si Au de il ’ PUNC HISTOIRE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. d ANNÉE M DCCLXI ‘Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, pour la même Année, Türés des Repiflres de cette Académie. E« DE ” L'IMPRIMERIE ROYAL E; M DCCLXIIL Sd fi À ED Ba. 1% RENE et ET a .: ; tt h EE —_— A CDIRUE POUR L'HISTOIRE. PHYSIQUE GÉNÉRALE. | Ses les. nouvelles manières d'aimanter, & [ur la déclinaifon | de l’'Aimant. Page 1 Sur les paillettes d'Or de l'Ariege. 6 Sur quelques nouvelles Expériences electriques. 10 # Sur les Tourbières des environs de Villeroi, à fur celles qu'on pourroit ouvrir près d'Étampes. 17 Obfervations de Phyfique générale. 24 ANATOMIE. Sur les Plans mufculeux de la tunique charnue de l'eflomac lumain. 32 Qur quelques vices des Voies urinaires à des parties de la Génération. | 35 Sur l'Inoculation de la peire Vérole, & principalement fur les variations de la méthode. 42 . Sur la maladie des Chevaux, qu'on nomme la Morve. 45 Obférvarions Anatomiques. 53 CAM T E Obférvations Chymiques. 62 TABLE. B-O°T'A N HOUSE Sur l'Infedle qui dévore les grains dans l'Angoumois. 66 Sur un Arbre d'un nouveau genre, qui croit au Sénégal. 77 GHÉVOÏM'É TRE 86 AS URERT OO) N'OSMETEE: Sur les Interpolations. 92 Sur la Conjonéhion écliptique de Vénus & du Sokil, du 6 Juin 1761. 98 Sur la Parallaxe de la Lune. 7 Sur les inégalités de Mars, produites par l'adion de la Terre. 123 Sur quelques Objfervations Aflronomiques , dont 1 ’ Académie pofsède les Manufcrits. 127 Sur les mouvemens des Nœuds des fix Plantes principales. x 34 GÆ O GR'A P AE Sur la conftruélion de l'ancienne Carte itinéraire, connue fous le om de Peutinger. 141 MÉCHANIQUE. 147 Machines où nventions approuvées par l’Académie en 1761. ; 15% Eloge de M. de Bélidor. T0 Eloge de M. Roiillé: 182 dE - nr PP MR. hr _ 10:0:0:0:9:0:0:0:0:9:0:0:0:0:0:0:0,0/0:0:0,0:0:0:0:9:0:00:0:0 NPA ET POUR LES MÉMOIRES. 174 ÉMOIRE fur la Parallaxe de la Lune. Par M. Abbé DE LA CAILLE. Page 1 Defcription des Plans mufculeux , dont la tunique charnue de l'effomac humain eff compofée. Par M. BERTIN. 53 Obférvation du paflage de Venus fur le difque du Sokil, faire à Sens, le 6 Juin 1761. Par M. le Cardinal De Luynes. 6s Obfervation du pafflage de Venus fur le difque du Soleil, faite au château de Saint-Hubert en préfence du Roi. Par M. LE MONNIER. à 72: Olfervation de la Jortie de Vénus du difque du Soleil, faire à lObfervaioire royal le 6 Juin 1701, au matin. Par M. MaraLDr. < 76 Olférvarion du pafage de Vénus fur le difque du Soleil. Pax M. l'Abbé DE LA CAILLE. 78 Obfervation du pafage de Vénus fur le dique du Soleil, faire à Paris au palais du Luxembourg le € Juin 1761, avec les déterminations qui en réfukent. Pax M. DE LA LANDE. 81 Olfervarion du paffage de Vénus fur le dilque du Sokil Le 6 Juin 1761, faite à Rodrigue. Par M. PINGRÉ. 87 Remarques fur les Obfervations du paflage de Vénus, faites à lille Rodrigue le 6 Juin 1761. Par M. LE MoNNier. 88 ÆExamen de la Parallaxe du Soleil par les obfervarions de la plus proche diflance des bords de Vénus à du Sokil, à Paris © à Rodrigue. Pa M. DE LA LANDE. 90 Remarques fur les Obfervations faires par M. Pingré à l'ifle . Rodrigue dans l'Océan Ethiopique, pour la parallaxe du -, Sokil. Par M. DE LA LANDE. 93 AB L'E. Obfervation du paflage de Venus fur le Soleil, faite à la Muette au cabines de Phyfique du Roi, le 6 Juin 1761. Px M. DE Foucux. 9 6 Suire des Remarques fur les Ofervations du paÿlage de Vénus, Jaites à Rodrigue, Pa M, LE Monnier. 105 Remarques pour la juflification des calculs du paffage de Venus, inferes dans la Connoiffance des Temps de 1761. Par M. DE LA LANDE. 107 Remarques fur les Obfervarions du paflage de Vénus , faites à Tobolsk. Par M. DE LA LANDE. DUT Remarques fur les Olfervations du paflage de Vénus, faites à Copenhague à à Drontheim en Norwège, par ordre du roi de Danemarck. Par M. DE LA LANDE. 113 Mémoire fur quelques vices des Voies urinaires &7 des parties de la Génération, dans trois Siyets du fexe mafculu. Pax M. L'ENON. 115 Memoire fur les Lnerpolations, ou fur l'ufage des différences Jecondes, troi femes, rc. dans les Calculs affronomiques. Pax M. DE LA LANDE. 125 Extrait des Obfervations faites dans le Levant, par M. DE CHAZELLES; avec une notice des Manufrits de cet Aca- démicien, qui font à la bibliothèque de l’Académie. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. 140 ÆExperiences faites au fujet de la maladie des Chevaux, nommée la Morve. Par M. MaLouIN. 173 Obfervation de 1 Échpfe totale de Lune, faire à Paris le 18 Mai 1761. Par M. ce Monnier. 188 Obfervation de l'Eclipfe totale de Lune du 78 Mai 1761, faite à l'Obfervaioire royal. Par M. MaraALpi. 189 Obfervation de l'Échpfe totale de Lune du 18 Mai 1761, faite à la Mormaire, près Montfort-l' Amaury. Pa: M. DE Foucur. 191. M. - à & TABLE, Comparaifon du réfultat des Obfervations faites far la conjon tion * de Vémis au Sokil, avec le valcul des Tables de M Hailey. Par M. ze MONNIER. 192 Mémoire fur les Paillettés 7 les grains d'Or de l' Ariege, fait - d'après les Lerttes à les Remarques de M. P4ILHES, * Changeur pour le Roi à- Pamiers ; envoyées à M. l'Abbé NozzET. Par M4 GUETTARD. . 197 Obfervations. Jur les nouvelles méthodes d'aimanrer, & fur la déclinaifon de l'Aimant. Pax M. DE LA LANDE. 21E Déféription d'un Arbre d'un nouveai genre, appek Baobab, obfervé au Sénégal. Par M. ADANSON. 218 Nouvelles Expériences d'Éledricité, faites à l'occafion d'un Or vrage publié depuis peu en Angleterre, par M. ROBERT SYMMER, de la Sociéré Royale de Londres. Pax M, Y Abbé *NoLLET. : 244 Memoire fur les Inégalités de Mars produires par l'adion de la Terre, en raifon inverfe du carré de la diflance. Par M. DE LA LANDE: 259 Mémoire Jur l'Infeile qui dévore les grains dans ? Angoumoïs. Par M. du Hamez & TiireT: 289 Confidérations Jur le diamètre de Venus, obfervé à Tobolsk le 6 Juin 1761. Par M. Le MONNIER. 1392 Décrmination de la longitude à de la latitude de Vémns en conjonction par la durée du paffage ; obfervée à Siockohn. Pax M. DE LA LANDE 1, 4 334 Extrait d'un Voyage fait en Sibérie, pour l'Olférvation de Vénus Jur le difque du Soleil, faite à Tobolsk le, 6 Juin 1761. Par M. l'Abbé CHAPPE D'AUTÉROCHE: - 337 Addition au. Mémoire précédent; Jur les Remarques qui ont rapport à l'Anneau hinitieux, © fur le diamétre de-Vénus, obfervé à Tobolsk le 6 Juin. 1761. Par M. Abbé CHappe _ D'AUTEROCHE. - 373 TABLE. Obférvation de l'Éclipfe du quatrième fatellite de Jupiter, faite à l'Obfervatoire royal le 19 Novembre 1761. Par M. MaraALpi. 378 Mémoire fur les Tourdières de Villeroy, dans lequel on fait voir qu'il feroit vrès-uile à la Beauce qu'on en ouvrit dans les en- virons d'Erampes. Pa M. GUETTARD. 380 Second Mémoire fur le mouvement des Nœuds de chacune des fix planètes principales , par l'atlion de toutes les autres, Päx M. DE LA LANDE. | : 399 Olfervation du paflage de Vénus Jur le Soleil, faire à Vienne en Autriche. Par M. Cassini DE THURY. 409 Obfervations Affronomiques pour la détermination de la parallaxe du Soleil, faites en l'ifle Rodrigue. Pax M. PINGRÉ. 413 Addition à ce Mémoire. 483 Obfervations de la Comète, qui a paru aux mois de Septembre 7 d'Octobre de l'année 1757, faites à l'Olfervatoire de Mompellier. Pa M. DE RATTE ,. Secrétaire perpétuel de la Société Royale de Montpellier. 487 ERRATA POUR L'HISTOIRE. Page 7, ligne 21, qu’elle s'en féparoit, lifez qu'elle l'en féparoit, Page 16, ligne 30, qu'en tire, /ifez que tire. Page 105$, ligne 2, les trouva, /ifez la trouva. Page 161, ligne dernière, navement, life nativement. Pour LES MÉMOIRES. Page 93, ligne 7, au lieu de oh 34 44”, lifez oh 36/40"; ligne 15, au lieu de 4. 2.0, lifeg 4. 3. 20. Page 94, ligne 17, au lieu de ôter 35", Hfez ajouter 45"; ligue 19, au lieu de 4h 2! ‘o", lifez 4h 3 20"; ligne 20, au lieu de 4! 18", Hfez s' 3". Page 95, ligne 27, au lieu de 4! 18", Hfez s! 3"; ligne 29, au lieu de réduite à 9", 55, lifey portée à 1 1” environ. Page 222, ligne 18, au leu de PI. 11, fez PI, 1, LORS 1 _ HISTOIRE RU à À nt tie DZ, CLS PHYSIQUE GÉNÉRALE. Ù SUR LES NOUVELLES MANIÉRES D'AIMANTER, | © fur la déclinaifon de l’Aimant. OO’ connoît depuis très-long-temps la propriété qu'ont le V.les Mém, fer & l'acier de fe charger de la vertu magnétique par P° 211: 4 feul attouchement de laimant : & c’eft à cette connoiffänce que nous devons le précieux tréfor de l'aiguille aimantée, qui Hifl. 1767. ."A 2 H1SToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE : fert aujourd'hui de principal guide à la Navigation dans Îles voyages de long cours, & les aimans artificiels, dont la force furpaffe de beaucoup celle des aimans naturels. On a depuis porté bien plus loin l'efpèce d'analogie qui fe trouve entre l’aimant & le fer. Le P. Grimaldi, Jéfuite, dé- couvrit, vers le milieu du xvr.° fiècle, qu'il fufhfoit de tenir une barre de fer quelque temps dans une {ituation verticale pour lui faire acquérir, fans le fecours d'aucun aimant, aflez de vertu magnétique, pour que l'extrémité inférieure attire a pointe fud de f'aiguille aimantée, & que l'extrémité fupérieure la repoufle; & qu'on pouvoit faire changer à volonté ces deux efpèces de poles en retournant la barre & la laiffant quelque temps dans cette nouvelle fituation , fon extrémité inférieure attirant toûjours la pointe fud de l'aiguille aimantée, & la fupé- rieure la repouflant conflamment. Cette fingulière expérience fut confirmée en 1634 par un accident fingulier ; le tonnerre ayant renver{é la croix du clocher de S.' Jean d'Aix en Provence, Gafendi obferva que les mor- ceux de rouille qui s’étoient formés autour de la partie de cette croix qui étoit engagée dans la pierre, avoient une très- forte vertu magnétique ; & la même chole fut obfervée, vers la fin du dernier fiècle, au clocher de Notre-Dame de Chartres, plufieurs des morceaux de rouille qu'on en tira en le réparant, fe trouvèrent avoir auffi une vertu magnétique aflez forte ; & feu M. de la Hire fut fi frappé de cette efpèce de phénomène, qu'il voulut eflayer d'opérer à deffein ce que le hafard lui avoit offert; il plaça entre deux pierres des fils de fer élevés d’en- viron foixante degrés dans le plan du méridien, & il fe trouva que ces fils avoient acquis au bout de dix ans une vertu magné- tique très-fenfible. Rohault avoit, d'un autre côté, trouvé qu'un fil d'acier rougi au feu & trempé en le tenant verticalement, acquéroit aflez de vertu magnétique pour attirer non feulement l'aiguille aimantée, mais encore des grains de limaille de fer. Feu M. de Reaumur & feu M. du Fay enchérirent encore fur ces découvertes ; ils trouvèrent qu'en frappant une tringle Dans US NG NT Æ UN © € S 3 de fer par une de fes extrémités, elle acquéroit une vertu magnétique aflez forte, & qu'on étoit maitre de changer les poles de cette efpèce d’aimant en frappant la tringle par fautre bout; enfin M. Michell & Canton trouvèrent, il y a quelques années, le moyen de frotter des barreaux d'acier, de telle manière qu'ils prenoient par ce frottement une efpèce de vertu magnétique. . De tout ce que nous venons de dire, il fuit que le fer eft capable de recevoir la vertu magnétique , non feulement par Fattouchement de l'aimant, maïs encore en le tenant verticale- ment, en le chauffant, en le frappant, & même en le frottant contre d'autre fer dans de certaines circonftances. Mais voici quelque chofe de bien plus fingulier, non feule- ment le fer peut acquérir, par les moyens dont nous venons de parler, une vertu magnétique médiocre; mais il peut en- core, fans en employer aucun, en recevoir une très-forte; & c'eft aux obfervations & au travail de M. Antheaulme que le public eft redevable de cette découverte qu'il a donnée dans une pièce couronnée par l'Académie de Péterfbourg en 1760. Mais comme M. Antheaulme n’avoit pas infifté dans fon Mémoire, {ur la théorie qui l’y avoit conduit, M. de la Lande, qui avoit vü répéter la plus grande partie de fes expériences, a cru devoir non feulement en donner le détail à l'Académie, mais encore développer les principes fur lefquels étoient appuyés les raifonnemens de M. Antheaulme. Nous allons eflayer de donner le précis des unes & des autres. Deux barres de fer étant mifes bout à bout, & féparées feulement par un petit intervalle, acquièrent prefque dans l'inf tant, & fans aucune préparation précédente, une aflez forte . vertu magnétique ; mais cette vertu devient beaucoup plus forte, fi au lieu de placer ces deux barres horizontalement on les place dans le plan du méridien magnétique, fur un plan qui s'élève vers le nord d'environ foixante-dix degrés, c’eft- à-dire, fi on les fait tendre au pole magnétique. Les expé- riences de M. Antheaulme lui ont appris que cette pofition des barres étoit la plus avantageufe. À ji HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Aux deux extrémités de ces barres, par lefquelles elles s'approchent, il applique une efpèce d'armure compofée d’un morceau d'acier mince, qui furpañle un peu l'épaiffeur de la barre, & ces deux talons font retenus par un petit morceau de bois qui les force de s'appliquer chacun au bout de fi barre. Le tout étant dans cet état, on applique le milieu de l'aiguille ou du barreau que lon veut aimanter, fur la féparation des deux barres, & on la fait aller & venir fuivant fa longueur & celle de ces barres, à plufieurs reprifes, obfervant toüjours avec foin que ni l’une ni l'autre de fes extrémités ne pafle au- delà de la féparation des barres, & par ce moyen on lui commu- nique une vertu plus grande que celle qu'on auroit pà lui donner avec la meilleure pierre d’aimant. Tandis que M. Antheaulme travailloit à trouver le moyen d'aimanter avec force fans employer aucun aimant, un autre Phyficien (M. Trullard') travailloit à Dijon fur les mêmes objets, & étoit prefque parvenu au même point par des routes différentes; en dirigeant à peu près vers le nord un barreau d'acier, il trouvoit une pofition dans laquelle ce barreau attiroit la limaille de fer; alors, pour fixer & augmenter cette vertu, il frappoit contre ce barreau fans le changer de pofition, & il fe trouvoit alors aimanté d’une façon forte & durable. I promenoit enfuite verticalement, & toüjours du même fens, un faifceau de ces barreaux aimantés, fur un affemblage de deux pièces d'acier courbées ‘en fer à cheval, & qui for- moient par leur jonétion une efpèce d'elliple, & ces deux pièces devenoient deux très-bons aimans artificiels, aïmantés, comme on voit, fans le fecours d'aucun aimant naturel. Effayons maintenant de donner, d'après M. de la Lande, Fexplication de ces finguliers phénomènes. Toutes les expériences qui ont été jufqu'ici faites far faimant, ont prouvé d'une manière inconteflable qu'il y a autour de la Terre un tourbillon de matière magnétique qui, fortant d'un des poles va, en enveloppant le globe, rentrer par le pole oppoté. Ces poles ne font pas les poles de rotation de la Terre; ils en font éloignés de plufieurs degrés, & leur fituation à l'égard de MIEMSMISNG IE N"C'ES. ces derniers ne paroît pas être conflante : on fait d'ailleurs que les pores du fer offrent au mouvement de cette matière une route plus facile que l'air, & les expériences rapportées en 1728 par M. du Fay, femblent prouver que ces canaux qui exiftent au dedans du fer, font garnis d’efpèces de poils métal- liques, qu'on peut coucher fuivant différentes directions par divers moyens ; & enfin, que lorfqu'ils ont été couchés dans un certain fens, la matière magnétique entrant, enfile ces canaux avec bien plus de liberté. I n'eft donc pas étonnant qu'en plaçant des barres de fer parallèlement à faxe qui joint les poles magnétiques de la Terre, le courant qui agit dans toute fa force fuivant cette direction, en enfile les pores, & y couche les poils métalliques, fur-tout fi cette opération naturelle eft aidée du fecours de la percuffion, les barreaux ont donc dû être aimantés, c’eft-à-dire, recevoir cette texture intérieure qui les rend f1 propres au pañlage de la matière magnétique en un certain fens. Mais en même temps que la matière qui fuit le courant du grand tourbillon les a pénétrés, une partie de cette matière, qui a trouvé en fortant du barreau plus de difficulté à fe mouvoir dans l'air que dans le fer, a rebrouffé chemin, & il s'eft établi autour de ce barreau un tourbillon alongé, dont fes deux ex- trémités font les poles. Il femble qu'on pourroit en conclurre qu'une femblable barre pourroit aimanter les aiguilles de bouflole, en leur donnant à fon égard la même pofition que la barre à l'égard de faxe magnétiqüe, c'eft-à-dire, en la couchant fur fa longueur; mais comme, en ce cas, l'aiguille ne recevroit limpreflion que du peu de matière qui s'écoule le long dela barre pour retourner à fon pole d'entrée, elle ne pourroit acquérir qu'une vertu très-foible; au lieu qu'en la frottant für l'extrémité d’un barreau ou fur un des poles d’un aimant, elle en devient en quelque forte partie, & reçoit toute l'impreflion de la matière qui y entre ou qui en fort; mais il faut bien prendre garde de ta faire retourner fur fes pas, on détruiroit ce que l’on vient de A ii V.les Mém. P: 197: 6 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE faire : car il n'y a que la pointe de l'aiguille qui quitte la pierre ou le barreau, qui conferve une vertu fenfible. M. Antheaulme a imaginé qu’en coupant la barre magnétique en deux, ou en fe fervant de deux barres placées dans la même direction, & féparées feulement par un petit intervalle, l'aiguille poée fur cette jointure, & qu'on y frotteroit, fans que chacune de fes extrémités quittat celle de la barre où elle a été placée, fe trouveroit expofée à tout le courant de la matière magnétique, qui enfile les deux barres auxquelles elle fert alors de commu- nication, & recevroit par-là une bien plus grande vertu. C'eft effectivement ce qui eft arrivé; les aiguilles & les petits bar- reaux s'aimantent par cette ingénieufe méthode, beaucoup mieux que par-aucune de celles qui font connues. A cette expofition des principes qui ont conduit M. An- theaulme à fa découverte, M. de la Lande ajoûte une obferva- tion importante fur la régularité avec laquelle la déclinaifon de l'aiguille s’'augmente depuis environ deux fiècles ; les obler- vations modernes, comparées tant entrelles qu'avec les plus anciennes, donnent une marche fuivie & uniforme, & prouvent que cette augmentation eft conflimment de neuf à dix minutes par année : preuve évidente que cet effet tient à une caufe cofmique & générale; les caufes particulières n'agiflent pas ordinairement d'une manière f1 uniforme. LA SUR L'ES PAT L'L' FIM EMMEDNONTE DE: L' A RIINEVGNE, Î ES richeffes du nouveau monde ont prefque fait oublier celles de Fancien ; le plus grand nombre de ceux qui ne parlent qu'avec une efpèce d'admiration des mines du Pérou, - ignorent que la France, fur-tout dans fa partie méridionale, contient beaucoup de ce précieux métal, qu'on va chercher avec tant de rifques au travers des mers, & que les Romains DIE S "SlenlE NC ES en tiroient autrefois de quoi entretenir le luxe & la magnificence qui ont enfin corrompu leurs mœurs & détruit leur empire. L'or qu'on recueille aujourd'hui en France ne s'y tire pas, comme au Pérou, de mines profondes; il fe ramafle dans les rivières, avec le fable defquelles il fe trouve mélé fous la forme de petites paillettes ou de petits grains, & on l'en {pare par des lotions réitérées. M. de Reaumur a donné le détail de cet art dans un Mémoire que l'Académie a publié dans fon volume de 1718 *. Des obfervations nouvelles ont excité l'attention des Phyficiens fur cet article; M. Pailhès, Changeur du Roi à Pamiers, a fait part à l’Académie de fes recherches fur cet article; elles ont engagé M. Guettard à tourner fes vüûes vers cet objet, également intéreflant pour l'Hifloire naturelle & pour le bien de FÉtat. Nous allons rendre compte de fes recherches & de celles de M. Pailhès. On croyoit communément que for que roulent les rivières aurifères, venoit des montagnes où elles ont leur fource, où ÿ étoit entrainé par les torrens qui defcendent de ces montagnes. Les obfervations de M. Pailhès ont fait voir que l’Ariege, qu'il a été plus à-portée d'examiner qu'aucune autre rivière, tiroit fon or du terrein même qui compofe fes rives, qu'elle s’en féparoit dans le temps des inondations, & que même les orpailleurs ow chercheurs de paillettes de l'Ariege, favoient fi bien que le terrein des bords en contenoit, qu'ils prévenoient fouvent les inondations par des abatis volontaires, qui occafionnoient quel- quefois des procès entr'eux & les propriétaires de ces terreins ; que c'étoit près des rives dégradées qu'ils trouvoient toüjours les plus gros grains d’or, tandis que les paillettes les plus légères étoient entraînées par le courant. Il eft encore certain qu'on ne trouve de groffés paillettes que dans les terreins voifins des montagnes ; on en à ramaflé dans des rigoles que l'eau S'Y creufe dans le temps des pluies, des morceaux qui pefoient jufqu'à une demi-once; & dès qu'on s'éloigne feulement de cinq à fix lieues du pays des montagnes, on ne trouve alors ue de l'or très-mince, & toûjours mêlé avec du fable noir érrugineuxe * Voy, Mém. 1716, 68, 8 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Par tout ce que nous venons de dire, il paroit conftant que l'or qu'on ramaffe dans l'Ariege, fe trouve en bien plus grande quantité aux environs des montagnes que dans les en- droits de fon cours qui en font éloignés; mais que cet or n'eft point immédiatement entraîné par les eaux des montagnes dans la rivière, & qu'il fe trouve au contraire répandu dans tout le terrein qui lavoifine. M. Pailhès a trouvé non feulement aux environs de l'Ariege, mais encore dans beaucoup d'autres can- tons du Languedoc & du pays de Foix, quantité de terres aurifères; tout le terrein fur lequel eft bâtie la ville de Pamiers eft de cette qualité, & on n'y peut creufer fans rencontrer des paillettes d’or mêlées avec la terre. Les paillettes & les grains d'or qu'on tire de cette manière font abfolument pareils, & pour le poids & pour la figure, à ceux qu'on tire de l'Ariege en lavant fon fable; mais il fe trouve encore entre les uns & les autres un rapport bien plus fingulier; les paillettes de la rivière ne {e trouvent jamais qu'ac- compagnées d’une certaine nature de fable, & ce fable mélé de grains rougeâtres & d’autres plus blancs, paroît être le débris de cailloux de même couleur, dont plufieurs ne feroient qu'une efpèce de quartz; on en trouve des morceaux aflez gros pour être reconnoiflables, quoiqu’ils paroiffent pour la plufpart avoir été roulés; on trouve même quelquefois l'or adhérent à ces morceaux. Les ouvriers nomment ces cailloux gra, & fe tiennent fürs de trouver de l'or, dès qu'ils en ont aperçü dans quelque endroit. On trouve dans le terrein aurifère des cailloux de même nature; & f1 on les pulvérife, ils donnent un fable abfolument femblable à celui qu'on retire de la rivière avec les paillettes d'or. H eft bien naturel de conclurre de toutes ces obfervations, comme l'a fait M. Pailhès, que le fable aurifère n’eft lui-même qu'un débris de cailloux que les eaux ont entraînés, roulés & brifés, & que ces -cailloux étoient la gangue & la matrice de lor qui en eft aujourd'hui féparé, & qu'on trouve en grains ou en paillettes ; les eaux, foit du déluge univerfel, foit de quelque très-grande inondation particulière, auront pû , dans des fiècles très-reculés , « 4 Dies "SNCeI EN CES. très-reculés, les détacher de la montagne, les ‘gr les charrier, & en dépofer enfin les débris dansWles terreins Où on les trouve: mais M. Pailhès a pouffé plus loin l'analogie; il prétend que les cailloux entiers, qui fe trouvent dans ces térrein$, tiennent auffi de l'or, & qu'on peut l'en retirer. Il ÿ a cependant tout lieu de croire que ceux qui fe trouvent aujourd'hui dans le terrein aurifère, ou s'y font formés depuis l'évènement qui y a dépolé les paillettes, ou que la plus grande partie étoit de ceux qui ne contenoient point d'or; car M. Pailhès en ayant envoyé une affez grande quantité à l'Académie, l'examen chy- mique le plus fcrupuleux n'y a fait apercevoir qu'une fubflance ferrugineufe, fans le plus petit atome d’or. La découverte qu'a fait M. Pailhès, n'eft pas cependant à négliger ; c'eft beaucoup que d'avoir fait voir qu'au lieu des fables d'une feule rivière, tout le terrein des environs offroit le même avantage: peut-être-même trouvera-t-on quelques moyens plus expéditifs que celui qu'emploient les orpailleurs, dès qu'on voudra mettre cette efpèce de mine en valeur. Il y a des années dans lefquelles on porte au feul bureau de Pamiers, qui n'a pas plus de deux lieues d'arrondiffement, jufqu’à quatre- vingt marcs de cet or ramaffé dans l’Ariege, & il y a grande apparence qu'on n'y porte pas encore tout celui qu'on ramafle; fr on travailloit tout le terrein des environs, qui eft aurifère, il eft bien für que cette quantité augmenteroit confidérablement, & pourroit devenir un objet intéreffant. Mäis quelque fimple que foit aujourd'hui l'art des orpailleurs, qui ne confifte guère qu'à vanner, pour ainfi dire, leur fable dans l'eau avec une febile de bois, qui a pü leur enfeigner que dans ce fable ils trouveroient de l'or, qu'on n'y voit qu'après beaucoup de lotions, & qu'ils l'en fépareroient par ce moyen ? M. Pailhès hafarde fur ce point une conjeture ; il penfe que les Gaulois qui, fous la tonduité de Brennus, pillèrent le temple de Delphes, ayant été difperfés dans toute la Grèce, où cet art . étoit connu, le virent pratiquer, & que ceux qui revinrent de cette expédition, le rapportèrent à leurs compatriotes, chez lefquels il s'eft depuis confervé; mais ilne donne cette explication if 1761. . B P: V.les Mém. 244. 10 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE que comme “ge fimple conjecture: ce qu'il y a de réel, c'eft que les recherches de M. Pailhès & les réflexions qu'y a joint M. Guettard, ouvrent une nouvelle carrière aux Naturaliftes, & préfentent peut-être un objet de recherches avantageufes. SUR QUELQUES NOUVELLES EXPÉRIENCES É LE C T'RT OUEN EPUIS environ un demi-fiècle que l'Éledtricité a com- mencé à exciter l'attention des Phyficiens, il s'eft peu paffé d'années qui n'aient fourni quelque nouveauté fur cette matière. Voici encore des expériences nouvelles tirées d'un ouvrage envoyé à M: l'abbé Nollet par M. Symmer, de la Société Royale de Londres, & qui paroïffent devoir mettre quelques reftriélions à des principes qu'on avoit jufqu'ici regardés comme généraux. On à dû remarquer, & on a effeétivement remarqué une infinité de fois, que dans une faifon froide & par un temps fec, des bas de foie, tirés des jambes, faifoient entendre une forte de pétillement, & donnoient, fi on fe trouvoit dans l’obfcu- rité, des étincelles très-brillantes. M. Symmer étoit trop bon Phyficien pour ne pas reconnoître ce phénomène pour un de ceux qui dépendent dé l'électricité; il jugea à propos de fuivre cette expérience que le hafard lui avoit offerte: les effets fin- guliers qu'elle lui donna dieu d'obferver, juftifiérent pleinement la curiofité qu'il avoit eue; & après avoir éprouvé des bas de toutes {6rtes de matières & de couleurs difiérentes, il obferva conftimment : 1." Que lorfqu'il mettoit l'un‘fur l'autre, für la même jambe ou fur l’un de fes bras nu, deux bas de foie, l’un blanc & l'autre noir, & qu'après les avoir échauffés & frottés un peu de temps, il les retiroit fans les féparer l'un de l'autre; ces bas joints en- fmble, foit qu'ils tinflent encore à la jambe, foit qu'ils en L LS r DIENS) MSG FE NC ES MAS À fuffent totalement féparés, ne donnoient que de très - égères marques d'électricité, ü 2. Que fiôt qu'on les féparoit Fun de autre, & qu'on les tenoit fufpendus en fair & ifolés, chacun d’eux fe trouvoit animé d’une vertu éle“rique très-fenfible, qu'ils attiroient alors tous les corps légers qu'on leur préfentoit, qu'ils s'attiroient eux-mêmes réciproquement & de fort loin, qu'ils paroiffoient énflés & arrondis, comme s'ils euflent été pleins, qu'on fentoit autour d'eux les mêmes émanations électriques qu'on {ent au- tour des conduéteurs, & qu'enfin ils étinceloient avec bruit dans l'obfcurité. 3 Que les feux qu'on tire du bas blanc différent de ceux qu'on obtient avec le bas noir, comme ceux du verre électrilé diffèrent de ceux qu'on tire du foufre. 4° Qu'on peut charger la bouteille de Leyde avec lun de ces bas, & la.décharger fans explofion avec l'autre. 5 Que fi on met les deux bas ainfi éleétrifés à portée de f joindre, ils fe précipitent l'un fur l'autre, fe defenflent dans l'inflant qu'ils fe touchent, saplatiflent & fe colent enfemble, & qu'alors ils paroiffent avoir perdu toute leur vertu. 6.” Mais que fi au bout d'un quart d'heure, & quelquefois bien plus long-temps après, on les fépare de nouveau, ils reprennent leur électricité, & reproduifent tous les effets dont nous venons de faire mention. ‘ 7 Qu'enfn, en féparant ces bas devenus électriques, foit immédiatement après les avoir tirés de deffus la jambe, oit après qu'ils { font unis, on éprouve une réfiftance qui n'a pü être vaincue, felon les expériences de M. Syminer, dans le premier cas, que par un poids quatre-vingt-douze fois plus lourd que le bas qu'on vouloit féparer ; & dans le fecond, que par une force de plufieurs onces. Telles font les principales expériences que rapporte M. Symmer dans fon ouvrage, dont la traduction, faite par M. du Tour, Correlpondant de l'Académie, eft prête à paroître. Voyons préfentement les réflexions qu'y a joint M. l'abbé Nollet dans fon Mémoire. . B ji 12 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Quoiqu'on fache depuis long-temps, que la foie chauffée jufqu'à un certain point fe peut éleclrifer en la frottant, on étoit cependant bien éloigné de penfer que cette électricité püt augmenter fi confidérablement par le mélange de deux tiflus de foie différemment colorés, qu'un des deux corps prit très- fenfiblement par ce moyen l'éleétricité que reçoit le verre, & l'autre celle qu'on donne au foufre; que cette électricité s’affou- pifle par la réunion des deux corps, & fe ranime par leur fépa- ration; & qu'enfin leur adhérence, lorfqu'ils font joints enfemble, fût telle que nous venons de le dire, & on ne peut que favoir très-bon gré à M. Symmer d'avoir fait cette découverte: mais en admettant tous ces faits, eflayons de déméler quels font les principes auxquels ils paroiffent tenir, La première queftion qu'on peut fe propofer, eft de favoir fi, dans cette expérience, la chaleur du corps agit fimplement comme chaleur ou bien comme chaleur animale. Un très- grand nombre d'expériences femble indiquer que cette der- nière eft plus propre qu'aucune autre à exciter dans la laine & dans la foie une éleétricité forte & vigoureufe. M. Symmer même paroit la regarder comme abfolument néceffaire : elle ne left cependant pas; ‘on obtient fans elle les mêmes effets; & M. l'abbé Nollet a toûjours réuffi en étendant le bas de foie noir & le blanc l'un dans l'autre fur une chaife de canne, fous laquelle il avoit mis un réchaut, & les frottant en cet état avec un papier gris ou un morceau d’étofie replié plufieurs fois fur lui-même. Il eft donc bien certain que la chaleur ani- male n’eft point abfolument néceffaire pour exciter l'électricité dans cette occafion, & qu'elle n'a d'autre effet que d'en aug- menter la force. Une feconde queftion qui fe préfente, eft de favoir quelle peut être la caufe de la différence d'électricité que reçoivent par la même opération deux bas de même matière, & qui ne différent que par la couleur : eft-ce la couleur même, & comme couleur, qui produit cette différence? ou n'eft - elle dûe qu'aux ingrédiens qui entrent dans la teinture noire. M. Symmer paroit perfuadé que cet effet dépend des couleurs HIDE NS TISUGNL EU NC ES 13 comme couleurs, & nullement des ingrédiens de la teinture; il va même jufqu’à rejeter toutes les conclufions que feu M. du Fay avoit tirées de fes expériences, & par lefquelles il préten- doit que c'étoit les drogues de la teinture, & non pas les couleurs mêmes, qui produifoient les variations qu'on obferve dans les phénomènes éleGriques *. Nous ne répéterons point ici les expériences de cet Aca- démicien ; nous dirons feulement qu'en teignant, par le moyen d'un prifme, des rubans de foie blanche de différentes cou- leurs, il n'en réfulta aucune différence dans les effêts de l'élec- tricité, quoique ces mêmes rubans teints des mêmes couleurs, à la manière ordinaire, en euflent donné d'affez bien marquées; d'où il conclut, avec beaucoup de vrai-femblance, que la couleur n'entre pour rien dans ces différences, mais qu’elles font abfolument dûes aux ingrédiens de la teinture. M. Yabbé Nollet a été plus loin; comme les deux bas de foie employés par M. Symmer étoient, Fun blanc & l'autre noir, & qu'il n'entre dans fa teinture noire que deux drogues, le vitriol verd & la noix de gale, il a voulu voir laquelle des deux donnoit au bas teint en noir la propriété de s’éleétrifer à la manière du foufre. Il a donc trempé féparément deux bas de foie blancs, l’un dans une folution de vitriol, & l’autre dans une forte décoction de noix de gale : ce dernier, qui n'avoit prefque rien perdu de fa blancheur, a ceflé de s’éleétrifer comme le verre; tandis que l'autre n'a paru recevoir aucun changement. Ce n'eft donc pas fa couleur noire qui, dans l'expérience de M. Symmer, donnoit au bas qui en étoit teint, la propriété de s'électrifer*à la manière du foufre, puifque le bas de foie engalé par M. l'abbé Nollet l'avoit acquife fans perdre fa blancheur; & d’ailleurs la plufpart des phénomènes de M. Symmer fubfifant dans lobfcurité, où il n'y a plus de couleur, il eft évident qu'elles ne tiennent en aucune forte à la couleur, mais à la préparation de l'étofe. . La texture des bas n'entre pas plus dans cet effet que Îeur couleur ; on peut, & M. l'abbé Nollet sen eft afluré par des expériences réitérées, leur fubftituer avec fuccès des fourreaux BE * Voy. Hifi. LEA A 4E Ü Mém, page 2391 14 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE blancs d'étoffe de foie, qu'on fait entrer dans d’autres fourreaux de même étofle, mais noirs, more-doré ou fimplement pafés dans la décoction de noix de alle, on obtiendra des effets pro- portionnés à la grandeur de ces fourreaux ; il eft feulement à remarquer que les étoffes qui font les plus lifles, réuffiflent moins bien que celles qui font un peu bourreufes. C’eft apparemment pour cette raïfon que le ras de Saint-Cyr a paru à M. l'abbé Nollet mériter la préférence fur toutes les autres étofles de foie u'il a effayé d'employer; on peut même employer des rubans de foie blanche & des rubans de foie noire ou engalés, on obtiendra en petit les mêmes effets. En un mot, tout f'effentiel de cette opération confifle à unir enfemble deux corps électri- fables, lun à la manière du verre, & l'autre à celle des réfines; à les frotter tous deux en mème temps, & à aider leur élec- wifation par quelques degrés de chaleur. I n'eft pas même néceflaire que les deux corps foient tiffus de foie; M. l'abbé Nollet a employé avec fuccès , au lieu du fourreau blanc un tube de verre qu'il habilloit, pour aïnfi dire, du fourreau d'étoffe de foie noire: ces deux corps, tant qu'ils n’étoient pas éleétrifés, n'avoient aucune adhérence l'un à l'autre; mais, dès qu'ils étoient frottés, ils en contraétoient une ff forte, qu'il falloit quelquefois, pour les féparer, un poids deux cents quarante fois plus grand que celui du fourreau ; mais ce qui mérite une fingulière attention , c'eft que cette énorme co- héfion n'a lieu que jufqu'à ce que le fourreau ait commencé à glifler fur le tube; car dès qu'il a fait le plus petit mouve- ment, elle diminue confidérablement. On pourroit croire que ce neft que parce que le fourreau a pour lors moins de {es parties appliquées au tube ; mais M. l'abbé Nollet a conftlamment trouvé que cette diminution étoit incomparablement plus grande que ne le demandoit la partie du fourreau qui, en gliffant, avoit quitté le tube, & qu'elle n’avoit aucune proportion avec elle: if pente qu'on peut conjeéturer que l'adhérence venoit des filets de matière qui, fortant des pores du verre, fe font frayé une route dans ceux de l'étofle qui font vis-à-vis, & font ainft | l'office de chevilles pour les empêcher de glifiér; mais que, DE SN SAGE IN TC ES: 15 par le déplacement, le nombre des pores correfpondans ne fe trouvant plus le même, parce qu'ils peuvent ne fe plus trouver les uns vis-à-vis des autres ; alors la caufe de l'adhérence venant à diminuer, elle diminue auffi elle-même. Mais ce que M. l'abbé Nollet a trouvé de plus-fingulier en répétant les expériences de M. Symmer, c'eft de voir des rubans & des écheveaux de foie blanche, animés de la même éle&ricité que le tube, fe précipiter fur lui, & y demeurer fortement attachés, On avoit toûjoursæegardé jufqu'ici comme un principe conflant & avoué de tous les Phyficiens électrifans, que deux corps éleétrifés fe repoufloient mutuellement, fi leur éleGtricité étoit la même; & sattiroient au contraire, fi elle étoit diffé- rente. L'expérience que nous venons de rapporter, fait voir que c'étoit à tort qu'on avoit regardé ce principe d'expérience comme général, puifque de la foie blanche, qui prend la même électricité que le verre, eft fortement attirée par le tube élec- trique: mais voici encore quelque chofe de plus fingulier; ce même ruban, ce même écheveau, fi conflamment attiré par Je tube quand ils ont été frottés enfemble, sen écarte avec la même conftance quand il n'a été électrifé que par-communi- cation. [ y a plus, deux écheveaux de foie éleétrilés enfemble fur Je même tube, & qui tendent tous deux à s’en approcher; fe repouflent mutuellement avec la même vivacité, Les mêmes phénomènes paroïffent , quoique plus foiblement, & avec quelques variétés, fi on emploie, au lieu du tube de cryftil, un bâton de cire d’E fpagne. H faut donc néceffairement admettre, malgré lopinion con- traire, univerfellement reçüe, que les corps qui ont la même électricité, ne fe repouffent pas toüjours, & qu'au contraire il y. a des cas où ils s’attirent très-fortement ; d’où il femble très- naturel de conclurre que l'attraction réciproque de deux corps éleétrifés, ne prouve point que leurs éleétricités foient de nature différente, puifque la même chofe arrive à des corps certaine: ment animés de fa même électricité. Une feconde remarque de M. l'abbé Nollet, c'eft que les corps qui fe peuvent éle@triler à la manière du verre, n'ont 16 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE pas befoin d'être actuellement éleétrifés pour contracter une adhérence marquée avec les corps éleélrifés à la manière des réfines; il a fouvent vû des rubans ou des écheveaux de foie - noire où fimplement engalés, des bas de foie même, quoique . bien plus pefans, devenus par conféquent électriques à la ma- . nière des réfines, fe coller fur des glaces de miroir qui n’étoient point électriques, & y demeurer fufpendus jufqu'à ce que leur éledricité fût éteinte ou confidérablement diminuée: mais dans ce cas rien n'eft plus facile que de fes en détacher, en leur préfentant un corps életrilé de la même nature que celui auquel ils tiennent, comme dans l'exemple que nous avons rapporté, un tube de verre nouvellement frotté, on peut être für qu'on détruira par ce moyen toute leur adhérence. M. l'abbé Nollet na pü réuflir à obtenir le dernier phé- nomène rapporté par M. Symmer ; il électrife enfemble par le moyen d'un conduéteur, deux carreaux de verre mince, couverts d’un côté feulement par une feuille de métal, & appliqués lun fur Fautre par leurs faces nues: ces deux verres contractent entr'eux une telle union, qu'en enlevant celui de deffus, on- enlève auffi celui de deflous, qui lui eft fortement adhérent; mais fi on achève l'expérience de Leyde, en tirant une étincelle du conduéteur, pendant qu’on touche le carreau inférieur; ou que les ayant retournés fur le fupport, on fafle toucher par le conduéteur celui qui touchoit d'abord aux corps non ifolés, dans le moment toute ladhérence des carreaux cefle, & celui de deflus ne peut plus eniever l'autre, M. l'abbé Nollet ne contefle point cette expérience; & quoiqu'il n'ait pas encore pü y réufhr, il eft perfuadé qu'elle doit avoir le fuccès qu'annonce M. Symmer; mais s'il ef d'accord fur le fait, il ne left pas fur les conféquences qu'en tire de toutes fes expériences l'ingénieux Anglois, qui prétend y trouver des preuves certaines qu'il exifte dans la Nature deux électricités eflentiellement différentes, & qui fe détruifent na- turellement. M. l'abbé Nollet croit au contraire y trouver une preuve très-forte qu’il n'exifle dans la Nature qu'une feule efpèce d'éleétricité: en eflet, comment concevoir que deux éleétricités, qui DES SCIENCES. 17 qui doivent par l'hypothèfe fe détruire, fubfiftent enfeémble & fe forufient mutuellement, comme toute la fuite des ex- périences de M. Symmer, que nous venons de rappoiter , femble le prouver? I croit plus prudent de s’en tenir aux caufes méchaniques qu'il a toüjours données des phénomènes élec- triques, & dont le jeu paroiît tout à découvert dans ces expé- riences, que de leur fubftituer des noms & des idées vagues de pouvoirs, de vertus, &c. On ne peut trop éviter de Jeter dans l'étude de la Phyfique une obfcurité, pour ainfi dire, arti- ficielle ; ceux qui sy appliquent, n'auront toüjours que trop de celle qui y eft naturellement répandue. SUR LES TOURBIÈRES DES ENVIRONS DE VILLEROY, Et fur celles qu’on pourroit ouvrir près d’ Étampes. : bee tourbe eft une efpèce de matière noire, grafle, bitu- V.Ies Mém, mineule & inflammable, qu'on tire de la terre dans p: 38°: certaines prairies , à très-peu de profondeur. Cette matière {ert de chauffage dans les pays où elle eft abondante, & où le bois n'eft pas commun: elle brûle affez bien: mais quoiqu'elle donne un feu très-vif, elle ne produit que peu de flammes, & répand en brûlant une odeur de foufre defagréable : ces deux inconvéniens ont fait négliger lufage de cette matière dans les endroits où l'on a été à portée de { procurer du bois commodément. C'eft probablement pour cette raifon qu'on n'avoit pas jufqu'ici fait un grand ufage de celle qui fe trouve en aflez grande quantité dans les environs de Villeroy & d’Efcharcon. On à pourtant commencé depuis quelques années à ouvrir, ou pluftôt, comme nous le verrons bien-tôt, à rouvrir ces tourbières, & à conduire à Paris de la tourbe, foit en nature, fit en charbon. I! eff certain que, pour une infinité d'ufages, elle pourroit être fubftituée au bois avec économie de Ia part des particuliers, _ Hifk 1761. GC 38 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE & avec avantage pour l'État, qui verroit par-Rà diminuer, d’un côté, la confommation de bois qui devient effrayante, & de l'autre augmenter le nombre des terres cultivables que la né- ceflité du chauffage oblige de planter en bois. Les courfes qu'a fait M. Guettard dans les environs de Paris, pour y oblerver les objets relatifs à l'Hifloire naturelle, qu'ils contiennent, l'ont mis à portée d'examiner de près les tour- bières dont nous venons de parler, & nous allons eflayer de donner ici le précis de fes obfervations. La tourbe, fuivant le fentiment aflez général des Phyficiens, adopté en ce point par M. Guettard, n’eft que le débris d'herbes & de plantes pourries, & converties par cette putréfaction en une mafle noire, onétueufe & combuftible. La nature de la tourbe varie fuivant celle des plantes qui Jont produite; la tourbe de Hollande, qui pafle pour une des meilleures qu'on connoiffe, ne doit peut-être ce degré d'ex- cellence qu'aux plantes marines dont elle a été formée; peut- être même s'en trouveroit-il de cette efpèce dans plufieurs autres endroits, ces plantes ayant pû y être portées, foit par les eaux du déluge univerfel, foit par celles de plufieurs inondations locales, dont on trouve tous les jours des veftiges. On fait très- fouvent en Normandie des efpèces de tourbes fans le favoir : on creufe dans chaque métairie des foffes dans lefquelles on entafle tout le fumier des différentes écuries ; & lorfqu'il y a été pendant un temps fufhfant, on le retire pour l'étendre fur les terres; il eft alors prefque femblable à la tourbe, noir, gras, réduit en une mafle qui fe laife couper, & dont les morceaux, lor£ qu'on les a fait (cher, brülent prefque comme la tourbe; ils ne font même quelquefois que trop inflammables, & l’Académie a appris par une lettre écrite à M. Guettard, que la feule fer- mentation avoit fuf pour faire prendre feu à des amas de cette matière, On pourroit croire que cette efpèce de fumier ne devroit la propriété d’être inflammable qu'aux matières animales qu'il contient; mais ces mêmes parties animales peuvent être rem- placées dans les tourbes par la quantité de coquillages qui sy DES ScrENcCESs. 19 trouvent, & qui s'y pourriflent : d’ailleurs il paroît, par une obfervation rapportée dans un Mémoire que M. l'abbé Jacquin Communiqua en 1758 à l'Académie, que cette circonflance n'eft pas nécefaire, puifque du débris des feuilles tombées dans un vafe de jardin, qu'on n'avôit pas vuidé depuis plufieurs années, il s'étoit formé d'excellente tourbe. Reprenons pré- fentement les obfervations particulières de M. Guettard fur les tourbières de Villeroy, ou pluflôt d'Efcharcon, les meil leures tourbes de cette vallée f@ trouvant vis-à-vis & dans le voifinage de ce dernier endroit. , Les prairies où elles font ouvertes , font de mauvaife qualité ; elles font remplies de jones, de rofeaux, de prefle & d’autres mauvaifes herbes : {1 rivière d'Eflonne coule dans ces prés & les arrofe; on y fouille Jufqu'à huit pieds de profondeur, & il eft vrai - femblable qu'on trouveroit de la tourbe bien plus bas; mais les eaux de la ri vière, qui s’infiltrent à travers les bancs de tourbe, auroient bientôt rempli le trou qu'on fait pour les tirer, fi on ne le vuidoit pas continuellement: & l'opération d'épuifer les tourbières deviendroit trop difficile &_trop difpendieufe, s'il falloit tirer l'eau d’une plus grande profondeur. L'ouverture qu'on fait pour tirer la tourbe, eft ordinairement d'environ quatre toifes quarrées : on obferve dans la coupe des bords difiérens lits de tourbes: le premier, qui eft placé immédiatement au deffous du fol de 1a prairie, a environ un’ pied d'épaifèur, il eft rénipli d'une aflez grande quantité de coquillages de différente efpèce, tant terreflres qué fluviatiles : ces coquilles, qu'on pourroit aifément trouver dans le banc méme de:tourbe qui les contient, {€ ramafent encore bien plus: aifément dans les tourbières que l'eau a remplies; celles qui étoient dans les fragmens de ces tourbes , qui ‘y étoient demeurées, & que l'eau a difloutes, nâgent fur fa furface : & pour peu qu'elle foit agitée, elles gagnent bientôt les coins, où on peut les amäffèr à poignées; en les examirant, on voit qu'elles ont perdu une partie dé leur füubflance, & qu'elles font devenues beaticoup_ plis légères qu'elles n'étoient : elles n'ont plus leur ‘couleur naturelle, & Ci 20 HisToiRE DE L'ACADÉMIE Royatr font devenues toutes blanches: en un mot, on y remarqué un commencement de décompofition, auquel il n’a manqué que le temps pour les détruire &c les faire difparoître entière- ment; aufli n'en trouve-t-on aucun veftige dans les bancs de: tourbe inférieurs, qui font vrai-femblablement de plus ancienne date. On trouve aufli, dans ce même banc qui les renferme, une quantité aflez confidérable de terre mêlée, qui en altère beaucoup la qualité ; la tourbe qu'il donne, eft, pour parler le langage des ouvriers, terreufe, coquilleufe & elcargoreufe : celle des bancs qui fe trouvent enfuite, eft meilleure, & d'autant meilleure, que les bancs font plus profondément placés; on n'y trouve, comme nous l'avons dit, aucun veftige de coquil- lges, mais on y rencontre quelquefois des fouches de faules & de peupliers. On trouva, près d'Efcharcon, un chêne entier enféveli à plus de neuf pieds de profondeur ; il étoit noir, prefque pourri, & fe détruifit de lui-même à l'air. On a trouvé dans le même endroit, des extrémités de bois de cerf, enfouis à trois ou quatre pieds, & même un fquelette entier de fan- glier, que les ouvriers reconnurent aux défenfes, qui avoient environ un demi-pied de longueur, & qui s'étoient très-bien confervées. ; On exploite les tourbières de Villeroy de la même manière que celles des environs d'Amiens ; aufli les premiers ouvriers avoient- ils été appelés de ce dernier endroit: ces ouvriers font partagés en trois bandes, les Décheurs, les brouetteurs & les puifeurs. Les bécheurs font ceux qui lèvent la tourbe par pains où quartiers toûjours fnfiblement égaux ; ils fe fervent pour cela d'un outil qu'ils nomment uchet à aile, où, comme ils difent par corruption, louchetzelle ; cet outil n’eft qu'une bêche dont le fer a environ fix pouces en quarré, & qui porte à l’un de {es côtés un aileron de quelques pouces de largeur & de lon- gueur ; c'eft à l'aide de cet inftrument qu'ils enlevent les mottes d° tourbe, & qu'ils les jettent, avec cette bêche même, aux brouetteurs qui font fur le bord de la tourbière, & qui les reçoivent dans leurs mains avec une adrefie dont on ne peut DES SCIENCES. £r s'empêcher d'être frappé; ceux-ci les portent, à l'aide de leurs brouettes, fur une aire difpofée à les recevoir, & où ils les arrangent en pyramides quarrées, qu'ils nomment pilertes ; lorfque les pilettes font sèches, ils les détruifent , & forment avec les tourbes, des tas en forme de parallèlépipède reétangle, qu'ils nomment chätelets ; au bout de quelque temps, on défait encore ces châtelets pour arranger les tourbes en Zanrernes, c'eft-à-dire, en former une efpèce de cone à jour. On imagine bien que le but de tous ces différens arrangemens eft de bien faire fécher les tourbes ; & lorfqu'après avoir refté fufffimment en lanternes on les trouve affez sèches, on en fait de groffés iles d’une toife quarrée de bafe, qu'on couvre avec de la paille, & elles font alors en état de fervir. On conçoit aifément, fr on veut fe rappeler ce que nous avons dit, que le creux qu'on fait en enlevant la tourbe dans une prairie toute imbibée d’eau, en feroit bien - tôt rempli , fi on mavoit foin de l'épuifer continuellement : c’eft à quoi font employés les puifeurs, & leurs machines ne font pas plus compliquées que celles dont nous venons de faire men- tion ; un grand feau eft attaché au bout d’une bafcule pofée fur un pivot, & à l'autre bout de laquelle eft une corde qui fe divife en quatre ou cinq cordons; quatre ou cinq hommes, appliqués chacun à un de ces cordons, abaiflènt en tirant le bout de la bafcule, & élèvent par conféquent l'autre bout, auquel eft attaché le feau ; un des puifeurs le faifit & le renverfe dans une rigole qui conduit l'eau à la rivière. On fe {ert cepen- dant aufli, dans ces mêmes tourbières, d’une machine qui va par le moyen de deux chevaux, & qu'on tranfporte, fuivant le befoin, d'un endroit à l'autre ; cette machine, plus expéditive que la bafcule, accélère confidérablement ce travail. Comme les prairies qui contiennent les tourbières, ne per- mettent pas aux charrettes d'y entrer, on avoit autrefois creufé un canal, au moyen duquel on tran{portoit les tourbes fur des petits bateaux ; aujourd'hui on les tranfporte fur des mulets: Juqu'à Corbeil, où on les embarque pour Paris. Non feulement la tourbe, dans l'état que nous venons de: C ii 22% HisTôIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE décrire, peut être employée à faire du feu, mais encore on en peut faire un charbon qui n'a plus l'odeur defagréable de foufre, que la tourbe en nature jette en brülant : ce charbon fe fait en arrangeant la tourbe dans des fourneaux à peu près conflruits comme les fours à chaux, garnis au fond d'un peu de bois pour allumer la tourbe, & d'une voûte percée qui fert à la foûtenir; dès que li tourbe a füfhfamment pris feu, on bouche exaétement toutes les ouvertures, & on la laifle brûler peu à peu : on connoît qu'elle eft cuite, lorfqu'elle cefle de fumer ; alors on la laifie refroidir, & on la retire en charbon; chaque fournée en produit environ trente voies de feize boïfieaux chacune, mefure de Paris. Il s’amafle aux parois du fourneau de petites écailles blanches & brillantes comme du nitre : les ouvriers prétendent aufli que ces écailles font de ce fel; mais M. Guettard n'a pas été à portée de les examiner. On peut auffi réduire la tourbe eñ charbon de li même façon qu'on y réduit le bois, en la difpofant en tas propres à être allumés, & la couvrant enfuite de terre lorfqu'elle a pris feu : cette manière a été la première employée ; elle eft plus prompte, mais auflr elle occafionne plus de déchet, & c'eft la raïfon pour laquelle fes ouvriers ont abandonnée, H neft pas befoin de parler ici de utilité dont peut être cette matière, dont l'ufage commence à s’introduire même à Paris; mais ce qu'on ne devineroit pas aifément, c'eft que cette reflource, qui femble avoir tout l'air de la nouveauté, ait été connue depuis plus de cent quarante-fix ans, fans que, pendant cet efpace de temps, perfonne fe foit avifé d'en faire ufage, Un Avocat au Confeil, nommé le fieur de Lamberville, avoit obtenu en, 1616, non feulement la permiflion d'ouvrir des tourbières près de Villeroy & dans plufieurs autres endroits, mais même une efpèce de furintendance ou d'infpeétion gé- nérale fur ces fortes de travaux dans toute l'étendue du royaume. Ses lettres avoient été enregiftrées à la Table de marbre, &il: avoit déjà fait tirer, près d'Efcharcon, plus de cent milliers de tourbes ; mais fa mort, arrivée peu de temps après, arrêta. l'exécution de fon projet, qui demeura tout-à-fait abandonné; | ITATDBAEUS MOUCOINE N © Es; 2 & Guy Patin, qui rapporte toute cette hifloire dans fon Traité des tourbes combuftibles, nous apprend comment fe monceau de cent milliers de tourbes, qui en auroit dû conferver le fouvenir , a été détruit; des petits Pâtres voulant fe chaufter pendant hiver, adofsèrent contre ce monceau, qui ne leur parut que de la terre, le feu de buchettes & de paille qu'ils allumoïent pour leur ufage; mais ils furent bien fürpris de voir la prétendue butte de terre s'allumer; & quoique lon put fire, elle brûla entièrement: cependant, malgré toutes les recherches qui ont été faites depuis, des moyens de diminuer la con- fommation du bois, perfonne ne s’eft avifé de penfer à cette reflource fi prochaine & fi facile. Tant il eft vrai qu'on va fouvent chercher bien loin, des moyens de soppoler à des maux dont on a le remède, pour ainfi dire, fous la main. Mais fi les tourbières de Villeroy peuvent être utiles à Paris, il eft un pays très- voifin de cette capitale, auquel elles le feroient bien davantage. Perfonne n'ignore que la Beauce, ce canton fr riche & fi fertile en grains, eft abfolument dé- pourvû de bois, qu'on n'y en a pas même pour les ufages les plus nécefaires, n’y ayant d'autre matière combuflible que le chaume ; dés tourbières, fi on en trouvoit à portée, feroïent donc à la Beauce d'une utilité prefque infinie. La connoiflance que M. Guettard s’eft acquife de la nature du terrein des en- virons de Paris; lui a fait tenter cette découverte; il a penfé que la vallée de Villeroy étant continue avec celles qui avoi- finent Etampes, & ayant un terrein de même nature, il étoit très-probable qu'on y dévoit trouver les mêmes produétions. Les herbes, avant que le pays füt habité, n'étoient point coupées, & pourrifloient dans ces prés ; les feuilles dés arbres, dont tout ce canton étoit alors couvert, ont dû être emportées par les vents & par les pluies au fond des vallées: quélle matière immenfe pour former de la tourbe, fi la fituation du lieu & la nature du terrein y font favorables! C’eft d'après toutes ces raifons que M. Guettard à tourné fes recherches du côté des prairies bafles des environs d'Étampes, & il na point été trompé dans fa conjecture ; prefque toutes ces prairies en fourniflent 24 HistToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE effectivement ; & comme Étampes eft fur la grande route de Paris à Orléans, qui traverfe toute la Beauce, quelle facilité n'auroit-on pas pour faire tranfporter cette matière par les voitures qui retournent très - fouvent à vuide, & qui feroient charmées de trouver ce petit profit à faire. Ce feroit une reflource d’une utilité immenfe pour toute cette province, où Je bois manque ablolument , & un moyen afluré d'y augmenter Vabondance, & par conféquent li population. Au moins ne tiendra-t-il pas à M. Guettard que cette province ne jouiffe de ces avantages ; les recherches de Phyfique & d'Hifloire naturelle font rarement poufiées un peu loin, fans mener à quelque objet d'une utilité directe & actuelle, O'B'S E RW ALTER OT NS DEP. .H Y S PO UV EUGENE R'AÎLSE I. * Vos Hi ous avons rendu compte, en 1754 *, du fentiment V7S 4» 122 de M. Guettard fur la formation de l’oftéocolle; & nous y avons rapporté les preuves fur lefquelles il étoit fondé : en voici une nouvelle tirée d’une obfervation faite par M. au Four, Correfpondant de l'Académie, Faifant nettoyer un canal de décharge, qui fert à l'écoulement des eaux de fon jardin, ül remarqua que tout le fol du canal étoit comme tapifié d'un tiffu fort ferré de filets pierreux, dont les plus gros avoient deux lignes de diamètre, & qui fe croïfoient en tous fens ; ces filets étoient de véritables tuyaux moulés fur des racines d'orme fort menues, qui s’y étoient defléchées, & qu'on en pouvoit aifément tirer. La couleur de ces tuyaux étoit grife, & leurs parois, qui avoient au plus deux tiers de ligne d'é- paiffeur, étoient aflez forts pour réfifter, fans fe brifer, à une affez forte compreflion des doigts. À ces marques, M. du Tour ne put méconnoître f'oftéocolle ; maïs il ne put auffi s'empêcher d'être étonné du peu de temps qu'elle avoit mis à fe former; car DAEPSN. STE. NC EE s. 2 car cé canal m'étoit conftruit que depuis environ deux ans & demi, & certainement les racines qui lui avoient {ervi de noyau, étoient de plus nouvelle date; mais fon étonnement diminua, quand il fit réflexion que ces eaux venoient d'une fource qui étoit de même nature que celle dont il eft parlé dans l'Hifioire de l'Académie de 1745 *, & qui produit une quantité fi confidérable d'incruftations pierreufes, qu'on s'en fert à bâtir. Quoi qu'il en foit, M. du Tour a laifié pépinière d'oftéo- coile en expérience, & la fuite du temps y fera peut-être re- marquer quelque nouvelle fingularité, 1 1 Le 28 Février 1767, à huit heures du foir, Fair étant tranquille & le ciel ferein, on aperçut à Tymau en Hongrie, une pyramide lumineufe qui s'élevoit au couchant, tirant un peu” vers le nord-oueft; fa lumière étoit vive, rougeître en quelques endroits, &-on apercevoit à fon extrémité une efpèce de frange rouge ; elle s'eva jufqu'à la hauteur de 3 r degrés. Du milieu ‘de cette colonne partoit un are lumineux, large d'environ un degré, qui traverfoit la conftellation de Cafliopée, & au deflous de cet arc on voyoit dés bandes lumineufes qui paroifloient & difparoïfloient ; le refte de l'efpace étoit rempli par un nuage blancheïtre & léger, qui nempéchoit pas de voir les étoiles; & vers l'horizon, par un gros nuage noir, du bord duquel on voyoit de temps en temps s'échapper des rayons lumineux , divergens & fort courts: vers les neuf heures, on vit partir de l'horizon, du côté du nord, des rayons blancs, qui s’élevant les uns fur les autres avec rapidité, s’alloient perdre dans un nuage rougeätre qui paroifloit au deffus. Le phénomène dura quelque temps en cet état, après quoi il diminua peu à peu, & difparut enfin tout-à-fait. Sur la fin de cette obferva- tion, le vent foufHoit affez fortement du fud-oueft; le mercure étoit à 27 pouces 2 dans le baromètre, & le thermomètre à où au deflus de la congélation. Le détail de cette Aurore boréale eft tiré d’une lettre du P. Weiff. , Jéfüite, à M. de l'Ifle. FE A ES : Lorfque l'Académie fit méfurer, en 17 56, une nouvelle Hill. 1761. A D * Vo. Hi 174$ y Pr 1 Oo * Vo. Hifl W7S#p1 05e 26 Histoire DE L'ACADÉMIÉ RoYALE bafe_ pour difliper toute l'incertitude qui fe trouvoit-dans les termes de celle de M, Picard, on employa pour cette mefure * des perches de bois peintes à l'huile, garnies de fer par leurs: deux extrémités, & qu'on étalonna avec la plus grande atten- tion, M. le Monnier sétoit apercü que ces perches salon geoient un peu à fhumidité, quoique le chaud & le froid n'y aaufaflent aucune altération; celles dont il s'étoit fervi, étoient. demeurées chez lui dans un endroit fec depuis l'opération faite en 1756: il a voulu ceite année les confronter avec l'étalon: de 42 pieds, qui avoit fervi à lopération ; mais il a été ex- trémement furpris de les trouver alongées de plus d’une ligne; il a répété cet examen avec l'attention la plus fcrupuleufe, aidé: dans cette recherche par M. Péronnet, Infpeéteur général des ponts & chauflées, & par M. de Chezi, Ingénieur ; ils ont fcrupuleufement vérifié la longueur de Fétalon, au moyen de fept règles de fer d'une toile, comparées à la toife de fer qui a fervi à la mefure du Degré fous le Cercle polaire; ils ont choifi un temps où le thermomètre étoit au même degré que dans l'opération de Villejuive, & il eft demeuré bien conflant que, fur la longueur de 42 pieds, les perches fe font alongces, depuis cinq ans, d'une ligne & demie. D'où peut venir cette augmentation? M. le Monnier foupçonne qu'on la pourroit attribuer à un refte d'humidité, qui n'ayant pü fortir par da furface du bois, à -caufe de la peinture, a dù s'échapper fuivant la direction des fibres du bois, & leur faire par ce moyen prendre: une plus grande longueur: il femble qu'à mefure qu'on veut approcher de plus près de là précifion, il aaifle, pour ainfr dire, de nouveaux obftacles à furmonter, defquels on n'avoit aucune idée, EVE Le 17 Décembre 1760, neuf ouvriers travaillant dans une mine de charbon de terre, près Charleroy , l'un d'eux fe fit jour dans un endroit qui contenoit toutes les eaux amaflées d'un ancien travail, dont on n’avoit pas connoiflance ; ces eaux s'élancèrent aufli tôt avec tant d'impétuofité, qu'il n'y eut que deux de ces ouvriers qui puflent en éviter l'aueinte, & gagner DPETS SENTE INC ES » te qu'ils appellent le Owre de chargeage, c'eft-à-dire le puits par lequel on enlève la houille, & ces deux remontèrent dans le panier qui fert à cet ufage; les fept autres furent «entraînés par le torrent avec les décombres qu'il charrioit ; l'un d’entre eux, nommé Zyrard, âgé de trente ans, fut aflez heureux pour éviter la mort, & pour gagner un endroit plus élevé d'une des galeries à laquelle venoit fe rendre le bure d'ayrage, c'eft- à-dire l'ouverture deflinée à fournir de l'air au fond de la mine, Les eaux s'étant enfuite écoulées aux endroits les plus bas, Évrard fe trouva à l'abri de leur infulte, mais enfermé entre ces deux ouvertures, toutes deux comblées par les éboulemens que l'eau avoit caufés; fes habits étoient mouillés, le mauvais air lincommodoit très-fort, & il avoit beaucoup fouflert du choc des différentes matières avec lefquelles il avoit été entraîné: cependant rien de tout cela ne l'empêcha de crier fouvent & dong-temps, mais en vain; & après avoir regagné la petite hauteur, qui étoit fon afyle, il s'endormit de fatigue; à fon réveil, fes habits fe trouvèrent féchés, mais il n’avoit aucunes provifions, que quatre chandelles qui fe trouvèrent dans fa poche, defquelles même il ne fit aueun ufage pendant fon féjour dans cet abime, n'ayant pü, malgréda faim, vaincre la répugnance qu'il avoit à manger cette defagréable graiffe; fa feule réffource pendant neuf jours, qu'il pafla dans cet état, fut donc l'eau même qui avoit caufé fon defaftre, & de laquelle il but trois fois. Ce jeûne fi long & fi févère lui laifloit cependant aflez de force pour aller & venir, & pour tâcher de fe faire entendre; mais il a dit qu'il fe trouvoit fouvent afloupi, & qu'il croyoit avoir dormi beaucoup; c'étoit en effet ce qu'il pouvoit faire de mieux. Pendant tout ce temps, fes camarades, qui croyoïient que tous ceux qui avoient été entraînés, avoient péri, ne faifoient aucunés perquilitions; ce ne fut que le 26 qu'ils fe mirent à déblayer les galeries encombrées, & à rechercher les cadavres, du côté du bure de chargeage: Evrard entendit le bruit qu'ils faifoient, & même üne partie de ce qu'ils difoient; c'en fut aflez pour fengager à crier de fon côté, & à frapper avec D ji 28 HisToire DE L'ACADÉMIE ROYALE un marteau à pointe qu'il avoit avec lui; mais une nouvelle circonflance penfa rendre tous fes efforts inutiles ; fes cama- rades le prirent pour un efprit, & n'osèrent plus avancer ce travail; heureufement pour lui, il en vint une autre troupe qui étoient un peu en pointe de boiflon, & par conféquent plus hardis; ceux-ci travaillèrent fans crainte à parvenir jufqu'à lui: à la première ouverture qu'il aperçut, ül faifit un des tra- vailleurs par le col, & ne le lâcha point qu'il ne fe vit arrivé au haut du puits; on le mena chez le Curé, où plus de cent perfonnes s'étoient aflemblées ; Fair ne lincommoda poirt ; mais ayant aperçü trois pommes qui cuifoient au feu, il s'en faifit & les dévora avec la plus grande avidité, & ce repas fut faivi de trois demi-verres de vin blanc qu'on lui donna: on le conduifit dans une’ maïfon voifine, où M. Santorrin,. Chi- rurgien-major de Charleroy , le mit d'abord au régime de fix tafles de bouillon & autant de bifcuits par jour; on y ajoûta enfuite un peu de veau & de volaille, & petit à petit on le rappela au régime ordinaire; mais il fut près de fix jours fans pouvoir reprendre le fommeil; ce ne fut qu'au bout d'environ trois femaines.qu'il put s'en retourner à fa maifon, qui n'étoit cependant éloignée que d'un quart de lieue de celle où on. Favoit foigné, & il fut encore long -temps à fe remettre au. point de recommencer fon travail. L'Académie a déjà rapporté plufieurs exemples de gens qui ont vécu long-temps fans autre. nourriture que de l'eau. ‘ Ve Le 12 Novembre 1761, environ à quatre heures un quart du matin, M. le Baron des Adrets fe trouvant en chaife de pofte, à une lieue de Villefranche en Beaujolois, & faifant route directement au nord, il remarqua que la Lune, qui entroit ce jour-là dans fon plein, & qui par conféquent étoit encore affez haute fur l'horizon, jetoit une clarté extraordinaire; quelques momens après, il aperçut l'horizon vis-à-vis de lui, & par conféquent au nord , aufli éclairé queen plein jour ; il penfa que cæ pouvoit être une Aurore boréale, &c fur quelques fecondes fans avancer la têie pour voir fa Lune, que lui cachoit I 2 12" DMEnS}: ISERE NC ES 29 panneau gauche de {à chaife; mais la clarté augmentant, il jeta les yeux de ce côté, & n'aperçut plus la Lune: mais au lieu d'elle un globe éclatant, dont le difque étoit double de celui de cette planète; ce globe fembloit fe précipiter avec rapidité. vers la terre, & groffir à mefure qu'il en approchoit; il laiffoit après [ui une grofle traînée de feu qui marquoit fà route : après’ que ce globe eut parcouru à peu près la huitième partie de l'horizon , en tirant vers le nord-oueft, il parut de la groffeur d'un très-gros Lonneau coupé horizontalement par fa moitié, tenant par le côté à cette traînée de lumière dont nous avons . parlé, & qui fubfftoit encore en fon entier; alors le demi- tonneau fe renverfa, & il en fortit une quantité prodigieufe d'é- tincelles"& de flammèches femblables en forme & en couleur aux plus grofiès de celles qu'on voit dans les gerbes d'artifice, & le:tout fe pañla, fans que M. le Baron des Adrets eût en tendu le moindre bruit pendant environ une minute que dura le phénomène, I n'en entendit parler ni à Chälons, ni dans aucune des pofles intermédiaires entre Villefranche & Beaune: mais dans cette dernière ville, on lui en parla avec le plus grand effroi; la clarté y avoit paru égale à celle du jour en plein midi, & lexplofion avoit été accompagnée d'un bruit affreux, qui avoit fait trembler toutes les maifons. I paroît par le récit de M. des Adrets, que le plus grand eflet du phénomène 2. été près de Dijon, .un peu fur la gauche; le bruit ne s’eft pas entendu au-delà de dix à douze lieues à la ronde: il eft tombé du feu dans beaucoup de villages, mais il n'y a rien enflammé; dans quatre de ceux qui étoient fur R route, on a afluré à M. des Adrets que ce feu étoit très- blanc, & il l'avoit.eflectivement vü très-clair. Depuis Beaune |, jufqu'à Viteaux, où le ciel étoit couvert, les habitans appe-- loient ce feu leéclair, idée que leur en devoit effectivement. donner la clarté aperçüe à travers les nuages, & le bruit qu'ils avoient entendu; mais du côté de Vermanton, où le ciel étoit, ferein, ils le nommèrent le vid de Jeu :. il en étoit tombé beaucoup de ce côté, & le poltillon même, qui mena M. des Adiets, l'aflura qu'il en avoit été couvert, Ce même phénomène: Di, o HHisToirREe DE L'ACADÉMIE ROYALE fut aperçû à Paris par M. de la Caille; il obfervoit, vers quatre heures & demie du matin, le pañfige d'une Étoile des Ge- meaux par le Méridien, il aperçut une traïnée très-blanche & très-lumineule, qui traverfoit l'ouverture par hquelle il obfer- voit, & qui lui parut élevée fur l'horizon d'environ 50 degrés, Enfin M.de la Condamine a afluré qu'il avoit été vü à Ham en Picardie, mais au fud, comme à Paris. Il falloit que ce phé- nomène fût bien élevé, pour avoir pü être vifible dans des lieux aufli éloignés que le font Villefranche & Ham, VAE M. l'abbé Bacheley, Prêtre du diocèfe de Lifieux, & Cor- refpondant de l'Académie, lui a envoyé, pour être mile dans fon cabinet, une collection de fofliles, qui fert de preuve au fyflème qu'il a fur leur formation. I! penfe que ces pierres ne doivent la leur qu'à des corps marins, qui ont été d'abord recou- verts d’une banche ou enveloppe marneufe, & que l'une ou Fautre fubflance avoit depuis été réduite fous la forme de filex ou de caillou, tant par l'addition de cette terre marneufe qui a xnétré le corps marin, que par l'acide que celui-ci a fourni. L'affiduité des obfervations de M. l'abbé Bacheley l'a mis à portée de reconnoître, dans les différentes pièces qui forment la colleétion qu'il a donnée à l Académie, non feulement les corps marins qui leur ont fervi de bafe, mais encore quelle partie de ces corps y a été employée, On juge aifément combien d’obfer- vations ont été néceflaires pour fuivre ces corps changés de nature , depuis les filex, où ils font entiers ; jufqu'aux morceaux les plus bizarrement caflés, & quel travail a précédé cette “connoiflance. Il a paru en réfulter, avec une entière certitude, que les fofliles: préfentés par M. l'abbé Bacheley, & defquels M." Fougeroux & Briffon ont dreffé le catalogue le plus exact, avoient véritablement Forigine qu'il leur donne; mais pour étendre cette même hypothèfe à tous les filex, comme l'auteur paroït y pencher, il faudroit, & if en convient lui - même, un plus grand nombre d’obfervations qu'il fe propole de fire; il a du moins ouvert aux Naturaliftes une nouvelle carrière, DES SICGUE Nc Es 3r & fes recherches ont jeté un grand jour fur cette matière, jufqu'alors affez peu connue. ; V: Fa Voici encore des foffiles, mais d'une efpèce toute différente. M. l'abbé Bauny, Chapelain de l'abbaye royale de S.' Corentin, a envoyé à l'Académie une caïfle de pétrifications trouvées au terroir de Pincerais, à deux lieues de Mante-{ur- Seine : excepté un feul morceau, qui paroït être une flalaétite, tous les autres ont été reconnus pour de véritable bois, pétrifié, femblable à celui qui a été trouvé en grande abondance aux environs d'Étampes par M. Clozier, Correfpondant de l’Aca- démie ; ce qui n'ôte rien au mérite de l'obfervation de M. l'abbé Bauny. On fouloit probablement aux pieds, depuis plufieurs fiècles, des morceaux dignes de l'attention des Naturaliftes, &c qui n'attendoient, pour paroître, que les yeux d’un Phyficien. VE M. de fa Condamine a fait voir un paquet d'Amiante très- blanche, trouvée dans les montagnes de la Tarentaife, nou- velle fource jufqu'à préfent inconnue de cette efpèce de matière minérale, . a. ss S RUSSE EPIESDT = fé © é EH 2e = NC A EC # V.les Mém, P: 58. * Vo, Hifre 746,731: CAUCDEEX 35 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 0ODO000000C0:00000000000 ANATOMIE. COUR LED PL ANS MIUD OUEN De la tunique charnue de l’eflomac humain. LL Le flrudure de la tunique mufculeufe de l'eflomac, a toûjours été regardée par les Anatomifles , comme très- difficile à développer. Heïfler, en parlant d'elle, dit qu'il eft prefqué impoflible de déméler l'ordre & l'arrangement de fes fibres. On avoit cependant effayé de vaincre ces difhcultés, & on croyoit y être parvenu ; les plus habiles Anatomiftes, à la tête defquels on peut mettre M. Winilow, regardoient cette feconde tunique comme compofée de deux plans de fibres, l'un interne & l'autre externe. M. Bertin y en a dé- couvert un troifième, immédiatement placé fur la tunique nerveufe ou veloutée, qui tapifle le dedans de l’eflomac; il rendit à l Académie un compte fommaire de cette découverte, en 1746, dans un Mémoire qu'il lut alors fur la ftructure de Feflomac du cheval, & que l'Académie a publié dans fon volume de l1 même année *, [avoit promis dès-lors de donner une deicription plus détaillée; il s’eft acquitté cette année de fa parole, Nous ne rapportons ici lagdate dont nous venons de. parler, que parce que. les travaux de M. Häaller ayant, de fon côté, conduit au même but; fans qu'il eût eu probable- ment connoiffance de la découverte de M. Bertin; il a publié la defcription de ce troifième plan de la tunique charnue de l'eflomac, dans fa Phyfiologie imprimée à Gottingue en 1751, & que la date de 1746 devient néceflaire pour aflurer à M. Bertin l'honneur & la propriété de fa découverte; nous allons efiayer d'en donner une idée. Tous les Anatomifles conviennent que leflomac humain eft compolé de quatre tuniques; la première, qui eft la plus extérieure , | DES SCIENCES. 33 Æxtérieure , eft membraneufe; la feconde eft charnue ou mufcu- Jeufe; la troifième eft appelée znique nerveufe, & M. Bertin penfe qu'on pourroit, à raifon des vaifleaux qui s’y trouvent en grande quantité, la nommer va/culo -nerveufe ; la quatrième enfin, qui eft la plus interne, fe nomme tunique velourée, dans laquelle font comme enchäffés plufieurs petits grains glandu- leux & quelques glandes un peu plus grofles, mais en aflez petit nombre. M. Bertin n’entreprend, dans ce Mémoire, que l'examen de la feule tunique charnue ou mufculeufe; on la regardoit, avant lui, comme compolée de deux feuls plans de fibres, & les obfervations de M. Bertin lui ont fait voir qu'il y en avoit encore un troifième qui avoit jufqu'ici échappé aux regards des Anatomiftes. | Le premier plan eft prefqu'entièrement compofé de fibres ; qui tirent leur origine des fibres longitudinales de l'œfophage; elles partent de l'infertion de ce dernier pour fe répandre fur les parties antérieures, poflérieures & latérales de leftomac, qu'elles parcourent plus ou moins obliquement. Le fecond plan eft compolé de fibres circulaires perpen- diculaires à Ja longueur de l'effomac; ces anneaux mufculeux font rangés parallèlement les uns auprès des autres, & com- muniquent enfemble par des fibres obliques; ils font moins forts & moins complets fur la partie qui fait le cul-de-fac de Feftomac, qu'aux environs du pylore & de la-petite courbure; mais nous allons bien-tôt voir que cette partie de l'eftomac n'en eft pas moins forte, & qu'ils y font remplacés par les fibres du troifième plan découvert par M. Bertin, &sduquel nous allons parler incefflamment. ; La plufpart des Anatomiftes admettent entre ces deux plans des fibres obliques, qui fembleroient donner l'idée d'un plan intermédiaire; mais M. Bertin s'eft afluré par un très - grand nombre de diffeétions faites avec le plus grand foin, que ces fibres n'exifloient point, & que les deux plans étoient abfoz lument contigus. Al 1761. TRUE 1] HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Sous le fecond plan de fibres circulaires, dont nous venons de parler, il s'en trouve conflamment un troifième, que les obfervations de M. Bertin lui ont fait découvrir; il confifte en une forte & large bande charnue, jetée obliquement & en forme d’écharpe fur la partie gauche de l'orifice fupérieur de l'eflomac, & dont les extrémités allant obliquement de gauche à droite, s’épanouiflent & deviennent tendineufes avant que d'arriver à la grande courbure: celles de ces fibres qui vont à droite, font prefque parallèles à la longueur de l’eftomac; elles s'approchent le plus de la petite courbure, mais cependant fans la recouvrir; elles font très-fortes & très-marquées. Celles qui vont à gauche, fe répandent fur les faces du cul- de-fac de l'eftomac, & celles-ci ceflent bien-tôt de s’avancer en droite ligne pour prendre une direction prefque femblable à celle des fibres circulaires du fecond plan, fuppléant par ce moyen au défaut de ces dernières, que nous avons dit être en cet endroit moins fortes que par-tout ailleurs ; enfin les fibres qui répondent aux faces antérieures & poftérieures de l'eftomac, s'y répandent obliquement, devenant de plus en plus diver- gentes, à mefure qu'elles s'avanceut, & elles coupent à angles très-aigus les fibres circulaires du fecond plan. Il fuit évidemment.de cette ftruéture, que ce dernier plan eft une couche mufculeufe, prefqu'univerfellement répandue fous le plan des. fibres circulaires, excepté fur la petite cour- bure, qui n'en eft que très-peu recouverte; ce qui, pour le’ dire en pañlant, a pû empècher les Anatomiftes d'en faire la découverte, parce qu'ayant apparemment tojours commencé leurs recherches par cette partie, où les fibres du troifième plan ne font pas fort fenfibles, ils ne l'ont pas aperçu, & ne l'ont pas cherché dans le refte de ce vifcère, où fes fibres font con- fondues avec celles du plan à fibres circulaires. Il eft en effet très-facile de confondre ce troifième plan avec le fecond aux environs du cul-de-fac de l'eftomac ; il n’eft donc pas éton- nant que les fibres de ce plan pouvant être facilement confon- dues dans un endroit avec celles du plan qui le recouvre, & p'exiftant qu'en très-petit nombre dans un autre, l'exiflence DES SCIENCES. | 35 dü plan foit demeurée inconnue, Jufqu'à ce que M. Bertin ait forcé, pour ainfi dire, par des recherches plus exactes, là Nature à fe déclarer. IL fuit encore que le troifième & dernier plan fournit des fibres en plus grand nombre, plus fortes & plus fenfibles que le plan externe, & qu’il touche immédiatement la tunique nerveufe, excepté fur la petite courbure, où fes fibres manquent, & où la tunique nerveufe eft recouverte immédiatement du fecond plan à fibres circulaires. I! réfulte enfin des obfervations de M. Bertin, que les fibres du plan externe touchent immédiatement les fibres circulaires du fecond plan, fans qu'il y ait entre deux aucun plan muf- culaire ni aucun ordre de fibres. : Il'eft bien fingulier qu'une partie fi confidérable d'un organe eflentiel, & qui a été de tout temps l'objet des recherches des Anatomiftes, ait pü fe dérober fi long-temps à {eurs regards. SUR. QUELQUES VICES Dss VOIES URINAIRES Et dés parties de la Génération. O ne peut obferver avec trop de. foin les phénomènes V.jes Mém. finguliers qu'offre l'étude de 1a Phyfique; les erreurs p-115: même de la Nature font fouvent inftruétives, & peuvent fervir à éclaircir une infinité de points intéreffans, qui feroient tou- jours des énigmes dans l'état naturel. Au mois de Février de cette année, M. Tenon fit voir à TAcadémie un homme âgé de trente-fept ans, qui lui avoit été adreflé par M. Bourgelat, Correfpondant de l'Académie, Cet hoïinme avoit fur les os pubis une tumeur à peu près de LB groffeur d’un œuf d’oie Touge, grenue, excoriée dans quelques endroits, & par-tout extrémement fenfible. Le grand diamètre de cette tumeur sétendoit de gauche à droite; elle s'devoit du milieu d'un enfoncement prefque quadrangulaire, & vers E ij 36 HisTorrE DE L'ACADÉMIE RoyazeE fa partie inférieure on obfervoit deux petits trous placés, lu à droite & l'autre à gauche, par lefquels l'urine s'écouloit in- volontairement ; le nombril n'étoit pas à fa place ordinaire, mais fitué immédiatement au deflus des os pubis, où on le diflinguoit par une efpèce de petit pli de la peau, en forme de croiflant, placé au deffus de-la tumeur ; fous celle-ci étoit une efpèce de verge longue d’un pouce & demi, fendue en deffus dans toute fa longueur, ainfr que le canal de furètre,. qui sy trouve placé, au lieu d'être en deflous, comme dans la fituation naturelle, & ce canal ainfi ouvert n'aboutifloit à au- cune cavité; on fentoit au taét dans des plis de la peau fitués dans les aines deux corps de la forme & du volume des tefti- cules, à chacun defquels { rendoit un cordon; dans le pli de Yaine gauche, on obfervoit de plus une defcente: qui rentroit à la moindre compreflion ; & dans f'endroit où auroit dû être le fcrotum, il n'y avoit qu'une peau dure, gercée & comme chagrinée, Cet homme ne paroît avoir rien d'efféminé; fes mufcles font gros & forts; il eft extrêmement barbu & d'un il noir; fa voix, qui eft une taille foible, avoit été d’abord, à l'ordinaire, un fauflet; elle mua à l'âge de dix-huit ans & devint rauque, comme fa voix devient en ce cas; mais cette raucité, qui {e diflipe ordinairement, a fubfifté; ce qui don- neroit lieu de préfumer qu'il eft refté dans l'état de la puberté commençante ; il fe porte bien, n'a jamais été malade qu'une fois ; il eft ordinairement relâché, mange & boit fort pea, & prefque toûjours fans appétit & fans {oif; fa mémoire, fon efprit & fes fens,. fi on en excepte celui du goût, font ex- cellens ; il n’a jamais fenti aucun defir des femmes, & il afluré que l'elpèce de verge qu'il a, n'a jamais eu d'action dans au- cune circonftance.. Cette conformation fi fingulière n'avoit point étonné M. Tenon; il s'étoit rappelé plufieurs faits du même genre, qui Tavoient mis en état de reconnoître quelles étoient les: parties ainfs défigurées, & qui le conduifirent à des obfervations très- curieufes, defquelles nous rendrons compte, après avoir rapporté fommairement les faits dont nous venons de parler. DES SCIENCES. 37 Te premier eft cité par Balfius dans fes obfervations de Médecine ; il y parle d'un homme de trente-cinq ans, qui m'avoit point de veflie; les uretères, qui étaient beaucoup plus grands que dans l'état naturel, fe joignoient enfemble vers le pubis, & delà s’élevoient jufqu'à Fombilic, où ils aboutifloient à un petit trou par lequel Purine s'écouloit involontairement, Le {cond eft l’obfervation communiquée à l Académie en 1741, par feu M. Lémery; il s'agifloit d'une fifle dans laquelle il ne paroifloit aucun fexe; elle avoit feulement de la gorge, & au deffous du nombril une tumeur groffe comme une: pomme, percée de petits trous en forme d'arrofoir, par lefquels s’écouloient les urines. On pourroit y joindre le Pätre, dont parle Montagne, âgé de trente ans ou environ, auquel il ne paroifloit aucune des parties qui caractérifent le fexe mafculin, & qui rendoit fon urine involontairement par trois trous ;: celui-ci étoit barbu, & paroifloit defirer la compagnie & l'at- touchement des femmes. Les exemples que nous venons de rapporter, fourniffent feulement des faits à peu près femblables à celui duquel nous- avons parlé d'abord; les deux qui vont fuivre ont donné quelque chofe de plus à M. Tenon, & l'ont mis à portée de recon- noître ce que c'étoit que cette conformation, qui paroït au premier coup d'œil fi extraordinaire: ces deux exemples font pris fur deux enfans que M. Tenon a pü difféquer après leur mort. Le premier, âgé de deux mois, n'avoit aucune ouverture à. la verge; elle étoit comme divifée en deux têtes à fon extré- mité, lune formée par les corps caverneux, & l'autre par le gland : à la racine de la verge on obfervoit un enfoncement oblong,. placé précifément au deflus du pubis, dans lequel fe . trouvoit un corps mensbraneux de la groffeur & de la figure d'une mûre, plié & brun; deux lignes au deffus de ce corps étoit un bouton cutané, gros comme un pois, & on obfervoit fur les deux côtés deux tumeurs qui bordoient len- foncement oblong dont nous venons de parler; le fcrotumi,, les tefticules & les vaiffeaux fpermatiques étoient dans leur état. E üj 38 HisToIRE DE L'ACADÉMIE RoyALE naturel, fi ce n’eft que les vaifieaux déférens, fe terminbient, chacun de leur côté, dans le baffin à deux tubercules blancs, qui ne paroifloient avoir ni médiatement ni immédiatement aucune communication au dehors. À l'ouverture du cadavre de cet enfant, M. Tenon chercha inutilement la veflie; pour s'aflurer de l'endroit où elle pouvoit êvre, il fouffla par les uretères, perfuadé que par ce moyen il aoit la faire gonfler ; mais il fut bien furpris de voir que le vent s'échappoit par deux petits trous fitués à droite & à gauche de cette tumeur externe & membraneufe, que nous avons dit reflembler à une müre; il foupçonna auffi-tôt que cette tumeur pouvoit fort bien être une portion de la veflie, qui formoit là une hernie, & dont le refte avoit été détruit ou ne sétoit pas développé. Pour s'en éclaircir, il fuivit avec attention les artères, les veines ombilicales & l'ouraque, toutes parties qui aboutiflent à la vefie, & il trouva qu'effectivement elles fe rendoïent à a tumeur membraneufe, comme dans l'état naturel, avec cette différence que d'ouraque aboutifloit à ce bouton cutané, placé au deffus du pubis, que M. Tenon reconnut par ce moyen pour l'ombilic, qui, au lieu d'être fitué à l'ordinaire, étoit feule- ment placé plus bas; ce qui rendoit les artères ombilicales & l'ouraque beaucoup plus courtes qu'elles ne devoient être natu- rellement, & la veine ombilicale, qui fe termine au foie, beaucoup plus longue. : L'autre enfant, âgé de trois mois lorfqu'il mourut, offrit à M. Tenon les mêmes phénomènes, à cela près que prefque tous les organes de la génération manquoient ; il n'y avoit ni proflates, ni véficules féminales, ni verge, ni fcrotum; M. Tenon trouva feulement dans deux plis formés par la peau des aines, un tefticule de chaque côté, garni d'un épidydime & d'un anal déférent; mais celui-ci fe terminoit en dedans à un tu- bercule blanc fans cavité & fans iflue. I eft donc plus que probable que, dans tous les cas dont nous avons parlé ci-deflus, la conformation monftrueufe étoit une véritable hernie de la vefe, fortie par la ligne blanche, mEtS) Same NC s 39 & qui n'avoit pà entraîner aucune autre partie pour lui fervir de fac herniaire, puifque c'étoit la partie interne de ce vifcère qui étoit fortie fa première, & qui formoit l'enveloppe exté- rieure de la tumeur. Les différences qui fe rencontrent entre les deux enfans qu'a difféqués M. Tenon, & l'adulte dont nous avons parlé, tiennent à une autre maladie qu'il a, & que es enfans auroient eu pro- bablement, s'ils avoient vécu : une defcente d’inteftin accom- pagne celle de la veflie, qui lui fert de fic herniaire; on la fait aifément rentrer par le tact ; & fi le malade touffe en ce moment, le doigt reflent à l'inftant l'impreffion du mouvement que le diaphragme communique à tout le paquet inteftinal ; la hernie d’inteflin rentre même prefqu'entièrement d'elle-même, quand cet homme demeure Jong-temps couché, & alors la tumeur caufée par la vefie, diminue confidérablement de vo- lume; enfin la fenfibilité, la rougeur, & même les écorchures font des fuites naturelles de la mal-propreté, du féjour continuel de Furine, & du frottement des habits contre une membrane: qui, dans l'état naturel, n'eft nullement faite pour refter expofée: à de femblables accidens. Voyons préfentement le parti que M. Tenon a fü tirer de cette ftruéture fingulière une fois connue, pour léclaircifiement d'un point très -intéreffant de Féconomie animale. La manière dont Furine fe rend dans la veffie, a été jufqu'ici un phénomène fur lequel les Anatomiftes ont été peu d'accord; tous conviennent que cette liqueur fe fépare du fang dans les reins, & eft conduite de-la dans la veflie par les uretères : mais comment expliquer par ce moyen plufieurs phénomènes. qu'on obferve journellement ; pourquoi on rend avec tant de promptitude certaines eaux minérales; pourquoi les premières urines qu'on rend, après avoir bu beaucoup, font très - peu. colorées , tandis que celles qu’on rend enfuite le font beaucoup ;. pourquoi différentes fubflances, comme la térébenthine, les: afperges, le café, les betteraves, l'infufion de garence donnent de la couleur ou de l'odeur très-promptement aux premières. prines, &c n'agiflent que peu ou point du tout fur les fecondes ? %o Hisroire DE L'ACADÉMIE RoYaLe Ces faits avoient paru fr difhciles à expliquer, en ne fappofant que la feule route des uretères, par laquelle les urines { puffent rendre dans la veflie, que Willis, feu M. Morin, de cette Académie, & plufieurs autres Anatomifles avoient cru devoir admettre une feconde voie par laquelle elles y puflent entrer. Willis fuppofe des tuyaux, communiquant immédiatement de leflomac à la veflie; mais perfonne jufqu'ici n’a pü les trouver ni les démontrer. M. Morin a recours à la porofité de l'ef- tomac & de la veflie, & prétend que l'eau les pénétrant l'un & l'autre, c'eft par cette voie que les premières urines fe rendent dans celle-ci. Pour décider la queflion, il auroit fallu voir dans un homme vivant ce qui je pafie dans l'intérieur de la veflie, & y obferver la quantité d'urine que les uretères y verfent en différens temps, & la qualité quelles ont. , L'occafion de faire une obfervation fi fmgulière s'eft une fois offerte à François Collot, fameux Litotoinifte. La veffie d'une femme, à laquelle il venoit de tirer une pierre énorme, refla afiez dilatée pendant environ une demi-heure, pour lui permettre de voir, à la faveur d'une bougie, l'urine fortir goutte à goutte de Fembouchüre des uretères: mais quelque curieule que foit en ellemëéme cette obfervation, elle ne pouvoit donner aucunes lumières fur la difficulté en queflion, & probablément en ne fera jamais tenté de la répéter. Mais dans le fujet dont nous avons donné la defcription, les embouchüres des uretères étant abfolument à découvert, on peut, fans aucun inconvénient, obferver à loifir ce qui s'y pañle, & tenter des expériences qui ne feroient pas praticables dans toute autre circonflance. M. Tenon n'a pas manqué de pro- fiter de cette occafion, & voici le réfultat de fes expériences. L'homme en queftion n'ayant ni bu ni mangé depuis dix ou douze heures, & s'étant un peu repofé, il fortoit pendant l'efpace de deux minutes, environ fept gouttes d'urine de l'extrémité de luretère gauche, & fix gouttes de celle de l'uretère droit. Loriqu'il s'agitoit en marchant ou en faifant quelque exercice de corps, il fortoit de Jun & de l'autre uretère, cinq, fix, fept, D ES (SICUI:E N° CE S. 41 fept, huit, neuf, dix, onze & jufqu'à douze gouttes d'urine par minute; peut - être un exercice plus {ong ou plus violent en pourroit-il faire {ortir davantage. Environ une demi - heure après avoir, bu une demi-bouteille de vin blanc, que M. Tenon lui fit prendre comme diurétique, Îles gouttes augmentèrent de nombre & de volume; il en fortoit {ept à huit de fuite de chaque uretère, mais toûjours plus du gauche que du droit, & elles faifoient une petite faillie avant que de fe détacher, fans cependant former encore un jet: ce jet vint enfuite, & dans le fort de fa fecrétion, les gouttes s’alongeoient en filet continu, qui s'élançoit à la diflance d'environ fix lignes ; enfin dans l'efpace d’une heure & demie il avoit rendu par les ure- tères, d'abord une urine blanche, fereufe & fort peu odorante, & enfuite une plus chargée, & le tout enfemble égaloit à peu près les trois quarts de la demi - bouteille qu'il avoit bue il y avoit deux heures. La même chofe n'arrivoit pas, lorfque c'étoit de l'eau qu'il avoit bue; le cours & la quantité des urines n’augmentoient pas, à beaucoup près, auffi promptement ; il fe pañoit quelquefois une heure & demie avant qu'on remarquât une accélération fenfible dans le cours des urines, & une augmentation dans la quantité qui fortoit des uretères. Ces obfervations de M. Tenon,-d'autant plus concluantes qu'elles ont été faites fur un fujet d'ailleurs très-fain, ne détruifent pas abfolument le fentiment de Willis, ni celui de M. Morin; mais elles font voir qu'on peut, fans avoir recours aux expé- diens qu'ils ont propolés, expliquer l'émiffion prom pte & abon- dante de l'urine, & la différence entre les premières urines claires & celles qui viennent enfüite plus colorées ; les unes & les autres font reçües évidemment par les uretères dans le fujet en queftion: il n’eft donc nullement néceffaire de recourir à des canaux inconnus ou à la porofité de la vefñe, pour expli- . quer a promptitude avec laquelle les urines coulent dans cer- tains cas, & leur différence de couleur: c’eft porter un terrible coup à une hypothèle, que de faire voir qu'on peut expliquer, fans fon fecours, le phénomène qui y a donné lieu, Hÿfl. 1767. pi 42 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUUSR L'INOCULATION DE LA PETITE VÉROLE, Er principalement fur les variations de la méthode. L y a peu de pratiques dans Ja Médecine, qui ait éprouvé, dans fon établiffement , autant de contrariétés que l'inocu- lation de la petite Vérole; il n'y a pas même lieu d'en être étonné : une maladie toüjours dangereufe & fouvent mortelle, à redouter même pour ceux qu'elle épargne, par les fuites defagréables qu'elle laiffe prefque toûjours après elle, doit im- primer naturellement aflez de terreur, pour qu'on ne {e porte pas aifément à fe la procurer par artifice ; n’y eüt-il qu'un malade fur mille, qui en füt la viétime, perfonne ne veut s'expoler à être facrifié au bien public, Mais fi linoculation offre par elle-même tant d'objets effrayans , que féra-ce s’il s’y joint encore l'incertitude du fuccès, & la crainte d'avoir été inoculé en pure perte, & fans éviter le danger auquel peut expoler la petite vérole naturelle. C'eft à rafurer le public fur ce dernier inconvénient, que M. Morand le fils s’eft principalement appliqué dans l'ouvrage dont nous allons rendre compte, après avoir raconté en peu de mots le fait qui y a donné lieu. M. Poutheau, Medecin de Lyon, avoit en 1758 inoculé à Lyon deux jeunes Demoilelles; l'inoculation n'eut aucun effet, & depuis ce temps les deux inoculées ont eu la petite vérole naturelle. Il n’eft peut-être pas inutile d'oblerver ici que ces deux inoculations avoient été faites par deux méthodes différentes ; la première malade avoit été inoculée par une feule incifion, & la feconde d'abord par les véficatoires, & huit jours après par incifion. I eft cependant bien certain que les deux Demoifelles en queflion étoient très-fufceptibles du levain de la petite vérole, puilque ce levain fe développa de lui-même peu de temps 7 DES SCIENCES. 43 après, M. Poutheau n'étoit pas moins für de la qualité du Fevain variolique employé fur ces deux malades, puifque ce même: levain avoit donné la petite vérole à trois autres perfonnes à qui on lavoit appliqué. On ne peut donc attribuer fon peu d'effet qu'à Ja Sr A dont il avoit été appliqué aux deux Demoifelles dont nous venons de parler. Ce n'eft pas au refle la première fois qu'on ait vü manquer l'inoculation fur des fujets qui en étoient très-fufceptibles, & if eft infiniment utile d'en découvrir la caule, puifque fans cela Finoculation ne pourroit infpirer qu'une faufie fécurité, ou pluflôt n’en infpireroit aucune , du moins aux perfonnes bien fenfées, & c'eft ce qui a déterminé M. Poutheau à la rechercher. Il a cru la trouver dans le peu de profondeur dés incifions & dans le peu d'effet des véficatoires qu'on avoit employés pour introduire le levain variolique; il regarde ces deux mé- thodes comme infufffantes, & appuie fon opinion, non feule- ment fur le peu de fuccès qu'elles ont eu dans l'occafion dont il s’agit, mais encore fur l'expérience qui en fut faite fur deux autres perfonnes qui furent inoculées fans fuccès par le moyen des véficatoires, & chez lefquelles la petite vérole ne parut que lorfqu'après avoir attendu inutilement pendant plus de huit jours, on eut réitéré l’inoculation par incifion. M. Poutheau ne traite pas plus favorablement là méthode inférée dans le Journal étranger, qui confifte à frotter une partie du bras jufqu'à ce que la peau foit rouge, & à placer fur cette partie, après une feconde friétion, du pus variolique ; il regarde cette méthode comme trop incertaine & comme trop fujette à manquer {on effet. L'opinion qu'il a de l'infuffifance de ces. méthodes, ef appuyée du raïfonnement de M. Timoni. En effet fi, comme on ne peut guère en douter, il y a des fujets plus ou moins fufceptibles du levain variolique, il rélulte de-à, par une con- féquence néceffaire, qu'une méthode d'inoculation , qui fera infufhfante pour Fun, réuffira très-bien fur un autre fujet; mais comme on a fintérêt le plus vif à être afluré, lorfqu'on fe fait ivoculer, que fi on na pas pris la petite vérole, ceft Fi 44 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'on étoit incapable de la prendre, M. Poutheau conclud qu'on ne doit admettre d'autre méthode que celle de l'incifion, en la faïfant pénétrer jufqu'aux cellules graifleufes; on fera für alors qu'en employant du levain variolique bien conditionné, Yopération ne manquera que lorfque le fujet fera abfolument incapable de le recevoir, & qu'on n'aura pas le defagrément de voir la petite vérole naturelle faifi celui qu'on avoit in- fructueufement inoculé. À ces raïfons très-fenfibles d’elles-mêmes, M. Morand en ajoûte encore une autre tirée de l'économie animale. La petite vérole f termine, comme on fait, par un dépôt critique à toute l'habitude extérieure du corps ; or la plaie que l'on fait en inoculant par incifion devient, fr elle eft aflez profonde, une efpèce d'ulcère qui épuife & détourne une grande partie de la matière varioleule, ou, fi lon veut, un maïtre-grain arti- ficiel qu'on place à volonté, & dans un endroit où il ne puiffe pas être dangereux. Cependant, quelque plaufible que paroïffe ce raifonnement, M. Morand ne le croit pas fans replique, & on doit appré- hender que cet écoulement qu'on a cherché à fe procurer, ne devienne, dans plufieurs circonflances, trop abondant, qu'il ne fe forme des infiltrations dans les cellules de la graiffe, & que le venin de la maladie, qu'on a appelé, n'agiffe avec trop de force fur la partie entamée par l'incifion, & n'y caufe des engorgemens inflammatoires ou phlegmoneux, à peu près comme le pourroit faire un cautère appliqué fur Fincifion ; en ce cas on auroit à fe reprocher d'avoir procuré au malade une incommodité dangereufe, qui fubfifteroit après la fin de la petite vérole, & qu'on auroit peut-être beaucoup de peine à guérir. Que faire donc en pareille circonftance? M. Morand penfe qu'on peut fuppléer à une feule incifion trop grande, trop profonde, & qui ne feroit pas fans danger, par deux incifions médiocres à chaque bras ; la méthode feroit, felon lui, égale- ment füre, & la matière ayant plufieurs iflues, fe partageroit & feroit bien moins à portée de faire du ravage; & pour HUE sSi SNeMNE N'C'E Se 45 être für de faire toûjours ces incifions également, il propole un inftrument très-fimple, inventé par M. Hofty, Médecin de la Faculté de Paris, & lun de ceux qui ont le plus étudié & füuivi l'inoculation : c'eft une plaque ovale ,-ouverte au milieu par une fente felon fa longueur, dans laquelle on peut pro- mener une lame tranchante, qui n'excède que d’une ligne le deffous de la plaque. Il eft clair que, par ce moyen, on fera toûjours maître de faire des incifions égales en longueur & en profondeur ; en multipliant ainfr les incifions, M. Morand croit qu'on affurera la méthode, & qu'on évitera l’inconvé- nient des incifions trop profondes , propofées par M. Poutheau ; mais c’eft à l'expérience à prononcer, & on fent avec combien de fageffle & de précaution on doit tenter des épreuves en pareille matière. SUR LA MALADIE DES CHEVAUX, Qu'on nomme la Morve. ES animaux abandonnés à eux-mêmes font fujets à peu V.les Mém. de maladies ; les excès & les maux qu'ils produifent, leur P- 173: font également inconnus; mais ceux qui font deflinés à être, pour ainfi dire, domeftiques de l’homme, paient ordinairement les charges de cette fociété, par les maladies plus ou moins nombreufes qu’elle entraîne néceffairement avec elle. Le cheval eft peut-être, de tous les animaux domeftiques, celui qui s'y trouve le Fa fouvent expolé ; les travaux pénibles & forcés auxquels on lemploie; le froid auquel il eft fouvent expolé, lorfqu'une agitation violente vient de l'échauffer, & mille autres accidens qu'il feroié trop long de décrire, font pour lui la caufe d'une infinité de maladies. Une des plus à craindre, eft celle qu'on nomme /4 morve ; elle eft d'autant plus redoutable qu'elle avoit toüjours été re- gardée comme incurable, & qu’elle a la funefte propriété d’être _ contagieufe ; ce qui obligeoit de faire tuer, fans diftinétion, tous les chevaux qui en étoient attaqués. F ii 46 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Une fi terrible maladie méritoit bien qu'on fit les derniers efforts pour en trouver le remède; mais ces efforts avoient toüjours été inutiles: ce n'eft que depuis affez peu de temps qu'on commence à pouvoir efpérer d'y réuffir, & il ne fera peut-être pas inutile de remettre ici fous les yeux du Lecteur, les tentatives qui ont été faites fur ce fujet, avant que de parler des obfervations de M. Malouin, defquelles nous avons à rendre compte: nous allons effayer d'en préfenter le tableau. En 1749, M. la Fofe, Maréchal des écuries du Roi, préfenta à l’Académie un Mémoire, dans lequel il fait voir que la morve, qu'on avoit crue jufqu'alors une maladie des vifcères de animal, étoit un vice purement local, qui: atta- quoit la membrane pituitaire ; il appuya fon opinion fur l'ou- verture de plufieurs chevaux morveux, dans lefquels cette membrane, & particulièrement la partie qui revêt les cornets du nez, étoit enflammée, tuméfiée, ulcérée & comme chan- creufe, & les glandes fublinguales dures & engorgées; ce qu'on exprime en difant que ces chevaux font glandés, quoique les poumons & les autres vifcères de ces animaux fuflent fains : il fit plus, pour faire voir que la morve éoit un vice pure- ment local, il entreprit de la donner à des chevaux bien fains, & il y réufhit, en leur feringuant dans les narines une liqueur corrofive, qui püt enflammer la membrane pituitaire ; les chevaux devinrent morveux & glandés, foit des deux côtés, foit d'un feul, felon que l'injection avoit été faite par les deux nafeaux ou par un feul ; il ajoûta que l'exercice de fon art lui avoit offert une très - grande quantité de circonflances dans lefquelles la morve étoit venue, à la fuite de coups portés fur le nez de l'animal. Le traitement propolé par M. de la Foffe étoit abfolument conforme à ce fyftème; il n'admettoit aucun remède interne, & portoit feulement {es vües fur le dérangement furvenu dans la membrane pituitaire, qu'il attaquoit par des injeétions vul- néraires, déterfives, en un mot appropriées à la maladie; &c même pour fe faire jour dans les occafions où il étoit nécef- faire, il n'héfitoit point à pénétrer dans les cavités ofieufes 5 de ES DES SCIENCES, 7 dont nous avons parlé, par le moyen du trépan!, à l'aide duquel il y failoit les ouvertures & contr'ouvertures néceffaires pour écoulement de l'humeur & des injections : il a fait voir même par plufieurs expériences faites en préfence des Com- miflaires de l'Académie, que ces ouvertures n'étoient ni mor- telles ni dangereufes. Il femble qu'on puifle légitimement inférer de ce que nous venons de dire, que la morve eft, comme le prétend M. la Fofle, un vice purement local. Voici cependant d'autres obférvations qui femblent la remettre dans la claffe des maladies humorales. Les fonétions que M. Malouin exerce à la Cour, l'ayant mis à portée d'examiner plufieurs chevaux des écuries du Roi, atteints de cette maladie, il entreprit de fuivre cet objet in- téreffant, & voici le réfültat de {es expériences qu'il a com- muniquées à l'Académie, Le premier pas qu'il fit dans cette recherche, fut d'em ployer l'examen anatomique; plufieurs chevaux morveux depuis plus ou moins Jong-temps furent ouverts; le cerveau, dans tous, {€ trouva fain ; mais la membrane Pituitaire étoit toûjours rouge, plus épaifle & plus lâche que dans l'état naturel, & plus ou moins garnie d’une matière femblable à celle qu'avoient jeté les chevaux : elle n'étoit pas également affetée dans tous ; dans les uns, il n’y avoit qu'une partie de cette membrane qui portât le caractère de la maladie; dans d’autres, elle étoit totalement viciée & ulcérée: le voile. du palais étoit Le plus fouvent afledté, & il paroiffoit même, dans un grand nombre, que c'étoit de cette partie que découloit principalement la morve, Dans prefque tous, les poumons étoïent malades, & plus où moins remplis de tubercules & de petits abcès remplis de la matière de la morve: fouvent le foie avoit de grandes taches blanches, fur-tout à fa partie convexe: & {ous ces taches, on trouvoit prefque toûjours des abcès fmblables à ceux du pou- mon, & remplis de la même matière: quelquefois le méfentère, les reins, le pylore & la trachée-artère éa étoient atiaqués ; mais très - rarement l'œfophage, l'eflomac, les inteftins & la rate participoient à la maladie, * Voy, Hifk 17$0,p10$;, à la Chymie mé- dicinale de M. Malouin, r. 11, Pe 169 48 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYaALe Plus la maladie étoit ancienne, plus il y avoit de ces parties attaquées : dans ceux qui n'étoient malades que depuis peu de temps, on ne trouvoit que la membrane pituitaire viciée; mais dans ceux qui l'étoient depuis long-temps, on trouvoit toûjours d'autant plus de vifcères attaqués, qu'il y avoit plus de temps que le mal avoit commencé. Muni de toutes ces connoïffances, M. Malouin engagea M. Servier, Maréchal de la petite écurie, à demander qu'il lui fut permis de traitér des chevaux attaqués de la morve, & les expériences dont nous allons donner le précis, ont été faites fous les yeux & par les ordres de M." les écuyers du Roi. Le premier füujet fur lequel elles furent tentées, étoit un cheval de felle, âgé d'environ dix ans, glandé du côté droit, ou hors le montoir, & jetant une morve très-fétide par la narine du même côté, qui étoit elle-même attaquée & chancreufe. On donna à cet animal, une fois par jour, de l'xthiops antimonial, inventé par M. Malouin *, & une fois de la per- vanche hachée & mêlée avec du fon; on le mit à l'ufage d'une eau blanche faite avec de la pâte levée; on fit trois trous de trépan pour pénétrer dans les finus, & pour injecter par ce moyen fa membrane pituitaire, d'abord avec la décoétion d'ariftoloche, enfüuite avec l'eau vulnéraire, & fur la fin du traitement avec l'efprit de vitriol; on le purgea tous les huit jours; on fit une incifion pour découvrir la glande tuméfiée, qui ne cédoit pas aux remèdes, & on y appliqua un cauftique qui la fondit; on le promena au Soleil, & on obferva de le bouchonner très-fouvent lorfqu'il étoit à l'écurie, Au bout d'environ quatre mois de ce traitement, le cheval n'avoit plus aucun figne de morve, & on cefla de lui continuer les remèdes, quoique M. Malouin fût d'avis de n'éloigner les purgatifs que peu à peu , pour mettre l'animal à couvert de toute récidive ; mais trois mois s'étant encore écoulés, & le cheval ayant été jugé très-fain, & ayant même repris de l'embonpoint, on le remit au travail, qu'il foûtint très -bien pendant trois mois, & qu'il auroit probablement foûtenu plus long-temps, fi le bien du fervice n'avoit engagé M." les Ecuyers à le faire tuer , pe] out si 1 | DR ENS, GR E. NC:E:S: 49 tuer, pour juger par l'ouverture de fon corps, de l'effet dés remèdes : on en trouva toutes les parties faines, à l'exception .de la membrane Pituitaire, du côté droit duquel le cheval avoit jeté, qui parut encore un peu enflée & imbue d’une humeur de morve ; ce qui marque que ce cheval n'étoit pas à couvert de récidive, & qu'il auroit eu réellement bein de la continuation du uaitement que M. Malouin vouloit qu'on lui fit. Le fecond cheval qui fut foûmis aux expériences, étoit âgé de douze ans; il étoit pouffif, & battoit du flanc depuis long- temps ; il étoit glandé du côté du montoir, & il jetoit par le nafeau de ce même côté une morve très-fétide, IL fut traité, comme le premier, avec læthiops antimonial & la pervanche; mais on ne lui fit aucun trou de trépan, aucune injection, ni aucune fumigation par les nafeaux : on ne fit aucune incifion fur la glande, & on n'y appliqua aucun cauftique ; on le purgea feulement d'abord de huit en huit jours, puis de quinze en quinze, & enfin on éloigna les pur- gations infenfiblement, Ce traitement a fuff, pour que le cheval ait ceffé de jeter & de battre du flanc ; la refpiration eft devenue libre, & il na plus touflé; en un mot, on la jugé guéri de la poufle & de la morve, & au bout d'environ fix mois on l'a remis à travailler avec les autres chevaux de l'atielage du Roi, dont il. fait partie, & c'eft actuellement celui de tous qui fatigue le plus, étant chargé du poflillon ; la’ feule précaution qu'on ait prife, eft de le purger de temps en temps, & M. Malouin . a obtenu qu'on la continuât, & que ce cheval ne fût jamais _réformé, pour voir ce qu'il en arrivera, Le troïfième cheval étoit mMmorveux: au dernier degré; les os même de la tête, du côté droit, étoient tuméfiés ; il étoit glandé, & jetoit de ce côté une morve très - fétide, rouffitre, & fouvent mélée de fang; la narine étoit chancreule, & pendant qu'on le traitoit de {a morve, il fut attaqué du farcin. … On fit à ce cheval trois trous de trépan, & on injeéta les finus avec une liqueur vulnéraire; on lui fit prendre de la poudre Hifl. 1761. ° G o HIisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE d'arifloloche & de la pervanche, un peu d'&thiops antimonial, & il fut purgé quelquefois. L'ufage de ces remèdes fit aflez promptement difparoître le farcin; mais la morve tint bon, & ne fe diflpa } jamais entièrement ; elle diminua cependant, & devint de bien moins mauvaife qualité : lorfque le cheval a commencé à jeter moins du côté droit, il a jeté auf du côté gauche, & a continué à jeter des deux côtés, fans jeter cependant pour cela davantage ; au contraire, la quantité étoit moindre, il a même été plufieurs jours fans jeter, & la morve, fur-tout vers la fin du traitement, étoit devenue blanche, moins épaifle, & fans mauvaife odeur; la glande du côté droit fut attaquée par un cauftique, qui en fit fortir une liqueur purulente, femblable à de l'eau de favon; les os qui étoient tuméfiés, revinrent dans leur état naturel ; feulement les purgatifs ayant été négligés pendant quelque temps, il parut au jarret gauche une enfiure qui fe diffipa par l'ufage de ces remèdes; l'animal même avoit repris de l'em- bonpoint. Malgré cela, la guérifon de la morve n'avançoit point ; le cheval étoit dans les remèdes depuis deux ans, & la dernière année n'avoit paru procurer aucun loulagement ; M. ‘les Écuyers jugèrent à propos de le faire tuer, & voici ce que M. Malouin obferva à l'ouverture de fon corps, qui fut faite en fa préfence, La tête paroifloit dans fon état naturel, excepté au côté droit, où les finus zygomatiques & lee &oient encore imbus de l'humeur de morve, & où la tubérofité même de los maxillaire en étoit pénétrée; il y avoit un refle de glande adhérent à la ganache ; le lobe droit des poumons étoit inté- rieurement rempli de tubercules & extérieurement. parfemé de taches bleuâtres; il y avoit un petit abcès à ia rate; le refte du corps étoit parfaitement fain. Ces obfervations femblent replacer la morve au rang des maladies humorales, puifqu' elles offient une gucrifon complète d’un cheval morveux, opérée par les feuls remèdes internes, & fans aucunes injeétions qui puflent attaquer le vice local, & elles s'accordent en œæ point avec les remarques qu'avoit i sd. uit ù D'ENS” Se t'E N'C'E 6: St fait M. Malouin à l'ouverture des chevaux qu’il avoit précé- demment difléqués. Malgré cet accord, le fentiment qu'il appuie a été attaqué par M: la Fofe le fils, qui dans un Mémoire qu'il préfenta à l'Académie, & qu'elle a deftiné à ètre imprimé dans le recueil des Savans étrangers, perfifte toûjours à regerder Ja morve comme un vice purement local. L'Académie, frappée de l'importance de cette matière, & perfuadée de Fütilité de ces recherches, nomma des Commiflaires, tant pour examiner Fécrit de M. la Foffe, que pour aflifter à l'ouverture qu'il fe propoloit de faire de plufieurs chevaux morveux. Dans quatre chevaux morveux qui furent ouverts, il ne s'en trouva qu'un ful, fur le foie duquel on aperçut quelques taches blanches, encore n’étoient -elles que fuperficielles ; le refte des vifcères de cet animal, ainfi que tous ceux des trois autres chevaux, étoient parfaitement fains ; on n'obfervoit de veftiges de la maladie que dans les finus maxillaires & frontaux, & aux glandes fublinguales ou de la ganache ; les poumons fur-tout parurent être abfolument dans leur état naturel. Comment concilier des faits qui paroiïffent auflt oppofés que les obfervations que nous venons de rapporter, le font à celles de M. Malouin ? Elles peuvent cependant être ramenées au même point de vüe, en diftinguant deux caufes de morve proprement dite, la première externe, qui agit immédiatement fur la membrane pituitaire, & fautre procédant d’une maladie préexiflante, qui en procurant l'écoulement d'une férofité âcre par le nez, irrite la membrane pituitaire, & y occafionne une inflammation, Les coups fur le nez, le refroïdiflement trop fubit, une matière corrofive refpirée ou injeétée, feront au nombre des premières caufes, & cette efpèce de morve doit être attaquée par les injections, les fumigations, &c. La pulmonie, la gourme maligne, la courbature, le farcin & milleautres efpèces de maladie, peuvent être regardées comme caufes de 1x feconde efpèce de morve, & il eft évident qu'on tenteroit inutilement de guérir celle-ci par des remèdes topiques, puifque la caufe fubfftant toüjours, la reproduiroit à chaque Gi $s2 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE inflant, & qu'il faut dans cette occafion détruire avant tout la maladie qui en eft Ja véritable fource : c’eft donc alors aux remèdes internes qu’il faut avoir recours, & il doit arriver fouvent que, dans ce cas, le vice local fe guérira de lui-même, lorfqu'on aura détruit la caufe qui l'entretenoit; cette caufe mème doit être affez commune, parce que la pofition du voile du palais, qui s’abaïfle beaucoup dans le cheval, oblige tout ce qui peut fortir de la trachée-artère , d’enfiler la route des na- {eaux , d'où il fuit que le moindre vice du poumon doit prefque néceflairement fe communiquer à la membrane pituitaire: les chevaux attaqués de la morve de la première efpèce, confer- veront leur force & leur embonpoint ; mais ceux qui feront affectés de la feconde, foufriront plus ou moins, & feront détériorés, à proportion de la force & de la qualité plus ou moins mauvaife de la maladie qui en eft la principale caufe. Mais ce qu'on ne doit pas perdre de vüe, c'eft que la morve de la première efpèce peut & doit aflecter les vifcères de l'animal, {1 elle dure long-temps ; on fait avec quelle facilité les vaiffeaux fanguins repompent des matières purulentes, pour les aller reporter ailleurs fur les parties où le cours du fang eft le moins vif. 11 doit donc très - fouvent arriver que la morve même de la première efpèce exige, lorfqu'elle a duré quelque temps, les mêmes remèdes que celle de la feconde, & peut-être feroit-il prudent d'adminiflrer en même temps & les topiques & les remèdes internes ; ce feroit aflurer le fuccès des uns & des autres fans aucun inconvénient. Cette efpèce de métaftale paroït même n'avoir pas été inconnue à Ariflote qui, en parlant de Fâne & décrivant une maladie de cet animal, qui reflemble beaucoup à la morve, en diftingue deux efpèces, dont une qui fe borne à la tête & qu'il ne re- garde pas comme mortelle, peut, dit-il, le devenir, fi elle gagne le poumon. Il réfulte de tout ceci que les obférvations & les expériences de M. Malouin, quoiqu'en apparence très-oppofées à celles de M." la Foffe, fe peuvent pourtant concilier avec elles, qu'elles n'ôtent point à ces derniers le mérite & l’honneur d'avoir Dies, SG NE) N° C Es 53 découvert le fiége le plus ordinaire de cette maladie ; mais {es unes & les autres laiffent encore entrevoir une longue fuite d'obfervations néceffaires pour bien difcerner les fymptomes qui en caraétérifent les efpèces, celles qui fe peuvent guérir, celles qui font incurables, & enfin les différens remèdes qu'on doit employer, & qui doivent vrai-femblablement varier autant que les maladies qui peuvent caufer ou accompagner la morve: quoi qu'il en foit, la réuflite complète füt -elle réfervée à la ‘ poftérité, on devra toüjours aux travaux dont nous ver de rendre compte, d'avoir mis les Phyficiens & ceu: s'occupent de la Médecine Vétérinaire, à portée de combattre avec fuccès une maladie qu'on avoit toûjours jugé incurable, & qu'il feroit cependant fi intéreffant de pouvoir guérir, ne fût-ce que dans quelques cas particuliers. OBSERVATIONS ANATOMIQUES. I. Me 28 Juin 1758, le temps ayant été ferein à Nîmes tout le jour, le vent, qui étoit nord & aflez foible, fe rangea tout-à-coup à l'oueft vers les cinq heures; un feul éclair précéda un coup de tonnerre qui, tombant dans une aire dé- couveite, où plufieurs ouvriers travailloient, mit le feu à un gerbier ou meule de gerbes, & tua une femme: comme elle n'avoit point changé de couleur & qu'il ne paroifloit fur elle aucune marque de coup, on la crut encore en état d’être fecourue, & on appela M. Razout, Médecin de FHôtel-Dieu de Nimes, & Correfpondant de f Académie, qui ne put la voir qu'environ une heure après l'accident; elle n'étoit nul- lement noircie, & avoit conférvé toute fà couleur naturelle ; les lèvres feulement étoient un peu livides, & on obférvoit à la nuque du col, que les cheveux étoient brülés dans l'efpace de deux travers de doigt, & que la pzau y étoit un peu ridée, Elle étoit effectivement debout & la tête courbée lorfqu'elle fut frappée: M. Razout lui fit, à tout hafard , ouvrir la veine; G ij s4 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYyae - de fang jaillit à un demi-pied, mais ce ne fut que pour bien peu de temps, car il n’en vint qu'environ une once ou le quart d'une palette; ce qui eft cependant à remarquer : car proba- blement elle avoit été tuée fur le champ, & par conféquent une heure avant la faignée ; l'endroit où étoit placée la brûlure, & la violence ordinaire des coups de tonnerre ne permettent guère d'en douter. ji Le même M. Razout a envoyé à M. Bourdelin l’obferva- Mfuivante, dont l'importance à engagé l'Académie à la publier dans le plus grand détail. Me *** igée de vingt-deux ans, ne jouifloit pas depuis quelque temps d’une fanté parfaite, elle maigriffoit tous les jours; elle fouffroit de temps en temps des douleurs vagues aux articulations, il lui furvenoit des lafitudes fpontanées , elle étoit fujette à des fluxions aux dents & au vifage, à des ca- tarres, &c. Au mois de Mai1758, elle fut attaquée d'une toux continuelle, jointe à un mal de gorge violent & à une fièvre aigue qui redoubloit tous les foirs. Cet état alarmoit , avec raifon: cependant cet orage, qui m’étoit que le prélude des maux auxquels elle alloit être expofée, céda au traitement méthodique & au lait de chèvre que prefcrivit M. Razout; la malade fe remit aflez bien, & aux lafitudes douloureufes près, qui fe firent fentir de temps en temps, elle jouit, au moins en apparence , d’une aflez bonne fanté jufqu'au printemps de l'année fuivante 1750, que le mal fe déclara dans toute fa force, & que M. Razout fut appelé pour la fecourir: voici l'état dans lequel il la trouva. Elle avoit un chancre fcorbutique des plus malins à la lèvre fupérieure; il en occupoit le deflous & le dehors; les bords en étoient blancs, calleux & même carcinomateux ; la fanie ou liqueur ichoreufe qui en couloit, étoit très-fétide, & la lèvre avoit plus d’un pouce d'épaifieur : un fecond chancre occupoit la lèvre inférieure; il étoit de la même nature que le premier, mais moins confidérable: les gencives étoient molafles, pâles, quelque peu livides & faignantes; trois dents DIE S SAUCE NICE 5 s'étoient détachées prefque d’elles-mêmes de leurs alvéoles ; il y avoit plufieurs ulcères dans la bouche & au gofier ; l'habitude du corps étoit parfemée de taches violettes, rouges & brunes; la malade avoit une petite fièvre qui redoubloit tous les foirs, & le redoublement étoit marqué par un frifon affez fort. Tel étoit l’état de la malade lorfque M. Razout fut appelé; bien-tôt des douleurs violentes fe firent fentir, comme elle le difoit elle-même, dans l1 moëlle des os, & parvinrent au point de la rendre entièrement perdufe; il parut des exoflofes à la crête du tibia & à la partie moyenne de favant-bras de l'un & de l'autre côté; elles égalèrent en grofleur une demi-coque de noix, & la partie où elles fe montrèrent, devint d’une fenfibilité fans égale, quoiqu'elle ne parût pas avoir changé de couleur; le fang étoit totalement infecté, du moins il parut tel dans deux faignées que M. Razout fit faire par complaifance pour la malade, qui croyoit en recevoir du foulagement ; on ne voyoit dans la paleue qu'une pellicule épaifle de quelques lignes & d'un violet très-foncé, nageant dans une férofité claire & ténue. Les remèdes les plus efficaces en pareil cas, furent employés par M. Razout; firops acidules, minoratifs, efprit de cochlearia, petit-lait altéré avec le creflon, tout fut mis en ufage ; on effaya même les fritions mercurielles, qui ne firent qu'augmentér le mal; on attaqua les exoflofes avec les linimens, les baumes & mème la pommade mercuridle: on panfoit les chancres avec des digeftifs animés, le bafilicum imprégné de diverfes teintures fortes, & le baume verd; on détruifoit les chairs baveufes avec le précipité, & on fe fervoit pour les gencives & pour les ulcères de la bouche, du collyre de Lanfranc : malgré tous ces remèdes, fi naturellement indiqués, Je mal augmentoit toûjours, & la malade en étoit venue au point de n'avoir de repos ni jour ni nuit, fans que le frop de pavot & les autres narcotiques qu'on fui donnoit, pufient lui en procurer. L'état dans lequel elle étoit alors, paroïfloit {e dernier période de fa maladie: en effét, on ne pouvoit guère en imaginer une plus trifle ni plus defefpérée, Ce fat dans ces 56 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoÿaALE circonflances que M. de Sauvages, qui fe trouva alors à Nimes, confeilla à M. Razout d'employer la fimple décoction du /o/anunt fcandens où dulcamara, qui lui avoit été indiquée par M. Linnæus, comme un fpécifique contre ces fortes de maladies fcorbutiques. M. Razout eut beaucoup de peine à y faire confentir les parens de la Demoiïfelle malade, parce qu'on leur avoit infinué que cette plante étoit un violent poifon: cependant il vint à bout de les déterminer, & on commença à en faire ufage le 9 Juillet, d'abord à très-petite dofe, & enfuite en augmentant peu a peus. + Les premiers effais n'en furent pas heureux ; les douleurs dans les extrémités devinrent exceffives & infupportables; if s'y joignit des élancemens fi vifs dans la tête, que la malade difoit qu'il lui fembloit qu'on lui arrachät les yeux. En effet, ces élancemens augmentèrent pendant les quinze premiers jours, à un tel point que fes yeux fe troublèrent, devinrent vitrés, c'eft-à-dire demi-opaques & bleuâtres, & qu'elle perdit abfo- lument la vûe. M. Razout ne fe découragea point par ce mau- vais fuccès, il fit continuer le remède avec plus de foin, & ïl eut enfin la fatisfaétion de voir, dès les premiers jours d’Aoùût, une diminution bien marquée des fymptomes de la maladie ; les douleurs diminuèrent, les chancres donnèrent une bonne fuppuration, les véficatoires coulfèrent abondamment ; les élance- mens de tête furent moins vifs & moins fréquens, les yeux reprirent leur couleur naturelle & leurs fonctions, les ulcères fe cicatrisèrent, les taches difparurent, auffi-bien que la fièvre, leflomac fe rétablitf & la malade revint peu à peu aux ali- mens folides que depuis long -temps elle n'avoit pà foûtenir ; Vufige du folanum continué jufqu'à la fin de Septembre, fit infenfiblement difparoître les exoflofes, les douleurs s'éva- nouirent, le fommeil naturel revint, les chancres & les ulcères fe guérirent totalement, les gencives reprirent leur fermeté & leur couleur vermeille; enfin la malade pañla d’un état prefque defefpéré à une entière guérifon, fans autre remède que le folanum dulcamara, fi ce n'eft que, lorfqu'elle en cefla l'ufage, M. Razout y fubftitua le lait d'ânefle pendant quelque temps ; ce DEP ENS SET EN CE 4 57 & ce qui eft digne de remarque, c'eft qu’il n'eft furvenu aucu: inconvénient pendant l'ufage de ce remède ; il n'a produit m vertige ténébreux, ni ardeur de gofier, ni aucun autre ficheux fymptome ; il n'a produit aucunes évacuations, ni par les felles, ni par les urines, ni par les fueurs; un jour feulement la dofe du remède ayant été mal-à-propos augmentée, la ma- lade refléntit une ardeur dans l'eflomac, qui fut fuivie de naufées & de vomiflemens ; mais on en fut quitte pour ceffer lufage du remède pendant vingt-quatre heures, & tous les accidens cefsèrent. Le remède paroït donc agir, pour ainfi dire, par extinétion; il va chercher dans la mafle du fang le virus fcorbutique , uil combat & qu'il détruit: il y a même lieu de croire que c'eft fans retour; car M. Razout, qui a exprès attendu deux années avant que de communiquer cette obfervation à l’Aca- démie, n'a obfervé dans la malade aucune marque de récidive; elle jouit d'une parfaite fanté ; elle a eu depuis une fièvre continue fimple, qui a cédé aux remèdes ordinaires, & dont la convalefcence n'a été ni longue ni laborieufe; ce qui n’auroit certainement pas été, sil y avoit eu la plus petite quantité de virus fcorbutique dans ie fang. On peut donc regarder cette plante comme un remède très- efficace dans le traitement de cette maladie, bien plus com- mune qu'on ne penfe. Voici la manière de lemployer. La plante eft le Jolanum fcandens où dulcamara *, vulgaire- ment connu fous le nom de vigne de Judée ; elle eft très- * 7, C Bauk Pin p 167. Inf, R, herbs commune & très-facile à élever. On prend, en commençant, # Towrefor, un demi-gros de la tige récente ou fraiche de cette plante, on en Ôte les feuilles, les fleurs & les fruits, on la coupe par petits morceaux, & on la fait bouillir dans feize onces d’eau de fontaine jufqu’à la diminution de moitié ; on coule cette décoction, on la mêle avec partie égale de lait de vache bien écrêmé, & on en fait boire au malade un verré de quatre heures en quatre heures; on augmente peu à peu la dofe de la plante jufqu'à deux gros, du moins M. Razout na-t-ïl s été plus avant, & il n'y a pas lieu de préfumer qu'aucun Hiff. 1761. : P: 149 8 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE malade fe puifle trouver dans un état plus déplorable que la Demoifelle qui a fait le fujet de cette obfervation, & püt exiger une plus forte dofe ; elle pourroit même, comme nous l'avons vû, être fujette à des inconvéniens, & c'eft à la prudence du Médecin à en régler la quantité. ALT On croit communément que les mulets ne font point fujets, comme les chevaux, à la maladie qu'on nomme worve : voici cependant une obfervation qui prouve le contraire. M. Collet, gendre de M. la Fofle, Maréchal des écuries du Roiï, a fait voir à l’Académie la cloifon du nez d'un mulet qui avoit été attaqué de cette maladie; il y avoit du eôté du montoir quatre grands ulcères qui pénétroient la membrane pituitaire juiqu'au cartilage exclufivement. Cette obfervation jufqu'à préfent unique dans le inulet, fait une époque dans la Médecine vétérinaire. I.ME Le 28 Novembre 1761, une femme de Ciudadella, ancienne capitale de l'ifle de Minorque, accoucha après neuf mois de grofieffe & fans aucun accident extraordinaire, d'un enfant monflrueux, qui ne vécut que trois heures ; c'étoit un véritable cyclope, tel que les Poëtes les ont dépeints; il avoit environ feize pouces de long ; la tête étoit fort groffe, & le vifage large & très-aplati en devant ; au milieu de la partie in- férieure du front, à la hauteur où font ordinairement placés les deux yeux, il y en avoit un feul aflez grand & ouvert, autour duquel on obfervoit trois efpèces d’incifions irrégulières ;. au deflus de cet œil, à la diflance d'environ deux à trois doigts, il fortoit du haut du front une éminence pendante en forme de corne, mais molafle, & fous laquelle on trouva un fecond œil, infiniment plus petit que le premier; il ne paroifloit dans ce fingulier vifage aucun veftige de nez, fi ce n'eft qu'on crut en trouver louverture fous la lèvre fupérieure ; la tête étoit garnie de beaucoup de longs cheveux, & les épaules, le ventre & les cuifles remplies de poil. M. Mezeray, Cor- refpondant de l'Académie, auquel elle doit la defcription de ce monflre, auroit bien voulu avoir pour le conferver dans À : DES SCIENCES. 59 Fefprit-de-vin, ou tout au moins pour le difféquer ; mais jamais il ne put y faire confentir les parens, quelque chofe qu'il leur offrit : tout ce qu’ils voulurent bien lui permettre, ce fut d'ouvrir en leur préfence léminence charnue qui étoit au haut du front, & fous laquelle fe trouva le petit œil dont nous avons parlé. Il eft à préfumer qu'un examen plus détaillé auroit pü pré- {enter quelque fmgularité intéreflante ; ce n'eft pas la première fois que des préjugés de cette efpèce ont retardé les progrès de Anatomie. V. ; I eft né à Bernon en Champagne, en Septembre 1756, üne fille qui apporta en naïflant toutes les marques extérieures de puberté; âgée feulement de quatre mois elle a commencé à être réglée, & l'avoit toûjours été, lorfque le 30 Novembre 1760, M. Baillot, Chirurgien demeurant à Lignères, près Tonnerre, en envoya lobfervation à M. Morand, qui l'a communiquée à l'Académie. Cette fille eft incommodée la veille de fes règles, qui durent ordinairement trois jours ; mais dès qu'elles paroiflent, elle reprend fon état naturel ; elle jouit d’ailleurs d’une bonne fanté. Il y a peu d'exemples d’une puberté auffi précoce, \ V LE L'Académie a fait part au Public, dans le volume de 17 5 6*, d'une obfervation fingulière, qui lui avoit été communiquée par M. Lardillon fon Correfpondant. I! y étoit queftion d’une jeune fille de Pomard, à demi-lieue de Beaune, qui avoit paflé près de quatre années fans prendre d'autre nourriture que de l’eau & fans pouvoir {e {ervir de fes jambes, le tout accompagné d’accidens très-extraordinaires & très -ficheux, & qui cepen- dant avoit été guérie, fuivant le pronoftic de M. Lardillon, dès qu'elle s'étoit trouvée affujétie aux évacuations de fon fexe. Ce fait fi intéreffant a été fuivi par M. Lardillon, depuis l'été de 1755, où fmifloit la relation qu'il en avoit envoyée, juf- qu'en 1759; & voici le réfultat de fes obfervations. La fanté de Chriftine Michelot ( c'eft le nom de cette fille) seft affez bien foûtenue depuis 175 5, qu'elle commença à H ïi * Vo. Hifl, 175649 6o HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE être réglée, jufqu'en 1759 ; elle mangeoït aflez bien, mais ne marchoit fans béquilles que rarement, & dans des inter- valles aflez courts. Au commencement du printemps elle ref- fentit dans les jambes des douleurs fi vives & fi continues, que fes parens, effrayés, crurent devoir implorer pour elle la miféricorde divine, & la menèrent en pélerinage à Notre- Dame-de-l'Etang, où elle avoit déjà été au commencement de fa maladie, Elle y trouva en effet du fecours, mais d’une façon diffé- rente de celle qu'ils avoient imaginée. La première fois, a violence de la foif qu'elle fouffrit en revenant , lui fit faire des efforts qui lui délièrent la langue; celle-ci, les fecoufles qu'elle reçut pendant une route de dix lieues, qu'elle fit en charrette, les efforts qu’elle fit pour monter, en fe traïnant fur fes genoux , jufqu'à la chapelle, fituée fur une montagne haute & roide, pour en defcendre de la même manière, & enfuite pour fe relever; l'action même de l'imagination violemment échauffée, furent probablement les caufes phyfiques defquelles Dieu voulut fe fervir pour lui accorder le foulagement qu’elle demandoit. Elle revint en effet très-foulagée, & en état non feulement de fe foûtenir, mais encore de fuivre les vendanges avec autant d'exactitude que fes compagnes. | M. Lardillon, qui la vüe au commencement du mois de Novembre 1759, la trouva marchant d'un pas ferme & aifé; & lui vit niême monter un efcalier fort long & très-roide, il lui fit faire la révérence, & trouva qu'elle plioit les genoux avec beaucoup de fouplefle; mais le père & la mère lui avouèrent que, für-tout depuis l'approche de l'hiver, ils s'apercevoient que la fanté de leur fille étoit chancelante, & que fa guérifon n'étoit pas aufi parfaite qu'ils l'avoient cru d'abord, fur quoi M. Lar- dillon les exhorta à conduire leur fille à Beaune, pour con- fulter avec M.° Ganiare & Patin, Médecins de cette ville, fur ce qu'il y avoit à faire pour rendre cette guérifon complète. Elle fit le voyage à pied, & marcha plus d’une heure dans la ville avant que d'arriver dans la mailon où M. Lardillon &, ces deux Meffieurs l'attendoient ; auffi elle étoit très - laffe DES “SCQME' NC E:5 61 &. fort eflouflée: fes jxmbes & fes pieds parurent être dans un état naturel : mais cependant un peu d'enflure qu'on y remarqua au deflus de la cheville, donna lieu à des queftions: il parut par es réponfes que fes règles n'étoient pastelles qu’elles devoient être, ni pour la quantité ni pour la qualité, & qu'elle rejetoit tous les alimens qu'elle prenoit, excepté le pain & l'eau. II fut aifé d'en conclurre qu'elle avoit encore dans l'eftomac & dans les premières voies, des levains qu'il falloit évacuer, pour éviter les mauvais effets qu'ils auroient pû produire pendant l'hiver; dans cette vûe, M. Lardillon & fes collègues lui pro- posèrent de venir à Fhôpital de Beaune, où ils pourroient lui adminiftrer les fecours nécefaires, & elle le promit. Elle n'y vint cependant pas, elle ne fit aucun remède, & guérit malgré cela fi parfaitement, qu'au mois de Décembre 1761, elle jouifloit d’une fanté parfaite, qui fe foûtenoit depuis plus de deux années; elle marchoit avec la plus grande facilité, tra- vailloit affidument de fon métier de Couturière, & avoit pris le plus brillant embonpoint ; en un mot, M. Lardillon la regarde comme guérie, & il y a toute apparence qu'elle fera deformais affez heureufe pour ne plus occuper de place, du moins à ce titre, dans l'Hifloire de f Académie, De Li AD Yo Gr # AA PTS, Le AD 7°] DECO MEET) La +a ' Ù d se ee s 62 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE OOOODOOOOOOOOOOOOOOOOMOMONEMNC CH XaMELE, OBSERVATIONS CHYMIQUES. I. O" a déjà trouvé le moyen de faire prendre à l'efprit-de- vin le mieux rectifié, une forme folide par l'addition de différentes matières. M. Hellot a communiqué à lAca- démie une nouvelle manière de produire le même effet, que le hafard lui a offerte, Il avoit fait du beurre d’antimoine avec deux parties de fublimé corrofif & une partie d'antimoine pur ; il avoit réduit ce beurre d'antimoïne en deliquium , par l'humidité de l'atmofphère; fur fept gros & demi de ce æh- quium il a verfé huit onces d'efprit-de-vin; au bout de trois heures le mélange s’eft trouvé congelé & prefque folide dans le vaiffeau; mais fi on lexpofe à la plus foible chaleur, la congélation {e diflout de nouveau; & par une longue digeftion dans ce vaiffeau, exactement fermé par un vaifleau de rencontre, la liqueur prend une belle couleur de diflolution d'or. IL Les Anglois emploient depuis long - temps fur le cuivre jaune & fur l'argent, un vernis qui donne à ces métaux une couleur d'or peu différente de la dorure en or moulu. La compofition de ce vernis fut communiquée en 1720 à M. Hellot par M. Scarlet, & en 1738 à feu M. du Fay par M. Graham. M. Hellot en a fait part cette année à l'Aca- démie, qui a cru la devoir donner au Public. Prenez deux onces de gomme lacque, deux onces de kKarabé, fuccin ou ambre jaune, quarante grains de fang de dragon en larmes, demi-gros de fafran, & quarante onces de bon efprit- de - vin; faites infufer & digérer le tout à la manière ordinaire, puis le paflez par un linge, LES SI SON INET Nic Er Saps à 63 Lorfqu'on veut employer ce vernis, il faut faire chauffer la - pièce d'argent ou de léton, avant que de l'appliquer defus ; elle prend par ce moyen une couleur d'or qu'on nétoie, quand : elle eft fale, avec un peu d’eau tiède. LT TE Les éruptions du Véfuve n'ont que trop multiplié cette matière fondue qui en fort toute enflammée, & à laquelle on donne le nom de lave. M. Cadet, ancien Apoticaire-major des Invalides, Apoticaire - major & Infpeéteur de Pharmacie des hôpitaux des armées du Roi, a communiqué à l Académie l'analyfe qu'il avoit faite de cette matière. La lave refroidie forme une pierre très-dure & qui reflemble beaucoup à cette écume mêlée de métal & de matières vitri- fiées, qui fort du fourneau d’une forge à fer, & qu'on nomme laïier ; elle a fouflert dans un creufet un feu affez vif, fans fe décompofer. M. Cadet a eu toute la peine poffible à La pul- vériler; elle mord fur les pilons les plus durs & les mieux tempés ; la pierre d’aimant, promenée dans cette poudre, en a ramaffé de petits grouppes parfaitement aiguillés ; mais comme il pouvoit fe faire que la matière de ces grouppes eût été fournie par le pilon, M. Cadet en a broyé avec un pilon de bronze, & la pierre d'aimant a tiré de cette nouvelle poudre une quantité de fer égale à celle qu'elle avoit tirée de la première; preuve évidente que ce fer venoit effentiellement de la fave, & non du pilon. L'acide nitreux & l'acide marin m'agiflent fur cette poudre qu'à la faveur d’une forte digeftion ; mais l'acide vitriolique la diflout à froid, pourvü cependant qu'il ne foit pas trop con- centré; mais en prenant la précaution de l'afoiblir avec un peu d'eau, il diffout la poudre avec une vive effervefcence, accom- pagnée d'une grande chaleur, & il s'élève en même temps de - c mélange, des vapeurs qui ont une odeur d'ail fmblable à celle qu'on femble reconnoïtre dans l'opération du vitriol de Mars : ces vapeurs s’enflamment, fi on leur préfente une bougie ailu- mée, mais elles ne produifent d'autre bruit qu'un léser fiflement , 64 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE & l'on peut préfumer que fi la quantité de/fer contenue dans la lave étoit plus confidérable, le bruit feroit auffi plus grand. Si l'on méle cette diflolution avec de Fefprit-de-vin, & qu'on y mette le feu, la flamme prend une belle couleur verte. Cette même difflolution filtrée & évaporée à un certain point, a donné des cryflaux de vitriol de Mars très-réguliers, des cryflaux d’alun, & un fel en petites aiguilles foyeufes. Le vitriol dont nous venons de parler étant diflous, fi on jette dans la diffolution quelques gouttes de celle d'alkali volatil, elle prend fur le champ une légère couleur bleue, & il fe fait enfuite un précipité verd ; & fi on trempe une lame de fer polie dans cette diflolution, la fuperficie de cette lame devient cuivreufe. Les cryflaux d'alun, mis fur le feu, s'y font bourfouflés comme lalun ordinaire, & y ont laiflé une terre blanche, poreufe & parfaitement femblable à ce qu'on nomme au calciné. Les cryflaux en aiguilles foyeufes n’ont pü fe difloudre dans l'eau froide; ce qui donne lieu de croire qu’ils ne doivent leur formation qu'à faction de lacide vitriolique fur une terre vitrifiable contenue dans la lave. De toute cette analyfe, il réfulte que la lave du Véfuve, que M, Cadet a examinée, contient du fer, puifqu'une partie de la poudre a été attirée par laimant, & qu'avec l'acide vitrio- lique elle forme un vitriol martial qui, comme on fait, eft un {ei métallique auquel le fer fert de baie, On ne peut pas plus douter qu'elle ne contienne du cuivre, quoiqu'en affez petite quantité; la couleur verte que la diflo- lution a donnée à la flamme de l'efprit-de-vin, & la couleur bleue que cette même diflolution a prife par le mélange du fel alkali volatil, en font des preuves fans replique. L'alun qu'elle a donné par fon mélange avec l'acide vitrio- lique, y démontre de même une terre alumineufe. Enfin les petits cryflaux foyeux prouvent que cette matière contient une terre vitrifiable, puifque ce n'eft que par fon union avec une pareille terre que F'acide vitriolique forme des cryflaux de cette elpèce, n DES SCIENCES. 65 On peut donc légitimement conjeéturer, avec M. Cadet, que les laves du mont Véfuve font formées de pyrites vitrio- liques & alumineufes, chargées de beaucoup de foufre; que la violence du feu en ayant enlevé le foufre, c’eft-à-dire le phlogiftique & l'acide vitriolique, le fer, le cuivre, la terre alumineufe & la terre vitrifable fe font fondues, & ont formé une efpèce de verre opaque, à Faide du quartz qui y étoit contenu, & dont on rencontre encore quelques veftiges dans la lave, On pourroit encore tirer de cette formation de a lave une caufe affez vrai-femblable de l'inflammation de ces matières : Vexpérience de M. Homberg, rapportée dans les Mémoires de 1700 *, a fait voir que le foufre & le fer mélés enfemble, & légèrement humectés, pouvoient s’enflammer d'eux-mêmes, quoique mis fous terre à une certaine profondeur : le fer ni le foufre n'ont pas dû manquer, comme on vient de le voir, dans les cavités d'où eft fortie la lave; il ne faut donc plus qu'une quantité d'eau fufhfante pour mettre ces matières en feu, fi elles fe font trouvées, comme il eft très-poffible, dans Ja proportion convenable, & il eft aifé de voir par combien de moyens très-naturels cette eau aura pà s'y introduire, ” æ, de lou NE 3 > * Page 1 0 4 V. les Mém. p.289. 66 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE RER SeSE* BOTANIQUE. Se LL EE ACTE QUI DÉVORE LES GRAINS DE L'ANGOUMOIS. pre n'ignore les ravages que font dans les pays chauds les inondations de fauterelles qui s'y répandent; les pertes qu'elles occafionnent font fi confidérables, que l'Écri- vain facré les met, en plus d’un endroit, au nombre des fléaux dont la juftice divine fe fert pour punir les crimes des hommes. Une calamité du même genre, moins effrayante en apparence, & peut-être dans le fond auffi redoutable, menace plufieurs des provinces méridionales du royaume ; une petite chenille s'introduit dans le grain, foit de bled, foit de feigle, foit d'avoine, s'y nourrit en dévorant la partie farineule, s'y transforme en cryfalide, puis en fort papillon , fans que le grain porte à l'ex- térieur prefque aucune marque du ravage qu'elle y a fait; & cet infecte s'eft malheureufement multiplié à un tel point, qu'il y a des endroits où il détruit les trois quarts au moins de la récolte. Le fort du mal s'eft d'abord fait fentir dans lAn- goumois, & les papillons ont porté de-là leur poftérité & leur ravage dans les provinces voifines qui en font aujourd'hui tfès- incommodées. Un mal fi confidérable étoit d'autant plus à craindre, qu'il peut s'étendre, non feulement par la voie des papillons, mais encore par celle du bled infecté, très-diffhcile à diftinguer du bled fain ; il a excité l'attention du Gouvernement, & M. le Contrôleur général adrefla à l’Académie, au mois de Juin 1760, des ordres du Roi, en conféquence defquels M.° du Hamel & Tillet partirent au commencement de Juillet pour aller fur le lieu même obferver les circonftances du mal, &c " Dh - "à + di D ENS |: SACITENN CEE 67 mettre l’Académie en état d'y trouver un remède, s'il étoit poffible. Un des premiers endroits où ils fe tranfportèrent, fut le canton de la Rochefoucault, & für-tout la paroïfle de Chaffe- neuil, où le mal avoit fait un très-grand progrès: ce n'étoit pas qu'on n’eût déjà fait quelques tentatives pour y rémédier ; M.” de Chaffeneuil fit part aux Académiciens de fes vües & de plufieurs expériences qu'elle avoit déjà faites, & qui leur furent utiles dans la fuite ; fi les obfervations, qui n'ont ue le feul avancement de la Phyfique pour objet, méritent 1 louanges, combien n'en méritent-elles pas plus, lorfqu'elles font diétées par le bon cœur & par l'envie de foulager les misères publiques ! Le premier pas à faire étoit de reconnoitre l'ennemi qu'on avoit à combattre, & les deux Académiciens n’eurent que trop de facilité à fe fatisfaire fur cet article; un nombre infini de grains de bled d’une pièce voifine du château de Chaffeneuil leur offit, en les difféquant, l'animal qui faifeit l’objet de leurs recherches, tantôt fous la forme de chenille & tantôt fous celle de cryfalide, & leur montra de plus le dégât que ces ani- maux y avoient fait dans toute fon étendue ; la même chofe fe trouva dans l'orge nouvellement moiflonnée. Müis sil étoit aifé de reconnoître, à laide d’une loupe, ou même à la vüe fimple, la chenille qui étoit dans ces grains, il nétoit pas aufli facile de difcerner par où & comment elle s'y étoit introduite; ces grains n'avoient à l'extérieur aucune marque qui püût les faire diftinguer d'avec les grains exempts d'accidens, & ce ne fut qu'après bien des recherches très- délicates & très-multipliées que les Académiciens crurent en- trevoir le frgne caractériftique qui diftinguoit les grains attaqués de ceux qui ne fétoient pas: les premiers offroient quelque portion de matière blanche dans le fillon qui partage le grain en deux, M.° du Hamel & Tillet imaginèrent que cette matière blanche pouvoit bien être un débris de la portion de matière farineufe que l'infeéte avoit détruite pour s'introduire dans Le grain: ils avoient raifon; mais comme ils n'avoient li * Mém, fer les Inficles, rome IT, 7:49 01 68 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYaLeE pas alors de microfcope fous la main, & qu'en pareille matière on ne doit croire que ce qu'on voit bien nettement, ils ne regardèrent cette idée que comme une conjecture, & pafsèrent à d'autres obfervations. Un de leurs premiers foins fut de fe procurer quelques-uns des papillons, tant pour mieux reconnoître l'efpèce que pour avoir des œufs fécondés, & par conféquent remarquer leur figure, l'endroit où Îe papillon les dépoloit, & la manière dont la jeune chenille s'introduifoit dans le bled. Le premier objet ne fut pas difficile à remplir; ils virent aifément à fa première infpeétion, que le papillon en queftion avoit été décrit par M. de Reaumur dans fes Mémoires fur les infeétes *, où il eft rangé, comme il le doit être, dans la feconde claffe des phalènes ou papillons de nuit: il a des ailes d’un canelle très-clair; mais ce qui le diftingue le plus des autres papillons, c'eft la figure de fa tête, à laquelle les deux barbes qui en- ferment fà trompe, forment en {e relevant, des efpèces de cornes de bélier, ou du moins quelque chofe qui en a l'apparence. Pour parvenir à remplir le fecond objet, il falloit attraper des papillons vivans, &, s'il étoit poflible, quelques-uns qui fuflent accouplés ; de deux qui furent pris en cet état, un fe fauva en les introduifant dans le gobelet de cryflal où on vouloit les enfermer ; heureufément c'étoit le mäle, & la femelle demeurée prifonnière, dépofa fur quelques grains de froment très-fain, qui avoient été enfermés avec elle, des œufs rou- geâtres, ayant fa forme d’un gland, & fi petits qu'ils ne purent être reconnus pour ce qu'ils étoient qu’à l'aide du microfcope. La fécondité de ces femelles eft extrême ; une feule peut pro- duire jufqu'à quatre-vingt-huit ou quatre-vingt-dix œufs; heu- reufement, comme nous aurons bien-tôt occafion de le dire, il s'en faut beaucoup que toute cette poftérité ne vienne à bien. On imaginera aifément que les Académiciens furent très- attentifs à fuivre le développement des jeunes chenilles; bien-tôt ils Les virent s'attacher aux grains de bled qui leur avoient été abandonnés, & travailler à fe procurer, en les entamant, la nourriture & une retraite. 4 DE EN SYEMENES Nice) 5: 69 . Mais comme ils s'étoient convaincus par leurs propres yeux que les chenilles attaquoient non feulement le bled dans les greniers, mais encore dans le champ & fur pied, il étoit im- portant de saflurer fi l'infecte n'employoit pas, pour attaquer le bled verd, d'autres moyens que ceux qu'il met en ufge pour entamer le bled fec & mur. Pour y parvenir, M.° du Hamel & Tillet enfermérent des papillons avec une touffe de bled dans un très- grand gobelet de cryflal foûtenu en l'air au moyen d'un pieu, & garni à fon orifice d’une bande de toile qu'on pouvoit froncer fur la tige du bled; ce gobelet ainfi renverfé, devenoit une prifon tranfparente, qui mettoit à découvert toutes les manœuvres des infectes, fans ôter au bled la liberté de croître: ils exami. nèrent avec grand foin tout ce qui fe pañloit, & virent que les chenilles agifloient de la même manière fur le bled fec & fur le bled verd; ils continuèrent donc leurs obfervations, & cela dans différens cantons : nous allons en préfenter ici le réfultat. De toutes les chenilles qui éclofent, il y en a heureufement beaucoup qui périffent avant que d’être parvenues à f loger dans le grain ; les unes meurent de foiblefle ou de maladie, & les autres des combats qu'elles @ livrent les unes aux autres, lorfque deux s'attachent au mé grain; ces combats finifient toûjours par la mort de la plus foible, & celle qui s'eft mile une fois en poffeffion d'un grain, ne confent jamais à le pai- tager avec une autre. La jeune chenille, qui entreprend de percer un grain de bled pour s'y loger, commence par s'établir à l'extrémité in- férieure du {ion qui partage le grain dans toute fa longueur ; l'écorce dure manque en cet endroit, & la partie farineufe n'eft prefque recouverte que d'une fimple membrane. Le petit in- feéle, pas plus gros alors qu'une très-petite épingle, & à peine long d'un quart de ligne, commence par couvrir la partie du fillon où il eft d'une petite gafe de foie qui puiffe le dérober aux yeux, lui & fon travail; il entame alors le grain, dont il mange la partie farineufe, & fe loge petit à petit dans le vuide / I ïïj 70 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'il y a formé ; il continue d'y demeurer & de s'y nourrir, jufqu'à ce qu'il fe transforme en cryflide; & le dégât qu'il y fait, eft proportionné au temps qu'il y demeure: quand la chaleur accélère cette transformation, il ne mange guère que la moitié du grain; mais quand elle fe trouve retardée, il eft quelquefois prefque tout confumé. La cryfalide refte dans le même grain jufqu'à fa métamorphofe en papillon; alors l'animal fort, non à la faveur de l'ouverture par laquelle la chenille eft entrée, mais par une autre proportionnée à fa grofleur, qu'il {e pratique dans l'écorce même du bled. Il en a coûté bien de la peine à M.