PP HISTOIRE D E É LACADEMIE à FO TA LE RUDES RODE-NICE S. ANNÉE M DCCLXIF. Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, pour la même Année, Tirés des Repiftres de cette Académie. EE, M'A R RS). DE L'IMPRIMERIE ROYALE L M DCCEXVÉ Le PRET ae sGAGÉ ARR © at tr ES HOT E Saba EL 2 ‘a PAUSE as x? do En F3 Aitte: Mob LA BE POUR ASH ISTOTRE. | PHYSIQUE GÉNÉRALE. ms UR la comparaifon des effets du Tonnerre à ceux de l Élecricire, { e pré) entier: © fur quelques moyens de fe préferver des premiers. Page 1 Sur les degrés de chaleur auxquels les hommes & les aniiaux Jon capables de réfiffer. FA Sur l'évaporation de l'Eau falée. 25 Obfervations de Phyfique générale. 32 neermmemneneeeremnner | ANATOMIE. Sur la nature des Pierres, ou cakculs du corps humain. 47 Sur une Maladie finguhére. N 54 Sürume Épiplocéle, dont les figues furent d'abord trés-Equivoques. $7 Sur la fiuation du grand Trou occipial dans l'Homme & dans les Animaux. 59 Sur les Nains. 62 Olfervations anatomiques. | 7 1000 BOTANIQUE. Obfervation botanique. 7 # jj ; M AND:LYE; AN CHEB RCE Sur le degré des Equations réfutanres de 1 “évanouifément des inconnues. . 88 Gé Oi ME TR IE. 92 ASTRONOMIE. Sur les Tables du Sokil © fur les Olfervations de la Lune, publiées par M. l'abbé de la Caill. 100 Sur la parallaxe de la Lune dans la fuppofition de ! aplatiffement de la Terre, 103 Sur les Eclhpfes fujettes aux parallaxes. 105$ Sur le mouvement des nœuds de 1 Équateur lunaire. 112 Sur l'obfervation du paffage de Vénus fur le Soleil, faite à Sélen- ginsk en Sibérie. ES Sur l'echpfe de Soleil du 17 Avril He 116 Olfervation aflronomique: 121) GÉOGRAPHIE. Sur la comparaifon des îles de France 7 de Bourbon. 150 Sur la Longitude & la Latitude de Pékin. 152 Sur la Longitude de Polling. 156 Sur la comparaifon de la Latitude des principales villes du Royaume, déterminées par les Obférvations | avec celle qui réfute des Triangles. 157 H4Y D'R 0'G.R'A PRE: 161 H-Y D R A U L IQ UE. Sur les inondations des eaux de la Seine à Paris, 164 TABLE. D, F'OMPALUR T'OUUTE: Sur la manière de travailler les objectifs qu'employoir Campani. 169 Sur les Lunettes achromatiques. 175 MÉCANIQUE. 187 Machines ou Inventions approuvées var l'Académie en 1764 182 Eloge de M. le Comte d’Argenfon. 187 Eloge de M. le Marquis de Montmirail, 198 0:0:0:0:0:9:0:0:0:0:0:00:0100:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0/0/0:0:0:0:0 LAB. Es POUR-LES MÉMOIRES. € PRO NS géographiques fur les fles de France & de Botrbon, comparees l'une avec T'atre. Par M: BUACHE. } Page 1. Additions aux calculs, de L'éthipfe du Sokail du 1. Avid 1764. Par M. LE MONNIER. 7 Meéoire Jur l'évaporarion de l'Eau falée. Par M. HALLER. 9 Nouvelles Recherches Jur les Verres optiques, pour fervir de fuite à la Théorie qui en a été donnée dans le Volume LIL des Opufcules Mathématiques. Premier Mémoire. Par M. D'ALEMBERT. 7 Olfervations de l'eclipfe du Soleil du 17 Avril 1764: Par M. 1e Monnier. 146 Nouvelles AÉTROEE anabtiques pour calculer les. és jpfes de Soleil, les occultations. des Etoiles fixes 7 des Plantes’ par la Lune ; €" en général pour réduire des Obfervations quelconques de cet Affre, au lien vu du centre de la Terre. Premier Mémoire. Par M. pu SÉJour. 159 ÂMémoire fur les degrés extraordinaires de chaleur auxquels les Hommes 7 les Animaux font capables de rejifler. Par M. PRET 186 Fifioire de la Maladie d'une femme, dont les membres font de- venus en peu de temps contrefaits d'une façon finguliere. Pax M. MoraANo le fils 206 Nouvelles methodes analytiques pour calculer les élipfes de Soleil, les occulrations des Etoiles fixes € des Planètes par la Lune ; € en général pour réduire des Olfervations quelconques de cet AA: LE. Affre , au lieu vu du centre de la Terre. Second Mémoire. Par M. pu Séjour. 2 $ Mémoire fur les Oljeif. Pa M. Fouceroux DE BonDaror. 2$1I Mémoire for la Longitude & la Laæimde de Pékin. Pat M. PINGRÉ, | 262 Memoire Ju l'élipfe de Soleil du 1" Avril 7 764 Par M. BaAILLy. 273 Objérvations aflronomiques , faites à Noflon, maïfon de plailance des Archevëgues de Sens. Par S. E, ME LE CARDINAL DE Luynes & par M. Baïzry. 27% Obfervation de l'échpfe de Lune du 7 Zz Mars 176 4 © de quelques autres Phénomènes célefles. Par M. PINGRÉ. 2 84 Recherches fur le degré des Eguarious réfutantes de 1 ‘évanouiffe- ment des inconnues , 7 fur les moyens qu'il convient d ‘employer pour trouver ces Equations. Par M. BEzouT. 288 Mémoire fur l'Obférvation du paflage de Vénus Jur le difque du Jokil, faite à Sélenginsk en Sibérie. Px M. Pincré. 339 Ephémérides de la Comère de 1 764: Par M. PINGRÉ. 344 Ménoire Jur la Longinrde de Polling. Par M. BarLLry. 348 Caleul de l'échpfe du Sokil du 17 Avril 1762, fclon nos Tables corrigées. Par M. CassiN: DE Taury. 351 Oljervations de Mercure, faite à l'Olfervatoire Royal au mois de Mai 1764; avec plufieurs Eclipfes des Satellites de Jupiter, depuis 1760 jufqu'en 1764 Par M.YAbbé CHAPppE D'AUTEROCHE, 353 Mémoire fur la Paralaxe de la Lune, dans la Juppofition de l'aplarifflement de la Terre. Par M. Pincnré,. 362 Recherches fur la nature des. Pierres où Calculs qui fe forment dans le: corps des Hommes 7 dans celui des Animaux, Première Partie. Par M. TENON, | ; 374 TAATBEDNE, Réflexions Jur les Obfervarions de la Lune, publiées par M. l'ablé de la Caille , dans fes Éphémérides depuis.17 6 $ jufqu'en 1775, d Jur les Tables du Soleil qu'il a données en 17 $ 8 Par M. Cassini DE THuRrY. 390 Memoire fur les effets du Tonnerre, comparés à ceux de l'Élec- uicité; avec quelques Confiderations fur les moyens de Je garantir des premiers. Par M. F Abbé NoLLET. 408 Memoire fur une Epiplocle dont les fignes furent d'abord fort équivoques. Pa M. TENON. 452 Mémoire fur les inondations de la Seine à Paris. Pa M. DEPARCIEUX. 457 Élénens des Comètes dè 1763 & de 1764: Par M. PINGRÉ. 487 Réflexions fur les formules que M. Euler a données à l'occafion des Parallaxes. Pa M. LE MONNIER. 489 Comparaifon de la latitude des principales Villes du Royaume, déterminée par les Obfervations affronomiques de M.” de l'Aca- demie, avec celle qui réfuhe des triangles. Par M. Cassini DE THURY. 490 Troifième Mémoire fur la Minéralogie des environs de Paris, & des Corps marins qui s'y trouvent. Pa M. GUETTARD. 492 Olfervations Botauico-méréorologiques , faites au château de Denainviliers , proche Pithiviers en Gätinois , pendant l'année 1763. Pa M. pu HAMEL. 526 Obfervations des taches 7 de la lbration de la Lune, pour prouver le mouvement des nœuds de l'Équateur hmaire. Px M. DE LA LANDE. 555 Mémoire fur les différences de la firuation du grand trou occipital dans l'Homme à dans les Animaux. Par M. D'AUBENTON. 568 Mémoire fur la manière de criffallifer l'Alkaï fixe de tartre. Pax M. Moxrer, de la Société Royale de Montpellier. 576 Ce ee HISTOIRE HISTOIRE. L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. Année M. DCCLXIV. PHYSIQUE GÉNÉRALE. OR, Li AGO MP.A RAT SON DES EFFETS DU TONNERRE AO E UN NX DE ÉLECTRICITÉ; Et fur quelques moyens de fe préferver des premiers. Ï L eft aujourd'hui conflant parmi les Phyficiens, que le tonnerre V. tes Mém. n'eft qu'une très-grande életricité qui s'excite naturellement P- 408. dans une partie de l'atmofphère : l'expérience de Marly-l-ville, Hif. 1764. . À * Voy, Hift de l’Acad 1753, pat 7È b Caf. Comm. de hello Africo, 2 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYaLe répétée depuis par prefquetous les Phyficiens, & la moit funefte du Profeffeur Richmann *, font des preuves trop convaincantes de ce fentiment pour qu'on puifle le révoquer en doute : mais ce qu'il y a peut-être de plus fingulier, c’eft que les mêmes faits, qui nous ont affectés fi vivement fous la forme d'expérience, n'aient excité aucune attention quand ils fe font offerts aux yeux comme faits ifolés, quoique très-furprenans par eux-mêmes; on ne peut cependant leur difputer une ancienneté & une fingularité qui auroient dû attirer fur eux les regards des Phy- ficiens. Céfar rapporte, dans fes Commentaires, que pendant ha guerre d'Afrique, après un orage affreux arrivé pendant la nuit & qui mit en grand défordre toute l'armée romaine, la pointe des dards de la cinquième légion brilla d’une lumière fpontanée: Quintæ legionis pilorum cacumiria fu& fponte arferunr Ÿ, Au château de Duino, fitué dans le Frioul au bord de la mer Adriatique, il y a de temps immémoril, fur un des baftions de fa place, une pique plantée verticalement la pointe en haut; quand fe temps menace d'orage, la fentinelle qui monte la garde à cet endroit, préfente au fer de cette pique celui d'une hallebarde qu'on laiffe toujours là pour cette épreuve, & fi le fer de la pique étincelle beaucoup à approche de celui de la hallebarde ou qu'il jette par fa pointe une petite gerbe lumineufe, alors il fonne une cloche qui eft auprès, pour avertir les, gens de la campagne & les péchews qu'ils font menacés d'orage, & fur cet avis, tout le monde rentre: ces faits, quoiqu'exuèmement curieux par eux-mêmes, n'avoient attiré l'attention de perfonne & on ne seft avifé de fe les rappeler que lorfque la théorie de électricité engagea à dreffer en l'air des pointes de fer pour foutirer, $ik m'efb permis d'em- ployer ce terme, l'électricité des nuages orageux. Ces expériences, qui ne diffèrent que du plus au moins de celles que produit l'éleéékricité excitée par un globe frotté, prouvent inconteflablement l'identité de l'électricité & du tonnerre, & il. en réfulte néceffairement trois points importans à éclaircir : le premier, eft de déterminer la caufe qui peut communiquer à l'air une fi forte éleétricité ; & le fecond, de DES SCGtTENCES rechercher comment une nuée devenue éleétrique peut produire les finguliers effets qu'on obferve dans les orages; & enfin le troifième, feroit d'eflayer, sil étoit pofhble, de fe mettre à couvert de ces terribles effets. On ne peut guère jufqu'à préfent donner fur le premier point que des conjectures affez vagues; on pourroit, par exemple, fuppoler que la mafie de l'air étant mue conflamment pendant les orages en deux fens différens, une de fes parties séleétrifat en frottant contre l'autre & communiquât enfuite fon électricité aux nuées dont l'air eft chargé ; il fe pourroit même que les exhalaifons inflammables qui sélèvent & s'amaflent dans la même région ou que les vents y accumulent, concouruffent à cet effet, oit par le feu électrique qu'elles portent avec elles, foit en failant avec les vapeurs aqueufes un fluide mixte plus fufceptible d'une forte électrifation; mais quoi qu'ilen foit, ce ne font iei que des conjectures, M. l'abbé Nollet ne les donne que pour telles & sen remet à ce que Je temps & les obfer- vations pourront fournir pour l'éclairciffement de cette queftion. Nous fommes un peu plus éclairés fur le fecond point : identité à préfent prefqu'univerfellement reconnue entre le tonnerre & l'éledricité , nous met à portée d'expliquer fes plus furprenans effets ; il ne faut pour cela que confidérer la nuée orageufe comme un très-grand conducteur chargé d'une quantité immenfe de fluide électrique, & nous retrouverons bientôt très en grand tous les mêmes effets qu'on obferve dans les expériences électriques, fur-tout lorfqu'on augmente beaucoup la force de l'électricité. Quand nous difons que cette comparaifon de la nuée orageufe à la barre éleétrique, peut rendre raifon des plus furprenans effets du tonnerre, nous n'entendons parler que de ceux qui font bien conflatés, & non pas du faux merveilleux que les hommes fe plaifent à jeter fur les objets qui les ont frappés d’étonnement , & que les auteurs ont fouvent copiés les uns d’après les autres, fans fe mettre en peine de vérifier les faits ; les recherches phyfiques n'en admettent aujourd'hui que de bien conflatés & obfervés par des gens qui fachent voir A i HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE ce qui eft & ne pas voir ce qui neft pas: reprenons notre comparaifon. En confidérant la nuée orageufe comme un très-grand conducteur rempli d’une très-grande quantité de matière élec- tique, on reconnoîtra aifément que les éclairs qui en fortent, foit par une éruption fpontanée , foit provoqués par l'approche de quelqu'autre nuage, ne font autre chofe que les aigrettes que nous voyons briller aux extrémités d’une barre de. fer ifolée qu'on électife, & fi on y obferve quelque différence , elle n'eft düe qu'à celle de la nature & de l'étendue des conducteurs; nous allons effayer de le faire voir. LA Quand le feu électrique fe meut dans une barre dé: fer, ïl fuit tant qu'il lui eft poflible Ha direction longitudinale dés fibres du métal &c réunit aux extrémités angulaires de Ja barré toutes fes forces pour pénétrer dans l'air qui s’oppole à fon pañage ; il ne doit donc caufer qu'une lumière foible & un très-petit bruit, parce qu'il en fort affez facilement pour ne s'y pas accumuler : il n'en eft pas de même de celui qui eft contenu dans une nuée, il n'y trouve ni pores difpofés en long, ni parties anguleufes par lefquelles il puiffe s'échapper ; il ne doit donc en fortir que lorfqu'après avoir fait bouillonner la vapeur qui le contient en la traverfant avec rapidité, il { trouve affez fort pour percer fon enveloppe; & fr on fait attention à l'énorme grandeur d'une nuée & à la quantité de feu électrique qu'elle contient, on ne fera pas furpris que cette efpèce.de-bouillon- nement caufe un bruit confidérable , & que l'explofion, au lieu de former une fimple :aigrette, occafionne une lumière vive & étendue ; de-là les roulemens du tonnerre & la vivacité de Téclair, qui ne précède le bruit que parce que le mouvement de Îa lumière eft prefqu'infmiment plus prompt que celui du fon. re & Veut-on fe convaincre de ce que nous venons d'avancer par une expérience facile? Qu'au lieu d’électrifer une barre de médiocre groffeur & qui offre des angles ou des pointes à fes extrémités, on élerile par un temps favorable & avec un bon globe de verre une barre beaucoup plus groffe & terminée DES Sel NcESs par une pointe fort moufle, on remarquera que cette barre ne donnera plus des aigrettes continues & filentieufes | mais des feux plus ferrés & plus brillans qui s'en élancent de temps en temps avec impétuofité & qui font entendre à chaque éruption le même bruit qu'une grofle flamme qui s'allume fubitement : peut - on méconnoître dans cette expérience l'identité de ce phénomène & de celui des éclairs & du bruit du tonnerre, fr on fait {ur- tout attention à limmenfe différence de grandeur d’une nuée & de la plus groffe barre qu'il {it poffible d'éectri{er ? Quoique les roulemens du tonnerre ne foient, fuivant M. Fabbé Nollet, que le bouillonnement excité dans la nuée par le feu électrique qui la traverfe rapidement, il ne prétend pas cependant exclure les échos que peuvent produire les corps terrettres , fur-tout lorfque le bruit fe fait au-deffus d'eux. Otho de Guéricke rapporte * qu'étant monté au plus haut fommet du mont Crapath, il y tira un .coup de fufil qui * Orronis de Guericke , ExpEr, ; Mag burgica ; n'ayant fait qu'un bruit très-médiocre à l'endroit où il étoit, fut / Pechap.vrrr, répété avec un horrible fracas par les échos des montagnes inférieures ; il fe peut donc faire, & il arrive vraifemblablement fouvent, que le bruit du tonnerre eft augmenté & fes roulemens prolongés par cette caufe, mais il fe fait des roulemens de tonnerre dans de vafles plaines & même fur la mer à une très - grande diflance des côtes & où on ne’peut foupçonner aucun écho de les avoir produits. Il arrive quelquefois cependant que le tonnerre éclate par un coup fec & femblable à celui d'une arme à feu; ce font les coups les plus dangereux ; on les entend ordinairement prefqu'en même temps qu'on voit l'éclair; alors le feu électrique, animé d'une plus grande activité, perce la nuée fans l'avoir parcourue, & s'élance avec une bien plus grande violence que lorfqu'il produit les roulemens. Il fuit de ce que nous venons de dire, que l'échir & la foudre ne font qu'un, & que chaque éclair porteroit fon coup fi le trait de feu arrivoit jufqu'à la fiface de la terre, mais heureufement c'eft le cas le plus rare, fouvent il prend en fortant de la nuée une direétion oblique, fouvent il { diffipe À ii 6 HisTOIRE DE WACADÉMIE ROYALE dans le trajet, fouvent enfin il ne fe rencontre vis-à-vis de lui: aucun objet propre à provoquer affez puiflamment {on éruption. Nous difons aucun objet, car pour peu qu'on connoifle l'életricité, on fait qu'il y a des corps bien plus propres à tirer les étincelles d'une barre électrique que d'autres: un morceau de métal, par exemple, tirera l'étincelle plus forte & de plus loin qu'un morceau de bois : or l'identité du tonnerre & de l'élec- tricité étant une fois admiles tirer une étincelle d’une barre électrique ou provoquer la foudre contenue dans une nuée orageule, font deux effets qui ne diffèrent que du plus au moins, & il doit y avoir des objetsterreftres plus propres que d'autres à l’exciter; de ce nombre feront certainement les édifices élevés dont les couvertures font chargées de plomb ; les clochers qui, outre le plomb & le fer de leurs croix, font remplis de plufieurs milliers de métal, &c. auffi l'expérience apprend- elle que ces objets font bien plus fouvent que d’autres frappés de la foudre, & que tous ces endroits font des abris mal fürs en cas d'orage. Il n'arrive que trop fouvent qu'un Moiffonneur eft frappé de la foudre auprès d’un tas de gerbes qui n'en reçoit aucun dommage, & que les chevaux d'une voiture font tués fans qu'elle éprouve aucun accident , le corps animal étant plus capable d’exciter une étincelle électrique que le bois ou la paille. Mais indépendamment de ces objets apparens, il en eft encore d’autres qui peuvent produire le même effet ; un terrain, quoiqu'aflez plat, peut contenir des veines métalliques que Péleétricité de la nuée faura, pour ainfi dire, fentir ; es eaux fouterraines à peu de profondeur peuvent encore produire le même effet, &, par une raïfon contraire, les pins, les fapins & les autres arbres réfineux, quoique placés au fommet des montagnes, font rarement attaqués de la foudre, tandis que les chênes qui font dans leur voifinage en reffentent fouvent les effets. C’eff peut-être encore pour cette même raifon que très-fouvent le trait de feu de la foudre ne décrit pas une ligne droite, étant déterminé à changer fa route & à aller en zigzag par les D'ESUS QUE NC Es 7 exhahifons de différente nature & plus où moins propres à Fattirer qu'il rencontre dans l'air; il peut même arriver que Fobjet qui provoque fon éruption ait quelque partie faillante métallique , &c. qui détermine le tonnerre à frapper de côté. Ce n'eft pas encore tout, on fait que lorfqu'on préfente un corps non électrique à un conducteur éleéhilé, il part de l'un & de l'autreune efpèce d’aigrette lumineule, & qu'à mefure que les deux corps sapprochent les rayons des deux aigrettes { raf- femblent & forment enfin un trait de feu très-vif au moment que l'étincelle éclate; la mème chofe arrive auffi dans l'élec- tricité du tonnerre, & quelle que foit la promptitude de fon action, des gens dignes de foi ont vu plufieurs fois une lumière aflez vive s'élever de la terre, des planchers, &c. & aller au- devant d'un trait de feu partant de la nuée qui éclatoit ur inflant après avec un bruit effroyable ; il n’eft donc pas étonnant que la foudre éclate, difperfe & jette au loin des maffes énormes de rochers, des arbres, &c. la matière électrique fulminante na pas befoin de s'y ouvrir un pañfase, elle étoit déjà répandue dans l'intérieur de ces corps & la nuée orageule n'a fait qu'exciter fon aétion. Le feu de l'électricité, quoique fouvent très-vif, n'embrafe pas toujours les corps qu'il touche ; Fétincelle peut fondre ou broyer l'agent, le cuivre, &c. & les faire entrer dans les pores du verre, & jamais on n’a pu lui faire allumer immé- diatement de Famadou : dans l'expérience de Leyde, où elle déploie fa plus violente action, quoique la bouteille étincelle de toutes parts & que les tuyaux remplis d’eau , que les perfonnes non ifolées qui reçoivent la commotion tiennent quelquefois à la main pour fe communiquer l'un à l'autre, deviennent lumineux, elle n'a jamais produit aucune apparence d'inflammation, pas mème fur le poil ou fur la plume des animaux qui ont été tués par fon ation. La même chofe fe retrouve dans les effets du tonnerre: on Va vu fouvent fondre du métal & épargner l'enveloppe très- combuftible qui fe contenoit, brûler de gros fils de fer fans toucher à des cordes de chanvre qui étoient attachées au bout, 8 HISTOIRE DE ACADÉMIE ROYALE très-fouvent même les corps ou les animaux qui en ont éprouvé les effets n’offrent aucun veftise du feu ; on y reconnoît feule- ment, quoique beaucoup plus en grand , les mêmes phénomènes qu'offrent les corps qui ont éprouvé la commotion éleékrique dans l'expérience de Leyde : eflayons d'en donner la raïfon. Toutes les fois qu'un corps non ifolé & non éledrique fe préfente à une certaine diflance d’un corps ifolé & actuellement électrique, on voit fortir de l'un & de l'autre une lumière en forme d'aigrette plus ou moins épanouie ; fi les deux Corps continuent de s'approcher, les rayons de ces aigrettes deviennent moins divergens, & enfin à une certaine proximité ils fe raffemblent en un trait de feu très-vif qui éclate fubitement, & fr lun des deux corps eft un homme, il reflent à Fendroit d’où eft forti ce trait de feu une piqure ou une douleur plus ou moins vive, fouvent accompagnée d'une marque rouge fur la peau. En examinant de près ce qui fe paffe dans cette expérience, on reconnoit aifément que le courant de matière éleétrique qui s'élance du corps éleétrifé, eft rencontré par celui qui va du corps non électrique vers le premier, & que la collifion ou le choc de ces deux courans produit l'étincelle & le bruit qui l'accompagne; mais il fe pafle encore un autre effet dans l'intérieur des deux corps, la matière électrique qui y étoit contenue & qui y couloit paifiblement, reflue par ce choc & anime au point de paroître elle-même lumineufe ; M. l'abbé Nollet sen eft convaincu en fe fervant de conduéteurs auxquels ilavoit adapté des œufs crus, & employant pour exciter l'étincelle des inftrumens qui en étoient auffi garnis & qu'il tenoit à la main à l'inflant où l'étincelle éclatoit, les deux œufs ne man- quoient pas de devenir lumineux fr l'expérience fe failoit dans Yobfcurité ; la collifion des deux courans de matière éleétrique eft donc fuffifante pour animer celle qui eft contenue dans les deux œufs jufqu'au point de la faire paroître lumineufe & de caufer des taches rouges à la peau : n'eft-il pas plus que vrai- femblable qu'une plus grande quantité de la même matière, animée par la même caufe, pourroit aller jufqu'à détruire l'or- ganifation du corps animal &c à caufer là mort? Mais DES SCIENCES ÿ Mais ce mine effet deviendra encore bien plus fort & plus dangereux , sil { trouve dans l'intérieur du même corps deux courans très-vifs de matière électrique dirigés en {ens contraire , & ceit ce qui s'oblerve dans l'expérience de Leyde: là main qui foutient la bouteille, reçoit d'elle un courant d'électricité très-fort, tandis que l'autre main qui tire l'étincelle, en reçoit du conduéteur un autre précifément dans la direétion oppofée: il n'eft donc pas étonnant que la collifion de ces deux courans, & qui fe trouvent obligés de refluer fur eux-mêmes , ébrante & metie en un mouvement très-vif toute la matière électrique qui réfide dans le corps de celui qui fait l'expérience. I! eft bon de remarquer que dans l'expérience de Leyde ; qui repréfente mieux qu'aucune autre les effets du tonnerre, if n'eft nullement néceffaire que le corps qui reçoit la commotion, foit ifolé, c'eft-à-dire polé {ur des matières réfineufes ou fur du verre, comme il Je faut, pour exciter feulement les attrac- tions & les répulfions des corps légers, & que maloré la com- motion, le corps qui l'a reçue donne aucune ou prefqu'aucuné marque d'électricité. Les mêmes phénomènes ont lieu , quoique bien plus en grand, dans l'éledtricité du tonnerre : plufieurs de ceux qui ont été affez heureux pour éprouver fon aétion fans en être tués , aflurent qu'ils ont été frappés d’une commotion violente , & leurs récits concourent tous à nous dépeindre la même fenfation qu'éprouvent plus en petit ceux qui reçoivent 1 commotion de l'expérience de Leyde. I n'eft pas plus étonnant que le tonnerre puifle renverfer & même porter aflez loin des pans de murailles, des arbres, des rochers , des änimaux, &c. lors même qu'il ne les frappe pas direétement ; en examinant ce phénomène on reconnoit là répulfion des corps légers préfentés au conduéteur, & fi on étoit tenté de trouver une difproportion immen£e dans les deux effets , il ne faut que confidérer la différence immenfe qui fe trouve entre les caufes pour reconnoître leur identité, & fuivant l comparaïfon de M. fabbé Nollet, un ful grain de poudre allumé à Yair libre, ne fulmine pas auffi fort que la charge Hifi, 1704 ° B % Voy, Hifi, de lAcad, 1731, Past 191 \ mo HisTOIRE DE L’ACADÉMIE RoYALE d'un canon de vingt-quatre, & cependant il fulmine de fa même manière & par la mème caufe; cette efpèce de tourbillon qui déracine & détruit tout ce qui fe trouve à fon pañlage, eft un torrent de la même matière que celle qui fulmine, mais qui na pas rencontré un autre courant oppolé de la même matière dont le choc l'ait pu enflammer. On simagineroit peut-être que le contaét de Ia terre, du avé ou des autres matières qui compofent un bâtiment , fuffuroit pour difliper l'électricité lancée par une nuée fur un animal , un homme, ou tout autre objet qui eft polé deflus: mais on fe tromperoit, & M. l'abbé Nollet seft afluré en expofant des morceaux de fer polés fur des carreaux, des pierres, des ar- doiles, &c. au conduéteur électrique, que bien loin d'éteindre le feu électrique , le contact de ces corps l'augmente fur-tout s'ils font mouillés. De l'idée que le tonnerre n’eft que l'effet de l'électricité des nuées orageufes , il femble fuivre que les gouttes de pluie qui tombent de ces nuées font aufli elles - mêmes électriques & doivent paroître lumineufes dans l'obicurité, & ce feroit auffi le cas le plus ordinaire f1 les gouttes d'eau apportoient toujours jufqu'à terre une dofe afez forte d'électricité & qu'il ne tonnât jamais que la nuit ; le défaut de ces conditions rend le phénomène plus rare , mais cependant on l'a obfervé quelquefois ; l'hiftoire de l Académie * en conferve un exemple bien marqué dans ce qui arriva les 3 & 4 Juin 173 1 ,à l'abbaye de Leflay près Coûtances , où pendant un orage affreux , la pluie parut comme des gouttes de métal fondu & ardent; & qui fait fi les prétendues pluies de feu mentionnées dans plufieurs Hiftoriens n'étoient pas de même efpèce : on pourroit même en ce cas favoir quelque gré à l'ignorance & à l'amour du merveilleux fi naturel aux hommes, de ne les avoir pas plus défigurées, les aurores boréales n'en ont pas été fi bien traitées. ” Lorfque le tonnerre frappe un homme où un animal , &c qu'il le tue, on ne trouve {ouvent aucun veftige du coup ; nous en avons dit la raifon d'avance ; la matière électrique dont le mouvement trop augmenté lui a caufé la mort, n'a pas eu befoin DIE SU S'CTE NC ES tr de s'ouvrir un paffage pour pénétrer dans fon corps , elle y étoit déjà avant l'explofion , mais ce qui peut-être a plus droit de furprendre, c'eft qu'il w’arive prefque jamais que les animaux frappés du tonnerre {oient démembrés ou déchirés par fon action , tandis que les arbres, les rochers, les murailles qu'il attaque font prefque toujours fendus, renverfés , démolis , & les débris fouveñt jetés fort au loin : cette différence tient à l'extrême facilité avec laquelle la matière électrique pénètre le corps animal tant pour y entrer que pour en fortir , qui doit amortir beaucoup fon action , au lieu qu'elle l'exerce prefque en entier fur les autres matières qui s'oppofent à fon paffage: ce que nous avançons eft même confirmé par une autre expérience. M. l'abbé Nollet s'eftaffuré en offrant àun conduéteur éleétrique un cube de bois dont deux faces parallèles étoient perpendiculaires à la direction des fibres, quela matière électrique le traverfoit en bien plus grande abondance & plus facilement dans la direction de ces fibres que quand il préfentoit au conducteur électrique les autres faces ; aufli arrive-t-il prefque toujours que les arbres frappés de la foudre , fe trouvent fendus par éclats fuivant leur longueur, fans qu'il y ait aucune fibre rompue , qu'aux endroits des nœuds qui en interrompent la continuité, Non-feulement {1 matière élefique mile en aétion peut embrafer les corps fur lefquels elle exerce cette aétion, mais il femble qu'elle puiffe encore produire un effet bien plus fingulier : le feu qu'elle y communique peut y réfter longtemps caché, & fe montrer enfuite tout-à-coup lorfqu'on s'y attend'le moins ; deux exemples du moins femblent le prouver. Le premier eft ce qui arriva la nuit du 25 au 26 Avril 1760 à l'églifede Notre-Dame de Ham , le tonnerre tomba trois fois en 2 $ minutes, tant fur l'églife que fur les bâtimens voifins ; au troifième coup, le feu parut au petit clocher de l'horloge, fort éloigné du grand; on y monta, le feu fut bientôt éteint, & on ne remarqua aucune trace de feu dans toute Ja ‘charpente intermédiaire le Iong de laquelle il falloit néceffairement paffer pour y aller; cependant un quart-d'heure + la pointe du 1 Le: Pay. la Relat, du Capitaine , inférée dans la Gagete de Fr, du 27 Octobre 1766: 72 HisTOoIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE grand clocher & le bas où étoient les cloches, parurent embrafts, & un moment après le feu fe manifefla au-deflus de l'orgue, au haut du grand portail , lieu féparé du clocher par toute la longueur de la nef, & toute la charpente fut brülée fans qu'on put y apporter aucun remède. Le fecond exemple eft l'accident arrivé le 19 Septembre 1766 à la Frégate la Modefte *, commandée par le ru. Jules Gayet, le tonnerre étant tombé fur ce navire, pre fque tout l'équipage fut renverté, perfonne cependant ne fut tué, on en fut quitte pour deux chevaux qui étoient à bord , le vaiffeau fut exactement vifité & on ne trouva aucune trace de feu, cependant quelque temps après une odeur de foufre & une affreufe fumée annoncèrent un incendie qu'il ne fut pas poflible d'éteindre , & qui confuma en peu de temps tout le bitiment. I n'eft guère poffible de ne pas voir que dans ces deux triftes évènemens le feu électrique préparé par les commotions précé- dentes s'eft, pour ainfi dire, couvé dans l'intérieur de toute la charpente de l'églife & du vaifieau, & s'eft enfuite étendu avec d'autant plus de promptitude qu'il avoit été plus long-temps retenu. Une expérience que les Phyficiens éleétrifans font tous les jours, femble rentrer dans cette idée : fi en voulant allumer de l'efprit de vin par l'étincelle électrique , les trois où quatre premières étincelles manquent de l'alumer, on peut être prefque für que la cinquième , quoique quelquefois plus foible , l'allu- mera , & c'eft peut-être la raïfon pour laquelle les Eee caufés par le tonnerre font prefque toujours irremédiables, le feu y étant déjà contenu dans tout l'intérieur des corps com- buftibles , au lieu que dans les incendies ordinaires il ne fe communique que de proche en proche, & qu'on peut lui couper Ja communication. H n'eft pas poflible de méconnoître dans Les effets du tonnerre prefque tous les caraétères de Léleékricité, il n'en eft peut-être pas de fi bizarre qui ne rentre dans ce fyflème , pourvu cependant qu'on n’y ajoute pas un faux merveilleux, nous n'en japporterons qu'un feul exemple. En 1689, Le tonnerre tomba fur le maltre-autel de l'églife DES SCIENCES. 13 de S.' Sauveur de Lagny , il fendit Ja pierre bénité en deux, fans brüler la nappe ni le carton qui étoit vis-à-vis & qu'il avoit renverfé & couché à plat fur l'autel ; on trouva toutes les lettres qui étoient fur le carton , imprimées fur la nappe en contre-épreuve, c'eft-à-dire à l'envers , excepté feulement les paroles de la confécration qui manquoient abfolument, c'en fut affez pour crier au miracle , cependant rien n'étoit plus naturel que cet effet; ces paroles font ordinairement imprimées en lettres rouges, tandis que tout le refte l'eft en noir ; l'encre des impri- meurs eft compofée d'huile cuite & de térébenthine, auxquelles onajoute du noir de fumée pour le noir ,-& du vermillon qui eft une chaux métallique pour le rouge ; il doit donc en rélulter, (1° que Fencre noire ne sèche jamais auffi parfaitement que le rouge, 2.° qu'elle eft infiniment moins perméable à la matière éleétrique, il eft par conféquent hors de doute que le tonnerre ayant preflé davantage & plus ramolli l'encre noire que la rouge, la première a laiflé fur la nappe des vefliges que l'autre n'a pu ÿ imprimer, c'eft ainfi que dans la Phyfique le défaut des plus petites circonftances empêche qu'on ne puifle affigner les railons des eflets les plus naturels. C'eft fans doute beaucoup que d'avoir pu parvenir à faire voir que le tonnerre n'eft que l'électricité fort en grand, mais quelqu'honneur que cette découverte fafle aux Phyficiens de notre fiècle , il feroit encore bien plus avantageux que cette connoiffance eût pu nous fournir des moyens de nous garentir des terribles effets de ce météore : on y a penfé, on a même été jufqu'au point d'aflurer qu'on avoit trouvé des préfervatifs, mais il y a bien à rabattre de ces idées ; ces pointes élevées comme des préfervatifs qui devoient dépouiller la nuée de fon feu électrique ne font pas plus capables de cet effet , qu'une rigole faite avec une pelle à feu eft capable d'épuifer une inon- dation , bien loin de là , la mort de l'infortuné M. Richmann * ne fait que trop voir qu'elles font fouvent capab es de devenir des conducteurs très-dangereux. ê Mais sil n'y a pas jufqu'à préfent de moyen afluré de braver ss fets du tonnerre, la prudence prefcrit cependant des moyens B ï w * Voy, Fifl. de lAcad, 1753 Page 78e 14 Histoire DE L'ACADÉMIE RoyaLe d'y étre moins expofé, & ceft à ceux-ci que la raifon permet d'avoir recours pour éviter , autant qu'il eft poflible, les dangereux effets de ce terrible météore. On fait que les étincelles életriques font plus vivement excitées par les matières métalliques que par d’autres , que l'eau lui livre un pañlage tès-libre & très-facile , tout terrain qui contiendra des veines métalliques & des eaux , fur-tout fi elles font contenues dans du plomb ou du fer, fera donc par-là même plus expofé à faction de la foudre. L'énorme quantité d'eau que les arbres exhalent par leur wanfpiration , établit entre eux & la nuée un conduéteur , qui pour être invifible n'en eft pas moins réel, & cefl pour cette raifon que les arbres & les forêts font des abris mal frs, en cas d'orage & bien plus dangereux encore quand ils font ifolés au milieu d'une plaine. Quant à la fituation, ce ne font pas toujours les lieux les plus élevés que Je tonnerre attaque par préférence ; prefque toujours une grande montagne ifolée détourne où partage la nuée, mais fi une montagne ou un édifice élevé {e trouve au milieu d'une petite plaine entourée de hautes collines ou de grands bois , ce fera un endroit très-fujet à être attaqué du tonnerre, parce que ces objets faifant obflacle au cours du vent, Jes nuées s'y accumuleront & le tonnerre sanimera. Il y a cependant peu de confeils à donner pour le choix d'une habitation relativement à cet objet , fouvent les avan- tages de la fituation la plus heureufe à cet égard peuvent être plus que compenfés par des veines métalliques ou des eaux fouterraines trop fuperficielles ; on doit donc sen tenir à quel- ques règles générales fondées fur les principes que nous venons d'établir. Les édifices fort élevés, décorés de plombs, de grilles de fer, de dorures, dans lefquels il y a beaucoup de monde affemblé, doivent être foigneufement évités, ils font bien plus expofés au tonnerre qu'une maifon moins élevée, moins décorée, moins habitée ; & à cet égard la chaumière d'un paylan eft un afyle plus für que le palais d'un Monarque ou d'un Prince, + D rIS SCTrTENCE à, Y$ On pourroit prefque dire la même chofe d'une églife, fi le mérite de la prière ne ranimoit la confiance & ne diminuoit la crainte. C'eft encore une mauvaife pratique que de fonner {es cloches quand l'orage eft {ur l'églife, ces inftrumens font de métal & les fonneurs qui tiennent à la main des cordes par lefquelles la commotion électrique fe peut aifément communiquer jufqu'à eux, font en très-grand danger , le mieux eft de laïffer les cloches en repos & de ne pas même s'approcher trop du clocher, qui, par rapport au poids du métal qu'il contient, eft plus expolé qu'aucune autre partie de Fédifice. Un vaifleau , eu égard à fon artillerie, à Ja quantité de gens & d'animaux qu'il contient, à la hauteur de fes mâts & à fa fituation au milieu de là mer, feroit un endroit très-peu für, mais limmenfe quantité de goudron & d'autres matières réfi- neufes dont il eft enduit fait difparoitre la plus grande partie de ce danger. Lorfqu'on eft expofé à un orage, il vaut mieux être ifolé que de tenir à de grandes mafles, un mur de pierre eft en ce cas un voifin moins dangereux qu'un pan de bois, mais il faut bien prendre garde que ce mur ne contienne quelque pièce de fer, quelque recouverte qu'elle fût , le tonnerre la fauroit bien trouver , & malheur à qui fe trouveroit dans le voifmage, Le plus für abri eft une cave profonde & qui ait peu de communication avec l'air extérieur , fr cependant le terrain ne contient pas de matières métalliques ou facilement élerifables. I eft encore très-prudent de tenir fermés en temps d'orage les chaflis à verre du lieu qu'on habite, un carreau de verre ne réfiflera certainement pas à un coup de tonnerre venant direétement , mais s'il ne fait que paffer il pourra empêcher ue l'effet ne s’en reflente dans la chambre, enfin il eft certain: qu'un habit de laine ou de foie bien {ec eft beaucoup moins fufceptible de l'électricité que la toile, fur-tout fi elle eft mouillée, & en ce point un payfan eft plus expolé au tonnerre avec fon habit de toile mouillée que quelqu'un vêtu d'un habit de laine ou de foie bien fec, mais aufli les ornemens d'or & d'argent 16 HisToiRE DE L'ACADÉMIE Royare qu'on y ajoute , rendent lhabit de l'homme riche bien plus dangereux, que celui du payfan ; le métal eft bien plus fufceptiblé d'être électrifé que la toile mouillée, On peut, d’après les mêmes principes, imaginer encore bien d’autres moyens, comine de s'enfermer dans des réduits com= pofés de verre ou de matières réfineufes , mais il ne faut pas regarder ces moyens comme des prélervatifs fürs , & nous terminerons cet article par une fage réflexion de M. Fabbé Nollet, c'eft que l'électricité lorfqu'elle eft forte, fe fait jour à travers tous les obflacles qu'on lui peut oppoler, & que l'élec- tricité du tonnerre eft la plus forte que nous connoïfltons. SUR LES DEGRÉS DE CHALEUR Auxquels les hommes à les animaux font capables de réfifter. V. les Mém, don arrive rarement que les recherches phyfiques bornent leu p: 156. utilité à remplir les vues qui les avoient fait entreprendre , elles produifent prefque toujours des fruits furnuméraires &c Won ne fembloit avoir aucun lieu d’en attendre. Tel a effectivement été le fuccès des voyages que M.” du Hamel & Tillet ont fait en Angoumois en 1760 & 1761 pour effayer de détruire linfecte qui dévoroit les grains de cette rovince & d'arrêter fes ravages ; l’Académie a rendu compte A Ron en 1761, du fuccès de leurs recherches à cet égard , il nous page 66, ‘ refte à parler ici d’une obfervation fingulière que le moyen qu'ils employèrent pour là. deftruétion de ces infectes pernicieux leur donna occafion de faire. Ce moyen confiftoit à faire périr l'infefte dans le grain avant ul feût encore beaucoup endommagé , & cela en faifant paffer les blés au four & leur faifant éprouver un degré de chaleur que l'animal ne püt pas foutenir. Cette opération fe faifoit à la Rochefoucault & M. du Hamel & T'illet avoient profité pour cela d’un four bannal qui {e DES $crENCcESs 17 fe trouvoit en cette ville : leur premier pas fut de s'affurér du degré de chaleur que ce four conférvoit encore le lendemain du jour où l'on y avoit cuit du pain; ils y introduifirent pour cela un thermomètre à efprit de vin pofé fur une pelle , & l'ayant Riflé quelque temps au milieu du four, ils le retirèrent ; ce thermomètre marquoit alors un degré de chaleur beaucoup au-deflus de celui de l'eau bouillante, mais M. Tillet s'aperçut qu'il ne marquoit pas encore toute celle du four, & qu'il avoit fenfiblement baiffé pendant le court efpace de temps qu'on avoit mis à le retirer du milieu du four à la bouche. Dans le nombre des fpeétateurs étoit une fille attachée au fervice du four bannal, celle-ci voyant l'embarras de M. T'illet, offrit d'entrer dans le four & d'y marquer la hauteur du ther- momètre lorfqu'on le defireroit; M. Tillet fut effrayé de cette propolition, & comme il héfitoit à l'accepter, cette fille fourit & entra dans le four, munie d’un crayon qu'il lui donna : an bout de quelques minutes elle fit un trait vis-à-vis {a liqueur, qui {e trouva à 100 degrés; M. Tillet plus inquiet que jamais fur l'état de cette fille voulut la faire fortir du four, mais elle dit qu'elle pouvoit y refter bien plus Jong-temps fans s’incom- moder , elle y refla effectivement encore 10 minutes & la liqueur du thermomètre étoit montée à près de 130 degrés, alors elle fortit du four, ayant à la vérité le vifage fort rouge, mais ne paroiflant pas plus incommodée qu'on ne left quelquefois dans les grandes chaleurs de été, & n'ayant fur-tout rien de pénible ni de précipité dans la refpiration. H y a cependant quelque diminution à faire far fa chaleur marquée par le thermomètre ; une circonftance dont nous allons rendre compte la faifoit paroiître plus grande qu'elle n'étoit réellement , & nous allons bientôt voir qu'elle devoit être réduite à 1 1 2 degrés, plus que triple cependant des plus grandes chaleurs que nous éprouvons dans ce climat, & beaucoup au - deffus de celle de l'eau bouillante qui ne va qu'à 85 degrés. Nous venons de dire qu'il falloit diminuer d'environ 18 degrés la hauteur du thermomètre à efprit de vin qui avoit été €gmployé dans les expériences de la Rochefoucault , cette Aif. 1704 » C m8 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE diminution tient à une circonflance particulière de laquelle il eft bon que l'on foit infhuit & qui n'a pu échapper aux recherches de M. Tillet, IL avoit déjà remarqué que deux thermomètres , Jun à me- cure & l'autre à efprit de vin , tous deux conftruits fur les principes de M. de Reaumur, n'avoient la même marche que dans une certaine étendue de leur courfe, & que paflé un certain ierme, l'efprit de vin s'élevoit aflez fubitement à une beaucoup Jus grande hauteur que le mercure. C'en fut affez pour lui infpirer le defir de rechercher quelle pouvoit être la loi de cette plus grande afcenfion , & d'en découvrir la caufe s'il étoit poffible de la trouver; il réuffit à l’un & à l’autre. Deux thermomètres, Fun à mercure & l’autre à efprit de vin, conftruits foigneufe- ment & fous les yeux de M. fabbé Nollet furent mis avec les précautions néceffaires dans l'eau bouillante ; dès qu'ils appro- chèrent du terme de cette eau, le thermomètre à efprit de vin s'éleva rapidement & marqua 1 17 degrés, tandis que celui à mercure refla conflamment fixé à 8 $ , véritable terme de l'eau bouillante. M. Tillet aperçut bientôt la raifon de cette diffé- rence : il vit fe former une bulle affez groffe dans la boule du thermomètre à efprit de vin, & reconnut que non-feulement cette bulle étoit la caufe de l'afcenfion fubite de l'efprit de vin, mais encore qu'elle ne pouvoit manquer de {e former. En effét, tant que l'elprit de vin ne reçoit qu'un degré de chaleur incapable de le réduire en vapeur , il fuit la marche réglée de fa dilatabilité, mais dès qu'il approche du terme où il peut devenir vapeur, les parties qui touchent le verre de plus près s'évaporent , & comme elles occupent {ous cette forme un bien plus grand efpace qu'en liqueur , elles forment dans cette liqueur une efpèce de bulle qui en augmente beaucoup le volume & la fait monter dans le tuyau prefque {ubite- ment. La circonflance même de plonger la boule feule dans une liqueur ou dans du fable échauffé n’eft pas indifférente ; alors la boule recevant prefque feule toute la chaleur, la bulle de vapeur ne fe forme que dans la boule , & la liqueur ne trouvant aucune réfiflance dans le tuyau, s'élève librement , ce D ÉSLSUGURE NC E:8:) 19 qui n'arrivéroit pas, ou feroit au moins beaucoup diminué fi le tuyau échauflé au même point que la boule avoit reçu des vapeurs ou les avoit formées ; auffi M. T'illet a-t-il obfervé que les mêmes thermomètres qui, plongés dans Peau bouil- lante , dans le fable échauffé & dans l'huile auffi échauffée, avoient donné des différences de 32 & même de $0 degrés, n'en donnoient plus qu'une de 14 degrés quand il les expoloit fur une pelle dans un four affez échauffé pour y cuire un pâté; nouvelle précaution à prendre dans F'ufage du thermomètre & qui fera düe aux obfervations & aux foins de M. T'illet, c'eft d'après les rélultats de ces expériences qu'il a calculé la réduétion à faire dans celles du four de la Rochefoucault. Ces expériences rapportées à l'Académie par M." du Hamel & Tillet , parurent d'autant plus furprenantes que d'autres du même genre tentées par le célèbre Boërhaave , avoient données des réfultats très-différens ; cet illuftre Phyficien ayant befoin de connoître le degré de chaleur auquel des animaux pouvoient être impunément expolés , engagea Fahrenheit & quelques autres perfonnes, dont l’exa@itude lui étoit connue , à faire des expériences néceffaires ; ils fe fervirent pour cela de l'étuve d'une raffinerie échauffée au point que le thermomètre de mercure y montoit au 1 46.° degré de la divifion de Fahrenheit, ceft-à-dire au 54° degré de M. de Reaumur ; on y expofa d'abord un moineau dans une cage; au bout d'une minute cet animal commença à ouvrir le bec & à refpirer avec peine, peu à peu il defcendit au fond de la cage, relpira fort vite, & avec de grands efforts , & mourut dans l'efpace de 7 minutes. Un chien pefant dix livres, mis dans la même étuve, parut au bout de 7 minutes incommodé de la chaleur , il ouvroit la gueule, tiroit la langue & refpiroit fort vite; il étoit cepen- dant tranquille dans fon panier , mais au bout d'un quart d'heure la refpration devint pénible & bruyante & il fit beaucoup d'efforts pour fortir du panier où il étoit enfermé , peu à peu il tomba en foibleffe , la refpiration devint lente & foible ; enfin au bout de 28 minutes il mowut, ayant rendu par la C ï 20 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE gueule une grande quantité de falive rougeâtre & fi iñfeéte qu'un des affiflans qui sen étoit approché un peu trop près , fe trouva mal & qu'on eut quelque peine à le faire revenir ; malgré tous les efforts qu’avoit faits ce chien & la chaleur qu'il avoit efluyée, il n'avoit pas fué & fon poil étoit très- fec : un chat foumis aux mêmes épreuves , & qui y périt pareïllement , éprouva toutes les mêmes fouffrances , mais il étoit trempé de fueur; il ne jeta aucuné falive & fon corps n'avoit aucune mauvaife odeur. Ces réfultats fr effentiellement différens de ceux des expé- riences de la Rochefoucault, firent defirer à Académie qu'elles fuflent répétées ; heureufement M.° T'illet & du Hamel avoient à la Rochefoucault M. Miuantin, Commiffaire des guerres, dont ils connoiffoient Fexaétitude & le talent pour Foblervation , M. Tillet lui écrivit & il fe chargea volontiers de répéter l'expé- rience & de prendre toutes les précautions néceflaires pour en aflurer le réfültat : voici le précis de fa réponfe. La fille qui étoit entrée dans le four dans les expériences de M. Tillet, étoit pour lors malade, M. Marantin s'adrefla à une de fes compagnes, car elles font quatre attachées au fervice du four, elle y entra plufieurs fois & il demeura bien prouvé que ces filles habituées à fouffrir la chaleur du four, peuvent la fupporter fans incommodité 14 à 1 $ minutes lorfque le ther- momètre y marque 115 à 120 degrés, qu'elles y peuvent demeurer 10 minutes quand il en marque 1 3 0 , & que lorfqu'il va à 1 50 degrés elles ne peuvent y refter que $ minutes; pendant une de ces expériences, la fille avoit dans le four à côté d'elle des pommes & de la viande qui cuifoient : il eft vrai qu'on tenoit alors le four tout ouvert & qu'on le ferma quand elle fut fortie pour accélérer la cuiflon de ces alimens ; il faut cependant rabattre quelque chofe, comme nous l'avons dit, du degré que marquoit le thermomètre, M. Tillet , entre les mains duquel il eft revenu, seft afluré que les 130 degrés devoient , par les raifons que nous avons expofées , être réduits à 1 12 degrés. Malgré cette réduction , il paroifloit toujours étonnant que des animaux, même affez forts, aient péri dans létuve de Boërhaave en une demi-heure fous une chaleur de $ 4 degrés, 8e 'HINASAG EE Noces 21 que des femmes aient pu foutenir pendant plus d'un quart- d'heure celle de 1 12 degrés.que donnoit le four de la Roche- foucault, fans en paroître incommodées : quoiqu'il y ait tout lieu de croire que la mafle des corps y entre pour quelque chofe , il refloit toujours une différence affez grande pour mériter qu'on en recherchät la caufe, Pour parvenir à la découvrir ; M: Tillet recommença {es expériences avec la plus fcrupuleufe attention ; des animaux de trois efpèces différentes y furent foumis, un bréant , un poulet & un jeune lapin, ils ne furent expolés à la chaleur du four que lorfqu'elle étoit réduite à 65 degrés du thermomètre de M. de Reaumur ; le bréant commença à s'agiter dans fa cage au bout de la première minute, à la feconde il ouvrit le bee, haleta & étendit fes ailes, vers la 4° minute il pouffà un ai foible, s'étendit fur le côté & parut expirant , on le retira; Yair frais fembla lui rendre quelques forces, mais l'étouffement & les convulfions continuèrent, &c il mourut 6 minutes après, 4 minutes avoient donc fuff pour le faire périr, Le poulet-enfermé dans un panier à claire - voie & pofé für une pelle de boïs pour éviter la top grande chaleur de Fâtre, s'agita dès la première minute, il ouvrit le bec & pouffa quelques cris! foibles à la feconde, & fut abattu à la quatrième: il ya grande apparence qu'il auroit péri fans retour fi on ne F'eut retiré; il avoitila refpiration très-pénible, mais l'air frais le remit peu à peu, & if but avec avidité quelques gouttes de vin qu'on lui préfenta dans un gobelet, remède, pour le dire en paffant, très-effcace pour la guérifon de plufieurs maladies de ces animaux, Le! lapin fut mis dans le four avec les mêmes précautions que le poulet, il fut affez tranquille pendant les dix premières minutes au : bout d'un quart: d'heure il fe: remua un peu, à læ dix-feptième minute il s’agita beaucoup & pour lors on le retira; il avoit la refpiration précipitée , mais fans aucun abattement , & il bavoit , mais quelques momens fuffrent pour le remettre at point de manger:des laitues qu'on luj donna. Le but de M. Tillet, en faifant ces expériences, étoit d'avoir un point dé comparaifon certain ‘pour celles qu'il méditoit, ik C ii 52 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE avoit foupçonné que la chaleur de l'air que relpiroient les animaux pendant cette épreuve m'étoit pas la principale caufe de l'anxiété qu'ils y éprouvoient ni de la mort qui en rélultoit lorfque l'épreuve étoit trop longue , mais que l'air échaufté qui les entouroit, les pénétroit , fans obflacle, de toutes parts &c leur occafionnoit une fièvre qui devenoit le principe de tous les accidens qu'ils efluyoient ; cette idée donnoit une raifon très- phaufible de la différence qui fe trouvoit entre les expériences de Boërhaave & celles de la Rochefoucault : dans les premières, les animaux avoient été expolés fans précaution à la chaleur de l'étuve, & dansles fecondes les filles qui étoient entrées dans le four avoient été défendues de Faétion extérieure de la chaleur par les habits dont elles étoient couvertes, il n'étoit donc pas étonnant qu'elles euflent réfifté à un degré de chaleur beaucoup plus grand que celui qui avoit fait périr les animaux dans l'étuve de Boërhaave, Rien m'étoit plus fimple que de vérifier fr cette idée fi vrai-femblable étoit vraie , il ne falloit qu'expofer les mêmes animaux ou d'autres femblables , revètus d’une efpèce d'habit ui püt les défendre de Ja chaleur externe, au mème degré de chaud qui les avoit mis au moment de périr, & voir sils pourroient fans rifque le foutenir plus long-temps; ce fut auffi le parti que prit M. T'illet : il expofa dans le même four à 67 degrés de chaleur, comme dans les premières expériences, un fecond bréant, mais enveloppé d'une efpèce de maillot compofé de bandes de linge redoublées qui couvroient tout fon corps, en lui laiffant la tête & les pattes libres, le premier bréant avoit péri au bout de la quatrième minute & avoit commencé à haleter dès la féconde, celui-ci ne commença à haleter qu'à la cinquième minute, & lorfqu'on le retira à la huitième il n'étoit point trop abattu , il but volontiers du vin qu'on lui préfenta, & voltigea peu après dans fa cage, fes plumes étoient sèches fous le maillot & n'avoient qu'un médiocre degré de chaleur. Le poulet emmuilloté de la même manière fut auffr remis dans ce four ; il s'étoit agité dans la première expérience dès la première minute & avoit été abatiu à la quatrième; dans peus SC, ME: NC EE. 23 celle-ci, quoique la chaleur fût un peu plus forte, ce ne fut que vers la cinquième minute qu'il commença à haleter, & lorfqu'a la dixième il fut retiré du four, il haletoit à la vérité fortement, mais il étoit bien moins abattu que dans la première, if fe tint fur fes pieds dès qu'il fut libre , becqueta des miettes de pain & but, comme la dernière fois, quelques gouttes de vin. Pendant ces expériences & avant qu'on eut pu remettre le lapin dans le four, la chaleur y étoit baiffée jufqu'à 62 degrés, mais on Ja ramena à 6 s degrés, celui-ci étoit mieux emmaillotté, il étoit couvert d’une ferge en double & d'une ferviette auf doublée qui sappliquoient exaétement fur fon corps en lui liffant la tête & les pattes libres; il s'étoit agité dans la pre- mière expérience à la quinzième minute , & on lavoit retiré à la dix-féptième; il fut tranquille dans celle-ci jufqu'à 2 2 + minutes, fa refpiration devint fréquente , une minute après il bavoit & il lui couloit même une férofité du nez, enfin il refta jufqu'à 32 minutes, & il auroit pu felon les apparences y refter plus fong-temps fans mourir ; en approchant l'oreille de fa tête on entendoit fa refpiration faire un bruit à peu près femblable au roulement de gofier que fait un chat quand il eft content, ce râlement ceffla bientôt , & au bout de quelques minutes tous les accidens étoient difparus , fon poil étoit fec fous le maillot & fans chaleur extraordinaire , fes feules pattes de devant étoient mouillées tant par la bave qu'il avoit jetée que parce qu'il s'étoit fréquemment frotté le nez, & ïl étoit fr peu abattu que $ ou 6 minutes après fa fortie du four il mangeoit des feuilles de laitue ; mais ce qui eft à remarquer, c'eft qu'aucun des animaux de M. Tillet n'a rendu cette falive infecte que jeta le chien des expériences de Boërhaave, & que les corps de ceux qui ont péri n'avoient aucune mauvai{e odeur , cet animal avoit apparemment en lui quelque germe de cor- ruption que la chaleur de fétuve na fait que développer , il fe peut faire auffi , & il ne feroit pas même fans vraifem- blance , que cette étuve ait contenu quelque vapeur maligne qui ait pu faire périr les animaux plus tôt qu'il ne femble qu'ils euflent dû péri. en calculant d'après les expériences de M. Tillet, * Tome 11, 3,7 Mémoire, page 53° 24 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Quoi qu'il en {oit, il réfulte de ces dernières, que les hommes & les animaux peuvent foutenir fans mourir, des degrés de chaleur bien plus confidérables qu'on ne penfoit, & que l'in- commodité qu'ils én reçoivent ma pas pour caufe principale fair trop chaud qu'ils refpirent, mais plutôt celui qui les entoure & qui les pénètre de toutes parts. Il eft ailé de conclure de là que dans de certaines maladies, on pourroit, avec les précautions néceffaires, faire éprouver impunément aux malades un degré de chaleur capable de leur procurer une tranfpiration abondante & falutaire ; il paroït même que les Arabes connoiffent ce remède, & M. de Reaumur cite dans fes Mémoires fur les infectes *, la guérifon d’un jeune François hydropique , opérée par deux féjours de 24 heures chacun dans une étuve , après avoir été enduit de goudron mêlé avec de l'huile de lin, & emmaillotté comme un enfant ; cette pratique n'eft pas même inconnue en France, & l'Hiftorien de l’Académie cita à ce fujet l'exemple d’un de fes habitans qui sétoit guéri d'un rhumatifme , en fe tenant quelque temps dans un four , après qu'on en eut tiré le pain, mais ce remède ne doit être employé qu'avec la plus grande prudence : deux Arabes foumis à la même épreuve que le François hydropique, y laifsèrent la vie, & M. Malouin cita l'exemple d’un pay fan du village de Reucouït , qui périt pour s'être expofé à la chaleur d'un four, dans la vue de fe guérir auff d'un rhumatifme : il eft vrai que celui -ci avoit eu l'im- prudence de manger avant que d'entrer dans le four, de la alette de pâte molle avec du fromage. Il réfulte de tout cela, que ce rémède ne doit être adminiftré qu'avec la plus grande prudence ; c'eft aux Médecins qu'il eft réfervé d'examiner avec foin les cas où il doit être appliqué, les préparations qu'il exige, & les précautions qu'on doit rendre en Fadminiftrant : c’eft une arme nouvelle que les obfervations de M. du Hamel & Tillet mettent entre les mains de la Médecine , mais plus elle eft utile étant bien employée , plus elle féroit dangereufe fi on avoit la témérité de sen frvi mal-à-propos, : SUR D 'FIS TSUCLI E: NICE. 25 SUR L'ÉVAPORATION DE L'EAU SALÉE. Les BJET dont il eff ici queftion eft un des plus importans que la Phyfique puiffe traiter pour l'avantage de l'huma- nité, la néceflité du { pour une infinité d'ufages a appris de bonne heure aux hommes les moyens de s'en procurer ; la fimple évaporation de l'eau de la mer , opérée par le foleil, dans les pays très-chauds, a fait voir qu'elle laïfloit dans les creux des rochers une quantité confidérable de {el ; on a profité de cette efpèce de leçon, & l'Art venu au fécours de la Nature a produit les partenemens , les tables des marais falans * & toutes les précautions qu'on prend pour fe procurer par la feule chaleur du foleil une quantité de fel fuffifante à nos befoins , & à ceux du commerce avec les peuples qui font privés de ce fecours. Les eaux de la mer ne font pas les feules qui tiennent du fel en diffolution , il fe trouve en beaucoup d’endroits très- éloignés de fes bords des fources d'eau falée, defquelles on fait tirer le {el qu'elles contiennent : l'Académie a parlé dans fon Hiftoire de 1748 & de 1762 b des moyens employés pour cette opération , & pour éviter les redites inutiles nous prions le Lecteur de vouloir bien fe rappeler par la lecture des endroits que nous venons de citer , les détaïls de la formation du fel dans ces falines &' les principes fur lefquels elles font fondées ; nous dirons feulement que dans les falines de Durkeïm & dans celles de Franche-comté , pour épargner les frais & le déchet d'une trop longue ébullition dans les chaudières | on fait pafler Feau très-lentement & plufieurs fois fur des fagots d'épines rangés par étages fous des hangars, qui, en les couvrant de Ka pluie, laïffent de tous côtés un accès libre à fair; on emporte par ce moyen une grande quantité de molécules aqueufes & on concentre confidérablement l'eau falée avant que de la faire paffer aux chaudières, où par le moyen Hifi 1764 : V. les Mém,. P: 9: * Voy. Mém, de l'Acad, 1 763, Pet 410 & Voy, Hifl. de l’Acad, 1748, page 20, # 1762, pr 590 + Voy, Hif, de lAcad, ie 4, Pa" 24: 26 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYÿaALr du feu, on achève de l'évaporer & d’en tirer le fel ; ces ufines fe nomment bdtimens de graduation. £ La même pratique eft depuis long-temps en ufage en Suife, aux Salines de la République. M. Haller, prépofé à ces Salines, en a examiné avec attention toutes les manœuvres, &, comme il arrive ordinairement , les regards du Phyficien ont non-feu- lement éclairé, mais encore enrichi F'Art fur lequel ils fe font portés. L'Académie a rendu compte au Public, en 1758*, des premières tentatives de M. Haller; il en réfultoit que la ma- nière- ordinaire de traiter l'eau des fources falées, faifoit non- feulement perdre beaucoup de fel & confumer beaucoup de bois inutilement , mais encore qu'elle altéroit confidérablement ha qualité du fel qui en étoit le produit ; il en concluoit que la fimple expolition de l'eau au foleil dans des baflins larges & peu profonds, étoit une façon de tirer le {1 des eaux falées beaucoup meilleure & beaucoup moins difpendieufe. Quoiqu'il eut dès-lors fait quelques expériences de cette méthode, il ne Favoit pas encore employée en grand, & on ne pouvoit guère R regarder que comme une idée heureufe ; aujourd’hui on peut parler plus affirmativement : des expériences fuivies & faites en grand pendant plufieurs années , l'ont mis en état d'évaluer le produit de fa méthode & de remédier aux inconvéniens qui pouvoient en rendre l'ufage plus difficile où moins utile, & ce font ces recherches qui font le füjet du Mémoire duquel nous allons effayer de rendre compte. M. Häller commence par rapporter les défauts qu'il avoit remarqués dans l'ancienne méthode; ces défauts font au nombre de quatre : le premier eft fa perte d’eau falée qu'occafionne le vent dans les bâtimens de graduation; cette perte eft confi- dérable. Quand on fuit ces bâtimens du côté oppolé au vent, on y eft inondé d'une rofée falée qui fait profpérer, dans une affez grande largeur de terrain, les plantes qui, comme le Jalicor ou la Joude , ne fe trouvent ordinairement qu'au bord de la mer : il eft vrai qu'on peut parer cet inconvénient, en arrétant le travail pendant le temps où le vent eft un peu fort; D ES {S, C/LLE:N c Æ:s. 27 mais ce remède, qui fait perdre un temps fouvent précieux, eft lui-même un très-grand inconvénient. Les bois des auges, des pompes & de tout le bâtiment, retiennent une fi grande quantité de {el que les débris qui en proviennent ne peuvent que très-difhicilement brüler. Ces bâtimens eux-mêmes, occafionnent une très - grande dépenle, tant parce qu'ils coûtent beaucoup à bâtir, que parce que lébranlement continuel des pompes les détruit aflez promptement; les épines qui fervent à l'évaporation , fe chargent d’une efpèce de tuf qui oblige à les changer fouvent & enfin des chaudières de fer, qui fervent à l'évaporation par le feu, $ufent tant par l'action de ce feu que par celle du fel qu'elles contiennent , & forment encore par-à un objet de dépenfe. Le feu, quelque mitigé qu'on le fuppofe, ne l'eft jamais affez pour ne pas enlever, dans le temps de l'ébullition, une rtie de l'acide marin qui s'élève avec la vapeur de l'eau ; if en réfulte une diminution de la quantité de {el & une moindre qualité dans celui qui fe forme, & c'eft la raifon pour laquelle de {el marin eft toujours meilleur que les fels cuits au feu, parce que l'eau n'a été évaporée que par une chaleur très- douce & incapable d'en enlever Facide & de le décompofer; ce déchet eft énorme & va quelquefois à la moitié de la quantité de fel:qu'on auroit eu lieu d'efpérer. Ces inconvéniens avoient paru fi confidérables que les pré- décefleurs de M. Haller avoient tenté de fubftituer d’autres moyens d'évaporer Feau falée aux batimens de graduation &c à l’ébullition de eau. La première tentative avoit été de fe fervir de la gelée pour concentrer l'eau falée, comme on fe fert du même moyen, pour concentrer le vinaigre; mais ce moyen ne put réuflir, J'eau, quoique falée, fe geloit & par conféquent c'étoit autant de fel perdu, & de plus, quand on auroit pu faire difparoitre cet inconvénient, le froid n'eft pas affez conftant dans le canton qu'habite M. Haller pour qu'on pût lemployer à cet ufage. Au défaut de ce moyen, on avoit entrepris de graduer par Jbfidence ; on croyoit qu'en Hiffant repofer l'eau très-long-temps D ï 23 HIisToiIRE DE L’'ACADÉMIE ROYALE dans des vaiffeaux un peu creux, la partie de cette eau la plus chargée de fel iroit au fond, & que par conféquent en faïfant écouler celle de la furface, il refteroit une eau fuffifamment concentrée pour être portée aux chaudières; M. Haller voulut saffurer du fait par des expériences : après avoir fait remplir d'eau falée un grand baffin profond de 7 pieds +, il laifia repoler cette eau quarante jours, alors il en prit une bouteille à ha furface , une au milieu de la profondeur & une tout au fond du baffin, les deux premières avoient précifément le même degré de falure, & celle du fond n'avoit gagné que +=. I fit plus, il emplit de 1 même eau falée un tuyau de fer-blanc de 33 pieds, & après Favoir fermé & placé verti- calement, if le laïffa en repos pendant cinquante-fix jours; Yayant ouvert au bout de ce temps, il trouva qu'il s'étoit perdu environ 1$ pouces d'eau, fans qu'on pût deviner par où, Veau la plus haute avoit perdu environ -2- de fa falure: à 11 pieds au-deffous, elle étoit à peu-près au même degré, & celle du fond navoit augmenté en falure que d'environ 25; cette méthode eft donc abfolument infufhfante, & M. Haller fut contraint de l'abandonner. Voyant donc qu'on ne pouvoit fubftituer aux bâtimens de graduation , dont il avoit reconnu les inconvéniens, ni la gelée ni la manière de graduer Feau par la fubfidence , il ofa ima- giner de faire dans fon gouvernement de Y'Aigle ce qu'on fait au bord de la mer & d'y évaporer leau par le moyen du foleil ; la chaleur y eft en Été auffi grande que dans la Sain- tonge & dans l'Aunis, où font les plus grandes falines de France, & l'eau des fources y eft trois fois plus falée que celle de mer; elle a donc befoin d'une évaporation trois fois moindre. Les matériaux propres pour la conftruétion des baffins ne lui manquoient pas, le marbre & l'afphalte étoient à fa portée, mais il falloit parer quelques inconvéniens qui s'offroient; il falloit, par exemple, veiller à ce que l'eau ne fe pût perdre, à ce que la pluie, en la furchargeant d’eau douce, ne retardàt point l'évaporation, & enfin à ce qu'on pût profiter de toute la faïfon propre à l'évaporation. BE: NSICIL'ENN:CARSS: 2 Le raïfonnement pouvoit fournir à M. Halier des moyens de remédier à quelques-uns de ces inconvéniens ; l'expérience feule pouvoit fournir des remèdes aux autres : il { hâta done de la confulter. Ses premiers effais furent faits à l'Agle dans un baffin de bois de 24 pieds + de long fur 14 de large; il le couvrit d'un toit mobile qui püt le mettre à abri de Ja pluie dans les mauvais temps, & qui étant abattu, püt faire, en fe rangeant du côté du nord, une efpèce de reverbère qui augmentât fardeur du foleil, & ce fut pour cetie raïfon que M. Haller le fit imprimer en blanc. Au bout de ce bafin, qu’il avoit placé fur des efpèces de pieds d'environ 18 pouces de hauteur, il en conftruifit un plus petit de marbre pour exhaler l'eau qui, devenue trop concentrée dans le grand baffin, auroit eu une évaporation trop lente : on confhruifit de pareils baflins, mais un peu plus petits, à la faline de Bévieux, & on commença à les employer en 1759. L'expérience donna, comme M. Häaller $y attendoit bien, la décifion des queftions fur lefquelles elle étoit confultée; elle fit encore plus, elle lui apprit bien des chofes utiles & né- ceflaires qu'il n'auroit certainement pas devinées; elle Jui fit voir, par exemple que les baffins polés à plate terre exhaloient mieux & que la chaleur s'y faifoit fentir plus vivement que lorfqu'ils étoient foutenus fur des pieds; que ces baflins ne pouvoient contenir qu'une hauteur d'eau très- médiocre, parce que dès que cette hauteur devient un peu confidérable, l'eau agit avec tant de force contre les parois du baflin qu'elle les perce & s'y ouvre un pañlage à travers les ais les plus fains; M. Häller n'a jamais pu contenir l'eau dans les baffins de bois quand elle y a eu plus de $ pouces, & il penfe qu'on ne pourroit ière en mettre plus de 9 pouces dans un baffin de marbre cimenté d’afphalte. L'eau falée dépofe dans les baflins, où on la fait évaporer au foleil, les mêmes matières qu'elle dépofe dans les chaudières où on la fait évaporer par le moyen du feu; on y retrouve les mêmes concrétions de matières gypleufes, connues fous le nom de fchelot, le même {el amer, les {ls déliquefcens, en | D i 3o HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE un mot tout ce qui fe fépare pendant la cuite du véritable fel marin, à cela près que comme lévaporation eft plus lente, cette féparation eft bien plus exaête. Le fel qui £ forme au foleil eft effentiellement différent de celui qui fe forme au feu , non-feulèment il en diffère par la figure de fes grains abfolument cubiques & folides, au lieu que le fl fait au feu eft compofé de pyramides creufes & formées * Voy. Hif. de en degrés comme le pied d’une croix *, maïs il en diffère encore ‘à se AE plus par fa qualité ; il eft opaque, très-dur, bien plus pelant que le fel fait au feu , shumecte beaucoup moins à l'air & ü prend une odeur de violette que n'a jamais le fl cuit au feu ; il contient beaucoup plus d'acides , & les expériences de M. Haller ont fait voir que cette différence étoit dans le rapport de 4à 3; enfin on obtient par l'évaporation au foleil beaucoup plus de fef que par la graduation & le feu; on n'a guère par ce dernier moyen qu'environ les deux tiers du {el que Veau paroi contenir, au lieu que par l'évaporation au foleil, la quantité qu'on en retire eft à très-peu près la même que celle que donne le calcul ; différence qui vient probablement de la décompofition du fel par lébullition, du moins M. Haller s'eft-il affuré que la fumée des chaudières rougifloit le papier bleu, & que des linges qui en avoient été imbibés , contenoient beaucoup d'efprit de {el, ‘inconvénient qui non-feulement diminue la quantité du fel d'un tiers, mais qui altère même la qualité de celui qui refte, par la quantité d'alkali furabondante qui sy trouve mêlée , ce que Von évite fürerent en faifant évaporer l'eau au foleil : le détail que M. Haller donne de {es opérations, en fournit les preuves les plus complètes. Il ne faut pas au refte imaginer qu'à chaleur égale du {oleil il sévapore des quantités égales en temps égaux , l'expérience d'accord en ce point avec la théorie a fait voir qu'à melure que l'eau fe concentroit elle devenoit plus lente à s'évaporer , & c'eft pour cela qu'aux grands baffins d'évaporation qu'a fait conftruire M. Haller, il en a joint par-tout de plus petits pour faire évaporer ces eaux concentrées & réduites à une petite quantité , fans intérrompre l'évaporation plus rapide de Feau nouvelle dont on remplit Les grands baflins. DES SCIENCES. 21 ._ Pour mettre abfolument fous les yeux la portée de Ta méthode de M. Haller , il a joint à fon Mémoire des Tables fuivies, de févaporation de l'eau dans fes baffins, pendant les années 1759, 1760, 1761, 1762, 1763 & 1764, avec l'état du ciel , le degré du thermomètre chaque jour pendant la faïfon & le produit en fel à la fin de chaque’évaporation. Nous difons pendant la faïfon , parce qu'il n'y a qu'un certain temps de l'année propre à lévaporation, on tenteroit inutile- ment de la faire en hiver, elle {eroit abfolument nulle, même dans les jours les plus fecs & par le vent du noïd : il n'eft pas queftion dans cette opération d'enlever l'eau , feul effet que le vent pourroit opérer ; il l'enlèveroit toute falée, mais de la réduire en vapeur ou de la difliller, pour ainfi dire , pour lui faire abandonner fon fel, & c'eft ce que la feule chaleur peut opérer : voici le rélultat très-abrégé des obfervations de M. Haller. L'évaporation ne peut avoir lieu que depuis le commen- cement de Mars jufqu'à la fin d'Oétobre , avant ou après ces termes elle eft phyfiquement nulle. En prenant un terme moyen entre les fix années d'obfervations de M. Haller ; voici quelle eft la marche de l'évaporation : en Mars d'environ 15 lignes, en Avril de 35 lignes, en Mai 48 lignes, en Juin 44 lignes, en Juillet 47 lignes, en Août 35 lignes ?, en Septembre 25 lignes+, & enfin en Oë&tobre 15 lignes ; il rélulte de tout ceci que l'évaporation annuelle peut être évaluée dans le lieu où M. Haller a fait fes obfervatious à 265 lignes +» ou 1 pied 10 pouces 1 ligne +. | | Les expériences de M. Haller ont donc ouvert une nouvelle route pour fe procurer avec: les mêmes eaux falées une quan- tité plus confidérable de meilleur fl avec beaucoup moins de frais qu'on ne pouvoit en tirer par les méthodes ordinaires. Ceux qui bläment l'application qu'on donne, aux Sciences, ignorent certainement qu'elles font & qu'elles ont toujours éé les bienfaitrices du genre humain. 3 HisToiREe DE L'ACADÉMYE ROYALE 5 OBSERVATIONS DE PHYSIQUE GÉNÉRALE I. , R: EN n'eft ff commun fur la mer que l'efpèce de météore connu fous le nom de #rombe où ryphon ; mais il eft extrêmement rare d'en obferver fur terre & dans les rivières ; en voici une de cette dernière efpèce obfervée par un Ofhcier qui avoit eu fouvent occafion de voir & d'obferver des trombes de mer : M. du Bourdieu , ancien Commandant pour Îa Compagnie des Indes au fort de Judda en Afrique, a mandé à M. Bailly, qu'étant le 2 3 Juin 1764, à Limay près Ville- neuve -Saint- George , à demi-lieue de la Seine, par un temps chargé & orageux accompagné d'éclairs & de tonnerre, il aperçut vers les 10 heures du matin une trombe qui avoit le pied dans la rivière, & qui s'élevoit en ferpentant jufqu'aux nuées , faifant en gros avec l'horizon un angle d'environ 70 deorés , il la jugea large d'environ 3 pieds à l'extrémité qui touchoit aux nuages, fa largeur étoit moindre à la fuperficie de Ha rivière, & fa longueur étoit formée par cinq ou fix fmuofités ; il y avoit des parties plus tranfparentes qui laif- foient apercevoir lafcenfion de leau ; la trombe laifloit même à quelques endroits échapper une efpèce de brouillard , elle avoit creufé dans la rivière un baffm dont M. du Bourdieu ne put mefurer l'étendue à caufe de Yéloïgnement : ce. phéno- mène dura à peu près un quart-d’heure , alors la colonne fe rompit au tiers ou environ de fa hauteur , la partie inférieure retomba en pluie & la fupérieure fut pompée par le nuage avec tant de vivacité que M. du Bourdieu aflure qu'elle fut abforbée en une feconde de temps, le phénomène fut fuivi d'une forte grêle. iles On regarde communément les fouines comme des animaux dangereux DES SCIENCES. dangereux pour la volaille, mais on ne sétoit pas encore avifé de penfer qu'elles puffent l'être pour les hommes, l'exemple fuivant fera voir ce qu'on doit penfer fur cet article, Au commencement de 1758, une femme du village de Chaumeny près l'Aigle en Normandie, hiffà un enfant de neuf mois dans fon berceau pour aller dans fà cour; les cris de f'enfant la rappelèrent bientôt auprès de lui; elle le trouva tout en fang, fon bonnet ôté , la tête percée de deux trous, le front & les mains écorchés : elle chercha la caufe de cet acci- dent, & ne la trouvant pas elle appela fes voifines, celles-ci à force de recherches crurent apercevoir un animal caché dans un trou de la muraille, & elles fe tinrent tranquilles pour tâcher de l'attraper sil revenoit à {a charoe ; il y revint en effet & elles le prirent , c'étoit une fouine qui, la nuit précé- dente, avoit étranglé fix poules à cette femme , elles avoient été pendues au plancher; la fouine attirée par l'odeur étoit entrée & en avoit fait tomber une qu'elle avoit mangée , elle s’étoit enfuite adreflée à l’enfant qu'elle auroit vrai-fembliblement dévoré fi on lui en avoit donné le temps : heureufement les phies qu'elle lui avoit faites n'étoient pas mortelles, & il a guéri de cet accident. Lib: L'Académie a rendu compte au Public en 1741 * dufait Vo: Hif.æ très-fmgulier d'un ruifléau dont leau étoit inflammable & Sr A prenoit feu à la lumière d'un flambeau lorfque celui qui le porioit marchoït dans certains endroits creux du lit de ce ruifkau , on foupçonna dès-lors qu'il s'étoit amaffé en ces endroits quelque limon fulfureux dont la matière inflammable pouvoit s'exhaler au travers de l'eau & prendre feu à fa furface à la moindre approche d'une flamme étrangère. De nouvelles obfervations faites avec un tès-grand foin par M. Bougiere & Peliflier de Barri , Ingénieurs-géographes, & le dernier Juge des baronnies de Miremont & de Limeuil, ont changé ce foupçon en certitude; ils fe font d'abord tran{portés au lieu où avoit été faite la première. obfervation , & ils ont remarqué qu'en marchant dans l'eau on troubloit un limon fn & non Fil. 1764. | . E HisToïrE DE L'ACADÉMIE ROYALE ghifeux, duquel il fortoit une très-grande quantité de bulles, qui venant à créver à la furface de l'eau , y répandoient une vapeur inflammable capable de s'allumer à l'approche d'un flambeau où d’une torche de paille ; la flamme qui s'en élève eft bleuâtre, elle a à peu près autant de chaleur que du papier enflammé, & on y a allumé des étoupes & des allumettes, preuve évidente que c'eft une inflammation réelle & non une lumière purement phofphorique , cette flamme dure jufqu'à ce que la vapeur inflammable {oit confumée , & Jorfqu'elle left on tenteroit inutilement de répéter l'expérience ; il faut laiffer à l'eau le tempsde former de nouvelles matières : le même phéno- mène s'obferve dans prefque tous les ruifieaux , les étangs & les réfervoirs du canton; M. de Barri & Bougiere l'ont obfervé par-tout où ils fe font tranfportés ; ils attribuent cette propriété aux mines de fer dont tout ce diftriét abonde & qui procurent aux eaux qui y pañent des matières fulfureufes & inflammables, qu'elles vont enfuite dépoler dans le lit où elles coulent, du moins eft-il bien certain que le terrain n'y contribue en rien ; M." de Barry & Bougiere ont fait creufer un petit réfervoir à côté d'un étang où le phénomène avoit lieu ; le fond a été bientôt détrempé & converti en une boue très-fine, mais on a eu beau l'agiter, elle n'a jamais donné de matière inflammable, & il paroït qu'il n'y a que les feuls dépôts que l'eau amène qui foient capables de la produire. I V. M. abbé Nollet a fait voir à l Académie deux affiettes de vermeiïl de la vaiflelle du Roï, trouvées dans la fofie d’ai- fance du château de Compiegne , & dont le métal avoit éprouvé une altération fingulière. Les parties de ces affiettes qui étoient bien dorées n'avoient fubi aucun changement ; mais à celles où la dorure avoit été ufée & {fur-tout à la bordure qui étoit appliquée avec de la foudure , le métal n'étoit plus reconnoiffable; il étoit devenu d’une couleur noirâtre, plombée , bourfouflée, & formant une efpèce d'incruflation caffante, friable & très- u adhérente à la partie faine du métal qui étoit reflée deflous : lune des deux afliettes qui avoit été abfolument “entourée de DES y S CYIMEUN, CE 5 35 la matière, étoit percée en plufieurs endroits; l'autre qui avoit été trouvée appliquée contre le mur m'étoit altérée que par l'autre côté. M Fabbé Nollet & Macquer , que l'Académie chargea d'examiner avec foin ces affiettes , commencèrent par s'aflurer que cette concrétion n'étoit pas l'effet du vert-de-gris produit par le cuivre de l'alliage , ils n'y en trouvèrent aucune trace, elle n'étoit pas non plus dans l'éat falin, c'eft - à - dire unie avec des matières qui lui donnafent la propriété de fe fondre dans l'eau, mais elle leur parut reffembler beaucoup à la mine d'argent fulfureufe dans laquelle fargent eft minéralifé par le foufre : pour s'en affurer, ils mirent environ deux gros de cette incruflation dans un petit creufet rougi au feu ; la famme bleuître qui en fortit & l'odeur de foufre qui s'en exhala leur firent connoïtre que leur conjecture étoit jufte & qu'une portion de l'argent avoit été attaquée & remife dans l'état de minéral, par le foufie qui fe produit apparemment avec le temps dans les foiles des latrines. Il réfulte de ce fait fingulier offert par le hafard , que le métal dépouillé du foufre avec lequel if étoit uni dans fa mine , peut de nouveau fe recombiner avec lui fans le fecours du feu ni d'aucune fufion, pourvu qu'il foit expolé pendant un temps fufhifant à l'aétion du foufre tenu en diflolution ou réduit en vapeurs, & enfin que le foufre n'ayant aucune action fur l'or , les parties des afliettes dont la dorure étoit entière n'ont dû éprouver aucune altération. VE Quoique le mois d'Oftobre 1763, eût été très-fec en Rouffillon & dans toute la partie méridionale du Royaume, & que le 18 du même mois il ne füt tombé qu'une petite pluie ; cependant les trois principales rivières de Ghy, de la Ted & de la Zech, & fur-tout cette dernière, s'enflèrent & débordèrent fubitement au point de ravager toutes les campagnes voifines , de rouler avec elles des pierres & des arbres d'une groffeur confidérable, & de détruire fur leur paffage des ponts, des maï- tinets, des moulins, des granges & grand nombre de maifons; plufieurs perfonnes & une affez grande quantité de beftiaux péirent dans ce défaftre qui seft principalement fait {entr E ji V. les Mém. p- 526. 36 HistToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE dans le haut Val-{pir & dans les deux villes d'Arles & de Prats- de-Moliou ; dans cette dernière il y eut quatorze perfonnes noyées & dix - neuf maifons emportées. Quoique la Tech ait fait Je principal ravage , la plus grande quantité d'eau ne venoit ni de fa fource, ni d AT , Inais de quatre forts ruifleaux qui s'y jettent, ces ruifleaux nommés le Parfigole, le Camalade , Ve Figuere & le Tech de Rieuferes , tirent leur fource du Canigou , la plus haute montagne des Pyrénées , le premier renverfa une montagne de rochers entaffés, dont il y en avoit qui peloient juiqu' à trois milliers, & il les entraîna avec une fr grande violence qu'il en fortoit du feu produit par leur choc ; il déuuifit & déracina tout fur fon paflage , les autres ne causèrent pas moins de dommage: le ruifleau de la Figuere a entre autres choles tellement rongé le terrain, qu'un éboulement qu'il a caufé a fait découvrir un moulin enterré par un éboulement de là montagne , depuis plus de trois cents ans, & dans lequel ona trouvé un chauderon & quelques uftenfiles dé cette elpèce qui s'y étoient confervés. Le ruiffeau de Tech de Rieufères a fi bien creufé le tour d’une petite plaine, que le village qui lui donne fon nom & qui étoit au milieu de cette plaine , fe trouve aujourd'hui placé fur le fommet d’un cône tronqué, & indépendamment des eaux des rivières , il a paru de tous côtés des jets d'eaux & des fources abondantes fortant de la terre : on peut juger du dommage caufé par un tel accident , on ne fe rappelle pas dans le pays d'en avoir efluyé un par 5 & on croit qu il a eu pour caufe quelque feu fouterrain ou quelque tremblement de terre dans les Pyrénées, les phénomènes obfervés fe peuvent affez bien rapporter à cette caufe. L’Académie tient ce détail d'une lettre qui lui a été écrite par M. Marcorelle , de l’Académie des Sciences & Belles-Lettres de Touloufe fon Correfpondant. OUS renvoyons entièrement aux Mémoires : Les Obfervations Botanico - météorologiques, faites au châtean de Denainvilliers, proche Pluviers en Gâtinois, par M. du Hamel. DES AS /CTUEUR CHE 6 Et le troïfième Mémoire fur les fofliles des environs de V. Iles Mémn. Paris, par M. Guettard. P: 492. ETTE annéæ parut le fixième volume des Leçons de Phyfique expérimentale, par M. fabbé Nollet, Ce volume contient les XVIII, XIX, XX & XXLI.° leçons : la dix-huitième qui eft la première de ce volume, traite du mouvement des aitres & des phénomènes qui en rélultent : les Aftronomes ont fuppolé divers arrangemens de l'Univers pour rendre raifon des apparences obfervées ; ces arrangemens connus fous le nom de fyftèmes, font détaillés par M. l'abbé Nollet, dans un abrégé clair & méthodique par lequel il commence cette leçon : mais pour fe mettre à la portée d'un plus grand nombre de lecteurs, il y donne la defcription de la machine connue fous le nom de Planetaire ou d'Orrery , qu'il a beaucoup fimplifiée & qui préfente à l'œil du fpedtateur ce qui n'avoit été préfenté qu'à fon efprit, M. abbé Nollet en explique toutes les parties & fait voir comment par leur jeu & leurs mouvemens on peut ‘eur faire repréfenter l'arrangement des planètes , leurs mouvemens, leurs excentricités , leurs fta- tions , directions & rétrogradations , leurs latitudes , leurs conjonctions & oppofitions, & les phafes différentes des planètes qui y font fujettes ; en mettant ainfi les phénomènes fous les yeux , l'explication s'en préfente, pour ainfi dire , d'elle-même, & il ne sagit que de choïfir Fordre dans lequel on la doit préfenter pour qu'elle foit la plus claire qu'il foit pofible : c'eft à quoi M. l'abbé Nollet seft fur - tout appliqué ; il ÿ donne en paffant la raïfon de la fioure {phérique du ciel & de fa couleur bleue , il y joint les noms des différentes conftellations , la détermination des diftances & des révolu- tions des planètes , tant principales que fécondaires, & indique à ce propos la fameufe règle de Képler, qui fixe x: proportion qui fe trouve entre la diflance & la révolution de chaque planète, il fait voir que les orbites des planètes font des ellip{es au foyer defquelles le Soleil eft placé , au lieu que Ptolomée dans fon E ij 8 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fyftème en faifoit des elpèces d'épicycloïdes rentrantes & formant des nœuds ; que les comètes ne diffèrent en ce point des planètes que par limmenfité & lextrème excentricité de leurs orbites qui ne nous permettent de les apercevoir que dans une très-petite partie de leur révolution, & il en déduit avec raifon que ces aftres font une efpèce de planètes auffi anciennes que les autres , qu'elles fuivent la même loi dans leurs mouvemens, & que par conféquent elles n'ont jamais pu être saifonnablement regardées comme des fignes de la colère divine, n'annonçant au contraire, comme tous les autres corps céleftes, que la profonde fageffe & la puiffance infinie du Créateur: ül donne un abrégé de la théorie des éclipfes, de la mefure & de fa divifion du temps & les notions principales du calendrier ; en un mot, cette leçon eft un traité de fphère d'autant meilleur ue l'expofition des phénomènes & leur explication font par-tout divies de remarques qui en indiquent les applications. La dix-neuvième leçon a pour objet les propriétés de Faimant; tout le monde connoît les propriétés attractive & directive de cette pierre, mais tout le monde ne fait pas à quel point ces propriétés diffèrent en énergie dans une pierre où dans fautre ; M. l'abbé Nollet commence cette leçon par donner des moyens de les reconnoître & de s’en affurer ; non-feulement on peut reconnoître la force d'une pierre d'aimant , mais encore on peut laugmenter , art a trouvé les moyens de raflembler & de concentrer , pour ainfi dire cette force dans des pièces d'acier appliquées convenablement à la pierre , & qu'on nomme armures, & M. l'abbé Nollet entre dans le détail intéreffant de cette opération & des applications curieufes qu'on en peut faire : l'art a été encore plus loin, ileft parvenu à former des aflemblages de barres où lames aimantées qu'on nomme aimans artificiels, & qui ont toutes les propriétés des meilleures pierres dans un degré bien fupérieur à celui de ces pierres ; il y a plus, on à imaginé différens moyens d'augmenter prodigieufement Ja vertu qu'une pierre peut communiquer à ces lames & même de sen pafler abfolument & de leur communiquer une très- grande force magnétique fans aimant, M. l'abbé Nollet rend ME SN SUCRE NC ES compte, dans cette Leçon, des différentes découvertes faites depuis quelques années, tant en France qu'en Angleterre, par M." du Hamel, Antheaulme, Knigth, Canton, Mitchell, &c. & des tentatives qu’il a faites pour reconnoître fi l'aimant artificiel gagneroit à être armé de tous les moyens employés à ces dif- férens ufages. Une des plus utiles propriétés de aimant, eft la faculté qu'il a de fe diriger conflamment vers la partie du nord ; c'eft la bafe de admirable invention du compas ou boutfole de mer & de celles dont on fe fert à terre: M. l'abbé Nollet donne {a conftruétion de ces inftrumens & de ceux qui fervent à déterminer la déclinaïfon de Faiguille, c'eft - à - dire l'angle qu'elle fait avec la ligne méridienne & fon inclinaifon, ceft-à-dire celui qu'une aiguille bien, mife en équilibre fait avec l'horizon dès qu'elle eft aimantée. Tous ces phénomènes conduifent naturellement à en rechercher les caufes, & les Phyficiens ne {e font pas épargnés dans cette recherche; M. Fabbé Nollet rapporte les différentes opinions qu'ils ont publiées à ce fujet, mais il faut avouer, & il ne le diflimule pas, qu'il sen trouve bien peu de fatisfaifantes, & que malgré tous leurs efforts, on eft encore bien peu avancé fur ce point. La Phyfique eft féconde en merveilles, & celles de l’éleétricité ne le cèdent point à celles de Faïmant : ceft elle qui fait Fobjet de la X X.° & de la X XI. Leçon de M. l'abbé Nollet. Il divife d'abord l'életricité en deux efpèces, la naturelle & l'artificielle ; la naturelle eft celle qui s'excite d'elle-même & par des caufes inconnues dans notre atmofphère & qui eft la caufe du tonnerre : M. l'abbé Nollet fe contente d'indiquer celle-ci & n'y revient que lorfque quelques phénomènes l'y conduifent ; l'électricité artificielle, celle qu'il nous eft donnée d'exciter, à Faide de certains inftrumens , eft le principal objet de M. l'abbé Nollet dans ces deux Leçons ; il y reprend, mais très en abrégé, les principes qu'il a donnés fur cette matière en 1746, & dont l’Académie a rendu compte alors dans fon Hifloire *, & les applique à l'explication des faits qu'il préfente. Ces deux Leçons font partagées en trois {tions, la première * Voy, Fil, de l’Acad, 1 746, Page 259 40 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE traite de la vertu électrique, des moyens de la faire naître & des fignes auxquels on peut reconnoître fa préfence & {on intenfité; les expériences que donne M. l'abbé Nollet pour établir les caractères de la vertu électrique, font très-propres à répandre un grand jour fur cette matière, mais il faut bien prendre garde que dans certains cas indiqués par M. l'abbé Nollet, des corps, qu'on auroit prefque lieu de regarder comme non élecrifés, opèrent d'une manière très-marquée tout ce qui annonce une forte électricité. ’ La feconde feétion contient tout ce que l'expérience a pu nous faire connoître de plus certain & de plus propre à nous éclairer fur la caufe des phénomènes électriques, il sy trouve quelques faits qui ont été conteflés : M. l'abbé Nollet prend le parti de mettre fous, les yeux du Leéteur les pañfages des Phyficiens connus qi dépofent en faveur du parti qu'il adopte, feul moyen qui refte en pareil cas; il en fait de même à l'évard de la diftinétion qu'on a voulu introduire entre les aigrettes & les points lumineux ; il apporte, pour prouver fon fentiment, plufieurs faits qui tendent à établir que les uns & les autres {ont dûs à une matière effluente. Enfin la dernière feétion eft abfolument deftinée à appliquer des principes établis dans les deux premières à fa recherche de la caufe générale & immédiate des phénomènes életriques. On juge aifément combien cette partie doit être intéreffante par la liaifon que les faits y reçoivent, par la facilité avec laquelle on les fait, pour ainfi dire, dériver les uns des autres & par des remarques dont ils font accompagnés ; nous ne pouvons pas - même nous refufer d'fidiquer au Lecteur celles qui ont pour objet la fameufe expérience de Leyde; mais comme la plupart de ces objets tendent à affermir les principes polés par M. l'abbé Nollet dans Ouvrage cité ci-defius, nous ne pourrions y entrer fans tomber dans des redites, & nous croyons devoir prier le Lecteur de vouloir bien recourir à ce que nous en avons dit alors. & dans plufieurs autres endroits de l'Hiftoire de J'Académie. Les objets intéreffans dont ce volume elt rempli & la manière nette & précile avec laquelle M. abbé Nollet les DES S'CTENCES: 41 fes a traités, le rendent un des plus curieux Ouvragés de ce genre & digne d'aller à la fuite de ceux du même auteur qui l'ont précédé. C ETTE même année parut, dans le Journal des Savans*, un petit Ouvrage de M. de Mairan, fous le titre de Leure à M. le Comte de Caylus fur une pierre gravée antique. Cet Ouvrage femble au premier coup-d'œil d'un genre fr peu analogue aux occupations ordinaires de l'Académie , que nous croyons devoir rendre compte de f'occafion qui a fait naître & de la liaifon qu'il peut avoir aux Sciences qui font Yobjet ordinaire de nos recherches. M. le Comte de Caylus avoit fait préfent à M. de Mairan d'une pierre gravée, chargée de figures vifiblement aftrono- miques & probablement relatives à quelque fait intéreffant, il avoit en même temps prié d'effayer à démêler quel. étoit l'évènement auquel elle fe rapportoit, & de voir fi on en pour- roit tirer quelques lumières fur l'époque de cet évènement & fur les circonftances qui l'avoient accompagné; c'étoit, comme on voit, une efpèce d’énigme favante à deviner , dans l'examen de laquelle l'Aftronomie devoit entrer pour beaucoup ; cette difficulté étoit peu capable d'effrayer M. de Mairan ; cette fcience lui étoit. trop familière, mais il en a éprouvé une à laquelle il ne croyoit pas devoir s'attendre. Non - feulement l'explica- tion de cette efpèce de monument exigeoit des connoiflances aflronomiques, mais elle en exigeoit aufli d'aftrologiques:; & nous ne croyons faire aucun tort à M. de Mairan, en difant qu'il fe trouvoit en défaut à cet égard & qu'il lui a été néceflaire de les acquérir ; nous avons cru ce petit préambule néceffaire pour .que le Leéteur ne füt pas furpris de trouver dans un Ouvrage de M. de Mairan & dans l'hiftoire de Aca- démie, des difcuflions de cette efpèce traitées férieufement, a trouvé le fecret de les ennoblir en quelque forte, par l'ufage ingénieux qu'il en a fu faire. La pierre en queftion eft une comaline prefque ronde’, Hif, 1764. | a ournaldesSav, Dé 17641 42 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE d'environ fept lignes de diamètre , une étoile à fix rayons en occupe le centre, un de ces rayons eft différent des autres, il eft comme flamboyant & indique d'autant plus vifiblement une Comète, qu'on trouve parmi les monumens antiques des figures femblables employées à les repréfenter. Cette étoile ou comète eft entourée de trois figures d’ani- maux , difpofées à peu-près en triangle équilatéral , & qu'on ne peut méconnoitre pour les fignes du Bélier, du Taureau & du Lion, figurés comme {es monumens nous apprennent qu'ils l'étoient alors. Telle eft la pierre dont il efl ici queflion , eflayons de préfenter une idée de l'ingénieufe explication qu'en donne M. de Mairan. I ne doute point que cette efpèce de tableau aftrologique n'ait été fait pour Augufle, à l'occafon de la comète qui parut lorfqu'il failoit célébrer les jeux de Vénus mère, in{litués. par Jules Célar, quelque temps après la mort funefte de ce der- nier ; la conformité de l'étoile gravée fur la pierre avec les médailles frappées à ce fujet, ne permet pas d'en douter : un pañlage de Pline , rapporté par M. de Mairan , vient à l'appui de cette opinion : Augufle , que l'Hiflorien latin y fait parler , dit formellement que pendant ces jeux il parut un aftre chevelu, fidus crinirum , dont Fapparition dura fept jours, qui fe levoit environ une heure avant le coucher du Soleil , & qui fut vu de toute la terre; que le peuple crut que c’étoit l'ame de Céfar qui étoit reçue au rang des Immortels | ce qui l'engagea à mettre la figure de cette comète fur da tête de la flatue qu'il lui confacra; cette flatue même ne fut pas le {ul monument de l'apparition de cette comète, elle fut révérée dans un temple bâti en fon honneur, & Pline ajoute que ce fut le feul de cette efpèce dans tout l'Univers. Augufle n'étoit pas aflez fimple pour prendre la comète pour une apothéofe de Céfar , mais il fut affez adroit pour pro- fiter de opinion publique, & il eft difficile de fe réfufer à la penfée que lui-même regarda cette apparition comme un heureux préfage pour le commencement de fon règne , & en fut aflez flatté : pour recevoir avec quelque ftisfaction les DES SCIENCES. 43 prédiétions. aftrologiques qui lui furent préfentées à cétte occa- fion ; c'étoit alors la folie regnante , & il n’y a pas encore long temps qu'on eft guéri en France de cette efpèce de mala- die. I nen fallut pas davantage pour produire un grand nombre de thèmes céleftes à l'occafion de ce phénomène , & vraifemblablement la pierre en queftion eft un monument relatif, non-feulement à la comète, mais encore à l’état du ciel à la naïiflance d’Augufte ; le Lion placé avec deux autres fignes célefles qui ne lui font pas contigus dans le zodiaque, marque un choix réfléchi & appuyé fur quelques raïfons aftrologiques. Le premier point que M. de Maïran s'eft propolé de difcuter a été de favoir ft les figures du Bélier , du Taureau & du Lion, fignifioient ou les fignes proprement dits ou les conftellations qui les défignent ; il auroit peut-tre été difficile de réfoudre cette queftion , mais heureufément ce n'en eft pas une, les conftellations que le mouvement de la préceffion des équinoxes d'un degré en foixante - douze ans a éloignées pour nous des fignes auxquels elles ont donné leur nom, d'environ un figne où 30 desrés, ne s'étoient encore écartées que de peu de degrés, & on peut fans rifque, fur-tout en pareille matière, prendre l'un pour l'autre, En ramenant les étoiles à [a pofition qu'elles avoient au commencement du règne d’Augufte, M. de Mairan trouve que la comète placée fuivant le texte de Pline, au-deffous de la grande Ourfe , & qui fe levoit une heure avant le coucher du Soleil , avoit dû être voifme de l'étoile £ de la grande Ourfe, qu'elle avoit pour longitude le huitième degré du Lion, & que par conféquent l'artifte dont vraifemblablement Y'aftrologue conduifoit la main , avoit eu raïfon de placer comme il l'a fait, le rayon qui la caractérife vers le Cœur de la figure qui repréfente ce figne ; il réfulte encore de la latitude connue de l'étoile £ & de Fheure du lever de fa comète, qué les jeux pendant lefquels elle parut furent célébrés vers le milieu de Janvier de la quarante-troifième année avant Jéfus- Cluift, & dix mois après la mort de Céfar , époque jufqu'à Fj 44 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoyatE préfent peu déterminée & livrée à l'incertitude des conjeélures & des expreffions vagues des Hiftoriens. La comète en queftion eft, fuivant M. Halley, du petit nombre de celles dont on a quelques retours, & elle a reparu en 1680, mais il fe préfente ici une difficulté; aucun des Auteurs qui ont parlé de celle de Céfar, n'a fait mention w'elle eût une queue , ils la caractérifent tous de chevelue, fidus crinitum , flella crinita, & cle de 1680 en avoit une très= grande ; cependant cette difhculté n'eft qu'apparente, la queue des comètes leur eft accidentelle, elles ne la prennent, felon: M. de Maiïran, que lorfqu'elles approchent du Soleil , à peu- près à la difance de l'orbite terreflre : or en combinant les. élémens de la comète en queftion, donnés par M. Halley , fa pofition en 1680 & 1681, & {a révolution de cinq cents foixante-quinze ans, il fe trouve que cette comète qui avoit déjà reparu en 531,€n 1106, & enfin en 1680 & 1681, pafla dans cette dernière apparition fi près du Soleil qu'elle n'en étoit éloignée que d'un fixième du diamètre de cet afkre , elle dut donc fe charger d’une queue immenfe qu'elle n'avoit pas même au commencement de fon apparition, au lieu qu’en füivant le calcul de M. Halley, dans fon apparition à la mort de Céfar, elle étoit éloignée du Soleil de près de la moitié du ciel, bien loin par conféquent de la diflance où elle auroit pu. prendre une queue, & qu'elle n'en devoit point avoir: if réfulte encore de ce calcul que la comète pouvoit être alors flationnaire & n'avoir que peu ou point de mouvement apparent dans le ciel étoilé , auffi aucun des Auteurs qui en ont parlé n'a-t-il fait mention de fon mouvement ; quant à la courte durée de fept jours de cette apparition fi brillante, elle ne doit vraifembla- blement être attribuée qu'à des circonflances purement phy- fiques qui n'en permirent la vue que pendant ce petit efpace de temps ; paflons préfentement à Ja partie aftrologique de cette efpèce de monument ; le Bélier pourroit y avoir été mis pour rappeler la mémoire dur funefte évènement de la mort de Céfar , & il feroit alors un fymbole hiflorique, mais il joue encore Là un autre rôle, of EIS 1S1C {LE :N CI EE 25 La comète étoit, comme nous venons de le faire voir ; placée, dans la conftellition du Lion , & fa longitude étoit prefque 1: même que la belle étoile de cette conftellation qui en défigne le cœur : or le Lion en général étoit mis au rang des fignes fortunés , & fur-tout l'étoile en queftion qu'on nomme l'étoile Royale, le petit Roi, Regulus. Quelle fource d'heureux pro- noflics. & d'extravagances flatteufes_ pours Auguflé : ce n'eft pas tout, il falloit encore avoir égard aux a/pec?s & aux irra- diations refpeétives des planètes ; le plus avantageux étoit Je wine , ou lorfque les aftres étoient diflans entre eux de 120 degrés ; J'afpeét quadrat étoit indifférent par lui-même , mais déterminé à être heureux ou malheureux , fuivart-les. étoiles qui en étoient l'objet : or la comète placée dans le Lion , comme nous l'avons dit, regardoit en #rme le figne d'Aries & en quadrat l'œil du Taureau, fymbole de Fabondance, & l'aftre fpécialement confacré à Vénus mère dont on célébroit alors les jeux. « I y a plus, cétoit encore un principe aftrologique de confidérer quel étoit aflre ou la conflellation qui montoit fur Thorizon à l'inflant de da naiffance ,de la fondation d'une ville ou de tout autre évènement dont on vouloit prévoir les fuites, car cette règle s'étendoit à tout, & pourquoi y eut-on fait des exceptions ? Or il eft conflant qu'à Finflant de Ia naiffance d'Augufte, c'étoit le Capricorne qui montoit fur, Fhorizon , ou , pour parler en termes de Fat, qui étoit fon borofcope ou fon afcndanr. M. de Mairan difcute exactement ce point pour lever l'ambiguité qui pourroit fe trouver en comparant le récit de quelques hifloriens ; & Augufte lui- même en étoit fi bien inftuit qu'il fit battre des médailles avec l'empreinte de ce figne , qui, pour le dire en pañfant, fournifloit aux aftrologues les pronoftics les plus flatteurs : on ignore fi ces médailles étoient louvrage de la politique d'Augufte ou de fa foibleffe, & peut-être y avoient-elles part toutes les deux; quoi qu'il en foit, la comète placée dans le | figne du Lion avoit le même afcendant qu'Augufle : on voit combien d'accroiffement fa vertu bienfailante devoit tirer de: F ü 46 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ce concours de circonflances , afcendans, afpects, conftelli- tions, tout s'étoit réuni en faveur de ce prince , & jamais aftrologues n'ont été mieux fervis que ceux d’Augufte, Tel eft le précis de l'ingénieufe explication que M. de Mairan a donnée de la pierre en queftion ; il falloit toute la fagacité de fon efprit, toutes fes connoiflances aftronomiques , pour tirer de ce monument fmgulier tout ce qu'il en a tiré pour ha fixation de l'époque de la célébration des jeux en queflion, de celle de la naïffance d’Augufte & pour la théorie de cette comète, & pour tout dire auffi, toute la leéture qu'il a faite des bons hiftoriens pour y reconnoïtre le ciel & fingulière- ment travefti. DES SCIENCES. 47 1DOOCOLCOOODOOO0OCONCCO ANATOMIE. SUR LA NATURE DES PIERRES ou CALCULS DU CORPS HUMAIN. ” O° n'eft que trop inftruit de Fexiflence des pierres qui f V.les Mém forment dans le corps humain , les douleurs cruelles P: 374 qu'elles caufent, & les accidens qu'elles occafionnent ne per- mettent pas de lignorer, la Chirurgie éclairée par Anatomie , a ofé entreprendre de tirer du corps vivant, ces caufes de tant de ravages; l'opération de la taille pour l'extraétion des pierres de la veflie, & celle indiquée par feu M. Petit pour tirer dans de certaines circonflances les pierres qui fe forment dans le foie, font à la fois des époques glorieufes pour la Chirurgie , & des reffources précieufes à l'humanité. Mais toutes précieufes que foient ces refources, efles font aruelles & douloureufes , & par-à même elles effayent une infinité de malades,qui ne s'y foumettent qu'à l'extrémité, & fouvent Jorqu'il n'eft plus temps de les employer ; on ne peut d'ailleurs fans la plus grande imprudence , en confier lufage qu'à des mains prudentes & exercées , & quelquefois même malgré tout le favoir & toute l'attention poifible, l'opération n'a pas Jheureux fuccès qu'on en attendoit & le malade en devient la victime. H neft donc pas étonnant qu'on ait cherché depuis long- temps des moyens plus doux & moins dangereux de fe délivrer des maux que peuvent caufer les pierres qui fe forment dans le corps humain ; on a propofé bien des fois des remèdes , des breuvages dont lufage devoit , difoit-on , difloudre. les concré -_ tions pierreufes , fur-tout. celles de la veflie ; quelques-uns de ces remèdes parurent même. réuflir dans. quelques occafions , on A8 HIisTOiRE DE L'ACADÉMIE) ROYALE les donna auflitôt pour généraux & aflurés , ils manquèrent dans quelques autres, & c'en fut affez pour les profcrire, on devoit au refte s'attendre à ces alternatives de bons & de mauvais fuccès ; avant que d'entreprendre de diffoudre les pierres, il auroit fallu connoître leur compofition afin de voir par quels remèdes elles pourroïent être attaquées avec avantage ; il auroît fallu voir fi toutes avoient la même texture pour varier les procédés fui- vant les différentes circonftances, & c'étoit précifément ce que Lon avoit négligé, ou du moins fur quoi on mavoit que des connoiffances très-imparfaites. C'eft cette efpèce de négligence que M. Tenon a entrepris de réparer , perfuadé que sil étoit poflible d'obtenir quelque fuccès dans la recherche des moyens de difloudre le calcul, ce ne feroit jamais que lorfque la nature de ces concrétions pierreufes feroit bien connue , n'étant pas poflible de déter- miner le diffolvant d'une fubftance fans en connoître la texture & l1 compofition. Cette recherche étoit même d'autant plus néceffaire qu'on m'ignoroit pas qu'il fe trouve dans le corps animal des concré- tions pierreufes de nature très-différente , qu'il y en a qui nagent fur l'eau , tandis que d'autres fe précipitent au fond , que quelques-unes fe brülent & fe confument, tandis que d'autres réfiftent à l'action du feu, qu'il sen trouve de polies & formées de couches concentriques, & d'autres dont la furface eft rabo- teufe, mamelonnée ou hérifiée de pointes, qu'il y en a dans lefquelles on trouve au centre une efpèce de noyau d'une fubftance tantôt homogène , tantôt hétérogène au refte de la pierre , qu'elles diffèrent enti’elles par leur couleur, leur formée, leur volume , leur poids , leur dureté &c Tarrangement de quelques-unes de leurs parties , & Fanalyfe chymique avoit té de plufieurs d'entrelles, de la terre, du fel volatil, dé l'huile féide & même une quantité d'air incroyable & qui va quelquefois , füuivant les expériences de M. Hales, jufqu'à la moitié du poids de la pierre , enfin quelques Phyficiens avoient avancé qu'il y avoit des calculs diflolubles par les acides , tandis que d'autres nioient formellement que: ces diffolvans DÉS SCIENCES 49 difflolvans euffent aucune prife {ur eux ; ceux qui foutenoient la diflolubilité des calculs dans les acides , ajoutoient une circonftance remarquable , ceft qu'après la difflohition , il reftoit une efpèce de nuage ou de flocon niucilagineux , fufpendu dans le diflolvant, & qui ne s'y méloit point. Dans cette incertitude, M. Tenon prit le parti de recom- mencer les expériences par lui-même & d'examiner principa- lement ces deux_ points, Fun sil y a des pierres animales qui réfiftent à l'action des acides, ou au moins de certains acides; & l'autre quelle eft la nature de ce nuage que quelques Auteurs avoient vu dans la liqueur après la diffolution. H commença donc par fe fournir des différentes efpèces de concrétions pierreufes qui fe forment dans le corps animal , & les foumit à l'aétion des différens acides, obfervant feulement de les affoiblir avec l'eau commune comme Maïtre-Jan avoit autrefois pratiqué dans fes recherches fur le criftallin | & comme M. Hériflant la mis en ufage dans le travail intéreffant qu'il nous a donné fur la texture des os. Cette précaution d'afoiblir les acides minéraux dont on fe fert, n'eft pas inutile; s'ils étoient dans toute leur force, ils détruiroient une partie intéreffante de la pierre que les recherches & les obfervations de M. Tenon lui ont fait con- noître : hâtons-nous d'en préfenter les réfultats. Les efprits de nitre & de fel, l'eau régale affoiblis, les acides même végétaux , dégagent une quantité d'air confidé- rable des pierres foumifes à leur aétion , ils féparent de toutes celles qu'ils peuvent difloudre une partie terreftre qui fe diffout & demeure unie au diflolvant, à moins qu'on ne la précipite par un alkali, mais cette diflolution laïfle à découvert une autre partie bien plus fngulière, qui s'élève à la furface de la liqueur fous la forme d'un nuage mucilagineux , & qui , tant qu'elle eft imbibée du fluide, conferve la forme & 1e volume de la pierre ; ce corps tran{parent & léger eft le rudiment, ou comme M. Tenon le nomme, /e canevas de Védifice pierreux ; ls perles, les pierres qui fe forment fur les dents où dans Fos de Ja mâchoire, celles de l'urerus , celles des boyaux des Hift. 1704 : € so HIsToiRE DE L'ACADÉMIE RoYaL£ chevaux ou des chèvres, & enfin celles de la veflie de l'homme & du pore-pic, ont toutes préfenté le même phénomène. Il ne faut pourtant pas simaginer que les mêmes acides produifent le même effet fur toutes fortes de pierres, les pierres jaunes & cendrées du poumon & les pierres à couches jau- nâtres de la veflie, font bien plus longues à difloudre par . Facide nitreux, & elles ne préfentent après la diflolution aucun canevas, mais un flocon de mucofité qui fe précipite au fond du vaifieau. D'autres pierres de veffie noires & mamelonnées à leur furface , ne fe diffolvent point du tout dans Facide nitreux , mais cependant il agit fur elles, car il leur enlève feur couleur noire & les rend friables. Dans le nombre des pierres de la veflie, il s'en trouve qui font alternativement compofées de couches noires & de couches blanches; M. Tenon voulut voir ce qu'elles devien- droient dans de l'efprit de nitre, & il les y mit, la même chofe arriva qu'aux pierres purement noires & purement blanches, les couches de cette dernière couleur furent difloutes & laifsèrent à découvert leur canevas , les noires ne furent pas attaquées. M. ‘Tenon ayant examiné l'action de l'efprit de nitre fur les pierres animales qu'il lui avoit foumifes, voulut voir quel feroit {ur elles l'eflet de l'huile de vitriol, & il trouva que cet acide , quoique plus fort que l'efprit de nitre, n'atta- quoit point les pierres jaunes de la veflie que l'acide nitreux avoit difloutes , qu'il diflolvoit ou plutôt détruifoit plus lente- ment que lefprit de nitre , prefque toutes les autres pierres animales, excepté celles des boyaux des chevaux, mais qu'il détruifoit en même temps cette efpèce de fubflance qu'on nomme canevas, qui {e trouve dans toutes ces pierres. Nous avons dit quil détruifoit, car Faction de l'acide vitriolique nopère pas une véritable diflolution, c'eft plutôt, {lon lexpreffion même de M. Tenon, une démolition, & on en voit les débris au fond du vale, ce qui n'uriveroit certainement pas s'ils étoient difous. DES SCIENCES. St Cette circonflance de la deftruétion du canevas dans l'huile de vitriol , & les flocons muqueux ou glaireux qu'on obier- voit au fond du bocal après la diflolution de certaines pierres par lefprit de nitre, rappelèrent à M. Tenon qu'on l'avoit autrefois afluré que les eaux de Baredge réduifoient en glaire les pierres de la veflie foumifes à leur aétion , c'en fut affez pour lui faire foupçonner que les Hocons glaireux de fes expé- riences & Ja glaire dans la forme de laquelle les pierres étoient converties par l'eau de Baredge n'étoient autre chofe que les débris de ce canevas qu'offrent toutes les pierres difloutes & plus ou moins attaqué & ramolli. Un voyage que M. Tenon eut occafion de faire à Baredge , le mit à portée d'examiner ce fait par lui-même, & il trouva que les pierres blanches & les pierres jaunes étoient réduites aflez promptement dans les eaux de la Source - royale & dans celles de Cautrès en une efpèce de glaire limpide , vifqueufe & femblable au blanc d'œuf ; ilreft donc certain que le canevas qui y exifte eft au moins très-altéré par 'aétion de ceseaux, mais ce qui eft peut-être plus fmgulier que tout le refte, c'eft que ces mêmes pierres jaunes qui avoient réfifté abfolu- ment à l'huile de vitriol, & ne s'étoient difloutes dans l'acide nitreux qu'après plufieurs mois de féjour dans cet acide , aient cédé fr promptement à l'action de ces eaux, bien moins fortes en apparence que les acides dont nous venons de parler. I exifloit encore une efpèce de pierres murales qui ne fe laifloient entamer ni par les eaux minérales , ni par l'acide nitreux ; il étoit cependant néceffaire de les décompoler pour voir fr elles contenoient réellement, comme M. Tenon avoit droit de le foupçonner un canevas analogue à celui qu'il avoit trouvé dans toutes les autres. Il avoit aperçu que ces pierres, quoiqu'elles ne fuffent pas diffoutes, donnoient à l'acide nitreux une couleur jaune, & il avoit-déoagé de certains calculs une fubflance jau- nâtre & buileufe, plus pefante que l'efprit de vin & que les acides , & qui fe précipitoit au fond du vaiffeau ; c'en fut affez pour lui faire foupçonner que dans la compofition des pierres Gi 2 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE réfraaires , il fe trouvoit une fubflance grafle qui défendoit le refle de leurs parties intégrantes de faction des acides. : Pour effayer de leur enlever ce défenfif, il les fit bouillir les unes dans de l'eau-pure, les autres dans de Fear de favon, d'autres enfin dans des eaux minérales de Baredge & de Cautrès, & il eut le plaifir de voir fa conjeéture confirmée, il en fortit des courans étonnans d'air , & les mêmes pierres qui avoient réfifté pendant trente-cinq mois aux acides, y furent après cette préparation difloutes en très-peu de jours & laifsèrent leur canevas à découvert , mais avec cette cir- conflance que celles qui n’avoient éprouvé que l'eau commune ou leau de Baredse bouillante pour toute préparation , fe trouvèrent les plus faciles à difloudre. I eft donc bien certain que toutes les pierres animales {e peuvent difloudre par les acides, mais elles ne fe diflolvent pas toutes par le même, & quelques-unes ont ; comme on vient de le voir, befoin d'une préparation qui les rende -diffolubles. Il m'eft pas moins conflant qu'il n'eft point de pierre animale qui n'ait un canevas qui fert comme de charpente à fon organifation & de foutien à la matière crétacée diffloluble dans les acides, qui leur donne leur confiflance & leur dureté, Ces canevas ne font ni de la même forme ni de la même nature dans toutes les. pierres, les unes comme les perles fines, les pierres blanches & jaunes murales de la veflie, celles des routes utérines, certains bézoards très-compaéts du porc-épic, & celles des boyaux de chèvre, ont un canevas compofé de couches orbiculaires concentriques , emboïtées les unes dans les autres comme les peaux d'un oignon, tranfparentes, flexibles & muqueules. D'autres , comme celles des écrevifles & des homards , le tuf des dents & quelques-unes du baffinet du rein, ont un cane- vas compofé de couches aufli tranfparentes, mais plus folides & feulement fémi-orbiculaires, emboïtées les unes dans les autres comme des gobelets ; ces deux efpèces de canevas fe durciffent par Feau bouillante & par Felprit de vin, mais D ES 28 1CLA.E INTCLE! S: 53 feau tiède les ramollit & les réduit à la longue en une fubftance branchue & muqueufé, Il trouve des pierres dont le canevas eft poreux, & repréfente une efpèce d'éponge, & ces canevas font de trois efpèces différentes ; les premières qui fe trouvent dans de certaines pierres de luterus offrent une fubflance qui paroît comme lymphatique, trouée en plufieurs endroits, & une partie colorante huileufe qu'on en fépare par l'efprit de vin: ceux de Ja feconde efpèce qui { trouvent dans certaines pierres des boyaux des chevaux , font compolés , outre la fubftance muqueufe , d’une très-grande quantité de poils très-fins & de fragmens très-menus de végétaux : il s'eft trouvé enfin dans quelques pierres formées dans la mâchoire inférieure un canevas qui , à la folidité près, refféembloit beaucoup au parenchyme des os. IL réfulte des recherches de M. Tenon, defquelles nous venons de rendre compte, que la nature des pierres animales n'étoit en aucune façon connue | & que la diverfité de leur compofition étant aufli grande qu'elle left, il ne doit pas paroître étonnant qu'aucun remède jufqu'ici n'ait pu parvenir à les difloudre toutes : on s'eft trop hâté de les donner, für quelques fuccès, comme des fpécifiques contre 1a pierre en général , on seft trop hâté de les profcrire & de les aban- donner d’après leur ineffcacité dans d’autres cas ; la nature des pierres mieux connue, pourra donner des moyens de reconnoïtre l'efpèce de celles qu'on voudra attaquer, & de fubftituer des traitemens réfléchis & éclairés » à l'empyrifme aveugle. On juge bien que ce travail n'eft pas fini, M. Tenon n'a garde de ne pas profiter de la route qu'il vient de s'ou- vrir ; il promet la fuite de fes recherches, on peut sem rapporter à {es lumières & à fon zèle pour le progrès de fx Phyfique & le bien de l'humanité & étre bien für qu'il ne es abandonnera pass G üj V. les Mém. page 206. * Voy. Hifi 753114 54 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUR UNE MALADIE SINGULIÈRE. * ACADÉMIE a.rendu compte en 17 $ 3 * de la maladie extraordinaire de la nommé Suppiot, dont les os s’'étoient ramollis au point de céder à la rétraction des mufcles, & de permettre à fes pieds de { relever jufque derrière fa tête, à laquelle ils fervoient comme de couffin ; en voici une feconde qui ne le cède nullement en fingularités à la première, & que M. Morand fils a communiquée à l'Académie : la nommée Bourguillot, veuve Mellin, qui a eu le malheur d'en être le fujet, étoit d’une aflez belle taille, d’un tempérament plétho- rique & d'un caraétère vif, prompt & enjoué ; elle n'avoit eu pendant fa jeuneffe d'autre dérangement de fanté, qu'une fappreffion de fes règles pendant environ deux ans, une ophtalmie, quelques douleurs fourdes dans un genou , accom- pagnées d'une efpèce de cliquetis qui fe faifoit entendre dans les mouvemens de cette partie, & quelquefois d'une rougeur & d'une légère enflure qui sy failoient remarquer. Elle fe maria à l'âge de vingt-un ans & eut deux enfans en quatorze mois, à fa feconde couche elle eut beaucoup de lait, qui ne parut sécouler par aucune des voies ordinaires ; bien loin de-là , tout fe fupprima dès le troifième jour, fans cependant lui caufer d'autre accident qu'une lévère enflure au genou, & elle fe releva le huitième jour fans aucune incom- modité apparente. Cet état ne fut pas de longue durée , le lendemain elle fut fifie d'un froid & d'une foiblefle univerfelle, accompagnée d'un violent mal de tête & de douleurs aiguës dans les genoux, qui parurent gonflés & couverts d'empoules rouges & luifantes; elle perdit l'appétit; on fentoit dans toute l'étendue de lab- domen des inégalités produites par le lait grumelé, & elle rendit par le vomiffement une matière laiteufe infectée. Dix mois de fecours adminiftrés felon toutes les règles de la Médecine, n'opérèrent aucun changement favorable dans la D R1S :SaC LE N° C:E:S fuation de la malade, bien loin de Ià les mufcles extenfurs du pied commencèrent à fe raccourcir , & les pieds fe trouvèrent dans la même direétion que la jambe; un Empyrique auquel elle fe livra, fut plus heureux , du moins en apparence ; au moyen de topiques qu'il appliqua, l'enflure des genoux dif parut, mais humeur qu'il avoit chaflée feulement de cette partie , ne tarda pas à {e jeter fur une autre; il furvint vers le coccix des clous de la groffeur d'un œuf, ils abcédèrent & les vers sy mirent ainfi qu'aux ongles des pieds ; les dou- leurs revinrent très-vives, non-feulement aux genoux, mais encore aux bras, la rétraétion s'établit dans leurs mufcles & ‘la malade ceffa de pouvoir en faire ufage ; elle devint füujette à des fyncopes accompagnées d'épanchement de bile qui paroïffoit fur la face , & pendant lefquelles on Fa crue morte plus d'une fois ; les douleurs devinrent affreufes Sc fans relâche, & les jambes & les cuifles fe retirèrent de manière qu'elles { font appliquées fur fon corps, de façon que les talons touchoïent immédiatement les fefles ; cet excès de maux n'étoit pas cependant encore à fon comble, il s'y joignit une violente douleur de tête, elle vit autour d'elle un brouillard épais, la vue s'affoiblit & { perdit fans retour : cet état affreux dura fix mois, alors les rèvles fupprimées depuis la couche fatale qui avoit caufé tous {es maux, reparurent & ne dif- continuèrent plus de revenir en leur temps, les douleurs diminuèrent , elle obtint quelques heures de fommeil, mais la rétraction des mufcles augmenta, les bras, les cuifles & les jambes s'appliquèrent fortement le long du corps comme s'ils y euflent été repliés & ferrés avec une corde, L'état de la femme Suppiot dont la malade entendit parler, & à laquelle {es pieds fervoient d'oreiller , Yeffraya, & pour éviter un pareil malheur qu'elle crut avoir à craindre, elle contint fes membres dans le miférable état où ils étoient, au moyen d'un efpèce de jupon; fes mains étoient alors enflées & {1 douloureufes qu'elles ne pouvoient pas fouffrir le contact même des draps; les douleurs cependant { font plus conftam- ment fixées fur les genoux, & la rougeur & lenflure y fub- 56 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fiflent plus où moins, la malade éprouve de temps en temps une fenfation qui lui fait croire que fes membres vont Salonger , mais cette fenfation eft trompeule & c'eft le temps où ils fe raccourciffent davantage. Son eftomac ne paroït pas encore s'être affoibli, mais le ventre eft un peu pareffeux, les urines & les fueurs font dans leur état naturel; elle a prefque toujours une douleur de tête fourde & quelquefois des élancemens , elle a une fluxion continuelle fur les yeux , & de temps en temps une petite toux sèche accompagnée d'un crachement fréquent, d'un mal de dos continuel , d'élancemens dans cette partie & de gêne dans là refpiration. Un état fr ficheux paroîtroit devoir mettre la malade à Yabri d'autres maladies, elle fembleroit avoir payé bien au- delà de fa cotte-part des misères de cette efpèce attachées à humanité, mais cependant elle n'a pas été exempte d'autres maladies graves , & indépendamment des ulcères & autres accidens de cette efpèce qu'elle a efluyés , elle a été attaquée d'une péripneumonie qui lui a fait cracher le fang & le pus pendant trois jours , elle a eu une fièvre de mauvais caractère & une enflure univerfelle, peu douloureufe à la vérité, & qui fe termina par une datre vive & faigneufe qui parut fous les aiflelles. Dans l'état où nous venons de repréfenter la veuve Mallin, privée de lufage de la vue & de tous fes membres, aufft horriblement contrefaite qu'elle left, livrée aux vers & aux infectes qui s'engendrent fouvent dans les ulcères qui lui fur- viennent , & dans les ongles de fes pieds & de fes mains devenus énormes , aflujettie pour les moindres befoins à des {ecours étrangers que fon état ne lui permet pas trop de {e procurer , il lui froit en vérité bien pardonnable d'avoir ce que lon nomme 4 l'humeur, elle n'en donne cependant aucune marque , elle a confervé au milieu de fes douleurs, fa gaieté naturelle; fon embonpoint & fon coloris ne défignent ni les fouffrances de fon corps ni FafHiétion de l'ame. Cette maladie , malgré tout le rapport qu'elle a tant dans DL El Si 25 Chi EL NNCAE 1 s7 fa caufe que dans {es effets avec celle de la femme Suppiot , en diffère cependant à plufieurs égards; dans celle de la Suppiot , la matière morbifique avoit principalement agi fur les os, qui étant devenus flexibles, n'avoient plus fervi de point d'appui aux mufcles & avoient cédé à leur aétion irrégulière; dans celle-ci les os ont confervé leur dureté, mais lation des mufcles irrégulièrement augmentée , les a prefque tous déplacés, & il s'eft fait, pour ainfi dire, une infinité de luxa- tions par caufe interne, qui ont occafionné l'affreux ravage dont nous venons de rendre compte : Mais quelque terrible que puifle être cet état, peut-on le regarder encore comme le terme des maux de cette efpèce auxquels l'humanité eft aflujettie ! SUR UNE ÉPIPLOCÈLE DONT LES SIGNES FURENT D'ABORD TRÈS-EQUIVOQUES. O N feroit trop heureux en Médecine & en Chirurgie, fi Jes maladies qu'on entreprend de traiter étoient toujours fi bien caractérifées qu'il füt impoflible de sy méprendre ; mais ce n'eft pas le cas le plus ordinaire, & fouvent l'ambi- guité des fignes exerce plus li fagacité du Médecin pour reconnoitre la maladie, que fon habileté pour la guérir quand elle eft une fois reconnue. M. Tenon rapporte une obfervation fingulière qui pourroit fervir de nouvelle preuve à cette vérité, fi elle avoit encore befoin d'être prouvée ; il eft feulement ficheux que ce foit un Académicien qui y ait donné lieu. Il fut appelé pendant f'automne 1763, pour voir M. Ma- raldi , qui étoit revenu de la campagne avec une groffeur dans l'aine droite ; il n'avoit fait aucun effort qui eût pu y donner lieu, il avoit feulement fenti un léger pincement dans laine en fe tournant dans fon lit, après lequel la tumeur Hif, 1764. ,H V. les Méme P- 452° 58 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoxALE avoit paru , & s'étoit beaucoup accrue, parce qu'un accident arrivé à la voiture dans laquelle il étoit , l'avoit obligé de faire un chemin confidérable à pied. M. ‘Tenon examina 4 tumeur, elle n'étoit point ronde, mais boffelée & remplie de petits corps durs de la forme & de la groffeur d'une aveline ; la peau étoit dure, paroiffoit épaifle & adhérente aux parties intérieures qui ne fe prétoient à aucun déplacement, en un mot cette tumeur ne reffembloit ‘en rien à une hernie de onze jours qui étoient l'époque de celle de M. Maraldi. Les émolliens , les cataplafmes, la pommade mercurielle n'opérèrent rien fur cette tumeur, les bains & les bols fondans & lécèrement purgatifs eurent un peu plus de fuccès, ils procurèrent le ramolliflement de la tumeur , fon volume auparavant confiant, augmentoit lorfque le malade alloit à la felle & on fentoit au travers des duretés, une partie voifine de Fanneau qu'on pouvoit faire rentrer, pour lors on apercevoit avec les doigts un vide entre anneau & ce corps pelotonné qui étoit toujours adhérent, dur & fuperficiel. I n'étoit pas douteux qu'il n'y eût dans cetie maladie une hernie, mais quel étoit ce corps fi dur & fi rébelle qui l'ac- compagnoit ; M. Tenon ofa penfer que ce corps étoit le refte d'une ancienne hernie dans laquelle lépiploon n'ayant pas été repouflé dans l'abdomen , sétoit par la preffion d'un bandage , collé autour de l'anneau , l'avoit bouché & sétoit durci dans plufieurs endroits, mais que quelques points de cette adhérence ayant été rompus , les parties qui compooient la nouvelle hernie , s'étoient échappées par-à : M.