Library of the University of Toronto HIS TOIRE Ce TA TVIE, ET DE | La Mort. : anime a R. fépeirur a pr MaMort quil fuit en FER alonté: rt À cit comme an Flambe au, quon Le 4 ce qua 7 nourrit, Le consumé, ct oder » "E Re -: BÉ VLRE 9 HISTOIRE DE LA VIE DE LA MORT OV IL EST TRAITTE DE la longue & courte durée de toute {orte de CorpssDes caufes de leur de. cadence; & des moyensd'en reparer les defauts,autant qu ife peut. | COMPOSE'E PAR Mr". ER FRANCOIS BACON; GRAND CHANCELIER D'ANGLETERRE, Etfidelementtraduitepar L.BAvVDoOIN. Es A DARIS., fGvILLAVME LOYSON,dans !! la Gallerie des nes nomde + Chez 2 JEsvs. Pal IEAN- BAPTISTE Loyson,( Palais: | dans la falle He de SES of, ! AVEC PRIVILEGE Dy ROY*. _ MONSEIGNEVR SEGVIER: CHANCELIER DE FRANCE. Le... k ONSEIGNEV'R;: … l'adnoüe que i ay maunaifé grace d'offrir a VOS TRE GRANDEVR cette HI- EPISTRE: $TOIRE DE LA VIE, & de LA MORT, pus qu'elle nenfeigne rien que Vous ne feachiez des-ja,pour d'auoir appris de vos propres AMeditations, plus aduanta- geufement que de tous Les Liures des “Philofophes. le vous La prefente neantmoins, n0n pastaf pour effiwer digne de voffre veué la Traduction ue ten ay faite, qu'afin de éxrhorifés par ùn Nom fi celebre comme cff le voftre. D'ailleurs, MONSE 1I- GNEVR, pourmeper(ua- der qu'elle ne vows defhlaira Pas » 1l me [ifit d'en auoir téré la Coppie de l'Original EPISTRE. d'un grand CHANCES: LIER, tel que Vous efles; ES qui,comme Vous auffi, 4y- moit fipaffionnément les belles productions de l'Efrit, qu'il mettoit en elles tout le plus doux , ES le plus agreable di- uertifflement de la Vie. Nos Peres, MONSEIGNEVR, ont 1mité celle de vos Illu- + ffres Ayeux 5 Le Siecle ou nous fommes admire la vo- ffres € la Pofferite paflera de l'admiration au rauiffe- ment , par les grandes chofés qu'elle en apprendra dans no- fîre Hifforre. Elle y verra ; MONSEIGNEVR, commelVous auez; vn Char- à iii EPISTRE. me infaillible contre la plus formidable de toutes les Paif- fances; Êt que ce Charme n'eft .@4fre que Voffre propre Verts; qus ne peut craindre la Mort, purs qu'elle vous doit faire vi- re à 14Mais en La meilleure partie de V ous-mefine. Mais tÜme fied malde vouloir vous entretenir de lonanges , €5 de ne Voir Pas, que Vos merifes infinis ont euife toutes celles que ief£aurois 14amais donner 4 VOSTRESGHANE DEVR. S'il eff donc sray MONSEIGNEFER, comme le remarque l'Orateur Latin, qu 1lyanon féulement VA rtain Art, mis encore EPISTRE. qne certaine Eloquence à fe faire. quand noftre Efprit fe tronwe fierile, pour La trop grande fertilst: de la Âatiere ge nous axons 4 traitter Er fE meime, au lugement d'un Grec, le plus ingenieux des Poëtes Lyriques, ce q# 01 ne _ ditpas, fait quelqne fois vne plus forte impreffion que ce que lon dir; lfaut, MON- SEIGNEV R;quel'abon- dance exceffine de tant à A- ions merucilleufes dont vots effes l'immortel Sujet,m inter difant la parolle , rende elo- quent mon Silence , eÿ que mes Efcrits publient pour Los <33 \ . EPISTRE. 3 moy quese fus plus que per- fonne du monde MONSEIGNEVR, DE VOSTRE GR ANDEVR, Le tres-humble,tres-obeïffant, & cres-obligé feruiteur, -- L BAVDOIN. a: dE a 4 a Na of: fe MAS EME US Ve LE 2 M AV LECTEVR. ps L vous auez leu ce Liure ANSE en Latin, vous m aduoûe- 728 rez, Lecteur, qu'il traitte de Matieres aflez difhiciles, pour pouuoir eftre miles en noftre Lan oue, auec quelque forte d'agrcé- ment. Caril s y rencontre en chaf- que page, diuers termes de F'Efcho- le, quon appelle autrement des Mots confacrez, qui mont quel. quefois embarraflé, pour n'enauoir {ceu trouueren François d'aufli ex- preffifs, ny d'aufli propres àrendre le fens de mon Autheur. Iemen fuis acquitté neantmoins, le mieux que 1 ay pû ; Et Jay fait auec vne rcligicufe circonfpettion, afin de GE A ncrien ofter, s'ileftoit poflible, de hdi gnité de cet Ouurage Pour cet. té mefme raifon auffh , dans ces Obferuations de Phyfique, le fujet defquelles fe Peut nômer precieux, 1aY mieux aimé que mon expref. fion, fans eftre rüde,ne fût pas pour- tant fi raffinée , de peur qu'il ne maduint comme dcesmauuais La pidaires, quipour vouloir trop po- irvn Diament, en diminuent en- femble le poids, & le prix, Adieu, Extrait du Prinilee du Roy. P: R Grace & Priuilege du Roy, il eft per- misàlEANBAVDOIx defaireimpri- mer par tel Imprimeur ou Libraire qw’il adui- fera bon eltre:, Toutes les Oeuures de Fr À x- çois BAcoON, Chancelier d'Angleterre ,de la traduétion dudit B À y po 1N ; & cedurant l’efpace de dix ans,à commencer duiour que chaque Volume fera acheué d'imprimer pour la premiere fois; Auecque deffences à tous Libraires, Imprimeurs,ou autres que ceux qui auront droi& de luy, d'imprimer, ou faire im- primer aucuns traiétez de ce mefme Autheur, de la verfion dudit BAv box, fur les peines portées par ledit Priuilege. Donné à Parisle treizicfme Nouembre 1640. Par le Royen fon Confeil, Signé, ConNRART. Ledit fieur Baudoin a cedé à Guillaume Loyfon, & Iean-Baptifte Loyfon, Marchäds Libraires,fon Priuilege, feulement pour cette Hiffoire de la Vie, & de la Mort, faiuant VA c- cord, qu'ils en ont paflé enfemble, fousleur feing priué. Achené d'imprimer pour la premiere fois le dix- busCiefine our de May 1647. TABLE DES PRINCIPAVX SVRE TS DE CE LIVRE KA ECHERCHES di- L | ®, à): aerfes toschant la ne 3 à SU Vie éx la Mort. NN Dés chofes de longue durée. | II, Du deffeichement ; De ce qu'il l'em- peche; e£ des moyens d'atten. drir ce qui ef} deffeiche. 28. La longue ex la courte Vie aux Animaux. 7 Les Quadrapedes. $9 Les Oifeanx. 66. Les Poiffons. 76. La Nourriture, @ dequoy les cho- fes fe nourriffent. 93 La longue ex la courte Vie en l'Homme. 1Or. Medicamens propres a prolonger la V’îe. 18 Operations fur les ESprits,pour les conferuer en leur vigueur , les re- nouueller ex les rajeunir. HI- SEFOIRE E p. 212. Operation fur l'exclufion de l'air, on Aduis pour fe mettre en defen- fe contre l'air exterieur. BEST. LI. p. 273. Operation, ou Aduës, touchant la generation @ la diffribation du Sang. HI STE LEL "pic Operation far les Sucs qui ar- ronfent les Parties de noftre corps. HIST. IV. p.314. Operation o# Aduis touchant l'Oe- conomie des V'ifceres, pour bien : preparer, €@ difiribuer les Al- ments. HIST, V. p.330 Aduis touchant la difiribation des … Blbments aux Partiésexterieu= res. HIST. VI. p.363. Operation fur les Aliments, es comment il les faut prendre, HISE. VER p.369. Operation [ur le dernier À e d À f- fimilation HIST. VIIL p.380. Operation touchät lesmoyens d'At- tendrir ce qui a commencé de [e defjeicher. HIST.1X. p.388. Operation [ur le Reffablffement du vieux Suc,on moyen de le renou:- ueller de temps en temps. HIST.X. p.402 Des Approches de la Mort. p.408. Differences entre la Ieuneffe , éx le Vieille]. p.436. Aphorifmes tonchant la Vie &@ la Mort, fur la Durée de l'une, er la Forme de l'autre. p.449 Fin dela Table. ll Ÿ V#S 20777 "7 - }, DA: L N S + PEL QU LS t= 7 ES >] — S LAN AR Ÿ (A VE UE à AZ # CAS LS } < = 27 = , L Will 4: 2/ TR OÉTAE ses PU AO) £ \ CE ! : re = * ee 7 — ZT É TA. Ton <& NAS Se > LS Meot Li ?4 4 LT AAAL : ' #7 ÿ ERA OE © ET À LA POSTERITE! OS auions deffein que dans noffre Hiffos- re naturelle, celle-cy de PAS la V1E,€7 de la MORT, tint le dernier lien, entre les autres que nous anons promis de faire voir dans fix mois. Maïsilnous 4 [em- DE depuis entierement neceffaire de changer cét ordre, és de la publier en fuitre de la premiere. e4 quoy NOUS 4 particulierement obligez le merneilleux fruit qui [6 pent cueil. lir du temps qu'on employe 4 cetra- #ail , dont il n'eft pas infques aux € : æ « moindres momens qui ne foient f precieux, qu'ilen faut tenir laperte pour irreparable : Car nous efpe- rons,comme c'ef noffre defir,quil en reuiendra du bien à quantité de per- fonnes; er que les Medecins hors du commun , en ayant vnpen plus de courage, iront auf$i Un peu plus a- gant que la guerifon des falades; € feront honnoreX, non [eulement pour le befoin qu'on aura d'eux, mais deuiendront encore Âvens €x AAiniftres de la Toute-puiffance x de la Bonté diuine, en matiere de conferuer la fanté aux hommes, 5 de leur prolonger mefme la Wie. (e qu'a mon adais on doit fouhaitter d'autant plus volontiers, quil fe pent faire par des moyens non moins afeurexz,qu ils font hôneftes &ÿ com- modes, quoy que iu[qu'icy l'on ne les ait pas eSpreuuëz. Et à wray dire, bien que nous,qui fommes Chre- ffiens, afbirions pafionnémenr, 7 fans relafche à cette beureufe Pa- érie, qui nouï 4 eflé promife ; ce ne fera pas neantmoins vne petite mar- que de la faueur de Dieu, fi randis q#e nous. voyageons dans le Defers de ce Monde , ce Corps fragile,en qguineft qu'une defhogille mortelle; | ne fe confume fi tof, éx ne svfe que lemoins qu'on pourra. (d'A bd vd SE a Pa Na a as NA ae INTRODVCTION à l'Hiffoire de la Vie; €5 de la Mort. ME L y à long-temps que so l'on fe plaint,& qu'on ne PH celle de dire, Que l'Art ef? long, x la Vie courte. A raï- {on dequoy il femble à propos, que nous qui nous employons à per- feŒionner les Arts,trauaillons auffi à rechercher les moyens de pro- longer la Vie, fauorifez de celuy qui en cft la fource,& l'Autheur de toute Verité. Car bien que la Vie : des Mortels ne foit proprement qu'vnefuitte,& vn côble de pechez _ & de miferes continuelles, ou fi vous voulez, Vn moment paffager, Préfare peu confiderable à ceux qui afpi- rent à l'Eternite; fi eft-ce que nous qui fommes Chreftiens , ne pou- __uons mieux employer fa courte duree, qu'a faire ts œuureschari- tables. A cela nous dojuent obliger en: core plus les confiderations fuiuan- tes; Que le Fauory delesvs-CHRIST a furuefcu ‘à tous les autres Difci. ples; Que parmy les Peres,les bons Religieux, & les Sain@s Hermites, il s'en eft trouué plufieurs qui ont vefcu long-temps ; Et que depuis la mort de noftre Sauueur, cette be nedition dont ileft parlé , fi fou- uent dans l'ancienne Loy,eft moins _ décheuë que toutes les autres bene- dictions de la terre. Or comme l'inclination eft naturellement por- téc aitenir pour vn grand bien vne € ii Preface. longue Vie ; Aufli eft-il extremé- ment difficile de trouuer les vrais moyens de Kà prolonger. Que fi quelque chofe en augmente la dif- ficulte, c'eft la vanité de ceux qui sen on accroire {ur cette matiere, & qui par leurs fauffes opinions, la ruynent de fonds en côble. Car d’vn cofté c'eft vn fondement trom peur de la Medecine commune ce qu'elle fuppofefans cognoiffance, del hu- meurradicale, & dela chaleur na- turelle; Et de l'autre les grandes promelfes des Souffeurs, & des Empyriques, ne font d Dora qu'a- mufer les hommes de belles cfpe- rances, qui les abandonnent enfin, apres les auoir long-temps entre= tenus. Or ie n'entreprends pas icy de faire destraittez exactes de diuerfes Preface. fortes de maladies, qui procedent dela corruption des humeurs; ny dela mort qui peut-cftre caufes par quelque prompte fufocarion , ou par tel autre accident inopiné,qui font chofes communement enfci- gnéss dans les Efcholes de Medeci- ne:mais feulement de cette fortede Mort, où nous conduit la Viciilefle, à faute de Suc & de nourriture,&t par vne perte inéuitable de nos for- ces. Ce neft pas pourtant que je croye cftre obligé à ne rien dire des dernicresapproches de la Mort, _ny de l'extinétion finale de Vic: Carbien qu'elte procede d'uncinf- nité de defordres, quifont caufez, ou dufdehors,ou du dedäss elle fait neâtmoins Les derniers efforts pret- que toufours d'vne mefme forte; Etceftdequoy ic mereferue à trait- iii Preface. ter en la derniere partie dece Liure. Que s'ileftoiren noftre puiflance derc parer enticremét en nos Corps le : premier pncipe de la Vie, la du- res en feroit Homes celle du feu des Veftales. Voila pour- quoy les Medecins & lesPhilofo- phes s'eftant aduilez que tous Anis maux auoient befoin denourriture, pour reparer la perte des cfprits, & durefte des fubftances , qui Le fait neccffairement en RUES Corps(bien que toutcsfoisils ne puiffent fubfi- fter long-temps fans vicillir,ny fans ..ceffer de viure) ont mis en auant que leur mort arriuoit enfin, a cau- fequece qui iles maintenoit:en vie, ne pouuoit cftre fuffifamment re pa- ré: D'ou il eft aduenu, qu’ ils ont Auppolé vn degaft continuel de l'Humide radical, dont le fonds ne RS 4 — = LEA Preface. fe peut reftablir; mais qu'au con. traire leremplacement qui s'en fait durant tout le cours de la Vie,eft imparfait & defectueux. La raifon ft, dautant que ce qui eftrempla- céfe trouue pire que ce qui eft per- du; Et qu'enfin mefme cette repa- ration , quelque imparfaite qu elle foit,ne peut pluseftre continuék. Mais toures ces fuppofitions font fautes à plaifir, & fans fondement ; pourcequ'iln ya rien dece qui eft perdu en l'Animal , durant la ieu- nefle ,quinefoitentierement repa- re.Ie disbien d'auantage, c'eft que pendant quelque temps , ce qu'il acquiert furpañle ce qu'il a perdu , non feulement en quantité , puis qu'ideuient plusgrand, mais aufli en qualité, & en ce qu'il eft moil- feur, veu qu'il deuient plus vigou- Prefate. reux, & plus fort auccque l'aage. De (red que fi les Animaux cefsér de viure, ce n'eft point à faute de Matiere, mais feulement pour ne la pouuoir bien employer , & met- tre a profit. Quand l'homme eft au declin de fesans,{es pertes font mal compenfées ; Etsileft aflez bien re- ftably touchant quelques-vnes de {es parties , 1] faut de neceflité qu'il empire en plufeursautres: Ce qui fait que {ur la fin de nosiours,nous enchironsee cha lupplice, {embla- ble en quelque façon à celuy de Mezentius, de voir mourir ce qui cft fain & viuant ennous dans les embraflemens de ce qui f trouue defia mort, & corropu; Et qu'en- fin nous cts de poffeder cequi peut eftre reparé , pource qu'il eft “joint à cequi eft irréparable, Car Preface. en effet au decours denoftre aace, ce qu'il y a dans nos Corps, d'ef- prits, defang,de chair, & de graifle: eftaffez bien repare,tandis que les parties Les plus feiches, ou Les plus maflues , comme font les Membra- nes, les T'uniques, les Nerfs,les Ar- ‘-teres, les Veines, lesOs, les Cartil- lages, la plufpart des Entrailies , & en vn mot prefque tous nos Mem- bres folides , & plus compolez, qu'on appelle communement les parties organiques & diffimilaires, ne font reparez qu'à demy,ou qu'a- uecque beaucoup de cechet. Or cette derniere forte de parties eflat deftinée pour feruir à la conferua- tion aétuelle des autres;Lors qu el- les viennent à defchoir de leurs for- ces , & à faire mal leurs fonctions, tout s'en va en decadence, & rien Preface. ne peut fubfifter apres leur ruyne, puis quen effet leur office eft de pouruoir à leur propre entretien, & aceluy de tout le refte. Enfinla caufe du defiftement de nos forces, & de leur reparation, vient de ce que l'Efprit, par qui nous viuons, et comme vn feu mouuant & actif, quine cefle de nous rauager: outre que l'Air qui nous enuiron- ne confpire aufli cette fin, pource wii fucce noftre Humidité, & rend nos Membres arides : Doù il senfuitenfin,quelaMachine de nos Corpseft deftruitte; & que les ref- forts dela Vie, ne font plus propres à produire les Operations aufquel- les ils eftoient deftinez. Voila en cffet Le chemin qui nous conduit à là Mort naturelle, & les caufes d'où elle procede,qu'il nous faut foi- pe Prefacé: gneufement tafcher de récognoi. ftre, pour trouuer le moyen deles | éuirer, Cela me donne fuiet de partager tout cet Ouurageen deux parties, où sil fautainfi dire, en deuxRe- cherches, dont la premiere fera em. ployée àremarquer les caufesdela confomption,ou du rauage des for. ces, & de la Viedu Corps humain, afin deles cuiter; Et la feconde taf chera de defcouurir les moyens de bien mefnager fa vigueur, & de reftablir les pertes con cinuelles,qui en font inéuitables. Pour ce quitou- che noftre deftru@i6, il faut fur tout auoir efgard à l’efprit qui eft dedäs nous ; & à l'air qui nousenuironne: Et pour ce qui appartient À noftre _ fubfiftance & conferuation, nous deuons nous attacher principale- Préface: ment À defcouurir | œconomie de la diftribution de nos Alimens , & tout le progrez de noftre nourri- ture, À quoy l'adioufte,quant àno- ftre degaft, qu'il nous eft prefque commun auec tout ce qu'il y a de Corps Sublunaires, mefme inani- mez, attendu qu'il ne sen trouue point qui foient tout à fait deftituez d'efprits,& que les atteintes de l'air fe font, ou peu s'en faut, d'vnemef- me forte fur les Corps informes,que fur ceux quifont organilez, & for- mezauecque diuers Membres : fi ce n eft peut.cftre que le furplus des ef- prits qu'ont ceux-cy pardeflus les autres , femble neferuir qu'a les de- ftruire plus promptement , foit à force d'en faire agir les reffortsauec trop dimpetuofité, {oit en fe diffi- pant eux-mefmes par leur aétion £ ftJatle trop cenduë. Car:il eft tres-éuident; que la plufpart des Corps inanimez peuuent fubfifter long-tem ps, fans auoir befoin d'eftre reparez ; au lieu que ceux qui font animez ceflent de viure ; ainfi quele feu, auffi-toft qu'ils mâquent denourriture, C'eft doncques noftre intention dans cét Ouurage, de confiderer le Corps humain ; premicrement felon que fa condition eft commune auccque les Corps inanimez, & qui ne font point nourris;Et en fecond lieu, {e- lon quil ne’ peut fubfifter fans nourriture. Mais en voila de refte pour vne Preface; Venons main- tenant aux Recherches que nous auonsa faire. IL 7 L2 € . PARTICVLIERES, O V, RECHERCHES DIVERSES, TOVCHANT LA VIE,& LA MORT: SE Nquerez-vous fuccin- SF ement,&commeen AN pañlant,de la Nature des Chofes,qui font on plus ou moins de longue Durée, en ce qui regarde les Vegetaux ,& les Corps inanimez. Mais foyez vn peu plus pon* 2. E > 2 HisTOIRE DELA VIE, étuel à rechercher, d'ou vient que tels Corps,perdant leur humidité deuiennent arides ; par quels moyenson peut l'empefcher, où les conferuer en leur eftat; & comment lesattendrir, lesamol- lir, & lesrajeunir, apres qu'ilsont commécé vne fois à fe deffecher. Cette Recherche pourtant ne doit pas eftre cout à fait fi exacte; dautant que ces chofes font com. meannexées à ce quieft durable de foy ; & que ce n'eft pas d'elles principalement qu'il faut s'en- queriricy, puis qu'elles ne feruent que de lumieres à la connoiffance de ce qui peut prolonger,ou ré- tablir la Vie des animaux A quoy contribuent, comme nous auons desja dit,des chofes prefque fem- blables,mais chacune à fa mode. ET DELA MORT. 3 - Soyés foigneux de vous en- 3; querir delalonoue & courte Vie des Animaux; Enfemble des cir- conftances requifes à s'éclaircir comme il faut de cette Matiere. Or pource que la Durée des 4: Corps fe confidere en deux façôs; L'vneen fon Identité fin ple l'au- creen fa Reparation, dont la pre- miere n'a lieu feulement qu'aux Corps inanimez ; & la feconde qu'aux Vegetaux, & aux Ani- maux; Puifque celle-cy fe fait par l'vfage conuenable des Alimens, il faut s'enquerit de ce qui appar- tient à la Nourriture , & à fon Progrez ; Mais ilfufit que ce foit en paflant, à caufe que cela regar- de proprement ce qu'on appelle, Re *Affmilation, & * Alimentation. en mefine [uLffsnce, Ÿ Façon de nourrir. À i 4 HISTOIRE DE LA V'IÉ, De cette Recherche touchant les Animaux, & leur Nourriture, il faut pañler à celle de l'Homme. Car tant plus le fujet de s'inftruire eftnoble , tant plusdoit-on eftre foigneux de l'examiner. Enquerez-vousdela longue & courte purée de la Vie des Hom- mes, felon les âges du Monde; les Pays,oules Clymats differens; & les lieux deleur Naïffance & de leur Demeure. Faites-en de mefme à l'efgard de leurT yge,& de leur prouigne- ment,en vous enquerant s'ils font de Race à viure peu,oulono-téps; Come encore, quelle eft la Com- plexion , la Conftitution, l'Habi- rude, &laTaille de leur Corps;s'ils font creusou non, fuiuantles de- grez ordinaires de la Nature , fi ET DE LA Morr. $ leurs Membres ont la proportion requife, & s'ils font bien ou mal faits. Prenez garde au temps deleur Natiuité,de telle forteneatmoins, que fans vous amufer pour l'heure ny aux Pofitions du Ciel ny aux Conjonétions des Eftoiles, ny à telles autres Obferuations d'A- ftrologie, vous ne vous arreftiez qu'aux plus communes&plus eui- dentes; Comme quiremarque- roic fi l'Enfant eft né le fepticf- me, huictiefme, neufuiefme ou dixiefme mois; fi de nuit, ou de jour, & en quel mois de l'année. Sçachez pareillement ce que peuuét les Exercices du Corps,les Abftinences, le bon ou mauuais Regime; & les autres chofes feni- babes, oit pour prolonger, foit A ii Le ai 6 HisToiIRE DE LA VIE, pour accourcir la Vie des Hom- mes. Car quant à l'air ou ils viuét, nous en traitterons cy-apres, dans l'Article des Lieux les plus pro- pres à leur Demeure. Enquerez-vous de leur Vie,ou plus ou moins longue, felon leurs emplois, & leurs deportemens ; Ou fi vous’ voulés encore , felon les Paffions de leur Ame, & les di- uers Accidens qui leur arriuent. Informez-vous feparémét quels font les Remedes, & les Medica- mens qu'on tient les plus propres | à prolonger la Vie. Tafchez de vous éclaircir des Pronoftics & des Signes , de la longue & courte Vie; Non pas toutesfois de ceux qui prefagent vne Mort prochaine: (car cette connoiffance eft de l'Efchole des ; ST DE LA Mort. 7 Medecins ) mais de ces autres qui par la Phyfiognomie & par de femblables connoiffances font iuger fi l'on fe porte bien. Ayant polé iufqu'icy les fond e- mens d'yne maniere d'enquefte confufe & fans ordre, touchant la longueur & la brieucté de la Vie; 1] me femble qu'à cette Recher- cheils'é peut adjouter vneautre, qui foit faite auec Art, & mefme capable d’eftre reduitte en pra- tique par lemoyen desIntentions. Ilyen a detrois Genres, & lors que nous viendrons à Les recher- cher,nous ferons la Diuifion des plus particulieres d’entr'elles. gant aux troisautres, qui font les Gencrales, elles ont pour bût d'empefcherle degaft des Corps, de les Reparer le mieux qu'il fe A iïj 12. T4. 8 HISTOIRE DE LA VIE, peur, & de les renouueller,quand ils font vieux. | Enqueftez-vous donc de ce qi peut empecher là Confom- ption del Humideen l'Homme, & faire que fon Corps ne deuien- nearide,ou du moins en retarder l'euenement. | Sçachez quelles font les chofes qui concernent gencralement la continuation & le progrez dela Nourriture, par qui fe repare le Corps de l'Homme;afin qu'il n'y aitrien qui nefoitbon, ny rien de perdu, s'il eft pofflible. Eftudiez les Remedes qui peu- uéc purger les Humeurs impures, & vicilles, pour en remettre de nouuelles à la place ; ou mefme ceux qui ont la vertu d'amollir % d'hameéter ce qui eft desjà ET DE LA MoRrT. 9 dur & aride. Or pource que vous pourrez difficilement connêtre les diuers chemins quimenent à la Mort, fi vous ne fçauez premierement où en eft le Siege & le Domicile,que l'on peut plus proprement nom- mer fon Antre; Soyez foigneux de vous en enquerir; non pas neantmoins de toute forte de morts ; mais feulement de celles qui ne font pas violentes, & qui arriuent par Prisation,& par In- digence, ou fi vous voulez par Atrophie, comme l'appellent les Grecs. Enquerez-vous donc de ce der- nier genre de Mort, & de fes Ap- proches, qui fe font naturelle- ment, & fans violence. Pour conclufon, eftant necef: 1$4 16, 10 HISTOIRE DE LA VIE, faire de n'ignorer pasles Incidens & les Characteres qui touchent le dernier âge ( ce qu'on ne peut mieux {çauoir,qu'en examinant rouces les differences du tempe- ram ét, & des fonctions du Corps des ieunes & des Vieillars) Re- cherchez-les auecfoin, afin d'ap- prendre par là , d’ou procedent à peu pres tant d'effets diuers qui cn font produits. N'oubliez point non plus d'ef- fayer a defcouurir en quoy prin- cipalement different les Ieunes d'auec les Vieux, en matiere des facultez & del’habitude de leur Corps; où s'il fe rencontre quel- que chofe en la Vieilleffe,qui ait efté permanent iufques alors, & fans aucune diminution, faites en yne ferieufe Remarque, com- ET DE LA MORT, il me d'vn euenement extraordi- naire. ANA E a = DÉS: CH O0 SES DE LONGVE DVRE'E. HISTOIRE. r- compofition des Métaux 54 ft fi ferme, que les hommes Le ne s’aperçoiuent pas qu'ils pren- ns nent fin, à caufe que la vie de x. ceux-cy eft trop courte, pour def- couurir la deftruction de ceux-là. Que fi quelquefois ils font dé- truits,c'eft par la Roüille qui s en- gendre au dehors, pluftoit que par aucune diflipation de leur Humidité propre. Mais pour ce qui eft de l'Or, il a ce priuilege ten 2. —— # # parle Feu rendu volatil , il fe voit 3 12 HISTOIRE DE LA VIE, particulier de n'eftre ruiné, ny par l'vne ny par l’autre de ces deux manieres. Yi NE Bien que l'Argent vif,humi- de & coulant de fa Nature, foit pourtant par efpreuue qu'il ne fe roüille jamais, & que le Temps nele confume point. Les Pierres, principalement les plus dures, & autres chofes fem- blables, que l'on tire des minieres, durent fortlong-temps, mefme quand on les expofe au grand air, & encore plus, fi on les laiffe dans la terre; Ce qui n'empefche pas touresfois,qu'ilnes'amaffe autour des Pierres vne maniere de N'itre, qui leur tient lieu de roüille. Quant la duréedes Metaux, des Criffaux derache, & des Pierres ET DE LA MORT. «is precieufes , lon ne peut douter qu'elle ne foit tres-longue bien que neantmoins l'efclac s'en ter- pifle infenfiblement auecque le Temps. L'on a pris garde fouuent, que les Pierres tournées vers la Bize, durent moins que celles qui font expofées au Vent de Midy,com= me il fe remarque aux Pyrami- des, aux Temples, & aux autres Edifices. Le Fer au conttaire,fe roüille plutoft du cofté du Midy, & plus tard au Seprétrion; ce qu'il eft ayfé de voir aux Baluftres de ce mefme Metal, & aux Grilles qui font mifes deuant les fene- ftres. Dequoy toutesfoisilne faut pas s'eftonner, eftant certain que Ja Roüille vient de Putrefaétion, dont l'Humiditéauance la ruïne 14 HISTOIRE pe ta Vie, du Fer, ainfi que la Sechereffe, fimplement confiderée , hafte -celle de toute forte de Corps. En tous Vegctaux ( nous par- lons de ceux qui font arrachez, & quine vegetent plus)principa- lement aux Arbres, tant plus il y a de dureté, tant plus auffi la du- rée en cft longue, foit en leurs troncs, foit en leur bois, dans les chofes ou ils feruent de Mate- riaux. Et dautant que les parties en font diuerfes, les qualitez le font de mefme., Caril y a des Ar- bres fpongieux, comme le Su- reau, qui pour eftre aflez durs au dehors,ne laiffent pas d’auoir au dedansleur Poslpe fort molle; au contraire des Arbres folides,com- me le Chefne, dont le dedans, qu'on appellele cœur de l'Arbre, ET DE LA MORT) 15 eft ce qu'il yade plus dur en luy, & de he longuedurée. Les fueilles des Plantes, leurs Fleurs, & leur Tyge,fontde cour. te durée ; & fe reduifent en pou- dre, s'ils ne fe pourriflent : mais quant àleurs racines, elles durent dauantage. Les os dese Animaux {e confer- uent vn affez long-temps, come il paroift aux Charniers des Ci- metieres.L'on peut dire lemefme des Cornes, & des Dents ; fur tout de celles de l'Elephant,& du Che. ual Marin. Il fe void par les couuertures des vieux liures , que les Peaux 8e le Cuir durent grandement,com- me encore le Papier, qui neant- moins cede au Parchemin, & fe confume pluftoft. 10° 16 HisToiRE DE LA VIE, Les chofes qui ont fouffert le Feu, comme le Verre, & la Bri- que, refiftent au Temps. Les Fruits auffi quon y adeflechez, paffent les crüdsen durée; & cela procede , non feulement de ce que telle coétion empefche la pourriture;mais encore de ceque l'Humeur Aqueule s'eftant ex- halée l'Olcagineufe en eft mieux fouftenué. L'Eau eft celle de toutes les Li- queurs que l'Air confume plu- toft : L'Huyle au contraire ne s'exhale pas fi promptement. Ce qu'il eft ayfé de remarquer,& däs les Liqueurs, & dans les Corps Mixtes. Car le Papier moüillé d'Eau, & par confequent plus Diaphane, deuient blanc vn peu apres, & quitte fa tranfparance, l'Eau . ET DELA MorT. 17 Y'Eau s'eftant exhalée : le Papier au contraire, trempé dans l'Huy- le eft toufiours tranfparant, à Cau+ fe que l'Huyle nes’exhale point. C'eft pourquoy ceux qui contre- font lesSeings, y mettent par def- fus du papier huylé, par le moyen duquel d'yn vray Original, ils en tirent vnc faufle Copie. Toutes forres de Gommesfont - de longue durée, & pareillement le Miel & la Cire, Mais l'égalité, ou l'incgalité des chofes,qui par accident aduien- nent au Corps ,ne contribuent pas moins qu'elles-mefmes, foit à leur conferuation , foit à leur deftruétion.Car les Bois, les Pier- res, & les autres chofes qui de- meurent toufiours ou dans l'Eau, _ouen l'Air,ne fe deftruifent pas b 12. 18 HISTOIRE DE LA V1E, fi promptement,fi tantoft on les | y met, & tantoft on lesen retire, comme elles font quand on les y : laiffe;Ou left à remarquer enco- re,que les Pierres desBaftimens, pofées en mefme fituation,& au mefme cofté du Ciel, où elles e- ftoient dans les Carrieres,en du- rent dauantage , & femblable- ment les ieunes Arbres,que l'on tire d'vn terroir, pour les tranf- planter en l'autre. REMARQVES GENERAEES. L eff hors de doute qu'en À tout Corps palpableil J4 se ne [ay quel Effrit, quieft ET DE LA MORT. 15 Éomme enuelopé de Parties, qui font palpables auffi; € que de cet Efprir-la vient le principe de toute Diflolution, 0% Confomption ; A bien que la Detention 4e ce mefine Ef- Pris" eff te qui en conférue le Corps. | . L'Effrit eff reténuen deux façons, on par vne maniere _ d'emprifonnement contraint: 04 par Vne Detention vo- lontaire; qui fe fait, on quand l'Efprit n'eft ny trop acre, ny trop mobile ; on quäd l'Air qui l'ennironne Le preffe Moins de [ortir ; € des'exha- ler vifle. D'onil s'enfhit qu'il JA deux chofés de lürue duree. B ij 20 HISTOIRE BE LA VE, qui font le Dur € l'Oleagi- neux, dont l'un refferre l'E fF prit; l'autre l'adoucit , € fait que l'Air «moins de pouuoir | far luy. Car l'Air tient de la fubfiance de l'Eau; € la Flamme de celle de l'Hayle. Voilà pour cœ qui eff dela | longue: €S courte durée des chofés inanimées. HISTOIR E. ES Herbes quon met au rang des plusfroides,meu- | rent tous les ans, foit en | leur Racine, foit en leur Tige; | comme la Laictuë, le Pourpier, le Fromenr, & toute forte de Bled. ÉT/DE LA MORT. 2r Il y en a pourtant quelques-vnes qui durent trois ou quatre ans, comme la Violette, le Frezier, la Pimpenelle, l'Ozeille, la Bourra- che, la Buglofe, ‘qui font dedi- Adioufés 3 celle qui ucrfe durée, bien quellesfe ref- #4", femblent: Car la Bourrache n'a # jf qu'vn an de vie, & la Bugloffe en a deux. Mais la plufpart des Herbes 14. chaudes, viuent plufieurs années; comme L'hyfope, le Thym, la Sarrictte, la Meliffe, l'Abfynte, la + Chamedrys *, la Sauge, la Ruë, mc &c. Le Fenoüil , meurt par fa Tige, & renaïft par fa Racine. uant aux Herbes vulgairement appellces, Ocymum,er Majorana uauis, elles fe portent mieux l'E- fté que l'Hyuer: car eftant plan- rces en vn lieu couuert & ciede, B üj 22 HISTOIRE DE LA VE, elles furuiuent à la Froidure. On tient auffi que l'Hyfope, qui fert d'ornement aux lardins, eftanc rondu deux fois l' année, dure iuf ques à quarante ans. Pour les Arbriffeaux, ils viuent plus ou moins; les vns 6o.ans, les autres au double:la Vigne de mef: me peut aller iufques à la {oixan- tiefme annce, & porter dufruict en fa vieillsité Le Rornarin l cfga- Je en aagçe, fi on le plante en lieu fauorable, & qui luy {oit propre; ; . maisleLierre vicplusdecentans”. F2 tient I] me Quant au Buiffon , ileft mal aizé de L’A-: cnamus, dE pOuUOir juger RATER il vie, ou de li dautant qu'à force de fe Gars ment dité CONTE la cérre,il prend de nouuel- vs. Jes racines, de fotte qu'on ne peur difcerner les vieilles d'auec les nouuelles, “ ET DE LA MORT. 23 De tous les grands Arbresceux 16. qui viuent le plus long-temps, fontlesfuiuans;leChefne,l'Yeufe, le Frefne, l'Ormeau, le Heftre, le Chaftenier, le Plane, le Figuier fauuage, l'Alfier, l'Oliuier des deux cfpeces,* le Palmier, & le» à Meurier; dont les vns viuent iuf- ne ques à huiét cens ans, & les autres ss deux cens, qui eft leur moindre durée, | Mais les Arbres odorans, & 17. refineux font plus durables en leur matiere, que ceux dont nous ve- nons de parler,quoy qu'ils ne vi. uene pas fi fong-temps.Tels font par exemple le Cyprés le Sapin, le Pin ,le Buys,le Genevre; maisle Cedre les furpafle tous en durée, aufh bien qu'en grandeur. Le Frefne,qui eft fi “a à 18. > 1111 20. 24 HISTOIRE DE LA VE, croiftre, & qui groflit infenfible- ment, vit vn peu plus de centans; comme aufli l'Erable & le Cor- mier:Mais le Peuplier, le Tilleul, le Saulx,le Sycomore,&leNoyer, ne viuent pas filong-temps. Le Pommier , le Poirier, le Pru- nier , le Pécher, le Cytronier, le Neflier , le Corniller, & le Ceri- fier, peuuent viure cinquâte ans, ou foixante, principalement fi on a foing d'en ofter la mouffe, quis'yattache ordinairement. La grandeur du corps aux Ar- bres, fion leprend en general, a uelque chofe de commun auec leur longue durée, & pareillem ét la dureté de leur matiere. À quoy l'on peut adioufter,que les Arbres qui portent des glands & des noix, font de plus longue vie que ET DE LA MORT. 2$ les Fruiétiers ; Que ceux qui fe couurent & fe defpoüillent plus card de leurs fueilles, viuent plus long-temps que ces autres qui flcuriflent des premiers; Qu'auec cela les Sauuages durent dauan- rage que les Culriuez ; & ceux qui portent des fruiéts aigres & a= mers, plus que ceux qui en pro- duifent de doux & d'agreables au gouff. À OBS ER A TI ON GENERALE, A remarque tres- Gien la difference qu'il y aentre les Plantes €5 les Ani- maux;touchant leur Nourri- ture, €9 leur Reftabliffement; 26 HisTOrRE DE LA VIE, lors qu'il dit, quele Corps des Animaux demeure comme refferré dans [es bornes, € qu'effant arriné à [a suffe con- fiffance;il eftcofèrue € main- tenu parla Nourriture, [ans croiffre dauantage que par les Cheueux , € par les Ongles, qui pafent pour Excremens: d'onil s'enfuit de neceffite,que ce quil ya de Suc€$ d'Hu- mide en l'Animal,en eff plu- toffconfumé. Mai il n'en eff pas de mefine des Arbres; €£/ comme 1ls PRES de temps en temps de nouueaux rejet- tons, de nouuelles Branches, eÿ de nouneaux Fruits, 11 efthors de doute que leurs par. ET DE LA MORT. 27 ties fe reffablifent par le. Or dantant que ce qui vient de naiftre,€5 qus eften fa pre- miere fève, attire plus puif- ‘ famment 4 [oy la Nourritu- re, quece qui commence à fêi- cher 5 cela fait que le Tronc mefine ; par où cét Aliment baffe aux Branches , prend de la vnenounelle force, €5 come ne nouuelle vie. Ce qui pa- roift clairement aux Arbres qu'on a foin d'émonder;ou fi vous voulez; , aux Bois tail- lis. Car la defcharge de leurs branches , €5 de leurs fuper- fluitez, fortifie leur Tyge,ow leur Tronc, €5 le fait vire plus longtemps; ce que l'Ex= 28 HHSTOIRE DE LA V1E, periencenons apprend tous les ! sours ; quoy qn Arifiote ne l'ayt point remarqué, ny mef meexpliquéaffez clairement ce que nos venons de dire. KE 6h22 CRI ERIC IEHINE 29 LOT DESSEICHEMENT: De ce qui l'empefche;t5 des moyens d'attendrir ce qui eft deffeiché. HISTOIRE. Surl'ar- IE a des chofes que la grande #% RL Chaleur deffeiche, & d'autres qu'elle fond. sé 1. Le Fou durcit la Bouë, ex fait [fondre la Cire. Il deffeiche la Terre les Pierres, le ET DE LA MORT. 23 Bois, le Drap,les Peaux, & en vn mot tout ce qui ne coule point. Il fond les Metaux, la Cire, la Gomme, le Beurre , le Suif, & ainfi durefte. | L'on remarque neantmoins que DA le Feu, s'il eft trop violent,deffei- che à la fin ce quil afondu. Car les Metaux ayant euaporé par vn trop grand Feu ce qu'ils ont de volatil, perdent beaucoup deleur prix & de leur poids; a Ja referue del'Or.Côomeencorparvn excés de chaleur les chofes oleagineu- fes & grafes fe rôtiflent, & de- uiennent arides, | Il eft euident que leorand Air 3. deffeiche leslieux qui s'y trouvé _expofez; comme par exemple la furface dela Terre & les Chemins que la Pluye a moüillez.Le Linge 30 HISTOIRE DE LA VIE, blanchy fe feiche à l'Air, au lieu que les Herbes , les Fleurs, & les Fucilles perdent à lombre ce qu'elles ont d'Humidité. Mais l'Air produit beaucoup mieux cét effet, s'ileft agité des Vents, ou efchauffé des rayons du Soleil, poürueu toutesfois qu'il n'appor- te aucune putrefaction. . In'yarien quideffeiche coôme l’Aage , bien que ce foit lente- ment ainfi qu'il fe remarque en cous les Corps que la Vicilleffe rend arides, pourueu qu'il ne s'y engendre: point de pourriture: L'Aage neantmoins n eft rien de luy-imefme, eftant feulement la mefure du Temps. Mais l'Efprit agiflant dans le Corps; dont il fucce l'humeur, &s'exhale quant & luy, produit cét effet, auecque s ÉT DE LA MORT, 31 l'Air d'alentour, quitientaffiegé ce qu'il y a de Suc & d'Efprits dans les Corps, où il fait infen- fiblement d'eflranges rauages. Vnedes plus grandes proprie- tez du Froid eft de feicher : car le Defleichementne fe fait que par Contraétion,qui eft levray effet de la Froidure. Or dautant qu'à comparailon du grand Feu dont nous pouuons vfer, il faut tenir pour extrememét foible le Froid que nous auons à combattre qui eft celuy de | Hyuer, de la Glace, & de la Neige; De là vient que ce que le Froid deffeiche , eft debile auffi, & facile à fe diffoudre. Que sil arriue, comme il fe void par efpreuue, que la face dela Terre fe deffeiche par la Glace , & enco- re plus par les Vents de Mars,que 32 HISTOIRE DE LA VIE, par la chaleur du Soleil; c'eft pout ce que le mefme Venr,qui leche l'Humeur,par maniere de dire,ex- cite le Froid , & le rend plus vio- lent. VE. Le & La Fumeë du Foÿer defleche parcillement ; comme il fe void aux pieces de lard, & aux langues de Bœuf qu'on pend à la chemi- née. À quoy fe rapporte,que les parfums, d'Olyban, d’Aloës ; & d'autres chofes femblables, def: feichent le cerueau, & oueriflent les defluxionss : __ LeSelproduit le tnefme effet; mais plus lentement , & deffeche non feulement le dehors, mais auffi le dedansdes parties ; ce qui {e void aux poiflons,& aux chairs falées, dont le dedans eft mani- feftement endurcy par vne lon: gue falure. Les ÿ+ ET DE LA MorT. 33 Les Gommes chaudes appli- 2, quées au Cuir, le deffeichent, & le rident; Ce que font aufli certai- nes Eaux reftringentes. L'Efprit du Vin fort deffeiche ». autant que le Feu, iufques-là mefme quil cuit le blanc d'vn œuf,fion l'y iette, & roftir le pain quonÿytrempe: Les Poudres deffeichent ainfi 10° que de l'Efponge, à caufe qu’elles attirent PHurnidité, comme il fe voit en la Poudre qu'oniette fur l'Efcriture toute fraifche. Ilenar riue de mefme en tous les Corps, qui n'ont rien de raboteux ny de rude; pource que leur poliffeure empefche que la Vapeur de l’Hu- mide ne puiffe entrer par les po- res defleichez; & ainfi elle deflei- che par Accident, à caufe qu'elle | [@ 34 HISTOIRE DE LA VE, lesexpofe à l'Air; cequileft ay | de remarquer aux Perles,aux La- mes d'Efpées, & aux glaces des Miroirs, où fi l'on foufle deffus, on les void d'abord fe couurir d'vne fombre Vapeur, qui sef- uanoüit va peuapres,ainfi qu'v- ne petite nuée, & voilà pour ce qui eft du Deffeichement. En quelques Contrées Orien- tales de l'Allemagne ,on fait au- jourd'huy les Greniers dans les Caues, où l'on conferue le Bled, & les autres Grains fur de la pail- le, qui fucce l'Humidité de ces lieux foufterrainis ,& tient les grains toufiours fecs ; D'où vient que ceux du Pays les conferuent jufques à vingt-cinq ou trente ans, & qu'ainfi non feulement ils les exemptent de pourriture ( ce ET DE LA Morr. 35 qui regarde la Recherche que nous pretendons faire mainte- nant,)maisqu'ils les entretien- nent encore dans vne fi grande pureté, que le pain qu'ils en font cftexcellent. Ce que l’on tient a- uoir autresfois efté pratiqué en Capadoce, en Thrace, & en -quelques Prouinces d'Efpagne. Les meilleurs detous les Gre- ,, niers, font ceux que l’on fairau plus haut des Maifons,du cofté de l'Orient, & du Septentrion. Quelques-vns y font deux Plan- chers , l'vn au deflous, & l’autre au deffus : Et celuy-cyeft perce, afin que le Grain defcende fans ceffe par vn trou, ainfi que le Sa- ble d'une des Phioles d’vn Hor- loge de verre; Puis on remet le Grain auecque des Péles dans le 1] 13. 36 HisToiRE DE LA Vie, Plancher le plus haut, afin qu'il fe conferue mieux par ce mouuc- ment continuel. Où il eff à re- marquer, que cét Artifice empef- che non feulement quele Bled ne fe pourrifle, mais aufh qu'ilne fe deffeiche f; promptement. Ce que j'eftime aduenir par la mef- me caufe que nous auons cy- deflus alleguée, qui eft que l'Eua- poration de l'Humeur aqueufe aduancée par l'agication du Vent & du Mouuement, conferueen fon entier ce qu'il ya d'Oleagi- neux, qui fans cela fe fuft exhalé auecl Humeur aqueufe. Les Ca- davres fe conferuent aufl plus long temps en certaines Monta- ones, à raifon de la pureté de l'Air. Les Fruids , comme les Gre: - ET DE LA Morr. 37 nades, les Cytrons, les Pommes, les Poyres; & pareillement les Fleurs, commeles Lys, & les Ro- fes, {e conferuent longuement dans des vaiffleaux de terre bien clos. Et quoy que l'Air quilesen- uironne , ne leur puiffe beaucoup nuire par fes inefoalitez efpan- duës a l'entour, telles à peu pres que celles qui fonc caufées par la Chaleur, & par la Froidure ; Il eft certain neantmoins que tels vaif- feaux fe porteront beaucoup mieux , fi on les enfeuclit dans la Terre , ou fous l'Eau, pourueu u’elle foit à Fombrecomme celle des Puits & des Cyfternes; Mais il faudra que les Vafes que l'on mettra dans l'Eau, foient de Verre. Ceft vne Maxime generale, 14 — C° ï 11} mn, lisa EE LL D RO =! + me 38 HisToiRE DE LA VIE, ue toutes les chofes qu'on en- feuelir au fonds des Eaux, ou fous la terre, fe conferuent beaucoup plus long-temps , que fi elles eftoient au deflus. 15. On a pris garde que les Pom- mes, les Chaftaignes,les Noix, & autres femblables Fruiéts tombez fortuirement dans des referuoirs de Glace, y ontefté trouuez quel- que temps apres aufhi fains,&auflh beaux,que fi on les euft tout fraif- chement cueillis. 16, Les Vignerons entretiennent = JesRaifins en leur fraicheur, & en leur verdure , dans de la Farine; mais ils en font moins agrea- bles au gouft:C'eft dans la Farine auffi quefe côferuent de mefme les Fruicts les plus durs, comme encore parmy des monceaux de ET DE LA MORT. 39 Bled , & dans des coupeaux; lou des raclures de Bois. Ontient que les Corpsfe main-17. tiennent en leur entier dans les li- queurs de leur efpece, comme les Raifins dans le Vin, les Oliues dans l'Huyle. &c. | Les Grenades & les Coins tré. 18. pez vn peu dans de l'eau falée, ou dans celle de la mer, puis fechez au grand Air, pourueu toutesfois que ce foit à l'ombre, fe gardent long-temps encore. = Ees chofes penduës fur le Vin, 19. fur l'Huyle, où fur de la lie, mais beaucoup plus fur le Miel, {ur FE- {prit du Vin, & principalement felon quelques-vns fur le Mer- cure,ou l'Argent vif, en fonc de plus longue durée. Les Fruiéès enuelopez de Cire, 10 C üi 21. 2. 40 HISTOIRE DE LA VE, de Poix,de Pafte,& d'autres fem- blables chofes qui fe durciffent, & dontil fe fait vne maniere de croufte par deflus, sexemptent long-temps de corruption. Ileft certain que les Mouches, les Araignées, & les Fourmis, ve- nant à tomber fortuitement dans la Gomme des Arbres, où ils de- meurent comme enchaffez, ne fe pourriflent nullement, quoy que ce foient des Corps mols & ten- dres. Les Raifins,& les autres Fruiéts, fe conferuent mieux quand on les pend au Plancher. Il y a deux caufes de cela ; L'vne procede de ce qu'ils ne font ny efcachez, ny froiflez, come quand on les met {ur des chofes dures:Et l'autre,de ce que l'Air lesenuironne efgale- ET DE LA MOR#Y. 41 ment de toutes parts. On a remarqué qu'aux Corps, ,. Vegetaux la Putrefaition & le Deffeichement , ne commencent pasen mefme temps,ny de mef- mecofté; mais de celuy principa- leinent , d'ou ils prenoient leur Nourriture dordinaire durant leur Vie. C'eft pourquoy quel- ques-vns font d’aduis de boucher la queuë des Fruiétsauec de la Ci- re, ou de la Poix. La Mefche des Lampes,ou des 2s, Chandelles, quand elle eft groffe, confume plutoft le Suif,ou l'Huy- le, que lors qu'elle eft deflice; comme celle de Cotton aufh fait plus de degaft,que ne font les Meches de Ionc,d'Ofier, & de Chaume. Adjouftez 4 cecy que les Baftons des Torches faits de 24. + 42 HISTOIRE DE LA VE, Sapin, ou de Genevre, bruflent beaucoup plus vifte , que ceux de Frefne ; Et que la Flamme agitée du Vent eft plus agiffante , que celle quieft rranquille; Et moins dans vne Lanterne qu’à defcou- uert. Quelques-vns tiennent en- core , que les Lampes allumées dasles Tombeaux, & autres lieux foufterrains y durent bien plus qu'ailleurs. La Nature de l'aliment, & la façon dont ileft preparé ,nefer- ucnt pas moins à la longue durée des Luminaires,quela Nature de la Flame. Car la Cire dure plus que le Suif: le Suif vn peu humi- de plus que celuy quieft tropfec: & laCire ferme, plus que celle qui eft molle. | Les Arbres,au pied defquels ET DELA Mort. 43 l'on remuë tous les ansla Terre, viuent beaucoup moins que fion ne la remüoit que de cinq en cinq, oude dixen dix ans. Ceux qu'on emonde fouuent, durent dauantage: Et ces autres qu'on prend le foin de fumer, & d’ar- roufer à diuerfes fois reïterées, portent bien plus de fruiét , mais ils en viuent moins: & voylà ce me femble,tout ce qui peut retar- der',ou empefcher le Deffeiche- | ment ,ou la Confomption. Pour le Ramollifflement de ce 26. qui eft deuenu Sec,ils'en voit fort peu d'experiéces. C'eft pourquoy nous en joindros enfemble quel- _ques-vnes, qui fe font en l'Hom- me & aux Animaux. Les Houflines d'Ofier, dont 27, on fe {ert d'ordinaire à lier les 44 HISTOIRE DE LA VE, Treilles & les Cerceaux, deuien- nent plus fouples & plus flexi- bles, fion les trempe ,foit par les bouts, foit toutes entieres dans des Muids pleins d’eau; où fe ref- ferrent encore, & fe confolident les Boules que la feichereffe afen- duës, & entr'ouuertes. 