° du Hamel & Tillet poûr favoir comment il fe pouvoit ménager cette fortie; le papillon & la cryfalide font abfolument dépourvüs de tout inflrument propre à entamer l'écorce du bled; auffi n'eft-ce fous l'une ni l'autre de ces deux formes que l'infecte lentame, c'eft fous celle de chenille; il fait qu'il aura befoin de cette ouverture, il fe hâte de fe la préparer avant fa première mé- tamorphofe ; & lorfqu'il eft devenu papillon, il ne lui faut que le plus petit effort pour faire partir la pièce qui bouche cette ouverture, & qui ne tient prefque plus à rien. Une chenille que ces Meffieurs furprirent dans ce travail, leur en dévoila tout le myflère, & depuis ce moment il leur fut aifé de remarquer fur les grains de bled attaqués, l'endroit que l'in- fecte avoit préparé pour fa fortie. Les papillons fortent communément en deux faifons, au printemps, dès que le bled commence à paroitre en épi, & ce font ceux qui fe font confervés dans le bled pendant l'hiver ; les autres fortént en été, aux environs de la moiflon; ceux-ci proviennent des œufs des premiers dont nous venons de parler, & donnent la naïffance aux chenilles qui doivent produire les papillons de l’année fuivante: ce n’eft pas qu'il n’en naifie pen- dant tout l'été; mais les volées, s’il m'eft permis d'employer ce terme, fuivent aflez exactemènt cette marche, qui fe trouve cependant quelquefois accélérée ou retardée par les différentes températures de Fair. Une chofe digne de remarque eft que ceux des papillons RE D SE DES) ISVCNRE IN, CES 71 qui fortent au mois de Mai des grains renfermés dans les greniers, fe hâtent de {ortir par les fenêtres, & de gagner la campagne ; au lieu que ceux qui fortent immédiatement après la moiffon, ne font aucune tentative pour s'échapper; il fmble que leur inflinct les avertifle qu'ils ne trouveroient plus alors dans la campagne de quoi pourvoir au bien-être de leur ftérité. Les chenilles en queftion s’accommodent également bien du froment, du feigle & de Favoine, & on auroit inutilement tenté, comme quelques perfonnes 'avoient propolé de faire, une efpèce de méteil d'orge & d'avoine, s'imaginant que ce dernier grain, qu'ils fuppoloient très-defagréable aux chenilles, préferveroit l'autre; elles s'accommodent même affez bien du mais, & ce grain ne leur feroit que trop favorable, parce que fa groffeur permettant à plufieurs chenilles d'habiter Le même grain fans s’incommoder, il n'y a point, pour la pof- {eflion de ce grain, de ces combats meurtriers & à outrance qu'elles fe livrent pour celle des grains de bled : leur inftinct, plus für en ce point que notre raïfon, ne leur permet la guerre que dans les cas d'une néceffité abfolue, Heureufement le mais n'eft guère expofé à leurs attaques ; les chenilles ne peuvent de percer que lorfqu'il eft dépouillé de fes enveloppes, & il s'en dépouille fi tard, du moins dans ce pays-ci, qu'il n'y a plus alors de chenilles dans les champs pour l'attaquer. Dans tous les grains, de quelque efpèce qu'ils foient, qui ont été percés par les chenilles, on ne. trouve plus de germe : c'eft là première partie qu'elles dévorent, tant parce qu'elle eft la plus tendre que parce qu'elle fe trouve très-voifine de l'endroit par où elles s’y introduifent ; ainfi tous les grains attaqués deviennent inutiles aux fémences. Le bled, même en médiocre quantité, s'échauffe confidé- rablement en tas, lorfqu’il contient des chenilles ou des cry- falides, foit que l'infecte lui communique quelque chaleur, foit que fhumidité de fa tranfpiration donne lieu à une partie de la fubftance farineufe de fermenter. M." du Hamel & Tillet ont trouvé que cette chaleur extraordinaire du grain pouvoit 7e Histoire DE L'ACADÉMIE RoYaALE aller à 32 degrés du thermomètre de M. de Reaumur ; & la preuve la plus complète que l'infeéte en eft la véritable cauf, c'elt que, toutes chofes d'ailleurs égales, cette chaleur eft prefque toûjours proportionnelle à la quantité de papillons qu'on voit fortir du tas de bled .par la fuite; ce qui pourroit fournir un moyen de reconnoitré jufqu'à quel point il eft attaqué. H eft prefque inutile d'avertir ici que le papillon de cette chenille étant phalène, c’eft-à-dire noturne, on le chercheroit inutilement pendant le jour, & que dans tel champ où à la faveur d'une lanterne on en aperçoit a nuit des milliers, on n'en trouveroit prefque aucun pendant le jour. Puifqu'on peut reconnoitre à peu près, par le degré auquel le bled s'échauffe, la quantité de grains attaqués qu'il contient, on pourroit croire qu'en femant en plus "grande quantité ce grain ainfi mêlé de grains pâtés & de grains fains, les der- niers leveroient, & que les infectes contenus dans les autres périroient, où étouffés par la terre, ou détruits par les pluies, les gelées, &c. auxquelles ils feroient expolés, & il faut avouer que cette idée étoit aflez vrai-femblable; elle n’eft pourtant pas vraie, & une expérience de M." de Chaffeneuil, répétée par M.° du Hamel & Tillet, a fait voir qu'on emploieroit inutilement ce moyen. Elle avoit placé au commencement de automne fur de la terre mife au fond de plufieurs caifies , des grains de bled qui contenoient des jeunes chenilles; ces grains avoient enfuite été recouverts dans quelques caifes d'un pouce de terre, dans d’autres de deux , & dans d'autres de trois ; ces caifles pafsèrent l'hiver expolées à toutes les injures de Fair, & cependant les papillons en fortirent au printemps, à la vérité un peu plus difficilement qu'ils 'auroient fait dans un grenier, mais fans paroître avoir fouffert beaucoup de cette rude épreuve. I peut donc très-bien fe faire qu'une partie des papillons qu'on voit au printemps dans les champs, y viennent des chenilles qu'on y a cnterrées dans le bled de femence, & ce moyen de les détruire, feroit inutilement pratiqué, Le mal que caufent ces infeétes fe peut étendre de deux manières; la première, par le commerce des grains infedés, qui DES SCIENCES qui les portent dans des provinces où ils n'exifloient pas; & la feconde, par Îes papillons qui peuvent, en volant, aller dépoler leurs œufs à une certaine diflance. Les foins du Mi- niflère public peuvent arrêter le progrès du mal caulé par le premier moyen; maïs il étoit bien important de voir jufqu'où 1& papillons portoient, en volant, cette elpèce de contagion, Les expériences ont appris que les papillons pouvoient porter afléz loin leur pernicieufe poftérité, & qu'apparemment Ja* préfence du bled, même éloigné, leur devenoit atfez fenfible pour les y attirer. M. les Académiciens firent défricher une lande fituée au milieu d’une forét très-longue, & qui avoit plus d'une ieue de large: il n'y avoit jamais eu de grains dans cet endroit, & le terrein n'y reçut d'autre préparation que les labours multipliés, ni d’autres engrais que la cendre des bruyères qu'on y avoit brülées ; le bled qui y fut femé, étoit fcrupuleufement examiné & parfaitement fain ; cependant lorfqu'il fut venu en maturité, il s'y trouva des infectes, à la vérité ils y étoient en moindre nombre; mais la diflance & l'épaiflèur de la forêt n'avoient pû empêcher les papillons d'y voler & d'y dépofer leurs œufs. La même chofe arriva encore à une autre pièce ‘de bled placée dans un endroit défert, éloigné de toute habi- tation, & défendu d’un côté par un taillis très-large & très- épais, les papillons y pénétrèrent, & le bled fe trouva infecté, Il eft donc bien prouvé que le mal peut s'étendre à une certaine diflance par le feul vol des papillons ; mais il paroït qu’il s’eft répandu princi palement par le débit du bled infecté, Tel.eft en général le précis des obfervations par lefquelles M. du Hamel & T'illet {e font äflurés de la nature & de l’éten- due du mal qu'on avoit à combattre; mais quelques recherches qu'il ait fallu faire pour le reconnoître, il eft encore peut-être bien plus difficile d'y remédier " il feroit fans doute téméiaire d'ofer promettre actuellement un remède général & efficace; en attendant, M. les Académiciens ont recueilli, avec le plus grand foin, ceux des moyens qu'on a employés pour s'oppofer au mal, & qui ont paru pouvoir être de quelque utilité: car on juge bien qu'il a fallu Les féparer de bien des pratiques ridicules Hif. 1761. : 74 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE & inutiles que l'ignorance ne manque jamais de produire en pareil cas. Mais avant que de pañler outre, il eft bon d’avertir que, dans toutes les provinces-méridionales du royaume ,;.on ne ferre jamais le bled dans la grange, on bat ou on fait fouler les gerbes par les befliaux au moment même de la moiïfion, &c le bled eft porté dans les greniers, tandis qu’on ferre la gerbée dans les endroits qui lui font deftinés : cette pratique inconnue «dans le nord du royaume auroit pû jeter quelque obfcurité fur ce que nous avons à dire, & nous avons cru devoir la rappeler au Lecteur. Revenons à notre fujet. Quelques particuliers avoient imaginé de couvrir les mon- ceaux de bled, ferrés dans les greniers, d'une couche de cendre d’une certaine épaiflèur, non pour empècher les papillons de fortir, mais pour les mettre dans limpoflbilité d'aller pondre fur le grain, des œufs qui auroient achevé de oâter celui qui étoit fain, & il n'eft pas douteux que cet expédient très-bien imaginé, ne fût propre à diminuer la quantité de ces infectes, s'il étoit généralement mis en ufage; mais il faudroit, pour qu'il pût produire cet utile effet, qu'on n'eût à craindre que ceux de ces infeétes qui fortent des greniers, & qu'il n'y en eût pas de répandus dans la campagne qui puffent réparer cette, perte & multiplier leur poftérité; ainfi ce moyen ne peut aller qu'à diminuer le mal, & non à l'anéantir. D'autres avoient imaginé d’enfermer le bled dans des ton- neaux très-exactement clos, prétendant ÿ faire périr, faute d'air, les papillons & les chenilles; mais il eft évident qu'on n'obtien- droit rien par ce moyen, les infectes peuvent vivre long-temps fans air, & à plus forte raifon dans un air très-étoufté ; les papillons ne s’en développeroiïent pas moins, & les chenilles n’attaqueroient pas moins lesgrain qu'à l'air abfolument libre. D'autres avoient penfé qu'ién répandant du fel fur les tas de bled, & les arrofant enfuite de vinaigre, on parviendroit à faire périr des infétes qui y étoient enfermés, fous quelque forme qu'ils fuflent; mais il eft très-douteux que cette efpèce de fau- mure acide puifle penétrer par la très - petite ouverture qu'a faite la chenille jufque dans la cavité qu'elle s'eft pratiquée dans D'E:S SCIENCE S. 75 le grain; fans cela, elle ne peut en aucune manière incommoder l'animal. D'autres propofoient de donner au grain un degré de chaleur trop petit pour détruire le germe, & fufhfant feulement pour faire éclorre les œufs. & de le laver enfuite à l'eau très-froide pour faire périr les jeunes chenilles avant qu'elles euflent pû fe ménager une retraite dans les grains ; mais il elt douteux que l'eau froide fit alors ce que les vents & les pluies du printemps ne peuvent faire ; il feroit bien plus fimple de laver feulement le grain fans faire éclorre les œufs, l’eau les déta- cheroit fans peine; & comme ils furnageroient, il {éroit facile de les enlever avec une écumoire: il eft vrai qu'on ne détruiroit par-là que les chenilles encore dans l'œuf, & qu'il pourroit en refter aflez des premières éclofes cantonnées dans le grain pour .en perpétuer l'efpèce. F Dans d'autres cantons on expofe le grain étendu à la chaleur du foleil, qui fur-tout dans les provinces méridionales, eft très- forte au temps de la moiffon. M.® du Hamel & Tillet ont cru remarquer en effet que ce degré de chaleur pouvoit être fatal à un grand nombre de ces infectes ; mais il feroit à craindre qu'il ne le füt pas à tous, & qu'il n'en reflät.encore que trop pour perpétuer une race que nous avons tant d'intérêt de détruire. Le feul moyen qui leur paroiffe afluré pour y parvenir, eft de pañler le grain dans le four après que le pain en eft tiré; le degré de chaleur qui y règne alors, eft com- munément de 7 $ degrés au deffus de la congélation, & nul animal, nul infecte ne le peut foûtenir fans périr; il détruira également les œufs, les chenilles, les cryfalides & les papillons. H eft vrai qu'en employant ce moyen, on fera infaillible- ment périr le gefîne du grain, & qu'il faudra fe pourvoir d'autre femence; mais quand cet inconvénient feroit inévitable, il n'y auroit pas à balancer; on pourroit fe procurer pour les femences, du bled des autres provinces dans lefquelles on ne voit point de ces infectes, & on viendroit à bout de les détruire, avec du foin & de l'attention. | On pourroit à la vérité, en confhuifant des étuves, y K ij 76 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE ménager la chaleur de manière qu'elle fit périr les infctes, fans intéreffer le germe; mais ce moyen eft difpendieux, & d’ailleurs exigeroit des attentions qu'on ne peut guère fe pro- mettre : M.° du Hamel & Tillet penfent que le plus für eft d'employer la chaleur du four & d'y expofer tout le bled qui doit être mangé, dans une efpèce de claie faite en bateau, & garnie en dedans d'une toile de crin: ce moyen leur a paru le plus propre de tous à lui faire effuyer la chaleur également, & à le préferver.des malpropretés qu'il pourroit contraéter, fi on lexpoloit immédiatement für lâtre du four. A l'égard du bled de femence, on pourroit, comme nous l'avons dit, le tirer des provinces où il n'y a point d’infectes ; mais les deux Académiciens croient poffible de rendre propre à cet ufage une partie de celui qu'on recueille dans les pro- vinces qui en font infeftées; ils ont imaginé de faire tremper ces grains dans une leffive de cendres aiguifée de chaux, & chauffée feulement jufqu'au cinquantième degré au deflus de la congélation ; ils penfent, avec beaucoup de vrai-femblance, que les infeétes ne foûtiendront ni ce degré de chaleur ni l'âcreté de cette liqueur, qui ne peut cependant endommager le germe. Il eft vrai que l'expérience n'a pas entièrementréuffr; on a encore trouvé des infectes vivans dans du bled qui avoit fubi cette préparation ; mais il y a apparence que cela ne venoit que de ce que, pour rendre la liqueur plus active, on avoit brouillé dedans, le marc de chaux qu'elle avoit dépofé; ce qui l'avoit épaifhie & rendue incapable de pénétrer dans la retraite des chenilles par la très-petite ouverture qui leur fert à s’in- troduire dans le grain; malgré ce mauvais fuccès, M.° du Hamel & Tillet perfiftent encore dans leur idée, qu'ils ne donnent cependant que comme une conjeéture qui pourra peut-être mener encore à quelque chofe de plus utile & qu mérite de nouvelles expériences. On voit par tout ce que nous venons de dire que, malgré les peines que # font données les deux Académiciens, cette matière n'elt pas encore épuifée, & qu'elle donntra probable- ment lieu à bien d’autres recherches. x DES SCIENCES. 77 C'eft cependant beaucoup que de s'être mis fur la voie, & de voir nettement le point de vüe qu'on peut fe propoler ; mais quels que foient les moyens qu'on emploie, il faudra toûjours un concert prefqu'unanime pour y réuffir : en vain détruiroit-on les infeétes d’un canton, s'il.s'en trouvoit dans le. voifmage qui puflent les remplacer. Il faudra peut-être même rechercher, fi dans les plantes qui viennent d’elles-mêmes si n'y en a point dont les graines puffent leur fervir de retraite, afin de les faire détruire. On fent bien qu'un concert auf unanime doit être l'ouvrage desla prudence & de l'attention du Minifière public ; jamais objetiplus intéreffant ne pourra exciter fon zèle. SUR UN ARBRE D'UN NOUVEAU GENRE, Qui croit au Sénégal, N dit communément que la Nature a des bornes & des limites, defquelles elle ne s'écarte pas dans fes produc- tions; mais ne fe prefle-t-on pas trop quelquefois de pofér ces bornes & d’affigner ces limites: on regarderoit, par exemple, comme une HE dénuée de vrai - femblance, la defcription d’un arbre qui forme feul un bois confidérable, dont le tronc a communément deux fois autant de diamètre qu'il a de hauteur, & qui met peut-être un grand nombre de fiècles à parvenir à cette énorme groffeur. À V.les Mém, p.218. Cependant cette defcription, f. éloignée de tout ce que : nous connoiflons, n’eft que la peinture fidèle d'un arbre que M. Adanfon a obfervé au Sénégal, & duquel il avoit com- muniqué à l'Académie la defcription dont nous avons à rendre compte dès fannée 1756, près de trois ans avant qu'il y füt admis. 5 Le véritable nom descet arbre eft 2aobab; les Oualofs, natu- rels du pays, le nomment goui, & {on fruit bou ; les François le connoifiént fous Is nom de Calebaffier, & appelient fon fruit pain-de-finge. K ii 8 HisToirRe DE L'ACADÉMIE ROYALE Le baobab ne peut croître que dans les pays très-chauds; il fe plait dans un terrein fablonneux & humide, fur-tout fi ce terrein eft exempt de pierres qui puiffent bleffér fes racines; car la moindre écorchure qu'elles reçoivent, eft bien-tôt fuivie d’une carie qui fe communique au tronc de arbre, & le fait infailliblement périr. "Le tronc de ce fingulier arbre n’eft pas fort haut: M. Adanfon n'en a guère vü qui excédafient 12 à ‘15 pieds depuis les racines Jufqu’aux branches; mais il en a vû plufieurs qui avoient 75 ou 78 pieds de tour, éeft-à-dire 2$ à 27 pieds de diamètre. Les premières Bfanches s'étendent prefque horizon- talement ; & comme elles font très-grofles & qu'elles ont en- viron Go pieds de longueur, leur propre poids en fait plier l'extrémité jufqu’à terre, en forte que la tête de l'arbre, d'ail- Jeurs affez régulièrement arrondie, cache abfolument fon tronc, & paroît une mafle hémifphérique de verdure d'environ 1 20 ou 130 pieds de diamètre. L'écorce du tronc eft grifätre, liffe, & comme onétueufe au toucher; fi on Fenlève, le dedans eft d’un verd picoté de rouge ; elle peut avoir 8 à 9 lignes d’épaifieur; celle des jeunes branches de l'année eft verte & parfemée de poils fort rares : le bois de l'arbre eft très-tendre & affez blinc. Les feuilles font longues d'environ $ pouces fur 2 pouces de large, & pointues aux deux extrémités,” médiocrement épaifles , d’un verd gai en deflus & päle en deflous, & attachées trois, cinq ou fept, mais plus communément fept, en manière d’éventail, fur un pédicule commun, à peu près comme celles du marronier; elles ne naiffent que fur les jeunes branches fur lefquelles les pédicules de ces feuilles font alternativement placés. Les racines du 4aobab répondent à fa grofleur & à celles de fes branches; celle du milieu forme un pivot qui s'enfonce bien avant en terre; mais les autres rampent près de la fuper- ficie du terrein. M. Adanfon en a vû une qu'un courant d'eau avoit découverte dans l'efpace de plus de 1 ro pieds, & il étoit aifé de juger par la groffèur qu'elle avoit, que ce qui reftoit caché fous terre, avoit encore au moins 40 ou $ o pieds de long, PRET TN 1 te LU S DES: SIGNE NICE S 79 & cependant l'arbre qui fit le fujet de cette obfervation, n'étoit relativement aux autres que de médiocre groffeur. Les fleurs font proportionnées à la groffeur de l'arbre; elles ne le cèdent point en grandeur’ aux plus grandes que nous connoiffionsgelles forment, lorfqu’elles font encore en bouton, un globe d'environ 3 pouces de diamètre; & lorfqu'elles font épanouies, elles ont 4 pouces de longueur fur 6 de largeur ; 4 il en fort ordinairement trois de chaque branche, à laquelle elles font attachées par un pédicule long d'un pied, & épais de 5 lignes; le calice eft d'une feule pièce, & entièrement couvert de poils blancheâtres & luifans en dedans, & de poils verds en dehors; ce calice tombe dès que le fruit eft noué. Les pétales ou feuilles de la fleur font au nombre de cinq; ils font égaux entreux & à la longueur du calice, ronds, re- courbés en dehors en demi-cercle, blancs, épais, parfemés de quelques poils, relevés par environ vingt-cinq nervures paral- lèles à leur longueur, & terminés en bas par un onglet qui les attache autour du centre du calice, Du milieu du calice part le piftile, dont la longueur excède un‘peu celle des pétales; l'ovaire en forme la partie la plus bafe ; il eft de la figure d'un œuf qui n'auroit que quelques lignes de diamètre, & des poils épais, couchés de bas en haut, le revêtiflent entièrement : c'eft cet ovaire qui doit devenir par - la fuite le fruit de l'arbre; la partie fupérieure eft farmontée d’un ftile aflez long, qui porte à fon extrémité plufieurs fligmates. Tout-ce piftile efl renfermé, jufqu'à quelques lignes de fon extrémité fupérieure, dans une efpèce de cone tronqué, creux , charnu , blancheätre & très-épais, attaché en partie aux pétales & en pariie au calice par fon extrémité inférieure. La fupé- rieure eft ouverte & donne pañlage à l'extrémité du flile qui porte les fligmates; ce cone eft couronné d’environ fept cents étamines qui fe rabattent fur lui comme une houpe, & chacun de ces filets porte à fon extréinité un fommet en forme de rein, qui en s'ouvrant laifle échapper la pouffière fécondante qu'il contenoit, & qui eft reçüe par les ftigmates du piftile. Après la chüûte des pétales & des étamines, l'ovaire en 8o HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE müriflant devient un fruit oblong, pointu dans fes deux extré- mités,ayant 1 5 à 1 8 pouces de long fur 5 à 6 de large, recouvert d’une efpèce de duvet verditre, fous lequel on trouve une écorce ligneufe, dure, prefque noire, & marquée de douze ou quatorze fillons qui la partagent comme en côtes faivant fagongueur ; ce fruit tient à l'arbre par un pédicule d'environ deux pieds de long, « Ce fruit renferme une efpèce de pulpe ou fubflance blan- cheätre, fpongieufe & remplie d’une eau aigrelerte ; cette pulpe ne paroit faire qu'une feule mate, quand le fruit eft frais; mais en fe defféchant elle fe retire & fe partage d'elle-même emun grand nombre de polièdres ou corps à plufieurs facettes qui renferment chacun une femence brune, luifante, de la figure à peu près d’une fève de haricot, de $ lignes de longueur & de 3 de largeur, & la pulpe qui les enveloppe, fe réduit facilement en une poudre qu'on apporte ici du Levant, & que l'on connoît depuis long- temps fous le nom très-impropre de terre figillée de Lemmos, parce . qu'effectivement les Mandingues la portent aux Arabes, qui la diftribuent enfuite en Égypte & dans toute la partie orientale de la Méditerranée: Profper Alpin favoit que cette poudre étoit vé- gétale; mais on ne fe feroit certainement pas avifé de cherche au Sénégal Lorigine d’une drogue que l'en tiroit de F’ Archipel. À la defcription que nous venons de faire des fleurs du Baobab , il net pas difhcile de reconnoître qu'il appartient à la famille des malracees, c'eft-à-dire de ces plantes qui ont un rapport très-prochain avec celle qu'on nomme wauve , comme elles il a des pétales qui femblent unis par dedans, quoiqu'ils foient féparés par la partie extérieure qui touche au calice; comme elles il a une efpèce de fourreau qui enveloppe le piftile, & qui porte les étamines; comme elles il porte un fruit dans lequel les femences font rangées autour de l'axe; comme elles il a des femences recourbées en forme de rein ou de fève de haricot ; comme elles il porte des fleurs qu'on pourroit appeler Le/les de jour, parce qu'elles ne s'ouvrent que le matin, & fe ferment à l'approche de la nuit ; comme elles il a un bois blanc & fort tendre ; comme elles il perd fes feuilles en automne, même au Sénégal où prefque tous les arbres pes) SiGr E N°cE $5 8r arbres confervent les feurs; comme elles enfin il fait une ex- ception à la règle générale de tous les arbres & arbuftes dont les feuilles fortent d’abord de la plante en bouton, + enveloppées de petites écailles & de ffpules ; celles du 4aobab, de même que celles de tous les autres arbuftes de cette clafle, fortent fans être enveloppées, leurs ftipules n'étant pas aflez randes pour les recouvrir. Le baobab fe trouve donc rangé tout naturellement dans cette famille de plantes, & M. Adanfon croit qu'on doit le placer dans la fection des malvacées qui n'ont qu'un calice. Revenons maintenant à l’hiftoire de cet arbre. Nous avons dit au commencement de cet article, que le Baobab fe plaïloit dans les terres fablonneufes & très-humides ; on ne peut le tranfplanter , ni lorfqu'il commence à lever, ni lorfqu'il a atteint l’âge de dix ans; fa racine périroit prefqu'in- failliblement : le meilleur plant eft celui qui a depuis fix mois jufqu’à deuxans; fes branches prennent quelquefois de bouture , mais plus fouvent encore elles manquent, & le progrès même de celles qui reprennent, eft toüjours plus lent que celui du plant venu de graine. - Outre la carie qui attaque, comme nous avons dit, le tronc de cet arbre, lorfque fs racines font entamées, il eft fujet en- core à une autre maladie, plus rare à la vérité, mais qui n'eft pas moins mortelle pour lui : c'eft une efpèce de moififlure qui fe répand dans tout le corps ligneux, & qui, fans changer la texture de {es fibres, lamollit au point de n'avoir pas plus de confiftance que la moëlle ordinaire des arbres; alors il devient incapable de réfifter aux coups de vent, & ce tronc monftrueux eft caffé par le moindre orage. M. Adanfon en a vû un dans cet état; il étoit habité par un grand nombre de vers de fcarabées & de capricornes: ces animaux ne paroifloient pas avoir con- tribué à fa maladie de Farbre, mais leurs œufs pouvoient très- bien, avoir été introduits dans ce bois ramolli, de la même manière qu'une infinité d’infeétes introduifent les leurs dans . lefaule, lorfqu'il éprouve un état de mollefe à peu près fem- blable, quoiqu'ils ne l'attaquent pas lorfqu'il eft fain. Hifl. 1761. pre 82 HisToiRe DE L'ACADÉMIE RoYaALE La véritable patrie du baobab eft l'Afrique, & fur-tout la côte occidentale de cette partie du monde qui s'étend depuis le Niger jufqu'au royaume de Benin; on ne le trouve ni dans les catälogues des plantes d'Afie, ni dans ceux des plantes d'Amérique : ce n’eft pas cependant qu'il ne puifle y en avoir actuellement quelques-uns dans les climats de ces deux parties du monde, qui refiemblent à la partie d'Afrique qui le pro- duit; mais äls n’y font pas venus d'eux-mêmes; les Nègres efclaves, qu'on tranfporte tous des ans d’Afrique dans nos colo- nies, ne manquent guère d'emporter avec eux un petit fachet de graines qu'ils préfument leur devoir être utiles, dans le nombre defquelles eft toüjours celle du 4aobab: c'eft proba- blement à ce tranfport que font ou feront dûs ceux qu'on y trouvera , tels que celui que M. de Chanvallon, Correfpondant de l'Académie, a dit avoir vü à la Martinique, & qui en eflet étoit affez jeune : ils s’y naturaliferont peut-être; mais ce ne fera pas leur première origine, & on n'y en verra de long-temps qui égalent en groffeur ceux de la côte d'Afrique. Nous difons qu'on n’y en verra de long-temps d'aufli gros qu'en Afrique; car ces arbres, quoique d’un bois fort tendre, font très-long-temps à parvenir à cette énorme groffeur. M. Adanfon a raflemblé foigneufement tous les faits qu'il a cru lui pouvoir procurer quelques connoiflances fur cet article ; if a vû deux de ces arbres dans l'une des ifles de la Magdeleine, fur l'écorce defquels étoient gravés des noms Européens, & des dates, dont les unes étoient poftérieures à 1 600, d'autres remontoient à 1555, & avoient été probablement l'ouvrage de ceux qui accompagnoient Thévet dans fon voyage aux Terres auftrales; car il dit lui - même avoir vû des baobab dans cet endroit: d'autres enfin paroifloient antérieures à 1 500: mais celies-ci pourroient être équivoques ; les caractères de ces noms avoient environ fix pouces de haut, & les noms occupoient deux pieds en longueur, c'eftà-dire moins de Îa huitième partie de la circonférence de l'arbre. En fuppofant même que ces caractères euflent été gravés dans la première jeunefle de Parbre, il en rélulteroit que fi en deux cents ans DES SCIENCES. 3 il a pô croître de 6 pieds en diamètre, if faudroit plus de huit fiècles pour qu'il pût arriver à 2 5 pieds de diamètre, en füppofant qu'il crût toûjours également: mais il s'en faut bien que cette fuppofition puifle être regardée comme vraie: car M. Adanfon a obfervé que les accroiffemens de cet arbre, très-rapides dans les premières années qui füivent fa maiffance, diminuent enfuite aflez confidérablement: & quoique la pro- portion, dans faquelle fe fait cette diminution, ne foit pas bien connue, if croit cependant pouvoir foupçonner que les derniers accroiffemens du baobab fe font avec une extrême lenteur, & que ceux de ces arbres qui font parvenus à la grofleur dont nous avons parlé, peuvent être fortis de terre dans des temps peu éloignés du déluge univerfel; mais ce qui eft bien à remar- quer, c'eft que ceux qu'on élève ici dans des férres tenues foigneufement à {a température de {eur climat, n'y prennent tout au plus que a cinquième partie de l'accroiflement qu'ils reçoivent au Sénégal dans un temps fmblable : obférvation qui prouveroit bien, s'il étoit poffible d'en douter, que la chaleur artificielle ne peut tenir que très-imparfaitement lieu aux plantes étrangères, de celle qu'elles éprouvent dans {eur climat naturel. Le Baobab, comme toutes les autres plantes de {a famille des malvacées, a une vertu émolliente, capable d'entretenir dans le Corps une tranfpiration abondante, & de s'oppofer à Ia trop grande ardeur du fang. Les Nèvres font fécher {es feuilles à ombre, & les réduifent en une poudre qu'ils nomment 4, qu'ils mélént avec leurs alimens, non pour feur donner du gout, car le {lo en a prefqu'aucun, mais pour en obtenir l'effet dont nous venons de parler. M. Adanfon lui-même eh a éprouvé la vertu ; & tifane faite avec ces mêmes fuilles la pré- fervé lui & un fut des Officiers françois qui voulut s'aftreindre à ce régime, des ardeurs d'urine & dés fièvres ardentes qui attaquent ordinairement Îes Etrangers au Sénégal pendant le mois de Septembre, & qui régnèrent encore plus furieufément én 17571 qu'elles ne Pavoient fait depuis :plüufrears années. Le fruit récent de cet arbre n’eft pas moins utile que fes feuilles; on en mange là chair, qui eft ai grelétte & affez agréable; t Lj 84 MisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE on fait, en mélant le jus de cette chair avec de l'eau & un peu de fucre, une boiffon très - propre dans toutes les affections chaudes & dans les fièvres putrides ou pefilencielles; enfin, lorfque ce fruit eft gâté, les Nègres en font un excellent favon, en le brûlant & mélant fes cendres avec de l'huile de palmier qui commence à rancir. Les Nègres font encore un ufage bien fingulier de ce mont- trueux arbre: nous avons dit qu'il étoit fujet à la carie, qui creufe fouvent fon tronc; ils agrandiflent ces cavités, & en font des efpèces de chambres où ils pendent les cadavres de ceux auxquels ils ne veulent pas accorder les honneurs de la fépulture; ces cadavres s'y defsèchent parfaitement, & y. de- viennent de véritables momies, fans aucune autre préparation. Le plus grand nombre de ces cadavres ainft defléchés eft de ceux des Guiriors: ces gens peuvent être comparés aux anciens Jongleurs , fi fameux chez nos aïeux; ils font Poëtes - Mufi- ciens, ont une efpèce d’infpection fur les fêtes & fur les danfes, & font toûjours en affez bon nombre à la Cour des rois Nègres, qu'ils divertiflent & qu'ils flattent à outrance dans leurs poëlies. : Cette efpèce de fupériorité de talens les rend redoutables aux Nègres pendant leur vie; ils Fattribuent à quelque chole de furnaturel : mais au lieu de faire, comme les anciens Grecs, leurs Poëtes enfans des Dieux, ils les resardent au contraire comme des forciers & des miniftres du Diable, & croient qu'en cette qualité ils attireroient la malédiction fur la terre, ou mème fur les eaux qui auroient reçû leurs corps; c'eft pourquoi ils les cachent & les defsèchent, comme nous venons de le dire, dans les troncs creux de 4aobab. … Quelques recherches qu'ait pü faire M. Adanfon, il n'a trouvé aucun auteur qui ait parlé du Daobab avant Thévet, qui vivoit vers 1555, & qui, dans fon livre fur les fingu- luités de la France antarctique, en donne une defcription aflez exaéte, fi on en excepie les feuilles, que Thévet fait femblables à celles du figuier, quoiqu'elles refiemblent beau- coup plus à celles du marronier, LÉclufe, plus connu fous le nom de Cfus, en donne cts htm IDES SCeCrENCESs. N &s auffi une defcription affez exacte: il dépeint les feuilles telles qu’elles font réellement; mais au lieu de faire tenir les femences à leur placenta commun par-un feul pédicule, ainfi qu'elles y tiennent effectivement, il les y attache par plufieurs filets. Profper Alpin & Jules-Céfar Scaliger n'ont vü que le fruit du baobab ; encore ne lont-ils vü que fec & en mauvais état : auffi n'y a-t-il pas grand fond à faire fur les defcriptions qu'ils en ont données. Le célèbre Galpard Bauhin n'en avoit pas vû davantage, fi ce n'eft que le fruit de haobab qu'il avoit reçü , étoit en moins mauvais état. Celui de tous qui paroïit avoir décrit le plus exactement le fruit du Oaobab, eft M. Lippi, qui vivoit dans le fiècle dernier, & qui périt dans un voyage en Abyflinie, qu'il avoit entrepris par l'ordre du feu roi Louis XIV. M. Adanfon n'héfite point à dire que fi cet auteur avoit été à portée de voir, comme lui, l'arbre même chargé de fes fleurs & de fes fruits, le Mémoire dont nous rendons compte auroit été abo- lument inutile; aveu qui marque également fa modeftie & le cas qu'il fait de l'ouvrage de M. Lippi, dont M. de Juffieu lui a communiqué le manufcrit. IL-eft aifé de juger par tout ce que nous venons de dire, qu'on n'avoit Jufqu'ici connu que le fruit, & tout au plus les feuilles du 4aobab ; mais que, perfonne n'avoit encore décrit ni l'arbre même ni fes fleurs, qui font, comme on fait, la partie eflentielle aux Botaniftes, pour décider quelle place doit occuper dans le règne véséal un arbre dont la monftrueufe grofleur offre un fait des plus finguliers de l'Hifloire naturelle & de la Botanique. Homère * raconte qu'Ulyfle s'étoit fait à Ithaque un bois de lit complet d'un tronc d'olivier tenant à fes racines, autour duquel il fit enfuite bâtir une chambre. Si ce Prince avoit eu, dans l'enceinte de fon palais , un arbre de baobab, il auroit pü pouffer la fingularité plus loin, & fe procurer la chambre & tous les meubles taillés dans la même pièce de bois. +! . "CNE L ii * Hom. Of ‘L XXITIe 86 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE d000000000000000000000000000000 GÉOMÉTRIE. ETTE année parut un recueil de Mémoires de M. d'A- lembert, fur différentes matières, fous le titre d'Opufcules maihematiques. Ce recueil contient quinze Mémoires différens, defquels nous ferons obligés par conféquent de rendre compte Épaénens Ee premier a pour objet les vibrations des cordes fonores. On fait qu'une corde tendue, qui dans fon état de repos eft à peu près en ligne droite, Gx de cette fituation dès qu'elle eft pincée, & qu'elle décrit, en s'écartant à droite & à gauche, une courbe. C’eft cette nue dont il eft queftion de dé miner la nature: il eft aifé de voir que le poids de la corde & la tenfion plus ou moins forte qu'on lui fait éprouver, font des élémens néceffaires dans cette recherche. Le célèbre M. Taïlor avoit entrepris la folution de ce problème; & M. Daniel Bernoulli avoit encore donné plus d'étendue à cette folution : cependant M. d’Alembert fait voir dans ce Mémoire qu'elle eft infufhfante, même avec l’extenfion ingénieufe que lui a donnée M. Bernoulli, & que la feule vraie folution du pro- blème eft celle qu'il a trouvée le premier par une méthode fingulière, & qu'il a publiée dans les Mémoires de l Académie de Berlin de l'année 1 7473 mais il fait voir en même temps que cette folution, quoiqu'auffr générale qu'il eft poflible, n’eft cependant applicable qu'au cas où la corde a une certaine figure au commencement de fon mouvement, & que, dans tout autre cas, ce mouvement ne peut être repréfenté par aucune formule amlytique; ce qui eftabfolument contraire au fentiment de M. Euler & à celui de M. de la Grange, fivant Géomètre de Furin, qui l'avoit adopté & avoit appuyé de nouvelles preuves que: M. d’Alembert combat & rejette comme in- fuffifantes. ll Di Est SUGUNE NICE Si 87 Il s'agit dans le fecond, du mouvement d'un corps qui * tourne autour d’un axe quelconque fixe ou variable, avec une vitele quelconque variable ou uniforme, étant animé ou non par des forces accélératrices quelconques. Ce Mémoire n’eft qu'une application des formules du problème de la préceffion des équinoxes, que M. d'Alembert a réfolu le premier, & duquel nous avons rendu compte en 1750 & 1754%*, à * My. Hig. des cas plus généraux : ainfr nous n’en dirons rien ici; mais ie Le nous ne pouvons nous difpenfer d'ajoûter que ces mêmes 116," ouvrages de M. d'Alembert ont été le germe & le principe de plufieurs autres que de favans Géomètres ont écrit {ur le même fujet. Le troïfième Mémoire n'eft encore qu'une extenfion des loix des ofcillations ou balancemens des corps flottans que M. d'Alembert avoit publiés en 1752, fous le titre d’Æffai de la réfiflance des fluides, & dont nous avons expofé en 175 3. *, toute la théorie à laquelle nous prions le Ledteur *Hf.1zr3, de vouloir bien recourir. p.289 Mais dans le quatrième, qui traite de la réduction des loix du mouvement des fluides aux équations analytiques, M. d'A- Jembert arrive à une conclufion bien fingulière; c'eft qu'il n'y a que très-peu de cas dans lefquels le mouvement des fluides y puifle être ramené & foûmis à un calcul rigoureux ; d'où il fuit que dans tous les autres, on ne peut abfolument trouver ces loix que par des méthodes d’approximation. M. Daniel Bernoulli avoit donné dans le premier volume des Mémoires de Ÿ Académie de Péterfbourg, une démonftra- tion très-ingénieufe du principe de la compofition des forces; M. d'Alembert emploie tout fon cinquième Mémoire à la rendre plus rigoureufe & plus fimple. Feu M. Jean Bernoulli avoit eu auuefois une grande con- teflation avec feu M. de Leibnitz fur les logarithmes des quan- tités négatives que ce dernier foûtenoit être imaginaires, M. Bernoulli foûtenoit au contraire que ces logarithmes n'étoient point imaginaires, mais réels, ou pluftôt qu'ils pouvoient être fuppolés l'un ou l'autre à volonté, fuivant le fyflème de « 88 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE Logarithmes qu'on vouloit choifir. Le fentiment de M. Leïbnitz avoit été embraflé par M. Euler: M. d’Alembert emploie fon fixième Mémoire à le réfuter; il ajoûte plufieurs nouvelles preuves à celles de M. Bernoulli, qu'il développe & expole d’une manière encore plus frappante qu'elles ne l’avoient été jufqu'ici, & répond d’une manière très-fatisfaifante aux objec- tions de M. Leibnitz & de M. Euler. Le feptième Mémoire n'eft qu'une extenfion de ce que M. d'Alembert avoit publié dans les Mémoires de l’Académie Royale de Berlin en 1746 & 1748, fur les intégrations qui dépendent de la reétification des feétions coniques & de la quadrature des lignes du troifième ordre; il y joint une application de ces mêmes intégrations à la quadrature de la furface des cones obliques. L'attraction fait le fujet du huitième Mémoire. M. d'Alem- bert y fait plufieurs remarques très-intéreffantes fur cet impor- tant objet; il fait voir, par exemple, qu'en fuppofant à la Ferre un noyau intérieur dont la denfité foit différente de celle du refle du fphéroïde, la figure extérieure de ce fphéroïde dé- pendra moins de la figure de ce noyau que du rapport de fa denfité avec celle du refte du fphéroïde; il prouve qu'en fup- pofant que ce noyau ne foit pas un folide de révolution, & que le refte du fphéroïde foit fluide en partie, la Terre pourroit fubfifter fans être un folide de révolution ; enfin il fait voir comment un corpufcule placé fur une furface fphérique, n'é- prouve que la moitié de l'attraction que ce même corpufcule éprouveroit de cette furface , s’il en étoit éloigné d'une diflance infiniment peu plus grande. Quelque fingulier que puifle paroitre ce dernier réfultat , le neuvième Mémoire même a des conclufions encore plus furprenantes. Les principes fur lefqu:1s font fondées FOptique, la Dioptrique & la Catoptrique, ont toûjours été regardés comme inconteftables ; il réfulte cependant de l'examen qu'en a fait M. d’Alembert, que ces principes fi généralement reçüs font faux ou tout au moins très - incertains; il regarde, par exemple, comme très-douteux, que les objets foient vüs dans Ja ane “te et SulEst Rad 2 DES SCIENCES. 89 Ja direction du rayon vifuel; on ne connoît pas mieux, felon lui, les loix de la diflance & de la grandeur apparente des objets vüs par des verres où des miroirs; & les expériences d'Optique, qui font regardées comme les plus fimples, peuvent être fujettes à beaucoup d’illufions, M. d'Alembert ajoûte à ce Mémoire une méthode fimple & ingénieufe de mefürer la diflance & la grandeur apparente des objets dans la vifion directe, & conclut de tout ce qu'il a dit dans ce Mémoire, que l'Optique n'eft pas, à beaucoup près, aufli avancée qu'on pourroit fe le perfuader, & que prefque tout y eft encore à faire. Ce Mémoire eft fuivi d'un fupplément à la feconde édition du Traité de Dynamique dé l'auteur, dans lequel il effaie de prouver qu'une boule, fuppofée infiniment dure, & qui en rencontre à la fois quatre autres, ne communique.de mouvement qu'à deux. Ce principe, qu'il avoit avancé dans fon Traité de Dynamique, ayant été attaqué, le fapplément duquel nous parlons, eft deftiné à le mettre dans tout fon jour. Dans le dixième Mémoire, M. d’Alembert foûmet la doc- trine & le calcul des probabilités à un examen plus exact qu'on ne avoit fait jufqu'ici. Il réfulte de fes raifonnemens & du calcul qu'il fait d'un des cas finguliers du problème des jeux de hafard, qu'il s'en faut bien que les principes de ce calcul, qui fait tant d'honneur à lefprit humain, foient à l'abri de toute objection, puifque dans le cas fingulier que M. d'Alembert prend pour exemple, ils ne peuvent fournir une folution fatif faifante qu'au moyen de quelques limitations & de quelques modifications. Le onzième Mémoire a pour objet une matière aujourd’hui bien intéreffante. M. d’Alembet y traite de l'inoculation de la petite vérole, & y. fait voir que, dans les calculs qu'on a faits jufqu’à préfent des avantages de l'inoculation, on n'a point envifagé la queftion fous fon véritable point de vüe, & que ces avantages ne peuvent être que très-difficilement fixés par { calcul; ce qui n'empêche pas M. d'Alembert de regarder Ra pratique de l'inoculation comme avantageufe, quand elle Hifl. 1761. . M # Joy, Hifh 1754:P.129 90 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE- fera conduite avec les précautions convenables ; il en paroît même fi perfuadé, que dans la vüe de répandre la plus grande clarté fur cette matière, il y a joint des notes très-étendues, & qui contiennent plufieurs remarques importantes & curieufes fur la théorie de l'inoculaition. Les perturbations des Comètes font le fujet des douzième & treizième Mémoires. On fait que ces aftres, dont limmenfe orbite traverfe toutes celles des planètes, éprouvent de la part de ces dernières une attraction qui les dérange de la route que leur auroit fait tenir la feule attraction du Soleil : c’eft ce dérangement qu'on a nommé perrrbation, & duquel il s'agit d'apprécier la quantité. M. d’Alembeit entreprend ici de faire voir que toute la théorie de ces perturbations eft con- tenue dans la folution du problème des trois corps, qu'il a donnée en 1747; il propofe des moyens de perfectionner cette théorie, & fait l'évaluation des erreurs qu'on peut com- mettre dans ce calcul. Le quatorzième Mémoire eft employé à développer la folution que fauteur a donnée du problème des trois corps, & à en faire voir les avantages: ce n'en eft pas un des moindres que la conftruction des Tables dela Lune, que M. d’Alembert a miles à la fuite de ce Mémoire, dont la forme eft auffi fimple & aufli commode que la matière a pü le permettre, & dont plufieurs perfonnes fe fervent aétuellement avec fuccès. M. d'Alembert applique dans fon quinzième & dernier Mémoire, à la Lune confidérée comme un fphéroïde dont les méridiens féroient des ellip{es, la même théorie qu’il avoit donnée en 1754 * pour expliquer la préceflion des points équinoxiaux dans de femblables fphéroïdes ; il y joint plufieurs remarques fur da libration de la Lune, fur le mouvement que peut avoir fon axe, & même fur le problème de la préceflion des équinoxes en général. Tel éft, mais dans un raccourci qui lui fait tort, l'ouvrage de M. d'Alembert, duquel nous rendons compte, Nous aurions fouhaité pouvoir expoler en détail les artifices de calcul avec DOUBS" SIMMEUN CES gr lefquels if a fouvent l'adreffe de faire difparoître ou d’éuder les plus grandes difficultés, & les réflexions fines & délicates que la lecture de ces Mémoires offre en plufieurs endroits : mais c'eft dans l'ouvrage même qu'il faut les voir; & ceux qui auront déjà 1à les Mémoires que M. d’Alembert a précédem- ment publiés, ne feront certainement pas furpris de rencontrer dans ceux-ci la même clarté, la même élégance & la même fineffe de raifonnement, V.les Mém. P- 125: ÿ2 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ASTRONOMIE. SUR LES INTERPOLATIONS. Li des parties proportionnelles a été connu de tout temps; il n’a fallu que la plus médiocre attention pour s'apercevoir que lorfqu'on avoit une fuite de nombres dont les différences étoient égales, on pouvoit trouver entr'eux autant de nombres intermédiaires qu'on vouloit, en divifant la diffé- rence par le nombre de termes qu'on vouloit introduire entre deux des nombres donnés, & ajoûtant ou ôtant enfuite le quotient de fa divifion, fuivant que les premiers nombres alloient en augmentant ou en diminuant. Mais cette méthode fi fimple ne peut avoir lieu que Jorfque les premiers nombres donnés croiffent ou décroifient égale- ment ; dans tout autre cas elle induiroit en erreur, puifqu'il faut que les nombres intermédiaires foient aflujétis à la même loi que ceux entre lefquels on les place ; d'où il fuit que lorfque les premiers nombres n'ont pas des différences égales, il ne faut pas que celles des nombres intermédiaires fuivent la loi de l'égalité, & on a befoin d'une autre méthode qui puifle indiquer comment la différence qui fe trouve entre les nombres donnés doit être partagée, pour que les nouveaux nombres. qu'on mettra entre deux, fuivent la même loi d'augmentation ou de diminution, & c'eft cette opération à laquelle on a donné le nom d'interpolation. : Le premier qui ait frayé la route à cette recherche, a été M. Mouton, chanoine de Lyon; il publia en 1670 des obfervations des diamètres du Soleil, qu'il accompagna d'une Table des déclinaifons de cet aftre pour chaque minute de longitude, calculée non feulement en fecondes , mais en tierces; & il aflure dans cet ouvrage, que pour obtenir les 5400 DYEUS,. SRC-ILE NAC1E 93 nombres que contient cétte Table, il n'a été obligé de calculer que 90 nombres par la méthode rigoureufe , & que la divifion des fécondes différences lui avoit fourni tous les autres fans erreur fenfible. I avoit probablement employé la même mé- thode pour calculer de feconde en feconde les finus, &c. des quatre premiers degrés; ouvrage dont l’Académie pofsède le manufcrit, & dont la feule difficulté de Fimpreffion a arrêté jufqu'ici la publication. Eflayons de donner une idée de cette méthode. à Une fuite de nombres croiffans ou décroiflans, fuivant une loi quelconque, étant donnée, fi on les ôte fucceflivement les uns des autres, on aura une nouvelle fuite’ qui contiendra leurs différences: ces différences immédiatement déduites des nombres donnés, fe nomment différences premieres. Si pré- fentement on fouftrait fucceflivement ces différences premières les unes des autres, on aura leurs différences, qu'on nomme différences fecondes ; en traitant de même ces différences fecondes on aura les différences troifièmes, & ainfi du refte. Les premières différences ne font prefque jamais égales ; mais ce qu'on ne fe figureroit pas trop, il arrive très-fouvent ue les fecondes ou les troifièmes le {ont ou du moins ap- prochent fort de légalité. C’eft fur ce principe inconteftable qu'eft fondée prefque toute la théorie du calcul dont nous par- lons; dès qu'on eft une fois parvenu à la fuite des différences égales ou prefqu'égales, il ne s’agit plus que de trouver la loi fuivant laquelle cette différence conftante ou prefque conftante doit ètre partagée, pour qu’en appliquant fes parties ainfi trou- vées aux portions égales des premières différences, elle faffe fuivre aux nombres intermédiaires qu'on cherche, la même loi d'accroiffement ou de décroiffement que fuivent les nombres entre lefquels on les veut placer. Telle eft en général l'idée très-ingénieufe de M. Mouton, qu'il avoit généralement exprimée en ces termes: Étant donnée une fuite de nombres où il n'y air de conflant que les dernières differences , trouver un nombre quelconque de termes qui Juivent la même bi; & la folution de ce problème, qu'il atuibue à di M ii = 94 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE M. Regnaud, confifte à faire une table en lettres, ou une efpèce de formule très-étendue, pour la remplir enfuite en nombres. Une idée aufli heureufe que celle dont nous venons de parler, méritoit bien d'être faifre par les génies du premier ordre, & ce fut aufli ce qui lui arriva M. Newton, dans fon livre des Principes, imprimé pour la première fois en 1687 , & après lui M. Cotes, dans fon ouvrage intitulé Harmonia men- ürarum , Vont traitée dans la plus grande généralité, & depuis ce temps M. Mayer & M. l'abbé de la Caiïlle en ont tiré des formules plus commodes & plus particulièrement appropriées à lufage de l’Aftronomie. Toutes les méthodes connues jufqu'ici pour là folution de ce problème d’Arithmétique, ont toûjours fuppoé la conftruc- tion d’une efpèce de Table, & ne donnent aucun des nombres intermédiaires qu'on cherche qu’en déterminant tous les autres. M. de la Lande frappé de l'utilité dont cette méthode peut être dans FAftronomie, a voulu lui ôter cet inconvénient, & lui donner un degré de facilité dont elle ne jouifloit pas, en procurant le moyen d'avoir d’une manière très - fimple , tels des termes intermédiaires qu'on voudra, fans pafler par les précédens, & fans être obligé d’en connoître ni d'en déter- miner aucun autre, : Quelques réflexions fur le triangle arithmétique de M. Pafcal l'ont mis à portée de réfoudre le problème qu'il s’'étoit propofé. On fait que ce triangle eft compolé de manière que la première colonne verticale à gauche, qui eft auffi la plus longue, ne contient que des unités; que la feconde contient les nombres naturels 1, 2, 3,4, &c. & qu'enfin toutes les autres colonnes font formées de manière que chacun des nombres qui les com- pofent, foit toujours la fomme de tous les termes qui le pré- cédent dans la colonne précédente ; d’où il fuit qu'en prenant la fuite des colonnes de droite à gauche, les nombres d’une colonne quelconque ont toüjours pour différences premières ceux de la colonne qui eft plus à gauche; celle-ci ceux de la colonne fuivante, & ainfi des autres jufqu'à la première qui ne contient Dies M SLGOME NE EE T2) 95 que des unités, & qui repréfente toûjours les différences conf tantes, premières, fecondes, troifièmes, &c. fuivant le rang de la colonne de laquelle on eft parti : il ne s'agit donc que d'examiner la marche & la compofition de ces nombres, qu'on peut regarder, s'il m'eft permis d'ufer de ce terme, comme une formule arithmétique de là folution de ce problème. Si lon s'arrête à la troifième colonne ou à celle dont les nombres ont l'unité pour feconde différence, & qu'au lieu de prendre les nombres un à un on les prenne de deux en deux, comme 1, 6, 15,28, on aura une fuite de nombres dont la différence feconde fera conflamment 4 ; fi on les prend de trois en trois, cétte féconde différence fera 9; fi on les prend de quatre en quatre, elle fera 1 6; én un mot ellé féra toüjours le quarré du nombre qui exprime l'intervalle des nombies. Si au lieu de confidérer la colonne dont les fcondes diff- rences conflantes font l'unité, on s'arrête à la colonne füivante, dont l'unité fait les troifièmes diflérences, on verra que f1 on prend les nombres deux à deux, on aura 8 pour la troifième différence conftante, 16 pour la quatrième, &c. ce qu'il eft facile de démontrer, & que M. de la Lande démontre effec- tivement par une formule générale. Voyons préfentement com ment il faccommode à Ia pratique. Puifque les fecondés différences confantes atigmeéntént en raïfon doublée de l'intervalle qu'on met entre les terrnés donnés il doit arriver & il arrive auffi néceflairement , qué fi au lieu de prendre les’ termes de ‘deux en deux, de trois en trois on les prend de demi en demi, de tiers en tiers, c'efl-à-dire qu'on païtage en déux , en trois, &t. l'intéryalle étre deux termes, cette même différence, äu lieu dé croître en raifon doublée décroîtra en raifon fous-doublée. ; Si, par exemple, on a quatre nombres, 6, 78, 300 & 666, repréfentant des longitudes ou des oBfervations faites ou calculées de 12 en 12 heures, dont-la différence feconde conflante oit 144, & qu'on veuillé avoir le nombre qui répond à une des heures intermédiaires, comme 22 heures; on conçoit ailément que puifqu'il agit d'une heure éloignée 96 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE de 24h de 2P, il faut partager l'intervalle entre 12h & 24h en fix parties qui fuivent là même loi d'augmentation que les nombres donnés pour oP, 12h, 24h, 36h, On partagera donc d'abord en fix parties égales la différence première, & on aura 37 qui féroit la différence cherchée, fi les nombres donnés croifloient également: il s'agit préfentement de partager la feconde différence conflante 1 44 en raïfon fous-doublée du nombre des intervalles cherchés, & c’eft ce qu'on obtiendra en divifant 144 par 3 6, quarré du nombre 6 des intervalles cher- chés, le quotient 4 donnera là feconde différence conftante des nombres qui répondront aux intervalles de 2" en 2h, & il ne s'agira plus que de l'appliquer pour avoir les différences premières qui doivent donner les nombres cherchés. Pour cela, on fera réflexion que les fix intervalles fappofent cinq nombres, & que par conféquent la fomme des cinq diffé- rences. fécondes 4 eft 20 ; mais elles ne doivent pas étre appliquées également à la partie proportionnelle 37 ; la diffé- rence première doit être 37 au milieu de l'intervalle ; avant ce milieu la première différence doit être moindre que 37, & après lui elle doit être plus grande; & voici le moyen de ha rendre telle. Si on a deux intervalles, c'eft-à-dire un nombre feulement à chercher, on prendra la moitié de la différence feconde & on lôtera de la partie proportionnelle de la première diffé- rence: ft on a trois intervalles, c’eft-à-dire deux nombres, on prendra la différence feconde entière, &c. Dans l'exemple propofé , où l'on fe propole de trouver fix intervalles, c’eft- ä-dire cinq nombres, on prendra deux fois & demi 4 ou 10, on Ôtera ce nombre de la partie proportionnelle 37, & on aura 27 pour la première des différences premières ; puis laiffant la première différence 27, fans y rien ajoûter, on joindra fucceflivement aux autres la différence feconde 4 quatre fois de fuite, & on aura 27,31, 35, 391& 43, qui donneront les cinq nombres intermédiaires cherchés, 105, 136,171, 210, 253, qui doivent partager l'intervalle entre 78 & 300 en fix parties qui fuivent la même, loi d'accroiflement DES SOTEN CES: 1! loy :d'accroiffement que les premiers nombres donnés: &en effet, “on voit aifément du premier coup d'œil, qu'on n'a fait qu'affoi- -blir les premiers nombres de la même quantité dont on a fur- chargé les autres, pour leur donner, s'il m'eft permis de me fervir de ce terme, la marche d'accroifiement qu'ils doivent avoir ; tout l'art confifloit à trouver cet affoibliffement de Ja partie proportionnelle, au moyen duquel la feconde différence 4 lui étant continuellement ajoûtée, donnéra toutes les pre- : mières différences & les nombres cherchés dans la proportion où ils doivent être : tout ceci ef plus généralement contenu dans les formules de M. de la Lande, defquelles nous avons effayé de répandre, pour ainfi dire, l'efprit fur cet exemple ‘particulier. + Ces mêmes formules donnent, au moyen d'un calcul à peu près femblable, Ja manière d'employer les différences troi- ‘fièmes, lorfque ce ne font que celles-ci qui, font :conftantes ; mais elles font encore plus, car elles donnent le moyen d'ob- tenir un terme donné, fans avoir befoin de calculer ni de connoître les autres ; cette méthode même s’étendroit jufqu'aux .quatrièmes. différences : il eft vrai que pour lors le calcul de. viendroit beaucoup plus long, & M. de a Lande ne fait que l'indiquer, parce que dans le calcul aftronomique on ne court aucun rifque de négliger les quatrièmes, différences ; l'erreur qui en réfulte eff fi petite, qu'on peut, fans rien craindre, la régarder comme nulle; & comment ne le féroit-elle pas, puifque M. de la Lande fait voir, qu'excepté dans des cas fort rares, “on peut prefque toûjours négliger en Aftroniomie les différences troifièmes, &{e contenter de prendre des milieux entre les “ différences fecondes, qui s'écarteroient trop! Tout ceci eftappuyé “d'exemples détaillés & choifis avec foin, qui prouvent qu'en “fe fervant feulement des: fécondes différences, on ne sécarte que d’une quantité très-petite des nombres qu'on auroit obtenus -par le calcul le plus rigoureux. .. 19 L'attention de M. de la Lande a été plus loin’, &une Table -qu'ilza inférée dans la Connoïflance des Temps, donne pour: “une; heure quelconque, la quantité qui doit être ajoûtée à Ja: Hif. 1761. . 98 Histoire DE L'ACADÉMIE RoyaLe partie proportionnelle, à raifon des différences fecondes du mouvement dela Lune, qui eft calculé dans cet ouvrage de 12 heures enr ziheures. On voit aifément quel avantage cette Table procure aux Navigateurs & à'tous.ceux qui voudroient avoir le lieu de la Lune pour un temps donné. Uneautre Table, quiseft comine l'inverfe deicelle-ci, fournit le moyen ‘d'avoir avec:la plusgrandeifacilité, le tempsauquél la Lune;parviendra à une pofition donnée :-ces Tables font l’une & ‘l'autre une fuite de la ‘théorie de M.:de fa Lande fur les interpolations ; il des a calculées pour le cas particulier des mouvemens de ‘Ja Lune, à caule de l'extrême importance de cet élément ; :les Aftronomes & les Navigateurs lui devront :toûjours d'avoir beaucoup facilité l'ufage des interpolations, d'en avoir-éélairci confidérablement la théorie, & d'avoir encore pris fur lui, par la conftruction des Tables dont nous venons de parler , da plus grande partie du calcul que fes méthodes ‘exigent de -CEUX qui voudroient ‘sen {ervir. SUR LAC ONJO NCTION ÉCLIPTIQUE DE VÉNUS Er DU SOLEIL, Du 6 Juin 1761. J AMATS peut-être phénomène aflronomique n’a été attendu avec autant d'impatience, ni obfervé avec autant de foin que celui-ci. L'Académie seft hiütée de publier tout l'hiftoe- rique de ce phénomène, :& d'indiquer les motifs des voyages que M." le-Gentil, Pingré «& Fabbé de Chappe avoient en- trepris dans diffrentes parties du monde, pour tirer de l'ob- fervation du paflage de Vénus fur de Soleil, toute d'utilité poffñble, tant pour da détermination :des_ principaux élémens de la théorie de cette planète, ique pour celle de la parallaxe du Soleil. Nous ne répéterons point ici ce qu'elle en a dit * Vy. Hif. daus'fon Hifloire de 1757 * :Gcrnous nous contenterons:de 27$7 Ÿ jui, #77: rapporter quel a été le fruit de toutes des peines qu'ont prifes DES SC H/EINC E:6 | ” fes Aftronomes, des: dangers. qu'ils: ont efluyés, &. de la pro- tection marquée que le zèle du: Minifière a engagé: le-Roi à leur accorder dans les: circonftances les plus difficiles; & pour méttre plus d'ordre dans. cette. efpèce. de: récit, nous: allons commencer par les obfervations faites en France, qui doivent fervir comme de termes de comparaifon pour toutes [es autres faites dans les différentes parties du monde, & que nous rap- porterons dans la fuite, Le temps fut aflez incertain à Paris & aux environs pendant les deux ou: trois jours quiiprécédèrent la conjonétion.de Vénus; il permit cependant de prendre Ja veille, des hauteurs correfpon- dantes du Soleil, néceflaires pour s’aflurer de l'état des pendules ;, mais le 6, jour de lobfervation, d'épaiflés nuées couvrirent A brinenit la partie du: ciel oùile Soleil fe devoit lever ayant déjà Vénus fur fon difque, & ce ne fut que vers fept heures. que l'on: commença: à apercevoir. Le, Roi ayant defiré que l'obfervation de ce phénomène fût faite en fa préfence , M. le Monnier & M. de la Condamine: firent tranfporter, dès le 3 Juin, au château de Saint-Hubert , deux lunettes d'approche, l'une ‘d ES pieds, & l'autre de: 9: cette dernière étoit garnie d'un micromètre ; une: pendule. à fecondes & un quart-de-cercle de 18: pouces de-rayon:, dont la lunette étoit au garnie d’un micromètre; M. le. Monnier ne put avoir fe 4 après: midi qu ‘une feule hauteur du Soléih, V.fes Mér. | P+ 72. corréfpondante à celles qu'il avoit prifes le matin:il nelfutpas :: plus heureux les jours fuivans ; mais il y fuppléa par des hau: teurs abfolues qu'il calcula, & qui lui donnèrent lai marche de la pendule pendant l'opération, Le Soleil:fe: découvrit le 6 à Saint-Hubert: vers fix heures & demie du matin, c’eft-à-dire qu'on le: pouvoit. voir travers des nuages clairs qui durèrent prefque:tout !le:temps de Hob- fervation , & qui affoiblifloient tellement fa: lumière, qu'on u'eut que rarement befoin de: fe fervir de. verres pe Cris le Roï même obferva. plufieurs fai Méous fur fon: Ra de avec Da ed de facilité. è Mie Monnier prit, pendatit tout Je temps-de: ce: puflige; Ni V. es Mém, p.76. V. les Mém. »- 65- roo HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE les diflaice, de Vénus au plus prochain b5d du’ Sol: if, avec le micromètre appliqué à fa lunette de 9 pieds, & &il fe à mina avec celle de 1 8 pieds le contact intérieur à 8P 26’ de temps vrai, & le contaét extérieur ou l'émerfion Ge a 8h44 51" +: ce qui donne la durce entière de l'émerfion. : M. de la Condamine, qui obfervoit avec un télefcope de réflexion d'environ 1 $ pouces, ma pas été abfolument für du premier contaét ; mais 1l obferva la fortie totale! à 8h 44 5%" une feconde & demie feulement plus tard que M. le Monnier. La difféience du méridien de Saint-Hubert à celui de Paris, ft 1° $6" à l'occident; ce qui donne le témps des deux contacts réduits au Élghge o de Paris, 8h 28° 19"2+, & 8h 46" 48", & 49" + feion M. de la Condamine. A Parts, M. Maraldi : qui étoit à FObiervatoire royal, oblerva plufieurs fois le diamètre de Vénus; & en prenant un milieu entre toutes fes obfervations, il Fa trouvé de 57" 5"; la fortie fut obfervée avec une excellenie lunette de 1 5 pieds; le premier contaét. parut fe faire à 8° 28° 42", & le dernier à 8h 46" 54". M. Belléri, qui oblervoit avec M. Mardi, en fe fervan d'une lunette de 6 pieds feulement, détermina le premier contact à 8h 28° 14", & le dernier à 8" 46° 40". M. Maraldi ob'erva que le difque de Vénus étoit entouré d'une lumière rougeätre qui s'étendoit en diminuant d'intenfité juf- qu'à un demi-diametre de cette planète. M. le cardinal de Luynes oblerva le phénomène à Sens, ville ftuée à 3° 48" de temps à left du méridien de Paris, & fous la latitude de 484 1 1° 5 6"; l'état de la pendule avoit éié conftaté par une méridienne- à fl wès-exacte, & par le pailage d'Aréurus au méridien, ‘oblervé avec une lunette, de 2 pieds, qui ne changea paside pofition pendant toute la durée de l'oblrvation. Les inftrumens qu'employa Son Éminence, furent unelunette de deux pieds & demi de foyer, garnie d’un micromètre, & montée ‘fur une machine parallactique ; on faitoivsraler te til paalièle à l'Équateur par le bord ‘boréal: du Soieil, & on prenoit avec le fil mobile du micromètre les diff tances du centre de Vénus à ce fil; ce qui donnoit les dificrences DES SCIENCES." 1, ioir: apparentes de Vénus & de ce bord en déclinaifon ; & parles paflages des deux bords du Soleil & de cette planète par le fil horaire, on avoit les diff:rences en afcenfion droite; ces déterminations corrigées par la parallaxe 8 par la réfraction, donnoient à chaque obfervation partiale la pofition de Vénus für le difque du Soieil. Les mêmes déterminations furent encore prifes avec un télelcope de réflexion, garni d'un micromètre objectif; on fait que cet inflrument eft une efpèce d'héliofcope qui, au moyen d'un objedtif coupé en deux, & dont on approche ou éloigne les moitiés, donne deux images dont on meéfure la diflance par le mouvement de.ces deux moitiés ; celui dont il éft ici queflion, étoit équivalent à une lunette de 6 pieds & demi. | M. le cardinal de Luynes ayant réduit toutes fes obferva- tions, & Les ayant rapportées fur une figure, en déduifit Ja latitude auttrale de Vénus de 9° 27", le patfage de cette pla- nèle par fon nœud le°$ Juin à 1h 30° 1 3" du foir, le lieu de ce nœud vü du Soleil dans DAS 19" + =; le temps ne permit pas d'obferver à Sens la fortie de Vénus du difque du Soleil. La fituation de l'obfervatoire de M. l'abbé de la Caille au collége Mazarin , ne lui permettant pas d'y faire commodément cette oblervation , il s'établit pour cet effet dans une maifon fife à Carrières près Charenton, 1 6” + de temps à l'eft du méri- dien de l'Oblervatoire, & fous la latitude de 484 49" 21"; l'état de la pendule avoit été conftaté par des hauteurs correfpon- dantes, prifes le 4 par M. Bailly, & le $ & ke 6 par M. l'abbé de la Caille; il le fervit, pour l'oblfervation, d’une lunette de la conftrution de M. Dollond , garnie d’un micromètre , & montée fur une machine parallactique ; il faifoit parcourir le fil parallèle à l'Équateur par le boid du Soleil, & prenoit avec le fil mobile du micromètre, la différence en déclinaifon de Vénus & de ce bord, tandis que les paflages de Vénus & des deux bords du Soleil donnoient la différence en afcenfion droite entre le centre de Vénus & celui du Soleil : il obferva encore plufieurs fois le diamètre de Vénus, ni: trouva entre ñ ii} V. les Mém, P- 78: V. les Mém. p- 81. 102 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 1° 1" &un peu plus de 58 fecondes ; ce qui le donne par un milieu de $9 fecondes. La fortie fut obférvée avec la même: lunette, mais garnie alors de deux oculaires qui lui faifoient faire l'effet d’une lunette ordinaire de 12 à 1 $ pieds. M. l'abbé de là Caille obferva le premier contact à 8h 28" ç54", & le, dernier à 8h 47’ 6” L, ou en réduifant au méridien de Paris, à 8h 28° 37 ou 38", & à 8h 46° 49 ou 50". M. Turgot de Brucourt, qui obfervoit dans le même endroit avec une lunette de 12 pieds, que l'incommodité du lieu rendoit très-difficile à manier, eftima le premier contact 17 {écondes avant M. l'abbé de la Caille, & le fecond 20 fecondes après; & M. Bailly, qui ne {e fervoit que d’une lunette de 6 pieds, eftima auffi le dernier contaét quelques fecondes après M. l'abbé de la Caille: d'où il femble qu'on peut inférer que l'exactitude de ces opérations dépend: beaucoup de la force des lunettes &c de la commodité de les manier. Cette réflexion {emble être confirmée par lobfervation que le P. de Merville Jéluiite, Profeffeur de Mathématiques au collége de Louis le Grand, fit de ces mêmes phales avec un télefcope Newtonien de 6 pieds; il détermina le premier contaét à 8" 28° 40”, & le dernier à 8% 47' 4", tandis que le P. Clouet, qui oblervoit dans le même lieu avec un télefcope de 1 $ pouces, vit le premier contaét: à 8h 28’ 26, & le dernier à 8h 46° 55". M. de la Lande fit fon obfervation au palais du Luxem- bourg; fa pendule étoit exaétement réglée par des hauteurs cor- refpondantes, &c depuis plus dé quinze jours il en examinoit. attentivernent la marche, qu'il avoit trouvée très-régulière, Les, pofitions de Véhus: für le difque du Soleil, furent déterminées par le pañlage des bords du Soleil & dû centre de cette pla nète, par les fils horizontal & vertical d'un feéteur de 6 pieds de rayon, & les diflances de Vénus: au centre du Soleil, avec un héliomètre de: r8 pieds de foyer. I'apporta fur-tout l'atten- tion {a plus grande: à {@ ménager tous les avantages poflibles dans: l'obférvation de 1x fortie; il rétrécit l'ouverture de: fa lunette, la: füufpendit dela façon la plus commode, & laifla quelque temps repofer f: vûe, pour être plus für de fon D: DES SCIENCES. ‘103 obfervation ; avec itoutes ces précautions, if détermina le pre- umier contaét à :8P 28° 26"; il vit à cet inflant comme un point noir qui fe détacha de Vénus pour joindre:le bord du Soleil, & le:dernier contact arriva à 8h 46" 5 0"3;:mais M. de la Lande avertit lui-même que cette dernière phafe ne Jui a 3”, Quantité très-fenfibie, & que exactitude de l'Aftronomie moderne ne permet pas de négliger. Jufqu'ici M. de la Lande n'a fait entrer dans fon calcul que Fexcentricité de Mars; celle de la Terre n’eft cependant pas à négliger; la proximité des deux planètes eft affez grande, pour quelle puifle occafionner un changement fenfible dans la perturbation que la Terre caufe au mouvement de Mars. M. de la Lande trouve qu'en introduifant dans le calcul l'ex- centricité de là Terre, Ja perturbation précédemment trouvée éprouve une correction de ro à 11 fecondes. H refloit encore une léère fource d'altération que M. de la Lande n'a pas cru devoir négliger. Le rayon de l'orbite de Murs eft exprimé dans fon calcul par l'unité ; l’excentricité ÿ devient donc une fraétion: & comme le quarré de cette ex- centricité, qui doit être encore une fraction bien plus petite, entre plufieurs fois dans le calcul, il avoit d'abord cru pouvoir négliger cette fraétion; mais ne voulant rien laiffer qui püt jeter le moindre doute fur cette matière, il a voulu voir ce que ce quarré pourroit produire en lemployant à da rigueur, & il a trouvé qu'eflectivement il en réfültoit encore une cor- rection de 7 fécondes, qui devoit être ajoûtée à l'équation de 11 fecondes dont nous venons de parler. Que de fources d’inégalité dans le mouvement des Aftres, qui étoient totale- ment inconnues aux Anciens ! & combien en laiflerons-nous encore à découvrir à la poftérité ! SUR QUELQUES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES, dont l’Académie poffède les Manufcrits. R': ne feroit peut-être plus avantageux à ceux qui cultivent les Sciences, que d'avoir des extraits fidèles de toutes les obfervations manufcrites qui {e trouvent dans les V.les Mém, P- 140 128 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE Royate endroits où l'on peut les confulter ; fouvent ces extraits- peuvent fervir autant que les obfervations mêmes; & lorfqu'il efl abfo- lument néceffaire de les avoir tout au long, ils fervent au moins de guide, & indiquent où l'on peut les trouver. C’eft dans la vüe de rendre au public Aflronome & Géographe, un fervice de cette efpèce, que M. l'abbé de fa Caïlle a entrepris les deux ouvrages dont nous allons effayer de rendre compte, Le premier a pour objet les manufcrits de feu M, de Cha- zelles, dont l'Académie étoit depuis long-temps en poñleffion, On fait quelle étoit l'activité & l'exactitude de ce laborieux Académicien, & qu’en vertu des différentes commiflions dont il avoit été chargé, il avoit parcouru non feulement les côtes de France & d'Efpagne, mais encore la plus grande partie de celles de la Méditerranée, déterminant par des obfervations aflronomiques la longitude, la latitude & la déclinaifon de l'aiguille aïmantée dans tous les endroits où il faifoit quelque féjour, Ces obfervations jointes à plufieurs Mémoires intéreffans fur les côtes & les mouillages, tant de la France que des pays maritimes voifins, étoient demeurées entre les mains de l'Aca- démie, & il eft facile de juger que fi on ne peut en attendre la précifion des obfervations modernes, M. de Chazelles y a au moins apporté toutes les précautions connues de fon temps, & toute l'exactitude qu'on pouvoit efpérer des inftrumens tels qu'on les avoit alors. Les réductions qu'on faifoit alors aux obfervations, n'étoient ni en aufli grand nombre, ni auffi précifes que celles qu'on fait aujourd’hui ; les Tables du Soleil & celles des fatellites de Jupiter, dont l'ufage eft fouvent indifpenfable, n'étoient pas portées au degré de juftefle & de précifion qu’elles ont pré- fentement ; il a donc fallu que M. l'abbé de la Caille prit fur lui lennuyeux travail de refaire tout le calcul néceffaire pour réduire les obfervations de M. de Chazelles, & pour donner aux conclufions qu'on en peut tirer, tout le degré de précifion dont elles font fufceptibles, & pour en renférmer, pour ainfi dire, l'efprit dans l'étendue d'un Mémoire d’une médiocre longueur. Les D RU TE PE us 4 2 5 DES SCIENCE Ss. 129 Les principaux endroits où M. de Chazelles à obfervé, font Malte, Alexandrette, le Caire, Alexandrie & Conftan- tinople, dont il a déterminé la longitude , la latitude & où il ‘a obfervé la déclinaifon de l'aiguille aimantée : & Lernica, Damiette, Rhodes & le château d’Afie des Dardanelles, def quels il n'a fixé que la latitude. Pendant fon féjour en Égypte, M. de Chazelles mefura très-exactement de deflus la plus proche des deux grofes pyra- mides voifines du Caire, les relèvemens ou les angles entre la ligne nord & fud de la bouflole & les principaux endroits qu'on découvroit de ce lieu ; il obferva que les faces de cette énorme mafle étoient aflez exaétement tournées vers les quatre points cardinaux de l'horizon ; d’où il tire, avec raifon, un argument très-fort en faveur de limmutabilité des méridiens, cette fituation fi exaéte n'ayant pû qu'étre affeckée par les anciens Égyptiens, & s'étant confervée jufqu’à nous fans alté- ration depuis tant de fiècles ; il prit de même la mefure des principales dimenfions de la pyramide, & trouva qu'un des côtés de la bafe avoit 690 pieds, que les quatre faces formoient autrefois au deflus de cette bafe quatre triangles équilatéraux, qui ont depuis perdu quelque partie de leur pointe fupérfeure, & qu'enfin la hauteur perpendiculaire étoit de 77 toilesi; hauteur qui, pour en donner une idée, furpañfe de beaucoup celle que la croix de la flèche de S. Geneviève a au deflus du niveau de la Seine à Paris. Il mefura de même de deffus la terraffe de l'Hofpice à Alexandrie, les angles compris entre le nord de la bouflole & les objets les plus remarquables des environs, pour fuppléer, autant qu'il étoit poffible, au plan géométrique que les Turcs ne permettent pas de lever. Toutes les obfervations* dont nous. venons de parler, font rapportées dans l'ouvrage de M. l'abbé de la Caïlle, & dif- cutées avec la plus grande finefle; il en a refait prefque tous les calculs & rapporté les obférvations qui ont fervi de cor- refpondantes, & on peut affurer que, pour la plus grande partie des ufges auxquels ces obfrvations peuvent être employées, Hifl. 1767, ° R 130 HisToire DE L'ACADÉMIE ROYALE l'extrait duquel nous venons de rendre compte ; eft préférable à l'original. Un évènement, que la reconnoiffance de l’Académie ne lui permet pas de taire, donna lieu cette même année à un ouvrage du même genre de M. l'abbé de la Caille. Les Troupes du Roi, commandées par M:£' le duc d'Orléans, s'étant em- parées de Cañel, M. le duc de Laval qui, en qualité de Lieutenant général, avoit le commandement dans ce canton, voulut bien, à la prière de M. l'abbé de la Caiïlle, faire chercher dans la bibliothèque du palais des Landgraves de Hefie, le manufcrit des obfervations faites par le Landgrave Guillaume & par Rothmann fon Aftronome, & en faire faire une copie exacte & authentique qu’il envoya à l’Académie. Ce dépôt d’au- tant plus précieux qu'il contient non feulement un très-grand nombre des meilleures obfervations qu'on püt faire alors, mais encore une preuve inconteftable de la capacité de ce Prince, & de fon amour pour l’Aftronomie, étoit demeuré depuis deux cents ans prefqu'abfolument inutile; les Aftronomes n'en connoifloient que le nom & quelques.fragmens répandus dans les écrits de ceux qui avoient pû pénétrer jufqu'à lui. Graces aux foins de M. le duc de Laval, cette fource jufqu'ici fi bien cachée, fera deformais ouverte aux Aftronomes : l'Académie n'a pas coûtume d’enfouir les tréfors qu'on lui confie. Pour mettre le public Aftronome plus en état d'en profiter, M. abbé de la Caille prit le parti de donner une notice exacte de ce manufcrit; la mort prématurée de ce célèbre Académicien ayant empêché qu'elle n'ait été publiée dans ce volume, nous allons effayer d'y fuppléer par un court énoncé de ce que contient le recueil dont nous parlons. Guillaume IV de ce nom, Landgrave de Hefe - Cafe, auquel fon amour pour les Sciences, & les progrès qu'il fit dans lAftronomie, ont mérité le glorieux nom de Sage, vivoit vers l'an 1560. Ce Prince sétant aperçü du peu d'accord que les déterminations des principaux points de lAftronomie, établis même par les plus célèbres Aftronomes, avoient & entr'elles & avec le ciel, prit la réfolution de les fixer lui: DE Tes ed eh 27. rontet set Stein) UC ire LIT même par des obfervations dont l'exactitude ne ‘püt être fuf- pecte; dans cette vüe, il aflocia à fon travail: Chriftophe Rothmann en qualité de fon Aflronome, & Jüfte Byrgius en qualité de fon Méchanicien ; il fit conftruire des inftrumens excellens & dont la précifion furpafloit tout ce qu'on avoit vû jufqu'alors de plus parfait en ce genre; il fit préparer à Cañel un endroit propre à obferver; il obferva fouvent lui- même, & anima fi bien par fon exemple le zèle de ceux qu'il s'étoit aflociés, qu’il eut enfin la fâtisfaétion de raflembler une infinité de déterminations précieules qui compofent le manufcrit que M. le duc de Laval a remis cette année dans ka bibliothèque de l Académie. La plus grande partie de fes obfervations a eu pour objet de donner un catalogue exact des principales Etoiles vifibles fur notre horizon; il avoit fouvent remarqué des différences de plufieurs degrés entre les pofitions des Etoiles, telles que les ont données les anciens Aflronomes, & la pofition réelle donnée par les obfervations. Pour remédier à cet inconvénient, le Landgrave Guillaume jugea néceflaire d'examiner avec foin la pofition de toutes les Étoiles ; mais pour mieux faire fentir le mérite de fon travail, il ne fera peut-être pas inutile de remettre fous les yeux du Lecteur l'état dans lequel étoit alors l'Aftronomie, & le peu de moyens qu'elle offroit pour un pareil ouvrage. Nous avons aujourd'hui des inftrumens exacts, garnis de lunettes, au moyen defquelles on a non fulement la facilité de pointer bien plus exactement à l’objet, maïs encore l'avan- tage bien plus effentiel de pouvoir obferver de jour les planètes & les principales Etoiles; ces inftrumens font garnis de micro- mètres qui fouvent donnent jufqu'aux fecondes des hauteurs qu'on obferve, ou des diftances qu'on veut mefurer, + L'art de l'horlogerie nous a fourni le moyen de mefurer exactement les plus petites parties du temps, &. l'invention des logarithmes a converti en fimples additions & en fimples fouftractions les multiplications & les divifions effrayantes qui fe rençontrent prefque à chaque pas dans le calcultrigonométrique ; dE HAE 132 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE enfin nous fommes avertis d'une infinité d’illufions optiques dont on n'avoit pas même d'idée autrefois, & qui devoient jeter fur le$ obférvations mille foupçons d'incertitude. Avec tous les fecours que nous avons, la feule obfervation de la hauteur méridienne d’un aftre & de l'heure à laquelle il a paflé par le méridien, peut donner avec certitude fon afcenfion droite & fa déclinaifon, c'eftà-dire fa pofition dans le ciel. Mais du temps du Landgrave Guillaume, cette opération, aujourd'hui ff facile, étoit impraticable; deftitué de moyens fufffans pour la mefure exaéte du temps, il étoit impoflible, d'avoir l'afcenfion droite par l'heure du paflage de l'aftre, & voici conunent on y fuppléoit alors, On prenoit, aufir exaétement qu'il fe pouvoit, les hauteurs folfticiales du Soleil pour avoir l'obliquité de l’écliptique ; cette obliquité une fois connue, la hauteur méridienne, & par conféquent la déclinaïfon du Soleil, étant déterminées dans un point quelconque, on formoit un triangle fphérique rec- tangle, compofé de Farc de lécliptique compris entre le lieu du Soleil & le plus prochain équinoxe, de l'arc de l'équateur compris entre ce même équinoxe & le cercle de déclinaifon paffant par le Soleil, & de Farc de ce même cercle de décli- naïfon paffant par le Soleil ; on connoiffoit dans ce triangle l'angle de l'obliquité de l'écliptique, l'angle droit fait par l'équa- teur & le cercle de déclinaifon, & la déclinaifon obfervée; on obtenoit donc, en réfolvant le triangle, la diftance du Soleil au plus proche équinoxe & fon afcenfion droite, L'afcenfion droite du Soleil déterminée, on faififloit la circonflance où l’on pouvoit apercevoir Vénus ou Jupiter fur Fhorizon en même temps que cet aftre; on mefuroit exaétement la hauteur méridienne de la planète pour avoir fa déclinaifon, & on obfervoit fa diflance au Soleil ; on avoit alors un triangle fphérique, compofé des deux diftances du Soleil & de la planète au pole, toutes deux connues, & de leur diftance entr'lles, auffi mefurée; on pouvoit donc obtenir par la réfolution du triangle, langle que faifoient au pole les deux cercles de D ES ASAGLIE A Æ QT 21 H | jrs déclinaifon, & par conféquent la différence d'afcenfion droite entre le Soleil & la planète , ou, ce qui revient au même ;lafcen- fion droite abfolue de cette dernière & fa pofition dans le ciel, Ce qu'on avoit fait de jour pour obtenir la pofition de {a planète, { répétoit enfuite de nuit, pour déterminer, par cétte pofition connue, celle d'une Ftoïle, & celle-ci fervoit à déterminer par li même méthode celle de plufieurs autres. On voit par ce que nous venons de dire, que pour chaque Étoile il falloit une obférvation de hauteur méridienne &-une de la diflance de l'Étoile, foit à une aûtre, foit à une planète, dont la pofition eût été précédemment déterminée; il ya plus, les inftrumens du temps du Landgrave étoïent bien éloignés de la perfeétion des nôtres; & quoiqu'il en eût fait conftruire de bien plus parfaits qu'on n'enavoit alors, ce n'étoit qu'en répétant un grand nombre de fois les opérations, qu'on pouvoit s’en aflurer ; enfin on a dû remarquer que pour chaque Etoile, on avoit à réfoudre untriangle fphérique, dans lequel on ne connoifloit que les trois côtés; cas le plus difficile de toute la Trigonométrie fphérique, & dont on ne pouvoit obtenir la folution qu'au moyen de {ept analogies qu'on étoit obligé de faire fans logarithmes. Quel immenfe travail qu'un catalogue fait à ce prix ! Rien de tout cela n'avoit cependant rebuté Je Landgrave Guillaume ; il y avoit méme joint une vérification toute auffi laborieufe que l'opération même ; €'étoit d'obfervér l'azimuth & la hauteur de plufieurs de ces Étoiles & des planètes qui lui fervoient de terme de comparaifon, pour en conclure, à la faveur d'une horloge dont il examinoit fcrupuleufement la marche, le lieu qu'elles occupoient dans le ciel. : C'étoit au moyen de tant de travaux qu’il étoit enfin parvenu à déterminer la longitude, la latitude & la grandeur de plus de neuf cents Étoiles, toutes obférvées immédiatement & par différentes méthodes qui { fervoient de confirmation l’une à Fautre. Son manufcrit contient non feulément ce catalogue, mais encoré les obférvations mêmes, tout le détail de es méthodes & la defcription de fes inftrimnens : il ÿ a joint uné R ii V, les Mém. P: 399 434 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE diflértation fur les réfractions, & une Table qui en déterminé Ja valeur : il eft vrai que cette Table fe fent du préjugé où Yon étoit alors fur cette matière, & qu'elle ne peut être à préfent d'aucun ufage ; il détermine la plus grande déclinaifon du Soleif, de 23% 31'+, & donne une Table de ces déclinaifons & des afcenfions droites qui répondent à chaque degré de l'éclip- tique; il examine quelle doit être la parallaxe du Soleil, qu'il regarde comme infenfible, & qui l'étoit en effet, en n'em- ployant que les moyens d'obferver connus alors; on ne peut certainement qu'admirer la fagacité avec laquelle il parvient à une conclufion fr oppofée au fentiment de prefque tous les Aftronomes de fon temps, qui la faifoient de plufieurs minutes; mais nous ne pouvons ici pafler fous filence les fautes énormes qu'il trouve dans la traduction de Ptolomée, faite par George de Trébizonde ; ces fautes font en fi grand nombre & fi con- dérables, que c'eft rendre un vrai fervice aux Aftronomes que de reflituer les paflages d’un auffi excellent ouvrage qu'elles avoient altérés ; en un mot, l'ouvrage fait par le Landgrave Guillaume, & rédigé fous fes yeux par Rothmann fon Aftro- nome, peut être regardé comme un monument précieux que les foins de M. le duc de Laval ont tiré de l’obfcurité où ül étoit enféveli, & qui peut être extrêmement utile aux Aftro- nomes, en leur donnant, à plufieurs égards, des points de comparaifon éloignés de deux cents ans, fur lefquels ils peuvent d'autant plus fürement compter, qu'ils font en état d'en apprécier la certitude, SUR LE MOUVEMENT DES NŒUDS DES SIX PLANÉTES PRINCIPALES. Qui matière a déjà été traitée par M. de la Lande en 1759; mais pour mettre le Lecteur plus à portée de fuivre les idées de cet Académicien, il ne fera peut-être pas inutile de remettre fous fes yeux. les principaux objets de ces recherches, & les principes fur lefquels elles font fondées. DRE SNS MGM, Noces TeLH , p3 "La gravitation des planètes vers le Soleil, jointe au mouve- ment d'impulfion ou en ligne droite, doit dans l’hÿpothèfe Newtonienne, faire décrire aux planètes des orbites ellip- tiques qui aient le Soleil à lun de leurs foyers; mais c'eft tout l'effet qué peuvent produire ces deux forces combinées enfemble, & elles n'ont aucune action pour changer, ni la fituation du plan de ces orbites, ni la pofition de leur grand axe: auf M. Newton n'avoit-il pas héfité à rendre dans fon fyflème les nœuds & les aphélies des planètes fixes à l'égard du ciel étoilé, Les obfervations cependant ne paroiffent pas en ce point d'accord avec le fyflème, & femblent donner aux nœuds des mouvemens différens de celui de la préceffion des équinoxes, & qui ne font nullement égaux entreux ; les Aftronomes même font partagés fur la quantité dont le mouvement des nœuds diffère de celui des Étoiles, ou, ce qui revient au même, de la préceflion des équinoxes. Cette incertitude, dans une matière f1 importante, a piqué la curiofité de M. de la Lande, & ïl a cru trouver dans la théorie même de attraction une caufe de ces différences ; nous allons eflayer d'en donner une idée. Il eft bien vrai qu'en ne confidérant dans le mouvement des planètes que l'attraction du Soleil combinée avec le mouve- ment projectile en ligne droite, il en réfulte néceflairement une ellipfe dont le Soleil occupe un des foyers, & dont la pofition doit être aufli invariable que les caufés qui l'ont pro+ duite, & tel étoit le point de vüe fous lequel M. Newton avoit confidéré cette partie de 'Aftronomie phyfique; ce qui Tavoit mené néceflairement à regarder les apfides & les nœuds des planètes, comme immobiles à l'égard du ciel étoilé, Mais il s'en faut beaucoup que le Soleil ne foir le feul corps attirant de l'Univers; chaque portion de matière eff, felon l'hypothèfe, douée de la même propriété, & attire en raifon directe de fa mafle & inverfe du quarré de fa diftance ; d'où il fuit que les planètes agiflent les unes fur les autres, & il eft aifé de voir que cette feconde ation doit les détournez 136 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE plus ou moins de la route qu'elles fuivoient en vertu de Ja première. Si les orbites des planètes étoient toutes dans un même plan, leur action mutuelle ne feroit qu'altérer la figure de leurs orbites, fans jamais les faire fortir de ce plan; mais il s’en faut bien que cet arrangement ne foit celui de la Nature ; les plans des orbites planétaires font tous inclinés les uns fur les autres, & de cette difpofition il fuit que non feulement elles tendent par leur action mutuelle à altérer latéralement la figure de leurs orbites, mais qu'elles doivent aufli changer l'inclinaifon de leurs routes ‘en abaiffant ou élevant la planète attirée, fuivant que la planète attirante eft au deflus ou au deffous du plan de {on orbite, Ce changement de direction de la planète ne peut fe faire : fans que la nouvelle orbite qu'elle décrit, ne coupe le plan auquel on la rapporte, dans un endroit différent de celui où l'ancienne orbite l'auroit coupé, & par conféquent fans que le nœud ait changé de place fur ce plan fuppofé immobile. Mais quel eft ce plan immobile auquel doivent être rap- portées les orbites planétaires? Les Anciens, qui fuppofoient la Terre au centre de l'Univers, regardoient lécliptique ou l'orbite du Soleil comme le terme auquel on dévoit toutes les rapporter, & cette manière de s'exprimer fubfifté encore aujourd’hui parmi les Aftronomes; le lieu du nœud d’une pla- nète fe marque fur l'écliptique, & fon mouvement eft mefuré fur ce même cercle: il eft cependant aujourd’hui bien certain que l'écliptique confidérée comme orbite de là Terre, na, en cette qualité, aucune prérogative ; elle n'eft que l'orbite d'une planète particulière, & fujette, comme les autres, à éprouver de Faltération par Faction des autres planètes, & par conféquent ne peut être prife pour ce plan immobile que nous cherchons. Képler, ce favant Aftronome, auquel l'Aftronomie doit tant de belles découvertes dans fa partie théorique, avoit bien fenti cette difficulté, & il avoit imaginé de prendre pour plan immobile, celui de l'équateur folaire ou du cercle également éloigné D'E S SIGNE N CES 7 éloigné des deux poles de rotation de cet aftre, & il eft vrai que ce plan, qu'il nomme échprique royale, eft peut - être le plus immobile qu'il y ait dans l'Univers. Nous difons le plus immobile; car, à parler à le rigueur, il pourroït bien ne le pas être abfolument, Faétion de tout le fyftème planétaire pouvant occafionner quelque léger changement de pofition dans les poles du Soleil; mais au moins ces changemens doivent-ils être extrêmement lents & d’une très-petite quantité, ’étoit au plan de ce cercle que Képler croyoit, avec raifon, qu'on devoit aflujétir les orbites des planètes; &c feu M. Caflini fit voir en 17 34 *, dans un Mémoire qu'il lut à l'Académie fur ce fujet, qu’en rapportant les orbites des planètes à léqua- teur folaire, au lieu de les rapporter au plan de l'écliptique, elles s’en éloignent beaucoup moins, que le mouvement des nœuds eft bien plus fimple, & qu'on trouve une bien plus grande facilité à déterminer leur mouvement dans le ciel étoilé. M. de la Lande s’étoit borné à examiner dans fon premier Mémoire, quelle devoit être f'altération que l'attraétion mu- tuelle des planètes caufe au mouvement de leurs nœuds rap- portés fur l'orbite de la planète attirante: cependant, comme les Aftronomes ont confervé jufqu’ici lufage de rapporter le mouvement des nœuds à l'écliptique, il a voulu voir quel changement cette différente manière de le confidérer pouvoit apporter à fes déterminations, & ce travail la conduit à des conclufions fi fingulières, qu'il a cru en devoir faire part à l'Académie. M. de la Lande a trouvé, par fon calcul, que non feule- ment les mouvemens caufés au nœud d’une planète par l'at- traction d’une autre planète, devenoient, en les rapportant à l'écliptique, très-différens de ce qu'ils étoient fur l'orbite de la planète attirante, mais qu’ils pouvoient même être abfolu- ment oppolés, c'eft-à-dire que le même mouvement qui, rapporté à l'orbite de la planète attirante, paroifloit rétrograde, paroîtra direct, fi on le rapporte fur l'écliptique. Pour éclaircir ce fingulier paradoxe, qu'on imagine un triangle formé par deux orbites planétaires & par un arc de l’écliptique, Hifi. 1761. me) æ Voy, Hif, 17341 P- 63 138 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE il eft clair que les deux points où ces deux orbites couperont lécliptique, feront leurs nœuds à fon égard; & que la pointe de l'angle formé par les deux orbites au fommet du triangle, fera le lieu de leur nœud refpectif. Si préfentement on fuppofe que la planète, à qui appartient l'orbite inférieure, foit la planète attirante, il eft certain qu’elle tendra à approcher d'elle l'autre planète, & qu'elle lui fera décrire une ligne à peu près parallèle à la partie de fon orbite qui formoit un côté du triangle : or il eft évident que, dans cette pofition, la même ligne coupera l'orbite de la planète attirante à droite de la pointe du triangle ou du nœud refpedtif des deux orbites, & Técliptique à gauche du nœud de la pla- nète attirée & de l'écliptique; d'où il fuit que la même alté- ration de mouvement, qui auroit été felon l'ordre des fignes, en rapportant le nœud fur lorbite de {a planète attirante, fe trouvera contre l'ordre des fignes, fi on le rapporte à l'éclip- tique. Le contraire arrivera, fr la planète attirante a fon orbite placée au deflus de l'autre, & l'altération fe fera en même fens fur l'orbite de a planète attirante & fur l'écliptique: tant if eft vrai que même en Mathématique, où l'on ne combine que des vérités, on court rifque de fe tromper, fi on ne faifit leur ordre véritable & la vraie manière de les confidérer. Il fuit de-à que toute planète attirante qui aura fur l'éclip- tique une inclinaifon plus grande que celle de la planète attirée, produira dans fon nœud une altération fuivant la fuite des fignes fur l'écliptique, & rétrograde fur l'orbite de la planète attirante ; mais que fi au contraire l'inclinaifon de la planète attirante eft moindre que celle de la planète attirée, l'altération qu'elle caufera au mouvement du nœud de cette dernière, fera également rétro- grade fur l'orbite de la planète attirante & fur lécliptique. En arrangeant, fuivant ce principe, les planètes fuivant Fordre de l'inclinaifon de leurs orbites, on trouvera que Jupiter, qui a la plus petite de toutes, ne changera rien par fon action à la direction du mouvement des nœuds des autres planètes, puifqu'il les rendra tous rétrogrades ; que Mars rendra rétro- grades les mouvemens des nœuds de Saturne , Vénus & Nr ‘ou en ns 2 DE SUSICRE NC'E 139 Mercure, mais qu'il imprimera un mouvement direét à celui de Jupiter; que Saturne fera reculer, contre l'ordre des fignes, les nœuds de Vénus & de Mercure, mais fera avancer, füi- vant ce même ordre, ceux de Mars & de Jupiter; que Vénus imprimera un mouvement rétrograde aux nœuds de Mercure, & un mouvement direct à ceux de toutes les autres planètes, & qu'enfin Mercure produira un mouvement direct à ceux de toutes les autres planètes. La Terre n'entre point dans cette - difcuffion ; comme elle n'abandonne jamais l'écliptique, elle ne peut que rappeler les planètes à fon plan, & ne produira jamais qu'un mouvement rétrograde dans leurs nœuds. Pour calculer donc l'altération caufée au mouvement des nœuds d’une planète par l'action des autres, il faut calculer exactement leur pofition à l'égard du Soleil, leurs diflances refpectives, celles de leurs nœuds & leurs latitudes; alors on évaluera la force attraétive qu’exerce chaque planète fur celle dont il eft queftion, & on verra en décompofant ces forces, quelle eft la portion qui tend à éloïgner où à approcher cette planète du plan de l'écliptique, & par conféquent Faltération qui en réfulte dans le mouvement de fes nœuds. Ce calcul fait pour l'aétion de chaque planète, en particulier fur celle qu'on examine, on ôtera les unes des autres, les altéra- tions qui auront des fignes contraires, & alors on aura faltération abfolue qui réfulte de l'action de toutes les planètes fur les nœuds de celle qu'on examine. M. de la Lande donne un exemple détaillé de ce calcul fur toutes les planètes pour l'année 1 7 60. En tant cette altération ou pluftôt ce mouvement réel du nœud du mouvement apparent des fixes caufé par la préceffion des équinoxes, on aura le mouvement annuel apparent des nœuds des planètes; mais il faut obferver que ce ne fera que dans année pour laquelle on a calculé: les élémens de ce calcul étant variables, le réfultat n'en peut être conftant, & il ne faut plus s'étonner de la variation qui fe trouve dans les déterminations de cet élément, données par les plus favans Aftronomes : chacun la donné comme il Fa vû, & ils n’ont pas tous vü la même chofe, Si 140 HIisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE Puifqu'on peut connoître exactement la quantité dont le mouvement des nœuds diffère de la préceflion des équinoxes, il eft évident qu'en calculant pour le temps des plus anciennes oblervations de la pofition des nœuds, quelle étoit cette quantité, on fera en état de décider auffi quelle étoit alors la préceflion des équinoxes, & de combien eft fon progrès annuel, ou, ce qui eft l'inverfe, de fixer, en fuppofant ce progrès connu, la fituation des nœuds dans les fiècles les plus reculés. H pourroit cependant arriver que ces mouvemens dans les nœuds des planètes, pufient eux- mêmes altérer la régularité du mouvement apparent de la préceffion des équinoxes, & fire varier un peu l'obliquité de l'écliptique & la latitude des Étoiles; mais ces objets méritent d'être examinés à pat, & feront le fujet d'un autre Mémoire que M. de la Lande fe propole de donner; & fes recherches fur ces différens objets, feront d'autant plus utiles que tout fe tient, comme l'on voit, dans le fyflème de l'Univers, & qu'il n'eft prefque pas de mouvement dans le ciel qui n'influe fur tous les autres. ous envoyons entièrement aux Mémoires, V. les Mém. L'écrit intitulé: Comparaifon des obfervations du paflage Pa5€ 192. © “0 + 107. *. III: 113: . 188. + 189. 191: «378. de Vénus fur le Sokil, avec les Tables de M. Halley. Par M. le Monnier. A La réponfe à cet écrit, intitulée: Remarques pour la jufli- fication des calculs du paflage de Vénus Jur le Sokil. Par M. de la Lande. : Les Remarques fur les obfervations faites à Tobolsk. Par le même. Les Remarques fur lobfervation du paffage de Vénus fur le Soleil, faites à Copenhague & à Drontheim. Par le même. Les Obfervations de l'éclip{e totale de Lune, du 18 Mai 1761. Par M." le Monnier, Maraldi & de Fouchy. L'obfervation de l'écliple du quatrième fatellite de Jupiter, du 19 Novembre 1761. Par M. Mualdi. LoÛTe TT nd 4 ee CU PRIE EU PONT NSP TS DES SCIENCES. 141 MRC GÉOGRAPHIE RME AE ON.S TR V'COTION DE L'ANCIENNE CARTE ITINÉRAIRE, connue fous le nom de Peutinger. ES Cartes itinéraires des Anciens n'ont été connues qu'aflez tard des auteurs du moyen âge: les premiers qui aient fait mention de celle dont nous parlons, font Zrenicus & Beatus Rhenanus ; is en attribuent la découverte à Clun- radus Celtes , qui vivoit fur la fin du xv.° fiècle; l'un la nomme Charta provincials, Charta itincraria ; & Yautre l'appelle Zine- rarium Auguflanunr, fans doute parce que la copie qu'il en avoit vüe, étoit à Augfbourg dans le cabinet de Conrad Peutinger, dont elle a pris & retenu le nom fous lequel elle eft connue aujourd’hui. À fa mort de Peutinger, on ne trouva plus chez lui l'ori- ginal de cette Carte, & Marc Velfer Vénitien, en publia feule- “ment deux fragmens qui s'étoient trouvés dans le cabinet de Peutinger; mais quatre ans après il fut affez heureux pour retrouver Forigina, dont il fe procura une copie exacte qu'Or- telius fit gravergen 1598. Cette Carte gravée n'étoit pas de la même ee © que la Carte originale; on avoit réduite environ au tiers. [ s'eft fait un grand nombre d'éditions de cette Carte ainfi réduite, jufqu’à ce qu'en 17 1 $ on ait retrouvé Foriginal dans les papiers de Défidère Peutinger, defcendant de Conrad ; le prince Eugène en fit alors Facquifition, & elle fe trouve préfentement dans la bibliothèque de l'Empereur, Nous avons cru néceffaire de faire précéder ce que nous avons à dire de cette Carte, par cette efpèce d'abrégé de fonhifloire, que nous avons urée de celle de l'Académie Royale des S ii * Vi, Hi. de l'Acad, des dnfe. dr Belles- Lerrr.r, XVIII, de 249: 143 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoïÿaArEe Infcriptions & Belles-Lettres *, Paflons maintenant à cé que cette Carte a de plus fingulier, relativement à fa partie ma- thématique. La carte de Peutinger, telle qu'elle eft en original dans la Bibliothèque impériale, fuivant les mefures qu'a prifes M. Buache fur un exemplaire de la magnifique édition qu'en a donnée M. Scheyle en 1753, a exactement un pied de Roi de hauteur fur 20 pieds 8 pouces de long; elle comprend toute l'étendue de l'empire Romain, depuis Conflantinople jufqu'à l'Océan, & depuis les côtes d'Afrique jufqu'aux parties {eptentrionales de la Gaule; mais il faut avouer que le tableau qu'elle offre de cette vafte étendue de pays, n'eft guère propre à en faire reconnoître la figure, puifque tandis que les 18 degrés de longitude qu'elle contient, occupent 20 pieds 8 pouces, 13 degrés de latitude n’y tiennent que l'efpace d'un pied : auffr les pays qu'elle repréfente, y font-ils fi défigurés, que la Méditerranée n'y paroît que comme une grofle rivière, & que toutes les terres y font raccourcies, du nord au fud, au point de n'être pas reconnoifiables. La plufpart de ceux qui ont vû cette ancienne Carte l'ont regardée comme l'ouvrage brut & groflier d’un homme peu verfé dans la Géographie, & plus ignorant encore en Mathé- matique ; un feul Anglois, nommé Ædmond Brutz, a ofé foûtenir que le raccourci de cette Carte étoit du genre de celui* qu'on voit dans quelques morceaux de perfpective qu'il faut regarder d'un point déterminé & aflez proche du plan fur lequel ils font tracés, pour y apercevoir + dans leur proportion naturelle: Nous allons bientôt Vôir ce qu'il y avoit de réel dans cette opinion. M. Buache foupçonnoit depuis long-temps que cette Carte étoit conftruite avec plus d'art & plus de fcience qu'il n'y en paroïfloit au premier coup d'œil, & que les irrégularités appa- rentes qu'on y obferve, y avoient été introduites à deflein, & pour tirer de plus grands avantages de ce qui en fait l'objet principal. En effet, comme les routes Romaines s’étendoient prefque toutes de left à l'oueft, on avoit plus de befoin RL ir DES SCIENCES. 143 d'exadtitude dans ce fens que dans la hauteur, & la Carte devoit acquérir par ce moyen la commodité de fe rouler facilement & d’être très-portative. Jufqueà M. Buache n'avoit que des conjeîures; un travail entrepris dans une vüûe toute différente, & duquel nous allons avoir occafion de parler dans l'article füuivant, lui mit fous les yeux le véritable artifice de la carte de Peutinger. Il venoit de tracer une échelle de climats & de la longueur des jours & des nuits, pour être jointe à des petites Cartes des diflérens pays de l'Europe; & comme l'efpace qu'il avoit, étoit aflez étendu en hauteur, mais d'une très-petite largeur, il s'avifa de tracer une efpèce de Carte fur deux échelles, l'une aflez étendue pour les latitudes, & l'autre beaucoup plus accourcie pour les longitudes, obfervant les fimuofités des côtes & des frontières de chaque État, Cette difpofition qui, comme on l'imagine bien, défiguroit étrangement les pays qu'elle repréfentoit , lui fit imaginer que cette Carte pouvoit bien être l'inverle de celle de Peutinger; c'en fut affez pour l'engager à conftruire une autre Carte fur le même principe, mais dans laquelle l'échelle des longitudes étoit beaucoup plus grande que les latitudes; il vit alors qu'il avoit parfaitement bien deviné, & que cette Carte, qu'il venoit de conftruire, étoit très-reffemblante à celle de Peutinger, LAS .Gette dernière m'eft en effet qu'une Carte plate conftruite fur deux échelles ; celle des longitudes, fort grande; & celle des latitudes, beaucoup plus petite, à peu près comme ces coupes forcées de terreins inégaux , dans lefquelles on emploie deux échelles inégales, lune pour les longueurs, & l'autre pour des hauteurs. | . Une feule difficulté arrétoit M. Buache ; en fuppofant qu'on æûtobfervé dans cette Carte lufage établi aujourd'hui chez es Géographes ; de repréfenter les méridiens par des lignes perpendiculaires au bas de la Carte, & les parallèles à l'équateur, par des dignes parallèles à ce même côté, il s'y trouveroit une emeur confidérable ; fe fond du golfe de Venife & Rome ne ftrouveroient plus, comme ils-dévroient l'être, fous un même 144 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoyALE méridien; mais un moment de réflexion lui eut bien-tôt donné la folution de cette difficulté; la manière de placer les méri- diens parallèles aux côtés de la Carte, eft de pure convention , & probablement n'avoit point été obfervée dans cette Carte. Les anciens Géographes romains ayant confidéré que l'Italie étoit naturellement partagée par Apennin, fuivant fa longueur, en deux parties prefqu'égales, ont d’abord rendu la longueur de l'Italie, depuis Trente jufqu'au bout de cette péninfule, parallèle au bord inférieur de la Carte, & ont arrangé enfuite les autres parties qu’elle contient, conformément à cet arrange- ment; & comme la longueur de Fltalie n'eft pas dans un parallèle à l'équateur, il eft arrivé néceffairement que les mé- ridiens & les parallèles, fi on les y avoit tracés, n'auroient été parallèles, ni aux côtés, ni au bord inférieur de la Carte, & que la ligne verticale, paflant par Rome , devoit rencontrer le golfe de Vénife vers fa moitié ; mais aufli cette ligne n'eft-elle pas un méridien, & il ne manque en ce point à la carte de Peutinger, qu'une rofe de vents qui indique la polition de ce cercle. Il réfulte de ce que nous venons de dire, que cette Carte n'eft pas un ouvrage aufli groflier qu'on ê l'étoit imaginé, & qu'il eft au contraire fait dans toutes les règles ; il femble même que l'auteur y ait employé d'aflez bons matériaux, les pofitions y étant placées d'une façon qui s'éloigne peu des obfervations modernes. Quoique l'original de la Carte, qui étoit dans le cabinet de Peutinger , ait les noms des lieux écrits en caractères lombards, elle paroït être d’une bien plus grande antiquité que l'établiffe- ment de ces peuples en Îtalie; on croit, fur des motifs affez vrai-femblables , la pouvoir regarder comme ayant été conftruite du temps de Théodofe le Grand; en ce cas, l'original de Peutinger pourroit n'être lui-même qu'une copie faite fur l'an- cien. original, dans laquelle le Copifte a fubftitué les caractères Tombards aux lettres Romaines qui étoient fur la première; comme dans les copies qui en ont été faites depuis, on a reflitué les caractères Romains à la place des Lombards, qui font DES SCtIENCES. 145 {ont fur celle de Peutinger; on reconnoît même afez facile- ment au goût & à la manière du deffein, les différens temps où elles ont été faites. M. Buache a rendu un véritable fervice à la Géographie, en diflipant tous les nuages d'incertitude qu'on avoit voulu jeter fur un monument ancien, & qui peut, être, dans bien des occafons, d’une très-grande utilité. tr nn année le même M. Buache préfenta à f Académie un recueil de Cartes géographiques, drefiées fur un nouveau plan, quant à la partie de l'Europe, & conftruites par une fociété de jeunes Géographes. Deux parens de M. Buache, portant même nom que lui ; & formés par fes foins, & M. Mantel, occupé depuis long- temps des mêmes objets, #ont entrepris de difpofer dans une même forme & fur une même échelle, tout ce que la Géo- graphie de Europe offre d'intéreflant pour la Phyfique, FAftronomie & la Politique, en fuivant toûjours les traces & les découvertes de M. de l'Ifle & Buache dans la Géographie. La première Carte contient l'Europe phyfique ou naturelle, c'eft-à-dire partagée par une grande chaîne de montagnes, depuis le détroit de Gibraltar jufqu'a Petzora en Ruffie, conformé- ment au fyftème de M. Buache, dont nous avons rendu compte en 1752 *. Cette chaîne principale jette fix branches qui * Pw. Hi divifent l'Europe en plufieurs grands baffins ou terreins inclinés “7727717 de part & d'autre vers la mer. La première de ces branches s'étend à Foccident ; elle pale en France & en Angleterre par le pas de, Calais, & va enfuite féparer le baffin de l'Océan “proprement dit, d'avec celui de la mer du nord * ; les autres * Vo. Hi chaînes s'étendent en Italie, en Allemagne, en Pologne, en ‘7772**"9s Suéde, en Ruflie & en Turquie. On auroit peine à imaginer combien cette manière de confidérer le globe terrefre a d’avan- tages, & combien de connoiffances elle donne fur la ftructuré de la Terre, fur la Minéralogie, fur l'origine des fontaines, fur les tremblemens de terre, fur les tranfmigrations des anciens peuples du monde; elle rend, pour ainfi dire, a Géographie une fcience nouvelle, & rien ne pouvoit être plus utile que Hifl, 1764, 1 'E À 146 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE d'en expofer le fyflème aux yeux dans une Carte propre à Je répandre de plus en plus dans le Public, Il eft comme impoffible qu'en confidérant la façon dont le globe de la Terre eft divifé par les chaînes de montagnes, #on ne foit conduit, comme par la main, à fa. manière dont les enfans de Noé fe font difperfés dans toute l'étendue de l'Europe & de l'Afie; la plus grande facilité des pañlages, la plus grande fertilité des différens pays, la différence de climat, le coûrs plus où moins facile des rivières, ont dû néceffaire- ment faire habiter certains pays plus tôt que d'autres; & au défaut des hiftoires qui nous manquent abfolument en cette partie, on peut au moins en tirer des conjectures très-fortes fur la population de l'Europe & de l'Afie: nous difons de- l'Europe & de l'Afe; car on n'ignore plus à préfent que les: empires policés, qui occupoient le milieu de l'Amérique, étoient dûüs en partie à quelques navigateurs Européens qui ÿ avoient été jetés, & en partie aux navigations anciennes des Chinois, & que les Sauvages du nord y ont pañlé de la partie Ja plus orientale de la Sibérie par le détroit du nord. Cette efpèce de difpofition politique eft repréfentée dans une Mappe- monde qui eft à la tête de cet ouvrage, & fur laquelle font marqués les premiers voyages des Européens, vers la fin du xv. fiècle. La partie affronomique de cette nouvelle Géographie, y ef traitée avec toute l'intelligence pofible, & d'une manière beau- ‘coup plus commode qu'on ne l'avoit encore fait; mais la carte d'Europe, relative aux zones & aux climats, rétrécie d'orient en occident , pour être placée à côté de celle de la Carte or- ” dinaire d'Europe, fur la même feuille, a produit un efiet encore plus fingulier; ellea donné, pour m'exprimer ainfr, à M. Buache, le mot de l'énigme de la fameufe carte de Peutinger , de laquelle nous venons de parler dans l'article précédent, & qu'on avoit toûjours regardée comme un morceau de Géographie très- informe & très-défeétueux. Cet Aths de l'Europe eft accompagné d'une Table qui sontient l'idée générale de la Géographie, prife comme Mathé- RL tre à DES SCIENCES. 147 matique, comme Phyfique & comme Politique ; chaeune y eft divifée & fubdivifée en toutes fes branches. On ne pouvoit rien imaginer de plus propre à faire fentir d'un coup d'œil l'étendue de la Géographie, fon importance, fes applications pour diriger l'étude des commençans, & pour lier enfemble des connoiïffances qui devroient toûjours aller de pair. Cet ouvrage a paru fait avec toute l'intelligence poilible, & on a cru qu'il pourroit être très-utile au Public. MÉCHANIQUE. np a commencé cette année à publier la de£ cription des Arts & Métiers, ouvrage duquel elle avoit formé le projet dès les premiers temps de fon établiffment ; mais en annonçant au Public que cet ouvrage s'exécute, elle a cru lui devoir rendre compte des motifs qui le ui avoient fait entreprendre, & des raifons qui en ont retardé jufqu’à *’préfent la publication. La defcription des Arts, faite avec une exactitude éclairée, dépouillée de toutes les pratiques inutiles que l'ignorance, toûjours myftérieule, y accumule fans cefle, & réduite aux principes conflans de la faine théorie , eft peut-être le moyen le plus propre à hâter leur perfection & à rendre plus abon- … dates ces fources de biens & de commodités que l'Étre fuprême a voulu que les hommes duffent à leur travail & à leur induftrie, Réduire les Arts à la fimple tradition, eft peut-être mettre à leur progrès le plus grand obflacle qu'on puiffe y apporter. Les ouvriers font en général peu accoûtumés aux réflexions, & prefque toûjours hors d'état de remonter aux premiers prin- cipes de leur art; aufft voit-on que dès que les circonftances ne leur permettent plus l'application des règles qu'ils ont apprifes, ils fe trouvent prefque toûjours fans reflource, & ne peuvent réuflir que par hafard; fi quelqu'un d’entreux, né avec un T ij mn à ee She 448 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE génieänventif, ofe effayer de prendre un vol plus élevé, bien-tôt le défaut de théorie vient l'arrêter, &. rend fes efforts inutiles; fouvent même ces tentatives ne fervent qu’à l'égarer. Un autre inconvénient plus à craindre peut-être encore ; eft le défaut de ces connoiïffances & de ces principes généraux qui lient, pour ainfi dire, les Arts enfemble, & établifent entreux une communication, réciproque de lumières. Tous les Arts, par exemple, qui emploient le fer, ont des principes communs; mais ce feroit inutilement qu'on en attendroit la connoiflance de ceux qui exercent ces Arts; chacun d'eux ne connoît que l'application de ces principes à la pratique de fon: at: un Maréchal, un Serrurier, un Coutelier favent forger ; mais chacun d'eux ne connoît que la manière de forger qu'il a apprife, & ignore parfaitement que l'art de travailler le fer à des principes généraux, qui cependant lui feroient infiniment utiles dans un grand nombre de cas imprévüs, auxquels fa pratique ordinaire ne peut s'appliquer. Nous ne prétendons cependant pas que tous les Artiftes doivent être compris dans le nombre de ceux dont nous venons de parler; il fe trouve dans prefque toutes les profeflions, des génies d’un ordre plus élevé, capables de généralifer leurs®® idées, d’obferver, de profiter de leurs obfervations, & aflez forts pour franchir d'eux-mêmes, & fans fecours, les bornes étroites qui retiennent les autres comme captifs. C'eft à ces hommes précieux qu'on doit le chemin que les Arts ont fait jufqu'ici vers leur perfection : pourquoi ne travailleroit-on pas à en multiplier le nombre ? Ce n'eft qu'en rapprochant, pour ainfi dire, les Arts les uns des autres, qu'on peut y parvenir; on les mettra, par ce moyen, à portée de s'éclairer mutuellement, & peut-être de produire un grand nombre de nouveautés utiles ; ce n'eft que par-là qu'on peut en bien connoître les véritables principes, comparer les pratiques ufitées dans le royaume avec celles des autres pays, leur donner le moyen de recevoir du fecours de la théorie : ce n’eft pas même en ce cas un médiocre avan- tage que de mettre ceux qui s'appliquent aux Sciences, & qui Li D MES SRCUMLE NC :E. S. 14 n'ont pas le loifir ou la commodité d'aller étudier les Arts chez les Artiftes, à portée de connoitre de quel côté ils doivent tourner leurs vües & diriger leurs travaux, pour les rendre plus promptement & plus direétement utiles à la fociété; enfin la defcription des Arts eft le moyen le plus efficace d'apprendre à une grande quantité de proprictaires, qu'ils ont en leur pofleflion des tréfors qui leur font inconnus, &.:qu'ils peuvent mettre en valeur par l'établiflement de diverfes Manufaétures dont elles n'avoient aucune connoiflance, & dont la leéture de cet ouvrage leur pourra donner l'idée. Plufieurs perfonnes placées dans des endroits où lon manque fouvent d'ouvriers même médiocres, y trouveront le moyen, ou d'exercer elles- mêmes les Arts qui leur feront néceflaires, ou de les faire exercer par des gens qui ne les avoient jamais pratiqués. Ceux qui fe font trouvés dans le cas dont nous parlons avec quelque connoiffance des Arts, favent de quelle reflource peuvent être ces connoïflances, tant pour fe procurer une infinité d’agré- mens que pour dompter, pour ainfi dire, par une occupation utile & agréable, l'ennui d'une folitude que les temps & les circonftances rendent fouvent forcée. x N'eût-on même aucun befoin de pratiquer les Arts ni de former des ouvriers, quelles reflources ne trouvera. t-on pas dans l'amufement que l'hiftoire des Arts eft en état de procurer! H doit être fürement plus agréable pour un ami de l'humanité, d'admirer, dans cette hiftoire, le génie & l'induftrie de l'homme, que de voir dans celle des royaumes & des empires, jufqu'où Fambition, Fintérêt, & mille autres paffions encore plus in- dignes de lui, ont pü le dégrader de fa noblefie de {on être. On fera étonné du nombre prodigieux de pratiques ingénieufes qui ont été inventées pour nous faire jouir commodément , & à peu de frais, d'une infinité de choles utiles, & pour mettre à profit des biens que nous foulons fouvent aux pieds, fans les connoître, & qui ne font des objets de commerce, de richefles & de commodité que pour ceux dont le génie trouve le moyen de les mettre en valeur. À . Cétoit dans cette vüe que l'Académie avoit cru devoir Ti 550 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE entreprendre une defcription des Arts détaillée & raifonnée, On voit aifément qu'un pareil ouvrage ne peut être que celui d'une Compagnie ; la vie, les connoiffances & les facultés d’un particulier, quelque fortune, quelques talens, quelqu'ardeur qu'on lui fuppofät, ne pourroient certainement jamais fufhire: pour le conduire à fa perfection. Elle avoit obtenu de feu M.£ le duc d'Orléans, Régent du royaume, des ordres adreflés aux Intendans des différentes provinces, pour qu'ils lui en- voyaflent des defcriptions exaétes & circonflanciées , tant des Arts qui {e pratiquoient dans chaque généralité, que des diffé- rentes productions qui pouvoient s'y trouver. Ces Mémoires recueillis avec foin, & examinés fuivant les principes des Mathématiques & de la Phyfique, devoient former une hiftoire des Arts, d'autant plus précieufe qu’on en avoit foigneufement exclu tout ce qui pouvoit être inutile. L'Académie avoit confié, pour ainfi dire, la direction de tout ce travail à feu M. de Reaumur, l’homme peut-être de fon fiècle le plus éclairé fur cette partie de la Méchanique, & le plus au fait de la Phyfique & de l'Hifloire naturelle. H y a travaillé pendant une grande partie de fa vie; mais les différentes occu- pations de ce célèbre Académicien ne fui ayant pas permis de conduire cet important ouvrage à {à fin, on a trouvé à fa mort une quantité très-confidérable de planches gravées, de defléins, de Mémoires, les uns prêts à paroître, & les autres qui navoient pas encore été rédigés. L'Académie a cru devoir reprendre l'exécution de ce projet; & pour y parvenir, elle a engagé ceux de fes Membres qui ont pû fe prêter à ce travail, à fe charger non feulement de publier les Mémoires déjà rédigés, mais encore de les revoir, d'y ajoûter les proyrès qu'avoient fait les Arts depuis la rédaction des Mémoires, & enfin de travailler à la defcription de ceux qui n'avoient pas encore été examinés ; le zèle avec laquelle ils fe font livrés à ce travail, a été fi grand, qu'en moins de trois années elle s'eft vûe en état de commencer la publication de cet ouvrage. S'il avoit été poffible que toutes les defcriptions des Arts VO OO CP DIE: SG IR NC ES 151 euffent été faites en même temps, l'ordre naturel de leur publi- cation auroit été de les ranger, pour ainfi dire, par matières, c’eft-à-dire, de mettre de fuite tous ceux qui peuvent avoir un rapport eflentiel les uns avec les autres; mais il auroit fallu attendre trop long-temps pour, les publier de cette manière, & l’Académie a cru devoir faire paroïiie chaque Art féparé- ment, auffli-tôt qu’il feroit en état d'être publié, & fans faire fuivre les chiffres des pages des uns aux autres; par ce moyen elle laifle à chaeun a liberté de les arranger comme il le jugera convenable, &. celle de fe procurer l'Art qu'il defirera, fans être obligé de fe charger d'aucun autre; avantage d'autant plus eflentiel, qu'on imagine aifément que l'ouvrage entier deviendra très-confidérable, & feroit hors de la portée de la plufpart des Artiftes auxquels il eft principalement deftiné. Cete facilité même d'acquérir chaque Art en particulier , a paru fufceptible d’un autre avantage; donnant à chaque Aïtifte de moyen de fe procurer la delcription de l'art qu'il defire, il y a tout lieu d'efpérer que l'Acadéinie en recevra des Mémoires & des inftruétions fur les points de la defcrip- tion des Arts qui pourroient être omiles où mal expliquées dans cet ouvrage; elle eft bien éloignée de le regarder comme parfait; il peut lui manquer une infinité de pratiques & de connoiffances de détail qu'elle recevra avec plaifir de la main de ceux qui pratiquent les Aits & des Métiers, & dont elle profitera en rendant aux auteurs toute la juftice qui leur fera dûe, perfuadée que ceux qui ont aflez de génie pour réfléchir fur leur art, font aufi ceux qui peuvent donner le plus de lumières fur la meilleure manière de l'exercer. Elle en eft mêine fi pleinement convaincue qu'elle ne fera auçune dificulié d'adopter, pour ainfi dire, & de publier fous le nom de leur auteur les defcriptions même entières des Arts qui lui feront envoyées, dès qu’elle les jugera propres. àêtre publiées; elle ne cherche, dans cet ouvrage, que l'avantage du Public, & elle partagera avec plaifir da gloire de le procurer avec tous ceux qui pourront & qui voudront y contribuer. I nous refle à dire un mot des Arts que l'Académie 2: 552 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE publiés cette année; cette publication appartient trop à l'objet de fes travaux, pour qu'elle ne faffe pas une partie de fon hiftoire: fes trophées feront toûjours les monumens qu'elle confacrera à l'utilité publique. Le premier eft l'art du Charbonnier; par M. du Hamel. Quelque fimple que paroïfle cet art, & quelque commune que foit cette matière, nous ofons aflurer que la plus grande partie de ceux qui en liront la defcription, demeureront d'accord qu'ils navoient pas même la moindre idée du fingulier état dans lequel le bois eft réduit par cette opération, ni de toutes les attentions délicates & néceflaires pour l'y amener: Le fecond eft celui de Chandeker; par le même M. du Hamel. Cet art, qui fournit la matière d'un commerce con- fidérable dans le royaume, méritoit d'autant plus d’être exaéte- ment décrit, que dans un très-grand nombre d’endroïts on eft obligé de le faire exercer dans les châteaux, les Commu- nautés, &c. & que les réflexions que M. du Hamel y a jointes, jetteront certainement un grand jour fur la manière de le pra- tiquer avec fuccès. Le troifième eft d'art de la fabrique des Ancres. Cet art eft un de ceux qui avoient été commencés par M. de Reaumur ; mais M. du Hamel y a joint toutes les obfervations & toutes les réflexions qu'une longue expérience & l'exercice de fa place d'Infpecteur général de la Marine, ont pà lui fournir fur cette importante matière. Le quatrième eff l'art de l'Æpingher. Le même M. du Hamel y joint à ce qui en avoit été trouvé dans les papiers de M. de Reaumur, fes propres obfervations, & celles qui lui avoient été communiquées par M. Péronnet, premier Ingénieur des ponts & chauflées. On fera étonné, à la lecture de cet ait, du nombre d'opérations néceffaires pour mettre à fa perfection un ouvrage aufli vil en apparence qu'une épingle, & des in: génieufes inventions qui ont été néceflaires pour pouvoir les procurer au Public à un prix fi modique, qu'un millier de pièces qui ont paflé chacune quatorze fois par les mains, peut être donné pour douze fols, & même pour beaucoup moins : c'eft cependant dd SR) et none de Sn DES SGtTENCES. 153 cependant ce à quoi l'induftrie humaine a trouvé le moyen de parvenir. : Le cinquième eft l'art de faire le Papier, Ces manufaétures forment l’objet d’un très-gros commerce, & méritent par con- féquent d'étre décrites avec la plus grande attention. M. de Ja Lande, qui en a donné fa defcription, n'a épargné ni peines ni voyages pour fe mettre parfaitement au fait de cette opé- ration. Il décrit non feulement les pratiques ufitées dans un endroit, mais encore toutes celles qu'on fuit dans les diffé- rentes Manufaétures; il les compare les unes aux autres, & les ramène par-tout aux principes de la plus faine Phyfique. Le dernier Art qui ait paru pendant année 1761 ,a été la première & la feconde partie de celui des Forges à fer. Cet important objet avoit été commencé par feu M. de Reaumur ; il a été continué par M. le marquis de Courtivron & M. Bouchu, Correfpondant de l'Académie. La première de ces deux parties a pour objet la manière de reconnoître les mines de fer, d’en déterminer la nature, de les tirer, de les préparer, & de leur mêler les différentes matières qui doivent leur fervir de fondans : la {éconde a pour objet l'application du feu au travail du fer, & particulièrement la conftruétion des différens foufflets qu'on emploie dans les forges pour en exciter la vio- lence ; on y admirera fans doute comment l’induftrie humaine a pû fubjuguer les élémens, & forcer en quelque forte fair, eau & le feu, à tirer du fein de la Terre une matière auffi néceflaire que le fer. Tels font les Arts dont la publication a eu cette année pour époque ; l’Académie fe fera deformais un devoir d’'inftruire chaque année le Public, dans fon Hiftoire, de tous ceux qui auront été publiés. Cet ouvrage n'eft entrepris que pour fon utilité, & il eft jufte qu'il foit informé exactement de {es progrès. Lai Hi 1761. .V 154 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE MACHINES ou INVENTIONS APPROUVÉES PAR L'ACADÉMIE EUNSAMTNEDICICL'X TL. ilx NE Machine inventée & exécutée à Rouen par M. Brifout, pour accélérer & perfectionner la filature du coton, du lin & de la foie, & principalement pour diminuer le prix de la main-d'œuvre dans la filature des cotons fins, propres à fabriquer des mouflelines. Deux cents quatre-vingt- feize bobines y font miles en mouvement par deux grandes roues ; cent quarante - huit Fileufes ayant chacune une que- nouille placée devant elles, tirent un fil de chaque main; & comme elles ne font aflujéties à aucun autre mouvement, elles peuvent donner toute leur attention à rendre leur fil parfait ; chaque Fileufe peut interrompre ou ralentir, à fa volonté, le mouvement de fa bobine, fans rien changer au mouvement de toutes les autres, & filer ainf plus ou moins vite, à proportion de fon habileté ; lorfqu'un fil cafle, elle peut le reprendre, pendant que toutes les autres bobines con- tinuent de fe mouvoir. Cette machine a paru d'autant plus intéreffante, que les certificats qu'a rapportés M. Brifout, conf tatent le fucces qu'elle a eu en grand à Rouen & à Gilors, où elle a été établie, & que les eflais de coton filé qu'il a fait voir, ont été trouvés d’une très-grande beauté, LE ù Une Machine hydraulique de M. Limbourg, Médecin de la Faculté de Montpellier. Le principe de cette machine, de même que de celle qui a été exécutée aux mines de Chemnitz, & dont l'Académie doit donner la defcription dans le cinquième volume du Recueil des Savans étrangers, eft l'air qui, chaflé par une chûte d’eau d’une cavité où il eft enfermé, va par des tuyaux, comprimer de l'eau contenue dans d'autres cavités, &c DES ScrENCES. ft Nss l'oblige par-à à s'élever, M. Limbourg place deux de ces ma- chines à côté l’une de l’autre, & les fait communiquer enfemble, afin qu'il n’y ait aucun temps de perdu, & que la machine aille toûjours pendant que l'une des deux premières cavités {e vuide d'eau & fe remplit d'air. La hauteur à laquelle if veut élever Veau, eft partagée par des réfervoirs fermés en autant de parties, de chacune defquelles fa hauteur eft moindre que la chûte d'eau qui comprime l'air, & le tout eft garni de foûpapes aux endroits convenables : quoïque cette machine, dans l'état où elle a été préfentée à l’Académie, ait paru fujette à de grands incon- véniens, tant pour la conftruétion que pour lufage, cependant Fidée en a paru ingénieufe, & mériter les efforts que M. Lim- bourg fe propofe de faire pour l’amener au point de perfection dont elle peut être fufceptible. GEL AE HR À Des Fours portatifs pour le fervice des Armées, propolés par M. Faiguet, Tréforier de France à Chälons, & Membre de la Société d'Agriculture de Bretagne. Ces fours font com- polés de deux grandes caïfles de tôle placées l'une dans F'autre, &. laiffant entrelles un ou deux pouces d'intervalle ; ces caifles font foûtenues par des barreaux de fer affujétis par des vis, de manière que le tout puifle fe démonter; la caifle extérieure doit étre d’une tôle plus forte que l'intérieure; celle-ci, qui eft le véritable four, eft partagée en trois étages qui peuvent chacun recevoir cent quatre-vingt-douze rations de pain; ce qui feroit cinq cents foixante - feize rations dans les trois étages. Ce four reçoit fa chaleur, du feu qu'on allume entre les deux caifles, & dont la flamme pénétrant dans l'intervalle qu'elles laiflent entr’elles, communique à toutes fes parties une chaleur affez égale, fur-tout fi, comme le prelcrit M. Faiguet, on défend le fond du four de l'action immédiate du feu, par une caifle de tôle remplie de fable à quelques pouces d'épaiffeur. L'auteur propofe de joindre à ces caifles toutes montées, des eflieux de fer pour les tranfporter, fans les démonter, lorfqu'on le jugera néceflaire: cette conftruétion a paru ingénieufe, & mériter qu'on en fit des expériences en grand. V i 156 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE EVA Le même M. Faiguet a propofé à l'Académie une forte de pain compofé de la partie farineufe des pommes de terre, mélée & fermentée avec les farines d'orge ou de feigle, pour fuppléer en partie aux grains dans les temps de difette. Après avoir lavé & gratté la pomme de terre, pour en féparer celle qui peut y être reftée adhérente, on la fait bouillir un quart d'heure dans eau; puis on la réduit, en lécrafant, en une efpèce de pâte qu'on délaie dans beaucoup d'eau pour la pañler par un tamis à claire voie, afin d’en féparer les parties groffières, les pellicules, &c. qui reftent fur le tamis: la liqueur étant repofée , on trouve au fond la partie farineufe de la pomme de terre ; on jette l’eau qui furnage ; & après avoir mis l'efpèce de pâte qui refte, dans un fac de groffe toile , on exprime à la prefle ou fous une grofle pierre pour en chafler toute l’eau qu'elle contient : alors elle demeure sèche & friable, & on mêle un tiers de cette pâte avec la farine de feigle ou d'orge; on fait enfuite lever le tout à l'ordinaire. Le pain d'orge & celui de feigle, n'en reçoivent que peu d’altération ; un tiers de cette farine, mélé avec un tiers de froment & un tiers de feigle, a produit un pain peu différent au goût de celui de méteil, mais extra- ordinairement vifqueux: on a cru que cette invention pouvoit fuppléer à la rareté des grains en temps de difette, comme l'auteur fe l'étoit propolé; mais qu'en toute autre circonflance, les manipulations qu'exige la préparation de la racine, em- pécheroient qu'il n’y eût du profit à en faire ufage. Une nouvelle efpèce de Sufpenfion pour les carrofles, inventée par M. Zacharie, Horloger à Lyon. Au lieu des foûpentes ordinaires des berlines, & des foupentes à reflort qu'on emploie à quelques équipages; l'auteur emploie des efpèces de chaînes élaftiques, formées de ces faifceaux de fil de fer en forme d'anneaux, que vendent les Marchands de fer; ces efpèces d'anneaux joints enfemble par des liüres du même fil de fer qui les affemblent, deviennent une chaîne élaftique, capable de porter folidement la caifle d'une voiture. M. Zacharie en D GE ie Be dE DÆS SCIENCES. 157 place deux à chaque coin de la caiffe, & il les affujéit au mouton par le moyen d’une vis qui, en tirant la pièce de fer à laquelle tiennent les deux chaînes, permet de les tendre plus ou moins, flon le befoin. Il a paru que cette efpèce de fufpenfion étoit plus douce que celle des fimples foupentes, & un peu moins que celle des foupentes à reflort; mais aufli elle ne coûtera qu'environ la cinquième partie de cette dernière efpèce, & à peu près la moitié des foupentes fimples: l'expérience d'une voiture, que M. Zacharie a amenée de Lyon avec des foupentes de cette efpèce, fans qu'elles aient perdu leur élaf ticité, fait voir qu'elles font capables de réfifter à tous Les efforts qu'elles peuvent avoir à foûtenir; ce qui a été de plus confirmé par le calcul qu'on en a fait. VE Une Montre de nuit, au moyen de laquelle on peut, par le fimple taét, connoître l'heure qu'elle marque. Le cercle exté- rieur du cadran eft découpé de façon que chaque heure y forme une efpèce de dent ; les quatre qui répondent à midi, à trois, à fix & à neuf heures, font quarrées ; une heure, trois heures, fept heures & dix heures font fimplement arron- dies, & les autres heures, favoir, deux heures, cinq heures, huit heures & onze heures font aufli arrondies, mais avec une petite pointe moufle. L’aiguille des heures eft plus alongée que dans les autres montres ; elle va jufqu'au cercle extérieur, & eft furmontée d’une petite pointe qui f relève à angles droits fur fon extrémité; par ce moyen on peut, dans l'obfeurité, reconnoître aifément à quelle heurételle trouve, en ouvrant la montre, & cherchant avec le bout du doigt l'heure à laquelle elle répond, qui fera toujours facile à connoître, tant par fa figure que par fa diflance à midi, qui fe trouve toujours vis-à-vis le bouton qui fert à fufpendre la montre; on trouvera par le même moyen la pofition de l'aiguille des minutes, & la plus grande erreur qu'on puiffle commettre, fera environ de la moitié de la diflance d'une heure à l'autre, c'eft-à-dire d'environ deux minutes & demie; précifion au moins égale à celle des meilleures répétitions ; & comme un cadran découpé V iÿ “Vo. Hif 1749) Pr: 40 Ÿ [2 158 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de cette manière pourroit à l'ordinaire & pendant le jour; avoir quelque chofe de fingulier, la lunette de la montre porte une pièce émaillée qui, en la fermant, remplit tous les inter- valles que laiflent les dents dont nous avons parlé, en forte que le cadran ne diffère prefque plus dés cadrans ordinaires. Cette invention fi fimple & fr ingénieufe eft dûe à S. A. S. M: le prince de Conti, qui fa fait exécuter par M. le Roy. Ce n'eft pas la première fois que l'Académie a eu l'honneur de citer le nom de ce Prince en pareille occafion *, Pulls Une Machine deftinée au fervice des pompes pour éteindre les incendies, & fauver les perfonnes & les effets précieux, lorfque le feu a gagné les efcaliers, propofée par M. Alléon de Varcout. Elle confifte en un grand chariot, fur lequel eft placé un mât qui peut fe coucher & fe redrefler; ce mût eft une efpèce de tuyau, & porte à fon extrémité une hune femblable à celle des mâts de navire; des cordages attachés à fon fommet & au chariot l'affermiflent dans fa fituation, quand il eft redreflé; dans Fintérieur de ce mât eft un autre tuyau femblable, garni auffi d’une hune à fon extrémité; celui-ci s'élève par le moyen d'une corde qui, paffant par deflous, va fe garnir à un treuil placé fur le chariot, & ïl eft retenu de là mème manière par des cordages attachés au chariot; un troïfième mat eft encore contenu dans le fecond, au deffus duquel il s'élève & s’aflujétit de la même manière ; les cordages ou haubans portent des échelons ou enfléchures, par lefquelles on peut monter aux hunes ou en defcendre. IL eft évident qu'au moyen de cette machine, qui peut être conduite & montée en très-peu de temps, on établit par les fenêtres d’une maiïfon, dont l'efcalier efl embrafé, une communication facile, par laquelle on peut introduire du fecours & fauver les perfonnes ou les effets précieux qui s'y trouveroient. Cette invention a paru afléz fimple & aflèz utile pour mériter qu'on en fafle des expériences qui puilfent lui donner toute la perfection dont elle paroît fufceptible. Lg T DSi SN ENGC mis x 2:11 aÿo V. LE Phifieurs Machines propofées par M. Loriot. 1. Une machine à cafler le minéral dans les fonderies ; elle eft compolée d’un certain nombre de marteaux difpolés circulairement, & qui fe lèvent les uns après les autres par le moyen: d'un plateau rond placé au centre, & chargé de trois plans inclinés qui rencontrent fucceflivement toutes leurs levées; ce plateau eft conduit par deux hommes, les têtes de ces marteaux battent fur des enclumes placées dans une rigole qui a à peu près la figure d’un pas de vis, en forte que la matière mife & brifée fous le marteau le plus haut, eft fucceffivement entraînée fous tous les autres par l'eau qui coule dans la rigole ; des trémies placées dans le bord extérieur de la rigole permettent de jeter de nouveau minéral fous chaque marteau, felon qu'il convient, & une efpèce de berceau attaché au rebord, empêche qu'il ne puifle être jeté dehors cette machine, Elle a été exécutée avec fuccès, & a paru préférable à la manière ordinaire de l'écrafer à la main avec des marteaux, tant pour l'épargne du temps que pour celle du minéral même, dont on perd fouvent la partie la plus précieufe par la méthode ordinaire. 2° Une machine propre à tirer parti du flux & reflux de la mer pour élever des fardeaux. Un petit bâtiment placé dans un endroit convenable, porte une grue, fur de treuil de laquelle .€ft roulée une corde affüujétie au fond de ta mer ; une autre corde eft devidée en fens contraire fur la roue fixée à ce treuil, d'où elle fe rend aux poulies du chapeau de la grue, & va de- là faifir le poids qu'on veut enlever; ce qui fait que la marée montante élevant le bâtiment, elle obligera néceffaire- ment le treuil à tourner & à faire aufli tourner la roue. qui élevera Je poids ; en ne donnant à la roue que huit fois le diamètre du treuil, on peut élever pendant une marée qui ne monte qu'a 8 pieds, un fardeau confidérable à 64 pieds. On a trouvé que cette machine pourroit être très-utilement em- ployée toutes les fois qu'on auroit-à élever très - lentement de très-gros fardeaux, comme pou. mâter & démâter des navires, &c, mais que lorfque Fopération exigeroit de a 160 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE promptitude & de la vivacité, elle perdroit la plus grande partie de fon avantage. 3° Une efpèce de bafcule deftinée à fervir de grue dans les ports, pour tirer les ballots des vaifleaux , & pour les pefer en même temps; elle confifte en un grand levier porté fur deux tourillons placés au milieu de fa longueur, & foûtenu par un petit mât de hauteur convenable; un poids plus lourd que tous ceux qu'on peut avoir à foulever avec la machine, eft fufpendu à l'une de fes extrémités par une barre de fer ou par une corde dont la longueur égale à peu près celle de la moitié du levier; une autre corde paflant fur une poulie, proche des tourillons, eft attachée par un bout au poids, & par l'autre à un treuil attaché au pied de la machine; par ce moyen on peut, en faïfant décrire un quart-de-cercle au poids, le mettre à toutes les diflances poflibles des tourillons, & par conféquent l'égaler au fardeau qu'on attache à l'autre bout du levier ; & la valeur des différens poids avec lefquels il eft en équilibre dans chaque fituation, eft gravée fur un quart-de-cercle attaché au levier; dès que le poids eft en équilibre avec le fardeau, le levier fe met dans la fituation horizontale, & on peut, en tournant le levier, le conduire à droite ou à gauche, & en même temps on voit fur le quart-de-cercle le nombre de livres qu'il pèle. On a cru que cette machine, bien exécutée, feroit capable de remplir, avec l'exactitude requife en pareil cas, le double objet que l'auteur s'étoit propolé. | 4 Un moyen d'arrêter le mouvement de fa reue d'une grue, lorfque la corde qui enlève le poids, vient à fe cafier; l'auteur emploie pour cela un levier chargé d'un gros poids qui, lorfqu'il eff libre, frotte contre la circonférence de la roue, & arrête fon mouvement; ce levier répond par un cordage à un autre levier qui porte la poulie par-deflus laquelle pañle la corde avant que d'arriver fur le treuil; par ce moyen, tant que la corde chargée du poids don élève, appuie fur la poulie, le levier qui doit exciter un frottement fur la roue, demeure fufpendu; mais f1 la corde vient à cafler, le levier exerce dans le moment {on action fur la roue, & l'arrète par fon frottement, L'auteur A k e DES SICcTIENCGE S. 161 L'auteur applique fa même méchanique aux roues des carrières ; & comme il n'y a point là de poulie, c’eft un des paliers dans lelquels roulent les tourillons du treuil, qu'il rend mobile, & qui, tant qu il eft chargé par le poids de Ja pierre fufpendue ‘par le cable au treuil, foulève le évier deftiné à empêcher . a roue de tourner, & lui laïffe au contraire la liberté d'arrêter le mouvement de la roue, dès que la rupture du cable le dé- charge de ce poids. Ona cru que ce moyen, affez fimple par lui-même, pouvoit être utile dans bien des cas. 5 Deux efpèces de petits chariots ou équipages brifés, Fun pour tran{porter des orangers dans leur caïfie, l’autre pour voiturer des: barriques dans les ports de mer, & une chaine ‘fans fin, deftinée pour les puits des mines, Pa que les ouvriers ne fgient chargés que du poids du minéral: qu'ils ont à élever; un des côtés de la chaîne faifant dans ce cas équilibre avec l'autre. On. a trouvé que les deux petits chariots pourroïent être d'un ufage commode; & que l'utilité, de, la chaine fans fin, dont on s'eft déjà pr en plufieurs fémblables occafions, ne ponvait être toile en doute, | EX: Une autre te du mème M: Loriot, deflinée dans lexploitation des mines de plomb, a la double opération de laver & de trier le minéral; il la nomme machine à laver. 1: On lave le minéral ‘pour en détacher les parties terreufes qui y font jointes, .& que le courant de: l'eau peut délayer & entrainer, & on le, crible pour féparer les fragmens de différentes groffèurs ; ces deux opérations Jenédiionr à l'or- dinaire féparément ; de avoir eft une rigole inclinée, dans laquelle paffe un, filet d'eau ; on y jette le minéral: concafié, qu'on remue avec une, efpèce de rateau; Veau emporte avec elle la terre qu'elle a détrempée * &. les parties métalliques demeurent comme plus pefantes au fond de la rigole; pour cibler, louvrier prend un crible de fil de laiton chargé de minéral, & -le trempant dans l'eau d'une cuve, il agite de fecoufles plus ou moins grandes, & le plonge & le retire alter+ Jav.ement ; par cette manœuvre, il opère fur le minéral, qui Hit. 1701. . X 162 H1ISTOIRE DE L’'ACADÉMIE ROYALE eft dans le crible, la même chofe qu'on opère fur le bled en le vannant ; les particules métalliques sarrangent fuivant leurs différentes pefanteurs fpécifiques, & le cribleur eft en état de les féparer. On conçoit bien que les opérations du lavage &c du criblage doivent fe répéter fucceflivement plufieurs fois, fi on veut avoir le minéral bien trié. La machine de M. Loriot, müe par un courant d'eau très- modique , fait feule à la fois toutes ces opérations, & épargne par conféquent la plus grande partie des ouvriers qu'on y emploie; elle confifte dans un vaiffeau en forme de cône tron- qué, fermé par le petit bout, & ouvert par le grand : ce vaiffeau a pour axe un arbre qui le traverle, & qui porte encore une roue à augets, qui au moyen d’un courant d’eau, fait mouvoir toute la machine; un canal tourné, non en hélice, mais en portions circulaires qui, par une inflexion à la fin de chaque tour, communiquent les unes avec les autres, rampe d'un bout à l'autre de ce vaifleau; ce canal reçoit le minéral par la bale du cône qui eft ouverte ; les têtes des clous qui font aux premiers tours dans le fond du canal, font l'eflet des rateaux des lavoirs ordinaires; & pendant que le mouvement circulaire de la machine force le minéral à parcourir cette efpèce d'hélice, l'eau qui eft continuellement apportée par un tuyau dans la machine, & qui y eft retenueifur les premiers tours par un rebord circulaire placé à fon embouchüre, lave le minéral, & enlève fa partie terreufe. Dans les tours fuivans, il pafle, en continuant fa route, par diflérens cribles qui, en laiflant pafler dans le fond du canal ce qui eft fuffifamment préparé, rejettent le refte par des ouvertures & des canaux de décharge au dehors de la machine; enfin, le même mouvement ayant conduit le minéral à l'extrémité, le fait en quelque forte revenir fur fes pas dans d'autres canaux, où il achève de fe tamifer par différens cribles qu'il y rencontre, & en fort enfin lavé, criblé & propre à porter à la fonderie. Cette machine a paru ingénieufe & bien imaginée ; l'Académie a cru que, par les différens effets qui doivent réfulter de fa conftruétion, on pouvoit la rendre capable de fatisfaire à ce qu'exigent les Ares SCAN Nacamis rer 6e opérations du--lavage & du criblage ; ce qui peut même être confirmé par une expérience de plus de deux années, pendant lefquelles la machine de M. Loriot a été employée avec aflez de fuccès pour fupprimer la plus grande partie: des ouvriers qui étoient employés à ces deux opérations. E PARLEMENT ayant fait l'honneur à l'Acadéinie de lui demander fon avis fur les Lettres patentes obtenues par le fieur Jean Poitevin & Angélique-Perrette de Vienne f femme, portant privilége d'établir des bains chauds fur la rivière de Seine, la Compagnie a déclaré qu'elle ne voyoit aucun inconvénient à cet établiflement, conduit par le fieur Poitevin avec {a plus grande induftrie & l'attention la plus fcrupuleufe, duquel même il pouvoit réfulter un grand avan- tage par la réduction du prix des bains à la moitié, qui doit en faciliter l'ufage à un grand nombre dé perfonnes, «52 164 Histoire DE L'ACADÉMIE RoyaLe à 1 be le nombre des Pièces qui ont été préfentées cette année à l’Académie, elle a jugé les trente-trois fuivantes dignes d'avoir place dans le _— de ces ouvrages qu ‘elle fait imprimer. Sur les principes de l'Art de faire parler ceux des Sourds & Muets, qui ne font muets que parce qu'ils font fourds, par M. Ernaud. Obfrvation de l'Éclipf de Lune du 22 Novembre 1760, faite à Rouen par M. Dulague. Sur une Échinite, foffile fingulier, par M." du Luc. Sur le raffinage du Camphre, par M. Valmont de Bomare. Examen des cas de l'expérience de Leyde, dans lefquels on reçoit ou on ne reçoit pas la commotion électrique, par M. Necker, citoyen de Genève, Correfpondant de l Académie. Voyage aux ifles de France & de Bourbon, par M. d’Après, Correfpondant de l’Académie. Sur les divers degrés de chaleur des différentes fources de Bagnières, par M. Darquier, de l’Académie Royale des Sciences & Belles - Lettres de Touloufe, Correfpondant de l'Académie, Oblfervation de l'éclipfe de Lune du 18 Mai 17617, faite à Bayeux par M. l'abbé Outhier, Correfpondant de l'Académie, Obfervation de la même Éclipf, faite à Touloufe par M. Darquier. Obfervation de la même ÉciipR, faite à Rouen, par M.° Bouin & Dulague. Obfervations du lieu des Planètes, faites à Rouen en 1758, par M. Bouin. Sur la Mine d’alun de la Tolfa, comparée à celle de Polinier en Bretagne, par M, l'abbé de Mazeas, Correfpondant de l'Acadéinie. UN Lé j D'ES" SICTEN cE $ 165 - Obfervation de F'éclipfe de Lune du 18 Mai 1767, faite à Segherre en Iftrie, par le P. Bofcowich, Correfpondant de l’Académie, Sur là pofition de l'orbite de Vénus, dans fon pafage fur le difque du Soleil, par M. Baudouin, Confeiller au Grand- confeil, Sur les dernières obfervations du troifième & du quatrième fatellite de Jupiter, par M. Baudouin. Obfervations du pafñage de Vénus fur le difque du Soleil, faites le 6 Juin 176: ; À Paris, par le P. de Merville, Meffier, Libour, Bailly & Prolange; | A l'Écolé militaire, par M. Jeaurat; À Oïléans, par M. Joufe, Confeiller au Préfidial : À Rouen, par M. Bouin & Dulague ; À Béziers, par M. de Manf, Bouillette & Ribart; À Bayeux, par M. l'abbé Outhier ; À Stockolm ,.par M. Wargentin; A Vienne, par le P. Hell; £ À Tirnaw en Hongrie, par le P. WeifT; A Madrid, par le P. Ximénès; À Greenwich, par M. Bliff, Birch & Green: . À Nimes, par M. Seguier; A Lyon, par le P. Béraud; ‘ A Copenhague, par M. Horrebow ; À Drontheim en Norvége, par M." Bugge & Hafcow ; À Nimes, par M. Seguier : À Vincennes, par M. Prolange, qui y a joint la compa- raifon de fon obfervation & de celle d'Horoccius. X iÿ 166 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ACADÉMIE avoit propofé pour le füjet du Prix de dr 1761, la mvilleure maniere de Lfler à d'arrimer un Vaiffeau, à les changemens qu'on peut faire à l'arrimage, foit pour faire mieux porter la voile au Navire, foit pour lui procurer plus de viteffe, Joit enfin pour le rendre plis ou moins fenfible ail gouvernail. Elle a partagé ce Prix entre deux pièces : La première ef la pièce n° 1, qui a pour devife: . . . dpi numerumique modumque carinis Praæcipiunt onerum, dont l'auteur eft M. Jean-Albert Euler, de l Académie Royale des Sciences & Belles-Lettres de Prufle, fils de M. Léonard Euler, Aflocié-Étranger de l'Académie, La feconde a pour devife : Sur fon centre fixé, le Navire orgreilleux Ofe braver des Mers l'effort impétueux , dont Jauteur eft M. l'abbé Bofut, Profeffeur royal de Ma- thématiques à l'école du Génie à Mézières, Correfpondant de l'Académie, 1 L Days SCALE NC ES 167 SPRINT le Ve lee vole torntoté Sas cn lsts. en la Tres ss Tes s es rss — Dre 2. OX) GraE DE HAE ONE 28 ÉDMEDEOuR. ERNARD FOREST DE BÉLIDOR, Brigadier des Armées du Roi, Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S.' Louis, Infpecteur de F'Arfenal de Paris & des Mineurs de France, des Académies Royales des Sciences de France, d’Anpgléterre. & de Prufle, naquit en Catalogne én 1697 ou 1698, de Jean-Baptifte Foret, Officier au régiment de Dra-- gons de Valencé, & de Marie Hébert. Il éprouva les plus grands malheurs avant même que de les pouvoir connoître ; il avoit à peine trois mois, lorfqu'il : perdit fa mère; & fon père, obligé de partir avec le régiment, mourut très-peu de temps après, laiffant fon fils âgé au plus de cinq mois, au milieu d'une terre étrangère, & alors même ennemie, H ne sy trouva cependant pas abandonné; Îe père, avant fon départ, l'avoit recommandé à M. de Foffiébourg, Officier d’Aïtillerie, fon parrain, & à la Dame fon époufe. L'état où fe trouvoit alors le jeune Bélidor, étoit bien capable de toucher des gens, même moins généreux que M. & M.” de Foffié- bourg ; ils n'héfitèrent point à s’en charger, & à le regarder comme leur propre fils; ce fut fur ce pied qu'ils le ramenèrent en France, Bientôt cette façon de penfer, f1 noble, fe changea en un fentiment plus vif, & l'attachement qu'ils prirent pour cet enfant adoptif, fut d'autant plus fort que le développement de fon caractère ne leur fit remarquer en lui que des vertus; ils le regardèrent toujours comme un de leurs enfans, & le firent élever comme tel. = M. de Foffiébourg mourut en 1711; fa veuve f retira auprès de M. Cayot de Blanzy {on frère, Ingénieur en chef à Montreuil; elle y mena toute fa famille, & le jeune Bélidor . 168 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE qui en faifoit partie; elle le recommanda nommément à fon frère, auquel elle raconta toute fon aventure. Celui-ci en fut vivement touché, & les bonnes qualités du jeune homme achevèrent de le déterminer à partager les féntimens de fa fœur ; il ne fut pas long-temps à reconnoître en lui des qualités fupé- rieures & un goût fi décidé pour le travail, qu’il lui fut facile de prévoir dès-lors ce qu'il devoit être un jour, & qu'il {e fit un plaifir de cultiver des difpofitions fi avantageufes ; fa biblio- thèque devint celle du jeune Bélidor, qui y puifa une infinité de connoiflances qui lui furent dans la fuite de la plus grande utilité; mais il donna la préférence aux livres de Mathéma- tiques, qu'il parcouroit avec une ardeur extrême, & qu'il en- tendoit avec une furprenante facilité. Les fiéges de Bouchain & du Quefnoy, qui fuivirent la victoire remportée à Denain par M. le maréchal de Villars, tirèrent M. de Blanzy de fa retraite; il y mena le jeune Bélidor déjà en état de profiter de tout ce qu'il y pourroit voir : ce fut-à en effet qu'il vit, pour la première fois, mettre en pratique les différentes opérations du Génie & de l'Artillerie, defquelles il ne connoïfloit que ce qu'il en avoit vu dans fes livres, & qu'il apprit, par expérience, la néceflité d'acquérir l'art de fortifier les places, & celui de les repréfenter exaéte- ment par des plans &, par des deffeins corrects. Les études qu'il avoit faites dans le cabinet, en avoient fait un Mathé- maticien; la vue des places & des fiéges auxquels il affifla, en firent un véritable Ingénieur. Au retour de cette campagne, il reprit le fil de {es études, & s'y livra avec tant d’ardeur, que non content d'y employer les journées entières, il y, pafloit encore les nuits, & qu'on fut obligé de le veiller de près pour empêcher qu'un travail fi opiniaure ne püt ruiner fa fanté; mais, malgré toute l'attention qu'on y apportoit, il trouvoit toujours moyen de dérober quelques nuits qui étoient facrifiées aux Mathématiques. Peu de jeunes gens de feize ans feroient tentés d'employer au même ufage celles qu'ils pourroient dérober à la vigilance de ceux qui les gouvernent, Une DES SCIENCES. 169 Une étude fi conftamment fuivie, ne pouvoit manquer de faire faire à M. de Bélidor des progrès rapides dans les Ma- thématiques; il en avoit fait effectivement de tels, que lorfque- M.