours au régime d’une convalefcente, & j'apprends qu'elle s'eft toûjours bien portée depuis. Je crois qu'elle eft plus füre encore de n'avoir plus la petite vérole que fi on l’avoit inoculée, parce que l'humeur de la petite vérole a été purgée dans le temps même que la Nature la mettoit en mouvement & en faioit l'épuration. Je dois rapporter à cette occafion un fait que j'ai vû arriver à Paris il y a quelques années: une femme d'environ trente ans étoit au quatrième jour de l’éruption d’une petite vérole confluente fort abondante, Jorfqu'elle fut faifie violemment par la nouvelle d'une chofe ficheule; elle fut prife d’un friflon, la petite vérole difparut, {a malade étouffoit & avoit des angoifles terribles; l'émétique, joint au cordial, enfuite les lavemens & les purgations, la tirèrent de ce mauvais état, fans qu’il ait reparu depuis de petite vérole, & la malade s’eft bien portée. Les vieillards font morts en très-grand nombre & fort promptement dans ce mois d'Avril, ce qu'on peut vrai-fem- blablement attribuer au temps qui a précédé, plus qu'à autre chofe. Cette obfervation apprend à favenir que lorfqu'il y aura un été fec & chaud, enfuite un hiver froïd & fec, les vieillards auront à craindre le printemps fuivant, & ils auront à fe précautionner par un régime capable de remédier à ces intempéries de l'air, comme ont fagement fait Madame Ia Comitefle de Sandwich & M. de Fontenelle, deux perfon- nages fort âgés & bien refpeétables , dont la fupériorité d’efprit seft fait connoître dans le foin qu'ils ont mis à conferver leur fanté comme dans les autres actions de leur vie. Dans le courant d'Avril il seft préfenté à l'Hôtel-dieu 2659 malades; il en étoit refté du mois précédent 3026. I eft mort à Paris 2974 perfonnes, 171$ hommes & 1259 femmes. I eft né pendant ce temps 1957 enfans, 960 garçons & 997 filles : de ces 1957 enfans, on en a porté aux Enfans trouvés 402, favoir, 206 garçons & 196 filles. On a fait 220 mariages, DESMISICTENCES 507 M À L Le mois de Mai a été fort doux, en général il a été plus chaud que froid; le plus bas où foit defcendu le ther- momètre dans la ville, c'eft à 8 degrés le matin, & il eft monté jufqu'à 30 l'après-midi. Les variations du baromètre ont été fréquentes, mais peu confidérables ; il a toûjours été aux environs de 28 pouces, lus fouvent au deflus qu'au deflous, mème les jours qu'il a plu; il eft monté vers la moitié du mois jufqu'à 28 pouces 3 lignes. Le vent eft venu plus fouvent du fud que de tout autre côté; il y a eu plufieurs jours des éclairs, il y a aufli eu un orage le 27. La féchereflé à été extrême dans ce mois, il n’a plu que les derniers jours; il eft tombé 1 pouce 6 + lignes de pluie en hauteur. La plus grande hauteur de la Seine a été de 4 pieds 7 pouces au deflus de Paris, & $ pieds 8 pouces au deflous; les plus baffes eaux ont été à 3 pieds $ pouces au deflus, & 4 pieds 6 pouces au deflous. Le vent de fud ayant dominé dans ce mois, & le ciel ayant fouvent été couvert, il y a eu beaucoup de maux de tête: les fluxions ou inflammations de poitrine ont été moins dangereufes en Mai, qu'en Avril. J'ai vû des malades d’une fièvre continue avec langueur, qui avoient en même temps une fièvre intermittente dont l'accès revenoit de deux jours l'un; ils fouffroient outre cela d'une douleur au côté de la poitrine, qui ne s'en alloit pas avec l'accès, mais feulement lorfque cette fièvre étoit guérie, la continue fubfiftant encore. J'ai obfervé qu'à mefure qu'on affoiblifloit la tierce, on diminuoit la douleur de côté; ce -qui prouve qu'elle en dépendoit, & que c'étoit une fièvre catarreufe, dont l'humeur fe faifoit fentir fur les chairs, puif- que les malades en fe tournant & fe mettant dans certaines poftures augmentoient leur douleur, qui au contraire ne chan- Sff i 508 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLr geoit nullement dans les plus grandes infpirations. Cette fièvre paroiffoit tenir de la fièvre catarreufe putride des mois précédens; quelquefois elle étoit maligne, & le dépôt s'en faifoit à la poitrine, au lieu qu'il fe fait le plus fouvent à Ja tête dans les fièvres malignes. M. de la Sône m'a dit avoir vû dans ce mois de ces maladies de poitrine qui étoient avec fièvre maligne. | M. Ferrein & Macquer m'ont dit avoir vù dans ce temps des malades qui fuoient continuellement & abondam- ment pendant trois jours, après lequel temps ils fe fentoient foulagés, & la purgation achevoit leur guérifon : fi on em- ployoit plus tôt les purgatifs, ils faifoient difparoître la fueur, & les malades guérifloient pareïllement. Le 14 de ce mois, on a ouvert la maïfon de Saint- Louis, qui eft un hôpital dont on ne fe fert que lorfqu'il a à Paris des épidémies extraordinaires & contagieules : c'eft pour le fcorbut qu'on la ouverte cette année, il y efl entré fept cens malades en quinze jours. M." Dejean & Belletefte, Médecins de cet hôpital, m'ont dit que les hommes ont été plus malades que les femmes, & qu'il mouroit aufli plus d'hommes que de femmes; ce qui vient non feulement de ce qu'il meurt plus d'hommes que de femmes en général, comme je l'ai obfervé depuis plufieurs années, mais auffi parce que les maladies caufées ou augmentées par une intempérie sèche, telle qu'elle a été dans l'hiver & dans le printemps de cette année, nuifent moins aux femmes dont le tempérament eft naturellement humide, aux hommes dont le tempérament eft en général plus fec ; d'ailleurs les hommes font plus expofés aux intempéries de l'air que les femmes, qui font plus fouvent à couvert. Ces Médecins m'ont dit que les hommes avoiént de par- ticulier, un flux de ventre d’humeurs fondues & puantes, des douleurs dans les jointures & mal à la bouche. Pour les enfans, ils avoient un grand mal de tête & des tranchées ; c'eft de ces douleurs d'entrailles qu'eft venu, felon quelques Auteurs, le nom /co:bwik. 5 DIFIS SCIENCE S. 509 Il y avoit à l'Hôtel-dieu le 1.” Mai 3143 malades, & il en eft entré dans le cours du mois 1487. Il eft mort 2227 perfonnes, favoir, 1312 hommes & 15 femmes. I eft né 1980 enfans, 982 garçons & 998 filles: de ces 1980 enfans on en a porté 407 aux Enfans-trouvés, 213 garçons & 194 filles. 11 s'eft fait pendant ce temps 388 mariages. J'UTN. Îl a fait confidérablement chaud pendant ce mois; le ther- momètre eft monté jufqu'à 30 degrés au deflus de o, favoir, le 14 & le 15 du mois : au refte la température de Pair a été fort égale, le baromètre a peu varié entre 28 pouces une ligne & 27 pouces 7 lignes. Le vent a quelquefois varié du fud au nord, mais il a le plus fouvent été à l’oueft, c'eft pourquoi l'air a été hu- mide: il a fouvent plu, mis chaque fois il eft tombé peu de pluie; il n’en eft tombé dans tout le cours du mois que 9 lignes & un cinquième, La rivière a été fort haute pour K faifon; elle avoit 10 pieds 2 pouces au deflous de Paris, & 9 pieds 1 pouce au deflus: les plus bafles eaux ont été à $ pieds 6 pouces dans le pays bas, & à 4 pieds $ pouces dans le pays haut. I y a encore eu en Juin de ces fièvres catarreufes pu- trides qui avoient fait mourir tant de monde les mois pré- cédens. M. Ferrein dit dans l’aflemblée de la Faculté du 1. du mois, qu'en général les faignées n’avoient pas bien réuffi dans ces maladies, & que les purgations y convenoient mieux ; il a ajoûté que c'étoient de faufles péripneumonies, qu'il n'y avoit point là d'inflammation éxquife, que c’étoit la péripueu= monia notha de 1662, décrite par Sydenham, & celle de 1663, décrite par Ramanzini. M. le Camus a-obfervé que les maladies les plus com- munes de ce mois ont été des fluxions à la tête, des bourdon- nemens & des douleurs d’oxeilles, qui quelquefois produifoient S ff ü 510 MÉMOIRES PE L'ACADÉMIE ROYALE une furdité, facile à furmonter par les remèdes généraux. On comptoit dans le mois de Juin qu'il y avoit déjà eu à l'Hôtel des Invalides fept cens foïxante fcorbutiques; on avoit commencé dès le 14 de Mars à y marquer une falle féparée pour les foldats fcorbutiques: il faut favoir qu'il y a ordinairement dans cette maïfon trois mille militaires invalides. Les fymptomes les plus ordinaires qu'avoient ces malades, étoient des échymofes plus ou moins larges aux bras, aux jambes, aux cuifles & même à la face, ou des petites taches pourprées , larges comme des morfures de puce, l'haleine puante, l'ébranlement & la carie des dents, les gencives en- gorgées, livides, faignantes, & quelquefois ulcérées, la tenfion du bas- ventre & le pouls lent & tardif : quelquefois ces fignes étoient précédés d'une fièvre lente qui duroit quelques jours; quelquefois ils étoient annoncés par de fréquens accès d’afthme, par une refpiration plus ou moins laborieufe qui duroit pen- dant tout le cours de la maladie. Tous ceux dont le mal a dégénéré en hydropifie, en font morts : peu de ces malades ont eu la diarrée ou des coliques; il y en a encore eu moins qui aient eu la dyfenterie ou des hémorragies, Il y a eu à Verfailles des maux de gorge avec fièvre & des taches rouges à la peau, fans élévation ; elles étoient chaudes, même brülantes; elles duroient neuf à dix jours, & à la fin elles fe terminoient par un petit bouton fuppurant. I eft entré à l'Hôtel-dieu 1 104 malades; il en étoit refté du mois précédent 2240. Il eft mort 1487 perfonnes, favoir, 806 hommes & 681 femmes. I éft né 1863 enfans, 948 garçons & 915 filles : de ces 1863 enfans, on en a porté 350 aux Enfans-trouvés, 172 garçons & 178 filles. I s'eft fait dans ce mois 30$ mariages. HUM LE F. Ce mois a été moins chaud qu'il n'a coûtume de l'être dans ce climat; fe thermomètre eft cependant monté jufqu'à nil di Left T7: + D SE . DIE S)6 CALE N Cxs. sit 30 degrés, mais il eft retombé fi fubitement, & le froid, qui étoit humide, a été fi fenfible depuis le 1 $ jufqu'au 2 r, que l'on trouvoit communément des mouches mortes; ce qui montre auffi combien le froid affeéte les corps vivans. En général, la température de l'air a beaucoup varié pen- dant ce mois, & le baromètre auffi ; le plus bas où il foit defcendu, c'eft à 27 pouces 4 lignes, & le plus haut où il foit monté, c'eft à 28 pouces 2 lignes. ë Le vent d’oueft a dominé pendant ce mois, aufi l'air at-il été humide; il eft tombé 1 pouce 2 + lignes de pluie. L'eau de la rivière eft montée jufqu'à 7 pieds $ pouces au deflous de Paris, & à 6 pieds 4 pouces au deflus: les plus baffes eaux, au contraire, ont été, au deflus de la ville, à 3 pieds 4 pouces, & au deflous à 4 pieds $ pouces. J'ai obfervé qu'il y a eu ce mois de Juillet des éréfipèles au vifage, qui tournoient autour de a tête. Il y a eu à Compiegne des maux de gorge, avec de petits boutons & de la fièvre. Il y a eu dans ce temps des rougeoles qui duroient plus à l'ordinaire. M. le Camus a eu occafion de voir des ma- Jades de coliques bilieufes, qui ont procuré des évacuations favorables : il a obfervé auffi qu'après les rrougeoles il reftoit encore de la fièvre & de la toux, & qu'enfin da fièvre guérie, il reftoit encore de la toux. H eft entré à l'Hôtel-dieu 13 54 malades; il y en avoit le 1.” du mois 1781. I eft mort pendant ce temps 1319 perfonnes, favoir, 747 hommes & 572 femmes. Il eft né 1788 enfans, 926 garçons & 862 filles: de ces 1788 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 304, 3159 garçons & 145 filles. Îl s'eft fait en Juillet 426 mariages. AO ST. Le mois d'Août a été chaud, le thermomètre eft monté jufqu'à 30 deprés; à Ja fin du mois, il eft defcendu à 11 s12 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE degrés; vers la mi-Août la chaleur a augmenté, il fembloit que c'étoit le temps le plus chaud de l'année, parce que quoi- qu'il y ait eu en Juillet, & même en Juin, quelques jours ou quelques heures où l'air a été plus chaud, la chaleur ayant été plus continue en Août, elle a été auffi plus fenfible : le baromètre n'a pas beaucoup varié; a plus grande hauteur a été de 28 pouces 1 ligne, & il n'eft pas defcendu plus bas que 27 pouces 8 lignes. Le vent d’eft a dominé pendant ce mois, & l'air a été fort {ec ; il n'eft tombé que 6 + lignes de pluie. L'année a été plus favorable qu'à l'ordinaire pour les avoines, on les a moiflonnées avant les fromens: au refte, la moiffon a été aflez abondante; le temps a été favorable pour la faire. La rivière a été extraordinairement bafle pendant ce mois, fur-tout les derniers jours; elle n’avoit qu'un pied 1 1 pouces au deflus de Paris, & 3 pieds au deflous: le 1.” d’Août elle étoit encore de 4 pieds $ pouces dans le pays bas vers Rouen, & de 3 pieds 4 pouces dans le pays haut vers Auxerre. La maladie la plus commune pendant ce mois a été le mal à la gorge avec enflure des amygdales, fans fièvre ou avec peu de fièvre; les favemens & les vomitifs guérifloient affez facilement ce mal de gorge. M. le Camus a obfervé que le meilleur gargarifme qu'on y pouvoit employer, étoit la décoétion de bugle, qui. de tout temps a été recommandable dans ces cas, à peu près comme eft la brunelle. On a vû beaucoup d’enfans malades de la coqueluche; il y en a eu aufli dans les penfions qui ont eu la petite vérole, mais elle n’a pas été dangereufe. I! y a eu beaucoup de perfonnes attaquées &e folie pendant ce mois, qui a été le plus chaud de l'année, comme j'ai obfervé qu'il arrive ordinairement en temps chaud. Il y a eu aux environs de Paris des fièvres putrides avec redoublemens: dans le temps des redoublemens, les malades tomboient dans un afloupiffement &'un accablement ef- frayans, parce que cela étoit accompagné d'une difficulté de refpirer, rÉRALONE tnbosean den d dec 2 DES SCIENCES. 513 refpirer. Les vomitifs & les purgatifs, & enfin le régime, guérifloient ces fièvres. M. Maty, Médecin de Londres, y a obfervé aufft dans fe même temps une fièvre continue, pour laquelle il a dit que les violentes faignées ne convenoient point, non plus que des véficatoires; qu'un léger vomitif, fuivi de remèdes calmans & de doux diaphorétiques, réufliffoit mieux. Cette fièvre . étoit fouventaccompagnéed’éruptions fanguines & de violentes demangeaifons ; cette maladie fe terminoit quelquefois par des diarrhées ou par des dyfenteries qu'il étoit dangereux d'arrêter, autrement la fièvre redoubloit, & il furvenoit du délire & des mouvemens convulfifs. | On a reçû à 'Hôtel-dieu 1371 malades; il y en avoit encore le 1.” du mois 1771. I eft mort 1 141 perfonnes, 5 $ 2 hommes & $ 89 femmes. Il eft né 1847 enfans, 924 garçons & 923 filles : de ces 1847 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 293, favoir, 157 garçons & 136 filles. H s'eft fait pendant ce temps 277 mariages. SEP TEAM BRIE. Ce mois a été fort tempéré; le plus bas où ait été le thermomètre, c'eft à 9 degrés au deflus de la congélation les premiers jours le matin, & il eft monté jufqu'à 28 de- grés l'après-midi : la température de l'air a été fi conftamment chaude, qu'il y a eu des pommiers en Normandie qui ont refleuri, de forte que les arbres avoient fleurs & fruits en même temps. Le baromètre a peu varié; il eft monté jufqu’à 2 8 . pouces 3 lignes, & il n’eft defcendu qu'à 27 pouces 1 o lignes. Le vent ft prefque toüjours venu du côté du nord, cependant j'ai obfervé que le ciel a le plus fouvent été couvert. ? : JUPE La fécherefle a été grande pendant ce mois, ce qui a été À “contraire à l'agriculture: il n'eft tombé dans tout le mois que deux cinquièmes de ligne de pluie. La profondeur de 1a rivière a été au deflus de Paris à Mém. 1754: TE s14 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoyALE 17 pouces, & à 2 pieds + au deffous; la plus grande hauteur au deffous de la ville a été de 3 pieds 1 pouce, & 2 pieds au deflus. Suivant les obfervations du Doéteur Maty, faites en An- gleterre, les fièvres continues, dont nous avons parlé les mois précédens, y ont régné auffi, & on s’y eft confirmé que la faignée n'y convenoit point en général. ù Les maladies courantes de ce mois ont été des petites véroles & quelques dyfenteries; il y a aufli eu des dévoiemens, qui ont été pernicieux aux vieillards. J'ai fait une obfervation qui eft d'autant plus füre, que j'y ai fait plus d'attention, à caufe de la fingularité de la chofe. Plufeurs perfonnes, quelques heures, quelques jours même avant que de tomber malades, avoient perdu la mémoire; ils ne favoient ce qu'ils difoient, parce qu'ils ne fe fouvenoient plus de ce que l'inftant d'auparavant ils vouloient dire; ils lifoient bien , la-plufpart parloïent bien , mais ils n'exprimoient aucune penfée. J'ai vü dans ce cas des perfonnes de tous états; un de nos plus beaux efprits, & qui eft un de nos meilleurs Écrivains, a été auffr dans le même cas avant une fièvre catarreufe. Ils ne tomboient pas tous malades de la même maladie; la plufpart avoient une fièvre continue : j'en ai vû qui ont eu une fièvre miliaire , d'autres la diarrhée, quelques-uns la dyfenterie. H eft entré à l'Hôtel-dieu 1 536 malades; il y en avoit 1.” du mois 1786. If eft mort 1199 perfonnes, 625 hommes, & 574 femmes. I eft né 1913 enfans, favoir, 972 garçons & o41 filles : de ces 1913 enfans, on en a porté 327 aux Enfans- trouvés, 155$ garçons & 172 filles. On a fait à Paris, pendant le mois de Septembre, 365 mariages. ONC°T'O"B "RE: La température de F'air a peu varié, par rapport au chaud ia i L: $ pires Serre NcEes sr jufqu'à la fin d'Octobre, que le temps s'eft refroïdi, & fa liqueur du thermomètre et defcendue à 2 degrés au deflus de la congélation, au lieu qu'au comniencement elle avoit monté juiqu'à 19 degrés; mais on peut dire que ce mois a été tempéré & aflez beau: il a plus varié en Angleterre; äl y aété humide, & en général plus froid qu’en France. . Le baromètre n'a pas fouvent varié, mais fa variation a . été grande; en trois jours il eft defcendu à 27 pouces, de 28 pouces 4 lignes où il étoit monté. Le vent, après avoir été nord-eft les premiers jours, a beaucoup changé le refte du mois :le vent qui a foufflé dans le temps des équinoxes , a été cette année, le 11 & le 15 Oétobre, violent, & de l'oueft, ce qui a amené de Ja pluie; dès le 9, il ceffa de faire fec, par un orage avec éclairs & tonnerre. Il eft tombé ce mois-ci prefque autant de pluie que les trois mois précédens pris enfemble; il en eft tombé 1 pouce 7 + lignes. La rivière a été extraordinairement baffe; elle a été à 16 pouces feulement au deflus de Paris, & à 2 pieds $ pouces au deflous. Les maladies ont beaucoup porté à la peau dans le mois _ d'O&obre, en fueurs, & quelquefois mème en boutons. Ces Le boutons étoient rouges fous la peau, & il y en avoit d’autres fur la peau qui étoient blancs: ces fièvres miliaires étoient fouvent avec mal à la gorge, & le pouls étoit mauvais. La décoction de bouroche, de creffon & de chardon beni, a bien réufli dans ces maladies. . I ÿ a eu quelques fluxions de poitrine, des maladies de plénitude & des attaques d'apoplexie. On a reçû à l'Hôtel-dieu 1730 malades ; il y en étoit refté 1923. I eft mort 1416 perfonnes, 740 hommes & 676 femmes. IL eft né pendant ce temps 1895 enfans, 913 garçons Ttrij 516 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & 982 filles : de ces 1895 enfans, on en a porté aux Enfans-trouvés 346, favoir, 1 63 garçons & 183 filles. Le nombre des mariages monte à 424. NOVEMBRE. La température de Fair a été égale pendant ce mois; elle a été affez douce dans le commencement, le thermomètre eft monté encore à 14 degrés au deflus du terme de la glace, mais elle eft devenue plus froide à la fin: le dernier jour du mois, il eft defcendu à 6 degrés au deflous de la congélation. Le baromètre n’a pas fouvent varié, mais fes variations ont été confidérables; il eft monté plufieurs fois à 28 pouces 2 lignes, & le 9 il defcendit à 26 pouces 9 lignes: il y avoit alors un vent violent, & il tomboit une pluie forte. Le vent fud & le fud-eft, qui n’eft pas commun dans ce pays, ont aflez régné pendant ce mois; il y a eu des brouillards qui étoient peu humides, On peut dire que ce mois a été pluf- tÔt fec qu'humide; il eft tombé 1 pouce $ + lignes de pluie. La hauteur de l’eau de la Seine eft defcendue à 20 pouces au deffus de Paris, & à 2 pieds 2 pouces au deflous: à Ja fin du mois, elle a remonté à 4 pieds 8 pouces au deflous de Paris, & à 3 pieds 7 pouces au deflus. Ï y a encore eu dans le mois de Novembre les mêmes maladies qui avoient régné pendant le mois d'Oétobre, favoir, des fièvres continues avec redoublemens, des éruptions à la peau & douleur à la gorge. Les malades rendoient une quantité prodigieufe de bile, de glaires & d’humeurs âcres & puantes, ce qui indiquoit d'employer les évacuans de ces humeurs, ce qu'ôn procuroit mieux par la voie des inteftins & de l’eftomac que par les autres couloirs du corps. M. le Camus a obfervé que plufieurs malades de ces fièvres n’ont guéri enfin que par le quinquina, après les purgatifs réitérés: il a obfervé aufr que la tête de ces malades, malgré quelques délires fugitifs qu'ils avoient les nuits des premiers jours, étoit en füreté tant que le ventre demeuroit libre, naturellement ou par l'art. un “tu Pres S'ér E N'C'E $! S17. I seft préfenté à l'Hôrel-dieu 1890 malades; il y en avoit déjà 2106 le 1. du mois. Il eft mort 1 39 0 perfonnes,7 89 hommes & 60 1 femmes. H eft né 1753 enfans, 866 garçons & 887 filles: de ces 1753 enfans, on en a porté aux Enfanstrouvés 318, favoir, 142 garçons & 176 filles. | I s'eft fait 548 mariages à Paris dans ce mois. DÉCEMBRE. Ce mois n'a pas été froid; la liqueur du thermomètre eft montée jufqu'à 13 degrés au deflus de la congélation l'après-midi ; cependant elle defcendit le 2 de ce mois, le matin, à 9 degrés au deflous. Le mercure dans le baromètre a le plus fouvent été au deflus de 28 pouces, il y eft méme monté jufqu'à 28 pouces 4 lignes; & le plus bas où il foit defcendu, c’eft à 27 pouces lignes. Le vent a été très-fouvent nord, quelquefois fud: il a été très-violent vers la moitié du mois, fur-tout le 13, _& il y eut ce jour-là des orages. Ù En général, ce mois a été plus humide que fc; il eft tombé r pouce 6 lignes de pluie. La plus grande hauteur de la rivière a été 4 pieds 10 pouces au deflous de Paris, & 3 pieds 9 pouces au deflus: fes plus bafles eaux ont eu 4 pieds au deffous de la ville, & 2 pieds 11 pouces au deflus. I y a eu peu de malades dans ce mois’: on a vû quelques maux de gorge, des dévoiemens & des coliques avec de la fièvre; mais cette fièvre n’étoit qu'accidentelle, elle cédoit, comme la maladie principale, aux purgations & au régime. H eft entré à l'Hôtel-dieu 20 39 malades, &' il y en avoit déjà le 1” du mois 2428, quoiqu'il y eût peu de malades dans fa ville; ce qui vient de ce qu'on eft plus fenfble aux befoins & aux maladies dans le mauvais temps que dans le beau, fur-tout les pauvres. I eft mort 1636 perfonnes, favoir, 896 hommes & 740 femmes, Titi] 518 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Il eft né 1721 enfans, 890 garçons & 831 filles : de ces 1721 enfans, on en a porté 302 aux Enians-trouvés, 161 garçons-& 141 filles. Il ne s’eft fait que 18 mariages dans ce mois. RE C\AYP TT 0 L'ALT I ON HIER Cette faifon a été complète, longue & sèche. Le jour le plus froid de cette année a été le 8 Février; la liqueur du thermomètre eft defcendue ce jour-là à 11 degrés + 2 au deffous du terme de la congélation. ' Cet hiver a été mortel pour les vieillards: l'automne pré- cédent, ils avoient été extraordinairement incommodés d'en- flures dé jambes, comme je l'ai rapporté dans l'Hifloire des épidémies de l'année dernière, PR LINOT: ES MSP: 5 Le printemps de cette année a été fort fec, fur-tout jufqu'aux derniers jours de Mai. IL s’eft déclaré beaucoup de fcorbut dans cette faifon : c’eft dans le printemps que les maladies d'humeurs fe manifeftent plus ordinairement , comme la lèpre, la petite vérole , &c; anciennement c'étoit dans le commencement de cette faifon que les Magiftrats jugeoient de la Ièpre. ERT.E. Le commencement de l'été a été fort humide, & la fin fort sèche : il a fait très-chaud cet été, le thermomètre eft monté jufqu'à 30 degrés au deflus de zéro. Depuis le 18 Août jufqu'au 22 Septembre fuivant, on a fenti quatre-vingt-cinq fecoufles de tremblement de terre dans l'ifle d'Amboina, voifine des Molucques. Suivant les nouvelles qu'on a reçües des Indes orientales, la D à des édifices publics & particuliers ont été enverfés , & la terre s'eft entrouverte en plufieurs endroits-dans cette ifle. Je crois qu'il n'y a point d'année où il ne fe faffe quelque tremblement de terre confidérable en quelque partie du globe: je crois DR, Des GE NC, E, S. 519 auffi qu'il s’en fait fouvent, dans la partie de notre continent, qué nous n'apercevons pas, ou que nous attribuons à une autre caufe. Il eft bon de les obferver ; un grand nombre d'obfervations fur les tremblemens de terre nous mettroit peut-être en état de les prévoir & de s'en garantir. AUTOMNE. L'automne de cette année a été plus fec qu'humide ; il y a eu quelques jours pluvieux & des brouillards, mais cela a été rare; le refte de cette faifon a été fort doux, tempéré, même beau ; le commencement a été chaud, il fembloit que l'été étoit revenu. H y a eu beaucoup de malades dans le commencement de cet automne; il eft entré à Avon, qui eft un des hôpitaux de Fontainebleau, quatre-vingt-quinze malades pendant le voyage du Roï, au lieu que l'année précédente il n’y en a eu, pendant le même temps, que quarante- cinq. RES Ce LUI AT: I y a eu cette année beaucoup de fruits de toutes les efpèces, à l'exception des pommes qui ont manqué tout-à- fait & par-tout. On 1 fait les vendanges plus tard qu'à ordinaire, & par un temps favorable, cependant les vins ne font pas des meil- leurs; ils font moins bons qu'ils n'étoient l'année précédente, - ce qui vient de ce que la vigne, par l'intempérie de l'air, a été trop long-temps en fleurs, & que les grappes étoient inégalement mures. $ J'ai remarqué que la verdure des arbres a duré cette année plus long-temps qu’à l'ordinaire, ce qu'on peut attribuer à la _ féchereffe du printemps qui avoit retardé le travail de la sève, dont le mouvement a duré très-long-temps, ce qui a fait que la verdure s’eft entretenue pendant l'humidité de l'automne. L'eau de la rivière a été auffi bafle cette année qu'en 1719, c'eft-à-dire, de 16 pouces dans le pays haut au deflus de Paris, en montant jufqu'à Auxerre, & de 2 pieds $ pouces 520 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans le pays bas au deflous de la ville, en defcendant jufqu'à Rouen; ç'a été le 7 Odtobre. Par la plus grande crüe, qui a été le 20 Janvier, la Seine a eu 12 pieds 8 pouces de profondeur au deffous de Paris, & 11 pieds 7 pouces au deffus. La hauteur de la pluie tombée pendant toute cette année eft de 14 pouces 7 + lignes, ce qui fait une année sèche. Un vice fcorbutique a produit cette année diverfes com- plications & différentes