23. Les Bottes, quoy que fort dures, cftant frottées aupres du Feu auec _ du Suif,ou de la Cire , fe ramol- liffent peu à peu , comme font auffiles Veflies,& les Parchemins rtop fecs, fi on les humecte d'Eau chaude , où l’on ait meflé du Suif, ou quelque autre graiffe. 29. Les vieux Arbres,quin ont por- cé du Fruict de longtemps, & qu'on tient pour morts, pouffent | de nouueaux reiettons,& denou- | uelles branches, quand on oùure ET DE LA MORT. 45 & remuë la terre autour de leurs Racines, tellement qu'ils femblét _rajeunir & reviure. Les vieux Bœufs,qui ont touf- 30 iours labouré la Terre, fi on les met däsde bons pafturages, fans les faire trauailler, deuiennent fi tendres & fi gras, que la Chair n'en eft pas moins fauoureufe. VneauftereDictte,par le moyen 3r. du Gaïac, duBifcuit, & d'autres chofes femblables, comme ont accouftumé de la faire lesMartyrs de Venus, ou ceux qui font afli- gez de vieux Cathertes, extenuë grandement les Corps; & neant- moins elle les reftablit aflez fou- uent ; fibien qu'ilsfemblent fe ra- jeunir, & prendre de certe Con- fomptiondes mauuaifes humeurs vne nouuelle vigueur, & de plus 46 HISTOIRE DE LA VIE grandes forces. Nous voyons mef- me par experience, que ceux qui {ont bien gueris de ces maladies quiamaigriflent , en viuent plus onguement, ERINEMINEMTIENINE LINE LI LERIS REMARQVES GENERALES. ES Hommes voyent | come des Hibous dans les efpaiffes tenebres de leurs Notsons. Mais en ma- tiere d' Experience ,on les peut nommer tout à fait Aueugles en plein tour. Ils parlent des Q walitez; Elementairesi de la Secherefle,de ce qui chale l'Hu. ET DE LA MoRT. 47. midité des Corps', €5 de leurs Periodes naturelles, par lef- quelles ils font corropus ou con. fumez5 Cependant ils ne font aucune Obféruation qui vail- le, touchant les Commence- ments, les Milieux, €5 les Extremitez.,foit dela Deflic- cation, /osf de [4 Confomption. L'une €S l'autre fe fonten leur Progrés par trois Atfions; qui tirent leurorigine del'Ef- prit naturel des Corps, comnae nous auons defia dit. … La premiere Action effl'At- 3 tenuation de l'Humide contre l'Efhrit5 La feconde, la Sortie, € l'Euaporation de l'Efrir: La trosfiefine, la Contraction te v 48 HisTOIRE DE LA Vir, des plus groffieres parties di Corps, incontinent apres que l'Efprit s'eft exhale; €ÿ cette derniere ef? la Defliccation, € l'endurciffemet dont nous trai- étons it); pource que les deux premieres ne font Jeulement que Confumer. ; Pour le regard deY Attenua- tion, La chofeeftde foyfortclai. re. Car l'Efprir qui s'enferme envn Corps palpable; de quel. que nature quil foit, nes on- blie iamais; €S tout ce qu'il trouue dedans y effantcomime affiege, pourueu quille puiffé digerer, €9 le changer en fa Subftance, il l'altere entiere- ment, €9 le dompte de telle forte dé ne ce ÈS ét te rh Bt DE LA Morr, 49 | forte, qu'ilfe mulripliepar là, €S'engendre vn nouuel Efprir. Pourpreuue dequo y>œtte feu- le Experience doit fuffire, Que les chofés qui [e feichent beau- coup, en deutennent plus lege- res, pluscreufés, plus porenfes, €9 plus refonantes par le de- dans. Orilefftres-certain que l'Efprit qui effoit en exiffance denant la Chofesne fait rien à Ja Pefanteur,mais pluftoft a la rendre plus legere. Ilfant donc necefairement que ce mefme Efprit ait changéen [03 | Hu- mide,eS le Suc du Corps,qui pelotent auparanants d'où vient que le poulseneffmoin- dre; Etvoila pour ce qui efi de Fini Lt + al 50 HisToiREz DE LA VIE la premiere Achon, a ffauvir de l'Attenuation de l Humeur, € de fon changement en la Subffance de l'Efprit. La feconde Athion, qui est la Sortie, ou l'Euaporation de l'Efprit.eftauffitres manifeffe. Car s'il aduientqu'elle [e faffe tout à la fois, elle eft affeure- met fenfiblesdans les Vapeurs; a laV'euc:€5 dans les Senteurs; a l'Odorat. Mais ff elle agit peu à peu,comme l'Aage enfes degrez.elle fe fait infenfibk- ment, €S c'eft neantmoins la mefinechofe;D'auantage quad | la Maffe dn Corpseff fiferrée; cufi duresque l'Efpritne tronue point de pores,ny de, paf[ages, | | | Dana Moxr à _ par où il puiffe fortir, par ce violent effort qu'il fait 4 rom- pre fa prifôn, il chaÏfe dehors auecque luy les plus efpaifes parties du Corps on il eff; com- ie 1l admienten la rouille des Metaux, on en la vermolif- fure des Chofesgraffes € eff ic) la féconde Action, à bon droit appelée la Sortie €5 l'E- naporation de l'Efprit. La troijiefine Aion effvn pen plus obfîure, mais auffi certaine que les deux autres: C'est le Refferrement des Par- ttes les plus efpaies apres l'E: aaporation de l'Efprits en [uif. te de laquelle 11 fe voit mani: Jeffement que les Corps fe ref? ar début se 52 HUSTOIRE DE LA VIE, férrent.s'eftreffifent,€5 occupet moins de place ,ainff qu'ilfe de- montre par les Cerneaux des Noix, qui ne rempliffent plus leur Coquille, quand ils [ont fêcss par les Poutres,€S les P:- eux de bois, qui fontan com- mencement Vis; €9 Configus puis déioints par la Seichereffe qui les fait tendres; comme en- core par les Boules à ioéer, € par les antres chofes fembla- bles; dont les parties ne fe pou- nant retirer, [anslaif[erentre- f elles un efpace;ilfaut necefai rement qu'elles fe fendent.(ela fe prenne d'ailleurs par les rt- des qui fefontaux (orps,quAd ils font denenus fecs. Car leur ET DE LA MORT. ÿ violence à fe refferrer efff; for- tes quelle retire €S fouflene tout d'un temps les parties du Corps,dont celles qui [e reffer- rent aux extremitez, fe re- banffent au milieu, comme il Je void an Papier,an vieux Parchemin, au Cuir des Ani- maux, au dehors du fourmage mols €5 c'eff la lonsueur du Temps qui produit toutes ces rides. Elles procedent encore de la Chaleur,qui fait non fèule- mentridermais aufSipliffer €S sentortsller , les chofes qu'on approche du fèu,comme ilarri: we am Papier, au Parchemin, aux Fueilles, € ainfidu refte. Ow il'eff à remarquer;que ce 11} 54 HISTOIRE DE LA VIE, Reftrefliflement can[é par le Temps, Je faifant plus lente- ment,ne produit que des Rides au lien que celuy qui vient du feu:comme plusvifle qu'il eff, engendre des plis. Mais en plufieurs chofes, où ne fe for- ment ny Plis ny Rides, ilne fê fait qu'un /imple Reftraiffife. ment des Corps, qu'on ‘voit parmefmemoyen fe Refferrer, s'endurcir, €9 fe Deffeicher, commenous auons dit au con- mencement. Que fi l'Euapo- ration de l'Efhrit, € la Con. fommation de l'Hurmide, fe trouuent auoir tant de force, qu'il ne leur refle point affezs de Corps, pour s'umr fe ET DE LA MORT. 55 _ lier enfémble, alors ilfant de neceffité que cette liaifon ne [e pouuant fatre, le Corps fe pourriffe € qu'il fechange en une mafle de Poudre impal- pable;qui fe diffipe an plus le- ger attouchement,€5 au moin- dre fouffle ; ce qui arriue enco” reentous les Corps VfEZ ; ES aîtenue? au dernier point,co- meaux Papiers, on aux linges bruflez , €7.pareilement aux Corps embaumez depuis plu- fieurs fiecles. C'eff tout ce que l'on pent dire de la troifie fine Aion, touchant le Rerrai- fifement des parties les plus efpaiffes, apres l'Enaporation de l'Efprit. " D A] 56 HISTOIRE DE LA VIE, 7. Îl fautremarqueren fuitte, quele Feu € la Chaleur ne Deffeichent que par Accident. Car leur propre ouurage ei d'Attenuer;€5 d'effendre l'E- fPrit € l'Humide. Mars Ceft par Acadentauffqu'ilarrine, que les autres parties fe rets- rent, foit à caufe de la feule faite du Vuide ; [oit à raifor de quelque autre mounement, dont 1l n'eSf pas maintenant _ quefiron. 8 {leftcertain auffique l'Efprit epandu dans un Corps;en caw- fe la Pourriture, €5 l' Aridite;: d'vne façon toute contraire: Caren la Putrefaction;l Efhrit ne s'exhale paint fimplement; ET DE LA MORT. 7 mais il fait d'estranges efforts du cofté dont ilesfretenn : Les parties les plus efpailles ne [6 retirant pas [ilecalemèet,qu'el- les s'uniffent ES fe lient, pour compofer vn (orps de chofés femblables. LA LONGVE ET LA COVRTE VIE AVX ANIMAVYX. T Oute la Recherche que rie. lon peut faire de la lon. v«iv. | gue €5 courte Vie des Animaux; effort peu de cho- fesoutre qu'on ne [e met pas beaucoup en peine de le remar- quer,€5 que d'ailleurs la Tra: dition que nous en anons eff 58 HisTOIRE DE LA Vi1E, fabuleufe. Letrop grandtra- ail abrege la Vie des Befies; appriuoisées,an Domefliques, €ÿ l'iniure de l'Air celle des Sannages. À quoÿ l'on peus joindre, quepour mieux f[ça- noir cauienefr, 5! faut s'en- querir de la grandeur de leur Corps, duterme de leur Por- tée,du nôbre de leurs Petits, €5” dutemps de leur accroiffemet. La raifoneff,dantant que ces chofes font comme annexées l'vne dans l'autre,€5 que tan. toff elles fe rencontrent toutes enfemble, tantoftelles [ant [e- parées. | J. [28e de l'Homme furpaffe ce- +” luy de tousles autresAnimaux, ET DE LA MoRT. sg à la referue de quelques-vns,autät qu'on le peut {çauoir. A cecy fert grandement de confiderer {a fta- ture, ou fa Taille, Qu'il eft neuf mois dans le ventre, qu'ilen fort … prefque toufiours feul; Que fon Aage de Puberté eft à quatorze ans; & defon Accroiflement iuf- ques à vingt. LES QU ADRVPEDES. ‘Elephant paffe le cours ordi- —"naire de la vie de l'Homme:fa portée de dix ans eft fabuleufe, mais celle de deux,tres-veritable. Il croift iufques à la trentiefme Année, & a les dentsextrememét fortes. C'eft à ce que l'on tient, celuy de tous les Animaux,qui a le fang le plus froid, & la Vic fj 6o HisToirR DE LA VIE, longue, qu'il s'en eft trouué qui ont vefcu iufques a deux censans. Quelques-vns'ont vouluinferet que lesLions viuoientlonguemét, de ce qu'il s'en eft veu plufieurs, quin'auoient aucunes dents.Mais cette Conieture eft foible,dau- tant que cela peut proceder dela puanteur de leur haleine. L'Ourseft vn Animal pareffeux, endormy, pefant, & d'affez cour- ce durée. Le figne de la briefueté de fa!vie, eft celuy de fa Portée dans le Ventre: carelle n'eft que de quarante lours. Bien que le Renard,animal car- naflier, & dont le Repaire eft dans les Cauernes ,femble viure affez long-uemps, cela n'eft pas neantmoins ; & ileft de Fefpece des Chiens, qui font ordinaire. Et DE LA Mort. 6t iment de courte vie. Le Chameau, quon met au nombre des Animaux maigres & nerueux , Vit cinquante ans , & quelquesfois cent. Le Cheual eit d’yvne vie me- diocre, d'enuiron vingt ans, cat c'eft merucille s'il va pour le plus iufques à quarante ; Et l'Homme eft poffible caufe qu'il vit fi peu; Outre que nous n'auos pas main- tenant ces nobles cheuaux du $o- leil , que les Poëtesfont paiftre à leur ayfe,& en pleine liberté dans les gras Pafturages. Ce bel ani: mal croift iufques à fix ans, & en- gendre mefme en fa vicilleffe. La portée de la Ilumenteft plus lon- gue que celle de la femme, & fait plus raremét qu'elle des Iumeaux. L'aage de l'Afne eft prefque le 6: HisToOiRE DE LA Vir, mefme ; mais le Mulet vit plus que l'on nÿ Pautre. | g, On croit communément que les Cerfs viuent long-temps, Et: toutesfois il n'y à point de vraye Hiftoire qui en puifle faire foy. On dit bien que le Cerfde Tor- quatus fut trouue auec vn Colier à demy enfoncé dans la chair; mais cela tient de la Fable. D'ail- leurs,ce que l'on raconte de Ja longueur de fa Vie eft d'autant moins croyable,qu'il ceffe de croi. ftre à l'aage de cinq anis, & que les Branches de fon Bois, qui luy tombe vn peu apres, & fe renou- uelle tous les ans, font plus eftroi- tement iointes {ur lefront, & di- minuent à mefure qu'il en renaift d'autres. 1 9. LeChienne pañle point 20. ans, ET DE LA MORT. 6: & va rarement iufques à qua: torze. Il eft d'vn temperament chaud , & vit fort inégalement. Car le plus fouuent, ouil veille,ou il dort par trop. Sa Portée eft auffi fort courte, à fçauoir de neuffep- Maines. Le Bœuf de mefine,tout fort & tout grand qu'il eft, ne va que iufques à quinzeans, & vit plus que fa Femel e;qui ne fait le plus fouuent qu'vn veau, & dont là porte cit d’enuiron fix mois. C'eft vn animal parefleux, char: nu, qui s'engraifle facilement, & quine fe nourrit que d'herbes, La Brebis arriue tarementiuf- Il. quesa dix ans ,quoy que ce foit Vn animal de taille mediocre ,& couuert a l'efpreuue du Froid. Ce quila de plus merucilleux en luy, O; LR 12, 64 HISTOIRE DE LA Vie, eft qu'ayant fort peu de Bile, il eft neantmoins celuy de tousles Ani: maux dont la Toyfon eft la plus crefpée; ne fe trouuant pointde poil, qui foit naturellement fitor- tillé n°y fi frifé que laLayne. Les Moutons ne font capables deGe- neration que depuis trois ausiuf- ques à huit, & leurs Femelles en- gendrent tant qu'elles viuent, Cét Animal au refte eft fort maladif, & peut bien à peine acheuer le cours de la vie que la Nature luy a prefcrit. Le Bouc ne vit pas dauantage que la Brebis ; & quantaurefte, il ne differe pas beaucoup d'elle Or bien qu'il foit plus agile, & qu'il ait la Chair plus ferme, fi eft-ce qu'il n'eft pasde filongue durée, à caufe de fa trop grande lafciueté. Quoy ETDE LA MORT. 6$ Quoy qu'il ne fe trouue point d'Animal qui ait la Chair plus hu. ide que le Pourçeau , ilfemble neantmoins que cela ne contri- buëen rien à la longueur de fa vie, qui eft de quinze à vingt ans. Quant celle duSanelier,on n’en _ fçaicrien de certain. L'aace du Chat cft de fix ans d'ordinaire, & s'eftend pour le plus iufques à la dixiefme année. Ceft vn Animal difpos au poffi- ble, qui a dansles Efprits vnetres= grande viuacité;& la femence du- quel eft fi chaude, qu'au rapport d'Élian;elle brufle fa femelle: Ce qui a donné lieu à ce commun di- re ; Que la Charte conçoit auec douleur, & fait fes pecits auec plai- fr, &facilité. Cét Animal eft fi glouton, qu'il deuote plutoft la 1 + 14 15. 16. 66 HiIsTOIRE DE LA Vis, viande qu'ilne l'a mafchée. Les Lievres & les Lapins vont à peine iufques à fept ans, & font tellement feconds, qu'ilsconçoi- uent mefme ayant defià le ventre plain. Leur principale difference confifte, en ce que les Lapins vi- uent fous terre, & les Lievresen plaine campagne ; outre que la Chair du Lievre eft beaucoup plus noire que celle des Lapins. LES OYSEAVX%X. Es Animaux Volatils,à les cor: fiderer par la grandeur de leur Corps, font beaucoup moindres queles Quadrupedes . Car l'Ai- gle & leCygne, font petits fans doute ,à l'efgal du Bœuf, où du Cheual; & l'Auftruche, à compa- ET DELAMORT. 6; raifon de l'Elephant. La Nature n'a pas mal couvert les Oyfeaux, puis qu'affeurémenc _ la Plume eft plus chaude, & de- fend du Froid , mieux que le Poil, & la Laine. Les Oyfeaux font plufieurs 17: Couuées,& ne pondent pas tout à la fois; Ce qui fait qu'ils peu- uéten mieux nourtir leurs petits. Ils mâchent peu, ou du tout point ce qu'ils mangent : car tel qu'ils ont pris l'aliment, tel on le trouue danseur Gozier. Ce qui n'empefche pas neâtmoins qu'ils ne caflent fort bien les Noyauxs pour en tirer ce qui eft dedans. L'on tient mefme qu’ils ont la co- Ction fiforte, & fi chaude, qu'ils digerent facilement les chofes les plus difficiles à digerer. | E. ij —_ 683 HISTOIRE DE LA VIE, 20, De la façon qu'ils volent en l'Air, leurs Membres fe meuuent, & fe fouftiennent enfemble ; ce qui eft fans doute le plus fain de tousles Exercices. 21 Quant à leur Generation, Ari- ftote a fort bien remarqué (quoy que d'ailleursil me femble lauoir affez mal attribué aux autres Ani- maux ) que la Semence du Mafle fertle moins,& qu'elle luy done plutoft de l'Aétiuité que de la Maticre; d'ou vient qu'en plu- fieurs on ne peut pas difcernerles œufs feconds, d'auec ceux qui ne le font pas. 22. Tous les Oyfeaux prefque dans vn an, oudans vnterme vn peu plus long, croiffent autant qu'ils doiuent croiftre. Il eft vray que l'on conte les années en quelques: ET DELA MORT. 65 vns par la muë de leurs plumes, & en quelques autres par ce qu'on en iuge a leur bec, mais nullemét par la grandeur de leur Corps. On tient que l'Aigle vit fort long-temps;mais on ne dit pas combien. La Conje@ure en eft tirée de ce qu'en renouuellant fon Be, elle fe rajeunit ; ce qui a don- né lieu à ce commun dire, La Vieille]le de le Aigle. Toutesfois il {e peut faire que ce Renouuelle- ment ne chige pas fon Beq, mais qu'au contraire, le changemét de Beq eft ce qui la renouuelle. Car pour l'auoir trop crochu, à raifon de fa Vicilleffe,elle ne peut man- ger quauecpeine, b 3 Il s'en faut peu que les Vaurours 24 n'aillent iufques à cent années ' & Îes Milans de mefme; eftant bien À E iij 30 HIiSsToiRE DELA VIE, certain qu'il y a peu d'Oyfeaux de proye , qui ne viucnt dauantage que les autres, Quant à l'Efper- uier, pource qu'il degenere de fa natureentre les mains de l'Hônx, quife l'affujetit pour [es plaifirs; On ne peut pas faire vn iugemét affeure, touchät le cours de fa vie. Il s'en eft veu neantmoins de Do- meftiques, âgez de trenteans ; & de Sauuages, qui en ont vefcu . QMarante. | 25* Le Corbeau arriue quelques fois à cent ans: [left carnaflier au pofhible, ne vole pas beaucoup, {encore ne s'efloigne-t'il gueres d'vnlieu) & ala Chairextreme- mentnoire. La Corneille luy ref- femble en tout,horfmis qu'elle eft plus petite, & de different rama ge. Elle vit vn peu moins, & tou- ET DE LA MORT. JI tesfois on la met au nombre des Oyfeaux qui durent le plus. C'eft chofe certaine, que le Cy- 16 gnc pale fouuent au delà de cent années. I] ef fort couuert de plu- mes, vit de poiflon, & fait fon nid fur le bord des Riuieres, & des Eaux courantes, qu'il n'abandon- ne iamais. L'Oyc parcillement eft du nom- 27 bre desOyfeaux de longue durée, : quoy qu'elle ne fe nourriffe que d'herbe, & de femblable pafture. La Sauuage vit plus que la Dome- ftique; Ce quia donné lieu à ce Prouerbe chez les Allemans; I/e/f plus vieilqu'une Oye fauuage. L'on en pourroit direautant des 2 $ Cigoignes fila Remarque qui en fut faite anciennement :eftoit veritable , à fçauoir,qu'elles n'e. E ii :& HISTOIRE DE LA Vie, ftoient iamais venuës à Thebes, à caufe que cette Ville auoit efté prife plufieurs fois. Que fi elles auoient pris garde à cela, ou il falloic qu'elles euflent la me- moire “a: que d'vn fieck, ou que les meres en euffent appris l Hiftoire à leurs petits; ce qui feroit fabuleux, & routafaitridi- - : cule. | | 29 PourlePhænix, fic'eft vne ve- rité que ce qu'on en dit, les belles Fables qu'on y adjoufte la ren- dent fufpeéte de Menfonge; Et ne fert de rien de vouloir faire pafler pour vne grande merueille qu'on l'ait veu voler fouuent, ac. compagné d'vne foule d'autres Oylfeaux de toutes éfpeces; puis quil en aduient demefme au Chat-huant, quand il vole, & ee = 1 s ABLE =<, ET DE LA MORT. 73 au Perroquet efchappé de fa Cage. Il s'eft veu tel Perroquet chez nous, qui a vefcu foixante ans, fans compter l'aage qu'il pou- uoitauoir ,quand de fon Clymat il fuc tranfporté au noftre. Cét Oyfeau mange de tout, mâche la viande, change quelquefois de Bec, eft vn peu farouche, & a la chairnoire. Le Paon dure vingt années, & ne prend les yeux d Argus qu'au troifiefme an de fon âge: il mar- che lentement, & a la chair blan- che. + Le Cogeft grandement chaud, auf ardant au combat de Mars, qu'au ieu de Venus, & dont la vie neit pas beaucoup longue. Il 30 31 32 74 HISTOIRE DE LA VIE, *c'pà l'Humeur gaye, & la Charnure sähe, commelePaon*. 4 3. LeCoq d'Inde,oude Turquie, ne vit gueres plus long temps que le Coq ordinaire. Ceft vn Oy- feau fort colere,tres-opiniaftre au Combar, & quia la Chair gran- dement blanche. 34 L'aage des Pigeons Ramiers eft par fois de cinquante ans. Ils vi- uent prefque toufioursen l'Air, 8e ne fe perchent qu'aux lieux les plus hauts, où ils fonc leur Nid pour l'ordinaire. Quant aux Pi- geons Domefliques,& auxTour- cerelles, leur vie n'eft que de hui“ ans pour le plus. | 35. Les Faifans & les Perdrix peu- uent viure iufques à quinze ans; Oyfeaux feconds, & qui en fone beaucoup à la fois : ils ont la chair - ET DE LA MORT. 7f vh peu noire. Lon tient quentre les petits 36. Oyfeaux, le Merle eft de ceux qui viuent le plus. Il n'eft pas moins hardy que-criard ; & quoy qu'il {oicopiniaftre en fon jargon, ilne laifle pas pourtant de contrefaire la voix humaine, & mefme d'ap- prendre à parler, quand on le luy monftre. La trop grande hafciueré du 37 Moineau,eft caufe fans doute de fa courte durée. Mais le Chardon- neret, qui n'eft pas fi grand que luy, vit enuiron vingtans. Nous n’auons rien d’affeuré tou- 38. chant l'âge des Auftruches: celles qu'on a nourries däsles Maifons, ayant efté fi mal-heureufes, qu'on n'a pü “remarquer fi fes années font longues; ce que neantmoins 76 HisToir DE LA VE, l'on tient pour affeuré : maisl'on n'en fçait paslenombre, LES POISSONS. 33 OVR les Poiflons, leur vie cft plus incertaine que celle des Animaux terreftres, pour e- ftre moins remarquable, à caufe qu'ils font roufiours dans l'Eau. Plufieurs d'entr'eux ne refpirent point ;d'où vient que l'Efprit vi- talen eft plus renfermé; & par- tant, quoy qu'ils prennent du rafraifchiflement par les oreil- les, fi eft-ce qu'il n'eft pas fi frequent que celuy dela Refpira- tion. 4o Viuant dans l'Eau comme ils font, ils font exempts de ce Def- HOLD DE LA MoRT. 7? feichement & de cette Diffipa- tion d'Efprits,qui fe fait par l'Air d'alentour. Toutesfois il n’y à pointde doute que l'Eau qui les enuironne , & qui penetre les Pores de leur Corps, y eftant receuë, ne foit aufh nuifible à la Vie que l'Air. C'eft la commune opinion, 4! qu'ils ont le Sang moins tiede que les Animaux terreftres; & qu'ilyena parmy eux de figou- lus, qu'ils mangent iufques à ceux de leur Efpece.Leur Chair eft plus molle, moins folide, & moins nourrifflante que celle des Ani- mauxterreftres. Ils nelaiffent pas pourtant de venir excefliuement gras, & par deflus tous la Baleine, du Corps de laquelle on tire vne prodigieufe quantité d'Huyle, 78 HisToiRE DE LA ViE; 42 Ondit queles Dauphins viuent enuiron trente ans;Ce que l'Expe- rience a faiét connoiftre en quel- ques-vns de ces Poiflons , à qui l'on auoit coupe la queuë.Ils croif- fentiufques à la dixiefrne de leurs années. 43. Voicy vne chofe qu'on rappor- te des Poiffons, qui me femble merucilleufe.C'eft que leur Corps s'attenuë, & s'amoindrit par la longueur du Temps,fans que leut Queuë, ny leur Tefte, en reçoi- uent aucune diminution. 44 Ils'eftirouué dans les Eftangs des anciens Empereurs, des Mure- nes, qui auoient vefcu foixante ans. Aufli deuenoient-elles fi fa- milieres, & fi priuées par vn long vfage, que l'Orateur Craflus en pleura la perte d'vne. | ” ET DE LA MORT. 79 Le Brocheteft vn Poiffon d’eau AS: douce, extremement glouton, & la Chair duquel, n’eft pas moins | fciche que ferme, vit quelquesfois iufques à quaranteans. | La Carpe, le Barbeau,la T'anche, , & l'Anguille, & les autres Poiffons femblables, ne viuent pas plus de dix ans. e Le Saumon croift tout à coup, 47 & ne vit gueres, non plus que la Truite; Au contraire de la Perche, qui eft long-temps à croiftre, & de plus longue durée. Pour ce qui eft des Oudres & 48 des Balaines, épouuentables pour la prodigieufe Maffe de leur Corps, l'on n'eft pas bien affeuré de la longueur de leur vie, ny de celle auff des Veaux marins, des Mar- foüyns, & d'vne infinité d’autres Pouiflons. — $o HiIsToiRE DE LA VIE, 49 Le Crocodille, feul Animal à ce que l'on tient, qui ne cefle de croiftre iufques àla Mort , a la Vie extremement longue. Come il eft engendré d'vn Ocuf’; aufli engendre-t'il des Oeufs tout de mefme. Il eft fi gourmand aure- fte, qu'ilengloutit au lieu de m3- got ; cruel au delà de toute ima- gination, & couuert à l'aduanta- ge contrei la violence de l'Eau. Quant aux autres Animaux, foit à Efcailles, foit à Coquilles,nous ne fçaurions dire afleurémene combien ils viuent. REMAR. ET DELA Mort. f#f R EMARQ VE S GENERALES. # L eft difficile de trouuer [ quelque Reigle certaine,de la longue, on de la courte Wie des Animaux,tant à rai= fon du peu de foin qu'on a ers d'en faire des Obférsations exattes, que pour l'embarras des Caufés, enueloppées l'une dans l'autre. Nous en ferons icy quelques Remarques. Parmy les Animanx Volatils il s'en tronuue beaucoup qui vi- uent plus long-temps que les Quadrupedes; comme par e 82 HISTOIRE DE LA V'1Ë, exemple l'Aigle, le Vantour, de Milan, le Pelican, le Cor- beau, la Corneille, le Cygne, la Cicoigne, la Grnë, l'Ibis, lePerroquet,le Pigeon ramier, €9 ainfides autres, quoy qu'en un an de temps ils [otent en leur perfetion, € qu'ils n'ayet pas le Corps fi grand. Ils doi- uent en partie cette longue vie, a leur Conuerture, capable de les defendre des iniures dn Cieb € en partie à la bontéde l'Air fémblables à ceux qui en refbirent un extremement pur fur lefommet des Montaignes qu'ils habitentice quicontribuë grademët ales faire viure plus dog-téps. Adjouftez-y que leur SHONRIRRRES ET DE LAMORT, S$3 mounemet,qui [e fait de la fa - fon que nous auons dit,ne laf° fant pas fitofi,en eff moins pe- nible, € par confequent plus falutaire. cAnecque cela,les OyfEaux n'ont point faute de nourriture dans le ventre de deurs meres, pource que leurs | Oeufs viennent à s'eftlorre de tempsen temps. Mais la cau- fe de leur longue Vie procede {ur tout, Jiiene me trompe, de ce que la fubffance de la Mere contribué plus à leur Genera- ion que celle du Pere; d'où vietqu'ilsontvn E [prit moins acre,€9 moinsenflamme. ÆAquoyl'on peutioindreen- core, Que les Animaux gui F ij 84 HISTOIRE DE LA V1E, tirent plus de la Subffance de leur Mere, que de celle de . leur Pere, viuent dauantage, | € tels font les Oyféanx; ainfi que mous auons dit. Comme donc cenx qui demeurent plus long-temps dans le ventre de leur Mere,tirent plus de [a Subffance,€ÿ moins de la Se- mence de leur Pere, auffi{ont- ils de plus longue vie. D'ou nous inferons encore, quenire les hommes, come nous auons pris garde en quelques-vns, cœux qui reffemblent plus à leurs ÎMeres, vinent d'auan- tage , €5 pareillement les En- « fans des Vieillards;que de ieu- « nes Femmes ont engendre? ET DE LA MORT. 385; pournem que leurs Peres ne fotent point mal fainssny Va- letudinaires Les commencemens des cho- fes peuuent ou nuire, ou pro- fiter beaucoup, C'eff pourquoy La bonne Nourriture du Fruit dans le Ventre, jointe à l'ad- uantage de n'y effre pas a l'e- ffroit importe beaucoup à la Logneur de la vie; Ce quiarri- ue, on quand la production s'en faict de temps en Temps » comme celle des Oyftaux, ou quadle Fruit effvnique, come celuy deces Animaux quin'en font qu'on d'ordinaire. Mass la longue demeure du 4: Fruit dans le Ventre, contri- F üij 96 HisToiRE DE LA VIE, à buéentrois façons afa Durée. Premierement, dautant qu'il. tire plus de [uc de la fubffance de Lx ÎVere, comme il a efté dit n'aguere. En fecond lien, caufe qu'il fort du vetrebeau- conp plus robuffe , €9 mieux | nourry; ES troifiefmement: pource qu'ilefbronne plus tard lesinfenfibles raüages de l'Air. Ce qui monffre encore que les : periodes de la Nature mefme fe font par de plus grandes Circulations. Que files Bœufs | €S les Brebis, qui demeurent enuiron deux mois dans le L’entre de leurs Meres,n'en vi- uent pas dauantagei il s'en faut prendre à d'autres (aufes ET DE LAMORT. 37 qui produifent cét effer. … Ceux à qui l'Herbe ou le ;: Foin fert de Paffure ordinaire, durent moins que ces autres quine vinent que de Chairiow qui ne mangent que des [e- mances €S des fruits, comme les Oyféaux: Car les (erfs,qui font de longue vie, prennent, comme l'on dit communément, la moitié de leur Nourriture au deff#s de leurtefte, Pour ce qui efi de l'Oye,ontre l'Herbe dont elle fe repaift d'ordinaire, elle troune encore dans l'Eau quelque forte d' Aliment qui luy profite. La couuerture du Corpsme <. fémble férnir beaucoup à pro- F ui 88 ET DE LA MORT. longer la vie. La raifon eff, pource qu'elle le preférue des inégalite? ES des injures de l'Air, qui luy font extreme - mentnuifibles Enquoy les Oy- feaux ont de tres-grands ad- uantages [ar tous les autres cAnimaux. ÎMais pour les Brebis, qui ont vne fi bonne fourrure, il fantimputer leur courtevie a leursfrequèetes ma. ladies,€S al'vfage des Herbes, qui [ont leur feul Aliment. Le principal fiege des Efbrirs effaffeurémer das le Ceruean: ce qui doit s'entendre non feu- lement des Efhrits Animaux, mais auffi detous les autres: ÆEtcelaprocede [ans donte de ce ET DE LA MORT. 89 que les Efpritslechent.s il fant ainfi dire, €5 confument le Corpsinfenfiblemenr: de forte que leurtrop grande abondan- ce,jointe à leur chaleur exceffi- ue,€S a leur Acrimonie,abre- ge beaucoup la Vie.C'eff pour- quoy ileff a croire qu'une des principales Caufes de la logue vie des Oyféaux >; vient de ce qu'ilsont lateflefortpetite, à proportion du reffe de leur corps; € lontient mefme que les Hommes; qui ont le Crane fortgrand; ne viuent pas tant _queceux qui l'ont moindre. La façonde porter le (orps, ainfi qu'il aeité dit cy deffws, ef celuy de tons les moune- 90 HUSTOIRE DE LA VIE, mens qui fert le plus a la lon- ue vie;ouil ejt aremarquer; que les Oyfeaux de Rintere le portent comme le Cygne, quand ils volent, € que tons les autres en font de mefine, mais auec vn mouuement de Membres un pew violent. Ce qu'oberuent auffiles Poiffons: de la lonçue Vie defquels nous n'anons gueres de certitude. o. Tant plus leschofés tardent acroistre, €5 à paruenir a leur perfection, tant plus elles [ont de longue duree; ce quitefinoi- gne ; que les Pertodess'enfont par de plus grandes Circula- tions. Parou neantmoins 1e #'entends pas fénlement parler _ ET DE LA MorrT. ET _ du fimple accroiffement , mais * encore des autres degrez; de Maturités comme qui dirott que la premiere chofe qui arrt- ne aceluy qui effné, ceftd a- noir des Dents, puis du Poil aux parties bonteufes , €5 en fuitte de la Barbe. * Lesmoinsfarouches de touf a les Animaux, comme la Bre- bis, €5 La Colombe,ne viuent pas long-rempsi Car la Bile ef däs le (orpscomevne Queux, € von Aiguillon à plujieurs Foncfions. | Les Animaux qui ont la 1 - Chair blanche, vient moins -queceux. qui l'ont notre. Car cela fgnife que le facdu Corps to 92 HISTOIRE DE LA VIE, eftplusferme,€5 qu'ilnefe dif. Jipe pas Ji vifte. | En toute chofe corruptible, la Quantitéfertheaucoup ala conferuation du Corps entier. | Carle Feu,quandil effgrand, en eff plus lent à s'effeindre; Tant moins il ya d'Ean dans Un Vafe, tant plus prompte- ment elle s'énapore;éS le Troc ne [6 deffeiche pas fitoff que la Branche. A ra1{on dequoy;c'eft une Maxime generale, par- lant des Efheces,€5 non des In. dinidus,que tous les plasgrads Animaux vinent plus que les petits, fi quelque autre puif- fante Caufé n'y apporte dé l'empefihement. k ET DE LA Morr. 93 CES PRL EIRE EE TN EE NLIEDUS LT) L A NRER RETIRE, Er de quoy les chofes fe nourrif]ent. EST OI RE. A Nourriture doit eftre 5#. | d'une Subftance fimple, Erhe & d’vne Nature inférieu- 1. re à la Chofe nourrie. Les Plantes fe nourriflent d'Eau & de Ter- re ; les Animaux de Plantes; les Hommes, d Animaux (dont il y en a quantité de Carnafñliers } & cn partie de Plantes aufh. Où vous remarquerez pourtant, que les Hommes & les Beftes 64 HISTOIRE DE LA VE, qui viuent dechair, fe peuuent difficilement nourrir de Plantes feules. 11 n'eft pas incompatible “encore, que par vn long vfage les Fruits, & les Semances cuites ne puiflent feruir à la Nourriture, mais nullement les fucilles des Plantes non plus que les Herbes cruës.Dequoy nous auonsl'Expe- rience en la façon de viure des Re: ligieux Fueillantins. 2, Maisla trop grande Proximité, ou,s'ilfaut vfer de ce mot, la Cos- fubstantialité de l'Aliment , à l'é- gard du Corps qui le prend , ne rcüflit pas. Car les Beftes qui fe uourriflent d'Herbes,netouchenc point àla Chair; Mefme parmy les plus carnaflieres, il y en afort peu qui mangent de celle de leur propre Efpece:car quant aux 4n- | ET DE LA MorT. 9$ éropophages , ou Mangeurs-d H6- mes,ils ne commencerent à viure de Chair humaine, que depuis qu'ils le firent pour fe vanger de leurs Ennemis , ou que par vne execrable couftume;ils fe porte- tent d'eux-mefmes à cét Appetit dénaturé. l'adjoufte à cela,queles Terres ne font pas heureufement enfemancées du mefme grain qu'elles ont produit; & que ce _n'eft pas aufh l'ordre d'enter des Grefles dans leur propre Tronc. Tant plus l'Aliment eft bien preparé, tant plus il approche de la Subftance de la chofe nourrie; Et pareillement plus les Plantes font fertiles, & plus les Animaux font gras. A quoy fe rapporte qu'vn Arbriffeau planté en terre, ne s’y nourri pas fibien,qu'vnre- = 4: 06 HisToirE DE LA VE, jerton que l’on ente envn Tronc conforme à fa Nature ,où ilcrou- ue vn Aliment qui luy eft propre, & tout digere. Comme encore, que la Semance de Oignon ier- técenterre,ne ptoduir pas vne fi grande Plante,que fi elle eft mife dans vnautre Oignon jufques à fa Racine. pauantage, l'Experiéce a fait voir depuis peu, que les Gref. fes des Arbres fauuages, comme de l'Ormeau., du Chefne,du Fref- ne, & de leursfemblables,enrées fur leurs troncs, portent de plus grandes Fueilles, quene font les Scions, qui viennent d’eux-mef- me, &fanseftre entez. La Chair cruë n'eft pas fi bonne pour la Nourriture de l'Homme , que la cuite ou la roftie. Les Animaux font nourris par la ET DE LA MORT. 7 la Bouche, lesPlantes par les Ra- cines, le Fruit du Ventre par le Nombril,& les Oyfeaux pour vn peu de temps du moyeu de leurs Oeufs, dont on trouue vne par- tie dans leur Bec, mefme apres qu'ils font éclos. | Tout Aliment eft porté du Centreà la Circonference, ou du Dedans au Dehors; Où toutes- fois il faut remarquer,que les Ar- bres & les Plantes fe nourriflent plutoft par leur Efcorce que par leur Mouëlle, ny que par leurs Parties internes. Caril fe void par exemple , que fi vousles dépoüil- lez en partie deleur Efcorce,vous les faites mourir. Mais quant au Sang qui eft dans les veines des Animaux, ilne nourrit pas moins la Chairde deffous, que celle qui 98 HISTOIRE DE LA VIE, eft au deflus,& àl'entour d'elles: 6 EntouteNourritureilya dou- ble Aion,.à fçauoirl'Expulfion, &l'Atraction; dont la premiere rocede de la Fonction interieu- re, & l'autre de l'exterieure. 7. Les Vegetaux conuertiffent fimplement en leur Subftance les Alimens quils prennent, fans s Ou, *Accroiflement aucun: Car les Excroif- (are, 8 Gommes, & les Refines fe peu- “nv. uent plutoit appeller Sur-abon- frdec dances, & Süperfluitez , qu'Ex- croiffances ; Ou fi vous voulez nommez- les encore des Tu- meurs; Et les Tumeurs quefont elles autre chofe que des Mala- dies> Or pource que la Subftance des Animaux n'elt proprement fufceprible que de fon femblable; De là vient que dédaignant de fe ET DE LA MoRïT. 99. ioindre à des chofes, quiluy font _eftrangeres,elle les rejette comme inutiles, pour s'incorporer à celles qui luy peuuent eftre proffita- bles. 10: 1] y a dequoy s'eftonner de ce _que l'Aliment, qui produit quel- _ ques-fois tänt deFruicts, eft con- traint de pafler par defieftroids conduits, comme font ceux de leur queuë ;Ny Eh ayant prefque point quinenaic vne. … Les femences des Animauxne reçoiuent point de Nourriture, fi elles ne font recentes. Mais celles des Plantes en prennent vne de longue durée: les Arbriffeaux nen plus ne gerinét point que par des Greffesnouuelles, & nouuellsméc _entées ; Etleurs Racinesmefmes neVegetent pas long-temps;fion G i 100 HisTOIRE DE LA Vie, ne les couuredeterre. ïo, En tous Animaux ilyadiuers degrez de Nourriture, conformé- ment à leur Aage. Lefuc quetire le Fruit du Ventre de fa Mere; (étfit pour fa nourriture, Il fefu- ftante de haict,incontinent apres fa Naiffance. Il boit & mange,e- fta nt deuenu plus grandi; Et lors u’|commenceà vieillir, les vian- des Les plus folides,& de meilleur gouft, font celles qu'il ayme. Pr ot La principale chofe dont il [e faut founenir icy, C'eff de rechercher foi- gneufement, fi la Nourriture ne fe peut point infinuër par dehors,ou de moins autrem e nt que par la Bouche. L'on ordonne de fe baigner dans du Lait à ceux quifont en chartre | ou Ethiquess Et quelques Medecins mefme font d'opinion que les Clyfie- ne. ANS. TEE ET:DE LA MORT, 10! res peunent ferkir d'une maniere _ d'Aliment. Dequoy , ce me femble, l'Experience [eroit tres-utile, Car fe la Nourriture [e pounoit prendre ar dehors, ou par autrevoye que celle de l'Eflomach , les Vicillards pourroient parce moycn fuppleer 4 leur indigeftion, éx ainfi [e reffablir entierement. His LA LONGVE ET LA | courte 14 teen l'Homme. HISTOIRE. Sy LE. Saincte Efcriture rapporte, & s. 6.7.3: qu'auant le Deluge les Hom- ».e 1. mes viuoient plufieurs centaines !- d’Années;& toutesfois on netrou: ue point qu'aucun des eg ayt G ii 502 HISTOIRE DELA VE, vefcuiufques à mille ans. On ne peut pas attribuer cette longueur de Vie à la Grace, ouà la Sainéte Lignée; veu que durant le Deluge on comptoit defià vnze Genera- tions de Peres, & huiét feulement des fils d'Adam, depuis Cain; De forte que la Generation de Cain femble auoir durébien dauanta- ge.. Or incontinent qe le De- juge, cette longue Vie fuft retran- chée de la moitiéen ceux qui vin- rent en fuitte: Car Noé,qui eftoit nay auparauant , Velcut autant que fesPeres, & Sem paruintiuf- ques à fix centsans. Mais apres la troifiefme Generation depuis le Deluge ; la Vie deshommes fut seduite à la quatriefme partie du premier Aage, à fçauoir à deux . gents ans. à - = d ee ET DE LA MORT. ro Abraham vefcut cent feptante cinqans, durant lefquels il fe fft cfgalement admirer, & pour fes heureux fuccez, & pour la gran. deur de fon Courage. Ifaac, cent quatre-vinots, Homme chafte, & de vie pacifique.Mais lacob, apres auoir eu plufieurs Enfans, fouffert de grandes incommoditez , & donné des preuues éuidentes de fon adrefle ; de fon Acortife,& de faPatience mourut a l'âge de qua- tre-vingts fept ans ; Et Ifmaël, Homme nay à la Guerre, en vef- cut cent trente-fepr. Mais Sara, ui eft la feule de fon Sexe, de l'âge de laquelle il eft fait men- tion, mourut âgée de cent vingt fept ans, Damebelle & magna- nime,bonneMere,& bonne Fem- meenfemble, non moins recom- ' G üij L 2. 104 HisTOIR DELA VIE, mandable pour fa Franchife , que pour fon Obeyffance enuers fon Mary. Iofeph, aduifé au poffble, & grand Politique, infortuné en fa premiere ieunefle, mais depuis extrémement heureux, fut dansle monde cent & dix ans; Et Leui {on Aifné, cent trente-fept; per- fonnage vindicatif, & d'humeur à ne rien fouffrir. Son Fils dura prefque autant que luy , comme auffi fon Neueu, Pere d'Aaron,& de Movie. | Moyfe, Homme courageux, bien que fort doux, & vn peu Be- gue , paruint jufques à fix vingts ans: Et toutesfois il a dit en vn Pleaume qu'il a fait, Que la Vie des Hommes n’eftoit que de foi- xante-dixannées,& de ceux de ET DE LAMORT. ïos la meilleure conftitution, de qua. tre-vingts au plus : Mais ce terme dure encore auiourd'huy,comme l fe voit par efpreuue.. Aaron prompt à parler, facile en fes mœurs, vn peuinconftant,& plus âgé de trois ans que fon Frere, mourut à mefmetemps que luy. Mais Phineas , Nepueu d’Aaron, vefcut trois cens ans,par vne Gra- ceextraordinaire, s'ileft vray que Ja Guerre des Ifraëlites, contre la Tribu de Benjamin , ait efté faire en la mefme fuitte des Temps, ra- portée dans l'Hiftoire,qui dit que Phineas,perfénage des plus zelez, fut confulté en cetteexpedition. Tofué,grand Homme de Guer- ré, & qui fut heureux en toutes fes Entreprifes, arriua iufques à cent & dix années. Caleb eftoit 106 HISTOIRE DE LA VIE, defon temps, & leurs deux Aages aufh furent d'efgale durée. Apres la deffaicte des Moabites, la Terie Saincte jouyft d'vne plaine Paix par l'efpace de quatre-vingtsans, fous le Gouuernement du Iuge Ehud,quien vefcutcét du moins; auecque reputation d'eftre Har- dy, Courageux, & toufiours preft à fe dévouër, comme vne Viéti- me,pour le falut de fon Peuple. . Job, Homme,d'Eftat,Eloquent, & parfait Exemple de Patien- ce; apres auoir efté reftably en fa premiere profperité,& s'eftre veu auant fes Affiétions en vn âge au- quelilauoit des Fils qui eftoienct hommes faiéts,parüint a cent qua- rante années ; Et lePreftre Elien vefcut iufques à nonante-huict, Homme replet de Corps, paifble ET DE LA MôRT 107 d'Efprit , & grandement indul- gentaux fiens. Le Prophete Elifée femble auoir paflé cent ans, par des Conjeétu- res quon a, qu'ilen vefcuc foi- xante apres l'Affomption d'Elie, &e que defia de ce temps-là il étoic fi vieil que les enfans l'appelloienct pat mocquerie, Veau Chaune. Il eftoit au refte d'humeur agiflan- te; Seuere au poffible, Auftere en fa Vie, & qui mefprifoit les Ri- cheffes. ileft vurhtoblabte en- core qu'Ifaye ne-velcut pas moins qu'Elizée:Car ontrouue qu'il ff profeflion de Prophetie l'efpace de foixante-dix ans. Mais on n'eft pas afleuré du temps qu'il com- mença de Prophetifer,ni de celui qu'il mourut. Ileftoir merueilleu- fement Eloquent , & Prophete 7. 108 HISTOIRE DE LA VIE, Euangelizant , promisde pieu däs le Nouueau Teitament, & com- paré à vne Outre pleine de vin doux. Le vieil T'obie vefcut cent cin- quante-huict ans; & leieune cent vingt-fept ; Hommes mifericor- dieux, & grands Aumofniers. 1] femble aufli qu'au temps de la Captiuité, plufieurs d'entre les luiis retournez deBabylone,ioüy- rent d'vne fort longue vie. Caron dit qu'apres foixante & dix ans, venant à fereflouuenir del'vn & de l’autre Temple, ilsen pleurerét le Changement, & la grande dif- ference.Plufieurs fieclesapres,no- fire Sauueur eftantvenu au Mon. de, le bon Simeon pleind'efpe- rance & d'attente, fe trouua dans l'âge de quatre-vin gtsdixAnnées; ET DE LA MORT. 109 Et en ce mefme temps Anne la Prophetefle prolongea fes iours au de-là decent Ans, dontelleen demeura fept mariée, & Veufue Jeu. AE dE quatre; aufquels il autadioufter ceux de fa Virgini- té, & ceux qui fuiuirent la Prophe- rie qu'elle rendit de noftre Sau« ueur. Ce fut vne fainte Femme, & qui paffa toute fa vie dans les prie- res, & les Abftinences. Ce que les Autheurs Payensrap- portent touchant la longue Vie des Hommes, eft fort fufpeét de Menfonge, foit à raifon des Fables dont on a couftume de remplir ces fortes deNarrations, foit à cau- fe de l'erreur qui fe commet d'or- dinaire dans la fupputation des années, le commenceray par les Egypriens, chez lefquels il ne fe io HisToiRE DE LA Vié, | crotue rien fur cette Maticré, qui foit remarquable, & digne d'eftre tranfmis à la Pofterité; puis qu'il eft certain que ceux de leurs Roys qui ont le NS regné, n'ont point paffé la cinquantiefme, ou la cin- quante cinquiefme année de leur vie. Ce qui doit eftre conté pour rien, veu qu en ces derniers temps c'eft chofe commune d'en voir lufieurs quiviuentautant. Pour ce quieft des Roys d'Arcadie, la Fable leur attribuë vne vie fort longue ; & poflible n'eft-ce pas fans quelque fondement, eftant veritable qu'en cette Contrée Pa: ftorale & Montagneufe, l'Airn'y eft pas moins pur, que la Nourri- iure y eftbonne. Maiscome l'an: cien Pan a toufiours efté le Dieu tutelaire de certe beile Contrée, il ET DE LA MORT. ati fe peut faire auffi que toutes les chofes qui la regardent, oncefte comme Paniques, vaines, & Fa- buleufes, Numa; Roy desRomains, Prin- ce Pacifique, Speculatif,& attaché à la Religion, ne mourut qu'à l’âa. ge de quatre vingtsans;& il fe ve- rificra que M. Valere Coruinen vefcut cent, fi l'on en mét quaran- te fix entre fon premier, & fon fi- xiefme Confulac. Il fut des plus Illuftres de fon temps, Vaillant, Agouerry, Populaire, Affable, & toufiours craitté fauorablemenc de la Fortune. Solon, Leviflateur Athenien, du nombre des fept Sages de Grece, pañla l’âge de quatre-vingts ans, Homme magnanime , Courtois, gran erment affeétionné à {a Pa- 4 | so HISTOIRE DE LA Vi£, trie; Et auec cela verfé en toute {orte de fciences.Ilfeportoit d'in- clination à goufter les plaifirs de la vie, & fetraittoit delicatement. Epimenides deCrete,eut l'aduans rage de viure cent cinquante fept ans, & ce quieft prodigieux, c eft qu'on dit, qu'ilen pafla cinquan- te-fept dansvne Cauerne.Vn de- my fiecle apres, Xenophanes de Colophone; vefcut cent deux an- nées, & encore plus. Car ayant quitté fon pays à vingt-cinq ans, il en employa foixante quinze à voyager, & cela fait il fe retira; mais on ne fçaitpascombien de temps il fut furcerre apres fonre- cour. C’eftoit vnhommeauñlief- loigné du bon fens par fes erreurs, qu'il l'eftoit de fon pays par fes voyages: Carau lieu de Xenopha- | nes, | ET DE LA MORT. 113 fes, il fut appellé Xenomanez, à caufe de l'extrauagance defes o: pinions. Aufhi auoit-il vn efprit vafte, & quine refpiroittien que d'infiny. Anacrcon, Poëte lafcif, volup- tueux, & tres-orand Beuueur, vefcut plus de quatre-vingts ans, & Pindare Thebain , vn peu, + + moins. * C'eftoic vn Efbrit fubli- uoir 8. me, fort adonné au Culte des ns. Dieux, & qui fe plaifoit à parfe- mer fes Efcrits de Nouueautez agreables. Sophocle l’Athenien l'efgala en nombre d'années. Sa facon d'écrire eltoit releuée, com- me il fe voit par fes Oeuures; & fa paflion pour la Poëfie fi grande, & fi ardente, qu'elle luy faifoit ou- blier fes affaires domeftiques. La vie d'ArtaxercesRoy dePer- H ‘ X qui vefcut 24, 45, f4. 