* Caffmi & de la Hire, prolongèrent la méridienne de Paris du côté du nord, les Ingénieurs de Flandre le choifirent unanimement pour aider les deux Académiciens dans cette importante opération. L'ardeur avec laquelle M. de Bélidor fe livroit alors à l'étude des vérités mathématiques, n'avoit point affoibli. dans fon cœur l'impreffion qu'y avoient faite celles de la Religion, dont : il avoit été pénétré dès fon enfance ; il en étoit fi vivement perfuadé qué croyant la retraite du Cloître plus propre à faire fon falut que les occupations du fiècle, il avoit réfolu de fe confacrer entièrement à Dieu dans la vie religieufe, & étoit venu à Paris dans ce deffein ; mais M. Caffini & de la Hire, qui avoient eu le loifir de connoître fes talens pendant lopé- ration dans laquelle il les avoit afliftés, le détournèrent de ce deffein; & pour l'en éloigner davantage, ils le produifirent à M. le Blanc; ce Miniftre n'héfita point à le préfenter à feu £' Je duc d'Orléans, Régent. Ce Prince, d'autant plus ardent protecteur des talens qu'il en étoit lui-même rempli, reconnut bien-tôt ceux de M. de Bélidor ; & par différentes gratifica- tions qu'il lui accorda, le mit en état de les cultiver, & lui fit abandonner abfolument fon projet. Le but du Prince-Régent, en culti vant les talens de M. de Bélidor, avoit été de les rendre utiles à Etat; il s’en préfenta bien-tôt une occafion. Le Roi établit environ dans ce même temps, plufieurs écoles d’Artillerie; M. de Tuffereau, Officier d'une grande diftinétion dans ce corps, fut nommé Com- mandant de celle de la Fère, & il fut chargé de propofer la place de Profeffeur à M. de Bélidor; celui-ci eut beaucoup de peine à f'accepter; l'eftime & les bontés dont M. le Régent l'honoroit, plus encore les fecours que lui offroit {on féjour à Paris pour augmenter fes connoiffances, l'attachoient à cette capitale : cependant M. de Tuffereau fut fi bien lui repré- {enter l'utilité dont il pouvoit être à la Fère, que fon cœur, Hi. 1767. :* 170 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE vraiment citoyen, f rendit, & qu’il confentit à être préfenté à M:£ le duc du Maine, Grand-maître de l’Artillerie; fa répu- tation l'avoit devancé auprès de ce Prince, qui lyi donna, dès le premier inflant, les marques les plus flatteufes & les moins équivoques de fon eftime & de fa bienveillance. Aufli-tôt après fon arrivée à la Fère, il commença à tracer le polygone qui devoit fervir à faire exécuter aux Elèves toutes les opérations qui fe pratiquent dans l'attaque & dans Ja défenfe des places. Les Ambaffadeurs des différentes Puiflances, qui fe trouvoient alors au congrès de Cambrai, s’y rendirent, lorfqu'on en fit l'attaque, & ils en fortirent pleins de fatisfaction, & remplis pour lui de fentimens d’eftime qu'ils n’ont jamais ceflé de lui témoigner dans les différentes occafions qui fe font préfentées. Ce fut à peu près dans ce même temps qu'il donna fon nouveau cours de Mathématiques, à l'ufage de l’Artillerie & du Génie. L’Arithmétique, Algèbre & la Géométrie, font la bafe commune de toutes les Mathématiques mixtes; & tous ceux qui veulent fe livrer à quelque partie que ce foit, doivent néceffairement y être initiés; mais il n'eft pas toujours nécef- faire de pofiéder ces trois fciences dans toute leur étendue; elles ont des parties plus particulièrement appropriées aux ufages auxquels on veut les appliquer; la T'rigonométrie fphérique, par exemple, indifpenfablement néceffaire à un Aflronome, eft prefqu'abfolument inutile à un Ingénieur. Il falloit donc donner des élémens qui continfient tout ce qui étoit propre au Génie & à l'Artillerie, & qui ne continilent que cela: c'eft ce que M. de Bélidor a eu en vue dans cet ouvrage ; il y donne un abrégé d’Arithmétique & d'Algèbre, des élémens aflez étendus de Géométrie, dans lefquels il infifte beaucoup fur la mefure des folides, que le toilé des ouvrages rend fi fouvent néceffaire aux Ingénieurs; ces élémens font fuivis d'un Traité des fe&tions coniques, dans lequel on ne trouve que les propofitions qui fervent au jet des bombes, à l'appareil & au toifé des voûtes : vient enfuite un Traité de Trigonométrie rectiligne & de nivellement; & comme ces deux objets font " DES SCcIENCES. 171 abfolument nécefläires aux Ingénieurs , ils y font traités avec toute l'étendue convenable. Les livres fuivans contiennent le toifé de la maçonnerie & de la charpente, la melure des folides réguliers & irréguliers, la méthode de partager le terrain en parties déterminées, l'ufage du compas de proportion, la manière de reconnoître l'alliage des différens métaux fondus enfemble, celle dé calculer le nombre des boulets rangés en pyramide, la balliftique ou les élémens de l'art de jeter les bombes, les principes généraux de fa Méchanique, & leur application aux différens ufages qu'exigent l'Artillerie & le Génie; enfin l’ou- vrage eft terminé par un Traité de l'équilibre des fluides entreux, & avec les corps qui y font plongés, des vitefies des eaux qui s'échappent par des ouvertures données, &"du choc de ces eaux contre les furfaces en repos où en mouvement, qu'elles rencontrent, füivant différentes directions, & par l'ap plication du principe de la pefanteur de Fair à l'explication des phénomènes qu'on attribuoit autrefois à l'horreur du vide. Cet ouvrage eut le fuccès le plus marqué, il fut adopté dans toutes les écoles d’Artillerie; & la rapidité avec laquelle les édi- tions qu'on en a faites, fe font fuccédées, eft la preuve la moins équivoque du jugement avantageux que le Public en a porté. Par l'adoption que toutes les Ecoles avoient fait du cours de Mathématiques de M. de Bélidor, if en étoit en quelque forte devenu le Profeffeur général; mais on aimoïit encore mieux avoir affaire à lui qu'à fon livre, & l'école de la Fère étoit toujours remplie, non feulement de tous les Officiers françois qui avoient envie de primer dans leur état ; maïs encore d’une infinité d'Étrangers, fouvent du plus haut rang, qui venoïent y prendre des leçons: la plupart envoyés par leurs Souveraïins, & qui lui demandoiïent , en partant, des certificats qui puflent juftifier qu'ils avoient exécuté leurs ordres: aufli jamais Pro- feffeur n’eut-il plus d'attention pour fes difciples; il s’y livroit tout éntier, & poufloit même quelquefois la générofité & Yamour: du bien public, jufqu'à fournir à l'entretien de ceux dans lefquels il avoit reconnu des talens fupérieurs, que la modicité de leur fortune auroit rendy inutiles. Yi 172 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Les principaux Officiers du bataillon d’Artillerie, qui étoit à la Fère, pénétrés d’eftime pour M. de Bélidor, demandèrent au Prince-Régent qu'un fujet, qui pouvoit faire tant d'honneur à leur corps, y fût attaché en qualité de Capitaine réformé. La mort du Prince rendit leur demande inutile; mais M. le duc du Maine en ayant été informé, y eut égard, & accorda à M. de Bélidor le grade de Commiffaire d’Artillerie. Cette grace, qui avoit été follicitée par les principaux Officiers du bataillon, déplut à quelques jeunes gens qui ne purent, fans murmurer, voir leur Profefleur revêtu du même uniforme qu'eux; mais leurs murmures n’opérèrent qu'une réprimande aflez bien méritée, & quelques jours de prifon pour les plus coupables. M. de Bélidor, malgré le travail immenfe que fa place lui occafionnoit, travailloit encore à s’en acquitter d'une manière plus particulière par un ouvrage qu'il méditoit, & qui parut en effet en 1729, quatre ans ou environ après la publication de fon Cours de Mathématiques, fous le nom de Science des Ingénieurs. Jamais ouvrage n'a mieux mérité ce titre : il contient en effet tous les principes nécefaires pour mettre les Ingénieurs en état d'appliquer à la pratique les connoiflances mathéma- tiques que la leéture du premier ouviage a pu leur donner ; il y traite de la conftruétion des revêtemens , & des épaiffeurs qu'on doit leur donner, relativement à la pouflée des terres; des épaifleurs que doivent avoir les voûtes, pour être capables d'une réfiftance proportionnée aux efforts qu'elles peuvent avoir à foutenir, du choix des matériaux qui doivent entrer dans Ja conftruction des édifices, de la manière de les mettre en œuvre, des difiérens obflacles qu'on peut rencontrer, & des moyens de les vaincre; & pour mettre cette partie dans tout fon jour, il l'applique à la conftruétion d’une place qu'on voudroit: conftruire dans un endroit où il n’y en auroit jamais eu; il y traite enfuite des différentes efpèces d’édifices qui accompagnent ordinairement les fortifications, comme les portes des villes, les guérites, les cafernes, les magafins, les citernes ; & comme RÉSLz éi : cd, mins D}'mISA SNCAIVE NU CIE: S. 173 ces édifices font aflujétis aux règles de l'Architefure civile, il y développe non-feulement celles de la conftruétion & celles du choix des bois qu'on y doit employer, mais encore les principes de la décoration extérieure, dont quelques -uns peuvent être fufceptibles, & finit par enfeigner la méthode de faire le toifé & les devis de ces différens ouvrages; en ün mot, on peut regarder ce livre comme un Traité complet, quoique très - abrégé, de lArchitecture militaire, & de la partie de l'Architecture civile qui y a rapport, Mais ce qui doit, plus que tout le refle, relever la gloire de l'auteur, eft l'extrême modeftie avec laquelle il parla toujours d'un ouvrage qui lui avoit tant coûté, & les. ordres réitérés qui furent néceiläires pour le lui faire publier; encore ne S'y rendit-il qu'après que quatre Direéteurs des fortifications, & M. de Cotte, premier Architecte du Roi, leurent exaininé avec la plus fcrupuleufe attention. Cet auteur cependant , qui ne publioit fon ouvrage qu'avec tant de précautions, étoit déjà {ur fa feule réputation, Membre de la Société Royale de Londres & de l'Académie de Berlin, & nous le comptions depuis long-temps au nombre de nos Correfpondans ; mais il arrive prefque toûjours que ceux qui redoutent le plus le jugement du Public, font précifément ceux qui ont le moins à en craindre la févérité, | : Deux ans après ïl publia un autre ouvrage, purement relatif à l'Artillerie, fous le titre du Bombardier françois ; cet ouvrage eft encore une application des principes qu'il avoit donnés fur cette matière dans fon Cours de Mathématiques. La théorie & la pratique, en ce point parfaitement d'ac- cord, ont fait connoître que la plus grande portée des bombes étoit lorfqu'elles étoient tirées fous une direction: inclinée à Fhorizon de 4 $ degrés, & qu'on obtenoit précifément la moitié de cette portée, en pointant le mortier fous un angle de 1 5 degrés; mais toutes les portées, intermédiaires ne pouvoient être, déterminées qu'en calculant Famplitude ou l'ouverture de la parabole que décrit la bombe; calcul impraticable pour la plupart des Bombardiers, qui en étoient réduits au tâtonnement. Y ii 374 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoyaALe M. de Bélidor entreprit d'en conftruire des Tables, & ces Tables {ont fi fimples, qu'en connoiffant par un coup d’épreuve la diflance à laquelle un mortier pointé à 1 $ degrés, a chaffé une bombe avec une charge déterminée, on peut, d'un feul coup d'œil, trouver l'angle fous lequel il doit être pointé, pour chafler avec là même charge une femblable bombe à une diflance donnée; avantage immenfe pour les Bombardiers, que M. de Bélidor a délivrés pour jamais du calcul & du tätonnement. Il a joint à cet ouvrage le détail des différens défauts qui peuvent fe gliffer dans la pratique du jet des bombes, & une féconde partie qui contient la compofition des feux d'atifice qui font en ufage à la guerre, & de ceux qu'on emploie dans les réjouiflances. Le mérite de cet ouvrage fut fi univerfeilement reconnu, qu'il fut imprimé par ordre du Roï, & envoyé à toutes les écoles d'Attillerie, pour fervir de règle à cette partie du fervice dans laquelle M. de Bélidor eft par ce moyen devenu en quelque forte légiflateur. Un homme d'un efprit auffi droit, & dont le zèle pour le fervice du Roi s’étoit fait connoître en tant d’occafions, n’étoit pas feulement propre à calculer la portée des bombes; M. d'An- gervilliers, alors Miniftre de la guerre, le chargea en 17 334 d'une commiflion fecrète, dans laquelle il devoit, felon les ordres de la Cour, coneerter fes démarches avec M. le comte de Belle-ifle, depuis Duc, Pair, & Maréchal de France. Ce Seigneur fut fi fatisfait de l'intelligence avec laquelle M. de Bélidor s'acquitta de cette miflion, qu'il prit pour lui, non- feulement la plus grande eftime, mais encore la confiance la plus parfaite & la plus fincère amitié, defquelles il n'a ceflé de lui donner des preuves jufqu'à fà mort. | 5 En 1737, parüt la première partie de fon Architeéture hydraulique ; il favoit de quelie importance il étoit pour le bien du fervice, d'inftruire des vrais principes de cette fcience ; non-feulement les Ingénieurs, mais même tous ceux qui peuvent être chargés de conduire, d'élever, de ménager les eaux, de condtruire des bâtimens, des: fortifications maritimes, des ports de mer, des digues, des: éclufes, de former des canaux de ST SR *Pp 51" SC DE NlciE !s 175$ communication d'une rivière à l'autre, d'appeler, pour ainfr dire, des eux pour fertilifer des cantons que la fécherefle rendoit inutiles, ou d’en deflécher d'autres que les inondations rendoient impraticables. Ces principes avoient été jufque-là répandus dans une infinité d'ouvrages ; mais il falloit favoir qu'ils y étoient, & les y aller chercher : M. de Bélidor a pris {ur lui tout le travail de cette recherche; il les a raffémblés en un corps dont toutes les parties s’'éclairent & fe fortifient mutuellement. On voit dans cet ouvrage, combien de circonflances fouvent très - difficiles à prévoir, peuvent déranger confidérablement l'effet qu'on attend . des projets & des machines de cette éfpèce les mieux imaginés; la théorie y eft toujours fubordonnée à la pratique, & l'AI- gèbre n'y paroît que pour le befoin, & jamais pour f'often- tation ; il donne par-tout des exemples tirés des ouvrages les plus connus en ce genre ; & lorfqu'il n'a pu en rencontrer dans le royaume ; il n'a épargné ni dépenfe-ni voyages pour en trouver dans les pays étrangers; il a même pouffé l'attention jufqu'à donner une hiftoire abrégée de la manière dont les Anciens conftruifoient leurs ports, & du progrès que cetie partie de l’Architeéture hydraulique a fait jufqu'à nos jours; enfin il termine cet ouvrage par l'application de fes principes à la-conftruction des ponts & des canaux, & aux defféche- mens des terreins inondés. La feconde partie de cet Ouvrage parut en 1750, & la troifième en 1753, & toutes trois furent également bien reçues du Public. Tous ces travaux, capables feuls-d'occuper un homme même affez laborieux, ne prenoient cependant rien fur le fervice qu'il devoit à la Fère; il s'en acquittoit comme sil neût eu aucune autre occupation; bien plus, il faifoit des expériences fur les effets de la poudre dans les mines, qui fervirent de bafe à la belle théorie qu'il en a donnée, & de laquelle nous aurons bien-tôt occafion de parler. H en faifoit auffi fur la charge la plus avantageufe qu'on puiffe donner aux pièces d’Artilierie, pour leur faire produire le plus grand effet poffible, [ femble, au premier coup d'œil, 176 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'il ne puifle y avoir de queflion fur ce fujet, & que plus li chuge que peut porter une pièce eft forte, plus auffi la portée du boulet doit être grande, On fe tromperoit cependant beaucoup en fuivant ce principe, en apparence fi naturel ; le boulet n'eft chaffé que par la partie de la poudre qui senflamme avant qu'il foit forti de la pièce; tout ce qui brûle au dehors, ou qui fort fans fe brûler, n'influe ni fur fà force ni {ur fa vitefle. Il y a donc, s'il m'eft permis d'employer cette ex- preffion, un maximum de poudre, au-delà duquel tout ce qu'on emploie eft en pure perte, & c'étoit ce maximum que cher- choit M. de Bélidor. Il crut pouvoir conclure. de fes expé- riences, qu’en fuivant la pratique ordinaire & confignée dans les écrits de tous ceux qui ont travaillé fur cette matière, on brûloit inutilement près de la moitié de la poudre qu'on em- ployoit; mais cette découverte, qui ne méritoit que des éloges, quand même elle n’auroit pu avoir lieu qu'en certains cas, lui fut conteftée, & lui attira la plus terrible tempête qu'il ait efluyée de fa vie; les chofes furent pouffées fi loin qu'on lui Ôta la place de Profeffeur à la Fère, qu'on lui voyoit remplir avec tant de fuccès depuis fi long-temps. A tout cela M. de Bélidor n'oppofa que la patience & la modération ; & obligé par fes protecteurs de répondre aux écrits qui avoient été publiés contre lui, il e fit d’une manière qui peut fervir à jamais de modèle à tous ceux qui auroient le malheur de fe trouver dans les mêmes circonftances. Auffi-tôt qu'on fut informé de ce qui lui étoit arrivé, il reçut d’un grand nombre de Puiflances étrangères les invitations les plus préffantes, & les promefles les plus capables de l'en- gager à pafler à leur feryice; mais il étoit trop fidèle à fon Roi & trop attaché à fa patrie pour s'y laiffer aller; & für de fon innocence, il laiffa le temps à la vérité de diffiper les nuages, & de reparoitre avec tout fon éclat. L Ce temps même ne fut pas fort long; dès 1742 M. de Belle-ifle lui fit quitter le corps de l’'Artillerie, pour pañler, comme Capitaine réformé, à la fuite de Metz ; il fervit en qualité d'Aide-de-camp fous M. de Ségur, Lieutenant général N en 1 ie Si SUCRE Nc 077 én Bavière & en Bohème, & il y fut fait prifonnier de guerre avec la garnifon de Lintz. Sa prifon ne fut pas de longue durée; car ayant été échangé au bout de deux mois, il fervit encore avec la même qualité d’Aiïde- de- camp en Bavière, fous les ordres de M. le duc d'Harcourt; ce fut à peu près dans ce temps que le Roï lui accorda le grade de Lieutenant- colonel, & le fit Chevalier de l'Ordre de S.' Louis. Il fit les deux campagnes de 1744 & de 1746, fous les ordres de S. A, S. M.f le prince de Conti; la première fut en Julie, & fon habileté le mit à portée d'y rendre un fervice trop confidérable pour étre palé fous filence. Le château de Démont eft fitué fur un roc placé au milieu de la vallée de Sture ; le roi de Sardaigne, qui connoifloit l'importance de ce pofte, n'avoit rien négligé pour le mettre en état de faire une vigoureufe réfiflance ; il avoit dépenfé plus de neuf millions pour l’environner de trois enceintes qu'il falloit affiéger les unes après les autres, & qui communiquoient entr'elles par des voûtes profondément taillées dans le roc; le tout étoit garni de fouterrains fervant de magafins, de caves, de citernes, de puits, & la place regorgeoit de mu- nitions de toute efpèce. M. le prince de Conti ayant emporté cette redoutable for- tereffe vers la fin de la campagne, & voulant fe conferver une entrée en Piémont pour la campagne füuivante, réfolut de détruire ce château, qu'il auroit été très - difficile de garder pendant l'hiver; mais en y procédant à Fordinaire, il auroit fallu au moins fix mois pour en rafer toutes les fortifications. M. de Bélidor ofa imaginer de le démolir en fix heures; en profitant de toutes les voûtes & de tous les fouterrains , pour s'en férvir comme de fourneaux, il n'en falloit plus qu'un petit nombre pour faire fauter toutes les fortifications : il pro- pofa ce projet au Prince, qui l'agréa, & y fit travailler dès le moment avec la dernière vivacité; tout étant préparé, on chargea tous les fourneaux de fept cents milliers de poudre qu'on avoit trouvée dans la place ; & tout ce qu'on vouloit conferver d'Artillerie & d’autres effets, en ayant été enlevé, l’armée fe Aifl. 1761, e . Z 178 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYaLe mit en marche, & peu après on entendit fauter, avec un fracas effroyable, non-feulement le château avec toutes fes fortifica- tions, mais encore le rocher qui le foutenoit, & cela prefqu'à la vue de l’armée ennemie, qui n'en étoit guère qu’à une lieue, & qui dut en entendre le bruit & en reflentir l'ébrantement. On peut juger de l'importance de ce fervice, par la difficulté qu'on auroit trouvée à faire la démolition lente & pénible de cette place, en préfence d'unesarmée qui avoit l'intérêt le plus vif à s’y oppofer. L'année fuivante, M. le prince de Conti prit le commande ment de l'armée de Flandre, & forma le fiége de Charleroi. Cette place étoit en état de faire une longue réfiflance, & on avoit lieu de craindre qu'elle ne füt fecourue; M. de Bélidor forma le projet d'employer, sil m'eft permis de parler ainfr, les mines de Démont, pour accélérer la reddition de Char- leroi; il fut qu'un Curé des environs de la place y avoit prefque toute fà famille, il lia commerce avec lui pendant les premiers jours du fiége; & lorfqu’il crut avoir affez acquis fa confiance, il lui dit, en grand fecret, d'engager fes parens à fortir de la ville, parce que M. le prince de Conti fe préparoit à y faire la même opération qu'à Démont, en profitant des houlières ou carrières de charbon de terre, qui vont effetivement fous une partie de la ville, pour la faire fauter. Malgré le fecret inviolable, promis par le Curé, & fur lequel M. de Bélidor ne comptoit pas, la nouvelle ne tarda à fe répandre dans Charleroi, qu'autant de temps qu'il en fallut pour l'y faire par- venir, & l'alarme y fut d'autant plus vive que le Prince, avec lequel M. de Bélidor avoit concerté ce flratagème, le feconda merveilleufement, en faifant marcher vers l'embouchure des houlières quantité de chariots couverts, qui firent croire aux habitans qu'on y menoit déjà la poudre dont on vouloit les charger; ils en furent fr effrayés qu'ils contraignirent le Gou- verneur à capituler beaucoup plus tôt qu'il ne l'auroit fait, & dans le temps que l'armée ennemie, qui venoit les fecourir ; étoit fur le point d'arriver. Ce fervice fut récompenfé du brevet de Colonel, qu'il reçut ea Rp RE DES: Sucre NC € & 17 le 3 Novembre 1747, & il fervit en cette qualité fous les ordres de M. le maréchal de Belle-ifle la campagne fuivante, La paix qui fuivit cette dernière campagne, rendit M. de Bdlidor à lui-même, ou plutôt à fon cabinet; car au milieu même des occupations les plus tumultueufes , il ne fe perdoit jamais de vue, & confervoit toûjours fon affiette naturelle : if profita de ce loifir pour mettre la dernière main à fon Archi- tecture hydraulique, dont les deux dernières parties parurent, comme nous l'avons dit, fune en 1750, & l'autre en 1753. IL étoit depuis long-temps Correfpondant de l Académie, cette Compagnie l'eftimoit beaucoup, & defiroit autant de fe lacquérir que lui d'y être admis; mais fon état ne lui per- mettoit de penfer qu'à une place d’Aflocié-Libre, & il falloit attendre qu'une de celles de cette efpèce, qui font en petit nombre, vint à vaquer; l'occafion fe préfenta à la fin, & ïül fut admis en cette qualité parmi nous le 31 Mars 1756. H donna prefqu'auffi-tôt à l Académie tout le détail du globe de compreffion ; principe inconteflablement prouvé par fes expériences, & fur lequel eft appuyée toute fa théorie des mines. On étoit communément perfuadé que, dès l'inftant qu'une mine avoit pris feu, elle fondoit, pour ainfi dire, le terrain, pour n’agir que fuivant la ligne de moindre réfiftance ; & de ce principe, on concluoit qu'une trop grande charge dans une mine, rendoit l'entonnoir prefque cylindrique, & que l'effort de la poudre s’exerçoit prelqu'entièrement vers le ciel. Les expériences de M. de Bélidor ont fait voir évidemment que l'effort de la poudre s'exerce en tout fens dans l'étendue d'une fphère qu'il nomme globe de compreffion, dont le four- neau eft à peu près le centre, & dont le rayon eft déterminé, non par la ligne de moindre réfiftance, mais par la quantité de poudre dont la mine eft chargée, & qu’enfin plus la charge eft grande, plus l'entonnoir eft évalé, De-là il tire un moyen facile de s'ouvrir une entrée dans les contre-mines des places, en faifant jouer quelques four- neux dans leur voifmage, & de fe préparer, en les faifant fauter , des tranchées comimodes qui établiffent , prefque fans Zi 180 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE aucun rifque, l'affiégeant fur la crête du chemin couvert ; épargnant par cet ingénieux moyen Fopération la plus meur- trière des fiéges. Ce travail étoit la bafe d’un ouvrage plus étendu qu’il avoit compofé fur la guerre fouterraine, & il eft facile de juger par ce que nous venons de dire, combien cet ouvrage doit con- tenir de nouveautés intéreffantes: il s'eft trouvé complet à fa mort; mais le Miniftère a jugé à propos de ne le point faire imprimer, & de le réferver uniquement pour le fervice du Roi. Cette cireonftance ne difpenfe nullement le Public françois de la reconnoiffance qu'il en doit à M. de Bélidor ; fon ouvrage ne fervira pas moins à la gloire & au bien de la Nation, que s'il avoit été publié. . Le titre d’Académicien, que M. de Bélidor avoit acquis en 1756, fut comme le prélude de plufieurs autres dignités plus confidérables dont il fut revêtu en très-peu de temps; il fut nommé en 1758, Infpeéteur de l'Arfenal de Paris; & dans le courant de 1 7 $ 0, il fut fait fucceflivement Brigadier des armées du Roi, & Inpecteur général des Mineurs de France. Ces poftes & les appointemens qui y étoient attachés, joints aux penfions dont il jouiffoit déjà, lui procurèrent une efpèce d’opulence : nous difons une efpèce, car on conçoit bien que cette opulence étoit celle d'un Philofophe; il fongea aufli-tôt à en faire le plus digne ufage. IT avoit confervé pour M. de Foffiébourg & pour toute fa famille, l'attachement le plus fincère & fa plus vive reconnoiffance; il voulut faire partager à M." de Fofliébourg, pour laquelle il avoit eu de tout temps la plus tendre eflime, une fortune qu'il devoit en grande partie à la générofité de fon père; il lui propofa de refferrer par un ma- riage les liens de leur ancienne amitié, & il l'époufa en 17 5 9. Les travaux continuels de M. de Bélidor avoient extrème- ment ufé fon tempérament; il avoit eu même quelques attaques d'apoplexie, defquelles il s’étoit heureufement tiré, mais qui Favoient beaucoup affoibli; il voulut, malgré les inftances de fon époufe & de fes amis, faire en 176 1 un voyage à Verdun, eomme l'exigeoit f place d’Infpeéteur des Mineurs ; il ufæ DES SCIENCES. r8r même de fupercherie pour les tromper & pour partir à leur infu. Son voyage ne fut pas de longue durée; on le ramena à Paris prefque mourant ; il ne vécut en effet que trois jours après fon arrivée, & mourut le 8 Septembre 1761, àgé de foixante-trois ou foixante-quatre ans. La même piété qui avoit accompagné toute fa vie, couronna fes derniers momens. I étoit de taille moyenne & affez bien fait; fa phyfionomie annonçoit au premier coup d'œil la douceur de fon caraétère ; fa conver- fition étoit amufante, & il répandoit fur tout ce qui en étoit ‘objet, la netteté & la juftefle de fon efprit ; fa manière de raconter étoit naïve, & peignoit exactement ce qu'il vouloit repréfenter. Rien n'égaloit fon attachement pour fes amis; le plus grand plaifir qu’ils lui puñlent procurer, étoit loccafion de leur rendre fervice; il la fafifloit avec avidité, & n’épargnoit rien pour réuflir à ce qu'il entreprenoit en leur faveur. Il n’étoit pas même toujours néceflaire d'être de fes amis pour éprouver la bonté de fon cœur, & nous pourrions citer plufieurs traits de fa générofité, qu'il vaut mieux laïfler à la reconnoiffance de ceux qui les ont éprouvés; il portoit cette vertu jufqu'au point d'acheter à fe frais le congé de plufieurs foldats, dès qu'il leur trouvoit des difpofitions à l'étude des Sciences militaires ; il les inflruifoit lui-même, & fe croyoit bien payé de la dépenfe qu'il avoit faite & de la peine qu'il s'étoit donnée, quand il pouvoit réuflir à donner des hommes, à l'État. Sa conduite & fes mœurs ont toujours été irrépro- chables ; jamais il n’a donné dans aucun écart, ni en d'autre paflion que celle de l'étude ; & fr une vie employée toute entière à fervir fon Roi & fa patrie, mérite l'eftime & les éloges du Public, nous ofons aflurer que jamais perfonne n’y a eu plus de droit que M. de Bélidor. Sa place d'Aflocié-Libre a été remplie par M. de Vallière, Lieutenant général des armées du Roi, Directeur général de VArtillerie & du Génie, Gouverneur de Bergues-faint-Vinox , & Honoraire de l'Académie Royale de Marine: “rpg Z ï 192 HiSTOIRE DE M'AGABÉNMEE ROYALE ÉLOGE DE Ma Oil NTOINE-Louis RoüiLLÉ, Chevalier, Comte de . Jouy, Baron de Foniaine-Guerin , Seigneur des Hayes & autres lieux, Miniftre d'État , “apte des Ordres du Roi, naquit à Paris le $ Jai 1689, de Rolin Roüillé, alors Confeiller au Parlement de Metz, depuis Maitre des Requêtes, & de Marie-Angélique d'Aquin. Il fut élevé au collége des Jéluites de Paris, & réuffit très- bien dans {es études & dans les autres exercices qui font partie de la belle éducation; il y joignit même les talens de pur agrément, qu'il ne négligea pas d'acquérir, & defquels il n'a jamais celié de faire ufage, autant que fes importantes occu- pations le lui ont pu permettre. A peine avoit-il fini le cours de fes études qu'il perdit {on ère, & fe trouva maitre à l'âge de vingt ans d’un revenu très - confidérable ; épreuve bien dangereufe pour un jeune homme que fon nom & fa fortune mettoient à portée de mener une vie agréable, fans s'embarraffer de fe frayer, par des fervices pénibles, la route à la véritable gloire & à l'eftime du Public: heureufement le cœur de M. Roüillé ne lui permit pas de balancer; il favoit dès-lors à quoi l'obligeoient les titres de citoyen & de fujet, & il n'héfita pas un inflant à leur tout facrifier , & à fe dévouer aux occupations les plus férieufes. H fut reçu en 1711 Confeillér au Parlement de Paris, & fix ans après il pafla au Confeii en qualité de Maître des Requêtes. A peine y fut-il entré qu'il s'y diftingua par la manière nette & précife avec laquelle il rapporta les affaires qui lui furent confiées, & par celle dont il s'acquitta des commiflions délicates & importantes dont il fut chargé. Un efprit jufte & droit, un véritable amour de la juftice & de l'équité, une opiniâtreté invincible au travail, ne manquoient guère de lui nn ee 4j hf mt nee #0 : sal DES SGIENCES. 183 faire trouver le véritable nœud des affaires, & une élocution facile & noble achevoit de mettre fon travail & le point de la difficulté dans tout fon jour : auffi fut-il employé dans toutes les affaires les plus importantes & les plus délicates qui fe trouvèrent pendant la régence & la minorité du Roi. La place d’Intendant du Commerce, à laquelle il paffa en 1725, lui fournit de nouvelles occafions de donner des preuves de fon zèle & de fa capacité; le commerce du Levant fe trouva bientôt, par fes foins, porté dix fois plus loin qu'il ne l'étoit, & la füupériorité du commerce françois {ur celui des autres Nations, en fut une fuite néceflaire. I favorifa de tout fon pouvoir les moyens de mettre en valeur les fonds de terre abandonnés, perfuadé que la culture fuivie eft l'ame de la population, & que les établiffemens ne peuvent augmenter qu'en même proportion que le peuple ; if tourna principa- lement fes vues du côté des manufaétures de Languedoc , qui fourniffent effetivement plus que les autres au commerce du Levant ; il encouragea l'induftrie, établit la bonne foi, tant entre les Négocians françois que vis-à-vis l'Etranger, par la proteétion qu’il donna à ceux qui avoient mérité {on eflime par leur probité, & par la févérité qu'il employa contrée ceux que l'avidité du gain engageoit dans des entreprifes qui-pou- voient porter préjudice au commerce, ou faire perdre la con- france; en un mot, il ne négligea rien de ce qui pouvoif améliorer la partie du commerce du royaume, qui étoit confiée à fes foins, & nous ne craignons point d'avancer ici qu'on ne pouvoit guère mieux y réuflr. Son zèle redoubla encore, lorfqu'il fut nommé Commiflaire du Commerce, après la mort de M. Fagon; & ce fut dans ce temps que, voulant que le bien \quül faifoit, fubfiflät même après fui, il imagina de former une efpèce de pépinière de jeunes gens bien élevés; pour les inftruire des principes généraux du Commerce, & du détail de tout le méchanifme des Manufactures; ce. fut parmi ceux de ces jeunes gens qui fe diftinguèrent Je plus qu'il en choïfit quelques-uns. pour les envoyer dans les pays étrangers, tant pour y obferver ladminiftration générale du: Commerce, que pour y prendreles cannoifances les plus 184 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE détaillées des Manufactures, & fur-tout des Mines, tous objets d'une grande importance, qu'il fut par ce moyen naturalifer dans le royaume, où beaucoup étoient totalement inconnus. On fait peut-être plus de bien réel à un Etat, en lui procurant une nouvelle branche de commerce, qu'en lui ajoutant une üouvelle province. | A peine commençoit-il à voir le fruit de fes foins, qu'une nouvelle commiffion vint exiger de lui un autre travail ; il fut mis en 1732 à la tête de la Librairie; objet également im- portant pour la gloire & pour le commerce de la Nation, Mais qui doit être contenu dans des bornes exaées, fi on veut empêcher que Fimpiété & Ja licence n'en abufent pour multiplier ces pernicieux ouvrages que produit k corruption du cœur & le libertinage de l'efprit, & qui font d'autant plus dangereux, que fouvent abus qu'on y fait des talens, enveloppe le poifon, & linfinue fans qu'on puifle s'en défier. M. Roüüilé donna toute fon attention à réprimer ces abus; if encouragea les Libraires les plus diftingués à faire des éditions qui puffent foutenir la gloire de FImprimerie françoife: c'eft à {es foins qu'on doit fa traduction de fhifloire de M. de Thou , celle de Guichardin, la belle édition de Molière, & plufieurs autres de cette efpèce. De pareils ouvrages ne s’im- priment pas fans des fonds confidérables, & dont fouvent la rentrée peut être lente. M. Roüillé avoit trouvé un moyen fingulier d'y pourvoir ; il accordoit des permiflions tacites d'imprimer des brochures, des romans & d'autres écrits fem- blables, dont une efpèce d'elprit de futilité, qui n'eft que trop répandu, rend ordinairement le débit plus für & plus prompt que celui des bons ouvrages: mais il ne les accordoit que fous deux conditions; la première, qu'ils ne continffent rien de dangereux ; & la feconde, que ceux auxquels il les accordoit , fe chargeaflent de quelqu'édition importante : c’étoit ürer parti d'un défaut du fiècle, & mettre à profit jufqu'à T'inutilité. k M. Roûüillé fut fait, en 1744, Conleiller d'Etat, & prefque auffi-tôt nommé Commiflaire du Roi à la Compagnie des Indes; il y trouva de nouvelles occafions d'exercer fon zèle. Les DES SCIENCES: 185 Les pertes que cette Compagnie avoit efluyées la mettoient hors d'état de faire aucune des entreprife$ qui auroient été néceffaires pour la rétablir, & fon crédit étoit abfolument anéanti ; la réputation de M. Roüillé, & la confiance qu'on avoit en fa probité, commencèrent à lui procurer quelques moyens de remédier à tous ces maux : il avoit remarqué qu'un des plus grands obftacles qu'éprouvoit le commerce des Indes, & celui qui désoûtoit le plus de s’y intéreffèr, étoit la lenteur des retours; mais il n’y avoit qu'un feul moyen d'y remédier, c'étoit de tripler les fonds; par ce moyen, il pouvoit y avoir toujours une mife aux Indes, une en mer, & l'autre à par- tager aux Actionnaires; mais il falloit pour cela un capital immenfe: M. Roüillé trouva moyen de fe le procurer par ‘édit de Septembre 1746, au moyen duquel la Compagnie reçut une forme folide, & fe vit en état d’aflurer les emprunts qu'elle étoit obligée de faire; & comme fon intention étoit de mettre cette partie à couvert des rufes que l’ingénieufe avidité des hommes ne fait que trop bien imaginer, il y introduifit une forme de régie fi chaire & fi précife, que toute l'admi- niftration peut à chaque inflant être expolée aux regards de ceux qui ont charge ou intérêt d'y veiller ; ouvrage digne d’un vrai citoyen, tel que l'étoit M. Roüillé, & qu'il fouhaitoit d'autant plus de conduire à fa perfection qu'il en fentoit toute Pimportance; mais il n’en eut pas le temps, & les ordres du Roi l'appelèrent bien-tôt ailleurs. É I! fut nommé au mois d'Avril 1749, Secrétaire d'État de la Marine. L'état de fa fanté, épuifée par tant de travaux, & fon extrême modeftie, ne lui permettoient guère d'accepter cette place, & il fallut les ordres du Roi les plus précis pour l'y déterminer. Il y porta l'efprit qui l'avoit toujours animé, un zèle infatigable pour Le bien de l'État &. pour la gloire du Roi, & un amour ardent pour le bien, la vérité & la juftice. -Non-feulement il donna les foins les plus affidus à tout ce qui peut concerner la conftruétion , l'armement & lapprovi- ‘“fionnement des Vaifleaux: mais fachant combien il importoit à la Marine que les Officiers de ce corps fuffent Aftronomies jufqu'à un certain point, il ne négligea rien pour les engager Hifl. 1761. Aa 186 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE à acquérir une connoiffance fuffifante de l'Afronomie ; il pro- cura une nouvelle édition de l'Atlas hydrographique; il envoya M." de. Chabert & de Bory pour déterminer avec plus de précifion différens points de longitude & de latitude ; il en- gagea le Roi à faire l'acquifition de la nombreufe colleétion d'obfervations & de pièces de toute efpèce, qu'avoit formée M. de l'Ifle, & à attacher même ce célèbre Académicien fpécialement au fervice du dépôt des Cartes & Plans de la Marine; il inflitua, fous les ordres de M. du Hamel, de cette Académie, une Ecole pour la conftruétion & pour tout ce qui peut concerner les travaux des ports; mais de tous les établiffemens qu'il a formés, aucun ne lui a fait plus d'honneur que l'inftitytion de l Académie royale de Marine. H avoit jugé, avec rafôn, que rien n'étoit plus capable d'éclairer la pratique de la Navigation, quede la foumettre à l'examen d'une bonne théorie; & que le moyen le plus eflicace de parvenir à cette union fi defirable, étoit de former un corps compofé de ceux des Officiers qui auroient le plus de capacité en ce genre, & de quelques autres perfonnes qui fufient propres à ce deffein par leurs talens & leur favoir ; de leur faire difcuter dans des conférences réglées, tout ce qui pouvoit avoir rapport aux diflérentes parties de la Navigation, de leur faire rechercher les moyens de les perfectionner, & plus encore, les fources d’où dérivent ces moyens, & d’avoir toujours, pour ainff dire, fous la main un corps en état de prononcer fur les difirens projets qui pourroient être préfentés ; & pour étendre encore plus l'utilité de cet établiflement, on y admit des Officiers de plume, des Ingénieurs, des Conftruéteurs, & on y dia, par une efpèce d'affociation, les différens corps employés au fervice de la Marine. Telle eft à peu près l'idée qu'on peut fe former de l’Académie royale de Marine, établie à Breft, & dont Putilité féra toujours fentir la reconnoiflance qu'on doit à M. Roüillé, pour en avoir formé le projet, & pour avoir engagé le Roï à en ordonner l'exécution. H étoit bien naturel qu'un établiffement de cette nature fit defirer à l’Académie de s’en acquérir lInftituteur ; M. Roûüillé y obtint le 13 Mars 175 x la place d'Honoraire, vacante par Lions de? © “u -2 ie pos DES SCIENCES. 187 la mort de M. le chancelier d'Aguefeau ; & l’Académie l'eut à fa tête, pendant l'année 1752, comme Vice-préfident, & en 1753 en qualité de Préfident. Il méditoit encore beaucoup d’autres établiffemens avanta- geux à la Marine, lorfque le Roï le fit paffer, au mois d'Août 1754, au département des affaires étrangères, vacant par la mort de M. de Saint-Conteft; ce Prince y joignit la charge de grand Tréforier de fes Ordres, & il lui avoit, dès l'année précédente, donné entrée au Confeil en qualité de Miniftre. M. Roüillé fit encore plus de réfiftance pour accepter ce dépar- tement, qu'il n’en avoit fait pour prendre celui de la Marine ; fa fanté, qui s’affoiblifloit de jour en jour, ne lui permettoit plus le travail néceflaire pour prendre le fil de cette nouvelle occupation. Ce nétoit pas que l'objet lui en füt abfolument étranger ; il avoit fait relativement au commerce dont il avoit été chargé, le dépouillement de la plus grande partie des traités de la France avec les nations de l'Europe ; les maximes & les principes du Droit public & da Droit des Gens lui étoient connus ; il avoit été trop long -temps occupé des affüres du Gouvernement, pour m'avoir pas acquis une connoiflance affez étendue des intérêts des différens princes de l'Europe, & une reflource fur laquelle fa modeflie ne lui permettoit pas de compter, étoit la réputation de fa candeur & de fa probité, qui lui avoient acquis l'eftime & la confiance des Miniflres avec lefquels il devoit avoir à traiter; il ne lui manquoit qu'une fanté plus robufte pour réfifter au travail qu'alloit exiger de lui l'efpèce de fermentation qui commençoit dès-lors à agiter l'Europe, & qui ne seft, malheureufement que trop augmentée: il foutint cependant cette pénible occupation pen- dant près de trois ans; & ce ne fut qu'au mois de Juillet 1757, que l'état de fa fanté ne lui permettant plus de s'y divrer, il fupplia le Roi de vouloir bien recevoir f démiffion. Ce Prince y voulut bien confentir, mais feulement pour ce qui reoardoit les affaires étrangères; il exigea de lui de continuer à affifter au Confeil en qualité de Miniftre, & lui donna la place de Grand-mañtre & Surintendant des Poftes: il s'acquitta de lun & de l'autre devoir pendant quelques mois; mais {es 188 Histoire DE L'ACADÉMIE RorALE, &c. infirmités augmentant de jour en jour, il prit enfin la réfo- lution de fe retirer tout-à-fait de la Cour; ï fe démit le 1 5 Mars 1758 de fa charge de grand Tréforier des Ordres du Roi, pour {a confervation des honneurs de laquelle Sa Majefté voulut bien lui accorder un brevet ; peu après il fe retira du Confeil, & ne garda plus que la commiffion de Surintendant des Poftes, qu'il exerça jufqu'au mois de Septembre 1760, w'il en envoya au Roi fa démiflion. Libre alors de toute fonction publique, & rendu à lui- même, il ne voulut plus penfer qu'à fe préparer à fa fin, que le dépérifiement vifible dans lequel il tomboit de jour en jours lui annonçoit comme peu éloignée; if mit ordre avec la tran- quillité la plus grande à fes affaires temporelles & à fa conf cience, & vit approcher fon dernier moment avec la plus grande fermeté. Il mourut le 20 Septembre 1761, âgé de foixante-treize ans. Sa taille étoit au deflous de la médiocre , if avoit le regard vif, fon abord annonçoit le fond de fon ame & la tranquillité dont elle jouifloit ; il s'exprimoit avec nobleffe & pureté, fa politique n'étoit point myftérieufe; il n'en eut jamais d'autre que l'équité: auffr jamais perfonne n'a poflédé plus pleinement que Jui la confiance publique; il étoit doux , humain, affable, rece- vant avec bonté les moindres de ceux qui avoient We à lui, & fe faifant un plaifir fnfible d'effi juyer, autant qu'il le pouvoit, les larmes des malheureux. Ces mêmes qualités fe foutenoient dans l’intérieur de fa maifon, où il s’eft toujours montré bon époux, père tendre & le plus doux de tous les maîtres ; aufli a-t-il été univerfellement regretté. Il avoit époufé en 1730, Demoifelle Marie-Catherine Pallu, fille de M. Pallu, Chnetiée au Parlement de Paris, de laquelle il a eu deux filles, dont il ne refle aujourd'hui que M. ER Ma marquife de Beuvron, époufe de M. le marquis de Beuvron, Maréchal-de-camp, China général de la Cavalerie, &c Lieutenant général du bas Poitou. La place d'Honoraire de M. Roüillé a été remplie par M. Bertin, Contrôleur général des Finances. 3% MÉMOIRES TNTTS HUE “E. m A mn É TT LITE DT M AS un (É MÉMOIRES. V MATHÉMATIQUE DE PHYSIQUE, RP SSD En SRE GTS RR.E S de l'Académie Royale des Sciences, De l'Année M. DCCLXI. MÉMOIRE SUR LA PARALLAXE DE LA LUNE. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. EE ne me propole pas de difcuter ici . généralement 15 Avril À toutes les obfervations de la Lune, qui ont été faites 1761: SI en même temps en Europe, & au cap de Bonne- elpérance, pour fervir à la recherche de {à parallaxe. Je ne Men. 1761. . À 2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE parlerai aujourd'hui que de celles qui ont été publiées, & qui {e trouvent imprimées dans les Mémoires des Académies des Sciences de Paris, de Berlin, de Bologne: j'y joindrai feulement celles que j'ai extraites des Regiftres originaux de l'Obfervatoire royal de Paris. Je me bornerai même à la comparaifon des obfervations faites depuis le mois de Juin 1751 jufqu'à la fin de Janvier 1752. Je réferve pour un autre Mémoire l'examen des autres obfervations qui font parvenues à ma con- noiffance, la plufpart par le canal de M. de File, favoir, de celles qui ont été faites à Paris à l'hôtel de Clugny, fous la direction du même M. de ffle, de celles de M.° Garipuy & d'Arquier, faites à Touloufe, de M. Sabatelli, & du R. P. Carcani à Naples, de M. Guilleminet à Montpellier, du R. P. Beraud à Lyon, du R. P. Pezenas à Mareille, de M. Bofe à Vittembers en Saxe, de M. Grifchow à l'ile d'Oefel, &c. A la détermination des parallaxes de la Lune, je joindrai celle des longitudes & latitudes qui réfultent des mêmes obfer- vations, afin que ces pofitions fervent dans la fuite comme de points fixes auxquels les élémens de la théorie de la Lune, puiflent être aflujétis par ceux qui en drefléront ou vérifieront les Tables. REMARQUES à OBSERVATIONS préliminaires. I. Choix d'une hyporhè[e fur la figure de la Terre. Les différentes dimenfions de la Terre, qui réfultent des diverfes hypothèles qu’on a faites fur fa figure, d'aprèsles mefures actuelles, rendent affez fenfiblement inégales les quantités ab{o- lues des parallaxes hcrizontales de la Lune, qui répondent à un même parallèle terreftre éloigné de l'équateur ou des poles ; mais elles ne caufent prefque aucune variété dans la détermi- nation des parallaxes horizontales polaires & équatoriennes, parce que ces hypothèles ont été aflujéties toutes à deux melures faites l'une près du pole, & l’autre près de l'équateur. Le choix DES SCcrTENCES, - d'une hypothèf m'étoit donc affez indifférent pour conélurre l'une ou l'autre de ces deux parallaxes. Je me füis contenté de fuppoler que-la Terre eft une elliploide, dont le diamètre de l'équateur furpañle l'axe de =. Cat une efpèce de milieu entre les deux hypothèles extrêmes dans lefquelles j'avois d'abord calculé mes parallaxes. J'avois trouvé conftamment qu'en fup- pofant ce rapport, les parallaxes étoient toujours un peu plus petites qu’en fuppofant celui de +, mais la différence n'alloit pas à 3 fecondes. J'ai fait aufli toutes més réduétions dans Yhypothèfe de M. Bouguer qui a été fuivie par M." Wargentin & de la Lande, dans leurs recherches fur la parallaxe: on pourra comparer enfemble mes différens réfultais avec les leurs IL Pourquoi j'ai calculé préférablement la Parallaxe polaire. : J'ai fait tous les calculs de }1 Lune, néceflaires pour mes réductions, fur les Tables de M. Clairaut publiées en 1753; jy ai cependant employé quelques équations un peu différentes, & que M. Clairaut m'a communiquées. J'ai comparé les paral laxes que j'ai déduites des obfervations à celles qu'on tire de ces Tables Parce qu ‘on y a eu égard à bien des petites équa- tions qui ont été négligées dans rétis les autres. Or les pual laxes que j'ai trouvées étoient plus grandes d’une demi-minute environ que celles des Tables de M. Clairaut, de forte que les équations de ces Tables qui fervent à Later les inéoalités des parallaxes horizontales, n'auroient pas été affez juflés pour ls parallaxes équatoriennes , où même pour celles qui répon- dent au parallèle de Paris, mais elles le font fufifamment pour les parallaxes polaires, qui font les plus petites de toutes. MIE Méthodes dont je me fus fervi pour réduire les Parallaxes de. la Lune au centre de figure de la Terre , confidérée comme un fphéroide. J'ai employé deux méthodes pour calculer les caries A i 4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans le fphéroïde. La première m'a fervi à conclurre la parallaxe d'après les Obfervations , & la feconde à employer la parallaxe horizontale, pour réduire les hauteurs méridiennes apparentes de la Lune aux hauteurs vraies. Cette première méthode eft de M. Clairaut. La voici à peu près telle qu'il me l'a communiquée, foient 41, M deux lieux placés fur un même méridien ter- refe MEM',où la parallaxe ait été obfervée en même-temps, tels que font Stockolm & le cap de Bonne-efpérance. Soient CM, CM les rayons de la Terre répondans aux points A1, M. Soient calculés, felon l'hypothèle qu'on € aura choifie, lesangles Z 117, Z'M'y = entre les rayons CA, CM" prolongés mr & les verticales 7, M'7. Cela pofé, on a 1° angle z ML, diftance apparente & obfervée de la Lune au zénith 7, d'où retranchant Z M7, refte ZML, 2° On a de même L'ML—=3;ML— 7MZ. 3° Onaange MLM, qui eft la fomme des parallaxes de la Lune. De ces trois angles, il ny a que le dernier qui exige la plus grande pré- cifion. On a donc CL : CM :: fJLLM : /MLC = e x fZML. De même CL: CM':: [Z'ML : MG = x [ZL' M'L. Comme un angle auffi petit que ALC, qui ne peut aller jufqu'à un degré, ne peut par conféquent différer de fon-finus de + de feconde, il eft libre de mettre les angles ALC, M'LC, & même MLM' ; cM à la place de leurs finus. On a donc MLM = => CM’ ! 1 un » a LE x fZML + == x fZ'M' L, d'où lon tire CRE CMx[ZML+CM x[ZM'L MLM zfL L . Or en faïfant le demi-axe de DES S CLENCESs ,, ÉSS e : Q I k l'équateur — 1, la parallaxe horizontale polaire eft nr y MLM Don = in + cr. TATTR Cette méthode fuppofe, comme on voit, que tous les angles employés dans le calcul, ont été obfervés dans le plan d'un même méridien,ou qu'ils y ont été réduits. La fuivante eft plus générale, n'étant pas aflujétie à cette fuppofition. La Terre étant un folide quelconque formé par la révolu- tion d’une courbe PQ A fur l'axe P À, foit C P la difance du centre de figure F2 au pole P, & CQ le rayon de l'équa- teur; foit Z À une droite normale à la P courbe au point À, où eft placé l'obfer- vateur, & prolongée jufqu'à l'axe P A. Si par la naturé de la courbe, ou felon € Q lhypothèfe choifie pour la figure de la Terre ,on calcule CA, KM pour la latitude de l’obfervateur mefurée par À l'angle 27/Q, on pourra réduire la parallaxe horizontale de la Lune, foit polaire, foit équatorienne, à une autre qui auroit MK pour bafe. Si l'on applique à cette parallaxe les formules ordinaires des calculs pour la parallaxe en longitude, latitude, hauteur, déclinaïfon, afcenfion droite, &c. lefquelles ont été conftruites dans l’hypothèle de la Terre fphérique, on réduira exactement les pofitions apparentes de la Lune vües du point M, à celles qui feroient vües du point X, puifque le triangle parallactique AZX L qu'on y emploie eft réellement dans un plan vertical en quelque point du ciel que la Lune fe trouve, & quelle que foit la figure de la Terre : il ne s’agit donc plus que de réduire ces pofitions du point Æ au centre de figure C. Ayant tiré CL, je remarque que le triangle de réduétion CXL eft dans le plan d'un cercle horaire, puifque l'un de fes côtés CK' eft une portion de axe P À, d'où il fuit que l'angle de réduétion CL À eft tout en déclinaifon, & fon expreflion F1 211220 L 6 Mémo DE L'ACADÉMIE RMraLs HVCEK = a X EG ou CK x —_. x cof. déc 1 vraie de la Lune. Or —— eft la parallaxe horizontale de Ja in Lune qui a X A pour bale, donc fangle CLX fe trouve en multipliant CA par cette parallaxe, & par le cofinus de la déclinaifon vraie de la Lune. Cela pofé, il n'y a aucune réduétion à faire à la parallaxe en afcenfion droite, calculée comme on Fa dit plus haut; & parce que toutes les pofitions apparentes de la Lune, foit en longitude & latitude, foit en azimuth & hauteur, doivent faire paroître cet aftre dans le même point du ciel que fon afcenfion droite & fa déclinaifon apparente , il fuit que toutes les réduc- tions des parallaxes du point Æ'au point €, doivent fe faire par des formules qui expriment la quantité dont l'angle CLK, ou la réduction en dédclinaïfon, doit influer fur la longitude, fur la latitude, fur la hauteur, fur l'azimuth, &c. J'ai donné ces formules dans la nouvelle édition de mes leçons aftrono- miques ; ceux qui font exercés aux calculs des différences, les trouveront fort aifément , auffi-bién que la manière de dreffer dés Tables de réduétions, qui rendent le calcul de la parallaxe dans le fphéroïde, aufli court que fi la Terre étoit fphérique. Je jomdrai feulement ici la "Fable des dimenfions dont jé mé fuis fervi dans le cours des récherches qui font l'objet de ce Mémoire. TABLE des dimenfions de la Terre fphéroïde, qui entrent dans le calcul des parallaxes de la Lune, en fuppofant CP = I. 99 La Terre dliptique & le rapport des axes : 22. PT — Noms des Lieux.| CM. og. CM. Hog. KM. log. CK) DROCKOLMI ENS ANNE BERLIN ....,4: 16. 39 GREENWICH. 44116, 48 i Hypothèfe de M. BOUGUER. me TN CMK. og. CM og. AMI, log. CA 18 17 19» 33 19+ 35 19. 34 [o,our 19 |0,00400 0384 19: 17 lo,001380,00374|7,8944 16, 27 l0,00179|/0,00318 77628] mer 0,00057 0,00 378 7 9368) |o ,90074|0,00466 8,0247. 0,00081|0,00354|7,9017 9,00103/0,00423|7,9719 0,00085 |0,00350|7,8956 6,00107/0,00416|7,9628 0,00095|0,00340|7,8788 BOLOGNE ....:|17 13 losoot ta |0,00324/|7,8478 ÎLe Cap de B.-E..l15. 56 Lénise 0,00285|7,7488 RER Cu LB ER DT 2 TE en e 2 | mes: Ste RME NC ESS. 7 Dans les mois de Juillet & Août 1749, M. de Pfle lüt à l'Académie un Mémoire fur le calcul des éclip{es de Soleil dans Yhypothèle de la Terre fphérique, & dans celle de la Terre aplatie. Cette Différtation qui n'a pas été remile au Secrétariat , me fut communiquée par M. de l'Ile, quelque temps après que je lui eus parlé de la méthode précédente. J'ai trouvé qu'il employoit dans fes calculs une méthode comme compofée des deux que j'ai expliquées ci-deffus : car il corrige les argumens de fes parallaxes calculés pour la fphère , de l'erreur caufe par l'angle z MZ (fig 1 ) où CMI (fig. 2), & il corrige les parallaxes de l'erreur caufée par fexcentricité C7, ce qui revient au même, mais avec moins de fumplicité. LV Sur les réductions des mouvemens de la Lune en'‘afcenfion droite 7 en déclinaifon. Le calcul le plus Jong que j'aie eu à faire dans mes réduc- tions, eft celui du mouvement vrai de la Lune en afcenfion droite & en déclinaifon, dans l'intervalle de temps abfolu écoulé entre les deux inflans des obfervations qu'il falloit comparer. . Nos meilleures Tables modernes de la Lune font chargées d’un fr grand nombre d'équations, qu'il eft difficile d'en tirer avec la précifion néceflaire, la quantité de ce mou- vement. J'ai donc pris le parti dans chacune de mes recherches, . de calculer de deux heures en deux heures, & quelquefois de trois en trois heures trois lieux vrais de la Lune en longitude & en latitude, que j'ai réduits enfuite en afcenfions droites & ‘en déclinaifons; & comme ces mouvemens, & fur-tout ceux en déclinaïlon, ne font jamais uniformes, j'ai conftruit à chaque fois une formule d'interpolation que je rapporterai. M: Recherches [ur la Longiude du cap de Bonne-efpérance. La longitude du cap de :Bonne-efpérance à: l'égard du x 8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE méridien de Paris, a été inférée dans la Connoiffance des Temps, de 1 4’ 40" à l'Orient, felon le réfultat de la comparailon de quelques obfervations des fatellites de Jupiter; mais comme une minute d'erreur dans cette détermination en cauferoit une de 12 à 1 $ fecondes dans les parallaxes, lor fque le mouvement diurne de la Lune en déclinaifon eft de ÿ à 6 degrés, j'ai cru devoir expoler ici l'abrégé du calcul que j'ai fait, pour n'aflurer de la quantité la plus approchante de la vraie longitude du cap. Selon les obfervations de l'éclipfe de Lune du 2 Décembre 175 1 , faites à Paris & au cap, & rapportées dans les Mémoires de l'Académie, j'ai trouvé en comparant les temps des mêmes phafes obfervées de part & d'autre, 1.” que par le commen- cement & limmerfion des taches Ariflarque , Grimaldi, Platon, Copernic, Mare ferenitatis, Manilius , Menclais, Mare crifum, oblervées par M. de Fouchy, la différence moyenne des méridiens étoit 1" 3° 28"; mais par l'émerfion des taches Ariflarque, Pline, Plaon, Mare crifium, & par la fin, elle étoit de 1415". 2. Selon les obfervations de M. Bouguer, l'immerfion des taches Ariflarque , Grimaldi, Platon, Copernic, Mare fereniratis , Mare humorum , Manilius, Menelais , Dionyfius , donne 11 4° 57" pour différence moyenne, & limmerfion des taches Helcon, Menelais , Mare crifum, donne 1° 4’ 3. Selon les obfervations faites à l'Obfervatoire royal, & qui n'ont pas été publiées, je trouve 1? 4° 20” par l'immerfion des taches Grimaldi, Copernic, Manilius, Menelaüs, Pline, Dionyfius ; & 1% 4° 4" par limmerfion des taches Manilius, Menelais , Platon, & par la fin. Parmi les obfervations des fatellites de Jupiter, je n'en trouve que trois qui donnent direétement la différence des méridiens, les voici. Le 14 Septembre 1751, à 4° 12° 40" du matin, immerfion du 1.” fatellite, obfervée par M. de Thury avec une lunette de 1 8 pieds, elle È ANS TOM 7 au cap, avec une Junette de 14 pieds. La différence eft de 1h 3° 57" qu'il faut aug menter LD à mers. SCENIC ES augmenter d'environ 8" (à raifon de 2" par pied) à caufç de lacdiférence des lunettes, foit donc fuppolé 1° 4° $". Le 4 Février 1753,à 11h 27° 9" à Paris, émerfion du premier fatellite, lunette de dix-huit pieds; au Cap à 12h 31° 44", lunette de quatorze pieds, la différence eft 1" 4° 35" qu'il faut diminuer de 8” pour la même raifon; foit donc 1° 4’ 27". Dans la réduction au temps vrai, faite à lobfervation du Cap avec une horloge réglée fur les fixes, il s'eft gliffé une minute d'erreur qu'il faut corriger dans les Mémoires de 1751, age 424 : sa Février 1752, à CL 46" 28" à Paris, émerfion du même, lunette de quatorze pieds, Au cap à 101 50° 30" avec une pareille lunette, la différence eft 1h 4° 2°, La brume légère qu'il failoit au Cap, a pà retarder l'émerfion de quelques fecondes; foit donc fuppolé 1h-3" $ 5”. On peut trouver la différence des méridiens indireétement, mais prefqu'aufit fürement par des calculs fuivans. Le7 Septembre 175 1 ,à 2h 16 27" du matin à Thury, (c'eft à Paris à 14h 16° 33") M. Maraldi obferva avec une Aunette de quatorze pieds, limmerfion du premier fatellite de Jupiter. Or felon un calcul exact fait fur les dernières Tables de M. Wargentin, imprimées dans le fecond volume de la traduc- tion des Tables de M. Halley, il faut ôter 1 5j 22P 20° s7” pour avoir une pareille immerfion, laquelle a dû arriver par conféquént à Paris le 22 Août à 3h s 5’ 36". Je l'ai obfervée au Cap.à 5° o' ro” avec une pareille lunette; donc la diffé- rence des méridiens eft 1° 4! 34". Ru Le 8 O&tobre, à 10h 59° 2" à Thury, (ou 10h 59! 8" à Paris) M. Maraldi obferva avec la même lunette une immers fion du premier faellite; ôtant 8j 20h 2 s' 14”, felon le calcul des mêmes Tables, on a le 30 Septembre à 2h 3 3° 54", temps vrai d’une immerfion, je Fobfervai à 3h 37° 39" à travers d’une brume léoère qui a pü l'avancer de 8 à 10 fecondes; la diffé- rence peut donc être fuppofée de 1 3° $5". Le 24 Oftobre à 9h 18° 19”, M. de Thury obferva à Paris une immerfion du premier fatellite, avec une lunette de Mém. 1701. sb 10 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dix-huit pieds ; ôtant une révolution de 1j 18h 28’ 45% on à une femblable écliple le 23 Oétobre à 2h 49’ 34" du matin. Je Fobfervai à 3h 53° 43", la différence «fl de 14 gi qu'il faut augmenter d'environ 8", à caufe de la différence des lunettes; foit donc 1P 4° 17". Le 9 Janvier 1752 à 16 33° 41" du matin, M. Maraldi obferva l'émerfion du premier Satellite avec une lunette de dix-huit pieds; Gtant 14i 3° 41° $1", on a une femblable émerfion le 25 Décembre 1751 à 9" $1' $o” du foir. Je l'obfervai à travers une brume légère à 10h 56’ 7", la différence eft 1° 4° 17" qu'on peut fuppofer exacte, l'effet de la brume ayant compenté la différence des lunettes. Ajoûtant 1) 18h 28" 6" au temps de l'oblervation précé- dente faite à Paris, on a une émerfion le 10 Janvier à SP 1° 47" du foir: je l'obfervai à 9" 6’ 52", la différence eft 1h s 5” quil faut augmenter de 8 fecondes, à caufe de là différence des lunettes; foit donc 1" $' 13". « Cette même émerfion du ro Janvier fut obfervée à Herno- fand par M. Schenmarck à 9h $” o", donc entre le Cap & Hernofand 1° $ 2". Or par huit obfervations immédiates faites à Paris & à Hernofand, M. Maraldi a conclu leur différence des méridiens de 1 2° 21"; donc celle de Paris. & du Cap Etre" n3. Le r8 Février 175 2 à Hernofand , M. Schenmarck obferva une émerfion du même fatellite à 7h 32° o” du foir. Au Cap je la trouvai à 7h 33" 54", donc la différence entre Paris & le Cap eft de 1h 4 15". Le 4 Février 1753, à 11h 27° 9" temps vrai à Paris, *émerfion du premier fatellite obfervée avec une lunette de dix- huit pieds. Si on y ajoûte 8j 20h 23° 26", & 8 fecondes pour la différence des lunettes, on a le moment d'une pareille émerfion le 13 Février à 7h°$0° 43”. Le 20 Février à h 46’ 28" à Paris, on obferva une émerfion avec une lunette - pareille à la mienne; Otant 7} 1h 55 26", refte le 1 3 Février à7h 51’ 2";le milieu entre ces deux calculs eft 7h 50° 5 2". Au Cap j'obfervai l'émerfion à 8h 55" 6”, donc différence Th 4 UE . S 11 ! | DE s: SCIENCES II Si au 20 Février à 9" 46° 28", on ajoûte 8j 20h 24’ so", on aura le temps vrai d'une émefion le 1. Mars 1753 à 6 11° 27", elle fut obfervée au Cap à 7h 15° 5 3"; donc différence 15 4° 26”. Prenant enfin une quantité moyenne entre ces dix - huit déterminations, je trouve la ville du Cap plus orientale que le méridien de Paris, de 1° 4 18"21,ou de 164 4° 37". Cela polé, jemploierai dans mes recherches la différence des méridiens entre le Cap & Stockolm de 1° $", Greenwich 16 13" 35", Berlin 20° $", & Bologne 28° 1 5”, le tout à l'occident du Cap. VI De quelle manière les obfervations ont &té employées dans la recherche des parallaxes. Pour faire ufage des obfervations faites à l'Obfervatoire royal de Paris,avec le quart-de-cerele mobile de fix pieds de rayon, jai fuppofé, comme dans mon Mémoire {ur la parallaxe du Soleil, que cet inftrument donnoit les diflances au zénith trop petites de 34", & ayant trouvé par des mefures faites exprès, que la demi-épaifieur du fi d'argent, qui dans les obfervations ne faifoit que toucher le bord de la Lune, eft de 3"0, j'ai ajoûté 37,0 aux diflances obfervées du bord fupérieur de la Lune, 31,0 à celles du bord inférieur, & 34" à celles des étoiles. Le même inftrument porte encore une lunette placée parallèlement au rayon qui pafle par 4094 25° 40" à très-peu près: Or à caufe de l'épaifleur du fil, j'ai employé 494 25° 43",0 pour les obfervations du bord fupérieur deda Lune, & 49% 25° 37",0 pour celles du bord inférieur. Je n'ai pas eu égard à lampliation du diamètre de la Lune caufée par la couronne lumineufe qui en entoure le vrai bord, & dont la largeur eft d'autant plus grande que l'objedtif eft moins bien travaillé, que fon ouverture eft plus grande, que fon foyer eft plus court, & que l'objet eft plus lumineux, Bi 12 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE parce que les dimenfions de la lunette du quart-de cercle de l'Obfervatoire royal & celles de mon fextant font les mêmes, & exécutées par le même Ouvrier. En employant les oblervations faites à Greenwich, telles qu'elles font imprimées dans les Mémoires de l’Académie pour 1752, jai appliqué les corrections indiquées par M. Bradley, tant pour la déviation de l'axe de fa lunette à l'égard du premier point de la divifion, que pour la correétion des divifions de fon quart-de-cercle mural. J'ai fuppolé de plus, comme dans mon Mémoire fur la parallaxe du Soleil, que Fampliation du diamètre apparent de la Lune étoit plus petite de 2 fecondes qu'a ma lunette. Dans l'ufage que j'ai fait des obfervations de M. Zanotti à Bologne, qui font publiées dans le tome [V des Mémoires de l'Inftitut, j'ai fuppoté Fampliation du diamètre de la Lune plus grande de 2",6 qu'à ma lunette. Outre les raifons que j'en ai rapportées dans mon Mémoire fur la parallaxe du Soleil, je trouve parmi les hauteurs méridiennes des deux bords du Soleif oblervées en 1751, que M. Zanotti m'a communiquées, & dont quelques-unes font imprimées dans le volume que j'ai cité, que les diamètres du Soleil qui en réfultent, excèdent toûjours de 3 ou 4 fecondes ceux que je regarde comme les véritables à l'égard d’une bonne lunette de fix à fept pieds. Je n'ai fait aucune correction aux oblervations de M. Wargentin, qui font imprimées dans le troifième volume du Recueil des Savans Etrangers, parce qu'il y eft dit que M. Wargentin fe fervit de deux lunettes diflérentes, garnies de micromètres, l’une de huit pieds & demi, l'autre de cinq, que ces deux lunettes donnoient les mêmes dimenfions dans le ciel, aptès avoir déterminé la valeur des parties de leurs micro- mètres fur les diamètres qui font marqués dans la Connoiffance des Temps de 1751, que M. Wargentin a fuppofés exacts, & qui font en eflet à peu-près tels qu'on les objerve avec une lunette de fix à fept pieds. A l'égard des obfervations faites à Berlin par M. de Ja Lande, je leur ai fait d'abord la même correction qu'à celles de Bologne, D mme DE 16, GE NN. GES 1: “1 EN AR parce que les deux inftrumens font pareils, & de plus j'ai aug-. menté les diflances au zénith à raifon d'une demi-fecond par deoré, parce que felon une note que M. de la Lande ina remile, l'arc de l'inftrument dont il s'eft fervi, eft aflez pro- portionnellement trop petit de 30 fècondes, depuis le commen- cement de la divifion jufqu'à 60 degrés. Dérail des recherches de la parallaxe de la Lune. Pour ne pas fürchargèr ce Mémoire de calculs, je ne don- nérai qu'un exemple détaillé du procédé que j'ai fuivi pour réduire chacune des obfervations faites le même jour en Europe & au Cap. Je choifis pour cela celle du 3 Novembre 1757, qui eft une des plus complètes, malgré un peu d'ondulation dans les bords de la Lune vûe du Cap, fur l'eflet de laquelle je ferai quelques réflexions dans da fuite. Je rapporterai les autres obfervations felon leur ordre chronologique, en ne don- nant que les réductions relatives à la parallaxe, L Le > Novembre 1751. La Lune fut comparée au Cap aux Étoiles VV, €%, à Bologne aux mêmes Étoiles, à Paris à y Y feulement, à Greenwich à & Y pour l'afcenfion droite, & à y Y pour ka déclinaifon. Le mouvement diurne du Soleil en afcenfion droite, étoit de 59° 21", donc fanticipation diurne des fixes étoit de 3° s7',4 en temps du premier mobile, & de 3° 56”,8 en temps folaire moyen, le mouvement horaire en afcenfion droite, eft PS0. j Je cherche d'abord les pofitions apparentes des Étoiles obfer- vées, en fuppofant leurs pofitions vraies pour le 1.* Janvier 1750, telles qu'elles font dans le Livre intitulé, Affronromiæ fundamenta. B ii Pofit. vr.le 1 Janvs 1750. 244 5743",1 184 3 37528417 3/2 63130 40/0 1813613", Aberration , . . . Déviation. . . Préceflion. . . Pofit. app.le3 Nov.175 1 Afcenf. droite © à midi... Afc. droite des Étoiles. Différences. . ....... Donc en temps du 1 mob. Anticipation des Fixes. Paffage au méridien, . 14. 10. 2 16. 10, 2 CRE DRASS RCE ETS POSE | ACTEUR y" DGLE LOPE L 7 EE GERS CEE mn ess lignau 77f rat 650,8 | 13h 30 que Se 5:9113:38. 52,7 ur. 5. 1,2|13.38. 48,0 CASE SSP LIT SOI RER RE UC" ena AD E ERA AE NE LUET AR 12h 107 2” © 18d 10° 40" 1d 24! 18 451172! 184 36 54" 60’ 5°”,6 14 Mémoires DE L’ACADÉMIE ROYALE 7 Ÿ- a %. | & ©. Afc. droite. | Déclin. bor. | Afc. droite, | Afc. droite, | Déclin. bor. [+ 193 | + 7:6|+ 19,8] + 19,0 [+ 3:6 an 159 + 3,8] + 16,61+ 16,3 |— 0,7 + 29;2|+ 32,9]+ 1.30,7l+ 1.35,1|+ 16,2 24: 59.475118. 4.21,8]28. 19. 10,3/63. 32. 50,4118, 36. 32,4 Des Ligue 1e Tea AIS BREST RO ER CRT MER SU ESRI 7 ST BI. EDS DE mer er CARRE TER LD Je calcule enfuite le temps vrai du paflage de ces Étoiles au méridien de chaque lieu , où les obfervations correfpondantes ont été faites. Au CAP. | A BOLOGNE. A Paris. | A GREENw. 7 Ÿ- € ©. 7 Ÿ- € &: 218d15/55"l218d15"55" 21817 $” 218417" 2 24.59.47] 63-32-50] 24.59,47| 63-32-50 166.43. 52|205.16.551166.42.421205.15.4s 10 Lie CRE 218418/34"l218d18/57" 24.59.47) 28.19.10 166.41, 131170. 0.13 11h 6'44",9 11h20’ 0”,9 — 1:49,6— 1.51,7 ni. 4 $53lrri8. 9,2 — 1:49,6[— 2.1$,0— 1.49,6[— 2.15,0 Je cherche le temps vrai du pañlage de la Lune au méridien qui réfulte des obfervations. Je calcule d’abord fur les Tables de M. Clairaut, trois pofitions vraies de la Lune, tant en longitude qu'en latitude, en afcenfion droite, & en déclinaifon pour trois inftlans, favoir pour celui de l'heure du pañlage de la Lune au méridien du Cap à peu-près connu , & pour deux heures, & enfuite pour quatre heures après. Aïnfi je trouve pour le 3 Novembre. Longitude €. | Lat. € Bor.| Afc. dr. €.| Décl. € B.|Parall. hor.| Demi-d.hor. 16’ 46" 19.26.26 |1. 17. 34 |46. 36.39 |18. 51.24 20.42. 9 |1. 10. 48 [47.55.42 |19. 5.22 Je conftruis les formules d'interpolation pour le mouvement DES SCIENCES. 1 de la Lune en afcenfion droite & en déclinaion; je fais — la différence entre les pofitions de 12 10° & de 14h 10", & — c la différence entre celles de 128 10° & 16h 10’; je les applique à la formule /£c — b)x* + [28 — Das : & j'ai pour l'afcenfion droite 8"xx + 14 18° 30"x, & pour la déclinaifon — 16"xx + 14 46"x. Dans ces formules on a la valeur de x par cette expreffion, diff. des mérid. + diff. des temps vrais des obf. de Ja € KE ——————_————— — — ——————— , Jorfque 2h d' 0” La Funité égale 2 heures. Je prends le mouvement horaire de la Lune en afcenfion droite, qui eft affez exattement là moitié du coëfficient de x, & par conféquent 39° 19”, (ce feroit le tiers de ce coëfficient fï les intérvalles des calculs de la Lune étoient de trois heures j'en Ôte le mouvement horaire 2° 28" du Soleil en afcenfion droite, & j'ai le mouvement horaire compofé en afcenfion droite, 36° 51"; je l'ôte de 1 $ degrés, & j'ai 144 23° 9" que j'appelle le mouvement horaire de la Lune en révolution diurne: je me contente de calculer cet arc en degrés & minutes ; j'y joins tout au ‘re Les dixièmes de minutes, ainfi je lemploierai comme de RE DATES Cela poié, je trouve le temps du paffage du demi-diamètre de la Lune par le méridien, ou même par un cercle horaire quelconque, par cette formule aflez connue, demi-diam. horiz. € x 60’ ; & fi l'horloge eft réglée au mouve- mouv. hor, € en rév. x cof. décl. € ie | ment des Fixes, jemploie celle-ci Mie Cr ee Ra Si SES | mouv. bor. Cen rév. xcof. déc. € ce qui eft le même, j'ajoûte 0,00 1 20 au logarithme du temps trouvé par la première for mule : dans cet exemple, j'ai 1° 1 3",8 pour le premier cas, & 1° 14,0 pour le fecond. Dans le calcul fi après avoir trouvé le temps vrai dû paflage du centre de la Lune au méridien de chaque lieu, je l'ai réduit au temps vrai du paffage au méridien du Cap par Une coeUn 2 diff, des mérid, x mouv. hor. comp. en afc. dr. mouy, hor, € en révol. diurne 16 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A BOLOGNE. . À PARIS. |A Gneenw. Révol. des Fixes à l'horl.|24h o! 5’,5|1.....,... 2315 60440 RL 23h55 5501240 017,5 Anticipation diurne. . DEL NME 35 68 Rene er 3. 56,8 3. 574 Donc jour folaire à 'horl.|24. 4. 2,9 . [24° o. EE 23.59: 51,824. 3. 58,9 Bord fuiv. € à l'horloge. 3 AOL sn de À 12.28. 372 À FREE 1 1.58. 23,0 AT 20,8 Paffage du demi-diamètre.|— 1.14,01......... TAB ER CT: — 113,8 Centre € à l'horloge. . .| 3. 2.54,0| 3h 2'54"%0)12.27.23,4 12h27 234 11.57 92} Paff. obfervé des Étoiles... | 1.41. 36,0| 415.46ol1r. 5. 150/13.38.47»81l10.33: 9,0 Diff. obf. € &. des Étoiles. | 1.21. 18,0| 1.12. 52,0 1.22. 22,4 i.tre24al 1.24% 0,2) 1.11: 23,0 Corretion de l’horloge.. | — 1337 |— 12531 — or o,11 + o,$ |— 12,0 Diff.despaff.entemps vr.| 1.21. 4,3| 1.12, 39,7) 1.22.22,3| 1.11. 24,3 1-24 0,7 1.11, 11,0 Pai, des Étoiles calculé...| 11. $. 5,9113.38. s237hvr. 5. 1,2|[13.38.48,of 11. 4. s5,311.18. 0,2 Donc € au mér.temps vr. | 12.26. 10,2 | 12.26. 12,4 12.27. 23,$ 12.27. 23,7 12.28. 56,0 12.29. 20,2 Réd. au mérid. du Cap... |— 0,0! — 0,0Ù— 1.12ÿ3|— 1. Hu 2:445]— 3. 8,2 Donc € au mér. du Cap.| 12.26. 12-26. 12,412:26, 11,2 TN I NOTES 12.26, 12,0 Par un milieu, le centre de la Lune a paflé au méridien du Cap à 12h 26° 11°4 Voici maintenant 2 parallaxe horizontale polaire de la Lune. Je calcul de la EE | Au Cap. A BOLOGNE. A PARIS. |A Greenw- Dift.obf.bordB. € auzén. 53371 SEC IS RENE UE 254584 Ds lrétrare gr 30418! 2"0]3215737",7 Réfraékion..". 4... D rire dodo 240 ECC + 38,8+ 43,1 Réd-aumeridien du Cap. ER MR Et 13-00 aie aise + 8.1o,o+ 9.19,8 Variation cortefpondante. |... 2... 7 + ER Te + 7:61 + 8,3 Dift. réd. Gau zénit. .:.153.38.41,2|53d38/41,21206. 2925,1| 2642 25/,1}30.26: 58,4135. 7. 48,9 Diff. obf des Et. au zénit. | 5 PTE 52.30. 22,2126.2$. 13,0 25:52. 8030.45. 29,3133.23. s0,7 RÉAHON AL eee cr + 1:22,7|+ 1.24,2{+ 330 + 32,0] + 3961 + 43,8 Dit. réd. des Ét. au zénit.| s 1.59. 35,2 52.31. 46,4 26.25.46,0|25.53. 30,0/30.46. 8,9133.24. 34,5 Diff des dift, € & Etoiles.| 1.39. 6,0| 1. 6. 528 0.23220,9| o. a 55»11 o.19. 9,5] 0.16.45,6 10 CT ROE O0 |6-cns SSI CS ATEN 1.39. G,ol 1. 6. 54,8] 1.39. 6,0! 1.39. 6,0 Donc fomme des parallixes obfervées. .......,... 1.159.451 DER $: 49,9 ro. 56,5 1:22. 20,4 Parallaxe horizontale polaire. ...........:..... Gr. 2,4 se 162 61. 4,2 61. 2,8 Dans lhypothefe de M. Bouguer.............. Grue; 6 Cr-0 Ga laIéTe 14,2 61. 2,8 Les AE RMENEX | Ce qu'on appelle ici la variation correfpondante à la réduc- tion au méridien du Cap, ef la quantité dont cette réduction altéreroit la parallaxe qu'on eut trouvée, fi l'obfervation com- parde à celle du Cap eût été faite directement fous fon méridien : C'eft Ver cé 2 à ni 2 DE S SCIENCES. 17 C'eft en un mot la parallaxe de la réduction au méridien du Cap. . L'effet de l'ondulation où d'une efpèce de bouillonnement des bords de la Lune, qui ef fi fréquent au Cap pendant que le vent de fud-eft fouffle, eft d'en faire paroître le diamètre un peu plus grand; & par conféquent la différence obfervée entre le parallèle d'un bord de fa Lune & celui d’une Étoile, ft trop grande ou trop petite, felon que le bord obfervé eff celui des deux qui eft fe plus éloigné ou le plus proche du parallèle de l'Étoile, Dans cet exemple, c’étoit le bord obfèrvé qui étoit le plus proche: if faut donc ajoûter 2 ou 3 fcondes aux différences des parallèles des Étoiles & du bord boräl de la Lune vüe du Cap; ce qui doit augmenter la parallaxe ho- rizontale déterminée ci-deflus, d'environ 2 fecondss, Cette quantité de correction eft fondée far ce que j'ai remarqué plufieurs fois qu'ayant mis le fil de foie du curfeur de moï micromètre le mieux qu'il m'étoit poffible, fur un des bords de 11 Lune ondoyante, fi londulation venoit à cefièr tout-à- Coup, ce qui arrivoit fouvent, le fil trouvoit écarté du bord . terminé de la Lune, de 3, 4 & même $ fécondes, felon que Tondulation avoit été plus ou moins vive: dans cette obfer- vation du 3 Novembre 1 751, elle étoit médiocre. Je pale maintenant au calcul de l'afcenfion droite de {a Lune, tirée des obfervations. ÿ | Au Car. À BOLOGNE. lAGrrenw. |, ns pe 3 %. os AN de [Te GS » | av. Diff. des paf. à l'horloge. | 1h 21/1870! 1h 12$2",a}1h 22/2244 ih 11'24%4f 1h 24 o’,2lih 1123") Réd. à 24h derév. diurne. | — o,3| = O2|H 13,54 1,74 143 | — où Diff. en temps du mob.| 1: 21. 177|1+ 12.510811. 22.35,0|1. r1.36,1|1. 24 145[1. 11.22,9 Donc en degrés, ...... 2oh92$",5| 18412570 |20138/;8",; 17d54 1,5f2rd 3375|1745043",5 Afcenf. droite des Étoiles. 2459: 475 | 63:32. 50,4124.59. 47,5 63-32. 50,4/ 24.59. 47,5 28.19. 10,3 Réd. au mérid, du Gps — 19: 18,0|— 19. 18,0 ZT 44+ 0,0] — $0.20,3 Doncafc. dr. € au Cap...| 45.19. 13»0|4$.10. 53»4145-19.28,0|45.19. 30,945.19. 25,0/45.10. 335 Er J - , fit Comme les pañlages au méridien n'ont été obfervés au Cap qu'au fil vertical de Ja unette de mon fextant, lequel eft mobile Mem, 1761, + C 18 MÉMOIRES PE L'ACADÉMIE ROYALE fur fon pied, à la manière des quarts-de-cercle mobiles ordi- naires , les afcenfions droites qui en réfultent ne peuvent étre exactes que quand le plan de cet inflrument eft refté fixe dans l'intervalle des pañlages de la Lune & des Étoiles, ce qui n'a pu arriver que lorfque la Lune a précédé l'Etoile, & qué Je parallèle de fon bord obfervé, n’a pas différé de plus dé 1o minutes du parallèle de l'Étoile ; excepté donc ce cas-ci qui a été affez rare, nous ne conclurons les afcenfions droites de la Lune que par les obfervations faites en Europe. Ainfi en prenant un milieu entre les réfültats pour Bologne, Paris & Greenwich, on a l'afcenfion droite de la Lune à 12" 26 11"24de temps vrai au Cap, de 454 19° 29". A l'égard de la déclinaifon, je la calcule à l'ordinaire, en employant Ja féconde méthode de la page 5 » pour trouver la parallaxe, Ainfi fuppofant que la parallaxe horizontale polaire de la Lune foit 61° 6"+, & que fon rapport avec le demi-diamètre horizontal de la Lune, foit comme $4’ 41", font à 15° 0", ainfi que je l'établirai à la fin de ce Mémoire, je trouve Au Car. A BOLOGNE. A Paris. |A GREENV. Dift. parall. € & Étoiles. 1d39° 6’,o| 19 654,8] 0d23/20/,9| où 855,1] odr9f 9,5] od16’45",6 Parallaxe — 49: 127] — 49-1247) + 26. 37,4] + 26. 374] 30.467] + 33: 13,9 PE Eater Re; 46,0|— 16.46,0])— 16.46,0|— 16. 46,0] — 16.46,0|— 16. 46,0) Diff. des déclinaifons… | 33+ 734 056133. 12,34 0. 5631 33e 10,210 33: 1325 18 4.21,8/18.36. 32,418. 4.21,8/18.36. 32,418. 4. 21,81 18. 4. 21,8 3411837. 28;7)18.37. 32,0] 18.37. 35,3 Déclinaifon des Étoiles. Déclinaïifon vraie €... 18.37: 29,1 18.27. 28,5 18.37. Donc par un milieu, la déclinaifon de la Lune étoit 184 37" 31",3 boréale. Suppoñnt enfin fobliquité de l'écliptique de 234 28° 142, on a la longitude de la Lune de 184 12; 19" 5, & fa latitude 14 24° 28" boréale. Par la hauteur méridienne des deux bords de la Lune, obfer- vée à Bologne, le diamètre apparent étoit de 34° rs”, le corrigeant par —— 2,5 d'ampliation + 0”,8 de réfraction, & —— 32",5 de parallaxe, le diamètre horizontal feroit de 33° 40",7. Quoique M. Zanotti ait eu égard au mouvement de la Luneen déclinaifon dans l'intervalle de {es obfervations, _ BYE S.\S CLENCES. 19 ce diamètre me paroït trop grand, tant parce qu'il s'écarte beaucoup du rapport qu'il doit avoir avec la parallaxe horizon- tle polaire, que parce qu'il a été obfervé en «effet plus petit à Naples & à Touloufe. M.° Garipuy & d'Arquier le mefurèrent à Touloufe à la hauteur de 6442 avec le micromètre appliqué à une lunette de 7 pieds & demi, de 34 3",2,ce qui donne pour diamètre horizontal 33" 31" à très-peu près conformé= ment au rapport que je crois exact. LIL Leg Juin 1757. La Lune fut comparée à l'Étoile 9 m, dont l'afcenfon droite apparente étoit 2364 25° 52,2, & la déclinaifon 214 53° 35",8 auftrale. Le pafflage du centre de la Lune au fil vertical de ma lunette, fe fit au Cap à 12P 43° 31” de ‘temps vrai, le bord füivant y ayant pañlé à 12h 44 38", & non pasà 12h 31° 17", comme il eft marqué par une erreur manifefte de calcul à la page Coz des Mémoires de l'Académie, année 1748. 4 Le mouvement horaire de la Lune étoit uniforme en afcen- fon droite, & de 32° 37". La formule d'interpolation du mouvement en déclinaifon , étoit — 29"xx— 7' 1 o'"2x, dans laquelle l'unité répondoit à 3 heures de temps vrai. Au CAP. |A Borocne.] À PARIS. Temps vrai de l'obfervation de la Lune.| 12h43" 31" Mahag 38" 12h45" 52" Dift. obf. du bord boréal de la Çau zénith. | 1 242 1 0,8 674 2'20",3] 7142128", Radios cs mea ele ILE 1441+ 2.33,;]+ 3. Go Réduétion au méridien du Cap.......|,.,...... + 111,94 2.442 Variation correfpondante. ..,.,,.,,..|,.,...... + 0,31 + 0,7 Difr. réd.dubord boréal de la Œau zénith. | 13.21. 15:2|67. 6. 5,8|71.27. 20,6| Diftance obfervée de /\m au zénith... 12: 1.219 66.21. 36,5) 70.40. 48,3 RéRAHON TERRE NL REMPARTS 141} 2.28,8]+ 2.59,5 Diftance réduite de \m au zénith. ...|12. 1. 36,0] 66.24 5,3 0.43. 47 Différence des parallèles. ...,....,.. 19.392] 42. 0,5] 43.32,8 Somme des parallaxes obfervées. .,,...|......... Te 1.397) 1. 3. 12,0 , Parallaxe horizontale polaire... .......|.... adore $4-29:0) 54.32,7 Selon l'hypothèfe de M. Bouguer.. .,..|......, ..1 $4.28,0 54. 31,8 20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La diftance de m au zénith de Bologne, eft la moyenné entre celles qui y furent obfervées le 7 & le o Juin. La dif tance de la même Étoile au zénith de Paris ,'eft auffi fa moyenne entre celles qui y furent obfervées le 1 $ Mai & le 12 Juin, ayant égard aux petits mouvemens apparens de l'Etoile dans l'intervalle. ; À Paris,on n'oblerva que le bord auflral de la Lune, mais en même-temps on en prit le diamètre apparent avec le micro- mètre du quart-de-cercle mural, qui eft du même rayon que le mobile, & on le trouva de 30° $" ou 7”. Ce diamètre fut pris en faifant rafer le bord fupérieur de la Lune par un ff d'argent épais de 6”,6 fixé vers le bas du champ de la lunette, & le bord inférieur par un curfeur de foie; ainfi le diamètre apparent étoit,eu égard à l'épaifleur du fil, de 30° 2”,7;c'eft la quantité que j'ai ôtée de 714 5 1° 31",4, diflance apparente du bord inférieur de la Lune, qui fut obfervée au temps du paffage de fon centre par le méridien. Ce mème diamètre étant corrigé par + 4”,5 de réfrac- tion, & — 8",9 de parallaxe, donne le diamètre horizontal de la Lune de 29° 58”,3. A Bologne, le diamètre apparent de Ta Eune conclu par différence des hauteurs méridiennes des deux bords, étoit de 30’ 19". En le corrigeant par — 2",6 d'ampliation, + 3",$ de réfadion & —— 11,2 de parallaxe, on a 30° 8,6 pour diamètre horizontal, lequel eft un peu trop grand. Le rapport du demi-diamètre 14 59",15 à la parallaxe * horizontale polaire reétifiée 54" 31,7 ,eft comme 1 s o’à 54 35" Selon la paallaxe moyenne $4’ 31"+, & le demi-dia- mètre déterminé ei-deflus, on a les pofitions fuivantes de la Lune. # J'entends ici, & dans la fuite, | le fyflème des Tables de M. Clai- par parallaxe horizontale polaire recti- | raut. La fin de ce Mémoire mettra fiée, celle qui auroit donné 5 6’ 5 6”,0 | plus à portée de comprendre le fens pour la conftante de la parallaxe dans L de cette exprellion. H° (DES SCIENCES 27 Par l'obférvation, a ee à Li | Afcenf. droite de la €. Déckins auftrale au mérid. du de la Lune, DCR ERA ARR ES NT RATE 224 o° 37“ De BOLOGNE... 128 43 38°;7 2681 3 31° 10”,0|22. ©. 39 De PARIS. .... 12148-03800 |208.037.MT107|22%4 00) 35 Milieux. ...|12. 43. 382 |268. 31. 102 |22. o. 37 TTL Le 4 Juller 1757. La Lune fut comparée à la même Étoile 9 m , dont lafcen- fion droite apparente étoit 23 6425" $1”,1,& la déclinaifon apparente 214 53° 35,8 auftrale. La formule “a mouvement de la Lune en afcenfion AE étoit 3° "xx - 1430'20"1%x, & en déclinaifon — r11"#+ xx + 7° 38"+x, l'unité — 2 heures. Au Cap. La BoLocne,l À GREENW, e* gh s4 27 gh 55’ 28” gh 56’ GA Dift'obf. du bord boréal dela Cauzénith.|134 843,5 166418, 0/,3173420/25",7 Heure de-l’obfervation de la Lune... IRÉRACÉON als nt leate ntal abous s'e ele lil + 15:2]+ 2.28,0ol+ 3.270 Réduction au méridien du Cap.......|......... — 1.$0,0[— 4.46,0 Variation correfpondante. ...........|......... — 0,8] — 1,4 Dift.réd. du bord boréalde a Cau zénith.| 13. 8. 58,7166.18. 37,5\73.19. 5,3 Diflance obfervée d\m au zénith. .....|12. 1.22,2] 66.21. 37,0 3-19. 3,0 TSF: AR PRIOBMADPNE BONE RE + 137 Diftance réduite de J\m au zénith: ....|12. 1. 35,9 Différence des paralléles............ APT Aa Somme epiralaxES nc le cencale sta) Parallaxe horizontale polaire... ......1..,...... Selon l'hypothèle de M. ouguer.,,..[......... La parallaxe qui réfulte des obfervations de Bologne, s'écarte trop de celie de Greenwich, & de celle que jai déterminée par la combinaïfon de toutes les recherches qui font dans ce Mémoire, pour n'être pas un peu défeétueufe. I y a apparence que le peu d'intervalle de temps entre les paflages de l'Étoile & de la Lune au méridien, n'a pas donné à Bologne le loifir Ci 22 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de prendre exaétement la hauteur du bord boréal de la Lune. Suppofant donc la parallaxe horizontale polaire de $4’ 7", & le rapport de 15° 0” à $4' 41"+ pour avoir le demi- diamètre horizontal, on a les pofitions fuivantes de la Lune, Paff. de la Lune| Afcenfion droite au mér, du Cap.| de la Lune. Da CAP RIM AIT I GEO 2 De BoLoGNE.....|8h 54 31°|237%0" 52° De GREENWICH...|8. 54. 28 |237. 1.7 Déclin, auflrale de la Lune. 2TNTE ARLON 21. 13. 24 dout. 2 Te 113 00 93 Par l'obfervation Milieux... ...18. 54. 291/237- 1. O I V. Le 2 Août 17517, La Lune fut comparée à + +, dont lafcenfion droite apparente étoit 2834 45" 17,5, & la déclinaïfon 214 23° 31,4 auftrale. La formule du mouvement de la Lune en afcenfion droite, étoit 4"xx + 14 5° 7x, & en déclinaïfon — 12"xx — 333%, l'unité — 2 heures. SRE RE NE Au CAP. |A Borocwe.] À PARIS. Heure de l'obfervation de Ja Lune, ....[8h 24 5”’]8h 25° o"|8h 26! 15” Diff. obf. du bordboréal dela Çau zénith. | 124 2/23",3 16742 146/,3]7142"16",5 Diftance obfervée de 7» au zénith...|12.31.22,5 65.51. 38,0/70.10. 53,9 RERAËtION Tes ele eee aliaelete este ee» + 143}+ 2.25,5]+ 2.560 Diflance réduite de 7# au zénith....|12.31. 36,8] 65.54. 3$ 70:13. 49,9 Différence des parallèles... .... DUUDEL T 28.59,8 130.26,8 Somme des parallaxes. ...... HOTERC das ob Ie 1,271 Parallaxe horizontale polaire, ........ PNR 42m Selon l'hypothèfe de M. Bouguer....,]...,...., $4. 26,3 Suppofant la parallaxe 54’ 20”,2, & le rapport de 1 $' 0" LE 1 à 54 41°7,0on a les politions fuivantes, DES SCiENCES. 23 1» . . 1 . # Déchi 1 (1 Par l'obfervation aie Afcenf. dr, de la Lune, té BR CARS NME RU Le LEL à ressessse...|22d18" 38° De BoLoGnE.....|8* 24 1'1]2584 26° 30" |22. 18. 37 De Panis...... -.18. 24. 121258. 26. 18 |22. 18. 402 Milieux. .....[8. 24. 111258. 26. 28 1/22, 18, 382 V. Le 2 Sepumbre 1751. La Lune fut comparée à 8 %, dont l'afcenfion droite apparente étoit de 301445" 5 9",1, & la déclinaifon 1 sua 31,7 auftrale, La formule du mouvement de fa Lune en afcenfion droite, Étoit — 14"xx + 14 36' 47"x, & én déclinaifon — 21"3XX — 27° 35 2%, l'unité — 3 heures. Au CAP. |A Borocnr.| AGREENW. Temps vrai de l’obfervation.. .....,..|oh 40 29/Ïoh 41’ PA EL Dift. du bord auftral de la Cau zénith. . 194 3/56",5]60d2245";7| 674155 1,7 REMAHOn NN en ete MR bd 2e 21,5]+ 1.56,0|+ 2.34,8 Réduétion au méridien du Cap... .....|!:::..,.. + 4277|+ 11.41;7 Variation correfpondante, ..,..,.,.,,,,|:,....:.. + 2,1] + 45 Diftance réduite du bord de Ja Lune. ..|19. 4. 18,0]60.28. 41,5] 67:30. Diftance de 8 % au zénith... DLL 18.22.17,;7l60. 1. 7,0|66.58. 56,7 Réfraction. ...….. CCE DTA ss... + 20,7]+ 1. 544l+ 2.32,9 Diflance réduite de B%............ 18.22.38,4160. 3. 1 Différence des parallèles. .....,..... : 41:39,6 25.40,1| Somme des parallaxes. ..... sainte ajae JLE c'eicte CYR 1. 719,7 Parallaxe horizontale polaire.. ,...... 6 NEEDS ae D sé au Hypothèfe de M. Bouguer. ..…. De RE EE 56. 24,2 56 Suppofant la parallaxe horizontale polaire de 56" 25",3, & fon rapport avec le demi-diamètre horizontal dé 54 41"T 315 o',ona Par l'obfervation ne e. Afcenf. dr. de la Lune. pére BE , Cam lg tgotrét |. 2: CRDI ONE PENSE AMEN De BoLoGne.....|0. 40. 18 3064 31° 14 53. 36 De GREENWICH. . .|9. 40: 16 306. 31. 14 532 41 Milieux. .,... 9: 40° 17 |306. 31. 552|14 53. 39 24 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE V L Le 3 Odobre 1751. La Lune fut comparée à + de la Baleine, dont lafcenfion droite apparente étoit 374 37° 27',5, & la déclinaifon 24 10’ 45',3 boréale, La formule du mouvement de la Lune en afcenfion droite, étoit 12°xx + 19 39° 22"x,& en déclinaïfon — 2"+xx / y » 2 s + 39° 34"+x, l'unité = 3 heures. POPE TETE ORENEN Au Cap. |.A Paris. | AGREENw. Temps ra... 1oh 55’ 37" lroû 57’ s7"troh 58 15’ Dift. obf. du bord bor. de fa Lune au zén.| 374 7'43",2 14643 9'49",0l 40d18/ 0”,8 Réfrattion.. 2%: 2% eve. a oterveluie ii 49,0+ 1.10,44 1.171 Rédudion au méridien du Cap......1......... + 14 38,81 1 6. 44,6 Variation correfpondante. ..........1......... + 10,2] + 11,0 Diff. réd. du bord de la Lune au zénith. 37+ 8. 32,2146.55. 48,4140.36. 13,5 Dift. obf. de > Ceti au zénith,.....,... 6. 5.11,6/46.38. 14,7 48,3 Réfra@ion.. ...es.ssossossreese 47»2}+ 1.10,4 121 Diftance réduite de y Ceæti.......... 36. 5.58,8/46.30. Différence des parallèles. ........... 1.233241 16.233 Somme des parallaxes. ....,........1......... Parallaxe horizontale polaire. ........[......... Hypothèfé de M. Bouguer....,.....[......... A Greenwich, on obferva le bord auftral de fa Lune, au lieu du bord boréal; pour l'y réduire, j'ai retranché 32 494 diamètre apparent calculé dans le méridien de Greenwich, felon les élémens des Tables de M. Clairaut, réformés quant à la parallaxe, fur le réfultat général de toutes mes recherches, I eft vrai que M. Wargentin obferva ce diamètre apparent de 32' 36” à la hauteur de 324 26',ce qui, réduit au parallèle de Greenwich, ne feroit que 32° 40",3, mais il y a tout lieu de croire qu'il s'eft gliffé quelque méprife dans cette mefure, felon laquelle on auroit une parallaxe beaucoup trop petite : car en réduifant ce diamètre à l’horizontal , on le trouve de 32° 20”, & par le rapport de 1 5" o" à 5441", on auroit 58 $3"+ pour la parallaxe horizontale polaire. D'ailleurs MR DE ons de. ss di. d : DES SCIENCES. 25. D'ailleurs fi j'avois employé 32° 40”, pour réduire Fobfer- vation de Greenwich, jaurois trouvé 59’ 21"21 pour la parallaxe horizontale polaire, quantité beaucoup trop grande, eu égard aux élémens réformés des Tables, & même à fa parallaxe qui réfulte de l'obfervation de M. Wargentin faite ce mème jour: car il mefura avec un micromètre la différence apparente des parallèles du bord boréal de la Lune & de y de la Baleine, de 20° 20",5 à Stockolm, 10’ 53" de temps abfolu après lobfervation faite au Cap. Le bord de la Lune étoit alors à 57% 32'2 du zénith. Ajoûtant donc 1”,4 de réfraction, 2' 23",5 de réduction à lheure de l’obfervation au Cap, 1”,6 de. variation correfpondante, on a 22’ 47",0 pour la différence réduite des parallèles du bord de la Lune & de l'Étoile, La fomme des parallaxes eft donc 14 2 $’ 20",4, & par conféquent 59’ 4",3 eft dans les À hypothèfes 1a parallaxe horizontale polaire de la Lune, Dans ce calcul; je n'ai pas employé la diflance de + dela Baleine au zénith du Cap, telle qu'elle a été marquée le 3 Oftobre fur mon regiftre, mais j'ai pris un milieu entre &n autres obférvations que j'en fis enfuite, réduites au 3 Octobre, Ï ÿ a apparence que ce jour-h je me trompai de 10 divifions e mon micromètre ,en écrivant la diftance de cette Étoile au Zénith. à La paallaxe horizontale polaire moyenne entre ces trois déterminations, eft $ 9’ 1 3"; en la fuppofant exacte, & le rapport ! US HY de 15° o"à 54 41'l,ona Par l'obfervation Temps vrai du paff.| Afcenfon droite | Déclin. boréale au mérid, du Cap. de la Lune, de la Lune. Da Car UMR 20128 EI Me PIN Jo 22" Dé PARIS DEAN 10 55° 40"|353%21" 342. 21.,18 De GREENWICH....|10. 55. 38 |353. 21. 43 |2. 21. 16 Milieux .…......{ro. 55. 39 |353. 21. 381/2. 21. 18 Mém, 1767. EU D 26 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE VII Le 8 OGobre 1751. La Eune fut comparée ce jour-Rà à Jupiter, avec lequel elle étoit en conjonction, & qu'elle avoit éclipfé en Europe, L'obfervation faite à Paris eft imprimée dans nos Mémoires, année 17$1,page 302: Le mouvement de la Lune en déclinaifon donnoit la formule — 18"5xx + 3 39"+x, l'unité — 2 heures. La parallaxe horizontale de Jupiter étoit 2",6,& fon mouvement en décli- naifon étoit infenfible. | Au Cap. | À PaARis. Temps vrai,..... AE able side ee ae tsh4i" 28”}1$h 44 20" Diftance obfervée du botd bor. de la Lune au zénith.| $6433'54",112742438/0 RÉRAMON ET ae tee es dde Peau See + 1325] 345 Réduétion au méridien du Cap..................,........ Variation correfpondante. ... 4..,............ |. 20e Diftance réduite du bord de la Lune au zénit......156.35. 31,6127.27. Différence des parallèles... ................... 1.21.28,5 Somme des parallaxes........... bem aes ol lou cond Parallaxe horizontale polaire..................,1......... Dans l'hypothèfe de M. Bouguer......., Neo sie MeG et J'aurois trouvé cette parallaxe plus petite d’une minute, fi javois calculé lobfervation rapportée dans nos Mémoires, année 1751, page 87, laquelle eft vifiblement défectueufe, puifque la parallaxe que je trouve ici, n'eft pas plus grande que ne le comporte le réfultat moyen de toutes mes recherches. VIIL Ze 10 Ofobre 1751. La Lune fut comparée ce jour-là au Cap à & %, & à Greenwich à & x, pour la déclinaifon, mais à Aréurus pour Jafcenfion droite. La déclinaifon apparente de £y étoit 204 DES SCIENCES. 27 57 58",1deë x 204 $4' 34",5,l'afcenfion droite apparente d'ArGurus , 2114 s° 6" Réduifant l'obfervation de £ Y faite à Greenwich le 25 Janvier 1752 à celle qui eût dû être faite le 10 Octobre, & les trois obfervations de € xx faites dans les preiniers jours du mois de Novembre, à celle qui eût été faite le 10 Octobre, employant de plus Ja formule — 9"£xx + 1413" 33"1x pour le mouvement en afcenfion droite, & —— 11"xx — 10° 42°x pour le mouvement en déclinaifon, l'unité étant — 2 heures, je trouve . Au Cap. A GREENVWICH. Temps vrai......... FLAT PSN 17h 41 4” 30‘. 17h 44 2. Dift. obf. du bord auftr. de la Çau zénith. | 54426! 3,21....... 1 32d2 1'5 1,4 MRETAHION.. lient sels else le [+ 130,3|.......,.. + 42,1 Réduétion au méridien du Cap........[.........1.........|— 6.541 Variation correfpondante............. fesses... — 6,1 Dift. réd. du bord de Ia Lune au zénith... Dift. obf. de [@ & ( n au zénith... .... 30.33- 370 Béhahone tailler. LL + 1:308|+ 1.31,6]+ 39,2l+ 3933 Diftances réduites. .....,.,...... + Différence des parallèles... ..,........ 22.16,8] 1.44. 38,0 Somme des parallaxes. ..............[.........1......... Parallaxe horizontale polaire... ........1.........|......... Hypothèfe de M. Bouguer............].........|......... À . Cn r 112 Suppofant la parallaxe hot izontale polaire 5 8" 45'à, & fon rapport avec le demi-diamètre comme 54 41" à 15’ o“,ona , : Temps vr. dupafl.| Afernfion droite | Déchn, boréale Te d#ienaes au mér. du Cap. de la Lune, dela Lune, & La LU Du CAT nee TZ ALU SM eee es eee e SAT 5 20. ©. 27+ 20. ©. 30 20. o, 272 De GREENWICH.... 17. 41. 6 |ro1® 23 54°} Milieu... 20. o. 282 Di 23 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE IX. Le 4 Novembre 1751. La Lune fut comparée à Cy & à € xx. L’afcenfion droite apparente de & ÿ étoit 804 42° 16”,& sans à 20d 57" 58">2 boréale, celle de € x 204 54 33", La for mule di interpolation pour le mouvement en ele ion droite, étoit 9"xx te 1° 20° 31"+x, & pour la déclinaifon — 17'24X + 7 422%, l'unité — 2 heures. Les diflances de Étoiles au zénith du Cap qui font em- ployées ici, font les moyennes entre celles qui furent prifes les 4, s & 6 Novembre. RS ds | Au CAP A Paris. Temps vrai... 13h 29° 0”. ŒUETUET TARN Dift. obf. du bord bor. de la Lune au zénith, btbsre = Prat 55157449 284 0/$7/,0 Réfraétion. M eee -iebie lee sentais ai|ialsieieieie.s as + 1355+ 354 Rédudtion au méridien du Cap........|.........[....,.... + 411,9 Variation correfpondante.............1.........1......... + 39 Diflance réduite du bord de la Lune. ...|$5459/20",4 55:59.20,4128. 5.48,2|284 s/48/,2 Dift. obf. de { & Cr au zénith. ..... 54.51.40,9| 54.48. 17,4127.51. 57:2127.55224,0 Réfra&ion.. ... HE On EE onde + 1308|+ 1.31,61+ 35»2|+ 3554 Diftances réduites. ..... ice $4.53- 12,7 |5449-49,0]27.52, 32,4127.55. 59,4 Différence des parallèles. ....... Tee er ee 13. 15,8 9.48,8 Somme des parallaxes..,..,..........1.........1......... 1:19: 23,$| 1.19. 20,2 Parallaxe horizontale polaire. ...... PE A NEC ER ETAT AUS 4 61. 13,2 61. 10,6 Hypothèfe de M. Bouguer. .........,/........ RARE 61. 13,1 61. 10,5 | Suppofant donc cette parallaxe de CHE PL fon rapport avec le RASE LAS comme 54° 41"+à 15" 0”, je trouve { T. du paf | Aféenf. droit Par l'ebfrvation EE are | Décl bon de la Lames h 9’ ” 204 56 336 Du Cap TT he .. 13 28 44 A4 es 56. 33,6 A 2 2,4 2% 56 3027 De Paris........[13. 28. 42 [624 0° Here 56. 33,8 Milieu..,. 20. (20. 56. 33,0 33,9 DES SCIENCES. “29 X. Le $ Novembre 1751. À 14h 32° 4" temps vrai ,au Cap, le bord boréal de la Lune étant éloigné du zénith de 564 39° 40", eu égard à Ja réfraction, le parallèle de € # me parut plus boréal de 14 46" 22",8 , y ajoûtant 6”,0 de réfraction, & 4',o pour l'effet de fondulation du bord de la Lune, laquelle étoit alors aflez fenfible, on a la différence des parallèles réduite, de 14 46° 258: 3 A Stockolm, $ 3" de temps abfolu après l'obfervation du Cap, M. Wargentin obferva la différence des mêmes parallèles de 18° 37", le bord de la Luneétoit à 384 4° 52" du zénith. Ajoûtant 0”,6 pour la réfraction , & Gtant o”,4 pour la réduction au méridien du Cap, la différence réduite eft 18° 37",2. La fomme des parallaxes étoit donc 14 27° 55,6, & par conféquent la parallaxe horizontale polaire 60° 38",8 , & dans lhypothèfe de M. Bouguer 60° 37',7- M. Wargentin obferva auffi le diamètre de a Lune près du méridien de 33° 39". Le corrigeant par + 1,0 de réfraction ,— 2 8"”,2 de parallaxe, le diamètre horizontal feroit de 33° 11",8,il eft un peu trop petit; car outre que le rapport de 15° 0" à 54’ 41" exigeroit qu'il füt de 33" 17"+, je trouve dans les Mémoires de Gottingue / Tome 11, page 181) que M. Mayer le mefura la même nuit à plufieurs reprifes, avec une lunette de fix pieds, garnie d’un micromètre, &.le détermina de 33° 1 6”. Cela pofé, le rapport du demi-diamètre 16° 38" à la parällaxe horizontale polaire rectifiée 60’ 42”, feroit comme 1$° o"à 54 44"2 M. Mayer détermina en même-temps la parallaxe horizon- tale équatorienne de la Lune, de 61" 4"+, par un bon nombre de différences d'afcenfions droites entre la Lune & € %, prifes long-temps avant & après le pañlage de la Lune au méridien. Selon la méthode de Dominique Caffini, la parallaxe horizontale polaire feroit donc dans hypothèfe que j'ai fuivie, de 60° 46", à très-peu près comme par Fobfervation de M. Wargentin. Je trouve même qu'en prenant un milieu D ii 30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 60" 42",4 entre ces deux rélultats, on a la parallaxe polaire conforme à la détermination qui fe tire de la combinaifon géné- rale de toutes les recherches qui font le fujet de ce Mémoire. A l'égard de la pofition de la Lune, felon Fobfervation du Cap, elle pañla au méridien à 14° 32" 3" de temps vrai, ayant 784 51° 1 8” d'afcenfion droite, & 214 37° 8"1 de déclinaifon boréale. Selon celle de Stockolm, fon afcenfion droite au moment du pañlage au méridien du Cap, étoit de 7984 51° 13", & fa déclinaïfon 214 37° ro". XI. Le 2 Décembre 17517. Cette obfervation fut faite prefqu'au moment que la Lune étoit dans fon plus grand périgée, c'eft-à-dire, dans fa plus grande proximité poflible à l'égard de la Terre. Le bord auftral - de la Lune qui avoit quelque ondulation au Cap, fut comparé à CS & à CG x. À Paris, on le compara aux mêmes Étoiles, mais à Greenwich on n’obferva ce jour-là que: Y. Or à caufe de l'importance de cette obfervation , j'ai réduit au 2 Décembre la diflance de :% au zénith du Cap que j'obfervai le 25 Janvier fuivant, de $ 54 6° 30”,5 , & celles de 8 & Êx qui furent obfervées à Greenwich dans d’autres jours; la grande déclinaifon de ces Etoiles, les met à l'abri de l'inépalité fen- fible des réfractions. L'afcenfion droite de Ë % étoit 804 42° 58",de Des 1029 21° 2°, & de: 8 724 5’ 4” felon les obfervations que j'en ai faites exprès avec grand foin depuis l'édition du Livre Affronomiæ fundamenta. La déclinaifon apparente de &% étoit20 57 58",2 boréale, de £ x 204 54 31,6, &dengz21412 40,8, La formule du mouvement de la Lune en afcenfion droite, étoit xx + 14 22° 21"x, & en déclinaifon — r18”xx + 3° 32"3 x, l'unité = 2 heures. Les titres & les explications des Tables précédentes fervi- zont à connoître ceux de la Table fuivante, où il n’a pas été poflible de les placer. r> dr dtnitn LTÉE RER, à 27 ds En Re, 0 DÜE rs » SC LUE: INC 4 “3 Au Cap. A PARIS. À GREENWICH. a 128 37 157. an 35/7 ME) ee Lots Lolo dant ré t 3 0446/40",6 URLS MOTTE ON D RUE Lee ONU TARE, ARR OR CRC EE SAS En A (0 NEO + 1,8 284 8/29/,7130d49/30",8| 30.49. 30,8 30d49/30/,8 55 6.29,0|54.51.42,3| 54.48. 13,5 27:55: 18,0/30.15.28,6| 30.30. 15,7 30.33: 44,5 1.308|+ r1,31,6 RE 10) SES ETS ET 14154534 141] 5440. 45,1 127.52. 18,7 27:55 53»3]30.:16. 7,4]30.30. 54,9 | 30.34. 23,8 12.36,4| 33.23,4 18. 35,9 15. 7,0 1-19.248Ù 1e2r. S5,5| re2r. 55,3 1.21. $$4 61.13;7 61. 14,1 61. 14,0 61. 14,1 61.13,4 61. 14,0 61. 13,9 A caufe de londulation du bord de la Lune, vüe du Cap, on peut augmenter ces parallaxes d'environ 3”, & la moyenne fera de 61° 17",8. . Le diamètre de la Lune qui rélulte de Ia différence des diflances des deux bords au zénith de Greenwich , eft 3411". Si donc on fuppofe que M. Bradley ait employé 1 "+ de temps entre l’obfervation du bord auftral qui fut faite la première, & 55156 33"5 55.56.3325 |55456/33"s un, he un à Parallaxe horizontale polaire... ...... Hypothèfe de M. Bouguer.......... 61. 14,0 - celle du bord boréal, il faudra corriger ce diamètre de — 2",4 pour le mouvement en déclinaifon, +- 0,9 pour la réfraction, —+ 2°,0 pour l'ampliation, & — 3 1",4 pour la parallaxe, on aura donc 33° 40",r pour le diamètre horizontal. Le temps que ce diamètre employa à paffèr 4 méridien de Greenwich, fut d’un peu plus de 2' 31" du premier mobile. Si donc on le fuppofe de 2’ 31"+, On aura pour diamètre horizontal 33° 36",4. À F'Obfervatoire royal, le diamètre de la Lune au méridien mefuré au micromètre du quart-de-cercle mural, fut de 34 ms ,s,le corrigeant de + o",9 pour la réfraction, — 34 pour l'épaifleur du fl d'argent, & — 32",1 pour la parallaxe, on a le diamètre horizontal 3 Arno: Le temps du pañage au méridien fut de 2 3 1" + à l'horloge réglée fur le temps fohire, qui anticipoit cependant de 4° 7" 32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fur le premier mobile: ce qui donneroit 33° 45",s pour Je diamètre horizontal, lequel eft un peu trop grand, Prenant un milieu entre les trois premières déterminations, ona 33° 39,2, ce qui donne le rapport du demni- diamètre à la parallaxe polaire rectifiée 61" 22",comme 1 $" o" à 54 42,3. Suppofant donc ces élémens y on a T vrai du paf.| Afcenfion droite | Déchnaif. boréale Par l'obfervation, au mé, du Cap. de la Lune, de la Lune, 21427 16"2 DEA bedendenc RAC AU DEA 21. 27,30 d r LA » n De PARIS... ..... 12. 3. 15 16 417 45 2 27 TE 69. 41. 34 L21.27. 25% 21. 27-%2E De GREENWICH....|12. 3. 16 |69. 41. 28 Ur 27223 D'INDE 25 Milieux . . . -.. 12. 3- 15 169. 41. 35. 21, 2712 XIT Le z Décembre 1751. La Lime fut comparée au Cap & à Paris à 6 % & à à Berlin à Ü % feulement. Les pofitions apparentes de & 3 ae Ë x étoient les mêmes que le jour précédent. La for mule du mouvement de la Lune en afcenfion droite pe 42 XX 1921” 25"+x en déclinaïfon, — 20"xx — 4! 55" x, l'unité — 2 heures. ee RS DU en. =. +. 5 7 " Q < e. | Au CAP A BERLIN:[A BoLoGNe. | — | ——— — Temps vrai. 546... EURE TS, 13h 8 28” 1 Lo Bord auftral de Ja Lune..|....,.... 5547 7,81 32ad 112,7 2 8418/28/2 RÉRAMON en Some se lens + 1.350 se 41,6 + 359 Rédu&ionauméridien...|.........1......... — 526 — 2:51,3 Variation correfpondante.| ..:... — 0,8 — 2,7 Dift. de la Lune réduite. | 55 Gear |; $5- PT 42,8|32. 1. 0,9 28.16. 10,1|28416/10/,1 .43:5127-55.18;0 3522 |, 3533 Dift. des Étoiles au zén.| 54.51. 42,3 | 54.48. 13,5] 31.32. 53,5 MÉRRAÉTIONEe se 4 as cm ne + 131,8|+ Er +s 41,0 Diftances réduites... ... 5445 3e 1411 54.49. 45,1]31:33. 345 27.52. 18,7|27.55. 53,3) Différence des parallèles. | 55.28,7| 58.577] 27.26,4 23:14] 20.16,8 Somme des parallaxes. ..|[.........1...:..... 122505 5i .20,1| 19. 145 Parallaxe horizontale polaire. ................. Gr. 13,1 Gr. 8,2 61. 4,0 Dans l'hypothèfe de M. Bouguer,, ,,,,,,,,,.,. 61. 13,2 61. 8,1 61. 3,9 J'ai DE s/$ cr EN @E.s. 33 J'ai préféré l'obfervation de € Y faite à Berlin le 2 3 Février 1752, & réduite au 3 Décembre 1751, à celle de a ÿ dont s'eft fervi M. de la Lande, tant parce que celle-ci ne fut pas obfervéele 3 Décembre, que parce que fon parallèle étoit . un peu trop éloigné de celui de la Lune, ce qui donne prife aux incpalités des divifions de l'infrument & des réfraétions. . À cufe de la légère ondulation de la Lune au Cap, on | peut ajoûter 2"X à ces parallaxes. Par la différence des diflances des bords de la Lune au zénith de Bologne, fon diamètre apparent étoit de 34° 12". Le corrigeant par + o",7 de réfraétion, — 2",6 d'amplia- tion, — 3 3,5 de parallaxe, & o",9 parce que le bord auftral a été obfervé au moment du paflage du premier bord de fa Lune (M. Zanotti a eu égard au mouvement en décli- haïfon pendant cet intervalle), on a 33" 3 5s",7 pour le diamètre horizontal, dont la moitié 1 6” 47',8 comparée à 61’ 93, parallaxe reétifiée, donne Le rapport de 1 So" à 54 37". Ceh polé, on a 5 Pac l'obférvation T: vr. du pafage| Afcenfion droite Déclinaifm Doréale : au mér. du Cap. de la Lune. de la Lune, je 2108837 h La 2 Du Cap....... ..|13h 7 Mate LEUR 21. 19. 40 : De BOLOGNE..... 13: 7: 19 |86% 50 35" |21. 19. 38 21. 19. 41£ De PARIS due à à 2 LME EPA) A PE La MACNSE Milieux. .... 13e 7+ 19 |86. 50. 35 far. 19. 412 XIII Le 6 Décembre 1751 La Lune fut comparée à l'Étoile & 5, dont l'afcenfion droite apparente étoit 1314 13°, 52",5,& la déclinaifon 1 84 42° 2°,5 boréale, & à & Y dont R dédlinaifon apparente étoit M5 221,4 - La formule du mouvement en afcenfion droite, étoit — 10"4xx + 1d 7 41"2x, & en déclinaifon — Grxx 2134" 4x, funité — 2 heures, Men. 1761. "AE 34 MÉMoiR£Es DE L'ACADÉMIE ROYALE A BERLIN. Au Car. A Paris, | AGneenw, Temps vrai... us: 2 LP 16h 2! 2! 16h 3! 43"l16h 4 tarfr6n # ja” Dift.obf.dubord A.Œauzén.|......... 46433/36"8 4116! 3,3 37dgot1 65 F0d23/50",9 Réfraétion., , , smmemrmresosesenc Lie 58,514 s1,41+ 56,6 Réduction au méridien... ..|.........|,......4, — 3.448 Variation correfpondante, ..|.........1......... — 3,0 Dift. réd, de la Lune...... 46434/45",0| 46.34. 45,0 4ra3. 14,0 Dift. obf. a & a au zén..|49.53.15,6|46.42. 2,9 56.31.40, Réfraétion.. .. sieur + n167|+ 1 7,,81+ 4952 — 114 $92)— 13,432 IE 37:20. 59,4)40. 9. 32.50. 13»8]38.40. 3,7 25 4291+ 532 Diftances réduites. ....... 49.54: 32,3 |46.43. 10,7 29,5/32.50. 56,7] 38.40. Différ. des parallèles. . .... 3.19. 473 825,71 4:40. 445 Somme des parallaxes.. ....|........:1......... 1:20. 5712 Parallaxe horiz. polaire... ..|......... ORANGE TT 342 Hypothèfe de M. Bouguer... |.........[.....:... 58. 34,1 Quoique nous faifions ufage des mêmes obfervations , M. de fa Lande trouve 1 8" plus que moi dans la fomme des parallaxes du Cap & de Berlin. C'eft au Lecteur aftronome à décider lequel de nous deux s'eft fervi de réductions plus exactes: leur différence monte à 8 fecondes qu'il faut joindre à 10 fecondes d'erreur qui s’'eft gliffée dans le calcul de M. de la Lande. Au reflé la parallaxe déduite ici de lobfervation de Berlin, ne la pas été aflez directement pour être une des décifives. La diflance de 4 $ au zénith de Paris, n'a été obfervée que le 30 Novembre. / Suppofant donc, felon la détermination de Greenwich & dé Paris, que la parallaxe polaire de la Lune eft de 5 8" 48"+, & que fon rapport avec le demi-diamètre horizontal , eft comme s4' 41"+à 15° o", car le demi-diamètre de la Lune, que M. de la Lande a rapporté comme obfervé, eft manifeftement trop petit, on a , : T vr. du paffage Déclinaif. boréale Par l'obfervation re di ÿ . j Afe. dr. dela Lune! 4 7 me. Du Can. eus ALDO 14 G5 072 in 2e Ta Zu De GREENWICH.....|16. 1. S42]133 54. 553|12. 13. 2 De PARIS......... 16. ne S4r]....e 12: 13-00 Milieux... [16 1. 5451133. 54. 54 |12. 13 33 | tm chir DS 7 Ne) e« - DES SCi1ENCE.Ss 35 XIV. Le 27 Décembre 17 SI. Pour comparer l'obfervation de la Lune faite ce jour au Cap avec celle de Berlin, M. de la Lande a conjeturé qu'il falloit ajoûter 1° 0” à la diflance de la Lune au zénith, que jai publiée dans nos Mémoires, Je conviens de l'erreur, mais non pas de fa quantité évaluée à 1’ 0": car felon les Tables de M. Clairaut réformées, quant à a parallaxe, d'après le rélultat général de mes recherches, la parallaxe horizontale polaire devoit être, au temps de mon obfervation, de $9' 22”, & je fuis bien für que cette quantité efl exaéte à moins de 10" près. Or en employant les obférvations telles que nous les avons publiées, M. de la Lande & moi, & ne leur faifant que les réduétions néceflaires, telles qu'on les verra ci-deflous , la parallaxe horizontale polaire en réfulteroit de 59° 1", quan- tité trop petite, & qui fait voir qu'il y a erreur de ma part, puifque la diflance de la Lune au zénith de Berlin fut vérifiée fur le champ avec un autre inftrument; mais cette erreur na pu provenir que de l'une de ces deux caufes, ou pour avoir compté à mon micromètre un tour de vis de trop, lequel vaut 1° 9",6, & dans ce cas la parallaxe horizontale polaire feroit de 59° 5 1", & par conféquent beaucoup trop grande, ou parce qu'en marquant 328 pour le nombre des parties de mon micromètre, j'aurai pris 300 —- 28 au lieu de 300 — 28, En ce cas la diftance du bord auftral de la Lune au zénith du Cap, eût été 40% 11° 1°,4, & la parallaxe hori- zontale polairé 59’ 20", beaucoup plus approchante de véritable, Ce qui me fait croire que l'erreur a été commife de cette féconde manière, c'eft 1° que dans cette hypothèfe une obfer- vation de la Lune faite à Touloufe par M. Garipuy & d'Arquier, avec un quart-de-cercle de 32 pouces de rayon, conftruit par Langlois, & garni d’un micromètre, donne pour puallaxe horizontale polaire 59° 30". 2.° Que dans la même hypothèfe , une obférvation faite à Stockolm par M. Wargentin, donne 59° 15" pour la parallaxe horizontale polaire. La .Eï 36 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE moyenne entre ces deux, eft exactement conforme à celle des Tables réformées. Voici le détail de Fobfervation de M. Waïgentin. Le 27 Décembre 1751,à7" 32° 15",temps vrai à Stockolm, & par conféquent 2° 3 0" de temps abfolu après l'obfervation faite au Cap, le bord auflral de la Lune étant à 454 31'2à peu près de difiance au zénith, fon parallèle étoit éloigné de celui de o Y de 24° 49",4 + 0”,8 de réfraction. Quelques jours après, la différence des parallèles de o Y & de y fut ob- fervée de 45° 3",5 ,eu égard à la réfration: donc la diftance du bord auftral de la Lune au parallèle de + Y, étoit, felon ces mefures, 14 9° $3",7, qu'il faut augmenter de 24,3 pour la réduire au méridien du Cap. Selon hypothèfe d'erreur que nous venons d'adopter, la diftance apparente de ce même bord au parallèle de + Y étoit, vüe du Cap, de 16" 36”,9 ; done la fomme des parallaxes 14 26° $ 5",9, ce qui donne 5 9 15” pour parallaxe horizontale polaire. M. Wargentin a donné cette obfervation comme fort dou- teufe; en effet, felon les obfervations de M. Zanotti, la dif- férence des parallèles de oY & de y, étoit de 45° 17"; ce qui donneroit $9" 23°+ pour la parallaxe horizontale polaire. M. Wargentin avoit obfervé directement la différence des parallèles du bord auftral de la Lune & de y% de 14 10° 23": mais comme cette Étoile entroit à peine dans le champ de fa lunette, les mefures qu'il prit lui parurent fufpectes avec raifon. Pour faire les réductions aux obfervations de Berlin & de Touloufe, j'ai employé la formule d'interpolation pour le mou- vement de la Lune en déclinaifon — 10"£xx+ 19" 34"2%x, Yunité — 2 heures. J'ai ôté 3",3 de la diftance du bord auftral de fa Lune obfervée à Touloufe, pour compener l'effet de l'ampliation. A Berlin on a comparé la Lune à 4%, à Touloufe à %, DES SCIENCES. NE i 0! 7" 22! 3 ER 21 088 "Er _____ Au Car. RSR ir BERLIN. [a Tourousr] Temps vrais. css ss sesesuneuseus h32 0 Dift. obf. du bord auftr. de fa Lune au zén.|......... 494 1” 1 1/,4138d22/25/0l29d21/ 90 MÉFACHONS . mie ee sine se oies seu ess oo lie eve 240 ele + 1.1481+ $29 + 3733 Réduction au méridien du Cap........|.........1......... + 3.277] 11. 18,8 t Variation correfpondante. ............1...... A OA do Lin + 2,8] + 10,1 7 Diflances réduites du bord de la Lune... . |4041216",2|49.12. 16,2]38.36. 48,4129.33. 1532 Dift. obferv. des Étoiles au zénith. ...... 49-53: 15,6 |48:54. 25»2]36.31.41,3)28.35. 4,0 Réfraion.. ....................e + nn 16,7|+ 114114 492 + 36,2 2 Diflances réduites. .4..,..:.....444: 49254 3213 |48.55. 39,31 36.32. 30,5 8.35. 40,2 Différence des paralléles.. ....,.. Mae 42 16,1 16, 36,91 2. 4. 17,9 7: 350 Somme des parallaxes......... Lie a 1 70 2 PAR Jesse... 1.22. 1,8 1.14. 11,9 Parallaxe horizontale polaire. .........!. RER E Teese 59-3057 59-307 Hypothèfe de M. Bouguer...........[.........]...4..... .31,4 CRERLSS On ne peut tirer de ces obfervations lafcenfion droite de — a Lune avec afflez de précifion, pour mériter de fervir d'é- poque. Il en ft de même des fuivantes. x V. Le 28 Décembre 17 20h La Lune fut comparée à 4 9; la ETRN eme du mouvement de la Lune en déclinaifon étoit — 1 s'+ + 14 42"7 x, l'unité — 2 heures. LS 5 es Au Cap. |A BERLIN. Temps vrai... Mattel ta aa LA tn ss n8h 27 0" [8h 28! 22" | Dift. obf. du bord auftral de la Lune au zénith. ...|52448/18/”,8134d66 5",2 RÉGULER ARR eine ee ctelerele à el 2 15 Le + 1.25,2|+ 46,5 Rédu&ion au méridien du Cap.................1.:..:..,. H 2:31,9 Variation correfpondante. ......,.. Ho be rbinille d'au ite + 232 _ Diflances réduites de la Lune au zénith. ......... 52.49. 44,0/34.59. 25,8] Diftances obfervées de 4% au zénith........... 149.53» 156136.31.36,2 ARMES PPRPAUCR PONTS ANER, AAC + ni67l+ 49% Diftances réduites de #' au zénith... ... RP 49.54-32,3136.32.25,4 Différence des parallèles. ....... der nitcs Lo 2255-1157] 1.32. 59,6 Somme des parallaxes........:...,.,...:.......]... To trie | Parallaxe horizontale polartent a 4e IE RE MONEER PU Hlypothèfe de M. Bouguer,, ......,,.,..,,24% |: Los 1 38 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE X VI. Le 29 Décembre 1751. La Lune fut comparée à Jupiter & à ËY, dont l'afcenfion H 7 droite apparente étoit 8 of ! 3"L, & la déclinaifon 204 re, BTE 3 YAMEYA EE ans ii dr La formule du mouvement en afcenfion droite étoit 7"Zxx + 19 19° 33"+x, & en déclinaifon — 17"4xx + 7° s 12 x, l'unité == 2 heures. 2 Au Car. A Paris. Heure vraie de l’obfervation.......... où 27 2571 AT) PAR 307 28” 307 Dift. obf, du bord auftr, de la Lune au zén. PRE s5%42/58",2128d45" 2/,3 Réfration:.-8 sr mie Bree ee à Pets dus 7 + 133,0) + 365 Réduétion au méridien du Gap........:1...:.....1......... + 4 17,8 Variation correfpondante.....,,......|....,....1. MED + 4,0 Diftances réduites du bord auftral. ...... UPETUE S 5-14 3 152 28,50. 0,6|28d;0' 0",6 Dift. obf. de {® & de 75 au zénith... .. S4.51e41,7/53.54 0,6/27.51.45,8/28.49. 209,9 Réfraction.: 210 HAS IA CARE + 131,84 128,61 + 352 + 3633 Parallaxe de Jupiter............4.....lses.. — Se PRE — 1,2 Réduction au méridien du Cap.......4}..se%.. se cupots -.s 2 he cp etre _ 2,5 Diflances réduites F0 RR-tacsrse 5453-1351 53-55<27,4127.52. 21,0 28.50. aS Différence des parallèles. .....,....... 21.177 | 11.192 13,8 $7- 396 1,9 Somme des parallaxes. ,........,..,.1...:.,...1....,.,.. 1.18. 573| 119. 1,9 Parallaxe horizontale polaire... ........ CRUE M'ERVTTET 42] ‘Go. 4557 Hypothèfe de M:Bouguer... fr. .......1...:,4... .41,8| 6Co.45,4 J'ai ôté 1”,1 de la diflance du centre de Jupiter au zénith du Cap, parce qu'elle fut obfervée 1” 12" après fon paflage au méridien. La diflance de Ë$ au zénith du Cap & de Paris, eft moyenne entre celles qui furent obfervées dans les mois de Décembre 17 51 & Janvier 17 5 2, réduites au 29 Décembre, M. Wargentin compara aufh la Lune à Jupiter, & prit deux différences de déclinaifon apparente entre le bord auftral de la Lune & le bord boréal de Jupiter. Voici le calcul que j'en ai fait... | La diflance du bord auftral de Ja Lune au zénith de Stoc- kolm, eût été, felon le calcul, de 39% 29° 18", fr on d'eût (28 pv! 29 T'a x, Vünité = 2 heures, DE s Siétre N'ES 39 obfervée dans le méridien à l'inflant qu'elle paffoit par celui du Cap. Au Car. A STockoLm. . : ‘ “| 9 4 (2 Temps vrai. ne, saueunesssl oh 27 43")80 48 a2"|8h 56! 56" Différence obfervée des parallèles, . , .. 1d 18337] odr2" 6,5 | odi 1/24/,0 Réfration. . 3... évereus ue 7e 44} + 0,5 | + 0,5 Parallaxe de Jupiter. ,.,...,.4,.... rt 15884 1,6 | 1,6 Mouvement de Jupiter en déclinaifon, ..|......... — 12|— 0,9 Mouvement de la Lune en déclinaifon.. . |, ,....... TH 2:23,5|— 1. 550 Variation de parall. correfpondante. ...|....,.... — 10,8 at 6,7À - Différence des parallèles réduite... ... 1. 18, 39,9 9- 3351 9.23,5 Somme des parallaxes.....:........1:.... 1 1.28. 130| 1.28, 3,4 Parallaxe horizontale UOTE DAGTOE: ÉCRATrse +376 ane) Hypothèfe de M. Bouguer..........|......... 379 La parallaxe moyenne eft, felon M. Wargentin, 60’ 344; or il obferva le diamètre de la Lune près du méridien, de 33° 40": le corrigeant par + 1",3 de réfra@tion, — 272 de parallaxe, on a 33° 14",1 pour diamètre horizontal: & le rapport du demi-diamètre à la parallaxe horizontale polaire rectifiée 60’ 43", eft comme 15’ o" à 54’ 48",3. Cela polé, nous aurons ? J T. vrhdu paflage Déclin. Toréale Po L'obfervation D AÏc. dr, de la Lune, de RER Du CAPE, lon 2244 0 bu drudus +. 2 od 46" 37 De PaRis.........|0. 27. 43 [6oû 31 51" |20. 46. 3 XVIL Le 31 Décembre PSI. La Lune fut comparée à £ 3 & à € mm: pour l'afcenfion droite ; elle le fut à Greenwich à 17 & à Sirius. La décli- naifon apparente de £ % étoit 204 57’ 57,9, celle de x 204 54’ 30",6; l'afcenfion droite de ex, LA KO LE de Sirius 984 33" 5 5”,8. à La formule pour le mouvement de la Lune en afcenfion droite étoit — 6'£ xx + 14 20° 44'1x, & en déclinaifon 40 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Au Car Temps vrai........ EPS rÉbibies hw3gl 38" Dift. obf. du bord boréal de la Lune au zén.|......... 5545195] 314 3/50".5 RErAEON ARE MER de eee eue ie dl steel | he eRe + 1344l+ Rédu&ion au méridien du Cap........1........4|.,......: Variation correfpondante. ..,........:/......,..|,..,..... Diftances réd, du bord de la Lune au zénith. | 5 5446! 39] 55.46, 53,9130.50. 4,8 30459” Diflances obfervées de Co & Ürx au zén.| 54.5 1. 41,7] 54.48. 12,3130.30. 16,2|30.33.47,2 Refrattion...:". AMEL AS SEPT + m308|+ 1.31,61+ Diflances réduites au zénith........... $4e5 3e 1325 | 54:49. 43,9130.30. 55,5|30.34. 26,6 Différence des parallèles... .,......... 53-404 | $7. 10,0 TU o;31 L 2482 Somme des parallaxes, . ..,..........1........1 4... 1.21. 49,7 Parallaxe horizontale polaire. ..........|......... OMS TA © TA: Hypothèle de M. Bouguer.....,......{......... | SERRES 6 En 72 HRREES Les diftances de (y & de € x , font les moyennes entre toutes celles qui ont été oblervées au Cap & à Greenwich dans les mois de Décembre 1751 & Janvier 1752, puis réduites au 3 1 Décembre. Suppofant donc 61" 7", & le rapport comme dans les articles précédens, on a p ; Témps vr. du paff.\ Afcenfon droite | Déclinaifon boréale Far sl'obferiasion au mérid. du Cap.| de la Lure, de pe 204 44 20 LH 2O AA EE 941 20° 31° |20. 44. 16 94. 20. 36 |20. 44 19 + Milieux.....|11. 33. 45 4 20. 33:20. 44. 20 “ " Dur Gaphysih ce POLE Ce MATE bin b] De GREENWICH...|I1. 33. 45 X VIIL Le z Janvier 1752. La Lune fut comparée à Procyon, dont l'afcenfion droite apparente étoit 111 3 5° 7", & la déclinaifon boréale 54 50° 18,7. Dans cette oblervation, la Lune étoit à-peu-près à égale diftance du zénith du Cap & de Bologne, circonflance la plus favorable pour la précifion de la recherche. La D\E.5 SG UE N.C E s.. I La formule du mouvement de la Lune en afcenfion droite . 4 ; 7 Je étoit — I 1x de 1144 1"2x,& en déclinaifon — x lxx — 24 1"*x, l'unité — 2 heures. Au Cap. fa BoLoGne. 15016 33"fistiy 47" Femps Mae. ME SRE LUTTE Dift. obfervée du bord auftr. de la Lune au zénith. Réfrattion........... PR UM date ee 0 Éd Réduétion au méridien du Cap.......,....,....|,........ Mariation correfpondante., "#2. 200402 ol. 1 2e Diftances réduites du bord de Ja Lune au zénith... . Diftances obfervées de Procyon au zénith....,.... Réfradtion ............ oi stat ete o 9e! VAN Ve see rot Diftances réduites de Procyon au zénith....... re Différence des parallèles. ..................... MOMIE ES pArAIIARES. eiatuadiete à ea on ce Miarauloee (salle 2 Et 22 11 2 Parallaxe horizontale polaire. ...,,,.,....,...,. Hypothèfe de M. Bouguer......,....., DR TR POSE 58. 10,6 Employant cette parallaxe, & le rapport comme ci-deffüus, ona 15h 16° 45" pour le temps vrai du pafläge de la Lune au méridien du Cap: 1544 30" 49" eft fon afcenfion droite, dead 5 8° 33°+, fa déclinaifon boréale, XIX. Le2$ Janvier 1752, Le bord auftral de la Lune fut comparé à Jupiter à Cv & à (Œ-2 La parallaxe horizontale de Jupiter étoit 2,5, : Fafcenfion droite apparente de CS 8od 43' 3", de (@=: 1024 21° 13", leur déclinaifon boréle 204 SAS 5 2054 30,0: La formule du mouvement de 11 Lune en afcenfion droite ch ! vs Ve . "€ étoit 7 XX + 1 15 10 x, & en déclinaifon — 1 7"1xx + 10° 42 4x, l'unité — 2 heures, Mn. 1701: a :E MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 42 Au Cap. A Paris. A GREENWICH. 7h 4 24" HAE Lai AI VAE SA an, 6e nelee eee en [29 D) EE aan) Hi tan 132d22/53"4 + 12953lcoéesvesleses verre LM CIC CU. 06 He) PGA Fi [4 42,2 + 552,6...) + 6.42,4 + HARAS M PRET + 59 s4Ÿ1350" ,9 5413: 50,9 s4dt3" 50” 9129 d49/26/,0 29:49 26,0|29440 260) 324 30/23 M9 32.30. 23,9 32430/23",9 Centre de 2 te v- [AFE Centre de % ré ©. (x. ” [Centre de 7 C ©. (CRE Fos. 2757 5451. 41,0 5448. 12,3 128.58. ICEVATE 46,3)27:55. 14,8 31.36. 39,6] 30.30, 16,6,30.33: 471 abri re 31,8 + 1.31,6|+ 369 + 352 + 3531 + 40,8 |+ 392|+ 393 — AU TOO PO MOT — 1,2 HA RERe ET — 1,2 ‘ + 0,61. ke don a ei + 07 , 53246. 540 5453e 12,8 5440. 43,9/28.58. 30,3 /27-52. 21,5 27255. Sos1] 31.37. 20,0] 30.30. 55,8| 30.34. 26,4 26.569] 39.209] 35:53: mes 451 153-359) 53. 30] 1.59.28,1| 155. 57,5 1.17: 436] 1.17.42,6| 1.17. 42,9] 1.20. 0,8] 1.20. 6,2] 1.20, 4,5 Parallaxe horizontale polaire... ...... $9- 32,1 59-314 59:3 1,6] S9- 275 59: 31,3 59-30,5 Hypothèle de M. Bouguer.......... 59: 31,8 $9: 311 $59-31»3] 59-27:4 59-312 Les diflances de ÊS & (@ x aux Zéniths de Greenwich & du Cap, font les moyennes entre toutes celles qui ont été obfervées dans le courant des mois de Décembre & Janvier, ayant égard à feurs mouvemens apparens dans cet intervalle, H en eft de méme de celles de (à l'égard du zénith de Paris; mais celle de ( x qui fut obiervée le 2 $ , ayant été marquée douteufe , je me fuis fervi ici de celle qui fut obfervée exacte- ment le lendemain 26. Suppofant la parallaxe horizontale polaire de 50° 30°3 2, @ fon rapport avec le demi-diamètre horizontal de 54 ais : à 15 o',ona Délinaifon boréale T° vr, du paflage pere de la Lune. Par l'obfervation Sn CES Ac. dr, de la Lune. | k 19% 46° 38" Du Car... RS 7h 14 17 à RARE ci 46. 41 "9 953% 44 7° |19- 46. 354 De PARIS 00e le TA UT È j ASE 1e 43 54 |19. 46. 358 343: 44:[19. 46. 39 De GREENWICH ..|-. 8 1 be Pt PES LEE 43: 38 |19. 46. 47 Milieux..,... 18 |53. 43: 51 |19. 46 384 MD'rs IS'CNEAN GE 8 | fee XX. Le 26 Janvier 1752. La Lune fut comparée à 4%, dont l'afcenfion droite appa- rente étoit 724 4° 58”,& la déclinaifon 2 14 1 2° 34" boréale, La formule du mouvement en afcenfion droite 8"+xx + 1417 49"x,& en déclinaifon — 1 8"xx + 3'43"4, lunité — 2 heures. Au Car. | AGREENw- Temps NH ME EEE rade ner be te ee SH or CS 56" Diflance obfervée du bord auftral de {a Lune au zén. 5 544417",5 | zods 5/209/,5 RON OM PTE ent TERET SReUtre + 1.345 + 39:8 Réduétionfaü| méridien, du) Cap? . .. see Let 0 + 2.14,9 Variation CONTE IPONAAREC ES Se ca ee nets Os ete te ee IRL L En L + 2,1 Diflance réduite du bord de la Lune au zénith... 55:45: 52,0] 30.58. 26,3 Difance obfervée de : au zénith.....,.... t…s.|55- 6: 19,0] 30.15. 3315 RÉ ERNEST Er MS DAME Hi 132,5 + 38,9 Diflance réduite de :® au zénith... ...... AAOOE 55: 7-55 30:16. 12,4 Différence des parallèles. ...,...,,..,. Moose pass RATE FU 42e 139 Somme des parallaxes. ...,..,...., SE DAME LEA 1:20. 14,4 Parallaxe horizontale polaire. ...,,..,.......... Épren 7 $9. 5m Hypothèfe de M. Bouguer...,,....,,...,,....|.... sure 59: 56,9 » ER ER E T La diflance du bord boréal de la Lune au zénith du Cap, avoit été obfervée de 564 17' 26",5, je l'ai réduite à celle du bord auftral, en Gtant 33 8", diamètre apparent de la Lune, tiré du rapport de 15’ o"à 54’ 41"2. Suppofant la parallaxe déterminée ci-deflus, & le diamètre calculé, on a à À T: vr. du paf.| Afcenfon droite Déclinaifon boréale Pr (RES au mér, du ef de la Lune, de la Lune. Du Caps 2, en ARR PSANAE MEN CNE NEA De GREENWICH.......[8. 3. 40 64 57 ar. 17. 252 XXI Le 27 Janvier 1752. La Lune fut comparée aux Étoiles x & Ç. Leurs afcenfions droites apparentes étoient 894 s 9° 8",8,& 1024 ÿ Fi 44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 21 13". Leurs déclinaifons 224 39° 9", 56, 200052 30", o bortales. La formule du mouvement de la Lune en afcenfion droite, étolt — 3e xx 14 19" 0"+x, & endéclinaifon— 20"xx — I hi x l'unité — 2 heures. NL Au CAP. A GREENWICH. Temps vrai. see esse es select - 9h Sais” LE où METEO Dift. obf. du bord auftr, de la Lune au zén. CRETE 5533 9'3 SAONE DU. ReéhaHon, : : 2 Pre ete PS ere STI 40,0 “Réduction au LEA du Cp tenre acide Ee ie) En — 235,8 Variation correfpondante, ........ M érerrente lens Ale tete — 2,3 Dift. réd. du bord ane th: | 5445" 14",0 55-45: 140) 30.59. 26,4 30159 26",4 Dift. obf. nx & Ürt au zénith....,...|56.26, 47,6|54.48. 10,7 28.55. 6,9130.33.47.1 Réfraion...... HO AOLE al Ane 72) OUEST 36,7|+ 39:3 Diflances réduites des Étoiles au zénith... | 56.28. 24,8 |54.40. 42,3128.55.43,6|30.34. 26,4 Différence des parallèles. ........ das 43. 10,8 55-31»7| 2° 3- 42,8 25. 0,0 Somme des parallaxes., .......... AR DTA ETR ES EP AMAR 1:20. 32,0] 1,20. 31,7 Parallaxe horizontale polaire... ......,.1......... MAERIAE ES Go. 9,8 60. 9,6 Hypothèfe de M. Bouguer............|.. MUR NL NOR 60. 9,8l ‘Go. 9,5 La diflance de n xx au zénith du Cap, ne fut obfervée que le 28 Janvier. Le diamètre de fa Lune qui réfulte de la hauteur méridienne des deux bords, obfervé à Greenwich, eft de 33° 34”, qu'il faut corriger de + 2”,0 d'ampliation, + o",9 de réfraétion, & — 30",3 de paraliaxe, Vrai-femblablement M. Bradley n'a fait aucune réduétion à fes obfervations ; fi donc il y a eu un intervalle d'une minute entre les temps où il a pris les diftances des deux bords, il faudra encore ôter 2”,6 à caufe du mouve- ment de la Lune en déclinaifon; on aura donc 33° 4,0, diamètre horizontal obfervé, & par conféquent le rapport de la parallaxe horizontale polaire rectifiée 60° 12" au demi-dia- mètre horizontal, comme 1 5" ©" à 54° 37,1. Suppofant donc ces élémens tels qu ils ont été tirés des obfervations, on a mes SC ME NUCLES. 45 D à T. vr, du paff.\ Afcenfion droite | Déclinaifon nie Par l'obfervatios aumiér. ae ER Lune, | de 1 dx Lune. 214 16° 467 h_ ‘ “ Nue Ale 5" 4 Jrresseusre. di 74 49 Lt 21. 16. 47 De GREENWICH......[9. 5. 5 |86 Tes LME Milieux. ....... 9. 5. 43186. 5. a 1. 16. 48 XXII Le 30 Janvier 1752: Æa Lune fut comparée à Paris à «8 & a a 5. A Bologne & à Stockolm, à « & feulement. Selon une Lettre de M. Zanotti, il né tint aucun compte du mouvement de là Lune en dédié naifon, en publiant les diftances des deux bords au zénith qu il avoit CHERE cependant celle du bord boréal le fut une minute avant le paffage du centre, d'où il fuit qu'il la faut corriger par + 11,0 — 0",6, comme je fai fait dans le calcul fuivant. L'afcenfion droite apparente de a ÿ étoit 654 26"15",7, Le de 4 5 13 LAIT 5; leurs déclinaifons refpectives EU sr 14,4,& 12447 56,5 boréales. La formule du mouvement dela Lune en afcenfion droite, == ra xx + 19 10° 48"x,en déclinaifon — 7"Àxx ILE ere s0"1x, l'unité — 2 heures. Au Cap. A BOLOGNE. A PARIS. Temps vrai..... AREA EL VERTE E UTP 34 12h 2/36" 12h 3° TRE Diff, obf. du bord B. Cauzén. ess... |47 2046"6132 1743/7136 36482 6"2 Réfrattion. lat) hais setlete PACE + 110,61 + 42,0 | + 49,8 Réduéauiner,du\Capr 2e El RE — 5.20,2|— 12. 09,2 Variation correfpondante. .,|..,...,../......... — 47|— 10,3 Dit, réd. du bord € au zén.|47°27/57"2| 47.27. 57:2/32.13. 0,8 136.36. 56,5 36136565 Dift, obf. de 7 & a Gauz.|49.53.15,8|46.42. 0,6 3141: 360|32.50. 172 Réfraion... ....... + 1.16,8|+ 1. 8,61 Dift. réduite des Ét.au zénith.| 49.54. 32,6/46.43. 0,2 32.51. 0,2 Différence des parallèles... | 2.26.35,:| 44.48,0 345. 563 Somme des parallaxes.. ...,|...,.....|,... Erot 1.19. 20,9 Parallaxe horiz. polaire. ...1...,......1.,,.. dus 59° 395 Hypothèfe de M.Bouguer..|......,..|......... 59:37:51 59:39,z EEE A EN DE AUS ORNE GR DE 36. 1. 4114 430 + 36. 2. 34: 1.19. 59- 59° 46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A caufe de la légère ondulation de la Lune au Cap, j'ai ôté 2",3 de fa diflance au zénith. La diflance de « Y au zénith de Paris, eft moyenne entre celles qui furent obfervées le 30 Novembre & le 30 Janvier, toutes réductions faites, elles ne diffèrent pas d’une feconde. La diftance de 4 5 au zénith du Cap, eft la moyenne entré neuf qui furent prifes & réduites au 30 Janvier 1752. A Stockolm , la Lune étant dans le méridien, M. Wargentin mefura à 12h 1° 27" de temps vrai, (cefl-à-dire 58" de temps abfolu après l'oblervation faite au Cap) la diftance apparente des parallèles du bord boréal de la Lune & de a 5, de 42’ 40,8, ce bord étant éloigné du zénith de 474 rise Ajoûtant donc 1”,8 de réfraction, & Ôtant 10",6 pour la réduétion au méridien du Cap, on a 42° 32",0. Au2b15'52",ceft-à-dire, 1 5’ 23" de temps abfolu après Tobfervation du Cap, M. Wargentin trouva la diflance des mêmes parallèles de 45° 25"; tant 2° 48",o pour la réduc- tion au méridien du cap, 2",3 pour la variation correfpon- dante dans la parallaxe; ajoûtant 1,9 de réfraction, on a 42° 36",6. Donc par un milieu, la différence réduite des parallèles étoit 42° 34,3; l'ajoûtant à celle qui fut obfervée au Cap 44' 48",0,ona 1427 24",6 pour la fomme des parallaxes, & par conféquent 59° 31”,0 pour la parallaxe horizontale polaire, ou 59" 31,2 dans lhypothèfe de M. Bouguer. M. Wargentin mefura aufii le diamètre apparent de la Lune, fort voifine du méridien, de 32° 58". Le corrigeant par + 1,4 de réfraction, — 2 3",1 de parallaxe, & + 3,1 pour la raifon que je vais dire, on a 32" 3 9",4 pour le diamètre horizontal. Par la différence des diflances des bords de la Lune au zénith de Bologne, on trouve après la réduétion + 10",4 dont nous avons parlé, 33° 4",6 pour le diamètre apparent, y appliquant — 2",6 d'ampliation, + 0",9 de réfraction, — 29",o de pæallaxe, & — 3",1 pour la même raïlon, ona 32° 37 diamètre horizontal, DE 08 » Ste Re MC PE Si 1, : 47 A l'Obfervatoire royal, on prit auffi avec le micromètre du quart-de-cercle mural, le diamètre de Ja Lune dans le méri- dien, de 32° 58",2; mais je foupçonne qu'il y a une erreur de quatorze parties dans le micromètre, & qu'on a écrit + 4 3 au lieu de — 43, ce qui fait + $7. Dans cette hypothèle, le diamètre oblervé étoit 33° 8",7; on remarqua en même- temps que le bord fupérieur de la Lune étoit dentelé, ce qui venoit de ce que la latitude de la Lune, qui étoit alors en oppofition, étoit de 4 48" auftrale, de laquelle Ôôtant 16! pour le demi-diamètre du Soleil, refte 44 3 2° pour la partie du demi-cercle vertical vifible de la Lune, qui n’étoit pas éclairé: or cette quantité doit avoir diminué le demi-diamètre fupérieur apparent de la Lune dans le rapport du cofinus de 44 3 2' au finus total, c’eft la correction de + 3,1, laquelle jointe à — 3”,3 pour l'épaiffeur du fil d'argent, à + 1",0 pour la réfraction, & à — 27,5 pour la parallaxe, donne 34e" pour diamètre horizontal, Prenant un milieu 32" 39",$ entre les diamètres obfervés, & fuppofant $ 9° 37"+ pour la parallaxe reétifiée, on a le rapport du demi-diamètre à la parallaxe horizontale polaire, comme / x 4 [24 15 o'à 54 46 ,3. Admettant ces élémens, on a T, vr. du paffage A Ce. A: dr. de la Lune. per boréale Lune, d 4 1 ET) non Dec ct dc EURE ER 6 ON EE EU re * DRE SANTE De BOLOGNE.....|12. 1. 30 |133% 24° 35'+|12. 32. 26 133: 24. 12-:|12. 32. 24 De PARIS....... PT £ à MINE Ke 24 232/12. 32. 352 Milieux... ..|12. 1. 29 |133. 24. 24 |12. 32. 27 M. de la Lande obferva auffi ce jour-là la Luneà Berlin: dans fes réductions, il la compare à 4 ÿ obfervée le 24 Janvier, & à (@ $ oblervéele 2 3 Février. Cette dernière me paroït peu propre à la recherche qui nous occupe, parce que la différence _ des parallèles de cette Étoile & de la Lune étoit de près de 48 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 9 degrés, ce qui donne trop de prile aux inégalités des réfrac- tions, & à celles des divifions de l’inftrument, Je me contenterai donc de réduire l’obfervation où d'# eft employée. Pour cela de la diflance du bord auftrai de la Lune au zénith qu'il a trouvée de 4o4 56° 37”, j'ôte 1”,3 pour l'ampliation du diamètre de la Lune, 3 3° 1 4",o pour la quantité de ce diamètre, conclue des obfervations précédentes (car celui que M. de ki Lande a cité comme obfervé à Paris, eft manifeftement trop petit). J'ajoûte de plus 20",$ pour l'erreur des divifions, & j'ai pour la diftance du bord boréal de a Lune au zénith de Berlin, 404 23" $ 5",2 ,après quoi j'achève le calcul comme ïül fuit. Au Car. |A BERLIN. Temps vrai........., sine del iii SR 00 ILES VE 74 (Er Qc Diftance obf. du bord bor. de la Lune au zénith... .| 47426466] 40d23"5 $"2 RÉFRICLIONE ensalebee See ste selon eee sise + 1.10,6]+- 56,4 Réduéion au méridien du Cap................[....,.... — 3.492 Variation correfpondante., ..........,..,......1......... Diftance réduite du bord de la Lune au méridien... |47.27. 57,2|40.20. Diflance obfervée de d\& au zénith......,..... 50.50. 17;7]35.34e REMAUON ere en ee dede eee ele + 118,91 + Diflance réduite de d\> au zénith.....,.,..... S0.51.36.6135.35. 10,2 Différence des parallèles. ..................... 3:23: 39,4] 445. Somme des parallaxes...............,....,...1......... .22. Parallaxe horizontale polaire. ..........,...... SISTER 59-292 Hypothèfe de M. Bouguer...... Asia HAS Aa l he his Bu | $9-29,1 La diftance apparente de 9 ÿ au zénith du Cap, eft la moyenne entre les fept qui furent priles du 26 Janvier au 4 Février. XXIIL Le 31 Janvier 1752. La Lune fut comparée au Cap & à Bologne à l'Étoile & d'Orion, dont l'afcenfion droite apparente étoit 8 $4 26° 5 1”,6, & la déclinaifon 74 20° 10,9 boréale. M. de la Lande a comparé fon obfervation de la Lune à Berlin, avec celle de Procyon faite le 9 Février füivant, & avec celle de Repulus, faite le 26 Février. La ES ONCE ENC'E S 49 La différence des parallèles de la Lune & de Regulus étant de plus de 6 degrés, & conclue par des diftances au zénith, de | près de 40 degrés, prifes dans un intervalle de vingt-fix jours, m'eft fufpecte par une raïfon.femblable à celle que j'ai donnée dans la recherche précédente. A l'égard de Procyon, fa diftance au zénith de Berlin, obfervée le 9 Février de 464 39° 5 1”:elle ef vifiblement défeétueule, car en la réduifant à celles qu'on eût dû voirle 3 & le 23 Mars füivant, on trouve 464 39° 52",4, & 464 39° 52"8 ; au lieu que felon M. de la Lande elles parürent de 46% 39° 36"& 464 39° 37". Si donc à la place de l'obfervation du 9 Février, on emploie celles des 3 & 23 Mas, & même celle du 11 Février, qui n’eft rapportée que dans fes Mémoires de Berlin, on trouvera par un milieu, qu'on eût dû l'obferver le 31 Janvier de 464 39° 34",4, ou même un peu moins, à caufe de la réfraction qui a du être plus grande le 31 Janvier; foit donc fuppolé 464 39° 33". La formule du mouvement de 11 Lune en afcenfon droite, étoit — 7"Lxx + 147 10"21x, & en déclinaifon — 4” xx LA — 24 19"2%, l'unité = 2 heures. 1 la BOLOGNE: . À BERLIN. 14h 55! 21" Temps vrai. . . -, : » . + Dift.obf.dubordauft.dela € 424 0/54",6| 374 441,7 45449/22",6 Réfraction . . . . . . .. + 58,51+ s1,5]+ 1. 8,4 Rédéon auméridien,. 'e|8 + ele 2 |... — 5:562— 4 15,6 Variat. correfpondante . . |... .,. Wrensl HG 728 La He 3,1 =. A ce ; FETE PA REINE RE) MEME az | Diff. dela Gréd. au zénith... l4zd 153,1] 4ad 153" 1|42. 1. 53,1137.38. s0.9l 45.46. 12,3 4546/1213 Procyon. æ du Zion. 10,0146.39. 56,3 | 39.20. 42,6 Réfration - . . ... . .. .| + S69|+ 535|+ 1 9,61+ SS3Î+ 110,4 + 45 | Dit. réd, des Étoiles au zénith 41-15:249|39.45.30,8|47. 5. 10,9/37.10. o,3/46.41. G,7|39.21. 37,1 iffér. des parallèles . . . 4628,2| 2,16.22,3| 5. 3. 17,8 28. 50,6 $4+ 54,4] 6:24, 35,2 So HMÉTHES Palace lente Lele cale lee cela pese e 1.15. 18,8 1:21.27,9| 1.21. 1754 Para axe horizontale polaire.|. . . = Hlenes jeh tt DE PeN CELA + $9»2 58. 545 58.470 MAO LE M Bouguer. |, 4 RUE ae 58,50 58.542 La diflance de Procyon au zénith du Cap, eft la moyenne entre toutes celles qui y furent obfervées dans les mois de Mém. 1764. - G so MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Janvier & Mars. Celle de Regulus eft la moyenne des trois qui furent obfervées dans le mois de Janvier. La diflance de la même Étoile au zénith de Berlin, eft aufli la moyenne entre toutes celles qui y furent obférvées, ayant eu par-tout égard aux mouvemens apparens de ces Etoiles. M. Zanotti oblérva aufli à Bologne la diflance du bord feptentrional de la Lune au zénith, mais il n'eft pas poflible d'en condlurre le diamètre de la Lune avec exactitude,iparce que ce bord ne devoit pas être terminé par deux caufes, l'une éft la latitude auftrale de la Lune, qui étoit de plus de $ degrés, & F'autre l'ombre de la Lune, qui depuis le moment de foppofition, s'étendoit vers ce bord, de forte que le bord auftral étoit feul terminé. Suppofant donc la parallaxe horizontale polaire de la Lune de 55° 59",& le rapport avec le demi-diamètre horizontal, comme $4 41'+,à 15 o’,ona 2 Par l'obfervation Temps vrai du paf. fé. & de le Lai. Déclin. boréale au mér. du Cap, de la Lune. DuiCARA ETAT ARS AN 27e eco e 7 OAI De BoLocNe...... 12. 44270147 04000). 2413. 200 Nlenkse +... 12. $4 27 |147. 41. 48 7+ 43: 22 4 RÉSULTATS généraux tirés des déterminations précédentes. Pour préfenter ici un tableau de tout ce qui réfulte des recherches précédentes, j'ai dreflé la Table fuivante, dont les titres me difpenferont d'une explication détaillée, j'y joindrai feulement quelques remarques. Dans la huitième colonne de cette Table, on trouve # conffante de la parallaxe horizontale polaire, que chaque déter- mination auroit donnée à la place de celle que M. Clairaut à employée dans fes Tables, laquelle eft de 56° 42". Le calcul dé ceite colonne a été fait par la fimple proportion que voici. La parallaxe calculée fur les Tables (qu'on trouve dans la fptième colonne) ef/à la parallaxe obfervée ( qui eft rapportée dans la fixième ) comme 56 42" fon à laconflante cherchée, ù F n DE Sr NS TU EN CHE: iSS sr La quantité 5 6 s 6”,0 , moyenne entre tous les nombres de cette huitième colonne eft donc à l'égard de la parallaxe horizontale polaire, la vraie conftante qui réfulte de toutes les recherches précédentes. Dans l'hypothèfe de la figure de la Terre de M. Bouguer, elle feroit de 56° $ 5,7 , comme il eft aifé de le conclurre par un femblable calcul. La conflante de la parallaxe équatorienne eft donc dans lhypothèfe que j'ai fuivie, de 57 13,1 dans celle de M. Bouguer , de 57 14,8. Corrigeant les parallaxes tirées du calcul des Tables de M. Clairaut dans la proportion des corrections de la conftante, on a 61°23",1 & 61 41,7 pour les plus grandes parallaxes polaires & équatoriennes, c'eft-à-dire , celles de Ja Lune périgée en fyzygie : dans l'hypothèfe de M. Bouguer,on a 61° 22",7, & 61'45”,6 ji Selon M. Mayer, la plus grande parallaxe équatorienne eft de 61° 32", felon la feconde édition des principes de Newton de 61° 37", mais felon la troïfième de 61° 26”,2. Selon les Tables de Halley, la plus grande parallaxe de la Lune eft 61° 7", felon celles de la Hire 61° 25”, & felon celles de Caffini 62° 11". Ces trois derniers n'ont pas eu égard à fa figure de la Terre. On voit donc 1.° que la parallaxe de feu M. Caffini, pèche à peu-près autant par excès que celle de M. Halley par défaut. 2. Que la première détermination de Newton fur laquelle Flamfteed avoit calculé fes Tables de la Lune, étoit celle de toutes qui approchoit le plus de la véritable. Aiïnfi de tous les élémens de la théorie de la Lune, calculés par Newton, celui dont il falloit le moins s’écarter, étoit la parallaxe. IL eft bien fmgulier qu'en faifant imprimer les Tables de Flamfteed, ce foit précifément le feul que l'Éditeur ait prétendu corriger. Au refle la méthode qu'il a indiquée pour en faire la véri- fication, eft de nature à mener à de faufles déterminations. À l'égard de Halley, on ne peut deviner pourquoi il seft écarté de Newton en ce point. ca: 52 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE Ta21E des Longitudes, Latitudes à" Parallaxes horizontales polaires de la Lune, déterminées par des obfervations faires en correfpondance dans les principaux Obfervatoires de l'Europe 7 au cap de Bonne-efpérance. PARALLAXE |PARALL. horizontale polaire horizont. 19 * | felon l'obferv.| mér. du Cap. | mér. de Paris! Lune obfervée. | Lune obfervée. | obf, en différ. Lieux.|fe calcul. DATE | Temps VRRl RME moy.| LONG, VRAIE|LAT. VRAIE de au au de la de la A. M S |A M D. M. S. |D. M. s. 9|12. 43. 38 |rr. 38. 5]»28. 37. 37|1. 27. 121B.| 54. 29,oBoloone. . . | 5 S4+ 32»7Paris e . cl. 4 29+| 7: 54 4! Mm29. 29. 29. 47| 1. 10. 39 À./54. G,BGreenwich.| 53: 50,8 8. [824 19] 7. 25e 3alwi9. 18. $9lo. 43. 55 B.|54. 27»3Bologne..… [54e 16,2 ss rs nParisu ae] Eee . 9-40. 17 [08.05 5- Gale Soiree Pin PP 56 B.156. 25,1 Bologne... | 56. 10,5 56. 25,5 Greenwich.|....... 3|ro. 55. 39 | 9- 40. 20] X24. so. 214. 48. 3r B.|59. 19,oParis. ... .|58. 55,2 59- 14,5 Greenwich.|....... s9- 4,3Stockolm..|.....,.. 15-41. 28 |14. 24. 40|. 2 159: SÿroParis.. 59. 42,6 17-14 UC 116. 20. 44 Sio. 43. 213. 2.23 À. 58. 45,7Greenwich. 58. 3552 12.26. 11411. 6. 43 . 19|1. 24 28 B. 61. 6,3Bologne. .. | 60. 50,6 | El Gin PariS de relaie cie 61. 4,8Greenwich.|....... 13-28. 43 |12. 8.15 +59 42102. 0-A. Gr. n1,9Paris. ..... |60. 475 Nov. 5 14 32 3 13. IT 37 19. 38. pol. 27. 4 À.|Go. 38,8Stockolm.. | 60. 27,0 12. 3.16 |r0o. 48. Solmit. 9. 16|0. 41. 40 A.|61. El 76| 6+. 17,1Greenwich.!....... | Déc ur. PEU 53- 20]H27. 3. z9|2. 6. 29-A.)61. 1 3,0 Bologne. Go. 545156: 592 8,5 Paris, . . ..|.......156: 55,0 AnsssBetlin MISERERE S7+ :1$ Déc, 616. 1. 54rli4e 49. 14 58 463 Paris. «ec. [58e 35»8/56 52,3 | . 50,9Greenwich.|....... 56. 56,6 Déc 27| 7: ne) 6. 28. 3157 Berlin-4.1150. Bo 57: 457 Déc:18| 8.27. 9 | 7. 24. s5|4-- eeepc 7r2Berlin..….|59. 53,5156. 54,6 Déc.29| 9.27. 43 ME 25. 59/71 2. 36. Re 3° 31 c fée 439 Paris Pr 29 R 56,7 o. 34,4Stockolm.….. corses) 56. 477 4757 Déc.31|r1. 33. A5) 10. 33 2 S 4» 43. 59/2. 40. 13 A.[61, 7,oGreenwich. Go, 46057 16 1,6 D'ES SC IE NŒLE s, 53 ] TT 2 TR RER 77 nn - EC É PEuÉEnEReer eur » A Dare [Temrs vr.|Temrs mor.|LONG. VRAIE|LAT. VRA1E| PARALLAXE PARALL.| Conflant. ‘ : À horizont. - au au de la de la horizontale polaire, ts de la À -[mér. du Cap.|mér, de Paris| Lune obfervée. | Lune obfervée.|obf. en différ. Lieux. |je calcul. | parallaxe. . H M 5 |A M S. D. M. S |D. M 5 Î|M M 5 |M 5 15-16. 45 [14 17 S8)m 4. 42. 41/5. 10. 36 A.|$8. r1,4Bologne. .. |57. 54,956. 58,1 7- 14» 18 | 6. 22. 44[%26. 10. 19/0. 28. 12 B.159. 31,7Paris . . . .| 59. 13,3156. 59,6 ù S9. 30,1 Greenwich.|....... 56. 58,1 Janv.26| 8. 3.4811 7. 12. 28| mur. 8. 1210. $1. 33 A.|s59. $7,oGreenwich.| 59. 40,156. 58,0 Vhanv.27| 9. 5. 42] 8. 13. 57|x126. 21. 11/2. 8. 27 A.160. 97Greenwich.| 5 9. 5761 56. 535 n Manv.zo|12. 1.28:]11. 10. 53 R12. 18.28: 14. 46. 36 A.) 59. 38,oBologne.….. | 59. 22,9|56. 56,4 le $9- 35»5Paris. . ..|...,,,.156. 54,1 59- 31,0Stockolm..|....,.. + 4957 Er —__— Hanv.zslr2. $4. 27 |12. 4. 59- 29,2 Berlin 2 & 27. 13- 2915 58. s4,5Berlin.... ARR Re STE RECHERCHE du rapport du demi-diamèrre horizontal de la Lune à [a parallaxe horizontale. On a pu remarquer dans le cours des recherches précé- dentes, & par ce que j'ai dit à l'occafion de la parallaxe de Mars, que rien n'eft plus difficile que de concilier entr'elles les obfervations des diamètres des planètes. Tant que les Aftronomes n'auront pas une règle sûre pour réduire à un même module toutes les mefures prifes avec différens inftrumens, on ne conviendra jamais fur cet article. M. le Gentil * a déjà eflayé d'établir cette règle pour les lunettes ordinaires, mais quel ques louables que foient fes efforts, ils ne me paroiffent pas fuffifans, Je ne puis croire qu'avec une lunette de 3 pieds, on puifle déterminer quelque chofe d'aflez précis & d'aflez général. Car fi dans ces lunettes la largeur de a couronne lumineufe qui augmente le diamètre apparent des aftres eft d’un plus grand nombre de fecondes d’un grand cercle que dans les lunettes plus longues, la difficulté d'en mefurer l'étendue réelle eft à propor- tion plus grande, de forte que je crois que dans ces {ortes de G ü + 1, 41 À. 58. 592 Bologne... + 4759 158. 431156. * Voyeg es Mémoires e 175$ 54 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE recherches il y a peu à gagner à donner la préférence aux plus courtes lunettes. La règle de M. le Gentil ne me paroït donc pas encore aflez sûre dans la pratique, c'eft pour cela que je n'y ai pas eu égard dans ce Mémoire, ni dans le précédent. Je m'en füis tenu aux différences obfervées dans les diamètres de Mars. Mais pour finir ce Mémoire fans entrer dans de longues difcuflions fur ce fujet, je me contenterai de rapprocher .ce qui réfulte des différens calculs épars dans les recherches récédentes. Je trouve donc qu'avec une bonne lunette dont l'objechif compofé d'un feul verre ordinaire a 6 pieds de foyer, d7 dont l'ouverture a 10 à 11 lignes de diamerre, telle qu'eft celle qui eft appliquée à mon fextant, X demi-diamétre horigontal de la Lune doit étre à [a parallaxe horizontale polaire, comme ra: 0" a $S4 41'3 Cet le milieu entre les obfervations füuivantes : car felon la rechérche, II On a trouvé Ie rapport de 15° 0” à 54° 35° PR ET BE tion dde 54. 44,5 0 RATE AÉRER 2 te) AC RS ONE GS ARNO D 54 42,3 D QU re A ae DIE EM AA oie 54.070 SVT EEE RENE T ER RE AM R OARERRAAATE TE 54. 48,3 D OS FRS FRA D M oo to oor SA D 72 EDG A LE a cd RE ae Ve APR + 10054-14002 Le rapport avec la parallaxe équatorienne , eft donc comme 45'o”à 54.58” dans l'hypothèfe que j'ai fuivie, & comme 15 à 55 ou 3 à 11 dans celle de M. Bouguer. Cela pofé, la plus grande parallaxe polaire, que nous avons trouvée ci-deflus de 61° 23”,1,donneroit 3 3° 40",3 pour le plus grand diamètre horizontal de la Lune vüe à une lunette de 6 pieds. Cette quantité excède ce qu'on trouve dans les meilleures Tables modernes, car felon celles de la Hire, elle n'eftque de 3 >’ 30”, de Halley 3 3" 37", de Cafini 33° 38”, de Mayer 33 34". Mais il faut remarquer que dans le choix des obfervations fur lefquelles ces Auteurs fe font fondés, ils ont préféré celles qui ont été faites avec les plus grandes lunettes, au lieu que je les fuppole toüjours de 6 à 7 pieds. Or avec RÉ EE Pres See à F6 une lunette de 15 pieds, M. Bradley à trouvé les diamètres du Soleil plus petits d’un huitième de minute qu'ils ne font marqués dans les Tables de Halley, où cependant ils font à peu-près tels qu'on les a obfervés avec des lunettes de 6 à 7 pieds garnies de micromètres. D'ailleurs ces mêmes Aftronomes ont, comme de raifon, affujéti le calcul des diamètres de la Lune à celui de fa parallaxe horizontale. Or fi on en excepte M. Mayer, ils ont tous négligé dans leurs Tables les petites équations de la parallaxe qui dépendent des inégalités de Févection & de la variation, & celles qui en font indépendantes; il ne feroit donc pas étonnant qu'on trouvât dans les Tables des Auteurs que j'ai cités, la quantité du diamètre horizontal de la Lune telle qu'elle eft dans les diftances moyennes, mais qu'elle y fût marquée top petite dans la plus petite diftance périgée, & trop grande dans la plus grande diflance apogée, Quoi qu'il en foit, une des occafions les plus favorables pour obferver le plus grand diamètre de la Lune, fe préfentale 2 Dé- cembre 175 1 , aufli fut-il obfervé par plufieurs Aftronomes, à Voccafion de l’éclipfe de Lune qui arriva fur les dix heures du foir. J'ai déjà fait voir dans la recherche XI, que felon les obfervations faites aux obfervatoires de Greenwich & de Paris, le demi-diamètre horizontal de la Lune étoit 3 3° 39,2. Or alors il s'en falloit de 2,3 que la parallixe calculée felon les Tabies de M. Clairaut, ne fût de 6 1” 8”, qui eft le maximun * de ces Tables, il faut donc ajoûter 1,3 pour avoir le plus grand diamètre horizontal de la Lune 3 3° 40”,5$ La même nuit à onze heures un quart, M. Bouguer meéfura avec un héliomètre de 12 pieds de longueur *, le diamètre de la Lune parallèle à l'horizon, & le trouva de 33° 59”, la hauteur étoit environ $9%+, il faut donc en êter 31,6 de parallaxe, & on a {elon cette obfervation, 33° 27,4; mais outre 1,3 quil faut y ajoûter pour le réduire au #aximum, il eft évident qu'il faudroit y ajoûter encore plufieurs fecondes d'ampliation , puifque la conftruétion de l'héliomètre de M. Bouguer, qui étoit compolé de deux objeétifs de 1 2 pieds X Mén. Acad. 17S 19269 56 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE de foyer, oblige de laiflér à ces objectifs une ouverture beau- coup plus petite qu'on n'a coûtume d'en donner aux lunettes ordinaires de cette longueur, ce qui détruit prefque toute la couronne lumineufe qui entoure le diamètre des aftres. Si donc - on fuppofe que cela diminue le diamètre de la Lune d'un ® Mém. Acad: 37S1Pr273 % Voyez Mém, deGottingue,t, 1, age j #4 huitième de minute à légard d’une lunette ordinaire de fix pieds, on aura 33° 36”,2 pour le plus grand diamètre de la Lune, felon cette obfervation. M. de fTfle obferva aufi la Lune à plufieurs reprifes avec une lunette catadioptrique de 5 pieds *, & détermina le diamètre horizontal entre 3 3" 29°”, & 33° 3 1°. Mais outre l'équation 1,3, & l'ampliation qu'il faudroit ajoûter, & que je ne puis eflimer, puifque les télefcopes catadioptriques font moins fujets aux aberrations de la lumière, que les lunettes ordinaires, il faut remarquer que M. de f'ffle a réglé les parties de fon micro- mètre fur le diamètre du Soleil qu'il a fuppofémarqué trop grand de s fecondes dans la Comoiffance des Temps de cette année-là. À la bonne heure qu'il y foit trop grand en comparaifon de ce qu'on obferve avec des lunettes fort longues, mais il eft certain que tels qu'on les y trouve, ils font affez exactement conformes à ceux qu'on mefure avec des micromètres appliqués à des lunettes de 6 à 7 pieds. II fuit de-là que le diamètre obfervé par M. de F'ffle, réduit à celui qu'il eut mefuré avec une lunette dé 6 pieds, n'eût été guère moins de 33° 40”, sil n’eût été plus grand, A ces obfervations je joindrai les fuivantes, pour confirmer ce que j'ai avancé. Le 14 Oétobre 1750 ,la Lune étant pleine, & prefque périgée, M. Mayer mefura fon diamètre apparent à Ja hauteur de 36 degrés, avec une lunette de 6 pieds, garnie d'un micro- mètre, & le trouva de 33° $4";ilétoit huit heures un quart du foir *, il faut donc y ajoûter 1,8 de réfraction, & en Ôter 21”,0 de parallaxe, le diamètre horizontal en rélulte de 33 34”,8. Or felon les Tables de M. Claïraut, il s'en falloit alors de 6”,5 que la parallaxe horizontale de la Lune ne füt à fon maximum; donc il s'en falloit de 3,5 que le diamètre . horizontal MAÉ D, LÉGER. L'1 DES-S DES SCIENCES 81) de Mathématiques, obferva avec un excellent télefcope New- tonien de 6 pieds, l'attouchement intérieur des bords du Soleil & de Vénus à 8h 28° 40", & l'extérieur à 8h 47° 4": il crut voir autour de Vénus aflez conflamment une efpèce de nébulofité, mais ce phénomène ne lui parut pas affez décidé pour en tirer la preuve d'une atmofphère. Le R. P. Clouet qui obfervoit à côté du R. P. de Merville avec un télefcope de 32 pouces qu'il avoit conftruit lui-même, marqua le contact intérieur de Vénus & du Soleil à 8° 28° 26", & l'extérieur à 8h 46° 55”. OBS EC RÔY-AT-I-O N UP ANSAS AGE VD ENV É NUS SUR LE DISQUE DU SOLEIL, FAITE À PARIS AU PALAIS DU LUXEMBOURG LE 6 JUIN 1767; Avec les déterminations qui en réfultent. Par M. DE LA LANDE. re nuages qui étoient fixés principalement fur la partie 2 orientale du ciel, fembloient nous ôter l'efpérance d’obfer- ver à Paris cette célèbre conjonétion; ils nous dérobèrent en effet le milieu du paffage, qu'il eût été important de bien oblerver. Ce ne fut qu'à fix heures & demie que je parvins à voir aflez bien Vénus & le bord du Soleil, pour faire une obfervation complète avec un fecteur de fix pieds de rayon qui étoit calé, & dont la pofition des fils avoit été vérifiée. Temps Vrais 2 6 31° 6": Bord précédent du Soleil au fil vertical, 6. 31.43 Bord précédent de Vénus au fil horizontal. 6. 31. 492 Bord précédent de Vénus au fl vertical. 6. 32. 42+ Bord fuivant du Soleilau fil horizontal. Les nuages reprirent pendant l'efpace d'une demi-heure. Mém. 1761. 10 Juin 1761. 82 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 6" 59° 33" Bord précédent du Soleil au fil vertical. 7. ©. $ Bord précédent de Vénus au fil horizontal. 7. 0, 6 Bord précédent de Vénus au ff vertical. 7. 1:13 Bord fuivant du Soleil au fil horizontal. (douteux à 1} Alors je paflai à lufage d'un héliomètre où micromètre objectif, compofé de deux verres de dix-huit pieds de foyer, avec lequel il me parut qu'on devoit obferver beaucoup mieux, les fécondes étant fenfibles dans une lunette de cette longueur, & cet inftrument ne fuppofant point la mefure du temps. Je mefurai donc les diflances du bord boréal du Soleil à chaque bord de Vénus de la manière fuivante. 2 EE PE CO TN TO RP CREER DAC ECS SE DISTANCES Disrances| QUANTITÉ] du de centres | 4 aJoüter TEMPS VRAI. Rae Le Bords de VÉNUS.|du D° PeÛr la Er corrigées | €n 'uppolant du SOLEIL. de la réfrad. | celle du Soleil | delro,2. AA AS 128" 11”,1 Bord auftral.. ..|11 56",0 76 7. 18. 55 |27:.23,3|Bord boréal. ..|12 6,5 7,0 7. 21. 45 |28. 32,1|Bord auftral.. . .| 12. 17,0 6,8 7. 25. $ 1127 39,8 Bord boréal... |12-2 3,0 6,6 7. 27. So |28. 42,0|Bord auftral.. . .| 12. 26,8 6,5 7. 30.46 |27. 49,5|Bord boréal... .[12. 33,7 6,1 7. 35. 5. [28. 11,7} Bordauftral.…...|12. 45,2 5,8 7 37e 1 128. 7,3| Bord boréal... . 12. 50,5 5,6 7. 38.122 |28. 12,0|Bord boréäl....|12.,55,2 515 7. 39.40 128. 15,6| Bord boréal... .|12. 58,8 S4 7. 41. 44 [29 19,0|Bord auftral....|13 3,8 $;2 7. 44 46 |29. 24,1|Bord auflral.. . .|13. 9,0 5,0 7..48: 13 |29. 33,3|Bord auftral.. . . |r3: 18,1 457 7. 515. 471128. 46,6|Bord boréal. . . |13. 29,8 44 7. 53e 352129 53,4|Bord auftral... .|13. 38,2. 41 J'ai fuppofé, pour faire la réduction contenue dans la qua- trième colonne, les diainètres qui feront rapportés ci-après. Voyant approcher Vénus du bord du Soleil, je voulus. déierminer, par quelques obfervations, la latitude du point me D ES ENENCER S LE où elle fortiroit, afin d'en pouvoir déduire immédiatement la Aatitude au temps de la conjonction : je retournai donc au feSteur de fix pieds avec lequel j'avois commencé d'obferver, & je déterminai les politions fuivantes. Temps vrai, 7h 57° 21” Bord précédent du Soleil au vertical. 