° Morand & Moreau, appelés en confultation , furent du même avis, & ils apprirént en interrogeant le malade, qu'effectivement if avoit eu dans fa jeunefle une hernie du même côté, qui avoit été guérie par un bandage , & à laquelle il ne penfoit plus depuis longtemps. Il fe trouvoit donc effeétivement deux hernies, l'une récente, aifée à guérir, & une autre ancienne; M. Tenon eflaya de fondre ces duretés de Fancien épiploon pour parvenir à DES, S C1E N.C:E S 59 gicatrifer {es bords de l'anneau , mais il eut beau mettre en œuvre les fondans & les emplaftiques, rien ne réuflit, il fe forma dans les duretés des foyers de fuppuration , &c if fallut ouvrir: il trouva effectivement une male d'épiploon qui bouchoit exaétement l'anneau, excepté par le bas, où on voyoit une ouverture par laquelle avoient pañlé les paities qui formoient la nouvelle defcente ; cette mafle d'épiploon étoit fi dure qu'on eut beaucoup de peine à l'emporter , il fallut employer le fer, les ligatures &c la fuppuration pour s'en défaire, & on ne put en être quitte qu'après un traitement de près de trois mois: cette obfervation peut fervir à démontrer com- bien il eft dangereux de laiffer quelques parties d'une hernie fans les faire rentrer; & combien il eft prudent, lorfqu'on a été attaqué de cette maladie, de porteï toujours au moins un bandage contentif ; elle fait voir encore que la fuppuration fi redoutable dans les hernies récentes, a été favorable dans celle-ci, & enfin elle offre des vues & des avantages dans le traitement des épiplocèles anciennes, adhérentes & fquir- reufes qu'on voudroit guérir radicalement. Ce n'eft qu'en obfervant de près les accidens finguliers , qu'on peut trouver des reffources pour les combattre ou les prévenir. à S$S U_R L À SITUATION DU GRAND TROU OCCIPITAL Dans l'Homme 7 dans les Animaux. | Marie comparée eft un des flambeaux de la Phyfique , la différence qui fe trouve entre les mêmes parties dans les diverfes efpèces d'animaux , tient ordinaire- ment aux ufages que chaque efpèce en doit faire, & par conféquent influe beaucoup fur a connoïiffance de l’économie animale dans chacune de ces elpèces ; il eft donc utile d'exa- miner avec foin ces différences, puifqu'elles doivent prefque toujours nous conduire à de nouvelles connoiffances. Hi) V. les Même p. 568. 60 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE C'eft dans cette vue que M. Daubenton a entrepris de rechercher quelle pouvoit être la caufe de l'énorme différence qui J'avoit frappé entre la fituation du trou occipital dans homme & dans les différentes efpèces d'animaux : nous allons eflayer de donner une idée de fes recherches. Le grand trou occipital eft l'ouverture par laquelle a fub- ftance médullaire doit pañler de la boite du crâne dans la gaîne offeufe, formée par la colonne vertébrale ou épine du dos: c'eft le premier & principal de fes ufages, mais il en a encore un autre prefqu'aufli important ; deux points placés fur les bords de cette ouverture, & plus relevés que le refte, touchent à la première des vertèbres du cou, & font avec ces. vertèbres , comme A1 charnière ou plutôt le genou fur lequel doivent s’exécuter tous les mouvemens de la tête. C'eit vraifemblablement à ce dernier ufage que tient la diffé- rence que M. Daubenton a obfervée dans la pofition de cette ouverture dans fhomme & dans les différens animaux. Cette différence eft énorme : füuivant les obfervations de M. Daubenton , le grand trou occipital eft dans Fhomme prefqu'au milieu de la bafe du crâne , prefqu'aufii éloigné de R partie poftérieure de locciput , que de la partie antérieure de la mächoire inférieure, & le plan de fes bords fait à peine un angle de trois degrés, avec une ligne tirée de fon centre à la partie inférieure des orbites. Dans les quadrupèdes , au contraire, dans les poiflons & dans certains animaux ovipares, comme le crapaud , le trou occipital fe trouve à la partie poftérieure de l'occiput, & fon plan fait prefque un angle droit avec la ligne menée de {on centre au bas des orbites. Une différence auffi confidérable ne pouvoit pas pañler pour une fimple variété ; M. Daubenton foupçonna qu'elle devoit tenir à l'attitude différente à laquelle homme & les autres animaux font deftinés ; l'homme formé pour aller debout & fur fes deux pieds, avoit befoin que fa tête fût en équilibre fur la colonne vertébrale | & il n'étoit nulle- ment néceflaire qu'il la pût aïfément baïfler jufqu'à terre, DL ESA IS CURE NUC?E 5 61 du moins dans la partie de la bouche, & c'eft effcétivement ce que produit la pofition du trou occipital au milieu de Ja bafe du crâne, fes mouvemens en doivent devenir beaucoup plus faciles ; il en réfulte feulement que fi l'homme vouloit aller à quatre pieds, il lui feroit très-difficile, même dans cette fituation empruntée, de toucher la terre de fa bouche, chacun en peut faire aifément l'épreuve , auffi la bouche de l’homme ne doit-elle pas prendre fa nourriture à terre, les. mains font faites pour la lui porter. Les quadrupèdes , au contraire, obligés de chercher leur nourriture à terre, avoient befoin que leur tête fût comme pendante & leurs mâchoires très-alongées, il falloit donc que la charnière de leur tête füt placée tout-à-fait à la partie poftérieure , & c'eft aufii ce que l’on obferve. En füuivant ce fyflème très-vraifemblable , les finges & les autres animaux de cette efpèce qui affkétent également la fituation des hommes & celle des quadrupèdes qui prennent quelquefois leur nourriture à terre & quelquefois la portent à leur geule avec les mains, devoient avoir l'articulation de la tête placée moins près du milieu de la bafe du crâne que Thomme, & moins près de Fextrémité de 'occiput que les quadrupèdes, & des mächoires un peu plus longues que celles de l'homme, mais moins que celles de ces derniers; c'eft en effet ce qui fe trouve & ce quieft bien à remarquer, ceux de ces animaux, qui comme lorang-outang , ou fmge d’An- gola, affeétent le plus l'allure de l’homme, ont auffi le trou occipital placé bien plus près du centre de la bafe du crâne, & les mächoires plus courtes qu'aucun autre finge, tandis que les makis qui font en ce point en quelque forte à l'autre extrémité de Fefpèce, ont les mâchoires très-longues & le trou occipital prefqu'à l'extrémité poftérieure de la tête, Les crapauds, les grenouilles, les poiffons dans lefquels a tête eft abfolument dans la même direétion que le COIPS , doivent avoir le trou occipital tout-à-fait au derrière de la tête, & ceft auffi ce qui sobferve ; enfin les oïfeaux , quoiqu'ils marchent fur deux pieds, doivent prendre leur nourriture à H üj * Voy. Hifi, 17401P: #4 62 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYALE terre, & par conféquent articulation de la tête devoit tré à la partie poftérieure du crâne, comme en effet elle y eft placée : combien de facilités cette différente fituation du trou occipital doit-elle donner aux animaux des différentes efpèces pour remplir les vues que l'Auteur de la Nature femble avoir eues fur eux ! Plus on étudie fes ouvrages & plus on y recon- noît les traces de fa fageife & de fon intelligence intinies. S'URUL ESYNN ANS Es Géans femblent avoir beaucoup plus occupé lefprit des hommes que les Nains; peut-être l'efpèce de terreur que devoient naturellement exciter des êtres que leur taille rendoit naturellement plus forts & plus à craindre que les hommes ordinaires, y a-t-elle contribué ; plufieurs Auteurs cependant, tant anciens que modernes, ont parlé des Nains : M. Morand , à J'occafion d'une circonftance de laquelle nous allons parler , a eu occafion de rechercher ce qui avoit été dit jufqu'à préfent fur cette matière, & de compofer une efpèce d'hifloire fuivie, finon des Nains, au moins des fenti- mens de ceux qui eu ont parlé ; car il faut avouer que dans ce que les anciens nous en ont laïffé, il {e rencontre plus de fables abfurdes & incroyables que d'obfervations utiles : il ne faut pas même s'en trop étonner, les Nains paffoient pour une merveille de la Nature, & on fait combien le merveilleux peut entêter. Revenons à ce qui a donné occafion à M. Mo- rand de faire les recherches dont nous venons de parler, & defquelles nous dirons un mot en fon lieu. L'Académie a rendu compte en 1746 de Fhifloire fingu- lière d’un jeune enfant nommé Nicolas Ferry *, qui en naiffant n'avoit que 8 à 9 pouces de long, & ne peloit que 12 onces, & à lâve de cinq ans étoit abfolument formé fans être parvenu à une taille plus grande que 22 pouces : cette fingularité fit le bonheur de cet enfant ; le feu Roi de Pologne, Duc de Lorraine, Le vit & lhonora de fes bontés, DES HUSNCÉFIE LIN: ©: ES 6 dès ce moment Bebe’, car c'eft le nom qu'il lui donna, ne quitta plus fon augufte bienfaiteur , & il eft mort dans fon palais. M. le Comte de Treflan , attaché à ce Monarque, envoya l'hifloire de cet être fingulier à l Académie, & ce fut cette hifloire qui engagca M. Morand aux recherches dont nous venous de parler, qui furent lües à l’Affemblée publique du 14 Novembre 1764, & accompagnées de la flatue en cire de Bébé *, modelée fur fa propre perfonne , coiffée de fes cheveux & habillée de fes habits ; avoir aflifé à cette féance étoit prefque avoir vu. Nous allons eflayer de donner un abrégé, tant de la rclation de M. le Comte de Treffan que des réflexions de M. Morand. Nicolas Ferry étoit né à Plaifnes, principauté de Salins dans les Vofges, fon père & fa mère étoient bien conflitués ; nous venons de dire combien il étoit petit au moment de fa naif- fance, mais nous n'avons pas ajouté combien il étoit délicat ; on le porta à l'églife fur une affiette garnie de filaffe, & un fabot rembourré lui frvit de berceau ; jamais il ne put téter fa mère, fa bouche étoit trop petite pour faifir le mamelon, il fallut qu'une chèvre y fuppléit, & il n'eut pas d'autre nour- rifle que cet animal qui de fon côté fembla s'y attacher. Il eut la petite vérole à fix mois, & le lait de h chèvre fut en même temps fon unique nourriture & fon unique remède. Dès l'age de dix-huit mois, il commença à parler, à deux ans il marchoit prefque fans fecours, & ce fut alors qu'on lui fit fes premiers fouliers qui avoient 18 lignes de long. La nourriture groflière des villageois des Volges, telle que les légumes, le lard, les pommes de terre , fut celle de {on enfance jufqu'à l'âge de fix ans, & il eut pendant cet efpace de temps plufieurs maladies graves dont il fe tira heureufement. Nous voici arrivés à l'époque Ja plus intéreffante de la vie de Nicolas Ferry; le Roi Staniflas, ce Titus de notre * Cette figure eft l'ouvrage de M. Jeanet, habile Chirurgien de Luné- ville, qui avoit pris foin de la fanté du Naïn pendant plufieurs années, & qui la fait mouler en cire à l’âge de dix-huit ans, 64 Histoire DE L'ACADÉMIE Royare fiècle, entendit parler de cet enfant extraordinaire & defira dé le voir, on le fit venir à Lunéville, & bientôt il n'eut plus d'autre domicile que le palais du Prince bienfaïfant , auquel de fon côté il sattacha fingulièrement , quoiqu'il témoignât ordinairement très-peu de fenfibilité, & ce fut alors qu'il prit le nom de Bébé qui lui fut donné par ce Monarque. Quelques foins qu'on ait pu prendre pour l'éducation de Bébé , il n'a pas été poffible de développer chez lui ni juge- ment ni raifon, la très-petite mefure de connoiffances qu'il a pu acquérir na jamais été ni à prendre aucune notion de religion, ni à former aucun raïfonnement fuivi, fa capacité ne s'eft jamais élevée beaucoup au-deflus de celle d'un chien bien dreflé, il paroifloit aimer la mufique & battoit quelque- fois la melure affez jufte; il danfoit méme avec affez de précifion, mais cæ n'étoit qu'en regardant fon maître attentive- ment pour diriger tous fes pas & fes mouvemens {ur les fignes qu'il en recevoit ; il entra un jour à la campagne dans un pré dont l'herbe étoit plus grande que lui, il fe crut égaré dans un taillis & cria au fecours; il étoit fufceptible des paflions telles que le defir, la colère, la jaloufie, & pour lors fes difcours étoient fans fuite & n'annonçoient que des idées confufes , en un mot, il ne montroit que cette efpèce de fentiment qui nait des circonftances, du fpeétacle, & d'un ébranlement momentané , & le peu de raïfon qu'il montroit ne paroïfloit pas s'élever beaucoup au-deflus de l'inflinét de uelques animaux, Madame fa Princeffle de Talmond effaya de lui donna quelques inflructions, mais malgré tout fon efprit elle ne put développer celui de Bébé, il en réfulta feulement ce qui devoit naturellement arriver , il s'attacha à elle & en devint même fi jaloux, qu'un jour voyant cette Dame careffer une petite chienne devant lui, ä farracha de fes mains avec fureur & la jeta par la fenêtre, en difant : pourquoi l'aimeg-vous plus. que moi ! Jufqu'à l'âge de quinze ans, Bébé avoit eu les organes libres & toute fa petit figure très-bien & très- agréablement proportionnée ; D ES ST GI RE NIC'E !s. 65 Proportionnée ; il avoit alors 29 pouces de haut : à cet âge la puberté commença à fe déclarer chez lui, mais ces efforts de la Nature lui furent préjudiciabies; jufque - Ii Les fucs s'étoient diftribués également dans toute la machine , age viril en fe déclarant , troubla cette harmonie, il eut pour effet d'énerver un corps frêle & débile, d'appauvrir fon fang & de defsècher fes nerfs, {es forces s'épuisèrent , l'épine du dos {e cowrba, la tête fe pencha, fes jambes s'afloiblirent, une omoplate {e déjeta, fon nez groflit | Bébé perdit fa gayeté & devint valétudinaire ; il grandit cependant encore de 4 pouces dans les quatre années fuivantes. M. le Comte de Treffan qui avoit fuivi avec attention fa marche de la Nature dans le développement de Bébé, avoit prévu qu'il mourroit de vicilleffe avant trente ans, effedi- vement il eft tombé dès vingt-un ans dans une efpèce de caducité, & ceux qui en prenoient foin ont remarqué en lui es traits d'une enfance qui ne reflembloit plus à celle de fes premières années, mais qui tenoit de la décrépitude. La dernière année de fà vie, il fmbloit accablé, il avoit peine à marcher, fair extérieur l'incommodoit à moins qu'il ne fût fort chaud ; on le promenoit au foleil , qui paroifloit le ranimer , mais à peine pouvoit-il faire cent pas de fuite: au mois de Mai 1764, il eut une petite, indifpofition à laquelle fuccéda un rhume accompagné de fièvre, qui le jeta dans une efpèce de léthargie, d'où il revenoit pendant quelques momens, mais fans pouvoir parler. Les quatre derniers jours de fa vie il reprit une connoif- fance plus marquée; des idées plus netes & plus füuivies qu'il n’en avoit eu dans fà plus grande force, étonnèrent tous ceux qui étoient auprès de fui : {on agonie fut longue, & il mourut le o Juin 1764, âgé de près de vingt-trois ans ; il avoit alors 33 pouces de haut. A Touverture du corps, qui fut faite par ordre du Roi de Pologne , par M. Perret fon premier Chirurgien , fous les yeux de M. Ronnow fon premier Médecin, on trouva un des os pariétaux un peu plus épais. que l'autre, & le diploé Hif, 1764 , HSE D 66 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE plus diftendu, il y avoit de eau dans la poitrine, & les poumons étoient en quelques endroits adhérens à la plèvre, les côtes écrafées d’un côté formoient de plus grands arcs que de l'autre où elles étoient plus courtes, le tout felon la courbure. irrégulière que l'épine avoit prie, les vifcères étoient fains. Le fquelette qu'on a confervé, offre une fingularité remar- quable; au premier coup d'œil il paroit être celui d'un enfant de quatre ans, mais quand on examine lenfemble & les proportions , on eft étonné d'y reconnoitre le fquelette d'un adulte. L'hiftoire de Bébé rappela à M. le Comte de Treffan celle de M. Borwflaski, Gentilhomme polonois, qu'il avoit vu à Lunéville, & qui eft venu depuis à Paris. Le père & la mère de ce dernier font d’une taille fort au- deflus de la médiocre , ils ont eu fix enfans ; l'aîné n'a que 34 pouces, & il eft bien fait; le fecond dont il s'agit n'en à que 28, & il étoit alors âgé de vingt-deux ans; trois frères cadets qui le fuivent à un an les uns des autres, ont chacun $ pieds 6 pouces ; le fixième enfant eft une fille qui a au plus que 20 à 21 pouces, bien faite dans fa taille; elle a un joli vifage & annonce beaucoup d'efprit. La reflemblance qui fe trouve entre Bébé & M. Borwflaski, ne confifte heureufement pour ce dernier que dans la peti- tefle de fa taille, il a été bien plus favorablement traité par h Nature , il jouit d’une bonne fanté, eft adroit & léger, réfifte à la fatigue & lève avec facilité des poids qui paroifient très- confidérables pour fa flature. Mais ce qui le diftingue le plus heureufement de Bébé, c'eft qu'il pofsède toute la force &c toutes les grâces de l'efprit ; que {a mémoire eft très -bonne & fon jugement très - fain, il lit & écrit très-bien , il fait FArithmétique , il fait l'alle- mand & le françois & les parle avec facilité; il eft ingénieux dans tout ce qu'il entreprend , vif dans fes réparties & jufte dans fes raifonnemens, en un mot, M. Borwilaski peut être regardé , felon lexpreflion de M. de ‘Freflan, comme un homme fait, quoique très-petit, & Bébé comme un homme be premium D'ES SC LE NCES. manqué. Il n'y a pas même lieu d'en être étonné, la mère de Bébé eft accouchée de lui à fept mois, & après une grofleile très-extraordinaire, qu'elle eut même bien de la peine à reconnoitre pour telle, au lieu que M. Borwilaski eft venu à terme : il n'efl donc pas étonnant que le premier ayant été pour ainfi dire, affamé dans le fein de fa mère, les organes du cerveau ne fe foient développées qu'imparfaitement ; ce n'eft ici qu'une conjeéture, mais on en a fouvent adopté de moins vraifemblables. Les deux Nains dont nous venons de parler, engagèrent M. Morand à recueillir avec foin ce que les auteurs nous ont tranfmis fur ce fujet ; les Nains les plus anciens, defquels il {oit fait mention , font les Pygmées, mais ce peuple fi célèbre par fes combats avec les Grues, pourroit bien n'avoir jamais exifté, du moins quand on recherche tous les endroits où on Fa placé, on n'en retrouve aucun veflige, & il feroit affez vrai- femblable que cette prétendue nation ne dût {on origine qu'à quelque nom étranger mal interprété par les Grecs ; on à aflez d'exemples de pareilles mépiifés. Au moins eft-il certain qu'Homère eft le premier qui en ait parlé dans fon Hiade, en comparant les Troyens qui attaquent les Grecs en l'abfence d'Achille, à des grues qui fondent fur des pygmées, mais Homère avoit beloin d'une comparaifon qui pût faire un tableau agréable, & non de difcuter un point d’hifloire; ce feroit trop gêner l'imagination des Poëtes que de vouloir l'afujettir à l'exactitude hifiorique; on ne lui demande que du feu : aban- donnons-ui donc la nation des pygmées & examinons ce que des auteurs plus férieux peuvent avoir dit des Nains, nous y trouverons encore affez de fables, témoin le Nain cité par Nicéphore comme ayant été vu à la cour de Conflantin, & qui n'étoit pas plus gros qu'une perdrix. L’hiflorien , dans cette occafion , pourroit bien avoir eu l'imagination un peu poëtique. Les romains, fur-tout fous les premiers Empereurs, mettoient les Nains au nombre des objets de leur luxe & de leur oftentation ; Augufte en avoit un duquel on prétend qu'il fit faire la flatue, dans laquelle il plaignit fr peu la dépenfe, que li 68 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE les prunelles de fes yeux y font marquées par des pierres précieules : ce Nain, au rapport de Suétone , avoit moins de deux pieds de haut, pefoit dix-fept livres , & avoit une voix extrêmement forte; cette ftatue qui ef aujourd'hui dans le cabinet du Roi, a fait voir qu'Augufle n'étoit pas délicat en pareille matière, elle repréfente un Æichais ou fujet noué, dés plus mal faits, & qui n'a rien de cet air de petit adolefcent qu'ont ordinairement les Nains : on lui donneroit environ trente ans. Tibère admettoit un Naïn à fa ble, ü lui permettoit les queflions les plus hardies , jufque-là que ce Nain lui fit un jour hâter par fes difcours le fupplice d'un criminel d'Etat. Marc-Antoine en avoit un d'une taille au-deffous de deux pieds, & que par ironie il avoit nommé Syfphe. Domitien avoit affez raffemblé de Nains pour en faire une troupe de petits gladiateurs. Non-feulement les Empereurs entretenoient des Nains, mais les Princeffes & même les Dames confidérables en avoient ; l’hiftoire nous a confervé le nom de Conopas, Nain de la Princefle Julie , fille d’Augufte, qui avoit 2 pieds 9 pouces de haut, & ce goût dura jufqu'au règne d’Alexandre- Sévère , mais ce Prince ayant chaffé les Nains & les Naïnes de fa cour, la mode en ceffa bientôt dans tout l'Empire. Le goût qu'avoient alors Îes Romains pour ces petits hommes en avoit fait un objet de commerce, & l'intérêt une occafion de cruauté ; les marchands pour avoir une plus grande quantité de Nains à vendre, imaginèrent de {errer des enfans dans des boîtes & avec des bandelettes faites avec art ; il eft évident que ceux de ces enfans qui pouvoient échapper à cette torture cruelle n’étoient nullement des Nains, mais des hommes contrefaits & eftropiés. Le goût des Nains ne paroît pas avoir été depuis fr vif chez les autres nations, cependant Jonfton rapporte que Ja première femme de Joachim Frédéric, Eleéteur de Brande- bourg , avoit paru renchérir encore fur les Dames romaines , & qu'elle en avoit affez raffemblé de Fun & de l'autre fexe pour Dr SU S "CHR EEN cris, 69 les marier, & en faire de petits ménages dans la vue d'en multiplier lefpèce, mais fon attente fut trompée & aucun n'eut de poftérité ; Hofman & Pierre Mefie citent Catherine de Médicis comme ayant eu fe même goût avec auf peu de fuccès, on ne doit pas mème s’en étonner, & nous verrons bientôt que ni l'une ni fautre de ces tentatives n'ont dû en avoir. I réfulte de ce que nous venons de dire, que l'hifloire des Nains en offre deux efpèces bien marquées , les uns nés tels dans toutes leurs proportions , & fans aucune difformité ; ceux- ci font , felon M. Morand, les véritables Nains; comme ils ne font petits que par manque d'accroiffement, ils peuvent avoir tous les agrémens de la figure & de l'efprit, mais ils vivent beaucoup moins que les autres hommes, & vieilliffent beau- coup plus tôt. A Fégard des Richais, Rachitiques où enfans noués, & de tous ceux dont l'accroiflement a été gêné ou rendu inégal par une maladie organique, ils ne font pas Nains, mais contre- faits; les fucs qui doivent être diftribués dans toute l'habitude du corps, dans une certaine proportion , ayant été dérangés, Paccroiflement du füujet a été plus ou moins régulièrement retardé , & il en réfulte ces petits hommes contrefaits que le peuple nomme bancales, qui ont, pour le dire en paffant, prefque toujours une voix très-forte pour leur taille. Mais ce qui eft affez fmgulier, c'eft que la maladie appelée rachitis, qui ne produit ordinairement qu'une diminution dans da flature du fujet, puifle quelquefois produire quelque chofe de gigantefque , ceft cependant ce que prouve une obferva- tion très-fmgulière rapportée par M. Morand. En même-temps que Bébé exiftoit à la cour de Lunéville, on a trouvé enterrée dans les Vofges, une tête humaine monftrueufe par fa groffeur, dont le crâne a 26 pouces de circonférence , mefu- rée dans le trait qu'on fait avec la fcie pour féparer de la face ce qu'on nomme la caloite du cräne. Cette tête attira les regards des Curieux qui décidèrent d'abord que c'étoit celle d'un Géant; feu M. Caneau de Lu- bacle , Correfpondant de Académie | qui pour lors réfidoit ji} 70 HIsToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE à Sarrebourg , en fit l'acquifition & l'envoya à M. Morand, qui l'a fait voir à l'Académie. Si on confidère les os du crâne ayant une épaiffeur propor- tionnée entre eux , les futures & le refte bien formé, & qu'on les compare à ceux de la face, on y voit une difproportion frappante ; & lon eft difpofé par la petiteffe de ceux-ci à croire que cette tête eft celle d'un enfant agé de dix à douze ans. Cette monftruofité ne peut, felon M. Morand, être attri- buée qu'à deux caufes, la premiére feroit un hydrocéphale porté Jufqu'à cet âge, ce qui feroit peut-être fans exemple; la feconde pourroit être un accroiflement extraordinaire des. os du crâne ; c'eft à cette feconde caufe que M. Morand la rap- porte, & il eft perfuadé que c’eft en effet un vrai rachis, ce qui femble confirmer cette opinion , c'eft qu'auprès de cette tête fe font trouvés un fémur & un tibia malades , aflez gros & ankilofés, ceux-ci font précieufement confervés dans le prieuré de Hefle près Sarrebourg , où en faïfant mention de la grofle tête qui a paffé dans le cabinet de M. Morand , on montre les os qui reflent comme des os de Géant , à ceux qui ne sy connoiffent pas. L'inégale diflibution des fucs dans les parties de l'enfant & la trop grande molleffe des os jointe à quelque vice dans la qualité des liqueurs, donnent communément lieu au rachitis ; cette maladie nuit à laccroifflement des enfans qui en font attaqués, mais elle peut auffr, comme on voit, opérer un effet contraire, & dans celui-ci (ce qui eft remarquable) elle avoit produit une tête gigantefque. Nous ne pouvons mieux terminer cet article que par la remarque fuivante que M. Morand a empruntée de M. de Buffon. « Il femble, dit-il, que la hauteur moyenne des hommes » étant d'environ cinq pieds, les limites ne s'étendent guère » qu'à un pied au-deflus & au-deflous , un homme de fix pieds » eft en effet un très-grand homme, & un homme de quatre » pieds eft très-petit; les Géans & les Nains qui fon. au-deffus . PV os VORSE DIET DS UE n} s1s2 87 CPI NNC ES: 71 & au-deflous de ces termes de grandeur doivent être regardés « comme des variétés individuelles & accidentelles , & non « comme des différences permanentes qui produiroient des races « conftantes. » Il n'eft donc pas étonnant que les mariages de Nains & de Naines faits par l'Éleétrice de Brandebourg & par Catherine de Médicis, n'aient donné aucune poftérité; fi quelqu'un avoit pu être fécond , il auroit peut-être produit des hommes de taille ordinaire, OBSERVATIONS ANATOMIQUES. L. N habitant de la paroifle de Trutemer près Condé-fur- Noireau, en baffle Normandie, fe trouva tout d'un coup faifi d'un froid ou friffon qui lui dura jufqu'au lendemain , il commença alors à reffentir des maux d'eflomt & une colique très-violente accompagnée de vomiflemens affreux parmi lefquels il rendoit des matières ftercorales ; il furvint le fur-lendemain une douleur très - vive à la cuiffe droite ; il y appliqua un cataplafme de farine & de vinaigre qui diffipa la douleur, & il fe crut guéri pendant trois jours; il s'en falloit cependant beaucoup : au bout de ce temps les mêmes douleurs & les mêmes accidens recommencèrent , & il parut de plus une grofleur dans laine droite ; le malade qui n'en favoit pas affez pour fentir le danger de fon état, fe contenta d'appliquer fur cette tumeur une pelotte de linge foutenue au moyen d'une ceinture de cotonnade , mais les accidens fubfiftant toujours, il appella M. Leoot, Chirurgien à T'inchebray dans le voifinage. L'examen que celui-ci fit de état du malade, lui eut bientôt fait reconnoitre une hernie avec étranglement de finteftin, il Jui repréfenta le danger de fon état fi vivement, qu'il fe rélolut à l'opération , la tumeur étant préparée par un cata- plafme aromatique, on trouva qu'il sy étoit formé une fiflule par laquelle il étoit forti plein là coquille d’un œuf de matière jaunâtre , épaiffe comme du miel & de très-mauvaife odeur ; 72 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE la fonde introduite par cette ouverture , fit voir que a plaie pénétroit du côté du ventre, & qu'il y avoit une fufée qui s'étendoit du côté des bourfes qui étoient pour lors très-œdé- mateufes ; l'ouverture faite fur la fonde donna iffue à un pus de très-mauvaife odeur, dans lequel il fe trouva deux vers de cinq à fix pouces de long, de la même efpèce que ceux qu'on rend ordinairement par les felles ; au panfement du lendemain il s'en trouva encore trois autres pareils, ce qui continua jufqu'à ce que la plaie füt prefqu'entièrement cicatrifée , en forte que le malade rendit quinze vers par la plie, & environ vingt par les felles. Il n'efl pas difficile de voir que la caufe de tout le mal avoit été une hernie avec étranglement ; les vomifie- mens flercoreux, les douleurs & le friflon que le malade avoit éprouvés ne le lui auroient que trop indiqués , s'il eût été praticien, mais il ne l'étoit pas, & il avoit donné le temps à la partie pincée de F'inteflin, de {e détruire, c'étoit Jorfque cette partie avoit ceffé d'être vivante, qu'il avoit eu le faux caime dont nous venons de parler , alors l'inteftin abcédé s’étoit ouvert, & c'étoit par cette ouverture que s'écouloient les matières qui infectoient , le pus & les vers qui pafloient de l'inteftin dans la plaie ; le traitement méthodique a fait difparoître tous les accidens , mais le malade en avoit grand befoin , & la maladie fans ce fecours auroit fürement été mortelle: ce détail eft tiré d'une lettre écrite par M, Legot à M. Tenon, I I M. Salomon Cuchet, ancien Chirurgien de vaifleau a fait voir à l Académie un fœtus monftrueux , né à Souliers en Provence. Cet enfant qui étoit venu à terme, étoit compolé de deux corps réunis intérieurement & un peu latéralement par le ventre & par la poitrine , les extrémités fupérieures & infé- rieures étant demeurées dans létat naturel. Il faut cependant en excepter la tête qui étoit unique & yifiblement formée de la jonétion de celle des deux embryons, Ïl réfulte de ce que nous venons de dire, qu'en regardant ce DE SUASAICUTE N CE ce foetus du côté de la poitrine, on voyoit qu'elle étoit formée de la moitié du fternum de un & de la moitié du flersum de l'autre. Il en réfülte encore quele bras droit & la jambe droite appartenoient à un des fœtus, & le bras gauche & la jambe gauche à l'autre, le côté droit de l'un & le côté droit de l'autre ayant été comme oblitérés par la jonction. En regardant chaque fœtus poftérieurement , ils paroïffent complets , parce que Fépine eft terminée dans chacun par la faillie occipitale qui appartient à chacun, mais ces deux occiputs en venant fe joindre pour former la boîte offeufe unique , qui contient le cerveau, forment d'un côté une face monftrueufe- ment large , qui répond à peu-près à un thorax , & qui ef accompagnée d’une oreille de chaque côté, tandis que les deux autres oreilles fe trouvent très-proches lune de l'autre dans Fangle que forment poftérieurement les faillies des deux occiputs; & le vifage, indépendamment de fon exceflive lar- geur , a encore le défaut de ne répondre à aucun des deux occiputs ni à aucun des deux thorax, mais d'être placé irrégu- lièrement à tous égards. | Cette conformation n'eft pas fi fingulière dans Fhomme qu'on n'en trouve des exemples ; M. Morand fils qui fut chargé de l'examen de ce fœtus monftrueux, en fit voir un prefque femblable , gravé & décrit dans l'ouvrage de Forrmius Licetus , de Monflris, p. 309, fous le nom de Monffrum Haffinæum. Mais elle eft encore bien moins rare dans les animaux, tels que les chiens, les chats, les cochons; & Île mème M. Morand en fit voir un de cette dernière efpèce, qui avoit beaucoup d'analogie avec celui dont nous venons de parler. M. Cuchet a dit que la mère de l'enfant qu'il avoit préfenté, étoit à peine haute de trois pieds, qu'elle fe difoit âgée de trenteans, & que M.® Imbert & de Sauvages, Profeffeurs en Médecine de FUniverfité de Montpellier, atteftoient avoir vu cette femme ayant affez de lait pour nourrir un enfant. I auroit été certainement curieux d’avoir un détail de l'état Hifl. 1764. . K 74 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE des vilcères de ce monftre, mais ceux entre les mains def- quels il eft tombé, les ont enlevés fans aucun examen , pour conferver l'extérieur dont la fingularité les a frappés. J UNIQUE : M. Tenon a fait voir des vers qu'il avoit trouvés dans les finus frontaux de plufieurs moutons attaqués de Ja maladie qu'on nomme vertige, ou en langage de berger , turelu ; ces animaux quand ils en font attaqués , tournent en rond fur eux-mêmes avec une rapidité extrême, courent & sagitent ; fi tous ceux qui font dans ce cas avoient des vers pareïls dans la même cavité, il ne feroit pas étonnant qu'ils fuflent atta- qués de cette efpèce de phrénéfie ; on fait combien la membrane qui tapifle les fmus frontaux eft fenfible, & il eft aifé de juger des douleurs exceflives que doivent y caufer les mouvemens de ces hôtes incommodes , peut-être même trouvéroit-on en ce cas quelque moyen de les faire fortir. Ra E M. Audouin de Chaïgnebrun, employé par ordre du Roi au traitement des maladies épidémiques, a fait part à l'Académie de fes réflexions fur quelques objets importans ; le premier concerne la caufe de celles qui règnent prefque tous les ans dans li Brie ; les habitans de cette province font füujets, le printemps & l'automne, à des fièvres intermittentes de toute efpèce, à des cours de ventre bilieux & dyflenteriques ; au colera-morbus , à des fièvres continues bilieufes , à des charbons; & à la fin de l'été & de l'automne on voit paroître des fièvres intermittentes & des fièvres continues rémittentes, qui, lorfqu'on s'y attend le moins, prennent un caractère de malignité qui a bientôt décidé de la vie des malades. M. de Chaïgnebrun remarque que les fièvres intermittentes devien- nent ordinairement générales & endémiques en Brie; que les habitans de cette province ne fupportent pas auffi bien la faignée que ceux des provinces voifines; qu'ils font fujets à des obftruétions, à l'afthme humide, aux hernies, aux verrues , au fcorbut , aux ulcères des jambes, aux ophtalmies où maux d'yeux , aux maux de dents, aux rhumatifmes, & les filles DES SIGNE N.C.E $ 75 aux pâles-couleurs. La caufe de ces maladies endémiques & comme naturalifées dans cette province, eft f&lon M. de Chaignebrun , la quantité d'eaux flagnantes & croupiflantes, qni reftent fix mois de l'année fur des terres très-fortes, & ne font enlevées que par lévaporation , parce qu'elles n'ont aucun écoulement ; il a même obfervé que la multitude de malades & f'intenfité des maladies varioient füivant que les différens cantons étoient plus ou moins marécageux. Les animaux mème fe fentent de cette infalubrité de Tair : il régna en 1757 , une épidémie fur les beftiaux qui y fit beaucoup de mal, & ce qui eft à remarquer, les plus grands ravages furent aux environs de la forêt de Crefiy , pays des plus marécageux de la province, mais ce qui eft affez fm- gulier, c'eft que quelques vaches & quelques chevaux y périrent du charbon , & que ceux qui les foignoient prirent la maladie: il feroit bien à defrer qu'on püt trouver des moyens d'égouter ces eaux flagnantes & fi dangereufes, & de rendre la falubrité à cette province ; mais quoiqu'il puifle en arriver, le zèle patrio- tique de M. de Chaignebrun méritera toujours des éloges. Le même M. de Chaignebrun a communiqué à lAca- démie fes obfervations fur une maladie des bêtes à laine, qui a régné près de Brie-Comte-Robert depuis le mois de Novembre 176 3 jufqu'à la fin d'Avail r 7 64 ; les bêtes qui en étoient attaquées avoient la tête lourde, elles étoient dégoû- tées, elles paroifloient avoir des tranchées, ce dont on jugeoit aux mouvemens qu'elles faifoient pour s'étendre ; les excré- mens étoient fecs, elles rendoïent dans le fort de la maladie une efpèce de mouffe par les nafeaux, peu de temps après & à l'approche de la mort, elles chanceloient für leurs pieds, battoient des flancs, & quelquefois il leur furvenoit un dévoie- ment fétide. Cette maladie emportoit communément les cinq feptièmes des bêtes qui en avoient été attaquées , tous les remèdes connus avoient été inutilement employés, bains, faignées à la queue, lavemens de petit ait, thériaque délayée dans le vin; rien n'avoit eu de fuccès: M. Gendron, Chirurgien à Sognoles , K 6 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE imagina qu’il falloit prévenir le mal par des faignées , mais plus amples que celles qu'on peut faire aux veines de la queue, qui ne donnent que très-peu de fang ; pour cet eflét il ouvrit à plus de trois cents bêtes une des jugulaires externes, ou en langage de berger, erres de devant ; ce vaifleau donna en abondance un fang noïrâtre & fec, & depuis ces faignées il n'en eft moit au- cune, quoique plufieurs puffent faire croire par leur maintien u'elles étoient attaquées de l'épidémie régnante. A cette obfervation, M. de Chaignebrun en joint une autre fur une maladie prefque mortelle, des bêtes à comes, qui leur arrive lorfqu'elles ont pris trop d’alimens; la fermenta- tion de ces alimens produit dans la panfe une fi grande quantité de vapeurs, que l'animal en eft infailliblement étouffé : pour prévenir ce mal, on avoit imaginé d'abord d'ouvrir par une longue incifion la panfe où herbière & les tégumens qui la recouvrent, pour pouvoir vider les alimens furabondans , mais on a trouvé depuis le moyen de remédier au mal plus aifément, & qu'il fufhfoit de donner une iflue immédiate aux vapeurs caufées par la fermentation ; pour cela il ne faut que plonger un biflouri jufque dans la panfe, il en fort aufitôt avec impétuofité un air infect , & l'animal eft guéri; & comme les bêtes à laine font fujettes à cette maladie comme les bêtes à comes, on pratique aufli fur elles la même opération avec un égal fuccès; la petite plaie faite à la panfe n'a rien de dangereux & fe guérit promptement. On doit regretter qu'il foit fi rare que des gens aufii éclairés que M. de Chaigne- brun, & animés du même zèle, tournent leurs regards vers Ja partie de la Médecine qui concerne la guérifon des mala- dies dont les animaux peuvent étre attaqués , ils font nécef faires à notre bien-être, & c'eft y contribuer que de travailler à les conferver. OBSERVATION BOTANIQUE. RESQUE tous les Cultivateurs connoiffent la propriété P qu'a le froment de Sinyrne de porter des épis rameux & multipliés en quelque forte ; cette propriété lui a fait même donner le nom de b/e de miracle ; étoit connu des anciens, & Pline en fait mention au chapitre X du xvir1.* livre de fon Hifloire naturelle, où il le nomme fertiliffimum tritici genus ramofum , aut quod centigranum vocant. Cette fingulière propriété avoit été jufqu'ici regardée comme particulière à l'efpèce de froment dont nous venons de parler ; il trouve cependant des épis femblables dans une efpèce de grain très- différente. M. Adanfon fe promenant un jour dans la plaine d'Ivry pendant le mois d’Août , aperçut dans une pièce d'orge, un épi de cette efpèce, on juge bien qu'il ne l'y faïffa pas, il le prit & le fit voir à l'Académie le 1.” Septembre 1764. Il n'étoit pas douteux que cet épi ne füt véritablement un épi de miracle, mais étoit-ce un pied appartenant à une efpèce d'orge inconnue , effentiellement telle, comme le froment de Smyme, ou n'étoit-ce qu'une variété produite par une plante d'orge ordinaire trop forte, & sil m'eft permis d'employer ce mot,.luxuriante; heureufement l'orge étoit müre, & M. Adanfon seft chargé d'en femer les grains, on fait que les variétés ne fe foutiennent pas conftimment, & que les efpèces produifent néceffairement leurs femblables, ce que donneront les grains de cet épi d'orge extraordinaire décidera la queftion, & M. Adanfon seft chargé de rendre compte à f Académie de cette décifion de la Nature, K ii * Voy, Hif. de P Acad. 175 8, page 63; Ÿ 1760, pr gs 78 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYyaLe CFE année parut un ouvrage de M. du Hamel, inti- tulé: De l'exploitation des bois , rc. en deux volumes in-4°. Cet ouvrage fait partie du Traité complet des bois & des forêts, entrepris par M. du Hamel ; l'Académie a déjà rendu compte dans fon hiftoire de 1758 & dans celle de 1760 * de la Phyfique des arbres & du traité des femis & plantations qui en font comme les premières fections. Les plantations d'arbres font un objet d'agrément où un objet d'utilité, les premières mêmes peuvent rentrer dans le cas des fecondes, ou par des dérangemens de fortune qui obligent les propriétaires à facrifier l'agrément qu'ils trouvoient dans leurs arbres fur pied à la néceilité qui les force à les abattre, ou par la vieilleffe des arbres qui ne permet plus de les conferver ; à l'égard des taillis & des forêts, leur defti- nation eft aflez marquée, & on n'attend communément pour les abattre que le temps auquel ces bois peuvent produire le 1 plus grand profit au propriétaire. Dans l'une & fautre de ces circonflances , rien n'eft plus important pour ceux qui ont des bois à vendre, que d’être inftruits de la manière d’en tirer le meilleur parti pofhble, fans que le marchand ou facquéreur puifle avoir jufte lieu de fe plaindre d'avoir été I, c'eft-là précilément l'objet de ouvrage de M. du Hamel , duquel nous avons à rendre compte. Cet ouvrage eft divifé en cinq livres; le bois ou corps ligneux des arbres n'eft nullement inaltérable , il eft attaqué de plufieurs maladies pendant qu'il eft vivant & menacé lorf- qu'il eft mort, d'un grand nombre d’accidens ; la pourriture & les fentes qui s'y forment font les plus à craindre, M. du Hamel examine les caufes qui les peuvent produire, il fait voir quelles fubflances entrent dans la compofition du bois, & diftingue celles qui peuvent être fufceptibles de fermen- tation, & par conféquent favorifer la deftruction du bois, de celles qui peuvent contribuer à le durcir & le conferver. II DE! SV SIC FE NtcC'E S n’en eft pas d'un arbre qu'on abat comme d’un animal qu'on égorge, celui-ci eft mort, sil m'eft permis d'employer ce terme, auflitôt qu'il eft tué, mais l'arbre abattu vit encore long-temps féparé de fa racine, & conferve fa sève qui ne s'en écoule pas comme le fang d'un animal, les boutures & les feuilles que pouffé fouvent un arbre abattu depuis plufieurs mois, en font des preuves inconteflables, ce n'eft que l'éva- poration qui le prive de cette sève, & cette évaporation eft ou lente ou rapide; M. du Hamel examine les inconvéniens de l'une & de autre, relativement aux circonftances & à l'ufage qu'on doit faire des bois. Nous difons relativement aux circonftances, car il yen a un grand nombre qui influent fur la nature de la sève & fur la qualité du bois; un arbre, par exemple, crû dans un terrain humide, eft fouvent très-différent d'un autre arbre de la même efpèce, crû dans un terrain fec & graveleux ; un arbre placé au milieu d’une forêt, eft ordinairement d’une plus belle venue que celui qui fe trouve fur les bords: les arbres d'un climat chaud, différent beaucoup des mêmes arbres qui viennent dans un climat froid ; il faut donc avoir égard à toutes ces diffé- rences fi on veut tirer tout le parti polible de ces bois & ne pas vouloir les employer à des ufages auxquels ils ne font pas propres , & M. du Hamel indique les moyens d'éviter cet inconvénient. | Les bois ne croiflent que pendant un temps, très-long à la vérité pour de certaines efpèces , pañlé ce temps ils dépé- riflent , & il arrive ordinairement que le dépériffement com- mence par l'intérieur du bois ; il eft donc néceffaire de prévenir ce temps pour les abattre, mais comment le déter- miner , il n'eft pas poffible de fixer un âge uniforme, même pour les arbres de même efpèce; du chêne taillis peut com- mencer à dépérir dès douze ou quinze ans dans certains terrains, tandis qu'il ira dans d'autres en profitant toujours jufqu'à vingt-cinq ou trente, la même chofe à lieu plus en grand pour les futaies: M. du Hamel donne les fignes auxquels on peut reconnoïtre que laccroiflement eft fini & que le dévériffement eft prèt à commencer. So HisToiIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE Non-feulement il eft néceffaire, quand on veut abattre des bois, de fe garantir des pertes phyfiques, il en eft encore d'une autre efpèce, qui pour n'être que morales n'en font ni moins réelles ni moins à craindre ; l'avidité des hommes & Jeur injuftice n'en produit que trop de ce genre, & il a fallu que des loix utiles aux vendeurs & aux acheteurs, fouvent même à l'État, puffent réprimer ces abus: il eft donc nécef- faire de connoîue ces loix pour sy foumettre & de régler fr bien les conditions de fes marchés, qu'elles ne laïflent , si fe peut, aucun moyen de les éluder ; c’eft dans cette vue que M. du Hamel donne un extrait des différentes Ordonnances qui ont été faites fur ce point & des précautions qu'on doit prendre pour que ni le vendeur ni le marchand ne foient trompés. Jufqu'ici nous n'avons parlé que des principes généraux qui fervent comme de bafe à l'ouvrage de M. du Hamel, il eft temps de les appliquer , ceft ce qu'il commence à faire dans le fecond livre qui traite des taillis ou de ces bois qui font mis en coupe réglée, & qu'on abat au-deflous de qua- rante ans; ces efpèces de bois diffèrent prodigieufement entre eux, les ofiers qui font, {elon M. du Hamel, de véritables taillis, fe coupent tous les ans, d'autres bois à peu-près de même efpèce , tous les trois ans; les châtaigners , tous les {ept ans ou tous les onze ans fi on en veut faire des cercles de cuve; enfin le chêne fe coupe depuis dix ans jufqu'à quarante, mais quel eft l'âge le plus avantageux pour Fabattre ? M. du Hamel traite cette queftion dans le plus grand détail, & ül rélulte de fes recherches que tant que les taillis profitent, ce qui varie beaucoup fuivant la nature du terrain, il y a beaucoup à gagner à ne les abattre que le plus tard qu'on pourra, on gagnera par l'augmentation de leur valeur, au moins le double de ce qu'auroit pu produire Fargent qu'on en auroit plus tôt tiré fi on les avoit mis en vente: cette règle cependant n'eft pas fi générale qu'elle n'ait des exceptions , indépendamment des circonftances où peut fe trouver le propriétaire , il faut avoir égud à fufage auquel on deftine ces bois: du châtaigner deftiné msn SIC ENT CIE SE 8x defliné à faire du cerde, y deviendroit inutile sil étoit devenu trop grand, & n'augmenteroit par conféquent pas de valeur en difiérant de le couper. La faïfon dans laquelle les taillis doivent étre abattus, varie felon la nature du bois dont ils font compolés, fuivant celle du terrain où ïls font plantés, & enfin fuivant l'ufage qu'on en veut faire, on ne peut pas abattre des aunaies dans lé temps des grandes eaux , & les arbres qu'on écorce pour Je tan , ne sabattent pas en même temps que ceux qu'on coupe avec leur écorce, ceft encore un détail dans lequel M. du Hamel eft entré; il indique tous les ufages qu'on peut faire du bois des taïllis, jufqu'à donner, à propos des ofers, une idée de Part du vannier ; il décrit de même le travail de F'abatteur, du bücheron, du fagotteur ; la manière de faire les fourches de bois , & même de difpofer les arbres à pro- duire des branches propres à cet ufage, de faire ces perches menues fi droites , deftinées à faire des manches de houfloirs & des écuyers pour les efcaliers ; il donne celle de lever l'écorce des chênes pour faire le tan & celle du tilleul pour faire des cordes à puits ; il décrit le travail du charbonnier , du cerclier; en un mot, aucuns des ufages auxquels le bois peut être employé, n'eft pañlé fous filence ; il décrit même tout le travail néceffaire aux expéditions militaires |, comme paliffades, blindes, fafcines, gabions, plates-formes, &c. mais il ne peut en même-temps s'empêcher de sélever contre le dégât inutile qui fe commet dans ces occafions, fouvent même dans les forêts du Royaume : J feroit en effet bien à defrer que ceux auxquels de pareilles expéditions font confiées, vouluffent bien fe reffouvenir que fi la néceffité de la guerre autorife à prendre les chofes néceffaires à la füreté des troupes & au fuccès d'une expédition, le déoût inutile qu'on fait, même en pays ennemi, eft un véritable vol qu'on fait à l'humanité. Les taillis ne font pas les bois les plus précieux , & leurs ufages {ont aflez bomnés; ce font les futaies qui doivent fournir les matériaux néceffaires pour tous les bâtimens de terre & de mer, pour la menuiferie & pour une infnité d'arts utiles, Hifi. 1764 » L 82 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE c'eft à cet important objet que font confacrés les trois derniers Livres de l'ouvrage de M. du Hamel. Dans le troifième, il confidère principalement l'abattage des forêts & les fignes auxquels on peut reconnoître fi les arbres fur pied font propres à la conftruction des vaifleaux, à la charpente des bâtimens ou à tout autre ufage, & pour donner au lecteur une idée de la route qu'il doit tenir pour apprécier d'avance le prix de fes coupes, il propofe les moyens de mefu- rer la hauteur des arbres, leur groffeur & leur équariflage. Les bois droits & les bois courbes ont chacun leurs avantages & leur utilité, il en eft de même des bois fans nœuds & des bois noueux ; il eft donc néceffaire lorfqu'on fe propole de faire abattre une futaie d'examiner foigneufe- ment la qualité des arbres qui la compofent & les ufages aux- quels ils peuvent être employés, pour en faire enfuite une jufte eflimation & voir comment on fe conduira dans l'exploi- tation pour en tirer tout le parti poffible. La faifon dans laquelle on doit abattre les arbres méritoit bien un examen particulier, elle a auffi donné lieu à plufieurs réflexions utiles de M. du Hamel fur les différens états où {e trouvent les arbres dans les différentes faifons de l’année: de plufieurs expériences faites pour connoître le changement de groffeur du tronc des arbres pendant l'hiver & leur poids dans les différentes parties de l'année, il réfulte que la groffeur des arbres diminue proportionnellement à 'intenfité du froid ; M. du Hamel avertit qu'on ne doit pas attribuer cette dimi- nution à une moindre quantité de sève, mais feulement à ce qu'elle eft plus condenfée ; un grand nombre d'expériences très - ingénieufes & faites avec foin, mettent ce fentiment hors - de tout doute. Rien n'eft plus religieufement obfervé par les ouvriers des forêts, que d'abattre les arbres en décours , faute de cette pré- caution le bois s'altère, felon eux , & F'aubier fe pique; cette règle fi conflante avoit bien Fair d'un refte de l'Aftrologie, cependant M. du Hamel a cru devoir au préjugé de confulter l'expérience, il a fait abattre un grand nombre d'arbres, tous DES SCIENCES. 83 pareils, les uns en décours & les autres en croiffant, & il n'y a trouvé aucune différence affez caraétérifée pour autorifer & pour motiver un choix ; la Lune a encore perdu cette portion de fon crédit: mais ce qu'il y a de fingulier, c'eft que fi on confulte le peu de variété qui s'eft trouvée dans les expé- xiences, on verra qu'elles donnent précifément le contraire de la règle fi religieufement obfervée, les petites différences obfervées entre les bois abattus en croïffant ou en décours ont toujours été à l'avantage de ceux qui avoient été abattus en croiflant. Les verts de nord & de fud produifent des changemens confidérables dans la température de l'air, & il étoit nécef- faire d'examiner jufqu'à quel point on doit y avoir égard quand on veut abattre des arbres, l'examen de M. du Hamel le conduit à approuver la méthode des bûcherons qui préfèrent d’abattre les arbres par un vent du nord; à l'égard de la faifon, été & l'hiver font à peu - près égaux, fi on excepte de ce dernier , le temps des grandes gelées , & l'ufage d’abattre ordi- nairement en hiver , n'a vraifemblablement d'autre fondement que la commodité des ouvriers qui emploient alors un temps que les autres travaux de la campagne leur laïffent libre. Quelques auteurs, au nombre defquels on compte Vitruve, avoient avancé qu'on pouvoit augmenter la dureté du bois, en mutilant quelques parties des arbres, mais ils n'en apportoient aucune preuve: l'importance de l'objet a engagé M. du Hamel à examiner les moyens employés pour produire cet effet. II rélulte de fon examen, que plufieurs de ces moyens ne doivent pas être tentés, mais que celui d’enlever toute l'écorce aux arbres & de ne les abattre que lorfqu'ils font morts, durcit confidé- rablement le bois. Les Ordonnances défendent de pivoter les arbres, c’eft-à-dire de faire une foffe au pied pour en couper les racines à rafe terre & enlever enfuite l'arbre avec fon pivot. Le but de cette loi eft de conferver les fouches ; mais fr par quelque raifon on eft dans le cas d'enlever des arbres de cette efpèce, M. du Hamel termine fon troifième Livre par la defcription de quelques Li 84 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE machines & de quelques pratiques qu'on emploie dans cette occafion. Lorfqu'une forêt eft abattue, il eft queftion d'exploiter le bois qu'elle a produit ; c’eft l'objet du quatrième Livre: mais avant que de commencer cet ouvrage , il eft néceffaire de s'affurer que le bois ne fe gercera pas de manière à rendre inutiles ou défectueufes les pièces qu'on en auroit formées, & qu'il ne s'échauffera pas : ces fentes ou gerçures font ordinairement cau- fées par le defléchement du bois, occafionné par Févaporation de la sève lorfqu'il fe fait trop inégalement : il fe préfente à ce fujet une queftion importante : Doit-on laiffer fecher le bois abattu avec fes branches &7 fon écorce ? où, pour fe fervir des termes de l'art, en grume? doit-on l'en dépouiller promptement ! Les fentimens des Praticiens étant fort partagés, M. du Hamel a eu recours à fon oracle ordinaire, Fexpérience ; elle a décidé que les bois équarris donnent lieu , toutes chofes d'ailleurs égales, à une plus prompte évaporation de la sève ; qu'au contraire les bois en grume la retiennent plus long-temps, mais qu'il y a un terme de defléchement , pañlé lequel ceux -ci perdent plus que les premiers ; & que comme une quantité de'sève trop abondante & trop long-temps retenue, pourroit conduire à la fermentation, & par-là échauffer ou même pourrir le bois, on doit équarrir ou travailler les arbres aufli-tôt qu'ils ont été abattus. Quant aux gerçures , if eft certain qu'il ne s'en feroit aucune fi la sève étoit uniformément diftribuée dans le corps de l'arbre, que l’évaporation s'en fit uniformément, & qu'enfin les parties {e prêtaflent également à la contraction qu'elles doivent éprouver, mais aucune de ces conditions n'a lieu ; le bois de là circon- férence eft fenfiblement moins dur que celui du centre: il doit donc fe deffécher plus promptement que ce dernier, & de-à naiffent néceffairement dés gerçures. L'expérience, confultée par M. du Hamel, a fait voir qu'il étoit comme impoññble de garantir abfolument le bois des fentes & des gercures, mais qu'on pouvoit faire qu'au lieu d'une grande fente, qui rendroit la pièce inutile, il sen forme une grande quantité de petites DIE SLIS CARE NC ES 8s qui ne lui font aucun tort; on peut même, fi les pièces doivent être refendues, prévenir , par une prompte refente, prefque tout cet inconvénient, Il en eft encore une autre prefqu'aufli incommode, c'eft le raccourciffement inégal des fibres longitudinales, qui fait dé- jeter, ou, comme difent les ouvriers, tourmenter le bois ; il n'eft pas toujours facile d'éviter cet inconvénient, mais M. du Hamel indique les bois qui y font le plus fujets, & les précautions qu'on peut prendre pour le diminuer. Les bois qu'on fait exploiter, contiennent des pièces propres à différens ufages, relativement aux efpèces d'arbres, à leur grofieur , à leur longueur, à leur figure où à leur qualité, quel- ques-uns {e vendent en grume, & d’autres ne peuvent fe vendre que débités. Il faut donc que le propriétaire qui en veut tirer un parti avantageux , foit très-attentif à faire de fes pièces la deftination convenable, & M. du Hamel lui donne toutes les lumières néceffaires pour bien faire ce choix. Le bois qu'on vend en grume, n'exige de la part du propriétaire que le foin de le conferver & celui de le mefurer avec exactitude. M. du Hamel lui en fournit encore les moyens. A l'égard des bois qui ne fe vendent que débités, il eff néceffaire que le propriétaire fit inftruit du détail des diffé- rens arts relatifs à cet objet, qui fe pratiquent dans les forêts, La defcription abrégée de ces arts, fait encore partie de l'Ouvrage de M. du Hamel; il y donne celle de Fart du Sabottier, de celui de faire les petits barrils de faule d’une feule pièce, de celui du Fendeur pour les échalats, les lattes, le merrein, les gournables ou chevilles de vaiffeau; il y joint tout le travail des ouvrages qu'on nomme de radlerie, dans lequel on n’emploie guère que du hêtre ; favoir , les éclifles, le bois mince à l'ufage des oaïniers, les copeaux à éclaircir le vin, Îles panneaux des {oufflets, les attelles de colliers de bête de trait, les écopes à vider l'eau des bateaux, les pelles, les bâts, les arçons de elle, les moules à fuif, les febilles, les lanternes d'écurie, &c. En un mot, il ne laifie rien à defirer fur ces différentes manières d'employer le bois, L ïï 86 HisTOoiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Jufqu'ici nous n'avons parlé que de la fabrique du bois em- ployé à de menus ouvrages, & nous n'avons rien dit de celle du bois quarré deftiné à la charpente & à la menuiferie : c'eft l'objet du cinquième & dernier Livre de Ouvrage de M. du Hamel. I y rappelle d'abord un principe établi dans les Livres pré- cédens, que le bois des vieux arbres eft moins fort au centre u'au dehors, & que le contraire a lieu dans les jeunes arbres, C'eit en partant de ce principe qu'il examine ceux qui doivent être équarris à la coignée & ceux qui doivent être refendus à la fcie, pour en faire des planches & des membrures: ce choix n'eft nullement indifférent & contribue beaucoup à la bonté des pièces, & par conféquent à la vente & au débit. On peut reconnoître à des fignes certains, f1 les pièces font de bonne qualité ou fi elles ont des défauts effentiels, comme la roulure, la cadranure , la gelivure , le bois roux ou vergeté ; M. du Hamel explique les défauts qu'on exprime par ces noms, & le moyen de les reconnoître; ce n'eft pas qu'ils rendent le bois inutile à tout, mais ils bornent fon utilité à certains ufages que M. du Hamel indique. Il airive rarement qu'on trouve des pièces d'une certaine groffeur parfaitement faines & qui durent très-long-temps , il y en avoit cependant autrefois, & les charpentes des anciens bâtimens en font foi, mais nos prédéceffeurs choififloient le meilleur bois, & nous fommes obligés de nous contenter du moins mauvais; la facilité avec laquelle on a permis aux particuliers d'abattre leurs futaies en a prefqu'entièrement dé- peuplé le Royaume, & il feroit bien à defirer qu'au moins à l'avenir on ne permit la coupe des grands arbres qu'avec connoiffance de caufe & après le plus mür examen, & jamais fans obliger de remplacer par des réferves foigneufement confervées, ce qu'on avoit permis d'abattre, fans quoi le luxe, & la néceffité qui marche toujours à fa fuite, auront bien tôt achevé de détruire le peu de bois de charpente & de conftruction qui nous refle, Tout ce qu'on peut faire dans l'état où font les chofes, c'eft DES SCIENCES 87 d'examiner foigneufement es pièces qu'on emploie ; fonder avec la tarrière ou le cifeau les nœuds fufpeéts & les ma- Jandres, de fcier le bout des pièces pour examiner leur intérieur , & enfin de parer à l’herminette les endroîts fuoupçonnés, on évitera par ces moyens les fautes les plus dangereufes. Le toifé des bois eft très-différent de celui de la pierre & des autres matériaux, il a fes principes & fes rèoles à part : M. du Hamel ne les laifle pas ignorer à fes lecteurs, & c’eft par où il termine fon cinquième Livre ; ce qui concerne le tranfport des bois eft renvoyé à un autre ouvrage duquel nous rendrons compte en fon lieu. | Telle eft, mais fort en raccourci , la fubftance de celui-ci, c'eft une collection précieufe des procédés de plufieurs arts, très-diftinguée des autres ouvrages de ce genre, tant par la quantité d'expériences qui établiffent les préceptes, que par les applications continuelles de ces préceptes à des objets utiles & intéreffans. —— Mi} DUT 88 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE cocon NEGERBRE: SUR LE DEGRÉ DES ÉQUATIONS RÉSULTANTES DE L'ÉVANOUISSEMENT DES INCONNUES. V.les Méme qi ceux qui font, même lévèrement, inflruits des p-256: opérations algébriques, favent que pour chaffer, ou en termes de fart, éliminer une inconnue qui fe trouve dans une équation, on tâche à l'exprimer en termes ou fymboles des autres membres de l'équation , & qu'on parvient par ce moyen à obtenir une nouvelle équation dans laquelle lin- connue en queftion eft abfolument éliminée, c'efl-à-dire, ne paroït plus. La néceffité de cette opération a été fi bien reconnue que les plus grands Géomètres ont fenti la néceffité d’avoir des méthodes générales pour y réuflir plus facilement, M. Newton eft le premier qui en ait donné; ces méthodes s'appliquent avec fuccès à un certain nombre d'exemples choifis, mais dès que le degré de l'équation eft un peu élevé, les équations auxquelles elles conduifent contiennent bien, à la vérité, les racines véritables de la première, mais elles y font confondues avec d'autant plus de racines inutiles que le nombre de ces équations & eur degré deviennent plus grands, d'où il réfulte une nouvelle difficulté, celle d'écarter ces racines inutiles, & un travail capable de rebuter les plus laborieux calculateurs. Cet inconvénient des méthodes d'élimination n’avoit pas échappé à M.° Euler & Cramer, l'un & l'autre de ces favans Analyftes y ont travaillé, mais leurs méthodes beaucoup plus faciles que celle de M. Newton, ne pouvoient avoir lieu que dans MES SIC IE NC 6 89 dans le cas où il ne fe trouveroit que deux équations & deux inconnues, elles exigent par conféquent de comparer les équa- tions deux à deux, & il en réfulte néceffairement des équa- tions d'un degré beaucoup plus élevé qu'il n'eft néceffaire ; en forte que fi, par exemple, on avoit trois équations du 3.° degré, defquelles il fallut éliminer les inconnues , l'équation fmale qui rélulteroit de la méthode de M. Euler & Cramer {e trouveroit du 8 1. degré, tandis qu'elle ne doit pas pañler le 49°. J1 eft donc bien néceffaire d’avoir des méthodes d’élimina- tion, füres & exemptes de tous ces embarras ; on en fera aifément convaincu fr on veut faire la réflexion fuivante. Tant qu'on n'aura que deux équations & deux inconnues ; on parviendra par quelque méthode d'élimination que ce puifle être à une équation qui, fi elle eft plus élevée qu'elle ne doit être , aura un divifeur ; & quoique le travail néceffaire pour trouver ce divifeur , puiffé être immenfe & rebutant, on pourra cependant toujours le trouver; mais fi lon a plus de deux équations, ce ne fera plus la même chofe, il faudra les com- parer deux à deux, & quand on ne feroit monter chaque équation réultante de l'évanouiffement d'une inconnue qu’au degré précis où elle doit monter, aucune n'aura de divifeur, ce ne pourroit être qu'en les comparant enfemble qu'on obtint une équation qui eùt en effet un divifeur, mais cette équation ne fe trouvera prefque que par hafard; on peut donc afurer que dans tous les cas où l'on a plus de deux équations, on na aucune méthode certaine pour conduire l'équation finale direc- tement au degré qu'elle ne doit pas pañfer , ni pour déterminer quel doit être ce degré. C'eft-li le but que seft propolé M. Bezout dans ce Mé- moire ; il y réduit le travail de l'élimination, fi compliqué dans les autres méthodes, à la fimple élimination d’incon- nues du 1.” degré: il n'y a pas encore bien long-temps qu'on a une méthode pour trouver la valeur des inconnues des équations du 1.” degré d'une manière fimple , & fans qu'elles foient compliquées de quelque faéteur évanger & Hft, 1704 ; 90 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE inutile, mais quand ces équations ont toute la généralité dont elles font fufceptibles, les méthodes ordinaires les donnent fous une forme bien plus compliquée qu'elles ne doivent être réellement. La méthode de M. Bezout, au contraire, n'exige prefque d'un calculateur un peu exercé, que la feule attention d'écrire des lettres: on fera peut-être furpris de voir qu'il y comprenne les équations à deux inconnues, déjà traitées par M.° Euler & Cramer, mais on ceffera de s'en étonner fi on fait réflexion que ces équations rentrent dans la méthode générale propo- fée par M. Bezout; que Fenfemble de tout l'ouvrage en devient plus clair & plus Jumineux ; & qu'enfin l'élimination étant une opération fouvent très-longue & très-difficile, on ne fauroit trop multiplier les méthodes qui peuvent la faciliter. La méthode propolée par M. Bezout, prend la queftion dans la plus grande généralité, on y eft conduit prefque de corollaire en corollaire, uñe propofition fondamentale enfeigne à trouver, au moyen d'un petit nombre de permutations, & par un calcul très-fimple, les équations qui doivent fervir de formules pour l'élimination des inconnues d'un nombre quel- conque d'équations ee qu'on nomme équations de condition , & même à les réduire fous une forme qui facilite la fubfli- tution qu'il faut faire des termes récls de l'équation à ceux de la formule; une feconde propofition préfente une propriété des progreffions formées par l'addition répétée d'une même quan- tité à des quantités données , il fe trouve qu'en les arrangeant d'une certaine manière, les bandes qui en réfultent forment toutes la même fomme. Ces deux propofitions font la bafe de tout l'ouvrage de M. Bezout, le furplus en eft l'application aux différens cas néceflaires : il commence par li recherche de la plus haute dimenfion de l'équation fmale réfultante de l'évanouiffement des inconnues dans les équations de plufieurs degrés; on voit aife- ment que le nombre des inconnues doit entrer dans cette recherche; aufli M. Bezout examine-t-il d’abord les équations à deux inconnues, enfuite celles à trois, à quaue & à cinq, DE SALUE NL CE CL: & parvient dans tous les cas à déterminer exactement le deoré des équations qui naiffent de l'évanouiflement de ces inconnues : mais malpré l'avantage des règles générales, elles ont prefque toujours l'inconvénient d'être en certains cas plus longues & moins expéditives que les règles particulières qui ne font applicables qu'à ces cas; M. Bezout n'oublie pas de faire mention de ces dernières toutes les fois que l'occafion sen préfente , il fait voir les cas où elles font applicables, & ceux qui exigent qu'on fuive la règle générale: on ne trouve pas toujours des fentiers qui abrègent le chemin ; & dans ce cas, il faut fuivre les grandes routes. M. Bezout procède enfin à l'élimination proprement dite, en employant la méthode qu'il vient d'établir, & il parvient à des formules générales appli- cables aux équations dont on voudra chafler les inconnues ; mais il ne {e diffimule pas qu'en fe fervant de ces formules dans de certains cas, on perd une partie de l'avantage qu'elles procurent, en ce qu'elles obligent d'employer un grand nombre de termes inutiles, & il donne pour ces cas, des abrégés de calculs qui en diminuent prodigieufement la longueur fans rien perdre de Fexaétitude. Nous aurions bien defiré de pou- voir fuivre M. Bezout dans le détail de fes opérations & dans la manière fine & élégante avec laquelle il manie le calcul, mais malheureufement fAlsèbre eft le plus grand raccourci fous lequel on puifle préfenter des raifonnemens, & nous n'avons pu donner ici que l'efprit de fes méthodes. M. Bezout les regarde encore au refle comme fufceptibles de perfection , il ne perd pas ce point de vue, ïl indique même comment la combinaifon d'équations qu'il emploie peut fervir à des recherches d'une autre efpèce, comme, par exemple, à celle du plus grand divifeur commun de plufieurs quantités complexes; mais tout ceci demande de nouvelles recherches, & doit faire le fujet de plufieurs autres Ouvrages : l'importance de la matière & la manière dont celui-ci eft traité, doivent faire defirer de les voir paroître. M ÿ * Voy, Hif, de l'Acad, 1761, page 86, * Voy, Hifl, de l'Acad, 1756, Page I 120, 22 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE GÉOMÉTRIE. + ETTE année parut le troifième volume des Opufcules Mathématiques de M. d’'Alembeït. Nous avons rendu compte en 1761 * des deux premiers volumes de ce Recueil: celui-ci n'eft pas, comme les deux premiers , un recueil de plufieurs Mémoires fur différens fujets, il eft entièrement confacré à un feul & unique objet. Cette objet eft la perfection des lunettes achromatiques ou fans couleur. Nous ne répèterons point ici ce que nous avons dit des principes fur Jefquels cette belle découverte eft fondée, & que nous avons expolés en 1756: nous prions le Lecteur de vouloir bien fe {es rappeler. Cette matière a déjà été traitée avec fuccès par plufieurs habiles Géomètres, mais il s’en faut beaucoup qu'elle ne foit épuifée, & M. d’Alembert sel prin- cipalement attaché aux points qui lui ont paru n'avoir pas été traités, ou ne favoir pas été affez exactement. Les verres qu'on emploie dans les lunettes, caufent, comme on fait, & comme nous l'avons dit, aux rayons deux fortes d'aberration : la première, qui vient de la figure fphérique du verre, qui ne raffemble pas dans un même point tous les rayons tombans parallèles fur fa furface, & qu'on nomme par cette raifon , aberration de fphéricité ; & Yautre, qui vient de l'inégale réfrangibilité des rayons de différentes couleurs , qui formeroient toujours différens foyers & une couronne colorée, quand il n'y auroit aucune aberration de fphéricité : celle-ci fe nomme aer- ration de réfrangibilité. L'art de confruire les lunettes achromatiques ou fans cou- leur , confifle donc à détruire, autant qu'il ft poñlible, ces deux efpèces d'aberrations , pour pouvoir donner de plus grandes ouvertures aux objectifs, employer des oculaires plus forts, & diminuer par ce moyen la longueur des lunettes, en leur con- fervant leur force & leur clarté, DES SCtENCESs. 93 II n'eft peut-être jamais poflible de détruire à la fois totale- ment les deux aberrations , fouvent la courbure des verres, néceffaire pour anéantir l'une, caufe une augmentation à l'autre : une des premières recherches de M. d’Alembert, eft donc de diminuer aberration de réfrangibilité, celle qui produit {es couleurs, en raïfon donnée, & il réfout cette queition pour trois efpèces différentes de lentilles compolées; la vraie folu- tion de ce problème eft de fi grande importance, que fi on abufoit de la liberté de donner aux indéterminées qu'il ren- ferme des valeurs abfolument à volonté, on ne pourroit, en certains cas, parvenir au but qu'on { propole, de détruire J'aberration de réfrangibilité. L'épaifleur des lentilles n’eft rien moins qu'indifférente; elle influe beaucoup fur laberration , & M. d’Alembert enfeigne à déterminer les foyers, eu égard à cette épaïffeur : il examine même à cette occafion ce qui doit fe pafler dans l'œil, qui, comme on fait, eft compolé de plufieurs milieux inégalement réfringens, & il prouve qu'il n'eft nullement néceffaire, pour rendre la vifion parfaite, que les aberrations des images tracées au fond de l'œil foient ablolument nulles. e La proportion qui doit être entre les foyers abfolus de Fobjec- tif & de l’oculaire, 1a diflance à laquelle ils doivent être placés & les ouvertures des lunettes, font certainement des points bien effentiels pour la perfection de ces inftrumens. I eft cependant fingulier de voir combien les Opticiens font peu d'accord fur ce chapitre : M. d’Alembert n'a rien oublié pour porter la lu- mière dela Géométrie fur un objet fi intéreffant, & nous pouvons affurer que c’eft une des principales puties de fon Ouvrage ; il y fixe pour toujours ces proportions fi néceffaires, & fait voir combien les théories données jufqu'ici pour fes déterminer étoient imparfaites. Lorfque par fa courbure donnée aux lentilles qui compolent les objectifs, on eft parvenu à détruire la plus grande partie de l'aberration, il en refte encore une petite partie que f'art n'a pu jufqu'ici faire entièrement difparoître, M. d’ Alembert enfeigne au moins à la diminuer aflez pour qu'elle cefle d'être nuifible, M ij 04 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE C'eft prefque avoir réfolu le problème dans fon entier que dé lavoir réduit à ces termes. Les lunettes achromatiques ordinaires ont leurs objectifs compolés de plufieurs lentilles de matières différemment réfrin- gentes: les recherches de M. d'Alembeit Font conduit à une autre efpèce de lunettes qui a un objectif & un oculaire, chacun d'une feule pièce, mais qui font tous deux de matières difté- remment réfringentes. Les formules en font fort fimples, & ces lunettes, exemptes de l'aberration de réfrangibilité, pourroient être d'un ufage commode dans bien des occafions. Rien n'eft peut-être plus effentiel dans une recherche de cette nature, que de déterminer avec la plus grande précifion la proportion de la réfrangibilité entre les différentes couleurs : M. d'Alembert n’a pas oublié cette partie fi néceffaire ; if donne les formules les plus générales , & qui n'étant aflujetties à aucune hypothèle, fournifient les moyens de déterminer ces propor- tions par expérience, foit au moyen des prifmes , foit au moyen des lentilles, & il fait voir dans cet article que les raifonnemens par lefquels on avoit prétendu attaquer la loï de réfraction , imaginée ou fuppolée par M. Newton, étoient abfolument in- fufifans, & que l'expérience feule en a pu démontrer le peu d'exactitude. L'Ouvrage de M. d’Alembert, duquel nous venons de “parler, eft bien propre à procurer de nouveaux degrés de per- feétion à l'art de conftruire les lunettes achromatiques , mais il ne regarde pas ces recherches comme terminées : Fart eft fufceptible encore de nouveaux degrés de perfection , & M. d'Alembert croit qu'il en recevra, tant par les travaux des Géomètres que par ceux des Artifles: il annonce même que M. Zeiïher, favant Phyficien de Péterfbourg, eft déjà parvenu, par fes recherches, à trouver une matière très-belle, & dont la réfringence eft beaucoup plus différente de celle du verre or dinaire, que ne l'eft celle du fnr-glaff ou criftal d'Angleterre. L'étendue de ces recherches de M. d'Alembert, ne lui a pas permis d'inférer dans ce Volume plufieurs Mémoires qu'il y avoit deflinés & qu'il annonce au Public dans fa Préface: D EF SUSLCMENN CE S: 05 ces Mémoires font au nombre de neuf, & doivent faire partie du Volume fuivant ; mais en attendant que nous ayons occafion d'en parler, nous avons cru que le Public verroit ici avec plaifir les fujets qui doivent y être traités. Le premier a pour objet des réflexions nouvelles fur les cordes fonores, pour appuyer l'opinion que M. d'Alembert avoit établie dans le premier Mémoire de fes Opulcules, & pour répondre aux objeétions qui lui avoient été faites fur ce fujet. Le fécond contient des Recherches fur les loix du mouve- ment des fluides; elles ont pour but de confirmer ce que l'Au- teur avoit avancé dans fon premier Volume, Aém. 1, que fouvent la détermination de ces loix doit fe refufer au Calcul analytique : ce Mémoire contiendra même des paradoxes géo- métriques encore plus finguliers. Le troifième fera compolé de réflexions far l'application du Calcul des probabilités à lnoculation de la petite vérole, ten- dantes à confirmer ce que M. d’Alembert en avoit dit dans le onzième Mémoire du Zome 11 de fes Opufcules. Le quatrième eft encore deftiné à des Recherches fur l& probabilité, mais prife en général, & tend aufli à confumer ce qu'il en avoit précédemment dit dans fon dixième Mémoire : M. d’Alembert y traite-principalement cette queflion: Si es Kègles mathématiques de la Probabilité doivent s'appliquer fans modification ni reffriéfion aux événemens phyfiques, © fi dans ce cas elles ne feroient pas en défaut dans plufieurs circonflances ? IL £ propole d'y faire voir que de très-grands Géomètres qui paroïflent fort éloignés de fon opinion , lui fourniffent , fans le favoir, par leurs Ouvrages mêmes de quoi l'appuyer. Dans le cinquième, il entreprend de déterminer le mouve- ment d'un corps de figure quelconque, follicité par des forces quelconques. Le fixième eft employé à des folutions de différens pro- / blèmes de Calcul intégral, dont quelques-unes font communes à M. d'Alembert & à M. Euler, quoiqu'ils y foient arrivés par des voies différentes. Le feptième contient de nouvelles Réflexions {ur e problème 96 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE des trois Corps, & fur Fufage qu'on en peut faire par rapport à certaines circonftances du mouvement des Planètes, Le huitième a pour objet la Recherche des loix particulières de certaines altérations que les planètes & les comètes peuvent éprouver dans leurs mouvemens. Enfin le neuvième & dernier recherche les moyens de rendre plus exaétes les Tables de la Lune de feu M. Mayer: M. d’Alembert avoit d'abord commencé ce travail pour la per- fection de {es propres Tables ; mais ayant appris que M. Mayer avoit laiflé en mourant des Tables qui s’éloignoient à peine du Ciel d'une feule minuté, il a borné fon travail à les perfectionner. Quoiqu'on foit parvenu dans ces derniers temps à détermi- ner les inégalités des mouvemens de la Lune beaucoup plus exactement qu'on n'avoit encore fait, il ne faut pas croire que la théorie de cette planète foit parfaite & ne laïffe plus rien à defirer: tous les Géomètres doivent donc s'appliquer à donner à cette théorie fr intéreffante toute la perfection dont elle eft fufceptible. Tels font les objets des Mémoires qui doivent entrer dans le quatrième Volume des Opufcules de M. d'Alembert ; ils font affez intéreffans pour en faire defirer la publication. ETTE même année parut le premier Volume d'un Cours de Marhématique de M. Bezout , à l'ufage des Gardes du Pavillon & de la Marine. Les Mathématiques font la bafe de fa Phyfique & de prefque toites les Sciences & tous les Arts; il n'en eft qu'un bien petit nombre, & peut-être n'y en a-t-il aucun, qui n'en tire quelque fecours, mais chaque Art ou chaque Science en parti- culier n'a pas befoin de toutes les Mathématiques : l Aftronomie, par exemple, exige une parfaite connoiffance de la Trigono- métrie fphérique, qui feroit abfolument inutile à un Architecte, I eft donc utile, & même néceffaire, qu'il y ait des Cours de Mathématique compolés dans cette vue, qui, en contenant les DES SECYPENÉ Es les notions générales communes à toutes les parties de Mathé- matiques mixtes, foient pour le refte particulièrement dirigés vers objet qu'on a principalement en vue, ne furchargent point Lefprit des Commençans de propofitions qui eur deviendioïent inutiles, & ne leur faffent pas employer mal -à - propos, dans une théorie peu néceffaire, un temps qu'ils doivent donner à l'application des préceptes effentiels. L'art de la Navigation eft certainement un de ceux qui exige le plus de connoiffances mathématiques, mais il ne les demande pas toutes; & il eft plus néceffaire dans cet Art que dans tout autre, que les j jeunes Officiers qui s'y deftinent, com- mencent de He heure à fervir à la mer. C'Eft dans cette vue que M. le Duc de Choïfeul a au qu if étoit du bien du fervice qu'il y eût un Cours de Mathé- matique , deftiné principalement à à l'inftruétion des Gardes du Pavillon & de la Marine, qui comprit tout ce qui leur étoit néceffaire & rien de ce qui feroit au-delà, & qu'il a chargé M. Bezout, nommé par le Roi Examinateur de ces Officiers, de le compoler. Ce Cours doit être divifé en quatre parties, l'Arithmétique, la Géométrie, l'Aluèbre & fon application à la Géométrie, & enfin la Statique & le mouvement, avec quelques propo- fions d'Hydroflatique & d'Hydraulique. La première partie de ce Cours , qui a paru cette année; contient lArithmétique : M. Bezout s'eft fur-tout attaché à expoler toutes les règles de cette Science avec la plus grande netteté, quoique dans un aflez petit efpace. Les propofitions Mathématiques peuvent être démontrées de plus d'une manière, & cependant la véritable manière de les démontrer & de les déduire les unes des autres, n'eft nul- lement indifférente & peut beaucoup contribuer à la netteté de Ouvrage & à en faciliter l'intelligence: auffi M. Bezout at-il fouvent traité ces objets d’une façon qui lui eft abfolument propre & qui les rend d'une fimplicité étonnante. Nous pour- rions en citer plufieurs exemples, mais nous nous bornerons à rappeler ce qu'il dit des racines quarrées & cubiques, & des Hif. 1764. À 98 HisTOiRE DE L'ACADÉMIE Royare différentes règles de Trois & de Compagnie, fa démonftration de légalité du produit où de la fomme des extrêmes & des moyens dans les proportions Géométriques ou Arithmétiques. Ces füjets tant de fois traités, deviennent, par la manière dont il Les offre, abfolument neufs & de la plus lumineufe fimplicité. Nous pouvons mettre au même rang ce qu'il dit fur la Multi- plication , fur la Divifion & fur la nature des unités dans le multiplicande, le multiplicateur & le produit, ainfi que dans le dividende, le divifeur & le quotient : les fractions ou nombres rompus & moindres que l'unité, ont, pour ainfi dire, leur Arithmétique à part; elle n'eft traitée dans le Livre de M. Bezout ni avec moins de précifion ni moins de netteté. Les véritables idées métaphyfiques des nombres & de leurs pro- priétés , que l'Auteur seft fur -tout appliqué à faifr, font la véritable fource de la netteté quiwègne dans cette partie, or- dinairement fr compliquée: il a porté la même méthode & la même lumière dans le calcul des nombres complexes ou qui expriment des quantités d'efpèces différentes; & quoique dans” -cet ouvrage il ne foit pas expreffément parlé du toifé, cepen- dant les règles qu'il donne pour le calcul des nombres com- lexes en renferment toute la théorie & tous les principes. Les logarithmes , cette admirable invention du Baron de Neper, qui réduit en addition toutes les multiplications , & en fouftraétions toutes les divifions, avoient trop de rapport à Tobjet de M. Bezout , & étoient trop néceflaires à la Marine pour être négligés dans fon ouvrage, il en expofe la nature, la formation & toute la théorie; il y donne l'ufage des tables qu'on à faites de ces nombres & Îles moyens d'étendre dans le befoin les fecours qu'on peut tirer de ces tables. Les exemples que M. Bezout eft obligé de joindre à fes préceptes, font prefque par-tout tirés de la Navigation même, c'eft un commencement de pratique que les Élèves acquièrent par ce moyen, prefque fans s'en apercevoir. Nous ne pouvons paffer fous filence, qu'en faveur de ceux qu'une pénétration plus grande porteroit à vouloir aller un peu plus loin que le néceffaire abfolu , il à joint aux propofitions D Es Sc 4 E NücE s 99 indifpenfables d'autres vérités, mo'ns néceflaires, mais utiles en elles-mêmes, & celles-ci font diflinguées des autres par une marque paiticulière , pour qu'on puifle les pafler fi lon veut, & larrangement du livre eft fait avec tant d'art que cette fouftraétion n'interrompt en aucune manière le fil & la fuite des raifonnemens fi néceffaire dans un livre de .cette nature : YAuteur paroït dans cet Ouvrage ne s'être jamais écarté du but qu'il avoit en vue, qui étoit de faciliter à fes Elèves une étude néceffaire à leur état & de les mettre à portée de puifer dans les excellens ouvrages qui ont été écrits fur Ja Navigation, les lumières méceffaires pour éclairer la pratique & ne fe pas affujettir à fuivre {érvilement une routine toujours aveugle & très -fouvent dangereufe. N ÿ V. les Mém. P. 3 90. 100 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Me NE NE SE SE NE NE Ne NU NE JE SE NE ME SE D AE DE AR AE A NPD DE ONE AE ASTRONOMIE. MUR LES TABLES DU SO LEE ET SUR LES OBSERVATIONS DE LA LUNE FUBLIÉES PAR M L'ABBÉ DE LA CAILLE. + . L eft certainement permis à un Aftronome qui conftruit des Tables des mouvemens céleftes , de s'écarter des élémens qu'ont donnés ceux qui font précédé dans ce travail, dès que les Oblfervations lui indiquent la néceffité de ce changement : mais ces changemens indiqués par les Obfervations, dépendent du degré d'exaétitude de ces dernières, & ce feroit fe tromper volontairement que de leur en fuppofer un duquel elles ne font pas fulceptibles, &c d'en tirer par ce moyen des condufions qui ne pourroient être juftes que par hafard ; il n'eft cependant pas ailé de faire exactement cette évaluation, fur-tout s'il eft queftion de quantités très-petites, & les plus grands Aftro- nomes s'y peuvent eux-mêmes tromper facilement & s'écarter par ce moyen, mal-à-propos, des élémens déterminés par ceux qui les ont précédés. C'étoit précifément ce qui étoit arrivé à feu M. l'abbé de la Caille, dans les Tables du Soleil qu'il publia en 1758, il avoit avancé de 1 1 fecondes l'époque des moyens mouve- mens & diminué de 20 fecondes la plus grande équation ; ces changemens furprirent d'autant plus M. de Thury, qu'après le plus exact examen des Tables de M. {on père, qu'il avoit pu faire, il n’y avoit trouvé d'autre changement à faire que d'avancer de 1 $ minutes le lieu de l'aphélie; il entreprit donc d'examiner les fondemens fur lefquels étoient appuyés les chan- gemens que M. Fabbé de la Caïlle avoit cru devoir faire aux élémens de la théorie du Soleil, déterminés par M. Caïfini. I Bi si: S,GIL'E N:C:E & IOI IL trouva qu'en calculant avec précifion les Obfervations qui fervoient de bafe au changement qu'il avoit fait dans 'é- poque , il fe trouvoit une variation de 15 fecondes entre les afcenfions droites que ces différentes Obfervations donnoient à la Claire de la Lyre qui avoit fervi de point de comparai- fon à M. l'abbé de la Caïlle; ïl ne faut pas même trop sen étonner, une feule feconde d'erreur dans le temps du paflage d'un aftre, produit néceflairement 1 $ fecondes d'erreur dans la détermination de Fafcenfion droite, & qui peut fe répondre que dans plufieurs obfervations de la même étoile il n'y en ait pas deux qui puiflent différer entre elles d’une feule feconde? La diminution de 20 fecondes faite fur la plus grande équa- tion, n'a pas paru à M. de Thury , établie fur des fondemens plus folides : M. abbé de la Caille a varié lui-même fur cet article , il n'avoit d'abord fait cette diminution que de 15 fecondes, & ce n'a été qu'à fon retour du Cap qu'il la donnée différente de 20 fecondes, de celle que feu M. Caffini & M. le Monnier ont établies. Mais M. l'abbé de ka Caiïlle n'auroit-il pas un peu trop compté fur l'exactitude de {es obfervations , c'étoit ce qu'on ne pouvoit apprendre que d'un examen exact & réfléchi; M. de Thury à entrepris cet examen, & la comparaifon qu'il en a faite, tant entre elles qu'avec des obférvations exemptes de tout foupçon d'erreur, lui a fait voir qu'il s'y trouvoit plufieurs différences qui pouvoient ab{orber & au-delà, les chan- gemens que M. abbé de Ra Caille avoit jugé à propos de faire aux tables; cela même eft affez naturel, la difpofition des yeux, le plus ou moins de netteté de l'air & mille autres circonftances introduifent des variétés dans le contact de l'aftre avec le fil de la lunette, & dans l'eftime qu'on fait de la hauteur ou du pañlage de cet aftre, le froid & le chaud, le fc & l'humide qui agiflent plus où moins fur la pendule, peuvent de même y en introduire. La méthode qu'avoit fuivie M. l'abbé de Ia Caille pouvoit auffr influer beaucoup fur l'exactitude de fes opérations, il avoit prefque par-tout déduit d'un grand nombre d'obfervations de N iï 102 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE hauteurs correfpondantes, fes paflages par le méridien , au lieu de les prendre immédiatement à un mural ou par le moyert d'un inftrument des paflages; qui ne voit que par ce moyen on rend lexaétitude de la détermination dépendante de celle d'un grand nombre d'opérations très-délicates & fufceptibles chacune d’une petite erreur ; que fera-ce f1 toutes ces erreurs, comme il eft poflible, viennent à saccumuler en fe trouvant . du même fens? . M. de Thury trouve encore un autre foupçon d'erreur dans les Obfervations de M. l'abbé de la Caille; cet Aflronome a publié dans {on livre intitulé, Affronomiæ fundamenta, a polition des principales étoiles, ces mêmes étoiles avoient été {oigneufement obfervées par M. de Thury, & la différence qui { trouvoit entre {es déterminations & celles de M. l'abbé de la Caïlle fui a fait foupçonner, comme avoit fait de fon côté M. Bradley, que les réfraétions qu'il avoit données étoient trop grandes pour les mêmes hauteurs, & que de plus il yÿ avoit une erreur de 10 ou 15 fécondes dans la divifion de fon inftrument. La feconde partie du Mémoire de M. de Thury, roule abfolument {ur l'examen des Oblervations de la Lune. M. l'abbé de la Caïlle avoit avancé dans fes Ephémérides, que les Géo- mètres qui travailloient à la théorie de la Lune fe plaignoient de n’en trouver aucune à laquelle ils puflent comparer les réfultats de leur théorie, & cela fans faire aucune mention de celles que M. de Thury avoit publiées dans les additions aux ‘Tables de M. fon père: les obfervations rapportées dans ces Éphémérides par M. Fabbé de Ja Caïlle, l'ont mis à portée de les examiner, il en examine environ une douzaine qu'il compare aux plus exaétes qui aient été faites à lObfervatoire, & dans lefquelles, ainfi que dans les réfultats qui en font tirés, il seft yliflé quelques erreurs: mais pour fe mieux juflifier de l'efpèce de reproche tacite que lui avoit fait M. l'abbé de a Caille , il donne à la fm de ce Mémoire foixante-deux Obfer- vations de la Lune , avec la longitude & la latitude de cet aftre, Do qui en font déduites, comparées à celles qu'on tire des tables dé DES SCIENCES. 103 M. Mayër. I feroit à defer que l'exemple de M. de Thury pôt engager tous fes Aftronomes à publier les leurs , ou que du moins, fi cet exemple ne leur paroifloit pas un motif fufhfant, quelque circonftance pût les y déterminer; fes Géomètres ne fe plandroïent plus de manquer de termes de comparaifon pour le réfultat de leurs calculs: à cette fuite d’obfervations, M. de Thury ajoute le catalogue des Etoiles de la première grandeur , avec leur afcenfion droite & leur déclinaifon pour le commencement de 1764, le tout tiré des obfervations faites au quart-de-cercle mural, de 6 pieds de rayon, qui eft à FOb- fervatoire, & la hauteur du pôle de FObfervatoire qu'il déter- mine de 484 50 16", différente feulement d’une feconde de celle qu'avoit donné M. Ie Monnier dans fon Hifoire célefte. On auroit prefque lieu d’être fâché que M. l'abbé de la Caille n’eût pas mis M. de Thury dans le cas de défendre les tables de M. {on père & {es propres obfervations ; c’eft une efpèce de fervice qu'il rend au public après fa mort. SUR LA PARALLAXE DE LA LUNE dans la fuppofirion de l'aplaiffement de la Terre. N entend ordinairement par Parallaxe, l'angle que forment au centre d’un aftre, par exemple de la Lune , deux lignes partant l'une du centre de la Terre & l'autre du point de fa furface où on fuppofe l'Obfervateur ; il réfulte de cette fuppofition , premièrement que ces deux lignes partant des deux ‘extrémités d'un rayon terreftre, forment avec ce rayon un triangle dont on connoît un côté qui eft ce rayon, & deux angles, & que par conféquent on peut aïifément le réfoudre & obtenir la diftance de l'aftre ; fecondement, que l'angle que forment ces deux lignes au centre de la Lune, & qui eft à proprement parler la Parallaxe , eft toujours égal à l'angle fous lequel ce rayon de la Terre feroit vu de a Lune s'il y avoit un Obfervateur qui ly mefurät, d'où il fuit encore qu'à mefure que la Lune sélève, cet angle diminue, parce que la Lune V. les Mém, p. 362. * Foy, Hiff, de l'Acad, 1734, pags 59 À les Mëm, page 1. 104 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE voit le rayon terreftre de plus en plus obliquement jufque-à u'au zénith il devient abfolument nul, les deux lignes qui partent de la furface & du centre fe confondant en une feule, & enfin que la parallaxe horizontale, qui eft la plus grande de toutes, étant connue, on en peut aifément déduire celle qui convient à chaque hauteur. Mais cette fimplicité ne füubfifte que tant qu'on fuppofera a Terre fphérique; alors tous les rayons de la Terre feront égaux & partiront du centre: mais fr on rend à là Terre fa véritable figure, le calcul des parallaxes fe complique & perd fa fimplicité. Il en rélulte en effet que les rayons terreflres deve- nant inégaux , il faudra autant de Tables de parallaxes que de latitudes , & que de plus elles feront bien plus difficiles à conf- truire. Effayons de faire fentir les raifons de cette difficulté La Terre étant fuppofée fphérique, tous les rayons perpen- diculaires à fa fnface vont fe réunir au centre; mais fi au contraire on la fuppofe aplatie, ils iront rencontrer l'axe en différens points, & pour lors le triangle parallactique n'aura plus pour bafe le feul rayon de la Terre, mais ce rayon plus une certaine quantité, & comme la courbure du méridien n’eft pas alors uniforme, cette quantité variera à chaque latitude différente, & par conféquent il faudra la déterminer pour chaque endroit donné. Le premier qui ait penfé à la différence qui fe trouve entré les parallaxes déduites de la fuppofñition de la Terre fphérique, & celles que doit donner la figure de la Terre aplatie, a été M. Manfredi ; mais comme la figure de la Terre n'étoit pas alors déterminée, il prit précifément l'inverfe du problème; & dans un Mémoire qu'il donna en 1734 à l'Académie *, il effaya de déduire la différence des rayons terreftres, & par conféquent la figure du globe par lobfervation des parallaxes de la Lune, moyen très-ingénieux par lui-même, mais que les déterminations exaétes qui ont été faites depuis de cet im- portant élément, ont rendu inutile. M. de Maupertuis, & depuis lui plufieurs autres Mathéma- ticiens, font partis de la figure de la Terre déterminée pour r trouver DE S “S°C I EN C Es: 10$ trouver la parallaxe convenable à chaque latitude, mais leurs calculs font longs & compliqués, & c'eft à rappeler ce pro- blème à cette fimplicité fi précieufe à l Aftronomie, qu'eft deftiné le Mémoire de M. Pingré, duquel nous avons à rendre com pte. Pour y parvenir, après avoir démontré le rapport qui fe trouve entre le rayon de la Terre & Ja partie qu'on doit lui ajouter pour former la bafe du triangle parallactique, il par- vient à une formule qui exprime cette quantité, & donne {a manière de réalifer cette formule par le calcul ordinaire des logarithmes & par une opération extrémement fimple. Puifque l'addition qu'on fait à la bafe du triangle parallac- tique, {e fait fur l'axe même de la Terre, & que d’ailleurs {a Lune, quelque part qu'elle Dit, eft toujours dans un cercle horaire ; il eft évident que tous les cercles horaires ayant l'axe de la Terre pour diamètre commun, tout le triangle parallac- tique fera dans le plan d'un de ces cercles, & que la parallaxe trouvée fera la parallaxe de déclinaifon. Pour en déduire celle de longitude & de latitude, M. Pingré n’emploie qu'un feuf triangle fphérique , & les réductions néceffaires pour obtenir les parallaxes de hauteur, ne font ni plus longues ni plus dif- ficiles ; elles fe réduifent à {pt ou huit additions, dont les deux premières même deviennent inutiles fr on a la parallaxe hori- zontale fous l'équateur. Ceux qui pratiquent fouvent le Calcul aftronomique, {entiront mieux que perfonne le prix des abré- viations que M. Pingré leur procure : l'Aftronomie exige aflez de calculs néceffaires pour que les Aftronomes doivent regar- der comme leurs bienfaiteurs ceux qui leur donnent les moyens de les abréger où d’en füpprimer une partie, S'UMRE. LEE S ÉCLIPSES SUJETTES AUX PARALLAXES, E calcul des Éclipfes eft un des principaux objets de ki: TAfhronomie: ces phénomènes , intéreffans par eux- mêmes, le deviennent encore bien davantage f: on fait réflexion Hiff. 1764 »° O V. les Mém. pages 15 & 215, u 106 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoÿaALr à l'utilité qu'en tire la Géographie pour la détermination des longitudes, & lAflronomie même pour celle de plufieurs élémens importans de la théorie du Soleil & de celle de la Lune, On doit donc favoir gré à ceux qui entreprennent de faciliter ce calcul fi néceflaire ou d'en augmenter la précifion, & plus encore à ceux qui eflaient de réunir en même-temps : Fun & l'autre avantage. C'eft précilément ce qu'a entrepris M. du Séjour; mais avant que d’expoler lefprit des méthodes qu'il a employées, nous croyons devoir donner une légère idée de ce que c'eft qu'une éclipfe & des moyens que les Aftronomes ont imaginés pour en déterminer les phales par le calcul. H faut d'abord remarquer la différence effentielle qui fe trouve entre les éclipfes de Lune & les éclipfes de Soleil ou des éoiles fixes par la Lune : les premières font abfolument réelles; il eft exactement vrai que l'ombre de la Terre portée fur la Lune lui Ôte fa lumière , en tout ou en partie, & tous ceux qui voient en même-temps la Lune, la voient éclipfée de la même manière. Il n’en eft pas de même des éclipfes de Soleil, cet aftre n’eft nullement obfcurci ; & s'il le paroïît pour quelque partie de la Terre, d'autres le voient dans tout fon éclat: ceux-là feulement le voient éclipfé en tout ou en partie, qui fe trouvent fous la tache d'ombre que la Lune jette fur le difque de la Terre: cette tache eft aflez petite pour n'occuper qu'une médiocre partie de ce difque, & la Lune eft aflez près de la Terre pour que l'axe du cône d'ombre qu'elle forme porte dans un endroit plutôt que dans un autre, en forte que ces éclip{es font réelle- ment affectées de la parallaxe, & qu'on doit,y avoir écard dans le calcul. Pour y parvenir, les Aflronomes ont imaginé une méthode extrêmement ingénieule: en fuppofant l'œil du fpedlateur placé dans la ligne droite qui joint les centres du Soleil & de la Ferre, ils imaginent un plan perpendiculaire à cette ligne, placé à la diflance de l'orbite de la Lune; ils marquent fur ce plan, pour l'inflant de la conjonétion, la latitude de là Eune, l'éclip- n'ir suxGrCm'E M icur Ts 707 tique & l'orbite de cette planète divifée en heures : ils y. joignent la projection régulière du globe terreflre dans la pofition où il eft alors & le parallèle du lieu pour lequel on calcule , repréfenté par une ellipfe auffi divifée en heures, fuivant les règles de Ja projection. Ils fuppofent enfuite que la tache d'ombre & de pénombre, dont le rayon eft toujours égal à la fomme des deux rayons , des difques apparens de la Lune & du Soleil, fe meuve fur l'orbite lunaire, que fon centre n'abandonne jamais, tandis que le lieu propolé fe meut dans fon parallèle, repréfenté par une ellipfe. Dans cete fuppofition, fi on examine le point ou la tache, & le lieu fuppofé étant à la même heure, lun fur l'orbite lunaire & l'autre fur fon parallèle , le cercle extérieur de là tache touche le point, on aura le commencement de ‘éclipfe, & , en continuant la même manœuvre, toutes les phafes juiqu'à la fin. Le problème fe réduit donc à celui-ci : Étant donnés deux corps, dont l'un fe meut uniformément fur une ligne droite à l'autre circule dans une ellipfe fuivant une loi connue, déterminer à chaque inffant la diflance de ces corps, vue d'une diflance affijettie à une loi connue! Le corps mû en ligne droite eft a Lune, le corps qui £ meut dans l'ellipfe eft le Soleil, auquel l’obfervateur ne manque pas d'attribuer le mouvement qu'il a lui-même, & la diftance eft celle qui eft entre fobfervateur & le plan de projection : il eft évident que cette dernière doit être variable, puifque Yobfervateur, en fuivant la furface convexe du globe, s'en éloigne ou s'en approche plus ou moins. C'eft ce problème qu'il eft queftion de réfoudre. If eft abfolument poffible de calculer points par points par là Tri- gonométrie, & cette méthode eft donnée dans plus d’un Livre d’Aftronomie; mais on voit aifément que ce n'eft qu'une mé- thode de tâtonnement, elle eft d'ailleurs extrêmement longue, & fouvent on fe contentoit, après avoir déterminé par le calcul les élémens de la projection , de faire la figure affez grande & affez exacte pour pouvoir déterminer, d’après fes dimenfions, à laide de la règle & du compas, les principales phafes de l'éclipfe. O ÿ 108 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RôYALE M. du Séjour a voulu effacer cette efpèce de tache, il a travaillé à réfoudre le problème géométriquement, & en a donné des formules au moyen defquelles on püût obtenir facilement toutes les phafes d’une édliple. I eft aifé de voir que ce problème, où il s'agit de déter- iminer à chaque inflant la diflance de deux corps qui fe meu- vent, l'un fur une ligne droite uniformément, & l’autre fur une ellipfe inécalement & fuivant une loi donnée eft très-difficile, & qu'il ne peut être attaqué avec fuccès que par le calcul analy= tique. D'ailleurs M. du Séjour a voulu embrafler cet objet dans la plus grande étendue, & fon Ouvrage doit contenir plufieurs Parties, & chacune de ces Parties plufieurs Mémoires. La première doit contenir la démonflration des équations fondamentales. Dans la feconde, en fuppofant les élémens connus, on en déduit le calcul des phénomènes. La troifième a un objet tout différent des deux premières, celles-ci font employées à déduire le calcul des phales, des Élémens qui font dans les Tables; celle-là au contraire, prend précifément linverfe du problème & enfeigne à déduire les Élémens des Tables des phafes obfervées. Enfm la quatrième & dernière doit contenir les change- mens à faire aux formules pour les appliquer au calcul des éclipfes des étoiles fixes & des planètes par la Lune, & des méthodes pour réduire les obfervations de cet aftre au lieu vu du centre de la Terre. Nous rendrons compte en fon temps des différentes parties de cet Ouvrage, duquel M. du Séjour préfente lui-même dans fon premier Mémoire un profpedus aflez détaillé; effayons de donner une idée des deux Mémoires qui ont été inférés dans ce volume. Nous avons prefque dit d'avance tout ce que nous pouvions, en dire, en donnant les principes fur lefquels eft fondée la mé- thode qui fert de fondement aux équations primordiales &c fondamentales de M. du Séjour, nous n'ajouterons ici que quelques réflexions. Dans toute la théorie du calcul que nous avons expolé, nous DE: St Slé x E N c.E85 10 avons toujours fuppolé la Terre de figure exaétement fphé- rique, & cette fuppofition comme on fait, 'eft pas vraie; il faut donc avoir égard à ce changement de figure ; heureufement il fe trouve qu'il n'en apporte d'autre dans l'équation que d’altérer les coëfhiciens numériques de quelques termes , & de fubflituer à la véritable latitude du lieu, une latitude corrigée , les or- données de l'ellip{e étant toujours en rapport conflant avec celle du cercle infcrit. Un des élémens des plus néceffaires au calcul de M. du Séjour , eft l'angle que forment à un inftant donné, les deux lignes qui vont de l'œil de lobfervateur, une au centre du Soleil & l'autre au centre de la Lune, mais cet angle, fi on vouloit le déterminer à la rigueur, exigeroit un calcul très- long & très-diflicile. M. du Séjour, pour éviter cet embarras, a recherché le maximum de Verreur qu'on pourroit commettre en négligeant les termes qui compliquoient le plus le calcut, & il a trouvé que cette plus grande erreur m'alloit pas à un dixième de feconde de degré, précifion inutile & qu'on eft trop heureux de facrifier à la facilité du calcul. Nous avons dit que M. du Séjour propoloit de fubftituer, pour remédier à la non-fphéricité de la Terre, une latitude corrigée , à Ja latitude vraie de l'endroit pour lequel il calcule, il a non-feulement donné la formule néceffaire pour obtenir cette correction, mais encore il a jugé à propos d’inférer dans fon Ouvrage une Table toute calculée de cette quantité, & comme elle eft relative à la différence des axes de la Terre , dont le rapport eft felon les uns de 177 à 178, & felon les autres de 229 à 230, il en a calcul deux, une dans lhy- pothèle du premier rapport & autre dans celui du fecond ; il y a joint une Table des Parallaxes horizontales pour toutes les latitudes. w Pour mieux entendre en quoi confifte cette correction de latitude, il ne fera pas hors de propos de dire un mot de la méthode par laquelle M. du Séjour parvient à l'obtenir. Un point quelconque étant donné {ur le globe de la Terre, fappolé fphérique, il et certain que fa nuits eft égale à ï 110 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Jangle que forme la verticale de ce lieu, paffant par le centre de la Terre avec le rayon de l'équateur qui fe trouve dans le plan du méridien de ce lieu. Mais fi on fuppofe la Terre aplatie par les pôles, comme elle left réellement, ce point placé à la même diflance du plan de l'équateur aura une latitude différente, la verticale qui {era perpendiculaire à Îa furface de l'ellipfe, ira rencontrer Faxe ailleurs qu’au centre du globe, elle fera avec le plan de l'équa- teur un angle différent du premier, & ne concourra nullement avec le rayon qui va de ce point au centre du fphéroïde, c'eft cependant ce dernier qui doit entrer dans le calcul des éclipfes, & c'eft cette différence que M. du Séjour nomme correction de la latitude. La latitude du lieu une fois établie & l'ellipfe de fon mou- vement tracée fur la projection, M. du Séjour forme une équation générale où forigine des inconnues étant prife d'un dés points de cette elliple, on recherche l'équation à l'orbite apparente de la Lune; nous difons l'orbite apparente, car tous les Aftronomes favent qu'elle eft différente de la réelle: poux la commodité du calcul , on fuppole le Soleil immobile pen- dant la durée de l'éclipfe & on ne donne en longitude à [x Lune ue l'excès de fon mouvement fur celui du Soleil, mais comme le Soleil na aucune fatitude, le mouvement en. lati- tude de la Lune reflant en entier, il fuit néceffairement que Yangle de orbite avec l'écliptique doit être différent fur les figures de celui qui exifte réellement dans le ciel. ‘équation dont nous venons de parler, donne à chaque inflant de la durée de l'édipfe la pofition refpettive du lieu propoé fur la Terre, & de là Lune fur fon orbite ; mais il faut encore, pour connoître la quantité de l'écliple, avoir la fomme des demi - diamètres de la Lune & du Soleil ou plutôt de. leur image vue par le fpeétateur fur le plan de projection, & cet article demande une attention particulière & une correction dont nous allons expofer le principe. Nous avons jufqu'ici regardé le difque de la Terre & la portion de l'orbite lunaire parcourue pendant éclipe comme DPHISNTSNENT EN CEE TI des plans, ni l'une ni l'autre de ces fuppoñitions ne font vraies, il n’en réfulte cependant aucun changement pour la projeétion, elle { fait par des lignes parallèles , & la diflance refpective de la Terre à la Lune n'y change rien, mais il n'en eft pas de même de l'angle fous lequel le fpectateur voit les diamètres fur le plan de projection, & il eft clair qu'à mefure que fa diftance au plan de projection diminue, ces diamètres doivent être vus fous un plus grand angle ; or cette diflance diminue de deux manières, premièrement l'orbite de la Lune étant courbe & le plan de projeétion paflant toujours par fon centre, il eft certain qu'il s'approche toujours du plan qui fépare fur le globe terreftre la partie éclairée d'avec celle qui ne l'eft pas & que M. du Séjour nomme #orizon aboli ; À doit donc arriver que Le fpeélateur voie de ce chef le diamètre des lumi- naires plus grand, mais cette augmentation n'eft nullement fenfible; M. du Séjour trouve en la déterminant qu'elle n'eft guère qu'une deux millième partie qui ne produiroit dans le calcul qu'une erreur d'environ fix tierces de degrés ; quantité très-népleétible, mais il falloit déterminer qu'elle Pétoit. La feconde diminution de diflance eft plus fnfible, le fpeclateur que la projection fait mouvoir dans une dllipe tacée fur un plan, ne s'approche ni ne s'éloigne dans cette difpofition du plan de projection ni de la Lune, mais cette füppofition n'eft pas vraie, il meut réellement fur la furface fphérique ou prefque fphérique du globe, & par conféquent if peut s'approcher du plan de projeétion & de la Eune de tout le rayon de fon parallèle; cette diminution de diflance ft très-fenfible , elle peut aller à 75 de la diflance abfolue, & par conféquent à une augmentation très-fenfible du diamètre de R Lune, à laquelle on doit avoir égard, tant parce qu'elle rend ce diamètre plus grand que parce qu'elle fait varier l'angle apparent de la diflance des centres de cette planète & du Soleil. Tel eft, mais dans un abrégé qui lui fait tort, la partie de ka Théorie des éclipfes de Soleil que M. du Séjour a donnée dans les deux Mémoires qui font partie de ce volume; jamais cette matière n'avoit été traitée avec tant d'élégance ni tant de V. les Mém. P: 5557 # Voy. Mén, de d'Acade 1721, page 114: b Voy,. Elémens d'eifironomie , ? 257: 112 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE généralité, & cette partie de l'Ouvrage ne peut certainement qu'en faire defirer la fuite qui ne tardera pas à paroitre. SUR LE MOUVEMENT DES NŒUDS DE L'ÉQUAT EUR LUNAIRE. P ERSONNE n'ignore aujourd'hui que le globe de la Lune a une efpèce “& balancement fur lui-même par lequef il nous cache quelquefois quelque portion de la partie qui eft tournée vers la Terre, & nous découvre au contraire une petite partie de l’hémifphère que nous ne voyons pas ordinairement. Ce mouvement, qu'on a nommé /brarion , fe fait fur un axe, que la fagacité des Aflronomes a déterminé : CR ep de cet axe fur le plan de l'écliptique, eft d'environ 88 + r conféquent l'équateur lunaire per pendieulaire à cet 1e . incliné fur l'écliptique d'environ 14 + Cette inclinaifon de léquateur tite entraîne néceffaire- ment deux nœuds, c'eft-à-dire deux points oppofés où il coupe l'écliptique, & il s'agit de trouver à quelle partie du Ciel ré- pondent ces nœuds, & de déterminer s'ils font fixes ou s'ils ont un mouvement, & en ce dernier cas le fens & la quantité de ce mouvement. Les fentimens des Aftronomes ont été très-partagés fur cette queftion: feu M. Caffini dit formellement dans les Mémoires de l’Académie de 172 1 *, & dans fes Élémens d’AflronomieP, que l'équateur lunaire a toujours fes nœuds fur Fécliptique aux mêmes points du ciel que les nœuds de Forbite lunaire, mais il ne donne’ en aucun endroit les obfervations & les preuves fur kfquelles il fonde cette opinion. M. Mayer na pas été fi réfervé: dans un de fes Mémoires, imprimé en Allemand en 1750, dans les Mémoires de la Société Cofmographique de Nuremberg, & duquel on trouve la plus grande partie dans lAftronomie de M. de là Lande, Tome 11,page 1234, il donne un grand nombre d’obferva- tions pour appuyer Ja même opinion qu'il adopte; mais ces obfervations, ris SE EN CE II obfervations , qui n'ont été faites que dans une feule pofition des Nœuds & avec un infrument peu parfait, n'ont pas paru à M. de la Lande aflez décilives pour qu'il n'eût pas jugé né- ceffaire de vérifier a queftion par de nouvelles obfervations. L'envie qu'il avoit de faire cette vérification a été augmentée par la pofition favorable où la Lune fe trouvoit en Odobre 1763; elle étoit tout-à-la-fois dans fes nœuds , dans fes apfides & dans fes fyzygies; ce qui donnoit la facilité d'obierver en quinze jours de temps la libration moyenne avec les deux extrêmes, tant en longitude qu'en latitude. On juge bien que M. de la Lande ne laiffa pas échapper ane circonftance fi avantageufe : il détermina la pofition de douze des points des plus remarquables dans le difque lunaire, dans le temps de la libration moyenne, & il s’'appliqua pendant dix jours à déterminer celle des points lumineux, defquels M. Mayer s'étoit fervi, tels que Manilius , Cenforinus & Dionyfius. Le choix des points quon emploie à cette recherche n'eft nullement indifférent : la partie de la Lune qui nous eft vifible & qui nous paroït comme un difque plat, eft réellement une demi-fphère ; d’où il fuit que les bords étant vus comme en fuyant, un affez grand mouvement peut ne produire qu'un très-léger déplacement aux points qui en font voifins, tandis que pour ceux qui fe trouvent placés au milieu du difque, le déplacement apparent eft prefqu'égal au mouvement réel : c'eft ce qui a déterminé M. de la Lande dans le choix des points dont il a fait ufage, defquels il donne les noms & la pofition, la plupart de ces points étant mal marqués fur les Sélénographies ordinaires. Les obfervations de M. de la Lande ont été faites avec un excellent micromètre adapté à une lunette de 9 pieds. De toutes ces obfervations, qui font en très-grand nombre, il en a choïfi trois de Manilins, tache peu éloignée du centre du difque lunaire, parce qu'elles étoient les plus éloignées entre elles & les plus propres à donner le lieu du Nœud & le double de la plus grande latitude, c'eft-à-dire l'indlinaifon de l'équateur lunaire {ur l'écliptique. Hfl, 1764 FHP 114 HisToiREe DE L'ACADÉMIE Royate On peut déduire de ces obfervations la pofition des Nœuds & l’inclinaifon de l'équateur de l'orbite lunaire par des méthodes directes, mais le calcul en feroit long, & M. de la Lande a préféré d'employer une méthode indirecte & de fauffe pofition, au moyen de laquelle le calcul {e trouvoit extrémement abrégé. L’Aftronomie offre aflez de calculs néceffaires fans y en intro- duire d’inutiles, & les méthodes les plus élégantes dans cette fcience font toujours les plus courtes & les plus faciles. La méthode employée par M. de la Lande, confifte à fup- pofer l'inclinaifon de Yéquateur lunaire à lécliptique d'une certaine quantité, par exemple, comme fa déterminée M. Mayer, de 142, & les nœuds joints à ceux de forbite, & à rechercher enfuite, d'après ces élémens & Yobfervation , la latitude félénographique de Aanilius ; fi elle fe trouve jufle, h fuppofition eft légitime : mais fr elle en eft différente dans les différentes oblervations , on fait varier la pofition du Nœud & f'inclinaifon de l'équateur lunaire jufqu'à ce que le réfultat du calcul quadre dans toutes les obfervations. En fuivant cette méthode, M. de la Lande trouve par fes trois oblervations, F'inclinaifon de léquateur lunaire fur lécliptique de 1% 43° au lieu de 11 29° qu'avoit donné M. Mayer, & le lieu du Nœud plus avancé de 24 que celui de l'orbite lunaire. Cette dernière conclufion pourroit paroître fingulière fr nous ne nous hâtions d'inférer ici la remarque que fait M. de la Lande, 3 fecondes d'erreur dans la différence de déclinaïfon entre le bord de la Lune & Manilius , & une demi-féconde de temps dans la différence d’afcenfion droite en donneroient une de o'à 10 devrés dans la potion du Nœud; auffr M. Mayer, dont les obfervations avoient été faites avec des inflrumens bien moins parfaits que ceux de M. de la Lande at-il trouvé par quelques-unes de fes oblervations dans la pofition du Nœud, des différences bien plus grandes & qui vont quelquefois à 17 degrés; on doit donc regarder ces 2 degrés comme le produit d’une erreur inappréciable & un véritable infiniment petit aftronomique en cette matière, & M. de la phéusi Sc nE N-cCE & LI S Lande en conclut avec raifon, qu'on doit regarder le mouve- ment des Nœuds de l'Équateur lunaire comme parfaitement éoal à celui des Nœuds de lOrbite, dont la période eft de dix-huit ans & environ fept mois, contre l’ordre des Signes. Ceux qui font au fait de la difficulté de pareilles déterminations feront étonnés d'en trouver de fi précifes en pareille matière. SUR L'OBSERVATION D U PASSAGE DE VENUS SUR LE SOLEIL, faite à Sélenginsk en Sibérie. Ï "ACADÉMIE a rendu compte en 1761 * des diffé- rentes obfervations qui avoient été faites du Paflage de Vénus fur le Soleil, du 6 Juin 1767, qui étoient alors venues à fa connoiffance & des induétions qu'on pouvoit en tirer, en voici encore une qui ne lui eft parvenue qu'en 1764, & que la fituation du lieu où elle a été faite, rend précieule. Elle a été communiquée avec toutes fes circonftances à M. Pingré, par M. Rumowski, habile Aftronome Ruñle , demeurant pour lors à Sélenginsk en Sibérie. Le zèle de cet Aftronome ne lui avoit pas permis de demeurer oifif dans une femblable occafion; il avoit com- mencé par déterminer exactement la latitude de fon obferva- toire par plufieurs hauteurs méridiennes du Soleil, d'Aréturus, & de l'Épi de la Vierge, & l'avoit trouvée de n6!.6;.8 très-peu près là même que celle que feu M. de la Croyère, de cette Académie , avoit déterminée ; il avoit fait de même plufieurs obfervations des immerfions du premier & du fecond Satellites de Jupiter & quelques éclipfes d'Etoiles fixes par la Lune, la comparaifon de toutes ces obfervations avec celles qui ont été faites à Paris, à Cajanebourg & à Tobolsk , donne la longitude de Sélenginsk de 6h 57 50” à lorient du meridien de Paris. Pi V. les Ménr. P- 339: * Voy, Hifl, de l'Acad, 1761, pe p 8 116 HISTOIRE DE L’'ACADÉMIE ROYALE Le temps fut très-peu favorable à M. Ramowski, le ciel fut prefque continuellement couvert, cependant fa conflance & fon afliduité à ne pas quitter la lunette, lui procurèrent Fob- fervation des deux contaéts de la fortie de Vénus, les nuages s'entrouvrirent alors & il détermina aflez bien, quoiqu'à travers un nuage léger, & malgré l'agitation que le vent cauloit à fa lunette l'attouchement des deux bords internes, à 3l 21° 36" +, & celui des deux bords externes à 3h 39° 42". Puifque Sélenginsk eft à lorient de Paris de 6 57 So* Jorfque M. Ramowski y obfervoit le contact intérieur à 3h 31° 36" +, il étoit à Paris 201 23° 46" + de temps vrai ou 20h 21° $5 de temps moyen, & par conféquent 9° 36" + moins qu'à Rodrigue ; en donnant au Soleil une paraf- laxe de 10”, on trouvera que ce contaét auroit dû être obfervé à Rodrigue 9° 30",7, plus tard qu'à Sélenginsk, il faut donc faire la Parallaxe du Soleil prefque apogée, comme il l'étoit au 6 Juin de 10”,1, pour faire accorder les deux obfervations de Rodrigue & de Sélenginsk ; détermination très- conforme à celle qu'avoit donnée M. Pingré dans fon Mé- moire fur la Parallaxe du Soleil, qui fera imprimé parmi ceux de 1765. SUR .L'ÉCLIPSE DE SOLEIL DU TE AIRE ER "ÉcLipsEe du 1. Avril ;qui devoit être très-orande à Paris & annulaire dans plufieurs endroits du Royaume, avoit attiré l'attention de tous les Aftronomes qui l'attendoient avec la plus grande impatience ; les Aftronomes de Paris. n'eurent pas lieu de la fatisfaire, jamais temps ne fut moins propre à obferver; des nuages épais & une pluie continuelle ne permirent pas même de remarquer l'endroit du ciel où étoit Le Soleil, & on ne saperçut de l'éclipf que par une diminution de lumière qui fe fit apercevoir au temps de La plus grande phafe; nous difons une diminution de lumière, car Di) Su SOC ÉNLG ES 117 il m'étoit pas vrai, comme quelques perfonnes l’avoient annoncé, que l'obfcurité dût être aflez grande pour qu'on eût befoin de lumière étrangère : on a vu en 1724 que dans l'éclip{e de cette année, qui fut totale à Paris, un demi-doiot du Soleil éclairoit encore aflez pour que l'obfcurité ne füt prefque pas fenfble ; quoi qu'il en foit, cette diminution de lumière fut la feule obfervation que le temps permit de faire à Paris où tous les préparatifs des Aflronomes demeurèrent inutiles. H n'en fut heureufement pas de même dans plufieurs autres endroits du Royaume, & même de l’Europe, où il fe trouvoit des Oblervateurs, & la plupart fe font empreffés de commu- niquer leurs obfervations à l Académie , nous allons en pré- fenter le réfultat. M. Bailly sétoit rendu à Noflon, maifon de campagne de S. E. M.# le Cardinal de Luynes, à environ une lieue de Sens, pour y faire avec ce Prélat l'obfervation de l'Eclipte. Cette obfervation étoit d'autant plus importante que la diffé rence des deux diamètres du Soleil & de la Lune étant affez petite, la moindre erreur dans les élémens du calcul, rendoit TEclipfe annulaire pour un endroit donné, ou l'empéchoit de l'être, & nous allons voir combien l'obfervation de Noflon étoil importante pour cet objet. Le temps y fut d'abord affez peu favorable, mais un peu avant dix heures il parut séclaircir, & on aperçut par mo- mens le Soleil à travers des nuages clairs, on ne put cependant déterminer affez précifément aucune phafe , mais vers les dix heures 41 minutes, S. E. vit le bord de la Lune fe féparer du Soleil & aperçut un filet de lumière qui rendoit l'Éclip{e annulaire, mais qui ne dura qu'un inflant; la même apparence fut remarquée à Sens par plufieurs perfonnes; & à Sainte- Colombe , abbaye de l'ordre de S.° Benoît près Sens ; D. Martinon & neuf autres Religieux aperçurent le phénomène : il réfulte donc de cette oblervation, que Sens étoit placé précifément fur les limites orientales des pays qui devoient voir PEclipfe annulaire , puifqu'on l'y aaperçue, & que cette phafe n'a duré qu'un inflant. P iü V. les Mém, P: 279- 118 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE La pofition de Noflon a été déterminée par les hauteurs méridiennes de plufieurs étoiles à 484 14° 47" de latitude feptentrionale, & la mefure d'un. triangle qui fe joint aux points de la carte de M. Caffini à 3 45" de temps à lorient de Paris. Cette circonflance a engagé M. Bailly à rechercher par le calcul quelle avoit dû être l'Éclipfe à Sens; pour y parvenir, il eft parti de l'obfervation faite à Londres par Mylord Morton & M. Short. Des phafes obfervées à Londres, il a déduit Yerreur des tables de M. Clairaut , qui faifoient la longitude de la Lune trop grande de 39" & la latitude trop petite de 9”; & avec ces tables ainfr corrigées, il a trouvé que l'anneau avoit dû paroïtre à Sens, mais qu'il y avoit dü être prefqu'auflitôt détruit que formé, précifément comme on ly avoit obfervé. M. Pingré s'étoit tranfporté à Graville entre le Havre-de- Grace & Harfleur, & dont il détermina la longitude de 494 30° 25"; une feule obfervation d'une éclipfe d'étoile par a Lune, lui donna la polition de Graville plus orientale que l'églile du Havre de 14” de temps où 3° 31” de degré. I avoit été joint pour l'obfervation de Féclipfe par M. Gallon, Ingénieur en chef du Havre, Correfpondant de F Académie; par M. Mifhal, Commiffaire général de la Marine, Ordon- nateur dans le même port, & par M. Defmareft; mais leurs préparatifs furent inutiles, ils ne virent qu'un inflant le Soleil à travers les nuages, encore étoit-il fort trouble; il étoit alors 10h 44, & ils le jugèrent éclipfé de 9 doigts; à ro ils sa- perçurent d'une obfcurité confidérable : il paroît par la marche du thermomètre, qu'ils obfervèrent pendant léclipk, que l'efprit de vin avoit baiffé d'environ trois quarts de degrés au temps de la plus grande phafe de l'éclipfe, & qu'il reprit enfüite la même hauteur qu'il avoit auparavant. Le temps fut plus favorable dans quelques autres parties du Royaume & de l'Europe, & les obfervations de cette écliple qui ont été communiquées à l’Académie l'ont mis en état de difcuter plufieurs points intéreffans de Phyfique & d'Aftronomie. DE 6, (SCA 'E NicE Es 119 La feconnoïffance ne nous permet pas de taire ici les noms de ceux qui fe font empreflés de lui communiquer leurs obfervations, & dont les Mémoires paroïtront pour la plupart dans le Recueil que l'Académie publie des Ouvrages dignes de Fattention du Public, qui lui ont été communiqués. L'Écipl a donc été obfervée à Calais par M. le Prince de Croy & M. Blondeau, & elle y a été jugée prefque centrale où parfaitement annulaire ; à Londres, par M. de JOlbinière; à Denainvilliers près Pluviers en Gätinois, par M. de Denainvilliers, frère de M. du Hamel, qui a aufli vu Y'Écliple annulaire, mais non centrale; à Nérac, par M. de Romas, qui n'en a pu obferver que quelques phales ; à Mont- pallier, par M. de Ratte & d’Anifi; à Madrid, par M. l'abbé Clouet, qui la vue annulaire; à Breft, par M. Fortin; à Kergars près Hennebon, par M. Daprès, Correfpondant de l'Académie; à Rennes, par M. le Marquis de l'Angle, qui a déterminé très-précifément la durée. de l'anneau de 3° 20"; à Vive, par M. Gautier, qui a vu TÉdlipfe annulane &c prefque centrale; à Caen, par M. Pigott, Gentilhomme anglois, qui la vu annulaire, mais pas centrale; à Toul, fui- vant l'Obfervation communiquée par M. de Montignot , lE- clipfe n'a pas été annulaire & les cornes ne fe {ont jamais approchées plus près que du demi-diamètre de fa Lune ; la fin feule en a été obfervée à Amfterdam, par M. Houtthuyl ; lEcliple a été encore obfervée à Polling en haute Saxe, par M. Stéigemberg & M. Goldhower; à Touloufe, par M. d’Arquier , Correfpondant de l'Académie; à Warlovie, par le P. Luskina & M. Roftan; à Hambourg , par M. Sonning. De l'Obfervation de Toul & de celle faite à Keroars, par M. Daprès, M. le Monnier conclud que la trace du cône d'ombre de a Lune fur le difque terreftre a dû être beaucoup plus. orientale fur le Royaume qu'on ne l'avoit déduit des tables Newtoniennes corrigées quant à la longitude-{eulement , & que les Obfervations quadrent beaucoup mieux avec les tables de M.° Claïraut & d'Alembert, mais non content de ce premier réfultat , il effaie de rechercher d'après les Obler- V. les Mém. p: 146. V. les Mém. P+ 351: V. les Mém, Dire V. les Mém. D: 2730 120 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE vations de TÉclipfe les correétions à faire aux tables: Îes principaux objets qu'il fe propofe {ont la recherche de la ati- tude de la Lune, & la viteffe apparente du centre du cône d'ombre fur le globe terreftre en fe fervant des Obfervations faites à Kergars où on a eftimé l'excentricité de fanneau, & à Rennes où indépendamment de cette eftime on a encore mefuré le temps de la durée de cet anneau; il { trouve que tout examen fait des erreurs poffibles dans cette recherche, 1a plus courte diflance des centres du Soleil & de Lune a été vue de 2 1 fecondes, ce qui donne la différence apparente de la latitude de la Lune au Soleil de 20"+, & la latitude abfolue de la Lune 26 fecondes plus petite que ne la donnoient les tables de cette planète inférées dans les Inflitutions aftrono- miques de M. le Monnier, & le commencement & la fin de lÉcliple oblervés à Kergars & à Londres ont fait voir qu'il falloit faire une correction fouftrative de 47" fur la longitude du Soleil, & ajouter 3° 40" ou 45" à la longitude de Ja Lune , pour parvenir à repréfenter la diflance des centres obfervés; M. le Monnier examine incidemment fr, comme quelques Aftronomes favoient penfé, il ne fe trouveroit pas autour de la Lune une atmofphère qui eût pu modifier ces effets, mais toutes fes recherches l'ont conduit à n'en trouver aucune, du moins fenfible , c’eft la feule démonftration qu'on puifle avoir en pareille matière, L'obfervation de cette Éclipfe avoit été précédée de plu- fieurs écrits dans lefquels les Aftronomes s'étoient efforcés d'en déterminer les phafes avec la plus grande exaélitude ; M. de Thury avoit donné ce calcul par les Tables de M. fon père, corrigées fuivant la méthode de M. Häalley par une fuite d'obiervation de dix-huit ans, & par celles de M. Clairaut ; M. le Monnier en avoit aufli donné le calcul par des Tables qu'il avoit corrigées fur les phafes d’une Édlip{e obfervée à Pékin & à Chandernagor ; M. Bailly avoit employé les Tables de M. Mayer; M. Carlier d'Epuifard, Confeiller en ka Cour des Monnoies , avoit préfenté à l'Académie a projection de l'Éclip{e pour Paris, Laon, Londres & quelques autres DES SCIENCES. 