114 HisToiRE DE LA VE. fe, fut de quatre-vingtsquatorze ans. Il éftoit hommed efprit ftu- pide, ennemy des grands foins, amy de la Gloire, & par deflus tout de l'Oyfiueté. Le mefme fie- cle fe fit remarquer encore par le grand aagc d'Apgefilaus, Roy de Lacedemone, *Prince qui par fa grande fcience, fembloit eftre vn Philofophe parmy les Roys; mais neantmoins fort Ambitieux, grand Capitaine, & dans la Pro- feflion des Armes, aufli capable d'entreprendre, qu'il eftoit vail- lant & habile à executer. Gorgias Leontin vefcut cent & huitans, celebre Rethoricien,qui fe picquoit de Prudence;qui dans fes Voyages fe peina beaucoup à inftruyre la leyneffe, pour de l'ar: gent, & qui dit vn peu deuant que de mourir, Qu'il n'anoit point de sm * ET DE LA Morr. Irç reproche à faire à la V ieillee. Pro- tagoras Abderite, qui ne fe plai- loit pas moins à Voyager que Gorgias,& quieftantRethoricier comme luy, en alloit monftrane les Preceptes de Ville en Ville, quoy qu'il ne fit pas tant pofef- fon d'enfcigner / Encyclopedie que la Politique, mourut aagé de cent huiét ans, & Ifocrate PAthenien, de quatre vinots dix-huit. Il fut Orateur pareillement , mais fi peu ambitieux, que fuyant la lumiere duBarreau,il ne bougeoit de fa Maifon, où iltenoit Efchole ouuerte aux Gens defireux d'ap- prendre, Democrite, de la ville d'Abderealla iufques à 109.ans ; grand Philofophe & vray Phifi- cien,fi jamais quelqu'vn desGrecs le fuft. Ilayma fort à voir le Môde, H à 15. 116 HiIsToiRE DE LA VIE, pour contenter fa curiofité, mais encore plus à rechercherles fecrets de la Nature, & à faire diuerfes ex- periences de fes Merueilles; d'où vient qu'Ariftote luy reproche d'eftre plutoft Sectateur des Si- militudes, qu'Obferuateur des loix dela difpute. Diogenc Sinopean,quoy qu'in- different, & fale au poffhble en fa nourriture, ne laifla pas de viure quatre-vingts dix ans, durant lef- quels il fit gloire d'eftre libre auec tout le monde, Imperieux enuers {oy-mefme, & patient plusqu'on ne fçauroit croire. Zenon Citti- que, fut cétenaire,aà deux ans prés; 1l auoit le Courage grand; l'Hu- meur portée à defdaigner les fen- timens qui choquoiét les fiens, & ve viuacité d'Efprit fi admirable, ET DE LA Morr, que fans eftre importune ny faf- cheufe, elle gagnoit pluftoft les cœurs,qu'elle neles attachoir;qua- lité qui fut depuis attribuée auec admiratio au rhilofopheSencque. Platon Athenien finitfes iours au boutde quatre-vinots & vn an; Perfonnage Magnanime, mais trop amy du Repos & de la Soli- tude; fublime en la Contempla- tion, Imaginatif, A greable doux, poly en fes Mœurs; & routesfois plus paifible que gay en fon hu- Meur ; ÿ ayant en luy ie ne fçay quoy de Majeftueux, qui faifoit remarquer à tous la merucilleufe moderation de fon Ame. Theo- phrafteErhefien, paruint à l'an de {on aage,quatre vingts cinq,apres s'eftre fair admirer d'vn chacun, autant par la douceur defon éle- | H iij > “sa Je 18 HISTOIRE DELAVIE, quence, que par la diuerfité des belles marieresdont il fçauoir fai- re choix. Carilne prenoit de la Philofophie que les chofes les plus agreables,fans toucher à celles qui n'apportent d'ordinaire que du découft & de 1 cotention. Long- tempsapres Theophrafte,prolon- gea fesioursde mefme que luy, le: {çauant Carneades Cyreneen, qui ar les merueilleux charmes de fon bien-dire, joins à l'agréemét qu'il apportoit aurecit des belles chofes dontilauoitconnoifiance, ne plaifoit pas mains aux autres qu'a foy-mefme. À quoy radiou- fte,que du viuant de Ciceron,Or. bilius, qui n'eftoirny Philofophe, ny Rethoricien, mais feulemenc Grammairien | vefcut ‘pres de centans;ayant efté premaierement (+ ET DELA MoRT. 19 Soldat; puis Maiftre d'Efcole; auf- “fi picquant de la Langue que de la plume, & grandementrude à fes Difciples. | ET Quintus Fabius Maximus fut Augur l'efpace de foixante-trois ans. Ce quiprouue vray-fembla- blement qu'il en vefcut plus de quatre-vingts;quoy qu'il foit vray qu'en la Charge qu'iléxerçoit,on confideroit plus la Nobleffe que l'aage. Il eftoit foigneux de s'ac- commoder au Temps ; plein de Prudence, d'vne humeur feuere, & moderé en toutes les parties de fa vie,qu'ilcemperoit,d'vne douceur I agreable, Mafliniffa, Roy des Nu. mides,paffa quatrevinots dix ans, & euft vn fils l'an 84. de fonâge. Heftoit homme agiflant au pofii- ble; qui fe fioit crandement à la ol 7 120 HISTOIRE DELA Vie, Fortune; qui efprouua quantité d'Accidens, &-de Reuolutions en fa leuneffe, & qui iouytle refte de fes Iours d'vne felicité conftante & perpetuelle. 4 M. P.* Caton, paruint au delà emPur- de quatre-vingts dix ans; & par fon auftere façon de viure, don- na fujet à plufieursde dire deluy, qu'il auoit vn corps & vn courage de fer ; eftant aurefte querelleux, vindicatif, pointilleux;& de plus, non feulement adonné à l'Agri- culture, mais encore à la Mede- cine, pour fon vfage, & defa Fa- _. mille. 19. Terence, Femme de Ciceron, vefcut cent troisans, ayant eu du. gant fa vie beaucoup detrauerfes & d'affictions; premierement de l'Exil de fon Mary, puis de fon ET DE LA MorT. y: Diuorce,& enfin du dernier mal. heur qui luy artiua. I] ya grande apparence que la vie de Luceja fut extrémement longue Caron dit que par l'efpace de cent anstous entiers, elle fift le Meftier de Co- medienne, & reprefenta premie- rement fur le Theatre, commeil eft croyable, le Perfonna ge de Fil. le, puis celuy de Vieille, Galeria Copiola ,Boufonne, & Baladine enfemble, fut introduite aux leux publics, pour y faire fon apprécif- fage. L'on ne fçait pas en quelle année de fon âge cefut; mais ileft bien certain, que quatre-vingts neufans apres, elle parût derechef à la Dedicace du Theatre de Pom- pce ; non. pas comme vne fim- ple Bouffonne, mais comme vn Prodige de fon fiecle, Ellen’en 122 HISTOIRE DE EA We, derneura pas la neantmoins, & fui prefentée pour la croifiefme fois, aux leux qui furent votez pou la fanté d'Augufte.: 7 Il y eut vne autre Comedien- ne, inferieure à celle-cy en âge, mais plus releuée en dignité, qui vefcut prefque quatre-vingts dix ans, Ce fut Liuie lulie, Femme de Cefar Augufte, Mere de Tibere. Car fi la Vie d'Augufte fuft vne Comedie, ce qu'il tafcha de per: fuader luy-mefme, lors qu'eftant maladé dans le Li; il voulut qu'apres 7 auroit refidu l'Ame fes Amys luy donnaflent des ap- plaudiffements ; Il éft à'croire de mefme que lImperartice Eiuié fut vne excellente Comedienne, puis qu'elle ioüa fi bien deux dif: ferents Perfonnages durant fa vie; 20 ET DE LAMORT#T. 123 l'vn auec fon Mary, par fon obeif: fance; & l’autre auecque fon Fils, par l'Afcendant & l'authorité qu'elle fçeut prendre furluy. C’e- {toit au refte vne Princefle Maje- ftueufe, mais de belle humeur,a- giflante danslesaffaires, & ialou- fe au dernier point, de la coferwa- tion de fa Puiffance. lunia, Fem- me de Caflius, & fœur de Brutus, futau{li nonagenaire ayant vefcu {oixante ans, apres la bataille Phi- lipique; Dame magnanine,abon:- dante en richefles; mais dans vn long vefuage, afligée dela perte de fon Mary, & de fes plus pro- _ches;fans que neañtmoins ces tra- uctfes domeftiques diminuaffene en rien les refpe@s, & les hon- neurs legitimes, qu'on luy auoit toufiours rendus, | F— Fi 124 HISTOIRE DE LA Vi, L'An de noftre Seigneur, fep- tante-fix, eft fortmemorable. Ce fut fous le Regne de Vefpafian,où fe trouuerent comme des Faftes de ceux dont la vie fut en ce téps- Ja beaucoup plus longue, qu'elle n'eft d'ordinaire. Car cefte mef- me année il en fut fait vn Dénom- brement,qu'on ne fçauroit met- tre en doute, authorifé commeil eft, de l'Informaton, & de la Cre- ance publique. Alors en cette pat- tie de F'Tralie, qui eftentrele Pau, & l'Appennin, il fe trouua cent vingt-quatre honimes,cinquante quatre defquels eftoient morts ä- gez de cent ans; cinquante-fepe autres, qui en auoient vefcu cenc- dix. Deux autres cent vingt-cinq. Quatre autres, cent trente. Qua- : tre autres, Cent trente-cinq, Où j à ÈTDE LA MORT. 121$ trente fepr; & trois autres cent- quarante. dE Outre ceux-cy,la ville de Parme 22. en donna cinq, trois defquels alle- rentiufques à fix-vingtsans, & les deux autres à cent trente. Bruxel- les en eut vn de cent vingt-cinq ans. Plaifance, vn autre de cent- trente & vn. Faence , vne Femme de cent trente-deux; Et en vñ Bourg nommé Vede, proche des Collines de Plaifance, furent remarquables dix Hommes, fix defquels vefcurent cent dix ans, & les quatre autres, fix-vingts. À quoy i'adioufte pour conclufion, - qu'il fe trouua dans Arimini, vn certain Aponius, âgé de cent cin- quante ans. Pour ne merendre importun, par Aäuer- vn trop long dénombrement des "5 126 HiIsToiRE DE LA Vie, Hommes de longue Vie, day ingé à propos de n'en mettre icy aucun, tant de ceux que 'ay defia rapportez, que des autres’, dont il fera parle cy- apres, qui ait vefcu moins de quatre vingts ans, Surquoy ie me [ais adui- Je de donner à châcun [on Eloge, on fon Caradiere en peu de paroles: «AH ais de telle forte, qu'on en pit ti. rer des Coniectures d'une longue Vie ; à laquelle l'Education, les AMœurs, x la Fortune, contribuent beaucoup. Ou il faut cofiderer encore, que parmy les hommes, les uns [ont la plafpart du temps obligeZ de leurs longues années, a leur bonne conflits. tion, eo les autres à leur Sobrieté, où fi vous voulez à leur bon regime de Viure, quoy qu'ils foient valetudr: haïres, € foivles de leur Nature. Dans toute la lifte des Empe- ET DE LA MorT. 123 | teurs, tant Grecs que Romains ny mefme dans celle des Princes qui ont tenu le Sceptre des Gaules & de là Germanie;Parmi deux cês il ne s'en trouue que quatre,qui AYENC atteint quatre-vingts ans; Aufquels il faut adioufter les deux . Premiers Empereurs, Augufte, & : Tibere; dont l'yn vefcut foixan- te feize ans, l'autre foixante dix. hui, & poflible qu'ils fuflencal. lez iufques à quatrevinots,s'ileuft pleu à Cajus & à Liuic. Augufte eftoit d’yn naturel doux,moderé, en {es entreprifes, prompt âles executer, &.d'ailleurs d'humeur agreable; paifible/en fes Mœurs, fobre en fa façon de viure mais trop fujet aux Femmes, & tres- heureux en toutes chofes. Ileuft en l'âge de trente ans,yne fi gran+ # pour 4- üoir ve{- cu 78.ans. 132$ HisToiRE DE LA VIE; de, & fi dangereufe Maladie, qué tout le Monde en defefperoit. Mais Mufà fon Médecin ordinai- te, voyant que les autresne l'a- uoient pù guerir par des medica: ments chauds, le guerit par des remedes contraires; & il eft vray- femblable que cela feruit à le faire viure plus long-temps. Tiberele pafla de deux années,” Homme qu'Augufte difoït auoir les 2 71a- choires pefantes ; pource qu'enco- re qu'il parlaft fortement , il e- ftoir lent neantmoins en tous fes difcours, comme en fes Mœurs; Cruel, Sanguinaire,grand Beu- ueur, & qui croyoit faire Diette; quand il voyoit par excez des Femmes:Ce qui n'empefchoit pas pourtant, qu'il ne fut d’ailleurs fort bon Mefnager de fa Santé; fl bien ET DE LA Mort. 1:29 bien qu'ilauoit accouftume de di. re, Qu'il falloittenir pour Fol,celuy qui au dela de trente-ans de fon âge, appelloit les Aedecins pour lescon- falter, Le vieil Gordien vefcut quatre- vingts ans; Et toutes-fois bien à peine auoit-il goufté de l'Empire, qu'il mourut de mort violente; Prince Magnanime, Splendide, Sçauant, Poëte, Orateur, tres-é- gal en fa façon de viure, & qui {e püt dire heureux auant {a mort. Valerien auoit foixante-feize ans, lors que Sapor Roy desPerfes, le fitPrifonnier de Guerre, & depuis apresvne captiuité defeptannées, qu'il pafla parmy les outrages & les indignitez, il fut contraint de ceder à fa mauuaife Fortune, qui rendit Tragique le dernier Acte 130 HISTOIRE DE LA VIE, defa vie: Que s'il faut parler fai- nement de luy, ce ne fera point l'offcnfer,que d’appeller fa reputa- tion iniufte en matiere de coura- ge, puis qu'en effet, il n en auoit point. Anafte, furnommé Dico- ras, Prince d’efprit tranquille mais de petit cœur, fuperftitieux, & ti- mide, fe vid âgé de quatre-vingts huit ans: Et Anicius luftinien, de quatre-vingts treize , Homme af- famé de Gloire , parefleux & pe- fant de fa perfonne ; celebre par la valeur, & parka prudence de fes Capitaines; Mais Efclaue de fa fé- me,& trop facile à fe laifler mener par autruy. Helene, Angloife de nation, Mére de Conftantin le Grand, paruint à quatre-vingts ans; Dame magnanime, & toù- o jours heureufe, fans fe mefler ia- ET DE LA MORT, 11 ais d'aucune affaire d'Eftat; ayät leCœur entierement attaché, . non pas au Gouuernement de fon Fils,ny de fon Mary, maisalaRe- ligion feule, & aux exercices de Pieté. L'Imperatrice Thcodore, fœur de Zoës, Femme de Mono- maches, & qui regna toute feule apres fa mort,paffa l'âge de 84.an- nées, toufiours agiflante, laloufé du Commandement, Heureufe, mais plus credule qu'il ne falloir, pour fa trop grande profperité. le pafleray maintenant des Se- _culiers auxPrinces Ecclefiaftiques. L'Apoftre Saint [ean,le bien-ay- mé Difciple de Lefus-Chrift,vefcuc quatre-vingtstreize ans; tres-par- faiétement reprefenté par la Figu- re d'vnAigle,ne réfpirantrien que de Diuin, & telqu'vn Ange Sera- | SAS J i 32 HISTOIRE DE LA VIE, phique parmy les Apofñtres, pout ja gräde ferueur defa Charité. LE. uangelifte Saint Luc, Eloquent au poflble, grand Voyageur, Mede- cin, & Compagnon infeparable d’auecque Saint Paul, fut fur la terre quatre-vingts quatre ans. MaisSimeonCleophas, furnommé le Frere de noftre Seigneur, & qui fut Eucfque de Hierufalem, arriua jufques à fix-vingtsans. Ilmourut Martyr,couronnant toutes fes bon nes Oeuures d'vne preuue indubi- table de Conftance, & de gran- deur de Courage. Polycarpe, Dif- ciple des Apoñtres, Euefque de Smyrn e fuinAr les coniectures que nous en auons, eftendift au de-là de centansle cours de fa vie,que le Martyre abregea.[liut Homme de grand Cœur ,d'yne Patience He- ET DE LA MORT. 1Y33 soïque, & Inuincible à la peine. Denis Areopagite, Contemporain de Saint Paul, fembleauoir vefcu quatre-vingts dix ans. Il merira le nom d'Oy/eau du Ciel , pour fa fu- blime Theologie; & ne fut pas moins infigne en la Vie Actiue, qu’en la Contemplatiue.Aquila & Prifcilla, premierement hofteffes de Flluftre Sain& Paull'Apoñtre; puis fes Coadjutrices , pafferét plus de cent ans dans vn Mariage heu- reux & celebre; apres auoir furuef- cu à Xifte premier, Noble & Illu- ftre Couple, adoné à routes fortes d'A&ions charitables , & à qui parmy les grâdes Cofolations que receyoient les premiers:Fodateurs de l'Eglife , cout le bon-heur qui fe peut trouuer parmy des Perfon- nes mariées, fut octroyé du Ciel, li PR 534 HIisToiIRE DELA ViE, pour vne tres-jufte recompéfe de leur Vertu mutuelle. Saint Paul l'Hermite vefcut cent treize-ans; mais ce fut fi fobrement dans le Deferr, & d'vne façon fi auftere, qu'elle femble auoir efté au de-là des forces humaines. Or quoy que our neftre pas ignorant, il pür fe préualoir de ce qu'il fçauoir, & en- feigner les autres;fi eft-ce qu'il bor- na toute fon eftude äs’entretenir {oy-mefme,par desSoliloques, des | Medirations,& des Prieres conti- nuclles. Saint Anthoine, premier Inftituteur,ou felon quelques-vns, Reformateur des Cœnobites, ac- complit le nombre de cent cinq années. Jl eftoit Deuot, & Con- templatif, fans qu'il fut pourtant inutile aux affaires du Monde. Les Abftinences , & les Aufterirez ET DE LA MORT. 35 eftoiét fon entretien ordinaire däs vne glorieufe Solitude,où mefme l’on pouuoit dire de luy, qu'il n'e- ftoit pas fans commandement. Car il auoit fous fa Difcipline vn grand nombre de bons Religieux, qui {e regloient par fon Exemple; Outre que lesChreftiés, & les Phi. lofophes de fon fiecle l'allant vifi- ter enfoule,le confideroient côme vne viuante Image de toutes for- res de Vertus; & luy rédoient mef- me vne maniere d' Adoration. S. Athanafe mourut au deflus de qua- tre-vinges ans; toufiours armé de conftance, toufiours Maiftre de fa renommée, & toufiours inébran- Jable aux fecoufles de la Fortune. Il cftoit de plus;libre & hardy enuers les Grands, affable aux petits ; & dans les contraftes, s’il en arriuoit AT 136 HISTOIRE DE LA VIE, quelqu'vn,non moinsCourageux, u'adroit & habile ales furmon- ter. Plufeurs ont fait de quatre- vingts dix ans la vie deS. Hierof- me; &ie m'accomodetres-volon- tiers à leur opinion. H auoit vne Plumeinfatigable,vne Eloquence virile, & vneadmirableconnoif- fance des Langues & des Sciences. Ileftoit auec cela grad Voyageur, mais trop aufkere fur fa vicillefle. Tant qu'il vefcut en Homme pri- ué,il eut le Cœur haut, & fit efclat- cer de toutes parts, maloré les te- nebres, la lumiere de fon Nom, & de fon Efprit. Pour le regard des Papes, l'on en copte deux cens quarante-vn; & dans ce grand nombre, cinq feu- lement,qui ont vêcu ou paflé qua- ere-vingts ans, Il eft vray que la ET DE LA MORT. 137 | prerogatiue du Martyrea racour- _cy la vie de plufieurs d'entre les premiers. Jean vingt-troifiefme cefla de viure l'an 90. de fon Aage. Efprit inquiet; quiaymoir les nou- ueautez & les changemens des chofes,tantoft en pis, & rantoft en mieux: mais qui fe plaifoit fur tout à Thefaurizer,& à remplir fes Cof- fes. Gregoire douziefme, ayant cité crée Pape deuärle Schifme, & comme dans vn Interregne,mou- rut à quatre-vingts dix ans. Nous ne trouuons rien de luy que nous puiflions remarquer icy, à caufe de la courte duréedefon Pontificat. Paul troifiefme fortit du Monde, apres y auoir efté or. an. Ileftoit d'vne grande moderatio d'Efprit, tres-bon Con feiller fçauant Aftro: logue, foigneux de fa fanté, & à 38 HISTOIRE DE LA Vie, l'exemple de l'ancien Preftre Ely, tres-Indulgent 2 fes Domeftiques. Paul quatricfme auoit quatre. vingts trois ans quand il mourut. Il laifa cette opinio de luy, d’eftre dë fon naturel,rude,feuere, alcier. imperieux, prompt à s'emporter, & qui parloit auec autant de facr- lité que d'éloquéce. Gregoiretreie ziefme vefcut le mefme âge que luy; Homme d'vne haute probité, fain d'Efprit,& de corps, Excelléc Politique, moderé en toutes fes A- tions, & fort Charitable aux Pau: ures. | Nous ferons le defnombrement des autres dont nousauons à pare Jer, fans obferuer aucun ordre; pource que leschofes quenous en dirons nous femblent douteufes, & moins remarquables que les ET DE LA MORT. 139 precedentes. Le Roy A rgantho- nius, qui tint le Sceptre des Gades en Efpagne,vefcut centtrenteans; ou felon l'opinion de quelques- vas, cent-quarante, dont il en re- gna quatre-vingts, fans qu'il foit parlé de fesmœæurs,ny de fa manie re de viure.Cyniras Roy de Cypre, ioüift des douceurs de la Vie par l'efpace de cent cinquante, ou fe- Jon quelques-vns,de cent foixante années, dans cette belle Ifle autres- fois apellée l'Element des Delices & des Plaifirs voluptueux.L'on dit que de deux Princes Latins,Pere & Fils,quiregnoient dans l’ancienne Icalie, l'vn vefcur huit censans, & l'autre fix cens:mais cetre bellere- lation vient de l’Efcholc de cer- tains Docteurs, que leur trop gran: de credulite, foit en cecy, foit en 140 HisSTOIYRE DE LA VIE, autre chofe, rend cout à fait fuf- pects de menfonge. L'on atcribuë à plufieurs Roys d'Arcadie d’auoir vieilly iufques à trois cens ans: Mais bien que l'air de cette Con- trée foit aflez propre à prolonger la Vie,cela me femble pourtantte- nir beaucoup plus de la Fable que de l'Hiftoire- L'on dicquily euten Ilyrie vn certain Danfon,qui par- uint à cinq cens ans,affranchy de routes les incommoditez dont la Vicilleffe eft accompagnée. Ceft l'opinion commune, que chez les Epiens, dont le Pays fait vne par- tie del Italie, il s'eft crouué des per- fonnes qui font arriuées à deux cens ans,ou meme beaucoup plus auant; Ec entr'autres vn certain Li- torius, de taille de Geant, qui pafla grois cents années, Sur le Sommet : ET DE LA MORT. ‘41 du Mont Timoli, anciennement appellé Tempfi, plufieurs de fes ha- bitas y paruindrent à l’année cent cinquantiefme de leur Aage. À quoy l'on adioufte, que ceux de la Secte des Efleens chez les Iuifs, vi- uoient d'ordinaire plus de cétans; auec apparence que cela procedoit de ce qu'ils tenoient en leur façon de viurele mefme regime que les Difciples de Pithagore. Appollo- nius de T yanée pafia l'âge de cent ans,& jouit d'vne fort belle, & fort heureufe Vieillefle. Auf à vray di- re, Ceftoit vn merucilleux Hom- me; tenu pour Diuin parles Payés, & par les Chreftiens pour Encha- teur. Il viuoit à la manierë des Py- thagoriciens; eftoit grand Voya- geur;celebre par tout le Monde, & honoré come vn Dieu: Toutesfc 142 HISTOIRE DE LA Vie, fur la fin de fon aageilne püts'exe: pter de la cenfure des Hommes, & fut accufé de plufieurs crimes, dont ilfe iuftifia. Quant à fa longueVie, il ne la deuoit pas feulemét à l'ob- feruation des Regles de Pythago- res mais à {a propre naïflance, & au fang dont il eftoit forty; l'Hi- ftoire faifant foy,que l’âge de fon Ayeul fut de fix- vingts dix années complettes. Il eft indubitable en- core, que Q. Metellus en vefcut cent, durant lefquelsilexerça plu- fieurs fois fort heureufement la Charge de Conful:Sur le declin de fon aage, il fut honoré de la Di- gnité de Souuerain Potie; dontil fifi bien les fonctions pr l'efpace de vin gt-ans,qu'il fut remarqué de tous, qu'en prononçant les Vœux en public, il n'hefitoit nullement ET DE LA MORT. ra; de la bouche; & trembloit encore moins des mains}, quand il faifoie les Sacrifices. On tient qu'Ap- pius l'Aueugle, pouffa bien auant fon äge, fans que 'neantmoins on fçache au vray le nôbre de fes ane nées. Tout ce quon en peutdire, eft qu'il en paffa la meilleure partie priué de la lumiere du Iour, fans qu'il laiffât pour cela de gouuer- ner fort bien fa Famille, voire mel me la Republique. En fon extref- me Vieilleffe s'eftant fait porter au Senat dans vne Lictiere, il diffuada puifflamment la Paix auecque Pyr- rhus. Le commencement dela Ha- ranoue quil fit là-deffus, eft d'au- tant plus remarquable,que dansfes paroles femble refpirer vneinuin- cible force d'Efprit, & vne impe- tuofité de Courage, la plussrande 144 HisToirE DB LA Vif, qui fe puiffe imaginer, Mefieurs, leur dit-il; I] y 4 deja plufieurs an- nées que ie fuporte mon Auenglement; auec Une extréme impatience; Mas maintenant qu'on me vient dire que vous mettez en deliberation des chofes boteufes,ie voudroiseftre Sonrdauff: bien qu’ Anengle M.Perpenna mou- rut à quatre-vingts dix-huit ans,a- pres auoir furuefcu à cous ceuxqu'il auoit priez dans le Senat, de vou- loir opiner, au temps qu'il eftoit Conful, ceft à dire, à rous les Sena- teurs de fon année; & mefme à ceux queftanc Cenfeur il auoit RE nommez a cette C hargeeminéte* _ àlareferue defeptfeulement. Hie: ron, Roy de Sicile, au tempsdela fecode guerre Punique, vêcur bien pres de cét ans;perfonnage de grä- de moderation,& en fes Mœurs, & é Mo AE ET DE LA MORT. 145$ en fa fac de viure.Il eftoit de plus fort adonné au culte des Dieux, ar- dant fairedes Amis, jaloux deles conferuer, Liberal, Magnifique, & qui fut heureux tout le temps de fa vie.Statilea,de noble Famille durat l'Empire de Claudius, vefcnt qua- tre vingts dixneuf ans;Clodia, fille d'Opilius, cent & quinze; Xeno- phile, ancien Philofophe, de la Se- te de Pythagore, cent & fix ans, dans vne faine & visoureufe vieil- lefle, comme aufli dans vne oran- de reputation de Doétrine.On dit que ceux de l'Tfle deCoïfe viuoient beaucoup autresfois, mais qu'au- iourd huy ils ne paflent pas l'âge ordinaire. Hippocrate, excellent Medecin,authorifa & honora fon Art, pat R longueur de fa vie, qui fut de cent quatreannées.Sa gran- K 146 HistToiRE DE La ViE, de Prudence adioufta beaucoup de prix à fon merucilleux fçauoir Mais il s'ocupoit fur tout aux Obferua- tions, & aux experiéces,qu ilfaifoit x HEAR en iout , fanss amuler aux Paroles , ny aué Methodes vul- gaites, fe propofant feulement le fonds dela Science; des Nerfs dé laquelle il fe fortifioir, & s’eftudioit à les feparer. Au temps del’ Empe- téur Adrian, le celebre Demonax; Philofophe. re feulement de Pro- fefMion,mais aû (fi de Mœurs, n'aila a$ loing decentans. Il eftoit H6- mede grand Cœur,Maiftre de foy- mefme, {ans oÉbentatioie accouftu- mé à mefprifer les chats humai- nes: & auec cela, ciuil, courtois, & affable à tout le Monde. Vn jour comme fes Amis luy demädoienr, de quelle façon ildefroit eftreen- CET DE LA MoRT. t47 terré, Ne foyex point enpeine de ce- la, Eu refpondiit-il;q#sl vous [uff- fe que la Puanteur enfeuelira ma cha- roigne: Surquoy derechef enquis par eux-mefmes: s’il vouloit qu'on l'expofaft aux Chiens, & aux Oy: feaux; Pourquoy-nonileur repartit- il: Puifquei ‘ay fait tout ce qué j'ay p#, pour profiter aux hommes durant ma vie, quelmaly a-t'ilqu'apres ma mort je fafre aufss quelque bien aux Beffes? Il fe raconte de certains Peuples : des Indes, autrès-fois nommez Pandores ; qu'ils viuoient iufques à deux cens ans; & ce qui me fem- ble plus eftrange , eft, qu'en leur enfance ils auoient id cheueux blancs; & non pas en leur vieilleffe. C D en ciris vne chofe affez commune par tout le Monde, de voir que lesEnfansont chiens K 1; 148 HISTOIRE DE LA VIE, blancs,& qu'ils fenoirciflent, à me- fure qu'ilss aduancent en âge. L'on rapporte qu'en vne autre Contrée des Indes, les habitans qui vfent du Vin fait de Palmes,arriuent à cent trente ans. Le Grammairien Eu- phranor vieillit dans l'Efchole ; où lors qu'il inftruifoit la Ieuneffe, il auoit plas de cent ans. Le peredu Poëte Ouide en vefcut cent dix, auec vneinchinatio bien differente de celle de fon Fils; car pour le mé- pris qu'ilfaifoit des Mufes,il ccha le plus qu'il pût de le rebuter de la poëfie. Afinius Pollio,Fauory d'Au- gufte, Homme adonné au Luxe, éloquent, ftudieux ; mais violent, fuberbe, cruel, & qui fembloitn'e- ftre né que pour foy, paruintau de- là de cent ans, & Seneque iufques à cent-quatorzc; Ce qui me femble ET DE LA MORT. 146 pourtant eftre efloisné de toute apparence de verité : car tant s’en faut qu'en fon extréme vicilleffe il ait efté mis prés dela perfonne de Neron, pour en eftre Precepteur, qu'au contraireileuft vnaffez log- temps fous luy le maniment des Affaires. Adiouftez à cecy,qu'vn euauparauant,3fcauoirversle mi. fu du Regne deClaudius il fut en- uoyé en exil,pour les Adulreres par luy commis auec quelques Dames Romaines. Ce qui ne luy fur pas artiué fans doute. s’il euft efté auf âgé Qu'on l'a fait. L'on tient parie ne {çay quelletradition fondée fur ‘opinion commune que lean des Temps , exceda le nombre de trois cens annees; Ce qui feroit miracu- leux, s’il netenoit de la Fable. Il e- ftoic François de Nation, & porta Ki 150 HisToiRE DE LA V1E, les Armes fous l'Empereur Charle- magne. Gratius Arecin,Bifayeul de Petrarque,ioüift d'vne parfaite s4- té durant cent quatre ans, au bout defquels il mourut, fentanc fur la fin le manquement de fes forces, pluftoft que les Approches de la Mort; Ce qui eft affeurément la vraye Refolution, qui fefaic par la Vicilleffe. Il s'eft trouué dans Ve- nife quantité de perfonnes, & mef- me des plus qualifiées quiont vel. cu fort long-temps. L'on met en ce nombre François Donat, vn defes pucs; Thomas Contarin, Procu- reur de Sainét Marc, & François Molin,qui exerça cette mefme Charge. Mais le plus remarquable de tous,eft Cornare, quife voyant roufiours maladif en {a leunefle, prit vn fi grand foins de fa fanté,& ET DE LA MoRrT. is vn Regime de viure fiauftere, qu'il ne mangeoit, & ne beuuoit par jour que iufques à vn certain poids & vne certaine mefure. Telleméc que ce foin regulier paffa par la couftume en Diere, & de la Diere, en vne longueur de vie, qui le maintint cent ans durant, & enco- re plus, dans vne entiere fanté de Corps & d Efprit. Guillaume Po- {tel, François de Nation, & de no- ftre Siecle, vefcut prés de fix-vingts ans, auecque tant de Vigueur, qu'il n eftoit pas tout à fait blanc quand il mourut, & auoit mefme le poil de la mouftache vn peu noir. Ile- ftoit grand Voyageur, & bon Ma- thematicien; mais outre qu'il n'a uoit pas l'Efprit bien fain, nyaflez raflis, ileftoir encore infe&é d'He- rcfie. K iii) 152 HISTOIRE DELA VIE, 20. lecroy quecheznous en Angle- terre, il ny a point de petite Ville vn peu peuplée, ou l'on ne trouue quelque homme, ou quelque fem- me de l'âge de quatre-vingtsans. Il n'ya paslong-temps, qu'au pays de Hereford, durant les Ieux Floraux, on fitvne Danfe compolée de huit Hômes l'âge defquels faifoit huit censans, en adjouftant aux vnsce que les autres fe trouuoient auoir pardeflus le nombre centenaire. 21. Dans] Hofpitalde;Bcthleem,fon- dé en vn des Faux-bouros de Lon- dres,pour l'entretenemét des Fols, & des Phrenetiques, il s'eft veu fouuent que la vie de la plufpart °* d'entreuxa cfté fort longue. 22, Quantalâgedes Fées, & des Dé- mons aëriens, qu'on dic eftre mortels de Corps, mais detres-lon- Li) ET DE LA MORT, 153 ue durée, ce que nonfeulement É Superftition, & la credulitédes Anciens, mais aufh celle de quel- ques Modernes, voudroit faire paffer pour veritable, nousle met- tons au nombre des Songes, & des Fablesiveu principalement, que ny Ja Philofophie, ny la Religion,ne demeurent point d'accord de cela. C'efticy toute l'Hiftoire de la lon- gue vie en l'Homme,au regard des Individus, ou des chofes qui en ap- prochent le plus. Nous paflerons maintenant par Chapitresaux Ob- {eruations que nous auons à faire la-deflus. Il femble que le DeclindesSie- cles,& ce qui fuccede à la *Pro- out pagation des Hommes,ne dimi- nuent en rien leur longue durée. Car nous voyons par efpreuue que ee ou ment. 154 HISTOIRE DELA VIE, depuis le temps de Moyfeiufques au noftre, le cours de leur Vien'a cfté que d'enuiron quatre-vingts ans, & qu'il nes’eft point diminué infenfiblement, conime quelqu'vn pourroit croire. Ce n'eft pas toutes- fois qu'en chîque Païsik n'y ait des temps aufquels les hommes viuent lus ou moins;Plus, lors que le fiecle eft Barbare; que l'on fe contente de viure fimplement, ou qu'on s'ad- donne aux exercices du Corps, & moinsau contraire, en vn temps où la Ciuilité, le Luxe, la Paillardile, & lOyfiueté regnent d'auantage. Mais toutes ces chofes ont leurs al- lées & leurs venuës, fans que la pro- pagation ferue de rien. IFn'y a point de doute, que le mefmene fe fafle aux Animaux. Car ny les Bœufs, ny les Cheuaux, ny les Bre- ET DE LA MORT. 15$ _bis,& autres femblables, ne viuent pas moins en ces derniers Siecles, qu'aux autres preccdents; Et par- ant il eft certain quela Diminutio de la Vie a efté faite parle Deluge, & poflible qu'elle fe peur faire enco- re par d'autres accidents qui ne font pas moindres; comme par des Inondations particulieres; par de grands embrafements, par de lon- ques feichereffes, par destremble- ments de Terre, & par defembla- bles euenements. La mefme raifon peut auoir lieu, couchant la gran- deur, ou la ftature du Corps, quine s'eft point diminuée par les années quoyÿ que Virgile fuiuant l'opinion commuüne,ayt deuiné que ceux qui viendroient apres luy, feroient de moindre taille que ceux de fon cemps: d'où vient que parlantdes 156! HisToiRE DE LA VE, Terres labourables d'Emathie & d'Emone, il diét que le Laboureur, Foéillant,fansy penfer, dans les vieux Monumens, S'ejfonnera d'y voir d'énormes Offe- mens, Car bien quautres-fois il y ait eu des Geants, comme ceux dont les Corps furent trouucz affeuré. ment en Sicile , & ailleurs dans de vieux fepulchres, & dans des Cauer- nes; {1 eft-ce qu'il y a bien prés de trois mille ans,qu'ilne fe defcouure rien de femblable aux mefmes lieux: & toutesfois cela ne laifle pas de fouffrir encore certaines vi- ciflitudes, par le moyen des Mœurs & des Couftumes ciuiles,comme la longue,ou la courte Vie, Ce qui eft d'autant plus digne d'eftre remar- qué, qu'on croit d'ordinaire, mais ET DE FA MoRT. 15? fauflement, qu'il fe fair vne perpe- tuclle Diminütion,foit de la lon- . gueur de la Vie, foit de la Gran- deur, ou de la Force du Corps, & que toutes chofes vorit de malen pis. Les hommes viuenc plus longue- 24: ment aux paysfroids, & Septen- trionaüx,qu'aux contrées chaudes, & Meridionales. Ce qui aduient neceflairement,de ce que les Corps Septentrionaux ont les pores plus ferrez, le Cuir plus ferme, le Suc moins ayfé à eftre difhipé, & les Efprits mefmes moins acres pour conferuer,& plus faciles à éftre re- parez; Outre que l'Air n'y eftant que mediocrement efchauffé des rayOs du Soleil, y fait vne moindre difipation d'efprics. Mais fous La li- once Equinoétiale;oule Soleil paf £f: 158 HISTOIRE DE LA VE, & où il y a deux Hyuers & deux Eftez,auec vne plus grande efgalité entre les efpaces des lours & des Nuits, les Hommes y viuent aufli pluslong-temps; comme au Perou, & en la Taprobane, fi quelque au- tre chofe n y apporte de l'empcf- chement. | | Les Infulaires furpaflent en durée les Mediterranéens. Caronne vit pas fi longuement en Ruflie qu'aux Ifles Orcades, ny en Afrique, fous lemefmeParallele;çqu'enCanarie, & aux T erceres.Les laponnois de mef- me viuent dauantage que les Chi- nois, quoy que ces derniers foïent paflionnez d'vne vie longue, iuf- ques à vne extreme folie : mais on ne seftonnera pas de cela, fi l'on confidere qu'aux climats froids, le yent de la mer efchauffe, & qu'aux ET DE LA MORT. :;9 pays chaudsilraffraichir. Les Hommes viuent bien plus , d'ordinaireaux lieux efleuez;qu'en ceux qui font bas ; principalement fi ce ne font point Montaignes, mais terres eminantes ,à l'efgard de leur fituation vniuerfelle, telle qu'aeftc celle d'Arcadie en Grece, & vne partie de l'Etolie, dont les Habitans ne mouroient que fort aagez.On pourroit alleauer le mel. me touchant lesMontagnes,à caufe de la pureré de l'Air, fifa trop gran- de fubrilité n’auançoit lesiours pat accident, c'eft à dire, parle moyen des vapeurs, qui montent en haut, & s'yrefoluent. C’eft pourquoy il fe trouue rarement des Perfonnes de longue vie, fur les Montaignes fu- iettes à la neige, comme font les Alpes,les Pirenées , & l'Appennin. 28. 160 HISTOIRE DE LA VE, Au contraire,on voit quantité de vicillesGens aux Vallées, & dansles Collines. Mais au fommet des Monts de large eftenduë, rels que ceux qui fonc tournez du cofte des Abiffins, où à caufe de laterre fa- bloneufe ,ne sefleuent prefque point de vapeurs, les perfonnes y deuiennent fort âgées; fi bien que la plufpart du temps, & mefme au- iourd'huy, ellesarriuent à cent an- nées. Les Marefcages des plats-Pays, font fauorables aux Originaires,& nuifibles aux Eftrangers touchant la longue ou la courte Vie. Cequi femble d'autant plus admirable, que les lieux marefcageux d'eau douce, deuroient eftre naturelle- inéc plus fains que ceux d'eau falée. Les Pays particuliers quonate- nus ET DE LAMORT. 16 nus les plus fertiles aux gens de longue vie fonr, l'Arcadie, l'Eto- lie, les Indes au delà du Gange, le Brefil, la Taprobane, la grande Bretagne, & l'Hibernie, auec les Ifles Orcades, & les Hebrides.Car pour le regard de l'Ethiopie, les Peuples’ de laquelle (au rapport de quelques-vns des Anciens) prolongeoient bien auant leurs années; Ceft vne Relation fabu- leufe, | On ne fçauroit donner aucune 19! raifon certaine de la pureté de l'Air, la plus grande & la plus par- faicte. Tellement qu'elle ne fe ci- re pas tant des Coniectures,& du Difcours, que del'Experiéce.On la pourroit prendre d'vn mon- ceau de laine,qu'on expoferoit à l'Air durant quelques iours, pour L 30. 31. 162 HISTOIRE DE LA V'1E, voir à quel point elle en feroit plus ou moins augmétéc; ou bien d'v- ne croufte de pain, plus ou moins auffi pourrie, & d'autres chofes femblables. Non feulement la bonté de l'Air,ou fa pureté,mais encore fon cfgalité fert de conieéturc à la longueur de la Vie. La diuerfité des Collines &des Valées eft bien agreable à la veué & aux fens; Et toutesfois elle eft fufpecte d'a- uancer les iours des Viuans: Ce qui me fait croire; qu'ils fe peuuét prolonger dans vn Pays-plar, qui n'eft ny fterile, ny fablonneux, ny tout à fait découuert. L'Inegalite de l'Air, comme nous auons defia dit, eft nuifible à ceux qui y font leur fejour ordi- naire : Mais le Changement, fort ET DE LA MORT. 163 bon à ceux qui voyagent, & qui l'ont accouftumé. Aufli voit-on par efpreuue , que les gräds Voya- geurs viuent long-temps; & pa- rcillement ceux qui neboûgent de leurs perites Cabanes: Ce qui procede fans doute de ce que l'Air ou l'on seft habitué, confume moins la perfonne,au lieu que ce- lui dot l'on châge fouuét, la nour- rit, & la refait beaucoup mieux. Corime la Suitte & le Nombre desSucceflions ne feruent derien, ainfi qu'il a efté dit, à faire la vie plus ou moinslongue:de mefme laCondirion des Farens(à le pren- dre immediatement,tant du cofté du Pere,que de celuy dela Mere)y peut fans doute beaucoupayder. Car les vns font engendrez de perfonnes vieilles ; les autres de au 164 HISTOIRE DE LA VIE, jeunes, ou d'affez bon âge; les vns de Corps bien fains, les autres de Valetudinaires, les vns de Peres fobres, lesautres d Yuroignes;les vns le matin,apres le fommeil, les autres deuant; les vns apres vne longue difcontinuation de Ve- nus, les autres apres vn excez nuifible ;les vns dans l'ardeur de l’Amour,comime ilarriue fouuent aux Baftards, les autres dans la moderation & la tiedeur,comme aux Mariages legitimes. On con- fidere les mefmes chofes du cofté de la Mere; aufqüelles on doit ad- joufter l'eftarou elles'eft trouuée durant fa Groffefle;çcomme enco- re fa difpofition, fa façon de Vi- ure, le tempsdefa portée; enfem. ble celuy de fon Accouchement; & fiç'a efté au neufiefme,ou au | | | ET DE LA MORT. 165 dixicfme mois, ou pluftoit. Mais tout cecy me femble d'autat plus difhcile à rèduire en vne Reigle certaine,touchant la longue Vie, qu'il fe peut faire que ce quon croyoit le meilleur, & le plus fauo- rable ait vn fuccez tout contraire. Car en la Generation, cette vi- per qui fait les Enfans plus ro- uftes & plus agiles de Corps,en fert moins à la longue Vie, a caufe de l'acrimonie, & de la trop gran- de chaleur des Efprits. Nousauos dit cy-deffus, que les Enfans qui tirent d'auantage du Sang de la Mere en viuent plus long-temps; & par la mefme raifon aufh, nous eftimons incôparablementmeil- Jeuresles chofesmoderées; cefta direl'Amourdulié&t conjugal,que Fillecitime;& parcillementlaGe- ju L üj 166 HISTOIRE DE LA VIE, neration qui {e fait au matin,en- femble l'eftat du Corps, ny trop replet,ny trop vigoureux, & ainfi du refte. On doit remarquer en- core,que la trop robufte conftitu- tion des Parens leur eft plus ad- uantageufe qu'à parent 2e pro- pres, principalement à la Mere. C'eft pourquoy ie ne fçauroisap- prouuer le fentiment de Platon, qui dic quela vertu dela Genera- tion cloche,en ce que les Femmes ne font pas auecque leurs Maris Jes mefmes exercices de Corps & d'Efprit. : ce qui me fembletout au contraire. Car la diftance dela vertu entre l'Homme & la Fem- me,eft grandemét vtile au Fruiét qu'ils produifent ; ioint que les Femmes trop delicates n'en font pas {1 propres à efleuer leurs En- a ns ant ET DE LA MORT. 167 fans;non plus que les Nourrices du mefme temperament.Cela fe verifie par l'exemple des Fenmes de Lacedemone, qui pour ne fe marier point,auant l'âge de vingt & deux,ou de vingt-cinq ans(à raifon dequoy on les appelloit eAncliomanes) n'en faifoient pas des Enfans plus robuftes, ny de plus longue vie que celles de Ro- me ou d’Athenes, ou de Thebes, chez lefquelles l'âge nubil eftoit à douze, ou à quatorze ans. Que s'il y a eu quelque chofe d’excel- lent aux Lacedemoniés,ilen faut pluftoft attribuer la caufe à la fru- galité de leur Vie, qu'au Mariage tardif des Femmes. L'Experience nous apprend encore, qu’il y a cer- caines Races, que la Nature rend fignalées par la longueur deleur L üij 168 HrIsTOIRE DE LA VIE, Vie, qui eft aufh bien hereditai- re que les Maladies. 33. Ceux qui ont les Cheueux 1 blonds, la peau blanche,& Je teint Lan du vifage * de mefme, viuent lus. moins que les Bazanez, ny que JlesRoufleaux,& que ceux qui font tâchetez de lentilles. Leteint trop vermeilen la leunefle, & la Chair mollafle, font des fignes d'vne courte Vie; La pafleur au contrai- re, & le Cuir dur,en defignétvne longue; Ce qui ne s'entend pas neantmoins d'vne peau trop cf- paifle, comme celle de l'Oye, qui eft fpongieufe de fa nature; mais d'yne peau dure, &rellerrée tout enfemble.La mefme obferuation fe doit faire d'vn Front ridé,qui promet auf vn âge de plus lon- gue durée, que celuy qui ne l'eft pas. ET DE LAMORT. I6s Les Cheueux heriffez & rudes, 3 4: marquent parcillement vne plus longue Vie que ceux qui fonc mols; & les crefpez de tmefime, sil ya dela rudefle;maisle contraire, s'ils font mols, luifans, & liflez; comme encore, fi la frifure en eft pluftoft efparfle, que claire, & lar- gement efpandué par pluficurs ‘anneaux. Devenir Chauue ,pluftoft, où plus tard, eft vne chofe comme indifferente; veu qu'il s'eft trouué plufieurs Chauues de longues an- nées. Le mefine fe doit entendre de ceux qui blanchiffent auant le” temps; bien que communément cela foit va figne de Vicilleffe, Ce qui n'empefche point que beau- ‘coup de gens,aufquels celle cho- fe arriue, ne viuenr pas plus qu'à $- Le ] 36. + 170 HISTOIRE DE LA ViE, l'ordinaire. Que fi quelqu'vnbla- chit auant l'âge, fans routesfois deuenir Chauue, c eft vne marque de longue Vie; & du contraire, s’il eft Blanc & Chauue tout enfem- ble. Auoir les parties d'en haut ve- luës,eft vnindice d'vne plus cour- te Durée;C'eft à dire que ceux qui ont l'Eftomach velu, viuér moins que ces autres, donc les parties d'embas comme les Cuifles,& les Jambes, font pleines de poil. La grandeur de la Taille, fi alle n'eft excefliue, & fielleferencon- tre en vn Corps bien fair,qui ne foit pas fi grefle, & quiaycdela Difpofition, prefage vne longue vie. Au contraire, les Hommes de petite taille, viuent plus long-téps, s'ils font moins difpos; &silsont £T DE LA MORT. 171 l'Aëtion plus lente, & plus tar- diue. En la proportion du Corps, 3$- ceux qui l'ont vn peu court, & les Jambes lôgues, ne meurenc pas fi toft que ces autres, dentla Com- pofition eft tout à fait differente de celle-cy: pareillement,les Per- fonnes qui font larges par le bas, & retreflies par le haut, durent moins que celles quifont tout au- trement formées. La Maigreur accompagnée de 32: Mouuemens moderez, calmes, & faciles: & la repletion en vnCorps où la Cholere, la Vehemence, & l'Opiniaftreté fetrouuentiointes enfemble, font des conieéturesà l'Homme, de voir fes Jours pro- longez,pourueu que ce ne foit pas en laleuneffe;mais en laVieillefe, 172 HISTOIRE DE LA VE, c'eft vne chofe plus indifférente. 