7. 57: 34 Bord précédent de Vénus au vertical. 7: 57. 57= Bord précédent de Vénus à l’horizontal, 7 59.16 Bord fuivant du Soleil à l'horizontal. 8. 1. 37 Bord précédent du Soleil au vertical. 8. 1. 432 Bord précédent de Vénus au ff horizontal, 8. 1. $4£ Bord fuivant de Vénus au fil vertical. 8. 3. 3 Bord fuivant du Soleil à l’horizontal. 8. 4. 472 Bord précédent du Soleil au vertical. 8. 4. 50: Bord fuivant de Vénus au fil horizontal. 8. 4. 58: Bord précédent de Vénus au fil vertical. 8. 6. 5£ Bord fuivant du Soleil au fil horizontal, 8. 13. 1 Bord précédent de Vénus au fil horizontal, 8. 13. 82 Bord précédent du Solcil au fil vertical. 8. 13. 16 Bord précédent de Vénus au fil vertical. 8.14. 222 Bord fuivant du Soleil au fil horizontal. Alors je ceffai de me fervir du feéteur, pour me difpofer à obferver la fortie, qui devoit être, fans contredit, notre plus importante & notre plus exacte obfervation : je laiffai repolér ma vüe, pour pouvoir mettre dans cet examen plus de forcé & plus de précifion. Je rétrécis l'ouverture de ma lunette; je Ra (Mélodie par fon centre de gravité, de manière que fon ex- trémité fût très-aifée à mouvoir, & que je pufle, fans effort , entretenir toûjours Vénus dans le milieu du champ de la lu- nette. Je me plaçai dans Ja fituation la plus commode, afin de ne rien Ôter à l'extrême attention que je voulois y apporter. L'air étoit calme, le Soleil bien términé ; enfin toutes les circonf- tances favorables, lorfque je vis à 8h 28’ 25 ou 26” au plus L ij 84 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE tard, très-certainement & très-exaétement, comme’ un point noir, qui fe détacha de Vénus pour joindre le bord du Soleil. J'attendis encore quelques momens pour avoir une entière confirmation; mais à 8P 28 30", ceftà-dire 4" plus tard, les deux difques étoient très-unis, & l’on ne pouvoit plus douter que le moment du contact ne füt pañlé;en forte que le momeut où Je l'ai affigné, ne me paroît pas pouvoir étre fujet à 2 fecondes d'incertitude: aufli l'obfervation faite par M. Meffier à l'hôtel de Clugny, avec un télefcope catoptrique de $ pieds, ne diffère que de 2 fecondes de la mienne, en ajoûtant à celle-ci 2 fecondes pour la diflérence des méridiens, car M. Meflier obferva à gr 28/30 | A 8" 46’ 46”, je commença à croiréque Vénus quittoit le bord du Soleil; à 8h 46 54" j'en étois entièrement afluré-: de forte que je crois pouvoir affigner la fortie à 8P 46° 50”. Mais cette obfervation ne m'a pas paru fufceptible d'une auf grande précifion que la première: M. Baudouin, à l'hôtel de Clugny , avec une très- bonne lunette de 2 5 pieds, l’obferva à 8h 46° 46"; & M. Meflier à 8" 46° 37". Je ne puis avoir fur le temps vrai aucune incertitude, j'ai pris le $ & le 7, avec le même fecteur de fix pieds, des hauteurs corref- pondantes du Soleil qui s'accordoient très bien; & j'avois exa- miné depuis quinze jours la marche de là pendule, qui étoit très - régulière. F; La durée de la fortie, qui fe trouve de 18° 25”, peut nous donner, avec beaucoup de précifion, le diamètre apparent de Vénus fur le Soleil, puifqu'une feule feconde de plus fur le diamètre de Vénus, aigmenteroit de 19';1 87 la durée de fa fortie. J'avois fuppofé dans les calculs de la Connoiflance des Temps, d'après les Obfervations d'Horoccius & de Craburée, que le diamètre de Vénus {eroit de 1° 15", en conféquence. j'avois trouvé que Vénus emploieroit 24° 2 2" à fortir de deflus” le Soleil: mais une diminution de 18 fur la latitude, que je rapporterai ci-après, l'auroit rendu de 28" plus courte ou de 23° $4";donc à proportion, la durée obfervée étant de 184 25", le diamètre de Vénus a été de 57,8. : D ESS c'1 EN Cr s$ 147 D H feroit-à fouhaiter, pour pouvoir connoître le temps de la conjonction & le lieu du Nœud, que nos obfervations ne faflent pas fi éloignées du moment où cette conjonction eft arrivée. Quoi qu'il en foit, je crois devoir rapporter ce qui réfulte du calcul de dix obfervations, prifes fur celles que je viens de donner & examinées avec foin. “7 Je fuppoférai le mouvement diurne de Vénus en longitude fur lécliptique 37’ 31”,& en latitude 14° 9”; l'inclinaifon apparente de fon orbite fur le Soleil 8420° 1", & le mou- vement horaire fur cette orbite apparente 3° 59,8 ,le diamètre du Soleil 31° 33", tel que je l'ai déterminé l'année dernière avec le plus grand foin; la parallaxe du Soleil 1 0";2, enfin la quantité qu'il faut ajoûter à la fortie obfervée à Paris, pour avoir la fortie vüe du centre de la Terre, 1° 9”. J'ai calculé auffi l'angle parallaétique ou l'angle du vertical avec le cercle de latitude, & la différence des parallaxes en hauteur, de Vénus & du Soleil, comme dans la Table fuivante. CUP t NAN ENUE NUNET SR ZUNLA 394120 22,5 720 Dont 28 22,2 Ti 428 20-122 21,8 PAS. 30 2122 21,5 7e" AAA DANS IN 21,2 7 (+ 5e 39: VUE 20,9 8. 0 39: I 20,7 8. 2 E COPINOTA 20,6 8. $ 38 53 20,5 8 1o 384 45 20,3 8... 13 ROALUESS 20,0 Avec ces élémens, j'ai corrigé mes Oblervations par la ré- fraction & la parallaxe, & en prenant le milieu, j'en ai déduit le temps de la conjonction à $h $2',avec 9° 3 5" de latitude auftrale, plus petite de 1 8" que fuivant mon calcul. Au refte, je n'infifierai pas beaucoup fur ce réfultat, que nous ferons bien- L ii 86 MéÉmotres De L'ACADÉMIE ROYALE tôt à portée de vérifier, par vingt obfervations différentes, faites dans des circonflances encore plus favorables que les miennes : elles font trop éloignées du temps de la conjonétion pour pouvoir feules les donner avec une affez grande précifion , mais elles feront très-propres à vérifier celles qui auront été faites vers le milieu du paffage , & que j'aurai foin d'y comparer. Si lon fuppofe donc 9° 3 $" pour la latitude vraie au temps de la conjonction, vüe du centre de la Terre, & augmentée de l'aberration qui la fait paroiître trop petite de 1",4,on aura 14 4' 30" pour fa diflance de Vénus à fon nœud, vüe du Soleil, qui étant ôtée de 8© 154 36’ 14”, longitude de fa Terre pour ce moment, donnera pour la longitude du nœud defcendant de Vénus, 8f 144 31° 44" au temps de cette obfervation. l x SA Lo = See 2 FÉSCris se LA # $ L : K# RES SctrEncCEs AL: OBSERVATION DU PLANS SANG ET D'BOT ENT SE SURLE DISQUE DU SOLEIL, . Le 6 Juin 1767, FAITE À RODRIGUE DANS LA MER DES INDES. 7 Pa M. PINGRÉ. | 1 Soleil s'eft levé couvert de nuages; à 65 43° $1” du matin, il a paru un peu, Vénus étoit entièrement fur le difque: la diflance des bords les plus voifins étoit de 10 à 12 fécondes au plus; l'entrée ou limmerfion totale pouvoit donc être arrivée vers 6} 40", ou peu auparavant. Le commencement de l'émerfion eft certainement arrivé à 12h 34 47", la fin de l'émerfion à 125 $2° 23", mais cette fin n'eft pas aflurée, les nuages étoient revenus. À 12h 53 18’, le Soleil reparoïflant, jai eu une léoère idée que la rondeur de fon-difque étoit un peu altérée; mais je n'ai pas eu le temps de m'en aflurer, les nuages étoient revenus. La plus grande diflance des bords méridionaux de Vénus & du Sokil a été de 5° 57"-5: j'ai trouvé le diamètre de Vénus de 55°. La latitude du lieu où jobfervois, eft de 194 40° 40" méridionale, fa longitude de 4* 3°+ environ; car je mai pas encore fait fes calculs les plus effentiels pour cette partie. FLE 88 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE REMARQUES SOMME LOENS: OBSERVATIONS DU PASSAGE DE VÉNUS, Faites à l'fle Rodrigue le 6 Juin 1761. Par M. LE MONNIER. 6 Février A trouvé 7 à 8 minutes de temps écoulées à fa 1762. pendule, entre la durée de $' 48" 52"+ du pañage de Vénus, vû en Sibérie, par les contaéts intérieurs, & à durée à Rodrigue, laquelle pourroit être jugée d'abord de 5" 567, nous aurions affèz d'élémens pour fixer la différence des paf fages de Vénus au Soleil, s'il étoit poffible de pouvoir répondre du premier contact intérieur obfervé à Rodrigue; mais M. Pingré n'ayant pü voir Vénus, peu de temps après le lever du Soleil, que lorfque fon difque étoit éloigné d'un cinquième ou d'un quart de minute de la circonférence du Soleil, fur lequel difque elle s'étoit déjà avancée, il refte à difcuter quelques circonftances de-cette première obfervation, que lui feul peut nous éclaircir à fon retour en France, Au refle, les diflances de Vénus au bord le plus proche du Soleil, ont été mefurées avec une lunette de pareille grandeur que celle que j'ai employée à Saint-Hubert; & je remarque u'au temps de la plus petite diflance de Vénus au centre du Soleil, qui eft le milieu de fa traverfée, les trois obfervations font défignées à Rodrigue dans le Journal, comme des plus exactes. J'ai donc cru devoir comparer cette plus courte diflance avec celle que j'ai déduite ici des diflances mefurées avec le plus grand foin, & dont j'ai publié le détail & les réfultats: j'emploierai par conféquent les mêmes diamètres du Soleil, favoir, celui que j'avois adopté, ayant été vérifié les jours fui- vans au micromètre par une longue bafe, comme je l'ai rap- porté dans un Écrit publié il y a fix mois. La DES ScirnNèeErs. 89 La plus courte diflance de Vénus au centre du Soleil ;'a été trouvée, felon mes Obfervations, de 9° 27, ayant égard à la différence des parallaxes, que j'ai déduite de 14"£ pour lors *, en fuppofant la parallaxe horizontale du Soleil de 1 0"; mais comme les Oblérvations faites à Rodrigue indiquent affez qu'il faut diminuer fa parallaxe horizontale du Soleil, que-l'on adoptoit communément ici, cette plus courte dif- tance apparente, dont il faut f fouvenir, étoit de 9’ 41"2, & il nous refte à en retrancher la différence des parallaxes. Selon Fobfervation faite à Rodrigue à12 1? 38'+, la dif- tance des bords de Vénus & du Soleil étoit $’ $4"-L; & environ 3 minutes après, elle a été mefurée encore très- exactement de 5° $ 5” + Prenant un milieu entre ces deux obfèr- vations, & y ajoutant 27"+ pour le demi-diamètre de Vénus von y a obfervé, & ayant de plus égard à la différence des réfractions , il refte 9° 2 6" pour la plus petite diftance appa- rente de Vénus au Soleil, telle qu'on la déterminée à Rodrigue. Or, dans l'hypothèfe de la parallaxe horizontale du Soleil de 10”, la correction qu'il faudroit faire à la diflance mefurée, feroit de 1 1” +, puifque le Soleil étant élevé pour lors de 3514, la différence des parallaxes de Vénus au Soleil feroit de 20"L en hauteur. L'obfervation faite à Saint-Hubert donneroit donc, comme je l'ai dit ci-deflus, 9° 27" dans l'hypothèfe vulgaire de fa parallaxe adoptée du Soleil, au lieu que celle de Rodrigue donneroit 9° 37"+ pour la plus courte diftance des centres. If s'enfuit donc de ce que nous venons d'établir, que-la paral- laxe horizontale du Soleil fuppolée de 1 0", feroit trop grande, puifqu'elle diminueroit trop la plus courte diftance de Vénus au centre, telle que je l'ai mefurée, & qu'elle augmenteroit au contraire beaucoup trop celle qui a été méfurce à l'ile Rodrigue, * Voyez le Mémoire préfenté à Sa Majefté le 25 Août 176 1, page (PE . ENXRE Mém, 1761. . M: 10 Février 1762. 90 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EE Xe A M EU DE LA PARALLAXE DU SOLEIL PAR LES OBSERVATIONS DE LA PLUS PROCHE DISTANCE DES BORDS DE VÉNUS ET DU SOLEIL, A PARIS à à RODRIGUE. Par M. DE LA LANDE. PRÈS avoir difcuté les obfervations de Stockolm, de Tobolsk, de Paris & de Rodrigue pour en conclure la parallaxe du Soleil, il me reftoit à examiner ce qui rélulte de la plus proche diflance obfervée de part & d'autre. Il eft vrai que jai peu compté fur ce réfultat en comparaifon des premiers; cependant l'ayant trouvé d'accord avec les autres, je crois pouvoir le rapporter comme une confirmation fubfidiaire de mes premières aflertions. La plus proche diflance obfervée en Europe, & corrigée par la parallaxe, me paroït inconteflablement de 9.30% Je l'ai difcutée par plus de cinquante obfervations: les diftances que je mefurai avec un héliomètre de 18 pieds, les obferva- tions de M. l'abbé de la Caille, celles de M. Bouillet à Béziers, la durée du paffage obfervée par M. Wargentin , les obfervations de M. Mayer à Gottingen, tout cela donne, à une ou deux fecondes près, le même réfultat, & je crois pouvoir partir de-là pour là comparaifon des obfervations de M. Pingré. Jäü choifi cinq obfervations les plus voifines du temps de la plus proche diflance que j'ai déterminé pour Rodrigue, à 9 31° +, & j'ai calculé, pour chacune de ces oblervations a coriéétion qu’il faut employer pour les réduire à la plus petite, _ Li . pour avoir l'angle du vertical ZC avec fa DES SCIENCES. ot Temps vrai | DISTANCE| DISTANCE . à Rodrigue des bords. réduite, 9" 28’ 41” $ 3,0. Se $ 2 DUBLIN, 534 Set 5354 DS REZ ES" 53:4 ONE 7) 9. 38. 18 | 5. 54,6 | 5. 5553 Del 4 Tr T2) Se 5577 5+ 57,1 + Par un milieu; la plus grande diflance des deux bords les plus proches, eftde 5° s4",5, qui, retranchée du demi-diamètre 15 46"$, moins celui de Vénus, qui eft de 29", donne pour la plus proche diflance apparente des centres, obfervée à Rodrigue, 9° 23. Pour trouver la correction de la parallaxe fur cette diftance, j'ai calculé la hauteur & fangle parallactique de Vénus pour Hi Rodr igue , à l'heure du milieu du pañlage, c'eft- à-dire à k 31" + du matin, a hauteur eft de 344 1 Hi & angle parallaétique du vertical avec le méridien, 434 34°. L'angle que formoit ce jour-là le méridien ou cercle de déclinaifon avec la per ne à l'orbite ou ligne de la plus courte diflance, étoit de 14 42, & comme le méridien C À étoit aflurément entre la ligne de fa plus courte diftance CM & le vertical ZC, il s'enfuit qu'on doitajoûtercesdeuxangles ZCA& AC, ligne CA, fur laquelle fe faifoient les mefures dont il s’agit, & je trouve cet angle de 58% 1 s'3. Ayant tiré un vertical À 11m par le po de Vénus, je prends Mim égal à la différence des parallaxes de hauteurs 21, 27 ; & réfolvant le triangle CAm—, je trouve 1 1”,0, dont le côté Cm étoit plus court que le côté CAT, & la diflince apparente plus petite que la diftnce vraie. On trouveroit la même chofe encore plus fimplement, en confidérant que dans le petit triangle 17 Bm ona MB = Mm cof. M}; mais j'ai voulu Mi 92 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE ne rien négliger dans des calculs auffi importans que ceux-ci, Ajoütant donc ces 1 1 fecondes avec la diflance apparente 9' 23", on trouve pour la diftance vraie 9" 34", en fuppofant la parallaxe du Soleil de 10"+. Cette diflance furpafle de 4 fecondes celle que j'ai oue par nos obférvations ; ce qui prouve que la parallaxe de 10" employée pour les corriger, eft un peu trop grande, Pour As plus exaétement de combien doit être la correction, je confidère qu'en France, au moment du milieu du aise, la hauteur du Soleil étoit d'environ 1 2 degrés, & l'angle du vertical avec la perpendiculaire 26 degrés; d'où il fuit que la correétion de la diflance étoit à peu près 23 fecondes ; ainfi 23 fecondes en moins pour la France, & 1 1 fecondes en plus pour l’ifle Rodrigue, donnent 34 fecondes; c'eft donc de 4 fecondes fur 34 que nous fommes en erreur, par rapport aux SEE qui dépendent de la parallaxe de ses Or, 8 A de 0'+ : 12 Ainfi, d'après ces obfervations fuppofces due la nn du Soleil {e trouveroit de 9”; ce qui s'accorde aflèz avec celle que J'ai conclue du contaét intérieur obfervé à Rodrigue, laquelle étoit de 9"+. La plus proche diflance obfervée par M. le Monnier, de 9'4ar'+ zà Hubert, doit être corrigée de 22"2, & non pas de 14"! + comme il l'a fuppofée, en forte qu'elle fe réduit à 9° 19", au lieu de 9" 30” que j'ai déduit de toutes les autres obfervations: j'ignore totalement la caufe d'une difcor- dance auffi confidérable entre M. le Monnier & tous les autres Aflronomes, & qui a lieu, foit dans lobfervation, foit dans le calcul. LA Là Mesa SECHE. Nec et :5$.0 n° 93 RE MARQUES SUR LES OBSERVATIONS FAITES PAR M PINGRÉ,. À L'ISLE RODRIGUE DANS L'OCÉAN ÉTHIOPIQUE, Pour la parallaxe du Soleil. Par M be LA LANDE, Y E moment du contatt intérieur des bords de Vénus & du Soleil à l'ifle Rodrigue . . ... . . oh 34° 44" Le même contact obférvé à Paris. . . . . . 8. 28. 26 La différence 4h 6’ 1 8” devroit être égale à la différence des méridiens entre Paris & Rodrigue, fi la parallaxe de Vénus & du Soleil étoient nulles ; plus la parallaxe du Soleil fera confidérable, plus cette quantité, 4P 6° 18", différera de la longitude de Rodrigue. Nous allons eflayer d'établir que cette longitude et de 4h 2’ 0°; d'où il réfultera que l'effet de la parallaxe entre. Paris & Rodrigue, a été, par obfervation, de 4° 18” de temps. Parmi les obférvations faites par M. Pingré, pour détermi- ner Ja longitude de Rodrigue, je n'ai pû faire ufage que de trois immerfions du premier fatellite de Jupiter; je les ai cal- culées par les Tables conflruites pour Paris, afin d'avoir la diffé- rence des méridiens; j'ai corrigé enfuite cette différence par les obfervations faites à Paris l'été dernier, & Jai trouvé 3 5” à Ôter du calcul des Tables. 22 JUIN 1761. Immerf. du 1.‘ Satel. obfervée.… 14h48 55" 31 JUILLET TOR Eu EE HR PME 13, 10. 29 RANSEPIFEMIBRIE 0 4... 2 Abe pions 9: 49. 40 = 10h 46° 44. Calculs de ces trois obfervations pour Paris. ..., 9 755 5- 46. 40 M ii 94 Mémoires DE L’ACADÉMIE Royar# Différences des méridiens qui en réfultent, & par un ACŸ milieu 4 2° 35", en fuppofant les Tables exactes. Ÿ 4 7° 34 4, 3 M9 ERREUR DES TABLES. Le 30 Juillet, l'immerfon du premier fatellite fut obfervée à Paris par un grand nombre d'Obfervateurs; les extrêmes différent d’une miniite, cer cette immérfion me parut fe faire à 2h 38° 8"avec une lunette pafablement bonne de 1 8 pieds, & M, Meflier lobferva à 2h 39° 1 3" avec un excellent té- Jefcope Grégorien de 30 pouces; M. Maraldi marqua cette immerfion à 2" 38" 35": je m'en tiens à celle-ci, qui fait un milieu entre les deux autres. Le calcul des Tables donne 2h 39" 15", celt-à-dire 40 fécondes de trop. Le 21 Août, l'immerfion du premier fatellite fut obfervée de même par plufieurs Aftronomes; le milieu eft 1 4} 52° 0”, & le calcul des Tables donne 30 fecondes de plus. Aïnfi, par un milieu, nous devons ôter 35 fecondes du calcul des Tables dans ces mois-là, & par conféquent la diffé- rence des méridiens fe réduira à 4h 2° o”. L'effet de la parallaxe eft donc de 4° 18" entre Paris & Rodrigue, Il nous refte à difcuter la grandeur de la parallaxe horizontale qui doit produire cette quantité, La latitude de l'ifle Rodrigue ayant été obfervée par M. Pingré, de 19% 40’ 35”, il eft aifé de calculer pour le moment de lobférvation, 1 hauteur de Vénus & l'angle parallactique. Je trouve cette hauteur 464 56’ 54", & l'angle parallactique J >d I s’ A7 = Si donc je fuppofe la parallaxe du Soleil de 10"+, j'aurai pour la différence des parallaxes de hauteur, 17”, 536 au moment du contact intérieur obfervé. Soit C le centre du Soleil, }4Z F'orbite de Vénus, la plus courte diflance C A1 9° 30",36, comme je l'ai déterminé précédemment par un très- grand nombre d'obfervations ; l'ange AC M du méridien avec la perpendiculaire à lorbite 14d qi" so”; l'angle VCM s 19 5 3° 58", & par conféquent 4" 2e - TT UT ET PIN I UPS NT LE NL AT. ” pfiie . temps où la diftance apparente obfer- D'Ees SLCYLE NC ENS. CE F'angle du vertical Z JD avec le rayon CD, 4942755". Dans fe triangle DC, dont on connoit deux côtés CD, DV & l'angle D, je trouve l'angle C de 5 o' 47, & le côté CF 928",93r. C'elt la diflance vraie du centre de Vénus au centre du Soleil dans le vée CD étoit. égale à fa différence des demi-diamètres 9 17",6:; ainfi laccourciffement étoit de 1 1”, 31. Ainfi dans le moment de l'obfer- vation du contaét intérieur apparent, la vraie diflance étoit plus grande de 11 fecondes que dans le temps du vrai contaét vû du centre de la Terre & indépendant de la parallaxe, 1 1,3 31 répondent à 3° 3” de temps. Ainfi le vrai conta@ vû du centre de la Terre eft arrivé plus tôt de 3° 35" que le contact obfervé à Rodrigue, Un femblable calcul fait pour Paris m'a appris que le contaét intérieur apparent y étoit arrivé au contraire plus tôt que le contact vrai, & cela de 1” 2°: ajoûtant cette quantité avec 3° 35 , on voit que ladifférence totale devient 4’ 37". C'eft l'effet total où la fomme des effets que la parallaxe a dû pro- duire entre Paris & Rodrigue, en fuppofant ta pæallaxe du Soleil de 10". | Cet effet total, fuivant la comparaifon faite ci-deffus entre nos obfervations, a été de 4’ 18”, & moindre que celui qui réfulteroit d'une parallaxe de 10°; d'où il paroît que cette parallaxe doit être réduite à 9”,s +. débris La comparaifon des obfervations de Tobolsk avec celles de Stockolm , m'a donné 1 0”,4. Hs | La comparailon des obfervations de Stockolm avec celles de Paris,ne m'a donné que 8”+, comme on le peut voir dans les réfuliats que j'ai préfentés à Académie, 4 LA + 96 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE O. BAS Es Rae ADO N DU à PASSAGE DE VÉNUS SUR LE SOLEIL, FAITE À LA MUETTE L AU CABINET DE PHYSIQUE DU ROI, Le 6 Juin 1761. Par M DE Foucuyx. EL: mauvais temps qui duroit depuis plufieurs jours ayant paru fe relâcher un peu le 4 Juin,je me rendis au cabinet de Phyfique établi à la Muette fous les ordres de M. le Marquis de Marigny , où j'avois été averti que Sa Majefté defrroit que Vobfervation füt faite. J'y trouvai M. Ferner, Profeffeur d'Aftronomie en Suède, & Correfpondant de l'Académie qui s'y étoit déjà rendu à même intention, & avec lequel je concertai tout ce que nous crumes nécefflaire pour aflurer le fuccès de l'opération que nous convinmes de faire enfemble, & dont le réfultat que je vais expofer, lui appartient autant qu'à moi. “ Le $ au matin, M. Ferner profita de quelques heures de beau temps pour prendre,avant mon arrivée, des hauteurs du Soleil avec un quart-de-cercle de 2 pieds + que j'y avois fait porter; nous eumes l'après-midi les correfpondantes, & ‘par conféquent l'état de la pendule au midi du $ : nous ne pumes avoir les correfpondanues à celles que nous primes le 6 immédia- tement après l'opération, mais M. Ferner en reprit le 8 & le 12, qui nous donnèrent abfolument la marche de la pendule, & le moyen de réduire nos obfervations au temps vrai. Le refle de la journée du $ fut employé à reconnoître l'état des infrumens, & les endroits que nous jugeames les plus propres à les placer. Vers le foir nous fumes joints par M. Palement, dont l'adieffe & l'intelligence nous furent d’un grand D'Es Sc TE N'C'E 5 97 grand fecours, & par M: Baër, Correfpondant de l'Académie, qui s'y rendirent dans le deflein d'obferver avec nous. :! M. Ferner s'étoit propolé de fe fervir d'une lunette de la conftruction de M. Dollond, garnie d’un micromètre, mais cet inibrument n'arriva que tard, & hors d'état de fervir ; le peu de temps qui reftoit ne permit pas de le réparer. A ce défaut M. Ferner voulut faire ufage d'un héliofate de la conftruction de M. Paffement, qui fait partie des inftrumens du Cabinet, & que Dom Noël qui en a l'infpeétion & la garde, nous offrit ; mais comme il n'y avoit point encore de méridienne tracée dans le Cabinet, & que les balcons de fer qui font aux fenêtres rendirent la bouffole inutile, il ne fut pas poffible de Torienter, & nous réfolumes: de nous en tenir aux obfervations que nous ferions avec mon quart-de-cercle, & à celles de la {ortie de Vénus pour laquelle nous préparames deux excellens télefCopes, l'un de 28 pouces de diftance focale, dont le miroir portoit une ouverture de. $ pouces, & l'autre de 4 pieds de diflance focale, ayant 6 pouces d'ouverture. Le lendemain M. Ferner, Baër, Paffement, Dom Noël & moi, commençames dès 3 heures à nous difpofer à l'obfervation, ; malgré les nuages qui couvroient toute cette partie du ciel, & qui nous cachèrent le Soleil jufqu'à 6 heures £ que nous commençames à le voir par les ouvertures des nuages, ayant Vénus fur fon difque : elle me parut affez avancée pour me faire dire fur le champ qu'elle fortiroit plus tôt qu'on ne s'y étoit aitendu; mais nous ne pumes faire aucune obfervation fuivie que vers 7 heures + que le Soleil s'étant découvert nous fimes les obfervations fuivantes par la méthode que j'ai indiquée en 1737 *,& que l'Académie a publiée dans fes Mémoires. * Von Mim, Je ne répéteraï point ici ce que j'en ai dit alors, je dirai Aie feulement qu'elle confifte à prendre les paflages des deux bords FE du Soleil, & ceux de la planète par deux fils qui fe croifent à angles droits, fans qu'il foit nécéflaire de connoître la hauteur, ni que les fils-foient lun horizontal, -&. l'autre. vertical. Le calcul en eft fi fimple, que la réfolution de quatre triangles rectilignes rectangles & femblables, donnent immédiatement Men 1761. LS 98 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE la différence d'afcenfion droite & de déclinaifon entre Vénus & le centre du Soleil. J'ajoûterai feulement que pour n'avoir rien à craindre de Ja réfraction, j'avois rendu les filets très-approchans de la fituation horizontale & verticale. Le calcul d'une feule obfervation que j'ajoûterai à fa fin de ce Mémoire, fera mieux comprendre la méthode que tout ce que je pourrois en dire. Voici les phafes obfervées réduites au temps vrai, PEN EN CN PREMIÈRE OPÉRATION. I 3 24" 16. 29 17+ 31 DAS 17e 152 19. AI le bord fupérieur du Solcil à l’horizontal. le centre de Vénus à l’horizontal. le bord précédent du Soleil au vertical. le bord inférieur du Soleil à l’horizontal. le centre de Vénus au vertical. le bord fuivant du Soleil au vertical. DEUXIÈME OPÉRATION. le bord fupérieur du Soleil à l’horizontal. le bord précédent du Soleil au vertical. le centre de Vénus au vertical. le centre de Vénus à l’horizontal, le bord inférieur du Soleil à l'horizontal. le bord fuivant du Soleil au vertical. TROISIÈME OPÉRATION. le bord fupérieur du Soleil à l'horizontal. le centre de Vénus à l’horizontal. le bord précédent du Soleil au vertical. le centre de Vénus au vertical. le bord inférieur du Soleil à l’horizontal. le bord fuivant du Soleil au vertical. QUATRIÈME OPÉRATION. à le bord fupérieur du Soleil à horizontal. le centre de Vénus à lhorizontal. le bord précédent du Soleil au vertical, DES SCIENCES . 99 A 8r x” 43” le centre de Vénus au vertical. ? nd 8. 2. 7 le bord inférieur du Soleil à l'horizontal. 8. 4. 47 le bord fuivant du Soleil au vertical. CINQUIÈME OPÉRATION. Bsrtisir sig le bord fupérieur du Soleil à horizontal. 8. 8. 10 le centre de Vénus à l'horizontal. 8. 8. 49 le bord précédent du Soleil au vertical. 8. 8. 53 le centre de Vénus au vertical, 8. 9. 25 le bord inférieur du Soleil à l'horizontal. 8. 12. 2 le bord fuivant du Soleil au vertical. SIXIÈME OPÉRATION. 8. 14: 58 le bord fupérieur du Soleil à Fhorizontal. 8. 17. 5 le centre de Vénus à l’horizontal. 8. 17. 48 le bord précédent du Soleil au vertical. 8. 17. 53 le centre de Vénus au vertical. 8. 18. 24 le bord inférieur du Soleil à lhorizontal. 8. 20. 53 le bord fuivant du Soleïl au vertical. J'avois commencé une feptième opération que j'abandonnai pour me rendre au lieu où nous avions difpofé les deux télef- copes pour voir la fortie; mais je l'abandonnai un peu trop tard, & je ne pus obferver le premier contact que M. Ferner & Dom Noël obfervèrent à près de deux fecondes l’un de l'autre; en prenant un milieu, on aura le premier contact à 8 28° 15" de temps vrai à la Muette fi l'on y ajoûte 14 fecondes + pour Ja différence des méridiens à 8h 28° 29”, réduit au méridien de l'Obfervatoire. J'obfervai le dernier contaét ou la fortie abfolue de Vénus à ‘8h 46" 26", & M. Ferner à 8h 46’ 27”, ce qui réduit au méridien de lObfervatoire donne l'heure de cette fortie à 8 46' 41", & la durée totale de la fortie de Vénus de 1 8” 12”. ©: Pendant les dernières phafes, & fur-tout à la fortie, les bords de Vénus & du Soleil paroifloient très-ondoyans, ce qui venoit probablement de ce que nous ne voyions lun & l'autre Ni 1700 Mémoires DE L'AcADÉMIr RoYALE qu'à travers les vapeurs de la Seine qui étoit devant nous. M. Ferner & Dom Noël qui obfervèrent le premier contact, virent tous deux le difque de Vénus s’alonger lorfqu'il fut à une certaine diflance du bord du Soleil, ce qui venoit, felon toute apparence de ce que Vénes ayant atteint le vrai bord du Soleil, fit difparoïtre en cet endroit la couronne d'aberration, ou cette augmentation optique qui accompagne ordinairement l'image des corps lumineux dans les lunettes. Pendant toute la durée de l'opération, nous aperçumes conflamment autour de Vénus une efpèce d'anneau plus lumi- neux quele refte du Soleil, & qui alloit en diminuant à mefure qu'il s'éloignoit de la planète, cette couronné paroifloit d'autant plus vive que le Soleil étoit plus découvert ; & cette apparence étoit fi fenfble, que deux Dames que la curiofité avoit attirées à cette oblervation, & qui n'étoient fürement pas prévenues en furent frappées, & ne purent s'empêcher de men témoigner leur furprife. Voici le calcul de fa première opération qui pourra fervir d'exemple de la manière de déterminer la pofition de Vénus {ur le difque du Soleil, en fuivant la méthode que j'ai employée. Soit ABG D le champ de la lunette portant deux fils 4P, GD, qui fe croifent en € à angles droits, en faifant pafler fucceffivement les deux bords du Soleil & le centre de Vénus par les deux fils,on aura la rôute ÆQ du centre du Soleil, & celle de Vénus RS parallèles à l'équateur. Ces deux lignes formerbnt avec les fils de la lunette quatre triangles rectilignes rectangles & femblables, qu'il fuffra de réfoudre pour avoir immédiatement la différence d'afcenfion droite & de déclinaifon entre Vénus & le centre du Soleil. Pour réfoudre le triangle NEF, on remarquera que le Soleil ayant TOUCHE Ar en AAA 2h US HIER aa Lie 7" 13 24 & l'ayant touché par l'autre bord, à.......... AD ANCNS on aura pour Îc chemin EH du centre... .... . O. 4. 21 detemps dont la moitié JVE fera de............. NO M2 IT D & qu'ajoûtant cette moitié au premier paflage, on aura celui du centre en Ma......,.... IAUNISSU TE ONE OR tn | DES SCIENCES. OI Réduifant NE qui eft de 2’ 10" detemps, ou de 32° 30" de parallèle, en fecondes de grand cercle ,on aura pour fa valeur 1797 fecondes, on a d'ailleurs le demi-diamètre ÆÆ° du Soleil de 1 5° 47", ou de 947",on dia donc, Comme NE 1797 fecondes eft à £ F 947 fecondes, ainfi le finus total eft au finus de ENF. logarithme 947" plus, le finus total... ... 12,976 3499790 log: 1797 .....: 3:2545480771 log. fin. ENF.... 9,7218019019) 31448 5” dont fe complément eft log. fin. NEF.... 9:9293575676) 58. 11. 55 Pour le triangle NCO, on fera attention que le Soleil ayant touché le fil vertical à. ....., NIUE lorfque fon centre étoit en P, & l'ayant quitté à 7. 19. 41 4 . F7 M RTIAUX 20 lorfque fon centre étoit en Q,ona..:..... O. 2. 10 pour a valeur de PQ, dont la moitié. .,.... O1. $ étant ajoûtée 3....................... 7+ 17e 31 donne pour le paffage du centre du Soleil en 0... 7. 18. 36 mais ilhañpañlé entM, à:)............, OO LTIS DEL On 2 donc pour la valeur de NO........ (SE PT PES ou 45° 30" de parallèle, ou 2518” de grand cercle: on: fera donc, - Comme le finus total eft au fmus de l'angle NOC= NEE, ainfi NO 2518 eft à MC 2140 fecondes. log. fin. NOC... ‘9,9293575676 log. 2518”..... 340105 57258 log. 2140"..... 433304132934 On 2 le pañlage de Vénus en Z au fil hoxiz. à 7h 16° 29" & en Ÿ au fil vertical à............,.... 7e A7. 52 Otant lun de l'autre, on a..........!, ©. 1.23 pour la valeur de Y Z, ou en degrés de parallèle 21", ou enfin 1148" de grand cercle. On dira … donc à caufe des triangles femblables NOC, LCY. Comme NO 2518 fecondes eft à YL 1148 fecondes, ainf C N 2140 et à CL 918 fecondes. N iÿ 102 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Jog. 1148”..... 3,05994188817 log. 2140 ..... 333041332934 6,3640751815 log. 2518 ..... 3,4010527258 log. 918 ..... 2,9630224557 OhEprélcntEMENENC Eee ee rie 918" & de CN que nous avons trouvé de............ 2140 il reftera pour la valeur de NL...,........,, F222 Au triangle N L Æ reétangle & femblable au triangle N£F, on aura les trois angles & le côté LAN, on dira donc, Comme le finus total eft à L NV 1122 fecondes, ainfi le finus de l'angle NLK— ENF du triangle NEPF, eft à NK 645 fecondes, différence de déclinaifon entre Vénus & : le centre du Soleil. Et comme le finus total eft à LAN 1122 fecondes, ainfr le fnus ZLNX — NEF du trangk NEF, et à LK 1039 fecondes. SM LAINNRre 2 MES nee : NK 645" fin. LNKX : LX 1039 loge stn2 a it 2 3087071205 9e ec ueseeredtepetiactept 3:0870712059 log. fin, NLK 314 487 5”... 9,7218o19019 dog. fLNK 584 11° 55" — 99293 575676 log. NK 645"— X2,8088721078 log. LX 1039"......, — 3:0164287735 LkK vaut donc 1039 fecondes de grand cercle, ou 1127 fecondes de parallèle, où 1° 1 $" de temps. Vénus a pañlé en L à 7" 16° 29 Ôtant 1° 1 5" pour le temps qu'ellea mis à parcourir LÆ, on aura 7° 1 5° 14" pour l'heure de fon pañage par VE. Or le Soleil y a pañlé à 7h 15 34". On a donc 20 fecondes de temps pour la quantité dont Vénus a précédé le centre du Soleil, ou $ minutes de parallèle, ou 4’ 3 6” de grand cercle pourda différence en afcen- fion droite entre Vénus & le centre du Soleil au moment de fon paflage en VX, c'eft-à-dire, à 7h 15'2. En traitant de la même manière les autres obfervations, on obtiendra les réfultats fuivans. 10" DES SCIENCES. M #63 CAS Différence Différence À de déclinaifon, d'afcenfion droite, LISE OPÉRATION......, O1 AS 2 VAN Te" DEUXIÈME .......... TI DORE ME SN 6. It TROISIÈME. ......... Lie |A SRE al OM 6. 40 QUATRIÈME ......... 12400 MON ANT ST EE 7. 2a CINCUIÈME LU. TAN TAN EEE 8. ro SEXDEME 122% ot MAR 2 ZE RrAU Es ee 8. 43 J'ai rapporté toutes ces pofitions fur une figure que je joins à ce Mémorre, elles m'ont donné une route qui s'écarte peu de la ligne droite, on y pourra voir quelques pofitions un peu au-deffus, & d'autres un peu au-deffous de la ligne: mais j'ai mieux aimé les laiffer telles que des obfervations les avoient données que de les y rappeler. Ces légères erreurs peuvent venir de quelque fraction de feconde dans l’obfervation des paflages, & je crois très-difficile de les éviter. Je n'ai ofé compter affez fur le peu d'obfervations que nous avons eues pour en conclurre la route de Vénus à travers le difque du Soleil, d'autant plus que par l'effet de la parallaxe, cette route ne doit pas être une ligne droite, & j'ai cru plus prudent d'attendre les obfervations que M. le Gentil, l'abbé Chappe & Pingré font allés faire dans divers endroits très- éloignés, où ils auront pu obferver l'entrée & Ia fortie de Vénus. Cependant ayant eu R curiofité de prolonger fur Ia figure la ligne que nous ont donné nos obférvations, j'ai trouvé qu'elle donnoit la plus petite diftance des centres de 9 minutes & plus de 30 fecondes, ce qui me paroït différer bien peu de celle qui a été obfervée à Chaulnes par M. de Chabert de 43", & à Sens, par M. le Cardinal de Luynes, de 9 23", la différence de pofition devant y produire quelque variation, c'eft tout ce que j'ai pu faire pour réparer le défaut de cet important élément que le mauvais temps nous a em- pêché d'obferver, & qui heureufement l'a été à Sens & à Chaulnes, de manière à ne laifler aucun doute, Fig. 2. 104 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Quant aux autres conclufions qu'on peut tirer de cette opéation , j'ai cru devoir pluflôt attendre le réfultat de celles dont nous venons de parler , que d'en donner ici qui pourroïent être fufpectes de quelqu'incertitude, Je me fuis uniquement renfermé dans les bornes de l'opération ; c'en fera toüjours une de plus, & je ferai pleinement fatisfait, fi elle peut être de quelqu'utilité. REMARQUES Men. de LL: RE. dar Se. 1761. pgd-104 -pl.e - Hittes «dl Locenewwn droite. liy.2. à Es Ÿ Ÿ È LE LN N Marne dle Et Re dar Se rgés pgu.re4 pts Re Délruron Miutas re ÆHinnter 1 remeon droite Zy 2 | HE DA's S'ÉéTENCES 105 ‘ à SUITE DES REMARQUES SUR LES OBSERVATIONS DORA AGE. DE VENUS, WAMITE SA RODRIGUEF. Par M. LE MONNIER. “HN A diflance de Vénus, mefurée dans l'ile Rodrigue, au Ji bord le plus proche du Soleil, lequel étoit le bord mé- ridional, a dû être déterminée en confidérant la circonférence …_ du Soleil comme terminée par les rayons bleus; en effet, ce bord étoit le bord fupérieur du Soleil pour les latitudes auf trales géographiques, le Soleil étant pour lors aux environs du folftice d'hiver, &: lon étoit à la fin de l'automne dans ces climats. : 04 ” Au contraire, le bord méridional du Soleil, auquel nous F | avons comparé Vénus, étoit le bord inférieur en Europe, & par conféquent fa circonférence étoit terminée par les rayons _ rections. . Qu'on fe rappelle ici que Fatmofphère terreftre fait l'effet u prifme en féparant les rayons, comme M. Bouguer la prouvé dans nos Mémoires,en 1748 ; pour nous affurer ainft - plus exactement de la vraie quantité dont les rayons bleus . s'élèvent vers le bord fupérieur du Soleil, & au contraire de . combien les rayons rouges font, pour ainfi dire, abaiffés rela- tivement aux autres, vers le bord inférieur de cet aftre; pour … comparer ces effets avec quelqu'avantage à Îa quantité moyenne . qu'on fuppofe mefurée par le diamètre horizontal, il paroît _que les contacts intérieurs ou extérieurs de Vénus, obfervés . en différens lieux fur notre globe, font fufhifans pour décider cette queftion, Êx . J'ignore par quelles expériences on s'étoit propolé jufqu'ici Mém. 1761, Es - di 5 NS 10 Février 1762. …_ rouges. Voici fun des moyens de parvenir à faire ces cor- 106 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE de connoître la diflérence des deux diamètres du Soleil, fair, le vertical & l'horizontal: celles qui ont été faites avec les lu- nettes de 18 pieds, fervant à la conftruction de l'inftrument décrit dans nos Mémoires de 1748, laiffent toüjours à defirer cette même quantité, que l'on y a eflimée au mois d'Octobre, entre 30 & 40 deprés de hauteur, d'environ 2°+, dont le plus grand axe apparent du Soleil ei le diamètre vertical, Que fi lon emploie les contaéts de la planète de Vénus au moment de fa fortie, fon aura pour lors toute autre pré- cifion que par les mefures faites au micromètre obje&if, pui que cet aflre étant vû fous un angle d'un peu moins d'une minute, nous paroït employer environ 1 8 minutes d'heure à fortir du difque du Soleil. J'ai vû fortir Vénus fous la latitude de Saint-Hubert un peu plus de 8 degrés au deffous de la ligne ou diamètre hori- zontal du Soleil, & j'en ai mefuré même pour lors précifément la quantité. A Paris, lon a dû la voir fortir environ un degré plus bas; mais je trouve qu'à Stockolm Vénus a dû paroitie fortir environ 27 degrés & demi au deffous du diamètre hori- zontal, & le calcul me donne pour Tobolsk près de 65 degrés en approchant du nadir du difque. Ainfi deux Oblfervateurs fitués, lun plus à loueft que Paris & dans une latitude peu différente de celle des provinces mé- ridionales de la France, Fautre au contraire plus à lorient que n'eft la ville de Tobolsk, auroient pü voir fortir Vénus, l'un à l'extrémité du diamètre horizontal du Soleil, & autre pré- cifément aux rayons rouges qui terminent en bas la circon- férence du Soleil. N'ayant pas d'obfervations affez complètes, il nous refte à comparer les réfultats que nous fourniflent les obfervations faites avec les lunettes de 18 pieds. DE SU S'CTE Nietrns 107 REMARQUES POUR LA JUSTIFICATION DES CALCULS DU PASSAGE DE VÉNUS, Inférés dans la Connoiffance des Temps de 1761. | Par M. DE LA LANDE C EUX qui ont témoigné une grande furprife de voir les calculs de la Connoiffance des Temps en retard de plus de demi-heure fur lobfervation, ignoroïent ou feignoient d'ignorer que le mouvement de Vénus étant d’une extrême lenteur, il ne faut pas une minute d'erreur dans là longitude des Tables, pour produire plus d& demi-heure dans les phafes obfervées ; il fuffira donc pour juflifier ces calculs, de faire - remarquer en général, que j'avois employé les Tables les plus parfaites, & celles qu'il étoit le plus naturel de choifir, de _ montrer les attentions &c l'exactitude que j'y avois ajoûtées, de faire voir qu'en opérant exactement, l'erreur étoit inévitable. Les Tables de M. Halley , employées toutes feules, fans précaution, fans examen, fans difcuffion & fans critique, {e trouvent à la vérité différer bien moins dé f'obfervation que n’en diffèrent mes réfultats; on a fait valoir cette circonftance pour prouver la groflièreté de mon calcul, j'efpère que cette preuve difparoitra, lorfque j'aurai établi 1.° que j'ai dû faire aux Tables de M. Halley , les correétions qui dépendent des inégalités du Soleil, & de la nutation ou de l'inégale préceffion des équinoxes; 2.” que ce font ces corrections feules qui m'ont écarté de l'obfervation d'une demi-heure de temps. Les Tables des planètes de M. Halley , ont été le fruit d’une multitude d'obfervations faites à l'Obfervatoire royal d’Angle- terre depuis {on établiffement jufqu'en-171 s , elles renferment tout l'art & toute la précifion que M. Halley a été capable de leur donner. O ï 4 Juillet 1761. , 108 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M. de lle annonça en 1749 , qu'il s'étoit affuré de feur prééminence fur les autres Tables, par une expérience de vingt ans. M. le Monnier me perfuaday il y a quelques années, d'en donner une nouvelle édition; M. l'abbé de la Caïlle les a choifies pour le dernier volume de {es Éphémérides, le vœu des Aflronomes me parut être qu'elles le fuffent aufli pour les calculs de la Connoiffance des Temps, lorfque j'en fus chargé, & nous les avons vües dans le célèbre paffage de Mercure de 1753, Saccorder à une demi-heure près avec l’obfervation, dont les "Tables les plus eftimées, différoient de plufieurs heures. Mais quoique j'aie choifi les Tables de M. Halley pour les planètes ; Je les ai abandonnées pour le Soleil, pour la Lune, pour les Satellites de Jupiter, pour les Étoiles fixes, afin de choifir les plus récentes & les plus éprouvées, tandis que j'ai fait mes efforts pour corriger encore, autant qu'il étoit poflible, même celles des planètes que j'employois. Par exemple, dans le calcul du pañage de Vénus, j'ai choift le lieu du nœud déduit des obférvations de M. de la Caille en 1746,& du mouvement de ce nœud que j'avois calculé füivant la théorie de lattraétion; auffi la longitude du nœud que j'avois employée 2f 14% 30° 41", ne diflère que de 41 fecondes de celle qui a été obfervée, tandis que celle de M. Halley en diffère de 1” 46", en forte que j'ai fauvé les deux tiers de l'erreur, par le moyen de ma correction. Suivant lobfervation. . . 2f 14% 31° 22” Suivant mes calculs. ... 2. 14. 30. 41 © Longit. du Nœud. Suivant M. Halley.. . .. 2. 14, 29. 36 A l'égard de Ja longitude de Vénus, la feule correction que je pouvois y faire, confiftoit dans celle de la nutation ou de f'i- néoale précefTion des équinoxes, qui s’eft trouvée de 1 4 fecondes: on ne defavouera pas la Iégitimité de cette équation, lorfque je dirai que M. le Monnier lui-même, à la page 8 du troifiéme livre de fes Obfervations, aflure que dès l'année 1747 , on avoit reconnu qu'il falloit introduire dans les Tables du Soleil cette nouvelle équation ; mais je ne pouvois pas l'appliquer au Soleil, | DE: SSL MINT GES 109 que je ne l'appliquaffe également à la longitude de Vénus, la raifon eft exactement la même, & j'aurois dû craindre de m'é- cuter de-la conjonction, fi je ne l'eufe pas fait; puifque cette inégalité afleéte également tous les aftres, le Soleil, la Lune, les Planètes, les Comètes & les Étoiles ; cependant le hafard ou l'événement m'ont trompé,& ces 14 fecondes m'ont d'abord écarté de l'obfervation de dix minutes, comme on le verra ci-après. Au refte, j'ai averti de ces difiérentes précautions à la page 1 52 de la Comnoïffance des Temps, & je n'ai point chargé de l'évènement ni M. Halley, ni fes Tables. Enfin la troifième précaution que j'avois prife pour lexac- titude de mes calculs, & par laquelle j'ai encore été trompé, confiftoit à employer des Tables du Soleil, meilleures que les fiennes ; M. le Monnier lui-même, dans l'endroit que j'ai cité, afflure que dans une délibération faite à l'occafion du Prix, il infifla vivement fur les dérangemens caufés à la Terre par l'ac- ‘tion des Planètes, & qu'il y fut porté principalement par de nouvelles variations apparentes qu'il avoit reconnues dans le mouvement du Soleil ; ce font ces variations apparentes que M. Clhiraut a calculées, que M. de la Caille a appliquées à fes obfervations, pour en conftruire des Tables, dont l'époque eft plus avancée de 36 fecondes que l'époque de M. Halley. Au refle ,ces époques font parfaitement confirmées par celles que M. Mayer a données dans les Mémoires de Gottingen, & aucun Aftronome ne doute que les Tables du Soleil de M. l'abbé de 11 Caïlle ne foient les meilleures de toutes: or en employant ces Tables, j'ai avancé le Soleil de 3 2 fecondes: car à 5° 51’, temps vrai de la conjonction obfervée, La longit. par les Tables de M. Y'Abbé de Ia Caille eft 2° 1 Gi 36 TL Paricelleside MATE A Net 2, 15. 35. 39 Par celles de M. Cafäni......... NP AMEN 6. 20 Aïinfr les Tables de M. Halley , employées indiflinétement, auroient donné 32 fecondes de moins au Soleil, & :4"2 de plus à Vénus, que je ne leur aï attribué ; ainfi elles rendoïent la diflance de Vénus au Soleil, moindre de 46"2, ces 46"2 O ïüi 110 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE avançoient la conjonétion d'une demi-heure, c'eft ce qui réfte à prouver. Le mouvement diurne du Soleil eft de 57" 22", celui de Vénus, vûe du Soleil, eft de 14 35° 8”, la différence des deux, n'eft que de 37° 46”, c'eft la quantité dont les deux aftres {€ rapprochent de la conjonction en 24 heures : or il ef évident par fa fimple règle de trois, que fi 37° 46" exigent 24 heures de temps, les 46" + dont je viens de parler, qui font la fomme des deux erreurs que j'avois corrigées, ont dû pro- duire 2 9° 3 3" detemps; ainfi les Tables de M. Halley devoient donner {a conjonction une demi-heure plus tôt que mon calcul, comme cela eft arrivé. Si l'on calcule la longitude héliocentrique de Vénus à $* $ 1”, par les Tables de M. Halley, on trouve 8© 1 54 35° 33", tandis que la longitude de la Terre étoit déeUr 5430 nt it différence quieft 38 fecondes, eff l'erreur des Tables de Vénus; cette erreur fe trouvoit diminuée de 3 2 fecondes par l'erreur des Tables du Soleil ,en forte qu'il ne paroïfloit plus que 6 fecondes d'erreur, lune compenfant F'autre par hard, voilà pourquoi des calculs faits avec moins de précaution que les miens, ont paru saccorder mieux avec lobfervation. Il eft vrai que Vénus, dans fefpace de huit ans, revient au même point du ciel, mais on n'en pourroit pas conclurre que l'erreur des calculs de fes conjonétions, doive revenir la même à chaque conjonétion , comme M. le Monnier l'a infinué, car la nutation dans l’efpace de huit ans, change de 8 fecondes, celle de Jupiter de 4 fecondes, celle de la Lune de r 6 fecondes. Si l'on ajoûte à cela les inégalités de Vénus par les aétions de Jupiter & de Saturne qui changent de place en huit ans, les erreurs dans les moyens mouvemens des deux planètes, & le mouvement des apfides de Vénus, on ne préfumera pas qu'en huit ans on foit afluré de 30 ou 40 fecondes, à quoi monte la différence dont il s'agit; il eût donc été imprudent de négliger des corrections bien avérées parmi les Aftronomes, fous pré- texte qu'en les omettant, l'obfervation sétoit trouvée d'accord il y a huit ans, avec le calcul des Tables de M. Haley. | | ! 4 B'es LS CLIEIN CES 111 Il fuit de tout cela que c’eft par la combinaifon & la compen- fition de trois erreurs , que les calculs cités par M. le Monnier, s'accordent avec l'obfervation ; qu'on n'auroit pas dû s’y attendre; enfin que la méthode employée dans mes calculs étoit géné- ralement meilleure, quoique par l'évènement elle ait plus mal réufir. REMARQUES SUR LES OBSERVATIONS MM PAIE A GEA DE VENUS; EF AUL DE SALUE O B'OL-SK. Par M. DE LA LANDE. | Dre deux points eflentiels des obfervations de M. l Abbé Chappe font le moment du contaét intérieur, lorfque Vénus entroit totalement fur le Soleil, 7h 0" 28” du matin; * & celui du contaét intérieur, lorfque Vénus commençoit à fortir, 49’ 20"1 après midi. Si lon pouvoit fuppofer la lon- gitude de Tobolsk exaétement connue, ces deux phafes déter- mineroient chacune en particulier, la parallaxe du Soleil, com- … parée avec celle qui a été obfervée à Paris; mais comme nous ‘me connoiflons point encore la longitude de Tobolsk, fr ce _neft à une minute près, cette méthode m'a paru incertaine . _ quant à préfent. IH eft plus für de conchure cette parallaxe &u Soleil, en comparant la durée du paffage ,obfervée à Stockolm , avec la durée obfervée à Tobolsk. La différence des méridiens entre ces deux villes, ne fauroit influer fur le réfultat, & les con- clufions qu'on en tirera ne feront aflectées que de la feule er- reur qui a pû { gliffer dans les obfervations mêmes. ” Les contads intérieurs obfervés à Stockolm, font 38 39° 29" & 9° 30° 10": en fuppofant la parallaxe horizontale du Soleil de 10"4, j'ai trouvé par un calcul très-exact & très- xigoureux, que les corrections néceflaires pour réduire ces quatié 23 Déc, 1761. 112 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE obfervations au centre de Ja Terre, font de — 6 19”,7 & —+ 2° 46",2 pour Stockolm, — 6° 23",6 & + 4° 29",4 pour Tobolsk. Par ce moyen, la durée fe trouve 6} 59° 47" par les obfervations de Stockolm, & 6" 59’ 45"+ par celles de Tobolsk ; ainfi il y a encore 12 de différence dans cette fuppofition : ce qui donne 10",4 pour la parallaxe du Soleil, en fuppofant ces quatre obfervations rigoureufement exactes. La différence des méridiens, qui réfüulte de cette détermi- nation, eft de 4h 24° 23" entre Paris & Tobolsk, & on Ka ‘trouve de 4" 25° o" par le calcul de l'éclipfe du 2 Juin. La différence eft aflez petite pour faire voir que les Tables de Mayer font fort exactes dans ce point-là ; mais n'ayant pour cette éclipfe de Soleil aucune oblérvation correlpondante , je penfe qu'on ne fauroit en faire ufage pour la détermination dont il s'agit: je rapporterai cependant ici le calcul tiré des Tables de M. Mayer, les élémens pourront fervir dans le cas où il s'en trouveroit quelqu'autre obfervation. Le 2 Juin 1761, 13" 44' 49",temps vrai à Paris de la conjonction vraie, en 124 34° 10"x, la latitude boréale de la Lune étant de 14 9" 30", la parallaxe horizontale 61% 10", & la parallaxe d’azimuth 18 fecondes, le mouvement horaire 37° 43" en longitude & 3° 24" en latitude, Suppofant la longitude de Tobolsk de 15 26'+, comme je lavois eftimée à la vûe, je trouvai les diftances apparentes de a Lune au Soleil pour Tobolsk, le 3 Juin au matin Temps vrai, Diflance, Différence, A 6h 6! 4 29° 27 "# 2" RIT A SES 4 NL 2e 53 6. 16. 4 | 34: 47 & comme elle devoit être de 32° 3 5” pour la fin de l'éclipfe; que M. Chappe a obfervée à 6* 11° 4”, il s'enfuit qu'on trouvera la même diflance à la même heure, en fuppofant pour la différence des méridiens, 4h 2 5" 4”. REMARQUES in Dur:s: S CL E N-C:E.5. 113 GE MAIRE ONU TELS SUR LES OBSERVATIONS D'EROR AMPSIANCG'E) D'E WAÉÜNEU S; Fañes à Copenhague à à Drontheim en Norwège, PARORDRE DU ROI DE DANEMARCK. Par M. DE LA LANDE. Fi HAE prié depuis long-temps M. le Préfident Ogier, Müniftre de France à la Cour de Danemarck, de m’en- voyer les obfervations qui feroient faites à Copenhague & à Drontheim le jour du pañlage de Vénus; il s'eft prêté avec le zèle d'un Miniftre homme de Lettres, à nos emprefflemens; en voici le réfulrat. Le ciel fut très-nébuleux à Copenhague le jour du paffage ; M. Horrebow ne put obferver l'entrée de Vénus, il détermina lorbite de Vénus par plufieurs obfervations, dont le calcul eft imprimé, & l'Académie en a reçû un exemplaire, A l'écard de fa fortie, dont il n'eft point parlé dans l'ouvrage imprimé, le commencement fut obfervé à 2h 3° 30" für une pendule réglée fur le temps du premier mobile, là fin à 2h 21’ 0", celle-ci eft plus exacte que la première, les temps vrais qui y correfpondent font OÉSATOLE CHPRNET ayant calculé Yafcenfion droite du Soleif en temps pour les deux momens d'obferyations, j'ai trouvé qu'il falloit ajoûter à l'heure de la première obfervation, 19P 2° 6";& à l'heure de la feconde, 19h 2" 3" pour les réduire au temps vrai. Au refle je fuppofe dans cette réduction que la pendule étoit rigoureufement montée fur le temps du premier mobile, M. Horrebow m'a écrit que a différence ne pouvoit être que trèségère, mais qu'au refte il la conflateroit parfaitement , en vérifiant la pofition du mural dont il s’eft fervi. Ces deux obfervations ont été faites avec une lunette de Mém. 1761, AR 114 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE vingt-deux pieds , le Soleil ne paroïffant qu'au travers des nuages, ce qui fatiguoit beaucoup l'œil de l'obfervateur, par les contrac- tions fubites qu'occafionnoient les accès de lumière qui s'échap- poient de temps à autre du milieu de la nuée. Cependant lobfervateur aflure que la feconde obfervation eft très-exaéte, OBSERVATION DE DRONTHEIM. Au mois d'Avril 1761 ,M. le Comte de Holftein, Directeur de l'Univerfité, & Préfident de l’Académie de Copenhague, chargea, par ordre du Roï, M. O. G. Kratzeinftein, Membre de la même Académie, de choifir dans Univerfité deux Mathé- maticiens pour aller obferver le paffage de Vénus en Norvège. M. Bugge & M. Hafcow partirent à cet effet le 5 de Mai, ils arrivèrent le 30 à Drontheim , le $ Juin les hauteurs corref- pondantes donnèrent le midi vrai à la pendule oh 59" 10", mais le jour du pañlage le ciel fut couvert jufqu'à 9 heures, & l'on ne put obferver que la fin, & même au travers des nuages: ce fut avec une lunette de huit pieds que M. Bugge oblerva le contaét intérieur en temps de la pendule 1 oh 2° 10", & le contact extérieur 10h 18" 58”, ce. dernier eft moins exact que le premier , fuivant le rapport de Fobfervateur. Le ciel ayant été couvert pendant les jours fuivans, ce ne fut que le 15 de Juin qu'on parvint à prendre encore des hauteurs correfpondantes qui donnèrent le midi vrai oh $4' 9", la pendule ayant retardé $” 14 en dix jours, où de 30°+ par jour, on trouve pour le temps vrai du contaét intérieur obfervé oh 3° 27", La hauteur du pole de Drontheim , fuivant les mêmes obfer- vateurs, eft de 634 40’ environ, la différence de longitude par rapport à Paris de 30° $o" à 31° 2 3", cette incertitude empêche que nous n'eflayions, quant à prélent, de tirer des conclufions de cette obfervation, mais on le pourra faire avec avantage, lorfque nous aurons reçû des obfervations fufifantes pour bien déterminer la fituation de Drontheim. "COS mis NS ACER Mic ri UE MÉMOIRE Sur quelques vices des Voies urinaires dr des parties de la Génération, dans trois Sujets du Jexe mafculin. , » Par M. TENON. N enfant naït-il fans veflie, ou feulement avec une partie de la veffie & fans verge, ou bien avec une verge, mais imperforée; il faut s'attendre, s'il vit un certain temps, que les urines qui auront été filtrées dans les reins s’écouleront exté- rieurement par un artifice quelconque;selles font en pareil cas conduites quelquefois à l'ombilic où près de Fombilic, & de-là au dehors à la faveur des uretères. Je décrirai trois exemples de cette conformation vicieule, quoique ce ne foient pas les feuls qu'on ait fur ce fujet, ils n'en font pas pour cela moins intéreflans, ils préfentent des fingu- larités auxquelles je ne fache pas qu'on ait encore fait attention, Blafius parle dans fes obfervations de Médecine, d’un homme de trente-cinq ans qui n'avoit point de veflie, dont les deux uretères qui étoient fort grands , fe joignoient enfemble vers le pubis, de-à s'élevoient jufqu’à lombilic où ils fe terminoient par un petit trou d'où lurine s'écouloit nuit & jour. Voici une autre obfervation communiquée à Académie par M. Lémery en 1741, qu'on ne trouve ni dans les reoîtres ni . F. o . ? dans les Mémoires, mais que je tiens de M. de Fouchy qui la confervée dans les extraits qu'il faifoit alors des travaux de la Compagnie, pour l'Académie des Infcriptions. Il s'agifoit d'une fille me laquelle il ne paroiffoit aucun fexe, elle avoit feulement de la gorge, & au-deflous du nombril une tumeur groffe comme une pomme, percée d'une infinité de petits trous en forme d'aro{oir, par lefquels fortoit l'urine *. Les trois obfervations que je donne aujourd’hui ont été faites * Peut-être pourroit-on encore ranger parmi ces conformations, celle P ÿ 116 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE fur deux enfans que j'ai difléqués, & fur un adulte actuellement vivant que j'ai préfenté il y a quelque temps à la Coinpagnie. L'un des enfans, qui étoit âgé de deux mois ,avoit la verge imperforce , & divifée à fon extrémité comme en deux têtes, l'une formée par les corps caverneux, & l'autre par le gland. On remarquoit à la racine de cette verge dans un enfoncement oblông, fitué immédiatement au-deflus des os pubis ,un corps membraneux, gros comme une mûre, pliffé & brun. Deux lignes au-deffus de ce corps étoit un bouton cutané, gros comme un pois, & fur les deux côtés il y avoit deux tumeurs qui bor- doient les aînes & l’enfoncement oblong dont je viens de parler. Le fcrotum , les tefticules, les vaifleaux fpermatiques étoient dans l'état naturel, fi ce n'eft que les conduits déférens aboutifioient féparément dans le fomd du baflin à deux tubercules blancs; ils s'implantoient dans quelques membranes, fans qu'ils paruffent avoir aucune communication avec des parties qui tendifient au dehors. Je m'affurai de ce dernier fait après avoir ouvert le ventre, & ayant introduit de fair dans les deux uretères au-deffous des reins,en le dirigeant vers la veflie que je ne trouvois point, comme pour la gonfler, cet air fortit de deux petits trous fitués lun à droite, & l'autre à gauche fur le diamètre tranfverfal de la tumeur membraneufe dont j'ai parlé, ces deux trous terminoient les uretères. Je conduifis intérieurement les artères ombilicales, la veine ombilicale & louraque, jufqu'au tubercule cutané auquel ils s'attachoient ; louraque s’étendoit par fon autre extrémité à la tumeur membraneufe. Je vis donc très-clairement que le tuber- cule cutané étoit l'ombilic, qui au lieu d'être fitué comme à l'ordinaire, étoit ici immédiatement au-deflus des os pubis, en forte que les artères ombilicales & l'ouraque étoient plus courts, & la veine ombilicale plus longue que dans l'état naturel, & je n''aflurai que la tumeur membraneufe qui fortoit du ventre, & à laquelle fe rendoient les deux uretères & louraque, étoit dont parle Montaigne, concernant ce Pâtre de trente ans ou environ, qui n’avoit aucune montre de parties génitales ; mais trois trous par où il rendoit l’eau incefflamment. Cet homme, dit cet Auteur, étoit barbu, à defir, & recherchoit l’attouchement des femmes. Eds. de 1729, t, À, page 176, DES SCIENCES. 11 la veffie, où du moins la partie poflérieure de la veflie, car toute la partie antérieure de ce réfervoir de l'urine ne fubfiftoit pas, voila pourquoi les embouchüres des deux uretères étoient ici à découvert. Enfin, pour le dire en un mot, ce vice de conformation étoit une hernie de la partie poftérieure de Ia veflie & des extrémités inférieures des deux uretères par la ligne blanche & dans le voifinage de lombilic, hernie qui n'avoit point, & qui ne pouvoit point avoir de fac herniaire qui précédât cette portion de la veflie. L'autre enfant * mourut âgé de trois mois, l'urine, lorfqu'il vivoit, fortoit involontairement & goutte à goutte par deux petits trous d’une protubérence membraneufe & en forme de müre, fituée immédiatement au-deflus des os pubis, comme dans le cas précédent. Je remarquai à l'ouverture de cet enfant, que les uretères aboutifloient aux deux trous de la tumeur, c'étoit encore fa partie poftérieure de la veffie qui formoit ici une hernie par la ligne blanche ; & dans le voifinage de l'ombilic, les vaifleaux qui entrent dans la compofition du cordon ombilical, aboutif= foient immédiatement au-deflus de cette hernie à l’ombilic; l'ouraque qui avoit tout au plus deux lignes de long, fe termi- noit par fon autre extrémité à la veflie, Cet enfant n'avoit point de glandes proflates, de véficules féminales, de verge, de fcrotum. Je trouvai dans deux plis formés par la peau, qui s’étendoient dans les aînes & qui repré- fentoient une efpèce de vulve, un tefticule de chaque côté, un épidydime , un canal déférent; ce dernier étoit terminé vers les vaiffeaux iliaques internes par un tubercule dur & blanc, dans lequel je n'ai pu découvrir aucune cavité. Pour ce qui eft de l'adulte, qui fait le fujet de ma troifième obfervation , & que j'ai eu l'honneur de préfenter à l Académie, il nous avoit été adrefé par M. Bourgelat fon Correfpondant à Lyon, fort connu par fes talens & fon zèle pour le progrès des Sciences. On remarque fur les os pubis de cet homme*, qui eft âgé de trente-fept ans, une tumeur qui reflemble beaucoup {1 à celles que nous avons obfervées fur les os pubis des deux enfans dont je viens de parler, fi ce n'eft que dans l'homme * Planche I. * PL 11 & 118 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE cette tumeur eft beaucoup plus groffe, étant du volume d'un œuf d'oye, elle eft auffi plus rouge, elle eft même comme excoriée par-ci par-Rà, grenue & fort fenfible. Cette tumeur dont la forme eft un peu ovale, & dont le grand diamètre s'étend de droite à gauche, s'élève du milieu d’un enfoncement prefque quadrangulaire; elle eft percée vers fa partie inférieure de deux petits trous fitués lun à droite, l'autre à gauche, par où l'urine s'écoule involontairement. Dans ce fujet, non plus que dansles deux enfans, le nombril n’occupe pas fa place ordinaire, il eft dans l'un comme dans les autres, fitué immédiatement au-deflus des os pubis. On le diftingue à un petit pli cutané qui s'étend en manière de croiffant au-deffus de la tumeur, & fous celle-ci eft une efpèce de verge, longue d'un pouce & demi, fendue fur le dos ainfi que le canal de Vurètre qui eft ouvert dans toute fa longueur, ce canal eft fur la verve & non deflous, il n'aboutit à aucune cavité. On fent dans des plis de la peau, fitués dans les aïnes, deux corps de la forme & du volume des tefticules, à chacun defquels fe rend un cordon ; le pli de laine gauche qui eft le plus gros, recèle de plus une defcente qui rentre à la moindre compreffion , & dans le lieu où devroit être le fcrotum, on remarque une peau épaifle, dure, gercée & comme chagrinée. La conformation vicieufe avec laquelle font nés ces trois fujets, intérefle donc eflentiellement, dans les uns comme dans les autres, les conduits urinaires & les organes de la génération. Ces trois faits, malgré toute leur conformité, préfentent néanmoins certaines différences qui dépendent vrai-femblable- ment de quelques circonflances particulières: de ce nombre font la rougeur, par exemple, les excoriations de la tumeur de l'adulte, fon volume plus confidérable de beaucoup que dans les enfans, & enfin l'infertion des uretères au bas, & non fur la ligne, ou le diamètre tranfverfal comme dans les enfans. -Pour ce qui eft de la fougeur, de la fenfibilité, & même des excoriations de la tumeur de adulte, je crois que la mal-propreté des vêtemens & le frottement continuel qu'ils produifent , auffi-bien que le croupiflement de l'urine , font très- capables de les entretenir & de les augmenter, rizxt5 SCIENCES. 119 Quant au volume, il eft évident que cette tumeur devoit être plus confidérable dans l'adulte que dans les enfans, ne füt-ce qu'à raifon de la différence d'âge & de corpulence. Il y a plus, la partie poftérieure de la veflie qui paroït ici hors du ventre avec les extrémités des deux uretères, n’offrant pas une réfif- tance fufhfante à limpulfion des parties intérieures , il étoit naturel que dans le cours de la vie elle fût poufiée par les vifcères, & formât conjointement avec quelques-uns d'eux une defcente, ce qui eft effectivement arrivé. C’eft à cette defcente qu'il faut attribuer en partie le plus grand volume de la tumeur de F'adulte. Si on y porte le doigt, & qu'on la comprime, elle diminue en rentrant, comme diminuent les hernies que l’on comprime & qui ne rentrent qu'en partie; fi en même-temps que le doit eft pofé fur la tumeur ,on fait touffer le malade, les impulfions excitées par les fecouffes que donne le diaphragme’ aux boyaux y répondent, & la tumeur fe gonfle & s'élargit, l'inflant d’après elle diminue de ce qu'elle étoit augmentée pendant ‘effort de la toux, non par un mouvement inteftinal ou périf= taltique qui retire & dégage le boyau , mouvement que je n'ai pas aperçu, mais parce que la preffion qu'exerçoit le diaphragme ne fubfiflant plus, ce mufcle étant relevé, les parties renfermées dans le ventre, n’agiffent plus avec autant d'effort fur les parties qui en font échappées. Si on examine cette tumeur, le malade étant couché, elle eft moins groffe & plus molle que lorfqu'il eft debout : enfin lorfqu'il eft arrivé à cet homme de refter Jong-temps au lit, comme dans une maladie qu'il eut il y a dix-huit ou vingt ans, elle a difparu prefqu'entièrement. IL eft donc inconteftable que cette tumeur eft une hernie, & cette hernie a cela de remarquable, 1.” que la vefñié qui la forme en paitie, n'eft pas précédée d’un fac herniairé ou d’un alon- gement du péritoine , & qu'elle n’eft recouverte ni des tégumens ni des muicles, 2.” que cette partie de la veffie qui fubfifle ici, tient lieu avec le péritoine qui eft adoffé à fa face pofté- rieure , d'un fac herniaire par rapport aux boyaux, & je ne fais fi jamais perfonne a eu connoiffance d'un pareil fait. J'avois déjà remarqué dans quelques diffléftions & dans quelques opérations de hernies, des facs herniaires différens de ceux que LL 120 MÉMOIRES-DE L'ACADËÉMair DOoYyALE produit ordinairement le péritoine ; c'étoit tantôt d'épiptoux : tantôt un des ligamens larges de la matrice qui formoient un fecond fac qui précédoit les boyaux , mais je n'avois pas encore vû des facs herniaires formés par une partie de la veffie. Nous en avons ici un exemple, & il eft à préfumer que fr les deux enfans dont je viens de parler euffent vécu, & que fi on avoit pü examiner les faits rapportés par Blafius &c par M. Lémery, on auroit rencontré une {emblable conformation. Quant à la pofition différente des extrémités des uretères dans cestrois cas, il eft naturel de penfer que les extrémités de ces conduits font fitués au bas de la tumeur dans l'homme, & non dans la ligne tranfverfale qui tiendroit lieu de diamètre, comme dans les enfans, parce que les inteflins engagés entre les uretères & l'ombilic dans l'homme, & faifant effort contre le fac herniaire, l'ont étendu , ce qui n'a pu fe faire fans éloigner les uretères de lombilic, & fans diriger leur extrémité vers la partie inférieure. A ce que nous avions à dire de finfertion des uretères au-deffus des os pubis, joignons quelques obfervations fur le cours des urines par ces conduits. L'Obfervateur qui ne confidérera fimplement dans les individus monftrueux , ou en tout ou en partie, que les confor- mations vicieufes qui les diftinguent. d’une organifation natu- elle, donnera tout au plus quelques defcriptions flériles plus ou moins piquantes fuivant la fingularité de l'objet qu'il décrira, mais rarement des ouvrages utiles au progrès de l'art, Ne voyons donc point les monflres & les conformations vicieufes comme des objets de pure euriofité, mais comme autant d'expériences commencées par la Nature, expériences qu'elle nous préfente toutes faites, & dont il ne nous refte plus qu'à faifir les réfultats. Je ne puis me flatter d'ufer avantageufement du moyen que je propole, mais ne füt-ce qu'à titre d'exemple, je Fefaierai en lappliquant au cas préfent. Deéfirerois-je de favoir comment Furine s'écoule des uretères dans la veflie? ce qui peut accélérer ou retarder fon cours dans {es tuyaux? combien de temps après avoir bû telle ou telle liqueur, le cours des urines eft accéléré, & leur quantité è augmentée? DENIS IE à NTC'ETSL 121 augmentée? quelle proportion il y a entre cette quantité d'urine qui paffe dans les uretères dans un temps donné, & la quantité À ‘de liqueur qu'on a bûe dans le même temps? on s’aflureroit de toutes ces choles, s’il étoit poffible de découvrir dans un homme vivant les extrémités des uretères, & d'obferver ce qui fe paffe- roit à leur embouchüre dans la veflie. Le hafard en a une fois procuré l’occafion à François Collot, Taie æ lo après avoir tiré une fort grofle pierre de la veflie d'une femme ne de la eur. e 4 4 «1.7 aille, par Fr par l'urètre qui refla, ainfi que le col de la veflie, affez dilaté Cyr, p, 200 pendant environ une demi - heure, pour que la lumière d'une bougie pût en éclairer l'intérieur; il remarqua (ce font ces termes } « que cette veflie étoit d’une couleur d'olive, humide, graiffeule, & que dans fon fond il paroifloit une larme d’eau qui « groffifioit infenfiblement à mefure qu'il fuintoit une humidité « des deux ouvertures de la membrane interne ou des conduits « des deux uretères. » Or cette obférvation que le hafard feul offrit à cet habile homme, & qu'on ne tentera fans doute jamais, fe préfente toute préparée dans fhomme que j'ai fait voir à l Académie, puifque les extrémités des uretères y font décou- vertes. Nous n'avons donc plus qu'à examiner ce qui s'y pale, pour répondre aux queftions que nous nous fommes propolés. “Lorfque cet homme n'a ni bu ni mangé depuis dix à douze heures ,& qu'il eft un peu repolé, il fort environ fept gouttes d'urine en deux minutes de l'extrémité de l'uretère gauche, & fix gouttes dans le même temps, de l'extrémité de luretère droit. : Lorfque fans avoir bû ni mangé il s'agite en marchant ou en faifant quelqu'exercice de corps, au lieu de fix à fépt gouttes d'urine que donnoit chaque uretère en deux minutes, il en fuinte de un & de l'autre, cinq, fix, fept, huit, néuf, dix, onze, & jufqu'à douze gouttes par minute, peut-être un exercice plus violent ou plus long augmente-t-il encore le nombre de ces gouttes , c'eft ce que j'ignore. Je ne rends compte que de ce que j'ai remarqué après avoir fait marcher .cet homme dans une grande falle pendant une demi-heure. | Environ trente minutes après avoir bû une demi-bouteille de vin blanc que je lui donnois à deffein & comme diurétique, Mém. 1761. 2Q 122 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les gouttes augmentèrent de volume, il en fortoit quelquefois fept à huit de fuite de chaque uretère, mais toûjours plus du gauche que du droit, elles faifoient une petite faillie au de-là de l'ouverture des uretères, fans pourtant former un jet. Dans d’autres occafions, & dans le fort de la fecrétion, elles faifoient un filet qui s’élançoit à environ fix lignes, ce qui arrivoit fur- tout lorfque cet homme toufloit , & quelquefois auffi fans qu'il toufsät. On obfervoit jufqu'à cinq de ces jets par minute, & en une heure & demie de temps, il avoit rendu par les uretères, 1.” une urine blanche ou féreufe fort peu odorante ; 2.° une urine plus chargée, & en tout une quantité de liqueur qui répon- doit aux trois quarts de ce qu'il avoit bu il y avoit deux heures. H s'en falloit beaucoup qu'après avoir bu de l'eau, le cours & la quantité des urines augmentaflent aufli promptement qu'après avoir bu du vin blanc. Il fe pañoit quelquefois une heure & demie lorfqu'ilavoit bu de l'eau, avant qu'on remar- quät une accélération fenfible dans le cours des urines, & que ce fluide diflillät des uretères en plus grande quantité. L’excrétion des urines nous préfente des phénomènes diff- ciles à expliquer. On rend avec célérité les eaux minérales; les premières urines que l'on rend après avoir bu beaucoup ne font que fort peu colorées, tandis que les fecondes le font ordinaire- ment: différentes fubftances telles que la thérébentine, les afperges, la cafle, les bétraves, l'infufion de racine de garence colorent ou donnent del'odeur aux premières urines, & ne produifent pas les mêmes effèts fur les fecondes. Willis, M. Morin de cette Académie, & ‘plufieurs autres Phyficiens, ont donné différentes explications de ces faits, qui toutes fe réduifent à afligner aux urines une route nouvelle, indépendamment de la route connue par où elles fe rendent des reins à la veffie. Wiilis a eu recours à des tuyaux qui communiquent immédiatement de l'eftomac & des boyaux avec la veflie, tuyaux qu'on n'a pu encore découvrir. Morin s'appuyant en outre fur ce que l'eau pénètre à travers le ventricule &c la veflie, croit trouver dans la porofité de ces vifcères une voie par où les premières urines font conduites à la vefle. "Dies STCU/E NoC?E 18 1:23 Je ne prétends pas infirmer d’après le feul fait que je viens de rapporter, l'opinion de Willis, ni celle de Morin, mais am moins eft-il certain qu'on ne fauroit raïfonnablement y recourir pour expliquer l'émiffion prompte & abondante dé l'urine dans le fujet dont il eft queftion. Cet homme na qu'une petite portion de la veffe, & par conféquent les tuyaux de commu- nication, & la porofité de cette partie, ne pourroient avoir ici aucun effet fenfible. D'ailleurs toutes les urines, la blanche & la colorée, fortent dans ce füujet de l'extrémité des deux uretères; puifque les ure- tères fuppléent entièrement ici aux fonctions des deux nouvelles routes qu'on avoit imaginées pour fe pañage des urines de leftomac, & des boyaux à la veflie; on peut douter qu'elles foient auffi néceffaires qu'on fa cru, pour expliquer l'accès des urines à fa veflie dans les cas ordinaires. J'ajoûterai ici quelques obfervations relatives aux organes de la génération. Cet homme, quoique d'une courte ftature, n'a rien d'effé- miné, & rien qui reffemble à ces êtres mutilés dont on a facrifié les organes virils à ceux de la voix. Ses mufcles font gros, forts & bien marqués, il eft lui-même très-fort, extrêmement barbu, & d'un poil noir, fa voix mua feulement à l'âge de dix-huit ans, jufque-là elle avoit été un faufet, elle devint une taille, ce changement fut marqué par une raucité à l'ordinaire, mais cette raucité ne s’eft point affoiblie, elle fubfifte encore, phé- nomène qui donneroit lieu de penfer que le fujet en queftion eft encore dans cet état mitoyen qui précède la puberté entière & complète. M. d'Alembert qui a bien voulu examiner le corps & l'étendue de cette voix, l'a jugée une taille fort foible; elle n'avoit guère de {ons pleins & nourris que dans l'étendue d’une quinte depuis le /o/ jufqu'au ré en montant, depuis le re elle donnoit encore quelques tons, mais en fauffet. Au furplus cet homme n'a jamais élé malade qu'une fois, il eut plufieurs accès de fièvre vers le temps de la mue de fa voix, il eft ordinairement relâché, il: mange & boit fort peu, & prefque toûjours fans appétit & fans (if, fon fommeil eft léger, fà mémoire excellente, {on efprit pénétrant ; il a les-fens Q ij 124 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de la vüe, de loue, de lodorat parfaits, celui du goût left moins. Il ne fent, & n'a jamais fenti aucun defir des femmes, cette infenfibilité s'étend jufque fur l'efpèce de verge qu’on lui remarque , elle n’augmente & ne diminue dans aucune circonf- tance, elle n'a jamais aucune action, EXPLICATION DES PLANCHES, 17 Planche première repréfente le bas du tronc d’un enfant de trois mois, le commencement des deux cuifles, les deux reins, les uretères, une portion du foie, la veine ombilicale, avec un lambeau de la peau levé fur le milieu & le devant du ventre, depuis le flernum & les cartilages des faulfes côtes, jufqu’aux os pubis. r A eft lextrémité du lambeau de la peau qui a été levé de deflus le fternum & les cartilages des faufles côtes. BB et l’autre extrémité de cette peau vers Îes os pubis. € eft une protubérance pliflée, en forme de müre; on y remarque deux trous, l’un à droite, l’autre à gauche, ce font les extrémités des uretères à l’endroit où ils aboutiflent à la veflie. D D, les uretères. Æ, une portion du foie. FF, les reins. G, la veine ombilicale; elle aboutit par fon extrémité inférieure à l'ouverture de la peau, par laquelle s’échappe la protubérance plifiée en C. Cette ouverture eft l’ombilic, qui eft fitué ici immédiate- ment au deflus des os pubis, & non au milieu du lambeau de la peau A, BB, ainfi qu'il auroit dù l’être. ÆH H (ont des replis de la peau; ils repréfentent une efpèce de vulve; ce qui jetoit, au premier coup d'œil, quelques doutes fur le fexe de cet enfant; ces plis renfermoient les tefticules. La deuxième Planche repréfente le bas du tronc, la naïffance des cuifles d’un adulte avec une tumeur formée par une portion de la veflie; les ex- trémités des uretêres, une efpèce de verge, le tout vü de face. A, la tumeur formée par la vefle, BB, les extrémités des uretères. C, pli cutané. D, la verge. ÆE, peau qui eft comme chagrinée; elle occupe la place du fcrotum. FF, plis de la peau des’aïnes; ils renferment l’un & l’autre un corps de la forme & du volume des tefticules, &c. Nota. Les mêmes lettres repréfentent les mêmes parties dans la troifième Planche, où les objets font vüs de profil. LOST Mem. de l'Ac.R. des Se 27 61. pag z24.pl.8,. Pla.l. Mon: de Ete R dar s.a7 6. pas 4 pl 3 Men. de lAc.R . des Je.27 61 pag 224 -pl.# À Mon: de lAeR des Je 1761 pag 124 pl 4 Plat Mem . de LAc.R. des Se.17 01 pag-124.pl.5. NI KINK AS NN N NN NOIR LL LL L 07 4 COL EM RS RS GS Ge | Me. de Ets À des Se 6i pag-124 pl. 5 * Ingram del et fe DES SCIENCES. 125 MÉMOIRE SUR LES INTERPOLATIONS, Ou fur l’ufage des différences fecondes, troifièmes, dc. dans les Calculs aftronomiques. Par M. DE LA LANDE. A méthode générale des intérpolations a été traitée dans 24 Juitter toute la généralité poffible par M. Newton /a), & 1761. enfuite par M. Cotes /2); depuis ce temps-là M. Mayer dans les Mémoires de Péterfbourg, & M. l'abbé de la Caille dans fes Élémens d'Aftronomie, en ont tiré des formules plus com- modes, & applicables à l’ufage de 'Aftronomie. Cependant le cas qui f préfente journellement dans les Tables , ou dans les calculs d’obfervations, eft fufceptible d’une règle infiniment plus fimple, on y trouve prefque toûjours des fuites de nombres dont les fecondes différences font conflantes, ou à peu près. Si l'on veut, pour une plus grande perfection , aller encore au de-là, & ne fuppofer de conftantes que les troifièmes différences j'ai reconnu que le calcul en étoit encore très-fimple, & qu'on pouvoit tenir compte de l'inéoalité qui en réfulte avec un ful terme algébrique fort aifé à réduire en nombres; la pré- cifion qui en réfulte eft fi grande, que les logarithmes pouffés * jufqu'à vingt chiffres, même ceux des premiers nombres, & les lieux de la Lune calculés fulement de 24 en 24 heures, malgré toutes les inégalités de cette planète n'en exigent pas davantage, c'eft cè que j'efpère de faire voir dans ce Mémoire. M: Mouton, Chanoine de Lyon, qui publia en 1 670 un Livre intitulé, Offervariones diametrorum, dc. y donna uné Table des déclinaifons du Soleil pour chaque minute de longi- tude, calculée non-feulement en fecondes, mais en tierces, il (a) Plibf. Nat. Priacipia Mathematica. * ©(b) A fin du Livre intitulé, Æarmonia Menfurarum, Q ij 126 MÉMOIRES DE L'ACADÈMIE ROYALE aflure dans ce livre que pour les 5400 nombres qu'elle con: tient, il n'a eu befoin que de calculer 90 nombres par la méthode rigoureufe, & que la divifion des fécondes différences lui avoit fourni tous les autres fans erreur, même d’une tierce, Il avoit fait d'abord cette remarque à l’occafion des logarith- mes, dont les différences quoique très-inépales, fournifoient des différences fecondes beaucoup plus approchantes de l'égalité, & je ne doute pas que cette remarque dont il fe dit le prernier auteur, n'ait fui feule pour le porter à calculer la Table des logarithmes de finus & de tangentes qui eft dans la bibliothèque de l’Académie: ce manufcrit précieux renferme toutes les fecondes des quatre premiers degrés & des quatre derniers dans la même forme que les logarithmes de Brigs publiés en 163 3, de dix en dix fecondes feulement ; & il eft évident que pour en faire le calcul, M. Mouton n'a eu befoin que d'employer les fecondes différences des logarithmes de Brigs, ou de les calculer de minute en minute feulement, avec un chiffre de plus pour en conclurre tous les autres. I feroit à fouhaiter que cet ouvrage püt être publié pour la célérité de nos calculs; muis lentreprife feroit immenfe, & les Aftronomes n'auront de long temps un femblable fecours. | M. Mouton ne s'arrêta pas à la fuppofition des fecondes différences conflantes, il examina le cas des troifièmes & des quatrièmes différences, & donna des préceptes pour remplir &c étendre une Table dans laquelle on ne fuppoferoit conftantes que les troifièmes ou les quatrièmes différences. Il examine même /page 384) le cas le plus général, ant donnée une fuite de nombres où il n'y ai de conflant que les dernières différences quelconques , trouver un nombre quelconque de termes intermediaires qui fuivent la même loi, il en attribue la folution à M. Regnaud, à qui il avoit propofé cette queftion; mais fa méthode dans tous les cas confifte à faire une Table en lettres pour la remplir en nombres, je me propofe dans ce Mémoire de trouver un terme quelconque fans paffer par les précédens, & fans être obligé de connoître les autres. Le triangle arithmétique de M. Pafcal contient toutes les \ DES SCIENCES. 127 fuites de nombres dont il eft queftion dans ce problème, la première colonne ne renferme que unité, ainfi la différence eft toûjours zéro, la feconde colonne renferme la fuite des nombres naturels, & la différence eft toüjours 1, la troifième colonne formée par l'addition des termes de la précédente ,.eft celle des nombres dont la feconde différence eft 1 , la quatrième colonne eft celle des nombres, dont la troifième différence eft 1 , la cinquième colonne eft celle des nombres dont la quatrième différence eft 1, &c. Triangle arithmétique. I. I. 1. 1° 2e 1. I. 4. 6. 4° Le I. ÿ+ 10. 10. $- Le CNE: 0:20: 15. .6- 1. He Pia tiiae Nas. 35° 27. 7e 1. 28. 56. 70: RÉAARUAE ge: Le 8 MONT 196-) B4a ui 26:\ | 16264284. 7 26. 9.1. : dc + La fomme d’un nombre # de termes pris dans la première colonne verticale, eft "1; pris dans la feconde colonne, eft Ms (MI) (mm Hi Roy fee Lipgs 1292503 k quatrième colonne, la fomme d'un nombre #7 de termes, .(m+s).(m<+2).(m + fra "1 auf 1).(m—+2)./n 22 &c. 1. 24 3: 4. avoir la fomme des fix premiers termes dans la quatrième colonne, c’eft-à-dire, dans celle dont les troifièmes différences 6. 7- 8. 9. font conftantes; on aura — : Zoe 3° 0 M (n+HIN FA Raul. dans la troifième colonne, 1. 2e Par exemple, on veut EI 0 128 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La fomme de fix termes dans une colonne, eft là même chofe que le fixième terme de la colonne fuivante, & ainfi des autres. ) Dans la colonne des nombres, dont la feconde différence eft l'unité, fr l'on prend les nombres de deux en deux, par: exemple, 1,6, 15, 28,0on aura une fuite de nombres dont la feconde différence eft 4; fr on les prend de trois en trois, a feconde différence fera 9 ; fon les prend de quatre en quatre, elle fera 1 6: on peut démontrer d'une manière générale, que fi on les prend 7 à m, la feconde différence fera 1°. En effet, lorfqu'on prend les nombres 7 à #1, & qu’on en fait les différences & les fecondes différences, on ajoûte d’abord enfemble un nombre " de différences premières qui toutes croiffoient de 1 fur la précédente; on ajoûte donc 1 + 2 + 3 —+ 4, &c juiqu'à »m, le total de cette fuite eft MoeofMHai . . Pro “\ CARE MIE on ajoûte enfuite des différences premières jufqu'au nombre 2» ,dont la fomme eft ne : & 3mm + m Ôtant la première, on a pour autre différence: or A = MMA MM + M. ces deux différences premières ——— & Han ve ve » 2 différent évidemment de la quantité #”=; donc mm eft Ia différence des différences, c'eft-à-dire, la différence feconde. __ On démonreroit par un raifonnement femblable , que fi la différence d'un ordre quelconque » eft l'unité, & que les nombres foient pris enfuite »1 à #, la différence de la nouvelle fuite fera m°. Ainfi la troifième différence dans des nombres pris deux à deux fera 8 , la quatrième différence fera 1 6, &c. Après ces notions générales, nous allons donner la méthode pour trouver une partie proportionnelle exaéte entre des nombres qui n'ont que les fecondes différences de conftantes. Des DES SCIENCES. ‘129 Des fecondes Différences. Suppofons quatre nombres, comme mn DE . É Nomb.| Diff. | Diff. 2° pourroient être quatre longitudes ou « [e] O. quatre obfervations, dedouze en douze 7 Te 78. 10 : ï iffér ï "222. heures, dont les différences vont en ra croiflant, mais qui ont leurs fecondes | ee 1366.1 744 différences conftantes, telles que 1 44, LES & qu'on veuille chercher le nombre qui répond à une des heures intermédiaires quelconques; par exemple à 22, on concevra une fuite nouvelle de nombres répondans à 14, 16, 18 & 22 heures, dontles fecondes différences feront trente-fix fois moindres que 144, puifque l'on fubdivife l'intervalle en fix parties. Si on le partageoit en douze parties, la feconde diférence de la nouvelle fuite feroit 144 fois moindre que celle des nombres propolés , puifque 144 eft le carré de 12. Dans l'exemple propolé, la feconde différence fe trouve donc en divifant 144 par 36, qui eft le carré du nombre des fix intervalles qu'on fe propole de remplir, elle fera donc écale à 4. Connoiffant la feconde différence, il faut avoir les fix diffé. rences premières, pour cet effet ayant pris a fixième partie de la différence 222 des nombres propolés, on aura 37; cette différence fufhroit, fr les nombres croifloient uniformément, mais elle doit varier elle-même, puifque les nombres varient inégalement. Voici la règle: {1 vous avez deux intervalles, c’eft- à-dire un nombre feulement à chercher, prenez la moitié de la féconde différence: f1 vous avez trois intervalles, c’eft-à-dire deux nombres à trouver, prenez une fois la feconde différence ; fi vous avez trois nombres, ce fera 1 +; pour quatre nom- res, ce fera deux fois;, & en général, fi 1 eft le nombre des intervalles, #1 — 1 celui des quantités que l'on cherche, 7 fera le nombre de fois qu'il faudra prendre, la feconde différence trouvée, Me. DARE À 130: MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cetté feconde différence ainfi multipliée, doit fe retrancher de la partie proportionnelle fi les différences premières vont en croiffant, & s'ajoûter fr elles alloïent en diminuant, Dans l'exemple précédent, la feconde différence 4 étant prife deux fois & demi, on aura 10 à Ôter de 37, qui eft la patie proportionnelle ou la fixième partie de la différence des deux nombres; il refte 27, qui fera la première différence ; on ajoûtera 4, qui eff la feconde différence trouvée, quatre fois de fuite, parce qu il ya cinq nombres à chercher , on aura 27,31, 35, 39, 43, qui font les cinq différences qui doivent donner les cinq nombres cherchés 101,136,171,210,253. Après avoir conçu le cas particulier , on de facilement la méthode générale. Soit d° la différence feconde des quantités données, m le L s ROUE nombre des intervalles qu'il s'agit de remplir, — fera la m différence feconde dans la nouvelle fuite; fi l’on nomme x la 2 . 2 “\ . CE . 1/24 . différence première, on aura les fuivantes en ajoûtant de fuite x d? LT der Es _ 2 À Différences premières £* + — À & pour un nombre " 3 2 n° À Ce raranes on aura, en additionnant toutes ces différences, dc.) qui toutes en- femble en faire la différence première qu'il y a entre les deux nombres donnés, que nous appellerons 4. d LEE GR CAR d Doncluie Re Mie ER, m m1 mn, ainfi les différences premières feront DES SCT E NCTE 131 d 1+2+3 + 4, ÿn dè RE T m mn d LH 2H 3 H des d d DRE DNS ET MA CE d LH 2+ 3 + 4... Ca 2 d° CEE ON m "Tr m° d IHI+ 3 + 4... dd 3d PTE m à Po Fa dc. Dans la férie 5 + 2 +- 3 + 4, il y aura autant de termes que le nombre # en contient; ainfr la fomme fera m. < +243 + 4, Do + eh GRR 14 LE 4 ee LEE LE EE 2 ml 2 Si l'on cherche le quatrième nombre, il eft évident qu'il fuffit d’ajoûter les quatre premières différences avec le nombre donné; & en général, fi lon cherche le terme p, on aura d M Hd: & pe(—— ne oo dre le en C0 per 2 1 2 ml prenant dans cette dernière fuite autant de termes qu'en contient LS psp 0 m° 2 d p—- 1, ainfi la férie (1 + 2 + 3,dc.) donc la différence entière fera d M + 1 p—1 d* He M Ce Dr L . d ! e L4 x LE mais p — eft Ja partie proportionnelle cherchée à Ja manière , 2 n° ordinaire, ou la correction dépendante de la première différence: donc celle des fecondes différences eft 7 (m — p) Le 2 F1 CHGNFÈT. au Des troifièmes Différences. Dans une fuite de quantités dont les troifièmes différences font conftamment d?, fi lon en veut interpoler un nombre d'autres , & partager chaque intervalle en un. nombre » de paies, la troifième différence conftante de la nouvelle fuite B fera —. #Æ R i 132 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Pour trouver les fecondes différences de la nouvelle fuite ; 2 il faut fe rappeler ce que nous avons dit ci-deflus, que Le m eft la feconde différence conflante d’une fuite de termes inter- polés , lorfque le nombre des intervalles eft m, & que la différence feconde de la fuite donnée eft 4°} ainfi nous aurons pour les fecondes différences cherchées, d° & Ê 2 d Ca 3D e m° mn ? n° D m ? m° m ? +5 Pour trouver les premières différences de la nouvelle fuite, fuppofons la première x ,*ajoûtant fucceflivement les fecondes différences que nous venons de trouver, nous aurons La rs ’u a n° nm 2 d 38 : ARR 11 nÈ 3 d° 6 x + I + — mi mi d° 10 8 mnt LU Ne & comme toutes ces différences premières doivent faire Ja dif- férence entière des deux nombres entre lefquels on interpole, nous aurons pour déterminer la valeur de x, cette équation, SH (+23 +43 +60) Ed Dans ces deux fuites, il y aura toûjours un nombre de moins que 71 ne contiendra d'unités. d 1+1+3+4 À 1+3+6é+i0o À k=<— PE ÿ mm mi Subfituant cette valeur de x, nous aurons pour les premières différences cherchées, d ++ 3+4 à 1+3+6+io À TN s n° $ m d 1+2+3 +4 À 1+3 +6+i0o À Rs QAR a ter ERA AD Eee OR EAU LE DONNER ANT Nr Irc ge Le à $ $ a $ am Ca Ca HT + —: me a. DES ScrENCESs. 133 2 mat 4/0 1+3 +6 +io À TRE NE ENEER 5 m3 2 d? 3 m m 4 1+21+3+4 & . 1+3 + 6 + 10 & 5 g m 5 ° m 3 d? 6 + — Rae dc. 1/1] mn H faut actuellement confidérer qu'il y aura toûjours autant de-différences premières que d'intervalles dans la fubdivifion 3 ® 3 .4 . LAS AE que l'on fait, ceft-à-dire, qu'à la place du divifeur s, on mettra par-tout #1. | Ce qui nous intérefe principalement, eft de trouver la fomme de toutes ces différences pour un terme donné, fans être obligé de les connoître chacune féparément: Soit p le nombre de termes auquel on veut s'arrêter, on aura pour la fomme de toutes les différences précédentes, p (< 1+:+3 +4 d 1+3+6+i0 À a m mn m m3 & ;] DE 210) ++ 3 +6) < Dans les deux dernières fuites il y aura toûjours un nombre de moins que p ne contiendra d'unités; & fubflituant les valeurs de 1 + 24 3 + 4, dc 1 + 3 + 6, de. dx mom —.1 d? MHI.mm—r di ee 2 . M nm 2 eU7T2 PA .p— 1 d° + repip— tr: di en ir ET Ce 1 2 mt 2.3 m3 ainfi la correction des fecondes différences eft comme ci-devant, d° m— 1 p—1T m—p, d° Diaapaean Le où — DEEE qui m° ( 2 2 /, l z m° & celle des troifièmes différences fera ERA SD pi Vie me 1) Re CRE M EE RE EE | UT 2.3 4 DO ym—7p à AE RU NU 1 134 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Exemple, foi une fuite de quantités calculées de 24 en 3 HEURES. | QUANTITÉS. DiFFÉRENCES. | 2% DirFFÉR. | 3% DiFFÉR, (l o o. FN 2 2932 " ù 3824. ui 16148. ds : 13824. 2 62268 43796: EC 13824. 96 147536 85268. 4147 2e 24 heures, & qu'il faille trouver la quantité qui répond à so heures, ou à la douzième partie de fintervalle entre 48 heures & 72 heures, on aura p = 1, & m — 12, r. on prendra la douzième partie de Ia différence première 43796, & lon aura 3649 +; 2.° zu dB feconde diffé- rence 27648, ceft à-dire, 1056; 3. comme #m — PP 3 FES Fe — 2. = 190 3» = 143, ON trouvera p + —. : ajoûtant donc la correction de la diflérence première, & retranchant les deux autres, on aura 2087 5 qui eft la quantité _cherchée, répondante à 5 o- heures. Si l'on fait p — + »m,on trouvera que l'expreffion précé- dente fe réduit à -Æ d?; & c'eft la plus grande erreur que lon puiflé commeitre, en fuppofant nulles les troifièmes différences. On pourroit étendre facilement cette théorie aux qua- trièmes différences, mais le calcul eft trop compliqué, & les quantités qui en réfultent font trop petites, pour que dans l'Aflronomie pratique lon ait jamais befoin d'en faire ufage ; en effet, je trouve que la plus grande erreur qui puifie avoir lieu en les négligeant, n'eft que 4 de la quatrième différence ; & comme l'on prendra un milieu entre les troifièmes diffé- rences dans les cas où l'on négligeroit les quatrièmes, on ne craindroït jamais qu'une erreur de la: quatre-vingt-cinquième partie de la quatrième différence , quantité qui pour des lieux de la Lune calculés de 24 en 24 heures feulement, ne peut aller qu'à environ une ou deux fecondes dans les cas extrêmes, ah en ur Siers MGR IE NICiEnS. 135 quantité enfin dont on ne tiendra jamais compte, tant que les Tables de la Lune ne feront calculées qu'en fecondes. Prenons pour exemple l'équation du centre de la Lune de ‘13 en 13 degrés dans les points où elle varie le plus inéga- lement, comme dans la Table fuivante, Es. | RASE RECENT ONCE TER ÉQUATION] Premières Secondes | Troif.es | Quatr.s du centre. |D1FFÉRENCES.| D1FFÉ R.| DIFFER.| DiFrér. GRHEBANS UT DS 7e 11 [4 21. Zinteat |lse0 18. Der NS 57e 8. 20 |6. r6. On voit que la différence quatrième ne va qu’à 8 8 fecondes, ainf l'erreur que l'on commettroit en la fuppofant nulle, ne feroit que de 1 feconde, on en trouveroit à peu-près autant en examinant la Table des variations & des évections , mais il faut bien confidérer qu'il fufhroit de fuppofer deux de ces équations défectueufes feulement d’une feconde chacune pour diminuer de 11 fécondes la quatrième différence, ainfi l'on ne fauroit répondre à 30 ou 40 fecondes près de cette quatrième diffé- rence, parce que le calcul fait avec des Tables qui ne font calculées qu'en fecondes, n'eft pas fufceptible d'une précifion plus Srande que 3 ou 4 fecondes. Il neft pas difficile de faire voir que l'ufage même des fcondes différences, avec des calculs faits de 24 en 24 heures, eft fuffifant dans les recherches ordinaires de l’Aftronomie, & dans toutes celles de la Navigation, car les troifièmes différences .que l'on néglige ne pouvant être que d'environ ro minutes - de 24 en 24 heures, la feizième partie n'eft jamais de 40 fecondes, ainfi en la négligeant & prenant un milieu entre les fcondes différences correfpondantes, on ne peut pas fe tromper de 20 fecondes, qui fouvent dans l'Aflronomie, & toûjours dans la Navigation, font une quantité imperceptible : d’ailleurs if 5 e) EE d RAA AL = eft fort rare que la difiérence aïlle fi loin, il n'y a que certains 136 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE mois où l’évection fe combine avec l'équation du centre & la variation, de manière à augmenter cette inégalité, ordinairement elles fe détruifent en partie. Je prendrai pour exemple quelques lieux de la Lune calculés très-rigoureufement pour le mois de Janvier 1763, temps auquel j'ai trouvé 1 marche la plus irrégulière que j'euffe remarqué entre plufieurs années. a À 1763 LONGITUDE |[MOUVEM. 2-0 525 2° dela LUNE. femi-diurne. |[D1FFÉR.| DiFFÉR. JAN. 28 à midi.| 3° z44 30° 12° à minuit.|4. I. 56. 43 72608 +3" 44" 4288 ‘29 à midi.|4. 9.26. 58 À UE RME A 31 |. “ à minuit.h4. 16. 59. 44 |" AE 1. 10 " ee 30 à midi.|4. 24. 33. 40 33 EE x ; à minuit.|5. 2. 7. 30 3350 EE TU u 31 à midi.|5. 9. 39. 42 à minuit.|$. 17+ 9. 35 FÉVR. 1 à midi.| 5, 24. 35. 56 Pour juger de l'erreur qu’il y auroit à négliger les troifièmes différences de 24 en 24 heures, choififfons dans les calculs précédens les longitudes pour le midi de chaque jour, & nous en déduirons par les règles d'interpolation qui ont été données ci-deflus, les longitudes à minuit, nous verrons qu'elles ne différent pas fenfiblement de celles qui ont été calculées rigoureufement. MoOUvEM. Longit. de la LUNE| MOUVEMENT LA femi-diurne. ae ‘| pour le midi. diurne. un RG UE Différences| le Quart. niieu, | RU 3° 244 30° 12 à cé 46"|7428 22" 2 4 9: 26» 58 RDA CRUE ANS 4" 48"|+r’ 12° À DS. (042 71002 ! — 34 3047 | 4 ARAUET TSe V6 ONE IS TRI AE —0. 16] —0. 4 3548 31. |5° 923929 —5. 1 |[—1. 15; FÉVR. j'4 SOU | 7210108 I Se 2 ANA CASIO CRT DS PER RE ET Er IE OR Ce NT | Log | I EE FRT: IV. V. V I. VII. De VOTE V9 17e DES SCIENCES. 137 Cette Table fournit un exemple des calculs que lon doit faire pour conclure avec facilité les longitudes à minuit de celles qu'on a calculées rigoureufément pour le midi de chaque jour. Voici la méthode -que M. Pingré employoit dans fon État du Ciel, & qu'il me confilla de fuivre lorfque j'entrepris de faire la même chofe pour la Connoïffance des Temps. 1. On écrit entre les longitudes leurs premières différences ou le mouvement diurne, 2.” on en prend la moitié, & on Técrit à côté dans la colonne füuivante, c’eft le mouvement femi-diurne, 3.° on prend les différences de ces mouvemens femi-diurnes, en obférvant de mettre + à côté, lorfque le mouvement femi-diurne croît, & — lorfqu’il va en diminuant, ce qui fignifie que cette différence eft pofitive ou négative, 4” on prend le quart de ces fecondes différences, & on l'écrit à côté; 5.” on prend un milieu entre ces quarts, & on écrit ce milieu en changeant le figne vis-à-vis de l'intervalle, par exemple le milieu entre + 1° 12° &— 4", feroit + 34, on écrit donc entre ces deux nombres — 34 fecondes, 6.° on retran- che ce nombre lorfqu'il eft négatif, on Yajoûte, lorqu'il eft pofitif au mouvement femi-diurne qui lui correfpond dans la quatrième colonne, par exemple, on ôte 3 4 fecondes de 74 Da 21",on ajoûte 40 fecondes avec 74 33" 4"1, & l'on a le mouvement femi-diurne vrai entre midi & minuit, 74 32° 47" pour le 29, & 74 33° 44"+ pour le 30: ainfi en ajoûtant ces mouvemens femi-diurnes avec les longitudes pour midi, on a 4f 164 59° 45", & 5f 24 7' 24"1 pour {es Jongitudes à minuit, qui diffèrent lune d’une feconde, l'autre de 5 fecondes + -du calcul rigoureux qui fe trouve dans la Table précédente. Si l’on obferve après cela que j'ai fait choix d'un cas particulier où l'inégalité m'avoit paru la plus grande que j'eufle encore remarquée, on fera perfuadé qu'il n'y a aucune erreur à déduire les longitudes de la Lune pour toute la journée de celles qu'on a calculées pour le midi, dès qu’on y fait entrer Téquation des fecondes différences. . A eft aié de remarquer dans l'opération précédente un cas Mém, 1761. » S 138 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaLr de la formule _. (m — p} _ , qui lorfque 5 — 1 & p = + feréduit à + d°;les nombres qui font dans la fixième DOUuE, font toüjours le quart dela différence du mouvement femi-diurne, & par conféquent la huitième partie de la feconde différence du mouvement diurne; donc ces nombres font la correction qui doit s'appliquer à la partie proportionnelle ou au mouvement femi-diurne , pour avoir la véritable partie proportionnelle ou le vrai mouvement entre midi & minuit: on change les fignes des nombres de cette fixième colonne, parce que nous avons vü que la correction étoit négative, quand les différences premières croifloient : enfin on prend le milieu entre les nombres de la fixième colonne, parce que voulant négliger les troifièmes différences , il faut di moins prendre un milieu entre les fcondes différences. Telle eft la manière la plus commode pour trouver les longitudes de la Lune à minuit lorfqu'on les a calculées rigoureufement pour le midi de chaque jour, & l'on voit par ce qui précède, que ferreur poffble en fuivant cette méthode eft infenfible, excepté peut-être pour ceux qui veulent employer les obfervations à rectifier les Tables; on ne fauroit alors employer trop de foin à calculer les longitudes pour le moment précis de chaque obfervation , & il ne (RO pas dans ce cas-à de les avoir calculées mème de 12 en 12 heures. J'ai donné dans la Comnoiffance des Mouvemens Céleffes pour l'année 1762 à pour l'année 1763, une Table calculée par la formule précédente pour éviter aux Navigateurs toute forte de calcul algébrique, elle fert à trouver pour une heure quel- conque la quantité qui doit être ajoûtée à la partie proportion- nelle, à raifon des fecondes différences du mouvement de la Lune de 12 en 12 heures, elle fuppole que l'on ait les longitudes calculées de 12 en 12 heures, comme je les ai calculées dans chaque volume de cet ouvrage depuis 17617 inclufivement, jufqu'en 1763, dont on vient d'achever Fimpreffion. J'ai ajoûté dans la Connoiffance des Mouvemens Célefes Le ES TL DES SCIENCES 139 #4 pour l'année 1763, page 1 1 9, uneautre Table, qui eff l'inverfe ‘ is de la précédente, dont je vais donner ici la conftruétion, parce ; qu'elle ef comme une fuite de ce qui précède. Lorfqu'on cherche à quelle heure la Lune doit arriver dans une certaine pofition ; __ pa exemple, en conjonétion avec une étoile, on prend le it mouvement pour 12 heures; & en le fuppofant uniforme, on cherche par uné partie proportionnelle le temps qu'il faut à la Lune pour parcourir l'arc dont elle étoït, à midi où à minuit # éloignée du point propofé. Cette méthode exige donc une correction à raifon de l'inégalité qui a lieu dans le mouvement {mi-diurne que l’on fuppole uniforme. Soit d°, la différence feconde de 12 en 12 heures, & que l'on aït trouvé la conjonction à 1 heure, par la fimple partie proportionnelle, il eft évident par ce qui a été démontré ; & 1 17 d* : : STE ci-deflus, que — . =. — féroit la correction à faire dans la 12 12 2 Jongitude trouvée, à raifon des fecondes différences: & fi 4 eft le mouvement en 12 heures, on aura cette proportion 17 F TT + + = Atà un quatrième terme qui fera la correction du temps de à conjonction trouvée pour une heure par a partie proportionnelle, Comme cette correction ne va qu'à deux minutes de temps, lorfqu'elle eft la plus forte, on peut füppofér pour la trouver, que le mouve- ment de la Lune eft uniforme, il ne peut y avoir qu'un ving- y} Cmroife tième d'erreur dans cette fuppofition, j'ai calculé de demi-heure 4 Mouvem, cé. fi “ [fes pour l’année . à 12h P d » 1703P119 en demi-heure la valeur de me ul de Gue) / cu 11. MMM Ete _aï formé la Table dont il s'agit. d:12 heures :: 12 Août 1761. 40 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE A HER ANIME Des Obfervations faites dans le Levant, par M. DE CHAZELLES; avec une notice des Manufcrits de cet Académicien, qui font à la bibliothèque de l'Académie. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. Ï "ACADÉMIE étant en poffeflion de quelques Manufcrits de M. de Chazelles, qui contiennent plufieurs obferva- tions dont les circonftances n'ont jamais été publiées, mais dont on trouve feulement des extraits & des réfultats dans quelques endroits de nos Mémoires, il a paru utile d'inférer dans un même volume une notice de ces Manufcrits, avec un extrait détaillé contenant toutes les obfervations faites dans le voyage du Levant, qui eft à l'égard de l’Académie, la paie la plus intéreflante des travaux de cet illuftre Aftronome. On peut voir dans le volume de 1710, le précis de la vie de M. de Chazelles. Je dirai feulement ici, que s'étant attaché à Dominique Caffini, il fit un long {jour à l'Obfer- vatoire, où il s'appliqua à toutes les parties de PAftronomie: qu'étant devenu enfuite Profefleur royal d'Hydrographie à Mateille, il y établit un petit obfervaoire , & fe procura quelques inftrumens pour.obferver : qu'ayant acquis toutes les connoiflances néceflaires à un Marin, il mérita l’eftime & la confiance des Miniftres : qu'il fut chargé de commiflions importantes qui occafionnèrent une partie des Écrits dont je vais parler. Parmi les papiers que l’Académie pofsède, on trouve I. Un Mémoire qui contient une defcription générale &c détaillée des côtes occidentales de la France, favoir, des ports, havres, rades, mouillages, ifles, rivières, reconnoiflances, DS, de nm > . pris Se TE NC Es TAT &cueils,aïguadés , marées & courans, &cc. avec les inftruétions néceffaires pour aborder les uns & éviter les autres. 11. Un pareil Mémoire fur la côte de Normandie en par- ticulier, {lon un procès-verbal de vifite de cette côte, faite en 1686 par M. de Montmor, Intendant de la Marine au Havre. III Un Mémoire particulier fur les côtes de Bretagne & de Poitou. IV. Des Remarques fur un grand nombre de mouillages dans les différentes parties de la mer Méditerranée, V. Plufeurs vües deffinées tant à l'encre qu’à la mine de | plomb, des côtes d'Efpagne, des ifles adjacentes & de France. VI. De courtes Remarques fur la &ôte de Languedoc & de Rouflillon depuis Cette jufqu'au cap de Quiers. VIT. Un Fragment contenant une très-petite partie de l'expédition de trente-cinq galères en 1 692, commandées par le Baïlli de Noaïlles. VIII Une autre expédition de quatre galères au détroit de Gibraltar. On y trouve une defcription détaillée de toutes les routes qu'on a faites & de tous les points de vüe qu'on a obfervés. IX. Un Mémoire en forme de projet, pour prouver luti- lité des Galères fur les côtes occidentales de France, relatif à une vifite qui fut faite en 16971, avec une addition à ce Mémoire, X. Ce même Mémoire eft fuivi d’autres fragmens & brouil- lons pour dreffer les inftruétions néceffaires à la navigation des Galères fur les côtes de Bretagne & de Poitou, à Rouen , à Honfleur, au Havre, pour les faire naviguér & hiverner dans _ la Seine, ce qui fut exécuté. Voyez l'éloge hiflorique de M. de Chagelles, Hifl. de l'Académie de 1710. XI. Un Mémoire fur la manière de jeter les bombes de deflus les Galères & les Chaloupes, S iÿ 442 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE XII. Un Mémoire fur la navigation dela Dordogne depuis Libourne jufqu'à la chapelle de Lanfac près de Bourg. XIII. Un autre fur le baffin d'Arcachon, à huit lieues au fud-oueft de Bordeaux. XIV. Un Routier des ifles de FArchipel, copié ou extrait de quelqu'Ouvrage où Manufcrit très-détaillé, XV. Un Mémoire ou projet pour la correction de Ja carte de la mer Méditerranée. C'eft en conféquence de ce projet que M. de Chazelles entreprit fon voyage du Levant, dont l'extrait fait le principal objet de ce Mémoire. Dans les deux Manufcrits qui nous reftent de ce voyage, tous deux de la main de M. de Chazelles, l'un comme regifire, Jautre comme copie au net, quoiqu'imparfaite, puifqu'elle ne contient guère que les deux tiers des obfervations faites pen- dant le voyage, on ne trouve aucun détail fur le départ & l'arrivée de M. de Chazelles; on ne peut donc en juger que par les dates des obfervations. On n’y voit aucune defcription des lieux où les obfervations ont été faites, de la manière dont elles l'ont été, ni des inftrumens qui y ont fervi. Je trouve {eulement en réuniffant quelques indications faites en paflant, qu'il étoit muni de deux lunettes de dix-huit pieds de Jongueur; d'un quart-de-cercle conftruit par Macquart, mais dont je mai pû favoir le rayon; d'un grand anneau aftronomique dont le diamètre m'eft pareïllement inconnu, probablement d’un pied, comme celui du P. Feuillée; de deux horloges qui ne font défignées que par 44 grande, la petite ; un compas de variation ; & une bouflole graduée dont l'aiguille avoit quatre pouces. Ceux qui favent comment étoient confhruits les inftrumens _aftronomiques, il y a plus de foixante ans, ne feront pas étonnés de trouver entre les déterminations d’une même hau- teur de pole, des différences de plus d’une minute. Le quart- de-cercle de M. de Chazelles étoit d’ailleurs vrai-femrblablement d’une grandeur médiocre : il a eu la précaution d'obferver les hauteurs méridiennes, tant vers le nord que vers le fud, ce Bu LE bee en ; DÉE S'ÉSI CNE NAGYE LS. 14% qui donne la vérification de la pofition de la lunette à l'égard de la numération des degrés de la divifion de l'inftrument, Les réduétions que l'on faifoit dans ces temps-là aux obfer- vations, nétoient pas à beaucoup près ni auf fûres ni aufli 01 précifes que celles que nous employons maintenant, & ül y en “ avoit alors d’inconnues. Les Tables du Soleil, & celles des … * fütellites de Jupiter, dont le calcul eft indifpenfble lorfqu'on ma pô avoir des obf@rvations correfpondantes, n'approchoient ii pas de la précifion où elles ont été portées depuis. Il m'a donc fallu refaire abfolument tous les calculs, & entreprendre pour - donner cet extrait, un travail affez confidérable, dont je füuis dédommagé par l'efpérance que j'ai que l'on fera content d'avoir, À dans un feul Mémoire affez court, le détail de toutes les ob- fervations utiles de M. de Chazelles, & les conclufions qu'on en peut tirer. ; _ Pour faire les réductions qui font employées dans ce Mémoire, je me fuis fervi 1.° des Tables du Soleil dont j'ai publié les Elémens dans les Mémoires de l’Académie de 1 750; 2.° des déclinaifons des Étoiles, telles qu'elles réfultent du catalogue . que j'en ai dreflé & qui a été publié dans la Connoiffance des Temps de 1760: j'ai eu égard à leurs aberrations, mais j'ai négligé la nutation; 3° de la Table des réfractions que j'ai donnée dans les Mémoires de 1 755: 4 des Tables des fatel- dites de Jupiter, conftruites par M. Wargentin & publiées dans … de fecond volume de la traduction des Tables de Halley. | Je dirai avec franchif ce que je penfe de ces obfervations. M. de Chazelles a fait pour le mieux felon les lumières de - fon temps, & flon les inftrumens qu'il a employés: ce qui _ rélulte de fon voyage, c'dt-à-dire, la détermination géogra- phique des lieux où il a féjourné, me paroït d'une exactitude fufffante pour la Navigation, & même pour faire ufage des obfervations aftronomiques faites par les Anciens, Il eft vrai qu'un Obfervateur de notre temps y pourroit mettre un peu plus de précifion; il n'oublieroit pas de rapporter les circonf- _ fances propres à apprécier les réfultats, & à fixer les points précis où fes obfervations auroient été faites: on pourroit donc #693. Déc, *M. de Chazelles obfervaaufMiSrriur Le 13 Décembre, mais fon quart-de- cercle n'etoir pas afez bien dans le plan du méridien. 144 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE regarder un nouveau voyage dans ces pays-là comme fort utile pour confirmer les obfervations de M. de Chazelles, fur-tout fr … on y en ajoûtoit de nouvelles faites fur la côte de Syrie & de Barbarie, dont nous fommes prefque entièrement dépourvûs. ». L. À se # Laut Cl Obfervations fais à MALTE. we. M. de Chazelles ne nous dit point dans quel endroit dé. la ville il a fait fes obfervations. + Pour la latitude avec le quart-de-cercle. Hauteur mérid, Demi- | Donc haute obf, vers le fud,| Réfraction,| Déclin, appar, | diam, ©,|appar, du polés 10 Ripel..... 454 37 25” [1 5”| 8435 40'A.l.......1354 482 ot 11 Bord fup.©]31. 21. 20 |—1. 40 |23. 7. S$SA.|16 20”|35. 49. 35 12 @ Cri... |57e 4 15 |—o.-43 | 2. 51. 25B.|......,|35. 4753 Rigel. .... 45e 37 25 |—1. 5 | 8 35. 40A.|.....2 55. 480 13*Procyon.… |6o. 11. 30,|—0. 38 | 5. 58. 15B.|....... 35: 47- 23 Bordfup.© |31. 13. So |—1. 40 |23. 15. 8A.]16. 20 |35. 498 z 14 Bordfup.©|31. 9. 30 |—1. 40 |23. 18. 26A.]16, 20 |35: so. 4 Donc par un milieu...... 35e 48: 34 Hauteur mérid, Donc hauteur obférv, vers le nord. | Réfraétion, Déclinaifon app, | apparenre du pole 2693. Déc. 10 PTE : 384 19° 40” Er 20. 874 40° o” 354 53’ 20" y Caffiopée.|66. 56. 45 0. 28 59 40156. oz B Urfæ min.|21. 25. 25 |—2. 43 |75. 23. 42 |35. 59. 0 12 la Polaire. .|38. 19. 40 |—1. 20 |87. 40. o |35- 58. 20 Donc par un milieu...#. 35. 59 © La moitié de [a différence entre ces deux déterminations moyennes, donne $” 13” pour l'écart de J'axe de la lunette du quart-de-cercle à l'égard du commencement des divifions. Cet écart faïloit paroître les aftres plus bas qu'ils ne l'étoient réellement , & doit s’ajoûter aux hauteurs obfervées. Le milieu entre ces deux mêmes déterminations moyennes, . eff la véritable hauteur du pole, qui réfuite de toutes ces obfer- 4 vations, c'eft donc 3 54 43 47". Dominique Caffini dans un écrit de fà maïu ,que M. Maraldi m'a er D ES 1 SICULME NC Es. 14 “ri m'a communiqué, avoit trouvé par la différence des hauteurs _ dela Polaire & de Rigel, obfervées à Malte telles que je viens @ de les rapporter, & à Paris, l'une de 514 11° 5”, & l'autre ‘4 - de 324 36° 20", que la latitude véritable de Malte étoit _ 3553 25",& l'erreur du quart-de-cercle de M. de Chazelles n “da 54"+ à | _ En 1708, le P. Feuillée étant à Malte, tout proche de l'églife de Saint Jean, trouva par plufieurs hauteurs méri- _diennes d’Etoiles & du Soleil, que la latitude de Malte étoit 35454 33" *. Pour la Longitude. Hauteurs correfpondantes du bord fupérieur du Soleil, Temps du matin Temps du foir ï 69 3. a l'horloge, | Haureur obfervée,| à l'horloge, | Midi moy, à l'horl, | Déc. 10...9h 5° 38"| 17150 |3" 3° 37"| oh 4° 374 Mo 9420 18.20 |2. 59. 57 38 + 9: 16. 47 19-1200] 2605 2026) 36% É 49. 20-138 19. 50 |2.48. 32 35 F# s NOTE TNA o. 4. 36,8 Équation. .. —+ 3,6 | À Midi vrai corrigé. .... O. 4. 40,4 : M, de Chazelles ôta 4’ of! de fon horloge ; ainfi on ne doit L compter le midi vrai pour le 1 o Déc. qu'à oh o’ 40,4. DR Déc 11. 9" 34 48229 to o'f2h24 "ri 59° 25°£ 9+ 39. 2 |22. 40. oO |2. 19. 46 24 9. 43: 25 |23. 10. 20 |2. 15.21 23 9+ 47. 57 |23- 40. 25 |2. 10. 52 24 & Milieu et II. 59. 24,1 Équation. . se. 353 Midi vrai. ..... TI. 59. 27,4 Déc, 13...9h 32° 26"] 21450 [2"25 28"|r1" 58 57” TI NL ME CR PE ON PES EE 55 avancé l'index NTileut Es 11, 58-565$ Équation.. UE 2,6 Midi vrai. ..... 11. 58. SI Mém. 1761. .T de l'horl é Hanbse de 92 41e 3] 22. 50 |2. 16. 52 s7 £ * Voy, Le Rec, imprimé de Jes Olfervarionse 146 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le 11 Décebre à $h 50’ $4” du matin à l'horloge, inmerfion du premier Satellite dans l'ombre de Jupiter , obfer- vée avec une lunette de dix-huit pieds, ajoûtant 14" ,-on a Je temps vrai de cette immerfion à $h 51 8”. A Paris,on obferva l'immefion qui fuivit celle-ci le 12 Décembre à 11h 30° 2 3" du foir. Or felon un calcul exact fait fur les Tables de M. Wargentin, à révolution du Saellite a dû être de 1j 1 8h 27° 40": donc on eût obfervé à Paris l'immerfion précédente le 1 1 Décembre à $" 2° 43" de temps vrai du matin, ce qui donne 48° 25" de différence des méri- diens entre Paris & Malte. L'obférvation de fimmerfion du premier Satellite Le 12 Décembre, a aufli été faite à Malte à 12h 18° 2 5" à l'hor- loge, & par conféquent à 12" 18’ $o" de temps vrai, mais M. de Chazelles dit que de foibles nuages qui ont pailé dans le temps de cette éclip{é, en ont rendu l'obfervation moins certaine. [la même corrigé fon manufcrit original, en ajoûtant 10 f{écondes, comme s'il avoit oblervé à 12h 18° 35" de fon horloge. Dans le manufcrit de Dominique Caflini, dont j'ai parlé, la différence des méridiens de Malte & de Paris a été conclue de 48° 25", en n'employant que cette dernière obfervation de M. de Chazelles: il y a cependant quelques négligences dans le calcul qui en a été fait. Quoi qu'il en {oit, fi on fuppole, en ajoûtant ro fecondes avec M. de Chazelles, que le temps vrai de cette immerfion ait été à Malte de 12° 19" o", & à Paris de 11P 30° 23", on aura pour la différence des méridiens 48° 37". Selon les Mémoires ou recueils d'obfervations du P. Feuillée, la différence des méridiens de Paris & de Malte eft conclue de 48° 25" par la comparaifon de deux obfervations immé- diates, & de 48" 48" par la comparaifon de l'obfervation d’une immerfion du premier Satellite, faite à Malte le 21 Janvier 1708 à 13°7' 44" temps viai,avec le calcul corrigé de la même immerfion fous le méridien de Paris, que le P. Feuillée trouve à 12h 18° 56" Or par un calcul fait fur es Tables D'E, SUO)@NMEUNIC ES I de M. Wargentin, en y employant une immerfion oblervée à Paris le 11 Février à 170 57° 1", par feu M. Maraldi, & une autre du 13 Février à 1 2h 25° 30” par M. de a Hire; l'immerfion du 21 Janvier eût dû être obfervée à Paris felon M. Muwaldi, à 12h 19° 28",ou à 12h 19° 36” felon M. de la Hire ; prenant un milieu, & le comparant au temps obfervé à Malte, on a la différence des méridiens de 48° 12". La moyenne entre ces quatre déterminations eft donc 48° 25", ce qui fe réduit à 124 6° 1 5°”, dont la ville de Malte eft plus orientale que l'Oblférvatoire Royal de Paris. M. de Chazelles avoit eflayé de déterminer les longitudes par les temps vrais des pañages de la Lune au méridien, il paroît qu'il en étoit convenu avec Dominique Caffini. H obferva en effet des hauteurs correfpondantes de la Lune le ro & le 12 Décembre. J'en aurois fait le calcul fi j'avois eu quelque obfervation de la Lune au méridien faite le même jour à Paris ou à Greenwich. Je trouve encore de femblables obfervations dans les manufcrits de M. de Chazelles à Alexandrie, le 8 & le 9 Mai 1694. Il fentit un des inconvéniens de cette méthode, c'eft qu'il arrive prefque toûjours quele bord fupérieur dont on a pris les hauteurs orientales, étant alors le bord éclairé, eft devenu le bord obeur, lorfqu'il s'agit de prendre les hauteurs occidentales, il en eft de même du bord inférieur. Pour le dire en pafant, la manière la plus füre de pratiquer cette méthode, eft de choifir fur la partie éclairée de la Lune une tache très-petite & très-diftinéte, d'en prendre des hauteurs correfpondantes, & de déterminer par plufieurs obfervations faites vers le temps du paflage dela Lune au méridien, l'inter- valle de temps entre le pailäge du bord précédent ou fuivant de la Lune, & celui de cette tache par un fil horaire. Obfervation de la déclnaifon de l'amant à du gifement du MoNT-GIBEL à l'égard du Fort SAINT-ELME de Malte. M. de Chazelles détermina le plan du méridien par deux Ti 148 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à-plombs éloignés de 70 pieds, dont le plan répondoit au centre du Soleil à linfant du midi vrai, connu par l'horloge bien régle. Ilappliqua le 14 Décembre à cette méridienne fa bouflole graduée, & un compas de variation: la déclinaifon de l'aïmant étoit de 94 1 $’ nord-oueft dans la première, & de 94 45° nord-oueft dans l'autre, Le même jour, la bouflole graduée étant placée fur la pointe du baflion qui eft fous le fort Saint - Elme, le fommet du Mont-Gibel où de l'Etna, reftoit à 204 25" nord-eft, Ôtant 9 15° de variation, refle 114 10° nord-eft pour le vrai gifement de cette montagne à l'égard de la pointe de la cité Vallette, où eft le fort Saint-Flme, LIT -Obfervation de la Larrude du Bourg de LERNICA en Chypre. Dans une relâche que M. de Chazelles fit en Chypre, il obfervale 29 Décembre 1 69 3,la diflance méridienne des deux bords du Soleil au zénith de Lernica, une de 574 48° 45", Jautre de 584 21° 30". Il y employa fon anneau aftrono- mique, lequel donnoit les diftances au zénith trop petites de 1'45"à 2 20°, felon les obfervations du Soleil faites à Malte en même-temps avec cet anneau, & avec le quait-de-cercle corrigé de erreur dont nous avons parlé. Suppofant donc la correction de 2 minutes, l'obliquité de l'écliptique alors de 234 28’ 46",& conféquemment la déclinaifon du Soleil Le 29 Décembre à midi en Chypre, de 23% 12° auftrale, on en conclut la latitude de Lernica de 344 57'+ | Ê À Obfervations faies à ALEX ANDRETTE. Pendant le mois de Janvier 1694, que M. de Chazelles féjourna à Alexandrette, dans la maïfon du Conful de France, à ce qu’il paroït, le ciel refla prefque toûjours couveït & pluvieux. Voici ce qu'il lui fut poflible d'obferver. D'ENS MOMCEATEINCC ENS, 149 Pour la Latitude avec le quart-de-cercle. Hauteur mérid, Hauteur appar. I 69 4° obf, vers lenord, | Réfraëtion. | Déclin, appar. du pole, Janv. 9 Ia Polaire... ...... 394 1 o"f—1'22"|87140" o'| 364 39 38" _B de la petite Ourfe. .|22. 6. 30 |—2. 40/75. 23. 40 | 36. 40. 10 20 B de Ja petite Ourfe...|22, 6. 30 |—2. 40175. 23. 40 |36. 40. 10 Meet 36.40. o Haureurmérid, É 4 Derni - diam. | Hauteur appar. 1 694 obf, vers le fud, Réfraëtion, | Déclin, appar: | du Soleil, du pole, Janvier 9 x d'Orion.... 434 40 o"|—1 10"| 949 7'A.|......... UNE æ d'Orion....| 60. 47. so |—o. BAIN 7 LOI 0)B1 ETES 36 31. 7 Sirius... .... 37- 10. 50 |—1. 27 |16. 19. oA.l......... 36, 31. 37 20 Rigel....... 44 55e 30 |—1. 6 | 8. 35. 40A.1......... 36» 29. 56 24 Bord fup.©...|34. 45. 25 |—1. 28 19. 2: 30À.|—16 18136. 29. sx 29 Bordfup.©...136 2, 17:|—1, 25 |17: 44 35A.]—16, 18 |36. 30, st NEUTRE 36, 30. $$ IL réfulte de ces obfervations que la vraie hauteur du pole à Alexandrette eft de 364 35° 271, & que le quart-de- cercle baïfoit de 4° 32"21 M. de Chazelles obferva les hauteurs méridiennes du Soleil avec fon anneau aftronomique. En voici le détail & les calculs. Diflance app. | Demi-diam, dubord fip. © | Réfratt, à Déchinaifon Haur, appare au qénith | Parallaxe, apj'ar, du pole, 1694. Janvier 81584 26° | 18° |224 10'A 361 34° 9158. 16 |+ 18. |22. 1,2 36. 32,8 13157394 IT, 18. ar. 2254) 36. 34,6 A 14157: 28 |+ 18. |2r. 11,6| 36. 34,4 IDNSZLA7 M 18. l2r. *o4|36 34,6 20/56. 15 + 17,9|19. 58,7 36: 342 23155+ 33/7|+ 17:9/19. 17,236. 34,4 24155: 18,7|+ 17,9[19. 2,5 36+ 34,1 Février 3152. 33014 177116. 18,8]36. 33,9 Milieu et its 36. 34,1 D'où lon .voit que cet anneau donnoit les diflances au zénith trop petites de 12 environ, T ii 150 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Pour la Longitude. Hauteurs correfpondantes du Soleil, prifes avec l'anneau aflronomique, Haur, | Soir. Midi moyen, = Matin. 2o Janv. à 9h 4° 4" Bord (up. tie 2 ESS AT CO ITMETON 9. 8. 7 Bord inf. 2,154 HOT 9. 11. 23 Bord fup. 21,02 50: A160|0 UT ME 9 15. 32 Bordinf( 2. 46.-41 lo. 1. 6% NTIHEU. CEE GT-R OT Équation APNCIÈE —— 9,0 THAT AENNEUULE OO 5772 24 Janv. à 9" 24 52"Bordinf.[234[2* 37° 16"lo* 1 4" 928.018 Bord fup.(. 203 3-0 TER 9. 32. 48 Bord inf{ 2: 29. 33 lo. 1. 55 > 9. 36. 4 Bordfup.(, . $z-26.1)r lo. r° 2 Dao 9+ 41. 9 Bord inf. de: 2e lo UC RLE Milieu eee eee 0. 1. 6 Équation NUE _ 10,1 IMidivraiet res tete OO: H5S 9 M. de Chazelles fit enfuite reculer l'index de l'horloge de 1" 0”. 27 Janv. à 8* 33° 18" Bord fup. ae 2h2150448# nr so 8. 37. 1: Bordinf. 39-2245 (4m re 908 8. 40. 42 Bord fup.| ue 18. 26 |11. 59. 34 8. so. 3 Bordinf.| 19.13. 9. o |11.59.31* 8. 53- 8 Bordfup.(. 93: 5: 47 |11.59-27z 8. 57. 8 Bordinf( 37 2-10 | So 274 Hi TOEETS Ce II. 59. 32 Équation Fine à _— 10,7 Midiemral Heat... 11.59.21,3 29 Janv. à 9 7’ 50" Bordfup.|22440'|2ä 50°23"1|r1459" 6" avec le q.-de-cerc.O. 1142$...:+.:|23. 10 |2.46.47 11.59. 6 Milieu. ...... 11.59. 6,4 Équation Hentelers — 11,2 DES, S/CiLEUN C.E Ss. 151 Le 22 Janvier à 7h 15° o" à l'horloge, émerfion du troifième Satellite hors de l'ombre de Jupiier. Otant 5 6 fecondes pour la correction de l'horloge, on a le temps vrai de cette obfervation à 7h 14’ 4". Cette émerfion ne fut pas obfervée à Paris, mais on y en vit une le $ Février à 121 $ 5" 40”: retranchant 14) 7° 57 48", intervalle de deux révolutions, felon les Tables de M. Wargentin, on a le 22 Janvier à 4 57 42", temps vrai de l'émerfion du troifième Satellite, & la différence des méridiens qui en rélulte, eft de 21 1 6 12". Le même jour à 8h 42’ 50" à l'horloge, émerfion du premier Satellite; ôtant $6",on a le temps vrai à 8h 41° 54”. Mais cette correction de l'horloge eft un peu douteufe, à caufe de la marche de fa pendule qui paroit irrégulière dans linter- valle: car du 20 au 24 elle n'a retardé que de 1,3, tandis que le temps vrai a dû avancer fur le moyen de 1° 1"+, elle a donc retardé à proportion de 15 fecondes par jour: & du 24 au 27, l'horloge a retardé de 34”.4, tandis que le temps vrai a avancé fur le moyen de 37”,5 ; donc l'horloge a retardé de 24 fecondes par jour. Quoi qu'il en foit, on obferva à Paris une émerfion du premier Satellite de Jupiter, le 20 Janvier à 11° 57° 40" avec une lunette de 34 pieds: fi donc on y ajoûte 3 0” pour la différence des lunettes, & 15 18h 28° 1 3" pour une révo- lution fynodique, felon les Tables de M. Wargentin, on a le temps vrai du premier Satellite de Jupiter à Paris le 22 Janvier à 6626" 23°; & par conféquent, la différence des méridiens *ERCURANES Le 27 Janvier à 16h 6° 32" à l'horloge, émerfion du premier Satellite de Jupiter, dont les bords font ondoyans: Ja correction de l'horloge étoit de + 47"; ainfi le temps vrai à 16h 7° 19". Cette émerfion auroit paru plus tôt, fi Jupiter eût été moins engagé dans les vapeurs. On peut fuppofer que le temps vrai a été à 16" 7° 00”. À Paris on obferva une femblable émerfion le $ Février à 10h 13° 22",avec une lunette de 34 pieds: ajoûtant done 30" pour la différence des lunettes ,& Otant 8j 20h 22° 39" 152 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE pour la valeur de cinq révolutions , on a le temps vrai à Paris de l'émerfion correfpondante à celle qui fut obfervée à Alexan- drette le 27 Janvier, à 13h $1° 13”, ou bien au 20 Janvier à 8h 58" r0",temps réduit d’une émerfion obfervée à Paris, ajoûtant 7j 1° 53° o” pour quatre révolutions, on a le 27 Janvier à 13° $1° 10"; d'où il fuit que la différence des méridiens de Paris & d’Alexandrette feroit de 2h 15" 47”, ou de 2h 15° 50". On peut donc,en prenant un milieu, établir la différence des méridiens de Paris & d’Alexandrette,de 2h 1 5" 40”, qui font 54 se La correction de 3 o fecondes que j'ai employée pour réduire les obfervations des Satellites, faites à la lunette de Campani de 34 pieds, eft fondée, felon M. Maraldi, fur un très-grand nombre de comparaifons d’obfervations faites en même-temps à l'Obfervatoire royal avec cette lunette, & avec d'autres de 17 à 22 pieds. Ce n'eft pas ici le lieu d’en rapporter les détails. Déclinaï[on de l'aiguille aimantée, avec quelques relévemens. M. de Chazelles trouva le 3 Février 1 694, que fa bouflole graduée donnoit la déclinaifon de 144 1 5” nord-oueft, & fon compas de variation 149 30°. H releva, de la maifon Confu- laire, les points fuivans corrigés de la variation. Les colonnes de Jonas. ................ 263 40° N.E. Bayafle, par une pointe qui eft une lieue en deçà. 8. 10 N.E, Le plus haut d'une pointe ifolée de l’autre côté du golfe. ..4#.,..t..n.tve . 66. 30 N.O. Le cap Curco..................... 77. 50 N.O. Le cap Canzir.................. AL OC ON OR I V. Obfervations faies à D'AMIETTE, Pendant quelques jours que M. de Chazelles refla à Damiette, il n'obferva que la latitude de cette ville avec fon anneau aftro- nomique , & la déclinaifon de l'aiguille aimantée qu'il trouva entre ar ones Sc BUNaceER on À 263 ente 124 30’, & 134 o' nord-oueft, par les amplitudes du Soleil. NN A7 EEE 5 ae | Al ae Déclinaïfon apparente Haur, appar É au gémith, | demi-diam, © du Soleil, du pole, 1694 Mars | 21374 56,2|4 17,1 | 68 56',3A. 312170 HU Soie ro ['e 370 [3 2120 pra 9135. 18,7 [+ 17,0 | 13,6 NÉE ET INCARNE RENTE A PAS 31e 20,I Corr. de l’anneau, . .+ 1,5 Hire Latitude véritable, . .. 31, 21,6 V. NA Obfrvations faites au CAIRE. M. de Chazelles féjourna au Caire, dans la maifon Confülaire de France, entreile 18 Mars 1 694 &.le,r10 Avril. Les fils placés au foyer de là lunette de fon quart-de-cercle, furent brifés par la chüûte de cet. initrament le x 9, Mars;'il fallut en fubftituer d'autres, ce qui changea la pofition du rayon vifuel, flon lequel on prenoit les hauteurs avant cet accident. Je trouve fur le regiftre original de M. de Chazelles, qu'il a, changé les nombres qu'il avoit écrits d'abord, en rapportant les hauteurs méridiennes obfervées les. 20, 2 5 -& 2 3 Mars, & qu'il y a ajoûté 4 minutes, foit qu'il ait été obligé de changer où de redrefler ‘les’ houveaux fils, & qu'il ait remarqué : qüé ‘cela produifoit une augmentation-de 4 minutes dans les: hauteurs, foit pour quelqu'autre raifon qu'il n'a pas (cru néceffaire d'être rapportée. Quelle-qu'ait été cette raifon, je ne: mettrai pas ici ces nombres corrigés; ni ceux qu'on peut encore deviner avoir | été écrits d'abord >mais feulement.ceux qui font fans rature dans les jours fuivans, parce qu'ils font fufhfans, NS NUE Li AE atom trot sdnerrestlosnd ) | » mofoN 4 Po cipolauuiiiis H Aus oil not 5h hucpesineng 2l en ; " : + À # D 8 1415100 à 2U8)5b 29%b 12V HONG" SE :. Mém. 1761. e V 154 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALr Pour la Latitude avec le quart-de-cercle. 1694 Het lo Déc ppareme.| a pale Mars 24 telnet 504,36" 35'|— o° 37"|19433" 23"A.|2094 50° 39" .. Bord fup.©|62. 52. 40 |— 16. 35 |2. 27. $$ B.|29. sr. 50 CN NN AP STE! 63. 38. 30 |— 16. 33 |3. 14. 45B.|29. 52. 48 31: te eipEe 64. 48. 20 |—wm6. 31 |4. 24. 30 B.|29. 52. 41 AV 3- cer 65. 57: 30 |— 16. 28 |5. 33. 35 B.|29. 52. 33 sr en 66. 43. 30 |[— 16. 27 |6. 19. 10 B.|29. 52. 7 Milieu." 29. 52 6 Vers le nord, Mars 24...laPolaire...|27. 55. 25 |— 2. 3 (87. 39.45 |30. 13.37 n gr. Ouife.| 69. 24: 30° |— 0.24 |50. 50. 54 |30. 15. 0 Milieu. ..... 30. 14: 182 Le milieu entre‘ces deux déterminations, donne 304 3° 12° pour la hauteur vraie du pole, & 11° 6" pour la correction du quart-de-cercle, fouftraétive des hauteurs obfervées avec cet inftrument. L'anneau aftronomique fut employé aux obfervations fui- vantes du bord fupérieur:du Soleil dans le méridien. at dm | Débit ae pole Mars oi NE 299415 |+ 16',7|+ of 30°B.| 3042 CAC PT Tone Ne 27. 40 |+ 16,6|+ 2. 4,4130. 1,0 AIRE 6 SC à 27. 18,5|+ 16,6|+ 2. 27,9|30. 3,0 Milieus 1.1. 30°:2,3 Correction. . . +, 1,5 Donc hauteur vraie du pole .. 30. 3,8 Pour la Longitude. L’horloge de M. de Chazelles marcha fort irrégulièrement dans les premiers jours de fon féjour au Caire. Il eft inutile de le prouver par des détails d'obfervations réduites, -Mars à 10h 49 D\ EX 51 ISCYÉE NC Ce EE » : 155 Le 23 Mars à 12h 36° 38" à l'horloge, laquelle avançoit alors par jour d'un peu plus de 3 minutes, émerfion du premier Satellite de Jupiter, & à 13" 17" 1 3", hauteur apparente de la Lyre. Vers l'Orient, AUTO: corrigeant cette hauteur pat — 10° 58", erreur du rayon vifue, & — 1° 45" réfraction : fuppofant de plus Fafcenfion droite apparente de {a Lyre, 2764 38° 56", felon les obfervations de M. de la Hire, faites dans ces temps-là, & que j'ai réduites avec le plus grand foin, & la déclinaifon 384 3 r'-$ 3” que j'ai conclue de mes obfervations des diflances de cette Étoile au zénith de Paris, faites depuis 1739 jufqu'en 1761: employant encore la hauteur du pole 30% 3° ro", je trouve par le calcul que la Lyre étoit éloignée de 7 14 24’ 2 du méridien, & qu'enfin Theure vraie au moment de l'obfervation de fa hauteur , étoit x RON) 3; d'où il fuit que l'horloge retardoit alors de 9° 49° +, & par conféquent de 9’ 47" au moment de l'obfer- vation de l'émerfion du Satellite , laquelle arriva à 1 2h AG 18%") temps vrai. M. de Chazelles eftime qu'on en peut ôter 7 ou 8 fecondes, parce qu'alors Jupiter étoit près de l'horizon. Soit donc fuppolé 1 2h 46! 1 8". Depuisle 16 Mars jufqu'au 24 Avril, on n'obferva aucune éclipfe de Satellite: à Paris, on y obferva une émerfion du premier, le 16 à 8h 52! 41" avec une lunette de 34 pieds, laquelle Feût été à 8» s2' 11”avecune lunette de 18 pieds. Le calcul des Tables de:M. Wargentin la donneà 8 $2 14" Le 24 Avril à 7t 36! 8", on obferva à Paris une émerfion du même Satellite ; Ja longueur de k lunette n'eft pas {pécifée, on remarque . feulement :que le crépufcule étoit encore fort grand. Le caleul des Tables de M. Wargentin donne 78 36’ 10" pour l'inflant dé l'émerfion; ainfi on peut employer ici le calcul de ces Tables, à la place des obfervations. Céla polé, felon ces mêmes Tables, l'émerfion correfpon- dante à celle qui fut obfervée au Caire, a dû fe faire le 2 3 32" à Paris ; donc différence des méridieas entre Paris & le Caire, 14 56 46”. ) Î Vi Temps à l'horloge. | Haur, of. 10" 10. TORTUE NTISE 156 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Hauteurs correfpondantes du bord fupérieur du Soleil. 1694 mi Hauteur obferuée, Be Midi moyen, Mars 2518 56° 3o|4rt 30° 4512" 35° o'l11" 45° 45 ; LAN LEE 4te,59: 15 |2: 32. 29 |11.,45: 40 + Diarra 42-2100 0) 12. 210 Nail LAISLIARTE 9.27,352+147-120e 10 12., 3. S2/Ü1r.,45: 434 A Re M era Et ; compter,oh 0! 33,6 pour le midi vrai. quation.… — 931 ” dt be Al . Midi vrai. «. 11. 45. 3336 Mars 2 6/94 215201 [454 lo. !oll2. 306. 6 |1r. 57. 43 SUP HOIE pt2%4 $70|45.130. 0 |2. 27. 28 |rr. 57.422 HETSDA PO OPEN IAIS 7 50 30 2e "244046 1 0571142 9.133. 249146. 30. Oo [24 22: oO [11. 57. 424 dit Milieu: 2 11. 57. 430 Équation… NE - 8,8 r ! Le 25 Mars au foir,à 7" i4! Midi vrar.s. I: 5703402 5 6" à l'horloge, PREPA | du premier Satellite de l'ombre de Jupiter, cette obfervation eft marquée exale. Ajoûtant 2 1 fecondes pour la correétion de l'horloge, on a 7° 15° 17" pour le temps vrai dé cette émerfion ;-elle a dû arriver à Paris ,-felon dé calcul, à 5h. x 8” s1";ainfi la différence des méridiens feroit de 11 56° 26". Le 31 Mars au matin, M.de Chazelles obferva les hauteurs du bord füpérieur du Soleil, &. ne put avoir les correfpon- dames, je les aï calculées comme Haureurs vraies du cenrre, s’ 56” 8. 53: SD AO Se 2 4,22; s4 10 |53.,42: 12 s4.040 |54 12642 Aiïnfi le 31 Mars à > l'horloge retardoit de (e) [e] [e] # 4+, 22° I Déclin, boréale du Soleil, sor|rof, 18° See T2 55 oh 11° de temps vrai du matin, ! 22", Par trois hauteurs correfpon- il fuit. Donc heure vraie | Diff ou Cor, du \matin, de l'horloge. L71 | eu 2Ne2REe 10. 11. 16 | 2. 222 10. 14. 18 [+ 2.122% 4 dantes prifes le 29, & qui s'accordent fort bien , l'horloge avançoit à midi de 3° 21". ni prs ScrénNces 157 : Le 3 Avril, M. de Chazelles obferva les hauteurs corref- pondantes du bord fupérieur du Soleil, comme on les trouve ici, An Haut, obferv. bi Midi moyen, Aol27 1 "71 40t8r0 M2 ox GR IT LS TT 9.132133 Pa TOR IN SOIT D. 460 Milieu. . . Ur ET Equation... — 7,6 Nrdivears ant 48-06 T0 Dans les deux manufcrits de M. de Chazelles, la première Hauteur obfervée eft marquée à oP 27° 27"; mais c'eft une faute manifefle de copie: il eft facile de prouver que dans le premier brouillon de M. de Chazelles, ifa dû y avoir 0" 277", & que le nombre 27 des minutes a été répété en copiant ies 7 fecondes: car {1 on fuppole que lon doive lire oh 27° 27", les 2 0 fecondes de plus dérangent tout l'accord des obfervations précédentes & fuivantes, le Soleil auroit employé le matin us" 6" de temps à monter d'un degré, & le foir $° 18" dans ka même circonflance: mais ce qui eft une preuve très-fenfible de ce que j'avance, c'eft que M. de Chazelles fuppofe dans {on calcul que de midi moyen étoit à la pendule à 11} 48" 13", tel que je le mets ici, au lieu qu'il auroit dû le trouver à 11F 48" 18'+,sil avoit employé les nombres qu'il a copiés fur fes regiftres, d'où il paroît que le calcul de ces regiftres eft -tranfcrit d'après un brouillon original, qui nétoit vrai-fembla- blement qu'une feuille volante qu'on rejette après l'avoir copie, Matin. AE of. Soir. ; Midi moyen. Avril 8... 8h 54 so'r|4od 50° |3h 51° 39" OM 8. 59. 44 [ær. So |3.. 6: 51 |o: 3. 172 9-24 10, [42u204|3:0 4224 lo. 13 17 9e 4: 362142: 50 |3- 1. 56 |o- 3. 167 M. de Chazelles avoit avancé le matin fon Men. 2" 0." 3. 16,4 horloge de 1 5 0”, & changé les fils du foyer É : di de la lunette de fon quart-de-cercle. Equation... . HAUT 2 Nidiivrans los NO “Le a% Avril à 9% 6" 9" à l'horloge, émerfion du premier | V ïj 158 MÉmorres DE L'ACADÉMIE RotALE Satellite, H faifoit un vent du nord qui agjtoit un peu la lunette, La correction de l'horloge en employant les obfervations du 31 Mars & du 3 Avril, eft de 6" $ 3" additive ; ainfi le temps vrai de l'émerfion feroit à 9" 1 3° 2°; mais en employant les midis vrais obfervés le 29 Mars & le 3 Avril, on auroit 9" 13° 7". On voitdans le premier regiftre de M. de Chazelles, qu'il avoit écrit le moment de fon obfervation à 9Ë 6e, au lieu de 9" 6° 9" qu'il a écrit fur le fecond regiftre, Quelque raifon qu'il ait eue de faire ce changement ,nousnous y tiendrons, & nous fuppoferons le temps vrai de cette émerfion à 9h 1 3" 2°. Selon le calcul, elle a dû être obfervée à Paris à 7h 16° 9"; donc la différence des méridiens de Paris & du Caire, eft de 16936 Le 8 Avril à r1hr1 5 2" à l'horloge, émerfion du premier Satellite de Jupiter, la correction de l'horloge eft — 1" 45"; donc temps vrai 1 1h 1 0° 7" à Paris, felon le calcul 9h 1 3’ 24"; donc différence des méridiens 1° 56° 43". En prenant un milieu entre ces quatre déterminations, da différence des méridiens feroit de 1h 56" 42"; mais parce que lobfervation du 25 Mars, qui eft marquée exacte, la donne un peu plus petite, on peut la fixer à 1" $6° 40”, ce qui vaut 294 10", dont le Caire eft plus oriental que Paris. Déclinaifon de l' Aiguille aimantée. Le s Avril, M. de Chazelles trouva que l'aiguille de fa bouflole graduée, déclinoit de 124 1 $" nord-oueft, & celle de fon compas de variation ,de 1 34 0” nord-oueft. Obfervations pour la pofirion à les dimenfions d'une des pyramides voifines du Caire. M. de Chazelles ayant obfervé du haut de la maifon Confülaire de France au Caire, que le fommet de la plus voifine des deux groffes pyramides, qu'on appelle des pyramides de Gize, à 7 ou 8 milles du Caire, reftoit à 1104 40 du nord de la bouflole vers l’ouelt, & le château du Caire environ au a D'Es) SCT R N CES 159 fud, il alla le 6 Avril obferver fur cette pyramide avec fa bouflole graduée , qui déclinoit de 124 1 5" au nord-oueft; & de fon fommet, il prit les relèvemens qui fuivent. Entre le nord de la Bouffole & le minaret 2 © D ] ; de Ia mofquée, tout proche de la maifon ne sfr pr Confulaire de France............. : 69% 30/57 15"NLE. Et le plus gros minaret du Caire vers le bhatéante RENE ro DRE Ac Lee 78. 15 |(66, o.N.E. Et le château du Caire. ......,..%. 79. 35 [67-20 N.E. Entre le gros minaret du Caire & Ia pre- mière des quatre pyramides d4 fud... 80. o |34 0S.E. Etéla feconde. .:\..12))2frimpnous tale , 80. 40 ,33- 20 S.E. Et {a troifième, qui paroît écrafée & large Dar la bals als LUS Cr n-r- .... 81.25 |[32. 35S.E. Et a quatrième... ............... 22e, s SE Et la tête du Sphynx.....,......... 78. 30 |35: 30S.E. Et là première des deux pyramides.cu fud des /Bouffole-n 1e MER O Ie SAUrP6 as NE. IRTAMIECON CES PM. AR te 97. 30 |16. 30S.E. Et la plus groffe pyramide voifine. . ... 159. 50 |[45. 50 S.O. Cette dernière pyramide eft la feconde des deux grandes pyramides de Gize; c'eft celle qui n'eft pas ouverte, qui eft un peu plus haute que celle de la flation, qui eft terminée en pointe, & qui eft entourée d'un foffé, fur trois de fes faces. Derrière celle-là, & au fud, tirant un peu vers l’oueft, eft une moyenne pyramide au de-là de laquelle font encore trois autres petites pyramides dirigées de feft à l'oueft, fort proche les unes des autres, & de la moyenne. A l'égard des fix autres pyramides dont M. de Chazelles donne ici les gifemens, il n'eft pas aifé de les diftinguer: je n'ai pà trouver de plan où ces pyramides foient toutes placées. Celui qui eft à la page 40 du premier volume de Richard Pococke, ne m'a fait reconnoître que les deux que M. de Chazelles indique par /a première &7 la feconde des deux pyra- mides du fud de la bouffole ; elles {ont marquées par L & K dans le plan. La moyenne dont j'ai parlé plus haut, y eft 60 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE défignée par !, les trois petites voifines par O, O, O, & la feconde des grandes pyramides par D. M. de Chazelles ayant appliqué fa bouffole graduée, dont l'aiguille étoit longue de 4 pouces, fur les faces de la pyramide où il avoit obfervé, trouva, ayant évard à la déclinaifon de l'aimant, que ces faces étoient nord & fud , eft & oueft, autant qu'il eft poflible de le déterminer,avec une pareille bouffole, ce qui lui paroït une belle preuve de l'immobilité de la ligne méridienne, puilque les pyramides ayant été bâties long-temps avant l'invention de li bouflole, ne peuvent avoir été ainfi orientées que par des obfervations aflronomiques , indépen- dantes de la déclinaifon de l’aimant: M. de Chazelles ajoûte fur fon Journal, « on a mefuré » actuellement avec un cordéau la largeur d'un des côtés de la » bafe qui a été trouvée de 690 pieds, & la longueur depuis le » fomimet jufqu'à un des angles en bas, 640 pieds. Et comme » il manque de la pointe quatre à cinq toiles, (il avoit écrit cinq » à fix toifes, mais il la corrigé) & que le côté de la bafe a » été mefuré fur un terrein inégal relevé vers le milieu de la » pyramide, on doit calculer l hauteur & la folidité de la pyra- » mide fur 660 pieds (il y avoit 690, il a corrigé leo) pour » le côté de la bafe, & ayant pour les faces quatre triangles » équilatéraux , ainfr qu'il a paru par lobfervation de l'angle fur la baf, qu'on a trouvé de 60 degrés environ. » Tels font les termes du texte original de M. de Chazelles, avec les corrections qu'il y a faites lüi-même, d'où on peut conclurre que les mefures qu'il donne n'ont pas été prifes par lui-même, & qu'il y a encore de l'incertitude fur les vraies dimenfions de ce fameux monument *. :M. de, Chazelles a calculé que fà hauteur perpendiculaire étoit de 77 + toiles. * Cette mefure des pyramides eft | Thévenot, ni celles de le Bruyn, vrai-femblablement celle du P. Ca- | ne’s’accordent point avec celles de pucin françois, qui dit les avoir | Greaves dans {a Pyramidographie. mefurées. Ses mefures, ni celles de j VL SR . VEMENS. DES SCIENCES *éi VL Obfervation de la Latitude de ROSETTE. “En pañfint du Caire à Alexandrie, M. de Chazelles afla obferver à Rofette, avec fon anneau aftronomique, la diflance du bord füupérieur du Soleil au zénith à midi le 14 Avril 1694, & la trouva de 214 30°: ajoûtant 16 20”, tant pour le demi - diamètre que pour la réfraction moins fa paral-- axe, 1°2 pour l'erreur de cet inftrument, & 94 38" za pour Ja déclinaifon du Soleil, on a 31426 20° pour fa ktitude de Rofette à la rive droite de la bouche occidentale du Nil. 'oi À Obfervarions faites à ÂALE X ANDRIE, Lieu des obfervations dr variation de la bouffole. On ne peut pas décider bien pofitivement où M. de * Chazelles a fait {es obférvations dans Alexandrie. Cependant comme il donne des relèvemens de plufieurs objets, pris d’un point qu'il appelle Æ milieu de la trrafle de la chapelle de l'Hofpice, y a apparence que c’eft à ce lieu qu'il faut rapporter les obfervations dont je vais rendre compte. Voici ces relè- Gifemens vrais, La colonne de Pompée gîta........,..,.......... DEN 4aŸ 575.0. Entre la colonne de Pompée (laquelle eft hors de l'enceinte fübfiflante d'Alexandrie, à une demi-lieue au fud du milieu de la ville) & le minaret d'une mofquée. . 644 15/|69. 125.0: Et la petite tour carrée des fignaux, fur là butte. .: 85. 35189. 28N.0. ÆEt la tour ronde ruinée icrenaux, qui paroît fort ancienne. 98. 30 76. 33N.0Q. Et fa ligne qui rafe le fond du port neuf... ......... 141. 30133. 33N.O. Et le minaret du château du fanal (autrefois le Phare) ..163. ol12. 3N.O. Et la pointe baffe du fanal..:...... SC TE PR ERAE 165. o,10. 3N.O. Et le minaret du petit Château.; de l’autre côté de l'entrée TE a MAO POSE 2 ESP RERRSR ET rERrt 208. 35133. 32N.E. Et le grand minaret de fa mofquée tout proche... 256, 10/81. 7N.E. Entre le nord de a bouffole, & le minaret du petit Château... 36. 45v, left. Pour déterminer la variation de fa bouflole, M. de Chazelles: Mém. 1761, XX 162 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE obferva le 1 1 Mai au matin ,que le Soleil étant à 26 degrés de hauteur, prife avec l'anneau aftronomique, fon azimuth à la bouflole étoit 97 degrés nord-eft, Or Yazimuth vrai ou calculé étoit 834 $ 3" nord-eft, donc la bouflole déclinoit de 1347’ nord-oueft. Le compas-de variation avoit donné l'azi- muth de 961 30° nord-eft, il l'avoit donné de 95 50" lorfque le Soleil étoit à 25 degrés, & de 954 0° lorfqu'if étoit à 24 degrés: d'où on conclut les variations refpeétives A2 oo 2: 12002 GR Par Un-hUliEU LA 3 ou en nombres ronds, 1242 nord-oueft, Ayant donc polé ces relèvemens fur le plan d'Alexandrie, publié par Pococke, lequel cependant ne peut être fort jufte, à caufe de l'impoffibilité de le lever géométriquement, ce que les Turcs ne permettroient pas; je trouve que le lieu défigné ar M. dé Chazelles, eft à peu-près fous le méridien de la colonne de Pompée, & très-vrai-femblablement fur le bord de la mer, à l'endroit où le port neuf s'avance davantage vers le fud & dans la ville, à une foixantaine de toiles à left de la droite tirée de la colonne de Pompée au château du Fanal, à égale diftance de ces deux monumens. Les angles ci-deflus fe rapportent affez bien fur le plan de Pococke, mais les gifemens vüs du point que j'ai défigné, ne s'accordent pas fi bien, Olfervations pour la Latitude. Hauteur mérid. | ; ME Donc haut, app. 1694: obferv, vers le fud, Réfraction. Déclinaifom du pole, Avril 22..7duCorbeau.|43" 5 20"— 1° 7154 50° 43"Al31* 5° 4° e dla. 49. 22. 45 [— o. 55 | 9.33 16 Al31. 4.54 Milieu.... 31. 4. 59 Vers le nord, la, Polaire..|28. 59. o |— 1. 59 |87. 39. sa B|3r. 17.17 » gr. Ourfe.|70. 27.20 |— 0. 23 |90. 51. x Bf3r. 17.58 Milieu. ... 37. 17. 39 La détermination moyenne donne 314 11” 19" pour k vraie hauteur du pole, mn nat, de. à VO \2.\2 CO CO CO co Dur SORENCES M. de Chazelles ayant enfuite mis de nouveaux fils au foyer de fa lunette, fit les obfrvations fuivantes. Haureur merid, ‘| Refrac, parall. 163 Haureur apyæ, 1694. obférs, vers le fud. | demi-diam, © . Délinaifon. du pole, Avril 23..}duCorbeau.|43% 2° 20"— 1° 7'|15%50°43"A.) 314 8° 4° 24...adu Lyon.|72. 18, 40 |— o. 21 |13.26.43B.|31. 8.2 AduLyon.|81. 4, 25 |— o. 10 |22. 11. 24B.|31. 7. 9 Bord fup.@ |[72. 12. 50 |—16. 5 |13. 4. 30B.|31. 7. ss 25:::Bordfup.@|72. 33. 25 |—164: $ 13.24. 28B.|3r. :6. 52 Mai 8...x Vierge. |49. 20. 35 |— o. 55 | 9. 33. 16A.|31. 7. 4 æScorpion.| 33. r0. 50 |— 1.40 |25.42. SrA.|31. 7. 59 9... Bordfup.©6|76. 41. 30 [—16. 7 17. 31. 54 B.]31. 6. 3x Milieu mer 31. 7. 30 fi Vers le nord. Avril 23...1a Polaire. .|28. 57. o |— 1. 59 |87. 50. 51 Bl3r. 15. 12 - 25...dduLyon.|09. 4.20 |-+ ©. 10 [22.11.24 B.l31. 15. 54 Mai 8...laPolaire. .|28: 57. o |— 1. so |87. 39. 55 B.|31. 15. 16 Bpet. Ourf.|45. 52. 35 |— 1. 4/75. 24. 24 B.]3r. 15. 55 NUE ee 31. 15+ 34 La détermination moyenne eft donc 314 11° 32", & l'erreur du quart-de-cercle de 4° 2" fouftractive. En prenant une quantité moyenne, à raifon du nombre des obfervations, la hauteur du pole à Alexandrie au lieu où M. de Chazelles a obfervé, at de 314 11° 28". Pour la Longitude. Le 24 Avril, M. de Chazelles prit avec fon anneau aftro- 41055 . “ 9. 22 Matin, h 2° 46" . 7. 29 Bord inf 34. . 4 37 Bord inf.|46. . 6. 40 Bord fup.|47. Haureu, Bord inf.| 334 0° Bord fup.| 34. o Bord fup.| 35. Q Oo oO Oo © Bord inf.|47. D 1 D ww 5 Lo CCC ere RC “x mins 3j L Le DS 8e A ,, RESUME TC RTS 5 11. 58: 22 11. 58. 4 — 6,8 11. 58. 41 Xi 164 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Par un milieu, le midi vrai à L 1h57 55,2, & comme l'index de l'horloge fut avancé ce jour-là après-midi de 2° a", il faut compter le midi vrai à 111 59° 5 5",2. Avec l'anneau aflronomique. Matin. Es Soir. Avril 25184 7° 47” Bord inf.|344 of | 3 so 12"|r11h 58° 59" 8. 9, 56 Bord fup.|35. 0 |3. 48. 71 |r1. 58. 58 = 8, 14: 28 Bord fup.|36. o |3. 43. 20 |11. 58. 54 . Milieu. ... II. 58. 57,3 Équation. . .. — 735$ Midi vrai.... Er. 58. 49,8 Le 24 Avril à 9" 26" 29" à l'horloge, émerfion du premier Satellite de Jupiter, la correction de l'horloge eft — 30”: donc temps vrai de l'émerfion à 9h 26° 59"; elle fut obfervée à Paris à 7" 36° 8”, la différence des méridiens eft donc 1h 50° 51"; mais comme le crépufcule a dû retarder un peu cette obfervation à Paris, on peut fuppofer 1h $ 1° o" pour la différence des méridiens. Le 25 Avril à 7h 33' 47" à l'horloge, immerfion du troifième Satellite dans l'ombre de Jupiter, la correction de l'horloge eft + 1° 31": donc temps vrai de limmerfion à 7 35 18". À Greenwich, on oblerva Fémerfion à 9! 6’ 18°: or par une immerfion du mème Satellite , obfervée à Greenwich le 2 Mai à 9" 34° 30", comparée à l'émer- fion que je viens de citer, M. Maraldi a conclu que la demi- demeure du Satellite dans l'ombre, a dû être de 1° 46” 21", & par conféquent limmérfion a dû paroïtre à Greenwich à $" 33° 36": ajoûtant 9° 1 5" pour la différence des méridiens de Greenwich & de Paris, on a $" 42° 51", temps calculé de l'immerfion au méridien de Paris : donc entre Paris & Alexandrie 1 52° 27" {lon ces obfervations; mais elles ne font pas affez certaines pour donner une détermination exacte, "D «ns SANTA EUN CE. Si, : 165$ Hauteurs correfpondantes du bord fupérieur du Soleil, prifes avec , le quart-de-cercle, Hauteur, 6 Midi moy, Mai 9...8h 59 5"|47* 40° 20"| 28 56° 48"|lrrb 57 56": 9. 1.26 [48. 11. oO | 2. 54. 26 |11. 57. 56 9e 3-45 [48. 40. o | 2. 52. 6 11. 57. 552 9+ 6. 52149: 10. 0 | 2.49. 48 |r1. 57. 563 " Milieu... .. 11.57. 56,2 Équation... — 42 Midi vrai... 11. 57. 52,0 Mai 10...9.' 2. 18 [48. 38. o | 2. $2. OS [r1. 57. 11 9. 4.45 |49- 10. oO | 2.49. 36 |11. 57. 10 9e 7e 5 [49. 40. o | 2.47. 19 |r1. $7. 12 9. 10. 59 [50. 30. © | 2.43. 26 [r1. $7. 12 & Milieu... 11 57.12 Equation... — 4 Midi vrai... 11. 57. 8 . Le ro Maïà 7h 44° 2 6” à l'horloge, émerfion du premier Satellite de Jupiter, la réduétion au temps vrai et + 3° 7"; donc temps vrai de l'émerfion à 7h 47' 33". . Cette éclipfe ne fut pas obfervée à Paris, mais on en vit une le 1. Mai à 9h 31° 51", & une autre le 17 à 7h Sa 29e par un crépufcule trop grand, pour que cette obfervation foit exacte , puifqu'il n'y avoit pas un quart - d'heure que le Soleil étoit couché. Auffi le calcul des Tables de M. Wargentin, qui n'anticipe que de 1 3 fecondes fur l'obférvation du 1. Mai, retarde-t-il de 1° 1 3” fur celle du 17. Nous füppoferons done encore que le calcul de ces Tables eft conforme aux obfervations qu'on auroit faites à Paris. x Cela poié, lémerfion du 10 Mai auroit dû étre vûe à Paris à 5h 56° 4", donc difftience des méridiens 1h Si! 29: Le 17 Mai, M. de Chazelles prit des hauteurs correlpon- dantes de l'épi de la Vierge, comme il fuit. X iüif 166 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE Donc pafage Haureur, au mérid, Mai 17.-.7" 12 49" 38% 40° |ri* 37 58"| "2323" TON 230 ET O0 tic N 2010. 125000 7.20. 59 | 39. 5o ui. 25.51 | 9.23. 2$ 7:24 32 | 40. 20 |11.22. 145] 9.23. 23 + Milieu... 9. 23. 24,3 Selon un grand nombre d’obfervations de M. de la Hire, faites dans ces temps-là, & réduites avec tout le foin pofñble, l'afcenfion droite vraie de « np, étoit le 17 Mai 1 694, de 1974172": ajoûtant 1 $ fecondes d'aberration & 1 $ fecondes pour la déviation, l'afcenfion droite apparente étoit 197% 17" 2". Celle du Soleil calculée fur mes Tables, étoit au moment du pañlage de l'épi de la Vierge au méridien, de s41 Se” SA donc fheure vraie au temps de ce pañlage, étoit 9" 29° 38,3, & l'horloge retardoit de 6" 14". Hauteurs correfpondantes du bord fupérieur du Soleil. Matin. Haueur, Soir. Midi MOYEN, Martens 2 Nino 2 MEN BE ri" 53 212 9: 18: 6) 153-040, | 2.:28.134 tr. 53-20 9:20. 295] 54 10 | 2. 26: 11 F|1r. 53.202 Milieu. .... 11. 53. 20,8 Equation... — 2,9 Midi vrai... 11. 53. 18 La pendule retardoit affez uniformément de 44 fecondes par jour fur le temps vrai. Le 17 Maiä oh 36° 3 5" à l'horloge, émerfion du premier Satellite de Jupiter. La correction étoit de + 6’ 16”, felon les obfervations du Soleil, & de + 6’ 14” felon celles de a np: prenant un milieu + 6’ LS le temps vrai de lémerfion eft à 9" 42° $0". A Paris, felon le calcul, elle a dû être vüe à 7" s1° 16"; donc différence des méridiens, ra SE 34". L4 mi ES SG ENG ENS 167 Obférvations des hauteurs correfpondantes du bord füpérieur du Soleil, re Hauteurs, Soir. Midi moyen, Juin 2...8h 29 30’ |4at4025"| "32 44" oùir 8.,31540143-10: 30 | 330: 23 lo. br. 82 8. 34. 14 |43- 47. 0 | 3.28. o | o. 1. 7 S Milieu RENE Co MANS Equation... — 2,1 Midi via... ©. 1. 94 Juin 3:..8.28. 32 |42. 40. 40 | 3. 32. 9 | o. 0.201 8. 30. 542143. 10. 30 | 3. 29. 46 | ©. 0.202 8. 33. 18 |43.41. Oo | 3.27. 25 | o. o.212 8. 35. 31 |44. 10. © | 3.25. 9 | o. oo. 20 Milieu. .... 0. O0. 20,6 Équation. . — 2,0 Midi vrai... o. o. 18,6 Le 2 Juin à 8h o° 3” du foir, émerfion du premier Satellite de Jupiter, la correétion de Fhorloge eft — $ o fecondes; donc émerfion, temps vrai, à 7h so" 13". A Paris, flon le calcul, elle a dû arriver à 6 7° 50"; ainfi la différence des méridiens feroit de 15 $1° 23" Prenant un milieu, on a pour la différence des méridiens entre Paris & Alexandrie, 1° $1° 21"+, qui valent El 50 20”. ï VIIE Obfervation de la Laïude de RHODES. Le 15 Juillet 1 694, la hauteur du bord fupérieur du Soleil fut trouvée à Rhodes avec l'anneau aftronomique , de 751 18"; la déclinaifon du Soleil étoit alors 214 29° o", fon demi-dianètre 1 5’ 49”, la réfiaction moins la parallaxe de 15 fecondes, & l'erreur de l'anneau une minute & demie, d'où il réfulte que la latitude de Rhodes eft de 36428'2, {lon cette obfervation, 168 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYAL?f FX Obfervation de la Latitude des D'ARDANELLES, Les obfervations fuivantes furent faites près du vieux château d’Afie, avec l'anneau aftronomique. Diflance du bord| Réfr, par. fun © au zénith, | èr demi-d, | Déclin boréale, | Donc laritnde, 1694. Août 22| 281 17,0 | 164 | 114 37,7 | 4oë 11°,1 23/28 35501|"16,4 | 11.117,30 40.08,7 Corr. de l’anneau. .. 1,5 Hauteur du pole au château d’Afe... 40. 