maladies, felon les différentes parties du corps fur lefquelles il a été porté: fur la poitrine, des efpèces de fluxions de poitrine; fur les inteftins, des flux d'humeurs pourries, ou des dyfenteries, &c. On a reçû à l'Hôtel-dieu dans le cours de l'année 242 10 malades ; le mois où il en eft le moins entré, c’eft en Juin, & au contraire c'eft en Mars qu'il en eft le plus entré. I eft mort à Paris 21337 perfonnes, en y comprenant es perfonnes religieufes & les religionnaires, favoir, 118$ hommes & 9486 femmes; le mois où il en eft le plus mort, -ceft en Avril, & le mois où il en eft le moins mort, c'eft en Août. H eft né 23140 enfans, 11624 garçons & 11516 filles : de ces 23140 enfans, on en a porté aux Enfans- trouvés 4234, favoir, 2120 garçons & 2114 filles. Le mois où il efl plus né d’enfans, c'eft en Janvier, & le mois où il en eft le moins né, c’eft en Décembre. IL s'eft fait cette année dans Paris 4143 mariages; les mois où il s'en eft le plus fait, c'eft en Février & en Novembre, & ceux où il s'en eft le moins fait, c'eft en Mars & en Décembre. y, 11 MÉMOIRE Re . DES LS! CI E N CES s21 PACE M LR E SUR L'ORBITE APPARENTE DU SOLEIL Autour de la Terre, en ayant égard aux perturba- cions produites par les actions de la Lune à des Planètes principales. Par M CLAIRAUT. E lus à l Académie, au commencement de l'année 1747, une folution du problème des trois corps, qui, fut la bafe, tant des premières approximations, que je donnai dans la même année, des orbites de la Lune, de la Terre & de Saturne, que de la théorie très-détaïllée de la Lune, qui parut en 17 5 2. La nouvelle détermination que je donne maintenant de l'orbite de la Terre, n’eft encore, comme la première, qu’une application très-fimple & très-direéte de ma folution du problème des trois corps, mais elle eft beaucoup plus exaéle, tant à caufe des circonftances auxquelles j'ai eu égard pour Yaétion de la Lune, que parce que j'ai confidéré auffi celle des Planètes principales, dont je n’avois pas penfé en 1747. à mefurer les forces perturbatrices. . En calculant l'effet de la Lune fur l'orbite de la Terre, Jai eu égard à l'excentricité de cette orbite; attention qui m'avoit pas paru néceffaire d’abord, & qui cependant intro- -düit dans le calcul du lieu deux équations comparables à celle “qui. étoit déjà connue. Quant aux dérangemens produits par les planètes princi- ales, je n'ai pas eu égard à plus de circonftances que M. b B Euler ne a fait dans la belle pièce qui vient de remporter le Prix de l’Académie fur la mème matière. Mais comme. ma folution du problèmedes trois corps n'a paru d’un ufaga plus facile, dans cette occafion, que la fienne, je n'ai pü. ne. Mém. r 754 Vuu 9 Juillet 1757- 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE refufer à l'envie d'en faire l'application, & j'ai cru qu'on mé fauroit gré d’avoir examiné de mon côté une matière aufft importante pour l'Aftronomie; ce que je ne dis en aucune manière dans la vüe de diminuer la confiance que l'on doit avoir dans l'habileté de M. Euler, mais feulement pour ex- citer les Aftronomes à faire ufage des formules qui réfultent de deux méthodes très-différentes dans le principe & dans l'exécution. Un motif m'engage encore plus particulièrement à fuivre maintenant cette matière: les Recherches aftronomiques très- délicates que M. l'Abbé de la Caille a faites fur le Soleil, tant à Paris qu'au cap de Bonne-efpérance, me mettoient à portée de. favoir promptement fi l'obfervation s'accordoit avec la théorie à cet égard. C’eft une fatisfaction que j'ai eue, au moyen de la comparaifon que cet Académicien a pris a peine de faire de mes Équations du mouvement du Soleil avec les lieux de cet aftre qu'il a obfervés: on la trouvera à la fuite du beau Mémoire qu'il nous deftine fur les élémens de fa théorie du Soleil. En attendant, on verra dans celui-ci un eflai d'application que j'ai fait moi-même de mes formules fur l'aétion de la Lune. Je les ai comparées à un affez bon nombre d’obferva- tions du Soleil, que M. l'Abbé de la Caille a eu la bonté de me communiquer, réduites comme le demandoit la queftion. J'ai tiré de cette comparaifon une détermination de Ia mafle de la Lune, que je defire de voir confirmée par un plus grand nombre d'obfervations, mais qui peut avoir dès-à- préfent un degré confidérable de probabilité. Il eft vrai que ma théorie me conduit à ne fuppofer à la Lune qu'une mafle fenfiblement moindre que celle que Newton a trouvée, en partant de fes Recherches fur le flux & reflux de la mer; mais outre que fa méthode emploie des obfervations très-incertaines par leur nature, je ferai remar- quer qu'elle eft contredite par celles que M.* Bernoulli & Euler ont fuivies pour le même objet, ces Savans ayant pré- tendu que les phénomènes des marées ne demandoient pas que ét EE LE ttamecet dd te DESTSICTEN CES 523 la Lune eût une auffr grande maffe que le prétendoit l'illuftre Anglois: d'ailleurs, fa nutation de l'axe dela Terre, qui demande encore la confidération de la mafñle de la Lune, a conduit M." d'Alembert & Euler à un réfultat également moindre que celui de Newton. J'ai donc la fatisfaction de me ren- contrer avec ces habiles Mathématiciens, en partant de con- fidérations extrêmement différentes des leurs. Quant aux maffes des planètes principales, qui ne font pas encore connues, la manière de les déterminer par les obfervations du Soleil deviendroit trop compliquée & trop incertaine, fi l'on étoit obligé de les employer toutes; mais comme deux des trois mafles inconnues, celles de Mars & de Mercure, paroïflent devoir être aflez petites pour ne pas produire d'effet fenfible fur 1e mouvement apparent du Soleï la queftion eft bien-tôt réduite à {a détermination de la mafle de Vénus, qu'il eft très-poffble de tirer des obfervations, malgré la petitefie de l'objet à mefurer & l'extrême précifion que fa mefure exige. Dans cette rencontre, comme dans” beaucoup d'autres, telles que la fixation du lieu moyen, de celui des apfides, &c. le nombre des obfervations peut très- bien réparer l'incertitude qui eft dans chacune d'elles. La méthode la plus direéte & la plus fûre pour la déter- mination de la mafle de Vénus, auroit demandé qu'on eût un grand nombre d'obfervations du Soleil dans les temps où lation de la Lune eft nulle; mais M. l'Abbé de la Caille n'ayant prefque pas d'obfervations dans les circonftances que demandoit cette méthode, il m'a fallu avoir recours à un autre: moyen moins parfait en lui-même, mais qui paroît cepen- dant d'une exactitude fufffante, Ce moyen eft fondé fur ce que l'ation de Vénus variant peu pendant 1x diftance d’une quadrature de la Lune à fa fuivante, on peut fixer affez bien la mafle de la Lune, fans être obligé de connoître que très- médiocrement la maffe de Vénus. Ainfi, par un tâtonnement très-facile, on fépare les deux difficultés de la queftion: Ja première étant réfolue, il ne faut plus, pour venir à bout de la feconde, que parcourir la - Vuu ij 524 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fuite des équations que ation de Vénus, fuppolte d'abord de mafle égale à la Terre, donneroit pour tous les lieux du Soleil obfervés, & chercher enfuite dans quel rapport conf tant il convient de diminuer ou d'augmenter toutes ces équa- tions pour les faire quadrer le mieux qu'il eft poffible avec les obfervations. Par cette méthode, on trouve qu'une mafle qui feroit environ les deux tiers de celle de la Terre, con- viendroit aflez bien aux lieux du Soleil obfervés par M. l'Abbé de la Caille. Au refte, les Aflronomes qui voudront examiner toute cette queftion par leurs propres obfervations, le pourront avec la plus grande facilité, au moyen des Tables que je donne ici; mais lorfqu'ils en prendront la peine, je leur recom- mandérai, fuivant la méthode dont je viens de donner une idée, de faire une partie de leurs obfervations dans le temps des conjonétions de Vénus, & l'autre vers les fyzygies de la Lune. Un moyen de vérifier la théorie par les obfervations, que jinvite encore les Aftronomes à pratiquer, ce feroit de prendre les temps où les actions de Jupiter, de Vénus & de la Lune fe réuniflent pour produire les plus grandes différences: j'in- dique ici ces temps; la différence totale peut aller alors à environ une minute. Peut-être doit-on attribuer à cette caufe les variétés que l'on a trouvées dans l'équation du centre du Soleil en là cherchant direétement, fans avoir égard aux effets des Planètes. | Avant de donner les calculs qui m'ont conduit aux nou- velles équations du mouvement du Soleil, je rappellerai les énoncés de quelques propofitions que contiennent mes Ou- vrages précédens fur les perturbations mutuelles des corps céleftes. DES SCIENCES. )\:1 525 ARTICLE PREMIER. Principes fondamentaux pour la dérermination des perturbations que les Planères fe caufenr. s # ti Se Ter À [10 j A Préparat fs © Bodies À, Pi haute apfide de la Planète - dont on cherche la perturbation. Q, lieu où cette Planète eff arrivée après un temps quelconque. F, Planète autour de laquelle on rapporte le mouvement de la A F première. O Fr DPI U: = force avec laquelle Ia Planète eQ tendroit + vers F, fans la Planète PHUPAEE LI 1! — HET ; ; équation de Velip£ que la Planète Q décriroit, pu FA Dit peñturbatrices. NU g, force perturbatricé dans de fes QF. 4 æ ; force perturbatrice perpendiculaire à à la première, & qu'oi on fuppofe tendante à augmenter Fangle vw. es fl dt 9 ar) D ærdr| j STATS Mdv io. if j d29D "6 MER TTIT OM Pb Équation de Lorbite troublée. Jin Lire —< ccof.y fe fin. ya. tobd — cor Rhin jh ! Vuui iif 526 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALE SA D'IST Exprefion du Temps. rdv Temps par AQ — PE ee | Ces équations ont été trouvées, fans négliger aucune quan: tité dans le calcul; ainfr elles donneroient rigoureufement fe mouvement cherché, fi la quantité Q@, formée des forces perturbatrices, pouvoit s'exprimer par une fonétion de u & de conftantes. Comme l'on ne parvient à lui donner cette forme que par des approximations dans les recherches des mouvemens des Planètes, la folution précédente ne peut donc donner pour ces mouvemens qu'une approximation, maïs une approximation que l’on pouflera auflr loin que l'on voudra, en recommençant plufieurs fois l'opération, & en obfervant à chacune d'employer les corrections qu'on aura trouvées dans l'opération précédente. $ I V. Lemme pour trouver la correttion du rayon vecteur, lorfque la quantité CL eff une Juire de termes pro- portionnels à des cofinus de mulriples de v. SiQ = À cof.qv + Bocofnv +, de on aura £ —+- sd + &c. )cof v cof. HU —, &c. fin.v fQ dycof.v— cof.v fQdvfin.v — gt! AU— 1 # cof. qu Toi qq — 1 +4 JU AN — 1 Ce lemme eft d'une reflource infinie dans a théorie des Planètes, parce que leurs excentricités étant toûjours affez petites, on peut en effet réduire la valeur de Q@ à-une fuite de termés proportionnels à des cofinus de multiples de v. Dans le cas où @ contiendroit un terme proportionnel au cofmus de l'angle v, tel que 47 cof. w, l'on ne pourroit pas faire ufage du lemme précédent, ainfi qu'on peut le voir par la fubftitution de 9 = 1. dans la formule précé- dénté. En ce cas, il eft aifé de saflurer que la valeur de D'ESNSCHENCES" s2y fin.vfQ cof. vdv — cof. v/Q fin. v dv feroit + Mw fin. v; dont l'ufage dans la valeur du rayon veéteur & de l'expref- fion du témps auroit de grands inconvéniens, & ne pourroit donner l'orbite cherchée que pour un petit ‘rare de ré- volutions. _$ V. Remarques fur la variation que les élémens de | orbite © d'une Planère reçoivent par l'addition des forces æ & @, à fur la valeur de x qu'on doit emplèyer en cherchans À. On voit par ce qui précède, que la valeur de — qui . »- € . auroit été — —— — cof. v, fans les forces perturbatrices, P P devient 1° une autre quantité de même näture, telle que — Lu _. cof. v; 2° qu'il s'ÿ joint une fuite de termes tous proportionnels à des cofinus de multiples de v, pourvû que la valeur de Q ne foit elle-même qu'une fuite de tels termes, c'eft-à-dire que Feffet des forces perturbatrices eft de changer d'abord) l'excentricité & la moyenne diftance de Y'ellipfe primitive, & d'altérer encore cette nouvelle ellipfe par une fuite de 1ermes tels que ceux dont l'on “ré parler. Et comme les élémens de l'orbite primitive né font pas connus, puifque les forces 9 & 7, ont toüjours agi, on voit que dans la première fuppofition que Fon eft obligé de faire pour la valeur de ren cherchant @, il faut prendre l'excen- tricité & la moyenne diftance que donnent les obférvations, & déterminer les conftantes primitives p & c, de manière que l'équation réfuhamte ait {es premiers termes communs avec Yéquation emo Î s28 MÉMOIRES, DE L'ACADÉMIE ROYALE "Se VT De la valeur que l’on doit donner à x en cherchant ©, > afin d'avoir une équation qui convienne à un auffi grand nombre de révolutions que l'on voudra. Lorfqu'en cherchant la correction que fouffre la valeur de r par les forces x & @, on ne demande les altérations que pour un très-petit nombre d'orbites, il n'eft pas néceffaire que la première fuppofition que lon fait pour cette valeur, én la fubftituant dans Q@, foit fort exacte, parce que cette pr emière fuppofition eft corrigée par l'ufage mème des termes où entre @ ; mais lorfque lon. veut que l'équation appar- tienne à toutes les révolutions fucceflives, il eft évident qu'il faut beaucoup plus d'exaétitude dans la première valeur de 7, Ainfi l'équation — = — EE — of. , qui exprime uné ellipf dont lapfide eft immobile, ne peut plus convenir, uifque l'on fait que les apfides des Planètes fe meuvent, & qu'il fuit de leur mouvement qu'après un certain HéhiBté de révolutions de la Planète, la valeur de r qui réfülteroit de la première füppofition, pourroit différer de la véritable d'une quantité plus confidérable que celle qui feroit introduite par la correétion qu'on y voudroit faire. Dans la détermination de Q, ïl faut donc employer l'é- . Le L : . . . quation — = — — e cof. my, qui exprime une ellipfe dont f'apfide eft mobile, & prendre pour M ce que les obfervations donnent par le mouvement connu des apfides, ou ce que la théorie peut donner elle-même par les méthodes que j'ai enfeignées dans mes précédens AOuVrRECI Enfuite on corrigera cette valeur de — par l'addition des , r termes qu'on aura trouvés par la première opération, travail pour lequel j'ai donné des préceptes dans ma Théorie de la Lune, qui peuvent abréger confidérablement la peine du calculateur. $ VIT DES SCIENCES ‘9529 s VIL Syphification de l'opération lorfque les forces & &' # font très-petires , ainfi que dans le cas dé l'orbite de la Terre. 1. Pour le rayon vedeurs _ Ayant employé dans Q la valeur que lui donne l'équation Éd 1 € cof. my de l'ellipfe connue par obfervation ; A x 4 Von ajoûtera à cette valeur de 1 — e cof. mu de — autant — À » " de termes > ei cof. qu qu il y aura de termés +- À cof. qu dans @. 2. Pour l'exprefion du temps. Si lon nomme Æ cette fuite de termes TE cof. qu ftp: . 4 qui fait la correction de {a valeur de — , On aura — ff +0) du — 2e[(3# + p) col. mv du pour la correction de l'expreffion du temps, qui fe trouvera toûjours une fuite de termes proportionnels aux finus des mêmes multiples de w, que ceux dont les cofinus compofent k la valeur de —e Ces mêmes termes pris en fens contraire, & dans lefquels, au lieu de qui exprime la longitude vraie, on mettra la longitude moyenne x, défigneront la correction qu'il faut faire au mouvement moyen pour avoir le mouvement vrai. 2 Mém. 1754 "XX x 530 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M V I I Te Exprefion des forces perturbarrices CAE AQ, oibite troublée qui au- roit été une elliple, ayant Æ pour foyer, fans la per R turbation. BR, orbite de Ia- Planète troublante. B UN F M, fomme de la mafle de la Planète Q, & de celle autour de laquelle elle tourne. NN, muafle de la Planète troublante. ?, angle À FQ ou élongation des deux Planètes. H Q Si l'on décompole Ia force nr avec laquelle la Planète R agit fn Q, en deux forces, dont l'une ait pour direction a parallèle QA à FR, & Yautre la droite Q F; que l'onre- tranche enfuite de la force fuivante Q Æ, celle avec laquelle la Planète À agit fur Æ dans la même direction À F ou QA, il eft clair que les forces de À pour troubler les mou- vemens de Q autour e F, feront N RF En fuivant Q A, NxQF & HÉROS Décompofant encore la première de ces deux forces en déux autres, dont la première agifle fuivant Q Z, & la feconde per- LS à cette direction, on aura enfin NS — mr) cof. ? + —° ner — 7) fin, 2. Si l'orbite de la Planète troublante eft au dedans de la : DES SCIENCES Sa troublée,-on aura QF RF L en Ge” — N (ie — 77) À RE ï x = N RS — gs) Mt Q 4 À B F | | ‘ & I X. 4 Expreffion de l'angle t en v, lorfqu'on fippofe que la Planère troublante décrit un cercle, à que la troublée 44 ef une cllipfe. 1 + #:1, rapport du mouvement moyen de la Planète | perturbatrice à la Planète troublée. | = nv + (un + 1) fin mv. x cm Cette expreflion fe trouve très-facilement, en égalant l'ex- A 7-4tex . preffion du temps par AQ, qui eft (v+ = fine mv), à BF* id (v*+ 1), qui eft celle du temps par BR, & en pie > Rome, “il M ° YWN ARE NE © Dans le cas où le mouvement moyen de Îa Planète per- turbatrice fera moiridre que celui de fa Planète troublée, on exprimera leur rapport par celui de 1 —#à1,& la valeur de # fera nu — — (1 —n)fnuv 4 « . "1 . X xx 1j s32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE À RPMLC AE S'ELCUO NN D, Où l'on donne la correction du lieu du Soleil, qui eff düe à l'artraétion de la Lune. LE À Modificarions des expreffions renfermées dans la folurion générale. AQ, orbite du Soleil autour de la Terre fuppofte en F. BR, orbite de la Lune, que l'on fuppofe circulaire. BF — f, rayon de cette orbite. Les autres dénominations, les mêmes que dans l'article précédent, $. I, V, VIII & IX. La petiteffe de À F, par rapport à Q F& à QR, fait que les expreffions précédentes des forces @ & + fe réduifent extrémentent, à caufe que les termes où Q R entre au déno- minateur, difparoiflent de ces expreflions. Ncof — Nfn. On a donc g —= pit Er = cts lefquelles, FE Pr mue QU donneront en jaila V7 es DA P=—Xxf + fn. f dv r° Xrdr Ed D—= y = cof. 1 — Re fine — 2p, defquelles il faut chaffer r, dr & 7, au moyen des équations — = (1 + ecf.mv), IE NV + — (n Fe 1) fin. mu. 6. II Où l'on donne les quantités qui dépendent de v, à les Jfinus à cofinus de t. La première des deux équations précédentes donne Et dt TT À DES SCIENCES. 533 r TUE = (1 + 2ecof.mu) B—= (1 + 3ecof. mu) r dr é Fdv La feconde donne, en faifant == /r1 +» EE mn fin.t — fin. nv cof. (li fin. mu) + cof. nv fin. (h fin. mv), dans laquelle n'étant point du tout une quantité négligeable (puifque fa valeur, comme on le verra par les fubftitutions numériques, eft o, 45) il faut quelque préparation pour réduire les valeurs He finus & cofinus de 4 fin. mv. Ona) = — em fin. MU. k : h+ co£. (ha. mo) =1— € + + (=—S cof. 20 co 211% + 8cce où fimplement = a +- 6 fe 2 mov, en négligeant les autres termes, & en faifant, h° dix Le WU k# Si ER Er Nr: gi SPAS ur On aura de même, ' fn. (hfin.mv)—(h— 3h + 1; 23 )Gnemv + ne 7 3m + fin $ M, ou fimplement — L fin. mu, enfafant.…...,...b — 4h — 250 + M Ces valeurs des finus & cofinus de À fin. m v étant fub- flituées dans celles des finus & cofinus de #, les changeront en fn. 1 — (a + coof. 2mv) fin.n0 + b cof. nv fin. mw, ou —= afin. 10 + 15 fin. (n + m)v — +b fin. fu — m)v + + cfin (a + 2m)v — + cfin fn — 2m)vcoft + (a + cof. 2 mu) cof.nÙ — bfin.mvfin.nv, ou—acof.nv +-+beof.{n + m)u—<+bcof.(n—m)v, + &ce, S III. Formation de la quantité p. CE 2 Par Fe a de f R: que Jon vient de trouver, & par celle de — — , on aura — x fin ?, dont p eft compolé; & cette LENS _. fin. t fs . Xxx ii} 534 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A3 4e bts he nues ; afin.nv +(b+ + : Jin. (n+-m)v—(78 7 fin. (1— m)4; en négligeant les termes affectés de fin. (n— 2 m)v &c. qui ne teudroient qu'à introduire dans l'équation finale des termes beaucoup trop petits pour la peine qu'ils donneroient à calculer. ü p y: ù st 3 Si l'on multiplie maintenant la valeur précédente de— fin, # par du & par y, qu'on l'intègre enfüite, l'on aura . 3ea 3ec : = [© cof. nv + nr ME CA cof. (— P= XL, co! as (= + Le PRESS AASER PRES re = : PE cof. (ut — m)v + conft./, dans laquelle la conftante fe détermineroit par cette condi- tion, que tout fe détruife lorfque à — o, mais elle eft totalement inutile en cette occafion. S I V. Formarion de la quantité Q. Subftituant de la même manière les quantités dépendantes de r & des (données au $. IL) dans les autres parties de Q, on aura | —cof t=—= a cof.nU + (Eb+ac)cof.(n+ m)v — (25— ae) cof.(n— m)v rdr in. t L : 20e cof. nu — 7 ae cof (a+ m)0+ —Taecof.(n—m)v: donc la valeur totale de @ fera 24 è PH ar ns 2 = Q—=y[arr ie) cof. av + (rb++ae — b— 3ea — he çof. (um) ù — (2b — _. LE “— ) cof. (a— m)v], 1—m qui, au moyen desthéorèmes rappelés (art. 1”, $. VIT), don- neront avec la plus grande facilité la correction du rayon vecteur & celle de lexpreffion du temps, auffi-tôt que les fubfitutions, numériques feront faites. DIAUSMIS CEE N° CES MAN 525$ 6. V. Subflitutions numériques. . Pour faire ces fubftitutions, il faudra employer l'excentri- cité du Soleil, qui eft 0,01683 & le rapport du mouve- ment moyen de la Lune à celui du Soleil, dont la valeur eft 13,369. Quant au ét 00108 rapport # du mouvement : ; 4, — de l'anomalie moyenne au mouvement moyen même. ee du Soleil, on le peut fup- 7 H M — 14,3 69 : pofer, fans erreur fenfible, # — " 12,369 égal à l'unité. Éo— I 151,99 Nous aurons donc (tm) — 1 —:177,73 : (a— m) — D 128,2 4 — 0,950016 = 043862 | CT 004977 Par le moyen de ces valeurs numériques &. dés expref- fions générales des paragraphes précédens, on trouvera p — X [0,076806 cf ny + 0,018246 F4 (n + mu — 0o,01712$ cof (= m}v] N— X [o,80009$ cf nu + o,190812 cf. {# + m)u — 0,161077 cf (— m)v], Or, fuivant l'article I”, $. VIT, les termes de @ deviennent ceux de Z en changeant le figne de leur coëfficient & les - divifant par #°— 1; (nm) 1; (nm) — x. On a donc ENST PPMRR ONE ET Ei— — 0,005264 X cof #0 — 0,001073 cf (x + my) + 0,001256 cof, (n — m)V; qui eft la correction de la valéur de æ, c'eft-à-dire , du rap- port de la moyenne diftance à Ja diftance. quelconque A8 : Si l'on fubflitue maintenant ces valeurs de z & de p dans la quantité — //22 + pd — [26/35 + pjcof mudv, qui exprime la correction de Fexpreflion dù temps, cette quantité deviendra sl — 0005361 X fin #u — 0,001281 % fin: (n + mu + ojo0119$ X Mn (n — muf 536 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE donc la correction de l'expreflion du mouvement vrai en mouvemens moyens fera + 0,605361 X Min #4 + 0,001281 % fin. (# + mx — 0,060119$ X fin. {n — m)4, OÙ + 0,00$361 X fin { H o,001281 X fin. (t + 7) — 0,001195 X Min. (r — z): en mettant # pour x, c'eft-à-dire, pour le lieu moyen de Ja Lune, moins le lieu moyen du Soleil, & 7 pour l'anomalie moyenne du Soleil. Il ne s'agit plus, pour cpupiie des Tables d'après ces ja V7 dans laquelle #. eft formules, que de chaffer » ou Je rapport de [a parallaxe moyenne du Soleil à la parallaxe moyenne de la Lune, & _ le rapport de la mañe de Ja Lune à celle du Soleil, c'eft-à-dire, fa quantité (É = ) : x = : périod. Si l'on fuppofe la parallaxe du Soleil de 10”, celle de la Lune de 3402", & la mafle de la Lune -© de celle de Ia Terre, comme Newton, on aura LE 7517) ce qui changera le coëfficient de la plus grande équation 0005361 y en 0,00007048 où 14,5. Mais fa mafle de la Lune ne pouvant pas être regardée comme fuffifamment déterminée par Newton, il vaut mieux la conclurre, ainfr que nous l'avons dit déjà, des obferva- tions mêmes du Soleil: Cette opération exigeant que l'on commence par drefler des Tables d'après une première fup- pofition, nèus prendrons d'abord fa mafle cherchée telle que le coëfhcient 0,005361 y ou premier terme foit 12": ceux des autres termes étant pris proportionnellement, on aura pour les équations de correction du lieu du Soleil rela- tivement à l’action de la Lune, + 12" int + 2",9 fin. ft + 7) — 2",7 fin. ft — 7), ar le moyen defquelles j'ai formé les trois T'ables fuivantes, . dont l'ufage eft fort facile, attendu que leurs argumens, qui n'ont befoin que d’être connus en fignes & degrés, fe peuvent trouver prefqu'à vüe d'œil par mes Tables des moyens mou- yemens de la Lune. TABLES LC È | 1 LA) QE ES CL E NICE smilA $3y « NTABLES des “Équations lunaires du, Soleil. à sPeer An be, sion deuxième, Argument + 7. ù vi. ue UNS VE VIT| VIN, +. ee —. 94 Tin Argent Such nI nor alaitir;'! À etraD j ë | THERE CE Be + à AA slot ". Us 1 zur noËw À ide À Mn vue à QT ; te el le Tewge la Te dde dE | ar saÿnne du ©. Min, 1754 GENRE 533 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ARTICLE TROISIÈME. Où l'on donne la corre&tion du lieu du Soleil, düe à ; l'action de Jupiter. $ I. « Dénominarions préliminaires, avec les valeurs de x à @, ®, p, dans. le cas propofé. AQ' orbite de Ja Terre, F fon foyer. Son rayon -veéleur — 7. BR Yorbite de Jupiter fup- pofée circulaire. - Son rayon .. BF —f. B A F La fomme des males © & $ — La-maflé-de-B-mrs . + + versés = NM La diftance quelcorique des deux Planètes..