Il PROPc-r\ . 4 or Z. P. METCALF LIBRARY OF 1685- IQ56 HISTOIRE NATl'RELLE DES INSECTES RIÊME LIBRAIRIE HISTOIRE NATURELLE DES LÉPIDOPTÈRES (PAPILLONS) PAR H. LUCAS Aide-nalmalisle d enluiiioloi,'ie au Muséum d'histoire naturelle Membre de la Sociélé enloiiiologique de France CheTalier de la Légion d'honneur ÉPIDOPTÈRES D'EUROPE LÉPIDOPTÈRES EXOTIQUES 80 PUSCIIES REPRE8ESH5I 100 SUETS COLORIÉES d'aI'RÈS SATURE tittA-VÉKH Si:il ACIEn l'Ait r A1.-QEJE1 2= édition. 1 \ol. iiraiid iii-8 r.art. en toile anglaise, non rogné. . ec Demi-rel.chag., doiéentéle, norirog. 30 80 PUSCIIES REPRESESTUT 400 SUJETS coLonifEs d'après Nature llA-VÉeS St>'R ACIBR PAR PAVQVET frand iii-8 Tari, en toile anglaise. IJ,'nii-rcl.chng.,iloroei L'ordre le plus remarquable et en nit'me temps le plus attrayant, dans la classe des insectes, est sans doute celui qui est connu sous le nom de Lppidoptères. En effet, les animaux qui composent cet ordre s'en font distinguer par la richesse et par la couleur dont ils sont parés ; aussi ces insectes, si brillants de couleur, si remarquables par leur forme, aussi gracieuse que variée, ont-ils toujours attiré le regard des persondes qui se livrent à l'étude de l'entomologie, et plus que tous ceux des autres ordres; un grand nombre d'auteurs se sont appliqués à les travailler et à étudier avec soin leur histoire. Dans le désir de rendre l'étude de l'ordre des Lépidoptères plus facile, et dans l'espoir de mettre, autant que possible, à la portée de tout le monde cette partie si intéressante de l'histoire naturelle, nous avons représenté, par un grand nombre de ligures gravées et coloriées avec le plus grand soin, les espèces les plus remarquables soit par leurs cou- leurs, soit par leurs formes. Un volume est consacré aux Lépidoptères d'Europe, et l'autre aux Lépidoptères d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. M. Lucas a mis à profit dans cette deuxième édition les dernières recherches de nos entomologistes. Les changements" qu'a subis cet ouvrage en font un livre complètement neuf; c'est le meilleur guide (pie l'on puisse donner aux débutants, et il remplace, pour ceux qui sont plus avancés dans l'étude de la science, les grands ouvrages dont le prix est beaucoup plus élevé. I'AHIS. — IM1>. SIMON lUgO.N ET COMP., u'eiifurth, 1. HISTOIIIE NATUIIELLE DES INSECTES LEURS MŒURS, LEURS MÉTAMORPHOSES ET LEUR CLASSIFICATION OU TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE D'ENTOMOLOGIE PAR E. BLANCHARD Membre de l'Institut Prolesscur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle AVEC 20 PLANCHES REPRÉSENTANT m FIGURES TOME PREMIER PARIS LIBRAIRIE V. SAVY 24, RLE IIAUTICI EUILLE HISTOIRE DES INSECTES INTRODUCTION. Une histoire des Insectes est une œuvre qui peut être envi- sagée de diverses manières , selon les vues de l'auteur, selon la direction particulière de ses études. C'est pourquoi une foule d'ouvrages entomologiques qui ont paru sous ce titre depuis un certain nombre d'années n'ont presque rien de com- mun entre eux. Quelques-uns ont étudié les insectes exclusive- ment sous le point de vue de leurs mœurs et de leurs habitu- des. Les autres ont traité spécialement de leurs caractères et de leur nomenclajture. D'autres encore se sont attachés davan- tage à leur classification, à leur distribution systématique ou méthodique. Notre Histoire des Insectes ne ressemble point à celles qui l'ont précédée : succincte dans toutes ses parties, elle renferme cependant les tableaux de toutes les tribus avec leurs caractè- res principaux, ainsi que ceux des familles , des groupes et des genres essentiels qui les composent. Vu le cadre restreint que nous nous sommes imposé, les divisions inférieures, ayant peu d'importance au point de vue scientifique, mais bonnes toutefois à signaler dans un ouvrage descriptif, ont dû être rejetées ici. Notre ouvrage comprend un exposé de ce qui est connu ac- tuellement sur les mœurs, les habitudes, les métamorphoses, les instincts des insectes ; de ce qui est connu aussi sur les lo- calités qu'ils recherchent particulièrement, sur les régions du globe auxquelles paraissent attachés certains genres, certains groupes. Nous avons recueilli de toutes parts les faits déjà du domaine de la science et nous avons été assez heureux de pou- voir en ajouter quelques nouveaux ; nous n'avons pas omis a TI INTRODUCTION, de montrer que diverses espèces étaient utiles à l'industrie, tandis que d'autres lui étaient nuisibles : pour ceux-là nous avons signalé autant que possible les moyens parais sant les plus propres à arrêter une multiplication redoutable, principalement pour l'industrie agricole : moyens toujours fort simples à la vérité; car c'est seulement une main-d'œuvre particulière, une main-d'œuvre souvent très-considérable qu'exigent les exterminations d'insectes nuisibles. Tout ce que le naturaliste peut apprendre au cultivateur, c'est de lui indi- quer les circonstances les plus favorables.pour arriver à des résultats beureux. Tout ce que le naturaliste peut dire au légis- lateur, c'est qu'une loi comme cellequi existe sur l'éclienillage est une loi insuffisante, qu'il est important que la loi soit modifiée selon les localités, suivant les ennemis à combattre , et qu'il est important alors que la loi soit exécutée. Quoiqu'en restant toujours dans des limites assez resserrées , nous avons donné une étendue assez grande à l'histoire particulière des insectes qui peuvent intéresser non-seulement l'entomologiste et l'homme qui veut avoir une connaissance générale des in- sectes ou commencer à étudier l'histoire de ces animaux , mais aussi l'homme complètement étranger aux sciences naturelles et qui toutefois voit avec intérêt les mœurs des abeilles , des fourmis , l'histoire du ver à soie et de quelques autres encore, qui veut connaître la nature des ravages des Termites, des Criquets, etc. C'est là ce que renferme notre travail ; ce qui appartient à l'anatomie n'y figure en rien; bien qu'en nous-même nous ayons pris souvent en considération la structure anatomique pour rapprocher ou éloigner certaines tribus ou familles. Ce que nous aurions pu dire à chaque division , en ce qui touche cette partie de la science, eût été pris dans les travaux de quelques anatomistes distingués , et principalement dans ceux de M. L. Dufour, et cela eiit été insuffisant pour être utile à qui que ce soit, à cause de nombreuses lacunes. Nous avons donc préféré garder les faits que nous avons observés coucernaiil INTBODUCTION. 111 l'anatomie des insectes , pour le moment où nous serons à même de donner un travail spécial sur ce sujet. Il n'était pas nécessaire non plus, pour le but que nous nous étions proposé (la classification et les mœurs), de donner de longs détails sur toutes les parties constituant l'enveloppe extérieure des insec- tes , de ces êtres faisant partie de l'embranchement des ani- maux articulés que les naturalistes ont ainsi définis : Animaux ayant le corps divisé en une série d'anneaux, pourvus de membres articulés, et dépourvus de squelette inté- rieur. Embranchement qui renferme plusieurs classes , celle des insectes, distinguée des autres par un corps toujours divisé entête, thorax (tronc) et abdomen (ventre), n'ayant jamais plus de trois paires de pattes, offrant presque constamment des ailes. Nous avons déjà dit que les caractères des genres essentiels , des groupes, familles, tribus et ordres, figuraient dans ce travail; or, comme dans le mode de groupement, aussi bien que dans la nomenclature, nous avons apporté des modifica- tions , il est nécessaire d'y revenir. Prenons d'abord la nomenclature. Jusqu'ici les principales coupes, comme les tribus, avaient un nom tiré tantôt d'un de leurs caractères , tantôt de leurs habitudes , tantôt encore du nom principal de la tribu : il en était de même pour les familles. Quelques auteurs cependant avaient adopté soit pour les familles , soit pour les groupes, mais pas au delà , des noms tirés de ceux des genres princi- paux et ayant une désinence particulière en ides (idae) , ites (itse) ou quelque autre. Nous avons été plus loin, chaque groupe porte un nom tiré de celui du genre principal avec la désinence ites (itae), comme Scarabéites {Scarabaeitse)^Q\vcy&o- mélites (Chrtjsomelitas), comprenant le genre Scarabée et ceux qui en sont très-voisins ; l'autre, le genre Chrysomèle et ceux qui s'en rapprochent le plus. Les divisions au-dessus des grou- pes, c'est-à-dire les familles, sont nommées d'après le même principe, ont une désinence en ides (idae); ce sont les Scarabsei- IV INTRODUCTION. des, les Chrysoinélides, etc. Les divisions au-dessus des fa- milles, les tribus, toujours d'après le même principe, ont reçu une terminaison en iens (ii) ; les Scarabaeiens , les Cliry- soméliens,etc. (Scarabxii, Ch7-yso?nelii), etc. Ce mode de no- menclature nous a paru avoir un double avantage. D'abord . parce que les principaux genres se trouvant connus , il est tou- jours facile de retenir celui de leurs tribus, de leurs familles , de