124 aatres endroits de l'Europe à laquelle il avoit joint le détail entier de fes calculs, & une autre projection du paflage de Vénus fur le difque du Soleil, arrivé le 6 Juin 1761; ce travail qui mérita alors les éloges de l'Académie, a depuis été imprimé : tel eft le réfultat de ce qui a été fait à l'occafion de l'Éclipfe annulaire du 1. Avril 1764, & il eft d'autant plus ficheux que les Aflronomes aient été fi fort contrariés par le mauvais temps, que ce phénomène eft rare & ne {e verra de long -temps, du moins dans ce Royaume. OBSERVATION ASTRONOMIQUE. MESssiER, Aflronome attaché à l'Obfervatoire de Îa À. Marine, & bien connu par fes talens & par fon infa- tigable affiduité à obferver le Ciel, a fait part à l'Académie de fa découverte qu'il avoit faite le 3 Janvier 1764, d'une Comète dans la conftellation du Dragon : il l'aperçut vers 9h 24! du foir; elle avoit alors 2 3 64 29’ 1 6” d'afcenfion droite & 581 32° 58” de déclinaifon: environ une demi-heure après fon afcenfion droite étoit augmentée de 10 minutes & fa décli- naïfon de 43 fecondes. Au bout d'une heure fon afcenfion droite avoit augmenté de près de 33 minutes, & fa déclinaifon de 1'+: cette même vitefle fe foutint jufqu'au jour, & M. Mefier trouva qu'en 9" 24' de temps, elle avoit parcouru $4 26"45" en afcenfion droite, & s’étoit élevée vers le pôle boréal de 29° 56”. Le mauvais temps qui furvint enfuite ne lui permit plus de la revoir. N OUSs renvoyons entièrement aux Mémoires : L'Écrit de M. Baïlly fur l'Éclip@ de Soleil du 1." V- les Mém. Avril 1764. P- 273: L'Obfrvation de l'ÉclipR de Lune du 17 Mars 1764, par S. É. MF" le Cardinal de Luynes & M. Bailly. Hif. 1764. Q P- 277° p- 284. P: 344 P: 353- p- 489. 122 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALr L'Obfervation de la même Écliple & de quelques autres phénomènes céleftes, par M. Pingré. Les Éphémérides de la Comète de 1764, par le même. Les Obfervations de Mercure & des Satellites de Jupiter, faites depuis 1760 jufqu'en 1764, par M. l'abbé Chappe d’Auteroche. Et les Réflexions fur les formules que M. Euler a dénniéés pour les parallaxes, par M. le Monnier. + ETTE année M. de la Lande publia un Écrit, intitulé : Ex xplication d'une Carte du paffage de Venus fur le dil ijque du Soleil, qui doit arriver le 3 Juin 1769. Ce phénomène, que nous avons déjà obfervé en 1761, eft un des plus importans de l Aftronomie : nous ne fuivrons point M. de la Lande dans le détail des raifons qu'il en apporte, elles font connues de tout le monde Aftronome : nous dirons feule- ment que comme la diflance de la Terre au Soleil n'a pu tel- lement être déterminée par le paflage de 1761, qu'il ne sy trouve encore quelque ambiguité, c'eft de l'obfervation de 1769 qu'on doit attendre les connoiflances qui nous manquent à cet égard ; & cela d'autant plus, que les calculs de cetie feconde apparition du phénomène doivent être plus exacts, les Tables ayant pu être corrigées par les obfervations de la première. Mais plus l'oblérvation de ce phénomène eftimportante, plus | il eft néceffaire de remettre fous les yeux du Public, des Puiffances & des Académies les lieux de Ja Terre les plus favorables & où il fera néceffaire d'envoyer des Obfervateurs pour en tirer tout le parti poflible. C'eft dans cette vué que M. de la Lande a fait graver & a publié la Carte à laquelle l'Écrit dont nous rendons compte fert d'explication. Cette Carte eft une Mappemonde, für les deux hémifphères de laquelle on voit plufieurs grands cercles tracés , pour défigner les parties du monde où on doit voir la durée entière du pafage, tJ HUE "SN SMCNT-ERNNG, ENS bas celles où on ne verra que l'entrée ou la fortie, foit au coucher, foit au lever du Soleil, celles enfm où on ne verra point du tout Vénus fur le difque du Soleil. D'autres cercles plus petits, marquent les lieux de la Terre où l'on verra plus tôt ou plus tard l'entrée ou la fortie. Il réfuite des calculs de M. de la Lande, dont cette Carte eft comme l'expreflion géographique, que la mer du Sud feroit un des endroits les plus favorables, foit pour l'entrée , foit pour: la fortie, fr on pouvoit aifément y‘envoyer un Obfervateur , mais ce ne pourroit être, comme on voit, que dans quelqu'une des îles de cette mer, & malheureufement elles ne font ni fréquentées ni connues. Au défaut de ces îles, M. de la Lande examine quels font les endroits de la Terre où fa différence de la durée du paflage, de laquelle on peut déduire la parallaxe du Soleil , fera la plus grande: il trouve 7 minutes entre fa France & Mexique, 8 lâutes entre la France & Lima, 9 minutes entre la France & Buenos- -Ayres, 11 minutes A entre la France & le dé- troit de Magellan. Si Fobfervation pouvoit fe faire dans l'ile Saint-Pierre de la mer du Sud, la durée du pañlage feroit de 6h 9'; à Torneä en Lapponie, elle feroit de 6h 34: la différence entre la plus courte & la plus longue de toutes les durées qui peuvent s'oblerver fur 11 Terre, féroit donc de 2 s minutes; & en fup- fant l'obfervation exale, à 10 fecondes près, on auroit la parallaxe du Soleil à == près. Comme il n'y a pas d'apparence que l’obfervation foit faite dans ces endroits, M. de la Lande recherche la pofition des lieux acceflibles où elle feroit la plus grande, & il trouve que Péterfbourg & Mexique font les endroits les plus avantageux : la différence entre la durée du pañlage dans chacun de ces MER endroits, fera de 18”, mais il oblerve qu'en ce cas il feroit néceflaire que les deux obfervateurs fe plaçaflent, l'un à quelques degrés au nord de Péterfbourg, & l'autre au nord-oueft de Mexique, afin de n'être pas expolés à voir le phénomène dans les ne de Fhorizon. Il obferve encore qu'il feroit utile Q ji 124 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE d'avoir dans chacun de ces pays deux Oblfervateurs placés à cent ligues Fun de l'autre, pour prévenir, autant qu'il eft poffible , l'inconvénient du mauvais temps, étant probable que fi le ciel fe refufe à l'un des deux, il fera plus favorable à l'autre. On ne peut trop prendre de précautions pour ne pas manquer une obfervation f1 rare & {1 précieule. M. de la Lande trouve qu'à Paris le premier contaét arrivera à 7h 14° du foir, le contact intérieur à 7 3 3/, la conjonction à 10h 9’ $ 3" de temps vrai, le lieu de Vénus étant au 1 34 27° 10" x, le lieu de fon nœud 144 3 5° 35" 1x, la latitude géocentrique où vue de la Terre 10° 1 3",4, & enfin la plus courte diftance des centres 10° 7". Tous les calculs de M. de la Lande ont été faits par les Tables du Soleil de feu M. l'abbé de la Caiïlle & par celles de Vénus de feu M. Halley; mais M. de la Lande les à cor- rigées de l'erreur qui s'eft trouvée en 1761, & qui a été déter- minée par la différence entre le calcul & loblervation. Il a fuppolé la parallaxe du Soleil de 9 fecondes, celle de Vénus par conféquent de 31,63, d'où on tire la parallaxe relative de 22",63. Il eft aifé de voir combien cette Carte & l'Ouvrage de M. dela Lande peuvent jeter de lumière fur les difpofitions & les préparatifs que doivent faire les Aftronomes pour affurer le fuccès & l'utilité de leur opération , & combien il leur épargne de recherches par fon travail. ETTE même année parut un autre Ouvrage du même M. de la Lande, intitulé Affronomie, en deux Volumes in - 4. Cet Ouvrage, fait principalement pour l’'inftruétion de ceux qui fe deftinent à l'Aflronomie, eft formé fur un plan abfolu- ment différent de prefque tous les Livres élémentaires qui ont paru fur cette matière: M. de la Lande, qui vouloit qu'il püt fervir aux jeunes Aftronomes fans qu'ils euffent befoin d'un Maitre qui le leur expliquât, a cru devoir s'éloigner de la mé- thode ufitée dans prefque tous les Livres de cette efpèce , où on DES N SrCuI EN IC'ElS 125 fe contente de préfenter des vérités fans faire voir comment on y eft parvenu; méthode qui, fi elle préfente à l'efprit des propofitions vraies, ne lui laifle prefque jamais apercevoir leur véritable enchaînement, fr néceflaire non-feulement à la clarté, mais encore à mettre les propofitions à portée d'être facilement retenues. . La route que M. de la Lande a fuivie eft abfolument diffé rente: il conduit fon leéteur depuis les premières connoiffances que les hommes ont eues fur cette matière jufqu'au point où nous fommes arrivés. I lui fait, pour ainfi dire, inventer lAftronomie, & fon Livre eft fur ce point l’hifloire fidèle de la marche de Fefprit humain. On voit aifément combien cette manière de traiter une Science doit y répandre de netteté & même d'agrément. Le premier phénomène qui dans cette manière de confidé- rer les chofes, a dû s'offrir aux yeux des hommes, à certai- nement été le mouvement diurne des Aftres: l'envie d'expliquer ce mouvement a dû faire imaginer l'horizon pour féparer lhémifphère vifible de l'invifible, le méridien pour marquer la plus grande hauteur des Aftres, l'axe autour duquel paroifloit tourner tout l'Univers en vingt-quatre heures, à l'extrémité du- quel on diftinguoit une étoile qui ne changeoiït pas fenfiblement de place; le Zodiaque pour expliquer#les différentes hauteurs méridiennes du Soleil & de la Lune, en un mot tout ce qu'on appelle en Aftronomie la docfrine fphérique ou du premier mobile : le Lecteur voit, pour ainfi dire, naître cet édifice fous fes yeux & chaque partie s’y placer felon le befoin. On ne dut pas être long-temps fans s'apercevoir que le Soleil & la Lune reculoient, pour ainfi dire, chaque jour, mais en sélevant ou s'abaïflant plus ou moins ; il fallut donc leur afligner une route oblique qui eft le Zodiaque & déterminer la période de leur révolution, & delà le mouvement annuel du Soleil & celui que 11 Lune fait en un mois. * Les cercles dont nous venons de parler, en divifant le ciel, ne peuvent manquer de divifer aufli la Terre, qui eft fuppolée au centre du monde, & cette divifion peut fervir à en fixer Q ij 126 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE Rorarr les différentes régions. C’eft auffi la conféquence qu'en tiré M. de la Lande, &il explique à cette occalion ce que c'eft que latitude, longitude, climats, &c. la manière de repréfenter tous ces objets par des globes terreftres & par des fphères ar- millaires, & l'ufage qu'on peut faire de ces inflrumens pour réfoudre, jufqu'à un certain degré de précifion, plufieurs pro- blèmes aftronomiques ou géographiques. Après avoir infhruit fon Lecteur de cette première partie de l'Aftronomie, qui a été vraifemblablement long-temps la feule, M. de la Lande paffe à fhifloire de Aftronomie : les befoins des hommes & la beauté du fpectacle ont dû les affecter de très-bonne heure, & on peut dire que cette Science eft pref- qu'auffi ancienne que le monde, & que fon origine s'enfonce dans la nuit des temps bien au-delà du point où il nous eft permis d'atteindre. Les fables font ordinairement, en pareil cas, la reflource des Hifloriens; aufli n’avoit-on pas manqué d’en orner les premiers fiècles de l'Aftronomie. Les Chaldéens font les premiers peuples chez lefquels on puifle trouver quelques traces de l'étude de cette fcience, mais il faut avouer qu’elles {ont bien foibles, & qu'il ne paroït pas qu'ils aient été beaucoup au-delà de la connoïffance du mouvement diurne des Aftres, ou tout au plus des révolutions & de quelques périodes du Soleil & de la Lune. L’Aftronomie joua un plus | beau rôle en Égypte À & c'eft peut-être le pays du monde où elle fe foit le plus long-temps: confervée: d'Egypte & de Chaldée Aftronomie paffa aux Phéniciens, & on fait quel parti ce peuple ingénieux fut en tirer pour {on commerce. Les voyages des Grecs en Égypte & en Phénicie leur procurèrent auffi Ja connoiflance de cette fcience, & Thalès fut parmi eux le premier qui ofa déterminer la Rares du Soleil & réformer l'année: ces tenta- tives excitèrent lémulation & produifirent les Eudoxes, les Méthon & plufieurs autres qui confacrèrent leurs veilles à cette étude & leurs noms à la poftérité. Tandis que l'Aftronomie failoit des progrès dans la Grèce, elle tomboit en Égypte; le zèle & les bienfaits de Ptolomée Philadelphe la ranimèrent, & on vit paroître la Mefure de la Terre . MES Sent E)NUC ES 127 . HÉratollliènes, les Obfervations d'Hipparque, fes découvertes fur le mouvement des Planètes, fon Catalogue des Étoiles, que Pline qualifie de rem deo improbam , & enfin l'Almagefte de Ptolomee, Livre dans lequel, maloré les progrès de l'Aftro- nomie , les Aftronomes modernes trouvent encore, au bout de dix-fept cents ans, des connoiflances utiles à acquérir. La conquête de l'Afrique & d’une partie de Europe & de FAfie par les Mahométans, étouffa prefque toutes les autres ” Sciences dans les pays où ils s'établirent : heureufement lAftro- nomie fut priviléoiée , les Conquérans la favorisèrent & la tranfmirent aux Européens, chez lefquels les inondations des Barbares du Nord ne lui permirent de reparoïtre que long- temps après. Pendant que l'Aftronomie éprouvoit en Europe & en Afrique les révolutions dont nous venons de parler, elle étoit lentement, mais conflamment , cultivée au fond de l'Afie par les Chinois, qui vraifemblablement la tenoient des Égy ptiens ; mais il faut avouer que malggé toute leur étude, les Chinois n'y avoient encore fait que de bien médiocres progrès à arrivée des Miffionnaires Européens, qui les remirent à peu-près au niveau de nos connoïffances. Enfin vers l'an 12 30, l'Aftronomie commença à reparoître en Europe, & les fiècles fuivans virent naître les Alphontes, ls Copernic, les Tycho, les Képler & cette foule de grands hommes qui en furent les reftaurateurs & les promoteurs. M. de la Lande donne un abrégé de leur vie & de leurs Ouvrages : nous ne pouvons le fuivre dans cette partie intéreffante de fon Ouvrage, mais nous croirions manquer à ce que nous devons aux Sciences fi nous nimitions ici le zèle avec lequel ïl Sélève contie Walchenderp , alors Miniftre & Maïüre du Palais du roi de Danemark, qui pour fatisfaire fa haine particulière contre Fycho, abHéli di pouvoir de fon Maitre, alors abfent, pour le faire lortir du Royaume & perdre avec lui la fuite de toutes les belles connoiffances qui faifoient tant d'honneur au Danemarck. Si les cent bouches de la Renommée font ouvertes pour couvrir d'une gloire immortelle ceux qui 128 HisToiIRE DE L'ACADÉMIE Royarr favorifent l'avancement des Sciences, & par conféquent le biert de l'humanité, elles doivent l'être aufir pour dévouer à Finfamie : dans les fiècles les plus reculés & aux yeux de tout l'Univers, ceux qui s'en déclarent les perfécuteurs. Les découvertes faites dans FAflronomie depuis un fiècle, tant en France qu'en Angleterre, l'inftitution de l Académie Royale des Sciences, de la Société Royale de Londres, des autres Académies inftituées depuis, des Obfervatoires les plus célèbres, les travaux des principaux" Aftronomes, & enfin une life des plus célèbres en ce geme, morts depuis environ deux cents ans, terminent le {cond Livre de l'Ouvrage de M. de 1 Lande; & cette hifloire, jufqu'à préfent unique, eft écrite avec ün feu $& un intérêt bien capable de répandre le goût de lAflronomie & a noble émulation de s'élever à la même gloire que les grands hommes qui en font le fujet. Les Étoiles offrent pendant la nuit un fpettacle prefqu'auffi intérefflant que celui du Soleil pendant le jour; elles fervent d'ailleurs aux Aftronomes de points de comparaifon pour dé- terminer le mouvement des Planètes. Il étoit donc néceffaire d'apprendre à les connoître & à diflinguer les différentes conf- tellations avant que de pañfer à autre chofe : c'eft auffi ce qui fait le fujet du troifième Livre de M. de la Lande; il y nomme ceux qui ont fait des découvertes en ce genre; il difcute l'origine du Zodiaque & des conftellations ,'& fait voir comment on peut concilier les différens fentimens de ceux qui ont écrit fur cette matière ; il y détaille les Catalogues d'étoiles qui ont été publiés jufqu'ici, les découvertes de M." Halley & l'abbé de la Caille dans le ciel auftral, lufage de tous ces Catalogues & les moyens de reconnoitre les étoiles & de fe familiarifer avec le ciel fans Le fecours d'aucun Maître : on juge bien qu'il n'a pas oublié de parler des Nébuleufes, des Étoiles changeantes, de la voie lhéée & de tout ce qui peut avoir trait à cette matière; il va mème jufqu'à parler de la lumière zodiacale ; mais comme ce phénomène eft plutôt Cofmique qu’Aftronomique , il renvoie fur ce point fon Lecteur à l'excellent Traité de l Aurore boréale, publié en 1731 par M. de Mairan, où il eft traité avec toute DÙ FPS OC E NUC'E!S 129 toute Ia netteté & toute l'éténdue qu'on peut defirer. Toutes ces connoiflances préliminaires étant données, M. de la Lande pafle dans fon quatrième Livre à l'Aftronomie proprement dite, c'eft-à-dire à la connoiflance du mouvement des Planètes dans le Zodiaque, & en particulier à celui du Soleil, qui remplit tout ce quatrième Livre: il y traite des inévalités de cet Aflre, de fon mouvement moyen, de fon apogée, de fon équation du centre; il y donne la manière de trouver par obfervation lafcenfion droite de cet aftre ou d’une étoile donnée , F'inftant de l'équinoxe, celui du folftice, l'inftant da midi vrai par les hauteurs correfpondantes & la correction qui doit y être faite ; il y décrit les moyens d'obtenir le paflage du Soleil par le méridien & fon afcenfion droite, fa hauteur méridienne & fa déclinaifon, la manière de calculer l'équation du temps & les principes {ur lefquels elle eft fondée, & enfin Yangle formé au centre des principales étoiles par le cercle de longitude & celui d'afcenfion droite, duquel il donne une Table toute calculée. De l'Aftronomie folaire, M. de la Lande pafle à celle des Planètes, mais il faut ici abfolument changer de route: que ce foit la Terre qui tourne autour du Soleil, ou le Soleil autour de à Terre, il eft évident que l'un ou Fautre étant au centre du mouvement, il en réfultera toujours les mêmes apparences, mais il nen eft pas de même des Planètes ; & pour pouvoir calculer avec exactitude leurs mouvemens réels, il faut favoir leur arrangement & leurs difances refpeétives, pour dépouiller leurs mouvemens apparens des inégalités étrangères qui dé- pendent de la différente pofition dans laquelle elles {e trouvent à l'égard de la Terre. Cette difpofition des Planètes eft ce qu'on nomme le Syffme du monde : c'eft à la defcription de ces fyflèmes & à la recherche de celui qu'on doit admettre qu'eft confacré le cinquième Livre de M. de la Lande. Les fyflèmes connus font jufqu'à préfent au nombre de trois; celui de Ptolomée, qui place la Terre au centre de l'Univers * & fait mouvoir autour d'elle tout le ciel d’orient en occident Hifl. 1764 + R 130 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaALE en vingt-quatre heures, & toutes les Planètes d’occident en orient, chacune füuivant la durée de fa révolution: celui de Copernic, qui plaçant le Soleil au centre du monde, fait tourner autour de lui toutes les Planètes, & même la Terre , autour de laquelle il ne laïfle que la Lune & qu'il charge encore d’un mouvement de rotation {ur-elle-même en vingt-quatre heures, qui produit l'apparence du mouvement diurne; & enfin celui de Tycho, qui fait tourner la Lune & le Soleil autour de la Terre & les cinq autres Planètes autour de ce dernier: M. de la Lande difcute les inconvéniens & les avantages de tous ces fyflèmes ; il fe détermine, avec la plus grande partie des Aftronomes, pour le fyftème de Copernic & diffipe toutes les objeétions faites contre ce fyfème. Partant de ce point une fois établi, M. de la Lande recherche dans fon fixième livre les loïx des Planètes principales, vues du Soleil, la figure & la fituation de leurs orbites; nous difons- vues du Soleil, car la Terre fe mouvant elle-même autour du Soleil, fon mouvement fe combine avec celui des Planètes, & produit néceflairement dans leur cours apparent, des bizar- reries & des inégalités dont il le faut dépouiller; c'eft pour cette raifon que M. de la Lande recommande tant aux Aftro- nomes les obfervations des conjonétions & des oppofitions ,. parce qu'alors le Soleil, la Terre & la Planète étant dans une même ligne droite , le fpetateur placé fur la Terre, voit la Planète au même point du ciel où il la verroit s'il étoit placé dans le Soleil , qui eft le centre de fon mouvement ; viennent enfüite les durées des révolutions des Planètes & leurs moyens mouvemens déterminés par les obfervations les plus exactes & les plus récentes, de même que les principaux élémens de leur théorie , il indique même à ce propos une inégalité que fes propres obfervations lui ont fait découvrir dans le mouve- ment de Saturne; la figure elliptique des orbites des Planètes démontrée par Képler & la loï des aires elliptiques propor- tionnelles au temps, font la clef de toute l'Aftronomie mo- derne ; M. de la Eande s'attache à bien établir ces principes, il en déduit enfuite les moyens d'en tirer les principaux élémens DES SCIENCES. 131 de Ja théorie des Planètes, au moyen d'un petit nombre d’ob- fervations, ajoutant prefque par-tout des exemples calculés, qui conduifent naturellement le lecteur de la théorie à la pratique; enfin il fait voir en finiflant, la manière de déterminer Îa pofition des nœuds des orbites planétaires & leurs mouve- mens, & que ces orbites fubiflent un changement dans leur inclinaifon à l'écliptique qui n'avoit encore été aperçu d'aucun Aftronome, & qui cependant eft exactement conforme à la théorie & extrémement fenfible, puifqu'il eft déjà de 8 minutes dans F'inclinaifon de l'orbite de Mars; ce livre eft terminé par un recueil confidérable des meilleures obfervations de chaque Planète, faites jufqu'à préfent. Les mouvemens de la Lune offrent affez de fingularités &c affez d'objets d'utilité pour mériter un livre à part, ïls font auffi l'objet du feptième Livre : M. de la Lande y donne la raifon des phales de cette Planète, il enfeigne le moyen de les calcu- ler & donne la raifon de cette lumière foible, qui dans les premiers jours du Croïffant fait apercevoir le refle du difque de cette Planète; ces connoïffances, pour ainfi dire, prélimi- naires font fuivies de 1a théorie proprement dite de la Lune, M. de la Lande:en détaille les élémens, & fait {ur-tout voir à fon lecteur comment on a découvert les quatre principales inégalités de fon mouvement, & cet article eft terminé par une Table des principaux élémens de la théorie de la Lune, tels qu'ils ont été déterminés par les meilleurs auteurs, cette Table met fous les yeux les progrès de l'efprit humain dans cette partie; il y joint l'accélération du mouvement moyen, la révolution de fes nœuds, & l'inégalité découverte par Tycho dans la latitude qu'il démontre d'une manière ‘abfolument nouvelle, | Les Chaldéens, qui étoient bien éloignés de connoître a véritable théorie de la Lune, avoient imaginé une autre manière de s'affurer de fon lieu dans le ciel, ils avoient remar- qué qu'après un certain nombre de lunaïfons, la Lune fe retrouvoit à très-peu près dans la même pofition, tant avec le Soleil qu'avec les Étoiles, ce qui ramenoit auffi les Écliples R ji 132 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaALE & les variations de diamètres, & ce fut par le moyen de cette période de 223 lunaifons, qu'ils pafvinrent à s'affurer jufqu'à un certain point des mouvemens de cette Planète ; M. de Ja Lande explique à fon lecteur tout ce qui peut regarder cette période, qu'on doit confidérer comme un des moyens les plus fürs & les plus ingénieux par lefquels on pt fuppléer au défaut d'obfervations & de connoiffances Mathématiques qui leur manquoient, Un des principaux ufages que l'Aftronomie ait fu tirer de la connoiffance des mouvemens des Aflres, eft la fixation des années & des faifons, ou ce que nous appelons le Calendrier; c'eft Fobjet du huitième Livre de l'Ouvrage de M. de la Lande, le Calendrier n'a pas toujours été réglé avec autant d'art & de pré- cifion qu'il left aujourd'hui, & indépendamment de Yétude néceffaire pour en pénétrer les vrais principes, il y en a encore une autre prefqu'aufli étendue, pour y rappeler les divifions du temps, très-imparfaites, dont ufoient les anciens. M. de la Lande commence par la divifion du temps en heures, en femaines & en années, & donne enfuite la confection des cycles & le nombre des nouvelles Lunes qui les compofent : il indique la durée des différentes années qui ont été en ufage chez les différens peuples, les époques les plus célèbres, celles du lever & du coucher héliaque de quelques étoiles ‘employées très-obfcurément dans quelques auteurs; il infifte fur-tout fur celle de Syrius, & donne le caleul du lever héliaque de cette étoile par les trois périodes caniculaires qui remontent jufqu'à treize cents vingt-trois ans avant Jéfus-Chrift ; enfin il en cvient à la réformation du Calendrier par Jules-Céfar & à la dernière faite en 1 5 8 2, par Gregoire XII, de laquelle il préfente tout le détail, & en fait apercevoir toute la beauté ; ce Livre :eft terminé par des remarques importantes fur des pañfages obfcurs d'Ovide, de Varron , de Pline, &c. fur le lever des étoiles, defquels il donne les folutions les plus fatisfaifantes. Les parallaxes du Soleil & de la Lune: font des élémens aflez importans dans Y’Aflronomie pour mériter d’être exami- nés à pat; M. de la Lande en fait le fujet de fon neuvième D H'N SOU E Ne CE 13 Livre; il commence par infhuire fon lecteur de ce que c'eft que la parallaxe & de fs principales propriétés , il -propole L:s différentes manières de la déterminer par obfervation , il examine quel doit être le changement qu'y introduit la non- fphéricité de la Terre, les moyens de déterminer la quantité de ce changement, & comment il doit être appliqué, ä pañle enfuite à la recherche de la parallaxe du Soleil & y difcute les différens réfultats qu'on a tirés de lobfervation du paflage de Vénus fur le Soleil arivé en 1761. Tout ce dont nous avons parlé jufqu'ici, étoit néceffaire pour sélever, au problème de Ia prédiétion des Édliples, c'eft à quoi M. de la Lande emploie Le dixième livre de fon Ouvrage. Les Édlipfes de Lune, comme les plus fimples, font trai- tées les premières, & M. de la Lande détaille les moyens qui ont été inventés pour parvenir à les calculer & à en déter- miner les phafes, ces moyens fe réduifent à la formation & à la réfolution de quelques triangles recilignes, & jufque-R le calcul des Edclipfes n'offre pas de grandes difficultés. IH en eft pas de même du calcul des Éclipfes du Soleil, nous ne répèterons pas ici ce que nous en avons déjà dit dans cette Hifloire *, nous dirons feulement que M. de la Lande donne dans ce livre la manière de déierminer les phafes d'une Éclipf de Soleil, tant par les opérations graphiques que par le calcul. Lorfqu'il n'eft queflion que d'annoncer une Éclipfe de Soleil à une ou deux minutes près, la méthode graphique eft toujours fuffifante, & elle peut fe pratiquer de deux manières, où par une projection exaéle de l'orbite lunaire, du globe terreftre & du parallèle du lieu pour lequel on calcule, où par lufage d’un globe monté pour cet effet d'une façon particulière inventée par quelques Aftronomes ; M. de la Lande détaille exacte- ment l'une & l'autre & évalue avec foin le decré d'exactitude duquel. elles font fufceptibles : mais fi on veut que lobfer- vation d'une Édliple ferve à la correction des élémens des Tables ou à déterminer la différence précife de longitude entre R iij * Voy, ct-devans page 105. “134 HISTOIRE DÉ L'ACADÉMIE RoYaLE deux endroits, il faut calculer rigoureufement, & la projedtion ne doit fervir que de guide au calcul; pour cela M. de la Lande explique les méthodes qui oni été jufqu'à prélent em- ployées , après quoi il en propofe une plus fimple & plus * Voy, Hifl de expéditive *, accompagnée de règles pour toutes les différentes Û age a 53 * fituations où la Lune & l'obfervateur peuvent {e trouver. ÿ ls Mém M. fabbéde la Caille avoit été jufqu'ici Le feul qui eût donné P82 420 {1 manière dé trouver la trace de l'ombre für la furface de la Terre dans une éclipfe de Soleil, encore fa méthode r'étoit- - elle que graphique; M. de la Lande enfeigne à la déter- miner par le calcul, donne de même 11 méthode générale & applicable à toutes les conjonétions pour déduire des obler- vations des édiples du Soleil & des Étoiles, les différences de longitudes des lieux où elles ont été oblervées, & prouve par occafion dans cet article, qu'il n'y a point d'atmofphère, au moins fenfible, autour de la Lune ; ce livre eft terminé par la manière de calculer les différentes Ecliples des Planètes par la Lune, d'une Planète par une autre, & des Étoiles ou des Planètes par les Comètes, car ces dernières font poffibles, & M. de la Lande lui-même a obfervé le 12 Janvier 1764, l'Écliple d'une Etoile de la queue du Cygne, par la Comète qui parut cette année. Les paflages de Vénus & de Mercure für le difque du . Soleil, font eux-mêmes de véritables Eclipfes, mais elles ne fe calculent pas tout-à-fait de la même manière, & cette partie méritoit bien d'être traitée à part, c'eft auffi à cet objet qu'eft deftiné l'onzième livre de M. de la Lande; il y donne d'a- bord la méthode de calculer ce phénomène, en fuppofant te fpectateur placé au centre de la Terre, puis enfuite lui rendant fa véritable pofition à la furface, il préfente ‘au lecteur l'effet que la parallaxe doit produire, d'abord par le calcul, & enfuite par une méthode graphique, qui donne les réfultats très-exaéts & avec une fimplicité dont on ne peut s'empêcher d'être furpris, elle donne avec la même facilité la parallaxe de hauteur , de longitude, de latitude, d’afcénfion droite, de déclinaifon, de diflance, en forte qu'elle {ert à toutes les méthodes & à toutes les obfeivations, BNEUSY Siclatrel Net s I Non-feulement M. de la Lande donne la manière de cal- culer ces phénomènes, mais il préfente encore à fon lecteur celle de les obferver, & il indique les différentes méthodes : pratiquées par les Aftronomes pour obferver les phafes de ces paflages & pour en calculer les obfervations, il y taite féparément de l'entrée & de la fortie du difque, & termine ce livre par la recherche du diamètre de Vénus dans le der- nier paflage, & par la conclufion qu'il en tire, que fi la parallaxe du Soleil étoit de 8" +, Vénus feroit égale à la Terre, mais qu'en la faifant de 9”, ce qui eft la plus petite quantité à laquelle on la puifle évaluer, le globe de Vénus n'eft plus que 0,77 du globe terreftre. Les réfractions occupent le douzième livre, M. de la Lande en donne la définition & cite tous ceux qui ont traité de cet important objet , il explique les différentes méthodes qui ont été inventées pour les déterminer par oblervation , celle des hauteurs correfpondantes, celles des Etoiles circompolaires , celle qui fuppofe deux obfervateurs à une grande diftance, & enfm lingénieufe méthode par laquelle M. abbé de la Caille étoit parvenu à quadrupler fa réfraction de 45 degrés, pour en rendre l'effet plus fenfible, Lorfqu'on a déterminé par obfervation les réfractions depuis Thorizon jufqu'à 45 degrés, on eft obligé d'avoir recours au calcul & aux hypothèfes phyfiques pour obtenir les autres, ces hypothèies font en grand nombre, & M. de la Lande en rapporte les principales & n'oublie pas la belle règle décou- verte par feu M. Bradley peu de temps avant fa mot, que les réfraéfions font proportionnelles aux tangentes de la diflance au génith diminuées de trois fois la réfrattion : toutes ces règles ont lieu tant que les Aflres ne s'abaiffent pas au-deflous de 4 ou s degrés, car au-deffous de ce terme les réfraétions deviennent fujettes à des variétés dépendantes de l'état de latmofphère & des circonftances locales, & M. de la Lande cite à ce fujet un grand nombre d’obfervations curieules, qui prouvent l'exif- tence d'une réfraction indépendante de celle qui a lieu dans les grandes hauteurs & qu'il nomme réfiaéfiou terreftre, 136 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Le treizième & le quatorzieme Livre de M. de la Lande; font d'autant plus précieux, qu'ils contienneut un Traité très- étendu de l'Aftronomie- -pratique, maiière {ur laquelle on avoit jufqu'à préfent très-peu écrit. Le treizième Livre renferme une defcription de tous les Fftrumens d'Aftronomie à prélent en ufage : nous difons à préfent en ufage, car M. de la Lande s’et peu attaché à décrire les inftrumens des anciens Aftronomes, qui ont été remplacés ? parmi nous par d'autres plus exacts. On ne blämeroit certai- nement pas l'auteur d’un Traité des armes de l'Infanterie, de n'y point parler des coutilles & des francifques qui font hors d’ufage depuis plufieurs fiècles, Les règles parallactiques & les ar milles équatoriennes de Tycho font 4 feuls Inftrumens an- ciens qu'il décrit, & il pafle tout de fuite aux Inflrumens modernes. [| commence par les lunettes aftronomiques, qui entrent, pour ainfr dire, néceflairement dans la conflruétion de prelque tous les fnftrumens ; il en décrit exaétement la conftruc- tion & les propriétés : il n'a garde d'oublier dans cette defcription la belle & nouvelle découverte des lunettes achromatiques, qui promettent de fi grands avantages à l'Aflronomie. M. de la Lande n'oublie pas non plus l'efpèce de révolution que produifit dans cette partie l'inftitution de PAcadémie, par le devré de pérfeétion que M.” Auzout, Picard , Caffini & de la Hire furent donner aux Inftrumens alors en ufage; il y donne auffi une idée des gnomons, qui jufqu'alors avoient tenu lieu des grands inftru- mens d'Aftronomie. M. de la Lande paffe enfuite à a defcription du quart-de- cercle mobile, avec le détail de toutes les additions qu'on y a faites pour en rendre l'ufage plus für & plus commode. Après le quart-de-cercle vient le fextant, autre machine du même genre, mais plus propre à mefürer les diflances des Aftres entre eux ; il eft fuivi de la defcription du quart -de-cercle mural , l'inftrument de toute l'Aftronomie le plus commode & avec lequel on peut faire en moins de temps le plus grand nombre de bonnes obfervations. Il décrit celui qui fut fait en 1742 pour M. le Monnier, & y ajoute plufieurs confidérations nouvelles D'mis")>SAGÎTUE NICE :S I nouvelles qui ont été mifes en ufage depuis dans le grand uart-de-cercle de Greenwich &dans celui qui a été fait pour l'Obfervatoire de Péterfbouro. Tous les inftrumens qui contiennent des arcs de cercle ont befoin d'être divilés, & c'eft en grande partie de l'exactitude de cette opération que dépend celle des obfervations : M. de la Lande la traite à part & explique les quatre principales manières d'obtenir les fubdivifions, favoir le micromètre, la vis extérieure, les tranfverfales & la divifion de Nonius, ou plutôt de Vernier qui en eft le véritable Inventeur. j L'hiftoire du micromètre, inventé en 1659 par M. Hughens, fuit naturellement celle du quart-de-cercle, les réti- cules fimples & compoés, le micromètre de M. Auzout, celui de M. Roëmer, celui qui eft garni d’une vis latérale, les mi- cromètres des quarts-de-cercle bien plus compofésque les autres, y font décrits avec tout le détail néceffaire pour en bien faire connoître la conftruction. On emploie quelquefois, pour des opérations délicates, des Inftrumens d'un très-grand rayon, mais qui n'ont qu'un très- petit arc, comme de 8 ou 10 degrés, & fouvent beaucoup moins: ces Inftrumens fe nomment /ééeurs, parce qu'ils ne comprennent pas, comme le quat-de-cercle & le fextant, une partie aliquote de la circonférence du cercle: M. de la Lande décrit ceux qui en dernier lieu ont été mis en ufage pour la détermination de la figure de la Terre, & fur-tout la fufpenfion, qui eft la partie la plus délicate de ces Inftrumens. La lunette méridienne ou inftrument des paffages trouve fa place après les fecteurs; M. Roëmer a le premier employé cet Inftrument, & M.° de Louville & le Monnier en France en ont rappelé l'ufage: M. de la Lande décrit celui dont il fe feat lui-même; il y ajoute plufieurs perfeétions qu'il a remarquées dans celui qui eft à Greenwich; & à Toccafion du niveau d'air, fi effentiel à ces Inftrumens, il rend compte des nouvelles expériences de M. de Chezy, qui procurent l'avantage de conflruire les niveaux de cette efpèce les plus fenfibles & les plus résuliers. La lunette ou machine parallaétique devoit Hif 1704 10 138 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE naturellement aller après Finftrument des paflages: cet inftru- ment, l’un des plus commodes de F'Aftronomie , a été inventé par Scheiner & perfectionné par feu M. Caffini: M. de la Lande ajoute, en le décrivant, plufieurs perfeétions qui en doivent rendre l'ufage plus commode. Les télefcopes de réflexion mé- ritoient bien de tenir leur place dans l'arfenal Aftronomique ; M. de la Lande les y décrit; il y détaille leurs dimenfions, leurs effets & leurs mouvemens ; il y explique leurs foyers d'oculaires, & met fon Lecteur en état de connoître exacte- ment le degré de perfeétion de ces Inftrumens : après eux vient le micromètre objedtif ou héliomètre ; cette lunette à deux ob- jeétifs , inventée par M. Bouguer, & dont lé principe a été appilqué avec tant de fuccès aux télefcopes par M. Short. Enfin ce treizième Livre eft terminé par la defcription des horloges ou pendules aftronomiques : après avoir parlé des horloges de Waltherus & de Tycho, M. de la Lande parle de l'application du pendule aux horloges, faite par M. Hughens, & donne la defcription d'une pendule aftronomique : il décrit le pendule compolé qui remédie à l'aétion du chaud & du froid fur la verve du pendule, les compteurs ou valets qui fonnent toutes les fecondes, & lhélioflate, efpèce de machine parallac- tique qui fait fuivre à la lunette le mouvement diurne par le moyen d'une horloge. C'eft fans doute beaucoup que d'avoir donné une defcription exacte des Inftrumens d’Aftronomie, mais ce feroit encore peu fi on n'enfeignoit les ufages auxquels ils font deftinés : cette partie n'avoit jamais été traitée d’une façon fuivie, & elle ne fe .confervoit que par une efpèce de tradition. M. de fa Lande en fait le fujet de fon quatorzième Livre, qui eft deftiné en entier à inftruire fon Lecteur de a manière de connoître ; difpofer & vérifier les différens Inftrumens & des ufages que Von en peut faire, Ce Livre eft un véritable Traité d’Aftronomie- pratique. H commence par les obfervations qui fe font à la lunette fimple, comme les éclipfes de Soleil, de Lune, d'Étoiles & de Satellites, & indique les attentions que chacune exioe ; il y DEN ASUGUNE Ni CHBiwrer it 429 parle de l'ufage des verres enfumés & colorés pour regarder le Soleil , de l'effet des lunettes de différentes longueurs, & de la manière de les fufpendre, de les foutenir & de les préferver de Yhumidité de Pair. .… Souvent on emploie les réticules dans les lunettes ; il_eft alors néceffaire que les verres foient ce qu'on appelle cœurrés, c'eft-à- dire que l'axe optique, le rayon exempt de réfraction, con- coure avec l'axe du tuyau. M. dela Lande enfeigne la manière de faire cette opération; il donne la defcription d'une lunette contre-pointée, dont il explique les ufages pour la vérification des Inftrumens : il parle enfuite des différens ufages des réticules, puis de celui des micromètres, qui fuppole encore d'autres véri- fications & d’autres méthodes pour réduire les obfervations & trouver la valeur des parties de Finftrument : il infifte fur-tout fur un effet de la réfraction jufqu’à préfent inconnu , qui produit entre le parallèle vrai & le parallèle apparent une différence très-{enfible , qu'il donne le moyen d'évaluer & de corriger. . Avant que d'employer un quart-de-cercle ou un fextant , il faut abfolument le vérifier, tant par rapport à la pofition de Ja lunette que par rapport à la divifion : M. de la Lande donne fe moyen de faire ces vérifications & d'appliquer aux obfervations les corrections qui dépendent des erreurs connues de l'Inftru- ment; & il explique à ce fujet les méthodes employées à cet effet par M.® Graham & Bradley, & qui n'avoient encore été publiées dans aucun ouvrage. Les fecteurs ont une vérifr- cation paticulière, mais elle a été fi bien décrite dans les cinq Ouvrages qui ont paru fur la figure de la Terre, que M. de la Lande a cru devoir y renvoyer fon Lecteur ; il fe contente d'indiquer quelques précautions néceflaires pour éviter Yerreur dans l'ufage de ces Inftrumens. IH n’en eft pas de même de l'Infrument des paflages, & M. de la Lande en indique les ufages.& cinq vérifications qui lui font néceflaires, & dont perfonne n'avoit encore parlé; if donne un moyen facile de connoître la déviation de FInfrument, &. finit par l'ufage du niveau d'air qui lui eft effentiel pour fa vérification. x S i 140 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaLeE La lunette parallaétique fait le dernier article de ce Livre: elle eft auffi fufceptible de cinq vérifications qui étoient inconnues: M. de la Lande donne les moyens de les faire, & de plus une manière fimple & facile de reconnoître combien l'axe de la machine s'écarte de fa polition, foit à égard du plan du mé- ridien, foit relativement à la hauteur du pôle. La détermination de a grandeur & de la figure dela Terre font des objets trop intérefflans par eux-mêmes, & l’Académie y a eutrop de part pour que M. de la Lande püt les oublier dans cet Ouvrage; il en fait le fujet de fon quinzième Livre, 11 y donne un précis de ce qui avoit été fait fur cette matière avant l'inftitution de l Académie & de ce quia depuis été exécuté à plufieurs reprifes par les Membres de ceite Compagnie, tant en France qu'en Suède, au Pérou & au cap de Bonne-elpérance. Les méthodes pour mefurer les diflances terreflres & les ampli- tudes céleftes, & les réfultats de ces opérations, avec différentes remarques {ur la’ toife, le pendule fimple & attraction des montagnes , tous objéts qui ont une relation immédiate avec l figure de la Terre ou fa mefure. Les Étoiles ont peu ou point de changemens réels, mais elles en ont beaucoup d'apparens , les uns & les autres font difcutés dans le feizième & le dix-feptième Livre, le feizième contient les changemens apparens caufés aux Etoiles par {a préceflion des équinoxes; il explique l'effet de ce changement fur les afcenfions droites & les déclinaifons, il traite des chan- gemens de latitude, de la diminution de l’obliquité de léclip- tique, il cherche par la théorie de l’attraétion la caufe de ces phénomènes & en tire la diminution de Fobliquité de l'écliptique de 1° 28” en un fiècle pour notre temps, & de 1 20" {eule- ment au temps d'Hipparque , & fait voir l'accord de cette détermination avec les auteurs anciens & avec la théorie de lattraétion, ce Livre eftéerminé par les changemens de latitude obfervés dans Aréturus & dans d’autres Étoiles, par M. Halley ; Caffini & le Monnier, & par la théorie de la parallaxe du grand orbe où du changement de pofition que devroit caufer aux Étoiles la différente pofition de la Terre aux deux extrémités DES SCIENCES. 141 de fon oxbite, diflantes l'une de l'autre de plus de 60 millions de lieues, & il en conclud que puifque cette parallaxe eft in- fenfible, il faut que le diamètre entier de l'orbe annuel foit vu comme un point de la plus proche des Étoiles: Quelle étrange immenfité de diflance & quelle grandeur dans Univers ! Le dix-feptième Livre traite d'un autre mouvement apparent des Étoiles, caufé par le mouvement de la Terre fur fon orbite, & par le mouvement fucceflif de la lumière ; M. de la Lande y a joint la nutation de l'axe terreflre; ces deux mouvemens font fi néceffaires dans le calcul aftronomique, que M. de la Lande a cru les devoir expliquer avec toute l'éten- due néceflaire , l'hifloire de la découverte de l'aberration, par M. Bradley, la manière dont il y avoit été conduit, les prin- cipes fur lefquels le calcul eft éabli, tout y eft expliqué avec la plus grande netteté, & cet article finit par les formules néceffaires pour déterminer en toute occafion l'aberration d’une Étoile pour un temps donné; ce Livre eft terminé par la nutation, ce mouvement autrefois foupçonné par M. Roëmer & par M. Flamftead, découvert par M. Bradley , & démontré d’après la théorie par M. d'Alembert y eft traité fort au long, & M. de la Lande y démontre toutes les formules qui y ont rapport. L’Aftronomie des Satellites qui fait le fujet du dix-huitième Livre navoit jamais été traitée aufli complètement qu'elle Feft dans cet Ouvrage; M. de la Lande y expole les obferva- tions de Galilée, de M." Caffini & Maraldi fur les révolutions, les diftances & les inégalités des Satellites, & propofe enfuite de conftruire des tables de leurs Éclipfes femblables à celles de M. Wargentin & il en détaille les fondemens: viennent enfuite les inégalités des Satellites ; celle qui dérive de l'équation de Jupiter & celle qui a pour caufe le mouvement fucceffif de la lumière, font communes à tous les Satellites, mais chacun a de plus une inévalité propre, déterminée par obfervation , & qui paroït provenir des attractions mutuelles des Satellites, de l'excentricité de leurs orbites & fur-tout du mouvement de leurs apldes, la manière de caiculer les écliples de ces SE 142 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE Roïÿ4Lre Aftres fur leur théorie, M. de la Lande enfeigne à déterminer le diamètre de l'ombre, la latitude jovi-centrique des Satellites , leurs inclinaifons & leurs nœuds, la durée de leurs écliples, en fuppofant même le globe de Jupiter elliptique, & tout cela par des règles fimples, commodes, & par-tout éclaircies par des exemples ; il explique toutes les variations que M.° Ma- valdi & Wargentin ont remarquées dans les demi-durées des écliples des trois Satellites les plus éloignés, & il rapporte l'explication qu'ils en ont donnée, en fuppofant un changement dans leurs inclinaifons & dans leurs nœuds; il paffe enfuite à l'examen de plufieurs circonftances qui influent dans les obfer- vations, telles que les inégalités optiques caufées par les variations de l'intenfté de la lumière, les différences de groffeur des Satellites, leurs taches, leurs variations de grandeurs apparentes, & les différences que les lunettes produifent dans les obfervations; il donne enfuite la manière de déterminer les configurations des Satellites, & donne la figure de F'inftrument inventé pour cet efiet par M. Cafimi; il expofe une méthode graphique pour ‘trouver l'effet des parallaxes, pour favoir dans quel temps on peut obferver dans une même écliple les immerfions du fecond Satellite, & enfeigne à connoître à quelle diflance de Jupiter doivent arriver les émerfions pour fe préparer à les oblerver, & donne le moyen de trouver les latitudes apparentes des Satellites par rapport aux bandes de Jupiter; les Satellites de Saturne, leur hifloire, les élémens de leur théorie font auf l'objet d'une ample explication, les obfervations de M. Cañini en font le principal fondement; & pour rendre fon Ouvrage plus complet, M. de la Lande y ajoute celles de M. Pound & le Monnier. : Les Comètes, ces aftres finguliers qui faifoient autrefois {a terreur de l'Univers & qui n’en excitent aujourd'hui que l'ad- miration, font traitées dans le dix-neuvième Livre ; l’hiftoire fait mention d'environ quatre cents cinquante Comètes, mais il n'y en a que cinquante-une dont les élémens & l'orbite aient été calculés; M. de la Lande parle de celles qui ont été les plus célèbres, foit par la grandeur de leur queue ou de leur D'E'S LOMGAIIEUN CES. 14 chevelure, foit par la durée de leur apparition, foit par la viteffe de leur mouvement, foit par quelqu'autre circonflance remaï-- quable ; il donne une idée du {yftème des Anciens fur la nature de ces Aftres, mais il cite fur-tout avec complaifance ce que Sénèque en a dit; les idées de ce Philofophe font fr fublimes & fi éloignées de la manière dont on penfoit de fon temps à ce fujet, qu'à peine pourroit-on dans ce fiècle dire quelque chofe de plus ingénieux & de plus philofophique: M. de la Lande fait voir comment les idées de Tycho, de Képler, d'Hévélius & de M. Caflini avoient enfin conduit à la décou- verte de Newton & de M. Halley {ur les orbites des Comètes &. fur leur mouvement à peu près parabolique ; il démontre la propofition fondamentale qui fert à conftruire la table du mouvement d’une Comète qu'on fuppofe mettre un certain nombre de jours à aller de fon aphélie à trois fignes au-delà, & au moyen de laquelle on trouve par une règle de trois le mouvement de toutes les autres, il fe propole le problème de déterminer au moyen de trois obfervations Forbite d'une Comète, & le réfout, tant par le calcul que par une méthode graphique qui lui eft particulière & qui abrège confidérable- ment le calcul & les tâtonnemens qu'on eft forcé d'employer par les méthodes ordinaires; jufqu'ici nous n'avons regardé les orbites des Comètes que comme des paraboles, elles font cependant de véritables ellipfes , mais très-alongées ; M. de la Lande donne les moyens de calculer fanomalie vraie dans un orbite elliptique très-excentrique , en prenant pour exemple la fameufe Comète de 1682, obfervée de nouveau en 17 593 il y donne une idée des perturbations que les attractions de Jupiter & de Saturne lui avoient caufées & qui ont été fi fa- vamment difcutées par M. Clairaut; la queue des Comètes termine ce dix-neuvième Livre, & on y trouve ce que M.° Newton & de Mairan ont propolé à ce fujet, & ce que les Obfervations phyfiques peuvent fournir pour confirmer lex- Plication phyfique que ce dernier a donnée du phénomène. * Jufqu'ici nous n’avons confidéré que le mouvement des Aflres autour du Soleil ou des Satellites autour de leur Planète * Voy. ci- devant , 412. Past 144 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE principale, ils en ont cependant encore un autre, tous, fans même en excepter le Soleil, tournent fur eux-mêmes, cet ce mouvement de rotation qui fait le fujet du vingtième Livre, M. de la Lande commence par la découverte des taches du Soleil, faite en 1711 parle P. Scheiner, qui ont décélé le mouvement du Soleil autour de fon axe, & il enfeigne com- ment on a pu, par leur moyen, déterminer la révolution du Soleil & la poñtion de fon axe & de fon équateur; il.oblerve de plus, qu'on pourroit peut-être, en examinant bien leur mouvement, déterminer fi les nœuds de l'équateur folaire n’auroient point un mouvement qui fembleroit demander un aplatiffement d'environ 4 que M. Bouguer & lui ont cru remarquer dans {on globe, La rotation de Ja Lune établie par M. de Mairan & adop- tée par M. de h Lande, fuit celle du Soleil; il en tire la pofition de fon axe & de fon équateur , il parle enfuite des taches de cette Planète & des cartes nommées Sélénographies, qui les repréfentent ; il y expofe les phénomènes de la libra- tion & les explications qui en ont été données, & fait voir que cette libration s'explique facilement, en admettant avec M. Caffini un mouvement uniforme de rotation autour d'un axe incliné d'environ 2 degrés {ur l'écliptique; mais cette hypothèle m'avoit encore été démontrée que par M. Mayer dans un Écrit allemand , inféré dans les Mémoires de la Société de Nuremberg. M. de la Lande en a extrait les principaux raifonnemens, les obfervations & la méthode très- élégante, au moyen de laquelle on parvient à faire entrer dans un même réfultat un grand nombre d'obfervations ; & de celles qu'il a faites lui-même, il parvient à tirer le mou- vement des nœuds de l'équateur lunaire égal à celui des nœuds de l'orbite, comme nous l'avons déjà dit dans cette Hiftoire *. Jupiter & Saturne, Vénus & Mars, leur figure, leurs taches, deurs phafes, leurs rotations, fe tout tiré principalement des obfervations de M. Caffini & Maraldi, terminent ce ving- tième Livre, M. de la Lande y ajoute ce qui regarde l'anneau de Saturne & une méthode nouvelle & facile de trouver l'élévation DES SAGTEN CE * 145 ‘élévation de Foœil au-deffous du plan de cet anneau, & par conféquent fa figure, fes phafes & fes difparitions. Le vingüème Livre eft d'un genre abfolument différent, & on pourroit dire qu'il feroit étranger à cet Ouvrage s'il ne devenoit néceflaire à ce qui y fera dit dans la fuite, il contient une introduction au calcul différentiel & intégral & à l'Arith- métique de Finfini, confidérée dans les parties qui fervent à l'Aftronomie, quoique ces calculs foient expliqués dans plu- fieurs Livres, il y manque par-tout certains théorèmes dont l'Aftronomie phyfique a befoin, & des règles pour les appli- quer à fes ufages; il y a même des propriétés des feétions coniques , applicables à l'Aftronomie, qui font ignorées de tous ceux qui en ont écrit, c'eft à quoi M. de la Lande a voulu fuppléer dans ce Livre, & fon Ouvrage devient par ce moyen une introduction complète & élémentaire à la Phyfique célefte. Le vingt-deuxième Livre traite de l'attraction, de fes loix & de fes effets, M. de la Lande commence par l'hiftoire intéreffante de cette fameufe découverte dont il fait voir le germe dans les Ouvrages de Plutarque, de Copernic, de Tycho, de Bacon, d'Hévélius, de Fermat, de Roberval, mais fur-tout de Képler & du Docteur Hook , auxquels il na manqué que d'en connoître la loi : on voit enfuite com- ment Newton parvint à la déterminer à l'aide de celle de Képler, {ur la proportion entre les diftances des planètes au Soleil & le temps de leurs révolutions; il donne l'expreffion des forces centrales & centrifuges, & en fait voir les propor- tions; il explique par ce moyen la nature elliptique des orbites des planètes , il donne une règle très-fimple «pour s'affurer de la denfité de ces corps par les révolutions & les diflances de ces Satellites ; de-à il pafle aux perturbations que l'action mutuelle des planètes les unes fur les autres, doit produire dans leur cours, if détaille les principes qui doivent être employés dans cette recherche, & rapporte la manière dont M. Clai- raut parvient à exprimer en termes finis le rayon vecteur de Yorbite troublée. La première application que fait M. de la Lande de toute Hifl. 1764 FRE 146 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoyaLe ‘cette théorie eft à la détermination de lorbite lunaire ; M. de la Lande néglige à deflein dans cette difcuffion un grand nombre de termes pour fimplifier les exemples, mais il avertit de ceux qu'il a négligés; le fecond exemple eft la déter- mination des inégalités caufées au mouvement de la Terre par l'aëtion de Jupiter qu'il donne d'une manière aflez détaillée pour que tous les Aftronomes puiffent faire fur d'autres planètes les mêmes calculs & les mêmes recherches. Le calcul du mouvement des apfides, dans hypothèfe de l'attraction , fuit celui des perturbations; M. de la Lande y prend pour exemple apogée du Soleil , il détermine aufi le mouvement des nœuds au moyen d'un théorème très-fimple & applicable à toutes les planètes, & ce théorème appliqué à la recherche du mouvement des nœuds de la Lune le donne à un vingtième près de ce qu'il eft réellement. Le calcul de la préceflion des équinoxes qui dépend de l'attraction que le Soleil & la Lune exercent fur le globe de la Terre, eft un des plus diffciles de Ja théorie de l'attraction, il left même à un tel point, que Newton s’y étoit mépris, & ne donnoit à cette préceflion que la moitié de fa valeur : M. d'Alembert, Euler, Simplon, le Chevalier d'Arcy & plufieurs autres qui fe font occupés de ce problème, n’étoient nullement d'accord entre eux, M. de la Lande démontre de la manière la plus claire & la plus précife qu'il faut fixer ce mouvement à 22”; conformément au fentiment de M." Euler, d'Alembert & Simplon , à même action de la Lune qui pro- duit la préceflion des équinoxes, produit auffr fa nutation de faxe terreftre, & M. de la Lande la détermine conforme aux obfervations de M." Bradley & le Monnier. Le dernier effet de l'attraction expliqué dans ce Livre, eft ha figure de la Terre, M. de la Lande y emploie la théorie de M. Clairaut, mais dégagée de tout ce qu'elle auroit de trop général & dé trop difficile pour les Commençans, & quelque complet que foit ce petit traité de la figure de la Terre, on peut dire qu'il eft auffi court que facile, Le vingt-troifième Livre renferme la Trigonométrie {phérique DNE\ 8) SAC LEUN. C ES 147 ou plutôt la partie de cette fcience qui intéreffe Aftroñomie avec toutes les propriétés des finus & des tangentes, qui ont fervi dans le cours de cet Ouvrage; M. de la Lande y donne la théorie & l'ufage des analogies différentielles, autrefois inven- tées par M. Côtes, & depuis prodigieufement étendues par M. l'abbé de la Caille, il les démontre & en fait voir toute Jutilité. Le vingt-quatrième & dernier Livre eft deftiné à mettre le Lecteur au fait du caleul aftronomique, c'eft-à-dire de celui qui fe fait en conféquence des obfervations & d’après les Tables aftronomiques, on y voit la manière de fe fervir des fecondes différences pour calculer certaines tables, celle de réduire à une même époque plufieurs obfervations, de régler une horloge aftronomique, de calculer le lieu d’une planète par une obfervation faite dans le cas le plus compliqué, & en fuppofant toutes les difficultés dont l'obfervation peut être accompagnée ; M. de la Lande y enfeigne l'ufage des obfer- vations de la Lune pour trouver les longitudes en mer, foit par les méthodes de M. Pingré & le Monnier, foit par celle de M. fabbé de la Caille; il explique toutes les correc- tions de réfraétions & de la parallaxe de deux manières diffé. rentes, dont lune eft une méthode nouvelle, inventée paï M. Maskeline & plus fimple que la méthode ancienne; enfin l'Ouvrage eft terminé par les Tables du Soleil de M. l'abbé de la Caille & les Tables de la Lune par M. Mayer, aux- quelles il a fait plufieurs augmentations, & même quelques corrections utiles, il en explique fufage par des exemples détaillés & indique les endroits de fon Livre qui fervent de fondement à la conftruétion de chacune de ces Tables. On peut voir aifément, par ce que nous venons de dire, combien cet ouvrage peut être utile & combien il exigeoit de connoiffances & de lecture de la part de M. de fa Lande: l'attention qu'il a eue de citer continuellement les meilleurs Ouvrages, rend celui-ci un répertoire immenfe en ce genre ; la généalogie des idées, s'il m'eft permis d'employer ce terme, y foulage l'éfprit de cette humiliante admiration qu'on éprouve Aa} 148 HIisToIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE en lifant des découvertes dont on ne voit ni la fource ni le progrès: on y trouve prefque par-tout des vues nouvelles fur ce qui refte à faire dans l'Aflronoinie, & il y a peu de parties de cet Ouvrage où M. de la Lande n'ajoute quelque chofe à ce qui a été fait avant lui; & pour dire quelque chofe de plus, l'accueil que le Public lui a fait, a été tel que l'édition en eft aëluellement épuifée, & que M. de la Lande travaille * à en donner une feconde. pue même année, le P. Bertier, Prêtre de lOratoire & Correfpondant de l'Académie, lui dédia un Ouvrage, intitulé: Phyfique du Ciel, où l'on confronte fans partialté le vide © l'attraction avec l'éher ou impulfion, dc. Les Phyficiens font en général partagés en deux efpèces de fetes fur l'explication des phénomènes céleftes : les uns füp- polent, avec Defcartes, l'Univers rempli d'un fluide qui com- munique fon mouvement aux Corps céleftes, & admettent par conféquent le plein & Fimpulfion ; les fétateurs de Newton au contraire fuppofent l'Univers abfolument vide, ou au moins rempli d’une matière non réfiflante , & ne donnent d'autre caufè des mouvemens des Corps céleftes que leur attraétion mutuelle, jointe à un mouvement en ligne droite primitivement imprimé. Il y a près d'un fiècle que les deux partis difputent avec chaleur, & que chacun étale fes avantages & tâche de trouver le foible de fon adverfaire; mais na-t-on pas mis trop dé vivacité de part & d'autre, & ne feroit-il pas utile qu'un au- teur intelligent & impartial expofit de fang froid les raifons, des uns & des autres ? C'eft à quoi s'eft principalement appliqué le P. Bertier dans l'Ouvrage dont nous parlons ici : il y expofe, avec toute à fidélité d'un Philofophe impartial , les fyflèmes de l'attraction & du vide, de Fimpulfion & du plein : tout ce qui a été dit de pat & d'autre de plüs probable, les expériences , les dé- monfrations, les preuves de toute efpèce, font rapportées alter * En Juin 1767. DES SCIENCES. T49 mativement par le Phyficien partifan de l'attraétion & du vide & par le Phyficien qui adopte le fyflème de limpulfion & du plein. L'auteur ne prend aucun parti; il évite même avec le plus grand foin de laifier deviner celui pour lequel il auroit le plus d'inclination , mais il met fous les yeux du Public tont ce qui eft néceflaire pour bien-entendre fun & autre {yflème. La clarté, & fur-tout l'impartilité, qui règnent dans cet Ou- vrage, & qu'on trouve fi rarement dans ceux qui ont traité de ces matières, ont paru devoir le rendre digne de l'attention & de l'accueil favorable du Public, Ti V.les Mém. P: Ie 150 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYÂLE (000C000000O0O0PTOUTOTO GÉOGRAPHIE. SUR LA COMPARAISON DES ISLES DE FRANCE ET DE BOURBON. 1° n'eft que trop ordinaire de trouver des différences dans les Cartes géographiques, mais c'eft peut-être une efpèce de phénomène que de voir deux plans de deux îles, toutes deux habitées fucceflivement par le même auteur , dont Fun eft extrêmement exact & l'autre chargé d'erreurs groflières : tel ef cependant ce qui a donné lieu à la difcuflion géographique de M. Buache, de laquelle nous avons à rendre compte. Ïl avoit depuis long-temps entre les mains deux Plans, un de l'ile Mafcaregne où de Bourbon, Yautre de l'ile Maurice où de France: ces deux plans venoient de M. Denyon , premier Gouverneur de l'ile de France en 17 2 2 : ils étoient tous deux fignés de fon nom; &. pour leur donner encore plus de crédit, il n'eft pas inutile de remarquer que M. Denyon avoit été Ingénieur avant que d'être nommé au gouvernement de file de France. : Le voyage que M. Fabbé de fa Caïlle fiten 175 2 aux îles de France & de Bourbon, procura des connoiffances plus cer- taines que celles qu'on avoit eues jufqu'alors fur la fituation, l'étendue & la figure de ces îles, & cet Académicien remit à {on retour ces matériaux entre les mains de M. Buache pour en faire ufage. Celui-ci ayant voulu, à la prière de M. de Mairan, com- parer la Carte de l'ile de France de M. Denyon avec celle qui réfultoit des opérations de M. l'abbé de la Caille, fut frappé de la différence qui fe trouvoit entre ces deux Cartes : celle de M. Denyon failoit l'ile de France prefqu'égale à celle de Bourbon, tandis que les opérations de M. l'abbé de la Caille la donnoient beaucoup plus petite, DOE US US CANCER NUE ES 151 Cette différence engagea M. Buache à rechercher tout ce que les Géographes pouvoient avoir dit de ces iles, pour voir ce qui avoit pu donner lieu à une erreur fi confidérable, & voici ce qu'il a trouvé. Les plus anciennes Cartes repréfentent toutes l'ile de France plus petite que celle de Bourbon: Keeling, Thaureau, Van- neck, Mandeflo, font tous d'accord fur ce point : Hubner même , dans fa Géographie , où il emploie d'anciennes Relations, la donne de moitié plus petite, & toutes ces déterminations s'accordent affez bien avec celles de M. l'abbé de la Caille, D'où a donc pu venir dans le temps moyen entre ces obfer- vations & celles de M. l'abbé de la Caille, l'idée adoptée par M. Denyon, de faire l'ile de France égale à l'ile de Bourbon ? M. Buache en donne deux raifons: la première eft tirée de l'Hifloire univerfelle des Anglois, où if eft dit * que tous les AU Traités modernes de Géographie font en défaut au füujet de l'ile far, de France, & que le voyage de Leguat eft le feul duquel on puifle en tirer une bonne defcription. Or, cet auteur donne à lle Maurice ou de France prefque autant de circuit qu'à celle de Mafcaregne ou de Bourbon : il n’eft donc pas étonnant que M. Denyon ait adopté, peut-être fans mefurer lui-même, l'opinion de auteur qui pañloit alors pour le plus exact. Quand même il feroit parti d'après le tour de l'ile qu'il avoit pu faire, il n'en avoit probablement vifité les côtes que par mr & dans une barque. On fait que les bas-fonds & les rochers obligent fouvent les bâtimens à s'écarter affez loin du rivage: il n'eft donc pas étonnant que M. Denyon, trompé par cette circonflance , ait jugé le tour de file beaucoup plus grand qu'il n'étoit. Il feroit affez naturel d'imaginer, d'après ce que nous venons de dire, que le plan de lle de Bourbon, donné par le même auteur, ne mérite aucune confiance, on fe tromperoit cepen- dant, & beaucoup. Ce plan, comparé aux plus exats, comme celui qui fut dreffé par Flacourt en 1658 & celui que M. Bouvet fit lever en 17 52, dans le temps qu'il en étoit Gou- vemeur, sy cft trouvé prefqu'entièrement conforme , tant pour V. les Mém. p. 262. 152 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Yétendue que pour fa figure, qu'il fait alongée, comme elle Yeit réellement, au lieu que le plan de l'Hiftoire des Voyages la repréfente comme ronde. Cette difcuffion & les matériaux qui ont été communiqués à M. Buache par plufieurs amateurs du progrès de la Géographie, & {ur-tout par M. de Bombarde, qui lui a remis un plan exact de l'ile de France, l'ont misen état, en appliquant à ces plans les obfervations Aftronomiques & Géodéfiques de M. l'abbé de la Caille, que M. Maraldi lui a communiquées, de drefler deux Cartes très-détaillées de ces îles: on peut aifément juger de quelle utilité elles feront pour la Géographie, 1 Navigation & le Commerce, SUR LA LONGITUDE ET LA LATITUDE DRE LPIE'K L'N UAND fa ville de Pékin ne feroit pas la capitale d'un grand Empire, le grand nombre d'obfervations utiles qui Sy font faites, en rendroit la pofition intéreflante pour les Aftronomes & les Géographes. M. Pingré s'eft appliqué à raffembler les obfervations qui pouvoient fervir à en fixer la Latitude & la Longitude, & voici le réfultat de fes recherches. Les plus anciennes obfervations faites à Pékin ne remontent pas au-delà de 1278, elles font de Co-cheou-king, qui y cultivoit alors l'Aftronomie avec fuccès : cet Aftronome fit élever un gnomon de 40 pieds chinois, & obferva avec beau- coup de foin les longueurs de l'ombre à midi, & fes propor- tions avec la hauteur du gnomon; fix de fes obfervations ont échappé à injure des temps, & M. Pingré en a déduit la Latitude de Pékin en y faifant les réductions néceffaires, elle { trouve par un milieu entre ces fix obfervations, de 394 52° 16”; on croit en avoir une fepüième de la longueur de l'ombre {olfliciale, mais celle-ci ne paroït pas être faite avec autant ‘DES SCIENCES. 153 autant de précifion que les autres , la longueur des ombres n'y eft marquée qu'en dixièmes de pied , elle donneroit d’ailleurs une Latitude différente de celle qui eft déterminée par les autres, & enfin il en réfulteroit une obliquité de l'écliptique de 2 34 32° 58", plus grande de 1° 1 1” que celle de 233147" qui réfulte des fix autres obfervations, ainfi M. Pingré conclud à rejeter cette dernière. Il s'agit préfentement de déterminer l'endroit où obfervoit Co-cheou- king, car la grandeur de Pékin eft aflez confidé- rable pour que cette recherche foit néceffaire; le P. Gaubil, avec des peines & des foins incroyables, seft afuré que l'Obfervatoire de l'Aflronome chinois étoit de 4 47" plus méridional que la maifon des Jéfuites françois de Pékin, ce qui donneroit Ja Latitude de cette maifon, d’après les obfer- vations de Co-cheou-king, de 394 57° 3”, & nous allons bientôt voir combien ce réfultat s'éloigne peu de la vérité. Un des premiers foins des Miflionnaires françois, en arri- vant à la Chine, fut de saffurer de la pofition de Pékin; dès Tan 1668, le P. Verbieft effaya de déterminer la Latitude de l'Obfervatoire impérial : faute d'inftrumens dont il manquoit alors, il fe fervit d'un ancien gnomon qu'il fit réparer, & qui après cette réparation fe trouva haut de 8 pieds L; il calcula d'après cette hauteur la longueur de l'ombre au 27 Décembre, & il la trouva de 16 pieds fix dixièmes & environ fix cen- tièmes, ce qui fut exaétement conforme à lobfervation ; le P. Gouye la comparant à une obfervation faite le même jour à Bologhe en Italie, en déduit la Latitude de l'Obfer- vatoire impérial de Pékin, de 39% 57° 41": mais il y a ici deux fautes qui n'ont pas échappé à M. Pingré; la première eft une erreur dans le calcul, dont la rectification réduiroit la Latitude de Pékin à 394 42° 15°, & la feconde d'avoir donné une fauffe date à l'obfervation que le P. Verbieft n'a- voit point datée, en reftituant cette date & {a remettant au 31 Décembre, comme la longueur obfervée de l'ombre le demande; cette obfervation donneroit la Latitude de Pékin de 364 57 30", bien différente de celle de Co-cheou-ling : if 1704. ; s NIV: 154 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE vingt ans après les PP. Fontenay & Lecomte tentèrent de: déterminer cette Latitude” par des hauteurs du Soleil & de: Sirius, mais l'inflrument étoit trop petit, trop mal véifié, & les obfervations trop imparfaites pour qu'on en puiffe rien conclure. Enfin en 1754, 1755 & 1756, les PP. Gaubil & Benoît obfervèrent un grand nombre de hauteurs méridiennes d'étoiles, tant au nord qu'au fud, avec un excellent quart-de- cercle de trois pieds de rayon, que leur avoit envoyé M. de l'Ile, & ces hauteurs corrigées par la Table de réfraction de M. Bradley, donnent toutes la hauteur du pôle de la mailon des Jélüites françois à Pékin, de 394 55° 15", & cette Lati- tude peut pafler pour déterminée avec toute la précifion qu'il. eft poffible d'obtenir; l'Oblervatoire impérial fera donc à 39% 55 30° de Latitude feptentrionale, La Longitude de Pékin froit aufli aikée à fixer que fa: Eatitude, fi on ne confultoit que le nombre des obfervations ,. il eft prodigieux, mais elles font pour la plupart fr mal cir- conftanciées , qu'il n'eft prefque pas poflible d'en rien tirer ; il. étoit cependant d'autant plus néceflaire de fixer cette Longitude, que les meilleurs Auteurs ne s'accordent nullement entre eux. fur ce point; M. Harris avoit placé Pékin à 7h 42° 20° à lorient de Paris; M. de la Hire, à 7h 38°; & enfin le P. Noël à 7h 36° 38", mais aucun d'eux n'a donné les rai- fons fur lefquelles il fe fonde, & M. Pingré a été obligé de raffembler ce qu'il a pu tirer de connoïflances fur cet article, M.* Caffini & Maraldi ont comparé les obfervations des Satellites, faites à Pékin avant 1726, avec celles des leurs qui leur étoient correfpondantes' ou qui même avoient été faites à quelques jours de diflance, en y faïfint les réduétions néceffaires ; les réfultats ne { font nullement accordés les uns: avec les autres ; les Longitudes qu'ils donnent diffèrent entre elles depuis 7h 35° 28" jufqu'a 7° 37 17, mais en pre-. nant Je milieu, il ne ‘paroît pas que la Longitude de Pékin puifle beaucoup différer de 75 36° 22° + Les obfervations faites à Pékin depuis 172 6, paroïflent plus DES SCIENCES. 155 exactes & font en très-grand nombre; M. Pingré en a com- paré plus de deux cents du premier Satellite avec les obfer- vations Européennes, & cela par trois différentes méthodes, La première a été de les comparer immédiatement avec celles d'Europe qui ont été faites les mêmes jours, en ex- cluant toutes celles qui pouvoient être douteufes , il ne s'en eft trouvé que neuf dont les obfervations de M.* Caffini & Maraldi aient donné les correfpondantes , elles ont donné la Longitude de la maïfon françoile de 7h 36° 1 $" à lorient de Paris ; quatorze obfervations pareilles, qui ont trouvé leurs correfpondantes dans celles de M. de ffle à Péterfbourg, ont donné la Longitude de cette même maifon de $P 44° 22" à l’orient de Péterfbourg, & par conféquent de 7" 36 24’ à l'orient de Paris; enfin fept immerfions & dix-huit émerfions «comparées avec les oblervations faites à Chandernagor par le P. Boudier, donnent la différence de Longitude entre Pékin & Chandernagor de 16 $1° 45”, à quoi ajoutant la diffé- rence entre Chandernagor & Paris de $° 44 37", onala différence entre ce dernier & Pékin de 7" 36° 24". La feconde méthode a été de comparer les obfervations de Pékin avec le calcul des tables, corrigé par les obfervations de M. Maraldi, faites une ou deux révolutions plus tôt ou plus tard , il seft trouvé entre les réfultats des différences énormes, qui venoient vifiblement du défaut des obfervations de fa Chine, & on n'en a rien pu conclure de précis. La troifième méthode a confifté à dreffer, d'après les meil- leures obfervations de l'Europe, des efpèces d’Éphémérides du 1° Satellite, pour les temps auxquels les PP. Koegler & Gaubil avoient le plus obfervé, & d'y comparer quatre-vingts immeïfions & quatre-vingts émerfions obervées à Pékin ; elles ont dônné pour réfultat moyen 7h 36° 9” de différence de méridiens entre Paris & Pékin: mais fr on {pare les obfer- vations du P. Gaubil, qu'on a tout lieu de croire les meil- leures, de celles du P. Koegler, ‘on aura pour cette différence 7" 36" 32". Le paffage de Mercure obfervéen 17 5 3 à Pékin, & comparé à l'obfervation de M. Caffini & Maraldi, donne V ÿ V. les Mém. p. 348. 156 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RofALE la différence des méridiens entre Paris & Pékin de 7" 36° 24"; enfin une éclipfe de Soleil obfervée à Pékin & à Paris en 1730, comparée à l'obfervation faite à Paris, donne, en faifant les réductions néceflaires, la différence des méridiens entre les deux villes, de 7h 36 23". C'eft à ce réfultat, qui s'accorde aflez bien à tout ce que nous venons de dire qu'on avoit trouvé de plus exact, que sarrète M. Pingré, & il réfulte de fon travail qu'on peut prendre fans crainte 39% ç$' 15" pour la Latitude de la maifon des Jéfuites françois à Pékin, où 394 55° 30" pour celle de FObfervatoire impérial, 7" 36° 23" pour la diffé- rence des méridiens entre l'Obfervatoire de Paris & celui de la mailon françoife de Pékin, & enfin 7" 36° 35" pour cette même différence entre l'Obfervatoire de Paris & TOB- fervatoire de Pékin. Il n'y a pas d'apparence qu'on foit jamais obligé de redifier cette pofition. SUR LA EONGITUDE: DE POLLING Ne encore un travail de la même efpèce, les obfer- vations faites depuis plufieurs années à Polling, par M. Godhower , ont fait defrer de connoïître exactement la Longitude de cette ville, M. Pingré ayant communiqué à M. Bailly lobfervation de Féclipfe de Lune du 17 Mars 1764, que celui-ci avoit obfervée à Noflon près de Sens, avec S. É. M.* le Cardinal de Luynes; M. Bailly fit la comparaifon des phales qui avoient été obfervées dans les deux endroits, il en réfulte qu'en prenant un- milieu entre neuf phals qui ont pu être comparées, elles donneront la diffe-. rence des méridiens entre Noflon & Polling de 30°4", & comme Noflon eft plus oriental que Paris de 3° 45”, que Polling eft plus oriental que: Paris de 33° 49", ce qui sac- corde affez bien avec la pofition que lui donnent les opérations : géodéfiques faites en Allemagne par M. de Thury, mais que { on choifit les feules immerfions des. taches qui femblent s D'E s" S: CF E N:C E:s 1$7 saccorder plus précifément , on aura pour la différence des méridiens entre Polling & Paris 33° 38", ce qui s'accor- deroit aflez avec la détermination du P. Hell; il fe trouve donc feulement 11" d'ambiguité fur Ja Longitude de cette ville : C'eft déjà l'avoir amenée à des termes affez précis, & il y a tout lieu d'efpérer que de nouvelles obfervations lèveront fur ce point toute incertitude, SUR LA COMPARAISON De la Laïirude des principales Villes du Royaume, déterminées par les Obférvations , avec celle qui réfulte des Triangles. UELQUES erreurs qu'on avoit cru remarquer entre les Latitudes obfervées de quelques points de la côte de Bretagne & celles qui avoient été déduites des mefures géodéfiques de la Carte de France, ont engagé M. de Thury à cette difcuflion; il sagifloit principalement de la Latitude de Hennebond , qu'on prétendoit que les obfervations de M.. d'Après donnoient de $ minutes plus petite que les Triangles : M. de Thury ayant examiné fes propres calculs, a trouvé que les Triangles donnoient la Latitude d'Hennebond de 474 48” 1”, tandis que les Obfervations de M. d'Après ne la faifoient que de 474 47’ 10", avec une différence de 5.1” feulement; mais pour prévenir encore mieux des objections de cette efpèce, il a joint à fon Mémoire une Table de la Latitude des principales villes de France, au nombre de onze, déduite des Oblfervations d'une part, & des meftres géodéfiques de l'autre. I réfulte de la comparaifon. que la plus grande différence qui {e trouve entre les Latitudes déterminées par les mefures géodéfiques &. celles qui ont été données par les Obfervations n'excèdent pas $ 4", bien différente des $ minutes d'erreur qu'on Xi avoit reproché ; ces différences mêmes ne font pas toutes Vi, V. les Mént: P: 490. 158 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE réelles ; les clochers ont toujours été pris pour former les Triangles , & il eft rare qu'on choififfle un clocher pour y obferver; les points des obfervations ne font donc pas les mêmes que ceux des Triangles, & cette circonflance pourroit bien être la caufe des petites différences qui fe trouvent entre les Latitudes déterminées par lune & par l'autre méthode. ETTE anné M. de fIfle publia un Plan très-détaillé de la ville de Pékin, qu'il accompagna d’une defcription que M. Pingré avoit rédigée d'après les Mémoires qu'il lui avoit remis. L'un & l'autre de ces Ouvrages font le fruit de la corref- pondance que M. de ffle a entretenue pendant plus de trente ans avec les Jéfuites Miflionnaires à la Chine; ce travail devoit être publié dans le xx1x° volume des Lettres édifiantes & curieufes, mais cet ouvrage ayant été interrompu, M. de TIfle n'a pas voulu que le Public en füt privé, & s'eft déter- miné d'autant plus volontiers à le publier, que M. Pingré lui a offert de concourir à l'exécution de ce deflein. L’exaétitude du Plan ne peut être révoquée en doute, il a été dreffé fur les deffeins envoyés de bonne part & faits fur le lieu avec les plus grandes attentions; nous ne pouvons entrer ici dans ce détail que l'infpection du Plan eft feule en état de fuppléer, & nous nous bornerons à dire un mot de la defcrip- tion qui l'accompagne. Cet Ouvrage eft divifé en fept articles, le premier contient une hifloire abrégée de la ville de Pékin , de fa fondation & des principales révolutions de ce grand Empire dont elle eft la capitale; cette efpèce d'abrégé de l'hiftoire de la Chine étoit d'autant plus néceffaire qu'il auroit été très-difficile fans cela de comprendre comment la capitale d'un Empire eft divifée en deux villes, qui à la vérité fe touchent, mais qui font cependant féparées par une forte muraille : les Mantcheoux, vainqueurs dans la dernière révolution arrivée à Empire Chinois, n'ont pas voulu fe mettre abfolument à la difcrétion DES SCIENCES. 159 de leurs nouveaux fujets, & ils fe font emparés de la ville nouvelle, bâtie par Foug -/o au nord de l'ancienne ville, & qu'on nomme aujourd'hui /a ville Tartare: Pékin dt donc réellement compofé de deux villes très-diftinctes & {éparées par une muvaille.. La ville Tartare ef, comme on le juge bien, la plus confi- dérable, c'eft aufli la feule que regarde le plan de M. de f'Îfle fait fur les defleins envoyés par les Miflionnaires; M. Pingré donne dans fa defcription une idée très-circonflanciée des enceintes de cette grande ville, de leurs dimenfions, du nombre de fes portes, de leur conftruétion, de la grandeur & de la difpofition des rues, de la forme des bâtimens, de Ja population, de la manière dont la police y eft adminiïftrée , de la garde qui s'y fait habituellement , en un mot de tout, ce qui peut intérefler le Lecteur dans un femblable füjet. Le troifième article entre dans un plus grand détail fr ce qui concerne en particulier la ville Tartare; ce détail eft relatif au Plan gravé dont nous venons de parler, & il y renvoie par des chiffres & par des lettres ; M. Pingré y fait connoître les temples, les palais, les rues , les tribunaux , les places publiques, & cetarticle eft rempli des détails Les plus curieux. Le quatrième & le cinquième article ont pour objet la def cription particulière de la ville Chinoïfe & de {es faubourgs , comme il ny a pas de plan gravé de cette partie, cette def- cription ne peut être aufli détaillée que celle de la ville Tartare , cependant elle contient celle de plufieurs lieux parti- culiers fur lefquels les Lettres des Miffionnaires ont fourni des inftruétions plus circonftanciées ou des anecdotes intéreffantes. I! étoit impoñfible d'évaluer la grandeur de cette capitale & fa diflance aux principaux endroits de Empire, fans connoître la valeur de la mefure itinéraire chinoïfe, cette nation compte par ls comme nous comptons par lieues , il étoit donc néceflaire pour que le Lecteur françois pût prendre de juftes idées, de lui faire connoître fa proportion du # avec nos me- füres , c’eft à cette difcuffion qu'eft employé le fixième article; M. Pingré confidérant que le li a toujours été conflamment * Voy, ci-defis pages 152 Ÿ fuivantes, 160 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYyALE eftimé à 1800 pieds chinois, seft appliqué à chercher le rapport du pied chinois au pied de Roï en ufage parmi nous, l'ayant trouvé tant par la leéure de plufieurs lettres que par là vérification qu'en a faite M. de Mairan à qui le P. Parennin avoit envoyé le pied de là Chine, bien étalonné, il en a conclu que le Ii chinois contient à très-peu près 296 de nos toifes, ce qui donneroit l'enceinte de la ville Tartare de 11466 de nos toifes ou de $ À lieues parifiennes ou environ; celle de la ville Chinoife, autant qu'on en peut juger par le plan général des deux villes, de 10610 de nos toiles ou S + lieues & un peu plus; & enfin l'enceinte totale des deux villes, en retranchant le mur commun qui les fépare, de 15747 de nostoifes ou environ 7 À lieues. Le feptième & dernier article contient les recherches & les calculs que M. Pingré a cru néceflaires pour s'aflurer de ka Longitude & de la Latitude de Pékin, mais comme nous venons de parler de cet article dans le plus grand détail, & d'après M..Pingré lui-même *, nous prions le Lecteur de vouloir bien y avoir recours. Cet Ouvrage joint au Plan gravé auquel il eft relatif, ne peut certainement qu'être extrêmement utile aux Aflronomes ui y trouveront la polition précife des endroits où auront été faites les obfervations , aux Amateurs de la Géographie, & enfin à tous ceux qui s'intéreflent à la Nation Chinoile, & c'eft un véritable préfent que M." de fIfle & Pingré font au Public. HYDROGRAPHIE. DES SCIENCES 161 € 5 éd db -CpEp ET ED ÉDÉD-ED-EDED-EDD SD ED HYDROGRAPHIE. Mise année, M. Daprès de Mannevillette, Capitaine des vaifleaux de la Compagnie des Indes & Corref- pondant de l’Académie, lui préfenta un Mémoire & deux Cartes pour fervir de ie fupplément au Neptune oriental qu'il a publié. Nous avons rendu compte en 1745 * de cet Ouvrage de * Vo. Hip, de M. d'Après, dans lequel il prend la navigation des Tndes'i at Apr TES rivière dos Fugos , fituée à la côte orientale de l'Afrique. Nous avons pareillement rendu compte en 1752 ? du PA 2e . Supplément donné par M. d'Après à fon Neptune oriental, page 2807! & dans lequel if reprend la partie de la route depuis le cap de Bonne-efpérance jufqu'à la rivière dos Fugos d'où il étoit puti dans fon premier Ouvrage. * II reftoit, comme on voit, pour compléter cette partie de l'Hydrographie, à donner la partie de la route aux grandes Indes, depuis les mers d'Europe jufqu'au cap de Bonne- efpérance. C'eit ce que s’eft propofé M. d’Après , dans le Mémoire dont nous avons à rendre compte. L'hifloire des vents alizés ou révuliers fi utiles dans cette navigation , fait un des principaux articles de cet Ouvrage : ; ces vents n'étant pas tous conftans pendant toute Yannée , mais ayant en plufieurs endroits des retours périodiques , il étoit bien néceflaire de connoître ces retours pour déterminer le temps auquel on doit partir de nos ports pour trouver, en arrivant dans certains parages, celui qui peut favorifer la route & n'a- voir pas à y lutter contre un vent contraire ; M. d'Après détaille cet objet avec la plus grande exactitude, Il n'importe pas moins fur mer que fur terre , d'abréger les’ routes autant qu'il eft pofhble. Les premiers Navigateurs dvoient cru d'aflez longs “ à ; DOM no MÉMOIRES MATHÉMATIQUE ET DE PHYSIQUE, TOUR SUD ES REGISTRES de l'Académie Royale des Sciences, De lAnnée M. DCCLXI V. OBSERVATIONS GÉOGRAPHIQUES | SUR LES ISLES DE FRANCE ET DE BOURBON, COMPARÉES L'UNE AVEC L'AUTRE. Pas MT Bu LC HE TS El avoirs depuis Jong-temps deux .plans.qui m'avoient 19 Décemb, | été donnés comme bons, lun de l'ile Bourbon & 1764: ! l'autre de File de France. Ils ont été dreffés peu après que M. Denyon eut été fait premier Gouverneur de cite dernière, c'eft-à-dire en 1722; & comme dans les Mém, 1764. .: À 2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE originaux, fon nom étoit au bas, je crois qu'il l’y avoit mis em figne d'approhgtion en les envoyant en France. ©Lorfque M . T Abbé de Ja Caille étoit à File de France, on lui donna un autre plan plus exact que celui de M. Denyon,. & qui pouvoit être une fuite des grands arrangemens que fit M. de fa Bourdonnois dans cette île pendant fon gouvernement, . & après lui les autres Gouverneurs jufqu'au temps de l'amivée de M. de la Caïlle dans cette île: ce favant Académicien le reChifia encore pour l'intérieur, en y faifant fes opérations géo-- métriques. Revenu en France, if me fit part de quelques-uns - de fes Mémoires, & me pria d'en dreffer une carte d'après {on canevas géographique :. c'eit le pian que je lui avois donné, qu'un Graveur qui en a eu communication, à publié après fa mort, comme la Carte levée par M. dela Caille ; j'en donnela preuve par la copie que j ‘ai conférvée de mon Travail, elle ren- ferme quelques détails que ce Graveur de Géographie anéoligés. La Carte de comparaifon que je viens de dreffer ({ur la. demande de M. de Maïtan) entre le plah de M. de la Caille & celui de M. Denyon a de quoi caufer de Fétonnement , fur tout quand: on fe rappelle les connoiffances qu'on avoit. eues précédemment ; car f'ifle de France de M.. Denyon eft beaucoup plus: grande que celle de M. de la Gaille, & eft à peu- près comme fifle Bourbon. C'eait ce qui m'a engagé à mettre auffi dans ma Carte de comparaifon le plan de cette dernière ifle, envoyé par M. Denyon. I me paroît qu'il peut être de quelqu'utilité de rechercher. d'où a pu venir une pareille idée fut la reffemblimge en grandeur de ces deux ïlles; ce qui eff fi oppofé à à ce qu'on connoifloit : anciennement & à ce que nous devons penfer aujourd'hui, . après les opérations Géométriques de M. de là Caille, qui nous ramènent aux premières connoiffances : cette recherche fera voir, comme je l'efpère, ainfi que je V'ai déjà montré fur d'autres fujets, que les: connoïfiances des premiers Navigateurs modernes étoient plus exactes qu'on ne le croit communément, & qu'il eft fouvent bon d'y avoir recours & de les combiner. Les plus anciennes €artes repréfentent conflamment Fifle: DE :S SA AE N CES 3 Maurice ou de France, comme plus petite que l'ifle Mafcaregne ou Bourbon. Par rapport aux relations, Keeling, Anglois (Hifl. génér. des Voyages, tome 1, page ÿ 0 3), éflimoit en 1609, Maurice de trente ou quarante lieues de circuit, & Rennefort en -donnoit foixante à Bourbon {ilid. page s74): Thaureau, le premier François qui alla de Madagafcar, en 1654 ,à Maurice, {lon Flacourt , fut onze journées à en faïe le tour. Van-neck, Hollandois, donnoit en 1598 à l'ile Maurice (ibid, tome VIII, page 122), au moins quinze lieues, -apparemment de ‘longueur, -& ce doit être-une faute dans les Dictionnaires géographiques de Comeille & de la Martinière, -qui lui donnent, d'après Mandeflo, quinze lieues de circuit : -cette fauffe dimenfion eft même la feule qui {e trouve dans ces Ouvrages fi répandus. À Hubner, dans fa Géographie , où if copie d'anciennes rela- tions, dit qu'elle a la moitié de la grandeur de l'ile Bourbon, à laquelle il donne trente lieues de long & environ vingt de Jarge. Par conféquent, l'ile de France a, felon lui, quinze lieues de fongueur, -& environ dix lieues de largeur : ces dernières dimenfions & celles de Keeling, qui lui donnent trente où quarante lieues pour le circuit, reviennent à celles de M. de la Caiïlle, -dont le plan lui donne trente-cinq lieues de circuit, à l’exté- -rieur des côtes, onze de longueur, & fept à huit lieues dans fa plus grande largeur. Ainfi l'ile de France eft plus petite que Bourbon ; mais d'où eft venu dans un temps moyen l'idée que ces deux îles étoient à peu-près de même grandeur, comme M. Denyen l'a exprimé dans fes plans : je trouve dans le Tome XXÏI de l'Hifloire univerfelle des Anglois, pages 20$, 206 & 208, que l'on n'a pas de l'ile de France de defcription tant foit peu pañlable -dans les Traités modernes de Géographie (ce qui eft vai), -& qu'il ny a que le voyage de Leguat, Hollandois, qui y demeura quelque temps en 1690, dont on puiffe tirer une “bonne defcription de cette ile: or cét auteur donne à Maurice, «ou file de France, environ cinquante lieues de circuit; & ‘comme .d'un autre côté (ibid. pp. 217 € 221) celui qui a | j À ji 4 MÉmMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE - fait la defcription la plus exacte de l'ile de Bourbon (favoir Barbinais le Gentil, qui y féjourna en 17 17), donne à cette féconde île cinquante-fept lieues de tour : c’eft de-là fans doute qu'on éoit en 1722 dans l'opinion que ces deux îles étoient à peu-près de même gr andeur, comme M. Denyon Fa exprimé dans les plans que je donne en comparaifon avec celui de l'ile de France, que j'ai dreffé d'après les Minutes géographiques & Mémoires de M. de la Caille. J'ai pris, comme on le voit fur la Carte que je préfente à la Compagnie, pour point commun de cette triple comparaifon les centres de chaque plan. : Il eft tout naturel de foupçonner, après ce que je viens de faire voir de l'inexaétitude du plan de File de France de M. Denyon, que lon ne peut pas compter fur celui que nous avons de lui pour l'ile Bourbon: cependant ce préjugé doit étre entièrement détruit par les obfervations fuivantes. 1.” Le plan de file de France, par M. Denyon, eft le premier qui en ait été drefé; ainfi il n'eft pas étonnant qu'il ait eu befoin d'être rectifié d’une manière fi confidérable, fur- tout fi l'on fait attention qu'il n'a été dreffé pro bablement qu'après avoir vifité toutes les côtes en barques, qui étant _obligées de s'éloigner aflez fouvent à cafe des bas-fonds & des rochers, font dans le cas de fuppoler une plus grande étendue de terre qu'il ny en a réellement: les travaux faits enfuite dans File par divers Ingénieurs, & encore plus les opérations géométriques de M. de la Caille, ont repréfenté le tout comme il doit être par rapport à l'ile de France ou Maurice. 2." Le plan de ile Bourbon , par M. Denyon, avoit été précédé par plufieurs-autres 4 “& j'en ai un manufcrit où il eft dit qu'il a rectifié 1e plan: “dreffé” par M. Haubeat, Ingénieur, qui avoit fait plufieurs fois le tour de l'ile en entier: LE ce plan étoit réputé le meilleur “avant: le 30 O£tobre 1722, date de celui de M. Denyon, lequel avoit été Hamon avant. à etre fait Gouverneur de File de France, : 3° M. Bouvet, Gouverneur de l'île Bourbon, m das ant communiqué un plan de cette ile, daté de 1752; j'ai eflayé de le comparer avec celui de M. Denyon, quoiqu'il foit fans. »- DE SOUSEGWRIENN: CLENS échelle ; & en ayant affujetti deux points principaux aux plans de M. Denyon, j'ai trouvé que pour tout Le refle ifn'y avoit nr pas de différence, fi ce n'eft à la pointe fud-eft voifine du pays brûlé, que le plan de 1752 fait avancer un peu moins en mer que celui de M. Denyon. On doit obferver ici que ce canton eft prefque impraticable à caufe du volcan qui en eft voifin & qui jette affez fouvent beaucoup de matières enflammées. On peut donc compter fur Le plan que M. Denyon a fait de file Bourbon, & le regarder comme plus exaét que celui qu'il avoit dreffé te l'ile de France. Je mets fous les yeux de la Compagnie une féconde Carte de comparaifon de ce plan de M. Denyon, dreflé en 1722, avec deux autres plans: le premier a été donné par Flacourt en 1658, dans fon Hiftoire de Madagafcar ; & le fecond a été publié en 1750, dans le tome VIIT de l'Hifloire générale des Voyages: On voit par cette comparaifon, que Le plans de F facourt. & de M. Denyon s'accordent tous deux à repréfenter File Bourbon comme plus étendue d’orient en occident que du nord au fud, au lieu que le plan de l'Hifloire des Voyages la repréfente comme ronde. Cette dernière figure doit être abfolument abandonnée ; elle eft d'un temps moyen entre les premiers temps: de la décou- verte par des François & les derniers, indiqués par les plans de 1722 & 1752: d'ailleurs la figure ronde ne s'accorde nullement avec les dimenfions que divers auteurs, foit anciens, foit modernes, ont données de cette île ,en convenant tous au moins à la rare plus longue que large. Voici une Table de ces sidimentions. D | FLACOURT S vi & CORNEILLE. | LE GENTIL. LENGLET,.| HUBNER. RENNEFORT. Ja Hal Loncuette lee. AIS ELLES ee | 2 otéee 2e c » | NINGAIIELES AIO, à à ee « 30 lieues. done le os pertes 1MNELES be | nie sieele aMMMOITITLESI EI las. de se 20 lieues. LÉO to toc nt 11 journées..| 57 Fées + | 4o'lieues.… é0 Les] Les Selon la carte de M. Denyon & celle de 1752, Do On Bourbon a dix-neuf lieues de longueur du nord-oueft-quart-nord au fud- -eft-quart-fud, & de lu geur quatorze lieues : celle de À jif. 6 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoÿALE ÆFlacourt lui donne vingt-deux lieues d’une heure pour la même longueur , & quinze à feize lieues pour la largeur ; au lieu que celle de l'Hifloire des Voyages étant ronde, a feize lieues en tout fens; c'eft ce qui fe voit dans ma Carte de comparaifon, & cell ce qui prouve que le plan de M. Denyon, joint aux petites corrections de 17 $ 2, efl ce que nous avons de meilleur ‘fur Pile Bourbon : ainfi le doute que les favans Auteurs anglois de Hifloire univerfelle témoignent dans leur ‘Tome XXII, page 217, in-4." en aflurant qu'il eft difhcile de décider par les Cartes fi l'ile Bourbon eft ronde ou longue, ce doute eft -entièrement levé. Qu'il me foit permis de témoigner ici la reconnoiffance que je dois à plufieurs amateurs du progrès des Sciences ; à qui j'ai fait put du deffein que j'avois de perfectionner les plans par- ticuliers de ces îles comparées. M. de Bombarde, connu des Savans par fon goût pour THifloire Naturelle & la Géographie, m'a communiqué un plan de file de France, dont le détail eft précieux & fur lequel J'appliquerai les obfervations Aftronomiques & les opérations Géométriques de M. de la Caille, que M. Maraldi fon ami m'a communiquées pour la perfection de cet Ouvrage. Je les emploierai fous le nom de l'auteur qui les a faites & fous les yeux de l'iuftre Académicien dépofitaire de fes Papiers. = Je dois auffi à M. Bouvet, connu par les découvertes des terres auftrales & par la fageffe de fon gouvernement .dans l'ile Bowbon, plufieurs morceaux très-intéreffans relativement à ces îles, qu'il a recueillis ou fait exécuter. Je me flatte que de l'emploi de tous ces Mémoires, il en réfultera une parfaite connoiffance de ces deux îles : je me propofe cependant d'en expofer feulement les détails en grand pour Pufage du Miniflère, après les avoir mis fous les yeux de Ja Compaguie ; mais je compte drefler deux Cartes de ces iles par extrait, de grandeur #- 4°, qui comprendront . le géographique néceflaire pour que les Savans en puiflent faire ufge, {it pour l'Hifloire , foit pour des vues Phyfiques. RSA DES SCIENCES. T A IDED TE EN ONN:S AUX CALCULS DE L'ÉCLIPSE DU SOLEIL. du 17 Avril 1 7 64. Par M. LE MONNIER. ‘A1 fait les calculs de la grandeur de cette Éclipfe *, &. je les ai communiqués à l'Académie peu de tenaps avant nos vacances, dans le deffein de trouver le terme ou limite oriental de FÉclipfe annulaire, & d'ajouter plus de certitude & de lumière aux rélultats de ceux: qui- ont été publiés juf- qu'ici d'après nos Tables modernes, Je m'étois fervi, pour les véifier,.dune obfervation corref- pondante faite le 22 Mars 1746, & dont la fin de FÉclipt qui eft la phafe la plus décifive de fa pat des Miffionnaires a été vue & obfervée avec le plus grand foin, tant à Chan- - dernagor dans le royaume de Bengale, que dans lOblervatoire de Pekin. Ces deux obfervations faites en des lieux fi diftans Fun de l'autre, s'accordent à donner l'erreur en longitude des Tables des Inflitutions, de 34 ou de 3° 00" addigve. Jufque-là lon ignoroit quelle pouvoit être l'erreur des dif£z- férentes Tables dont on s’étoit fervi; ou du moins ces erreurs , fi elles avoient. été prévues par les moyens: que fon vient d'indiquer, n'avoient pas été rendues publiques, Aufli les phafes de l'ÉclipR prochaine du Soleil, ,caleulées fur les Tables des Inflitutions, & publiées. dans le Journal des Savans du mois de Décembre 1762, ces mêmes phales : avoient-elles befoin d’une correction très-effentielle? J y trouve d'abord le moment de la vraie conjonétion de #1 Lune: au Soleil le 1. Avril au matin à 1 oh 38° 4 1" de temps apparent, ce qui a befoin d'être reétifié de deux manières ; car {elon. les * Voyez auffi l'Écrit de M. Carlier d’Épuifart, pige 5.- “ $8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Tables du Soleil, conftruites en même temps que celles de Ia Lune, la Conjonction feroit à ro*40" 38"+, ce qui la retarde d'abord de 2 minutes ; enfuite l'erreur des ‘Fables déduite des Oblfervations de l'année 1746, étant appliquée pareillement au moment de cette conjonction, je la trouve, felon les mêmes élémens corrigés, à 10" 33° 45", la latitude de [a Lune étant de od 40" 17"+ boréale felon les mêmes Tables. Ces préliminaires étant expofés, j'ignore non - {eulement pourquoi la conjonction vraie s'eft trouvée, felon un Mémoire 1 dans FAffemblée précédente, anticipée de 1° 20", mais auf pourquoi la latitude y a été diminuée de 20”. M. de Thury n'a donné d'autres raifons de ces différences que dans le fimple expofé de fon Mémoire, alléguant qu'il eft parvenu à ces réfultats felon fes Tables corrigées. Or la correction en longitude fe peut tirer à la vérité de la période de 1 8 ans ou Saros Chaldaïque, &. tel eft aflurément l'unique point d'appui d'où l'on part dans ces fortes de calculs. Mais pourquoi la latitude eft-elle plus petite de 20 fecondes que felon les Tables Newtoniennes? il femble que Fauteur auroit pu nous inflruire plus claire- ment des caufes qui l'ont déterminé à cette correction. Seroit-il donc permis * de {e rapprocher ici troparbitrairement, comme il femble, des autres Tables modernes, fans en adopter néan- moins les réfultats ? | | Les Tables de M. Clairaut, dont on ne connoît pas affez les rapports avec la théorie, font la latitude de la Lune de 34 à 35° plus petite que les Tables Newtoniennes ; mais fans avoir recours ici à la théorie phyfique , il feroit poffible aufli de décou- vrir le terme oriental de l'écliple annulaire par les latitudes obfervées actuellement aux nouvelles & pleines Lunes, & c'eft à quoi il me paroît très-effentiel de {e préparer aujourd'hui. * Voyez ci-après une méthode nouvelle de corriger les erreurs dés Tables en latitude, lorfque celle des Tables en longitude eft déjà connue; cette néthode n’a été imaginée qu'après l’obfervation de l'Éclipfe du 1." Avril, CRE MÉMOIRE DAEUS US CHIEUN CELS: () MÉMOIRE SUR L'ÉVAPORATION DE L'EAU SALÉE. Par M. HALLER. L y a fix ans que je mandaï à l'Académie les premiers commencemens de mes expériences : il s’y glifla même une erreur, & cinq lignes y parurent pour le terme de la plus forte évaporation *. C'étoit celle qui fe fait par les épines, & non pas celle qui fe fait par le fimple changement de l'eau en vapeurs, dont je vais donner les T'ables exactes faites pen- dant fix années, & portées fur les regiftres depuis 1758 juf qu'en 1764, par les foins d'un Commis exact prépolé à ce travail. Comme on n'a jamais fait des expériences auffi fong-temps continuées fur l’exhalation de l'eau, & qu'elles peuvent répandre quelque jour fur l'origine des pluies, la diminution des mers & Putilité des lacs, je vais en entretenir f Académie. Les vues qui m'ont porté à faire ces expériences ont com- mencé par être économiques. Il eft affez connu, que fon a imaginé, pour épargner le bois, de concentrer l'eau des fources foibles par le moyen des épines, qui ont fuccédé à la paille ; on en forme deux colonnes hautes de 20 à 26 pieds, & qui Sélargiffent en defcendant : l'eau falée élevée par des pompes, eft reçue dans des auges, dont elle defcend fur les épines par de petites entailles faites à des chenaux de bois; ces entailles vont en sélargiffant, elles ne doivent pas être trop petites, parce que le tuf les fermeroit trop vite, ni trop larges, parce * Cetre diffipation va beaucoup plus loin dans les hangars à graduation. On à des exemples, que 18 pouces d’eau fe font diffipés en quatorze jours. Mém, 1704 . B 17 Nov. 1764 ‘0 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE -qu'elles doivent répandre avec lenteur eau fur les épines, pour lui donner peu de vitefle & pour qu'elle ait le temps de s'attacher aux épines. Ces petites cataractes répandent l'eau dans une infinité de filets ou de gouttes féparées; toute la furface des épines en eft mouillée: le tuf, qui a plus d’adhéfion que l'eau, s'attache à l'écorce & l'eau dilatée fur une immenfe furface, s'exhale en partie & une partie defcend dans un baffin qui règne le long de la colonne d'épines: elle eft repompée de nouveau & remife fur les épines, jufqu'à ce qu'elle contienne -22-.° de {el, où même au-delà. Le baflin eft partagé en compartimens dont le plus éloigné reçoit l'eau telle que la fournit la Nature, & dont les fuivans fe rapprochent des chaudières d'autant plus que leur eau eft plus falée: le nombre des compartimens eft affez indifférent; tout fe réduit à donner à l'eau du dernier compatiment la force la plus avantageufe pour l'épargne du bois, - Le volume de leau eft réduit à une petite portion de lui-même quand il eft à vingt: le fl de nos eaux ne pañle guère la centième partie de l'eau, pour qu'il y ait la cin- quième, il faut réduire vingt parties d'eau à une {eule. Le temps dans lequel fe fait cette opération n'eft pas le même; le foleil & la chaleur l'accélèrent , l'humidité empêche l'exha- lation, & le froid force les Ouvriers à fufpendre leur ouvrage, parce que leau étant réduite en gouttes {e glaceroit à Pinflant. Nous avons vu cependant, que 600 livres d'eau amenées dans un quart d'heure au hangar d’Aigle, & qui dans douze mois, montent à 2 1 millions 34 mille livres d'eau, sexhalent, dans trois cents jours, dans un hangar dont la longueur eft de 735$ pieds de ce pays*, & fa hauteur d'environ 20 pieds; & l'expérience a démontré, que’ dans le cours d’une année lhangar dont nous avons donné la mefure fe vide & fournit à la chaudière toute l'eau qu'il contient, environ onze fois: ce qui montre que le baflin & les épines contiennent à peu près 1 million 9 1 2 mille 182 livres d'eau, * Is font aux pieds de Roï comme 10 à #1. EN SOS UGETIEUN C\ELS, AY dont le pied cube pèfe 46 livres de 18 onces quand elle «ft à Li de fel, & 54 quand elle eft à 18 : par la même raïfon, il faut environ trente-trois jours pour réduire cette quantité d'eau à la vingtième partie de fon volume, &l'exhalation d'un jour eft de $ 4 mille 890 livres, ou de 1 1 00 pieds, en prenant s 0 livres pour le poids moyen de cette eau falée : quand le foleil €ft dans fa force, cette exhalation efl plus que double, & quatorze jours fuffifent, pour vider le hangar. Cette eau portée à contenir un cinquième de fel, ef livrée à l'action du feu dans une chaudière de fer. Nous avons grand foin de diminuer la vivacité du feu ; nous ne tenons l'eau dans le degré d'ébullition qu'environ dix heures, & nous diminuons alors la quantité de bois, dans une fi grande proportion , que les quatre - vingt - fix heures qui reftent, ne confument guère que le double des dix premières heures. Nous croyons devoir l1 beauté de nos {els, leur grande blancheur & la grandeur de leurs criflaux , à Ja lenteur de fa cuite; nous attribuons à {a force du feu, le peu de beauté des {els de la Franche-comté & de la Savoie. Prépofé aux fabriques des fels de la République & réfidant depuis fix années prefque fur les lieux, employé même du temps de mon prédéceffeur plufieurs fois aux fources falées pour différentes commiffions, J'ai pen£é aux moyens d'épargner le fl, & d'en produire le plus qu'il froit poflible. La Répu- blique paye à fes voifins 7 $ mille quintaux de {el par an; elle doit fouhaiter de diminuer, le plus qu'il ft pofhble, ce tribut inévitable. J'avois devant moi l'exemple d'un de mes prédéceffeurs, qui avoit penfé à graduer le {el par le moyen de la Subfidence ; iléeft für que l'eau falée, fur-tout quand elle eft répandue dans un grand réfervoir, dépofe une grande partie de fon fl. IL eft arrivé que le puits de la Providence, qui recoit la fource falée des Fondemens, ayant été rempli d'eau falée, que fon nexploitoit pas à caufe de quelques réparations, fe trouva, après quelques mois, contenir une eau forte de 22° dans fa profondeur & très-légère, on dit même d'un demi-centième à B ï 72 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la furface: comme je n'ai pas vu cette expérience, j'en vais rapporter deux autres que j'ai faites. Les eaux de Panex font reçues en hiver dans un réfervoir de 106 mille pieds creufé dans le roc, la profondeur en eft de 7 pieds & demi : je Hifi repofer cette eau quarante jours, & j'en fis alors prendre une bouteille à {a furface, une autre au milieu & une troifième au bas du réfervoir. J'en fis les épreuves ordinaires, & trouvai l'eau de la furface à —i & un peu moins: celle du milieu à +: & un peu +00 davantage, & au fond de -E ou de 6 00° Cette expérience ne promettoit pas bemcoup, je ne me rebutai pas; je voulus eflayer ce que pourroit une colonne beaucoup plus haute, à laquelle on donneroit un plus grand terme pour la décharge du fel. Je fis faire un tuyau de fer- blanc de la hauteur de 33 pieds, je le remplis d'eau falée au titre de -Æ.° le 18 Avril 1760, & je ne louvris que le 12 Juin. Voici ce que je trouvai. Ï sétoit perdu 1 $ pouces d'eau; il étoit difficile de deviner ce qu'elle pouvoit être devenue: fous le 1 $.° pouce Feau la plus haute du tuyau fe trouva de 2° & demi. À 11 pieds de profondeur, en defcendant, l'eau étoit prefqu'au même titre; & à 33 pieds elle étoit à 12 & Z.° Ces expériences prouvent clairement qu'on ne fauroit gra- duer par fubfidence, l'eau de la furface ne saffoiblit pas aflez, on ne fauroit la perdre, & moins encore en Suiffe, où il eft plus avantageux d'épargner le {el que l'équivalent en argent. C’eft auflr le défaut de la concentration que Stahl avoit confeillé de faire par le moyen du gel; la glace refte falée dans notre climat, & le froid n'y eft pas affez conftant pour graduer une quantité d’eau un peu confidérable. Je trouvois cependant aux hangars garnis d'épines des dé- fauts qui me paroifloient infupportables ; le plus grand, c'eft la perte confidérable du fel. J'ai vu en Allemagne les Salines de Sulbek & de Sakgherden ; elles font à peu près de 11 même conftruction que les nôtres: quand on fuit ces hangars fous le vent on ft expolé à une roléç falée qui fait profpérer, dans ; Des S'c'Tr EN CE si 13 uné affez grande largeur du terrain le plus voifnr, des plantes naturellement voifnes de la mer, comme le facornia, e tripolum , le glaux. Dans nos Salines, on eft d'une attention extrême à ne pas perdre l'eau falée; on ferme les robinets au moindre coup de vent, & on anête les filets d'eau qui tombent fur nos épines. Nous n'avons aucunes des plantes ma- ritimes autour de nos hangars, ni même dans tout le pays; cependant la rofée qui vient du vent, ne fe fait que trop fouvent apercevoir : or la moindre diffipation caufe une perte énorme, dès qu'elle fe fait fur une colonne longue de plus de 7oo pieds & haute de 20 à 26. Une partie de fel simbibe auffi dans le bois des auges, des pompes, & en un mot tout le bâtiment sen imprègne f1 bien qu'on a de la peine à brüler les débris qui en proviennent, Le feu, quelque mitigé qu'il foit, ne left pas encore aflez; pendant le temps que Feau eft en ébullition, il sélève avec la vapeur de l'eau une partie de Facide marin. Je me fouviens, que l'on ma écrit de Salins que lon croyoit cette ébullition néceflaire, parce qu'il fe féparoit de Feau quelque chofe de coriofif, qu'on avoit ramaflé avec du papier étendu fur la vapeur de cette eau. Jai fait fufpendre de à groffe toile, elle “a reçu cette vapeur, je l'ai fait exprimer & je conferve encore une efpèce d'extrait falé, qu'on a trouvé par l'infpiflation ; l'huile de vitriol en fait fortir l'efprit de {el. Cet acide du fl marin en fait toute Ja force & toute la bonté; fans lui, ce ne feroit qu'une terre alcaline, plus propre à détruire les viandes qu'à les conferver: ceft la raifon pour laquelle le {el marin tout gris, tout mêlé qu'il eft d'immondices eft encore meilleur que tous les fels cuits au feu : la chaleur . moyenne du foleil, ne peut pas être mife au-delà de 72 pour les mois de f'année où fon fait le fl; & ce n'eft que la troi- fième partie de la chaleur de l'eau bouillante: c’eft encore pour _ cette raïfon que les Hollandois falent mieux le hareng que les autres nations. Ils fe fervent pour cet ufage du fel de mer diflous dans de l’eau de mer, & dont on augmente l'acide par du petit lait aigre qu'on y ajoute pendant fa cuite. B üï 14 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Plus on force le feu, plus on diminue la quantité de véritable {el marin, & plus on augmente la partie alcaline qui attire l'humidité & qui sengraifle à l'air; nos falines donnent moins dans ce défaut que prefque toutes les autres fabriques : il sy forme cependant une quantité très-confidérable de {el amer, qui fe mêle au dernier fel & qui caufe une perte très- confidérable, en fe fondant à l'air, & en entrainant avec lui- Je fl culinaire. Voilà ce qui fait en partie l'énorme différence que nous trouvons entre le fel que promet la force & la quantité de l'eau falée exploitée, & le {el qu'on fait effeti- vement. Je fai calculée du 1. Juillet 1750, au 1. Juillet 1751, il devoit y avoir 320 mille 403 livres de fl; il n'y en eut que 214 mille 291 livres Du 1." Juillet 1751 au 1° Juillet 1752, les livres promettoient 340 mille 432 livres, & Île magafm nen reçut que 263 mille 177 livres. On voit que la différence du {el promis au fl fabriqué va à so pour cent: il eft vrai qu'il y a d'autres raifons pour cette perte; mais la fabrique y va pour beaucoup. Les frais ne laiflent pas que d'être auffi un objet. On con- fume pour cuire 1 million de livres de fel, environ $00 toiles de bois longues de 7 pieds+, hautes d'autant, & larges de 4 pieds. La toile a coûté 11 francs 12 fous, argent de Suifle, ce qui fait plus de 17 livres de France; & fi le bois coûte moins préfentement, notre poftérité pourra le payer an même prix exceflif. Les hangars de gradation font des bâtimens immenfes. J'ai fait prolonger celui d'Aigle à 1260 pieds; il y a des falines en Allemagne, où les hangars vont jufquà 6 mille pieds : celui d’Aigle a coûté 45 mille de nos francs, qui font 67 mille $ cents livres de France; & ces hangars ne {ont pas de durée; les épines fe couvrent de tuf, j'ai été obligé de les changer après huit ans de fervice; le hangar eft un compofé de tant de pompes & de tuyaux, il a un toit fi long & fi confidérable, l'ébrantement des machines le fecoue fi con- tinuellement, qu'il ef rare d'en voir qui aient duré cinquante ans. W DE si SRENR Et N° CE 5: 15 H eft aifé de calculer à peu près ces frais; on peut mettre Y'intéret annuel à 7 pour cent pour le bâtiment, puifqu'il eft à fonds perdu, & à 14 parce qu'il ne fubfifte que cinquante ans, en fuppofant que les baffins de la nouvelle invention dureront cent ans; cela fait 2 mille $20 écus ou 9 mille 450 livres par an. Les épines à placer dix fois dans un fiècle, même feulement cinq fois, font pour le moins 40 mille livres de capital, & à 7 pour cent 2 mille 800 d'interêts. Les frais extraordinaires avec l'entretien des eaux feront favorablement calculés à 12 cents livres ; la chaudière de fer dure vingt ans, ct cinq chaudières dans un fiècle, & comme elle coûte 2 mille 400 livres c'eft 12 mille livres ou 840 livres par an, & le bois peut être mis à 4 mille livres : la fomme des frais d'un hangar, tel qu'il le faut pour exploiter la quantité d'eau que nous avons dite, monte donc à 18 mille 90 livres de France ou près de $ mille écus d'Allemagne. Ï me parut dès-lors qu'il y avoit un moyen bien fmple, pour n'avoir plus befoin de hangar de graduation, ni de feu, ni de machines, ni de conduites d’eau, c'eft d'exploiter l'eau falée des fources, comme on exploite celle de la mer, le foleil y fait tout. Le gouvernement d'Aigle eft plus chaud que la Saintonge & que le pays d'Aunis : il y croit de très-bons vins & des grenades , J'y ai trouvé Ka véritable cigale, le mantis : il eft beaucoup plus fec que les rivages de la mer; nous y avons eu depuis le 21 Juillet 1762 jufquau 2 Août, tous les jours, autour de 140 degrés de Fareinheit au foleil &c juf- quà 144. Tout concourt à nous promettre une évaporation plus forte que celle de ces pays maritimes. L'eau que nous aurions à exploiter eft trois fois plus falée que celle de la mer, elle tient de 11 à 12 pour cent, & la mer autour de quatre. Une évaporation trois fois plus petite faffit donc dans le‘gouvernement d’Aigle, & nous venons de voir qu'elle y eft plus forte. On ne la pas tentée, ce n'eft pas une raifon pour en dé- fefpérer; il eft vrai qu'il y a bien des précautions à prendre, 6 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dont on n'a pas befoin dans les marais falans. Nous ne pour vons pas perdre de l’eau & if ne faut pas nous expoler à retarder Yévaporation par la pluie qui peut augmenter la quantité de l'eau douce, il faut d’ailleurs tâcher de faire {ervir fix ou huit mois de l'année à faire du fl. = Dans le temps que toutes ces précautions me parurent très- poflibles, je penfai au marbre fi commun dans le gouverne- ment, pour en faire le baffin, & à l'afphalt pour en cimenter les jointures ; ilfaudroit mettre le baflin à plat fur la terre, j'ai trouvé que Ja chaleur eft confidérablement plus forte fur la furface de la terre qu'à la hauteur médiocre d'un pied. Je crois qu'il faudroit couvrir le baffin, la nuit & pendant la pluie, d'un toit léger & mobile, qu'on püût ôter fans peine & qui püt fervir à augmenter la chaleur, en fe rangeant du côté du nord, & en réfléchiffant les rayons du foleil; cela eft aifc: je ferois un toit léger, couvert de tavillons de bois mince, mis en blanc & le placerois fur une poutre qui avançât horizontalement des deux côtés : il eft vrai que cela borne la largeur du baflin de 26 à 30 pieds. Îl ne reftoit plus que de faire l'expérience elle-même. Je fis faire à Aigle un baffin de 24 pieds Z de longueur & large de 14, pour fervir à lévaporation, il fut couvert d'un toit fait fur les principes que viens d'expofer; jy ajoutai un petit baflin de marbre, pour exhaler le refle d'eau extrémement chargé qui occuperoit trop long-temps le grand baflin par une raifon que je vais dire. Je préparai un autre baflin au Bévieux avec une petite auge de pierre, mais l'un & l'autre plus petit; je plaçai Fun & Fautre fur des colonnes de 18 pouces, & ne les fis que de bois, ce qui les expoloit à couler: ces préparatifs faits, on commença en 1759 à faire fervir ces baffins. On les remplifloit d'une quantité d'eau donnée & d’une force connue, on pefoit le fel qui en fortoit, & les derniers reftes de l'eau falée, étoient mis dans une petite auge de marbre où ils ache- voient de dépofer leurs fels, & des Commis exacts meluroient tous les jours la diminution de Feau. Je üns un regiflre du baromètre de la chaleur & du temps, à la vérité à trois lieues | du Bevieux, DES SCIENCES. 17 du Bévieux; généralement parlant, es faifons font les mêmes à Roche & à cet endroit; je vais donner les Tables elles-mêmes qui ont été continuées au Bevieux pendant fix années & pen- dant-deux à Aigle, Le fi { forme à peu près comme il fe forme au feu, mais bien plus lentement, & même dans une proportion de lenteur plus grande que ne la demande la différence entre {a chaleur du foleil & celle du feu; car il ne s'eft formé du fef qu'après quatorze, vingt & même trente jours, au lieu qu'il fe fait en moins de deux jours au feu & même dans douze heures, fr fon ne cherche que l'expédition: ce font des petits criflaux de fel qui forment une croûte fur la furface de l'eau & qui peu à peu tombent au fond. Le fel qui fe forme au foleil diffère effentiellement de celui ui fe fait au feu; celui-ci n'eft qu'une échelle de cadres par- MER quarrés placés par degrés Fun fur Fautre, & formant par conféquent une piramide en degrés par dehors & creufe dans l'intérieur : ce {el eft d’un blanc tranfparent & fans odeur, il sumecte aifément. Le fel fait au foleil eft compolé de cubes parfaits & rem- plis, c'eft la figure que prend naturellement le {el gemme lorfqu'il a été fondu dans de l'eau, & qu'il fe forme par le répos de cette eau : ce fel eft blanc, opaque, très-dur, plus pefant, fec, fans penchant à Fhumidité, il fent naturellement la violette ; l'acide qui en naît eft plus concentré. Jai envoyé à M. Spielman, célèbre Chimifte, du fel ordinaire du Bévieux & du fel fait au foleil; l'efprit de celui-ci a faturé quatre parties d'alcali, dans le temps que l'efprit du fel ordinaire n'en à faturé que trois : aufl eft-il excellent pour faler le fromage, opération qui demande un fel extrêmement fec. J'en ai diftribué à des experts & m'en fuis fait donner.des atteflations. On obtient au foleil confidérablement plus de fel de 1a même quantité d'eau, qu'on n'en tire par la graduation & par le feu; j'ai fai voir que l'opération ordinaire ne donne qu'en- viron les deux tiers du fl, que promet l'épreuve ordinaire, qui £ fait en faïfant évaporer far la braife un petit baflin de - Mém. 1764. . C 18 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE cuivre rempli de l'eau falée: mais le foleil donne fouvent autant de fl que promet cette épreuve : il arrive même; & affez fouvent, qu'il en donne davantage, & {ur le grand nombre d'expériences le produit eft égal à très-peu de chole près. Dans une des premières épreuves 1470 livres d'eau des Fondemens, fortes de 2, devoient donner par l'épreuve du feu 176 livres, elles en donnèrent 249 au foleil. Encore la même année, 20 10 livres d'eau, fortes de 2, devoient fournir 24 1 livres, elles en fournirent 2 56, & 1416 livres de la même force, donnèrent 3 08 livres, au lieu de 170. En 1760, 1650 livres de la même force donnèrent 2 10 livres au lieu de 198, & 2400 livres d'eau à 12 pour cent, four- nirent 309 livres au lieu de 288 , & 2280 livres à 1 1 + pour cent, fournirent 27 6 livres au lieu de 2 6 2 & 2 28 autres livres, au même titre, donnèrent 284 livres. En 1762, 2460 livres d'eau, fortes de 6oo +, ne devoient donner que 159 2 elles en donnèrent 160. En 1763, 2400 livres d'eau à -2?- donnèrent 2 ç0 livres au lieu de 240, & 2400 livres à -£ donnèrent 308 livres au lieu de 236. En 1764, 2400 livres de la même force donnèrent les 240 livres, & cependant il refla fix lignes d'eau très-fortes qu'on exploita à part. La mêmeannée, 2400 autres livres fortes de = & dont on devoit attendre 2 64 livres, en donnèrent 28 2 ; & dans une autre expérience 2 5 3 livres, fans compter 4 lignes d'eau qui efiflèrent & qui ayant + de la hauteur du tout, devoient pour le moins en donner encore 21 livres, ce qui feroit 275. Dans la feconde exhalation d’Aigle, le calcul promettoit 1156 livres £$ & on fit réellement 1379 livres. Dans la. troifième, on devoit en attelre 642 livres 2 & on en ra 769 livres ; la huitième donna 1286 livres au lieu- de 1181 La raifon de cet avantage n’eft pas uniquement, parce que rien ne {e perd, cette raifon n’eft pas fuflifante, il faut y ajouter que le {el que l'on fait à la petite expérience {ur la braife eft exuémement. DES) SCL-E NIC: HS 19 fec, au lieu que le fel ordinaire contient plus d'eau. Mais il faut prefque néceffairement recourir encore à une raifon chimique, c'eft que la chaleur de l'eau bouillante, dépouille de fon acide une partie de la terre alcaline du {el culinaire, & la réduit en fel amer: au lieu que le foleil y laïfle cet acide, & ajoute par conféquent à la quantité de fel marin, tout ce que le feu lui ôte pour en faire de l'alcali. Les autres matières que dépofe l'eau falée expolée au foleil font les mêmes que celles qu'elle dépofe au feu, de la terre gypfeule qui s'attache au bois du baflm, comme elle s'attache aux chau- dières, & du fl amer, qui fe forme au fond, qui reffemble à de la glace qui fe fond en écume fur la braife & qui à fair tombe en pouflière blanche; c'eft de ceite matière que fe fait avec l'acide viriolique le {el d'Angleterre. Toutés ces matières {e féparent plus parfaitement parce qu'elles ont près de trente-fix jours pour {e débarraffer de l'eau, au lieu qu'elles s'en féparent en quatre-vingt-eize heures, & même en trente-fix für le feu. Ces expériences répétées pendant fix années, paroifloient promettre beaucoup. S'il y a de l'inégalité, il peut y en avoir bien des caufes, la plus commune, c'eft quelque fente qui fe trouvoit dans le baflin & la perte de Feau qui en réfuhtoit. IL eft furprenant combien l'eau forte de 24 à 30 degrés fait d'efforts pour percer le bois, fur-tout quand elle a une cer- taine hauteur. Nous ne paffames plus les cinq pouces, après en avoir fait l'expérience: quand on la mettoit à neuf, l'eau perçoit les ais les plus fains, & formoit des flalaétites qui for- toient du bois & qui pendoïient contre la terre. Quelquefcis auffi les Commis fe font trompés & ont ajouté à une exhala- tion le fel né dans le petit auge de marbre & qui appartenoit à une autre opération ; mais toutes les er1eurs font reélifiées par la fommation que j'ai fait de tente-fix opérations complètes, & il n'y a plus de doute que l'exhalation ne fourniffe, en pur fi, toute la quantité que promet l'épreuve du feu fr flatteufe & fi trompeule, à l'égard fu-tout des fources foibles. Le calcul promettoit au Bévieux 9 108 livres en trente-fix exhalations, & les magafñns en ont reçu 88 3 3, ce qui ne diffère que de. Ci Il 20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Les onze expériences faites à Aigle reviennent aux mêmes principes ; il devoit en rélulter, par l'expérience ordinaire faite {ur la braile, 6947 livres de fl, & il en réfulta 69 39 livres, ce qui prouve d'autant plus que c'at à Aigle, que là différence du {el calculée par les. quantités &c les forces de l'eau va jufqu'à un tiers du produit; & ce font ces expériences qui prouvent Je mieux, qu'il faut néceflairement admettre une perte d'acide, & par-là de {el culinaire, dans les manœuvres du feu: car l'eau de Panex exploitée 2 À Aigle eft vifiblement furcha gée de tuf, la perte devroit ire très-yrande puifqu'elle va à un üers, elle ne peut avoir été compenlée que par une plus grande quantité d'alcali auquel on a confervé la nature de fel marin, en lui laiffant fon acide, & qui par le feu Le feroit rendu FO Mais pour juger de l'expérience de la nouvelle méthode, il y a encore plufieurs queftions à décider. IE faut voir f1 la grandeur du baflin deftiné à lévaporation ne deviendra pas énorme ; cela tient à fa vitefle de lévaporation : & celle-ci peut fournir de nouvelles lumières aux Phyficiens, fur la quant- tité de vapeurs qui s'élèvent de la mer & {ar leurs proportions avec les pluies. Halley & le Jéluite antagonitte de Vallifnieri n'ont fait leurs expériences que très en petit. L'Académie pourra juger elle-même des Tables que j'ajoute à la fin de ce Mémoire: je vais en tirer quelques corollaires. I. L'évaporation d'un jour. eft déterminée par trois lignes, à Aigle & au Bévieux les bornes ont été les mêmes; les cha- Jeurs Îes plus fortes n'ont pas pañlé ce terme: je crois cependant Yexhalation phyfique un peu plus grande. Les hommes ne font pas affez exacts: la Nature profite de tous les momens : il n'eft s für que les ouvriers aient toujours découvert le baffin avec le lever du foleil; & quand quelque nuage l'a fait couvrir, ils n'auront pas toujours été affez ‘prompts pour le découvrir avec le retour du foleil. Peut-être l'évaporation phyfique ira-t-elle juiqu'à quatre lignes, fur-tout pour les eaux douces, car on va voir que l'eau exhale moins à proportion qu elle ait plus falée, L'exhalation économique ne pafle pas trois lignes. IL Il ne sexhale prefque rien en hiver: les plus beaux DES SCIENCE Li ‘24 jours, & les vents du nord ne font rien pour l’évaporation de l'eau; c'eft un préugé dont il faudra fe défaire, fondé fur ce que le vent enlève l'eau: mais il ny a que la chaleur qui lb réfolve en vapeurs. Du 10 Oétobre 1760 au 7 Février 1761, l'évaporation n'a pas paffé 10 lignes, c'eft l'ouvrage de trois jours en été. Du 7 Février 1761 au 8 Mars, il n'a exhalé que 7 lignes, malgré les approches du printemps: trente jours n'ont fait que ce que trois jours feroient en été. Du 1.” Novembre 1759 au 31 Janvier 1760, l'exhalation de quatre-vingt-douze jours a été de 8 lignes: & en 1760 dans le cours du mois de Février, de 3 lignes. A Aigle, l'évapora- tion depuis le mois de Novembre 1759 jufqu'au 1. Avril 1760 a été d'un quart de ligne pendant quelques jours & entiè- rement nulle prefque tout le refte de ce temps: elle a été à peu près nulle après le 16 Octobre 1761. III. Le mois de Mars ramène l'évaporation, elle y a été aflez forte quelquefois, & elle a monté jufqu'à fon terme fuprême de trois lignes, mais rarement : quand il ne pleut que la moitié du jour, 4 y a eu une demi-ligne & même une ligne d'évaporée : la fomme du mois a été de 1 3 Jignes en 1760; en 1761 il y a eu 8 lignes d'évaporées; je crois qu'on peut admettre pres de 15 lignes pour le terme moyen de l'évapo- raion du mois de Mars. IV. En Aviil, l'évaporation a été de 42 lignes en 1760, de 30 en 1761, de 48 en 1762, de 28 en1763, & de 30 en 1764; & l'exhalation moyenne de ce mois efl de 35 lignes À. V. L'exhalation de Mai a été de $6 lignes & demie en 1759, de 38 lignes en 1760, de 37 lignes en 1761, de 28 lignes en vingt-deux jours de 1763, ce qui fait 37 lignes pour le mois; de 44 lignes en vingt-cinq jours de 1764, ce qui fait s 2 lignes pour tout le mois; le terme moyen pour ce mois eft à peu près de 48 lignes, VI. L'exhalation de Juin a été de 40 lignes en 1750, de 46 lignes en 1760, de 29 lignesen 1761, de 57 lignes en 1762, de 32 lignes en 1763, de 59 lignesen 1764, Ci 22 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ce qui donne 44 lignes pour fe moyen terme qui eft au-deflous du vrai, étant naturel que le mois de Juin favorife l'évapo- ration plus que fe mois de Mai, par la longueur des jours & la force du foleil. VIT If en eft de même de Juillet; fon évaporation eft de 48 lignes en 1759, de 5 1 lignes en 1760, de 58 lignes en 1761, de 41 lignes en 1762, de $o lignes en 1763, & de 28 lignes en vinot-deux jours de 1764, ce qui fait 40 lignes pour tout le mois : le milieu eft 47, ce qui eft trop peu pour le mois le plus chaud de l'année. VIIL L'évaporation baifle en Août, les jours y font déjà plus courts; il sy eft exhalé 35 lignes en 17509, 26 lignes en 1760, 42 lignes en 1761, 30 lignes en 1762, 44 lignes en 176 3 : l'évaporation d'Août n'étoit pas finie en 1764 dans le temps que jécrivis ce Mémoire, le milieu fur cinq années eft de 35 lignes +. IX. En Septembre, il s'eft exhalé 12 lignes en dix-huit jours de 1759, ce qui donne 20 lignes pour le mois entier; 1 5 lignes en quinze jours de 1760, ce qui feroit 30 lignes pour le mois, 28 lignes en 1761, 29 lignes en 1762, & 1 3 lignes en dix-neuf jours de 1763, ce qui fait 25 lignes + ur le terme moyen. X. En Oétobre, il ne seft exhalé que 1 1 lignes en 1759, mais 9 lignes en neuf jours de 176 1, ce qui en feroit 3 1 pour le mois entier; je mets le milieu à 1 $ lignes comme en Mars. L’exhalation phyfique va plutôt au-delà tant par la raifon que j'en ai donnée, que parce qu'on a perdu régulièrement un jour par mois à fortir le {el du baflm & quelquefois deux. X I. L'exhalation moyenne économique depuis le mois de Mas jufqu'à celui d'Octobre peut donc être mife à 261 lignes, & je crois bien que l'exhalation phyfique va à 300 lignes. XIT I eft important pour un Entrepreneur, & il n’eft pas inutile pour un Phyficien, de favoir que l'évaporation n'avance pas d'un même pas au commencement d'une expérience & à la fin. L'eau moins falée sévapore confidérablement plus vite que l'eau dont la falure eft plus forte; dans le courant du mois pif er sh Si 0 L'ErNr CAES 1,2 23 de Juin 1760, l'eau naturelle a perdu en treize jours 2 1 lignes, & l'eau extrêmement chargée qu'on avoit mis dans le petit baflin de marbre, na exhalé que 12 lignes. En Juillet, ce même refte a diminué de 21 lignes, & l'eau naturelle de 31 dans le même efpace de quinze jours. En 1761, dans le même mois de Juillet & dans dix-fept jours, eau chargée n'a baifé que de 8 lignes, & l'eau naturelle de 18. En douze jours du mois d’Août, l'eau concentrée a perdu 1 1 lignes, & l'eau natu- elle 17. En huit jours de Septembre, il seft exhalé 14 lignes de la fource natureile, & en huit jours, 6 lignes de eau ren- forcie. En 1762, en vingt-huit jours du mois d'Août, l'eau naturelle a exhalé 28 lignes, & l'eau du baffin de marbre 1 3e En Mai 1763, l'eau concentrée n'a baifié que de 10 lignes en vingt jours, & f'eau naturelle de 25. Du 17 Juillet au 4 Août de la même année, l'eau du baffim de marbre a perdu 20 lignes, & celle du baflin de bois 34. En dix-{ept jours du mois d'Août, eau de la fource a exhalé 27 lignes, & celle du baflin de marbre 1 8 lignes. En 1764 & en dix-huit jours du mois de Juin, l'eau de la fource à perdu 36 lignes, & l'eau concentrée feulement 1 9 lignes. Cette expérience eft fans exception; mais comme on ne fépare pas exaélement au même degré de falure, l'eau que Ton tranfporte au petit baffin, la différence a été tantôt de 2 à 1, & tantôt de 3 à 2; la proportion de la falure des deux eaux peut être mile en général de 24 à 152, La lenteur de l'évaporation de l'eau concentrée {e doit’ attri- buer uniquement à l'adhéfion qui attache l'eau au el, & peut-être fur-tout au fel amer qui fe concentre dans la dernière eau du baflin : cette adhéfion doit être plus forte que celle des parties de leau élémentaire entrelles. IL faut avoir quelque égard à cette différence en Phyfique: l'eau de la mer doit moins s'exhaler que celle d'un lac, toutes chofes égales ; en économie, elle nous oblige à tenir, avec le grand auge d'exhalaifon, un petit auge pour évaporer le refte du grand. baffin, & pour ne pas faire perdre au grand auge, un temps qu'il mettroit à évaporer l'eau. concentrée , au lieu d'expédier le double dé eau naturelle, Cet 24 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE auge peut être petit, il fufit qu'il ait la dixième partie de fa furface du grand auge. Je me rapproche du calcul qu'il convient de faire pour déterminer les frais que cauferoient l'établifiement d’un baffin d'exhalation. J'ai dit que je confeillerois de le faire en marbre : if paroïît que cette pierre réfifte; elle a tenu bon au Bévieux, contre l'eau concentrée , depuis {x années. La grandeur du baffin ordinaire fe calcule aifément. Nous faïfons environ un million de livres de fel par an au Bévieux, Feau y eft à peu près à 11 pour cent; le pied cube d'une eau pareille, pèle 56 livres de 16 onces & au-delà; cela fait au plus r million 802 mille pieds cubes d'eau, mettons 1 8 mille pour la rondeur des chiffres. Nous n'avons admis que 1 8 2 lignes d'exhalation pour une campagne, ce neft que les deux tiers du vrai; mais il faut s'armer contre les accidens, tels que feroient les années pluvieules & F'affoibliffement accidentel de l'eau des fources. Je mets cette évaporation à r $ pouces, pour la commodité du calcul. Pour évaporer 1 8 mille picds cubes d’eau, il fufroit donc d'un baffin, dont fa furface feroit de 1 4 mille 400 pieds, & la profondeur de 15 pouces d'eau concentrée; mais il feroit dangereux, même en marbre, d'admettre 1 $ pouces d'eau: j'en ai dit la raifon , n'y mets donc que 9 pouces; il faudra donc un baffin de 30 mille pieds de furface & de cette profondeur, je ne don- nerois à ce baffin que 2 $ pieds de large, fur 1200 pieds de long. IL faut y ajouter les bouts qui feront 2450 de circon- férence en les élevant d'un pied. Le pied de marbre travaillé fuivant l'exigence de notre baffin, coûte 10 -creutzers (7 fous 6 deniers) livré fur les lieux; je compterai 7 fous 6 deniers pour Fafphalt, le toit & les poutres à mettre en travers, c'eft trop de beaucoup; mais il ne faut pas {e tromper en fe flattant. Le pied de bâtiment ira ‘donc à 1 $ fous de France, & la fomme totale à 243 38 livres de France, ce qui fait 1622 $ francs de Suifle ; ce qui va environ à 6500 écus d'Allemagne: jy ajoute un petit auge qui en coûtera environ DES SCIENCES: 2 environ 700. La fomme de a dépenfe fera 7 mille écus d'Allemagne, ce qui fait 17500 francs de Suifle, ou 26250 livres de France. L'entretien de ce bâtiment fera d'une très-petite dépenfe: rétablir le toit tous les dix ans, afphalter quelques jointures dérangées; voilà tout ce qu'on peut prévoir. Nous avons mis la dépenfe annuelle d'un baffin de gradua- tion ordinaire à 18900 livres par an. La confervation du fl ne peut Das êtré évaluée au jufte: on ne dia pas trop en la mettant à $. pour cent : car perfonne jufqu'ici n'a pu égaler par les manœuvres ordinaires le produit réel au produit que promet l'évaporation fur la braïfe, Les cinq pour cent font $o mille livres fur une fabrique d'un million de livres, ce qui à $ francs le quintal, fait 2 ç 00 francs où 3750. Le profit d'une année en donne 22650 livres de Francé par an: ajouté à ja dépenfe anéantie, il égale à peu près la première dépenie. Je ne prévois d'autre difficulté qu'une année extrêmement pluvieufe. Pour parer à cet inconvénient, il faudroit conferver une chaudière avec fes appartenances & environ une quatrièmé partie du bâtiment de cuite, tel qu'il eft préfentement : cette année rentreroit dans la règle ordinaire, fans qu'il y eut là moindre nouvelle dépénfe. On peut exécuter ces idées dans tous les pays dont la cha- leur fera à peu près la même que dans le Gouvernement d'Aiglé & où le ciel ne fera pas trop pluvieux: feau qu'on exploite doit tenik 8 céntièmes pour le moins, & uné fource plus foible augmenteroit trop la fuface du baffin d'exhalaifon. Je crois cependant d'après mon expérience pouvoir confeiller à tout polféffeur de falinés, de ne faire graduer fes eaux qu'à 12 pour cent dans là manipulation ordinaire, & de mettre cinq jours à les cuire danis Ia chaudière. 