… RQ = S. Les autres dénominations comme dans l'article premier. On aura par le 5. VII, article premier, » Nr RE re CONEE à (EE DR = = Nine (E— rejeté ar du RE Le Trdr p=S AM mes : Madv 2h S IE Elimination de la quantité s des expréffions précédentes. En nommant comme ci-deffus # angle RFQ, on a PAGE JA 1e —— 2fr cof. 2 + r°). Soit F' 2fr cof. 8 — 7° = a, on aura ’ EE 2e MOMIE LE &e: Be F Dur bg apr EE ep spi À ro ES LSieA EIN CE QuIiM gg gi en remettant pour a fa; valeur, deviendra CS 22$rt gr 45" 5 = Ur ft 64f7 sé RONTT 13% ose es (= A ir) éof. 27 #27 A É ef 3t + &c. d'où Ton aura RP ee ue N(ÉHTE) et: j ms He pe ris 27 CAES ; ten Ga ACT in. — Te ge D? fin 21 + Be. 238 SORA es des nus ire dé finus à cofinus - dés mulriples de à. “hi le. ie la petiteffe de f'excentricité dans Porbite de a Terre, il fera permis, en formant les puiffances de qui ivent. ètre, fubftituéès dans les valeurs de ® & +, de né- liger les 6”; 6, &c. on aura donc "Æ Sel le € “œm£- my, ET == I + 2e cof. MT L CAE 7 EDP XP rte DE à 2 je eo md, BE , = one | Quant aux finus de &. de fes multiples, on les tirera + AT & l'équation 4 = 1 = 10 — is Le L — #). fin. my donnée au quatrième paragraphe de la ticle premier, & elles feront EL — fin. ME te Cr SN Co + mo ET =% as (nu — m)v veli — as D == tr. nÙ — ART (e + my + — À of (u — m)v D her e TE 20 Ga, 2(u—m)v cof. 21— cof. 210 — A 2) cof.2 (a+ m)v dut _ cof. 2/n— m)v. Yyyÿ 15:40 MÉMOIRES, DE ;LACADÉMIE ROYALE $ TV: Valeurs numériques des conflantes qui entrent dans ü; “exprefions précédentes. La mafle de Jupiter que Newton a conclue de la révo- lution ‘de fes: fatellites, étant à celle du Soleil.x peu près comme 1 à 1067, nous ferons en’conféquence A a. 12) ET "MIT 0 1067 Le rapport de la moyenne diftance de Jupiter à celle de la Lune donnera ee 0,192 1. Et RSA — 0,0071264 + — 0,0013714 — 0,0002639.. SRE NE tb MSIE FT = —= 0,000009 77: Le rapport du mouvement moyen de Jupiter à celui de Ja Terre donnera 1 ip, = 11,857” & partant # — 0,91 5659: L'excentricité de l'or bite de la Terre donne e == 0,01 68 “à Quant au mouvement de Faphélie de la Terre, on n aura it d'égard ici à caufe de fa petitefle, & l'on fera m —= 1 dans tous les coëfliciens où il entrera; ce qui Fur: sr ral = — À, , M jh 352. Ari — 0,0843 20 —m= 08313 HU + HT 191566 2u+ me 28313 A y OL A En Se AE Nr GE En 8 | $4i do ae, 2°! Valur d de, èu ISA [Pour avoir la quantité p» on commencera par former fe Ass compolés de r qui entrent dans Ja valeur de 7, Iuee | 75 SPP at feront 27 LIRE BP 00005262, Ve. 37.3 gi th — PET C/O PL ES PP 0,0108545- On multipliera enfuite le PRIE pat — — N fâà du Le fecond par — Th in. 2tdv; en HHÉrtahé d m'écrire que les. het qui pren affedtés de fin. nv, dé fin. 3nv, de fn. ln — -. m)v, & de fin. ich touts m)r, parce que les autres! ne peuvent intioduire que des équations abfolament igeables, attendu la grandeur des divifeurs que les coëffi- ciens auroient dans le pañlage-du Q au =, & dans lintégra- tion des termes où ,z entreroit enfuite. ana el ia 0) de multiplication, faite, on Aura, en intégrant, 2 — 0, 00000053 356 cf zv + o, 000005$$5 cf 244 Ê — RUN r 474 cof. (mm — és + FREE cof. (Ca — mm) dis CR ” S. VE A AS RS \ (LS | PES be TéeE 6 FAP Pair à de de ———. p sus qi j . Mdr db se re: 225772 Ÿ er telme ——— — De) ans 2-1 Le pie x terme 5 Riou De VE gr | æ ka vus ge <= n'étant ont & muhiplié par eof. 7 + & cof, 27, ainfi que les autres, il eft évident qu'il n'en réfultera aucun des termes auxquels on fe refleint dans Ja queftion préfente. Cela pofé, on fubftituera les valeurs numé- iques feulement dans leurs, deux, derniers faéteurs compofés de 7, que ] la quantité —— dis D renferme, & & ces faiéteurs feront Ë Yyyii CESR M 542 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 6 SPA huoçp7 ” 3P? ps D == 00016023 & 7 UT gi — ©0195 54 Jefquels étant multipliés refpectivement par les valeurs de N N , : | — cof.t & F7 of 24, donneront, en nadmettant que les termes de même efpèce que ceux que l'on a gardés dans l'expreffion de p, Fr — — 0,0000015$017 cof.HU — 0,000010267 cof. amv — 0,0000000$265cof(/1—#1)v—0,000000289c0f.{21—m)a 4 d Quant à la valeur de CL elle fe formera de Ia même ma- nière, mais il y aura encore plus de termes à négliger, à caufe de leur exceffive petiteffe. On voit d’abord qu'elle n'ad; mettra aucun terme fenfble affecté de cof. nv & de cof. 2 uv, parce qu'ils ne viendroient que du produit des termes affectés de fin. (2n— m)v & fin. (n— m)v des valeurs de fin. 24 & fin. #, par les termes affectés de fin. mu de la valeur de #2 or, tous cés termes font beaucoup trop petits pour y faire attention. | D. Le terme affecté de cof. /n — m) fera encore dans Je même cas, & celui qui contient les deux cof. / 27 — m)+, qui eft auffi d'une extrême pétitefle, ne fera admis que parce que dans le pañfage de FQ au Z il fe peut multiplier. Cela polé, on aura == — + 0,0000000848 cof, (2n — m)v, à SV IL " Valeur de (1. Si lon fubflite maintenant dans a ‘valeur générale pr 7Ydr Fe omge ep les valeurs trouvées dans les deux 12% 0 BIS SC LE Ni GE S h .Sdè ÿ © paragraphes précédens, on aura Q = — 0,0000025788 cof nu — 0:000021377 cof. 2HU —- 0,0000004421$ cof. {1 —m)w É … ‘= 0,90000109 $ 61 cof fn — my, È AOTRE S & VIII 207 Valeur de + . + On a donné au $. VII de l'article premier la méthode de pafler de lQ au 3, ou correction du rayon vecteur. Cette méthode, qui n’exige qu'une fimple divifion dont le divifeur ef fi facile à trouver par le multiple de w qui affecte chaque terme, donne tout de fuite ! = — 0,0000 1597 cof #y LE 0,000009008 1 2nV — 0000000445 3 co£ {n — m)v N À = 0900003548 of fan — mu. Corredtion de d'expreffion du temps. oc A he agit plus que de fubflituer les valeurs. précédentes . de & de p dans la quantité — //2Z + p) dv | er sf (6e + '2ep) cof. mydu, qui exprime la correétion ÆÆ xpréflion du temps, & lon aura pour cette correétion, FF 0,00003429 fin.1U — 0,00001209$ fin: 2MU —0,00000194 lin. fn == M) v V + 0,0000073$ fn. {2 — mjv. [: K ñ Rs nf. | ) | tr dé l'expr fon du lien vrai en lien moÿen. DU Le paflagé de l'expreffon précédente à celle-ci ne-demande, éomme on fait, que le changement des fignes, &: la fubf- Mitution de x à la place de v: donc Ja correction cherchée du lieu vrai fera: PTS Moi ; 6,00b0343 fn.#4 4 ©;oopos 29 fin. aux 4 0,0000019 nf — m)5: en, 0 - >.) Es. on. * 6 _ 00000073 fn /28 — ur. C £ nn | ne ' or ! 6 sh mi 5 à sc : RES ÉTL RT % « - 4 À W is EANIT JAUTE RS w* PS PERTE Ee o 544 MÉMOIRES DE L'AGADÉMIE ROYALE SO CR Equations du mouvemett du Soléil, des à l'attion de Jupiter. Si on remarque préfentement. que 2x n'eft autre chofe que le lieu moyen de la Terre moins celui de Jupiter, . r 12 : s mx l'anomalie moyenne de la Terre, ‘on aura, en appelant # - la première dé'ces deux quantités, & y la fecondehu, ©) " ROLL f | Sumo Sing Bip zs5bothère: TPS ave mA EE LÉ me "5 he (er nr 4 + 2:7 fin. 2 7. u ! 4 tu joli, La Table fuivante, donne Ja fomme des équations renfer- mées dans l'expreffion — ,7"1ufinat #t-.26,7 in. 2 7. Quant aux deux autres, elles, font fr petites que je n'ai pas pris la peine de les réduiré"en Tables. | WA es re, SENS . toc Tip LE de l'équation, di Soleily rélarive "à l'aëtion . + -€ 7! : . 7 | À Al 101 +0 : . 4 L Coton Bach dE - L'aroum.' eft. le lieu -héliocentrique de F noins celui de #. g trique de.& moins celui de # LEre L ds D RES au Ta Lo) 1,2 3,8: 2 Û 731 | 8,5 3| O1 1,4 4srés [ré 6 0,2 à 1,6. L 455 El Je 9 0,3 1,8 4,8 Bosbodye bn é ps tq dé sloiÿ cprrgel 3e msysionlt Er) 316,619 86 | 26% :|r 2,11] MO 2,9 6,2 8,4 24 - à,9° [ 00351,0 4 6ÿs nale 850,1 ; 30 1,2 3,8 FIAT dk XL EX |#IX.|+ VII] VIT. ARTICLE osent <{ HN "26 Se APAPED ET ENS (© A E N° CE SOMÈ lis i: A 'igin | ë , ABR TICLE QUATRIÈME. "De [4 manière de convertir une fonétion quelconque T de t en une férie, telle que À + B co. t + C cof.2t + D cof. 3t + XCx, Lane - res. … Lorfque l'orbite de la Planète troublante eft confidérable- . ment plus grande ou plus petite que celle de {a Planète _troublée, les {ries qu'expriment la diftance des deux Planètes & fes puiflances, fe prélentent tout naturellement fous une s forme affez convergente; mais dans les cas où les rayons des deux orbites ont un rapport qui ne permet pas de né- gliger fes puiffances élevées, les mêmes féries décroifent fi peu, .qu'il faut. avoir recours à des artifices particuliers pour déterminer avec précifion les termes dont on a beloin. Telle eft la queftion de l'action de Vénus fur la Terre, qui mous refle à traiter dans ce Mémoire. Telle eft auffi celle de l’action de Jupiter fur Saturne, que M. Euler a confidérée * dans la pièce que l'Académie couronna en 1748. C’eft cet habile Géomètre qui a trouvé le premier la réduétion des féries de l'efpèce dont nous avons befoin maintenant. Parmi les différens moyens qu'il propofe pour faire cette réduétion, j'ai choïfr celui qui dépend de la divifion des arcs de cercle, & qu'il a expolé page 30: J'ai préféré cette méthode aux autres, parce qu'il m'a paru qu'avec de très-légers changemens elle pouvoit donner très-exaétement les nombres dont on a befoin, fans être fort pénible dans l'exécution. . Ces changemens rendent la conftruction de M. Euler entièrement femblable à celle que M. d'Alembert a donnée pour le même objet en 1754 (page 66 de la feconde partie de fes Recherches) & par cette raifon j'avois cru d’abord . Wen devoir pas parler-ici; mais comme ce dernier Auteur . Ma pas penfé à ce qui rend li méthode praticable, qu'il Fa même abandonnée comme n'étant que de pure curiofité; que d’ailleurs le chemin que j'ai fuivi dans la même recherche ma paru devoir être celui que Finventeur, M. Euler, a Mém, 1754. Zzz 546 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE caché, j'ai cru qu'on me fauroit gré d'avoir donné mes ré- flexions fur toute cette queftion, que j'ai confidérée' d’ailleurs d'une manière fort générale, & qui pourra être utile en plufeurs rencontres. L (A À Principe de la réduétion propofée, avec la valeur du premier terme de la [érie. En füivant l'efprit de la méthode par laquelle on fubftitue une ligne parabolique à une courbe donnée, nous imaginerons que les arcs z foient placés fur un axe, & fervent d'ablciffes aux ordonnées 7: nous fuppoferons enfuire que A, 1, K,. L, M, dc foient ce que devient la fonction 7, lorfque r . , 4 € 2C € [4 eft fucceflivement fait égal à =, =, À, #, &c. LA Li LA L:1 De-là nous aurons H= A+ Bot. = + Co. — + Deof. À + &c. 6 1= A + B cof. À + Ceof. À + D co. = + &c. 6 K= A+ B cf = + C col. = + Deof. + &e, L= A+ Bcof. #2 + C cof. + Dent. + &c Li M = À + &c. Ë équations qui étant au nombre de # füffiront pour détermi- ner toutes les inconnues À, B, C, D, rc. Sans prendre la peine de réfoudre toutes ces équations , ceux qui ont préfente à l'efprit la théorie de la multifection des angles, verront qu'il fufht de les ajoûter toutes enfemble pour avoir la valeur de À, dégagée des autres quantités in- connues, laquelle valeur fera ; Ir 1e H+I1+K+L+ M + &ec Car fi lon jette les yeux fur les différentes füites de cofinus qui forment les colonnes verticales précédentes |, on verra, 1.° que chacune d'elles repréfente, ow da fuite des Res, ve Le DES SCIENCES. S4T. racines de l'équation qui donne la valeur de cof. 2, ou deux fois Ja-fuite ‘des racines de Léquation qui donne of. fi # eft Soi par 2, ou trois fois la fuite de {a divifion de c par = —, fi eft divifible par 3, &c. 2.° que les équations d'où SD ces multifections des circonférences font compofées de termes de dimenfions alternatives, & manquent par conféquent de fecond terme, ce qui rend ue La fomme de toutes leurs racines, & montre que les diflérens termes qui compofent chaque colonne verticale, la première exceptée, fe détruifent mutuellement, | $ IL Valeur des autres termes de la férie. Ayant ainfi Ja valeur de À, on ne féra pas embarraffé à trouver, par une voie analogue, celle des autres coëfficiens HD, oui Que p foit le multiple de # qui entre dans le terme que fon cherche, & S fon coëfficient, on commencera par mul- tiplier l'équation T = À + B cof.t + Ccof. 21 + &c. par cof. pt, ce qui donnera Dm 8 Teof pt= Acofpt + (pr + Lost (p—1)t +) cof.{t — +:B] pére (A! — F + 3 CI) cof.t + (GBTl +4 LDI) co 2r + (5Cl! + |— 6,6|— 2,0|+10,3|+18,0|+14,9 [Eu 1,6|—12,9]—18,4|— 12,5 30— 6,8|— 0,9|+11,4|+18,3|+13,9 o DES, S CI EN CES s57 ARTICLE SIXIÈME Diverfes applications de la rhéorie précédente. GE Ufage de quelques obfervarions de M. L'AbbE de la Caille, pour déterminer la maffe de la Lune. ritai! Dans le temps que je mettois la dernière main à Ja recherche des équations du Soleil qui dépendent de la Lune, M. l'Abbé de la Caille me fit part d’une vingtaine d’excel- lentes obfervations réduites comme le demandoit la vérification que je voulois faire de ma théorie. Chacune de ces obfervations eft le réfultat de fa compa- raifon de deux lieux du Soleil pris à une diflance l’un de l'autre qui fafle concourir, autant qu'il eft poflible, les deux actions de 1a Lune. La méthode que M. l'Abbé de la Caïlle a employée pour réduire ces obfervations, eft abfolument la même que celle qu'il a fuivie dans les Mémoires qu'il nous a donnés en 1750 fur la théorie du Soleil. Il fe propoloit dès ce temps-là de fixer l'équation lunaire du Soleil par des obfervations. Le premier eflai de fa déter- mination ne renfermoit d'autre inconvénient que celui qui venoit de l'imperfection où étoit encore la théorie: on ne penfoit qu'à une des trois équations lunaires, &. l’on avoit négligé mal à-propos celles que donnent Jupiter & Vénus. La table fuivante contient les obfervations que M. Y Abbé ‘ dela Caille m'a communiquées, avec l’ufage que j'en ai fait, La première colonne donne les dates des lieux extrêmes du Soleil pour chaque obfervation ; la feconde, les différences des deux lieux du Soleil que l'on doit attribuer à l'action de la Lune, c’eft-à-dire, les différences qui font entre les lieux du Soleil que on compare, déduétion faite du mouvement de cet aftre pendant l'intervalle de l'équation du centre, &c. On y a eu même égard aux corréétions très-légères que don- A aaa ii) 558 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE nent dans le même intervalle les aéions des autrés Planètes, La troifième colonne contient le nombre des fecondes que le calcul de ma théorie m'a donné pour les différences des mêmes lieux du Soleil, en prenant pour la mafle de la Lune celle qui rendroit la plus grande équation de l1 qua- drature de douze fecondes. R Enfin les nombres de la quatrième colonne font formés en prenant des quatrièmes proportionnelles aux nombres correfpondans de la feconde & de là troilième & x douze fecondes, c'eft-à-dire que chacun dé ces nombres eft {a quantité de fecondes que loblervation adjacente donneroit pour la plus grande équation lunaire proportionnelle au finus de l'élongation du Soleil à ta Eune. Différences | Différences | Plus grandes obfervées. | calculées. | équations, 1747. Du 1 Maiau17........ ASIE [25 8”,86 1748. Du 21 Février au 7 Mars . ..| 14,4 24,1 PAZ 1749. Du 25 Mars au 12 Avril...l 3,0 24,2 1,49 Du 12 Avril au 25 ...... 19,5 26,3 8,89 Du 25 Avril au 9 Mai....| 11,6 24,9 5:59 Dur Martaumate ee. 0e 8,6 23,8 4,34 Du 19 Juin au 6 Juillet ...| 16,2 20,7 9,39 Du 6 Juillet au 21...... isa 24,4 2,56 Du 2: Juillet au 6 Août ...! 16,2 24,2 8,07 r?51. Du 20 Ju au 30 ...:..) 6,2 20,2 3,68 Du 2 Septembre au 14....| 8,7 253 8,50 Du 13 Septembre au 30...| 19,3 17,6 13,16 Du 30 Sept. au 9 Ot. .... 8,2 19,4 5,07 Du 10 Décembre au 25 . ..| 23,4 1] 23,5 12,00 Du 25 Déc. au 9 Janv. 1752.| 16,9 23,6 8,60 1752. Du g Janvier au 22, . 4... 2135 22,6 WI Du 22 Janv: au © Fév... 18,9 21,6 10,50 Dans Mars au air, MOMENT 194 | 17,9 13,00 Du 21 Maïs au $ Avrif....| 22,$ 20,3 360 Si Fon prend un milieu entre tous les nombres de , & HNENSNSNC TE N CIE, S 559 quatrième colonne, c'eft-à-dire qu'on les .ajoûté tous, & qu'on divile leur fomme par 19, nombre total des obferva- tions, on dura 8”,2 pour ka plus grande équation lunaire qui a lieu dans 11 quadrature. En n'employant, pour déterminer cette plus grmde équa- tion, que les dix lieux obfervés au Cap & à rie Bourbon, lefquelles femblent avoir quelque avantage fur les autres, 1e milieu donnera 9”,9. Müis les neuf premiers lieux du Soleil, ceux que M. l'Abbé , de la @uille avoit déterminés antérieurement à Paris, ne donneroient que 6”,3 pour le nombre cherché. Si on prend un milieu entre les deux réfultats des obfer- vations de Paris & de celles du Cap, on aura 8”,r, qui eft à peu près le même que celui de toutes les obfervations. On auroit 8”,7 en prenant un milieu deux fois plus voifin de celui du Cap que.de celui de Paris. C'eft à ce partage que je m'en fuis tenu dans les lieux que j'ai calculés depuis ceux de la table précédente, parce qu'il n'a paru que les obfervations faites dans une fphère plus droite & dans un climat plus favorable, méritoient le plus d'attention. J'avouerai cependant que je ne fuis que médiocrement attaché à ma détermination prélente; c’eft à M. l'Abbé de la Caiïlle, c'eft aux Aftronomes qui auront comme lui un grand ñombre d'excellentes obfervations du Soleil, qui auront redlifié F'é- quation du centre avec le plus grand foin; c'eft à ces Savans, dis-je, à fixer d’une manière inaltérable la quantité de da plus “grande équation lunaire, Quant aux deux autres équations, dans lefquelles entre anomalie du Soleil, on voit bien qu'elles ne demandent aücune détermination particulière, elles fuivent toûjours la “même proportion que la première, En fuppofant qu'on admit ma plus grande équation 8",7 fin.?, la mafle de la Lune qui en réfulteroit, feroit + de celle de la Terre; car on a vü, article fecond; que la maffe de la Lune étant fuppolée un +, donnoit 1 4",5 fin.z pour la plus grande équation. . t A 560 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE | s LE De la maffe de Vénus. Pour déterminer la mafle de Vénus de la manière Ja plus fûre & la plus directe, il faudroit, ainfi que nous l'avons dit au commencement de ce Mémoire, avoir beaucoup de lieux du Soleil obfervés dans les temps où l'action de la Luneeeft nulle. Ces temps, qui feroient exactement ceux des fyzygies, fans les équations dépendantes de lanomalie moyenne du Soleil que nous avons ajoûtées à la théorie de cet aftre, fe peuvent trouver aifément par la méthode fuivante. Au lieu des deux équations + 2",9. fin. {1 4 7) — 2",7 fin. (t— 7), je prends celle-ci + 2":9 fin. 4 cof. 7 +- 2",9 cof. { fin. 7, nl fin. t cof. 7 + 2°,7 cof. ? fin. Z ou + 0",2 fin. ? cof. 7 + 5”,6 cof. r fin. A fimplement — SS 6 cof. t fin. z, en négligeant la première comme trop petite ee mériter attention. Les équations lunaires du Soleil étant donc réduites à + 12" fin. £ + 5,6 cof. t fin. 7, nous les égalerons à zéro pour avoir dans chaque lunaifon a phafe de la Lune qui rend nulle fon aétion fur la Terre. L'équation à ER pour cet eflet ef ang. {= — 5 fin. 7, Où tang. { = — 0,4666 fin.7, qui donne deux déiections de la Lune au Sole pour chaque anomalie moyenne du Soleil. Sile Soleil eft ou | périgée ou apogée, l'on voit que le cas de la fyzygie eft celui où l'action de la Lune eft abfolument nulle, Si au contraire le Soleil eft dans fes moyennes diftances, que fon anomalie moyenne foit, par exemple, de 904, on trouve tang. 1 — — 04666, ceftä-dire que la de” moyenne de la Lune au Soleil doit être alors de 15 4 ou de 335%. Mais fr 7 — SE on a ang. 4 -+ 0,4666, qui donne ? = 254 ou 2054. Il 1 L3 . DES SCIÉÈNCES. s6r HI en fera de même pour toutes les autres anomalies du Soleil. Rien ne fera plus aifé que l'ufage de notre méthode pour ceux qui obferveront des lieux du Soleil avec tout 1e . foin que la queflion demande: ils n'auront qu’à obferver cet aftré dans les temps de chaque lunaifon, qui font indiqués par l'équation précédente, comparer les lieux obfervés avec œux qui feront calculés, tant par les élémens ordinaires que M. l'Abbé de fa Caiïlle a fr bien rectifiés, que par les équa- tions de Jupiter & de Vénus que je viens d'établir ; leur différence fixera très-facilement la mafle cherchée de Vénus, pourvû que le nombre des obférvations foit un peu confi- dérable. Comme cette méthode n'a pas pü être employée encore faute d'obfervations faites dans les circonftances néceffaires, il a fallu fe contenter de expédient qui tiroit le meilleur parti des obfervations que l’on avoit. On a fixé la mafle de la Lune par la méthode: ci-deffus expliquée, & lon a cherché enfuite dans quelle proportion il falloit diminuer les équations de Vénus réfultantes de notre table, pour que les lieux calculés s'écartaffent le moins qu'il éft poffible des lieux obfervés. M. l'Abbé de la Caille, qui a pris Ra peine de faire cette comparaifon, a trouvé qu’en réduifant aux trois quarts les équations de Vénus, l'accord de la théorie & des obfervations étoit le plus complet. : Donc, comme notre table des équations de Vénus fuppofe une mafle qui eft à celle de la Terre comme 1 à 1, 1755; il fuit des obfervations dont on a fait uface, que la mafle de Vénus eft environ les deux tiers de celle de la Terre. On fent bien que cette détermination ne peut être regardée que : comme un eflai: il faudroit faire une comparaifon plus ample de la théorie avec les obfervations, pour pouvoir être en- tièrement fatisfait fur une matière aufli délicate, 4 Mém. 1754 Bbbb o 562 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE S TIL Des temps où routes les a&tions des Planères fur le Terre fe réuniffent pour alrérer le plus qu'il eff poffible de lieu du Soleil, à de la quanriré de certe alrérarion. La Géométrie tranfcendante offre une méthode immédiate de trouver ces temps, à caufe que les argumens de toutes les équations que la théorie nous a données, gardent des rapports conftans entreux ; maïs comme les réfultats d’une telle mé- thode feroient fort pénibles à employer, il vaut mieux avoir recours à des moyens indireéls, moins fatisfaifans à la vérité pour le Géomètre, mais beaucoup plus aïfes à exécuter. Nous commencerons par mettre à part les équations Îu- naires, & nous chercherons les temps où l'action de Vénus & celle de Jupiter fe réuniffent pour faire le plus grand eflet. Comme fes variations de leurs équations ne font pas auffr promptes que celles de fa Lune, nous pourrons, dans chacun des temps où les actions des deux Planètes principales feront en maximum d'eflet, joindre à ces aétions la plus grande partie de celle de la Lune, fans qu'il foit néceffaire d'aliérer {enfi- blement les trois actions pour les rendre contemporaines. Pour parvenir à trouver les temps où les actions de Vénus & de Jupiter concourent le plus qu'il eft pofhble à altérer. le lieu du Soleil, nous commencerons par remarquer d’après l'infpeétion de nos tables de 'aétion de Jupiter, que c'eft Jorfque Vargument æ$ eft de 7! 154 à 8f 214, que fon équation eft voifine du maximum en +, & Jorfque l'argument #6 eft entre 4f 1 54 & 3f od, que la même équation eft voifine du maximum en —. Nous verrons de même, que l'équation de Vénus eft à peu près dans fon maximum pofitif, lorfque l'argument $$ eft entre 31154 & 4f 214, & dans fon maximum négatif lorfque le même argument eft entre 7f 94 & 8! 154. La queflion eft donc réduite à trouver les temps où #% eft entre 7! & 1 54 & 81 214, pendant que 8 fera entre 3f 1 54 TT > DIE SM SCIENCES. 563 & 4! 214, ou bien à faire en forte que #& foitentre 3° 94 & 4! 15% pendant que 89 fera entre 7! od & 8f 154, Voici la méthode que j'emploie pour y parvenir. Je prends les argumens #8 & 59° pour un moment quel- conque, par exemple, pour le premier. Juillet 1747, ce qui me donne. 3! 124 49° & 11! 254 6'1; j'ajoûte enfuite . conflamment à ces deux nombres 11 244 9 & 1° 74 qui font à peu près les variations de 73 & #$ pendant foixante Jours, J'ai par ce moyen, en une page ou deux, la fuite des argumens cherchés pendant un intervalle de temps'affez con- fidérable. La feule infpeétion des deux colonnes m'apprend les temps où les argumens cherchés ont à peu près fa relation defirée. Cela fait, un tâtonnement très-aifé me montre com- bien il faut prendre de jours devant ou après ceux qu'indiquent les fuites de nombres dont je viens de parler, pour faire con: courir dela manière la plus fenfble les équations dépendantes de Ja Lune avec celles qui viennent de Vénus & de Jupiter. Par cette méthode j'ai trouvé que le 24 Avril 1749, le 12 Juin 1754, le 27 Janvier & le $ Octobre 1757, le 22 Mai 1760, étoient des temps où les actions de {a Lune, de Vénus & de Jupiter donnoient à peu près le plus grand éffet poflible. Les équations qui ont lieu dans ces temps, font les fuivantes, 1749. 24 Avril. ...Équat. € “+ 8”,9 . Q + 10,4 F 2 + 8,71 Total. + 27,4 1754. 12 Juin..... CP NB 0; j Q — 13,6 - 22 Ta 8,4 Total. — 30,9 ; 1757 27 Janvier... € + 38 ul. | $ + 10,9 Z + 8,3 Total... + 27,4 3 564 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 1757 5 Octobre... A He: d 8509 Total... — 28,8 1760 22 Mao... € + 9”,1 On voit par ces exemples, qu'un Afironome qui cher- cheroit à déterminer les élémens de la théorie du Soleil par les méthodes ordinaires, fans égard aux aétions des Planètes, poursoit trouver dans les lieux du Soleil qu'il emploieroit, des différences d'environ une minute qu'il attribueroit fauffe- ment à des variations de Féquation du centre. Au refte, {1 les temps où les actions des trois Planètés fe réuniffent pour faire le plus grand effet, ne font pas fort voifins les uns des autres, il n'arrive que trop fouvent néan- moins que la combinaifon de ces actions mérite l'attention des Aftronomes, foit que deux feulement des trois aétions fe réuniffent, la troifième étant comme nulle, foit que les trois actions, fans être toutes en maximum, {e trouvent du même fens & d'une grandeur à n'être pas négligées. Tous ces cas fe trouveront facilement par la méthode que l'on vient d'employer, ou par des efpèces d'éphémérides qu'il ef très-aifé de calculer avec des tables de mouvemens moyens qui contiennent les argumens employés dans notre théorie. Nous nous propolons de donner dans un.autre Mémoire le mouvement du Soleil en latitude, qui {uit de l'attraction des mêmes Planètes que nous avons confidérées dans celui-ci. _ LYDÉE SM SICOÉ E NUC:E s65 DÉTERMINATION # vD'E ‘LA | LONGITUDE DE L'ISLE DE MADÉRE, Par les Éclipfes des fatellites de Jupiter obfervées par M. Bory, Lieutenant des. Vaiffeaux du Roi, comparées avec celles de. M. l'Abbé de la Caille à l'ifle de France. | Par M. DE L'IsLE. Borry, Lieutenant des Vaifleaux du Roi, ayant ob- . fervé deux immerfions du premier fatellite de Jupiter & une du troifième à Fumchal, capitale de l'ifle de Madère, fur la fin de l'année 17 5 3 & au commencement de 1754, je les ai comparées avec celles de M. l'Abbé de fa Caille dans l'ifle de France, qui font.les feules parmi lefquelles j'en ai pû trouver de correfpondantes à celles de M. Bory. … Quand je parle d'obfervations correfpondantes, je n'entends pas feulement celles qui ont été faites précifément dans le même temps, car il ne s’en eft pas trouvé de telles: mais Jon fait que dans l’ufage des oblervations des fatellites de Jupiter pour les longitudes, fur-tout dans celles du premier, Jon peut aflez fürement y employer des'obfervations faites ‘après deux ou trois révolutions, lorfqu'on n'en peut avoir -de fimultanées. Heureufement les réfultats que j'ai tirés des trois obfervations :de M. Bory,: qui n'ont pas eu précilé- ment leurs correfpondantes parmi les obfervations que j'ai pü avoir jufqu'ici, fe font trouvés d'accord, à peu de fecondes près; ce qui juflifie &. affure l'ufage que j'en ai fait, en les comparant avec celles de M. l'Abbé de la Caille, éloignées de deux ou trois révolutions. ; Pour réduire au méridien de Paris Ja différence que j'ai - Bbbbii} 27 Novemb. 