leurs groupes, puisque leurs noms en dérivent, ou bien encore, le nom d'une tribu ou d'une famille étant connu, ce- lui du genre principal reste en même temps fixé dans la mé- moire. On supprime ainsi une foule de dénominations parti- culières dont la signification, même en exprimant un des carac- tères les plus importants, est insuffisante sans une définition, aussi bien que tout autre nom. Ensuite la désinence particu- lière fait reconnaître à elle seule s'il s'agit d'un groupe, d'une famille , d'une tribu , ou d'un ordre , et indique par cela même un degré d'affinités plus ou moins grand avec le genre dont la grande division tire son nom. Quant à ce qui regarde la classification, voici en peu de mots ce qu'il en est. Nous avons tâché de grouper les ordres d'après les ressemblances les plus frappantes, en mettant en première ligneceux dontJa structure organique aussi bien que le développement de l'instinct, quelquefois peut-être de l'intel- ligence, paraît devoir être la plus complète. Les tribus et familles ont été rapprochées ou éloignées d'a- près le même principe, en n'adoptant jamais un caractère plus exclusivement qu'un autre, ainsi que cela a été fait par la majorité des entomologistes. C'est l'ordre des Coléoptères qui pour cette raison a dû subir les plus grandes modifica- tions. Les principales divisions basées sur le nombre d'arti- cles des tarses étaient regardées avec raison comme imparfai- tes , car elles souffrent de nombreuses exceptions, et , d'après ce mode de groupement, on se trouvait forcé d'éloigner des in- sectes qui se ressemblaient extrêmement, sauf toutefois la différence dans le nombre d'articles aux tarses; la même raison INTRODUCTION. V obligeait à rapprocher des genres très-différents. Les ento- mologistes anglais ont les premiers présenté des classifica- tions plus en rapport avec la masse des affinités naturelles; mais comme toujours ils se sont occupés exclusivement des insectes de la Grande-Bretagne, on ne peut considérer leurs travaux comme complets. Prenant en considération tous les êtres connus, nous avons été conduit encore à une disposition générale assez différente. Nous avons cherché constamment à ménager les affinités les plus évidentes; mais, lorsqu'on veut ranger les êtres sur une série unique, il est impossible de ne pas en rompre de bien manifestes, parce qu'elles sont trop multiples. C'est là un fait aujourd'hui presque généralement reconnu dans la science. Nous ne terminerons pas cette introduction sans dire quel- ques mots touchant les coupes génériques; pour les nouvelles, nous en avons formé aussi peu que possible, seulement lorsque cela nous a paru indispensable. Quant à certains genres admis dans les collections et indiques sans descriptions dans le catalogue de la collection de M. le comte Dejean , nous les avons conservés sous les mêmes noms quand ils nous étaient connus, et nous en avons donné les principaux caractères tou- tes les fois que nous avons cru en trouver de véritablement propres à ces genres. On s'étonnera peut-être que certains genres bien caractéri- sés dans divers ouvrages ne figurent pas dans le nôtre. La raison que nous avons eue pour les rejeter, c'est que nous ne les connaissions pas assez pour leur assigner avec certitude leur véritable place et pour savoir s'ils différaient réellement d'une manière suffisante de ceux que nous avons admis. Les» genres ayant une * ^out caract(^iisés pour la lucmière fuis dans cet onvrafe. HISTOIRE DES INSECTES DES INSECTES EN GENERAL. Aucune classe d'animaux n'offre, dans son ensemble , un intérêt plus général que les insectes. Les mœurs , les habitudes , les instincts de ces êtres sont si variés , que chaque famille, chaque groupe souvent même très-res- treint, donne matière à une histoire particulière. L'Entomologie n'est cependant pas également appré- ciée par tout le monde. Quelques-uns ne comprenant pas toute l'influence que les sciences naturelles exercent sur la pensée de l'homme et combien elles tendent à propager les lumières qui constituent la civilisation, n'ont recherché qu'une idée matérielle dans l'étude de chaque être, et partout où ils n'ont pas rencontré ce but, ils ont vu une occupation au moins inutile. Mais tous les jours, l'on reconnaît que tel objet qui n'avait pas été soupçonné pouvoir être réellement utile aux besoins de l'homme, le devient par suite de nouvelles recherches et de nouvelles études. Il n'est personne évidemment qui ne sache que les abeil- les, les vers à soie , les cochenilles, les cantharides, etc. , fournissent des branches d'industrie très-considérables, car ce sont là de véritables richesses pour un pays. Mais ce ne sont pas bien certainement les seuls insectes dont les produits peuvent être utilisés par l'homme; on découvrira d'année en année, sans aucun doute, beaucoup 1 d'autres espèces qui méritent également de fixer notre attention , sous le rapport industriel. D'ailleurs les espèces nuisibles qui sont si nombreuses, doivent être également l'objet de nos observations Plu- sieurs travaux importants sont venus démontrer récem- ment tous les services que l'étude de l'Entomologie pouvait rendre à l'agriculture. La connaissance des mœurs et des ruses que chaque es- pèce met en œuvre pour sa propre conservation , peut seule permettre de choisir les moyens et le moment le plus favorable pour arrêter une multiplication trop fré- quemment funeste aux produits de la terre. II importe donc bien essentiellement de savoir distin- guer les insectes nuisibles aux végétaux, de ne pas les con- fondre avec les espèces carnassières ; car celles-ci semblent nées pour empêcher les espèces phytophages de se multi- plier au delà de certaines limites assignées par la nature. Nous ne nous étendrons pas ici plus longuement sur ce sujet; à chaque page de ce livre nous nous attacherons à faire ressortir tout l'intérêt que présente chaque genre d'insectes , tant par ses mœurs en général que par le parti que peut en tirer l'industrie humaine. Nous divisons actuellement la classe des insectes en douze ordres, dont les caractères distinctifs se trouvent énoncés dans le tableau suivant : DES INSECTES. 3 TABLEAU PRÉSENTANT LA DIVISION DE LA CLASSE DES INSECTES EN DOUZE ORDRES. HTMÉNOPTÈRES. Ailes croisées liorizontalement sur le corps , entièrement naembra- neuses et pourvues de nervures sans réticulations. Trois ocelles ou yeux lisses sur le front. Bouche composée de deux mandibules cornées, de mâchoires et de lèvres plus ou moins allongées et propres à sucer. COLÉOPTÈRES. Ailes antérieures oiiistacées , ne se eroisant jamais; les postérieu- res membraneuses offrant des nervures rameuses et se repliant sous les premières (élytres). Bouche munie de mandibules, mâchoires et lèvres libres propres à triturer les corps solides. ORTHOPTÈRES. Ailes antérieures semi-cornées, croisées ordinairement l'une sur l'autre. Les postérieures membraneuses très-veinées et pliées longitu- dinalement en éventail pendant le repos. Bouche composée de pièces Jibres comme dans les Coléoptères. THYSAKOPTÈRES. Ailes rudimentaires et inégales , dépourvues de nervures. Bouche composée de pièces libres lancéolées. NÉVROPTÈRES. Ailes membraneuses , nues , couvertes d'un très grand nombre de nervures et souvent d'une réticulation très-serrée. Bouche composée de pièces libres. LÉPIDOPTÈRES. Ailes membraneuses couvertes de petites écailles semblables à ime fine poussière. Bouche composée de mâchoires et de lèvres allongées et soudées ensemble de manière à constituer une trompe ; les mandi- bules très-rudimentaires. HÉMIPTÈRES-. Ailes membraneuses à nervures nombreuses, les antérieures sou- veut cornées dans leur moititi anlérieiiie. Boiiclie composée de pièces soudées entre elles, de manière à constituer un suçoir; les mandibules, les mâchoires, la lèvre inférieure qui leur sert de gaine et la lèvre su- périeure qui la protège en dessus, ayant la forme de soies grêles. APHAMPTKRES. Ailes rudimenlaires, réduites à de simples écailles. Bouche composée de pièces soudées constituant un suçoir de trois pièces renfermées entre deux lames articulées. STREPSiPTEKES. .\iics antérieures ayant la forme de petits balanciers, longs , étroits et élargis à l'extrémité. Les postéiieures grandes, membraneuses, |)0urvues de nervures longitudinales, et se repliant en éventail. DIPTÈRES. Ailes antérieures grandes, veinées. Les postérieures très-rudimenlai- res, réduites à la forme de simples petits balanciers. Bouche composée (le pièces soudées entre elles, constituant un bec. ANOPLURES. Ailes totalement nulles. Abdomen dépourvu d'appendices. Bouche a peine saillante , composée de pièces tantôt propres à broyer, tantôt réunies pour constituer un suçoir. THVSANURES. Ailes totalement nulles. Abdomen pourvu d'appendices servant plus ou moins à la locomotion. Bouche composée de pièces libres et mem- braneuses. DES INSECTES. 