11 fera de plus beau fl, il en fera davantage & n'y méttra pas plus de bois. J me feflé encore queiques éclairciffémens à donner fur les Tables d'exhalations, qui font les pièces juflificatives de ce Mémoire. . | Min, 1764 D 26 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je n'y ai ajouté les Tables météorologiques que pour deux ans : le Gouvernement d’Aigle, dont je me fuis trouvé chargé ne m'a pas permis d'y donner le temps néceflaire dans le refte de ma préfeëlure: je n’en extrais que quelques obfervations. L. Lhiver de 1758 à 1759 a été exiêmement doux, à peine y at-on vu de la neige pendant quelques heures & les fleurs n'ont pas difparu de nos bofquets. Il n'y a eu de froid qu'en Janvier. Tout le mois de Février & de Mars 1759, le thermomètre a été au-deflus de 40 de Farenheit à l'ombre; ila été à s$ le 10 de Février. Les poiriers ont fleuri à Ja fin du mois, & j'ai fait femer des avoines en Février. Le 8 d'Avril, les pommiers étoient en pleine fleur, les maronniers avoient de grandes feuilles & des fleurs le 22. En Mai, le thermomètre fe foutint au-deflus de so & alla jufqu'à 67. En Juin, il fe foutint au-deffus de Go , il alla à 77. En Juillet, ayant paflé les 70 pendant prefque tout le mois; la chaleur devient incommode dès qu'il les pafle: if n'alla qu'à 7 3+ en Août. Dans l'hiver qui fuivit, le thermomètre ne fut que fort peu de temps fous le terme de glace, il ne le pafla que de s, degrés de Chriftin. En été 1760, il fe trouva à 75 le $ de Juillet & ne pafla pas ce terme. En hiver 1761, le froid fut le plus fort au mois de Janvier, le thermomètre futà 10 degrés le 21 & à 12 le 23. Nous eumes en Juillet plufieurs fois le 28 & 29 de Reaumur, & la même chaleur revint au mois de Septembre. En Mai 1762 , le thermomètre de Fareinheit fut à124, 126,114 & 122; du'23 au 26 de Mai, & du 21 au 3 d'Aoùût de 114 au 144 où il monta le 24 de Juillet: I eft vrai que la chaleur nous affecloit, & le 27 il furvint une forte tempête avec de la grêle. IL. Pour le baromètre, il sy fit un changement affez con- fidérable des premières années aux dernières. Au commence- ment de 1759 jufqu'au mois de Juin 1760, le baromètre fe tint entre 26 & 27 pouces d'Angleterre, & ne paffa guère ce terme. Mais depuis 1762, le mercure s'éleva davantage, paflà prelque toujours le 27, & alla quelquefois jufqu'à 27 +£: il eut cependant {es grandes variations par les vents du fud & DRE 'S SCT E Nc Es: 27 par les oragés affez fréquens dans ce pays où la forcé des vents eft extrême; elle y déracine les arbres, enlève les bâtimens , & a renverfé le 1 6 Mars 1760, le hangar de gradation d’Aigle dont il abattit 660 pieds, en brifänt toutes les colonnes & les contreforts dont il étoit appuyé. Le mercure defcendit à 2 6 js le 2 de Janvier 1760; à 26,1 le 18 de Septembre; à 26,0 le 19 avec une pluie de fud. Le 10 Novembre il revint encore à 26 &le 11à25,20; ce qui eft le plus grand abaiffement que j'aie obfervé : il fut encore à 2 $»22 & 21 par un grand orage du fud -oueft le 5 Décembre. Par un orage du 2r Septembre 1761, il redefcendit à 26,2. En 1762, les 14 & 15 de Décembre il revint à 26, 5 & 4, toujours par les vents de fud: mes obférvations lui donnent du jeu de 25,20 à27,16, ce qui fait un pouce 2 ou 22 lignes. TAB. LE DES QUANTITÉ ET QUALITÉ DE L'EAU DE LA SOURCE DU FONDEMENT, Qui s'eft évaporée au afin d'exhalaifon, au Bévieux , depuis de 25 Avril 1350. Ledit jour, on a mis dans le baffin environ 1 62 feillées ou 1620 mefures de Berne, d'eau de la fource, à 9 Pour cent, qui l'a remplie à Ia hauteur de 8 pieds 4. Cela fait au moins 3469 livres de 18 onces. AVRIL 1759. Jours Thermomètre " Produit Eva - | Baromètre du PO | de Fahrenkeir, | À ÉD A TE DT) CLEFS L: de l'eau Mois. | "ation. à1 0h du matin. Angleterre en Sel. Lignes, Degrés. pouc. lign. 2 60m 58 ++... . [beau temps, 53744 RE 59 28 | 3 59 29 | ri 60 30 | 12 58 rives e + [temps couvert, D ï 28 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M A I 175ÿ9- - Thermomètre Produit EvaPO-| de Fahrenhér | Does ÉTAT DU CIEL, |delfeau °°‘ [arohdumatin.} en Sel.F DRE] TT Dar UM CG» e GS 1 ras l'Asie il a plu tout le jour. m ee . fcouvert. n mn . - . [remis au beau après-midi. 2 FER ASE ie de fud. # pluie. à A ONME SERRE couvert. us s7 «beau temps. 6o ......|jun peu de pluie, # +... - [beau temps, mais tendant à la pluie. s9 .+... .. [forte pluie. 2 53 -...... [beau temps. 1 59 : . [de même. L 1 ct Ë 2 de méme. 7 ...... . |de même, avec un vent très-fort d’eff. 63 .......|beau temps. 67 ..... . . [orage au fud-oueff, le temps y étantici. 64 +... - [beau temps. # ee. + « [de même. 62 ......|tde même, 60 …..... . [de même, avec un vent d'eft. | " +... . [de même. 63 …..... beau temps, 64 | ..…. ..lde même. 63: . de même. Hauteur du Therm, au foir. 67 ..... . - [beau temps. "] .......[de même. 64 ..... [avec un peu de nuages, 64 [....... [beau temps. 65 ..... .. [de même; pluie le foir. ” 26. 13 [couvert 64 12 !de même. | DES SCIENCES ? 29 JUIN 1759. Jours|-; Thermomètre Evapo- Baromètre ; du PO! de Fahrenheir, d'A ETAT :'D'ÜU CEE Mois. | "#10: |2: oh du matin. édit: TRES Degrés. PR pour. dign I I 6; 26. 11 couvert. 2 AU 63 12 |tendant à Ja pluie. 34142 63 2 [beau ; brouillards à Ia cime des mont. 4 | 2 Lt 1 ; couvert, & pluie le foir. $ 1 61 beau temps; nuées au haut des mont. 6 CA | tr Fe temps couvert ; pluie au bir. Fat MIO 62 beau le matin; pluie après midi. 8 | ” 1 foir 1 13 temps couvert & fans vent. 2 | 3 64 20 |boau temps; nuées au haut des mont. ro | 2 65 17 [pluie I 1 1 1 F2 | 1 “ 13 | ” " 7 224 | " 64 15 |pluie. SEA ln 63 19 &21 |il a plu tout Îe jour. (16) » s9 21 |temps au beau; neige aux montagnes. GA LE 61 n |beau temps. 18 3 LL [] 19 | 3 70 22 [beau temps & chaud, 20 3 71 u |de même. 21 3 u n |abfent. 22 72 20 & 18 |de même. 20 70 16&15$ |le ciel fe couvrit; il plut le foire 24 7 1 “_ |le ciel couvert; il plut le foir. 2 7 66 22 |le ciel couvert; il plut le foir. 2. GRANT 64 22 ;|beau temps; il a neigé fur les mont. 2 2 65 21 |beau temps. 28 # 7 16 |couvert; pluie après midi. 29 | » n 16 |pluie & un gros vent la nuit. ze 63 14& 12 |le foleil fe montra, mais la pluie fuivit. (16) Ledit jour, on a forti le fel du baffin de la première évaporation; il y en a eu... [292% H ef refté, après avoir forti le fcl, + de pouce d'eau dans le baffin d'exhalaifon. Le même jour, on remit environ Fa feillées d'eau falée venant de l1 fource du Fonde- ment , au petit baffin d’exhalaifon ; y étant reflé + de pouce de visille eu, on y en a mis 2 pour faire les trois pouces qui y font aduellement au 12 pour cent en qualité, Di | 30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE J'OPENLNEP TMS 9; Jours | : _| Thermomètre : Produit PME de Faber dese É T'A TT DADRIICNMELE. Mare 1 0" du matin. en Sel. re Degrés. pouc. ligr. a I 7 62 26. 12 |couvert, 2 | w 61 13 lil plut. 3 I 7 20 |beautemps ; nuées au milieu des mont. ALT 61 22 |beau temps. Ste 63 27+ ! |très-beau. 6 | t 64 1 [de mêfne. (7)| 66 4 |grande chaleur, 8 3 72£ |26. 22 Îde même. 9 | 3 72 1 |de même. 10 | 3 U |abfent. II 3 4 ! |abfent. QE 73 21 |beau temps & grande chaleur. ra lez 75 “l TAUIL2 76 7 15 | 2 75 # FORT 65: 213|i plut & tonna après-midi, 17 2 74 21 |couvert. 18 1 7 22 |abfent. 19 | 2 73% 1 beau temps & chaud, 20 [2 74 u (21) [x 1 21 222 76 21 2 77 2I # : 76 18 |le ciel fe couvrit, & il plut Ie foir, CEE “ 1 labfent. 26 | 2 1 1 |abfent. 27NIVX A 15 [pluie & tonnerre. 28 I TP 15 |ciel couvert. 29 2 7 À 1 |abfent. 30 | 735 16 |couvert. 37 2 4 1! De CES D SET REDON LE. VAE FER RIRE CESSER TEL Je MR OR He. PRE ER SERRE (7)'Ledit jour, on a forti le fel, confiftant en...,.,.........,.......,..... 217* A la fin de cette feconde évaporation, il éft refté un demi-pouce d’eau. Le même jour, on y a remis environ 5 1 fcillées (1530%) & 2 pots d’eau faléc de la fource; y étant refté un demi-pouce de vieille eau, on y en a mis 2 pouces 7 lignes, pour faire les trois pouces & une ligne qui y font aétucllement au 12 pour cent en qualité. (2 1) Ledit jour, on a forti le el du baffin d'exhalaïfon de fa 3 évaporation, confiftant en. | > 49% A la fin de cette 3° évaporation, il eft refté un quart de pouce d'eau. Le 22, on a remis environ 67 feillécs (2010) d'eau falée de la fource, au 12 pour cent; y étant refté un quart de pouce de vicille eau, on y a laiffé entrer encore trois pouces & un quart, pour faire les trois pouces & demi qui y font aétuellement, DHE SOSNCAME NN C:ELS. 31 ACOU ST 1759. 14 |beau temps. 13 |beau temps. 17 |de même. 19 |de même; mais pluie le foir. Sn ES Si | _. à Produit POS | Évapo-| ne Pbenlie RP NEMNAT DU Cl EL Nlee ten Mois, | 007: |à; ohdu matin, | n8/E6Ire en Sel. Lignes. | Des A9) LS 1 2HPUET 7 3 | » ” les montagnes couvertes , & pluie. PA dE 66 beau temps, SUEZ 68 6 | I " | 20 |le foleil prefque couvert ; il plut le foir. PA EX 1 nu |abfent. 8 # 1/1 [4 9 | 2 68: 18 |béau temps. 10 | 1 70 ” IN IS 71 18 124182 1 1 13 |: 732 4 |temps couvert, mais chaud, (14)| ” ” ” | FLE 17 79 » |pluie, 167. |;°2 1 1 17102 7 nu [beau temps. TISMINET I 26 |il plut tout le jour. 19 | » 68 - 16 |temps couvert. 20 ï 1 13 [pluie le foir, 21 [1 # 22 I 67 22 RSI 1 2 2 1 16 |couvert fans pluie, 2.9) JIPET 1 1 |abfent. 26 |: " u 18 |temps couvert. RE EE (14) Ledit jour, on a forti Je fl, confiflant en. .......,.................... JL eft refté, à la fin de cette quatrième évaporation , un demi-pouce d’eau. n_ jabfent. 18 | 14 |couvert; pluie le foir, Le même jour, on a remis dans Ie baffin environ 56 feillées (17o1#) & 7 pots d'au 2 5 6€ falée de la fource, au 12 pour cent ; y étant reflé un demi-pouce de vieille eau, on y en à mis ençore deux pouces & demi, pour faire les trois pouces qui y font aétuellement, 32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SE PTE NB RE REP np [Thermomètre Évapo- À . | Baromètre Produit En So sm d'Angleterre ÉTAT DU CIEL. d en Lignes, Degrés, pou lign “ 1 63 26. 18 +|beau temps. I 62 1 |beau temps. 1 ñ #” |de même; mais le ciel s’eft couvert. 18 |couvert; pluie le foir. 9 |beau temps. 22 |beau temps. O Ÿ CN Ah WU D m 64 | 19 1 1 |abfent. 1 2x |il plut une partie du jour. 66 20 it 69 (2 (r2 )| # 1 1! 13 ï 79 2T> 14) | 2 69 21 -|beau temps. 15 7 1 2Q— 16 1 67 16+|pluie. 107 00, MAN 67 ” |beau temps. DO UET “ n |de même. 19 | w 7 1 20 I ut (1) 2I I 1 LL Seal our | 64 19 |couvert. 23 | 1 62 19 j 24 | u 61 10 |il plut tout le jour, 25 59 11 |de même. 26 1 14 |temps couvert, CyA 1 16 [beau temps. CS 60 17 29 Se 30 60 # 16 | CD ES (12) Ledit jour, on a forti le (el de Ja cinquième évaporation, confiftant en.....,..|18 se ll refte à la fin de cette cinquième évaporation 8 lignes d'eau. Le même jour, on a remis environ 54. feillées (1620%) d’eau falée de la fource, dans le baffin d'exhalaifon ; y étant reflé huit lignes de vieille eau, on y en a mis encore deux pouces quatre lignes, pour faire Les trois pouces qui y font préfentement au 1 r + pour cent, OCTOBRE LE COUR NS = ae … DES SCIENCES 33 OCTOBRE 1759! Y| 7% - 19 beau temps. ;, (31) Ledit jour, ha forti le (el, confiflant en Thermomètre 5 Produit 70h Évapo-| Fahrenhir, | Free # ÉTAT D UN AG TURC \ l'eau Mois, | 'At0n. | bu matin, RES : en Sel. Lignes. DE podc: ” lign. | - I I 59 26. 16 |beau temps. 2 I U 1 = 7 1 1! |pluie le foir. 4 7 58 16 > pluie. s | » 57 18 :|beau temps, EAN z 7 7 F2. = " ! 8 1 s6 22 CE LE 57 22: 10 | + 56 7 ir = “ 23 12 I 2 20 I 3 . [7] 11 14 | » | S7 13 |temps couvert ; pluie le foir. 15 : 58 12 pluie, 16 - 1 1/1 beau temps, 17 = 1 1 1 15 = “ 12 19 + 56 7 20 71 7 15, temps couvert, 21 + 55 19 ,j beau temps. 22 + CERE 19, couvert. PEN | DE 1 10 , | beau temps. î 244] = “ ul le ; 254). 7 16 |couvert ; il plut Je foir, 26!| » u 15 couvert, & il plut la nuit, 274] x 542 15,.|de même. | 2684 7 10, {couvert & pluie ; beaucoup de vent. 29 # 55 15, Couvert. 30 | » H. : 218./ilplut le matin. Gr 7 dx STE SES CE OOCET PPT ONE E I eft refté à fx finlde cette :fixième évaporation, dix lignes d'eau. + On remit enfüite environ 47. feillées & 2 pots d'eau falée de a fource, au) 12 pour cent ; y étant reflé 10 lignes de vieille cu, où. y ena remis encore 2 pouces! 3 lignes, pour faire les 3 pouces 1 ligne qui y font actuellement. , | | Min. 1764. ; Mn: MU x 34 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Depuis le 1.” Novembre jufqu'à la fin de Janvier 1760, on a découvert le baflin d'exhalailon ; pendant trente-neuf jours, il ne s'eft au que huit lignes, » Le 1.” Février, on l’a découvert; pendant douze } jours, il ne seft-évaporé que trois lignes. MARS :760, Jours Thermomètre Produit. Baromètre ÉATAUT D UN C LE BETTER Évapo- à du LE de Frhrenheir, d'Angleterre Mois, || "On: |; chdumatin. en Sel. Lignes. Degrés. EM pouc. lign. I L | 39 26. 16 [froid & beau; il a gelé. 2 L 38: ll 3 1: + 39 15. 4 3 | 7 10% couveït, $ I 41 15 6 I 40 18 |beau temps. | Zu st FORTE TR TES 8 £ 38 22 À | CIE DE 40 ais 10 cs 1 19 tu I 4T 4 12 I 71 [22 13 2 437 17 |la pluie commence. 14 | 47 19 [un peu dé pluie\fans vent. mA AT 49 1 8 2|de méme; les torrens s'enflèrent. 16, + 7 «16! |couvert, AUS 435 E 18 1 nm fi plut. 19 45 17 |beau temps ; il gela cette nuit, 20 5 44 18 |de même. 21 ll 43 12 couverr.- 22 7 2 10 |pluie mêlée d'un peu de heige, 2430] tu 2 | 13: \pluie mélée de foleil. 24 1 1 13 &'r$ |beau temps. 25 1 4 7 16 |beau temps ; mais il plut le foir. 216 |." Aït 15. [couvert , & de la neige de foin. 27 . 42 13 fbeau temps!, & couvert le foir. 28 L 7 u fil a gelé la nuit. ciel couvert. 29 || ATX 16: |fioïd & beau; il gela. 30: | 1% 43 19 [de même. 31 I 44 18 [beau temps, mais fans gelée. LE + e Des SAC EN 61 El S D4 A ViRi1 L: r700. 35 L ètre x Produit Vu (Evao lac rame, Léromète | épAT DU CIEL [la Mois. | "08 |3 1 oh du matin. HAnBIEre en Sel. EE meet) ARS er Lignes, Degrés. pouce. llgn, I 15 45 26. 13 |beau temps; le foir couvert. 2 I 49 14 |beau temps. 3 1 ul 7 (4) | « 1 7 SEE | 3 fl 12 6 | 2 1 1 7 2 1 1 | 8 2 1! 1! 9 2 [2 1 10 2 /4 11 11 2 (4 ! 12 2 1 (2 I I 1! 1 à 4 : # 7 abfent. ! 15 2 H l 16 2 1 7 L 17 I [1 1 18 1 11 LU 19 I 1 1 2 I 2 2) 2I I 11 [2 (22) 2 [14 1e y 23 I [22 1 = 24 2 1 2] 25 1 63 6 |beau temps. 20BIEE 67 s 25/0 63 Z 28 | 6e II 2 7 11 1o fil plut le foir. 30 I 1 ” |beau temps. Le 1 (4) Ledit jour, on a {orti le fel du baffin d’exhalaïfon de la 1. févaporation; confiftant en... | 2 50* À la fin de cette première évaporation , il eft refté’ 6 lignes d'eau qu’on a tranfporté dans la pierre, dont le produit confifloit en... .... Hot O2 tre PU ALES TEE 58 ToTAL DU SEL de cette première évaporation.......,.. 308 | nn On remit le même jour environ $ $ 0 pets d'eau , graduée au 1 2 pour cent, dansle baffin d'exhalaifon, pour les 3 pouces d’eau qu'il y a aétuellement. ; (22) On a forti le fel du baffin d'exhalaifon de la 2.évaporation de 1760, confiftanten.…., 167 À la fin de cette feconde évaporation , il eft reflé un demi-pouce d'eau dans le baffin, qu'on à tranfporté dans la pierre, “S E ïj 36 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MAT 1760. ê aa Thermomètre | pi oinètre Produit AP Le Fuhrenheit, | 54 ÉTAT DU CIEL. |deleu ration, |. 4 ./ [d'Angleterre àarohduimatin. o en Se, Pret PR DIR pouc, lign É ) I 6 £ I I 7 26. 111 |abfent ; il a fait beau temps. 7 2 1 6o 12 |beau temps & un peu couvert. I NE II eau temps, 3 61: beau temp 4 I 61 1 $ 2 63 10 6 I 65 7 |couvert. 28211 65 = ro |beat temps. 8 [24 [24 12 9 2. # 1 10 7 1 1 |abfent : il a plu beaucoup. II 7 7 un |de même. 12 1 6: 15 |couvert. 13 I 7 ” |beau temps. 14 2 60 14 |temps un peu couvert, 15 I 60 18 < (1 6)| » | 11 16 16) edit jour, on en a forti le fel, confiftant en..... ADO! LONDON NET 6)" Ledit j forti le fel, confift 43% ToTaAL du Produit de cette feconde évaporation. .,..,...,.,,.,,.,|210% RE PR CEE AVRIL J Le 22 dudit mois, lon a remis environ 760 pots (2280%) de Berne, d'eau Éraue se il + pour cent, dans le baffin d'exhalaifon, pour faire les 4 pouces qui # ont actuellement. 23 2 !l 26 1 |abfenr. 24 3 1 1 25 2 63 6 |beau temps. 26 | 3 64 S 27 I 63 6 28 1 60 II 29 11 1 10 lil plut le foir, 30 2 U ” |beau temps. EE cs ee Gén at De Ne | ON ER: SM SO IGN TS PNG EN SL 37 M A TI 1760. | REP PE PE PE Jours Év Thermomètre Produit du x 7 ration. |, i Angleterre Mois. àr1ohdumatin. o en Sel. de Fahrenher, | Btomèe À gTAT DU CIEL “E icA RSS Ne Lignes. Degrés. pou lign I | I 1 un Jabfent; mais il a fait beau temps, A2 60 26. 12 |beau temps, un peu couvert, 3 3 Gr | 11 |beau temps. AR 61 7 s 2 63 10 : 6 2 65 7 |couvert A 2 65 = 10 |beau temps 8 ul 1 F2 9 | 2 1 12 MONET 1 lila beaucoup plu, II 7 7 ” [de même, 156204 VE 61 15 |couvert. 13 I 7 ” lbeau temps. 14 | 2 6o 14 |un peu couvert, ne & 6o 16 16 | 2 1 16 28 LE 63 15 11810], + ! 13 |il plut le foir & pendant la nuit, HO 61 12 |beau temps. 20]. 2 59 14 |le foir beau temps. (CH Der 1 13 |temps couvert & obfcur. 22 1 58 12 |de même, avec de la pluie. 23 7 56 | 14 |temps couvert. 24 r u 12 |gelée le matin, & beau temps le foir. 22 56 9 [couvert & froid. 26 I 7 5 |beau temps. 2 7 59 2 21814112 7 9 |beau temps, & enfuite couvert. 29 12 7 14 |beau temps. 30 I 64 . 15 Îde même. 31 I | 1 1 pluie, tonnerre & grêle furles montag. D (21) Ledir jour, on en a forti le {el de h troifième évaporation, confiftant en...,... 2 TS À la fin de cette troifième évaporation, il eft refté 5 lignes d'eau dans le baffin, qu'on a tranfportée dans da pierre, } E üj 38 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE JUIN 1760. ee ns Us ete | | Jours] c T'hermometre | x Produit japo- : i romètre F pes dle Fabrenar, ras Taie ÉTAT DU CIEL de l'eau Mois. | 9% |àr ohdu matin. | 78 “ [en Sd, a —— pr Lignes. Déegrés, pouc. dign. 2 s 12 I 1 68 |beau temps fans vent. LUE 69 26: 14% 3 2 7o ! 4 I 7x 72) s 7 70 13 |ilplut le (oir. Le 6 dudit mois, on a forti le fel, confiftant en............... OT BE ans se 2 sa ToTaL du Produit de la troïfième évaporation. ..1...,......,,.., 276 À RE Berne, d’eau de la fource, au 11+ pour cent, pour faire les quatre pouces qui y font 1 AE Le 21 dudit mois, on a remis au baflin d'exhalaïfon environ 760 pots (2280*) de actuellement. 21 1 59 26. 13 |temps couvert & obfcur. 22 ul 58 12 [de même, avec de la pluie. 2,3 3 56 14 |couvert. ZAR 7 12 |gelée le matin, & beau temps le foir. 20. 1 19 |couvert. 26 2 1 5 |beau temps. 70 0 59 Fa 28 | 2 7 9 |beau temps, enfuite couvert. 29 3 ul 14 |beau temps. soN INC C4 15 31 2 7 … |abfent, pluie, tonnerre, & grêle fur les montagnes. | DES Ro Jours | É Thermomètre va ; ; du APO-| de Fakrenheïr, Mois. ration. là ohdu matin. Lignes. Degrés. I 3 68 2 | 3 69 3 3 79 4 2 gai s 7 70 6 7 63 Er 2 1 8 1 1 9 2, 1! 10 2, 70 II 2 69 T2 2 69 13 1 7o 14 I 68 I 5 4 [21 16 2 7 (17) | ” 66 18 2 65 I 9 1H H 20 I 64 21 I 6; 22 I 66 2 I # 1 ANT 65 25 I [0 26 I 1! 27 7 66 28 1 1 29412 TE 30 I LA Meshhsgers 1 (17) Ledit jour, on a forti le {l du baffin d'exhalaifon de a quatrième évaporation , SIREN) c'e si 39 IORION NX 100. Baromètre d'Angleterre ÉAAUTE DU GTE TE CONTRE (En eE ePD Seueereel, À la fin de cette exhalaifon, il ef refté un quart de pouce d'eau dans le baflin, qu'on a tranfportée dans la pierre, Porssesorhnsesveris ses sscomesneseeesssee beau temps fans vent, bin il plut le foir. il a plu la nuit, temps couvert, temps inconftant ; il plut le foir, béau temps , mélé de pluie. beau temps. beau temps après une petite pluie. beau temps. pluie. de même. il plut, mais moins fort. il plut beaucoup le foir. [après-midi le temps fe remit au beau. il plut le foir. temps couvert, mêlé au beau temps. beau temps. pis ert; orage tonnerre & gréle le foir. couvert ; il plut le foir. temps couvert. pluie. le temps fe remit au beau. beau temps ; mais il plut le foir. il plut tout le jour. couvert. abfent. Re nee nn ER RS de nn ON ET A Produit de l'eau en Sel. 260% 4o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SCENE MENTIUITE 0. DSTERNOETIEIR NOR ESC ESRNECT LICE DST PP TES Jours | 52 | Thermomètre ERA Produit du LË ë 7 de Fahrenñeir, Baromèrre É TANT D U CIF de l'eau .. |ration. |; .” [d'Angleterre S Mois. {à ohdumatin. 5 en Sel. ll Lignes. Dégrés. pouc. lisn. Fe 2 6 o ra I 2 7 26. 18 |beau temps. 5 I 1 15 |abfent; ül plut le foir. 3 | 70 lil plut beaucoup le foir. 4 7 17 |beau temps. $ ï 75 16 |beau temps ; il fit fort chaud. 6 I 71 17 |ciel couvert, & orage le foir. 17 1 # 18 |beau temps. 8 7 72 17 edit jour, ‘on a en fortile fl, ,confiflant en.:... 5... hui. nee 2 4 TOTAL du produit de la quatrième évaporation,. . ..... RL SE LES 2 84% JUIN. Le 18 dudit mois, on a remis environ 770 pots de Berne {22 10%) d'eau de la fource, dans le baffin d'exhalaifon , au 122 pour cent, pour faire les quatre pouces qui y font aétuellement, 19 | 65 26. 12 |il plut le foir. 20 2 64 1 [couvert, & beau temps. 21 3 6; 1 3 = |beau temps. 22 2 66 1 |couvert, pluie le foir, orage & grêle. 23 I 11 To |couvert, & pluie le foir. 242 65 7 |couvert. 2 ) 7 1 pluie. 26 2 7 1 [le temps fe remit au beau. E74 Il 66 1” [beau temps, & pluie Île foir. 28 7 1 ”. lil plut tout le jour. 29 3 632 17 |couvert. 30 2 ul 1 |abfent. RER BED SR I ET CI DETENTE CPR ENT RER DEC TPE SCENE JUILLE1 DES SCrENCESs AT ROMEL-E T° 'r760. Thermomètre àrohdu matin. x Produit du PO | de Fuhrenheir, Fra ÉA TU ID UP GIE Le de l'eau ; en Sel. er DUT ouc. lign. CNRS I É 26. 18 beau temps. 2 u 16 |abfent, il a plu le foir. 3 70 lil plut beaucoup le loir. 4 |2 75 17 jbeau temps & chaud. s 2 u 16 |couvert, & orage le foir, 6 1 7I 17 |beau temps. 7 2 71 7 8 L 2 17 OMET 70 18 1o | 2 68 16 |couvert, & pluie le foir. II 7 ” 14 |pluie. 12 | 6; 1 [pluie jufqu'à midi, & couvert enfuite. 1 63: 17 |beau temps, 17 PE 65 16 15 1 66 ” (16)| 68 17 A0 De ” 1 |abfent, ï à fait chaud & beau temps. 180172 7 |de même. 19 I ” 1 |beau temps. CC ” 16 2 75 15 |beau temps. 22 I 732 14 pluie le foir, 23 |. 7 71 15 |beau temps. 24 | I 7 n |abfent. 25 2 1 “ |abfent. EL 7 66 13 |couvert, & pluie le foir. DZ 64 12 |de même, & neige fur les montagnes. 2602 7 17 |beau temps. 2 2 it 19 30 |: ” 1 (31)| ” 69 10 |ila plula nuit, le ciel couvert. TRE PE CS SRE (16) Ledit jour , on a forti le fel de Ja cinquième évaporation, confiftant en..... 267% A la fin de cette exhalaifon il eft refté $ lignes d’eau dans le baffin, qu'on 2 tranfportée dans la pierre. ) (31) Ledit jour, on à forti le fel, confiftant en... ,....... snosterossosoerre| 34% TOTAL du produit de la cinquième CVARGTANON, na [soie se vie » 4 /o1=le(e bis 301% Mém. 1764. af 42 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE DUR CEE TE TNT 60 EE PET CCR CRD Évapo- Thermomètre Parier Produit Reti ide Fahrenheir, MArdegtre É TANT UD MAMIGUINENTS de l'eau ar ol du matin. © en Sel. Lignes. Degrés. ouc, lign. L # re F 2 “ 1 |abfenr. 3 1 7 2 68 17 |beau temps. ) 75 16 3 # 15 3 73 14 lil plat le foir. 3 CAL 15 |beau temps. 2 ul 1 2 4 1 u 66 13 |ilplut le foir. 1 64 12 |de même, & neige fur les montagnes. 2 1 17 |beau temps. 3 65 19 2 H 1 I 69 10 lil a plu la nuit, le ciel couvert. ER NE CEE (16) Ledit jour, on a remis au baffin d'exhalaifon environ 800 pots de Berne, d'eau de la fource falée du Fondement, au 12 pour cent, pour faire les 4 pouces & x ligne qui y font aéuellement, DES SCIENCES. 43 AOUST r760. CREED 2 EEE EC Thermomètre | de Fahrenheir, | * [ä1ohdu matin. Baromètre d'Angleterre BA Le DU CT E LE — = Degrés. pouc. lign. CR 26. 7 |il plut vers la nuit. ; 69 10 |de même. 67 15 |pluiele matin, & le temps fe remit. 69 “beau temps. ul 10 |forte pluie. 14 |beau temps. 69 I 71 15 [pluie & tonnerre, 7 nu |abfenr. 70 20 {couvert ; il plut le foir, 67 20 |nuages aux montagnes, & difparoiffent. 70 16 |beau temps, & couvert le foir. 11 |couvert. 13 |le temps fe remet. ” |pluie , & enfuite beau temps, 12 |beau temps. ” 11 65 14 ” ” |le temps menace de Ia pluie, 67 16 |beau temps. 68 15 | " n |abfenr, 69 7 74 10 |grande chaleur, & orage le foir. 5 |le temps fe remit au beau, ” {pluie univerfelle. ” |le temps un peu meilleur, 6 |couvert fans pluie, n {pluie, 7 |beau temps. (11) Ledit jour, on a forti le {el du baffin d'exhalaifon de la fixième évaporation, RES PRE ERP LS GRECE © SNNRE R C REUTE ELEC E RSRE MR Conffantieniet sera salé see Lola es rie ines Date nes S Soin UE ER 284% À la fin de cette évaporation, il eft refté 5 lignes d'eau dans le baffin, qu'on a tranf- portée dans la pierre, Fi 44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SEPTEMBRE T7 00: É _| Thermomètre B te Produit VPO-| de Fahrenheit, | wa ot ÉTAT DU CIEL. |dfeu ration, |. .” [d'Angleterre àrohdumatin. 9 en Sel. La Lignes. Degrés, pouc. digm À f 284% I 1 26. " |abfent ; il a fait beau temps. # 1 ”. |de même. u 6: 19 |beau temps. 7/2 17 7 n |couvert. 7 ” |il plut le fo 7 7 ” |beau temps. V9 CON ur N m 4 Ledit jour 9, on en a forti lc fef, confiflant en...,.... resrsosereresontessste) 25 ToTAL du Produit de Ja fixième évaporation. ....,......... sas don 309% PS EP AOUST. Le 12 dudit mois, on a rernis dans Île baffin d’exhalaifon , 800 pots de Berne, (2400#) d'eau de la fource faléc du Fondement, au 11 + pour cent, pour faire fes 4 pouces & 1 ligne qui y font aétuellement. 13 2 [/4 HO 14 3 l 7 15 2 4 ! 16 3 H # 17 | 1 7 # 18 I 7 1 19 3 1 1 20 1 1 1 21 2 [71 [11 22 3 ” 0] abfent. ÿ 2 3 2 [14 [2 24 I [/4 [11 25 1 1! fl 26 2 ul # 27 mn 1 # 28 u p] u 29 1“ | 1 #l 30 u 7 1 3 I Le [LA [71 ENS TRE DUR SA MCE EE DE (NEUFS ESRESERNN ESS SOLS | ANCIEN ALAREERES CET EE DES SCIENCES, 45 SEPTEMBRE 1:76. EEE SE SEE Gt | Jours] Thermomètre x, ñ du |Évape | de Fake lJanaeel ÉTAT DU CIEL |&r Mois. à1 oh du matin, Bree 7 Lignes. Degrés. pouc. llgn, I 2 1 2 OAI 2 I “ 1 2 “ 7 1 4 2 1! fl ] I [14 [2 6 I | 1 1 7 I 7 1 8 I # 1 JJRILTE 1 2 abfent. 10 I 1 b # II I “ 1 12 I #1 (21 13 [2 1 1 14 | 1 1 15 nu 1! ! 16122 72 # 17 I 1 7 18 I " u | pluie. 19 1 ul ll 2 “ 7 UC fente 21 ul 1 " (22)! ” 7 # 2 u 6t = 7 lil plut le foir. 2 AL et 62 7 |beau temps avec nuages, 2) “ mn |forte pluie & orage. SUIS: 7 n [beau ; la chaleur fut à 9 1 au Soleil, 27 | 61 13 |remps couvert & obfcur, 28 I 12 11 29 1" [14 1 30 I ul 16 | (22) Ledit jour, on en a forti le fl de la feptième évaporation, confiftant en....... A la fin de cette feptième évaporatien , il cft reflé 6 lignes d'eau dans le baflin, qu'on a tranfportée dans la pierre, 46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Produit | Produit de l'eau Jours du Mois. | Évaporarion. |de l'eau en Sel: en Sc 255* Jours du Mois, Évaporation. Lignes, I OCTOBER E-60- Suite d'OCTOBRE, = HR LU D mm I I I Depuis le 4 Oétobre 1760, jufqu” au 7 Février 1761, il ne s'eft évaporé que 6 lignes. 12 | 1 Le 10 Mars, on en à forti le Depuis le 13 dudit, juf fel, confiftanten......... Ar. P. ; de We En 7 Février 1761 , il ne s'eft éva- poré que 10 lignes. ToTAL du produit de Ja feptième évaporation ... ... SEPTEMBRE. Le 23, ona remis environ 597 9 ” pots d’eau de la fource falée du baffin d’exhalaifon, au 12 pour cent, pour faire les 3 pouces & 1 ligne qui y font actuellement. 12 # 13 “ 24 | ï 14 1 25 1 15 7 26 2 16 7 27 # 17 71 2.8 1 18 | I 29 (L, 19 1” 39 2 20 " 21 1 22 Li OCTOBRE. 4 2 u 24 [à 1 L 2 24 2 I 26 71 3 L 27 “ 4 ï 28 x 5 2 CR DE CEE CE SEE DES SCIE:N C:ESs 47 Jours du Mois. Jours du Mois. Évaporation. | M À RS \r761. AVEx R\LSIR e Lignes. I ï 11 2 2 17 3 3 = 4 4 ; 5 AN A À 6 Le 6, on en a forti le fel, 7 mn confffantiens rs Mee-.-heete c 8 I Du baffin, comme ci-devant... Le 9, onena forti le fel, | vie confiftant entr. nt Ts ns 11 DE MAR S I eft reflé $ lignes d'eau dans Le 10, on a remis environ 6oo le baffin , qu'on 2 tranfportée dans pots de Berne d'eau falée de 1a Ja picrre. fource du Fondement, au baflin d’exhalaifon , au 1 2 + pour cent en ro 7 qualité , pour faire les trois pouces 4 L qui y font aétuellement. 12 F T1 3 ## 13 . 12 W 1 4 1 I 3 E 15 nl 14 « “ 16 1 xs # 17 1 iL £ | 18 1/4 74 il 19 F5 18 1 20 I 19 [74 21 7 240 1 22 r CE | 1 23 Hit Z£ 1 2. ! : 23 l 25 7 2+ Le 26 I 2p 27 u 26 I ; 28 7] 224 1 29 = 28 2 30 1 29 I 31 1 38 2 31 1 ES RSR TRORDE SRE LETSTS nn ne et ea J.-C] 48 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE LL AVRIL 1767. M A I 17617. Produit A Produit Jours du Mois. Évaporation. de l'eau Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sel] Sel. en Sel. Lignes. Lignes. 237% I 1 I u 2 4 2 1! 3 2 3 2 4 Li 4 1 5 2 s 1 6 2 6 1 F4 # 8 L Le 7, on en a forti le fcl, 9 : confiftantien. «se see es eo. 22. 10 [24 11 2 ToTaAL du produit de la Fe | = feconde évaporation.. .......|2 59% 13 x 14 ” 15 2 15 H 1 2 É AVRIL Le 18, on en a forti le fel de la feconde évaporation , A Le 18 dudit mois; on a remis st due en agen es tals à ne pots d'eau de la PS fs re Fond t, au bañfi - Ieft reflé un demi-pouce d'eau SE BE à + A set x dans le baffin , qu'on a tranfportée lité, pour faireles 4 pouces 1 ligne dans ka pierre. qui y font aétuellement, 19 1 19 2 20 I 20 I 21 LL ZI [2 22 2 22 2 23 ” 2 3 2 4 4 2 4 3 2 n 25 3 26 2 26 2 27 L 27 I 28 7 28 " 219 2 29 39 e 30 1 rsasoneensenssc ARR D EP EEE MA 1 DES SCIENCES 49 JT T'NNTFOT7 PE. EE A MR EN Jours du Mois. | Éveporation. |de l’eau en Sel. ed Lignes. k & Es ë 11 [24 1 H R [14 2 10 I II I 12 ” “l 14 1 [74 VD CON Qu WU D m V2 ON Au r U D m di 4 4 ND D ND m1 D D RS 10 ES 1 > à M A I A] ro a La a D 1 1 ND NN 6 m4 4 N = Jours du Mois. Évaporation. SE l'eau Produit en Sel. 250* deneoeesesoro esse [250% CORNE «en or 2 6 dia a Call 0 Il ef refté un demi-pouce d'eau, PE > qu'on a tranfportée dans Ja pierre, TOTAL du produit de la troifième évaporation. , ,.... [278% 13 | 13 14 15 15 16 1 17 DZ 1 18 18 I 19 19 1 20 20 I 2 21I I 22 212 I 2 3 H Le23,onen a forti le fel dela ET évaporation, confiftant Le 24, on en a font le fa, IPR2A 1 25 2 26 I 27 I 28 1 29 2 30 "4r 3 I 1 Mém. 1764 G 50 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Re. "2 MAMA CE IRON EE S Produit À Produit Jours du Mois. Évaporation. de l'eau Jours du Mois, | Évaporation. |de l'eau en Se. en Sel, Lignes. Lignes. 2 3 [A I H 2, 27 Ledit jour, on a mis au baffin 3 e d'exhalaifon environ 8 14 pots de 4 2 Berne, d’eau de la fource falée du s Fondement, pour faire les 4 pouces 6 F qui y font actuellement au 11 + - | É our cent ualité. pour cent en q . 8 4 24 | 2 9 3 25 3 ie 2 26 2 11 2 27 2 12 1 28 u À 13 7 29 14 1 30 Ï 15 1 16 I hR ww H D D 4 ND DR uatrième évaporation, confiftant Es Je spiosisien env ee, 0 0 5 + « 20 9 Il eft refté 7 lignes d’eau, qu'on a tranfportée dans la picrre, 28 u 29 1 30 1 154 [7] ï i 18 I 19 [72 21 22 24 25 26 Le 27, on en a forti le fel de la q | D 5 5% SAC ELN CAEN: si BASES AU SN ES ER OR E AUKETNET MEET. Pocuit \ Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en ‘el, en Sc. Lignes. 209$ Lignes, I I I 2 2 2 2 3 3 I 3 I A 1 4 7 5 Li S 2 6 2 6 ANNE 7 I 7 TL (4 8 2 8 2 9 I 9 3 10 I 10 2 11 I LT 3 12 I 12 2 I 3 24 I 3 H I 4 I I + I TES 2 Le 1$, onen a forti le fe, 16 2 NN ON AE Fan 2 co ; 4° 17 2 : 18 3 ToTAL du produit de la re AS 9 ï trième € Core re 2 quatrième évaporation 233 6 g a 21 2 252. 2 2 72 JUIN. Le 24, onena forti le fel de la cinquième évaporation , confiftant Le 27, on a remis environ DE M EST AE 251 € A PL Pi d'eau se la II eff refé un demni-pouce d’eau, ource falée du Fondement, dans le bafin d’exhalaifon au Bévieux, RÉ ETES dans la pee pour faire les quatre pouces qui 25 2 y font actuellement au 12 pa 6 cent. : 27 I 8 1 28 I 9 1 29 I (o] 7 30 I | 3 I 2 52 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AOUST 1761. Le AOUST 1761. ae TT Produit } Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sel. en Sd: Lignes. > s 1È Lignes. 1 I e I 2 2 2 2 2 3 I 3 3 4 L fe 2 $ 1 5 2 6 7 6 u Aa Le 7 1 8 I 8 I 9 T 9 2 10 10 I II [11 II [71 12 I 12 2 I 3 I Le 13, on en a forti le fl, 14 2 ANT EN 2 Crete ne fes ‘| 2$% con! THE TS s 15 ñ 16 I ToTAL du produit de la cinquième évaporation 276% VA fi quième évaponion.… [27 18 l 19 I 20 2 ï 21 I MOT LIENS 22 I Le 24, on a remis environ Ledit jour, on en forti le fel de 860 pots de berne, d'eau de la la fixième évaporation, confiftant fource falée du Fondement, dans CGOENONTONELCOO ESC HONORÉ 243% le bain d’exhalaifon du Bévieux, I eft refté un demi-pouce d’eau pour faire les 4 pouces & 1 ligne dans le baffin, qu'on a tran{portée qui y font actuellement au 11 + dans la pierre, pour cent en qualité. 23 " ai 3 ini: “ 26 2 25 2 27 À | 26 I 2 8 3 27 2 x 28 I 29 2 30 3 29 2 31 5 30 1 31 1 SCENE BORNE UFR DT ELEC LE SROMTNBEN CES: s SEPTEMBRE 17617. Jours du Mois. Évaporation, ON Qu WW D m Le 9, on en a forti le fl, confiflant en,....... SET ToTAL du produit de le fixième évaporation. ...,.. AOUST. Le 22 dudit mois, on a remis au baffin d’exhalaifon environ 800 ots d'eau de la fource falée du Fnémenc pour faire les 4 pouces qui y font actuellement au 12 pour cent en qualité, 23 2 24 2, 2 3 26 2 2 3 28 I 29 2 34 k HER ie | | | | a CS Ce ji dan) > Li } SEPTEMBRE 704. a..." D on gi Produit Jours du-Mois. | Évaporation. |de l’eau en Sel. ns LT TIMES rave es I 2 2 I 3 2 #Æ I s 2 6 1 7 2 8 2 9 I 10 2 II I 12 4 I 3 2 I + I 15 1 16 I 17 1 18 # I 9 “ 20 H 21I 7/1 22 [LA 2 1 24 ! 25 L 26 1 27 2 28 7 2, I 39 y/1 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALF Re. "ed Jours du Moss. Évaporation. ea rt Ree RE I Lignes, [74 Le 2, on en a forti le fl, Ê DC OR ete le baflin , qu'on : Tranfportée dans la pierre. Depuisle 3 dudit mois, jufqu'au 9 Nov ÉMbre qu ‘on a commencé à # plus découvrir la pierre, il s'eft évaporé 5 lignes. Depuis le 9 Novembre 1761, MARS 1762. | 7 M O2 ON Qu rh US Us D ND D ND D R juiqu' au 24 Mars 1762, ladite pierre cff reftée fermée. D D SC ET | AVRIL 1762, I I 2 [74 3 I 4 /14 3 I (4 I F “l ÉONANR EL UE LA 2e ol e 2 Il eft refté $ lignes d'eau dans 6 I. Produit de l'eau en Sel. Suire d'AVRIL 1762. Re. Jours du Mois. Lignes. £ 8 7. 262 9 I 10 7 VE 2 12 I 13 I Le 14, on ena forti le (el, peonfiftantien eee ces 20% ToTALdu pere de la feptième évaporation. ..|282% OCTOBRE 1761. Le 3 dudit mois, on a : au baflin d’exhalaifon , environ 540 pots d'eau de la fource falée du Fondement, pour faire les 3 pouces qui y font aétuellement au 12 + pour cent en qualité. Depuis le 3 dudit mois, jufqu'au 9 Novembre, on a découvert le baffin d’exhalaifon 38 j jours , pen- dant lequel remps il s'eft évaporé 6 lignes. Depuis le*9 Novembre : . jufqu'au 24 Mars 1762, le baffin eft refte fermé. Mars j762. 24 I 25$ l 26 2 27 (4 28 2 29 I 39 2 31 | 72 DYE'S AVR I Lér702: Jours du Mois. Évaporation. Lignes. 19 CON Qu + LU D m D I eft refté 4 lignes d’eau dans le baflin , qu’on à tranfportée dans la picrre. 16 17 18 19 20 27 2e 23 24 25 13 14 15 Le 16, on en a forti le fel, Éoniffantien, de eue tee = | 26 27 di 4 D MN 4 D mm D 4 ND ToTAL du produit de Ja première évaporation de 1762..| t 54* Le 28, on en a forti le fd, confiflant en,..... EE bte) LL ds à SACÉIMEMNN CUS: ss Re. NE EN Produit Jours du Mois. de l'eau Évaporation. ANR AL "1758; 16 Lignes. I Ledit jour , on a remis environ 900 pots d’eau de la fource falée du Fondement , au bafin d'exha- laifon, pour faire les quatre pouces & quatre lignes qui y font actuelle- ment au 11 pour cent en qualité, 17 2 18 I 19 2 20 2 21 3 22 2 23 3 24 2 25 2 26 2 27 28 À 29 I 30 2 56 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M A 1 1762. "ed M'A TK 1762 ; Produit ‘ | Produit Jours du Mois. Évaporation. |de l'eau Jours du Moïs. | Évaporation. |de l'eau [en Sel. en Sel. Sel. Lignes, a: ES I I 1 3 2 0 3 I Lcdit jour , on a remis environ 4 2 820 pois d'eau de la fource fale s 2 du Fondement, au baflin d’exha- 6 2 laifon, pour faire les 4 pouces &t \ 2 lignes qu'il y a aétuellement au à # 6+ pour cent en qualité, 1 9 2 14 2 10 2 15 2 II z 16 3 12 | I 17 2 Le 13, on en a forti le fl, 18 2 confiftant en..s....ee..... 2235 19 2 Heft refté 6 lignes d'eau, qu'on 20 3 a tranfportée dans la pierre, 21 2 I 4 I 22 2 15 I 23 2 16 1 24 3 17 I 25 2 18 1 26 3 19 2 | 27 2 20 1 28 2 21 1 29 3 3 I 30 2 23 I 31 2 24 | 2 ] DCR PRET LESRPTE ETES 26 I 27 2 28 1 29 I Le 30, on en a forti le fel, confiftant en..... AE tu ont CS ToTAL du produit de la i feconde évaporation.......:.|249 À cerner enene co meme CEE e JUIN DUEIS 729 CELL ENG ES F7 JUIN 1762. JOIN 1762: Produit Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eu en Sel. en Sei. Ligues. Lignes. 1 2 3 2 2 I à 3 | I Ledit jour, on a remis environ Ledi 900 pots d'eau de Ja fource faléc conan en nn (1466] [éu Fondement, au afin d'oxha r 0! I eft reflé s lignes d'eau dans 4 ent y font diner É baffin, qu’on a tranfportée dans au 8 pour cent en qualité. a pierre. 4 I # 3 SARS D 2 < 6 I 6 3 4 L A é 8 , 8 # 9 2 2 3 MO I HE È IL 2 II 2 12 “ 12 [14 13 2 13 2 14 I ge 3 15 7 15 À 16 I 16 a 17 I A 3 18 y 18 1) 19 7 1 # 21 “ 21 1 22 “ 22 fl 23 À 2 2 24 1 24 1 2 I 25 Ê 26 “ Le 26,onen a forti le fel, 27 ES confiftant en..........,. 28 t 2 2 ToTaL du produit de I A L # troïfième évaporation.. . ,. , .. | 1 6 4 3 Hits: ce ce Mém, 1764 ; 58 MÉMOIRES DE L'ÂACADÉMIE ROYALE J'OD EME TS 2; ane..." Jours du Mois. Produit de l'eau en Sel, Évaporarion. Lignes, [LA Il eff refté fermé , à aufe de la répara- tion de l'aqueduc, Le 12, on en a forti le fl, COMMUNE EN Res 2 ciaae ea 176% m O Ÿ CON ta Ww D nm b ei mi Il eft refté 5 lignes d'eau, qu'on a tranfportée dans la pierre. 13 2 14 em TS 1 16 [1 17 I 18 : 19 2 20 I 21 2 22 1 , 23 1 J 24 1 25 ni Le 26, on en a foni le fe, confiftant en..... GER EPA, 14. ToTA L du produit dela quatrième évaporation.. . «| 1 90 £ ED PET D A DR EC EP 7 EC MAC JON LNENMP OT 0 2. Re." EN L Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sell Lignes. 12 0 du l'ondement , au baflin d’exha- hifon, pour faire les quatre pouces & trois lignes qui y font aétuclle- Ledit jour , on a remis environ 900 pois d'eau de la fource falée ment au 1 1 + pour cent en qualité. 13 3 l 14 3 15 2 16 # 17 2 | 18 2 j 19 3 20 2 21 3 22 3 23 3 24 2 25 3 ! 26 3 27 I 28 2 29 I 30 2 31 2 F D ES SCT EUN G Es gi - AOUST 1762. SEPTEMBRE 1702. L Produit Jours du Mois. | EÉvaporation. de l'eau en Sel. Jours du Mois. Évaporation, Lignes. Lignes. 22 8 £ I I 1 Hu 2 | I 2 I 3 | u 3 I Ledit'jour, on en a forti le fe, = LI confiftant en. M suretel2 2 BE 5 z H eft refté 7 à tiges d' d'eau dis 6 : le baffin, qu'on a tranfportée dans 7 # la pierre. 8 “ 9 I 4 : 10 [74 6 “ Li “ 12 I A : 13 H 9 I 10 z Ledit jour, on en a forti le fel, II I Confitant en. - 2%... che 12 41 13 I ToTAL du produit de Ia 14 m1 cinquième évaporation. ..... 259 £ LE # 1 6 La 2 DATES RO SCC NES LT REC LED EE 17 u É 18 1 19 x 20 [Li k 2T I L 22 Ï 23 ” 24 J 25 ï 26 . 27 nl 28 " 29 1 39 n 31 [2 CREER SC CEE CE 60 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE AOUST :762. ne. EE EN : Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sel. Gi: 4) Ledit jour , on a remis environ 900 pois d'eau de la fource falée du Fondement, aw baffin d'exha- aifon , pour faire les 4 pouces à: ï qui y font aduellement au 10 + z pour cent en qualité. 4 2 5 3 6 # FA 2 8 2 9 I 10 2 II I | | SEPTEMBRE 1762 ee EE) Jours du Mois. | Évaporation. Lignes. I 1 2 I 3 2, 4 E s 2 ‘6 2 Gé # 8 2 9 # oO 2 11 I 12 I 13 o 14 I 15 4 Ledit jour, on en a forti le fel, confiftant en....:...... . Il eft refté 6 lignes d'eau dans le baffin, qu'on a tranfportée dans h pierre. Depuis le 15 dudit, jufqu’au 13 Novembre qu'on a découvert la pierre , il ne s'eft évaporé que 15 lignes, Produit de l'eau en Sel. . 208% D''FISN SNOMNENN CiEU S: 61 RER OP UER T EEE PES A STE | M ARS 1:76}. SEPTEMBRE 1702. Produit de Peru a. “4 [ Produit Jours du Moi. Évaporation, de l'ean Jours du Mois. Évaporation. en Sel. en Sel. memes | ne em peees mms | me Lignes, 20 8 # Lignes, 3 1 15 7 4 / ° $ mn Ledit jour, on à remis environ 6 : s5o pots de Berne, d'eau de la 9 fource falée du Fondement, dans / 18 le bafin d'exhaltifon au Bévieux, 8 1 pour faire les 3 pouces qui y font 9 74 aétuellement au r3 + pour cent 10 ï en qualité. GE 1/4 EE 5 16 2 Œ 17 7 I [LA Ÿ I 3 7 18 [21 # 19 11 | ë 20 2 1 à I H T A | 1 I I I 2 CREER t CRE CRE PP | O Ÿ CN Qur-b vw DR » % D DR D D DR D b ph onfiflant.en: ...,..::...:.,..| 20 ToTA L du produit de la fixième évaporation. . ..,..|22 8 * 1 d Depuis le premier Oobre jufqu'au 13 Novembre, on 1 dé- couvert le baflin d’exhalaifon huit jours, pendant lefquels il ne s'eft | évaporé que 8 lignes, 15 CPU 16 11 17 I 18 1 19 1 2O H ZI 1 k 22 I 23 7] Ledit jour, on en a forti le È ( Et depuis le 13 Novembre jufqu'au 3 Mars, on a laiffé le baflin fermé, DDR Rene ee H ï 62 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AVRIL 1763. '. ne. cl MARS 1763. ’ Produit Jours du Mois: | Evaporation. Jours du Mois. Évaporation. de l'eau en Sel. Lignes. Lignes, PRE 2 ven 3 1! I # 4 # 2 I 5 I 3 1/1 6 [71 4 I 2 (4 $ " 8 I 6 2 9 u 7 ï 10 I 8 L IL " 9 2 12 » 4 10 I 13 u II 2 14 ul va 2 15 # 13 2. 16 I 14 | 3 17 7) 15 I 18 2 16 1 19 7 17 1 20 1 18 2 27 1 19 1! 22 I 20 1 Le 23, on en a forti le fel, 21 2 confiftantien.. «ee fans as 22 1 Hn 'efl point refté d'eau dans le 2 1 bafin, s’y étant toute évaporée. x } ToTAL du produit de la 25 2 7€ évaporation de 1763... 26 2 mr foufrée qu’on avoit mis 27 | I dans la pierre, s’eft convertie en 28 1 fl, & en a produit.. ........ ë É Ce qui, joint au prodnic ci- 5 deflus AIR. es msi jar s 3Q 7! Le 29 dudit mois , on à remis sens environ $ 50 pots d'eau falée, telle quelle venoit du Fondement, dans le baffin d’exhalaifon au Bévieux, pour faire les 3 pouces qui y font LÉ actuellement au $ pour + en qualité. 1 1 PR NS 29 » Le 30, on en a forti le fl, confiflant en..,... ToTAL du produit de ja feconde évaporation. . SP no M A 1 EN is. DRE 176 3. MAIN ITS Produit Jours du Mois. Évaporation. de + Jours du Mois. Évaporation. en Sel. er 1e FE T1 | Lignes, r 7 ” 2 7 $ 3 7 Ledit jour, on a remis environ 800 pots d'eau de fa fource fée 4 # du .Fondement » dans Je baffin 5 # d'exhalaifon au Bévieux , pour 6 2 faire les quatre pouces qui y font 7 ” D LS au 14 pour cent en 8 , qualité. L G ë forti le fel, offins ne : 5 2 ÿ HET é6= Me “ - Ï cft reflé $ dignes d’eau dans le baffin, qu'on a tran{portée dans la pierre. 10 II 12 1 13 1 I 4 [72 15 # 16 1 17 1 2 18 1 22 1 19 | 7?) 23 2 20 #l 24 2 21 1 25 2 22 # 26 3 23 ï A 2 24 # 28 3 5) 2 L 29 2 26 ] 30 I 27 I 31 2 2 Le Produit de l'eau en Sel, =, 64 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le en re ee = | JUIN 1763. JULL' LME Er 3. g Produit s Produit Jours du Mois, | Evaporation. |de feau Jours du Mois. À Évaporation. |de l'eau en Sel. en Sel. ce ss Lignes. : ! Lignes. 287% “ 7 4 | ; 2 | 4 4! 7 ll | | Le 12, onena forti le fel, CT N [o \D ON ua rb LU D Om H O \ ON àurBbw D em >= mm contitantiens se scuasstei ee 21% To TA L,du produit de : troifième évaporation …...s 2 308 8= JUIN. | Le 19, on a remis environ 800 pots d’eau de la fource falée du Fondement, au baflin d’exha- laïfon , pour faire les 4 pouces quil y font actuellement au 12 pour cent en qualité, 17 | 1 18 7 | Ledit jour, on en a fortile fa, éonfiflantien ste mere bete 287% Il cft refté 6 Hignes d'eau dans fe baffin, qu’on a tranfportée ds] \la pierre. 19 1 19 | I 20 2 20 2 Ex “ 21 " 22 ï 22 3 23 1 23 H 24 [] 2 4 2 25 ï 25 3 26 1 26 “ 27 I 27 2 2.8 7 28 1 29 2 29 2 30 1 30 3 2 31 Pons menus Se et Ce |: | JUILLET DIENSANSACALE IN C:E.S; ER | AOUST 1763. Produit } | Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sel en Sel. Era us di me Lignes. Lignes. 2 s2 £ 1 I I 2 2 2 2 3 I 3 SE I 4 Le $,onena forti le {e!l, Le confiftant en........... DAAUINOE 2 3 quatrième évaporation.. . .. .| 277% rs > JUTLTET. Le 16, on a remis environ 800 pots d’eau de la fource falée du Fondement, au baflin d’exha- ie » Four faire les 4 pouces qui « ND ND Du To TA L du produit de Ledit jour, on en a forti le fel, y font aétuellement au 12 pour niitantien..#""he.r SAT cent en qualité, If eft refté 6 lignes d'eau dans 17 2 Je bafin, qu'on a tranfportée dans 18 L la pierre. 19 2 2 2 19 ï G 20 1 : 3 Ç 2 I 2 2 m O 60 aurbw D 4 et N et EN L/4 : | 4 CN d Li | GENS DR ED VEN PEN CD 7 EDG CE TE TE RCE DNA 2 EE à AT DE | SDS NE CERN NE Us D D D ww D DR 1 D D D b D D - © 00 À An D = dt éd © ot dei de mmmmerereenemememmeetene Mn, 1764 . 66 A OU SF 70 7: Jours du Mois. Évaporation. Lignes, Æ 2 2 I 3 2 4 £ S 2 6 Z 7 71 8 2 9 I TO Z EI I 12 I Ledit jour, on en a forti le fel, confiftantientst. ie .t.ete IA H eft refté 6 lignes d'eau dans le baffin, qu'on a tranfportée dans la pierre. Eu: 2. 14 1 15 I 16 I 17 I 18 I 19 2 20 2 2I I 22 # 23 2 24 1 25 I 26 7 27 I 28 1 Le 29, on en a forti le fel, confiftant en...... A coc TOTAL du produit de la cinquième évaporation. . .. [275 % MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AOUST 'e.. Ed 1763. Produit de l'eau Jours du Mois. Len Sel. Évaporation. 12 en ee Lignes, 2 Ledit jour , on a rernis environ 800 pots.d’eau de la fource falée du Fondement, au baffin d’exha- laïfon, pour faire les quatre pouces qui y font aétucllkementau 10 pour cent en qualité, E3 14 15 16 17 18 19 20 4 NY mUY N D >= LU à D' ES Scrences. 67 SEPTEMBRE 1763. AR DE < Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sel. me | Lignes. I I 2 2 3 1/4 4 H s 7 6 I 7 2 - 8 7 9 2 10 I II # 12 I 13 [74 14. n: 15 7 16 I 17 # 18 I 19 20 1/1 Le 20, on en a forti le fl, I cft refté 6 lignes d'eau dans le baffin, qu'on a tranfportée dans la pierre. Depuis le 2 0 dudit mois, jufqu'au 13 Novembre, on a découvert la pierre neuf jours , pendant Jefquels il s'eft évaporé environ 9 lignes, conûiffant en... 2e | 3 Et dès-lors on l'a laiflée couverte juiqu'au 1 1 Mars 1764. LL. Jours du Mois, de l’eau en Sel. es en — Lignes. 7 £ 12 1 33 | Évaporation, 13 I 14 [LA 15 1 16 7 T7 2 18 # 19 H 20 I d 21 I 22 1 23 1 Le 24, on en a forti le fd, confiflant en. ....,,..... | 17% MARS 1764. ToTAL du produit de Ja fixième évaporation. , . .-l250% a , SEPTEMBRE 1] 763: laïfon au Bévieux, pour faire les 3 pouces qui y font aétuellement au 11 + pour cent en qualité, Depuislez o Septembre, jufqu'au 13 Novembre, on a découvert Je baflin d’exhalaifon vingt jours, pendant Iefquels il s'eft évaporé environ 24 lignes. . Et dès-lors, le baflin eft refté Le 20 dudit mois, on à remis environ 5$o pots d'eau falée du Fondement, dans fe baflin d’exha- couvert jufqu'au 11 Mars 1764. | RE TSPRRE I i 63 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoÿAt£ 2 Produit Jours du Mois. | EÉvaporation, |de l'eau Jours du Mois. en Sel. de l'eau ns Lignes. 12 1 9 10 1 RÉ 1 12 n 13 # 14 “ 15 1 16 # 17 1 18 # 19 7 MARS 1764. Suire d'ÂVRIL 1764 bp D D + WU N m ToTAL du produit de Ia première évaporation de 1764. MARS. Le 24 dudit mois, on a remis environ 800 pots d’eau falée, ve- nant du réfervoir du Fondement, au baflin d’'exhalaïfon au Bévieux, pour faire les 4 pouces qui y font adtuellement au 10 pour cent en qualité. m Q \Ÿ CN au YU Us D D bb D R AVRIL 1764 et DH nn CON Qarb us D ei Ledit jour, on en a forti le (el, confiflant en......:. HO ra Il eft refté 3 lignes d’eau dans le baflin, qu'on a tranfportée dans la pierre. 20 7 2I #1 22 2 23 I 24 I Le 2$,onena forti le fel, confifantien ess cms ie se ITS ie 30 | | 31 FRIC DRCACON EEE SRE CIRE NNNEPPE RES D'ES JSIGU'EN CE 6 69 LA OR CEST DAT PUS PRET SRE SE2 SEPOE D CRAN PAR EE M A T'1764 ! Produit L Produit Jours du Mois. Évaporation. de l'eau Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sel. en Sel. Lignes, Lignes. I 2 I 1 2 I 2 2 3 I 3 2 4 I 4 2 5 . 2 ps] 7/1 6 1 Ledit jour, on en a forti le fel, 7 : confiftant en. “his e 240% 8 3 Il eft refté 6 ture Méau ae 9 z le baflin , qu'on a tranfportée dans 10 I la picrre. 11 7 6 1 12 71 7 2 13 1 8 I I + L/4 9 2 15 x 10 H 16 1” 11 1 17 1 12 2, 1 8 24 I 3 1 I 9 [/4 I 4 I 20 0 15 2 21 2 16 2 2 2 E 17 ! 23 2 18 I 24 2 19 7 25 2 20 7 2 6 t/4 21 I 27 1 22 2à 2 8 1! 2 3 1 LE) Z 24 I # 3 Le 25, on en a forti le fl, CONTACT. EN -/2 5 2125 mie late us à TOTAL du produit de af — feconde évaporation. ,,,,,.. 260% li 70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M AT 1764 JU LIN ire. PPT PR ETS | Produit y > | Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau Jos .1 Mois. | Évaporation. de l’eau en Sel. en Sel. pri Re ET Lignes. Lignes. 250 s 1! ) I 2 Ledit jour, on a remis environ 800 pots d’eau falée, venant du 3 réfervoir du Fondement , dans le 4 bain d’exhalaifon au Bévieux , 5 pour faire les quatre pouces qui y 6 font aétuellementau 11 pour cent 7 en qualité. 8 9 10 I Le 18, onen a forti le fel, confiftant en...,..,.,...,...| 20. CRETE SERIE SSSR TE © ST A Dai bed bi N Qu rB HN m b ToTAL du produit de Ja | | troifième évaporation.. . ... .. [270 * 4 de) È D [e) D b m = = b M AT. Le 30, on a remis environ 800 pots d’eau de la fource falée du Fondement, dans le baflin d'exhalaïfon au Bévieux,- pour faire les quatre pouces qui y font ei Ed ei def Del ef et ei bd CN tar w D m 0 [t 4 À = D D DU D DU DU D ——— ———— ———— VO CN au ww = 1 N #4 D DU D b b R R bb D actuellement au 11 pour cent en Le 30, on ena forti le fel, qualité. confiftant en........es.sese 31 | 2 Left refté 6 lignes d'eau, qu'on a tranfportée dans la pierre. 31 | 2, D ES SCIENCES. 71 JOIN 1762 nes EN Jours du Mois. | Évaporation. ETeriT 0 Lignes, I 3 3 2 4 I $ 2 6 3 7 2 8 2 9 2 10 H 11 [24 (À 2 13 3 14 3 15 2 16 2 17 3 18 2 19 3 20 2 21I 2 22 11 Ledit jour, on en a forti le fel, CONTRE Ie - 6 he eve à Il eft refté environ quatre lignes d’eau dans le baffin , qu'on a mis dans l'auge de graduation, Le même jour, on a mis environ 6o pots d'eau de la fource du Fondement, dans la pierre, pour faire les quatre pouces qui y font actuellement au 11 + pour cent en qualité, 23 3 24 2 25 14 26 2 Produit de l'eau en Sel. ZE 5 Ledit jour, on en a forti le fl, Suite de JU IN 1764. ns. SE on 7 Produit Jours du Moïs. | Evaporation. |de l'eau en Sel. Lignes. Fa 27 3 28 2 EC) 2 | 39 2 L'ORDRE 1; I 2 2 2: 3 1! 4 2 s 1 6 I 7 2 8 2 9 1 10 À EX 2 12 I 13 ” 14 I 15 1 16 2 27 2 18 1 19 1 20 Zz 211 I 22 I 2 3 J I S CS CONTENT EN. /hiate »'e/25 Ba ete ll 22% 72 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EEE 0 ESP EE Re. En D D ER JUIN 1764 Sue de JUILLET. Produit Produit Jours du Mois. Éväporation. de l'eau Jours du Mois. | Evaporation. |de l'eau en Sel. en Sel. PR , e mme | nee | Lignes, Lignes. 22 1 18 I 19 7 Ledit jour, on a remis environ 20 2 800 pots d'eau de la fource falée 21 I du Fondement , dans le baflin 22 1 d'exhalaion au Bévieux, pour faire les 4 pouces qui y font a&uelle- Le23, on en a forti le fel, mentau 1 1+ pour cent en qualité, ones 253 F ARGEYE? ss....|25 3 Il eft reflé 4 lignes d'eau dans Z graduation , à caufe que l'évapo- ration de la pierre n’étoit pas finie, & que d’ailleurs il importoit de ne pas l'embarraffer avec ce refte, afin de lavoir libre pour la feconde le baffin, qu'on a été obligé de tranfporter dans le bâtiment de épreuve ordonnée, Le 23 du mème mois, on a remis environ 800 pots d'eau falée venant du Fondement, dans le baffin d’exhalaifon au Bévieux, pour faire les 4 pouces qui y {ont aétuellement au 1 1 pour cent b à en qualité. > È I 3 24 2 É : 25 3 6 ; 26 2 7 2 27 3 8 s 28 2 9 29 3 30 2 31 I 2 EE 3 28 2 29 I 30 3 J'GOINTIL ENT. 4 10 ï II 2 12 I 13 1 14 I 15 I 2 2 AOUST DES SerEnNces 73 M AOUST :764. AOUST 1764. Produit ; Produit Jours du Mois. | Évs aporation. |de l'eau Jours du Mois. Evaporation. | de l'eau en Sel. en Sel. me | ane nn rm, Lignes, Lignes. I 2 A 2 2 3 3 7 Ledit jour, on a mis environ 4 3 36 pois d'eau de la fource falée s 1 du Fondement, dans à pierre 6 n d'exhalaifon , pour faire les 2 pouces qui y font actuellement au A LL 12 pour cent en qualité. it 9 # À cette date, il ne refloit au 10 2 Bain d'exhalaifon que 2 + pouces II 7 au 18 pour cent en qualité ; en _ . forte que la hauteur de l'œu étroit d la même dans le bafin & dans la 13 LL pierre, & par contre la qualité 14 2 différente, comme on le voit cI- I “ deffus, 5 pl 16 7 17 7 3 #/ 18 I 4 3 19 7 5 1 2 7 6 1 21 “ De 2 22 7 8 # 2 I 9 U 24 5 10 2 2iS 2 LE [/4 26 I 12 “ 27 I 13 2 28 2 14 ï a I 15 # 30 I 16 [74 Le 3r, on en a frti le fel, LA £ confifiant en....,,,.. hiérine 18 = Il eft reflé 2 lignes d’eau “As 7 4 le bafin, qu'on a été obligé de 2,0 dl tranfporter dans l'auge de gradun- 21 1 tion, à caufe que l'évaporation de 219) “ l'eau de la pierre n'étoit pas finie, 23 I 24. 2 EEE Mém. 1764» ° K 74 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Suite d'AOUST. SEPTEMBRE 704 Produit Produit Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau Jours du Mois. | Évaporation. |de l'eau en Sel, en Sel. Lignes. HER. RO Lignes. 25 I I 1 26 I 2 7 27 Li 3 [21 28 2 4 # 29 I $ 1 30 I 6 u 30 ! Ledit jour, on en a forti le fel, ConMiAntiEn eee este 13 € I eft refté une ligne d’eau dans la pierre, qu'on a tranfportée dans lauge de graduation. DIE s' $ CIE N CE Li nn ee in din ue à LEE vd gb NOUVELLES RÉCHERCHES SUR LES VERRES OPTIQUES: Pour fervir de fuite à la Théorie qui en à été donnée dans le Volume III des Opufules Mathématiques. Par M. D'ALEMBERT. PREMIER MÉMOIRE, Où l'on donne les dimenfions d'un oljeif qui paroit préférable à ceux qu'on à propoès Jufqu'ici. Sex | AI communiqué à F Académie, au mois de Décembre 1765, les dimenfions de deux excellens objectifs, compolés de trois lentilles, deux de verre commun, & une de crifli d'Angleterre, placée au milieu des deux autres , & immédiatement appliquée contre elles. Je vais expliquer dans c Mémoire les principes fur lefquels la conftruction de ces objeétifs ft fondée, Ces principes font la fuite de la théorie que jai donnée dans le Volume III de mes Opulcules, {ur les lunettes Achromatiques; mais avant que d'entrer dans ce détail, je crois devoir remettre mes principales formules {ous les yeux de l'Académie ; je les prélenteraii même fous une forme tout-à-la-fois plus générale & plus fimple, & Jy ajouterai plufieurs remarques intéreffantes qui ne fe trouvent point dans l'ouvrage cité ; remarques principalement relatives au cas où l'objet eft placé hors de l'axe de la lentille. (2.) Cet expolé aura d'ailleurs une autre utilité ; il mettra le leéteur à portée de juger plus aifément de Ja fimplicité de ma méthode, dans laquelle je n'employe point, comme ont fait d'autres Géomètres, la confidération des images formées au foyer e Ki LûenJanvier 1766. 6 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de l'objectif, confidération qui ne fert, ce me femble, qu'à sendre la folution générale plus embarraffée. | (3-) En effet, cetie méthode oblige à regarder l'image de l'objet comme une furface, & à déterminer cette furface par la projection des rayons rompus fur un plan perpendiculaire à faxe de la lentille; ce qui rend néceffairement les figures &c le calcul plus compliqués; il en réfulte de plus, pour anéantir entièrement l'aberration de fphéricité, quatre équations de con- dition, dont deux font impofhbles, au lieu de trois feulement qui font néceflaires , & dont il n'y en a qu'une d'impoffible. (4.) Cette méthode d'ailleurs ne porte pas dans l'efprit toute la lumière ni toute la fatisfaction qu'on pourroit défirer. D'abord, elle ne fait point voir comment les conditions qui fervent à dé- truire l'aberration de réfrangibilité, font abfolument les mêmes pour un objet placé hors de faxe de la lentille où pour un . objet placé dans l'axe ; on y fuppole, ou lon femble y fuppoler comme évidente, cette vérité qui a néanmoins beloin de démonftration.. On fait auffi dans cette méthode une autre fuppofition, qui n'eft, ce me femble, nullement évidente; c'eft que le plan perpendiculaire à axe, & fur lequel l'image doit être fuppofée tomber, doit être placé, pour que l'image foit la plus parfaite qu'il eft poffible, au quart de l'efpace que forme l'aberration des rayons venans de Taxe. Il eft bien vrai que M. Smith, dans l'art. 339 de fon Optique, & d'autres Auteurs avant & après lui, ont démontré que ce plan donne l'image la plus parfaite pour les rayons venans de l'axe, parce que ce plan donne le plus petit efpace dans lequel puiflent fe trouver {es rayons après la réfraction ; mais il faudroit prouver que ce plan a la même propriété pour les rayons qui ne viennent pas d'un objet placé dans l'axe; & c'el ce qu'on n'a point fait. {5-) Je pourrois ajouter que la confidération des images formées au foyer ou près du foyer de l'objeétif eft tout -à- fait illufoire ; que les véritables images qu'il faut confidérer, pour apprécier la confufion ou la dlarté de l'objet, font celles que cet objet forme au fond de f'œil; c'eftune attention que les Opticiens n'ont pas, ce me femble, gfez faite; auffi les at-elle engagés dans D'E S:S' CPE Nocie’s des erreurs fur {a melure du degré de clarté & de confufion des images, & fur les conféquences qui en rélultent pour les dimen- fions des ouvertures des oculaires, comme je fai fait voir dans le Volume III de mes Opufcules, chap. V1, $. virr & x11. (6.) Ma méthode eft exempte de tous ces inconvéniens. 1." Elle détermine uniquement f'aberration par la pofition du point où le rayon rompu coupe le plan mené par l'objet & par l'axe de la lentille; ce qui ne demande qu'une figure & un calcul très-fimple : par-là on réduit l'image de fobjet, fi on veut en fuppofer une, à m'être, au lieu d’une furface perpendi- culaire à l'axe, qu'une fimple ligne tracée dans le plan de l'axe & de l'objet, ou qu'on y peut tracer aïfément. 2.° Ma méthode réduit les conditions néceffares pour anéantir aberration de fphéicité, à trois équations feulement, dont il n'y ena qu'une d'impoñlible, & cette impoflibilité faute tout d’un COUP aux yeux par da nature de cette équation qui demande que la dif” tance focale foit infinie. 3° Enfin ma méthode fait voir d'un coup d'œil que les conditions néceflaires pour détruire l'aber- ration de fphéricité font abfolument les mêmes pour les objets placés hors de faxe que pour les objets placés dans axe. (7-) On ne doit point être furpris de me voir infifter ici comme je fais, fur Îa fimplicité de ma méthode pour réfoudre la queftion dont il s'agit: la folution de ce problème ayant par elle-même peu de difficulté, ne peut intéreffer les Géomètres que par fa fimplicité jointe à l'utilité de fon objet, $: Ale Formules de l'aberration pour une furface réfringente quand les rayons partent d'un objet placé hors de l'axe. (1.) Soit NBQ (fs. D) la fiuface réfringente ou plutôt une coupe de cette furface, € fon centre, € B fon axe, A un point radiant placé dans le plan NB QC, & vers lequel tendent les rayons.qui tombent {ur la furfice NB Q. Soit A À’ per- pendiculaire à 2C; O un point quelconque de la furface de la lentille, O D perpendicukire au plan NBCQ, & Di A ET 78 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE perpendiculaire à BC; foit enfin © À le rayon incident, Oa le rayon réfraété qui doit évidemment couper en quelque point a la ligne AC Q, menée par À & par C dans le plan NBCQ. Soit de plus tirée la perpendiculaire aa' & foient nommés Le rayon! CIBLE NS PAPE PRE, La tdiäncer D AIRES SE M APR Ta tdutance Bates vale ieers Telle MEME ESS “ep La ligne 44° fuppoée HAE! par rapport à d. dy Ligne au ie 2 de ter oae i oie D Le rapport du finus nt au fmus de réfraction, en paffant de l'air dans la {urface réfringente donnée, .…. .. — Di hier ent OR ere tt nee 20 DO: be sue Rene Le A 0 ri ps L — nn m on aura (art. 420 de TOuvrage cité) = — = +- si La A a Eee a AI — EEE rl 2 A (2.) En faïfant, pour abréger, le coëfficient de 7 + #° écal à À, celui de & ——— + — égal à B, on aura _ =B+ (y 12anS a Q CO ne (3-) On aura de plus /art. 405 du même pre sens (E JR, = y CA an Fa ni > NE + n°) R + te = 1 eo Meet ue © À EN) AR = DNÉ' S MS) CÉMEUNLGE, E 5 79 SL Te 1— (+) R (— pus —) = = RS eu * ane ete re) rp 2anS a° d(—— 2) yes CES LI (4.) Cette dernière formule femble demander que — — 8 La ne puiffe jamais être ni © ni très-petit, afin que lestermes 3 i | à - ; : : qui ont — — 2 au dénominateur, ne foient jamais que r très-petits par rapport à funité, ainft que la folution le fuppofé; . Li E { * EC —— e «Mais comme — B 1( = ) } qu cette 571 1 Li quantité —— — fe trouve être un faéteur de chacun des r termes À, S, Q, il senfuit que le dénominateur _ #8 difparoit par la füubfiitution, en forte que les termes dont il s'agit refteront toujours très-petits, ainfs qu'ils le doivent être. (5:) Faifant donc maintenant la fubflitution de #7 { -— — —) à la place de — — B, & fuppofant M AE mi wi mi Enr uar 2d\ nm LU — TAC m — m y = ; On aura LIRE AU M ERA M 1 ” NT EN or 5 Lee ons A | Ha fr racte A écape r Php DR * Il eft vifible par cette équation que le cas de — B — o feroit celui où FY feroit =—; c'elt-à-dire, où l'objet feroit placé au centre, ou à la hauteur du centre de la furface réfringente, 80’ MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 3 N Lo — Li (y +) ne H L Li Œ Y TE EE (6.) On peut remarquer dans cette formule, 1.° que le js coëfficient de a quantité 7 dans la valeur de — étant q À F A2 d : À TC + multiplié par =, eftau figne près le même que le coëfficient de 2 LIT . il o . . 2&n y + » dans la valeur de a’. 2.° Que le coëffcient de — dans la valeur de «’ eft égal, en fubftituant ne M & p leurs I Li m° m° ur 1 — “) valeurs, à PE TT 27 NE = (— — —— ); or fi on fait la diflance focale — À, r Tv D . 2 L ona — — ——"-; donc le coëfficient de = ef R r d\ + 27" dans la valeur de 2R 2 d\ CRE EN À Formules de l'aberration pour les miroirs. (1.) Si la furface N B Q, au lieu d'être réfringente, étoit réfléchiffante, alors il faudroit faire m — — 1 (arr. 74 de l'ouvrage cité), & on aura M = — + — 2r 2d\ Li y == 0) T—" mm 2 1 1 1 ON MA ii SD ed À aie. — Ë ë 7 14 AE LR r rest ait 2. = —; & par conféquent TT Ris DES MOMOMMENNIC ES), l')1 CG Rte MR" PRE RE te dv A 2 ï Be —— Li + (ÿ +) (ER) 2@y au d\y J: (2.) Ces formules nous feront très-utiles dans la fuite pour comparer l'aberration des lunettes achromatiques, avec celle des télefcopes catoptriques. Quant à prélent nous nous contenterons TC: a? : ES de remarquer que le coëfhicient de RE difparoît ici dans les I Lei . £ : . valeurs de a & de &’;'ce qui prouve que les rayons qui tombent extrêmement près du point B, où l'on peut fuppofer y —= 0, &'n — 0o,aboutiffent tous fenfiblement au méme point, quel qué foit «, pourvu que demeure la même, & que a foit très-petit ; ce qui na pas lieu pour les valeurs de Jr & de à, lorfque la firface au lieu d'être réfléchiflante eft réfrmgente, comme on le voit évidemment par les formules du $. 7, arr. $. (3-) On voit auffi 1.” que le coëfficient de 4° + #° dans DNS 2 d' A À la valeur dea, multiplié par Fer eft Le même, au figne près, . œ que celui de 7" dans la valeur de De comme dans les furfaces réfringentes, arr. 6, S. 7. 2° Que dans la valeur de « le coëficient 24an Cr] ATP ’ E Te eft — = multiplié par TL R étant la diflance focale; j'appelle ainft Ja diflance du foyer, lorfque les rayons incidens {ont parallèles. LANTA TE À Formules de l'aberration pour deux furfaces réfringentes, l'objet n'étant pas Jfuprefé dans l'axe. (12) Si on aune feconde furface réfringente N'B'Q' (fe. 2) placée à la diflance très-petite 2 8" — « de la première; que Mém. 1704 : 82 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le rayon réfraété par cette feconde furface rencontre en & le pan NB QC, & qu'après avoir mené la perpendiculaire @ &' 1 on nomme le rayon de cette feconde furface....... 7 Le rapport des finus d'incidence & de réfraction en entrant dans. I cette | Ditface Sie en ee SN REIN ES nm al EN Le 1 à A REA LPS Len SE ee es CE PEN) S n ! Lee a te) aie late relie se Uere ts aa e secs. &L ; enfin qu'on prenne pour A7’, p',v',des quantités formées de N'—e, & m', comme les quantités #7, p,», ont été formées ci-deflus de r, d\, m; on aura après la feconde réfraction x 1— mm" né Dr a dent SRE Lg +) + = — 5) 1] Fe si (— La —— PNR or oc ne 2 li ul m ‘ "à & EE) = HER | (2.) Si « eft fort petit, on pourra mettre fimplement au lieu de D — £ dans les termes affeétés de ÿ° + #, &' & à’, & pour = fa valeur approchée Le tirée du & r ci-deffus (art. 5) ; dans les autres termes on mettra — —+- — au lieu de d'; & fubftituant enfuite pour —— fa valeur ira m + 5 On aura: L r—" — La oder w ut 4 L — "1 m ! nn: » OT r + + +) Mn x (ET) DES SCIENCES 83 un + MIs -<=+m Ne A eme rx) ll 2 [A n° œ—-<) +an —— 7 MM (es AD GATE (Æ—+) + pm Du ass Ares te a oo Ce A Be [re + —) — (y LE ee da a Le = Ce —— + ms) )+< . — + m(— — +))] = ee _ (= ru br de et ps LU | SRE, 7]: quantité dans laquelle nl — mn? FLE: 3 on 2 fubflitué pour y & y’ leurs valeurs DEEE De 2 afin d'avoir un réfultat plus fimple. (3-) On remarquera dans ces formules, 1.° que le coëff- cient de 4° »° dans la valeur de &” ef égal à celui de 22" VE 8 pi dans la valeur de —— , ce dernier coëfficient étant multiplié par JV ; Lex UE ne c'eft ce que nous avons déjà remarqué ci-deflus pour le cas d'une furface unique, réfringente ou réfléchiffante. 2.° Que le coëfficient de . dans la valeur de «" eft égal après les S : , æmni dW î EE tm — mn u PRES rh réductions, à 7 x [mm ( + = ) L ÿ 84 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaLe Li PAL] À ï = (i— nm )] ; & on remarquera de plus que É — 14 2 : à TT et —= —— ,R étant Ja diflance focale après deux réfraétions; j'appelle toujours diflance focale celle qui répond à A — o. 3.° Que le coëfhcient de __ dans la mni M = çr 2 eo) + (n° m — m) (— — —)] (4) Si les rayons incidens font parallèles, il faudra faire d — oo, & effacer tous les termes où # fe rencontre fans «; valeur de un eft = L [2 , #$ as . je dis fans « , parce que nn eft pas nulle quoique À foit infinie ;. [4 y, , 2 . . . L = étant l'angle que les rayons incidens au point B font avec faxe de fa lentille. CHEMEIVE Conditions néceffaires pour anéanuir les deux aberrations.. (r.) I faut pour cela que d"' & æ” foient l'une & l'autre conftantes ; ce qui donne les équations fuivantes : ô #e à 1 $ : dre 1.” La partie de Ia valeur de = qui ne contient ni # ni y devra être telle que fà différentielle foit — o. 2.° Dans cette même valeur de _. le coëfficient de y —+- # doit être —= o. 24H 3.” Dans cette même valeur, le coëfficient de doit être 0: 4° Dans la valeur de «”, puifque d" eft déjà. fuppofé conf- tant, il faudra que la différentielle des termes qui ne contiennent. ni y, ni d\,ni à, foit —= o. 5." Le coëfficient de ÿ* + »° doit être —o, ce qui donne h même équation que celle du n.° 3, puifque ce coëfhcient. DAENSSMSNELT EN -C\EUS. 85 24 PA 6. Le coëfficient de 2%" dans la valeur de &” doit être À eft le même que celui de dans la valeur de re Ce (2.) Ces conditions forment donc en tout cinq équations, qui donneront r, r' & + en À, aufli - tôt que & & 4\ feront données; c't ce qui fera fuffifamment développé & détaillé dans la fuite de ce Mémoire. (3-) Mais il faut remarquer r.° que Ha fixième ou plutôt la cinquième condition (car les fix fe réduifent à cinq) eft impoflible à remplir, au moins fi 4 eft infinie, puifqu'elle donneroit {S. 2/1, arr. 3) on — o, où À — ©; d'où Von voit qu'il eft impofñble, au moins après deux réfraétions feulement , d'anéantir entièrement Faberration en largeur ;. 2,° que comme l'épaifleur e eft fuppolée très-petite par rapport aux autres quantités ,. il faut que la valeur de e qui proviendia des conditions précédentes foit très-petite par rapport à celle de r & de r. 3.” Que fi on veut que les valeurs trouvées de 7,7, € foient indépendantes de la valeur de =, comme elles le doivent être pour que l'objectif foit propre à toutes les fituations de l'objet, alors il faudra faire deux équations de plus, qui con- « TT: MT: Cu fifteront à faire — o a différence des coëfliciens de = dans LI « les valeurs de —— & de 4”. 4.° Que comme on a cinq équa- d\ à q q tions ou plutôt quatre, car il y en a une d'impoffible, & qu'on n'a que trois indéterminées r, ’, €, on a plus d'équations que d'inconnues, lorfqu'il. n'y a que deux furfaces réfringentes ; & qu'ainfr, en fuppofant même que la valeur de 4 fe trouve très-petite comme elle le doit être, ce ne fera que par hafard que les valeurs trouvées de r, r’,e, feront propres à anéantir aberration autant qu'il fera poffible. Il faut donc plus de deux furfaces & même plus de trois pour'anéantir autant qu'il {era poffible, ls aberrations de réfrangibäité & de fphéricité. (4) Voyons done maintenant quelles doivent êtreles équations L üj 86 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYALE Jorfqu'il y a plus de deux furfaces réfringentes. Pour en venir plus aifément à bout, nous chercherons d'abord faberration d'une lentille de matière quelconque; enfuite nous en fuppo- ferons une feconde, & une troifième, à une très-petite diftance de la première. Cette confidération abrège & fimplifie le calcul, comme nous l'avons fait voir dans art. 437 de l'ouvrage cité. UV. Formules de l'aberration pour une feule lenrille. (1.) On voit par les formules du-$. IT, que dans le cas OÙ M0 — —, c'eft-à-dire où le rayon repafferoit dans l'air après la fconde réfraction, ce qui eft le cas d'une lentille fimple, on auroit | eq Mr en fan na te le ns HE +R Let RER Ets ee Om et dE on AE et — =). a d\! : Eat (à 0 a 4 3 M 1 Le LB 1 x > MW (4 4 I 1 V4 DE SMS TC HEIN C Ets. 87 CT m7 nl 1 LIRE 24m mo — 3 Meter on de A re me aa Er nn ALT 1 Pr te LA els & e (2) Dans cette valeur &", le terme où toit — à difparu, & fi onnomme À a diflance focale, on voit que le coëfficient 2h I du terme —— 2°" ft ——, PA 2r (3-) Mettons dans ces formules, pour plus de fimplicité, 4’ au lieu de «”, & 9 au lieu de 4, en forte que d & &’ foient c que deviennent ® & «, non plus après la première, mais après fa feconde réfraction; & nous aurons en fuppofant de plus ï 1 F / . . D GE TETE A tn —, les équations füi- D) r FA À vantes (art. 438 du même ouvrage ) SR | SSSR + (on) [22 A 2 Ada ne ue un Mod rer RE + (ma bq ee Le EC RP Ete = < |: ln rar aRs Eee + # ) ES re Te + m1 — 2 P)F 24 P— :; ET 2À | * Dans l’arr. 441 de | ouvrage | par mépgarde le terme ( des E \ té, le coëffcient de "fl s ; 4e sité, le coëfficient de © 4 De % J fe — AS qui réfulte de: IAE + —— | l'opération indiquée dans cet article: 2 À 2à7r d\ | cetteomiffion qui ne touche en rien, Dé P Ë .. | au fond de Ja méthode, étant ré- É— 7 mais on a omis parée, donne des réfultats beaucoup, . Plus fimples,. 88 MÉMOIRES DE L ACADÉMIE ROYALE SAVE Formules de l'aberration pour plufieurs lentilles très-proches l'une de l'autre à de différentes marières. ( 1.) Si on place une feconde lentille à une diftance très-petite de la première; qu'on nomme dans cette feconde lentille 7’, #!, P,N,e &c.* les quantités analogues à celles qui ont été nommées r, m, P, &c. dans la première, & qu'on fuppofe pour abréger 3P— 2m— 1 = Ye ji 2 < 4P — 4m ER ISST pa = + — — À, 2rA 2AÀ F+i +im 1 UP 2 P2 PP: 2rrA Fr 2H an 5. P— m PE P$ AL q a nr 2° FU TER A 1+m—2P — Cy 2À P— m HEC: » rt) ME Let wir Le 1 — 2m r = 00 P— 1 —— — p, On aura 3 P— 35 12 NU RD UT Se ler ml NÉ rl | Li £ 4 24" * Dans cette nouvelle dénomi- nation, r’ n'indique plus comme ci- deflus le fecond rayon dela première | à 1 1 — 7 ". lentille, mais le premier rayon de ÉrL CT ARENA la feconde, & ainfi du refte; on a AE ; pourra fi l’on veut nommer P,P', P" | — —— —— _ ——ûc; P! FU , r! 1-0 7 KL &c. les rayons de la feconde furface DES Screnxcres 89 > (2 a? A + £+a +2 Te ER pit) ps 7 ! 7'e 4 P— 1 2, M Ne rrnns nole ete 1 d\ 2 2 £ ! -& à = —— T — (y TH n) (+ © Le 4 24 P—… PET L — y» ka 771 RARE mere ou (one 2 r PR it ) del DEA (2.) On voit aifément, par ces deux formules, comment on peut trouver les valeurs de a", &c. & de P"', &c. pour tant de lentilles qu'on voudra, & de telle matière réfractive qu'on jugera à Propos ; par exemple, on aura pour trois len- tilles (art. 439 de l'ouvrage cité) : fe irne Ro EE (cire Fr) + PRE EME EAP + rene pe 0 CE a nt cp EE — pq = RM _. RE rm es Het Dee EE Ne ARE De Mém. 1704 | + M 90 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE (3+) Dans ces formules, on fe fouviegdra que — F PP" ï 1 P'— 1: L P— 1 TR DU SURPRENANTE RÉ S franioleag ts —— & ainfi de fuite. (4) Si À étoit infinie, c'eft-à-dire fi les rayons incidens FU étoient parallèles, il faudroit faire _. — o, c'et-à-die A L , effacer les termes où QU fe rencontre, fans effacer néanmoins art. 4, & LIT) ceux où fe trouve = & fes puiffances; & fi 4 ni P J\ étoit négatif, c’eft-à-dire fi les rayons tomboient diveroens fn la lentille, au lieu qu'on les a fuppolés conversens, ül . . Li n n \ . faudroit faire CAE négatif, c'eft-à- dire changer les fignes des \ k . « ë termes où fe trouve Ga avec une dimenfion mpaire. ( s-) On peut remarquer que cette fuppofition de S\ négatif eft la feule conforme à la Nature, les rayons ne tombant jamais que divergens fur la première lentille ; mais la fuppofition de À pofitif eft un peu plus commode pour le calcul, parce qu'on n'eft point obligé dans les formules générales de donner aux À L 1 T1 termes affectés de —, _- &c. des fignes différens de ceux où fe trouve — , ce qu'il faudroit faire fi on fuppofoit les rayons divergens lorfqu'ils tombent fur la première lentille ; au refle, pour n'être jamais dans le cas de mettre mal-à* propos un figne pour un autre, il n'y aüra qu'à, fi Fon veut, fubflituer dans nos for- . 1 1 — 1 J mules, au lieu de — , Fee. &c. leurs valeurs UT LC P— P' — 5 = RATE —— + — , &c. & mettre enfuite dans le réfultat — En au lieu de F3 lorfque la diflance À ne {era DES SCIENCES o1 infinie, car alors les rayons tombent toujours divérgens fur la première lentille. CHA DE NÉ Conféquences qui réfulient de ces formules. (1.) Si lon fait R — à la diflance focale, on aura LAN URIFERE + At , &c : ainfi le coëfficient de 27? R À EM dans la valeur de l'aberration latitudinale, eft — à Her : d'où il eft clair : 1. Que ce coefficient ne peut être jamais détruit, & que par conféquent il eft impoffible de détruire entièrement l'aber- ration latitudinale, foit qu'on fuppofe 4 infinie ou non. 2.7 Que ce coëfficient fera le même, fi — eft PER pour d P' 0 k : dP ren is TF = k. ( 2.) Le coëfficient de + —— dans fa valeur ee ft = " 1m 1" . di a ve lequel ne pourra jamais être conflant fi À eft conftant, puifque — Æ — _ k + — mn dP = — — done d { — — ) ER Pan unes lime er) (3-) Siy &n — o, ceft-à-dire fi le rayon tombe dans le plan NBQC & au point B, on aura (fig. 3) aa — _. & fr + feulement ft — o, c'eft-à-dire fi le rayon tombe dans Le plan NBQC, on aura ( en fuppofant qu'on ait fait — 0 les coëfficiens de y + n° & de = 5 dans la valeur de F # M i 92 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE 1 PR P— 5 ï a? x | AREA EX x M ut QE on 1 — 72 1—7" ñ œæd\ 24 1 = ÉCar—— [ RE 2 he 2 A 2N Ë d d\ 2R ) LYS ? . , A (4). D'où fon voit que pour les rayons d'une même 1 : 24 1 ad" couleur = eft conflant quelle que foit 1, & que ne it où 4 2e ROME MUR AE à très-peu près NA nec — à très-peu pr TIR FA’ PEAR 2 a Ba x = ; donc oa! eft.conflante pour les rayons d’une 1 d\ mème couleur qui font dans le plan de l'axe. Donc tous ces rayons fe coupent après la réfraction (au moins fenfiblement ) en un même point p. ( s-) Il eft aifé de voir aufi que fi on fuppole tous les rayons rompus projetés fur le plan VBQC qui pañle par l'axe des lentilles & par l'objet, toutes ces projections ( dans la mème hypothèle ) {e couperont fenfiblement au même point p qu'on vient de déterminer ; & que par conféquent fi on fait pañler par le point p une ligne perpendiculaire au plan dont on vient de parler, tous les rayons rompus aboutiront fur cette ligne , qu'on pourra regärder à quelques égards, fi on veut, comme l'image du point lumineux placé hors de l'axe; ce qui prouve de nouveau que les Géomètres qui ont confidéré dans ce problème l'image de l'objet comme une furface, fe font écartés de la vraie méthode pour réfoudre la queftion , puifque cette image confidérée foit dans le plan de l'axe, foit dans un plan perpendiculaire à faxe & paflant par la ligne po, peut {e réduire toujours à une ligne droite. (6.) Ce point p peut fe trouver aifément par une opération ù 4 ; PRES a° d\! Se a"? fort fimple; car puifque O4 OPA = x k (à caufe de —- == J ) on aura (figure 4 ), en tirant la ligne droite B Aa & la perpendiculaire a'p, ap égal à très-peu 4 à an: a’ a"? pres 4 CAL = Te ou R ° [4 D'Es SIC 'E NicE:s 93 . (7:) IL eft aifé de voir enfin que tous les rayons qui tomberont fur les points © / fig. 3) éloignés du plan NBQC de la même diflince D ©, fe couperont fenfiblément après fa réfraction en un même point ; car la diflance de ce point de : DOxpu concours .au point p, fera = =27© D x DO xpa , à je è ( fig. 4) Tr c'eft-à-dire conftante. ET très-peu près (8.) Pour anéantir l'aberration de réfrangibilité , il faudra . FE Ur D dP' d P" ER - = sr ce — 0, & fi cette condition eft obfervée, l'aberration de réfrangibilité {era nulle, tant en longueur qu'en larceur , quelle que foit A, ce qui eft : : AA PL EU évident; car puifque = n'a d'autre coëfficient que lunité dans à valeur-de 7 » & que d" eft fuppofé conflant, 4” — a J" PA tous les rayons partans d’un même point. ( 9.) Faifant abftraction de l'épaifieur pour faciliter d’abord Je calcul ( nous reviendrons dans Ja füite für cet objet), on aura évidemment 1° l'équation le fera évidemment auffi, puifque « eft conflant pour SET P PRES & 1 À x N ' = a" ’ Cu — hr : dP dF! d Pp“ Da — —+- FT net 5e À À A 3.° une équation pour détruire le coëfficient de Y + # dans ' : L v o : RO : 2 @ la valeur de 77° 4°-une autre pour détruire celui de En dans k même formule, ou, ce qui eft la même chofe, celui de y + # dans la valeur de 4”. ( 10.) Or comme ces équations donneront les quatre rayons des funfaces, il eft vifible qu'il. faudroit fuppofer plus de quatre rayons pour avoir des objeétifs plus parfaits, c'eft-à-dire dans lfquels Ja différence des coëfficiens de Fr. » de y° + n& de M iÿ 94 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 24h fût — o: ü eft vrai que cette condition eft peu effentielle, car ces coëffciens étant déjà très-petits, les quantités qu'ils affectent ( toujours multipliées par ces coëfficiens ) devien- droient très-petites & comme infenfibles par la différentiation. Nous remettons donc à un autre temps la confidération de cet objet, ainfr que d’autres remarques moins effentielles qui réfultent des formules précédentes. Se VAT Formules de l'aberration pour deux lentilles de difèrentes matières très-proches l'une de l'autre, en négligeant leur diflance à l'épaiffeur des lentilles. (r.) Si on a deux lentilles de différentes matières & des épaifleurs €, &’, féparées l'une de l'autre par le petit intervalle e ; alors à caufe de = a on aura en faifant d'abord abftraétion des quantités e, e’, e, & füppolant : PARENT DEEE RC OP a C=P— PF — kK{(P—:1) (3P/—1—2m) — É(P— 1)(1+2P— 3 Pr) — PF CP ir AE: P”) D = 4k(P— ww) (P— 1) + Ë (1 + P na E = — k(P +1 — 2n) RE NÈNEE, 7 H = {nm — P) A KX a) NN CE (P'— PF) +k(P— 31) (2 P — 1 — 1). Onaura, dis-je, pour l'aberration Jongitudinale (Y —+ 1) D ES: Siet'E NN c'ets 95 le D E + —— + Fe 2r7AAÀ 2 A 2r'A 2 r°à ) 2@ Ji KE H , + —= — ( - ) : & pour l'aber- + 2rA 2AAÀ gra’ K 2 AA ration latitudinule , —+- us multiplié par 27/A z Œy y +”, plus la quantité indeftructible Rens a R d\ (2.) Dans ce cas de deux lentilles très-proches l'une de l'autre, ft on fuppofe chacune des deux aberrations — o, RpA LES Va K Sr AHH+EFF on PAT ni Te FA œ 2FEK— FDH+ BHH 1e EKK— KDH+CHH , Je tout multiplié par = — 0 YA A À (3-) Ces équations ferviront à déterminer 7 & 7’ en à; à l'égard des autres rayons, que j'appelle ? &+', ils feront Li I 1 1 . L éterminés par ÉQuations — — — = —, — — déterminés par les équations — - ie É 1 k . Li LI 1 = — = — —; ce qui done — —= — — 7 N À P r À 1 E “a | Li 4 & 1 I z dé à . = +: on aura de plus pour déterminer À re . P— : P'— 1 rt ii BE en À l'équation PU a On NON —— 4 1 1 — + (P'—:1) RTE De f F K .} Si on fuppole feulement = — — 7 _ (4) ppo . Fu Te : : | . \, AHH Y'aberration réftante fera proportionnelle à Ps RE 2 rr 2 FEK— FDH + BHH EKK— K DH + CHH 2 HHra 2 FT TCSRME. formule qui nous fera utile dans la fuite. (5-) Si les deux lentilles font immédiatement appliquées Y » À 1 1 . une çontre fautre, alors 7 = — 3; ce qui donne 06 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE : } RS HN US ur Jaberration longitudmale -/ 3 — LD DES RSS = pour 1 long CHR) + B+D—2E£E C—=D+H+E 2an ,F+H K— H 2rAA 2A3 CA ea AL, 27A )s ; : F J a R F H E—H & pour aberration latitudinale , — —— [LC PTE } d\ 2rA 2r'A 2 2 2% Aero ia 2 il G (6.) Il eft clair que dans ce cas on ne peut fuppofer les deux aberrations à la fois égales à zéro, puifqu'on n'a qu'une D IUAEN 5 : I feule quantité — à déterminer en ne & non pas deux LA comme dans le paragraphe précédent ; c'eft pourquoi on fera évale à zéro celle des deux aberrations qui, étant détruite, rendra l'objectif plus parfait : c'eft un point que nous pourrons difcuter dans une autre occafion. Sr DeU EXT Formules pour trois lentilles immédiatement appliquées l'une contre l'autre, dont la première à la troifième Joient de la même matière. (1.) Suppofons maintenant un objectif formé de trois lentilles contiguës, dont celle du milieu foit d'une matière difitrente des deux autres & appliquée immédiatement contre elles; foit fuppolé, par les raifons expliquées dans l'article 269 7 WA KR L — L du Tome Î11 de nos Opufeules, = DAME FFT. ï 1 ï I 1 y ie lntapeler ee -NOcNpar conféquent A ; . / LI", 7 7 I LI à caufe de l'aberration de réfrangibilité fappofe nulle, = ——- ï A Où — = — —. N A (2.) On trouvera par les formules précédentes & par celles des articles 270 à 276 de l'ouvrage cité, que aberration longitudinale DES SCIENCES. longitudinale de fphéricité {era repréfentée par une quantité de cette for 3 pla ce Ba Re PÈME (y En ; ) arrÀ vi 2prA Di 2rAA D' 124 F 24H G! 2pPpA 2pAA Jin 2 A3 / Tan CA ( 2rA E M' : : Rte À + ee srée l'aberration latitudinale fera égale £ 2? 2 rvs tee (y° + n°), en faifant x à (22 zrA 2pA ZA abftracion du terme conftant indeftruétible, & du coëfficient R conftant + : (3-) Si l'on fait dans ces formules = — =, c'eft-à-dire El LAN — — = = oO, ce cas fe réduira à celui du $&. VIII, en forte qu'on aura d'— À + E B+C=B+D—:E D'+ E + F=C—D+E; 0 ARTS CE 7 | L'EM' = K — H, (4-) Or on trouve /arr, 270 de l'ouvrage cité, en remar- quant que w' eft ici pour 47): B'—h(=—i +41") m 4 D' = L ( _- 2 2 ) E — E( == Fan sTRS 0 LRU P'm— Pm'} (5) D'où il fera ail de tirer par un calcul très-fimple Jes valeurs de 4°, C”, F' G', M'; celles de À, B,C, D, E, F, K, H, étant fuppofées connues. (6) L'avantage de cette méthode, confifte en ce qu'ayant trouvé les coëffciens 4, B,C, &c. pour le cas de deux lentilles de différente matière très-proches Fune de l'autre, on a Mém. 1764. ° N 98 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE très-promptement les coëffciens A’, C', F”, G', M! pour le cas de trois lentilles contigués, dont les deux extérieures font de la même matière ; il ne faut pour cela que trouver les coëfficiens 2’, D’, E’, L', dont le calcul eft heureufement très-court, (7.) On aura donc A = AE CNE NP eRTIeS S (E P FUN NENDNER Er DE! ORNE PE ANGES ENS UE (8) Dans le cas de trois lentilles contiouës, fi on fait les deux aberrations égales à zéro, autant qu'il eft poffible, on ATV L' M ALL — BLG'+DG" PSP POTTER à NA CES Rte pp 2A M EL — BMG—CLG+EG': AT PCR ENT A" * por C! M"! G' st F' G22 + == i0: LI Li \ Li (9.) On aura donc— en — ; de-là — en BE par ? À r A MAR cie: L' M RER Féquation — ue at & les rayons s, r', p', r Tes ÉQURON se RE ES 7 ÉCRPOR RE LUE par les équa : FT no Li 7 Li L ! . ET er ve 9 ceiqui donné 1 ARE, L L CRE TI VES DT ENS 4 . SF Ag 2 LES LI 7 CE AE TT RAGE (10.) Enfin À étant fuppofée la diflance focale, on aura > y P— (P—r)x—k 1 A en à ET LE ee en À par l'équation + 7 = DES SCIENCES. 99 ? , A PA . Li L' M" (11) si on fe borne à l'équation HET en Ts aberration reftante fera proportionnelle à ALI B'L'G' == D'G'" 2AML—B'MG—CLG'+E'G': RE ——— ————— 2 G'°pp 2 G'*pa AM=—C'MG + Fc" TE TA Ce PROMO SX, A Application des formules précédentes à trois lemilles, zmmédiatement appliquées l'une contre l'autre, deux de verre commun à celle du milieu de criflal d'Angleterre, (2) Nous fuppoferons, quant à préfent, comme dans les Mémoires de l'Académie de 1757 & 1762, que le rapport des finus dans le verre commun eft 1 »5 5 > que le rapport des mêmes finus dans le criflal d'Angleterre eft 1,6; enfin que DEAD ES — — dP! 3 (2+) Soit done P — 1,55; P = 1,6; k— il on aura À — +- 1,2596 | B — — 2,2550 C— + 1,2024 D = + 0,3100 £ — — 0,9000 HN 0,9048 À —= — 0,7016 H = — 0,600. (3:) Par conféquent A+E£E = + 0,3596 B+ D—2E— — 0,140 C— D+ E = — 0,0076. N ji 100 MÉMOIRES L'ACADÉMIE ROYALE DE (4) Donc À = + 0,3596 B' — + 0,1029 C' — — 0,2479 D' — — 0,0980 VU) ee More F' = + 0,0123 GC = + 0,2548 L' — + 0,0424 M'—= — 0,0940. (s.) De-R ontire aifément les valeurs des quantités. AL", B' L'G, &c. dans la formule de arr. 8,5. LX', ce qui donne 0,0068279 Ars 0,0066979 ___ 20013123 PP Fr mi (6) D'où rélulteront deux valeurs de —, favoir P? ——10. : 0,711 : 0,2696 ne ue ET CiR Alu na ? LS À (7-) La première valeur de … donne — = + — x 0,2506 LA Li L] L Li FA = PISE SU x 0,4608 Li » } L Se es 0,2058 3 , fire , RO PT ARE AT SRE TES © LL Un. D'UN — — 0,0828. (8.) La feconde valeur de Le = + , donne L y — = + x 0,3240 Me r 3 FR P ’ 3 Fra DES SCIENCES 107 ] » , FETE RS RE CRE EP AE TT PE SUD à L = — Ge x 0,0094+ (9) Or a = 0,15 R, puifque Fon a /s. ZX, arr. 10) P— 2 x (PP— 1) TRE METE 3A Ton 0,55 2 x 0,6 Far sd À E 3A HEAR (10.) Donc r — + 0,5986 R P— — 0,3255 À T = + 0,7288 R PI EN RO (11.) Ou bien r — + 0,4630 R 8 = + 27574 R L = V0 20812 S = — 15,594 R (12.) Le premier de ces objedifs à cela d'avantaseux, qu'aucune des furfaces n'a un rayon trop grand ni trop petit, & que la courbure de la fnface qui a le plus petit rayon elt beaucoup plus petite que dans les objechfs propolés JulGu'ici , objectifs dans lefquels deux layOns au moins {ont au-deflous de RAY; au lieu qu'ici le plus petit rayon n'eft guère que +R dans le premier objectif, & tous les autres rayons font beau- coup plus grands, (13-) Le fecond objectif à l’un de fes rayons beaucoup plus petit que le plus petit rayon du premier; mais cet objectif en récompenfe a deux autres rayons plus grands que À, & dont même l'un füurpañle 1 $ AR: au lieu que le plus grand rayon de l'autre n'eft pas — 2 R. Je crois donc que ces deux objedifs ont (au moins dans la théorie ) chacun leurs avantages réci- proques; l'expérience nous apprendra celui qu'on doit préférer : nous pourrons donner d'ailleurs dans la füite quelques vues utiles * Voyez les Mémoires de l'Académie d, 1762, pages 13 & dis, 1} zo2z MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE pour en faire la comparailon ; nous nous contenterons feulement de remarquer quant-à-préfent que a grandeur du dernier rayon du fecond objettif peut le rendre plus difficile à conftruire que Je premier : ainfi c'eft à la conflruction de ce premier objectif que noùs exhortons principalement les Artiftes de s'appliquer. (14) Les valeurs des raÿons r, », Fr,» données ci-deffus, peuvent être pas d'une exactitude bien rigoureufe dans les dernières décimales; mais cetté confidération eft ici de peu d'importance , l'objectif propofé ayant cet avantage, que des erreurs, mêmes confidérables, commifes dans les valeurs des rayons, ne nuifent prefque pas fenfiblement à fa bonté: c'eft ce que je ferai voir dans la fuite de ce Mémoïre, fauf à donner dans un autre (f1 la chofe peut être utile) des valeurs encore plus exactes des rayons de cet objectif, (15) Le7 Février 1765, M. Shoït a appris à la Société Royale, que M. Dollond le fils avoit conftruit une lunette achromatique de trois pieds & demi de foyer, portant trois pouces & demi d'ouverture & groffiffant cent cinquante fois le diamètre des objets. L'objeétif de cette lunette eft compofée de deux lentilles convexes de crown-glaff, & d'une concave de ffnt-glaff placée au milieu; ce qui revient affez au premier des deux objedifs dont j'ai donné les dimenfions. Mais on ne nous dit point fuivant quelles proportions M. Dollond le fils a confhruit cet objeétif; il paroit même qu'il ny eft parvenu que par une efpèce de tatonnement , auquel cas il pourroit n'avoir pas encore donné à cet objectif les véritables dimenfions néceffaires pour qu'il produife le plus grand effet poflible. On voit d’ailleurs par mes calculs , qu'outre cet objectif, compolé de deux lentilles convexes & d'une concave , il y en a un autre qui étant bien conftruit, paroït devoir faire le même effet, & qui eft compofé d'un ménifque de verre commun où crown- glaff, d'une lentille convexe de la même matière , & d'un mé- nique de criflal d'Angleterre ou fhut-glaff placé entre-deux. (16.) Je dois cependant obferver que les dimenfions des objectifs propolés, font dépendantes des fuppofitions de PT NS Ai ee li0) TE = —; luppoñtions d'après DES SCIENCES. 10% fefquelles on a déjà formé d'excellens objectifs compofés de deux lentilles très-proches l'une de l'autre: ainfi on ne pourra employer en toute füreté nos formules que fur des matières femblables à celles dont les objectifs propolés dans les AZemoires de l'Académie de 1762, ont été formés ; objectifs dans lefquels ñ dP! les valeurs de P, P', & SE fuppofer. Mais il faut remarquer que fi on commettoit une dP' à LE È pourroit en réfulter beaucoup d’nconvéniens dans la conftruction d p' dP ? au lieu d'être +, étoit — 2£, on peut trouver par un calcul affez facile, que laberration de réfrangibilité ne feroit plus nulle, mais qu'elle feroit à celle d’une lentille bi-convexe ifocèle de verre commun , à peu-près comme +2? à 22, c'efl-à-dire comme 11 à 45; cet inconvénient & les moyens par lefquels on y peut remédier, feront un des objets d'un fecond Mémoire. Je me bornerai , quant à prélent, à faire {entir en quoi con- fiflent les avantages de fobjectif propolé, fur ceux qu'on a conitruits jufqu'ici, au moins d’après la théorie, (17-) Au refle, comme les valeurs de ?, de P' & de ’ dP efpèces de verre commun , de criftal d'Angleterre, & d’autres matières femblables , il fera très-bon, fi on veut avoir les objectifs les plus parfaits qu'il fera poffble, de mefurer la quantité précile de ces valeurs pour les matières qu'on emploie à la conftruétion de ces objeélifs, & de fübflituer enfuite ces valeurs dans nos formules pour déterminer les courbures qui en rélultent dans les furfaces de l'objectif : Futilité principale de notre travail eft dans ces formules mêmes & dans les conf- quences qu'on en peut tirer ; l'application du calcul numérique à ces forinules eft principalement l'affaire des Artifles , füivant le degré de réfraction des matières dont ils feront ufige ; étoient celles qu'on vient de erreur tant foit peu confidérable dans la valeur de des furfaces qui compofent l'objedif. Par exemple, fi peuvent n'être pas abfolument les mêmes dans toutes les to4 MéÉmorres DE L'ACADÉMIE RoYALE objet fur lequel ils ne font pas d'accord, fait par la différence des matières mêmes, foit par le plus ou le moins d'exaétitude de leurs obfervations. S XE Avanrages de l'objectif propofë dans le Paragraphe précédent. (1.) Cet objedtif a cela d'avantageux, que quand on com- mettroit des erreurs confidérables dans les valeurs de —— & de P — , l'aberration refteroit encore très-petite ou du moins affez r peu confidérable pour ne produire qu'une altération infenfible dans la netteté & le degré de lumière de Fobjet; c'eft ce que nous allons prouver. (2) Nous avons vu ci-deflus /$. 77, art. 1) que l'aber- ration longitudinale dans un miroir dont le rayon eft r, eft 2 2 proportionnelle à 2—— ; or la diflance focale étant R, on a À — — : donc, toutes chofes d'aifieurs égales , l'aber- 2 ration longitudinale du miroir eft proportionnelle à . = — 0,003375 fr ibn 0,000423 RAT Le 7 it (3-) Cette quantité eft, comme lon voit , très-petite ; & comme l'effet des télefcopes catoptriques eft confidérable , ces télefcopes n'ayant que cette feule aberration, du moins pour les objets placés dans laxe , on peut en conclure qu'un objectif achromatique fera excellent quand {on aberration longitudinale ne fera pas plus grande que 0,00042 3. (4) Dans le même miroir, faberration latitudinale fera + r° (à œuf dx —o,15 À) ($- II, art. 7), c'eft-à-dire proportionnelle à FR. ou FR — 0,00$6. (5:) — DES SCIENCE". 1o$ (5) Aïnfi toutes les fois que l'aberration latitudinale ne fera pas plus grande Que 0,00 5 6 dans l'objectif achiomatique, on pourra en conclure que cet objectif eft excellent, (6.) I faut de plus remarquer que dans ces miroirs, lorfque l'objet eft placé hors de l'axe, il y a une partie de l’aberration 24H longitudinale proportionnelle /$. /Z, arr. 1.) à 7 Tr , en fuppofant à . : RD CES a6 ! J d\ infinie ; c'eft-à-dire à + Tr En prenant 6 pour le demi-diamètre de l'ouverture, qui donne la plus grande valeur fible de 2”, étant fuppofé fucceffivement pofiti patifs po T1 ppofé fucceffi port F& négatifs aïnfi cette partie de l'aberration pourroit aller à = + xO,0112;: quantité beaucoup plus confidérable que l'aberration 0,00042 3 pour les objets placés dans l'axe. (7-) Maïs comme cette aberration 0,0 1 1 2 pour les rayons obliques, ne paroït point nuire à l'effet des télefcopes catop- triques, & ne les empêche pas de fupporter des oculaires d'un foyer beaucoup plus petit que ne feroit un objeétif fimple de lunette ordinaire; nous pouvons en conclure qu'un objectif achromatique dans lequel l'aberration latitudinale ne fera pas plus grande que 0,00$6, & laberration longitudinale plus grande que 0,00042 3 pour les objets placés dans Faxe, fera un objectif excellent ; car l'aberration longitudinale totale de cet 2 p2 2 objectif ne fera jamais > AS 0,000423 + R? : x 0,00 56, À d'a c'eft-à-dire plus grande que l'aberration du télefcope, (8.) Comme fimperfection des objectifs bi-convexes or- dinaires, fimples & non achromatiques, vient principalement de f'aberration de réfrangibilité, & que l'aberration de fphéricité y eft beaucoup moins confidérable, nous allons chercher l'aber- ration de fphéricité de ces fortes d'objectifs; & nous pourrons en conclure qu'un objeétif achromatique fera très-bon, quand fon aberration de fphéricité ne fera pas plus grande que celle d'un objectif fimple bi-convexe ifocèle, Mem. 1764. . 0 106 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE (9.) L'aberration in d'une lentille bi-convexe, en fuppofant P — <— » Et (arr. “er de l'Ouvrage cité) 6 2 100 À 253 — (à cu de (D = & de R — —— ) )2400 r? 207 15 — 25236 10? 0,00337$ Ho 12400 11 A! Fe] A3 F (10.) Quant à laberration a à elle fera évale PIVE P—m Lu re RATE n 2e (—L+ = Zar r N P — 1 1 (à cul de ——— SRE RATE — —— x* À 2 r 2À 4RR P+1—323PP, ___—o,011$ — 22550 _—+ 0,014879 ( P(P— 1) ES 4 AA fe RE un AA F (11) D'où on peut conclure, par les mêmes raifons que dans l'art. 7, qu'un objectif achromatique fera encore très-bon, quand fon aberration longitudinale, pour les objets placés dans l'axe, ne fera pas plus grande que 0,00 5 1605, & {on aber- sation latitudinale plus grande que 0,014879. (12.) Venons maintenant à l'objectif propofé dans le $. #, ; : VE? M & d'abord fuppolons — — — &5 — ex? Pour que Faberration en largeur foit toujours détruite autant qu'il eft poffible : faifons enfuite dans l'équation de Far, #, $. IX, le coëlficient de —— — «, celui de —— — 6, celui de _ =", PP LE A e on aura (art. 11, S. IX) ——— ee + —— GG Le Es à pour Faberration longitudinale ; donc fr on fuppofe que Se foit la valeur propre à rendre cette aberration — o, on aura Dee ——éeal à EE, ; mettons préfentement dans 4 2 Yexpreffion de F'aberration, —— © ja place de —, & P à P. CHE — 447) CT Dee "SUCir'E'N c'E's ‘107 (13) Or puifque G& —= + 0,2548, on aura G° = 0,06492304, & de plus ($. X, art. $) « — —0,0068279,6—+0,0066979,y=—0,0013123; donc 6 — WE) — 0,0030166; donc l'aber- 0,030166 0,0068179 6’ ration eft égale à LH = x (HE 0,023232 — 0,05258 €). 7 0,0649230 pa 0,0649230 ) na: (14) Suppofons que le radical 7/6°— 4 « y) ait le Ru ué +; pe, : & faifons 6 — où 10 ce qui donne = — P aura l'aberration — su x 0,0028490, qui eft prefque la moitié moindre que l'aberration longitudinale d'une lentille bi-convexe ilocèle de même foyer, (15) Etfion fuppofe 6 — — —- , on aura l'aberration = » x 0,00023758, qui eft prefque la moitié plus petite que l'aberration longitudinale d’un téléfcope catoptrique, (16) Si on fuppoloit 6 = + — ou —+- ——., le radical y/6* — 4ay) ayant toujours le figne +, c’eft- 0,2696 x : ue, , : à à-dire, 5 étant = + , laberration feroit encore . A . Li beaucoup moindre , favoir, dans le premier cas FM. 6,0017974, & dans le fecond — *x* 0,00022706, 3 (17-) Si la quantité radicale ÿ(C°— 4ay) eft fuppofés avoir le fine —, ce qui donne “ RE CEA re conclufions feront les mêmes, avec cette différence qu vil faudra - prendre 6 = + = ou 6 —= + == dans le cas des en. 14 © 15, Ceft-à-dire dans le cas où Yon Fe que les 0 ÿ 308 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE deux parties de l'aberration aient le même figne, pour rendre Yaberration plus grande; & CE = — — où 6 —= — — 10 100 dans le cas de l'art. 16, pour rendre les deux parties de dif- férens fignes & l'aberration plus petite: il faudra feulement changer le figne du dernier réfultat; en forte que Faberration - LA 8 » 8 fera dans les deux premiers cas — 722 & — ce LE A3 A 0,001 ; 6 &. dans les deux autres — ne Ê — nee” : À (18.) On verra de plus que fi Ér=eE —- dans le cas x 04 , où la quantité 0,02 3232 a le figne +, ouf 6 = —— 2 dans le cas où cette quantité a le figne — (crreur fans com paraifon plus grande que celle de 6 — — ) l'aberration 10 fera — o,o0153, qui eft beaucoup plus petite que celle d'une lentille bi-convexe ilocèle. Le nouvel objectif qui rélul- teroit de cette hypothèfe fera donc encore très-bon, pourvæ que quelques-uns des rayons n'aient pas alors une courbure trop grande ou trop petite; c'eft ce que nous examinerons plus bas. sx ME Autres objetifs excellens, compofés de trois lentilles. (1.) IH eft aifé de voir par le paragraphe précédent, qu'on pourroit commettre de très-grandes erreurs dans la valeur de —, fans que l'objedtif ceffât d'être excellent; car l'aberration ? titudinale feroit nulle ou infenfible, en faifant — = — L' M , « AUS . en & l'akerration longitudinale feroit fort au-deffous ? p 3 de celle d’une lentille fimple de n me foyer, fi G étoit — H— , & fort au-deflous même de celle d'un. télefcope catopuique fi 6 étoit = —. 300 DES SCIENCES. 109 (2.) Il eft vrai que dans ce cas fi on fuppofe que e {oit Terreur commife dans la valeur de HEC il faudra, pour que J'aberration en largeur foit nulle, comme on le fuppofe, que - Terreur commile dans la valeur de — foit égale à la quantité CEA C! x 424 p a O, I £ G'a 2548 ex Ÿ 664 ; : s Fr L d'où il senfuit que l'erreur commife dans la valeur de na LI — —— — ,fera — C'x1,1 664; dans la valeur de 7 ? elle fera auffi — GC x 1,1664; & enfin dans celle de elle fera — €’ x o0,1664. (3-) Pour rendre lobjeétif encore meilleur, on pourra y joindre cette condition, que la courbure d'aucune des fnfaces ne foit plus petite que dans le cas où Faberration et — 0, afin d'éviter les erreurs qui pourroient naître de cette augmen- tation de courbure; d'où il efl aifé de voir 1 .° que dans le cas L in o,7114 A 0 . TC de Re il faut que 6 oit néguif, afin que NE ER 0,4608 . 7 , . L le rayon #, qui eft donné par équation Eine C'x1,1664 . o FE = pe devienne plus grand. 2.° Que dans le cas A 0,2696 , il faut que Ç’ foit pofitif, afin que L de — — + FAR, le rayon r' de la troifième furface, donné par l'équation : oy7t10 — €’ x 1,1664 - et nr er devienne plus grand. . L] L O,711 (4) Soit donc 6 — — D NE te 10 P À on auia 1 __ 02506 + 0,0166 0,1672 En LE OI ER AT AN RES PS ! sR à peu-piès = ——, 2 LELA O ïiÿ 110 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe € AT Eu 044608 — 0,1166 __ 0,3443 Pi. TE NT UT LS RU 0e x x us À 3R PA rès = po RE Luis, EU 35 F EN 0,2058 + 0,1166 __ 0,3224 FR DE TRE = oh SE ga ou , N 4 or 0 [HÈMT F == à peu-pr — — ET / P PIE 32 He, R ( 2 3° du HAVE 0,0828 — 0,0166 __ 0,0662. PAT ; x FES IC QU LS À R R , : p° = à peu-près — <— — — —5;& l'aberration > 0,00179 4 : {era (& XL art. 17) = — TT » qui n'eft pas le tiers de labersation d’une lentille bi-convexe ifocèle, (SSD ME EEE LE LAN i ni #1 ? 19 P À on aura Li 0,3240 — 0,0166 0,307 DER RP ER TE ou r À À F à 15R 8 = à peu ps ——. rPNIES: 0,0$44 — 0,1166 __ 00622 FUES LE M K = ri à à x x 15 À P = à PEU-PRs — —— - J 0,7210 — 0,1166 0,60 pe ie ce CR A À * = àperprès 2 — € = A u-p TE ñ e LE 0,0094 + 0,0166 Ai E a,016e A AN TE TN ec ns A “ R 12 L] gp" == à peu-près — _. , & aberration fera la même % L que dans l'article précédent. On peut remarquer ici que le fecond rayon? eft devenu négatif, de pofitif qu'il étoit dans le cas de l'arr. 8, $. X; ce qui donne un objectif de la même forme que celui de l'a. 7, $. À, & qui fera, à peu de chole près, le même cffet, DES Sciences. Pr (6:) Voyons maintenant dans quelles limites ces objectifs peuvent être renfermés, en n’exigeant pas néceffairement la condition énoncée dans l'article 3 ci-defius, que la courbure des furfaces ne foit pas plus petite que dans le cas de l'aberration nulle; condition au refte que nous n'avons ajoutée que poux donner à l’objeétif un plus grand degré de perfection, & qui, comme nous le verrons plus bas, ne paroït pas abfolument effentielle à la bonté de cet objectif, du moins fi on na pas befoin d'un objectif très-parfait. À ie 2 8 rh Re Lünites dans lefquelles peuvent être renfermés les objectifs du Paragraphe précéden. : « 6 > (1:) Puifque GG + CAN ET ns eft laberration , & qu'elle eft nulle dans le cas où — — — CH Ve — 4a}) D Ce P? , cle fra Ha plus grande dans le 24 À . L x 4æy —(C*? DM — 0,00000910 ration égale à Maroanie hat 0,0025492 = + laberration du télefcope, mais plus petite de la moitié que celle de la lentille bi-convexe. \ 24 (4 : ; CAS OÙ ON AA —— + — — 0: ce qui donne l'aber= P 8 x — 0,0068729 À° x 0,064923 : or celte quantité eft plus grande que (2:) Doc toutes les valeurs de qu'on prendra entre ? a 0,711 0,2696 Fa : + —— & + = 2, donneront une très-petite aber- ation, & par conféquent un très-bon objectif : il faudra feulement . . . L L 1 1 , avoir attention que les valeurs de Du À 2er Cie UP CR rélulteront ne foient pastrop petites ni trop grandes ; trop petites, parc que les termes négligés dans le calcul de l'aberration 712 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE pourroient alors produire un effet fenfible ; trop grandes, parce que les füurfaces auroient trop de difficultés dans leur conflruction, (3-) Donc, puifque la différence de 0,71 14 & 0,2696 et — 0,441 8, en forte que 0,2696—07114—0,4418 &o,7114-—0,2696 + 0,441 8 ; il eft clair que C' doit A être fuppolé négatif dans le cas où ee — 2224, & poftif 4 rh | 0,2696 ï dans celui où — = + _. , afin que les valeurs de — P P UN o,7114 + 6’ 0,2696 + 6’ : PP ne {ortent point des limites 0,7 1 14 & 0,2696; nous verrons plus bas le moyen d'étendre plus loin ces limites. On aura donc quant-à-préfent, 1.” en fuppofant # — ou < que l'unité, ‘0 0,1506 + n x 0,4418 x 0,1664 SRE a OM on 0 0,4608 — n x 0,4418 x 1,1664 "4 ————————_————————————————— — "1 A 0,2058 + n x 0,4418 x 1,1664 = + s À ea . 0,0828 — .n x 0,4418 x 0,1664 a SN ET RE e 142 0,3240 — n x 0,4418 x 0,1664 ES De 0,0544 — n x 0,4418 x 1,1664 TER DEAN, À . 07210 — #1 x o,4418 x 1,1664 = EE ———____———— À % 6,0094 + 7 x 0,4418 x 0,1664 een MEET CORTE | À — (4) De plus, il eft aifé de voir que lorfque = 1 dans le premier cas, les valeurs de 7,p, r', p, deviennent celles du $. X, ant. 8, & que lorfque » — 1 dans le fecond cas, elles deviennent celles de l'art. 7 du même $. Y, puifqu'alors Y'aberration eft nulle, 0,7114 — G' étant — 0,2 696, & 0,2696 + 6 étant — 0,7114; d'où il s'enfuit js que 0,4418 x 0,1664 — 0,3240 — 0,2506 = = DE 58 SC NE Na E'6 Tux H 0,0734; 2." que 0,4418 x 1,1664 — 0,4608 + 0,0544 = 0,51$2: ce qui fe peut encore voir autrement, én confidérant que 0,4418 x 1,1664 —= 0,4418 + 0,4418 x0,1664 = 0,4418 + 0,0734 = 051 (5-) Donc on aura, en fuppofant # pofitif, & égal ou plus petit que l'unité: RAS 0,2506 + 0,0734 VE Ep SAIT r À Ta ras 0,4608 — o,$152 PONT À L 0,2058 + o,51$2# = + = ——— À LATE 0,0828 — 0,0734 n RE it Tee PRET ES pl À où ET ns 0,3240 — 0,0734 # r À Le 0,0 — 0,5152 # = _ —= - 544 515 £ À — _- 0,7210 — 0,5192 # À Rate 0,0094 + 0,0734 # IS R À (6.) IE eft clair par ces formules, qu'on peut conftruiré une infinité d'objectifs excellens en ne prenant pas # plus grand que l'unité, & en faifant celui du milieu de criftal d’Angle- terre, & les deux autres de verre commun. Il eft vrai qu'en fuppofant » égal à —, le rayon 7 de Ja première combi- naifon fe trouveroit — : A , & par conféquent un peu plus . À , petit que le rayon p — — ——__ dans le cas de l'aber- 0,4608 ration nulle; & qu'en fuppofant » — 7, le rayon 7‘ feroit = qui - eft encore beaucoup plus petit. Mais 0,7210 comme il y a tout lieu de préfumer que des objedtifs dans Min. 1764 2 2 114 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Jefquels deux rayons font égaux à = À ou Æ 0,15 À font * Mem. Accd encore très-bons *, je penfe que cet inconvénient de 7 plus grand 1762,p.6204 que la valeur de » répondante à une aberration nulle, ne doit pas nous arrêter. D’après cette confidération, on va voir qu'on peut étendre beaucoup plus loin les limites de ces objectifs, (7.) En effet, puifque dans les objedifs dont nous venons de parler, l'aberration ne monte tout au plus qu'à 0,002 5492 qui neft pas la moitié de l'aberration d’une lentille ifocèle bi-convexe , on peut conclurre que lobje@if feroit encore bon, c'eft-à-dire confidérablement meilleur qu'une lentille bi-convexe ifocèle, fi faberration ne montoit qu'à o,00$160$ qui eft l'aberration de fphéricité de cette lentille;” il fufht donc que l'aberration = 0,023232 6 — 0,05258 6'* ne foit pas plus grande que EH 0,0051605, fur-tout fi on ne donne pas à l'objectif achromatique compolé, beaucoup plus d'ouver- ture qu'à l'objectif fimple bi-convexe, & non achromatique. (8.) I eft aïfé de voir que la valeur de ea — —< ; 24 qui donne Ha plus grande aberration pofitive + 0,00254932; eft égale à la moitié de la fomme de + —— & de 0,2696 + s L: > qui font les deux valeurs de — lorfque Faber- ri . F € O;. o ration —= o ; donc — = = + —— ; doncen ce 2 #4 (x 0,220 ; donc RES nant ï ç 0,490$ RE Diet AE, à + ©; x . 02 lorfque — — TT, c'eft-à-dire lorfque la quantité P 6! -©, ; 0,023232 G'a le figne — ; & et 7 lorf- 0,2696 , Ceft-à-dire lorfque à quantité que —— = 0,0232326'a le figne +. (9.) On voit deplus qu'afin que faberration foit —:0 , il faut que 6 —— 0,441 8 dans le premier cas & +- 0,4418 dans le fecond; or 0,4418 eft LE , & on a vu ci-deffus D'ESAN GREEN CES 115$ ($. XL, art. 1 8) qu'en prenant 6 = + — (favoir + dans le cas où la quantité 0,023232ale figne +, c'eft-à-dire où ,26 6 x = + 227, & — dans le cas où elle a le figne ? A . I O,711 A EE lien eee ee rs == £ ) Faberration eft frès-petite ; on peut s’affurer même qu'elle fera encore très-peu fenfible, & fort au-deflous de 0,00$1605$, fi on prend GE 0555 ; favoir + quand fa quantité 0,023232 a le figne +, & —— quand elle a le figne — : or FA x (0,4418) — à peu-près o,5 5 ; d'où il s'enfuit que dans es formules de l'article ÿ précédent, on peut prendre # non- feulement au-deffous ou égal à l'unité, mais même — re ou aus deffous, fans craindre de produire une trop grande aHEtattoh, (r0.) Cependant, comme le plus petit rayon dans le cas # È A . ,8498 de — a feroit donné par l'équation : -= + = ; fr on craisnoit que cette valeur de r ne fût trop petite, on SHOT PP pourroit prendre # un peu plus petit que , afin que r ne fût pas moindre que —— À ; mais comme le rayon 7’ eft éval P* La } B à près de o,18 À dans le cas même de » — se pourra, je crois, s'en tenir à cette dernière fuppofition. (x1.) Ce n'eft pas tout; fi on fait dans la formule de l'art. 13, S X1,C6 = = 0,15, favoir — quand la quantité 0,023232 a le fione +, & = quand elle a le figne ——, on trouvera Done = (— 0 ,023232 — 0,007887) x 0,15, qui et beaucoup plus petite que Vaberration de l'objectif bi-convexe : or 0,15 = 0,4418 x FR à très-peu près; donc dans les premières formules de Lars, $ précédent, on peut faire # = St fans craindre Pi 716 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE de produire trop d'aberration ; car la plus petite valeur des 0 2 »/ . Li rayons qui en réfultera, fera donnée par l'équation — 0,4608 0,502 0,6322 Se —— — , qui donne un rayon beaucoup plus grand que DT R. (12.) A l'égard dés fecondes formules du même article; on pourra n'y pas fuppoler # négatif, fr on craint que le rayon 0;7210 0,51524 ! # 12 . I 7 do ar ñ a — = = nné par l'équation = Re ne foit alors trop petit: cependant le rayon r' feroit dans ce cas-lx même encore plus grand que 0,16 À, ce qui vrai-fembla- blement ne produira point d'inconvénient fenfible, (13-) Donc en général, on peut fuppofer siA 0,2506+-0,07347 1 0,4608 —0,5152% nes RITES RE: À ZE — RE A pi 0,2058—+0,5152# 1 — ee À be 0,0828—0,0734%, NE *|- À # étant pofitif depuis zéro jufqu'à Z, & » étant négatif depuis 4 zéro jufqu'à — — , ou bien 3 0,3240—0,0734 % + = —— , A 0,0$44—0,$152# = He ———— , A a ï m7 F L 0,7210—0,5152% 1 AETE 0,0094+-0,0754 7% SM AU RER ER STE TROT EIRRE 1 — / Li I a étant pofitif depuis zéro jufqu'à , & même # étant négatif L 4 . / Ci EX L depuis zéro jufqu'à = — ru SPAIN Méthode générale pour déterminer les limites les plus grandes de l'objeétif, dans la même hypothefe que celle de l’article 2, $. XII. {1:) Pour préfnter d'une, manière encore plus fimple, plus Dre s :$ict E Nic Es. r7 générale & plus précife, les limites dans lefquelles les objedtifs peuvent être renfermés, fuflit de remarquer que aberration 0,006827 6,0066979 0,001312 u = = db 2(0,064923) pp 2pA(0,064923) 2AA(0,064923) pas être plus grande que 0,000423 pris pofitivement ou négativement , fr on veut comparer l'objectif achromatique à un télefcope de même foyer, & qu'elle ne doit pas être plus grande que 0,005 1 60 $, pris pofitivement ou négativement, fi on veut comparer ce même objeétif à une lentille fimple bi-convexe de même foyer. Or imaginant la parabole HABDF (fig. 5) dont les abfcifles AC; à commencer du point À, foient égales à —, & dont les ordonnées foient ? 6 7 2 G°pa 2 Gxa à 2G'G'pp , il eft aïfé de voir 1.” que ordonnée , A LI 7 . de cette courbe au point À où — — 0, eft névative; 2.° qu'aux ? f points B, £, où lordonnée — o, À B & AE font pofitives & réelles; 3. que lordonmée CD, la plus grande qui foit entre B & E£, eft poñitive & plus grande que 0,000423, mais plus petite {article 1, S. X111) que 0,00$ 1605; d'où il eft aifé de conclure que les quantités 0,000423 & 0,0051605$, peuvent être, la première pofitive ou négative, la feconde négative feulement dans l'expreffion de l'ordonnée, 0,006827: ,006697 (5:) On fera donc — "772 4 -22"779 PP PA ©,0013123 2 x (0,000413) S Re **,/() 6 2 = RE —— (0064923), E 0,00682 0,006697 0,001312 où (Henri oentstes PP A À PA — 2 x (0,0051605) x (0,064923). (6.) Ce qui donne pour la première équation, re 0,07114 0,02392 0,7114 + 0,017$ L The A 1,36558A À Frame s 0,2696 - 0,02392 0,2521 OU — HR —— — ———— = + s e ? RES À TT 3736558A + ARE P ij 22 118 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE : t o,7114 0,02590 ou bien — = + annee L À 1,36558A ox 0,2696 0,02590 APT ESS 1 GS BA INT & pour la feconde, 0,7114—0, o189 à ar 0,885 ‘ 25, # CHE 0,71 14 (PEU CO NNERSS 0,7114 + 0,1614 12e 0,8738 D RL À 1,36558À À HE FRET £ 0,2696 0,22179 0,1072 SCENE NE noue RATES ere P À 1,36558A À (7) D'où l'on tire n 0,2506 pra23 23x04 6 Le pee LEE ie 02477 VAN à 1336558 À Que 0,4608 0,02392x1,1664 MP LAURE 0,4812 SN 2 PR RÉ e APN À 1,36558 À A réa A EE 0,2058 0,02392%X1,1664% 0,2058—0,0204 0,18 =—+ — — ÉTAPES r À 1,36558 À À À LL 0,0818 0,02392x0,1664 0,0828—<+ 0,0029 0,0857 CIE À 1,36558 À PART ne Nan? 0,3240 0,02392 x 0,1664 0,3140 “+ 0,002 0,316 où —- — 324 4 39 LS 324 2 3269 à 1,36558 À À A 121508 0,0544 0,02392 x 1,1664 0,044 + 0,0204 0,0748 PEU 136558 A À NS AUS 1 0,7210 0,02392 x 1,1664 057210 — 0,0204 77414 HE 2 — ER © AT RE CEE 27H F * 1,36558 À A À 1 0,0094 0,02392 x 0,1664 0,0094 — 0,0029 0,006 _— — RENE ERP RER ER ee 5 ; # À 136558 À À ï 0,2506 0,02590 x 0,1664 0,2506 + AU ou bien — = + + ES er RER r À 136558 À À DELLE 04608 0,02590 x 1,1664 0,4608 — 0,0220 TPE HT 13365582 À 4 1 0,2058 0,02590 x 1,1664 0,2058 + 0,0210 — T + D NES # À 1,36558 A À EN 0,0828 0,02590 x 0,1664 0,0828 — 0,0031 PISE À 1,36558 À DE À ae NE 0,3240 9,02590 x 0,1664 93240 — 0,00351 , ou bien je on SU an dr = 4 SR LENS 0,0544 0:02590 *X 1,1664 0,0$44 — 0,01210 RS SE PE ON NT TE D ris SAC E EN: C Es: 119 NY Le 6h 0,7210 0,02$90 *x 1,1664 ___ 0,7210 — 0,0220 SET À 136558 À TE À < PERLE °,0094 0,02$90 x 0,1664 ___ 0,0094 + 0,0031 TIR À 1,36558 À À ; 1 0,2506 0,22179 x 0,1664 0,2506 — 0,0270 ou Encore — —= —+- — ——— — "TT , r À 1,36558 A À 1 0,4608 0522179 X 1,1664 0,4608 + 0,1804 4 À 1,36558À à ” : 0,2058 0,22179 x 1,1664 0,2058 — 0,189 — —= FERRER En ee de een , T À 136558 À LAON 0,0828 0,22179 x 0,1664 0,0828 + 0,0170 TANETRS À 136558 À À £ ou bien enfin rate ©,3240 0,21179 * 0,1664 0,3140 + 00270 r À + 136558 À d Her 0,044 022179 % 11664 0,0544 + 01894, BRIE À 1,36558A 7. pa 0,7210 0,22179 X 1,1664 0,7210 + 0,1894 FORT 1: À 1,36558 A TE À : Te C3 0,0094 0,22179 x 0,1664 #" 0,0094 — 0,0270 PLU À 1,36558 À À L (8.) Le plus petit de tous ces rayons fera donné par 4 1 0,7210 0,122179x1,166. l'équation — = + 2 4 7 r À 1,36558 A 0,7210 + 0,18 0,910 : — — = + —— mais comme Ja valeur de 7’ qui en réfultera fera > o,1$R, & que les autres rayons feront beaucoup plus grands, je crois que cette valeur peut être employée fans rifque. 9.) Au refle on doit remarquer, que fi on fait l'ouverture de l’objeGtif-achromatique plus grande que celle de la lunette bi-convexe, alors Faberration de fphéricité deviendra plus grande que celle de cette lumette, en raifon du quarré du diamètre de l'ouverture; c’eft pourquoi il feroit peut-être à propos de ne faire aberration égale qu'à la moitié de. celle de la lentille bi-convexe, ceft-à-dire 0,0025802; + + + + x20 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE d'où l'on tire EL 07114 $ 0,1255$4 ass 0,71 14-0,0919 RSA nd À 136558À js À ï : 0,2696 0,12554% 0,2696—0,0919 . oil D ER À 1,36558À Fi à é Li (10.) Donc toutes les valeurs de —— renfermées entre ces deux dernières, donneront de très-bons objeétifs; donc, à caufe de 255% — 0,0 91937; On pourra prendre (en fup- 1,36558 pofant 4 pofitif, & égal ou moindre que Funité ) 0,2506 . Ax 0,091937 x 0,1664 0,2506—/Ax0,015$3 RUE TRUE ER MONTE Re RE ME LE 0,4608 A x 0,091937 x 1,1664 0,4608+/Axo,107z 3 A terne re uE ONE RNA) | 0,2058 £ x 0,091937 x 1:1664 0,20$8— 4 x 0,1072 ë NC EN LUS 2 APT EU ei 0,0828 À x 0,091937 x,0,1664 0,828 + Axo,o1s3 ee à MID RIURRE (OTIRS à Ô ou bien 0,3240: A 4 x 0,091937 x 0,1664 0,3240 + 4 x 0,0153 = s À 0,0544 À x 0,091937 x 1,1664 0,0544 + À x 0,107z DT VA —+ Melo Rae em! UT ARTE 0,721 kw 0,091937 * 1,1664 0,7210 + 4x 0,1072 RE + TRI N TU == PE 7 Tr 0,0094 + 4x 0,0153 — 0,0094. k x 0,091937 x 0,1664 a 5 ——— —————— À A A (x1.) Telles font les limites des dimenfions que peuvent avoir Jes rayons des différentes furfaces de l'objectif, en fup- pofant que l'erreur commife fur {oit répandue fur les valeurs re I 1 1 : - OR : de a Mar LE US füuivant la loi exprimée ci - deffus (an. 2,8. AT). Voyons maintenant quelle fera laberration, en fuppofant qu'on fe trompe à Ja fois dans là valeur de — ? & dans celle de —. $ XV: DES SCIENCES: 121 S XV. Autres objectifs excellens dans une lyporlèfe plus générale, la difpofition des lenilles étant Loujours la méme. (r.) Suppofons préfentement dans la valeur de l'aberration B' C! D' E F' +—, 2pPpPA 27/AÀ 2 A SE LP OUR longitudinale — + = _}_ 7 2rrA 2prÀ 2rA £ . (2 $ — + = au Jieu de , & PAPERS" lieu de — ; r À r 2 À P ps & — étant fuppofées les valeurs propres à rendre Yaber- “ . Li m LI 114 ration nulle; & on aura (en failant = — ", ! — * Ë r À ? À t s , . RU , GC — ) l'aberration en fongueur égale à 100 100 0,7192m 0,2479 0,1029# 0,3596c 2.100 2.100 2.100 2.110000 0,1029 m o,0681 0,19607 0,09805 + + = — 2 2.100 2,100 2.100 2.10000 0,102975 ; à AUDE »2548r , ; & l'aberration latitudinale + 225#°7 _,_ 9104245 2,10000 2Z2,100 2,100 (2.) Ces formules donnent, en mettant pour #17 fa valeur + 0,2506, & pour # fà valeur + 0,7114, l'aberration 2059") ñ 2 E + EPS 0,0000$4 + en longueur égale à peu près à + ( 8os 0,00001029 {5 SE += ——————— 2 0,000456 + 0,000009 Es ET Er mr 2 + (0,000027 + 0,000017981) 1 — {0,000228 — 0,000004905)5 + 0,00000$ 1415, & l'aberration Rtitudinale — + 0,0012741 + 0,0002125. L'hs 2696 1 (3.) Etfon fait — — + — , & — ne L NI A 25 À ce qui donne 5 —= + 0,240 1 EE 0,2696, on aura faberration longitudinale — + (9,000064 #0,000017981)1+ (0,000 192 — 0,000004905)s Mém. 1704 | 4 122 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE + 0,00000514175; à lévard de l'aberration latitudinale; elle fera la même que dans Îe premier cas, ceft-à-dire, —— 0,001274{ + 0,0002125, (4) D'où il eft aifé de voir que : & s pourroient être confidérables, c'eft-à-dire qu'on pourroit commettre de grandes erreurs à la fois dans la valeur de -— & de ait fans que les aberrations fufient fenfibles. Par exemple, : pourroit être = 10, ainfi que s, fans que l'aberration füt plus grande que celle d'une lentille bi-convexe ; l'aberration longitudinale refteroit mème beaucoup au-deffous. (s-) Je rernarqu erai de plus que fr dans les formules des art, 2 © 3 précédens, on mét au lieu de z fà valeur 100 4’ & au lieu de s fa valeur 1 00 6', celles de l'art, 2 deviendront + 0,0027 & —-0,1798æ&*—0, où 286 —0,04906" + 0,05 14 É' a!, pour aberration en longueur , & + 0,1274a +-0,0212 Ç pour l'aberration en largeur: ; & les formules del'arr. > donneront + 0,0064& + 0,1798a" + 0,01926 — 0,0490 6° + 0,05146'aæ' pour Faberration en longueur, & -+ 0,1274a' + 0,0212 6 pour l'aberration en largeur. (6) Dans cette hypothèfe, fé" = 0, les aberrations feront + 0,0027æ& + 0,1798&°, & + 0,1274@'; ou —+- 0,0064 a! + 0,1798 4", & + 0,1274a'; & fi « — o, les aberrations feront — 6,02286 —— 0,64900!, & — 0,02E2 615 où + 0,01926 — 0,0490 6°, & + 0,02126!. (7 .} Comme il eft bon, pour donner plus de perfeétionr aux Lklcopes, de réduire Lion, tant en longueur qu'en. largeur, à n'être qu'environ la moitié de celle d'une lentille- bi-convexe ($ X1V, art. 9) nous fuppoferons que aberration: en longueur ne foit pas plus grande que + 0,0025, & Faberration en kugeur = 0,007 ; & nous en conclirons que DIEM ST SNICUE E NT'C'E TS 123 l'objectif fera très-bon toutes les fois que l'aberration ne pafléra j q P pas les limites dont nous venons de parler. (8.) Il y a de plus une autre condition à SRE] c'eft ques foient telles que les valeurs des rayons qui en pre teront ne {oient pas trop petites: je fixe la plus petite valeur du rayon à = 0,15 À; d'où il senfuit que fi + repréfente la valeur inverfe d'un rayon quelconque, y ne doit jamais être plus grand que l'unité, prile pofitivement ou négativement : d'après ces principes, .il eft aifé de voir entre quelles limites l'objectif précédent peut être renfermé, & ces limites feront évidemment très-étendues ; on pourroit néanmoins les refferrer en fixant la plus petite valeur du rayon à Æ 0,20 À, & on auroit encore, dans cette reftriétion même, un très-grand nombre d'objectifs à peu près auffi bons que celui dans lequel Faber- ration {eroit nulle. Nous n’en dirons pas davantage fur cet objet, au moins quant à préfent; il nous fuffit d'avoir montré qu'on peut aliérer confidérablement les rayons de lobjectif propolé, fans qu'il cefle d'être encore très-bon: voyons fi cet avantage à lieu dans les objeclifs à deux lentilles. SAME EN El, En quoi confifle l'avantage de l'obje&tif propofé, fur les objectifs à deux lentilles, (1) Nous allons faire voir que des erreurs beaucoup plus petites, commifes dans la conitruction des objectifs à deux lentilles, donneroient une aberration beaucoup plus confidérable. Pour cela, prenons d'abord lobjeétif du $. 4, arr. 2, compolé dé deux lentilles très-proches l'une de l'autre, la première de verre commun, la feconde de criftal d'Angleterre; alors fup- ne au lieu de —- A L4 100 À en hs 2 NR prenant QE pour. les valeurs de 100 À” P À à Q ïÿ r, C] | 124 MÉMOIRES DE L'ACADÈMIE ROYALE Li I « » « — & de —, qui rendent aberration = o, on aura pour T ; . UT x 2,$1921m 0,25961* Jaberration longitudirale , — ( RITES RP PEER 100 10000 2,255or 0,3100$. 