1754 566 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE trouvée entre V'ifle-de France & l'ifle de Madère, j'ai dû fuppoler connue Ia longitude de l'ifle de France à l'égard de Paris; mais je crois l'avoir affez exaétement déterminée, en prenant le milieu entre vingt réfultats que j'ai tirés de neuf obfervations que M. F Abbé de la Caille a faites fur les fa- tellites de Jupiter dans Fifle de France. J'ai comparé pour cela ces neuf obfervations de M. l'Abbé de la Caille avec toutes les obfervations correfpondantes ou approchantes , faites dans différens endroits dont J'ai pû avoir des obfervations, & dont la longitude, à l'égard de Paris, m'étoit aflez bien connue. La différence de longitude de life de France à l'égard de Paris, qui en a réfultée en prenant le milieu entre ces deux déterminations, s'efl trouvée de 38 40" 45°. J'ai auffi examiné ce qui réfultoit de fept oblervations des fatellites de Jupiter, faites dans la même ifle de France pendant Vannée 1751 par M. Daprès de Manevillette, Capitaine de Vaiffeaux au fervice de la Compagnie des Indes, & j'en ai tiré dix-neuf rélultats pour la différence de longi- tude entre cette ifle & Paris: la différence moyenne entre ces dix-neuf réfultats seft trouvée de 3P 40° 22"; ainfi, en prenant un nouveau milieu entre les obfervations de M. Daprès-& celles de M. l'Abbé de la Caille, on peut fuppoler la longitude de l'ifle de France, à Pégard de Paris, d'environ 2: 40 35; en s'approchant un peu plus près des réfultats tirés des obfervations de M. l Abbé de Ia Cailie, que de ceux de M. Daprès. En fuppofant cette longitude, voici celle de Funchal, qui réfulte des obfervations de M. Bory. 1753. Déc. 28. Immerfion du 1.‘ fatellite obfcrvée à : Funchal par M. Bory ........ 18h 1454 Ajoûtant pour deux révolutions .. 3112 $$ 7 L’'immerfion devoit arriver à Funchal le Maven 752. 0 RÉAL OM Elle a été obfervée à l’ifle de France lepn Janvier et ES OU. 7048 nn TE à à | ; à 17$4. Janv. 1. 3754 DÉE SMS CINE ES 0 MA 567 Différence de Funchal à lifle de Frances, 4 asie AURA E je ROZ A7 Différence de l'ifle de France à Paris, 3 40 35 Donc différence de Funchal à Paris... 1 17 121 Immerfion du! 1.°' fatellite ‘obfervé à l'ifle de France ....... tr 2h60 PAGE Ajoûtant pour trois révolutions .. si 7° 2313" L'immerfion devoit arriver à l'ifle de France, Je, 6 Janvier . .4...:. 19 34 « ! Elle à été obfervéel à Funchal par MERBODR En SE LE LE) ÉTSTt 6 14 33 19. Différence de Funchal à l'ifle de IHrance sHItbpelolcrs ce) Ib fetes > 4 57 42 Différence de l'ifle de Francea Paris 3 40 35 Différence de Funchal à Paris... 1 17 7. AR ne Immerfion du 3°"° fatellite, obfervée à l'ile de France en Janvier. . . 1i 12h 3246" Ajoûtez pourune révolution de ce faellite................ ARS NTM L'immerfion devoit arriver à l'ifle de France le 8 Janvier. .... RON 19 27 58 Elle a été obfervée à Funchal ie 8 Janvier JE, 090,00 on QU AU - 30 ‘0 Différence de l'ifle de France à: Funchal?29 A0 PR, rs cs. 4 57 58 Différence de Paris à l'ifle de France. 3 40 35 Différence de Funchal à Paris, .. ,? ‘5 17 23 La différence moyenne entre ces trois déterminations de: longitude de Funchal à Paris eft de 1° 17° 14", ou de 19% 18'2; c'eft pourquoi fi l'on fuppofe le premier méri- dien, qui pañle par l'ifle de Fer, éloigné de Paris de 20; dégrés jufle (comme on le fuppofe ordinairement) la ville de Funchal ne feroit diftante de ce premier méridien: vers lorient que de où 41’ 1 z° Quoïque la longitude de a ville de Funchaf, que j'ai rapportée ci-devant, paroifle affez bien établie & afez füre 568 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE par les obfervations de M. Bory, comparées avec celles de M. de fa Caille, il ne fera pas imutile d'examiner fi cette longitude fe. peut confirmer par d'autres obfervations faites dans le même lieu ou dans le voifinage, & s’il y a de la différence, d'en rechercher la caufe, pour mieux faire fentir l'utilité des obfervations de.M. Bory. : Je ne connois d’oblervations aflronomiques faites à Madère, outre celles de M. Bory, que celles que le P. Laval eut ordre d'y faire en pañlant par cette ifle pour aller à Ja Louifiane l'année 1720. If defcendit à terre le 6 Avril, avec des inftrumens proprés à détérminer exaétement la lon- gitude & la latitude de cette ifle : ces inftrumens étoient un quart - de- cercle de trois pieds de rayon, une pendule à fe- condes & une lunette de dix-huit pieds. Pendant les cinq jours qu'il refta dans cette ifle, il obferva, avec le quart-de-cercle, huit hauteurs méridiennes, dont quatre étoient du Soleil ,: trois de Jupiter & une de Vénus, & if en conclut la hau- teur du pole de Funchal, de 324 37" s 3" dans le Collége des Jéfuites, qui eft au milieu de la ville, & au nord de Yéglife cathédrale de 1 50 toiles, dont il eft plus éloigné de la mer; d'où, il conclut la latitude du mouillaue de 324 37 20". Je rapporte ce détail, afin que l'on puifle le com- parer avec les obfervations de M. Bory pour l latitude, ayant égard à Ja différence des lieux où ces deux Aftronomes ont: obfervé, & aux différens élémens qu'ils ont employés dans Pufage de leurs obfervations. Le P. Laval a publié le détail de fes obfervations & le réfultat de fes calculs dans fon voyage de la Louifiane, imprimé à Paris en 1 728, in-4’, page 21 T frivantes : il m'en avoit auflr communiqué avant limpreffion le manufcrit, dont j'ai pris copie & que j'ai trouvé entièrement conforme à l'imprimé. Pour la longitude, il obferva le o Avril au foir l'émer- fion du premier fatellite de Jupiter à 9" 6* 32" de temps vrai: fon horloge a été réglée par une feule hauteur corref pondante, prife le 8 Avril, & par trois prifes le 10. Après Y'obfervation que je viens de rapporter du premier fatllite, : le , PE D er CE es ‘/ MLEMSMÈS © 4 E N € EN: 56 le P. Laval s'étant aperçû que le fecond & le troifième A tellites étoient près l'un de fautre, & qu'ils sapprochoïent de plus en: plus en allant d'un fens contraire, il attendit leur conjonction, qui arriva plus de deux heures après l'émerfion du premier. Je ne rapporterai pas ici les détails de cette obfervation, qui fe trouvent dans l'imprimé & dans mon manufcrit, parce qu'elle ne peut pas fervir à déterminer {a longitude avec la fimplicité & la précifion que peuvent donner les éclipfes des fatellites dans l'ombre de Jupiter. Le P. Laval étant de retour de fon voyage de la Louifiane à Toulon fur la fin de l'année 1720, écrivit à M. Caffini, pour avoir des obfervations correfpondantes ou peu éloignées de celles qu'il avoit faites dans fon voyage, pour la longi- tude de Madère: il en reçut deux, favoir, l’émerfion du 2 Avril au fir, obfervée à Paris dans Obfervatoire royal à 8h 17 37'",-avec une lunette de feize pieds, & l'émer- fion du‘ au foir, obfervée à Marfeille par le P. Feuillée - ve ‘à 10h 26’ 49". Celle de Paris précédoit de quatre ré- volutions celle que le P. Laval avoit obfervée à Funchal; cependant le P.. Laval l'ayant comparée avec la fienne, il trouva que la différence de longitude entre Funchal & Paris-s'en concluoit de 1" 7’ 45”, en fuppofant la durée de quatre révolutions de ce fatellite de 7j 1" 56’ 40". Voyez Jon voyage de la Louifiane, page 245. Pour ce qui eft de lobfervation de Marteille, exacteinent correfpondante à celle de Funchal, le P. Laval en conclud (page 246) Ha différence de Funchal à Märfeille de 19 20° 17", dorit Otant 12°-28" dont il fuppofe Mar- - feille oriental à Paris, il refte 1° 7° 49" pour la différence de Funchal à Paris. Le P. Laval remarque que cette différence ne s'éloigne que de 4 fecondes de celle qu'il avoit déduite de l’obfervation de M. Caffini; d'où il conclud que {a durée qu'il a fuppofée de chaque révolution du premier fatellite eft très-exacte, & à une feconde près. Le P. Lavalauroit pû : faire accorder parfaitement l'obfervation de M. Caffini avec “celle du P. Feuillée, pour donner précifément la même Mém. 1754: Cccc 70 MÉMOIRES DE L'AGADÉMIE ROYALE longitude de Funchal à Paris; il p’auroit fallu pour cela qu'augmenter de 4 fecondes la durée de quatre révolutions du premier fatellite, & la faire de 7j 1h 56! 44"; ce qui auroit donné, par lobfervation de M. Caflini, la même lon- gitude de Funchal à Paris, qu'il avoit trouvée par celle du P. Feuillée, de 1° 7° 49". Mais comme les obfervations ont toûjours leur incertitude, qui eft caufe qu'elles ne peuvent pas fervir à déterminer avec précifion la durée des révolutions des fatellites, jai cru qu'il étoit plus für de la déterminer par les Tables. Celles que j'ai conflruites il y a près de trente ans fur les Élémens de M. Bradley, inférées dans les” Fables de M. Halle, m'ont donné la durée des quatre révolutions du premier fatellite entre les émerfions du 2 & du 9 Avril : 1720, de 26 fecondes plus courte que le P. Laval ne la fuppofée, & par conféquent de 7i 1 56’ 18". Si l'on fe fert de cette deinière durée.dans la comparaifon des obfer- vations de M. Caflini & du P. Laval, -il en réfultera la différence de Funchal à Paris de 1° 7’ 23", ce qui diffère de’ 26" de ce qui fe conclud des obfervations immédiates des PP. Feuillée & Laval comparées enfemble. La longitude de Funchal que je viens de rapporter, dé- duite de l'obfervation unique du P. Laval, diffère, comme lon voit,.de près de 10 minutes de temps de ce que j'ai conclu des trois obfervations de M. Bory. Cette fupériorité pour le nombre d’obfervations en faveur de M. Bory, eft un fort préjugé contre le P. Laval, qui s'eft apparemment -mépris de 10 minutes en comptant à fa pendule ou en écrivant fon obfervation: cette erreur, dont il ne s'eft pas aperçû , lui a fait croire que les iflés Canaries, qui font fous le méridien de l'ifle de Madère, étoient trop à l'Occident dans les Cartes marines, nommément dans celles de Van- kealen, & de Pietergos, parce que ces Auteurs mettoient fa pointe occidentale de l'ifle de Madère fous le méridien de Ténérifle; mais quand quelques années après l'on fut afluré de la véritable longitude des Canaries, par les obfervations exactes qu'y fit le P. Feuillée en 1724, l'on reconnut que x ” DES SCIÉNÉES S7T h Jongitude de Madère, rélultante des obfervations du P; Laval, ne pouvoit pas fubfifter, étant toûjours conftant, par les Cartes marimes, que l'ifle de Madère étoit dans le mé- ridien des Canaries. à L Avantquele P. Feuilléeeütfaxfesobfervationsaux Canaries, &aufli-tôt après que le P. Laval eût publié fa détermination de la longitudé de Madère, mon frère, le Géographe, s’aperçût qu'elle étoit défeétueuf®, parce qu'ayant déterminé la pofition des ifles Canaïes plus de vingt-quatre ans avant les obfer- ‘ vations du P. Feuillée, & fort approchant de ce que ces oblervations ont fait connoïtre, mon frète vit bien que lobfervation du P. Laval, faite à Madère, ne s’y accordant pas à beaucoup près, elle devoit être défectueufe. a été au commencement de ce fiècle que feu mon frère avoit établi la longitüde de l'ifle de Fer, la plus occideñtale des Canaries, à 20 degrés de diftance de Paris, comme l’on peut voir dans le Journal de$ Savans*du 7 Juin 1700, où il rapporte les fondemens de cette détermination; enjuite, paï la fituation refpeëtive de l'ifle de Madère à l'égard des Canaries, tirée des Cartes marines où Journaux de navi- tion, il avoit déterminé la ongitudé de Funchal à l'égard de Paris, de 1 84 1 8°, ainfi que l'on peut voir dans un petit papier manufcrit que mon frère communiqua. à Académie Je 5 Février 1725, dont j'ai trouvé une copie parmi fes Mémoires manufcrits. … Cette ancienne détermination faite par mon frère, de la lon- gitude de l’ifle de Madère, s'éloigne de celle du P: Laval de 5 23" de temps, & feulement de 4” 2” de celle que j'ai déduite GS cbfervations de M. Bory; mais fi mon frère, dans fes conjedures , s'eft trouvé plus éloigné de la détermination du P. Laval que des obfervations de M. Bory ,nous avons obli- gation à ce dernier d’avoir fait des obfervations propres à déter- miner, avec toute l'exactitude poflible, une longitude fi éffentielle à la Navigation & fiutile au progrès de la Géographie. NU ‘+ AAA ! Ccccij / 572 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M É MOLRE SUR LES SEL SONEMTER EM Dans lequel on fait connoître deux nouvelles claffes de fels neutres, &7 l'on développe le phénomène fingulier de l'excès d'acide dans ces fels. : ‘Par M. ROUELLE. PR RENM I É RE PARTIE PS: donner une jufte notion des différentes efpèces de fels que j'annonce, il me femble qu'il eft à propos de rapporter en abrégé l'hiftoire des fels neutres, & d'en rappeler les définitions. | Quelques Auteurs ont défini les fels neutres, des fels qui ont été formés par l'union des acides avec les alkalis, qui font folubles dans l'eau & impriment fur la langue une faveur falée: c'eft par cette raifon qu'il les ont aufi appelés /e/s falés. Le nombre des fels neutres a été d’abord très-petit, on ne connoifloit prefque que le fel marin & le nitre; mais ce nombre s'eft bien-tôt accrû, fur-tout par les travaux de Glauber. On y en a enfuite ajoûté d'autres, dont les bafes font Yalkali volatil & une terre abforbante. Enfin on y a joint les fels formés par l'union des acides avec les fubftances métalliques. \ On à d'abord demandé, pour qu'un fel neutre fût regardé comme parfait, qu'il fût formé par une exacte proportion de Pacide & de l'alkali: il eft aifé de le connoître, lorfqu'en verfant un acide fur un alkali, le mouvement ou l'effervef cence qu'ils ont produit a ceflé: c’eft ce qu'on appelle le point de faturation. | rt te ha es. 0 DES SCIENCES. 573 On à auffi exigé dans la fuite comme une preuve efféntielle de leur jufte faturation, qu'ils n'altéraffent pas la couleur bleue du firop de violettes. On fait que les acides changent cette couleur en rouge, & que les alkalis la changent en verd. + D'autres Auteurs ne fe font pas contentés de cette jufle combinaifon; ils ont voulu, pour qu'un fel neutre fût par- fait, qu'il réfiflât à la violence du feu fans fe décompofer. En reftreignant ainfi la définition des fels neutres, ils les ont prefque réduits au tartre vitriolé & au {el admirable ‘de Glauber. U re La découverte de Stahl fur fa nature du .foufre, fon analyfe & le moyen de le faire artificiellement, à fait voir que ces fels étoient également fufceptibles de décompofition. . Cet illuftre Chymifte a auffi propolé en forme de problème la décompofition du tartre vitriolé dans le créux de la main: ce problème a beaucoup exercé les Chymiftes; il étoit ré- fervé au favant M. Pott de le réfoudre. Ce fel rentre donc dans l'ordre des autres; on peut le décompofer, même fans * Je-fecours du feu. Les Chymiftes font très-peu d'accord fur les fels neutres formés par la combinaifon des acides avec les terres alka- lines & les fubftances métalliques. Il y a tels de ces.fels qui n'altèrent pas la couleur du firop de violettes *, pendant que d'autres la changent en rouge & d’autres en verd. Ces fels ont aufli quelques propriétés très-différentes ; c'eft ce qui a occafionné la diverfité des fentimens parmi les Chymiftes: les . unsont voulu qu'on les rangeât dans la claffe des fels neutres, & les autres qu'on les en féparât. Les plus éclairés ont regardé . cette queftion comme très-difficile à réfoudre, parce que l’on m'aVoit pas encore aflez d'obfervations fur ces fels. Dans un Mémoire que jai préfenté à l’Académie en 2744, fur la cryftallifation des fels neutres, j'ai étendu le nombre de ces fels autant qu'il étoit poffible, en définiffant . génériquement le fel neutre un fl formé par union d'un * Mémoire de M. Neumann » de l’Académie des Sciences de Berlin, année 17441 x Cccc iij 574 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE acide avec une fubflance quelconque, qui lui fert de bafe & lui donne une forme concrète où folide. Dans ce même Mémoire, je n'ai pas feulement augmenté le nombre des {els moyens par rapport aux phénomènes de la cryftallifation, mais j'ai eu fingulièrement en vüe ce nouveau travail que je préfente aujourd'hui. di J'entends par un fel neutre qui a un excès ou üne furabon- dance d'acide, un fel moyen qui, outre la jufte quantité d'acide qui le met dans l'état neutre parfait; eñ a encoreune . nouvelle quantité. I ne faut pas que l'acide {oit fimplement mêlé avec le {el neutre, il:faut qu'il y ait cohérence de cet acide'avec les autres parties, qu'il fafle combinaifon, & qu'il y en ait une jufte quantité : l'excès d'acide a aufii fon point de faturation. préahine Les fels qui ont excès d'acide, font très-folubles, fr on compare leur folubilité à celle du fe de leur même efpèce qui n'a d'acide que le moins*qu'il eft pofible, Plufieurs de ces fels attirent même l'humidité de fair, & tombent‘en deliquium. Ces fels changent en rouge la teinture bleue des violettes, ils font prefque tous effervefcence avec l'alkali fixe & l'alkali volatil: il y en a cependant un qui fait exception à cette règle générale; au lieu de changer en rouge [a couleur bleue des violettes, il la change en verd; il ne fait pas d'effervef- cence avec les alkalis fixes ou les volatils, mais il en fait une très-fenfible avec des fubftances métalliques. Cette fin- . gularité forme, ainfi que je l'ai dit, une exception à«la règle, .ce qui nous fait voir combien on doit être en garde contre la démangeaifon de faire des axiomes en Chymie, vü le peu d’étendue de nos connoiffances. L J'appelle fels neutres parfaits ou falés ceux dont le point de faturation eft exact, & qui ont une jufte quantité d'acide & un degré médiocre de folubilité. Tels font les fels formés par la combinaifon des acides avec les fels alkalis. Ces fels n'altèrent pas de firop de violettes ; dè cé nombre font le “tartre vitriolé, le fl admirable de Glauber, le {el ammoniacal ant. + 4 SRE FR L ” DES SCIENCES. 575 vitriolique ou fel fecret de Glauber, le nitre, le nitre quadran- gulaire, le fel ammoniacal nitreux, le {el marin, le {el marin régénéré par lalkali fixe, 4e fel ammoniac, &c. La troifième claflé eft de eux que j'appelle fels neutres avec le mioins d'acide qu'il eft poflible, où {els neutrés très peu folubles ou mème infolubles / comme la lune cornée, Ces fels ont très-peu d'acide dans leur compoñition, de-fà leur peu de folubilité; ils font dans l'état neutre parfait; la plufpart n'altèrent pas le firop de violettes, & ils ne font ancune eflervefcence avec l’alkali fixe ou le volatil. L'excès d'acide dans quelques fubftances falines n'eft pas inconnu en Chymie: il m'a toûjours paru étonnant que la nouvelle découverte que je propole, ait échappé à la fagacité de quelques-uns de nos célèbres Artiftes, tels que Glauber, Kunckel, Becker & Stahl, qui fe font beaucoup oceupés à dévoiler da nature de-ces fels. Ils avoient fous les yeux des phénomènes frappans & un fel neutre dont l'excès d'acide €ft connu de tout le monde, ce qui devoit les éclairer ,& 1 mettre fur la voie de l'obfervation. Je ne rapporterai qu'un petit ngmbre.de ces f£ls, qui fer- viront d'exemples pour expliquer tous les autres & pour faire fentir la néceflité des nouvelles diftinétions que je propole. Les bornes que je me füis prefcrites ne me permettent pas d'entrer dans des détails, d’ailleurs très-intéreffans : je les ré- ferve pour un autre temps, & je me contente de parler au- jourd'hui des combinaifons de facide du fl marin & de l'acide vitriolique avec le mercure, dé l'acide du même fel marin avec le régule d’antimoine, de l'acide nitreux avec le bifmuth, & de l'acide vitriolique avec l'alkali fixe.’ Les trois remiers fels font du nombre de. ceux que je donne dans mes leçons de Chymiepour des exemples de fels avec excès d'acide; les deux derniers n'ont pas été publiés. * Parmi les fubilances falines, jen choïfirai d'abord une dont on connoît parfaitement l'excès d'acide, & qui eft celle d'où j'ai tiré les premières lumières qui m'ont éclairé dans cette découverte; je veux parler du mercure fublimé corrofif. 576 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE : Le mercure fublimé corrofif eft un fel. neutre, formé par l'union de l'acide du fel marin avec le mercure ou le vif-argent. On fait que ce fublimé a une telle abondance d'acide, qu'il eft capable de difloudre ane nouvelle quantité de meïcure, puifque quatre de fes. parties diflolvent plus de trois parties de nouveau fnercure. Le mercure fublimé, ainft privé de fon excès d'acide, eft connu en Chymie & en Médecine fous le nom de mercure doux: on a beau le traiter - avec de nouveau mercure, il n'en faifit pas davantage. Ce nouveau fel ou mercure doux eft donc dans V'état . , - , . , « parfait d'un fel neutre, c'eft-à-dire que l'acide & la bafe _ font dans des proportions exaétes; il a le moins d'acide qu'il eft pofible : le mercure fublimé corrofif, au contraire, eft un fel neutre qui a un excès d'acide du fel marin. : Plufieurs Chymiftes ont cru donner au fublimé corrofif un nouvel acide, en le fublimant plufieurs fois avec de. nouveau fel marin & de nouveau vitriol. Il ÿ auroit beaucoup de chofes à dire fur ce procédé; mais il me fuffit, pour remplir mon objet, de faire connoïtre que le fublimé corrofif ñe prend pas de nouvel acide du fel marin: il s'élève, avec le mercure fublimé, un peu de fer uni à l'acide du fel; une portion du mercure fublimé corrofif refte dans Le caput mortuum, & il eft prefqu'impofñlible de l'en féparer par la fublimation. Je pourrai un. jour préfenter à l'Académie mon travail fur ce fublimé, qui a été employé par les Anciens dans la compofition d'un menftrue fingulier. Si dans la fublimation du fublimé corrofif on double la quantité du {el marin & du vitriol, le mercure n’en prend pas davantage d'acide. J'ai aufli tenté inutilement de donner au fublimé corrofif un nouvel acide, en le diflolvant dans l'acide du fel marin & en lé fublimant dans une retorte, afin de remettre cé fel fous une forme concrète & de le priver du phlegme & de l'acide qui ne fait pas d'union avec lui. Tout l'acide du fel a paflé dans la diftillation; le. fublimé corrofif s'eft élevé au col de la retorte, & ïl ne s'eft pas trouvé augmenté. L'union dè l'acide du fel marin avec le mercure nous fournit AMIE TS MES Cr EN CES! S77 deux fels moyens, l'un qui eft dans l'état neutre, l'autre qui aexcès d'acide. Il eft certain que l'acide qui eft en excès dans ce dernier fel n'eft pas fimplement mélé avec le mer- cure, mais qu'il y eft combiné & uni, puifqu'il prend avec . lui une forme concrète, qu'il fe fublime fans fe féparer, & _que diffous dans l’eau, il cryftallife; la fublimation donne donc le jufte point de faturation de l'excès d'acide. Le fublimé corrofif ne tombe point-en dhiquium, & il demande pour fa folution une bien plus grande quantité d’eau que la plufpart des autres fels qui ont excès d'acide comme lui; auf fait-il une exception à la règle générale. Ce même mercure fublimé corrofif diflous dans l'eau de pluie diftillée, qui eft celle que j'emploie dans toutes ces expériences, cryftallife, comme on le fait déjà. Cette diflolution change en verd'fa teinture bleue du firop de violettes; l'alkali fixe & f'alkali volatil la précipitent, mais fans effervefcence. C'eft ce fel qui fait une nouvelle ex- ception à la règle générale des fels qui ont excès d'acide & dont j'ai parlé ci-devañt ; mais sil ne fait pas effervefcence avec les alkalis, il en fait avec plufieurs fubftances métalliques, avec fefquelles l'acide du fel marin a plus de rapport ou de convenance qu'avec le mercure. Tels font l'arfenic, le régule. d’antimoine, l'étain, &c. .” Le fel neutre parfait, ou le mercure doux qui a le moins d'acide qu'il eft poffible, eft très-peu.foluble, comparé au fublimé corrofif; il demande une grande quäntité d'eau & une ébullition foûtenue. Voici la méthode que j’emploie pour fa folution, ainfi que pour celle de tous les autres fels qui font de la même claffe & aufli peu folubles. Je prends une demi-once de mercure doux porphyrilé, que je broie dans un mortier de verre avec un peu d’eau pendant une bonne demi-heure, afin de le divifer davantage & de favorifer de plus en plus la folution: je mets enfüite ce fel dans un matras avec quatre onces d'eau difillée, de manière qu’il refle un tiers du vaiflèau vuide: je le fais di- gérer & bouillir au bain de fable pendant trois quarts d’héure, Mém, 1 75 4 Dddd k 578 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE y ajoütant de temps en temps un peu d'eau bouillante pour réparer la perte de celle qui s'eft évaporée. La liqueur étant refroidie, je la décante & la fire, ayant eu foin auparavarit de laver le filtre de papier avec eau bouillante. La quantité du mercure doux ainfi difloute eff fi petite, qu'il faut plus de onze cens parties d'eau pour en diffoudre une de fel ; c'eft ce que j'ai reconnu en le précipitant par un alkali: jai trouvé qu'un grain de ce mercure étoit tenu en folution par plus de deux onces d'eau. Le peu de folubilité de ce fel & de plufieurs autres les rend donc très-diftinéts des autres fels neutres que j'appelle falés ou parfaits, & de ceux qui ont excès d'acide; il eft donc abfolument néceffaire d’en faire une clafle à put & de les diftinguer, en les appelant fels neutres infolubles ou prefque infolubles, car il y en a en effet quelques-uns qui font infolubles. La folution de ce {el change fa teinture de violettes en verd-bleu: l’alkali fixe altère cette même folution & la rend louche, mais fans effervefcence : l'alkali volatil n'y caufe aucun mouvement, mais il la trouble plus que l'alkali fixe & lui fait prendre une couleur d'opale; if faut même laiffer ces liqueurs en répos pendant des journées entières pour voir tomber les précipités, tant ils font peu confidérables. L'union de l'acide vitriolique avec le mercure fournit auf deux fels neutres; l'un eft avec excès d'acide, l'autre en a le moins qu'il eft poflible & eft au jufte point de faturation. Ce dernier ett aufli peu foluble que le mercure doux, c’eft pour- quoi je le mets au nombre des fels peu folubles ou infolubles. Cette union du mercure avec l'acide vitriolique eft connue fous le nom de turbith minéral. On fait ordinairement la diflolution du mercure par l'acide vitriolique dans une re- torte, avec parties égales de mercure & d'huile de vitriol concentrée : lorfqu'elle ne l’eft pas aflez, on en met un peu plus. Cet acide n'attaque le mercure que lorfqu'il'eft très- concentré & bouillant. L'effervefcence ou le mouvement de diffolution étant pallé, on cefle le feu, & l'on trouve dans la retorte une maffe faline & blanche. , $ DES SCcrENCES. 