5 PREMIER ORDRE. LES HYMÉNOPTÈRES. Les Hyménoptères sont de tous les insectes les plus in- dustrieux ; ce sont ceux chez lesquels on trouve sinon l'intelligence, du moins l'instinct leplus développé. Ils met- tent tout en œuvre pour assurer l'existence de leur pos- térité. Les uns construisent des demeures immenses pour élever leur progéniture, pour apporter leur nourriture, pour donner des soins de tous les instants à ces larves, a ces vers incapables de se mouvoir , et de subvenir eux- mêmes aux besoins de leur existence. Ce sont ces insectes dont nous admirons l'instinct merveilleux , la patience infinie, qui nous offrent aussi le plus admirable exemple de la sociabilité. Chez d'autres Hyménoptères les larves sont aussi inca- pables que les précédentes de chercher leur nourriture et ne peuvent vivre que d'insectes encore vivants; ils em- ploient toutes les ruses imaginables pour approvisionner leurs petits de la subsistance qui leur sera nécessaire pen- dant toute la durée de leur état de larve. D'autres, enfin, établissent le berceau de leur postérité dans le corps même d'autres in.sectes. Ceux-ci continuent à vivre renfermant en eux-mêmes des germes de mort, qui ne les anéantissent qu'au moment où ils ont acquis tout leur développement à l'état de larve. Quelques Hyménoptères vivent aussi dans leur premier état sur les végétaux , et ceux-là encore ne sont pas moins dignes de fixer notre attention. Tous ces insectes subissent des métamorphoses complètes; c'est-à-dire qu'ils demeu- rent, pendant leur état de nymphe, incapables de se mou- voir et de prendre aucune nourriture. On les reconnaît I. G HISTOIBE facilement à leurs quatre ailes nues, noembraneuses et parcourues par un nombre plus ou moins considérable de nervures sans réticulations. Nous divisons le grand ordre des Hyménoptères en treize tribus qui renferment toutes plusieurs familles ou plusieurs groupes. Dans les sept premières tribus on trouve ordinairement les femelles armées d'un aiguillon. C'est pour cette raison que ces insectes ont reçu le nom commun deporte-aiguiltor}, tan- dis que les autres étaient appelés Té rébrans en considéra- tion de leur tarière; mais la valeur de ce caractère nous a semblé insuffisante pour établir deux sections parmi les Hyménoptères. DIVISION DE L'ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES EN TREIZE TRIBDS. APIENS. Mâchoires et lèvres ordinairement fort longues constituant une trompe. La lèvre inférieure plus ou moins linéaire, avec l'extrémité soyeuse. Pattes postérieures le plus souvent conformées pour récolter le pollen des étamines, le premier article des tarses très-grand , en palette carrée ou en forme de triangle. Ailes étendues pendant le repos. VESPIEXS. Mandibules courtes, mâchoires longues, labre court et arrondi, Jèvre inférieure également courte, .\ntennes coudées. Pattes postérieu- res simples , avec les jambes pourvues de deux épines à l'extrémité. Ailes ployées longitudinalenient pendant le repos EUMÉME?iS. Mandibules étroites, prolongées en forme de bec, lèvre inférieure longue, divisée en trois ou quatre filets. Antennes simplement arquées. Pattes simples, avec les jambes postérieures très épineuses. Ailes ployées longitudinaiement pendant le repos. CRABROXIEXS. Tête ordinairement plus large que le thorax. Labre peu on poiiil DES INSECTES. 7 saillant. Mâclioires et lèvre inférieure courtes ne constituant pas de trompe. Antennes droites. Pattes robustes, les postérieures guère plus longues que les autres ; les jambes antérieures terminées par une large pointe. SPHKGIEAS. Tête large. Labre toujours saillant. Mâchoires etlèvre assez courtes. Antennes ordinairement longues, contournées dans les femelles. Pattes propres à fouir; les jambes et les tarses fortement ciliés; les posté- rieures épineuses dans les femelles; celles-ci beaucoup plus longues que les autres dans les deux sexes. FORiMICIEi\S. Tête triangulaire. Labre large. Mandibules fortes. Mâchoires et lèvre inférieure au moins aussi courtes que les mandibules. Antennes toujours coudées. Pattes assez longues et grêles. Abdomen ovale ,^ attaché au thorax par un pédicule très-étroit. CHRYSIOIENS. Corps presque cylindrique pouvant se replier en forme de boule. Mandibules arquées et pointues. Antennes insérées au-dessous de la bouche, coudées et un peu amincies à l'extrémité. Pattes courtes, avec les jambes antérieures armées d'épines. Abdomen attaché au thorax par un pédicule très-court. CHALCIDIEiKS. Corps oblong plus ou moins épais. Mâchoires assez longues, les palpes maxillaires très-courts. Antennes ordinairement coudées , de douze à treize articles. Ailes n'offrant ordinairement qu'une seule nervure bifurquée. PROCTOTUUPIENS . Corps oblong. Mâchoires munies de palpes longs et pendants. An- tennes de dix à quinze articles, filiformes ou épaissies à l'extrémité. Ailes n'offrant qu'une seule nervure bifurquée. Pattes simples et grêles. ICHNEl'MOXlE.N^. Corps étroit et linéaire. Mâchoires munies de palpes longs. An- tennes vibratiles , longues, grêles, filiformes , très-rapprochées a leur base et composées d'un grand nombre d'articles. Pattes simples et grêles. Ailes très-veinées offrant toujours des cellules complètes. CYNIPSIENS. Corps oblong. Mâchoires mimies de palpes tort longs. Antennes fill- s HISTOIUE formes, de treize à (iiiiiize articles. Pattes grêles et simples. Ailes su- périeures offrant quelques cellules , et les inférieures n'en présentant qu'une seule. SIRICIENS. Cori)s long et cylindrique. Mandibules courtes et épaisses. MA- choires munies de palpes filiformes. Antennes sétacérs ou filiformes. Pattes simples- Ailes très- veinées. Abdomen sessile, ayant sa base unie m thorax dans toute sa largeur. TEKTHRÉDIUilENS . Corps court et parallèle. Mandibules longues et aplaties. Mâchoires munies de palpes composées de six articles. Antennes peu longues , de forme variable. Pattes assez courtes. Abdomen sessile, tellement uni au thorax qu'il semble n'en être que la suite. PREMIÈRE TRIBU. LES APIENS. C'est ainsi que nous nommons ta première tribu de l'ordre des Hyménoptères qui a pour type l'Abeille et le Uourdon; tous les insectes qui la composent vivent dans leur premier état d'une sorte de miel, préparé par les individus femelles, ou par des individus neutres, con- nus vulgairement sous le nom d'ouvrières. La plupart d'entre eux construisent des nids divisés intérieurement en petites loges , plus ou moins nombreuses. Ce sont la autant de demeures particulières pour les larves des Apiens ; ceux qui ne se construisent pas d'habitations s'impatronrsent dans celles d'autres espèces qui leur res- semblent beaucoup par tous les caractères de leur orga- nisation et particulièrement par les couleurs. Us con- fondent leur postérité avec celle des hôtes chez lesquels ils se sont établis; vivant ainsi du bien d'autrui. C'est pour cette raison qu'un naturaliste qui s'est beaucoup oc- cupé de l'étude des Hyménoptères leur a appliqué la dé- nomination de Parasiles. DES INSECTES. \)E LA TRIBU DES APJENS EN FAMILLES , GKOUPES ET GENr Pattes postérieures ayant des jambes élargies et le 1"' article des tarses dilaté à l'angle externe de sa base. Langue cylindrique presque aussi longue que le corps. Jambes postérieures munies d'une espèce de peigne à l'angle interne. Le 1*^'' article des tarses inerrae. Genre 1. mélipone lllig. Abdomen convexe en dessus, à peine caréné en dessous. Groupe. 1. MÉLIPONITES. Gre. 2. trigone. Latr. Gpe. 2. APITES Gre. I. Gpe. 3. ABEILLE. Lin. BOMBITES. Gre. Fain. 2. Gre. I Fam. 3. . BoiJRDON. Fabr. PSITHYRIDES. ■siïuvRE. St.-Farg. 4NTHOPHORIi)ES. Abdomen triangulaire et caréné en dessous. Jambes postérieures inermes ; le pre- mier article des tarses quadrangulaire avec son angle supérieur proéminent. Jambes postérieures bi-épineuses à l'extrémité, le l"^"" article des tarses dilaté à l'angle externe de la base. Pattes postérieures simples sans dila- tation ni poils propres à retenir le pol- len, non plus que l'abdomen. Langue cylindrique aussi longue que le corps. Jambes postérieures dilatées en forme de palette; le 1^"" article des tarses offrant aussi une palette en dessus et une brosse en dessous. Langue tou- jours plus longue que la moitié du corps. Gre. 2. ANTHoi HORE. Latr. 10 HISTOIRE Gpe. 1. EUGLOSSITl'.S. Jambes postérieures très-renflées dans les mâles , très-dilatées en forme de palette creuse dans les femelles. Gre. 1. F.ucLossE. La^r. Labre carré. Écusson légèrement con vexe portant une petite fossette ve- lue à son bord postérieur. Gre. 2. EUL^ME. Sl.