49 Croiftre long-temps, & peu à peu, elt vn prelage d'vnelonguc vie,foit quelataille deuienne me. diocre, ou fort grande, Comme au contraire, croiftre tout à coup excelluement , eft vn mauuais Signe;& vn moindre mal, quand on eñ demeure à vne petite taille. 41. La Chairferme, le Corpsplein de Mufcles & de Nerfs, la partie de derriere petite, telle à peu prés qu'ilfaur qu'elle foir pour s'af. {coir, & les Veines vn peu émi- nentes, marquent vne longue vie; & le contraire, vne courte. 42. La Tefte orofle,ou petite, felon la ptoportio du Corpsile Colme- diocre,c’eft à dire, ny trop l6£, ny trop Court , ny trop gras, Ay trop. maigre, & comme enté dans les ET DE LA MORT. 15: Efpaules, les Narines ouuertes,de quelque figure que foit le Nez; la Bouche large, l'Orcille cartilagi- neufe, non charnuë; & les Dents fortes, & ferrées,fans eftreny pe- tites ,ny claires fotefperer qu'on viura long-temps; & encore plus, s'il vient quelqueDent nouuelle à vne perfonne qui foit defia auan- cécenîge. L'Eftomach large, fans eftre 43. cfleué, les Efpaules vn peu hau- ces, & comme l'on dit commu- nément, voûtées; le Ventre plat; la Main large , & dont le dedans n'ait pas beaucoup de lineamens; le Pied petit, & vn peu rond:& les Cuiffes mediocrement charnuës, font comme des Pronofticqs du Jong âge de l'Homme. Les yeux aflez grands; les Sens 44 45. 174 HISTOIRE DE LA VE, moins aigus; le Poulx vn peu lent en la feuneffe, & vnpeu vifte {ur le penchant del'Age; lafacilere- tention de l'Aleine, durant plu- fieurs momens, & le Ventre fec, uand on eft leune, & Humide, au declin.de l'Age, font pareille- ment des marques de longueVie, que l'on tient pour vray-fembla- les. Quant au temps de la Nariui- té, on n'a rien obferué qui foit di- gne de memoire, touchant le Pro- longement de la Vie,horfmis ce qui regarde l'Aftrologie,que nous auons renuoyÿé à nos remarques particulieres. Les Enfans de huit mois, ne font ny de longue ny de courte vie, c'eft à dire, ilsne tar- dent gueres à mourir. Mais ceux qui venus au Mondeen Hyuer, y ET DE LA MORT. 175 demeurent plus long-temps. La Sobriete, c'eft à dire la Die- 46. re, ou Pythagorique,ou Monafti- que,obferuée felon lesReigles les plus eftroites,ou extremement ef- gale, comme fut celle de Corna- re, femble cotribuer beaucoup au prolongemét de nosiours.Ce qui n'empefche pas que parmy ceux qui n'obferuent aucun Regime, &qui font mefme des excez,foit à manger, foit à boire, ilnes'en crouuc plufieurs qui viuent long- temps. Auflieft il vray qu'encore que la Diete moderée foit fort ap- prouuée,& quelle ferue beaucoup à la fanté; fieft-ce quela Vien'en eft gueres prologée. Laraifon eff, pource quetelle Diere auftere,en- gendre pes d efprits& peu vigou- reux; d'où vient qu'elle confume 156 HUSTOIRE DE LA VIE, moins;Mais quant à labonneche- re,comme elle contribuë plus à la Nourriture;aufli eft elle caufe que les Efprits en font mieux reparez; au lieu que la mediocre ne fait ny . l'vn ny l'autre. Car ou les extre- mitez font nuifibles, le Milieu eft tres-bon, Comme au contraire, où les Extremitez font profüta- bles, le Milieu n'y fert prefque de rien. Oràcette Dieteforteftroi- te lesVeilles font grandement vti- les, dautant qu'elles empefchent que la petite quantité d'Éfprits ne {oit opprimée par le trop grand Sommeil. À quoÿ l'on peut ioin- dre encor: l'exercice moderé,afir u'il nefe faflevneentiere Refo- lution des memes Efprits; & pa- rillement l'Abftinence de Venus, de crainte qu'ils ne foient efpui- {ez, ET DE LA MORT. 177 fez. Mais à labonne chere couien= nentjau cotraire, le 1609 Dormir, le frequent Exercice, & l'vfage mo- deré d'vn Accouplement leviti- me. Pour ce qui eft des Bains,des Linimés, & des Parfums, dont l’y- fage n'eft pas d'auiourd'huy, ils me femblent plus propresaux De. lices de la Vie, qu'à eftendre fes bornes, Mais nous parlerons plus exactement de toutes ces Chofes, quand nous ferons venus à la re- cherche qui s'en doit faire felon nos Intentions. Cependant ne mefprifons pas l'opinion de Cel- fus,Medecin non feulement Do- te,mais bien aduifé; quiapprou- ue de faire alcernatitemenr, & Diere,& Defbauch,en penchant. neantmoins du cofté le plus fauo- rable; C'eft à dire, qu'il faut can- 178 HISTOIRE DELA VIE, roft s'accouftumer aux Veilles, tantoft auSommeil;mais plus fou- uent à ce dernier;tantoftieufner, tantoft faire bonneChere;tantoft s'appliquer auecardeur aux gran- des contentions d'Efprit ; tantoft prendre du relâche, & c'efticy le meilleur ce me femble. Quoy qu'il en foit neantmoins, apres auoir confideré toutes ces chofes, ic n'en trouue point de plus vtileà l'augmentatiodenosannées,qu'v- ne Dierte bien reglée;& iene pen- fe pas parmy les plus vieux, en auoir trouué iamais vn feul, qui n'ait obferué quelque chofe de particulier , en fa façon de viure ordinaire.le me fouuiens à ce pro: pos, qu'vn bon Vieillard aagé de plus de cencans; fe voyant fcité, pour dire ce qu'il fçauoit d'vn ET DE LA MORT. #79 äncien Reglement donc il s’a- gifloit alors ; Et apres le refmoi- gnage par luy rendu ; Enquis fa- milierement par le Iuge de ce qu'il auoit fait dans lé Monde, pour y eftrefi long-remps, luy dic ce bon mot,dont l'Aflembléc qui ne s'attendoic à riën moins , ne pücs'empefcher dé rire; A4on Re gime a toufiours effé de Manger anant la Faim, eg de Boire anant le Soif. | 04 Vne VieRcligieufe, & dontles 47: Occupariôs fontroures Sainétes, femblein eftre pas aufli de peu d'importance à retarder la Mort. Dans ce haut genre de Vie fe ren- . contrent awec vn cOntentement folide, vn honnefte Repos, ioint . à la Contemplation des merueils les du Ciel, Comme encore des: = M ij = 1$0 HisToirEe DE LA Vit, Joyes extræordinaires;qui font dé: cachées de toute fenfualité; Et pa- reillement desEfperances nobles, descraintes falutaires,des T rifte{- fesagreables, & en vn mot des re- nouuellemens continuels, qui fe font par vne exaéte Obferuation des Commandemens Diuins, ac- compagnée d'Expiations, & de Penitences vtiles à l’'Ame, & qui feruent auffi beaucoup au Corps, pour en rendre laDurée plus gran- de. A toutes lefquelles chofes, s’il aduient que fe trouue jointe vne Diete auftere ; qui endurciffle la Mafle Corporelle; & qui humilie l'Efprit; ce ne fera pas merueille fi de là s'enfuit vnelongueVie,com- me fut celle de Paul l'Hermite; de Simeon Stilite, qui fe mortifoic fur vne Colomne, & deplufieurs ET DE LAMORT. 18r autres bons Religieux ,qui fe defs roboient de la foule du Monde, pour aller finir leurs lours dansla Solitude. De cette façon de Viure w'eft 48: pas beaucoup cfloignée celle dela plufpart des Homimesde Lettres; Grammairiens, Orateurs, Philo- fophes, & autres femblables. Ils trouuent vn Repos agreable dans leurs Colleges, & s'entretiennent de Penfées,qui pour n'auair rien de commun auec le traccas du Monde, ne les rongent d'aucun chagrin, mais les comblentd'yn hônefte plaifir, par la diuerfité des Suiets, dont ils s’entretiennent d'ordinaire, D'ailleurs ce ne leur eft pas vn petit aduantage den'a- uoir perfonne qui les controolle; de partager le temps comme ils M 182 HisTotrE DE LA VE, veulent, & dele paffereninftrui- fant la feunefle, qui n'engendre pour l'ordinaire aucune melan- cholie. Mais pour le regard des . Philofophes, comme ils font de Seête differante ;aufh eft-il vray qu'en leur. Vie il y a plus ou moins diuerfité de Durée. Car certe Philofophie, qui tient vn peu de la Superftition , & des Contemplations les plus hautes, comme celle de Placon & de P v« thagore, ne me femble pas mal propre à l'accroiflement des an- nées ; non plus que cette autre, _ dont les Profefleurss’adonnoient anciennement à pourmener leur Ffprit dans la vafte eftenduë des chofes du monde , & pañloient mefme bien plusauant. Car dé- gachan t leurs penfées des baflef ET DE LA MORT. 183 fes dela Terre, ils n'en auoient ue de hautes, & de magnani- mes, du Ciel, des Aftres, de l’In- finy, des Vertus Heroïques, & ainfi du refte ; Comme, Demo- crite,Philolaüs , & Xenophanes, entre les Stoïtiens & les Aftro- logues. À cetre mefme fin de . retarder Îles Approches de la Mort, contribuent encore beau- coup les Speculations vn peu pro- fondes, fans s'égarer pourtant, ny _ du Senscommun ,ny desopiniôs des-jà receuës. Car au lieu d'en faire des Recherches trop rigoue reufes,& trop exactes, il me fem- ble plus à propos d'en difputer agreablement, à limitation de Carneades, des Grammairiens, des Rhetoriciens , & generale- ment de tous ceux de l’Academie. M iii, 4 184 HISTOIRE DE LA VIE, Au côtraire ,ces Philofophestrop pointilleux 5 qui fe mettent a la gefne, à force de rafhner les Ma- tieres;quine difentrien ,fansla- uoirauparauant pefe,fuiuant l'ef- galité des Principes ; & les raifon- nemens defquels fent plus efpi- neux & plus feueres qu’il ne fau- droit comme ceux dela plufpart des Peripateticiens,& des Scola- ftiques, ne font ce me femble qu aduancer leurs iours,à force de Difputes» & de Contraftés inuti- les. | - La Vie Champeftre fait pareil- lement eftre long-temps dansle Monde, ceux quila culriuent. Car outre qu'ils iouyffent en toute liberté d'vn Air pur, ils font tou- fiours en Aion ; Ennemis de la faineantife, exempts de foucys, & ET DE LA MORT. 185 d'enuie, s’entretenantla plufpart de viandes qu'ils prennent chez eux, fanslesachetter. le n'ay pas aufli moins bonne opinion de la Vie Soldatefque, fur cout fi l'éh commence de s’y adonner en icunefle. Et à vray dire, diuers Capitaines fort ag- uerris ,comme Coruin, Camil- e, Xenophon, Agefilaus, & quantité d'autres, Anciens, & Mo- dernes, ‘ont vefcu long-temps; Ce qui arriue communement à ceux qui desleurs premieres an- néestournent le trauail en Habi- rude. D'où ils'enfuit que cout leur fuccedant de mieux en mieux,ce que la fatigue a de plus amer {e changeen douceur, fur le declin deleur Aage. Il me fem ble enco- re que cettenoble Hardiefle, ces 386 HiSTOIRE DE LA VIE, Contentions glorieufes , & ces forts magnanimes, qu infpire dansl’Ame des Guerriers l'Efpe- rance dela Victoire, feruent gran- - dement à prolonger leurs iours, pource qu'en réchaufant leurs Ef- prits, ils augmentent & fortifient en eux la Chaleur naturelle. MEDICAMENS propres a prolonger La Vie. Pare A Medecine ordinaire Hi d'a prefque point d'au- °* sreobjet que la Conféruation de la Santé, €5 la Guerifan des Maladies, fans fe met- tre beaucoup en peine de ce qui regarde le prolongement de Énade- SAME: | | 18y la Vie. Dequoy neantmoins nous ne laifferons pas de faire mention, € de rapporter 10y des Medicamens les plus remar. guables, ES les plus propres par _confequent a cette fin la,comu- nement appelle? Cordiaiques. Carily agrade apparence, que les Remedes qur dans les Cu- res quon entreprend , pre- féruent le Cœur, € ce qui eff encore plus vray-femblable, fortifient les Efhrits contre les venins,€S les Maladiesidon- nez; anec choix € Iugement;, faifant obféruer vn bon Re- gime de viure , peunent proffr- ter beancoup à la Durte des Hommes. A raifon de quo} 188 H1STOIRE DELA VE, nous deduirons cs eMedica. mens , non pas en Confufion; comme C'eft l'ordinaire , mas par vne maniere d'Extraict de ce que nous ytrauuerons de meilleur. L'Orfe diftribueen trois façons diuerfes; ou Potable, commeon l'appelle, ou efteint dans le Vin, ou en Subftance, c'eft âdire en fueille,en Chaux,en limaille, &c. Quant alOrpotable, l'vfage s'eft introduit depuis peu de l'ordon- ner danslesgrandes Maladies , ou qui font defefperées, auec vn fuc- cez qui n'eft pas a mefprifer.C'eft pourtant mon opinion, que l'Ef- put du Sel, par qui on le diffout, produit cét effer, plutoft quel Or mefme. Que fi on pouuoit l'ex- ËT DE LA Morr. 189 traire fans Eaux Corrofiues , ou qui fuffent telles en effet, pour- ueu que la qualité veneneufe en fut dehors, & qu'on les lauat ien én fuitte, ce ne feroit pas , à | Mon aduis, vnechofe inutile. L'on vfe de Perles , ou en pou- dre imperceptible, ouen Amal- game, les faifant difloudre dans le jus des Citron , les plus aïgres & les plus nouueaux, On les prend encore; rantoft en liqueur,tantoft en des ConfectionsA romatiques. Ouileft à remarquer, qu'affeuré- ment la Perle a beaucoup d'affini- téauecque la Conque, où elle eft enclofe,& qu'ils’en faut peu qu'el- le n'aitlesmefmes qualitez qu'ont les Efcailles, dont la Nature à couuert les Efcreuices des Riuie- res. | s 190 HisToiRE DE LA Vië, 4; Les plus Cordiales de toutes les Pierres fines & tranfpatantes, fontl'Emeraude , & la Hyacinte; qui fe donnent de mefme façon ue les Perles ,fice n’eft quonne les faic point : a du moins ie ne penfe pas que cha foit en vfage.Quant à ces autres,qui pouf be Diaphances , ne laïffant pas d’auoir ie ne fçay quoy de rude & de mordiquant, elles me fem- blent fufpeétes dans les Medica- mens. Mais nous rapporterons cy< apres, comment, & fous quelles conditions , l'on fe peut feruir des chofes que nous venons de dire. a La Vertu fpecifique de la Pierre de Befoüart,me femble de- uoir eftre aprouuée,poutce qu'elle recrée les Efprs, & qu'auec cela ET DE LA MORT. 391 lle prouoque vne Sueur douce. Quant à la Corne de Licorne,elle ft beaucoup decheuë de fon efti- me, & nelaifle pastoutesfois d'e- Ître admife dansle mefime degré de lluoire, dela Corne de Cerf, & de l'Os qu’on luy trouue dans le Cœur. L'Ambre-gris eft excellent, …: pour adoucir & fortifier les EC” prits. Surquoyilne me refte plus rien qu'à mettre icy maintenant les Noms des Simples,quiont des qualitez, où Chaudes, ou Froides; Car pour leurs Vertus, ileft indu- bitable, qu'elles font affez CON nuës, 2 Histoire BE LA VIE, Chofes Chaudes: ! - Chofes Froides Safran. Nitre. Fueille d'Inde. | Rofe. Efcorce de Citron. Violette. .… eliffe. Framboife. ment, Fraile. rément, Ocymum.* aus. Ge. (loux de Girofle. | Jus de limons doux. Fleurs d Orange. Îus d'Oranpes dou: Rofmarin. ces. Mente. us de Pommes odo: Bethoine. rantés.. | Chardon-benift. Bourrache. Buglofe. | Pimpernelle. Sandal. Carmphre. Re On effant icy quefion de chofes, qui peuuent effre tournées en Diete, ou prifes en la faifant ;vous ferez ad- nerty que ces Eaux ardantes, €) ces Huyles 5 ET.DE LA MORT. 193 Huyles Chymiques, qui pour eftre fous la Planetre de Mars, (comme dit vn des plus grands Conteurs de [onSiecle)ont vnt force fi furieufe, qu’elle eff capable de tout gafier; com- me encoreles Drogues trop acres, € les Efpiceries trop mordicantes , doi- ent weftreentierement rejettées. Car ileff bien plus 4 propos cemefemble, de voir par quel moyen de ces chofes que nous venons de nômer, l'on pour- ra tirer des Eaux eg des liqu enrs pur gées detout phlegme,er quine foient ny braflantes ny (orrofiues comme l'Efbrit de Vin; mais plus temperees; ET neantmoïns Vviues , ets d'où s'ex- bale wne Vapeur benicne. Ie ne vous puigsaf]eurer au reffe, que la frequente feisnée prolonge la Wie, ficen'eff que fetournant en ba- bitude , elle s'accômode an tempera- N 194 HISTOIRÉ DE LA V1, ment de ceux qui en vfent. Carileff à croire qu'elle chaffe du Corps le vieux [uc,pour y en mettre vntouë nouneañ. Pour cette me[meraifon encore, il me femble que certaines Maladies qui amaigrif]ent le (Corps, éffant bien gue- ries, le font durer dauantage; pource s'ayant confumé les mannais [ucs, elles font fucceder les bons à leur place: d'où il s'enfuit que le (orpsferenou- uellepar cemoyen; puique,comme di: oit vn Ancien, l'Hommeräjeunit 4 mefure qu'il recounre fanté; Et par- tant ileft commenecellaire affez [ou- uët,de faire naître fur tout aux Corps Cacochimes,er trop replets, certai- nes M aladies,quièn peut appeller ar- tificielles, pource qu'elles [ont caufées par l'an fferite des Dietes,qu'on fair à deffein, éx pour lemieux commenous Je monffrerons cy-apres. +. ET DE LA MORT. 19; INTENTIONS. 4 R apres quenous aurons | acheuélaRecherche,tou. chant les Sujets des Corps ina- nimez, Vegetaux, € Ani- maux,;mais fur tout del Horm- me en particulier nous VIen- drons a les confiderer de plus prés; € diviferons cette Per. quifition en Intentions vrayes, € propres du moins felG'noftre Aduis, € qui feront comme les [entiers de cette Vie mortel. le. Car iufques1cy l'on n'afait la- deffus aucune recherche qui vaille, ny rien penfe qui pui[le effre proffitable. Ponrmoy lors N j 196 HISTOIRE DE LA VIE, que fentens parler certains Hommes des moyens de forti- fer la Chaleur Naturelle, €ÿ l' Humeur Radicale; Des Al- mens qui engendrent un [ang loéable, qui n'effny brufle, ny flegmatique: ES en fuitte de ce- la des moyens de refaire, de fo- menter, €S de refiotir les Ef- pritss l'aduonë qu'en leur Dif- cours ils tefmoignent d'effre ha- biles gens; €5 neantmoiïns te n'en fuis pas fatisfait, dautant qu'en tout ce qu'ils difént iln'y a rien d'afleZ puiffant,pour conduire à la fin dont il eff 1cy queffion Mais dailleurs ie me trouue fort embarralfé par le recit qu'il me fémble ouyrdes * ET DE LA MoRT. 197 Medecines où il entre de l'or, pource diton que l'orn'effpoins fatet a [6 corrompre: €5 pareil- lement des perles, pour refaire les Efhrits,acaufe de leurs pro- prietez ocultes, €ÿ de leur lu- _ ftreefilattant. lene m'eflonne as moins encore de ce qu'ils al. leguent que fi les raumes,€5 les Quinteffences des e Animaux ponuotent effre receus, €9 rete- nus dans des Vafes ils donne- rotent aux Hommes vne or- gueilleufe efperance d'Immor- talités. Que la Chair des Ser. | pens €5 des Cerfs partenefçay quelle fimpatie, a laforce de faire rajeunir les personés, dau tat que l'un change de peau, €ÿ 11} 19$ FIIxSTOTRE DE LA Vie, lautre de Ramures : à g07 {ls deuoient encore adiouffer la Chair de l'Airle, pource qu'elle Change auf de Bec, Qu'un Homme ayant frouue fous la terre Un Certain Onguent dont il fe frotta tont le Corps, la Plante des pieds exceptée, vef- Cut trois cens ans tous entiers, exempt detoute maladie,horf mis d'vne enfleure,qui luy ve- noit detempsentemps au def” fous des pieds, Que le Philofo- phe cArrefius fentant defaillir fes Ep ris, ÉrouUA moyen d'at.: ftrer a [oy ceux d vn jeune Ho- me robnffe; par on luy ayant come deflachél Arme da Corps, 3} vefcut plufieurs années de ‘ÆŒT DELA MORT. 199 ces Efpritsempruntez. Aton- tes le[quelles chofes te pourrots ioindre cequ'ils nous comptent des Heures fortunées.ftlon les dinerfes pofitions du Ciel, fous quiles Medecines doinent eftre compofées, paur prolonger la VieiEt parcillementdes Talif- mans,on Seaux des Planettes, par le moyen defquels ils ves- lent qu'on puiffe attirer den baut pour le mefineeffet leurs Influances, les. plus benignes, fans y comprendre plufieurs impertinences fémblables tou- tes fabuleufes ; €5 pleines de fuperfhition.. Mais 1'aurois manuaife grace de m amufer 4 ces Bagatelles, quifont cepen-" CN An 200 ÏiISTOIRE DEZANVEE, dant queie m'effonne bien fors qu'il y ayt des Hommes fidé- pournens d'Efprit;que d'y ad- jouffer foy, € quer'aypitiédu Genre humain, dont le Deftin ! eff malheureux;que des'atta cher à des Recherches extraus. gantes €S tout a faitinatiles.Il n'en fra pas de mefine denos {ntentions. Au contraire,nous fommesbien afeureX qu'antat qu elles approcheront du Bus propofe, autant [e tronnerons elles efloignées de ces belles Fa- bles,aont nous venons de par- ler; Car eneffetelles feront tel- les, qu'ileff 4 croire que teux _ qui Viendrot apres nous, pour. rant bien faire quelques Re ET DE LA MORT. 2er marques qui fé rapportent a ces mefines Intentions, mais non pas y adioufler que fort peu de chofés. Ces Obferuations fonten pe. tit nombre; mais de ff grande importance, qu'il eff a propos que vous en foyez aduerfis. Premierement nous fommes de cette opinion, que les De- soirs de la Vie font preferables a la Vie mefme.C'effpourqguoy guandil y auroit quelque cho - fe quipuütrefbondreexacfement à nosintentions, € qui choc” quatneantmoins les fonthons de la Vie, on qui leur féruit _ d'Obffacles Nous entendons qu'en tel cas on la rejette, €5 202 HiISTOIRE DE LAVE, qu'elle foittenni pourcondam- née. Ce n'eftpas pourtantquil foit incompatible qu'en nofire Difiours nous ne faffions men- tion de cecy5mais ce n'eff qu'en pallant, €5 fansnous arrefler en aucune (orte: Car noffre def fein n'eff pas de faire un Recti exact ES ferieux de la maniere de paf$er. [a vie, comme Ept- menides,dans quelque Cauer- ‘ne, où les rayons du Soleil, €5 les injures de l'Air ne puiffent penetrer ow de demeurer per- petuellement dans des Bains preparer anec 1e ne ff4} quel- les liqueurs exquifés; ou de fe tenir le Corps enueloppé de feurrures, € d'y appliquer | ET DE LA MORT. 203 gant de Cerats qu'ilenfoittou- fours couuert, € comme en- fermé dans vne Boëte ; on de fe leplaftrer alafaçonde quei- ques Barbares; ou de preftrire vn Regime jf ponctuel, qu'il n'ait pour but que de retarder La Mort; tel qu'eftoit œluwy d'Herodicus. cheR les Anciens, € tel qu'a effé denoffretemps celuy du Venitien Cornare, (mais auec vne moderation beanconp plus grande) on d'v- {er d'autres fémblables façons de viure, du tout effranges,€5 incommodes au dernier point. An contraire,les Confésls, ES des Remedes que nons preten- ‘dons donner la deffus; feront 204 HISTOIRE DE LA VE, tels, qu'ils n'empefcheront nul- lement les Deuoirs de la Vie, ES ne fetronuerontny/ff longs, ny fi difficiles & eftre mis en ratique. En fécond lien, nous aduer- +iffons cette maniere de Gens, de ne point s'alembiquer l' E- fhrit apres des Cursofitez de neant, €5 de ne [e perfuader pas,qu'un fi grand Ouurage, comme eff celuyde retarder, €5 faire rebroufler le cours de la Nature;qui eff fipuiffante, dé- pende de quelque Potion prife au matin, 08 de l'ufage de quelque pretieufè Medecine: Mais qu'ils tiennent pour af. feuréque cette befoigne n'eftpas + ET DE LA MORT. 20; «vnpetit Chef-d'enuresqu'ileft extremement difficile d'en ve- nir about,€5 que plafieurs Re- medes, bien €5 connenable- ment meflez enfemble, entrent en [a Compofition. Car il ne faut pas qu'ancun/[oit fi fupr- e,que de croire qu'une chofé quin'a amas efféfaite [e puif- fe faire autrement que par des moyens dont on ne s'eff pont encore feruy. En troifiefine lieu, nous ad- aoñons franchement de n'anosr iamais efpreuné plufieurs cho- fes,que nousdefirons de propo- fer 1cy- Car comme ce n'eff pas la noffre profeffion, tout ce que nous pouuons dire,eft que nows 206 Histoire DE La Vir, les anons tirées-d'un Raïfor- nement affez profond, appu 14 fur diners Principes, € Hyp- pothefes, dont nous inferons les ans dans nos Efcrits, €9 rete- nons les autres dans noffre Ef- prit; de forte qu'ils femblent auoir eflé pris,€9 arrachez. de la Roche, €5 des Minieres de la Nature mefine.T ontesfois s'agiffat icy du Corps humain; ut eff, comme dit la Sainite Efcriture, de plusgrand prix que. le Veftement, nousemployerens tous les foinçs imaginables, our ordonner des Remedes, quine foient point nuifibles,du moins en Cas qu'ils fé trouuent inutiles. “571 fr DE LA MORT. 20? Quatriefmement, nous de- ffrons qu'on prenne bien garde: Que les mefines chofes qui [ont utiles à la Santé, ne feruent pas toufiours à prologer le teps de la Mort. Caril yen a plu- _ fieurs qui rendent, €5 les Ef. prits plus vifs, €5 leurs fon- ons bien plus fortes, qui neantmoins abregent la Vie. Comeau côtraire,il s'en trou- uebeanconp d'autres de grade efficace 4 prolonger les tours des Viuans; mais ceffau pre- judice de leur fante, ({ ce n'ef? qu'on remedie par quelque moyen,qui fèrue de Correthf; Dequoy nous n'oublierons pas de donnerdes Adnertifemens, 208 HISTOIRE DE LA Vir; felon que l'occurrence le re- querra. En dernier lieu,nous auons trouué bon de propofèr diners Remedes,furuat chaque Înter- tion, €5 d'enlaifferau Leéteur le Choix €5 l'Ordre. Car pour le regard des Chofès qui con- utennentparticulierement,foit | aux differentes conffitutions des Corps foit à la diuerfite des Conditions, €5 des Aages de la Vie; de vouloir prefèrire comme quoy dotuent effre pri- fes les vnes apres les autres, €5 comment il en faut vfer; Outre que la dedutfion en féroittrop longue , il y auroitde l'imper- tinence à lespublier. Nous "et DELA MoRrT. 209 Nous anons proposé dans nos T opiques trois fortes d'in- _tentions, qui font les moyens d'empefcher la Confomprion, - dePerfetfioner la Reparation, € de renouueler la Vieilleffe: Mais puifque ce quenous aus à dire, ne doit point s'effendre en paroles fäperfluës, nous rap - porterons ces frois intentions à dix Operations. La prémiere Operation re- garde le Rajenniflement des Efprits: © La féconde, l'Exclufion de l'e Ar. SRE | _ La troifiefine, le Sans, 5 la Chaleur qui le fait. | ps 0] t» 3. La quatriefine, les [ucs de 1. C orps, O \e 10. 210 HISTOIRE DE LA VE, La cinquiefme, les Vifce- res, pour la Diffribution de l'Aliment. La fixrefine; les parties ex- terieures, pour l Attraction de la Nourriture. La feptiefme, l'Aliment mefmne, pour la maniere dont il s'infinué aux parties. La huicfiefme, le dernier A te de l'eAfimilation Lanenfiefme,l Attendrife- ment, € lHumectation des parties, apres qu elles ontcom- mencé a fe deffecher La dixiefine,la Purçation du vieux Sac; €5 la Subftitu- tion du nouueatu. … Les quatre premieres de ces ET DE LA Mort. 2it #, perations appa rtiennent à la premiere Intention: les quatre faiuantes à la feconde €S lés deux dernieres à la troifi efme. Maïs puifque cette partie; qui traitte des Intentions, re- gaïde la Pratiqre fous lerom d'Hiffoire: nous n'y meflerons pas feulement des Experiences € des Obferuations, maïs auffs des Confeils, des Reme- des, des Interpretations dès Cafés, ES finalement tout ce qui s “| peut rapporier 4 pen ÊTES: 212 HISTOIRE DE LA VIE, OPERATION SVR LES ESPRITS; Pour les conféruer en leur Vi- neur, les Renouueller, es les Rajeunir. L. HISTOIRE. 1 ES Efprits font comm L | lesArtifans & les Ouuriers de tout ce qui fe fait dans les Corps. Ce qui ft manifefté & confirmé par le Confentemene vniuerfel, & par vneinfinité d'In- ftances. Si quelqu'vn pouuoit rendre jé Efprits dans vn vieux Corps, ET DE LA MORT. 253 tels qu'ils font dans vn ieune; c'eft à dire, les remettre en leur pre- micre Vigueur; ileft certain qu'il feroic que certe grande Rouë fe- roit tourner toutes es autres moindres, & rebroufler fon cours à la Nature. En coute Confommation qui _ fe fait, foit parleFeu, foit par l'A- ge, tant plus la Chaleur, ou l'Ef- prit de quelque Corps que ce foi, confume de l'Humeur radicale, tant plus elle diminuë dela Durée de ce mefme Corpsicomine lex- perience le fait voir en toutes for- ces de Chofes. . Les Efpriæ doiuent eftre re- duits vn tel Temperament, & Degré d'Adtiuité, qu'ils puiftent, non pas boire, & aualer touc à coup, mais peu à peu les fucs du Corps. | Oiÿ ÿ- 214 HiIsToiRe DE LA Vie, Il ya deux tortes deFlam mes, lune defquelles acre, & violente, diffipe les chofes les plus fubiiles, & n'a pas beaucoup de prife {ur les folides, comme la flamme du Chaume, ou des raclures debois, au lieu que l'autre forte & con- ftante.agit puiflamment fur les chofes dures & difficiles à eftre conferuées, comme elt celle du gros bois, & ainfi du refte. Les Flammes acres & routes'ois moins robuftes, defleichent les Corps en oftenc le fuc, & les atte- nuent; mais les plus fortes les at- tendrifent en les faifant comme écouler & fondre enfuëur.ll{e re- . narque mefme qu'entre les Me- dicamens qui difhpent, il y en a qui ne fontexhaler des Huineurs que ce qui sy rencontre de plus ET DE LA MORT. 21; fubril, fi bien que de certe forte ils les endurciflent; & d'autres qui diffipent puifammentce qu'il ya de plus groflier, d'où il s'enfuit qu'ilsles ramoliflent. Pareillement, entreles Reme- des purgatifs, & les Abftergeans, lyena quiemportent les chofes _ fluides, & quelques autres auffi qui entrainent ce qui eft de plus vifqueux & de plus opiniaftre. Les Efprits doiuent eftre forti- fiez & comme munis d'vnetelle Chaleur, qu'ils puiffent pluftoft arracher ce qui eft de dur & do- bftiné, qu'enleuer & mettre de- hors ce qu'ils trouuent de fubril & de preparé. Car de cette fortele Corps deuient plus robufte, & plus vigoureux. I} faut rendre fouplesles Efprits, O ii 216 FiSTOËRE DEÆEAVIF, . & les reduire à tel poinét,qu'ils Ha {oient d'yne fubftance efpaiffe &- folide; d'vne Chaleuropiniaftre, fans qu'elle foit acte; & en telle quanute, qu'elle fufhfe aux Fon- étions de la Vie; qu'on empefche encore s'il eft poflible, qu'ils ne foient ny exceflifs, ny bouffñs; ny variables, & inefgaux non plus, mais toufiours temperez & reglez cfgalement en leurs mouuemens. [left manifefte aufli que les Vapeurs qui viennent du fom- meil, & de l’Yuerefle, des Paf- : fions de IoyeoudeMelancolie,& celles qui s'exhalent des bonnes odeurs, lvfage defquelles eft ordi. naire dansleslangueurs, &les de- faillances, fortifienc les Efprits, & lesreüniffent,eftanc diflipez. Les Efprits font efpaiflis & con- ET DE LA MORT. 217 denfez par quatre diuerfesimanie. . res, qui font, Chafler, Refroidir, Adoucir, & Appaifer. Nous par- lerons premierement de la Con- denfarion qui sen fair par la fuitte. | Il eft indubitable que ce qui " chaffe de toys coftez, fait retirer ” le Corps en fon centre, & qu'il Condenfe ainfi les Efprits. Pour ce mefmeeffet, ietrouue !4- de tres-grande efhcace l'Opium, les Opiates, & generalement tout ce quiafloupit. La vertu de l'Opium eft gran- 15. dement propre a la: Condenfation des Efprits. Car il n'en faut que trois grains, pour les ramaffer de telle forte, qu'ils ne reuiennent point,eftant comme fuffoquez., & rendus immobiles. 16, 218 H1STOIRE DELA V1, L'Opium & les autres Narcoti. quesne diflipent pointles Efprits a caufe de leur grande Froideur, (Carils font fans aucune doute na. curellement chaudes ) mais ils les refroidiflenc pluftoft par Acci- dent à caufe de cette Diffipation qu'ilsen font. Cela fe voit clairement par l'ap- plicationexterieure de ces Opia- tes, & de ces Drogues. Carelle fait que les Efprits fe retirent aufhitoft de la partie où elles font mifes, & qu'ils n'y veulent plus retourner; D'où il s'enfuit quelle deuient morte,& par confequent difpolée à la Gangrene. Les Opiatesappaifentles gran- des Douleurs de la Pierre, & celles | des Membres quand on les coupe. Ce qui n'aduient que pour a Re- — ET DE LA MoRrT. 219 traicte que font alorsles Efprits. Elles produifent ainfi vn bon 18. cffet d'une mauuaife Caufe, Car la fuite des Efprits eft mauuaife; mais la Condenfation qu'elle fait eft bonne. | Les Grecs ont creu que les Opia- 19. tes {eruoient grandement à la San- té, & àlalongueurde la Vie; mais encore plus les Arabes. Car en la plus grande de leurs Compofi- tions qu'ils appellent les Hains des Dieux , ils mettent l'Opium pour Bafe & pour principal Ingre- dient en y meflant pour Correctif de ce qu'il a de mauuais & denuy- fible, la Theriaque, le Mithridar, &c. NH Tout ce dequoy l'on fe fert heu- 21. reufementen la Cure des Maladies ‘ Contagieufes & malignes, pour bride,de peurquilsne fe meuuent & ne fediffipent; ferc demefme à prolonger la Vie; & cela fe fait par la Condenfarion des Efprits. Or eft.il que les Opiates par deffus toute autre. chofe; produifent cét cffet-la. 22. Les Turcs efprouuent à toute heure que l'Opiun, quand mef- me ils en prennent quantité, eft innocent & conforrarif. D'où vient qu'ayant le Combar ils en vfent a fe fortifier le Cœur: Mais à nous c'eft vne Drogue mortelle ft l'on en prend trop & fi élle n'eft bien corrigée. | 1: L'efpreuue faît voir que l'O- ne, Pium & les O piates prouoquent à ie J'A@e Venctien *; & la proprieté qu'ils ontdefortifierles Efprits,en 210 HISTOIRE DE LAVIE, © arrefter les Efprits, & lesteniren | | | ! ET DE La Mort. 221 rend cefmoignage. L'eau de Payot fauuage qui eft fort propre à la ouerifon des fie- ures, * & de plufieurs Maladies peut eftre mife au nombre des O- piarestemperées. I1ne faut pass'e. ftonner pourtant de ladiuerfité de fon vfage: Car cela eft com- mun à toutes fortes d'O piatés; pat qui les Efprits fortifiez & famaf- Lez, refiftent aux maux. sx Les Turcs vfent fembliblemenc d'vné certaine Herbepar eux ap- pcllée{aphe, qu'ils mettenten pou- dre,apres l'auoir deffeichée, & j'a. ualenc en fuite: dans de l'eau die def" pe) Is difent qu’elle ne donne pas vne petite Vigueur à leur Efprir & à leur Courage: bien que neañt- moins elle foir nuyfible à l'vn & à LE] 26. 27, 222 Histoire De LA ViE, l'autre,eftant prife par excez D'où il fe voit clairement qu'elle rienc beaucoup de la Nature des Opia- tes. | I] y a dansles Indes Orientales vne certaine Racinenommée Be- tel, que ceux du Pays, & les autres Peuples leurs voifins ont accouftu- mé de mâcher,pource qu'elle leur refiouyt le cœur, les renforce dans Je Trauail du Corps, & en chaffe les lanoueurs. Elle réueille encor la Concupifcence, & me femble eftre du nombre des Remedes Narcotiques, pource qu'elle noir- cit grandement les Dents. Quand au Tabac, l'vfage n'en a jamais efté fi frequent,ny ficom- un qu'il eft à prefent. ll touche ceux qui en prennent deie ne fçay quel plaifir inconnu. Et quand ils ET DE LA MORT. 22; sy font vne fois accouftumez, ils ne peuuent s'en abftenir que mal- _ayfément. C'eft chofe certaine qu'ilfertgrandement aux Lafficu- des & aux Foibleffes. L'opinion comune veur que ce foit fa princi- pale vertu d'ouurir les conduits par où les plus groflieres humeurs fe difipent. Mais il me femble pour moy qu'elle confifte pluftôc à Condenfer les Efprits, eftant vne Efpecc de lufquiame, quine trouble pas moinslecerueau que l'O piate. u | 1! s'engendre quelquefois däs certains Corps ie ne fçay quelles Eiumeurs qui y tiennent lieu d'O- piate, comme il arriue fouuentà quelques Melancoliques. Les Opiates fimples qu'on ap- 29. pelle aufh Narcotiques & affoue 8. tb 224 HisToIREIDE LA V1E, piflantes, font, l'Opium mefme, qui eft le Suc du Pauot; lesdeux Genres de Pauots, foiren Herbe, foit en Semence, le lufquiame, la Mandragore, la Siguë, le To- bac, la Morelle, &c. 30. Les Opiates compofées fonc la Ph Theriaque, * le Michridat, le Lau- bonne ana danü de Paracelfe le Disddinnt, mes du Diafcordium,le Phdoniumêrles iso Pilules de Cynoglofte. urogncs. Des chofes cy-deflus alleguées 3 on peut tirer quelques Gonje“tu- res, ou certains Confeils couchant la Proion gation de la Vie, fuiuant l'intention propofée, qui eft de Condenfer & d’ef paifhx les Ef- Lars par le moyen des O piates. x. C'eft pourquoy désla premiere Ieunefle, il faut vler tous les ans, de quelque forte d'Opiate;com- , me ET DELA MORT. 225 me d’vne Diete; fur la fin du mois de May. Car en Efté les £fprits fe diffipent, & fe fubrilifenc plus fa- cilement, outre que les Humeurs froides en font moins à crairrdre. Il importe donc que ce foic quel- que Syrop magiftral , quinefoir pas fi fort queles Syrops ordinai- res, tant pour y auoir moins d'O- pium , que pour eftre compolé d'vn moindre meflange de cette forte de Simplesqu'ontient d'or: dinaire pour les plus chauds de tous. I eftbonde le prendre au matin fur le fommeil, de ne man- ger gueres , & d vier de viandes fimples, fans boire ny Vin, ny Li- queurs Aromatiques , & Vapa- reufes. Il ne fe faut purger que de deux iours l'yn, & continuër la Dieté ; iufques au quatorziéme. P 33: 34 226 HISTOIRE DE LA VIE, Ee confeil fatisfait veritablement noftre intention. Ja On peut prendre aufli des O- piates, non feulement parla Bou- che, mais auffi par le Nez en fu- mée; à condition neantmoins qu'elles foient remperées, afin de n'emouuoir par trop la faculté ex- pulfiue; & d'empefcher par mef- me moyen qu'elles nefaflent au- cune attraction des humeurs, mais qu'en peu de temps elles operent fur les Efpritsdansle Cer- ueau : À quoy le Tabac fert gran- dement, fi on le prend au matin en fumée,meflé auec du bois d’'A- loës, desfueilles de Rofes rouges, & vn peu de Myrrhe. Aux grandes Opiares, comme {ontle Theriac, & le Mythridath, ilne feroit pas mauuais, principa- ET DE LAMORT. 227 lement en la icunefle, d'vfer des Eaux qui en font diftillées, plu- ftoft que deleurs Corps méfnacst i Caren diftillant, la Vapeur mon- te, & la Chaleur du Medicament s’en vaaufonds. Or les eaux di- ftillées deuiennent fouuent , & fortes, & bonnes, pat la vertu qui s'engendre des Vapeurs,, autie= ment ellesn ont pointde force. Uy a des Medicamens, qui pour 5) 35. auoir vn certain degré debile & caché, ne tiennent en rien dela Vertu des Opiates : D'eux.mef- me encore s'exhale en abondan- ce vne Vapeur lente, mais non pas maligne,;comme celle des Opia- es. À raifon dequoy ils ne diffi- pent point les Efprits ;; mais les ramaflent;.& les ef peine en. quelque ras eriol £l£ ar: bi; 1228 HISTOIRE DE LA VE, 36. Les Medicamens dans l'ordre des Opiates;fonc par deflus tous, le Saffran, & fes Fleurs ; Puis, la Fueille d'Inde , l'Ambre-oris, [a Semance preparéede Coriandre, sai PAmomum *, le Pfeudamomum , le ban Bois de Rhodes ; L'Eau de fleurs me & beaucoup plus l'In- EE fufion faite dans l'huile d'Aman: fausse. des,de ces mefmes Fleursfraifches croift « Ar ment cucillies; Comme encore la Noix mufcade,pertuifée, & mifé en maccration dans de l'Eau- Rofe. Comme il faut prendre peu à la fois, & à certains temps des pre- mieres Opiates , ainfi que nous auonsdit, on peutde mefmevfer tous les iours de ces dernieres, auec apparence qu'elles feruironc beaucoup à la longueur dela Vie, LL, ET DE LA MORT. 2219 L'Hiftoire le confirme par l'e- xemple d'vn Apoticaire de Cale- cut, que l'vfage de l'Ambre-gris fit viure iufques à l'aage de cent foi- xânte ans. À quoy fe rapporte qu’en Barbarie les Grands qui en prennent, viuent beaucoup plus que le menu Peuple. Adjouftez à cecy que nos Peres, la vie defquels eftoit fans doute bien plus longue que la noftre, vfoient d'ordinaire de Saffran dans des Boüillons, & dans des Gafteaux; Et voila pour ce qui regarde la premiere façon de faire efpaiflir & reflerrer les Efprits par Ï vfage des Opiates. Il nous refte maintenant are- 38. chercher la feconde maniere de les condenfer par le moyen du... Froid, quia cela de particulier, & "à: de propre *. Mais dautant qu'il up | | P ijj 39° 430 ÏlISTOIRE DE LA VE, le faitinnocemment, & fans au- cune Qualité maligne; De là viene que fon Operation eft moins dangereufe que celle qui fe faic par lesOpiates,quoy,qu'à vray di- re , elle ne foit pas de fi grande efficace. On peut l'obferuer auffi en la façon de viure ordinaire; auecque plus de fuccez à prolon- ger les iours , que n'en ont lés Opiates, ny les Remedes qui leur reflemblent. Le rafraifchifflement des Efprits, {e fait en troisfaçons differentes; à fçauoir,ou par la Refpiration,ou par les Vapeurs, ou par les Ali- mens: La premiere eft tres-bonne, mais prefque hors de noftre pou- uoir : La feconde,en noftre puif- fance, & en nofre main : La troi- fiéme,debile, & qui fe fait par di- uers deftours. | ET DE LA Mort. 231 2 Va Airpur, & ferain , qui n a 40. rien de fuligneux ,auant qu'il ait efté receu des poulmons, & qui n'eft pas tant expolé aux rayons du Soleil, Condenfe & ramañe fort les Efprits. Tel eft par exem- ple celuy des Montagnes, dont le fommer eft fort fec; & vel celuy des lieux Champeftres, (ujers aux vents, & où neantmoins il y a de la fraifcheur, & de l'ombrage. Quant au Rafraifchiflement, 4x. & à la Condenfation des Efprits, par le moyen des Vapeurs, c'eft vne Operation que nous tirons principalement du Nicre, comme de fa Racine, & de la Creature la plus propre à cét effer;pour lequel il femble quelle foit expreflé- ment deftinée ; ce que nous voyons eftre veritable par les P ii 2, 43e 2? HisToiRe DE LA VIE, Conjeëtures, & les Indices fui- ans. Le Nitre eft vne efpece de Par- fum, qu'on peutiaftementappel- ler froid, dequoy le fens melme nousrend témoignage : Car il pi- que par fa Froideur, & le palais, & la langue; comme les fenteurs les piquent par leur Chaleur; Etileft le feul qui produit cét effet entre cous ceux dont nous auons 60n- noiffance. La plufpart des chofes qui fonc froides naturellement, & non pas par Accident, comme l'Opium, ont fort peu d'Efprits. Au contrai- re, prefque toutes les chaudes en ont beaucoup;Mais ceft vne mer- ueille bien eftrange , que le feul Nitre parmy les Vegetaux, en ait en fi grande abondance , quoy ET DE LA MORT. 233 qu'il foit froid de fanature. Car le Camphre, qui eft plein d'Efprits, & qui neantmoinsempefche l'A- tion du Froid, ne rafraifchit que par Accident, à fçauoir par {a fub- tilité, fans acrimonie , & fert aux Inflarmmartions On mefle auffi le Nitre auec les liqueurs , qu'on fait geler par le moyen de la Neige, & de la Glace, qu'on met à l'entour d'un Vale; Ce qui excite,& fortifie fans dou- ce rous les deux enfemble. Il eft vray que pour la mefme fin lon vfe encore de Sel commun, qui donne pluftoft ae l'actiuité à la froideur de la Neige, qu'il ne la refroidic de luy-mefme. l'ay ap- pris neantmoins,qu'aux Pays les plus chauds, où il ne tombe ia- mais de Neige, l'on fait de la + 4 234 HISTOIRE DE LA VE, Glace du feul Nitre , mais ie ne tiens pas cela pour cout dfleuré. + 45. La Poudreà Canon, qui fe fait principalement du Nitre, eftant prife dans quelque Breuuage,aug- mente grandement les forces du Corps; À raifon dequoy,les Gens de Marine, & de Guerre, ont ac- couftumé d'en vfer 5 comme les Turcs de l'Opium;auant le Com- bat.’ ‘- 46. Le Nitre pris dans les Fiévres contagieufes, les-appaife fort, & temperc les grandes ardeurs dont elles font accompagnées. | 47. Ileft tres-manifefte que le Sal- “es peftre * abhorre extremement la set+ Flamme dans la Poudre à Canon; nmæe D'ou fe fait cette venrofité mer- ucilleufe, quifemble tonner, tant elle eft bruyante. | ET DE LA MORT. 235 Ilfe remarque quele Salpeftre ,8, efticommel'Efpric de la Terre: Car il eft tres-cerrain qu'il n'ya point de Terre ( quelque pure qu'elle foir, & fi bien couuerte des rayons du Soleil, qu'elle ne vegete prefque point) qui ne ramafle af- fez de Salpeftre. D'où il paroift que l'Efprit du Salpeftre, eft infe- rieur non feulement à l'Efprit des Animaux, mais auf à celuy des Vegetaux. : ail _ Les Anirmaux qui boivent des 49. Eaux Nicreufes, sengraiflent in- dubitablement ; ce ‘qui elt vne preuueeuidente de la froideur du Nitenmoi :5:216% 919: L'engraiflement de la Terre fe so. fait principalement des chofes Nitreufesycar il n'eft point de ru- mier quine foit Nitreux, d'ou fc SL. ÿ2e 236 HISTOIRE DE LA VAE, cire vne Conjeéture manifefté de l'Efprit du Nitre , &-de ce qu'il cut. F4 Auffi cft-ce luy-mefime quiRa- frailchit & Condenfe les Efprits humains, & qui les rend plus vi- goureux, & moins acres.Comme donc les Vins trop violens, les par- fums, & autres chofes femblables, embrafent les Efprits, & abregent la Vie ; Le Salpeftre au contraire lesrefferre, & les rafraifchit,& fert à prolonger les Tours des Vi- ans. | On peut vfer du Nitré dans Jes viandes auecque du fel, iufques à la dixiéme partie, Comme aufli dans les Boüillons,ou dans la Boif- on, detroisiufques à dix Grains; mais de quelque façon qu'on le prenne; pourueu que ce foit aucc ET DE LA MORT. 2;7 moderation, la Vie en eft de plus ‘longue durée. | Tout ainfi que l'Opium tient le premier rang entre les chofes qui reflerrent & condenfent les Ef- prits par la fuite; &comme au def fousdeluy, ilyena d'autres, dont nous auons parlé cy-deuant,beau- coûp moins puiflantes, mais plus feures , qui fe peuuent prendre plus fouuent , & en plus grande quantité ;de mefme le Nitre, qui Condenfe les Efprits parfa Froi- deur, & par‘vne certaine Faculté _reftrictiue, comme lappellenc les Modernes, a pareillement les cho- fes aufquelles il predomine , & qui luy font inferieures en or- dre. Len 53 ii t 11 fautimettre en cé nombre: ,. celles qui ont vne certaine fen- enr Lg LA S5. 238 HUSTOIRE DE LA Vue, teur qui tient de la Terre, fur tout quand elle eft fraifchement re- muée. Les principales font la Bourroche, la Buglofe, la Pimpre- nelle, la Fucille de Fraifier, & la Fraile mefme; la Framboile , le Fruit du Concombre erud; Les Pommes cruës, de bonne odeur, les Fueilles & l'eau de Pampre, comme auflila Violette, Apres celles-là fuiuent ces au- tres, qui ont ie ne.fçay quelle odeur vigoureufe ; & vn peu plus chaude., qui n'eft pas. tout à fait, exempte de la Vertu de ceRefri-. geratif. T'elles fonc la Meliffe, le Citron verd,l Orange verd,l'Eau- Rofe diftillée, lésPoyres de bon. ne odeur, cuites fous la braile, &. pareillementles Rofes pales, les Rouges, & les Mufquées. ÆT DE LA-.MoRïT. 