1,800075 0,9000 5° 20 RU ER ERT ; & 100 100 100 10000 : DE 0,9048 1 °,6500 laberration latitudinale = 2222 —— 25° S 2,100 2,100 (2.) Or dans ce cas une des valeurs de # dt + 0,2358 & la valeur correfpondante de 7 eft — 075$ r 1 ; ainfi Faber- . s LTRTE 1,6609 o,25961 ration longitudinale fera ( — APR: Je —+ 2,100 2.10000 1,6619 RER) NE LS net) TAN 0,000 0 les Rene 5, Où (- Mar +o, 129 81) —— (0,008309 —- 0,000045$5:)5, & Faberration fati- .tudinale 0,004$241 — RE d'où Ve voit que fi on failoit feulement : = EE = & 5 — + — , l'aber- ration en longueur feroit plus si de près du Bobi que celle d’une lentille bi-convexe. (3-) L'autre valeur de » ft — + 1,5833, & la valeur correfpondante de # feroit + 1,1 246: ces valeurs. donneroient de trop grandes courbures à objectif, ainfi.on peut fe difpenfer d'en examiner le réfultat ; cependant fi on. veut en faire le caleuk, on trouvera qu'en ce cas faberration longitudinale feroit + (0,008668 + o 00001298 r)4 — (008571 + 0,000045$5})5, qui feroit aufli plus - confidérable de près du double que celle d'une lentille bi-convexe {2 & 5 étoient de fignes contraires & égaux feulementà + 2 (4) De-l il eft évident que l'objectif propolé, formé de deux lentilles de verre commun qui en renferment une dé criflal d'Angleterre, fera très-préférable à un objeétif formé d'une lentille de verre commun & d’une de criftal d’Angleterre qui en fexoit très-proche, puifque les erreurs commiles dans le premier de ces objectifs auront un effet beaucoup moins confidérable que dans le fecond. BASS AC AE NI C'ETS 12 (5) Si dans ce fecond objectif, on fuppofe nulle aberration en largeur, on aura, comme dans l'art, 12, $. X1, l'aberration E'V(É*—4a}) a6'? re en longueur = PT Ne D Q Ne doper A OPICE V(C* — 4ay) — 02757, H° — 0,4225, a — À à aber .0,2046 : donc l'aberration feroit XIE 757 k 2x 0,4225 x (HE 0,6525 —0,4843 G'), qui 0,1046 6" ) TA 0,4225$ A Tr EE Eu eft beaucoup plus grande que l'aberration —— x (Æ 0,02 3232 — 0,05258 C') trouvée ad pour fobjeétif à trois lentilles (art. 13, S. X1), en forte que fi on fait feu- lement 6 — + TEE faberration demeurera plus grande o que celle d’une lentille bi-convexe ifocèle , au lieu q qu'en faifant € — HE — dans lobjedif compolé de trois lentilles, Yaberration let beaucoup moindre que celle d’une lentille bi-convexe ifocèle ; l'objectif compolé de trois lentilles contiguës eft donc encore à cet égard très-préférable à lobjedtif formé de deux lentilles très-proches Tune: de l'autre. EE DC Vire: De l'aberration d'un objeif compofé de deux lentilles immédiatement appliquées. l'une contre l'autre. (1.) Ce'cas eff celui du $. #, ærr. 3, dans lequel l'aberration €. ; —+ nr an CP GLATIL: rrA 27 N° 2. M longitudinale eft = + 0,596, — —0,1450, y — — 0,0076;: Ps e .. . . ï dans cette équation fi: on.omet le coëfficient commun — & FR ni 1 . qu'on. faffe El -, on aura laberation: Q il 1Q0À 126 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE RS æ1* tV(É — 4er) | 7 2,10000 À* == 2,100 À ve A — 4ay) = 0,1787:; ainfi l'aberration en longueur eft / + 0,000893 + 0,000017987)1 qui demeurera plus petité que celle d'une lentille bi-convexe, fi où ne prend pas 4 > 5. {2.) À l'égard de Faberration en largeur, elle ‘fera 2<48 o,0$16 “et tai À —— ; or les deux valeurs de —"— font r + 2r 2 4501 0,0468 Le _— Fees Le , ce qui donne l'aberration fatitu- dinale égale à RRRARERER PTS premier cas, & — TZ ire le fecond : elle th donc beaucoup plus grande que Vrras ration En largeur d'une 1entille De -CONVEXE, : 3.) Et fi on fuppofe que — augmente de a quantité , t , laberration en Jar geur AE de + — À 100 Aïnfr pour que cette aberration ne fût pas plus grande que celle d'une lentille bi-convexe ifocèle, il faudroit que # füt négatif dans le premier cas, & pofitif dans le fecond, & qu'il füt égal à environ 3 ie 2 (4) De-l il eff aifé de condure 1° qu'un objeëtif formé de deux lentilles appliquées fune contre l'autre, la première de verre commun, la fecondé dé criflal d'Angleterre, auroit trop d'aberration eu largeur; 2.° que cet objectif feroit meilleur fr 0,4501 0,035 on Bio St Not tt 0,0468 0,035 ES =; 3. que dans tous les cas il fer foit inférieur à l'objectif compolé de trois lentilles, tel que nous Javons propolé. (s-) On peut remarquer d'ailleurs que l'objedlif qui don- °,0468 1,0468 à — . Li . ul RTE te , donneroit wir, Ce Y qui pourroit rendre ? un peu trop petit. "pes S'ors Nîc'£!s. 13 (6) Tout nous détermine donc à préférer Fobjettif propolé À tout autre, puifque les érreurs commifes dans les valeurs des rayons y ont beaucoup moins d'inconvénient , & que d'ailleurs la courbure des furfaces y eft moindre que dans les autres ob- jetifs : pourfuivons, & voyons quel peut être l'effet des erreurs dans la valeur de — & dans celle de — pour ce même objectif, | | SG IXUV TIR Autres confidérations fur lobje&tif propol(. (1.) Suppolons qu'au lieu d'avoir = BAT - nt cu Ê comme on l'a fuppolé dans tous les calculs précédens, on ait ! 2 k Ne Sal ans on re — — ; & qu'on conferve les valeurs de — & de P 2 trouvées ci-deflus dans Fhypothèfe de 4 =—; en ce cas, à caufe de — 4./P — 1) (3P°— 1 — 2m) — — 0,5143, — # (P— 1) (1 + 2P° — ,3P :) OO On le Cor JE — 015 on aura (art. 1, $. W/71) Yaberration produite par le terme C 0,5143Y 0,850$ (21 + v°) 0,4551 2 2 N 2 x 2 x (31 3° + »3); de même à caufe.de /P° — y) » 4h (P—i)=+#+3,4300,# (1 +P—2P")=—;,1200, laberration produite par le terme , fera égale à [ + 1,4300 — 1,1200 [2 + »)] Enfin zP AA à caufe dé — 4 (P +1 — 2m) = — 0,90067, : à "TS x : # E laberration produité. par Le terme Rae de 2 4 128 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE (— °,9000»), ce qui donnera, en nommant 4C l'augmen- tation de C, dD celle de D, 4E celle de £, dE 0,1786 0,5148 v° 0.45$19 28 ous 21. TRE pe 2 A} EN 2 ÀÎ e- dD 0,8100 1,1200 y° 2P AA CMETTTS 2P a ? Cu Es LV Au 0,9000 SARA LT 2 AP° (2.) De même à caufe de /m'— P')k=—0,6$00 —H, on aura d = — 0,6 $ 00»; & à caufe de /P'— P*)K = — 0,4266, & de 4 (P.— 1) (2P°— 1 —m) = + 0,5775, on aura dK — — 0,4266 (2 + v) + 0,5775v: donc ak ‘ An dE (— 0:2757r — 0,4266v). (3-) Donc (art. 1,5. VIII) dA+-dE=dE=—0,9000" dB + dD—2dE=dD— 24dE= +0,9900—1,1200v; dC—dD+ dE=—0,2686+0,6052/—0,45 519; dF + dH = dH = — 0,600; | dK — dH = + 0,3743r — 0,4266 v°. (4) Maintenant, à caufe de B°— + 0,1029, on aura dB = + 0,10297: à chufé de D'——0,0980, on aura dD'= — 0;0980»; enfin à caufe de £'— + 0,0681, on aua dE" — + 0,0681 [2 + v). Donc dC'= dD — 2dE —-dB —=+0,8871—1,12007; DRASS DIEBNUE.-2 ADF APR — 0,3068y + 0,5371Y — 0,45517; dG —= — 0,65007; x — 0,6500»; & 2PA 2PA dL' — +4- 0,0424y; dM'=dK— dH — dL'=# 0,319 —0,4266r: {5-) Donc à cufe de He = à peu piès + 0,25 — Lei DES SCIENCES 129 = = & de PR = + 0,7 à peu près (art. 7, S. À}, & par conféquent — "© à peu près, on aura aberration ?P 2 a A! ap! ac! aD' dE en longueur —— +- 21TA 2rpA 2rAA 2pPpA 2J/AA dF' . 1 à = — Environ — (—9,0769/+0,3047"— 0,4551v), 25 1 0,65007 0,04241 x 7 : (— A À 4 10 L e (+ 91990» & l'aberration en largeur +- 2 + 0,3319r — 0,426061) — — 0,4266y°). s (6:) I réfulte de ces formules, que fi on fuppole » = + — Ë 2 2 1 k' / : : & en général y = + —, K° étant — ou < 1, l'aberration fac cl 10 fera plus petite que celle d’une lentille bi-convexe, tant en longueur qu'en largeur. A x 0 2 (7-) Dans là même hypothèfe, fi on fait —— — 2 P 100 . : Li 2 . = environ —, &— — _ — environ À, comme r 100 10 il réfulte encore de l'ar. 8, $. X, on aura faberration en longueur = _. (—0;08617+4+0,2181y—0,4551r), . {+ 0,1475—0,4266 r.). & aberration en largeur — 2 4! » : , aberration , tant 10 (8.) Donc fuppofant encore » = + en longueur qu'en largeur, fera encore moindre que celle d'une lentille bi-convexe; & il eft de plus à remarquer que 1112 . , At 3 ls fi y étoit pofitif, il pourroit être beaucoup plus grand que FE fans que l'aberration ceffät d'être très-petite, ce qui arriveroit, ar exemple , fi y étoit égal à peu-près à + S- dans le P PIE ; y. €10 pal à peu-p ; 30 : à 8 FO TEE : premier cas, & à + — dans le fecond; mais je n'appuie dy: Mén. 1704 Dix 130 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE point, quant-à-préfent , fur cette confidération , parce que le figne de v neft pas abfolument au choix de l'Artifte, (9) Une obfervation plus importante à faire, c'eft que, comme on fuppoe ici que le rapport de 4 P à d P', au lieu d'être #, eft réellement 4/1 + »), d faudra augmenter 4 4 . ie Li de la quantité 4y dans la valeur de D LU D ere à ù “ A 4 Av . ee " en forte que — devra être augmenté de —— ; & par ka 5 ï ï 1 k | même 1raifon — — —— 1}, devra être augmenté g' r à A a kv de Tiscnie À ro.) Cette précaution eft d'autant plus néceffaire, que fr ie : 1 1 .., y É PA FS — Œ — ]( — on n'ajoutoit pas aux valeurs de — & de 7 la quantité et Yaberration de réfrangibilité ne feroit pas nulle comme elle Le : 1 dP aP | doit être, mais = — + ——— — (à cufe de À LG +UX Ë 4 v4P = ——+) —— , quantité dont leflet, comme je le prouverai ailleurs, pourroit être très-confidérable, & par conféquent très-nuifible à la bonté de l'objeétif; car fr y étoit . PANNE A feulement — , laberration de réfrangibilité “= ftroit égale: 16 £ ' À 6 à près du quart de celle d'une lentille bi-convexe ifocèle de verre commun; or une fr grande aberration reflante pourroit rendre Fobjectif très-imparfait. (t1.) Si donc on fuppole que 4 au lieu d'être — —- , fit Æ L Li par exemple DE (4 — — ), en forte que » = — —; les Fr Tr : " o valeurs de Fa & de 7 » ai lieu d’être dans le premier cas 0,2508 0,0828 “ 8 — 0,0666 —., Éefeise nt feroïent + 225 ee & 0,0828 + 0,0666 — ze ——— 4 & dans le fecond cas, au lieu d'être DES SCIENCES. 131 o, , : , — 0,0666 —+ —— & — +, elles feroient + 2722 2° À * 0,0094 + 0,0666 E — —————. À (12.) Il ne faut pas non plus oublier de remarquer que 0,55 0,6 »x °,6%2 L dans ce cas on a = = — — (1 + y), en {oite que fuppolant À — 0,15 À, comme on fa fait dans la di- menfion des rayons r, », auxquels nous fuppofons qu ‘on ne touche point, la nouvelle & vraie diftance focale que je nomme : c o,4v telle qu Ua — = — — : R', fera qu'on aura — . SE (1 3°) C’eft pourquoi f1 en ne touchant point aux rayons r, p, On corrige les rayons r', #', fuivant les formules qu'on vient de donner, & QE la fuppofition que 4 au lieu d'être ca foit réellement Dos (1 + »), la diflance focale qu'on avoit fuppofée R, fera augmentée ou diminuée, dans l'objectif corrigé, en raifon de 1 à 1 — Fe , en forte Cie ha dif tance Ro du nouvel objectif fera R ben AL Mais is nous examinerons dans un autre Mémoire, se en détail & d'une manière plus précile, les effets des erreurs qu'on peut commettre fur la valeur de chaque rayon, & l'influence de ces erreurs fur la diftance focale & fur les autres propriétés de Fobjectif. (14) Dans un obje&tif compolé de deux lentilles très- proches fune de Fautre, la première de verre commun, la {econde de criftal d'Angleterre, on aura _ = — 2 pi peu près — ee : faifant ces fubftitutions dans les formules des art, 1 & 2 ci-deflus, on trouvera aberration en longueur = EX (— 0,0774r + 0,3252 — 04551»), & R ji 732 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE 42665); d'où on voit que l'objectif à trois lentilles n'a pas ici un grand avantage fur l'objectif à deux lentilles, parce que sil a une aberration un peu plus petite en longueur, il en a une un peu plus grande en largeur; mais comme nous avons’ fait voir (SS- XV & De VI) que le premier de ces objeétifs étoit très- préférable au fecond dans d’autres fuppoñitions d'erreurs, & que dans celle-ci ils n'ont Fun fur Fautre aucun avantage, ik s'enfuit que Favaniage refle toujours au premier. laberration en largeur — — 27 ; % 20 (r5.) Comme plufieurs Obfervateurs ont trouvé 4 = — 32. . 2 L . au lieu de ——, on aura en ce cas » == — 5 laberratiorr 3 I + en longueur fera donc, dans le cas de Part, $, égale à environ + o,0018, c'eft-à-dire fort au-deflous de la moitié de aber- ration d’une lentille bi-convexe; & aberration en largeur évale environ — 0,006, c'efl-à-dire beaucoup plus petite que la moitié de celle d'une lentille bi-convexe. Il en fera à peu près. de même dans le cas de l'arr. 7. (16.) Donc en confervant les valeurs de 7, », & donnant à r' & »' celles qui rélultent de-Farz. 9 ci-deflus, on aura deux excellens objectifs, dont la diftance focale au lieu d'être À, fa far 1 = . Les rayons 7’, ?', feront tels EL + — a 0,2058 0,0416 La a remier Wa = — que dans le premier cas on aur : + À À REA ie 0,0928 [4 0,0416 | P' AREA OS PE NL 2 x 0;7210 — 0,0416 & dans Je fecond. .....,— — + 5 - D LAN 0,0094 + 0,0416 WATT x : : er ! 1$00 RTS ee qui donné dans le 1.” cas — + Te Rats; R De RP 20 1244 Die: S4568 CALIEIN ENS 7! 133 1500R & dans le fecond.....r —= + Dr = Rx 0,2208, / PARUS 15008 _., SEA PET Rx2,9412. (17.) Avec ces valeurs de 7’, »', & les valeurs de 7,p, trouvées ci-deflus /$. 4) favoir; dans le premier cas, r=+Rxo0,5986,p — — 0,3255 R;.8& dans le fecond : —= + 0,4630R,p—=+2,7574R, on pourra conftruire deux excellens objectifs dans le cas où 4 {croit égal 2 7 za Ps PAST 5 non à —, mais à — Ou +; ces objedifs à la vérité ne feront 3 32 pas tout-à-fait fans aberration, mais elle y fera comme infen- fible: on pourroit même augmenter beaucoup le rayon + du premier objectif, fans que Faberration en füt fenfiblement augmentée, ce qui fera prouvé à la fin de ce Mémoire. (18.) On peut au refle dans ce cas rendre Fobjeétif ablo: lument parfait & fans aberration, en cherchant les valeurs rigour- M 20 a. reufes de 7,9, 7’, p' pour le cas où 4 == =— ; mais ce calcul CA: 32 rigoureux pourroit bien n'être pas néceffaire : quoi qu'il en foit, il era d’ailleurs aifé de le déduire des formules des 5. 7/1, IX & X,en fubftituant dans ces formules =°- ou re au 32 8 lieu de £. (19.) I ne nous refte plus qu'à examiner les erreurs qui fe trouveroïient dans aberration, fr en fuppofant toutes les autres: quantités conftantes ; on faifoit varier — d'une petite quantité; c'eft l'objet du paragraphe fuivant. SuXe TX Dernières Réflexions [ur ce même objectif. {2:) Imaginons préfentement qu'au lieu de _ on éçrive’ R ij 134 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyaLe — (1 + a) dans la formule de l'article 1, $ V111, fans : t ( k toucher aux autres quantités neo fee ——i ON aura d’abord dA = 1,25960, dB = — 2,2550 {208 + ©) —= — 4,$1005 — 2,25506, dC=+#+1,3213(30+ 30 + 0/)—0,5143 (20 +0) + 085050 — + 3,7858e + 3:4496 6° + 1,3213 6% dD = + 1,42005, AE —=M0) dF = + 0,90485; dK = — 08525 (20 + d) + 0,577$e = — 1,127$50 — 085250", AH = 1e .) Soit ne dans fa formule de l'arr. 1, 8 W1IL a x Ass ; rrA À vr BE £ # — = — X —, AA r AA C € kd Ce 2 x BA —= + — x — x SE EU A À A° IDR x A A4 D 3 ki n 1 le Am EX —X— + — PA? # À à nm A , ENTREE ho. BRENT ep ait d ä Le L £ Ontaua ent fiant P r VE A +E 1 a 1 ko —— = — x — + — X —, rrA Tr A *r À BH Di 3E ï 2 1 kr f An = HAE = MARS Te 1 4m 2 ko ee f * ai a x a G=ND' 2 E c 4 d 1 la 1 F Et FU ANR ter Bk ki 1 Em 1 ko : Ë F FRE RE A° roi kg (3-) Soit enfüite (article 4, $. IX a TR x? "D 4 E' ke | EE 2 = —, on aa (art 7, & 1) æPPr* PE? PAA PA el (8 AY B+ D =2£E 4q 1 SNALEERS TAA ARRET F __C— D+E ks : kr ï FR LU À # RUE rl (4) Soit enfin far. 1, $. VIII) F = — VAE ey ke RTL IAN LIT Se an Te à H 1 # d' : PA Fe x FT et F + H L 2 1 4 d' A r RAR NES PO, RAS FL d Y ke 1 Ad 1 AR AR RAS A ATUE a G 1 e’ onc faifant /art. ; Pie ER rien tte) (5) Donc faifint (art. 4, 5. 1 = x €, £" 1 #F. OR NL PA ? x on And — FAN F7. M = K — H — kf. ( 6.) De là on conclut aifément que fi on met = /1 + à ) ” À au lieu de — dans la formule de Far. 4, $. X, on aura : dc! dB + dD—24£ EF DA — dA; dB 0, ET le Less TA Li dF! dC— à 2 7"; JD) —\o, fa i0.- = PRE TARA A n3 hi J 2 A m T ko co relie CU ar rer EL Lu here 136 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE kte ” À À AG AP. dH AE, 41/0; _ — dk — dH cs )} Donc à caufe de 4o — — 0,9000, ki = + 1,4300, Fm = — 1,1200, kd' = — 0,6500, Ag = —0,1029, k5——0,0980, K — + o,0681, kf' = +- 0,0424; on aura, en nommant «, 6, , les .. . L L coëfficiens de =, -—=; Tr TA lorfqu'il n'y a que trois furfaces & w, mu, ceux de + — dans Faberration latitudinale poux le inême cas; on aura, dis-je, da — dA = + 1,25960, : AC r,2800 0 — 2 50 CREER RUE UT 1196 6° + 1,32130?; de —= + 0,9048 ©, du —— 0,477 50 —0,8525 d'; & par conféquent 44° = da —= + 125966; dC = — 1,3829a — 2,2$500'; dEF"=dé—Rks x(26+o) —K1I6—= +0,3737a + 1,21760 + 1,32130; AC = + 0,9048 o; dL = 0; dM' = du —kfa = — 0,5199a — 0,85256. (8.) Donc en mettant pour —- fà valeur — dans les Le 4 a A ac ar dG! am forraules d'aberration =" +, k 2YA 2 AA 6c ,3829c on aura l'aberration en bg 0 — (I LENNTRIESTE # 2,25$0 03737 « — re PE PE LA ee (0,1067 + 0,65396 + 1,32130), & Faberration en ‘largeur = — (+ + — — 0,5199@ rs DÉS SéNENEES 137 — 0,8525 — —x (— 0,2437 0 — 0,8525 s ). ( 9.) Et fi on fait — == —- , on aura l'aberration en Jongueur — —— x ( “+ 0,07220 + 0O,54I1 c + 1,32136w); & aberration en largeur fera égale : L 2 à — x {— 0,24850 — 0,8525 0). (10.) De-là il eft aifé de conclure qu'en fuppofant feule- ment & = = —, où même fuppofant & —= — — dans 15 10 e premier cas, & o — + — dans le fecond , l'aberration fera beaucoup moins grande que celle d'une lentille bi-convexe, tagt en largeur qu'en longueur. (11.) On doit remarquer, par des raifons femblables à «celles qui ont été expliquées dans le paragraphe précédent, que puifque — devient — (4 + c) fans que les quantités 4 1 4 C , ; 1 Er foient fuppofées changer, il faut que = 1 4 1 RAY 2 5 Ca — #4 — — — diminue de la quantité —; en forte LA À À \ J A , ; J I 0,0828 qu'au lieu d'avoir dans le premier cas — — — n p! À o;00 Li « dans le fecond — -— 2°°2?, on aura PR dans le premier 0,0828 +. & 0,00 + 6 Se Tan ou , & dans le fecond = — "7, (12.) Nous ne comparerons point ici l'aberration dé lob- jetif à trois lentilles avec celle de l'objectif à deux lentilles feulement, comme nous avons fait dans les paragraphes pré- cédens, parce que dans Fobjeif à trois lentilles l'altération Ca . Li . . — né fait varier que le {ul dernier rayon p', au Jieu que Taltération — dans l'objedif à deux lentilles fait varier nécef= Mén. 1764 s 5 138 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fairement l'un des deux premiers rayons ; la raifon de cette- différence, eft que dams fobjectif à deux lentilles on a 1 re x & Pise = — Mat & dans Fe à trois. lentilles r if Li — = — — — + — _— —, Or comme nous avons À r pr examiné ci- pm AS x & XV) les cas où lon fuppofcroit de l'altération dans les premiers rayons 7, ?, nous croyons inutile d'appuyer de nouveau fur cet objet. CRAN ENS De l'aberration- de l'obje&if formé de trois lentilles, en Juppofant qu'on fe trompe d'une petite quantité fur la valeur des rayons des furfaces. 2 é ; .# (1.) Siles quantités «', 6", v, «, qui fervent à.exprimer: dans Jes paragraphes précédens les erreurs commifes dans les L£ 1 1 [4 : à . valeurs de — , —, ——, ——, font très-petites, on pourra: 14 P À À LH néoliger leurs carrés & leurs paie , & on aura Faberration 0;2 $06 en longueur dans le cas dé — — + à ; — +- 0,0027a — 602286 —0,0385r + 0,053 39; & l'aberration en largeur — + 0,1274a En pa En — 0,1218 0 i , on aura l'aberration (2) Et fi on fait = — HE 23% "' en longueur —- 0,0064 a+ 0,0 192 C'— 0,0430y + 0,03 610; & laberration en largeur = —--0,1274 a’. + 0,02126" + 0,0737r— 0,12420+ (3-) Maintenant fit L'on INGn'aure: r À ? À: v _m—n. SEX 4 m— n + A NE En We te ET à DT Fu { EN 143 EI 1 1 NET Re TI TA Di Est :SiciR EN ces. 139 On aura de plus /$. X, ar. 7 &r 8), M — + 0,2506 m1 1 — — 0,4608 m1 FN EN de 0,2058 MH À — 1 —= — 0,0828; ‘OU M — + 0,3240 M 1 — + 0,0544%4 M — nu + À = + 0,7210 M + k — 1 — — 0,0094. Li m a’ Var r (4-) Donc fon fait =; — {4 — ne or Do ii L I T Le LI TN ati FR ne CR Gr (EL +0), on aura SRE A au! TT —= À re RATE 1 cdi Ride À # — C + kr MU. À À 4 Pom +H A4 — 3 + kr — 0 FUME À 7 (5-) Soit à pren r = M x R + MURS MR (1 + — ); & étant une quantité fort petite; on aura T > es à L — Le je x ———— À Bés-peu piès —— (1 — y so TE L//À 0,15 À 1 Le 1/24 Li //4 am =; (donc —#— 2 Re Mr, ; AUS A os r À (x 0,15 D am donc & — — _0,L (6) Donc fi on appelle GR, yR, SR, les erreurs commiles dans la mefure de », 7, ?', on aura par la même raifon , 1 MN ÿz am — C ed Cm ie d—C+Hb =, LA ai mel) » 0,15 be — 2} S ij 140 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE (7-) Donc on aura de 0,15 C—— Se + er, CT — 7 (TE Pr gite ARS a ge Gr ae à (8.) Donc les erreurs &, 6, y; d'doivent être telles, qu'err: mettant dans la formule de l'ar. 7 ci-detlus, pour 4’, G',» & w leurs valeurs qu'on vient de trouver, les aberrations totales demeurent: beaucoup plus petites que = 0,0051605$ en longueur &. + 0,014879 en largeur, qui {ont les aberra-- tions d'une lentille bi-convexe ifocèle, . (9.) Par exemple, fit.a = + =, C— HE, 100 190 L L j x = EE, NA—= HE —, on au, dans le cas où # oo 100 — 0,2506 (art. 3) (en failant abftraction des fignes de- æ, G, y & À), am° 0,0625$ r- t x SRE EE — © < —;, a45 OyLS$ 100 F5 x 16 290 (mn) 6} 4 23) 2 \ VU mas 0 Sa AN MA DAET A (re Mons Elie 2 0,15 1500 100 1$ x 2500 1500 60. < C(m—n)* 1 & par conféquent = < —; 0,15 4 40 v(m—n+k)* (z0)° - ï 1 Ha? a PA NAN ge En > 15 150000 1$-x25 360 pu > (m—n + A)" 1 conféquent HORS" Ar 0,15 À 240 J Sr 8 ; Cm le REP RRES C AEn ee OR ne 0,15 150000 15 x (25): 90 x 24: L 2160 Donc, en fuppofant les erreurs «, 6, y, d telles qu'il en: DIE S 19 ÉTEN CES 141 réfulte pour les erreurs &', G’, v, a, la plus grande valeur poffible, &' fera < — ; 200 ’ 1 CONPAMUR LES C'< + — = - : 200 60 600 40 1 IPN tes ES, = == = REY 40 240 240 30 1 L 1 > » pr< 200- ic Go 360 2160 40 2160 dis x \ L & 4 fé Le =, peu-pres C7: s © pu con equent < Er . (r0.) Or il eft aiïfé de s'aflurer, en fubitituant ces valeurs dans la première formule de Farticle 1 ci-deflus, que laber- sation fera renfermée dans les limites prefcrites, tant en longueur qu'en largeur ; on voit de plus que laberration féroit encore beaucoup moindre fr on ne fuppoloit pas que les erreurs commiles dans æ, G,y, d\ fuffent telles qu'il en réfultät pour a, C',v, « les plus grandes valeurs poflibles, & fi d'ailleurs toutes les erreurs n'étoient pas de même figne dans les termes qui nn, chacune des deux aberrations. 1.) Au refle, les aberrations dont. il s’agit ici, ne font. que LE de Phéricié, tant en Jongueur qu'en largeur. Nous verrons dans un aûütre Mémoire, quelle eft Paberrätton de réfrangibälité réfultante des erreurs qu'on peut commettre dans Ja valeur des rayons, Sc même dans la melure des quantités P'PIEUk: quant à prélent, nous terminerons-ici nos recherches par une remarque relative à un endroit du $. XW//77, arr. 1 Zn où nous avons dit qu'on pourroit augmenter confidérablement. le rayon »- dans l'hypothèle de 4 — mn fans que Er ration en fût fenfiblement augmentée. dP : (12.) Si la valeur de 4 ou Cp dû lieu d'être = — ” d 3 étoit — ne = 0,6666 — 0,0416, & qu'on fuppofit dun 0,4608 0,6666 = cire courant si ii. 142 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYAtE rendroit le rayon ? beaucoup plus grand , on auroit, en faifant. nulle l'aberration de réfrangibilité, — BND = x 0,208 r 0,6666 0,6666 x ETS ar AO US 1. ous 0,2753 & (PE ES 0,0828 0,6666 AT À 4 PTE À 16 À 0,0828 + 0,0416 o,12 PE EE ect À À 0,6666 . Fr 16 ” d'où il eftaifé de voir que l'aberration en longueur—-0,0 2 2 8 6 — 0,0490 6? — 0,038 5 » + 0,1523 v° fera beaucoup moindre que celle d'une lentille fimple bi-convexe ifocèle, ainfi que l'aberration en largeur + 0,0212 + 0,0995» 2 — 0,2133V. (13:) On pourra donc, dans lhypothèle de 4 — on aura Ç —= — = Environ —— 0,1, y —= — [0 former uni très-bon objectif en prenant L 0,2506 r À 4 J L 9:3497 OBS dan x — = ——— où — a trés-pell prés P À À PA PES) L 0:2753 DATS NE TE À Pa EE + FI ENNT ou —+— PEL a trés-peu prés, I 0,1244 PU ANA ANT N'ES LA x 3R ce qui donne r = à trés-peu prés + PR À 4 A 3R : p = à frés-peu prés — e -- 7 1 ES : 6R , 7 = à trés-peu prés —— AEAT à LA S\ »: A 75 R p ——= à très-peu prés a (14) En général, fi le rapport de 4P à dP", au lieu dêue = 4, étoit = 4 + kr, & qu'on fuppolit la valeur DE SU ISAGIÉVENNC CES 143 de — dans le premier objectif augmentée de + —, on . nt Li ï L auroïit 1.° à caufe de — = — — —_,C — — »; P r Pr k + y 1 1 É T 4 dE — donneroït — —= + À ua r r À M — h @ x Ra TS enfin, à caufe de Le 1 T Le I on à it Li I BE — — — = — UWON — = — r P 2 P' A1 p' = eus ne (A+ 1) — —. Par le moyen de cette formule, À on pourra trouver très-promptement les valeurs, au moins fort approchées, des rayons de fobjectif, en fuppofant 4 égal, non pas à 7 exactement, mais à-une fradtion qui ne diffère pas - 3 beaucoup de —.. 3. (rs) Au refle, dans ces cas-là on peut trouver encore plus exactement les valeurs des rayons, en fubflituant dans nos for- mules des $$. ZX & X, au lieu de 4, fa vraie & exacte valeur. 11 y a lieu de croire que cette valeur n'eft pas exacte- ment l1 même pour toutes les fortes de criflal d'Angleterre & de verre commun; car il-efl certain que les Obfervateurs / st + : : dP 32 varient beaucoup à ce füujet, les uns faifant nes ALES o autres fulement — +, les autres enfin le rabaiffant jufqu'à 2 1,47. Il ft vrai que ces réluhats, & für- tout le dernier, peuvent pécher du côté de l'exaclitude, mais il peut fe faire aufii que la différence des matières dont les Oblervatéurs fe {ont fervis, y influe pour quelque chofe. Il y en a de plus qui font P' = 1,63 dans le criflal d'Angleterre, pendant que d'autres ne fuppolent 2‘ que 1,6. On fait auf a dans le verre quelques Obfcrvateurs ont f{uppolé P — —, la: plupart 2 —. se où 1,55, d'autres enfin 2 1,54 144 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE (r6.) De-làil réfulte que pour trouver , d'après nos formules; les valeurs exactes & rigoureufes des rayons, il faut connoître le plus exaétement qu'il fera poffible, les valeurs de P, P', & fur-iout de 4, dans les matières qu'on emploie; mais fi on n'exige pas ici une précifion rigoureufe (qui pourroit bien n'être pas ablolument néceflaire} on pourra conftruire de très-bons objectifs, en fe bornant à altérer, fuivant les méthodes données dans ce Mémoire, les valeurs des rayons 7, p, r',#', de manière que l'aberration de réfrangibilité {oit très-peu confidérable, c'eft- à-dire qu'on connoïffe à très-peu près la vraie valeur de 4, & que l'aberration de fphéricité, tant en longueur qu'en largeur, a beaucoup plus petite que celle d’une lentille bi-convexe focèle. (1727 réfuite des calculs de ce Mémoire, 1° que f Hot — —, P étant — 1,55 &P == 136 onpeut fe fervir avec due de l'objectif dont les dimenfions ont été données dans le $. , art. 10 © 11. QUE on pourra employer avec un avantage à peu-près égal, les deux objeGifs fuivans (6. XVI, art. 16, & am. 1 3 ci-deffus) s r = + 0,5986R 8 = — 03255R r— + 0,9135AÀ p = — 12058 À, 3 R ou TZ — ; , Le 3R p == EE 7 ! 6R GT 140 ! 7 Il | G2 ; L'objectif dans tous ces cas fera formé de trois fentilles immédiatement ZI. Se. Mein . de TAe des Se 1704. lag. 144. PL. | ï 1 “hr ï ny Dm 12 PiLa ct D ES OMC INC LS T45 e 7e De immédiatément contiguës, deux de verre commun & convexes, & une concave de criflal d'Angleterre, placée entre les deux. (18.) L'aberration de réfrangibilité du dernier des objectifs 3dP . > € qui ne fera que de Farticlé précédent, fera — + 159 la centième partie de l'aberration de réfrangibilité d’une lentille {imple de verre commun & de même foyer ; & on pourra même la faire difparoïtre tout-à-fait par quelqu'un des moyens qui feront propofés dans le Mémoire fuivant, en donnant par exemple, tant foit peu moins de courbure à l'une ou à l'autre des deux furfaces extrêmes, c'eft-à-dire des deux furfaces qui ont pour rayons 7 & p'. (19-) Quant à fi diflance focale de cet objedif, fi on l'appelle 2’, on aura en fuppofant P = 1,55, 2' = 1,6 1 000 À UE re ts 2 — "755 ,doù R'— 2%, ce qui diminue encore R' 15000 À 3467 enraifonde (3000) à (3467), c'eftà-dire d'environ 3 6 à 49, l'aberration de réfrangibilité trouvée dans Farticle précédent, LE Min. 1764. ‘Affemblée publique, a Mai 1764. Manière de cor- riger les erreurs des Tables en htitude à laide du fars, 146 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RofÿaALeE ‘ OBS Æ RIV AT PONTS D FE; L'ÉCLIP SE DU .S0L\EMLS Du 1° AVRIL 1764. Par M. LE MONNIER. Ï ES préparatifs faits à Verfailles, au Havre & à Paris pour oblerver les phales de cette grande Écliple , N'ayant eu aucun fuccès, à caufe du mauvais temps, je vais rendre compte des obfervations faites avec foin en d’autres villes du royaume. J'avois lü à l'Académie, le 23 Août de fannée dernière, mes recherches fur lé mouvement de la Lune en longitude , pour le temps de la conjonction du 1. Avril, à l'aide des obfervations faites deux cents vingt-trois lunaifons auparavant ; jy employois à la vérité une éclipfe partiale du Soleil, vue le 22 Mars 1746, tant en Chine, à l'Oblervatoire de Pékin, que dans une autre grande ville du royaume de Bengale, & dont la pofition eft très-connue : ainfi ç'a été fur ce fonde- ment & fur la théorie de Newton, ou Tables aftronomiques des Inflitutions, quant au mouvement en latitude, que j'avois cherché la grandeur de cette écliple, mais je n'y avois pas eu égard à la nouvelle conftruétion fuivante. Or, il paroït évident aujourd'hui, puifque la trace du centre du cône d'ombre a réellement paffé beaucoup plus à lorient que felon tous les calculs publiés à Paris & à Londres , qu'il ne nous étoit pas poffible de prévoir en cette circonflance, par les Tables, d'auffi légères incertitudes dans le mouvement de la Lune en latitude. C’eft ce qu'on reconnoitra facilement pour peu qu'on veuille y réflé- chir; car une minute d'erreur en longitude, erreur la plus grande dans ce fens R, & qu'il n'eft guère poffible de prévoir à F'aide de la période ou faros; une minute, dis-je, dont le mouvement de la Lune n'auroit pas été aflez accéléré, par exemple, entraine en effet une diminution réelle dans la latitude DE SU S/ONTE NO ENS 147 ürée des Tables. Soit S £ 8 Fécliptique, & L l'orbite appa- vente lunaire, L le lieu de la Lune tiré des Tables, £ fon lieu réduit o L à l'écliptique pour le moment de la conjonétion vraie oblervée, il ns eft donc vilible que les Tables ne S E donnoient pas la longitude L de la Lune affez avancée, puifque le point Æ auroit dû coincider avec le lieu du Soleil S. Ayant mené par le point L la parallèle Z / à lécliptique, je tranfporte l'orbite apparente LS parallèlement à elle-même, en forte qu'elle devienne / x &'; elle coupera le cercle de latitude L Æ en À; & le point À étant ainfi déterminé, k correction LA fera la quantité dont il faut diminuer la latitude tirée des Tables, Cette conftruétion paroitra évidente à quiconque voudra re- chercher , au lieu de fa correction fouitraétive en latitude, qui efl ici d'environ 6 fecondes par minute de mouvement en longitude, celle qui convient à la plus courte diftance. Au refle, lon ne doit pas être furpris fi les obfervations faites én France & autres parties de l'Europe, venant à notre fecours, nous éclairent abfolument {ur divers points très-intéreffans, foit de Phyfique, foit de la théorie de la Lune ; ce que je vais faire voir, en expofant d'abord les obfervations faites en France qui font parvenues à ma connoiflance, Je commencerai par examiner les obfervations faites dans les parties occidentales du Royaume, c’eft-à-dire dans la Bretagne, où le cône d'ombre a dû d'abord fe porter avant que d'arriver aux parties boréales & orientales de la France. Je me propolé aufli de tirer principalement des obfervations le terme ou limite oriental & occidental de Fédipfe annulaire, pour en déduire la vraie latitude de là Lune & les caufes phyfiques qui ont dû y influer. M. Daprès, Capitaine des vaiffeaux de la Compagnie des Indes, étant bien préparé & muni d’inftrumens aftronomiques, Wa pu apercevoir à Kergars *, proche d’Hennebon & du port de FOrient, le commencement de Fécliple, qui a dû {e faire * Latitude de 47% 48’ 05”, vérifiée en 1765. F5 DUR ÉE de anneau À RENNES, latitude 484 6! 50”, 143 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLE vers 8h À en ce lieu là: à 9h 5’, le ciel s'étant découvert; la Lune avoit déjà trop fenfiblement entamé le Soleil pour que l'on püt eflimer le commencement par l'arc de la circon- férence entamée: la Lunette dont on fe fervoit ayant environ pieds, n'étoit pas garnie de micromètre, mais j'ai fu enfin à quelle diflance a été eflimée dans la circonférence du Soleil, en un mot quelle a pu être au milieu de Féclipfe , la diftance h plus courte des pointes des cornes, qui n'ont pu fe réunir, favoir de 80 degrés à 85 degrés, ce qui indiqueroit 27" + dont il-sen manquoit que la Lune n'ait été vue toute entière fur le Soleil. Entm M. Daprès, malgré un brouillard léger, a déterminé exaétement la fin à 51° 38° 42" de temps vrai ou apparent : fa pendule avoit été réglée, à laide de fon octant, par des hauteurs correfpondantes, prifes les 29 & 30 Mas, de même que les 1. & 2 Avril. L'on a fuppolé la longitude de ce lieu oh 22” à lorient de Paris, & la latitude boréale y a été obfervée de 474 47" 10". Je donnerai , en finiffant ce Mémoire, le rélultat des obfer- vations, & quelle a dû êue l'erreur des Tables, tant en longitude qu'en latitude. A Rennes, l'obfervation de Fanneau y a été faite dans le plus grand filence, & par deux Obfervateurs munis chacun d'une pendule: ayant été lun & l'autre très-attentifs, ils ont trouvé très-fürement la durée de l'anneau, fans même différer entreux d’une feule feconde. Il ny a donc nulle incertitude fur la durée de anneau ; à la vérité je trouve que la méri- diemie de la Place royale de Rennes eft défeétueufe de 1 à 2 minutes, ce que je. me propole de vérifier cette automne ; ou plutôt il y a une erreur en excès, foit dans cette méridienne, {it dans la méridienne particulière que l'on a deflinée à fervir de repaire fixe & fur laquelle les deux pendules furent réglées mais voici la durée & les oblervations que M. le Marquis de l'Angle a bien voulu me communiquer. À 10" 15° 31", première apparition de l'anneau, & à roh 18° $1" rupture ou fin de l'anneau, lequel a duré par conféquent à Rennes o! 3° 20",à 68" aunord de la Place Royale, & 1 Go' à l'oueft, D: Et ST SLCALUE NOCHERS 149 + M. Gautier, à Vire, a vu l'éclipfe annulaire & prefque centrale, à 10 17° 45", mais il na pu voir les phafes. A Caen, M. Pigott, Gentilhomme anglois, na pu voir qu'un feul inflant le milieu de l'éclipfe, qui y étoit annulaire, mais non pas centrale : les nuages l'ont empèché d'en melurer la différence, malgré lextiéme envie qu'il avoit de {e fatisfaire fur ce point & les inflances réitérées que M. FIntendant & moi lui avions faites à ce fujet. Mais à Calais, M. le Prince de Croy y a fait obferver foigneufement cette Ecliple, & particulièrement par l'Hydro- grahe de ce lieu , connu déjà de l'Académie par quelques Ouvrages qu'il nous a adreflés : on y à jugé à 10 38° 47" YÉcliple prefque centrale ou parfaitement annulaire : en voici les phales, quoique lon ne garuntifle que médiocrement la fin ou rupture entière de l'anneau, a roù 36° 47“ formation de l'anneau. ........ 10. 42. 55. rupture ou fin de l'anneau... ... durée 6’ 8+ Cette durée n'eft pas auffi décifive, fuivant l'Hydrographe, que celle qui a pu être vue en d'autres lieux , où le ciel aura été plus ferein. De plus amples détails nous inftruiront peut-être davantage {ur les autres obervations faites à Calais, où les Obfer- vateurs étoient d’ailleurs dénués de micromètres. À Roïe en Picardie, M. le Prince de Croy a appris à fon retour, que lécliple y avoit été prefque centrale : on ly a vu annulaire, & la partie d'en bas plus large. A Tioyes, les Cornes fe font approchées de 90 à 100 degrés; & à Chälons-fur-Marne, 1 1 doigts à 11" 50°. M. le Préfident de l Académie de Nanci m'a procuré une “obfervation affez complète de lécliple, dont M. l'abbé de Montignot, Chanoine de Toul, m'a envoyé les détails. x à 9" 29° 18” commencement de l'Éclipfe. . $2 FA 1 2 12. 28. 16 findel'Éclipe........... Lance 2h58" 58 L'écliple n'ayant pas été annulaire à Toul , je trouve qu'à 0h 56” 50" la lunette, montée fur une machine puralhétique , Fi so MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE a donné précilément 60 fecondes entre les paflages des comés au fil horaire ; de manière que la diflance des pointes des cornes. n'excéuoit pas alors le demi-diamètre de la Lune. De cette obiervation & de celle de M. Daprès, faites au- près de Hennebon, il eft aifé de déduire, au premier coup d'œil fur Ja Carte de France, en quelles villes l'éclipfe a dû être centrale & annulaire, & lon voit clairement que la tiace du fommet du cône d'ombre a dû être beaucoup plus orientale fur ce Royaume qu'on ne l'avoit déduit des Tables newtoniennes corrigées , quant à la longitude uniquement. Ainfi les obfervations nous ont paru d'abord cadrer beaucoup mieux avec les re- cherches que M.” Clairaut & d’Alembert ont faites, d'après les obfervations les plus récentes & connues, fur le mouveinent des nœuds de l'orbite lunaire. Environ un mois avant l'écliple, le premier me fit part du calcul qu'il venoit d'entreprendre à ce deflein, & qui diminuoit au temps de la conjonétion la Rtitude de fa Lune d'environ une demi-minute : il la fixoit, pour le moment de la conjonction, à o4 39° 44" boréale : M. d'Alembert me communiqua aufhi les corrections qu'il avoit faites aux Tables & à celles de Mayer, dont il diminue conflamment la latitude de 7 fecondes ; & par une autre équation il la diminuoit de 4 fecondes, ce qui réduifoit la latitude , pour le moment de la conjonétion, à o% 39" 53": mais quelques jours enfuite il m'a procuré une autre correction de 12 fecondes; de forte qu'il n'invitoit, par une lettre du 17 Mars, à vérifier le jour de Féclipfe du 1. Avril, fi la latitude ne fe réduifoit pas à od 39° 41". I nous refle à examiner enfin ce que donne le réfultat des meilleures obfervations, puifque les recherches les plus récentes fur le mouvement vrai du nœud paroiffent saccorder en cette occafion affez exaétemient avec ce qui à été vu le jour de l'éclipfe du 1. Avril, La latitudé de la Lune étant une fois conflatée, de même que les limites de l'éclipfe annulaire, foit à l'occident , {oit à lorient, il nous doit refter à examiner encore la vitefle apparente fur le globe du centre du cône d'ombre, & ceft ce que nous elpérons détailler plus amplement dans nos Afieimblées particulières. Dis SCT ETN CES: ISI Premier examen de la luüude de la Lune, au LETIpS de l'Éclipfe du Soleil A Kergus, à ro 8° de temps vrai, ceflà-dire à 1oh 30° au Méridien de Paris, foit fuppolée la longitude de {a Lune 4° o 1" plusavancée que félon les Tables des Inflitutions, c'tà-dire Y 124 09° 40”, & la latitude corrigée de od 39° 49° >, le lieu du Soleil corrigé y 1 24 09° 48"+; j'ai ré duit ces mouvemens à 10h 9', c'eftà-dire une minute plus tard, en ajoutant 29" + à la longitude de la Lune, 2” + à celle du Soleil, & 2" 2 à la latitude boréale, L'angle paral- lactique étant alors de 14 27° 04", & la Lune à lorient du nonagéfime, j'en ai déduit les parallaxes de longitude 1° 16", ce qui donne la longitude apparente de la Lune v 1 24 1 1° 26", & la parallaxe de latitude o% 40” 49" + Aürfi la diflance de 1 Lune au Soleil apparente, {elon les Tables corrigées, a dû être 1°48"; d'où ôtant 19”2, dont cette fécante furpañoit {on rayon, €n prenant pour rayon la plus courte diflance de la Lune au Soleil, fon aura 1° 28"2 pour la plus courte dif fance des centres, peu diflérente de celle que M. Daprès a trouvée de 1° 32", puifque la Lune débordoit le Soleil de 27 à Kergars: mais comme la fin de lécliple , oblervée par M. Daprès, ne donneroit l'erreur des Tables que de 3° 51", c'eft-à- dire 10 fécondes plus petite qu'on ne l'a fuppolée ci-deflus, diminuant auffi la latitude de 1 à 2 fecondes : la plus courte diflance des centres ne feroit en ce cas que de 1° 26"2, {tlon les Tables corrigées ; c'eft- à - dire qu'enfin là latitude doit être réduite encore à od 393 FE pour en conclure la plus courte diflance apparente, avec M. Daprès, de 1° SA Quoique la hauteur du Pôle de Rennes ne nous fit pas exactement connue, & que quelques Auteurs l'aient fait varier depuis 484 2° jufqu'à 484 6’ 45", j'ai examiné d'abord quelle différence, dans da plus courte diflance des centres, pourroit faire naître une erreur de 3 minutes dans la hauteur du Pôle. La Lune, au temps du milieu de l'Éclipk, étoit alors au _22 Août 1764. 152 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoyaALe nonagéfime degré de l'écliptique, & fa parallaxe de hauteur confondoit abfolument pour lors avec fa parallaxe de latitudes Or, les 3 minutes d'erreur, dont on diminueroit la latitude ou hauteur du Pôle, & qui ne répondent qu'à 2'+ de diffé rence dans les diflances apparentes de la Lune au Zénith, d'après June & l'autre fuppofition, ne font varier la parallaxe de lati- tude que de 1"+ à 2 fecondes, & celle de longitude varieroit à peine d'une feconde en pareil cas: d'où il s'enfuit qu'à peine la difiance des centres varieroit de o"Ài, ce qui ne mérite nulle confidération vis-à-vis des grandes variétés ou différences que nous allons conclure ici des diverfes oblervations ; pour en déduire la plus courte diflance des centres. Entre plufieurs moyens que l'on a pour déterminer celle-ci, d'abord les apparences de l'anneau femblent offrir le moyen le plus naturel de décider cette plus courte diflance de la Lune & du Soleil ; mais les Obfervateurs étant dénués de micromètre, n'ont pu mefurer la plus grande ni la plus petite largeur de J'anneau : M. de l'Angle me mande que l'anneau lui a paru, de même qu'à un autre Obfervateur, au moins moitié plus larce dans la partie du Nord que dans celle du Sud. Suppofant donc les demi-diamètres apparens du Soleil & de la Lune de 15 59"3 & 14° 55" +, il eft clair que fi la partie fupérieure de l'anneau eft fuppolée de 8 $"+, l'inférieure, qui -feroit en ce cas de 42"2, nous donneroit 21 fecondes pour la plus courte diftance apparente des centres vue à Rennes. Mais fi on vient à forcer un peu les apparences & à fup= pofer l'anneau quatre où même fix fois plus large en haut qu'en bas, Jon auroit, pour la plus courte diflance des centres, 13 38"+ ou 45 + Comme il s'agit d'une couronne de lumière d’inégale épaif- feur, & que l'on a pu comparer facilement entr’elles ces mêmes épaiffeurs, & décider, fans micromètre , fi lune étoit double ou dix fois plus grande que l'autre; que d’ailleurs l'illufion , fr elle a eu lieu, a dû plutôt influer fx les deux largeurs que fur leur rapport, dans le cas où l'anneau n'a pas été vu trop mince } qu'enfin je n'ai point vu en Écoffe, en 1748, les Comes lumineufes DES SciIENCES 153 Jumineufes autrement que fort aiguës par leurs extrémités, if n'eft guèretpoffible d’errer fenfiblement, en affignant 3 2 fécondes à la plus courte diflance des centres : car en ce cas l'une des deux largeurs eft fuppoe triple de l'autre, à l'inflant du milieu de l'éclipfe ou de la dumée de anneau. Cette -première méthode d'établir la plus courte diflance des centres, n'étoit point à négliger, mais elle eft fujette à de grandes difficultés auxquelles on pourroit cependant remédier, au défaut du micromètre , en établiffant le point de la circon- férence du limbe où s’eft formé l'anneau & celui de fa rupture. Une preuve que la difficulté ef très-grande , fans les précautions que nous venons d'indiquer , c'eft que la plus courte diflance des centres varie de 21”, 32", 38"+ & 45"2, felon que Ton fuppole l'une des largeurs double, triple, quadruple ou fextuple de l'autre; en un mot, pour trouver, comme on le va bientôt voir, la plus courte diflance des centres de $2"+, il faudroit que la plus grande largeur de l'anneau eût furpafié dix fois f'autre, ‘Or, il n’eft pas poffible qu'on fe foit mépris à ce point-là, en eftimant le rapport des deux largeurs de l'anneau , ainfi la théorie ne s'accorde plus avec les obfervations, puïfqu'il a fallu tirer de la théorie le mouvement apparent de la Lune de 36"£ en 1° 40” d'heure ou demi-durée de l'anneau. En effet, fi Jon prend la différence des demi-diamètres 64" pour l'hypo- thénufe d'un triangle reétangle, dont la bale eft 36" 2, le côté de ce triangle perpendiculaire à la route apparente, lequel eft le même que la plus courte diflance des centres, feroit de 522 Cette valeur de $2"£ ne s'accorde pas non plus avec ce qui rélulte de Fobfervation du point de la circonférence du difque du Soleil, où l'anneau a paru f former: l'on a eflimé ce point 27 degrés fous la ligne horizontale ou extrémité de ce diamètre du Soleil ; ce qui donneroit, à Finftant où l'anneau a paru fe former, une différence en {ongitude apparente entre Le Soleil & la Lune, de 56"+, & en latitude de 29"; & puifque la latitude n'a dû paroître varier, pendant la demi- Min, 1764 cas Preuves in- conteflibles que les caufes phy£. ont aoi fur les largeurs & du- rées del'anneau, Contaét appa- rent, 40d trop haut , relative- ur ment aUX52"%e LL 154 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe durée de l'anneau , que de 8"+, il s'enfuit qu'à l'inflant du milieu de? Éclip, la diffé ce en latitude de la Lune au Soleil , auroit paru feulement de 2 0"+; mais l'inclinaifon apparente de forhité étoit alors de 124 +3; da plus courte diflance des centres ne fauroit excéder, felon cétte obférvation, o% o' 21", ce qui s'accorderoit avec la première fappofition d’une des Jargeurs de Vanneau double de l'autre , telle que l'a eftimée M. le Marquis de lAngle. Au refle, on trouve par conftruétion, le premier point de contaét 674 + au-deflous de la ligne horizontale ou extrémité du diamètre du Soleil, Auteurs qui Comme M. Euler n’a nullement réfolu, dans les Mémoires. ænt foupçonné 5 Ep ; ñ / j : me Fatmofpherelu. de l'Académie de Berlin de l'année 1748 , la queftion agitée LES "en 1739, fur Fatmofphère lunaire, quoiqu'à la vérité lui & tant aux temps des d'autres, d'après les phénomènes bete pur M.° de Louville ee Halley en1715, l'aient foupçonnée pourtant, & à jufte titre, ce qui ne fufht pas pour réfoudre cette importante queflion ; j'ai effayé, pour y parvenir, de comparer deux effets oppolés, favoir, DRE les durées des écliples annulaires & celles des écliples totales. e décider & Lune a une On jugera par-Rà fi en effet le mouvement attribué au centre De de de la Lune s'eft accéléré pendant les oh 3° 20" que l'anneau Écliples totales 2 PATU durer aux Obiérvateurs de Rennes ; comme auffi quelles & annukires. ont té, ou plutôt comment on doit corriger les Élémens dont on {e pr ropole de déduire la plus courte diflancé des centres. Mais avant que d'entrer dans cette recherche, j'examinerai encore les obfervations faites à Londres, & fur-tout les trois. diflances mefurées des centres de la He & du Soleil aux environs du milieu de l'Éclipfe du 1." Avril 1764. M. Short seit fervi du micromètre objectif, adapté à un télefcope de 2 pieds, pour melurer les complémens des trois. phales de I plus grande largeur du Soleil, qui étoit écliplée, & d'où l'on peut déduire les diflances dont je viens de parler. Si l'on s'aide de la théorie des mouvemens apparens, deux de ces diflances fuffifent pour réfoudre la queftion ; mais à l'aide de la troifième , il eft plus facile de découvrir les erreurs, tant en longitude qu'en latitude, tirées des Tables, ce qui eft ab{o- lument nécefflare fi l'on veut connoitre quelle a été la plus DES SCIENCES: 155 courte diflance ou la plus grande proximité, vue à Londies, des centres de la Lune & du Soleil. Voici les trois diftances ou phafes mefurées pendant deux intervalles de temps écoulés, qui fe font trouvés prefqu'égaux, quoiqu'à la vérité l'écalité de durée n'y foit nullement requile. à 10% 26° 10" la plus grande dift, des bords de € &du © 2’ 58"7 HET AO RNCS STE GPA CNE. Me EC OMR eee TE ER N RTs e e e : 2 2. 26,2 WHY Le diamètre de la Lune, parallèle à l'horizon 2 9 49"£, dont celui du Soleil a paru ce jour-là & le jour fuivant, aux environs de midi, de 31° $9". J'avois d'abord fuppofé dans les calculs le lieu de la Lune o1” plus avancé que felon les Tables des Inflitutions, & l latitude telle qu'on fa dû corriger , en Ôtant 22 fecondes, {lon fa règle expliquée au cominencement de ce Mémoire: Or, les obfervations des trois diflances des centres, rapportées ci-deffus, donneroient, dans ces fuppofitions, trop d'inéoalités dans chacune des fécantes réduites à leur rayon, c'eft-à-dire réduites à la plus courte diftance des centres. Comme il faut d'abord admettre ici les trois obfervations exemptes de toute erreur, il eft vifible que l'erreur des Tables, tant en longitude qu'en latitude , doit varier jufqu'à ce que de chaque phaf on en déduife une même diflance la plus courte des centres de la Lune & du Soleil. Je fupprime ici. l'analyfe ou les règles de fauffe pofition, qui fuppléent aux figures graphiques, pour ne donner uniquement que ce qui convient aux vraies erreurs des Tables & qui m'a paru convenir davantage aux trois obfer- vations des phafes que je viens de rapporter. L'erreur des Tables que javois d’abord employées, m'a donné f'angle parallactique , pour le temps de Ja première & troifième phafe, de 44 18' s3"z & 545" 14"; les diftances apparentes de la Lune au zénith, sod 38 46"2& sod 16'4 6? les parallaxes de Jongitude 2° 55" & 3’ 28", celles de latitude 41374 & 4121" 2; ainfr le lieu du Soleil étant y 1 24 09 58" + & Y 124 10° 09 au temps de la première & - Vi ! Vraie latitude de la Lune, 256 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE troifième obfervation, le mouvement apparent de Ja Lune-; pendant le même intervalle de o" 04 3 3, de of r” 41" 2, on aura la différence de leur mouvement en longitude de od 1° 31": or celle de leur latitude étant de 28° +, l'inclinaifon apparente de l'orbite a dû être en ce moment de 1 84 s- Tels font les élémens néceffaires fi l'on veut avoir recours à quelque conftruction particulière & s'en aider pour les calculs, ou bien Yon y procédera comme il fuit. Soit li plus courte diflance des centres, déduite des trois obfervations réduites, &c. de 1° 19"+, vue à Londres, ce qui répond précifément à 10h 29° 41". Si l'erreur des Tables des Inftitutions eft réduite à 3 31" dans cette nouvelle fappofition, l'on trouve que {a latitude apparente de la Lune au Soleil a dû être pour lors de 75'+, & par conféquent la vraie latitude de la Lune od 40! 0$"23 On l'auroit trouvée de 40" 3" fr l'on eût encore dimis nué l'erreur des Tables en longitude de 10 fecondes, mais cette fuppofition ne fauroit s’admettre , les obférvations de [a fin & du commencement de l'éclip{e, foit à Londres, foit à Kergars, y étant contraires. On a fuppoté le Soleil 472 moins avancé que felon les Tables de Flamftead. Suite du Calcul de la vraie latitude de la Lune: A Londres, le commencement de l'Éclipfe a été vu à 9h 4" 33° de temps vrai: les Tables donnent à cet inflant le lieæ du Soleil Y 124 7° 28", la longitude de la Lune Y 114 28° 14", & fa latitude o4 36" 40": fi j'ajoute 3° 40" à 45” à la longitude de la Lune, la latitude fe trouve ainfi réduite à. od 36° 17" +; & quant au lieu du Soleil, il en faut ôter au moins 47 fecondes. Conformément à ces fuppofñitions , ff lon fe donne la peine de calculer l'erreur des Tables, la fomme des diflances des centres au commencement de l'écliple, étant donnée par les diamètres apparens , on trouvera, en quarrant cette hypothénufe & recherchant la valeur de fa bal, que l'erreur des Tables eft 1 $ à 1 6" plus grande qu'on ne l'avoit. d'abord découverte, en fe fervant de la fin de l'éclipfe obfervée par M. Daprès, Or, fi l'on étoit bien affuré du commencement H'ESUUSICIT E No I & de la fin de lécliple, & principalement de la différence des méridiens, il n'y auroit pas de moyen plus fur pour approcher du réfultat que lon cherche des erreurs en longitude, que ceux que nous venons d'indiquer. Ceite erreur en longitude étant reconnue & celle du Soleif bien vérifiée , il eft facile d'en condlure la latitude de la Lune, par l'obfervation faite à Rennes, de la diflance apparente des centres & de la durée de l'anneau. Cette diflance apparente a dû être, indépendamment des caufes phyfiques, de 37 à 38; ce qui donne a latitude 26 fecondes plus petite que felon les Tables des Inflitutions’aftronomiques. Dans les Mémoires de l'Académie de Berlin de 1747, on trouve le calcul de l'éclipR , fait immédiatement après Fob- fervation de F'Éclipf du mois de Juillet 1748, & M. Euler ne fongeoit alors aucunement aux effets de l'atmofphère ; mais ayant égard à la hauteur du Pôle de $"+ plus petite pour Balin , telle que l'indiquoient mes obfervations faites en Ecoffe, il s'attache uniquement à découvrir la diflance des centres [a plus petite, au moment de la conjonétion apparente de la Lune au Soleil: il dit, pages 260 © 264, que par l'obfervation de la figure de l'anneau (lequel n'a duré que 1° 22" de temps), la plus courte diflance des centres a dû être $o fecondes, ce qu'il augmente enfuite de 1" à 3". S'il eût été queftion ce jour-là de reconnoître latmofphère lunaire, l'on auroit pu exa- miner, ce me femble, à Berlin non-feulement le point de la circonférence du limbe du Soleil où l'anneur commença à fe former, mais encore celui de fa rupture : cette obfervation auroit pu donner quelques notions plus claires de l'effet de l'atmofphère, ainfi que la jonction des pointes ou croiffans lumineux qui refloient fur la circonférencé du Soleil, telle que l'avoient pratiqué M. Halley en 1715, & M. Maclaurin en 1737: ceux-ci n'ont pas même négligé d'indiquer ce qui Le patoit fur la portion de la circonférence du difque lunaire, teinte d'une lumière aflez fenfible pour être remarquée avant la pre- mière apparition, foit de l'éclipfe totale, foit de l'anneau. Au défaut de ces fortes d'obfervations & d’une théorie X ii Réflexions fur: lEcl. annulaire vuc à Berlin en 1748. * Tranf. Philof. 455. 258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE vérifiée le jour même de F'écliple, & qui nous ait établi d'uné manière. irrévocable quelle a dù être ce jour-là Ra latitude apparente ou la plus courte diftance des centres au milieu de YécipR, M. Euler s'eft réduit, long-temps après & lorfqu'il a eu connoiffance .du diamètre lunaire vu en Écofle, à une hypothèle fur les réfraétions, telles que celles-ci conviendroiïent à un Obfervateur occupé des réfractions horizontales fur la Lune, & il tire de cette hypothèle la plus courte diflance des centres, non pas de so" à 5 3", mais de 72 fecondes, ce qu'il réduit enfuite à quelques fecondes de moins, parce qu'il fcppofe encore arbitrairement que la réfraction horizontale de la Lune n'eft plus de 0° 20", mais de la moitié moindre, en fe rapprochant fans doute des rélultats de ceux qui la nioient en 1739 Affurément Favantage a été très-grand pour Berlin, où fa Lune ne devoit déborder le difque du Soleil, aux momens de la formation de l'anneau , que de quelques fecondes, ainfi qu'on le prouvera facilement; mais il eft très-certain qu'on ne nous a nullement fait voir que le phénomèneétablifioit l'atmofphère d'une manière indubitable *, & il falloit , au lieu d’une hypothèfe, établir conftamment h latitude de la Lune par des oblférvations décifives. * Dans les Calculs & Cartes, publiés en 1764 à Paris, en même temps que dans tout le refte de l'Europe, il n’a nullement été quef- tion d’avoir égard aux effets de l’at- mo/phère, ce que l’on n’auroit füre- ment pas néoligé, fr l’obfervation faite à Berlin en 1748, en eüt prouvé les effets. £ On remarquera d’ailleurs qu’on n’a pas même fongé à en avertir les Oblervateurs, afin qu’ils y donnaffent la plus férieufe attention, dans le cas fur-tout où l’on y auroit foupçonné ce jour-là quelque effet qui auroit pu nous être fenfible. Mem. de L'Ac: R. der Je: 1764 page 2658. PL. 2 lulaire vue à RENNES er Avril 1764. N la réumon ou commencement | £ ' furee ne lAnneatt Mn. de l'Ac: R: dar Je. 1764 vaae168. PL 2 ECLIPSE Annulare vue à RENNES le Avril 1764. N N f "4 Indique en a la réuruon ou commencement la Figure | B. Milieu de lx durée. Fe RE Le Anneau C Rupture ou fin en & z. Zen \ FE : A7 NE Il du Disque du Joledl . DES SCIENCES. 159 NOUVELLES MÉTHODES ANALYTIQUES POUR CALCULER LES ÉCLIPSES DE SOLEIL, LES OCCULTATIONS DES ÉTOILES FIXES ET DES PLANÉTES PAR LA LUNE; Et en général pour réduire des Obfervations quelconques de cet Affre, au lieu vi du cemre de la Terre *. PREMIER MÉMOIRE. Par M. pu Séjour. I ’OUVRAGE que je préfente à Académie, & dont ce premier Mémoire n'eft que l'expofition, a été entrepris à l'occafion de l'Éclipé du 1.” Avril 1764; la célébrité de ce phénomène, la curiofité générale qu'il a excitée parmi les Aftronomes, le defir de vérifier Faccord des Tables avec les obfervations aftronomiques , m'ont engagé à donner à une méthode qui m'étoit particulière, toute la précifion dont elle étoit fufceptible. Dans la fuite de ce travail, j'ai été fort étonné de voir que cette méthode n'étoit qu'un cas particulier d’une théorie beaucoup plus générale; je me fuis donc propolé de rédiger une fuite de formules, toutes relatives aux Édclipes de Soleil & toutes déduites du même principe. J'ai voulu préfenter fous un feul point de vue, tous les problèmes que lon peut propofer fur cette matière; je ferai dédommagé de mes peines Î mes travaux peuvent être utiles à l'Aftronomie, Ce féroit fatiguer vainement lattention du lecteur, que d'entrer dans un trop grand détail de procédés géométriques, * Quoique ce Mémoire & le | les publier en 1764, dans le même fecond du même Auteur furla même | volume que les obfervations de l'É- matière, n'aient été lüs qu’en 1765; | cliple annulaire du Soleil du 1.°° cependant l’Académie a cru devoir | Avril de la même années x60 MÉMoirEs DE L'ACADÉMIE RoyaALe je me contenterai donc, dans ce premier Mémoire, de prés fenter une idée fuccinéte de chacune des méthodes, des ufages auxquels on peut les employer, de l'utilité dont elles peuvent être, foit pour FAftronomie, foit pour la Géographie. Je pale à l'analyfe de l'ouvrage. Il eft divifé en quatre parties qui feront chacune le fujet de plufieurs Mémoires. La première contient la démonftration des équations fon: damentales. Dans la feconde partie, on fuppofe connus les élémens & Yon calcule les phénomènes. Dans la troilième partie, on déduit les élémens des phé- nomènes oblervés. Les réfultats contenus dans cette troifième partie, font trop finguliers pour ne pas mériter une attention particulière. Cette troifième partie eft terminée par une diflertation fur la longitude de Madrid, & fur Foblérvation faite à Calais. Enfin lon démontre dans 1a quatrième partie, quels chan- gemens l'on doit faire aux formules pour les appliquer aux occultations des Étoiles & des Planètes par là Lune. L'on Y donne aufli des méthodes pour réduire des oblervations quel- çconques de cet aflre au lieu vu du centre de la Terre, x PREMIÈRE PARTIE. Principes généraux fur lefquels les formules font fondées. P OUR déterminer les circonftances d’une éclipfe de Soleil, j'imagine que par le centre de la Lune, l'on faffe pañler un plan mobile perpendiculaire au plan de Fécliptique, & dont linterfection avec l'écliptique foit perpendiculaire à la ligne qui joint les centres du Soleil & de la Terre. Que par le Soleil l'on faffe paffer un cône, dont le fommet fit au centre de cet aftre_ & dont Ja bafe foit les différens plans des parallèles terreftres. Comme chaque obfervateur attribue au Soleil le mouve- ment qui lui efl propre, cet aflre paroitra fe mouvoir dans l'interfection DES MSECTEN € Es 161 Finterfeétion du plan de projection avec ce cône lumineux ; tandis que le mouvement de la Lune paroïîtra fe faire dans Ja ligne droite, projection de la petite portion de {on orbite relative, parcourue pendant la durée de l'Éclipk; il ne s'agit donc que de réfoudre ce problème, Æïant donnés deux corps, dont l'un fe meut uniformément en ligne droite, à" l'autre circule dans une ellipfe, fuivant une loi connue ; déterminer à chaque inflant la diflance de ces corps vie d'une diflance variable, mais aflujettie à une bi donnée. Le corps mû en ligne droite, c’eft la Lune; le corps. qui circule dans une ellip£e, c'eft le Soleil ; cette diflance variable, d'où lon fuppole les phénomènes obiervés, c'eft la diftance de lobfervateur au plan mené par le centre de la Lune. H eft aifé de voir que cette diflance dépend de la quantité dont l'obfervateur, en vertu du mouvement diurne, s'approche ou s'éloigne du plan, paffant par le centre de la Lune, & de la quantité dont ce plan s'approche ou s'éloigne lui-même de Yoblervateur, en vertu du mouvement de parallélifme qu'on lui a fuppoe, Perfonne ignore que la Terre n'eft point une fphère par- faite ; la théorie & les obférvations démontrent également que c'eft un fphéroïde aplati vers les pôles. L'on n'avoit pas imaginé avant les derniers temps, de faire entrer cette confr- dération dans le calcul des Edcliples, le fait même étoit inconnu ou métoit point conflaté; mais depuis que les voyages du Nord & du Pérou ont rendu cette vérité hors de toute atteinte, les Aftronomes modernes ont bien fenti que cette circonftlance devoit néceflairement entrer en ligne de compte dans leurs calculs ; je n'ai eu garde de négliger une femblable attention qui n'apporte aucune complication dans les formules: je fais voir quelle ne fait que changer les coëfficiens numériques de quelques termes, & que fubitituer à la véritable latitude du lieu, une latitude corrigée; cette affertion et fondée fur fa propriété connue de l'ellip{e, que les ordonnées de cette courbe font dans un rapport conflant avec les ordonnées correfpondantes du cercle infcrit. Mém. 1764 ie». 162 MÉMOIRES DÉ É'ACADÉMIE ROYALE Si par le centre du Soleil & de la Lune, lon fuppofe menées deux droites qui concourent à Fœil de lobfervateur, Fangle de ces deux droites mefurera la diflance des centres, Le problème confifte donc à donner expreffion de cet angle; mais cette expreflion dépend elle-même des côtés du triangle réctiligne dont cet angle fait partie. Les articles IV, V, VI & VIF, font employés à à déterminer rigoureufement ces côtés. L'on ne peut diflimuler que le caleul de l'angle cherché auroit conduit à une équation très- -compliquée, {1 Von eût employé les valeurs rigoureufes des côtés du triangle reétiligne : il étoit cependant néceffaire de rendre. cette équation foluble. Pour y par venir, J'ai eu recours à la méthode de maximis © ninimis. J'ai évalué rigoureufement ces côtés, j'ai enfuite négligé dans cette évaluation les termes qui compliquoient Texpreflion de Fangle ; appliquant enfin la méthode de maximis © minimis à la différence de ces deux expreflions, j'ai fait voir que dans les cas extrèmes, l'erreur fur l'angle dans les deux hypothèfes, et une erreur re qu'un FR de f:conde de degré; d'où j j'ai conclu que lexpreffion Ja plus fimple de Fangle, n'étoit pas moins exacte que la plus compliquée. Je füis enfin parvenu à une relation entre la diflance des centres, la latitude de la Lune à F'inflant de la conjonction, le temps écoulé depuis la conjonction, la parallaxe horizontale polaire , la latitude du parallèle terreftre & l'angle horaire. Telle eft l'équation fondamentale de tout l'ouvrage. IF eft aifé de fentir que cette bafe une fois polée, il appartient à YAlgèbre d'en tirer toutes les conféquences poffibles; & tel eft le but que je me fuis propolé dans la deuxième & la troifième partie. Comme dans la fuite de cet ouvrage , je füubfitue perpétuellement à la véritable latitude du LE , une latitude que j'appelle la /atitude corrigée, je ne me fuis pas contenté de donner la formule pour conclure lune de autre ; jai cru à propos , afin d'épargner autant qu'il eft en moi, la peine des calculateurs , de joindre une Table des différences entre les htitudes vraies & les latitudes corrigées ; & attendu que ce rapport dépend de celui des axes de la Terre, j'ai calculé deux Drs SCIENCES 163 Tables différentes ; la premièie, en fuppofant le rapport des axes :: 177 : 170; & la deuxième, en fuppofant, avec Newton, ce rappoït :: 229 : 230. J'ai fait voir que les mêmes Tables pouvoient également fé vir à déterminer l'angle du grand axe de la Ferre, avec le rayon de l'elliploïde patfant par lelie J'ai cru aufls qu'il ne feroit pas inuule de joindre une ‘Table du rapport des parallaxes horizontales pour toutes les latitudes, ou ce qui revient au même, des rayons terreftres, quoique cette Tabie {e trouve dans plufieurs ouvrages DA PRE CUOINODIE PH OR TAMNÉ. D ANS cette feconde Partie l'on s'élève des élémens aux phénomènes, c'efl-à-dire que l'on fuppole connus les élémens, & que l'on en couchut les phénomènes qui doivent s'obferver. Le premier ufage de la formule eft de réfoudre ce problème, Etant donnee l'heure de la conjenétion à la latitude de le Lune lors de la conjonction; déterminer la diflance des centres du Sokil & de la Lune à une heure quekonque, dans un lieu quelconque. Je remarque enfuite qu'il ne fuffit pas, pour avoir une idée complète du phénomène que lon calcule, de connoître la diftance des centres du Soleil & de la Lune, En effet, fi par le centre du Soleil, lon décrit un cercle dont le layon {oit égal à la diflance calculée, tous les points de ce cercle fatif- feront également à cette première condition: il faut donc, pour avoir une idée complète , ajouter à la connoiffance de la diflance des centres, celle de la partie éclipfée du Soleil; afin dy parvenir, je partage le dique du Soleil en quatre parties égales. J'appelle Angle boréal précédent où premier angle, Yangle ui sétend entre le nord & la partie du ciel vers laquelle {& fi le mouvement diurne. Angle boréal Jrivant ou fecond angle, Yangle qui s'étend entre le nord & la partie du ciel oppofée au mouvement diurne, X i 164 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Angle auflral fuivant où troifième angle Yangle qui s'étend entre le midi & la partie du ciel oppofée au mouvement diurne. Angle auflral précédent où quatrième angle, Yangle qui s'étend entre le midi & la partie du Ciel vers laquelle fe fait le mouvement diurne. Je fais voir à l'infpeétion des fignes , dans lequel de ces angles lobfervateur rapporte le centre de la Lune; je donne de plus Vexpreflion de fangle de la ligne des centres, avec une droite donnée de pofition , & que je nomme /a droite de comparai[ou. Puifque fexpreflion de l'angle qui mefure la diflance des centres du Soleil & de la Lune, ef fufceptible d’accroiflemens & de diminutions : il eft un inflant où elle eft la plus petite poffible, c’eft Finflant de la plus grande phafe, & la diftance des centres correfpondante eft la plus courte diftance des centres pour le lieu qui 'oblerve : la folution rigoureufe de ce problème préfentoit d'abord quelque difficulté, En effet, l'expreflion de Fangle renfermant des variables au dénominateur & au numé- rateur, l'équation différencielle contenoit lincomue à une puif- fance affez élevée. Pour éviter cet inconvénient, jai fuppolé que le sinimum de angle avoit lieu, lorfque le côté oppolé à l'angle étoit le plus petit poflible ; j'ai calculé par la méthode de maximis à minimis, Va plus grande erreur de cette folution. J'ai fait voir que cette plus grande erreur confifloit dans les cas extrêmes, à regarder comme f'inflant de la plus courte dif- tance, un inflant où cette diflance varioïit encore d'une quantité fi infenfible, qu'au bout d'une minute de temps elle n'auroit produit dans Fangle qu'une variation d'environ deux dixièmes de feconde ; j'en ai donc conclu que ce nouveau fymptôme beaucoup plus fimple, étoit auffi rigoureux que le fymptôme le plus compliqué. J'ai calculé en conféquence l'expreflion. de Fangle qui melure la plus courte diftance des centres à une heure quelconque, fous une latitude quelconque, & lexpreffion du nombre de fecondes horaires écoulées entre le phénomène & Finflant de la conjonction. Cette théorie eft terminée par une application de ces dif- férentes formules au parallèle boréal de 484 ç 1’, pieds SEM N corse 1 I: RÉ Dans la première colonne de ce difpofitif font contenues les heures fucceflives depuis le lever jufqu'au coucher du Soleil. Dans les deuxième, troifième & quatrième colonnes, Fon voit les plus: courtes diflances des centres correfpondantes aux différentes heures fucceflives, l'angle du difque du Soleil dans lequel fe rapporte le centre de la Lune, & la longitude ref pective des différens lieux pour lefquels la plus courte diflance des centres eft arrivée aux heures données, JL eft aifé de remarquer par la feule infpeétion du difpofitif, que tous les lieux fitués fous le même parallèle, ne voient pas la même plus grande phafe : ce phénomène dépend de Yangle horaire ; ainfi donc dans l'exemple particulier de l'éclipfe du 1.” Avril 1764, le lieu qui, {ous le parallèle boréal de 484 $1', éprouve la plus courte diflance des centres à 7" du matin, ne voit pas la même phafe que celui pour qui ce phénomène arrive à 2h du foir. Quoique la différence des heures occafionne une très-grande diverfité dans les plus courtes diftances des centres, il eft une limite que ces grandeurs ne peuvent pas franchir; il eft une certaine heure, au de-là de laquelle les phales après avoir décrü, recommencent à croitre; le lieu où fe pafle ce phénomène, eft donc celui qui fous la même latitude voit la plus grande ou la plus petite phafe poffible. Ce problème du genre de maximis maximorum eft le fujet d'une recherche particulière; Ton y parvient à une expreffion très - fimple de cette phafe, de Fangle horaire correfpondant & de la longitude du lieu pour lequel ce phénomène arrive. Je détermine enfuite pour quels points de la Terre, une certaine plus courte diftance des centres aflignée, a lieu. L’é- quation fe préfente d'abord fous une forme très - compliquée ; quelques réflexions analytiques fur fa nature me font voir qu'elle peut être fimplifiée, & que lon peut déterminer plu- fieurs cas de réduction. Il eft évident que la détermination de la ligne d'attouchement des limbes du Soleil & de la Lune n'eft qu'un cas particulier de la quettion préfente, mais il eft éga- lement fenfible, que la difhculté fe complique, fi lon confidère 1} 166 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la variation du diamètre de la Lune, relative à fa hauteur fr l'horizon: non-feulement je réfous cette dernière quettion dans toute fa généralité, je fappofe même que l'on fafie entrer dans la folution un nouvel élément qui dépendroit, par exemple, d'une inflexion de lumière, Les formules précédentes me conduifent naturellement à 14 folution de ce nouveau problème, Déterminer dans quels lieux particuliers de la Terre, on obferve les dernières phajes poffibles Jut noire ghbe , 7 la quanité de ces phafes, Avant d'épuiler tous les cas de réduction, je remarque qu'en général la condition eft que la ligne des centres fafle avec la la ligne de comparaifon un certain angle donné: mais quelques circonflances aflronomiques ne soppolcroient-elles pas à Fexif tence de cette condition, Pour réloudre cette difficulté, je cherche quel eft fous chaque parallèle, le maximum d'angle de la ligne des centres avec la ligne de comparaïfon. Je fais voir que ce maximum eft le plus grand poffible pour les lieux fitués fous l'équateur. Je détermine donc la plus grande valeur à laquelle l'angle de la ligne des centres puiffe parvenir, ou fi lon veut le maximum maximorum de cet angle; il eft fenfible que toutes les folutions qui fuppofent un parallélifme de la ligne des centres, non compris dans ces limites, font par-là même imaginaires : cette confidération me fait exclure plufieurs cas de réduction, I n’eft aucun aflre dans notre fyflème planétaire à qui ces conditions puiflent convenir, l'angle des orbites avec l'équateur n'eft pas aflez grand, je ne nréte nds donc point fur les formules relatives à ces parallélifmes, elles ne prélenteroient que des combinaifons d'Algèbre , qui donneroïent dans tous les cas, des réfultats imaginaires. Mais elles n'ont pas dû être négli- gées , ce font de vraies folutions analytiques , de vraies réduétions de l'équation générale données par la Géométrie, & qui ne font exclues que par des confidérations particulières : imaginons d’autres aflres dont les orbites faffent un plus grand angle avec l'équateur, & toutes ces folutions deviendront réelles, Dé siSièt EN CES 167 Je démontre enfuite qu'il eft deux autres cas qui réduifeat pénéralement l'équation, ceft-à-dire indépendamment du Hélifme de la ligne des centres; ce font ceux de la décli- naifon du Soleil nulle ou de orbite relative perpendiculaire au cercle de déclinaifon. Quoique ces cas foient très- rares, puilqu'il eft wès-difhcile que la conjonction écliptique du Soleil arrive précifément à l'inftant de l'équinoxe , ou que Forbite relative foit perpendiculaire au cercle de déclinaifon du Soleil, je les examine fommairement. : Je détermine enfin, pour quels lieux de la Terre la ligne des centres fait à l'inflant de la plus grande phafe un angle donné avec la ligne de comparailon; pour quels lieux de la Terre la plus courte diflance des centres arrive à un inflant phyfique affigné? Dans le commencement de cette feconde partie, j'ai donné la formule pour calculer la diflance apparente des centres du Soleil & de la Lune à une heure donnée dans un lieu affigné, Je me propole le problème inverfe : je fuppofe connus, a diftance apparente des centres & l'inflant phyfique du phéno- mène, c'eft-à- dire le nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonction, & je détérmine quels lieux de la Terre éprouvent cette phale. Les mêmes difhcultés de calculs qui m'avoient arrété dans la folution du problème précédent, {e répréfentent dans la folution de ce nouveau problème. Je ne puis donc donner des équations {olubles que pour quelques cas particuliers; les moyens que j'emploie pour découvrir les cas de réduétion, {ont les mêmes que pour l'article précédent. L'on a fait voir dans les premiers problèmes de cette feconde patie, comment féanr donnée la latitude d'un parallkke & d'angle horaire du lieu à l'inflant de la plus grande phafe ) Yon détermine la longitude du lieu particulier, relativement auquel la plus courte diflance des centres arrive à l'heure donnée, Mais au lieu de fuppofer connu angle horaire, fi Fon cher- choit à quelle heure la plus courte diflance des centres arrive pour un lieu particulier dont la longitude eft donnée; l'on auroit à réfoudre une équation qui contiendroit en même temps 168 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE angle horaire cherché & dés fonctions très- compliquées dé fon finus & de fon cofinus; le problème ne paroïit donc pas foluble. Pour fuppléer à cet inconvénient, j'ai fubititué à Fexpreffion rigoureufe de l'arc horaire correlpondant à la plus grande phafe, une férie très-convergente, dont le cinquième terme ne donne déjà plus que des tierces horaires, Quelqu'intéreffant qu'il foit pour l'Aftronomie de déterminer tous les phénomènes relatifs aux éclip{es, il eft cependant une phale particulière qui préfente un objet de curiofité plus uni- verfi, je parle de léclipfe centrale: les ténèbres dont cette phale eft quelquefois accompagnée jettent un intérêt plus vif fur la prélence de ce phénomène; mais quoique deftituée fouvent de cet appareil impolant, elle n'en eft pas moins intéreffante aux yeux de l'Aftronome : rien de plus curieux en effet que de fuivre, fur la furface du globe, la trace de l'ombre pro jetée par la Lune. Les méthodes établies dans cet ouvrage, fourniffent une folution bien facile de ce problème. En effet, puifque lon a Yexpreffion générale de la difance des centres; fi l'on fait nulle cette expreffion, Ton parviendra à une relation très- fimple, entre la latitude des lieux qui voient lécliple centrale, l'heure à laquelle ce phénomène awrive & la latitude de la Lune lors de la conjonétion: tel eft l'objet de mes recherches relativement à cette phale particulière. Je fais voir comment étant donnée la latitude d'un. parallèle terreftre quelconque, on détermine à quelle heure léclipfe centrale arrive fous ce pa- “rallèle; & réciproquement, comment on détermine la latitude du lieu qui voit lédipf çentrale, lorfqu'il eft dans ce lieu une certaine heure donnée. La théorie de maximis @ minimis s'applique également à ce problème. | | Puifque le lieu qui voit fécliple centrale à une certaine heure, n'a pas la même latitude que celui relativement auquel elle arrive à une autre heure, & que par conféquent la différence des heures occafonne une diverdité dans les latitudes; n'eft-il pas poflible qu'il y ait un certain angle horaire au - delà del es | DES SCIENCES #62 les latitudes , après avoir decrü ; recommencent à croître ? ces queitions méioient fans doute d'êue approfondies; elles font partie de nos recherches : lon y détermine la plus grande & la plus petite latitude poflibles de 1ous les lieux qui voient lip centiale & la longitude corefpondante de ces: lieux; Von fait voir enfin dans quel lieu lécliple cenuale aurive au lever & au coucher du Soleil. Cette théorie eit terminée par l'application de ces différentes formules à {a route de l'ombre pour Féchpf: du 1.7 Avrif 1764. L'on peut voir dans ce dilpofitif, les longitudes & les latitudes correlpondantes aux différentes heures fucceflives depuis le lever julqu'au! coucher du Soleil; l'on doit obferver que, conformément aux remarques précédentes, les latitudes décroitfent à melure que l'on s'éloigne de l'heure correfpondante au maximum de latitude, Perfonne n'ignoïe que l'angle fous lequel la Lune paroît à nos yeux ft vaiiable ; la diflance de cet aie à la Terre, n'ayant point un rapport infini avec le rayon terreflre, ikeft {oumis à la loi optique de tous les corps qui paroiflent foutendre un angle d'autant plus grand que leur diflance eft plus petite : cet angle ne dépend pas feulement de la diflance de la Lune au centre de la Terre, la latitude du lieu & l'angle horaire, font encore des élémens qui influent {ur fa variation. Quoique lon n'ait rien à defirer fur cette matière, après les peines que de célèbres Aïtronomes ont prifes de calculer les diamètres de la Lune pour toutes les latitudes terreftres & toutes les pofitions pof- fibles de cet aflre ; j'ai cru cependant devoir entrer dans quelque détail fur la folution particulière que fon peut déduire de mes formules. J'éablis une relation, que je crois nouvelle, entre Ja parallaxe horizontale polaire, la diflance apparente dés centres du Soleil & de la Lune, l'angle horane, le temps écoulé depuis la conjonétion! & le diamètre apparentde la Lune. L'accord rigoureux. des rélultats donnés par cette méthode avec les rélultats donnés par les méthodes déjà connues, fait affez voir que ces deux routes conduifent également à la vérité. Après avoir confidéré la diftance des centres du Soleil & Mëm, 1764 of 170 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE de la Lune, j'oblerve qu'il eft d’autres manières de déterminer la quantité de l'écliple également en ufage parmi les Aflronomes, c'eft de confidérer le nombre de doiots du Soleil écliplés par la Lune &:la diflance des limbes. J'établis en conféquence la relation entre la diftance des centres, le: nombre de doigts éclipfés & la diflance des limbes. I füuffit des premières notions de Géométrie, pour fentir que le difque de la Lune en savançant fur le difque du Soleil, forme deux efpèces de pointes à peu-près femblables aux cornes de la Lune dans fon croiïffant ; à melure que la Lune s'avance fur le difque du Soleil, la diftance de ces cornes augmente à proportion : l'on peut donc juger de la grandeur de l'écliple, par la diftance de ces cornes, cette méthode eft fort en ufage parmi les Aftronomes; elle a l'avantage d'être dans beaucoup de cas, fufceptible d'une très- grande précifion. J'ai donc penfé qu'il pouvoit être utile de déterminer l'équation entre la diftance des cornes , la diftance des centres & les diamètres apparens du Soleil & de la Lune. Par le moyen de cette équation, étant donnée la diflance des centres, Yon en conclut la diflance des cornes, & réciproquement, éjant donnée la diflance des cornes, Yon en conclut la diftance des centres. La théorie de maximis © minimis s'applique encore à ce problème. En effet, puifque la diflance des cornes augmente à melure que la diflance des centres diminue, qu'elle parvient à fa plus grande valeur & qu'enfuite elle diminue, il eft du reflort de là Géométrie de déterminer ce point de pañlage : cette queftion fait la matière d'un problème. Je détermine donc a diflance des centres correfpondante à la plus grande diflance des comes, & la valeur de cette plus grande diftance; je remarque que ce maximum n'a pas lieu pour tous les endroits de la Terre qui voient l'éclipfe. Je demontre qu'il faut que Ja diflance des centres du Soleil & de la Lune puifle d’ailleurs être égale à une certaine valeur que j'afligne. Left ternps de parler d'une idée que les réfultats contra- dictoires des premiers calculs de cette éclipf m'avoient fait haitre; les rayons du Soleil n'éprouveroient-ils pas une inflexion DES SCIENCES 171 à l'approche du corps de la Lune? Cette idée n'étoit point nouvelle, plufieurs célèbres Aftronomes * l'avoient eue long- temps avant moi. M. de la Lande, dans {on dernier ouvrage d'Aftronomie, foupçonne que cetie inflexion a lieu dans les oc- culations des étoiles fixes. IL n'y avoit pas une grande diflance de cette remarque à l'application du même principe aux éclip{es de Soleil: d'ailleurs je penfois que cette queflion ne pouvoit être irrévocablement décidée, tant que l'on n'auroit point des méthodes pour calculer les mêmes obfervations dans les deux hypothèles du rayon infléchi & du rayon non infléchi. J'ai donc cherché ce que devenoient les formules précédentes dans lhypothèfe du rayon infléchi. J'ai vu que cette hypothèle n'al- téroit en aucune façon l'équation au difque de la Lune, que tout fon effet étoit de produire une altération momentanée dans l'équation au difque du Soleil; en un mot je fuis parvenu à déterminer la relation entre la diflance des centres, la diflance des limbes & la diftance des cornes dans l'hypothèle du rayon infléchi. Pour calculer des formules, il étoit néceffaire de partir d’une hypothèfe d'inflexion, Je fuppofe donc. que par le centre de la Lune & par l'œil de l'obfervateur fon mène une droite in- définie, J'évalue linflexion relativement à cet axe, j'imagine que les rayons du Soleil qui parviennent à l'obfervateur, éprouvent une déviation de leur route reéliligne telle que le nouvel angle qu'ils forment avec cet axe, foit dans un rapport quelconque avec l'angle qu'ils auroient formé s'ils fuffent arrivés en ligne droite à l'obfervateur. . Lorfque jétois fur le point de préfenter cet ouvrage, j'ai appris qu'un célèbre Aflronome de cette Académie *, en cal- culant l'éclipfe du 1. Avril 1764, étoit parvenu à des conféquences analogues, Quoique j'ignore totalement ce qui peut être contenu dans fon Mémoire, de quelles obfervations il eft parti, quelles conféquences il en a tirées; je faifis avec empreflement cette occafion de lui témoigner toute mon eflime. S'il eft parvenu au même réfultat, c'eft avec plus de confiance que je préfente ce travail; je me ferai toujours honneur de marcher Yi * Tranf. philof. année 1 73 8,# Mém. de Berliny 1748 * M.le Monnier, 175 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans la carrière des Sciences, fur les traces de mes confrères que je regarderai toujours comme mes maitres. Il pourroit même arriver que fans le favoir, j'euffe encore dérobé d'autres idées, je les reflitue avec plaifir : au refle, la vérité eft une ; doit - paroiître étonnant que des recherches analogues conduifent aux mêmes réfultats ? Je finis cette feconde partie par la folution d'un problème intéreffant, ceft la détermination du commencement & de la fin de l'éclipf ; au défaut de formules directes poffbles, l'on a eu recours à une {érie très-convergente pour exprimer l'angle horaire correlpondant au commencement & à la fin de l'éclipte, cette {&rie dès le cinquième terme ne donne déjà plus que des tierces horaires: il n'eft pas inutile de remarquer qu'elle s'applique également à lhypothèle du rayon infléchi & du rayon non infléchi ; ces deux cas ne diffèrent que par les coëffciens nu- mériques de quelques-uns des termes de la férie, P'RODSESTEME PARTIE D A NS cette troifième partie, l'on defcend des obfervations aux élémens, c'eftà-dire que lon fuppofe les obfervations & que l'on en conclut les élémens de la Lune. Si Von jette les yeux fur les formules, lon verra que la connoiffance exacte des grandeurs dont elles font compolées dépend en partie du mouvement de la Lune, & en partie du mouvement du Soleil. Je remarque que les mouvémens folaires font trop bien connus pour laifler quelqu'incertitude fur les élémens qui en dépendent; il n'en eft pas de même de la Lune. Quelques précifes que foient les nouvelles Tables Aftronomiques , ä refle toujours quelque doute léger für la fcruputeufe exactitude des réfultats. Quatre élémens principaux du mouvement lunaire entent dans la compolition des formules : La parallaxe horizontale polaire : Sa latitude vraie au moment de h conjonétion : L'inflant précis de la conjonélion : DES SCIENCES 173 Le rapport du mouvement horaire en longitude au mouve- ment horaire en latitude, = J'obferve d'abord qu'il eff difficile d'élever quelqu'incertitude fur les réfultats des Tables relativement aux mouvemens horaires, . qu'il peut arriver qu'à un inflant quelconque, lobfervation diffère du lieu calculé de quelques fecondes; mais que cetie erreur eft le réfultat de plufieurs erreurs accumulées pendant une longue fuite d’inftans fucceffifs, & non pas une erreur inftantanée ; que par conféquent les différences horaires des lieux calculés, font égales aux différences horaires des lieux obfervés, ou, ce qui revient au même, que les mouvemens horaires font rigoureufement donnés par les Tables aftrono- miques: Dans le choix des inconnues de l'équation, je me détermine donc, à regarder comme variable, la parallaxe horizontale de la Lune, fa latitude & l'inftant de la conjonction; j'obferve mème que dans fordre des quantités dont la détermination ut être lujette à quelqu'incertitude, la parallaxe horizontale des Tables eft beaucoup plus précife, Malgré lindétermination de ces grandeurs, je fais voir qu'il eft des quantités qui femblent en dépendre, que l'on peut regarder comme rigoureufement déterminées par des Tables Aftronomiques : ce font celles dont les variations font trop infenfibles pour entrer en ligne de compte dans les réfuliats. Pour fixer les idées fur ces grandeurs, j'ai de nouveau recours à la méthode de maximis à minimis. J'évalue la plus grande différence que ces quantités, regardées comme variables, peuvent introduire dans Fexpreflion de la diftance des centres, je fais voir que la plus grande différence peut à peine aller à deux tierces de degré, d'où je conclus qu'il feroit abturde de compliquer les formules. pour parvenir à une exactitude imaginaire. Après avoir déterminé quelles quantités doivent être regar- dées comne variables, je pafie à la folution des problèmes. J'ai fuppolé que les rayons du Soleil sinfléchifloient en paflant près du bord de la Lune, cette fuppoñition eft-elle gratuite ? en admettant même une inflexion dans les rayons Y ij 174 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoraLr qui rafent le bord de la Lune, la force infléchifiante agit-elle à une diflance quelconque fuivant la même loi? {on activité au contraire n'agit-elle qu'à une diflance très- petite? tels {ont les faits que je me propole d'abord de conftater. I eft un moyen qui soffre naturellement à l'efprit, c'eft de calculer avec exactitude, d'après des élémens connus, les phéno- mènes apparens, de comparer les obfervations aux phénomènes calculés, & d'attribuer à l'intlexion la différence des oblervations & des phénomènes calculés Il eft cependant une objeëtion que lon peut faire contre cette méthode, elle demande une exactitude trop {crupuleufe dans les élémens, la quantité de l'infiexion eft trop petite, pour qu'il foit poflible d'affurer , fi cetie différence entre les oblervations & les phénomènes calculés, eft l'effet de Tinflexion ou le réfultat d’une erreur légère dans la connoiffance rigoureule des élémens, Un autre inconvénient qu'il faut éviter, c'eft d'employer des rayons qui aient éprouvé une inflexion différente ; fi je compare en effet deux rayons, dont l'un ait rafé le bord de fa Lune , & dont l'autre ait pafé à une diflance donnée de ce bord, la fuppoñition fyflématique {ur le rapport des deux inflexions, ne peut-elle pas m'écarter de la vérité? & fi je ne fuppole aus cune loi, comment comparer ces deux inflexions? Les méthodes que je propofe me paroiffent exemptes de ces inconvéniens; elles font directes, elles ne fuppofent pas les élémens de la Lune déterminés avec une exactitude trop fcrupuleufe, elles n’emploient que des rayons qui ont effen- tiellement éprouvé la même inflexion, Je détermine d'abord f'inflexion particulière des rayons qui rafent le bord de la Lune ; je fuppole enfüite connue cette in- flexion, & je fais voir comment on peut déterminer fa variation relativement aux différentes diflances du rayon folaire au limbe de la Lune. J'aurois fort defiré donner à cette dernière partie de Fou- vrage toute la perfection dont elle ft fufceptible, mais aucun Aflronome ne sétant propolé ce travail, il ne m'a pas été poflible de trouver des oblervations pour le compléter, je n'a DES S$SctrEenNceEs 17 même ajouté une Table des variations, toute incomplète qu'elle eft, que pour montrer ce qui refle encore à faire dans cette mauère plus étendue peut-être & plus intéreffante que l'on ne fe limagine, & qui demande des obfervations fcrupuleufes &ç réitérées. Je remarque en finiffant, fans cependant vouloir rien affurer, que la diminution de l'inflexion m'a paru beaucoup moins fubite que ne l'a fuppofée M. Euler. Après avoir difcuté ce qui regarde direétement finflexion des rayons folaires, je pafle à la folution d'autres problèmes : jobferve qu'il n'eft pas ordinairement poffible dans les éclip{es de Soleil, de déterminer par une oblervation immédiate, la grandeur du diamètre de la Lune; sil eft des cas particuliers, tels que ceux de l'éclipfe annulaire où la totalité du diamètre de la Lune fe projetant fur le difque du Soleil, permet aux Aftronomes d'en prendre la mefure exacte, ces cas finguliers ne font pas la loi générale. Pour y fuppléer, on a recours à d’autres obfervations, dont les conféquences conduifent natu- rellement à la détermination de ce diamètre ; telle eft, par exemple , l'obfervation de la diflance des cornes combinée avec une oblervation fimultanée de la diftance des limbes du Soleil & de la Lune. on voit que cette première méthode fuppole des obfer- wations fimultanées, je donne enfuite une nouvelle formule qui m’exige que l'obfervation de la diftance des cornes. L'efprit de cette méthode confifte à ne faire entrer dans l'expreffion du dia- mètre de la Lune, que les diftances des cornes obfervées à deux inftans différens, combinées avec la différence des diftances des centres. L'obfervation immédiate fournit les deux premiers élé- mens, c'eft-à-dire les deux diftances des cornes: quant aux dif- férences des diflances des centres, je remarque que, quoique pour un inflant quelconque, fon ne puifle pas répondre d'un accord rigoureux des diftances des centres, calculées & obfer- vées : cependant fi l'on calcule ces grandeurs pour deux inflans peu éloignés; comme les mêmes caufes d'erreurs influent fur les deux calculs, les réfultats feront également éloignés de Tobfervation, d'où je conclus qu'il eft poffible de fuppléer à 176 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALE lobfervation immédiate de la différence des diflances des centres par le calcul de ces différences. Chacun de ces pro- blèmes eft rélolu dans l hypothèle du rayon infiéchi & du rayon- non infléchi. Je fais voir enfuite comment lon peut condure le demi- diamètre de la Lune & la diflance des centies d’après les feuies oblervations, fans fuppoler connus d'auues élémiens que la parallaxe horizontale, Cette recherche efl terminée par le catalogue des obfervations dont j'ai fait ufage, ce font les oblivauons de Londres, de Calais, de Madrid, de Touloufe & de Stockolm. La première colonne contient les obfervauons telles qu'elles ont été données, La deuxième colonne renferme les demi-diamèires calculés d'après les obfervations, L'on voit entin dans les troifième & quatrième colonnes, les diflances des centres calculées dans la double hypothèle du rayon infiéchi & du rayon non intiéchi. Le problème fuivant eft employé à déterminer la parallaxe de la Lune, fa latitude, Fheure de la conjonétion, & la dif- férence en longitude de deux obfervatoires , par l'obfervation de deux plus grandes phales. Rélativement à cette méthode, j'obferve qu ‘elle peut être très-concluante pour connoître la latitude de la Lune, mais qu'elle peut induire en erreur par rapport à l'heure de la con- jonétion & à la différence en longitude des deux oblervatoires;: en effet, ces deux déterminations ne font exaétes qu'autant que les inftans des obfervations font les véritables inflans des plus grandes phafes. Comme il n'eft pas poffible de déterminer l'inflant rigoureux de li plus grande phafe, il eft toujours à craindre que l'on ne confonde avec cet inflant un inftant voifin ; cette erreur influe non-feulement {ur l'heure de la conjonétion que lon pourroit conclure des calculs, elle altère également la différence en longitude des deux obfervatoires. I entroit donc dans le but propolé, d'établir la relation entre la différence en longitude des deux obfervatoires, & le nombre de fecondes horaires DES SCIENCES. 177 horaires qu'il faut repartir fur Fintervalle des obfervations , pour avoir rigoureufement le temps écoulé entre les deux plus grandes phales. Cette méthode peut être fort utile, füur-tout lorfque l'on connoît la différence en longitude des deux obfervatoires, elle apprend à douter de l'exaétitude des obfervations, & fournit les moyens de rétablir les véritables inflans des plus grandes phales. A Dans la recherche fuivante, je détermine es élémens de la Lune d'après une {eule obfervation de la plus grande phafe & la connoiïffance fuppolée de fun de fes éémens. Comme je fuppole fucceffivement connues la parallaxe hori- zontale, la latitude de la Lune & Theure de la conjonétion : ces différentes combinailons fournifient trois formules. L'on n'a point oublié d'avertir dans quels cas ces formules peuvent induire en erreur par le défaut d'obfervations affez rigoureufes , & dans quel cas l'on doit les employer de pré- férence. Je paffe enfuite à la détermination des élémens de la Lune d'après une obfervation de la plus grande phafe combinée avec Yobfervation d'une autre phafe quelconque, je remarque que cette méthode eft très-concluante pour déduire la latitude de la Lune; mais qu'elle doit être employée avec précaution pour conclure linftant précis de la conjonétion & la parallaxe horizontale lunaire. Je détermine enfm les élémens de la Lune, d'après Ia connoiffance fuppolée de lun de fes élémens, & fobfervation des deux diftances des centres quelconques ; ce qui fournit encore trois formules. Comme ces dernières formules ne fuppofent aucune obfer- vation particulière ; que par leur moyen, il eft toujours poffible de comparer deux obfervations quelconques, quelqu'éloignées elles foïent entr'elles par le temps & par la fituation des obfervatoires, il eft fenfible que les réluliats trouvés par ces méthodes, font les plus rigoureux ; il froit difficile de jeter quelqu'incertitude fur lheure de la conjonétion & la latitude de la Lune que l'on en conclut, fon pourroit même croire Mém. 1704. 0 378 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'elles font fufceptibles de donner avec précifion Ha diflance de la Lune à la Terre. La détermination des élémens de la Lune, n’eft pas le feul avantage que lon puifle tirer des cblenations d'une écliple, la Géographie à un droit écal à ces obfervations. IL devoit donc entrer dans le plan de cet ouvrage, de faire voir par quelles méthodes lon peut conclure des obfervations li différence en longitude de deux obfervatoires quelconques : ce problème eft l'objet d'un article particulier, lon y fait voir par quels moyens les élémens de li Lune ayant été conclus de deux obférvations, & étant donnée l'obfervation d’une nouvelle diflance des cenres faite dans un autre lieu, lon peut déter- miner la différence en longitude des deux obfervatoires. Je n'ai pas encore park d'une quantité qu'il feroit à defirer de pouvoir déterminer avec précifion lors d'une éclipfe de Soleil; je veux dire, l'angle de da ligne qui joint les centres du Soleil & de la Lune avec le fil horaire ou avec un fi vertical mené par le centre de la lunette. Il eft difficile d'- muaginer quelle fimplification lobfervation de cet élément apporteroit dans les calculs. Il eft toujours poflible alors de combiner tant d'obfervations que lon voudra, pour en con- clure tels élémens de la Eune demandés, fans que jamais les inconnues du problème montent à un decré fupérieur au premier. La raïfon en eft fenfible, dans les équations que cette hypothèfe permet d'employer, les variables font toutes dans des termes diftinéts, élevées au feul premier degré Se combinées avec des quantités connues. L’élimination de ces variables ne conduit donc néceffairement qu'à une équation du premier degré. Afin de mieux faire fentir l'avantage de cette détermination (en cas toutefois, qu'elle {oit poffible ) , je réfous d'une ma- nière beaucoup plus fimple, plufieurs problèmes déjà réfolus précédemment, & je fais voir que la méthode s'étend à beau- coup de queftions que les difficultés d’ gb euffent rendues infolubles fans cette détermination. Je détermine enfuite le point de lécliptique dans lequel DES SCAMEMNLE. ES 179 amive la conjonction & erreur dés Tables Aftronomiques, {it en longitude, foit en latitude. Par la combinaifon de dix-neuf obfervations faites à Madrid, à Touloufe , à Londres, à Calais, à Stockolm, je fuis parvenu aux réfultats fuivants. Elémens de la Lune pour l'échpfe du premier Avril 1764: Heure de la conjonction à Paris 10" 31° 23" Temps vrai dans of 124 9° $7” avec üne latitude boréale de 39° 36". De ces déterminations, j'ai conclu que les nouvelles Tables de M. Clairaut ont donné une latitude trop grande de 5 fecondes & une longitude trop petite de 2 3 fecondes. Dans les recherches füivantes , je difcute plufieurs queftions Aftronomiques relatives aux éclip{es. Les rayons du Soleil éprouvent-ils une inflexion en pañfant près de la Lune! Quelle paroït être Ia quantité de cette inflexion ? Quelle longitude de Madrid peut-on conclure des obfer- vations de l'écliple du 1. Avril 1764? Quelle eft la véritable heure de Fobfervation faite à Calais? Sur la première de cés queftions if m'a pæru que Finflexion des rayons folaires qui rafent le limbe de la Lune éft d'environ 4"3. Hm'a fémblé auf que la différence des longitudes de Paris & de Madrid n'étoit qué de 23° 6" horaires, quoique cette méme différence foit de 24° 18" fuivant la Connoiffance des Temps. Quant à l'obfervation de Calais, je croirois que l'Obfervateur ne seft trompé que d'environ 7 fécondes für l'inflant précis des obfervations,. quoiqu'il ait annoncé quelque incertitude fur cet inflanit. Comme a théorie de l'inflexion’ des rayons folaires, du moins quant à la détermination précile, eft une matière qui m'eft pas fort connue; qu'une partie de cette théorie, celle qui eft relative à la loï de fa variation, n'a jamais été confidérée par aucun Aflronome, & que je fuis fort éloigné de regarder Li 3$0 MÉMOIRES DE R'ACADÉMIE ROYALE mes réfuitats fur la quantité particulière de l'inflexion des rayons folaires rafant le limbe de la Lune, comme des déter- minations irréfragables, j'ai cru qu'il n'étoit pas inutile de pré- {enter fous un {eul point de vue Fufage que fon peut faire des écliples de Soleil, relativement à cet objet, & les différentes obfervations que l'analyfe m'a indiquées, comme les plus favo- rables. Cette troifième partie eft enfin terminée par une difcuffion affez curieufe. À quelle caufe doit-on attribuer linflexion que paroiffent fubir les rayons {olaires? Eft-ce à l'attraétion New- tonienne, ne feroit-ce pas plutôt à une atmolphère répandue autour de la Lune? Pour terminer cette queflion, je calcule l'équation à la trajeéloire décrite par le rayon {olaire qui rafe le limbe de cette Planète. Je fais voir quen employant dans ces calculs la viteifle de la lumière & la maffe de la Lune, déduites des obfervations, la trajectoire diffère fi infiniment peu de la ligne droite, qu'il n'eft pas poffible d'attribuer l'inflexion à l'attraction Newtonienne: il faut donc en condlure l’exiftence d'une atmofphère répandue autour de la Lune. O0 AT RUE 4, EP A RIFMRME: Le la quatrième partie de lOuvrage, je démontre quel changement on doit faire aux formules pour les appliquer aux occultations des Étoiles & des Planètes par la Lune, aux ap- pulfes, &c. l'on y donne enfin des méthodes pour réduire des obfervations quelconques de cet aflre, au lieu vü du centre de la Terre. Plufieurs Auteurs célèbres fe font occupés de queftions analogues à ce dernier problème. M. de Maupertuis, dans fon traité de la Parallaxe; M. Euler, dans les Mémoires de Berlin: M. Bouguer, dans fa Figure de la Terre ; M." de 'Ifle, de la Caille, de la Lande, & plufieurs autres que Fon pourroit également citer avec éloge, ont donné des méthodes pour tenir compte dans les calculs aftronomiques de l'aplatiflement de la Terre. Mais fi lon compare leurs folutions à la mienne, if fera aifé de voir que l'énoncé du problème, la route qu'ils ont Di SNS Ie NiciE is 18r prife & la forme de la folution, font différentes: en eflet, 1e point principal auquel ils fe font attachés, a été de confidérer les parallaxes de la Lune dans le fphéroïde aplati, foit en les comparant avec les mêmes parallaxes dans la fphère, foit en les calculant direétement dans le fphéroïde; & il faut convenir que la réduétion du lieu apparent de la Lune au lieu vrai, eft un corollaire de cette méthode; mais aucun de ces Auteurs ne s'eft propolé de mettre en équation le lieu vrai & le lieu apparent, de forte que le lieu apparent étant la donnée du pro- blème , le lieu vu du centre de la Terre foit la racine de l'é- quation. J eft encore une différence bien fenfible & qui mérite d'être remarquée; aucune de ces folutions, ce me femble, n'eft rigoureufement exaéle, en prenant ce terme dans toute fon étendue : le problème n'eft rélolu qu'en fuppofant très- petite la différence des axes terreftres, foit relativement à la diftance de la Lune à la Terre, oit relativement à la valeur abfolue de ces axes. Imaginons un fphéroïde fort aplati & un fatellite fort proche de la planète principale; les droites que l'on a re- gardées comme parallèles dans le cas de la Terre, deviendront convergentes; les angles que lon a fuppolés égaux, auront une différence fenfible; les termes des féries que l'on a pu négliger, influeront fur le réfultat; les formules, en un mot, ne feront plus rigoureufes: l'équation, au contraire, que je démontre, eft exacte, elle s'applique également à un fphéroïde quelconque, quel que foit le rapport des axes & la diflance du fatellite: j'ajouterai de plus qu'elle eft extrémement fimple. Je donne enfuite des formules pour conclure la diflance de la Lune à la Terre, par l'obfervation d’une feule hauteur méridienne, en fuppofant d'ailleurs connue la déclinaifon de cet aftre. Je me propofe enfin de calculer par des formules directes la diflance de la Lune à la Terre, d’après deux obfervations méridiennes de cette Planète , faites dans deux Obfervatoires différens, fans fuppofer connus aucuns de fes élémens : l'on fait que ce problème aftronomique a fait un des objets du voyage de M. fabbé de la Caille au cap de Bonne-efpérance, a. 182 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & que la comparaifon de fes obfervations de la Lune au méridien avec celles faites en même temps à Berlin par M. de la Lande, n'ont pas peu fervi à fixer la parallaxe de cette Planète ; il devoit donc entrer dans le plan que je me fuis propolé de donner des méthodes pour calculer directement de femblables obfervations. Il eft fenfible que ce dernier problème n’eft qu'un cas par- ticulier de cet autre plus général: Déterminer la diflance de la Lune à la Terre d'après deux obfervations quelconques de cette Planete. Si Yon vouloit confidérer la queftion dans toute fa généralité, l'on pourroit (théoriquement parlant mettre le problème en équation ; mais la folution analytique à laquelle on parviendroit feroit hériffée de radicaux qui ne permettroient pas d'en faire ufage; d'ailleurs les obfervations faites dans toute autre potion que dans le méridien, n'auroient pas le degré d'exactitude que demandent des déterminations auffr délicates ; la Géométrie & l'Aftronomie concourent donc à exclure de pareilles obfervations. J'ai fait voir dans la fuite de cet Ouvrage, que sil étoit poflible de déterminer par Pobfervation l'angle que fait avec la ligne de comparaifon la droite qui joint les centres du Soleil & de la Lune, la connoiffance de cet élément fimplifieroit fingulièrement les calculs. | Rien ne détermine dans le ciel la pofition de la ligne de comparaifon ; quoiqu'elle fafle un angle conftant avec la projection du méridien univerfel & avec le fil horaire de l'Obfervateur placé au centre de la Terre, aucune de ces droites, emportées par le mouvement diurne, n’a une fituation fixe & déterminée ; il eft donc néceflaire de rapporter leur pofition à quelque terme fenfible, & tel peut être le fil vertical mené par le centre de la lunette, Cette réflexion conduit naturellement à la folution de ce problème : Déterminer fous une latimde à à un inflant quelconque l'angle du fil a-plomb avec la projetion du méridien univerfel on ayec le fil horaire de l'Olfervateur, plavé au centre de lu Terre: DES SCIE NC ES 183 En effet, fi l'oblervation fait connoître l'angle de la ligne des centres avec le fil vertical, & que d’ailleurs lon connoiffe l'angle du fil vertical avec la ligne de comparaïfon, lon conclura facilement l'angle de cette dernière ligne avec la ligne des centres, & par conféquent l'on fera dans le cas de n'avoir ue des équations fimples à réfoudre. LH eft fenfible que la folution de ce problème tient à la figure de la Terre: en eflet, dès que la Terre n'eft point une fphère parfaite, le fil à-plomb n'eft plus dirigé vers le centre; il prend la direction du rayon ofculateur dont il eft le prolongement ; d'ailleurs, entraîné avec l'Oblfervateur par le mouvement diurne, fa projection varie fuivant l'angle horaire & la latitude ; ces difficultés ne m'arrêtent point , & le problème eft rélolu dans toute la rigueur géométrique. Je finis par affigner, fous une latitude quelconque , l'heure correfpondante au maximum d'angle du fil à-plomb avec la ligne de comparaïfon & la quantité de ce maximum. H ne n'appartient pas de parler de l'exécution de ce travail; je me contenierai de dire qu'il net aucune méthode que je n'aie pratiquée plufieurs fois & qui ne foit éclaircie par un type de calcul pour en faciliter Fufage : Fon pourra juger par le grand nombre de corollaires , avec quelle fcrupuleufe attention jai cherché à prévenir toutes les difficultés capables d'arrêter le Lecteur, foit relativement au changement de fignes des dif- férentes valeurs qui compolent les formules, foit relativement aux folutions données par l'Algèbre, quoiqu'étrangères aux problèmes aftronomiques. Dans la fuite de cet Ouvrage, je n'ai eu aucun égard aux réfraétions ; c'eft-à-dire que j'ai fuppoé qu'elles ne caufoient aucune altération dans les apparences, où du moins que ces apparences avoient été corrigées par une méthodequelconque. Si la hauteur du Soleil , lors de l’obfervation, furpañle 2 r degrés , la première fuppofition eft fenfiblement vraie : en effét, les altérations caufées par la réfraction ne font fenfibles qu'autant que chaque point du difque du Soleil & de la Lune éprouve une réfraction différente. Le diamètre moyen du Soleil & de ES 7 184 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE la Lune eft d'environ 32 minutes ; la différence des réfractions correfpondante à 32 minutes n'eft déjà plus que de 3 fecondes, fi Yon fuppofe laftre élevé de 21 degrés fur l'horizon; la réfraétion n'altère donc à cette hauteur que de 3 {econdes une grandeur verticale de 32 minutes, tandis qu'elle n'opère aucune altération fur les grandeurs horizontales; les quantités que l’on obferve dans une écliple ne peuvent pas furpaffer les diamètres du Soleil ou de la Lune, c’eft-à-dire environ ‘32 minutes ; le maximum d'erreur que l'on puifle commettre en négligeant la réfraction n'eft donc qu'une erreur de 3 fecondes de degré, lors même que l'on fuppofe Ja quantité oblervée la plus grande poffible & entièrement verticale ; mais cette erreur eft d'autant moindre que: la quantité eit plus petite & que fa pofition approche davantage de la fituation horizontale ; d'où lon doit conclure que dans la totalité morale des obfer- vaiions l’on peut négliger l'effet de la réfraction. Si au contraire la hauteur du Soleil, lors des obfervations, eft moindre que 21 degrés, il eft nécefluire de les dépouiller des effeis de la réfraction, lorfque a diftance verticale des points que lon compare, n'eft pas nulle ou du moins très- petite ; car alors la réfraction qu'éprouvent ces points efl {enfi- blement différente, &, par une conféquence directe, leur diflance apparente eft altérée : cette première opération préli- minaire & indépendante de la théorie des parallaxes ne doit pas ètre négligée lorfqu'il s'agit de déterminations précifes & délicates : lon trouvera à la fuite de cet Ouvrage une méthode particulière relative à ce fujet. Je préviens une objection que lon me pourroit faire & qui {e tire des réflexions précédentes. Dans les calculs de l'Éclipfe du 1.” Avril 1764, j'ai employé à des déterminations très- délicates des obfervations dans lefquelles il ne paroït pas que Jon ait eu évard à l'effet de la réfraétion ; la réponfe eft facile : la hauteur du Soleil fur l'horizon & la petitefle, foit des diffances des limbes, foit des diftances des cornes employées à ces déterminations , ne doivent laifler aucun fcrupule fur Jexactitude des rélultats. I Éd : DES SCTIL2LNCES. 185 . HN «ft inutile d'avertir que toutes les formules que nous avons démontrées pour la Lune, s'appliquent également aux res de Vénus & de Mercure fur le difque du Soleil; ce. {ont les mêmes problèmes & les mêmes folutions, à quelques js - changemens près dans les fignes des formules, & qui font 1 ‘indiqués par les conftructions fondamentales. Qu'il me foit permis d'ajouter la réflexion fuivante. Un | . calcul d'Éclipf femble n'annoncer d'abord que des procédés _ de Géométrie élémentaire : cette vérité eft inconteftable, fr Ton s'en tient aux problèmes & aux méthodes connues ; mais j'obferve que plufieurs ïiluftres Géomêtres fe font occupés du problème de la parallaxe de la Lune: ce problème cependant - eft, j'ofe le dire, beaucoup moins difhcile que ceux que je réfous. En effet, dans le problème de la parallaxe de la Lune, Yon n'eft obligé Fa confidérer que la parallaxe d'un feul Aftre: dans le problème des écliples , au contraire, envilagé fous fon véritable point de vue, il faut confidérer à la fois les parallaxes de deux aftres, & les combiner par des équations qui repréfentent leurs rapports refpectifs. Cette remar ‘que fufft pour montrer que mon travail, confidéré du côté géométrique, peut mériter quelqu'attention, dr € Mém. 1764 ; Ad 2 Mai1764. 186 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M ÉMOIRE SUR LES DEGRÉS EXTRAORDINAIRES DE CHALEUR AUXQUELS ds Hommes à les Animaux font capables de réfifter. Par MT LE Te S' Yon peut efpérer de parvenir à la connoiffance de certaines vérités en Phyfique, c'eft fans doute par Îa voie des expériences & par une fuite d'obfervations d'où naiffent Les mêmes réfultats. Mais il ne fuffit pas quelquefois, pour que ces rélultats foient aufli étendus & aufr concluans qu'ils le paroiflent au premier coup d'œil, qu'on ait recueilli tous les traits de lumière qu'un travail d'ailleurs exaét a d’abord donnés ; il faut encore que l’objet particulier de recherche ait été confidéré fous des côtés différens, dans des circonftances qui ne foient pas abfolument femblables, & qu'il ait été comparé avec d’autres objets du même ordre, dans le point de vue fpécial dont on eft occupé. Le célèbre Boërhaave a donné le détail de quelques expé- riences fur ce qui fait la matière de ce Mémoire; il a été frappé des accidens graves qui en ont été la fuite ; & comme il étoit aflez naturel quil préfumât que ces accidens auroïent toujours lieu dans des circonftances à peu près pareilles à celles qu'il rapporte, il a conclu fur ces premières expériences que les animaux ne fauroient foutenir un degré de chaleur un peu C4 violent, & qu'ils meurent bien-tôt fi on les y laïfle expofés. Nous allons voir néanmoins, par une fuite de faits bien conf- tatés que les hommes peuvent réfifter pendant un certain temps à une chaleur qui paroîtra exceflive, fans qu'on saperçoive qu'ils en foient incommodés ; que différens animaux en ont DES, SÉétTENCESs 182 foutenu une beaucoup plus forte que celle dont Boërhaave fait mention; & qu'à la fuite de cette expérience ils n'ont effuyé aucun accident ficheux ; tandis que ceux qui ont été le fujet des épreuves qu'il rapporte y ont tous fuccombé, après une réfiflance plus où moins longue & qui dépendoït de la nature de ces animaux. Je crois devoir préfenter mes expériences & les réflexions fommaires où elles m'ont conduit, dans le même ordre que je les ai faites, Une circonftance, étrangère en quelque façon ‘à ce travail, m'en a fourni d'idée: je vais la rappeler ici comme le début naturel de mes obfervations, Le füjet des deux voyages que nous fimes en Angoumois par ordre de l’Académie en 1760 & 1761, M. du Hamel & moi, eft connu du Public: on fait que nous étions chargés d'y obferver linféte qui dévore les grains de cette Province & d'y chercher les moyens d'arrêter fes ravages. L'hifloire de cette chenille funefte & de fon papillon, a été donnée, tant dans Île recueil des Mémoires de l'Académie * que dans un ouvrage particulier. Après un grand nombre d'ob- fervations, qui $y trouvent rapportées, nous reconnumes qu'un des meilleurs moyens qu'on eût employés jufqu'alors pour faire mourir linfete dans le grain, avant qu'il leût beauconp endommagé, étoit de faire paffer les blés au four & de leur donner un degré de chaleur affez fort pour que fanimal ne pût pas y réffer. L'expédient étoit fimple & ne demandoit aucuns frais: il ne s'agifloit que de profiter du refte de la chaleur du four après que le pain en avoit été tiré, & de Fappliquer au grain avec quelques précautions pendant tout le temps qui conviendroit. Nos dernières obfervations fur les papillons du blé, furene faites à la Rochefoucault : cette ville, peu confidérable, n'a u'un {ul four bannal; dans la vue d'y faire quelque expérience fr la manière d'étuver les grains, nous voulumes connoitre le degré de chaleur qu'il confervoit encore le lendemain du jour où l’on y avoit cuit du pain; je plaçai pour cet effet fur une pelle de bois un thermomètre fait à F'elprit de vin, fuivant Aa i) * Mém, Acad. année 1761, page 289. 188 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les principes de M, de Reaumur, & je le portai vers le milieu du four. Après ly avoir laiffé pendant quelque temps, je le retirai pour voir à quel point la liqueur étoit monté; elle avoit paflé le terme de Feau bouillante; mais je m'aperçus que durant le peu de temps que j'employois à retirer avec précaution le thermomètre vers la bouche du four, & à y obferver la hauteur de Fefprit de vin, il baifloit de quelques degrés, & ne m'indiquoit plus celui où il s'étoit d'abord trouvé. Dans le moment où je faifois cette remarque, & pendant que le thermomètre, remis en expérience, acquéroit de nou- veaux degrés de chaleur, une fille attachée au fervice du four, soffrit d'y entrer & de m'avertir de la hauteur précile de la liqueur, lorfque je la lui demanderois. J'héfitois à lexpofer à une chaleur aufit forte, malgré l'affurance qu'on me donnoit qu'elle ne couroit aucun rifque, & je laiflois entrevoir quel- qu'inquiétude : cette fille en fourit, & entra dans le four; lorf qu'elle y fut, je lui donnai un crayon, afm que par un trait léger fait fur la graduation, elle m'apprit plus fürement le point de hauteur auquel la liqueur monteroit. Après que cette fille eut refté dans le four pendant quelques minutes, elle fit un trait à l'endroit où la liqueur étoit arrêtée, & je retiraï le thermo- mètre; je vis que l'efprit de vin étoit déjà monté à plus de 100 degrés: je craignis encore plus alors qu'une chaleur aufft confidérable n'incommodit cette fille ; & nous l'engagions, M. du Hamel & moi, à fortir du four; mais malgré nos inflances - elle voulut y refter encore, & nous dit qu'elle étoit accoutumée à sy tenir plus long-temps fans avoir befoin de refpirer un air frais. Le thermomètre fut donc remis en expérience pendant dix minutes ou environ que la fille refta dans le four; elle marqua le point où la liqueur étoit montée; c'étoit à-peu-près celui de 130 degrés. La fille fortit alors du four ; elle avoit le vifage fort rouge; mais d'ailleurs elle ne nous parut pas plus incommodée qu'on me left quelquefois dans l'été, à la fuite d'une chaleur extraordinaire, & {a refpiration n'avoit rien de bien précipité. Nous verrons bientôt qu'il y a quelque diminution à faire DIE SL MS CSA PEN Ci ELS: 189 fur cette grande chaleur du four que le thermomètre avoit indiquée, mais que, tout réduit à un calcul exact, elle a été beaucoup au-delà de 112 degrés. | Lorfque nous fumes de retour à Paris, M. du Hamel & moi, nous eumes occafion de rapporter de vive voix à l'Aca- démie le fait affez étonnant dont il s'agit; la Compagnie le trouva digne de fon attention; elle parut même defirer qu'il devint la matière d’une obfervation détaillée & fur-tout exacte, ur le degré de chaleur que la fille avoit foutenu : je me charoeai de fatisfaire l Académie fur cela autant qu'il dépendroit de moi, & d'y ajouter ce que d'autres épreuves du même genre pour- roient m'apprendre d'intéreflant. Quoique j'euffe très-préfent à l'efprit le réfuliat de l'expérience dont il eft queftion, & que nous nous rappelaffions également, M. du Hamel & moï, que la liqueur du thermomètre étoit montée dans le four à 130 degrés, je crus cependant qu'il convenoit de répéter l'expérience, & de la faire avec des foins que nous n'avions pas pris dans la première occafion: J'écrivis donc, au mois d'Août de l'année dernière, à M. Marantin, Commiffaire des guerres à la Rochefoucault, pour le prier de faire de nouveau cette expérience & de m'en envoyer le ré- fultat. Il avoit été témoin de celle que j'ai rapportée, je con- noiflois fon exactitude & {on talent pour loblervation; il avoit entre les mains le thermomètre dont j'avois fait ufage, & per- fonne d’ailleurs ne pouvoit mieux que lui, me fournir les nouveaux éclairciflemens que je demandois. Voici en fubftance ce qu'il m'a marqué, d'après plufieurs épreuves auxquelles il a donné tous fes foins, & qui ont été répétées dans des jours différens. Lorfqu'il les fit, la fille dont jai parlé plus haut étoit malade ; il eut recours à une des trois autres qui font attachées au fervice du four : peu. importoit à laquelle de ces filles il sadreffat; elles ont une égale habitude d'entrer dans le four, pendant qu'il eft encore très-chaud: l'objet de cette fonétion pénible eft de ranger dans ce four le gros bois deftiné à le chauffer de nouveau, & au point que l'exige la cuiflon d'une grande quantité de pain. A a ij 190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le rélultat des expériences que M. Marantin a bien voulu répéter, l'ont conduit à affurer de la façon la plus pofitive, ue ces filles ainfi habituées à foutenir la chaleur du four, peuvent y refler, fans en être incommodées, quatorze ou quinze minutes lorfque le thermomètre marque 115 à 120 degrés; qu'elles y reftent dix minutes quand la chaleur eft de 1 30 degrés; & cinq minutes feulement lorfqu'elle va jufqu'à 140. Une cir- conftance fingulière que M. Marantin me marque, fait aflez juger de la grande chaleur qu'avoit le four pendant qu'une de ces filles y étoit: au moment même des expériences qu'il me rapporte, cette fille courageufe avoit autour d'elle des pommes & de la viande de boucherie qui y cuifoient. La feule pré- caution néceflaire qu'on prit pendant le temps qu'elle refta dans le four, c'eft qu'on le tint entièrement ouvert ; au lieu qu'on le ferma dès qu'eile en fut fortie, afin que les fruits & la viande y parvinffent plus tôt à la cuiffon. F J'ai averti qu'il ne falloit pas compter en rigueur, pour les expériences dont il s'agit ici, fur toute la chaleur que paroifloit défigner Je thermomètre dont j'avois fait ufage, & que M. Ma- ranim avoit employé après moi. J'avois heureufement à Paris un thermomètre abfolument pareil à celui qui a fervi à la Rochefoucault ; il m'a été facile de le rapprocher d'un autre de ces inftrumens, fait avec le mercure, & de juger par-R du dérangement qui furvient dans un thermomètre à efprit de vin, lorfqu'on lexpole à une très-grande chaleur, Le thermomètre à mercure que j'ai comparé avec le ther- momètre à efprit de vin, a été conftruit avec foin fous les yeux de M. l'abbé Nollet : après les avoir mis Fun & Fautre dans l'eau bouillante, j'ai remarqué que le thermomètre à mercure fe tenoit exactement au 8 5° degré, terme fixé fur cet inftru- ment pour ce point de chaleur de eau, pendant que l'efprit de vin dans l'autre étoit au 1 17° degré. Je nr'aperçus bientôt que cette différence de 32 degrés étoit occafionnée par une bulle de vapeur, de deux lignes ou environ de diamètre qui s'étoit formée dans la boule du thermomètre, & qui avoit fait monter tout-à-coup la liqueur au-delà du terme de l'eau bouillante, D{ENS\ SIC E N CE s 191 Par une feconde expérience, je comparai ces deux thermo- mètres, en les plaçant dans un bain de fable auquel je donnai une affez forte chaleur: lorfque le vif-argent dans l'un fut monté à roo deorés, l'elprit de vin s'éleva dans l'autre au 1 32° degré ou environ; la bulle de vapeur sy montra comme dans a première expérience ; elle avoit commencé à fe développer dès le 106° degré, J'employai pour une troifième expérience, Fhuile d'olive que j'échauffai jufqu'à un certain point : le vif-argent dans un des thermomètres monta à 103 degrés, & l'efprit de vin dans l'autre parvint jufqu'à 153; la bulle, plus développée dans cette circonflance-ci, occafionna une différence de $o degrés; J'afcenfion fubite de l'efprit de vin eut lieu auffi dès le 106* degré : je remarquai un balancement de la liqueur dans Je tube depuis le 140° degré jufqu'au 1 50° & au-delà. Je comparai enfin pour la quatrième fois ces deux thermo- mètres, en les plaçant dans un four, fur une même pelle de bois & à côté d'un pâté qui y cuiloit : après qu'ils ÿ eurent refté trois quarts d'heure, j'obfervai que le vifargent étoit par- venu à 112 degrés, & l'efprit de vin à 126; dans cette expérience, je remarquai que la boule du thermomètre à efprit de vin ne contenoit aucune bulle; mais il sétoit élevé au haut du tube quelques vapeurs qui sy étoient condenfées & réduites en une ou deux gouttelettes : cette différence vient fans doute de ce que dans les trois premières expériences, le tube foiblement échauffé ne donne pas lieu à l'élévation des vapeurs ; il y devient au contraire un obftacle en concentrant ces vapeurs dans la boule, où enfin elles fe développent & font naître la bulle dont j'ai parlé: celle-ci formée une fois pouffe la liqueur renfermée dans le tube, & a une action pro- portionnée à Fintenfité de la chaleur que là boule reçoit; au lieu que dans la quatrième expérience le développement des vapeurs fe fait dans le tube même, comme recevant un degré de chaleur pareil à celui que reçoit la boule & le commu- niquant à la liqueur; mais d'un autre côté la bulle ne s'annonce plus dans la boule, parce que Ia formation des vapeurs ny 192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ayant plus lieu, élle trouve à fe développer au point le plus haut de la liqueur & à s'élever à l'extrémité du tube. Le réfultat de là dernière comparaïfon des thermomètres, prouve que quand on les tiendra expofés également à un certain degré de chaleur du four *, il n’y aura de différence entr’eux, pour leur point refpeétif d'élévation, que 14 ou 15 degrés, & que conféquemment un thermomètre à mercure, placé dans le four pendant que la fille y étoit, auroit marqué 1 1 2 degrés au moins de chaleur, tandis que le thermomètre à efprit de vin en auroit défigné 1 30. Si, après cette comparaifon des deux fortes de thermomètres, on héfitoit encore à adopter les réfultats que j'en ai tirés, fous prétexte que la marche du thermomètre employé à la Roche- foucault, pouvoit ne pas répondre à celle d’un thermomètre à mercure dans les proportions que j'ai obfervées, & en fuppofant l'expérience où les deux inftrumens recevroient également la chaleur du four; fi Yon avoit, dis-je, le moindre doute fur cela, il feroit levé dans un inftant, Le thermomètre à elprit de vin dont nous avons fait ufage, M. Marantin & moi, pour nos différentes expériences, ce même inftrument nra été renvoyé à Paris depuis peu ; je l'ai comparé avec un thermomètre à mercure que j'ai fait dans ce deffein avec tout le foin dont je fuis capable : cette comparaïfon a eu lieu dans un four de Boulanger, immédiatement après la cuiflon du pain; les deux thermomètres ayant été mis en expérience pendant une demi-heure où à peu près, avec les précautions dont j'ai parlé plus haut, l'efprit de vin dans un eft monté à 130 degrés ou environ, pendant que le mercure dans l'autre set arrêté à 112: il ne ‘eft point formé de bulle dans la boule qui contenoït 'efprit de vin; il n'y en avoit aucune * Je dis à un certain degré de chaleur, parce que l’efprit de vin qui marche d’abord plus lentement que le mercure, avant que d'arriver au terme de l’eau bouillante, s'élève plus rapidement que lui, lorfqu’il a une fois pallé ce terme, & ne fuit plus une certaine proportion dans les degrés qu’il parcourt; foit que tout- ä-coup il fe forme une bulle dans la boule du thermomètre, foit que la marche de l’efprit de vin devienne de plus en plus précipitée par une auffr “extrême dilatation. D'RIS, SC ELELN C E $: 193 auffi dans la liqueur qui occupoit le tube; & lon peut être affuré que cette élévation confidémble de l'efprit de vin, mé- toit dûe précifément qu'à la grande dilatation qu'il éprouvoit. Ne balançons donc point à regarder conume bien conftans les réfultats qui ont été établis : voyons le mercure monté réelle- ment dans le four bannal de la Rochefoucault à 1 12 degrés du thermomètre de M. de Reaumur, & confidérons-le comme défignant avec exactitude Le point de chaleur qu'il ef poflible de foutenir pendant dix minutes fans en être incommodé. Ce fait, quoique très-avéré, a de quoi furprendre fans doute ; mais létonnement doit encore augmenter fr lon rapproche de l'expérience que jai rapportée, celles que cite Boërhaave dans fon excellent Traité du feu, & qu'il eft néceffaire d'expofer ici : celles qui me refteront à détailler & que j'ai faites d'après les obfervations de ce célèbre Médecin, ferviront peut-être à expliquer ce qu'il y a de furprenant dans ces expériences, {oit qu'on les compare enfemble, foit qu'on les examine d'une manière ifolée. Boërhaave, à l'occafion de la queftion affez délicate & fouvent agitée fur l'endroit du corps humain où réfide la plus grande chaleur, voulut favoir quel eft le degré de celle que les animaux peuvent fupporter : il engagea en conféquence Fahrenheit & une autre perfonne dont il con- noïfloit l'exactitude, à faire fur ce fujet les expériences qu’il leur indiqueroit lui-même & dont ils lui rendroient compte avec fidélité : on voit, par la manière dont il parle de ces expé- riences , qu'il les regarde comme trèsutiles à la Chimie & propres à faire connoiître les effets de la chaleur de air fur les corps, les humeurs & les différentes parties des animaux. Boërhaave avoit obfervé que l'air eft fi fec & fi chaud dans Jes étuves où les Rafmeurs font fécher fubitement les pains de fucre, qu'il ne lui étoit pas poffible de le fupporter un inftant fans courir rifque d’être fuffoqué; il crut que ces étuves four- nifloient un moyen fimple de juger du véritable degré de chaleur que les animaux font en état de foutenir ; & ce fut-là que les expériences dont il avoit formé le projet furent exécutées avec beaucoup de foin. Mén. 1764 . Bb Elem. Chemie, 4 1, 148 Len, p. 147 Trad, t, 11, page 314: * Celui de Fabrenheit. » 4 C4 194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE « L'éuve de fa Rafinerie, c'eft Boërhaave qui parle, étoit fi. fort échauffée qu'un thermomètre de mercure très-exact *, » après y avoir été aflez long-temps, étoit monté au 146.