-Farg. Labre avancé. Écusson plat sans fos- sette. Gpe. 1. ANTHOPHORITES. .Jambes postérieures garnies en dessuii de longs poils ainsi que le 1*"^ article des tarses. Mandibules étroites et pointues, munies dune seule dent Antennes courtes et filiformes dans les deux sexes. Palpes maxillaires de six articles. Antennes courtes et filiformes dans les deux sexes. Palpes maxillaires de quatre articles. Antennes très-longues dans les mâles. Palpes maxillaires de cinq articles. Antennes très-longues dans les mâles. Palpes maxillaires de six articles. Antennes filiformes très-longues dans les mâles. Palpes maxillaires de qua- tre articles. Antennes courtes , de la longueur de la face et renflées en massue. Jambes postérieures garnies de longs poils tant en dessus qu'en dessous, ainsi que le premier article des tarses. Mandibules élargies à l'extrémité. Gre. 1 . ANCYLOscÈLE. Latr. Mandibules multidentées. Gre. 2. CENTRis. Fabr. Mandibules quadridentées. Gre. 3. EPiciuRis. Klug. Mandibules faiblement tridentées. Gre. 4. xvlocope. Fabr. Mandibules étroites, sillonnées, forte- ment uuidentées. Gre. 2. SARROPODE. Latr. Gre. 3. MACROCÈRE. Spill. Gre. 4. EUCÈRE. SCOp. Gre. 5 MÉLissoDE. Latr. Gre. 6. MÉi.iTTtRGE. Latr. Gpe. 3. XYLOCOPITES. DES INSECTES. 11 Gre. 6. LFSTis. St. Farg. Mandibules bidentées à l'exlrémité. Fam. 4. andrénides. Jambes postérieures munies de longs poils pour la récolte du pollen. Le premier article des tarses posté- rieurs long, garni de très-longs poils. Langue assez longue et linéaire. Palpes labiaux de six articles. Anten- nes en massue dans les deux sexes. Gre. 2. ddfourée. St. -Farg. Palpes labiaux de six articles. Anten- nes filiformes dans les mâles , courtes et renflées dans les femelles. Palpes labiaux de quatre articles. An- tennes arquées dans les mâles , assez longues et un peu renflées dans les femelles. Le premier article des tarses posté- rieurs court dépourvu de longs poils. Langue courte, dilatée à l'extrémité. Antennes assez longues dans les deux sexes. Ocelles disposés en triangle. Antennes assez longues dans les deux sexes. Ocelles presque en ligne droite. Antennes des mâles beaucoup plus» longues que celles des femelles. Ocel- les disposés en ligne courbe. Pattes postérieures arquées , très-ren- Hées dans les mâles. Ocelles presque en ligne droite. Antennes renflées en forme de mas- sue cylindrique . Ocelles disposés en ligne courbe. Le premier article des tarses postérieurs assez long , dépourvu de longs poils Langue courte, trilobée. Pattes postérieures simples, impro- pres à récolter le pollen, une seule Gpe. 1. DASYPODITES. Gre. 1. PANDRGE. Panz. Gre. 3. dasypode. Fabr. Gpe. 2. ANDRÉNITES. Gre. 1. ANDRÈNE. Latr. Gre. 2. scrapte. St.-Farg Gre. 3. HALiCTE. Lafr. Gre. 4. nomie. Latr. Gre. 5.ANCYLE. St.-Farg. Gpe. 3. COLLÉTITES. Fam. 5. OSMIIDES. 12 brosse sous le l*"' article des tarses Abdomen offrant une palette garnie de poils étages pour retenir le pollen. l.DjPHYSis. St.'Farg. Palpes maxillaires de trois articles. Mandibules trideutées. Grc Grc. 2. osMiE. Pan Gre Palpes maxillaires de quatre articles. Mandibules bidentées , carénées. 3.CHALIC0DOME.S^F«^•. Palpes maxillaires de deux articles. Mandibules faiblement quadriden- tées. Abdomen convexe en dessus. Gre. 4. mégachile. Lair. Palpes maxillaires de deux articles. Mandibules quadridenfées. Abdomen plat en dessus dans les femelles. 5. LiTMURCE. Latr. Palpes maxillaires de quatre articles. Mandibules étroites, bidentées, lisses. 6. ANTHOCOPE. S.-Farg. Palpes maxillaires «le quatre articles. Mandibules trideutées. Gre Gre Gre Gre Gre 7. AiNTHiniE. Fabr. lÉRiADE. Spin. Gre. Gre. Palpes maxillaires d'un seul article Mandibules bidentées. Palpes maxillaires de deux articles. Mandibules triangulaires. 9. CHÉLOSTOMF,. Latr. Palpes maxillaires de trois articles. Mandibules grandes, étroites et éclian- crées à l'extrémité. Pattes postérieures simples sans dila- tations ni poils propres à recueillir le pollen, non plus que l'abdomen. Langue à peine aussi longue que la tête Antennes courbées, grossissant à l'ex- trémité. Palpes maxillaires de six articles. Palpes maxillaires de deux articles. l'cu.sson biluberculéau milieu. Palpes maxillaires de deux articles Fam. C. NOMADIDES. Gpe. 1. PHILÉRÉMITES. 1. AMMoiiMFs. Latr 2. piiiLÉHÈME. Lalr Gre. 3. cœlioxvs. Latr. DES INSECTES. 13 Gre. 4. stelis. Panz. Gre. 5. ALLODAPE. S^.-farg'. Gre. 6. pasites. Jurine. Ope. 2. ÉPÉOLITES. Gre. ÉPÉOLE. Fabr. Gpe. 3. NOMADITES. Gre. 1. AGLAE. St.-Farg. Gre. 2. CROciSE. Jur. Gre. 3. oxoee. Klug Gre. 4. mélecte. Zafr. Gre. 5. ACANTHOPE. Klug. Gre. 6. HOPLiPHORE. S.-Farg Gre. 7. mésocheire. S.-iï'arg'. Gr. 8. MÉsoNYCHiK. S. 'Farg. Gr. 9. CTÉNioscHÈLE. rfeiîom, Gr. 10 nomade. Fab. Gpc. /i. SPHÉCODITES. Gre. 1. SPHÉCODE. Lafr. Écusson unidenté de chaque côté. Palpes maxillaires de deux articles Écusson mutique. Palpes maxillaires de quatre articles. Crochets des tarses bifides. Palpes maxillaires de quatre articles. Crochets des tarses simples. Antennes coudées. Palpes maxillaires d'un seul article. Antennes coudées. Palpes maxillaires de trois à six articles, le plus ordinai- rement de six . Palpes maxillaires très-petits, d'un seul article. Écusson lamellaire pro- longé. Palpes maxillaires de trois articles. Écusson lamellaire prolongé. Labre en carré long. Palpes maxillaires réduits à un simple article très-petit. Écusson court, bidenté. Pattes postérieures démesurément longues. .Écusson sans prolongement, avec deux tubercules latéraux. Écusson prolongé postérieurement er. deux longues pointes. Écusson sans prolongement, bidenté au milieu. Antennes sétacées, beaucoup plus longues que le corps. Écusson élevé, bituberculé au milieu. Antennes coudées dans les femelles, arquées dans les mâles. Écusson mutique. Crochets des tarses bifides. Gr. 2. RXTasmi. St.-Farg. Écusson échancré au bord postérieur. Crochets des tarses bifides. Gpe. 5. PROSOPITKS. Antennesarquées dans les deux sexes. Gr. 1. jRosopis. Jur. Sept familles constituent la tribu des Apiens; la pre- mière est celle des Apides, insectes remarquables entre tous les autres Apiens, parce que chez eux il existe trois sortes d'individus : des mâles , des femelles , et des neutres ou ouvrières. Ces dernières, comme on lésait généralement, ne sont autre chose que des femelles dont les organes re- producteurs sont demeurés rudimentaires. Elles vivent par conséquent impropres à la reproduction , et ont pour mis- sion spéciale de soigner la postérité des femelles fécondes. Trois groupes, Iismeliponites, les APiTEset les bom- BiTES, appartiennent à cette famille. Les premiers sont de petits insectes ressemblant à nos abeilles, mais ayant une forme plus ramassée, des pattes postérieures plus longues, un corps plus velu, une taille beaucoup moins considérable. Ces méliponites habitent exclusivement les parties chaudes du nouveau monde et quelques îles de l'archipel Indien ; elles y sont abondantes en individus et leurs espèces paraissent très-multipliées; cependant leurs mœurs n'ont pas encore été bien étudiées. On sait seulement qu'elles forment des sociétés comme nos abeilles; bien des conjectures ont été faites sur cette question, de savoir si leurs sociétés sont peu nombreuses ou si, au contraire, elles le sont beaucoup. C'est cette dernière hypothèse qui a paru la plus vraisemblable et qui a porté un naturaliste distingué, M. Spinola, à croire que probablement il devait exister plusieurs femelles fécondes dafis la même habitation, contrairement à ce que nous observons chez les abeilles. Le volume peu considérable DES INSECTES. 15 de l'abdomen des femelles rend surtout probable cette présomption. Mais il est encore une autre considération qui nous paraît donner une grande valeur à cette hypothèse, c'est l'absence d'aiguillon chez les mélipones. Nous de- vons nécessairement induire de là que plusieurs femelles fécondes peuvent vivre ensemble en bonne harmonie , car les combats à mort que l'on observe chez les abeilles , ne sauraient avoir lieu ici. D'autre part, il est certainement impossible qu'il y ait toujours un nombre de neutres assez considérable dans la ruche pour former des essaims quand une femelle féconde vient à naître. Au reste, nous ne savons pas encore si les Méliponites se multiplient par essaims ; nous ignorons aussi si leurs sociétés sont durables comme celles des abeilles , ou si elles sont annuelles comme celles des bourdons et des guêpes ; bien que le premier cas soit le plus probable. Les voyageurs nous apprennent seulement que ces in- sectes sont fort nombreux dans les vastes forêts de l'Amé- rique méridionale , où l'on trouve généralement leurs nids suspendus aux branches d'arbres. Dans leur intérieur, des gâteaux de cire à un seul rang de cellules sont placés horizontalement. Les M éliponites étant fort nombreuses en espèces, chacune d'elles a reçu un nom particulier dans la contrée qu'elle habite. Plusieurs voyageurs nous ont rapporté cette no- menclature ; mais comme elle n'offre à l'esprit qu'une sé- rie de noms baroques, nous croyons au moins inutile de la rapporter. Ces insectes n'ont pas manqué en effet de fixer beaucoup l'attention des sauvages américains. Ceux- ci récoltent leur miel et leur cire et l'emploient aux mêmes usages que nous; seulement ils ne craignent point de dé- truire ces industrieux insectes pour s'emparer de leurs 16 HISTOIRE nids. Souvent ils les enfument; d'autres fois ils coupent l'arbre auquel un de ces nids se trouve attaché, et ne manquent pas de le détruire impitoyablement. Il paraît cependant que quelques-uns ont tenté de transporter une faible partie de couvain dans