239. faut vue. que 56. les CHofes furbordonhées au Ni- re, ont quelquefois plus de force _eftanscruës, que lors qu'on les a | pañlées par le Feu. La raifon eft, dautant que par fa Chaleur il dif- fipe cet Efprit refrigeratif qu'elles ont. Er partant il eft meilleur de les prendre routes ctuës, ou en In: fufien. É vers D'auantage, comme celles qui font de moindre force que FO- à pium,; produifent,cét effet parle moyen desodeurs; Ilen arriuede mefme decesautres, qui font{u- bordonnées au Salpeftre. Ainfi … l'odeur delaterre fraifche& pure appaife grandement les Efprits, foiten la foffoyant, foitien fuiuant la Charruë , foit en arrachant les Herbesinutiles.; Les Fucilles, pa- 58. 59. 240 HISTOIREDE LA VIE, rcillement di Bois, des Hayes, & des Halliers,d'où ellestombent fur l' Automne, feruenit d'vn grand Refrigeratifaux Efprits, & parti- culierement celles du rraifer mourant; Comme encore kodeur dela Violette, des #leurs de la Pa- rictaire; des réves,des Efglantiers, & de leursfemblables. NE le rapporteray à ce propos qu'il me fouuient d'auoir connu vn Gentil-homme, qui pour cftre ac- couftume à flairer rousles matins à fon réueil ve motte de rérre fraifche, avefcuinfques à vn fort long âge. 5.2: Iln'y a point de doute que le Rafraïfchiflement qui fe fait da fang par le moÿeit des Herbes froides, commefont FEndiuie, la Gicorée, l'Hepatique, le Pourpié, & ETDE LA MORT. 2ai & les autres femblables ; ne ferue de mefme à rafraifchir les Efprits; mais cela fe fait par Circulation; & non pas imediatement;comrme par le moyen des Vapeurs. Voila quant à la fecohde Con- denfation des Efprits, pat l'vfage des Chofes froides. Quant à là croifiefme, elle fe fair ( comme nous auons dit) par le moyen de celles qui les adouciffenc ; Et la quatrielm e, paf ces autres qui ap- paifent,& repriment leur vigueut excefliue,& leur crop grand mou- uement. Toutes les chofes qui chatoüil- lent les Efprits , qui leur font à- mies,& qui he lesémeuuent point trop par dehors ; les adouciffent par confequent ; ce qui eft caufe qu'eftans faisfaits ; & comme ne 6Q. 61. 63, G. 242 HI1sTOIRE DE LA VE, joüiffans d'eux-mefmes,ils fe reri- tent, & fe recueillént en leur cen- tre. | Que fi vous rappellezen voftre memoire toutes celles que nous auons dit cy-deflus eftre fubor- données à l'Opium,& au Salpe- ftré, ou au Nitre, vous trouuerez u'ilne fera pas béfoin d'en faire d'autre Recherche. rh Quant à celles qui arreftent la trop grande violence des Efprits, nous en ferons mention tout à cette heure , quand nous traite- rons de leur Mouuement. Apres auoir donc parlé dela Condenfz- tion des Efprits, qui regarde leur Subftance,il faut venir à la mode- ration de leur Chaleur. La Chaleur des Efprits,comme nous auons dit cy-deuant , doit CS CT . ET DE LA MORT. PEL eftre telle, qu’elle fit Robufte, non pas Âcte, & qu’elle aime plu- ftoft à réf fes Chofes obfti- nées, & obiniaftres qu'a diffiper celles qui font fubriles & de- liées. Il faut fur tout prendre garde 64. de n'vfer qu'avec moderation d'Efpiceriés, de Vins violens , & d'Herbes trop fortes, telles que font l'Origan, le Poulior, & ainfi desautres, piquantes au gout ,& qui efchauffent par crop. Cärelles deftruifent les Efprits | pluftoft qu'ellésne lesreftablifenr. Au contraire; celles qui les for- 6. ifient, font les fuiuantes ; l'Enula, l’Ail,leChatdon benift, leCreflon, * autre. la Germändrée *. l'Angelique *, one la Veruaine, la Veleriane , leCo-*2:« nombre fton, le Coq, la Fleur du Sufeau, la KE Qi 244 HISTOIRE DE LA VE, equiet Mvyrrhe , &c. Mais afin qu'elles me profitent , il en faut vfer auccque uns 2. Choix, & iugement , tantoft aux #4 Saufles , tantoft aux Medica- mens. | cé. Les grandes Opiates font le mefme effec, à caufe que par leur Compofition , elles produifenc auf la mefme Chaleur qu'on de- mande aux Simples ; mais c'eft auec bien de la peine.Car ces Her- bes chaudes au dernier degré, rris COMME l'Euphorbe,le Pyrethre +, sand. Ja Stuwagre , la Serpentaire *, l'A- ee nacard , le Gaftereum a l'Arifto- sam. Jochie, l'Opoponax, l'Ammoniac, leGalbanu, & autres femblables, qui ne fe peuuent prendre par la bouche; ces Herbes, dis-je, & ces Drogues differentes , entrans en leur compofition, pour retenir la D. «dé ET DE LA MORT. 245 force Narcotique de l'Opium, font le Médicament de mefme . Nature que nous le requerons.Ce qui paroift cuidemment en ce que la T heriaque,le Mirhridat,& leurs femblables,ne font pas des Com- pofitionsacres ny qui piquent la langue, mais pluftoft vn peuame- res, & d'vne odeur forte;tellement qu'elles produifent leur Chaleur dansl'Eftomach, & dans les Ope- rations fuiuantes. L'Amour legitime, plus fouuent imaginée , que reduite en AÛte; fortifie grandement aufi la Cha- leur des Efprits. L'on peut dire le mefme de quelques-vns de ces Mouuemens de Ame, & du Corps , dont il fera parlé cy- apres; Et voila pour ce qui eft de la Chaleur Analogue des Efprits, Qi 68. 69. 246 FISTOIRE DE LA VE, par qui la Vie cft prolongée. . Jne nousfaut plus maintenant que parler fuccinétement de la trop grande abondance des Ef- prits, & des moyens d'empefcher qu'ils ne foient ny excefhifs, ny boüillans, mais pluftoft moderez, & dans vneiufte mefure; dautant qu'vne petite Flamme ne fait pas vn fi grand degaft , qu'vne grande. L'Experience nous apprend qu'vneeftroite Diete,comme cel- le des Pythagoriciens, des Reli- cicux, & des Hermites aufteres, en qui la Neceflité, & l'Indigence tiennent lieu de Regle, prolonge beaucoup la Vie. | | Ne boire que de l'Eau fimple, ne Coucher que fur la Durc; ne bouger d'vn Air froid ; Ne Man- ETDE LA MORT. 247 ger que fort peu, & auec cela, que des Legumes , des Herbes , des Fruicts, de la Chair,& du Poiflon, l'yn & l'autre pluftoft fallez que frais; Er joindre à cecy le Cilice les Ieufnesfrequens,les longues V'eil- les, & autres femblables Mortifi- cations; C'eft le vray moyen de moderer les Efprits, & de les re- duire à vne tellequantité, qu'elle puiffe feulement fuffige aux Fon- étions de laVie;fi bien que leur de- gaft en foirmoindre. Vne Dieteneantmoins, quine 71. fera ny firigoureufe, ny frauftere, pourra cauferlemefme effet pour. ueu qu'elle foit toufiours efgale- ment reglée; Ce qui fe preuue par l'exemple de la Flamme.Car quoy quelle foi affez grande, fi eft-ce qweftant conftance,& tranquille, Qui huge. 248 HISTOIRE DE LA Vie, elle confume bien moins de ce qui la nourrit, & fomente, que ne feroit vne moindre, fi elle eftoit agitée , & nourrie inégalement, Dequoy fert detémoignageenco- re leregime du Venitien Cornare, qui pour n'auoir beu ny mangé que tant par iour, durant fa vie, paffa la centiefme année dans vne parfaite fanté d'Efprit , & de Corps. Maisil ne faut pas priuer del V- fage permis, & moderé de Venus, ceux qui prennent beaucoup de Nourriture , & qui ne font pas mortifiez par les Dietes, & les Au- ftcritez dont nous auons parlé, C'eft de peur que les Efprits ve- nants à s'enfler, & à s’efleuer par trop, n'amoliflent le Corps,ou pe le deftruifent; Et voila tour ce que D ET DE LA MORT. 249 nous pouuons dire pour cette heure de la quantité fufhfante & moderce des Efprits. Nous rechercherons en fuite 73. les moyens de reprimer le mou- uement des Efprits ; eftant bien certain que tel Mouuement les at- tenuë,& mefme qu'illesembrafe. Cela fe peut faire en trois façons; à fçauoir,par le Sommeil , par la fuire des Trauaux exceflifs, desE- xercices trop longs, & de toute Laffitude ; Comme aufli par vn illuftre foin de tenir en bride les Pafions fafcheules , & nuifi- bles. s Pourlepremier, quieftle Som- 4, meil ; On lit dansla Fable, Qu'E- pimenedes dormit dans vn Antre plufieurs années, fans auoir eu be- foin d'auçun Aliment. Par où il *1 bn. dd 250 HISTOIRE DE LEA VE, eft monftré que l'Efprit confume beaucoup moins de Subftance quand on dort,qu'ellen'en dimi- nué lors que l'on veille. I fe voit par efpreuue, que cer- cains Animaux, tels que font les Loirs, & les Chauue-fouris, fe four- rent dans des trous, ou ils dor- ment tout l'Hyuer fans interru- ption ; tant il eft vray que le Som- meil empefche qu'il ne fe faffe Degaft des Efprits vitaux ; ce que l'on eftime encore eftre ordinaire aux Abeilles , & aux Freflons, quand la prouifion de Miel leur manque. Le Sommeil d'apres le difner recrée les Efprits, par des Vapeurs efleuées au Cerucau, quifonttres- agreables, eftant comme les pre- mieres Rofées des Viandes. Mais MÈRSR. ET DELA MORT. 251 pour tous les autres poin£ts de la Santé, ileft importun,& domma- geable; Sice n'eft pourtant dans Vae extréme Vieillefle,ou le Dor- mir eft en mefme confideration que le Manger: Toutefois le Som- me, ainfi que la Refection, doit eftre frequent,mais court, & pe- tit. Heft vray qu'en l'aage decre- pit, on fe trouue fort bien de ne point difcontinuër fon repos , & de tenir prefque roufiours le li&, principalement en temps d'Hy- uer. Mais comme vn Sommeil me- 77. diocre n'eft pas vn petit moyen de prolonger la Vié; Aufli fauc-il croire qu'ill'eft encore plus, fi on le peur avoir tranquille, & fans in- quietude. | Pourfaire Dormir bien douce- >. ne... dd 252 H1STOIRE DE LA V1e, ment, il faut eftimer par deffus cout la Violette, la Laituë, fpecia- lement celle qui eft pommée , le Syrop de Rofes feiches,le Saffran, la Mcliffe , les Pommes, prifes à l'entrée du liét ; & les Rofties de Malvoifie , qui font encore plus efficaces; fi auparauant on y met en infufion des Rofes mufcates. C'eft pourquoy:il feroic à propos, ce me femble, d'vferde ces chofes là, ou de Pillules qui fuffent pro- pres à la mefme fin, ou de quel- que petite Potion , dont on fe pourroit feruir d'ordinaire. Da- uantage, la Semence de Corian- dre bien preparée, lesCoings, & les Poiresde bonne odeur, cuittes {ous la braize (toutes lefquelles chofes, & leurs femblables, fonc grandement propres à reflerrer D. ET DE LA MORT. :$3 comme il faut l'Orifice du Ventri: cule ) prouoquent vn Sommeil doux , & paifible. Mais pour ce meme effer, lés ieunes gens, qui ont l’Eftomach robulte , n'ont qu'à prendre vn bon Verre d'Eau froide, & toute cruë, vn peu dé- uant que fe mettre au liét. - Jen'ay rien trouué encore fur le fujet de l'Extafe Volontaire, ou qu'on fe procure, ny touchant les profondes Meditations de l'Ef- prit. Tout cequeïen puis dire eff, ‘que pourueu qu'elles n'incommo-. dent point, elles font fans doute Intenrion, & Condenfarion des Efprits , bien plus puiffamment que le Sommeil, veu qu'elles afou- piflent les Sens,autant ou plus que luy , & quelles fufpendent leurs fonéions. Aduer: tifle- ment. 79: LL. dd 254 HISTOIRE DE LÀ Vie, Pour ce qui regarde le Mouve- ment, & les exercices d’où la Laffi- tude eft caufée, il ne fe peur faire qu'eftans trop violens,ilsnefoient auff extrémement dommagei- bles, fur cout les efforts qu'on fait à la Courfe, à la Paûme, à l'Efcri- me, & ainfi des autres. De plus, quand on y employe iufqu'aux dernieres forces comme à Sauter, & à Lutter ; ileft certain , que les Efptits preflez, & ris à l'eftioir, par la viftefle du Mouuemerit, en deuiennent plus acres, & fonc par confequent vn plus grand rauage. Mais quant à ces Exercices, dont le Mouuement,bien qu'affez fort, ef neantmoins fans precipitas tion, & fans que l'effort en foit ex- tréme, comme la Chafle, la Dan- Le, le Manege, le Ieu des Boules;ils :ET DE LAMORT. 255 profitent affleurément bien plus qu'ilsne nuifent. Il faut paffer maintenant aux : Pafions de l'Ame ; & voir quelles de ces À Écétions abrégent la Vie, oulaprolengent, Les Ioyes, quand elles font éx: cefliues, atrenüent les Efprits, & les diffipent, fi bien qué la Vié en cftabregée, Comme au contiai- re, quañd elles font ordinaires, & medioctes, elles les renforçent,& les excitent, fans les Réfoudre, & les rendre languiffantes. Les Ioyes qui font impreflion fur les Sens, font dangereufes ; Mais quand on les repafle par la Memoire, ou qu'on lestire del'I- Mmagination, & des grandes c{pe- rances, dont tacitèment on s’en- tretient, elles font profiables. 82. 84. 85. LL. 256 HISTOIRE DE LA VE; Vne loyerefferrée,& peu coni- muniquée, conforte bien plus les Efprits qu'vne quis'épand, & que l'on publie. | La Triftefle, & l'Ennuÿ (pour- ueu qu'ils foiéc cous deux exempts d'Apprehenfion, & de trop d'an- xicté) prolongent la Vie; pluftoft qu'ils ne laccourcifflent ; pource qu'ils ramaffent les Efprits,& fonc vne efpece de Condenfation. Les Craintes trop grandes abre- gét la Vie. Car bien que la Peur, & a Fafcherie mettent l'une & l’au- re les Efprits à l'eftroit ; la Fafche- tie pourtant ne fait finiplement que les refferrer. La Cholere retenué eft aüfli vne maniere de Géfne , qui fait que l'Efprit attire le fuc du Corps. Mais quand elle peut éclater li- brement, ; ÊT DE LA MORr. 257 brement, elle contribué à Ja San- té, prefquau meme poinct que ces Medicamensforts , qui réueil- lent la Chaleur naturelle: L'Enuié, comme vne fecrette 86. Rage, irrite, & mord les Efprits, qui Sen reuanchent fur la Sub ftance du Corps. Que fi quelque chofe la rend plus pernicieufe en- core;c eft quelle ne fe donne pref. que iamais de relafche, & ne fe connoiff point a Chommer de Fefie, comn dit le Prouerbe vul- | Saire, | À La Compallion quenous pre- 87. nons du mal d'autruy, quand il femble ne pouuoir tomber fur nous, eft vrile; Mais dommagea- ble, à raifon de la Crainte qu'elle produit, quand Île Mal-heur que nous déplorons, fe peut refléchir R 88. 258 HisSTOIRE DE LA VIE, en quelque forte fur nous-mef- mes. La Honte, fiellen’eft pasgran- de, ne fait point de mal, pource uelle ramafle tout douceinent les Efprits, puis les efpand peu à peu ; de forte que ceux qui y font fujets, viuent pour Fordinaire af- fez longuement. Mais fi pour eftre caufée de quelque Ignomi- nie infupportable , elle n'aban- donne de long-temps celuy qui en eft tourmenté;elle preffe les EF prits iufqu'à la Suffocation, & ne peut eftre en tel cas qu'extréme- ment dommageable. L'Amour, sil neft bien mai- heureux, & s'ilne navre le Cœur trop profondement, eft vne efpe- ce de joye , & de pareille condi- tion qu'elle. ET DE LA MORT. 259 … L'Efperance , qui eft la plus vri- 95: le de routes les Paflions de l'Ame, adjoufte beaucoup à la longueur de la Vie, pourueu qu'elle ne foit pas fouuent fruftrée ; mais qu'elle entretiéne tou à coup la fataifie, par la reprefentation du Bien à venir. À raifon dequoy ceux qui bornent toutes leurs Enuies dans vn Bien quils tiennent pour af- {euré; s'ils reüfiffent continuelle- ment,& fucceiliuement en leur fouhait , font d'ordinaire delon: guc vie. De maniere que voyant leurs defirsaccomplis, & qu'il ne leur refte plus rien à efperer, ils fe jaiflent foudainement abatre au Chagrin, & finiflent leurs iours prefque aufli-coft que leur Efpe- rance; Ainfice nefl pas la definir mal, quede l'appeller wne loye en Ri | | D. 260 HISTOIRE DE LAVE, faeille, qui s’eftendde plusen plus commelOrbatiu. L'Admiration, & la Contem- plation, pourueu qu'onne s’y at- cache point trop, prolongent la Vie, pource quelles arreftent les Efprits fur des fuiets agreable, & ne leur permettent ny de fe troubler, ny de croupir dans l'in- quietude & la Melancholie. Auffi eft-il vray, que parmy tant d An- ciens, qui charmez desfecrettes _ merueilles du Monde, fe font adonnez à la Contemplation de la Nature, il s’en eft crouué fore peuquin'ayét vefcu long-temps. Tels ontefté Democrite, Platon, Parmenides, Apollonius de Thia. née’; Et tels encore ces Rherori- ciens , qui ne faifoient qu’effleurer la fuperficie des Matieres, cher- Le. dé ET DE LA MoRrïT. 261 chant plaftoft à donner del’efclat à leur ftile, que de fefclaircifle- menta l'obfcuriré des chofes. À quoys eftudioiétentr'autres Gor- gias,Protagoras, Ifocrate,& Sene- que. Éc certainement comme les Vieillards fonc la plufpart du tempsorands Parleurs; Auf eft- il vray que les gtands Parleurs vicilliffent fouuent. La raifon eft, d'autant: que cette demangeai- fon de parolles, téfmoigne en eux vne legere Contemplation, quine crauaille pas beaucouples Ef] prits; _au lieu qu'vne recherche fubtile, les tourmente & les laffe detelle lorte, que la Vieen eft abregée. C'eft li toutce que i'ay recher- ché du Mouuemenc des Efprits par les Paflions de L'Ame:Où i'ad- ioufteray en fuitte quelques au- R ii] 92. D 352 IlisToiRE DE LA Vie, tres Obferuations generales,outre les precedentes, touchant lesE{- prits qui ne fe peuuent ranger fous la Diftribution que jen ay faite cy-deffus. Le principal foin qu’on doic auoir, eft d'empefcher que les Ef- ptits ne viennent à fe refoudre trop fouuenr. Car l'Extenuation precede cette Solution: EtlEfprit vne fois extenué, fe peur mal-aifé- mentreftabhir, & fe Condenfer. Cette Solution, ou Difhpation d Efprits, eft caufée: par vn excez de Trauail : par des Paffions de l’'Ame trop violentes | par des Sueurs immoderées; par des Eua- cuations trop grandes, par les Bains.par les Defbauchesauecque les Femmes; & pareillement par de trop grands foins ; par des at- ET DE LA MORT. 263 rentes douteufes, par des Mala- dies malignes, & par des douleurs uiaccablent le Corps, De toutes lefquelles chofes il fe faut foi- gneufement donner garde ; par lOrdonnance mefme des Mede- cins les plus vulgaires. Les Eiprits fe plaifent aux chofes accouftumées, & aux nouuelles encôre. Toutesfois, pour confer- uer leur vigueur, lon doit auoir vn extreme foin den vfer des vnsiuf ques à s'en fouler; ny des autres non plus, quon n y foit porté par vn Appetic extraordinaire. Qu on fe fouuienne donc d’arracher quand il le faut, auec peine, & lu- sement, ces habitudes enracinées, auant qu elles ferendent ennuieu- {es ; Comme aufli de reprimer vn peu cét appetit naïflant qu'on | R üij 93: S 4e 264 HisjoiRE DE LA Vue, peut auoir pour les nouueautez, jufques à ce qu'il crojfle, & qui! deuienne vn peu plus fort & plus aiouilé. En vn mort, l'efclat dela Vie doit eltre reglé de telle forte, qu'ilfoitfouuent, & diuerfemenc renouudllé, de crainte que les Ef- pritsnes engourdiffent, pour eftre attachez fans cefle à mefmes ob. jets. Car bien que Seneque nayt paismal dit. Quele Folcommence de iour eniour a viuxe ; Si eft-ce que le ne trouuc point pol moy que cette Folie, comme beaucoup d'autres, foitinutile à la Durée de la Vie. 1} ft important aux Hommes (quoy que le contraire fe pratique) d'entrecenir leurs Efprits, fans en changer! Eftat; quand par la ioye, & latranquillitéé de leur Ame , ils Len sf ET DELA MORT. 265$ gonnoiffent qu ils font bien raffis, & bien fains: Au contraire, ceft à euxa lesreprimer, en y apportant del'alteration,lorsquilsles voyét fans arreft, & fur le point d'eftre gaftez parle Chagrin, la Fainean- tife, & les autres Indifpofitions interieures. Or comme les Efprits fetiehnent en eftat par le iuftere- glerent des Pafions,ioint au bon Regime de Viure, à la Cotinence, à la Moderation du Trauail,& au Repos mediocre; Aufl fe trouuenc ils alterez, voire accablez cout à fait parles Chofes contraires, qui fontles Affections trop vchemen- tes, la crop bonne Chere, les de- bordemens auecque les Femmes: les Trauaux excefhifs; les Delirs ar - _ dants; & les Affaires qui embar- saflent. Mais l’on à beau direaux 95: ls... cé 266 HISTOIRE DE LA VIE, Hommes que toutes ces Chofes leur font nuifibles; Ils ne peuuenr fele perfuader, & ranc plus ils fe fentent à leuraife, tanc plusilss'a. bandonnent, non feulementaux plaifirs du Lit & de la Table, mais encore à la patigue; aux Affaires, &'à lexecution dés Entreprifes les plus difficiles. Que fi quelqu vn veut viure longtemps, quil fe gouuctne tout autrement, pre- nant {foin d'entretenir ce qu'il y à debon dansles£fprits, & de chan- ger ,; OÙ d’efpuifer tout: ce qui S'y crouuc de mauuais. q ‘Ficin a raifon dé dire que les Vieillards, pourrécréer leurs Ef- prits, &les conforter, doitentrce- paffer fouuent par leur memoire les Actions de leurs premieres an- nées. Aufli eft-il à croire que ce 4 Len. fé ET DE LA MORT. 267 fouuenir leur agrée particuliere- ment, & plus qu aux autres Per- fonnes. Pour cetre mefme raifon, les Hommes gouftent aueccue douceur [a compagnie de ceux auec cuiilsontefté efleuez , & vi- fient aufli auec plaifit , les lieuu ouilsontcefté nourris en leur bas aage. Tefmoin Vefpafien, a quice diuertiflement innocent eftoit fi recommandable, qu'eftant parue- nu à | Empire, ilne pût jamais fe refoudre à quitter la maifon de fon Pere,toute petite quelle eftoit, pour en aller habiter quelque au- treplus grande, & plus magnifi- que. Ce qu'apparemment il ne vouloit point faire, de peur de fou- ftraire quelque chofe à l'accouftu- mence de fes veux, & de perdre les Obiers des doux pafle-tein ps bus dé 268 HISTOIRE DE LA VIE, de fon enfance. L'on tient mefme qu'aux Feftes folennelles, cegrad Empereur, fe plaifoit à boire dans vne Tafle debois , bordée d ar- gent , que fon Ayeule luy auoit laiflée. | | Les Efprits aiment par deflus tout quon leur fournifle de iour en jour, des entretiens plus be- nins, & plus agreables.C’eft pour- quoy ie trouue fort preuoyans , & Bien aduifez, ceux qui mefnagent fibien leur Ieunefle, & leur aage Vil, qu'ils laiffent roufiouts de nouueaux foulasemens à icur Vieilleffe; la plus importante Re- creation de laquelle eft vn Repos moderé ; de forte que ceux qui veulent vieidir dans les Charges, iufques à n'en pouuoir plus, & {ans penfer faire recraicte,foncHomi- ET DE LA Mon. 269 cides d'eux-mefmes.Ce quefçeut ‘fort bien connoiftre Caffiodore, quilaiflantla Cour des Rois Goths d'Italie, où il auoir gouuerné auec tant d'Auchorité, qu'il fe pouuoit dire l’'Ame , & le Genie de leurs affaires ,ilfe retira dansvn Monà- Îtere, en l'age de quatre-vingts ans ,au{quels ilen adioufta vingt autres dans cette Solitude, oui! termina fes iours. Mais deux pre- cautions leur font neceflaires _pource fuier. La premiere, qu'ils n'attendent pas quele Corps foit rouc à fait maladif, & caffé, dau- tant que tout Changemenr, fut-il en mieux , hafte la ruine de ces Corps minez, & confommez. La feconde,qu'ils ne s'abaändonnent pas à vne Oyfiueté faineantes Mais qu'ils ayent quelque agrea- »70 HISTOIRE DE LA VE, ble employ, pour occuper leurs enfées , & leur Imagination; tel qu'eft par exemple celuy deleftu-_ de des Lettres,des Baftimens, & de l'Agriculture... | Enfin vne mefme Action con- nuée, quäd elle eft vtile,vne Con- tention opiniaftre, &vn Trauail entrepris volontiers, & auec ar- deur, font des chofes qui recréent les Efprits ; Comme au contraire, rien ne les abat tant, que ce qu'on fait auec auerfion, & à contre- cœur. Pour iouyr donc d vne lon- ue vie il faudroit, s'ileftoir pof- fible, la regler de telle forte,qu'elle fut independante de toute autre volonté que dela noftre; Ou du moins auoir cette force d'Efprir fur nous-mefme, que la Fortune femblât nous mener pluftoft que nous trainer. “ET DE LAMORT. 2-1 1 ne faut pas oublier encore pour le Regime des Paflions, d’auoiryn foin tres particulier, que l'Orifice du Ventricule ne foit point trop relaché.La raifoneft, dautant que cette partie-la domine plus forte- ment fur les Mouuemens ordi- naires del'Ame, quené font ny le Cœur, ny le Cerueau , exceptez neantmoins ceux quifont efmeus par de puiffantes Vapeurs, com- me ilarriue dansl'excez du Vin, & dans la Melancholie. Voila ce que nous auons à re- chercher touchant certe Opera- tion laBorieufe, qui peur en quel- que facon, empefcher que lesEf- prits ne vicilliffent fi toft, & les faire refleurir. À quoy nous auons d'autant plus volontiers em ployé nos foins,qu'il nous a femblé bien 98; 272 HISTOIRE DE LA Vie, eftrange que les Medecins ny les autres Autheurs n'avent rien dit d'vne chofe fi necelfaire ; Et que d'ailleurs nous auons pris gar- de, que l'Operation qui confer- ue, & raieunit les Efprits , eft vn chemin bien plus court,quoy qu'il foi moins battu, & plus aifé, mel me pour prolonger le cours dela Vie.Il y en a deux raifons,qui fonr, que ny l'Efprit, ny les Vapeurs, & les Paffionsn'agiffent que par A- bregé; l'vn fre Corps, & les au- tres fur les Efprits. De maniere qu'on peut dire deces deux Opc- rations, qu'elles tendent à la fin par vne ligne droitte; au lieu que routes les autres n y vont qu'en li- gne oblique, & comme entour- noyant. | OPERATION. LL sé ET DE LA MorT. 273 RENAN ENT EN EM ONCES OPERATION far l'exclufien de l'Air QUY Aduis , pour [e mettre en de- fence contre l'Air exterieur. Hk:h HISTOIRE. ANCORE que l'Air, quienui- | ronne noître Corps, ait vn° comimerce neceflaire auecque | P'Efprit qui le viuifie, & que par ce moyen il luy ferue de pafture, & de remplacement de ce qui peut eftre continuellement diflipé; il eft euident neantmoins qu'il fait d'extrémes rauages fur tous les Sucs dont nos membres font fubftantez. A raifon dequoy il | S 274 HiSTOIREDE LA Vi1E, importe beaucoup de fe munir contre les degafts qu'il peut cau- fer, & de faire en fotte, que l'v- fage n’en foit que doux , & pro- fitable. Et dautantqueles Sucs necef- faires pour le fouftien de noftre Corps, ne peuuent eftre diflipez, qu'il ne fe fafle perte aufi de quantité d'Efprits auec eux, il importe grandement que les Pores ne foient point trop ou- uerts, de peur que ces precieufes Subftances ne fe trouuent excef- finement diflipées : Autrement il feroit impoflible d’euiter , que toutes nos parties Mafliues ne deuinffent flétries, foibles, & ex- tenuées. | = Auffi auons nous déja dit, que nos Chairs ne peuuent demeurer ET DE LA MORT. 27; molles, tendres, & fucculentes, qu'à melure qu'elles font pour- ueuës de bonnes humeurs, & fo- mentées par vne chaleur tem- perée; cequel'Experienceconfir- me ; fi bien qu'aufh toft que ces deux fortes d'aides viennent à manquer ; toutes nos parties charnuës font confommées , & nous tombons dans vn deffeiche- mént vniuerfel, & ineuitable. … Suiuant cela , il eft vray -fem- ; blable que l'on fe garentit beau- coup mieux de cette grande dif fipation dans les lieux ferrez, que dans ceux qui font fpacieux ; fur tout fi l'on s'empefche d'eftre troublé par des paflions , ou de s'agiter par des exercices déme- furez : d'autant que ces chofes rendent Ja chaleur immoderée;ce S 236 HISTOIRE DE LA Vi1£, qui eft caufe, que ces grands de- gafts qui font à craindre , com- me nous venons de dire, en fur- uiennent pluftoft, & bien plus dangereufement. | Que s'il en eftoit befoin , nous aurions moyen de confirmer tout cecy par diuerfes preuues empruntées de l'Hiftoire; qui nous apprend , qu'en plufieurs Climats il y a eu autresfois des Hommes d'vne excefliue gran- deur, & fur tout aux premiers fiecles, à caufe que la couftume de baftir des Maifons fpatieufes oucefleuées,n'eftoit pasencorein- troduitte dans le Monde; Et que par confequent il eft vray-fem- blable qu'alors on habitoit dans des lieux foufterrains, dont l'Air n'eftoit pas fort efmeu ny agité: ET DE LA MORT. 277 & de là proccdoit enfin, qu'ou- tre que les Hommes eftoieht plus forts , ils eftoienc aufli de plus longue vie; Etmefme fur ce fub- ie , il me femble qu'il y a lieu des'imaginer que ces anciens À- nacoretes , que l'on dit auoir eu des Colomnes pour leur loge- ment , auoient choifi pour leur demeure des lieux eftroits, & fur lefquels l'ardeur des rayons du Soleil n'auoit pas beaucoup de prife. À quoy nous pouuons en- core adioulter , que nos plus fo- litairés Hermites vicilliffent bien fouuét dans leurs baffes Cellules, à caufe que le grand Air, & fur tout les chaleurs violentes,n'y en: trent pasfi facilement. Auec cette façon de viure à Fombre, au hors de l'Air efchaut- tra & si 278 HISTOIRE DE LA Vie, fé a beaucoup de conformité le feiour que l'on fait fur le haut des Montaignes , à caufe que la re- uerberation faite dans le fonds des Valées, ne remonte pas iufe ques-là : à condition toutesfois, que l'Air de ces lieux efleuez de- meure pur, comme il fait aux pays Sablonneux , qui font éxempts de l'incommodite d'en- uoyer des Vapeurs en l'air : cho- fe au contraire extrémement commune aux pays humides, & marcfcageux:; à quoy fert de preuue, queen Barbarie lesHom- mes y viuent pour ordinaire, centans, & d'auantage , princi- palement s'ils font leur demeure fur les fommets des Montagnes. Ilfe voit par-là, qu'vn Ait paifible, & qui neft ny tropre- ET DE LA MORT. ‘279 mue , ny crop efchauffé , ne fait pas beaucoup de degaft dansnos Corps; au lieu que celuy des lieux defcouuerts, ou qui eft expofé à degrandes reuciberations, & fu- ject à des chaleurs immoderées, nous aborde plus facilement ; & fubtilifant par trop nos humeurs, & nos Efprits , nous empefche de ioüyren repos de l'vne & de l’au- re de ces precieufes Subftances, de la difipation & de la ruine defquelles nous arriuenr d’ordi- naire,vne langueur,vn deffeiche- ment, vne extenuation, & en fin vne mort precipitée ; Accidens contre lefquels il eft bon que nous tafchions de nous mettreen defence. Aurefte, afin d'empefcher que 8. F Air exterieur ne nous caufe des Su 280 HISTOIREDELA V1E, pertes fi confiderables, c'eft à + re, qu'il ne Re les Sucs qui {uftentenc nos Membres; & qu'il ne faffe exaler les Efprits qui les viuifienc, il faut tendre prin- cipalement à à deux fins: l'unc,de tenir les Pores denoftre peau fer- rez; & l'autre de les boucher , &, par maniere de dire, DL. re de quelque Matiere eftenduë, % adherente par deflus eux , ou qui mefme fe oliffe dans leurs ca- uitez. | Quantau Âge LA des Po- res, les moyens de le procurer font ou la Froideur mefme de l ‘Air qui enuironne noftreCorps, ou de ne lecouurir pas, &lelaif- fer nud, à caufe que [a peau en eft ren duëplus dure,& moinsla{che: ou de fe lauer fouuent auec de ÆT DE LA MORT. 281 l'Eau fraiche, ou de luy appliquer par dehors af chofes aftringen- tes, comme pourroient eftre, du Maftic, de la Myrie, & d'autres Gommes femblables. . Adiouftonsencorce à cecy,que 10. les Bains fonc fort propres à cette intention , principalement es dant les Fi de: FEfté ; moyennant qu'ils foient vd dans des Eaux minerales aftrin- gentes ; comme fonrles Alumi- neufes, les Vitriolées, & les Ferru- ceuleai: dans lefquelles neant- moins les Sels nefoient point dif- fous en quantité excefliue. D'ailleurs, pourle Refferrement, ou pour le deffein d'infinuer Ft les Pores quelque Subftance qui les tienne fermes, il faudroit auoir recours à des Matieres onétueu- Fe E. 12, 282 HISTOIRE DE LAVE, fes, & propres a eftre reduites en forme deV'erniz,ou pourle moins aux Huyles, & aux Graifles, que lon n'a pas tant de peine de re- couurer. | Les anciens Bretons auoient accouftumé de fe graifler de cer- taine pafte fucculence | que l'on nomme en François de la Gued- de, ou en certains endroits, d# Paftel. Et à caufe que par cette application leur couleur natu- relleeftoit changée, & qu'elleap- prochoitde celle des Oliues,quel- ques-vns ont pris occafion de di- re , qu'ils ont cfté appellez l#y- fants peints , & colorez. Quoy qu'il en foit , il eft certain qu'ils viuoient ordinairemét fort long- temps , & il y a de l'apparence, que cette application de teinture ET DE LA MORT. 23; rafle,& adherente y contribuoit Lois | Cette mefme couftume s'ob- ferue encore auiourd'huy parmy les habirans du Brezil, qui pour Ja plus-part font de longue vie, & parmy lefquels il s'en eft trou- ué vn bon nombre , qui à l'aage defix-vinstsans, auoient encore les fonctions du Jugement & de la Memoire faines &enticres, & qui mefme n'eftoient pas tout à fait décheus de leurs forces. Va certain qu'on appelloit Lean 14. des Temps, ou Lean le Vieil', inter- rogé par quel moyenil s'eftoic fi longuement conferué , refpon- dit , Que g'auoit cffé, en vfant d'Huylepar dehors, € de Miel par dedans. | | _ Les Hyberniens,oules Irlan-;. ns 3. 284 HISTOIRE'DE LAVEE, dois d auiourd'huy, font encore de longue vie , principalement ceux qui fetiennent hors des Vil- les , & dans les Forefts. Ils font mention de certaine Dame de leur pays , aommée la Comtefle d'Efmond, qu'ils affleurent auoir atteint l'âge de fept vingts ans; & de qui les dents auoient efté renouuellées par deux fois, apres la cheute de ces premieres, qui luy eftoient forties en fon enfance, comme au refte des hommes,tel- lement qu'elle en auoit eu par trois fois de nouuelles. Or ce neft pas aux fiecles paflez quils rapportent qu'elle a vefcu, mais au noftre prefque,&ily a encore quantité de gens qui l'ont veuë. En quoy ce que nous auons a re- marquer , particulieremenc de ET DE LA MORT. :8; ceux de ce pays-là, eft qu'ils fe frottent communement d'Huy- le deuant le feu , ou de vieux Beurre. - | _ y a auf vne autre chofe16. bien remarquable touchant ces peuples : C'eft queles toiles dont ils font leurs chemifes , & leurs, draps à coucher, font iaunes, & faffranées. Or bien qu'il femble d'abord qu'ils n'vfent de ces lin- gesainfi colorez , que pour fe ga- rantir de la Vermine; !] y a de la vray-femblance pourtant , que cela ne contribuë pas peu à les faire viure d'auantage que le commun des Hommes. La rai- fon eft,queleSaffran maintienr, & conferue les forces ,tantàcau- fe de fon onétuofité, qui reme- die aurelafchement de la peau, & 286 H1STOIRE DE LA V1E,; à la dilatation des Pores, que par {à chaleur, & moderée, & beni- gne,ioinétt à fon odeur extréme- ment douce , que l'Experience nous appréd eftreamie du Cœur, du Cerueau, & mefme des par- ties qui feruent äladigeftion des _alimens. I]me fouuienta ce pro- pos d'auoir connu vn Anpglois, qui toutes les fois qu'il s'embar- quoit, ne faifoit pas de grandes prouifions , encore quil creûc- eftre affez long-rempsfans pren- dre terre : Mais qui fe donnoit fur toutes chofes vn foin extra- ordinaire de porter vn fachet plein de Saffran fur fon Efto- mach , duquel il difoit receuoir deux tres-bonseffects; l'vn defe pañler de manger , & l'autre de s'exempter de vomir, à quoy il _ ET DE LA MorT. 287 fe difoit eftre fort fubie&t, auant . que d’auoir appris l'vfage de ce remede. A tout cecy fe rapporte ce que 17: quelques Medecins, apres Hyp- pocrate, ont iugé du change- ment de Linge, qui ne doit pas cftre fi frequent dans les mala- dies, ny durant les grandes cha- leurs, à caufe qu'il ouure d'auan- tage les Pores , que lors que ce qui touche la peau eft gras, & cou- _uert de crafle. | Bref , c'eft vn confeil impor- 18. rant pour fe maintenir en fanté, & pour viure longuement ; que de fe graifler d Huyle d'Oliues, ou d Amendes douces. La meil- leure façon d’en vfer ,eft de s'en frotter tous les matins au fortit du H& , auec de l'efponge, ou de 19. 288 HISTOIRE DE LA VE, la laine legerement imbibée; de forte que la liqueur ne coule point, ou ne tombe pas à terre; mais qu elle humecte feulement la peau par deflus. À quoyie vou- drois encore que l'on adiouftaft quelque peu de Safran, & de fel noir, ou qui n'euft pas cfté blan- chy parmy l'huyle; ce qui ferui- roit à rendre le Remede aftrin- gent. 4 HORS Maisil faut prendre gardefur tout, à ne fe point frocèr auectrop de violence, pour ne produire vn effeét contraire à celuy que l'on pretend : c'eft à dire , pour ne faire fortir les Efprits, au lieu de les retenir. Voylà pourquoy ie confeille que cêt arroufement fe fafle peu à peu, & legerement; ou bien que l'on abbreuue mef- mé ETDE LA MORT. 89 c d'Huylele lin ge quitouchela peau. 3 Poflible oppôfera-t'on à ce que uous venons de dire , qué cette couftume de fc graiffer d'huyle, éftoit anciennement fort pratti- quée parmy les Romains, qui Pourtant n en receuoient pas les effets quenous pretendons:mais nous auons contre cette accu{à- tion vne forte defence, qui eft que ceftoit au fortir du Bain chaud , que les Romains met- toient de l'huyle fur leurs Corps: au lieu que nous voulons qu'on $en frotte fans s’eftre baioné, principalement dans de l’eau Chaude, comme c’eftoit leur cou- {tume ; à caufe que cette chaleut auroit plus de pouuoir pour où- urir les Pores que la Fricti6, donc > 20: ZI. 290 HISTOIRE DE LA VIE, nous demeurons d'accord n'en auroit pour les fermer. Auffi tout bien confideré , ce n'eftoit pas leurattente, que de procurer par là vne plus ferme fanté ; mais feulement de rendre leur peau plus douce : & pour la mefme raifon , à caufe qu'ils eftoient vo- luptueux , ils fe parfumoient au fortir du Bain. Mais pour ce qui eft des Parfums, ils ne s accom- modent point à noftre deflein, d'autant qu'ils excitent & efueil- lent par trop la Chaleur, d'où s'enfuiuent des inconueniens tout à faiét oppofez à ce quenous defirons. Finalement , pour mieux en- tendre combien cette refiftance à l'Air exterieur eft profitable en toutes faifons , il faut prendre oo ET DE LA MORT. 29t garde qu'en Hyuer elleempefche que le Froid ne foit fi penetrant; & qu'en Efté elle ne donne pas vn {1 libre accez à la Chaleur de de- hors vers celle qui eft dedans nous ; d'où senfuit enfin que ceux qui vfent de cette precau- tion ,ne font pas fi foibles ny fi extenuez pendant les grandes Chaleurs. | Mais apres auoir monftre 22- combien ces Onétions font vti- les, il faut que nous prenions oar- de aux bonnes façons de les pra- tiquer , & par confequent il me femble à propos de deduire icy quelques Inconueniens , qui en peuuent furuenir,aueclesmovens d'y mettre ordre. La premiere donc de ces in- 23. commoditezeft quele bouche- Ti; 292 HISTOIRE DE LA ViE, ment des Pores, oftant la liberté aux Efprits de fortir, l'ofte auff par mefme moyen aux Sueurs; d'où il aduient que le Corps de- meure chargé d excremens, pour n'auoir eu le moyen desen def- charger par vne fi fignalée Eua- cuation, de laquelle , frelle vient à eftre fupprimée , peuuent nai- ftre de dancereufles maladies: Mais pour obuier à ces Accidens, ileft neceflaire de reparer ce def- faut d’expulfion de fuperfluitez, par des purgations douces, & des clyfteres , qui en effet tirent de- hors les humeurs nuifbles, fans agiter les Efprits, comme les fueurs. 14, D'vn autre cofté, nous auons à craindre que noftre Chaleur interne, ou nos Efprits , tant fi- ET DE LA MORT. 293 xes & arreftez à chafque partie, quinfluans & efpandus de quel- ques fources principales, fur tou. te la Maffe, parle moyen de leurs canaux , 4 faute d’eftre peu euen- tez , Ou pour fe trouuer trop en- fermez, nes’enflamment à la fin, & nefaflent boüillir le fang. De là fe peuuent enfuiure de tres- grands Maux , tant à caufe des fumées qui s’efleuent au Cerueau, qu'à raifon des defbordeinens, & des forties des humeuts hors deleurs vaifleaux ; defordres qui pourroient enfin degenerer en fieures ou fluxions, & en eftouf. femens, ou À poplexies, Mais Pour preuenir ce danger , il eft neceflaire que l’on fe nourriffe de viandes , & qu'on s'abreuue de boiffons qui faflent vn fan g'tem- T ii 294 HISTOIRE DE LA VIE, peré, afin quil ne {oit pasfufce- ptible de ces embrafemens , & qu'eftant attenué il ne fe iette auec violence fur les parties, ou qu'enfin y eftant porté , iln'y caufe des ardeurs dangereufes, & n'y fafle des érofions impor- tunes. 25. Le troifiefme inconuenient que nous auons à preuenir eft, que leCerueau ne deuienne char- gé & accablé de vapeurs. Ce qui caufe cedangereft, quela tranf- piration ou difhpatio des fumées cftant empefchée par tout le Corps, il eft comme infaillible, quelles monteront en haut, & {etranfporteront à latefte, à cau- fe que ceft l'ordinaire des exha- laifons de monter, & d eftreef- leuées; Et d’antanr que certe füur- ET DE LA MORT. 295 charge furuenant au cerueau, {e- roit ineuitablement fuiuie de fu- neftes accidens; il importe dela deltourner par de frequentes pursations, où pour le moins, par l'vfage des lauemens, qui fans faire durauage, ny de l'agiration à nos humeurs, font propres à vui- der cés impurerez, quis'efchauf- feroient, fi elles croupifloient, ou s'arreftoient trop long -temps danslés inteftins ; outre quelles enuoyeroient des fumées vers la partiefuperieure de noftreCorps, qui eft comme le coict d vn lo- gis,ordinaireinent plein, & char- gé de vapeurs. Auecque cela au foin de lafcher le ventre, il faut adioufter celuy de fe peigner, & de fe frotter la tefte, & le haut des efpaules, afin de donnerifluéaux | T ii 26. uenant du bouchement des Po- 296 HiSTOIREDE LAV:E, vapeurs, ou delesattirer ailleurs; fans obmertre l'exercice, à caufe quil difipe de noftre Corps beaucoup d'humeurs fuperfluës. Pour dernier dommage pro- res de la peau , l'on a fubiect de foupçonner ,que l'Efprit ne s'ex- halant point demeurera enfermé, d'où s'enfuiura que deuenant plus copieux & plus abondant, à fau- te de fe difliper, il augmentera deforce, aufli bien quede quan- tité, & deuiendra trop actif, & trop ruineux. Toutestois, cette apprehenfion feroit mal fondèe, à caufe qu’au lieu"des accroiltre, eftant enferme , il s'efteindroic facilement , comme le feu se. ftouffe s'il n'a point d'Air. Pour empefcher donc quil ne s'ef- ET DE LA MORT. 2197 moufle , ou qu'ilnesefteigne, à faute d'auoir affez d'efpace pour s'eflarcir, il eft expedient de ne luy boucher pas tout à fai fes forties; & de s'opppler à ce qu'il ne prenne des Aliments qui en engendrent vne trop grande abondance. Mais fur cour il faut faire en forte que ceux qui font engendrez ne foient point petulans. Ce que l'on peurobte- nir, en sabftenant des viandes dont le fuc eft chaud, &en fai- fant choix de celles qui l'ont temperé. | | Au furplus, il feroit peuteftre 27. vtile de porter pres de la peau du drap de laine, pluftoft que de la toile, à œaufe qu'il eftonétueux, ou que de foy-mefme il a de la graifle; Et ce qui donne lieu à 298 HISTOIRE DE LA VIE, cette penfée eft que les Sachets & les poudres de fenteur, ne retien- nent point leur force fi longut- ment fur les draps de foyé ou de lin, que fur ceux de laine. T'ad- joufte à cecy que la Contagion s'attache bien plus facilement 2 ceux qui font veftus d'eftoffes grofheres , qua ces autres qui n'en portent que de déliées; Et de tout cela ie conclus , que cel- les-là immediatement pofées fur la peau, en dilitent moins les Po- res, & par confequent qu'ils font moins exhaler les Efprits. 28. C'eft poffible là deflus qu'eft fondée la couftume des Hyber- niens, de fe bien enuelopper de leurs couuerturés dé lainé , des qu'ils fe fentent malades ; & de réietter le linge dont ils vfoienc ET DE LA MorT. 299 auparauant , pendant qu'ils eftoient en fanté. | La derniers remarque tou- 28. chant les moyens d'empefcher les impreffions ou les efmotions cop violentes de l'Air exterieur fur la Chaleur naturelle, ou fur l'Efprit vimfiant, eft, que d'en refpirer vn auquel on foic natura- life, efmeut beaucoup moins,que fi lon change trop fouuent , de demeure, comme par exemple, fi l'on quitte les Montagnes, pour fe retirer aux Vallées ; ou fi des Pays fecs on va s’habituer aux lieux maritimes : ou fi apres les grandesChaleurs du iour en plein Efté , l'on s'expole aux fraif- cheurs de la nuit, furtout fi on fe connoift fuiect aux Catherres, ou aux defluxions : Et par confe- 300 HISTOIREDE LA VE, quent il eft neceflaire en tout ce- cy d’auoir efgard aux Saifons, aux Lieux , & aux T'emperamens des perfonnesi, qui font les derniers confeils que nous donnerons pour maintenant fur cette ma- ticre. OPERATI ON, Or cAduis touchant la Generation € la Diffribution du Sang. III. HISTOIRE. ES Aduis que nous allons spropofer dans cét Article & dans celuy qui fuiura immediate- ment apres, ont dela correfpon- dance auec les deux Operations ÈT DE LA MORT. oi preccdentes. Mais cette corref- pondance eft vne efpece d'oppo- ficion mutuelle, comme celle qui fetrouue entre les chofes qui agif- fent,& cesautres qui patiflent.En cffet nousauons cy-deuant tafche de defcouurir les moyens d'em- pefcher que l'Air & les Ef pritsex- cerieuts , quifont imprefhion fur nosCorps,ne leur caufent de trop grandes alterations; Et icy nous fongeons aux expedients de faire en force que le Sang & les Hu- meurs qui nourriflent nos mem- bres, ne foient tropalterez & ne fouffrent des degaits trop dom- mageables auffi. Au refte pource que le fang eft vne prouifion ne- ceffaire pour la fubfiftance de noftre vie; ileft à proposde met- tre icy les premiers en ordre, les 502 HISTOIRE DE LA V1E, Confeils quitendent a bien mef- nager vn fonds fi precieux : Ce que nous fairons de telle forte, que les expediens par nous pro- pofez pour vne fin de cette im- portance , ne feront que peu en nombre, de peur de lafler ou de confondre l'Efpritdeceux quiles liront, & ne laifferont.pas routef- fois d'eftre fort importans , & de tres-grande efficace. Nous fuppofons donc en pre: mier lieu, quela meilleure difpo- fition du Sang "pour neftre pas difhpe, eft quil ne {oit point ef- chauffé, mais temperé de froi- deur. Par confequentileftnecef- faire d'yfer d Alimens , qui fans huire à la chaleur naturelle, tien- nent les Humeurs qui en feront engendrces dans vne modera- ET DELA MoRrT. 