° degré; alors on y mit à fix heures du foir un moineau renfermé dans une cage ; environ au bout d'une minute, le moineau, le bec ouvert, relpiroit déjà avec beaucoup de peine & d'efforts; à chaque moment fa refpiration devenoit plus fréquente & {es forces diminuoient confidérablement, jufqu’à ce que ne pouvant plus fe tenir fur le bâton où il étoit perché, il defcendit au fond de la cage; là, refpirant avec de très-grands efforts & fort vite, il mourut dans l'efpace de fept minutes. On avoit mis en même temps dans cette étuve un chien qui, après y avoir éé7 minutes, faifoit aflez connoître combien cette grande chaleur lui étoit ncommode, en ouvrant la gueule, en tirant la langue & en refpirant très-vite; cependant il reftoit tranquille dans le panier où il étoit renfermé : à peu-près au bout d’un quart-d'heure, il refpiroit avec bruit & avec beaucoup de peine, & il faifoit des efforts furprenans pour fortir; peu de temps après , les forces lui manquèrent ; fa refpiration com- mençoit à devenir de plus en plus lente, chaque infpiration & chaque expiration duroit long-temps , quoique faite encore avec aflez de force; enfin fa relpiration devint fi languiffante que peu de temps avant fa mort, on ne pouvoit plus l'entendre. Pendant tout ce temps, il avoit rendu une grande quantité de falive rougeätre & fi puante qu'aucun des affiftans ne pouvoit en fupporter l'odeur; & cette puanteur fubite étoit fi maligne, qu'un de ceux qui faifoient expérience, s'étant approché de trop près, en fut tellement fifi en un inflant, qu'il tomba prefque en défaillance & qu'il fallut le faire revenir à laide d'une liqueur, qui étoit une teinture de mirrhe faite avec de Fefprit de vin. Cet accident fut caufe qu'il ne put pas mettre un thermomètre dans la gueule du chien qui venoit de mourir; mais ly ayant mis peu de temps après être revenu à lui, il vit que le mercure fe fixa au 110.° degré; malgré cette grande chaleur & tous les efforts que ce chien avoit faits, il ne paroïoit fur cet animal aucune marque de fueur : ce chien phels! SIGE NICE 5 195 pefoit dix livres. Pendant qu'on failoit ces expériences {ur ces deux animaux, on plaça en même temps dans cette étuve un chat renfermé dans une cage de bois; après y avoir été une minute, il commença à sétendre fur le fond de la cage & à être efloufilé, & un quart-d'heure après il refpira avec une efpèce de fifement; enfuite il fit auffi de très-grands efforts pour s'enfuir ; & enfin il mourut après avoir paflé par les mêmes fouffrances que le chien, avec cette différence pourtant qu'il étoit mouillé de fueur, comme fi on venoit de le tirer de l'eau, & qu'il ne puoit pas comme le chien. » Je ne marrète point dans ce moment-ci aux réflexions que fait Boërhaave d'après ces expériences; je n'en confidère que les réfultats, & je vois 1.° que le degré de chaleur de l'étuve ayant été de 146 degrés au thermomètre de Fahrenheit, ïl répondoit à peu près au 54° du thermomètre que j'ai employé dans mes expériences, & dont j'ai dit que le terme de l'eau bouillante étoit marqué au 8 5. degré. Je remarque en fecond lieu que le moineau de la première expérience de Boërhaave mourut dans lefpace de fept minutes; j'apprends encore par la fuite du détail qu'il donne de la deuxième & de la troifième expérience, que les deux autres animaux perdirent la vie dans lelpace de vingt-huit minutes ou environ; j'obferve enfin qu'un de ces animaux fe trouva téllement corrompu après fa mort, qu'il s'exhala de fon corps une odeur affez maligne pour faire tomber en défaillance un des Obfervateurs qui s'en approcha de trop près. Nous avons vu plus haut par la comparaifon des thermomètres, qu'il falloit eftimer à 1 12 degrés réels Ja chaleur que la fille avoit foutenue dans le four pendant dix minutes fans en être incommodée, & porter encore à plufieurs degrés au-delà la chaleur qu'elle avoit fouflerte pendant cinq minutes fans aucun accident. Quoiqu'il y ait à préfumer que la réfiftance à de pareilles épreuves eft proportionnée à la mafe des corps qui les fubiffent, & qu'un petit oifeau doive plutôt y fuccomber qu'un autre animal beaucoup plus fort, où un homme robufle; cependant il y a une fi grande diflance de 54 degrés de chaleur qu'avoit l’étuve de la Rafinerie, à 1 1 2 Bb i Le Es ce « L 111 HT 6! 1. 33| 136! 7. 66] 5. a » 20 D 9 4 6 + £ El 14 ‘ fe 1 7 4 4 6 è ie 11 A EEE CAEN ee 24 Rs A A VE A GE À ss 8| 2 40 5 38 9-73 AE 6. 43 8| 2 3 38 7° 15 168 ÿe LI ; 15 x 15 1 912. 591,139 9. 28[ 160 6.28}, 9| 2 181.13 7: 19] ,È69 5 Ale 10| 3. 18 4 40! 9. 32 AA LL 1OIR2.853 4 40| 7: 22} 170 44 ” 2. 37 2 Tu 6! . Je PEAR CORDES SET À MES CU é RAR ETES É 3 1 el k 9 38 n Do 17 cr 3 : 14 421,7: 2e i72| 4 2A) 13 13/1 4. 141 5143 | 9. 40| ,#73| 5. 24 E 13| 3, 16 14143 7-28] ,873| 4.11 Le ie + 321al#t ge 41! N74] 5. 7,4 Ét4] 3. 30| 144) 7. 29! 74) 3+ 58), Fo 4 501,145 Poe OP NAS PNR SAN RE PNR 16! 5. 7|,,146 9. 41| 076] 4. 52], 16) 3. 58| "146! 7 20] 176] 3. 30 17) 5. 24/0471 9. 40! 077] 4 14] Ù Di7] 4 raz) 7 28) 77] 3: 16/7 18! 5. 41/6048) 0. 38) 178] 3. 56 D 0181 4. 24) 146! 7. 26) 578] 3 210 19! 5. 5716449! 9. 35] ,179| 3. 371,1 191 4. 36, 140! 7: 241 79) 2. 481, 20) 6. 13/50] 9. 32 ï 80| 3. 18 “ 20| 4. 48| so 7. 22 15°) 213310 211 6, 28 à 51] 9. 28 EST 2, $9 1 21 stro Si 7: 19 8: 2. 18 à 22|6 ile 2 9. 23 î 2) 2, 40 22 SAUT s2 Fat 02} 2. 3 14 ARS 19 a 11 4, 15 23| 6. s7| 14h 53 | 9- 18 6153 2. 21 0Ù 1231 s. 22/53] 7. 11 5; 1. 48 Fe 24/7 11/54) 9 121,104) 2 1 0f 24) 5. 53/54) 7 71 64) 135), 2 7° 24| 559. 5 | 5 nai. 25| s.43 RES) 7 2 1185 Te en EE MEN E RQ | EP ERP RE ? Ps cpgh cédentes ) MPLEMES DRart brut DRE Ti ALRITICLE : V. De la diflance de la Lune dans fon orbite à la projeétion de l'Obfervateur. (41.) J'appelle projettion de l'Ofervateur, te point où fa perpendiculaire abaiffée de l'oblervateur fur le plan de projection, rencontre ce plan. Soit F cette projeétion (qui n’eft autre chof@ que la pro- jeétion du point correfpondant du parallèle terrreftre EE perpendiculaire abaïffée du point Æ fur l'orbite de la Lune ; © le lieu de la Lune dans la droite L@Q. Il eft fnfble que la diftance FQ de la Lune à la projeétion de FObfervateur , dépend des quantités LQ, LD, DF | DF = TP; donc ($11) DF = 228. (42) La diflance LQ n'eft autre chofe que le chemin décrit par la Lune depuis la conjonétion dans la droite LX Q. Nous avons vu (S 5) que le mouvement de la Lune dans ceite droite, pouvoit étre regardé fans erreur appréciable comme pniforme ; & de plus ($38) que le mouvement horaîre dans Mér. 1764. » Gg Fig. 1, Fig. 1e 234 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE . . x La d . cette orbite étoit égal à Se finus du mouvement horaire compofé en longitude — ia x Gh; mais GhtàiGX comme le fnus du mouvement horaire compolé en longitude eft au fimus de la parallaxe horizontale polaire & GX = r; donc la valeur numérique du mouvement horaire de la Lune dans é r finus du mouv. hor. compofé en longitude ha droite LAQ = — x Re er rene + finus parallaxe horizontale polaire (43.) Soit & le nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonétion, Ton aura j finus du mouv. hor compoté en longitude Le ONCE + fnus parallaxe horizontale polaire - ue L Q MEA) br È finus du mouv. horaire compo/é en longitude 7 36004 finus parallaxe horizontale pohire Si donc lon fuppofe (a Mb PAT finus (mouv. hor. de la € en longitude — mouv. hor, du G) VE L # finus parallaxe horizontale polaire à l'inftant de la conjonétion ” rdg j PA nf k ë & Yon ana LQ = —— = ——— en fubftituant à 3600 arc 154 b » / 2 L4 A ti les arcs de l'équateur écoulés pendant le même temps. (44.) Pour déterminer la grandeur L D. Soit GN, a; GT, S;GL,];6 le fmus, & © le cofinus de l'angle GTL ou de fon egal PNT; 8 le cofnus de Fangle GLS; & du point F, abaïffons fur GX la perpendiculaire F'£. A caufe des triangles relangles LGS, NGH, ENF, Fr # è ÿ7 Von a les équations fuivantes, LS — =, NH — , LA r GH = — UN EVEUEE x Lun mais £F, par la conftruétion , eft une ordonnée à a projection orthographique du parallèle terreftre de FObfervateur ; donc £F (5. 31) Des "Sète Ncr:s 235 == ; donc NF — = PE donc D ve r étae r SORT D a w 47 (NF+NH LS}"== a LME EES : nb n f- Fig. 6 Fig. 6. 238 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALe la Lune; il sagit de déterminer fur le plan de projection Ia diflance de ce point À à la projedion Æ de l'Obfervateur. Pour y parvenir, foit SX le plan mené par le centre du Soleil, }G le plan de projection paflant par le centre de la Lune, VRS la droite menée de Oblervateur au centre du Soleil, C4 l'horizon ablolu, NM la diflance de l'Ob- fervateur à l'horizon abfolu, SC Ia diftance du centre du Soleil au centre de la Terre, que fAftronomie démontre être égale à la cofécante de la parallaxe horizontale folaire, en prenant le demi-petit axe de la Terre pour rayon ; les triangles femblables NFR, NKS, nous apprennent que ARR ARC AVE UNS NN ire pe 7b* FR == Nr mais EN ($. 40) SR PL EEE LEE, HR (£- 51) AT + ao) +]. Lé Donc fi Fon fuppole @ égal à la cofécante de fa parallaxe horizontale du Soleil, 1 LE — ps y D? cpqh cgp PTE «9° (Re entre Me HT Dis ] FR SNA LE — ps y b? cpqh c£p ad y a?" (ÉD dre) A Lee r 3600 LA La (s3-) Comme la valeur de FR du $. précédent, pourroit paroître un peu compliquée, Fon va chercher à la fimplifier ; on fuppofera dans ces recherches que les axes de la Terre font égaux, attendu la petitefle infinie de la différence de ces axes, relativement à la diflance du Soleil à la Terre. (54) Si par FObfervateur on mène la droite XFNM parallèle à SC, qui rencontre l'horizon abfolu en un point 44 & le plan de projection en un point Æ, que fon prenne pour finus total le rayon VC de la Terre, les quantités KS, FC, MC, feront chacunes égales au cofmus de l'angle NCA, la diflance NM fera égale au fmus du même angle, & lexprefs fon de FR du S. 52, pourra fe changer en cellé-ci, D ES S,CiTE N,C ES: 239 N &? { tn Mauss ) x cofin. NC M FR r 3600* A — finus NCM (55+) Imaginons que par le point #7, on mène au Soleil la droite #15, qui rencontre le plan de projeétion au point 7, il eft évident que Fon aura à caufe des triangles femblables £ > EP KSxMP Ur — és) * A NCM MPFr, MKS; Fr=—5 & (56) Dans chacune des équations des $$. 54 & $$, fi Yon fuppofe à = o , on aura les valeurs de fP & de fh particulières au plan de projeétion à l'inflant de la conjonétion; ( Es dem ) xcofin.N C M r on aura donc fP — , & fin. NCM MR à MAL 2Ë x —— : d'où l'on condlura tout de fuite LA Qr — 75) x fin. NCM x cof. NCM que P4 = fh— fP= LE Le (57-) Soit propofé maintenant de déterminer quelle doit être la valeur de l'angle NC, pour que PA foit le plus grand poffible. En différenciant la valeur de PA par les méthodes ordinaires, on parviendra à l'équation fuivante, qui exprime la condition du problème Q — finus NCM Fig. 6. fin. NCM+- Q x cof.* NOM — Q x fin. ®NCM = 0, (58:) Par le moyen de l'équation du paragraphe précé- dent, fi fon cherche la valeur du fmus de Fangk NCA, on verra que cet angle eft infiniment près d'être de 45 degrés, Pour la facilité du calcul, nous fuppolerons cet angle de 45 degrés, la valeur de P4 du $. 56 deviendra dans ce __ (Or—cë)xfinfast . PE ra (59-) Pour déterminer la plus grande valeur abfolue de Ph, je remarque que, toutes chofes égales, elle a lieu lorfque k faleur 7Ë eft le plus petit poflible; mais 7% eft le Fig. 6. _ 240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE produit de la cofécante de la parallaxe horizontale polaire de la Lune, & du cofinus de fa latitude au moment de la conjonc- tion; donc la plus grande valeur de Ph a lieu, lorfque la latitude de la Lune & la parallaxe horizontale polaire font les , plus grandes. Si donc on fuppofe cette parallaxe de raSrs &. la latitude de la Lune de 14 44’, on aura le loguithme de la plus grande valeur de P4 = 5,3834065. (6o.) Puifque la plus grande valeur de PA a pour Joga- rithme $,3834065, que d'ailleurs les angles fous lefquels PA & !e rayon de la Terre font vus à une même diflance, font dans le rapport de ces grandeurs, on a P/ : r : : tangente de Y'angle foutendu par la droite P4 : tangente de la puallaxe horizontale polaire, que l'on a fuppofée de 14 2”; l'angle fou- tendu par 24, eft donc moindre que fix tierces de degré, quantité abfolument inappréciable ; on peut donc fuppofer Ph —= 0, & par conféquent fP = fh. (61.) À caufe des triangles femblables FWR, fNP, onafP: FR:: fN:EÆEN; donc fP — FR :fP 2: fN — FN:fN::fF: fN; mais fF exprime le petit mouvement de parallélifme du plan de projection pen- dant la durée de l'Éclipfe, mouvement très-petit forfqu'on le compare à la diftance f N de Ja Lune à la Terre, Donc puilque fP— FR et à fP dans le même rapport, fP — FR eft une quantité très- petite, comparée à fP qui eft elle- mème une quantité infiniment petite; donc fP — FR dt une quantité infiniment proche d'être égale à zéro; donc, fans erreur appréciable, FR — fP; mais (6 Go ) fl. = On peut donc, à la valeur compliquée de FR, fubftituer celle de fh; donc (4. 56) FR — SERIES mais ($. $1 & $4) LNCM = VIE + E) + SE]; donc las (62.) Il eft aifé de voir que nous venons de faire deux fuppofitions, | DES SCIENCES 24T fappoñitions, la première, que FR — fP; & la feconde, que fP — fh. Si Von veut apprécier l'erreur que la fubfti- tution de f P à la valeur de FR introduit dans le calcul, lon reprendra l'équation fP — FR — J _ à , dans laquelle fP — FR ou fon él PE eft l'expreflion de cette erreur. L’angle fous lequel fP eft vu étant l'angle de la paral- Fig. 6. laxe de hauteur du Soleil, fa plus grande valeur égale dix fecondes; d'ailleurs fÆ eft le mouvement de parallélifme du plan de projection ; fa plus grande valeur eft donc égale à la quantité dont la Lune s'approche du centre de la Terre dans la direction du finus verfe de fon orbite: cette quantité eft d'environ 15 pieds dans là première minute de temps après la conjonétion; donc au bout de trois heures, elle eft de 15 x 3° x 60° — 486000 pieds — environ 34 lieues; la diflance fN de la Lune à la Terre eft d'environ quatre-vingt mille lieues; donc la plus grande valeur de fP — FR = [24 10 - x —T- , quantité abfolument inappréciable. La plus grande erreur, ou, pour mieux dire, la feule que lon puifle commettre en fubftituant la valeur de fh à celle de FR, fe réduit donc à l'erreur appréciée dans le $. Co, c't-à- dire à environ fix tierces de degré. À: R'TRCLE E VIT De la diflance du centre de la Lune au point où la droite , menée de l'Obfervateur au centre du Soleil, rencontre le plan de projeétion. (63-) Des conftructions précédentes, il fuit que la droite indéfinie NFK, n'eft autre chofe que la perpendiculaire menée de FObfervateur aux différens plans de projection; que la droite SC eft la perpendiculaire à ces mêmes plans paffant par Le centre du Soleil & de la Terre; donc fi, par l'Oblervateur Mém. 1764: : Hh 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & par le centre du Soleil, lon fait pañler le plan NA SC perpendiculaire aux différens plans de projection , les lignes NX, SC feront dans ce plan, ainfr que toutes les lignes menées de l'Obfervateur au Soleil. Le point À où la droite, menée de Jobfervateur au centre du Soleil, rencontre le plan de projeétion, fera donc un des points de la droite FG, interfection du plan de projection avec le plan NXSC (64.) Puïfque le point À eft un des points de Ia droite FC, les triangles FZR, FHG font femblables, on a donc F1: FR:: FH: FG; donc F1 — EHaER ; pp a @ mais FH = EN + NH (sg) = EH, Ch(Ss)= FE 2 YFE + CH} EN ee} + LE] & FR (à 61) VE +) + <<] r ti aw ] bn. Ex ( HS or r donc FI an ee nt On trouvera de mème que R7 — LE MERS Qr r (65-) L'on a vu /S. 45) que DQ avoit pour expreffion b a #7 us RUE — — ge ere * & (S. 64) que FI Ex ( eu — s'exprimoit par a ———— ; donc DO F2 ae (nn PESTE — — Es: 3600 HP r Te) k (EE ). (66.) Par la même raïon, A DR TT = RET pie & que R1 De x —., DIFEETRI re + + Lx), & QR= NC + D), La DES SCIENCES 243 MNT CL cgp + awp zÉ—AQr) En fuppofant C— EE ++ er) " (= | D= + ag x (EE). A RTE Cm EN NET De / ‘angle formé par les droites menées de l'Obfervareur aux centres du Soleil à” de la Lune. PROBLÉME. (67.) L'on Juppofe que de l'obfervateur Z., l'on ait mené Fig. 1. aux points F,R, fur le plan particulier de projetfion à l'inflant de la conjonthion, la droite ZE perpendiculaire à ce plan de projection, &* la droite ZR qui, prolongee, rencontre le centre du Sokil; l'on demande la valeur des droites ZF, ZR. SOLUTION. Par Les conftructions précédentes, Ton doit appliquer aux grandeurs Z Æ, FR de la figure 1, ce que l'on a démontré fur les quantités f AN, f P dela fgure €, puifque ces quantités font t La NCM; donc Z F (fig: 1) = x cof. QZR x cofuZR ZR *x finus total donne au plus un angle d'environ trente-fix minutes, donc ft QR x fin. QZR x fin. y ZR ZR x finus total qu'une erreur d'un millionième de trente-fix minutes de degré — deux millièmes de fecondes; donc. l'équation fe réduit = R f. QZR x cof. mZR à fin. QZR LORS IOZR x LR ZR *% fmus total ne peuvent afligner aucune différence appréciable entre le finus total & le cofmus wZR, & /$. 70) ZR = ZF; donc ___@R x cof. Q7R, ___ @R x finus total fin. QZR ES OPA donc tang. QZR Fe STE PE . (74) On a vu (6. 40) que la diflance Z F de lOb- TE — ps donc le terme n'eft qu'environ un mil- lionième du terme ; ce dernier terme l'on néglise le terme , Ton ne commet ; mais les tables des fmus fervateur au plan de projetion, sexprime par r LT PNR IAE cene que QR (. C6) a pour expreffion, 3600 n V{C® + D) en fuppofant SAOA C4 cgp + awp LE — Qr GE re Col oreaans LE ET), 3600 RARE se » FT). r r Ar Donc tangente (dif! appar. des centres di © © de la €) JA rV(C* + D' T# t£ ps > cpqh y pt too 7 (75-) Au lieu d'employer les cofécantes des parallaxes du D Es) 19,0 1 E Ncie!s. 247 Soleil & de la Lune, qui ne fe trouvent point dans les Tables ordinaires, il pourroit être plus commode d'employer les finus des mêmes quantités, Soit æ — finus de la parallaxe horizontale polaire de la Lune. m —= finus de la parallaxe horizontale du Soleil. 2 2 ! La Trigonométrie nous apprend que æ = Ta UT — Ti fr d'ailleurs on fubflitue à Ag la quantité 4/7 que nous avons démontré /$. r0) lui être égale, & que dans les quantités C & D Yon élimine a par le moyen de l'équation du $. 31 l'équation du paragraphe, précédent deviendra tangente (diflance apparente des centres du Soleil & de la Lune) æ WA? + B°) TEL = fer M me) EE ( MA 36007 PRE PE LA r en fuppofant - 1 — 950 + + ch — 7! 4 © re gs cgpor ee) » Tr T'E À r r+ Tr HE g/ I E20" Chr) Tr — 7 RÉCAPITULATION du Mémoire. (76) Pour réfumer ce qui vient d'être démontré dans ce Mémoire, foit T le demi-petit axe de Ja Terre, que je fuppofe égal au rayon des Tables. P Je demi-grand axe. P le finus de la déclinaifon du Soleil à l'infant pour lequel g le cofinus on calcule, $ Île finus € le cofinus Le la latitude corrigée del'Obfervateur. ($S. z 8 &2 0) 8 le fnus ? Le l'angle horaire de l'Obfervateur, & le cofinus 548 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyraLe 0 Je finus de l'inclinaifon de l'orbite corrigée. (S. $ ) d le cofinus e @ le finus de l'angle du Méridien univerfel, avec l'orbité @ le cofinus relative de la Lune à linftant pour lequel Z Ja cotangente on calcule. ($- # y Ë le cofinus de la latitude de fa Lune à l'inflant de la conjonction. æ Je finus de la parallaxe horizontale polaire de la Lune à l'inflant pour lequel on calcule. æ le finus de Ia parallaxe horizontale du Soleil. D Ie nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonction. finus de la latit. de la Lune au moment de Ia conjonét. 1= finus parall. horizontale polaire à l'inflant de la conjonétion ” finus verfe (mouvement hor. de la € en longitude — mouv. hor. du ©) | finus de la parallaxe horizontale polaire à l'inftant de la conjonétion L r finus (mouv. horaire de la € en longitude —— mouv. horaire du@) A + finus de la parallaxe horiz. polaire à l'inftant de la conjonétion ‘4 + (= gr 59 + su + PE) nr — TE). É : — gs o — cppor+ chppo ee) B = DL (rm) jee ei 3600 y —=TX 22 coqh 3 600* n Ds Er L'on aura ngente (diflance appar. des centres du Soleil © de la Lune) mA + FE) ST EE £ — É Ar 5 Soit donc Æ7 un angle dont la tangente — ——, l'équa- tion précédente deviendra tangente (diflance apparente des centres du Soleil &7 de la Lune) ArTT fr Hx (EEE — (77:) DES Scrences. 249 {77.) Si Ton vouloit que æ, au lieu d'exprimer le finus de la parallaxe horizontale aduelle de ta Lune, fût toujours dans la formule, l'expreffion du finus de la parallaxe horizontale à l'inflant de la conjonction. Soit diff. æ, la variation horaire du finus de la parallaxe hori- zontale polaire de la Lune pendant la durée de léclipfe, & par z b ; =. A . conféquent —— x dif. æ, la variation actuelle : l'équation du 3600 $. 76 deviendra tangente (ffance apparente des centres du Soleil & de la Lune) b pre Arx(rT + Lino. dif. 7) CT NS PU LC PRE PES fin, Hx[E — —x fr + Fe dif.x)] (78) Lors de fa plus grande valeur, la quantité La eft environ la foixantième partie de la quantité £, la quantité E b ie — X —— x difiæ, dans les cas extrêmes, eft tout-au-plus r 3600 5 5 LT E BrIT Te fa douze centième partie de —— ; donc TX x dif, 3600 eft tout-au-plus la foixante-douze millième partie de a quan- tité £; lon peut donc, fans aucune erreur appréciable, nédliger cette quantité: lon aura alors cette expreffion plus fimple & également rigoureufe de la diflance des centres, tangente (d/fance apparente des centres du Soleil & de la Lune) Ar x ( a x dif. 7) . fe rie PRES, (79-) Pour évaluer l'erreur que l'on commet dans l'ex- preflion de [a diflance des centres, en n'ayant point égard au b Exdif.r {Cime — x 3 oo Mn. 1764: Ii ; Ton remarquera que la quantité Æ 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE (SS 40 à 76) exprime la diffance de 'Obfervateur à Fho- 7 L? à ra Ë éco? qui ne cc ange rien AUX sizon abfolu (je néglige Le terme - conclufions). Si l'on fappofe que la quantité Æ foit égale au demi-grand axe de la Terre (& cette valeur eft la plus grande poflible); la plus grande variation que le terme EE produife fu une grandeur apparente de trente-fix minutes de degrés, vue à la diftance de la Lune, eft d'environ quarante fecondes, puifque cette variation eft la plus grande variation poffible du diamètre de la Lune fous lÉquateur, en fuppofant ce diamètre- … . q LA PP de trente-fix minutes de degré; donc la plus grande erreur que l'on puifle commettre dans l'évaluation de la diflance des ; : ; b E x diff. centres, en nayant {point égard au terme —— x 3600 r — déux tierces de degré; quantité abfo- Le ï # —— 40 x 1200 lument. inappréciable, comme nous favons déjà fait voir pa d'autres confidérations. se joe “se CE AS oh ‘ Le , Ÿ + sat Si A: : *: > Fe Er on | y l Eh Pr eme tte Lars fn su lei JU Ni ts 4h Are tb: DE LS ‘it L fa jE AL Le a ne pe NH il re li me nt ait EU rats? À ke . À LE ph Lépine dE 5 dde dr ai ge da À dt 0 078 À Méem. de l'Ae:R: des Sc.1764: lag. 260. Pl. 5. PR ES FA we ru A sm en z + E L= .— re + le : ue 4 A7 14 t r r ’ 4 [EA i 2 2 4R : 2: e1 + - À oO + : +: 11 L d + = ESS en En Re ar * a: LE DES SCIENCES. 251 MÉMOIRE SÉUURCNL ENS A ONB IE CT LE E Par M. FoucEroux DE BONDAROY. | ra RONOMIE fait de nouveaux pas vers fa perfection, à mefure que les moyens d'obferver deviennent plus faciles & plus exacts. C'eft donc travailler utilement, & contribuer aux progrès de cette Science, que de ne rien négliger de ce qui peut ajouter quelque perfection aux inftrumens d'obfervation. Les objectifs que lon connoît à Paris, faits par Jofeph Campani, donnent la plus haute ‘idée des talens de cet ‘artifte & femblent annoncer qu'ilpoffédoit une méthode particulière & füre pour toujours réuffir dans le travail de ces verres. * … L'Académie fachant que lInftitut dé Bologne avoit les ma- chines de Campani, croyant auffi qu'il étoit dépofitaire de fon fecret, me chargea lorfque je partis pour litalie, de n''inftruire des moyens qu'on y employoit pour travailler les objectifs, Je me propole donc de communiquer à la Compagnie ce que jai pu apprendre fur ce fujet intéreffant. Du vivant de Campani, la France s'étoit propofé d'acquérir de Jui la façon de tailler les objectifs; mais des circonflances que jai entendu rendre différemment, empéchèrent qu'on n'achetät un fecret que cet Artifte cachoit avec foin, & que même à fa mort il n'a communiqué à perfonne. Le Pape Benoit XIV, qui ne hifloit rien échapper de ce qui pouvoit enrichir les Sciences & les Arts, acheta des héritiers de Campañi tout ce’qui fe trouva chez lui concernant le travail des verres. If fit venir dé Bologne M. Hércule Lell, Membre de Flnftitut, qui depuis long-temps s'adonnoit à cette * Voy. les Mémoires de l'Académie ;. depuis, 1 666 jufqu'en 1699, tome VII; part, I; & celui de M: Caïlini, année a page 361. ii 28 Janvier 17644 252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE patie, & lui confia le préfent qu'il vouloit faire à cette Compagnie. M. Hercule Lelli chercha lufage de chacune des pièces qui avoient été trouvées dans le laboratoire de Campani, & soccupa à deviner, par les machines & les outils, les moyens qu'employoit cet Artifte célèbre pour donner à fes objeétifs les perfeétions qu'on leur reconnoiffoit; nuls écrits de Cam- pani ne pouvant mieux infbuire d’un talent qu'on ne lui recon- noifloit que par la fupériorité des ouvrages fortis de fes mains, & Campani ayant eu au contraire la foibleffle, comme je l'ai dit, de faire fon poffible pour qu'on ne foupçonnât pas même une pratique de fa méthode. M. Hercule Lelii m'a fait part de ce qu'on favoit fur méthode de Campani : il m'a fouvent afluré ne s'être rélervé que la machine à tailler les baflins qu'avoit imaginée cet artifle, uniquement parce que M. Hercule Lelli comptoit en donner la defcription au Public ; le temps apprendra fi ce feul motif le conduifoit à me le cacher /a). On fe doute bien que, ne parlant que du travail des objedtifs femblables à ceux de Campani, je ne dirai rien des verres combinés & des formes qu'on leur donne aujourd'hui, pour ajouter de nouvelles perfeétions aux objectifs (2 ). La parfeétion des objedtifs dépend du choix des verres, des différens & des meilleurs moyens pour les bien tailler, du choix & de la perfeétion des outils, enfin des attentions dans fe travail à ne rien négliger de ce qui peut concourir à augmenter leur effet, Du choix des Verres. On croit que Campani employoit pour former {es objectifs des glaces de Venife; la matière de ces verres, quoique fouvent femée de bulles, paroît plus nette, plus liée, plus dure & moins rayée, ou, en termes d'ouvriers, moins garnie de fils que celle qui provient de nos Manufactures. (a) L’Inflitut de Bologne & le Public ont perdu M. Hercule Lelli en 1766, depuis la lecture de ce Mémoire. (b) Voyez les Mémoires de M, Clairaut , années 175 6, 1757 & 1762. DES SCIENCES. 25 1! féroit cependant pofñble d'en fabriquer ici de meilleurs que ceux de Venife; & je ne doute pas qu'avec des attentions, nous ne puiflions nous en procurer de très-bons. On a remarqué dans les verres de Venife, que ceux qui offroient une couleur jaune, étoient ordinairement les plus durs & réufliffoient le mieux. M. Antheaume , connu avantageu- fement de l'Académie, & qui vient d'exécuter une Lunette dont plufieurs Membres ont admiré la perfection *, a cru en pouvoir juger ainfr, d’après des morceaux de glace que jai choifis à Venife. Comme tous les morceaux de glace ne font pas aufli bons, & qu'un fimple coup d'œil ne peut en faire apercevoir les défauts, il faut, avant de les travailler, les foumettre à un examen plus fcrupuleux. On prend un miroir concave où un objectif convexe’, d'un très-long foyer, on pole le verre qu'on veut examiner fur ce premier verre, & lon préfente une lumière à ces verres placés dans lobfcurité ; on éloigne la lumière jufqu'à ce qu'elle foit exactement au foyer du verre; pour lors le verre qu'on doit examiner paroît très - éclairé : on voit aïfément les inégalités dans la matière du verre, & principalement les fils qui gateroïient Fobjectif qu'on en formeroit & nuiroient à fa perfection ; on fent qu'il faut que le verre ait déjà été poli avant de le foumettre à cette épreuve, On reconnoiît encore a bonté d'un verre ou fes défauts, sil y en a, en pofant le verre qu'on veut éprouver près d’un miroir réfléchiffant concave, & faifant tomber les rayons d'une lumière fur le miroir concave: celui-ci jette la lumière fur le verre qu'on veut examiner, & fait apercevoir les moindres fils qui pourroient sy rencontrer. De la taille des Olje&ifs. Quand le verre a été reconnu n'avoir aucuns défauts effentiels; on trace fur la glace le contour & les dimenfions que lon * Cette Lunette à été travaillée fuivant lés principes de M. Clairaut. Voyez les Mémoires de l'Académie déjà cités. li 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALE doit donner à l'objedtif ; on le coupe avec le diamant; on en abat les angles & on farrondit. Si l'on a des baffins déformés, on choifit l’une ou l'autre des deux méthodes fuivantes : les uns promènent le verre fur le baffin , tandis que les autres font mouvoir le baflin {ur le verre qui eft flable. Campani, de fon vivant, afluroit qu'il pouvoit travailler, & Pay. Tom. VII, avec fon tour, des verres fans fe fervir de formes *, 2," Partie, On croit cependant qu'il formoit, achevoit & poliffoit fes objectifs uniquement en promenant circulairement fon verre fur un baffm de cuivre placé horizontalement ; il faifoit de temps en temps changer de pofition à fon baflin, qu'il avoit adapté à un rondeau dont faxe traverfoit la table & qu'il pouvoit faire mouvoir horizontalement, en le tournant dans un fens oppolé au mouvement qu'il donnoit au verre. Plufieurs baffins plus petits & à main ou poignée, que lon conferve à lInftitut, fembleroient annoncer qu'ils auroient été deflinés à polir en conduifant le baffin fur le verre; mais M. Hercule Lelli imagine que Campani ne sen fervoit que pour de très-petits objectifs. Cet Artifte avoit un nombre confidérable de baflins bien faits: c'étoit, fuivant ceux qui ont le mieux étudié fa méthode, en quoi confiftoit fon fecret pour donner un foyer déterminé à l'objectif qu'on lui demandoïit; mais outre les perfections qui dépendoient de celle des outils qu'il employoit , il portoit encore l'attention jufqu'au fcrupule dans le travail de fes objectifs, & laccompagnoit d'une adreffe fingulière dans 1e manuel des opérations. L'habitude, jointe à l'adrefle, avoient appris à Campani les moyens d'appuyer également fur le baffin, & à travailler fon verre fans déformer fon baffin. On croit que Campani fe fervoit de plufieurs baffins pour travailler le même objectif; le premier baffin fervoit à dégroffir; avec un {cond un peu plus concave, il achevoit fon objettif, en prenant toutes les attentions poflibles pour que fon objectif prit par des bords avant d'être atteint à fon centre, & évitant, par - là, que le verre ne vint à { décentrer en le travaillant. Diese Sick E mc:Ersnr il 25e ‘On croit que Campani, pour donner à fon verre préci- fément le foyer que on exigeoit de lui, finifloit une furface de {on verre fur un baflin d'un certain foyer, & la feconde fur un autre baflin d'un foyer différent ; qu'il parvenoit ainff à donner à fon objeétif un foyer moyen, où qu'au moins il approchoit de celui qu'on exigeoit qu'il fournit. On imagine que Campani fe fervoit, pour dégroffir & pour adoucir, d'une certaine quantité d'émeri plus confidérable qu'il m'auroit été néceflaire pour commencer à travailler fon verre; au milieu de opération, il 6toit la moitié de Fémeri & con- tinuoit à travailler, & en enlevoit ainfi une partie à mefure qu'il avançoit fon ouvrage. L'émeri diminuant de quantité, devenoit toujours d'autant plus fin que fon verre étoit plus pufait : il répétoit cette même manœuvre quand il fubftituoit le tripoli à f'émeri. Dans ces différentes opérations, on retient le verre fur une molette à l'aide d'un maftic *. Ce maftic n'a paru devoir être fujet à deux principaux inconvéniens; 1° {a chaleur qu'il faut lui donner pour le faire fondre, avant d'appliquer le verre, peut changer la forme du verre; & comme ül fut, pour travailler la feconde furface de l'objectif, le pofer une feconde fois fur le mafic, on rifque de le déformer; 2.° pour détacher le verre du maftic, on eft obligé de donner un coup {ec pour Yen féparer : cette commotion doit produire un ébranlement dans les parties du verre qui peut l'étonner ; il faudroit donc chercher un maflic qui, par fa compofition, fe fondit à un. foible degré de chaleur, & acquit promptement un certain degré de confiflance. If ne paroït pas que Campani fe fervit de moyens qui ne fuflent pas fujets à ces inconvéniens ; on a trouvé parmi {es outils un maflic compofé de colophone & de térébenthine de Venife, mais Campani n'employoit-il que celui-à ? n’en auroit-il point trouvé un autre que nous aurions perdu, ainfi que différentes autres manœuvres ingénieufes de ce célèbre Artifte? °* J'ai appris qu’à Paris, des ouvriers maintiennent le verre für la molette: avec du plâtre ; ce qui n’eft pas encore fgns quelques inconvéniens, d” 256 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE On doit encore faire attention à l’efpèce de fubflance qu'orf choifit pour faire les molettes : on fe {ert aujourd’hui de mo- lettes de liége, au lieu de celles de bois qu'on employoit. Auflitôt que le verre étoit dégroffi, Campani lui formoit un bifeau pour ne point déchirer le papier dont il couvroit fon baflin, avant de polir fon objectif. L'objectif une fois adouci, Campani couvroit fon baffin d'un papier: nous indiquerons dans un moment les attentions que mettoit Campani fur le choix de ce papier. Pour polir objectif, notre Artifte employoit le tripoli de Venife *: on croit que ce tripoli que l'on emploie à Venife au poli des glaces, eft fupérieur à tous les nôtres, & même à la pierre pourrie d'Angleterre; mais il faut choifr les morceaux & sarrèter aux plus tendres & aux plus légers. M. Antheaume, dont j'ai déjà parlé dans ce Mémoire, me permet d'annoncer que depuis peu il a fubflitué au tripoli de Venife & à la pierre pourrie d'Angleterre, l'émeri fn, & qu'il sen fert avec fuccès en ne négligeant aucune des atten- tions que nous allons indiquer. Il lave l'émeri & prend feulement Îa partie qui fumage, ou celle fufpendue dans leaw qui l'a détrempé; il laïffe l'émeri dans l'eau pendant huit ou quinze minutes, avant de l'en féparer, & choïfit par ce moyen aifé celui qui eft le plus léger & le plus fin, pour n'employer que celui-R. Il à remarqué qu'avec cet émeri il n'étoit pas néceffaire d'appuyer autant fur le papier dont eft couvert le baflin, & qui en eft enduit; il s'eft encore fervi avec fuccès, pour polir les verres, de grès ordinaire bien lavé, & dont il ne choïfifloit que le plus fm: il y a même des perfonnes qui ont pris des carreaux de terre cuite, réduits en poudre, qui les ont lavés, & qui ont réufli à polir des verres avec cette poudre. Le poli qu'il faut donner à l'objectif, fait la partie la plus difficile du travail: plus il acquiert le poli, plus il eft à craindre * Le tripoli appelé de Venife, fe tire de Corfou, & le meilleur fe trouve vis-à-vis cette île, dans la montagne de l’Épire, tenante à la terre-ferme, près d’un gros bourg connu fous Le nom de Sanri-Quaranta, a ds DES SCIENCES IST de le déformer, & plus il y a de difficulté à conduire le verre; quand l'objectif eft grand, l'adhérence devient afez forte pour fatiguer beaucoup la main de celui qui le conduit, cependant il paroît certain que Campani les polifioit à la main. Campani n'avoit donc d'autres avantages fur nous, que de pouvoir facilement changer de baflins, quand il vouloit finir de travailler fon verre. Comme Campani avoit une grande quantité de baffins, il pouvoit, dans le nombre, choïfir celui qui s'accordoit le plus parfaitement avec la forme que fon verre avoit prife, de façon qu'il n'étoit content du baflin qu'il avoit choïfr, que lorfque fon verre portoit dans toute fa furface fur ce baffin. Campani retenoit fon papier fur le baflin, avec une eau de gomme, pour produire moins d’épaifieur & d’inégalités. On croit que Campani avoit lui-même fabriqué le papier dont il fe fervoit pour couvrir fes baflins ; au moins eft-il certain qu'il en avoit fait faire exprès, & que l'on en a trouvé une grande provifion à fa mort. Ce papier ne conferve prefque point de marques du moule; il eft peu collé, eft ferme fans être dur, & il n'a point de marque de manufaéture : ce papier concouroit beaucoup à la per- feétion des objeélifs ; il feroit inutile aujourd’hui d'en chercher de pareil dans nos manufaétures, mais fort aifé en donnant des idées à nos Manufacturiers, de leur en faire fabriquer d'auffs propre à cet ufage, Moyens de former les Balffins, fuivant Campani. Je crois, d'après ce qui m'a été dit, pouvoir aflurer que Campani n'avoit pas d’autres moyens pour travailler fes objec- tifs que ceux que je viens d'indiquer, qui sécartent peu des nôtres; mais il avoit une machine qu'il employoit pour former {es baflins. Je crois avoir obtenu un deffein de cette machine que l'on m'a cachée à Bologne; & comme je ne fai point eu fous le fecret , je le joins ici pour laiffer le moins qu'il me fera poffible, à defirer fur ce Que fon peut apprendre du travail de Campani. Mém, 1764 . Kk 2538 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La machine à travailler les baflins, dont {e fervoit Campani ; eft compolée de deux grofles pierres de figure parallèllipipédale, haute d'environ 3 pieds fur une bafe de 4 pieds: il eft néceffaire que ces pierres A A foient pefantes, pour ne permettre à la ma- chine aucun mouvement préjudiciable lorfqu'on la fera agir. Sur une dés pierres B, vers un des centres de fa furface fupérieure, on a ajouté deux montans BB de cuivre, ferme- ment arrêtés fur la pierre par des grofles vis Q Q. Ces deux montans font réunis par leurs bafes à une plaque qui les affujettit à la pierre. Hs portent un mandrin aufr de cuivre À, auquel eft encaftrée la poulie € & à fon extrémité le bafin D, Sur le côté de la pierre oppolé à celui qui porte ces deux montans , on en a établi deux autres deflinés à porter une roue Æ, dont l'axe a une manivelle; cette roue, au moyen d'une corde, fait mouvoir la poulie €, l'axe & le baflin 2. On ajufte à peu de diflance du baflin un fupport #, qui fe meut le long de a couliffe G; de Fautre côté du fupport, ily a unautre petit montant pareil à ce ui G qui le retient, & forme une couliffe à queue d'aronde, dans laquelle le fupport eut fe mouvoir. Pour travailler Le baffin, il y a une barre ou aiguille ZL; c'eft une pièce de bois forte, & plus ou moins longue fuivant le foyer qu'on veut donner au baffm; mais on la choifit pe- fante, pour qu'elle foit moins difpofée à ne fe mouvoir que lorfque le travail du baflin l'exigera. Cette aiguille porte une pointe d'acier 7, qui eft encaflrée dans l'extrémité de la pièce de bois. Vers la partie moyenne de l'aiguille, on place un fupport #, pour l'empêcher de plier & de fe courber. Quand l'aiguille éft longue, oh met deux ou trois fupports, pour que fa pefanteur ne puifie pas lui faire changer de di- menfions en fe courbañt. Cette aiguille porte für la fconde pierre, ainfi que nous Tallons décrire. “ L'extrémité de cette aiguille oppofée à la pointe d'acier qui DES SCIENCE s 259 doit travailler le baffin, eft arrêtée für une pièce de bois 47, mobile dans une couliffe à queue d'aronde, pratiquée {ur un fort montant AW; elle eft retenue folidement fw la pièce 41, par une cheville d'acier Z. Par le moyen de cette pièce mobile, il eff facile de mettre fur une même ligne les points €, D, L, ou de faire mouvoir l'aiguille toujours parallèlement à l'axe qui porte le baffin, La pièce NW eft aufli mobile fur celle de bois ©, qui tient à la pierre; on a pratiqué fur la pièce A, une coulifie à queue d'aronde, dans laquelle paffe la pièce ©. Par cette difpofition, à laide du montant S, & de la vis P qui le traverfe, on peut approcher plus ou moins, & de la quantité qu'on veut, Laiguille du baflin, ou la reculer, en faifant mouvoir la pièce V vers O, ou la rapprochant du montant S. On croit que Campani formoit {es baffins avec du hiton ou cuivre doux; il Je fondoit, le mouloit & lui donnoit en- fuite la forme exacte qu'ils devoient avoir, avec la machine que nous venons de décrire. Quelques perfonnes travaillent Je baflin, en formant l'ob- jettif de ce même baflin. M. Deparcieux, de cette Académie, imagina en 1736, une machine qui exécutoit ces deux effets, ou réunis, ou fparés : fuivant qu'on le defiroit, on travailloit un baffin feul, ou le baflin & fon objectif. } Le P. Chéubin, dans fa Dioptrique oculaire, a fait graver une machine qui à beaucoup de rapport avec celle de Cam- pani; cette dernière eft peut-être plus parfaite, en ce. qu'on eft maitie de changer de la plus petite quantité la longueur de outil, & qu'il a cherché à lui donner beaucoup de folidité, Plufieurs autres Auteurs ont décrit des machines qu'ils ont m" + n°, ou tout au plus égal ; pour que tous les termes en x puiflent { détruire, il faut que le nombre des coëffciens indéterminés foit "17 = 1 + 1 ; donc #1 + n + 1 —= 7 DT EN CR TEE ETS I CONC Di M EE &n—m— n — 2. Cela pofé, fi on égale à zéro les coëfficiens de chaque puiffance de x, on formera une fuite d'équations dans laquelle il eft aïfé de voir 1.° que les dimenfions des coëfficiens d’une même inconnue Z2 où V, formeront une progreflion arithmétique ; 2.” que toutes ces progreflions arithmétiques auront une même raifon ; cd que fi on con- tinuoit ces progreffions juiqu'à la première de ces équations, les nombres qui marqueront les dimenfions que les coëïficiens de M, N, P, &c. y devroient avoir, font p, p — 1, p —2, &c. le nombre des termes étant # + 1; 4.° que D! EuSu :SUGiN EN: CES 303 lès nombres qui, dans la même fuppofition , marqueroient les dimenfions de A1, N°, P', &c. font PrP—1,p—2,&c juiqu'à un nombre de termes —= y + r 3 5+ qua quel- que terme que puifle répondre celui qui a pour expofant m' + n", fa place dans la füite des équations fera la même que dans celles des puiflances de x, & par conféquent expri- mée par +0 — m'—#" + 1 : donc pour déterminer quelle devroit être la dimenfion du coëfficient de 44" dans la première équation, il faut retrograder de m + 9 — y" — y" équations ; donc le nombre qui marqueroit cette dimenfion éroit p'— 0 — n + nm" + n', & par conféquent les nombres qui marqueroient dans la première équation les dimenfions de 41", N", P", fi ces quantités s'y trouvoient , ONE D mt PR EN 4e PP In 4e MH n— 1, P— mn + me pl 2, &c. jufqu'à un nombre de téïmes — TE NT De-R & du corollaire du lemme I I, il eft aïif£ de con- clure 1.” que le nombre G qui exprimera la plus haute dimenfion de l'équation en y & 7, rélultante de la comparaifon dsrmEnr +7 équations , fera G —S +. (m4 n + 1 ) m+n 4; 2. Que 4 — Tr; 2e — (2p—") 2 rer pr 7 M ETES 2 2 ; 2Mm—20+ 2m + y") (—— ), & par confé- MH n quent G — (mn +3) Hamon = (2p—2) Hi ! ! Hi ( RE Gr) (EE) H (2 p" — 2M— 2 + 20 + y" DER 4 Er ), ou, en fübffituant 2 pour # & n' leurs valeurs trouvées ci-deffus » C—= nm + PR + pm — m — m + M —p—p +0" + 1 7 (p = P' pes P" PS m Ne m dE 244 nm ui 7 LUœL 2) u", ‘quantité qui eft indéterminée jufqu'ici , puifque rien encore n'a déterminé 7”, 304 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE Il y a donc une infinité de manières de parvenir à l'e- quation en y & 7; mais entre toutes ces manières, il eft évident qu'il faut s'arrêter à celle qui donnera pour G la plus petite quantité ; ceft-là la condition par laquelle on doit déterminer #" ; il faut donc prendre la différentielle de G en regardant #" feulement comme variable, & égaler cette différentielle à zéro; cette condition donnera. ......... == Lib pacs — nm — p— 1. Sur quoi il faut obferver maintenant qu'il ne fera pas toujours poflible de profiter du minimum abfolu ; 1° parce que 74 doit être une quantité politive; 2.° parce que. .:....- mem m+p+p + p" : , ne peut pas toujours faire un nombre entier ; 2 parce quewat+ 7 doit être plus grand que #1" + u", où tout au plus Te égal; 4.° parce que m' étant fuppolé plus petit que #7 où = », il faut que m'— 2 foit plus grand que 7” ou tout au plus — 7", c'ett pourquoi, pour plus de généralité, nous prendrons . . . .... mn + + p+p + pl— 1 — M En Rae AR NEV MERE ER P— I, 2 a, étant la plus petite quantité qui puifle fatisfaire à ces conditions. Au refte, quand même on ne trouveroit pas pour & un nombre qui püt remplir ces quatre conditions à la fois, iln'en faudroit pas pour cela conclure qu'on ne peut pas par la comparailon des trois équations, trouver une équation plus fimple qu'on ne F'auroit par la comparaifon de deux d’entr'elles. Il faut remarquer que ces conditions maiflent de la fuppo- fition que nous avons faite que » + n — m + #, que m + un >m + u", &e Or il n'y a pas plus de raifon pour fuppoler #1 + 1 = m + #, que pour fuppoler m +- » — m" + n° ou m + n —= mn + n", il conviendra donc de faire un triple examen. Si tous les trois donnent pour #,#, #", des valeurs pofitives (en donnant toujours à 4, les moindres valeurs qu'il DES'SCIENCE Ss, 30 qu'il fe pourra ) on choifna entre {es trois réfultats , les deux qui donnent li moindre valeur pour G. Si lon ne trouve pour #, x’, 1”, des valeurs pofitives que de deux manières, on sarrétera à ces deux-là , bien entendu qu'on Examinera toujours fi es valeurs de G ne font pas plus grandes que ne les donneroit la combinaifon des équations deux à deux ; mais cela fera extrémement rare. Si on ne peut parvenir: à avoir de valeurs pofitives pour #, #!, y, que d'une feule manière , alorsil fera certain qu'il faudra éliminer une fois par la comparaifon de deux équations. Enfin fi l'on ne peut par- venir à donner à #, #!, #', des valeurs pofitives, qu'en rendant G plus grand qu'il ne feroit par la combinaifon des équations deux à deux, on aura recours à ce dernier moyen; mais ce dernier cas, s'il peut avoir lieu, fera très-rare : par exemple, il n'aura jamais lieu tant qu'on aura p — p' — Dino on trouvera toujours au moins une équation plus fimple que par a combinaifon des équations deux à deux , excepté le cas unique où quelqu'une des quantités #1, m', m", feroit égale à r, & le plus fouvent on trouvera deux équations plus fimples que par la comparaifon des équations prifes deux à deux. Après ces remarques, revenons à la valeur de G, fi on fubflitue dans G la valeur du'on vient de trouver pour #”, On aura G— mm + mn + mp + m P'+ mm" 0 Lu # UM J 10 a* MP Mp + mp + mp TH PP + pp HET P+Hp+p'+ me nm m 2 — Eee y Le calcul que nous venons d'expofer, fuffit pour trouver les deux équations en y & z ; nous allons éclaircir tout cela Par des exemples. EXEMPLES. 3, Soient p =7 = "= 0, & m — m' — m", M — TE nn D, mn on aura # — Ts MES PE (= RE à 2 A n MmM+A — 2 MH a — 2 no —= , ? 206 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Si m eft pair, on pourra toujours faire — 0, & la valeur de G fera — = nf, plus petite, par conféquent , qu'en com- binant les équations deux à deux. On pourra encore faire «a — 2, excepté dans le cas où 3 n° m.—= 2, & Îa valeur de G fera + 1, plus petite encore qu'en combinant les équations deux à deux. Dans le cas de m == 2, il ny a aucune valeur autre que zéro à prendre pour à; c'efk pourquoi la feconde équation en y & 7 doit fe tirer de la comparaifon de deux des trois équations. 3m + or 4 plus petit que par la combinaifon des équations deux à deux: or comme il ny a pas de raifon pour employer les valeurs égales de » & de #', à l'égard de deux équations plutôt qu'à l'égard de deux autres, on en fera ufage en deux manières, &c Sim eft impair,on fera & = 1, & on aura G— , / . $ Fee 2 7 l'on aura les deux équations y & z chacune du degré 27 ; 4 donc fi on a trois équations du degré #1 & où x {oit au degré 1; lorfque # fera pair, on multipliéfa chacune par un polynome indéterminé du degré — , & ayant fuppofé, à l'aide des coëfficiens indéterminés, chaque puiffance de x dans la fomme des trois produits égale à zéro, on aura une équation en y & z, laquelle fera du degré —— #°. Pour en avoir une autre, on 4 multipliera deux des trois équations propofées par un polynome , m sx 4 du degré Art & la troiflième par un polynome du degré M — 4 , & lon obtiendra de même une nouvelle équation en y & g du degré À n° + 1. 4 Si au contraire »r eft impair, on multipliera la première D'E S, Sc E NcEz is 307 ° LE & la feconde équation, par un polynome du degré et & la troifième par un polynome du degré 22 ; on mul- tipliera auffs la première & a troifième chacune par un LJ/1 polynome du degré —, & la feconde par un polynome du degré , ou bien Îa feconde & 11 troifième par un polynome du degré —— » & la première par un polynome # M — . du degré 75, & lon aura deux équations en y & 7, 2 3m HI chacune du degré Nous n'entrerons pas ici dans l'examen de quelques cas particuliers, qui exigent un certain choix dans les équations qu'on doit multiplier : cet examen trouvera fa place plus bas. On voit, par-à, combien on s'éloigne du but quand on fe borne à éliminer en prenant les équations deux à deux. Par cette méthode, équation finale monteroit, en général, au degré m*, au lieu qu'en les combinant toutes à 1a fois, elle monte au degré ni ( . mn += 1) lorfque »# eft pair, 3MHT 42 )° Jorfque m ft impair ; la table & au degré / fuivante fait aflez fentir cette différence. Par la première méthode. : D TT EM SSNRS LE HORTES 2 G—16...81...256...625...1296...240r 7 Par la feconde méthode... G—12...49...156. LOTS. 756...1369 2.° Soient MC In LE" P=4; P=S$, Pi— 19» me. ” — 4 —« : 10 + « ODANm—=E 2 — > » 2 2 2 La plus petite valeur qu'on puiffe donner à & , efta —— 4; & alors G = 83 ; mais fi on renverfe l'ordre des équations, Q q i 308 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE étiquion écrive) m6 me pl = dr P—=19,p —=5$, on aura #— Nr nement, 2 2 Het ; la plus petite valeur qu'on puiffe fuppofer à «ta — 18, qui donne G — 104: renverfons encore l'ordre des équations , & écrivonsm = $ ,m'= 3,m"—=6, Sp io), pl 4 ho bons PES 2 ds AA pes nt Te plus petite valeur 2 qu' on puifle fuppofer à « eft encore «a — 18, & l'on trouve G — 35 ; mais cette combinaifon ne peut avoir lieu, parce qu elle donne #7 + n < nm + n", &c. Si on RER les équations deux à deux , on trouveroit G — 80,G— 144, G— 125 ;il faut se dans le cas prélent, diner une fois feulement par la comparaifon de trois équations, & une fois par la comparaifon de deux, on multipliera les équa- tions indiquées par m — 6, m—5$, m'— 3, on les multipliera refpectivement par les polynomes indiqués par n—=3,n—4, un —0o, & les deux équations qu'on doit comparer pour avoir la feconde équation en J&Z, feront celles qui font indiquées par m— 6, m° = 5. 3° Soient NN Ni te = 11— «& ; Œ — 1 d— 3 ON AU p— —— , = ———, n = —, 2 2 2 La plus petite valeur qu'on puifle donner à & eft donc : Pt | mais elle eft inutile parce qu'elle donneroit 3 + » < mn"; fit donc a — 5, & on aura G — 5 2- Changeons l'ordre des To & PRE M7; M US MU) 0 PI 2; pi 4, nous de x + à rte = À, y — , HZ ———, k plus z * 2 petite valeur qu'on puiffe fuppofer à & eft à — — 1 ; mais elle eft inutile parce qu'elle donne #1 + n< m°+ n" ; loit e—1,onawaG= 52, ainfi que cl doit êueen efluy Dress SIC E N'c/E NS 309 puifque les multiplicateurs des équations feront les mêmes dans ce cas que dans le précédent; foit donc 4 — 3, on aura G — 54: changeons encore l'ordre des équations , & écri- VONS PR ER ONMTENS MÉRITE 4) D 2; D == t3} n ere / Le LE & NOUS AUIONS =, D = ——— ; les fuppofitions de & —— 1, & — 1, ne ‘peuvent avoir lieu ; foit donc a — 3, on aura G— 2, ce qui ne donne rien de différent de ce qu'on a déjà trouvé; car cela donne auffi les mêmes multiplicateurs que ci-deflus & pour les mêmes équations; fr on fait à — $, on aura G — 56. En com- binant les équations deux à deux, on trouveroit G — 88 Ë = 64, G — 62; donc il faut éliminer deux fois par la comparaifon des trois équations à la fois, & on aura deux équations , l'une du degré 52, l'autre du degré 54 LPTTE 7, . \ . Des Equations à quatre inconnues. Soient #1, m1 ,m",m"", les expofans dex dans les quatre équations propolées ; que les coëfficiens des puiffances fucceffives aient des dimenfions marquées par p,p 1, pH 2, p+ 3, &c dans la première ; par p', pH 1, p'4-2, &c. dans la feconde ; par p", p°+ 1, P'+ 2, &ec. dans la troifième: par PP", P'+ 1, p+ 2, &c dans la quatrième. Soient #, #', n°, n"”', les expolans des polynomes indéterminés qui, multipliant ces équations , feroient que dans la fomme des quatre produits les puiffances de x s'anéantiroient. En raifonnant de la même manière que ci-deffus, on fera MHIZMHN, MEN RHIN HI + Hi + RH 1 D + 1; d'où l'on tirera # — WU —n— 3, &n—m— y — x" — 3 il faudra auffi qu'on ait » + 1 > m" + »", où tout au plus égal, & mu > mn" où tout au plus égal. Hiseig On prouvera de même que S— /2p—") { Q q iÿ 2 + 310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE HI + (2p— 1) ( ) + (2p— 2m— 28 — 24" + 0") (=) Per MP LE 2 le 3 D où mi “") ( ), & par conféquent G — 2 An +0 +3) (2) + (2p—r) (===) 2 + (2p — x") (——) + (2p'— 2m—2n À Qu + 2n"+) (——) + (2p— 2m—a2n st A n+ 1 + 2m +") ( nt ), où en mettant pour # & #! Lars galets AU A TE LL NNTIE 26): 1 PRET TENERS G=mmn+ nn — 4). La condition que G foit la moindre qu'il eft pofhble, exige qu'on égale à zéro, 1.° la différentielle de G prife en faifant varier 7” feulement; 2.° la différentielle de G prife en faifant varier #”” feulement ; 3.° la différentielle de G prife en faifant varier 7°" feulement; ces trois équations donneront les trois valeurs fuivantes. : 1 + mm + ml am p ++ p pp" p" À EE ———— — ——————————…—…— ——— — M = — I : P ji: ml me nl P+p+ ppp" 3 # Pr M PL 4 (1 Lo on P+ » LE P'HI ‘== 1 ne ant su ta Di SARA TEE Ho M —p —1; Mais comme il faut que #", #”, n°", foient des nombres entiers politifs & tels que m + n>mn,m+n> M nm 4 n > m4 n°", où que tout au plus il y dit égalité, on fera généralement ; D''EtSMSNCNMLR MICHEr SpA AE 5: m + nm + F'QN TE: ml mt p+p+p + + pl à HUM EN! PERTE N A RAT RENE! Aa 5: 2" 0 + nl me nl! + me p RASE "+? 0 pu € n" p" e —————————_—_—___ —]" ——————— — — = s m— p' UE 1: pe ; 4 Me. m + of + mm + ml MU p Lee + p'+ p'+ Fiac > % Fe F— PME Met MI EE lé a, G, y étant les plus petits nombres pofitifs ou négatifs qui puiflent fatisfaire à ces conditions. Si on fubftitue dans G ces valeurs de x”, n", #°", on awra, après les réductions convenables, G — m m 1 m m" Ü m me NE m m°"! M ‘ m (4 m U7 A UT BP Ë P + ni UZ2 —+ ml m' + m m' + m m'"+ m P + m 41 + m LL ViR ! UA LL UA 122 41 LA LA LA P, U4 P, np —mm+mm TAP+mP+ np + m'p ULI L/Z72 LL LL L4 LUE /3 L22 tu UL2 tam tm pm pm p+ m'p"+ mp + m"p 7] LE /7 2 “ 1 (24 # UA A ULA + APM PE PP +pPr" + Æ + LP F0 +p"p" Ü P'P" 1 Pr” P P ? P? + P Pr TT MT: ++ +a6+az + Cyr Re, 16 à m + m+ m'+ nl mL ? + + P'+ P'+ HE ———_———_— lt LE TL. “ E x E M P LE. — 6( }. (773 Soient P pe P=— P" =p"= p"— 0, mM— m'— m'— nm m k M — y — M — 6 — m— à — on aura 7"— 2 » R'— ë == £ , #4 + < ; m+a+C+y—4 n+a+C +4 PA — MT PEUT PU TECS D RNA Grue? Donc fi "m eft plus petit que 4, il n'y aura aucune valeur à donner à &, 6, y, qui puifle rendre », #', n', n", a, toutes pofitives ; c'efl-à-dire qu'il faudra éliminer par les règles établies précédemment pour un moindre nombre d'inconnues. Si m — 4, il fera poffible d'éliminer par la comparaifon des cinq équations à la fois; mais d'une feule manière, en fafant «à — C— à — 0. Si m eft plus grand que 4, alors il peut arriver quatre Rx ij 316 MéÉmoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE cas, ou #2 eft exactement divifible par 4; ou divifé par 4; il donne pour refle 1 ; ou divifé par 4 il refte 2 ; ou enfin il refle 3. PREMIER cas. On fuppofera 4 = 0, 6 — 0, y—0; pour avoir une première équation fans x ; pour avoir Îa feconde, on fera & — 0,6 — 0, y — 4; pour avoir la troifième, on fera «à — 0, 6 — 4,7 —= o; & enfin pour avoir la quatrième, on fera a — 4, 6— 0, y— 0. Les valeurs correfpondantes de G feront GC—— PB! D' — AC E "A D'; t'es £ = 4 , RÉ ge es Pareconféquent en fubfi- tuant, on aura les trois équations fuivantes ; SEE) +fBC) +1 4] —9, — f A'C' sa hAD — g'AD'\— u# gA'B ==. £ AC" X + J* A'A' en h A'* + k A's f'B'B' Te FR BNEX Bye f BD ARR OU FA'DY\, — g'AD'\— 0, RARE EEA CLS LOI AA 1. 4°? + k A’: 27 HNLB + "BC" + f'B D”. cu _.f" maù ,— f! AY ,— g'AD' = @ he A CRIS ENS EUe CAN AA + L'A': + k" A’: 328 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyAtreE Pour éliminer, il ne feroit plus queflion que de fubflituer dans la feconde formule de la feconde forme du Lemme 1: mais la fübftitution entière n'eft pas néceflaire, il fuffit de la faire feulement dans le premier terme qui et /a 8 — ab) «', ce qui donnera pour premier terme de l'équation finale, la quantité fuivante ; LA BB—fAC—gAB+RA") (fBC— FA D'—g À C+ WA) —(fBB—SAC—gA BEA") (fBC—fA D —Z3 À C'+WA")] C'ED'-g"AD'+S'AA); pour évaluer ce terme, on multipliera les deux premiers faéteurs renfermés entre leS doubles parenthèfes, & en chan- geant f en f” & f en f, g en g' & g' en g, & ainfr de fuite, changeant de plus les fignes, on aura le produit des deux autres facteurs renfermés entre les doubles parenthèles ; on multipliera le tout par le faétèur qu'affééte la double parenthèle, & dans ces multiplications, on omettra tous les termes que l’on prévoira ne devoir pas avoir à la fin A pour facteur. Cela polé, on changera dans le produit total qu'on vient de former; 1. tous les fignes; 2.° f’ en f {en fr, g'en g"&g'en g', & ainfi de fuite, & on aura ce qu'auroit produit la fubflitution dans /a4"b — a b")c' fecond terme de la formule ; enfuite on changera encore dans le premier produit total f en f” & fn f, g'en g" & g' en g, &c. on changera auffi les fignes, & on aura par-à, ce qu'auroit pro- duit la fubflitution dans (/a'4"— a" V')c; la fomme de ces trois rélultats étant égalée à zéro, & divifée par A donnera l'équation finale, en y fubftituant d'ailleurs pour f, g, &c. f, g, &e. f”, g", &c. leurs valeurs données par la méthode ci- deflus. . . En voilà affez fur les équations à deux :incoMiites. Je n'infifte gpoint fur l'ufage qu'on peut faire ‘de ces méthodes } pour la conftruétion des formules d'élimination ; mais la forme fous laquelle ces méthodes les donnent, me paroît très-propre à mettre fur la voie pour les former par une règle générale qui ! DIE US MOCQAÉELNNC Er So NM 32 ‘qui n’exige point de fubftitution dans aucune formule c'ettun travail auquel j'invite ceux qui feront affez heureux pour avoir plus de temps à dépenfer que moi. j La méthode pour les équations à trois ou à un plus grand nombre d'inconnues, peut recevoir aufli des abréviations fondées fur les mêmes principes ; à la vérité ces abréviations introduiront un facteur, mais il fera monome & déterminable indépendamment de l'opération. Nous nous contenterons d’ex- pofer ces moyens d'abréviation, en prenant pour exemple les équations à trois inconnues ; cet expolé 8 celui que nous avons fait à l'occafion des équations à deux inconnues, fuffront, je pen{e , pour faire connoître comment on doit traiter les équations à un plus grand nombre d'inconnues. . Soient donc d’abord les trois expofans de x écaux entr'eux ; on déterminera , par les moyens donnés plus haut, les valeurs de #, n° & n" ou fimplement les valeurs de z & #", parce que dans le cas préfent » — »", Cela pol, les trois équations. étant AIS MS DS AE EMNO EE D ee Be etes T'Ei0; PR CR En VOIE ie PA DL PART EN sa TE 0)8 eg Te TG PE AE EN D Ce ns PES PRE EEE Adele ce Lt} au lieu de multiplier ces équations refpeétivément par MÉDEENE TR Mia pe Ni: ere, M'x" [22 pe N'x° MH — 1 2 &c. . on s'y prendra de la manière fuivante. 1. Du produit de la première multipliée par À’, on retranchera celui de la feconde multipliée par À. 2. Du produit de la première multipliée par A'x + B/, on retranchera le produit de la feconde multiplié par A x + B, 3-° Du produit de la-1.* multipliée par A+ B'x +C", on retranchera le produit de la feconde multipliée par Ax° + Bx-+C, & on continuera de même jufqu'à ce que le multipli- cateur foit devenu du degré #, après quoi on comparéra Ja première à la troifième de la même manière , c’eft-à-dire que : Min. 1764. A ° Tt 330 MÉMoIREs DE L'AcADÉM1E ROYALE 1. Du produit de la première multipliée par 4”, on retran= chera le produit de la feconde multipliée par À. 2.° Du produit de la première multipliée par A'x-4+ B",on retranchera 1e produit de la feconde multiplié par 4x +2, & ainfr de fuite jufqu'à ce que le multiplicateur foit devenu. du degré 7". Par ces opérations, on aura # + #2 équations, cha= cune du degré 57 — 1; & comme 2—= m— n° — 2. on aura 7 équations du degré m — r, c'elt-à-dire autant qu'il. eft néceffaire pour éliminer par la fimple fubftitution dans les formules du Lemme [, & moins qu'on n'en auroit eu, fi on {& fut borné à chercher les valeurs de 47, N, &c. M1, N',&c.. M", N", &c. Pour connoître maintenant le divifeur. monome qu'acquèrera l'équation, il faut remaquer que les dimenfions : des coëfficiens des termes des équations formées par la-com- paraifon de la première & de la feconde équation propoées, . feront Pour la 1° phpf+i,p+pæi,p+p +3 p+y +4, &c juquà pp + m Pour la 24 p+p+i,p+p+3,p+p+4gpÆ+p+s, &c juqua p+p+m+Ær Pour la 3 pp +3, pp ea; pp + sp +p+ 6, &c juiqu'à p+p + m +2, &cs- lé nombre de ces progreffions étant # + 1; & par la com- paraifon de la première & de h troifième, PHP Ts PHP SEPT 3 IA UE EEE tte PHP +2 p+Pp +3 p +p +4 p + pH 5, juquè p+p+m+ rt PHPH 3 PHP HA PHP + Sp + p'+ 6, juqu'à p.+ + m + 2, &ei- le nombre de ces progreffions étant #°+- 1. Donc par le corollaire 11 du Lemme TT, la dimenfion de- l'équation fans x réfultante de cette méthode, fèra A+ 1 (2p + apte) (——) + (2 + 2r 1 C4 x 1 ++ 2) (=) ++" +2) ( = mm mi —p+p + pm + pm — (mp — p—n'— 2)", en méttant pour # fa n HN 1 FT rD'Eisr S'CUE N° CES 335 valeur m — #"— 2; or la dimenfion de l'équation fans x ne doit être que mm — m+i —p—p+p + pm ep — (m+p+ pp n— 2)"; donc la nouvelle méthode donne un excès de p + pu dimenfions. Or je conclus de-là que l'équation qu'elle donne et divi- fible par 4 **”"; en effet, puilque l'équation eft trop élevée de p +- p #" dimenfions, chacun de fes termes étant nécef- faisement du même nombre de dimenfions , il faut que chaque terme ait un facteur fuperflu de p + p#" dimenfions ; or je dis que ce facteur eft le même pour chaque terme, & cela eft évident, puifque lorfque p fera zéro, il doit être de zéro dimenfions, ce qui ne peut convenir qu'à À ; donc ce facteur eft généralement 4'#”", éclairciffons cet expolé de la méthode par un exemple. Soient les trois équations , AX+ Bx°+L Cx + D — o, A'x + B'x LUC’; +. D’ 0; A'x + B'x° + C'x + D" = o x Il & foient À de deux dimenfions, À’ de trois, & 4" d'une dimenfion ; on aura ni ÿ—4 1 d—3 a à : D 3 la plus petite valeur qu'on puiffe donner à &, pour que #”, #', n foient pofitives, &-pour que 7 + 7 foit plus grand que #° + #" tan donc 2 0e 1" I, DA conféquent G = 18. Si on renverfe l'ordre des équations & qu'on conçoive que celle qui étoit la feconde eft actuellement la dernière, & que la dernière devient la feconde, #, n', n" répondant à la première, feconde & troifième équation du nouvel arran- #ement ; on aura, M ee = = R= 1 7 ; a plus petite valeur qu'on puiffe donner à &, gt & — 1, qui dog TE if 332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AN OMMD = MT ANA NICRIGIE= = PNO! Renverfons encore l'ordre des équations , de manière que celles qui dans le premier arrangement étoient les deux der-- nières , foient actuellement les deux premières, & que la pre-- mière devienne la dernière ; nous aurons, pm 3—4 Pas Hpats EUR = , RE om la plus petite valeur qu'on puiffe donner à & eft 3, qui donne #°— 0, = 1,1 1 &G— 17, & comme les équations propofées ne pourroient être comparées deux à deux feulement,, fans donner une valeur de G au- deflus de 17, j'en conclus que pour éliminer dans le cas préfent , il faudroit, fuivant la première méthode, les combiner trois à trois en deux ma-- nières; la première en ajoutant le produit de 4x? + Bx° + Cx + D pa Mx + N, avec le produit de A'"x? + B'x + C'x + D'par M'x + N", & avec le produit de Ax + B'x + C'x + D' par M, ou fimplement avec Ax + B'x# + C'x + D’; & la feconde en ajoutant le produit de A'x? + B'x + Cx + D' px Mx— N',. avec le produit de 4°x-+ B"x+C'x + D'par M'x + N", & avec le produit de A x? + Bx + Cx + D par M, M, N, M', N', M", N', marquent ici des quantités diffé- rentes de celles du premier cas. Pour parvenir ad même réfultat par la feconde méthode ; on sy prendra de là manière fuivante. Ayant vu qu'il faut multiplier Ax? + Bx° + Cx + D pa Mx+ N, Axe B'x + C'x + D'par x + N°, & Ax+ B'x° + C'x +- D' par T° feulement ; j'écris. les trois équations dans Fordre fuivant ; A+ Bx + Cx+ D — 0, Aa pes AUCES ID A3 + B'x + C'x + D'— o. Du produit de la première par À”, je retranche Je produit de la feconde par À, & jai (A'B — AB") x + (A'C— AC") x + A'D = AD'= 0 Des Sen T EN ONE Is 33% Du produit de la première par A'x + B", je retranche le produit de la feconde par 4x + B, & j'ai (A'C — AC") x°+ (AD — AD" B'C — BC") x + B'D — BD'— 0 Du produit de la première par À", je retranche le produit de la troifième par À, & jai (AB — AB!) + (AC — AC!) x + AD — AD = 0. La queftion eft réduite à comparer ces trois équations du’ 2.7 degré à la 2. formule de la 2.°° forme du Lemme Ï, laquelle donnera [CAB — AB") (A'D— AD" + B'C — BC") (A'C—AC")] (AD — AD [CAB — AB')(A'C — AC") — (AB — AB") (AC — AC')] (BD — a fe H-[(A'C— AC") (A'C— AC!) —(A'B— AB)(A'D—AD'+B"C—BC")](A'D— AD"). équation qui, après les opérations faites, fera divifible par 4'+”", ceft-à-dire par À. Pour avoir la feconde- équation fans x, il n'y a autre chofe à faire qu'à changer, dans celle qu'on vient de trouver, A! en À & A en À!, B' en 2 & B en P,& ainfi de fuite. Dans les degrés pairs, ce changement ne donnera point une nouvelle équation; c'eft pourquoi il faudra faire le calcul pour: d’autres. valeurs de 7 & de »", qu'on trouvera comme il a. été. dit plus haut. Soient maintenant #1, m°, m" inégaux, & que »r. foit plus grand que #' & m° plus grand que »", ou qu'il y ait tout au plus égalité; après avoir déterminé 7, n° & n", on procèdera comme il fuit : 1.° Du produit de la première par 4’, on retranchera le produit de la feconde par 4 x” 7”, & on aura une première: équation du degré m — 1. 2. Du produit de la: première par A'x +- B', on retran-- chera le produit de la feconde par A x" T' + Br, &. on aura une feconde équation du degré m — 1. £ Tt ii: 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE - 3° Du produit de la première multipliée par A'x° + x + C', on retrancherale produit de la feconde multipliée par ANT INR TN RE TER une troifième équation du degré m — 1. On continuera ainfr jufqu'à ce que le premier multiplicateur foit devenu du degré ». S On fubflituera dans chacune de ces équations ,.au lieu de x" & fes puiflances plus élevées, la valeur de x”!, tirée de la feconde équation, & les puiflances plus élevées qu'on en conclura par des multiplications & fubftitutions fucceffives; par-à, on aura Z + 1 équations chacune du degré n° — 1, Ces opérations faites, fr» + 2 eft plus petit que #", on comparera la feconde à la troifième comme on a comparé la première à la feconde, mais feulement jufqu'à ce que le mul- tiplicateur de la feconde foit devenu du degré m" — n — 2; ce qui donnera m'— n — 1 équations du degré a — 1, & par conféquent on aura en tout #" équations chacune du degré n° — 1. Si » + 2 {e trouvoit plus grand que", on ne compareroit la première équation à la feconde que jufqu'à ce que le multi- plicateur fût devenu du degré # + 1 — m". Alors on fubffituera , dans chacune des "équations du degré, m'—— 1 au lieu de x” & fes puiffances fupérieures, la valeur de x”” & de fes puiffances fupérieures conclues de la troifième équation, & on aura #" équations chacune du degré #°— x, kfquelles, comparées aux formules du Lemme 11, donneront Yéquation fans x. M = NL , & On aura H ne refte plus qu'à démontrer que l'équation faus x, trouvée de cette manière, ne fera pas plus élevée qu'elle ne doit être, ou du moins que le divifeur qu'elle aura fera monome : voici comment on y parvient. Les » + 1 équations réfultantes de la comparaïfon de Ja première équation à la feconde , faites avant la fubflitution de x", feront telles que les dimenfions fucceffives des coëfficiens des puiffances de x, feront DES ScrEeNcCcE s. 35 2 PFPHI p+p +2, p+p +3 juquà p+p 4m PHP H2:P+HP +3, p+p+ 4 juquà p+p tm PHPH3 PHP +4, pp 5 juQquà pp tm, &c jufqu'à 7 +1 progrellions. Et après la fubftitution de x’ les dimenfions des coëfficiens feront PHP + nn 4 à (nn), pl mm + 24 On) j'a p + pm ont )yl P+ mm + 2 +(ni—nt)p,p+ pm — M +3 + (n—m)p juqu'à p+p + m+ 1m pl 2+m— mt + 3+(m—nt)y, + Pm—m +4 (mm) pl Ju pp m2 + (in )yl, &ci.. juqu'à # + à progreffions. Er Pre équations réfultantes de da comparaifon de la feconde équation à la troifième, faites avant la fobiti- tution de x”, auront, pour dimenfions fucceffives des puiffances de >x, les progreflions fuivantes : PHP+HI, p+p+2,p Hp" y jufqua P+pr +, PHP+2P+pP+3,p +p +4 jufqu'à p+p + m4, PHPHS PHP +4, pp 5 juquà pp + m + 2, &e- jufqu'à un nombre de progreflions — m°— » — 1, & lorfqu'on aura fait la fubflitution de x7”, tant dans les 1 —+- 1 premières équations, que dans les 77° — y = y dernières, on aura 1° # + 1 équations du deoré »° — y, dont les coëfficiens des puiffances de x auront fucceflivement pour dimenfions : PHP HR (nt pl + (nn pl p + mm es +) + (ntm )pt juQquà pp + m + (m — ml) + (rl — mt) p PHP + mm 2 + (nm )y + (ntm )pl,p Hp ++ + (nt )y + (nt—n.)p" jufqu'à p+p + me 1 + (m— 10) p + (mt —m!) p' PRÉ) tp om juqu'à PH Emi +(n— ml) y + (of — m°) p', &ec. jufqu'à # + 1 progreffions.. 2m — nr; équations du degré 5” —— 1 dont les eoéfficiens des puiffances dé x, auront fucceflivement pour. dimenfions 336 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE r D Hp + nom Hi + (nm) Pop Hp nt om + a + (mt nl) pl jufqu'a pf + p" + om += (nt — mm") pl D +p ++ is (nn) pp +pt+m em + 3 + (ul — mm!) pf quiqu'a pe pt om 2 3 + Qu — on!) p' pen mt +3 + (nt — mt) pp + gp" + 0 nt 4 + (mt — mm") p juiqu'à p° + pp" + mt + 2 + (nt — m!) Pp' &c. juqu'à m"— n — 1 progreffians. Donc par le Corollaire IT du Lemme 11, la diménfion de l'équation fans x ; fera, [2p+2p+2m—2nm+2+2(m—-m) p+z(n 4 n')p'+n] (—— ) + [27 +2p+anm— an ) + x Don — 1 +2(mw—m)p + —n] ( ( _— Je cefl-à-dire en mettant pour # fa valeur #'°— #— 2, 2 G=mm+pni—m) Les flèches des clochers couvertes d'ardoiles , à hauteur égale, font plus fouvent & plus rudement frappées du tonnerre que celles qui font bâties en pierres, à moins que dans celles-ci il n'y ait des liens de fer, ou que la pointe ne foit couronnée par quelqu'ornement de métal d'une maffe confidérable ; aux unes comme aux autres, il y a des cloches à la bafe, & la pointe eft terminée par une croix de fer; mais dans les premières, ces deux parties de pur métal fe répondent par une charpente chargée de clous, & fujète à être mouillée, ce qui eft tout autrement fufceptible du feu élechique, qu'une pyramide creufe de pierres, qui met entre les métaux une diflance de foixante ou quatre-vingt pieds, On dit que les pins fur les montagnes, quoique plus expofés à la foudre, n'en font prefque jamais frappés, tandis que les chênes en pays plat, comme dans les lieux hauts, le font fréquemment ; fi cela eft vrai, c'eft que le pin eft un arbre très-réfineux, au lieu que le chène fur pied n'eft qu'un bois verd ou rempli d'humidités. Il paroït donc que comme le feu éleérique séance fur certaines matières préférablement à d’autres , qui font auf près & même plus près qu'elles du conduéteur, de même tous les corps qui fe trouvent fous un nuage orageux, ne font point également fufceptibles des coups de tonnerre. Cet ap- paremment par cette raifon, que le trait fulminant qui part de la nuée, n'eft pas toujours dirigé dans une feule ligne droite, & qu'on le voit fouvent décrire des zigzags, & frap- per de côté l'objet qui détermine fa chute : on doit penfer que la mafle de l'air , chargée alors, plus qu’en tout autre temps, de vapeurs & d’exhalafons inégalement répandues, lui caufe des déviations, en lui réfiflant plus d'un côté que de autre , & que le corps même qui provoque fon éuption, peut avoir 0 partie plus faillante & plus propre que les autres à le ire éclater, 416 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALg Mais ce n'eft point affez de dire comment le tonnerre peut frapper un objet de côté ou obliquement par rapport à lho- rizon ; je me trouve engagé à rendre raïfon des coups qu'il lance de bas en haut: car c'eft un fait qu'il y en a de tels, ils ont été obfervés par des gens capables d'en juger & dignes de foi {4). J'en pourrois citer moi-même plufieurs exemples dont j'ai été témoin. De-à vient que de plufieurs Auteurs de marque qui ont écrit fur l'origine de la foudre, les uns ont douté fi elle fortoit d’en haut ou d'en bas; les autres ont dé- cidé nettement qu'elle partoit de la terre ou des objets qui font corps avec elle : feu M. Maffei a tellement enchéri fur ce dernier fentiment, qu'il a entrepris de prouver que la foudre, proprement dite, non-feulement vient des corps terreftres , mais qu'il n'eft pas poflible de croire qu'elle defcende des nuages ; uon poterfi credere che d'a nuvoli vengan faerte (e). M eft vrai qu'après avoir prouvé directement & d'une manière aflez décifive, que dans les coups de tonnerre il arrive fouvent que le feu fe porte de bas en haut , il s'en tient à des preuves néga- tives & à des raifonnemens qui me paroiffent bien foibles & peu concluans, pour établir que ce feu ne vient jamais & ne peut pas même venir d'en haut. Dire, par exemple, que fi la foudre tomboit de la nuée, parmi tant de monde qui a les yeux tournés vers le ciel uand il tonne , il fe trouveroit quelqu'un qui Feüt aperçue, c'eft fuppofer que perfonnene l'a jamais vu tomber ; mais c'eft fuppofer une chofe qui n'eft pas : quantité de gens attefleroient qu'ils ont vu de ces traits de feu plus ferrés & plus vifs que de fimples éclairs, percer la nuée & l'air en ferpentant , ou par une chute directe, & brifer où incendier ce qu'ils ont frappé. C'eft ainfi qu'ont été aperçus par un grand nombre de témoins, les trois coups de foudre qui ont caufé tant de défaftre à Yabbaye de Notre-Dame de Ham en Picardie, la nuit du 2 $ au 26 Avril de l'année 1760. Je vis il y a fept ans un pareil (e) Della formazione de” fulmini , trattato del fig. bé à pe à Maflei, raccolto de” varie fue Lettere : Lerrera IV, imprümé à Vérone 6n 1747: feu PAFRSRAUSUCEI. EN: C! ES 417 feu tomber à un quart de lieue de moi, fur une grange pleine de gerbes, & la flamme qui en fortit peu d’inflans après, ne me lailfa pas lieu de douter que ce que j'avois vu ne füt la foudre même. Dire que ceux qui fe font trouvés dans des édifices fermés , au moment que la foudre y éclatoit, ont vu des langues de flammes fortir des planchers à rez de chauffée, & conclure de-R que là nuée orageufe n'a eu nulle part à ces accidens ; c'eft oublier que les émanations enflaramées où inflammables qui viennent ou d'en haut où d'en bas, peuvent pafler à tra- vers les murailles, par les cheminées, par les fenêtres & par les portes fermées {/f), & fuppoler fans fondement que ce feu qui fort de la terre na befoin du concours d'aucun autre pour fulminer /g). Admettons donc, puifque cela eft fuffifimment prouvé, que dans l'inflant mème où fe coup de tonnerre éclate , il fort de l'endroit où il doit frapper, une matière inflammable , quel- quefois même toute enflammée ; mais croyons en même temps qu'il arrive à ce même endroit un trait de feu qui defcend de la nuée, puifqu'on l'aperçoit fouvent, & qu'on à tout lieu de le fappoler quand on ne le voit pas : en effet, eft-il vrai- femblable que l'orage qui gronde au-deflus de nos édifices, ne contribue point aux coups de foudre qu'ils éprouvent , quand on ” confidère que ces accidens n'ont prefque jamais lieu que fous une nuce orageufe, & que leur défaftre eft toujours annoncé par un éclair plus vif que lesautres, & accompagné d'un bruit qui retentit de plus près. Mais dans ce double feu qui forme la foudre, proprement dite, & qui produit ce que le tonnerre nous montre de plus (f) Tranfit enim valide fulmen per Jepra domorum, clamor uti ac voces, tranfic per fuxaperæra Lucret, lb. VI. (g) Je ne m'arrêterai pas davan- tage à combattre ici les argumens employés par M. Maffei, pour prouver que la foudre ne vient point Men. 1764: d'en haut; ils ont été amplement réfutés dans un Ouvrage anonyme, imprimé à Vicenfe, en 1748, (ous ce time: ÆAiffleffioni fopra gli argo- menti addorti dal fig. Marchefe Maffei a favore della’ fua nuova opinione intorno la formagzione de’ fulnini, . Ggg 418 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fingulier , de plus cfhayant & de plus dangereux, je reconnois le phénomène d'électricité le plus commun, le plus conftaté, & en méme-iemps le plus fécond en merveilles : il eft éga- lement certain que le corps non ifolé reçoit du conducteur qu'on élechife, un jet de matière inflammable , & qu'à celui-ci il en vient un pareil de la part du premier : ces deux cou- rans de matière électrique qui vont en fens contraire d'un corps à l'autre, fe choquent & s'enflamment mutuellement , quand ils ont acquis un certain degré de force, &de-là ré- fultent des percuflions & des contre-coups qui enfoncent, qui percent, qui déchirent, qui pulvérifent les corps les plus durs & les plus compaéls, qui frappent avec douleur, qui fécouent intérieurement & qui tuent fes animaux, qui brülent & qui diffipent les matières combuftibles. ‘Tout le monde fait main- tenant que les étincelles éleélriques en certains temps, & mé- nagées avec adrefle, font capables de tous ces effets dans lef- quels il eft aifé de reconnoïtre ceux du tonnerre, quoique par rapport à la grandeur, il ÿ ait toujours une différence énorme des uns aux autres. Le feu du tonnerre, comme celui de léleétricité, eft bien capable d'enflammer; mais il ne le fait pas toujours / s) ; ces deux feux fe reflémblent fi bien à cet égard, qu'on a vu maintefois Fun, & l'autre fondre du métal, & ne faire que déchirer ou noircir l'enveloppe de bois, de carton ou de linge qui le contenoit. Un coup de tonnerre a fouvent fait couler le plomb des vitres, fans brûler leurs chaflis ; on la vu fondre & diffiper de grès fils de métal, & ne point endommager des cordes de chanvre qui leur fervoient d'alonges : nous avons vu de même l'étincelle électrique fondre où broyer V'argent , le cuivre, &c. les faire entrer dans les pores du verre, : & perfonne n'a pu, jufqu'à préfent, lui faire allumer immé- diatement de l'amadou. Je viens de dire que les deux courans de matière électrique qui vont en fens contraire, tant du conduéteur au corps non iolé, que de celui-ci au conduéteur, éclatent enfemble par le choc qu'ils exercent & qu'ils éprouvent réciproquement : c'eft un DES SCIENCES 419 fait qué j'ai pris foin de prouver dans plufieurs de mes écrits, . ainfi que celui qui en réluite naturellement, je veux dire Ja répercuflion ou l'effort rétroactif de l'un & de l'autre courant : cependant, comme ce phénomène eft un des plus propres à nous éclairer fur les principaux effts de la foudre, en nous montrant d'une manière affez {enfible comment fon action fe déploie & fe multiplie fur les corps qu'elle frappe ; Jai cru qu'il étoit à propos d'en rapporter ici quelques nouvelles preuves. Je fais choix d'un conduéteur tranfparent, au moins dans quelqu'une de {es parties ; Je joins, par exemple aux deux bouts d'un œuf cru (fig. 1) des tuyaux de fer-blanc de quelques pouces de longueur, & un peu évals d'un côté fuivant la forme de Tœuf, pour y être facilement attachés avec un peu dé cire d'Efpagne ou autrement. J'adapte l'œuf par le moyen de l'un de ces tuyaux, au bout d’une tringle de fer qui doit fervir de conduéteur, & je remplis l'autre avec un boulon de même métal arrondi par le bout qui fe porte en avant, ayant foin que l'œuf touche immédiatément les deux fers entre Jefquels il eft placé. Je prépare un autre œuf cru, avec un (ul tuyau rempli d'un boulon {emblable au précédent, mais plus long & qui touche comme lui immédiatement la coque (fig. 2); dans celte expérience , je me fers d'œufs, parce que ce font des corps dans lefquels j'ai remarqué que la matière électrique exerce {es mouvemens avec beaucoup de facilité, & je les emploie crus parce qu'ils ont alors une forte de tran{parence qui fuffit pour me laïffer voir ce qui fe pafle au dedans. Le conduéteur AB /fig. 3 ),préparé comme je viens de le dire , étant fortement deétrifé dans un lieu privé de lumière, {1 japproche doucement le fer C de l'œuf qui neft point ifolé, f: je l'approche, dis-je, du fer 2 qui tient à l'autre œuf , je vois le feu électrique fortir de Fun & de l'autre, & les deux courans {e joindre dans l'efpace intermédiaire, comme il arrive quand on préfente fon doigt vers extrémité d'une barre de fer, ou au doigt d'une perfonne ifolée qu'on éleétrile ; mais f& J'approche davantage ce même fer, & jufqu'au point d'exciter Ges ÿ » 420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE KoYALE des étincelles , chaque fois qu'elles éclatent, les deux œufs de viennent lumineux dans tout {eur intérieur ; & alors, fi je tiens le corps de l'œuf avec la main nue, je reflens de petites fecoufles dans tous les endroits de ma peau qui touchent im- médiatement la coque, & des picottemens accompagnés de petites étincelles, par-tout où le contact étt interrompu par une tès-petite diflance. La matière électrique , ainfi répercutée, eft capable de fire - par contre-coup tout ce que nous lui voyons faire dans le premier choc ; elle peut s'enflammer à la rencontre de celle qui auroit confervé fon cours vers le conduéteur ïfolé, frapper intérieurement & extérieurement les corps du voifmage , en- flammer les matières combuftibles, &c. j'ai déjà prouvé plus d'une fois & expliqué ce qu'il y a d'effentiel dans cet effet ; mais en l'envifageant comme une imitation du tonnerre, & cherchant à le rapprocher davantage de fon modèle , j'ai dbfé vé quelques circonftances qui m'ont paru importantes, & qu'il eft à propos de faire connoitre. J'ai leéhrifé avec un bon globe de verre, & dans un temps favorable à ces fortes d'expériences, une tringle de fer longue de 6 pieds fur 7 à 8 lignes de diamètre, arrondie d'un bout à l'autre & terminée par une efpèce de bouton, comme on le peut voir par Ja figure 4: J'ai approché de cette dernière partie D un cylindre de fer #, ayant 6 pouces de longueur, 4 lignes de diamètre, & finiflant de part & d'autre par une pointe fort mouffe ; je tenois cet inflrument avec la main gauche, & en lapprochant du conducteur pour exciter une étincelle, j'avois un doigt de ma main droite à une petite diflance du l'autre bout & du cylindre; dès que létincelle vint à éclater, ja- perçus entre mon doist & cette dernière partie, une lueur fort vive & comme alrondieé mon doigt reflentit une piqüre, & ma main gauche qui tenoit le cylindre, éprouva une petite. fecouffe. Au lieu d'un cylindre, j'en fis tenir bout-à-bout jufqu'à quatre, conmme H,1,K, L, (figure 5) oblervant de lun à fautre une diflance de 2 ou 3 lignes. Ce qui sétoit paité DÉS SCIENCES. 421 ëntre mon doigt & le bout G& du premier , fe pafla de même entre le premier & le fecond, entre le fecond & le troifième, é& entre celui-ci & le quatrième ; à cela près que les apparences alloïent en diminuant à mefure qu'on les oblervoit plus loin du premier conducteur. J'avois bien de la peine à allumer de l'efprit-de-vin, même avec le bout du premier cylindre ; la raifon s'en Entente d'elle-même : la plus grande partie de la matière électrique répercutée au moment de Yétincelle, refluoit par ma main _juiqu'à mon corps & fe diflipoit ; je ne doutois pas que je n'en allumaffe aifément , & même au bout du fecond, du troifième & peut-être du quatrième , s'ils étoient tous ifolés fur du verre, de la foie, de la cire d'Efpagne, ou fur toute autre matière femblable ; mais je travaillois dans des vues qui me faifoient regarder comme inutile le fuccès de mon épreuve, sil tenoit à de pareils moyens; en effet, qu'aurois-je gagné en faifant voir par de tels exemples que le ps du tonnerre , lorfqu'il éclate fur un corps ifolé à l'ordinaire, peut refluer dans toutes les parties * de ce corps , & frapper ou enflammer ceux qui lui font contigus ? On m'auroit objeélé, avec raifon, que ce que nous voyons tous les jours s'embrafer & fe détruire par des coups de foudre, n'eft point ordinairement pofé, ni fur du verre, ni fur de à foie, ni fur aucune de ces matières que les Éiectriciens font convenus d'appeler refneufes. I falloit donc qu'en continuant mes recherches, je parvinfle ou à électrifer fufffamment des corps non GES : où à leur communiquer la vertu électrique fur des fupports différens de ceux que nous avons coutume d'employer, & qui fe trouvaffent communément dans les endroits où nous voyons que le tonnerre produit fes plus grands effets. J'ai confidéré d'abord que les phénomènes éleétriques les ælus remarquables , les plus propres à nous retracer l'image de la foudre, n'exigent point , comme les autres que le fhjet qui les produit ou qui les éprouve foit ifolé. sé je veux qu'un corps que j'électrife en attire ou en repouffe d'autres ; fi je veux qu'il “Re pendant quelque temps cette vertu, il faut que Gge ii] 422 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE je le pole fur une matière réfneule ou que je le fufpende én fair avec de foie; mais cela n'eft pas néceffaire, sil s'agit de lui faire fentir la commotion qui caraékrife l'expérience de Leyde; sil sagit de le percer , de le broyer, de l'em- brafer , par le même moyen, il fuffit, comme fon fait, que ce corps ifolé ou non, foit au nombre de ceux qui établifient une communication entre la bouteille & le premier conduc- teur, au momerit qu'on en tire l'étincelle ; & quand an allume l'efprit - de - vin avec le feu électrique, il 1eft pas befoin que la cuillier qui le contient foit ifolée, il faut au .con- taire qu'elle ne le foit pas, quand on la préfente à un corps lectrifé. Après cela, jai réfléchi fur la nature des corps qui doivent faire partie du conducteur dans Jexpérience de Leyde. Pour qu'elle ait fon effet, le vafe qui contient l'eau qu'on élechile, doit être de verre, de porcelaine, de grès, de criflal de ro- che, &c. fi c'eft une feuille de métal qui termine le premier conducteur, elle doit être étendue fur un carreau de vitre, fur une feuille de tale; & il eft à préfumer qu'il y a dans la Nature quantité d'autres matières qui feroient réuflir l'expé- rience, comme celles que Je viens de nommer, & que de nouvelles recherches pourront nous faire connoitre avec le temps. Ces deux réflexions me firent penfer que comme Îe coup de tonnerre n'eft qu'une électricité inflantanée, Fobjet qu'il frappe pourioit bien en reffentir les effets, quoiqu'il ne füt point afiez ifolé pour conferver enfuite les fignes ordinaires de la vertu éleétrique. Je penfai encore que les matières qui tiennent à ces objets, au lieu de les garantir de la foudre par défaut d'ifolement , pouvoient au contraire augmenter {or activité, comme nous voyons que le verre, le grès, la porcelaine , l'émail, donnent de l'énergie au feu électrique, quand on les unit à un conduéleur ordinaire : je fis fur cela quelques épreuves dont je vais rendre compte. Au lieu de prendre avec la main le cylindre de fer , com- me dans les expériences rapportées ci-deffus, je le pofai fr D'FÉSONSNC? I E N° CE S 423 un morceau, de pierre à bâtir, plat, mais brut, Jong de 5 à 6 pouces, large d'autant, & épais de 12 à 15 lignes. Ayant pris enfuite cette efpèce de fupport avec la main gau- che, je préfentai au conduékeur élechrifé l'un des bouts du cylindre, tandis que de la main droite , Je tenois près de fautre bout une cuiller d'argent remplie d'efprit de vin un peu chaud; dès que l'étincelle éclata entre le conducteur & le cylindre , ilen parut une en même temps dans le petit inter- vallé Qui féparoit de la cuiller Fautre bout du cylindre, & lefprit de vin senflamma avec {a plus grande facilité ; une minute après, j'examinai ce fer, qui étoit toujours pofé fur la pierre, & jy trouvai à peine quelque figne d'éledtricité. Je répétai cette épreuve en plaçant le même cylindre fuc= ceffivement für des tablettes de marbre, fr des ardoiles, fur des tuiles, & fefprit de vin fut toujours allumé avec une grande promptitude. En faifant ces‘expériences dans l'obfeurité , je voyois toujours une infinité de petites franges lumineufes qui pétilloient tout le long du fer aux endroits où il joignoit le füpport, & je reflentois à la main qui le tenoit, des picottemens comme on en reffent lorfqu'on a la main nue appuyée contre du verre ou de la porcelaine qui sélechrife par communication ; je jugeai par-R que le feu électrique pouvoit éclater für toute la longueur du cylindre, aufli-bien qu'à fon extrémité, fr je plaçois à une petite diflance de fa furface, des corps de même nature que. li, je veux dire des corps capables de fancér vers le cylindre un courant de matière éleétrique qui pât senflammer par le choc de celle qui viendroit du cylindre à eux. Je plaçai donc cet inftrument far une ardoife, & je fis aboutir au milieu de fa longueur, à peu-près à angle droit, un: gros fil de fer un peu arrondi par les deux bouts, comme on: le peut voir par la figure S* je pris l'ardoife d'une main , 8c Japprochai le bout A d’un conducteur ifolé qu'onéleétri{oit, tenant de l'elprit de vin chaud dans une cuiller de métal en B ; après. quelques tentatives infruétueules, je parvins à allumer l'efprit de vin en excitant l'étincelleau premier conducteur: & en quelque: 424 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE endroit du cylindre que j'aie fait aboutir le fil de fer, je fuis prefque toujours venu à bout de produire le même effet. Sur une tablette de pierre de liais, qui avoit 3 lignes d'épaifleur & qui communiquoit Ébrement avec le plancher de la chambre, je plaçaï quatre cylindres de fer bout à bout les uns des autres, en laïffant de petits intervalles entr'eux ; lorfque Jexcitois une étincelle avec le premier en l'approchant du conducteur ifolé, j'allumois de Felprit de vin ou quelque autre liqueur érable à l'extrémité du dernier, ou à-celle d'un autre cylindre qui aboutifloit en quelqu'endroit {ur fa longueur, ccime dans l'expéri ience précédente. Aux cylindres de fer que j'avois employés dans mes Expé- riences, jai eflayé d'en fubflituer d'autres que j'avois préparés avec différentes fortes de bois: placés {ur des ardoifes où fur des tuiles, ils fe font tranfmis les uns aux autres le feu clectrique & encore mieux quand ils ont été imbibés d'eau; mais ce feu n'a jamais eu la force de rien allumer : je crois pouitant qu'on en viendra à bout, en prenant les melures néceffaires pour avoir une forte électricité. Parmi les bois communs dont je me fuis fervi, celui de chêne m'a paru plus propre que les autres; mais ce qu'il y a de plus remarquable, ceft que Ia matière életrique fuit par préférence la direction des fibres ligneufes. Avant fait | préparer un barreau quarré dont chaque Fe ace avoit un pouce de la geur & dont les bouts étoient coupés droits & perpendiculairement à la longueur, je le préfentois tantôt par l'un des bouts, tantôt par lune de fes faces à l'angle d'une barre de fer, que Yon électrifoit avec un globe de verre ; dans le premier cas, laigrette du conduéteur difparoiffoit ou fortoit par un autre endrott; & de tous les pores du bois, on voyoit couler comme d'un ae des petits jets de ago enflammée qui tendoient au fer éleétrifé; dans le fecorid cas, #il ne refloit du bois qu'un petit nombre de ces jets lumineux & fort écartés les uns desautres : auffi l'aigrette du conduéteur, plus forte qu'eux, fubfiftoit-elle dans fà place, au lieu de refluer par une autre partie. Il me refloit encore un point affez important à éclaircir touchant DH TSNC LE AN CES 425 touchant les pierres, les ardoiïfes &c les matériaux de terre cuite, employés comme fupports, relativement à l'application que je voulois faire de cette petite découverte ; il sagifloit de favoir fi ces matières, étant mouillées par la pluie où au- tement, n'abforberoient pas ou ne diffiperoïient pas le feu éleétrique qui auroit pris fon cours par les corps polés fur elles, au lieu d'augmenter fon activité comme elles font quand elles font sèches. Je mis donc tremper dans l'eau pendant quelques minutes mes pierres, mes ardoifes, mes tuiles, après quoi je les remis en épreuve; je ne trouvai point de différence fenfible dans les effets dont j'ai fait mention ci-deffus ; il me parut même que les petites franges de feu qui pafloient, en pétillant, de ces fupports aux cylindres de fer, quand on approchoït ceux-ci du conducteur életrilé ou quand on plaçoit le tout fur un carreau de verre, doré & préparé pour lexpérience de Leyde; if me parut, dis-je, que ces petites lumières étoient plus vives & plus abon- dantes que d'ordinaire. Je dirai ici, par occafion, que jai répété une expérience affez curieufe, dont M. Willon m'a fait pat verbalement, & que nous ru dt à M. Lane, Chimifte anglois & Membre de la Société Royale de Londres : jai placé, comme lui, un éclat de pierre de taille d'un demi-pouce d'épaifleur ou environ fur le carreau de verre doré, qu'on éleétriloit avec un globe de verre, puis ayant poié l'un des bouts de Farc conduéteur (4) fur le milieu de la pierre, j'ai porté l’autre vers le premier conducteur pour exciter l'étincelle ; après l'explofion , il refta fur la pierre, comme on me avoit annoncé, une traïnée de lumière, qui dura quelquefois près d'une minute & qui ne séteignoit pas, quoique je pañlafle le doigt deflus. La répétition de cette expérience me donna lieu d’obferver encore mieux que je n'avois fait dans celles que j'ai rapportées (h) Nous appelons arc conducteur | la communication entre Ja furface un gros fil de métal, long de 15 à extérieure de la bouteille de Leyde 18 pouces, courbé en arc, & ayant | & le premier conduéteur , quand on fes deux extrémités tournées en | veut exciter l’étincelle qu’on appelle volutes ; cet inffrument fert à établir | foudroyante. Men. 1764 . Hhh 426 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE précédemment, combien la matière éleérique augmente en force quand elle traverfe de pareils corps; la pierre, fe marbre, fardoife, la tuile, le grès fur le carreau de verre doré, procurent des explofions terribles; mais il faut pour cela un temps & des circonflances favorables à l'éleéhricité ; & chaque fois qu'on obtient de ces grands éclats, il faut pour en préparer un autre plus de temps qu'avec le carreau fimple : je reviens à mes premières vues. On peut donc regarder comme autant de chofes certaines, puifqu'elles font prouvées par lexpérience , 1.° que les corps de nature à être conducteurs, font fufceptibles des plus grands effets de l'éleéricité fans être ifolés comme il faudroit qu'ils le fuffent pour conferver la vertu éleétrique pendant un certain temps; 2.° que parmi ces corps, on doit compter lés métaux & le bois de charpente, fur-tout fi celui-ci a contracté quelque humidité; 3.° que la pierre à bâtir, l'ardoife, la tuile & la brique, non-feulement ne détournent point la matière électrique & ne lempèchent pas d'agir fur le métal & fur le bois, mais au contraire, que ces matériaux aident fon aétion & concourent à augmenter les effets. Nous avons prouvé aupa- ravant qu'à chaque étincelle électrique qu'on excite, les deux courans qui sentrechoquent & qui la font éclater, refluent dans les corps d’où ils viennent, & que les contre-coups qui en rélüultent à tous les endroits de leur furface où il y a des corps contigus, font capables de reproduire tousles effetsdu premier choc, percuilion , commotion, embrafement, &c; fi nous joignons à ces connoiffances celle que nous avons maintenant de la nature du tonnerre , fi nous confidérons ce redoutable météore comme une grande éleétricité, nous pourrons nous rendre raifon de {es principaux effets beaucoup mieux , je penfe , qu'en les attribuant, comme on a fait jufqu'à préfent, à des vapeurs, à des exhalaifons qui fermentent dans la région des nues, qui sy enflamment & qui partent de-là Pour renverfer nos édifices ; c'eft ce que je me propofe de faire voir, par quelques effais, dans la feconde partie de ce Mémoire, DES SCIENCES. 427 SECONDE: P AuRAT IE: Ux des plus communs effets du tonnerre , “c'eft de renverfer, de difperfer & de tranfporter au loin des mañlès d'un aflez grand poids, telles que des pans de muraille, des pièces de charpente, des hommes, des chevaux , des vaches, &c. & ces impulfions reffemblent fouvent à celles d'un vent extraordinai- rement impétueux qui entraîne ce qu'il rencontre, mais qui ne frappe point à la manière des folides, puifqu'après ces accidens, on a vu maintefois les animaux qui les avoient éprouvés en êure quittes pour la peur ou pour le trouble qu'elle peut caufer. Ces corps, felon moi, font emportés par le courant de matière électrique qui s'élance de la terre vers la nuée, où par celui qui fond de {a part de fa nuée für la terre, comme nous voyons que des fragmens de métal aminci font enlevés de deffus leur fupport par le fluide qui foit de celui - ci pour fe rendre au conducteur, où pouftés dans un autre fèns par le courant que le conduéleur lance vers le fupport. Si lon m'objeéte qu'un homme ou une poutie ne s'enlève pas comme une plume où comme une feuille d'or battu; je répondrai que la vertu électrique avec laquelle nots faifons mouvoir ces petits corps, n'eft auffi qu'une image bien foible de celle que nous fommes en droit de fuppofer dans un nuage qui tonne: un grain de poudre ne fulmine pas comme a charge qu'on fait entrer & détonner dans une pièce de 24; malgré Hi différence énorme des effets, il faut pourtant convenir que les caufes font de même nature : le zéphir qui agite à peine les fleurs d'un parterre, & l'ouragan qui déracine es plus grands chênes d'une forêt, ne font tous deux que de l'ar en mouvement, Ce n'eft point [a foudre proprement dite qui renverfe ainfi fans frapper ; ce font des torrens d'une matière fmblable à la portion qui fulmine, mais qui ne font point aflez condenfés où qui ne rencontrent pas des courans oppolés capables de les enflammer par leur choc : telles font les émanations tlecriques qui nous font voir des attraétions & des répulfions autour Hhh ji 1 ÿ > ÿ. 428 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE du conduéteur, tandis qu'elles éclatent en étincelles à d’autres endroits de fa furface. J'ai'dit il y a plus de dix ans, dans une de mes Lettres fur YÉlectricité (5), que j'étois furpris qu'on n'eût jamais vu les gouttes de pluie, dans les grands orages, faire feu contre la terre, parce qu'apportant avec elles une portion de la vertu électrique de la nuée, elles devroient , {lon moi, produire de la lumière en tombant fur d’autres corps, comme nous voyons que cela arrive aflez communément quand nous recevons des gouttes d'eau éleétrilées dans des vafes qui ne le font pas, mais qui font feuiement fufceptibles de l'être : j'avois tort de fuppofer que ce phénomène n'eut jamais été obfervé; je le trouve aflez bien exprimé dans l'Hiftoire de l'Académie pour Fannée 1734, d'après une lettre écrite à M. de Mairan par D. Hallaï, Prieur des Bénédiétins de Leffay : « Le 3 Juin für le foir, dit ce Religieux, & le jour fuivant au matin & au foir , il y eut à Leffay des tonnerres extraordinaires ; le ciel étoit tout en feu; il tomboit de toutes paris comme des gouttes de métal fondu embrafe. » Je crois que cela ne peut guère s'entendre que des gouttes d'une grofle pluie qui paroiffoient lumineules à Ja faveur de lobfurité, & je pente que ce phénomène s'obferveroit moins rarement s'il failoit toujours nuit quand. il tonne, ou fi les gouttes de pluie, chaque fois qu'elles viennent d'une nuée d'orage, apportoient une dofe d'électricité affez forte pour produire de la lumière à la fin de leur chute. Quand un homme eft tué par le tonnerre, ou il meurt d'une bleflure apparente que lui fait la foudre en le touchant, où il péit fubitement fans crier, fans fe débattre, & afiez fouvent fans qu'on aperçoive aucune marque extérieure du coup qu'il a reçu ; le premier cas na pas befoin d'explication ; toute bleflure grave, de quelque manière qu'elle fe faffe, peut caufer hi mort. Si le trait de feu qui vient de la nuée éclate contre un pareil trait fortant d'un homme non ifolé, la partie fur laquelle fe fait cette explofion, court rifque d'être froitlée, percée ou profondément déchirée; car pourquoi le choc de ces deux (1) Noyez tome I, 1X Lettre. DES SCIENCES. 429 matières fulminantes ne produiroit-il pas cet effet, tandis que nous voyons tous les jours nos fimpies étincelles électriques ( qui naïfient d'une pareille caufe ) percer la peau jufqu'au fang, {e faire jour au travers de deux ou trois mains de papier, enfoncer , déchirer, broyer des feuilles de métal? Quant aux morts fubites, dont la caufe ne paroïît point au dehors , il faut les attribuer à une commotion violente & générale dans toutes les parties du corps animé, par la 1éper- cuflion du fluide électrique émané de ce corps, & qui a con- couru à faire éclater la foudre; cet effort rétroactif de 1a matière éleékrique , ne produit que de la lumière dans les corps tranfparens, de petites piqures ou des fecoufles légères & de peu d'étendue, quand if eft caufé par des étincelles ordinaires, par celles qui éclatent entre des corps qui ont peu de mañfe, & avec un conducteur foiblement éleétrifé; mais ceux qui fe {ont appliqués long-temps à ces fortes d'expériences, n'ignorent pas que quand l'électricité eft plus forte que de coutume , foit par le choix des inftumens, {oit par les circonftances du lieu ou de la faifon, foit enfin par quelqu'appareil particulier, * comme dans: l'expérience de Leyde ; ces étincelles fecouent univerfellement le corps animé qui les excite, & que cela peut aller jufqu'à déranger l'économie animale, & même jufqu'à la mort. La commotion devient générale, parce qu'elle eft tranfmife par un fluide qui, felon l'opinion la plus commune & la plus” vraifemblable, réfide dans tous les corps, en raïfon de leur porofité : nous n'avons donc pas une fibre, pas une goutte de fang qui n'en foit intimément pénétrée, & qui ne fe reffente par conféquent de toutes les fecouffes. qu'il reçoit. Or ces fecoufies font violentes, quand l'éleétricité eft forte ; celle que nous excitons avec nos globes & avec nos tubes, left afiez quelquefois pour rendre les commotions meurtrières à l'égard de quelques animaux : que ne devons-nous pas craindre d'un pareil eflet, quand il a pour caufe la vertu éleckrique d'un nuage immenfe ? au lieu d'un fimple ébranlement dans toute: notre fubflance , on conçoit aifément que les folides peuvent. So HAN 30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE être dilatés, jufqu'à être forcés, jufqu'à fe rompre ; que les fluides peuvent le décompofer, fe corrompre, s'épancher ; & c'eft ce qui fe préfente ordinairement, loffqu'on examine les cadavres de ceux qui viennent d'être foudroyés ; la lividité de a peau, l'échymole qui furvient d'abord, annonce l’extravañon du fang, & par conféquent la rupture des petits vaifleaux. L'affaiflement des poumons dénote vifiblement que air a | perdu fon reflort dans ce vifcère; & l'odeur fétide qui fuit de près la mort du fujet, défigne une corruption prématurée, Maïs qui nous dira que ceft par une commotion pareïlle à celle de l'éleéricité, que le tonnerre tue, quand il ne fait aucune bleflure extérieure ? Ce font ceux qui en ont été frappés, & qui ont eu le bon- heur de n'en pas mourir; qu'on les interroge fur ce qu'ils ont fenti ; fur ce qu'ils fentent encore quelque temps après le coup: quoique pour la plupart ils n'aient jamais entendu parler d'é- lectricité, ils s'expriment de telle manière, qu'on y reconnoit aifément ce qu'on éprouve dans l'expérience de Leyde : vingt-fix ans avant que jeufle entendu prononcer le mot d'e- lectricité, je fus témoin d'un coup de tonnerre qui frappa le chîteau de Clermont en Beauvoifis, dans plus de foixante endroits , tant au dedans qu'au dehors ; mon père qui defcendoit par un efcalier de bois au moment que la foudre éclata , fut frappé fous le pied gauche; la marche fur laquelle il étoit polé fe trouva noircie en deffous comme fr lon y eût allumé une amorce de poudre ; il tomba fans connoiïffance & demeura un bon quart-d'heure dans cet état; quand il fut revenu à lui, il fe plaignit d'un engourdiflement général, qu'il comparoit à cette fenfation défagréable qu'on éprouve quelquefois en fe heurtant le coude contre quelque corps dur , ce qui ne fe diffipa entièrement que quelques jours après : celà fe pañloit dans un appartement au rez-de-chaufiée. Deux Mäçons, qui travailloïent- dans une chambre haute, furent renverlés du même coup de tonnerre ; l'un eut l'épaule droite toute écorchée & ne fe plaignit point de commotion intérieure; l'autre en reçut une qui le mit pendant quelques heures hors d'état de {e tenir fiu' fes jambes, DÆEISS SCIENCES 43% mais elle fut fi forte dans fon bras droit, qu'il & pañfa plus d’un mois fans qu'il pût s'en fervir. Quoique je fufle fort jeune alors, cette terrible fcène m'eft encore aufli préfente à l'efprit que fi elle venoit de f pañler il y a peu de jours; & quand je compare ce que je me fouviens d’avoir entendu dire & répéter mille fois, touchant ces fecoufles & ébranlemens inté- rieurs , avec ce que j'ai éprouvé tant de fois moi - même en faifant des expériences d'électricité, je ne puis m'empêcher de reconnoître l'identité de ces effets. Le tonnerre tomba en 1747 fur l'églife collégiale de Pithiviers ; on y entra auflitôt ; on trouva un Sonneur encore debout, qui tenoit la corde de la cloche; il étoit immobile & fans connoïffance : revenu à lui, il fe plaignit d’un ébran- lement univerfel , de grandes douleurs dans les membres & à la nûque du cou. M. du Hamel, notre Confrère, en apprenant le fait avec ces circonftances , dit fans héfiter : cer homme a reçu la commotion éleétrique ( k); & qui pourroit s'y méprendre? n'eft-il pas comme vifible que le tonnerre a frappé la corde, & que la fecouffe à paflé par ce conducteur jufqu'à celui qui fonnoit ? Quoique le tonnerre tueainfi des hommes & d’autres animaux r des commotions internes où par quelques bleffures qui paroiflent au dehors , il eft bien rare cependant qu’il les ouvre, qu'il en fépare les membres & qu'il les difperfe, comme il lui arrive de fendre des arbres, d’enfoncer des murailles, & d’en faire, fauter les débris au loin; cela prouve qu'il a moins de force dans les corps animés que dans le bois & dans la pierre, & je crois en apercevoir la caufe en confidérant que la matière électrique pafle avec une extrême facilité à travers les animaux ; car fi cette matière, répercutée au moment que la foudre éclate à leur furface, a la liberté de sy étendre & même d'en fortir, elle ne peut pas recevoir de la caufe qui l'anime toute l'activité dont elle eft fufceptible ; femblable en cela à la poudre de guerre, qui ne s'enflamime complètement & qui ne produit (%) Voyez les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1748, page s 13 432 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fes plus grands eflets que quand on oppole plus de réfiflancè à fon expanfion. Ce qu'on admiroit le plus au château de Clermont, après le coup de tonnerre dont j'ai parlé ci-deflus, c'étoit un trou de 2 pieds de profondeur, large d'autant dans un mur de 10 pieds d’épaiffeur, bâti du temps de Célfar, fr lon en croit la tradition du pays, & dont le mortier, aufii dur que la pierre, permettoit à peine la démolition ; les éclats qui en étoient fortis fe trouvèrent difperfés en avant à plus de so pieds de diftance, & les pierres, tant au fond du trou que celles qui en étoient détachées, fembloient avoir paffé par le feu. Je penfe qu'on. peut rendre raifon d'un tel effet, en difant que le courant de matière éleétrique, répercuté à la furface du mur, na pu sétendre aflez vite dans l’épaiffeur fuivant fon mouvement rétrograde, & que, réuniffant dans un plus pait efpace toute la force qui l'animoit, il en éclata davantage & pouffa fes matériaux en avant, parce que cette partie du mur fous laquelle il agiffoit lui oppofa moins de réfiflance que le refte. Ces débris, pouflés à 45 ou 5 o pieds de diflance, prouvent aflez que la force qui les a emportés réfidoit dans l'épaiffeur du mur au moment de leur féparation /6) : une pièce d'ar- tillerie, fl forte qu'elle foit, peut bien enfoncer une muraille; mais quoiqu'elle produife quelqu'éparpillement , elle ne fait pas venir à elle de fr loin les pièces qu'elle détache. Si l'on a peine à comprendre comment un fimple fluide i s'enflamme & qui fe dilate, devient tout-à-coup capable d'un tel effort, qu'on fe fouvienne qu'avec quelques onces de poudre, on brie, on fait fauter des roches d’une mafle énorme & d'une dureté à l'épreuve de tout inftrument. Que Yon confidère après cela que cette fmgulière compofition (la poudre à canon) tient toute {a puiffance du feu élémentaire qu'on a fu y concentrer, & qui felon toute apparence eft le même être que ce que nous appelons ici matière éleékrique : il eft Vrai que lat en broyant & en mélant mtimément enfemble le falpètre, le die le charbon, l'eau & fair, Jui prépare un mélange qui fe divife prodigieufement par linflammation, DES S CIE NC É <. 432 = Tinflammation , & dont il s’arme, pour ainfi dire, en un clin d'œil contre tout ce qui s'oppofe à fon expanfion ; mais n'eft-il pas raïfonnable de penfer que la Nature, plus habile encore que notre induftrie, lui fait trouver dans tous les corps où il ré- fide, dans les milieux qu'il traverfe, des vapeurs dilatables, ou des fubftances propres à le devenir, à laide defquelles # peut égaler , furpaffer même tout ce que la Chimie imaginera jamais de plus puiflant ? de pareilles décompofitions font bien capables de produire cette odeur forte de foufre, que le coup de tonnerre laifle quelquefois après lui, & qu'il devroit tou- jours produire , fi ce météore tiroit fon origine, comme on le croit vulgairement, d'exhalaifons ‘fulfureufes ou nitreufes con- centrées dans la nuée : cette dernière réflexion me fait croire de plus en plus que ceux qui penfent encore ainfi, prennent l'effet pour la caufe. j Si la matière électrique irritée par le choc qu'elle reçoit en fulminant, peut faire fauter les pierres d'une muraille, & y occafionner un enfoncement ou une ouverture à jour; on ne doit pas être furpris de lui voir ouvrir des arbres du faite à a racine, & des pièces de charpente d'un bout à l'autre, comme il arrive fouvent. Ce qu'il y a de particulier par rapport au bois, & qui mérite une remarque, c'eft que le tonnerre le fend ordinairement fuivant fa longueur : ce fait fe montra fin- gulièrement à l'abbaye‘ de Saint Médard de Soifions, qui fut frappée de la foudre en 1676. « Les pièces des chevrons (qui ont été rompus } difoit FObfervateur //), peu d'années après cet accident, font brifées d'une manière aflez particulière : il s'en trouve quelques-unes de la hauteur de trois pieds, divi- fes prefque de haut en bas en forme de lattes affez minces; d'autres de Ja même hauteur font divilées en forme de longues allumettes; & lon en trouve enfin quelques-unes divifées en filets fi déliés, fuivant l'ordre des fibres, qu'elles ne repré- fentent pas mal un balai ufé, &c ». (1) Un Bénédiétin anonyme, | lonnes de nuées, qui ont paru depuis dass un petit Ouvrage imprimé à | quelques années, d7 fur les plus Paris, en 1680, fous ce titre : | extraordinaires. effers du tonnerres Conjeétures phyfiques fur deux co- | petit in-12. Mém. 1764 . lii MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE .… L'Hifloire de l'Académie pour l'année 1724, fait mention * d'un très-gros arbre frappé du tonnene, & oblervé très-peu de temps après par M. de Mairan : cet arbre avoit été fendu en quatre parties, & féparé de fa racine à 2 pieds au-deflus de terre ; ces quatre parties , avec une infinité d'autres plus petites, qui avoient été féparées du même corps, furent difperfées de tous, côtés, & il y en eut qui furent jetées à 40 ou 5 0 pieds de diftance. J'ai affez dit & prouvé dans ce Mémoire, que les corps fappés de la foudre, de même que ceux qui éprouvent une forte étincelle éledtrique, font fecoués & ébranlés intérieure- ment : fi la commotion efl aflez forte pour défunir leurs parties , cela doit fe faire de préférence fuivant le fens dans lequel elles ont moins de cohérence; or tout le- monde fait que le bois fe fend aifément fuivant fa longueur, & qu'il fe rompt plus diff- cilement dans un autre fens. Le fluide électrique faifant effort dans l'intérieur d'un. arbre ou d'une pièce dé charpente, doit donc ouvrir plutôt que de rompre, puifque Jun eft plus facile à faire que fautre ; l'expérience d'ailleurs nous faifant voir que ce mème fluide coule avec “bien plus de facilité d'une extrémité à Fautre d’un morceau de bois verd ou fec, qu'il n'en traverfe l'épaifleur , nous devons conclure qu'il agit plus efficacement pour écarter les fibres ligneufes qu'il a peine à traverfer, que pour les tirer fur leur longueur , puifque dans ce fens-là il peut aifément gliffer entr'elles. Que le tonnerre en frappant des matières combuftibles , y. mette le feu, c'eft une chofe toute fimple, & que nous imitons. en dirigeant une étincelle éleétrique fur une vapeur ou fur une liqueur inflammable : fi notre électricité n'embrafe pas com- me lui des corps folides, fi nous fommes obligés de préparer Yefprit de vin, en le chauffant avant de l'appliquer à l'expé- rience, c'eft parce que nos infrumens ne donnent point au feu électrique la même activité qu'il réçoit naturellement dans un temps d'orage; mais les embrafemens caufés par la foudre, commencent quelquefois d'une façon plus myftérieufe : le ton- nerre tombe für'le toit d'un bâtiment où fur un clocher, DAS WSVE 'T EN CES 4 quelqués ardoifes enlevées & une petite flamme femblabie à celle d'un flambeau , font apercevoir l'endroit où il a frappé, & tandis qu'on sarrête à confidérer avec curiofité ce petit feu qui ne paroît point être d'une grande conféquence, on eft tout furpris & tout alarmé de voir naître un incendie terrible & prefque irrémédäable à caufe de fa rapidité, dans quelqu'autre endroit éloigné de 40 où $0 pieds & même davantage, De tous les accidens de cette efpèce que j'ai pu recueillir, je nen veux citer qu'un; ceft celui qui ruina la belle églife de Notre-Dame de Ham, la nuit du 2 $ au 26 Avril 1760. Dans l'efpace de 20 à 25 minutes de temps, la foudre tomba trois fois, tant fur l'églife que fur les bâtimens de l'Abbaye qui étoient auprès : ce ne fut qu'au troifième coup que le feu parut au petit clocher qui contenoit l'horloge : on y monta, & le feu fut éteint en très-peu de temps. Quoiqu'il y eût fort Join de cet endroit au grand clocher, & qu'on n'eüt aperçu aucune marque d'inflammation dans la charpente intermédiaire, ni à celle du beffroy, lorfqu'on porta les premiers fecours, on fut tout étonné de voir un quart d'heure après fortir la flamme par des ouïes du grand clocher, & l'extrémité de la flèche enflammée immédiatement au - deffous de la croïx : ces deux feux étoient alors féparés l'un de fautre par une diftance de 100 pieds ou à peu près ; mais ils s’'approchèrent & fe joi- gnirent fr rapidement, que les travailleurs ne purent ni fau- ver le clocher, ni fecourir la charpente de la couverture, le feul efcalier qui pât y conduire aboutiffant à l'embrafement même du beffroy. L'incendie ne régnoit encore que fur le milieu de la croifée de Féglife; on n'en apercevoit aucun veflige au toit de la nef, ni par dedans, ni par dehors, lorfqu'il fe manifefla tout-à-coup au-deffus de l'orgue adofiée contre le pignon du grand portail, & sétendit avec une rapidité fingulière fur tout le refle de Ja charpente /”1,). (im) Le coup de tonnerre dont | détail bien conftaté, M. de Males- il eft ici queftion , étant venu à la | herbesen écrivit à M. de Méliand, connoiffance de l’Académie, & la | alors Antendant de Soïiflons, qui Compagnie defirant d’en avoir le | engagea M. le Prieur de Notre- Liüii y Ÿ u Ÿ y Ÿ 436 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le vent qui fouffloit avec violence, contribua fans doute à l'activité du feu, & lon pourroit le foupçonner d'avoir occa- fionné, par le tranfport de quelques charbons ardens, ce dernier embrafement, qui n'avoit point encore eu le temps de gagner de proche en proche en venant du milieu de la croilée de Féglife; mais des témoins. oculaires très - capables d'avoir égard à de telles caufes, mont pu sempècher de re- garder ce dernier accident comme une chofe fort extraordinaire, & de fattribuer primitivement à la foudre. « Le détail de l'incendie que je viens de donner, dit Fauteur du Mémoire envoyé fur ce fujet à l'Académie, prouve que la commu- nicatidn du feu ne $eft point faite de proche en proche comme dans un incendie ordinaire. . .... L'éruption fubite du feu fur la totalité de l'églife, prouve que la matière du tonnerre avoit parcouru & pénétré toute la charpente, & qu'elle ne s'eft développée & ne seft enflammée totalement qu'au mo- ment que cette charpente à été expofée au grand air, après Yanéantiflement du clocher, &c. » Nous ne devons pas douter que li matière ignée, le fluide - élerique , le feu élémentaire (car tout cela eft le même être fous difféiens noms), que cette matière, dis-je, préparée par des irritations antérieures dans le corps qui la contient, n'en éclate plus fürement & avec plus de force, lorfqu'on vient à lexciter de nouveau ; le feu qui a couvé un certain temps s'allume avec plus de facilité & sétend avec plus de promp- titude ; & fi l'efprit de vin approché du conduéleur électrique ; ne prend point feu aux deux ou trois premières étincelles , h quatrième füt-elle plus foible que les précédentes, l'allumera prefque infailliblément. On peut donc légitimement fuppoier, avec Fauteur du Mémoire que je viens de citer, que le premier ou le fecond coup de tonnerre, & peut-être tous les deux, en frappant la charpente du clocher ou celle de- la couverture de l'églifé, ont donné au fluide éleétrique un pre- mier ébranlement, qu'il aura communiqué aux matières com Dame de Ham, de faire, fur cet | de temps après à l'Académie, que accident, un Mémoire, inftructif; | j'ai extrait les faits que je viens de c’eft de ce Mémoire, envoyé peu | rapporter. DES SCIENCÉI,S 437 buflibles qui le contenoient, & que le troifième coup a mis à découvert un embrafement dont les progrès au dehors ont été d'autant plus rapides, qu'il exifloit déjà au moins virtuellement dans l'intérieur, Je compte toujours fur lanalogie reconnue entre le tonnerre & l'électricité, & je donne pour garant de ce que je fuppofe ici, les expériences que j'ai citées plus haut. Si un afflemblage de plufieurs corps éle&rifables, pofé fur une pierre, fur une tuile ou fur une ardoïfe /fg: s) étincelle par contre-coup, par-tout où les pièces fe joignent, lorfqu'une d’entr'elles reçoit le feu du conduéteur ; fi ces répercuflions du feu électrique retentiflent fenfiblement dans toutes ces pièces ,. comme on laperçoit par le taét & par les coups de lumière dans les corps tranfparens, n'eft-on pas fondé à croire qu'il arrive quelque chofe de femblable à toute une charpente pofée für une maçonnerie, garnie de fer & de clous, revêtue d’ardoifes, de tuiles, de plomb, & furmontée en plufeurs endroits par des croix ou par des ornemens de métal? Et fi dans notre petit appareil le feu électrique s'anime affez pour mettre le feu à une liqueur, pourquoi le tonnerre, avec le même agent, & dans des cas pareïls, ne pourroit-il pas incendier le bois d'un clocher ou d'une églife ? En 1689, le tonnerre tomba à Lagny fur l'églife de S.' Sauveur, & ce qu'il fit fur le maître-autel fut regardé comme un miracle. Un carton qui contenoit e Canon de la Mae, avoit été couché à plat fur la nappe à l'endroit fous. lequel étoit placé la pierre bénite : après le coup, on trouva la pierre fendue par le milieu , le carton déchiré vis-à-vis la fente ; & fur la partie de la nappe qui étoit entre la pierre & lui, une impreflion en contre-épreuve de ce qui étoit écrit fur le carton; mais ce qu'on regarda comme une chofe furnaturelle , c'eft qu'il y manquoit les paroles de a confécration, que le. tonnerre fembloit avoir épargnées. Nous remarquerons ; avec lObiervateur qui nous a tranfmis le fait /7), que la pierre d'autel étoit une ardoife qui ne (2) Le. Bénédidlin anonyme que j'ai cité nu Page 429: ii iÿ 438 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Royaze pouvoit guère avoir moins qu'un pouce d'épaifleur, & que les lettres qui ne simprimèrent point {ur la nappe, au lieu d'être noires comme les autres, étoient écrites en rouge, ce qui pratique encore aujourd'hui dans les Mifiels, & fur ces cartons d'autel qui en font des extraits. I faut favoir , après cela, que les Imprimeurs compofent leur encre avec une huile cuite mêlée de térébenthine, dans laquelle ils détrempent du noir de fumée, ou du vermillon fi c'eft pour imprimer en rouve : ajoutant que l'encre rouge, à caufe du vermillon qui eit une chaux métallique, fe féche, & plus promptement & plus parfaitement que la noire qui eft bien plus grafle. Un Reélieur, uand il bat des livres imprimés avec ces deux couleurs, prend beaucoup moins de précautions contre la première que contre 1 dernière. Pour expliquer le phénomène dont il eft ici queftion , il fufat donc de fuppoler que la matière fulminante qui eft tombée fur le maïître-autel de S.' Sauveur, a preffé fortement le carton imprimé contre la nappe, & que l'encre des lettres noires n’étoit point auffi féche que celles des lettres loUgEs, OÙ qu'elle s'eft amollie étant touchée par le feu du tonnerre. Ceux qui auront lu le détail de cet’accident , objecteront peut-être contre ma première fuppolition , que le carton étant plus grand que la pierre d'autel, & Timpreffion fur la nappe n'ayant eu lieu que dans l'efpace qui répondoit à cette pierre, il faudroit que la preflion que je fuppole , fe fût conformée à la grandeur & à la figure de la pierre ; ce qui n'eft pas vraifemblable, | Non : je penfe que la preflion seft faite fur toute l'étendue du carton & même au-delà ; mais j'ai des raifons pour croire qu'elle a été plus forte vis-à-vis de la pierre que par-tout ailleurs, & fi cel eft, leflet qu'elle a produit a dü fe renfermer dans un efpace grand & figuré comme la pierre. Quand un fluide en mouvement rencontre un corps folide, il le preffe d'autant plus que ce corps lui réfifte davantage; Fimpuifion du vent fur les ailes d'un moulin augmente en proportion des toiles dont on les revêt ; ainfi la matière du D'BISAVANG, LUE HN CES 439 tonnerre, la même que celle de l'électricité, pénétrant plus difficilement dans les matières graffes, dans la pierre dure, & fpécialement dans lardoife, que danse bois, le papier blanc, &c. cette matière, dis-je, a dü prefler davantage les lettres noires contre la patie de la nappe qui répondoit à la pierre d'autel, que contre les parties adjacentes qui pofoient fur la table même, & cette preffion a été fans doute bien forte, puifqu'elle a fait cafler l'ardoile qui devoit avoir environ un pouce d’épaifeur. On dit communément que le tonnerre fait cailler le lait ; qu'il fait aigrir le vin, qu'il accélère la corruption des viandes, qu'il nuit à la guérifon des plaies, qu'il fait empirer les malades, &c. fans vouloir nier la poffibilité de ces efleis, je crois qu'il y a beauconp à rabattre de tout ce que l'on en dit. I n'eft pas douteux que tout ce que touche la foudre ne foit füjet à perdre fon état naturel : un vafe foudroyé, fur-tout s'il eft de métal, infectera prefqu'infailliblement ce qu'il contient, . & l'efpèce de fermentation qui règne dans 'atmofphère pendant les grands orages, peut afflurément influer fur nos corps &c hâter la fin de ceux qui font en danger de mort; mais ces ficheux effets, quand ils ont lieu , tiennent apparemment à la grandeur des caufes & à l'étendue dè leurs influences: nous ne les imitons point dans nos expériences : j'ai éleéifé pendant cinq à fix heures de fuite différentes efpèces de liqueurs, & quoique je les aie bien examinées après, je n'y ai trouvé aucun - changement que je puffe attribuer à l'éleétrifation, fi ce n’eft qu'elles s'étoient évaporées plus qu'elles n'auroient fait fans cela dans un pareil efpace de temps (0). Notre curiofité pourroit peut-être s'applaudir des recherches qu'elle nous a fait faire fur fa nature du tonnerre & fur le mécanifme de {es principaux effets, mais ce n’eft point ce qu'il y a de plus important; il vaudroit bien mieux que nous puiflions trouver quelque moyen de nous en garantir : On y a: penéé ; on s'eft même flatté d’avoir fait cette grande découverte ; (e) Voyez les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de 1747, page 207 à fuiv. & Recherches fur les caufes particulières des phénomènes électriques, 1 V.