79. Pour faire le turbith minéral, on prend cette mafle faline; étant à la cave,-elle tombe en defiquium ; où bien on la met dans un mortier de verre, on la broie & l'on y verfe de l'eau bouillante. Il fe fépare dans l'inflant même une poudre jaune ; qui eft le turbith où le mercuie précipité jaune. Cette poudre jaune n'eft point un pr écipité, c'eft un vé= titable fl neutre qui n'a d'acide que le moins qu'il eft pof- fible : la liqueur qui refte après la précipitation n ’eft pas : Facide pur féparé d'avec le mercure, comme on là cru; au contraire, elle contient dü -mercure ‘uni à l'acide vitriolique, : comme l'a déjà obfervé Kunékel, mais avec excès d'acide: Il tombe en deliquium, lorfqu’on l'exiof dans la € éave, Ce fel avec excès d'acide cryftaife; change en rouge la couleur du firop de violettes: avec Talkali fixe, il fit une forte effervefcence & il tombe un pr écipité rouge : avec lalkali volatil, leffervefcence n’eft pas moins vive & il fe précipite une poudre blanche. Le turbith minéral, ou le fel neutre qui a Ja moindre uantité d'acide qu il eft poflible, eft très-peu foluble: il en eft de ce {el à peu près comme du’ mercure doux. Ce fel diffous dans l'eau, change d'abord en rouge la tein- ture du firop de violettes; un inftant après cette couleur fe change en bleu célefte, qui n'éft pas celui des violettes. alkali fixe précipite le mercure de cette folution fans efervefcence en une couleur d'abord jaunâtre & fale, qui dans la fuite devient brune obfcure, & même noirâtre : avec lalkali volatil, elle eft auffi précipitée fans mouvement; le précipité éft d’abord d’un brun obfcur, enfuite il devient noïâtre. Voilà un phénomène très- sn les précipités dù fel avec excès d'acide & ceux du’ fel qui a le point de fitüration exact, ont dés coùleurs très-différentes, quoique ce foitle même acide & les mêmes alkalis;-mais ce n'eft point” ici de lieu de difcuter ces faits, il me fuffit de les faire obferver. "On peut aufii faire ces deux fels avec l'acide vitriolique 8ème mercure, en verfant fur une diffolution de mercure, | faite pa lacide nitreux bien fituré, de Yacide Vitriolique * Dddd ij 580 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE “qui foit peu affoibli & en petite quantité: il fe fait un faux précipité blancheâtre, Qu'on décante la liqueur qui furnage & qu'on la partage en deux, que l'on ajoûte à l’une de nouvef acide vitriolique, tout fe difloudra; ce fera le fel avec excès d'acide. Qu'à l'autre partie on applique de l’eau bouillante, en aura un turbith minéral ou le {el neutre fait avec le moins d'acide qu'il eft pofhble : l'eau bouillante dégage d'avec le unbith un peu de fel avec excès d'acide qui le blanchiffoit. On connoit déjà en Chymie la méthode de M Pott . pour faire du turbith minéral. Ce favant Chymifte, dans la folution du problème de Stahl fur la décompofition du tartre vitriolé dans le creux de la main, applique à une dif folution de mercure, faite par l'acide nitreux, une folution de tartre vitriolé, & il a un faux précipité blincheâtre, fur lequel ä n’y a qu'à verfer un peu d’eau bouillante, on a un turbith minéral, Si on emploie les folutions du tartre vi- triolé bouillantes, le turbith tombera fur lechamp tout jaune. Le fel admirable de Glauber, les vitriols de Mars, de Vénus, du zink ou blanc de Goffelard & ’alun produifent les nèmes effets que le tartre vitriolé fur la diffolution du mercure dans l'acide nitreux; ils donnent tous un beau turbith minéral. L’acide du fel marin, combiné avec le régule d’antimoine, donne également deux fels neutres, l'un avec füur-abondance d'acide, l'autre au point de faturation & avec très-peu d'acide. L'union de cet acide avec le régule d'antimoine eft connue en Chymie fous le nom de beurre d’antimoine: on fait ce beurre avec Je mélange du fublimé corrofif & le régule d’an-. timoine ou l’antimoine même. Lors du mélange de ces fubf- tances, exactement réduites. en poudre, elles fe gonflent, on s'aperçoit qu'elles font agitées & en mouvement, & elles répandent des vapeurs ; c'eft.une vraie effervefcence qui démontre l'excès d'acide du fublimé corrofif. Ce mélange, mis dans une. retorte avant qu'il agifle; placé au bain de fable ou au fourneau de réverbère, & traité par le feu fuivant lufage, donne dans la diftillation une matière faline qui coule par le col du vaiffeau comme un beurre fondu; c'eft : DES! SCIENCE Ss s8t | pourquoi on l'a appelé, quoiqu'improprement, beurre d’an- Le timoine. On fait que dans cette opération l'acide du fel qui eft dans le fublimé corrofif quitte le mercure, & sunit au régule d'antimoine avec lequel il a plus d'affinité. -+ Cette mafle faline eft dans le même étar:que celle ‘qui donne le turbith minéral; elle attire l'eau de l'air & contient deux fels, l’un avec excès d'acide, l'autre, dans d'état neutre: le moyen de les féparer eft aufli le même que pour le turbith, c'eft-à-dire qu'il nya qu'à verfer‘ide l’eau deffus ; celui qui tombe au fond eftle fel avec le moins d'acide qu'il eft poffible & très-peu foluble, on le connoît fous le nom de mercure de vie; celui qui refte uni à l'eau, eft avec ‘excès d'acide. * Ce procédé du beurre d'antimoine, & du mercure de vie,. - quoique répété des milliers de fois, n’a cependant pas encore conduit les Chymiftes à une éthiologie exacte : il renferme des phénomènes finguliers qu'on n'a point obfervés: je n’en touchérai qu'un en paflant. Pour faire fe mercure de vie, que l'ona pris pour un précipité, on laifle tomber en déliquium le beurre d'antimoiné; il attire l'humidité de l'air &il fe - rélout, propriété düe à l'excès d'acide. On peut aufli le difloudre fans le précipiter, en le broyant dans un mortier de-verre échauffé, & en verfant deffus peu-à peu des gouttes d'eau bouillante: avec quelque: ufige, ôn peut le: difloudre exactement, comme fait lé deliquium. Quelques gouttes de trop le troublent & dérangent la: folution: Ce beurre étant ain{i rendu fluide on ajoûté une quantité d'eau-pour dégager : le mercure de vie: il y.a des Auteurs qui prelcrivént l'eau froide ; d'autres la veulent chaude & prétendent! avec raifon , ! ‘que de précipitéeft plus: fubtil :‘ils: n'ont ni déterminé Ha - quantité d'éaw néceflaire ;: ni: obfervé: les. phénomènes! qui | | dépendent de cette eau froide:où chaude gomme je vais'le) faire voir par uneiiexpétienceninelas, sl d35) 2'drnsus air Que für deux onces de beurre d'antimoine rendu fluide: : onyverle douze.onces d'eau bouillante, qu'on fépare la liqueur refroïidie du faux précipité, qu'on la partage en deux portions _ égales, quà l'une on-ajoûtefix:jonces d'eau bouillante; elle w Dddd ii 582 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE ne fera point troublée & il ne s'en dégagera rien: qu'on ajoûte à l'autre portion fix onces d'eau froide, elle fera fur le champ troublée & donnera une elpèce de précipité. L'eau froide cauferdonc à cette diflolution un dérângement tel, que le {el fe fépare de l'eau & cryflallife, puique cette cryflalli- fation n'arrive pas avec l'eau chaude. On pourroit m'objec- ter qu'il arrive à cette diflolution la même chofe que lorfqu’on fépare le turbith minéral, & que c'eft un fel peu foluble qui tombe. Cela ne fe paffe pas ainfi, ce n'eft que la fumple commotion de l'eau froide, puifque ce fel qui a cryftallifé,eft avec excès d'acide & très-foluble: la chofe eft fi vraie, qu'en chauffant cette liqueur avec fes cryftaux, le fel fe diffout de nouveau & en très-peu de temps. . La liqueur qui a fervi à la féparation du mercure de vie, contient le régule d'antimoine uni à un excès d'acide du fel marin. Ce-fel change en rouge la teinture des violettes: avec l'alkali fixe, il fait une vive eflervefcence & donne un pré- cipité de couleur brune & noirâtre: avec l'alkali volatil, il fait mouvement, & le précipité qu'il donne eft blanc. Le mercure de vie ou faux précipité, qui eft un fel neutre formé par le moins d'acide qu'il eft pofñble, eft très- peu foluble, if a fallu une longue ébullition pour fe difloudre; il change fa teinture dés violettes en rouge tirant fur le violet: avec f'alkali fixe, il ne fait aucuh mouvement, la folution devient d'abord louche ; puis if fe change un peu ‘en couleur : d'opale &. il fe précipite une poudre blanche: L'alkali volatil: y produit les mêmes efiets que le fixe, & le-précipité a auf la même couleur. | | Le beurre d'antimoine & Îa matière faline qui donne 1e turbith minéral, contiennent chacun deux fels, qui, avec une quantité ‘déterminée d’eau, font tenus en folution ; ils font: unis enfemble (ceft le deliquium qui fournit cette jufle pro- portion d'eau); une nouvelle quantité d’eau les fépare. 11 y a encore plufieurs ‘autres fels qui préfentent le même phénomène. À Has Il ne me refte:plus, pour montrer des fels neutres formés. 44 DES SCIENCE S | 583 par l'union des trois acides avec des fubftances métalliques, qu'à en donner un dont facide' foit le nitreux: le bifmuih m'en fournira la bafe. : tt * Le bifmuth diflous par acide nitreux a été jufqu'ici un paradoxe pour les Chymiftes; ils ont eu à ce fujet une va- riété de fentimens fingulière: les uns ont voulu que pour faire le magiftère de bifmuth, on le précipitât de cette diflolution par le fl marin, & ont cru que le bifmuth ainfi précipité étoit corné, c'eft-à-diré, uni à l'acide du fel, comme il arrive au plomb & à l'argent diflous par l'acide. nitreux & dégagés par le fe[ marin :‘les autres ont prétendu que le "fl marin étoit inutile, puifqu'on pouvoit précipiter le bifmuth par Veau feule. Le célèbre M. Poit, de l'Académie de Berlin, s'éft beaucoup occupé de cet objet dans les-différens Ouvrages qu'il a publiés; il a même thangé de fentiment & a avouéqu'il s'étoit trompé. Il feroit à fouhaiter que l'exemple de ce favant Chymifle püût prendre faveur: quel tort une mauvaife honte ne faitelle pas aux progrès de nos connoiffances ! | M. Pott, dans fa diflertation fur le tatre vitriolé, qui fe trouve dans le cinqifième tome des Mémoires de l Académie de Berlin, dit que le tartre vitriolé précipite le bifmuth dif- fous par l'acide nitreux. Dans fa differtation fur lé fel marin, \ il aflure que le bifmuth n’eft précipité ni par l'acide du {el | marin, ni par le fel marin même; que ce n’eft que par l'eau qui diflout ces fels, que fe fait la précipitation. Dans fa dif- _.. fertation fur le bifmuth, où il retouche de nouveau cette matière, il veut qu'il n'y ait que l'eau qui précipite le bifmuth _ uni à l'acide. nitreux ; il exclut auffi l'acide vitriolique, le - tarte vitriolé, le fel de Ghuber & le vitriol. IE réconnoît s'être trompé dans fa différtation fur le tartre vitriolé, en prétendant que ces fels précipitent le bifmuth diflous par Yacide nitreux. Enfin il ajoûte que acide du fel & le fel marin ne précipitent pas cette diflolution, mais que c'eft l'eau feule. : La diffinction de deux fels dans la diffolution du bifinuth … par l'acide nitreux, & leur féparation par l'eau, vont préparer … les moyens de difliper ces doutes, 84 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette diflolution du bifmuth fe précipite avec l'eau puré diflillée: une diffolution de bifmuth bien faturée (or on l'obtient en fa chauffant fortement & l'évaporant au point de la-cryftallifation, qui font des termes fixes pour les dif- folutions des fubftances métalliques & filines) une pareille diflolution, dis-je, demande huit parties d'eau pour étre pufaitement précipitée. La liqueur féparée du magiftère contient un fe] neutre avec excès d'acide: le magiftère eff un vrai fel neutre, qui n’a d'acide dans fa compofition que le moins qu'il eft poflible, “ Le fel qui a fur-abondance d'acide ;cryflallife ; il change en rouge violet la teinture des violettes, mais bien-tôt cette” couleur elt totalement détruite, comme elle l'eft par lâcide nitreux feul. Avec les alkalis fixes & les alkalis volatils, il fait une forte effervefcence & il fe précipite une poudre blanche. Le magiftère de bifmuth ou le fel qui a peu d'acide, bouilli avec de l'eau, de même que je J'ai pratiqué pour les autres {els très-peu folubles, change la teinture des violettes erf rouge tirant fur fe violet: l'alkali fixe & l'alkali volatil ne font aucun mouvement avec lui; üls tyoublent la folution & précipitent une poudre blanche en très-petite quantité, Après avoir fait voir quel eft l'état réel de la diflolution du bifinuth par l'acide nitreux, & ce que l'eau produit fur elle, revenons aux difficultés dont j'ai parlé. Dans les expériences que je vais rapporter, je me fers d'une diflolution du fel de bifmuth qui a excès d'acide ni- treux ; c'eft Ja liqueur même dont on a précipité le faux ma- giftère de bifmuth; elle eft au point de a cryftallifation &c ne précipite plus, quoiqu'on y ajoûte une grande quantité d'exu pure diftillée; je lui en ai donné jufqu'à vingt parties de plus. Tous les doutes au fujet de l’eau font donc levés, il eft facile alors d’apercevoir les effets des fels fans fon con- cours: je m'explique. Que l'on mêle, par exemple, à une livre de la folution de ce fel qui a excès d’acide une folution de fl marin, à peu près au point dela cryfalifition; en verfant peu à PS VDIELSSS\C/T'E N CES 585 péu, if ne fe fait aucun précipité; mais fi on y en mêle une égale quantité, elle devient louche ; on aperçoit un très-léger récipité attaché aux parois du vaiffeau de verre. En vain j'ai laiffé cette difolution pendant vinot-quatre heures; elle n'a rien précipité davantage. Conduit & guidé par quelques autres obfervations, j'ai verfé une quantité d’eau fur ce mé- lange; alors il eft devenu laiteux & a dépofé lentement un faux précipité blanc comme la neige & extrêmement divifé. Il faut que la quantité d'eau réponde quatre fois à celle de ces deux diffolutions, pour que fa féparation fe fafle bien, & que le faux précipité tombe le plus promptement qu'il eft poffble. C'eft le bifmuth corné. | l Le tartre vitriolé, le {el admirable de Glauber, le vitriol de Mars, le vitriol de Vénus, le vitriol de zink ou le vitriol blanc de Goffélard & f'alun, dégagent tous le bifimuth du fel qui a excès d'acide. Ces faux précipités font blancs : l'acide vitrio- lique qui eft dans ces fels quitte leurs bafes pour s'unir au bifniuth. La plufpart de ces mêmes fels dégagent le bifmuth avec des proportions à peu près égales. I! faut que leurs folutions foient un peu éloignées du point de la cryftallifation. En ajoûtant une moitié d'eau, les précipités fe dégagent mieux; il n’y a ue le tartre vitriolé qui en demande un peu plus. L'acide du fel marin dégage également le bifmuth uni à J'acide nitreux: j'ai mêlé à cette folution l'acide du fel marin très-affoibli, afin de n’en appliquer qu'une jufte quantité; c'eft le moyen de bien dégager, au lieu que fon ne pour- roit y parvenir fi l’on employoit une trop grande quantité d’a- cide fort. Que l'on ajoûte fur le champ à ce faux précipité l'acide du fel marin, il eft totalement diffous dans l'inftant même, comme l'a déjà obfervé, M. Pott: le tout doit être fait fans chaufier. J'ai diffons de la même manière le précipité fait par le feb marin, ty rt J'ai pareillement dégagé Je bifinuth de d'acide nitreux par Vacide vitriolique; avec les mêmes précautions & le même fuccès que quand je me fuis fervi de l'acide du el: ce faux précipité, a été aufli diffous par un inouvel acide vitrioliqués Mém, 1754 Ecee 586 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE On peut donc corner le bifmuth, on peut l'unir à l'acide du fel; l'acide du feka donc plus de rapport avec le bifmüth, que n'en a l'acide nitreux ; l'acide vitriolique a donc plus de convenance avec le bifimuth qu'avec l'acide nitreux. Le phénomène de la-diflolution de ces précipités par leurs propres acides eft facile à expliquer; il dépend de Ia fur-abondance d'acide. Ces précipités font de vrais fels neutres qui ont peu d'acide, & qui par-là font très-peu folubles; il ne s'agit que d'y ajoûter un peu de nouvel acide, {orfque deurs parties font encore dans l'état de defunion & que les précipités ne font pas tont-à-fait affaiffés: quand ils auront pris de Ja forte un excès de cet acide, ils deviendront plus folubles, : Le bifmuth uni à lacide du nitre & du fel marin & à l'acide vitriolique, nous fournit donc fix nouveaux fels neutres, les uns avec fur-abondance d'acide, & les autres dans l'état néutre parfait, & donne douze nouveaux précipités. :: Je fuis entré dans quelque détail fur Funion & les rap- ports de l'acide du fel marin & de l'acide vitriolique avec le bifmuth, non par le defir de critiquer, mais pour faire voir quelles font les lumières que la nouvelle doctrine de Ja fur-abondance des acides & la diftinétion des différentes claffes de fels neutres répandent fur les travaux chymiques. : :, Les fubflances métalliques ne font pas les feules qui foient fufceptibles d'excès d'acide; parmi les {els neutres dont les bafes font folides, il y en a un qui en eft pareillement fufceptible. Le tartre vitriolé, formé. par f'union de l'acide vitriolique & de l'alkali fixe, eft capable de prendre un excès d'acide, Entre plufieurs moyens que j'ai tentés pour m'afurer du point de faturation de fon excès d'acide, la diftillation eft celui auquel je m'en fuis tenu. J'ai traité enfemble au feu de réver- bère, dans une retorte, quatre onces de tartre vitriolé: & deux onces de bonne huile de vitriol ordinaire: quand on verfe l'huile de vitriol fur le tartre vitriolé réduit en poudre, ils s’échauffent fortement & il s'excite un mouvement. Afin de m'allurer fr ce mouvement n'étoit pas occafionné par l’eau défi cryftalifation ‘du tartre vitriolé, j'ai defléché ce fel . —— _ LE HVE SMS GC t/EIN © E°6. 537 parfaitement ;enfuite je l'ai mêlé avec l'huile de vitriol, & ‘tous - deux fe fontéchauffés de même: c'eft donc ici uneeffervefcencé qui eft caufée par l'union de l'excès d'acide avec ce {el Cetté diflillation ne préfente rien que d'ordinaire : j'ai tenu la retorte rougie pendant une heure entière, lorfqte les vapeurs blarichés ont ceflé, pour être für qu'il ne pañoit plus d'acide, La maffe faline qui s'eft trouvée dans la retorte a fondu; elle pefoit cinq onces un gros; la liqueur qui a paflé dans le récipient pefoit fix gros; jé n'ai perdu qu'un gros. La céffation des vapeurs eft donc ‘une marque füre du point de faturation dé la fur-abondance d'acide vitriolique. Ce tartre vitriolé qui a excès d'acide, attire l'eau de" Ÿ'at: mofphère , il tombe en ‘#e/iquium; diflous dans Veau, il cryf tallife; il a des propriétés très-diftinétes de celles du tartré vitriolé qui éft parfaitement neutre: je parlerai de quelques- unes dans un Mémoire qui fera une fuite à ce que j'ai déjà donné fur le fl marin : ce fel change en rouge la teinture des violettes ; ïl fait une vive effervefcence avec les alkalis fixes & les volatils. DRE GE. 46 On fait que le tartre vitriolé qui eft dans fe jufte point de faturation ne change pas la couleur des violettes, & ne fouffre aucune altération avec l'alkali fixe & le volatil. Prefque ‘toutes les fubftances métalliques unies aux trois acides donnent des fels neutres avec excès d’acide, & des fels prefque infolubles : il y a auffi quelques métaux qui, unis à l'eau régale & au vinaigre, donnent les mêmes {els. - Il réfulte de mes obfervations, qu'il faut de nécefité dif . tinguer les fels neutres en trois claflès, favoir, en fels neutres avec excès d'acide, en fels neutres parfaits ou falés qui ont une certaine quantité d'acide & un degré confidérable de folubilité, enfin en fels neutres qui ont une très - petite quantité d'acide & font très-peu folubles, ou font même infolubles, A fa faveur de ces diftinétions, je fais connoître de nou- véaux fels & je donne de nouvelles vûes pour la théorie de la cryftallifation : de plus, j'indiqué un grand nombre de nouveaux précipités finguliers. | E eee ij 588 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Je fais voir auffi que l'on confond mal-à-propos un grand nombre de fubftances falines avec des précipités, un préci- pité étant formé par l'union de trois fubftances. Une {ubf tance métallique, difloute par un acide, eft précipitée par un alkali fixe ou volatil; elle n’eft pas feule, comme quand on la dégage par une autre fubftance métallique; elle eft unie à une portion de l'acide qui l'a difloute, & à un peu de l'alkali qui l'a précipité: voilà un vrai précipité. Une fubftance métallique diffoute par un acide n’eft nulle- ment précipitée par un autre acide, c'eft une vraie cryftal- lifation ; une autre fubftance métallique ne la précipite pas davantage, elle a fimplement été dégagée de l'acide; elle eft pure, c'eft pourquoi dans mes leçons de Chymie je donne de jufles bornes à tous ces termes. Ces obfervations répandent des lumières fur quantité de faits importans & de procédés, & mettent fur la route de leurs éthiologies. Enfin, ce travail change, pour ainfi dire, la face de la Halotechnie: je pourrois ajoûter qu'il fufht pour manifefter la différence qu'il y a entre l'inventeur d'une doctrine & celui qui ne la connoïflant que par ouï dire, feroit tenté de fe l'approprier, EP PE TE ET PSS + a un D TOR ee re al. fé SANTE DES" SCIENCES ” $89 OBSERVATION DU PASSAGE DE MERCURE SUR LE SOLEIL, DANS LE NŒUD DESCENDANT, Faite au château de Meudon le 6 Mai 1 753: Avec une méthode pour en déduire les élémens de l'orbite. Par M. LE FRANÇOIS DE LA LANDE. E paffage de Mercure fur le Soleil étoit une obfervation À, d'autant plus intéreffante dans les circonftances où il fe trouvoit le 6 Maï 175 3, qu'on n’en avoit point encore fait de femblable avec exactitude, & qu’on ne pouvoit en efpérer une feconde que dans quarante-fix ans & douze jours. Le feul paflage de Mercure obfervé dans le Nœud defcendant étoit celui du 3 Mai 1661, qu'Hevelius a rapporté dans fon Hiftoire célefle ; mais cette obfervation n'étoit pas affez complète pour avoir pû en conclurre tous les élémens de Mercure: .de-f vient que les Tables de M. de Ja Hire, par exemple, donnoient la conjonétion de Mercure au Soleil pour le $ Mai au foir à rol $7', celles de M. Caffini pour le 6 Mai à 2h 35° du matin, celles de M. Halley à 7° o’; enfin l'obfervation a fait voir que les caiculs les plus exats & dans lefquels M. de l'Ifle avoit employé toutes les obfervations qui pouvaient y fervir, donnoient encore * Ja fortie de Mercure 17 minutes trop tard. L'obfervation dont il s'agit pouvoit feule fixer l'incertitude. .… Comme il étoit à fouhaiter d'apercevoir le Soleil le plus tôt qu'il fe pourroit, afin d’avoir un plus grand nombre d'oblervations, M. de la Condamine, M. le Monnier, M. de Chabert & moi, nous nous tranfportames au château de Meudon, où aucun objet terreftre ne pouvoit empêcher le Leece ii 19 Mai 1753" so0? MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Soleil d'être vü à l'inftant de fon lever, & d'où lon étoit auffi plus à portée de fe rendre aux ordres de Sa Majefté qui étoit à Bellèvüe. Je m'étois muni pour mon ufage par- ticulier d'un quart de-cercle de:3 pieds de rayon, & d'un nouvel inftrument imaginé par M. Bouguer, dont il a donné Ja defcription dans les Mémoires de l’Académie de 1748, fous le ñom d'Acliomérre; le mien étoit de 18 pieds de Ion- gueur. : Le 6 au matin, le temps étoit extrémement ferein, & l'horizon très-dégagé; l'Obfervatoire royal nous paroifloit beaucoup au deflous du niveau: le Soleil ayant enfin paru fur l'horizon, accompagné de Mercure qui étoit déjà fur fon difque depuis plus de deux heures, je commençai avec M. de la Condamine à obferver des paflages de Mercure & du Soleil aux fils du quart-de-cercle, qui feul pouvoit s'employer au défaut d'un micromètre & d’une machine parallictique. | | L'Académie a déjà reçû un affez grand nombre d'obfer- vations détaillées, ainfr je ne rapportérai ici que les conclu- fions qui formoient l'objet de ce travail , & la méthode que je me fuis faite à cet égard. J'ai commencé par calculer les angles du vertical avec fe méridien de ro en 10 minutes de temps, pour toute la durée des obfervations ; je les ai rapportés fur une grande figure, autant que cela fe pouvoit faire fans confufion; j'ai rapporté au vertical & à l’horizontal chacune de mes obfervations de Mercure au fil horizontal & au fil vertical du quart-de-cercle, c'eft-à-dire, fa diftance au centre du Soleil fur le vertical & fur l'horizontal, tirée de l’obfervation par une fimple partie proportionnelle, ayant égard à la parallaxe de hauteur. Par-là j'ai vû les obfervations où il pouvoit y avoir de l'erreur pour les rejeter, & j'ai commencé à juger, foit du progrès qu'elles devoient fuivre, foit des dimenfions de l'orbite apparente à quelques fecondes près. Pour avoir même un plus grand nombre de points qui m'afluraffent de l'exactitude de ces divifions, où qui m'en fiffent apercevoir les défauts, j'ai voulu remplir tous les in- ô EN et NC LE, 2 NES 11170D ES S,C/TEN CuEis.%:l{ so tervalles, & pour cela je me fuis fervi des obféryations que M:de Monnier fit dans le même appartement avec fon mi- cromètre, placé verticalement par le moyen d'un:niveau, depuis le lever. du Soleil jufqu'à fix heures, &..de celles que #aifoient. à, Paris M. Bouguer.