30: t0 de fraifcheur, qui ne puifle ap- porter aucun preiudice à la Cha- leur naturelle. Touresfois à cau- fe quil cft difficile d’yfer d’Ali- mens qui refroidiflent le Sang, fans qu'ils nuifent à l’eftomach, & aux parties qui preparent les premieres viandes, pour la nour- riture de tout le Corps : il n'y a point de danger d’avoir recours à d'autres aydes, pour faire reüflir noftre Intention;principalemenr aux deux fuiuantes, qui mefem- blenc y eftre propres. Le premier donc ,eft, Qu'on ; saccouftume dés la ieunefle à y-" _ fer de Lauemens, non pas Laxa- cifs ou Neterfifs,mais feulement Rafraifchiffans & Aperitifs : Ie mimagine pour cét efe qu'il en faudroit faire auecque les fucs 364 Histoire De LAVE, de Laituë , de Pourpier de Mo: relle, de Ilombarde, & du Muci- lage de Phyllium , ou graine à pulce , mis dans vne Deco: étion aperitiue ; & y adioufter quelque grain de Camphre ; à condition neantmoins que lors qu'on fera paruenu au declin de Fâge , l'on mette au lieu de ces Sucs, ceux de Chychorée ,d’En- diue, de Bourrache, de Buglofe, &c. Et de plus , qu'on retienne les lauemens , apres les auoir re- ceus, le plus qu'on pourra, c'eft à dire,toutaumoins, l'efpace d'vne bonne heure. Le fecond aduis, Qu'on fe bai: gnc en temps d'Eftédans de l'eau douce, & tant foit peu tiede, fans y mefler aucunes herbes emollié- tes comme fontles Mauues, les | A UT: ETDELAPMORT. 30; mauues, la Mercuüriale, la Parie- taire, & ait des autres ; Mais que pour toute addition l'on y mette quantité de lai@ clair, & de rofes Cependantilfaut prendre gar- de que la froideur de l'Eaunefoit - pastrop g grande, &quellene faf- {e point retirer tout à coup la Chaleur au dedans; à caufe qu’ e- fant concentrée, au lieu de s'a- doucir, elles'irriteroir,& enflani- meroit les humeurs. “A noftre Intention aufli reuient forcbien 1 vfage des Veflies, appli. quées en forme de Fomentarion; pleines de Decoctions faites auec desHerbes rafraichiffantes nom- mées cy-deflus, & moderement. attiedies , principalement fi fi l'on fine ventre, au bas‘, ou au deflous des coftez ; a éaufe: que Les V 306 H1STOIRE DE LA VE, Vifceres,qui pouruoyéta la nour- riture du Corps foit logée en cét endroit,& qu elles-mefmeseftant téperées, toutle reftes’en reflent. Or dautant que les Confeils precedents ne regardent que la qualité du Sang, il me vienten la penfée d'en adioufter icy quel- qu'vn qui ferapporteafa propre Subftance,& quitende à luy don- ner vne confiftance fi ferme. que Ja vigueur de la Chaleur, ny la force actiue de l'Efprit, ne défv- niflenc point fes parties, & ne dif- fipent aucune portion de celles qui eftabliffent fa Compofition. À céc effect pourroit feruir, fi ‘ie nemetrompe, Î Or prepare; fi Jon treuuoit moyen delerendre diftribuable à noftre Chaleur Na- turelle, à raifon de la fermeté ds ET DELA MORT. 307 fon Suc interne; quiréfifte àtanc de fortes defpreuües violentes, & rigoureufes,quefor ordinairemét fur luy,ceux qui lé purifient.Tou- tes fois , à caufe que plufieurs le rendent potable auecque des li- ueurs corrofiues , il feroit necef- hite de le diffoudre par quelque moyen exempt d'acrimonie, ou au deffaut de cét expedient, d’en vfer en chaux, en fueille, ou en li- maille , dans des Oppiatesamiès - de noftre Chaleur naturelle, fai- es de poudres incapables de nui- re, & qui luy fuffent conformes, foit en vertu, foit en proprieté. OutrelOr, on pourroit auff a mon aduis, fe feruir de Perles, de Corail, & d'autres chofes fem! blables ,preparées fekoti la meto. de que les bons Medecins ont m- V j w. 308$ HISTOIRE DELA VE, uentée, & auecl'induftrie dont ils ont accouftumé de faire au- iourd'huy leurs Magifteres. Car “bien que quelques-vns en blaf- ment l'vfage, laraifon pourtant, qui me perfuade que ces chofes “bien employées ne font pas inu- tiles ,eft, que parle moyen de la grande Attenuation qu'on leur donne , on les:rend difpofées à singerer dans le Sang, & dans le Suc nourriciér, pour Juy donner, en sy meflanc, plus de fermeté, qu'iln en a de luy-mefme; & par confequent ; plus de refiftancea eftre diffipé par la Chaleur , qui . me deftruit point les Subftances qui ont acquis de la lenteur,& de latenacité, commecellesquifont lafches , & mal afferinies. D'ouil s'enfuit enfin , que la pourriture . ET DE LA MORT. 309 ñe feruient pas au Sang fi aifé- ment outre qu ilen deuient plus propre à fuftenter les parties ,où il paruient, & où ileft plus ef- pandu. : | | Il ne réfte maintenant qua dire auec quel ordre il eft expe- dient de méttre ces chofes en v- fage. Pour en prefcrire vne me- code afleurée | ie vous aduertis qu'on ne'peut sen feruir qu'en vfant inuiolablement de ces pre- cautions. Preinierement, que ces Subftances foient exaétement comminuées, c'eft à dire,renduës prefque'im palpables par le broye- menñr , où par les diffolutions qu'on en aura faites. Apres , que l'on pe mefle rien auec elles qui foitmalin , acre , ou veneneux; comme font bien fouuent ceux | V ii | ni Oo, il. 30 HISTOIRE DELA VE, qui les diffoluent auec des eaux forces corrofiues, & rauageantes; à caufe que par ce meflange l'E- ftomach, les Boyaux, & les Vei- nes mefmes pourroient eftre vl- cerées. Adiouftons encore à ce- la, qu'il n'en faut point vfer par- my les Aliments, depeur qu'ilne s’en enfuiue de fafcheufes obftru- étions;Et pour conclufion, que le plus feur eft de n'en faire pas cou: ftume ; mais d'en prendre loin â loin, decraintequ'ilnes en faf- fe amas quelque part , d'où il foit apres difhcile de le faire fortir. Par confequent ie ferois d'ad- uis, quon en priftauec du Vin blanc, auquel on pourra adiou- fter quelque peu d'huyle d'A- mandes douces. L'heure la plus propre, à mon iugement ,eft le ET DE LA MORT. 3ui matin, auant que de mettre au- cuns Alimens dans l'Eftomach; & auffi tof apres, ie trouue à pro- pos que l'on fe promenc, où que l'on fafle! quelque Exercice mo- deré. C'eft pourtant mon opinion, ;,. é de tous les Meraux ,ilnya que l'Or , dont l'vfage foircer- tain , ou que l'on puifle impuné- nément mettre dans le Corps; à caüfe que les'autres #yans vne co- étion moins parfaiéte, n'ont pas efté fr adoucis que celuy-cy pat la Nature : d'ou il s'enfuit qu'ils feroient plus de peine à noftre Chaleur, & que mefme il feroit à craindre qu'il ne feût refté en eux quelque malisnité, indom- ptable ennemie de noftre prin- cipe de vie : Et apres tour, çeft V üiÿ | 342 HisTOI1RE DELA,VIE, : mon fentiment,quel Oreft meil: leur reduiten poudre, qu en au- cune autrefaçon. | Toutes fois pour en parler fai- nement, ie declare icy que l'vfa- ge de certains Bois me femble plus innocent, & de plus grande efficace, mefine pour noftre def- fein, tant à caufe qu'onpeuts’en feruir aux repas, & en faire des infufions, & des decoctions dans des boiffonsordinaires , auec lef- quelles , ce quien a efté extrait eft porté bien auant dans les vei- nes ; qu'à raifon auffi de ce que Jon eft hors de danger d'en con- traer des obftructions. Quant aux Bois queieltime, & qui font principalement pro- pres à L'effeét que ie pretens, ils font encr autres les Sanolaux , & | | ET DE LA MORT. 313 particulierement le rouge. Celuy duChefne n'y eft pas aufli inutile; & apres luy ; ie penfe que l'on ne fairoic pas:mal d'vfer de Rofina- tin, ou mefme de:Lierre. Mais 60 confeil general , ie dis que ‘ondoit renoncer à ceux quifont fort refineux ; à caufe qu'ils ef- chauffent trop. Finalement , pour toucher quelque mot de la façon de faire des Decoctions ou des Breuua- ges auecque ces Bois , ie dis icy enpaflant, qu'il faut les laiffer long-temps en infufion , auant ue.deles faire boüillir, afin d'en extraire la plus ferme Subftance, qui eft celle qui peur principale- ment donner au Sang vne confi- ftance,moins aifelaDiffoudre, & à Difiper. 34" HISTOIRE DE LA VE, OPERATION far les Sucs ; qui arroufent les Parties de noffre Corps. I V. HIST OIR E. AR le mot de Suc, nous en- tendons le Sang paruenu aux Parties par les canaux des Vei- nes, afin de leur feruir de paftu- re, & de fe conuertir en leur pro- pre Subftance. Or pource qu'a- uant quil air receu ce dernier changement, il peut fouffrir des alterations & des confomptions, ou diflipations dommageables; nous fongeons icy aux Moyens ET DE LA MORT. 35 de le garantir de ces inconue- niens. Voylà pourquoy , auant qued'entreren Matiere , nous di- {ons qu'il y a deux Difpofirions qui donnent de l'affermiflement aux Corps, ouquilesempefchent d'eftre aifement deftruiéts , par la defunion:de leursparties. L'v- ne eft celle de l'Endurciflement, ou de la Dureté, & l'autre celle de la Lenteuh, ou del'Onéuofi- té, commenous auons defia re- marqué dans les Recherches des Proprietez, & dela Conftitution des chofes inanimées. Cecy donc eftant prefuppe- {é , il n'eft plus queftion que de - voir iufques à quel degré def- paififfement l'on peut conduire les Sucs-dont nas Membres font _ fübftantez; & comment lesren- Fo 316: [TISTOIRE DE LA VE, dre vifqueux,puifque c'eft noftre deffein que les Parties n en foient point defpourueuës,ou qu'afaute _d'encftre arroufées, élles'deuien- nent fletries ,ou deffeichées. Quant à l'Endurcifflement, il y trois moyens de le procurer. Le premier eft d'vfer de Viandes, dont le Sucait de la folidité: Le fecond , defouffrir le froid, afin que la peau, & la chairen foient affermies : & ledernier, d'efluyer ces Sucs , ou d'en faire euaporer l'humidité fuperfluë, qui les te- noit trop detrempez, & trop laf- ches. | À commencer donc par les _ Viandes, celles qui femblent pro- pres à noftre deflein,ne font pas fi aifées à digerer, & font quel- que refiftance à la Chaleur , de ET DE LAMorïT. 31% lorte quelle n'en faiét pasexha- ler le fuc qu enceft tiré. De cerang entrautres font les Chairs de Bœuf , de Pourceau, de Cerf, de Dain, de Cheureau, de Cygne, d'Oylon, & dePigeonsramiers, ou fauuages; fur tout ficeschairs onteftéfalces ; ou deffechées ; & pour la mefme fin aufli font propres les poiflons falez, & fu- mez; leFormage vn peurafhne, & ainfidu refte. Pour ce qui eft du Pain ,celuy 6. de Froment n'a pastant de refi- {tance quele pain d’auoine, d'or- ge, & de feigle, où l'on a meflé des-pois. Adiouftez à cecy, que des pains faiéts de froment, ce- luy dans lequel on laiffe quelque peu de fon , a plusde folidiré que cét autre qui neft faiét que de \ ON 7e 318 RIISTOIRE DE LA VIE, la farine la plus fine. Les Orcades, qui ne fenour- silent que de Viandes falées, & qui font communement man- peurs de Poiffon ; font aufli pour a plus-part gens de longue vie. Et parcillement les anciens Hermites , quine mangevient que fort peu, & qui n'vfoient que d'aliments fecs, viuoient d'ordi- naire vn gtand nombre d'années. Adiouftons encore à céla, que boire fouuent de l'eau pure; em - pefche, que les Sucs ne foient fi efcumeux , ny fi efchauffez ; Et dautant que l'Eau eit pareffeufe de foy,& quellen a point de pe- netration , mon fentiment eft, que l'on ne fairoit pas mal d'y mefler quelque petite quantité de fel Nitre. ET DELA MORT. 319 D ailleurs, pour ce quitouche 9. l'efpaififlement de la Peau, & des Chairs , l'Experience nous ap- prend, que les hommes qui cou- chent à defcouuert, font ordi- nairement de plus longue vie, que ceux qui giftent mollement, ou couucrt; & le mefme aduan- tage fe rrouue encore dans les Pays froids, pluftoft que dansles chauds , à caufe queles habitans de ces contrées-là ont les hu- meurs moins boüillantes,que ces autres de celles-cy. Ileft a remarquer de plus, que. re le trop d'habits fur le Corps , & de couuertures dans le lir,efchauf. fele fang, dilateles Pores , & fait cxhaler les Efprits , rendant le Corpslafche, & debile, Nous adiouftons le mefme 11. 1. 3:0 HisTOIiREDE La V1Ë, des Bains, & des Eftuues chaudes, c'eft à dire, que nous eftimons, quelles fonc vn pareil effeét ; Et qu'au contraire, les Eaux froides en produifenc vn tout differenr, à caufe qu'elles boufchent ou -empefchent:les Pores dela peau de ferelafcher.. Aüuoyfont pro- presaufli, certaines Eaux Metal: liques. loftnie ebiortey Quant à l'Exercice , il eftrres- certaih, que s'ileft fort, &robu- Îte ; il affermit la Chair , au lieu que la Parefle ; & l'Oifiueré l’a- mollifflent, & la rendent lafche: Ouil eft à remarquer,quedetous les Exercices en gencral, ceux de la Cam pagne valent mieux que ceux qui le fonr à couuett';'ou dans des lieux à l'eftroit ;:& que fe baigner dans-la riuiere en la faifon ÊT DELAMORT. ir laifonpropre, eftaufli vn moyen tres-vrile,pour s'exempter de cet- te molleffe, que nous difons icy etre dommageable à la fanté. Touchant la Friétion, qui eft aufli vne efpece d Exercice,nous ne tenons pas qu'elle puiffe fi af- feurement eftre prattiquée, à cau- fe que frotrant lesextremitez du Coins , les parties fuccent les Ali- mens,auant qu'ils foient digerez; d'où il senfuit enfin , quil y a beaucoup de cruditez, qui font portées bien auant dans les vaifleaux. | Aurefte , à caufe queefpaif- fiflement des Sucs n’eft pas touf- jours affeuré , & qu'il empefche qu'ils ne foient fi aifement diftri- buez aux parties, pour reparer les pertes continuelles qu'elles fouf- D Le] $ iÿ. 42 ÉTISTOIRE DE L'A Vt£, frent de leur Subftance ; Il vaut mieux nous arreter à l afferimiffe- ment des Humeurs , qui leur ap- porte de l'Onétuofité, & qui les empefche d'eftre diffipées par la fermere que leur donne leur plus parfaite Coétion. Il fauc remarquer pourtant, que lors que nous parlons de donnerdu furcroift d Onétuofité aux Humeurs , nofîte intention n'eft pas de les faire degenereren graille, telle qu’elle fe ttouue ad- herante aux membranes ;en plu- fieurs endroits de noftre Corps: mais feulement de leur faiteac. querir vne fermere pareille cel- le qui eft dans ce Suc , que l'on nomme communement , /' H4- mide Radical, quieftle vray Sie- ge & l’Appuy de noftre Chaleur naturelle. | "ET DE LA Morr. 323 En effe&, quand ainfi feroir, | que nousengendrerions des Sub- ftances huyleufes,ou onétueufes, nous ne fatisfairions | pas pour ce- la à noftre intention , à caufe que les oraifles eftans vne fois engen- drées , elles ne feruent point de prouifion pour fubftanter les parties charnuës,ayans receu leur dernier acheuement, aufh bien que le refte des Éubflaness: d'où elles ne peuuent plus reuenir, mais feulement fe confommer, oufe fondré. Et par confequent, noftre deffein eft, que les Ali- mens, qüi s ‘appliquent à l'entre- tien de nos Membres, foient bien cuits &digerez, jufques au degré le plus commode, pour eftre con- uertis en chair , qui foit & ferme, & folide. - X ij 324 HISTOIRE DE LA VE, 17. Que filon nous demande des preuues , pour faire voir que les Sucs deuiennent moins ailez à HAper: quand par le progrez de a Coctionilsfe rendent plus on- tueux;il ne faut que prendre gar- de combien obftinement l'Huy- le fetient attachée au papier, ou aux eftoffes, quand il eft efpan- du deflus. Pour venir donques à noftre bu, il nous faut propoferque les. Viandes qu'on met àla Broche, ou au Four, pour les faire cuire, fonc plus propres que cellesqu'on cuit dans de l'eau , à caufe que cette augmentation d Humidité empefche l'affermiflement que nous pretendons : dequoy nous ayons des marquestres-euiden- tes, dans les façons communes ET DE LA MORT. 325$ detirer les Huyles, veu qu'onne les fai fortir,que des chofes def- fechces, ou qui ont defia perdu leur Humidité aqueufe , c'eft à dire , léar furabondance d'Eau. Dauantage, nous difons gée- 19: neralemient,que pont arroufer les parties de Sucs,qui foient tels que nous pretendons, l'on fie faict pas mald'vfer de chofes douces,cona- me fôhtie Sucre, le Miel les A- *mernidés , les Pignons, les Pifta- chès , lés Datres, les Raïifins dé caifle ; cetix qu'on appelle de Co- rinthe, les Figues , & autres cho- fes femblables : comme au con- trairé , il faut s'ébftenir de tout ce qui eft falé ,acre, mordicanr, &trop deffeche: Auecque cela, craindre que Fon nous blafmé dertomber mi- X ii 21. 326 HISTOIREDE LAVE, {erablement dans l'Erreur fuper- ftirieufe de ces anciens Scrupu- leux, quitenoient à cruaure de tuer les Animaux pour la nour- ricure des hommes; nous foufte- nons hardiment , Que l'vfage des Semences, des Plantes, de leurs Amendes, ou de leurs Ra- cines , doit eftre frequent , veu que le Pain, qui eft le plus com- mun, & le plus fermede tous les Alimens, et pat tour, ou quel- que Grain, ou quelque Racine. Mais on doit furtoutes chofes bien fonger au choisquel'onfe- ra des Boiflons; dautantquelles feruent à detréper,& à diftribuer les Viandes. A raifon dequoy, à le prendre en gemeral , nous ap. ptouuons principalement celles, quifanseftre, ny aigres ,ny actes ÊT DE LA MORT. à°7 fontlegeres & faciles a diftribuer; Auquel rang NOUS METtONns les premiers se Vins bien meurs, efpurez au dernier poinét , pour auoit eftégardez long- temps, & lelmefmedoit s'entendre des Bic- res de touresfortes, À cedeflein pourroit bien (er: 22 uirl vfage del'Hydromel, pour- ueuquil Tfû vieil & vineux. Tou- résfois , à caufe que le Miel eft acre de fa nature, & capable de faire errofion Æovatee | Expe- riencele sr ER par! Extrait que les Chymiftes en font , qui diflout mefme les D. nt vaudroit mieux faire des breuua- ges pareils auecque du Sucre, c'eft a dire, au lieu de fe contenter de le difloudre dans l'Eau, de l'y faire boüillir , X li] 328 H1sTOIRE DE LA V:E, comme on faict le Miel, & dele garder pour le moins vn an , a- uant qued'enboire. Or dautant que les Vins , & les autres breuuages, à mefure qu'ils fe departent, deuiennent plus vi- goureux en Efprits , foit qu'en s’attenuant , & fe rendant plus fubtils, ils acquierent par mefme moyen trop de poinéte, & d a- crimonie ; Afin deremedier à cét inconuenient , ie ferois d'auis, que , comme ils ceflent d'eftre Mouft , ou fur la fin de ces grands boüillons, qu'ils iettent dans les Cuues, ou dans les Tonneaux, on y ietraft quelque piece de Chair de Pourceau , ou de Cerf , afin que toute la force, & la fureur des Efprits s'euaporaffent {ur ces Viandes ; & quele Corps en de- ET DE LA MORT. 3239 meuraft plusadoucy, & d'vn vfa- ge moins dommageable. Pource qui eft des Bieres,ily , ,: a quelque apparence , que fi au lieu de lesfaire fimplem ent auec- que du grain d'Orge , de Fro- ment, & de Pois, l'on y mettoit enuiron vn tisrs de Racines de Confoude,de Bardanc,& de leurs femblables, moëlleufes,& fuccu- lentes, l'yfage en feroic plus vti- Là prolonger la vie,qu'en les fai- fant à la façon ordinaire. Pour conclufion de cette M2- tiere, difons, que les chofes qui ont leur Subftañcée fubrile, fans cftre neantmoins, ny acres , ny corrofiues , font fort propres à laffaifonnement des Viandes; & de cette nature font certaines _ Fleurs affez communes , entr'au- 330 HIsTOIRE DE LA VE, res celles de Lierre , qu'on peut mettre en infufion-dans du Vin- aigre , fans quil en perde, fon gouf; celles de Soucy,ou de Vio- Kavue: , dont on peut faire. des boüillons ; celles de Beroyne d Ocillers, & quantité d'autres, pañle foubs filence. | CORNE ON OOPMONR OPÉHRASEUSL LE, A dnis touchant l Oeconomie des PES ifceres, pour bien preparer ] diffribuer les Aliments. ds hi H IST. O I R E. | 1. l'E chofes les plus ca is de fortifier le Foye, le Cœur, & le Cerueau; qui-ont l'aduanrige fur coutle refte desParties, & qui donnent -en effect "yn fanguie ET DE LA MORT. 31 continuel, & neceffaire pour leur Subftance font fort exactement enfeignées par les Medeclns ; & par confequent , c'eft de leurs Confeils.& de leurs Efeëts qu’on doir:principalement les appren- dons: ce dc … Heftbonaufi;que l'on ferap- 2. porte à eux du Temperament, & des Fonctions des Parties, qui fonc.deftinces à feruir celles-la, & quileur fontentierement fouf- mifes : Deforte quenous nentre- prenons pas icy defaire vn. Trai- éexpresdu Temperament, ny de l'office. dela Ratte, de la V ef- fie ,du.Fiel , des Réins, du Me- 2 . fentere. du Pancreas, des Inte- ftins, ny.du Poulmon; & encore moins des Maladies, qui leur ar- riuent, & qui renuerfent enfin LL. 332 HISTOIRE DE LA VE, Economie des plusexcellens de ces autres Membres. ‘Fout no- ftre deffeinn'eft que de confide- rer auec quel foin}Fon peut les rendre difpofces à retarder les incommoditéz dé la vicilleffe, & à faire en forte qu'elles foient plus legeres , & plus fupportables quand elles furuiendront. 4 Ce n eft pas que noùs née dé- meurions d'accord ; que les Li- ures de ceux qui font profeffion exprelle deriefnager la fanté du Corps humain , ne contiennent detres-vtiles enfeisnemens: pour ce deffein mefme ; puis que les aduis qu'ils donnent touchant ki Diete,ouleRegime de viure font eres-raifonriables : & quéde plus, ils enfeignent à pratiquer de temps en temps les Purgarions, 4 ln. à : 4 ] SA ET DELA MORT. 332 & les Saignées,qui font fans dou- te les vrays moyens d’euiter de randes indifpofitions , quand Von s'en fert à propos. Mais tout cela n'empefche pas que nous ne propofons icy quelques fenti- mensparticuliers , formez & fon- dez fur nos ptopres Obferua- tions À commencer doncpar |E- ftomach , qui eft , par maniere de dire, le Viuandier , & le Pour- uoyeur de tout le Corps, & qui fait neccflairement la premiere preparation des Viandes, au lieu que s'il manque à fon deuoir , les fautes en font apres irreparables, & nuifibles à tout le refte ; I] faut faire fi bien , qu'il ait de la vi- gueur, & de la Chaleur fans ex- _cez ; Et de plus, qu'il foit ferré, 34 HIisTOIREDE LA Wir, non pas lafche ; Mais fur tour, qu'il demieure net autant qu'ilfe peut, & defcha rgé d'impuüretez: où VOUS remarquerez ; Que nous ne confeillons pas, qu'il foir vui- de tour à fait , mais pur feule- ment, & fans immondices ; veu que prenant {a nourriture des À- limens qu'il prepare, pluftoft que du Sang des veines qui l'arrou- fenc, on luy fairoic corc, fans doute, de le laiffer éntieremenc defpourueu des prouifions necef- faires ; mais on doit principale- mentprendre garde, de ne fur- charger pas, & de n'efteindre point trop fa faim, à caufe que l'Appetit ;oulenuie demanger, eft vne marque certaine que la Digeftion fe fait heureufes ment. LS ET DE LA MORT. ::, C'eftvndemeseftonnemens, ;. que la couftumede boire chaud, qui eftoit anciennement fi au- thorifée , foit à prefent entiere- ment abolie. Ie rapporteray à ce propos , qu'il me fouuient d'a- uoir vefcufamilierementauec vn Medecintres celebre, qui àlen- trée de fes repas, prenoit ordi- nairemenc yn boüillon chaud, qu'il humoit tout d'vn coup, à fin d'en fentir moins la Chaleur: & auffi toft qu'il l'auoir pris, il fou- haittoit quil fuft hors de {on Efiomach, difant , Quil nanoit pas be[oin deffre humecté , mais [en- lement efchauffé. Quoy qu'ilen foit, c'eft mon | fentiment qu'on fairoit bien à l'entrée de table , de boire vn traict de Biere, de Vin trempé, 336 HisToikEe DE LA Vie, ou de quelque autre boiffon or- dinaire , vn peu chaude , tant pour aider à mieux deftremper ce que lon mangeroirapres,qu'a- fin de tenir en vigueur l'Efto- mach , en fomentant ainfi (es membranes. D'ailleurs, ce ne feroit pas mal aduifé , ce me femble, de boire vae fois à chaquerepas, du Vin, où l’on auroit efteint de Or; non pas que nous voulions faire -accroire que ce Metal precieux ait quélque vertu fpecifique;amie de l'Eftomach , mais bien pour auoir appris par Experience, que toute extinction de Metal, dans quelque liqueur que ce foit ,fert puiffamment à ferrer & à eaufer de l'Aftriétion.Or quant au chois que nous faifons del'Or par ja us ET DE &À MORT, : 3;7 fus tous lesautres Corps Metalli- ques, ileft fondé fur cetteraifon, qu'eftanc efchauffé , il ne laifle tomber aucunes efcailles de fa mafle , à caufe de fa pureté. le trouuerois bon aufli,quel on 5, fift des Rofties d'excellent vin, pour en ranger quelque peu, versle milieu du repas: fur cout fi auecque le fucre on y iettoit par deflus quelque peude poudre de fleurs de Rofmarin, & d efcorce de citron deffechée.La raifon eff, pource que le fucre venant à fe difloudre, retiendra plus lono- temps par fa lenteur, dans le creux de l'eftomach, ces poudres fortifiantes, dou s'enfuyura vn meilleureffeét pour luy. L'vfage a de longue main mis o. en credit, les Coins cuits &,con- Y 338 HISTOIRE DE LA ViE, fits, pour aider à la Digeftion; Et noftre deffein n'eft pas de blaf- mer la couftume d'en manger: feulement faifons-notis differen- ce des pañtes, d'auec les mor- ceaux ,ou les quartiers de ce Fruit; & difons que celles-là font incomparablement plus profita- bles que ceux-cy, à caufe qu'elles font moins dures & pefantes. H ne rcfte plusqu'à decider, quand ileft meilleurd en prendre, ou à la fin ,ouàl'entrée durepas: fur- quoy noftre opinion, eft que Fvn & l’autre peuuent feruir;auec cet- te precaution neantmoins; que pour incifer les Glaires arreftées dans l'eftoinac, il eft plus à pro- pos d'en prendreaucommentce- ment, & mefme détremper ce qu'on en prend auec quelque ÊT DE LA MORT. 319 pcu de vinaigre : Mais s'il n'eft ucftion que d'aider à la Dige- ion, il eft bon de clorre par là le repas, & den y mefler rien. Nous jiugeons aufli propres à 10: cette fin, entreautres Plantes, le Rofmarin, | Abfynte, la Sauge, l’Anis, ou le Fenoüil, & la Mente, que le Vulgaire parmy nous ap- pellé le Baume des Jardins ; & de cout cela on peutfaire des Con- ferues, ou des Paftes, pour en porter furfoy plus aifément. Pour Je regard des Gommes, il 11. eft certain quele Maftic eft pro- preà conferuer, & accroiftre la force de l'Eftomac: l'Aloës n’eft pas maüuais non plus; & nous approuuons fort qu'on en fafle des Pillules vfuelles, auec du Sa. fran, felon l'ordre des Medecins. Y ji 340 HISTOIRE DELA V1E, Seulement ferions-nous d aduis, que l'on ne fe contentaft pas de lé lauer dans le fuc desRofes, com- me c'eft la couftume ; Maisquon le fit encore diffloudre dans du bon , & fort vinaigre, & mefme quon y meflaft de l'huile d'Amé- des douces;c'eft à dire quo lelaif- faft macerer par l'efpace de quel- ques heures,dans la portion de la Maffe dont on voudroit former des Pillules. Pour conclufon, nous aduertiflons les Curieux, que ceft principalement en Hyuer, quon doit vfer de cette forte de Reinede. | En cette mefme faifon, l'on * peut prendre aufli,sil en eft be- foin ,du Vind’Abfynte, apres y auoir mis en infufion quelque peu d'Enula, & de Sandal Cytrin. ET DE LA MORT. 34: Sur quoy neantmoins on fera fort bien de prendre laduis de quelque habille Medecin ; dau- tant que ces chofes ne font pasin- differemment propres à routes petfonnes. Ent Vers le milieu de’ l'Efté, Fon 13: pourra boire de l'Eau de Fraïzés, où l'on ait mis de la poudre de Perles, ou d'Efcreuiffes, calcinée: & ce que l'on treüuera plus eftran- ge, quelque peu de croye, broyee tres - fubrilement, pource qu'en cffec cette Boiflon raffermit mer- ucilleufement l'Eftomac, quand il eft relache, principalemenc fi Fon y adioufte vn peu de Vinex- cellent. Il importeentre autres chofes, x4. de s’abftenir de routes fortes de Breuuages rafrechiflants, comme Y ii 342 HisTOIRE.DE LA VE, font les Decoctions de Cichoree, _& de Fleursde Violettes; le petit Lai, & autres femblables, quand il sagift de fortifier l'Eflomac. -Que:fi l'on n'y veut pointrenon - cer, il y aura moins de danger : d'en vfer, trois ou quatre heures 16: 16. apresauoir difné, ouenuiron vne heure apres qu’on aura defieuné. Ceux qui fouffrenc de trop Jongsleufnes, parmy degrandes & penibles occupations, ne font sien de bon pour la pretention du prolongement de la Vie, La raifon eft, pource que cela leur caufe des Extenuations,quifont apres tres-difhciles à reparer, & prefque fansremede. Van des meilleurs moyens de fortifier l'Eftomac, eft degraiffer l'efpine du dos à l'endroit oppofé ÉTDELA MorT. 34; à fon emboucheure, auecque du Micridat difloût dans l'Huile d’Oliues; on d'Amendes doitces. I yaaufh pluficurs Baumes qui pourroient Évuir à cette fin , ap- pliquez dela mefme forte. Que fi ie n’en parle point particuliere- ment, c'eft à caufe que l'onfçaic bien qu'ils ne font propres à cét effet,que par le moyen de la Cha- leur des Huyles, dont ils font compofez ce me femble : de for- tequilne feroit pasinutile de fai. re des fachets de Bourre d’Efcar- latte, qui auroit efté abbreuuée d'excellent Vin , où l'on auroit mis duMyrthe, desefcorces d'O- renge, & deCitron, & quelque peu de Saffran ; Cequ'ilfaudroit applicquer au deflus de l'Efto- mac,quand on le voudroit, pour Y ii 344 HISTOIRE DELA VIE, lauoir fort & vigoureux, par le moyen decesSucs: :: : Quant au Foye, tous les Ad- uis que l'on peut donner, pour le conferuer en bon eftac, fe redui- {entalexempter d' birséio, d'Inflammation,& deDeffeche- ment. Carcftanc garanty de ces trois inconueniens, il fe deffend puiflamment desincommoditez qui furuiennent d'ordinaire à la Vicilleffe. Les Confeils donnez iufques icy, touchant la Generation du Sang, font propres à preferuer le Foye desmaux dontnousverons de parler, de la malignité def- quels depend fa ruyne. Voila pourquoyil eft bon de pratiquer ces Aduis, pour la conferuation dvnc fi noble & fi importante ETDELAMORT. 345$ partie. Toutesfois par éeffuseux, nous allons mettre en auant quel- ques Aduertiflements nouueaux, quifone, à vray dire, petits en n0- bre, mais detres-erande confe- quence, & tous bien choifis. En premier leu, nous trouue- rions bon, que les Riches euffent toufiours du Vin de Grenages douces; Et quant à ceux quin'ont pas moyen de faire cette def pen- fe , nous leur confeillons de re- courir à IExpreflion duius de ce fruit, pour en boire à ieun, met- tant au fonds du verre, & du vafe où coule ceius, quelques pellicu- les, ou trenches déliées d'efcorce de Citron recente , & deux, ou troisclouxde geroficentiers, qui infufent dedans , tandis que ce ius fe purifie. Z > k 346 HISTOIRE DE LA Vie, De toutes les Plantes , iln'yen a point dontl on doiue fe feruir plus ordinairement,que du Cref- fon terreftre , appellé par quel- ques-vns CreffoncAlenois,& par les Latins Naffurtium. Yet meil- leurtendre, quedeffeiché; Et l'on peut mefmeen vfer cout crud, ou cuit, dans des boüillons ,ouinfu- {£ dans la Boiflon donton vfe. L'Aloës eft pernicieux au Foye; mais la Reubarbe au contraire luy eft amie. Toutesfois, afin d'v- {er plus feurement de celle-cy, il cft bon d'y apporter trois pre- cautions. La premiere , de le prendre à ieun , de peur que meflé parmy les Alimens, il ne les arreté par fa Ssypricite ,c'eft a dire, de crainte qu'il empef- che, qu'ils ne foient aifément diftribuez , à caufe de fa vertu ET DELA MORT: 347 aftringente, La feconde , de le laifler macerer , ou infufer dans de l'huyle d'Amendes doucésre- cente ; & dans de l'Eau rofe, par l'efpace d'une ou deux heures, a- uant que de le prendre, foit en infufion , foicen'Subftance; Etla troifiefme , d’y mefler vn peu de créme derartre,ou quelque grain de gros fel afin qu'il tranche mieux les groffes Humeurs, pour lefquelles il eft tout feul trop pa- refleux,&a fonaétion crop lente. L'Acier infufé dansdu Vin, 23: ou, pour mieux dire le Vin dans lequel l'Acier a infulé , eft auf: vrile à prendre , pourueu qu'on ny reuienne pointtrop fouuent, & que cela nefoir que loin à loin, ou troisou quatre fois l'année : & le fruit qui prouient de là , ef 348 HisTOIREDE LA VE, que ce Breuuage empefche les obftructions. Que fil'on ne veut düner que la poudre, ilfautqu'el- le foit merueilleufement fubrili- fée, & prifcentres-petite quâtité; & apres auoir aualé vne cuille- réc d'Huyle nouuelle d'Amen- des douces: +quoyil faut ioindre quelque peu d'Exercice, afin que certeSubftance lourde foit mieux pouffée par la Chaleur efueillée. Ces fortes de Boiffons huyleu- fes, grafles, & douces, que l'on appelle Erulfions , Amendez, où Aducillages , nenous femblent pas inutiles, pour empefcher le deffei- chement du Foye, en le confer- uant mollet, & temperé. Les fà- çons de faire des Orges mondez, & des breuuages auecque des Se- mences froides , font venuesà ka ET DE LA MORT. 349 | connoiffance des plus Mecani- = ques:Et à caufe que leslujubes, les Figues, les Raifins de Damas, les Sebeftes,& les Dattes, ou les fruiéts de la Palme , ne font pasfi ordinairement maniez de toutes mains ; nous auertiflons que lon en peut faire des breutiages, qui tendentà mefme fin ,& y adiou- fter ce qu'il y faut apeu pres de Regliffe. A quoy fert beaucoup auffi la Decoction du Mayz,ou du Bled d'Inde , faite auec vn agreable meflange de chofes douces. Il n yauroit pas dangerenco-, . re de faire desfalades des racines ” de Bourrache,de Buglofe,de Ci- chorée & de Bettes,apreslesauoir cuitces, iufques a ce qu'ellesfoient amollies Les Afperges rendres ne 350 HISTOIRE DE LA Vite, font pas non plus mauuaifes ; ou- tre que l'on fairoit fort bien , ce me femble , de mettre dans ces boüillons, des Bourgeons de Vi- gne tendres, en la faifon qu'ils pouffent, auec les poinétes du blé verd , ou qui eft encore en Her- + tiy s en be. * | à Le plus grand dommage, & le ef rincipal fecours auffi quereçoit mifespour. Je Cœur , viennent de | Aîr qu'il ce qu'elles ’ | 4 ne fon refpire, & par confequentilim- qu'vne Re- € | » É peciion de porte beaucoup qu'on euite celuy AA qui cft chargé, ou infeété de va- di. peurs malignes. Mais pour les Compofitions cordiales, que la Medecine a authorifées, leur ef- fe n'eft pas coufiours fi certain, ny fi véile, qu'on fe le promet. à | » à . » * - 26. Quant à l'Air, ilnous femble que celuy qui eft bien defcou- ËT DE LA MORT. 3$1 uert, & libre de tous coftez, eft incomparablement meilleur,que cétautre qui eft preflé par trop,& comme cftouffc}; Car au lieu que celuy-là n'eft point croupiffant, ny plein de Vapeurs, celuy-cy au contraire, cft grofher, efpais, & relant.L’Air ciuff d'autant plus commode, que le lieu qu'on choi- fit pour fon feiour, n’eft point dans vn Paystropfec, ny fablon: neux ; Mais en vntertoir ombra- géd'arbresen diuersendroits, & auec cela parfemé d'Herbes,& de fleurs odotantes. Que s’il y re- toit encore quelque chofe à de- firer, ce feroit feulement Que ce : Pays-la fût arroufé de quelque ruifleau,& non pas de Lacs,n y de grandes Riuieres ; pource que la top grande quantite d'Eau caufs 352 HISTOIRE DE LA Vië, parfois des broüillards. ” 17. Dauantage, il eft certain,qu'il vaut mieux fe promener au gräd Air au matin, que non pas au {oir, encore que pourlordinaire l'on fe plaife plus aux promen:a- des du declindu our, qu'à celles defon commencement. 28, Ceftnoftreopinion,que l'Air doucement efmeu par quelque petic vent, eft plus fain que celuy qui eft eout à fai {erain. Pour ce ui eft des vents , les Zephyis Bt plus agreables au Maun, & la Bize plus vrileapres Midy,ou fur le Soir. | | 29, Ileftindubitabled ailleurs, que les Odeursidouces feruent gran- dementa fortifier le Cœur ; d'où il ne senfuit pas neantmoins que l'Air emprunte des fenteurs | 55 ET DELAMORT. 34; te qu'il a de bon: mais comme parmy les Airscontagieux il y en a qui font plus peftilents, & plus pernicieux,encore qu'ilsnefojent point plus puants ny plus infe- étez ; Ainfi parmy les falutaires,il y en a de plus vtiles , combien qu'ils foient moins odotans. De forte que lon ne faiét pas bien : d'vfertoufiouts de parfums, nrais feulement par interualles , pout recréer les Efprits. | Les Odeurs que nous prifons par deflus routes les autres, font celles qui s'exhalent des Plantés viues,& quis efpandent au grand Air- Telle eft entrautres la fen2 teur des Violettes , des Ocillets, aes fleurs desFebuües, dés fleurs de Vigne , de Cheurefeil celle dé Citronnier , d'Oranger, de Jaf- 354 HisTOIRE DE LA ViË, min , des Rofes mufquées , du Thim, du Serpolet , de la Mar- iolaine , & ainfi des autres fem- blables. Celt pourquoy nous confeillons que l'on s'efgaye par fois dans ces lieux agreables , où l'on peut refiouyr l'Odorar, & re- créer le Cerueau de ces Parfums. 32... DesSenteurslesrafraifchiffan- res font plusa prifer, que les chau- des; & par confequent, nous ap- ur fort lesCaffoletres dans es Chambres, & mefme qu'on verfe du Vinaigre de l'Eau rofe, &.du Vinexcellent, meflez par ef gales parties, fur des pefles ef- chauffées & rougies, afin d'en ef- pandre la fumée dans les logis, aux endroits où l'onapprehende _. quefl'Air foirrelent. 33 [y a bien d'auantage; C'eft (ÆET DELA MoRT. 3; Que nous approbuerions encore qu'on arroufaft le paué de telles liqueurs ; au lieu d'Eau commu- _ne,quisalentit, & fent bien toft _ le croupy, apres qu'on l'y a ver- fée. ao : | Il eft bon mefme quon atti- re par le nez de l'Eau rofe excel- lenre, meflée aucc quelque peu d'Eaun.de fleur d'Orange, & quel- que portion de Vin odoriferanr. Adiouftons y de plus,qu'äfau-, 35° * Planre te de Bethel*on peut formet cér- meruil- taines Paftes de Maftic, de bois ‘Pris cr d'Aloes , de bois de Rhodes, de 2% Racine d'Ins , de Mufc , d'Am- Le de bre ; pour faire des Mafticatoi- toire vx res , afin que le Cerueau & le és Cœur en foient refioüys;ouileft à remarquer , Que cette compo- fition fera beaucoup meilleure fi Z ij LA9 D LE 37. 356 HISTOIRE DE LA V'E, lon y fait entrer quelque peu de vray baume Oriental. Toutesfoisileft neceffaire que les Odeurs dont on fe fert pour fortifier le Cœur foient douces, nettes , & exemptes de trop de Chaleur ; douces , afin qu'elles n'enteftent point, & parmefme moyen qu'elles n affigent aucu- nement les Efprits ; Nettes, pour ne leur apporter du defordre : Et fans Chaleur excefhiue, afin dene les pas enflammer, fous pretexte de leur donner furcroift de vi- gueur. ; _ Au refte parmy l'abondance des chofes qu on reconnoift Cor- diales, il y en a peu quelon puif- fe mettre fans danger dans vn vfage ordinaire : Et pour celles dont on fe peut feruir plus vtile- ET DE LA MORT. 357 ment , il ne faut point douter qu'elles ne cedent toutes à l’'Am- bre gris ; apres lequel nousne re. . iettons pas le Safran, ny leKer- mez d'entre les chofes chaudes; comme parmy Les froides ,oules temperées , nous donnons pre- mieremécnoftre adueu aux raci- nes de Bugloffe, & de Bourrache, puis aux Citrons doux,aux Oran- ges , & aux Pommes de bonne fenteur. L'Or aufli, & lesPerles, comme nous auons defia dit, peuuent contribuer au rafraif- chiflement, foit dans les Veines, comme en paflant , foit dansles Entrailles, fans y laiffer aucune qualicé dommageable. Pour la pierre de Bezoard, 28. nous n'en condamnons pas en tierement} vlage, à caufe dele- Z iij 358 HISTOIRE DE LA VIE, {time qu'onenfaict, & du credit qu'on luy donne. Nous ferions pourtant d'aduis qu'onn'en vlait que de quelque façon propre à le bien faire diftribuer ; & par con - fequent , nous ne rreuuons pas fort bon qu'on le detrempe fim- plement dans des Eaux cordiales, ou dans des Boüillons : carilnous femble qu'il vaudroit mieux qu'on le fift prendre auecque du Vin ,ou de l'eau de Canelle, qui. ne fuft pas neantmoins fi forte, que plufieurs ont accouftumé de la faire. Mais apres tout, le vray moyen de bien forrifier le Cœur, eft de le tenir toufiaurs efucillé par de hautes entreprifes, & par des de- firsreleuez euitant la trilteffe, qui tient fes forces captiues, & les ET DE LA MORT. 359 Efprits comme emprifonnez. Il refte apres tout, que nous 4° fongions au Cerueau , à caufe quil eft éomme la Citadelle, ou font placées toutes les forces ani- males , c'eft a direles puiffances, qui produifent le Sentiment , le Mouueruent , & les fonétions de la Raifon. Ileft bon fur ce fuiect de ‘repañler dans la memoire ce que nousauons dit cy-deflus, des moyens d'empefcher les veilles excefliuss ; & de prouoquer vn fommeil paifible. De plus,à cau- fe que lEltomach , & les parties du bas ventre enuoyent inceffam- ment des fumées au Cerueau, il eft à prefumer que ce qui eft vti- le à celuy-là, profite aufñ à celuy- cy, a raifon de la Sympathie qui eff ineceflairement entr eux. De Z üij _ 360 HISTOIRE DELA VE, forte que par le vray chois des Viandes, l'on fait du bien à la Te- fte , & on la tienten tres-bon _ maine: Et afin quecela A pe remperament. Aufh eft-ce la caufe pour laquelle ie vous ren- uoye à ce que j'ay diét cy-def- fus ,touchantles moyensd'ayder au Vencricule , ne me referuant quà propofer quatre Confeils, dont les trois concernent vne Application exterieure, & vn feul fera deftiné à faire prendre quel- que chofe au dedans. Le premier de ces Aduis eft, que lon s accouftume à lauer les pieds, au moins vnefois la fep- rofitable , il feroit bon de faire boüilli dans | Eau que l'on de- fline à cét effect , de la Sauge, de la Camomilie, & des fleurs ET DE LA MORT. 361 de Vigne, lors que c'en eff la fai- {on. Apres cecy l'on fe tronuerait 4:. fort bien de faire des parfums tous lesmarins, auec du Rofma- rm defleiché, des fucilles & des rameaux de Laurier, & pareille- ment du bois d'Aloës ; car pour les Gommes , elles font vne fue mée ,quieftourdit ,& appefantit le Cerueau. | Pour troifiefme Aduertifle- 43. ment, ie dis quil faut s'empetf- cher d'appliquer des chofes Aro- matiques , & de forte odeur fut latefte;au contraire, ie fuis d ad- uis qu'on les mette pluftoft fous les pieds ; &z tout ce que ie puis permeitre eft , qu'en cas de be- foin l'on faffe fur cette partie-là quelque arroufementr auec de 362 HISTOIRE DE LA V1E, l'Huyle rofat,& de Myrte,ou l'on mefle vn'peu defel, & de Saffran. 