11,4 Obfervations faies à CONSTANTINOPLE dans le Palais de France , au fauxboure de Pera. Pour la latitude. Hauteur mérid, | Réfr, parall, verbe Donc hauteur obferv, vers le fud.\ 7 ‘demi-diams | Péclinaifon. |obfèrvée du pole, Sept. 6...BduVerfeau.|42% 8° $o"|— 1° 12°] 6154 3"Al4oï 58° 19° 11...Bord fup. ©. 53: 39. 40 |—16. 40 | 4. 21. 20 B|4o. 58. 20 21.1 CHENE $3- 17. 10 |—16. 41 | 3. 58. 20 B|4o. 57. 4x LT AOTINeRE 52: 54 40 |—r16. 43 | 3. 35.118 Bl4o. 57. 13 PRO + Or Jells2. 32006. 44 NN 34112: 11,Bl404578%0 17. TER EU S122- 501] —716: 471 2.142430 B Cr TE EE so. 11. SO |[—16. jo | 0. 52.26 B|4o. $7. 26 2 Th ceci 49. 48. 35 |—16. $1 | 0.29. 2 Bl4o. 57. 18 D'or TRE RE EEE 49. 25.20 |[—16. 52 | o. 5.35 Bl4o. 57. 7 Rigel.:....{40.:28: 6 |— 1.17 | 8. 35. #1 Al40. 58. 16 Phomalhaut .|17. 51. 25 |— 3. 12 |31. 13. 45 Al40. 58. ,2 23...Bordfup. ©.|49. o. 50 |[—16. 52 | 0. 17. 52 A|40. 58. 10 CRE cr MANQ 2 48. 13. 30 |—16. 53 | 1. 4.45 Al4o. 58. 38 Mie et 40e 57e 41 Vers le nord. Sept. 6... gr Ourfe.| 14: 322 25 |— 3: 55 [63423 18! gr. 5.12 10... pet. Ourfe.|26: 31. 10 |— 2. 10 |75: 24: 341 |41. 4: 26 20...la Polaire...|43. 25. 40 |— 1. 10 |87. 39.48 |4r. 4.118 æ Milicu.... 41. 4. 39 Par DES SctréeNCESs 169 Par une détermination moyenne, on peut conclurre la hauteur du pole au palais de France, au fauxbourg de Pera à Conftanti- nople, de 414 1’ 10". On voit ainfr que le quart-de-cercle haufloit de 3° 29". Pour la Longitude. Hauteurs correfpondantes du bord fipéieur du Soleil. Donc midi | Donc minute moyen le 21.| du 21au22. négAe Matin. Soir. Matin, Sept. 21 à 6h 43° 3” |30d 10° |3h 15’ o5” Île 22 à 8h 46 59” |oh o’ 13"5:oh 1 r1"£ 8. 49. 9 |31. o |3. 12. 18 8. jo. 4 |o. o. 1410. TE 8. sr, 14/31. 30 [3. 975 Milieu. .,.. O4 O, F4slenOs Te 11,2 Équation... + 1$:24— 40,3 es Midi vrai. Minuit vrai. 0. 0. 29,3 © Or 3139 Le 21 Septembre à 17h 30° 1 5" à l'horloge, le premier Satellite cefla de paroitre. Il faifoit grand jour; ce qui rend cette opération douteufe, la correction de l'horloge eft — 32 fecondes, & par conféquent le temps vrai de l'obfervation CD AMEL Cette éclipfe fut obfervée à Greenwich à 1 $* 43" 0", où lon remarque que les vapeurs & le voifmage du limbe de Jupiter, rendoient ce Satellitedifhcile à diftinguer avant fon immeïrfion. La différence des méridiens, qui réfulte de la comparaifon de ces deux obfervations , eft 1° 55 43'- Si on en retranche 9" 15° pour celle de Paris à Greenwich, on a 1° 46° 28" entre Paris & Conftantinople ; & cette différence doit être à peu près exaéte, parce que les circonflances dans lefquelles les obfervations ont été faites à Conftantinople & à Greenwich, tendoient à peu près également à faire paroiître l'immerfion plus tôt qu'elle n'eft arrivée, Hauteurs du bord fupérieur du Soleil. Donc haur, vraie, Déclin, auf, | Temps! vrai | Doic er, du cenrre, du Soleil. |del’obfervarion.| de l'horl. [72 ! O&. 14|7" 58"28" 16410" o"|nst47 _0"|84 19° 30"|7" 57° 48"|L 40 8. 1.24 116.40. o |16.17. 5 |....:.:.18.10. 46 |+ 38 8.116.217 |19. : 6.20\[18. 4% souk...... .. 18. 15. 30 [+ 4r Erreur moyenne, TEA Mém, 1761, ea 170 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Hauteurs . correfpondantes. t: En Haureurs, Soir. Midi mayer, Odobre 15... 9h 6° 27264 30° |2h 54 Iy'iloh on 17 9. 10. 227. © [2. 50.:.33 |o. o. 17+ Milieu... o. o. 17,4 Équat. . + 67 Midi vrai... o. o. 313,1 4 LL Le 14 Oétobre à 17h 54° 35" à Fhorloge, on aper- cevoit encore, mais foiblement, le premier Satellite de Jupiter. A 1755 0", ne paroifloit plus, le vent agitoit de temps en temps la lunette. Si donc on fuppofe que l'immerfion s'ef faiteà 17" 54" 47" à l'horloge, dont la correétion étoit alors — 3 5", on aura le temps vrai de cette éclipe,à 17h $4'12". A Greenwich , cette immerfion fut oblervée à 1 5° $ 8 40", la différence ef 1h 55° 32", & par conféquent celle des méridiens de Paris & de Conflantinople, eft de 1 46" 17". Hauteurs correfpondantes du bord fupérieur du Soleil. Haüteurs, | id mo: Matin. { Soir, Mid Ars Octobre 23... 8% 54 38/22 20°|3" 8° 1" lol 1° 19% 80 8822/1013 AU AÆNIlIoNNrMetE 9. 1. 38 (23. 20 [3 1° .4 |o. 1. 27 Milieu . .…. OT. 055 Equat.... + 15,0 een eu | Midi vrai... 0. 1. 35,5 Le même jour à 14} 19° 20” à l'horloge, immerfion du premier Satellite dans l'ombre de Jupiter. La correction de l'horloge et — 1° 40", en fuppolant qu'elle ait été unitor- * mément depuis ler $ Oétobre, car je ne trouve aucune obfer- vation intermédiaire, relative au mouvement de l'horloge : donc temps vrai de limmerfion, le 23 O&tobre, à 14h ï 7 40", DES STE NCESs DA Sur le premier repiftre de M. de Chazelles, qui a fervi d'original au fecond , il paroît que Je temps à l'horloge de cette obfervation avoit d'abord été écrit 3h! 1 8 59". Je ne puis deviner la raïfon de’ ce changement, : Cette éclipfe ne fut obfervée ni à Paris ni à Greenwich ; mais fi on ajoüte 8j 20h 23° 14”, intervalle vrai de cinq révolutions, felon les Tables de M. Wargentin, au temps de lobfervation précédente füte à Greenwich le 14 O&obre, on aurà por le temps vrai de limmerfion du 2 3 Otobre, 12h 25 s 4"; ainfr la différence des méridiens de Greenwich & de Conftantinople feroit de 1h° 5 5” 46"; & en Ja rappor- tant à Paris, de 1" 46° 31". A Paris, on obferva une immerfion {e 30 Otobre, mais fort imparfaitement, à caufe des nuages qui cachoïient à tout moment Jupiter, & qui empéchèrent de diftinguer les bandes. On voyoit encore le Satellite à 148 2 $s 52”, & on ne le voyoit plus à 14% 27' 2". L'intervalle de cette éclip{e à celle du 23 OGtobre, étoit, flon M. Wargentin, de 7i 1 $4" 0"; ainfi la différence des méridiens eût été entre de 44 38" & 1P 45: 48". On peut donc fuppoler par une détérmination moyenne prife entre les trois premières, que h différence des méridiens entre Paris & Conftantinople, au Palais de France, eft de 1h 46" 25", qui valent 262 36’ 1 Sue Pour la déclinaifon de l Aisüille aimantée. Le 23 Oëtobre 1694, M. de Chazelles obférva que le Soleil étant à la hauteur de 21 degrés, fon azimuth pris au compas de variation, étoit 41 degrés fud-eft le matin, & 65 degrés fud-oueft le foir ; d'où il fuit que l'aimant déclinoit de 12 degrés nord-oueft, ce qui fut pareillement obfervé en relevant le Soleil à midi. La boufiole graduée ne donna ce- pendant à midi que 9 degrés nord -oueft, Y j 172 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE R REC APT TD LATE ON. Suppofant donc la longitude de Paris de 1 OYALE 91 53 45" à l'égard du bourg de l'ifle de Fer , on a les réfultats fuivans. VARIATION VILLES LONGITUDE, | LATITUDE, | 4e l'Aimanent 69 4s MALTE’: Se 32 040) 2 5 408 Mo ON O: DERNIGA TRAIT rENE 34+ 57+ 30 ‘ ALEXANDRETTE .|53. 48. 45 [36. 35. 27 |14 30 ,N.O. DAMIERTE:.. |... ..... 31. 21. 36 |12. 45 N.O. Le CAIRE.......|49. 3. 45 |30. 3. 12 [13 o NO. ALEXANDRIE....|47. 44 5 |31. 11. 28 |12. 30 N.O. RHoODES........ | RTE EL Et CONSTANTINOPLE 46. 30. Of41. 1. 10 [12 © N.O: Château d’ASIE aux DARDANELLES|.......... 40. 11. 24 % La X 2e ZT TS PIN, À ‘| 6 (En à ÿ à RE || Ets DE we &U CA AO % ê AN î DES ScrENcESs. 17% EUX PER ENNC. ES FAITES AU SUJET DE LA MALADIE DES CHEVAUX, NOMMÉE LA MORVE. Par M MALourIn. E Cheval mérite d'autant plus d'attention, que c'eft un des plus beaux & des meilleurs animaux qu'il y ait, & que c'eft en général le plus utile de tous; mais il faut beau- coup de foins pour le conferver : il eft très-fujet à être malade, tant par fa délicatefle naturelle, quoiqu'il foit fort, que par les exercices violens auxquels il eft expofé pour le fervice de homme; auffi dans tous les temps on a plus fait pour les chevaux & on s’eft plus occupé de leurs maladies que de celles de tous les autres animaux. La morve eft, de aveu de tout le monde, la plus perni- cieufe de toutes les maladies auxquelles font fujets les chevaux, puifqu'on l'a toûjours regardée comme incurable : jufqu’à préfent on n'a pas trouvé de remède für pour la guérir *. Ce qui la rend encore plus fâcheufe , c'eft qu'elle eft très-commune, parce qu'elle eft contagieule & parce que les autres maladies longues des chevaux, comme font la pulmonie & le farcin, caufent fouvent la morve ou finiffent par elle. . C'eft une maladie chronique; le cheval peut vivre très-long- temps morveux , même avec de lembonpoint , jetant d’un des nafeaux, quelquefois des deux, une matière qui a donné 1e * M. Bourgelat, Écuyer du Roï, | r5$7. Et M. de la Fofle, un des Correlpondant de 1 A cadémie royale des Sciences, a dit, en parlant de la morve; « cette maladie formidable > & rébelle, que jufqu’à préfent on n'a pü vaincre». É‘émens d'Hippia- érique , zome II, page 280, année Maréchaux du Roi, dit, « qu’il eft inoui qu’on ait jamais guéri un « cheval morveux»: 7raité für Le Jiege de la morve; approuvé par L Acar. démnie en 1749, page 6. Y ï 1.9 Avril 1761. 174 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE nom de AMorve à la maladie. Cette matière, qui dans les com: mencemens n'elt que glaireufe, devient plus épaifle & blan- cheître, enfuite elle eft grumeleufe & collante, puis elle devient - jaunâtre ou verdtre, & dans les derniers temps elle eft rouf- feûtre & quelquefois mêlée de fang. Les chevaux morveux font auffi ce que l'on appelle glandés , c'eft-à-dire, ils ont fous la mâchoire inférieure une, & quel- quefois plufieurs glandes enflées, douloureufes & adhérentes à la ganache du côté de la narine d'où ils jettent; & ceux qui jettent des deux nafeaux, font glandés des deux côtés: quel- quefois auffr ils ceffent de jeter d'un côté, & ils jettent de Yautre ; alors la glande du côté d'où ils ceffent de jeter, fe fond, du moins en partie ; & celle de Fautre côté d'où ils commencent à jeter, devient groffe, dure, douloureufe & adhérente. L'humeur de morve acquiert avec le temps, dans le pro- rès de la maladie, une fr grande âcreté, qu'elle corrode & ulcère les nafeaux d’où elle coule; & enfin elle devient fi forte dans la fuite, qu'elle pénètre les os mêmes, fur -tout les cornets du nez, dont le réfeau eft fort difpofé à {e pénétrer de cette humeur. i Lorfque la morve eft parvenue à ce degré d'acrimonie, l'odeur en ef très-fétide, & animal a perdu fa force & fon embonpoint; il devient chancelant & hideux à voir lorfqu'il eft prêt à mourir de cette longue maladie, La maigreur extraordinaire, la foiblefie & toutes les incom- modités qui réfultent de la mal-propreté & de la contagion de cette maladie, déterminent enfin à avancer la mort de ces chevaux ; ce qui fe fait cependant à regret : on a toûjours defiré ardemment de pouvoir remédier à cette ficheufe maladie d’un animal qu'on chérit & qui fouvent eft d'un grand prix. Quoique les diverfes tentatives pour guérir la morve aient été inutiles ,on n'a jamais regardé la chofe comme abfolument impoflible, & dans ces derniers temps nous avons fait aux Écuries du Roi de nouvelles expériences pour le guérir. I y eut en 1759 , beaucoup de chevaux atraqués de la morve; M." les Ecuyers du Roi, dont on connoit le zèle pour le DEUST STesTt Et Nic’Eus 175$ fervice de Sa Majefté & pour le bien public, prirent toutes les méfures que la prudence peut infpirer en pareille occafion, afin d'arrêter les progrès .de cette maladie & de tâcher d'y apporter remède, en profitant des lumières de ce fiècle; car, je le répète, quoique cette maladie ait toüjours été regardée comme incurable en général, on na jamais été abfolument convaincu qu'il fût impofñlible d'imaginer une méthode de la traiter, ou de trouver quelque remède plus efficace que ceux qu'on a employés jufqu’à préfent. Tous les Maréchaux du Roi, & quelques autres, furent confultés dans ce temps pour donner leur avis à ce fujet. I y a entre eux une grande différence de fentimens fur cette maladie ; les uns penfent que la morve des chevaux eft pro- duite par une corruption particulière, par une humeur puru- lente qui fe forme dans les vaifleaux mêmes contenant les liqueurs du corps de l'animal, qui peut conferver de lembon- point, comme Îles hommes cacochymes peuvent avoir de lembonpoint ; & ceux qui font de ce fentiment, imaginent que cette humeur peut fe dépofer dans toutes les glandes, qu'elle fe porte fur-tout dans celles de la tête, & particulièrement dans la membrane pituitaire, ce qui fait que l'égoût ordinaire de la morve eft par les nafeaux. Les autres au contraire, regardent cette maladie comme un vice local, comme un vice organique feulement , commie Faltération ou la corruption des parties folides d’un organe, comme un mal qui furvient à une partie, le refte du corps étant fain à l'ordinaire dans le commencement : enfin ïl yena qui difent que cet organe eft le poumon, que la morve eft la pulmonie des chevaux. Quelques-uns prétendent que ceft pluftôt la membrane pituitaire, que les poumons ne saffectent que dans la fuite, & que le cheval morveux devient enfin pulmonique par le progrès de la maladie, Il en eft auflr qui croient que c’eft tantôt l'une, tantôt l'autre de’ces parties dans différens chevaux ; dans quel ques-uns la membrane pituitaire,dans d'autres les poumons ; & ces Maréchaux prétendent pouvoir décider, à la vüe des chevaux 176 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE morveux ; laquelle de ces parties eff le fiége de la morve dans chaque cheval; & ceux-là même font du féntiment que la morve efl portée quelquefois & fur la membrane pituitaire &c für les poumons en même temps. Les Anciens ont cru, pour la plufpart, que le fiége de cette maladie étoit le cerveau ; quelques-uns, avec Solleyfel *, ont dit que c’efl une maladie froide, dont l'origine eft quelquefois la rate, prefque toüjours les poumons, rarement le foie ou les rognons. Pour décider cette queftion, ou du moins pour répandre plus de lumière fur cette maladie, & afin de procéder enfuite à la traiter avec connoiflance de caufe, il fut propofé & or- donné de faire tuer plufieurs de ces chevaux morveux. Je fus invité à être préfent à l'ouverture des corps, pour aider à dé- couvrir le fiége de la maladie, & pour, sil étoit poflible, en trouver le remède, La morve a, comme toutes les maladies, différens degrés. On prit des chevaux qui étoient morveux depuis différens temps ; de forte qu'on en tua dans tous les divers degrés de morve. Nous vimes le cerveau fain dans tous; nous trouvames au contraire que la membrane pituitaire étoit toüjours plus ou moins garnie d’une matière de la même nature que celle qu'avoient jetée ces chevaux avant leur mort ; cette membrane étoit rouge, plus épaifle que dans l'état naturel & plus lâche ; elle n’étoit pas ehtièrement ni également affetée dans tous les chevaux ; elle revêt, comme on le fait, les parois de la cloifon, les anfrac- tuofités, tous les finus & les cornets du nez: il n’y avoit à quelques-uns de ces chevaux qu'une des parties de Ja membrane pituitaire, qui fe trouvoit différente de ce qu'elle eft dans l'état fain; dans d’autres au contraire , elle étoit totalement viciée & ulcérée. Le voile du palais étoit auffi le plus fouvent affecté; il paroifloit même dans un grand nombre que la morve découloit fur-tout de cette partie, Nous avons prefque toüjours trouvé aufir les poumons malades & plus où moins garnis de tubercules & de petits abfcès remplis de la matière de la morve. * Voyez le Parfait Maréchal, rc. Part, I, chap. X V111. Très-fouvent DA EYS A STCUILE NEC ES 177 Très-fouvent le foie avoit de grandes taches blanches, fur- tout à fa partie convexe; & par l'examen que j'en ai fait, j'ai trouvé dans la plufpart, fous ces taches, des abfcès de la même matière ou d'une humeur qui lui étoit femblable, Quelquefois le méfentère, les reins, le pylore & la trachée artère en étoient attaqués; plus rarement l'œfophage, leftomac, les inteftins & la rate en étoient imbus. J'ai remarqué qu'il y avoit plus ou moins de ces parties qui faffent attaquées, & qu'elles étoient auffi plus ou moins affectées, felon les différens temps & les différens degrés où étoit la maladie; que lorfqu'elle n’étoit que dans fon commencement, il n'y avoit d'apparence de morve que dans la membrane pituitaire, par où fe filtroit cette humeur dans la narine d'où elle couloit; qu'au contraire lorfque la maladie avoit augmenté jufqu'à fon dernier période, elle fe manifeftoit , non feulement dans plufieurs parties de la tête, dans les poumons & dans le foie , mais qu'on l'a- percevoit auffi , ou fes effets, dans toutes les parties du corps ; de forte qu'il paroït que cette maladie infeéte fucceflivement, d'abord fa tête, enfuite les poumons, puis le foie, & enfin toutes les glandes des autres parties du corps On obferve que lorfque la maladie eft parvenue à cette extrémité, prefque toutes les membranes du corps du cheval font épaiflies par l'humeur de morve qui s'y eft infiltrée; que quelques os même font alors enflés par cette humeur qui les a pénétrés, & que les chairs font confumées par elle. Après cet examen anatomique qui fe fit publiquement & à plufieurs jours, chacun {e crut autorifé, par ce qu'on y avoit v, à perfifler dans fon fentiment fur le fiége de la maladie & fur fa caufe ; ce quisn’eft pas furprenant : les hommes ont coûtume de * voir différemment les mêmes chofes ou d'en tirer différentes conféquences , felon qu'ils font différemment aflectés. Je me fuis propofé de rapporter feulement dans ce Mémoire les faits que j'ai recueillis pour fervir à la connoiffance & à la cure de la morve des chevaux, fans porter de jugement, du moins pour le préfent, fur les différens fentimens touchant le fiége & la caufe de cette maladie, Mém. 1761: . Z 178 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je confeillai à M. Servier, Maréchal de la petite écurie du Roi, de demander à traiter un des chevaux deflinés à être tués; ce qui lui fut accordé. On vifita de nouveau le cheval, qui lui fut abandonné, après que tous les Maréchaux furent convenus qu'il étoit bien morveux. C'étoit un cheval gris, âgé d'environ dix ans; il étoit glandé du côté hors-montoir, d’où il jetoit, & il avoit cette narine chancreufe; enfin la morve étoit puante, grumeleufe & collante ; il étoit au refte dans le mauvais état où eft un cheval qui eft morveux depuis long-temps. Je confcillai de lui faire prendre chaque jour une fois de mon éthiops antimonial & une fois de la pervenche *, de lui donner à boire de l’eau blanche faite avec de la pâte levée au lieu de farine, comme on fait ordinairement ; de lui ferin- guer dans la narine de la décoction d'ariftoloche & enfuite de l'eau vulnéraire; d'appliquer fur la glande une emplâtre de diachylum gommée, du fuppuratif & des cantarides mélés en- femble, & de le purger tous les huit jours. Je recommandai de le faire fortir tous les jours, le promenant à la longe, au foleil & en un air fec, autant qu'on le pourroit, & de le bou- chonner prefque continuellement lorfqu'il étoit à l'écurie, On commença le traitement de ce cheval le 6 Juin 1759; le Maréchal lui fit manger deux fois le jour de la pervenche hachée dans du fon; il le purgea toutes les femaines; if appliqua fur la glande du diachylum & du fuppuratif: il renonça dès les premiers jours à lui feringuer de eau vulnéraire dans la marine , parce qu'il falloit pour cela le mettre chaque fois dans le Travail; mais il imagina de lui faire trois trous de trépan au côté droit de la tête d'où il jetoit; favoir , un au front, huit lignes au deflous de l'œil, un autre plus fur le côté, un demi- pouce au deflous de l'œil, & le troifième deux pouces au deflous du premier en droite ligne, & il paffa par ce troifième trou un féton, dont un bout fortoit par la narine : il découla par ce féton beaucoup de pus d'une grande puanteur. Le Maréchal * Pervinca anguflifolia, flore aut purpureo, aut albo, aut cærubeo Clematis daphnoïdes antiquorum, Vinca-pervinca officinarum, D'E:s SNCn'E: M © ms 179 feringua tous les jours de l’eau vulnéraire dans les deux trous fupérieurs; & lorfqu'ils furent refermés & que le cheval cefla de jeter, il fringua dans la narine de F'efprit de vitriol, pour, difoit-il, deflécher tout -à-fait. Pour ce qui eft de la glande, elle diminuoit & renfloit irrégulièrement & en difiérens temps, comme cela arrive or- dinairement ; lemplâtre n’y fit rien de fenfible, le Maréchal prit le parti de fendre la peau fur cette glande & d'y introduire un petit morceau de réalgar, qu'il y contint avec de l'étoupe & un bandage. La glande fe trouva confumée & fa peau cica- trifée au bout de cinq femaines, fans autre panfement. Le Maréchal, après avoir ainfi traité ce cheval &c après lavoir purgé toutes les femaines pendant plus de quatre mois, crut qu’il étoit inutile de continuer plus long-temps ce traitement, parce que ce cheval n'avoit plus aucun figne de morve, ne jetant plus & la glande étant diffipée ; il lui fit donner de Favoine & le remit à la nourriture ordinaire des autres chevaux : ce fut dans le commencement d'Otobre 175 9. Au nouvel an fuivant, l'animal avoit repris fon embonpoint naturel; les trous de trépan étoient remplis, & leur cicatrice, de même que celle de la glande, ne paroifloient point; en ua mot , if ne lui reftoit plus aucun figne de morve depuis trois mois, fept mois après le commencement du traitement, J'étois d'avis qu'après avoir purgé ainfr toutes les femaines, on ne cefsât pas tout-à-fait & tout d'un coup de le purger: .j'aurois fouhaité qu'on l'eût gouverné comme un convalefcent , après lavoir traité malade, & qu'on l'eût repurgé, en mettant entre les purgations des intervalles qu'on auroit éloignés dans la fuite par. degrés, fuivant l'expérience journalière qu'on a de purger encore après la guérifon dans les maladies d'humeurs. Je crus que ce cheval feroit repris de la morve, ce qui n'arriva cependant point: on le remit à travailler comme tous les autres chevaux. C'étoit un cheval de felle. Au mois d'Avril fuivant, fix mois après avoir ceffé l'ufage des remèdes & le régime, & trois mois après avoir été mis à l'épreuve par le travail, fans qu'il reparut aucun mal ni Zi 180 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE incommodité, tous les Maréchaux jugèrent qu'il étoit parfaite- ment guéri; je le crus moi-même , cependant je regrettois toû- jours qu'on n'eût pas continué de le repurger quelquefois; je le dis fouvent à M. de Croifmart & de Montfaucon; j'étois dans l'opinion que ce cheval deviendroit dans la fuite caco- chyme, c'eft-à-dire, mal fain par humeurs, faute d’être purgé à propos. M. les Écuyers jugèrent que pour donner, ou pour aug- enter les connoiflances fur la morve, il étoit utile de faire tuer ce cheval qui avoit été morveux comme les autres che- vaux qu'on avoit tués & ouverts dans la maladie, pour voir l'état du dedans de fon corps dans la guérifon , ou dans le temps qu'il paroifloit guéri. Cefut le 3 du mois d'Avril 1760, qu'on en fit l'ouverture : on trouva toutes les parties en bon état, à l'exception du foie qui avoit quelques taches, mais fa fubflance paroifloit être faine: d'ailleurs, il eft rare que le foie des vieux animaux, quoique fains, ne foit pas taché. Nous trouvames auffi que la membrane pituitaire dans la narine droite, d’où le cheval avoit jeté, étoit plus épaiffe que dans l'état naturel , ce qu'on ne doit pas attribuer feulement aux injections qui étoient bien capables de l'avoir durcie : vrai-femblablement l'humeur de la morve avoit eu beaucoup de part à faltération de cette membrane: nous la trouvames encore un peu imbue de cette humeur qui n'avoit peut-être jamais ceflé tout-à-fait de s'y dépofer , mais qui ne fe filtrant plus qu'en petite quantité, ne pouvoit couler, elle fe féchoit à mefure & fe diflipoit infenfiblement ; d'où Von peut conclurre que quoique ce cheval ne jetàt plus depuis environ fix mois, il n’étoit pas parfaitement guéri, & que tous les chevaux morveux peuvent avoir été, & font effectivement morveux quelque temps avant que de jeter. Il y a lieu de croire que le cheval dont je viens de rapporter la maladie & le traitement, auroit tout-à-fait guéri, fr on eût continué plus long-temps les remèdes qui lavoient mis dans le bon état où il étoit , lorfqu'on recommença à le faire travailler comme les autres, : Des: Sict es ac es 187 M." les Écuyers du Roi fntirent la nécefité de pouffér plus loin les recherches & les obfervations fur cette maladie, en faifant de nouvelles expériences, c'eft pourquoi ayant dans ce temps-là, au mois d'Avril, un cheval morveux au dernier degré, ils le donnèrent à traiter au même Maréchal, (M. Servier) à qui ils en avoient déjà donné un fecond il y avoit environ un mois, c'eft-à-dire, dans le commencement de Mars, avant qu'ils euffent fait tuer le premier. Ce cheval du mois de Mars 17 60 , eft actuellement réputé guéri depuis fept mois, au lieu que celui du mois d'Avril fuivant, qui eff le troifième qu'on a traité, n'eft pas encore guéri, il eft toûjours dans l’ufage des remèdes dont je ferai le détail, après avoir rendu compte du traitement du fecond. Ce fécond cheval, qu'on regarde aujourd'hui 1. Avril 1761, comme guéri, eft bai, âgé de treize ans, d'un tempé- rament facile à purger, & qui naturellement mange beaucoup, il avoit de la peine à refpirer, il toufloit quelquefois , & il battoit du flanc depuis long-temps ; fa maigreur & fa foibleffe étoient grandes ; il étoit glandé, & jetoit du côté montoir une morve blanche, mais très-puante. . On a commencé à le traiter les premiers jours de Mars 1760. On lui a fait prendre de mon éthiops antimonial, & de la pervenche tous les jours; on Fa purgé tous les huit jours, dans le commencement du traitement; dans la fuite on a éloigné le temps des purgations : le Maréchal ne l'a point trépané, &c il ne lui a point fait d'injeétion dans la narine. La glande s’eft fondue fans cauftique, & fans qu'on ait rien appliqué deflus. La cure a eu un fuccès prompt; le cheval a ceflé de jeter & de battre du flanc; la refpiration eft devenue libre; il a repris de Fembonpoint; on l'a repurgé ; on l'a remis à la nourriture ordinaire en lui redonnant de lavoine; & quinze jours après (fix mois après qu'il a commencé à être médicamenté) on la remis à travailler, ce qu'il foûtient bien depuis fept mois, & il eft préfentement en très-bon état, L'autre cheval qu'on a commencé à traiter environ un mois après, c'eft-à-dire il y a un an, n'eft pas encore guéri, mais Z: if 182 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE. il ne jette que peu préfentement ; il eft d’un tempérament très- difficile à purger, & facile à dégoûter; il étoit chancelant, d'une maigreur extrême; il avoit l'os de la tête du côté droit d'où il jetoit, confidérablement tuméfié; la narine étoit chan- creufe, la morve abondante, puante, roufleâtre, & fouvent mélée de fang; mais une chofe bien digne d'attention, c'eft que ce cheval a eu en même-temps le farcin, dont il eft par- faitement guéri préfentement par {e traitement qu'on lui a fait pour la morve, on a feulement employé de plus, à l’occafion du farcin, la coloquinte dans les purgations. Pendant quelques jours, il a jeté des deux côtés, beaucoup plus du gauche que du droit ; enfin il a ceflé de jeter du côté droit, par où il avoit commencé à jeter, & la glande de ce côté s’eft prefque totalement fondue, pendant qu'il eft devenu glandé du côté gauche, d'où il jette encore un peu maintenant, & les os de la tête paroiflènt être redevenus dans leur état naturel. Jé rendraï compte dans la fuite du traitement de ce cheval, & de ce qu'il en arrivera. Je me propofe aufli de faire de : nouvelles obfervations fur cette maladie. Tout ce qui tend à la confervation d'un animal auffi utile à l'homme, eft intéreffant pour le Public, auquel je fuis dévoué, SUITE des Expériences faires au fijer de la maladie des Chevaux , nommée la Morve (a). J E fis l'année dernière à Académie le rapport des tentatives qu'on faïfoit aux Écuries du Roï, pour la guérifon de la maladie des chevaux, nommée /4 Morve ; & je m'engageai à rendre compte de la fuite du traitement des chevaux morveux qui étoient encore en expérience. On fait combien il eft utile de trouver des remèdes pour une maladie auffi fâcheufe, qui fait perdre tous les chevaux qui en font attaqués, parce qu'elle a toüjours été regardée jufqu'à préfent comme incurable. Je déclarai alors, & je le répète aujourd’hui, que je me fuis pro- (a) Ce Mémoire n’a été Jà qu’en 1762; mais comme il eft une fuite du précédent, l’Académie a cru ne les devoir pas féparer, j DES « SCIE Nuc:E is 183 pofé feulement de rapporter les faits que j'ai recueillis pour fervir à la connoiffance & à la cure de la morve des chevaux, fans porter de jugement, du moins pour le préfent, fur les différens fentimens touchant le fiéce & la caufe de cette maladie. Ces expériences ont été faites fur trois chevaux décidés morveux: la première fut commencée au mois de Juin 1759, fur un cheval de felle, âgé d'environ dix ans; il étoit glandé du côté hors montoir,, la marine de ce côté, d'où il jetoit une morve puante, grumeleufe & colante, étoit chancreule. On lui fit au côté droit de la tête, trois trous de trépan, par un defquels on fit pafler un féton qui fortoit par cette narine ; on confuma avec un cauftique la glande qui étoit adhérente à la ganache ; on le purgea tous des huit jours, & on lui fit manger, matin & foir , de da pervenche dans du fon pendant environ quatre mois, au bout duquel temps il n'avoit plus aucun figne de morve, & on ceffa de lui faire des remèdes. Trois mois après, continuant de fe bien porter, & ayant repris de lembonpoint, on le remit avec les autres chevaux, & on le fit travailler comme eux. x Enfin, après trois mois de travail, fix mois après la mala- die ou le traitement fini, ce cheval étant jugé par tous les Maréchaux parfaitement guéri, on le fit tuer, pour voir dans quel état étoit le dedans de fon corps. A l'ouverture on en trouva toutes les parties faines, à l'ex- ception de la membrane pituitaire de la narine droite d'où ïl avoit jeté, qui étoit encore imbue d’une humeur de morve, ce qui prouve que ce cheval n'étoit pas à couvert de récidive, & qu'il avoit encore befoin des remèdes dont j'ai parlé dans mon premier Mémoire. Dans ce temps, on avoit commencé (dans les premiers jours de Mars 1760) à traiter de la morveun autre cheval âgé de douze ans, qui étoit glandé, & qui jetoit du côté montoir une morvetrès-puante ; il étoit pouflif, iltoufloit quelquefois, & il battoit du flanc depuis long-temps. On dui a fait prendre tous les jours de mon éthiops anti- 184 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE monial le matin, & de la pervenche le foir. On l'a purgé tous les huit jours dans le commencement de ce traitement, dans la fuite on a éloigné le temps des purgations. Par ces moyens le cheval a ceflé de jeter & de battre du flanc ; la refpiration eft devenue libre, & il n'a plus touffé. On ne l'a point trépané, on ne lui a point fait d’injections dans la narine, & la glande qui étoit adhérente & douloureufe s'eft diffipée infenfiblement pendant l’ufage des remèdes internes fans qu'on y ait appliqué de cauftique. Étant dans cet état, on a cru pouvoir le regarder comme guéri de la pouffe & de la morve en même-temps. On la remis à travailler avec les autres chevaux, en Oétobre 1760; on l'a repurgé quelquefois en 1761 ,& il a toüjours continué depuis à fe bien porter. C'eft un cheval de carrofle, âgé préfentement de quatorze ans, qu'on nomme Æ Majque ; À eft de l'attelage même du Roi ; & c'eft actuellement (Juillet 1762) le cheval de tout l'attelige qui fatigue le plus, parce qu'il porte le poflillon, ce qui prouve bien fa guérilon, & un rétabliffement parfait. J'ai demandé qu'on continuât à purger quelquefois ce che- val, & qu'on ne le réformit jamais, pour favoir dans la fuite ce qui lui arrivera. On commença à traiter le troifième cheval prefque dans le mèême-temps que ce fecond, au mois d'Avril 1760; ce troi- fième cheval étoit morveux au dernier degré, les os mêmes de la tête du côté droit étoient tuméfiés ; il étoit glandé, & il jetoit de ce côté une morve puante, roufleitre & fouvent mélée de fang; lasnarine étoit chancreufe ; il a auf été pris du farcin pendant qu'on le traitoit de fa morve. On lui a fait trois trous de trépans; on s’eft fervi d’injections vulnéraires , on lui a donné à prendre de F'ariftoloche & de la pervenche; on lui a auffi donné un peu d'éthiops antimonial, & on l'a purgé quelquefois. Le farcin a été guéri fort promptement, & la morve eft reflée: dans la fuite fa qualité eft devenue moins mauvaife, & l quantité même a diminué, quoique le cheval ait commencé à jeter DES SCHYEN CE S. 185 à jeter auffi du côté gauche, lorfqu'ila commencé à jeter moins du droit. Enfuite il a difcontinué à jeter du côté gauche ; la glande de ce côté s'eft diflipée, & il n'en a pas jeté davantage du côté droit ; au contraire, il a encore moins jeté, fouvent mème il a été plufieurs jours fans jeter ; & dans les derniers temps, lorfqu'il jetoit, la morve étoit blanche, moins épaifle & fans puanteur. La glande qui reftoit du côté droit étoit confidérable- ment diminuée ; on a appliqué deflus un cauftique qui en a fait diftiller un pus femblable par la couleur & par la confiftance, à une eau de favon, & qui pourrifloit fort promptement les longes. Les os de la tête qui étoient tuméfés, font.redevenus dans leur état naturel, & les narines n'étoient plus chancreules ; dans ces derniers temps, le jarret gauche étoit enflé; il y avoit alors environ quatre mois qu'il n'avoit été purgé; la purgation a diflipé cette enflûre : il eft à oblerver que cétoit le jarret droit qui étoit enflé dans le commencement de la maladie, lorfqu'il a eu le farcin. Ce cheval avoit repris de lembonpoint, quoiqu'il jetât encore, parce que les chevaux morveux peuvent avoir de l'em- bonpoint, comme en peuvent avoir les hommes cacochymes. Il y avoit deux ans qu'on gardoit ce cheval morveux, & depuis un an on n'avoit pas fait de progrès fenfibles dans la guérifon. M. de Croifmart, Commandant de la petite Écurie, zélé pour le fervice du Roi & pour le bien public, ordonna qu'on ouvrit ce cheval après l'avoir tué; ce fut le 19 du mois d'Avril dernier : cette ouverture fe fit en préfence de M. de Croifimart, qui me fit l'honneur de m'inviter à m'y trouver; nous réconnumes tout dans un état naturel & fain, à l'ex- ception du côté droit de la tête,où les fnus zygomatiques & maxillaires étoient encore imbus de humeur de morve, de même que la tubérofité de los maxillaire qui en étoit pénétrée. . I y avoit aufli un refte de la glande adhérent à la ganache: le lobe droit des poumons étoit intérieurement rempli de tubercules ; ce lobe avoit extérieurement des taches bleuâtres, ce que n'avoit pas le Iobe gauche, Nous découvrimes un petit Mém. 1761, , Aa 186 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE abcès à la rate. Les reins étoient fort fains, comme tout le refle du corps. Je m'abfiens de faire aucun raifonnement fur ce qui réfulte de ces expériences , & fur les conféquences qu’on en peut tirer: je ne donne aucune théorie fur la caufe de la morve des che- vaux, pour ne point m’expofer à paroître defobliger aucun de ceux qui en ont écrit , avec lefquels j'aurois volontiers concouru, & que je fuis toüjours prêt d'aider pour l'avantage de la chofe commune : je me borne à la pratique pour la guérifon, que m'ont appris ces expériences qui font authentiques, parce que l'état des chevaux fur lefquels ces expériences ont été faites, a auparavant été conflaté par les Maréchaux, & parce que le traitement s’en eft fait, pour ainfi dire, publiquement , par ordre & fous les yeux de M." les Écuyers. M. Servier, Maréchal des petites écuries du Roï, continue encore de faire tous les jours de femblables expériences, c’eft- à-dire, qu'il continue à traiter à peu près de même , des chevaux morveux avec plus ou moins de fuccès; il eft à defirer qu'elles puiflent conduire à rendre le traitement de cette maladie plus court; je crois qu'on ne peut le faire plus fimple, il confifte à donner tous les jours, le matin, au cheval morveux , depuis une demi - once jufqu'à une once & demie de mon éthiopsantimonial, & tous les foirs une poignée de pervenche hachée dans du fon. H eft néceflaire, pendant l'ufage de ces remèdes, de purger le cheval très-fouvent, tous les huit jours dans les commence- mens , enfuite au bout de quinze jours, puis trois femaines après, enfin au bout du mois. Ce qui fait partie du traitement des chevaux morveux, c'eft le foin de leur nettoyer les nafeaux, pour les empêcher , autant qu’il eft poflible, qu'ils n'avalent leur morve, & il faut leur féringuer du vin dans la narine dont ils jettent. Il eft bon auffi de bouchonner fouvent ces chevaux, de les promener tous les jours au pas, & de les expofer au Soleil autant qu'on le peut, - Au refle, leur régime de vivre eft de manger de la paille & du fon, & de coucher dans une écurie sèche. DES SCIENCES. 187 Mais il paroît, fur-tout par la première expérience, détaillée dans mon premier Mémoire, qu'une des chofes qui contribuent le plus à la guérifon de la morve, eft la purgation réitérée; c'eft pourquoi il n'eft pas étonnant qu'on ne réuflit pas à guérir les chevaux morveux, feulement par les béchiques, les fudorifiques & les altérans ; on n'y employoit pas la purgation, parce qu’en général le cheval eft difficile à purger à propos: il ne peut être purgé que par de forts purgatifs, quoiqu'il foit délicat & fenfible, ce qui le rend plus fujet aux accidens des purgations mal, adminiftrées. J'ai fait des recherches fur les différens purgatifs propres aux chevaux , fur leur préparation, fur la manière de les leur faire prendre, & fur le régime qu’il faut leur faire obferver les jours de médecine, pour en rendre l'effet plus complet & plus für, J'efpère donner un jour à l’Académie ces obfervations. Aa il 188 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Q BiS ER ARE MON DE L'ÉCLIPSE TOTALE DE LUNE, Faie à PARIS le 18 Mai 1761. Par M. LE MONNIER. 20 Mai À 8° 33° oo” DATES de YÉclipte, un peu au deffus 1761. du Palus Maræotis, en tirant vers Sinai. 8. 36. 30 l'ombre touche le Sinus Sirbonis. 8. 47. 30 l'ombre touche le mont Porphirites. 8. 53. 30 l'ombre au mont Sirai. o9. 30 lombre à Jafula Befbicus. 13. 30 l'ombre à Bigantium. . 30 Île grand lac noir tout entier dans l'ombre. 18. oo l'ombre au promontoire aigu d’Héraclée. 38. 30 ou 45 immerfion totale. ÿ ÿ Ÿ v v L.] NA À Rouen à 11" o5 + 'émerfion....... Donc à Paris 11h 10°X ONE EEE Sr here Re ne 12-219 Réduifant, comme ci-deflus, le moment de limmerfion dans l'ombre, au Méridien de Paris, l'on auroit, felon l’ob- fervation de M. Bouin, ce: moment à 9" 37° 20’; en forte qu'il s'enfuivroit que la demeure dans l'ombre auroit été de 1h 33°, & la durée de l'éclipRe, 3° 46’. L'ombre, quoique bien terminée, n’étoit pas fenfiblement circulaire, Les obférvations ont été faites avec la lunette de fix pieds, dont l'ouverture de Fobjectif n'étoit que d'environ 9 lignes. RER DPE!S SCIE N: CE: 8 189 QE, SERA: EU N DE L'ÉCLIPSE TOTALE.DE LUNE Du 18 Mai 1761, FAITE À L'OBSERVATOIRE ROYAL, Par M. MaARALODI. AT obfervé cette Éclipfe avec une lunette de 7 pieds, garnie d'un micromètre à réticules qui partageoient le difque de la Lune en douze parties; le temps na pas été favorable. La Lune étoit au commencement de lÉclipfe proche de l'horizon qui étoit fort chargé de vapeurs; dans la füite, elle a été fouvent couverte par les nuages, qui m'ayant fait manquer lobfervation de plufieurs taches, m'ont fait prendre le parti de m'appliquer uniquement à la mefure des phafes. Voici celles que j'ai obfervées.. - Temps vrai, À 85 26° 20" on voit fur la Lune une pénombre forte, 8. 31. 20 je juge que lÉclipfe eft commencée, 8: 35. 20 Y'Éclipfe éft de doigt. SMART ENS BE Dee 8. 46. 20 AÂriftarque dans ombre, PRO MES. LLINS MES UE A Le te 4 BASS ISO LADA ee LU s & Copernic dans l'ombre, DEMO AG site cie ae 6. NOR SIDI SE Lefe ea sta lette AUZe COMTE Annee" 8. 9. 13. 50 l'ombre à Platon. CHOSE Ec bult ae) OS DV 2A NO NT ARENA 10. DOME A AR ARE TI 9. 37. ©. immerfon douteufe. 9. 38 o immerfion certaine, À a if 20 Mai 1761. 190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . Vers le commencement de l'émerfion, la Lune étoit cou: verte par les nuages, qui n'ont permis de la voir qu'à 11" 25' 34", & j'ai jugé que léclip{e étoit de 10 doigts. A rh 31 Lo. .4..%.411 gdot 11. 31. 20 Copernic fort de l'ombre. 11.03 6 TO RER Et 8. 11. 37. © Platon ef forti. ROMEO Lo role TE DIOK 7e II. 47e Oreuunssssee 6. Habit et IT D OI S- MR CSD ON ERE 4e DD A 7 AE CHAR ANE is 20e 2 RE COUOUTTONE 1° La Lune a été enfuite cachée dans les nuages jufqu'à 12% 22° que l'éclipR étoit entièrement finie. Par les phafes fem- blables, on trouve ainfi le milieu de Féclipfe, (22 Par la phafe de zdoigts...... 10" 24° 50 2 10. 24e 35 donsssse 10. 24, 22 Gatoe eiee 10, 24. 22 (SORTE EE 10. 24. 20 AE LR .. 10. 24. 30 F6 oo AE ET ISNE Dress. 10. 24+ 47 = TO... 10, 24 47 Le milieu moyen eft à 10h 24° 34". DES SCIENCES 191 OBSERVATION DE L'ÉCLIPSE TOTALE DE LUNE Du 18 Mai 17617, FAITE À LA MORMAIRE, PRÉS MONFORT-L'AMAURY, Par M. DE Foucuy. E temps a été très-peu favorable à l'obfervation de cette 2; Mai Éclipfe, des nuées épaiffés ont couvert la Lune pendant 1761. prefque tout le temps des phales croiffantes: voici celles que Jai pû obferver, réduites au temps vrai. À 9h 23° 55° commencement de Mare Crifium. 9. 30. 48 fin de Mare Crifum. 9. 35. 56 immerfion totale. Pendant l'obfcurité totale, la Lune difparut entièrement, quoique les nuages apparens fufent paflés, mais l'air étoit aflez chargé de vapeurs pour qu on n'aperçût que les plus belles Étoiles. Ces vapeurs s'étant diffipées en partie, on commença à apercevoir la Lune dans les étoiles du front du Scorpion, femblable à une Comète ou fous la forme d’une affez petite lumière diffufe & mal terminée; les nuages revinrent enfuite, qui ne me permirent pas de voir le recouvrement de lumière. J'obfervai feulement par leurs intervalles les phafes fuivantes. A 11" 30° 50’ l'ombre au milieu de Platon. 11. 39. $ Tombre au milieu de Tycho. 12. 6. 32 l'ombre au premier bord de Aare Crifium, 12. 11. 6 l'ombre au dernier bord. 12. 16. 30 fin douteufe, 12. 16. 50 fin certaine. pe 5." Juillet 1761. 11 Juillet 1761. 192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE D COMPARAISON DU RÉSULTAT DES OBSERVATIONS FAITES SUR LA CONJONCTION DE VENUS AU SOLEIL, AVEC LE CALCUL DES TABLES DE M. HALLEY, Par M. LE MONNIER. ELON le réfultat des obfervations lües à l’Académie par M. Jeaurat le 20 Juin, la conjonétion a dû arriver le 6 Juin à $" 51° de temps vrai. Si l'on compare ce moment avec celui qui réfulte des Tables de M. Halley, imprimé dans le volume de 1753 , on trouve le moment de cette conjonction à $P $ 5". La difiérence n’eft que de 4 minutes. D'autres Tables s'écartent davantage, & celles de M. Caffini anticipent de 28" de temps. x La Connoïffance des Temps donne au contraire la conjonction 34 minutes & demie plus tard que felon l'obfervation ; il feroit à fouhaiter que l'on füt d’où vient cette différence fi fingulière, puifqu'il eft dit que le calcul a été fait fur les Tables de M. Halley. SUITE des Remarques fur les Tables de M. Haley, à l'occafion du paffage de Vénus. fur le Solail, le 6 Jun 1767. Ces Tables conftruites il y a quarante ans, n'ont pas eu à la vérité pour fondement les corrections légères du mouvement apparent du Soleil; mais par le calcul qui fuit, ces corrections ne peuvent guère altérer fon vrai lieu au mois de Juin, que de 2." ou d'une demi-minute , ainfi les élémens du calcul de ces légères corrections, quoique découverts plus récemment , n'infirment pas, comme on va le voir, la juflefié de ces TES 1e] Les — e D'E SV SGEN C Es 193 En effet, fi elles repréfentent parfaitement bien les conjonc- tions antérieures de Vénus au Soleil, M. Halley ayant pour cet effet adopté des réfultats moyens pour établir les époques des mouvemens de Vénus relativement au Soleil, dans fes Tables; pourquoi fe refuferoit-on d'affurer qu'elles doivent par cette raifon repréfenter avec la même exactitude les autres conjonc- tions qui doivent arriver durant Îe refte de ce fiècle. D'un autre côté, s’il eût été queftion, par exemple,en 1 760, de donner aux Tables de M. Häalley plus de perfection, c'eft- à-dire, de les corriger en entier, l'on auroit pu obtenir à la vérité oh 4’ tout au plus für le moment de la vraie conjonction de Vénus au Soleil: or les Tables de cet auteur n'ayant pas donné une plus grande différence dans le moment de fa conjonction du 6 Juin 1761,il paroît par ce qui a été publié, qu'on au- roit ignoré la jufte quantité & 1e nombre de ces corrections. Müis on s'imaginera facilement que s'il eût été effectivement queftion de cette nouvelle réforme aux Tables de M. Haley, il n'y avoit pour lors qu'un feul moyen d'y réuflir : c'étoit de comparer les conjonétions antérieures de Vénus au Soleil, & fur-tout celle qui a été obférvée en 1737, avec ces Tables | corrigées , & de les perfectionner à l'aide des quantités moyennes, comme je faïdit, dans les différences qu'on y auroit trouvées. Par-Rà on eût introduit des corrections légitimes ,en prenant des rélultats moyens entre les obfervations du dernier fiècle & de celui-ci. M. Halley lui-même n'eût peut-être pris d'autre voie que celle-là, puifqu'autrement, peut-on fe figurer qu'il eût été fr mal-adroit que de faire une partie des corrections nou- velles, & d'en négliger d'autres, fachant très-bien que par-là on tomberoit dans des erreurs, qui, comme l'on voit dans la Connoiflance des Temps, montent à deux minutes de degré; ce qui a dû reculer Îa conjonction du 6 Juin dernier, de 35 minutes d'heure, & par conféquent les phafes de l'entrée & de Ha fortie à très-peu de chofe près de la même quantité, Mém. 1761. . Bb 194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Lieu du Soleil felon les Tables de M. Halley. le Soleil 15% 35° 33" Vénus I 15. 35. 29% Ainfi Vénus n'auroit pas encore, felon ces Tables, joint la ligne tirée de la Terre au Soleil, mais il n'y auroit eu que 3"+ de degré entre le réfultat des Tables de M. Halley, & l'obfervation qui en a été faite le 6 Juin dernier. Or, à la page 32 de nos Mémoires, année 1753, Le 6 Juin 1761 ,à $" 1" temps vrai, ASE lon a trouvé pour 5" 54’ 56”, la longitude Gr 3 472 Q x 15. 35. 48 ce qui s'accorde avec le calcul que j'ai donné ci-deflus. Mais, dans la Connoiffance des Temps de cette année, pour- quoi la conjonétion eft-elle reculée précifément de 2 minutes de degré, ce qui retarde la conjonction d'environ 3 $ minutes d'heure? Les époques de Tables du Soleil qui ne font pas encore publiques ( Tables qui différent à peine de celles de Mayer) dont on a fait ufage, y ont-elles été combinées avec celles dé Vénus fur la foi des anciennes obfervations? Il eft aifé de voir que cette combinaifon étoit effentielle & fi néceflire, qu'indépendamment des 32 à 33 fecondes dont on a avancé le lieu du Soleil * donné par M. Halley, l'on auroit pà partir des obfervations de feu M. Caflini des 8 & 15 Juin 1737, rapportées dans le deuxième Livre du recueil de mes obfervations de Ja Lune, page 18. J'ai prouvé d'ailleurs dans un Mémoire 1ü à l'Académie en 175 3, & dont il eft fait mention à la page 241 de l'Hifloire, que la période du retour de Vénus, à très-peu de chofe près à la même pofition, étoit de huit années aflez exactement, & que cette période étoit compolée du retour de Vénus à la même élongation à l'égard du Soleil, lequel retour efl de 583 jours, à très-peu de chofe près, & de fon retour à la * Par les obfervations des 8 & | de M. Halley, fans que l’on y ait 9 Juin 1761, le lieu du Soleil ob- | pù foupçonner $ fecondes d'erreur fervé à Paris sit trouvé conforme | ou de différence. à celui que l’on a déduit des Fables |: DES SCIENCES. 19$ même latitude, & au même figne du zodiaque. C'eft ce que :_ j'ai découvert en multipliant le nombre de 583 par $, pour en déduire le même produit que celui du nombre des jours de l'année, ou de 365$ par 8. Or trois périodes de huit années écoulées depuis 1735, juf- qu'en 1761, devoient donner, puifque la conjonction de Vénus a été fufifamment obfervéeen 1 7 37, la même erreur des Tables qu'en Juin 1761 ; c'eft fur ce fondement, s'il en eût pénétré toute la fécondité, que M. le Gentil eût d'abord entrepris de faire fon calcul, en s'affurant d’ailleurs de l'exactitude des ob- férvations de l'année 17 37. I nous donne les fiennes comme décifives, ayant reconnu ; comme il l'affure à l1 page 31 de nos Mémoires, qu'en 1751, la longitude de Vénus étoit au moment de fa conjonétion, felon les Tables de M. Haley, fen- fiblement la même que celle qu'il venoit d'obferver avec le plus grand foin en Ofobre, & dont il donne tous les d‘tails. De pareils détails juftifient fon opération d'une manière a{fez authen- tique, puifqu'au lieu de fe contenter d’un finple réfultat pareil à celui qui eft imprimé par feu M. Caflini, dans le volume " dér1737, & qui demande à être vérifié, fur-tout en difcutant les déclinaifons & les afcenfions droites du Soleil & de Vénus, l'auteur déjà cité, nous y prouve qu'il s'efl affuré de la pofr- tion du Soleil & de Vénus, par des obférvations inmédiaies : or s'il eût continué d'obferver en 1753 la conjonction infé- rieure de Vénus au Soleil, la période de huit ans étant, comme je l'ai dit, plus complette & bien plus avantageule, il eft hors de doute qu'il eut prédit par-là, à quelques fecondes près, l'entrée & la fortie de Vénus du difque du Soleil. Au refle on doit être fort content de la jufteffe avec lagrelle M. le Gentil a annoncé l'entrée & la fortie de Vénus; en un mot le moment de fa conjonétion au Soleil le 6 Juin 1761 : car en ne fe fervant que de la p‘riode ordimaire de 58 3 jours ou environ, fon calcul s'eft trouvé ne différer que de quelques fecondes de degrés, ou de 3 à 4 minutes de temps d'avec les obférvations du dernier paflage de Vénus fur le Soleil, ce qui m'avoit d'abord paru jufifier la bonté de fon calcul, C'eft aufli Bb i 196 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ce que j'ai eu un foin tout particulier d'annoncer, en lui don- nant fans héfiter toute la préférence. Ce calcul & la figure gravée furent fous nos yeux pendant tout le temps des Obfervations faites à Saint-Hubert. 18 Juillet J'ai vérifié quelle étoit la correction du lieu du Soleil, par 1761. l'action de Jupiter, en Juin 1761 ,& au temps de la conjonc- tion arrivée trois périodes auparavant, en Juin 1737, & je l'ai trouvé précifément de la même quantité, de forte que la conjonc- tion de 1737 pouvoit {ervir à prédire celle de 1761, quoi- qu'on eût négligé l'action de Jupiter, ou l'équation du lieu de h Terre, nouvellement introduite *, * C’eft aux objections que renferme ce Mémoire contre les Calculs de M. de la Lande, que l'on doit rapporter la juftification qui eft imprimée ci-devant, page 1074 LL DIE S. SCIENCES 197 MÉMOIRE | SOYRYILIESS PAILLETTES er 1es GRAINS D'OR De L'ARIEGE, Fait d’après les Lettres È7 les Remarques de M. PAILHÈS, Changeur pour le Roi à Pamiers, envoyées à M. l'Abbé NOLLET. Pa M. GUETTAR D. ES paillettes & les grains d’or que l'Ariege roule, n'ont pas feulement toüjours excité la cupidité de ceux qui habitent les bords de cette rivière, ils ont plus d’une fois réveillé attention & la curiofité des Naturaliftes *. M. de Reaumur eft un de ceux qui les ont examinés avec le plus de foin, & il a décrir, dans un excellent Mémoire, Fart employé par les Ouvriers qui s'occupent à les recueillir. Mais quelque attention que leur aient donné les laveurs & les Naturalifles, perfonne , que je fache, n'avoit tourné fes vües & fes recherches du côté de l'endroit immédiat qui pouvoit journellement fournir l'or que lon ramafloit dans le fable de VAriege. On imaginoit bien, & il étoit facile & naturel de penfer, qu'il devoit venir des montagnes voifines de cette ri- vière, que les torrens l’entraînoïent de ces montagnes, & qu'ils Je portoient dans Ariege en s'y jetant. Îl y a certainement une forte prévention en faveur de cette opinion; mais cette prévention n'en eft-elle pas feulement une? n'y a-t-il pas des . endroits, autres que ces montagnes, qui renferment de l'or, & d'où lArieve le tire immédiatement? ne feroit-ce pas des plaines pluftôt que des montagnes? M. Pailhès prétend bien ,avec ceux qui ont écrit fur cette FE Voy. les Mémoires de l'Académie royale des Sciences, année 171 8; a Métallurg. d’Alphonfe Barba, p. 257, vol, IL, Paris, 175 1,in-12. Bb il « 29 Août 1761. 193 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE matière, que l'or de PAricue à été fouini par les minières, mais il accorde pas ésalement que ce foit des minières mêmes qu'il eft entrainé de nos jours par Îes torrens & les pluies; if fait remonter beaucoup plus haut cette première extraction : voici ce qu'il dit à ce fujet dans fes Obfervations. On peut aifément reconnoitre que l'or qu'on trouve dans les terreins aurifères n'eft que le débris de ce qui a été arraché dans les minières. 11 paroit qu'il feroit avantageux de découvrir ces minières, & que la découverte en feroit facile, en faifant des eflais fur les difitrentes fortes de rochers dans defquels on en rencontre; on mettroit au jour par-là de grandes richefles. Si les terreins qui n'en font que le débris, ont produit de l'or depuis tant de fiècles, fans que pour cela elles foient épuifées, quel avantage ne pourroit-on pas efpérer fi l'on s'attachoit au principe, fans néanmoins négliger les terres: En avouant cette vérité, il faut cependant convenir que ceux qui ont fourni à M. de Reaumur les obfervations fur lefquelles il a rédigé fon Mémoire, n'ont pas bien reconnu le principe prochain des paillettes d'or qu'ils ont décrit, en lat- tibuant aux parties de mine que les débordemens des rivières & les torrens détachent &c entraînent en paflant fur les mi- nières, & que les payfans ramafent enfuite lorfque les eaux fe font retirées. On peut aflurer que l'Ariege, le Salat, la Garonne & tous les ruifleaux dans lefquels on ramafle des paillettes d'or, ne les charient point d'aucune des {ources qu'on a prétendu en fournir. JE eft certain que l'or qu'on trouve dans les rivières & les ruil= feaux, vient des terres qui avoifinent & forment les rivages de ces rivières & de ces ruifieaux : les rivages & les terres qui en font proches étant dégradés par les pluies & par les débor- demens, laiflent échapper les paillettes & les grains. Cet or eft entraîné avec les pierres & les fables dont les terreins {ont forinés, Les grains font dépofés près des endroits où ils étoient enfouis, mais les paillettes font portées beaucoup plus loin, ou elles tombent enfin au fond de l'eau. Les ramafleurs d'or de ces cantons, qui font les plus adroïts { ; u DES SCIENCES. I de Univers, auffi-bien que les plus rufés dans ce métier ne manquent jamais l'or même qui a été dépolé; mais ils courent auparavant en foule au pied des terres auriferes qu'ils connoitfent parfaitement, & c'eft-là qu'ils trouvent les grains ou grofies paillettes. Il arrive même quelquefois que ces ouvriers anticipent les débordemens ; ils abattent ou fappent furtivement les terres qui contiennent de l'or, & le ramaffent enfuite dans les rivières, ce qui occafionne fouvent des procès entre les cueïlleurs d'or & les propriétaires des terres. ( On obferve aufft qu'on ne trouve de groffes paillettes que dans les terreins montagneux, où près des montagnes: dès qu'on s'en éloigne feulement de cinq à fix lieues, on ne trouve alors que de l'or très-mince, mais toûjours mêlé avec du fable noir ferrugineux. Il eft encore conftant que les ruiffeaux de Ferriés & de Benagues dont parle M. de Reaumur, ne charient point de fource les paillettes d'or; ils ne font même point des ruifleaux, mais feulement des rigoles que les pluies ont pratiquées dans des terreins montagneux qui renferment de l'or que les payfans y vont ramafler dès qu'il a plu. On connoit plus de trente de ces rigoles dans fefquelles on rencontre dé gros grains de cet or; on y en a trouvé qui pefoient jufqu'à une demi-once, & qui ont été remis au bureau de Pamiers. Ces obfervations prouvent fans doute que c'eft de ces terres qu'eft forti l'or qu'on ramafle dans les rivières & les ruifleaux depuis tant de fiècles. On fait par. des anecdotes certaines, que la Monnoie de Touloufe recevoit ordinairement chaque année deux cents marcs de cet or recueilli des rivières de l’Aricge, de la Garonne & du Salat: on en a porté dans le bureau de Pamiers depuis 1750, environ quatre - vingts..marcs, quoique ce. bureau n'ait tout au plus que. deux lieues d'arron- diffement ; on n'y remet. même pas tout, quantité d'étrangers &. de colporteurs en achetant tous les. jours, De-là il eft aifé de conclurre;que cet objet eff plus confi- 200 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dérable qu'on ne penfe ordinairement; lon y devroit donner ; plus d'attention que l'on ne fait: il fera toüjours avantageux à la France qu'il y ait des bureaux établis pour recevoir l'or qu'on ramafle dans fon propre fonds. L'or eft fi précieux & f utile, qu'il conviendroit de faire de nouvelles tentatives & de nouvelles recherches au fujet des terres qui peuvent en con- tenir. Jufqu'ici on n'a examiné que les rivières & les ruifleaux ; il faudroit s'attacher à vérifier fi les terreins qui avoifinent les rivières ne feroient pas aurifères : il y a tout lieu de penfer qu'on conflateroit par expérience que l'or ne fe trouve que dans l’efpace de terrein où les rivières coulent. M. Pailhès s’eft même attaché à le chercher dans ce terrein, & il a été aflez heureux pour réuflir; il a découvert dans le Languedoc & dans le pays de Foix, quantité de terres aurifères : il eff même, fuivant lui, plus difficile de fe procurer de l'eau pour faire les lotions que de trouver de Tor. Il prétend de plus, que fi fa fanté & fes facultés lui euffent permis de voyager dans plufieurs provinces de ce royaume pour continuer ces recherches, il auroit certainement fait connoîtie des terres riches en or, qui ont été jufqu'à préfent inconnues, & qui font peut- être très-riches: il rapporte même dans fes obfervations un fait certain, dont on peut fe convaincre par l'expérience toutes les fois qu'on le jugera à propos, & qui, dit M. Pailhès, méri- teroit par fa fingularité d'avoir place dans PHiftoire, Voici ce fait. Lorfqu'on creufe dans la haute ou baffe ville de Pamiers pour des puits & des fondemens, dans, quelque endroit qu’on le fafle, on tire des terres remplies de paillettes d'or. M. Pailhès l'a éprouvé plufieurs fois, en forte que Pamiers qui eft confidérable par fà grandeur & par fa fituation, mais June des plus pauvres villes du royaume, par le peu de goût que les habitans ont pour le commerce, & par les oppofitions qu'y trouvent de leur part ceux qui voudroient l'y introduire; Pamiers, dis-je, a cependant cet avantage fingulier d'avoir fes fondemens pofés fur un terrein riche en paillettes d'or. On en a encore eu une preuve depuis peu ; le 6 Juillet 1758, on tira des fouilles faites pour les fondemens d'une maifon, des terres qui contenoient TE DE! SL ONGAIE AN CE Se A0 contenoient des paillettes d’or; cette mailon appartient à M. le Baron de l'Ordat , elle eft fituée dans la haute ville, près d’une montagne qu'on nomme le Cafkla, & fur hiquelle il y avoit un ancien château qu'on croit avoir été bâti par les Romains, Tout ce qui a été rappoité jufqu'ici au fujet dés terreins aurifères, prouve, à n’en pas douter, que les terres qui avoifinent les rivières & les ruiffeaux, leur fourniffent l'or qu'ils cha- rient, & qu'ils ne le tirent pas immédiatement des montagnes qui peuvent renfermer des mines de ce métal. M. Pailhès en trouve encore une preuve dans la refflemblance des paillettes , des grains & des cailloux qu'on tire de ces terres, avec les paillettes, les grains & les cailloux que les rivières &c les ruiffeaux charient; ces corps font entièrement femblables, * & décrire les uns, c'eft faire connoître les autres, foit qu'ils foient tirés des terres, foit qu'ils le foient des eaux. Les paillettes font de petites lames minces, plates, dont les côtés, font aigus & tranchans; quelques-unes ont ces côtés arrondis & moufles, d'autres ont un de ces côtés replié de façon qu'on diroit qu'il l'a été ainfi de main d'homme; on peut aifément l'étendre, en y apportant quelque foin & de adrefle : des troifièmes font en forme de p renverfé, leur grandeur & leur pefanteur varient beaucoup ; il y en a qui font prefqu'imperceptibles , & dont le poids par conféquent eft très- léger : le plus grand nombre des autres peut avoir depuis une ligne jufqu'à quatre, & même quatre lignes & demie, fur une largeur toûjours moins confidérable que la longueur ; leur pefanteur’peut être depuis moins d’un grain jufqu’à douze grains. Celles qui ne font point aplaties, mais qui par leur figure arrondie & par leur grofieur font pluflôt des grains que des paillettes, pefent : beaucoup. plus. Indépendamiment des grains dont .il a été fait mention plus haut, & qu'on à d't pefer une demi -once, il y en a dont la pefanieur eft de deux deniers douze grains, d'autres peuvent peer deux, quatre, fix ou douze grains; leur grandeur. peut égaler Funs ou l'autre de celles que les paillettes ont : ces grains font d'or pur, ou n'ont que très-peu de matières étrangère: auxquelles ils foient unis; Mém. 1761. CC 202 MÉMOIRES DE L ACADÉMIE ROYALE plufieurs autres font encore attachés à des portions de la pierre qui les renfermoit. Un des plus jolis de ces grains n'eft qu'un compofé de petites paillettes un peu ramifiées, étendues & parfemées fur un petit caïllou, le total pèfe deux deniers huit grains. Il y a de ces cailloux qui font prefque tout couverts & embraffés par une lame d'or confidérable; ils font tous de la nature du quartz, mais ils diffèrent par les couleurs ; les uns font mêlés de rouge, de roufleitre & de noir, les autres font blancheîtres. Lorfque les grains d’or font dégagés de ces cail- Joux, il leur refte des cavités dont les bords font plus ou moins alongés, & forment des efpèces de petits crampons , au moyen defquels ils étoient attachés fur les cailloux. Plufieurs de ces cavités font quelquefois encore remplies de quelque peu de ces cailloux, fouvent alles en font entièrement dégagées: celles dont quelques-uns de leurs côtés font repliés, ne le font pro- bablement que parce que ces crampons ont été battus par les balottemens que les paillettes ont foufferts , & par les coups que les cailloux leur portoient en roulant avec elles, C'eft encore aux ballotemens qu'on doit attribuer da figure plus ou moins arrondie des grains d'or, de mème que celle dés cailloux parmi lefquels on les-trouve enfouis dans la terre. H y a trois efpèces de ces caïloux, les premiers font ferru- gineux, mélés de rouge & extrêmement durs; les feconds font aufli ferrugineux, & colorés de roufleître & de noir; les troifièmes font blancheîtres, ces derniers fournifient les plus gros grains d'or. Pour les en retirer, de même que les paillettes, il" faut piler les cailloux dans un mortier de fer, & les réduire en poudre, laver enfuite cette poudre par petites parties, dans un plateau de bois fait exprès, en y verfant de l'eau. A mefure qu'on lave la matière, en tournant toûjours le plateau, s'il y a de l'or, on le trouve au fond de ce plateau, mêlé avec du fable noir. Lorfqu'on a examiné, avec autant de foin que fa fait M. Pailhès, ces diflérentes matières & les terres où elles fe trouvent, on ne peut guère fesrefufer au defir de tâcher de découvrir quelle eft la caufe qui a pu les accumuler ainfr, & ; BI ES LS CUU'E N-C-E.S 203 leur donner la figure qu'elles ont ; auffi M. Pailhès a-t-il fait tous fes efforts pour en imaginer une. Comme ces grains & ces cailloux font arrondis, & ont la figure des galets qui s'a- maflent de nos jours fur les bords de la mer, on pourroit penfer,avec le plus grand nombre des Naturalifles, que ces corps ont été, dans des temps reculés, roulés par les flots, lorfque la mer battoit les montagnes dans le voifinage defquelles ils font amoncelés. + Cette opinion paroît bien être la plus probable: elle n'a pas apparemment paru telle à M. Pailhès, il remonte encore à des temps beaucoup plus anciens; il veut, avec quelques autres Naturaliftes, que ces amas de eailloux & de grains d’or {e foient faits pendant celui où la terre totalement recouverte par les eaux, fouffrit, fuivant ces Auteurs, des changemens énormes, & qui la défigurèrent entièrement. On pourroit encore rapporter la forme ss grains d'or & des cailloux à l'aétion des eaux des rivières qui les auroient chariés, & plufieurs Auteurs ont été de ce fentimeni. M. Pailhès y efl'encore oppolé; il n'a jamais, dit-il, paffé de rivières ni de ruifleaux dans les terres où l’on trouve ces matières. Il a de plus obfervé, ,continue-t-il, que les mouvemens horizontaux des rivières ne peuvent brifer ni pulvériler les cailloux ferru- gineux, moins encore opérer les accidens que lon reconnoit aux paillettes d’or: ces accidens font, comme je l'ai dit plus haut, le repliment ou l'arrondifiement de leurs bords ; M. Pailhès ne voit pasicomment les mouvemens des rivières auroient pu être aflez forts pour être caufe des uns & des autres. Il trouve encore la düreté des cailloux ferrugineux au -deflus de l'action des rivières. [la donc recours à des mouvemens qu'il fuppofe avoir été violens & capables des plus grands. effets. Il veut que les vents que le“ Texte facré dit avoir foufflé fur les eaux lor fqu ‘les fe retirèrent de deflus là terre qu'elles avoient fubmer gce, aient été feuls capables, par les bouleverfemens qu'ils occalionnèrent _alors, dé donner aux grains d'or & aux tailloux la figure que . nous leur voyons, Cci 204 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE Pour le prouver, M. Pailhès compare ces vents à ceux qué Von reflent maintenant de temps en temps. Il y a, dit-il, des vents qui foufflent du fud au nord, & du nord au füud : quand ces deux vents foufflent à la fois, ik occafionnent une horrible tempête, & qui eft telle qu ‘elle arrache & abat les édifices. Apparemment que ces mêmes vents agiflant avec fa même impétuofité fur les eaux qui couvroient la terre, ont arraché, brifé & pulvérifé les rochers, & Jeur ont fait rendre l'or qu'ils contenoient. H foufile quelquefois d'autres vents qui s'agitent en tournant en forme de colonne renverfée, ils règnent ordinairement dans le Printemps, ils enlèvent uen les moifions fans en laiflér aucun veftige; ces vents, appelés tourbillons, ont pu agiter les eaux en tournant, & produire l'arrondiflement des cailloux & des paillettes d'or, & les autres accidens que l'on y remarque. Ces mêmes arrondiffemens ont encore pu, fuivant M. Paithès, être produits par les vents qui agitent l'air en tournant en forme de colonne perpendiculaire ; ces Vents arrachent fouvent dans un inflant les plus o oros arbres, effets que l'on voit toüjours" avec étonnement , & que le vulpaire attribue affez fouvent à une puiflance magique. M. Pailhès apporte encore en preuve de fon fentiment , que les grains d’or ne fe laifent pas entraîner bien loin par les eaux ; ils plongent, tombent promptement par leur poids, & vont au fond de l'eau, dès que les débordemens des rivières détrempent les terres. De plus, les rivières dont il a été fait mention dans ce Mémoire, ne charieñt point les paillettes mêmes plus loin que fix à fept lieues de diflance de leur fource: on ne trouve au de-là ni paillettes, ni fable noir, ni pierres fer rugineufes ; d'où M. Pailhès conclud que la nr qu'il admet pour expliquer tout ce qu'on remarque dans ces difiérens corps, eft la feule probable. Lés Partifans des opinions contraires à celle-ci, pourroient apporter de fortes raifons pour combattre celles de M. Pailhès ; ils pourroient oppofer obfervations à oblervations, & rappeler qu'il eft conflant que les cailloux , les plus durs quartz, font pulvérifés tous les jours par les mouvemens de la mer, & réduits en un DA EUISN VS MONDE NE Cie 205 fable très-fin; ils pourroient dire qu'il arrive la même chofe à ceux des rivières dont le cours eft le plus tranquille; ils pour- rojent encore dire que ceux qui {e trouvent entraînés par les tor- rens font à la longue ainfi triturés & anéantis; ils auroient pour eux une expérience journalière & conftante, & de plus, une explication fimple & dont la vérité peut fe conftater également tous les jours. Mais c'eft trop s'arrêter à des idées fyftématiques dans un Mémoire qui eft pluftôt de pratique que de théorie; il fuffit, pour objet principal qu'on s'y propole d'examiner, de favoir que les paillettes & les grains d’or fe trouvent mélés avec un fable ferrugineux noir, avec un qui eft gris où blancheître, & que dans ce fable ïl y a des cailloux de l'une ou de autre nature, qui paroiflent être ceux qui produifent ces fables en fe pulvérifant. C’eft ce dont on ne peut douter Jorfqu’on exa- mine les uns & les autres avec attention, comme je l'ai déjà dit, 88 comme il fera encore prouvé plus bas. Les petits cailloux qui font mélés avec les fables, font ap- pelés par les Arpailleurs du nom de Grau: lorfque ces ouvriers trouvent dans les fables ou dans les terres de ce grau ou du fable noir, ils tiennent pour affuré qu'ils découvriront de l'or. En effet, ces matières accompagnent toûjours les paillettes d’or: pour les féparer d'avec ces matières étrangères, ils emploient le plateau, & s'en fervent de la façon qui a été rapportée plus haut. Cet ufage eft trèsancien dans les Gaules, fuivant le rap- port de plufieurs Hifloriens. M. Pailhès en fixe l'époque au temps que les Gaulois fortirent des Gaules pour marcher à la conquête de l'Afie. Cette armée, qui fut diffipée après le pillage de Delphes, fe répandit dans Orient. Les Gaulois qui étoient avides de richefies, fur-tout de lor qu'ils n’avoient point, s'aperçurent que les Orientaux ramafloient de l'or avec le plateau dans les fleuves & les rivières; il y en eut fans doute ‘qui revinrent dans les Gaules leur patrie; ils ne man- quèrent pas de mettre en pratique, dès qu'ils furent arrivés, ce qu'ils avoient vü, & de ramaffer de l'or avec le même Ccii 206 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE inftrument, en quoi vrai- femblablement ils réuflirent fort bien. Cet ufage s'eft confervé depuis ce temps jufqu’à nos jours, il n'a guère été perfeétionné. Un art auffi fimple r'étoit pas, au refte, beaucoup fufceptible de perfection: s'il y en avoit une à lui donner, elle ne confiiteroit fans doute qu'à ne pas rejeter, comme font les Arpailleurs, les cailloux parmi lefquels les paillettes fe trouvent. Puifque ces cailloux contiennent eux- mêmes des paillettes ou des grains d’or, il convienaroit de cafler ces cailloux & de laver le fable qui en feroit provenu: on pourroit à cet eflet fe fervir du bocard employé dans les forges qui ont befoin de cafler les morceaux de mines, ces morceaux étant trop gros ou trop chargés de matières étran- gères. Cette opération mettroit en état de travailler journel- lement, & l'on ne feroit pas obligé d'attendre les crües d'eau qui entrainent les parties d'or dans les rivières, où on les cherche avec tant de peines & de foins. . Il eft vrai qu'il faudroit probablement caffer beaucoup de cailloux inutiles, & qui ne feroient pas aurifères; ily en a vrai- femblablement dans leur nombre immenfe beaucoup qui font dépourvüs d'or : il faut cependant qu'il y en ait aufli un grand nombre qui en contiennent, vü la quantité d'or qu'on retire par les lavages. Ces cailloux font probablement les matrices où il eft renfermé, il ne s'en eft dégagé que par les frottemens qu'ils ont anciennement foufferts, & dont il fe détache main- tenant lorfque ces cailloux font roulés par les rivières dans lefquelles les débordemens les charient. Les expériences que M. Pailhès a faites-à ce fujet en font une preuve des plus fortes, puifqu'ayant pilé & lavé enfuite plufieurs de ces cailloux ainfi pulvérifés, il a eu les paillettes & les grains d'or que ces cailloux renfermoient. Afin que l'Académie füt en état de confirmer fes expériences & fes obfervations, M. Pailhès qui ne cherche qu'à fe rendre utile, & à augmenter le profit qu'on peut retirer des terreins assises ui a fait remettre non feulement plufieurs échantillons des paillettes & des grains d'or dont il a été queftion dans ce set db: cn DE: SN SLOUE LIEN GET 20 Mémoire, mais beaucoup des différens cailloux qu'il pente contenir de femblable or; ces cailloux ont été examinés avec foin & attention, & traités de la façon que M. Pailhès a indi- quée. Voici le réfultat de ce qui a été fait.\ " Le fable qui provient de ces caïlloux pulvérifés ,eft entière- ment , ou prefqu’entièrement, attirable à laimant. Une pincée de ce fable jetée dans de l'eau forte, y a fermenté avec beaucoup de force; il s'en eft élevé des vapeurs rouges, &: la liqueur seft échauffée confidérablement ; il s’eft enfuite fait un dépôt, & la liqueur tft redevenue claire. De nouvelle eau forte verfe fur le dépôt n'y a excité aucun mouvement; une autre pincée jetée dans de l'eau régale n’a non plus donné aucune marque de fermentation. Ces expériences n'annonçant point que cette poudre contint de l'or, elle a été traitée "comme on traite les mines de fer lorfqu'on les eflaie: elle l'a été avec le flux dont Schultter {e fervoit. L'opération a éte faite deux fois; les culots qui en font provenus pefoient chacun à peu près là moitié du poids de la poudre qui avoit été employée dans chaque effai: ils étoient dans leurs caflures d’un blanc argentin affez beau; la plufpart de leurs parties étoient en écailles ou lames, & quelques autres pluftôt en grains qu’en écailles. La pefanteur fpécitique de ces culots approchoit de celle du fer battu; il s'en faut peu de chofe qu'elle ne foit précifément celle du fer. Cette différence doit probablement fe rapporter à ce que les parties ne font pas auffi bien liées dans les culots que dans le fer qui a été battu. Ces culots font attirables à l’aimant, diflolubles à l'eau forte; ils y font voir les mêmes phénomènes que la poudre qui n'a point paflé au feu. Si l'on jette de falkalf Volatil dans leur diffolution, avant que le dépôt foit fait & après qu'il s’elt fait, la liqueur ne devient point bleue: une lame de fer plongée dedans, ne s'y charge d'aucune partie de cuivre, Par toutes ces expériences il eft prouvé que la fubflance métallique extraite des cailloux, eft ferrugineufe, & qu'elle ne contient point de cuivre; mais comme il s'agifloit principalement y Ÿ y Ÿ 208 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE de favoir fi elle ne renfermoit point d'or, les culots ont été pañés à l'antimoine. Mis en poudre & enfuite en fufion dans un creufet placé au milieu. de charbons, qui comme la Do- cimafie l'exige, ont été allumés peu à peu, ils n'ont donné qu'un culot tel qu'on l'a dans les eflais des mines de fer paffées à l'antimoine; il n'y a point eu de bouton d'or. Cette mine traitée fuivant un autre procédé par M, Hellot, n'a pas donné plus d'or que par celui que nous avons employé. Voici ce que M. Hellot nous a communiqué. « Les cailloux roulés des environs de l'Arieges que le fieur Paiïlhès, Changeur du Roi à Pamiers, a envoyés, comme contenant des paillettes d'or, ne font qu'une mine de fer très- dure, pefante, traverfée de veines de quartz, de quelques veines qui reflemblent extérieurement à du bleinde noir, & enfin dé veines prefqu'aufli rouges qu'un crocus maris xéverbéré. Pour mettre ces cailloux plus aifément en poudre, je les ai fait rougir au milieu des charbons, & je les ai éteints dans l'eau froide, ce qui a été répété deux fois. Les ayant concafiés, je les ai fait chauffer dans une cuillier de fer pour les pulvérifer fecs & les pafler par le tamis de foie. La poudre tamifée a été étendue à plufieurs fois fur du papier violet; & lexaminant avec une loupe de fix à fept lignes de foyer, je n’y ai vû ni globules, ni paillettes d'or, mais une infinité de grains de fable blancs, rouges & noirs. J'ai lavé cette rpoudre dans la gondole de bois, au deffus d'une cuvette de fayence, pour ne pas perdre le fédiment rouge qui fe féparoit de la poudre noire. Lorfque cette poudre a été exactement purifiée, je l'ai fait fécher, l'a- cier aimanté en a enlevé beaucoup de fer. J'ai décanté l'eau de la cuvette & lavé féparément la poudre rouge qui s'étoit dé- polée au fond & je l'ai fait fécher; l'acier aimanté n'en a attiré aucun atome de fer. Quoiqu'on ne voie point d'or dans ces deux poudres, elles pourroient cependant en contenir: on n'en voit pas non plus dans la mine de fer de Géroncourt près Pontoile, quoiqu'elle en donne aux eflais ; ainfi j'ai traité de même celle dont il eft queftion à préfent. J'ai pelé de chacune un quintal fitif, & je l'ai tenu rouge fous la moufle pendant une DES SCIENCES. 209 une heure: je n'y ai reconnu aucune odeur, ni de foufre, ni d’arfenic; celle de Géroncourt donne une vapeur arfénicale affez {enfible. A chaque quintal des deux poudres, j'ai joint cinq quintaux de flux crud, un demi-quintal de borax cal- ciné & trois quintaux de litharge du hartz, qui ne tient que onze grains d'argent par quintal, & qui rend, auffi par quintal, quatre-vingt-trois livres de plomb, quand on la revivifie avec le flux crud feul, & fans addition d'aucune matière vitrifiable. Chaque mélange a été mis féparément dans une tute allemande (creufet en forme d'œuf par le haut, & qui par le bas eft un cone renverfé fort pointu). J'ai placé les deux tutes dans un même fourneau de fufion à foufflet double: j'ai fait fouffler pendant dix-huit minutes, & j'ai laiflé éteindre le feu. J'ai caffé les creufets refroidis, j'ai trouvé dans celui où Javois mis la poudre rouge, un culot de plomb pefant cent cinquante- deux livres, & des fcories ou verre de plomb d'une couleur verdâtre foncée. Le culot de plomb de l'autre creufét ne pefoit que dix-huit livres : les fcories ou verre de plomb, qui étoient deflus, font noires: ainfi la poudre noire eft beaucoup plus vitrifiable que la poudre rouge, puilqu'elle a fourni beaucoup plus de verre de plomb avec la litharge. Ces deux culots de plomb, coupelés fous la moufle, ont rendu chacun un très- petit grain d'argent du poids de trente à trente - deux grains fiétifs: je les ai mis féparément dans deux petits cryftaux de montre, & fur chacun j'ai fait tomber fix gouttes d’eau forte; ils ont été diflous très- vite, mais il ne s’en eft féparé aucune poudre brune; donc le plomb revivifié de la litharge n'a trouvé ni or, ni argent à faifir dans les deux poudres, puifque le petit grain d'argent reflé {ur les coupelles n'eft que celui de la litharge employée à ces effais.» Les cailloux foûmis aux expériences font donc fimplement ferrugineux, & il y à lieu de penfer que les autres font fem- blables, & que s'ils contiennent de lor, il n'y eft qu'en pail. lettes très-fines & très-rares. Il ef même vrai, comme il a. été dit plus haut, qu'on n'a pù en apercevoir, malgré l'examen fcrupuleux qui en a été fait à R vüe fimple & à I loupe, Mém. 1761. à 210 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE quoique les cailloux aient été pris indifféremment, & qu’on n'ait pas fait choix des uns pluftôt que des autres dans l'examen qui en a été fait, & dans les expériences auxquelles on les a foûmis. Les cailloux ferrugineux devant probablement contenir plus d'or que les cailloux de quartz blanc, qui n'annoncent point de matières métalliques, quoique M. Pailhès dife que c'eft dans ces cailloux qu'on trouve les grains d’or les plus gros, il auroit été fuperflu de traiter chymiquement ces cailloux de quartz blanc, d'autant plus que les grains ni les paillettes ne s'y font point manifeftés. On s’eft feulement afluré que ces cailloux ne font point attirables à faimant, & qu'ils ne fe diflolvent ni à l'eau forte, ni à l'eau régale, Si l'examen qu'on a fait des deux fortes de cailloux, fr les expériences par lefquelles on les a fait paffer, ne font pas favo- rables aux idées de M. Pailhès, il ne s'enfuit pas cependant que fes idées ne foient très-intéreffantes & ne méritent d’être fuivies: car, comme on l'a dit dans le corps de ce Mémoire, il pourroit très-bien fe faire que dans le grand nombre des cailloux qui rempliffent les terreins aurifères, M. Pailhès n’eût pas été affez heureux pour ramafler de ceux qui contiennent de l'or; par conféquent ces expériences ne pourroient pas infirmer ce que M. Païlhès penfe au fujet des terreins qui contiennent les paillettes d'or. Ce fentiment ne peut qu'engager à examiner de plus en plus ces terreins: peut-être conflatera-t-on le fentiment de M. Pailhès, ou du moins lHiftoire Naturelle ne pourra généralement qu'y gagner. La Minéralogie de la France n'y perdra pas, quand elle n'apprendroit autre chofe par-R, finon que l'on peut fe procurer une abondance confi- dérable de mine de fer facile à ramaffer , & qui donne prefque moitié par quintal ; produit qui n'eft pas à méprifer, & qui au contraire mérite toute l'attention des propriétaires de ces terreins, qui feroient en état d'y établir des fonderies & des forges à fer, ETAT DES SCIENCES. 211 GE. S EUR PA TI OUNES 1 RONA LRAALETN FR ST NOUVELLES MÉTHODES D'AIMANTER, ET SUR LA DÉCLINAISON DE L'AIMANT. Par M. DE LA LANDE. A Phyfique s'eft enrichie depuis peu de plufieurs faits importans pour la connoiflance de PAïmant, qui fem- blent prouver inconteflablement la difpofition qu'a le fer à admettre dans fes pores le courant magnétique, quoiqu'avec plus où moins de facilité, fuivant l'état où il fe trouve. Dans un Mémoire fur les aimans artificiels, publié en 1760, M. Antheaulme a expofé une méthode d’aimanter, qui a non feulement le mérite de la nouveauté, mais encore celui de la force magnétique qui en réfulte, J'ai affifté avec plufieurs Aca- démiciens à fes expériences; elles m'ont paru mériter d'être rapportées à l'Académie, d'autant plus que l'auteur n'a point infifté dans fon Mémoire, fur la théorie ou l'explication de fes expériences & fur la manière dont il y eft parvenu. M. Antheaulme a trouvé de même une façon d'aimanter le fer fans aucun aimant naturel, qui eft d'autant plus curieufe qu'il y a été conduit, non par le hafard, mais par la comparai- fon directe des phénomènes qu’il obfervoit. Le P. Grimaldi, dans fon traité de la Lumière, dit qu'une barre de fer tenue verticalement, a des poles ainfi que f'aimant; & il ajoûte, Féxtrémité ‘inférieure attire la pointe de l'aiguille qui eft tournée vers le fud, fon extrémité fupérieure l repouffe; fi Von retourne fa barre, fes poles changent auffi-tôt, car c’eft toüjours la partie inférieure qui attire la pointe fud de l'aiguille, M. Rohaut ajoûta quelque chofe à cette expérience; il rap- porte qu'ayant fait rougir un morceau d'acier long & délié, & l'ayant enfuite trempé en le tenant fufpendu verticalement, Ddÿ Propof. VI; art SI Mém, Acad, 17237: 212 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE c'eft-à-dire, perpendiculairement à l'horizon, cet acier avoit non feulement des poles, mais qu'il attiroit encore aflez bien Ja limaille de fer. M. de Reaurnur a contefté ce dernier fait: quoi qu'il en foit, ce n'étoit-là qu'une vertu paffagère dans le fer, & qui difparoifloit dès que la barre changeoit de pofition, Le hafard apprit encore aux Phyficiens, vers le milieu du dernier fiècle, que du fer expolé à l'air acquéroit une vertu plus durable & devenoit un véritable aimant. M. Gaflendi rap- porte dans Ja vie de M. Peiresk, que le tonnerre ayant ren- verfé la croix qui étoit fur le clocher de Saint-Jean d’Aïx en Provence , on aperçut qu'une croûte de rouille qui s'étoit for- mée fur le fer engagé dans la pierre, avoit une très-forte vertu d'aimant: cela donna occafion fur la fin du dernier fiècle, lorfqu'on rétablifloit le clocher de Notre-Dame de Chaitres, d'examiner fi les barres de fer qui lioient les pierres du clocher donneroient aufli des marques de magnétifme; il s'en trouva en effet qui étoient devenues comme un véritable aimant : M. de la Hire fuivit ces expériences, & ayant mis, en 1 69 s, dans de la pierre de Saint-Leu, des fils-de-fer élevés d'environ 60 degrés dans le méridien, il trouva dix ans après qu'ils avoient acquis Mém. Acad, Ja vertu magnétique. &7oÿr M. du Fay, en 1728, examinant les effets d’une barre de fer fufpendue verticalement, ajoûta aux expériences de M. Ro- haut & de M. de Reaumur, un fait bien intéreffant. On favoit depuis long-temps que les outils fur lefquels on frappe pour couper le fer, attirent la limaille de fer, & par conféquent saimantent par le choc; M. du Fay fufpendit verticalement une barre de fer, il frappa à coups de marteau fur une extré- mité; auffi-tôt les poles changèrent, la partie frappée qui au- D ENS LSMOYERS INC, ES 213 Enfin M. Michell & M. Canton trouvèrent le moyen de frotter des barreaux d'acier, de manière à leur donner un commencement de vertu magnétique. Toutes ces expériences apprenoient que le fer avoit de la difpofition à devenir comme de l'aimant , & qu'il pouvoit acquerir par différens moyens un degré médiocre de magnétifme. M. Antheaulme a fait plus, il a trouvé que le fer avoit cette propriété fans aucune préparation & dans un degré éminent. Perfonne avant M. Antheulme n'avoit fongé à mettre en expcrience deux barres de fer bout à bout, féparées par un petit intervalle; c'eft à cela néanmoins que tenoit l'expérience la plus curieufe qu'on eût encore faite: car ces deux barres de fer fans être verticales, fans avoir refté long-temps expoftes à l'air, fans avoir été chauffées ou trempées, enfin fans avoir été frappées ni frottées comme dans les différentes expériences faites ‘avant M. Antheaulme: ces barres, dis-je, donnent dans prefque toutes les pofitions, des marques de magnétifme, mais plus encore fi elles font élevées fous un angle d'environ 70 degrés au deflus de horizon, du côté du midi, ou 29 degrés au deflus de l'Équateur, du, moins dans le lieu & dans le temps où ont été faites ces expériences. C’eft par difftrentes tentatives que M. Antheaulme a trouvé . la pofition la plus avantageufe de ces barres, & il a obfervé qu'en les inclinant du côté du midi de la quantité de 70 degrés, le magnétifme étoit plus confidérable qu'en les tournant vers le nord: il a actuellement en expérience deux barres de fer tout brut, & qui n'ont jamais reçû aucune préparation ; elles ont 2 pouces en quarré & 15 pieds de long, elles {ont fixées fur un madrier, diflantes par leurs extrémités d’un demi-pouce, inclinées de 70 degrés au deflüs de l'horizon du côté du midi. A l'extrémité de chacune on place un talon d'acier, dreffé & limé, on pañle fur ces talons les petites barres que l'on veut aimanter, & elles acquièrent une vertu plus forte qu'avec la meilleure pierre d'aimant, M. Antheauline fut conduit à cette : découverte par une favante théorie de l'aimant , & après qu'il eut trouvé une méthode plus parfaite que les méthodes connues | Du ij 214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d’aimanter des aiguilles ou des barreaux d'acier; je veux dire par le moyen d'un barreau plus grand que celui que l'on veut aimanter, & qui foit divifé en deux parties. M. Knight & M. Duhamel ont donné des méthodes pour aimanter avec force les barreaux d'acier, par le moyen de plufieurs fupports *, mais lorfqu'on ne vouloit employer qu'une feule pièce, la manière la plus ordinaire d'aimanter, confiftoit à glifiér l'aiguille, ou la lame qu'on vouloit aimanter, fur un des deux poles de Farmure d'un aimant, ou fur l'extrémité d'un barreau magnétique; fuivant cette ancienne méthode, il ny a quel'extrémité de l'aiguille, qui fort de deflus le talon de l'armure, qui conferve une vertu fenfible, & les extrémités de l'aiguille prennent fucceflivement des poles de diflérens noms, fuivant que l’on glifle ce talon vers l'une ou l'autre extrémité, c'eft pour cela que chaque fois qu'on fait gliffer ce talon en le faifant revenir fur fes pas, on détruit la vertu qu'on avoit d'abord communiquée. En examinant la raifon de cette expérience, M. Antheaulme penfa qu'il faudroit faire glifler la lame qu'on veut aimanter fur l'équateur d'une barre beaucoup plus longue qu'elle, & fuivant fa longueur, afin de ne point pafier fur les poles qui détruifent la vertu magnétique acquife dans l'équateur; mais comme par ce moyen il n'eft pas poffible de faire paffer le fluide magnétique de la grande barre dans la petite, à caufe de la continuité de toutes les parties de la grande barre, qui ne fournit aucune iflue dans le milieu, M. Antheaulme imagina de couper cette grande barre pour en interrompre feulement: la continuité, ou ce qui revient au même, de prendre deux barres magnétiques : ces deux barres étant mifes de fil ou bout à bout par leurs poles attractifs, ou de dénominations différentes, féparées feulement par l'épaifleur d'un carton, M. Antheaulme gliffa fur l'endroit de la féparation, la petite barre qu'on veut aimanter, en allant & venant d'un bout à l'autre de la grande lame, en forte néanmoins que les extrémités de celle qu'on aimante, ne pañent pas la féparation ; le petit barreau prend * Traité des Aimans artificiels, par M.® Michell & Canton, traduit par le P, Rivoire Jéfuite. ê d DES SHGUUE NiCLE S. 215 alors toute la vertu poffible, & s'aimante beaucoup mieux que par toutes les méthodes connues *, On na point à craindre qu'en allant & revenant les poles fe renverfent, cela ne peut effectivement arriver, parce que cette petite barre peut être confidérée comme réparant le défaut de continuité des grandes barres, & comme fervant de canal pour donner paflage au fluide magnétique de la première partie de la grande barre à la feconde partie; ainfi la petite barre eft comme un équateur entre les deux grandes ,& M. Antheaulme a effectivement remarqué que dans toutes les pofitions de cette barre fur l'intervalle des grandes, elle navoit qu'un équateur, qui étoit le même que celui de la longueur totale des deux barres enfemble. M. Antheaulme rend cette manipulation encore plus facile en s'y prenant de la manière fuivante, qui ne change point le procédé; ayant fixé fur une table l'aiguille ou le barreau d'acier que lon veut aimanter, on en prend deux autres qui le foient déjà, un de chaque main, on les affemble par leurs poles attrac- tifs; mettant entre eux une petite féparation , on pole leur point de réunion fur l'aiguille qu'il s'agit d’aimanter, & foülevant les deux autres extrémités, on les promène enfemble , étant toùjours unis & inclinés lun dans un fens, l'autre dans le fens oppolé, & cela d'un bout à Fautre de l'aiguille qu'il sagit d’aimanter en allant & revenant plufieurs fois, & lentement, fans {ortir de deffus l'aiguille ou le barreau que l'on aimante; on a foin de retirer les deux barres par le côté, après les avoir ramenées toutes les deux vers le milieu, & de ne point les tirer par l'ex- trémité de celle que l'on aimante, car en paflant {ur le pole de celle-ci, on ne pourroit manquer de diminuer le magnétifihe. Dans le même temps que M. Antheaulme trouvoit une manière d'aimanter fans aimant, & de communiquer enfüuite ctte vertu de proche en proche, par une méthode plus par- faite & plus fimple; M. Trullard , de l'Académie des Sciences. de Dijon, travailloit fur les mêmes objets, & donnoit la vertu. * Mémoire fur les Aïmans artificiels, par M. Antheaulme. À Paris, chez Butard, 1760, 216 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE magnétique à un feul barreau d'acier, en le dirigeant vers lé nord dans une certaine pofition affez difficile à trouver exacte- ment, mais qu'il reconnoifloit en voyant ce barreau d'acier attirer la limaille fans aucune préparation. M. Trullard nous aflure qu'il fixoit & augmentoit tout-à la- fois cette vertu magnétique, en frappant contre ce barreau fans le changer de pofition, en forte que M. Trullard s'eft trouvé avoir formé par le choc un aimant artificiel d'une manière plus durable & plus forte que M. du Fay ne favoit pu faire en frappant verticalement ; il a pris enfuite deux barreaux d'acier, courbés en fer à cheval; & les ayant ajuftés pied à pied, de manière à ne former qu'une feule courbe rentrante & ovale , ila aimanté cette courbe en tournant circulairement avec un faifceau de petits barreaux d'acier aimantés par le premier barreau, & qu'il promenoit en le tenant verticalement fur cette courbe, circulairement , & toüjours du même fens *, méthode très-fimple & très-facile d'aimanter avec force, fans les fupports dont les auteurs Anglois fe font fervis. De tout ceci, il eft aifé de conclure que le fer peut être confidéré dans deux états bien différens; le fer qui na été ni aimanté, ni frappé, nitrempé, donne un pañlage libre au cou- rant magnétique ou tourbillon univerfel, & il faut alors deux barres placées de fil, & féparées par un petit intervalle, pour communiquer la vertu magnétique à d'autres pièces de fer ou d'acier; mais lorfque le fer converti en acier, ou frappé avec force a changé de contexture, il peut alors acquerir un tourbillon particulier très-fort, & aimanter à la manière ordinaire d’autres barres d'acier. De la déclinaifon de l'aiguille à Paris. Je trouve une chofe digne d’être remarquée, puifque l’occafion s'en préfente, dans le progrès régulier & la marche prefque uniforme que l'aiguille aimantée a fuivie depuis deux fiècles , en allant toûjours vers le couchant de 9 à 10 minutes par année, ou d'un degré tous les fix ans: au commencement du dernier * Journal des Savans, Avril 17614 fiècle, \ DES SCIENCES. 217 fiècle, la déclinaifon de l'aiguille étoit à Paris de 8 à 9 degrés, fuivant plufieurs auteurs, mais je nai point trouvé d'obfervation faite à Paris, aufft précife que celle qui fut faite à Londres le 16 Octobre 1 580, & qui eft rapportée dans l'Hydrographie du P. Fournier /page 546 ) ,la déclinaifon étoit alors de 1 14 17° vers l'Orient. Si l'on compare cette obfervation à celle qui fut faite en 1 633 ,aux environs de Londres, dans laquelle on trouva cette déclinaifon de 4 degrés, on trouve un change- ment de 8°+ par année. En 1640, fuivant le P. Bourdin Jéfuite la déclinaifon étoit à Paris de 242 vers l'efl. En 1761, M. Maraldi l'a obfervée de 1 84 3 0'à l'oueft, ce qui fait 1 0° + par an, mais il peut y avoir 20 ou 30’ d'incertitude dans ces fortes d'obfervations. Lorfqu'on prend des obfervations plus voifines de notre temps,on trouve prefque toüjours 8 à 9 minutes d'augmen- tation, par les plus anciennes comme par les plus récentes; par _exemple, le 18 Février 1739, il y avoit 184 20' de décli- naifon fur une aiguille de 4 pouces , avec laquelle M. Maraldi Ya obfervéeen 1761 ,de 1 84 30';la différence eft 34 10',dont Ja vingt-deuxième partie eft 82, différence égale à celle que je viens de rapporter d’après les obfervations faites à Londres dans le dernier fiècle; enfin lorfqu'on évalue ce que peuvent donner d'incertitude ces fortes d'obfervations, on eft perfuadé que depuis 1580, la déclinaifon de Faimant a paru changer affez régulièrement d'environ 9 minutes chaque année, en allant toûjours vers le couchant ; mais ce progrès eft fort différent dans les autres points de la furface de la Terre. Mim, 1761. . Ee 218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE a a » ou HU D'UN ARBRE D'UN NOUVEAU GENRE, APPELÉ BAOBAB, OBSERVÉ AU SÉNÉGAL. Par M. ADANSON. our me conformer à l'ufage des Botaniftes , je vais avant de décrire cet arbre, faire l'énumération chronologique des Auteurs qui en ont parlé, & des différens noms qu'on lui a donnés jufqu'à préfent. Arbre du Cap-vert à feuilles de figuier. Thevet. Singularités de la France antar&ique, chap. 10. Baobab. Profp. Alp. de Plant. Ægypt. cap. 17. Guanabanus. Jul Cæf. Scalig. de Subrilitate, lib. v 1. Abavo vel Abavi. Cluf. Exotic. Lib. 11,cap. 1. Guanabanus Scaligeri fortè Baobab Profperi Alpini verius. Cluf. Plant. Indic. Lib. 11, cap. 11. Fructus quidam ex Guineà, Guanabanus fortè Scaligeri. Gefn. Hort. Germ. Abavo arbor radice Tuberosà. C. -B. Pin. Lib. 11, cap. 10. Baobab. ZLippi. M. S. Adanfona. Juf. Hort. Reg. Paris. Adanfonia. Lin. Gen. 1094. Les Oualofes habitans du Sénégal , appellent cet arbre Goui, & fon fruit Boui. Les François du Sénégal appellent cet arbre Ca/ebaffer , & fon fruit Pain de Singe. De tous les arbres nouveaux ou -entièrement ignorés que produit le Sénégal, dont j'ai commencé l'hifloire, le Baobab (pl IT, fig. À) et le plus fingulier par fa monftrueufe groffeur. Lorfqu'on le regarde de près il paroît pluftôt une forêt qu'un {el arbre; fon tronc n’eft pas fort haut, il n'a que dix ou douze pieds environ, mais fa circonférence va jufqu'à foixante- quinze, ou mème foixante-dix-fept pieds & demi, ce qui fait un peu moins que vingt-cinq pieds de diamètre, Lou | Dies Sole Nié rs 219 Ce tronc immenfe eft couronné d'un grand nombre de branches remarquables par leur groffeur, & encore plus par leur longueur, qui eft de cinquante à foixante pieds; celle qui part de fon centre , s'élève verticalement; mais celles des côtés s'élèvent à peine fous un angle de trente degrés, elles faivent même pour la plufpart une direétion horizontale, d'où il arrive que fouvent leur propre poids en fait traîner l'extrémité jufqu’à terre : cette difpofition des branches fait aflez juger que la forme fous laquelle fe préfente cet arbre lorfqu'on le regarde de loin, doit être celle d'une maffe hémifphérique affez régu- lière , de foixante à foixante-dix pieds de hauteur, & dont le diamètre a le double, c'eft-à-dire, depuis cent vingt jufqu'à cent quarante, ou même cent cinquante pieds. Aux branches de cet arbre répondent à peu-près autant de racines prefqu'aufit confidérables, mais beaucoup plus longues; celle du milieu forme un pivot qui pique verticalement à une affez grande profondeur, mais celles des-cêtés s'étendent hori- zontalement, & prefqu'à fleur de terre. J'ai eu occafion d'en voir une qui avoit été découverte en grande partie par les eaux d'un Marigot , qui baignoit le pied d’un de ces arbres, de médiocre grofleur ; elle avoit cent dix pieds de longueur dans la partie découverte, & lon pôuvoit facilement juger par fa grofleur que ce qui refloit caché fous terre avoit encore au moins quarante ou cinquante pieds. La maîtrefle racine ou le pivot des jeunes plants de l'année reflemble à un navet, ou plus exactement à un gros fufeau (pl 11, fe. GG 2) * L'écorce qui recouvre le tronc & les branches ; eft épaifle d'environ neuf lignes, d'un gris-cendré, grafle au toucher, laifante, très-unie & comme vernifiée au dehors, & d’un vert | picoté de rouge au dedans; le bois en eft très-mou & afiez blanc; l'écorce des jeunes branches de l'année eft verdâtre & parfemée de poils fort rares. + C'eft de ces jeunes branches que partent Les feuilles (pl.1,f8, B) - elles font elliptiques, pointues aux extrémités, longues d'environ cinq pouces, {ur une largeur prefque deux fois moindre; d’une fubftance médiocrement épaifie, lifles, entières, fans aucune Ee ij 220 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dentelure dans leur contour, d’un vert gai en deffus, d'un vert pâle en defflous, traverfées obliquement par des nervures alternes, arrondies, peu élevées & attachées au nombre de trois jufqu’à fept, mais plus communément au nombre de fept, fur un pédicule commun en manière d’éventail, précifément comme dans le marronier, avec cette différence cependant que ce pé- dicule eft fitué fur les branches du marronier de manière qu'il fe trouve oppolé à un autre pédicule femblable, au lieu que dans le baobab il eft placé alternativement: celle de ces feuilles qui occupe le milieu ou la partie fupérieure de l'éventail, eft plus grande que les deux qui lavoifinent, celles-ci plus que les deux autres, & ainfi de fuite. De l'origine de ce pédicule fortent deux petites flipules (fig. C), de forme triangulaire, affez alongées, qui tombent prefqu'auffi-tôt que la feuille s'eft développée, de même cou- leur & fubftance qu'elle. J faut remarquer qu’il y a une différence fenfible entre les feuilles des vieux arbres, tels que ceux que je décris, & celles des arbres qui commencent à lever. Dans ceux: ci /p/. 11, fig. D) elles font ordinairement folitaires, prefque fans pédicule, & ornées de quelques dentelures vers leur extrémité fupérieure : elles ne commencent à naître au nombre de deux, trois, cinq ou {ept fur un même pédicule pour former l'éventail, que lorf- que le jeune plant a environ un pied de hauteur, & qu'il com- mence à {e divifer en plufieurs rameaux; alors chacune de ces feuilles paroît formée par une divifion faite autour de chaque. nervure principale qui part du pédicule commun; car on voit fouvent deux ou trois de ces nervures dans les premières feuilles qui commencent à fe découper, comme je les aï marquées dans le jeune arbre /p£ 11, fig. HH, 11); & lorfque ces feuilles ont manqué à fe découper, il n’y a que là nervure du milieu qui foit ramifiée également à fes côtés, les nervures latérales ne font ramifiées que du côté extérieur, & non pas du côté interne par où ils auroient dû fe détacher du milieu de la feuille. Cette particularité que je ne fache pas avoir encore été remarquée dans la ftruéture des feuilles qui fe divifent en \ ASS, de DiElS STE Nic'E ts 221. éventail, me fait foupçonner que ces ramifications de la ner- vure principale font eflentiellement néceflaires pour former le bourlet ou le cordon qui environne la feuille, ou du moins que ce cordon ne fe forme qu'autant que ces ramifications fe portent de fon côté: cette obfervation peut fournir des éclairciffemens fur la formation du tifiu réticulaire des feuilles des plantes. À un arbre tel que le Baobab, il falloit des fleurs qui fuffent proportionnées à fa groffeur; aufli les fiennes ont-elles des dimenfions qui furpaffent celles de toutes les fleurs des arbres que nous connoifions, celles même du nénufar & du faurier- tulipier appelé Magnolia : lorfqu’elles font encore en bouton, elles forment un globe de près de trois pouces de diamètre (pl. 1, fig. E ),& en s'épanouiflant elles ont quatre pouces de longueur fur fix de largeur /fg. G) ; elles fortent au nombre de deux ou trois de chaque branche, fufpendues chacune à un pédicule cylindrique long d’un pied, épais de cinq lignes, qui part de l'aiffelle d'une des feuilles les plus baffes, & qui eft accompagné de trois écailles éparfes çà & à (fig. PF), & fem- blables pour la grandeur & la forme à celles que J'ai dit ac- compagner le pédicule des feuilles: elles fe détachent comme celles-ci au premier épanouiflement de la fleur. Le calice de chacune de ces fleurs /fg. H) eft d'une feule pièce; il forme dans fa moitié inférieure un tube affez court, & évalé en forme de foucoupe, dont les bords font divifés en cinq parties égales, triangulaires, qui fe recourbent en demi- cercle au deflous du tube, & le furpaflent en longueur ; ce calice eft entièrement couvert de poils blancheâtres & luifans au dedans, & de poils verts au dehors ; il tombe dès que le fruit eft noué. Les pétales font au nombre de cinq (fg: 1), tous égaux entreux & à la longueur du calice, de forme à peu-près or- biculaire, recourbés en dehors en demi-cercle, blancs, affez épais, parfemés de quelques poils, relevés d'environ vingt-cinq nervures parallèles à leur longueur, légèrement ondés à leur extrémité fupérieure, & terminés à leur partie inférieure par un onglet qui les attache autour du centre du calice. E ei 222 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE Autour du même centre, en dedans des pétales, s'élève un cylindre,ou plus exactement ,un one alongé /Æ) creux inté- rieurement, charnu, blancheïre, très-épais, attaché en partie aux pétales & en partie au calice par fon extrémité inférieure: ce cone eft tronqué à fon extrémité fupérieure, & couronné d'environ fept cents étamines, dont les filets un peu plus longs que lui, rabattent à peu-près comme les filets d’une houppe; ces filets font furmontés chacun d'un fommet /Z) en forme de rein, qui s'ouvre par fa convexité en deux loges, &e ré- pand une pouflière compofée de petits globules blancheätres tranfparens, hériffés de tous côtés de petits piquans: ces éta- mines avec le cone qui leur fert de bafe, ont un peu moins de longueur que les pétales. Du centre du calice, part le piflile / 4) qui eft enveloppé en partie par le cone des étamines, & dont la longueur furpaile un peu celle des pétales : il eft compolé de trois parties, favoir, d'un ovaire, d'un ftyle & de plufieurs fligmates. L'ovaire (N, pl 11) eft ovoide, terminé en pointe, & tout couvert de poils épais, couchés de bas en haut & luifans: fon fommet fupporte un ftyle /M) cylindrique, très-long, un peu contourné, creux en dedans, & couronné par dix à quatorze corps prif= matiques (O) triangulaires , affez grands & velus, que des Botaniftes appellent fgmares. L'ovaire en müriflant devient un fruit confidérable /P), de figure ovoïde, pointu aux deux extrémités, long d'environ un pied à un pied & demi, large de quatre à {ix pouces, & fufpendu à un pédicule cylindrique /Q) de deux pieds de long & de près d'un pouce de diamètre. Son écorce eft ligneute, fort dure, épaifle de deux à trois lignes, & recouverte au dehors par un duvet compolé de poils verts qui lui donnent cette couleur. Lorfqu'on la dépouille de ce duvet, elle paroit noi- râtre & marquée fort légèrement de dix à quatorze fillons qui s'étendent comme autant de rayons fur toute fa longueur: ce fruit ne s'ouvre pas de lui-même, mais lorfqu'on le coupe en travers {R) on y découvre dix à quatorze cloifons mem- braneufes, rougeîtres & filamenteufes, qui Le divifent longitu- DE T7 + som A Re D ESSENCE S 223 dinalément depuis Ja queue jufqu'au point oppolé, en autant de loges qui font exactement remplies par Îes femences : ces cloïfons font attachées aux parois intérieures de l'écorce ligneule, & fe réuniffent enfemble commé autour d'un axe, au centre du fruit, lorfqu'il conferve encore fa première humidité; mais Torfqu'il eft defléché, elles s'écartent béauconp de ce centre où elles laifient un vuide. Dans cet état de féchereffe, elles reflem- blent affèz par leur fubflance & par leur forme à cette partie de la dure-mère, qu'on appelle la Fzu/x. Les fémences ne paroïffent pas à nud à ouverture du fruit; on n'aperçoit d'abord qu'une fubftance comme fpongieufe, qui ef blancheître dans les fruits fains, & rougeñtre dans ceux qui font mal conformés ou extrèmement vieux : dans fa première maturité, cette fubilance ne forme qu'une mafle à caufe de l'humidité dont elle eft encore imbibée; mais en fe defléchant, elle devient friable, & fe fépare d'elle-même ou par le moindre choc en un grand nombre de polyedres /S) irréguliers qui contiennent chacun une femence (T) brune, noïïrtre , luifante, figurée comme un rein ,de cinq lignes de longueur , & de trois lignes de largeur, de la finuofité duquel part un cordon ou filet (V) rougeitre & fort long, qui vient s'attacher horizon- talement , comme à un placenta ,au bord intérieur des cloifons qui répond au centre du fruit. Il y a encore quelques autres - petits filets /) répandus dans cette chair fpongieule, & qui fervent à la nourrir. En faifant l'anatomie de cette femence, on trouve au-deflous de fon enveloppe qui eft épaiffe, coriace, d'une grande dureté & comme offeufe ,une peau épaiffe & blancheâtre qui renferme un embryon /Z) recourbé en demi-cercle autour d’un corps * blancheître, mollet, aplati, & comme gelatineux : cet embryon : eft compoié de deux lobes ou cotyledons /&) repliés, qui en fe développant dans le temps de a végétation font exattement orbiculaires, veinés far leur furface, & marqués en ‘bas d'une légère crénelure, d'où part une radicule / A A) un peu plus courte qu'eux , à laquelle tient la plume /.BB) qui‘ doit par la fuite fe métamorphofer en arbre : ces lobés en grandiflint, 224 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE prennent une figure elliptique /CC), & ce n'eft qu'au qua trième jour que la première feuille /DD) commence à fe développer. Au bout d'un mois le jeune arbre a environ un pied de hauteur /£ E), & fon accroiffèment eft de près de cinq pieds en hauteur , & un pouce à un pouce & demi en groffeur dans le premier été, tandis qu'en France il ne prend guère qu'un pied en hauteur, & fix lignes au plus de diamètre dans le même efpace de temps, quoiqu’on l'élève fur des couches & dans des ferres dont on entretient la chaleur avec foin. Les poils que j'ai obfervés fur cet arbre, forit de trois efpèces différentes; ceux qui recouvrent Fovaire & la furface interne du calice font coniques & très-fimples, ceux des pétales font en fufeau; mais ceux qu'on trouve fur les jeunes branches & fur l'extérieur du calice, m'ont paru finguliers en ce qu'ils forment une foie / FF) divifée prefque jufqu'à fa racine, en quatre brins fort peu écartés les uns des autres. On pourroit appeler cette forte de poils, poil en aigrette. Cet arbre quitte fes feuilles au mois de Novembre, en reprend de nouvelles en Juin, fleurit en Juillet, & parfait la maturité de {es fruits en Octobre & Novembre. En comparant la defcription que je viens de faire à celle des plantes les plus connues, on jugera facilement que le Baobab a un rapport intime avec celles qu'on appelle com- munément Mabacées,fur-tout par la figure & la fituation des pétales & des étamines; mais comme l'on fait, les Malvacées ont pour {a plufpart un double calice, & Ton n'en a connu jufqu'ici que trois genres qui euffent un calice fimple, favoir, J'Abutilon de Tourefort, que M. Linnæus appelle Sida; le Monofpermalthæa de d'Hnard,nommé Waltheria par M. Linnæus, & le Napæa , auxquels il faut joindre huit autres genres dont je parlerai dans un ouvrage général fur la Botanique, qui aura pour titre, Familles des Plantes ; ces genres font le Dayena, le Velaga , le Siewarria, le Lafianthus, le Tjubaki, le Durio , le . Ceiba & le Baobab qui forme un genre de plante fort diflé- rent par fon calice, qui tombe dès que le fruit eft noué, par le nombre & la fituation de {es étamines, qui au lieu d'être femées D Es (SNGNMLAÉ EN C'r's 225 femées çà & là autour d’un cylindre, font réunies pour former une houppe à fon extrémité, & par fon fruit ligneux partagé en dix à quatorze loges remplies de femences enveloppées d’une chair sèche & comme fpongieufe. C'eft ici le lieu de donner le caraétère qui eft particulier à la famille des Malvacées, je veux dire des plantes qui ont des rapports très- prochains avec celle qu'on nomme en françois Mauve, en latin Maba; voici en quoi confifte ce caraétère. 1. Ces plantes’ont toûjours autour de leurs fleurs un calice qui eft fimple dans les unes, double dans les autres, & qui tombe quelquefois lorfque le fruit commence à fe nouer, ou qui l'embrafe & l'accompagne jufqu’à fa parfaite maturité. 2.° Leurs pétales font au nombre de cinq à fept, arrondis ou triangulaires, quelquefois échancrés en haut, & terminés en bas par un onglet qui les attache par-deflous autour du centre ou réceptacle du calice, & par-devant au cylindre des étamines, de forte qu’ils paroiffent ne former qu'un feul pétale, quoiqu'ils foient réellement diftingués les uns des autres, & entièrement féparés par-derrière : lorfqu'ils font épanouis, ils fe recouvrent toûjours en grande partie les uns les autres, foit le côté gauche, foit le côté droit, difpofition qui change felon la fituation où fe trouve la fleur relativement à l'afpeét du Soleil & à la tige de fa plante. 3° Les étamines varient beaucoup pour le nombre; elles ne font jamais moins que cinq, & vont jufqu'à fept cents & même au delà dans le Baobab; elles font jointes les unes aux autres par l'extrémité inférieure de leurs filets pour former un cylindre qui part du fond du calice, qui enveloppe l'ovaire & qui s'attache à la bafe des pétales qu'il réunit enfemble. Les fommets qui terminent les filets ont la figure d'un rein, & souvrent par leur convexité fupérieure en deux loges qui répandent une pouffière comparable aux molécules qu'on ob- ferve dans le fperme des animaux ; cette pouffière vûe au microfcope, ne paroît qu'un amas de petits globules hériffés de pointes dans toutes les efpèces que j'ai obfervées. 4° Le piftile confifte en un ovaire terminé par une trompe Mém. 1761, RE 226 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ou un ftyle creux en dedans & qui fe divife communément en autant de branches ou de fligmates qu’il y a de loges : cette divifion n’eft cependant pas une chofe conflante dans tous les genres, les fligmates forment dans les uns de fongs fillons, & dans d'autres de petites mafles fphériques de poils qui, re- gardés au microfcope, paroiffent cylindriques ou coniques. 5 Les loges de l'ovaire font réunies autour d’un axe qui a été auparavant Ja bafe même du ftyle de la fleur ; ces loges ne s'ouvrent pas toüjours, mais lorfqu'elles s'ouvrent, c'eft par leur angle intérieur, celui qui étoit appliqué à l'axe; quelque- fois elles fe féparent en deux ou plufieurs battans, quelquefois elles n'en forment qu'un. 6. Le nombre des femences varie dans les Joges des ovaires, il y en a qui n'en contiennent qu'une, il y en a d’autres qui en contiennent plufieurs attachées à leur angle intérieur, elles ont pour lordinaire la figure d’un rein ou rognon de lièvre, il y en a auffr d'ovoides, 7. L'embryÿon contenu dans Ra double enveloppe de chaque femence, eft recourbé en demi-cercle autour d'un corps charnu, mollet & blancheïtre qui ne fe trouve pas dans toutes: il eft compofé de deux lobes ou cotyledons orbiculaires, repliés fur chacune de leurs nervures, & d’une radicule cylindrique plus courte qu'eux. 8. Les feuilles des Malvacées varient affez pour la forme, & fouvent dans à même plante. Il y en a de longues & d'o- vales, elles affectent cependant plus généralement de prendre une figure ronde ou à peu près ronde; elles font ordinairement dentelées dans leur contour, quelquefois anguleufes, toûjours fimples ou folitaires, quoique découpées de quelques finuofités ; car ces finuofités, quelque profondes qu'elles foïent , ne vont pas jufqu'au pédicule, ou du moins elles ne f divifent pas toutes également jufqu'au pédicule. Le Baobab & le Ceiba font les feules Malvacées connues jufqu'ici, qui aient les feuilles ainfi compofées ou digitées, ceft-à-dire raffemblées plufieurs en rayons au fommet d'un même pédicule ; fingülarité qui les diftingue, au premier coup d'œil, des autres plantes de cette famille, DES SCIENCES. 22 Les nervures qui traverfent les feuilles fimples des Malva- cées, forment autant de rayons qui partent immédiatement du pédicule comme centre; elles font arrondies, très-élevées fur le deflous des feuilles, & faillent affez fenfiblement fur leur fnface fupérieure : ces nervures radiées offrent encore une autre fingularité qui ne & trouve pas dans toutes, ce font des vaif feaux fecrétoires, des ouvertures, des pores ovales ou alongés en forme de fillons, quelquefois élevés comme autant de glandes qui s'ouvrent auprès de leur origine au-deflous des feuilles, & répandent une liqueur gluante, fucrée & comme mielleufe ; le coton a trois pores femblables , un à chacune des trois nervures qui occupent le milieu de fes feuilles ; lUrena & le Pariri en ont quelquefois trois, mais plus communément un feul ; fe Ketmia-fabdarifa & le Kermia -fyrorum en ont un femblable à la nervure du milieu feulement: & à cet égard, je dois faire remarquer que le coton qu'on cultive ici dans les ferres chaudes, perd ordinairement deux des trois pores que je lui ai obfervés au Sénégal. | Le pédicule qui fupporte les feuilles eft ordinairement arrondi en cylindre, ou en demi-cylindre, renflé à fon origine, & accompagné de deux ftipules ou petites feuilles vertes, de figure ovale ou triangulaire, qui ne lui font aucunement attachées, mais feulement à la tige qu'elles quittent même aflez tôt & bien avant les feuilles. 9+ C'eft une opinion aflez généralement reçûe que tous les arbres & arbrifleaux font gemmipares, mais toutes les Malvacées font exception à cette règle. I n'y a point de boutons ou de bourgeons dans ces plantes, leurs feuilles font fans enveloppe au bout des branches, d’où elles fortent à nud toutes droites fur leur pédicule, & repliées fulement dans toute leur longueur , foit d’un feul pli, comme dans le Baobab & 1 Aéwrilon , (oit en autant de doubles qu’elles ont de nervures, comme dans la mauve, la rofe tremière, &c. leurs flipules ne font pas aflez grandes pour les recouvrir, Ces feuilles, lorfqu'elles font bien développées, s’inclinent communément fous un angle de quarante-cinq degrés vers la fi SA, V, Tom, XVII, figr 9 228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE terre ; & dans quelques genres, comme l'Aëwrilon & 1e Napæa, elles font d'abord pendantes & appliquées contre la tige, leur pofition fur cette tige eft toüjours alterne. 10. On connoît fort peu de Malvacées qui forment des arbres ou arbrifleaux toujours verds; cela fe réduit au Parïri, au Bupariri, & à deux efpèces de Larvatera , dont Lobel appelle Vune Akhæa arborea Olbia in gallo provinciä, qui eft V Alhæa fruëfcens folio acuto parvo flore (C. B.), & dont Fautre eft figurée par Morifon fous le nom de Maha hifpanica foliis mollibus , dre. les autres quittent toutes leurs feuilles à l'arrière- faifon, même au Sénégal, où la plufpart des arbres confervent une verdure perpétuelle, 11." Les fleurs de ces plantes ne s'épanouiflent communé- ment que depuis neuf heures du matin jufqu’à une heure après midi, & elles changent de couleur en fe flétriflant; les rouges deviennent violettes, les blanches couleur de chair , & les jaunes blanchifient, 12. Les poils qu'on obferve ordinairement fur les Malva- cées, font de quatre efpèces, favoir des poils coniques, ou en forme de foie, des poils en fufeau, des poils en aigrette, & des poils en étoiles de différent nombre de rayons : ceux-ci font les plus connus. 13. On fit que la principale vertu de ces plantes eft émolliente & rafraichiflante, les. fucs qui y abondent font mucilagineux , quelquefois mêlés d'un acide qui y eft comme enveloppé; & lorfque l'acide domine, comme ïl arrive dans quelques efpèces de Kermia, alors elles font réputées ofeilles , & on les emploie comme telles dans les pays chauds. 14. Enfin le bois de ces fortes de plantes eft généralement très-mou, & peu propre aux ouvrages; leur écorce, qui ef très-liante & d’une grande foupleffe, fe fend en de longues lanières qu'on emploie utilement à faire d'aflez bons cordages. La claffe des Malvacées ainfi établie par ces caraétères généraux, peut fe divifer en trois fections, relativement au calice de leurs fleurs : car il y en a qui n'ont qu'un calice fimple & d'une feule pièce, & il y en a d'autres qui ont deux calices D'EUSANSICNI EE NC Es 229 chacun d’une feule pièce, ou dont l'intérieur eft d'une feule pièce, pendant, que l'extérieur eft compolé de plufieurs pièces qui paroiflent moins être un fecond calice que des appendices du premier. Au nombre des plantes qui n'ont qu'un calice, on doit ranger les onze genres que j'ai cités ci- devant, favoir, le Waltheria, le Dayena, le Napaa, Y Abutilon, Le Velaga, le Stewartia, le Lafianhus , le Tfubaki, le Durio, le Ceiba, le Baobab , & un nouveau genre qu'on verra dans l'Hiftoire des plantes du Sénégal. | Les Malvacées à double calice, dont l'extérieur eff écailleux , ou compofé de petites feuilles femblables à des appendices du calice intérieur qui eft d’une feule pièce, font le A{u/va, le Kermia de Tournefort, & le Malvavifeus de Dillem , enfin le Malacoides de Tournefort, auxquels il faudra ajoûter le Laf du Sénégal, & deux nouveaux genres que m'a procuré mon voyage en Afrique, Parmi les Malvacées qui ont deux calices, tous deux d’üne feule pièce, viennent naturellement l'A%hæa, le Tjinkin de Rumphe, le ZLavarera , VUrena, dont M. Linnæus dit que le calice extérieur eft de plufieurs pièces, & que je fais très-cer- tainement n'être que d'une feule pièce ; le Goffipium de cet auteur , qui eft le Xyo de T'ournefort ; enfin une plante rangée jufqu'ici par les Botaniftes avec les Æermia, fous le nom de Kermia Indica Tihæ foho, qui fait un nouveau genre, appelé Pariti dans ? Æortus Malabaricus. I y a beaucoup d'autres genres de plantes gui {€ rapportent aux Malvacées, mais qui en diffèrent cependant affez pour faire une clafle à part : j'aurai lieu d’en parler un jour, & de faire voir leur analogie, tant dans mon Ouvrage fur les Familles des plantes, que dans PHifloire du Sénégal. Après avoir donné la defcription du Baobab, & fuffifamment démontré que c'eft un nouveau genre de plante très-diftin- gué des autres Malvacées, que les Botaniftes ont connues jufqu'ici, je crois devoir pafñler à fon hifloire, & parler des terreins où il croit plus communément, de fi culture, de fs Fi 230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE maladies, de fon âge ou de fa durée, des pays où on l'a obfervé jufqu'ici, de fes ufages, enfin des Auteurs qui en ont parlé, & de fes différens noms. | Le Baobab fe plaît dans les terres fablonneufes, mobiles & très-humides. Il eft fort commun aux environs de l'ifle du Sénégal & du Cap-verd. On en voit jufque dans le pays de Galam , qui eft à plus de cent lieues de Ia mer, & fur toute la côte maritime, jufqu'à Sierra-lione ; mais {on pivot pique diff cilement dans les rochers, & lorfqu'il eft légèrement égratigné, il prend une carie qui gagne le tronc, & y fait des progrès très-prompts qui le font périr, c'eft pour cela qu'on trouve cet arbre en moindre quantité & plus petit fur les côtes mari- times bordées de rochers, & dans les terres dures, argilleufes &c pierreufes du pays de Galam , que dans les fables mouvans qui occupent un efpace de trente lieues entre l'ifle du Sénégal & le Cap-verd: fa racine eft fujette à fe fondre lorfqu'on le tranf- plante trop jeune ou trop vieux, lorfqu'il commence à lever, ou lorfqu'i a une dixaine d'années : le plant de fix mois jufqu'à deux ans, eft celui qui réuflit le mieux; fes branches prennent auf de bouture, mais rarement, & leur progrès eft plus lent que celui des plants qu'on a femés. Outre la carie, cet arbre eft fujet à une autre maladie, à la vérité peu commune, c’eft une efpèce de moififlure qui fe répand dans tout le corps ligneux, & lamollit ou le réduit à la confiftance de la moëlle ordinaire des arbres, fans changer ni fa blancheur naturelle, ni la difpofition de fes fibres. Dans cet état, il eft igçapable de réfifter aux coups de vent; j'en aï vüunen 1749, qui fut rompu par le milieu du tronc pendant un grain, dans l'Hle-au-bois , voifine de celle du Sénégal, H étoit pour lors habité par un grand nombre de gros vers de fcarabés. & de capricornes, qui ne paroifloient aucunement la caufe de cette maladie ; les œufs de ces animaux y avoient été dépolés, comme plufieurs infeétes introduifent ici les leurs dans le tronc du Saule, lorfque fon bois eft dans un état de molleffe à peu- près pareil à celui que je décris, au lieu qu'ils ne l'attaquent point lorfqu'il eft bien fain. DIEUS\ IG lGUINEN (CES 231 Cet arbre vit très-long-temps, & peut-être plus qu'aucun arbre connu, à caufe du long accroifiement qu'exige fa monf- trueufe groffeur. Je puis rapporter quelques faits qui femblent le prouvèr: j'ai eu occafion de voir, comme je fai dit dans la relation de mon voyage au Sénégal /a) dans l'une des deux ifles de la Magdeleine, deux de ces arbres qui portoient des noms Européens, dont les uns datoient très-diftinétement du feizième & du quinzième fiècle, d’autres affez confufément du quatorzième fiècle , les années en ayant eflacé ou rempli la plufpart des traits: ce font probablement ces mêmes arbres que Thevet dit avoir vü, en paffant par ces ifles, dans le voyage qu'il fit aux Terres antarétiques en 1 5 5 5, & dont je citerai le paffage ci-après ; les caractères de ces noms avoient fix pouces au plus de longueur , & n'occupoient pas deux pieds en largeur, c'eft-à-dire, une très-petite partie de la circonférence du tronc, environ le huitième, ce qui me fit juger qu'ils n'avoient pas été gravés dans la jeuneffe de ces arbres; en fuppofant cependant ce cas, qui eft le moins favorable de tous, & en négligeant la date un peu confufe du quatorzième fiècle pour nous en tenir à celle du quinzième fiècle, qui eft très-diftinéte, il eft évident que fi ces arbres ont été deux fiècles à gagner fix pieds de diamètre, ils feront au moins huit fiècles à en prendre vingt- cinq pieds, c'eft-à-dire, plus de quatre fois autant; mais il s'en faut bien que l'accroiflement des arbres fuive cette progreffion égale. L'expérience apprend qu'il fait très-promptement dans les premiers ans, qu'il fe ralentit enfuite par degrés, qu'enfm il s'arrête lorfque l'arbre a atteint le période de grandeur qui eft ordinaire à fon efpèce; & fans quitter Fhiftoire du Baobab, n'ayant point de fait plus préfent, & ignorant qu'on ait fait à ce fujet quelques obfervations qui puiffént me fervir de terme de comparaïfon, je fai que cet arbre prend environ un pouce à un pouce & demi de diamètre fur cinq pieds de hauteur dans fa première année, qu'il a au bout de dix ans un pied de diamètre fur quinze de hauteur, & environ un pied & demi de diamètre fur vingt de hauteur au bout de vingt ans. Tels (a) Voyez Hifloire Naturelle du Sénégal, voyage, page 66. 232 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE étoient en 1756 ceux que M. David fit planter fur l'ifle du Sénégal, pendant l'année 1736 , où il étoit Direéteur général de cette conceflion ; & il efl néceffaire de faire remarquer que le terrein de cette ifle eft fablonneux, humide, & parfaitement femblable à celui où croiffent les arbres énormes dont je parle. J'aurois defiré pouvoir faire ufage de ces quatre ou cinq termes d’obfervations, pour calculer l'âge de cet arbre ; mais la faine Géométrie nous apprend qu'ils font infuffifans pour rien . déterminer de précis à ce fujet, c'eft pourquoi je me bornerai à faire foupçonner qu'il eft vrai-femblable que fon accroiffement qui eft très-lent, relativement à fa monftrueufe grofeur de vingt-cinq pieds, doit durer plufieurs milliers d'années, & * peut-être remonter jufqu'au temps du déluge, fait afez fingulier pour faire croire que le Baobab feroit le plus ancien des monu- mens vivans que puifle fournir Fhiftoire du globe terreftre. Cet arbre dont quelques voyageurs parlent comme du plus gros arbre de l'Univers, doit être confidéré comme tel, & je ne crois pas qu'on fafle de difficulté d'en convenir lorfqu'on voudra en comparer les dimenfions. Dans toutes les relations que j'ai lües, je ne l'ai vü citer nulle part, comme ayant été obfervé en Afie ou en Amérique, encore moins en Europe; on f'attribue unanimement à l’Afrique, fur-tout à fa partie occidentale, qui s'étend depuis le Niger jufqu'au royaume de Benin, ainfi 1 paroït appartenir à cette partie du monde qui jufqu'ici a été regardée avec raifon comme la mère des monf- tres. Néanmoins M. Thibault de Chanvalon, habitant de la Martinique, & Correfpondant de cette Académie, connoït un de ces arbres fur cette ifle; mais cet arbre eft encore affez jeune , quoique portant des fleurs & des fruits depuis plufieurs années: il fe trouve dans l'habitation d'un particulier où il a été femé de graines apportées par quelques efclaves arrivans des côtes de l'Afrique ; H eft ordinaire à ces gens de tranfporter avec eux , lorfqu'ils voyagent , la plufpart de leurs graines pota- gères, fur-tout celles qui leur font d’un ufage journalier ; ils les mettent dans la feconde poche du fac à tabac, qu'ils portent en bandoulière à leur cou, ou bien ils en font un petit nouet à un mn Et SLGUUE AN GES 233 un des coins de leur pagne, c’eft pour eux une efpèce de tréfor qu'ils ne perdent point de vûe. Les graines qu'ils portent ordinai- rement fur eux, font le Baobab, que les Oualofes appellent {Goui), quelques efpèces de Corchorus qui peuvent fuppléer à fon défaut :le Xermia (Kiarhaté) , qu'on appelle Gombo {ur la Côte- d'or, & du même nom en Amérique; deux efpèces de coton, dont les Oualofes appellent fun / Outenn - dar), & Yautre (Outeun-oualof) ; le Mundubi où piflache de terre (Guerté), qui n'a pas encore de: nom américain ; le Xermia, oleille de Guinée, { Bjab) ; le poivre d'Éthiopie /Guer), qui eft une épice ; le Tamarin / Dakar); le Palmifte (ir) ; plufieurs efpèces de haricots / Nicbé) ; le Melon d'eau (Boumd) ; le Giromont / Magie ), & quelques autres, Toutes ces plantes, qui n'ont pas encore de noms américains, fe font ainfi vûes tranfplantées dans “cette partie du monde, & la plufpart font aujourd'hui multipliées dans les habitations à un point, qu'elles paroiffent naturelles à fes différentes colonies. Ces productions doivent naturellement être exclues de l'Hifloire Naturelle de ces pays ou être citées comme étrangères ; & je n'ai fait l’'énu- mération précédente de quelques plantes tranfportées par les Africains.en Amérique, que parce qu'elle peut avoir un objet d'utilité même très-effentiel, en nous empêchant de tirer des induétions faufles, relativement à l'analogie que ce rapport apparent de produétions pourroit faire fuppoler entre deux pays auffr différens. Sans de femblables remarques, faites par des Botanifles attentifs, nous ignorerions que ha Verge-d’or, appelée Virga-aurea, Virginiqna annua pa Zanoni, eft une plante de Virginie, tant elle eft multipliée dans. nos campagnes , dans les chemins, enfin dans les lieux les plus incultes & les plus éloignés des jardins où l'on cultivoit cette plante autrefois étrangère.: Les Ouvrages du P. Plumier, qui a voyagé {1 uti- lement pour la Botanique dans prefque toutes les ifles chaudes de l'Amérique, l'Hifloire de la Jamaïque, publiée autrefois par Sloane, & tout récemment encore par M. Browne, ne font pas mention de l'arbre dont je fais Ja defcription ; cepen- dant comme il fruétifie depuis quelques années à. la Martinique, Mém. 1761. . G£g 234 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & qu'il pourroit arriver par la fuite que fon fruit étant du goût des habitans, il fût multiplié de manière à y paroître na- turel, j'ai cru devoir rapporter ici le témoignage de M. Thibault, qui a fait beaucoup de recherches botaniques dans ces ifles, & qui fait, à n'en pouvoir douter, qu'excepté ce feul pied, il ne s'en trouve pas d'autre, même dans le continent. Paflons actuellement aux vertus médicinales & aux ufages de cet arbre. Les malvacées font, comme l'on fait, mucilagi- neufes, & ont par-là une vertu émolliente : 1e Baobab a auffr cette qualité, fur-tout dans fon écorce & dans fes feuilles; celles-ci font particulièrement employées, pour cette raifon, par les Nègres habitans du Sénégal. Hs les font fécher à l'ombre en plein air, puis les réduifent en une poudre qui eft d'un aflez beau vert; ils confervent cette poudre au fec dans des fachets de toile de coton & fans autre foin: c’eft ce qu'ils appellent le Labo. Ws en font un ufage journalier, & en mettent deux ou trois pincées dans leur manger, fur-tout dans le coufcous, à peu près comme nous ufons du poivre & de la mufcade dans nos ragoüts : ce n’eft cependant pas pour donner âu coufcous un goût aromatique ou piquant, le Labo eft prefque infipide; ce n'eft pas non plus pour donner, par le moyen du mucilage dont cette poudre abonde, une liaïfon déjà afez forte dans ce mets, qui n'eft compolé que de la farine groffière du mil ou du panis, fimplement imbibée d’un coulis de viande ou de poiffon, & réduite, par une manipulation particulière & très-délicate, en petits grains comparables à la fineffe du fablon. Ils ont un autre objet, c’eft d'entretenir dans leur corps une tranfpiration abondante qui fait leur fanté, & de calmer la trop grande ardeur du fang. Le mucilage du Baobab a ces vertus, & j'en ai profité avantageufement pour me préferver des fièvres ar- dentes qui fe répandent comme une épidémie fur les naturels du pays, & encore plus fur les Européens qu'elle moiflonne, pour ainfi dire, pendant les mois de Septembre & Oétobre, c'eft-à-dire, dès que les pluies ceflant tout-à-coup, le Soleil vient à deffécher les eaux qui fe font arrêtées fur les terres. Dans ces temps critiques, je faïfois une tifane légère avec les * DES SCIENCES. 235$ feuilles du Baobab que j'avois recueillies au mois d'Août de l'année précédente & fait fécher à l'ombre, en les fufpendant au plancher, comme font ici nos Herboriftes: cette tifane n'a point de goût; cependant lorfqu'on la fait trop forte & comme vifqueufe, on y trouve un peu de fideur, qui peut fe corriger avec, une très-petite quantité de fucre ou de racine de réglifle : jen ufois tous les ans pendant ces deux mois feu- lement, en prenant une chopine le matin, foit avant, foit après mon déjeüné, & autant le foir après la plus grande cha- leur du jour, c’eft-à-dire entre cinq & dix heures: j'en prenois aufl quelquefois vers le milieu du jour, mais ce n'étoit que Jorfque je féntois quelque migraine qui m’annonçoit une fièvre prochaine. Par ce moyen, j'ai fà prévenir pendant cinq ans que J'ai demeuré au Sénégal, les diarrhées & les fièvres ardentes, qui font prefque les feules maladies qu'on ait à craindre dans ce pays. Enfin, pour rendre plus frappans les bons effets de cette tifane, prife dans les temps critiques que je viens d'in- diquer, il fufhra de dire que dans le mois de Septembre de l'année 1751, où les fièvres ardentes furent plus répandues qu'on ne les avoit vües depuis plufieurs années für l'ifle du Sénégal, je continuai mes chaffes & mes herborifations fati- gantes avec autant d'ardeur que jaurois pü le faire dans ce pays-ci; & qu'un de mes amis, qui ufoit, à mom exemple, de la même tifine, fut le feul, avec moi, qui vaqua à {es occupations ordinaires, pertdant que tous les autres Officiers françois étoient alités, chofe qui les furprenoit fort , fur -tout à l'égard de mon ami, dont le tempérament très-délicat eur fmbloit plus fufceptible des impreflions du mauvais air qui paroit être la première caufe des maladies épidémiques de cette faifon. Un remède aufli innocent, auffi facile, & dont j'ai reffenti de fi bons effets, devroit être employé dans ces temps, pour prévenir non feulement les fièvres chaudes, mais même les ardeurs d'urine, qui font très-fréquéntes pendant {a haute faifon, c'eft-à-dire depuis le mois de Juillet jufqu'à celui de Novembre, L'expérience m'a appris que cette tifane {ule fuffit # pourvi qu'on s'abftienne du vin pendant qu'on en fait ufage. Gi » 236 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le fruit du Boabab n'a pas moins d'utilité que les feuilles dont je viens de parler, on en mange la chair fongueufe qui enveloppe les femences; elle a un goût aigrelet affez agréable, für-tout dans les fruits de l’année qui confervent encore un peu de leur première fraîcheur. Le temps fait perdre à ce fruit beaucoup de fa première bonté; néanmoins on le vend dans les marchés, c'eft même un objet de commerce, petit à la vérité dans le pays du Sénégal où l'arbre qui le porte eft trop commun, mais aflèz avantageux pour ceux qui en portent chez les peuples voifins. Les Mandingues reconnus de tout temps pour les plus grands voyageurs de l'Afrique , portent ce fruit dans la partie orientale & méridionale de ce continent, pendant que les Arabes qu'on appelle Maures au Sénégal, le font paffer dans les pays voifins du royaume de Maroc, d'où il fe répand enfüuite dans toute l'Egypte: car, fuivant le té- moignage de Profper Alpin, « ce fruit eft apporté au grand Caire, non pas dans fon état de fraicheur, mais aflez fec pour que fa pulpe puifle fe réduire en une poudre qu'on appelle dans cette ville, la terre de Lemnos. / Cayri etiam , quo loco recens frudlus non habetur, ejus pubp& in pulverem paratä à utuntur, quæ eff terra Lemnia, obfervatur: effque apud muhos familiariffimus illufce terræ ufus ad poflferas febres, &'c.) Elle eft d'un ufaÿe familier dans les fièvres peftilentielles , dans les crachemens de fang, la lienterie, la dyfenterie & le flux de fang hépatique : on s'en fert encore pour procurer les règles. La dofe de cette poudre paffée au tamis fin, eft d'une dragme; les Médecins la prefcrivent pour les maladies ci-deflus men- tionnées, & la font prendre ou en diflolution dans Feau de plantain, ou bien en infufion ou en décoétion dans l'eau com- mune. Le méme auteur ajoûte qu'il a appris que dans les contrées brûlantes de l'Éthiopie où ce fruit croît naturellement, les habitans lemploient comme un rafraïchiffant pour éteindre les ardeurs de la foif, & que les gens riches tempèrent fon acide avec un peu de fucre; qu'on s’en fert encore plus parti- culièrement pour toutes les aflections chaudes, dans toutes les fièvres putrides, fur-tout dans celles qui font pefilentielles, D'ES SIC HE NICE S 237 foit en mangeant fa pulpe avec du fucre, foit en buvant fon « - füc tiré par expreffion & mêlé avec une quantité fufhfante de « fucre, où même réduit en firop.» Profper Alpin auroit dû nous apprendre quels font les peuples de l'Éthiopie où cette dernière préparation eft en uface; ce font fans doute ceux qui habitent la partie orientale de Afrique, car elle éft tout-à-fait inconnue aux Nègres qui font dans la partie occidentale, d’au- tant plus que la canne de fucre ne croît pas naturellement chez eux, & que, quoiqu'ils aient une efpèce de mil qui pourroit y fuppléer, ils n'en font cependant aucun ufage: cela n’em- pêche pas néanmoins que tout ce que cet auteur rapporte für les vertus du fruit en queftion, ne foit conforme à la vérité & mis en pratique chez les Nègres. * La coque où l'écorce ligneufe de ce fruit, & le fruit lui- même, lorfqu'il eft gâté, fervent aux Nègres à faire un excellent favon, en tirant la lefive de fes cendres & la faifant bouillir avec l'huile de palmier qui commence à rancir. On peut encore rapporter aux ufages du Baobab celui que les Nègres font de fon tronc; la carie le creufe fouvent, fur- tout ceux qui croiflent dans des terreins pleins de rochers qui _égratignent fon pivot, comme il arrive dans le pays de Kayor; les Nègres favent profiter de ces cavités, ils les régularifent pour en former des chambres obfcures, ou pluftôt de vaftes cavernes qu'ils deftinent à être le tombeau des gens qu'ils jugent indignes des honneurs ordinaires de la fépülture: tels font ceux qu'ils appellent Giriors, ce font leurs poëtes, leurs muficiens, leurs tambours, leurs bouffons; il y enades deux fexes, ce font ces mercénaires qui préfident aux bals & aux danfes, dont ils ont le talent d'animer la liberté par leurs. bouffonneries, Les Nègres ont'une crainte refpectueule pour ces gens & pour tous ceux qui ont des connoiffances fupérieures aux leurs, les traitant de forciers ou de démons ; ce qui.fe prend chez eux en bonne part, comme qui diroit des efprits fublimes; ils Les honorent même pendant leur vie, mais aufli-tôt après leur mort, ce refpect craintif fe change en un objet d'horreur. I{s ne permettént pas qu'on Jés.enterre ni qu'on les jette à La Ggi » » 238 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE mer ou dans quelque rivière; ils s'imaginent que l'eau où on les auroit jetés ne nourriroit plus de poiflons, & que la terre où on les auroit enfevelis feroit enchantée, qu’elle détourneroit les eaux du ciel, enfin qu'elle ne produiroit plus rien.’ Ces motifs fuperftitieux dont ils font intimement perfuadés, leur font refufer la fépulture à ces fortes de gens; ils les fufpendent donc dans des troncs d'arbres aïinfi creufés, dont ils ferment l'entrée avec une planche: ces hommes ainfi fufpendus fe def- sèchent parfaitement, & font une efpèce de momie fans le fecours des parfums & des embaumemens. Le Baobaba au Sénégal prefqu'autant de noms qu'il y a de royaumes. Les Oualofes dont la langue eft la plus répandue dans le pays, donnent le nom de Goui à cet arbre, & celui de Boui à fon fruit; les François l’appellent Calebaffier & fon fruit Pain de finge: ces noms de Calebaflier & de Goui n'au- roient-ils pas donné lieu à l'erreur du P. Labat, qui dans fa relation du Sénégal, dit qu'on y voit beaucoup de calebafliers, & qui confond cet arbre avec le calebaflier d'Amérique dont il lui fubflitue la figure, quoique ces deux arbres foient très- difkrens? Le nom de Coui qu'on donne en Amérique au fruit du Calebaflier de ce pays, eft peut-être dû à une confefion pareille, occafionnée par le nom de Goui que des Nègresdu Sénégal auront donné à cet arbre qui porte des fruits en cale- baffe comme le Baobab: peut-être auffi ce nom de Coui eft-il dérivé du terme @yére par lequel les habitans du Brefil dé- fignent cet arbre fuivant le rapport de Marcgraaf. Si nous cherchons origine de nos connoiflances fur le : Baobab, nous trouverons qu'elle ne remonte pas plus haut que Thevet parmi les Voyageurs. « Il y a, dit-il dans fon Livre fur les fingularités de la France antarétique (chapitre 1 0) auprès du Promontoire verd , trois petites. ifles * prochaines de terre ferme, autres que celles que nous appelons fes du Cap verd, * If n’y en a plus que deux au- &| par quelque tremblement de terre: jourd’hui, dont l’une n’eft qu’un | au refte, çes deux ifles n'ont. pas rocher nu, fréquentée feulement par |. changé de forme depuis que la Com- les pigeons ramiers & les goélans; | pagnie françoifé des Indes pofsède la troifième aura fans doute difparu | cette concefhon. 2] " D'ENSISAGMUE NT CT IQMI TN 9 affez belles pour les beaux aires qu'elles produifent ; toutefois « elles ne font habitées: en l’une de ces ifles, fe trouve un arbre « lequel porte des feuilles femblables à celles de nos figuiers; le « fruit eft long de deux pieds ou environ, gros en proportion, « approchant dés groffes & longues coucourdes de l'ifle de Cyprée Aucuns mangent de ces fruits, comme nous faïfons des fucrins « & melons, & au dedans de ce fruit eft une graine faite à a « femblance d'un rognon de lièvre, de la groffeur d'une fève; « quelquesuns en nourriflent les finges, les autres en font des « . colliers pour mettre au cou, car cela eft foit beau quand il « eft fec & affaifonné. » Tout ce que rapporte ce Voyageur, eft aflez jufte, excepté la comparaïfon qu'il fait des feuilles de cet arbre avec celles dusfiguier, dont les découpures ne font cer- tainement pas auffi régulières ni taillées fur un modèle femblable. Profper Alpin eft le premier parmi lés Botaniftes qui ait « ! parlé de cet arbre. « On apporte, dit-il, de l'Ethiopie au grand mn Caire, un fruit que l'on appelle Baobab; i a la forme & la « groffeur d’un citron, & contient des femences noires, dures, « repliées en demi-cercle, enveloppées d'une chair femblable à « celle des calebaffes, mais rougeätre & acide.» Wefling ajoûte dans fes notes fur ce pafiage de Profper Alpin, que « l'écorce x _de'ce fruit eft également dure & épaifle, & que fi noirceur « extérieure eft un indice certain pour reconnoître fon pays natal; « qu'il eft un peu ridé vers fon pédicule, qu'enfüite il s’'arrondit « comme Rcalebafte pour fe terminer ou en pointe ou en rond « à l'extrémité oppofée; que ce fruit {ec tel qu'on le vend en « Égypte, étant coupé en travers, montre un amas de membranes « fibreufes & longitudinales éhtre lefquelles font logées les {e- « + mences; qu'en féparant ces membranes, on découvre les femences « qui font enveloppées d'une fubflance rougeître qui, preffée « entre les doigts, fe réduit facilement en une poudre très-fine. » I faut remarquer fur ce paflage, que Profper Alpin na vû que des fruits fort petits du Baobab, même en fort mauvais état, étant dépouillés fans doute par le frottement d'un long voyage, du duvet verdätre qui les recouvre, & rougeâtres en - dedans, tels que les fruits de conformation défectueufe qui © #* . D” lb, 240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n'ont acquis qu'une maturité imparfaite, ou qui ont féjourné une année fur l'arbre après leur maturité: ces fortes de fruits font ordinairement de rebut au Sénégal, & on ne s’en fert que pour faire du favon. « J'ai vü, continue Profper Alpin, dans un verger du Caire, un arbre de l'efpèce de ceux qui portent » -ces fruits; il reffembloit parfaitement à loranger, tant par fa grandeur, que par la figure de fes feuilles. » Cet auteur sen eft rapporté bien légèrement à la première vüe de cet arbre, & la figure qu'il donne d’un rameau chargé de feuilles, de fleurs & de fruits, fait voir clairement qu'il a faite d’ima- _gination : les feuilles y font folitaires, les fleurs à quatre pé- tales, attachées deux à deux comme les fruits par un pédicule extréèmement court, ce qui eft entièrement contraire à lob- fervation. L'Éclufe Clufius, qui vivoit dans le xv.° fiècle, comme Profper Alpin, eft beaucoup plus retenu dans fa defcription & fa figure des feuilles & du fruit du Baobab, qu'ilavoit reçüs fous les noms d'Abavo & Abavi, d'Honorius Bellus & de Garet, qui eux-mêmes les avoient eus de quelques Matelots anglois revenus de Éthiopie, il veut dire de la côte de Guinée ou du Sénégal: il fe contente de donner € qu'il a vü, fans rien Eoriconm, Fafarder au-delà. «Le fruit de l'Abavo, dit-il, refflemble I, cap, 2: » » » » » » » » parfaitement à celui que Profper Alpin décrit fi négligemment : {ous le nom de Baobab: il a environ un pied de long, feize pouces de circonférence, & eft attaché à un pédicule long de deux pieds & de la groffeur du doigt. Il eft marqué dans toute fa longueur de quelques fillons peu apparens, un peu plus étroit à fon origine vers le pédicule, & terminé en pointe à l'extrémité oppolée : fon écorce, qui eft épaifle & médiocre- ment dure, eft recouverte d’un duvet verdâtre. Intérieurement ce fruit eft parcouru dans fa fongueur, depuis fon pédicule juf- qu'à la pointe oppolée, par des nervures & des fibres entre lefquelles on voit une pulpe ou une fubftance blancheître, d’un goût aigrelet , aflez friable , qui renferme des femences dures, noirâtres , figurées comme de petits reins remplis intérieure- gent d’une amande blanche affez agréable au goût, & attachées par DES SCIENCES. 241 Vombilic à plufieurs filets contournés & comme frifés. Les « feuilles de l’Abavo, fuivant l’obfervation de Bellus, qui en a « élevé plufieurs pieds , reflemblent à la vérité à celles du citronnier « dans les premiers jours de a naïffance de cet arbre, elles font « alors fans pédicule; mais dès qu'il a pris la hauteur d'un pied « & qu'il commence à fe ramifier, alors es feuilles ne font « plus folitaires, elles croiffent deux à deux, trois à trois ou « quatre, ou même cinq à cinq fur un pédicule commun, à « peu près comme les feuilles du lupin ou du marronier d'Inde, « de manière que celle du milieu eft plus grande que fes deux « voifines, & celles-ci plus que les autres. Les Portugais ap- « pellent le fruit de cet arbre, Cülabacera ». Nous ne pouvons reprocher à Clufius qu'un défaut dans cette defcription, c'eft d’avoir dit que chaque femence ef atiachée à plufieurs filets. On voit dans Jules-Céfr Scaliger une defcription fort De Subriirare) courte du même fruit, apporté autrefois à Anvers de la partie 4: de Éthiopie, qu'on appelle Mozambique; il le nomme Guanabanus. «Le Guanabanus, dit-il, a une écorce dure, fillonnée comme le melon, & recouverte d'un duvet verditre, « comparable, par la molleffe, à celui du fruit du coignaflier. « A fon extrémité fupérieure on voit un pédicule ferme, épais & « fibreux , par lequel il eft fufpendu aux branches des arbres; « fon extrémité oppofée fe termine en pointe : ce fruit eft rem- « pli d’une pulpe blancheître, fi friable qu’on peut, par la feule « preflion entre les doigts, la réduire en une poudre trés-fine ; cette pulpe a un goût aigrelet ; les Éthiopiens s’en fervent « pour appaier la foif dans les fièvres ardentes; elle eft parfemée « de femences noires, femblables à des reins ou à celles de l'ana- « gyris, attachées par des fibres à leur ombilic;ces graines ayant « été femées, donnèrent de jeunes plants à feuilles de laurier, qui périrent aux premières approches de l'hiver. » Cafpard Bauhinr, qui a raffemblé dans fon Pinax les citations de tous les Auteurs qui ont parlé des plantes avant lui, après avoir cité ceux dont je viens de parler, défigne le Baobab fous le nom de Abavo arbor racce tuberos4. M ajoûte « que Lib, 11, « 26: fon fruit qu'il a reçû de Crète par Honorius Bellus, & qui « Mém. 1761. . Hh A n An a La 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE venoit d'Éthiopie, égale la grofleur d'un melon, qu'il eft re- couvert d'un court duvet, que fes feuilles qui font quelquefois attachées feules à feules, quelquefois deux à deux ou trois à trois fur un même pédicule, font tantôt dentelées & tantôt fans dentelures dans leur contour. » Après ces auteurs qui vivoient dans les premiers temps de la Botanique, nous pouvons citer M. Lippi dont les obfervations ne font encore que manufcrites. Ce favant Oblervateur qui a été la viétime d'un voyage entrepris par ordre de Louis XIV pour l’Abyffinie, pendant un temps de tumulte & de révo- lutions dans ces pays, eft le dernier qui ait donné la defcription du fruit du Baobab; il la vû au Caire où on l'apporte de la haute Égypte. Je lui rends avec plaifir cette jufice, qu'il l'a obfervé d’une manière plus exacte que tous les auteurs qui Font précédé. Je ne tranfcrirai point ici fa defcription, parce qu'elle eft affez femblable à la mienne, à quelques omiffions près, & je n'aurois rien eu à ajoûter après lui fur cet arbre, s'il leût vû en nature & en fleurs: c'eft le jugement favorable que me donne lieu de porter fur les travaux de ce vigilant Obfervateur, la leture de fes manufcrits précieux que M. de Juffieu a bien voulu me communiquer. k Par les paflages que je viens de rapporter des différens auteurs qui ont parlé du Baobab, il eft évident qu'on n'en a connu jufqu'ici que les feuilles & le fruit: & que fes fleurs qui étoïent la partie la plus eflentielle aux Botanifles pour dé- cider quelle place il doit occuper dans le règne végétal, ont refké jufqu'ici ignorées, ainfi que l'arbre même qui les porte, & dont la monftrueufe groffeur préfente un fait des plus fin- guliers & des plus remarquables que f'hiftoire de Ja Botanique &. peut-être l’'hifloire du Monde ait encore produits. EXPLICATION DES FIGURES PLANCHE L LL, BrANcnes du Baobab chargé de feuilles BB, & de fleurs EFG, ÆEK, feuilles qui commencent à fe développer. Di EST NS AGE LE Pet Q ENS: 243 €, fipules ou écailles qui accompagnent le pédicule des feuilles. F, ftipules qui naiflent le long du pédicule des fleurs. Æ, bouton de fleur prêt à s'épanouir. GC, fleur ouverte. » F1, calice de la fleur, vü par le dos. Z, pétales de fa fleur, réunis enfemble à leur origine. Æ#, cylindre des étamines coupé felon fa longueur, pour en faire voir la concavité. Z, étamine furmontée de fon fommet. AT, ftyle du piftile qui enfile le cylindre des étamines. MNO,piftile fortant du centre du calice qu'on a coupé par là moitié. M, ovaire. À, trompe ou ftyle qui furmonte lovaire. O, plufieurs ftigmates ou petits corps taillés en pyramides ji couronnent le ftyle. PLANCHE I I. PQ, fruit du Baobab avec fon pédicule. R, fruit coupé en travers pour faire voir fes quatorze loges. S, chair fongueufe qui enveloppe les femences. T, femence avec fon cordon F. Z, embryon contenu dans {a femence & recourbé en deini-cercle. 7, le même embryon étendu avec fes cotyledons & fà radicule AA, BB, la plume du même cn CC, cotyledons ou lobes du même embryon, devenus Fe en grandiffant. DD, là première feuille commençant à fe développer. . EE, jeune arbré d’un pied de hauteur. GG, fa racine en fufeau. D, feuilles dentelées. HA, II, feuilles qui commencent à fe découper. A, arbre du Baobab dans fes plüs grandes dimenfons, prifes fur une échelle plus petite que celle de fes parties ci-deffus détullées. LORS Hh ÿ Lü à la ren- trée publique de l’Acadé- mie, le 1.°° Avril 1761. 