une ruche artificielle, comme nous le faisons pour nos abeilles; ce moyen a réussi pour quelques espèces; mais il n'en aurait pas été de même , dit-on , pour toutes. On a établi dans ce petit groupe d'insectes deux ou trois genres ou divisions de genres d'après la configuration de l'abdomen. Ce sont les genres Mélipone et Trigone. Le groupe des apites est un de ceux qui doit fixer au plus haut degré notre attention; l'histoire d'un seul genre est l'histoire de ce groupe; l'histoire d'une seule espèce est l'histoire du genre ; car toutes celles qui le composent ont des habitudes entièrement semblables. Tout le monde connaît l'abeille; personne n'ignore que cet insecte fournit à l'homme une branche d'industrie très-étendue. Mais ses habitudes ne sont pas aussi généralement connues, malgré les observations admirables de Réaumur et de Huber. Ce dernier surtout a passé un grand nombre d'années à étu- dier les abeilles, et les faits qu'il a recueillis forment la base de l'histoire de ces insectes. Huber se dévoua à cette étude intéressante; il était aveugle cependant, et ce sont les yeux d'un domestique dévoué , d'un pauvre paysan du canton de Vaud , aimant passionnément les sciences , qui permirent à Huber de mettre au jour l'un des ouvrages les plus importants sur les mœurs des insectes. D'autres ob- servateurs ont vérifié les expériences de l'histoire des abeilles, et les résultats ont été en tous points les mê- mes. Les mâles des abeilles (pi. i , fig. l ) , que les éducateurs DES INSECTES. 17 désignent ordinairement sous la dénominalion de Faux- Bourdons, sont plus gros que les ouvrières. Leur tête est plus arrondie, ce qui est dû au grand dé- veloppement des yeux; les tarses ont leur premier article allongé. Les femelles, que l'on nomme les Reities (pi. 1 , fig. 2), et qui ont été appelées autrefois plus improprement A'o/a-, ont des ailes plus courtes que celles des mâles et des ou- vrières. Leur tête est presque triangulaire. Les tarses ont leur premier article dépourvu de brosse , leur abdomen est muni d'un aiguillon. Les neutres ou ouvrières (pi. l , fig. 3) sont d' une taille un peu moins grande. Leur abdomen est armé d'un aiguil- lon dont la piqûre est très-douloureuse. Leurs pattes posté- rieures sont conformées pour exécuter les travaux de ré- colte et de construction. Ainsi le premier article du tarse a reçu le nom de pièce carrée; il s'articule avec la jambe par son angle supérieur, de manière à se replier sur elle et à for- mer une sorte de petite pince. Cet article , qui offre deux petites épines à l'angle opposé à son insertion , est lisse au côté externe ; mais sa face interne est garnie de plusieurs rangées de poils roides qui l'ont fait nommer la brosse. La jambe a été appelée, en considération de sa forme, la palette triangulaire, et une petite cavité à sa face externe a reçu le nom de corbeille. La brosse sert à récolter le pollen des fleurs sur les étamines; la corbeille sert à l'em- porter. Ces divers instruments permettent encore aux abeilles de récolter sur les végétaux une autre substance résineuse et odorante qu'elles emploient essentiellement pour clore leur habitation. On connaît cette substance sous le nom de propolis. C'est sous le rapport de ses sécrétions que l'a- heille est bien connue de tout le monde; c'est sous ce rap- port que l'homme a su se rendre cet insecte si utile. Chacun sait que nous lui devons la cire et le miel; on l'appelle d'ailleurs la mouche à miel. Pendant longtemps on avait pensé que la cire dont sont formées les alvéoles, était due au pollen dont les ouvrières se nourrissent quelquefois. Cette matière, ajoutait-on, était ensuite élaborée dans leur estomac, puis dégorgée par la bouche sous l'apparence d'une matière blanchâtre qui n'était autre chose que la véritable cire. Il appartenait à un paj'san de Lusace de reconnaître le premier la nature de cette sécrétion , il trouva les lamelles de cire engagées entre les arceaux inférieurs des anneaux de l'abdomen ou du ventre. John Hunter, puis Huber, confirmèrent cette décou- verte ; et les observations de ce dernier prouvèrent que les abeilles exclusivement nourries de pollen ne Sécrètent pas de cire , et qu'au contraire elles en fournissent lors- qu'elles mangent des matières sucrées. Personne n'ignore aujourd'hui combien il est facile d'apercevoir ces petites plaques de cire en soulevant un peu les derniers anneaux du ventre de l'abeille. C'est avec cette matière que les ou- vrières construisent les loges ou cellules destinées à rece- voir les œufs pondus par la femelle ou la reine. Les alvéo- les ou cellules réunies sont connues généralement sous le nom de gâteaux. Chacune d'elles constitue un petit go- det hexagonal fermé d'un côté seulement par un fond pyramidal , résultant de la réunion de trois rhombes. Les gâteaux sont le résultat de l'adossement de deux couches d'alvéoles, disposés de telle sorte que le fond des uns devient le fond des autres; la base de chaque cellule est en outre formée par la réunion de trois cellules opposées. DKS INSECTES. 19 La matière se trouve ainsi employée avec la plus stricte économie. Quand l'abeille ouvrière veut construire, «lie prend suc- cessivement à l'aide du premier article de ses tarses, qui forme une pince avec la jambe, les lamelles de cire sé- crétées entre les anneaux de son ventre. Elle les triture avec ses mandibules et leur donne l'apparence de fila- ments mous qu'elle applique contre la voûte de la ruche, ou qu'elle ajoute aux lamelles déjà posées par d'autres. Plu- sieurs abeilles travaillant simultanément forment bientôt une masse assez étendue, elles y creusent alors des cellu- les; il n'est question jusqu'ici que de celles dont nous avons décrit la forme et la construction, que des alvéoles petites destinées aux larves des ouvrières (pi. l , fig. 5 c.) et des mo?/en«CA destinées aux larves des mâles (pi. 1, fig. 5 a.) Mais il est encore un autre ordre de cellules ; ce sont celles qu'on appelle grandes, et qui recevront des œufs et par suite des larves devant donner naissance à des femelles ou reines. Elles ne sont ordinairement qu'au nombre d'une vingtaine dans une ruche ne renfermant souvent pas moins de vingt à vingt-cinq mille individus neutres. Aussi rien n'est négligé pour qu'elles soient spa- cieuses et commodes pour leurs habitants. Leur forme est aussi anormale que les dimensions; elles sontordînairement oblongues et si massives que le poids d'une seule est ju- gée équivalent à celui de cent autres ; elles sont en outre toujours posées verticalement, de manière à paraître dé- tachées du gâteau; leur surface est plus ou moins guillochée (voyez pi. 1 , fig. 5 b). Dans l'intérieur de la ruche (pi. 1 , fig. 4), les gâteaux sont disposés parallèlement les uns aux autres, mais il est vrai de dire que la disposition va- rie beaucoup. L'accouplement des abeilles a lieu seulement au prin- temps. A cette époque, la reine abeille sort de la ruche , disparaît bientôt dans les airs, où l'accouplement doit s'ef- fectuer ; c'est le plus ordinairement au bout de vingt-cinq à trente minutes après son départ que l'on voit revenir à la ruche la femelle fécondée. Des signes irrécusables at- testent toujours qu'elle a reçu l'approche du mâle; une partie des organes de celui-ci se trouvant rompus après la fécondation et demeurant encore eu partie engagés dans la vulve de la femelle. Un fait bien digne de remarque, c'est que le rapproche- ment des sexes ne puisse jamais avoir lieu que dans l'air et probablement à une hauteur considérable où les yeux ne peuvent plus rien distinguer. II a été démontré que tou- tes les fois que les reines étaient enfermées dans les ru- ches, elles demeuraient toujours infécondes, bien qu'elles fussent entourées de mâles. Il en est de même lorsqu'el- les peuvent s'ébattre dans une chambre assez spacieuse ; une entière liberté leur est donc absolument nécessaire. Lorsqu'une femelle revient à la ruche après avoir été fécondée, elle est l'objet de toute l'attention, de tous les soins des ouvrières qui se pressent autour d'elle. C'est de quarante à quarante-huit heures après sa ren- trée à la ruche qu'elle commence à pondre. Parcourant les gâteaux, elle dépose un œuf dans chaque cellule ou alvéole, et le fixe dans le fond, au moyen d'une matière agglutinante. Cette femelle ne pond d'abord que des œufs d'ouvrières; seulement au bout d'une quinzaine de jours, elle pond des œufs de femelles ; mais à un jour de distance, pour que celles-ci n'éclosent pas toutes à la fois. Ce n'est que onze mois après, au dire de Huber, que sont pondus les œufs de mâles. DES INSECTES. 