& M. de Thury, de forte que Jai ps à l'infpection, feule dé Ja figure ;:choilr les dbier- Yations auxquelles jé devois appliquer le calcul. H ya moins d'art à entaifer les détails. d’un calcul immenfe ,- qu'à bien shoifir fes données & Ha route pour parveuiraux inconnues: ? Ji: Dans cette vèe; j'ai-cherché,à: finplifier da méthode-de M..de l'ffle, que:plufieurs Aftronomes:ont employée depuis “&iqui eft: détaillée dansrles Mémoires de'J Académie de 4723, j'ai évité le calcul des afcénfions droites & des: dé- clinaifons, & jai rendu celui des longitudes plus. court. Suivant la méthode ufitée jufqu'à préfent, ayant obferyé Finf tant du pañlge du bord du Soleil à un fl, &connoiffant par les Tables la véritable fituation de ce bord ; c'eft-à-dire, a hauteur-ou fon azimuth, on a la fituation de Mercure pour Jinftant où il eft arrivé au même fil: on fait une opérätion Aeblable pour chaque fil, qui fuppofe connus de li£u du Soleil, fa déclinaifon, fon afcenfion droite, fa hauteur }: fon azimuth & fon diamètre azimuthal, le tout avec la plus grande précilion; par ce moyen on a la hauteur & f'azimuth de Mercure, d'où l'on déduit fori afcenfion droite & fa décli- maïfon ,: enfin fa longitude &:fà latitude, pour pouvoir dés comparer au Soleil. Pour moi je réduistoutes ces opérations à deux triangles réétilignes , fans ôter rien:à l'exactitude: de la méthode. Soit dans Ja fg: 2 un cercle D AC qui repré: fente le dique du Soleil, DC une: portion de l'écliptique; AE] le cercle de latitude, PE D Yangle:de l'écliptique-avec le méridien, que: l’on trouve dans: les Fables>pour! chaque lieu. du Soleil: je fuppole que: Fon/:conhoiffe auf Yangle PEV du vertical avec le méridien: pour pouvoir tirer la ligne VEB, qui repréfente le vertical -du Soleil au moment de chaque obfervation. Comme il {uffit d'avoir. cet angle à une mir ute près, & que d'ailleurs il varié très-peu: tant que 19 92 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALs le Soleil eft éloigné du méridien, ce calcul eft aflez court: La fomme de ces angles PE D, PEV, ou fon complément, donnera l'angle du vertical avec l'édiptique D £ B où CEB. Je fuppofe que Mercure fe foit trouvé en G lors de l'obfer- vation faite avec un quart-de-cercle, & qu'on ait obfervé les bords du Soleil au fil vertical & au fil horizontal, on a, par une fimple partie proportionnelle, fr le Soleil n'eft pas fort élevé, a diflance verticale Æ£Æ de Mercure au centre du Soleil & fa diftance azimuthale G: ainfr, dans le triangle £ÆG, on trouvera d’abord EG diftance de Mercure au’centre du Soleil, & f'angle GÆEF, qui, fouftrait de l'angle DEP, donne l'ange GEH: on pourra donc calculer dans Île triangle G£H la différence de longitude AE & la latitude GH; ce qu'il falloit trouver. Dans le cas où le Soleil feroit fort haut, comme ïl l'étoit, par exemple, fur les dix heures, fon diamètre ne s’éleveroit plus fur l'horizon par parties proportionnelles au temps, & alors if ne faudroit pas fe contenter d’une fimple analogie pour trouver la diftance verticale & azimuthale de Mercure au centre du Soleil ; il faut alors calculer la hauteur & lazimuth du Soleil pour chaque moment d'obfervation, ou du moins pour trois momens qui ne foient éloignés que de la moitié de l'inter- valle entre les pafages des deux bords du Soleil, parce qu'alors l'inégalité devient quatre fois moindre. On feroit obligé d'avoir recours auffi à Ja même opération, filon n’avoit obfervé qu'un feul bord du Soleil à chaque fil. Par exemple, à 6h45" Mercurettoit au vertical & à l'horizontal; je n'ob- fervai avec exactitude que le premier bord du Soleil à l'ho- rizontal & le fecond bord au vertical, de forte que par le moyen de ces deux bordsil falloit trouver la fituation des deux, c'eft-à-dire, calculer la: hauteur & lazimuth du :Soleil pour ces trois influis, & cela avee toute la précifion poffible. Pour abréger ce calcul, on peut fe fervir de la hauteur prife. fur le quart-de-cercle, ou calculer une feale fois, &. même fimplement à une ou deux minutes près, la hauteur & V'azimuth du Soleil, & fe fervir enfuité des formules n fuivantes, { DE SMSTC IE N° C E:S 593 fuivantes, dont le calcul eft fort fimple. Quoiqu'il foit facile à un chacun de trouver foi-même ces formules en opérant, j'ai cru pouvoir les placer ici telles qu'elles fe font préfentées à moi, à limitation de celles de M. Côtes, mais beaucoup plus commodes pour Fobjet dont il s'agit. : Soit P le pole, Z le zénith, S le Soleil, & que dans un intervalle de temps donné (que j'appelle 42, parce qu'il eft comme la différentielle de l'angle horaire P) le Soleil foit par- venu en 2, fa variation en hauteur eft 2 4, SA fa variation par rapport au fil vertical:.or BA:BS = fin S:1. Si à la place de BS vous mettez 15 dP. fin. PS, & à la fin. Z fin. PZ place de fin. S fa valeur ——— en hauteur égale à 15 4P fin. Z fin. PZ. De même BS : AS — 1: cof. S, Si on fubftitue à PS fa valeur 1 $ dP fin. PS, on aura la valeur de SA, 1 $ 4P, fin. PS, cof. S. On voit que les logarithmes de fin. Z,, de fin. PZ , de fin. PS font déjà trouvés par un feul calcul de la hauteur du Soleil, & qu'il n’eft pas befoin de les avoir avec une plus grande exactitude, Ces formules donneront les différences de hauteurs, fans qu'on foit obligé d'avoir avec précifion les hauteurs abfolues; on aura ces différences aufli exactement que par l'interpola- tion que lon feroit, en fuppofant entre les différences de quatre hauteurs obfervées de 10 en 10 minutes (qui eft à peu près la diftance d’une obfervation à l'autre) & les intervalles de temps qui correfpondent, une loi conftante exprimée par une équation du fecond ou du troifième degré, dont la réfolution donneroit les différences intermédiaires des hauteurs, en y fubftituant celles des temps. Ce dernier cal- cul eft beaucoup plus long que celui que je viens d'indiquer, & on ne fauroit trop l'abréger dans des cas où lon eft obligé de comparer un fi grand nombre d’obfervations. Ayant donc mis dans ces formules à la place de dP le temps écoulé entre le paflage de Mercure & celui du bord du Soleil, j'ai eu la différence de hauteur 2° 50” & la dif- férence azimuthale 10", ce qui donne la différence de Mém, 1754: Ffff , Vous aurez la variation Fig. Ie Fig. 2. 594 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE longitude £ A 1° 239, & la latitude GA 2° 28"2. Une obfervation de M. Bouguer, qui fe trouve faite 22 fecondes plus tard (après avoir réduit les deux paflages de Mercure au vertical & à l'horizontal à un même moment) donne, à quelques fecondes près, les mêmes diflérences. Jai calculé ainft toutes les obfervations de M. Bouguer & touies celles que je fis jufqu'à huit heures & demie; alors les variations du Soleil n'ayant plus Ja même égalité & n'étant plus fi fenfibles, d’ailleurs le vent me devenant plus incommode, je difpofai mon Héliomètre, qui étoit de tous les inftrumens celui dont on pouvoit elpérer le plus d’exactitude. £ On fait que cette ingénieule découverte confifte à placer deux objectifs dans un feul tuyau, pour former à un même foyer deux images que l’on regarde avec un feul oculaire. Il eft clair que les deux objectifs étant l'un à côté de Vautre & dans le même plan, les deux images feront auffr June à côté de l’autre, & leur diftance dépendra de Ia dif : tance des verres. H fera donc facile de vérifier fur une bafe connue, com- bien les deux images d’un même objet terreftre font diftantes en minutes & en fecondes pour une diflance donnée entre les deux objectifs; & parce que cette diflance des objectifs peut être augmentée ou diminuée, comme celle des fils d’un micro- mètre, au moyen d’un chaflis & d’une vis, on pourra trou- ver quelle eft la diftance des objectifs néceffaire pour que deux images d’un même point foient éloignées, par exemple, de 32 minutes, ou, ce qui revient au même, pour que les images de deux points éloignés de 32 minutes paroiffent dans la lunette confondues l'une avec l'autre. Il eft évident que fr je préfente mon héliomètre au Soleil dans cette po- fition, je verrai deux images du Soleil, mais telles, que le bord fupérieur de l’yne concourra avec le bord inférieur de l'autre & le touchera en un point, puifqu'il en eft éloigné de 32 minutes. Jufqu’à préfent la mefure la plus exaéle des petits angles étoit celle qui {e faifoit par le moyen du micromètre, c'elt-à- PPT PNET PTE à ; DJEYSN ÈS TC 4 E N:C:E.5. 595 dire, de deux fils, placés vers l'oculaire d'une lunette pour mefurer la grandeur de l'image. Cette mefure étoit fujette à deux inconvéniens auxquels il ne fembloit pas qu'on püt jamais remédier; le premier, c'eft qu'on ne pouvoit appliquer, cet inftrument à de grandes lunettes au deflus, par exemple, de gou 10 pieds, parce qu'alors l'image du Soleil, devenue trop grande, ne pouvoit pas paroître toute entière dans l’ouverture d'une feule lunette, & c'eft-là un vice intrinsèque de la machine, qui s’oppofe à fon exactitude, fur-tout joint aux inégalités de la vifion fur les bords des verres de lunette. M. Bouguer a trouvé le moyen de nous faire obferver en même temps par deux lunettes, en nous montrant chaque objet fur l'axe même de la lunette, de forte que, quelque grande que foit l'image, on n’en obferve qu'un point fitué fur ce mème axe. Le fecond inconvénient des micromètres, c'eft qu'il eft très-difficile de mefurer, par leur fecours, la diftance entre des points de la fphère, qui font, par rapport à nous, dans un mouvement continuel , & de pouvoir placer fur ces objets deux fils (qui n'y reftent qu'un inftant) en forte qu’on puifle d'un coup d'œil les examiner tous deux. Le feul moyen de diminuer cet inconvénient eft de placer les deux fils dans la direction du mouvement de la fphère, de manière que le mouvement des deux objets fe faffe fur les deux fils; mais le diamètre lumineux de la Lune croiffante ou en décours ne fe trouvant prefque jamais dans une fituation perpendiculaire au mouvement diurne, cette reflource n'y étoit pas applicable: d’ailleurs le changement fubit de déclinaifon auquel la Lune, & quelquefois les comètes, font expolées, peut déranger en un inftant toute l'économie de cette préparation; il faut alors une adreffe fingulière pour pouvoir y fuppléer. On s'étoit occupé long-temps du projet des groffes horloges; qui pouvoient conduire une lunette fuivant une direction . & avec une vitéfle quelconques, mais la difficulté d'un tel expédient prouve combien lobftacle a toüjours paru confi: dérable. Au contraire, dans le nouvel inftrument de M. Bouguer, Ffff ÿ \ 596 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALz tant que les deux points dont on veut mefurer l'intervalle refteront à la même diftance, quel que foit le mouvement de la fphère, de la lunette ou de l'œil , les deux images fe tou- cheront toüjours, & on aura tout le temps d'en vérifier la diflance comme avec un quartier de réflexion. La feule précaution nécefiaire pour mefurer Ja diftance de deux points d'un objet, c'eft de placer au foyer de l'oculaire deux fils à angles droits, & de faire en forte que les deux images foient à peu près fur ce fil, fans quoi il pourroit arriver qu'on ne mefureroit pas ka plus proche diftance, & que les deux images paroîtroient éloignées, quoique véritablement elles duflent concourir: l'on évite auffr par-là l'erreur de la parallaxe des lunettes. IL paroît, par un Mémoire qui vient d'être inféré dans le 48.%% volume des T'ranfafions Philofophiques, que dans l'application de cette découverte aux télefcopes à réflexion, on seft fervi en Angleterre de deux moitiés d’un feul objec- tif au lieu de deux objedifs; méthode qui avoit déjà été tentée par M. Bouguer, mais abandonnée comme la moins parfaite. Par le moyen d'un objectif coupé en deux parties égales, & précifément par Île centre, on rapproche les deux extrémités d’une même image; on y trouve l'avantage de faire mouvoir les objectifs parallèlement à leur longueur, c'eft-à-dire, de À en B (fig. 3) au lieu de les faire mouvoir fur la ligne AC, & de pouvoir les rapprocher à volonté pour mefurer les plus petits angles, au lieu de leur laifier, comme dans la conftruction précédente, une portion 4 D au deflus du demi-cercle AÆ, ce qui fait qu'on ne fauroit les rapprocher que jufqu’à une diftance CA, ou tout au plus à Ja diftance AD, en les faifant paffer l'un fur l'autre *. * Depuis Ja leéture dé ce Mémoire, M. Bouguer a imaginé de fe fervir d’un objectif, dont la partie du milieu, qui aura été coupée circu- lairement fur le tour, foit égale en furface à celle de la zone circulaire qui refte; par ce moyen l’on a deux images du même objet, que l'on pourra rapprocher à volonté & d’une auffi petite quantité qu’il féra nécef- faire. L'une de ces images eft formée par les rayons qui traverfent la zone circulaire, l’autre par les rayons qui traverfent la portion du centre Me quelle a un petit mouvement excen- trique au milieu de lapremière, fig. €, M ne. À . does à. NDIEuSss SCIENCES. S97 Je crois pouvoir parler ici d'une addition qui m'a paru depuis long temps pouvoir contribuer à la commodité, & par conféquent à l'exactitude de cette nouvelle machine. L'objetif mobile Z d'un héliomètre eft placé dans un chaffis qui porte un écrou; la vis CH engagée dans un colet fur le tuyau & qui conduit le chaflis par le moyen de l’écrou, porte un index pour marquer fur la platine ÆD les parties - de chaque tour de vis: il feroit facile de tailler cette platine en roue de champ ou à couronne, de manière qu'elle portât des dents dans toute fa circonférence; alors 'on y placera une verge /VGF avec un pignon Æ qui engrainera dans la roue & la fera tourner, de forte que l'index étant affu- jéti fur un arbre fixe ou placé à côté de la platine, fa roue étant fixée fur la vis, elle marquera également les parties de chaque révolution. Le pignon Æ fera fixé fur une longue tringle de bois ou de laiton fixée au tuyau de la lunette par deux fupports ÆG, dans lefquels elle tournera librement ; par ce moyen, l'Obfervateur placé en 47, pourra, au moyen d'une clef N, rapprocher les objectifs ou les éloigner infen- fiblement, fans être obligé d'abandonner loculaire & de quitter Vobfervation pour faire mouvoir l'objectif. On voit, par tout ce que je viens de rapporter, qu'il ne pouvoit guère y avoir d'oblervations plus précifes que celles de la diftance de Mercure au bord du Soleil le plus proche ou le plus éloigné, ce qui donne /fg.2) MW où TM, & par conféquent AE, diftance de Mercure au centre du Soleil. Il eft vrai que cette obfervation ne fuffit pas pour déterminer le lieu de Mercure, il faut encore la différence de hauteur, prife d'une autre obfervation, c'eft-à-dire EK/; mais fur la fin du pañlage la différence de hauteur n'influe- roit que très-peu fur la différence en lonoitude, & par con- féquent ces obfervations feront toûjours les plus propres à déterminer le temps de la conjonction. Par exemple, ayant eu, par les obfervations de M. Bouguer, la ligne £ À de 40 fecondes, & par le moyen de 'hélio- mètre la ligne £ M de 14! 40", à 10P 7' 2, j'en conclus F fff il Fig. s. 8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la différence ÆL en longitude de 14' 8"4, & la’ fatitude ML 3' 50", en fuppofant Fangle CEB 1024 33° 42. J'ai remarqué ci-deflus, que pour connoître l'angle que foûtend là diftance des deux objectifs, on pouvoit employer une bafe connue & un objet connu fitué à fon extrémité. Dans cette vüe, nous mefurames, M. le Monnier & moi, avec des perches de douze pieds, la diflance entre Farbre qui eft au coin de la terrafle du jardin des Tuileries, le plus proche des barrières de Chaillot, & le pilier le plus méridional de ces barrières, qui s’'eft trouvée de 4824 pieds: pour cela nous divifames cette ligne en trois parties, en abaiflant des per- pendiculaires de chaque extrémité du petit Cours, ce qui donnoit la facilité de mefurer la plus grande partie de cette bafe für le bord du foffé, qui eft aligné & nivelé aflez exac- tement. Nous fimes faire enfuite fur les quatre piliers des marques noires qui ont été gravées dans la pierre en 1754; la première étoit à 2780 lignes de la feconde, à 57 50,6 lignes de la troifième, à 79 87,5 lignes de la quatrième. Je difpofai l'Héliomètre dans le jardin des Tuileries, de ma- nière que les deux objectifs de la lunette fuffent éloignés de 696247 lignes du premier pilier, c'eft-à-dire, de celui qui eft du côté de la rivière: j'ai trouvé, par le calcul, que la première mire faifoit avec les trois autres, des angles de 13° 43"57, de 28' 23"59 & de 39° 26"21. Ayant enfuite éloigné les objectifs jufqu'à ce que la première mire fe con- fondit d’abord avec la feconde, & enfuite avec la troifième, je trouvai, & la valeur des parties de la vis, & T'angle que foûtendoit la diftance des objectifs. Comme dans la conf- truction de cet héliomètre j'avois voulu laiffer aux objectifs une ouverture fufhfante pour pouvoir les employer à d'autres obfervations, je ne pouvois pas les rapprocher aflez pour mefurer des angles au deflous de 26 minutes. Soit À B image du Soleil au foyer de la lunette, & a 8 l'autre image, Mercure y paroît en 47 & en m: pour mefu- rer la diftance bm de Mercure au bord le plus proche, il faudroit que le point 2 parvint en », & par conféquent DES SCIENCES. 599 que les deux objectifs fuflent confondus, pour ainfi dire, Y'un dans l'autre, ce qui n'eft pas poflible dans cette conftruc- tion; on fe borne alors à mefurer {a diflance de Mercure au bord le plus éloigné a, en faifant concourir le point a avec le bord 7 de l'autre image. Comme le difque de Mercure a un certain diamètre ap- parent, pour pouvoir le mefurer à loifir, je faifois concou- rir d'abord le limbe a du Soleil avec celui de Mercure, & jattendois que l'autre bord de Mercure, par fon mouvement propre, fût parvenu à fon tour fur le limbe du Soleil; par ce moyen javois, & la diftance du centre de Mercure au bord du Soleil, & le diamètre de Mercure par l'intervalle entre l'entrée & la fortie, que j'ai trouvé par quatre obfer- vations de 3 minutes de temps. On peut ainfi fe procurer autant de fois qu'il eft néceflaire, une obfervation de même nature & de même précifion que celle de l'entrée & de la fortie, c'eft-à-dire, un contact intérieur & un contact ex- térieur. J'ai trouvé par ce moyen le diamètre de Mercure, en difant pour»chaque obfervation : SÆ eft à SX comme la variation de SX en 3 minutes de temps, c'eft-à-dire 12", eft à la variation de SE, c'eft-à-dire environ 11",8, qui eft le diamètre apparent. J'efpère qu'on fupportera cette longue digreflion au fujet de lhéliomètre, en faveur d'ui invention nouvelle & qui n’eft point encore auffi répandue w'elle mérite de l'être. | Ayant déterminé pour plufieurs inflans la longitude de Mercure, j'ai recherché, par ces obfervations, le mouvement horaire fur l’écliptique; j'ai conclu le temps de la conjonc- tion par de fimples analogies, & prenant un milieu entre plufieurs réfultats, 6h 33° + réduit au méridien de Paris. Ayant aufli fa longitude de Mercure pour plufieurs inflans, je trouve, en prenant un milieu, la latitude géo- centrique au temps de k conjonction 2' 25”, & par confé- quent la latitude héliocentrique 2° $8"r. On fait que les obfervations de Mercure, faites proche du nœud, ne font point propres par elles-mêmes à déterminer la plus grande 600 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE latitude ou l'inclinaifon de l'orbite. Je la fuppoferai donc, avec M. Halley, de 64 $9° 20”, telle qu'il l'avoit déterminée par des obfervations faites dans les plus grandes latitudes: ainfi, dans le triangle £ 245, dont on a l'angle & le côté oppolé, fi l'on divife la tangente de la latitude par la tangente de l'inclinai- fon, lon aura le finus de Æ?3 qui eft lui-même de 24" 1 3". Cette quantité Ôtée de la longitude de la Terre au moment de la conjonétion, qui eft, fuivant les Tables de M. Halley, 7154 47" 33", donne la longitude héliocentrique du nœud defcendant de Mercure au moment de la conjonction dans ke m, 15423" 20", que les Tables de M. Halley donnent plus avancé de 8' 26”, ou de 8% minutes feulement fi l'on fuppofe le lieu de la Terre m 154 47" 47" (en corrigeant les Tables de Halley par les oblervations modernes). C'eft ici le plus eflentiel de tous les élémens que l'on cherche par les obfervations d'un pañlage de Mercure: il eft vrai qu'il dépend un peu trop dela latitude au temps de la conjonétion, & c'eft en quoi réfide toute l'incertitude qu'il peut y avoir dans cette détermination. Les différentes obfervations que j'ai calculées en rejetant les plus éloignées du milieu, donnent encore des différences de 10 fecondes dans la latitude, ce qui fait 1° 21"$58 de différence pour le liëu du nœud. Sï, par exemple, la latitude héliocentrique au temps de la conjonétion étoit de 2’ 50", le lieu du nœud feroit 7f 1 54 24° 26”: ff elle eft de 3° o”, le lieu du nœud fera 7! 154 23" 5”: enfin, fi on la poufloit jufqu'à 3° 20" (comme M. Zanotti Ja trouvée, puifqu'il donne 2° 43" pour la latitude obfervée-au temps de la conjonétion) lon auroit pour le nœud 7f 1 54 20’ 21",& l'erreur des tables de M. Häalley feroit de 11°21”; mais je füis perfuadé que ce dernier réfultat ne fauroit avoir lieu, & qu'en recalculant les mêmes obfervations, on trouveroit erreur à peu près telle que je viens de l'établir. En effet, la latitude géocentrique de 2° 2 5” tient le milieu entre un très- grand nombre d’obfervations que j'ai calculées, & qui ne s'en écartent pas beaucoup ; elle fe trouve même confirmée par une obfervation immédiate que M. le Monnier fit avec fon excellent ' AURFOMIENSN IS co Re Nic AS ! 608 excellent micromètre vers le temps de la conjénétion : if trouva en: effet la diftance de Mercure au bord le plus proche de 13° 26"#, ce qui étant corrigé par la réfraction & la arallaxe, donne environ 2° 2 3" pour la latitude: par les obfer- vationstde M. de la Caille, Je trouve 2! 26". I faut convenir que les-obfervations faites au -quart-de- cercle ou à la machine: parallaélique, n'ont pas un degré de précilion fufhfant pour pouvoir déterminer à $" près la Jati- tude de Mercure fur le Soleil, à caufe-de la mefure du temps. qui y entre néceflairement : la meilleure: méthode feroit de. déterminer avecun-micromètre , dont un bord du Soleil parcourroit le fil, la différence en déclinaifon, ou: avec un héliomètre la diftance au bord le plus proche, & de fappofer linclinaifon de l'orbite apparente connue par les tables, pour en déduire la latitüde au temps de la conjonétion, du moins lorfque Mercure n'eft pas trop proche de l'horizon. Pour ce qui eft du temps de fa conjonction, l'on peut calculer le mouvement horaire en longitude, en latitude & en décli- maïfon par le moyen de lobfervation, trouver a différence en déclinaïfon au moment de la {ortie obfervée, d’où l’on conclut la-différençe en longitude, & la latitude de Mercure pour cet inftant, ce qui donne la latitude au temps de a conjonction, & inftant de la conjonction elle-même. _t Par exemple, M. de Thury, à 10h $' 39", obferva que Mercure mettoit 28 fecondes à pafler par les fils obliques, 4 bord inférieur du Soleil rafant le fil, ce qui donne la _ différence en déclinaifon de Mercure & du centre du Soleil _g" 9"; & comme le mouvement en déclinaifon, fuivant mon calcul, eft de 1’ 51" par heure, il y a 27 fecondes à ajoûter pour avoir la différence en déclinaifon à heure où Mercure eft forti du difque du Soleil, où SF /fg. 2) Yangle Y ES 374 4’, égal à arc Q S, Q C eft de 164 48: donc CS — 20416", &:par conféquent la latitude ZS — 5’ 31", & la différence de longitude ZE — r4'. 56"3-: Suppofant Fangle d'inclinaifon connu par le calcul de 108 23’ environ, l’on trouvera la latitude en conjonctiog Mën, 1754: Gss8 . 602 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE E1, 2' 45"au lieu de 2° 25": on en déduira aufli le temps de la conjonétion, en fuppofant le mouvement horaire connu de même par le calcul. Cette obfervation-ci donne la Jati- tude plus grande que je ne l'ai établie ci-defius ; mais comme elle n'a pas été faite avec un micromètre, elle n'empêchera pas que je ne m'en tienne au réfultat précédent. Il refte bien des conclufions à tirer de ces obfervations de Mercure, foit par les autres circonftances de ce paffage, foit.par fa comparaifon avec ceux qui ont été obfervés jufqu'à préfent; je les réferve pour un fecond Mémoire: quant à préfent, je finirai par l'obfervation de Ja dernière phafe, c'eft-à-dire, de la fortie de Mercure. J'avois obfervé jufqu'alors dans le pavillon nord-eft du château; mais le Soleil étant trop élevé, il me fallut tranf- porter la lunette fur la terraffe qui eft à l'oueft, du côté de la cour. Le vent y étoit encore plus fort, fur-tout au moment du contaét intérieur: ce contat me parut arriver à 10° 18° 16"; la fortie entière fut obfervée à 10h 21° 16”, c'eft-à-dire, environ 34 minutes plus tôt qu'elle ne devoit arriver, fuivant les tables de M. Halley, dans l'état où elles ont été publiées en 1749. Si l'on réduit ces deux phafes au méridien de l'Obfervatoire royal de Paris, on aura 10h 187 41" & 10h 21° 41”, la première s'accorde avéc l’obfervation de M. Bouguer, la feconde avec l'obfervation de M. de Thury. ( Woyez les Mémoires de 175 3) Ainfi la première eft celle- que je crois la plus exacte, parce quela lunettede M. Bouguer étoit prefque de même longueur que la mienne, & celle de M. de Thury prefque double. : Aime LA des se.srég Lay 6 L30 gram de Mèm. de l'4c.R des Se.1 64 lag, 602. Pl 2. Mem de le R der Se. 1788 Pag, GasPl a miens S! CE E N'c'E sn" 603 M É MO IR E* Libé: em De Dans lequel on démontre que l'eau d'une chûte déflinée à faire mouvoir quelque machine, moulin ou autre, peut toijours produire beaucoup plus © d'effét en agiffant par fon poids qu'en agiffant par fon choc, à que les roues à pots qui tournent * lentement, produifent plus d'effet que celles qui tournent vite, relativement aux chüûtes 7 aux dépenfes. » PAT NE DER ABCLEU x: | 25404 démontré que l'eau qui tombe librement d'une hau- L'"teur quelconque, par exemple, de dix pieds, foit verti- calement, foit le Iong d'un plan incliné, a au bas de ces dix pieds Ja même viteffe qu'auroit l'eau qui fortiroit par une ouverture faite au bas d'un réfervoir, dans lequel il y auroit dix pieds d'eau au deflus de l'ouverture; d'où l'on a conclu, & avec raïfon, que l'effet produit par le choc d'une égale quantité d’eau devoit être le même dans fun & Vautre cas. Cela a fait penfer, fans l'approfondir davantage, que de quelque manière qu'on employät l’eau qui pale par une chûte, foit par fon poids, foit par fon choc, en fuppofant _toûjours toute l'eau employée, on n’en devoit attendre que - Je même effet par la meilleure difpofition des parties de {a machine dans un & l'autre cas; & de ce que les différens chocs contre une même furface font entr’eux comme les finus FU à se Ménmoïre a été Jû à la rentrée publique de Pâques de l’année 535 on en trouve l'extrait dans le deuxième volume du Mercure de de Juin de la même année. Gessij. 