244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE INIOUIPeESLIL "ETS EXPÉRIENCES D'ÉLECTRICITÉ, Faites à l'occafion d'un Ouvrage publié depuis peu en Angleterre, par M. ROBERT SYMMER, de la Société Royale de Londres. Par M. l'Abbé NOoLLET. ARE la fin de l'été dernier, je reçûs de M. Syÿmmer un ouvrage imprimé en Anglois, ayant pour titre, Obferva- tions nouvelles concernant l'EleGricité, à cet envoi étoit jointe une lettre très-obligeante de Auteur, pour m'engager à exa- miner les faits, & à lui dire mon fentiment fur les conféquences qu'il en avoit tirées. Je partois alors de Paris, d'où je devois être abfent pendant deux mois, & trop occupé de Fobjet de mon voyage, pour avoir Île temps dé me livrer à aucune autre chofe; j'envoyai donc ouvrage Anglois à M. du Tour *, qui voulut bien me le traduire; & ce ne fut qu'à mon retour, c’eft-à-dire, à la fin du mois de Septembre, que je commençai à en prendre connoiffance : j'y trouvai des obfervations neuves & tout-à-fait intéreflantes, des expériences bien imaginées, & faites avec beaucoup d'intelligence, des découvertes fingulières, & un nouveau champ ouvert pour en faire d'autres ; en un mot, la lecture de cet ouvrage me fit tant de plaifir, que je pris dès-lors la réfolution de le publier dans notre langue, ce qui fera exécuté inceflamment, & de répéter les expériences non feulement pour fatisfaire ma propre curiofité, mais encore pour me mettre en état de répondre à la politefle & aux defirs de M. Symmer,qui vouloit favoir ce que j'en penfois. En répétant les expériences d'autrui, il eft fort ordinaire * Correfpondant de l’Académie à Riom en Auvergne, & très-connu par plufieurs bons Ouvrages, tant fur l'Éleclricité, que fur d’autres fujets de Phyfique expérimentale. Dern . de lAcR des Se.17 1. pag. 242.pl.6. = ———— — — — — Mem de lAc.R des Se.1762 ‘Peg-242 pl.7- Me de (4e R dar Se 176 pag 242 ply Ar Dies iSHeMiE; Ne Er 245$ qu'un Phyficien foit conduit à des obfervations qui lui devien- nent propres, & c'eft ce qui m'arriva Jorfque j'examinois les phénomènes indiqués par M. Symmer ; je les retournai de tant de manières différentes ,qu’ils me montrèrent de nouvelles faces, par lefquelles ils n'avoient point été aperçûs. Je crois avoir découvert quelques fingularités qui peuvent mériter l'attention des Phyficiens, où des Amateurs qui s'occupent des phéno- mènes électriques ; fr je me fais illufion, & que ce que j'ai à offrir de ma part ne paroifle pas digne d'être recueilli, j'ofe aflurer qu'au moins on fera fatisfait d'apprendre ce qui a donné lieu à mes réflexions & à mes recherches. Le peu de temps qui refte pour la lecture de ce Mémoire *, ne me permet pas de rapporter en détail tout ce que j'ai trouvé de curieux dans ceux de M. Symmer; & je puis d'autant mieux m'en difpenfer, que la traduction de M. du Tour va bien-tôt y fuppléer ; je m'arréterai feulement à la plus importante de fes. découvertes, à celle qui m'a paru la plus propre à étendre nos connoiflances par rapport à léleétricité. Je dirai ce que j'ai rencontré, en marchant fur les traces de l'auteur Anglois, je comparerai ce qu'il a conclu de fes expériences, avec les confé- quences que j'ai tirées des miennes , & j'abandonnerai le tout au Jugement de ceux qui-fe font mis au fait de cette matière, M. Symmer avoit remarqué, comme bien d’autres avant lui. que dans une faifon froide, & par un temps fec, des bas tirés nouvellement de fes jambes dans l'obfcurité, faifoient entendre üne forte de pétillement, & jetoient des étincelles très-brit- lantes; il lui prit envie de faivre ce phénomène, & if reconnut bien-tôt qu'il étoit du nombre de ceux qui appartiennent à l'électricité. Après avoir éprouvé des bas de toutes fortes de matières & de différentes couleurs, il fixa {on choix far deux bas de foie, l’un blanc, l'autre noir, qu'il mettoit tous deux enfemble fur la même jambe, ou fur l'un de fes bras nud; & quand ils avoient été échaufés & frottés pendant un peu de temps, il les retiroit fans les féparer l'un de l’autre : il les exami- noit en cet état, il les defunifloit enfuite , pour les examiner de * Ce Mémoire fut Iù le dernier, pour terminer Ja Séance. 246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE nouveau; & c'eft avec cet appareil fi fimple & fi commun; qu'il a obtenu des effets qui ne le font pas. 1.” Tant que les deux bas font lun dans l'autre, fit qu'ils tiennent encore à la jambe, foit qu'on les en ait féparés, à peine laiflent-ils apercevoir quelques légers fignes d'électricité. 2. Mais dès qu'on les a féparés l'un de l'autre, & qu'on les tient ifolés & fufpendus en l'air, chacun d'eux fe trouve doué d'une vertu électrique très-fenfible, ils attirent tous les corps légers qu'on leur préfente ; ils s'attirent eux-mêmes réci- proquement &c de fort loin, ils paroiffent enflés & arrondis comme s'ils étoient pleins ,on fent autour d’eux des émanations comme autour des conducteurs; ils étincellent avec bruit dans l'obfcurité. | 3.” Les feux qu'on produit avec le bas blanc, diffèrent de ceux qu'on obtient avec le bas noir, comme ceux du verre électrifé fe diftinguent de ceux du foufre. 4 On charge la bouteille de Leyde avec fun; on la dé- charge fans explofion avec l'autre. 5” Quand on les met à portée de fe joindre, le blanc fe précipite fur le noir, & réciproquement. 6. Tous deux fe defenflent dans l'inflant qu'ils viennent à f toucher ; ils s'aplatifient & fe collent enfemble : alors ils paroiffent avoir perdu toute leur vertu. 7 Mais un quart d'heure, & quelquefois bien plus long- temps après, fi on les defunit de nouveau, ils reproduifent tous les effets dont je viens de faire mention. 8.° C'eft en defuniffant ces deux corps, que M. Symmer a fait fa plus fingulière découverte; il fentit une adhérence fi grande entreux, qu'il lui parut important de la mefurer. Il attacha pour cet effet un baflin de balance au bout in-- férieur de l'un des deux bas, & foûtint l'autre avec la main par fon extrémité d'en haut. Quand les bas, après avoir été féparés, ne {e réunifloient qu'en sappliquant Fun fur l'autre, il falloit communément charger le baflin de balance d’un poids de plufieurs onces avant qu'ils fe quittaflent : cette defunion s N'ES US IGH'EN CES. 247 devenoit bien plus difficile quand les bas, fortant de deffus {a jambe & placés l'un dans f'autre, n'avoient pas encore été defunis ; voudra-t-on croire que des bas qui pefoient moins que deux onces chacun, ayant été mis à cette épreuve dans un temps favorable, ne purent être féparés que par un eflort de quinze livres: ces livres, à la vérité, n’étoient pas de feize onces comme notre poids de marc, mais toute déduction faite, & da réfiflance des frottemens mife à part, il réfulte du calcul de M. Symmer, que l'un des deux bas ne fe détachoit de fautre que par une force qui égaloit quatre- vingt-douze fois {on poids. Je dois dire ici, pour ceux qui ftroient tentés de révoquer en doute ce dernier effet, qu'il eft attefté par une lettre de M. Mitchell, adreffée au Secrétaire de la Socicté royale de Londres, & imprimée à la fuite des Mémoires de M. Symmer ; j'ajoûterai qu'il left encore par une lettre que m'a écrite à ce fujet M. Wat{on, témoin oculaire de ces expériences ; &: quoique je n'aie jamais obtenu une fi grande cohéfion avec des bas, on verra avant la fin de cette lecture, que j'ai fait des chofes plus qu'équivalentes & très-propres à infpirer une entière confiance pour cette efpèce de merveille. Que la foie s’électrife lorfqu'on la chauffe & qu'on la frotte, c'eft une chofe que l'on favoit bien avant les expériences de M. Symmer; mais que cette éleétricité augmente à un degré fi éminent, par le mélange de deux tiflus de foie diverle- ment colorés, qu'elle s’'afloupiffe par leur réunion, quelle fe ranime par leur féparation, que ces deux corps, par le même agent & dans les mêmes circonftances, s'éleGrifent , l'un à la manière du verre, l'autre à la façon du foufré & des matières réfineufes, .qu'étant joints l’un à l’autre, leur cohéfion foit telle que je l'ai rapportée, ce font autant de phénomènes que per- fonne navoit encore aperçûs, & dont la fingularité m'a paru mériter de nouvelles recherches. Eft-ce la chaleur du corps humain qui fait prendre à a foie une fi forte dofe d'éledricité? M. Symmer le penfe ainff, Son premier Mémoire eft intitulé, de l'Eledricié du corps 248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALÉ Bumain 7 des fubflances animales , la laine 7 la foie ; & dès la première page il s'en explique dans ces termes: Je jugeai, dit-il, qu'un phenomene fi fingulier à qui a une connexion ft immédiate avec notre corps .... méritoit d'être fuivi avec route l'attention poffible, dc. Je ne fuis point éloigné de croire que ka chaleur animale eft plus propre que toute autre à faciliter l'électrifation du linge, de fa laine & de la foie; il m'a toûjours paru que les feux électriques que l'on tire de ces fubftances, quand elles ont été appliquées pendant un certain temps fur le corps humain, sexcitoient plus aifément & paroiffoient , pour ainfi dire, mieux nourris que quand je ne faifois que les chauffer devant la cheminée ou avec des charbons ardens, mais je ne voudrois pas dire pour cela que la chaleur animale eft d'une néceffité abfolue pour produire ces effets; on les obtient fans elle, & j'en fuis venu à bout toutes les fois que jai étendu le bas noir & le bas blanc l'un dans l'autre fur une chaife de canne, fous laquelle j'avois placé un réchaud plein de feu; il fufhfoit alors dè les frotter avec un papier gris ou un morceau d’étoffe replié plufieurs fois fur lui-même. Je füis donc de l'avis de M. Symmer, s'il a voulu dire feu- lement qu'on réuffifloit mieux en frottant avec la main nue la foie ou la laine qui étoit appliquée immédiatement fur quel- que partie d'un corps animé. Si nos opinions fur ce premier point peuvent fe concilier, il n’en eft pas tout-à-fait de même de celui qui va fuivre. M. Symmer rapporte au contrafle du noir € du blanc tout ce qu'il a découvert de fingulier dans l'électricité des deux bas: sil s'en prenoit aux préparations par lefquelles on fait paffer la foie, aux drogues qui entrent dans la teinture, &c. nous fe- rions bien-tôt d'accord, lui & moï, car il eft tout fimple de tourner fes vües de ce côté-[à, & nous avons des recherches d’ancienne date qui nous ont frayé le chemin; mais ou il ne veut point entrer dans cette difcuflion, ou il incline fortement à croire que les couleurs n'influent dans tout ceci que comme des lumières de différentes efpèces dont les bas fe trouvent illuminés. Il va plus loin, il prétend que les expériences faites autrefois / BAEUS NS. CPR NUCLE: 249 autrefois par M. du Fay /a), pour montrer que les couleurs prifes dans ce dernier fens, n'ont aucune part aux phénomènes des attractions éleétriques , ne font point concluantes; & que quand elles le feroient pour certains cas, elles ne tireroïent point à conféquence contre fon opinion dans celui dont il s'agit à préfent. On vouloit favoir, il ÿ a vingt-cinq ans, fi les corps, pour être colorés de telle ou telle manière, en féroient plus où moins propres à être attirés par un tube de verre électrifé: M. du Fay , entr'autres épreuves qu'il fit pour décider cette queftion, jeta fur des bouts de rubans blancs, coupés à la même pièce des rayons rouges , des jaunés, des bleus, &c. foit en tamifant 11 lumière qui les éclairoit avec des verres de toutes ces cou- leurs , foit en la décompofant par le moyen d'un prifme; ces rubans ainfi teints de différentes lumières, n’en parurent ni plus ni moins attirables qu'auparavant. On les Java pour leur Ôter leur apprêt ; on les trempa dans de différentes drogues, en leur confervant leur première blancheur ; & par toutes ces préparations, on parvint à rendre les uns plus pr'ompts, les autres plus lents à obéir à la vertu électriques Que pouvoit-on faire de mieux ou de plus décifif pour établir que les couleurs, comme lumières, ne contribuent point à rendre les corps plus ou moins fufceptibles d'être attirés, mais que les différences qu'on remarque entr'eux à cet égard , tiennent aux ingrédients dont on compole leurs apprêts ou leurs teintures (8)? Aujourd'hui on nous donne comme une chofe conftante, que le contrafte du noir & du blanc eft la principale caufe de tous les phénomènes qui ont paru dans les expériences faites avec les deux bas de foie, & l'on nous laifie à chercher fi c'eft aux couleurs, en tant quelles font des rayons de lumière , que nous devons nous en prendre, ou bien aux (a) Dans fon troïfième Mémoire fur l’Électricité; Aémoires de l'Aca- démie Royale des Sciences, année 1733» page 224, (b) Depuis que M. du Fay a publié ces expériences , je les ai répétées nombre de fois, & j'en ai fait d’autres du même genre & dans les mêmes wües, & j'ai toüjours eu les mêmes réfultats, Mém. 1761. JL 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE teintures qui difpofent les corps à s’'illuminer de tels. ou tels rayons. Je n'ai jamais douté un moment que ceîte dernière caufe ne füt la véritable & la feule à laquelle on dût rapporter im- médiatement les effets dont il eft ici queftion; mais fi quel- qu'un penchoit à croire avec M. Symmer , que les phéno-. mènes dépendent de la lumière différemment modifiée, ou de fes difiérens rayons mis en contrafte, qu'il fafle attention feulement que dans l'obfcurité de la nuit, toute lumière eft éteinte & fans ation; que tous les corps font également privés de couleurs , & que cependant les expériences du bas noir & du bas blanc, réuffifient comme en plein jour, & beaucoup mieux encore, puifque les feux électriques ne brillent jamais autant que dans un lieu privé de lumière. Difons maintenant que le contrafte des couleurs n’y “fait rien; j'ai eu les mêmes réfultats que M. Symmer, en me fervant d’un bas blanc, & d’un autre bas de cette couleur à la mode, qu'on nomme more- doré ; & je puis prédire, fans trop hafarder, qu’on réuflira de même, en fubflituant au noir quantité d’autres couleurs, fur lefquelles je me fuis difpenfé de faire des eflais. Mais ce qui eft abfolument fans replique, c’eft que j'ai parfaitement réuffi, en employant avec un bas blanc, tel qu'il {ortoit des mains du Marchand , un autre bas blanc que j'avois préparé de la manière que je vais dire, avec la précaution de ne lui point faire perdre fa blancheur. Comme j'étois bien perfuadé que le bas noir tenoit fes propriétés électriques des drogues dont if s'étoit imprégné chez le ‘leinturier, je voulus faveir celle à qui j'avois fpécialement affaire ;on fait que le vitriol de Mars & la noix de gale, font les deux, principaux ingrédiens qu'on emploie pour teindre en noir; je fis féparément une diflolution de lun, & une forte infufion de l'autre dans de l'eau commune; je pris une paire de bas de foie blancs tout neufs, j'en trempai un dans la première liqueur, {on pareil dans la feconde , & après les avoir fait {cher tous deux, je les éprouvai fucceflivement avec un autre bas dr : Et; LE FPS ris 2Si0 t'en © re | 251 blanc tout neuf; celui qui avoit été paflé au vitriol, ne produifit rien de remarquable ; mais le bas engalé, quoique blanc ,remplaça -_ parfaitement le bas noir par fes eflets, & me montra évidem- ment deux chofes ; la première , que les fingularités obfervées par M. Symmer, ne tiennent point au contrafle des couleurs ; la deuxième, que ces mêmes effets ont pour caufe immédiate la préparation qu'on donne à la foie en la teignant. Quiconque voudra répéter ces expériences, pourra fe dif- penfer de faire un fi grand dégit de bas de foie, j'y ai fubftitué depuis avec fuccès , des fourreaux blancs de ras de Saint-Cyr, de croifés, de ferge de foie, &c. que je faifois entrer dans d’aûtres fourreaux de pareilles étoffes , mais noirs, more-doré, ou fimplement engalés ; on peut encore s'y prendre d'une manière plus fimple qui m'a très-bien réuffi, on peut appli- quer des rubans les uns fur les autres; mais avant de s’en fervir, on fera bien de les laver dans de l'eau claire & chaude, pour leur ôter lapprèt : je préfère ceux qui font minces & tiflus comme le taffetas, à ceux dont le grain eft plus gros; & au lieu d'en acheter des noirs, j'aime mieux préparer une partie de mes blancs avec la noix de gale; on doit bien s'attendre que les effets ne feront point auffi grands, que fi l’on employoit des bas, mais ils feront proportionnés à l'étendue des inftrumens, & c'eft tout ce qu'il faut à un Obfervateur qui fait juger de la pièce par l'échantillon. 5 M. Symmer a très-bien obfervé, dans fon expérience avec les bas de foie, que le blanc s'électrife à la manière du verre, & le noir comme les réfines & le foufre, il en a jugé par la forme & la grandeur des feux qu'on fait paroître avec ces corps lorfqu'on les a féparés l'un de l'autre, le premier étincelle comme un tube de verre, quand on en approche le bout du ” doigt ; une pointe de métal vis-à-vis du dernier , jette en avant *une aigrette lumineufe ; deux rubans dans les mêmes circonf- tances, font très-propres à confirmer cette vérité, car:comme ce font des corps légers & flexibles, le noir, ou celui qui en tient la place, quoique bien éleétrique , eft communément attiré par le verre qui eft nouvellement frotté le blanc au contraire li ij 2$2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en eft repouffé, & fe précipite fur un bâton de cire d'Efpagne, ou fur du foufre électrifé. Ce qu'il y'a d'effentiel dans fa manipulation de cette expé- rience, confifte donc à unir enfemble deux corps éleétrifables, un à la manière du verre, l’autre à la manière des réfinés, à les frotter tous deux en même-temps, & à aïder leur éleétri- fation par quelques degrés de chaleur ; ayant envifagé la chofe ainfi, je ne fus pas long-temps à prévoir qu'un tube de verre me tiendroit lieu de bas blanc; & en effet, l'ayant paffé dans un bas noir, & d’autres fois dans un bas more-doré au premier frottement , ces deux corps s’attachèrent enfemble, & quand je les eus féparés Fun de fautre, ils me donnèrent tous les phé- nomènes qui appartiennent à l'expérience de M. Symmer. Je crois donc qu'on peut établir maintenant comme une règle générale & nouvelle, que deux corps de nature à s'éleétrifer par frottement , l'un à la maniere du verre, l'autre à la maricre. des réfines, reçoivent une életricié extraordinairement forte , quand appliqués l'un fur l'autre, ils font frottes enfemble. J'ai réfléchi fur les caufes de cette fingularité, & je me flatte de les avoir aperçües, mais je m'abftiendrai de les expoler maintenant, parce que les limites du temps dans lefquelles il faut que je renferme cette lecture, me permettront à peine d'achever la narration des faits; j'effaierai d'en rendre raifon dans un autre Mémoire , où j'ajoûterai à celui-ci, pour nos Affemblées parti- culières, ce qu'il convient que je fupprime aujourd hui. En frottant des rubans & des écheveaux de foie appliqués fur du verre, j'ai fait une découverte à laquelle je ne devois pas m'attendre ,& qui nous oblige de revenir par une exception aflez confidérable contre une loi reçûe de tout le monde; il y a quarante ans que nous regardons comme une chofe très- conftante, que deux corps actuellement doués de la même életricité, ne manquent point de fe repoufer réciproquement ;' mais il eft encore plus für , après toutes les épreuves que J'en aï faites , que de la foie blanche électrifée fur du verre, par un frottement commun aux deux, s’y attache fortement, & y revient avec précipitation, quand on fen a féparce, Ë DES SCIENCES 253 . : Je dis de la foie blanche, car quand le même effet arrive. avec la noire,on peut dire que celle-ci ne pouvant s’électrifer qu'à la manière des réfines, c'eft a règle ordinaire qu'elle foit attirée par un corps qui à la vertu électrique du verre. Dira- t-on que la foie blanche , qui paroit toûjours avec Félectricité qu'on nomme vitrée quand elle a été frottée feule, prend celle qu'on appelle refineufe lorfqu'elle eft appliquée fur du verre? Si cette raifon eft vraie, on conviendra du moins qu’elle n’eft pas vrai-femblable: d'ailleurs ce même ruban, ce même écheveau de foie blanche, qui reviennent toûjours au verre, quand ils ont été frottés defus, s'en écartent avec la même conflance, quand ils en ont reçu l'éleétricité par une fimple approche, ou quand ils ont été frottés féparément ; ajoûtons encore que deux éche- veaux de foie éleétrifés enfemble fur ie même tube, fe repouffent mutuellement, & autant de temps que dure le penchant qu'ils ont pour retourner au verre électrique. On peut bien juger que je n'ai point manqué de faire les mêmes épreuves avec le bâton de cire d’Efpagne, je puis dire én général, que les mêmes phénomènes ont eu lieu; mais cependant avec quelques variétés qui me fourniront des armes pour combattre, fi lon m'y force encore, cette différence effentielle qu'on a imaginée entre l'électricité du verre & celle des réfines. Dilons donc maintenant, & pour la première fois, que des corps qui ont la même ékéricité, ne Je repouffent pas 1oû- jours , comme nous avons cru jufqu'à préfent , puifqu’au contraire il y a des cas où ils sattirent fortement, & tirons- en cette conféquence qui me paroît bien naturelle, favoir que f'attraction réciproque de deux corps électriés, n'eft point propre à prouver que leurs vertus font de natures différentes , puifque cet effet peut avoir lieu avec deux corps à qui l'on ne contefte point l'identité de leurs vertus électriques. Je ne dois pas diffimuler que les attractions font commu- nément plus marquées entre un tube de verre & un ruban de foie noire ou engalé, qu'elles ne le font entre ce même tube & un ruban fans apprèt ; mais c'eft un fait très-certain & très- li 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE conflant, que l'un & f'autre font attirés, & les plus & les moins ne tirent point à conféquence contre ma conclufion. Le tube de verre,au lieu du bas blanc, m'ayant fi bien réufli pour électrifer la foie noire, & toutes celles qui ont la même propriété ,avec des couleurs différentes ,je ne doutai pas un moment que par ce même moyen je n'obtinfie le dernier & le plus fingulier réfultat de l'expérience de M. Symmer, je veux dire, la forte adhérence d’un corps à l'autre, c'eft véritablement un effet bien furprenant que cette cohéfion électrique, on pourroit dire à la rigueur qu'elle eft connue depuis long-temps; n'avons-nous pas vü mille fois des flocons de foie, des duvets de plume, &c. s'attacher au tube qui les avoit attirés, & réfifter au foufile le plus violent, pluflôt que - de s’en féparer! n'avons-nous pas vü aufli fouvent des feuilles d'or s'appliquer & fe coller, pour ainfi dire, à la cire d'Efpagne, au foufre, au verre même, & S'y tenir autant de temps que ces corps gardoient leur éleétricité? mais ces effets trop foibles apparémment pour fixer l'attention de perfonne, ont été né- gligés, oubliés, ou confondus avec quantité d’autres circonf tances dont on n'a point fait mention : rendons juflice à M. Symmer, le phénomène qu'il nous annonce, diffère telle- ment par fa grandeur, des effets analogues dont on a dû s'apercevoir auparavant, qu'il a tout le mérite de la nouveauté. Les corps électrifables à la manière du verre & de la foie blanche, n’ont pas befoin d'être aétuellement électrilés, pour contracter une certaine adhérence avec les matières qui ont acquis l'électricité des réfines ; j'ai fouvent laïffé aller contre des miroirs , ou contre des glaces de cheminées, mes écheveaux & mes rubans de foie noire ou engalés, & je les y ai vüs demeurer fortement collés pendant des heures entières; dans certains temps, des bas quoique bien plus lourds, s’y font foûtenus auffi pendant plufieurs minutes ; mais un moyen für d'enlever ces corps avant que leur vertu électrique foit affoiblie ou éteime, c’eft de leur préfenter un autre corps de la même nature que celui auquel ils tiennent , après lavoir électrifé par frottement. Un ruban, par exemple, s'eft attaché à une glace, “ > mE,S,1S ,G# ENG: E,s; 255 ou bien à un carreau de verre, vous l'en détachez à coup für, en lui préfentant un tube de la même matière, nouvellement frotté. D à Sur un tube de cryflal d'Angleterre, long de deux pieds & demi, & qui avoit dix-huit lignes de diamètre, je fis ajufler des fourreaux d'étoffes de foie de différens tiflus, & de diverfes couleurs : chacun d’eux enveloppoit à peu près la moitié de la longueur du tube, s'appliquoit à fà furface fans faire de plis, & la ferroit cependant f1 peu, que fon propre poids fufhloit pour le faire glifler & tomber, Jorfqu'il n'y avoit encore aucune vertu électrique; je frottois avec ma main nue cette enyeloppe fur le tube, ce qui lui faioit contracter une adhéfion plus ou moins forte, que je mefurois en tenant le tube fufpendu dans une fituation verticale, & en chargeant avec des poids un baflin de balance , attaché à la partie inférieure du fourreau, J'avois imaginé que les étofles les plus liflés, comme le Miaflètas, le fatin , le ras de Saint-Maur, &c. feroient celles qui s’attacheroient le mieux au verre, parce qu'il'eft à préfumer qu'elles le touchent par un plus grand nombre de points ; mais je fus trompé dans mon attente, j'ai toûjours eu de plus grands effets avec celles dont les furfaces ont une certaine afpérité ; les ferges de foie, les ras de Saint-Cyr dont on double commu- nément les habits d'hommes, m'ont paru mériter la préférence fur toutes les autres étoffes que j'ai éprouvées; & quant à Ja couleur, c’eft le more- doré, qui ma fait voir la plus forte adhéfion, foit que le temps m'ait été plus favorable, quand j'ai eflayé le fourreau de cette couleur, foit que véritablement il ait reçû dans la teinture quelque drogue qui fait rendu plus propre que les autres pour cette expérience, Le 30 Janvier de cette année, à onze heures du matin , par un temps ferein & fec, le thermomètre de M. de Reaumur étant au terme de la congélation, & le baromètre à vingt-huit pouces quatre lignes, le fourreau de foie dont je viens de parler, s’attacha f1 fortement au tube, qu’il fallut un poids de fpt marcs & demi pour l'en féparer, il pefoit un peu moins 256 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyA#E que deux gros, ainfi fon adhéfion fit plus qu'égaler deux cents quarante fois fon poids. Il faut remarquer que ces fourreaux font leur plus grande réfiflance avant que de commencer à gliffer fur le tube, car quand une fois ce premier pas eft fait, la cohéfion dleétrique fe trouve confidérablement affoiblie ; on dira qu'elle doit l'être, parce qu'alors il y a une partié du fourreau par en bas qui n’eft plus appliquée au verre; mais ayant comparé ce retranchement de contact avec la diminution de l'adhérence, j'ai toüjours trouvé beaucoup de difproportion entre lun & l'autre, j'ai vû clairement qu'en tenant compte de cette caufe, il falloit encore s'en prendre à quelqu'autre raifon. Pa Si l'adhérence du verre au fourreau vient, comme on n’en peut guère douter, d'un certain arrangement, d’une certaine difpofition des rayons de matière électrique par rapport aux parties folides, & à la porofité de ces deux corps réunis, dès qu'ils commencent à ne fe plus toucher par les mêmes endroits, l'action du fluide qui dépend de cette circonftance, doit s’af- foiblir d'autant. Un fimple ruban blanc de foie, long d'environ deux pieds, fur un pouce de largeur, & que j'avois apprêté avec une infufion de noix de gale, ayant été appliqué fur un tube de verre, & frotté enfuite avec la main nue, n'en put être féparé que par un poids de neüf gros ajoûté au fien, qui étoït de dix-huit grains, c'eft-à-dire , que le ruban ne pefoit qu’un trente- feptième de ce qu'il falloit pour vaincre fon adhérence. Des rubans blancs qui n'avoient point été préparés de même, & qui slectrifoient à la manière du verre, s'attachèrent auffi à un bâton de cire rouge à cacheter , qui avoit environ un pied de longueur & un pouce de diamètre, mais ils n'y tinrent jamais avec autant de force, & leur adhérence dura bien moins de temps. M. Symmer rapporte un autre effet du même genre, que je n'ai point encore pu obtenir, apparemment parce que pen- dant l'hiver dernier , qui a été très-pluvieux, les temps que mes affaires m'ont permis de prendre pour tenter cette expérience, n'ont DES SCIENCES LA 4 n'ont point été aflez favorables à la vertu électrique, ou bien peut-être parce qu'il manque à la defcription du procédé quelque circonftance à laquelle je n'aurai pas fuppléé : voici le fait. :_ Il s'agit d'éleGrifer enfemble deux carreaux de verre mince, couverts d'une feuille de métal par un côté feulement, & appliqués l'un à l'autre par leurs faces nues, ces deux verres doivent s'attacher par l'électrifation, de manière qu'on enlève celui de deffous, en portant feulement celui de deflus. De plus ,ces deux mêmes carreaux doivent perdre toute leur adhé- rence réciproque, quand on achève l'expérience de Leyde ,ou feulement lorfqu'on les électrife à contre-fens de la première électrifation, c’eft-à-dire, lorfque les ayant retournés tous deux enfemble fur le fupport on fait toucher au conduéteur celui qui auparavant communiquoit avec les corps non ifolés. * Quoique je n'aie point encore vû ces effets *, je les crois volontiers fur la parole de M. Symmer; & quand il n'auroit fait que les prédire, je leur trouve une fi grande analogie avec les autres phénomènes que j'ai vûs, & dont j'ai fait mention dans ce Mémoire, que par cette raïon feule je les regarderois au moins comme très-poflibles. Mais quelque réalité qu'ils aient, je ne puis me réfoudre à dire, avec l'ingénieux auteur qui nous les annonce, que ce font autant de preuves certaines qu'il exifte dans la Nature deux électricités effentiellement différentes, & qui fe détruilent mutuellement, car f1 la cohéfion éleétrique exige comme une condition néceffaire, que les deux corps, pour s'attacher en- femble, foient éle&rifés, l'un pofitivement, & fautre négati- vement, comme on l'a conelu des expériences rapportées précédemment, comment peut-on dire après cela que l'une de ces deux vertus fait périr l'autre? Par quelle expérience leur * Dépuis la leéture de ce Mé- | quelques fils de foie bien menus, moire, le fait en queftion m'a réuffi | pour empêcher le parfait contact, plufieurs fois avec des carreaux de | qui, comme l’on fait, auroit pû pro- verre bien droits, bien minces, & | duire une adhéfion étrangère à celle larges d'environ huit pouces en | que j'attendois de la vertu élec- carré, entre lefquels j'interpofois | trique, Mém, 1761, KE 258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE compatibilité pourroit-elle mieux fe prouver que par celle des deux carreaux de verre auxquels on attribue ces deux éleétri- cités eflentiellement différentes ? Ce font là des inconféquences dans lefquelles on fe Haiffe entraîner, quand on reçoit avec trop de complaifance ces êtres abflraits & indéfinis que quelques auteurs s’obftinent à mettre à la place des caufes méchaniques. Je fuis fiché de voir que M. Symmer lui-même ait comme affecté de laïffer les noms vagues de pouvoirs, de vertus, de puiffances, à des agens dont le méchanifme set mis tout à découvert dans fes propres expériences; mais s'il n'a point porté fes conféquences auffi loin qu'il l'auroit pü fans rien hafarder, nous devons lui pañler cet excès de retenue en confidération des nouveaux phénomènes qu'il nous a fait connoître, & dont il a enrichi cette partie de la Phyfique, qui intérefle & qui occupe tant de monde depuis près d'un demi-fiècle, mt Es ON ST CM RING: Ers0 7 LA 259 MÉMOIRE SUR LES INÉGALITÉS DE MARS PRODUITES PAR L'ACTION DE LA TERRE, En raifon inverfe du carré de la diflance. Par °M DE LA, L'ANDE. Fr Équations qui font l'objet de ce Mémoire, étant très-fenfibles , exigent toutes les confidérations qui rendent long & délicat le calcul des attractions célefles; lexcentricité de Mars qui eft fort grande, & celle de la Terre qui ne fauroit fe négliger, doivent entrer dans le calcul des diftances, & les équations du centre dans le calcul des angles, Je n'ai pas cru devoir; dans ces premiers calculs, pouffer fa précifion plus loin que M. Euler ne s’étoit cru obligé de le faire en calculant les troubles de Jupiter & de Saturne; & j'ai fuppofé que le carré de l'excentricité de Mars étoit une fraétion négli- geable: cependant ayant difcuté quelques-uns des termes que le carré de l'excentricité pouvoit produire, j'en ai compolé des formules féparées que je rapporterai dans un autre Mémoiré. L. Parmi les notions préliminaires qu'exigent les recherches dont Je vais rendre compte, je fuppoerai celles qui font dans un Mémoire fur les inégalités de Vénus produites par l'attrac- tion de la Terre, Mémoire que j'ai 1ù à l'Académie en 1760; aïnfr if fera inutile d'infifter aujourd'hui fur l'évaluation de la formule {4 — cof. x)” par le moyen des quadratures; elle s'y trouve fufffamment détaillée. Soit donc l'expreffion générale des coëfficiens de la férie, telle que M. Clairaut la donnée dans fon Mémoire fur les inégalités de la Terre, je défigrerai par À le premier terme de la frie, quand #1 eft indéterminée, par A lorfque m eft comme elle le fera (arr. XV1), & par À tout Kk ij ‘égale à 2 24 Janvier 1761. 260 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 3, comme cel avoit lieu datis 2 fimplement lorfque M = le Mémoire où il s'agifloit des inégalié; de Vénus ; il en eft de même des caractères 2, B" & B: voici donc l'expreflion générale, quand » eft indéterminée, k GE 2Ëk + 1m D es aCs + (m — 1) È M + 2 LM me | E — Dh+im— 2€ jp SËR + (m5) D m + 4 m + S$ dc Je fuppof que l'on veuille les employer dans le cas où Mm—= — + qui aura lieu ci-après (arr. XV1) on wrouve C'—= 104 — 4Bh DNS One FANS 12 D'h — 9C" F' por LR Re EE ua 5 Pa LL RTE CAM PA en forte qu'on trouvera tous les termes par le moyen des deux premiers. à II. Connoiflant les termes À & B de la férie qui exprim (h — cof. x)”, & dont j'ai donné le calcul détaillé dans mon L premier Mémoire, on a befoin de connoître (4 — cof. x)" — "} pour y procéder par la voie la plus facile, M. Clairaut com- mence par chercher les coëffciens de {4 — cof. x)* 7" par le moyen de ceux de /4 —— cof. x)”, & enfuite il renverfe LE . la queftion comme nous le dirons dans un moment: fuppo- TAEEUS polons donc 4° +- 8° cof. x, &c. — (h — cof. x) d = (h — cof. x) x (hi _— cof. x)” — A + ÀB col. x + AC cof. 2x, dc. — cof. x (A +- B cof.x + C'cof. 2x, dc.) =hA—LH (AH EB — ©) co x DES SCTENCES. 261 C + (AC — 2) cof. 2x + (AD — | cof. 3x, dc. pe B ainfi le premier terme tout conflant eft # À — —— ; nous / avons nommé À, & le fecond 4B — À — — que nous avons fuppofé — À". En général, comme on Fa vû dans le Mémoire cité, quelle $ L 2Bk — 2 que foit la valeur de m, on a C'— 7 = 7%#"#donc en ° 2H mm : È MER C fubftituant dans l'expreffion de B° [a valeur de —— , on aura 2 Bh + Am 2+ 7 le fecond terme 5 — Bh — À — ( + . j à ) (Bh — 2 A); ainfi nous avons les deux pre- 2+ mn miers termes de la férie qui exprime (4 — cof. x)” © ?, III Pour trouver les termes de {4 — cof. x)" par le moyen des termes de {# — cof. x)”, c'eft précifément ka même chofe que de chercher les termes de /4 — cof. x)” par le moyen de ceux de fk — cof. x)” Ÿ '; on mettra dans les valeurs précédentes de À & 8°, m — 1 à la place de m, & m à la place de m + 1, & fuppofant fi — cof. x)" —" = À + B' cof.x + C' cof. 2x, de on mettra aufli dans les formules précédentes À pour À’, B pour B', À pour À & B° pour 2, après avoir exprimé A & B, valeurs de {} — cof. x)”, par le moyen de À & F7, valeurs de (4 — cof. x)"*". Ainf puifque À = 4,4 — À ona B— 2h A— 24, & puifque B — Ar muet ne 2 + DÉMONTRE EE : (5 + m) 8h équation de ces deux valeurs de B, Bfitm)+14(1+m) on a auf À — , & faifant une on a 244 — 2 A — 2 A {1 + %), \ 262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 24A (A + mh— 24 (1 + om) = BP (2 + m) à _Bfi+m +24 {(1+ mh, + 2 À (1 + m)h, & À — PP SSP à C'eft le premier terme de /4 — cof. x)” exprimé par le moyen de {4 — cof. x)" * "; & faifant les fubflitutions énoncées ci-deflus, de #1 à la place de 1 1, & de m1 à la place de 5 + 2, de À à la place de A’, de B au lieu de À & de À'au lieu de À, onaura À’ — ANS ts ee 2(hh —i)m | Pour avoir la valeur de 2", il faut tout de même prendre deux B+2A' B :, As de A AU EE à y Br G+m), 24 2 (1+m) | BA +m) +24 (1 + mn ‘ à donc B —= 20 AE NE an) & faifant les fub£ Bh(r+m) + 2 Am ituti récéden VE EE titutions précédentes, B à PRE) Ce font les premiers termes de a valeur de /h — cof. x) * —* exprimés par le moyen de ceux de /4 — cof. x)”: c'eft par le moyen de cette formule qu'on a déterminé les valeurs de C, D, qui font à la fin de Farticle L° IV. Pour parvenir à 'expreflion des diflances de Mars à la Terre, foit la diflance moyenne de la Terre au Soleil... a. la diflance moyenne de Mars au Soleil . ..... 1. la diflance vraie de Mars au Soleil . . . . . . .r." l'angle de commutation . . . . ......... 1. lanomalie vraie de Mars . . . . . . . . . , . 1 anomalie vaaie de la Terre % £in ee + ce gore ee léxcenticiténdes Mars. 20.0 Ne SUITE lexcentricité de. la: Terres 2, 2-5 RU la diflance de Mars: à la Terre «5 Suppofons que le moyen mouvement de la Terre foit au moyen mouvement de Mars, comme 1 + # etàr,i s'enfuit que lorfque le‘mouvement moyen de Mas eft x, celui de la Terre dans le même temps eft {1 + #)x, & nx leur DES SCIENCES. 263 différence ou l'angle de commutation compris entre les lon- gitudés héliocentriques moyennes des deux Planètes; la valeur de » déduite des Tables de M. Halley, eft 0,8 8075, celle de a eft 0,6563, la valeur de e ef 0,086486, & celle de c« eff 0,01682. Suivant la manière ufitée d'exprimer Île côté d’un triangle rectiligne par le moyen des deux autres & de leur angle com- Pris, on aura 5 — V(a* + r — 3ar cof. 1). Subflituant dans cette expreflion à fa place de r & de r°, leurs valeurs approchées 1 += e co & 1 —+- 2e cof. “, elle devient S— Va = 1 + 2ecol.u — 24 coft — 24e cof.n cof.£), ou VT2a fe ps — cof. 1) + 2ea (=—— cof. 1) cof.#]; ainfr — =— [24 (: = — coft + 2ea (— _ cof.1) cof.u] + — 24 fE HER of |? = 36ac EPreQ (EE co) À (— — cof.1) cou: cette valeur de —_.eft la principale a s quantité qu'il s'agit d'évaluer pour exprimer les forces per- turbatrices que la Terre exerce fur la planète de Mars. V. Soit (== — co) *=A+B cof.1+ Cool. DPs + D cf. 31, de. — (1,090 — cof.1)7 *, on aura Aie: [1509 — cof. LJET* dr aMioleecl dr & LCR ET OU EVE PRE ee 3 B vs (1509 — cof.r) 7 4B2S bot: (1509 + cof.r)TT dr . ee ER ——_—_—._————_—_—— "7 0 god Si l'on fuppofe z de od, 24, 4, 64, &c. & qu'on calcule ainfi quatre-vingt-dix termes pour la valeur de 4, & autant pour la valeur de B, on trouvera les nombres rapportés dans la Table fuivante. . 264 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Pour le premier quart-de-cercle, t étant depuis géro jujqu'à go degrés, ÉLÉMENS | ÉLÉMENS ÉLÉMENS |ÉLÉMENS f de la de la LA de la de la valeur de À,| valeur de Z, valeur de À,|valeur de 2. 0 | 37:04 | 37,64 | 46 | 4024 | 2,802 2 | 36,66 36,64 48 | 3,662 2yASE 41 3558 | 35:49 | 50 | 3,344 | 2,149 6 | 33,90 33:70 2 3,061 1,885 29,30 28,86 56 | 2,586 1,446 CARE TES 31,44 $4 [ 2,810 1,651 10 rats] #26: 74 26,13 58 2,332 192 640 14 | 2415 | 23:43 | 60 | 2,206 | 1,103 16 | 21,68 20,84 62 | 2,046 0,9605$ 18 | 19,32 18,37 64 | 1,904 0,8344 20 |" 57,16 16,13 66 | r,771 0,7201 22 Fee 14,12 68 1,653 0,6191 24 | 13,48 1232 Zoo, 1,546 0,5287 26 | 11,96 10,75 2 1,449 0,4478 28 | 10,67 9:368 | 74 | 1,360 0,3750 30 0:433 8,169 À 76 1,280 0,3098 32 8,400 7278 15207» | ‘o,2 570 34 | 7457 | 6,182 | 80 | 1,140 | o,1979 36 6,713 5,432 | 82 1,078 o,T$01 38 6,026 4:748 | 84 | x,022 0,1068 40 5422 4154 | 86 | 0,9707 | 0,0677 42 4895 3,637 | 88 | 0,9229 | o,0322 44 4430 3:187 | 90 | 0,8787 | 0,0000 AIR EPS ANEN EE EE RES RES ER PE On pourroit dans ces fortes de calculs fubdivifer encore les o degrés, & calculer un plus grand nombre d'élémens vers À commencement de Fangle 7, où leur marche eft la plus” inégale, Pour D'ESSUISNCALE NN CNE S! 265 Pour le Jecond _quart-de- cercle, la commutation t étant de | 90 à 180 degrés. sr 4 ss | ÉLÉMENS | ÉLÉMENS ÉLÉMENS | ÉLÉMENS LA de la de la LA de la de la .| valeur de À,| valeur de 3. [valeur de À.| valeur de B, 90 | 0,8787 | 0,0000 | 136 | o,4110 | 0,2956 92 | 0,838r | 0,0293 | 138 | 0,4030 | 0,2995 94 | 0,8004 | 0,0558 | 140 | 0,3955 | 0,3030 96 | 0,7655 | 0,080 | 142 | 0,886 0,3062 98 | 0,7340 | o,r1021 y 144 | 0,3830 | 0,3099 100 | 0,7046 | o,122 146 | o,3762 | 0,3119 102 | 0,6763 | 0,1406 | 148 | 0,3706 | 0,3143 T0o4 0,6505 | 0,1574 | 150 | 0,3656 | 0,3166 106 | 0,6264 | 0,177 [ 152 | 0,3609 | 0,3186 108 | 0,6043 | 0,1868 À 154 | 0,3565 | 0,3204 110 | 0,5835 | 0,1996 À 156 | 0,3525 | 0,3226 112 | 0,5640 | o,2113 | 158 | o,3491 | 0,3237 114 | 0,5460 | 0,2221 | r60 | 0,3457 | 0,3249 116 | 0,5295 | 0,2321 | 162 | o0,3430 0,3262 118 | 0,5137 | 0,2412 | 164 | 0,3405 | 0:3273 120 | 0,4988 | 0,2494 À 166 | 0,382 | 0,3282 122 | 0,4850 | 0,2570 | 168 | 0,3363 | 0,3289 124 | 0,4728 | 0,2644 | 170 | 0,3346 | o,3295 126 | 0,4601 | 0,2704 | 172 | 0,3334 | 0,3301 128 | 0,4488 | 0,2763 | 174 | o,3322 | 0,330} 130 | 0,4383 | 0,2818 | 176 | 0,3314 | 0,3306 132 | 0,4287 | 0,2868 | 178 | o,3312 0,3310 134 | 0,4193 | 0,2913 | 180 | 0,3310 | o,3310 VI. Pour avoir la valeur totale de À, on prendra le tiers des extrêmes qui font 37,04 & .0,3310, quatre tiers dés nombres pairs 36,66 . 33,90 . 29,30, Ce. deux tiers des impairs 35,58 . 31,75, &c on divifera la fomme par 90, (ce feroit par 180 fi l'on avoit calculé les ordonnées Mem. 1761. . Li 266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE pour tous les degrés) & l'on aura la valeur de À, $,1 506. Quant à la valeur de 2, l'opération eft la même, en obfer- vant feulement de ne divifer la fomme que par 45, parce qu'elle ne doit fe divifer que par 90, en fuppofant que l’on ait des ordonnées pour chaque degré, & l'on aura pour la valeur de 2, 8,6147; mais comme ces valeurs de (155090 — cof. 1) —* ont befoin d'être multipliées par 1400 pour pouvoir repréfenter —, on aura A\= "3725 & B — 5,729,d'où l'onconclurrapar les formules de l'art, [”, € — 4,427 D = 3,320 Er, ANA Des inégalués où les orbites peuvent être fuppoftes circulaires. VIT. Commençons maintenant par l’expreffion algébrique des in‘oalités qui ne renferment point l'excentricité des Pla- nètes dont il s'agit, & pour lefquelles il fufñt de connoître les coëificiens précédens : les deux forces perturbatrices, ainfi que je l'ai démontré fort au long dans mon Mémoire fur les inégalités de Mars par l'action de Jupiter, font exprimées par 1 : N a 0 les quantités fuivantes, ® — Te N (5 — +) ott in 1 = Ne ans À fin. £ + = aA EE 4h oftr-1+40œrEr a a + aD cof. 37, dre. le refte de Ïa valeur de — fe trou- vera difcuté dans l'art. XV. a { aB ; aC (AS = =) cof.t = — == (a A CTRRE FCS Hier cof.£ a D B LÉ + (— + ) cof. 27, nous nous contentérons ici DÉS S CIENNIC ef 267 _ d'évaluer les termes cof. : & cof. 27, les autres étant confidé- rablement plus petits. e—=N(— —aA+B—<) cof. { + N(C—E— 22) cof. 2£ Dan rt du fin. 21] N a A : aC p mia Les ARE ARE cof. cof. 2uu] = 7° à la place de r, nous pouvons mettre vu, parce que l'excentricité eft fuppofée nulle, & dès-lors pour fin. intégrer — fin. #udu, il ne faut que mettre +- Fm —, nous examinerons enfuite (art. XXVI) ce qu'il peut y ner de défectueux dans cette fuppofition. Qr* Trdr A Ma 2? VIIL. La valeur de Q qui en général eft = + fe réduit dans le cas préfent à g — 2p, parce que r eft fup- polé conflant & égal à l'unité, que dr eft nul & le divifeur 1 —+- p égal à l'unité à caufe de l'extrême petitefle de p: ce n'eft que dans la théorie de la Lune où l'on a égard à ce divifeur, à caufe de la grandeur des équations que l'on cherche, qui exige une précifion beaucoup plus grande; ainfi Q@ fera SEUN Are . égal à — multiplié par les deux termes fuivans, G A + (B—aA+————T— + = + À) cofnu ; B D + (C— = SE + 2) co ann IX. Dans cette expreflion , les trois dernières quantités du premier terme & les deux dernières quantités du fecond terme, ont des fignes contraires à ceux que M. Clairaut avoit trouvés pour la Terre *, parce que ces termes proviennent * Mém, Acad, de p, que p dépend de k force am, & que æ a un figne né- 77#2453° antif ‘quand la planète troublante eft plus éloignée du Soleil que la planète troublée; car alors la planète fupérieure qui eft li * Théorie de la Lune, par M. Clairau, Mém, Acadeèm U748 268 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE auffi plus lente, tend évidemment à diminuer les aires dé- cites par la planète troublée, ces aires étant comptées d’un terme fixe quelconque; d'où l'on fuppofe que les deux planètes font parties tout-à-la-fois. X. Pour parvenir à la valeur de 7 qui eft la correction de l'équation générale LE — 1 — e cof.”, on fait * que r chaque terme de Q dont la forme eft cof. zu, produit un cof. #4 : ne : s terme = ; ainfi divifant les deux termes ci-deflus, le nn premier par 1 — nn & le fécond par 1 — 4%», on aura la valeur de 7, qui fe doublera & s'ajoûtera avec p; par ce moyen on trouve : G : (Beast 2 sé 111 a 2 n na ñn 24 4 ac cof: nu CH na 2n À 2 C aB aD aD aB UE 1 — 474 (( 2 Et 2n ne | 2B ne cof. 224 — + \ 4m 4n XT. La correction du temps ou de l'expreffion de la lon- gitude moyenne étant — //27 + p) du, il ne faut pour avoir cette intégrale, que multiplier les deux termes précédens par du, & les inégrer, c'eft-à-dire les diviler, le premier par # & le fecond par 2#, & l'on aura enfin les deux ex- preflions fuivantes pour la valeur des équations cherchées, que je fuppofe toüjours multipliées par =. & dont j'ai changé les fignes pour les raifons ci-après, arr. XIV. C ponte (pnaa il nie 0 2 2) fi — Perl | Ca 2 n nd a À 1 aC fn. #9 — pe — ñ 7 17 Ê 2 C .aB aD aD aB a (0 — 4nn)1n 2 2 An 27 au aB aD | fin, 244 DUE SUN SCA UN GE s: 269 XII. Pour convertir ces expreffions en fecondes, il ne faut rien de plus que les valeurs données ci-deflus (ar V1) de À, B, C; on obfervera feulement qu'il faut multiplier le N tout par la mafle de la Terre y dont le logarithme eft 477139: il faut auffi réduire les décimales en fecondes, ce qui fe fait en les multipliant par le nombre de fecondes com- pris dans un arc de 574 17° 44",8 qui eft égal au rayon, & dont le logarithme eft 5,3 1442; ainfi l'on ajoûtera aux quantités trouvées par les formules pr baenes de même qu'à celles dont nous aurons à parler dans la fuite de ce Mémoire, le logarithme compolé & conftant 0,08 58 1. X IIL If eft aifé de concevoir la railon de cette dernière opération, favoir, la multiplication des quantités trouvées, par 571 17" 44",8, fi lon confidère que l'équation _ — € cof. u —+- 7 eft une expreflion de a diflance d'une Planète ou du rayon vecteur. Aïnfi 7 eft une fraction du rayon ou de fa diftance moyenne; de même, la quantité Tdi à rs Pi — = eft auffi une fraction du rayon, puifqu'elle a renferme r qui eft exprimé ci-devant en parties de la diflance moyenne: donc la correction de la longitude moyenne qui en général eft frrdu (1 — p) ne peut être exprimée qu'en puties du rayon; donc fi l'on veut l'exprimer en parties de la circonférence ou en fecondes, il faut multiplier le réfultat par lé nombre de fecondes que contient le rayon. Si, par exemple, on avoit pour l'expreffion de la longitude moyenne O0,0001 fin.t, ou la dix millième du rayon, le rayon vaut 206265 fecondes, donc il y aura 20”,6265$ pour la valeur en fecondes de cette dix millième partie du rayon, X IV. Par le moyen des réflexions précédentes, & évéluant en nombres les deux formules ci-deflus, on trouve + 13,3 fins — 1,9 fin. 27 pour lexpreflion de la longitude vraie: on pourroit m'obferver néanmoins que l'ex- preflion de la longitude vraie devroit avoir des fignes con- traires à ceux de la longitude moyenne qu'on a trouvés par L! ii 270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les formules précédentes; mais comme l'expreffion de {a lon- gitude moyenne devroit être —{(2 z + p) du, & que nous l'avons laiflée pofitive {art. X1), il faut employer les mêmes fignes que fi ces deux changemens n'exifloient pas. Des inégalités qui dépendent de l'excentricité de Mars. XV. Après avoir ainfi déterminé les équations qui auroiïent lieu fi les deux orbites étoient concentriques & circulaires, nous allons pañler à celles qui dépendent de l'excentricité de l'orbite de Mars : celles-ci feront les plus confidérables, parce que cette excentricité étant fort grande, jette une grande variété fur les diflances de Mars à la Terre & für.les directions des forces que la Terre exerce fur Mars. La confidération de Fexcentricité exigera premièrement qu'à la place de z qui eft l'élongation vraie, & de ” qui eft le mouvement vrai de Mars, on fubflitue leurs expreflions en LI mouvement moyen; fecondement, que dans la valeur de — donnée ci-deflus (art. IV), on évalue le terme qui étoit ss lorfque e étoit te zéro, favoir, — 304, 2a [——— < _ cof.1) = cof. 1) cet. DA X VI. Pour cet + foit en == coL Dit né pat coL2i IC NCoR 2 MED); cof. 37, EC. Ph & m—— Z dans les ni de B + GA y Bh + 6A ————— Se ————————— Ÿ ef) NT TE 2 qui étant réduits en nombres & multipliés par 247 dont le logar. eft 9,704667 deviennent 1 8,987 & 36,1737, que nous appellerons encore A’ & B” pour fimplifier les ex- preflions. On trouvera enfuite par les formules données dans les Mém. de l'Académie de 1 7 60, & rapportées ci-deflus /art. Z‘”) CRE Ro EN AP NS END == "SC 171" = 27,13 2 MEN 4 DMC = IE fuppofant - Farticle IT, on trouvera 4’ — DES SCIENCES. 271 Pour que l'on aperçoive mieux le progrès & la loi de ces différentes valeurs, on peut les exprimer ainfi. B'h — 10 4’ Cire 4 2 o À ‘ DÉS 8C'h — 7B! GE mr ù Pr 12h — 9C 3 gi I, ec. XVII Le terme de l'article XV que nous avons à éva- Juer, étant un peu trop compliqué pour pouvoir en calculer à la fois toutes les parties, on pourra le divifer en trois par- ties qui feront les produits de la férie 4! + B' cof. z + C'cof. 21 + D' cof. 31, &c. 1° par — 3e cof. w, 2. par À ea cof. {1—u), 3e par + À ea cof. (1 + u); mais on ne prendra parmi ces produits que les termes v, à — un & 217 — u, les autres étant de beaucoup plus petits à caufe des divifions qu'ils éprouvent dans la fuite du calcul, . Le produit de ces multiplications donnera — qu'il faut en< core multiplier par fin. z ou fin. #u qui lui eft fenfiblement 5 . fin. égal, pour avoir == — (ea B'— 3e A!) fin. (n — 1)u + (— jeaB + %eaD' + ieC") fin. {n — 1)u, qui eft une portion de la valeur de x; la partie de p qui en dépend fe trouvera en multipliant par à, divifant par » — 1, & changeant les fignes: car on fait qu'en général l'intégrale de fin. (n — 1 )udu ft = — a à ainfi 34e P—= 7, (A —%aB + FaD'— EC cf (ù — 1 Ju. XVIII De même on trouvera _ cof. 1 — (iea°B —+ea A + +ea B'—+%ex D'—ÿeaC) cof.(n — 1)u, 272 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE qui Ôté de —, donnera la valeur de @ [3ea À + eB' (—i—<$a) + +eaC — &ed D] cof. (n — 1)u; Von aura donc facilement Q — @ — 2p, qui étant divilé 3€ Ferre Ye De dre — +) B + (= Ai Ad 2 + = ms, M D cof. (un — 1)u. XIX. Connoiflant la valeur de 7, on en formera celle de 27 + p, qu'il fufhra de divife par # — 1 pour avoir l'inté- grale de /27 - p) du ou lexpreffion de la longitude moyenne = Re RTC UE g par 1 — (un — 1), donnera la valeur de 7 = CPAS ; Me =D DÉrtTue 24) C ae = À he + AT (À — 34 B' — + + +aD). XX. Et tel eft enfin le cie de équation /u — 1 )u qui rélulte de fexcentricité de Mars, dans lequel il eft inutile d'avertir que nous avons omis la quantité _. , c'eft-à-dire, la mafle de la Terre divifée par la fomme des mafles du Soleil & de la Terre, pour éviter l'embarras des parenthèfes, mais que l'on doit fuppléer par-tout depuis l'emploi de g ou +. Si l'on réduit en nombres cette expreflion, par le moyen des valeurs de À’, B', C’, D' (arr. XV1) & des valeurs de a, de e & de » (arr. 1V/), en obfervant aufii ce qui eft prefcrit (art. XTI), on trouvera — 19",$ fin. {» — 1) pour l'é- uation cherchée. Nous donnerons far. XX) un exemple Fa cette réduétion des formules algébriques en fecondes de degré. XXI. Cherchons par un calcul femblable le coëfficient de l'équation qui doit dé or de {(2n — 1); Rp cet effet, en multipliant la férie par — 3 e cof. u + Tea cof. (u—1)u++ea cof. (a+ 3) u,0n choifa feulement D'ESNASIOM EN CES SAS Li . ,, feulement pour former — , les termes fuivans, comme étant s les feuls qui, multipliés par à fin.»1, puiffent donner des termes de la forme (2u — x1)u; par ce moyen lon aura 1 er (eaA — +eB' + £eaC')cof. (n — 1 )u + (eaB'—+eC" + £eaD") cof. (an — 1)u + (beaC — XeD'+ Sea ËE) cof. (3n— 1)u Ayant multiplié cette quantité par a fin. 2w, pour avoir la valeur de +, on divifera par 22 — 1 pour avoir celle de p,en changeant les fignes; ainfi p = —% (—zaÀ 21— 1 + +8—;}D'+raE)cof.({2n— 1)u. On multi- pliera auffi par à cof. #, & le produit étant retranché de — — (iea* B'— LeaC + Sea D') cof. (2n =— 1)u; 3€a donnera la valeur de @ (—) eof.#, ou pour la valeur de g 5 s a ’ C B ae (1+») (A— San es MR 0 —_)cof{n — x ju I faut multiplier à fon tour — — —- par la valeur de a fin.{—=fin.nu + e(1+-2)in.(n + 1 Ju —e{1 + n)fin.(n—1)u, & l'on aura —ea (1+- ») en — À ——)i (à SU, en n'employant ici que les termes dont la forme fera fin. fr 1 )u; donc p — fx du fe trouvera en divifatifeulement la quan- tité précédente par {4 — 1), mettant cofinus pour fmus, & en changeant les fignes, car on a vû que c'étoit-là Feflet de _ D#ES/\S)CILIE NC E S LT HER ANR __eafi+) C r ï Tintégration ; donc p— —— (A 2 LR ) cof.{n —1 )u; ainfi Ja valeur de g — 2pou de Q fera la quantité fuivante, 1 c CT ÉTa À — A — —) «ot fn — Lu + 2ae {nn — 1 C B 1 __— = BTE ANA —)cot(n— 1/4 XXVIIT. De même la valeur de z fe trouvera en divifant celle de @ par 1 — fn — 1)°: on en formera aifément 27 — p; & comme pour avoir la correction de Ia longitude moyenne que nous cherchons, on a vû qu'il falloit feulement diviler 27— p par » — 1 (ar. AT & X V1), il fuit qu'on aura pour l'équation cherchée ou le coëfficient de fin. (n — 1)u, 4ae Ah hs LE NT C m—=PD—-46—)) Fu Ge 4 sn An — 1 DEA ERP R LES RPMENROT ES ae(i +#) 14 2 (A # 2 a | + fn — 1) ét — +). tout égal à — 35",26 fin. (nt — 1 Jus X XIX. Après avoir difcuté les termes #»— 1 qui pro- venoient de la valeur de ; employée plus exaétement, paflons aux termes 2 #—— 1 qui proviennent de la même confidération. = a A —— + 4 B cof. t + aCcof. 21 + aD cof. 31, &e; I faut multiplier cette valeur par cof.#, ou plufiôt par les termes de cof. # qui renferment l'excentricité e, car les autres termes ont été employés ci -devant ; ces termes qui renfer- ment l'excentricité font — e7 1 + » DC GLEN )u + (1 + un) cof. {n + 1 )u. Si Von ne prend dans le produit que les termes (24 — 1) dont il eft queftion pré- fentement, on aura (= a —) ot— (1 + n) ( eaD eaB 2 2 ) co. (2n —. 1); on emploiera auffi dans la valeur de — — À + Bcof.t + Ccof. 2r les termes Mn ii 278 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE de cof. 2# qui renferment l'excentricité; ils fe réduifent à Li — = — 2eC(r4+ uv) cof {2n — 1 )u, dont 53 il faut Oter l'expreflion précédente pour avoir la valeur de DE jf ER Re 2eC) cof. /{2n— 1 )u. Si l'on multiplie aufli + — — par fin. z, pour avoir la valeur ; : )fin(2n— 1)u, frdu = p—= —" 7" /eaB + eaD) co. (28 — 1)u, —taB eaD de +, on trouvera x = {1 +) ( 2(2n — 1} A=P—2p — (ea B—ea D — 4eC) cof.(2n — 1 Ju “= —— (— eaB — eaD) cof. {2n — 1)", d'où fon tirera la valeur de 7 en divifant cette quantité par 1 — (2n — 1). XX X. Lorfqu'on aura trouvé la valeur de 7, il fera aïlé de former 27 + p, qui étant divifé par 22 — 1, fera la correction du temps ou l'équation de la longitude moyenne — (1 +rm)ea Pet, 2(1—+n)ca . B a(au— 1)" (an— 1) [i— (au —1})*] ( —+ 2) are caf +n) AB ER D; ES a (zn— 1) [i— (an —:)*] On réduira cette formule en fecondes, comme toutes les pré- cédentes; nous allons en donner le détail pour qu'elle puife fervir d'exemple. L'ufage des logarithmes des fractions décimales eft connu actuellement de tous lès Géomètres ; j'en ‘ai dit quelque chofe dans mon Æxpofiion du Calcul affronomique : fuffira de fe rappeler que fi une fraétion décimale ne contient que des centièmes, la caractériftique de fon logarithme doit être 8; pour des millièmes elle fera 7, & ainfi des autres. PU LE OST US DL. x DES SCIENCES. 279 Réduttion de la formule en fecondes de degrés. Logarithme C..,,... 0,64614 Logarithme 4....,.. 0,60206 1,24820 Logarithme 4 ....... 9,81710 C Logarithme Ê + 1343110 a DB... RTC BARS 557284 12}: HOtIS ES OueeN ARE 3»3200 BÉPTD ER ue ee | 9,0484 PES TERRE 2,4084 C 142 Se — 26,9840 a Logarithme 1 + #... 0,27433 Logarithme ea...... 8,785 57 Loparithme, /: n)ea 9»0ÿ990 Logarith. {27 — 1 )° 9,76334 Logarith. 2...... 4.. 0,30103 006437 è (+ n)ea Loparith. PEU 8,99553 nombre. ..., 0,09898 2.7° partie... 0,94237 — Coëfficient de B + D. 1304135 Eoparith. du coëfficient. o,o174$ Logarith. B + D... 095655 — Eogarith, du 1°" terme. 0,97400 Premier terme, ,,.,,, 9,419 Logarithme 1 +-#......,......, 0,27433 Logarithme e.....,,..,...:..:.. 8,96847 Logarithme a...............,.. 981710 Éoparthmenz eee reel cie 0,30103 936093 Logarithme 1 — /2#— 1)°..... 962337 négat. Logarithme f2m— 1)°.......... 976334 938671 97422 logarith. 2(1+n)ea + ME: . b : (22r— 1) [i—(2r — Dai AN TN Logarithme ea{ 1 +2)... 9,05990 Logarithme 24 — 1....... 9»88167 Logarithme 1 — (en — 1) 62337 Log. ea{i1 +) de Gui) ar 5), 554 C Log. B— D DB is Le 139058 4 nn À 0945 44 . + 8,819: 2.4 terme. Æ 9419, 1° terme. eg + 18,238, fomme ow coëfficient tout entier de l'équation cherchée.. Losarithme 118,23 dates D CRC FA DEP + F,26ro% Loparithme de Ja maffe de la Terre... 477139 Logarithme deW'arc égal au rayon......., $»31442 — Somme des trois Jogarithmes…. . 1,3468% Nombre + 22/,2, équation cherchée eæ fecondes de degré, 280 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE XXXI. Si lon raffiemble actuellement les trois nombrés qui ont été trouvés féparémentspour chacune des deux équa- tions # — 1 & 2n— 1, on aura — 67,6 fin. /n — 1 )u —+ 29",6 fin. (2n — 1 )u pour les deux principales équa- tions qui dépendent de l'excentricité de Mars. 1 Ces deux équations peuvent faire enfemble une inésalité de 1° 23" lorfque Mars eft en quadrature vers le milieu de Juin, parce qu'alors fon anomalie moyenne eft d'environ 1 9 degrés; il eft évident qu'on ne fauroit faire ufage des obfervations pour la théorie de Mars, & négliger des quantités auffi confidérables, à moins qu'on ne voulüt s’expoler à des écarts de plufieurs minutes dans les réfultats du lieu de Faphélie & de la plus grande équation. Des inégalués qui dépendent de l'excentricité de l'orbie de la Terre. XXXIT. La diflance de la Terre au Soleil que nous avons appelée a dans tous les calculs précédens, eft la diflance moyenne; mais la diflance vraie, ou le rayon veéteur de la Terre dans fon orbite, varie de près d’une vingtième partie; quantité qu’il n’eft pas permis de négliger. De même, lorfqu'il a fallu déterminer l'angle +, nous avons fuppoé le mouvement vrai de la Terre égal au mouvement moyen, quoiqu'il en diffère quelquefois d'environ 2 degrés en plus & en moins. Dans une orbite dont a eft la diflance moyenne, £ l'excen- a ticité, 7 lanomalie vraie, le rayon veéteur r — ; 1 — ccof.z par conféquent r° — 4° + 24° ccof. 7, en négligeant les termes qui renfermeroient le quarré de lexcentricité c. La valeur de # fera auffi différente de celle que nous avons employée; car fi 7 eft l'anomalie vraie de la planète troublante, fon anomalie moyenne fera Zz + 2cfn.7, en népligeant encore le quarré de c, comme nous le négligerons dans toute la fuite de ce calcul, ea 1 +8 D'E'S"S Cr'E N'cE ss 0 à : € , . Pi safe sg z fera donc fanomalie moyenne de IA Mars, car nous avons vû que le moyen mouvement de Ia Terre eft à celui de Mars comme 1 + # tàr ; donc le moyen mouvement de Mars eft égal à celui de la Terre divilé par 1 + #. XX XIII. Nous fuppoerons actuellement l'nomalie vraie de Mars égale à fon anomalie moyenne, ou fon mouvement uniforme; & nous le pouvons fuppofer fans erreur, car puif- qu'il ne s’agit ici que des inégalités produites par la Terre, en tant que fon orbite eft excentrique, il ne doit pas y avoir de différence dans ces petites inégalités, foit que l'orbite de Mars foit excentrique ou concentrique. On ôtera donc du mouvement vrai de la Terre z le mou- np —+ 2 1—+ 7 2c vement de Mars fn. 7, & lon aura la valeur de l'angle 2 — (1 — ——) z FR fin. 7 Suppofons pz — {1 — ) r, Ceftà-dire, au mou- 1+ 7 6 vement de la Terre moins celui de Mars — 0,468297, y 2 C & nous aurons ? — PT — Écre fin. 7, 1 # c 1+z € fin. ? = fin. pz + fm. ({p +- Le = fin (p— 1) 3; € cof. 4 —= cof. py — —— cof. (p — 1)7 + x of (p + 1)g, (4 2 1H cof. 22 — cof. 2p7 — — cof. (2p — 1)7 + cof. /2p + 1 )7, x 3C c cof. 3#— cof. 3p7 — cof. (3p— 1/7 + col (3p += 1)% XXXIV. Reprenons la valeur de s (art. IV) qui étoit Va +1 + 26 22 cof. { — 24e cof. 1 cof. 1), & fubftituons à la place de 4° léxpreffion plus exadte 4 + 24 ccof.7,:&àda place de 2 aa quantité 24 + 2 accof. a Mem. 1761, ÈS . Nn 282 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE alors nous aurons au lieu de 1 —- à — 2 a co. la quantité 1-+ a — 2acof.t + {2a*c— 2accof.t) cof.7, parce que nous négligeons ici les termes 2 ecof. y & 2 ae cof.u cof. f 4 » 7 Li comme affeétés de l'excentricité de Mars; nous aurons — — < (1H à — 2acof.t) 7 —3/1 2 ee sac) en 2 (2ac— 2accof.t cof. 7) — 2a DEEE — cof.t) 24 — 3 ac[2a * (== — cof.t) *(acof.z — cof f cof. 2/]- a XXX V. Dans cette valeur de — on voit que le premier terme eft le même que lorfque nous fuppofions les orbites con- centriques, & que le fecond a la même forme que celui qui provenoit de l’excentricité de Mars /arr. IV): ce fera donc encore la férie 4° + B' cof.t + C' cof. 21, dre. qu'il faudra multiplier par — 3ac (a cof.z — cof. r cof.z), où par — 3 accof. 7 + Lac cof. /t + 7)+ Lac-cof. (t — 7), ainfi que dans l'art. XVII; à la place de # on peut mettre pz. Bornans-nous premièrement à prendre dans ce produit les termes: qui peuvent fournir une équation de cette forme /2p — 1/7, parce que l'on fait affez par l'exemple de la Lune & de Saturne, que ce doit être la plus confidérable: ces termes font ceux qui, dans le produit que nous venons d'indiquer, auront la forme p — 1, 2p — 1 & 3p — 1; par ce moyen nous ZacA' 30° cB cof. (p == 1)7- 3 7 ac EC Zac B' 2a*cC' scof.{2p — 1})7- 3 u ZacD LacC | + cD'écof.(3p — 1)% iacE HITTIFT I + ADIENSISUCNTÉE NC ES 283 2 2 2 LA LA 4 7 — _ fin.pz = Par M. ou HAMEL & TILLET. | + compte que M. du Hamel a déjà rendu à l’Académie des premières obfervations que nous fimesen Angoumois, pendant l'été de 1760, fur les papillons qui ravagent les blés de cette Province, n’a que trop prouvé à quel point s’y font multipliés ces infectes, & combien font confidérables les pertes conflantes qu'ils y occafionnent. Le mal concentré d'abord dans un canton particulier, s’eft étendu infenfiblement : ce n'eft plus l'Angoumois feul qui en eft affigé; les Provinces voifinés fe reflentent de ce fléau redoutable; & on a remarqué que la communication en a été plus ou moins prompte, à proportion de la proximité où ces Provinces fe font trouvées des endroits de lAngoumois, où il y a un commerce de _grains. Ï n'étoit guère poffible, dans les commencemens, de fe garantir d'un mal dont on n'apercevoit fouvent aucune trace, dans l'inflant même où l’on en recevoit le germe, & où il étoit prêt à fe développer. Du froment très- pur en appa- rence, & quelquefois le plus beau qui fût expolé en vente, contenoit intérieurement une chenille imperceptible, & tranf- porté ailleurs , y laifloit bien-tôt échapper en nature de papillon l'infeéte qui s'en étoit nourri; & c'eft une des caufes princi- pales de toute l'étendue du ravage que font ces animaux. Nous n'ignorons pas que métamorphofés en papillons, ils peuvent voler facilement d’un endroit à un autre, traverfer, comme nous le dirons bien-tôt, des forêts affez vaftes » pénétrer dans des lieux folitaires, y découvrir des Pièces de blé qui étoient le fruit d'un défrichement, & qu'on avoit jugées à Vabri de leurs attaques, par l'éloignement où elles étoient du féjour ordinaire des papillons ; mais leurs progrès n'auroient pas été auffr rapides, fans {a Sd des grains infectés ; &c Mem, 1761. . Oo 290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fans doute il en coûteroit moins aujourd'hui pour les arrêter. Nous ne le diffimulons point en effet; fi ce fléau, dont on va fentir les conféquences, nous donne de vives alarmes, c'eft principalement parce qu'il ne cefle point de fe répandre, & de- mande de la part d’un très-grand nombre de perfonnes, un concert unanime dans les précautions qu'il faut prendre pour détruire l'ennemi commun. On jugera mieux de la néceflité d& ces précautions, & combien il feroit effentiel qu'elles fuffent priles en même-temps, lorfque nous aurons donné l’hifloire de l'infeéte dont il s’agit, & rapporté avec exactitude les faits dont nous avons té témoins. ; Ce ne fut qu'au commencement du mois de Juillet 1760 que nous nous rendimes, M. du Hamel & moi, dans la Généra- lité de Limoges, par ordre de l’Académie, & conformément aux intentions de M. le Contrôleur général, que fon amour our le bien public rendoit très-attentif à cet objet. M. de Mæceval, alors Intendant de cette Province, & animé du même zèle, nous conduifit d’abord dans les cantons de l'An- goumois, où les papillons faifoient le plus de ravage, & fe trouvoient établis depuis long-temps. La paroiffe de Chafleneuil, fituée à deux lieues de la Rochefoucault, donna lieu à nos premières obfervations : il étoit comme naturel qu'elles débu- taflent dans un endroit d’où s’étoit élevé un cri intéreffant fur les dégâts de ces infectes, & d'où l’on avoit recû des détails dignes de la plus grande attention. Madame de Chaffeneuil, qui joint au talent de bien obferver, le goût de n’obferver qu'u- tilenent, s’eft toûjours occupée des maux que produifent les papillons du blé; & malheureufement elle n'a eu que trop la facilité de les fuivre chaque année dans toute l'étendue de fa terre. Une ame fenfible à un défaftre public en faifit les, dif- férens côtés, en voit mieux les détails; & l’on reconnoiîtra dans la fuite de ce Mémoire, qu'une expérience utile de Madame de Chaffeneuil nous mit fur la voie, pour en faire une autre tès-effentielle, & qui peut-être nous eût échappé. Les orges étoient coupées lorfque nous arrivames dans cette Paroiïfle, mais les blés étoient encore fur pied: nous avions add. int nié. DREMS M ISNCHIM EN CNENUSS 291 _ été avertis que les papillons fortoient quelquefois du milieu des gerbes, lors même qu'on les lioit dans les champs, & ncus en concluions naturellement que les chenilles & les chryfalices devoient fe trouver dans les grains avant que les blés fuflent {ciés. Nous examinames donc une pièce de froment qui étoit à fa porte du château de Chaffeneuil, & qui devoit être moiflonnée quelques jours après. Nous ne tardames pas à apercevoir, au moyen d’une loupe, les commencemens du dégât des infectes. Quelques chenilles fe nourrifloient encore de Ja fubflance farineufe du grain, d’autres étoient pafées à “l'état de chryfalide, & n nice que l'inflant de fe développer en papillons. * Nous ne diftinguions point encore comment les chenilles _s'étoient introduites dans le grain; il nous paroifloit fans aucune altération à l'extérieur ; & il a fallu la plus forte attention dans la fuite, pour apercevoir l'ouverture que la jeune chenille fait au grain, afin de s'y établir. Les premiers faits qui s'étoient annoncés dans le froment, fe trouvèrent les mêmes dans l'orge nouvellement battue qu’on nous préfenta. L'infecte y étoit renfermé, foit en état de che- nille, foit en état de chryflide ; la manière dont il s'y étoit Uoduit) ne paroifloit point aufli; les grains d'orge attaqués étoient réellement fains à l'extérieur; & nous verrons que la trace de la chenille y étoit beaucoup plus difficile à faif que fur fe grain de froment. . Le premier coup d'œil que nous jetames à Chafleneuil fux les grains attaqués par les papillons, nous prépara à les mieux confidérer dans les différens échantillons qui nous furent pré- fntés à la Rochefoucauit : cette ville eft un des endroits où l'accident dont il s'agit eft le plus marqué, & nous n'eumes que trop occafion de voir dans le féjour que nous y fimes l'année dernière, combien le mal y eft étendu. . Ces échantillons pris au hafard dans les champs, nous montrèrent les mêmes détails qui nous avoient frappés à Chafleneuil : ou les chenilles fe nourrifloient encore dans l'intérieur du grain; ou lon découvroit des chryfalides; ou Ooij 292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE même l'on reconnoifloit, quoique plus rarement, que les papillons en étoient fortis. Ce fut à qu'après avoir difféqué une grande quantité de grains, nous commençames à entrevoir Ja manière dont la chenille naiflante s'y introduit; je dis entrevoir, car nous ne pumes encore jeter qu'un foupçon; & il nous manquoit quel- ques obfervations délicates, qu'un travail fuivi nous procura. Tout concouroit donc à nous prouver d’une manière bien pofitive, que le mal commençoit dès le champ même, & que les infectes y faifoient leurs premiers dégâts. Il ne nous étoit pas poflible alors d'étendre nos lumières plus loin, & nous nous contentames de recueillir les faits qui devoient nous conduire à d'autres plus eflentiels. Nous étions d'autant plus obligés à les conftater avec foin, qu'à l'exception du Mémoire de M. Marantin, qui fut communiqué à l'Académie, & en mérita les éloges, nous n'avions tiré encore de la Province que des inftruélions vagues, & nous n'y connoiffions aucune expérience aflez décifive pour qu'elle püt fervir de bafe à nos recherches. Loin de cela, les préjugés {e multiplioient à mefure que nous avancions ; on nous y préfentoit des obfervations contradicloires; & jamais le doute ne fut plus néceflaire qu'au milieu du grand nombre de Mémoires, de lettres inftruétives qui furent adreffCes à l'Intendant de la Province, & qui nous furent communiquées. On trouvoit je ne fai quoi de myfté- rieux dans la manière dont la jeune chenille étoit renfermée dans le grain; on nous ralentifloit fur lempreffement que nous avions de faire quelques épreuves, en nous afiurant qu'elles avoient été déjà tentées fans fuccès; & nous ferions reflés dans Finaétion, pour peu que la crainte du travail & la peine de bien examiner nous euflent retenus. Mais en écoutant tout, fans rien adopter, nous nous occupames à füivre pied à pied nos infectes , & à tracer une ligne d'oblervations, d'après lefquelles nous puflions nous régler pour les expériences qu'il y auroit à faire. FOIS On nous avoit prévenus que les blés nouvellément recueillis me tarderoient pas à s'échaufler , & que les amas de grains qui DES OCT IE NC ES 293 ont communément une certaine fraicheur quand on y plonge Ja main, deviendroient tout-à-coup brülans. Nous attendions à la fuite de la récolte cette circonftance remarquable, mais elle ne fe manifefta pas aufft promptement qu'on l'avoit préfumé.sOn nous afluroit que le vent du midi étoit néceflaire pour cet effet, & il fe tenoit conflamment au nord. Nous crumes que d'autres cantons pourroient nous mettre à portée de fatisfaire fur cela notre curiofité; & nous allames juiqu'à Chalais, en examinant les grains nouveaux, tant dans les greniers & les granges, que dans les marchés. Nous primes même dans plufieurs endroits des échantillons de ces grains dans l'attente que lun nous fourniroit ce que l'autre ne nous auroit pas donné lieu d’obferver ; mais toutes nos courfes n’a- boutirent encore qu'à nous faire connoître combien fe mal dont nous nous occupions étoit étendu & uniforme dans les fuites. plus où moins funeftes qui l'accompagnoient. Les monceaux de grains que nous avions eu occafion de voir, ne s’échauffoient point, quoique quelques - uns donnaffent des papillons ; nos échantillons en fourniffoient aufli fans rien perdre de {eur fraîcheur ; & nous commencions à croire que ces infeétes étant moins abondans en apparence cette année-là que les précé- dentes , les effets qui réfultent de leurs ravages, pourroïent n'être pis tout-à-fait les mêmes que ceux dont on eft communément témoin. Mais à la fin du mois d’Août, em examinant dans une grange du froment qui fortoit de deflous le fléau, & qui étoit encore mêlé avec les balles du grain, nous fentimes qu'il s'é- chaufloit, & nous rémarquames, après avoir plongé le ther- momètre de M. de Reaumur, dans le centre du monceau de grains, & l'y avoir laiffé pendant une demi-- heure ou environ ;: que la liqueur étoit montée à vingt-trois degrés au-deffus de zéro, tandis qu'elle fe tenoit plus bas dans 1e thermomètre expolé à l'air extérieur. Ceite chaleur extraordinaire du grain, qui va quelquefois jufqu'a trente-deux degrés ou environ du même thermomètre, Re s’amonça pourtant pas encore d’une manière générale. Ce: Oo ii 294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ne fut que vers le 1 5. de Septembre, qu'il s'éleva fur ce point un cri uniforme, & que plufieurs Particuliers attentifs sem- prefsèrent , foit de pañler les grains au four, foit de les réduire en farine. Nous ne perdimes pas de vüe alors un fac d'orge nouvelle que nous avions prife à Chaffeneuil , & les échantillons de froment que nous avions recueillis dans différens cantons ; mais ils fe trouvèrent froids, il n’en fortoit même plus de papillons, & nous conclumes avec aflez de vrai-femblance, que n'ayant donné aucunr figne de chaleur, ils ne contenoient que le peu d'infeétes que nous avions vü s'en échapper. On ne fauroit attribuer ce défaut de chaleur à l petite quantité de grains que nous avions confervée : outre que la quantité d'orge prife à Chafleneuil étoit de cent livres ou environ, nous eumes la preuve certaine qu'une ou deux pintes de grains peuvent s'é- chauffer prefqu'au même point qu'un monceau confidérable, & conferver long-temps leur chaleur. M. de Taponnat, Gen- tilhomme dont la Terre eft fituée aux environs de la Roche- foucault, & au zèle duquel nous devons de bonnes obferva- tions, nous envoya deux petits facs qui contenoient chacun deux à trois pintes de. grains fort chauds : ils furent fouvent vifités à la Rochefoucault pendant fept à huit jours; on verfa même le grain dans d'autres facs; ils reftèrent ouverts pendant tout le temps qu'on en tira des grains pour y découvrir les infectes : ils furent tranfportés à Angoulême fans aucun mé- nagement ; ils y devinrent matière à examen pendant une quinzaine de jours; & nonobflant cela, le grain s'y conferva à peu près aufli chaud qu'il étoit lorfqu'on nous lenvoya. H n'eft guère douteux que Cette chaleur confidérable du grain ne vienne de celle qu'a chacune des chenilles qui.s'y trouvent renfermées; ce que linfecte en communique à un feul grain ne peut pas être fenfble & fe diffipe en un inflant; mais un petit amas de grains donne lieu à la concentration:, & l'on a alors dans le centre toute la chaleur que la réunion des infectes peut former ; peut-être aufli la matière farineufe fubit-elle une efpèce de fermentation, tant par l'humidité qu'elle contient que par NE (4 D'E'SUWS' C'TE NC E S 2 H tranfpiration infenfible de la chenille & la douce chaleur qu'elle prète au grain. L'ouverture imperceptible que nous y remarquerons bientôt, ne peut guère laifler perdre de cette chaleur ; & c'eit, felon toute apparence, par fe concours de ces caufes très-naturelles que les monceaux de grains s'échauffent affez fouvent & ne fe refroidifient que par degrés. Tant que les chenilles font abondantes dans le “grain, qu'elles y font vigou- reufes & n'en ont mangé qu'une partie, la chaleur des amas de grains eft confidérable; elle diminue à mefure que les che- nilles paflent à l'état de chryfalides ; elle s'éteint enfin Jorfque les papillons commencent à fortir : la chaleur animale eft fouftraîte ; la matière farineufe s'il en refte , n’eft plus expofée à la fermentation; les caufes que nous avons indiquées, ceffent’ tout-à-la-fois. D'après ces obfervations , il réfulte que les grains ne s’échaufient qu'autant qu'ils font très-infeétés de chenilles , & que la préfence d’un affez grand nombre de papillons fur la fuperficie d'un amas d'orge ou de froment, n'indique pas toû- jours qu'il s'eft échauflé ou qu'il fera expolé à cet accident. Nous avons obfervé que fur deux cents grains tirés d’un des petits facs, dont la chaleur conflante a été remarquée plus haut, il n’y en a eu que foixante-quatorze qui ont germé; les autres contenoient des chenilles; & nous verrons qu'elles attaquent le germe par préférence à tout autre endroit: ainfi on peüt eftimer à peu près que les deux tiers ou les trois cinquièmes d’un tas de grains font infectés, lorfque la chaleur y eft à fon comble & s'y conferve fans une diminution bien fenfible pen- dant vingt ou vingt-cinq jours. Une chaleur foible & paffa- gère indiquera un moindre mal; & un petit nombre de pa- pillôns répandus fur la fuperficie d'un amas de grain qui refte toüjours froid, nannonce qu’une perte de peu de conféquence ; & l'on ne doit plus craindre que la poftérité de ces mêmes papillons. Avant que d'aller plus loin fur les obfervations dont nous avons à rendre compte, il conviendroit de donner une def- cription des infettes qui en ont été leüjet, & de la donner avec aflez d'exactitude pour qu'on ne les confondit pas avec ce Mém, Jur les hide, t U, Page 2721 Planche IT, fe. 37 & 38. Ibid, tome I], p.49 0 © fuir, Planche I, fig. 1 1 & 12. Planche II, fig.30& 31. 296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d'autres infeétes qui attaquent aufli nos grains, & qui font connus fous le nom de Æauffes teignes ; mais M. de Reaumur, qui a examiné les deux elpèces de papillons dont il sagit, a mis tant de précifion dans la manière dont il en a parlé, qu'en indiquant fes Mémoires, nous nous bornerons à rapporter, d'après lui, les principaux traits qui diftinguent ces infeétes. La faufle teigne eft une petite chenille à feize jambes & à corps ras & blanchâtre; elle attaque principalement le fro- ment & le feigle: elle lie plufeurs grains enfemble avec des fils de foie. Dans l'efpace qui eft entre ces grains, elle fe file un tuyau de foie blanche, qu'elle attache contre les grains affu- jétis ; logée dans ce tuyau, elk en forten partie poureronger les grains qui font autour d'elle ; la chryfalide de cette faufle teigne n'a rien de fort remarquable. Le fond de la couleur des ailes fupérieures du papillon qu'elle produit, eft un gris-blanc, qui au foleil paroït argenté; il porte . fs ailes en toit arrondi fur le dos : le devant de fa tête eft couvert d'une touffe bien fournie de poils; il a des antennes à filets grainés, & paroïît appartenir à a troifième claffe des phalènes. La petite chenille dont les ravages nous occupent aujour- d'huï, eft très-rafe & toute blanche, fa tête feule eft un peu brune; elle a feize jambes, dont les huit intermédiaires &c membraneufes ne font que de petits boutons : à l'aide d’une forte loupe le bout de ces mêmes jambes paroît bordé d’une couronne complète de crochets. Le petit papillon que donne cette chenille eft de la feconde claffe des phalènes, il a une trompe & des antennes à filets grainés, il porte fes ailes pa- rallèles au plan de pofition; la couleur des ailes fupérieures eft communément d'un canelle très-clair, elles font quelquefois blanchâtres & ont du luifant; le côté intérieur des aïles m- férieures eft bordé d'une frange de poils très-longs. Un des caractères les plus marqués de ce papillon peut être pris de la figure & de la grandeur des deux barbes entre lefquelles fa trompe eft logée; elles s'élèvent au defflus de la tête en fe recourbant, & fe terminent chacune de manière que cette . tête . - _& intérefle l'humanité, DES SCLENCES. 2 tête paroït porter deux cornes femblables à celles d'un bélier. La fauffe teigne pafe fa vie dans nos greniers, elle y attaque les grains à l'extérieur & { tient toüjours dehors en les entamant, Le papillon qui défole Angoumois fe répand au contraire dans les campagnes dès qu'il en a la liberté; il s'y accouple & établit poftérité fur les épis avant même qu'ils foient mûrs : la chenille qu'il y laifle n’entame le grain qu'autant que cette légère altération lui eft néceffaire pour qu'elle s'y introduife d'une façon imperceptible ; encore le grain d'orge lui fournit-il une entrée dont elle profite fans percer l'écorce ; elle sy nourrit en fecret jufqu'au moment où, changée en papillon, elle fort du grain par une ouverture qui répond à fa groffeur, & décèle tout le ravage qu'elle y a fait. La partie du Mémoire de M. de Reaumur où il eft quef- tion de cet infecte, contient beaucoup de détails qui prouvent combien il favoit étudié avec foin. Nous aurons lieu de les rappeler à mefure qu’ils deviendront nécefaires, & comme ayant fait nous-mêmes les obfervations qu'il nous a données, Nous fuppléerons à ce qui lui eft échappé, ou à ce qu'il ne lui a pas été poflible de voir: il na confidéré cet ébjet qu'en petit & paflagèrement ; nous l'avons examiné dans toute fon étendue, aflez long-temps & dans des vües qui demandoient une appli- cation fuivie « | "Qu'il me foit permis de faire ici une réflexion für l'utilité -dont peuvent être certaines recherches, quoiqu'’elles ne paroiffent avoir pour but que l'amufement & la curiofité, M. de Reaumur en parlant des chenilles & des vers qui vivent dans l'intérieur des fruits, trace par occafion l’hiftoire de l'infeéte auquel nous fommes atentifs, & le fait d'une manière afez agréable pour qu'il Temble n'avoir eu en vûe que le plaifir du lecteur: ce- pendant le moment arrive où fes obfervations fur ce point préparent à un travail férieux ; elles nous ont fourni en effet les premiers éclairciffemens dont nous avons eu befoin, & nous ont d'abord inftruits des particularités d’un mal qui fixe l’atten- tion du Minifière, aflige une province, en alarme d'autres, Mém, 1761. * PP Planche I, fig. 16& 17. Planchell, fig, 294 $ 2983 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je reprends le fil de nos obfervations, & je reviens à celles que nous fimes à M fuite de la récolte de 1760. Après avoir confidéré les chenilles dans les grains de blé nouvellement recueillis, & les avoir examinées foit dans l’état de chryfalides, foit dans celui de papillons , nous defirions de voir comment ces infectes fe perpétuent, & nous regardigns comme éffentiel d'en fuivre pied à pied la propagation. Aucune obfer- vation précife ne nous avoit encore mis fur la voie par rap- port à la couleur & à la forme des œufs que leurs femelles pondent; nous les préfumions avec raifon d'une petiteffe ex- trême; & nous ne trouvames d'autres moyens de nous fatis- faire fur ce point, qu'en renfermant des papillons dans un vafe de cryflal, au fond duquel il y avoit des grains de froment. Dans le nombre des papillons qui nous tombèrent fous la main, quelques-uns étoient accouplés. Nous tâchames de les faifr en cet état & de les faire pañler dans un vale très-net, où la fe- melle fécondée eût la facilité de dépofer fes œufs: en tâchant ainfi de faifir un mäle & une femelle, l’un des deux papillons s'échappa. Nous n'en eumes qu'un feul dans le gobelet de verre qui leur étoit deftiné; nous avions eu la précaution d'y jeter dix ou douze grains de froment avant que de le couvrir, & ils étoient aflez beaux & aflez fains pour que le moindre corps étranger y devint frappant. Nous laiffames paffer plufieurs jours fans examiner ces grains, nous bornant à obferver le papillon folitaire à travers les parois du gobelet; nous remarquames qu'il ‘fe tenoit prefque toûjours placé fous le papier dont le gobelet “étoit recouvert, & qu'il s'y tenoit long-temps immobile. Au Planche I ,. Big. 5,6&7. bout de quelques jours, nous nous aperçumes que le papillon étoit mort, & nous n’héfitames plus à découvrir le gobelet ; nous examinames avec beaucoup de précaution les grdins de froment qui y étoient, & nous remarquames, À l’aide de la loupe ,. que quelques-uns avoient de petites taches rouges plus ou moins étendues. Le microfcope rendit bien-tôt les objets d'une plus grande netteté, & nous vimes clairement que ces taches n'étoient autre chofe que des œufs d’une couleur rouge orangée, d'une forme oblongue, & ayant à peu-près la figure d'un gland, D PAIE DES SCIENCES. 299 Nous reconnumes alors que des deux papillons accouplés, fa femelle nous étoit reftée, & qu'elle avoit péri immédiatement après avoir pondu fes œufs; une partie de ces œufs étoit dépofée fur trois ou quatre grains; Fautre 'étoit dans le fond & fur les parois du gobelet : leur nombre excédoit de beau- coup celui de vingt ou trente, dont parle M. de Reaumur en citant da fécondité de ces infectes, & nous eftimames que la femelle que nous avions confervée, dont le dépôt étoit unique & bien certain, avoit jeté foixante-dix à quatre-vingts œufs. Deux expériences, füivies avec attention, nous ont appris de- puis que la fécondité de ces infeétes peut même aller un peu plus loin; une feule femelle a produit quatre-vingt-cinq œufs, que nous avons diftingués nettement à la faveur d’une forte loupe, & une autre en a donné jufqu'à quatre-vingt-neuf. L'attention que nous avions portée, dans les expériences particulières, à la couleur & à la forme de ces œufs, fit que nous les remarquames enfuite facilement & fans le fecours de la loupe fur des grains de froment où nous n’en avions pas d'abord foupçonnés. Bien-tôt ils nous frappèrent les yeux fur un monceau d'orge nouvelle, où les papillons voltigeoient de toutes parts : ils étoient dépofés tant fur les grains que fur les balles, les menues pailles & même les ordures qui { trouvoient à la fuperficie du monceau d'orge. Déjà nous nous apercevions que quelques-uns étoient éclos; des chenilles prefque imperceptibles & qui n'avoient guère qu'un quart de ligne de longueur, marchoient fur le papier où nous avions mis plufieurs grains de cette orge attaquée : nous les reconnumes , avec la loupe, pour être de l'efpèce de celles que nous avions trouvées dans le grain, & dès-lors nous nous occupames du foin de les élever. Nous mimes dans un petit gobelet de verre des grains d'orge {ur lefquels y avoit des œufs : nous y fimes glifiér les jeunes chenilles; & après avoir ajoûté à cette petite provifion plufieurs grains de froment, recueillis dans un endroit du Limofin, où les papillons ne règnent pas, nous couvrimes le gobelet d'un papier blanc. Au bout de dix ou douze jours, en examinant , tant Îes Ppi Planche I, fig. s &6. 300 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE grains d'orge & de froment que tout ce qui fe trouva au fond du vale, nous nous aperçumes que la plufpart des œufs étoient éclos: nous le remarquames à la blancheur & à la tranfparence de la coque. Nous obfervames encore que plufieurs des jeunes chenilles étoient mortes fans avoir attaqué les grains, & dans ce moment-là nous ne vimes rien fur ces mêmes grains qui annonçât que les chenilles qui refloient les euffent un peu al- térés. Quelques particules de matière farineufe qui étoient dans le filon de certains grains, attirèrent bien notre attention, & nous fumes tentés dès-lors de les regarder comme les com- mencemens des débris qu'avoient pù occafionner les infectes en travaillant à s'établir dans le grain; mais la loupe ne fut pas fufffante pour éclaircir ce fait; on jeta même du doute fur ce que nous préfumions , en difant qu'il y avoit quelque apparence que le monceau de grains, d'où nous avions tiré ceux du gobelet, avoit été paflé à la chaux, & que les particules blanches auxquelles nous nous arrêtions, fembloient l'indiquer. Quoique cette idée n'eût aucun fondement réel, nous héfitames néanmoins fur celle que nous avions eue d'abord, & nous attendimes que, munis d'un microfcope qui n'étoit pas fous notre main dans cet inflant-là, nous pufions confidérer à loifw les grains de froment où nous remarquerions quelque accident léger ; l'intérieur du filon étoit toûjours notre point de vüe, & nos obfervations s'y fixèrent. Nous avions eu occafion ce- pendant de les tourner d’un autre côté & de foupçonner que les infectes pénètrent dans le grain par le germe: on y aper- çoit quelquefois en effet un petit trou rond, qui paroït être celui que la jeune chenille s'eft pratiqué afin de s'introduire dans le grain : mais il eft rare que la pellicule qui couvre le germe foit percée; & il falloit fur ce point délicat un caraétère affez conftant pour qu'il s'annonçat dans prefque tous les grains : à moins que négligeant toute précifion, on ne fe füt borné à croire que l'ouverture avoit pû être faite au grain dans un temps où il étoit encore tendre & gonflé, qu’elle avoit pà fe fermer peu à peu & ne laïfler après elle aucun veflige de cicatrice; mais une fois avertis, par le travail des jeunes chenilles que DONNAIT ST ) DEL SN STE UE NGC EN SL NTI 3041 nous avions élevées, de la manière dont elles s’introduifent dans le grain, nous ne trouvames plus étonnant que la ma- nœuvre de celles qui étoient nées dans les champs nous eût échappé, & nous les furprimes enfin dans leur marche, en fuivant les indices que les chenilles nées fous nos yeux nous avoient donnés. Outre les grains d'orge plus ou moins chargés d'œufs, & expolés aux attaques des jeunes chenilles, que nous avions déjà raffemblés, nous recueillimes des grains de froment fur un monceau où les papillons fourmilloient , & les œufs n’étoient pas rares. Nous détachames ces œufs de deflus les grains où ils étoient placés, & qui, pour plufpart, contenoient des chenilles nées dans les champs ; nous les fimes tomber fur des grains très-fains, qui étoient au fond d'un vafe de cryftal, & nous leur laiflames le temps d’éclore. Au bout de trois ou quatre jours nous vimes naître plufieurs chenilles , elles parcoururent le grain qui étoit deftiné à les nourrir, & ne nous parurent pas s’y fixer ; quelques-unes même moururent aflez tôt, & nous craignimes de n'avoir aucune matière à obfervation. Notre appareil ne fut pourtant pas inutile; nous examinames ‘abord , avec la plus fcrupuleufe attention & à l'aide fimple de la loupe, tous ces grains de froment fains qui devoient fer- vir à la nourriture des jeunes chenilles, & nous mimes foigneu- fement à part ceux dont le fillon nous laiffoit entrevoir quelques particules de matière farineufe ( ces premiers indices qui nous avoient d’abord frappés } , & nous les fimes paffer fous le microf- cope. Nous ne fumes pas long-temps à voir tourner en certitude les foupçons que nous avions eus : ces particules blanches & impalpables qui nous avoient tant occupés, étoient réellement les premiers débris de Fécorce & de la partie farineufe du grain que la jeune chenille avoit formés en sy pratiquant une ouverture ; & nous ne doutames plus que le fillon ne fût l'endroit qu'elle choifit par préférence pour y commencer fon travail. Voici la manière dont elle s'y prend & les précautions dont elle ufe avant que d'entamer le grain : elle £ gliffé dans Ppii Planche Ë, fig. 15. Planche I, fg.13&14. 302 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'endroit du filon le plus ferré & s’y tient comme immobile! pendant aflez long-temps; elle y file enfuite une toile d'une’ fineffe extrême, dont elle fe recouvre dans toute fa longueur, en attachant les fils aux deux côtés du fillon, & en les plaçant de manière qu'il ne refte exaétement au deflous de la toile formée que l'efpace néceflaire pour contenir le corps de la jeune che- nille & lui laifler la liberté d'agir ; logée une fois fous cette gaze légère, qui ne recouvre guère que la huitième partie du filon du grain, elle commence à l'entamer fourdement dans l'endroit où fa tête eft placée; elle y fait peu à peu un petit trou rond & capable feulement de donner paflage à fon corps; elle y pénètre à mefure qu'elle fe nourrit & parvient enfin à s'y établir, en laïifflant derrière elle quelques particules de matière farineufe & fes excrémens : ces réfidus s’attachent à la toile qui couvre l'infecte ; & comme elle eft fort tranfparente, on les y diftingue aifément. Si avec la pointe déliée d’un ca- nif on enlève cette toile, on aperçoit la jeune chenille plus ou moins avancée dans l'intérieur du grain & commençant à s’y former une petite cellule où elle ait la facilité de fe retourner, Dans un moment où nous en confidérions une qui en étoit venue à ce point-là & qui préfentoit fa tête au petit trou par lequel elle sétoit introduite, nous remarquames que nous l'avions troublée en enlevant la toile qui déroboit fon travail, & fur Le champ, fous nos yeux, elle paffla plufieurs fils fur ce même petit trou, pour rétablir en quelque manière l’efpèce de fecret dans lequel elle vouloit fe tenir. . L'ouverture que ces jeunes chenilles fe pratiquent dans lé grain, eft placée pour l'ordinairé vers le fond du fillon, & fur un des côtés du grain que ce fillon partage; aufii obferve-t-on dans tous ceux où s’eft établie une chenille peu avancée en âge, qu'un côté feul du grain eft attaqué, & qu'elle s'y change même quelquefois en chryfalide, fans avoir pouffé plus lon le dégât. I arrive fouvént auffi que des chenilles plus vigoureufes, & dont les métamorpholfes ne font pas précipitées par les grandes chaleurs, étendent leurs ravages au de-là du pétit réduit qui avoit fuff à d'autres, & confomment entièrement le grains DES SCIENCES. 303 ÎI eft rare que ceux dont les premiers papillons font fortis ne contiennent plus de matière farineule, & ce n'eft guère qu'après l'hiver qu'on les trouve réduits à une fimple écorce *, Nous avons déjà dit que les jeunes chenilles, produites par les œufs dont nous avions fuivi le dépôt, mouroient en grande partie, & qu'il n'y avoit que quelques grains où elles fe fuffent introduites , foit que ces infectes imperceptibles aïent un tem- pérament délicat, foit que la manière dont nous les élevions ne leur convint pas. Quelque raifon qu'il y ait de cet accident, on doit le regarder comme avantageux, en le fuppofant le même dans nos greniers. Si la totalité des pontes réuffifloits Ja multiplication de ces infectes iroit à l'infini, & leurs ravages auroient bien plus de quoi nous alarmer. ®æ La mort d'un grand nombre de ces infectes n'eft pas feule- ment occafionnée par quelque caufe naturelle que nous n'avons pas encore connue, mais par Îles guerres affez vives qu'ils nous ont paru fe faire en fe difputant la poffeffion d'un grain. Nous avions remarqué quelquefois ,en examinant des grains de froment où la toile légère, dont nous avons parlé, annon- çoit la préfence d’une chenille, qu'elle y étoit fans mouvement, -& que néanmoins il y avoit auprès d'elle plufieurs particules de matière farineufe. Nous ouvrimes quelques-uns de ces grains avec toutes les précautions néceffaires, & nous fumes fort étonnés de trouver d’autres chenilles mortes dans le fond du filon, outre celle qui étoit fous la petite toile: nous ne nous aperçumes pas que ces premiers grains en continflent aucune vivante, Le 20 Septembre, nous en examinames un fur lequel étoit une chenille morte avec tous les indices du féjour d’une autre dan$ le grain:après l'avoir ouvert, nous remarquames en- core au fond du fillon les corps flétris & un peu entamés de deux chenilles, & une autre vivante qui s'étoit déjà formé une aflez large cellule dans l'intérieur du grain & qui s'y nourrif- * On trouve quelquefois des grains | manque pas de reflources dans la foudés l’un avec lautre, ce qui | circonftance où, par le délai de f& annonce la communication qu’une | métamorphofe, un feul grain n’au- “chenille a établie entre deux grains. | roit pas fufi à fa nowrriture, Dès-lors il paroüroit qu'elle ne | 304 MÉMOIRES PE L'ACADÉMIE ROYALr foit fans doute depuis plufieurs jours, car elle étoit beaucoup plus forte & plus vigoureufe que toutes celles de cet âge que nous avions vües: nous avions remarqué deux jours aupara- vant là manœuvre de deux chenilles qui cherchoient à entrer enfemble dans un grain de froment par fe même trou qu'une d'elles y avoit fans doute fait; leur corps y étoit à moitié introduit ; la plus vigoureufe en devint enfin maïtreffe aux dépens de la vie de la plus foible, dont le corps un peu altéré refta fur les bords du trou. _ Cette obfervation vérifie la conjecture de M. de Reaumur, ur le petit nombre de grains attaqués, eu égard à la multi- tude de chenilles qui naïffent de nos papillons & fur la folitude conflante de ces inèmes chenilles dans un grain, foit d'orge, de froment ou de feigle, tandis qu'il y a des faifons où ces grairfs pourroient fufhre à la nourriture de deux. Il eft digne de remar- que en eflet, comme l’obferve M. de Reaumur, qu'on ne trouve jamais qu'une feule chenille dans un grain ; mais ce qu'il ne faifoit que foupçonner, devient à peu près certain par les détails que nous venons de rapporter. Un grand nombre de chenilles meurt avant qu'elles aient pris quelque nourriture ; celles qui reflent s’attaquent quelquefois d’une façon meurtrière’, en cher- chant à s'établir dans un grain; li chenille qui s'en eft emparée, le défend au péril de fa*vie, & ne fouffre jamais qu'une de fes compagnes partage fa provifion, Si l'on ignore les moyens d'arrêter entièrement les ravages confidérables que font ces infectes, au moins eft-il bon de favoir qu'ils concourent eux-mêmes à leur propre deftruction, & dans un moment où ils ne nous ont fait encore aucun tort. Avant que lon eût découvert comment les jeunés chenilles entrent dans le grain, on imaginoit, & c’étoit une idée reçüe, qu'un œuf unique dépolé fur le grain dans Finftant précis où les blés font en fleur, donnoit la naïffance à une chenille, & que cet infeéle enveloppé dans le grain, s'y nourrifloit fans Jaiffer aucune trace de la manière dont il y ctoit entré. Cette epinion, la feule qu'on voulüt adopter, parce qu'en examinant le grain avec le plus grand foin ,on ne voyoit encore aucune ouverture à nie, S,CAME N CES 30 ouverture :qui eût pû donner paflage à 1 jeune chenille, cette opinion entraînoit de grandes difficultés, & ne répondoit point à tout. Il falloit fuppofer que les.papillons choïfifloient pour dépofersleurs œufs, la circonflance délicate où les balles qui renferment le grain naiffant, s'entr'ouvrent pour laifler échap- per les étamines. Il réfultoit encore de la même fuppofition, qu'un feul œuf, fans éprouver aucun dérangement de la part des étamines, & placé à propos entre les deux aigrettes du piftile, s ÿh trouvoit enveloppé, & s'y confervoit jufqu'au moment où la chenille devoit en fortir. Mais ce fentiment auquel on ne pouvoit s'arrêter que faute de lumières, fe trouve abfolument détruit aujourd’hui par les faits que nous venons d’expoler. Il eft tout naturel de penfer que les papillons dé- polent leurs œufs plus tôt ou plus tard, & lorfque les blés montent en épis; que les chenilles y DES füivant les cir- conflances favorables à leur développement, & qu étant d'une extrême petitefle, elles fe gliffent facilement entre les balles, pour aller attaquer le grain : fans doute qu'il ne leur en coûte rien pendant l'été pour s'y établir, puifqu’alors il ef fort tendre, & ‘qu ‘elles ont des armes auxquelles le grain ne rélifte point, même lorfqu'il eft fec & à fon point de maturité. Telles furent les obfervations que nous pumes faire à Ja fin de l’année 1760 ; quoique limitées à des particularités qui tenoient plus à ’hiftoire des Infectes, qu'aux moyens de les détruire, elles nous guidèrent pour les expéri iences qu'il conve- noit de tenter l'année fuivante ; elles nous préparèr ent à étudier les papillons dans la campagne dès le temps où ils y par oïffent, à ne plus laiffer de myftère fur la façon dont ils y operent leurs ravages, & à réduire tout à une caufe fimple, mais malheu- reufement très-étendue. Nous avions trop d'intérêt à être témoins du premier déve- loppement des papillons, & à les fuivre dans leur marche, pour ne pas nous rendre en Angoumois, dès que les douceurs du printemps s’y feroient {entir. Nous y arrivames le 18 Mai de l'année 17 61,& il étoit temps que nous nous y rendiffions: dès le 20 du même mois, en effet, on commença à voir Mém. 1761. - Qq 306 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE quelques papillons dans des cabinets ou efpèces de ménage- ries conftruites à deflein, où l'année précédente nous avions mis du froment & de l'orge que ces infedtes avoient attaqués, & où ils avoient pû fe multiplier fans obflacle : leur Mombre s’augmenta tout-à-coup ; c’étoit l'inftant de leur développement: ils voltigeoient auprès de la fenêtre des cabinets, & cherchoient à en fortir. H n'en eft pas ainfi en automne, lorfque les papillons naiflent dans les greniers: nous avons remarqué qu'ils reftent attachés au monceau de grains duquel ils fortent, & ne s’en écartent qu'autant qu'on le remue; encore y retombent-ils fur le champ, & ne tardent-ils pas à y établir leur poftérité. IE femble qu'un inftinét fecret les avertit qu'il n'y a plus lieu alors de la répandre dans les campagnes, & que les différens grains dont elle pourroit s'y nourrir , font tous recueillis. Ces grains ne s'échauffent pas fenfiblement avant que le papillon en forte: on croiroit, en y plongeant la main, qu'ils ne font pas endommagés, tandis qu'en automne la chaleur des grains annonce la préfence des chenilles, 'aétivité de leur travail, & la fortie des premiers papillons. Nous cherchames en vain ces infeétes dans les champs pen- dant le jour , quoique nous le fiffions avec attention, & dans des cantons différens : ce ne fut que le 4 Juin, vers dix heures du foir, que nous commençames à les apercevoir fur des épis de froment, à la faveur d’une lanterne qui donnoit une lumière très-vive, & ne la portoit que fur les endroits que l'on vouloit éclairer. Nous reconnumes alors, comme M. de Reaumur nous en avoit prévenus, que les papillons du blé appartenoient à la clafle des phalènes où papillons nocturnes’, & qu'ils fe tenoient cachés pendant le jour. 6 Une fois certains que ces infectes vivoient dans lobfcurité, nous ne les cherchames plus qu'à l'entrée de la nuit ,& lorfque la fraîcheur les invitoit à fe répandre fur les pièces de blé. Auffi, en nous tenant en filence fur les lifières de ces pièces, les voyions-nous paffer rapidement, ou voltiger à nos côtés: cette obfervation fut conftamment la même, toutes les fois is. Î * DIEuS: JS CUILE IN IC2R Se 307 que nous examinames les blés à Ja chûte du jour; & plufieurs perfonnes que noûs avertimes du moment où les papillons pouvoient être vüs fur les épis, foit d'orge, de feigle, ou de froment, les y remarquèrent comme nous, & ne doutèrent plus d’un fait qui l'année précédente leur avoit été annoncé. Dans le grand nombre de ces infeétes que nous obfervames fur les cp, quelques-uns étoient accouplés ; nous les faifimes en cet élat, & nous les fimes pailer, ainfi que l'épi fur lequel ils étoient, dans des caraffes que l'on bouchoit fur le champ. Par-Rà nous eumes lieu de confidérer à loïfir es premiers dé- pôts d'œufs, -& d'examiner les endroits de l'épi où la femelle les plaçoit: en vifitant fouvent ces papillons folitaires, nous temarquames que pendant le jour ils étoient cachés ous le papier qui couvroit les caraffes,'& ne fe tenoient guère fur l'épi que pendant la nuit: Ils fuivent en cela l'inftinét général qui, comme nous l'avons dit, ne les appelle fur les blés que vers le {oir. " Quoique ces papillons, faifis ainfi dans les champs, & ren- fermés avec l'épi fur lequel ils s'étoient trouvés, pufient nous fournir matière à obfervation, nous remarquames que cet épi cueilli encore verd, ne donneroit que des grains maigres, dépourvüs de fubflance farineufe, & peu propres à fournir une retraite aux Jeunes chenilles qui devoient s’y établir; nous cherchames donc un moyen d'éviter cet inconvénient, fans perdre la facilité de confidérer à toute heure nos papillons. Nous y réuflimes en fufpendant fur la lifière d'une pièce de blé, un gobelet de cryflal qui avoit quatre à cinq pouces de hauteur, & trois & demi d'ouverture: ce vale étoit foûtenu par trois crochets de fil de fer qui tenoient à des cordons noués à une perche; un petit fic d'une toile fine & dont le fond étoit ouvert, embraffoit d'un côté l'orifice du gobelet, en le recouvrant d'un travers de doigt, & de l'autre, il laifloit un paflage à la touffe de froment fur pied qui devoit être em ployée: le vale, comme on voit, étoit dans une fituation renverfe. Lorfque nous établimes cette expérience, nous commençames par mettre dans le gobelet une cinquantaine de papillons pris Qai Planche III, fig. s. 308 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE dans les greniers, en les faifant paflér à travers l'ouverture du fond du petit fac ; les papillons volèrent aufli-tôt vers Je fond renverfé du gobelet, & nous donnèrent le temps de faire entrer la toufle de froment par la même ouverture, avant qu'ils puflent s'échapper. Lorfque les épis fe trouvèrent placés dans l'intérieur du gobelet, on pliffa promptement le bas du fac, on enveloppa les tiges de froment, & on noua lMtout avec un ruban de fi, en lé ferrant modérément , dans la crainte que par un étranglement des tiges, les épis ne fuflent altérés. Les papillons s'accouplèrent dans cette efpèce de petite ménagerie, y déposèrent leurs œufs, & trouvèrent dans ces épis renfermés les mêmes reflources pour leur poflérité, que d'autres épis à découvert leur auroient fournies. Dès le 24 Juin, en effet, les jeunes chenilles commencèrent à s'y montrer, & ne tardèrent pas à s’introduire dans le grain. Les épis que nous procura cette expérience, étoient ou chargés d'œufs de papillons, ou attaqués par des chenilles, ou même dans lun & l'autre cas. Ils nous fufhrent prefque pour connoître toute la marche de ces infeétes, & nous repréfenter celle qu'ils tiennent en pleine liberté. Nous vimes que les œufs nouvellement dépofés font blancs, & deviennent rougeâtres, lorfque la chenille, qui leur donne cette couleur, eft prête d'en fortir; qu'ils font communément placés entre les petits groupes de grains qui font attachés le long du filet ou noyau de l'épi, & ce même filet ; que les jeunes chenilles s'introduifent pour l'ordinaire dans les grains de froment renfermés encore dans l'épi, de la même façon dont nous avons dit qu'elles ÿ pénètrent lorfque les grains font détachés, je veux dire en fe plaçant le long du filon, & fous une gaze légère qu'elles y filent. Inflruits d’une manière exacte de ces particularités, nous eumes moins de peine à les reconnoître fur des épis pris au. hafrd dans les champs, & où les infeétes avoient laifié quelque trace: fans ces remarques préliminaires, & limitées dans un très-petit efpace, nous n'aurions pu les faire qu'avec une diffr- culté extrême dans Je nombre iñfini d'épis qu'une feule pièce DES SCIENCE Ss. 309 de blé offre à la vüe, & où il auroit été nécefaire de prendre le fil des obfervations; mais au moyen de ces connoiffances de détail que les expériences particulières avoient données , il ne falloit qu'un coup d'œil fur les épis des champs, pour re- connoître fi les infectes y avoient Jaiffé ou non quelque dépôt. Ces mêmes expériences particulières nous ont appris la manière dont les jeunes chenilles s'introduifent dans les grains d'orge, fans y laifier des veftiges de leur entrée, comme on es remarque dans les grains de feigle & de froment, On fit que les deux balles de l'orge font très-adhérentes au corps même du grain, & en forment la peau en fe defléchant: la balle qui eft du côté du noyau de lépi, fe termine en une pointe un peu émouflée, & n'excède pas la hauteur du grain : celle qui eft en dehors a dure de le grain de ce côtés recouvre en partie l'autre ‘balle, & fe termine par un filet ou longue barbe qui caractérife principalement l'orge; cette barbe en eflet eft quelquefois de fpt à huit pouces de longueur : l'extrémité de la balle intérieure aboutit à l'endroit où la balle extérieure commence à s'alonger & à devenir un filet ; mais la jonction n’eft pas aflez exacte, pour qu'il ne refte pas une petite ouverture précifément à la pointe du grain : c'eft de cette ouverture imperceptible que profitent les jeunes chenilles, pour s'introduire dans le grain, & le manger in{enfiblement : fans qu'il y ait à l'extérieur aucune marque de leur dégât, & jufqu'au moment où elles fe préparent un petit trou pour fortir en état de papillons; encore la pellicule du grain qui couvre Planche 1, fig.16& 17. Fig. 18. Planchell, ce trou, n'eft-elle pas entamée pendant que la chenille eft en fig. 20. chryfalide, & ne prend-elle Ja forme d’une foûpape que quand le papillon en séchappant la détachée dans prefque toute l'étendue du petit trou. ë Nous avons dit dans fa première partie de ce Mémoire, qu'une obfervation intéreffante de Madame de Chaffeneuil nous avoit conduits à une expérience qui ne l'étoit pas moins & dont nous avons à rendre compte. Lorfqu'on vit au milieu des malheureux, on voit la caufe de leurs peines fous toutes les faces. Madame de Chafeneuil , que l'humanité rendoit ingé- Q q ii Fig. 29. Planche I], fig. 2. LA 310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE nieufe, voulut examiner, pendant lhiver de 1760 à r7617, fi les chenilles qui navoient point paffé à l'état de chryfalides fubfifteroient dans fa terre durant l'hiver & en foûtiendroient les rigueurs, étant expoftes à toutes les intempéries de fair. Vers la fin de l'automne de 1760, elle mit dans une boîte, entre deux couches de terre, une certaine quantité de grains de froment attaqués par les papillons, & dont la plufpart con- tenoit des chenilles ; cette boîte fut placée dans un jardin & n'y eut aucun abri: Madame de Chafleneuil la vifita à la fin de l'hiver, & fut fort furprife d'y trouvef des chenilles vivantes & auffi vigoureules que la-circonflance Île permettoit. Nous fumes prévenus de bonne heure de cette obfervation, & fur le champ nous nous occupames du fort que pouvoient Avoir des chenilles ainfi élevées dags la terre contre leur état naturel, Nous fimes conitruire une boîte de dix-huit pouces de longueur fur douze de largeur & fix de hauteur; elle étoit partagée intérieurement & fur fa largeur en trois parties égales ; les cloifons qui diftinguoient les cafes, joignoient par -tout avec précifion ; les bords de la boite & des deux cloifons étoient garnis d'une lifière de drap, afin qu'un grand carreau de verre, dont nous couvrimes ha boîte, portât avec exactitude fur tous les bords, & que les papillons n'euflent aucune iflue, non feulement pour s'échapper de la boite, mais encore pour pafler d'une cafe à l'autre. Nous mimes de la terre dans le fond de chaque cafe de la hauteur d’un pouce ; nous répan- dimes deffus des grains de froment attaqués par des chenilles, & nous couvrimes enfuite ce grain d’un pouce de terre dans la cafe n° 1 , de deux pouces dans la cafe n.° 2, & de trois pouces dans la cafe n.° 3: fa terre y fut répandue telle qu'on la trouva dans un terrein où l’on avoit femé du maïs, & l’on fe contenta de la preffer légèrement. Cette boîte fut ainfi difpofée le 12 Juin: une grande par- tie des grains que nous y avions femés, contenoit fans doute des chryfalides fort avancées, puifque dès le 1 4 il parut quelques papillons dans la cafe n.° 1, où ils n'avoient eu qu'un pouce de terre à traverfer : le lendemain il s'y en trouva douze; & le UEUSAN SAC TEIINI G HIS: 311 17 il y en avoit quatorze nouveaux, Nous n'en vimes encore que deux dans la feconde cafe, où le grain avoit été couvert de deux pouces de terre, & un feul dans la troifième, où fa couche de terre étoit de trois pouces. Bien-tôt ces infectes fortirent en plus grand nombre de deflous la terre, fur - tout dans la cafe n° 1 : en arrêtant les yeux pendant quelque temps fur cette boîte, on voyoit les papillons percer la terre, & lon remarquoit le petit trou rond qui leur avoit fervi d'ifiue. Lis nous parurent {ortir plus fréquemment le long des parois de la boîte, parce que 1 terre, en fe defféchant un peu, quittoit ces parois & laifloit dans quelques endroits du vuide, dont les papillons profitoient : ce vuide m'étoit pourtant pes tel, que linfete püt sy gliffer facilement ; & lorfqu'il étoit forti, on voyoit la rondeur du trou quil s'étoit pratiqué pour parvenir à la furface de la terre: d’aïlleurs, nous vimes {ortir des papillons du milieu même de chaque cafe, & par conféquent dans des endroits où ces infectes étoient obligés de fe pratiquer une ouverture entière , afin de s'échapper de deffous la terre. Leurs ailes font quelquefois chiffonnées lorfqu'ils font au jour ; ils les agitent & les étendent dès qu'ils font hors de terre; & nous avons remarqué que tous ceux qui font fortis fous nos yeux, après avoir battu des ailes pendant quelques inftans & pris un peu de repos, les ont placées verticalement & tenu appliquées lune contre l'autre pendant plufieurs mi- nutes. Nous avons obfervé que cette manière de tenir leurs ailes placées perpendiculairement à leur corps, comme les tiennent les PapiÂg diurnes, ne leur eft pas ordinaire, & qu'ils les ont toûjolfs placées en forme de toit. H n'y a que le moment où ils fortent de Ia terre dans lequel cette pôlition des ailes foit remarquable. Nous infiftons fur cela, parce qu'en confidérant , pendant la nuit & en plem champ, des papillons fur les épis, nous avons vü, rarement il eft vrai, quelques-uns de ces infectes qui portoient ainfi leurs ailes placées perpendiculairement au plan de pofition; & il femble qu'on en doit conclurre que ces papillons venoient de fortir de a terre, & nétoient pas du nombre de ceux qui s'échappent 312 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE des greniers : ce féroit une raifon de foupçonner qu'une partie de ceux dont les campagnes font infeflées, provient des che- nilles qui étoient renfermées dans les femences, qui s'étoient confervées dans la terre pendant l'hiver & avoient pris leur effor, après leur métamorphofe en papillons, auf tôt que les premières douceurs du printemps s'étoient fait fentir. Dans une matière moins intérefflante que celle-ci, lobfer- vation qui vient d'être rapportée nous eût peut-être échappé, ou du moins auroit été négligée comme n'ayant pas encore acquis aflez de fondement ; mais il s'agit d'arrêter la perte des biens les plus précieux que nous devions à l'Agriculture. Pour- rions-nous craindre de montrer de l'inquiétude & diffimuler le moindre foupçon ? Le 18 du même mois, nous trouvames foixante -dix ou quatre-vingts papillons nouveaux dans la première cafe; nous n'en vimes que deux dans chacune des autres divifions : on ne Jes voyoit jamais qu'en très-petit nombre dans ces deux dernières cales, pendant qu'ils fourmilloient dans la première, A cette expérience, fur laquelle fe portoit principalement notre attention, nous en joignimes d'autres qui avoient le même but & tendoient à nous faire connoître fi les papillons pou- voient s'échapper de deffous une terre foulée modérément ; fi lorfqu'elle eft compaéte & battue par les pluies, ces infectes n'y trouvent pas des obftacles infurmontables ; fi enfin, à la faveur des grains qui germent & foûlèvent un peu la terre autour d'eux , lés papillons, logés dans des grains voifms de ceux-là, ne viennent pas à bout de fe développer & de percer infenfiblement la terre qui les couvre. Il en eft rélulté que ces infectes placés à un pouce de terre, lorfqu’elle eft meuble & médiocrement humide, n’ontfaucune peine à s'y faire jour ; qu'il leur en coûte peu auffi de s'échapper, lorfque le grain où ils étoient établis eft à côté de quelques autres qui germent & foûlèvent la terre, en produifant au dehors la jeune plante, mais qu'ils ont beaucoup d’obflacles à vaincre lorfque la terre qui les couvre , quoique douce & légère, a trois pouces ou environ d'épaifleur, & qu'ils périffent infailliblement dans Ne er TN DES 9 CNT EN CES 313 dans le grain même où ils ont vécu » la terre eft compacle planche Ill, & a acquis une certaine dureté, Les moyens qu'ont les papillons de fe développer dans le voifinage des grains qui germent, femblent devenir réels lorfqu'il eft queftion de l'orge : on la sème quelquefois en effet dans un temps doux & fort prochain de celui où les chenilles fe métamorphofent en papillons. I faut obferver, outre cela : que la terre, pendant l'accroiflément de l'orge, n’eft pas auffi battue & n'eft pas expofée à efluyer autant de pluies que pendant l’accroiffément du feigle & du froment : ces derniers grains ÿ paffent tout l'hiver: & conféquemment les chenilles qui peuvent fe trouver en terre après les femailles de l'orge, & par une fuite de ces mêmes femailles , ont moins d’obftacles à vaincre pour en fortir que celles qu'on y met en y répan- dant du froment ou du feigle attaqué, Dans le nombre des expériences que nous fimes, foit pour parvenir à des connoifiances qui nous manquoient, {oit pour détruire des préjugés qui laiffoient au mal la facilité de s'étendre, il y en eut une d'éxécutée en grand ,“& dont nous avons eu Thonneur d'expofer à l'Académie les préparatifs. Nous y avions pour” objet de prouver que les ravages des papillons ne s’ac- croiffent que par communication, & que les endroits éloignés des villages, totalement ifolés, font beaucoup moins expolés que d'autres aux attaques de ces infectes. “Nous choifimes le centre d'une forêt qui a une longueur confidérable & une forte lieue de largeur : nous y fimes dé- fricher un arpent & demi ou environ; la terre y devint bien- tôt meuble, au moyen des labours multipliés : elle n'eut d'autre Engrais que les cendres des racines & des bruyères qu'on brüla fur le terrein mème; & le 2 9 Septembre 1760, on y fema du froment qui venoit du Limofin, & n'étoit fürement pas attiqué du papillon : une forte paliflade & l'attention de ceux qui furent chargés de veiller à a confervation de cette pièce de blé ; la garantirent des accidens qu'il étoit poffible de prévenir ; le grain y parvint à une parfaite maturité, [nftruits du mo- ment Où les papillons commencent à paroïtre fur les blés, Mém 1761, . Rr © S« 3- 314 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE nous ne manquames pas d'examiner, à la chûte du jour, s'ils avoient attaqué celui-ci, & nous vimes que quelques-uns avoient pénétré jufqu'au fond de cette folitde: nous les re- connumes fur les épis de froment, & nous n’eumes que trop la preuve affigeante de l'activité avec laquelle ils peuvent paffer d'un endroit à un autre. Des bois aflez élevés auroient dû, à ce qu'il paroit, devenir une barrière pour ces infectes ; & peut-être foupçonnera-t-on que ceux que nous trouvames fur cette pièce de blé ifolée étoient nés dans la forêt même & s'y trouvoient naturellement établis. Mais en confidérant que fur quatre-vingts grains tirés de ce blé d'expérience, il n'y en avoit qu'un d'attaqué par l'infecte, tandis que dans les cantons où if réfide & où fes ravages font habituels, la perte va quelquefois jufqu'à un quart de la récolte, on pourroit préfumer que les papillons aperçûs dans la forêt, y étoient en quelque manière étrangers & ne s'y trouvoient que par une fuite de leur difperfion, laquelle a lieu pendant trois femaines , durée aflez ordinaire de leur vie: on pourroit croire que le dégit eût été beaucoup plus confidérable fi ces infectes vivoient communément dans ces lieux écartés & dépourvüs des grains dont ils fe nourriflent, comme ils fubfiftent dans les plaines où les villages font fitués & qui font couvertes de grains farineux. Cette expérience quadra avec une autre du même genre, que nous fimes dans un lieu fort défert, défendu d’un côté par un bois taillis, & féparé de l'autre, à une affez grande diftance, de toute habitation : les blés de cette feconde épreuve furent moins attaqués par les papillons que ceux de la première, & lon peut encore en tirer l’induétion que j'ai déjà préfentée. Le dégât des papillons a lieu par voie de communication , & cette voie devient difficile dès que les pièces de blé font écartées & ne tiennent plus à l'arrondiffement dans lequel ces infeétes fnt établis. Nous n'oferions, pas répondre cependant que les papillons dif blé ne réfident que dans les greniers & les granges; qu'ils ne partent que de ces endroits, ou d’un terrein dans lequel, pendant les femailles, on aura foiblement recouvert les grains DES SCIENCES. 315. où ils étoient renfermés pour fe répandre dans fes campagnes & y perpétuer leur efpèce : peut-être trouvent-ils dans quelques plantes graminées une reffource pour vivre que nous ne foup- çonnons pas: peut-être plufieurs chenilles atrachées aux grains farineux de ces plantes paffent-elles l'hiver au dehors; & après avoir fubi es métamorphofes ordinaires, viennent -elles fe joindre en état de papillons, à ceux qui fortent des greniers & des granges. La remarque qu'on a faite fur la quantité de papillons de l'efpèce dont il s'agit, qu'on voit quelquefois at- tachés aux foins nouvellement recueillis, femble venir à Fappui du foupçon que nous formons; mais des obfervations précifes nous manquent fur ce point délicat ; & trop occupés à dé- couvrir les papillons fur les plantes, telles que le froment , le feigle & orge, où nous favions pofitivement qu'ils s'établif- foient, nous ne les avons pas cherchés fur celles où il étoit fimplement croyable qu’ils puflent s'arrêter. SE L'inquiétude que nous avons au fujet des dépôts particuliers que les papillons peuvent faire fur des plantes différentes de celles où il eft ordinaire de les voir, ne paroïtra pas abfolu- ment dénuée de fondement, lorfque nous dirons que ces in- fectes peuvent certainement attaquer l'avoine & le blé d'Ef pagne ou maïs, contre opinion générale où fon étoit à cet égard en Angoumois , avant que nous y euflions fait des obfervations. 11 n'eft que trop conftant en effet que ces deux dernières efpèces de grain peuvent fervir de nourriture aux chenilles dont il s’agit dans ce Mémoire; & voici les expé- _ riences bien concluantes fur ce point qui nous reftent à rap- porter. ' Vers le 15 Juin de l'année dernière, noys mimes dans un gobelet de verre des grains de froment infectés par les papillons, & qui, pour la plufpart, contenoïient des chenilles ou des chryfalides : la quantité de ces grains attaqués alloit à un pouce de hauteur où environ au fond du gobelet: nous les côuvrimes d'un pouce de terre, en la foulant modérément: ele avoit été prife dans un jardin & confervoit encore une légère moiteur. Plufieurs jours après nous vimes, à travers Jes Rrij 316 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE parois du gobelet, quelques papillons parmi les grains; leurs ailes étoient chiflonnées ; ils s'agitoient vivement & avoient beaucoup de peine, foit à s'échapper du milieu des grains qui les environnoient , foit à percer la terre dont ils étoient couverts. Nous commencions à croire qu'ils ne pourroient pas par- venir à la furface de la terre, lorfqu'il en parut deux entre cette furface & le papier qui recouvroit le gobelet; bien-tôt ils fortirent en abondance & il s’y en trouva une cinquantaine: ils y vécurent trois femaines ou environ, quoiqu'il ny eût guère qu'un travers de doigt de vuide entre le papier & la furface de la terre: ils sy accouplèrent & y pondirent des œufs. Lorfque nous nous aperçumes qu'ils étoient tous morts, nous découvrimes le gobelet; nous remarquames, au moyen de la loupe, que plufieurs chenilles étoient forties des œufs &c cherchoïient , en allant de côté & d'autre, une nourriture qui leur convint ; nous recueillimes dans le moment plufieurs grains d'avoine, dont quelques -uns approchoiïent de la maturité & d’autres étoient encore verds & à peine fortis de la fleur ; ls furent mis dans le gobelet avec précaution & fans rien déranger dans l’état où étoit la furface de la terre: les chenilles par- coururent bien-tôt tous les grains d'avoine, en cherchant à y pénétrer; nous recouvrimes de papier le gobelet, & nous y laiffames les chenilles tranquilles pendant deux ou trois jours: au bout de ce temps nous difléquames quelques-uns de ces. grains; nous vimes diftinétement que les chenilles s'y étoient introduites, qu'elles s'y nourrifloient & y avoient grofii dans. les mêmes proportions qu'elles auroient eues en vivant dans. le froment. : Ainfi, de ‘cette feule expérience, nous avons tiré deux faits eflentiels & conflatés d’ailleurs ; c’eft que, 1.” les papillons. peuvent fortir de la terre, quand elle n'a au deflus d'eux qu'une certaine épaifleur & qu'elle n'eft pas trop compaéte; 2.” que ls chenilles s'introduifent dans favoine, s'y nourrifient & peuvent y vivre, au défaut des trois efpèces de grains dans. lefquels on les trouve communément. DÉS BTENRE NC Eau | 37 Loin qu'on faupçonnit en Angoumois, avant que ce fait y fût connu, que l'avoine peut être attaquée par les papillons, plufieurs perfonnes y. paroifloient perfuadées que cette efpèce de grains mêlée avec l'orge, & formant une etre dont les pauvres fe nourriflent, dévenoit une forte de préfervatif & pouvoit garantir orge de Fattaque des papillons. Cette vérité demandoit donc à être confirmée de toutes les manières dans un, pays où le préjugé régnoit, & nous ne négligeames rien pour la mettre dans tout fon jour. Le,même gobelet de cryflal, fufpendu dans un.fens ren- vêrté, & dont on a vû l'emploi pour renfermer plufieurs papil- lons avec les épis d'une touffe de froment encore fur pied, nous fervit à obferver comment ces,infectes s’établiroient {ur une touffe d'avoine, dont le pied étoit aufii en terre & rece- voit d'elle une nourriture abondante. Après avoir tout difpofé dans cette expérience, comme il favoit été dans celle qui concernoit le froment , nous primes la précaution d'arrofer le pied d'avoine de temps en temps, afin qu'il fe. defféchât moins vite & donnât aux jeunes chenilles la facilité de s'introduire dans le grain : les papillons s'accouplèrent, pondirent des œufs & moururent tous dans l'efpace de quinze jours ou trois femaines ; ce temps expiré, nous examinames quelques grains de cette avoine ; les papillons avoient eu l'inftin& de pondre leurs œufs entre les deux grains qui tiennent à un même pédicule , lequel eft attaché à un filet faïfant partie de l'épi. On fait que l'épi d'avoine forme une efpèce de grappe ; que les grains y font, pour l'ordinaire , deux à deux & enveloppés d'une balle commune, bivalve & fort légère: cette balle en forme deux très-diftinétes jufqu'à l'endroit où le grain eft implanté & où cette double balle eft attachée; elle eft indé pendante de celle qui renferme étroitement chaque grain, qui eft aflez dure & lui tient lieu d'une véritable peau. C'eft entre la première enveloppe communeaux deux grains, & le grain même, que le papillon pond ordinairement {es œufs; il les jette auffi quelquefois dans le petit efpace que les deux grains laifent entre'eux : par-là, dès qu'ils éclo(ent, les Rt ii e Planche IT, fes 313 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE chenilles font à portée d'entrer dans le grain & de profiter. de la moindre ouverture: nous avons remarqué qu'elles fe gliffent entre la peau du grain & le grain même: cette peau en effet ne tient pas à la matière farineufe qui conflitue pro- prement le grain; d'ailleurs , il eft recouvert d'un duvet, à la faveur duquel il fe détache aifément de H peau ; & dès qu'elle eft un peu defféchée, il y a aflez de vuide entre elle & le grain pour que la jeune chenille s’y gliffe & profite, pour mieux s'établir, du fillon qui s'y trouve, Nous avons obfervé ,& très- conflamment, que c'eft dans ce fillon de 'avoine que les che- nilles commencent à fe pratiquer une ouverture: on en eft toûjours averti par les particules farineufes qu'elles laiffent après elles lorfque leur logement y éft fixé. Il leur en coûte moins pour pénétrer cette efpèce de grain que pour s’introduire dans le froment : une fois placées en effet entre la peau & le grain, il leur eft facile de lentamer, & elles n'ont point à vaincre la dureté d’une écorce : ainfi la manœuvre des chenilles, pour attaquer d'avoine, tient à celle qu'elles emploient pour pénétrer dans les autres grains ; les papillons ont eu mêmé befoin d’une induftrie particulière pour fe pofter entre les deux grains & y jeter leurs œufs, parce que ces grains étant atta- chés à un pédicule commun, dans une fituation renverfée, fe préfentoient mal pour que les papillons s'y plaçaflent & y pondiflent leurs œufs. | En méme-temps que nous confidérions les papillons comme attachés à l’avoine, nous faifions des expériences pour prouver que le blé d’Efpagne ou maïs eft expolé à leurs ravages, lorfqu'on les met à portée de l'attaquer. Le 18 Juillet 1761 , nous mimes dans un gobelet de verre plufieurs grains de maïs qui étoient de l'année précédente, & quelqués autres de la même efpèce, que nous tirames d’un épi encore fur pied : ces derniers grains avoient acquis à peu près leur groffeur naturelle, mais ils étoient encore mollaffes, pleins de fucs, & herbacés; nous jerumes dans le mème gobelet une petite quantité d'œufs de papillons prêts à éclore, Trois jours après, les chenilles commencèrent à fe promener DES SCIENCES, 319 fur les grains ; nous en ouvrimes quelques-uns; déjà les jeunes chenilles s'y étoient introduites, s'y nourrifloient ,& y avoient acquis la groffeur qu'elles auroient prife dans un grain de froment ou d'orge; une ou deux nous parurent même très- vigoureufes. Les grains verds.& mollaffes ne leur conviennent pas comme ceux qui font parvenus à leur maturité; il paroît que ces infeétes ne vivent que d’une matière farineufe & qui a une certaine confiftance. Le 22 du même mois,nous mimes dans un autre gobelet où il y avoit déjà de l'avoine & des œufs de papillons , trente grains de maïs recueillis en 1 760, & le double de grains de figle. Nous avions pouï objet d’obferver fi les chenilles ayant à choifir dans les grains que nous leur donnions, elles s’atta- cheroïent à lun pluftôt qu'à l'autre : ce fecond gobelet fut vifité le 26; cinq ou fix grains de feigle y étoient attaqués; k chenille sétoit introduite par le filon, en y laiflant les particules de matière farineufe qui caraétérifent toûjours fon entrée, & y pratiquoit fa demeure avec activité, à mefure qu'elle f nourrifloit. Nous examinames auffi les grains de maïs; les chenilles en avoient attaqué cinq ou fix ; deux d’entre elles étoient déjà affez grofles, & montroient de la vigueur; elles avoient pénétré jufqu’au centre du grain, & paroïffoient trouver cette nourriture tout aufli bonne que celle qu'elles tirent du froment : le grain de maïs étant très-gros pour elles, fur-tout lorfqu’elles viennent de naître, il eft.fouvent attaqué par plufieurs chenilles, fans qu'il y ait de combat entre elles, & fans qu'elles fe ren- contrent dans leur route, à mefure qu'elles la forment pour s'y établir, & que leur cellule s’y étend. Toutes les obfervations que nous avons faites en examinant du maïs attaqué par les chenilles, prouvent que cette efpèce de grains leur conviendroit au moins autant qu'aucune autre, fi elles étoient à portée de fattaquer par elles-mêmes, & hors des circonflances particulières qu'une expérience méditée réunit ; mais le règne des papillons dans les champs eft paffé lorfque lépi de maïs eft à découvert, & pourroit être expolé aux 320 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE: ROYALE pontes des papillons : ainfi ce grain eft à Fabri de leurs dégâts, à moins qu'on ne l'expofe volontairement à ces mêmes pontes ; encore le mal f@roit-il d’une foible confcquence, parce qu'une grande partie des chenilles de lautomine meurt avant qué d'entamer le grain de quelque nature qu'il foit. I nous a paru que les chenilles attaquoient toüjours le:maïs par la partie blanche du grain, c'eft-à-dire, par celle qui eft du côté du noyau de l'épi, & qui y eft enchäflée; elle-eft plus tendre en effet que la partie jaune : on efl averti de la préfence d’une chenille par le petit trou qu'elle y a fait, & au bord duquel il y-a quelquefois des particules de matière farineufe. D'autres expériences qu’il feroit furabondant de rapporter ici, ne nous ont laiflé aucun doute fur ce fait: & fi nous y avons infiflé d'une façon particulière, c‘eft d'abord pour 'oppoler à l'opinion où l'on a été jufqu'à ce jour, que le maïs eft inacceffhble aux attaques des papillons ; c'eft en fecond lieu pour donner à connoître avec quelle réferve il faut juger des efpèces de grains qui peuvent convenir à ces infectes, & combien il ‘eft effentiel d'obferver fi d'autres que produifent des plantes auxquelles nous ne penfons point, ne fourniflent pas hors des habitations, & après la récolte des grains, une nourriture aux jeunes chenilles qui les féroient fublifter au dehors, favoriferoient leur multi- plication, & les déroberoient à nos pourfuites. Les obfervations dont nous venons de rendre compte, & certains faits importans fur lefquels elles font appuyces, n'an- noncent que trop toute la difficulté qu'il y aura à détruire radi- calement les inféétes dont nous fommes occupés. Outre les obflacles qui naifient du fein même d'un mal auf étendu , if en eft d'autres qui ont leur principe dans lindolence. des hommes, & dans un défaut de concert pour concourir au bien commun; & peut-être ces dernieis obftacles coûteront- ils plus à vaincre que ceux qui font attachés à la chofé même, Les effets naturels, même les plus affligeans , ont uné caufe plus ou inoins cachée, une marche aflez: conftante & quel- quefois des retours périodiques ; on peut entrevoir cette caufey, failir cette marche, & compter ur d'utiles efforts lorfqu'une fois RÉ MES MSG ET ONNC ENS 72 fois, on tient le fil qui conduit à la vérité. Mais sagit-il de porter le peuple à des précautions effentielles pour fes intérêts, & d'exciter un mouvement général dans une grande étendue de pays, on ne voit que des lenteurs toüjours nuifibles ; les préjugés viennent à l'appui; & dans l'mftant où les malheureux gémiflent d’un mal conflant qui les accable, ils balancent à réunir leurs forces pour l'écarter. S'il y en a un cependant qui exige toute leur activité, & un concert unanime dans les pré- cautions qu'il faut, prendre, c'eft celui qui fait l'objet de ce Mémoire. Ces papillons funeftes font des ravages depuis près de cinquante ans; ils s'étendent tous les jours par une propa- gation qui a de quoi alarmer ; les papillons qui fortent des greniers au printemps, ont bien-tôt une nouvelle poftérité; elle fort du fein même des gerbes durant la récolte, ou immédia- tement après; & cette feconde génération, fi la chaleur règne encore à la fin de l'automne, eft quelquefois fuivie d’une troi- fième. Difons pluftôt que le froid feul fufpend la propagation de ces infectes, & que foit dans les campagnes avant que Îes grains foient recueillis, foit dans les greniers & les granges après les moiflons, on eft fans cefle expofé aux pontes des papillons, aux ravages des chenilles, où aux métamorphofes prochaines des chryfalides. On ne fauroit donc trop tôt arréter les progrès de ce fléau ; & jamais le Miniftère public ne fixera fon atten- tion {ur un objet plus important. Quoiqu'en général les gens de la campagne ne { plient guère à des foins qui de temps immémorial ne font pas partie de leurs travaux journaliers, cependant quelques-uns ne font pas abfolument efclaves de 1a routine ; & foit que leurs propres réflexions les aient guidés, foit qu'un exemple Les ait inftruits, on s'aperçoit quelquefois qu'ils confultent l'expérience, & deviennent obfervateurs : c’eft fans doute à cette difpofition louable, & malheureufement trop rare dans nos campagnes, - que font dûs les moyens différens qu'on a jufqu'ici employés pour arrêter les ravages des papillons. j Les uns négligeant de tirer les femences de leurs propres grains, & trouvant plus d'avantage à les prendre dans un canton Mém, 1761. sf 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE éloigné, paflent leurs blés à l'eau bouillante, auffi-tôt après fa récolte, & tuent l'infeéte dans l'état où il fe trouve alors; cette opération a fon utilité, mais elle devient embarraffante quand on a beaucoup de grain à faire fécher. D'autres entaffent les grains dans des greniers, & les couvrent, foit de cendres, foit d’une terre fine & tamifée : le mal que peuvent faire les infectes renfermés dans le monceau s'y confomme, il eft vrai, mais le papillon une fois forti, il ne jette fes œufs que fur les cendres ou fur la terre xx le grain n'eft plus expofé aux attaques des chenilles: cetexpédient n’a lieu qu'à l'égard des femences; & il en eft d’autres meilleurs ,quand il ne s’agit que de conferver les blés pour en faire du pain, & quon ne craint pas d'en altérer le germe. _: Quelques perfonnes ont regardé comme avantageux de renfermer les blés dans des tonneaux pendant fix femaines , de priver d'air par-là les infeétes autant qu'il eft poflble, & de leur ôter au moins la communication avec celui qui eft. au dehors : ce moyen, s'il étoit bien décidé , regarderoit autant la partie des grains deftinée aux femences, que. celle qu'on voudroit conferver. D'autres plongent leurs grains dans l'eau froide pendant vingt-quatre heures, & comptent y, étouffer les infectes: ce remède, qu'op pourroit appliquer au blé de femence comme réduit à une petite quantité, deviendroit d'une exécution em- barraflante, s'il falloit employer fur une quantité confidérable & tout d'un coup, afin d'arrêter de bonne heure le dégât des infeétes : on prétend d’ailleurs que le blé humecté ainfi & féché enfuite, contracte une mauvaife odeur. Ici on répand du fel fur les monceaux de grains attaqués par les papillons, & on les arrofe enfuite avec du vinaigre, Là, quand il règne une grande chaleur, on expole les blés à l'ardeur du foleil, en les étendant fur des draps, & lon regarde cette précaution comme utile : elle a quelque rapport avec un fait dont nous fumes témoins un jour, en examinant la première cafe de la boîte où nous eumes fi bien lieu de confidérer les papillons, à mefure qu'ils fortoient de deflous la = = ee | DES SiCrTEN CE» 323 couche de terre dont nous avions couvert {es grains qui des. renfermoient ; quarante ou cinquante de ces infectes ne pouvant pas dans cette cafe fe mettre à l'abri de l’ardeur du foleil, qui ce jour-là étoit fort vive, moururent tout-à-coup, quoique Ja durée ordinaire de leur vie foit de quinze jours ou trois fe- maines, & nous firent juger qu'ils ne réfiftent pas à une grande chaleur telle qu'étoit celle qu'ils éprouvèrent dans cette café étroite & couverte d’un carreau de verre. On prétend avoir réuffi à Luçon en procurant à un mon- ceau de grains attaqués par les papillons, un degré de chaleur propre à faire éclore les œufs de ces infeétes, s’il ne la pas naturellement, Dès que les chenilles font nées, on lave le grain dans de l'eau commune: elles y périflent , ainfi que les papillons qui ont pu fe développer depuis peu, & lon ne craint plus le dégât que cette nouvelle poftérité auroit fait. Peut zêtre vaudroit-il mieux faire périr tout d’un coup par une autre voie, tant les chenilles, les chryfalides & les papillons ; que les œufs qu'ils ont jetés. Les chenilles ne naiffent pas toutes dans un inflant donné; & fi la chaleur extraordinaire qu'on procure accélère leur développement, elle. laiffe toûjours fubfifter une marche inégale dans les différens œufs qui éclofent; & quelques chenilles peuvent profiter de l'intervalle pour s’introduire dans les grains : au furplus, qu'eft-il befoin de faire éclore ces œufs, fi l'on ne redoute que les chenilles qu'ils doivent donner? Les lotions font capables de les détacher des grains: &c il fêra aifé, lorfqu'ils furnageront, de les détruire, & ‘avec eux les chenilles qu'ils auroient produites. De tous les moyens qu'on a imaginés jufqu’ici pour arrêter les ravages des papillons, nous n'en avons pas reconnu de meilleur, de plus convenable pour une opération en grand &e pour remplir les vûes d'économie, que l'ufage fimple du four PlancheIIE, après que le pain en a été tiré: auffi a-til &é adopté géné- Fig. 6,7 &8. ralement: on y met à profit un refte de chaleur, qui, fans cela, n'auroit aucun emploi, & qui fuffit Pour procurer l'effet avantageux qu'on en attend. . Nous avons déjà dit que ces infectes ne réfifient point à Si 324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE une grande chaleur , dans quelqu'état. qu'on les confidère ; -c'eft par cette raifon qu'ils périfient, lorfqu'on à Jaiffé dans le four, pendant un certain temps, l'orge ou le froment qui en font infe“ks, & que la chenille la mieux établie dans l’inté- rieur du grain, s’y defsèche au bout de quelques heures : mais fi ce moyen a de grands avantages, il ne les renferme pas tous. Il eft fort difficile en eflet de faifir un point de chaleur capable de tuer l'infecte, & qui en même temps ne foit pas tel qu'il puilie altérer le germe. - Ainfi les grains paflés au four font rarement propres à être femés; & l'application de ce remède ne fra jamais faite avec füreté, qu'à la partie des blés qu'on voudra réduire en farine ou conférver en nature fans accident : alors on fera moins géné fur le degré de chaleur que le four doit avoir, fur fà conti- nuité; & l'on pourra aller au delà ‘fans rifque. Auterme de 7 $ degrés du thermomètre de M. de Reaumur, on fait mourir la plufpart des infectes & on attaque le germe du grain: à 80 on n'eft que plus für de deffécher entièrement ces petits animaux ; & la chaleur un peu forcée, n'entraîne avec elle aucun préjudice fenfible fur la qualité du grain def tiné à nous nourrir. Il y a cependant une obfervation à faire, relative à k quantité de blé que lon pañfe au four ; la chaleur doit être très-forte quand on l'applique à une grande mafle; il {uffit au contraire qu'elle foit modérée lorfqu’il s'agit d'une pétite quantité ; & dans ces deux circonftances , les degrés refpectifs de chaleur peuvent, s'ils font plus foibles qu'il ne convient, produire un effet égal par la continuité: il fe fait alors une efpèce de compenfation ; lufage l'a confirmé. D'ailleurs, on reconnoit que le blé a reçü un degré de chaleur fufhfant,. lorfqu'il eft bien fec en fortant du four, & glifle aifément dans la main. Il eft d'ufage dans l Angoumois, quand on y paffe les grains au four, de les y placer, foit dans des facs, foit à nud , en les répandant à quatre ou cinq doigts d'épaifleur dans toute l'é- tendue du fours Nous avons cru qu'il feroit plus avantageux d'employer des claies garnies d’une toile groflière, ayant aflez la RE nr ts DES SCIENCES 325 forme d'un bateau, & conftruites de façon qu'on peut les remplir de grains à une épaifleur convenable, & les vuider commodément lorfque Fopération eft faite: avec cette mé- thode, les blés font parfaitement nets au fortir du four; les grains les plus voifins de l’âtre ne reçoivent pas une chaleur trop vive, & cette chaleur fe trouve aflez également répandue dans toute la mafle dy grain. Quant à ce dernier avantage, nous croyons que les étuves le procureroïient d'une manière beaucoup plus aflurée que le four, & nous en conféillerions lufage fi elles coûtoient moins à établir, & fi les vües d’éco- nomie plus néceflaires que jamais dans ce moment-ci, ne nous arrêtoient pas : l’ufage fimple du four répond au contraire au peu d’aifance qui règne aujourd’hui dans les campagnes; & après la cuiflon du pain, il n’en coûte rien pour y avoir recours. Nous avons fait obferver, qu'en employant ce dernier moyen de détruire les infectes dans le grain, il étoit difficile de faïfir un point de chaleur où ces mêmes infeétes périffent., fans que les germes fuffent altérés, D'après cette réflexion, nous avons dit qu’il y auroit plus de füreté à ne pas ménager la chaleur, afin que le mal fût détruit radicalement, & à prendre les {e- mences, foit dans des grains exempts de papillons, foit dans des grains attaqués auxquels on auroit appliqué quelque re- mède. Nous avions efpéré que l'eau de leflive, jointe à la chaux, dont l'emploi a réuffi contre la maladie eflentielle du froment , auroit aufli un plein fuccès contre les infeétes qui le dévorent, parce que cette liqueur eft cauftique, en même temps qu'elle forme un déterfif ; mais elle n'a pas produit encore afez d'avantages pour que nous lannoncions comme un remède décifif. Nous foupçonnons qu'elle auroit, dû être employée avec quelques précautions , que la nature même du mal indique : avant que de plonger les corbeilles pleines de grains dans Veau de leflive, échauffée jufqu'au 50." degré ou environ. - du thermomètre de M. de Reaumur, on la remuoit avec un. bâton, & l’on faifoit remonter conféquemment jufqu'à la fur- face le fédiment de chaux qui s'étoit précipité au fond de la chaudière après l'ébullition : dès-lors la liqueur devenoit laiteufe, Sf ïïj Voyez l’ex= plication des Fig. 6,7 & 8 de la Plan-- che III. 326 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE s'épaiffifloit & nétoit pas propre à s'introduire dans le grain par le trou impérceptible que la chenille avoit formé pour Sy établir : c'étoit cependant à raifon de l'entrée de cette liqueur corrofive dans le grain & de l'impreffion mortelle qu'elle devoit faire fur linfeéte que le remède pouvoit devenir fpé- cifique & avoir le double avantage de détruire l'animal en confervant le germe, ; Une expérience en petit, où cette même eau de leffive s'infinua apparemment dans l'intérieur des grains & fit mourir fur le champ les chenilles, nous donne lieu de croire que lobfervation particulière que nous faifons ici eft fondée; elle fémble nous promettre qu'en employant ce rernède avec plus d'attention, ou en recourant à d’autres du même genre auffi actifs, mais plus propres à produire l'effet que nous defirons, on pourra préparer les femences auffi-tôt après les récoltes, arrêter le mal au point où il fe trouvera & conferver fans accidens cette portion de grains jufqu'aux femailles: on aura, de plus, l'efpérance, s'il eft queftion de froment, de voir dans la fuite les épis qu'il donnera abfolument exempts de la carie, maladie funefte à laquelle ils font très fujets. Quelqu'avantageux que puiffent être en eux-mêmes plufieurs des remèdes que nous venons d'indiquer, on n’en retirera jamais l'utilité qui s'y trouve attachée , à moins qu'il n'y ait un concert général, un effort commun dans les précautions & l'activité que les circonflances exigent. L'attention de quelques particuliers peut produire un bien, nous en convenons, mais il eft perfonnel , momentané: ces hommes vigilans arrêtéront , il eft vrai, dans leurs greniers & leurs granges les ravages des papillons ; mais ils ont des terres enfemencées, ils attendent une récolte ; & leurs voifins négligens confervent chez eux l'ennemi qui en foitira au printemps: les infectes, échappés alors de toutes parts, iront infecter les blés de l’homme ätrentif ; & malgré fa vigilance , il fera toûjours expofé aux accidens dont äl tâche de fe garantir. Ce ne fera donc que par des foins, pris de concert, qu'on verra cefler, ou au moins diminuer fenfiblement , un mal = à an D OT PS TON TS À Rp # PS DEEP DES SCIENCES. 27 dont on {€ plaint fans ceffe & qu'on néglige conflamment, L'intérèt perfonnel femble s'oublier ici; & d’un autre côté, Yon ne confidère pas combien une pareille conduite bleffe l'humanité : on laifle tranquillement dévorer fon grain par des infectes; on favorife leur multiplication; & en facrifiant, par indolence, un bien auffi précieux, on le fait perdre à des hommes actifs qui avoient tout mis en œuvre pour le conferver. Nousavouons que cette grande unanimité dans les précautions w'il faut prendre pour écarter ce fléau, ne peut être que le fruit de la vigilance & de l'autorité du Miniftère public; lui feul peut excitér les grands mouvemens dans une étendue de pays confidérable , & les diriger vers un but, d’après un plan bien réfléchi. L'adminiftration de 1 province où le mal dont il s'agit touche prefque à fon comble, eft confiée au- jourd’hui à M. Turgot , dont les lumières & le zèle font connus: il répandra la chaleur & l’encouragement fur une partie de cette adminiftration, digne des réflexions les plus férieufes ; elle tient au bien de l'État par.une branche importante & fur laquelle toute inquiétude eft légitime , dès qu'elle éprouve la moindre altération. Ce Magiftrat compte, d'après un plan que nous lui avons propolé, faire prendre dans un certain arrondiflèment les précautions les plus exactes, tant pour détruire, par la voie du four, immédiatement après la récolte, les infeétes que con- tiendront les grains, que pour faire mourir au printemps dans les greniers ceux qui auroient pû échapper au remède qu'on auroit employé. La diminution fenfible qui réfultera fans doute fur les ravages des papillons dans toute l'étendue de cet arron- diffement, parce que les greniers n’auront pas fourni ceux qui vont infecter les épis nouveaux , cette diminution, trop publique pour qu'elle ne foit pas bien conflatée, étouffera peut - être les préjugés, donnera de l'émulation, rendra au moins les Payfans attentifs au fuccès de la cho, & ne laifiéra aucun: prétexte à l'inaction, | 328 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaLe EXPLICATION DES FIGURES PAPA NICA ES EL Figure. 1. Épi de blé barbu, fur lequel font pofés des papillons, & autour duquel d’autres voltigent; 44, papillons difpofés à pondre; b, chenille nouvellement éclofe qui pend à un fil de foie très- fin: cela arrive rarement. Fig. 2. Balle de froment dans fa grandeur naturelle ; c on aper- çoit deflus quelques œufs de papillons. Fig. 3. La même balle très-groffie au microfcope; C, quatre œufs. Fig. 4. Traînée d'œufs dans KR pofition où les papillons les jettent quelquefois. Fig. ÿ. Les mêmes œufs groffis au microfcope ; les œufs marqués D, font pleins; les chenilles font forties des œufs marqués Æ, Fig. 6. Groupe d'œufs, dont quelques-uns contiennent des chenilles, .& d’autres font vuides. Fig. 7. Un œuf vû très en grand, dont là membrane eft fillonnée , & préfente de légères ondes. Fig. 8 Chenille repliée dans l'œuf, & vüe au travers de Ia membrane ; fa tête répond à la moitié de l'œuf ou environ. Fig. 9. Quand la chenille eft fur le point de fortir de l'œuf, elle change de pofition , fa tête s'approche de l'extrémité de l'œuf, & fa queue fe retire ; alors elle déchire avec fes dents la membrane de l'œuf. Fig. 10, Chenille qui a déchiré l'extrémité de l'œuf, & qui en fort. c Fig. r 1. Chenille nouvellement fortie de l'œuf; elle eft ici repréfentée plus groffe que le naturel, & prefque de la groffeur qu'elle a lorfqu'elle eft fur le point de fe métamorphofer en chryfalide. Fig. 12. La même groflie au microfcope: Fig. 13. Un gros grain de froment dans le fillon duquel on voit une jeune chenille f, qui brife l'écorce pour s'introduire dans ce grain. Fig. 14. Le même grain groffi au microfcope; F, jeune chenille, qui après avoir filé une gafe très-fine fur la partie du filon qu’elle occupe , commence à entamer l'écorce, & va entrer dans ke grain. Fig. 15: OS AS 7 ur en de dt ie DES SCIENCES 329 Fig. 15. Lorfque a chenille s’'eft une fois introduite dans le grain,on ne voit plus à l’extérieur qu’un très -petit tas de fon & de particules farineufes G dans le fond du fillon. Fig. 16. Un grain d'orge à peu près dans fa grandeur natu- telle avec fà barbe; 4, endroit par lequel la chenille entre dans le grain. Fig. 1 7. Le même grain d'orge vû très en grand; H, chenille qui s'introduit par une ouverture imperceptible qui eft entre [a babe & les appendices Z. Fig. 1 8. Appendices déchirés qui font voir comment la che- nille a entamé la parte farineufe du grain. PAL MAUNONEMETNNL: TE Fis, 19. Un grain de froment vû très en grand ; chenille parvenue à la moitié de fa grofleur , & repréfentée dans un grain de froment ouvert par le côté du fillon; Æ, une portion de [a fubftance farineufe qui n’a point encore été entamée par la chenille; £, gros excrémens moulés qu'on croit que la chenille mange, après avoir confommé toute la fubftance farineule. Fig. 20. Un grain de froment vû encore très en grand, où Yon aperçoit une petite tache blanchâtre 47; c’eft une efpèce de trappe, formée d'une fimple pellicule, que là chenille fe mé- nage à l'écorce du grain, avant que de fe métamorphofer en chryfalide , pour faciliter la fortie du papillon, parce qu'elle eft dépourvûe, dans l'état de papillon , d'organes propres à fe prati- quer une ouverture. Fig. 21. Une chryfalide de grandeur naturelle ,renfermée dans un grain. . Fig. 22. La même chryfalide vûe en grand dans un grain divifé fuivant fa longueur par une cloïfon WW, que la chenille a filée avant que de fe métamorphofer ; cette cloifon partage l'intérieur du grain en deux loges d'nrégale grandeur; la chryfalide fe place dans fa plus grande , & l’autre O eft remplie d'excrémens. Fig. 27. Chenille convertie en chryfalide à peu près dans fa groffeur naturelle. Fig. 24, 25, 26, 27 à 28, La même chryfalide vûe au microfcope à différens âges & en différentes pofitions. Fig. 29. Un grain de blé où lon voit la petite trappe P ouyerte, & le trou par lequel le papillon eft {orti. Fig. 30. Papillon de grandeur naturelle. Mn. 1761. ni 330 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Fig. 31. Papillon vû en grand, & dans l’attittde de pondre fur une balle de froment. Fig. 32. Une des antennes du papillon fort groflie, pour monirer fes articulations; elle eft garnie de poils. Fig. 33. Une de fes barbes pareillement groffie & garnie de poils; elle’eft auffi compofée de grains articulés les uns avec les autres ; mais leur forme eft diflérente de celle des grains ou efpèces de godets qui compofent les antennes. Fig. 34. Une des ailes de deflous formée par quelques tuyaux, & chargée d'une grande quantité de longs poils. Fig. 735. Une partie de la membrane de FPaile d’un papillon, à laquelle les plumes font attachées. Fig. 3 €. Plumes & filets qui couvrent les ailes des papillons. Fig. 37. Un ts de grains de froment liés enfemble par la foie qu’une faufe teigne a filée; on voit dans le milieu cette fauffe teigne qui fort de fon tuyau. Fig. 38. Chenille de fauffe teigne. Fig. 39. Papillon de fauffe teigne. PAL AN CHE I TE Fig. 1. Pot rempli de terre dans lequel on fema à un ou deux pouces de profondeur des grains de froment qui contenoïent des chryfalides ; il fervit d'abord à faire connoître que les papillons pouvoient percer la terre. Fig. 2. Boïte divifée entrois parties, & recouverte d’un carreau de verre; elle eft préfentée ici fous des proportions beaucoup plus grandes qu’elles n'étoient réellement; le fait qu’elle indique n’en eft que mieux rendu. Cette boîte étoit enfoncée en partie dans le terrein, & l’on avoit pour objet en l’employant, de faire avec plus de précifion l’expérience précédente. Dans la première partie & de cette boîte, les grains de blé contenant des chryfalides, n'é- toient couverts que d’un pouce de terre; on voit qu'il y eut beaucoup de papillons: dans la feconde partie b, les grains de blé étoient couverts de deux pouces de terre; les papillons y furent moins abondans que dans Ia première : il ne s’en trouva que quel- ques-uns dans la troïfième partie c, où les grains étoient en terre à trois pouces de profondeur. Fig. 3. Autre boîte employée pour une expérience relative à celles qui précèdent, mais dans laquelle la terre qui recouvroit ls grains de blé étoit fort battue; il n’y parut aucun papillon. L | | . mn mr die dr at à DES ScrENCES 33t Fig. 4. Caïfle vitrée, de cinq pieds de hauteur où environ, dans laquelle font renfermés des pieds de froment fubfiftans en terre, & où l’on a inwoduit une grande quantité de papillons pour pouvoir y obferver comniodément leurs manœuvres. Fig. ÿ. Vafe de cryftal attaché à un piquet, dans une fituation renverfée , fur les bords d’une pièce de blé; on y a fait entrer des épis, foit de froment, foit d'avoine avec des papillons; une toile fine ferme par en bas le vafe, en embraffant les tiges un peu au- deflous de l'épi, & par-là elle ne laifle aucune iflue aux papillons ; la facilité de fuivre leurs manœuvres eft encore l’objet de cette expérience. Fig. 6. Plan d’un four dont on peut fe fervir pour étuver fes grains, & faire périr les chenilles qu’ils contiennent; ce four eft dans les proportions de vingt pieds de profondeur intérieurement, fur dix de largeur; on y voit placée une claie propre à recevoir le grain, & dont à moitié eft enlacée d’ofier , tandis que l’autre n'a encore que les petites traverfes entre lefquelles l’ofier doit palier. À, gueule du four; 4, a, parpaings qu’on peut ôter pour élargir la gueule du four, & donner une entrée facile à Ia claie. Fig. 7. Coupe du four dans fa longueur; À, gueule du four; 4, parpaing ; b, ouverture pratiquée au fond du four , & deftinée à animer le feu; on la ferme lorfque le four eft aflez chaud; claie placée dans le four, & coupée auffi dans fa longueur. Fig. 8. Élévation du four vie par l'entrée; A, gueule du four ; 2,4, Parpaings. 