44 Nous approuuons aurefte de ptendre dans vn boüillon tous les matins par lefpace de qua- torze iours , trois OU quatre grains de (afloreum, auec vn peu defe- mence d Angelique, & de Cala- mus Aromaticus ; toutes lefquelles chofes fortifient le Cerueau ; ou- tre que dans céc efpais amas de Subftance , que ï'ay diét eftre fi neceffaire à la longueur dela vie, les Efprits en Peçoiuent vngrand furcroift de vigueur & de viua- cité. Bref, tout ce que nous auons propofé touchant JEconomie des Entrailles, tend à les forti- fier , & exclud la grande abon- dance de Drogues, & de M edica- ET DE LA MORT. 363 mens, quieft vne marque certai- ne de l'ignorance de ceux qui la confeillent ; veu qu'il eft certain, que comme lexcez du manger caufe beaucoup de Maladies, l'excez des Medicamensau con. _ fiaire, ne fait que fort peu de ; gucrifons. “D. l:S Touchant la difiribution des Al. ments aux Parties exterieurés. l'a 4 HISTOIR E. |, seat que la bonne & par- faite digeftion des Alimens dcpende principalement de la vigoureufe confticution des Par- tiesinterieutes ; Sieft-ce que pour Bel 364 H1STOIRE DE LA Vie, les bien employer, & les diftri- buer par tout le Corps, il eft neceflaire , que les extericures mefmes y contribuent de quel- que Aétion , afin qu'a mefme temps que celles-là enuoyent, celles-cy foient preftes à receuoir: Et qui pluseft, lors que celles-là ne font qu'agir foiblement, il eft bon que le concours de celles-cy {oit plus fort ; & que l'on efueille les vnes par laffiftance des au- [res .. Lemoyen donc le plus affeu- ré d'aider les membres du dehors à puiflamment attirer ce qui leur cft neceffaire pour leur Nourritu- re, c'eft dencleslaiffer pasoififs : mais de les remuer, & les faire a- gir ;afin que leur Chaleuren foit augmentée, & miçux difpolée à ET DE LA Mort. 3S1 mettre à profit la prouifion qu'el- le fe faiét apporter , par le long des canaux,& des veines, qui font deftinées à l'y conduire. Toutes fois , il faut prendte 3, garde, que penfantgaigner, l'on ne perde, & que la Chaleur, qui appelle à foy vn nouueau Suc, ne fafle diffiper celuy doncelle eftoit defia pourueuë, foit en le fubri- lifant par trop , foit en dilatant par excez les Pores des parties charnuës,quien fontabbreuuées. À cc deffein feruent grande- ; ment les Frictions, fur tout cel- les qui font faiétes au Matin; pourueneantmaÿns qu'auff toft qu'on aura frotté le Corps, on fe louuienne de loindre douce- ment de quelque Huyle, de peur que le trop de diffi pation d'Ef- 9 352 HISTOIRE DE LA V1E, prits, & de fang m'attenuëé & nc rende le Corps lafche , & moins vigoureux. L: ( D auantage :, | Exercice fert beaucoup auflà cette intention, 4 caufe quil faict que les patties s'agitent, & fe frottent enfem- ble ; & par confequent , qu'elles attirent le fang. Toutesfoisil faut en Sexerçant vler des mefmes precautions ; que 1'ay diét eftre neceflaires, quand on fe fait frot- cer : C'eft àdire,prendre bien gar- de que l'on ne prouoque pas vne trop grande diflipation d'Ef- prics. Au refte, il vaut mieux faire exercice en plajn Air, qua cou- uert; Er quandil faiét froid , que quand il fait chaud fans ou- blier à s'oindré , non feulement quand on ceffe, mais auili quand BT DELA MorT. 367 on commence 4 trauailler. Et dautant que le trauail lafle 6. trop, ileft bon de prendre quel: que peu d aliment ,auant quede. sy engager. le dis quelque peu,à caufe que fi l'on fe tourmente,& s'agite auccque l'Eftomach plein, les premieres preparations. des Viandes en feront mal faiétes 8. _ lesSucs quis’en formeront aptes, demeureront im purs. LÉ D ailleuts, afin que le rrauail 7. loit vtile ,ilne faut pasfe conten- ter d exercer quelques parties du Corps , & laifler repofer les au- tres : comme par exemple, les Bras, fansles Iambes ; oules Lam. bes fans les Bra$, mais tout le Corps à mefme temps ,& d'vn Mouuement efgal. À quoy l'ad- ioufte, quil neft pas bon que 368 HISTOIRE DE LA Vie, noître Corps demeure long temps en mefme pofture , mais il fauc qu'à chafque heure il en change , fi cen eft quand on eft couché pour dormir, Qui plus eft , les peines mef- mes que l’on fouffre par vne efpe: ce de Mortification , feruent à vi- uifier; comme on pourroit dire, de porter la Haire, & de fe don- ner la difcipline, à caufeque ces rigueurs artirent le Sang aux par- ties du dehors. Pour la mefme railon aufh, Cardan approuue , que l'on fe frotte d'Orties ; Ce qui neant- moins n'eft pas fans danger , à caufé'que les picqueures en font imalignes , & capables d'engen- drer für la peau vne vilaine gra- telle. OPERATION ÊÉT DELA MORT. 369 DRERAT I ON für les Aliments, €5 com- ment il les faut prendre. VIE HURRSIT OI RE. "TE (ont les Critiques pluftoft L. que les Médecins, qui blaf- ment ordinairement la Diuerfité des Viandes. Maisapres tout, vne feule Viande ne fçauroit produi- te vne longue Vie, quoy qu'elle puifie entretenir la Santé pout vn temps. Car les diuers Alimens sinfinuentc beancoup mieux & plus forrement dans les Veines, & dans les Sucs, que ne fait vné feule Nourriture fimple, & rouf: Aa 370 HIsTeiREe DELA V1E, jours la mefme: Ourre que cette Varieté aide merueïlleufement à aiguifer l'Appetit, en quoycon- fifte la premiere poinéte de la Digeftion : C'elt pourquoy ie trouue à propos de changer de nourriture , & de Viandes, fui- uant les fañons de l’Annee. C'elt encore vne fottife bien grande, que de penfer qu'ilfail- le manger les Viandes tout fim- plement,& fans ragouft, puis que les Saufles bien faiétes font d'ex- | cellens preparatifs des Viandes, &e tres-vtiles à la conferuation de la Vie, & de la Santé. | Il faut prendre garde d’ac- compagner les Viandes srofic- res de bons Vins, & de faufles de haut Gouit , afin que l'Aliment en penetre mieux ; comme aufli ET DE LA MORT. 3% _ d'accommoderde petits Vinsde: licars, & des Sauffes vn peu craf. fes aux Viandes de facile Dige- ftion. l'ay diét cy-deuant , que le premier trait de vin, ou d'autre us , que l'on prenoit foup- per, he deuoit point eftre froid. À quoy f'adioufte, que pour pre- parer l’'Eflomach, ileft à propos de boire chaud vne bonne fois, de la Boiflon ordinaire, & de : PAromatifer tant foit peu, pour luy donner meilleur couft. 4 Il importe extrémement des. donner ordre , que le Mançger; & le Boire foient bien preparez. Carbien que ce foit chofe bafle, qui lent la Cuifine, & la Sommel- leric;elle vaur mieux neantmoins que rous ces beaux contes qu'on Aa i] 372 H1STOIRE DE LA Mir, nous fait de Potions, & de Re- ftaurans, où l'on veut qu'il entre del Or, desPerles, & autrescho- fes de prix. C'eft vne badinerie d'enfant, que de faire tremper les Viandes dans de l'eau , pour les rendre plus humides. Cela n'eft bon que dans les Maladies aiguës , & ne vaut rien pour vhe nourriture , quinedoiteftre, que mediocre- ment humectée. C'eft pourquoy _japprouue moins la Viande bouillie, que celle quieft roftie, ou cuitte au Four. Le Rofty ne fe doit point cui- re à petit feu, ny lentement, mais toutau contraire. il ne faut pas manger toute fraifche la grofle Viande; mais luy faire pluftoft prendre vn peu P | | " ET DE LA MoRT. 37; de Sel, & pluftoft en vfermoins, ou prefque point/à la Table; eftant certain , que le Sel incor- porc auecque la Viande,eft beau- coup plus fain, que pris feparé- ment. À À le ne defapreuue point de met: 9. cre infufer, & tramper les Vian- des dans des liqueurs conuena- bles’; auant que de lesfaire roftir, comme il fe prattique en celles qu'on faiét cuire au Four, & au Poiflon que l'on tient en la Sau- - Mure. pra Mais premier que de les cuire, 10. ilfert grandement , pour les ac- tendrir, de lesfoüetter, & de les bien battre. Il n'y a celuy quine … fçache, que les Perdrix ; Les Fai- ans, le Cerf, & le Dain , eftans bien venez , en font plus delicat:; £a 1 374 Hisrorre DE LA VE, & la Marée demefme, quand on la chafféc. A quoy fe rapporte, * quelesPoires, les Pommes, & les autres Fruiéts qu'on a cueillis a- uantle temps, perdent beaucoup de leur crudité, & s'adouciflent mefme, à force d'eftre efcachés. Mais ce que ie dis desV iandes eft feulement de quelques-vnes, qu'il eft bon de bartre, premier que de les mettre au feu; ce qui me femble vne des meilleures préparations qu'on y {çauroit ap- porter. 11. Le Pain, poureftreexcellent, doit auoir vn peu de Leuain , & de Sel : mais il eft neceffaire fur tout de le cuire à proposdans vn bon Four, & qui ne foit point chaud qu'à demy. 12. Cette Ordonnance n'eft pas ET DE LA MORT. 375 mauuaife , qui veut que ceux qui defirent de viure long-temps fe fouuiennent d’eftrereglez eÿ leur boire. le ne parle pas icy pour- tant des Beuueurs d'eau, lé Regi- me defquels peut quelquesfoisal- longer la vie, bien que non pas de beaucoup. Mais aux Breuua- ges pleins d'efprits, cels que font le Vin ,la Biere, l'Hydromel, êe ainfi desautres,ce qu'il y a de plus important cft, que les Larties en foient fubtiles ; & PEfprit extré: memét doux. À quoy ia Vicille{: {e ne fert de rien; daurant quefi d'vn cofté elle fubrihfe les Par cies, ellefai de l'autre les Efprirs _ plusaigres. A raifon dequoÿraÿ defia diét, qu'il efi ban de met: gre dans le Tonneau quelque li- queur, qui en apple l'acrima- Aa lij Hd: 376 HISTOIRE DE LA VE, nie. Cela fe peut faire encore par vn autre moyen , & fans aucune Infufion , ou meflange ; & c'eft par | Abication; comine, quand on tranfporte le Vin par Mer dans des Barques ;ou par Terre, fur des Charettes; ou quand onle pend en l'Air dansdes outres, a- uecque le foin que l'on fe donne de le branfler-rous les iours ; & ainfi de plufieurs autres manie- ges. Car F eft certain, que le mou- uement lacal rend les Parties fubtiles. & que cependant il fo- mente fi bien les Efprits, quilles empefche des'aigrir, ou, fi vous voulez, de fe pourrir , puis que l'Aigreur eft vne efpece de Poure friture. à | Quand on eft fur l'age , il faut faire preparer la Viande de telle ET DE LA MoRT. 397 forte, quelle foit prefque à demy conuertie en Chyle , auant.que de la prendre: car ceft vne Ref- uerie, que ce quon nous veut perfuader de la Diftillarion &es Viandes ; & vne fauffere manife: fte ,que leur meilleure parries'en aille dans leuaporation. | L'incorporauion de la Viande, 14: & du Breuuage , auant que def- cendre dans l'Eftomach, eft vn acheminemenct au Chyle. C’eft pourquoy , prenez telle Volaille, ou tel Gibier que vous voudrez, : comme,desPoulets, des Perdrix, dés Faifans, & autres femblables _ Oifeaux, que vous cuirez dans de leau , auec ÿn peu de el Cela faiét ,neïtoyez les, & les fechez; us metteZz-les en in‘ufion dans du Vin,ou dansde la Biere bouil is. 16, 378 HisTOiREDELA Vie, lante , auecque du Sucre à dif- cretion. | Les Precis, & les Hachis, bien menus, & bien affaifonnez, font excellens pour les Vicillards, fur tout pour ceux qui ne peuuent mafcher , à faute de Dents , en quoy confifte la principale pre- paration de la Viande. | Pour fuppléer à ce dernier de- faut , trois chofes fonc neceffaires. La premiere , de faire renaiftre d'autres Dents, ce quinefe peur, à moins que de refondre, & de renouuellertout le Corps. La fe- conde, d'affermir, & endurcir les Mafchoires de telle forte, quelles puiffent feruir de Dents, chofe qui neft pas impofhble ; Et la troifiefme, de preparerla Viande ficommodement, qu'onla puif- a ns nt RE ETDE LA MORT. 379 fe prend:e fins la mafcher, qui . neft pas chofe difficile. IImevienticy vne penfée,rou- 17. chant la moderation qu'on doit apporter , foit à manger , foir à boire : Et comme la Regle nen eft pas certaine ; Aufli me {em- ble-r'il, qu en 1 vn & en l'autreon fe peur licenvier quelquefois, afin d’arroufer, & humecter le Corps. C'eft pourcuayil nefauc pasban- _hir tout à faict les grands repas, ny les Brindes extraordinaires; & c'eft icy , à peu pres toute la Re- cherche, qu'on peut faire fur Jes Viandes, & {ur leur Preparation. 380 HISTOIRE DE LA VE, OPERATION: Sur le dernier Aëte as d Affimilation. V : L JL, T2 n'ya pas beaucoup de Re- marques 4 ; faire fur le der- nier e Acte d Allimilation (auec | qui fe trounént annexées les trou Operations precedentes) cette Matiere n'ayant befoin que d'Explication,non pas de Preceptes. CONSIDERATION. ne "Eft chofe certaine ; que tous les C ces ont vne 1n- «ET DELA MoRrT.. 38 clinationpartivliere, afairé que ceux qui les touchent leur foient femblables: ce que font aduantageufément ; €5 par excellence les chofes [ubtiles , Es les Spirituelles; comme la Flamme , L'Efhrit , € l'Air. Au contraire ; celles qut ont ne Maffegroffiere , €5 fenfi- ble; n'ont pas cette inclination fgrande, attachée qu'elle eft parsun Defir bien plus fort, qui efceluy dun Repos, € de l'Oiffueté. IL eff veritable encore, que 2. ce mefine .Defir ; comme nous venons de dire, lié dans ne Mafe grofiere, eff tant foit peu ‘efheillé par la Lg 82 HISTOIRE DE LA Vi, Chaleur voifine, & defliépes a peus iufqu'a œ quenfin il ef rendu parfait; €S Ceff La feale raifon pour laquelle les chofés qui n'ont point d'Ame, ne produtfént point leurs fem- blables , comme celles qui en ont vne. IL eft indnbitable pareille- ment, que tant plus un Corps efFefpars , ES folide, tant plus il 4 befoin de Chaleur , pour fe porter « produire cette Ref- femblance.Ce qui redffit fort mal aux Vieillards, dautant qu'ils ont les parties plus re- nefches , € moins chaleureu- fes. [lfaut donc ; ouen amolhr laDuretéson en gugmenter la ET DELA MorT. 384 Chaleur. Or dautant que ÿ'aÿ defia difiouru de ce qui peut empefcher € preuenir cét En- durciffement: le trastteray Cy- apres des moyens de rendre les Membres foupples ; € mols: En fuitte dequoy ; apres que aura) Mis en auant vne autre Maxime, 1e parleray de la Regle qu'on doit tensr pour l'accroifement de la Chaleur fujäite. Cet Alle d'Affimilation, qui k fe refueille, commenons auons diéf, par la Chaleur qui l'en- uironne ,eft vn Mounewent recherche, fubtil, €5 qui agit sufques fur les moindres par- ties:Onileffaremarquer, que 384 HISTOIRE DE LA VE, tous ces Monnemens ne font en leur perfection ; que lors qu'iln'yena potntde local qui l'empefche. Car le Mouue- ment de Separation, dans les chofes de me[inenature ; cons- mepar exemple au Lait, ot la créme monte en haut, €5 la ferofité demeure an fonds ; ne Je peut faire par une legere Agitation « Etil fe vord par efpreune , que l'Eau , ny les chofès femblables , ne [e peu- nent pourrir , tant q on les vemue. Tirons maintenant ñnos Conclufions de tout ce qué nous anons diéfinfques 10. L'Acte d'Affimilation fe vend parfaitt dans le Som: meil, 4 b HÉTIDE LA Mort. :87 meil, € dans le Repos; prin- cipalement fur le point du ioùr, lors que la Diffribution eff faite. Il ny a donc plus rien a ordonner, Jice n'eftqué l'Homme dorme en vn lieu chaud , €® qu'au leuer de l'Aurore ; 1l fe falle oindre, ow quil prenne une Chemije oincte, pour s'efchauffer dou- cements puis, quil féremette a Dormir 5 € Cefl icy ce qui À 4 fembléplus remarque Le, touchant le dernier cAle d'Affimilition- BE 388 H1sSTOIREDE LA Vue, À PEUR. A TR AOQ UN; SAN LLON les moyens d'Ar- * Cela sappel- tendrir ce qui A commencé een Laà- in, &fe- sine de fe defféicher.* Malau = fatio p L ] À. poris. Liilon, ] Ous auons parlé cy- -de- N “ant de l Attendriffe- ment INTETIEUT ; duquel on ne vient à bout\ que par fowp- plefes » €9 par Deflours am- bigus, foit dans la N ourritu- re, foit dans lafaçon de rete- nir les Efprits, € gui par con fequentnes ’acheue que pen  peu. Il faut traitter mainte- nant de cét autre, qui fe faië ET DE LA Morr. 389 Par dehors , € prefque [ou- dainement ; on bien, de la maniere de Ramollir le Corps. HISTOIRE. PNYand là fcauante Medée: » OO. silen faut croire la Fable) {e propoloit de raieunir le vieux Pelie, voicy quel eftoit fon def- {ein. Elle vouloit coupper en pe- tits morceaux ce Corps tout vfé; puisle faire cuire dans vne Chau- diere ;auec quantité de Drogues differentes; Et poflible aufl, que cette cuiflon ÿ euft faict quelque chofe :mais ie ne penfe pas qu'il eûc de rien feruy de lemettreen pieces. | | | Il le falloit neantmoins , fi ie, h& me trompe , non pas auec le | Bb ij La | 390 HISTOIRE DE LA V1Ë, Coufteau; mais pluftoft auec vn Jugement fubtil, & bien afhle. Car comme les Entrailles, & les autres Parties du Corps font d'v- ne Nature fort differente , il eft neceflaire de lesattendrirauflien diuerfes façons , chacune en la maniere qui luy eft propre ; outre le foin qu'on doit apporter à ra- mollir , autant qu'il fe peut; tou- te la maffe du Corps;dequoy c'eft noftre deflein de parler icy pre- mieremment. Cét effect fe doit produire par le moyen des Bains , & des On- étions, (fi toutesfois cela fe peut) &en tel cas, ilfaut prendre gar- de à ce quis’enfuit. | Ce feroit imprudence des af- feurer entierement d'en pouuoir venir à bout , à caufe de ce que ET DELA MORT. 391 nous voyons qui fe faiét tous les iours danslesInfufiôs, & les Ma. cerations des chofes inanimées, par qui on les atrendrit, & dont nous auons donné des exemples. Carcela, fans doute, arriue plus aifement aux chofes inanimées, dautant qu'elles fuccent, & arti- rent lesliqueurs ,que non pasaux animées , pource que le Mouuec- ment ne {e faiét qu'a l'entour de _ leur Corps. C'eft à raifon de cela que les Bains ramolliflans qu'on y em- ploye, ne feruent degueres; Au contraire ; ils font dommage:- bles; pource qu ils attirent au de- hors , au lieu d’Agir au dedans, & qu'ils défont Faffemblage des parties , pluftoft qu'ils nele ren- forcent. Bb iü 392 HisTOIRE DE LA Vie, = Les Bains,-& les Otions, qui peuuent feruir à cette intention de Ramollir le Corps comme il faut, doiuent auoir les proprictez fuiuantes. ATÉ La premiere, & la principale cft, quils foient compolez de chofes qui ayent leur Subftance femblable à celle de la Chair, & du Corps de la perfonne qui fe baigne , & qui puiffent prefque entretenir, & nourrir le dehors. La feconde , qu'elles foient meflées d'ingrediens, quipar leur fubrilité pouffent au dedans , & y facent penetrer bien auant la vertu des chofes , auec qui elles fonc meflées. wi | La troifiefme , qu'en ce Mef- _ Jange entrent en quelque façon, des chofes qui foiét peu Reftrin- ET DELA MORT. 39; gentes, fans eftre neantmoins, ny rudes ny afpres , mais onétueufes, & qui fortifient ; afin qu'à ref | me temps que hé deux autresas oiflent , elles deftournent l Exhac lier: quifans cela pourroit em£ pefcher laétion de celles qui doi: uent R'amollir ; au lieu de l'aider pluftoit, & de Yiaanesr, à force dereflerrer la peau, & de boucher les conduits. | I n'ya rien qui iporochot téñro, de la Subftance du Corps hu main, que le Sang tiede, où de É Éo di me , ou de “quelque autre Animäl. Neitictioitie ce que dit Ficin, defaire fuccer du fang du bras d'Yn ieuné Garçon , pourre- ftablir les forces perdnës,me fem- ble fansfondement. Car ilne fauc pas,que ce qui nourrit au dedans, Bb iii} 1. 394 HisTOfREDE LA V1, {oiten aucune façon efgal, oude mefme, & femblable Subftance au, Corps qui.eft: nourry ; mais bien interieur, & d'vn ordre plus bas , pour luy eftre foümis. Il n;en elt pasainfi de ce qu on ap- piique au dehofs ; qui s'accorde d'autant mieux auccque leCorps, quil fe trouue plus conforme à fa Subftance. | On a creu toufiours, que pour guerir de la Lepte;ilfalloit fe bai- gnet dans le fang des petits En- fans ;-& que cela reftablifloit la Chair corrompuë:d'ouileft ad- uenu de tempsen temps, que fur va fimple foupçon , quelques Grands enont.efté hays, & def criez par le menu Peuple. L'ontientqu'Heraclyte deue- nu, Hydropique , fe fit mettre ET DE LA MORT. 395 - dans le ventre d'vn Bœuf fraif- chement tué. “4 Le Sang des petits Chatseft 13. en vhge aux Maladies du Cuir, | comme Erefypeles, feux volages, & autres femblables. | _ Heft bon demetrre le Bras,ou 14. la partie offenfée, & dontonne peutarrefter le Sang,dans le Ven- tre d'vn Animal quon fait ou- urif, pour empefcher que le Sang ne coule, Car la playeattire par a conformité du fang auec l'autre, le fans de l'Animal , & cela fait quil ne coule plus. C'eftchofeaflez ordinaire d'ap-15. -pliquer fur les plantes des pieds d'vn Homme malade, & defef- pere, des Pigeonslesvns apresles autres; ce qui reüifhit quelquesfois a merueilles | &. qui attire, fui- 3 396 HISTOIRE DE LA V1E, uant l'opinion comune, toute la malignité de la maladie. Quoy « qu'ilenfoitneatmoins, ce Reme- 16. L7: deeft plus'vrile appliqué àla T'e: fte,& fortifie lesEfpritsanimaux. Mais ces Bains & ces Onétions de Sang, font, & vilaines, & o- dieufes; Il faut en chercher d’au- tres , qui facent moins d horreur, & plus de bien. Apres le Sang chaud , les cho- fes qui ontle plus de rapport auec la Subftance du Corps humain , {ont les plus nourtiflantes ; com- . me, les meilleures Chairs , de 13. Bœuf, de Pourceau, de Cerf, les Huiftres parmy les Poiflons ; le! Lai le Beurreilesiaunes d'œufs, la Boüillie le Vin doux ,ou fuc- cré ,oule Mouft: 5 | Les chofes qu'il. faut mefler ETDELAMORT. 397 parmy, pour Agir, font, le Sel, | principalement le noir ; à bon Vin, comme plein d' Efprits, qui eft vnexcellent vehicule. | Les Remedesaftringeans,com- "2: me nous les auons defcrits, à fça- uoir,les Onctueux, & les Confdt: ratifs , font ;le Saffrah, le-Maftiq, laM Ft & les grains de ét the. Ceft, comme Fe 4 cé de- 20. ay. Rorra@itifaire: Les Bains, tels que nous les défirons: Poffible que les Medecins, & ceux qui viendront apres nous en trouue- ront de meilleurs. Pour faire plus puiffamment 21. agir le Bain ,-il y faut apporcer ces quatre Precautions, | La premiere , de frorter le 22. Corps ; & de l'oindre d'vn Lini- 398 HI$ToIRE DE LA VIE, ment efpais, & gras afin que la Vertu, & la Chaleur humide du Bain entrent dans le Corps plu- ftoft quel'Eau. Lafeconde, defe venir dans le Bain enuiron deux heures. La troifiefme , apres en eltre forty, de s'enduire le Corps d'vn Emplaftre de Maftiq , de Myrrhe, de Tragaganc, de Dia- palma, & deSaffran, pour em- pefcher l'euaporation ; iufques à ce que le Ramolliffement oit faict ; & ce par l'efpace de vingt quatre heures, ou d'auantage ; Et la derniere ,apresqu'on aura ofté l'Emplaftre, de s'oindreauecque del Huyle, du Sel, &duSaffran; puis, defe baignerencore quatre iours apres, & en fuitte,de repren- dre l'Emplaftre | & FOn&ion, comme deuant : fibien que ce ÉT DELA MoRT. 399 Ramolliffement * continuë vn ‘4 mois durant. Pendant qu'on fe ramollitde 25. certe forte, il faut auoir foin de fe bien nourrir, de fe tenir chaude- ment, & de ne rien boire, quine foit tiede. l'ay defia faict rematquer dés 2 4 le commencement , que ienay pas efprouué ce que ie dis. Com- me en effect, ileft veritable, & ie ne l'efcris, qu'à caufe qu'il me femble deuoir eftre ainfi. Car apresauoir marqué la chofe, i'en laifle la recherche à d'autres , qui s'en acquitterot mieux que moy. . I ne faut pas mefprifer les Fo- ?5- mentations ; qui fe font par les approches des Corps viuans. Fi- cin dit tout de bon, que Dauid fe feruoit pour cét vfage , d'yneieus 400 HISTOIRE DELA Vie, ne Fille | quoy que trop tard. Il falloit encore qu'il y adiouftaft; que cette Fille deuoit eftre oin- e de Myrrhe, & d'autres chofes femblables , à la mode des Per- fanes, non pas pour auoir plus de plaifir, mais pour augmenter l'ef- fect de la Fomentation en ce Corps animé. Ceftoic pour ce mefme {ub- iet, que Barbetoufle, fur la fin de {es iours, fuiuant | aduis d'vn Me- decin luif, tenoit roufiours de pe. cits Enfans {ur fon Eftomach, & à {es coftez ; où quelques Vieil- lards ontaccouftumé de teniren- core à certe fin-l}, dé perites Chiennes ; afin d'en eftre ref chauffés la nuiét ;:ces Animaux cftans remarquables fur tous les autres,pourleur extrefine chaleur: 4 ŒT DE LAMORT. 401 . L'on tient pour certain, qu'il 27. s'eft crouué des Hommes , quife defpitans d’auoir le nez trop grand,enonrretranchéles croif- fances femées de bourgeons, en le mettant dans le moignond'vn Brasouuertparincifion ; & qu'ils l'ont ainfi reformé dans la bien- feance. Que fi telle chofe eft ve- titable , comme plufieurs leref- moignent, elle rend indubitable, la merucilleufe fympathie qu'il yaentre deux Chairs animées. Ce feroit chofe trop longue, 28. que de vouloir rechercher en par- ticulier , comme il faut amollir les principaux. Boyaux , l'Efto- mach, le Poulmon, le Foye, le Cœur, leCerueau , la Moüelle de l'Efpine du dos, les Reins, le Fiel, les Flancs les Veines, les Arteres, 402 H1STOIREDELAV:E, les Nerfs, les Cartilages, les Os; de quoy ie ne donne pas icy des Preceptes, &' ne ptetends feule: ment, que d'en dreflér des Me- moires, pour les reduireen prat- tique. O0 P'ESRCAEA D N 1 far le Reffabliffement dr vieux Suc,ow Moyen de le renouueller de temps er FCMpS. X. FH JAMES RUE, Voy que j'aye defia dict en partie, ce dequoy ie me propofe de parler icy'; Neant- moins, pource que cette Matie: re eft des plus importantes de mon ETDE LA MORT. 40; mon ouurage ; il me femble à propos de la traiter vn peu plus aularge. -"H eft certain qu'vn vieux Bœuf,qui a feruy fort long temps au labourage, femble reprendre vnenouuelle chair, puis deuient tendre au polhble, fi on le tire de la Charruë, pour l'engraifer dans vne prairie. Cela fe connoift au gouft, & à la dét,d'oùil fe voit qu'on peut nonfeulement atten- drir la Chair, quand elle eft dure, mais encore lés membranes, & les os mefmes, fi l’on y trauaille fouuent. : ne faut pas douter, que les Diettesqu'on fait ,auecque lv- fage du Gayac, de l’Efquine, de la Salfe pareille, & du Sacfaffras, hattenuent tout le Suc du Corps, Ce %e 404 HISTOIRE DE LA ViË, & neleconfument à la longue, fi on les continuë fouuent. L'exem- ple en eft manifefte, en ce quon peut guerir la Verolle la plusen- racinée , Mefme apres qu'ayant déjà gaigné les parties les plusin- terieures du Corps,elle eft parue: nuë iufques aux Gômofitez & aux Moüelles; Outre qu'il fe void en- core, que des Perfonnesmaigres, pañles, & deffaices , deuiennent cout à coup grafles, vermeilles, & en leur premier en-bon-poin&, | par le moyen de ces Diettes. Ce qui me donne fubiect de croi- re, que d'en faire vne bonne de deux en deux ans, neferoit pas moins vtile à l Homme;quil l'eft au Serpent ; de quitter fa vieille peau, pour fe raicunir. | le dis hardiment , (& ie ne PS. CR ÈTDELAMORT. 407 pente pas pour cela deuoir pañlet pour Innouateur) que les Purga- tions frequentes,& comme tour- nées en habitude, font plus capa- bles de prolonger la vie, que les fueurs ny lesexercices. Céla doit eftre neceflairement, par la ma- xime que nous auons pofée, Que les Onétions du Corps, & laclo- fture des Pores, & des conduits par le dehors, enfemble l'exclu: fion ,oulerepouflement de l'Air exterieur, & laretention des Ef- prits dans la mafle du Corps, fer- uent grandement à retarder la Mort. Caril ef certain ,quenou feulement les Humeurs, & les Vapeurs cotrômpuës, fortent, & fe confument par les fueurs, & parles Tranfparations; maisen- core les bons Sucs, & ce qu'ily2 Ce j 406 HISTOIRE DELA V1E, de meilleur dans les Efprits,qu'on ne peut pas facilement reparer. Ce qui n'arriue pas dans les Pur- gations , fi elles ne font par trop violantes ; puis qu'elles ñ operent principalement que fur les Hu- meurs. Or celles quonprend vn peu deuant le repas font excel- lentes pour cét effect , à caufe qu'elles defleichent moins. À rai- fon dequoy elles doiuent eftre compofcées de ces Remedes pu- rementCatharriques,quinetrou- blene nullement le Ventricule. Es Intentions cy-deuant deduites, dans les diuer[es manieres d'Operer: que 147 proposces. font,commeie cr0Y tres-veritables, €5 les Reme- des preftrits la deffus , ne s'ac= ET DELA MORT. 407 commodent pas mal anecelless Et à vray dire, il n'eff pas croyable combien 3'a7 prés de eine à les examiner ; quo qu'elles [osent pour la plus- part afleZ communes ; pour faire en [orté ; qu'elles ne fuf- fent pas moins féures, que de grande efficace ; comme l'Ex- pertence le prouuera: Ce qui monffre Lien , qu'encores que dans la Theorte , les Aduis des plus prudès foient prefque | toufiours auffr merueilleux en leurseffects,qu'en leur fait- te, onne laifle pasneantmoins . de Les trouuer fouuent fort . communs, quand il les faut | reduireen prattique. Ce iÿ 408 H1STOIRE DE LA Vi, DES APPROCHES 4 2 4 DEEE MONS su. À Lfaut maintenantexami- ae Aer les Aproches de la Morr, ceff a dire, les Accidens qui furuiennent für le potntt de cette heure derniere ; on me[- me vn peu denant, €5 vnpeu apres: afinque ,commeil y 4 plufieurs chemins par oi l'on y va , l'on puiffe voir a guoyils aboutiffent tous, principale- ment en ces genres de Mort, qui arriuent par un defaut de Nature; pluffoffque par vio. lence ; bien que 1e [ois obligé : de dire encore vn mot de celle cy> pour lier enfemble les Ma. ETDE LA MORT. 409 tieres dont 1e me fais proposé detraitter. AT MST OIRE | rer vital femble auoir be- !- foin de trois chofes pour fa fubfiftance, à fçauoir ,d'vn Mou- uement commode, d vn Rafrai- chifflement mediocre , & d'vne Nourriture conuenable. Mais, quant à la Flamme, elle n'en re- quiert que deux qui {ont, le Mou- uement, & la Nourriture ; ou il eft a remarquer, quela Subftance de l'Efprit eft compofée de telle forte, qu'elle fe perd, fielle pafle en vne Nature de Feu. Vne petite Flamme s'efteint, 2. par vne plus puiffante , & plus grande, comme dit Ariftote ; & à plus forte raifon l'Efprit. Ç Cciüi D j 410 HisTOIRE DELA VE, Quand la Flamme eft trop preflée, ellesamortit, comme :1l fe void en vne Chandelle allu- mée, fi l'on ymet vn Verre def- fus. La Raifon eft , pource que l'Air , qui s'eftend , & seflargit par la chaleur,rabbatant la Flam- me, la diminuë, & Fefteint. A quoy ferapporte, qu'on ne fçau- roit allumer dans vn Fourneau, quelque matiere que ce foit, fi elle eft troprefferrée. Les chofesenflamméess'eftei- gnent aufli en les preflant, com- me le Charbon, quand on le fer- re auec des pincettes ,; ou lors qu'on le foule aux pieds. Pour reuenir à l'Efprit, fi le Sang ,ou le Flegmefe ietre dans les ventricules du Cerueau, la Mort s'enfuit aufh toft, dautant » + Erpeza Mort 4ù que l'Efprit n'a pas de place, pour {fe remuer, | Quand il fe fait à la tefte, quelque violente contufion , l'on en meurt foudainement, pource que le coup reflerre les ventricu- les du Cerueau. L'Opium , & les autres Nar- 74 cotiques, preffent les Efprits, & en empefchent lemouuement. Vne Vapeur venimeufe,cruel-8. le ennemie de l'Efprit, priue tout à coup le Corps de vie, comme il fe remarqueauxPoifons mortels, qui operent par vne malignité qu'on appelle fpecifique. Car cet- te mefme Vapeur donne à lEf prit vne figrande auerfion, que ne pouuant compatir auec vne chofe qui luyeft fi nuifible,il ne demeure immobile. ai2 HISTOIRE DE LA V1e, s: Quelquesfois encored'vntrop _ grand excez de Manger, & de Boire, s enfuit vne Mort fubite, pource qu'alors la quantité n'eft pas mois dommageable à l'Ef- prit, que la malignité d vne Va- peur venimeufe. re. Vneextrêéme Douleur, & mef- me vneFrayeur foudaine, toutes deux caufées de quelqueaccident inopiné, ou d'vne mauuaife nou- uelle , peuuent arrefter en vn inftant , toutes les fonctions de la Vie. um, L'Extenfion desEfprits,quand elle eft trop vafte, peut aufli bien tuer, que leur Oppreflion , lors qu'elle eft exceflue. 12. Ilseft veu plufieurs perfonnes qui font mortes de trop deloye. 5 On voit fouuent vne Mort ET DE LA MORT. 453 foudaine arriuer incontinent a- pres vne grande Euacuation Comime il aduient, par exemple, quand on ouure vn Hydropique, ou dans les trop violentes Emrot- rogies. Car alors ce qu'il y a de vuide dans le Corps voulant s’en- fuir , coutes les parties s clmeu- uenc pour le remplir, mais parti- culieremenc f'efpric. Quant aux pertes de Sang , qui arriuent len- tement, elles prouiennent plu- ftoft d'yn defaut d'Aliment ,que du regorgement des fprits; De la nature defquels, ouefpars , ou preflez detelle forte,qu ils enen- fuiue vne Mort foudaine, ilfufht d’auoir fai les Recherches dont nous venons de traitter. Paflons maintenant au defaut de Rafraichiflement. Empefcher SL _4i4 HISTOIRE DE £A V1E, quelqu'vn de Refpirer , eft le moyen d'empefcher auf qu'ilne viuc, comme iladuientaux Per. fonnes qu'on eftouffe , ou que l'on eftrangle. Et routesfois ilne faut pas tant rapporter cét effect à limpuiffance de fe mouuoir , qu'a celle de Rafraifchir. Car vn Air chaud , bien qu'attiré fans contrainte, n'eftouffe pas moins, que l'empefchement de Refpira- tion. L'efpreuue s’en eft veuë en la perfonne de ceux qui fe fonc ! eftouffez auec des charbons ir dans, ou auec des pierres embra- {ées,ou par la Vapeur de la chaux, dont on a tout fraif chement en- duit les murailles , ou dans vne chambre fermée,quandonyfair ! grand feu : ( & de ce genre de Mort l'on tient que louinian 7 ET DELA MoRT. däis expira):ou dans vneFftuuefei- che, où fut eftouffée Faufte, fem- me de l'Empereur Conftanrin. La Nature redouble la Refpi- ration en peu de temps, & cher- cheen vn moment , à chaffer de- hofs les efpaifles, & fuligineufes fumées de l'Air qu'elle a pris;pour en tirer vn tout nouveau ; qui eft vn cffeé; pour lequel bien à pei- ne il luy faut la troifiefme partie d'vne minute. | CPR Dauantage, le poux des Arte- 16. tes, lemouuement du Cœur, & ce que les Medecins appellent communement, Syffoles, & Dia- ffoles,vont trois fois plus vifte que la Refpiration; de forte que s'il fe pouuoit faire qu'on arreftaft ce mouuement du Cœur, fans arre- {ter la Refpiration, l'on en mout- 4i6 HisroiRE DE LA Vie, toir pluftoft qu'on ne fairoir, fi on cftoit eftranglé, 17. Neantmoins| Vfage,&laCou. : ftume peuuent quelque chofcen : cette Action naturelle de la Re- fpiration : Ce que tefmoignent aflez les Plongeurs ; & les Pe- cheurs de Perles, qui par vne lon- gue habitude retiennent leur ha- res , dix fois autant que ceux, qui ne font point de leur meftier. 18. Parmy les Animaux qui ont des Poulmons, il sentrouue qui s'empefchent de refpirer plus ou moins ; felon que plus ou moins auf, ils ont befoin de Rafraichif- fement. | Re Les Poiflons s'eh palfent mieux + faichif. que ne font les Animaux de fa Fment, terre; & toutesfois il leur eft ne- ceflaire, puis qu'en effe@ ils ef- | | | ET DELA MoxtT:'114i7 pirent par les Orillons : & com- me les Animaux terreftres ne peuuét endurer | Airtrop chaud, ny trop renferme , les Aquati- ques de mefme , font quelques- fois eftouffez fous la glace, quand elle dure trop long-temps. Si l'Efprit eft attaqué par vne 20: Chaleur qui luy foit eftranvere, & plus violente que celle qui luy eft naturelle ; il fe difhipe , & fe perd. Carsil ne fçauroit fouffrit Jvne fans Rafraichifflement , il pourra bien moins fuppotter Fau- tre; fur tout fi elle eft exceflitie. Cela fe void dans la Fieure arden- te,où la chaleur d'vne Humeur pourrie, furmonte la naturelle, iufquesa la difhper, &l'efteindre. L'vfage,& la neceflité du Som- 21, meil tiennent auff du Rafrai- m8 M1STOIREDE LA Vie; chiflement : car au lieu que le Mouuement fubtilife les Efprits, les rareñie; les excite, & rehaufle leur Chaleur ; le Sommeil au con- traire, appaile, & atrefte leur a- gitation. D'ailleurs ; bien qu'il fortifie les Aétionsdes Parties, & des Efprits mortels , enfemble toutle Mouuement qui fe fait autour du, Gorps:;1-1l afloupit neantmoins, & calme-:prefque du tout le Mouuement de l'Ef- prit vital. La Nature :demandé qu'on repofe regulierement vne: _ fois, dans vingt & quatre heures; & que du: moins on enydorme, cinq ou fix,bien que par vne mer- _ueille-bien grande; il y-en ait qui ne dorment prefqhie:point, comme il aduint à l'ancien Me- cenas , long temps auant quil | _mouiuft _ ETDE LAMORT) 410 mouruft. Voilà ce qu'il yauoit à remarquer, touchant la neceflité du Rafraichiflement, pour la con. feruation des Efprits. . Quant à la troifiefme Necef- 22: fité ,qui eft cellede l'Alimenr, il me femble, qu'elle regarde plu- ftoft les Parties, que l'Efprit vital. Car il n'ya point de peine à fe perfuader, que cét Efprit fubfifte de foy-mefme , non par fuccef- fion aucune, ny par Renouuelle- ment. Pour ce qui eft de l'Ame taifonnable dans l'Homme, il eft plus qu'affeuré , quelle ne fe cranfplante , & ne fe repare nul- lement, outre qu'on fçait bien, qu'ellene meurt point.lls parlent donc de l'Efprit naturel des Ani- maux, & des Vegetaux, quifont effentiellement & formellemene D d 410 HisTOIREDELAWIË; differans de l'Ame raifonnable. Car la Metampficofe, & toutes ces belles Fables, que les Payens du vieux temps nous ont debitées fur cette Matiere ,ont pris naif- fance , de n'auoir pas bien enten- du cette Matiere. foie: "1 23. LeRenouuellementquifefait : par la Nourriture dans le Corps ! humain,doiteftreiournellement regulier; car bien à peineles plus robuftes & les plus fains,peuuent eftre trois ioursfans manger. En ! quoy neantmoins , la Gouftu- : me,& | V fage peuuent beaucoup. Mais quant aux Malades , le de- gouft, & les langueurs où ils font, leur rendent le ieufne plus fap- portable. Le Somimeil mefme fercrant foit peu à laNourriture; : comme l'Exercice en demande : sf nat es ant, € Le La PPS AE SP NS VE ET DE LA MORT. 4:21 vneplusgrande. Mais quoy qu'il en foic, les Hommes ne peuuent pas’fe pañler long-remps de Boi- re , non plus que de Manger, & s'il s'en eft trouué quelques-vns en qui l'Experience ait faict voir le contraire ; l'on peut dire veri- tablement, que ça eflé par vn Miracle patticulier de Nature. Les Corps morts demeureroiét plus long-temps fans fe deftruire notablement , s'ils ne fe pourrif- foient : mais les Viuans ne fçau- roient fubfifter trois iours, fi l'on nelesentretient par lemoyen de la Nourriture. Ce qui monftre _euidemment, que cette confom- prion fifoudaine, eft vn effect de LEfprit vital, qui ferepare, ou qui oblige lesParties à fe Raparer, ou qui fait cous les deux enfemble. Dd ij t> 2%. 422 HISTOIRE DELA Vie, Et cela fe prouue encore , par ce que nousauonsrem arqué, cy-de- uant, quieft, que les Animaux peuuent fubfifter quelque temps fans manger, pourueu qu'ils dor- ment. Mais quant au Sommeil, ce n'eft autre chofe qu vne Rece- ption de l'Efpric vital dans {oy- mefme. Vnetrop grande, & trop lon- gue perte de Sang, comme il ar- riue, tantoft dans les Hemorroi- des , tantoft dans le Vomiffe- ment , tantoft à raïon de quel- que playe, & tantoft par l'ouuer- ture, ou par la rupture des Veines interieures, caufent fouuent vne Mort foudaine , pource que le Sang des Veines fert à celuy des Arteres, & celuy des Axteres, à l'Efprit. ET DE LA MORT. 413 Il ya dequoy s'eftonner de ce 6. qu'à l'efgalde la quantitéde Boif- fon, de Viande, & d'autres Ali- mens , dont on prefuppofe que l'Homme fe nourriffe deux fois le iour , ilfe crouue quilen prend beaucoup plus qu'il n'en mer de- hors, par les Sueurs, par les Selles, & par les Vrines. Mais vous me direz, que ce n'eft pas merucille, pource que le refte fe conuertit en Suc , &: en la fubftance du Corps. Ie le veux, vous refpon- dray-ie : Mais fouuenez - vous, que cette Addition fe faiét deux fois le iour, & que neantmoins le Corpsn'ena pointtrop.'Ainfi, bien que 1 Efpritrepare, fi eft-ce qu'il n'en reçoit point d'augmen- gation derefte. : ns Iln'importe que l'Aliment foit 27% Dd iÿ 414 HISTOIRE DE LA Vie, en vn degré cfloigné , mais qu'il foit tel, & fi bien preparé, que l'Efprit y crouue dequoy s'occu- per : car ke bafton d'vne Tor- che ne fufhra pas pour entretenir la lumiere ,s'iln'ya point de cire; & les Hommes nefçauroient vi- ure d'Herbes feulement ; doù vient que les Vieillards ne peu - Vi uentmanger, * pource qu encore mt fr Qu'il y aiteneux, &de la Chair, ha re. & du San g, l'Efprit neantmoins # yet ff petit firare, defi peude Suc; & leSang fi corrompu , qu'a raifon de ces mauuaifes qualirez, ilsne font point fufcepribler d’v- ne bonne, & fainenourrirure. 28. Faifons maintenantle compte des chofes qui font neceffaires à la Nature, fuiuant fon cours ordi: naire. L'Efpric coufiours a befoin Lib: ET DE LAMORT. 425 d’extention dans les ventricules du Cerueau,& dans les Nerfs. Du mouuement du Cœur , pour la troifiefme partie d'yn moment; Dela Refpiration à tous momés; de Sommeil, & de Nourriture dans troisiours ; de Vertu attra- étiue, ou de puiffance capable de l'un, & delautre, apres quatre- vingtsans. Que filon ne metor- dre a toutes cesneceflitez, infail- liblement la Morts'en enfuir:Les Approches de laquelle confiftent enladefaillance des Efprits, dans le Mouuement, dans le Rafrai- chiflemenc, & dansl Aliment. Q° voudroit dire, que lP'Ef- prit vital s'engendre, &s e- fteinc fans cefle, comme la Flam- me, & qu'il na point de durée, | Dd ii Det e P. A uis. 426 HisTOIRE DE LA VIE, certaine ; celuy-la , fans doute; “butte grandement. Car ce que la Flamme fai, ne procede pas.de fà nature, mais de ce qu'el- le fe trouue affiegée des chofes contraires, au lieu qu ‘ellene peut s entretenir que de fon fembla- ble: eftant certain qu'vne Flam- me fe conferue dans l'autre quoy qu'en diuerfes manieres. C'eft pourquoy , comme la Flamme eft vne Subftance d'vn moment, & | Air eneft vne permanente, lEfprit vital tient de tous les deux | le ne recherche pas icy com- ment l'Efprit s’efteint par la de- ftruétion des Organes, ainfi qu’il arriue dans vne maladie, ou dans vn effort violant, comme ic Jay monftré Cy- deflus y quoy que ETDELAMORT. #7 neantmoinsil aboutifle luy-mef me à quelqu vne de ces Appr°" ches: car ieme contente des Re- cherches que ie viens de faire, rouchant les chofes , quien diuer- fes façons acheminent à la Mort. Il y en a deux grands Auant- 29. Coureurs ; l'vn defquels vient de la Tefte, & l’autre du Cœur; à fçauoir , la Conuulfion, & l'ex- tréme effort du Poux; carleSan- glot de la Mort, eft vne efpece de Conuulfion. Or l’eftat mortel du Poulx va vifte extraordinaires ment ; veu qua cette heure der- niere, le Cœur tremble de telle forte, qu'il n'y a prefque plus de diftinæion entre le hauflement, & l’abaiflement de l'Artere. * I*sifte- ya de plusvne Debilitégrande, Diallo. & vne extréme #4niri0n, à mefu- o. 30. 418 HISTOIRE DELA V1E, re ,que le Mouuement du Cœur fe ralentit, & s’abbaiffe, fans fe pouuoir releuer auecque vigueur. La Mort eft encore precedée d vne grande Agitation , accom- pagnée d'inquietude, & d'vn mouuemét continuel des mains, comme fi elles vouloient ramaf- fer des floccons delaine. Adiou. ftez-y des efforts quonfait, pour fe prendre à quelque chofe , ou la ferrer fortement; d’extraordi- naires grincemens de Dents; vne voix cafe, & qui femble s'en- glouter dans le gofier; vn trem- blottement de la levre d'embas, vne Bouche pafliffante, vne Me- moire confufe ; vn eftouffement de parole ;des Sueurs froides, vne extenfion de Corps, vn rehauf: fement du blanc des yeux, va _ ET DELAMORT, 42 changement de tout le Vifage. Auecque cela, lenezdeuienttout à coup pointu; les yeux s enfon- cent, les iouëés sabbaiffent ; la lan- ue {e reltrefhit, les extremitez {erefroidiflent , l'on rend du fang, & quelquesfois du $permes on a la voix aiguë;on halettef. an$ cefle, on a la mafchoire d'embas aualee, & ainfi de plufieursautres fignesfemblabies, Apresla Mort, il furuientvne 31. priuation de tout fentiment , & de tout Mouuement aufhi , tant du Cœur, & des Arteres, que des Nerfs, & des Membres.Le Corps cft incapable de fe fouftenir. Toutes fes parties fe roidiflent; la Chaleur s'en va ; la Corruption arriues & en fuitte la puanteur in- feparable d'auec elle, __ 430 HISTOIREDE LA Vir. 32, Lespiceces des Serpens,des An- guilles, & des Infectes,fe remuent long-temps apres auoir efté cou- pées ; ce qui fait croire aux bon- nes gens qu'elles peuuent fe re- joindre. Les Oifeaux en font de mefme, quand on leur a couppé la tefte ; & les Cœurs des Ani- maux quon a tirez deleursCorps, palpitentaufhi. On a veule Cœur d'vn Criminel,incontinentapres qu on l'eût arraché, ({upplice vfi- té parmy nous, pour le chafti- : ment des Traiftres) fauteler de temps en temps dans le feu , où lon l'auoitietté, & s’efleuer mef- me de la hauteur d'vn demy pied, puis de plus en moins, du- rant fept ou huiét minutes. On rapporte a ce propos, qu vn Bœuf mupgit autresfois, apres auoirefté - gTDEezA MorT. 43: efuentré. Mais il eft encore plus certain, qu'vn Criminel, à qui le Bourreau auoit attachéle Cœur, & qu'il tenoit dansla main, pro- fera diftinétement, crois ou qua- tre motsen fes prieres.Ce que iaÿ dit auecque raifon eftre vn effect bien plus afleuré , queceluy du Sacrifice, pource que fouuent les Amis du Patient donnent de lar- gent à l'Executeur de luftice, pour Jexecuter plus prompte- ment: Or eft-il , qu'iln ya point de raifon qui femble requerir, _ qu'onfe hafte de la mefme forte dans le Sacrifice. Pour faire reuenir ceux qui 33. font fubiets aux defaillances, & aux Pafinoifons foudaines , la plus-part defquels mourroient, s'ils n eftoient incontinent fecou- 432 HISTOIRE DE EA V1E, russvoicy dequoy ie trouue à pro: os defe feruir. Il leur faut don- ner parmy du Vin,des eaux chau- des, & cordiales, lesfaire coucher fur le Vifage ; leur fermer bien la bouche, & le nez; leurtordreles doigts auec violence, leur tirer la barbe, & le poil; leur frotter les extremitez du Corps; leur ietter de l'eaufraifche für le vifage, leur faire entendre quelque bruit vio- lant ; leur mettre de l'Eau rofe a- uec du Vinaigre dans le nez, fi l'on void qu'ils languiffent par trop; Et fi ceft quelque fuffoca- tion de Matrice, brufler fous leur nez, oude la plume , ou du drap. Quant à ceux qui fonttrauaillez d'Apoplexie,ce leur efkvn prefent Remede, qu vne pefle rougie, ou de les faire efchauffer entre les _ ETDELAMORT. 43: bras des Corps viuans, à force de les {errer eftroittement , de quoy quelques-vns fe font bien trou- uez ,à ce que l'on tient. Il y a quantité d exem ples,qui 34: vcrifient que plufieurs , qu'on a creus mors, & tirez du liét, pour les porter en terre, jufques -]à mefme; qu'ils y ont eftéenfeue- lis , fontreuenus en vie. Ce que l'on 2 reconnu , en ce qu'vn peu apres leur enterrement, quelque ouuerture s'eftant remarquée fur leur Tombeau ,commeon a efté curieux de voir d'où cela proce- doit, l'on y a crouuéla Biere rom- puë , & le Corps tout plein de contufions, & de playes à la tefte, pours y eftre long temps debat. tu, Ilya de ceCy Vn autre exem- ple receu, & vrayement admira: 434 HIisTOiRE DE LA ViE, ble. C'eft de lean l'Efcot, le Do- éteur fubtil, & le Scolaftique. Car ayant efté enfeuely en lab- fence de fon Valet, quifeulauoit connoiflance de fa maladie, quel- que temps apres qu'on leur tiré de terre, on le trouua en ce mef- me eftat ; que celuy dont ie viens de parler. Ilen arriua prefqu'au- tant à vn Comedien, qui fut enc terré à Cambrige. À quoy rad- ioufte, qu'ilme fouuient d'auoir oùy dire à vn Gentil-homme; que luy ayant pris vn iour fantai- fie de fçauoir , fi ceux que l'on pend fouffroient beaucoup de mal, il voulut faire femblant de fe pendre : & s'eftant mis pour cét effect vne corde au col, fetint debout, & fe mift vn efcabeau foubs les pieds , efperant de le pouuoir ÊTDE LA MORT. 335 pouuoir reprendre , quand il voudroit: Mais il ne le pût iamais autrement ; qu a l'ayde d'vn de fes Amis, qui furuint là de bonne lortune, lorsque cét A teur tra- gique auoit iotié fon Perfonnage, de telle forte, qu'il n’en pouuoit prefque plus. A la fin, apres qu'il fur reuenu à loy, & qu'on luy eût demandé sl auoitenduré beau- coup de mil, il refpondit, qu'il n auoit point fenty de douleur; mais apperceu deuant {es yeux Vne maniere de Feu, qui s'eftoit va peu apres changé en obfcuri- té, puis en couleur bleuë, outur- quine ; conime il arriueordinai- rement à ceux qui font tombez en Syncope. Ce qui mefair fou- uenir d'auoir oùy dire à vn Me- decin encore plein de vie, qu'il Eé Surl’ar- ticle 16. I. 436 H1STOIRE DE LA Vie, auoitfaitreuivre vn homme, de- my heure, apresqu'on l'eut pen- du , & ce à force de lefrotter dans des Bains chauds,ou en vne Eftu- ue; & que dans letemps fufdit; on eñ pourroit faire autant de quelqu'autre pendu que ce fuft, pourueu quonne luy euft point rompu le Colen leiertant. D'IFFE RE NCE.S Entre la leuneffe, €5 la Vieilleffe. dre icy, pour vfer d'vn terme -Metaphorique,l'Efchelle en- tiere du Corps humain. On le conçoit ; il eft Animé dans le Ventre: Il naift: onlallaitre, on le fevre : ilcormimencea manger, ETDELAMORT. 