21 Telle est la maiche ordinaire, lorsque la reine abeille a été fécondée peu de jours après sa naissance ; mais il pa- raît qu'elle ne pond que des œufs de mâles, si elle n'a été fécondée que, plus d'une vingtaine de jours après sa nais- sance. Ou observe ce fait quand on retient une femelle captive pendant un certain temps. Après la fécondation elle commence à pondre ses œufs comme les autres au bout de quarante et quelques heures; mais tous sont des œufs de mâles ainsi que ceux qu'elle pondra dans la suite. Voici un fait bien étrange dont il paraît difficile de donner l'ex- plication; la ponte des œufs de mâles semble corres- pondre toujours à un affaiblissement des femelles, ou à un développement incomplet dans leurs organes. Au moment de la ponte , les ouvrières redoublent de soins auprès de la reine ; elles la frottent avec leur trom- pe , elles lui présentent de temps en temps le miel qu'el- les dégorgent. Quand elle est pressée de pondre, si elle laisse tomber plus d'un œuf dans une cellule, les ouvrières retirent aussitôt les autres ; cela arrive fréquemment lors- que les gâteaux n'offrent pas assez de loges pour contenir tous les œufs pondus par la reine ; ils sont alors immé- diatement détruits. Une fois ces œufs pondus, ils sont abandonnés aux ouvrières appelées nourrices, parce qu'elles ne font que soigner les petits , par opposition a celles nommées cirières, qui ont pour mission spéciale de construire les alvéoles. Les mâles sont bien loin de recevoir les mêmes soins des ouvrières après que la femelle a été fécondée. Quand ils ont quitté la ruche ils ne doivent plus jamais y rentrer. Étant impropres au travail ils ne feraient que consommer les provisions amassées dans la ruche, l-es ouvrières ne le 22 HISTOIRE permettent jamais ; vers le mois de juillet elles font un grand carnage de tous les mâles qui se présentent a la ru- che pour y entrer, elles les tuent impitoyablement. Il y a plus, les individus qui ne sont pas encore sortis, même ceux qui sont encore en nymphe, ne sont pas épargnés davantage. Les abeilles tuent tous ces mâles désormais inutiles dans leur demeure; et ce massacre ne leur coûte pas grande peine, car on sait qu'elles attaquent des êtres privés de tout moyen de défense. Plusieurs observateurs prétendent que la nourriture apportée aux larves est différente selon les âges ; mais les expériences d'Huber ont démontré que la nourriture influe sur le développement des organes génitaux, et que celle donnée aux larves des femelles est fort différente de celle que reçoivent les larves des ouvrières. Les ouvrières ou abeilles neutres sont, comme nous l'a- vons déjà dit, des femelles infécondes; elles ne possèdent que lesrudiments des organes de la reproduction. Mais ils peuvent se développer dans le cas où ces abeilles rece- vraient une nourriture particulière à leur état de larve. C'est ainsi que des larves d'ouvrières, placées auprès de celles des reines, peuvent quelquefois devenir fécondes quand elles ont reçu accidentellement quelques parcelles de la gelée prolifique destinée aux larves des femelles. Cette nourriture paraît influer si énergiquement sur le dé- veloppement des ovaires, que ces ouvrières sont ainsi ren- dues aptes à pondre quelques œufs. Mais ce développement demeure imparfait , parce que la nourriture prolifique n'a été administrée qu'en petite quantité. Ces larves ayant vécu en outre dans les peti- tes cellules , leur volume n'a pas pu s'étendre au delà des DES 1 INSECTES. 23 proportions ordinaires. Les abeilles auxquelles ces larves donnent naissance ont doue du reste tous les caractères extérieurs des ouvrières. Toutes les fois qu'une ruche a perdu sa reine, s'il n'existe pas à ce moment de larves destinées à devenir des femel- les, ellesnetardentpasàadopterquelques larvesd'ouvrières pour en faire des femelles fécondes. Elles prolongent les alvéoles de ces larves qui doivent devenir mères, et leur donnentexclusivementde la nourriture prolifique. Il paraît du reste que ces femelles, qui pendant leur vie de larve n'ont reçu que peu de temps la gelée des femelles, ne pondent que des œufs de mâles. Les larves des abeilles sont blanchâtres, molles et apo- des, c'est-à-dire privées de pattes. Chacune d'elles, ainsi que nous l'avons déjà dit, est renfermée dans une alvéole particulière, où les ouvrières lui apportent chaque jour le miel destiné à sa nourriture. Ces larves, qui subissent plusieurs changements de peau , prennent tout leur ac- croissement dans un espace de temps très-peu considéra- ; ble. Les ouvrières ferment alors les alvéoles avec un petit couvercle de cire; et les larves se filent elles mêmes à l'intérieur un cocon soyeux dans lequel elles subissent leur transformation en nymphe. L'insecte parfait éclôt sept ou huitjoursaprès cette métamorphose, et il perce lui-même le cocon et le couvercle de cire. Les autres abeilles lui prodiguent aussitôt tous les soins imaginables, jusqu'à ce qu'il soit bien raffermi ; si c'est une ouvrière, elle ne tarde pas à se mettre à l'ouvrage, et à se mêler aux autres dans leurs laborieuses opérations. A ces époques d'éclosions, le nombre des individus devient ordinairement si considérable qu'ils ne peuvent plus être tous contenus dans la ruche. Il n'est pas moin- 24 HISTOlItE dre quelquefois, assure-t-on, de viugt-cinq à vingt-sept mille. C'est alors qu'ont lieu ces émigrations qu'on désigne sous le nom d'Essaùns. Mais pour cela il est nécessaire qu'une nouvelle reine soit éclose; l'ancienne abandonne alors la ruche et va avec une partie des ouvrières fonder une nouvelle colonie dans l'endroit qu'elles jugeront pro- pice; elles se fixent sur un point quelconque se tenant toutes attachées les unes après les autres; c'est le moment que le cultivateur doit épier pour s'emparer des essaims et en former une nouvelle ruche. Dans certaines circonstances, il se trouve qu'une nou- velle femelle est prête à éclore, tandis qu'une foule d'ou- vrières étant encore en nymphes , le moment d'une émi- gration n'est pas venu ; les abeilles retiennent alors cap- tive dans sa cellule pendant plusieurs jours cette femelle impatiente de sortir; mais elles ont soin de lui passer jour- nellement de la nourriture, par une ouverture pratiquée au couvercle de la loge. C'est toujours la naissance d'une femelle qui détermine • une émigration ; car deux femelles ou reines ne sauraient vivre en bonne harmonie dans la même ruche. Quand cela arrive et que le nombre des ouvrières n'est pas assez grand pour former un essaim, il y a entre les deux rei- nes un combat à mort, dont les ouvrières demeurent spectatrices sans jamais se mêler à l'action. Les deux rivales s'élancent ordinairement l'une contre l'autre, face à face, en cherchant à se saisir mutuelle- ment, et quand l'uned'elles parvient àse placer au dessus de l'autre, elle lui perce l'abdomen avec son aiguillon , ce qui lui donne la mort presque instantanément. Dès qu'une reine est née dans la ruche, elleeherche à détruire celles DES INSECTES. 2j qui ne sont pas encore sorties de leur loge. Elle déchire ainsi avec ses mandibules le couvercle de l'alvéole et perce de son aiguillon l'abeille femelle qui vient de naître; dans le casoùelleest encore en nymphe, elle l'abandonne sans la piquer après avoir déchiré son couvercle; mais les ouvrières ne tardent pas alors à la tirer de sa loge aussi bien que si elle avait été tuée. Comme on le voit, les abeilles constituent de véritables monarchies et non pas des républiques, comme on l'a tant de fois répété : une seule reine est la dominatrice de son peuple ; elle en est en même temps l'unique soutien. Si une ruche venait à être privée de sa reine, sans qu'il restât aux ouvrières l'espoir d'en avoir une , c'est-à-dire avant que les œufs aient été pondus , on verrait aussitôt le décourage- ment s'emparer de toutes les habitantes de la ruche; elles ne construiraient plus d'alvéoles, n'amasseraient plus de provisions ; l'objet de leurs soins laborieux n'existant plus, l'espoir de perpétuer l'espèce étant anéanti , elles vivraient au jour le jour, jusqu'à ce qu'une mort prochaine vienne mettre fin à leur existence. Mais si dans de telles circons- tances on leur donne une femelle féconde ou une portion de gâteau contenant soit des œufs, soit des larves qui pour- ront leur donner un jour des reines, elles reprennent tout aussitôt leur travail avec une nouvelle ardeur, et l'activité renaît de toutes parts dans la ruche. Le but de propager l'espèce étant toujours le seul moteur des travaux des in- sectes. Les abeilles ont de nombreux ennemis dont nous don- nerons l'histoire quand il sera question de ces animaux. Aussi des sentinelles sont-elles préposées à la garde de la ruche; il y a continuellement des ouvrières à l'entrée de leur demeure, qui touchent de leurs antennes chaque indi- '2G HISTOIRE vidu qui veut entrer. Quand des frelons, des sphinx tète- de-mort, etc., cherchent à s'introduire dans les habitations, toutes les abeilles se réunissent pour opposer leurs efforts à l'entrée de ces ennemis. Car il paraît qu'il est presque impossible aux abeilles de s'opposer à leurs dégâts quand ils ont pénétré dans la ruche: lorsque cela arrive, elles en sont quelquefois ré- duites à abandonner leur demeure, et à chercher ail- leurs un endroit propice à leur industrie. Des Teignes, des Crabronides et d autres insectes sont autant d'ennemis pour les abeilles , qui ont été signalés depuis les temps reculés; car nous en trouvons une assez longue énumération dans les Géorgiques de Virgile. Les abeilles ont particulièrement servi d'exemple pour montrer, selon les uns, l'intelligence vraiment merveil- leuse de certains insectes, selon les autres l'instinct le plus développé; c'est-à-dire queplusieurs naturalistes onlpensé (jue toutes les actions des abeilles étaient du domaine d'un instinct purement animal, tandis que d'autres les ont rapportées à une intelligence comparable, en quelque sorte, à celle de l'homme. Il nous parait que les deux opinions sont également inexactes; certains actes de la vie de ces insectes semblent être seulement instinctifs, au lieu que quelques autres pa- raissent être le résultat d'une idée, d'une pensée. Quoi- qu'une semblable distinction soit extrêmement difficile à taire, nous croyons qu'on doit ranger au nombre des faits instinctifs tout ce qui a rapport à la construction des al- véoles. L'abeil le se met à l'ouvrage presque aussitôt sa nais sance; les cellules qu'elle confectionne sont semblables a celle dans laquelle elle a vécu dans son premier âge; enfin , l'abeille n'apprend pas à construire; c'est une fa- DES INSECTES. 