12 Ma 1762, 19 Mai 1762. - concours de tant d'Oblervateurs qui ont meluré le diamètre 332 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE CONSIDÉRATIONS SUR LE DIAMÉTRE DE VÉNUS, Obférvé à Tobolsk le 6 Juin 1761. Par M. LE MONNIER. ANS la Difiértation , lüe par M. l'Abbé Chappe à | Académie de Pérerfbourg le 8 Janvier 1762, & qui eft imprimée, il fe trouve quelques obfervations & remarques qui nous indiquent d'abord qu'a 7h + du matin, le diamètre de Vénus étoit de 57" 33°; & à 7h 33° on a trouvé la même chofe avec la lunette de dix pieds, Mais avec celle de dix-neuf pieds, à 8h 2° Je diamètre de Vénus, 58" 2°’; enfin, à 9" 31°, avec la lunette de dix pieds, 61" 12”. Après cela, lon eft étonné de voir qu'après le paffage du Soleil au Méridien, Vénus ait paru, avec les lunettes de cinq, dix & dix-neuf pieds, de 1° 04"à & 1° 04" + Ces différences, qui font très-grandes, indiquent quelque vice de la part des obfervations, & l'on n'en fauroit attribuer la cufe phyfique à un foible Croiffant qui a été vü (comme à Bordeaux, quoique bien moins étendu & moins vif) für le difque opaque de Vénus, avant & après {es contacts internes de Vénus au Soleil. J'ai déjà propoft, à l'Académie, les premières difficultés que je trouvois en lifant la Difiértation imprimée à Péterfbourg, laquelle venoit de nous être communiquée. Ne pouvantattribuer uniquement aux caufes phyfiques, environ 7" de variation dans le diamètre apparent de Vénus, & cette différence étant trop grande pour qu'il n'y en ait pas une partie à rejeter fur le défaut des obfervations, je me fuis fondé d’abord fur le Men .de lAc.R des de.1761.pag. 880. pl. 8. Mer. de l’Ac.R.des Je176. pag. 380 -pl.g. Horn. de LA R der Se 176. pag. 830 pl.) QUE D'RSN SCIENCES F3 de Vénus, qu'il n'eft pas poffible d'admettre ce diamètre ap- parent le 6 Juin 1767, vû fur le Soleil, plus grand qu'une minute ou6o fecondes. D'ailleurs, une lumière auffi foible que _celle du Croiflant, n'étoit pas fufhfante pour altérer la circon- férence du difque apparent de Vénus; mais comme la variation du diamètre apparent de Vénus fubfifte, quelques limites qu'on veuille donner au défaut des obfervations, il faut concevoir, qu'indépendamment de Fatmofphère de Vénus, il y a une caufe paticulière qu'il eft à propos de confidérer. Qu'on {e rappelle ce que j'ai dit dans un Écrit 1à à l'affemblée le ro Février 1762, lorfqu'il s'agifloit de conclurre la dif tance la plus proche de Vénus au bord du Soleil, & par confé- quent la parallaxe du Soleil. L'atmofphère terreftre faifant leffet du prifme, a dû, felon quelques expériences faites en Odtobre 1747, alonger .de 2” + ou environ Îe diamètre vertical du Soleil, lorfqu'il a pau à 30 & 40 degrés de hauteur. D'ailleurs, comme j'avois mefuré les diftances du centre de Vénus au bord inférieur du difque folaire , le 6 Juin 176x ,favoir de $’ 20", par exemple, à 68 25° 08” de temps vrai, j'ai négligé, par cette raifon, d'entrer dans aucunes confidérations fur le diamètre de Vénus. . Je wignorois pas aflurément que fr le Soleil devoit paroître alongé par leflet des différentes réfractions des rayons, en paffant par l'atmofphère, Vénus au contraire auroit dû paroître aplatie, les rayons bleus du Soleil devant terminer fa circon- férence vers la partie inférieure de fon difque, & les rayons rouges du Soleil, la partie de la circonférence de Vénus tournée vers le zénith. Aïnfi, fans l'effet de Fatmofphère qui envi- ronne la planète de Vénus, quel que foit l'effet de cette atmo- Aphère, il eft vifible qu'il y aura toûjours , pour ceux qui ne fe font pas fervis du centre apparent, une correétion à faire aux diamètres de Vénus, dont on ne fauroit guère fe difpen-- fer d'avertir ici, . 18 Juillet 1761. 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE D'ÉTERMIN AT'I-ON DE LA LONGITUDE ET DE LA LATITUDE D'EVEVÉ NU ENT CON TON ENT EF OM Par la durée du Paffage obfervée à Stockolm. Par M. DE LA LANDE. D E toutes les obfervations que l Académie a reçûes jufqu'ici, il n'en efl point qui paroife plus décifive & plus concluante que celle de M. Wargentin, Secrétaire de l Aca- démie royale des Sciences de Suède, & Correfpondant de l’Académie; il a trouvé dans fa pofition à Stockolm , l'avantage d'obferver l'entrée & la fortie de Vénus, tandis que tout le refte de l'Europe a été réduit à la dernière phafe ; ainfi lobfer- vation de Stockolm eft Ia {eule qui donne immédiatement la corde ou la foûtendante du difque folaire décrite par Vénus, d'où l'on déduit aifément la diflance perpendiculaire de l'orbite au centre du Soleil, ou la plus proche diflance des centres, avec le moment où Vénus eft arrivée à cette perpendiculaire , c'eft-à-dire, le temps du milieu du pafage. Lorfqu'on connoït la plus courte diftance & le milieu du paflage, on trouve par la réfolution d’un fimple triangle rectan- gle, le moment de la conjonction, & ja latitude pour ce temps-à, qui font les élémens que lon doit comparer aux Tables aftronomiques pour juger de leur exactitude. Suppofant la parallaxe du Soleil de 10,2, je trouve qué pour réduire au centre de la Terre les deux temps obfervés à Stockolm, des contacts intérieurs au commencement & à la fin du pafige, il faut ôter 6' 20" du premier, & ajoûter 2° 46" au fecond, ainfi l'entrée totale qui a été obfervée à 3° 39° 29”, l'auroit été à 3h 33° 9"; le commencement de la fortie qui a été vû à 9" 30° 10", auroit été obfervé du. SL}: 5 He : é DES SCIENCES. 335 centre de la Terre à oh 32° 56"; la durée du paffige entre les deux contacts intérieurs, auroit donc été de se Son. pour un obfervateur placé au centre de la Terre, là moitié 2h 59° 53",5, doit être convertie en minutes & fecondes de degré, pour avoir la longueur de la demi-corde fur le difque folaire fuppolé plus petit que le véritable, & cela de la quantité du demi-diamètre de Vénus. Le mouvement horaire de Vénus que je fuppof connu dans ces calculs, ne peut donner ici aucune incertitude. La théorie des Tables fufñt pour le faire trouver avec une exactitude bien plus que fufifante, il eft vrai qu'on ne doit pas fe contenter peut-être d'avoir ce mouvement à une ou deux fecondes près, comme on le trouveroit, en calculant deux ou trois Jongitudes de Vénus, mais jy ai employé une méthode différentielle, dont je donnerai le détail féparément, & qui m'a fait trouver jufqu'à un centième de feconde, le mouvement horaire de Vénus en fatitude & en longitude, tant fur fécliptique que fur Vorbite apparente de Vénus; cette méthode donne 3° 57"»40 pour le mouvement relatif fur l'écliptique, 4’ o”,03 pour le mouvement relatif fur Forbite, & 3 $",39 pour le mouvement apparent relatif en latitude, vû du centre de la Terre. De-à il fuit que le logarithme conftant 8,8 2 30 62 étant ajoûté à l'intervalle de temps en fecondes, donne a longueur de Farc où portion de forbite qui y répond, car il ne s'agit que de faire cette proportion, 3 600" ou 1h : 4'0" a 2188 temps : arc. Ainfi le logarithme de 3600” ou 3556303, doit être ôté conflamment de 2,38026 5 logarithme du mou- vement horaire, & la différence ajoûtée au logarithme du temps, pour avoir celui de la portion d'orbite qui a été par- courue. C'eft ainfi que j'ai trouvé 11’ 59,7 pour la demi- corde, & fuppofant 9 17",6 pour la différence des demi-dia- mètres du Soleil & de Vénus, qui eft l’hypothénufe du triangle rectangle qu'il s'agit de réfoudre, je trouve pour le troifième côté 569",2 3, C'eft-à-dire, que la perpendiculaire, ou 1a plus courte diflance des centres au milieu du pañfage, feroit de 9’ 2 9" On trouvera 2 fecondes de plus, en fuppofant Ja parallaxe » 36 MÉmMmotres DE L'ACADÉMIE ROYALE du Soleil plus petite de 1 feconde, comme je crois être fondé à le faire, c’eft-à-dire, que la parallaxe du Soleil étant de 9" 2 on trouve la plus courte diflance de 9° 31". C'eft-Hà le plus important de tous les élémens que nous avions à déterminer par l’obfervation du paflage de Vénus, & j'ai eu le plaifir de voir que les diflances mefurées avec mon héliomètre, quoique poftérieures de beaucoup au temps de la conjonction, m'ont donné le même rélultat. L’inclinaifon apparente de Porbite de Vénus fur l'écliptiquez étant de 84 28° 47", fuivant un calcul exact déduit de la comparaifon des mouvemens horaires dont j'ai parlé ci-deffus, le fmus & le cofinus de cette inclinaifon par le moyen de cette plus courte diflance 9° 31", donnent 1° 25,2 pour la différence entre la conjonétion & le milieu du pañage, & 9° 37° pour là latitude au temps de là conjonction. La quantité 1° 25,2 étant convertie en temps, donne 21° 17" qu'il faut ajoûter à l'inflant du milieu du pañage géocentrique, 6" 3 3’ 3", pour avoir le temps de la conjonction qui fera 6h $4' 20" temps vrai, à Stockolm, ce qui fait au méridien de Paris, $h $1” ro" du matin. La longitude du Soleil & celle de Vénus étant alors 2f 154 36° 10”, celle du nœud de Vénus fe trouve de 8f 144 31° 26”. L'aberration de Vénus n'ayant été pour lors que de 37 en longitude, & 1”,3 en fatitude, on peut la négliger ab{o- Jument dans les calculs dont il s’agit. La différence des méridiensentre Paris & Stockolm, 18 3"10", eft le réfultat de dix-fept obfervations du premier Satellite de, Jupiter, faites depuis 1750 jufqu'en 1759, qui m'ont été communiquées de même par M. Wargentin, Chevalier de l'Ordre royal de l'Etoile polaire, Secrétaire perpétuel de l’Aca- démie royale des Sciences de Suède, & Correfpondant de l'Académie des Sciences de Paris. J'ai reçü de plufieurs autres endroits de la Suède de pareilles obfervations, qu'il fera très-bon de calculer également. LYS EXTRAIT | og F dés 1 DES SCrENCEs | 337 E AT RATE DU VOYAGE FAIT EN SIBERIE, Pour ! Obfenarion de Vénus Jur le difque du Soleil, faite à Tobolsk le 6 Juin 1761. Par M. l'Abbé CHAPPE D'AUTEROCHE. UNI des ordres du Roi & des recommandations de 13 Novemb. : V'Académie, pour aller obferver à Tobolsk le paflage ie de Vénus fur le Soleil, je comptois m'embarquer en Hollande, afin d'éviter lembarras de tranfporter par 1erre jufqu'à Saint- Péterfbourg un appareil confidérable d'Inftrumens, mais le dernier des Vaifleaux qui devoit faire ce trajet étoit déjà en mer. J'eus bien-tôt lieu de m'en comoler, ayant appris, avant mon départ, qu'il avoit échoué fur les côtes de Suède. Je ‘partis de Paris à la fm de Novembre 1760, & la guerre m'obligea de prendre la route de Vienne & de Pologne: J'éprouvai tous les accidens de la faïfon ; ils furent fi multipliés, que je fus obligé d'aller m'embarquer à Ulm fur le Danube, quoique je fuffe, dès avant mon départ de Paris, que les brouil- . Jards rendoient alors la navigation de ce fleuve très-lente & très - pénible: ils me retardèrent fouvent ; & malgré la plus grande diligence pofhble, je ne püs arriver à Vienne que le 31 Décembre 1760. Je reçüs à Vienne l'accueil le plus favorable de Leurs Majeftés Impériales : Elles voulurent bien honorer les Sciences & l’Académie, en defirant que je leur fuffe préfenté. Je partis de cette Capitale le 8 Janvier , après y avoir reçü de grandes marques de bonté de M. le Comte de Choifeul, notre Ambafladeur. % J'arrivai le 22 Janvier à Warfovie, où je trouvai la Viflule qui charioit depuis quelques jours une fi grande quantité de Mem. 1761. . Vu 338 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE glaces, qu'il n'étoit pas poflible de paffer cette rivière ; elle gela dans la nuit du 26 au 27 , & je partis fur le champ, après avoir été préfenté à Sa Majefté le Roi de Pologne par M. le Marquis de Paulmy, notre Ambaffadeur, qui eut pour moi les «plus grandes attentions pendant mon féjour à Warfovie. Le froid, qui n'avoit pas encore été bien vif, angmentoit «chaque jour; bien-tôt je reconnus, à fa rigueur, que j'appro- chois de S.-Péterfbourg ; le thermomètre de M. de Reaumur étoit tous les matins fur-tout vers Dverpat, à 20 degrés au deflous de zéro. J'arrivai enfin à S.'-Péterfbourg le 1 3 Février, après trois mois de route, dont je fupprime le détail trop étranger à l'objet de ce Mémoire. J'allai fur le champ chez M. le Marquis de l'Hôpital, notre Ambañladeur, dont Jéprouvai bien des bontés : il étoit au moment de fon départ; M. le Baron de Breteuil y refla Miniftre plénipotentiaire. Les Aflronomes envoyés par l'Académie de S.'-Péterfbourg, étoient déjà partis depuis plus d'un mois; M. Paupof devoit fe rendre à Irkouths, & M. Rumoflki à Netiehinsk. Leur départ, & quelques difficultés furvenues avant mon arrivée, avoient rendu problématique mon voyage à Tobolsk. : La durée du pañlage de Vénus fur le Soleil y étant plus courte que dans aucun autre endroit. du Globe, oflroit une pofition des plus avantageufes, dont toute autre n'auroit pü me dédommager. Il me fut aifé de faire goûter ces raifons à un Miniflre aufhi éclairé que M. le Baron de Breteuil, qui, fecondé par M. le Comte de Woronzof, Grand-Chancelier de Rüufie, amateur & proteéteur des Sciences, leva les obflacles qu'on avoit fufcités. Mon départ fut enfin fixé au 10 Mars; l'Impératrice Élifibeth donna les ordres les plus précis à ce fujet. C'eit à la protection de cette Princefie que je dois les fecours dont j'ai joui en Sibérie pendant le cours de mon voyage. Arrivé à Saint-Péterfbourg , j'étois encore éloigné de plus de huit cents lieues de Tobolsk: ce-nouveau voyage exigeoit de nouveaux préparatifs d'autant plus confidérables , qu'il falloit me pourvoir, pour tout ce trajet, de provifions de toute efpèce, mème de celles dont l'ufage étoit le plus néceffaire à NES TE NPA) ES Le Ja la vie. Je ne pouvois me pañler d'un Horloger ,pour ::accom- moder mes pendules en cas d'accident, & d'un Interprète : à peine avois-je le temps de defirer; j'étois prévenu en tout par M. le Baron de Breteuil, il partageoit mon zèle pour cette obfervation: c’eft à lui fur-tout que la Nation & Îles Sciences en doivent le fuccès; & que ne doit pas d'ailleurs la Nation à ce Miniftre ! La faifon étoit cependant fi avancée, que menacé du: déoel avant mon arrivée à Tobolsk, on me failoit craindre que ce nouveau contre-temps ne rendit mon voyage inutile ,en me forçant de refter au milieu des forêts de Sibérie. Je fondois toute mon efpérance dans la facilité qu'offrent les traîneaux pour voyager avec la plus grande vitefle ; cepen- dant, quoique parti le 10 Mars de Saint -Pétertbourg, je W'arrivai que le 14 à Mofcou , mes traïneaux tout brifés. Les chemins toûjours mauvais à la fin de l'hiver, m'avoient fait éprouver des accidens que je n'avois pas prévüs : là rigueur du froid m'avoit encore retardé, en engageant ceux qui m'ac- compagnoient à refter trop long-temps dans les poëles pendant qu’on changeoit les chevaux. Ces inconvéniens mefirent con- noître alors la vérité des obfacles qu'on m'avoit prédits. Je partis le 17 de Molcou; je fignifiai le lendemain à mon Horloger & à mon Interprète que je les laifferois en route s'ils entroienit dans les poëles: cette menace, & l'eau-de- vie que je faifois diftribuer aux Poftillons, eurent tout le fuccès que j'en avois efpéré; je n'éprouvois plus de retard, & mes traïneaux alloient avec une rapidité fans égale : cette viteffe étoit fi grande fur les rivières , qu'étant fur celle de Docka , un des Poftillons ne put détourner les chevaux de fon traîneau affez promptement pour éviter un trou où l'eau n'étoit pas gelée & dans lequel un cheval tomba : la glace avoit cependant trois pieds d’épaiffeur dans les environs. On trouve quantité de trous pareils, où l'eau ne gèle jamais fur ces rivières, quoique dans les grands froids, l'eau-de-vie ne puifle conferver {a liquidité. J'ai vû fur la même rivière un efpace de plus de cent toifes où l'eau n'étoit pas gelée. Vui 340 Mémoires DE ACADÉMIE ROYALE Depuis Saint-Péterfbourg, je n'avois point rencontré de montagne qui en méritt le nom; cette vafte plaine étoit dé- couverte dans bien des endroits, dans les autres if n'y avoit d’au- tres bois que des pins & des bouleaux. Après avoir traverlé Je Wolga à Nifni-Novogorod, j'entrai dans une grande forêt de plus de trois cents lieues de longueur; on pourroit même regarder comme une feule forêt le refte de la route, jufqu'aux environs de ‘Fobolsk, dont j'étois encore éloigné de cinq cents lieues. Les bois étoient de même nature dans cette forêt, que ceux dont j'ai déjà parlé; mais la neige étoit plus confidérable ; elle avoit ici quatre pieds & plus d'épaifleur, tandis que dans le: pays découvert elle navoit que deux pieds au plus; & le thermomètre étoit toûjours à 14 ou 1$ degrés au-deffous: de zéro. Je remontai enfuite continuellement vers le nord, Ie froid’ & la neige augmentoient chaque jour ; les habitations deve- noiènt plus rares; il falloit faire vingt-cinq à trente lieues avec: les mêmes chevaux; les chemins étoient fi étroits, qu'un traï- neau pafloit à peine; & dans le cas où l'on en rencontroit d’autres venant de Sibérie, on les couchoit fur le côté, pour laifler pafler ceux qui voyageoient avec la pofle royale; une: clochette attachée au premier cheval, eft le figne de cette dernière: dans une rencontre pareille, j'eus la moitié de mon: traîneau emportée par la mal-adrefie du pofillon; je continuai- la route dans cet état totalement à découvert, & j'arrivai enfin à Solikamska le 29 Mars, d'autant plus fatigué, que n'étant entré dans aucun poéle depuis le 18 du même mois, je n'avois fait ufage d'aucune nourriture qui ne füt gelée. Solikamska eft une petite ville fituée fur le bord de la’ Kama; il s'y trouve de mauvaifes mines de cuivre, & des falines en mauvais état; je fus voir les fonderies & les falines pendant qu'on me conftruifoit de nouveaux tiaïneaux ; en en- trant dans ces dernières, j'y trou vai des hommes qui fe fouettoient tout le corps à coups de verges avec tant de -violence, qu'ils avoient la peau rouge comme de l'écarlate ; après quelques minutes, ils fortirent tous nus, dégoûtant de fueur, & furent - y DéE SMS le rte NNC ETS 3A4T dans cet état fe rouler fur la neige : cet ufage, qui d'abord me furprit, eft ordinaire dans ce pays. Je partis de cette ville le 2 Avril, & trouvai prefqu'auffi-tôt les montagnes de Werkhotaurie: lies forment une chaîne qu'on doit confidérer comme une branche du mont Caucafe; elle put du midi, & fépare l'Afie de l'Europe, jufqu'à la mer glaciale ; les montagnes de cette chaîne font très-petites, n'ayant que cinquante à quatre-vingts toifés de hauteur ; mais les rampes en font très-rapides : elles font toutes couvertes de pins, fapins, & bouleaux ; les chemins y étoient affreux & d'autant plus dan- gereux, que les nuits les plus obfcures m ‘expofoient à chaque inflant au danger d'être abimé dans la neige prête à fondre; ce dont je courois les plus grands rifques, fij je me fufle écarté feulement de quelques pieds du chemin battu; le thermomètre ne defcendoit plus que 2 degrés au-deffous de zéro, & remon- toit l'après-midi jufqu'à trois degrés au-deffus , cependant cet inftrument' étoit le feul indice qui annonçät les approches du dégel ; des fapins de la plus grande hauteur, paroifloient acca- blés fous le poids de la neige, la terre en étoit couverte par-tout de plus de fept pieds d'épaiffeur ; nul oifeau n’annonçoit le re- tour de la nouvelle faifon; les pies & les corneilles qu'on trouve en quantité fur les routes, dans toute la Ruffie, avoient même abandonné ces déferts:la Nature y paroifloit comme engourdie; on reconnoiffoit à la feule trace des traïneaux, que ces lieux étoient habités ; une fombre triftefle régnoit par-tout, & le filence ne cefloit que par les cris de quelqu'un de nous, dont le traineau avoit été renverfé, & qui demandoit du. {ecours. Les habitans y font renfermés dans leurs chaumières pen- dant neuf mois de l’année, & n'en fortent prefque pas de tout Yhiver; la neige paroït dans ces montagnes au commencement de Septembre, & bien-tôt la quantité qui en tombe efface fouvent prefque tout veftige d'habitations. Les habitans font alors obligés de fe frayer des pañages à travers des tas de neige que les vents y ont formés, le désel y commence plus tard que dans la plaine; il n'a lieu te Vuiij > à 342 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans les montagnes que vers la fin d'Avril, & la neige ne difparoiït totalement que dans les derniers jours de Mai, ils ne jouiflent ainfi que trois mois des douceurs de l'été; on y sème cependant dans ce court efpace, du feigle, de l'avoine, de l'orge & des pois qu'on recueille vers la fin d’Août; mais ces grains parviennent rarement à une parfaite maturité, J'avois traverfé le $ Avril cette chaine qui a quarante-cinq lieues de l'occident à lorient; je me trouvai le même jour dans une vafte plaine, où la neige diminua tout-à-coup ff confidérablement , que dans certains endroits, elle couvroit à peine la fuperficie de la terre. Arrivé le 8 à Tumen, petite ville, le dégel étoit fi décidé, que la neige étoit fondue par- tout, excepté fur la route battue ,une couche d’eau répandue fur les rivières encore gelées, en annonçant la débacle, m'aver- tifloit du danger que je courois à les pafier ; cette crainte &c le defir d'arriver bien-tôt à Tobolsk , dont je n'étois plus éloigné que de foixante-dix lieues environ, ranimèrent le courage de tout le monde; chacun sempreffoit à l'envi de tout arranger à chaque pofle ; j'arrivai enfin à Tobolsk le 10 Avril, fix jours avant la débacle, après avoir fait en traîneau huit cents lieues ou 31E8 werft en un mois, quoique continuellement retardé par fa difficulté d’avoir des chevaux, & des accidents fans nombre. La fonte des neiges occafionna un débordement f confidérable à lrtis ; que cette rivière inonda près de là moitié de la bafle-ville,dont un quart environ fut totalement fubmergé, Qu'il me foit permis de dire un mot des habitans d'un pays fi différent de ceux que nous connoiflons , je ne crains pas qu'on me reproche d'entrer dans un détail étranger à l'objet de ma miflion, la rapidité avec laquelle je traverfai ces vaftes contrées , ne me permit pas d'examiner les mœurs des différens peuples, avec tous les foins que j'aurois defiré; ils m'ont tous paru attachés à la religion Grecque jufqu'au fana- tifme, ce fanatifme augmentoit à mefure que je m'éloignois de la Capitale. Nés dans l'efclavage le plus affreux, ils n’ont aucune idée de la liberté; ils ont peu de defirs, ayant peu de befoins; D'RNNNBICALENNIGErS 343 ils ne connoifient ni induftrie ni commerce, fe nourrifient fort mal , & par conféquent facilement : des poiffons fecs ou pourris, des pois & de mauvais pain noir fait avec du feigle, font leur nourriture ordinaire : ils ont pour boiffon de mauvaife biere & du quas , cette dernière liqueur n'eft autre chofe que de l'eau qui a fermenté avec du fon, dans lequel on méle un peu de farine , il en réfulte une boifen déteflable pour tout autre palais que le leur. Livrés à la faincantife dans leurs poêles, ïls vivent dans la malpropreté la plus dégoûtante , ils aiment cependant leur état, & redoutent d'en {ortir, fur-tout pour porter les armes; ia ce dernier cas, la crainte du châtiment & l’eau-de-vie les rendent pourtant quelquefois braves: leurs chaumières offrent un féjour d'autant plus trifte, que la rigueur des hivers ne leur permet prefque point de communication avec l'air extérieur; leurs fenêtres n'ont ordinairement qu'un pied de large, fur fix pouces de haut; ils font encore prefque privés.de la lumière du Soleil, tout le temps que cet aftre eft dans les fignes méridionaux , QE dans une nuit prefque per- pétuelle, is ne font Pot que par des éclats de bouleau allumés & fichés entre les poutres, cet ufage pratiqué dans toute la Ruffie, y caufe fréquemment les incendies les plus affreux, toutes les maïfons étant de bois. Malgré leur mauvaife nourriture, ils jouiroient de la meilleure fanté, fans leur intem- pérance; l'éducation de leur enfance, contribue fur-tout à leur former le tempérament le plus robufle , à peine les enfans font-ils venus au monde, que placés dans un panier, dans un tas de paille ou de vieux linge, ils jouent des pieds & des mains fans être emmaillotés en aucune façon; on les nourrit de lait par le moyen d'un cornet, au bout duquel on adapte une tétine de vache, la mère leur donne cependant quelquefois à téter, ce panier efl fufpendu à une longue perche élaftique qu'on peut faire mouvoir facilement d'un pied pour les bercer'; les femmes font ordinairement chargées de ce foin, & s'occu- pent fur-tout à filer du chanvre; ces enfans ne peuvent pas encore fe foûtenir > qu ’on leur donne la liberté de {e rouler à . t@rre, n'ayant qu'une chemife pour tout vêtement; ils sy 344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE culbutent, font des efforts pour marcher, on les laifle tranquille ment fe débattre; ils marchent enfin au bout de quelques mois, lorfque chez nous ils pourroient à peine fe foûtenir; bientôt ils courent par-tout; Je les ai vüs fortir des poêles avec leux chemife feulement, qui ne leur couvroit que la moitié des cuiflés; ils venoient dans cet état jouer dans la rue ,au milieu de la neige, tandis que le froid exceflif me faifoit craindre de fortir du traîneau, quoique couvert de pelifiès ; c’eft ainf que fe forment des hommes qui vivroient plus longtemps que par-tout ailleurs, fans leurs excès & leurs débauches. Ils font généralement bien faits, & d’une grande taille, on en voit même rarement de contrefaits. Il faut convenir cependant, qu'il meurt chaque année une prodigieufe quantité d'enfans, il en refte rarement un tiers dans une famille; fouvent des pères & mères n’en confervent que trois ou quatre de feize à dix- huit auxquels ils ont donné le jour. Plufieurs raifons concourent à cet eflet & à dépeupler perpétuellement les hameaux dif- perfés dans ces vaftes déferts. La petite vérole en emporte près de la moitié, & quel- quefois plus: le fcorbut & la débauche de leurs pères & mères leur occafionnent quantité de maladies inconnues ailleurs aux enfans, peut - être parce qu'ils n'ont dans ce pays d'autres remèdes que leurs étuves: elles font très-falutaires à ceux qui néprouvent que les maladies analogues au climat, mais pa- roiflent infufhfantes pour celle qu'on aflure avoir fon origine en Amérique. Cette dernière eft f1 fort répandue dans la . Sibérie & la Tartarie feptentrionale, qu'il eft à oraindre que par la fuite des temps elle n'y détruife totalement l'efpèce humaine; & ce qui doit en accélérer le moment, c’eft la façon dont ils vivent dans leurs chaumières, qui occafionne un ex- cès de libertinage : ils ne connoifient point l'ufage des lits; la famiile eft couchée pêle-mêle prefque deshabillée, les uns fur des nattes placées fur de larges bancs, d’autres fur le poële où par terre. La jeuneffe , pluflôt inflruite qu'ailleurs ,a trop de facilités pour ne fe pas livrer à la difiolution. Arrivé DES Scr1ENCES. 345 Arrivé à Tobolsk, je fus voir M. [fmaëlof, qui en étoit le Gouverneur & à qui l’on doit une Carte exacte de la mer Calpienne : il me reçut avec toutes fortes de politefles & de bonté, & voulut faire éclater fon zèle pour les Sciences, qu'il aime d'autant plus qu'il les cultive : il me fit donner une garde compofée de trois Grenadiers & d’un bas-Officier. Je fis conftruire fans délai mon Obfervatoire & généralement tout ce qui y avoit rapport : malgré mes foins il ne fut en état que le 11 Mai: jy plaçai auffi-tôt mês Inftrumens. Le 18 du même mois, le temps, quoique couvèrt, me permit d'obferver plu- fieurs phales de l'éclipfe de Lune : je m'étois préparé, le 3 Juin, pour celle du Soleil, invifible en France; oblervation à laquelle j'apportai d'autant plus de foin, qu'elle m'offroit un des meil- leurs moyens de déterminer : longitude de T'obolsk avec la plus grande précifion : cette obfervation m'étoit d'autant plus précieule, que je n'avois. prefqu* aucune efpérance de pouvoir obferver les éclipfes des fatellites de Jupiter, le Soleil éclairant prefque perpétuellement cet hémifphère en été; & d'ailleurs cette écliple étant vifible en Suède, en Danemarck & àS.'-Péterfbourg, j'étois für d’avoir des obfer vations correfpondantes aux miennes. Le ciel fut encore couvert au commencement de l'éclipR ; il tomba quantité de neiges, j'obfervai cependant la fin avec ka plus grande exaétitude. La longitude de Tobolsk, par rap- port au méridien de Paris, qui réfulte de cette obfervation , comparée avec celle de Stockolm , que M. de Fffle a bien voulu me communiquer, eft de 4 23° 54": cependant cette lon- gitude pourra peut-être fouffrir quelque petite correction, fr on la compare à celle qui réfulte des obfervations de cette écipe, qui ont été faités dans prefque tous les autres endroits où elle étoit vifible, Le $ Juin, je difpofai tout pour l'obfervation de Vénus : M. Ifnuaëlof, M. le Comte de Pouskin & l'Archevèque de Tobolsk, dont je ne puis trop me louer, m ayant témoigné h plus grande envie de voir phénomène, je fis préparer une tente où j'avois difpofé une lunette, afin de n'être pas troublé dans mon obfervation : je n'avois rien à defirer du Mém. 17614 . X x 346 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE coté des préparatifs ; le ciel fut frein toute la journée, mais dans la nuit du $ au 6, il fe couvrit totalement & fit évanouir toutes mes efpérances. On fe perfuade aifément ma fituation , fur-tout après avoir fait quinze cents lieues environ, dont plus de 1 moitié en Ruflie. La crainte d'être embarraffé par une foule de peuple curieux, avoit déterminé le Gouverneur à augmenter ma garde; pré- caution inutile, Fignorance de ce peuple fupeiftitieux lui avoit fait redouter dans ce phénomène les évènemens les plus abfurdes : loin que perfonne approchit de mon Oblervatoire, tout le monde {e renferma chez foi. Le Soleil fe découvrit peu à peu; enfin à 6h 44 18" Vénus étoit déjà entrée fur le Soleil *, Tobolsk eft la. capitale de Sibérie, elle contient quinze mille habitans environ; le Clergé eft compolé de cinquante Moines ou Prètres, dont trois, y compris l'Archevèque, favent le latin; ils font tous les trois Polonois. Les mœurs du peuple font à peu près les mêmes que celles dont j'ai déjà parlé, excepté qu'elles y font encore plus corrompues: les femmes & filles du bas peuple y font ufage du rouge, ainfi que celles du premier état : celles-ci, quoiqu'aimables , n'ont pü encore y adoucir la férocité des hommes ; ils y abufent , plus que par-tout ailleurs, du droit du plus fort. Cette ville a fait autrefois un grand commerce avec la Chine, par le moyen des caravanes : la mauvaife foi des Marchands Ruffes & des Chinois rendit ce commerce languiflant ; quelques différends élevés entre les deux Puiflances , l'ont totalement détruit : ces différends ont leur origine dans la révolution arrivée chez les Calmuks-Zungores , après la mort de Galdan-Tcherin en 1746; il étoit Kan de cette Nation qui habitoit la partie de la Tartarie boréale, fituée entre la Sibérie & la Chine : ces Calmuks ne reconnoiffoient que leur Kan pour Souverain; la mort de Galdan-Tcherin excita une guerre civile entre fes fucceffeurs. Les Chinois qui redoutoient cette Nation, devenue formidable à tous fes voifins, laffoiblirent d'abord en favorifant tour à tour chacun des prétendans, & accablèrent enfin le * On trouvera le détail de ces Obfervations à la fin de cet Extrait. DE SN Se ATEN NIC US: dernier Kan; il s'appeloit Amourfaman: le refte infortuné de cette puiflante Nation fe fauva fur le Wolga, fous la protection de la Ruffie, au nombre de vingt mille familles: Amourfaman, leur Kan, après avoir erré long-temps, fe retira fur les fron- tières de la Sibérieen 1757, où il mourut de la petite vérole, fuivant la relation Rufle, publiée au commencement de cette année; mais on ignore pourquoi cette relation pafle fous filence le long féjour que ce malheureux Prince fit à Tobolsk. A peine les Chinois furent informés qu'il: s’étoit retiré en Sibérie, qu'ils demandèrent qu'il leur füt livré, ou, fuivant la relation Rufle, qu'il fût enfermé pour toûjours ; on convint après qu’il feroit tranfporté fur les frontières de la Sibérie,oùles Chinois envoyèrent lufieurs fois des Commiflaires pour examiner fon corps. J'ai laifé à Tobolsk deux Ambaffadeurs Calmuks, qui avoient été envoyés à Saint - Péterfbourg avant la mort d'Amourfaman , pour demander la deftruétion des forts Ruffes placés le long de la rivière d'Irtiz: ces Ambaffadeurs de retour à Tobolsk, y apprirent que leur Nation n’exiftoit plus. J'ai recueilli dans ce pays une partie de leurs Idoles, &' quelques notices fur leur religion, qui paroît n'être qu'un com- polé de Paganifme, de Mahométifme & de Chriftianifme. Pendant les trois mois de féjour que je fus obligé de faire à Tobolsk après mon obfervation de Vénus, pour y vérifier la latitude de cette ville, le parallélifme de la lunette fixe de mon quart-de-cercle & la valeur des pas de vis de mon mi- cromètre, je fis n même temps des expériences fur l'Électricité naturelle, fur la bouffole & la longueur du pendule, que je rapporterai dans la relation détaillée de mon voyage ;" à laquelle je travaille. Lorfque je me ‘difpofois à partir de Tobolsk , où les pluies continuelles avoient apporté de grands obflacles à mes: Obfervations, je fus attaqué d’un vomiffement de fang prefque continuel, fuivi d'un accablement qui me permettoit à peine de marcher, ce qui hâta mon départ d'un pays où l'on ne connoît que des étuves pour tout remède : j'étois d'autant moins tenté de l'employer, que j'avois failli à y être étouffé X x ij 348 MÉmorres DE L'ACADÉMIE ROYALE à Solikamska, où ma curiofité m'avoit déterminé à prendre les bains à la façon du pays. J'y fus à peine entré, que la liqueur du thermomètre monta à $9 degrés; chaleur frexceflive & {1 infupportable, que je fortis furle champ de cet endroit, n'ayant eu que le temps de m'envelopper dans ma pelifie, poux gagner mon logement & me coucher. Je pris le chemin de Katerinburg, qui eft plus méridional que celui.de Verkatouri ,où j'avois pafié en allant en Sibérie, Le Gouverneur de 1 obolsk eut 1: bonté de me donner une efcorte de quatre Soldats, pour me mettre fur-tout à couvert du brigan- dage que des Délerteurs Rufles commettoient fur cette roi. J'arrivai à Katérinburg, après avoir traverfé une plaine de cent lieues environ, fi marécageule , que j'étois obligé d'envoyer en avant un foldat pour rendre le chemin praticable dans bien des endroits en y jetant des falcines : cene ville eft fituce à lorient de la chaîne dont j'ai déjà parlé; la Ruffie y fait exploiter la plus grande partie de fes mines. Le temps ne me permi: pas d'y fañe des oblervations Aflronomiques ; Je m'en dédomma- geai en vifitant les mines, après en avoir obtenu la permiflion par grace fpéciale. | Celles d'or font. fituées dans les terres , tandis qu'on ne les trouve que dans les montagnes prefque par-tout ailleurs : une terre"fablonneufe & grifitre les indique; à peine a-t-on creufé deux pieds, que le filon paroît; il eft difpofé le plus fouvent du midiau nord, & n'a ordinairement de hauteur que quatorze toiles environ , on trouve l'eau immédiatement après, & de Pocre rouge , qui annonce toûjours la limite des filons; ils font parallèles entr'eux & les galeries principales font diftribuées per: pendiculairement aux filons; l'étendue des filons du nord au midi, efl de vingt à trente toifes, & leur largeur de quatre à cinq pouces vers la partie fupérieure ; celle-ci eft toüjours la plus riche; ils diminuent enfuite de lageur & de qualité à - mefure qu'on defcend plus bas On voit le contraire dans prefque toutes les autres mines connues: les terres qui féparent les filons font fablonneufes, fouvent femblables à une efpèce de glaile fans confiftance ; elles forment quelquefois des pierres vs L D ESS CITE N C Ets. 349 affez dures, mais on eft obligé généralement de foûtenir les galeries par des charpentes : le filon eft une efpèce de. rocher noirâtre un peu terreux, c'eft le plus riche : il n'eft d'autrefois que du quartz en bloc ou en forme de cryftaux à facettes, de fix à fept lignes de diamètre, mais fouvent fi peu liés enfembie qu'on les fépare avec le doigt: le filon contient beaucoup de topazes, de l’efpèce de celles de Bohème : elles font taillées comme les cryftaux, mais très-alongées & de différentes grof feurs. Le produit de ces mines d’or et fi modique , qu'on n'en retire pas fouvent les frais de la dépenle , quoique la main- d'œuvre y foit toûjours à vil prix , à caufe des Efchves qu'on emploie. Celles d'argent ne méritent, pas qu'on en parle; le fol eft le même que celui des mines d’or; mines plus utiles aux Phyficiens quà la Ruffie, en ce qu'elles offient aux premiers les recherches les plus intéreffantes, Les mines de cuivre font auffi généralement d'un produit médiocre, mais la variété en eft confidérable: la bafe eft de R glaife, & quelquefois une e‘pèce d'ocre. Je n'ai jamais vû de ces mines en roche, femblables à celles de Sainte-Marie en Alfce, elles font à peu près les mêmes que celles de Solikamska. Si toutes les mines dont j'ai parlé font d'un produit modique, celles de fer femblent en dédommager la Ruffie, par leur abon- dance & leur richeffe ; elles produifent encore un fer dont la bonté ne laifie rien à defirer : il s'en trouve indiff remment dans tous les environs de la ville de: Katerinburg. H yen a en roche & en grains mélés enfemble; les premières produifent la plufpart cinquante livres le cent, & les dernières quarante : on y abandonne pourtant dans quelques endroits celles-ci, qu'on confidère comme d’un produit médiocre. Katerinburg eft auffi le dépôt des marbres, jafpes, porphires & autres pierres de cette efpèce, qu'on trouve en quantité en Sibérie, fur-tout des cornalines & des fardoines: ces dernières viennent du côté de Jarkutz & de Nertizen; les marbres, jafpes & porphires, des environs d'Orenbourg. Je partis de Katerinburg le 20 Septembre 1761, & X x ü D 350 MÉmMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE j'arrivai le 2 4 à Sabarca, hameau fitué fur Les limites méridionales de la Ruffie, habitées parles Baskirs, que la Ruflie a eu tant de peine à fubjuguer ; ils avoient cru jufqu’alors être fous la protection de cette Puiflance, & non fes Sujets. Je m'étois propofé de paffer par Kongour, qui étoit la route la plus or- dinaire, mais elle étoit alors impraticable : je me rapprochai des Tartares, fitués plus au midi; à quelque diftance de Berna; plufieurs vinrent au devant de moi, me témoignant, par des fignes, les plus grandes marques d'amitié: ils me conduifirent dans la maïfon du Chef du hameau, qui jouit toüjours chez eux d'une très-grande confidération. ° Ils m'avoient fait préparer une efpèce de diné, qui confiftoit dans du miel, du beurre & quelques légumes: leurs maifons font auffi propres que celles des Sibériens le font peu ; durefte, ils vivent à peu près de fa même façon, excepté qu'ils font Mahométans, Ils font grands, robufles, bien taillés, tout annonce un peuple guerrier; auffi conferve-t-il fes anciens priviléges : il fournit à la Ruffie, en temps de guerre, un certain nombre de troupes qu'elle foudoye. Ces Tartares font naturellement bons & rem- plis de candeur ; lorfque je partis de chez eux, ils doublèrent les chevaux à caufe des montagnes qu'il falloit traverfer , fans vouloir une-augmentation de prix, ni rien accepter pour Îa dépenfe que j'avois faite chez eux. A peu de diftance de cet endroit, le chemin devint affreux ; les montagnes , quoique de peu de hauteur, étoient fi efcarpées & la pluie les avoit ren- dues fi gliflantes, que malgré les efforts de tous les Poftillons, réunis à ceux de la plus grande partie des chevaux qu'on atte- loit à la même voiture, on pouvoit à peine parvenir au fommet de la montagne, quoique tout le monde fut à pied: de nou- velles montagnes en préfentant les mêmes obftacles, fatiguoient d'autant plus les hommes & les chevaux, que chaque voiture exigeoit la même manœuvre: la mienne étant la plus légère, je pris les dévans, dans Fintention d'envoyer du premier hameau du fecours aux autres, mais on ne put me conduire qu'à un uart de lieue de l'endroit où je les avois laifiés. J'étois alors {ur le bord du ruifleau de Tourka, dans un petit DREVSM)SNC TE NUCIEIS 351 baffin entouré de montagnes. Je fis faire un grand feu, autour duquel tout fe monde fe rangea; il étoit dix heures du foir: à une heure les autres voitures parurent, à la lueur des flam- beaux que je leur avois laiffés; les Tartares que j'avois avec moi furent pour lors au devant & mirent le feu, de diflance en diftance, aux fapins qui-étoient fur la route, pour éclairer leurs camarades. Si ces arbres, de la plus grande hauteur, en S'enflammant dans un inftant, nous furent d’un grand fecours , ils nous offroient un fpeétacle qui n'étoit pas moins curieux & fingulier , par la pofition du lieu & les étincelles qu'ils jetoient de toutes parts. 4 Je partis le 2 $ à 1 1 heures du matin de cet endroit; j'arrivai enfin le même jour à Pifle, & le 28 dans un hameau des Wotiak, peuple qu'on dit communément être Tartares, mais en qui je nai reconnu aucun rapport avec cette Nation: les femmes & les hommes n’ont ordinairement que quatre pieds de hauteur ; ils font d'ailleurs d’un tempérament foible. L'habillement des hommes eft le même que celui des Rufles, mais celui des femmes eft abfolument différent de tous ceux des autres peuples de Sibérie, il a même une efpèce de beauté dans fa bizarrerie. à Après avoir traverfé plufieurs de leurs hameaux , j'arrivai le 20,à huit heures du foir, fur le bord de la rivière de Wiatka; jy paflai la nuit au bivac, à caufe d’un grand vent qui ne me permit pas de pafler cette rivière remplie de ro- -chers dans cet endroit. Il tomba pendant la nuit une fi grande quantité de neige, que j'éprouvai les plus grandes difficultés pour arriver à la pofte, dont je n'étois éloigné que de trois cents toifes; on y failoit déjà ufage des traîneaux : la neige qui tomboit toüjours ; m'obligea de doubler les chevaux, n'ayant pas voulu abandonner les voitures, dans l’efpérance de ne pas trouver de neige vers Cafan, où j'arrivai le 1.” Oétobre, après bien des peines, quoique .j'eufle confervé, depuis le 2 9, quarante-deux chevaux, qu'on dütribuoit fur deux voitures & cinq chariots. Cafan eft une grande ville capitale du Royaume de ce nom: elle a pour Gouverneur un Prince Tartare, dont je reçüs les 352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE marques de bonté les plus diftinguées; il me donna une nou- velle efcorte & renvoya la première à Tobolsk, L’Archevèque me fit prier le même jour d'aller à fa campagne & m'envoya. plufieurs voitures pour m'y conduire & ceux qui m'accom- pagnoient ; je trouvai un Prélat inftruit dans les Sciences, l'Hifloire & la Littérature, aufli-étoit il traité avec la plus grande vénération dans toute la Ruflie ; c'efl le feul Prêtre que Jaie vü, dans ces vaftes États, qui ne parut pas étonné qu'on vint de Paris à Tobolsk pour obferver Vénus, Arrivé à Cafan, je croyois être dans un nouveau monde, les frimats commençoient à peine à dépouiller les arbres de leurs feuilles; je voyois dans les environs de cette ville des chênes pour la première fois depuis mon féjour en Ruflie, & des arbres fruitiers dans une efpèce de verger : au Jieu de ces plaines immenfes & arides qui n'étoient prefque habitées que par des animaux , la plufpart inconnus en Europe, je voyois des côteaux , des bofquets, un jardin arrangé avec art, que des fleurs ornoient encore, tout fembloit alors me rapprocher de ma patrie: agréable fituation, dont on ne peut fe faire une idée qu'après en avoir été privé ! Cafan conferve encore un refte de fon ancienne opulence ; quoique fon commerce loit prefque éteint , quantité de noblefie y eft réunie & y vit même en fociété: tout ce qui eft nécef. faire ou utile à la vie y eft très-commun, même en gibier & en poiflon; on y trouve du pain blanc, aufii peu connu en Sibérie que les ananas: le vin feul eft rare à Cafan. Pendant mon féjour, j'y fis des Obfervations aftronomiques, qui me donnèrent la longitude de cette ville, par rapport à Païis, de 3h 8! 37", & la latitude de $5%43" 58". La longitude a été déterminée par deux émerfions des fatellites de Jupiter, dont les correfpondantes ont été obfervées à Paris par M. Maraldi. J'en partis le 7, & traverfai le même jour le Wolga, qui ef au nombre des grands fleuves connus. En remontant fes bords, je paffai chez de nouveaux peuples, les Zeremifles & les Soufvafchi, dont je ne peux parler dans cet extrait. À melure que j'approchois de Saint-Péterfbourg, qui eft plus au hd : e ! D'E SNS CL'E N;CE,S 353 le froid fe faifoit fentir de jour en jour plus vivement & nr'op- pofoit les plus grands obftacles ; quélques rivières étoient déjà gelées, & la glace des autres n’étoit pas encore afez folide. Enfin j'arrivai à Saint-Péter{bourg ; ayant paflé l'hiver dans cette capitale, je m’embarquai au printemps, dès que la mer fut libre pour retourner en France, où j'arrivai au mois d’Août dernier, près de deux ans après en être parti, Objervations Affronomiques. J *ENVOYAI de Tobolsk, deux extraits de mes obfervations, Yun à M. le Comte de Woronzow , grand Chancelier de Ruffie, & l'autre à notre Académie, où il fut 1ü le 19 Décembre 1761. De retour à S.° Péterfbourg le 1.” No- vembre, j'ai là dans l’aflemblée de Académie du 8 Janvier 1762, les obfervations fuivantes, je les rapporterai ici telles qu'elles ont été publiées dans ce temps par l’Académie de S. Péterfbourg. Le phénomène que j'ai obfervé fur le difque opaque de Vénus, & les obfervations particulières que j'ai faites à ce fujet, & qu'onne trouve pas parmi celles desautres Aftronomes qui ont vü l'anneau, rendent l'obfervation du paflage de Vénus fi intérefiante & fi délicate, que j'ai cru ne devoir en retrancher aucun détail, j'y aï ajoûté au contraire quelques notes, qu'on trou- vera au bas des pages , nayant rien voulu changer dans mon Mémoire. Avant de donner mes obfervations, il eft néceflaire de commencer par la defcription des difiérens inftrumens dont je me fuis fervi, & de leurs vérifications. Mon obfervatoire, quoiqu’en bois, étoit conflruit avec de groffes poutres qui le rendoient des plus folides ; le pavé étoit de briques, polées {ur ie terrein immédiatement. Dès le 1 r de Mai, jy plaçai mon quart-de-cercle & deux pendules, dont Fune eft de Julien le Roï; le quart-de-cercle a trois pieds de rayon, & une lunette de nième longueur, à laquelle eft adapté un micromètre. Les deux pendules! étoient enfermées féparé- ment dans des-boîtes de fix pieds de haut, de façon cependant qu'on voyoit les éguilles par le moyen d'un verre placé à l'or- dinaire, vis-à-vis du cadran, - Mén. 17601, TX 354 MÉMorRes DE L'ACADÉMIE RoyaLe J'avois fait conflruire une machine parallactique , pour pouvoir y placer une lunette de 1 0 pieds ; cette lunette por- toit un micromètre qui avoit deux oculaires l'un fur l'autre, afin que le champ de la lunette pût contenir le difque du Soleil en entier, & que je pufle déterminer par ce moyen le diamètre apparent du Soleil. J'avois auffi un autre porte-oculaire qui s'adaptoit au même micromètre, ce dernier contenoit deux oculaires de même foyer que les deux premiers réunis, mais ils ctoient placés l'un à côté de l'autre, de façon que chaque bord du Soleil répondoit au centre de chaque verre, & étoit ainfr parfaitement terminé. En effayant ces deux verres, J'a- perçus une petite parallaxe que je fs difparoitre par le moyen de deux cones, dont les extrémités les plus proches de l'œil navoient qu'une ouverture de 2 lignes; ce même micrometre S'adaptoit aufli à une lunette de 6 pieds, & une de 19. Pour déterminer {a valeur des tours de vis des micromètres, je mefurai fur le rempart avec tout le foin poffible, une bafe de 167 toifes $ pieds 3 pouces 1 0 lignes; mais comme cette méthode, quoique la plus exaéte, fuppofe une correction dé- pendante de la variation des longueurs des lunettes pour obferver les objets terreftres & céleftes, je déterminai d'abord leurs lon-" gueurs fur le Soleil ; & enfin après m'être affuré que je n'avois à craindre aucune parallaxe , j'eus les réfultats fuivans , dans lefquels j'ai eu égard à la correétion ci-deflus. Valeur des tours de vis des Micromètres , avec la longueur des Lunettes à l'augmentation du diametre des objets. \ FOYER |DiamÈèTRe| Foyer de Part, du] ANGLES i de l'objeétif. |delouverture. | l'oculaire. | AUSM: |microm. | correfpondans. ES —————. ï gb ds uouc | 2 pouc. olen: Loue 9 lis: 1 34 3303 10° 18” 21” T'ON RES ONCE RTE TOR 3434[20. 28. 4 SV LIO. Or. 11.10; 1919/20. 28. 40 Lunctte du quart-de-cercle. ..... .| 868{20. 28. 21 D I EEE EI A 3 EE TRE ’ À Cette opération ef le réfultat de plufieurs vérifications faites 1" D'B\#L$S:CTE M Ce ES 355 dans différens jours; & afin que la bafe ne foufiit aucune va- ration, Javois fait deux traits fur deux plaques de fer, qui, aflujéties fur deux pierres, en déterminoïent les extrémités: la petite différence qu'on trouve dans les angles correfpondans aux différentes lunettes, a été occafionnée par la pofition des inftrumens fur une des extrémités de la bafe, qui à cet égard a fouffért quelques variations. J'ai placé dans la même table la longueur des foyers des différentes lunettes dont j'ai fait ufage, pour les raifons qu'on verra dans le courant de ce Mémoire. . Vérificarion de la pofition de la Lunette du quart-de-cercle. J'avois d'abord tracé une méridienne par des hauteurs cor- refpondantes & un gnomon élevé de r1 pieds; elle étoit d'autant plus exacte, qu'un fil très-fin la déterminoit fur le Pavé; par ce moyen & deux à-plombs coniques attachés au limbe du quart-de-cercle, il étoit très-facile de placer parfai- tement l'inftrument dans le plan du méridien. Obfervation de l'Étoile € de la queue de la grande Ourfe. L’Inftrument tourné à l'Orient. Haureurs réduires. 27 Mai...88.o—1151 87à 57 15°49" Tourné à l'Occident le 4 Juin ..92.0 o92-Ma.Mo-. a Sans AA NM LA Ie 179. 57. 15.49 DiÉréne nets à 2. 44. II Quantité dont baiffe la lunette du quart-de-cercle.. 224100 ST ne Les difficultés d'obferver les étoiles proche du zénith, me déterminèrent à vérifier de nouveau la pofition de la lunette du quart-de-cercle par 8 de Caffiopée: cette étoile me paroiffoit d'autant plus propre à cette obfervation, .qu'étant éloignée du Zénith de Tobolsk de 2 3’ feulement, je pouvois tourner l'inf- trument furles deux fens , le fil à-plomb répondant toüjours au même point du quart-descercle, & j'évitois alors toute erreur qui pourroit provenir. du défaut de divifion. Yyi 356 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Olfervation de R de Caffiopée. L'Inflrument tourné au couchant. Haureurs réduites Le 10 Août 90 + 898. got 21° 16" 40" À l'Orient 11 Août 90 — 1006. 89. 36. 9. 47 SOMME ET alle te lets 179. 57 26.27. Dit oo Leo ui OO ED LT 2.033383 Quantité dont baiïffe la lunette. ........ ENT T Par l'Etoile € de la grande Ourfe........ 102260N8S Prenantfun#milien 41400 A ne nrinOS Détermination de la latitude de Tobolsk. Je Ta déterminai d'abord par lobfervation de l'étoile € de Ja grande Ourfe, oblervéele 27 Mai, en fuppofant fa decli- naifon de $ 64 10° 49" au commencement de 1761. Hanteu obienée AE MEN EM EEE 87. 57. 15 à Quantité dont baifle l'inflrument. . ...... + 1.19 MautentIconipées ele ee ie eee 87. 58. 342 RETACION NN ANNE CE NOR AE — 12 Hauteur corrigée, réfraction. ........ 87.158.133 Vraie déclinaifon de &.......... 564 10° 49° DÉvENoeE MermiHo + 0,6 PÉCEMONER CEE EEE _— 7 A bETrADIOR. 22 cite tale cfa aie + 11,2 Déclinaifon apparente le 27 Mai.......... — 564 10° 54° Hauteur de l'Équateur CE mi CHE D 50 31e 47e 39 nel MAMA FO LE Br e VAUT SN 2 N2IT RER Par l'Étoile B de Caffiopee. Hauteur méridionale de B le 11 Juin......... 86. 36. 94 Quantité dont baiffe Tinflrument ........... + I. 19 Hauteur, corrigées21s.. 1.1.0. ntm lee 89. 37. 284 Béfiattionrt eee hulestene RO _— Z Hauteur corrigée , réfraction, . ...... 89. 37: 28 à (BE SS CTIEIN CES 2$7 Déclinaïfon vraie de B....... 574 49° 52° Dévrationst.:/.11 10) — 5,8 Précelllon: tie + 12,5 APEITALION. me ee» 6 — 7,8 Déclinaifon apparente ................ ser S 7 ON SUP Hauteur de FÉquateur. .............:..... 31. 47: 37 IPC RMS IR ER DER POSE S'ONT212 2 REA ee Sn eau ENS LE SO 2-2 ANT RE MP Ee 58. 12. 22 Par les Obfervations du Soleil. Le r1 Juin, j'ai obfervé la hauteur méridienne du bord du Soleil, de 55° 10° 28", fuppofant la réfraétion A parallaxe de 36"+, & le demi-diamètre de 1 5 47"+ Hauteur du centre du Soleil le 11 Juin........ S4 55° 232 Béclnafon dut SO ee Re Tarn 23730 = Hauteur de l'Équateur D NUS FANS Va EL au Lelie 31. 47. 44% Fetes nd phare Hohner cree 58. 12. 15+ Le 12 Juin, jai obfervé la hauteur méridienne du bord fupérieur du Soleil , de 55% 1426", fuppofant la réfraction — la parallaxe, de 3 5" +, & le demi- diamètre, de 1547" 2 Hauteur du centre du Soleil le 12 Juin......... $4+ 59. 222 Déclinaifon du Soleil.....,...........,..., 25 T2 Hauteur de l’Équateur................e.e,e 31: 47e 50% ET AMOR BORA ET EEE 58. 12. 9 Par: l'Obfervation du, 22 62 ue LL 58. 12. 15 Hadunimilienter NP SIC NE 58. 12. 13 Cette feconde détermination diffè.e de 9 fecondes de celle déterminée par les étoiles; ainfi prenant un milieu entre les deux déterminations, elle En de $84 12° 18”; mais comme cle déterminée par Les étoiles ef indépendante de tout élément Y y ii 58 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & de la longitude de Tobolsk, je fuppoferai la vraie latitude de cette ville, de 584 12° 22". Obfervation de l'Éclip e de Lune du 18 Mai. J'ai fait cette obfervation avec une lunette de 6 pieds, à laquelle j'avois adapté un micromètre pour déterminer les doigts de l'éclipfe. La pendule dont je me fuis fervi, & la feule dont je ferai ufage par la fuite, eft celle de Julien le Roi. Le 16, le midi vrai conclu des hauteurs correfpondantes du Soleil, étoit à up 5 5 48",ayant eu égard à la correction — 1 4 fecondes. Le 17, le midi vrai étoit à 11 55° 56", ayant aufi eu égard à la correction qui s’eft trouvée la même que ci-deffus. N'ayant pu voir le Soleil le 18, j'ai conclu le midi pour ce jour à 11h 56° 8"; ainfi elle retardoit à midi le jour de lob- fervation de 3° 5 2", & avançoit de 1 2 fecondes dans 2 4 heures. Le ciel fe découvrit en partie pendant la nuit, & me permit de faire les obfervations fuivantes. 4 12h 6" Temps vrai, la pénombre commence, phafe certaine. P P P 12. 55: 56 Vraie ombre me paroît commencée, phafe douteufe, a caufe d'un nuage clair. 13. Oo. 6 Mare humorum & Gaf[endus à travers des nuages. 13-11. 16 Keplerus entre dans l'ombre, phafe certaine. 13. 12. 16 Keplerus totalement entré. 13. 13. 33 Tycho entre dans l'ombre. 13. 31. 48 Le milieu de Manilius à travers un nuage, phafe douteufe. ; Le ciel s’eft enfuite totalement couvert. ÉczrPsE de Soleil du z Juin. Cette obfervation a été faite avec la lunette de ro pieds, à laquelle j'avois adapté le micromètre. Je ne pus déterminer la marche de la pendule que le 4 & le $, n'ayant pu prendre des hauteurs correfpondantes depuis le 30 Mai. Le 4 Juin la pendule marquoit le midi vrai à o" o° 25", ayant eu égard à la correction — $" 56", & le $ àoho'43"21"";ayant eu auffi égard à la correction — 6" 32°"; d'où j'ai conclue dE S) S C1 EN GES 359 midi vrai le 3 Juin à oh o° 6"+, ainfi la pendule avançoit de 6"£ le 3 Juin à midi, & de 1 8 fecondes dans 24 heures. Dans la nuit du 2 au 3,le ciel fut prefque toûjours couvert, il tomba de la neige & de la grêle jufqu'à 4 heures du matin; le thermomètre de M. de Reaumur étoit d'un degré au-defous de zéro, & le vent au nord; à 4h 42’, j'aperçus à travers les nuages l'écliple commencée d’un doigt environ, le ciel fe couvrit enfuite de nouveau, & je ne pus obferver que la fin avec exactitude, 6% 2° 53" Temps vrai. Lapartie éclairée du Soleil — 4466 parties du micromètre, dont 5229 — le diamètre du Soleil ; refte la partie éclipféc 4 34°+, dont le diamètre du Soleil — 31. 23. 6. 7. 11 Partie éclairée 4864 à travers un petit nuage très-clair ; refte 2° 11"+ pour la partie éclipfée. 6. 11. 8 Fin de l'Éclipfe, obfervation parfaite, le Soleil étant très-découvert dans ce moment. 6. 27. o Je déterminai à travers les nuages le diamètre du Soleil, de 5229. lg correfpondantes du Soleil le 4 Juin, thermométre de M. de Reaumur, 2 degrés au defus de 7éro. CT TE GOT NS QU" TG} HAUTEUR MD Heures du matin. |du bord fupérieur| Heures du foir. k à la pendule. du Soleil, gere |a7tue [arte oo gr 77 9. 54. 315 48. oo 2. 6. 31% |0.0. 31.24 médioc. 58. 4x 48. 20 2. 2. 56+ |0. 0. 30.21 Par un milieu............. CNE Correttion:{ -61..4 24e se. — 5.56 L Midi) vrai. «1er SRE Pi ON ONZE 360 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROvALE Legs Juin, thermomètre 7 degrés au deffus de zéro. HAUTEUR Mi84 Heures du matin. |du bord fupérieur| Heures du foir, s ; à la pendule. du Soleil. gn 28 ë of o°’ 49" 37 8-:36: ElroitouscroR 8:30. 7] 0. 0.49. 52 8: 42. 153 0. 0. 49. 45 médioc.4.5. = 5| 0. 0. 50. 30 8. 47. 49+| 40. 50 3. 13. 50 +| o. 0. 49. 52 8. so. 36 41. 10 3. 1140 3 +] 0. 0. 49.37 Parunrimilieneis MM Eee 0. 0. 49. 53 PaGCorrethion trs TRAME 6. 32 MINE ET tie 7 RTS ONG 42% 2e Je me fuis déterminé d’autant plus volontiers à rapporter ici les hauteurs correfpondantes du Soleil, qu'ayant fuppolé la différence des méridiens entre Tobolsk & Paris de 4h 24’ 12".-Si par la fuite on la trouve différente en comparant les autres obfervations aux miennes, la correction des Radars correfpondantes pourra fouffrir quelques variations. PASSAGE de Vénus fur le Soleil le 6 Juin. Ayant déjà parlé dans le commencement de ce Mémoire, de l'effet des différentes lunettes dont j'ai fait ufage, je ne m'y arrèterai pas ici; je dirai feulement que d'abord j'avois voulu me fervir d’un oculaire de 3 pouces de foyer pour ma grande lunette de 19 pieds *, mais la veille de Fobfervation, je me décidai pour un qui avoit feulement 1 pouce & 9 lignes de foyer. Je me déterminai d'autant plus volontiers à me fervir * Ce verre objcétif eft du fameux Campagni; Son Éminence M. le Cardinal de Luynes, toüjours attentif à tout ce qui peut concourir au x TN LAS SEE AO qui p NCOUTIE progrès de l’Aftronomie, doncil fait {on délaflement , l’a apporté d Jtalie. dur \ L EE pétsl 1 SOC At /E NT # SHOT 367 d'un oculaire d’un fi court foyer, que le Soleil étoit toûjours parfaitement terminé, & qu'ainfi elle pouvoit être comparée avec les lunettes ordinaires, fe rapprochant alors de leur degré de bonté, au lieu que me fervant du premier ocuhire, elle faifoit un effet fi merveilleux, qu'il ne pouvoit être apprécié ni comparé à aucune lunette, & dans ce cas je perdois encore inutilement l'avantage de faire grofl ma lunette f1 confidéra- blement , elle pourra être comparée à une excellente lunette de 35 pieds, qui auroit un oculaire de 3 pouces de foyer environ. Le Ciel qui avoit été afflez ferein le $ jufqu'à 10 heures du foir, fe couvrit totalement dans la nuit: à 1 heure j'avois abfolument defefpéré de voir le Soleil ; à 3"+ le ciel fe décou- vrit & fit renaître mes efpérances, qui vers les 6 heures s’é. vanouirent de nouveau; je ne l'entrevoyois que dans certains inftans : à 6 44° 1 8" j'aperçus Vénus déjà erttrée fur le Soleif, il difparut prefqu'aufli-tôt, avec l’efpérance cependant que les nuages fe diffiperoient bien-tôt, & me procureroient un ciel ferein pour toute la fuite de mes obfervations, . OBSERVATIONS de Vénus. 4 J'ai fuppofé que là pendule avançoit le 6 à midi de 1° 1" 54", & en 24 heures de 17" 30°". Temps à la pend, Temps vrai: 647" 59"{ 6"47 1° o”| Le centre n’eft pas encore entré. 6. 52.49 | 6. 51. 51. o Le Soleil découvert ; le centre | de Vénus me paroît déja entré. 6, 59. 44 | 6. 58. 46. o Le Soleil toûjours découvert ; j'a- perçois la partie du difque de Vénus qui n'eft pas encore entrée, & une petite atmofphère: en forme d'an- neau autour de ce même difque. 7. 0:40 | 6. 59. 41. 44 Je vois encore Îe petit anneau L lumineux , le Solcil parfaitement découvert. Mén, 1761, . Zz 362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Temps à la end, Temps vrai. 7h 1281] 7h o' 30" 14"| Entrée totale; j'ai vû le filet de lumière du bord du Soleil, qui 2 paru comme un éclair, de façon qu'on aura pù faifir cette phafe avec l’exac- titude Ja plus rigoureufe. Quelque temps après le Soleil s’obfcurcit de nouveau, ce qui ne dura cependant pas long-temps ; il ne pouvoit même être plus feréin deux heures avant la fortie. Le bord du Soleil s’obfcurcit, quoique le ciel foit très-ferein, & cet Aftre au centre de la lunette. Contact intérieur décidément de la partie obfcure de Vénus & du bord du Soleil. On voit la partie du difque de Vénus qui eft déja fortie , & un an- 12:50: 23 |12.:49..20, 29 12. $0. 26 |12. 49. 23. 29 12, 54 50 |12. 53. 47. 30 neau en forme de Croiffant, dont la partie convexe eft tournée du côté du bord inférieur de Vénus. (} Je vois encore le Croiffant très- bien. 13 4+ 7 |13. 3. 4. 0 Je ne vois plus d'änneau ni Ja partie du difque de Vénus déjà fortie. Il fait un peu de vent. 13: 18,45 |13-. 7. 42.50 Sortie totale. J'ai fuppofé que ma pendule avançoit fe 6 à midi de 1° 1" 54”, & dans 24 heures de x 7° 30°"; cependant par les obfervations faites depuis le 4 jufqu'au 8, on voit que fon mouvement en 24 heures n'a pas été parfaitement uniforme, Il a été, par exemple, du $ au 6 de 1 8" 33°", & de 1 5” 52°” du 6 au 7. Si l'on fait ufage du mouvement en 24} o° 18” 33°", on aura l'entrée totale un quart de feconde plus tard que celle que j'ai déterminée, & un quart de fconde plus tôt en fe fervant de 15” 52°’; ainfi dans les deux cas on aura toüjours le contact extérieur à un quart de feconde de celui DES SCIENCES. 363 e jai déterminé, qui par conféquent éloigne toute idée d'erreur dans la façon dont la pendule a été réglée, L’anneau me paroît avoir fa principale caufe dans le rapport du diamètre de Vénus à celui du Soleil; celui de cette Planète étant beaucoup plus petit, devoit avoir plus d'un hémifphère éclairé par le Soleil /a). Le difque de Vénus n’étoit point parfai- tement rond dans fa partie orientale où parut l'anneau, ce qui me fit foupçonner que fon diamètre étoit même plus petit dans ce fens. La lumière de cet anneau étoit d’un jaune très- foncé auprès du corps de la Planète, elle devenoit enfuite plus brillante vers la partie la plus éloignée du corps obfcur de Vénus, à 6h 59 41" À; la limite la plus obfcure de cet anneau me parut toucher le difque du Soleil : je crus même pendant quelque temps que c’étoit le moment de l’immerfion totale ; dans cette incertitude je ne voulus pas quitter la lunette, mais j'écrivis immédiatement l’obfervation, & prétai de nou- veau la plus grande attention à la partie de Fanneau qui n'é- toit pas encore entrée à 7" o' 30"+. La lumière du Soleil parut avec une telle rapidité, qu'il n'étoit pas poffible de fe tromper d’un quart de feconde dans cette phale; & en effet, on voit clairement qu'à caufe du fond obfcur du ciel & du corps opaque de Vénus, cet eflet a dû néceffairement avoir lieu dans limmerfion totale, ce qui n’auroit pas encore été fi cette phafe n'avoit pas été limmerfion du corps de la Planète, car li lumière de l'anneau devenant infenfiblement plus bril- lante & fe confondant avec celle du Soleil, auroit toûjours laiffé quelqu'incertitude ; auffi celle du Soleil fit difparoïtre ce qui refloit de la lumière de l'anneau , qui me parut s'étendre encore un peu au-delà, où fe fit l'immerfion totale /4). Dans l'obfervation de la fortie, l’anmeau me parut plus brillant & mieux terminé. Soit dans l'obfervation du matin /A B, fig. 1) Fig. 1. (a) N paroît que ce rapport af | refloit, n’étoit autre chofe que cette peu influé dans ce phénoniène, qu’il | fauffe lumière qui accompagne or- faut avoir recours à d’autres caufes | dinairement l’image des corps lumi- pour en donner une explication neux dans les lunettes ; elle dut fatisfaifante. difparoître fi-tôt que Vénus eut atteint le vrai bord du Soleil. Zz ij (b) Ou pluftôt cette lumière qui Fig. 2. 364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE une partie du difque du Soleil, 7 Vénus prefque totalement entrée; c'eft dans ce moment que j'aperçus l'anneau Æ, il me parut trop mal terminé pour pouvoir m'aflurer fi fa plus grande étendue étoit vers le nord ou vers le midi; mais à la {ortie (fig. 2) je vis l'anneau en forme de croiflant auffi diftinc- tement qu'il füt poffible, & tel qu'il eft repréfenté, je ne voyois cependant pas la partie obfcure € du difque boréal de Vénus ; j'avois conflamment fuivi la progreflion de ce croiflant, & je m'étois bien afluré que fa corne occidentale Æ' répondoit par- faitement à la partie du difque de Vénus, où s'étoit fait le contact intérieur; c'eft pour cette raifon que je fuppoferai le contact intérieur à 12" 49° 20"+, quoique le contact de la partie obfcure foit arrivé 3 fecondes après. Cet anneau me parut n'occuper qu'un peu plus des deux tiers de la demi-circonférence de Vénus, & en conféquence il n’eft entré pour rien dans l'émerfion totale. Je n'ai cependant pas été fi fatisfait de cette dernière phafe, que de l'immerfion totale, ce qui encore a dû avoir lieu à caufe de la lenteur du mouvement de Vénus & de fa pofition fur le fond obfcur du ciel *, au lieu que dans le premier cas placé fur un fond * Le bord de Vénus fe confon- doit alors dvec le fond obfcur du ciel, il en étoit féparé , dans le premier cas, par Je filet de lumière du bord du Soleil. Les obfervations faites en Europe fur cet anneau , font fi intéreflantes , que j'en rapporterai ici les princi- ales. M. de l’Ifle m'a communiqué celles des Acadéinies d'Upfal & de Stockohn : les premieres rapportent que quatre minutes avant l’immer- fion totale, M. Stromer, Malet, Bergman & Melander ont tous re- marqué à Upfal que le bord de Vénus , qui n’étoit pas encore entré dans le Soleil, étoit ceint d’une lumiere foible, mais fenfble, en forme d’anneau , de forte que toute la rondeur de Vénus parut les trois quarts de fa périphérie au dedans du Soleil & le refte au dehors. À Stockolm, M. Wargentin a vû, un peu avant l’immerfion totale & durant toute l’Émerfion , la partie de Vénus qui étoit hors du Soleil, en- vironnée d’un bord lumineux foible, mais fenfible. Ce phénomène a aufi été obfervé à Cajainbourg par M. Planman. M. le Monnier rapporte dans les Mémoires de l’Académie de cette année 1761 ; J'ai và , pendant une ou deux minutes, le dijque en- tier de Vénus , quoiqu'il y en et déjà une partie hors du Soleil (ce: qui indique évidemment cet an- neau): je ne pis m'affurer de la durée de cette apparence, étant obligé de comparer ma montre à fecondes 4 la pendule. é On lit dans l’obfervation de M. de +DES SCIENCES. lumineux , limmerfion totale a dû paroïtre comme un malgré la lenteur du mouvement de Vénus. 365 éclair D'après ce qui vient d'être dit, jai réduit les obférvations ci-deflus aux füivantes. Obfervation réduite, Premier contact intérieur.......... Centre de Vénus fur le bord du Soleil. ..... Premier contact extérieur... ..,.. Milicu du Page PE LE Second contact intérieur. ..... Gentre de Vénus fur le bord du Soleil. .... Second contact extérieur...... Fouchy, Mém, Acad, 176 1,p.1 00: J'ai vi confflanment , pendant toute la durée, autour de Vénus, une efpèce d’anneau plus lumineux que le refte du Soleil, êT qui alloit en diminuans à mefüre qu'il s’éloignoit de la pla- nète, M. de Mairan m’a afluré avoir obfervé une apparence à peu près femblable pendant que Vénus étoit fur le Soleil. M. le Monnier m'a communi- qué, le 31 Octobre de cette année 1762, l’'Obfervation de M. Def. marés , faite à Bordeaux. Avant de la rapporter, je dois prévenir l’Af femblée que je n’ai point vü l’anneau lumineux fur le corps opaque de Vénus, pendant qu’elle a été fur le difque du Soleil, mais je conclus dans mon Mémoire, page 268, & par les feules obfervations, faites fur cet anneau à l'entrée & à la fortie, page 3 61, qu'il doit avoir parcouru, dans cet intervalle , le difque méri- dional de Vénus : M. Defmarés n’a vû au contraire l'anneau que dans cet intervalle & dans une fituation par- DEC CARO Temps vrai, 6" 42" 827 LL'4 6. 51. 19. 20 PNA OS 301 F4 9: 54: 55-21 12. 49. 20. 29 12, 58. 31. 22 MR N f72 42 01TS sa pepe el sjfatte faitement conforme à celle queje lui afligne, quoique je ne l’aie pas vû fur le Soleil. Je rapporterai icil’articte de fa Lettre qui y a rapport, & la figure qu’il y à jointe : fa Lettre eft en date du 10 Juin 1761. A 5" 25! 46", Vémis me parue éclairée en Croiffant, qui occupoit environ les deux tiers de fes bords êT qui entarnoit le difque de la Pla- zète ; fans cependant que fes vrais bords ceffaffènr de paroitre terminés : la partie la plus large dit Croiffamt étoit tournée vers le bord du Soleil Le plus proche de la Planète ( c'étoit le bord méridional 4 ce qui me parut fingulier, J'ai fait rendre cette idée dans na Figure ; je n’ai bien examiné que la phafe du milieu ÿ marquée B, (fig. s). S répréfente le Soleil, ê7 À, B;,C, Vénus, Cecte lueur , qui reffembloir à celle qu'on apercoit vers la réunion de deux doigts qu'on préfente à la chandelle en Les tenant férrés , s’affoiblit 7 me parut changer de pofitiona mefure que Vénus changeoit de fituation. Z 2 ii 366 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoxaLzr Obférvation des ue apparens de Vénus à du Soleil. 7h 7 8. >> >> 5 VO A r2: Ar A 12. À 12. 1 5’ avec la lunette de 10 pieds diam. @ 33 avec la même lunette... . 2 avec la lun. de 19 pieds, 160 — 57" 33h diam. ® 160 — 57. 33 mêmes microm. &ocul.. diam. @ 310—58. 3 31 aveclalun. de ropieds.. diam. @ 170. . 40 Diam. appar. du Soleil avec la même lun. & les deux oculaires mis à côté l’un dé L'autre se 11 avec la lun. de 5 pieds & les deux oculaires l’un fur D'AULTE aie ete late tons 20 Diamètre du Soleil,avec les deux oculaires mis à côté. 26 Lunette de 10 picds.... 34 Lunette de 19 pieds... I. I. 12 3275 = 3137 diam. ® ro TI. 4 5277 = 31-382 diam. @ 180 — diam. ® 345 3 I. 4% 2 ME dE) OBSERVATIONS de la plus petite diflance des centres de Vénus à du Soleil en déclinaifon. Les obfervations fuivantes ont été faites avec la-lunette de 10 pieds, placée fur la machine parallaétique ; le bord inférieur du Soleil fuivoit le fil fixe du micromètre, & le bord inférieur de Vénus le fil mobile. RE DrISS YA" EA des bords infé TEMPS VRAI. de VÉNUS & du SOLEIL NCE rieurs en parties du micromètre. Diftances réduites en minutes, fecondes & tierces. DD US OMAN IEEE EEE TOO 0 MONTE 9: 58. 58 B médiocre 1008 | 6. 2.36 EN CON MAS erile 072 | $s. 49. 38 DO 0 AO EEE ETAT 950 | 5. 41. 43 TON ps LIU ECM ee 936 |. 15.136143 1O-62 OCR Le de che la ee DIS 2 TA FO 2 5 PME) CRC CCC JToN|Ms-L27. 20 DES SIRÈNE 367 J'ai déterminé le milieu du pañage à 9° s4 55” ou 57", après la première obfervation À, & 30° 43" avant la der- nière G ; l'intervalle de temps écoulé entre la première & la dernière, eft de 3 1° 40". Dans ce même temps le changement de Vénus en déclinaifon a été obfervé de34 #17, & par conféquent ia étérde) 32119" "dans,30 43048 (dé on dans $7",d'où l'on conclut la diflance des bords inférieurs de Vénus & du Soleil en déclinaifon de 6”0"=, Silon cherche cette même diftance par les autres obférvations, rejetant la fe- conde À marquée médiocre , on aura la Table fuivante, DisTANCE des bords inférieurs de Vénus © du Soleil, au mike du Paffage. CE I CPR SR ST TEE OS BOT TPE ES A&G........ 6 0|C&G... 5 59" |D&G.…. 5 552lE& G... 6 3" A&F........ 6. 0:|C&F...5. 57i]D&F 5.51 2ilE & F... 5. 53 4 A&E........ 6 o1|C&E...5. 581|D&E.…. s.51 ANG) DEN, ee ... 6.0,|[C&D...6. 2 AC MONS ET TMC 4 Parun milieu... 6 o+|...... S- 59 Prenant un milieu entre ces quatre déterminations, on aura la diftance des bords inférieurs de Vénus & du Soleil de be $7 3» qui ne difière que de 3 fecondes de celle que j'ai déterminée en premier lieu, de 6” o"+; je la fuppoferai de 6‘ o" +, ainfr que la donne la première eos de la Table ci- deflus, parce que dans les autres il a été fouvent néceffaire de CH he le changement en déclinaifon dans 30 minutes par celui obfervé dans l'intervalle de 6 à 7 minutes ,ce qui dans ce cas ne fauroit être exact, quelqu'exactitude que lon fuppole dans les obfervations ; c'eft par cette même raïfon que je n'ai pas déterminé cette DIRE par les obfervations Æ, G, parce qu'ayant été faites à 2 minutes & demie d'intervalle , une feconde d'erreur dans chaque obfervation en produiroit 30 . dans l'intervalle de 30 minutes. 368 MÉMorREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette diflance n'eft cependant pas encore la véritable ; mais avant d'entrer dans quelque détail à ce fujet, il faut fe rappeler les obfervations faites fur le diamètre apparent de Vénus. En comparant ces obfervations, on trouve une différence de 7 fecondes un quart dans le diamètre apparent de Vénus obfervé immédiatement après l'entrée de cette planète & celui obfervé quelques minutes avant la fortie ; cette différence m'avoit d'abord d'autant plus étonné, que j'avois pris toutes les précautions poflibles, & apporté la plus grande attention à déterminer ce diamètre avec exactitude, ne pouvant cependant admettre une fi grande différence, je l'attribuai à la plus petite hauteur de Vénus fur l'horizon dans l'obfervation du matin, & aux vapeurs qui pouvoient encore refter dans l'air, de façon que j'avois abandonné cette première obfervation , la regardant comme défectueufe; mais réfléchiffant par la fuite fur les cir- - conflances de anneau, non feulement j'en jugeai différem- ment, mais encore je me fuis convaincu que le diamètre de Vénus a dû paroître plus grand ou plus petit fuivant les diffé- rentes heures où il aura été obfervé; & en effet partant du feul fait d'obfervation fans m'arrêter à difcuter ici la caufe phyfique de cet anneau, je rappellerai qu'il a paru en forme de croiffant qui occupoit plus d’un tiers de la circonférence de Vénus, Le matin je l'avois obfervé à la partie orientale de cette planète, & l'après-midi à la partie occidentale, de façon que quoiqu'il: n'ait pu être vifible fur le difque du Soleil *, on voit par les obfervations faites à la fortie, qu’il a parcouru fucceffivement le difque méridional de Vénus. x ; Maintenant, confidérons AB (fig. 3) comme le parallèle de Vénus repréfenté par le fil fixe du micromètre que Vénus parcouroit dans la lunette de 10 pieds placée fur la machine parallactique, les trois lignes ponétuées 4°, F, Z, repréfenteront le fi mobile du micromètre dans les trois obfervations C, D, £, * Ce Mémoire a été imprimé à | tour en France , que cet anneau Saint-Péter{bourg, au commeuce- | avoit été vû à Paris & à Bordeaux ment de 1762, & je n’aisappris | pendant que VénuS étoit fur le qu’au mois d'Oétobre, à mon re- | Soleil. ; l'anneau DES ScrENCES. ‘Tanneau lumineux ayant été confondu avec le difque du Soleil, je n'ai pu déterminer que le diamètre de la partie obfcure qui doit évidemment avoir fubi des variations pro- portionnées aux différentes fituations de cet anneau fur {e difque de Vénus. Dans la première oblérvation du matin ©, il a dù paroître le plus Petit, puifque fon diamètre étoit déter- miné par les deux fils 42 & ZZ; à oh 3 1! V'anneau avoit déjà gagné vers la partie occidentale du difque de Vénus, & par conféquent il a dû paroître un peu plus grand, fon*diamètre étant déterminé par les deux fils 42 & FF; & enfin vers la {ortie, il a dû paroître Je plus grand, & fi ce dernier diffère du vrai, la correction ne doit pas être d'une feconde *, Je le fuppoferai de 1” 4" +, tel qu'il réfulte de l'obfervation immé- diate, & celui du Soleil de 2 A celui oblervé à oh 40'&à 12h 38", prenant un milieu” entre / 20° II fera facile préfentement d'avoir exactement la diflance des bords inférieurs de Vénus & du Soleil, car foit (Fig: 4) ST le bord inférieur du Soleil, O P celui de Vénus, VQ fera la diflance trouvée ci-deflus de 6’ o"+, au lieu que la véritable doit être AN. Il faut donc diminuer la diftance NQ de la largeur de l'anneau QM, le diamètre de Vénus ayant été y x déterminé de 1’ 1 \ + à9"31',& de 14" à 12h 26 on trouve Q M de 3"; ainfi la vraie diflance apparente des bords ‘inférieurs de Vénus & du Soleil doit être de s7"+ Le demi-diamètre apparent du Soleil a été déterminé de % $S 49", & celui de Vénus de 340 264sonraûu donc la diftance ‘apparente des centres en déclinaifon de 9'1 9"+ * Ce diamètre pourra être dimi- nué de quelques fecondes: je déter- minerai cette quantité , en donnant dans un fecond Mémoire lés réful- tats de mes Obfervations : au refte chacun peut fuppofer Je diamètre qui lui paroïtra le mieux conftaté. Cette diminution dans le diamètre de Vénus, Peut avoir lieu fans qu'elle influe dans Ja correction qui dépend de l'anneau: çar plufieurs Aftronomes peuvent différer dans la 2 Mém. 1 7ô 1: 3° détermination du vrai diamètre de Vénus ou d’un aftre quelconque, & s’accorder parfaitement dans la Va- riation apparente de ce même dia- mètre; celui, Par exemple , qui aura trouvé le diamètre trop grand, le trouvera encore, après Ja Variation, trop grand de la même quantité, ainfs que celui qui l'aura déterminé trop petit, le trouvera auff trop petit, mais la variation fera la même dans les deux ças, + Aaa 370 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE En obfervant le diamètre apparent de Vénus avec diffé. - rentes lunettes, j'avois eu pour objet de m'aflurer immédia- tement de la quantité dont ces lunettes augmentoient ou dimi- nuoient le diamètre de la Planète, j'efpérois obtenir ainf un moyen de rapprocher des obfervations qui, quoique faites avec exactitude, pourroient s'éloigner à caufe des différentes. longueurs des lunettes *. Toutes mes obfervations démontrent d'abord que les plus longues lunettes ont augmenté le diamètre de Vénus. I ne s'agit plus que de déterminer ce rapport le plus exaétement qu'il fera poffible. On voit par l’obfervation du matin que la lunette de 19 pieds qui augmente les objets de cent trente-quatre fois, donne le diamètre de Vénus de 30 tierces plus grand que la lunette de 10 pieds, qui ne les augmente que de {oixante - dix: ainfi en fuppofant ce rapport exaét , il faudroit toüjours ajoûter 30 tierces au diamètre de Vénus déterminé avec une lunette qui grofliroit moins qu'une autre dans le rapport de 64. Cette détermination ne s'accorde cependant pas avec les obfervations faites à la fortie avec les mêmes lunettes, puifque le diamètre de Vénus eft le même, tandis qu'il auroit dû être au moins de 30 tierces plus grand avec la lunette de 1 9 pieds : Von voit donc clairement qu'il y a une erreur dans lune des deux dernières obfervations. Si lon combine l’obfervation de la lunette de 10 pieds avec celle de $ , qui augmente les objets de quarante fois, on trouvera que 64 donne 1" 36”” d'augmentation; ainfi le pre- mier rapport de 64 à 30 tierces, tt trop petit de 1° 4”. En combinant l'oblervation faite à la lunette de $ pieds avec celle faite avec la lunette de 19 pieds, 64 donne 27 tierces, qui eft à peu près le même rapport que celui du matin, dé- terminé de 30 tierces. [1 paroïîtroit donc que l'erreur feroit dans lobfervation faite vers la fortie avec la lunette de 10 * Je rapporte ici ces réfultats, fur-tout pour faire connoître que les différentes longueurs des lunettes n’ont pû produire de grandes différences dans la détermination du diamètre de Vénus. UE Se CS LL, où do tt né DES SCIENCES. 371 pieds. Malgré cette apparence, je ne diffimulerai pas qu'il eft très - poffible que l'erreur foit dans lobfervation faite avec 1a lunette de 19 pieds, quoique j'y aie apporté la plus grande attention: ceci paroîtra plus clair, en fe rappelant ce que j'ai dit fur l'anneau lumineux. La lunette de $ pieds & celle de 10 étant placées fur la machine parallaétique, le bord fupérieur de Vénus fuivoit parfaitement le fil horizontal du micromiètre, & alors le fil mobile étoit toüjours tangente dans les deux lunettes au même point du difque de Vénus; au lieu qu'avec la lunette de 19 pieds, les circonftances ne me permettoient pas de faire fuivre parfaitement le fil horizontal du micromètre au bord fupérieur de Vénus. Ainfi ayant obfervé le point 7 du difque de Vénus, fig. > (obfervation Æ), avec la lunette de 5 pieds & de 10, il eft très-poffible que j'aie obfervé le point avec la lunette de 19 pieds, & en conféquence le diamètre de Vénus plus petit. Si on prend un milieu entre les deux déterminations ci-deflus, on aura, pour vrai rapport, 64 à J U] D: ÿ . Ù On m'objectera peut-être que cette correction fuppofe une précifion d'une feconde, tandis que les Aftronomes diffèrent de plufieurs dans le diamètre du Soleil *. IL me femble que ces deux faits ne font pas incompatibles; & en effet, fuppofons que deux Aftronomes obfervent le diamètre d'un aftre quel- conque, même avec des lunettes parfaitement femblables & dans le même lieu, malgré toutes ces circonftances il y aura certainement une petite différence dans leurs obfervations , oc- cafionnée par la façon d’eftimer le contact du fil du micromètre avec le difque de f'aftre; mais la différence, qui doit avoir fa fource dans cette caufe, fera bien moins à craindre, fi le même Aftronome obferve ce diamètre, quoiqu'avec différentes lunettes, fur-tout fi l'obfervation fe fait à peu près dans le même temps : au refle, j'ai moins prétendu donner ici les limites de cette correction que les réfultats de mes obfervations, qui confirment évidemment que les plus longues lunettes au- ront augmenté le diamètre apparent de Vénus. » * Ils diffèrent encore davantage dans celui de Vénus. . Aaaï Fig. PE] ° 372 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Hauteurs correfpondantes du Soleil le €, thermometre 1 1 degrés, Hauteur Heures du foir. Mibi du Soleil, à la pendule, Heures du matin. 8h13 47 |36410'|3" 48" 29"2B. inf.|oh r° 8° 22° 8. 33. 50+ , 3. 28.26 B.inf.lo. 1. 8. 15 SE médio.8. 46. o ANT ut 3. 16. 14 + B. fup.|o. 1.7. 15 8. so. pe 40. 40 | 3. 1. 50 2 B. inf.lo. 1. 8. 37 DO: Ars or |B M2 rEB: inf. | o. T:M8- 052 Par un milieu RES APN PE TRS nr ANGL NE Oo. GCorrecErO nee ee EN MEM Jia ietons ne IST e a É Le 7, thermomètre 1 0 degrés, Heures du matin. ane de maths | Hauteur Heures du foir. Mip1 du Soleil. à la pendule, 3 , 7 Br 6 36” 2110 OAI AOMNTE où 2944500 8. 11. 50:| 36. 30 |3. 50. 56+ oUr.125-10 8.19. 461| 37. 30 |3. 43. 22+médioc.| o. 1. 24. 22 8. 22. 26,1 03725013: 40.217 O2 AS 8. 25. 7 | 38. 10 |3. 37. 407 COMME 8. 27. 46:| 38. 30 |3. 35. 0 CREATION: 8. 33. 112] 39. 10 |3. 5= o. J Par un milieu Correction Midi vraie RAM re Ie Le 8, thermomètre 1 5 degrés. - AD TT TENTE ENS SET NE: CTI NP ENS) Heures du matin.| Haut. du ©.| Heures du foir. Midi à la pendule. 9" 19° 45” 44 40° où 1° 39° 120 9. 22. 467 | 45. oO O. Ie 40. 22 9. 25e 5 OM] 45.20 O-4117:02 2 Panier eee Fi 0.41. 29250 Correction creer — 4. 48 Midravrat ee ee era ORNE LS Le ZM DES SCIENCES 373 APACE) CE RER NS Au Mémoñe précédent , fur les Remarques qui ont rapport à l'Anneau lumineux , 7 fur le diamètre de Vénus, obfervé a Tobolsk le 6 Juin 176 1. Par M. l'Abbé CHAPPE D'AUTEROCHE. "AT avancé dans mes Remarques fur Anneau lumineux obfervé fur le corps opaque de Vénus,que ce phénomène oblige à une correétion au diamètre de cette planète, mefuré avec le micrometre, & à la diftance des centres ; les raifons que j'en donne ne paroiflent point fondées à M. le Monnier, & en conféquence il a 1à à l’Académie le 12 Mai 1702 un Mémoire à ce fujet. * M. le Monnier rapporte d’abord mes obfervations fur le diamètre de Vénus, parmi lefquelles on trouve 7 fecondes de différence entre les extrêmes, M. le Monnier en niant toute correction dépendante de lanneau lumineux, attribue cette différence à un vice dans les obfervations du diamètre, ïf s'explique ainfi : Ces différences qui font très-grandes, indiquent quelque vice de la pari des obfervations , €r l'on n'en Jauroit attribuer la caufe à un foible croiffant qui a été vi (comme à Bordeaux, quoique Lien moins étendu 7 moins vif) Jur le difque opaque de Vénus, avant © après les contacfs internes de Vénus au Soleil. A faffemblée du 19 Mai 1762, M. le Monnier fût une addition à fon Mémoire. J'ai déjà propofé, dit-il, à / Académie les difficultés que je trouvois dans la Differtation impri- mée à Saint - Péterfbourg, laquelle venoit de nous ërre cominu- miquée , ne pouvant attribuer uniquement aux caufes phyfiques, environ 7 fecondes de variation dans le diamètre apparent de Aaa ii 15 Janvier 17653. 374 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Vénus , & cette di ifférence étant trop grande pour qu'il n'y en ait pas une partie à rejeter fur le défaut des obfervations, je me fuis Jondé d'abord fur le concours de tant d'Objervateurs qui ont mefuré le diamètre de Venus, qu'il n'efl pas poffible d'admetre ce chamètre apparent le 6 Juin 176 1,vû fur le Soleil, plus grand que 60 Jecondes ; d'ailleurs , une lumiere auffi Joible que celle du Bail fant, n'étoir pas fiffifante pour altérer la circonférence du difque apparent de Venus ; mais comme la variation du diametre appa- rent de Venus fubf ifle . quelques limites qu'on veuille donner au défaut des obfervations , il faut concevoir, qu'indépendamment de l'atmofphère de Vénus, il y a une caufe particuliere qu'il ef à propos de confiderer ici. Je renvoieau Mémoire de M. le Monnier pour l'explication de cette deuxième caufe qui a dû occafionner une variation dans le diamètre de Vénus, & diminuer de quelque chofe la variation de 7 fecondes que j'indique, dont le fuperflu doit être rejeté fur le défaut de mes obfervations; je me borneraï à examiner ici fr l'anneau lumineux, vû fur l partie opaque de Vénus, a pü altérer fa circonférence indépendamment de toute autre caule, ainfi que je l'ai avancé, Quoique certain en rapportant mes remarques fur cet anneau, imprimées à Saint-Péterfbourg, qu'il avoit altéré la circonférence de Vénus, je n'avois point approfondi cette matière, perfuadé que les obfervations des autres Aftronomes procureroient de nouvelles lumières fur cet objet: la correction qui dépend de cette altération , fuppofée nulle, me feroit devenue indifférente, & me le feroit encore, fi après l'avoir examinée de plus près, & même dans le defir de la trouver inutile, je n'avois reconnu au contraire pour une vérité des mieux conftatée & des plus décidée, altération de la circonférence de Vénus par cet an- neau ; c'eft ce qui me refte à prouver. Que la lumière de cet anneau ait été ou plus foible, ou d'égale intenfité que celle du Soleil, ceux qui n'ont point vü cet anneau pendant que Vénus étoit fur le Soleil, n'ont pü le melurer, car on ne fauroit melurer ce qu'on ne voit pas: 4j Dies S\c 1 El NC E 6 7 on m'objeétera peut-être que la lumière de l'anneau, plus foible que celle du Soleil, a été confondue avec le corps opaque de Vénus, & qu'ainfi on. aura toûjours mefuré le vrai diamètre apparent de cette planète. Vénus a paru fur le Soleil à tous les Aftronomes d’une couleur parfaitement noire, & c'eft cette partie qu'on a mefurée; & fi Vénus avoit paru de différente couleur, on auroit vû l'anneau. Pour avoir donc confondu l'anneau avec le corps obfcur de Vénus, il faudroit pouvoir fuppoler que cet anneau lumineux hors du Soleil, füt devenu parfaitement noir fur cet aftre, puifque ce qu'on a mefuré avoit cette couleur ; il eft donc évident que, même dans la fuppo- fition que cet anneau lumineux auroit été d'une lumière beau- coup plus foible que celle du Soleil, il aura été confondu avec cet Aftre & non avec Vénus : au refte, je n'ai prétendu donner les limites de l'altération de fa circonférence de Vénus par cet anneau, qu'avec l'exactitude qu'on peut obtenir avec le micromètre, & on ne peut en exiger d'autre ; mais comme on pourroit m'objecter que dans les meilleures obfervations, faites avec le micromètre, il peut fe glifier des erreurs de plufieurs fécondes, j'ajoûterai que jé ne me fuis point fondé feulement dans la recherche de laltération de la circonférence de Vénus, fur les feules obfervations faites avec le micro- mètre, mais fur l'obfervation immédiate de l'anneau, faite à l'entrée de Vénus fur le Soleil; & en effet, faifant abitraétion de mes oblervations fur le diamètre de cette planète ,on trouve dans mon Mémoire, page 363, que cet anneau a employé 48" + de temps à entrer fur le Soleil, & le difque entier de Vénus 18° 21" À, ainfi en fuppofant même le diamètre de Vénus de $8",& en faifant cette proportion, 18° 21" L eft au diamètre de Vénus 58", comme 48" + eft à un qua- trième terme, on trouve 2"+ pour la largeur de la partie de lanneau où {e fit limmerfion totale, & qui n'étoit pas la plus large. Aïnli, quelque fuppofñtion qu'on faffe, la circonférence de Vénus aura du moins été altérée de cette quantité indé- pendante du micromètre, & dans laquelle on ne peut fuppo- fer la plus petite erreur, & par conféquent il reftera toüjours 376 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE très-décidé que la circonférence de Vénus a été altérée par cet anneau, ainfi que j'avois promis de le démontrer. M. le Monnier en partant de la fuppofition que cet anneau vû fur la partie opaque.de Vénus, n'a pu altérer la circonfé- rence de cette planète, a attribué au défaut de mes obfervations, l'altération qu'elles indiquent ; mais fuppofant même qu'elle n'ait pas eu lieu, j'examinerai préfentement fi les différences qu'on trouve parmi mes obfervations fur le diamètre, font de nature à indiquer un vice dans ces obfervations. Parmi mes obfervations les plus difcordantes, on trouve entre les extrêmes 7 fécondes de différence , le diamètre de Vénus ayant d'abord été déterminé de 57" 33°”, & après midi de 64” À. M. Je Monnier dit dans fon Mémoire, qu'on ne peut admettre le diamètre de Vénus plus grand que Go fecondes, d'autres Aftronomes le fuppofent même de 58 à 59 fecondes ; en comparant à ces hypothèfes mes obfervations les plus difcordantes, qui font celles qui donnent le diamètre de Vénus de 57° 33", & de 64" +, celle-ci différera de 5 fecondes environ de ces deux hypothèfes, mais la première s'accordera parfaitement ,puifqu'on ne trouve qu'une feconde & demie de différence, & f1 on prend au moins un milieu entre ces obfervations qui font les plus difcordantes, ainfi qu’on le pratique toüjours en Aftronomie, on aura le diamètre de Vénus de 6 1 ‘feécondes, qui ne diflérera que de r feconde de celui de 6o fecondes, & de 2 fecondes & demie de celui de 5 8 à 59 fecondes, & on ne peut exiger un plus parfait accord. Si on prend un milieu entre les fept obfervations que j'ai faites fur le diamètre de Vénus, on l'aura encore de 6 1 fecondes un quart, quoique l’obfervation faite avec la lunette de 5 pieds, & qui m'eft defavantageufe, dût en être féparée, puifque je n'avois en vüe alors que des expériences fur des différentes lunettes, comme on la vü dans mon Mémoire, page 370. Si on ne fait ufage que des quatre premières obfervations, on a alors le diamètre de cette planète de $ 8 fecondes & demi qui s’accorderoit encore mieux avec les deux hypothèfes ci- deflus: ainfi dans tous ces cas, mes réfultats fur le diamètre donnent SN Mende lc R-des Ve.176. pag 376 pla. ral du Joli dans une lunette à deuæ VErrs. L Mende dite Rider Ve 26 pue Sp ne Bord aushul du Tele dindtane Re verre) Fig 4. T7 : gr. Ve "INDES SéTENcCES. M 377 donnent fa grandeur de 53 {econdes & demi, & de 6x, &. par conféquent parfaitement d'accord avec celui qu'on fuppofe, dont le plus petit paroît être de $ 8 fecondes, & le plus grand de 60. Je rapporte ici une Table des obfervations des Aftro- nomes de l’Académie, fur le diamètre de Vénus > Où l'on peut voir d’un coup d'œil que leurs réfultats ne s'accordent pas avec plus d'exactitude, & me borne à expolèr ces faits. M. le Cardinal de Luynes................ 5554 MSbMARCaile 1 EAST HÉMSE 0 58”,1 & 60,1 Me iandéiyh.satban en Maud 5 578 Pin a db AS finie vincent cn ils ‘ 55,2 À Tobolsk, par un milieu. :..:....,..,.. 58"+ &:61. Die Ve re EURE V6 ss TS PRES TRE UN DE DORE LC EI ET VE 0 56. 4 M. Maraldi, Ÿ 7 4er 57. 10 DAS ACER Ma Cham 5 59 4 CARE UE De et ef Le dr 56. 52 LA ALES TITRES RSS ITIANIO OS ATTO 51 57 29 Par an ment. LS, 1919, SE : 49 EPA DURE J'ai donné dans mon Mémoire toutes mes obfervations far le diamètre, fans en retrancher une feule, & telles que, je les ai, faites, j'ai même infifté dans la Préface imprimée à S.'-Péterf- bourg, fur la néceffité de rapporter ces obfervations dans fe plus grand détail : il arrive fouvent que des différences dans des .obfervations, quand on en ignore la caufe, fervent à la mieux conflater quand on l'a reconnue; & après les preuves que, jai données de faltération de 1 circonférence de Vénus par l'anneau lumineux ,on ne peut douter que ce phénomène, ne foit une des caufes des différences qu'on trouve dans des: diamètres déterminés par les différens Aftronomes ; je fuis perfuadé que fi tous les Aftronomes d'Europe avoient publié Je détail de leurs obf@rvations fur le diamètre, celles qui auroient été faites avec foin, auroïent encore mieux indiqué .que leurs réfultats, l'altération de A circonfcrence de Vénus. | Men. 17010 . BbB 21 Novemb. 1761. 378 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATION DLE L'ÉCLIPSE DU 4" SATELLITE DE JUPITER, Faite à l'Obfervatoire royal le 19 Novembre 1761. Par M. MARALDI. J "AT obfervé jeudi au foir, 19 de ce mois, une Éclipfe du quatrième fatelite de Jupiter, qui eft de la plus grande importance pour la recherche des élémens de fa théorie. Voici. mon Oblfervation. 9 Novembre. A 4h 57" 16” temps vrai, immerfion totale du : quatrième Satellite dans l'ombre. 6. 56. 29. Commencement de l’émerfion. Ces phales ont été obfervées avec une lunette de Campani ; de 15 pieds de foyer: le ciel étoit parfaitement ferein, mais il faifoit encore jour au temps de limmerfion, ce qui a pü faire anticiper cette phafe & prolonger la durée de cette écliple; cependant la demi-durée n'a été que de 59° 36”, & prouve l'infuffifance de l'hypothèfe que j'ai propolée en 175 8, fur Le mouvement des nœuds de ce Satellite & fur linclinaifon, que je fuppof conflante, de 24 36"; car füivant cette hypothèke, le lieu du nœud afcendant du Satellite étoit dans 17% 43° du Verfeau, éloigné de 464 38" du lieu héliocentrique de Jupiter, qui étoit dans 44 21” du Bélier, par conféquent la demi-durée de cette éclipfe auroit dû étre de 1° 6° 31". Si lindlinaifon eft conftante, le mouvement des nœuds n'eft pas fi grand que je le fuppofe, où bien F'inclinaifon eft variable : je l'ai fuppofée d'abord conflane ; & avec cette inclinaïfon ,. la demi-durée de cette éclipfe & le démi-diamètre de la fection de l'ombre de Jupiter dans lorbe du Satellite, j'ai calculé la diflance de Jupiter au nœud afcendant, que j'ai trouvée de 482 15"; doù jai conclu Ie lieu du nœud afcendant dans DES ScrENCES 379 x 64 6" du Verfau, moins avancé de 14 37'que fuivant mo hypothèfe; mais fr on fuppofe l'inclinaïfon variable, on 1a trouvera de 24 40° 7", en fuppofant, faivant mon hypothèfe ; a diflance de Jupiter au nœud afcendant, de 464 38°. Je n'ai pas envie de foûtenir mon hypothèfe, mais voici quelques remarques que j'ai faites à loccafion de cette ÉclipR, qui font autant de confidérations qu'il faudroit faire entrer dans Le calcul de la durée des Écliptes du quatrième Satellite. J'ai remarqué, 1.” que dans cette Éclipl, le Satellite étoit dans fa plus grande diflance de Jupiter, ou dans l'apojove, car fon anomalie étoit de 11{ 1842; 2. que fi on fuppofe le plus grand demi- diamètre de l'ombre de Jupiter dans le périjove ou dans la plus petite diflince du fatellite à Jupiter, de 24 8 ", demi-diamètre fera, dans lapojove, de 24 5 56", avec lequel On trouvera, dans mon hypothèfe du mouvement des nœuds & de l'ininaifon conftante, la demi- durée de lÉclipfe du d9 Novembre, de 18 118", à 1! 42" près de ce qu'elle a été obfervée, ; 380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MÉMOIRE SUR LES TOURBIÉRES DE VILLEROY, Dans lequel on fait voir qu'il feroit tres -utile a l& Beauce qu'on en ouvrit dans les environs d'Étampes. ‘Par M. GUETTAR D. À À nature, la compoñition & la production des Tourbes, * font: cértainement connues maintenant , ou elles ne le feront: jamais: leur caufe ne l'eft guère moins, on ne doute plus: que les tourbes ne foient un amas de parties végétales pourries qui s'accumulent journellement, & qui étant épuifées; fe reproduifent enfuite. On en reconnoît de .deux efpèces à les unes font compofées de plantes marines, les autres de plantes terreftres ,ou qui viennent dans les prairies. On fuppole que les premières ont été formées dans le temps que la mer recouvroit la partie de la Terre qui eft maintenant habitée, on veut que les fcondes fe foient accumulées fur celles-ci; on imagine, fuivant ce fyflème, que les courans portoient dans des bas-fonds formés par les montagnes qui étoient éle- vées dans la mer, les plantes marines qui fe détachoient des. rochers, & qui ayant été balottées par les flots, fe dépofoient dans des lieux profonds. Cette production de tourbes n'eft certainement pas im- poffible; la grande quantité de plantes qui croifient-dans la mer paroït bien fuflfante pour former ainfr des tourbes : les Hollandois mêmes prétendent que la bonté des leurs ne vient que de ce qu'elles font ainfi produites, & qu'elles font péné- trées du bitume dont les eaux de la mer font chargées. En avouant qu’il peut y avoir des tourbes dont la caufe productrice loit telle. feroit-il iufte d'en conclure, avec quelques. rats Fe ï pets Sion Nice is 381 Auteurs , que les tourbes qui fe trouvent à des profondeurs confidérables font de cette nature, & que celles qui font fu- perficielles ne font dûes qu'aux plantes des prairies, qui fe font produites fur ces anciennes tourbes! Une femblable conclufion me paroîtroit hafardée, & tenir un peu d'une fuppofition: gratuite, qu'on pourroit peut-être infirmer par de bonnes raifons, & qui ne paroïît pas du moins auffr bien établie fur des expériences & des obfervations, que l'eft la produétion des tourbes accumulées par les plantes des prairies qui fe détruifent journellement. Si la production de ces tourbes avoit encore befoin de preuves, je crois que les obfervations que j'ai faites fur celles de Villeroy pourroient en fournir qui lui feroient très-favo- rables, comme on fera en état d'en juger par la defcription: fuivante. . Les tourbieres d'où on les tire font placées dans la vallée: où coule a rivière d’'Effone; la partie de cette vallée peut s’é- tendre depuis Roify jufqu'à Efcharcon : le château de Villeroy qui eft prefque vis-à-vis de ce dernier endroit étant plus connu que ces deux villages, cela eft caufe que les tourbières ont pris le nom de tourbières de Villeroy, quoiqu'on dût pluftôt les appeler tourbières de Roiffÿ, puifque c'eft vers cet endroit: que l'on à commencé à en fouiller. Si lon avoit eu égard à la bonté des différentes fortes de tourbes qu'on tire de cette vallée, on auroit pluftôt dû donner aux tourbières le nom de tourbières d'Efcharcon, celles qu'on fouille vers cet endroit étant, fuivant les ouvriers mêmes, plus parfaites, plus fraîches, moins remplies de fable ou de terre, &, comme difent ces ouvriers, métant point coguilleufes où eféargoteufes. Les prairies où elles font ouvertes, font affez mauvailes, elles font remplies de joncs, de rofeaux, de prèles & autres plantes qui croiffent dans les mauvais prés: on fouille-ces prés’ jufqu'à la profondeur de huit à dix pieds ; les trous qu'on fait ont ordinairement deux à trois toiles carrées d'ouverture, ils hiflent voir: plufieurs lits pofés de la manière fuivante. Après kB couche qui forme atuellement le {ol de Ha prairie, eft placé RER Bbb üj” 382 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe un lit de tourbe qui peut avoir un peu plus ou un peu moins d'un pied, il eft rempli de plufieurs efpèces de coquilles fluvia tiles & terreftres ; les fluviatiles font le petit, le grand & le moyen comets de Saint-Hubert ou planorbis, le petit & le grand buccins de rivière qui fe trouvent auffi communément dans les étangs, le buccin qui a la bouche évalée, celui qu’on appelle le joli buccin de Columna; les terreftres font les petits baril- lets, ceux qui portent les noms de grains d'orge & grains d'avoine, celui qui a la bouche de côté, le petit à opercule, le laquais. Ces coquilles qu'on pourroit, avec quelque foin, ramaffer dans le banc même de tourbe qui les renferme, fe trouvent beaucoup plus facilement fur la furface de l'eau qui remplit les trous dont on a tiré de la tourbe, & qu'on a lhaiflés quel- que temps fans les vuider. Le banc de tourbe coquilleufe ayant été lavé par ces eaux, laifle tomber les coquilles, qui, à caufe de leur légèreté, nagent fur la furface de cette eau: lorfqu'elle ft agitée par le vent, les coquilles fe raffémblent dans les sangles formés par les côtés des carrés, il eft alors facile d'en ramafler à poignées. Ces coquilles ont perdu une partie de leur fubflance, & font, comme je viens de le dire, légères en comparaifon de ce qu'elles étoient avant cette perte; {eur couleur naturelle n’exifte plus, elles font devenues blanches. Le banc de tourbe qui les renferme, eftcommunément terreux, ceux qui le fuivent font à peu-près de la même épaiffeur, & d'autant meilleurs qu'ils font plus profonds ; les tourbes qu'ils fourniffent font d’un brun noir, lardées de racines de rofeaux, de joncs, de cypéroïdes & autres plantes qui viennent dans les prés: on. ne voit point de coquilles dans ces bancs, fans doute qu'elles font détruites, que dans le temps de leur for- mation ils devoient en être parfemés, & que celui où lon en trouve une f1 grande quantité maintenant les auroit perdues par la fuite, fi on n’eût pas fouillé ces prés. On ne defcend pas plus bas que huit à dix pieds, l'eau y formant un obflacle par fon abondance, ce qui vient fans doute de ce que l'eau de la zivière qui coule dans ces prairies fuinte à travers Îes tourbes, DES ScrEeNcEs 383 & parvient facilement jufqu'aux trous, parce qu'elle trouve moins de réfiflance de ces côtés, On a quelquefois rencontré dans la maffe dés tourbes, des fouches de faules & de peupliers, & quelques racines de ces arbres, ou de quelques autres femblables; on a découvert du côté d'Efchareon un chêne enfeveli à neuf pieds de profondeur, ä étoit noir & prefque pourri, À seft éonfommé à fair; un autre a été rencontré du côté de Roiffy, à la profondeur de deux pieds, entre la terre & la tourbe; on a encore vû près Eftharcon des bouts de bois de cerf, ils étoient enfouis jufqu'à trois où quatre pieds, de même que de la vieille tourbe que les ouvriers affurent ne fe pas confondre avec la nouvelle: ils m'ont auf afluré avoir trouvé un fquelette prefqu'enitier de fanglier, qu'its reconnurent aux défenfes qui pouvoient bien avoir un demi- pied de longueur. L'exploitation de ces tourbes fe fait de la même manière que l'exploitation de celles des environs d'Amiens: on s’eft même d'abord fervi d'ouvriers qu'on avoit fait venir de cet endroit: ces ouvriers. font de trois fortes, ou on les diftingue en trois bandes, favoir, en bécheurs, brouetteurs & puifeurs. Les bécheurs fe fervent d'un inftrument qu'ils ap-- pellent louchet à ailes, où, par corruption, louchetgelle : cet. inflrument eft une bèche large d'environ un démi-pied fur un: peu plus de longueur ; elle à dans là moitié de fa longueur , . d'un côté feulement, une aile ou aileron de quelques pouces : de largeur & de longueur ; cette bèche eft emmanchée d'un. bâton rond qui finit par une poignée polée tranfverfilement far le manche. Les bécheurs coupent, au moyen de cet inftrument, la: terre par quartiers , qui font de la longueur de là bèche; ils: n'ont même pas plus de largeur, l'aileron fixant cette largeur : : les bécheurs jettent chaque pain qu'ils ont coupé aux brouet- teurs, qui font fur le bord du trou qu'on fouille : ils ne les. Ôtent pas pour cela de deffus la bèche, mais ils Les jettent en: l'air avec cette bèche ; les brouetteurs les reçoivent dans leurs : mains, ce qui s'exécute avec autant de promptitude que d'adreffe, , 384 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & les arrangent dans les brouettes, qui ne diffèrent des brouettes ordinaires qu'en ce qu'elles font plus étroites & que leur dos eft beaucoup plus haut. Les brouetteurs mènent ces pains dans une aire deftinée à les recevoir: chacun de ces ouvriers, à mefure qu'il les amène, les arrange en tas, qu'on appelle des pikertes ; elles font faites, de façon que la bafe eft plus large que le haut; de forte que s'il y a quatre ou cinq pains à la bafe, il n'y en a que trois ou quatre au fecond rang, & ainfi jufqu'au haut , en diminuant proportionnellement le nombre de ces pains. Lorfque les pilettes font sèches, on les met en charelers , c'eft-à- dire en piles carrées & pleines: on défait enfuite ces châtelets pour arranger les pains en lanternes, c'eft-à-dire que on donne à ce nouvel arrangement la forme d'un cone à jour. Enfin, on ramafle toutes ces lanternes & on en fait de groffes piles de plus d'une toife carrée à la bafe, & on:arrange les. pains de façon que le total eft en dos d'âne. On couvre de paille ces piles; on ne fait cette dernière opération que lorfque les pains font très-fecs, & ce n’eft que pour les bien fécher qu'on les arrange de plufieurs façons, afin de les tourner & retourner en tout fens. Pendant que les tourbes fe sèchent, elles de- viennent quelquefois en partie blanches: ce blanc n'eft formé que par de la moififfure, & non par des parties falines ou ful- fureufes, comme on pourroit le penfer, en voyant fur-tout les pigeons becqueter ces tourbes pendant qu'elles sèchent. Tout le monde fait que ces oifeaux aiment beaucoup à becqueter les murs & les carrières chargés de fel marin ou de nitre : les murs du Grenier-à-fel d'Etampes en ont été prefque dégradés. L'’épuifement des eaux des tourbières fe fait au moyen d'une bafcule , à un des bouts de laquelle eft fufpendu , par le moyen d’une corde, un très-grand feau, & à l'autre font attachées quatre ou cinq cordes réunies en une par le haut, c'eft-à-dire par l’ex- trémité qui eft attachée à la bafcule; ces cordes font tirées par autant d'hommes. La bafcule, qui n'eft qu'une forte perche, ft portée fur une grofle pièce de bois, retenue par quatre ou 1 mener Sc Lx NiCtEMs: 385 ou cinq autres femblables pièces , enclavées dans des traverfes qui font le pied de toute la machine. L'eau qu'on tire des trous eft très-noire;' elle eft verfée par un puifeur pofté fur le bord du trou, dans un fofié ou rigole faite exprès, qui communique à la rivière {a). Comme les prés ne permettent que très -difhcilement aux charrettes d'y entrer, on a fait un canal de deux ou trois toiles de large, qui les traverfe dans toute leur largeur , pour recevoir les pleurs de la terre & pouvoir, au moyen de petits bateaux, mener à terre les pains de tourbe /b) & les charger fur les charrettes qui les apportent à Corbeil, où ils ‘ font embarqués pour Paris & eonduits par la Seine. Il auroit été très-commode de les tranfporter à Corbeil par la rivière d'Étampes qui pafle au milieu des tourbières, mais il a été im- poflible de le faire, à caufe du grand nombre de moulins qui {ont fur cette rivière depuis les tourbières jufqu'à Corbeil. On ne conduit pas à Paris feulement, des tourbes, mais du charbon fait avec ces tourbes ; ce charbon fe fait de la manière fuivante. On fe fert d'un four qui a la forme d’un cone renverfé, femblable à ceux de Vichy ; de Lyon & de plufieurs autres endroits de a France, dans lefquels on fait de la chaux : celui où lon brüle la tourbe eft de douze pieds à fon ouverture, fur dix de hauteur; un de fes côtés a une porte haute de quatre à cinq pieds, fur plus ou moins de deux en largeur; vers le bas du cone eft une voûte à ventoufes, cette voûte porte la tourbe; au deflous eft placé le peu de feu qui eft néceffaire pour allumer la tourbe ; lorfqu'elle a fufhfamment pris feu, on bouche le trou qui a communication avec l'air extérieur; on ferme aufii la porte avec des briques, qu'on maçonne exactement /c). (&) J'ai appris que depuis le temps où j'ai examiné ces tourbières, on fe fervoit , au lieu de bafcule , d’une machine qu’on faifoit mouvoir avec deux chevaux , & qu’on tranfportoit cette machine d’un endroit à l’autre, felon le befoin. Méëm, 1761. (b) On fe fert maintenant pour cela de mulets. (c) On a fait depuis quelque temps des changemens à ce four, il eft beaucoup plus large & plus.profond ; l'on en a fait aufli quelques -uns à Ja porte, On prétend que le char- CCC 386 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE Lorfqu'on a rempli le four de tourbe, on la couvre de terre & on la laifle brûler peu à peu; la mafle totale s'affaifle, &c l'on reconnoit qu'elle eft cuite lorfqu’elle ne jette plus de fumée. Si on remue la tourbe par-deflus, & que ce foit la nuit, on voit fortir une flamme violette femblable à celle du foufre qui brûle; l'odeur qui fort du four eft aufft fulfureufe & très-forte, Il s'attache le fong des parois du four de petites écailles blanches, brillantes comme du nitre; les Chaufourniers veulent que ce foit de ce fel. On cuit à chaque fournée trente voies de charbon à feize boiffeaux par voie, mefure de Paris. On a d'abord fait ce charbon fuivant la méthode employée pour le charbon de bois, elle a été abandonnée, la tourbe fe confumoit trop, & le charbon devenoit par - à trop coûteux : il f faifoit en deux ou trois jours, il faut au moins huit jours én fe fervant du four : ce temps ne compenferoit-il pas la perte qu'on faifoit en fuivant la première manière de scuire cette tourbe ? il femble que les Chaufourniers ne le penfent pas: il ne m'a pas été poffible de conftater fufffamment ce fait. La meilleure tourbe pour le charbon, eft celle qui fe tire proche Efcharcon; elle a, comme je fai dit ci-deffus, plus de corps, elle efl moins mouffeufe , le charbon éteint avec de l'eau eft moins noir ; lorfqu'il eft éteint , s’il vient à { rallumer, il charge de'cendres & devient veiné de parties blanches. Lorfque ce charbon fe fait bien, il ne doit pas fe trouver de cendre fous la voûte du four, ou du moins il doit s’en trouver très-peu ; autrement la tourbe fe feroit confumée, celle du moins qui auroit fourni cette cendre, ce qui feroit une perte. Pour que le charbon foit bien cuit, il faut qu'il foit très-noir & fonnant. L'ufage de ce charbon & des tourbes, qui commence à s’éta- blir, non feulement à Corbeil & dans fes environs, mais dans Paris même, en prouve la bonté; elle a été reconnue dès le commencement par les épreuves qui en avoient été faites par M. Hellot, de cette Académie, dont le rapport fut très-favorable, bon y cuit mieux & qu'il eft moins | tourbieres , il y en a bien maintenant expolé à fe confumer. Il n’y avoit | près d’une vingtaine, qu’un four lorfque j'allai voir ces DES SCIENCES. 387 & par lequel il fut établi que ce charbon étoit très-bon pour les ufages auxquels les Entrepreneurs des tourbières prétendoient qu'il étoit propre , comme pour les fourneaux des cuifines &c de beaucoup d'Ouvriers *. Les tourbes furent auffi, par ces expériences, trouvées de bonne qualité. Il y a donc lieu d’efpérer maintenant que les tourbières de Villeroy ne tomberont pas dans oubli où elles étoient tom- bées depuis qu'on avoit penfé à s’en {ervir, Dès 1 616 , le fieur Charles de Lamberville, Avocat au Confeil privé du Roi & en la Cour du Parlement ,avoit penfé à rendre utiles les téurbières , non feulement de Villeroy , mais d’un grand nombre d'autres endroits de la France : après bien des peines, des foins & des voyages , il étoit enfim parvenu à obtenir la permiflion d'ouvrir des tourbières par-tout où il lui paroîtroit convenable d'en ouvrir; il paroït même, par un-extrait des Regiftres des Eaux & Forêts de France, au Siége général de la Table de marbre du Palais à Paris, qu'il fut pourvû de l'office d’Intendant & Contrôleur général des tourbières de France; mais fa mort , qui arriva peu de temps après, empêcha toutes fes entreprifes. C'eft ce qu'on apprend par un paflage du Traité des tourbes combuftibles, par Charles Patin : on lit à la page 8 de ce Traité, «qu'il n'y avoit pas trente ou quarante ans, lorfque Patin écrivoit, qu'un homme qui avoit beaucoup d'efprit , & qui étoit fort entreprenant, fit tirer vers Eflone plus de deux cents mille tourbes, pour fervir d'échantillon à lufage qu'il en vouloit rendre public; mais fa mort empêcha la réuffite de ce grand deffein, ne s'étant trouvé perfonne qui eût le courage, les moyens & l'intelligence né- ceflaires pour le pourfuivre. » Cet homme, que Patin taxe d'être entreprenant, eft proba- blement le fieur de Lamberville; Patin le nomme du moins un peu plus bas, où il dit que « le R. P. Merfene rapporte une lifte de Ja plufpart des petites rivières qui fe déchargent dans les quatre: plus grandes rivières de France, fur lé bord defquelles on. peut trouver des tourbes; il: favoit appris du fieur de Lamberville, qui en‘avoit traité fort amplement. dans fes difcours politiques. » Ccc i * Voy. l'Anis au Public fur le charb, de rourbe , 1749 » feuille volante, in-4.° Voy, Charles de Lamberville, Difeours politiqe ÛT économiques Paris, 1626, in-12. LC4 « Voy, Chart, Parin, Traité des Tourbes « combufñbles , page #, Paris, 1663,in-4° a (< An (4 € Jhid, page ge 388 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE On ne peut qu'être furpris de voir qu'après les travaux de M. de Lamberville, après l'ouvrage de Patin, & fur-tout après les expériences qui avoient été faites des tourbes que M. de Lamberville avoit fait tirer, l'ufage de ce foffile ne fe oit pas établi plus tôt, principalement à Paris, Ces expériences font rapportées dans l'Extrait des regiftres de la Table de marbre, cité ci- defflus. Ib y eft dit « que le placet préfenté par le fieur de » Lamberville à Sa Majeflé ayant été renvoyé en fon Confeil, » pour donner advis, pour, fuivant le contenu en iceluy, luy être » pourveu‘ainf qu'il luy appartiendroït, & à nous par ledit » Confeil, pour accélérer lequel advis, & faire voir au Public » l'utilité defdives tourbes, nous auroit, iceluy de Lamberville, » requis acte de ce qu'il auroit préfentement en notre préfence, » & defdits Avocats & Procureur général du Roy, fait l'expé- >» rience defdites tourbes dans la cheminée de ladite Chambre, » pour luy fervir ce que de raïfon; fur quoi, du confentement » dudit Procureur du Roi en cettedite Cour, nous avons donné » acte audit de Lamberville de ladite efpreuve par luy préfen- » tement faite en nos prélences, defdites tourbes, & de ce que » nous avons veu & recognu icelles brufler & rendre feu & » flamme propre à chauffer, par le moyen de quoy efliméns » que l’ufage d'icelles apporteroit une grande defcharge & efpargne » des bois & forefts, tant du Roy que des Eccléfifliques, » Seigneurs & Particuliers, & un grand foulagement aux pauvres gens. » Malgré cette atteflation avantageufe , lufage des tourbes ne fut pas établi, celles que M. de Lamberville avoit fait tirer à Eflone furent abandonnées & brûlées fur les tourbières mêmes par des Bergers, c'eft ce que nous apprenons encore de Patin. « Des Bergers, dit-il ayant froid en hiver ,firent du feu avec V Traité des, du chaume & des büchettes contre le monceau de tourbes, Pr Ve.» qu'ils ne jugeoient être que de la terre ordinaire, maïs ils furent » bien furpris de voir brüler ce grand amas que f'entrepreneux » avoit mis à pour {écher, qu'on ne put jamais éteindre avant » fon entière confommation. Les anciens habitans du pays difent que ce feu brüla trois jours & trois nuits. » ensns— MEN SNS COLE MAGLERS 389 Après ces faits, il eft étonnant qu'on ait été fi long-temps à fentir fortement Futilité des tourbes pour la confommation de Paris: la raifon principale de cette efpèce de négligence prend fa fource dans l'abondance de bois où l’on étoit alors, quoi- qu'on commençât cependant dès ce temps à s'apercevoir qu'elle n'étoit pas aufli grande que par le pafé; M. de Lamberville fe plaignoit même que cette abondance dimi- nuoit confidérablement, & qu'il y avoit tout à craindre pour 11 deftruétion des bois & des forêts. On ticha alors de faire venir du bois du Danemarck & de la Norwège, par la mer & la rivière de Seine, comme on en avoit fait venir d'Efpagne & de Navarre par la Garonne. « Ce que mayant pü réuflir, dit M. de Lamberville,@à caufe des grandes voitures & loix fondamentales defdits pays , contraires audit tranfport , on ef contraint d'achepter le cent de coterèts cent fols & davantage, au lieu de feize fols parifis qu'on fouloit l'achepter, comme on peut recueillir des Arrêts de la Cour , du règne de Charles feptiefme. » M. de Lamberville fe récrieroit bien autrement fur lé prix de ce mème bois, sil vivoit maintenant, puifqu’il vaut environ quinze francs le cent pris {ur le port, & plus de quinze francs chez ceux qui le revendent. I n'y a guère lieu d'efpérer de voir de nos jours ce prix diminuer : les reffources qu'on pouvoit trouver du temps de M. de Lamberville, peuvent encore moins fufhre maintenant. [l paroït par fon écrit, que les bois flottés en étoient alors une qu'on craignoit de perdre, I n'en étoït plus dès ce temps comme en 1 449, où un Marchand de Paris, nommé Rouvet, imagina de faire venir par trains les bois du Morvant, ce qu'on imita enfuite pour le bois de la forêt de Lions qu'on tiroit par la rivière d'Andelle. Ce fecours fi utile alors peut à peine fufhire à préfent ; il fmble donc qu'on ne pourroit de nos jours en trouver un confidérable que dans l'ufage fréquent des tourbes, & Von ne peut que louer & favorifer les entrepreneurs des tourbières de Villeroy , qui depuis quelques années ont repris le projet de M. de Lamberville. L I! feroit même à fouhaiter qu'on donnât à ce projet toute Ccc ii s s 390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'étendue que lui avoit donné M. de Lamberville; aucun pays n'en pourroit certainement plus profiter que la Beauce: ce pays fi fertile en blé, eft, comme tout le monde fait, pref- qu'entièrement dénué de bois ; à peine y trouve-t-on un arbre pour , dans le befoin, fe mettre à fabri. Rien ne feroit donc plus utile à la Beauce, que d'ouvrir des tourbières dans les environs d'Etampes : cette ville eft à la porte de cette pro- vince , elle eften quelque forte un entrepôt du blé qu'elle fournit à Paris; les marchés qui s’y tiennent font des plus forts, & il y vient toutes les femaines une quantité de charrois qui pourroient , en s’en retournant, emmener de la tourbe , ce que pourroient auffi faire les charrettes qui amènent de l’Orléanois du vin à Paris. Les tourbières d'Etampes ne feroient pas même inutiles au Gâtinois: prefque tout le vin de ce canton paie par Etampes, en venant à Paris; par conféquent les charretiers pourroient, à leur retour, charger de tourbes leurs charrettes, qu'ils conduifent ordinairement à vuide. Un magafn qu'on établiroit à Etampes faciliteroit ce chargement , qui autrement pourroit fouffrir quelque embarras, les charretiers qui viennent à vuide de Paris étant obligés de charger du pavé pour la route d'Orléans, qu'ils prennent à Eltrechy & qu'ils déchargent à Étampes, excepté le cas où ils font obligés de le mener juf qu'aux endroits de la route qui ont befoin d'être réparés. Ce n'eft certainement pas faute de tourbes fi ce projet ne s'exécute pas dans les environs d'Etampes; les fouilles qu'on y a faites dans plufieurs endroits des prairies de la banlieue de cette ville, en ont fait découvrir qui ne le cèdent point en bonté à celles de Villeroy. Des canaux qui ont été ouverts” près les châteaux de Chamarante & du grand Jeurre, l'ont été dans des maflifs de tourbes: ces tourbes ne font point ou que très-peu mouffeufes, terreufes ou coquilleufés ; leur couleur eft d'un beau noir. elles ont de la pefanteur, elles brülent bien au feu ordinaire, & il ny a guère lieu de douter qu'on n'en püt faire-de très-bon charbon. Les environs des" châteaux de Chamarante & du grand Jeurre ne {ont pas les feuls endroits qui en donneroient, toute ln LL tome 7" sh mi ei NS Ci RE AN: GC: ut 391 la prairie où coulent les rivières qui baignent Étampes en fourniroit auf : on creufe peu dans toute fon étendue , fans rencontrer des indices de tourbes, on en a même tiré sa quel- ques jardins d’un quartier de la ville appelé le Paire ; celle-ci a fouvent une teinte de bleu. Cette couleur n’eft probablement dûe qu'à quelques parties ferrugineufes qui peuvent fe trouver dans les plantes, & aux parties animales que les coquilles , les poiflons & les infeétes laiflent en fe pourriflant, lorfqu'il s’en trouve de pris dans les plantes qui forment les tourbes. Ce bleu eft une efpèce de bleu de Prufle, formé naturellement ;. d’où l'on pourroît peut-être conclure qu'il ne feroit pas im- poffible de tirer des tourbes une couleur femblable, Quand on n'auroit pas les preuves que je viens de rapporter. de lexiftence des tourbes des environs d’Étampes, tout por- teroit à penfer qu'on dévroit y en trouver : les prairies n'y font pas, dans plufieurs endroits, meilleures qu'à Villeroy ; les. joncs, les fouchets, les operoïdes, le gramen parnaffr, le fna-- groflis, & autres phntes des prairies maigres, s'y rencontrent :: de plus, c'eft la rivière d'Étampes qui paie à à Villeroy, & qui. va fe jeter dans la Seine à Corbeil après s'être réunie à celle d'Eflone. | Les tourbières d'Etampes ne font, pour ainfr dire, qu'une continuité de celles de Villeroy; en un mot, toutes e prairies qui font renfermées entre les gorges où la rivière d'Étampes coule, font probablement remplies de tourbes. On en doit, à: ce que je crois, dire autant de celles qui {ont arrofées par 1a. rivière d'Eflone: celles de ces prairies que j'ai parcourues,. m'ont fait voir les mêmes plantes que celles d'Etampes & de Villeroy ; elles ne leur font pas, fupérieures en bonté, peut-être même leur font-elles inférieures. Ce fentiment, au refte, n'eft pas nouveau , puifque M. de Lamberville met la rivière d'Étampes au nombre de celles dont les bords font remplis de tourbières x & quoique cet Auteur paroifle ne lavoir embraflé que fur les obfervations qu'il avoit faites ou dont il pouvoit avoir eu connoiffance , il f confirme de plus en plus: tous les jours des perfonnes 92 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE découvrent de la tourbe dans quelques-uns des endroits défignés dans l'Écrit de M. de Lamberville, & croient avoir fait une découverte nouvelle; découverte, fr elle en eft une, qui doit être attribuée à notre auteur, ou qu'ilavoit du moins foupçonnée. Ce fera toùjours à M. de Lamberville qu'on devra la connoif- fance générale de la quantité prodigieufe de tourbières que renferme la France: fi l'on n'en ouvre pas plus qu'on ne fait, ce ne fera pas faute de connoître grand nombre d’endroits qui en fourniroient ; M. de Lamberville donne la lifle des rivières qui fe jettent dans la Somme, la Seine, la Loire, le Rhône, la Ga- ronne & la Charante, & il prétend que toutes cês rivières coulent dans des terres à tourbes; il nomme même plufieurs endroits des environs de Paris, comme Lay, Rongis & Chevilly. Il n'y a pas de doute qu'on trouveroit bien des variétés, par rapport à la bonté, dans ces différentes tourbières de la France: on m'a afluré, par exemple, qu'on en avoit tiré à Garges près Paris, dont la qualité n'étoit pas trop bonne, cette tourbe étant trop mêlée de terre, outre qu'il n'y en avoit en profondeur que deux pointes, c'eft-à-dire deux pieds ou en- viron, qui font la longueur de deux béchées. Si on trouve de femblables tourbes dans plufieurs endroits, il arrivera auf certainement qu'on en rencontrera de très-bonnes dans beau- coup d’autres : celle qui a été tirée à Bourneuville près la Ferté-Milon, eft de cette nature, de même que celle de Croui près Meaux : le Bequet, endroit peu éloïgné de Beauvais , en donne une qui eft grile, légère, mouffeufe & pleine de rofeaux ; & Bruneval, paroifie de Marlemont , en fournit une qui eft encore meilleure que celle-ci; elle eft lourde, noire, & elle donne un feu plus vif &c plus long : ces tourbes forment ,en brûlant ,un mâche- fer léger, qui reffemble beaucoup à celui des forges des ouvriers en fer: ileft bourfouffé en forme de larmes, marbré de jaunûtre, de brun, de noir & de rougeñtre. Les environs de Péronne en fourniffent une femblable à la première de ces deux-ci: j'en ai reçû une qui vient de Dienville, au diocèfe de Troies en Champagne, & qui eft une des plus mauvaifes que j'aie vues ; elle eft grile, très-terreufe, & paroit coquilleufe, , € fl mr SMASLCAI E NUC'ENS 393 … Je crois que les prairies de l'Éminence près de Donzy en Nivernois, pourroient en fournir aufli: ces prairies m'ont paru être de la nature de celles qui font de vraies tourbières ; 1e fonds eft garni d'arbres tout entiers, noirâtres ou jaunâtres, dont les branches ou les troncs fortent fouvent hors des bords des ruiffeaux qui font dans ces prés, & fervent de planches pour pafler ces ruifleaux. Il m'a encore paru que les prés de Forges feroient de cette nature, ils font remplis de plantes propres aux tourbières & très-tremblans; la tourbe pourroit peut - être n'en être que moufleufe : ceux de Saint - Léger-en-[velines reflemblent beaucoup à ceux-ci à plufieurs égards. Enfin, pour ne pas faire une plus longue énumération des prairies que j'ai pû voir, & dont je penfe qu'on pourroit tirer de la tourbe, il fufht de dire que la France paroît en être remplie, qu'il eft_plus que probable que le fentiment de M. de Lamberville eft vrai, & que les prairies qui bordent les rivières dont il donne une lifte, font de vraies tourbières. Il feroit certainement à fouhaiter que ce fentiment fût con- firmé par des recherches multipliées, & {ur-tout par des fouilles; indépendamment du bien public qui en réfulteroit, ce qui doit être l'objet principal dans ces fortes de recherches, la partie-phyfique de l'hifloire des tourbes ne pourroit qu'y ga- gner beaucoup : on établiroit, d’une façon inconteftable, Îa production & la compolition des tourbes, & on leveroit tous les doutes qu'on pourroit avoir fur ces deux points, s'il eft cependant raifonnable d'en avoir, comme je l'ai dit au com- mencement de ce Mémoire. Toutes les obfervations qu’on a faites jufqu'à ce jour, portent à penfer qu'elles fe produifent journellement, & qu'elles ne font que le réfultat de la pourriture des plantes des prairies. Ce qui fe pafie tous les jours fous nos yeux vient encore à l'appui de ces obfervations : certains fumiers ne font-ils pas des efpèces de tourbes? Aucuns n'y reffemblent mieux que ceux dont on fe fert dans prefque toute la Normandie: ces fumiers font compactes, unis, gras, onétueux & noirs; ils fe coupent à la bèche précifément comme les tourbes, & les efpèces de Mem. 1761. . Ddd 394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE pains qu'on en forme, pourroient très-bien étrepris pour des pains de tourbes par ceux qui ne connoîtroient pas ces fortes de fumiers, & à qui les tourbes feroient connues. Ces fumiers fe font de la manière fuivante. On pratique devant les portes des écuries, des foffes plus ou moins grandes, felon la quantité de fumier qu'on peut avoir à y mettre; elles ont pour l'ordinaire fix à fept pieds de profondeur fur douze à quinze de largeur; on cure toutes les femaines les écuries, pour porter le fumier dans la foffe, on l'y étend avec foin, & de la même façon qu'on étend la paille fous les chevaux, ce qu'on répète jufqu'à ce que la foffe foit pleine; quelque- fois ces fofies le font bien au-deflus de leur hauteur : on tire ce fumier dès le mois de Septembre, pour le porter dans les champs, on n’y fait point d'autre apprèt. Les fermiers de la campagne mêlent les fumiers de toutes les écuries, c'eft - à- dire, des chevaux , vaches & moutons : on cure celles des vaches comme celles des chevaux, tous les huit jours, & celles des moutons tous les mois; les fumiers dans lefquels il y a de celui de mouton, font les meilleurs pour les engrais. Les fermiers font les foffes devant les portes des écuries, afin de marcher fur le fumier en allant & venant, dans l'intention apparemment de le prefler & de le faire pourrir plus tôt, ce qui ne paroït pas cependant abfolument néceffaire , puifque dans les villes, ces foffes font faites aux environs, c’eft-à-dire hors de leurs portes. Ceux qui cherchent à faire des expériences pour prouver que les plantes peuvent former des tourbes, & même en peu de temps , en aurojent trouvé une qui fe répète toutes les années des milliers de fois, s'ils euflent fait attention à la façon dont on fait les fumiers en Normandie, ou sils l'euflent connue: on ne peut guère faire d'expériences plus en grand, & en plus grand nombre. Ces perfonnes ne fe feroient pas trop amufées à rapporter que des feuilles qui s’étoient amañlées dans un vafe expolé à fair dans un jardin au-deflous des arbres, s'étoient changées en tourbe, Les fumiers de Normandie étant féchés, brülent comme de la tourbe ; il arrive même quel- D'EuS DISACUT LE MN CAES 395 quefois qu'ils s’échauflent & s'enflamment d'eux-mêmes, comme il eft rapporté dans les Mémoires del Académie, d'après une Lettre qui me fut écrite à ce fujet par le Chirurgien des haras du Roi. H eft donc inutile d'avoir recours à tant de fuppofitions qu'on a faites pour expliquer la formation des tourbes, de croire qu'elles font dües à une efpèce de plante pluftôt qu'à une autre, d'imaginer qu’il eft néceffaire pour qu'elles fe for- ment, que les pluies dépofent fur les prés une terre noire en- traînée des montagnes voifines où elle a été formée par les bruyères. Ce n'eft pas que je penfe que cette terre puifle y être inutile, je crois au contraire qu'elle ne peut qu'y contribuer, & il paroït bien qu'elle peut réellement y entrer pour quel- que chofe: il eft plus que probable que les pluies apportent de ces montagnes des matières qui entrent dans la compofition de certaines tourbes, puifque, comme je fai dit dans la Def cription des tourbières de Villeroy , on trouve des coquilles terreftres parmi celles qui font fluviatiles, & que ces coquilles vivent communément deflous les petites pierres, ou fur les plantes qui font fur les montagnes. Les petits barillets, les grains d'orge & de blé font du nombre de ces coquilles. Toutes fortes de plantes font, à ce que je crois, bonnes pour faire de la tourbe, il en entre de tout genre & de toute efpèce dans fa compofition ; les bruyères, les faules & les autres plantes ou arbres qu'on a regardés comme propres à cet effet, n'y conviennent pas plus que d'autres, & ils ne prennent pas pluftôt que toutes les autres plantes la couleur noire qu'ont les _ tourbes. Ne trouve-t-on pas tous les jours dans les bois des feuilles de chêne, de châtaigner, de noyer, de peuplier , qui ont pris cette couleur lorfqu’elles font tombées dans des flaques d'eau ou dans des mares ou des étangs? ne fait-on pas que le foin , qui eft un compolfé de différentes plantes , fe noircit s'il refte Jong-temps à la pluie, ou s’il a été trempé dans les eaux qui fubmergent quelquefois les prés dans les averfes d’eau qui arrivent pendant les faaifons ! enfin , les fumiers dont j'ai parlé plus haut ne prennent-ils pas une couleur noire, quoiqu'ils £ Ddd ji 396 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ne foient que le produit des pailles de blé, de feigle ou d'avoine qui fe font pourries ? La couleur noire que les plantes prennent en fe pourriflant, n'eft dûe qu'à l'efpèce de fermentation par laquelle elles pafñfent pendant qu'elles fe pourriffent : il eft inutile d’avoir recours à une matière bitumineufe, qu'on admet très-gratuitement, pour expliquer cette couleur, & qu’on fait apporter par les rivières qui traverfent les prairies. Si l'eau de ces rivières donne, par la diftillation , de femblables matières, elles les ont pluftôt ex- traites des tourbières mêmes qu'elles ne les leur ont fournies. L'eau de la rivière d'Etampes n’eft certainement pas chargée d'un femblable bitume, elle coule fur un fable pur & vient de montagnes compofées d’un pareil fable; elle eft des plus lim- pides & des plus infpides; elle a cependant beaucoup de tour- bières fur fes bords. Si la Somme charie des matières qui aient quelques qualités bitumineufes, ce n'eft, à ce que je crois, que parce que fon fond eft de tourbes mêmes. Il ne faut chercher que dans les plantes qui forment les tourbes, la matière grafle & onctueufe qu'elles peuvent donner dans la diflillation. Lorfque des plantes imbibées d'eau fe pour- riflent, les fels doivent d'abord être diflous, & l'eau chargée de ces {els doit enfuite agir fur les parties huileufes de ces mêmes plantes & donner naiflance, par leur union, à une efpèce de matière favonneufe ou bitumineule, capable de pro- curer aux tourbes cet onctueux & ce gras qu'elles ont : les parties ferrugineufes dont toutes les plantes font plus où moins chargées, étant mélées avec ces parties favonneufes , fuffhifent pour colorer la mafle des tourbes. On fait qu'une très-petite quantité de parties colorantes fufht fouvent pour colorer une très-grande mafle, par conféquent il me paroït inutile d'avoir recours à du bitume pour expliquer même la couleur noire des tourbes. Si l’on ne trouvoit pas que l'explication que je donne de la formation de la matière favonneufe ou bitumineufe des tourbes fût fatisfaifante, ou qu’en l'admettant il ne pût s’en former affez pour donner aux tourbes l'onctueux qu'elles ont, je répondrois DES" SCIE N'C'E'Ss. 397 qu'il me paroît que les coquillages, les infectes, les poiffons mêmes qui doivent £ détruire pendant la formation des tourbes, peuvent y contribuer beaucoup. Il arrive aux tourbes à peu près la même chofe que ce qui fe pañle par rapport au fumier dont j'ai parlé, ce fumier eft chargé de parties animales dûes aux excrémens des animaux auxquels il a fervi de litière. Je ne crois pas cependant qu'il foit néceflaire de recourir à ce fécond moyen, pour expliquer la couleur & l'onctueux des tourbes ; on trouve dans beaucoup d’aulnaies ou de fauffaies une terre limonneufe, graffe & noire, qui n'eft produite que par la deftruétion des feuilles & par celle des arbres qui forment les bouquets de bois qui naïffent dans ces fortes de lieux. J'ai été plufieurs fois aux environs d'Étampes dans des endroits femblables, & dont le fond étoit très-noir & très-limonneux ; de manière qu'il ne f&roit pas impoffñble de former des efpèces de tourbes avec ces terres, f1 on les pétrifloit & qu'on leur donnât enfuite une forme de tourbes, comme font les Flamands, qui pêtriflent & moulent celles qu'ils emploient. On peut donc expliquer d’une manière, à ce que je crois, fatisfaifante tout ce qui concerne les tourbes, par ce qui fe pafñlè tous les jours fous nos yeux, & fans avoir recours à des caufes auffi éloignées que celles que bien des auteurs admettent pour Fexpliquer. Si on fe réduifoit à dire qu'il n'eft pas trop poflible de concevoir comment il a pû fe pro- duire une auf grande quantité de tourbes que celle qu’on perce dans certaines tourbières, en admettant feulement pour caufe de la production de ces tourbes, le produit de la deftruction des plantes des prairies qui font devenues des tourbières; fi on failoit, dis-je, cette difficulté, je prierois de faire attention que dans les temps reculés, où les terres que nous habitons étoient défertes, les prairies n'étoient d'aucun ufage ; que le foin qu'elles produifoient toutes Îes années, entroit dans la compo- fition de ces tourbes, ce foin fe pourriffant fur pied & n'étant point, comme aujourd’hui , fauché pour lufage des animaux dont nous nous fervons ; à préfent même ce font les mau- vaifes prairies qui donnent le plus de tourbes , & cela feulement, Ddd i 398 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à ce que je penfe, parce qu'on ne les fauche pas, les plantes qu'elles renferment n'étant pas trop du goût des animaux do- meftiques ; car je ne croirois pas volontiers que cela vint des plantes mêmes, & que les plantes graminées , comme les fou- chets, les cypéroïdes & autres plantes de cette claffe qui fe rencontrent principalement dans ces mauvailes prairies , fuffent plus propres à la formation des tourbes que toutes les autres plantes, même des meilleurs prés. Je conclus donc de tout ce qui a été dit dans ce Mémorïre, que les tourbes ne font abfolument dües qu'aux plantes des prairies; qu’il fe produit journellement de ces tourbes, mais beaucoup moins que dans les temps où les plantes des prairies n’étoient d'aucun ufage aux hommes; que la France renferme une quantité de tourbières qu'il feroit très-utile d'ouvrir; que celles de Villeroy méritent d'être employées, & que Paris peut en tirer un grand parti; enfin, qu'il feroit très-avantageux d’en exploiter aux environs d'Étampes pour l'ufage de la Beauce, avantage qui étoit un de ceux que je me propolois principa- lement de faire fentir par ce Mémoire, DES SCIENCES. … 399 SÉCOND MÉMOIRE * SUR LE MOUVEMENT DES NŒUDS DE CHACUNE DES SIX PLANÉTES PRINCIPALES, Par l’action de toutes les autres. Par M. DE LA LANDE. je plan dans lequel tourne une Planète, ne fauroit étre fixe dès qu'on fuppole la loi de Fattraétion univerfelle, commeune multitude de phénomènes l’établiffent: chaque planète attire vers fon plan les autres planètes & les éloigne de ceux qu'elles occupoient. La planète troublée cefflant alors de décrire une orbite plane, fe contourne en fpirale, de manière à venir couper l'orbite de la planète troublante un peu plus tôt à chaque révolution : l'effet de ces fpirales continuées fe repréfente par- faitement , en fuppofant que l'orbite de la planète troublée f meut fur l'orbite de la planète troublante, & que fon pole ou fon axe décrit autour du pole de celle-ci un cercle, dont la demi-largeur eft égale à l'angle que font entre elles les deux orbites. Soit C (fig. 1) le centre de deux orbites, que nous fuppo- fons circulaires , Pp les deux poles de l'une, I & # les deux poles de f'autre, c'eft-à-dire les extrémités des axes ou des lignes perpendiculaires à chaque orbite, prifes à une diftance arbitraire , Fangle PCTI formé par les deux axes, eft égal à l'angle d'inclinaifon des deux orbites ; la ligne des nœuds Nu, ou l'interfeétion commune des deux orbites, eft toûjours per- endiculaire au plan PCTI qui pañle par le centre commun par les poles des deux orbites. Si donc la planète troublée * Le premier Mémoire a été Iü en 1758. Voy, Mém, Acad. 1759, 29 Juillet 1761. + Epitome affr. Coper, p. 9 12, b Mém, Acad. 1759: 400 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft fuppol(e traverfer le plan de l'orbite de Ja planète troublante AB D fur un des points de la ligne CBN, elle fera obligée à la révolution fuivante de la traverfer en un autre point 4 moins avancé dans l'ordre des fignes qu'elle parcourt, la ligne des nœuds CB N deviendra Ch, elle aura changé de la quantité de l'angle NCy, qui fera le mouvement du nœud, & fon pole I aura rétrogradé d'une quantité égale 19 dans un cercle EF, qui a pour centre fur la furface de la fphère le pole P de la planète troublante : nous fuppofons fixe le pole P de la planète troublante ; if eft certain cependant, par les mêmes prin- cipes, qu'il décrira aufii un cercle autour du pole IT, mais comme nous allons rapporter tous ces mouvemens aux Étoiles fixes ou à un cercle fuppofé fixe, femblable à celui que Képler appeloit Æchptique royale *, il nous fera permis de les traiter féparément, ou de fuppofer fixe lun des deux en traitant du mouvement de l'autre, & nous ferons voir ci-après que cette fuppofition n’entraine aucune erreur. J'ai déterminé dans un premier Mémoire P fur cette ma- tière, la quantité BP, dont l'attraction de chaque planète faifoit rétrograder fur fon orbite les nœuds de toutes les autres planètes ; mais puifque dans l'ufage de l’Aftronomie on rapporte à l'éclip- tique ou à l'orbite de la Terre toutes les autres orbites, il eft néceflaire de favoir combien tous ces divers mouvemens pro- duifent de différence dans la pofition de chaque orbite fur l'écliptique, combien le mouvement du nœud d'une planète fur l'orbite de la planète qui produit ce mouvement, que j'ap- pelle la planêre troublante, doit influer & doit produire de mou- vement par rapport à l'écliptique: je vis avec furprife, lorfque jen fis le calcul pour la première fois, que non feulement on change beaucoup ces mouvemens lorfqu'on les réduit ainfi à l'écliptique, mais qu'on trouve quelquefois un mouvement contraire. Toute planète qui fe meut felon Fordre des fignes, aura un nœud rétrograde fur l'orbite de la planète qui la dé- range, mais ce mouvement pourra devenir direct lorfqu'on E rapportera à un cercle placé différemment. Soit CBD (fig. 2) Yécliptique ou l'orbite de la Terre, | CA "DES SCTENCES, 401 CA orbite de Jupiter qui coupe l'écliptique en € vers 3f ‘84 25° de longitude, 8 A l'orbite de Saturne qui coupe Fé- cliptique en 2, 1 3 deorés plus loin que la précédente ; f1 Jupiter fe meut de C'en À, fuivant l'ordre des fignes, il fera détourné par l'attraction de Saturne, de manière que fon orbite, au lieu -de paffer en À, coupera en a l'orbite de Saturne, à quantité 4a, ‘qui eft le mouvement du nœud de Jupiter, produit par l'action .de Saturne, eft de 8”,6 par année, comme je l'ai fait voir dans mon premier Mémoire: l'orbite de Jupiter fera donc tranfportée en ac, & par conféquent coupera l'écliptique enc; Le nœud de Jupiter aura donc avancé de la quantité Ce, qui eft dans l'ordre des fignes, & contraire au mouvement que Saturne produifoit de À en à fur fon orbite propre. Pour trouver le rapport du mouvement À 4, qui eft déjà déterminé avec le mouvement Cc que nous cherchons, on peut em- ployer les analogies différencielles, que M. Côtes * & M. l'abbé de la Caïlle P ont données : voici une démonftation fort fimple pour les cas dont nous avons befoin. Lorfqu'un triangle fphérique ABC (fig. 3) à deux angles À & B conflans, & que l’on fait varier un des côtés AB d'une petite quantité À E,, le petit côté C3 change d’une quan- 48 à À EME AcottAC tité C2), qui Re Ce tit , qui eft évale Are rer, foit prolongée À C jufqu'à ce qu'on ait un quart-de-cercle AF, ayant tiré les perpendiculaires CA, EG, on aura la valeur de £G — EA fin. À & de CH— CD fin. C ; ca dans le petit triangle reétiligne 4 £G, rectangle en G, on a cette proportion. À £ : EG :: fin. total : fin. À; & faifant le finus total égal. à 1, comme les Géomètres le font dans tous leurs calculs ,-on a £G = AE fin. À; il en eftde même du triangle CD F. Puifque l'arc FE eft un quart-de-cercle, on a GE pour melure de l'angle Æ, & dans le triangle FC A, rectangle en 1, on a cette proportion, fin, T': fin. CF ou cof. AC :: CH : Fou GE ; donc _ = cf. AC où ; pour le démon- CD fin. C LEE . AEfin. Acof. AC Titans en Se AC; donc CD= TT Tin Go AMem. 1767. see + Harmonia menfurarum, b Élément d’Affronomie, 402 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Si au lieu de l'angle À & du côté AC, on prenoit l'angle Z & le côté BC conflans, on auroit de la même façon la variation du côté AC égale à la variation ou à la diffé- cof. BCfin. B , fin. € : ceft le cas de a figure 4, dans laquelle 4 B eft l'orbite de la pla- nète troublante , CB l'orbite de la planète troublée , qui paffe de la fituation BC à la fituation 2c, en vertu du mouvement 26, que fon nœud reçoit fur l'orbite À B de la planète troublante; le mouvement du nœud fur l'écliptiqueeft Ce, différencielle de Farc AC Les figures 2 & 4 renferment les deux cas qui ont lieu dans le ciel, car ou l'orbite de la planète troublante,comme B À, a un angle d’inclinaifon 2 plus grand que la planète troublée, comme dans la figure 2 ,& alors elle produit un mouvement direct fur le nœud quand on le réduit à Fécliptique, ou la planète troublante a un angle d'inclinaifon A plus petit que l'angle € de l'autre planète , comme dans la figure 4, & alors le mouvement du nœud qu'elle produit eft également rétrograde fur {on orbite ou fur l'écliptique. Ainfi pour juger de toutes les variétés poflibles dans cette forte de phénomène, il n’y a qu'à ranger les Planètes fuivant Vordre de leurs inclinaifons à l'écliptique, en commençant par Jupiter, dont l'angle n'eft que de‘14 19” jufqu'à Mercure, rencielle du côté AB, multipliée par qui et incliné de 64 59" 20". Jomivenii.dorit j'rdar gf ro? MARS ici. To Le 4e Inclinaifons à l'Écliptique, SATURNE........ 2A30UUTe VÉNSIN AE PERTE 3e 23e, 20 MERCURE......+: 6. 59. 20 En examinant cette Table, on reconnoit aifément que Jupiter ne changera point la diretion naturelle des nœuds, qui eft d’être rétrograde ; ainfi toutes les Planètes auront leurs nœuds rétrogrades, même fur l'écliptique, par l'action de Jupiter : Mars, qui eft la fconde planète dans l'ordre des inclinaifons, DR PRE DT DES SCIENCES. 403 produira un mouvement rétrograde fur Saturn, Vénus & Mercure , mais fur Jupiter il fera direct, c'eft-à-dire dans une direction oppolée ; de même Saturne produira un mouvement rétrograde fur les nœuds de Vénus & de Mercure, mais direct für ceux de Mars & de Jupiter. Vénus produira un mouvement rétrograde fur Mercure, mais direct fur toutes les autres pla- nètes ; enfin Mercure, la dernière de toutes les Planètes, où celle dont l'angle d’inclinaifon eft le plus confidérable , donnera un mouvement direct le long de l'écliptique à tous les nœuds des Planètes, fuppolé que fon action foit fenfible, La Terre ne fe trouve point dans cette Table; fon orbite étant l'écliptique elle-même, tous les nœuds qu'elle fera mouvoir feront rétrogrades fur lécliptique. Pour entrer dans le détail du mouvement du nœud de chaque Planète par l'action de toutes les autres, nous fuivrons l’ordre de leurs diflances, en commençant par Saturne, la plus éloignée du Soleil: & ÿrrapportant le mouvement du nœud que toutes les autres planètes lui occafionnent ; on y voit 1.° la diftance entre fon nœud & celui de chaque ‘planète troublante , 2.° l’indli- maifon mutuelle des deux orbites, 3.” le mouvement annuel du nœud fur l'orbite troublante, 4.” enfin, ce mouvement du nœud réduit à lécliptique, le feul dont nous ayons befoin dans fa pratique de l'Aflronomie & celui qui doit entrer dans nos Tables : au bas de cette dernière colonne on trouve le total ou la fomme des effets réunis ,qui eft le mouvement annuel des nœuds de chaque planète par rapport aux Étoiles fixes. On pourroir craindre que le mouvement total du nœud d’une planète ne fut pas exaétement égal à la fomme des mou- vemens particuliers que chacune des autres planètes y occafion- nent ; cette fuppofition ne feéroit peut-être pas exacte, fi les mouvemens étoient confidérables, mais tant qu'il ne s'agit que de quelques fécondes ion ne doit pas craindre d'erreur à cet égard ; ilen eft de même de la quantité abfolue du mouvement für l'orbite troublante que j'ai calculée en négligeant toutes les inégalités des planètes, le réfuitat ne fauroit être changé par cette fuppofition, que d'une quantité infenfible. Eee"tj #04 MÉMOIRES. DE L’ACADÉMIE ROYALE | LONGITUDE Mouvement du nœud de SATURNE. D en 1760, 30 z1d 231 MOUVEMENT = PLANÈTES |Diflances 1 INCLINAISON Mouvement qui de leurs fur AU À mutuelle. Mia fur lécliptique. le produifent. | Nœuds. l'orbite troublante. AXES 112858" Lrdnss 8" |;— 27,902 — 8",70 MARS ...163. 20 |2. 21. $ | — o,005 — 0,01 MERRE 0 ee. 2-20 Ton] 0,002 — 0,00 VENUS ...|37. 45 |[2. 4. 56 | — 0,0005 + 9,00 MERCURE .|65. 52 |6. 24. 10 | — 0,00001 | + 0,00 Total du mouv. ann. du nœud de Saturne fur l'éclipn — 8,77 À Se | LONGITUDE Mouvement du nœud de JU PITER 8 delupier en 1760, 31 84 25° Len 14 1 / 8" ere 8,559 2» 7,210 SATURNE..|1245 s 22 |1. 25. 54 | — 0,048 + 0,01 MARS. ..|5so. IDERRE CR .. [Te 19: 10 [10,065 — 0,07 VÉNUS. . .|23. 56 |2. 14, so | — 0,004 «+ 0,00 MERCURE.|52. 54 |6. 17. 49 | — 0,0001 + 0,00 Total du mouv. ann. du nœud de Jupiter fur l'édliptiq. + 7,20 PE TCANTSS LONGITUDE du & de Mars en 1760, 11 Qu 8 37 Mouvement du nœud de MARS. “ SATURNE..|63%20"|242r" 5"| — o0";730 JUPITER ..|$0. 22 |1. 25. 54 | —,14,194 Terre-net Mol; 826 VÉNUS: Las asus 24 Su MERCURE.| 2.22 |$. 8.28 | — 0,008 Total du mouv. ann. du nœud de Mars fur l'écliptiq. TT DES Sc1ENcE« 405$ LONGITUPE * Té Mouvement du nœud de VÉN U 5. du & de Vénus en 1760, 21 144 29° ' a A PLANÈTES Diftance INcLINAISON| MOUVEMENT Monveriune Ro de leurs mutuelle. far fur l’écliptique. le produifent. | Nœuds, l'orbite troubiante. ————_—— —__———— | SATURNE..|37d45s'|ad 4 ç6"| — 0”,2 30 — 0,10 JUPITER .. 23 56 |2. 14. 50 | — 4,130 — 6,00 Mars....l25. 35 1: 53:43 | — 0,144 OO TERRE ... re. [3- 23. 20 | — 14,469 LA MERCURE .|28. 7 |4. 18.20 | — 0,319 + 0,25 Mouvement annuel du nœud de Vénus fur lécliptique — 20°,37 | EE ES EEE TC ET ET Longitude du Mouvement du nœud de MERCU RE. 3 de Mercure en 1760, 19 154 30’ SATURNE..|654 52’ | 64 24 10"| — 0,090 — 0,08 JUPITER..|52. 54 |G. 17. 49 | — 1,576 40 MARS. 2. 22 [5 9. 28 — 0,009 — 0,01 Tati nl RARE 6. $9. 20 | — 1,877 — 1,87 ts enaqe E PREC EE 2,904 — 1,66 Mouvement annuel du nœud de Mercure fur l'éclipt. — s",02 Les nombres de {a feconde colonne , font la fimple diffé rence entre la longitude du nœud de Ja Planète marquée en ütre de la Table, & celle du nœud de a planète dont il s'agit ;. par exemple, 124 $8', qui commence la Table, eft la dif férence entre 3f21d 2 3 , longitude du nœud de Saturne en 1760, & 31 84 25", longitude du nœud de Jupiter, c'eft larc BC (fig. 2) où AC (fig 4). M entre dans les formules. rapportées ci-devant pour le calcul du mouvement des Noœuds. La fconde colonne donne f'inclinaifon mutuelle des deux Eee ii 406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE orbites, que l'on trouve par la réfolution du triangle fphé- rique ABC (fig. 2), au moyen des angles 3 & C, qui font les inclinaïfons de chacune fur Fécliptique BC; par exemple, f AC eft l'orbite de Jupiter, dont l'indinaifon € fur l'écliptique eft de 14 r0' 10", & AB l'orbite de Saturne, dont Finclinaifon 2 eft de 24 30° 10”, le côté BC étant de 124 $8', on trouve pour l'angle 4, 14 15° 8", c'eft celui que forment entr’elles les deux orbites de Jupiter & de Saturne, dans la fituation où elles étoient en 1760. Le mou- vement des nœuds changera dans la fuite ces pofitions, mais il faudra bien des fiècles pour que le changement devienne fenfible dans le mouvement des nœuds dont il s’agit ici. La troifième colonne contient le mouvement annuel du nœud de la même planète, produit par l'action des cinq autres féparément fur l'orbite de la planète défignée en tête de la colonne; ainfi le mouvement du nœud de Saturne par Faétion de Jupiter, ft —+17",902; par Faction de Mars, —— o'",oo$, &c. le figne — défigne un mouvement contre lordre des fignes. Ces quantités font tirées de mon premier Mémoire, dans lequel j'en donnai la détermination, par le calcul des forces que chaque planète éprouve de toutes les autres. If me fufhra de rappeler ici que ce mouvement eft toûjours exprimé par /Z. B.D. 90 degrés, dans l'efpace d'une révolution de la planète, en fuppofant que D exprime la diflance de la planète troublante au Soleil, celle de la planète troublée étant prie pour unité, 7 la maffe de la planète troublante, en prenant celle du Soleil pour unité & B le fecond terme de la férie, À + B cof. x + C cof. 2 x, dc qui exprime généralement la valeur de la diflance d’une planète à l'autre, élevée à la puiflance dont lexpofant eft — 3. J'ai donné dans mon premier Mémoire la démonflration , le calcul & l'application de cette formule à toutes les planètes. La cinquième & dernière colonne de la Table précédente , contient les nombres de la quatrième colonne, réduits à l'é- cliptique, au moyen des formules rapportées ci-deflus: ces nombres font quelquefois politifs & quelquefois négatifs, sat else. D'ESLAS CAT EUX Chris 407 comme nous l'avons démontré. La fomme qui eft au bas des cinq nombres de chaque planète, eft la quantité qu'il faut ôter de la préceffion moyenne annuelle des équinoxes, 50,336 lorfque le mouvement eft rétrograde, & ajoûter à 50",336 lorfqu'il a le figne +, pour avoir le mouvement annuel du nœud de chaque planète par rapport aux Equinoxes. Mouvement annuel du nœud de chaque Planète en longitude , par rapport aux Eguinoxes. SPAMRIARENIE En int Lt APR LS 41,63 PACE Se GE tre Ar. 57:54 TUEUR SALE ON CNE APN RE 39,84 NS LS RER MENTALE Mao Pa + 29,97 DRE PRE un eu AU NU CRE 4532 J'entends par mouvement annuel, le mouvement pendant la durée d'une révolution tropique de la Terre, c'eftà-dire, de 365i 548 45"; en forte qu'il faudroit diminuer les nombres précédens d'une 1460: partie pour avoir le mou- vement qui répond ä.une année civile de 365 jours. Parmi les élémens qui entrent dans les calculs de la Table du mouvement des nœuds, il faut compter encore la diftance du nœud d’une planète fur l'écliptique à fon nœud fur l'orbite de la planète troublante. Soit 4 2 (fig: 4) Vorbite de la planète troublante & B C' celle de la planète troublée, la différencielle Cc, qui efl le mouvement du nœud C für l'écliptique 4C BB cof. BC. fin. P . fin. C côté BC doit donc être connu, c'eft a diftance entre l'interfeétion commune B des deux orbites & le nœud Cde la planète troublée fur l'écliptique, cette diftance étant com ptée fur l'orbite BC de la planète troublée. Si AB eft l'orbite de Jupiter & BC'celle de Saturne, on trouve BC = 1 34 41°. Sil s'agit du nœud de Jupiter, on aura CA (fg 2 ) pour lorbite troublée ; Aa, fin. À cof. AC : Le É = — ; Le côté AC, qu'il faudra in, C c fera == , comme on l'a vü ci-deffus, le Ce fera — 408 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE connoître, fera la diflance de l'interfeétion commune À des deux orbites au nœud © de l'orbite troublée, & cette dif- tance fera de 264 41”. Nous n'entrerons pas dans le détaif des autres planètes, il fuft d’un exemple. Le mouvement des Nœuds que fon vient de déterminer dans ce Mémoire, par rapport à l'écliptique, fervira à connoître plus exaétement la quantité dont l'obliquité de l'écliptique a diminué & dont la préceflion des équinoxes a augmenté dans l'efpace de dix-fept fiècles, c'eft-à-dire , environ depuis le temps de plus anciens Cnrane dont ‘au obfervations nous foient parvenus : on trouvera manne en fuppofant la préceffion moyenne des équinoxes de 234 3 s’ pour un efpace de dix-fept cents ans , foit le mouvement des nœuds de chaque planète par rapport à J'équinoxe, {oit leur fituation vers le milieu du premier fiècle de notre Ére, comme dans la Table fuivante, Mouvement du & | Longitude du Naud en 1700 ans, vers l'an fo SATURNE.,.... PO 20 SN QE DOUPDTERS 61026059 2 le A7 INNANRS EE LU Mer Er C2 D 0 NAÉUN DIS het ne en 13 58 2: L'0.120 MERCURE....