° Difcours, 440 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe mais malheureufement douze années d'épreuves & un peu de réflexion, nous apprennent qu'il ne faut pas compter fur les promeffes qu'on nous a faites. Je Tai dit, il y a long-temps & avec regret, toutes ces pointes de fer qu'on drefle en l'air, foit comme ékitrofcopes, foit comme prélervatifs, peuvent bien nous avertir qu'il tonne ou qu'il va tonner ; mais s'il eft queftion du bien qu'elles peuvent nous faire, je crois qu'elles font plus propres à nous attirer le feu du tonnerre qu'à nous en préferver : cela eft affez prouvé par la mort de linfortuné M. Richeman, de quelque façon qu'il ait employé la barre de fer de fa fatale expérience; & je perfifte à dire que le projet d'épuiler une nuée orageufe du feu dont elle eft chargée, n'eft pas celui d'un Phyficien. Laiflons donc tonner & fulminer, comme nous haiïflons pleuvoir, & ne nous livrons point au vain efpoir de tarir ces dangereufes influences : mais comme on ne va pas {e réfugier fous une gouttière pour éviter la pluie, ne nous tenons point pendant l'orage dans les endroits ni auprès des objets les plus fufceptibles d'être foudroyés ; & oppolons, autant qu'il nous fera poffible, à la matière du tonnerre ce que nous favons qui peut arrêter où ralentir le fluide électrique. Ces précau- tions, dont cependant fa réuffite n'eft pas immanquable parce qu'il n'y a, je penfe, ni corps, ni lieu abfolument inacceflible au fluide qui eft en mouvement quand il tonne, font à peus près tout ce que la prudence humaine peut employer de plus propre à nous défendre. contre ce redoutable météore. Left certain qu'il y a des lieux plus fujets que d'autres à étre frappés du tonnerre , {oit par leur fituation, foit par la nature de leur fol ; les terrains remplis de matières métalliques &c ceux dans Lintérieur defquels il y a des courans d'eau , {ont plus fufceptiblesde ces accidens , toutes chofes égales d'ailleurs, parce qu'ils font plus propres à recevoir fa matière fulminante qui vient d'en haut, à en déterminer, à en accélérer la chute, & plus propres en même temps à lancer de bas en haut une pareille matière qui éclate avec elle. Quant à la fituation, ce ne font pas toujours, comme on Je pouroit croire, les lieux les plus élevés que le tonnerre attaque; URE & DE Su SC LÉ N°C Es. 44 ie montagne ifolée détourrie prefque toujours une nue d'orage qui eft pouffée par un grand vent, à peu-près comme le courant d'une rivière, en fe brifant contre la pile d’un pont, rejette vers le milieu de l'arche les bateaux qui fembloient devoir arriver fur l'éperon : j'obferve que la foudre tombe plus fouvent für quelque édifice élévé au centre d’une plaine entourée de mon- tagnes ou de grands bois, & j'imagine en voir la railon lorfque je confidère qu'en pareil cas les vents { contrarient , foit qu'il y en ait réellement plufieurs en oppofition, foit que le même {oit renvoyé par les éminences qui bordent leterrain, les nuées, portées les unes contre les autres, s'accumulent & le tonnerre s'anime d'autant, On voit bien, par ce que je viens de dire, qu'il y a peu de confeils à donner & à prendre fur le choix d'une habitation : ce choix dépend ordinairement de raifons plus fortes & plus déterminantes que la peur du tonnerre ; & quand cette crainte {eroit affez grande pour y avoir part, qui pourra s'aflurer que dans fa fituation la plus heureufe en apparence, le terrain ne compenfera point, par les matières électrifables qu'il recèle, ce que la rareté des orages pourroit diminuer du danger? bornons- nous donc à quelques avis fur les lieux qu'on peut aifément préférer ou éviter pendant l'orage, & für les corps auprès def quels il eft dangereux de refter. Les bâtimens qui s'élèvent au-deffus des autres , où il ya beaucoup de monde affemblé, qui font décorés en dedans avec des dorures, qui font garnis de grilles, de rampes, de balcons en fer, qui ont des gouttières, des plate-formes, des arêtes de couverture en plomb , & dont les parties Îles plus faillantes {ont terminées par des ornemens de métal, ces bitimens font, comme Je lai déjà dit, plus expolés que Jes autres aux accidens du tonnerre, parce que tout ce que je viens de nommer forme un aflemblage de corpstrès-éleétrifables, très-propres par conféquent à provoquer le feu de fa nuée & à fournir des torrens de matière qui le faffent fulminer : une maifon bourgeoïle où l'on eft en petit nombre, eft donc plus sûre qu'un lieu de {pecacle quand il tonne ; on court moins de rifque dans la chaumière d’un Payfan Mén. 1764: . Kkk 442 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que dans le palais d'un Prince; les temples même où les Fidèles fe retirent lorfque la tempête les effraye, ne devroient pas être regardés comme des réfuges aflurés, fr la fainteté du lieu & le mérite de la prière qui fe fait en commun, ne ranimoient la confiance & ne diminuoient la crainte que peuvent infpirer les circonflances phyfiques. Les cloches, en vertu de leur bénédiction / 4), doivent écarter les orages & nous préferver des coups de foudre; mais TÉglife per mét à la prudence humaine le choix des momens où il convient d'ufer de ce préfervatif, Je ne fais fi le fon, confidéré phyfiquement , eft capable ou non de faire crever une nuée & de caufer l'épanchement de {on feu vers les objets terreflres (7); mais il eft certain & prouvé par l'expérience ,. que le tonnerre peut tomber {ur un clocher, foit que lon y fonne ou que lon n’y fonne point ; & fi cela arrive dans le premier cas, les Sonneurs font en grand danger, parce qu'ils tiennent des cordes par lefquelles la commotion de la foudre peut fe communiquer jufqu'à eux : il eft donc plus fage de laiffex les cloches en repos quand l'orage eft arrivé au-deflus de l'églife, Un vaifleau en .mer, eft encore une habitation où lon devroit craindre plus qu'ailleurs les effets du tonnerre, à caufe du grand nombre d'hommes & de befliaux qu'il contient, à caufe de l'artillerie dont il eft armé, à caufe de la hauteur des mâts & des agrais, & parce que le tout repofe fur une vafte plaine d’eau ; mais on dit qu'il tonne moins en pleine mer qu'en terre ferme , & la grande quantité de soudron & de matières réfi= neufes dont les bois & les cordages font imprégnés & même enduits, doit rendre les accidens plus rares; dans les temps orageux , il eft aflez ordinaire de voir le feu éleérique du bâtiment fe diffiper en plufieurs petites gerbes par les extrémités des vergues & des mâts, comme il en fort des corps non ifolés vis-à-vis de nos globes & de nos barres de fer élechrifées /p). (p) Ces feux font très-communs | éleétriques. M. Menaffier, Officier. en mer; on les- a appelés jufqu'à | de la Compagnie des Indes , me prélent feux S.° Elne, Caftor é7 | raconta l’été dernier, qu’à fon retour Pollux, &c; mais il eft vifible | de la Chine (cette année 1764), maintenant que ce font des feux | ils effuyèrent une horrible tempête ‘5 ES: SC 1 Ê NC E Se 443 En quelqu'endroit que l'on foit, quand on eft ménacé d'un coup de tonnerre, il eft plus à propos d'êre ifolé que de tenir à de grandes mafles ; & fi lon eft auprès d'un mur, il vaut mieux qu'il foit de pure maçonnerie, que d'être bâti en pan de bois; parce que quand on fait corps avec d’autres objets, on eft en danger de partager avec eux, par contre- coup ou autrement, le tort que la foudre peut leur faire, & à cet égard on court plus de rifque avec le bois qu'avec la pierre & le plâtre : encore eft-il à craindre avec ces derniers matériaux, qu'on n'ait fcellé de l'autre côté du mur quelque pièce de fer faillante : car ce feroit un conduéteur capable de porter dans le mur le feu du tonnerre , & malheur à quiconque {e trouveroit alors vis-à-vis du fcellement. Un Capitaine de vaifleau anglois, nommé Dibden, ayant été pris en 1759 par les françois, & conduit à la Martinique, fut transféré peu de temps après du Fort Royal à S.° Pierre : dans fa route il s'arrêta à une petite chapelle bâtie fur une éminence, pour laifler patfer un orage qui le {urprit, le ton- nerre tomba quelques momens après dans ce petit bâtiment, & deux des Soldats de fefcorte qui étoient reftés debout & appuyés contre la muraille, tombèrent morts à 4 ou 5 pieds de diflance ; il parut à l'endroit contre lequel ils avoient été appuyés, un trou à jour de 3 à 4 pieds de hauteur, par lequel on entra, & l'on trouva par terre les débris d'une barre de , fer, qui, fcellée ci-devant dans le mur, frvoit à retenir une figure de pierre qui faifoit partie d’un maufolée. Un arbre feul dans la campagne n'eft pas un bon afyle pour celui qui craint le tonnerre ; il y auroit moins de danger au milieu d'une forêt de haute fütaye , parce que le feu de la nuée provoqué également de toutes parts, ne {eroit dirigé par aucune détermination particulière fur l'homme qui cherche à s'en garantir: on fait de refte combien de gens ont péri mal- heureufement pour s'être réfugiés fous ces arbres ifolés. mêlée de tonnerres, & qu'ils virent | beaucoup & qui failoit entendre de pendant plus d’un quart-d’heure à | temps en temps des éclats comme June des extrémités de la grande | des pétards. vergue une langue de feu qui pétilloit Kkk ÿ 444 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE. Les grottes naturelles & les fouterrains qui font un peu pro- fonds, & qui ont peu de communication avec l'air extérieur, {ont rarement vifités par la foudre (g) , à moins qu'ils n'aient au-deflous ou autour d'eux, des matières métalliques , ou d'autres. fubflances également éleétrifables. On fait bien de tenir fermés les chaffis vitrés des appar- temens, lorfqu'il fait de grands coups de tonnerre; ceft peu de chofe qu'un carreau de verre pour arrêter le trait de feu qui eft prèt à fulminer, & lon ne peut pas fe flatter de cet effet, quand il frappera directement; mais dans les cas où il ne feroit que rafer la fenêtre, peut-être n'en faut-il pas da- vantage pour lempêcher d'avoir fon effet dans l'intérieur de l'appartement. Pour ne rien oublier de tout ce qui peut faciliter ou ra- lentir les eflets du tonnerre, on peut porter l'attention jufque. fur les habits. Nous favons par l'expérience, que la foie & la Jaine , fur-tout quand elles font bien sèches, font des matières. moins pérméables que d'autres pour de fluide élefrique ; fi célui du tonnerre ft de la même nature, comme on n'en péut guère douter maintenant, on peut dire que le payfan vêtu de’toile & mouillé pär à pluie, { trouve par-R un peu plus fulminable que le particulier qui porte un habit uni de drap ouide quelqu'étoffe de foie qui n'a contraété aucune humidité : mais en continuant de raïfonner, d'après ce que l'expérience mous a appris, nous devons dire aufli que par les calons, la broderie & les autres ornemens en argent ou en or dont les vètemens font chargés, la condition des gens riches, à l'égard du tonnerre, eft pire que celle du payfin couvert de fon farreau humide ; car le métal eft encore plus életrifable que la toile mouillée, Je termine ici mes réflexions fur les moyens de fe garantir des effets du tonnerre; Fimagination peut en fugaérer d’autres; mais je ne crois pas qu'on les puifle propoler férieufement. La (4) Adverfus tonitrua 7’ minas cœli fubterraneæ domus ê7 defofi ir alrum fpecus, remedia-funt. Senec. nat: Quæft: lib. VI, cap. 1. Idéo pavidi altiores fpecus.tutiffimos putant, Plin. Lib. 11, cap, $s: DUESE SIC EIN CES 445 * peur du tonnerre, quelque grande qu'elle foit, détermineia- t-elle jamais quelqu'un à fe faire fufpendre dans une lanterne de verre ou de porcelaine, à s'incrufter dans un étui de matière réfmeufe, à fe tenir ifolé fr un piédeftal de cire ou de foufie,, &c? Je ne rougirois pas cependant d'offrir de pareils remèdes contre les dangers auxquels les orages nous expolent, & je ne ferois pas en peine de les mettre à l'abri du ridicule Ra WE pouvois répondre de leur infaillibilité ; mais, je ai déjà dit, une forte électricité {e fait jour à travers tous les obflacles que nous pouvons lui oppoler, & malheureufement le tonnerre eft la plus grande de toutes les éleétricités.. NOTES relatives au Mémoire précédent: Sur un des baftions du château de Duino, fitué dans le Frioul, au bord de [a mer Adriatique, il y a de temps immémorial, une pique dreffée verticalement, la pointe en haut: dans l'Été, lorfque le temps paroit tourné à l'orage, le Soldat qui monte la garde en cet endroit, examine Île fer de cette pique, en lui préfemtant de près le fer d’une hallebarde / brandifloco ) qui eft toujours là. pour cette épreuve: & quand il s'aperçoit que celui de la pique étincelle beaucoup , ou qu'il y a à fa pointe une petite gerbe de feu , il fonne une cloche qui eft auprès, pour avertir les gens: qui travaillent aux champs, ou les pécheurs qui font en mer, . qu'ils font menacés de mauvais temps; & fur cet avis tout le monde rentre. La grande ancienneté de cette pratique eft prouvée par la. wadition conftante & unanime du pays, & par une lettre du P.. Imperati Bénédictin, datée de 1 602, dans Jhquelle il dit, en faifant . allufion à.cet ufage des habitans de Duino ; igne 7 hafl& hi mire utuntur ad imbres , grandines ; procellafque præfagiendas , tempore præfèriim æflivo. Lettera di Gio. fortumato Bianchini dott. medic. intorno un nuovo fenomeno eleurico. all Acad. R. delle Scienze : di Pariggi. da udine adi 16 Decembr. 1 7538: (2) Dolia exhauriuntur intadis operimentis, nulloque alio vefligio relicto. Plin. lib. 11, c. s. UX vafis.integris vina repente diffugiant. Lucret. Kb. v 1. KKk ü v Ÿ "| 446 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Stat fratlo dolio vinum ; nec ultra triduum rigor ille dura. Senec. Nat. quæft. lib. 11, c. 31. Illud eff mirum quod vinum fulmine velatum , cum ad priorem habitum redit, potum, aut exanimat aut dementes facit. Ibid. c. 53. Fulmine itla intra paucos dies verminant. Ybid, lib. 11, c. 31. Arborum manu fatarum , receptarumque in domos, fulmine laurus Jola non icitur. Plin. lib. XV 1, c. 30. (3) M. le comte de la Tour-Landry, dans une lettre qu’il me fit l'honneur de m'écrire le 12 Juillet 1764, me faifoit le récit de trois coups de tonnerre dont fut frappée l’églife d’Antrafme , paroiïfle dont il eft feigneur, & qui eft fituée près de Laval dans le bas Maine. « Le 29 Juin 1763 ,dit-il, au milieu d’un violent orage, à huit heures du matin, le tonnerre tomba fur le clocher & le chœur de l’églife de ma paroïfle d’Antrafme ; le chœur eft fous le clocher ..... l'autel eft à la romaine, avec des ornemens aflez élevés, le out en bois doré tout neuf..... à droite & à gauche, à rois pieds de diftance, font des niches en tufleau, incruftées dans des piliers: les contours & ornemens font dorés; les flatues des fainis , peintes & dorées, le tout dominé par une efpèce de baldaquin en bois doré. Un tourbillon énorme de feux de toutes couleurs, couvrit par deux fois l'autel, conune un flux & reflux de vagues, de façon qu'on crut tout enflammé & confumé..... malgré lPembrafement où parut être par deux fois le chœur qui eft boifé & l'autel, les ornemens de l'autel n'ont pas fouflert la moindre altération ; mais dans les cadres & contours des niches, les ornemens de leurs bafes, dans une partie de feur couronnement, ainfi que dans les premières fculptures du baldaquin, les dorures & peintures ont été fondues & noircies . .... Parmi plufieurs autres dégâts & effets, il y en a deux finguliers: dans une des crédences des niches en pierre de tufleau, & peinte en marbre, il fe trouva des trous profonds, percés comme avec une tarière, les morceaux jetés fur l'autel. Sur une autre crédence, des burettes d’éain noircies, à demi grillées ; le vin qu’une contenoit, rendant une odeur de la plus grande infeétion. Dans le clocher , il y avoit quelques dégâts & éclats dans fa charpente & dans celle des cloches. Le clocher a été reltté & recouvert d'ardoiles tout à neuf: tous les dégäs du tonnerre dans le chœur, ont été réparés, redorés, les trous remplis de plâwe, & repeints. Le 20 Juin dernier ( 1764 ) à quatre heures du foir , le tonnerre-eft tombé fur le même clocher; ..... fes effets ont été exactement les mêmes ,..... les mêmes dorures, & pas romane. 2 “ DES SCIENCES. 447 au-delà, ont été noircies & hrûlées ; les mêmes trous qui avoient été remplis & repeints, fe font trouvés débouchés, les deux mêmes burettes d'étain, noircies, grillées de la même facon: enfin le tonnerre du 20 Juin 1764, a fuivi dans tous fes efets les mêmes waces que celui du 29 Juin 1763. fur le clocher, aux environs de trois Muüis ce qu'il a refté d'ardoiles milliers, & qui un an auparavant avoient été placées fur un latis neuf & avec des clous neufs, {e font trouvées comme fans foutien ; & tous & comme piqués dans du papier .. les clous s'étant trouvés lâchés -. Je vous obferverai encore qu'il y a environ trente ans que le tonnerre tomba fur le même clocher le 27 Décembre... La pofition du clocher d’Antafme, continue M. le comte de la Tour - Landry, pañle une petite rivière, & où il {e eft dans un baffin bas, où il trouve d’autres nappes d’eau ; tout ce petit baflin eft dominé par des coteaux ; & au nord-oueft f à trois portées de fufil , eft une petite montagne, de niveau au moins au clocher qui a une élévation mé diocre. Sa partie de charpente couverte d’ardoifes, étant furmontée d’une plombure fort épaifle , de fept pieds de hauteur ; fur cette plombure une croix de fer de fept pieds, pefant environ trente lix cuivre : Ja plombure pèfe quatre eft fort ancienne , ainfi que k croix res, & au- deffus un coq de cents livres ; cette plombure de fer. ... Je vous obferverai encore , que dans l'inftant où Ie tonnerre tomba le 20 Juin fur le clocher, une fille & un homme, dans deux maifons différentes, les portes ouvertes , à cinquante ou foixante pas de l'églife reçurent, la fille fur les cuifles, homme fur | es jambes, un {1 violent coup, comme d’un bâton, que l'homme ne put marcher qu'avec peine le refte du jour. La même fenfation étoit arrivée à un Laboureur dans la même maifon où il fe trouva par hafrd, lorfque le tonnerre tomba fur le clocher le 29 Juin 1763 ». On peut, ce me femble, conclure de ce récir, que la réunion de certaines circonftances peut rendr e un édifice plus fufceptüble de e . . . . la foudre, & que parmi ces circonftances on doit compter fa fituation, la nature du {of où il eft placé, cell e des matières qui font entrées. dans fa conftruétion , dans fes ornemens , &c. (4) M. le marquis Maflei, dans fa lettre À Valifnieri (la première de celles qui compofent fon traité de l'origine de la foudre, que j'ai cité dans le Mémoire précédent | rapporte que voyageant dans llialie, & fe trouvant dans le château d’un lieu appelé Æo/dinovo , Pendant un orige mêlé de tonnerre, il vit tout d’un coup fur le plancher de la chambre qui étoit au r ez de chauffée, un feu très-vif, cc 9 ÿ 448 MÉmoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE dont la couleur étoit blanche, mêlée de bleu : ce feu tournoyoït fur lui-même avec beaucoup d’agitation , & formoit une flamme de quelque étendue, qui d’abord mavançoit ni ne reculoit; puis elle s'avança vers lui en s'alongeant en forme de langue, & en prenant une plus grande étendue, précifément comme quand un tas de poudre enflunmié en joint un autre qui s’enflamme de même, &c. Ecco io vidi awampar d'improvifo, rc. della formazione de fulimini trattato. Lettera 1° pag. 2 Le même auteur dit qu'il n’a jamais manqué d'aller examiner les endroits où il favoit que le tonnerre étoittombé, & que par-tout il a reconnu par les effets & par les traces qui fubfiftoient, que Rh foudre avoit frappé de bas en haut. Æo riconnofciuto fempre le percoffe di baffo in alto. Xbid. lett. 2° « Pendant l'été de 1731, dit encore M. Maffei dans la même lettre, il y eut dans les environs de Véronne une quantité prodigieufe de tonnerres : on a compté qu'il étoit tombé dix fois dans le feul territoire de Cafalione , & l’on ma rendu un compte exact de tout ce qui s’y eft paflé de remarquable: de tous ces coups de foudre, je ne ferai mention ici que de celui qui a frappé à grande tour de la place de Ia ville, & dont j'ai pris connoiffance par le récit de ceux qui en avoient été témoins, & par l'examen que j'en fis moi-même le jour de cet accident. Le 26 Juillet, à la pointe du jour , il tonnoit épouventablement, tout d’un coup on vit un grand feu’ s’'allumer dans la place des herbes, à une toife ou à peu près au-deflus du terrain: la lueur qu’il produifit fut fr grande, que dans une étendue confidérable elle éclaira toutes les chambres dont les fenêtres n’étoient point fermées avec des volets : un inftant après on vit tomber par terre un grand écuffon de pierre, qui étoit encaftré fort haut dans lépaiffeur de la tour, & l’on entendit un coup qui ne roula point, comme fait ordinairement le tonnerre, mais qui reffembloit plutôt à celui d’une groffe pièce d'artillerie ; tellement que les maifons en tremblèrent. Lorfqu'on vint à vifiter la tour, on remarqua des traces de feu à l'endroit du mur d’où s'étoit détaché l’écuffon , qui étoit faïlant & couvert d’une grande tablette de pierre. Un peu plus haut, où eft une pareille tablette, on vit que l’une des confoles qui la foutenoient, avoit été emportée fans qu'il y eût aucun autre dommage . .. . & l’on aperçut encore quelques fractures deflous le petit dôme qui couvre la tour. De toutes ces obfervations, M. Maffei conclut que la foudre a frappé de bas en haut. Et il ajoute, j'ai obfervé ln même chofe après le ‘coup de tonnerre qui frappa notre amphiéatre, & encore après celui qui arriva à Férare en 1721 ». Le » DIE SN S-C_IE NC _E S. | 449. Le même M. Maffei cite encore deux faits femblables, c'eft-à-dire deux coups de tonnerre, qui ont commencé par une flamme qui s'eft élevée de terre. « Le bruit public, dit-il , a fait aflez connoître ce qui a été obfervé à Lucques au mois de Juin 1724, par deux Religieux de la petite Obfervance, tous deux Profefleurs de philofophie. Ils virent naître un petit globe de feu, qui s’alongea en s'élevant avec beaucoup de rapidité, & le bruit {e fit entendre quelques inftans après; il eft arrivé de même à monami M. Séguier , lorfqu’il étoit en France, de voir en pareilles circonftances , une flamme ferpenter fur le terrain , s'élever enfuite avec fureur & faire entendre un coup épouvantable. Zbid. lettera 2° ». M. l'abbé Jérôme Lioni de Cénéda dit, qu'après avoir été long-temps oppofé à l'opinion de ceux qui prétendent que la foudre vient d’en bas, il fut témoin d’un coup de tonnerre, qui la lui fit adopter. IL rapporte que pendant un temps fort orageux, il vit tout-à-coup une flamme très-vive qui s’éleva rapidement de la terre, jufqu’à la hauteur de deux coudées, & qui difparut en faifant entendre un coup des plus effroyables. « Je m’étois comme entêté, dit-il, à ne vouloir pas croire que cela püt arriver ; mais cependant je ne puis rien oppofer à un fait. /o mi era quafi inteffato di non voler credere : ma ora non faprei come combattere un fatto. » Giornale di Vénefia : tom. XXX11, p. 94 Lazaro Moro, dans fon ouvrage fur les cruftacés de montagnes , fe déclare ouvertement pour le fentiment de ceux qui croient que Ja foudre vient d’en bas. Jofeph-Marie Bacheton, médecin de Bologne, rapporte ainft ce qu'ila appris des Religieufes du couvent de Sainte-Chriftine, au fujet du coup de tonnerre qui frappa leur tour le 21 Juiller 1745. Monachæ viam unam offendebant quam fulmen tenuiffe putabant, eaque érat altifimum foramen per quod filum perlongum ferreum trahebatur, ad campanam ex inferiori ædium parte puljandam: 7 fane filum prope Zotum confumptum erat. . .. univerfum foraminis traftum fuligo infecerat leviffima , que mihi curiofifime diligentiffimeque [crutanti , nullum J'ulphuris indicium præbuit . .. monachæ cohortis angulum oflendentes , qui ad turrim fpetat , quo in angulo foramen patet pluviis aquis in Jubjeclum cavum labentibus, illinc, aiebant, malum exiflt. În his (monachis ) una fuit ætate proveélior que affirmabat multis ante annis Jlammam aliam fe vidiffe, novæ hujus plane fimilem, ex eâdem cohortis Parte prærumpentem , que fummam turrim impetens | non fine Mano fragore diffiluerat , ér c. Comment. Bononienf.tom H,parte I. p.461. Nes plane operæ pretium fa@uros judicavimus , ft inauditum hoc Maféi placitum ( fulmen e terrâ nafi ) paulo diligentils profequeremur, Mén. 1704 »Lii LL 4 450 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE cum aroumenta quibus ufus eff fuccinctè explicantes &7 confirmantes, tum etiam nova promentes àT a contrarüs rationibus vindicantes. Ructherus , Philof. prof. Lypfenf. de natalibus fulminum in præfat. Lypfiæ, 1725. * Ceterum longe maximam féminum fulmineorum partem ér terre vinculis liberatam magis magifque evehi, atque in altiori demum aëre cum magno [éd innoxio tumultu conflagrare , quam libentiffime fatemur. Ibid, Ergo ex fimilibus fulminum operibus concludamus ea in locis fulguritis oriri ,-non per liberum aërem ex altis nubibus afférri. Ybid. Pro vero, certo, rato habeamus, fulmina non in nubibus fed in aëre humiliore gioni. Ibid. Nafcere in terra il fulmine & poco fotto , o poco fopra accenderfr, e che poco fi allontani il foco di dove fi accende tal che qualli che domegiano le fabriche vi fr accendano dentro. La philofophia a rovefcio. Dialogo intorno a gli elementi, per cagione del fulmine. In Pifa, 1699. ÆEïf conflans fuerit veterum philofophorumr opinio fulmina in fublimi tantüm aëre cudi, compertum tamen ef? in telluris quoque fuperficie ea plerumque generari. P. Fortunati da Brefcia Francifcani, philofoph. fenfuum mechanica. Accoppiamo con quefta l'altra proprieta affai piu mirabile, di trapaflar muraglie fenfa far buco cofi fece la veduta da me, che fali alla flanfa fuperiore fenfa que nella volta foro, o crepatura alcuna apparifce, Maffei, della formazione de fulmini. Lettera 6 OS) Sie molte volte offervato, ïtocchi della faetta non avere annerrito, & non avere lafliato fegno di brucciatura. Æaffei, lettera 6 Après le coup de tonnerre de Clermont en Beauvoifis, dont il a été parlé dans la feconde partie du Mémoire précédent, je me fouviens très-diftinétement d’avoir vu les plombs des vitres, qui avoient coulé à plufieurs endroits, les morceaux de verre enfumés & couleur d’ardoife, fans que le feu fe foit mis aux boïs, qui étoient brifés en petits éclats. M. le chevalier de Louville étant à Nevers, fut témoin de deux coups de tonnerre, dont l'un dépouilla un gros arbre de la moitié de fon écorce, & traça trois fillons fur la longueur du tronc ; l’autre brifa un fagot placé fur des chenets dans l’âtre d’une cheminée, fans laifler aucune marque de brûlure, Hif. de l’Acad. R. des St. ‘1714, p. 7 À Juiv. Au mois de Septembre 1763 , le tonnerre tomba fur l’églife des Capucins de la Fère en Picardie, & dégrada toute la dorure 1 1 , 1 È . LTÉE NÉNnnsinin te : RICE: dan 10 vis nas den rien et 2 » Mém. de l'Ac.R. des Se.1764.pages 8.1. JZD.et Je. DESLSCIENCESs. 451 du Tabernacle; lon m'a fait remarquer qu’un voile de foie qui le couvroic alors, na été nullement endommagé, non plus que le linge d’autel. (6) M. Maffei, en parlant du coup de- tonnerre de Cafihone, rapporté dans la feconde partie de mon Mémoire, remarque comme une fingularité, que le grand écuflon, qui fut détaché de la tour, au lieu de tomber au pied du bâtiment, comme il femble qu'il auroit dû füire, fur-tout à caufe de fon grand poids; fut jeté auprès de la mailon d’un Marchand, qui étoit de l'autre côté de la place, comme fi, dit-il, il avoit recu le coup du côté de la tour. Quafi aveffe avuto l'urto della parte di la della torre. Lettera 2." (7) Suivant le rituel de Paris, lorfqu’on bénit des cloches, on récite les oraifons fuivantes. Benedic Domine . .... quotieftumque fonuerit , procul recedat virtus infidiantium , umbra phantafmatis, incurfio turbinum , percuffio fulininum, læjio tonitruum, calamitas tempeflatum, omnifque Jpiritus procellarum, ere. Deus, qui per beatum Moïfen, ere. .... procul pellentur infidiæ inimici, fragor grandinum , procella turbinum , impetus tempeflatum ; temperentur infefla tonitrua, éTc. Omnipotens fémpiterne Deus, rc... . ut ante fonitum ejus effugentur ionita jacula inimici , percuffio fulminum , impetus lapidum , læfio tempeflatum , éTc. En 1718, M. Deflandes fit fivoir à l’Académie Royale des Sciences, que la nuit du 14 au 1 5 d'Avril de la même année , le tonnerre étoit tombé fur vingt-quaire églifes, depuis Landernau jufqu'à Saïnr-Pol-de-Léon en Bretagne ; que ces églifes étoient précilément celles où l’on fonnoit, & que là foudre avoit épargné celles où l’on ne fonnoit pas: qué dans celle de Gouefnon, qui fut entièrement ruinée, le tonnerre tua deux perfonnes, de quatre “qui fonnoient, &c. Hiff. de l'Ac. Rides St. 1719. 14 Juillet 1764. 452 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MÉMOIRE SUR UNE ÉPIPLOCELE DNONUN TLT ENS SMNCGTNE TS FURENT D'ABORD FORT ÉQUIVOQUES. Par M. TENON. ES Praticiens font encore fort embarraffés dans nombre de circonflances pour déterminer le caraétère de certaines malagies, & fur le choix des moyens auxquels il peut être utile d'avoir recours pour les traiter; ce qui eft pis encore, les malades font alors quelquefois les vitimes du défaut de nos connoiffances. Ce feroit donc veiller à leur intérêt, travailler à notre inftuétion, que de faire connoïtre les circonftances qui en impofent fur la nature des fignes de nos maux ; Fob- fervation & le récit des faits quinous ont.trompés ou qui nous ont réduit à douter, peuvent, par ces raïfons, nous être d'un grand avantage : c'eft ce qui m'a engagé à rendre compte d’une de ces maladies dont les fignes fous lefquels elle s'annonça furent d'abord fort équivoques ; je dirai pourquoi ils e furent : il eft queftion d'une épiplocèle à Faine droite; M. Maraldi, de cette Académie, a donné lieu à cette obfervation ; inuti- lement répondrois-je de l'exactitude avec laquelle je Faï faite, il fuffira d’avouer que l'amitié a été mon guide en le traitant ; pourroit-il rien y avoir qui püt captiver davantage toute mon attention. M. Maraldi revint de la campagne le 24 Oftobre 1763, il y avoit dix jours feulement qu'il fe plaignoit d'une tumeur dans 'aine droite; il n'avoit fait aucun effort auquel il pût attribuer cette maladie ; 1 fentit feulement , en fe tournant une nuit dans fon lit, un léger pincement dans l'aine; ce fut environ D'EXS SGEN CES 453. à cette époque que la tumeur parut; elle saccrut beaucoup les jours füivans, parce que M. Maraldi fut obligé de faire beaucoup de chemin à pied, étant arrivé un accident à la voiture dans laquelle il étoit; cette tumeur avoit le volume d’un œuf lorfque je l'examinai la première fois, c'eft-à-dire onze jours après que lon a commencé à sen apercevoir; elle n'étoit point ronde, mais boflelée, remplie de duretés ou de petits corps durs d’une forme ovale gros comme une aveline ; la peau qui en formoit la furface, paroïfloit avoir beaucoup d'épaiffeur ; on eût dit qu'elle étoit adhérente aux parties intérieures, qui d’ailleurs paroifloient immobiles, quelque chofe que l'on fit pour les déplacer. L'idée la plus naturelle que pouvoit offrir cette maladie, étoit de la confidérer comme une hernie, fur-tout f lon a égard au pincement que le malade avoit fenti dans laine il y avoit onze jours ; maiscomment concilier avec une hernie auflr récente les caradtères que préfente la tumeur dont je pale, fà forme boffelée, les corps durs & comme skirreux que lon y remarquoit, la dureté, l'épaifleur de la peau , l'adhé- rence de celle-ci aux parties fubjacentes? j'eus beau d’ailleurs eflayer de réduire la tumeur ou une partie de la tumeur, je ne le pus; faire en forte d'y exciter quelques impulfions que je fentifleg en faifant touffer le malade, tandis que ÿaurois les doigts fur cette tumeur, je n'en fentis aucune. Ignorant quelle étoit précifément la caufe des fymptômes que j'oblervois, je crus devoir m'occuper de ceux-ci pour les combattre ; j'eflayai de ramollir la tumeur , de la réfoudre : je cherchai même, dans ces expédiens, des reflources pour en démêler le caractère : on verra qu'elles ne furent point tout-à- fait infruétueufes. J'eus recours à des emplaftiques gommeux, à de légères friétions locales de pommade mercurielle ; lun & l'autre rougirent un peu la peau: j'employai des cataplafmes avec les farines des graines & la décoction des plantes émol- lientes, ils n'opérèrent aucun avantage; je paffai à l'ufage des bains, à celui des bols fondans légèrement puroatifs ; après le quatrième bain, la tumeur parut un peu ramollie dans les LII ij 454 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE intervalles des duretés; fon volume augmentoit lorfque Le malade alloit à la gurderobe; en la faififlant avec les doigts, on en faifoit rentrer une partie, c'étoit celle qui étoit proche Y'anneau ; le refle que nous avons dit qui étoit pelotonné, dur par-ci par-là , adhérent, étoit toujours immobile , fuperficiel, & lon décoüvroit entre cetie partie fuperficielle & le voifinage de l'anneau un vide en faififfant toute la tumeur avec les doigts. Il eft démontré qu'il y a dans cette maladie une hernie, & nous avons été conduits inconteflablement à cette connoif- fance par les moyens auxquels nous avons eu recours & que nous avons expolés ; mais il reftoit encore une difficulté à furmonter, c'étoit de favoir ce qu'étoit ce corps pelotonné, dur, adhérent & irréduétible dont j'ai parlé, car quoiqu'une partie de cette tumeur füt réduite, ce qui fubfiftoit encore n'avoit pas moins le même afpect qu'auparavant ; par où je compris que ce corps que nous ne connoiflions point encore, étoit ce qui avoit mafqué la hernie qui venoit d'être réduite, & avoit empêché de paroïtre avec les fignes qui annoncent & caraétérifent les épiplocèles récentes. Ayant pefé müûrement les fymptômes de la tumeur qui fubfiftoit encore , je crus devoir les attribuer, non point à une hernie récente à laquelle ils ne peuvent appartenir, mais à une épiplocèle ancienne ; j'ifagina, dis-je, que l'épiploon ayant été preffé & aplati autrefois contre Yanneau avec l'écuflon d'un bandage, Favoit bouché, y avoit acquis des adhérences & de la dureté; que quelques points de cette adhérence avoient été rompus en dernier lieu, par où sétoient échappées les parties nouvellement forties mobiles & réduites; j'imaginai, dis-je, pour le dire en un mot, que Îa tumeur étoit formée d'une hernie récente, dont forigine remontoit à peu-près à l'époque que le malade nous avoit indiqué, & d'une hernie fort ancienne qu'il ne croyoit point avoir, & dont il préfumoit avoir été guéri. M.° Morand & Moreau furent appelés en confultation ; je leur fis part de mes doutes fur la nature & les fymptômes de cette maladie ; ils leur parurent fondés; la fuite fit voir qu'ils l'étoient en effet: DIE SL SG I:E N CE 455 M. Maraldi avoit eu une defcente du même côté dans fa jeunefle, il lavoit foutenue avec un bandage qu'il ne portoit plus depuis fort long-temps, imaginant qu'il étoit guéri & ne penfant même plus à cette ancienne maladie, J ‘eflayai de fondre les duretés de l'ancien épiploon avec des emplaftiques, des fondans, des cataplafmes, de borner & de réduire, s'il fe pouvoit, la hernie à un moindre volume : j'eus recours aux expédiens que Je viens d'indiquer, & à un bandage dont lécuffon fut difpofé en cuiller pour fe modeler à la convexité de la tumeur; ces moyens furent impuiffans : il fe forma dans les duretés des foyers de füppuration ; il fallut ouvrir, & nous trouvamesune mafle d'épiploon adhérente aux parties extérieures, & celles-ci à la peu; elle étoit également adhérente autour de l'anneau, fr ce n'eft par en bas, où lon remarquoit une ouverture par où sétoient échappées les parties nouvellement forties. On ne put diftinguer dans cette hernie aucune trace de fac hernüaire ; il avoit été confondu par la preffion & par linflammation avec l'ancien épiploon : celui-ci étoit fi dur, que les doigts & les ongles avoient de la peine à le rompre; cepen- dant il fallut en déchirer une partie, lier, couper & faire fuppurer le refle pour $en défaire entièrement, afin de cicatrifer & clore es bords de l'anneau; nous y parvinmes, mais après bien des foins & environ trois mois de traitement. Voilà ce qui fut la cauf des doutes qui nous arrétèrent lorfqu'il fut queftion de prononcer fur le carafère de cette maladie : la Nature s'étoit préparé une reflource pour la guérifon de Fancienne hernie, en collant lépiploon à Fanneau: nous nous varderons bien d'indiquer cet expédient pour que lon y ait recours ; le fait dont je rends compte fait voir combien peu il faut y compter, comment & pourquoi une hernie, traitée & guérie comme celle-ci f'avoit été, peut être fujette à récidive : il eft toujours plus für de faire rentrer toutes les paties avant d'appliquer aucun bandage , & plus prudent de ne jamais cefler de porter un bandage, du moins contentif, lorfque Yon a été fujet, à un âge déjà avancé, à une épiplocèle confidérable, 456 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & que les anneaux ont été confidérablement dilatés. Je remar- querai en dernier lieu que la fuppuration, fr redoutable dans certaines hernies parce qu'elle peut intérefler des parties qu'il et effentiel de conferver, fut ici d’une grande reflource ; elle détruifit les duretés de l'ancien épiploon ; ouvrit des routes pour entrer dans fa fubflance en opérant; elle nous aida à rompre les adhérences & à fondre ce qui avoit échappé aux incifions, aux ligatures & aux cauftiques. Elle offrit enfin des avantages dont il eft poffible que l'art puifle profiter pour parvenir à fes fins dans le traitement des épiplocèles anciennes, adhérentes & skirreufes , orfqu'il ft queftion de tendre à une cure radicale, MEMOIRE DRÉLSN SEC IE NoCEuS, 457 Anne euro le nan 27 sus ou 23 AA Lol M PAM. Os LR LE DUR ES INONDATIONS DE LA SEINE À PARIS. Par M. DEPARCIEUX. Er débordemens de la Seine & les grands dommages 14 Novemb. qu'ils ont caufés dans Paris & fes environs, ont été très- 1764- _ fouvent l'objet de l'attention de nos Rois & des Magiftrats. Je ne me propole pas de parler expreffément dans ce Mémoire des moyens d'y remédier, mais de faire voir ce qui les a fr confidérablement augmentés du côté de la Grève & au-deflus ; afin qu'on tâche d'en diminuer la caufe quand on en aura Toccafion, & qu'on évite de faugmenter à l'avenir. Lors de l'inondation de 1751, l'Académie nous chargea, M. Buache & moi, d'en remarquer le progrès, tant par rapport aux rués qu'elle couvroit, que par rapport à fon élévation, com- paativement aux autres inondations. M. Buache avoit déjà donné en 1 741 & 1742, deux Mémoires à ce füjet, accompagnés, lun d’un plan de Paris, dans lequel on voit jufues aux moindres recoins où l'inondation de 1740 pénétra; l'autre {ur fa hauteur des eaux fouterraines accompagné de plans & de profils détaillés & curieux. Par-là les comparaifons qu'il pouvoit y avoir à faire de l'étendue de linondation de 1740, à celle d'alors 1 751, étoient bien plus du reffort de M. Buache que du mien. Je tournai mes vues du côté des élévations des différentes inondations dont je pourrois trouver des veftiges, pour les - comparer ent'elles, & tâcher d'en tirer quelque conféquence utile, Dès T'inondation de 1740, qui eft ta première que j'aie vue à Paris, j'avois déjà fait plufieurs notes, uniquement pour ma faisfaétion, ne penfant pas alors qu'elles puffent jamais devenir Mém, 1764 +. Mmm 458 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d'aucune utilité, je les continuai depuis par devoir & avec plus de foin, dès que je vis qu'on en pouvoit tirer quelque avantage paï l'attention que l'Académie y portoit, Je parcourus pour cela, de temps à autres, toutes Îes dif- férentes rues où arrivent les inondations, j'entrai, pour ainfi dire, de maifon en maifon pour m'informer fi on n'avoit point marqué quelque part, la hauteur où étoit arrivée l’inondation de 1740, fi on n’en connoïffoit pas des précédentes 1711, 1 697, 1690, &c. & j'en trouvai en plufieurs endroits. Je remarquai , en faïfant mes recherches , que les différences entre inondation de 1740 & celle d'alors 1751, n'étoient as les mêmes dans toute l'étendue de la rivière dans Paris, qu'elles alloïent en diminuant de l'Arfenal au Champs-éliés, & ces différences me firent naître l'idée de les comparer en quatre endroits différens. 1° Au-deflus des ponts, confidérée dans la traverfe de la Seine du foffé de l'Arfenal au faubourg S.' Victor. 2° Dans la traverfée qui répond à la Grève & à la place Maubert. 3.° Dans celle du guichet Froidmanteau au quai Malaquais. 4.° Et enfin après qu'elle a paifé tous les onts, obfervée au Pont - tournant où l'eau eft calme, & où je ee vue le lendemain de Noël 1740, exactement à fleur des tablettes: linondation de la préfente année a achevé de con- firmer mes remarques; & afin qu'on puifle, f1 onle veut, les continuer & vérifier ce que je rapporte, je vais indiquer les principaux endroits où j'ai trouvé des notes d'anciennes imon- dations. Quant à celles que j'ai pu obferver moi-même, outre les mefures prifes aux endroits où j'ai trouvé d'anciens repairs , comme de 1649, 1651, 1658, 1690 & 1711, que je vais indiquer, j'en ai pris encore én beaucoup d’autres endroits fans rien marquer fur les murs, me contentant de prendre la diflance de l'endroit où étoit montée l'eau à quelque point auffi immuable que les maifons, comme feuils ou linteaux de porte, &c. J'ai encore trouvé après l'inondation de 1751,beau- coups d’endroits comme allées, boutiques, arrière-boutiques , E&c. où la marque de l'inondation de 1 740 , étoit auffr fenfiblement & auffi nettement tranchée fur es murs de plâtre que celle DES SCIE N.C:E s 459 de 1751, qui venoit de pañer; elle l'eft même encore en plufieurs endroits de la Grève, de la rue de la Mortellerie & ailleurs, à ne pouvoir sy méprendre, quoiqu'il fe foit écoulé depuis plus de vingt-trois ans. ENDROITS où j'ai trouvé dans Paris, des notes d'anciennes inondations. Prefque tout le monde connoît l'infcription en marbre qui ft dans le cloitre des Céleftins, pour finondation du 28 Février 16 $ 8, fans hquelle on douteroit peut-être de ce qu'on trouve ailleurs de cette prodigieufe inondation, elle monta 33 pouces & demi plus haut que celle que nous avons vue en 1740 , quoique cette dernière ait été une des plus confidérables ; je melurai cette différence peu de jours après que l'inondation fut paflée, & elle y eft encore affez bien marquée pour qu'on puiffe la vérifier, elle eft à 28 pouces du carreau. On trouve à la Maïfon-blanche ou Folie-bonnet près de la barrière S.° Bernard , les marques des inondations de 1679, 1711 & 1740. L'inondation de 1740 eft la plus haute, comme elle left dans tous les autres endroits que je citerai ; Tinondation des premiers jours de Mars 1711, n'eft ici plus baffe que celle de 1740 que de ro pouces & demi; on verra ci-après qu'il a dû y avoir un pied de différence entre ces deux inondations: celle du 22 Mars 1751, n'y eft pas marquée, mais j'en mefurai la différence dès que l'inondation fut retirée; elle fe trouva 44 pouces & demi plus baffle que celle de 1740, celle du 9 Février 1764, 34 pouces +, & celle de Février 1679, 46 pouces. Au Bureau des Forts du port S.° Paul, qu'on nomme la perite- Baffille, Yinondation de 175 1.y eft marquée 44 pouces & demi fous celle de 1740, & celle de 1764, à environ 35 pouces, ces différences s'accordent à peu de chofe près avec celles de la Maifon - blanche & avec plufieurs autres, prifes à la Rapée, au Corps - de - garde du bas de la rue Traver- fine & ailleurs, d'après des repairs conftans ; on a voulu auffi Mmm ji 460 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE marquer, au même bureau des Forts, l'inondation de 17117, mais rien ne défigne où l'eau monta, à moins qu'on n'ait voulu le faire par le deffous d’un bateau qu'on y a figuré, auquel cas il n’y auroit eu que 7 pouces de différence entre 1711 & 1740 ; lon verra, par tout ce que je rapporterai ci-après, que lmondation de 1711 monta certainement moins haut : celle de 1740 eft bien, par Faccord que jy aï trouvé avec plufeurs antres pour les différences à 1751 & 1764. Je crois devoir avertir qu'il y a entre la petite Baftille & le Bureau des coches de Melun, Moret, &c. une marque de l'inondation de 1740, fur laquelle on pourroit avoir confiance, parce qu'elle eft aflez bien gravée ; mais elle eft aux environs de 6 pouces plus haute que Finondation ne fut réellement. On trouve encoreen beaucoup d’endroits, entre les ponts Marie & Notre-Dame, la marque de inondation de 1740, entrautres une dans la rue de la Mortellerie, près de l'églife des Audriettes, & une dans l'arfenal de la Ville au bas de V'efcalier ; une à la petite place Saint-Landry, & d'autres dans des boutiques où dans des allées; j'ai par-tout trouvé aux environs de 43 pouces. + entre 1740 & 1751, & 34 pouces entre 1740 & 1764; plus aux unes, & moins aux autres. Je ne me fuis fervi en rien pour cette traverfée de la Seine des marques qu'on voit fur le Port au blé, auprès de la rue de Long-pont, parce que je n’y ai trouvé, qui s'accorde avec ce que j'ai obfervé ailleurs, que la diflance qui eft entre 1740 & 1658, laquelle eft R de 31 à 32 pouces, & c'eft par hafard; la marque de 1658 a été rapportée-là de la maïifon voifine à droite, où lon voit écrit à l'appui de la fenétre , en dehors & fans aucune autre marque : 7658, en F. qui veut , fans doute , dire Février, & quelques autres griffonnages au-deflous qu'on voit à peine & qu'on ne peut lire parce que cela fut fait trop néglisemment ; & cette année 1764, un Batelier ayant eu occafion de paffer par-là dans le témps de Vinondation , aperçut fur le linteau de la même fenêtre de la maifon voifine dont je viens de parler , près de 7 pieds au-deflus de F'écrit de 1658, ces mots: DAESY SNCMLE NAC'E 1S 467 En 16 SI, un grand débordement. On cut que ces mots vouloient dire que l’inondation de cette année 1651, monta jufque - à, & on la rapportée à l'échelle d'à côté en très-gros caractère, où elle fe trouve 9 pieds + ou environ au-deflus de 1740 ; un peu de réflexion leur auroit fait fentir que ces mots difent tout fimplement qu'il y eut en cette année un grand débordement, mais non qu'il foit monté jufque - À ; on l'écrivit {ur ce linteau comme on auroit pu l'écrire au cinquième étage ou dans un journal, parce que l'inondation fut en effet confidérable : on verra ci-après qu'elle fut à environ 3 pouces auffi haute que cellé de 1 740. H en eft de cette infcription comme de celle qui eft au coin de la rue de la Sonnerie & du “quai de la Mégifierie, pour inondation de 1497 : ceux qui voient cette infcription, qu'on ne peut prefque plus lire, croient que linondation de cette année monta jufque-là, ce qui la feroit bien plus haute que celle de 1658, quoiqu'au vrai elle fut beaucoup moins haute que celle de 1711; on voit dans les. hifloriens de Paris, qu'à la Grève, elle n'alloit que jufqu'au Saint-Efprit, & je tiens de M. Hellot, de cette Académie, qu'en 1711, l'eau alloit jufque dans la rue de la Tixeranderie & entroit dans la cour de la maïfon vis-à-vis la rue du Mouton: le terrain étant alors plus bas qu'en 1740, mais vraifembla- biement plus haut qu'en 1497 : ainfi bien loin que cette inondation égalät ou furpaflat celle de 1658 , il sen falloit de beaucoup qu'elle füt auffi haute que celle de 1711. * Je viens de dire que le terrain des rues du Mouton & de la Tixe- randerie a été élevé depuis 1711 à 1740, & il faut qu'il l'ait été de beaucoup ; l'eau le couvroit en 1711, comme on vient de le voir d'après le rapport de M. Hellot, & en 1740; qu'elle étoit un pied plus haute comme on le verra bientôt, elle n'étoit dans le ruiffeau de la rue de la Tixeranderie 1e 26 * Voyez fur cela un Mémoire de M. Bonamy, de l’Académie des Anfcriptions & Belles-Lettres, Tome XVII, page 707. M m m ii 462 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Décembre au matin, que de la même longueur, ou à peu-près, que la rue du Mouton eft large. Sauval parle d'une marque de l'inondation de 165 8, qu'on voyoit de fon temps fur l'encoignure d'une maifon de fa Grève, prefque vis-à-vis de la fontaine, où lon voyoit aufii la marque de celle de 1651; je l'ai cherchée avec foin & à plufieurs reprifes fans en pouvoir rien découvrir : cette maifon a peut- être été rebâtie ou réparée depuis. Avant que la boutique du Limonadier qui fait le coin à droite de la rue de la Tannerie avec la place de Grève, füt boifée, on voyoit au fond de la boutique les marques des inondations de 1711 & de 1740, entre lefquelles il y avoit 12 pouces juftes : c’eft encore le même Limonadier qui l'a fait boifer qui y demeuré. 1 On trouve une infcription de 1711, écrite avec foin & intelligence contre le mur de Saint Denys-de la Chartre, vers le milieu de l'efcalier de la rue de Glatigni , qui indique où l'eau monta en cette année-là 17 1 1 ; je ne l'ai connue qu'à l'occafion de inondation de 1751 ; mais plufieurs porteurs d’eau & le portier du Couvent, qui y avoit vu l'inondation de 1740, n'aflurèrent que Feau étoit montée 1 pied jufte plus haut que Vindication de 1711 ; linondation de 175$ 1 eft venue à 32 pouces fous celle de 17 1 1, & celle de 1764 près de 22 pouces; ce qui fait 44 & 34 pouces fous 1740 : cét accord avec les autres différences, rapportées ci-devant, confirme ce qu'on me dit du plus d'élévation de linondation de 1740 {ur celle de 1711. On voit, place Maubert, au coin de la rue Perdue, une infcription faite avec intelligence lors de linondation de 1711; celle de 1740 y eft aufli marquée aflez vifiblement 11 pouces 7 à 8 lignes au-deffus, de celle de 171 1 : après les eaux écoulées, & par les indications du voifm qui eft à côté, je trouvai que celle de 175 1 étoit venue 44 pouces plus bas que celle de 1740, & 34 pouces que celle de 17 64. Dans la cour de la maïfon qui fait le coin à gauche da cul-de-fac d’Amboife, au bas de la place Maubert, on trouve NDE S S CAEN © Es. 463 gravé fur une pierre de taille, fans autre indication , 1649 & 1740 ; le bas des chiffres 1740 eft certainement l'endroit où monta l'inondation du 26 Décembre de cette année-là, comme on me la dit; Fayant reconnu après l'inondation de 1751, qui £ trouva comme au coin de a rue Perdue plus bafle de 44 pouces, & celle de cette année 1 764, plus baffe de 34 pouces ; la tradition, dans la maifon, eft que linondation de 1 649 monta jufqu'au bas de ce milléfime, & cela eft vraifem- blable par les affemblées & les délibérations que cette inondation & celle de 1651, occafionnèrent à l'Hôtel-de-ville pour tâcher d'y apporter remède ; cette inondation fut moindre que celle de 1740, de 8 à 9 pouces. L'égoût du carrefour Saint Benoît , qui vient paffer {ous celui des rues Jacob & du Colombier, & fe jette dans la rivière fous la rampe qui eft vis-à-vis la rue des petits Auguflins , pafle fous le cloître des Religieux de ce nom, & comme il n'eft féparé de leurs caves que par des murs, dès que l'eau vient fufffamment haute, elle y entre & de-là dans leur jardin, outre la filtration qui s'en fait de toutes parts à travers les terres, attendu que les plus bas lits du terrain ne font que du gravier, comme ailleurs , tellement que quand l'eau commence à entrer dans leur jardin, elle y croit prefqu'aufir vite qu'à la rivicre, s'arrête & diminue comme elle ou à peu-près. Le Supérieur qui gouvernoit fa maïfon en 1711, fit fceller une phique de cuivre contre le mur du fond de Ja galerie couverte de leur Jardin , le bas de laquelle répondoit aux bras horizontaux de deux croix gravées fur la pierre, une de chaque côté, & l'on avoit gravé fur la plaque, Auno domini 1711, Menfibus Februario & Mario, ÆExuberantes Sequanæ Jluctus ÆHluc ufque pervenere. Cette plaque a été Ôtée il y a quelques années, & la portion de galerie où elle étoit, a été réunie à une maifon de la TUE 464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoraALE des Saints-Pères qui appartient à ces religieux. J'avois mefuré, lors des inondations de 1740 & 175 #, les différences entre les élévations de l'eau; 1740 étoit à un pied jufte au-deflus des bras des Croix qui marquoient la hauteur de eau de 1714, 1751 ne vint qu'à 2 3 pouces fous les bras des Croix ou 35 fous 1740: avant d'ôter cette plaque, on a gravé fur le feul pilier de cette galerie qui refte à préfent libre en dedans de l galerie, & depuis en dehors, les hauteurs où eft montée l'eau en 1711, 1740 & 1751, on y a aufli marqué celle de cette année; elle eft 27 pouces & demi fous 1740. Mais’ quelque aifée que foit cette communication de l'égoût avec les caves & des caves au jardin, i doit y avoir toujours deAa gène, qui fait que fi telle inondation ne refte pas un temps fuffifant à {à plus grande élévation, elle aura commencé à diminuer dans la rivière, avant qu'elle foit arrivée à la même hauteur dans le jardin ; tandis que telle autre étant reftée quelque temps à fa plus grande élévation, ou à peu près, comme celles de 1711 & de 1740; l'eau fera montée dans le jardin plus approchant du niveau de celle de la rivière; par-R les diffé- rences entre les hauteurs des inondations, ne feront pas exactes dans le jardin. J'y ai trouvé en effet de trop grandes différences avec celles que j'ai prifes dans les, Bureaux , Corps-de-garde & Maifonnettes qui font {ur les bords de la rivière, & je ne me fers pour cette traverfée de la Seine, non plus que pour les autres, que des différences qui fe font fufhfamment accordées entr'elles & avec ce que j'ai pu prendre de très-bien obfervé pour cette traverfée-ci, dans le logement qu'occupoit feu M. Langlois Ingénieur en Inftrumens de Mathématiques , aux galeries du Louvre, qui eft le quatrième en commençant par le Guichet Froidmanteau, ayant appris de lui-même que le lendemain de Noël 1740, il y avoit 8 pouces jufte d'eau dans fon atelier, mefurée au bas de l’efcalier. M. Canivet fon élève & fon neveu, & aujourd'hui YIngénieur de l'Académie pour les Inftrumens de Mathématiques, qui demeuroit alors chez fon oncle, m'a confirmé la même chofe. On trouve encore une marque de F'inondation de 1740, dans DES TONCNN EN CES 465 dans le Bureau du Domaine, joignant le bout de Ia galerie d'Apollon, qu'on pourroit aifément croire avoir été bien faite à caufe qu'elle eft dans un lieu fermé & qu'elle eft gravée avec foin; mais par la comparaifon que j'en ai faite avec plu- fieurs autres, prifes d'un côté & de l'autre de la rivière, & avec celles de M. Langlois, je me fuis afluré qu'elle a été marquée trop haut. La marque qu'on a faite au Pont-royal eft tout auffi mal, on a marqué 1740 à la hauteur de 26 pieds, & elle ne devroit être qu'à 25 pieds 2 à 3 pouces; l'échelle m'alloit alors qu'à 24 pieds, on Fa continuée depuis, & l'on a en même temps gravé 1740 fur la plinthe, attendu la commodité, ne le pouvant au-deffous à caufe des moulures ou reffauts du bas de la plinthe : mais on ne doit pas compter fur les mefures prifes aux piles des ponts, quand feau arrive à ces grandes hauteurs, parce qu'y coulant beaucoup plus vite qu'ailleurs, elle continue fa vitefle après avoir paflé le pont & n’y croit pas à pro- potion de ce qu'elle croit aux endroits où fa vitefle eft uniforme. Enfin le 26 Décembre 1740, l'eau dansle foffé du Pont- tournant étoit à fleur des tablettes, à droite & à gauche du pont auxquelles on na pas encore touché, Le 22 Mars 17517, l'eau ne vint qu'à 29 pouces près du deflus des tablettes; & cette année il ne s'en eft fallu que de 2 1 pouces. De toutes les différentes mefures que je viens de rapporter & de celles que j'ai prifes en plufieurs autres endroits où il ne refle plus aucun veftisge des inondations précédentes , en pre- nant des milieux & rapportant Îe tout à la hauteur où l'eau monta le 26 Décembre 1740, j'ai conclu comme il fuit, les différences de cette plus grande inondation de notre fiècle avec celles de 1751 & de 1764 pour les quatre traverfées de la Seine, où je les confidère, Mém. 1764. . Nana 466 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ÉzévarIoNs de l'Inondation de 1740 fur celles de 1751 & de 1704 en différens endrous de Paris. Élévations de | Élévations de 1740 fur 1740 fur 1751: 1764 Pouces. FR Vis-à-vis le foffé de l'Arfenal......... 45 £ 35 £ A la Grève & à la place Maubert. ..... 435 34e Entre le Louvre & Île quai Malaquais.. 33e 2192 Au Pont-tournant................. 29. 21. Si,en comparant ces nombres, l'on remarque comment le furplus d'élévation de Finondation de 1740 fur les deux autres, va en diminuant du fofflé de l’Arfenal à celui du Pont-tournant; lon fentira mieux que par aucun autre moyen, combien les quais, les ponts, & tout ce dont on les a em- barraflés, préfentent d'obftacles au paffage de l'eau; & combien il eût été à fouhaiter, tant pour la confervation des ponts, que pour ne pas augmenter les inondations dans Paris & au-deflus qu'on en laiffàt tous les paflages plus libres, puifque outre le furplus de pente que l'inondation de 175 r avoit {ur celle des eaux bafles, depuis le deflus du pont de la Tournelle jufque fous le Pont-royal, la pente de l'inondation de 1740 éioit de 16 pouces & demi plus grande dans le même intervalle que la pente que l'eau avoit en 1751, dont 14 pouces & demi d'augmentation depuis la Grève jufqu'à côté du Pont-tournant , & l'on remarquera encore que le Pont-royal, qui eft le paffage le plus étroit, ny contribue que de 4 pouces, c'eft - à - dire que la pente de l'eau, depuis le guichet Froidmanteau jufqu'au Pont-tournant, n'étoit en 1740 que de 4 pouces plus grande que la pente qu'il y avoit dans le même intervalle en 17 5 1. L'on fent aifément que le Pont-neuf ne doit pas y contribuer autant que le Pont-royal, ni même à beaucoup près; car fi le lit de la rivière eft profond aux arches du milieu du Pont- royal, les deux parties du Pont-neuf préfentent beaucoup plus DES SCIENCES. 467 de paffage à l'eau par leur étendue , qui , mefurée par la feule largeur des arches, eft prefque double de celle du Pont-royal. On fentira aifément la vérité de ce que j'avance, fi l'on remar- que fur le tableau, que les ponts Marie & de la Tournelle, égaux enfemble ou à peu près aux deux parties du Pont-neuf, & où paie toute feau comme au Pont-neuf, ne firent pren- dre en 1740 que 2 pouces de pente de plus qu'en 1751, & qu'un pouce & demi de plus qu'en 1764. Les ponts au Change & de S.° Michel préfentent bien autant de pañlage que les deux parties du Pont-neuf, vu fur-tout qu'il n’y a ni digue ni machine, d'où l'on doit voir clairement que la plus grande partie de lobftacle vient des ponts Notre-Dame & de l'hôtel- Dieu, comme on le verra bientôt plus particulièrement : pour le mieux faire fentir, il faut faire voir auparavant de combien la furface de l'eau de la Seine eft plus haute à fon entrée dans Paris, qu'à fa fortie confidérée dans {es différens états. Selon les nivellemens de M. Picard, là Seine n'a, depuis Valvin jufqu'à Sève, qu'environ un pied de pente par mille toifes, tantôt plus, tantôt moins. Que la Seine foit haute ou qu'elle foit baffe, la pente de {a furface de l'eau refle toujours la même ou à peu près, par-tout où le canal de la rivière eft libre, fans qu'il faille néanmoins prendre cela à la rigueur , à caufe des inégalités de largeur de fon lit, & des plaines à droite & à gauche plus où moins étendues, Il eft à préfumer qu'avant que les ponts & les quais de Paris fuffent bâtis, la pente de la Seine, à l'endroit qu'occupe cette ville, étoit relativement uniforme ou à peu près à celle d'au-deffus & d'au-deflous, & malgré les ponts & les quais, lorfque les eaux font fort baffes, elle eft encore à peu de chofe près, la même qu'elle étoit autrefois, les ponts n'oppofant que très-peu d'obflacle , eu égard au petit volume où l'eau fe trouve alors réduite, fi ce n'eft le pont Notre-Dame dont deux arches font alors bouchées par la digue, deux font embarraffées par les machines, & les deux autres par des moulins, mais cela fe regagne bien-tôt fur la pente de fa rivière ; car je ne crois pas que fon lit s'encombre dans Paris plus qu'ailleurs ; au con- Nan i 468 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE traire, le refferrement de fon canal, par les ponts & par les quais , oblige l'eau à couler plus rapidement dans Paris, qu'au- deffus & au-deffous, fur-tout lorfqu'elle devient groffe ; & alors elle entraîne tout ce qu'on peut y jeter : nous le voyons par les deflous des ponts, elle a creufé ceux dont le terrain s'eft trouvé avoir moins de confiftance, tels que le Pont-Marie , le Pont-royal & l'arche S.° Denys du pont Notre-Dame ; le deffous des autres eft toujours net, fur-tout à ceux où l'eau eft la plus gènée, comme au pont Notre-Dame où l'eau coule fur le tuf , non que je veuille nier que les rivières ne sen- combrent peu à peu; mais je veux dire que ce n'eft pas plus dans Paris qu'ailleurs , fi ce n'eft très-évidemment le petit bras de la Seine, depuis le Marché-neuf jufqu'à l'abreuvoir Gué- négaud , à caufe de l'énorme diminution de paflage qu'on a faite au pont de l'hôtel- Dieu, dont je parlerai plus particu- lièrement ci-après. Selon les meilleurs plans de Paris, il n'y a, en fuivant fa rivière, qu'aux environs de deux mille cinquante toiles depuis le foffé de F Arfenal jufqu'au bout des Tuileries, ou à côté du Pont-tournant, d'où, & du nivellement de M. Picard, l'on doit conclure que quand là Seine eft baffle , l'eau ne doit être plus haute vis-à-vis les foffés de l'Arfenal, qu'à côté du Pont- tournant , que de 2 pieds ou 2 pieds & demi tout au plus ; Jen ferai le nivellement avec foin, dès que j'en aurai le temps ; il faut pour cela que les eaux foient au plus bas, où au moins que les crêches des piles du Pont-neuf, de ceux au Change & de Notre-Dame, foient à fec pour pouvoir y poler le niveau : lon va voir comment cette pente change à mefure ue la rivière croit. Toutes les fois que la rivière déborde, lors même que ce n'eft que médiocrement, comme en 1751, & en cette an- née 1764, qui na encore été qu'une inondation médiocre , l'eau reflue par le grand égoût depuis les Champs-élifées & le faubourg S.° Honoré, juiqu'au réfervoir du Pont-au-choux ; en 1740, il y eut près de $ pieds d'eau fur les dales du fond ; elle monta 7 pouces jufes au-deffus des murs, mefurée ; D r:s1S$S10 NT E N° CES 469 au commencement de l'égoût , près du réfervoir, du Pont-aux- choux; en 1751,il n'y en eut qu'aux environs de 18 à 20 pouces fur les dales du fond, & cette année un peu plus de 2 pieds. L'eau eft alors de niveau dans toute la Jongueur du grand égoût, parce que le peu qui en vient des égoûts particuliers, Jorfqu'il ne pleut pas, n'eft rien en comparaifon du volume que la hauteur de celle de la rivière y loutient, ou sil y a quelque différence, elle doit être bien petite; car Jorfque l'air eft calme, on n'aperçoit aucun mouvement aux ordures qui flottent fur l'eau, & sil y avoit quelque pente, elle feroit à l'avantage de ce que je veux prouver ; mais je la regarde en cet état comme étant de niveau dans toute la longueur de l'égoût avec celle qui couvre une paie du faubourg Saint- Honoré & fous les Champs-lyfées & avec celle du foflé du Pont-tournant, la communication de un & de l'autre avec la rivière {e faifant à peu-près par le même endroit, parce qu'elle ne coule pas le long des jardins du faubourg, ou f elle y coule, c'eft infenfiblement. D'autre part, l'eau des foffés de l'Arfenal & de la Baftille, vient jufque vis-à-vis le milieu du réfervoir du Pont-aux-choux à 20 ou 25 toiles près du commencement du grand. égoût dont je viens de parler, de forte que, par un feul coup de niveau & donné même d'afiez près, on peut voir de combien, dans ces temps d'inondation, feau de li Seme, confidérée vis-à-vis le foffé de lArfenal, eft plus haute que celle des Champs-élyfées ou que celle du fofié du Pont - tournant, qui eft alors à très-peu près la même chofe, comme je. viens de le faire remarquer. Je ne penfai, en 1740, à profiter de cette occafion favo- rable pour faire ce nivellement, qu'après que l'inondation fat paflée ; celle de 1 751 n'ayant pas été confidérable, Je craignis quelque inévalité dans le niveau de l'eau le Jong du grand égoût , parce qu'il pleuvoit affez fréquemment. . L'inondation ayant été plus forte cette année de. 8 à ro pouces que celle de 1751 & le temps plus favorable, j'ai Nan ii IN 470 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE été faire le nivellement que je manquai en 1740 , & afin que ceux qui voudront fuivre ces obfervations, lorfqu'il furviendra d'autres inondations, puiffent le faire ailément , j'ai déterminé avec foin, au moyen d'un niveau à lunette, la différence des hauteurs de deux repaires très-aifés à reconnoître; l'un répond fur eau qui vient des foffés de la Baftille, & l'autre fur l'eau du grand égoût. | Le premier de ces repaires, eft le deflous du cordon du revêtement du rempart, pris vis-à-vis le milieu du mur du réfervoir ; l'autre eft le deffous de la plinthe qui traverfe le deffus de la voüte de l'aqueduc au commencement de légoût dé- couvert ; le deflous du cordon eft de 87 pouces 9 lignes plus haut que le deflous de la plinthe, Cela connu , mefurant, lors d’une inondation , la diftance du deffous de la plinthe à l'eau dormante de l'égoût, on l'ajoutera aux 87 pouces 9 lignes qu'il y a entre les deux repairs, & Yon aura l'élévation du deflous du cordon fur Feau de l'égoût, d’où ôtant la diftance du deffous du cordon à l'eau qui vient par le foffé de l’Arfenal , le refte fera l'élévation de la furface de l'eau de l Arfenal fur celle de l'égoût ou des Champs-élyfées, où bien ce dont l'eau de la Seine vis-à-vis le fofié de l Arfenal eft plus haute que celle de la mème rivière vis-à-vis le bout des Tuileries. Le 9 Février de cette année, l'eau de légoût eft venue à 80 pouces 6 lignes fous la plinthe, & celle du foffé de V'Arfenal à 114 pouces 9 lignes fous le deffous du cordon; ajoutant la première hauteur 8 o pouces 6 lignes aux 87 pouces 9 lignes qu'il y a entre les deux repairs , la fomme fera 168 pouces 3 lignes, Otant les 1 14 pouces 9 lignes qu'il y avoit du deflous du cordon à l’eau des foflés de l’Arfenal, refte s3 pouces 6 lignes ou près de 4 pieds + que l'eau étoit plus haute avant les ponts qu'après, - Si fon veut maintenant favoir , de combien en 1740 l’eau du foffé de l Arfenal étoit plus haute que celle du Pont-tournant, on n'a qu'à ajouter aux 4 pieds $ pouces + ci-deflus, les 14 pouces 2 que l'inondation de 1740 avoit de plus à l'Arfenal DE S,,$.C IJE N:0 Es 47% qu'au Pont-tournant fur celle de 1764, comme on le voit ci-devant par la comparaifon des inondations, la fomme pieds 8 pouces eft la quantité dont l'eau à l'Arfenal étoit plus haute en 1740 qu'au Pont - tournant, ou peut-être quelque chofe de plus, attendu que l'eau des foffés de 'Arfenal devoit communiquer avec celle de la rivière plus près de a Rapée; mais toujours peut-on aflurer qu'en 1740, l'eau étoit plus haute à l’amont de tous les ponts qu'à l'aval, de plus de $ pieds 8 pouces. Je me fouviens très-bien, & cela eft écrit dans mon journal, que leau dans le foffé du Pont -aux-choux venant par le foffé de l'Arfenal, me paroïfloit, à la vue inpie, être de niveau avec celle du réfervoir qui étoit plein, & que fi elle eût encore augmenté de quelques pouces, elle fe feroit répandue {ur le terre-plein qui eft entre le foffé & le réfervoir , & {croit venue battre contre le mur qui l'entoure, & que fans tous les ouvrages nouvellement faits en cet endroit, réfervoir, aqueduc, terre-plein, bâtiment, &c. que M. le Prevôt des Marchands Turgot venoit de faire finir, lefquels ont élevé de S à6ou7 pieds tout le terrain qui communique par la tête de l'égoût du rempart au chemin de Ménil-montant devé de même, l'eau auroit formé un courant par les marais du Temple, n’y ayant pas alors d'autres endroits plus élevés pour l'empêcher de pafñlèr, & elle eût inondé & endommagé tous les marais qui font de-là à Chaillot, parce qu'il n'en eft pas des Jardins inondés comme des prés lorfque c'eft par une eau courante ; dlle eût de plus inondé partie des rues du Temple & vieille rue du Temple, des rues S.! Matin, S.' Denys & Montmartre. Par la hauteur que l'eau a de plus à l’Arfenal qu'au Pont- tournant , lors des inondations , on peut Juger de la prodigieufe vitefle qu'elle doit avoir aux pañlages des ponts, fur-tout dans: le bas de ceux qui préfentent le plus d'obftacles ; car quoi- qu'en pleine rivière , l'eau ait plus de vitefle à la füurface qu'au fond ; cet le contraire entre les piles des ponts, & d'autant plus que le paffage de l'eau eft plus refferré , la füurcharse de l'eau , du côté d'amont, fait à le même effet qu'à la fortie d'une- 472 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE vanne d'éclule : je fai que lon peut demander, l'aval n'étant pas libre ici comme à la fortie d’une éclufe , comment il peut fe faire qu'entre les piles des ponts l'eau ait plus de vitefle au fond qu'à la furface, & qu'après avoir paflé le pont, le con- traire revienne ; celle du fond à laval du pont , dira-t-on , doit empêcher celle du fond, d'entre les piles, de prendre plus de viteffe qu'elle n’en a elle-même ; je réponds que cette vitefle plus grande au fond qu'à la furface n'eft telle qu'entre les piles, & encore quelques toiles après, l'eau reprenant peu à peu fa - manière ordinaire de couler ; le furplus d'eau qui pañlé par le bas, fe rangeant à droite & à gauche, à l'aval des piles où on fa voit tourbillonner à la furface en montant du fond avec impétuofité : j'invite ceux qui ne ont pas remarqué de le faire dans le temps que la rivière eft fort haute , & fur-tout au Pont-royal où eau ayant plus de profondeur , prend d'au- tant plus de vitefle dans le bas; il faut , pour voir cela bien {enfblement, que la rivière foit haute, afin qu'il'y ait plus de frcharge du côté d'amont. Ceite viteffe augmente doublement dans les inondations à melure que l'eau croit , à caufe de la diminution du paflage par des reins des arches, & cell alors que les fondations des ponts font en danger, l'eau tendant à fe faire paffage par-tout, coule avec rapidité entre les têtes des pilotis qu'elle déchaufle peu à peu, & à la fin le pont tombe ; par où tout le monde peut voir combien il feroit mieux que le pañfage de l'eau fût toujours , s'il étoit poffible, plus grand & plus libre à l'endroit des ponts qu'aïlleurs , comme l'a prudemment pratiqué M. de Regemorte , en doublant la largeur de l'allier pour le pont qu'il a fait conftruire à Moulins, ‘où juiqu'à lui des plus habiles Ingénieurs avoient échoué, fans parler des autres précautions: qu'il à prifes relativement à la difficulté du terrain, qui font telles que ce pont durera vraifemblablement autant que les pierres avec lefquelles il eft conftruit. Non-feulement les ponts & les quais refferrent trop le lit de la rivière dans Paris, mais on a encore embarraffé ou di- minué d'une étrange manière le peu de pallage qu'on rues d'abord D'E sy S crENre ES 473 d'abord laiffé à quelques-uns : c'eft ce que je me füis propoé de rendre fenfible dans ce Mémoire, afin qu'on puiffe le corriger ou le diminuer lorfque l'occafion favorable s'en préfentera. J'ai déjà dit, dans le projet pour procurer de l'eau à Paris, qu'il eft ficheux pour cette ville qu'on ait laïffé conftruire le quai de Gêvres, fur le lit même de {a rivière, en avançant de la valeur d'une arche & d’une pile des ponts au Change & de Notre-Dame; car les piles de ce quai, le long mur qui lui fert de culée, lequel bouche, du côté d'amont , un tiers de la première arche du pont Notre-Dame ; les reins de cette longue vote, qui avec fes piles ne forment prefque qu'un long tuyau ui va en diminuant du côté du pont au Change, formant un obftacle confidérable au paflage de l'eau, lequel joint à ceux que préfentent la digue que l’on a faite devant les deux pre- mières arches du pont Notre-Dame, pour envoyer l'eau aux roues des pompes quand la rivière eft baffle, les deux char- pentes de ces machines, les ailerons qui mènent l'eau dans les courfiers des roues, le puifard des pompes qui eft entre deux, les roues, leurs chaffis & les pales; tous enfemble for- ment certainement autant d’obflacles dans tous les temps, que f: on bouchoit entièrement une arche & plus des fix qu'a ce pont ; joignant à cela 'obftacle indifpenfable des piles & des crèches , le tout fait au moins le tiers du paffage de ce bras de la rivière. On ne conçoit pas, lorfqu’on confidère combien les ponts & les quais faits avant l'ouvrage dont je parle, ré- trécifloient déjà le -paffage de l'eau quand la Seine débordoit, comment les Architeétes ou Experts, chargés d'examiner les avantages & les inconvéniens de la conftruétion du quai de Gêvres, dans la rivière même , firent f1 mal leur devoir, vu fur - tout les oppofitions du Bureau de la Ville à P enregif- trement des Lettres patentes qui permettoient la conftruétion de cet ouvrage, indépendamment de fobflacle que ce quai alloit faire dans Îa rivière, on auroit encore dû confidérer qu'il devoit naturellement être où eft la rue de Gêvres, il eut été d'alignement avec celui de la Mégifferie, déjà confhruit , & le quai Pelletier, qu'on a conftruit depuis; au lieu que tel qu'il Mim, 1764: . Ooo 474 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE cit, il ne fait aucune décoration pour la Ville, il ne donné aucune commodité au public, perfonne n'en jouit, ou f quelques-uns en jouiffent, ce n'eft que pendant le jour, car on a été obligé d'en fermer toutes les entrées lorfqu'on ferme les boutiques, parce qu'il étoit devenu un coupe - gorge, dit Piganiol de la Force, fans compter que contre inftitution, perfonne ne jouit de la vue de la rivière, & on ne peut pas dire que ce foit un quai, mais une allée aflez étroite. L'autre obflacle qu'on pouvoit fe difpenfer d'oppoler au libre paffage de l'eau , eft fur l'autre bras de la rivière, & joint par cohféquent fon effet à celui du précédent. L’hôtel-Dieu obtint en 1625, la permiflion de bâtir un pont fur le petit bras de la Seine qui coule le long de fes murs, pour bâtir deflus une falle pour les malades : ce pont, qu'on nomme le pont-au-double , fut fait de trois arches, & auroit livré à l’eau autant de paffage, & même plus que Ie Petit-pont qui eft au-deflous, fi on n'eût pas conftruit en même temps, & partie fur le lit de la rivière, le bâtiment qui eft le long de fa rue de la Bucherie, embraffant une arche & une pile de ce nouveau pont, de la même manière que le fait le quai de Gêvres pour le pont Notre-Dame, fr ce n'eft que le paffage de l'eau étoit bien moins libre ici, étant obligée de fortir par deux petites ouvertures qu'on pratiqua fur la face du bâtiment, n'ayant point d'iflue au bout , où eft le Petit- châtelet ; & pour rendre cette arche tout-à-fait inutile au pañfage de l'eau, on la murée du côté d'amont, & fait un batardeau par - devant rempli de terre de 12 à 15 pieds de hauteur où davantage; & enfin pour furcroit d’obftacle , on a encore bâti un autre pont dans l'enceinte dudit hôtel - Dieu, qui n'a que deux arches encore moindres que celles du Pont- au-double. Voilà donc pour le moins une diminution du tiers de la valeur des deux bras de la rivière , au lieu d’avoir fait le contraire , ce qui eft la principale caufe de cet énorme regonflement à la Grève, à la place Maubert & au-deffus. Ces obftacles de trop'au paffage de l'eau, rendant les inondations beaucoup plus étendues, D'IENS LSIC:LE NC; ES 475 font caufe que beaucoup plus de caves font inondées, que beaucoup plus de Marchands de vins, d'épiceries & autres, font obligés d'en tirer leurs marchandiles , contribuent à la ruine des fondations de beaucoup plus de maifons, par le féjour que Veau y fait, nuifent à la fanté & au commerce des Citoyens, & peuvent caufer un, jour la chute de quelque pont par le trop de. vitefle que ‘cœtte furcharge d'eau fait prendre aux endroits trop rétrécis ; ces maux fe manifeftent rarement {ur le champ, mais ils n'en font pas moins réels. Voyant évidemment que ce font ces obftacles fur-tout qui augmentent {1 confidérablement les inondations dans Paris & au-deflus, & qu'ils peuvent être un jour la caufe d'un plus grand malheur, je me crois obligé de le faire connoître : fi quelqu'un eût rendu fenfible, il y a cent quarante ans, les regonflemens occafionnés par les obftacles qu'il pouvoit y avoir alors, il eft vraifemblable que le quai de Gêvres & le bâtiment de l'Hôtel-Dieu n'euffent pas été conflruits comme ils le font ; il faut que le mal foit connu de tout le monde, afin que quel- qu'un le corrige & qu'on évite de Jaugmenter. * De ce qu'on a tant diminué le paflage de l'eau à l'endroit méme où le petit bras de la rivière étoit déjà le plus étroit , il en réfulte encore un autre inconvénient , que tout le monde {entira aïfément. Le pañfage de l'eau au pont del'hôtel-Dieu,lorfqu'elle eft haute, n'eft guère, que le quart, fi tant eft qu'il le foit, du paffage qu'il y a entre le quai des Auguftins & celui des Orfévres; par-À, quelle que loit la viteffe de l'eau au pont de l'hôtel-Dieu, elle, coule quatre fois. moins vite quand elle eft parvenue entre Jes quais des Auguftins & des Oirfévres, & alors elle y dépole, ainft qu'à f'abreuvoir Guénégaud, le fable qu'elle entrainoit ailleurs: ce qui fait qu'on eft obligé d'en recreufer le lit de temps à autres dans ces endroits-là. :* Ceux qui ont l’Hiftoire de. Paris’, par D. Félibien, peuvent Came Tome V, page 154, que dès. l'année 1658, le Bureau de la ville fe plaignoit des dommages caulés par ces deux principaux obftacles ; ce que je dis confirme es raifons qu’il avoit de fe plaindre. Ooo ij 476 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE RoyaLe Connoiïffant maintenant cette grande élévation que l'eau de YArfenal ou de la Rapée a fur celle des Champs-élyfées, dans les temps des mondations, lon reprettera fans doute qu'on n'ait pas fait le canal tant de fois propofé, qui devoit prendre au foffé de Y Arfenal felon les uns, & à la Rapée felon d'autres, pañler par les marais du Temple, les faubourgs S.' Martin &c S.* Denys, & rentrer dans la rivière à la Savonnerie. Mais l'on fentira aifément , fr Yon y réfléchit, que ce canal mauroit pas diminué de 4 à $ pouces les plus grandes inon- dations & auroit coûté beaucoup, tant par Fachat de terrains chers, que par les indemnités, fouilles & tranfports des terres, & ‘encore plus par neuf à dix ponts qu'il falloit conftruire defflus & par plufieurs autres ouvrages néceffaires, abreuvoirs, ports, portions de quais, têtes d'égoûts, &c. l'eau auroit coulé beaucoup plus lentement dans ce canal que dans fon lit ordinaire, ne pouvant y avoir que la même quantité de pente diftribuée dans un contour de canal d'un tiers plus long, plus embarraffé de ponts, moins droit & très-étroit, parce qu'il ne devoit avoir que 22à 24 toifes de largeur , dans lequel l'eau feroit entrée de côté & trouvant toujours au bout le baffin de la rivière auf plein que fr toute eau eût paflé dans Paris; ce canal eût pu être un cloaque fâcheux toutes les fois que la rivière auroit été baffle, à caufe de fon peu de pente & que tous les époûts y aboutiffent : ainfr outre tous les autres ouvrages utiles dont on eft redevable à M. Turgot, & dont je ferois l'énumération avec plaïfir fi c'en étoit ici le lieu, on lui a l'obligation d'avoir fait conftruire le grand égoût, par le moyen duquel il a rendu tout c quartier habitable, Fa garanti de Finondation de 1740 & autres femblables, comme je l'ai déjà fait voir, & a vraifemblablement détourné pour jamais une opération très- coûteufe & prefque inutile. Voici encore des notes où obfervations fur les inondations que j'ai trouvées au-deffous de Paris : quelques perfonnes feront bien ailes de les connoïtre, attendu qu'elles viennent à Fappui de celles faites dans Paris, & rapportées ci-devant. On trouve à la machine de Marli, à côté de Ja grande DE, S2S,CIEN CES 477 porte, les marques des inondations de 1690, 1711, 1740 & 1751; la marque de finondation de 1740 eft la plus haute; celle de 171 x eft la première au-deffous; if y a douze pouces juftes entre deux; celle de 1690 eft un pouce plus bas que F7 11 Où 13 pouces fous celle de 1740, & 175E 34 pouces; j'ignore où eft montée 1764. J'ai trouvé au Couvent de S. Nicaile de Meulan, la marque du grand débordement de 1658 ; cette marque eft, où elle étoit il n'y a que huit ou dix ans, à une porte du cloitre près de l'églife; on n'y a pas maiqué l'inondation de 1740, mais il y avoit encore dans la maifon plufieurs Religieux qui y avoient vu cette dernière inondation, ils nous montrèrent, à M. Morand de cette Académie, & à moi, l'endroit où elle étoit montée; elle ne vint là qu'à 30 ou 31 pouces près de celle de 1658. Je trouvai en quelques autres endroits de Meulan, à l'aval du pont, la même différence entre 1740 & 1751, quà la machine de Mali, mais bien moins qu'à la Grève &à la place Maubeït. J'ai enfin trouvé dans le jardin des Capucins de Poify, contre le mur de leur maifon, les marques & dates des inon- dations de 1651, 1658 & 1740; celle de 1658 n'eft Rà plus haute que celle de 1740 que de 30 pouces, & jai rapporté ci-devant qu'elle left de 3,3. pouces + aux Célefiins de Paris; cela vient de ce que le paffage de l'eau eft bien moins rétréci à Poifly , où il ny a aucun quai & qu'un pont très- long, qu'à Paris où elle feroit montée encore plus haut, à caufe de tous;les obftacles dont j'ai parlé, fi elle n'avoit paffé très- abondamment par les marais du Temple, faubourgs S.' Martin & S* Denys. La marque de l'inondation de 1651 et 2 pouces + plus baffe que celle de 1740; ce qui ne s'accorde pas, non plus que ce que j'ai trouvé dans la maifon du coin du cul-de-fac d'Amboïfe pour l'inondation de 1649 , avec ce que M. Bonamy rapporte du P. de Thouloufe, Chanoine de Saint-Viétor, qui dit *, en parlant de l'inondation de 1658, que Les eaux furent aux moindres endroïs $ pouces plus laures qu'en 1649 © 1651. On nentend guère ce . Ooo ii * Voy, Méme de l'Acad, des Bélles - Lettres, 1.XV11p.70 5 278 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLr ue veulent dire ces mots aux moindres endroits ; s pouces Fu une bien petite différence : ce feroit prefque la même chofe qu'en 1658, & on en devroit trouver les marques quelque part. Si on peut former quelque doute fur ce qu'on trouve dans la maïfon du coin du cul-de-fac d'Amboife pour linon- dation de 1649, il n'en peut pas être de même pour la marque de 165 1, qu'on trouve dans le couvent des Capucins de Poiffy; la manière dont cela eft marqué, la maifon & le défaut de marque contradiétoire doivent y donner toute la confiance néceffaire. Si ceux qui ont pris la peine de marquer au Port au blé Vinondation de 1651 près de 7 pieds au-deflus de celle de 1658, avoient pris celle de s'informer ou de faire quelque recherche à ce fujet, ils ne d'auroient pas mife aux environs de 9 pieds 6 pouces plus haute qu'elle le fut réellement; ils auroient vu que les Hifloriens de Paris ne parlent des inon- dations de 1649 & 1651 que comme d’inondations telles qu'il en arrive de temps à autres, mais non comme d’inondations inouïes, & qu'ils qualifient de prodigieufe celle de 1658: elle le fut en effet, car que Fon fe repréfente dans toute la plane au-deffus de Paris, à droite & à gauche de la rivière, près de 3 pieds d'eau au-deffus de ce que nous y en avons vu en 1740, tout Bercy & tout le faubourg S.° Antoine dürent être dans l'eau; Fendroit où eft le réfervoir de l'égoût & {es environs n'étant pas alors, ni à beaucoup près, aufli élevés qu'ils le font aujourd'hui, il dut y avoir en cet endroit 5, 6 où 7 pieds d'eau fur le terrain naturel, & comme il étoit alors bien moins couvert de maïlons, & qu'il ‘toit: le plus élevé entre les faubourgs S,' Antoine & S.° Matin, puifque les égoûts de là ville couloïent, les uns vers la porte S.' Aun- toine, & les autres vers Chaillot ; on voit que leau dut pafler en abondance & couler très - rapidement dans toute cette plaine, inondant & ravageant tous les marais dont elle dut emporter toute la bonne fubftance ; ce fut l'eau de ce courant, laquelle entrant par l'égoût de la rue S.' Louis , inonda tout le marché S.° Paul & la rue S.* Antoine jufqu'à l'églife du petit S.' Antoine; & entrant par légoût de la rue du . DIEASUUMIC TE N C'EtS 479 Ponceau , elle inonda les rues S! Martin & S.' Denys, com- muniquant de l'une à l'autre par la rue aux Ours, & vint dans la rue S.' Denys jufqu'à la rue des Précheurs , comme le rapporte M. Bonami , d'après les Mémoires manufcrits du P. de T'hou- loufe, Chanoine de S.' Victor, par où ceux qui connoiflent bien le fol de Paris, peuvent conclure que les rues du Temple & vieille rue du Temple, rue Montmartre & quartiers adjacens , dürent être de même inondés; car l'eau étant, par exemple, dans la rue S.° Denys jufqu'à fa rue des Précheurs, elle dut venir par la rue Montmartre jufque vers la Halle, où au moins à la pointe S.' Euflache, & par les rues du Bout-du-monde, de S.” Sauveur & autres des environs, fe Joindre à celle qui remplifloit la rue S.° Denys. k Que ceux qui ont vu linondation de 1740, où qui ont le Plan que M. Buache fit à cette occafion, confidèrent juf- qu'où 30 à 33 pouces de hauteur d'eau qu'il y eut de plus en 1658, dürent étendre cette inondation dans Paris Nice d'autant plus que toutes les rues étoient alors plus bafes , ils verront qu'une très-grande partie des faubourgs S.! Marcel & S." Victor furent dans l'eau, ainfi que tout le quartier Saint Bernard ; j'ai la preuve, par un nivellement que j'ai fait le long dé là rue S.' Vidor, que l'on alloit en bateau depuis S.° Julienle-pauvre & le milieu de la rue des Noyers, juf- qu'auprès de l'abbaye S.° Victor, ainfi que dans toute la rue S." André-des-arts, dans celle de lUniverfité , & dans celle du Bacq jufqu'auprès de la grille des Jacobins , & à plus forte raifon dans prefque tout ce qui eff entre ces rues & la rivière, en fuppofant tous ces terrains auflt élevés qu'ils le {ont ; lon devoit aller de même en bateau dans la rue S.' Honoré , de- puis la rue des Poulies jufqu'aux Quinze-vinots , & depuis fa rue de l'Échelle jufqu'à la porte SE Honoré, & dans prefque tout le faubourg de ce nom, fa Villel'évêque & partie du Roule, où il y avoit en certains endroits jufqu'à 8 & ro pieds d'eau ; il feroit trop long de détailler toutes les autres rues & quartiers qui furent inondés : cela doit füaffire pour faire fentir que Sauval n'avance rien de trop, quand il dit 430 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que plus de la moitié de ce qu'on nomme la Ville fut inondé. Qu'on fe repréfente donc , fi on le peut , toute la défolation que cela dut caufer, tant au dedans qu'au dehors de la ville; cette quantité prodigieule de monde qui ne pouvoient fortir de chez eux qu'en bateau, Ja plupart manquant de tout ; les Mauagers , leurs femmes & {eurs enfans relégués dans leur gre- nier ou fur le faîte de leur maifon, fans pain & fans bois, ni moyens pour en avoir; leurs meubles & leurs denrées dans Veau en attendant que la maifon s'abime fous les flots , fi quel- que Batelier fecourable ne vient les tirer de ce danger; fa amoitié des Boulangers fans bois & fans farine, ayant plufieurs pieds d'eau dans leur boutique, bien loin de pouvoir wavailler pour le public, étoient obligés d'avoir recours à leurs confrères pour eux - mêmes; les autres ne pouvoient fuffre à des befoins auffi multipliés, la plupart n'ont point les moyens néceffaires pour faire des provifions de bois & de farme, ni la place pour les mettre, & tous les chantiers étaient dans Veau. On fit bien venir du pain de tous les environs ; mais où trouvera-t-on le nombre fuffifant de Bateliers, & encore plus de bateaux pour fournir à tous les befoins de ce nombre immenfe .d'habitans inondés , tant au dedans de la ville qu'au dehors ? de Batelier appelé de vingt endroits à la fois, he peut {uffire à tous ; ajoutons à cela la terreur que dut répandre dans tous les efprits la chute du pont Marie ; on devoit craindre que les autres n’éprouvañlent le même fort ; il n’y avoit peut-être perfonne dans Paris qui n'eut quelqu'un des fiens dans l'embarras, parens ou amis ; la feule humanité fuffifoit pour caufer par-tout la plus grande conftérnation. Les inondations de 1649 & de 165 1 , avoient -occafionné beaucoup d'aflemblées & de délibérations à T'Hôtel-de-ville, pour avifer aux moyens de diminuer ces grandes inondations dont Paris seft fouvent vu affligé, comme on le voit dans les Hiftoriens de cette ville ; cet évènement les fit renouveler avec une bien plus ferme réfoluition d'y faire travailler, le Roï Vordonna, & le Parlement rendit des Arrêts en conféquence : on remit fur le tapis es propofitions faites en 1551, 642 DES SCIENCES. 48r & 1651, d'un canal autour de Paris du côté du nord, aïnfs que d’autres projets dont il'eft parlé dans l'Hifloire de cette Ville, par Dom Félibien; mais à mefure que le mal seft éloigné, on Fa oublié comme sil ne pouvoit plus revenir. On avoit réfolu & arrêté de confhuire le premier ; je crois en avoir affez dit pour faire fntir que cç'eût été de Ja dépenfe perdue, & qu'il eft heureux qu'on ne sy foit pas déterminé. Le feul moyen qui paroifie pouvoir produire un effet qui réponde à la dépente qu'il y aura à faire, sil eft poffible, & il fut alors propolé, eft de faigner la Marne fous Gournay par un canal, qui paflant par Villemomble & Bondy, portera dans la Seine, à Saint-Denys, l'excédant de eau néceffaire à Ja navigation, toutes les fois qu'il y en aura ; par-R le baflin de la Marne, depuis la prife du canal fous Gournay jufqu'à Cha- renton , & celui de la Seine depuis Charenton jufquà Saint- Denys, feront dans toutes les inondations, beaucoup moins pleins, tant dans 1 campagne que dans Paris, & il y aura par conféquent beaucoup moins de dommages à réparer. I fmble que ce projet ne fut rejeté que parce qu'il devoit coûter plus cher que l'autre; c'eft-là tout ce que j'en ai pu ap- prendre, quelque recherche que j'aie faite : il me paroît cepen- dant le feul raïfonnable , par la fimple connoiffance que j'ai du local, tout le terrain qui eft entre Gourmay, Villemomble, Bondy & Saint-Denys, étant très-plat, & la Marne à Gournay devant être plus haute que la Seine à Saint-Denys ; d'environ une trentaine de pieds. Je me propole de l'examiner avec foin dès que j'en aurai le temps , pour favoir quelle excavation il y auroit à faire aux endroits les plus élevés , afin que cela refte connu, {oit pour, foit contre. Si je ne le faifois pas, j'exhorte ceux qui fe feront occupés de ces matières à vérifier les hauteurs de ce terrain; ils auront pas le mérite de Finvention, non plus que moi; mais il intéreffe le bien public, & par cette raifon, l'Académie ; fr le moyen eft poffible , fans de trop grands inconvéniens, il mérite d'avoir place dans nos Mémoires, afin qu'il ne fe perde plus, & que le Public le connoïfle & le juge ; il l'approuvera s'il y a plus d'avantages que d'inconvéniens , Sc Men. 1764 . Ppp 482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il pourra avoir lieu un jour ; ou il le condamnera dans Je cas contraire: c'eft un juge intègre à qui rien n'échappe, & qu'il feroit très à propos de confulter, en publiant les projets long- temps avant que de les entreprendre, toutes les fois qu'il s'agit d'objets qui l'intéreffent. Ïi froit fatisfaifant, qu'il y eût dans Paris, fur quelque mo- nument durable, où arrive l'eau dès que la rivière déborde , les marques des inondations connues &c remarquables , établies d'après des recherches faites avec foin. « Les deux monumens fes plus propres pour cela, font les galeries du Louvre à droite où à gauche du guichet Froïd- manteau, & l'extrémité de l'Hôtel-de-ville la plus proche de la rivière: chacune de ces échelles étant faite fuivant les exhauf- femens que la rivière prend dans chaque endroit. Si peu que la rivière forte de fon lit, elle vient à lun & à l'autre de ces deux endroits, fur-tout au guichet Froidmanteau ; on ne peut même guère nommer inondations remarquables les crûes d'eau qui n'en mettent pas plus de 3 pieds fur le pavé à l'entrée du guichet; ceft d'ailleurs Fendroit de Paris le plus paflant & le plus convenable à tous égards pour cela; peu de bâtimens dureront plus long-temps que les galeries du Louvre, & il n’y en a pas de mieux expolés à la vue du Public. Le coin de l'Hôtel-de-ville eft à peu-près dans le même cas; quand même ce bâtiment cefferoit d'être l'Hôtel - de - ville, comme on la déjà plufieurs fois projeté, il n'eft pas vraifem- blable qu'on le détruife d'ici à plufieurs fiècles. Coinoiflant , fur l'un & l'autre de ces monumens , Fendroit précis où eft venue une inondation &c les différences de hauteurs decelle-B avec lesautres, relativement à l'endroit, le refte eft aifé. Or jai vu & remarqué avec foin, lors de inondation de 1740, qu'elle monta de 21 pouces au-deffus de la corniche qui eft entre l'arcade de l'Hôtel-de-ville & le coin du même bâtiment , d'où l’on conclud , au moyen de ce qui a été dit ci- devant , que l’inondation de 1711 fut 9 pouces au - deffus: de la même comiche: celle de 1764, 13 pouces fous la corniche , à compter de fon deflus ; & elle de 1751, 22 D ENSAUSINGI ILE NNC: ElS: 483 pouces +; on mettra 1690 à 8 pouces au-deffus de fa corniche, 1651 à 18 pouces +, 1649 à 12 pouces, le tout au-deffus; enfin je crois qu'il faut y mettre celle du 28 Février 1658, environ 31 à 32 pouces au-deflus de 1740 ou $2 à 53 pouces au-deflus de la corniche ; car elle dut être ici moins au-deflus de 1740 qu'aux Céleflins, par la même raifon que celle de 1740 excède plus celles qui font moindres qu'elie, au-deflus des ponts Marie & de la Tournelle, qu'à la Grève & à la place Maubert , où l'on pourroit auffi marquer fur la fontaine les mêmes chofes qu'à la Grève, en partant de la retraite & fachant que le 9 Février 1764 , l'eau eft venue à 7 pouces + fous la retraite, & par conféquent 26 pouces À au-deffus de la mème retraite le 26 Décembre 1740, & le refle comme à la Grève. La même inondation de 1740 eft montée à gauche du guichet Froidmanteau de 22 pouces + au-deflus de la grande retraite ou à 2$ pouces + fous le joint du deffous de la plinthe qui répond à fimpofte de la voûte du guichet; ce qui seft accordé avec 8 pouces de hauteur d'eau qu'il y avoit au bas de l'efcalier intérieur du logement où étoit alors le fieur Langlois, & avec 2 pouces + fous la retraite où eft venue l'inondation de 1764, en partant toujours de cette retraite prife au fecond pilaftre à gauche du guichet Froidmanteau , linondation de 1751 eft refléé 10 pouces+ au-deffous, celle de 1711 dut monter 11 pouces + ou environ au-deffus de la même retraite, a différence entre elle & celle de 1740 devant étre moindre ici qu'à la Grève ; 1690 un pouce moins qu'en 1711, 1649 à 14 pouces au-deflus de la retraite, 1651 à 20 pouces, enfin je crois qu'il faut y marquer celle du 28 Février 1658, 27 à 28 pouces au-deflus de 1740 ou 49 à so pouces au- deffus de la retraite, car elle dut être ici encore moins au-deflus de 1740 qu'à la Grève, par la même raifon que celle de 1740 fut ici moins au-deffus de celles de 17 5 1 & de 1764, mais on ne peut pas dire précifément à quelle hauteur parvint ici linondation de 1658 , parce que l'effet des obflacles n'aug- mente pas proportionnellement aux crûes de l'eau , & on le Ppp i 484 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE peut d'autant moins qu'il n'y avoit alors qu'un pont de bois à la place où eft à préfent le Pont-royal, qu'on avoit conftruit une vingtaine d'années auparavant , lequel réfifta à l'effort de Yinondation , & que la partie de inondation qui pañloit avec rapidité par les marais , rentrant dans Ja rivière par les Champs- élifées, contribuoit à {outenir l'eau un peu plus haute dans Paris , en rempliffant le baflin par une eau qui n'avoit pas paffé dans la ville, On pourroit peut-être objecter que cette inondation ayant été à Poïffy & à Meulan 3 0 à 3 1 pouces plus haute qu'en 1740, élle devoit Fêtre ici auffr. Ceux qui connoïront le pont de Poiffy, qui fauront que le couvent des Capucins eft à famont du pont, & qui auront fait attention au nombre de moulins qui embarraffent le paffage de l'eau, ne feront pas étonnés de cette différence d'élévation. Quant à la même hauteur trouvée à S.! Nicaife de Meulan , je ne puis que rapporter la mefure que j'ai prife d'après ce qu'on me dit, M. Morand préfent , de l'inon- dation de 1740, & dire que les arches des ponts font fort petites, comme le font celles de tous les anciens ponts, & faire oblerver que du côté des muraux il y a une longue & haute chauffée qui a dû contribuer à rendre l'inondation plus haute à l'amont du pont où eft fitué S.° Nicaife, qu'à l'aval du même pont. Comme l'on va relever les tablettes des côtés du Pont-tour- nant , ceux qui voudront comparer encore en cet endroit les inondations à venir aux trois que j'y ai vues de 1740, 1754 & 1764, pourront le faire en partant du deffus du cordon du revêtement de la place , obfervant que ce deffus du cordon près le Pont-tournant , a été polé 6 pouces + plus haut que Ja tablette où j'ai toujours meluré, ce que j'ai reconnu d'après l'eau même du foffé, le jour qu'elle étoit à 21 pouces du defius des tablettes. Je finirai ce Mémoire, par dire qu'il feroit encore à fouhaiter qu'il y eût à chaque pont, & en différens endroits des quais, des échelles, par pieds, demi-pieds & quarts de pieds, & réglées d'après celle du Pont - royal qui a été faite avec plus de jugement DES SCIENCES. 485 que celle du pont de Ja Tournelle; le plus bas nombre de la première indique la hauteur ou profondeur d’eau qu'il y a à l'en- droit où la rivière en a le moinsentre Paris & Rouen ; cet endroit eft ce qu'on nomme le banc de l'aiguillerte , qui répond , ou à peu près, vis-à-vis la grille de Chaillot ou un peu au-deflus ; il eft bien plus naturel de partir de la moindre quantité de hauteur d'eau , mais réelle, dans un ‘endroit conftant de la rivière, en comptant cette hauteur, que de mettre zéro de l'échelle à la furface de la même eau, lorfqu'elle eft aufii la plus bafle, parce qu'il eft arrivé plufieurs fois depuis les plus bafles eaux de 1719, quon a pris pour zéro de l'échelle du pont de la Tour- nelle, que la furface de la rivière a encore été plus baffe ; ainf les pieds de cette échelle n'annoncent rien , au lieu qu'en réglant toutes les échelles d’après celle du Pont-royal, mettant pour toutes à la furface de Feau le même nombre de pieds que mar- queroit celle du Pont-royal, dans un temps où la rivière {eroit au plus bas, toutes ces échelles annonceroïient quelque chofe de réel, & tout le monde s'entendroit. Les Mariniers d’énhaut s'y feroient comme ceux d'enbas dès le premier jour qu'on le leur diroit : par la feule infpection des échelles, chacun verroit à chaque pont , lors des inondations ; de combien Jes ,obftacles de ces ponts Félèvent les uns fur les autres, & du premier au dernier, & Ton verroit plus aifément la vérité de ce que jai dit ci-devant fur les différences des inondations. Mais ces échelles ne devroient étre aux éperorts des ponts que jufqu'à la hauteur où leur commence à toucher les quais d'un côté ou de l'autre; car il feroit mieux de marquer le furplus des hauteurs de l'eau ou de ces échelles contre les quais en amont & en aval des ponts qu'aux éperons, parce qu'à mefure que l'eau croît, paffant dans un endroit de Farche plus étroit, elle s'élève davantage & paie plus vite, au moyen de quoi elle eft plus baffe en fortant de Farche qu'elle n'eft un peu plus loin où elle va moins vite, & on n’a pas la véritable hauteur comme on fa quand elle eft baffe ; elle y eft d'ailleurs dans une fi grande agitation, qu'on ne peut dire où elle eft Ppp ii 436 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'à quelques pouces près, au lieu qu'étant marquée contre les quais à une diflance commode pour être vue des ponts, ayant égard à Feffet de Finclinaïfon des murs des quais, on auroit exactement les accroiflemens & les diminutions de l'eau : ce feroït une fort petite dépenfe pour la Ville, & ce n'eft qu'une fois pour toujours; mais il faudroit que cela fût fait avec foin , car il y a aux échelles du Pont-royal des pieds plus grands les uns que les autres, & elles ne s'accordent pas entr'elles quand l'eau arrive à 12 ou 15 pieds, DES SCIENCES. 487 ÉLÉMENS DES COMÈTES DE 1703 ET DE 1704. Par M. PINGRé. ’AI calculé la théorie de la Comète de 1763 fur les feules Obfervations de M. Meflier, faites depuis le 3 Octobre jufqu'au 24 Novembre; il les a lües à l’Académie. NERO MICEN dant seen eee ele celle ya 26129 29 Inclinaifon.. . ... ÉTENDUES 72. 39. 29 PRÉNOMS ee AMENER sn Zn 25e O0 40 Paffage au périhélie en Novembre...... 12m 160297 Logarithme de Ia diftance périhélie...... 9,697597 Sens du mouvement...,.....,.,,..... Direct. M. Meflier eft le premier qui ait annoncé à l’Académie l'apparition de la Comète de 1764, qui paroît atuellement. Je l'ai obfervée depuis plufieurs fois, c’eft en partie far mes obfervations, maïs principalement fur celles de M. Meffer que j'en ai déterminé la route fuivante, Nœud afcendant......... nue sie se LN9T 19 20° 167 Indinaion- "2000 SAGE IE 0 S3- 254.119 Eénihebe nier latte Eh ET SRE 16. 11. 48 Paflage au périhélie en Février........ 12i 10" 29° o” Logarithme de Ia diflance périhélie. . .... 9751415 Sens du mouvement. ,........ uote Rétrogade, Cette Comète à paflé très-près de la terre le 3 de Janvier; jour des premières obfervations de M. Meffier; elle tend à fon périhélie & va s'approcher du Soleil dont les rayons nous em- pêcheront vers la fm de ce mois d’obferver les mouvemens de la Comète, Elle pourra reparoitre en Mars où même vers le 18 Juillet 1764 488 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE milieu de Février, après fon paflage au périhélie ; mais elle fera alors un peu éloignée de la Terre : on a cependant obfervé des Comètes à une plus grande diftance que celle-cine le fera en Mars. Je me propole de drefler fur fa route une éphémé- ride qui en facilitera la recherche. Si on a le bonheur de fa voir alors, les élémens que je viens de proper, pourroïent fouffrir quelque perfeétion ; je crois pourtant que les changemens ne sétendroient qu'a un petit nombre de minutes, vu la prompttude du mouvement géocentrique que nous avons d'abord obfervé dans cette Comète. Sion la revoit après fon pañlage au périhélie & vers fon nœud afcendant on pourroit peut-être Jui appliquer avec fuccès la méthode de M. Euler pour déterminer par les {eules obfervations la durée de G révolution périodique. RÉFLEXIONS DES SCIENCES. 489 RÉFLEXIONS ORRULRENS (S FORMULES QUE M. EULER A DONNÉES À L'OCCASION DES PARALLAXES. Par M. LE MONNIER. | à es les Mémoires de Berlin de Fannée 1748, lon trouve que M. Euler, après avoir introduit la parallaxe de lazimuth dans lhypothèfe de la Terre aplatie, donne deux formules très-jufles & fort fimples pour la parallaxe de hau- teur, pourvu qu'on en retranche le troïfième terme qui eft le dernier des trois. L'année dernière il m'envoya fes dernières fin. À cofin. 4 corrections, favoir (u — h) —# (cofin, } + ne 1 tang, À fin. 4* hl pire x shlens apr Mir qui réduit la parallaxe même à + 2 tang. @ L fin. À cofin. 4 ( Édfn. 14 pe SRE D À tang. @ Ou bien, lorfque la Lune pañe au méridien, l'azimuth Æ étant toujours compté du nord & devient pour lors = — 1, l'on fin. À 7 fin. {® — 4) - cofin. — ZE ——————— . aura æ (cofn. À sn CAE ) Faïfant ufage de cette formule & de celle qu'il a donnée pour fazimuth réduit à horizon, il eft très- facile par les théorèmes de M. Cotte, d'en déduire les parallaxes de décli- naifon , de longitude & de latitude, en fe fervant de la méthode ordinaire de calculer l'angle paralhétique au centre de la Lune dont le lieu fe déduit des Tables corrigées. Min, 1764 - Qqq 18 Juillet I 764. $ Septembre 1764. 490 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE COMPARAISON De la latitude des principales Villes du Royaume, déterminée par les Obfervations aftronomiques de M. de l'Académie, avec celle qui réfulte des triangles. Par M. CaASssiINIi DE THUR#Y. LE MoNNIER, en faifant ufage de loblervation de [a . dernière écliple de Soleil, faite aux environs d'Hennebond par M. d’Après, ayant dit que cet Oblervateur avoit découvert une erreur de $ minutes dans la latitude de cette ville, déter- minée par les triangles, & que lon avoit reconnu d'autres erreurs fur la côte de Bretagne ; malgré la déférence que j'ai pour les obfervations de M. d’Après, Oblervateur exact, j'ai avancé qu'il étoit impofhble qu'il y eût une erreur pareille, non-feu- lement dans la pofition d'Hennebond, mais encore dans aucun des points fondamentaux de ma Carte triangulaire : en effet, ayant vérifié mes calculs, j'ai trouvé la latitude d'Hennebond de 474 48" 1”, M. d'Après l'a trouvée de 474 47" 10"; ainfr n'y a pas une feule minute d'erreur entre ces deux déter- minations qui exigent encore des réduétions, M. Pingré, qui a déterminé par {es obfervations, la latitude du Havre de 494 2926", ne diffère que de 24" de celle qui eft marquée dans la Carte; mais que l'on compare la pofition de toutes les villes rapportées dans les voyages de M.” de l'Académie, on ne trouvera jamais une minute de différence. La latitude de Breft a été déterminée très - exaétement de 484 23° 12" par nos triangles, & de 484 23° 10" par M. Picard, avec une différence de 8”: or il eft évident que puif- que c’eft la même fuite de triangles qui pafle par Hennebond, qui fe termine à Breft; pour peu qu'il y eût une erreur aufli D RS .8%C HE NN CES: 491 groffière que celle de $ minutes, elle auroit également influé fur la pofition de Breft; mais pour safiurer encore plus par- faitement de f'exaétitude de mes opérations, je rapporterai ici les différens réfultats des obfervations céleftes & des opérations trigonométriques qui ont donné les pofitions en latitude des principales villes de France, telles que je les rapporte ici. Par les Triangles, Par les Obfervarions (CHERE PAPE SON AN MRC Tete ailes aie SON 7 Ar Cherbourg. ........ AO SOS Oeil ee 49- 38. 20 Caén.2 mere ble 49e Aie leons eee + 49. 10. 45 Saint-Malo... ...... 28-39 MEo At lS5 12 48. 38. 30 NANTES NME Re TER 47-0122 1561740 00 2pa. 47. 13. 10 La Rochelle. ....... RON g NAT RENE 46. 10. 15 DOTÉCAUXA 2e «sole ie 2e rot nie 44 50. 0 ET M eng TRE AMEL E 43-29: 100 Montpellier. ... .... 22:30 MO ciel ciel 432 130:150 NOR N-E)T- PE EE ET 45. 46. 2Q Strafbourg . .. ...... D Sd SIL aielete 2h24 + la 48. 34. 35. Il eft à remarquer que comme les lieux des obfervations ne font pas les mêmes que ceux des triangles, puifqu’il eft rare que l'on choififfe des clochers pour obfervatoires , il doit toujours y avoir quelque réduétion que l'on peut regarder comme la caufe des petites différences que l'on remarque, Qga ÿ 492 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TROISIÈME MÉMOIRE SUPREME NEA MINÉRALOGIE DES ENVIRONS DE PARIS ET DES CORPS MARINS QUI S'Y TROUVENT. Pa M. GUETTARD. | a été queftion dans mon premier Mémoire fur le Mi- néralogie des environs de Paris, des corps marins qu'on rencontre dans les pierres qui entrent dans la compofition des montagnes , dont eft formé le baflin où cette ville eft placée. Je n’en ai parlé cependant qu'en général, & je ne devois pas alors entrer en des détails fur cette matière : ces généralités ne peuvent fatisfaire ceux qui font curieux de reconnoître les foffiles ; ils demandent qu'on leur indique avec précifion les endroits & les fubflances dans lefquels on les trouve ; qu'on leur fpécifie les fofliles qu'on y découvre, de quelle nature ils font, s'ils ont confervé celle qu'ils ont eue primitivement , s'ils en ont changé, & quelle eft alors celle qu'ils ont prile. C'eft fur ces connoiffances que les Amateurs de ces fortes de produétions naturelles fe déterminent ordinairement dans leurs recherches. Les uns sattachent à un genre de foffile pré- férablement à un autre; les autres aïment mieux les coquilles qui font devenues agates ou pierres à fufl, que celles qui nont point été changées, ni en quelque forte métamorphofées : celles-ci ne peuvent pas fe conferver aufli bien & auffi lons- temps que les premières, & demandent beaucoup plus de foin & d'attention pour les garder en leur entier. C'eft donc pour mettre les Curieux en ce genre en état de fe procurer ces corps, que j'ai cru qu'il convenoit de donner un peu de détail fur cette matière, je ne pouvois par - là qu'ajouter à mon travail une partie capable de le rendre plus intéreffant. DEL SAONE À € N'CES 9 L'on fait depuis long-temps que les pierres dont on bätit à Paris , font criblées de coquilles. Je l'ai déjà dit, d'après 7 Palffi, d'autres ont été plus loin; ils ont avancé que Paris, de même que Vienne en Autriche, étoit bati de coquilles foffiles ; ils ont fans doute voulu feulement dire que les pierres qui entroient dans les bâtimens de ces deux grandes Villes, étoient des pierres à chaux remplies de coquilles, à moins qu'ils ne penfaffent que les pierres à chaux ne font formées que par des amas de coquilles & d’autres corps marins détruits. Leur fentiment alors pourroit être vrai en un fens; mais on devroit dire la même chofe d’une infinité d’autres villes. M. Gefner, dans fa Differtation fur les pétrifications , ref- treint cette idée ; il veut que la bafe des pierres calcaires, & des marbres qu'on tire aux environs dè Paris pour les bâti- mens, foit de coraux, de madrépores & des autres corps de cette clafle. On peut trouver fans doute de ces corps dans les pierres à chaux des environs de Paris; mais ils y font cer- tainement très-rares : ceux dont je parlerai dans ce Mémoire, font attachés à la furface extérieure, à l'écorce des cailloux des pierres à fufil qu'on tire à Bougial, & dont on ne fait guère d'ufage à Paris que pour les employer comme pierres à briquet ; : on les afle à cet effet en éclats irréguliers & plus où moins grands. Je ne fais pas non plus pourquoi M. Gefner dit que lon tire des marbres aux environs de Paris : je ny en con: noiïs aucune carrière ; ceux qu'on y emploie pour les ornemens des maifons , viennent des provinces éloignées de rt de 1 Flandre, du Haynault & de FItalie. h Ribiète de lénumération des foffles de Ia France , eft celui qui a le plus découvert de ces fofliles, & qui a plis indiqué d'endroits où lon:en découvre; mais cet auteur ne donne que des noms vagues, & ne caraétérife point chacune des efpèces dont ül parle. Il facilite les recherche ‘en peut faire; mais il m'éclaire point ou très-peu fur et vraie nature, für le genre: ou l'efpèce dont ils peuvent être. : Cette matière.eft donc encore: prefque tonte neuve, P& jé crois qu'elle mérite d'être traitée; il ne fufhit pas de fivoir en jose qd Voyez Mén, de Acad, 1751, Page 240% Wid, Differtar, Plyf. de petrific. différent. Ÿ varit origin Johan. Gin. Figur, 1752,pag-1 6 üt-q° 494 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE général qu'on trouve dans un pays tel où tel genre de corps marins fofliles ; cette généralité n'éclaire qu'à demi : les curieux font toujours en droit de demander quelles font les efpèces. Tout le monde fait qu'il n'eft guère de pierre à chaux où il ne s'en rencontre ; c'eft-à une vérité qui eft maintenant dé- montrée ; elle fuffit, il eft vrai, à ceux qui confidèrent les chofes en grand. Si l'on veut s'en tenir à ces vues générales , il n'eft prefque néceffaire que de chercher à découvrir de ces pierres, & d'indiquer les endroits où il s'en trouve, on en pourra toujours conclure qu'on rencontrera des corps marins foffdes dans ces pierres , ou qu'elles en donneront des indices. H faut donc s'attacher maintenant à bien caractérifer les corps qu'on y découvre, & tächer de les rapprocher de ceux dont lés auteurs ont parlé. Ce n'eft que par ce moyen qu'on pourra parvenir enfin à Ja comparaïfon de ces corps avec ceux qu'on tire actuellement de la mer, & conflater fi réellement ceux que nous trouvons dans notre continent, font les analogues de ceux qu'on pêche dans les mers des autres continens ; queftion fi importante pour Fexplication de la formation de la Terre, telle qu'elle eft maintenant, fur laquelle il y a encore tant d'obf curités, & que tous les fyflèmes, imaginés jufqu'à préfent , ne peuvent encore entièrement éclaircir de façon à répondre aux fortes objections qu'on peut faire contre les uns ou contre les autres. | | Tant qu'on s'en tiendra aux généralités, en parlant des corps marins fofliles , on fera toujours dans le cas de ceux qui nous difent dans les relations de leurs Voyages, qu'on pêche dans telle ou telle mer, des coraux, des madrépores, des litho- phytes, dés huïtres, des conques marines, des lepas ou autres produétions femblables de Ja mer. Qui doute qu'on ne trouve dans toutes les mers , les uns ou les autres de ces corps? œ qui intérefle le plus, de favoir quelles font ces elpèces ; cés connoiffances feul uvént. nous. mettre dans le cas de pouvoir comparer ces productions ls unes avec les autres, & de faire de ces abfervations une efpèce de corps de doétrine feul capable d'éclairer dans cette partie de 'Hiftoire naturelle, comme on d'eft, par exemple , dans li Botanique. DES: SuÈ 1 EN CE 4 495 Me propofant donc de faire connoître les Corps marins foffiles des environs de Paris, non d'une manière vague & indéterminée ; mais de façon que ceux qui ne les pofsèdent pas. dans leur colleétion, puiflent déterminer s'ils font fem- blables à ceux qu'ils ÿ confervent ; je les ai, autant que j'ai pu, rapprochés de ceux dont il eft traité dans d'autres auteurs, lorique ces auteurs ont parlé de corps fmblables à ceux que j'ai trouvés dans les environs de Paris. J'ai de plus donné la figure de ces corps : les gravures font un moyen de comparailon encore indifpenfablement néceffaire dans cette partie de l'Hifloire naturelle; elle n'eft pas ailez avancée pour qu'on puifle sen pafler ; la plupart des figures que nous avons des fofliles, fi l'on en excepte cependant celles que lon voit dans quelques Ouvrages, font au - deflous du médiocre en ce genre; l'on eft le plus fouvent dans le plus grand embarras lorfqu'on veut favoir fi les corps que lon compare aux gravures, font ceux qu'elles reprélentent ; ces figures n'ont la plupart du temps fervi qu'à augmenter le prix de l'Ouvrage, fans mettre le Naturalifte en état de pouvoir.fe décider fur l'efpèce de corps qui a été gravé. On fent encore plus le befoin des gravures lorfqu'on confulte ces catalogues de fofliles, connus fous le nom d'Oryclographie, d'Enumérations de fofliles, de Traités fur les pétrifications : la plupart de ces Ouvrages font privés de gravures; les phrafes ou les noms qu'on donne aux foffiles, font prefque toujours différens dans chacun de ces Ouvrages, & l'on n'y a pas fait de concordance des Auteurs, de forte que fi jamais quelqu'un a le courage d'entreprendre cette concordance, il fe chargera d'un Ouvrage long & pénible & qui ne demandera pas moins de temps pour être porté à un certain degré de perfection , qu'il en a fallu à Gafpard Bauhin pour faire celle des Auteurs de Botanique qui l'avoient précédé. Peut-être lui en faudra-t-il davantage, les Auteurs qui ont écrit fur {a Minéralogie n'ayant pas ordinairement. décrit les corps dont ils parlent où ne l'ayant fait que très-fuperficiel- lement; Gafpard Bauhin avoit au moins trouvé des defcriptions 496 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de plantes, fouvent très-bien faites, & des commentaires fur celles dont les Anciens parlent, qui pouvoient le mettre en état de fe décider : tous ces fecours manqueroïent très-fouvent à celui qui travailleroit à un Pinax lithologifte; c'eft donc pour concourir, autant qu'il eft en moi, à diminuer le travail de ce courageux auteur , sil s'en trouve jamais un qui fe fente affez patient pour entreprendre cet ouvrage, que Jai, dans ce Mémoire, tâché de l'ébaucher pour Les foffiles dont il y fera parlé, IL faudroit, pour réuffir dans ce Pinax lithologifte, former une collection de tous les fofliles dont il eft queftion dans les Ouvrages que nous avons fur cette matière, les comparer les uns avec les autres, avec les figures qu'on peut en avoir donné & avec ce que les auteurs en ont écrit : ce moyen {croit le plus für & le plus propre à porter dans ce travail toute la clarté poflible & l'exactitude qui eft le feul mérite de ces fortes d'Ouvrages ; mais qui eft le Minéralogifte dont les correfpon- dancés foient aflez étendues & les facultés affez grandes pour pouvoir f former cette collection immenfe? on ne peut donc guère efpérer un Pinax lithologifte que lorfque les Naturaliftes, qui habitent es pays fur les fofliles defquels on a quelques Ouvrages , auront retouché cette matière & y auront apporté une attention particulière, en déterminant quels font ceux dont il eft fait mention dans les Ouvrages qui ont précédé celui qu'ils auront entrepris, &c fur-tout en donnant de bonnes figures & bien détaillées ; ils procureront, par ce dernier moyen, un fecours qui fouvent eft au-defus de toute defcription : c’eft fur ce plan & dans ces vues que jai tâché de travailler ce Mémoire. Je n'y formerai pas cependant de fyfième; la quantité de corps marins foffiles que j'ai recueillis aux environs de Paris, n'eft pas aflez confidérable pour qu'elle mérite d'être rangée {yftématiquement : je parlerai de ces corps dans l'ordre des matières où ils e trouvent, & je ne donnerai pas plus d’étendue aux environs de Paris que celle que je leur ai affignée dans non premier Mémoire fur la Minéralogie de fon territoire. Les terres étant celles des fubftances minérales que les Minéralogiites D'ESSCrIENEES 497 Minéralogiftes mettent à la tête des méthodes qu'ils nous ont données, jJ'examinerai d'abord les fofliles qu'elles con- tiennent ; les plus finguliers qui y ont été trouvés , font deux elpèces de corne d'ammon bien conférvées * & devenues de * Planche VI, la nature de {a pyrite ferrugineufe; elles ont été tirées d'une 8: 2 #6. fouille qu'on fit, ilya plufieurs années , au Jardin des Apothi- caires, pour un puits quedle Jardinier y faifoit creufer : une de ces cornes d'ammon ? a un dos uni, de groffés canelures & » Ibid. fig. 2. deux rangs de gros mamelons {ur le premier tour de fpirale ; la feconde © ne diffère de celle-ci que parce qu'elle n'a pas de * Ibid. fre, 6. mamelons & qu'elle eft de celles qu'on appelle cornes d'ammon fleuries, à caufe de certaines ramifications répandues fur leur frface; elles font formées par les articulations qu'ont ces fortes - de cornes d'ammon : ces deux foffiles & une huître d'une aflez grande efpèce, dont j'ai parlé dans mon Mémoire fur les accidens des foffiles * font les feuls que l'on ait jufqu'à préfent, _* Vo. Mén. de E 5 £ Fe 3 1 du moins que je fache, trouvés dans Les glailes des environs 3 Acad, 1759 189, Tab, 1, de Paris. fe 1. Les marnes, que béaucoup de Minéralogiftes placent avec les terres, fourniffent une efpèce d’huître d'une moyenne gran- deur; je dois la connoiffance de cette huître à M. Deparcieux, qui l'a découverte dans les carrières de marne de Bougival ; on pourroit appeler cette huître, Autre tronquee , ailée dr life: en effet le talon eft aplati & comme tronqué en devant ; la fection eft plate dans les unes, creulée en goutière dans les autres, & très-fuperficielle dans des troifièmes ; les différences ne viennent, à ce que je crois, que de la façon dont ces huîtres ont été attachées dans la mer: fr le corps où s'étoit faite cette attache étoit plat, la païtie de la coquille qui y étoit adhérente, devoit fimplement s'aplatir & s'étendre deflus ; fice corps étoit arrondi & long, cette partie de la coquille devoit l'embrafler & par conféquent { creufer; au contraire l'aplatiffement du talon a dû étre très-fuperficiel & prefque nul, fi la coquille S'eft trouvée dans un endroit fibre & tel cependant qu'elle ne pût pas fortir & y croître facilement ; cet aplatiflement par conféquent n'eft peut-être qu'accidentel à ces coquilles ; on Mém. 1764. RIY 498 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE peut néanmoins dire que leur talon eft de ceux qui ne s'alongent point, ne fe recourbent point en devant ni de côté, & qu'il eft au contraire aplati & comme tronqué ; les bords de ce talon sétendent à droite & à gauche & leur forment des efpèces d'ailerons; ceft fur cette expanfion & intérieurement qu'eft placée la charnière; elle eft formée par des rides & des arêtes tranfverfales, placées vers lgpartie fupérieure du talon; elles s'étendent dans toute fa longueur ; d'autres rides & arêtes, fituées au-deflous des premières & feulement vers les extrémités de “celles-ci, font dirigées les unes perpendiculairement & les autres obliquement aux premières; elles ont peu de longueur, mais plus de groffeur & font comme vermiculées, s'anafto- mofent les unes avec les autres ou font ifolées. Les arêtes, qui doivent être regardées comme des efpèces d'apophyles , & les fillons qui font entrelles, fourniflent par leur multiplicité & leur différente figure un plus grand nombre d’attaches au mufcle par lequel le couvercle de ces huitres eft attaché. L’aplatiffement du talon de cette coquille eft caufe qu'elle eft comme boffue ar deflus & très-creufe en dedans ; au fond de cette cavité eft placée l'attache où tenoit le corps de Fanimal; elle fe diftingue du refte de la {urface par un petit enfoncement qui a comme un rebord un peu épais; la furface interne, de même que externe, eft lifle; celle -ci a feulement des rides tran{verfales & fuperficielles, qui probablement font les marques des crûes que ces coquilles ont prifes pour parvenir à la grandeur où nous les trouvons. Ces coquilles ne {e trouvent pas feulement dans les marnes de Boupgival, mais encore dans celles de Montereau-Faut-Yonne, d'où feu M. Hill, Anglois employé à la Manufacture de cet endroit , m'en avoit apporté une dont le talon étoit beaucoup recourbé en devant en forme de bec; la furface extérieure ou: le dos de la coquille étoit feuillé, c’eft-à-dire que ce qui n'eft que des rides dans les autres, étoit dans celle-ci des lames qui s'élevoient un peu au-deffus de la furface ; les lames ont peut- être été détruites dans les autres : le talon n'eft dans celle-ci fr: xecourbé en devant, que parce que fattache de la coquille sel: DES SCIENCES 499 faite plus poftérieurement , & dans un endroit plus avancé für le dos, au lieu que dans les autres cette attache eft précifé- ment à la partie antérieure ou préfque à la pointe du talon : au réfle , je crois que les unes & les autres de ces coquilles {ont du même genre, & des variétés de la même efpèce ; quelles qu'elles foient, leur couleur eft blanchâtre ou rouflâtre. L'on rencontre aufli des corps marins foffiles dans les fables : ces fables font de ceux qu'on peut attribuer aux attériflemens de a rivière, ou de ceux qui font partie des matières qui compofent les montagnes. Les foffiles des premiers ne font en quelque forte qu'accidentels aux environs de Paris ; ils ÿ ont été apportés par la rivière, dans laquelle ces foffiles, ayant été chariés par les eaux de pluie, y ont roulé, & enfuite été dépolés fur les bords, comme je l'ai dit dans mon premier Mémoire für la minéralogie des environs de Paris, dans lequel j'ai parlé de ces foffiles. Quant à ceux des fables, dont les montagnes {ont encore compofées , je n'en ai point vu qui euflent été confervés en- tiers ; ce font {éulement des empreintes de différentes cames & tellines , parmi lefquellés il y a d'autres empreintes faites par des tonnes , des buccins & par des vis les plus communes & qui font fi abondantes dans les pierres à bâtir ordinaires , & dont on bâtit à Paris; ces empreintes ne fe font pas faites comme on le penfe bien dans les maffes de fables mobiles : il faut que ce fable ait pris de la confiftance, qu'il ait formé du grès; c'eft aufli dans une forte de grès d’un jaune rouille de fer & un peu noirâtre, qu'on rencontre ces empreintes. Ces grès fe trouvent entre le parc de Ménil-montant & le pré Saint-Gervais, ou entre le même pré Saint- Gervais & Belleville ; en un mot , fur la butte de Belleville, au-deffous des moulins , il y forme un banc placé à environ 2 pieds {ous terre; il eft füivi d'un autre formé d'un fable jaune plus clair que celui dont eft compolé le grès : cette différence ne vient probablement que de ce qu'il n'a pas été imprégné des parties terreftres , que les eaux peuvent avoir entraînées en { filtrant à travers lesterres ; ce qui femble le prouver , c'eft que les mañles rr i La > Ÿ > Ÿ nn soo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de ce grès font principalement noirâtres en deffus , & fur-tout dans les empreintes des coquilles ; le banc de ce fable a en hauteur environ 35 à 40 pieds; on trouve l'eau à cette profondeur. Quoiqu'en général, la mafle de ce fable foit jaune, cette mafle eft cependant comme vénée de fable blanc, & d’un qui eft moins jaune ; les grès qu'on en tire ont auffi ces nuanèes ; ils font lardés en outre de cailloux roulés: on y remarque en- core des efpèces de corps à peu près cylindriques, & quelque- fois branchus, qui pourroient bien être des branches de corail ou de madrépores devenus grès: ce grès laiffé du temps dans Veau forte, ne fe diflout en aucuné#façon ; il eft peu dur, d'un grain aflez gros, peu lié, & de la nature par conféquent de celui que les Carriers appellent du nom de courjas. L'on ne rencontre point de corps branchus ni de coquilles dans la mafle même du fable, du moins je ne connois point de fa- blonnières aux environs de Paris qui en fourniflent. L'auteur de YOryétologie cite bien les fablonnières du village de Vaugirard, comme en renfermant de différentes efpèces ; mais je préfume que ces fablonnières font plutôt des grévières dües aux attériffe- mens de la rivière, & dès-lors ces foffiles feroient de ceux qui appartiendroient à des endroits éloïgnés de Paris, comme je l'ai dit plus haut. Le même auteur parle auffi des côteaux de fable du village d'Iffy, mais if n'eft pas trop ailé de comprendre ce qu'il veut dire dans cet endroit ; il sénonce aïnfr, « un autre village nommé Iffy, offre dans fes carrières différens foffiles, principalement des huîtres, des buccins, des vis, des fabots, des oftéocoles, des cornes d'ammon; ces côteaux de fable font fitués entre les lits de pierre, forment une roche apparente, d’où fans fouiller on tire quantité de.ces fofliles. » J'avouerai fincèrement que je n'entends pas ce que veut dire Yauteur, par des coteaux de fable Jimués entre les lits de pierre; peut-être voudroit-il dire des couches de fable: sil en étoit ainfi, on ne comprendroit pas alors fi ce feroit dans ces fables ou dans les pierres que feroient les foffiles ; peut-être veut-il parler d'un lit de pierre à fufil, qui fe voit dans les carrières des environs de ce village; ce lit eft recouvert & pénétré de DE Se SCIENCES. sor différentes coquilles devenues elles-mêmes pierres à fufil : j'en parlerai plus bas. Que doit-on encore entendre par ce qu'il appelle oftéocole ? il femble la mettre au nombre des corps marins, je crois avoir prouvé, dans mon Mémoire fur cette fubftance , que l'oftéocole n’eft qu'une incruftation de marne fur des plantes où fur des arbres; pour moi, j'ai vu les carrières d'Iffy, je n'y ai point trouvé d'oflocole ni de céreaux de fable entre des lits de pierre. Les pierres font les fubflances dans Ja maffe defquelles on trouve le plus des indices de foffiles ; ces pierres {ont de deux genres; elles font des pierres calcaires ou des pierres à fufil; les premières {ont celles dont on fe fert pour les bätimens : je n'entends parler ici que de celles qui fe tirent des environs même de Paris, & non de celles qu'on y amène des endroits fitués hors de l'étendue que jai affignée à fes environs; les pierres de S.