2 7 culte innée chez elle. L'abeille va encore naturellennent à la recherche delà nourriture, qu'elle doit apporter aux larves. Les ouvrières, qu'on appelle nourrices^ exécutent toutes ce travail, d'après une impulsion qui semble inhérente à leur existence. Les deux principales fonc- tions des abeilles ouvrières, construire des alvéoles pour loger les larves', procurer la nourriture à ces mêmes lar- ves, doivent être absolument du domaine de l'instinct. Mais l'abeille va pomper le miel de certaines fleurs plutôt que d'autres ; elle construit des cellules différentes pour les ouvrières, pour les mâles, pour les femelles; elle ne leur donne pas la même nourriture; quand elle veut rendre des larves ouvrières femelles fécondes , elle modifie la forme de leurs alvéoles; elle change leur nourriture. L'a- beille ne fait pas que se défendre contre l'ennemi qui vient l'attaquer, ainsi que le font beaucoup d'animaux ; elle le poursuit, après qu'il l'a abandonnée, et semble chercher une vengeance. Tous ces faits plus ou moins accidentels, étant le résultat de diverses impulsions, qui se manifestent selon les circonstances , elles ne peuvent être que du domaine de l'intelligence. Et, en effet, il nous semble que tout être, appelé par la nature à exécuter une chose quelconque, doit avoir un certain degré d'intelligence; car, lorsqu'il s'agira d'accomplir les actes auxquels la nature l'a destiné, il ar- rivera toujours des cas particuliers, qui pourront parfois en entraver la marche, et dont la solution ne sera trouvée que par une idée intelligente. Si les abeilles se recommandent à notre admiration par leursmœurs, par cette étonnante harmonie qui existe dans leurs divers royaumes, elles se recommandent bien mieux 28 HisroïKE encore aux yeux de tous par les services que nous rendent leurs productions. Le miel et la cire constituent des branches d'industrie très considérables. La propriété d'un grand nombre d'a- beilles est une véritable richesse pour celui qui se livre a leur éducation. Une ruche fournit souvent de six à huit kilogrammes de miel par année, et une quantité de cire qui n'est pas beau- coup moindre. Aussi est-ce un rapport très-important pour ceux qui pratiquent en grand l'éducation des abeilles; d'autant plus que cela ne réclame aucune peine, aucun travail. 11 suffit d'avoir un emplacement convenable sous le rapport de l'exposition et des fleurs des alentours. On a remarqué qu'un certain nombre d'abeilles étaient constamment occupées , à l'entrée de la ruche, à établir une sorte de ventilation à l'aide de leurs ailes; cette ob- servation a conduit quelques personnes à imaginer un ventilateur que l'on place à l'entrée des ruches; ce qui peut alors permettre à ces abeilles de s'occuper d'un autre travail. On a obtenu, en effet, par ce procédé, un pro- duit plus considérable en miel et en cire; mais il parait aussi que plusieurs éducateurs ont trouvé des inconvé- nients dans l'emploi des ventilateurs. Au reste, le produit des abeilles est déjà si immense, que son revenu tient un rang élevé, en France , parmi nos produits agricoles. On connaît plusieurs espèces d'abeilles, qui ont des mœurs en tout semblables; celle qui a été l'objet des re- cherches de Swammerdam, deRéaumur, de Huber, etc., celle qui vit en France et dans tout le nord de l'Europe est ["abeille melUfique [Apis mellifica Linj. DES INSECTES. 29 On élève en lUilie et eu Grèce, peut-être aussi dans une assez grande partie de l'Orient, V abeille ligurienne {Apis liguslica) , qui ressemble beaucoup à notre espèce commune, mais qui en diffère surtout par son corps bru- nâtre, avec les trois premiers anneaux de l'abdomen fer- rugineux et bordés de noir. C'est probablement cette es- pèce dont nous ont entretenus les Grecs et les Romains. Les abeilles sont connues de toute antiquité. La Bible en fait mention, et elles y sont désignées en hébreu sous le nom àe Deborah. Il est probable qu'avant toute civili- sation les hommes surent profiter de leur travail. Les abeilles étaient connues des Grecs sous les noms de Métissa ou Meliita. Le vieil Aristote n'a pas manqué de donner leur histoire : il distinguait ainsi les trois sortes d'individus, les abeilles, c'est-à-dire les ouvrières; le roi des abeilles, c'est-à-dire la femelle ou la reine; et le bour- don vivant parmi les abeilles, c'est-à-dire le mâle. Il sa- vait que les gâteaux de cire étaient composés de trois es- pèces d'alvéoles pour ces différents individus; que le miel amassé par elles servait à leur nourriture; il connaissait la formation des essaims, le massacre des mâles, qui a lieu à une certaine époque de l'année ; en un mot, les principaux faits de l'histoire de cet insecte ne lui étaient pas étran- gers ; mais ils ne sont pas précisés bien clairement dans son récit, et des erreurs viennent se mêler à la réalité. Il appréciait surtout les différentes qualités du miel , et prétendait que celui du printemps était préférable à celui de l'automne, et quelesabeillesquiavaientfaitleur récolte sur le thym donnaient un miel plus exquis. Nous savonsausside quelle renommée jouissait chez les anciens le miel du mont Hymette en Attiqueet du mont Hy- bln en Sicile. Nous accordons du reste aujourd'hui une re- 30 mSTOJKE nommée bien grande aussi au miel de Narbonne; mais elle n'a pas eu l'avantage d'être également célébrée par les poètes. Les produits des abeilles ne furent pas plus dédaignés chez les Romains que chez les Grecs, Le Cygne de Mantoue célébra admirablement les soins qu'il faut leur donner, n nous a laissé le récit de plusieurs traits de leur histoire ; il nous a signalé leurs ennemis. Pline , le naturaliste romain , nous dit que les abeilles occupent le premier rang parmi les insectes , et que , plus (lue tous les autres, elles ont droit à notre admiration ; car elles sont, ajoute-t-il , les seuls animaux de ce genre qui aient été créés pour l'homme : elles composent le miel, le plus sucré, le plus doux et le plus salubre de tous les sucs ; elles fabriquent les rayons de la cire, qui servent pour bien des usages; enlin, elles supportent le travail, exécutent des ouvrages, constituent des associations politiques, ont des conseils, des chefs, et, ce qui est plus merveilleux, une morale et des principes. Cette seule citation suffit pour montrer quelle vénération les anciens avaient pour les sociétés des abeilles. Peu s'en fallut, sans doute, qu'on ne leur rendît un culte. Mais ils avaient les plus singulières idées sur la repro- duction de ces insectes ; leur génération était un problème, parce qu'on n'avait jamais vu leur accouplement : de là les idées les plus singulières sur leur naissance. Les uns prétendaient que le ventre d'un bœuf tué récemment et en- terré dans du fumier devait produire des abeilles; selon d'autres, c'était le corps d'un jeune bœuf qu'on avait fait expirer sous les coups, ou bien encore des fleurs conibi- nées et disposées d'une manière convenable ; enfin, on in- ventait à ce sujet toute s sortes de fables plus ou moins DES INSECTES. 