604 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE des angles d'incidence, on a conclu que la pofition des aubes en continuation de rayon étoit préférable à la pofition oblique. J'ai avancé, dans le précis que j'ai Ià dernièrement à l'A- cadémie fur Îa machine .que j'ai fait exécuter lan paflé à ‘Créci, qu'on pouvoit toüjours tirer beaucoup. plus d'avantage du poids de l'eau qui a à defcendre d’une certaine hauteur, que de fon choc: je le prouverai dans ce Mémoire; d'où s'enfuivra, comme je le ferai voir, que les aubes inclinées aux rayons font préférables à celles qui font pofées en con- tinuation de rayon. Lorfqu'on a plus d'eau qu'on n'en a befoin, on doit fe fervir de la manière fa moins coûteufe; & dans.les cas où l'on voudra émployer une roue tournant verticalement , une roue à aubes coûtera toûjours moins, tant pour la ‘conftruction que pour l'entretien , qu'une roue à pots;, mais. comme les ruiffeaux, grands & petits, font bien plus communs que lés petites rivières où lon trouve à la fois beaucoup d'eau & des chûtes fuffifamment grandes, & que d’ailleurs, autour de Paris, ainfi qu'autour des autres grandes villes, on. n'a jamais autant d’emplacemens pour mettre des machines, de quelqu'efpèce que ce foit, qu'on en voudroit, il eft bon de connoître la manière la plus avantageufe d'employer l'eau qui pafle par une chüte. - Lorfqu'une chûte a aux environs de quatre pieds & au deflus, la manière la plus avantageule d'employer l'eau qui .y pefle, eft de fe fervir de roues à pots, connues ,de tout le monde, qu'on nomme auffi roues à qugets, roues à chéziaux & roues clofes, en menant l'eau fur le devant de la roue lorfque la chûte aura moins de douze à treize pieds, afin de ne pas faire la roue d’un diamètre trop petit; & ce qui paroîtra d’abord un paradoxe, c'eft que plus cette roue tour- nera lentement, plus elle fera d'eflet, pourvû néanmoins que malgré fa lenteur à tourner, toute l'eau puiffé être reçüe par les augets comme en tournant vite, & que pour vouloir D . Ù _ + atArDIES Sie 1/E N CE sm)!" Éog laifaire tourner plus lentement, on n'aille pas: jufqu'à faire une roue trop lourde, par la largeur qu'il faudroit lui donner pour la rendre capable de recevoir toute l'eau de la chûte, ce qui produiroit un effet contraire. : is ? “Ces deux’ remarques , auxquellés perfonne, que je fache, æm'avoit encore, penfé, font très-importantes pour toutes les machines mûes, par l'eau, & d'autant plus qu'on pratique le contraire de l'une & de l'autre prefque par-tout. Aux moulins allant par. deflous, on met le-feuil de {a vanne bas afin, d'avoir plus de hauteur: d'eau derrière da 1 mpérin par-l> plus de choc. Je ne connoiside moulins! allans par deffous, que ceux de la petite rivière de Crou, qui pañle à Gonefle & à Saint-Denys, où l’on: ne foit pas tombé dans ce défaut : aux moulins allant par déflus, la roue tourne beaucoup trop vite, au moins pour la plufpart. SE fil bôre or M:Parent en 1 704, & M. Pitot en 1725, ont démontré, que pour qu'une roue, müepar:un courant d'eau, produisit le plus grand effet poflble, il falloit que les aubes priffent le tiers de la viteffe du courant; d'où ils ont déduit que le plus: grand effet qu'on peut attendre d'une machine fuppofée ‘ fans frottement, ne pouvoit être que les'-£! de! Vefort total de fa quantité d'eau qui choqueles aubes; ou, pour m'expliquer plus clairement par le moyen d’un exemple fenfible, fappo- fons une éclufe pleine d'eau ioù à:telle hauteur qu'on voudra, & que l’eau, fortant horizontalement par un pertuis prati= qué au bas de cétte éclufe, rencontre les aubes d'une roue deftinée à faire remonter une partie dé l'eau qui la fait tourner. Si cette roue, toûjours fuppolée fans frottement, devoit por: ter l’eau qu'elle élève, à la hauteur de celle quieft dans l'éclufe, l'eau qui fortiroit du pertuis n'agiffant que par fon choc, & trouvant libre l'inftant d'après, il eff démontré que dans le cas du plus grand effet elle ne feroit remonter.que les #7 de ce qui fort du pertuis; au lieu que faifant agir Peau par fon feul poids, en la prenant à la hauteur de celle qui eft dans l'éclufe, la machine étant comme ci-devant, fuppolée " Gegg ij 606 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fans frottement, .elle peut faire remonter à la même hauteur! où elle defcend, la moitié de ce'qui defcend, ou les 2, ow les +, ou, &c. ce que je ferai voir après que j'aurai expliqué ‘coniment j'y ai été conduit. STE M.“ la Marquife de Pompadour. defrant avoir de l'eau à fon château de Créci, beaucoup moins pour y faire des embelliffemens que pour prévenir ou pour parer les accidens qui pouvoient arriver pendant lee {jours que le Roi y fait, plficurs perfonnes préfeurèrent des projets. à cet effet , qui exigeant de trop grandes dépenfes, ou ne pouvant pas fournir, une quantité d'eau fufhfante, furent rejetés. M. de Büffon, dont on connoît les fumières, fut confulté & prié de voir lui-même sil n'y auroit pas de moyen plus fimple ; il me propofa à M de Pompadour pour voir avec lui le parti qu'il y avoit à prendre : nous y fimes plufieurs voyages enfemble, & le réfultat de nos examens fut que le moyen le plus fimple & le moins coûteux-étoit de fe fervir de la force de la petite rivière de Blaife, qui coule dans la vallée de Créci, pour élever une partie de fon eau jufqu'à un réfervoir placé au haut de la côte, à 163 . * » CES pieds au deflus de la furface de l'eau de la rivière, | Nous convinmes encore que la difpofition de la machine que je préfentai à l’Académie en 1735, & qui fut approuvée, étoit la plus convenable au lieu, tant par fà fimplicité que par la folidité de fes parties, dont aucune ne charge la roue, qui n'a qu'à tourner au deflus des bafcules pour les. faire baiffer alternativement par le moyen des ondes fixées à l'arbre, les bafcules fe relevant réciproquement les unes Îes autres. La difpofition totale de cette machine eft telle, que tous les efforts fe font en preflant toûjours vers le centre de fa terre, qu'aucun boulon ne peut prendre dans fon trou que le jeu néceffaire, parce qu’ils agiffent toûjours du même fens; par-là, il n'y a, & n'y aura jamais, dans la machine aucun temps perdu niaucune fecoufle, ni forte, ni foible. Tous ceux qui font au fait des machines, favent que les temps perdus FOHES SK 9 COLE NICE NS . Co7 en diminuent l'effet, que les fecoufles tendent à leur def truétion & qu'elles y occafionnent de fréquentes réparations. Je me trouvai donc chargé de chercher le moÿen d'em: ployer la force que pouyoit.me fournir la Blaife, de manière qu'elle fit. monter le. plus. d'eau qu'il me {eroit.poflble, à Ja hauteur où elle devoit arriver. … ‘:. > slupul bon Tous ceux qui nous avoient précédés & qui s’étoient trouvés fur. les lieux dans les temps que les eaux font les plus baflés, avoient conclu affezunanimementqu'il.ne 2v%.Vpaa + qu) BED T I TaR met à parcourir la ligne À D en entrainant le corps Q. . Connoïffant le temps, lon aura aifément la viteffe en aque point; elle fera dans un point quelconque P à celle dans un A FF VAR) V{A D), & par conféquent W.wWpaa — qar) cMpaa+au PROBLEME I I. Les poids p &7 q étant donnés & le rayon à d'une des poulies, trouver le rayon z que doit avoir l'autre poulie, pour que le corps q Joit élevé le plus haut Le k moins de temps ; c'efl-à-dire, quand eff-ce que Q X — étant il hauteur où a monte le corps Q, pendant que le corps P defcend en D, 2V(b) + y(paa + qz) Ya. Pr la viteffe - He divifé par , guè eff le temps, ira un - maximum? Si on différencie cette quantité & Fe ’on Fée à à zéro ; on aura 2ppa = 3pqaaz + 497 », OÙ ne 3/[ PPS Se nn) 29 4q* = I PS VE + EE], 244 Si au lieu de faire varier 7 on A fait-varier g, l'on auroit p Lu 3jaa— 47 RE D y LS El) 7 Duc. [5 ( ALT AE ER CtUE 4 ? Mém. 1754: Rrrr 682 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE H eft clair que de ces deux équations l’on tirera la folution de plufieurs queflions importantes dans les machines müûes “par Peau: par exemple, ft lon connoît la quantité d'eau à tirer & la puiflance motrice, on faura à quelle hauteur on peut porter l'eau. Si on fait la hauteur, trouver [a quantité d’eau que l'on / : b , peut élever; on voit que Æ eft l'expreflion de cette hau- teur: fi cette quantité eft conftante, 7 eft conftant, & l'équation. précédente, où lon a fait varier 4, donnera la folution du problème. Si au contraire, la quantité qu'il faut tirer eft déter- minée, l'on aura 7 conflant, & alors le rayon 7, & par ' b ’ ane ca ï. à conféquent <= , fera déterminé par la première équation ; a \ de-là on tirera aufli le vrai calcul de la machine à feu, L'on tire aufli de cette manière de confidérer les machines, cette remarque, que fr dans l'expreffion de l'effet de la machine on fuppofe 7 conftant, on aura l'effet d'autant plus petit que z fera plus grand; conclufion bien différente de ce qüe l’on croit ordinairement, qu'en augmentant les rayons & diminuant les poids à proportion, en forte que le poids par le levier eft-conftint ou ne change rien dans l'effet. Après ces différentes réflexions, je crois devoir mettre fous les yeux de l’Académie l'explication d'une expérience faite par M. de Parcieux dans une de nos Aflemblées. Cette expérience tendoit à conclurre que plus les machines vont lentement, plus elles font d'effet. J'ai fait les expériences fuivantes fur cette roue; elle a x 5 -pouces de diamètre extérieur, & fur fon axe font trois treuils ou poulies, une de 3 pouces, une de 2 pouces & une d'un pouce de diamètre: Cette roue lève un poids de 6 onces 7 gros par le moyen d'une poulie attachée au poids, c'eft-i-dire que les vrais treuils fur lefquels roule cette roue font d'un pouce 6 lignes de diamètre. La roue fait dix tours environ par la plus groffe poulie ou treuil, quatorze avec le moyen, & vingt-deux avec le petit: la roue ufe pendant ce temps environ $7 onces d'eau ; elle reçoit l'eau à environ 30 degrés DES SCIENCES. 68; au deffus de l'horizontale, par conféquent cette roue ef chargée pour le treuil de 3 pouces, d'une once >; pour celui de 2 pouces d’une once +3 pour celui d'un Pouce de 6 gros — de gros. Si on réduit ces quantités ou leurs poids réels au bout du rayon, ils deviendront environ x + once, 1 Tr; $ + de gros: fr on fübflitue à préfent à 1 place de 7 fuc- ceflivement £ de pouce, 2 pouce & + de pouce; à la place. de P 1+ once, 1 d'once, 5 +7 de gros, & 7 pouces à la place de 4, lon aura, ] J'= | 0 ton 9 onces, 4 — 9p, où 9+onces, — Q 5 = 10P, ou 12% ONCES. Or, la valeur de 4 dans l'expérience n’eft que de 6 onces 7; donc on n'étoit pas encore arrivé au point du maximum de l'effet, le poids étant encore trop petit dans le cas même du plus grand rayon. Ceci fuffiroit pour expliquer la raïfon de {a différence de l'opinion de M. de Parcieux & de Ja mienne, mais Je crois qu'il faudroit avoir récours à l'expérience, en augmentant les rayons & les poids Jufqu'au de-fà du maximum, cela feroit aïfé à faire avec la machine de M: de Parcieux, mais je dois rap- porter ici quelques remarques que j'ai faites für cette machine, En voici une, forfque l'eau cefle de tomber dans la roue, elle fe met en équilibre avec le poids, & refte aflez de temps dans cet état; mais un peu- après elle recommence à marcher, non pas en rétrogradant, ce qui paroîtroit le plus naturel, mais au contraire en avant; d'où peut venir cette augmentation de force! en voilà l'explication: fes godets ‘font petits & font un peu l'eflet des tuyaux capillaires; de forte qu'il refle de l'eau dans les godets long-temps après qu'ils ont paflé la verticale. Plus la roue vasvite, plus cette eau remonte avant de pouvoir gliffer le long des parois: lorfque la roue arrête, cette eau fe dégage petit à petit en glifflant le long de Ja roue, & par-là rend ce côté plus léver, & par conféquent la roue marche. Cet effet contribue fürement R rrri 684 MÉmoires DE L'ACADÉMIE ROYALE à faire paroître les effets de la roue moindres, à mefure qu'elle va plus vite, cette eau montant plus haut & pouvant être regardée comme une force rétardatrice qui augmente avec la viteffe. L'on voit par-là que cette machine n'eft pas affez exacte pour faire des expériences auffi effentielles. Si les dépenfes que j'ai déjà faites & que je fais encore fur différentes matières, n'étoient pas fi confidérables, j'aurois joint des faits à ce Mémoire. Je laifle donc à l Académie à faire faire les expériences néceffaires pour éclaircir des faits très-importans pour Îles grandes manufactures. ; ET TS Re dé Dogs, SC LE N-C,E 685 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE ROYAL PENDANT L'ANNÉE M. DCCLIV. Par M. DE Foucurx. _ Sur la quantité d'eau de Pluie. ; pouc. lign. \ pouc: Jign, 1 TN Janvier. 1 | En Juillet..... 1 22 Février.... © 11 Note 270) 6# je, Li n 7 Mars...... Oo 5+ Septembre.. o oo AVE 72) 3e, Octobre... 1 74 Mai...... 1 6- Novembre.. 1 S+ Juin...,.. o 92 Décembre.. 1 6 4 3 7 45% 6 4+ 1 eee AT La quantité de pluie tombée dans les fix premiers mois de l'année, a été de 7 pouces 4 lignes # ; celle des fix derniers mois, de 6 pouces 4 lignes £, par conféquent la quantité de pluie tombée pendant toute l'année, de 1 3 pouces 9 lignes , plus petite de 2 pouces 10 lignes # que Fannée moyenne, déterminée en 1743, de 16 pouces 8 lignes, & ) Obfervarions fur le and à fur le froid. Le plus grand froid de année eft arrivé le 8 Janvier au matin: la liqueur du thermomètre de M. de Reaumur eft defcendue 12 degrés au deffous de fa congélation; fancien thermomètre placé à côté, marquoit 1 1 degrés +. La plus grande chaleur eft arrivée le 14 Juillet; h liqueur du thermomètre de M. de Reaumur eft montée à 30 degrés au deflus de la congélation; l'ancien thermomètre marquoit alors 84 degrés. Rrrrij 636 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Sur le Baromitre. Le baromètre fimple a marqué la plus grande élévation du mercure à 28 pouces 7 lignes, le 2 x Janvier.par un vent d’oueft : le plus bas où il foit defcendu a été à 26 pouces 9 lignes, le 9 Novembre par un vent fud-eft violent, Déclinaifon de l'Aiguille aimantée. Le 6 Mars 1754, une aiguille de 4 pouces déclinoit de 174 15’ vers le nord-oueft. 1 Las à i DES, SCIENCE s.- 687 Annee — = See — - S — ES 6 2 ke PNR D RSS CR ya. 2] G{| + EDS en F2 @Q IR ES Cu on nel ASS a Te Mot MESSIEURS DE LA SOCIÉTÉ Royale des Sciences établie à Montpellier, ont envoyé à l’Académie 1 ‘Ouvrage qui fuit, pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles, comme ne failant qu'un Jeul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roi an mois - de Février 1 706. MÉMOIRE Sur les Chiffons ou Drapeaux qu'on Prépare au Grand- Galargues, village du diocèfe de Nîmes, à cinq lieues de Montpellier, &r dont on Jait en Hollande le Tournefol, Par M. MonTer. A YA NT expofé avec beaucoup d'étendue dans deux dif. férens Mémoires le procédé & 1x théorie du verd de gris, j'ai cru devoir examiner une autre Préparation avec laquelle celle du verdet a beaucoup de rapport, I s'agit de la manière /:dont on colore au Grand-Galargues, village du diocèfe de Nimes, à cinq lieues de Montpellier, les drapeaux ou chiffons avec fefquels on fait en Hollande la pierre bleue, appelée Tournefol. Nul auteur n'ayant décrit cette opération avec - aflez de détail, j'ai voulu me mettre à portée de fuppléer au | . : filence des uns & au peu d'exaétitude des autres: j'ai fait en * Mém. d'Acad. des sé arnée 1712,pa 332 Ü Ju, 638 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE conféquence un voyage au Grand-Galargues au mois d'Août dernier, dans une circonflance très-favorable, li récolte de Ja plante qui fert de bafe à cette préparation ayant été fort abondante cette année. Voici ce que j'ai vü de mes propres YEUX , & ce que J'ai appris de plufieurs habitans de ce village, où lon m'a afluré qu'on préparoit ces chiffons depuis plu- fieurs fiècles. Ce n'eft pas ici un objet de pure curiofité, c’eft un objet intéreflant pour le progrès des Arts, & dont le Commerce retire journellement de grands avantages, Quelle feroit ma fatisfaétion ; fi je pouvois contribuer par mon travail à rendre ces avantages encore plus confidérables ! il nr'eft permis de l'efpérer. Qui fait {1 la connoiffance exacte de cette préparation ne nous conduira point à la découverte de la compofition du tournefol, dont les Hollandoïis font- un fecret qui, fans les drapeaux colorés que cette province leur fournit, {eur feroit entièrement inutile? Je diviferai ce Mémoire en trois parties: dans a première, après avoir parlé de la plante avec laquelle on colore ces chiffons, je dirai un mot des vaifleaux & des inftrumens que l'on emploie pour cette coloration; la defcription du procédé & le détail de toutes fes variétés feront l'objet de la feconde partie: je ferai dans la troifième quelques réfle- xions pour découvrir la vraie théorie de cette opération. PR EVMLL ELRSE MAUR ES LUF Quelle eff la plante avec laquelle on fair le Tournefol! LA saurelle (c'eft le nom qu'on donne ici vulgairement à cette plante, & celui que j'adopte dans ce Mémoire) eft affez commune aux environs de Montpellier, & fur -tout dans cette partie du bas Languedoc, qu’on appelle Lavaunage ; elle croît auffi en Provence & en Dauphiné, Feu M. Nifiole, de cette Académie, a donnéen 171 2 la defcription de cette , Pante, qu'il nomme, après M. de Tournefort, de ex qué paratur tournefol Gallorum. Ynft. Reï herb. app. $ 65 * A cette defcription, qu'il a accompagnée d'une fie. très-exacte, 14 RODI EUS :S C1 E NC ES 689 tès-exaéte*, il a joint unejléoère idée du procédé qui faits, ; Mn. de ÿ # # Let H 3 cad. des Sc. £ fujet de ce Mémoire, & il eft le feul Auteur qui paroïfle mé 7712. n avoir eu une certaine connoiflance. M. Linnæus appelle pee 3392 pe la plante en queftion , croton Jolis rhombeis repandis , capfulis 6 peñdulis, caule herbaceo. : Les habitans du Grand-Galargues n'ont pas Ja liberté de cueillir la maurelle dans tous les temps de l’année, En vertu dun ancien règlement, ils ne peuvent faire cette récolte qu'après en avoir obtenu la permiffion des Maire & Confuls du lieu: on donne ordinairement cette permifion à toute {a communauté vers le 25 Juillet, temps où la récolte du blé eft déjà faite, & où la maurelle eft dans fa perfedion: on ne fait dans l'année que cette feule récolte, depuis le 25 Juillet jufqu'au $ ou 8 de Septembre. Les payfans vont alors chercher cette plante à quinze ou vingt lieues à la ronde dans le Gé vaudan, & même jufqu'en Provence; ils ont grand foin de fe cacher les uns aux autres les lieux particuliers où elle croît en abondance: ils font cette récolte en diligence, fa plante, pour pouvoir être employée, devant être fort récente, 1a fer- mentation nuifant toûjours au fuccès de l'opération dont il s'agit; il faut auffi que la maurelle ne foit pas terreufe. Ils emploient indiftinétement toute la plante, excepté Ja racine Les vailleaux & inftrumens dont on { {rt ne font pas tous de même grandeur, & on voit affez qu'il feroit inutile de les aflujétir, à une certaine capacité déterminée. Les par- ticuliers qui font l'opération que nous décrivons, placent leurs vaifleaux à un-raiz dë chauffée dans une efpèce de hangar ou - d'écurie, où l'on voit d’abord un gros prefloir fait de bois de chêne verd, & foûtenu des deux côtés fur deux murs de mäçonnerie. Ce prefloir a d'ordinaire un pied d'épaifleur, à chaque bras, fur 8 pieds +de longueur & un pied +de hauteur: ‘ene puis mieux le comparer qu'à une.grande preffe de Relieur. On: pratique fous ce prefloir une cuve de pierre deftinée à re- cevoir le fuc qui découle de la plante, À ce: même raiz de chauffée on voit une autre cuve de pierre, qu'on appelle en gue vulgaire pile; elle à communément la forme d'un Mn 1754 S ff * Pages 336» 357» pl VI, fg- 1° 690 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE parallélépipède, & rarement celle d'un gros cylindre; fon épaiffeur ordinaire eft de trois à quatre pouces; on lui donne intérieurement un pied & demi de large fur trois pieds de long & fur deux pieds de profondeur: c'eft dans cette cuve qu'on met l'urine & les autres ingrédiens néceflaires. Enfin, on trouve dans ce même lieu un moulin, dont 11 meule, pofée de champ, a un pied d'épaiffeur ; un cheval la fait tour- ner : elle roule autour d’un pivot perpendiculaire dans une ornière circulaire affez large & aflez profonde, où l’on met la maurelle qu'on veut broyer: ce moulin eft de même forme que ceux dont on fe fert pour écrafer les olives ou le tan. M. Aîltruc, de cette Académie, a donné la figure très-exaéte de ce moulin dans fes Mémoires pour lHifloire Naturelle de la province de Languedoc *. Un particulier, à qui la modicité de fes facultés n’a pas permis de faire la dépenle du prefloir & du moulin, eft obligé, pour faire moudre fa maurelle, de recotnir à fon voilin, qui, dans ce cas-là, s'approprie & retient pour lui une partie du fuc. | S'E C'Oo'"N "DE MP/AORPOTLE Procédé de la coloration des drapeaux avec lefquels les Hollandois font la pierre de Tournefol. Lzs habitans du Grand-Giäargues, qui ont ramafié une certaine quantité de maurelle, choififfent, pour la faire broyer & en tirer le fuc, un jour convenablé; ils veulent que le temps foit fort ferein, l'air fec, le foleil ardent, que le vent fouffle du nord ou du nord-oueft : il n’eft pas difficile d'avoir au mois d'Août, dans le bas Languedoc, des jours où toutes ces circonftances {e trouvent réunies. La conftitution de latmofphère étant telle que nous venons de le dire, on fait moudre la maurélle dans le moulin que nous avons décrit; quand elle eft bien écrafée, on la met dans un cabas de forme circulaire, fait d'une efpèce de jonc & fabriqué à Lunel, parfaitement femblable à ceux dont! on fe fert pour metre Mate ét - ouf ii D ES SCIENCES. Got les olives au prefloir: on remplit le cabas de maurelle bien écrafée, on le met enfuite au prefloir & on prefle fortement ; de fuc découle dans la cuve de pierre, placée iminédiatement fous le prefloir: dès qu'il a ceflé de couler, on retire le cabas du prefloir & on jette le marc, qui, à ce qu'on m'a afluié, eft un excellent fumier. On commence cette opération dans la matinée, & on continue la même manœuvre jufqu'à ce que tout le fuc foit exprimé, ayant foin de changer de cabas dès qu'on s'aperçoit que celui dont on s'étoit fervi jufque-à eft percé. Quand on a tiré tout de fuc, les uns avant que de l'employer le laiffent repofer un quart d'heure, les autres en font ufage fur le champ: quelques-uns, mais en petit nombre, mettent auparavant dans le fuc une chopine ou un pot d'urine fur environ trente pots de fuc (il y a en général peu d’uniformité dans la manière de procéder). La plufpart emploient leur fuc tout de füite, comme je viens de le dire: on en {ent aflez la raifon fans que-je l'explique, & voici de quelle façon ils procèdent. Ceux qui font cette préparation achettent à Montpellier, ou dans d'autres villes voifines, de grands facs à laine, de vieilles ferpilières ou quelqu'autre toile écrue * qui ait déjà fervi & qui foit à bon compte; fi elle eft fale, on la lave & on la fait bien fécher : toute toile eft bonne pour cette opération, pourvä qu'elle foit de chanvre; la plus groffière, la moins ferrée dans fon tiflu, n’eft pas à rejeter, mais il faut qu'on ait bien nettoyée, car tous les corps gras & huileux font contraires au fuccès de cette préparation: On divife la toile dont on fe.fert en plufeurs pièces; fur cela il n’y a aucune règle, les femmes font toute la manoeuvre de cette opération : le fuc exprimé eft porté dans une elpèce de petite cuve de bois, que nous appelons dans ce* pays _femäon où comporte. La femme a devant foi un baquet de ois pareil à ceux dont les Blanchifieufes fe fervent pour favonner le linge; elle prend une, deux ou trois pièces de toile, fuivant qu'elles font plus où moins grandes, qu'elle % DA 1% Je veux dire qu'on n’émploie à Galargues que axe efpèce de toile T qui n’a pas été blanchie par la roféé ni par la 1 ve. 3 ñ > Sfr 692 MÉMOIRES DE L'AGADÉMIE ROYALE met dans le baquet; elle verfe enfüite fur ces morceaux de toile un pot de fuc de maurelle qu'elle a toüjours à fon côté; & tout de fuite, par un procédé pareil à celui des Blanchif- feufes qui favonnent le linge, elle froiffe bien la toile avec fes mains, afin qu'elle foit par-tout bien imbibée de fuc. Cela fait, on Ôte ces chiffons & on en remet d’autres qui font à portée, & toûjours ainfi de fuite: on ne cefle de faire cette manœuvre que tout le fuc exprimé n'ait été employé. Après cette opération, lon va étendre ces drapeaux fur des haies expolées au foleil le plus ardent, pour les faire bien fécher: on ne les met jamais à terre, parce que l'air y pénétreroit moins facilement, & qu'il eft eflentiel que les chiffons sèchent vite. Je ferai obférver que les femmes qui font cette ma- nœuvre favent bien mettre à profit tout leur fuc; es drapeaux ne fortent du baquet qu'imbibés de ce fuc dans une jufte proportion. Ceci eft bien différent de ce que dit M. Nifloile dans le Mémoire-déjà cité, qu'on ne fait que tremper Îa toile dans le fuc: Après que les drapsaux ont été bien féchés au foleil, on les ramafle & on en forme des tas. Les femmes ont foin, un mois avant que de commencer cette préparation, de ra- mafler de l'urine dans leur cuve de pierre, qui, après qu'on y a mis tous les ingrédiens, eft appelée l'auminadon, ce qui indique qu'on y mettoit autrefois de l'alun; quelques parti- culiers, en petit nombre, s’en fervent encore aujourd’hui. La quantité d'urine qu'on met dans la cuve n’eft pas déterminée, on en met ordinairement une ‘trentaine de pots, ce qui donne cinq-ou fix pouces d'urine dans chaque’ cuve. On jette enfuite dans la cuve cinq à fix livres de chaux vive: ceux qui font dans l'ufage d'employer Falun, y en mettent alors une livre, car il faut remarquer qu'on y met toûjours. de la chaux, quoiqu'on emploie lalun. On remue bien ce mélange avec un bâton après ceki on place à la fuperficie de Furine, des’ farmens où des rofeaux, xfüujétis à chaque extrémité de la cuve; on étend far ces rofeaux les drapeaux imbibés de fuc & bien féchés; on en met Fun fur l'autre D'EÏS S c/1 EN GE :s 693 ordinairement fept à huit, quelquefois plus ou moins, ce qui dépend de la grandeur de la cuve; on couvre darts cette même cuve d'un drap ou d'une couverture. On laifle com- munément les drapeaux expofés à la vapeur de l'urine pen- dant vingt-quatre heures; fur cela il n'y a aucune règle certaine, la force & la quantité de l'urine doivent. décider: quelques particuliers laiffent leurs drapeaux expofés à la vapeur pendant plufieurs jours, les autres s'en tiennent au temps que j'ai marqué. Mais pour juger avec certitude du fuccès de l'opé- + ration, fon vifite de temps en temps les drapeaux ; & quand on s'aperçoit qu'ils ont pris la couleur bleue, on les! ôte de deffus la cuve. If faut fe fouvenir que pendant queles chiffons font expofés à la vapeur de furine il faut les retourner fans deflus deflous, afin qu'ils préfentent à à la vapeur toutes leurs furfaces. On doit prendre garde que les chiflons qui font fur les morceaux de bois expolés à la vapeur de Furine ne trempent point dans cette liqueur, ce feroit autant de perdu, Furiñe détruiroit entièrement la partie colorante des drapeaux. - Comme il faut une gre ande quantité d'urine, & que d'ailleurs les cuves font trop petites pour que fon puifle colorer dans - Tefpace d’un mois & demi tous les drapeaux que demandent es Marchands, les particuliers ont eu recours À une autre méthode, ils ont fubftitué le fumier à l'urine; cependant la plus grande partie emploient l'urine, mais tous en font en même temps par lune & par l'autre méthode. Les drapeaux ue lon: colore par le moyen de l'urine font les plus ailés a préparér; quelque temps qu'on les laifle expofés à fa vapeur, ils ne prennent jamais d'autre couleur que la bleue, & la partie colorante n'eft jamais détruite par l'alkali volatil qui s'élève | ‘de Furine , quelque abondant qu'iffoit : il n’en eft pas de même 4 ‘quand on emploie le fumier ; cette autre méthode demande beaucoup de vigilance, comme nous l'allons voir. Dès qu ’on “veut expoler les drapeaux qui ont reçu la première prépa- tion à la vapeur du fumier, on en‘étend une bonne couche à un coin de l'écurie, fur cette couche ‘on jette un peu de -_ paille brifée, on met par-deffus les chiflons ;entallés les SEC \ 694 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE uns fur les autres, & tout de fuite on les couvre d'un drap, comme dans l'autre méthode : on met fur le fumier à peu- près le même nombre de drapeaux que fon expoferoit à la vapeur de l'urine. Si le fumier eft de la première force, on va au bout d’une heure retourner fans deffus deffous les chif- fons ; une heure après on va encore les vifiter, & sils ont pris une couleur bleue, on les retire de ‘deflus Le fumier, on les met en tas & on les expole à l'air pour les faire fécher. Je ferai remarquer que fr le fumier n'eft pas fort, on les y laiffe plus long-temps, quelquefois douze heures, & plus même, sil eft néceflaire. On fent bien que tout ceci dépend des différens degrés de force du fumier: la couleur bleue eft la pierre de touche pour connoître la durée du temps dont nous parlons. On doit être attentif à vifiter fouvent les drapeaux; car la vapeur du fumier, fi on les y laifloit trop long-temps expofés, en détruiroit la couleur, & tout le travail feroit perdu. Le fumier qu'on emploie eft celui de cheval, de mule ou de mulet. Certaines femmes expofent d’une autre manière leurs drapeaux à la vapeur du fumier; elles les mettent entre deux draps, & les draps entre deux couches de fumier. Pour l'ordinaire on n'expole qu'une feule fois les chiffons à Ja vapeur de l'urine ou du fumier: quelques particuliers m'ont dit que quand Lopération ne réuflifloit pas par le moyen du fumier, on expoloit les drapeaux qu'on n'avoit pû co- lorer par cette voie, à la vapeur de l'urine; mais ces cas font extrêmement rares. Je ferai obferver que pendant tout le temps que dure cette préparation, l'on met prefque tous les jours de l'urine dans la cuve; & à l'égard de la chaux vive, onn'en met que trois fois pendant toute la durée de l'opération ; il en eft de même quand on y met de l'alun. On remarquera que toutes les fois qu'on expofe de nouveaux drapeaux à la vapeur de l'urine, il faut, avant de les y expofer, bien ré- muer l'urine avec un bâton: on change de même le fumier à chaque nouvelle opération. Après que les femmes ont achevé toutes leurs préparations, qui fe font chaque année, elles jettent l'urine de leur cuve, qu'elles nettoient bien. DJE :54N SIC ILE: NL CEÏS: 69 Nous avons dit qu'on n'expoloit qu'une feule fois les drapeaux à la vapeur de l'urjne ou du fumier: cette opération étant faite comme je viens de la décrire, on a de nouveau füuc de maurelle (car il efl bon de faire obferver que pendant toute la durée de cette préparation il y..a des hommesen campagne pour recueillir de la maurelle); on imbibe une féconde fois les drapeaux de ce nouveau fuc, en faifant la même manœuvre qu'à la première opération, je veux dire qu'on favonne en quelque forte les drapeaux avec ce nouveau fuc, & on les fait. bien féchèr, comme nous avons dit. Siaprès cette feconde imbibition de fuc les chiffons font d'un bleu foncé tirant fur le noir, on ne leur fournit plus.de nouveau fuc : alors la marchandife eft dans l'état, requis, comme on peut le voir par l'échantillon: que je: préfente à l Académie, qui n'a été dans le fuc que deux fois. Si les. chiffons, n’ont . pas cette couleur foncée que je viens d'indiquer, on les im- bibe de nouveau fuc une troifième fois, quelquefois une quatrième, mais ces cas font bien rares. jt fs Les particuliers qui font cette préparation, ne commencent à imbiber leurs drapeaux de fuc de maurelle que vers les dix ou onze heures du matin, comme j'en ai.