® Leu, par exemple, font dans ce cas. Les corps marins qui s'obfervent dans les autres, n'y font point ordinairement en fubflance ; ils n'y ont communément laiflé que leur empreinte ou les noyaux qui fe font moulés dans leur intérieur ; on n'y trouve guère que des huîtres appelées vulgairement pelres d'oignon, qui aient confervé leur nature de coquilles; de toutes les empreintes de coquilles qui fe voient dans ces pierres , celles d'une ptite vis à pas hériilés d'épines * font les plus communes; non-f£ulement les moellons, mais es plus gros quartiers de pierre à bâtir en font remplis, de forte que lorfqu'on fcie ces quartiers , les furfaces de ces pieries fciées en font couvertes ; fouvent auffi les furfaces extérieures de ces quar- tiers en font égaleinent parfemées ; fouvent auffi les petites cavités formées par ces empreintes {ont remplies d'un noyau qui a été Jaiffé par la coquille lorfqu'elle seft détruite. Aflez ordinairement les pierres qui ont beaucoup d’em preintes de ces vis ont peu d'empreintes d’autres coquilles ; il arrive cependant auflr tès-fouvent qu'avec ces empreintes , il yena de plufieurs autres efpèces d'univalves & de plufieurs bivalves de différens genres ; mais alors on y diflingue une bien moins grande quantité d'empreinte de ces vis b; {es autres univalves Rrr ii * Planche I, fe: 1. b Ibid.fig, ?, a—l, * Planche II JE 9. > PlancheVI Fig. 10, 502 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dont Jai remarqué des empreintes ou des noyaux, font des limaçons aplatis, des buccins & des rouleaux ; parmi les bivalves, on diftingue des cames, des tellines qui varient les unes & les autres par la grandeur où par quelqu'autre propriété; on trouve les unes ou les autres de ces coquilles dans toutes les pierres coquil- lières, de quelque canton qu'elles foient tirées ; quelquefois une efpèce y domine plus qu'une autre, mais il eft rare de n'y ren- contrer qu'une feule efpèce : fi variés que foient les noyaux & les empreintes qui fe voient dans les pierres dont il vient d'être queftion, ils ne le font pas plus que les noyaux & les empreintes qui fe remarquent dans les pierres à fufil qu'on tire {ur-tout de Bougival, près S." Germain; mais avant d'en parler, il faut que je dife quelque chofe d'un petit corps globulaire où oviforme, dont les pierres à bâtir font très-fouvent remplies & quelquefois même prefqu'entièrement compofées : ce corps eft aufli fin qu'un grain de fable; il faut fe fervir de la loupe pour le bien diitinguer; les feétions qu'il fouffre, lorfqu'on cafle ou {cie les pierres où il fe trouve, font très-bien voir qu'il eft compofé de plufieurs couches ; il eft du nombre de ceux qu'on appelle ammiites : jufqu'à préfent l'on a beaucoup cherché à déterminer la nature de ce corps , at-on déterminée? c'eft ce que je n’oferois aflurer ; je n'ai point non plus fait d'obfervations qui puiflent jeter quelques lumières fur ce point fi difcuté, & je ne m'attacherai point à donner ici des conjectures qui ne feroient qu'augmenter celles qu'il a déjà occafionnées ; je peux dire quelque chofe de plus certain fin: ce qui regarde les foffiles ui fe trouvent dans les pierres à fufil. Celles de ces pierres, dont les craies de Bougival font lar- dées , en fourniffent une plus grande variété ; on y trouve non- feulement des coquilles univalves & bivalves, mais quelques efpèces de petits coraux ou madrépores : les uns & les autres font devenus de la nature de la pierre même, où ils ont été enclavés : les univalves que j'y ai obfervées , font des échinites : , jen ai vu de trois efpèces , un de ces échinites eft connu fous le nom de cafque”, l'autre fous celui de fparagus ou pas de * poulain b, Le troifième pourroit être comparé à uy bouton de DES SCIENCES, so3 . Chapeau *, qui feroit moins aplati que ne le font ces boutons: les échinites ne font fouvent que des noyaux formés dans les coquilles ; très-fouvent aufi ces noyaux font entièrement ou en partie recouverts de la coquille , qui eft devenue d’un beau blanc fpatheux : outre ces trois échinites, l'on trouve des indices d'un quatrième, de celui qu'on appelle communément échinite de la mer rouge ; j'ai eu l'empreinte d’un des gros mamelons, dont la coquille de cet échinite eit garnie, Les trois premiers {ont bien entiers; mais ils ont entière ment perdu leurs pointes, & l'on ne remarque point dans les cailloux de pointes qu'on puifle, à ce que je crois, regarder comme leur ayant appartenu ; on y rencontre cependant quel- quefois des pointes d'ourfms ou échinites, enclavées dans la couche extérieure des cailloux : j'en ai eu de deux fortes ; une eft longue, cannelée fuivant fà longueur d, les cannelures font hériffées de petites pointes dans toute leur longueur : Ja figure de cette pointe eft conique ; mais le fommet du cône forme la partie inférieure de cette pointe , c'eft-à-dire qu'elle eft plus groffe par en haut que par en bas; la feconde pointe d'ourfn *, trouvée fur les cailloux de Bougival, eft grofie, courte , auffi plus groife par en haut que par en bas, un peu aplatie par une de {es furfaces; elle a aflez la forme d'une petite poire. Je ne crois pas que ces pointes aient appartenu à aucune des trois efpèces d'échinite dont J'ai parlé plus haut : Jes échi- nites qu'on tire maintenant de la mer, & qui leur font {em- blibles, ont des pointes bien différentes : elles font très-fines , courtes & vont en diminuant depuis leur bafe juqu’à leur fom- met ; fi cette conjecture n'eft pas fauffe , il faut que les cailloux de Bougival renferment encore des échinites qu'on n'y a pas découverts jufqu'à préfent : peut-être auffi ces pointes ont-elles appartenu à une feule & méme elpèce, peut-être à celle dont je nai eu que l'empreinte d'un mamelon. L'on fait maintenant depuis le Ménioïe de M. du Luc : qu'un même échinite peut avoir des pointes de figures très-différentes. Un foflile qu'on trouve encore dans les cailloux de Bou- gival, & qui a été par quelques Auteurs mis au nombre des * PlancheVI, fig, 114 b Ibid. fig. re “Ibid. fig. 7: * Voy. Mém. des Savans Etrang.- Tome IV, page 467 À fire *Voy. Diétion. univ, des Foffiles, par M. bertr. pe7t, TI. La Haye, 1 76. En in-8.° 504 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLrE pointes d'oufins, eft l'efpèce la plus commune des belemnites; qui eft d'un beau jaune de fuccin, brillant, fpatheufe, & qui fe diflout à leau-forte : je ne n''arrêterai pas ici à examiner les différens fentimens qu'on a eus jufqu'à préfent, fur l'origine de ce corps; jamais lon n'a plus varié fur celle d'aucun autre foffile; on en fait un minéral, une plante, une partie d'animal où un animal entier ; c’eft ce dernier fentiment que M. Ber- trand a adopté *, Il prétend que la belemnite eft dûe à lapé- trification d'une efpèce d'oluthuries ; ce fentiment me paroït renverfé par l'examen qu'en a fait M. Claret de la Tourette, de l'Académie de Lyon. M. Bertrand , à qui M. de la Tourette lavoit envoyé, penfant en Savant qui ne cherche que la vérité, n'a pas héfité de le faire imprimer dans fon Diétonnaire des Foffiles , à la fuite de ce qu'il rapporte au fujet des fofliles en queftion. M. de la Tourette ayant répondu aux raifons que M. Bertrand emploie pour prouver fon opinion, cherche lui- même à établir ce que peut être la belemnite ; il prétend qu'elle eft la pétrification d'une efpèce de polype dur & offeux. 1l s'appuie fur ce que la belemnite eft compofée de parties fibreules qui partent d'un centre, comme autant de rayons de cercle ; un corps dont les parties font conflamment arrangées de la même façon, lui paroït en avoir eu un autre ainft com- pofé, & dont les fibres étoient arrangées de la même manière. Îl en eff, dit-il, de cette pérification , comme de celle des échinites à de leurs pointes ; les pétifications de ces corps {ont toujours en écailles parallélogrammes, de même que les coquilles avant qu'elles foïent pétrifiées ; il en doit, fuivant lui, étre de même du corps qui forme les belemnites; il doit avoir fes parties dirigées en rayons, comme la belemnite a les fiennes. Il en eft de Farrangement de ces parties à peu près comme de celui des parties d’un corps foffile connu fous le nom de #richites, & qu'on fait avoir fait partie d'une efpèce de pinne marine, ou de quelqu'autre moule de mer; ceft même l'arrangement des fibres du #richites qui a fait venir à M. de la Tourette, l'idée que la belemnite devoit être la péuification d'un animal dont les parties étoient ainfi dirigées, & DESDSCIENCES 505 & que cet animal pouvoit être une efpèce de polype de la nature du palmier marin. Cette idée eft heureufe; mais eft-elle vraie ? c'eft ce qu'il eft bon d'examiner. Ceux qui regardent la belemnite comme un minéral qui fe forme dans la terre, ne pourroient-ils pas dire que à belemnite étoit fpatheufe, & qui ayant des fpaths dont les parties arrangent toujours en rayons qui partent d'un centre, & que ce centre étant fouvent creux & rempli d'une matière étrangère , ilen pouvoit être de même de la belemnite; que le tuyau qu'on obferve fouvent dans la belemnite , n'eft occafionné que par la cavité que les fibres fpatheufes ont elles- mêmes formée en ne fe confondant pas les unes avec les autres, d'autant plus que ce tuyau ne s'étend ordinairement pas jufqu'à la pointe de la belemnite, & qu'il en eft alors comme de ces fpathes rayonnés qui n'ont point de cavité dans le centre des mafles qu'ils forment ? Outre cela, les belemnites qui font devenues de Ïa nature de la pyrite ferrugineufe ont auffi des parties arrangées de la même façon; dira-t-on que ce neft que parce que les parties de l'animal avoient les leurs ainfi difpofées ? mais ne pourroit-on pas également dire que ce n'eft que parce que les parties de ces pyrites s'arrangent naturellement ainfi, comme on l'obferve dans le plus grand nombre de ces pyrites, lors fur-tout qu'elles font coniques, cylindriques ou globuleufes ? De plus, on trouve quelquefois des belemnites de la nature de la pierre à chaux , qui ne font point rayonnées ; on en conferve du moins une femblable dans le cabinet de M. 1e Duc d'Orléans; elle eft de celles qui ont une lacune dans leur Jongueur. S'il étoit effentiel aux belemnites d'avoir leurs parties difpolées en rayons, qui auroit empêché celle-ci de les avoir ainfi arrangées ? Seroit - ce a groffièreté des parties dont elle eft compolée ? N'eft-ce pas plutôt parce qu'il n'eft pas de l'eflence de ces parties de s'arranger en rayons, comme il left aux parties des fpaths, fibreux & à celles des pyrites ferrugineufes & rayonnées ? On conferve encore dans le même cabinet des morceaux du marbre d’Altorf, dans le Nuremberg , qui ont des belemnites ; Min. 1764. OU 506 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les unes font devenues fpatheufes, les autres ne le font qu'en partie ; celles qui font de la première forte {ont d'un beau fpath, d'un beau blanc, & de la nature de celui qui fe cryftallife en éguilles qui finiffent par des facettes. On remarque dans le même marbre des cornes d'ammon & difiérentes coquilles remplies du même fpath : les belemnites de ce marbre qui font demi fpatheules, ont une partie de leur longueur en fpath femblable au précédent , l'autre feft d'une matière jaune-brun ou d'une matière brun- noirâtre qui paroït tenir de falbatre & qui font femblables à celles en lefquelles les autres corps marins de ce marbre font changés. L'on voit encore dans le cabinet de M. le Duc d'Orléans, des boules prefque fphériques de marbre noir , qui ont plus d’un pied de diamètre; dans l'intérieur il y a de très-petites belemnites devenues d’un fpath blanc , femblable à celui des belemnites fpatheufes dont je viens de parler ; une de ces belemnites me paroît très-bien prouver que le corps auquel on donne le nom de belemnites n'eft qu'un noyau formé dans la cavité d’un autre ; ce noyau ne remplit pas exaétement toute la cavité de celui où je crois qu'il s'eft formé; il y a une diftance entre la pointe de ce noyau & celle de Fautre corps qui le contient ; les bords de celui-ci même font diftingués & un peu éloignés de la belemnite , ce qui me paroît prouver que l'un eft Le moule de l'autre *. Je ne penfe donc pas que les preuves que M. de la Tourette apporte pour établir fon fentiment , puiffent fatisfaire quiconque regarderoit les belemnites comme une forte de minéral qui fe forme dans la terre. I faudroit quelque chofe de plus convaincant & de plus dire. I faudroit avoir trouvé l'animal auquel les belemnites font dûes, comme on a trouvé celui qui a donné naiffance aux pierres étoilées. Je crois donc qu'il faut chercher encore une autre origine aux belemnites. Pour moi, je crois que les belemnites font des corps qui fe font moulés dans l'intérieur x Ces boules fe trouvent dans des mines de charbon ouvertes du côté dé Vallognes en baffle Normandie : on prétend qu’on trouve auf dans l'intérieur de ces boules des empreintes de poiflon; celle que j'ai fait fcier n’avoit que des belemnites & des points pyriteux d’un blanc d'argent très-vit, D'ElSMSNC Tr EN CES 507 de quelques coquilles ou tuyau marin; que la figure des belemnites dépend de celle du tuyau , & que-leur fubftance rayonnée ne l'eft ainfr que parce qu'elle eft de la nature du fpath à rayons ou de la pyrite ferrugineufe rayonnée. Voici les preuves fur lefquelles je fonde le fentiment que j'embraffe. Depuis long-temps l'on cherche des belemnites qui foient entourées de la coquille dans laquelle plufieurs Auteurs ont foupçonné qu'elles fe formoient. M. Bertrand dit même qu'on ne la jamais découverte : on a bien déjà vu une efpece de partie qu'on compare à une membrane , mais qui n'étoit pas, àce qu'il paroît, de la confiftance d'une coquille. Pour moi, j'ai été plus heureux que ceux qui fe font appliqués à ces fortes de recherches : j'ai découvert une belemnite renfermée dans une matière crayeufe de la montagne qui a été coupée pour faire le chemin qui va de la manufaéture de Porcelaine de Sèves au château de Bellevue : cette belemnite étoit en partie recouverte d'une coquille qui lentouroit , & qui y étoit appliquée intimé- ment ; cette coquille étoit mince & s’enlevoit aïfément ; elle étoit compolée de deux lames féparées l'une de Fautre dans un endroit par de la matière crayeule ; lextérieure étoit un peu plus épaifle que celle qui étoit immédiatement appliquée fur le corps de la belemnite; l'une & l'autre au refte font très-peu épaiffes ; l'intérieur eft d’un beau blanc , l'extérieur eft d'un jaune pale ; la première a des fibres très-fines & pofées de champ , fa feconde des fibres un peu moins fines & obliques : ces deux lames fe confondent dans des endroits, & la lame fupérieure y eft prefque confondue avec l'intérieure , & les deux n’y en font prefque plus qu'une ; la direétion des fibres de la lame intérieure eft femblable à celle que M. de la Tourette a imaginé devoir fe trouver dans le corps qui doit avoir , fuivant lui , formé fà belemnite : mais fi ce corps eft creux, il eft probable que la belemnite n'eft pas le corps de l'animal même qui eft pétrifié : cet animal me paroîtroit alors être de la claffe des polypes ; les polypes ont le corps mou, & comme dit fort bien M. de la Tourette , il n'’eft pas d'exemple que les corps mous fe pétrifient, Le palmier marin pourroit être regardé dr un polype, I] 508 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mais aufii on pourroit plus probablement le rapporter à la clafle des étoiles de mer , & dès-là il ne feroit pas un vrai polype. Je placerai conféquemment le corps auquel la belemnite peut être dûe avec les tuyaux marins. Je trouve plufieurs rapports entre ces corps & les belemnites ; d'abord il y a des tuyaux marins tels que font les dentales, qui ont une figure conique, de forte que fi un femblable tuyau fe rempliffoit d'une fübftance de fpath fibreux & que le tuyau fe détruisit , il refteroit un corps femblable aux belemnites. Secondement, il y a des dentales qui font exactement coniques , c'eft-à-dire, qui ne fe courbent en aucune façon , d'autres {e courbent un peu , ce qui a du rapport avec les belemnites qui font droites & avec celles qui font un peu courbées. T'roifièmement , il y a des tuyaux marins dont la fe&tion horizontale n'eft pas parfaitement circulaire : il y a de même des belemnites qui font un peu aplaties. Quatrièmement , des tuyaux font divifés dans une portion de leur longueur par une cloifon, on pourroit expliquer par cette cloïfon , pourquoi certaines belemnites ont une lacune dans une partie de leur lon- gueur ; enfin les tuyaux marins , plufieurs du moins, s'ils ne le font pastous , font compolés de quelques lames appliquées les unes fur les autres, il y a de même des belemnites qui ont plufieurs couches. J'en ai eu une de Bougival qui eft des plus curieufes en cela, elle mérite d'être décrite ; elle eft de l'efpèce la plus commune, fa couleur d'un jaune d’ambre foncé, fa nature fpatheufe , fa figure conique: vers la pointe du cône qui eft café, il y a une lacune qui eft plus épaiffe fur le bord intérieur ; elle a comme un bourlet ; cette lacune eft plus large par le bas que par le haut: la pointe de la belemnite , qui eft comme je viens de le dire caffée, laiffe voir deux couches féparées par une matière de craie où de marne ; le milieu eft creux & rempli de la même matière : il me femble voir dans cette belemnite les mêmes chofes que dans certains tuyaux marins ; ces tuyaux font de plufieurs lames. qu'on diflingue très-bien dans toute leur longueur : à leur pointe, ce que j'ai encore dit ci-deflus , ils font féparés par une. cloifon courte, & au-delà de laquelle ce tuyau n'eft plus divifé ; il me paroit donc que la lacune de la belemnite a été formée par: | Di Er SONG EUR © ES 09 une femblable cloifon , qui s'étant détruite a laiffé cette cavité, qui a dû être plus large inférieurement que fupérieurement, les lames étant plus épaiffes , plus elles font éloignées de la pointe du tuyau : la couche intérieure de la belemnite dont il s'agit, n'eit pas à fibres rayonnées , mais d’une pâte #nie, ce qui me feroit penfer qu'elle eft une portion du tuyau qui s'eft confervée & qui na pas été fpathifiée : peut-être aufli n'eft-ce que de la matière de pierre à fufil dans laquelle cette belemnite eft enclavée. Tout me porteroit donc à croire que la belemnite fe forme dans l'intérieur de quelque tuyau marin, & que les différences qu'on trouve dans les belemnites ne dépendent que des différentes efpèces de ces tuyaux , ou des accidens que ces tuyaux peuvent fouffrir , {oit dans leur fioure , foit dans leur intérieur. En admettant ce fentiment, on peut encore facilement expli- quer la caufe productrice de ce corps auquel on a donné le nom d’alvéole, & qui bouche quelquefois la bafe des belemnites : on fait qu'il y a des tuyaux marins qui renferment un animal armé d'un opercule dur, qu'il porte fur un corps charnu, placé près de fa partie fupérieure ; cet opercule eft de la même nature que celle de la coquille ; cela fuppofé, on peut dire que lalvéole des belemnites eft lopercule pétrifié, qui a refté attaché à ces belemnites dans le temps de la pétrification , & que les belemnites qui n'en ont pas, l'ont perdu alors, ou que les tuyaux Favoient déja perdu lorfqu'ils ont été rejetés par les eaux de la mer, ou que la mer seft retirée des endroits où üls avoient crü. Tout s'explique donc en admettant le fentiment que j'embraffe; ce fentiment au refte n'eft pas nouveau , quelques Auteurs Font déjà adopté, mais ils n'avoient pas, à ce qu'il me fmble, auffi bien fait voir les rapports qu'il peut y avoir entre les belem- nites & les tuyaux marins que je viens de le faire : au refte, je ne donne ce que j'ai dit fur ces corps, que comme de fortes préventions que de nouvelles découvertes peuvent conftater ou détruire ; on ne fera bien éclairé fur la nature de ce corps, que lorfqu'on le trouvera dans la terre entièrement recouvert de fs Sff ij # Planche Il, Fig, 14: » Ibid. # Planche III, fs 72 8, d Planche I, fig: 2. < Ibid. fig. 9, a, d f Ibid. fig, ? êT 4 8Ibid. fe. s. s1o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE coquille. Je paife maintenant aux autres foffiles renfermés dans les cailloux de Bougival. Un qui doit être placé près de la belemnite , fi elle eft réellement un tuyau marin, eft une efpèce de vrai tuyau marin. II en fera queftion plus bas. Les coquilles bivalves {e rencontrent beaucoup plus commu nément que ces tuyaux dans fes mêmes cailloux ; entre celles-ci, les huîtres font celles qui s'y voient le plus, & dont on trouve plus d’efpèces : la plus petite que j'y aye obfervée eft du nombre de celles que l'on appelle huîtres à oreilles *, parce qu'elle eft à peu près coupée comme foreille extérieure de l'homme ; toutes celles que j'ai vues n'avoient qu'un battant ; d'autres petites huîtres coupées auffr en oreille font une fois plus grandes, & me paroiffent d'une efpèce différente. Une troifième P eft prefque circulaire & beaucoup plus confidérable par la grandeur ; elle fe diftingue fur-tout par fa charniere : au milieu du bord fupérieur de cette coquille, qui s'alonge un peu dans cet endroit, font des flries tranfverfales ; au - deffous de cette petite pointe en font d'autres © qui s'étendent aufli tranfverfalement , prefque d’un bord de la coquille à autre ; au bout de ces flries, il y en a encore d'autres qui font courtes, plus groffes & obliques ; un & autre battant de cette coquille font ordinairement prefque plats en dedans ou très-peu concaves ; affez fouvent aufii fa partie fupérieure de l'un eft très-enfoncée, ce qui ne vient fans doute que de la preflion que ce battant a foufferte du corps fur lequel l'animal l'avoit attaché lorqu'il vivoit. Une quatrième forte d'huitres qu'on trouve fur les cailloux de Bougival , eft de celles qui ont le bec recourbé de côté4, Une cinquième vient de celles qu'on appelle pelures d'oignon *, à at du peu d’épaiffeur ou de la fneffe de leurs battans : celles-ci font communément attachées aux échinites cafques, Un autre genre de coquilles qu'on voit dans les mêmes cailloux , eft celui qu'on appelle du nom de poulettes f,ony trouve de celles qui font cannelées longitudinalement , la plupart font comme ondées à eur bord inférieur ®, c'eft-à-dire que le milieu de ce bord eft très-profondément enfoncé ou concave, & que le même endroit de l'autre battant eft convexe & s'em- me mbayc ANE NN CES: Stt boite exactement dans l'autre; le plus orand nombre de ces poulettes eft d’une couleur qui approche beaucoup de celle du caillou où elles font renfermées ou attachées ; d'autres font d’un beau blanc : l'intérieur des unes & des autres eft très-fouvent rempli de craie ou bien de la matière du caillou, quelquefois cet intérieur renferme de petits cryftaux prefque quarrés, dont la furface fupérieure eft très-plate , plus grande que les furfaces latérales , qui font comme coupées obliquement , ces cryflaux font blancs ou noirâtres. Une autre coquille , encore aflez commune dans les cailloux de Bougival*, eft prefque circulaire, & fa partie fupérieure fe recourbe en dedans, comme celle des poulettes où plutôt des gryphites de Luid: cette coquille eft life , fon dos n’a feule- ment que des fillons tranfverfaux , occafionnés à ce que je crois par les prolongemens qu'elle a pris en croiffant : le premier de ces prolongemens eft beaucoup plus marqué que les autres ; on diroit , au premier coup d'œil, que ce font des coquilles im- plantées Fune fur autre, eflet qui n'eft pas particulier à cette coquille : on voit la même chofe à plufieurs efpèces de pou- lettes & de cames. Une autre fingularité que j'ai remarquée dans la petite coquille dont il s'agit, & qui dépend feulement de la façon dont elle a été faifie par la matière du caillou, lorfqu'il fe formoit , c'eft que prefque toutes les coquilles de cette efpèce font attachées fur la furface des cailloux par le bord inférieur ; rarement elles le font par un autre , de: forte que ces coquilles font faillantes fur cette furface : elles y font très-bien confervées & ont leurs deux battans, Le bec recoubé eft encore ce qui diftingue d'abord une autre coquille qui fe rencontre moins communément dans les cailloux de Bougival b; cetie coquille, que je n'y ai point trouvée entière, a le dos relevé , de groffes cannelures qui font imbriquées, c'efkà-dire divifées en petites lames qui s'élèvent un peu au -deffus les unes des autres , & qui font en recou- vrement comme les tuiles : un côté de ces coquilles eft aplati & comme coupé, ce qui leur donne affez la figure d’un cœur , fi on les regarde de ce côté lorfque les deux battans s Planche Il, fig: 4 bPlanche IT, fig 3° * Vid. Index teflar. Tab. 8}, eFlorent.1 743» in-fol, ** Did, Tab, 74 Je E,E, + Planchelll, Fig: 2, 12 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe font joints; c'eft ce qui les a fait appeler par Gualtieri *, conques en forme de cœur, & dont les côtés font inéoaux : celle qui eft foffile, & dont il sagit, eft ordinairement détruite; elle laïfle un noyau cannelé, & dont les cannelures font lifies ; des portions de la coquille reflées fur quelques noyaux, m'ont mis en état de pouvoir déterminer quelle pouvoit être la coquille à laquelle ils étoient düs : ces noyaux au refte font de la nature de la pierre à fufl, & d'un noir affez foncé. Gualtieri ** a fait graver à la Table 74, figures E, E, une coquille qu'il appelle peroncle , rude au toucher, oblongue, qui a une arête élevée au milieu du dos, qui eft comme doublée, & dont la couleur eft blanche ; en comparant la figure de cette coquille avec une femblable coquille foflile de Bougival * ; on ne peut prefque pas fe refufer à l'idée que ces coquilles {ont de Ja même efpèce ; la coquille foffile eft oblongue, blanche, finement cannelée ; ces cannelures qui font longitudinales & alternativement plus fines les unes que les autres , font hériffées dans toute leur longueur, de très-petites pointes , plus fines fur les petites cannelures que fur celles qui font un peu plus groffes : ces petites pointes rendent cette coquille un peu rude au tou- cher ; vers le milieu de fon dos, eft un fillon en demi-cercle qui fait que la partie de la coquille, qui eft au-deflus, femble renflée, & comme une coquille appliquée fur une autre: ce que Gualtieri a voulu, à ce que je crois, défigner en difant que fa coquille étoit comme doublée : outre cela la coquille foffile & celle de Gualtieri , font à peu près des mêmes di- menfions : Je ne douterois donc nullement que ces deux co- quilles ne foient de la même efpèce, fi javois eu les deux battans de celle qui eft foffile, & fi Gualtieri avoit dit fi fa coquille étoit cannelée longitudinalement : il fembleroit par la figure qu'elle le feroit circulairement ; mais ne feroit-ce pas {eu- lement une faute d’exactitude, dans laquelle on feroit tombé, induit en erreur par les efpèces de lignes courbes dont cette coquille eft marquée, & qui ne font que les indices des ac- croiflemens qu'elle a pris. Je ne fais pas trop à quel peigne on doit rapporter un battant DES SCIENCES. 13 battant de coquille” qui en paroït être un de peigne, & qui * Planche IL, eft difficile à reconnoître, ayant perdu une partie de fa fubftance; il eft cannelé longitudinalement ; fes cannelures devoient être groffes, comme on en peut juger, parce qu'il en refte à fon bord inféieur & par l'efpace qui et entre ces cannelures, & dont la profondeur eft confidérable pour une coquille qui ne l'eft pas elle-même. Si ce battant étoit d'une grandeur proportionnée à celle d'un autre qui me paroït encore être d'un peigne, je le croirois être de la même forte de coquille, s'ils n'avoient pas même appar- tenu à la même coquille; je fuis porté à croire qu'ils font d'une coquille de même efpèce : en effet, les cannelures {ont également grofles, les efpaces qui les féparent font profonds, fur-tout à la partie inférieure; les cannelures font comme im- briquées à cet endroit, de même que celles de l'autre battant ; toute la différencce qu'il y a entre ces deux battans, ceft que l'un eft plat , & l'autre concave ; celui-ci eft le fupérieur, autre l'inférieur des peignes auxquels ils ont appartenu. Sion vouloit rapporter cette coquille à quelques-unes de celles qui font gravées dans l'ouvrage de Gualtieri , je croirois qu'on ne pourroit la rapprocher d'aucune autre qui püt lui mieux con- venir que celle qu'il nomme coque en Jorme de peigne inequila- téral*, triangulaire , à flries rondes , grofles © imbriquees, & qui eft blanchätre. En effet, la coquille foffile a quelque chofe de la figure triangulaire , fes cannelures y font grofles & pro- bablement imbriquées , puifqu'elles le font à la bafe de fa coquille; comme elle eft enclavée par le dos dans le caillou, il a été impoffible de déterminer au Jufle ce qui en étoit. Toutes les coquilles foffiles dont il a été queflion jufqw'ici font d'une grandeur peu confidérable; celle dont je vais parler, en a une au-deflus des moyennes ; c'eft à cette coquille que font, à ce que je crois, dûes des quantités de morceaux de coquilles brifées qui fe rencontrent fouvent fur les cailloux de Boupival, &., qui pi connus fous le nom de srichites : les fibres de ces morceaux font de champ, & non tranfverfales ni circulaires, celles de la coquille font femblables & {emblablement difpolées ; Mém, 1764. SUB TE F3. +: b Ibid. fig. se * Vid. Tab, 88, fe *Planche II, fig. 6. bPlancheIV, : Àg. 4. “Ibid. fe. 5. à Ibid. fig. 7. “Ibid. fig. 1, £ Ibid. fig. 7. s14 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE quoiqu'elle ne foit pas parfaitement confervée ni entière; il en reflé cependant aflez pour faire connoître que cette coquille eft du genre des moules, des huîtres ou de quelque genre voifin de ceux-ci ; dans fon état actuel, elle a fix travers de doigt de longueur fur quatre à cinq de largeur dans endroit le plus larce * ; elle eft cercle tranfverfalement de légers fillons & de quelques autres plus apparens ; fa coùleur eft d'un blanc bleuûtre. Les autres coquilles que jai pu remarquer fur fes cailloux de Bougjival, font de petites cames, des huîtres, dont je n'ai pas parlé à article de ces coquilles, & quelques autres dont je ferai mention dans l'Explication des Figures, pour ne pas trop multiplier ici les defcriptions. Je finirai l'aticle des fofliles de Bougjival, par celle de plu- fieurs empreintes d'un ou de deux corps finguliers ; dont aucun auteur n'a, à ce que je crois, fait mention : on feroit porté à croire que plufieurs de ces empreintes font dûes à quelqu'animal du genre de la plume de mer ou de quelqu'autre de eette clafle : une de ces empreintes eft oblongue ?, le milieu eft formé par une plaque de même figure & de la nature de pierre à fufil : il fort de toute la circonférence de cette pla- que des rayons, dont la plupart fe divifent en deux branches par leur partie fupérieure ; une autre de ces empreintes diffère de celle-ci én ce que la plaque du milieu eft circulaire & beau- coup plus large ; fa circonférence jette également des Jayons qui { bifurquent & qui quelquefois jettent plufieurs branches; une troifième de ces empreintes a la forme d’une langue d ; ïl ne fort de fon pourtour que de courts rayons fimples, & l'en- droit le plus aminci & le plus étroit eft pointillé de petits mamelons. Les trois empreintes font de celles qui font les mieux dé- terminées ; lon en trouve d'autres qui paroïffent dépendre de quelques corps femblables ; mais qui ne font pas fi grandes ni f1 bien déterminées‘ ; une de celles-ci forme une plaque arron- die, recouverte de petits mamelons roufsûtres ; fa circonférence jete de petits rayons également bifurqués f ; les rayons d'une DMESsN Sicirte nie rs. s15 autre font fimples & fa plaque eft circulaire; cette plaque eft irrégulière dans une troifième *, & les rayons qui font détruits, *PlancheIV, ont formé fur la pierre un tifflu grainu & où l'on ne remarque fs: 6: aucun ordre; enfin on trouve des cailloux P qui ont une bande + ibid. fig. 3. de cannelures fimples, qui ne paroiïflent avoir été formées que par les rayons de quelques corps femblables dont le refle a été détruit. De quel genre font les corps qui ont occafionné ces em- preintes ou qui { font ainfi pétrifiés? j'avouerai fncèrement que je n'en connois aucun tiré de la mer, auquel on puiffe avec füreté les rapporter * ; lorfque je trouvai celui qui eft en quelque < 1bid. fs. 4. forte en plume de mer, je crus qu'on pouvoit le regarder comme l'empreinte d'un de ces polypiers ; fa figure oblongue, fes rayons, l'éminence oblongue d'où ces rayons partent, font un tout qui me paroifloit en approcher beaucoup; mais ayant eu par la fuite les autres corps que j'ai décrits plus haut, & ne pouvant guère douter qu'ils ne duffent être regardés comme étant du à même genre, je me fuis vu forcé d'abandonner mes premières idées: en effet, les corps à plaques circulaires ne diffèrent de celui en plume de mer, que parce que la plaque d'où les rayons fortent eft ronde & que les rayons font fimples, ou qu'ils fe divifent fimplement quelquefois en deux où trois autres rayons plus petits; ces différences ne font pas effentielles, la divifion des rayons fur-tout , puifque ceux de la feconde empreinte que j'ai décrite font fimples ou divifés en deux ou trois parties d; 4 [bid. fe. r, par conféquent ces différens corps, malgré ces variétés, peuvent être du mème genre & peut-être de la même efpèce, Mais de quel genre eft l'animal de mer qui les a formés? je le répète, je ne peux l'affigner. L’empreinte décrite en fecond lieu a tout l'air de celle d'une ortie de mer renverfée <; mais ° Ibid. fig. ÿ. l'ortie de mer eft un corps mou & charnu qui fe réduit en eau & fe corrompt très-promptement : peut-on croire qu'un corps qui-fe détruit aufli aifément & aufli vite ait pu refler affez Jong-temps enfoui en terre fans être entièrement diflout , & conferver au contraire fa forme pour en laifer l'empreinte dans un f£x, lors de la formation de cette pierre? j'aime donc Ttti Planche IV, Jg. 2, b Ibid. fig. 7. Ibid. fig. 4. AIbid. fe. 7. 16 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mieux laifler cette queftion indécife que de donner des idées fauffes ou hafardées au fujet de ces empreintes. Quel que foit au refte le corps qui les a formées, je crois que prefque toutes celles qui ont des plaques circulaires ou oblongues, ont li même origine & qu'elles ne diffèrent des autres que parce que les corps auxquels elles font dûes n'étoient pas entiers; un de ces corps eft fmgulier * en ce que la plaque étant un peu détachée de la mafle du flex, elle laïfle voir que fa furface inférieure eft couverte de quelques mamelons petits & couleur de rouille de fer roufsitre ; ces mamelons pourroïent faire penfer qu'ils étoient les attaches d'où pendoient des paites fem- blables aux rayons, & que ces pattes ont été détruites , j'ai fait repréfenter cette plaque renverfée, afm qu’on püt en diftinguer ailément les mamelons; ils ne font probablement de couleur de rouille de fer que parce qu'ils ont été teints dans la terre d'une difiolution ferrugineufe. L'empreinte qui n'a qu'une fuite de rayons parallèles P, pourroit être & n'eft probablement que fa moitié du corps marin qui a formé l'empreinte qui a la figure d’une plume de mer; en effet, fi on imaginoit celle-ci coupée dans {a longueur & tout près des rayons, & que ces rayons l'euffent eux-mêmes été vers le milieu de leur longueur, on auroit une empreinte © bien femblable à celle dont il-sagit ; quoique l'empreinte dont la plaque eft comme triangulaire & échancrée, n'ait pas de rayons bien déterminés, & que ce ne foit qu'un tiflu grainu & irré- gulier, je crois cependant que cet accident du flex eft dû à un corps femblable aux précédens, & que la deflruétion des rayons en fait fimplement la différence ; je n'ai fait graver au refte les trois empreintes précédentes que pour en faire connoître qu'on pourroit rapporter à toute autre caufe quà celle qui dépend de quelques corps marins foffiles. L'empreinte qui a la forme d'ur£ langue d, pourroit encore aroître très-différente quant au corps qui lauroit formée, de celles qui ont les plus grands rayons: les fiens font très-courts & beaucoup plus multipliés; mais il pourroit fe faire que fes grands rayons euffent tous été détruits & qu'il ne füt refté DES SCIENCES. S17 xe les pêtites pattes attachées aux mamelons de la fnface inférieure de Fanimal, & qu'une partie de ces pattes sétant étendue, ces pattes fe foient pétrifices ; il y a lieu de croire que cette partie inférieure avoit de ces mamelons, puifque l'endroit le plus pointu ou la pointe de cette empreinte eft grainue, & qu'il paroït que le corps qui a formé la plaque s’eft détruit dans cet endroit & n'a laiffé que l'empreinte de ces mamelons. Toutes les empreintes dont il vient d'être queftion ont , excepté celles qui font en plume de mer, été trouvées fur des cailloux de Bougival : le caillou où eft celle en plume, Fa été dans un endroit appellé Preault , près de Paffy en Normandie : je n’en ai parlé ici que parce qu'elle pouvoit éclaircir les difficultés qu'on trouvoit à expliquer les autres. La nature de quelques autres fofliles des cailloux de Bougival, eft plus facile à déterminer, on ne peut même avoir de doute à fon occafion ; ce font de vrais coraux ou madrépores , du nombre de ceux qui font très-petits ou d'une grandeur & grof- feur peu confidérables : Je plus fimple de ces corps eft globulaire”, il eft du genre de ceux auxquels on a donné le nom de pores; il eft en effet criblé d'une quantité de petits trous parfemés fur toute fa furface , & qui ne font bien fenfibles qu'à la loupe. On prendroit d'abord ces corps pour de petites boules de craie , des bourfouflures ou des mamelons de la pierre même , qui feroient recouverts de craie : fi on les lave & qu'on emporte avec foin cette craie, on diflingue très-bien , & für-tout à la Joupe, que ce font des efpèces de pores qui affectent toujours la figure globulaire ; les trous dont ils font criblés font fimples, c'eft-à-dire qu'ils ne font point divifés par des rayons comme les aftroites ; quelquefois ils ont un trou ou lacune à l'endroit de leur furface qui tient au caillou F : ce trou ou lacune eft accidentel , toutes ces boules n'en ayant pas une femblable. Je ne connoïs pas de pore pêché dans la mer qui foit analogue à celui-ci : il eft fingulier par f figure & fur-tout par fa petiteffe, il na guère que celle d'un grain de vefle, ou tout au plus celle d'un gros pois ; fa couleur eft ordinairement blanche, quelque- fois d’un roufsitre rouille de fer, * Planche V, Fig 6,8) h # Planche V, g, 8,1, m, bIbid. fig, 9 7 11. © Ibid. fg.7, é,k 518 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Un autre foffile encore plus petit & des mêmes couleurs , efk demi-fphérique* ; il doit, à ce que je crois, être rapporté aux champignons marins feuilletés ; fa paitie convexe eit en effet divifée par des efpèces de feuillets qui s'étendent du centre à Ja circonférence ; ce centre eft un peu creux : un troifième n'a pas de figure déterminée, il forme des plaques plus où moins grandes, fur des coquilles ou fur quelques autres corps marins ; on le peut rapporter à cette efpèce de madrépore qu'on appelle communé- ment Æfhara?, ‘c'eft en effet une efpèce de réleau dont les trous font ronds & très-multipliés ; je ne fais si n'eft pas de la même efpèce qu'un autre qui eft également en plaques, mais parfemées de mamelons ; il pourroit fe faire que les premières plaques ne fuffent trouées comme elles le font, que parce que les mamelons ont été emportés, détruits ou coupés horizonta- lement, & qu'ils ont laiffé à leur place des trous femblables à ceux qu'on voit aux premières plaques; l'on obferve du moins de ces trous dans les plaques à mamelons , qui ont perdu quelques- uns de ces mamelons ; ceux qui font reftés entiers {ont percés à leur pointe : on ne peut au refle douter que ces deux fofliles ne foient de vrais polypiers. Il en eft de même d'un autre qu'on pourroit à l'infpeétion de k figure que j'en donne ° prendre pour quelque portion d'échi- nite, qui auroit laiffé fur le caillou l'empreinte de quelques-uns de fes mamelons ; les trous de ce madrépore font ronds , petits & placés au milieu d'une cavité ; ils ont un rebord extérieur qui aun peu d'épaïfleur; la cavité a elle-même un rebord un peu plus épais que celui qui entoure le petit trou: cette fhruélure approche beaucoup de celledes empreintes que font les mamelons des échinites , mais ce qui prouve que le corps en queftion n'eft pas d’un échinite, cet qu'il a de femblables trous fur toutes {es furfaces. IL eft implanté droit fur les cailloux & détaché, excepté par le côté où il y eft adhérent; ce qui fait aifément diftinguer les trous. | Les polypiers fuivans font bien différens de ceux dont il a été queflion jufqu'ici ; ce font des portions de ceux qui fe ramifient & qu'on a rangés fous le genre des coraux ou des madrépores D'ÉrMNONC LU LIN CIELS: S19 ramifiés * ; le premier de ces corps a plus de rapport avec les vrais coraux qu'avec les madrépores, il eft liffe & fans trous, il a l'air d'une petite branche de corail blanc ou devenu blanc dans la terre, il jette feulement deux ramifications , ou fe divife en forme de fourche; une autre branche aufi petite?, & qui ne jette également que deux ramifrcations , ne diffère de celle-ci qu'en ce qu'elle eft parfemée de petits mamelons troués à leur pointe : une troifième © qui eft un peu plus groffe, en diffère en ce qu'elle a des trous qui font grands & larges en proportion de la branche, ils font en quelque {orte l'entonnoir, étant plus grands à leur ouverture que dans le fond; ils font rangés fur des lignes droites & Jongitudi- “males, lefpace qui eft entre ces lignes forme une légère arête ; ces trous font très-multipliés , il peut y en'avoir fur cette petite branche près de trois cents ; ces trous ne font pas en une moins grande quantité fur une branche d’une autre efpèce de ces corps, mais ils font beaucoup plus petits4, ne font pas l'entonnoir & font difpofés fans ordre fur toute la furface de ce corps ; enfin les trous font placés obliquement & arrangés de façon für une autre efpèce © qu'ils forment en quelque forte une fpirale autour du corps de cette branche; l'intérieur de la branche eft un réfeau fponoieux à peu près femblableà la partie fpongieufe des os des quadrupèdes; on obferve la même fhruéture dans une autre forte ', quoiqu'il foit à l'extérieur percé de petits trous difpolés fans ordre & inégaux en grandeur, Indépendamment de ces efpèces de polypiers qu'on ne peut pas méconnoïtre pour tels, on rencontre quelquefois dans des cavités de cailloux, des efpèces de petites colonnes de Jilex arran- gées parallèlement , qui pourroïent bien être des madrépores devenus entièrement de la nature de la pierre à fufl; mais da pétrification , fi ce font des madrépores , a tellement pénétré ces corps , quil ne refle aucune des marques auxquelles on peut les reconnoître. Les polypiers dont j'ai parlé, font les feuls que j'aie jufqu'à préfent trouvés dans les cailloux de Bougival ; on y obferve néanmoins un corps qui pourroit appartenir à un animalé, qui, sil n'éft pas de la claffe des polypiers, eft d'une qui en * Planche V, Fig r, b Ibid. fig. 2. < Ibid. fig. s, c, d, «Ibid. fe. 6, ef: < Ibid.fg.r1, ñn, 0, “Ibid. fig, 2, P:39 8 Planche IE, fig 10. * PlancheVI, fig. 9. b Ibid. fig. 4. < Ibid. fig. $, 4, 0, C 4 Jbid. figure Sr Ce S Planche I, fig-2,a—f. 520 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft proche, c'eft-à-dire de celle des étoiles; ce corps eft cou en portion de cercle, a de l'épaiffeur, & eft pointillé fur fa fuface extérieure & convexe ; les cailloux font de plus quel- quefois parfemés de petits grains irréculiers qui pourroient bien avoir fait partie du même animal ou d'animaux femblables. L'on trouve de plus, de temps en temps, fur les cailloux de Bougival, des veftiges de tuyaux marins, qui approchent encore plus des polvpiers que les étoiles; un de ces tuyaux eft tourné en fpirale, & fait deux ou trois tours {ur lui-même ; un autre * eft étendu horizontalement für le caillou, c'eft une efpèce de dentale h, droit & court ; un autre * a dans toute fa longueur des efpèces d'appendices formés par plufieurs plis parallèles, plus petits que lui, & qui lui font perpendiculaires ; ces appendices n'en font réellement pas, ils ne dépendent pas du tuyau; mais ils font formés par un autre tuyau plus petit 4, qui a crû près du premier & dans un fens contraire, ou qui s'eft ainfi ncrufté dans le caïllou , lors de la formation de ce caillou. Je ferai remarquer, en finiflant ce qui regarde les foffiles des carrières de Bougival, qu'on n'y rencontre point, fur les cailloux du moins, de ces coquilles connues fous le nom de vis, de buccin, de limaçon, de rouleau , &c. ce qui manque dans ces cailloux, eft très-commun dans ceux des carrières d'Iffy près Vaugirard ; on y voit plufieurs efpèces de turbi- nites *; ils en ont leurs furfaces parfemées , leur intérieur en eft même pénétré. Css cailloux ne font point, comme à Bouoival, répandus & dilperfés dans des lits de craie, mais ils forment un lit ho- rizontal entre des bancs de pierres , auffi ne font-ils pas irréguliers comme ceux de Bougival, mais plats ; leur couleur n’eft pas noirâtre, comme celle de ces derniers, mais d'un brun grisâtre ; ils prennent un beau poli : on en a fait des plaques de taba- tières, qui ont le tranfoarent des agates, leur couleur leur a été défavorable, & le Public ne leur a pas fait l'accueil qu'il fait aux agates d'Allemagne, même les moins belles : les Jouailliers qui en ont travaillé, n'ont pu parvenir à les rendre un objet de commerce, ils font donc reflés un pur füjet de DES Su TAEMVEE ES 21 de curiofité, & de ce côté ils méritent d'être recherchés : en effet, le nombre des coquilles qu'ils renferment , doit leur donner quelque prix aux yeux des Naturaliftes & des Ama- teurs de fofliles. On y obierve plufieurs efpèces de vis", plus où moins -alongées, quelques petits limaçons, une ou deux efpèces de cames, & quelquefois une efpèce de moule connue fous le . nom de petit jambonneau b; üs font outre cela parfemés d'une quantité de ces ammites, dont j'ai parlé à l'article des pierres à bâtir; tous ces corps {ont ordinairement devenus fx, ou plutôt ce ne font que des noyaux formés dans les coquilles ; i ne refle de ces coquilles que des portions très-mutilées , qui forment des taches blanches, qui étant emportées par le poli- ment, occafionnent des terrafles dans ces cailloux , lefquelles font augmentées fouvent par le déplacement des nlOyaUX ; Ces défauts ont encore contribué, avec fa couleur peu brillante de ,ces pierres, à les faire tomber en difcrédit ; quelquefois les coquilles font en fubflance & à peu près dans leur entier ; le petit jambonneau du moins eft dans cet état ; ileft long de quatre travers de doigt, fur un dans fa plus grande largeur ; ce morceau €ft d'autant plus curieux , qu'il efl rare de trouver cette coquille, & de la rencontrer aufli-bien confervée, quoique celle-ci ne foit pas entière; je croirois même que ce n'eft que la moitié d'un battant de cette coquille, ce qui me le ferait penfer, eft que la portion la plus étroite femble être comme unie à la plus large, avec laquelle elle forme une vive-aréte ; cette vive-arête feroit encore croire que cette coquille eft Ja même, ou qu'ellea beaucoup de rapport à celle que Gualtieri a fait graver à la Table 70, figure E; cet Auteur l'appelle pinne marine , un peu courbee , ridée par ondes de plus petites firies, d'un fauve demi-tranfparent, &r qui efl comprime. Les hauteurs des environs de Paris, font, dans certains en- droits, plus ou moins fournies de cailloux plats d’un blanc ou d'un jaune plus ou moins vif; ces cailloux {ont parfemés de petits corps contournés en fpirale, à peu près comme les fruits de certaines lufernes qui ont ces fruits ayrondis ; on remarque Mém. 1764 , Vuy “Planche I, fig. 2, Cofs a, b, b Planche TK, Fig, 1° 522 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE encore dans ces mêmes cailloux, d'autres petits corps cylindriques ou en forme de fufeau ; les uns & les autres font ordinairement devenus de la nature de l'agate , & leur couleur eft d'un affez beau blanc ; lorfque les premiers de ces corps font détachés du corps du caillou, on remarque qu'ils étoient dans des petites cavités dont les parois fontcannelées ; ces cannelures ont été for- mées par les pas de fpirale qu'ont les corps qu'elles contenoient. Je ne connois point de corps marins tirés de nos jours du fein de la mer, auxquels on puiffe rapporter les deux derniers foffiles ; je n'ai point non plus connoifflance d'ouvrages où lon ait parlé de corps fmblables , foffiles ou non foffiles. ” Quoique la variété des coquilles & des autres corps marins tirés de la terre dansles environs de Paris, & dont il a été queftion dans ce Mémoire, foit affez grande, le nombre s'en augmentera fans doute, lorfqu'on s'appliquera à en faire la recherche avec plus de foin & d'exactitude qu'on n'a fait jufqu'à préfent. Je ai prétendu dans ce Mémoire qu'ébaucher cette matière ; je ne doute point que ceux qui viendront après moï ne la perfeétionnent beaucoup ; j'y contribuerai même par des recherches continuées , & dans peu par un Mémoire fur des os fofliles qui fe font trouvés dans les plâtrieres des environs de Paris, dans lequel il s'agira auffi de ceux de quelques autres endroits de la France, EXP ESCARION- D'F SET CURE PULEMANTCLHT ES JU Ficure 1, morceau de pierre à bâtir, rempli d'empreinte de vis épineufe qui fe voit le plus communément dans ces fortes de pierres, Fig. 2, caillou de pierre à fufil des carrières d'Ifly , rempli de petites cames rondes a, d’alongées », de diffé- rentes petites visc, d,e, f. Fig. 3, pierre à bâtir remplie d'empreintes ou de noyaux de limaçons a, de vis 2, de buccins c, de cames d,e, de cœurs cannelés f, g, de tellines 4 1 mn î 4 ‘ > Figure T, Figure 2, Fig 3, Fig, 4, Hier ri, Figvi2, Fig. 13, Fig. 14, Figure 1, Fig, 2, D E1S:)S; C1 E N:C-E 5 523 P/£ ANCHE II. noyau d'une petite huître alongée. huïtre à talon alongé & un peu recourbé de côté. poulette arrondie & ftriée longitudinalement. came prefque circulaire, lifle & qui a un fillon circulaire, poulette ftriée fongitudinalement , & ondée à Ia bafe. gryphite arrondie lifle, & qui a un fillon circulaire, : } la même gryphite vue par le dos. , gryphite lifle bombée, & vue de grandeur naturelle. échinite cafque, avec des huîtres, pelures d’oignon marquées 4, 4. offelet demi-circulaire , & pointilléen deflus d’étoiles de mer. éliode détruit, dont la phique eft circulaire & le corps grainu. lepas life, circulaire, à rebords étendus & fominet mameloné, a le même lepas plus petit, 2 petite huître à oreille, c telline lifle & poiite. huïtre à oreille alongée. P IL'AUN IC HilEu ITTE moule appelée petit jambonneau. moule à côtes longitudinales épineufes. Fig. %, moule à groffes côtes longitudinales tuilées. Fo is Hg. 5, peigne à grofies côtes longitudinales. peigne à une oreille & à côtes longitudinales. Nota. Celui du n° 4 qui eft frufte, a du rapport à celui du Fig. 6, n° $, & n’eft peut-être qu'un individu de la même efpèce. moule qui a des ftries & des fillons demi-cireulaires. Æig. 7, huire circulaire à charnière tranfverfale. Fig. 8, la même coquille qui a fur le haut du dos un enfon- cement marqué 4, Vuuï 524 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALE P! L'ANGE, IV. Figure 1, plaque oblongue d’éliode grainue, & dont il part des rayons, vue en deflous. Fig. 2, corps fingulier percé de trous canelés, dont quelques uns ont un couvercle ; on n’a pu en déterminer la nature. Fig. 3, portion d'un élode ou plutôt d’un pennode , avecine partie de fes rayons qui font tronqués. Fig. 4, éliode à plaque oblongue , rayons fimples ow bifurqués. Nota On pourroit peut-être pltôt lappeler pennode, parce qu'il approche en quelque forte d'une forte de plume de mer. Fig. 5, diode à plaque circulaire & à rayons fimples , bifurqués ou ramifiés. Fig. 6, éliode à plaque irrégulière & à rayons confondus les uns dans les autres, & qui forment comme un tiflu réticulaire. Fig. 7, diode ou ghffoide à rayons très-courts & à pointe grainue. Fi, 8, éliode à plaque circuhire & rayons fimples, BALE ANR CÉHRE Ve Figure 1, corail blanc life bifurqué, il eft de grandeur na- turelle en 7, forcé en f. Fig. 2, pore branchu, dont les trous font irrégulièrement difperfés fur à furface , & de différente grandeur. Nota, Cette portion de branche paroît avoir été caflée ; cet accident fait voir que fon intérieur eft cellulaire ; il eft de grandeur naturelle en p, forcé en g. Fig. 3, pore bifurqué parfemé de petits trous de grandeur naturelle en z, forcé en . Fig. 4, pore globulaire & à lacune, il eft de grandeur ne turelle en a, forcé en b. Fig, $ÿ, pore conique dont les trous font infundibuliformes ; rangés fur des lignes droits; ileft de grandeur maturelle en r, forcé en d, lAe.R . des Je Men. à LL DONNE 1) EURE CONS TETE" 2 pars ie. > at eine armes Le Commis du L A te ; È < À À Ÿ Mem. de l'Le .R. des Je.176%. page 626. .PL.1. ts Men, de LAe.R des Vc.1704 .pagiä26. PI. 12, 4 Here 90 | à DINAN ACARTTAI TAG: Lei AO ga id da ES RE NUS. (Mir ier SES pr à ‘ * Î 4 RITES È R : NE: « = SE NNUT UREST we in , 2 SRERTE EN RRNQESE T NUS mere 1 1 HR à Ci4aé COPA LES 66 REPOS. - dat ed, £ | ei . E TR TET ja Hem de l'4e.R.des Se.1704.pag.528 PL.183.. TT. S'eubp de LA. 28. des «f2.1704.pag. 626. PL14. ” enr. » Le RTS PE NN dis | VPN ER Tel \ mnCLL ES PETE ES à Mem. de lAe.R. des Se1764-pag.S26.PL16 . Dir:s/ SG 1 EN C 26 s2s Figure €, e pore conique, dont les trous font difperfés Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. irrégulièrement fur la furface ; il eft de grandeur saturelle en e, forcé en f 7, pore globulaire, de grandeur naturelle en g, forcéen 4. 8, pore en lame plate, & dont les trous ont un rebord épais , de grandeur naturelle en 4, forcé en &, 9, fongite demi -fphérique & feuillée, de grandeur naturelle en 77, forcé en /, Pas 10, efchara à trous ronds. 11, pore dont les trous font arrancés en ligne fpirale,, de grandeur naturelle en #, forcé en o. 12, l'efchara de la figure 9 , forcé. Bt Ame HE. V1 Figure 1, pointe d'ourfin conique , à cannelures longitudinales: Fig. & épineufes. 2, corne d’ammon à groffes cannelures , & deux rangs de gros mamelons fur le premier tour de fpirale (pyritheufe ). 3, pointe d’ourfin pyriforme, life, aplati latéralement, 4, dentle conique, droite & life. ÿ, tuyau marin en zigzag, de grandeur naturelle en a,. forcé en L, cell un autre tuyau marin de même efpèce. 6; corne d’'ammon à grofles cannelures & fleurie, { pyritheufe ). 7, portion de quelque corail, pore ou madrépore. 3, échinite à écailles polygones & demi-fphériques. ÿ , tuyau marin contourné en tire-bourre , de grandeur naturelle en c, forcé en 4. 10, fpatgus ou pas de poulain, 11, échinit, bouton élevé. F CCR Vuu üj 526 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royaze OBS ERVATAOINS BOTANICO-MÉTÉOROLOGIQUES, Faites au château de Denainvilliers, proche Pithiviers en Gâtinois, pendant l'année 1763. Par M. pu HAMEL. AVERTISSÈMENT. I ES Obfervations météorologiques font divilées en fept colonnes, de même que les années précédentes. On s'eft toujours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, ou du terme de fa glace: la barre à côté du chiffre indique que le degré du thermomètre étoit au-deflous de zéro; quand les degrés font au - deflus, il n'y a point de barre; o défigne que la température de l'air étoit précifément au terme de la congélation. IL eft bon d'être prévenu que dans l'Automne, quand ila fait chaud plufieurs jours de fuite, gèle, quoïque le thermomètre, placé en dehors & à l'air libre, marque 3 & quelquefois 4 degrés au-deflus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & fa boîte du thermomètre ont confervé une certaine chaleur ; c'eft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée. Les Oblfervations ont été faites à huit heures du matin, à deux heures après midi, & à onze heures du foir. DAEMSUSNC IE NICE NrtS: 527 IRAN E PIC ERR: beau avec vent. variable avec venvoles de neige, variable avec pluie. variable fans pluie. him puutm NL ES ? THERMOMÈTRE. Lt | Baromètre ÉD AIRNDIOMG:T EL: ï Matin | Midi. | Soir. Degrés. CRE DE pouc, lign But uTit dé re S. E. |—2 |—1 |—2 |27. 6 |brouillard. N.E. |—4 |—1 |—5 }27. 6 {beau foleil. NE; 82+|—4 |—5 |27. $ |beau & couvert. NE. |—5$ |—4 j—4 |2 $ z| brouillard & grand givre, N. E. |— 3il—1 |—31|27. 6+|variable & couvert. N. E |—32l— :|—4 |2 6 |beau avec bruine. N. E. |—6 2l—32:/27. 62}beau foleil. N.E. |—6 |—5$5 |—5 27. s$s: | 13 | 19 | 122,27. 6G|variable avec petite pluie & tonnerre, 4 E. 12 19 13 |27. 4+|beau avec nuages. s N.E. | 12 | 181] 112/27. $ [gros nuages & tonnerre au loin. 6 N. E 13 8 |27. G£L|beau & froid. 7 | N-E. 7 | 14 9 |27. 8 |beau avec vent froid. sé ITNUE 9] 14 8 |27. 8 |beau avec nuages. 9 | NE. 8 | 14 9+127. 8. |beau & froid, 10 N.E. 10 17 13 |27. ‘7+|beautemps. ris MOMNMr2É lol ur 25724046 ga! |S. Où r2 laz LL i2El27. :7 Late avec de gros nuages, 13 N'ES 13 182 13 |27. 73 ù 14. E. 13 | 23 | 16 127. 7 |tonnerre fans pluie. 15 | SE. | 15 | 24 | 14 |27. 5 2] variable avec tonnerre & petite pluie. 16 S [14 | 19 | 132127. 4 [variable avec gros nuages. 17 S. 133] 14 | 12 |27. 41|variable avec pluie & tonnerre. 18 ©. 13 | 16 | 14 |27. 6 |variable avec pluie. 19 | S. O. | 144] 192] 16 |27. 6X|beau avec nuages. 20 E 15 | 223] 145127. $ |variable avec pluie & tonnerre, 21 E 142] 21 | 16 |27. 3 1|variable avec brouillard. 2241940 14 | 16 | 13 |27. 2 |variable avec pluie. 23 | N.O. | 14 | 16 | 11/27. 6 |beau temps. 24 | N.O. | 14 | 20 | 17 |27. 7 |beau avec nuages. 25 S 16+| 19 | 1725127. 6 |beau temps. 26%] 15:10 13 | 193] 15 |27. 5-| variable avec petite pluie. 27 S 15 1202451127 7 28 S. 15 |artl istl2z. 8 beau avec nuages. 29 Et 17 | 17 | 14 |27. $:|variable avec pluie & tonnerre. 30 | S 13 | 17 | 12 27. : 4£|variableavec petite pluie & grand vent. Men. 1704. lu Yy 33 MÉMoiReEs DE L'ACABÉMIE RoyaLE JL eft tombé peu d’eau ici pendant ce mois , mais cela n'a pas été général, & il y en a eu beaucoup dans les endroits où les orages ont paffé.. Le 1% on a vu des mouches cantharides; le 8, oncommençoit. à fervir les petits pois & les fraifes; le 10, on a vu des petits chênes femés de année qui avoient été gelés le matin : on a fait du feu dans les appartemens jufqu'au 12, le froid a fait périe beaucoup de jeunes poulets. Le 16, on ne voyoit prefque plus de hannetons, & on: entendoit encore le roflignol le 3 0. Le 21,un-brouillard froid a brûlé la pointe des oïgnons dans: les potagers ; à la fin au mois où a mangé les fraifes, les guignes: & quelques ceriles qui n'étoient pas bien mûres. ! Il y avoit au commencement du mois une grande quantité de chenilles fur l'épine blanche, mais on n'en voyoit plus à la: fin , apparemment que Les vents froids qui ont régné pendant quelques jours les ont pris dans la mue & les ont fait périr. Les blés étoient très-beaux , ainfi que les avoines qui ont profité des petites pluies furvenues de temps à autre, & qui ont fait grand bien aux pois, vefles, &c, L'année eft très-tardive ,. car la vigne eft en pleine fleur , ainfi que les orangers. Vers le commencement du mois, il eft furvenu fubitement une maladie fur prefque tous les chevaux & les vaches, elle- n'en a fait périr que très-peu ,. nous en parlerons dans la fuite. On a commencé le 2 1 à couper les feigles, & on en coupoit encore le 26 ; le 30 on navoit pas encore commencé la moiïflon des fromens. : Pour vérifier combien les chiennes portent , on a obfervé qu'une chienne qui n'avoit jamais eu de chiens aété fervie le lundi 11 Avril à dix heures du matin pour la première fois, & elle a commencé à faire fes chiens le jeudi 1.6 Juin à une heure après midi, ainfi elle a porté 9 fmaines 3 jours & 3 heures. DÉS SCIENCES 539 L'OPRESLEETT: THERMOMÈTRE. VENT Baromètre ÉTAT DU CIEL. Matin | Midi. | Soir. Degrés. Fit TVR pouc. lign, S. 13 | 14 | 10 |27. 6 ! Jvariable avec pluie & tonnerre. SO 4438 842,87 à © beau avec nuages. S. ENS VENT AN ETES E. 1621 1857 112|27 , | variable avec pluie & tonnerre. S.O. | 11 | 16 | 121|27. variable. S. O. | 11 | 122] 15:/27. É beau avec nuages. ©. 12 | 20 | 14:/27. 732\|variable avec pluie. S. O. 1 14 | 20 | 143127. 6 |idem. S. O. | 12 | 16 | 13 |27. S$2lidem. S: 12 181 413 eye +52 S. ©. 12 | 16 | 13:l27. 6 bu avec nuages. S. 13 | 172] 16/27. S$ |variable avec pluie. E. 14 | 19 | 153127. 4+|variable avec pluie & tonnerre. S. 15°] 12 | 11 |27. $ |idem, avec grande pluie. S. 13 | 132:| 15 |27. $ {pluie par averfes. S. 12 | 15 | 125127. 6 |variable avec grande pluie. S. 12 | 165] 12 |27. 62|beau avec nuages. S. 13 | 16 | 141127. 6 |variable avec ondées. S.O. | 14 | r8 | 14 |27. 6 |variable avec bruine. O. 13 | 16 | 105127. 81|beau avec vent & nuages, O. 11 | 18 ! 13 27. 82|beau avec nuages, E. 14 | 18 | 16:/27. 4+lidem, & venteux. S. 14 | 19 | 13 |27. s$s |variable avec grande pluie & tonnerre. S. O. | 13 | 15 | 105127. 7 {variable & pluvieux. S. O. 12 | 16 | 14:|27. 6 |beau avec nuages. Se 12 À 17 | 14:|27. 4 |variable avec ondées. S.O. j 15 | 1731 15 |27. S$ |idem, avec pluie. S. O. | 15 | 182] 141|27. 6 \variable avec vent & pluie. S. O. | 13 | 182).15 |27. 6 eau avec nuages. S. O. 112] 16 | 12 |27. $ <\variable avec ondées, S. O. | 13 | 1721 13 |27. 6 idem, Yyyi 540 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaLE Ce mois a été fort pluvieux , il n'eft cependant pas tombé une auffi grande quantité d'eau qu il en tombe que Iquefois par un orage, car les mares ni-la rivière n'ont augmenté , mais comme il a plu prefque tous les jours, foit par des ‘ondées ou. par de petites pluies continues , la terre a toujours été humide ; &c conune l'air à toujours été frais, on peut même dire froid poux un mois de Juillet, toutes les productions ont été retardées.. Il y a eu dela vigne en fleur jufque vers le milieu du mois ; c'eft pourquoi il y avoit des verjus de toutes les groffeurs, le vin a un peu augmenté de prix aux approches de la môifon! parce: que les fermiers en ont fait de petites, provifions pour donner à leurs moïfionneurs. Pour ce qui eft des orangers ils ont commencé tard à fleurir, mais la fleur a duré longtemps : ; I yaeu beaucoup de fleurs. fur les arbres, les fruits de l'année dernière étoient très-beaux , & on ignoroit encore f1 ceux de cette année noueroïent bien, Il y a eu fort peu de cerifes, elles n'étoient ni belles. ni bonnes, parce qu'on a été obligé de les cueillir vertes, attendu que les oïfeaux auroïent tout mangé, ce qui arrive quand ce- fruit n'eft pas abondant. Vers la fm du mois, on a mangé la prune jaune hâtive, quelques abricots , les avant-pêches blanches, puis les avant pêches de Troies.. A l'égard de la maladie des chevaux & dés vaches, il n'y en avoit plus dans le pays, mais elle avoit gagné la Beauce, & elle a été pendant le courant de ce mois le long de la route. d'Orléans & dans le pays Chartraine D ES MOACÂTIE ENT CES: s41 AOUSTF., are THERMOMÈTRE. du [VENT | a | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir. re 7 | Degrés.| Degrés [ave pouce. lign. | I SE, 14 | 16+| 15 |27. 6<|petite pluie continuelle, 2. USVE; 16 | 25 | £9 |27. s |beau, chaud & brumeux. 3 | S. O. | 16 | 19 | 14 |27. 7 jbheau avec nuages. 4 | S. O.1l 132 1731 13 |27. 6 |couvert avec ondées. 5 | Se O. | 13 | 172) 12 |27. $+|variable avec grand vent & ondées, 6 | S. O. | »3 | 15 | #1 |27. $+|pluie, grêle & tonnerre. 7 | S. O: | 12 | r7 | 12 |27. 8 |variable avec nuages fans pluie. s S. O. | 124] 18 | 14 |27. 8 |beau avec nuages & vent. 9 | S. O. | 16.| 21 | r52/27. 8 |idem, fans vent. 10 | Ne | 14 | 20 | 15 |27. 9 [couvert. fI E. 16 2 170127: 16 [ra temps & tonnerre, 12 O. 17 Mezo HSM Ho (beau temps. 13 N. 18 | 19 | 14 |27. 8: 14. E. 14 | 20 | 17 |27. 44]variable avec petite pluie, 2 By. de i pu bi Lie Pi Hp Sa beau avec nuages. 17 | SE. | 18 | 26 | 19 |27. 6£|beau & grand vent brülant. 18 | S. E. 84 2601 2101272 008 Ne 19 S 19 4 28+| 20 |27. 8 5 # ps 2 Ha se wa 2 beau avec nuages. 22 O. 14 | 182] 152/27. 732|grand vent & petite pluic. 23 SO: 152] 20 | 16 |27. 6 grand vent. 24 1 S. O. | 121] 172] 132127. 7-+|beau avec nuages. 2 SO: Nr 172:| 121127. 9 : 20 LS AE DS N2 01 INEN 27 EE 27 | S. ©: | 14 | 23 | 181/27 8 de Feb 28 S: 15 17 | 16 |27. 7 |variable avec petite pluie & tonnerre. 29 | S. O. | 14 | 17 | 14 |27. 6 |variable avec pluie & tonnerre. 30 O. 12 | 17 | 13 |27. 8 |beau avec nuages. 13 |27. 62] variable avec petite pluie. Len] em Z (a a = QE om c DPI ESRI ORDER ON EEE ENSEE SRE PRE AUTE nt Y yy iÿ 542 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le commencement de ce mois a été humide & frais, le milieu chaud & fec jufqu’à la fin; en général , il n'eft pas tombé beaucoup d'eau, car les mares étoient à {ec ; à la fin de ce mois, il y avoit beaucoup de puits de taris & les fources donnoient peu d'eau. La moiflon du froment a commencé avec le mois & a fini dans la dernière femaine , le commencement du mois a été pluvieux, mais comme la pluie n’a pas été continuelle & n'eft tombée que par ondées , la moiflon na point été interrompue, on a feulement été obligé de ferrer tous les jours le blé qui avoit été coupé dans la journée fans le laïffer javeler. A l'écard des avoines, elles n'étoient à la fin de ce mois qu'à moitié ferrées. La récolte des blés, des avoines & des menus grains en général a été fort abondante , tant en grains qu'en fourrages , il n'y a point de fermier qui n'ait été obligé de faire des meules tant de blé que d'avoine, Les foins ont donné beaucoup de travail pour les ferrer , parce uil a fallu les mettre fouvent en meules pour les empêcher d'être mouillés par les pluies qui font venues au commencement de ce mois. Les verjus ne faifoient que commencer à tourner, il n'y avoit encore que quelques grains qui le fuffent. Il y a eu peu de maladies pendant la moiflon. D) ES ISNCUT'E MU C'EES: s43 SEPTEMBRE. THERMOMÈTRE. du | VENT. | us | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir. ne en | nee erenennes Degrés.| Degrés.| Degrés.| pouc, lign. 143] 18 | 132/27. 6 |variable avec grande pluie. sale ; variable avec pluie. On 8960 — I 2 3 101! 14 | 10 |27. variable avec pluie & tonnerre. 4 9 | 16. | 11127 S SO: 12 175| 121127. un avec nuages, 6 S:0; IDE M 'OMIRrEEZONE POUR MaAN 27 7 [b eau avec nuages ;. temps lourd; BAIN let are rs ler 9 | So. l12 |i7 | 14 |27. 7. eau avec nuages, 10 | S. O. | 104] 145] 11 |27. 424]variable avec petite pluie & vent. I! S*O0! 10 132] 10+/27. 3 |variable avec vent. 129 |: IN: O: d “ro? |: 124 +127. 4%|variable avec ondées, 13 | N.O. | 10 | 15 ; 10 |27. 624|variable & nébuleux avet ondées.. 14 | N. O. +| 11 2127. 6 |couvert & pluvieux. IL NN./O: Sie 2127. 82+|beau avec nuages. 16 SO: 1] 14 | 112127. 72 17 | S. O. | r11] 145] 12 |27. 8 couvert. 18412 SN OUT LS IS 27117 19 | S. O. | 12 | 16 | 13 |27. 4 |variable avec nuages, 20 S. 13 | 17 | 10 |27. 3 |beau avec nuages & tonnerre, 21 O. 112] 16 | 111/26. 61|beau avec nuages. 22 | N.O. | 192] 15 | 10 |27. 10 [variable avec grand brouillard: 23 N. 101 | 16"| 10,127, 177 24 N. 92| 16 8 ]27. 187 25 N. % 125 65127. 7 Ne N. 6 | 13 7:27. 6 beau temps. 27 N. 641 13 92127. 43 28 N. 6 12 61l27. 6£ 29 N. s | 11 5 [27 62|beau temps, il gèle dans les bas. | 641510; 4] 12 6 |27. 6 |beau temps, gelée. 544 Mémoires D£ L'ACADÉMIE Royate Ce mois peut pafler pour fec & frais ; le commencement a été variable, & la fin très-belle, Il a fait bon labourer les terres pendant tout le mois. On a ferré les avoines dans le commencement du mois : tous les Fermiers ont été obligés de les mettre en meule avec une putie des blés. Les verjus ont tourné pendant ce mois ; cependant à la fin il n'y avoit point de grappes où il ny eût des grains rouges. Comme les fraîcheurs & les gelées de la fin du mois avoient grillé les feuilles de vignes, elles étoient prefque dépouillées dans plufieurs cantons; ainft on a été obligé de faire la ven- dange de bonne heure, quoique dans l'état où étoient les raifins on ne s’attendit à faire que du vin très-verd, ce qui a fait monter les vins vieux de l'année dernière au double du prix qu'ils étoient. I y a eu beaucoup de prunes qui ont été très-bonnes ; mais les pêches qui ont müri au commencement du mois , étoient fort mauvailes ; celles qui font venues vers la fin ont été meilleures. Il n'y a point eu pendant ce mois de fièvres malignes ; mais plus de fièvres intermittentes qu'on n'en avoit vu depuis quinze ans; elles ont cédé aux vomitifs & au quinquina. Il y a eu au marché de fort bon blé nouveau à 9! rofle fac, pelant 230 à 240 livres; Félite du blé vieux ne pañloit pas 13!, & l'avoine 61; ainf elle étoit proportionnellement plus chère que le froment. OCTOBRE. DES SCIENCES. 545 ONCHTROLBVR VE. LE ) THERMOMÈTRE. VENT. | a mm | Baromètre ÉTAT DIU CIE L: Main Midi. | Soir. Dies (Der Dies la MR TINITITE SO! 4AF] 13 12 |27. O |couvert. S. O. 142] 17 | 122126. 10 |ionnerre, grande pluie & grand vent. S:10: 10 14 5127. 2 |variable avec vent. SO. Pete) 5 |27- 7 variable avec pluie & grêle. S.hO: A ET 9 |27. 7 lcouvert. SO: 6 21 42/27. 7 |grande pluie. N. O. 2 8 3 |27- 10 |beau temps, gelée blanche. SO. 1 8 5 |27: 5 |couvert, gelée blanche. S 10: $ 10 5 |27+. 4 |variable avec grande pluie. N. O. S 9 3 127. 61|variable avec pluie. O. 4 8 42127. 7 |couvert & pluvieux. N. 2 7% 2,127. 10 N. I 8 3 127:) 9 4 beau temps , gelée blanche. EE: I 10 Élus N. E. + | 12 62127. 6|heau temps. N,.E. ATOS 7 |beau & venteux. E; jh 6/2 8 Fa s | 14 81/27. 8 à Veau avec nuages. N. $ | 7 | 427. 9 |brouillard. N.E. 21] 4+ 1 127 9 |variable avec brouillard. N. 2 2402 127007 ouvert & brouillard, N. I 14 627 y [beau temps, gelée à glace. NE, | 3 | 142] 7 |27. 9 de 4 3 15 8 27e { eau temps. S. 7 | 14 | 11 [27 62|variable avec nuages. SUOMIRION EL 10 |2 7 |couvert. 2 N° E: 10 13 10 |27. 7 |beau temps. 28 N.E, 10 12 105/27. 7 |variable avec brouillard. 29 N.E. 9 | 11 | 10 2 7 lidem, 30, |? SE: 9 4 9 |27. 6 |couvert. 31 S. pee QE 9 127. 3 [grand vent & pluvieux. Men. 1764: pass Liz ER ED PE ET M EEE 546 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALr= On a commencé la vendange le $ , le temps étant fort difpofé à la pluie ; une partie des raïfins étoit rouge, fur-tout dans les jeunes vignes & les gouas. Le 12, on a commencé dans les fromentés ; les grappes paroïfloient bien mûres, mais les grains étoient en partie rouges par la queue : on a fait laiffer fur Le fep les grappes rouges, & mettre à part la bonne ven- dange : il avoit gelé blanc le matin, & le temps fut fort beau toute la journée. Toutela vendange a été faite par un très- beau temps ; les dernières vendanges ont bien bouilli, & le vin a été auffnôt fait que celles qui avoient été faites la femaine précédente par la pluie. Les raifms ont demeuré environ quinze jours dans les cuves; la vendange n'a pas beaucoup pouffé d’écume ; le bouillon étoit couleur de rofe, & cependant plus rouge que certaines années où les vins font moins verds. On prévoyoit qu'en général le vin feroit verd, & qu'il auroit peu de couleur ; on verra dans la fuite qu'on ne s'eft pas trompé. Une toux épidémique a attaqué les chevaux ; ils ne jettoient pas par les nafeaux comme ï eft d'ordinaire à la Poujole , mais ils étoient fort dégoütés, fans cependant ceffer de travailler lorfque le dégoût n’a pas été confidérable : les ânes ont auffi été attaqués de la toux comme les chevaux, maïs cette maladie n'a point eu de fuites ficheufes ; elle n'a point attaqué les bêtes à laine ni à corne : les uns ont donné des béchiques & des remèdes rafraichiffans , d’autres ont donné des breuvages échauffans , & ceux à qui on n'a rien donné ont guéri comme les autres. Dr ES SUCER INtTCLENS. 547 NOVEMBRE. THERMOMÈTRE. VENT nn : Baromètre ÉTAT DU CIEL. Matin mel Soir. S. 6:| 9 $ 127: 3 |variable & couvert. SO! 5 8 4 [27 3 |beau temps S. O. 32 Al ON e7 03 | beau avec nuages S. 7410 ONI27Nr S. 6 11 19 |27. 6 ve & pluvieux, S 92| 12 | 10 |27. 4£ S. O. 9] 13 z|27- 3 2 [couvert & variable. SE. | 9 [13 | 9 |27. 3 : si 8 TON role 5: fpluvieux. SA0: SAIT 8 |27. 7 |couvert & bruine. INONES 8 9 7 |27. 8 lidem. NÔYE 3 7 4 |27+ 9+|beau & variable. NÔYE: + ÿ 3 |27: 10 couvert. N. E. |— :| 4 © |27. 117|beau temps, gelée blanche. N.E. |— 5] 3:5— 2:27 10 i Sr AN LS 34 o 27. 8: ( beau temps. N. Oo |—33—1 |27. 721|variable avec bruine. N. O. [—3 13|—2 |27. 8 |beau temps. N. ) O |— 3227. 4+|venteux x nébuleux. N. O. |—3 |—1:l—11/27. 524|variable avec nuages. N. 13] © |—3:|27. 6 |variable avec neige. N. —42|—32|—7 |27. 112+|beau temps. S. O. |—3 |— Z|—1 |27. 1012|couvert. S.O. |— +] 3 }—71 |27. 10 |beau avec nuages. S. O. l— 1 3 12/27. 9 |beau temps. IDE 15| 4 $ {27: 8+|brouillard & pluie. S: 6 8 6 |27. 9 |couvert & bruine. S10: 6 8 7 |27. 8 |couvert. SO; S 8 7 127. 8 1|couvert & bruine. SO! 8 9:| 9 |27. 6 |couvert & bruine avec vent. ANNEE DRE RENTE BOIS CRE TAN | see Z22 ij 548 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le commencement du mois a été variable, le milieu très- froid , la fin pluvieufe. Les blés ont très-bien levé , ils n'étoient pas encore achevés dans les terres noires ; le blé étoit toujours au plus bas prix , le plus beau ne pañfant pas 13 livres, &c il y en avoit à ro livres, l'avoine 5 livres le fac. Les vins vieux étoient très-chers & recherchés, füur-tout pour la couleur , parce que ceux de l'année en avoient peu & étoient très-verds ; cependant il y avoit du choix, car ceux qui avoient été vendangés par le beau temps furvenu après la pluie, étoient moins verds que ceux qui avoient été vendangés par la pluie; d'ailleurs le fruit des vieilles vignes étoit beaucoup plus mûr que celui des jeunes ou des vignes fumées ; ain il y avoit du vin de prix différent , mais tous étoient d'une qualité médiocre. Le 18, il n'y avoit plus de feuilles aux arbres, excepté à une partie des bouleaux. Le 19, il eft tombétrois pouces d'épaiffeur de neige , mais comme il faifoit beaucoup de vent il s'en eft amañlé l'épaiffeur de trois pieds dans les bois, & elle eft demeurée fur la terre jufqu'au 26. DUEMS HOHGÉLRESN CAES 549 DÉCEMBRE. : THERMOMÈTRE. | - du |VENT. | a | Baromètre ÉTAT -DU CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Degrés. | Degrés. I S. 9 | 10 8 |26. 9 |grand vent & pluvieux. 2 O. 4 4 3 |27+ 8 |vent forcé & pluvieux. 5} DPRENOP o 42| 22/28. » |beau temps, gelée blanche 4 S. 3 SAME 9 |couvert. 5 | SE. | olasl= 17 6 | 6 E. re NEA 6: beau temps , gelée blanche. 7 E. |—2:| 32] 1 {27 9 beau temps. 8 12 1 3 1 127. 9-+|variable avec brouillard. CHEN RER TE $ 1 |27. 11 |beau temps. TON SO: o 4 12127. 8 [beau avec brouillard. 11 SO: S 6 3 |27+ =|variable avec pluie & grêle, 12 S. 5 7 7 126. 3 |vent forcé & couvert. 13 E: 3 S 2 |26. 6 |couvert. Li fe : ” : 5 “ À couvert & Pruine, 16 0. 3 4 1 |26. 112) beau avec nuages. 17 | N° E. |—2i| 1 © |27. » |brouillard & givre. 18 | N. E. |— 11] o |—1 |27.26.10| couvert & givre. 19 N. o I 1 |27.26.10| brouillard. 208910 o 3 3 [27 2:2|beau & variable fans pluie. 21 S. 3 32:| 6 |27. 32|pluie & vent, 22 S: 321 7 43127. 3 |couvert. 23 S. s:|l 8 | 62|27. 4 |idem. 24 S 4:l 6 61/27. : [pluie & vent. 2 SO: 6 s 32127. 4 pluie froide & grand vent. 26 GE 2 42| 4 |2 3 |couvert. 27 S, 34| 9 7 |27. 5 2+|grande pluie & vent. a. ne ke 2 : FE gs teouver & pluvieux. 30 | S.O. | 11 | 114] 11 27. 4 [pluie & vent. 31 SO: 8 8 . G |variable avec vent, 550 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE Depuis trente ans que j'obferve le même baromètre , je ne J'ai jamais vu defcendre fi bas que le 1 2 de ce mois, à 2 6 pouces lignes ; cependant nous n'avons eu qu'une bourrafque de vent de fud affez violent pendant la nuit, & il eft encore à remarquer qu'il eft demeuré très-bas contre l'ordinaire , car ordinairement après être defcendu très-bas il remonte fort haut, & prefque fubitement, au lieu qu'il eft demeuré le 1 3 à 26 pouces 6 lignes, le 14 à 26 pouces 9 lignes, le 15 à 26 pouces 11 lignes, le 16 à 26 pouces 1 1 lignes À; le 17 à 27 pouces, & depuis il a toujours été fort bas & le temps pluvieux & venteux. ÎDÉE GÉNÉRALE DES PRODUCTIONS DE LA TERRE, pendant l'année 1763. _ CHANVRE S: Les chanvres ont été de bonne qualité cette année ; mais ils ont manqué en Sologne : le Berri n'a été qu'à moitié de récolte ; la Bourgogne à deux tiers, le pays de Cofne à moitié; le prix eft à peu près comme l'année dernière, environ 30of le cent : la récolte à Malesherbes dans le Gâtinois, avoit été bonne , la filafle commune y vaut 40 livres, & la femelle choilie 45 livres. MALADIES. Il y a en cette année plus de fièvres intermütentes, & beaucoup moins de fièvres malignes qu'il n’y en avoit eu depuis trente ans ; le quinquina a été efficace pour les guérir. Dans le mois de Décembre, il a couru beaucoup de maux de gorge , dont l'inflammation fe communiquoit à la poitrine; plufieurs qui ont été faïgnés en font morts, ceux qui ont été traités par les tifanes rafraichiffantes & acidules , en font revenus. IL eft furvenu fubitement vers le commencement du mois de Juin, une maladie fur les chevaux & les vaches, qui a attaqué prefque toutes les bêtes des villages en trois ou quatre F-1 D''E:-Si 9,0; L'E' NaCu ES S51 “Jours de temps ; cette maladie eft venue du côté du haut Gäâtinois, & a commencé dans ce pays-ci après la foire de la S. Pierre : elle fe manifefloit par un petit bouton blanc deffus ou deflous la langue, & quelquefois, mais rarement, deffus & deflous ; le progrès étoit fi rapide , qu'en douze heures de temps le bouton ou la petite tumeur devenoit large comme la main & prenoit une couleur violette ; cependant les animaux malades ne perdoient pas l'appétit, mais cette efcarre gangréneufe ne tardoit pas à leur faire tomber la langue lorfque lon n'y apportoit pas le remède, qui eft très -fimple & fort efficace, & c'eft pour cette raïon que les premiers attaqués ont été plus malades, & que quelques-uns en font morts; ainfi on s'eft affujetti à vifiter la langue du bétail deux & trois fois par jour : auffi-tôt qu'on apercevoit le petit bouton, on le grattoit avec une cuiller d'argent ou d’étain, ou bien avec une pièce de monnoie jufqu'à le faire faigner , puis on frottoit la plaie avec un mélange fait avec du fel, du poivre, du vinaigre & une gouffe d'ail ; lorfque le remède étoit appliqué dès le commen- cement, la langue étoit guérie en trois jours; mais fi la tumeur étoit plus grande & violette, après avoir gratté & fait faigner la plaie comme ci-devant & lavoir étuvée avec le même remède, il falloit pafler deflus la pierre de viriol bleu pour faire tomber l'efcarre ; il y a eu tels animaux auxquels la langue ne tenoit plus que par un appendice de la groffeur d’un doigt & qui nen font pas morts , mais qui ont été long -temps à guérir. La maladie a couru tous les villages fun après l'autre, & prefque toutes les bêtes d’un village ont été malades en même temps : cependant elle ne les a pas toutes attaquées ; car de dix vaches, quatre ou fix dans une vacherie ont été malades & une faine entre deux malades na point été ‘attaquée ; les chevaux n'ont point ceflé de travailler. Les chevaux ou les vaches dont on a frotté tous les jours la langue avec un poireau trempé dans du poivre, du {el & du vinaigre , nont pas été malades ; jai fait brider tous les jours 552 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE KOYALE mes chevaux & mes vaches avec un bridon de bois, enve- loppé d'un linge imbibé de poivre , de fel, de vinaigre & d'ail, & ils n'ont point été attaqués de la maladie; la confommation d'ail a été fi grande à Pithiviers, que la gouffe d'ail sy eft vendue jufqu'à trois fous. La même maladie a paru , il y a trente ou trente-deux ans; & a été guérie par le même remède : comme on a averti les propriétaires de beftiaux de vifiter la langue du bétail, on a apporté le remède de bonne heure, & il n'en eft point mort dans nos paroïfles. Dans les mois de Novembre & de Décembre, il a com- mencé à {fé manifefler une maladie épidémique fur les chiens, qui en à fait périr une grande quantité; ils éternuoient , touffoient & jettoient beaucoup par les nafeaux fans être fort dégoûtés; enfuite le train de derrière devenoit paralytique, & la paralyfie s'étendoit aux jambes de devant : les perfonnes attentives leur ont fait donner des lavemens, de lémétique, de là manne, des fumigations, des vermifuges , &c. quelques-uns, après avoir été trente où quarante jours malades, font revenus, mais n'ont, pour la plupart, recouvré leur fanté qu'au bout, de fix mois & plus: beaucoup font morts malgré”les:fecouts qu'on a effayé de leur donner; cette mialadie à régné en Angleterre & dans plufieurs autres royaumes comme en France, &c je fais encore des chiens qui en font attaqués ; quelques chats ont été attaqués d'une maladie à peu-près femblable, Dans le mois de Décembre, il a régné en plufieurs endroits une maladie fur les poules & les dindons ; ces volailles mouroient fabitement très-grafles & le jabot plein; un Fermier de notre voifimage a perdu fept à huit douzaines de dindons en huit jours. SONT EN 8) - Comme il n’y a point eu de chaleur cet Été ;! les raifins n'ont point müri; les vins font extrêmement verds ; ifs'ne font pas potables en plufieurs provinces :en Champagne; les habitans né D ES LOST EE N c'e 553 ne peuvent pas même le boire pour leur ufage. Dans le pays bas Orléanois, ils font de même : on dit la même chole de a petite Bourgoyne & dans le pays de Sancerre. Dans le Gâtinois ils ne valent guère mieux ; il ya cependant beaucoup de choix aux environs de Pithiviers: car dans plufieurs cantons où les vignes ne fe font pas dépouillées , la qualité du vin y eft pañable. On efpéroit que la verdeur pourroit fe tourner en force pour les vins faits avec les raifims les plus mûrs, mais plufeurs font devenus plats & abfolument mauvais; car ces petits vins ne {on bons ni à faire de l'eau-de-vie, ni du vinaigre. SAFRANS. Les Safrans ont gelé en oignon ; ceux de deux & trois ans ont été les plus maltraités du pays; de trois arpens il n'eft pas refté de quoi planter un demi-arpent : les fafrans nouveaux ont moins fouffert, parce qu'ils étoient plus avant en terre que les anciens, qui tous les ans montent d'environ un pouce vers la fuperficie de la terre; mais comme les oïsnons fe forment Thiver , il font reftés très-petits à caufe de la durée de la gelée. On a recueilli quelques fleurs fur ces fafrans nouveaux ; mais la récolte ne monte pas à la dixme de l'année paflée, & on ne trouve pas à le vendre, parce que les Hollandois n'ont pas envoyé de commiflions : le nouveau vaut 40 livres, Le vieux 24 & 30 livres; mais il y a peu de marchands, BNIVENS: La récolte des blés a été très-abondante dans tout le pays; les Fermiers a regardent comme une des meilleures pour la quantité; mais les grains font tendres , de difficile confervation , & beaucoup inférieurs, par la qualité, à celle des blés de l'année dernière : ls valent 12 à 13! le fac, pefant 240 livres : les vieux 13 à 141: 1e blé nouveau d'élite produit 19 à 20 pains de 9 livres, & les vieux de 22 à 23 ; ayant étuvé nos fromens nouveaux , äls fe font confervés très-aifément ; mais y a eu beaucoup de grains de cette récolte de gâtés. Mén, 1764» . Aaaa s54 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AVOINE. La récolte de Favoine a été bonne, mais pas fi abondante par proportion que celle du blé: elle vaut de s à 5 livres s fous le fac de même grandeur que celui de froment. MEEUN UN SU GNRVANI NES, Les pois vefces, fèves, &c. ont bien réuffr. MOUCHES À MIEL. Prefque toutes les mouches ayant péri l'année dernière, il y en a eu peu, & l'Été ayant été froid & pluvieux pendant la floraifon , elles ont confommé leurs provifions & ont fourni peu d’effains. GTSB"ILENR: Comme il n’y a point eu de neige pendant l'hiver, il y a eu affez de perdrix ; mais eu égard à la quantité de vieilles, il y a eu moins de perdreaux qu'il ne devoit y en avoir. On a vu moins de lièvres que Fannée dernière, très-peu de cailles , encore moins de grives. ÆRPuu INT: H y a eu beaucoup de pommes, peu de poires, point de cerifes , un peu d’abricots & de pêches , abondamment de prunes , peu de noix qui étoient mauvaifes , beaucoup de gland &. de fenelles. IN ur RENAN NDRE NS 4 LENA) UL Xe Les eaux ont toujours été baffes dans les puits; & beaucoup de fources ont tari, NZ È Lo DES SCIENCES. 555 OBStEMRWIAÆT TO NS DES TACHES ET DE LA LIBRATION DE ET A LEO UN, E pour prouver Le mouvement des nœuds de ! "Equateur lunaire. Par M. DE LA LANDE. EE une des queftions les plus intéreffantes aujourd’hui dans lAftronomie phyfique , de déterminer les mouve- mens de axe lunaire & les changemens, ou la libration de fon difque ; M. d'Alembert en a parlé fort au long dans le fecond Volume dé fes Opufcules, & l'Académie a propolé ce füict pour le Prix de l'année prochaine 1764. L'examen des pièces qui ont été envoyées pour le concours, m'a donné lieu de reconnoître encore plus la difficulté de cette queflion , en voyant que dans la plupart on révoquoit en doute le mouvement des nœuds de l'Équateur lunaire, quoi- qu'il me parüt déjà fufhfamment démontré ; c'eft ce qui n'a déterminé à faire les obfervations fuivantes, pour être plus à portée de décider fur ce fujet. M. Caffini dit formellement , dans les Mémoires de l'Aca- démie pour 1721, & dans fes Élémens d’Aftronomie, page 256, que l'équateur lunaire a toujours fes nœuds fur léclip- tique , aux mêmes points du ciel que les nœuds de l'orbite lunaire ; fl ne rapporte point à la vérité les obfervations qui lui avoient fait reconnoitre cette loi, mais M. Mayer y a fuppléé en 1748, par un grand nombre d'obfervations rap- portées dans les Mémoires de la Société Cofmographique de Nuremberg, imprimés en 1750: ce Mémoire eft écrit en allemand ; mais on en trouvera la plus grande partie dans le fecond Volume de mon Aftronomie, qui eft actuellement fous prefle. Aaaa i] 17 Décemb. 1763. 56 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La démonflration de M. Mayer, eft la feule qu'on ait eue jufqu'à préfent de la coincidence des nœuds de l'équateur lunaire avec ceux de l'orbite. Les obfervations de ce célèbre Aftronome diffèrent quelquefois entr'elles affez confidérable- ment; elles n'ont été faites que dans une feule pofition des nœuds, & avec un inftrument qui n'étoit pas d'une extrême perfection : il m'a donc pau néceffaire de vérifier cette queftion par de nouvelles obfervations , & d'examiner, pour le temps où nous fommes, la pofition des nœuds de l'équateur funaire ; on verra à la fin de ce Mémoire, que j'ai trouvé à peu près le même rélultat que M. Mayer. Au mois d'Oëtobre dernier 1763, Ia Lune seft trouvée dans une pofition très- favorable pour obferver la libration ; elle étoit tout-à-la-fois dans fes nœuds , dans fes apfdes & dans fes figizies ; ainfi lon pouvoit obferver dans l'efpace de quinze jours de temps, la libration moyenne avec les deux extrêmes, tant en longitude qu'en latitude, comme j'en avois averti dans la Connoïflance des Mor.emens céleftes pour 1763, page S7- J'ai profité de cette circonftance , j'ai déterminé les pofitions des douze points les plus remarquables du difque lunaire dans le temps de la moyenne libration, & j'ai obfervé pendant dix jours celle des points lumineux auxquels M. Mayer s'étoit attaché le plus, tels que AManilius, Dionyfus & Cenforinus. Dionyfius fur-tout eft la plus diftinéte de toutes ; elle eft fort près du centre du difque lunaire, & pour cette raifon, {es mouveméns apparens font les plus fenfibles. Ariftuque eft le plus brillant de tous les points lumineux de la Lune ; mais il eft éloigné de 13 minutes du centre, faifant un angle droit avec Grimaldi & Copernic, tandis que Manilius n'en eft éloigné que de $ minutes, en fuppofant le demi-diamètre de la Lune de 16 minutes: ainfi Manilius eft beaucoup plus propre à ces fortes d’obfervations. H y a un point lumineux dans les rayons de T'ycho, placé au milieu d'une tache noire, à peu près fur la ligne qui va de Grimaldi à Tycho; il m'a paru êue ce que le P. Riccioli DES SC1'E NICE:s. $57 appelle Bouillaud : au refte, les obfervations que j'en ai faites, le détermineront fuflfämment par à pofition. I en eft de même d'un petit point lumineux fort près du centre de la Lune, qui fait un angle droit avec Copernic & Manilius, & qui ma paru devoir être Prolémeée. Le point lumineux que j'ai fuppolé être Eratoffhènes , eft au nord de Copernic prefque {ur la ligne menée de Tycho à Copernic, faifant l'angle droit avec Copernic & Manilius d’un côté, & avec Copernic & Arif- tarque de l'autre. La plupart de ces points lumineux font mal exprimés dans les Sélénographies que nous avons: c'eft pour- quoi jai cru devoir m'expliquer 1à-deffus. Les obfervations fuivantes ont été faites avec un excellent micromètre appliqué à une lunette de neuf pieds ; on verra la defcription de cet inftrument dans mon Aftronomie, page 866, & la manière de s'en {ervir, page 941. OA SVF AR PA TT O NS Le 12 Otobre 1763, à $ £ heures du foir, le diamètre de la Lune, pris avec mon micromètre , étoit de 49,25 ou 49 tours de la vis & 25 centièmes. À $" 45° la tache appelée Cenforimus dans Riccioli, fuivoit de 43" de temps le bord précédent de la Lune, le bord auftral de Ja Lune rafant un fil du micromètre ; & le centre de la même tache étoit de 19,93 au nord du bord auftral de la Lune, fur le cercle de la déclinaifon apparente , c'eft-à-dire, perpendiculairement au parallèle apparent, où au fil que la tache füivoit par fon mouvement diurne. La Lune avoit pañlé au méridien à s"+, elle étoit encore en croiflant; elle avoit environ 284 de déclinaifon- méri- dionale, 54 13° de Hatitude auftrale. * Le 14 Otobre, à 6h o’ Cenforinus füivoit de 42" exacte- ment le bord occidental de la Lune, & étoit éloigné de 18, 95 du bord auftral de la Lune. À 6" 15° Menelaüs füivoit de $7"1 & Manilius de 6 s'+ le bord de la Lune; ces deux taches étoient exactement à 26,96 du bord aufhal de la Lune, Aaaa ij 553 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A 6h 30° le diamètre de la Lune étoit de 48,1 3, mefuré fur la ligne des cornes, inclinée de douze à quinze degrés par rapport à la ligne verticale. A 6h 40" je trouvois $ 6"? & 65" pour les différences d’afcenfion droite, & 26,9 $ pour la différence de déclinaifon. A 6h $o' Proclus fuivoit de 2$"+ le bord de la Lune, & étoit de 25,1 3 au feptentrion du bord auftral de la Lune. A 6h 53 Dionyfus précède Menelaüs de 2" 2 de temps exactement, & fa diftance au bord auftral de la Lune eft d2131: La Lune pafla au méridien à 7h $' environ; elle avoit près de 6 degrés de latitude méridionale, & elle étoit vers fa moyenne diflance : ainfi ces oblervations font propres à déter- miner la libration de la Lune en longitude & en latitude. Le 15 Otobre, à 3h 35° du foir, le diamètre du Soleil mefuré avec le même micromètre, parut de 48,8 ; on fait d'ailleurs qu'il étoit de 32° 10", ainfi lon pourra évaluer les parties du micromètre à raïfon de 48,85 pour 32° 10", ou de 40" pour chaque tour de vis, dans les obfervations précé- dentes. Après avoir alongé un peu la lunette pour corriger la parallaxe des fils, j'ai mefuré de nouveau le diamètre du Soleil pour fervir à évaluer les parties du micromètre dans les obler- vations fuivantes, & je l'ai trouvé de 48,18. Temps vrai. A 5" 50’ le diamètre de la Lune, 47,90. 6. 20 Menelaüs fuit de 53"+ le bord de Ia Lune, Manilius de 61 +, l'un & l’autre 26,90 au-deflus du bord auftral de la Lune. 6. 35 Dionyfus précède Manilius de $”, & fuit Menelaüs de 3"; la différence de déclinaifon entre le bord de la Lune & Dionyfus, 21,24. 6. 48 Cenforinus fuitle bord € de 41"; Diff. de déclin. 18,26. 7: VM ON PLOCIUS AR RNIEN- eee DER 7. AVS ENSER 24,0 3e Dionyfius #, , "V4. SORA EEE DII27e 7+ 20 Diamètre de la Lune, 48,14 à 19% de hauteur, fur une ligne inclinée de 8!a ro“ par rapport au vertical. D ES S:C E Nic ES 559 Le 15 Octobre au {oir, la Lune paflant au méridien vers 79 55 du foir, j'ai obfervé le paffage des taches au premier fil de la lunette. Temps de la pendule, qui retarde d'environ 3 5’ fur le temps vrai. ZE EA SAIS 32 + 43 + 45 + 53 SI . 46 T0 127 . 42 5 . 22 CURE 1) . 38 20. 43 “x z 2 25 2 = 2 La 2 Din Hs bin bord de la Lune au premier fil. Proclus. Cenforinus. Menelaüs. Dionyfus. Manilius. bord de 11 Lune au fil du milieu. Proclus. Cenforinus. bord de la Lune au troifième fil, Proclus. Cenforinus. Menelaüs. Dionyfus. Manilius. À 6P 42° de temps vrai, FRE de la Lune 47,80. Platon fuit Manilius de 1°4; diff. de déclin. au bord de la Lune 41,31 ; Manilius, 26,98; Dionyfus, 21,22 ; Cenforinus, 18,12; le diamètre de la Lune, 47, 80, fervira pour évaluer les autres parties, Le 19 Odtobre 1763, 6" 18° de temps vrai. Manilius fuivoit le premier bord de 49”; différence de déclin. 27,16. Proclus fuivoit de 17”; Cenforinus, de 33. À 6" 23° Proclus 17", Cenforinus 33 , Menelaüs 42, Dionyfus 46, Manilius 40 + ; différ, de déclin. pour Dionyfius, 21,40. 6. 37 les mêmes différences, 16"1, 321, 412, 451, 49. 6. 7. LA 54 Cenforinus 48"1; différence de déclinaifon, 18,07. o-Tycho 1° 26” & 9,75. 10 Proclus 22,90. Ératofthènes fuit Dionyfius de 27” de temps; Copernic le fuit de 32° & Ariflarque de 46. 560 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE A7" 15° Copernic 29,82 au nord du bord auftral de la Lune: Pot 2.0 Ératofthènes 33:37 : Ariflarque 38,32. 8. o Diamétre de la Lune, 47,27 ; c'eft celui qu'il faut employer pour évaluer les parties des différences en déclinaifon. 8. 25 Dionyfus 45”; Platon 50" & 41,34. Le 20 O&obre, la Lune étant apogée, n'ayant point de latitude, j'ai obfervé la libration moyenne, tant en longitude : J # ht 8 qu'en latitude, de la manière fuivante : À 5" 55° temps vrai, diamètre de la Lune en déclinaifon, 46,86. à 6* 12° MOULE M ENTRE TS Proclus "14 15” 16" 15" Cenforinus. . . 31 31 j 314 Menclaus TR ee ATX Dionyfus.... 43% 44 44 Mantdius re DES LE 47 Copernic. ... 1° 16 TYL7 1° 16€ TychD eee 1, 24%] 1. 242) 1. 247 Arnaque Pt en Ness certe I. 31 Grimaldi. MSA 1055 À 6h 13° Dionyfus..,.. 21,72. 6. 25 Manilius....., 27,44. 6. 48 Menelaüs..... 2731e 6. 57 Cenforinus.... 18,27. E7e ULI5 (ÉDYCHO-. ler 9:87. 7116 GOPENICe sets. 30,20. 7- 25 Grimaldi,.:.. 29,54 7. 40 Ératofthènes. . 34:18: 7. 46 Ariftarque...… 38,26. rs ESONERION.1.1,1. 212 41,7 3e 7- 55 Diamètre de la Lune en déclinaifon, 47,07. Le 21 OGtobre, a Lune approchant de fon plein, qui doit arriver à 11P du foir, ayant 104 s4' de déclinaifon boréale, 14 1 8’ de latitude boréale, & 2 9 33° de diamètre horizontal, des Dev st fe 1 al NVG rl 64 horizontal , j'ai obfervé fa libration moyenne par le moyen douze taches fuivantes : | À 6" 42’ Diamètre de la Lune en déclinaifon, 48,21. al OO" 120001 a/ LT ON FAN UPr87 Proclus:>4. 12 TS Ie dire 0° 14% Genres ON | ETAT Ste 0e a. 30 Menelaüs. . . .. 39 IMOMAONE | an 0. 39+ Dionyfius.... : 421] o. 43 0° 42° Manilius..... AZAIIO NAT 0. 46 0. 462 Bliton- AR so Ptolémée. ...1" 71l....... Ge T7 Ératofthènes.. .1. 122] 1. 13 Copernic..... PO CA Æycho Er 25s [rte 1. 242 | 1. 24% Ariftarque. ...1. 32 CES Bouillaud.. . .. F3 Grimaldi ..... DONS RIT ZEN 57 575 Second bord. . . 2. 12. TN 2 id. 2 NIAt Différences en déclinaïfon par rapport au bord auftral de la Lune, A 6 6 CAR SR NE ENST ESS Elton." 04T:90: . 58 Ariftarque.... 38,25, o Ératofthènes.… 3434 5 Manilius. .... 28,00. 7 Grimaldi...,. 29,50. 10 Dionyfus..... 22,43. 47 Dionyfus..... 22,46. TSMPTOIÉMEÉC.1 1002 322 Be 20 Cenforinus.... 19,14. 2SMDYCHOE EE EST 9,8 3. 27 Proclus...... 24,10. 30 Copernic.. .. 30,35. 48 Menclaüs.... 28,25. s6r: 40 Hauteur de la Lune, 3442; l'augmentation de fon diamètre horizontal étoit de 16”; ainf le diamètre apparent étoit alors de 29° 46". Mém. 1764: +. Bbbb 62 ÿ Lez MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Odtobre 1763, j'ai continué d'obferver les différences de pañages au fil horaire apparent de mon micromètre , entre les diffé- rentes taches & le fecond bord ou bord oriental de la Lune, le feul qui foit terminé après la pleine Lune. À 8h 15°, en commençant par Dionyfus, Dionyfius.... o o” Manilius..,.. o. 6+ Platon.. ..... o. Ératofthènes.. . o Copernic..... o Bullhidus...,. o. Ariftlarque.... o. Grimaldi. .... 1. 2bord dela € 1. 4 A À 8h 20f, en commençant par Proclus. Proclus...... o o” Cenforinus ... o, Menelaüs..... o. Dionyfus. ... Platon: tie Etloe Ératofthènes... 1. 3 Copernic... 1 7 Bouillaud..,.. 1e 22+ Ariftarque. ... 1. 26 Grimaldi..... 1. $x abord C.... 1, s8+ D'fférences de déclinaifon par rapport au bord boréal de 1& Lunc. À 7h 50’ Dionyfus..... . 26 Dionyfius..... . 37 Cenforinus..... . 48 Meneliis..... . 48 Manilius.. ... VO 9 C9 @ € © co . 20 Copernic... .. 9- 24 Tycho........ À 8h 26’, en comnençanr par Menelaus, Menelaüs...., o° o” Dionyfius..,. o. 2 Manilius..... o. 8 Platon......,. 0 16+ Ératofthènes... o. 37 Copernic..... o. 4r Bouillaud...,. o. 57 Ariftarque.... o. 59+— Grimaldi..... 1. 25% 24 bord ÇC.... 1. 33 À 8h 39", ém commençant par Cenforinus, Cenforinus.... o Menclaiis......0. Dionyfius, ... o. Manilius... ,,, 0. Ptolémée..... o. Ératofthènes... o. Ariflarque..., 1. 12 Grimaldi.,,... 1. 37 zdbord Ç.... 1. 44 5° 2357 0e 23:6$+ 26,5 4» . 18,20. rte . $$ Ératofthènes.….…. . 13. Ariflarque.. ... 1310 9:83 170$ 38,14. À 8h 49, em commençam par Menelaise Menchiüis...., 0° o Manilius..... o. 8 Platon... .... Ératofthènes .. o. Ariflarque.... o. Grimaldi... .. 249 bord €... À 8h so, en commenganf par Menelais, Menclaüs..,...-o" 0” Manilius, .... 0. 7+ Platon... ..,. 0. 16+ Ptolémée... . L Ératofthènes. … o. Ariflarque, ,.. o. Grimaldi..... 1. 24 bord C..…, 2. 27 37 59% 24% 33 9. 33 Diamètre de {a Lune 47,85 fm une Jigne inclinée de 10 degrés fwr la verticale, ayant environ 374 de hauteur, pres S'C'rE Niches 56 Le 24 Oélobre 1753, à 7" 12° temps vrai, le diamètre de la Lune étoit de 47,26 fur une ligne inclinée de 15 degrés fur a verticale ; mais à 9" 35° il étoit de 47,91. A 7h 32°, en comme : À : 4 = Menelais. Wir À 8h 21 À 8h 54 Menelaüs .,., o° o" Menelaüs..... o* o” Cenformus.... o’ o" Manilius....,. 0. 8 Dionyfius..... o. x Dionyfius.... o. 15 Elton. ste o. 20€ Manilius..... o. 8 Phtons. 0. 221 0. 34 Ératofthènes... 0. 392 Ératofthènes... o, 392 Ptolémée... 0. 42 Tycho....,.. o. 424 Ératofthènes.. o. 55% Ariftarque.... 1. L À 8h 26’ Atiftarque.... 1. 17 Grimaldi... 1, 27+ = ; ra 1tan Grimaldi..... 1. 42 MEME Ne enforinus. 0’ o 24 bord €... 1. $o Menclaüs. ... 0. 142 À 7 38° Dionyfius.... o. 15 À 98 o’ Ératofthènes. . o° 0” PAL nil var Ptolémée..... 0 o' Tycho...... CNE PUNEE rte . Ératofthènes., o. 114 Ariflarque...… o. 2 PL ge ne PL TE RD IL qu + ©. 24 à Ë LA 4 : à Bouillaud .... 1. 10+ - Grimaldi.,... o. 48 PAL nee Ariflarque. ... o. 352 2dbord Ç.... o. 5$+ 1 CUMA Grimaldi... rer s 24bord,C,:. rie À 8h 10° À 8h 30° ; Ératofthènes... 0” ©” Cenforinus.... 0’ o” A 9 10° Ariftarque.... o. 24 Menclaïüs..... o. 132 Bouillaud..... o° o” Grimaldi. .... o. 48 Dionyfius.. .. o. 14 Ariftarque..., o. 82 2dbord €.... 0. $5+ Manilius...., o. 214 Grimaldi. .. o, 322 £ Platon 0. 34 24 bord Ç.... o. 40 À 8" 17 Ptolémée. . ... 0. 41 à 5 Dionyfius.... o° o” Ératofthènes... o. 53 À 9" 20 Manilius..... 0. 7 Bouillaud...,. 1. 10 Ératofthènes.… o’ 0” Ératofthènes .. 0. 38 Atiflarque. ... 1. 17 Bouillaud.. ,.. o. 17+ Bouillaud..... o. $$+ Grimaldi..., 1. 412 Grimaldi. .... o. 49 Ariftarque. ... 1. 2 24 bord C.... 1. 49 24 bord C.... o. 57 Différences de déclinaifon apparente entre les taches & le bord boréal de a Lune, À 76 38 Ératofthènes..…..... 12,90. 8. 10 Ératoffhènes. ...... 12,85. 8. 17 Dionyfius. ........ 22,97 8. 21 Dionyfius.. ....... 22,95. 8. 30 Dionyfius, exaét..…... 22,84 9. o Manilius...... se. 17:46: 9. o Menchüs........, 17:46. 9- 30 Bouillaud, ,.,,,,4, 30,16 Bbbb ÿ 64 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le 25 Octobre 1764, j'ai obfervé les taches que le décours de la Lune permettoit encore de voir. À ro! 22° temps vrai. ATOS Afro 4 Dionyfius.... o o” Dionyfius.... 6 o” Ptolémée... .. 0" 0% Menclaus..... 0. 1 Menelaüs. ... 0. 1 Ératofthènes... o. 15 Manilius...,. ©. 9 Manilius. .... o 182 Tychon.;,.,.1o 47 Platon. ..... o. 254 Ptolémée.... o. 28 Ariflarque. .., o. 40 Ptolémée..... 0. 27 Ariftarque.... 1. 8 Grimaldi... 1. 3 Tycho...... 0. 43% Grimaldi... .. 1.171 Bord fuivant... 1. 1x Ariflarque.... 1. 8 zdbord C.... 1. 39 Grimaldi. ... 1, 30+ 24 bord C.... 1. 39 À TO 62 Aro! 38 À rot 54 Menclaüs. . .. 0° o” Manilius. .... o 0" Ariftarque.... o* o” Manilius..... o 7+ Prolémée...,. o. 19 Grimaldi. .... o. 23 Platon... .... o. 24 Mycho:.....-o..25 Bord fuivant... o. 3u Ptolémée..... 0. 26 Ariftarque.... 0. o Ératofthènes... o. 414 Grimaldi. .... 0. 22 Tycho...... ©. 43 Bord fuivant... e. 30 Ariftarque.... 1 6+ Grimaldi..... 1. 29+ 2d bord €.... 1: 37+ Différences de declinaifon par rappert au bord boréal, À 1où 12° Dionyfius. ....... 22,08. 10, 2$ Dionyfius..,....,. 22,01. 10. 25 Manikus...... 2e. 110,06: 10. 46 Manilius. .......,. 16,62. 10, 48 Ératofthènes .. .... 13»17 10, 54 Eratofthènes....... 13:13 10. 7 Ariflarque........ 11,82 11. 17 Diamètre de la Lune 48,65. Parmi ces obfervations, j'en choïfirai trois de [a tache Manilius, ies plus éloignées entre elles, & propres à donner le lieu du nœud & le double de la plus grande latitude, c'eit-à-dire, Finclinaifon de l'équateur lunaire fur l'écliptique. Voici la Table des quantités obfervées avec les élémens du calcul, par lequel je fuis parvenu à déterminer les longitudes & les latitudes de la tache par chaque obfervation , fuivant la méthode expliquée dans mon Aftronomie, DES Scie N'cE's ä 6h 55 Différence de pañlage entre Manilius & l'un des bords de la Lune... .,.... 1 1/2 Différence de déclinaifon entre Manilius & le bord de la Lune, en parties du , micromètre.. .,...... SC EEE LATE 26,86 La même diff. en minutes & fecondes.. | 1 6’ $4 Demi-diamètre apparent de la Lune. | 1 $* 10 Temps qu'il employoit à pañfér le fil OPA NAT EN TIR en lele à ele 15 71 0 Quantité dont Manilius étoit à l'occident du centre de la Lune... ...,... 4 1. 16 Quantité dont elle étoit an nord... .. 1. 44 Diflance de Manilius au centre de Ja CURE UNE du A METe 2 ME La même diftance en arc de la circon- férence dela Lune... 0.40 84 8’ Longitude vraie de la Lune........|1of 144 29° Parallaxe de longitude. .......,,.... Chip) Longitude apparente de Paris, vue de IRON EU ET RE 4+ 14 29 Pärallaxe de Ja Lune en latitude au mis este Be Piel ete lee, à 01 Hd 0. $1 Latitude apparente de la Lune... .... 5. 24 A Angle du cercle horaire vrai avec le É 2 [e] < = Fi. Lo] a [a] =" EE = oo + Vs < LA ù > cercle de latitude, ou angle de pof- HOee s'en MMA DE PAU 17. 23 Angle du cercle horaire apparent à lorient du cercle horaire vrai... . o, 51 Angle du cercle de latitude avec le cercle horaire apparent... ...,,,...... 18. 14 Angle du rayon mené à Manilius avec le cercle de latitude... ..,... 108 17. 55 Latitude de Manilius par rapport à la Lune, en parties du rayon... ..... 20 fn En parties de Ja circonférence lunaire 74 44! Latitude de Manilius par rapport à TÉCIPHQUE EE CCC NES 13. 8 Angle au pôle de l'écliptique entre Ma- nus GNPars Le ER NNEN fe 2. 34 Longitude de Manilius, déduite de l'obfervation.. . .... DOME TEE ENT ARE Nœud moyen de la Lune... ....,.,|-0o. 13. 38 mm 2 CEE TEMPS VRAI de chaque Olfervarion... | 1 O&, r 763, 565 ee lÆ 20 Olobre, | ke z 5 Octobre, a 6h 30! a 10h 25" 48" 1” 30 27,40 16,66 7 RE TE 10 28” 14. 49 15. €16 1 1,0 I 10 À Se 407 225030 4. 48 4. 3 6. 10 ns 51e 24. 28 of 14d 28/ 21 16d 18’ 16 30 6. 14. 28 8. 16. 48 o. 4 38 0. 49 36 0. 49 À 4 2B 22, 50 6. 52 RARE 0. 35 POLE GER27 28 o 33+ 10 51 DA s’ 18” 134 58 20d 17” 14 47 16, 15 7e 37 13* 39 6022.05 99) o. 27 0. 13. 22 0. 13. 6 Bbbb ï Condufion, 566 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Pour conclure de ces trois obfervations les nœuds & Yindinaifon de l'équateur lunaire, j'aurois pu me fervir des méthodes direétes que lon trouvera dans mon Aftronomie ; mais la méthode indirecte & de faufle pofition m'a paru plus courte. J'ai donc fuppolé que l'inclinaifon de l'équateur lunaire fur l'écliptique, étoit de 142, comme M. Mayer favoit trouvé, & que les nœuds de l'équateur lunaire étoient d'accord avec ceux de l'orbite lunaire fur lécliptique. Dans cette fuppofition, Jai calculé la latitude {Génographique de Manilius par lobfer- vation du 1 $ Oélobre & par celle du 25 Oétobre ; n'ayant pas trouvé le même réfultat par les deux obfervations , j'ai fait varier l'indinaïfon, & j'ai trouvé qu'il falloit la fuppoler de 14 43" pour trouver une même latitude de Maniliusde 14 3 5“. L'indinaifon étant ainfi trouvée par ces deux obfervations, dont June étoit à 564 35", & l'autre à 774 21° du nœud, je me fuis fervi de cette inclinaifon pour calculer la même latitude de Manilius par l'obfervation du 20 Oftobre où Mauilius n'étoit quà 84 43° du nœud de l'orbite, & jai trouvé 144 5H feulement ; ayant fait varier le lieu du nœud de l'équateur, j'ai trouvé qu'en le fuppofant plus avancé de deux devrés que le nœud de l'orbite, on avoit également 144 3 5° pour la latitude de Manilius : ainfi le réfultat de ces trois obfervations, eft que l'inclinaifon de l'équateur lunaire fur l'écliptique, eft de 14 43’, au lieu de 14 29" que M. Mayer avoit trouvé; la latitude fdé- nographique de Manilius, 144 3 5", au lieu de 144 34° que M. Mayer avoit donné, & le lieu du nœud defcendant de l'équateur lunaire, plus avancé de 24 que le nœud afcendant moyen de orbite de fa Lune. Je dois avertir que fi l'on fuppofe 3" d'erreur fur la diffé- rence de dédclinaifon obfervée, & une demi-feconde de temps fur fa différence d’afcenfion droite, dans l'obfervation du 20 OGobre, on aura 9 à 10 degrés de différence pour le lieu du nœud ; ainfi il n'eft pas étonnant que M. Mayer, avec un inftrument qui n'étoit pas d'une bien grande précifion , ait trouvé quelquefois 17%+ de plus (Afronomie, page 1243). Pour moi, en ne trouvant qu'une différence de deux degrés, laqueile DESISCHLHENCES. s67 eft ablolument infenfble dans ces fortes d’obfervations, je demeure convaincu de plus en plus, que le mouvement des nœuds de l'équateur lunaire, eft égal à celui des nœuds de Vorbite lunaire, dont la révolution, par rapport aux étoiles fixes, fe fait, contre l'ordre des fignes, dans l'efpace de 6803)2h 55" 18",4, & par rapport aux équinoxes, dans Jefpace de 6798) 4h 52° 52,3. Je conviens qu'il eft dif- ficile de concevoir que deux mouvemens indépendans l’un de Jautre, fe trouvent être d'une fr parfaite égalité, mais l'obfer- vation ne permet pas de contefter le fait, & il eft poffible, ce me femble, d'en donner Fexplication *. * Depuis la leéture de ce Mémoire , l’Académie a couronné la Pièce de M. de la Grange, dans laquelle cette égalité eft expliquée: j'en aï dané une notice dans mon Aftronomie, page 1232. x. Septemb. 1764. 568 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MÉMOIRE SYU'RPL NES, DIFFÉRENCES DE LA SITUATION DU GRAND TROU OCCIPITAL DANS L'HOMME ET DANS LES ANIMAUX. Par M. D'AUBENTON. E grand Trou occipital en donnant une iffue à {a fubftance médullaire pour paffer dans la colonne vertébrale, fixe le lieu de l'articulation de la tête avec le cou: ceft fur les bords de cette ouverture que font placés les deux points par lefquels la partie offeufe de la tête touche à la première vertèbre du cou & fur lefquels fe font tous les mouvemens de la tête, Le grand trou occipital de homme difière beaucoup de celui des animaux , par fa fituation ; il y a auffi de grandes différences par rapport à cette fituation dans les diverfes efpèces d'animaux ; ces différences tiennent principalement à celles qui fe trouvent dans l'attitude du corps & dans la forme de la tête. L'homme ayant le corps & le cou dirigés verticalement , fa tête doit être placée en équilibre fur la colonne vertébrale, pour rendre tous fes mouvemens plus faciles & pour la maintenir fur la colonne offeufe qui eft le point d'appui que lui donne l'attitude naturelle du corps humain ; auffi le grand trou occi- pital / À, fig. 1 ) de fhomme eft placé à peu près au centre de la bafe du crâne; ce trou n'eft guère plus éloigné de l'extré- mité { B C) des mächoires que du fond / D) de locciput : la tête eft fi bien placée pour fon équilibre , que fi l'on pro- Jongeoit la ligne verticale que fuivent le corps & le cou, elle pafferoit par le fommet de la tête. Le grand trou occipital de homme diffère auffi beaucoup de celui des animaux par la direétion de fon plan ; je fuppole que RE SNS CNT NICE TS s69 que le plan de cette ouverture paffe fur fon bord poflérieur & fur les facettes des apophyfes condyloïdes, & qu'il foit prolongé en avant, il uaverfera la face de l'homme & il aboutira au-deflous des orbites / Æ ) des yeux. IL fuit une ligne / FG) prefque horizontale qui coupe à peu près à angles droits la ligne verticale du corps & du cou , lorfque l’homme tient fa tête droite fans l'incliner en avant , ni la renverfer en arrière. Dans cette attitude, le vifage eft fur une ligne verticale prefque parallèle à celle du corps & du cou , par conféquent les mâchoires ne s'étendent guère plus en avant que le front ; elles font fort courtes en comparaifon de celles de fa plupart des animaux , car la longueur de la mâchoire du deffous, melurée dans homme depuis le menton / Æ/) jufqu'au bord poftérieur { Z ) de lapo- phyfe condyloïde , ne fait que la moitié de la longueur de Ia tête entière prife depuis le menton (A) jufqu'à l'occiput / D ), & à peu près la neuvième partie de la hauteur du corps depuis l'anus jufqu'au fommet de la tête, ou la dix-huitième partie de la longueur du corps entier , depuis le fommet de a tête jufqu'aux talons ; mais cette dernière dimenfion ne peut guère avoir lieu dans la comparaifon des animaux avec Fhomme, parce qu'il n'y a aucun animal dont les jambes de derrière aient , comme celles de l'homme, autant de longueur que le corps, le cou & la tête pris enfemble & mefurés depuis le fommet de la tête jufqu'au pubis. Les principales pièces de la charpente du corps humain font à peu près les mêmes que celles du corps des animaux ; mais il y a autant de différence dans l'affemblage & dans la forme desos, que dans l'attitude des quadrupèdes, comparées à celle de homme. Suppofons qu'un homme prenne attitude naturelle aux quadrupèdes, & qu'il veuille marcher à l'aide de fes mains & de fes pieds, il fera dans un état contre nature ; les mouve- mens des bras, des jambes, des mains, des pieds & de la tête front très-pénibles, & malgré tous fes efforts il ne pourra par- venir à avoir une démarche conftante & une allure foutenue. Les principaux obflacles qu'il éprouvera viendront de la confor- Mm, 17064 n 0 Lee 70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mation des os du baffin , des mains, des pieds & de la tête. Jé m'écarterois de mon fujet fi je faifois entrer dans ce Mémoire les obfervations que j'ai faites fur les différences qui fe trouvent entre l'homme & les animaux dans la ‘conformation du baffin , des pieds & des mains, relativement aux attitudes du corps & à fes mouvemens; je ne me fuis propolé que de rapporter ici ce que j'ai obfervé fur les différences de la fituation du grand trou occipital dans Fhomme & dans les animaux. Plus le cerveau a de volume en comparaifon de la grandeur du corps entier, plus l'occiput a de convexité & de faille; plus le grand trou occipital eft éloigné du fond de l'occiput , plus le plan de cette ouverture approche de la direction horizontale ; c'eft pourquoi le grand trou occipital de l'homme neft guère plus éloigné de fextrémité des mächoires que du fond de locciput; c'eft auffi pourquoi fon plan eft prefque horizontal, comme je l'ai déjà fait remarquer. Cette fituation du grand trou occipital qui met la tête de l'homme dans une forte d'équilibre {ur le cou, & fon vifage en avant lorfqu'il eft debout dans fon attitude naturelle, lempéche, lorfqu'il eft dans l'attitude des quadrupèdes de relever fa tête affez haut pour préfenter le vifage en avant & pour voir devant lui, parce que le mouvement de la tête eft arrêté par la faillie de l'occiput qui approche de trop près les vertèbres du cou. Dans la plupart des animaux , le grand trou occipital eft placé à la partie poftérieure de la tête; les mâchoires font fort alongées ; l'occiput n'a aucune faillie au-delà de cette ouverture dont le plan eft dirigé en ligne verticale ou un peu inclinée en avant ou en arrière ; de forte que la tête tient au cou par fa partie poftérieure au lieu d'être articulée par le milieu de fa bafe avec la première vertèbre du cou comme dans l'homme, & placée en équilibre comme fur un pivot; elle eft pendante en avant & attachée au col par Fextrémité poftérieure de fa bafe ; cette pofition de la tête donne aux quadrupèdes la facilité de préfenter leur mufeau en 4vant & de l'élever pour atteindre au -deffus d'eux, quoique leur corps foit dirigé horizontalement, & de DES SctENCESs. s7 touchér Ja terre avec le bout des mächoïres lorfqu'ils abaïfient le cou & la tête jufqu'à leurs pieds, ce qui eft impoffible à l'homme ; car sil fe mettoit dans l'attitude des quadrupèdes, & sil tentoit d'abaifler fa tête jufqu'à terre, il ne pourroit la toucher qu'avec le front où Îe fommet de la tête, parce que le grand trou occipital eft placé au centre de la bafe du crâne & non pas à da partie poftérieure de cette bafe comme dans la plupart des animaux : dans plufieurs efpèces de ces animaux, il y a entre le grand trou occipital & le fond de Focciput, une diftance plus ou moins grande, mais dans aucun animal if nefe trouve un intervalle auffi Jong que dans l'homme ; moins cet intervalle eft étendu , moins le plan du grand trou occipital eft incliné. De tous les animaux , les finges font ceux qui diffèrent le moins de l'homme, & parmi les finges, ceux qui n’ont point de queue & qui font les finges proprement dits, ont plus de reflemblance avec homme que les autres finges ; mais par rapport à la fituation du grand trou occipital & à l’'inclinaifon de fon plan, il y a des finges à queue qui ne font pas plus différens de l'homme que les finges proprement dits; ainfi dans la comparaifon que je vais faire des animaux à l’homme, relati- vement à la fituation du grand trou occipital , je pourrois prendre pour exemple un fmge à queue, tel que le /zpajou jaune, ainfi nommé par M. Briffon, ÆReg. anim, pag. 197, comme le fmge d'Angole qui eft appelé owrang-ontang par les Indiens, & qui eft un finge proprement dit , je préfère celui-ci parce qu'il eft le plus reflemblant à l'homme ; cependant le grand trou occipital { À, fig. 2 ) de ce fmge eft plus de deux fois auffr éloigné de l'extrémité /BC) des mächoires que du fond /D) de l'occiput, tandis que dans fhomme il eft à peu près à égale diflance de ces deux termes: le plan de ouverture du grand trou occipital eft fort incliné en bas, il paffe au-deflous de Ja mâchoire inférieure | comme on peut le voir par la direction de fa ligne ponétuée FG ; tandis que dans fhomme , ce plan aboutit au-déffous dés orbites, comme la ligne ponétuée F6, k Cccci 572 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fg. 1 lerepréfente : en traçant une autre ligne KZ, fig. r, 2; 3 à 4, qui pañle fur le milieu de la partie poftérieure du bord du grand trou occipital (4) & fur la partie inférieure du bord de l'orbite / £ ),on pourra déterminer la différence qui eft entre le finge d'Angole & lhomme pour la direétion du plan du grand trou occipital; il n'y aura qu'à comparer l'angle G A L, fig. 2 à l'angle G À L, fig. 1 , on verra que le premier de ces angles n'eft que de 3 degrés, & que le fecond eft de 373 par conféquent le plan du grand trou occipital du fnge d'An- gole eft incliné de 34 degrés en fuppofant que ce plan foit horizontal dans fhomme : les mâchoires du fnge d’Angole font à proportion beaucoup plus longues que dans homme, car la mâchoire inférieure {€ Z, fig. 1) a près d'un quart de la longueur du corps , du cou & de la tête, pris enfemble depuis le fommet de la tête jufqu'à l'anus , tandis que dans homme, là mâchoire inférieure n'a qu'une feptième partie de cette longueur. La fituation du grand trou occipital & la direction de fon plan font à peu près les mêmes dans tous les finges ; mais ceux qui ont le grand trou occipital placé le plus près du fond de Focciput & le plan de cette ouverture le plus incliné , diffèrent encore beaucoup, à cet égard , des Makis , quoique ceux-ci aient locciput /D, fig. 3) plus faillant que dans la plupart des autres animaux, à l'exception des finges. Cependant l’occiput des makis a bien peu de faillie, le grand trou occipital /4) fe trouve reculé prefque jufqu'au-deffous du fond /D) de l'occipat, le plan /#G) du grand trou occipital eft plus incliné que dans le finge d'Angole , car l'angle G À L eft de 47 degrés, ainfi il y a 10 degrés de plus que dans le finge d’Angole, & 44 de plus que. dans l'homme: la mâchoire inférieure (C1) eft à proportion beaucoup moins longue que celle du finge d'Angole, car elle na qu'une feptième partie de la lon- gueur du corps , prife depuis le fommet de la tête jufqu'à Yanus ; mais la mâchoire inférieure du maki eft plus longue que celle de l’homme qui na que la neuvième partie de la longueur du corps. DES SCIENCES. 573 Dans la plupart des animaux quadrupèdes, l'occiput à encore moins de faillie que dans le maki, & le plan du grand trou occipital eft plus incliné; on en peut voir un exemple dans le : chien ; l'angle G À L eft plus ouvert dans la figure 4 qui re- préfente la tête d’un chien, que dans la figure 3 qui eft celle de la tête d’un maki: cette inclinaifon eft encore plus forte * dans quelques animaux , par exemple, dans le cheval ; car l'angle formé par ces deux lignes, eft à peu près un angle droit de o degrés: le grand trou occipital eft placé au-delà du fond de locciput, & la faïllie des bords de cette ouverture eft encore plus forte qu'elle ne le paroît; car les arêtes offeufes qui pro- longent Focciput en arrière, ne font pas partie de {a capacité intérieure de l’occiput; par conféquent elles ne doivent pas être regardées comme fon fond , elles fervent d'attache aux mufcles de la tête, & de parois à la cavité du crâne. Le grand trou occipital eft placé à la partie poftérieure du crâne dans les quadrupèdes ovipares, tels que les tortues , les grenouilles , les crapaus, les crocodiles, les caméléons , les fala- mandres, &c, comme dans la plupart des quadrupèdes vivi- -pares ; cette fituation eft la même dans les cétacées, dans les poifions, les reptiles, &c. quoique l'articulation de la tête avec la première vertèbre du cou {oit diverfement conformée dans ces animaux ; mais comme ils ont tous le corps & le cou en direction horizontale, comme les quadrupèdes vivipares, ils ont ainfi la tête articulée avec le cou par la partie poflérieure du crâne ; cette articulation eft placée dans la même partie du crâne. des oifeaux , quoiqu'ils fe foutiennent & qu'ils marchent fur deux pieds feulement comme les hommes; mais il faut faire atten- tion que leur attitude ne diffère pas beaucoup de celle des quadrupèdes, par la direétion du corps & du cou; ils abaiffent fouvent le cou & la tête pour chercher leurs alimens für la terre, par conféquent l'articulation de la tête avec le cou, par h partie poitérieure du crâne, facilite les mouvemens de la “tête dans les oifeaux, comme dans les autres animaux : d’ailleurs " les ailes & les pattes d'un oïfeau qui vole, ont beaucoup de Cccc ii 574 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe rapport par leur mouvement & par leur effet aux quaue pieds de quelques quadrupèdes , tels que le veau de mer ou la vache -marine, lorfqu'ils nagent. On peut conclure de ces Obfervations ; 1.° que parmi les animaux quadrupèdes vivipares, ceux dont l'attitude & l'allure -naturelles font de fe foutenir & de marcher à l'aide de quatre pieds, ont la tête articulée avec le cou par la partie poftérieure du œûne; 2.° que cette articulation eft au milieu de la bafe du crâne de fhomme , parce que fon corps a une direétion verticale, & qu'il eft porté fur deux pieds feulement ; 3.° que les animaux dont l'articulation de la tête avec le cou eft placée entre la partie moyenne & la partie poférieure de la bafe du crâne, font difpolés par leur conformation à prendre l'attitude & l'allure des autres animaux & celles de l'homme. Si les Oblfervations dont il s'agit étoient fufceptibles de pré- -cifion , on pourroit peut-être reconnoître par les différens degrés de la pofition du grand trou occipital, entre la partie moyenne & la partie poftérieure de la bafe du crâne, les animaux qui auroient plus ou moins de difpofition à prendre l'attitude & l'allure des autres quadrupèdes ou de fhomme; mais if eft très- difhcile de fixer les différens degrés de cette pofition dans les diverfes efpèces d'animaux , parce que la conformation du corps varie dans li même efpèce fur diflérens individus, & dans le smèême individu à différens âges : l'occiput a plus où moins de convexité & de faillie dans l’homme & dans {es animaux , les apophyfes condyloïdes de Fos occipital salongent jufqu'à un certain âge, & par conféquent le plan du grand trou occipital change d’indlinaifon: en comparant les extrêmes de l'efpèce des hommes & de celle de certains fmges, on trouveroit moins de différence dans la fituation du grand trou occipital , que je n'en ai marqué dans les fgures 1 ©" 2, où j'ai comparé la tête d'un finge d'Angole qui étoit mort fort jeune, avec celle d'un jeune homme ; f1 je l'avois comparée avec celle d'un vieillard, la différence auroit été moindre, parce que les apophyfes con- dyloïdes auroient été plus grandes. Es lv Li ÿ« Mem. de lAe R. der Je 1704: PAG.6ô78. PL. 10”. DES SCIENCE. Ss 75 -À conditions à peu près égales dans les termes de la com: paraïfon , il m'a paru que l'inclinaifon du plan du grand trou occipital varie à peu près de 00 degrés entre l'homme & les adrupèdes qui ont les bords de cette ouverture faillans au- delà de 'occiput ; il m'a paru auffi qu'il y a environ 34 degrés de différence entre l'homme & le finge d'Angole, par rapport à cette inclinaifon : ainfr de 90 degrés de différence qui fe trouvent dans la direétion du plan du grand trou occipital ; confidéré dans Fhomme & dans les animaux qui diffèrent le plus de l'homme à cet égard , il y a entre l'homme & les animaux qui en diffèrent le moins, environ un tiers de cette . différence de 90 degrés, tandis que les deux autres tiers font répartis entre diverfes efpèces de quadrupèdes. 576 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaLE — ET a ten pot en 1 pe” Me Se ep CÈ AR A'ao HE La Fa Go RES SRE Ses note : DAS 2 È MESSIEURS DE LA SOCIËTE Royale des Sciences établie à Montpellier, ont envoyé & l’Académie l'Ouvrage qui fuit, pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles , comme ne failant qu'un feul Corps, aux PT een D es” SAC" | termes des Statuts accordes par le Roi au mois de Février 1706. MÉMOIRE SUR LA MANIÈRE DE CRISTALLISER L'ALKALI FIXE DE TARTRE. Par M MoxTET. d l ‘ous les Chimifles ont cru jufqu'à préfent que l'alkali fixe du tartre ne pouvoit pas {e criftallifer: je ai cru moi-même pendant long-temps ; mais dans le Cours public de Chimie que je fis, conjointement avec M. Vénel, au com- mencement de 1761, ayant fait une grande quantité d’alkali fixe de tartre, j'obfervai qu'il fe crifalliQoit parfaitement. J'ai découvert depuis que cet alkali rentroit dans la claffe des els criftallifables : ce fut le 18 Mars 1762, que je fis voir à la Compagnie de gros criflaux de ce fl; je donnai enfuite Je procédé de cette opération, le 15 Juillet fuivant, Je crois être le premier qui aie fait cette découverte; je ne connois aucun Chimifte qui en ait park, & les Auteurs françois les : plus {DES SCTENCES, $77 plus modernes, qui aïent écrit fur la Chimie, difent que l'al- kali végétal ne criftallile point: je puis citer, par exemple, M.° Macquer (a), Beaumé /b) & Machy fc). Je ferai remarquer que je criflallife par le même procédé, non- feulement lalkali fixe retiré du nitré; mais encore celui de toutes les matières végétales qui donne par lincinération, “de l'alkali végétal pur, fans aucun mélange de {els neutres, & qui a perdu par la calcination la partie charbonneufe ou phlo- giflique dont ces derniers alkalis font prefque toujours 4arbouillés. Je regarde avec les Chimifles tous ces alkalis, retirés du nitre & des plantes qui donnent par la combuftion de l'alkali végétal pur, comme parfaitement identiques avec l'alkali fixe du tartre. Cette opération dépend d'un tour dé main aflez facile à exécuter par un artifte expérimenté; elle m'a toujours mieux réuffi en grand, j'ai remarqué qu'on obtenoit pour lors de plus gros criflaux. Ce que je viens de dire réntre dans la clafle des phénomènes de la criflallifation: le plus grand nombre des fels donne communément de gros criflaux, dès qu'on procède en grand, quoiqu'on puifle faire criflallifér en petit fort ailé- ment celui dont j'ai à parler. Voici en ractourci la manière dont on fait cetté criftallifa- tion; on fait brûler le titre crud à la manière accoutumée, ce procédé eft dans ‘tous les livres dé Chimie, on obferve qu'il foit bien brûlé & ealciné, afin qu'il n'y refle aucune partie charbonneufe ou phlosiftique, A près cette première opération, on leffive avec une fuffifante quantité d'eau de pluie, ce tartre brûlé (il eft mdifférent pour le fuécès de la criflallifation, que cette leffive fe fafle avec de l'eau froide ou de l'eau tiède ); on fre cette diflolution à travers le papier gris, & on met cette liqueur dans un grand vaiffeau dé terre bien évafé: celui dont je me fers à un pied de diamètre d'ouverture, & fa profondeur n'a guère plus de quatre ou cinq pouces; on place ce vaifleau dans un fourneau ordinaire, de façon qu'il-sÿ emboïte bien ,: (&) Diétionnaire de ‘Chimie, vol. 4, pages 7> 7 89. (b) Manuel chimique, page 128, (€) Inftituts de Chimie, rome 1, page 226. Mém, 1764: . Dddd 578 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE & qu'il ny ait que les rebords du vaiffeau qui fortent du fourneau; on fait allumer du charbon, & on y fait un feu modéré (tout ceci fe fait à feu nu), de façon que la liqueur n'éprouve pas l'ébullition ; dès que là diflolution faline a été rapprochée, par l'évaporation, au point de former à la furface une forte pellicule qui reffemble à une efpèce de gelée, à faut ceffer le feu, ne tenir dans le fourneau que deux ou trois charbons allumés, enfévelis fous les cendres chaudes, & bien boucher tous les regiftres. On laiffera enfuite refroidir à ce degré dé feu la liqueur faline rapprochée, comme je viens de le dire, fn ce fourneau, & on peut étre afluré qu'à mefure que le efroidiflement {e fera lentement & par deorés, il fe formera de gros criftaux très-réguliers; on les trouve principalement comme fufpendus fous la forte pellicule qui leur fert , pour ainfr dire, de couverture; il sen forme auffi aux côtés du vaifleau. Cette opération m'a toujours bien réuffr, l'ayant répétée fort fouvent & toujours en grand; j'ai eu chaque fois depuis deux jufqu'à quatre livres de cet alkali bien criflallifé. Je ferai remarquer que j'ai exécuté ce procédé dans un petit falon voûté, attenant à mon laboratoire, où il y a une efpèce d'étuve; & dans lequel, quand les portes font fermées, on fent une lépère chaleur. Je rapporte cette circonflance pour l'exaétitude des faits (car on peut réuffir à faire cette criflallifation dans tout autre lieu) ; je plaçois dans cet endroit mon fourneau, & je faifois en forte que quand ma liqueur faline étoit rapprochée au point marqué, elle fe refroïdit lentement dans ce lieu, que je fermois pendant la nuit. L'air environnant tenant peu d’eau en diflolu- tion , & cette eau étant chaffée par la chaleur du fourneau & de Y'étuve , elle n’étoit pas attirée par l'alkali fixe, quoique ce fel fût de ordre des fels des plus déliquefcens , & qu'il offrit beaucoup de furfaces à l'air : cette criftallifation m'a toujours réuffi parfaitement quand je l'ai faite dans cet endroit. Je ferai obferver que le temps le plus favorable pour la faire avec fuccès, eft le temps fec & quand le vent du nord fouffle, par la raifon qu'on évite en partie Le contaét de Fair humide dont ce fl eft fort avide. l HPEUSLA.C. LE :N:CLE $! 79 L'alkali fixe du tartre fe criftallife en aiguilles à fix faces ; terminées en pointe, & aflemblées en faifceaux qui forment les gros criflaux; d'autres criftallifent en colonnes hexagones & lolides: Je le répète, on n'obtient ces gros criftaux qu'en procédant en grand, comme je le pratique, c'eft-à-dire que l'épaifleur de cette criftallifation (dans le vaiffeau dont jai donné la defcription) doit être, fous la forte pellicule, de deux ou trois pouces dans toute fon étendue. Pour conferver l'alkali fixe bien criftallifé , il faut le tenir dans un flacon bien bouché, & tenir ce flacon, en été, à la cave ou dans un endroit frais, & en hiver dans un lieu fec. Si l'on expoloit ce fel dans un endroit chaud, les criftaux fe fondroient entièrement ; mais ils reprendroient leur même forme en réitérant là même opération que j'ai décrite. M. Vénel ayant répété à Pézenas mon procédé, & ayant fait évaporer la diflolution d’alkali fixe dans de petits évapo- os à verre, qui avoient 3 pouces & demi d'ouverture, & environ 3 pouces de profondeur, il a eu de très - beaux criflaux attachés aux parois du verre, mais beaucoup plus petits que ceux que j'obtiens dans le vaifieau dont j'ai donné la def- cription, el Sel GC ñ $$$ Le Les