| 21.813 0. 24. 9 Je donnerai, dans un Mémoire fur le changement de lati- tude des oe fixes, le détail des différences que produit ce mouvement des Nœuds fur l'obliquité de l'écliptique, fur Ja préceffion des Équinoxes & fur le changement des Étoiles fixes en longitude & en latitude; j'en ai même déjà donné le réfultat dans mon premier Mémoire fur le mouvement des Noœuds, (Voy. Mém. Acad. 1759.) +603 OBSERVATION Men . de LAc.R. der JE.17 01. pag. 408.pl. 22. D ES S:CHE N:ICE:s, | “409 EE —————————_—— mt OBSERVATION | D U PASSAGE DE VÉNUS SUR LE SOLEIL, ‘Faite ‘à Vienne en Autriche: | Par M. CAssiNI DE THURY.. - Le EF 10 5 4p UK Î ‘AT fait cette: obfervation à l'Obfervatoire: des, Jéfuites, celui duP. Liefganigg , peu éloigné del célui ‘dur P Hal, mais fitué plus avantageufement pour-découwir: le! Soleil à fon lever. | Au deflus du cabinet d'obfervation, étoit une terraffe beau- coup plus élevée, où j'avois fait porter unquart-de-cercle: & «une pendule , pour faifir le Soleil au moment de {on lever ; précaution d'autant ‘plus .nécefaire , que l'horizon n'étoit-clair que dans un intervalle de 2-ou 3 degrés | au deflus duquel étoit un nuage épais qui s'étendoit jufqu'à lahauteur de 45 degrés. A 4h 16', je découvris lé Soleil & Vénus: & je fis cette “première obfervation. LÉ; 13 iQ ji 425" 5o"le Soleil à lhorizontal, 4 26. 24 au vertical. di 28. 3 Vénus au vertical. 29. S$ Vénus à l’horizontal. . 29. 10 l'autre bord du Soleil à l'horiz. 29. 28 au verticak pe IP Ori HO 3% 12° haut. fil horizont. rat J'ai calculé par cette obférvation , faite. flon Ja méthode ‘de mon grand-père, :propofte en: 1698, & expliquée par M. Maraldi en 1736, la différence d'afcenfion droite &;.de déclinaifon de Vénus & du Soleil; je l'aittrouyée, park rélo- dution de trois (euls triangles, du triangle BAD, pour /con- néître l'angle D BA & {on complérient G£Q; du æiiangle £GO, dont on connot £O par obfervation , égal à LA Mém. 1761, FRET. * Vo, Figure de M, Maraldi, 173 6 «gro MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE + 40, enfin dutriangleG£ P, pour connoître G P, diffé- rence ‘de déclinaifon, & ÆZP qu'il faut retrancher de £ À pour trouver la différence d'afcenfion droite P A* : le calcul de cette première obfervation m'a donné la différence d’afcen- fion droite entre le Soleil & Vénus, de 9° 46", & la dif- férènce de déclinaifon, de 7' 33"; la parallaxe d’afcenfion droite étoit alors. de :24 fecondes fuftradtives , & celle de déclinaifon de 20 fecondes additives. Après cette première obfervation, le Soleil difparut & on ne le vit qu'à 4h o' 3 3", que je déterminai avec une lunette .de huit pieds, garnie d’un micromètre, dont 100 parties ré- .pondoient à :$8: fecondes, la diflance de Vénus au bord du Soleil de’ 3841 paties. Le Soleil fe couvrit & ne parut plus qu'à $" 22’, que je déterminai la difance du centre de Vénus au bord du Soleil des33 parties ; jermefurai le diamètre de Vénus , que je trouvai Jaspremière fois de 98 parties, & la feconde fois de 1 00 ; <éft-àdire entre 57 & 158 fecondes. Après cette obfervation, de ciel fe couvrit jufqu'à 6 heures. ‘Tandis que j'attendois avec impatience le retour du Soleil, je fus honoré par la préfence du Séréniffime Archiduc Jofeph, qui étoit parti de Laxembourg à quatre.heures du matin pour être témoin de mes vobférvations:. heureufement. le Soleil fe découvrit, & ce Prinée regarda plufieurs. fois Vénus & me fit plufieurs queftions qui prouvoient l'étendue de {es connoiffances. Le Soleil paroïfloit de temps en temps au travers des nuages, & fouvent aflez diftinétement ; nous profitames des petits in- tervalles pour faire les obfervations fuivantes avec une lunette de huit pieds, montée fur une machine parallactique ; le bord auftral du Soleil rafoit le fil. J'ai trouvé que Vénus employoit 4: fecondes à paflèr par le fil horaire & quelquefois un peu ‘moins. A 7h 29", la différence d'afcenfion droite entre le centre de Vénus & le bord occidental. du Soleil, étoit de 1° 3", & ‘a diflance x bord auftral de Vénus au bord auftral du Soleil, dé: 5° 24”. DES SCENE Es om 4ums A 7" 55", différence d'afcenfion droite étoit de 55", &c la différence de déclinaifon, de 4 54" (bord boréal). : A 8h 0’ 45", la difiérence d'afcenfion droite étoit de 41", & la différence de déclinaifon du bord boréal de Vénus, de L Hi. : . e À 9" 5", la différence d'afcenfion droite: éroit-de! 3.5", &c: la différence de déclimaifon du bord auftrahde Vénus; de’3'1s". J'ai fait un plus grand nombre d'obférvations pendant! le temps que le Soleil à paru, mais la plufpart étoient imparfaites à caufe de l'inconftance du temps, qu déroboit le: Soleil aw, moment de l'obfervation néceflaire pour les rendre complètes. A 9h 9", le ciel fe couvrit entièrement & il ny avoit guère d'apparence qu'il réparût davantage; cependant à 9 + les nuages: fe féparèrent, le Soleil parut à 9 33", & Vénus, obfervée avec une lunette de dix-huit pieds, étoit déjà à moitié fortie, & à 9" 42° 40" je jugeai qu'elle étoit entièrement fortie. Pour déterminer, pat nos -obfervations, tous les élémens; de la théorie de cette Planète’, jai employé‘ lx première obfer-. vation faite à 4h 24", & celle que j'ai jugée in plus exacte, arrivée à 8h 45”, où la différence d'afcenfion: droite étoit de 41 fecondes; & par un milieu entre toutes mes obfervations, Jai trouvé la plus petite diflance de 9° 30”; l'heure à laquelle elle eft arrivée, 6" 25° 15"; la durée du paffage, de 6h 24; l'angle que l'orbite de Vénus faifoit avec le parallèle, de 7 54 33° 0"; la portion de l'orbite parcourue pendant 4h 16’, de 16" 50"; le mouvement horaîre de Vénus, réduit à l'écliptique, de 3° 59": la longitude du nœud afcendant, de 144 33" 0"; la longitude de Vénus à 6" 47’ o”, temps vräi de fon oppo- fition, H 154 36 rs”. Les obfervations du P. Hell s'accordent affez avec les miennes, & les réfultats feroient encore plus conformes, fi cet Aftro- nome mavoit fuppolé l'afcenfion droite du Soleil à l'heure de la première obfervation , de 744 23° 3 9", plus petite de 9" que celle que j'ai trouvée, felon les mêmes Tables, de 744 23° 48", laquelle convient mieux avec celle de 744 26° 21", que le P. Hell a calculée pour 8h 26’, telle que LU trouvée : Fff i l 412, MÉMOIRES DE LACADÉMIE ROYALE or, dans un intervalle de $9o minutes de temps, la diffé rence d'afcenfion droite feroit, felon le P. Hell, de 2° 42”, tandis que le mouvement horaire du Soleil en afcenfion droite n'étoit que de 2° 33", telle que je l'ai calculée. Je ne parlerai pas ici des obfervations du P. Liefganigg, parce qu'il ne les a pas données au Public, & qu'on les trouve déjà dans les Éphémérides du P. Hell pour année 1762. J'ai cherché, pendant tout le jour de lobfervation , le fa- tellite que l’on avoit annoncé devoir paroître fur le Soleil , mais je n'ai pü rien apercevoir. J'attends que la longitude & la latitude de Vienne foient bien déterminées, pou calculer la parallaxe du Soleil qui réfulte de mon obfervation comparée avec celles des autres Aftronomes ; mais en la fuppofant telle que le P. Hell la donnée dans fes Éphémérides , j'ai trouvé la parallaxe du Soleil de 9" +, telle que mon grand-père l'avoit déduite de fes obfervations com- parées avec celles de M. Richer, faites à Cayenne, & telle que je l'ai trouvée par mes obfervations, celles de M. Maraldi & de mon père, comparées à celles de M. l'abbé de la Caille, faites au cap de Bonne-efpérance, DIEUS LS NIET NC ENS 413 OBSERVATIONS ASTRONQMIQUES POUR LA DÉTERMINATION DE LA PARALLAXE DU SOLEIL, Faites en l’Ifle Rodrigue. Par M PINGREÉ. | queftion dela parallaxe du: Soleil eft auffi délicate qu'intéreffante ; on n'avoit pas cefié de la difcuter depuis le renouvellement de l'Aftronomie en Europe. Au défaut d'obfervations, l'imagination lui avoit afligné des bornes plus ou moins étroites. M. l'abbé Picard , fans décider abfolument la queftion , avoit du moins prouvé que jufqu'à fon temps on avoit cru cette parallaxe beaucoup plus grande qu'e lle ne Yétoit réellement. Feu M. Caffini l'a depuis réduite à à 10"; feu M. l'abbé de la Caille l'a enfin déterminée de 10",2, par la comparaifon de fes obfervations de Mars & de rl au Cap de Bonne-efpérance, avec celles qui avoient été faites en mème temps à Greenwich, à Berlin & en d'autres parties de l'Europe. On attendoit le paflage de Vénus fur le difque du Soleil: c'étoit un Juge irrécufable qui devoit prononcer défi- nitivement fur la matière conteftée: tel étoit du moins le fan- gage prefque unanime des Aftronomes du dernier fiècle, & de celui-ci. Vénus a pañlé fur le difque folaire; les Puiflances belligérantes de l'Europe fe font en quelque forte réunies & concertées, pour procurer à l’Aftronomie toutes les obferva- tions qu ‘elle pouvoit defirer. Les Obfervateurs défignés par les Académies refpectives, font partis avec courage : animés du defir & de l'efpérance d'obferver avec fruit un . phénomène attendu depuis f1 long-temps, ils envifageoient à peine les dangers d'un long voyage entrepris dans les circonftances les plus critiques; la crainte de manquer le but de leur miffion, étoit la feule dont ils fuffent fufceptibles, Fff ïi 414 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe If s'agit donc maintenant de recueillir de ces voyages le fruit que l'on s'en étoit propolé; il s'agit de déterminer la parallaxe du Soleil, & la diflance de la Terre, tant au Soleil qu'aux autres Planètes de notre fyflème folaire. Cependant mon but dans ce Mémoire eft moins de décider la queftion, que d'expofer à l’Académie ce que j'ai vü, ce que j'ai fait, ce que jai calculé, afm qu'elle puiflé porter avec connoiffance de caufe & maturité, le jugement fuprème que l'on attend de {es lumières. À RTE CL E PORUE!M IE KR: Larude de Rodrigue. Je ne fais point la defcription de mon obfervatoire, il ny en a jamais eu, je penfe, de plus incommode; ce n'étoit point la faute de M. de Puvigné, Commandant de l'ifle, cet Ofhcier témoignoit tout le zèle poflible pour la réuffite de nos obfer- vations ; mais fon pouvoir étoit reflérré dans des bornes bien plus étroites que fa bonne volonté; il n’y avoit fur Fifle ni maçons ni menuifiers. Je me fuis contenté de faire placer en plein air quatre pierres aflez grandes, & paffablement unies; cet endroit qui avoit tout Fair d'être deftiné à placer un jeu de quilles, devoit fervir à prendre avec le quart-de-cercle les hauteurs des Aftres; je fis élever à côté deux efpèces de mûts: à l'aide de poulies & de grofles ficelles, j'y appuyois mes lunettes, lorfqu'elles devenoient néceffaires aux obfervations. Dans une chambre à côté, j'avois placé deux pendules, & cette même chambre étoit en même-temps l'unique lieu où je puffe dépofer mes inflrumens, encore n'y étoient -ils pas trop: à l'abri du vent, de la pouffière, & des infultes des aninraux & des enfans. Je dois à M. Thuillier la juftice de recon- noître qu'il m'a été d'un grand fecours pour remédier à toutes ces premières incommodités que nous avons éprouvées à Rodrigue, Cette ifle a environ 1 $000 toiles de longueur de T'eft- nord-eft, à l'oueft-ud-oueft, fur près de sooo de largeur. DES SCIENCES. AS C'eft fur la côte feptentrionale, à $ooo toiles environ de {a partie la plus orientale, dans le lieu nommé Ænfoncement de François le Guat que j'ai fait mes obfervations. Mon quart-de-cercle jufqu'au 26 de Juin, donnoit les hauteurs 1° 21" + plus foibles qu'elles ne l’étoient réellement. Après avoir pris la hauteur méridienne du Soleil le 26 de Juin, j'ai Raiflé le quart-de-cercle en place, pour prendre celle de quelques Étoiles ; un inflant après, une bouffée de vent s'éleva & renverfa l'inflrument, le coup porta principalement für le porte-filet, qui étoit alors fixé au point de zéro, le limbe fut forcé à ce point. Par le fecours de M. Thuillier, la lunette fut remife dans fon parallélifme avec le plan du limbe; je m'aflurai que le refte du limbe n’avoit pas fouffert, & que tout étoit en ordre jufque vers 20 ou 2$ minutes du zénith: feulement les hauteurs prifes avec cet inflrument n'étoient plus que de 46"2+ trop foibles. La Table fuivante repréfente les principales obfervations que j'ai faites pour m'aflurer de la latitude de Rodrigue; j'en ai exclu beaucoup, qui dans mon journal étoient cottées comme douteufes, foit à caufe des nuages, foit à caufe du vent, foit parce que je ne voyois pas aflez bien les fils du micromètre. J'en ai mis aufli de côté un petit nombre qui n’étoient point affeétées du figne de doute, mais qui devoient l'être, tant leur réfultat étoit difparat d'avec celui des autres obfervations. La feconde colonne de fa Table contient les noms des Aftres dont j'ai pris les hauteurs méridiennes ; les lettres & S défignent fi la hauteur a été prife du côté du nord ou du fud. Dans la troifième colonne, on trouve la hauteur de lEtoileen parties du micromètre, dont vingt révolutions font égales à 14 3° $"21, il faut toûjours ajouter 1° 21" 2 aux hauteurs obfervées avant le 27 de Juin, &-46"21 feulement aux hauteurs obfervées depuis; la quatrième colonne contient les mêmes hauteurs réduites en degrés, minutes & fecondes ; la cinquième & dernière colonne offrent la latitude de mon obfervatoire de Rodrigue, réfultante des obfervations. Les hau- teurs marquées par la lettre 7’, ont été prifes par M. Thuillier. 416 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Mois 5 ; HAUTEURS | LATITUDE Aîtres obfervés. Hauteurs obfervées. ME à & Jours. réduites, de Rodrigue. eme E Rév. Part. NUME DS M TEST Juin 2 | Bord infér. du ©. 40. n du Navire, + 40. Bord infér. du ©. + 40. Bord infér. du ©. n du Navire. DA ZENEA 1 0 | Bord fupér. du ©. 11[Le même. 13 Le même 1 4| Arélurus, 15[8 du Lion. 17|8 du Lion. d\ du Centaure. B de la Croix. 22 | Bord fupér. du ©. 23 B de la Croix. 24| Bord fupér. du @. Le même. æ de la Croix. € de la Vierge. Bord fupér. du ©. CAE M +1+++ + —— —+ + même. même, même, même. Canobus, B du Centaure, Bord fupér. du ©. B du Centaure. B du Centaure. |Bord infér. du ©. 5 [Bord fupér. du ©. du Centaure. « du Centaure. B du Loup. 3 \> du Triangle. 212 à vw Zvul'utz 2 2212 ZuniZz 2] a Z ü w2Z Ltitaltteltlttt#l L|« du Centaure, Canobus, Bord fupér. du ©. Le même, 2 2Zuouuluuuwu +i++i Le même. DES SCcrENCES‘,. 41 En prenant un milieu entre ces quarante réfultats, la Jatitude de Rodrigue eft de 194 40° 40" vers le fud. AR D L'OEIL Réflexions fur les différentes Méthodes de dérerminer les Longiudes, à fur la parallaxe de la Lune. La méthode la plus facile pour déterminer les différences des longitudes fur terre, eft fans contredit celle que lon tire de l'obfervation des écliples des fatellites de Jupiter , auffi cette méthode eft-elle la plus ufitée de toutes; mais eft-elle la plus certaine? Je ne doute pas qu'elle n'ait fouvent réuffi; mais or doit convenir aufli que des longitudes déterminées en cette manière, ont été quelquefois fujettes à révifion, & corrigées par des obfervations poftérieures. Je ne m'étendrai pas fur les caufes de cette incertitude, tous les Aftronomes les connoiffent, & il n'eft aucun d'eux, je penfe, qui ne convienne que la multiplicité & la variété de ces fortes d’obfervations peuvent feules leur-donner un degré fuffifant de certitude. Je n'ai obfervé que trois éclipfes du premier Satellite de Jupiter: j'en conclue- rois la fongitude de Rodrigue de 4° 3° 20 ou 25" à l'eft du méridien de Paris, ce qui augmenteroit de près d'une feconde la parallaxe réfultante de mon obférvation de Vénus, telle que je l'ai annoncée dans notre Affémblée publique. Mais vû l'incertitude de cette méthode dans laquelle ce- pendant j'ai de la peine à me perfuader que je me fois trompé de 35 à 40 fecondes, j'ai cru devoir recourir à la méthode la plus certaine, à celle des occultations d'Étoiles par la Lune. J'en avois fait plufieurs obfervations, M. le Monnier a eu la complaïfance de m'en communiquer deux correfpondantes à deux des miennes. J'ai calculé en fuppofant la Terre fphé- rique ; lobfervation dans laquelle j'avois le plus de confiance, m'a donné un réfultat qui ne différoit pas beaucoup de celui des immerfions du premier fatellite de Jupiter. En faifant en- trer dans Île calcul laplatiffément de la Terre, élément qu'il ne falloit certainement pas négliger ici, je me fuis trouvé fort Mém. 1761. . Geg 418 MÉMorREs DE L'ÂACADÉMIE ROYALE éloigné de mon premier compte. Rodrigue étoit de 4b 4! 3 au moins plus orientale que Paris; la parallaxe du Soleil, dé- pendante de cette longitude, n'étoit plus que de 9",4, au moins lorfque le Soleil eft voifin de fon apogée. Ce calcul étoit tout nouveau pour moi, je crus avoir befoin d'un guide pour y réuffir. Jen pris un que j'avois tout lieu de regarder comme abfolument fur. J'avois déjà répété deux fois mes calculs, lorfque je m'aperçus que mon guide m'avoit égaré. La multitude d'objets que fon efprit vafle embrafloit, lavoit fans doute diflrait fur cette matière, peut-être même qu'il navoit pas eu le temps d'approfondir cet objet. Je revins fur mes pas ; mais ce guide au moins m'avoit fait entrevoir la véritable route, le Traité de M. de Maupertuis fur la pa- rallaxe de la Lune acheva de m'éclaircir. Je me fuis fait des règles claires & faciles à exécuter pour faire les réductions qu'exige la figure de la Terre ,en fuppofant cependant que les méridiens terreftres font des ellipfes dont les axes font dans le rapport de 21$ à 214; ceit le premier réfultat de ces règles & de ces fuppofitions que j'ai indiqué dans ce Mémoire, lorique je l'ai ià à notre Affemblée publique, J'évois afluré de l'exactitude de mes calculs, il me paroifloit donc naturel -d'en admettre le réfultat. Une difficulté m'a retenu. Dans les calculs des éclipfes de Soleil ou d'Etoiles par la Lune, que doit-on prendre pour parallaxe horizontale de la Lune, qu'a-t-on accoûtumé de prendre? je vais difcuter en peu de mots ces deux queftions. LA AR En NE LEE De la parallaxe horizontale de la Lune.” Soit (fig. 1) EP, le quart d'une ellip repréfentant un méridien terreftre quelconque, ÆC fon demi-grand axe = 1, Cle centre de la Ferre, P le pole, PC le demi -axe de la Terre, D un point quelconque de la circonférence de Îa Terre, DG la mormale ou la verticale du point D, pro- Jongce jufqu'à la rencontre de l'axe en A ; la différence entre DES SCIENCES 419 le rayon de l'équateur C £ & le demi-axe CP, ft = 2. Ceci pofé, on peut, comme le remarque M. de Maupertuis, prendre pour la parallaxe horizontale au point D, ou le rayon . du cercle ofculateur en ce point, où la normale DC, ou le demi-diamètre C D, ou enfin la ligne D A. Perfonne, je pente, ne s'eft avilé jufqu’à préfent de prendre pour parallaxe le rayon du cercle ofculateur. On le pourroit faire cependant ; mais cette voie ne feroit ni la plus naturelle, ni la plus courte. J'en dis à peu-près autant de la normale DG'; if eft à propos que la ligne que l'on prend pour parallaxé horizontale, réncontre Yaxe de la ‘Ferre, ce que ne fait point ladite ligne. La mé- thode là plus naturelle paroît être de prendre pour parallaxe le rayon ou demi-diamètre CD; en effet le but que lon fe propofe dans le calcul des parallaxes, eft de comparer les lieux où un Âfltre feroit vû des points D & C'; il paroît donc qu'on devroit s'attacher à rechercher fous quel angle la ligne DC fera vûe d'un Obférvateur placé fur l'axe même dont on cherche fa parallaxe, & plufieurs Aftronomes fe font effedti- vement appliqués à donner des règles pour remplir cet objet. Ces règles ne fouffrent aucune difficulté, lorfque l'Aftre eft dans le méridien du lieu où il eft obfervé: les règles ordinaires pour déterminer Ja parallaxe de fAftre für fà hauteur apparente fouffrent ici quelque altération ; mais on applique aifément la correction qu'exige l'inclinaifon du rayon CD, & de là nor- male ou verticale DG. Il n’en eft pas ainfi, lorfque l’Aftre s'cloigne du méridien , la verticale de cet Aftre ne pañle plus par le centre de la ‘Terre; pour l'y réduire, il faut des calculs longs & épineux, qu'on ne peut excufer qué par la feule im- poffibilité de les éviter. M. de fa Lande a tenté de nous abrégér ce Calcul, tant dans fon troifième Mémoire fur la parallaxe de la Lune *, que dans fon Introduétion aux calculs Aftronomiques: il a dreflé des Tables d’un ufage facile, & qui paroîtroient ne laifler rien à defirer. Mais fans entrer dans üne comparaifon inutile de fa méthode, & de celle que jai cru devoir y fubflituer, les facilités que M. de la Éande nous procure par ces Tables, ne régardent que a latitude de Paris; Gégi * Mén de l’Acad, année 175 6% 420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on peut calculer pour une autre latitude , & alors le calcul me paroît très-long. Il ne l'eft pas, en prenant pour parallaxe horizontale la ligne DA, ceft-à-dire, la normale prolongée jufqu'à ce qu'elle rencontre l'axe. Il eft toûjours facile de connoître cette ligne; fa grandeur dépend, & de la fuppofition faite de la figure de la Ferre, & d’une parallaxe quelconque donnée pour quelque latitude que ce foit. Comme DH eft perpendiculaire fur la ligne horizontale OR; ïl eft clair qu'en employant cette ligne comme paral- lixe horizontale , & en procédant par les méthodes ordinaires , on rapportera au point /7le lieu de la Lune obfervé du point D; mais cela ne fuffit pas, il faut le rapporter au point €. Il s'agira donc enfuite d'évaluer la différence qui feroit trouvée dans le lieu de la Lune, par deux Obfervateurs placés l'un au point €, Jautre au point À. Ces calculs font très-faciles; j'ai eu occafion de les répéter fouvent, l'excédant du temps que je mets à calculer une parallaxe par cette voie, fur celui qu'on emploie en fuivant les anciennes méthodes, ne monte guère qu'à 2 minutes : je donnerai une idée de ma méthode à la fin de cet article, J'ai fait tous mes calculs fur les Tables de M. Mayer; j'y avois paréillement pris la parallaxe horizontale de la Lune, que j'ai toûjours fuppofte la verticale D H. Étois-je fondé à le fuppofer? C'eft ce que j'examine maintenant. Avant que l'on eut des notions bien certaines fur la figure de la Terre, on ne la failoit entrer pour rien dans les calculs des parallaxes , les obfervations étoient toûjours comparées à la verticale DH; il y a donc apparence que c'étoit fur cette verticale que devoient rouler toutes les variations des parallaxés. Les Géomêtres, qui ont confacré leurs veilles à nous procu- rer des Tables plus parfaites que nous n’en avions précédemment, ont bien déterminé, par leurs théories, ce qu'il falioit ajoûter à la parallaxe moyenne ou en fouftraire ; mais ils ont fuppolé cette parallaxe moyenne établie par les obfervations : M. l'abbé de la Caille, en traitant de cette matière, page 223 € fuv. D E.S S CIE N CES. 421 de la dernière édition de fes Leçons élémentaires d’Aftronomie, paroît fuppofer que les Tables donnent directement la parallaxe horizontale équatorienne, c'eft-à-dire, felon lui, la grandeur du demi-axe de la Terre, vù d'un obfervateur placé dans la Lune; mais les réfultats que cette fuppofition m'a donnés m'ont perfuadé que je n'avois pas bien pris le fens des paroles de cet Aftronome. Je me fuis donc déterminé à fuppofer que la pa- rallaxe horizontale des Tables de Mayer n'étoit autre que la verticale 2 H pour la latitude de Paris: il étoit facile de ré- vifer & de réformer mes calculs, fi je trouvois für cette matière quelque chofe de plus certain que Je n'avois trouvé durant les vacances. En effet, M. de la Lande m'a afluré depuis que la formule de M. Clairaut, telle qu'on la trouve, page 42 de l'expofition du Calcul aftronomique, a été calculée, non fur 1 verticale D A, mais fur le demi-diamètre CD, Sur cette affurance , je n'ai point balancé à retoucher mes calculs ; j'ai fubflitué à la parallaxe horizontale des Tables de M. Mayer, celle que j'ai calculée rigoureufement fur la formule de M. Clairaut, & la longitude de Rodrigue, calculée par les occul- tations des Étoiles, s’eft beaucoup rapprochée de celle que donnoient les éclipfes des fatéllites de Jupiter. Voici le procédé que je fuis dans ces fortes de calculs. Je fuppofe, la figure de la Terre ellipfoïde, comme je l'ai dit, & le rapport de fon axe au diamètre de l'Équateur , comme 214 à 215: Au logarithme de la parallaxe conclue de la formule de M. Cliraut, j'ajoûte le logarithme conftant 0,00230, & jai le logarithme de DH, que j'emploie dans tout le calcul comme parallaxe horizontale; je l'appellerai 2. Ainfile 1 5 Juillet :1761,à ro heures, le rayon de la Terre à Paris, étoit, {elon la formule de M. Clairaut, de 53 58,8; à fon logarithme 3,51052 jajoûte 0,00230; la fomme 3,51282 eft le logarithme de P, qui fera en conféquence de 54° 17". S'i s'agit d'une autre latitude que celle de Paris; pour avoir lR parallaxe horizontale ou la verticale D H, que j'appelerai P', à la conflante 7,667 5 6 , ajoütez le double du logarithme du Ggsg ii 422 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . finus de la latitude; la fomme fera le logarithme de l'excès de P” fur le rayon de l'Équateur, fuppofé égal à l'unité, Ayant donc'ajoûté cet excès à l'unité, au logarithme de la fomme ajoûtez celui de P &' le logarithme eonflant 9,99 ee F fomme fera le loguithme de P., dr ES Je veux chercher te même jour la parallaxe D H ou LP‘ pour Rodrigue, dont l latitude eft 194 40" 40”, Logarithme’ du finus de Ia atitude.: ............. 9,52728 Double de ce logarithme. : :............ 9,05456 (Ouf do bnio dénec et lente dre mere 7,66756 Logarithme de l'excès. de P” fur le rayon, &c........ EEE Excès de P' fur le rayon de l'Équateur. . “... 0,00053 P' en décimales du rayon de lEquateur........... 1,000 5 3 Lopgauthmetde Pen décimales 4-14... eee 0,00023 osariibme de RAS ele Dec nefeise SÉRIE 3,51282 Tosanthmercontianteteclreri- ee CEE ed 9,99885 lomnthmedelPe ere pessesaseses 3»5119G Parallaxe à Rodrigue, 54° 10°,1. En employant ces parallaxes P & P° comme parallaxes horizontales , on réduit le lieu de la Lune, obfervé au point 2, à celui qui feroit obfervé au point Æ/; mais cela ne fuffit pas, il faut le réduire au point €, centre de li Terre. Pour cette réduction ; je fuppote que | l'on a calculé la longitude & la latitude de là Lüné, pour en tirer’ les conchifions qu'on f propofe: fi on ne Paÿoït pas fait}& qu'on n'eût pas befoin de le faire d'ailleurs, cas qui me paroît affez métaphyfique il fufhroit de prendre cette longitude &'cette latitude, ainff que la déclinaifon de k Lune, dns + quelqués Éphémérides, à un demi-degré près. Ajoûtez le complément arithmétique du cofmus' de la dé. “CHnäifon de ture, 1 ogarithnie LR is de la fongitude de la Lune & celui du finusde lobliquite de l'écliprique 9,600 22 h fomme fera LS logarithme finus de Fangle Z ; prenez auffi Ù : G DES SCIE N°C Es. {| 423 fon logarithme cofinus. An dans Kex dm ie préfent, la lon- gityde de la Lune eft 2794 +, fa latitude de 34 + fa déclinaifon de 264 26, Complément arithmétique du cofinus de la déclinaifon. :. 0,04796 Cofus te lonoittée à 21e cie ee eee 12 D 9:21761, Sinus de l'obliquité de Pécliptique............ .. 9,60022 Logarithme finus de l'angle /Z. : . ..: Fab. goitbat. 9 "8:86 529 Logarithme cofinus du même angle.......... 9399883 Ajoûtez en une fomme le logarithme conftant 7, ,967 44, celui de P {non ?'), celui du finus:de h latitude dulieu & celui du cofinus de la déclinaifon de la Lune, la fomme eft-le logarithme de la réduction du point Æau point € en déclinaifon. Poranthmenconftant. 3-1 MEET AE +. 7:96744 Logarithme Ca PONS SL PE Pr Rire AD u 3151282, Logarithme du fus de la latitude de Rodrigue: , ... ‘9,52728 Logarithme cofinus de la déclinaifon de la Lune..., 9,95204 Logarithme de bercanttionideilnideclins one: lac ., 0,95958 Cette réduétion doit toüjours écarter la Lune du pole élevé, Jorfqu'il s'agit de réduire un lieu apparent en lieu vrai; c’eft le contraire lorfqu'on veut réduire un lieu vrai en lieu apparent. Il n'y a point de réduction à faire pour l'afcenfion droite * ce qui eft, à mon avis, un très-grand avantage de bte méthode, Le logarithme de à réduction en longitude eft égal au lo- garithme finus de Z + celui de la OR en déclinaifon — Je logarithme cofinus de fX latitude. Logarithme de réduction en déclinaifon: 4 .:.,.... 0,95958 fiosanithme (masde Ze PS ARE et SE 8,86579 Complément arithmétique du cofinus de la RE TER ++ 0,00074 Logarithme de réduction en longitude NU EAU, 9:82 2611 * M. l'abbé de la Caille le prouve, page 224; & c'eft principalement par rapport à ceprincipe que j'ai dit ci-deflus que ce célèbre ris m'avoit mis fur Ja véritable route. 1922. «HU PTT 424 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE Cete réduction eft fonftraétive dans les fignes afcendans *, additive dans les defcendans, lorfqu’il s’agit de réduire un lieu apparent en lieu vrai. Enfin, le logarithme de la réduction de la latitude eft égal à celui de {a réduction de la déclinaifon, + celui du cofinus de Z. Logarithme de réduction de.la déclinaifon. ..... ++. 0,95958 Cofmustde ZE RP ST tone RIDER . 9,99883 Logarithme de réduction de la latitude. .......... 0,95841 Cette réduction eft toûjours dans le même fens que celle de la déclinaifon. On peut appliquer cette même méthode aux parallaxes des hauteurs & des azimuths, en fubftituant dans ces analogies les termes de hauteur & d'azimuth à ceux de latitude & de longitude , & faifant le logarithme du finus de l'angle Z — celui du cofinus de la latitude du lieu — celui du cofinus de la hauteur vraie de la Lune —+- celui du finus de l’azimuth de la Lune, compté depuis le méridien. Lorfqu'il s'agira de réduire la hauteur apparente en hauteur vraie, cette réduction fera toüjours fouf- active , excepté lorfque la Lune fe trouvera moins éloignée du pole & du zénith que ces deux points ne le {ont l’un de l’autre ; la réduétion de l'azimuth écarte toûjours la Lune du demi-vertical, qui pale par le pole élevé ur horizon. II eff inutile d'avertir que ce feroit le contraire s'il s'agifloit de réduire une pofition viaie en pofition apparente. ARTICLE IV. ... Longitude de Rodrigue. J'ai obfervé à Rodrigue, le 22 Juin 1761, limmerfion du premier fatellite de Jupiter à 14h 5 5” 59" de ma pendule: par quatorze hauteurs correfpondantes, ma pendule marquoit * Les fignes afcendans font toüjours ceux où la Lune s'approche du pole élevé fur l'horizon, &c { (o] LE R ON 223". DES T 22.4 DES SCIENCES : 425 le 21 minuit à 12h 9°19" 40": par deux hauteurs, priles entre les nuages, j'ai eu le midi füivant à o 08 -r8" 40": douze hauteurs , prifes'lé 2 3, m'ont donné midi à oh 066’ 17° 30"; ainfi l'heure vraie de l'immerfion eff à r 4h48" 55". Le P. Hell, huit jours après , a obfervé nne immerfion du même Satellite , le 29 à 1 3h 34’ 02", à Vienne en Autriche. I a dû s’écouler, felon les Tables » €ntre les deux obfervations, 7jih$2" 15"; limmerfion que Jai ‘obférvée féroit donc arrivée à Vienne le 22 à 11 41" 47": je l'ai obférvée à 14° 48° 55". La différence des méridiens entre Vienne & Rodrigue, eft donc de 3h 07° 08"; & fi Vienne eft plus orientale que Paris, de 56° 10”; la longitude de Rodrigue fera de 4h 3" 18" à l'eff du méridien de l'Obférvatoire. Le 29 de Juillet, plufieurs Aflronomes ont obférvé l'im- merfion du premier fatellite. Les obfervations de M. Maraldi à Paris, & du P. Hell à Vienne, s'accordent afëz far cette immerfion, que d'autres Obfervateurs ont vûe une demi-minute plus tôt ou plus tard. Je m'en tiens à l'obfervation de M. Maraldi, qui tient aflez exactement le milieu entre toutes: cet Aftro- nome a déterminé l'immerfion à 14h 38° 35": de-là jufqu'à la prochaine immerfion {lon les Tables, il a dû s'écouler 1) 18h 28! 33", ainft limmerfion füivante auroit dû arriver à Paris le 31 à oh o7' 08"; je l'ai obférvée à Rodrigue à 1335" 53" de ma pendule, ou à 13° 10° 20", temps : vrai: car le même jour ma pendule avoit marqué midi à 0h,26" 38" 36", & le :1,% Août. il étoit midi vrai où 24° 22° de la pendule. Cette obfervation qui eft marquée comme tsès-bonne dans mou Journal, donne pour différence des méridiens, 4h 03’ 21", Le 1. Septembre midi à ‘oh 30° 09" 28" de Ia pen- dule, minuit à 12h 29° 04" 24", midi le 2 à oh az s 8 Le 1°, immerfion du premier Satellite à 1 ob 19" 00”, ou en temps vrai, à 9° 49’ 40". Cette obfervation n'eft bonne qu'à quelques fecondes près, à caufe de quelques nuages légers qui traverfant le difque de Jupiter, m'empéchoient de fuivre exaétement fa diminution de lumière du Satellite : cependant Mém, 1761. - Hhh 426 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE j'ai marqué fur mon Journal, que fi l'immerfion avoit précédé l'heure marquée, c'étoit d’un bien petit nombre de fecondes, mais que plus vraïi-femblablement elle l'avoit fuivie. Le P. Hell avoit obfervé limmerfion du même Satellite le 30 Août à 12h 13" 21" à Vienne, ou réduction faite au méridien de Obfervatoire, à 11 17° 11"; l'immerfion füivante a dû arriver felon les Tables de M. Wargentin après ri 18 29” 05", & par conféquentle 1.” Septembre à 5h 46’ 1 6", je ai obfervée à 9" 49’ 40", j'étois donc à 4h 3° 24" à l'eft du méridien de l'Obfervatoire. Ainfi les trois obfervations que j'ai faites du premier Sa- tellite de Jupiter, déterminent la longitude de Rodrigue, la première à 4? 3° 18", la feconde à 4h 3° 21", la woifième à 4h 3° 24" à l'eft de Paris; en prenant un milieu, on aura 4 3° 21". J'ai veillé fréquemment pour obtenir un plus grand nombre d'obfervations; mes veilles ont été inutiles, les nuages & la pluie font plus fréquens à Rodrigue que nous ne nous létions imaginés. , J'ai aufli obfervé autant d'éclipfes des Etoiles par la Lune qu'il m'a été poflible; le 9 de Juin une pendule, diférente de celle qui m'a fervi pour toutes mes autres obfervations, à midi vrai, marquoit o 26° 44" 35°". J'ai foupçonné cette détermination d’inexaétitude, non pas pour les fecondes, mais pour les minutes du temps des obfervations correfpondantes. Je crois avoir tout rétabli par le calcul même des hauteurs obféfVées ; la même pendule à midi du ro, avançoit fur le temps vrai de 23° 28" 40", & le 12 elle n’avançoit plus que de 17° 6" 7". Le 9 à oh 1 1° 5 8” temps de l&pendule, ou à 8h 46’ 24" temps vrai, immerfion de « np fous la partie obfcure du difque de la Lune. Un nuage léger qui paffa alors fur le difque, peut faire douter fi cette immerfion n'eft pas arrivée 2 “econdes plus tard, je n'ai pu voir lémerfion. Le même jour à 6h 17° 42" +temps vrai, M. le Monnier a obfervé le paffage du premier bord de la Lune à fon quart- de-cercle mural, à pendule marquant 11 23° 10 où 9"+, 2) a CE ne tt | tie “malin. DES SCIENCES. 427 le bord fupérieur à l'inflant de la médiation du centre, étoit difant du zénith de 404 38° 30 ou 35". 8 du Lion a paflé à 11P 30° 29 ou 29"+, fa diftance au zénith étant de 324 56’ 37" bord fupér. du Soleil à l'horizontal. PAM ONANE PO ORNE 1." bord de Vénus au vertical. Dire 22-251. 44 bord fupér. de Vénus à l’horizontal. (Obfervation. 22. 52.30 2.4 bord du Solcil au vertical, bord fupér. du Soleil à l'horizontal. 1." bord de Vénus au vertical. Bonne bord fupér. de Vénus à l’horizontal. (Obfervation. 2.4 bord du Soleil au vertical. D D ER © n ain + D bb D bb bord fupér. du Soleil à l’hofizontal. 1°" bord de Vénus au vertical. Brne bord fupér. de Vénus à l'horizontal. (Obfervation. 2.4 bord du Soleil au vertical. bord fupérieur du Soleil à l’horizontal. 1." bord de Vénus au vertical. bord fupérieur de Vénus à l’horizontal. 2.4 bord du Soleil au vertical. bord fupérieur du Soleil à l'horizontal, 1." bord de Vénus au vertical. bord fupérieur de Vénus à l'horizontal. z.4 bord du Soleil au vertical. différence de hauteur des bords fupérieurs , LV: 2i$4e = F 56",6. 1." bord du Soleil au vertical. 1." bord de Vénus au vertical. différence de hauteur des bords fupérieurs, "207" — 3 47,1. 1." bord de Vénus au vertical. 2.4 bord du Soleil au vertical. Temps 23. 38. 23. 39: 2 3. 39. 23. 44. 3+ 44 3 45: 5+ 57: 23. 58. 23. 58. D r:6 S €:T:E 2 à èné TEMPS Temps de la pendule, vrai, 27 |23. 39. 27:| différence de hauteur des bords fupérieurs , Lrév 17Par — 3: 42 ";4e 03 |23- 40, 035] 1. bord du Soleil au vertical. 482123. 40. 49 | 1.” bord de Vénus au vertical. 18 |23. 45. 19 | différ. de haut, r'é r SEP ERENEN 36", 6. 40 [23. 45. 41 | 1. bord du Soleil au vertical, 23 |23. 46. 24 | 1% bord de Vénus au vertical. 00 /23- 58. o2 | différ. de haut. r'év 2 pret — 3°49"% Bonne. 14 123. 59. 16 | 1.” bord du Soleil au vertical. 51 123. 59. 53 | 1. bord de Vénus au vertical. ER + 39 | ©. o3. 412] différ. de haut. r'év 2 8pat. — 4 02",3. Bonne. 0. 02 0. 03. 15] o. 04. 172] 1. bord du Soleil au vertical. 9+ 03: 49] 0. o4. 512] 1. bord de Vénus au vertical. 9: 07: 29 | 0. 08. 312] différ. de haut. r'é 36m" —4"17",4. Bonne. 0..08. o1 | o. 09. o4 | 1° bord du Soleil au vertical. 0. 08. 38 | o. oo. 41 | 1." bord de Vénus au vertical. 9. 12. 56 | o. 13. $94| différ. de haut. rrv. 431% = 4" 30",7. Bonne. * 22 | O0. 14. 252] 1. bord du Soleil au vertical. * 50 | Oo. 14. 535] 1." bord de Vénus au vertical. * 45 | 0. 19. 48%] différ. de haut. 1" 48% — 4’ 40",1. Bonne. + 10 | o. 20. 135] 1.°° bord du Solcil au vertical. : 39 | 0. 20. 332] 1. bord de Vénus au vertical, O. SERPRSESE ER EP Ces obfervations, quoique troublées peut-être par une brife violente qui agitoit fenfiblement l'inftrument, pourroient étre utiles pour la détermination de plufieurs élémens du pañage . de Vénus. Je n’en tirerai cependant aucun parti: M. Thuil- - lier s'eft propolé de les calculer : il en a été empéché jufqu'à em, 1761. . 450 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYaALeE préfent par des raifons qu'il feroit inutile à tous égards de . détailler ici. À RTE, EL Eat, Préliminaires du calcul de la parallaxe du Soleil. On a’ dit que pour retirer du pañage de Vénus les fruits que les plus grands Aftronomes du fiècle derrier & de celui- ci nous faifoient efpérer , les obfervations devoient en être faites avec le plus grand foin & avec la précifion la plus rigou= reufe, Je crois pouvoir ajoûter que les calculs n'exigent pas moins d'exaétitude, moins de fcrupule que les obfervations mêmes. Après avoir eflaié différentes méthodes, je me fuis attaché à une qui n’eft peut-être pas la plus courte, mais elle m'a paru la plus directe & la plus füre. Je demande d’abord qu'il me foit permis de fuppofer le demi-diamètre du Soleil de 1 $" 48”,5, celui de Vénus de 29", & les lieux de lun & de l'autre tels qu'ils font repré- fentés dans la Table fuivante. Les temps qui y font marqués font des temps moyens, rapportés au méridien de Paris : les lieux du Soleil font calculés fur es Tables de M. l'abbé de la Caille : ceux de Vénus, ainfr que fes latitudes, font extraits des Tables de Halley, corrigées fur mon obfervation de Ro- drigue. Pour faire cette correction, j'ai fuppolé la parallaxe horizontale du Soleil de ro fecondes : de plus je croyois alors l'ifle de Rodrigue d’une demi-minute de temps plus orientale que je ne l'ai déterminé dans l’article IV. Ces élémens repré- fentent avec aflez d’exaétitude l'heure des contaéts intérieurs des bords du Soleil & de Vénus, telle qu’on l'a obfervée dans les principaux lieux de la Terre : fa plus grande différence eft d’une demi-minute de temps. Je crois pouvoir en conclurre que ces élémens font exaéts à un très-petit nombre de fecondes près. Je ne les ai point employés immédiatement ; leur erreur auroit alors reflué toute entière fur le réfultat de mes calculs : je ne m'en füis fervi que pour apprécier les effets de la paral- laxe für Le lieu de Vénus. Or il eft facile de concevoir qu'une 5 ESS CULIEUN CES At erreur de 3 ou 4 fecondes au plus, commife foit fur la Jon- gitude, foit fur la latitude de Vénus, ne peut altérer fa parallaxe de la deux-millième partie d’une feconde. Il en faut dire à peu près autant des demi- diamètres de Vénus & du Soleil. Qu'il faille les augmenter ou les diminuer d’une ou deux fe- condes , il senfuivra bien qu'il faudra accélérer où retarder l'entrée & la fortie de Vénus, prolonger ou abréger la durée de fon paffage; mais ces corrections feront générales pour tous les pays où on aura obfervé les mêmes phales : les différences occafionnées par la parallaxe refteront toûjours précifément les mêmes, or mes conclufions ne feront fondées que fur ces différences. TABLE des lieux du Soleil à de Vénus, depuis le 5 de Jun 1 7617. à 12 heures, jufqu'au 6 à zéro heure. donne | — LATITUDE | Équation addit, & | Lieu du Sozeix. | Lieu de VÉNUS. auftrale au = de Vénus. temps moyen. SIDA TMS, DANSE PSS D, MS, A, S 12 (I 15. 22. 16,0 rc 15. 45. 17,84|0. 66. 13,70] 1. 55,2 13| 15. 24. 39,45|- 15. 43- 43,9910. 06. 49,20| 1. 54,7 140 RS N27-N029 15. 42% 10,14|0. 07. 24,70| 1. 54,2 ‘15 15.129, 26}3 15. 40. 36,29 16| TS. 31: 49,75] 15. 39. 02,44 0. 09. 00,201 1 0. 08. ro HOT I. | 17 15. 34 13,2 [fr 15. 37. 28,6410. o9. 11,20|1 1. 52,8 18 15- 36. 36,6 15. 35- 54,790: 09: 46,65| 1. 52,3 19 1$5- 39. 00,05 15. 34.120,94|0. 10. 22,05] 71. 51,8 BONNE AS D 02 A0 0 )ONTON 750) Te USD, 3 EE SR PP IT RE ARE SN PT EE OA CPC IUT LE 21 15. 43. 46,95 15. 31. 13,290. 11. 32,90| t I. 50,8 22 15. 46. 10,4 15. 29. 39,49|0. 121 08,35] 1. so,4 2 T5: 48% 39,8 15- 28. 05,690. 12. 43,75| 1. 49,9 P24|rx 15. 50. 57,25|xt 15. 26. 31,89|0. 13: 19,15] 1. 49,4 Sur ces élémens j'ai calculé d'abord les contaéts intérieurs des bords, & par conféquent la durée du paffage ,ainfi que-la Lil ïÿ 452 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE plus courte diflance des centres , tels qu'ils auroient été vûs du centre de la Terre. J'ai trouvé que le premier contact intérieur a dû arriver à 14h 28° 18",10, temps moyen, méridien de Paris, & le deuxième contaét intérieur à 2 oh 273796; ainfi la durée auroit été de 5 59" 19,86 temps moyen, ou de 5° 59° 17,6 temps vrai, entre les contaéts intérieurs, J'ai calculé peu de contaéts extérieurs, parce que j'ai cru qu'ils n'avoient pu être auffi précifément obfervés que les intérieurs. Pour trouver l’heure de ceux-ci, je l'ai d'abord déterminée à peu près par des premiers calculs. Des feconds calculs très- précis m'ont fait connoître a diflance des centres du Soleil & de Vénus à deux inftans qui renfermoient entre eux celui du contact, & que j'ai toüjours pris à 2° 30 ou 35" de diflance l'un de Fautre. J'ai jugé cette précifion néceflaire; en prenant entre ces deux inftans la partie proportionnelle convenable, j'ai trouvé à mieux qu'un dixième de feconde près le véritable inflant où la diftance des centres étoit égale à la différence des demi-diamètres, c'eft-à-dire, l'inftant du contact intérieur. Lorfque j'ai réitéré ces calculs pour les différens lieux de la fuperficie de la Terre, il a fallu y joindre l'effet de la parallaxe, & j'ai toûjours déterminé cet élément dans 1 précifion des centièmes de fecondes. Voici maintenant les procédés que j'ai tenus pour calculer les moindres diftances des centres de Vénus & du Soleil. Soit EC (fig. 2) l'écliptique, C le centre du Soleil, FA l'orbite apparente de Vénus, les points V & AN deux lieux de Vénus fur le difque, exaétement calculés & peu diflans Fun de l'autre, renfermant entre eux le lieu A7 de la plus courte diflance, où du moins en étant peu éloignés: FL eft parallèle à l'éclip- tique, A L lui eft perpendiculaire, C 41 moindre diflance des centres eft perpendiculaire à l'orbite, & L/Æ perpendiculaire à l'écliptique. Cela polé, fi F eft le lieu géocentrique de Vénus à 17 24 temps moyen, méridien de Paris, CE —= 100,50 exprimer la longitude de Vénus au Soleil, & VE = 565,38 lera la latitude de Vénus au même inftant ; on en concluia que dans le triangle rectangle VCE£, l'angle DES SCIENCES. 45%? VCE eft de 794 ss’ 14”, & de côté CV de 574,24; que 6 minutes après ou à 17" 30’, Vénus foit en N;LV repréfentera fon mouvement en longitude à l'égard du Soleif, , & fera de 2 3",69 ; LAN fera fon mouvement en latitude = 3",54; donc l'angle LIN fera de 8d 29° 54", fon complément ECM de 8 14 30’ 06": donc l'angle FC 74 = l'ange ECM — ECV fera de 14 34 52". Ainfr dans le triangle reétangle ACY,, connoiffint CJ & tous les angles, on trouvera CA, moindre diftance géocentrique des centres, de 574',02. Je fuppofe tous ces triangles rectilignes & cette fuppofition ne peut nuire à la précifion extrême de mes réfultats, parce que, comme je l'ai dit, ce n’eft point ici mon deffein de déterminer les plus courtes diflances en elles- mêmes, mais l'effet que la parallaxe a pu opérer fur ces diftances. Lorqu'il sagit, non pas de calculer quelle a dû être 1x moindre diftance des centres, mais de découvrir par l'obfer- vation quelle elle a été réellement, on peut employer diffé- rentes méthodes, la plus facile fe peut appliquer à mes obfer- vations de Rodrigue. A 21° 4312" temps vrai, méridien de Rodrigue, j'ai obfervé la plus grande diflance des bords méridionaux de 5° 57",2. Pour avoir la moindre diflance des centres, il fuffroit de retrancher cette quantité de 11 diffé- rence des demi-diamètres de Vénus & du Soleil, fi l'heure obfervée étoit précifément celle du milieu du pañlage, & sil n'y avoit pas d'ailleurs une petite équation à employer à caufe de la différence de réfraction entre les bords. J'ai beaucoup de confiance dans une autre manière de dé- terminer la moindre diftance des centres, Je veux parler de celle qui emploie à cet effet la durée obférvée du pañlage ; mais pour en tirer tout le fruit qu'on fe propole, Je crois qu'il eff à propos d'obferver certaines précautions. Soit £O R L, (Pig 3} un cercle dont le rayon CL eft égal à la différence des demi- diamètres du Soleil & de Vénus ,; € le centre du Soleil, O R l'orbite de Vénus, C A4 perpendiculaire fur Torbite, & par conféquent 41 milieu de OR. On connoîtra OC & CR, LIl ii ; 454 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ” qui font des rayons égaux du même cercle, OR fe connoîtra par le calcul du mouvement de Vénus au Soleil entre les , inflans donnés des obfervations des contaéts intérieurs ,on en conclura CM}; mais le CAT ainfi conclu, ne fera pas le véritable CM; pour qu'il le fût, il faudroit que Vénus ne fe fût pas éloignée fenfiblement de la ligne droite O À ; il faudroit ou que les parallaxes de longitude & de htitude n'euffent point varié dans l'intervalle des deux contaéts, ou que leur variation eût toûjours été proportionnelle aux temps, or c'eft ce qui n'eft pas. Je fuppofe qu'au point À la parallaxe de la- titude de Vénus au Soleil ait été trouvée de 24 fecondes, & qu'au point © elle ne fût plus que de 4 fecondes; donc au point 1 elle auroit dû être de 14 fecondes, pour que OR püt être confidéré comme une ligne droite, Mais felon le calcul au point 7, la parallaxe de latitude n'étoit que de 12 fe- condes, & d’ailleurs toutes ces parallaxes approchoient le centre de Vénus de celui du Soleil. [Left donc clair qu’en fuppofant que la corde OR étoit droite, j'ai dû trouver Vénus de 2 fecondes plus proche du centre qu'elle ne l'étoit réellement; if faut donc ajoûter 2 fecondes à C AZ ou à la moindre diftance des centres trouvée par le calcul précédent. Je fais qu'au mi- lieu du pañlage, la latitude ne porte pas Vénus direétement vers le centre du Soleil; ainfr il fembleroit d'abord qu'il ne faudroit pas ajoûter 2 fecondes entières à CM}; maïs je me füis afluré que la correction qu'il faudroit faire ici ne monte pas à beaucoup près à un demi-centième de feconde. Quant à la parallaxe de longitude, fi au point À elle étoit de 24 fecondes additive, & au point © de 4 fécondes fouftraétive, au point M elle auroit dü être de ro fecondes additive, on trouve ce- pendant par le calcul qu'elle étoit alors de 1 6 fecondes addi- tive; donc à l'inflant du milieu arithmétique du pañage, le centre de Vénus n'étoit point encore parvenu dans la ligne CM perpendiculaire à l'orbite ; il en étoit éloigné de 6 fecondes vers lorient ou vers le point À; pour parvenir à la ligne C'AZ, il lui aura encore fallu environ une minute & demie de temps, & cependant la latitude auftrale de Vénus aura augmenté d'en: DES ScIrENCESs. s$ viron quatre-vingt-cinq centièmes de feconde, il faut donc encore ajoûter 0",8 5 à C4 ou à la plus courte diflance trouvée par la folution du triangle rectiligne OCR ; moyennant ces deux équations, je crois que cette méthode peut faire connoître Îa moindre diftance oblervée avec plus de Précifion qu'on n’en peut elpérer des méthodes les plus directes. Ce que je viens de dire des contadts intérieurs fe peut auffr appliquer, du moins en partie, à différentes diflances des bords obfervées directement, Si l'obfervation m'a fait connoître la diftance CP des centres de Vénus & du Soleil, & que j'aie obfervé le dernier contaét intérieur ©, je connoîtrai les côtés du triangle CO P, & je parviendrai facilement à connoïtre la perpendiculaire C4 qu'il faudra corriger, comme nous ve- nons de le dire. Mais pour efpérer quelque précifion de cette méthode, il faut que le milieu 7 foit entre les points P & O, où du moins que le point L {oit peu éloigné de 44; car fr Von choifit la diftance CS pour la comparer à {a diftance CO, il eft certain que l moindre erreur commife dans l’ob- fervation de l'une ou de l'autre diftance, fe multipliera & occafionnera une erreur très-{enfible dans là moindre diflance CM. I eft pareillement à propos que les diflances que l'on compare, excepté celles que l'on conclud des contacts, foient obfervées à quelque diftance de l'horizon, pour éviter l’incer- titude des réfractions. L’obférvation de là déclinaifon de la Lune au Soleil, àrl'inftant de fà conjonction en afcenfion droite, peut aufii conduire à , & connoiffance de la moindre diflance. Soit VN (fig. 4) Porbite de Vénus, CN un cercle de déclinaifon, ou un mé- ridien, CÆ perpendiculaire à CN, CY la moindre diftance des ceritres. L'angle NC où CVE eft égal à la fomme des angles que fait le cercle de latitude avec celui de déclnaifon , & avec celui qui eft perpendiculaire à l'orbite de Vénus. Si donc on connoît par obfervation le côté CN, déclinai(on de Vénus au Soleil au moment de la conjonction en déclinaifon, où même le côté J’Æ égal à cette déclinaifon au moment de la moindre diftancé des centres, il {era facile de réfoudre le dx 456 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaL® triangle CNY, ou le triangle CEV, & par conféquent dé connoître la moindre diftance des centres CY. Dans tous les calculs de f'article fuivant, j'ai fuppofé la pa- rallaxe horizontale du Soleil de 10 fecondes juftes; & en conféquence, j'ai toûjours pris le nombre 1,400 300 pour le logarithme de fa parallaxe horizontale de Vénus au Soleil. Les différences des durées du pañlage & des diftances des centres, calculées fur cette fuppofition , ne s’accorderont point avec celles qui auront été obfervées; alors je penfe que pour connoître la vraie parallaxe du Soleil à quelques centièmes de fecondes près, il fuffra de dire, comme la différence calculée eft à la différence obfervée, ainfi ro fecondes font à la parallaxe hori- zontale du Soleil. On peut employer trois méthodes pour conclurre la paral- lxe du Soleil du dernier paflage de Vénus fur le difque du Soleil; on peut comparer les durées de ce paffage obfervées en différens lieux, on peut comparer les moindres diftances des centres de Vénus & du Soleil conclues des obfervations directes ou médiates, on peut enfin comparer les inflans du contact intérieur des bords du Soleil & de Vénus prête à fortir, obfervés en différens lieux, mais rapportés à un même méridien, . AUR T'ICL EN LT Recherche de la parallaxe horizontale du Soleil, par la durée du paflage de Vénus fur fon difque. Cette méthode ne fuppofe point une -connoiflance bien précife de la longitude & de la latitude des lieux où le paffage a été obfervé; & d’ailleurs la durée de ce paflage a pu varier de 10 à 12 minutes en diflérens lieux. Il paroit donc que cette méthode feroit préférable aux deux autres, puifque pour occafionner une demi- feconde d'erreur fur la parallaxe du Soleil, il faudroit fuppofer une demi - minute de temps d'erreur dans un des Oblervateurs, ce qui ne me paroît pas probable ; mais Ja durée entière du pañlage n’a pu être ne ans DES ScrENCESs. 457 dans les lieux les plus favorablement fitués pour l'ufage de cette méthode. Les plus avantageux de ceux où on a envoyé des Obfervateurs , ont été Tobolsk & Rodriguë ; la différence des durées devoit être de 8’ 32"; mais les nuages m'ont malheureufement empêché de voir le premier contaét intérieur. Nous ignofôns encore fi ce phénomène a été oblervé à Batavia, où il a dû durer environ 6 minutes plus qu'à Tobolsk. A Tranquebar & aux environs, la différence a dû étre de à 13", mais nous n'avons point de ce pays d’obfervation affez fatisfaifante. La durée à Tobolsk (entre les contacts intérieurs) a été de 5h 48° 53" +; à Tranquebar, on la déterminée de 5% 53° 33", & au Grand-mont près de Saint-Thomé, on l'a réduite à $h $o' 20". L'obfervation de Tranquebar feroit monter la parallaxe du Soleil à NU au contraire celle du Grand-mont la reftraindroit à 4"21; fa différence des durées obfervées au nord eft trop petite, pour qu'on puifle en tirer un réfultat bien précis. Je les ai cependant toutes calculées, & je les aï réduites dans a Table fuivante, avec les parallaxes du Soleil qui en-rélultent. Toutes les comparaifons font établies avec Tobolsk. La première & la feconde colonne contiennent les noms des villes & des Obfervateurs qui nous ont procuré des obfervations complettes ; la troifièmé colonne comprend les durées du paffage obfervées ; la quatrième offre la différence entre ces durées obfervées, & la durée déterminée à Tobolsk par M. l'abbé Chappe; dans la cinquième colonne, j'ai marqué Ra différence de durée entrè les mêmes villes & Tobolsk, telle que je l'ai conclue de la fuppofition de 10 fécondes de prrallaxe horizontale du Soleil ; enfin je détermine dans la fixième cette parallaxe horizontale, telle qu'elle réfulte de la combinaifon des deux colonnes précédentes. La durée à Tobolsk, que j'emploie pour terme de comparaifon , comme la plus petite de toutes, efl comme je l'ai dit, de 5" 48" 53" z Mém, 1761. . Mmm 458 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE LA CRC ARE ES ER ES SEE | DiFFÉRENCE | Duirrënence | Parallaxe VILLeEs, OBSERVATEURS. Dun Ë E de de horizontale FPE durée obfervée.| durée calculée. | du Soleil. Stockolm....| Wargentin. 5- 50. 45 | 1. 51,75 | 1. 44) 10,74 Stockolm....| Klingenftierna. 5+ 50. 42 1. 48,75 1. 44,03 10,45 Cajanchourg... | Planmann. 5: 49. 54 | 1. 00,75 1. 06,81 9,09 Up Bergman, 5. 50. 26 | 1. 32,75 | 1. 43,66 8,94 ( Torncä..... Hellant. | 5: 50. 09 |" 1. 15,75 | 1. 12,57 | 10,44 | En prenant un milieu entre ces cinq rélultats, on auroit 9'»9 3 pour parallaxe horizontale du Soleil ; mais les différences entre les durées n'atteignant point deux minutes de temps , Lefprit refte néceflairement en fufpens. IL craint que quelque lgère erreur dans l'obfervation des coniaéts intérieurs n’en ait occafionné une fenfible fur la parallaxe du Soleil. Ne pourroit- on pas dire néanmoins que l'accord de ces cinq réfultats à mettre cette parallaxe à 9 fecondes & au-deflus, eft une elpèce de préjugé qu'elle ne peut pas être au-deffous? Je ne diflimulerai pas cependant que je pouvois joindre ici quelques autres réfultats que je n'ai pas cru devoir faire entrer en ligne de compte. M. Hellant n’eft pas le feul qui ait obfervé la durée de léclipfe à Torneä , il avoit M. Lagerbom pour coopérateur : je n'ai point préféré l'obfervation de M. Hellant, parce qu'il et Membre d'une Académie, de celle d'Upfal. Quoique ce uire puifle être regardé comme un préjugé, je conviens que l'on peut trouver de bons Obfervateurs hors des Académies, je fuis même perfuadé qu'il faut mettre M. Lagerbom de ce nombre, fon obfervation ne diffère de celle de M. Hellant que de 2 fecondes pour le premier contact inté- rieur ; mais il a vü le deuxième contact intérieur 1 4 fecondes plus tard que M. Hellant, la différence de durée eft de 1 2 fecondes; & il faudroit conclurre de lobfervation de M. Lagerbom, que la parallaxe du Soleil eft de 1 2",09, ce qui vrai-fembia- blement eft trop. Il paroit d'ailleurs que l'oblervation de DES SCIENCES. 459 M. Hellant par rapport à la durée de la fortie de Vénus, eft plus parfaite que celle de M. Lagerbom. Des raifons à peu près femblables m'ont engagé à préférer lobfervation de M. Bergman, à celles de M.° Stroemer & Mallet, faies à Upfal. La durée du pañage a dû étre la même à Stockolm & à Upfl, à quelques dixièmes de fecondes près. Selon M. Bergman, elle a duré 16 ou 19 fécondes moins à Upfal qu'à Stockoln, ce qui confitue déjà une différence aflez fenfible pour faire douter de la précifion de cette obfer- vation. À plus forte raifon j'ai cru devoir rejeter l’obférvation de M. Mallet, qui donne une différence de 3 7 ou 40 fecondes, & celle de M. Stroemer , dont l'erreur eft encore plus confidé- rable de ro fécondes. Les parallaxes réfültantes de ces deux obfervations comparées avec celle de Tobolsk, feroient 6",9 24 & 595: On à aufft prétendu obferver à Péterfbourg le pañlage en- tier de Vénus fur le Soleil ; on étoit même fi jaloux de cette obfervation, & de tout ce qui pouvoit y avoir trait, qu'on obtint, comme je l'ai dit plus haut, des ordres fupérieurs qui interdifoient à M. Epinus, habile Obfervateur Allemand , la connoiflance des phafes de l'éclipfe du Soleil, du 3 Juin pré- cédent. Trois Ruffes étoient deflinés à l'exécution de ces obfervations aufi délicates qu'importantes. On rend la juftice à lun d'entre eux, à M. Braun, qu’il étudie fa Nature avec zèle, avec intelligence, & avec fuccès. Tous trois ont fans doute des connoiffances & des talens, mais ils n'ont certainement pas celui de l'expérience dans les opérations Aftronomiques. Ce qui me paroît ici de plus furprenant , c'eft l'accord fingulier de ces Obferväteurs dans la même erreur , cette même erreur ne les fait point errer diverfement. De leurs obfrvations comparées avec celle de Tobolsk, il fuivroit que la parallaxe du Soleil feroit de 30 fecondes: fi la comparaifon eft établie avec l'obfervation de Stockolm , la parallaxe fera à peu près fa même, avec cette différence cependant, qu'elle feroit en fens contraire , c'efl-à-dire qu'elle feroit paroïtre le Soleil plus élevé qu'il nel'eft réellement. En effet, lon mon calcul, le paffage à Mmm ji} 460 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Péterfbourg devoit être plus court qu'àStockolm, de 3 4 fecondes environ, & les Rufles l'ont trouvé de près de 2 minutes plus long. Je ne puis faire aucun ufage d’une telle obfervation. AO FIG DE 7 IE Recherche de la parällaxe du Soleil par l'obfervation des plus courtes diflances des centres de Vénus &r du Soleil, Cette méthode n’exige pas, non plus que la première , une connoiflance précife de la longitude & de la latitude des lieux où l’obfervation s’eft faite; mais elle demande au moins une précifion aflez fcrupuleufe dans la détermination des moindres diflances que l’on fait fervir de principes à la détermination de la parallaxe du Soleil. Cette parallaxe en effet étant environ le tiers de la différence entre les moindres diflances obfervées dans les lieux les plus favorablement fitués, l'erreur d’une feconde dans la détermination dé la diftance, en occafionnera une de trois dixièmes de feconde dans la parallaxe. ! Les lieux les plus avantageufement placés pour faire varier fenfiblement la moindre diftance, étoient d'une part le cap de Bonne-efpérance & Rodrigue, de l'autre Tobolsk & prefque toute l'Europe, Je ne fais fi l'ona fait au Cap des obfervations propres à mon defléin aétuel, du moins je n'en ai jufqu’à préfent aucune connoiffance. Rodrigue eft donc le feul lieu de comparaifon que je puifle établir dans la partie méridionale de la Terre. J'ai apporté tous mes {oins pour déterminer avec la plus grande exactitude la moindre diflance apparente des centres à Rodrigue. L'objet principal de ma miffion n'étoit point de redreffer les élémens de la théorie de Vénus, c'étoit de dé- terminer la parallaxe du Soleil ; en conféquence, je me luis appliqué à mefurer, autant que les nuages & le vent me l'ont péimis, les diflances entre les bords les plus voifins de Vénus & du Soleil. J'ai obfervé la plus grande a 21 43" 1 1": elle étoit D e1s SCT E Nc: rs. 461 alors felon a dernière mefure que j'ai faite des parties de mon micromètre, de $'.57",2. Îl faut ajoûter o”,2 à caufe de l'effet de la réfration, la fomme $' 57",4 étant retranchée de a différence des demi-diamètres 15° 1 9",5 » il refte 9° 22", pour la diftance des centres obfervée à 21h 43° 11"; mais lheure de la plus courte diflance étoit déjà écoulée, & j'ai calculé que la diftance des centres avoit déjà dû augmenter de 0,22; ainfi cette obfervation donneroit 9° 21",88 ou 561",88 pour moindre diftance des centres apparente à Ro- drigue. Pour m'aflurer davantage de ce rélultat, j'ai comparé un très-grand nombre de diftances obfervées, foit au commen- cement, foit vers le milieu du paflage, avec la diftance déterminée par le contact intérieur des bords, felon la méthode -que j'ai expofée dans farticle VIT. J'ai exclu, comme de raifon, les obfervations marquées comme douteufes, telles que la première, la feconde & la quatrième. A la troifième, la diftance des bords étoit de 1 30",3, & par conféquent celle des centres de 789';2à 19h19" 5$2"+,temps moyen, méridien de Rodrigue, lélongation de Vénus étoit alors de 628",22 à left, & fa latitude auftrale 48 1",39. À ob 34° 58” temps moyen, la diftance des centres obférvée étoit de 919",5, l'élongation de 643,12 à loueft, la latitude auflrale 65 9,03. Des élongations & latitudes données, je conclus qu'entre les deux obfervations, le mouvement de Vénus au Soleil a été de 1271",34 en longitude, de 177,64 en latitude, & par conféquent de 128364 fur l'orbite. Ainfi voilà les trois côtés du triangle connu , lès deux diftances obfervées, 789,2 & 919",5,& le mouvement de Vénus au Soleil fur fon orbite 1283',64; on trouvera que la perpendiculaire tirée du centre du Soleil fur l'orbite de Vénus, doit être.de 5 60,98; mais ceci fuppole que l'orbite de Vénus éoit redliligne, & ele ne l'étoit pas: à la première obfervation, la parallaxe de latitude de Vénus au Soleil étoit de 8”,54, & à la deuxieme oblervation de 1708 vers le nord. Pour que l'orbite fut droite , cette parallaxe vers 2 1? 34',temps du milieu du pafiage, auroit dû êue de 12”,17, & elle étoit de 13",55 , c'eft-à- Mmnm ii} 462 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dire, de 1”,38 plus forte qu'elle mauroit dû être, c'eft 1,38 qu'il faut retrancher de la moindre diflince conclue ci-deffus, il reflera $ 59",60. D'un autie côté la parallaxe de longitude étoit à la première obfervation de 23",25 vers l'eft, & à la dernière de 2”,03 à l'ouefl; au milieu du paflage elle auroit dû être de 12”,50, & elle étoit de 1 5" 5 2: donc au milieu fuppofé du paflage, Vénus étoit rejetée par la ‘parallaxe de 3',02 vers l'eft, il falloit qu'elle parcourût encore ces 3",02 en longitude pour atteindre la ligne de la plus courte diftance des centres: or durant l'intervalle de temps néceflaire à cette variation de 3”,o2 en longitude, la latitude auftrale de Vénus aurà cru de 0",42 ; cette Planète fe fera éloignée du centre du Soleil de o",42 , ce fera 0”,42 qu'il faudra ajoûter à $ 59",60. Ainfi la plus courte diflnce des centres, conclue de la com- paraifon de ma troifième obfervation avec celle du contaét intérieur des bords, fera de $ 60",02 , c’eft fur de femblables calculs que font fondés tous les réfultats fuivans. La comparaifon du contact intérieur avec la troifième obfer- vation donne, comme nous venons de le déterminer, $ 60",02 pour moindre diflance des centres. Le même contact intérieur, combiné avec la cinquième obfervation , donne 555",79. Avec la 6° 559,35. Avec là 7° 561,87. Avec là 8° 563,21. Avec la 9 560"79. # Avec la 10% 557,95. Avec la 11 561,39. Avec la 12. $60",51. Avec la 13. 560,45. Avec là 14° 560 Avec la 15 561",54 Avec la 16 562,15. Avec la 17 562"8o. DiEëse SLCIINE N:cC'E 463 Avec la 18% 563,17. Avec la 22 563",29. Avec la 23 561,88. Avec la 24 559,43. À ces trois dernières combinaifons , j'ai eu égard à fa réfraction dont j'ai même augmenté un peu l'effet, en le portant à o”,2, quoiqu'il s'en manquât quelques centièmes, je l'ai fait pour compenfer en quelque forte lomiflion de cet élément dans les autres combinaïifons où il pouvoit aller au plus à quelques centièmes de feconde De ces dix-huit combinaifons, deux feulement font la diflance des centres moindre que 559", je les exclus; & prenant un milieu entre les réfultats des feize autres ,on trouve 561,18 pour cette diftance. Des feize obfervations ainfi comparées , neuf feulement font marquées comme bonnes dans mon Journal, ce font la douzième ,la treizième la quinzième, & toutes les fuivantes. En ne confidérant que celles-ci , la moindre diflance des centres apparente aura été à Rodrigue de 561”,69 ; je penfe qu’il faut s’en tenir à cette détermination. Selon les élémens fuppofés dans article VIE, à 2 1° 27° 26" temps moyen, méridien de Rodrigue, l'élongation apparente de Vénus étoit à Rodrigue de 1 16”,5 1 orientale, & fa latitude de $52",03 auftrale; 6 minutes après, l'élongation orientale étoit de 92”,34, & la latitude auftrale de 55 5",37,ce qui donne la plus courte diflance des centres calculée $ 62,78. Aux mêmes inftans, c'eft-à-dire, à 21h 47° 52" temps moyen, méridien de Tobolsk, & 6 minutes après, les élon- gations apparentes de Vénus étoient à Tobolsk de 104",50, & 80,57, & les latitudes $83",29 & 58675 ; donc la moindre diftance calculée 592";2$. Si donc la parallaxe horizontale du Soleil eft de 1 0", comme nous l'avons fuppolée, fon effet aura été de rendre lt moindre diftance des centres de 29",47 plus grande à Tobolsk qu'à Rodrigue. Nous avons déjà vü qu'elle a été obfervée de 561,69 à Rodrigue, if s'agit maintenant d'examiner le réfultat des obfervations de Tobolsk. 464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le premier contaét intérieur a été fixé à 1 8h 58° 36" 20°". temps moyen, & le fecond à o" 47° 32" 23°". Les 3 fecondes que M. l'abbé Chappe croit pouvoir retrancher de l'inflant de cette dernière obfervation, naltéreroient pas fenfiblement le réfultat. À l'inflant du premier contact, l'élongation de Vénus étoit de 780",64 à left, & fa laitude de 484,95 au fud; au moment du fecond contaét, l'élongation étoit ue 614,47 à l'oueft, & la latitude de 68 5”,865 auftrale: donc pendant la durée du pañlage, le mouvement de Vénus en élongation a été de 1395',11, & en latitude de 200",97 5 : ka corde parcourue par Vénus étoit donc de 1409",50 ,& la perpen- diculaire abaiffée du centre du Soleil fur cette corde de 0"6o; il faut à cette perpendiculaire ajoûter 0",83 , parce que la parallaxe de latitude additive étant au premier contaét de 19”,68, & au fecond de 14”,40, auroit dü par proportion être de 17,04, & qu'elle étoit réellement de 1 7",87 : il faut encore ajoûter 0,10, vü que la parallaxe de longitude qui étoit au commencement de 10"”,77 additive, & à la fin de 4",45 fouflraclive, devant être au milieu de 3”,16 additive, & étant de 3,88; le centre de Vénus avoit encore 0",72 à parcourir en élongation pour atteindre le milieu, & que cepen- dant fa latitude a dû croître de o"”,10. La perpendiculaire ou la moindre diflance des centres a donc dû être réellement à Tobolsk de 591",53, elle a été obfervée à Rodrigue de 561",69, la difirence eft de 29,84; dans la fuppofition de 10 fecondes de parallaxe folaire, elle devoit être de 29,47. Je dis, 29"”,47 : 10"::29",84:10",125, la parallaxe hori- zontale du Soleil conclue des moindres diflances obfervées à Rodrigue & à Tobolsk, eft donc de 10”,125. Cet fur de femblables calculs que j'ai conflruit la Table fuivante. J'y compare la plus courte diflance déterminée ci- deffus pour Rodrigue, avec la même difianee conclue par le calcul de la durée obfervée à Tobolsk, à Stockolm, à Upfl, à Cajanebourg, à Torneä. Pour Stockolm, j'ai pris le milieu entre les obfervations de M.° Wargentin & Klingenflierna, Jefquelles ne diffèrent d’ailleurs que de 3 fecondes de temps, ce DES SCIENCES s ce qui ne peut produire une diflérence fenfible {ur la parallaxe du Soleil. Je metiens pour Upfal à l'oblemvation de M. Bergman, pour Torneä à celle de M. Hellant. Je n'ai point calculé Tobfervation de Saint-Péterfbourg, pour la iaifon que j'ai ex- pofée ci-deflus; les durées font en temps vrai. . TABLE de la parallaxe du Soleil, conchue de l'Obfervation de la moindre diflance des centres. _— À -vites où durée | Durée du pañlige ii nu 7 | Moindre dif. | ParaLLAxE du pañfage entre anse déduite horizontale conclu = a été obfervée, lescontactsintérieurs. Ë des Élémens. | du Soleil. de la durée. SR | 4. 5, M. 5. sE En prenant un milieu entre ces déterminations , ON trouve 20",1 pour parallaxe horizontale du Soleil. Pour confirmer la certitude de ce réfültat, il froit à defirer que la durée du pañlage eût été obfervée quelque part dans les parties méridio- males de l'Afie ou de l'Afrique, ou que du moins Rodrigue ne fût point le {ul lieu au delà de fa Ligne où l'on fe füt attaché à faire des obfervations propres à déterminer la plus courte diflance apparente des centres du Soleil & de Vénus. ne faut pas douter que M. Mafon n'en ait fait de ce genre au cap de Bonne-efpérance, mais elles ne nous font point encore parvenues, Je fais que le paflage entier a été obfervé à Madraft par M. Horft , Anglois ; mais le détail de fon obfervation m'eft d’ailleurs abfolument inconnu. Avec le temps on aflemblera peut-être des matériaux propres à établir plus folidement Ja conclufion que j'ai tirée dans cet article, J'avois d'abord tenté de l'étayer du réfultat de plufieurs obfervations faites en Portugal, en Italie, en Angleterre, en France, en Allemagne, &c. J'ai trouvé des réfültats différens Mén. 176 1. INTER 466 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE de celui que je viens de propoler , & je crois qu'il ne faut en chercher la caufe que dans l'imperfection des obfervations qui m'ont procuré ces réfultats diférens. M. Ciera, Italien, mais établi à Lifbonne, où il eft deftiné à diriger le nouveau collége des Nobles, m'a paru très-intel- ligent dans la théorie & dans la pratique de l’Aflronomie. II ma communiqué fon obfervation du paflage de Vénus, il A dit que la latitude de Vénus au moment de la conjonétion, étoit de 9° 45”. S'il s'agit de la latitude apparente de Vénus, je penfe que c'eft ee ceft trop au contraire, s'il eft queftion de la latitude géocentrique, le Soleil étoit alors à peine fevé à Lifbonne. M. Ciera gêné par cette circonflance, na pà conclure cette latitude que d'obfervations faites après, & peut-être long-temps après cette conjonction; fi cela eft, les erreurs légères qui font comme inévitables dans les méthodes que lon emploie pour conclurre ces latitudes, fe front mul- tipliées, comme je l'ai dit dans Fartide VIT, & auront indiqué une latitude trop petite ou trop grande de plufieurs fecondes. . | J'en pourrois dire à peu près autant des obfervations faites en France, & nommément à Paris. Dans cette dernière ville, où tant d’excellens Aflronomes fe difpoloient à nous procurer les obfervations les plus exactes & les plus précifes, on ne put voir le Soleil qu'à fix heures & demie, c'eft-à-dire, long- temps après le milieu du pafage, rien ne fut omis fans doute pour profiter du temps qui reftoit. J'ignore quelles ont été les obfervations directes, je fais feulement que leur réfultat eft, felon M. de la Lande, qu'il faut fixer à 9° 30" la moindre diflance géocentrique des centres : il me paroît d'un autre côté, par le concours uniforme des durées obfervées à Tobolsk, à Stockolm, à Cajanebourg, à Upfal, à Torneä, que cette diflance a été de 9° 33", & même quelques centièmes au delà, à moins qu'on ne veuille augmenter de plus d’une feconde la parallaxe horizontale du Soleil, que j'ai déduite de ces obfervations, & que j'ai déterminée de r0”,r; il y auroit encore un moyen d'accorder prefque tout, j'en parlerai bien-tôt, ee tel nd ee — DES SCIENCES. 467 Les obfervations d'Allemagne & d'Italie font encore pour fæ * plufpart moins d'accord que celles de France, avec les obfer- vations du Nord. II ne faut pas en chercher d'autre raifon que la délicatefle des opérations auxquelles il falloit recourir pour obtenir la plus courte diftance des centres. Une demi- feconde d'erreur dans les temps en occafionnoit une de 7 à 8 fecondes dans les pofitions conclues de Vénus, & l'erreur fe multiplioit d'autant plus que les obfervations étoient plus voifines entre elles, & plus diftantes du milieu du pañlage. C'eft à cette caufe qu'il faut attribuer des imperfeétions palpables que j'ai remarquées dans quelques-unes de ces obfervations. ‘Ici le mouvement de Vénus en déclinaifon eft le même en 12, en 30 & en $3 minutes de temps ; là le mouvement en latitude eft prefque le double de ce qu'il devroit être {elon la théorie. Il eft d'autres obfervations probablement bonnes en elles-mêmes, defquelles cependant on tire un mauvais réfultat, faute de difcernement dans le choix de celles qu'il faut admettreou rejeter. Je parle ici principalement des obfervations du P. Weiff, faites à Tirnau en Hongrie, ces obfervations paroiffent faites avec tout le goût & toute l'intelligence poñlible. Le P. WeifT a employé les trois méthodes les plus connues, perfuadé que ces méthodes fe foûtiendroient & {e confirmeroient mutuellement dans leurs réfultats; il a foûmis toutes ces obfervations à un calcul laborieux & précis; il a eflayé d'en conclurre les élémens du paflage de Vénus; & il y auroit réuffr, s'il eût apporté plus d'attention au choix des obfervations qu'il a jugé les plus propres à, fon deflein. Les premières cotées dans limprimé par À & PB ,comparées avec les dernières ©, P, F, Z, &c. donnent un mouvement de Vénas en latitude afiez appro- chant du vrai: ainfi ces obfervations peuvent pafler pour juftes à quelques fecondesprès. Au contraire les deux obfer- vations cotées /7 & Q , comparées avec les premières À & Z, retardent d'environ 12 fecondes le mouvement de Vénus en latitude ; elles l'accélèrent au contraire de 9 à 10 fecondes, {1 on les compare avec les dernières obfervations. Il eft affez naturel de conclurre que ces deux obfervations A & Q font Nan i 468 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE h latitude de Vénus trop foible de 10 à 12 fécondes, Ce font cependant ces deux obfervations quele P. Weïff, par une ù efpèce de prédileétion fingulière, a choifies pour les principaux termes de fes combinaifons, if n’eft point étonnant après cela qu'il ait trouvé la latitude de Vénus trop foible de r 0 fecondes: il auroit évité cette erreur, en abandonnant les deux obferva- tions À & Q, & en leur fubfituant celles qu'il a faites à . F6 7 19", M7 ira sp MERE GA Of Eccs Les obfervations du P. Ximenès à Florence, s'accordent fort bien entrelles, fi on en excepte cependant la feconde ; les autres, diverfement combinées, donnent S91"+ pour moindre difiance apparente des centres : ce réfultat, comparé avec celui que j'ai tiré des obfervations de la durée, ne feroit ue de 2 fecondes trop foible. J'ai calculé les obfervations de M. le Baron Ehrmans, rapportées par le P. Hell; elles paroiffent exaétes, leur réfultat diffère très-peu de celui des obfervations de Florence. Enfin M. Wargentin conclud de fes obfervations, que la plus courte diflance apparente, corrigée feulement de l'effet de la réfraction, a été de 9" 51,7: mes calculs m'ont effectivement procuré le même rélultat, ceft environ 3 fecondes de moins que nous n'avons trouvé par le temps de la durée. Pour rejeter le réfultat conclu de la durée, on ne peut pas dire que les Obfervateurs, non feulement de Stockolm , mais encore de Tobolsk, de Cajanebourg, d'Upfal & de Torneä, fe font accordés à fe tromper d'environ 20 fecondes de temps dans la détermination de chacun des deux contaéts intérieurs, & par conféquent de 40 fecondes fur la durée, cela ne feroit point du tout vrai-femblable: je penfe- rois pluftôt que cette différence vient de quelque défaut dans mes fuppofitions. J'ai établi le demi-diamètre du Soleil de 15 48",5, & celui de Vénus d& 29 fecondes ; en cela j'ai fuivi les déterminations du P. Hell & de quelques autres Obfervateurs, mais il en eft d'autres qui ont trouvé le demi- diamètre du Soleil plus petit d'environ 2 fecondes, & celui de Vénus au contraire plus grand d’une demi-feconde. II n'en faut pas tant pour accorder les obfervations principales ; les DES Sc I E NICE. 469 moindres diflances des centres, conclues des durées, feront moindres de 3 ou 4 fecondes que je ne les ai déterminées ci-deffus: la moindre diftance géocentrique des centres fera d'environ 9’ 30", comme on l'a déterminé par les obfervations de Paris. La parallaxe horizontale du Soleil, telle que je Fai établie ci-deflus, fubfifteroit cependant fans la moindre altéra- tion, fi j'avois eu le bonheur d'obferver.à Rodrigue fe premier contact intérieur, À cette obfervation , que les nuages m'ont fait manquer, j'en ai fubftitué d’autres faites depuis le commen- cement jufqu'au milieu du pafage: or, j'ai calculé que dans la fuppofition d’une erreur de 2 fecondes fur la différence des demi -diamètres de Vénus & du Soleif, i réfulte une erreur de 3”,12 fur la moindre diftance conclue de la durée entre les contacts intérieurs, & que cette erreur n’eft plus que de 2",5 6, lorfque l’on ne confidère que la durée entre un contact intérieur & une obfervation faite vers le milieu du pañfage. Or les meilleures de mes obfervations, comparées ci - deflus avec le dernier contact intérieur des bords, ont été faites vers le milieu du paflage: ainfr, perfiflant toûjours dans la même fuppofition , qu'il y a une erreur de 2 fecondes dans la diffé- rence des demi-diamètres déterminés ci-deffus, la moindre -diflance des centres doit être diminuée à Tobolsk, à Stockolm, à Upfl, à Torneä, à Cajanebourg, de 3,12, & à Rodrigue de 2°,56 ou 2',60 , fi l'on veut avoir égard à la différence légère qui fe trouve entre mes principales obfervations & l'heure du milieu du paflage. La moindre diftance des centres doit donc être diminuée à Rodrigue de o",52 moins que dans {es lieux où la durée entière a été obfervée: la parallaxe horizontale du Soleil devra pareillement être diminuée de o”,1 7. Si donc on admet cette correétion , la parallaxe du Solëil fera de 9",97 ; dans article précédent nous l'avions déterminée de 9,93. Pour donner du poids à cette décifion , ïl feroit à fouhaiter , comme je l'ai déjà dit, que l’obfervation de Rodrigue fût confirmée par quelques autres oblervations faites au fud dela Ligne , ou du moins entre les Tropiques. M. Mafon raura certainement pas été oifif depuis le lever du Soleil jufqu'à la fortie de Vénus, Nan ii 70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALe Si fes obfervations s'accordent avec les miennes fur le réfüultat de la moindre diflance apparente des centres, je regarde la queflion de la parallaxe du Soleil comme irrévocablement décidée: M. de la Lande a pris d'ailleurs des mefures pour acquérir la communication des obfervations qui auroient püû être faites à Batavia & dans d’autres lieux des Indes. La réu- nion de ces témoignages ne laiffera apparemment aucun doute fur cette queftion, À RIT AC ME DE Recherche de-la parallaxe du Soleil par le contact intérieur de Vénus, prête à quitter le difque. Cette méthode fuppofe Ia connoiffance la plus précife de la longitude des lieux où la fin du paflage a été obfervée; il fufht de connoitre la latitude, à quelques minutes près. La connoif- fance précife de la longitude ert à rapporter à un même mé- ridien les heures où une même phafe aura été obfervée: il y aura néceflairement de la différence entre ces heuresainfi réduites. J'ai calculé quelle devoit être cette différence dans l’hypothèfe de 10 fecondes de parallaxe horizontale du Soleil ; & pour trouver la parallaxe horizontale véritable, j'ai dit, da différence d'heure calculée eft à la même différence obfervée, comme 10 fecondes font à la parallaxe horizontale cherchée. Au cap de Bonne-efpérance, M. Mafon a obfervé le der- nier contact intérieur à 214 39° 52”; M. l'abbé de fa Caille a fixé la longitude de ce Cap à «1 o4' 18”. Je m'en fuis tenu dans mes calculs à cette détermination: ainfr, au moment de loblervation de M. Mafon, il étoit à Paris 20h 35° 34". S'il falloit prendre 1° 03° 38" pour longitude de l'obfervatoire * de M. Mafon, il faudroit augmenter de o",8 la parallaxe que l'on peut conclurre de fon obfervation. Rodrigue eft de 4} 03" 26" plus orientale que Paris, ainfi que nous l'avons déterminé ci-deflus; donc lorfque j'ai obfervé le dernier contaét à o! 36’ 49”, il étoit à Paris 20h 3323", D'ÉNSUSICITIEIN ETF SUN AA A Lifbonne, M. Ciera a obfervé le même contaét, avec une lunette de 1 epalmes romaines, à 19h 44° 26”, & le dernier contact à 20!" o2 33°: la latitude du lieu eft de 384 43° 23"; la longitude n'étoit point encore déterminée lorfque je fuis parti de Lifbonne. Il feroit à fouhaiter qu'elle le fût, cette obférvation pourroit alors fournir un terme très- utile de comparaifon : M. Ciera {e propoloit de faire les ebler- vations néceffaires à ce fujet. La longitude du couvent de la Néceffitade, où je penfe que M. Ciexa a obfervé, eft marquée, dans la Commoifflance des Temps, de 45° 50" à l'oueft. A Madrid, le contact intérieur a été obfervé par le P. Rieger, à 20" 06 56"; deux autres Obfervateurs préfens Pont obfervé, lun 2 fecondes, l'autre 3 fecondes plus tôt: ff la longitude de Madrid eft de 24° 18" à l’oueft, comme. on fa déterminée jufqu’à préfent, l'obfervation du P. Rieger, comparée avec nos obfervations du fud , donneroit une paral- laxe trop petite : elle la donneroit au contraire trop grande, comparée avec toutes les obfervations de l'Europe. Une autre obfervation, faite également à Madrid, & imprimée dans le Journal étranger / Sept. 1761 ,page 1 94), pourroit encore moins fe foûtenir; elle fixe le contact intérieur à 20" o1’ 44", ceft-à-dire méridien de Paris, à 20h 26° o2",& par conféquent plus tôt que par-tout où le phénomène a été obfervé, excepté Tobolsk. Or, il eft certain que ce contact intérieur a dû être obfervé plus tard à Madrid que dans tout Je refte de l'Europe, excepté Lifbonne. Il eft donc impoffible de tirer aucune conféquence de ces obfervations, où même d'évaluer leur mérite jufqu'à ce que la longitude de Madrid foit mieux déterminée qu'elle ne la été jufqu'à préfent. M: Homfby a déterminé le contat intérieur à 20h 19’ 21", méridien de Greenwich, & par conféquent à 20h. 28° 31", méridien de notre Obfervatoire royal. M. Hornfby obfervoit au château de Sherburn, chez Milord Comte de: Macclesfield : j'ai fuppofé ce château à so $ s' deatitude, & à 19° 30" à l'oueft de Paris. J'ai tiré cette pofition de la Carte d’An- gleterre de feu M. Guillaume de l'Ife; elle m'a faff pour mes 472 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE calculs ; & le réfultat en eftexact, fr, comme il y a lieu de le croire, Je rapport que M. Hornfby à fait de l'heurede fon obfervation au méridien de Greenwich eft exact lui-même. L'obfervatoire de Greenwich eft à 9° 10" à l'oueft de celui de Paris: M.° Blifl, Birch & Green ont vû le commence- ment de la fortie à 20h 19° oo”, & par conféquent à 2028 ro", méridien de Paris; cette même phale a été obfervée aux environs de Londres & en d’autres lieux d'An- gleterre par différens Aflronomes. Je trouve bien dans mes Mémoires les longitudes de ces lieux à l'égard de Greenwich, mais on a négligé de marquer les latitudes, lefqhelles pouvant différer de plufieurs minutes de celle de Greenwich, occafion- neroient ici quelque diflérence fenfible. Je n'ai point calculé ces obfervations , il me paroït en général que leur réfultat ne peut s'éloigner beaucoup de celui de l'obfervation de Greenwich. A Paris, le premier contact de la fortie a été obfervé à 20h 28' 26" par M. de la Lande au Luxembourg, & par le P. Clouet au Colléve de Louis-le-Grand; à 20h 28° 27" par M. Baudouin à FObfervatoire de la Marine; à 26° 28° 30" par M. Meffier, au même Oblfervatoire; à 20P 28° 37" 2% par M. Fabbé de la Caïlle à Conflans ; à 20! 28° 40° par le P. de Merville au Collése de Louis-le-Grand; à 20h 28° 42" par M. Maraldi à l'Oblfervatoire; à 20h 28° 45" par M. de Barros à Sainte-Geneviève. IL y auroit deux équations à employer pour la réduétion de ces obfervations ; la première eft celle de la différence des méridiens des Obfervateurs, la feconde , très-petite, ft relative à la différence de latitude; elle n'eft que d’une feconde additive pour 6" +, dont h latitude varie au nord. Moyennant ces deux équations, l'obfervation de M. de Barros, faite dans mon Obfervatoire, doit être rap- portée à 20h 28’ 42”, relativement à l'Obfervatoire royal. Je choïfis donc pour les termes extrêmes de la comparaifon que j'ai à faire, l'obfervation de M, Maraldi, comme la plus retardée, & celle de M. de la Lande comme la plus accélérée * Cette Obfervation eft réduite au méridien de l’Obfervatoire, par M. de la Lande. Connoiffance des Temps, année 1763, page 272. d (s} DES). SC LE NUCIEYS 4 de toutes : la première fera défignée par une 47, la feconde par une Z, Le P. Béraud a obfervé le contaét intérieur à Lyon, à 20h 38° 44": Lyon eft marquée, dans la Connoifflance des Temps, comme étant 9" 59" à left de Paris; ainfi l'heure marquée répond à 20h 28" 45", méridien de l'Obfervatoire, c'eft-à-dire que cette phafe a été vûe à Lyon feulement 3 fe- condes plus tard qu'à Paris, au moins felon lobfervation de M. Maraldi : la différence devoit être d'environ 2 $ fecondes. La même phafe a été obfervée par le P. Mayer, en préfence de l'Électeur Palatin, à Schwezingen près Heidelberg, dont la longitude eft, felon le P. Hell, de 24’ 3 5" à left. Les bords ont paru fe toucher à 8h 53° 35" ou à 8h 29’ 00", méri- dien de Paris ; mais je ne réponds pas de la longitude du lieu, elle peut n'être exacte qu'à quelques fecondes près. Je fuis plus afluré de celle de Goettingen; je l'ai calculée fur léclipe de Soleil du 26 Otobre 1753, obférvée à Goettingen par M. Mayer, & à Thury par M.° de Thury & Maraldi. I fuit de cette éclip{e, que Goettingen eft de 30. ME" à orient de Paris. Le même M. Mayer a obfervé le contact à 20h 58 26"ouà 20h28'1 s”, méridien de Paris. Le P. Hell fixe la longitude de Dillingen en Souabe, de 31° 38° à l'eft de Paris: dans cette ville, les bords de Vénus & du Soleil ont été jugés fe toucher à 21? 00’ 20” par le P. Haufer: il étoit à Paris 20h 28° 42”. À Florence, le même contaét a été obfervé à 2 1h 04’ 28" par un bon Obfervateur fans doute, par le P. Ximenès. La longitude de Florence, felon la Comoifance des Temps , eft de 34 48" à left; ce qui donne 20h 29° 40" pour l'heure de l'obfervation à Paris. J1 paroît qu'elle ne devoit point arriver fi tard à Florence; dans la fuppofition de 10 fecondes de pa- rallaxe , le contact intérieur ne devoit être retardé à Florence fur Paris, que de 36 fecondes, & il l'a été de 53 fecondes en établiffant même la comparaifon avec l'oblérvation de M. Maraldi. Bologne eft de 36° o 5” plus orientale que Paris, felon fa dem, 1761. . Ooo 474 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Comioïffance des Temps: M. Zanotti y a obfervé le fecond contact intérieur à 21" 04° 34", ou, réduction faite au mé- ridien de Paris, à 20h 28’ 29". Cette obfervation ne peut abfolument fe foûtenir ; elle donne pour la parallaxe du Soleil un réfultat trop difparat d'avec celui dé toutes les autres obfer- vations ; fa comparaifon feule avec celles de Paris, fuffit pour autorifer le doute déjà formé für fon exactitude. La phafe dont il s'agit a dû étre obfervée à Bologne 28 feconde$#blus tard qu'à Paris, & M. Zanotti l'a obfervée feulement 3 fecondes plus tard que M. dela Lande, & 1 3" plus tôt que M. Maraldi. Le P. Frifi a obfervé la même phafe à 21h o4' $4" ; M. Canterzano, à 21 04 56"; M. Marini & Matheucci, à 21 04" 58"; & M. le Comte Cafllio, à 21h 0$' 00". Je me fuis arrêté à cette dernière obférvation, laquelle cepen- dant me paroît encore un peu accélérée lorfqu'elle eft comparée à mon obfervation de Rodrigue; combinée avec celle du cap de Bonne-efpérance, elle eft plus exacte ; rapportée au méri- dien de lObfervatoire , elle a été faite à 20h 28° 55”. La longitude d'Ingolftadt, dans la Connoiffance des Temps, eft de 36° 10" à l'eft; le P. Kratz y a oblervé le fecond contat intérieur à 21h 04’ $9"+, ou à 20h 28° 49°+, méridien de l'Obfervatoire. Un anonyme la obfervé à Munich, à 21" o$" 46" ou à 20h 28" 56", méridien de Paris, la longitude de Munich étant, felon le P. Hell, de 36° 50" à left. La longitude de Saint-Pierre de Rome eft, felon la Cou- uoiffance des Temps, de 40° 37" orientale, mais cette ville eft d’une grande étendue. Ef-ce à Saint-Pierre même, ou du moins fous le même méridien, que le paflage de Vénus a été obfervé par un anonyme, qui fixe le commencement de Ia lortie à 21° 09° 36"! c'eft, dit-on, au couvent de Sainte- Marie-fur-la-Minerve. Je crois que l'églife de Saint-Pierre eft à une extrémité de la ville, au delà du Tibre & du château Saint-Ange, & que le couvent de Sainte-Marie-fur-la-Minerve eft vers le milieu de la ville; c’'eft ce que je puis appeler, avec Horace, Arervallum humané commodum. Pour faire ufage mise VS © ME AN GENS 475 de l’obfervation Romaine, il faudroit connoître avec précifion cet intervalle en latitude, & fur-tout en longitude. À Laubac ou Laybah en Carniole, le P. Schoettl a déter- miné le commencement de la fortie à 21* 18° 15°: le P. Schoett{, faute de pouvoir mieux faire, a réglé le temps de l'obfervation {ur une méridienne, & on ne dit point sil étoit muni d'une pendule propre à une telle obfervation ; la méri- dienne elle-même étoit-elle exacte? enfin la longitude orientale de Laubac n'a été déterminée, par le P. Schoettl, de 49° 45" que par la feule éclipfe de Lune du 18 Mai précédent ; c'eft la plus incertaine de toutes les méthodes. Le fiècle des Landgraves de Heffe n'eft pas encore paffé en Allemagne : le paffage de Vénus a été obfervé près de Crems, ville de la baffe Autriche, au château de Wezlas, par M. le Baron Fe/ix Ehrmans de Schlug, Seigneur de Dobra, Wezlas, &c. Par une fuite non interrompue, durant plufieurs années, d'éclip{es de Soleil, de la Lune & des fatellites de Jupiter, faites à Wezlas, M. le Baron Ehrmans a déterminé la longitude de fon obfer- vatoire de 4 10 ou 1 5” à l'oueft de Vienne; on peut donc ka fixer au plus à $ 2° oo" à l'eft de notre Obfervatoire. La latitude de Wezlas eft de 484 36° 30" au nord; les bords occidentaux de Vénus & du Soleil fe font touchés à 2 1 20” 48", ou, méridien de Paris, à 20h 28° 48". La pendule étoit réglée fur des hauteurs correfpondantes du Soleil. J'ai comparé plufieurs obfervations d’éclipfes de Satellites de Jupiter, faites à Tirnau en haute Hongrie par Je P. WeifT, avec leurs correfpondantes, faites à Paris par M. Meffier, & j'en ai conclu la longitude de Tirnau, à l'égard de l'Obfervatoire, de 1h oo" 27" à l'eft, moindre par conféquent de 28 fecondes que le P.-Hell ne l'avoit déterminé : cette détermination du P. Hell eft cependant fondée, 1.° fur la différence de longitude entre Vienne & Tirnau, fixée par le P. Weiïff à 4' 45 ou 50”, & cela en conféquence d'obfervations d'éclipfes de Soleil, de Le de Satellites & d'occultations d'Étoiles par la Lune ; Eu la différence de longue entre Vienne & Paris, fixée a le P. Hell à 56° 10”; mais cette détermination a déjà été Oo ij 476 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE diminuée de $ fecondes ,& pourroit peut-être l'être davantage par la fuite. En attendant une détermination ultérieure, je prendrai le milieu entre les deux déterminations fufdites, & J'établis la longitude de Tirnau de 1h oo 41” à left. Le P. Weil y a obfervé le premier contact à 2 rh 29° 09"; il étoit. à Paris 20h 28° 28". Upfal eff, felon M. Wargentin,, de 1° o1° 1 1” plusorientale que Paris. M. Bergman a obfervé le commencement de la fortie à 21" 28° o9" ou à 20h 26° 58", méridien de Paris. M. Wargentin a conclu de fes obfervations, que Stockolm étoit 1" o2° $ 1" à l'eft de Paris; il y a obfervé le fecond contact intérieur à 21P 30° 08", ou, méridien de Paris, à 20h 27° 17"; M. Klingenftierna l'a obfervé feulement 3 fecondes plus tard. Je me tiens à l'obférvation de M. Wargentin, celle de M. Klingenftierna donneroit la parallaxe du Soleil plus foible d’un demi-dixième de feconde feulement. Je fuppofe la longitude orientale de Torneäde 1h 27° 49"+, pour la raïfon que j'ai déduite dans article VIT, & je conti- nuérai de m'attacher à l'obfervation de M. Hellant, qui a obfervé le commencement de la fortie de Vénus à 2 1h 5408", ou, réduction faite au méridien de Paris, à 20h 26 1 8"+. Cajanebourg eft, comme je l'ai déterminé, article VIT, HZ de 1h 41° 40" 2 à lorient de Paris: le dernier contact inté- A rieur y a été obfervé, par M. Planman, à 228 07’ 59" ou à 20 26° 18"2, méridien de Paris. Je pañfe l'obfervation de Péterfbourg ; toutes fes circonftances autorifent à la regarder comme non avenue. Enfin à Tobolsk, 4h 23° 52" à left de Paris, M. l'abbé Chappe a marqué le dernier contact intérieur à oh 40° 2 3”,48; je ne retranche rien pour l'anneau lumineux qui a paru envi- ronner Vénus. Au refle, comme je l'ai déjà dit, 3 fecondes de plus ou de moins n’occafionneroient pas ici un effet fenfible , la parallaxe horizontale du Soleil n’en fera augmentée que d'un demi- dixième de feconde. J'ai trouvé encore plufieurs autres obfervations dans les Ouvrages périodiques, fur-tout dans le Journal étranger du RE ee ct at. miens St CHE NuciErs 477 mois de Septembre 176 1 ; mais comme la pofition des lieux où elles ont été faites n’a point été précifément déterminée, je n'ai pû en faire aucun ufage dans ce Mémoire. Dans les Tables fuivantes, j'établis la comparaifon de toutes les obfervations rapportées ci-defus, excepté celles de Madrid, de Péterfbourg, de Lyon & de Rome, avec celles du Cap, de Rodrigue & de Lifbonne. On ne doit pas s'attendre ici à des réfultats parfaitement femblables ; les différences feront beau- coup moindres dans les comparaïfons faites avec le Cap que dans celles qui feront établies avec Rodrigue ,& moindres en- core dans celles-ci que dans celles dont Lifbonne fera le terme: en effèt, une erreur de $ à 6 fecondes, foit dans lobfervation,.… foit dans la longitude du lieu où elle a été faite, eft preque infenfible fur 10 ou 1 2 minutes de différence dans les temps: de f'obfervation d’une même phale: que cette différence foit :: réduite à 3 ou 4 minutes, l'erreur devient très- confidérable, Je commence cette Table par les trois lieux de comparaifon, le Cap, Rodrigue & Lifbonne: les autres villes font enfuite placées en ordre, felon que la différence dans les temps de lobfervation y a dû être plus confidérable. TT fuivra de là que les premières obfervations donneront un réfultat plus certain, les petites erreurs de longitude ou d’obfervation y étant beau- coup moins fenfibles : dans la feconde colonne, j'ai mis les lati- tudes des lieux telles que je les ai fuppofées dans mes calculs; la troifième contient les différences de temps que le calcul m'a indiquées entre l'obfervation de Rodrigue & celles des autres lieux, nommés dans la première colonne *; la quatrième ren- ferme ces mêmes différences conclues de lobfervation. Pour trouver ces différences, par rapport au’ cap de Bonne-efpérance, il faut ajoûter 3° 43,21 à tous les térmes de la troifième colonne, & feulement 2° 11" à ceux de la quatrième: pour Lifbonne, il faut au contraire retrancher 2° $ 8”,69 des termes de la troifième colonne, & 3° 07" de ceux de la quatrième, Les trois dernières colonnes contiennent les parallaxes horizon- tales conclues des comparaifons précédentes. | » * Dans la füppoñition de 1 0 fecondes de parallaxe horizontale du Soleil, Ooo iij 478 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RorALE TABLE des Parallaxes horizontales du Soleil, réfultantes des Obférvations du Second contait intérieur des bords du Soleil ér de Vénus. Parallaxe horizontale du Soleil, réfultante de la comparaifon V IL L'ESS LATITUDE | DIFFÉRENCE| DIFFÉRENCE & de des des faite avec le AUTRES LIEUX./|CES LIEUX. |temps calculée. temps obfervée. | ns PT N cap B. E. | Rodrigue. | Lifbonne. D. Le cap de Bonne-efpér. | 3 3. Rodrigue, . em" 19. Lifbonne .......... 38. 43. 23 S| 2. 58,69 3: Tobolsk... . .. MEME 58: 12. 22 7 53134 | 7: Fornea. 06m 6$+ 50. 50 7- 08:49 | 7. Cajanebourg. ..,....|64. 13: 30 7 01:92 | 17. MUR ERP EE 59+ 51. so 6. 16,83 | 6. SIOCKOÏM.. er ae 59: 20. 30 6. 13:37 6. Goettingen. ........ RMELONT: SÉROI6 5 SE Greenwich... ....... 51- 28. 30 4 5458 | 5. Sherburn .…. AIME 50. 55. 00 4e 49,91 | s. Tirnau. de 48. 23. 30 4 4725 |.4. Wezlas.. "ONE 48. 36, 30 4e 45137 | 4 Schwezingen .......149. 21. oo 4. 45:43 | 4 Ingolftadt.......... 48. 46. 00 4 40,74 | 4e Dillingen........., 48. 30. 06 4. 38,73. [04 Muniche "rene 48. 09. s5 A. 35193 | 4 Paris-#L>"". ere 48. 50. 14 4 33:56 | 4. Paris. 11... RAP: LE à: 8 D ER HO 4; Laubac.... . 00 46. 02. 00 41 22,23 | 4 Bologne. .... sos... |44 29. 36 4. 05:19 | 4. Fjorence. "ue 43° 46. 53 3° 57:52 | 3° ER EE EE CR Ie (ET QE RS EE PR CESR I paroît clair qu'il s’'eft gliffé quelque erreur dans l'obfervation de Florence, fon réfultat eft trop difparat d'avec celui des au- tres obfervations, je n’en ferai point ufage. Il refte dix-huit combinaifons, fans compter celles des trois termes de compa- raifons. Les dix-huit combinaifons de l'obfervation du cap, donnent toutes la parallaxe du Soleil moindre que 9 fecondes, ou même que 8”,7, & plus forte que 8 fecondes, excepté DES SCIENCES. 479 celles qui font faites avec Schwezingen & Munich, lieux dont la longitude peut d’ailleurs être fautive de quelques fcondes, En prenant un milieu entre les feize combinaifons reftantes, la parallaxe horizontale du Soleil eft de 8,43: on peut la porter à 8,5 ,ou même à 8”,6, ce dernier réfultat étant celui des combinaifons fondées fur des obfervations faites en lieux parfaitement connus, & les plus avantageufement fitués. Les dix-huit combinaifons de Rodrigue étendent la parallaxe du Soleil entre 9,2 & 10",6, excepté Bologne, Paris, Z. & Laubac. Le réfultat mitoyen des quinze autres détermine cette parallaxe de 10",o2. Les feules obfervations du Nord, c'eft-à-dire, les cinq premières, comparées avec {a mienne, établiroient une parallaxe de 9",096, ce qui diffère très-peu, foit de la détermination générale que nous venons de donner, foit des déterminations que nous avons conclues de fa durée du paffage, & de la plus courte diflance des centres. Les combinaïfons de Fobfervation de Lifbonne s’éloignent plus les unes des autres, & nous avons averti que cel devoit être. Le milieu entre les dix-huit réfultats, donne pour parallaxe 9",89: fi l'on exclut celles qui pañlent 1 1 fecondes, & celles qui font au-deflous de 9 fecondes, les onze reftantes fixeront encore la parallaxe horizontale du Soleil à 9”,8 9. De ces trois colonnes de combinaïfons, il faut avouer qu'il n'y en a pas qui fatisfafle au premier coup d'œil, autant que celle qui appartient au cap de Bonne-efpérance, toutes fes parties fe tiennent en quelque forte les unes aux autres, le concert des réfultats qu'elle fournit m'a frappé. J'ai été fortement tenté d'abandonner ma propre obfervation ,la vérité m'étoit plus chère que mon ouvrage. J'ai été encore bien plus vivement ébranlé, lorfque mes calculs m'ont fait connoître qu'en retranchant pré- cifément une minute de l'heure que j'ai marquée pour l'attou- chement intérieur des bords, mon obfervation procureroit les mêmes réfultats que celle du Cap. Ce retranchement donneroit même pour Rodrigue une moindre diflance des centres plus grande que je ne l'ai établie ci-deflus, ce qui diminueroit la parallaxe conclue par cette méthode. J'étois déjà tranfporté du 480 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE plaifir d'avoir découvert la vérité, même au prix de l'inutilité de mon voyage. J'ai cependant fait réflexion qu'il ne fuffioit pas de dire que je m'étois trompé, mais qu’il falloit au moins revêtir mon erreur de quelque air de probabilité, Or tous mes efforts à ce fujet ont abouti à me perfuader qu'il étoit abfolument impoflible de trouver mon obfervation en défaut; elle ne pou- voit être fufceptible que de quatre fortes d'erreurs, ou je m'étois trompé moi-même dans l'obfervation, où la pendule étoit mal réglée, ou ceux qui comptoient à la pendule auront pris une minute pour l'autre, ou enfin j'aurai mal déterminé la longitude de Rodrigue. 1.” On ne me foupçonnera pas, je penfe, de m'être trompé dans l'obfervation d'une minute entière, le contaét m'a paru fe faire comme un éclair, de manière que j'ai été en fufpens un inflant , c'eft-à-dire, peut-être une feconde, & en confé- quence j'ai retranché une feconde, en réduifant les temps de la pendule aux temps vrais; mais mon incertitude n'a certai- nement pas duré deux fecondes. M. Thuillier a obfervé ce contact, & l'a fait marquer au même inflant que moi. Enfin pour retrancher une minute de lheure déterminée pour'ce contact, il faudroit faire à Rodrigue la durée de la fortie d’une minute plus longue qu'elle n'a dû l'être, felon toutes les obfer- vations de l'Univers. Je ne vois donc pas de moyen de dire que je me fois trompé. Fe 2. Les hauteurs correfpondantes prifes le même jour, & rapportées plus haut, font trop bien d'accord entre elles, pour les foupçonner d'inexaétitude, Pour ne laiffér aucun doute fur cet article, j'ai calculé ces hauteurs en les corrigeant de l'erreur de l'inftrument , lequel, comme je l'ai dit plus haut, donnoit ces hauteurs trop petites de 1” 21°%,& le calcul a confirmé leur exactitude à une ou deux fecondes’ près. Perfuadé donc que la pendule étoit très-bien réglée, j'ai eflayé de fuppoler 3° que M. Lelong &'Glaut, officiers de la compagnie, nonobfant une intelligence non commune que j'ai d'ailleurs reconnue en eux, nonobftant les leçons réitérées que M. Thuillier leur avoit données en ma préfence fur la manière de DES SCrTENCÉES. 48% de marquer à la pendule, & de ne pas prendre füur-tout une minute qui va commencer, pour celle qui finit de s’'écouler, - auroient cependant pû marquer 35°: 45" pour 34° 45". Fatigués, me difois-je, d'une attention foûténue durant fix heures, ils l'auront peut-être négligée dans cette obfrvation | garidoque bonus dormitat Homerus. Cette idée s'eft bientôt diffipée par fattention que j'ai faite à la durée de la fortie marquée par ces Meffieurs. Je trouve dans leur original, qu'à oh 5 3" 03", Vénus prefque fortie eft couverte d'un nuage; qu'à oh $ 3" 21" le Soleil fe découvre, & que Vénus paroit encore, Il n'y a pas lieu de fuppofer d'erreur de minutes dans ces deux derniers nombres, vû le petit nombre de fecondes qui les accompagne, M. Thuillier eft d'accord avec moi fur ces deux obfervations : or elles ne permettent pas de placer lé premier contaét à of 34° 45", la fortie auroit duré à Rodrigue au moins 18 36”, temps de la pendule, ou 1 8° 38" temps vrai: or ce feroit au moins uné minute de trop, felon toutes les obfervations Euro- péennes, & für-tout flon' celle du Cap. Selon là théorie, fa fortie a dû durer à Rodrigue environ une minute de moins qu'en Europe ; elle a dû même durer environ 1 2 fecondes de moins qu'au Cap. Je n'objecterai point à M. Mafon qu'au contraire felon fon obfervation , la fortie a duré au Cap 7 fecondes de moins qu'à Rodrigue, même dans la fuppofition qu'à Rodrigue elle nait duré que 17’ 38'': j'ai déclaré que je ne voulois faire aucun ufage des contacts extérieurs ; je n'appuierai point non plus fur l'accord de Fobfervation de Lifbonne avec la mienne: j'ai averti que la longitude de cette ville ne nous étoit pas fuffifämment connue; la préférence que je donne à mon obfervation fur celle de M. Mafon, fera donc uniquement éta-. blie, je ne dis pas, fur ce que je n'ai trouvé aucune erreur dans la mienne, mais fur ce’ que j'ai prouvé qu'il ne pouvoit même y en avoir. Pour ne laiffer aucun doute fur cet article, je dois examiner en quatrième lieu, fi la longitude de Rodrigue, déterminée ci- deflus, ne pourroit pas être fufceptible d’une minute d'erreur en défaut ; s'il ne faudroit pas l'établir de 4° 04! 26" au lieu Mém. 1761. . Ppp 482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE de 4" 03° 26", mais il eft encore impoffble dé le fuppofer. L'occultation de © de la Vierge par la Lune, du 9 Juin, donnoit une longitude moindre : es immerfions du premier fatellite de Jupiter indiquoient paréillement 4h 03" 18", O 3:20, 03° 24" pour la longitude : l'occultation de & du Sagittaire m'a déterminé à 4h 03" 26". Il feroit peut-être poffhble de diminuer ce nombre, mais non pas de l'augmenter, à moins que ce ne füt de 2 ou 3 fecondes au plus, à caufe du petit nuage qui pafla à l'inftant de l'occultation de l'Étoile. En admettant cette augmentation, la parallaxe conclue de mon obfervation comparée avec celles du nord, diminueroit de o",os & de 0",1, fi la comparaifon étoit établie avec les autres obfervations, mais je ne crois pas même qu'il faille admettre cetté augmen- tation, M. Daprès, fur fa Carte des Indes, place Rodrigue à Cod 45’, c'eft-à-dire à 4h o3'à left de Paris. CONCLUS T'ON La différence des durées obfervées dans le Nord, donne 9:93 pour parallaxe horizontale du Soleil; mais cette diffé- rence n'eft pas aflez confidérable pour nous procurer autre chofe qu'une parallaxe approchée, | La comparaifon de la plus courte diftance des centres obfervée, donne 10",14 de parallaxe horizontale , fi la diffé: rence des demi-diamètres de Vénus & du Soleileft de 919,5 , comme plufieurs J'ont déterminée, ou feulement 9”,97 fi cette différence n’eft que de 917",5. Cette détermination peut être afez jufte, mais elle dépend d'élémens bien délicats. Enfin, fa comparaifon de mon obfervation avec celle de Tobolsk & celles d'Europe fur le dernier contaét intérieur de "Vénus, donne pour le 6 de Juin, 1 0",0 2 de parallaxe horizon- tale : je crois pouvoir m'en tenir à cette dernière détermination, comme très -approchante du vrai, & établir par conféquent la parallaxe horizontale du Soleil apogée de 10",o1 ; dans fes moyennes diflances, de 10”,18 ; périgée, de 10",3:5. Je füis afluré que fi M. Mafon veut bien fe donner la peine de. difcuter fon obfervation auf fcrupuleufment que j'ai fait ka DES SC È E NIC' ES. | 483 mienne, il parviendra enfin à un réfultat qui ne: s'éloignera pas dü mien : s'il refte encore après cet ‘examen quelque dif férence, je conjecture qu'elle fera, de Ha part de M: Mafon, pluftôt en excès qu'en défaut; alors: fon obfervation méritera plus de confiance que la mienne, les erreurs légèrés qui au- ront pà nous échapper à Fun &c à l'autre, devenant, comme nous l'avons dit, plus infenfibles dans les combinaifons faites. avec J'obfervation du Cap, que dans celles qui auroient pour terme l'obfervation de Rodrigue. Il eft facile de s'apercevoir que mon réfultat s'accorde, à deux centièmes ‘de feconde près, avec celui des obfervations faites au Cap par M. Fabbé de la Caille; on ne m'accufera pas, je penfe, d'avoir affecté ce concéit, je n'ai cherché que la vérité, je l'embrafle par-tout où je la reconnois. Je n'ai point entrepris de réformer les élémens de Vénus, d'autres lont déjà fait, & avec fuccès : je me contenterai de dire que la Table des lieux du Soleil & de Vénus, que j'ai propofée dans Farticle VIT, repréfentera aflez bien Îes obfer- vations, fi l'on ajoûte une feconde aux lieux de Vénus, & fr l'on retranche o",8 de fes latitades, mais cela‘ fuppole encore B différence des demi-diamètres de 919",5: Si cette diffé- rencern'eft que de 917,5, il faut encore retrancher 3",1 des _ latitudes indiquées dans la Table, 1: OU « 1410 “ADDITION A CE MÉMOIRE. J “Ai dit dans le Mémoire précédent ; que fi M. Mafon vou- loit bien fe -donner la peine de foûmettre fon oblervation à un examen*auffi rigoureux que icëlui auquel j'ai 2eru. devoir aflujétir da mienne, je ne doutois point qu'il ne -parvint enfin à un réfultat très-approchant de celui que j'ai déterminé; j'ai ajoûté que fi, après cet examen, il reftoit encore: quelque différence entre nous fur da parallaxe du Soleil , je préfumois u'elle feroit pluftôt en excès ‘qu'en défaut de la part de M. Malon : cette préfomption de ma patt étoit fondée fur ce que la parallaxe que je concluois de mon obfervation, comparée Ppp ÿj 484 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE avec cellé du: Nord, étoit moindre que celle que j'aurois pâ déduire.de cette même obfervation , comparée avec celles de Paris, de Greenwich, de Goettingen & de Bologne. Je n'avois pas cru pouvoir diffimuler un grand avantage de lobfervation de M. Mafon fur la mienne; il confifloit dans un accord affez précis du réfultat de toutes les combinaifons que l'on pouvoit en faire avec celles de France, d'Angleterre, d'Italie, du Nord, &c. je convenois que le même,concert ne fe rencon- troit pas dans les combinaifons de mon obfervation. Je n'avois alors'aucune connoiflance d'un Mémoire de M. abbé de la Caille, für la parallaxe de la Lune, lequel eft le premier des Mémoires de ce Volume. J'étois abfent quand il fut 1ü, je n'en avois pointentendu parler depuis mon retour: f'impref- fion de mon Mémoire étoit déjà fort avancée, lorfque j'ai là dans ce qui étoit précédemment imprimé, que M. l'abbé de la Caille plaçoit le cap de Bonne-efpérance à 1} 04’ 18” à left de Paris, à 1° 13" 3 5" à left de Greenwich, à 1° 05" à l'eft. de Stockolm, à 28° 15" à left de Bologne, &c. ces déterminations fuppofent la longitude de Greenwich, de 9° 17".au lieu de,’ 10", celle de Stockolm de:1h:03° 13" au lieu.de 1" 02" s1*, & celle de Bologne de 36° 03" au lieu de 36’ o5$'. Comme jai déterminé la longitude de Tobolsk , de Cajanebourg & de Torneä fur celle dé Stockolm, fi on augmente celle-ci de 22 fecondes, il faudra pareïllement augmenter les aupres de là même quantité ; celle de Tobolsk fera de 4h 24’ 14", celle de Cajanebourg de 1° 42'o1"+, celle de Torneä de 1% 28! 11"2: il y a même tout lieu de croire qu’il, faut. appliquer à peu près cette même correction à {a longitude d'Upfal ; qu'il faudra pour lors établir d'environ 1h 01° 30". Or, admettre ces fuppofitions, c'eft transférer fur les xt de mon obfervation ce concert que j'admirois dans les réfultats de l'oblrvation du cap de Bonne-efpérance; il eft vrai que la parallaxe horizontale du Soleil, conclue du deuxième contat intérieur, deviendra un peu plus grande que je ne l'ai établie ci-deflus. it] sf L'obfervation de Tobolsk, comparée ‘avec la mienne; DE si ISIEr £ Nic'E!s 485 . donnera pour parallaxe, . . . . . . . . . . 10”,43 Celle de M. Wargentin à Stockolm. . . . . 10,39 , Celle de Cajanebourg. . «+ 1. +4... 10,58 PEER lc rio 2 Celle: déilomeag 9 ele ET 00 42 Celle de Greenwich. . . . . . .. . . . . 10,39 Celle de Bologne, . ..., . ....:.. 10,85 Cette dernière eft la plus forte de toutes; une erreur de 7 à 8 fecondes, foit dans l'heure, foit dans l’obfervation, foit dans la détermination de la longitude de Bologne, peut étre la caufe de cette différence, laquelle n'eft pas même d’ailleurs fort confidérable. Il eft à remarquer que toutes ces détermi- nations, fans exclurre même celle de Boloune, font renfermées entre les bornes de celles que j'ai déduites des obférvations faites à Paris: celle de M. de la Lande produifoit 10",85, & celle de M. Maraldi 10",27 pour parallaxe horizontale : M. de Ja Lande avoit fixé le contact intérieur à 20h 28 26”, & M. Maraldi à 20",28" 42": qu'on le fuppole arrivé à 20h 28° 38", fuppofition qui ne.peut s'écarter beaucoup de ha vérité, alors les obfervations de Paris, de Greenwich, de Tobolsk, de Rodrigue, de Torne&, de Stockolm , quelque combinaifon raifonnable que l’on en faffe, saccorderont, à quelques centièmes de feconde près. La parallaxe du Soleil qui rélultera de ces combinaifons, fera la même que celle qui fe déduit, de la comparaïfon des obfervations de Rodrigue & de Tobolsk. En voici la preuve dans la Table füivante, dont la prémière colonne renférme 1es noms des lieux où ont été faites les obfervations que je compare; la féconde contient la différence des temps où le dernier contaét a dû étre obfervé, dans la fuppofñition de ro fecondes de parallaxe horizontale du Soleil; dans la troifième on voit cette mème différence, : telle qu'elle a été obfervée; enfin, la quatrième & dernière colonne préfente la parallaxe horizontale du Soleil, conclue de la comparaifon des deux colonnes précédentes. Je n’ai omis Ppp ü 486 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE aucune des combinaifons poffbles, quoique j'eufle pù ablolu- ment négliger 1 dernière, c'eft-à-dire, celle des obférvations de Paris & de GreVEEs Cette CRNCe n'eft pas rai- fonnable , la différence des temps des obfervations étant fi petite, que la plus légère erreur influe très- fenfiblement fur la détermination de la parallaxe ; cette combinaifon cependant pourroit être regardée comme confirmative des autres, puif- qu'il n'y a pas une feconde entière à retrancher du temps de l'obfervation de Greenwich , ou à ajoûter au temps de celle de Paris, pour en conclure à parallaxe de 10,42. RER ENS ET 7 SOUL MEURTRE ESP NE ENEERS LIEUX Dirrérence | DIFFÉRENCE DONT LES OBSERVATIONS des des SONT COMPARÉES. temps calculée.| temps obfervée. Parallaxe horizontale du Soleil, a | —————_—_—— M; S. M. S. Stockolm , Torne............. 0. 55:22 o. 58,5 Stockolm, Tobolsk,...,....... 1. 40,07 J. 45,52 Greenwich, Tobolsk....:..... 2. 58,76 3: 07:52 Greenwich, Torneä...,....... 2-013:07 2. 20,5 Tobolsk, Tornea..,........1,. o. 44,85 0, 47,02 Paris, Mornéä.. :. .....,.:.:. 1.2 3453 2. 4135 104$ Pis Eobnikie it 4. 100.0 3- 19,78 3. 28,52 10,44 Rodrigue, Torneä.,....:.,..... 7: 08,49 7. 26,5 10:42 Paris, Rodrigue." 0.0.0 4 33:56 4. 45 10,42 Rodrigue, Tobolsk...,,...,.,. 7: 53»34 8 13,52 10,42 Greenwich, Stockolm..,..,...… 1. 18,69 1, 22 10,42 Greenwich, Rodrigue,...,...... 4 S458 s- 06 10,39 Stockolm, Rodrigue. ,......,,. 6. 13:27 6. 28 10,39 | Paris , Stockolfm,. SOLE LI 139,77 1, 43 10,33 Paris, Greenwich.,,,,..,,,.. o. 21,02 0.21 9:99 Je conclus donc que fi les différences de longitude font exactement déterminées dans de Mémoire cité de M. l'abbé de la Caïlle, la parallaxe horizontale du Soleil eft de r0",42 dans fon apogée, de 10,60 dans fes moyennes diftancés, & dans fon périgée de 10",78. LTxRE D'EUS MMS UGMLIEL N'ES. “ RENE mie Pé Enèr x “Je CU Fo, A0 CR) ut LE > Faq se + es Met LE © dos | Re % au ji) RAGE MESSIEURS DE LA SOCIÉTÉ Royale des Sciences établie à Montpellier, ont envoyé à l’Académie l'Ouvrage qui fuit, pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles , comme ne faifant qu'un Jeul Corps , aux termes des Statuts accordés par le Roi au mois de Février 170 6. OBSERVATIONS DE LA COMÉÊTE, Qui a paru aux mois de Septembre &r d'O&obre de l'année 1757, Fañes à l'Obférvatoire de Montpellier. Par M. DE RATTE, Secrétaire perpétuel. Ï A Comète qui fait le fujet de ce Mémoire, n'avoit rien d'affez remarquable pour frapper des yeux peu accoûtumés à obferver le Ciel; il n'eft donc pas fürprenant qu'elle n'ait prefque été aperçüe que par des Aftronomes, Elle fut découverte à Leyde, le 16 Septembre 1757; dans fa conftellation des Gemeaux ; elle ne paroïffoit , à la vüe fimple, que comme une étoile de la cinquième grandeur. Il étoit 4 heures du matin lorfqu'on laperçut ; alors fa los- gitude étoit de rod 6’ dans le figne de l'Écreviff, & fa latitude feptentrionale de rod 20’; Le foir, à 111, cette Comète étoit à 134 20° de Iéngitude dans le même Signe, & à 9% 40° de latitude: une foïble queue dont elle étoit 488 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE accompagnée, mavoit guère que 12 minutes de longueur, Comme le temps étoit peu favorable, f'Obfervateur à qui nous devons ces premières déterminations, n'aflura point qu'elles fuflent de la dernière exactitude. Ces deux obfervations furent inférées dans les Nouvelles publiques. Deux jours après, un Chartreux vit cette même Comète à Aix en Provence: n'ayant point d’Inftrumens pour l'obferver avec afléz de précifion, il en marqua pendant quelques jours, à 2 heures du matin, les différentes pofitions en degrés fur un globe ou une Carte célefte de la manière qui fuit. Afcenfon droite Déchinaifon de la Jours du mois, de la Comére. Comte feptenrrionale, SEPTEMBRE) 1844 | /Mnrottss., Re. CU AC S PORN TES D ET rec AO STE 30 2,01 ADO RENE RER 282 PA Ver M PO — PS ETS 27 22] A 25 Le 24 Septembre, la Comète fut vûe à Marfeille à 4 heures du matin, par le P. Pézenas, Jéfüuite, Profefleur royal d'Hy- drographie, Correfpondant des Académies des Sciences de Paris & de Montpellier, connu par de favans ouvrages de Mathé- matique & de Phyfique ; il commença fes oblervations le lendemain 25, avec fes deux Affociés, les PP. la Grange & Dumas, qui, comme lui, s'appliquent à l’Aftronomie avec beaucoup d'ardeur & de fuccès : la Comète avoit alors plus de 1 4 degrés de longitude dans le figne du Lion, avec une latitude feptentrionale à peu près de 3degrés À. Entre le 25 & le 26 Septembre elle parcourut, fuivant la fuite des Signes, environ 4 degrés d’un grand cercle , en allant d'ailleurs du nord vers le fud. Le P. Pézenas ayant eu la bonté de m'avertir de l'appari- tion de ce nouvel Aftre, je me mis à le chercher dans 1e Ciel la nuit du 28 au 29 de Septembre; M. Coulomb, l'un des Mathématiciens de la Société royale, voulut bien m'aider dans ceute recherche. Le ciel étoit fort ferein, mais la grande clarté de la Lune effaçant prefque entièrement la Comète, nous eumes toutes les peines du monde à l'apercevoir; je la découvris Vers DES SCIENCES, 489 vers Îes 4 heures du matin avec une lunette; enfin nous par: vinmes à la diftinguer à la vûe fimple, elle nous parut commé une Étoile de la troifième grandeur, mais d’une lumière beaucoup moins vive; elle reffémbloit à une nébuleufe, elle étoit ce- pendant moins fombre que Præfepe cancri, Vüe à la lunette, elle fürpañloit Jupiter en grandeur; on diftinguoit aflez bien le corps de la Comète d’une chevelure qui étoit tout autour; elle avoit, du côté oppofé au Soleil, une petite queue d'environ un quart de degré de longueur. Après avoir découvert la Comète, il fut queftion d’en dé- terminer la fituation dans le Ciel. Voici les Obfervations que nous fimes dans cette-vüe, M. Coulomb & moi » avec ce qui en réfulte. La Comète, Jorfque nous 1a vimes pour Îa première fois, le 29 Septembre, étoit voifine du cœur du Lion ou de Regulus, & pouvoit très-facilement lui être comparée. [1 eût été naturel de fe fervir dans cette occafion d’une machine parallatique, placée depuis plufieurs années für la plate-forme qui ef au'haut de l'Ob- fervatoire, mais cette machine avoit éprouvé depuis peu un dé: rangement confidérable, auquel il n'étoit pas poffible de remédier fur Le champ ; ainfi je me réfolus à faire ufage d'une méthode qui demande très-peu de préparatifs, elle confifte à laiffer pafier indifféremment par trois mêmes fils les deux Aflres dont on veut déterminer la pofition refpedtive, en marquant à la pendule Jes inflans de leur paflage par ces fils, & en obfervant d'ailleurs la figure de la route apparenté‘des deux Aftres par rapport au champ de la lunette. Cette méthode exige un calcul, qui eft un peu long à la vérité, mais qui ne la rend pas plus incertaine : elle a été fuffifimment expliquée par M. Zanotti, dans fon Mémoire fur la Comète de 1 739, & par feu M. Fabbé de a Caille dans celui qu'il a donné fur a Comète de 1 742: La lunette que j'employai par préférence, eft celle d'un quart- de-cercle de 3 pieds + de rayon; élle porte au foyer commun des deux verres, outre les deux fils horizontal & vertical, deux wobliques qui forment , avecles premiers , des angles de 4 s degrés: le quart-de-cercle, pendant Le-temps des obfervations ,'étoit toû- Mém, 1761, . Qqq 490 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE jours dans une fituation verticale ou à peu près, ce qui au refle n'eft nullement eflentiel à la méthode que nous pratiquons. J'obfervai deux fois, dans l'efpace d’un quart d'heure, Îles pañlages de Regulus & de la Comète par les fils vertical & horizontal du quart-de-cercle, ainfi que le paffage de Regulus par Fun des obliques; ces deux obfervations me donnèrent beaucoup de peine, & j'avoue que j'en fus d’abord médiocre- ment content : la difficulté d'éclairer les fils fans faire difparoitre la Comète, fut très-grande en effet ce jour-là, elle rebuta M. Coulomb & lempécha d’obferver après moi, comme je le lui avois propoté. En comparant les réfultats des deux obfervations, je n'y trouvai pas l'accord que j'aurois defiré, ce qui ne doit pas fur- prendre après ce qui vient d'être dit; mais comme l'un des deux réfultats péchoit par excès & l'autre par défaut, il arriva que les deux erreurs fe compensèrent aflez heureufement lorfque Jeus pris un milieu: je trouvai par-là que le 29 Septembre, à 4h 51° du matin, temps vrai au méridien de Montpellier, la différence d'afcenfion droite entre la Comète & Regulus , étoit de 14 7° 46" vers lorient, & leur différence en décli- naifon, de od 12° 32" vers le nord. Or, l'afcenfion droite de Regulis, prile dans le Catalogue de M. abbé de la Caille, étoit alors de 1484 5 1” 11”, & fa déclinaifon feptentrionale, tirée du même Catalogue, de 1 3% 8° 46”; donc l'afcenfion droite de la Comète étoit de 1494 58° 57”, fa déclinaifon de 13421 18” vers le Septentrion, fa longitude de 274 24 54" dans le figne du Lion, & fà latitude boréale de 14 1° 59". Je dois faire obferver que dans le calcul des longitudes & des latitudes, j'ai toûjours fuppofé la plus grande obliquité de f'écliptique de 234 28° 10”, telle que M. fabbé de la Caille nous Va donnée pour ce temps-là dans fes Tables des mouvemens du Soleil. Le 30 Septembre, nous ne fimes point d'obfervation : 1e même jour, à 4h 1 5’ du matin, la longitude de la Comète fut trouvée à Marfeille, par le P. Pézenas, de od 5’ 30” dans le figne dela Vierge, avec une latitude feptentrionale de 27° 5 2". 15 Dr SO USICEN CES 491 Le r.* Octobre, la Comète étant fort proche de l'étoile p du Lion, de la quatrième grañdeur, nous déterminames, M. Coulomb & moi, leur pofition refpective par un grand nombre d'obférvations, dont nous eumes tout lieu d’être fatisfaits, les fils de la Lunette ayant toüjours été bien éclairés, fans que la Comèie cefsit pour cela de nous être vifible. Voici les deux obférvations que nous jugeames les plus exactes. Temps vrai le main, A4" 37 21° la Cométe au fil horizontal. PAROUIONE l'Étoile p au même fil. 4. 38. 56 la Comète au vertical. 4. 39 48 l'Étoile à l'oblique inférieur. 4. 40. 42 l'Étoile au vertical. 5 23. 3 la Comète à l’horizontal. $- 23. 30 l'Etoile à l’horizontal. $. 25. 13 la Comète au vertical, $+ 25. 23 l'Étoile à l'oblique inférieur. 5: 26. 35 l'Étoile @m vertical. De ces deux obfervations & de trois autres, dont je fup- prime le détail pour abréger, nous conclumes qu'à 4} $4'la Comète étoit plus occidentale de 19° 37", & plus auftrale de 6’ 18” que l'étoile p du Lion, dont l'afcenfion droite ap- parente étoit pour ce temps-là, fuivant M. l'abbé de la Caille, de 1544 59 59”, & la déclinaifon de 104 33° 1” boréale; 11 Comète avoit donc 1 54 40° 22" d'afcenfion droite, & 104 26° 43" de déclinaifon féptentrionale, ce qui donne fà longitude dans 24 44’ 8" de la Vierge, avec une latitude auftrale de od 4’ 17". La latitude qui étoit boréale le jour précédent , étant devenue auftrale, c'eft une marque que la Comète avoit pañlé par fon nœud defcendant, circonftance qui rendant notre obfervation plus intéreffante , fut pour nous un puiffant motif pour la faire ‘avec plus d'exaétitude. En interpolant les obervations du 29 Septembre & des 1.” 4 & 7 Oëtobre, pour avoir le temps & le lieu où la Comète coupa l'écliptique, je trouve cet inftant Qgs ÿ 2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le 1. Oftobre à 1h 38" du matin, temps vrai au méridien de Montpellier , dans 24 24° 21" dela Vierge. | Des occupations d'un autre genre nous empéchèrent, M. Coulomb & moi, d'obferver la Comète le 2 Oftobre. Le 3 le temps fut peu favorable, on vit un inflant la Comète au {ortir des nuages vers les $ heures du matin, mais fans. pou- voir l’obferver. / É Le 4, n'apercevant aucune Étoile avec laquelle Ja Comète pût étre comparée, nous primes plufieurs fois ft hauteur for l'horizon. À $° 6° 17", cette hauteur fut trouvée de 164 o'42";à 5" 14 54", la Comèteétoit élevée de 173321"; enfin à 5h 16 59", fa hauteur corrigée par fa réfraétion, comme les précédentes, étoit de 174 $ 5" 55". Pour tirer quelque parti de ces trois hauteurs obfervées, j'ai fait ufage des obfervations précédentes du 29 Septembre & du 1.7 Octobre, & de celle qui fut faite à Marfeille le: len- demain $ Oétobre par le P. Pézenas. En interpolant ces trois obfervations , j'ai d'abord déterminé à quelque chofe près le vrai lieu de la Comète, tant en déclinaifôñ qu'en afcenfionr droite pour les trois inflans marqués ci-deflus. J'ai calculé d'après cette détermination , en. tenant compte des tierces, les inftans auxquels la Comète a dû fe trouver fucceflivement aux trois hauteurs obfervées, & je les ai trouvés un peu différens.de ceux que j'avois marqués. Pour faire difparoïre cette différence, j'ai augmenté chacune des afcenfions droites approchées, d'une petite quantité *, diminuanten même temps chacune des déclinaifons correfpondantes d’une autre quantité, qui étoit à la première dans la proportion du mouvement de la Comète en déclinaifon dans fintervalle entre la première & la troifième obfervation ; au mouvement de la Comète en afcenfion droite dans ce même intervalle; cette proportion m'étoit connue par l'interpolation. que j'avois faite précédemment. Dans cette nouvelle fuppofi- tion, j'ai eu trois autres inflans différens de ceux que m'avoit * Cette, petite quantité eft à peu près arbitraire: il eft vifble qu'on auroit augmenté fa déclinaifon, fr, comme lafcenfon droite, elle eût été en croiflant. s # DES SCIENCES 493 donnés Ja première hypothèfe, fans être cependant ceux que je cherchois. La Comète, dans la première fuppofition, parvenoit trop tôt aux hauteurs obfervées, & dans la feconde hypothèfe elle y arrivoit trop tard ; if a donc fallu rectifier l'une & l'autre fuppofition, en déterminant plus précifément par des règles de proportion ce qui dévoit être ajoûté aux afcenfions droites approchées, & ce qu'on devoit retrancher des déclinaifons. Rendons ceci beaucoup plus fenfible. A $h14 54", la Comète étoit élevée fur l'horizon de 174 33° 2r". En interpolant les trois obfervations du 29 Septembre, du 1.” & du $ Oétobre, je trouve fon afcenfion droite pour cet inflant de r 604 48° 44", & fa déclinaifon de 61 30° 16” boréale. Je calcule dans cette fuppofition l'inftant précis auquel elle eft parvenue à la hauteur obfervée, & je trouve que c'eft à.5" r4° 47" 8". Comme elle y eft arrivée 6" 52" plus tard, j'effaye d'augmenter de 1° 3 0" 'afcenfion droite, en diminuant fa déclinaifon de 1° 2”, fuivant la pro- portion des mouvemens horaires. Dans cette nouvelle hypo- thèfe, la Comète a dû fe trouver à $ 14’ 57" 8°’ à la hauteur requife, 10" 0” plus tard que dans la première fuppofition, & 3° 8” trop tard fion compare le calcul à l'obfervation. Je dis, par une règle de proportion, fi 1° 30" en afcenfion droite ré- pondent à 1 0" 0°”, combien de minutes & de fecondes répon- dront à 6" $2",& il me vient pour quatrième terme 1° 2", qui, étant ajoûtées à 1604 48° 44", donnent 1604 49’ 46" pour F'afcenfion droite de la Comète, On trouvera fa dé- clinaïfon de 64 29° 3 3" par une femblable analogie, Je fais les mêmes opérations pour déterminer le vrai lieu de la Comète à sh 6’ 17", & à sh 16° 59". Prenant en- fuite un milieu entre les réfultats des trois obférvations, j'ai Yafcenfion droite de la Comète à 5h r$', de 1604 49’ 31"; fa déclinaifon boréale de 64 29’ 43", fa longitude dé 51 94 30" 53”, & fa latitude de 14 30° 6" vers le Midi. Il eft évident que cette méthode nef point géométrique, & qu'elle eft fondée en paitie fur des fuppoñitions un peu gratuites ; elle m'a donné cependant ui réfüultat: fort approchant du vrai, & c'eft la raifon pour laquelle j'ai confervé cette obfervation EN 494 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE Royare du 4 Octobre que j'avois d'abord eté tenté de fupprimer. : Au refle je ne confeille à perfonne d'employer cette même méthode, à moins qu'il n'y foit comme moi abfolument forcé, Les longs & pénibles calculs qu'elle m'a mis dans la néceflité d'entreprendre, m'ont rebuté plus d'une fois, & je me fouvien- drai long-temps de l'ennui qu'ils m'ont caufé. Le $ Odtobre, nous arrivames un peu tard à lobfervatoire, ainfi nous ne pumes oblerver la Comète, que le crépufcule qui étoit déjà fort, avoit entièrement effacée. Ce même jour M. Pingré la vit à Paris, & en d‘termina la pofition par rap- port à l'étoile 4 di Lion. Le P. Pézenas trouva fa longitude de 114 53° 35" dans le figne de la Vierge, à 4h $1' au méridien de Marfeille, & fa latitude dans le même inftant de 19 55° o" vers le Sud. Le 6, le temps fut couvert & pluvieux. Le 7, je fis l'obfervation fuivante pendant le crépufcule, qui éclairoit fuffifamment les fils de la lunette, Temps vrai le marin, . A 5" 8’ 50” l'Étoile g du Lion, de la fixième grandeur , pañfe par e le fil oblique. $+ 9- 9 la Comète au même fil. $+ 9. 42 la Comète à l’oblique inférieur. $e 10. 9 la Comète au vertical, s+ 11. 42 l'Étoile au vertical, Il réfulte de cette obfervation, qu'à $* 10’ la Comète étoit plus occidentale de 12° 2",& plus méridionale de 1 3° 44" que l'étoile 4 du Lion , dont l'afcenfion droite tirée du cata- logue de Flamfteed, étoit alors de 1664 11° 36", & la déclinaifon de 34 20° 6" feptentrionale; on a donc l'afcenfion droite de la Comète de 165% 59° 34", fa déclinaifon de 34 6° 22" vers le Nord, fa longitude de $f 154 54 16”, & fa latitude de 24 40° 5" auftrale. Le Les pofitions d'Étoiles prifes dans le catalogue Britannique n'étant pas toüjours de cette exactitude qu'on defire aujourd'hui dans F'Aftronomie, j'ai voulu déterminer moi-même par des obfervations immédiates la pofition de l'étoile g, c'eft ce que DE SM STCI E NICE 495 j'ai fait au mois de Juillet 1760. J'ai comparé cette Étoile avec B de la Vierge, de la troifième grandeur, & j'ai trouvé après un grand nombre d'obfervations , que le 7 Juillet 1760, la première de ces deux étoiles étoit plus occidentale que Yautre de 84 19° 5,2 & plus boréale de 1 2° 24,9, d'où j'ai conclu Fafcenfion droite de l'étoile 4 pour ce temps-A, de 1664 13° 47",7, & fa déclinaïfon feptentrionale pour ce même temps, de 3% 19° 30,4, en fuppolant avec M. l'abbé de la Caille, que 8 de la Vierge avoit alors 1744 32° 48”,9 d'afcenfion droite, & 347’ s”,5 de déclinaifon. Il fuit de-Rà que le 7 Otobre 1757, l'afcenfion droite apparente de l'étoile 7 du Lion éoit de 1664 11° 247, & fa déclinaïfon de 34 20° 25" vers le nord. Par-là nous pouvons rectifier aifément le réfuliat de Fob- fervation du même jour, & nous aurons l'afcenfion droite de la Comète de 1654 59° 22°’+, fa déclinaifon boréale de 3% 6" 41°”, fa longitude de 15% 53° 58" dans le figne de la Vierge, & fa latitude auftrale de 24 39 5 3", ce qui diffère un peu du réfultat marqué ci-deflus. La connoïffance exacte de la vraie fituation des fixes, étant d'une utilité générale dans l'Aftronomie, je vais donner ici avec lafcenfion droite & la déclinaifon de l'étoile 7 celle d’une autre étoile voifine, qui eft de la feptième grandeur, & que jai comparée auffi à l'étoile & de la Vierge; ces deux pofi- tions que j'ai dégagées de l'effet de fa nutation & de aberration, font pour le commencement de 1750 ,époque du Catalogue inféré par M. fabbé de la Caïlle, dans fon Livre intitulé, Aflronomiæ findamenta. + Afcenfox droite véritable. Détlinaïfon vérirable vers le Nord, L'étoile 4 du Lion, de Ia 6.° grandeur , la74.° de cette { conftellation dans le catalogue Britannique. .......... 166 58:91 1m2% 22" 452 La fuivante de g, de la 7.° grandeur, la 77 5.° de la conf- tellation du Lion, dans le même Gatalogue. ...,...| 166, 3r, 43,8 | 3. ©. 50,2 Ly 496 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je reviens à la Comète: nous remarquames le 7 O&tobre qu'elle avoit diminué de grandeur apparente, mais qu’en même temps elle jetoit plus d'éclat que les jours précédens, d'où nous conclumes qu'elle s'approchoit du Soleilen s’éloignant de la Terre, Le 8 & le 9, le ciel fut couvert, le ro il étoit fort ferein à quatre heures du matin, & nous nous flattions de pouvoir comparer la Comète à l'étoile u du Lion qui en étoit fort proche, mais des nuages qui furvinrent à 4h 15", & qui fe diffipèrent trop tard, malheureufement pour nous, trahirent toutes nos efpérances, Nous ne fumes pas plus heureux es jours fuivans jufqu'au 1 5 exclufivement. Le temps pendant la journée étoit aflez beau, mais le matin avant le lever du Soleil, l'air étoit chargé de nuages , fur-tout du côté de lorient ; nous vimes feulement deux ou trois fois la Comète, mais toûjours dans des intervalles de temps un peu trop courts, pour pouvoir déterminer fa fiuation. Le 15, le ciel étant parfaitement ferein, nous aperçümes Ia Comète à cinq heures du matin peu élevée fur l'horizon ; nous aurions pü obferver fon paflage par les fils de la lunette, & attendre au foir que quelque Étoile connue vint pafler par ces mêmes fils, n’y en ayant aucune alors parmi celles qui nous étoient vifibles , qui füt à peu près dans le même parallèle, C'étoit au fond ce qu'il y avoit de mieux à faire, mais M. Coulomb me propofa de prendre la hauteur de la Comète’ dans un vertical placé entre le méridien & 1e point de l'horizon où Le Soleil devoit fe lever, & d’obferver -enluite le paffage du centre du Soleil par ce même vertical. Je fis quelques objeétions contre cette méthode, qui dans la pratiqueeft fujette à plufieurs inconvéniens. Faifant néanmoins réflexion que M.° de Guilleminet.& Danyzy Lavoient em- ployée avec fuccès dans plufieurs obfervations de a (Gomète de 1744, je me laiflai perfuader ide tenter la niême voie, en:prenant d'ailleurs toutes les précautions qu’exige l'obfervation des verticaux. Nous nous fervimes d’un quart-de-cercle de. deux pieds de rayon, légué par feu M.-de Guilleminet à Ja Société de i DESÉSCrIENCE s. 497 il eft muni d’un micromètre , il a yne alidade, une règle de conduite, & tout ce qui eft néceffaire Pour opérer avec juflefle. Vérifié plufieurs fois autour de l'horizon, il a toûjours donné la fomme des angles de 3 60: degrés, à quelques fécondes près, érreur qui devient infenfible fur un arc de moins de 10 degrés. Nous favions d'ailleurs que fixé dans un vertical, ce même inftrument ne s’en éloïgneroit pas fenfiblement » Quand nous lui ferions parcourir s où 6 degrés pour déterminer le pañlage du Soleil par ce vertical après avoir pris la hauteur de la Comète : tout cela nous fit elpérer que nous pourrions réuflir, & en effét notre confiance ne fut point trompée. À 5" 30° o" du matin, M. Coulomb trouva fa hauteur de la Cômète corrigée par fa réfraction de 84 9° 48",il détermina énfuite linflant du pañage du centre du Soleil par le vertical de la Comte, à 6h 391 8" 2, d'où nous conclumes que ce vertical étoit diftant du méridien de ZT 0 a te qui donne f'afcenfion droite de a Comite dé : ZOO , fa déclinaifon de 34 17’ 39" méridionale, fà longitude de $' 294 35° 13",& fa latitude de 44 7° 43" vers le fud. Je me füis {rvi dans le calcul dé"Tazimuth du Soleil & de la Comète, des nouvelles Tables du Soleil de M. l'abbé de la Caille. J'avois d'abord fait ufage des Tables de M. Caffini ; en avançant l'apogée du Soleil de 10 minutes, ce qui m'avoit. donné à très-peu près le même réfultat. Le 16 O&tobre au matin, Jobfervai à 5h 28 49" la hauteur de 11 Comète que Je trouvai de 74 4 42", après lavoir corrigée par là réfraétion. Le centre du Soleil paffa à 6? 37° 18" par le vertical de la Comète, éloigné du méridien de 774 5° 36", d'où je tirai l'afcenfion droite de la Comète de 179% 26’ 26",& fa déclinaifon méridionale de 44 19° 50", fa longitude étoit donc à 14 1 2’ 5 3° de la Balance, avec une latitude auftrale de 44 11’ 40". Ces deux jours la Comète nous parut fort brillante, fa queue avoit toüjours la inême longueur de 1 $ à 18 minutes de degré tout au plus, demi-heure de crépufcule leffaçoit Mém. 1761. . Rrr 498 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE entièrement, À l'égard de la tête, elle ne cefloit d’être vifible qu'environ 20 minutes avant le lever du Soleil: fa lumière étoit beaucoup plus vive que celle de à fameufe Comète qui a paru depuis en 175 9, & des deux autres qui ont été oblervées au commencement de 1760. Le temps après avoir été peu favorable pendant trois jours confécutifs étant redevenu ferein, nous cherchames la Comète le 20 Oétobre au matin, mais inutilement, & depuis il ne nous fut plus poflible de la revoir. Le P. Pézenas fut plus heureux, il vit encore la Comète le 20,le 23,le 24 & le 27; ces deux derniers jours i ne put déterminer fa pofition dans le ciel, il effaya de le faire le 20 & le 23, en prenant fa hauteur & fon azimuth ; il me fit part des réfultas de ces deux obférvations, en me marquant qu'il les croyoit beaucoup moins exaéts que ceux des obfervations qu'il avoit faites précédemment , ce qu'il attribuoit avec raifon au peu de hauteur de la Comète, & à l'incertitude inévitable dés réfraétions près de l'horizon. I ne me refte plus qu'à donner ici les élémens de la théorie de cette Comète , tels que je les ai déduits de mes obfervations. Lorfque le P. Pézenas m'écrivit qu'il paroiffoit une nouvelle Comète dont il avoit commencé d’obferver le cours, il ajoûta que c'étoit vrai -femblablement celle de 1682, qui, fuivant la prédiétion de M.* Newton & Halley, devoit reparoïtre en 1757 où 1758. Comme le temps de ce retour n'avoit pas été annoncé d’une manière plus précile, il pouvoit être permis à un Aftronome de fe prévenir jufqu'à un certain point, en faveur d’une idée fi propre à le flatter , mais l'illufion fut bien-tôt diffipée, & le P. Pézenas avec tous ceux qui avoient d'abord penfé comme lui, ne tarda pas à réconnoitre que la nouvelle Comète étoit différente de celle qu'on atténdoit. M. Pingré, Chanoine & Bibliothécaire de Sainte Geneviève, Jun des Aflociés- Libres de l'Académie royale des Sciences, prouva dans un Mémoire qu'il lut à la rentrée de cette Aca- démie, au mois de Novembre 1757, que la Comète qui one. : DIES ScrEeNcEs. 499 venoit de paroître étoit directe, au lieu que celle de 1 682 étoit rétrograde, & que tous les élémens de leur théorie étoient d’ailleurs fort différens. = Ayant eu connoiflance, par les Nouvelles publiques, de ce Mémoire de M. Pingré, j'écrivis à cet Académicien, & je lui fis part du réfultat de mes obfervations, il me répondit fort peu de temps après, que les obférvations qu'il avoit d'abord raffemblées , & d'après lefquelles il avoit ébauché une théorie, étoient toutes comprifes entre le 2 $ Septembre & le $ Odtobre, qui étoit le feul jour auquel il avoit vü la Comiète à Paris ; que mes obiérvations qui avoient l'avantage de s'étendre plus avant dans le mois d'Oétobre, s'accordoient mieux entre elles & avec la théorie, que plufieurs de celles qui lui avoient té communiquées de différens lieux. Sur-tout il me parut fort content de l’obfervation du 1.” Octobre , temps civil, ou 30 Septembre, temps aftronomique, de laquelle on a conclu {a pofition du nœud: il me Marquoit qu'ayant trois obférvations de ce jour, une qui donnoit à la Comëte 1 6’ 10" de latitude auftrale, une autre qui en donnoit 1 2 minutes, & la mienne qui la réduifoit à s’ 2”, il avoit cru devoir admettre cette dernière comme plus exacte que les deux autres, Jé dois remarquer au fujet de cette obfervation du 1° Octobre , que jai encore. diminué depuis la latitude que j'avois aflignée à la Comite pour ce jour-là, l'ayant réduite, comme on 4 pu le voir ci-deffüs , à 4" 17",ce qui vient de ce qu'ayant tiré d'abord du catalogue de Flamfieed la pofition de l'étoile p du Lion, je Fai prife enfüite dans le catalogue de M. l'abbé de la Caille. J'obferverai auff que le P. Pézenas qui avoit déduit pour ce même jour le lieu de la Comète de fes dif. tances à Sirius & à Procyon, avoit trouvé d'abord un réfultat différent du mien, mais qu'ayant enfuite reconnu qu'il y avoit erreur dans l'obfervation de ia diflance à Srius, il s’étoit contenté de comparer la Comète à Procyon & à l'étoile du Lion , dont les diftances étoient plus füres, ce qui lui avoit donné les mêmes longitude & latitude que J'avois trouvées à une minute près, différence qui nait principalement de ce que Rrrij 500 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le P. Pézenas avoit obfervé la Comète environ 20 minutes plus tôt que M. Coulomb & moï; ceite conformité fi parfaite entre les obfervations de Marfeille & de Montpellier eft une preuve fuffifante d’exactitude, Encouragé d'ailleurs par le fuffrage d'un juge auffi éclairé dans ces matières que left M. Pingré, je me déterminai à calculer les élémens de l'orbite de la Comète fur mes obfer- vations. Je commençai par dévager les lieux de la Comète obfervés, de l'effet de la parallaxe, de la nutation & de l'aber- ration, employant pour cette réduétion la théorie que M. Pingré avoit ébauchée , & qu'il avoit eu la bonté de me communiquer. On verra par la petite Table qui fuit, que j'ai afpiré dans cette occafion à une précifion qui pourroit paroïtre inutile, la plus grande différence entre les lieux obfervés & les lieux réduits n'excédant pas 2 9 fecondes de degré; mais l’Aftronomie moderne ne néglige point des quantités bien moins confidérables ; elle tient compte, s'il eft permis de le dire, d'un infiniment petit. Longitude obfervée,| Longitude réduite | Mois | ce de afiedée ou As VE LATITUDE]| Différ. ë re égagée de l'effet | Différ. Eve réduite k Jours. Montpellier) par à Parallaxe, | dégagée de l'e Parallaxe , &c. « la Déviat. & l'Aber, | de la Parallaxe, &c. 13 A7 MSP D'UMUS Sec. | DM IS ND ILES; Sec. Le Septemb. 28| 16. 51 | 27. 24. 54 |A 27. 25. 23 [+ 20/1. 1. 59B\1. 2. s B+ 6 30| 16. 54 |m 2.44. 8 |nm 2.44. 36 |+ 28/0. 4. 17À lo. 4 11A|— 5 O&obre 3 17° 15 9. 50. 53 9. St. 21 [+ 28/1. 30. 6x 300 ES 6| 17. 10 1$. 53. 58 15. 1$4e 26 [+ 2812. 39.53 [2. 39.48 [— 5 14) 17. 30 | 29. 35. 13 29. 35. 38 |+ 25/4 7-43 |4 7.42 |— 1 15| 17. 29 [à 1. 12. $3 [4 1. 13. 20 | 27/4 11.40 |4. 11. 41 [+ 1 : J'ai pris dans cette Table les obfervations du 28 Septembre, du 6 & du 15 O&obre, & faïfant ufage de la méthode que M. de la Caille aexpoée dans fes Leçons élémentaires d’Aftro- nomie, & dans un Mémoire imprimé dans le recueil de l'Académie royale des Sciences , pour l'année 1746, j'ai trouvé après plufieurs fuppofitions, que la diflance périhélie de la Comte dans une orbe parabolique, eft de 33932 parties, DES -S Ce IE NICE S soi dont la diflance moyenne de a Terre au Soleil eft 100000. Le lieu du péihélie fur l'orbite, répond à 24 36" 29° du Lion, elle y a pañfé le 21 Oétobre à oh 23, temps moyen à Paris. Le plan de fon orbite eft incliné à celui de fécliptique, de 124 41° 17",& le nœud afcendant eft à 44 7° 11° du Scorpion; cette Comète eft directe, & elle a, parcouru fur fon orbite un arc de 544 33° 22" depuis lé 28 Septembre à 16h 35" jufqu'au 1 $ Oétobre à 17h 8'+, temps moyen, au méridien de Paris. * On trouvera dans la Table fuivante la comparaifon de cette théorie avec les fix obfervations faites à Montpellier, & avec fix autres que les PP. Pézenas, la Grange & Dumas ont faites dans leur obfervatoire de Marfeille le 29 Septembre, & les 4, 9,10,11 & 12 Octobre; ces dernières obiervations ont été réduites comme les premières, par la parallaxe, la ‘ nutation & Paberration. Mois TEMPS | LoNGiTUDE| LoONGITUDE Diff LATITUDE| LATITUDE| Fe HET obfervée, calculée, 7 obfervée. calculée, Dies Jours.:| à Paris. ELYL. D," M. S. DEMS Se M, S. | D. A1 S, D'MS. NS Septemb. 28116. 35 |@27. 25. 23| 27. 22. $6|— 2. 27/1. 2. SBli. 4. 40B|+ 2. 35 29/15. 53 [m o. 5. $9|m o. 3. 32]— 2. 27/0. 27. 58 |o. 30. 3 |+ 2. 5 30116. 37+ 2. 44: 36 2. 44. 37|+ 0. 1 |d. 4. 11Alo. ‘4. 17A|+ 0. 6 Oëobre 3116. 57 9, SI. 21 9- 49- 25] 1. S6/1. 30. 1 |1. 30. 30 |+ o. a | 416. 27%| 11. 54. 3| 11. $4 10|+ o. 7|'- s4 55 |. s4æ 7 = o. 48 6/16: 51%] 15. 54 26], n5: 54 29|-lo. 3/2. 39. 48 2. 36. 27 |— 3. 21 9116. 35 21. 17. 40]. 21. 18: 20|+ 0. 403. 26: 8 |3. 24. 25 | 1. 43 10116. 495] 23- o. 47] 23. 1. 34|+ o. 4713: 36. 58 |3. 36. 52 |— o. 6 11h17. 4%] 24 41. 56! 24. 42. 41|—+ o. 453. 46. 38 |3. 47. 29 [+ o. s1 12116. 425] 26. 19, 44] 26. 19. 18|— 0. 26|3. 55. 18 |3. 56. 10 |+ 0. 2 14117 9% 29.35. 38] 29.35. $8|<+ o. 204 7. 42 |4 8. 27, |+ o. 45 15117: 85| à 1, 13. 20|À 1, 13. BONE Oo. 1{4 11, 41 |4. 11. 43 | o. 2 En jetant les yeux fur cette Table, on voit que de douze obfervations, il y en a neuf qui s'accordent dans la longitude à moins d'une minute près, la plus grande différence eft de - Rrr ii 502 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 2° 27", le 28 & le 29 Septembre ; mais, comme je l'ai remarqué ci-deflus, l'obfervation du 28 Septembre n'eft pas auffi exacte que celle du 30 du même mois, avec laquelle Jai voulu que ma théorie s'iccordât parfaitement. Dans les latitudes, il y a huit obfervations, dont la différence ne va pas non plus à une minute, la différence la plus confidérable eft de 3° 21" le 6 Oëtobre. Je foupçonne dans cette obfer- vation une erreur qui a principalement influé fur la latitude: | fi l'on fuppole d’une part la longitude exaétement déterminée, & de l'autre fa diflance de la Comète à l'Étoile g du Lion de 16’ 24", conformément à la mefure qu'en a prife le P. Pézenas avec un micromètre objeétif, on pourra évaluer l'erreur foupçonnée, à 1° $ 8", dont la latitude obférvée de Ja Comète doit être diminuée le 6 Oétobre, par-là cette différence de 3° 21" que fon avoit trouvée entre l'obfervation & I: théorie, fera réduite à 1° 23", ce qui eft peu confidérable. Les élémens de la théorie que l'on vient de donner, sac- cordent aflez exactement avec ceux qu'avoit déjà calculé M. Pingré, la plus grande différence tombe fur la diftanc périhélie, que cet Académicien fait plus petite d'environ 7 de la diflance moyenne de la Terre au Soleil. I: P. Pézenas a calculé auffx les élémens de la théorie de notre Comète, & il les a trouvés très-peu différens de ceux que j'ai déterminés ,comme on le verra dans un Mémoire où il doit donner avec le détail de fes obfervations, plufieurs vûes nouvelles fur la théorie des Comètes en général dans des orbes, foit parabolique, foit elliptiques. Ce n'eft pas affez d'avoir établi fur des obfervations 1a, théorie d’une Comète, il faut de plus déterminer, autant qu'il ait poffible, le degré de précifion de cette théorie; ce point eft d’une grande importance, comme M. de la Caiïlle l'a fait voir dans un Mémoire que nous avons déjà cité. La théorie d'une Comète n'eft certaine que lorfqu'elle eft fondée fur des obfervations exactes, dont la première & la troifième participent le plus qu'il eft poflible de ces quatre conditions, qu’elles foient éloignées d'un grand intervalle de lBAETSN SC 1 E N°C'E s. SO temps, qu'elles foient éloignées auffi du paflage de la Comète par le périhélie, qu'elies interceptent un grand arc de l'orbite, & que les latitudes héliocentriques foient fort inégales, & s'il fe peut, de différente dénomination. Trois de ces conditions font ici heureufement remplies, Farc héliocentrique parcouru entre les inflans de la première € de la troifième obfervation, eft de s1411" 51", l'extrémité de cet arc la plus voifine du périhélie en eft éloignée de 374 12° 34", les deux latitudes héliocentriques font à la vérité auftrales lune & Fautre ; mais la première étant de od 3} 265, & la feconde de 94 $ 2° 2", leur inévalité eft très-confidérable par comparaïifon à la plus grande latitude poffble, qui eft der24 ar 19 | On ne peut donc objecter que le peu d'intervalle qui s’'eft écoulé entre la première & la troifième obfervation , éloignées l'une de l'autre feulement de quinze jours ; mais cet inconvénient eft fauvé dans cette occafion par la grandeur de Farc héliocen- trique parcouru, la grandeur de cet arc influant beaucoup plus fur la füreté de Ja théorie que la longueur du temps pendant lequel la Comète à été vüe, Il fuit de tout ce qu'on vient de dire, que la Comète de 1757 eft une de celles dont da théorie eft {a plus exacte, & que nos defcendans pourront reconnoïtre avec le plus de cer- titude, lorfqu'elle reparoitra. | Dans les catalogues que M. Halley & de la Caïlle nous ont laiflés des principales Comètes qui ont été obférvées juiqu'à préfent, on n’en trouve que fix dont la diftance périhélie foit moindre que celle de la Comète dont il eft ici queftion ; il eft étonnant que s'étant approchée du Soleil prefque autant que Mercure dans fes moindres diftances, elle n'ait eu qu'une très- petite queue, tandis que fon fait que la proximité au Soleil rend ces queues remarquables, mais cette règle trouve ici une exception bien marquée. Ce qui eff certain , c'eft que le ciel de Montpellier eft très- propre à nous laiffer voir les queues des Comètes dans pref- que toute leur étendue : nous en avons un exemple bien dé 1 <, ts 504 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE, &c. frappant dans cette fameufe Comète, dont le retour en 17 59 a fait tant d'honneur à la théorie Newtonienne & à M. Clairaut, On fait quelle n'a été vüe à Paris qu'avec une petite queue, qui n'a jamais excédé quaire degrés : il n’en a pas été de même à beaucoup près à Montpellier, Le 29 Avril 17 $9, la partie la plus lumineufe de la queue de cette Comète ayant été mefurée avec un, inflrument, fut trouvée ici de 10 degrés. Des payfans à la campagne jugèrent que cette queue occupoit dans le ciel un efpace égal à celui que parcourt le Soleil en une heure, c'eft-à-dire 1 5 degrés; elle toit même réellement plus longue; & quand on la confidéroit attentivement à la vüûe fimple, on voyoit qu'elle fe perdoit infenfiblement dans la conftellation du Centaure , & qu'elle avoit bien 2 $ degrés dans fa totalité, Le 2 Mai fuivant elle étoit encore de 1 5 à 18 degrés, quoiqu’effacée en partie par la lumière de la Lune. Nous pourrions citer beaucoup d'autres exemples pareils, également propres à mettre en évidence fur le point dont il eft ici queftion, les avantages de notre climat. Concluons que pour peu que la queue de la Comète de 1757 eût été remarquable, on F'auroit aperçûe à Montpellier dans prefque toute fa longueur; qu'on ne peut donc douter qu'elle n'ait été réellement très-petite ; il faut que toutes les Comètes ne foient pas également propres à fournir ces exha- laïfons & ces vapeurs qui compofent probablement la matière de leurs queues. Tout ce qui eft phyfique, eft fujet à des va- riétés confidérables qui fe jouent des efforts de ceux qui vou- drojent tout ramener à l'exaéte uniformité. Won.de l'Ac. R. dar «2.17 61 pag. pt28, Uente Le. R dar ler 6 pas plouf.