été témoin: la raifon: en eft qu'alors le foleil commence à être dans fa plus grande force, & que les drapeaux étant expofés à fon ardeur, sèchent plus vite. Le temps eft très-favorable, comme je Y'ai déjà dit, quand le vent ft Æiffraou ounord-oueft, & le foleil bien ardent. On fe garde bien de faire cetté préparation quand le | vent eft fud-eft, ou; comme on dit dans ce pays-ci, marin; | on rifqueroit alors de perdre tout Je fruit de fon travail : ce vent eft fort humide, & les chiffons, pour réuffir, doivent fécher promptement. IL eft arrivé dans certaines années plu- | vieufes que des particuliers ont perdu leur maurélle, recueillie 1 avec beaucoup de peine, faute de trouver un jour favorable. !Nous avons dit que quand la toile qu'on emploie.eft fale, on Ja lave: &:on la fait fécher; de même ïü faut prendre garde qu'elle.ne foit pas imbibée de quelque corps gras ou- huileux. On me/raconta qu'un particulier avoit employé dans: . ao 696 MÉMOIRES, DE L'ACADÉMIE ROYALE fi fabrique certaines toiles qui avoient fervi fur les vaifieaux; elles étoient unpeu enduites de gaudron, cela fit une mau- vaife préparation, à caufe que le gaudron empéchoit le fuc de faire union avec le chanvre; aufli lui confifqua-t-on fa marchandife, comme n'étant pas de recette. Je remarquai, étant au Grand-Galargues, que dans la grande quantité des drapeaux colorés il ÿ en avoit quelques morceaux qui n'avoient pas pris la couleur bleue. Je ne fus pas furpris de ce phénomène, dès que j'eus vü manœuvrer les’ femmes; elles n'obfervent pas beaucoup de régularité en éténdant leurs chiffons, tant fur la cuve que fur le funrier : la partie volatile de l'urine ou du fumier ne peut pas pénétrer par-tout égale- ment. D'ailleurs, ft on a le malheur de daifier un peu trop long-temps les drapeaux à la vapeur du fumier qui a beaucoup de force, il mange la couleur, fi je puis n'exprimer ainfr; au lieu d’être bleue, elle tire fur la couleur de chair: les femmes appellent cela en leur langue, faula, Aufi la plufpart de celles qui ont leurs chiffons fur du fumier extrêmement fort, vont-: elles les vifiter fouvent. On m'a raconté à Galargues & dans les Jieux voifins, qu'on ne pouvoit préparer ces drapeaux de fa manière que.je viens: de décrire, que dans ce premier village feulement : les habitans du Grand-Galargues & des environs le croient fermementt voici les preuves qu’ils en donnent. Les filles de ce village, difent-ils, qui vont fe marier ailleurs, par exemple, à Aïgues- vives, autre village qui n’en ef éloigné que d’une petite lieue ne peuvent réuflnr à faire cette préparation, quoiqu'elles l'aient faite plufieurs fois dans leur maïfon. T'out ceci fent le mer- veilleux ; j'ai l'expérience du contraire. J'ai préparé moi-même à Montpellier dans mon laboratoire de pareils drapeaux, par le moyen de la vapeur de urine, & ils font auffi beauxque. ceux qu'on nous envoie de Galargues. C’eft une fable-à peu: près femblable à celles qu'on a long-temps débitées fur le verd-de-gris. Les femmes qui font le verdet à Montpellier, s'étoient imaginé qu'on ne pouvoit en faire que dans cette: ville: il y a long-temps qu'on leur a démontré le du :: : pes n Ste ae-WOCEMIONLM 6 On m'a dit qu'on faifoit du vérdet à Aniane, ville éloignée de Montpellier de cinq lieues; que chaque pot où jare en donnoit jufqu'à trois livres. II ‘eft vrai de dire qu'au fujet des drapeaux qu'on prépare au Grand-Galargues ; on ne peüt le faire que dans une partie de cette province & dans quél- ques autres yvoifines, comme la Provence & une partie du Dauphiné, où cette plante croit dans quelques cantons. M. Niflole, dans le Mémoire déjà cité, dit que la maurelle ne croît pas du côté de Lyon ni en Auvergne: fi elle croifloit en Hollande, les Hollandoïs ne feroient pas affez dupes pour nous acheter nos drapeaux , ils les prépareroïient chez eux, & par-là ils épargneroient beaucoup. Ce feroit au Gouvernement à acheter ou à fe procurer le fecret des Hollandois pour faire fa _pierre bleue, appelée Tournelol ; le commerce en retireroit un grand avantage, & principalement cette province; par cé moyen deux préparations fe feroient dans le même pays. Il eft impoffible de faire la première que dans le pays où la maurelle croît naturellement : s’il étoit néceffaire de la multiplier, on pourroit laiffer mürir la graine, & en femer des champs comme on feme le blé. Elle ne peut pas être tranfportée fort loin, parce qu'il faut qu'elle foit verte, & qu'on ne peut la garder trop long-temps fans qu'elle fe gâte par une trop grande fer- mentation, comme nous le ferons voir en expofant la théorie du procédé. | 7 Quand les drapeaux où chiffons, préparés comme je viens de le dire font bien fecs, on les emballe dans de grands facs, on les y ferre & prefle bien , puis on fait un fecond emballage dans d’autres facs, ou dans de la toile avec de la paille, & on en forme des balles de trois à quatre quintaux ; des Marchands- ‘commiflionnaires de Montpellier, ou des environs, les achettent pour les envoyer en Hollande , en les embarquant au port de Cette. Cette marchandife fe vend trente à trente deux livres le quintal, elle a valu certaines années jufqu'à cinquante livres, On m'a affuré qu'on fabriquoit toutes les années dans ce village ( qui eft compofé de deux cens trenté Mém. 175 4 T'ttt 6983 MÉmorres DE L'ACADÉMIE ROYALE maifons, & qui a mille habitans ) de ces drapeaux , pour dix ou douze mille livres. Je crois avoir fuffifamment détaillé dans les deux parties de ce Mémoire ce que j'ai vû moi-même, & ge que plufieurs paiticuliers m'ont appris fur ce procédé chymique, pañons maintenant à la troifième partie. © Théorie du procédé. Tout ce qu'on peut dire fur la théorie chymique de cette préparation , fe réduit à l’une ou à l'autre de ces deux idées : ou la couleur des drapeaux réfide effentiellement dans le fuc épaiffi de la maurelle, & interpolé dans les fibres du chanvre, de manière que l'alkali volatil de l'urine développe fimplement eette couleur ; ou bien cet alkali volatil change la couleur naturelle du fuc de la plante, & fait naitreune nouvelle couleur, produite par le mélange du fuc & de f'atkali. Les expériences que j'ai faites moi-même, & dont je vais rapporter tout le: détail, pourront nous apprendre à laquelle de ces deux idées nous.devons donner la préférence. La maurelle qui a été cueillie dans un bon fonds de terre, & dont les feuilles font bien vertes & bien nourries , donne un fuc qui, tiré fur le champ, eft d'un verd d'oignon. Si la plante eft tant foit peu fanée, ou fi les feuilles font enduites d'une pouffère fine, le fue eft d'un verd plus foncé, qu'on appelle brûlé. Si on laiffe la plante , quoique bien fraîche, pen- dant vingt-quatre heures fans en exprimer le fuc, celui qu'on: tirera au bout de ce temps-là fera auffi d'un verd foncé. : Je nr'aperçûs un jour, étant à Galargues , que le fuc qu'on exprimoit & que l'on verfoit dans une efpèce d'auge, paroiffoit d'un verd foncé, tirant fur le bleu : quand je le regardois étant debout , on auroit dit que c'étoit une infufion de violettes extrémement chargée de la partie colorante de la fleur, & qui étoit trouble, Je ne ferai aucune réflexion fur cette dernière obfervation : il me paroît qu'en général la couleur du fuc de maurelle récemment exprimé, efl le verd plus ou moins foncé, conti ts >-mattes - ut dE the DES SC1ENCESs. 1 699 & que feulemént dans certaines circonftances particulières fa couleur bleue a quelques difpofitions à fe ruanifefler, Nous W'allons voir fe développer plus parfaitement fans aucune addition: Que l'on mette du fuc de maurelle récem: ment tiré dans une bouteille à ouverture étroite, & qu'on l'y laifle repofer fix ou fept heures, on obfervera au bout de ce temps-là les phénomènes fuivans : la partie verte fe dépo- fera & fe féparera au fond de fa bouteille, & da diqueur qui furnagera paroîtra d'un bleu tirant fur le violet ; cette liqueur reftera dans le même état pendant cinq ou fix heures , après quoi elle prendra une nouvelle: couleur, tirant fur le rouge un peu clair. Ce même fuc exprimé récemment, & mis en évaporation à la chaleur de l'atmofphère dans une affieite de fayence, afin qu'il offre une plus grande furface à l'air, fe. defsèche afez vite, & laiffe üt extrait fec qui paroït à fa furface d'un bleu tirant fur le noir : comparé avec les chiffons que j'apportai du Grand-Galargues , il paroît être de la même couleur, Cette expérience & celle du fuc qui a dépofé fa partie verte, me femblent prouver que la couleur fondamentale eft contenue dans de fuc de maurelle. Deux onces dece fuc,évaporé comme je viens de le dire, ont donné d'extrait fec deux gros & demi; cet extrait s'humecle à l'air. Le fuc interpolé dans les fibres du chanvre fe defsèche plus vite au foleil, & ne s’humecte point à fair, étant divifé en plus petites parties unies & collées en quelque forte aux fibres du chanvre. ‘Voici une autre cbfervation que le hafard na fournie, & qui confirme ce que j'ai déjà avancé, que da couleur bleue «ft dûe prefqu’entièrement au fuc de la plante. J'avois choifr fur la quantité de maurelle que j'avois fait ramafler , une belle D avec fon fruit; je la mis dans un gros livre pour la ire fécher, afin de la placer dans un herbier. Au bout de quinze jours , ayant vifité mon livre, je vis Ja plante très-bien féchée, & j'aperçûs dans {es endroits oùvle fruit avoit touché de papier, de belles taches bleues , qui étoient de Ia même couleur des deux côtés du papier. Ce fruit fe trouvant Ttiti oo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE preffé, rendit fon fuc, qui colora le papier; le fruit même, quoique fec, étoit enduit de cette couleur: on auroit dit won eût donné la couleur bleue au papier avec le plus beau bleu de Pruffe. Si la couleur bleue réfide dans le fuc de maurelle, fi dans certaines circonftances elle fe manifefte d'elle-même & fans aucune addition, il eft évident que la vapeur qui s'élève de l'urine ou du fumier ne fert ici qu'à développer cette couleur dans les drapeaux qu'on lui prélente, ou, ce qui revient au même, que l'alkali volatil de l'urine ou du fumier commence à développer le phlogiftique de la partie colorante, dont les chiffons font enduits. Je ne vois rien, ni dans le procédé qu'on fuit à Galargues, ni dans es expériences que j'ai faites. ‘en particulier, qui foit contraire à cette explication. Je vais rapporter ici en peu de mots la manière dont j'ai imité en petit ce qu'on fait à Galargues en grand? Je remplis une caraffe d'urine fermentée, fans y mettre de la chaux; je mis par-deflus un môrceau de linge que j'avois préparé moi-même avec le füc de maurelle, en prenant toutes les précautions -néceffaires ; & je couvris le linge d’un papier que je liai avec du fil autour du cot de la carafle ; je laïffai mon vaiffeau fur une fenêtre pendant vingt-quatre heures ; au’ bout de ce témps jallai vifiter mon linge, je le trouvai d'une couleur bleue; il y avoit cependant quelques endroits de ceux qui préfentoient leur furface à l'urine, qui étoient de diflérente nuance de bleu: je retirai le morceau de linge de deflus la caraffe & je l'expolai à l'air pendant quelques heures, je n''aperçüs. alors. que le bleu devenoit plus foncé & plus uniforme dans fes nuances. Je ferai remarquer que plus on laifle le linge expofé à la vapeur de l'urine, plus il devient bleu. Je répétai la même expérience avec l'efprit volatil de fel ammoniac tiré avec la chaux , il m'a donné à peu près les inêmes phénomènes, feulement le:bleu avoit quelque nuance de: verd. Tous les Chymiftes favent que le degré de force de Falkali volatil n’eft pas toüjours le même, & que cela peut influer fur le plus ou le moins de force du blen. DES SCIENCES. 701. Dans ce qui vient d'être rapporté, on voit à fa vérité un changement de couleur, caufé par la préfence de l'alkali volatil, mais on ne voit pas que cet alkali agifle autrement qu'en développant la couleur bleue, ou en dégageant la matière colorante, déjà exiftante dans le fuc de maurelle. Rien n’oblige à regarder l'alkali comme une partie intégrante de la matière colorante; tout, au contraire, femble éloigner cette idée. En effet, ce neft qu'après la première imbibition de fuc qu'on expofe les chiffons à la vapeur de l'urine ou du fiunier : ces chiffons, après cette première opération, ne {ont guère chargés de fuc épaiffi de la plante; ils font encore, quand on les manie, fort mous, & le bleu qui tire fur le verd paroît bien clair. Tout le contraire arrive à la feconde, & quelquefois à la troifième imbibition , alors la toile eft roide , on diroit qu'on y a mis de la colle , parce qu'elle-eft enduite d’une ou de deux couches de fuc defféché par l'ardeur du foleil, qui ont rapproché les fibres du chanvre, quoique fort écartées les unes des autres. On ne peut.pas foupçonner que f'alkali volatil ait contribué à cet effet, puifqu'il ne forme aucune cryftallifation, étant toùjours dans cette opération fans forme liquide. Après tout, de quelque manière qu'on explique le procédé dont nous avons donné la defcription, foit qu'on veuille que lalkali volatil réduit en vapeur change effentiellement la couleur du fuc épaiffi, foit qu'on prétende que la couleur bleue foit fimplement développée, on ne fauroit nier que ce ne foit ici un exemple unique en Chymie. Nous ne voyons point qu'aucun alkali volatil produife rien de pareil’fur la couleur des leurs & ‘des feuilles des autres plantes. Une autre fingularité remarquable, c’eft que ces mêmes alkalis volatils ne fauroient développer la couleur bleue dans: le fuc de maurelle, que quand ïls font réduits en vapeur. Lurine fermentée verfée fur cefuc récemment exprimé, qui eft, comme nous avons dit, d'un verd d'oignon, rend ce verd plus clair : l'efprit volatil du fel ammoniac compolé avec la Chaux, fait tirer ce verd fur le jaune; l'huile- de tartre par défaillance produit à peu près le même effet. Les trois acides. Tittij , * Voyez l'An de la Téinture, Page 174: 702 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE primitifs détruifent la couleur & la changent en une autre tirant fur le jaune : la diflolution de vitriol verd rend le fuc d’un verd plus foncé; l'acide du vinaigre & le fl ammoniac pulvérifé n'opèrent aucun changement. Plufieurs Auteurs ont parlé de beaucoup de plantes qui donnent des teintures bleues par quelqu'une de leurs parties : celui qui s’eft le plus étendu fur cette matière eft M. Hellot, dans fon Traité fur les Teintures ; il rapporte dans cet ouvrage qu'il ne connoît jufqu'à préfent que deux plantes qui donnent le bleu après leur préparation; lune eft le Zfaris ou glaflum , qu'on nomme paflel en Languedoc *; l'autre plante eft l'ani/, qu'on cultive dans les Indes orientales & occidentales , & dont on prépare cette fécule qu'on appelle indigo. On retire par le moyen de la fermentation la partie colorante de ces plantes. Plufieurs particuliers de cette province ont voulu eflayé de faire de l'indigo de la première, mais ces expériences ont été fans fuccès : je penfe que la chaleur, dans ces climats, n’eft pas affez forte pour produire une prompte fermentation ; le ther- momètre ne monte que rarement au degré de chaleur que M. Hellot indique pour faire cette préparation. On pourra préfentement admettre une troifième plante qui donne du bleu, nuis elle le donne bien difléremment de celles que je viens de nommer; le bleu fourni par celles- ci eft l'ouvrage d’une longue fermentation continuée, au lieu que la maurelle a la couleur bleue toute formée dans fon fuc ; une longue fermentation lui Ôteroit entièrement cette couleur. Je demandai, étant au Grand-Galargues, aux particuliers qui préparent les drapeaux , s'ils n'avoient pas effayé d'en faire avec le fuc de quelqu'aütre plante plus commune que la maurelle ; on me répondit qu'on avoit fait plufieurs effais, par exemple, avec le fuc de l'helorropium, qui eft fort commun, & qui a beaucoup de rapport avec le ricinoïdes , maïs toûjours fans fuccès; ce qui confirme ce que j'ai dit, que le fuc de maurellé a dans la combinaifon de fes principes la bafe de la partie colorante des drapeaux. DES SCIENCES. 703 J'ai expofé en général ce qui n'a paru le plus vrai-femblabie fur la théorie de l'opération qui fait le fujet de ce Mémoire; il me refle à rendre raifon de quelques circonftances parti- _culières du procédé. ; à | J'ai dit que certaines femmes de Galargues mettoient de Yalun avec l'urine fermentée, pour lui donner, difent-elles , plus de force: je crois qu'elles fe trompent. Quand on met de l'alun dans Furine, elle a perdu par a fermentation putride une grande partie de l'eau qui entre naturellement dans fa compofition , elle contient alors un alkali volatil tout formé; lalun qu'on met dans la cuve eft en petite quantité; diffous dans une aufli grande quantité d'urine, il ne peut guère en augmenter la force ; l'acide qui entre dans fa compofition laiffe précipiter fa terre, & doit fe joindre à une partie de l'alkali volatil, avec lequel il a plus de rapport qu'avec fa terre; par conféquent cette petite quantité d'alun ne doit influer en aucune forte fur le fuccès de l'opération , auffi fa plufpart n'en mettent, plus; cependant c'eft ce fel neutre qui a vrai-fembla- blement fait donner à la cuve le nom d’a/uminadou. On fait que l'urine ne donne de l'alkali volatil que par la fermentation; l'alkali formé par cette décompofition a beloin d'un agent véhément qui le dégase, lui donne plus d'activité & le rende plus abondant : ce dernier point eft néceffaire dans les grandes fabriques. La chaux vive étant le plus fort intermède que nous connoifhions en Chymie pour donner de Ja force à Falkali volatil, il n'eft pas furprenant qu'on l'emploie géné- ralement dans l'opération dont il s'agit, & que Ja plufpart de ceux qui. la pratiquent aient retranché l'alun, ce qui diminue d'ailleurs Ja dépenie, objeteflentiel dans les grandes fabriques, où l'on doit toûjours vifer à l'économie. Nous avons dit.que l'alkali volatil qui fe dégage de l'urine, foit naturellement, foit par le moyen de 1 chaux, n'alière ni ne détruit jamais la partie colorante des drapeaux , quelque temps. qu'on Jes laifle expofés à fa vapeur, & que le contraire arrive quand on a employé du fumier d'une certaine force, à la vapeur duquel les drapeaux ont.été trop long-temps expolés. 7o4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoOïYALE Je vais hafarder quelques conjeétures fur l'explication de ces deux phénomènes. L’urine n'ayant perdu par la fermentation putride qu’une partie de fon eau , en contient encore une affez grande quantité; fa chaux qu'on y jette par reprifes en dégage la plus grande partie de l'alkali volatil, qui, comme l'on fait, eft toûjours fous une forme liquide, & qui, réduit en vapeur, emporte avec lui beaucoup d’eau ; cette abondance d’eau étend Valkali & lui Ôte fa qualité diflolvante; voilà pourquoi les chiffons font toujours un peu humides quand on les tire de la cuve. Le fumier, comme lon fait, n’eft autre chofe qu'un mélange d'une matière végétale, de crotin & d'urine, que la patréfaétion à fait changer de forme; ce fumier, quand il eft dans fon plus grand degré de force, donne beaucoup de chaleur, & il sen élève un alkali volatil fr abondant , que lorfqu'on préfente les drapeaux à fa vapeur, il en développe promp- tement la couleur : l'alkali volatil eft ici plus concentré, il n'eft pas étendu dans une furabondance d’eau ; pouffé d’ailleurs par le degré de chaleur qui fait éclorre les poulets, il doit être plus aétif que celui qui s'élève de l'urine, dorit la chaleur ne va point à ce degré; voilà pourquoi fi on laifle trop long- - temps les drapeaux expolés à fa vapeur, il détruit entièrement la partie colorante par fa qualité plus aétive , ‘& par conféquent plus diflolvante. je Je remarquai, étant à Galargues, fur une grande quantité de drapeaux vüs tous à Ja fois, qu'il y en avoit certains qui paroïfloient d’un côté moins bleus, ou, pour mieux dire, moins noirs que les autres: ces différentes nuances différemment réfléchies dépendent detant de circonftances, qu'on ne peut rien donner de pofitif là-deffüs ; je dirai feulement que quand on revarde attentivement les chiffons qui font bien préparés, les uns après les autres, ils paroiffent noirs pluftôt que bleus, & je pour- rai dire, avec M. Hellot, qu'un bleu foncé eft la couleur qui approche le plus du noir, le noir n'étant qu'un bleu très-foncé. C'eft ce que tout le monde peut expérimenter en examinant avec attention la couleur des drapeaux qui ont reçü toutes les préparations néceflaires pour être envoyés en Hollande, Les DES SCIENCES. 705$ Les drapeaux font fort aifés à décolorer, par conféquent ils font de faux teint; l'eau froide tire fur le champ la cou- leur & les décolore entièrement, & ceft avec cette partie colorante qu'on fait à Amfterdam le tournefol. Je penfe que la chaux éteinte & l'urine y entrent, ou bien la potaffe: il faudroit, pour s'en aflurer, faire des eflais & des expériences. I feroit glorieux à la Nation d'enlever aux Hollandois ce procédé: ferai-je affez heureux, en donnant ce Mémoire, d'avoir fourni es matériaux pour parvenir à cette découverte? Ces drapeaux colorent le vin qui pèche par la couleur, & toutes fortes de liqueurs : on m'a afuré qu'on les employoit en Hollande à cet ufage; & au rapport de M. Nifolle, Simon Pauli defapprouve toutes ces pratiques. Je ne vois pas cepen- dant que cela puifle être fort dangereux : le vin adouci par les différentes préparations de plomb, eft bien autre chofe. Il eft vrai que j'ai fouvent ou dire à des gens de l'Art, que certaines perfonnes peu fcrupuleufes coloroient une infufion de violettes avec la Pierre de tounefol, pour en faire un {irop de violettes bien coloré. Il eft temps de mettre fin à ce Mémoire: j'ofe me flatter de n'avoir rien omis d'effentiel dans la defcription du procédé, J'ai donné fur la théorie ce qui m'a paru le plus vrai-femblable : cen'eft pas qu'il ne refle encore quelques difficultés : mais tout ce qui dépend de 11 caufe générale des couleurs, a des obf curités que Îa Phyfique & la Chymie n'ont pas encore entièrement diffipées, - VO , Mem. 17 So Vuuu * Voy. Hem. p.138 à fur. Fautes à corriger dans les Mémoires de 1 os: Page 29, ligne 2, Vénus au Soleil, Hifeg Vénus à la Terre. Page 160, ligne 29, le Raifons, /fez la Reyfloufe. Page 383, lignes 29 à 30, à Floc, à la Montagne longue, à Pic- terboch, Æfez à Flac, à la Montagne fonoue, à Pieter- Both. LL Page 385, ligne 1, il faudroit rectifier ou du moins modifier ce qui cft dit fur la hauteur de Picter-Both, la- quelle eft de 420 toifes au deffus du niveau de Ja mer. Or le fommet du Pilon du Roi, une des roches les plus remarquables & Îes plus hautes entre Marfeille & Aix, n'a que 366 toifes de hautcur, Le Saint-Pilon n'a à fon fommet que 512 toifes: le lieu de la grotte-de la Sainte- Baume eft à peu près au niveau de Pieter-Both, laquelle n’eft pas, abfolument parlant, la mon- tagne Ja plus élevée de f'Hffe de France, puifque lc Piton de la montagne de la petite rivière noire a 424 toiles de hauteur *. Faues à corriger dans l'Hifloire de 17f4. Page 16, ligne 3, leur nom, lifez le nom. Page 18, ligne 17, n'eft peut-êwe, Afec elle n’eft peut-être. Page 21, ligne 2, pyfolites, lifez pifolites. Page 22, ligne 14, cette matière, lifez ce fujet. x 5 # + Fe Fautes à corriger dans les Mémoires de 1754: Page. 70, note marginale, hift. 1748, lifez hift. 1747. Page 271, ligne 20, tabulaires, lifez tubulaires. Page 326, Table premiére, les deux hauteurs de Jupiter du 16 & du 24 Oétobre 1750, font des hauteurs du bord fupérieur de cette Planète. Page 328, Table troifiéme, 1737. 8 Décembre Ha 25° 41" en. lifez 8 Décembre 12h 25° 41” environ. Page 328, Table troifième, 1741. 23 Janvier oo" 3° ÿ4" ’ lifez 1741. 23 Janvier ooù 3° 54 1 1 2° tt Mu Page 329, T.ble treifième, 175 D 167 Juin ? dc. lifez ? on ERREUR! 4