47 & à boire:les Dents luy viennent, enuiron la deuxiefme année : Il fe fouftient fur fes pieds ; il ap- prend à marcher , & forme peu a peu fes paroles. En fuitte , les Dents luy renaiflent fur la feprief- meannée. Enuiron la douziefme ou la quatorziefme , il entre en âge de Puberte; & comence alors d'eftre capable de Generation: Les Fleurs paroiflent: 1] vient du oil aux Jarrets, & aux Aifleles, enfemble de la Barbe au men- ton, aux vns plus, & aux autres moins. Quoylplus? On atteint l'4- ge viril; on eften fa force; & fina- lement en fon Declin. Alors la efte blanchir, fi bien que par la cheute du poil, on deuient chau- ue : Les Fleurs-sarreftenc : l’on n'eft plus capable d'engendrer : ik Qi 338 HisTOIRE DE LA Vi, On fe trouue dans vn extremé Decrepitude : L'on ne fçauroit marcher {ans bafton, & la Mort enfin termine toutes ces peines. Cependant, l'Efprit aufli bien que le Corps , a fes déclins, & fes periodes ; mais on ne les peut marquer par années; comme il fe void par la perte qui fe fait infen- fiblement de la Memoire, & par plufieurs autres Accidens fem- blables, donc il fera parle cy- apres. Voicy maintenant la Diffe- sence queie metsentre vn leune Homme, & vn Vieillard. Le Ieu- ne a la peau delicate, & polie ; le Vicillard l'arude ,& pleine dei- des, principalement au Front, & au tour des yeux. La Charnure du leune eft tendre, & molle ; celle ETDE LA MORT. 439 du Vieux extrémement dure. Le leune eft Difpos, & Robufte: le Vieillard Pefant, & Debile. Le Ieunedigereailement,& le Vicil. lard auecorande peine. LeTeune a les entrailles molles, & fuccul. lentes, au lieu que le Vieillard les a feches & routes recuites. Le Ieune porte le Corps droit : le Vieillard à toufiours le fien cour- bé. Les membres du Ieunefont forts, & fermes : ceux du Vieil- lard , foibles , & tremblans. Le Ieune eft d'humeur Bilieufe , & auec cela Sanguin, & chaud : le Vieillard au contraire , eft plein de flegme, & Melancholique, outre qu'il a le Sang extréme- mentfroid. Le leune eft prompt à laccouplement ; le Vieil'ard tardif, & parefleux ; Le Corps du Ec ii; 440 HISTOIRE DE LA VIE, leune abonde en fucs temperez; celuy du Vieillard en cruditez aqueufes, & dommageables. Le Jeune regorge d'Efprits; le Vieil- lard en a peu ,encore font-ils fort attenuez. Le Jeune les a ramaflez, & gaillards; le Vieux, efpars, ai- gres, & rares. Les Sens du Teune font fans defaut, & pleins de vi- uacité ; ceux du Vicillard defe- Œueux, & tous hebetez : Le Ieu- neales Dents fortes, &entieres: le Vieillard les a foibles, toutes gaftées, & preftes à comber : la Cheuelure du Ieune eft de cou- leur differente , felon le tempera- ment: celle du Vieillard meflée de gris, & à lafintouteblanche. Le Ieune a quantite depoil, &le Vieux eft Chauue. Le leune a le Poulx vigoureux, & frequent; le ET DELA MORT. «ai Vieillard l'a foible, &tardif. Le leune eft fuiet à des maladies ai- guës, dont ilguerit aifement, & Je Vieillard ena de {roniques, de tres-difficile guerifon. Les playes du Ieune cedent bien-toft aux Remedes , celles du Vieillard y refiftent, & la curation en eft fort longue. Le leune a les ioües hau- tesen couleur, au lieu quilfere- marque d'ordinaire,que les Vicil- lards les ont pañles; ou que fi elles font rouges, c'eft à caufe du fang efpais, quis y ramaflc en diuers ‘endroicts. Le leune eft peu tra- uaillé deCatherres, & de fluxions; le Vicillard l'eft prefque touf- jours.Que filon me demande en quoy principalement profitent les Corps des Vieux ; ie refpon- dray, que ceften grofleur, & en Ec ii 442 HISTOIREDELA ViE, repletion , pource quils n'ont point les Pores bien ouuerts, & qu'auec cela, pour ne pouuoir di- gerer ce qu'ils mangent, ils ne le tournent aucuñement en nourri- ture, dont cequ'il y a degros, & de gras en eux , n'eft que la fu- perfluicé. Leur Indigeftion pour- cant ,n'empefche pasqu'ilnes’en trouue quelques-vns parmy eux, qui font grands mangeurs,& fort Gourmands, à caufe de leurs hu- meursacres,& mordicantes. Or bien que la plus-part des Mede- cins parlant fuperficiellement de ces chofes , & comme par ma- niere d acquit, les rapportent tou- tes à la diminution de la Chaleur naturelle, & à l'Humide radical; cela n yfaicrien pourtant : Mais il eft certain, que la feicherefle Lei A ETDELA MORT. 44; dansle declin de l'âge, precede la Froideur; fi bien que le Corpsen faconfiftance, & en fa plus gran- de Chaleur ,commenceà fe def- fecher , & en fuitte à fe Refroi- dir. Ayantàdifcourir maintenant des qualitez, & mefme des Paf- fions de lAme , ie rapporteray icy , qu'au temps quei eftudiois à Poitiers, enfrance, comme ie- ftois encorefortieune, ie fis con- noiflance auecvn Gentilhomme François, quieftoit , à vray dire, vn grand Parleur, mais vn grand Efprit,& quideuint depuis vn ex- cellent Homme. Il auoit fi bien tourné en couftume de declamer contre les Vicillards, qu'il les te- noir toufiours {ur lesrangs,difant, que fi l'on pouuoit penetrer au 444 HISTOIRE DE LA V1E, fonds de leur Ame , on la trouue- _roitaufh difforme que leurCorps. _ A quoy il adiouftoit, fe diuertif fanta leurs defpens, qu'ily auait va tel rapport entrel'vn, & l'au- tre , qu'on en pouuoit faire vne maniere de Parallelle. H foufte- noir, que la fechereffe de la peau marquoit leur impudence , & la dureté des entrailles, celle de leur Cœur impiroyable;Que leur Chaflie , & leurs Regards de tra- uers ,eftoient en eux des fymbo- les d'Enuie:Que leur yeux enfon- cez dans la;teite , & leur Corps penchant vers la terre, leur re- prochoiétl'Atheifme:pource,di- {oit-il, qu'ils ne regardoient plus le Ciel , comme ils auoient ac- couftumé defaire ,eftant ieunes; Que les tremblemens de Mem- : ET DE LA Mort. 445 bres defignoient en eux l'Incon- ftance, & l'Infidelite ; Lesdoigts crochus, l'Auarice, & laRapine: la foiblefle des Genoux , la T'imi- dité; les Rides, la Fourberie, qui ne pouuoit fouffrir qu'ils allaffenc droit en befongne ; & ainfi de plufieurs autres defauts qu'ilalle- guoit , dont ie ne me {ouuiens lus. Mais à parler ferieufement, poffble ne trouuera-ron pas mauuaifes les Antichefes fuiuan- tes. Le Ieuneelt honteux, & rou- gitfacilement ; le Vieillard point du tout : Le Teune a vne ambi- tion glorieufe, le Vicillard, vne Enuie maligne: Le Ieune , pour l'ardeur qui eft en luy , & pour n'eftre pasaccouftume au mal, fe porte d'inclination à la Religion, & à la Pieté:le Vieillard au con- ‘446 HISTOIRE DE LA V1E, craire , s'en efloigne, à caufe qu'il n'eft point charitable, & quin- fenfiblement il a vieilly dans le Vice , outre qu'il n'a pas la Foy bien ferme. Le Jeune eftardant en {es volontez, le Vieillard mo- deré: le Ieuneinconftant, & vo: lage ;le Vicillard conftant & gra- ue: le Jeune liberal, Bien-fai- fant, & Amy des Hommes; le Vicillard Auare, prefomptueux, & qui n'aime que foy-mefme ; le Jeune plein de confiance , & d'e- fpoir, le Vieillard fi defhant, que toutes chofes luy font fufpectes : le Teune Courtois, & complai- fant,, le Vieillard fi Fafcheux,que cout luy defplaift: le Ieune Franc, & fincere, le Vieillard couuert, & Difdimulé : le Ieune a de la con- uoitife pour les chofes grandes, & | ETDELAMORT. 445 le Vieillard pour les neceffaires : le leune neftime que le Prefent: le Vieux ne fait eftac que du Paf- {é : le Jeune refpecte fes Supe- ricurs ; le Vieillard les cenfure ; & ainfi de quantité d'autres Re- marques, qui appartiennent plu- ftoft aux Mœurs, qu'aux Recher- ches dont il eft icy queftion : Ce quin'em pefche pasneantmoins, quil n'y ait des Vicillards qui profitent en certaines chofes,qui regardent le Corps , aufhi bien qu'en celles qui touchent l'Efprit; li ce n'eft qu’ils foient extréme- ment caflez ; car s'ilsne l'onc fi vif quil faudroit , pour bien in- uenter,ilsnelaiffent point dauoir le Jugement folide, & font plus d'eftat incomparablement des chofes certaines, que des douteu- 448 HISTOIRE DE LA V1E, fes, ou qui n'ont rien qu'vnebel: le monître. Il s'en trouue pareil- lement , qui ne fe picquent pas moins d'eftre grands Parleurs, que pleins d'oftentation , & de vanité. Car neftans plus capables d'Avir , ils simaginent que leur Babil doiue y fuppleer. A raifon dequoy les Poëtes n'ont pasfeint mal à propos, que le vieil Tithon füt autresfois Changé en Cigale. ETDE LAMORT. 449 a ac na ra a Va a: ac: a APHORISMES TOPVCHANT LA VITE: © la Mort. Sur la Durée de l'yne , & la Forme de l'autre. APHORISME IL. len ne fé confume fe ce Re que ce qui fe perd dans vn Corps, [e conuertiffe en Vne AuTTre. EXPLICATION. Ï: n ya rien quipetifleentiere- ment : Ce qui feconfume ,ou . fe change en Air, ou pañle dans quelque autre Corps, qui luy eft prochain : D'ou vient que nous L- 450 H1sTOIREDE LA Vie; voyons, qu'vne Moufche , vne Araignée, & vne Formy, sims mortalifent en quelque façon; quan dpar accident elles fe trou - uent enfeuelies dans de l'Ambre, Tombeau plus precieux & plus riche, que celuy des Roys; quoy que neantmoins ces chofes-là foient tendres, & faciles à fe de- ftruire. Mais la caufe en procede, de ce quil n y 4 point d'Air par où elles puiffent 5 euaporer , Ou- tre que la Subftance de l'Am- bre eft d'une natureficontraire, qu'elle n'eft pas capable d admer- tre aucune des parties qui les compofent. 1! en cft de mefme d'yneRacine, d'en efclat de Bois, ou de telle autre chofe , que l'on met dans de l'Argent vif. À quoy font femolables , mais ce n'eft Ë qu'en ” . ET DE LA MORT. 4s$r qu'en partie, les effects du Miel, de la Cire, & de la Gomme. APHORISME Il. | Ï L ya dans toutes les C bofes qui Peuvent effre touchces, vn E {prit couuert d'un C orps | groffier;€$ c'eft de là que leur Corruption ES lenrruine pro- _cedent. EXPLICATION. À TOus ne connoiflons point de Corps fur la Terre, qui nait des Efprits ; foit qu'ils pro- uiennent del #ftenuarion, ou de la Cuifon qui fe fait pat la Cha - leur du Ciel ; foie qu'il en faille rapporter l'effsé à quelquautre Caufe : Cariln'y a point de Vui- # FF 452 HISTOIRE DE LA VE, de dans la concauité des Chofes que l'on touche , & il fautnecef- fairement qu'il y ait de l'Air, ou bien vn Efprit qui leur foit pro- pre. Or ce mefme Efprit dont nous parlons, n'eft ny Vertu ny. «pner. Eicace ,* ny Entelechie, ny vne sn. Bagatelle non plus;mais vn Corps cha. fubtil, inuifible, & placé; ioin& u'ila fes Dimenfions, & quil eftReel. Cét Efprit pareillement neft point Air (comme le fuc du Raifinneft point Eau )maisbien vn Corps deflié, approchant de . l'Air:quoy qu'il en foit , fort dif- ferent. Etdautantqueles plus ef- paiffes parties d vne chofe,com- me pefantes deleur Nature, & difhciles à efmouuoir, deuroient cftre apparemment de longue durée ; cela n'aduient pas neant- ETDELAMORT. 45; moins, à raifon de cét Efprit-là, qui les met en defordre, ies mi- ne, les renuerfe, & rauage toute lHumidité du Corps, comme encore tout ce qui par la Di- geflion peut produire de nou- ueaux Efprits , lefquels auecque les vieux , s'euaporent , & s'en- uolent enfemble. Ce qui paroift clairement dans la Diminution du poids des chofes , qui par le moyen de la Tranfpiration fe font deflechées : Car outre que tout le contenu de la Pefanteur neftoit pas Efprit , Il fe pouuoit dire encore autre Chofe qu'vn Corps, apress'eftre euaporé. F£ ÿj 454 HISTOIRE DE LA V1, APHORISME III. | Pt fprit chaf$e dehors ; def[- : quifont dans les chofés inanimées, €ÿ ceux que l'on nomme Efprits VIAUX. E XPLFCAHON É ber dejà dit cy-deuât,que pour prolonger la Vie, il faut confi- ET DELAMORT. 459 derer le Corps humain, premie- rement comme fans Ame, & fans Nourriture ; & en fecond lieu, comme Anime , & Nourry. La premiere confideration fait voir de quelle forte il fe comporte; & la feconde , par quels moyens il eft reparé. Nous deuons pour cet effect nous reprefenter,qu'il y a dans les Os, dans la Chair, & dans les Membranes d'vn Corps viuant , les imefmes Efprits qui font dans lesOs, dansla Chair, & dans les Membranes d'vn Mort, &bparmy les autres parties mor- es ; & feparées , comme celles de quelque Cadavre. Mais quoy que lEfprit vital les reoifle , & qu'il s'accorde-en quelquefaçon auec eux; C'eft pourtant vneautrecho- fe, & toutià faiét diuerfe. Il y a 4 460 HISTOIRE DELA V1E, deux principales Differences en re les Efprits morts, & les Efprits vitaux: L'vne, que ces premiers ne s'entretiennent nullement, & fontcomme deftachez du Corps qui les enuironne , dela mefme forte que l'Air eft meflé dans la _Nege , ou parmy les eaux. Mais quant aux Efprits vitaux , ils fe iojgnent enfemble dans les Ca- naux par où ils paflent , & fonc encore de deux façons. L'vn a des Branches qui paflent par de petits conduits, tels que des li- gnes ; & l'autre a vne demeure arreftée , où il fe tient pour s'y ra- mafler dans vn Efpace concaue, en vne quantité notable, à pro- portion du Corps; & c'eft où eft la fource de plufieurs petits Ruif- feaux qui en defcoulent, Or certe N ETDELAMORT. 46: mefine fource eft particuliere- ment dans les Ventricules du Cerueau, qui font fort petits dans les Animaux les moins parfaicts, de telle forte , qu'il femble , que ces Efprits foient pluftoft efpan- dus par tout le Corps, que dire- tement logez dedans: comeil fe remarque par exemple auxMouf- ches, aux Serpens , aux Anguilles, dont on void les pices fe mouuoir va aflez long-temps,apres qu'on les a couppées. Les Oifeaux mef- mes trefiaillent, quand on leur a tranché la Tefte; pource qu'ilsne Font pas grande, & que les Cel- lules par confequent en font auf- fi fort petites. Mais quant aux Animaux les plus nobles, ils ont les Ventricules plus amples, & FHomme par deffus. L'autre Dif- W 462 HISTOIRE DELA Ve, feréce eft, quel Efprit vital eftant commie vn petit vent, compofé deFlamme, & d Air, participe à la Nature du Feu, ainfi que les fucs des Animaux tiennent beau- ” coup decelle del'Eau,& de Huy le. Où il eft à remarquer, que” comme cette Chaleur a fes Mou- uemens; auf a-telle fes Vertus particulieres. Car la Fumée mef. me , auanr que deftre enflam- mée, adela Chaleur, & neft pas moins mobile, qu'elleeft fubrile. Et neantmoins ceft tout vn au- tre chofe , apres qu'elle eft deue- nuëé Flamme. Mais la Chaleur des Efprits vitaux eft incomparable- ment plus douce , que celle du moindreFeu quife prenne àl Eau de vie, ou à telle autre matiere; ioint qu'elle fe trouuemefléepour NN. | ETDELA MORT. 463; . la plus-part auec vne Subftance _aërienne, ceque l'on peut appel- ler vn Myftere dans la Nature, qui eft d'Air, & de Flammeen- femble. APHORISME V. % (re Partie fait les Fonchions Naturelles ; Maïs l'Efprit vital les efueil- le , €5 Les aiguife. u E MAPELICAELON. : Es Fonétions , ou les Opera- tions qui dépendent de chaf- que Membre, fuiuent fa Nature, comme, l'Attradion, la Reten- tion, la Digeftion l'Affimilation, la Separation, l'Excretion, la Se- paration, la l'ranfpiration, & le Sensmefme , fuiuant les Proprie- se 464 HIsT@IRE DE LA Vi£, tez de châque Organe, comme de l'Eftomaeh, du Foye,du Cœur, de la Ratte, du Fiel du Cerueau; de lOeil , de l'Oreille : Et tou- tesfoisles Parties ne produiroient Miamais leur effet , fi ce n'eftoit par la force, & par la prefence de l'Efpric vital, & de fa Chair; comme vn Fern en attireroit ia- mais vn autte,siln'eftoit efueillé par l'Aliment: & l'œuf ne feroit aucune production, fi la Subftan- ce de la Femelle n'auoit efté tou- chée de l'accouplement du mañle. ETDE L A MORT. 463 APHORISME VIH. F Es Efhrits morts ont beaucoup de reffem- blance auecl'AirseS les Efprifs vitaux ont plus d'af- finité auec la Subfance de la Flamme. EXPLICATION. C: que nous auons rapporté en expliquant le quairiefme Aphorifme, peut efclaircir celuy- cy. Mais ilarriue encore, que les . chofes Oleagineufes , & grafles fe conferuent plus long-temps, car comme l'Air ne lesimportu- ne pas beaucoup ; elles ne fe fou- cient pas beaucoup auf de fe joindre à luy. Mais c'eft folicde 74 En 466 HISTOIRE DE LA Vië, croire, que la Flamme, ne foit qu'vn Air allumé, puis qu'entre l'vn, l'autre, il n'y anon plus d'al- lance, qu'entre l'Eau & | Huyle. Quant a ce qu'on metenauant, que les Efprits vitaux ont plusde rapport auec Ja Subftance de la Flamme , cela vient clore qu'ils en ont plus que les morts, fans que neantmoins il faille inferer de là, qu'ilsayent plus de Flam- me, qued Air, APHORISME VIT. "Efhrit a deux Inclinations; l'une, de fe multiplier, l'au- tre de féProduire,€9 de fe Ra- mafler dans les chofes de [a Nature, EXPLI- ET DELA Morr. 467 EXPLICATION.’ Et Aphorifmce sentend des Efprits morts. Car ce que l'Ef. prit vital abhorre le plus, c'eft de fortir du Corps oüileft, hors du- quel il n'y a rien qui luy foit na- turel : Et bien qu'il fe puiffead- uancer quelquesfois, pour aller à la rencontre de ce qu'il anime; fi eft-ce que iamaisilne defloge de {a demeure. Au contraire de ce- cy , les Efprits qu'on appelle Morts ont les deux Inclinations fufdites. Pour la premiere, il eft certain , que tout Éfprit qui habi- te vn Corpsefpais, & groflier, cft mal loge tout à faiét. D'ou ils'en- fuit que ne trouuant rien qui ait du rapport auec luy , il produit fon femblable ; eftant feul, & tra- LT EM Gg L/ 468 HISTOIRE DELA V5E, uaille continuellement à fe mul- tiplier, & às approprierce, qu'il ya de plusleger dansles Corpsfo- ides, pour s'en feruir à s'accroi- ftre. Quant àla feconde Inclina- tion, qui eft de s'euaporer, & de gaigner l'Air, 1lne faut pas dou- ter, que toutes les chofes fubtiles, & defliées , pour eftre toufiours mobiles, ne fe portent volontiers vers celles qui leur font fem- blables ; Comme il fe void par efpreuue , qu'vne ampoule d’eau cherche à s vniraà vne autre Am- poule; &la Flamme de mefme à vne autre Flamme : mais cela fe fait encore mieux, lors que l'Ef- prit s'euapore dans l'Air quilen- uironne ; pource quil ne va pas feulement à vne petite Partie, mais à vn Amas tout entier des NA «" ET DE LAMORT. 469 choles qui luy reflemblent. Ce- pédañcilfaut remarquer icy, que la fortie de l'Efprit à l'Air, & (on euaporation ; font des Aions doubles , qui procedent, partie de l'inclination de l’Ef prit, pars cie de celle de l'Air: car l'Air com. mun eft comme vne chofe ne- ceffaire ; qui prend auec auidité tout ce qui saccommode à luy, comme, les Efprits , les Odeurs, les Rayons, lesSons, & ainfi du refte. APHORISME VIII. 1 Æfri retenu ; s1l na Pas dequo ÿ en engendrer vn autre,attendrit les Parties 0- lides, €5 les plus efpaies. Ggi V4 470 HISToIREDELA Vie, EXPLICATION. A production d'vn Efpritnou- "_ ueau ne fe fait point , fi ce _ n'eft dans les Matieres, qui ont le plus de rapportauec luy ; com- me font les Chofes humides. C'eft pourquoy, fi les parties {6- lides où eftl'Efprit, font en vn de- gré plus efloigné; quoy que l'Ef- prit ne puiffe pas les digerer , il les deftruit neantmoins autant qu'il peur; les ramollit, &lesrend li- quides; de forte qu'encore qu'il ne fe puiffe accroiftre , il en eft pourtant plus au large, & fe loge parmy les fubiers quiluy font les plus fauorables. Cét Aphorifme contribué beaucoup à la fin où ie le rapporte , pource que par la derention del'Efprit ,ilfert àl'at- | NU ae ETDE LA MORT. 471 tendriflementdes Parties opinia- {tres & dures. APHORISME IX. L'Ætendrifement des Par- tes folides fe fai comme il faut, lors que l'Efprit n'eft posnt Volatl, € qu'auèccela t/ne prodnitrien. EXPLICATION. Ette Reole refour les diffcul. NJtez qui {e rencontrent dans loperation de l'Attendriflement, fait par la retention des Efprits. Car fi Efprit qui eft au dedans rauage tout ù les parties attendries n'en font pas Mieux ; au contrai- se elles fe relafchenc , & fe cor- rompent entierement. À raifon Gg il f 472 HISTOIRE DE LA Vie, dequoy , ilfautrafraifchir, & ref- {errer les Efprits retenus, depeur qu'ilsne foient tropremuans. APHORISME X. Our rendre le Corps vi- goureux ; 5l faut que la Chaleur de l'Efhrit [oit forte, €S nullement aigre. EXPLICATION. Qui Aphorifme fert pareille- ! ment àefclaircir la difficulté precedente, & va plusauanten- core. Car elle monftre , qu'elle doit eftre la Chaleur du Témpe- rament , pour faire qu'vn Corps viue long-temps : çe qui nepeut | eftre quvtile, foit quel Efpricie | trouue retenu, foit quil arriue Ki ETDELA MORT. 47; tout le contraire : car de quelque façon qu'on le prenne, ilfaut que la Chaleur des Efprits foit telle, qu'elle fe change en parties foli- des , pluftoft que de faire vnra- uage des molles , eftant certain qu'elle defleiche fesvnes, & at- tendrit les autres; Ce qui contri- buë aufli beaucoup à rendre la Nourriture parfaicte. La raifon eft , dautant que cette mefme Chaleur efucille 11 faculté, appel- lée des Sçauans, frmilarion,* & * 9% difpofe par mefme moyen Jaruerte Matiere à eftre changée. L'on ER. doit prendre garde encore , que ic Ja Chaleur dont nous parlons, ait les proprietez fuinantes. Premie- rement, quelle foitlente, & n'ef- chauffe point cout d'vn coup. En fecond lieu , qu'elle ne foit pas Gg ui] VA 474 HisTOIRE DE LA Vi1E, trop grande , mais mediocre : Troifiefmement, qu'ellefetrou- ue vnie, & reglée, non pasinef- gale, c'eftà dire, cantoft plus pe- tite , & tantoft plus grande; Er quatriefmement , que f1 quelque chofe luy refifte , il {e roidifle à l'encontre, fansfe ralentir, ny s'e- ftcindre. Cette obferuation eft tres-fubtile, & ne doit aucune- ment eftre oubliée , à raifon de fon vrilité merucilleufe : mais nous y auons pourueu en quel- que forte, dans les remedes pro- pofez cy-deuant, pour donner à ces Efprits vne Chaleur vigou- reufe ,ou celle quenousa de, communement #rtilfe * : & non pas cette autre quon peurnom- mer criminelle pour les grands de- gafts, & les rauages continuels SE :: ETDE LA MorT! .47ÿ quelle faict au Corps. APHORISME XL. L'Efpaififfemes des Effrits en [a Subftance; ef? bon à prolonger lave. EXPLICATION. Gen Aphorifme dépend du A peorne Car l'Efprit ef- paiffi a toutes les quatre Proprie- tez de la Chaleur, que j'ay rap- portées ; & les façons de lef paif- fiflement, font contenuës dans la premiere de nos dix Remarques. 476 HISTOIREDE LAWV1E, APHORISME XII 15 EsEfprits en grande quan- —tité, fe haftent plus de [or- tir, €9 font plus de ranage, que lors qu'ils font en petit nombre. | E XP CICAFION. I: n'ya rien d'obfcur en cét A- phorilme , puis que reouliere- ment: la quantité augmente la Vertu. Celafe void dansla Flam- me, qui tant pluselle eft grande, tant plus elle eft forte à s'efuapo- rer , & prompte à confumer ce quelle rencontre. Voilà pour- quoy l'excefliue abondance, ou le recorgement des Efprits, nuit tout à fait à la longueur de la Vie; de forte qu'on n'en doit fou. Ÿ ET DE LAMORT:. 477 haitter per qu'il en faut pour {es onétions ordinaires, & pour la reparation de ce qu'il y a de perdu. APHORISME XIII. TL Efprit ne fe haffe point de A /ortirs € fast anffi Lies moins de ranage, quandilest pars efgalément ; que lors qu'il eff placé inegalement. EXPFICATION. be Gälement l'abondance des Efprits nuit en general \ / . à la durée des chofes, mais elle leur eft encore dommageable, n'eftant pas bien reprimée ; d'ou vient que tant plus l'Efprit eft tenu en bride, & reduit à s'infi- V4 478 HISTOIRE DE LA Vie, nuer par les moindres chofes tant moins auil produit-il d'effect. Car la Difipation commence par la Partie où l'Efprit eft plus lafche. C eft pourquoy, pour vi- ure long-temps, il eft bon de ref- uciller la Chaleur naturelle par l'Exercice , & de fe faite frotter en fuicte. Car le Mouuement, où l’Agitation, diffipegrandement bien ce qui eft nuifible de foy ; & par va fubtil meflange qu'il fait des chofes, s'infinue en elles de la maniere que nous venons de dire. | | AP MORISME XIV. E Monnementine[tal,€5 — defreglédes Efrits, fe hafte plus de fortir ; €ÿ faict plus $ _ ÉTDE LA MonrT. 499 de ranage ; que celuy qui eff esgal, €5 regle. EXPLICATION. “ Aphorifme eft infailli- ble en ce quiregarde les cho- {es inanimées ,l'Inefgalité eftant la Mort de la Diffolution. Mais elle ne left pas à la rigueur dans les Natures animéés. Car l'on y regarde laReparation , aufk bien que la Confomption. Or eft-il que,comme la Reparation fe fait parlesInclinations, & les diuets appetits de chafque chofe ; l'In- clination de mefme, s'efmeut par la Variete. Mais la Regle eft ve- ritable , en ce que cette mefme Varieté eft pluftoft vn change- ment, qu'yn théflange ; & quel- V4 480 HISTOIRE DE LA Vie) le fe peut encore appeller con: fante dans fon inconftance. APHORISME XV. Éfprit eff retenu par forcé L7 Un Corps, dont l'A fémblage eff folide. EXPLICATION. pi lesCorps generalement abhorrent la Solution de Continuité ; mais c'eft coufiours à proportion de leur efpaiffeut , oude leur Mafe folide. Cat tant plus les Corps font fubtils , tane plus fouffrent ils d’eftre preflez , & reflerrez dans de moindres ef: paces. Ce qui paroift manifefte- . Ment, en ee que l'Eau entre na- turcllement , où la pouffiere ne D. Ni EŸ DELA MORT. 481 fçauroit entrer; l'Air penetre ,où l'Eau ne peut pafler; & pareille- ment la Flamme & l'Efprit s'ou- urent vne entrée ,où l’Airnes’en peut donner aucune. Il ya pour- tant des bornes en tout cecy. Car Efprit n'a pas vne fi grandein- clination à fortir , quil fouffre qu'on le deftache par trop, ou qu'on le reduife en vn trop petit efpace. De la vient , que fi l'Ef- prit eft enuironné d'vn Corpsfo- lide, ou gras, ou gluant, & qui par confequent ne fe deftache qu'auecque peine , il fe referre tout à fait, & fe trouue comme emprifonné , fans qu'il fe foucie de fortir. C eft pourquoy nous voyons par efpreuue, qu'ilfautvn long-temps pour faire bien eua- porer les Éfprits, qui font dans les ‘ w ÿ* ’ È ‘ Le 482 HisTOIREDE LA VIE; Pierres, & dansles Metaux; fice h'eft que ces Efprits foient efueil- lez à force de feu, & que l'on fe- pare les parties folides auec des Eaux fortes, & corrofiues. Il en aduient de mefme des Gommes, horfmis qu'il fautbien moins de Chaleur à les Difloudre. D'ou il faut conclure , que les fucs d'vn Corps, quand il eft Dur, la Peau reflerrée, & les autres chofes fem- blables, qui prouiennent des A- limens fecs, de l'Exercice, & de la Froidure de l'Air , contribuent beaucoup à la longue Vie , fer- uant comme de Barrieres à l’'Ef- prit, pour l'empefcher de fortir. APHO- ete déni lite ETDELAMORT. 48; APHORISME XVI | Efprit eff aifementretens dans les chofes Oleagineu- fes; € gralfes , Lien qu elles ne foienf pas de Nature 3 s'at- tacher, € à tenir fort. EXPLICATION. S; l'Efprien'ef point aigry pat J'Antipathie du Corps qui l'enuironne, ny retenu parfatrop grande Refflemblance auec luy, ny preflé,ou gefné par dehors, il ne fe trauaille pas beaucoup pour fortir. Or tous ces effeñs ne fe remarquentaucunement dansles chofes Oleagineufts. Car ellesne font, ny fi contraires À l'Efpric. que les dures , ny fi approchantes ré 4184 HISTOIRE DE LA VE, de fa Nature, queles Aqueufes nÿ parcillement de fi bon accord auecque l'Airquilesenuironne. APHORISME XVII. T4 prompte Difipation de l’'Humenr Aquenfe confer- ne plus long-temps en leur effre les C orps Oleagineux. EXPLICATION. Ay dit que les Subftances A- queufes s'en-volent plus prom- ptement , que les Oleagineufes; pource que celles-là font plus femblables à l'Air , & celles-cy plus contraires. Mais comme ces deux fortes d'Humiditéfont prel- que danstousles Corps, il arriue que l'Aqueufe femble trahirlO: \. | ETDELAMORT, 48; leagineufe ; Car seuaporant peu à peu dehors, elle l'emporte auec {oy ; de forte quil nyaricn qui conferue f1 bien le Corps , com- me vne douce feichereffe, pource que faifant fortir l'Humeur A- queufe, fans irriter l'Oleagineule, elle eft caufe que cette derniere eft en pleine iouyffance de fa Na-' ture. Cequin'im porte pas feule- ment à empefcher la Pourriture, comme il aduienteneffeét, mais encore à conferuer les chofes en leur vigueur. De là vient auffi, que l'Exercice moderé, & les Fri- étions legcres , QUI ouvrent plu- floff Les Pores,qu'elles ne prouoc- quent la Sueur, feruent grande ment à prolonger la vie. Hhiÿ « 486 HISTOIREDELA Vie; APHORISME XVIII. LL #7 repouffé n'eff pas de peu d'importance a faire viure long-temps. EXPLICATION. Ay did, cy-deuanr,que l'Eua- poration de l'Efprit eft vne double Action, qui prouient de l'inclination du mefme Efprit, &z de l'Air. C'eft pourquoy, ce n'eft pas aduancer peu, que de retran- cher F'vne des deux; ce quel'on peut faire principalement parle moyen des Onctions : Mais non pas fi bien, que diuers inconue- niensnes’en enfuiuent; Aufquels on peut obuier par lafeconde des dix Obferuations que nous a- ugnscy-deuant rapportées. , 3 ET DELA MORT. 487 APHORISME XIX. LES Efpritsteunes, infinuez,, ES tranfmis das vn vieux Corps, le penuent changer en peu de temps. EXPLICATION. [A Nature des Efpritseftcom- me vne premiere Roüe , qui remuë toutes les autres dans le Corps humain; & partant, il fauc prendre garde à elle, fi l'on veut viure long-tem ps ; outre qu'il y a des inuentions por alrerer les Efprits, plus propresles vnes qe lesaurres. Ou il eft à réniarquer, qu'il y a deux obferuations à fai- re fur eux. L'vne,qui eft lente, & qui femble agir par vne maniere PRRTTES 488 HISTOIRE DELA Vie, de Circulation , fe fait par les Ak- mens ; & l’autre, double de mef- me, & prompte au poflible, va droit aux Efprits, par le moyé des Vapeurs,ou des Complexions diuerfes. | i. APHORISME XX. L£ Sucs du Corps , un per — Durs, €5 Oncfueux, 4y- dent à prolonger la vie. EXPLICATION. LA Raiïfon de cecy efteuidente defoy, & ie l'ay defia remar- quéeen cérendroit, ouiay pofé pour Maximes , Que les Chofes Dures , Oleagineules | & De- ftrempées , ne fe diffipent qu a- uecque peine. Il ya pourtantcec ETDELA MORT. 489 te Differéce, que jay faite encore fur la dixiefme Operation, que le Sucqui eft Dur , ne fe diflipe pas fitoit, & quilne fe repare point aufli facilement. D'ouils enfuir, qu'yayant en tous les deux, &de l'aduantage, & du defaduantage, l'on ne fçauroit fonder rien d im- portant Ja deflus. Mais quant au Suconétueux, & humecté, il {ert à lvn , & à l'autre ; voylà pour- quoy il en faut faire plus deftar, & sy arrefter aufli plus particu- lierement. | APHORISME XXI. Out ce qui penetre par [a fabtilité, € quin'eftpoint COTrofif par fon acrimonie, Produit un Sucplus doux , € plus bumecté. | | H h iii Le 490 HISTOIRE DE LA Vus, EXPLICATION. EL eft plusfacile d'entendre cét A Î phorifme , que de le reduire en pratique. Car ileft certain, que les choles acres,& mordican- tes, qui ont vne pointe,;comme les Aguillons ; & les Dents bien afhlées, laiffent coufiours quelque trace de Seicherefle, & de Diuul- fion en vous les lieux par oùelles pañlent ; pour endurcir les Sucs, & deftacher les Parties ; comme aucontraire ,celles qui penetrent ar la fubtilité feule, & commeà la defrobée, humeétent en cou- lant, & arroufant , fans aucune violence : Dequoy nous auons parlé aflez aulong, dans la qua- triefme, & feptief me de nos O: perations. SAGE TAN ET DELAMORT. 491 APHORISME XXII. L'ÆfSsrmilation fe fait par- faitement bien, fans ancur Mounement local. EXPLICATION. Le Aphorifme n'a point de foin d'autre Explication,que de celle que nous en auons don- née dans-nos Remarques, fur la huiétiefme Operation. APHORISME XXIII. C1 l'on fe pouuoit nourrir par le dehors ; ou par ail- leurs que parl'Effomach, cela prolongeroït de beaucoup le Vie. é va 391 HISTOIRE DE LA VIE, EXPLICATION. Experience nous monftre , que toutes les Fonétions dela Nourriture, fe produifent par de longs deftours ; & qu'au contrai- re, elles agiflent par la conne- xion , & l'embraflement des cho- fes femblables, comme il arriue dâsles Infufiôs, qui fontfaites en peu de temps. Ce qui me fai croire , quilferoittres-vtile de fe nourtir par dehors, & ce d'autant plus que la Faculté Digeftiue fe perd dansla Vieillefe; Tellement que fi l'on pouuoit prendre nour- riture par des Bains, par des On- étions, & par des lauemens; tou- tes ces chofés ioinétes enfemble, auroient vn effect beaucoup plus grand , qu'elles n'ont eftant pri- ET DELA MORT. 493 fes feparement, commeelles font d'ordinaire. APHORISME XXIV. y Vand la Digeffion ef O5 » Pour mettre Le Nourriture dehors; il faut, pour l'attirer, appliquer des Remedesexternes. EXPLICATION. di Aphorifme differe tout à faiét du precedent. Caratti- ter au dedans l'Aliment qui eft dehors , eft autre chofe, que de Fattirer dehors , s’il eft dedans. Tous deux neantmoins s'accor- dent en ce. qu'ils-fuppleent à la foibleffe dela Digeftion, par vne autre VOye.. FREE 494 HISTOIREDELA V'1E, APHORISME XXV. + Out prompt Renounel- ù à lement du Corps, fe fait, ou par les Effrits, ow par les Ramoliffeÿmens , €5 les Ma- Rcifations. | | EXPLICATION. IE ÿ + deux chofes dans le Corps, à fçauoir, l'Efprit, & les Parties. L'on paruient àl'vn & à l’autre par le long deftour de la Nourriture. Mais les plus longs chemins pour faire des Éfprits, ce font les Vapeurs ; &les Paffions *r- diuerfes ; Et pour les Parties, les mol- lifle- MES, Malacifations* , où il faut bien prendre garde ,quenousne mef- lions pas la Nourriture qui fe fait É : R ETDELA MorT. 49 par dehots , auec le Ramolliffe- ment, l'intention duquel n'eft pas de nourrir les Parties, maisbien de lesrendre plus capables d’eftre _nourries. APHORISME XXVI. E Ramolliffement fe fait par des chofés de mefine Subffance , guiimpriment €5 bonchent enfemble. EXPLICATION. ge raifon de cecy eft euidente: Car il n'ya que les chofes de mefme Subflance qui ramollif- {ent , tout ainficelles qui atti- rent , agiflenc auffi ; & celles qui bouchent, reftreignent pareille- ment; OUtre qu'elles repriment 496 HISTOIRE DE LA ViE, Ja Tranfpiration,qui eft vn mou- uementoppoféa la AMalacifation. Cela eftant , comme 1e l'ay re- marqué dans la neufiefme Ob: feruation , le Ramolliffement ne fe faict pas tout d'vn coup , mais par degrez, & defuitte. Premie- rement , chaflant la liqueur par des chofes qui efpaifhffent ,pour- ce qu'vne Infufion exterieure , & cfpaifle , ne cimente pas bien le Corps; ioitiét qu'il faut que ce qui entre foirfubril, & comme vne maniere de Vapeut. Seconde ment , en attendriffant par la Reflemblance des chofes de mef- me Nature; Car les Corps sour urent à la rencontre de ceux qui ontauec eux quelque forte d'afh- nitc. Troifiefmement, celles qui apiflent feruent de vehicule , à \i ET DE LAMORT. 497 aireentrer les chofes confubftan- tielles, tandis que le meflange des Aftringentes ,empefche tant foit peu la Tranfpiration. En qua- triefme lieu,vous auez cette gran- de Aftriétion ,& clofture, quife fait auec l'Emplaftre requis ; Et en fuittel'Onétion, iufques à ce que la Partie ramollie deuienne ferme, & folide, comme fay dit en fon lieu. APHORISME XXVII. PK fonuent les Parties Reparables, eff le Vray moyen d'Humecter , € de Reflablir cles qui font moins capables d'effre repa- rées. 498 HIsSTOIREDELA V1, EXPLICATION. OQus auons dit à l'entrée de cette Hiftoire, quelegrand Chemin de la Morteft , quand les chofes qui ont befoin de Sepa- ration {e desfont dansla compa- gnie decelles, qui en ont moins” de befoin. Tellement qu'il fauc s'eftudier rout à faiét à {eRefta- blifement, quand la Neceflité le requiert. C'eft pourquoy , de ce mefme Aduëertiffement que don- ne Ariftote-dans fon Liure des Plantes, que-le Renouuellement des Branches;femble aufi renou- uellerle Tronc; l'en ay tiré cette confequence; Que le femblable peut aduenir, de reparer fouuent la Chair & le Sang dans le Corps humain , afin que les Os, les Car- | tillages, Ni ETDELAMORT. 499 tilages, & les autres Parties, qu on reftablit difhcilement , le puif fent cftre en quelque façon, par- tie par lelibre paffage du bonSuc, partie par ce r'habillement de Chair, & de Sang nouueau. APHORISME XX VII E Rafraïchiffement quine pale pornt par l'Eflomacs Jerta viure long-temps. EXPLICATION. N voicy la Raïfon , qui eft elle, ce me femble,qu'onne la peut mettre en doute.Car co- me vn grand Raffraifchiflement (fur tout en matiere de Sang ) ef neceflairement requis à prolon- SI Ii ç00 HisTOIRE DELA Vie, ger la vie, cela ne fe peut faire par le dedans, comme il faut, fans ruiner l'Eftomach , & les En- trailles. APHORISME XXIX. C Et Affemblage de Defpru- hion, €5 de Reparation ( dont l'un Es l'autre [ont des effets de la chaleur)eft vngrad Obffacle à la longue Vie. EXPLICATION. ji n'ya prefque point degrand Ouurage, qui nefoitruiné par l'Affemblage ;'ou, s'il faut ainfi dire, parla Complication de Na- tures differentes. La raifon eft, dautanc que ce quiayded'vn co- fé, nuit de l'autre ; & voylà pour- * ET DELA MORT. 5ori quoy il y faut apporter vne grade precaution. C'eft ce que j'ay fait iufques icy, autant que le téps, & le lieu me l'ont permis, en fepa- tant les Chaleurs fauorables à la Nature, de celles qui luy font nui- fibles ; & pareillement ces autres qui peuuent produire ces deux cfects enfemble. APHORISME XXX. LL 4 Guerifon des Mala- dies demande diners Re- medes, [elon la Saifon; mais sl ne faut point s'attendre à Viyre long-temps, que par le moyen du bon Regime; ES des Diertes. EXPLICATION. | E qui arriue par Accident, CE fans doute, quand la li ij 502 HISTOIRE DE LA VIE, caufe en eft oftée, Mais 1] eft du Cours de la Nature, comme de celuy de la Riuiere, où pour aller à contre-mont , on a befoin de Vent, & de Rames. Par où ié veux dire, qu'au courant des Ma- ladies, il faut oppofer les Dietesz 1] y en a de deux fortes, dont les vnes font reglées, qu’on fait en quelques faifons de l'Année; &z les autres Ordinaites, pource qu'- elles font come tournées en cou- ftume. le n'en trouue point de plus vtiles, que celles dont on vfe de temps en temps,qui confiftent en vne fuitte de Remedes , que l'on prend, comme i'ay dit, en leur Saifon. Gar quant à ces au- tres, qui ont tant de force, qu'ils peuuent quelquefois bouleuerfer le temperement du Corpsiils font ET DELAMORT. so; tropaëtifs, & plus hazardeux in- comparablement que ceux qu'on s'eft rendu familiers, & que l'on peut prendre auf , fans rien craindre: À raifon dequoy trois fortes de Dietes feulement vous font propolfées dans nos Reme- des. La premiere fe fair par les Opiates : La feconde, pour Ra- mollir ; Et la troificfme, pour Amaigrir, & Renouueller. Mais parmy les Regles queiay prefcri- tes pour la Dierte ordinaire, voicy cequ'il ya de plus puiffant, & qui va du pair auecque l'effet des au- tres Diertes. Ceftle Nitre, &ce qui tient deluy; Ceft le Regle- ment des Paflions ; c'eft la qualité des emplois où l'on s’adonne ; Ce fontles Rafraichiflemens, qui ne pañlent point par l'Eftomach; Les | li iij 504 HISTOIRE DE LA VE, Breuuages qui arroufent les Par- cies ; le Meflange du Sang, auec des Maticres plus folides, comme les Perles, & les Bois; Les Ondiés propres à reprimer l'Air, & rete- nir les Efprits ; Les Chofes qui cfchauffent au dehors , durant [ Afimilation, qui fe Gi apres le Sommeil ; L' Abftinence de celles qui Druilènt les Elprits , par vne trop grande acrimonie, comme le Vin, & les Efpices ; ie l'vfage moderé de celles quiles féiGene par leur Chaleur, commele Saf- fran, le Naflurcé: PAil, l'Enula, & Pa Opiates comp aléde: APHORISME XXX 13] | Efprit V stalmeurt, quad ilmanque de mounement, de Rafraichifement >» 0H de Nourriture. ETDELAMORT. 5os EXPLICATION. CE veut dire que ces trois Chofes venant à defaillir, font ce que nous auons appelle cy- deuant les e 4pproches de la Morr, & les propres Symptomes des Efprits. Car rousles Organesdes principales Parties, feruent en- femble à ces trois Fonctions ; Et de plus, toute deftruérion des Or- ganes, qui eftimortelle, en vient là, qu'elle ruïne les trois Fon&ios, ou quelqu'vnéd elles ; De manie- re que tous les autres achemine- mens à la Mort, aboutiffent à ceux-cy ; Et quant à la Struétu- re des Parties, elle fe peut dire l'Organe de l'Efprir, come celuy- cy left de I Ame raifonnable,qui napointde Corps, & qui eft aufli Diuine. Ji it} 506 HISTOIRE DELA V: E, APHORISME XXXIL ré Flamme eftvne Sub- ffance de peu de durée: l'Air en eff une Fixe; Et Les Efprits Vitaux de | Animal font d'une Nature meflée. EXPLICATION. Efte Maticreeft plus releuée plus fubtile, & plus longue à expliquer quene requiert Ja Re- cherche qu'il en faudroit faire icy; Cependant , il faut fçauoir que comme la Flamme fe produit, & s’eftcinttout d'vn-coup,auffi eft- cefuccefliuement qu'elle s'entre- tient. Mais quant à l'Air, c'eftvn Corps Fixe, qui ne fe diffipe au- sunement. Car bien qu'vn Air RE Tr DEA MORT $o7 en engendre vn autre, d'vne Hu- midité qui eft Aqueafe , le vieux demeure pourtant; & c'eft d'où procede cette furcharge d Air, dont jay parlé au Tilcre des Vents. Mais l'Efprit tient de T'yn &de l'autre, c'eft à dire de la Flamme, & de l'Air; aufhi-bien que l'Huyle, qui eft d'vne Nature de Flamme: & que l’Air,qui par- ticipe à celle de l'Eau, joint qu'ils font tous deux, fon aliment : car l'Efprit n eft pas feulement nour- ry de chofesfim plenient Oleagi- neufes, ou Aqueufes , mais de tous Jes deux; Et quoy que l'Air ne s'accommode pas bien auec- que la Flamme, ny l'Huyle auec l'Eau; neantmoinsils ne s'accor- dent pas mal, quand ils font meflez. L'Efprit tire encore de 508 IISTOIRE DELA Vie; l'Air, fes plus delicates,& plus fub- tiles Operations:Et de la Flamme fes principaux Mouuemens; D 2- uantage, la Durée de l'Efprit eft vne chofe compofée, qui neft ny fi paflagere que la Flamme, ny fi Fixe que l'Air; Et voila pour- quoy elle ne fuit non plus la Na- ture de la Flamme, qui s'efteint par Accident, c'eft à dire, par fes contraires qui l'enuironnent; ce que l'Efprit ne fouffre pas. Que fi vous voulez fçauoir comment il cft reparé,ceft par le Sang vigou- reux des Arteres les plus defliées, qui s’infinuent dans le Cerueau. Mais cetteReparationfefait d'v- ne façon qui luy ef particuliere, dont il neft pas befoin de parler en FIN. :# ADVERTISSEMENT: Ncorr que cene foit pas ma couftume, de mettre à la fin de mes liures, yne lifte des fautes d'im- preffion , qui s’y peuuent eftre pañlées; Neantmoins, pource que mon indi- fpofition m'ayantempefché de lirece- luy-cy, 2eftécaufe qu'il s’y en ef glif- fé quelques vnes affez remarquables, j’ay bien voulu vous en aduertir, & vous prier de les corriger ainfi, Page 10.permanent, lez permanente; long-vemps, |. long-temps- p.97: le Bro- chet eff vn &c. l.qui eff un. p.107. vean chague,l. vieux channe. p.130. .Anaffe: Ll. Anaffafe. p.143. que neanimoins, | fans queneæntmoins. p. 194. fanté 1, Le anté. p.213. vatel, l'envniel. p. 218. Chaudes, |. Chauds. p.223: Quand, 1. Quant à p.238. Bourrache, |. Dourra= che. p.264. l'efclat,\ l'eflat. p.267. les leu, |, les lieux. p.270. connuce, 1. con. sinnée. p.303. Neterfifss À. Deterfifs. p.305. Hebes,1. FHerbes. p. 306. fois logce;l. foient logées. p. 312. Sanlanx, LSandanx. p.351. par le long ,1. Le long. P- 352. m'attenné, L. n'attennë. p.405. 2ranfharations, l'tranfhirations. p.406. Carharriques, l. Cathartigues. p.411. pe demesre;l. en demeure. p. 417. nani. tion, Lénanition, p.466 cela vient clore, L cela veut dire. p 491. point de foin, 1. point befoin.p.495.ainf celles \. inf que celles p.498. /e, 1. ce. Si vous y trouuez, comme ien’en doute pas,quelques autres fautes ; qui viennent, ou de l'Imprimeur , ou de moy, vous m obligerez d'y fuppléer, & delesexcufer par mefme moyen. Ca NT . L .. “ « L i . D 4 , + LA + a A4 y NhH PRAE j : dt S je Er. 7. . : à ke SR p LA . : . ox Le h d à ‘ La > 1 14 < “ + 21. PF, * .. e n pi + (tré, LE GR + à . “ * big $ . 2, 192 04 ha 2 . re F Ps LT 42 ‘ LL2 | À , à 1 À 7 op . 4 r ù x RES !: + PAR ENT OT EN 1 n L« 2 € UE Ÿ LL] +” . Er et LA S k 12 k « L1 es 4 i + P + LL F 14 e— LA + : + v ed” Et É As En. 3e “si 2 Leaf -* SO ED NES SER NES D NE A tps pe | a, : : :