31 étranges, qu'il est à peu près inutile de retracer en détail. On trouve en Egypte une espèce particulière d'abeilles, qui est élevée dans ce pays comme l'abeille domestique dans le nôtre : elle a été observée par M. Savigny et dé- crite parLatreille, sous Xçnomà" abeille àbandes [Apis fus- data). Sans aucun doute, c'est cette espèce qui est repré- sentée si souvent sur les monuments égyptiens. On la remarque ordinairement au-dessus des cartouches qui renferment des noms propres; une sorte de faisceau est alors placé au-devant d'elle et au-dessous deux demi- cercles. M. Champollion a interprété ce groupe dans son ensemble comme un titre accompagnant le nom inscrit dans le cartouche; ce qui paraît assez vraisemblable : mais l'abeille est encore figurée dans d'autres circonstances ; et, suivant Hor- Apollon , elle était l'emblème d'un peuple obéissant aux ordres de son roi. Rien, en effet, n'est plus en rapport avec l'observation exacte. Mais ce n'est pas seulement chez les anciens que les abeilles furent regardées comme l'emblème delà royauté; on sait que de nos jours encore, les manteaux des empe- reurs et des rois sont couverts d'abeilles d'or. Outre les trois espèces d'abeilles que nous avons si- gnalées,on en connaît encore plusieurs autres espèces étran- gères; ce sont l'Abeille unicolore, qui habite les îles de France et de Bourbon et se retrouve jusqu'à Madagas- car; celle-ci fournit un miel vert très-estimé; L'Abeille indienne, que l'on rencontre au Bengale; L'Abeille d'Adanson, répandue au Sénégal ; L'Abeille de Pérou , qui se trouve à Timor, ou elle a été découverte par le célèbre voyageur dont elle porte le nom; quelques autrts espèces encore qui habitent le cap de Bonne Espérance, les Indes orientales, etc. 3 2 HISTOIBK Nous arrivons maintenant à l'iiistoire dis bombites, le troisième groupe de la famille des Apides, qui se compose essentiellement du genre Bourdon [Boinbus). Ces insectes, que tout le monde reconnaît à leur corps gros et velu, sont répandus dans diverses parties du monde , mais ils sont abondants en espèces , surtout en Europe ; ils ont dans leur organisation beaucoup de res- semblance avec les abeilles ; on trouve également chez euxtrois sortes d'individus, des mâles, des femelles et des neutres ou ouvrières ; ces dernières ont leurs pattes pos- térieures conformées pour la récolte du pollen, ainsi que les abeilles ouvrières. Aussi les Bourdons construisent-ils des demeures étendues, où ils élèvent leur progéniture. Ils forment des sociétés assez nombreuses , mais ce nombre est peu con- sidérable comparativement a celui que nous fournissent les sociétés des abeilles, car ordinairement chaque nid ne renferme guère que cinquante à soixante individus, bien que parfois on en trouve Jusqu'à deux ou trois cents. Ils construisent leurs nids dans la terre, dans les prai- ries , ou auprès des haies, employant la mousse pour leurs constructions. C'est pour cela qu'on voit fréquem- ment les Bourdons entrer dans la terre par un orifice as- sez étroit, à la surface du sol. Les sociétés des Bourdons ne durent jamais au delà d'une saison , elles se dispersent chaque année vers le mi- lieu de l'automne. Les femelles fécondes se cachent alors dans les creux des arbres ou dans les fissures des mu- railles, où elles passent l'hiver dans un engourdissement plus ou moins complet. Les ouvrières et les mâles parais- sent au contraire périr aux approches de l'hiver, et ne pas même chercher d'abri pour attendre la saison nouvolk*. DES INStCTES. 33 Cependant, dès que les premières chaleurs du prin- temps se font sentir, la femelle Bourdon sort de son en- gourdissement, et le moment de la ponte approchant pour elle, il lui devient nécessaire de construire une demeure qui recevra sa progéniture, les ouvrières, qui l'an passé étaient uniquement occupées des travaux du domicile , n'existant plus. Chaque femelle isolément choisit une cavité qui lui paraît propice, la nettoie ensuite et la rend aussi lisse que possible. Ce premier travail achevé, elle va faire une provision de mousse pour en recouvrir son habitation. L'industrieuse femelle ne s'occupe plus alors que de la récolte du pollen et du miel , elle apporte à chaque ins- tant à son nid les provisions qu'elle a amassées. Le mo- ment de pondre étant enfin arrivé , elle forme des boules, composées de pollen et de miel , et dépose un ou plusieurs œufs dans l'intérieur de chacune d'elles. Les larves, qui ne tardent pas à éclore, trouvent autour d'elles une nourriture convenable ; quand la matière alimentaire vient à di- minuer, la femelle a soin d'apporter de nouvelles provi- sions. Tous ces œufs, pondus au printemps, doivent sans ex- ception donner naissance à des individus neutres, c'est-à- dire à des ouvrières. Quand les larves ont pris tout leur accroissement, elles se fabriquent, au milieu des boules de pollen mêlé de miel, une coque soyeuse, dans laquelle elles se transforment en nymphes ; au bout de peu de jours les insectes parfaits sortent de cette étroite retraite. Toutes ces ouvrières se mettent bientôt à l'œuvre; elles commencent par agrandir l'habitation, construite par la mère, qui a suffi pour la première génération , mais qui ne suffira plus pour les suivantes. Les Bourdons qui font leur nid principalement avec de la mousse, et c'est le plus grand nombre, en augmen- tent la quantité et forment ordinairement au-dessous une seconde voûte à parois de cire. Cette cire est sécrétée comme celle des abeilles entre les anneaux de l'abdomen, mais elle n'a point les mêmes propriétés, aussi est-il peu probable qu'elle puisse jamais servir à nos besoins. Sa couleur est d'un gris jaunâtre; elle brûle facilement, mais ne devient pas liquide quand on l'expose à la chaleur. D'après les observations de Réaumur, les ouvrières Bourdons construisent encore avec leur cire de petits go- dets, où elles déposent du miel. Cette provision est em- ployée pour humecter la pâtée qu'elles donnent aux larves. Les gâteaux sont très-irréguliers dans l'intérieur des nids, et composés de corps oblongs appliqués les un» contre les autres. Quand le nombre des ouvrières est devenu assez consi- dérable pour que les travaux de la colonie puissent suivre facilement leur cours, la m 're Bourdon pond des œufs de mâles et de femelles; femelles qui devien- dront fécondes par l'accouplement avec les mâles qui naissent en même temps qu'elles. Quoique jusqu'à pré- sent l'observation ne nous apprenne rien à cet égard, M. Lepeletier de Saint-Fargeau suppose avec assez de vrai- semblance que les Bourdons apportent comme les abeilles une nourriture particulière aux larves qui donnent naissance à des femelles fécondes. Les mâles et les femelles, qui sont nés au milieu de l'été, produisent aussitôt une nouvelle génération, qui n'arrive à l'état adulte qu'au mois d'août. Ces individus sont ordinairement d'une taille un peu plus grande que les précédents. C'est à cette époque qu'a lieu l'accouple- ment des femelles qui vont hiverner, leurs mâles péris- DES INSECTES. 3;') sent presque immédiatement après l'accouplement; mais ces femelles, comme nous l'avons vu déjà, vont hiverner jusqu'au printemps suivant. Les Bourdons comme les abeilles ont leurs ennemis : des Teignes, plusieurs Diptères, s'introduisent dans leurs nids, et les larves naissant des œufs qu'ils y ont déposés vivent alors aux dépens des hôtes chez lesquels elles se sont établies. Les Bourdons sont assez nombreux en espèces ; on en rencontre une quinzaine en Europe; toutes celles qui ont été observées ont des mœurs très-analogues. L'espèce la plus commune : noire, avec l'extrémité du corps, de couleur blanche, la partie antérieure du thorax et la base de l'abdomen jaunes, est désignée sous le nom de Bourdon des jardins [Bombus hortorunu Lin.). La seconde famille des apiens, les psithyrides, sont des insectes qui pendant longtemps ont été confondus avec les Bourdons ; ils leur ressemblent en effet presque en tout point par l'aspect général de leur corps et par ladisposition de leurs couleurs. Mais ces faux Bourdons n'ont pas les pattes postérieures disposées de manière à récolter le pollen, comme M. Lepeletier de Saint- Fargeau l'a si bien observé. Les Psithyrides aussi ne construisent point d'habita- tions ; il n'existe chez eux que deux sortes d'individus, des mâles et des femelles. Des ouvrières, dépourvues des par- ties propres à construire et à recueillir le pollen des fleurs, n'auraient rempli aucun but dans la nature. Les femelles des Psithyrides vont pondre leurs œufs dans les nids des Bourdons, et les larves qui en naissent vivent aux dépens des provisions amassées par les hôtes chez lesquels ils ont pénétré; c'est un fait bien étrange que celui-là, et que nous retrouverons dans bien d'autres fa- milles. Ces Psithyrides ne peuvent vivre à leur état de larve que de miel et de pollen ; ils n'ont aucun organe pro- pre à H'coltersur les fleurs, nia construire des habitations : ils sont appelés par leur instinct à faire nourrir leur progé- niture par les Bourdons ; ils leur sont tellement sembla- bles, qu'ils s'introduisent chez eux, sans que ces Bourdons soupçonnent qu'ils ne sont pas des leurs , et les accueillent comme s'ils étaient réellement de la famille; les larves se ressemblent a tel point, que le Bourdon n'hésite pas à four- nir la nourriture aussi bien aux larves des Psithyrides qu'aux siennes mêmes. Les Psithyrides ne se composent que du seul genre des Psithyres {Psifhynis); ceWi-ci ne comprend encore qu'un petit nombre d'espèces; toutes celles observées appar- tiennent à l'Europe. La famille des anthophorides, que nous faisons suc- céder à celle des Psithyrides , est composée d'insectes chez lesquels il n'existe jamais que deux sortes d'individus , de même que parmi tous les autres Apiens dont nous al- lons donner l'histoire. Ces Hyménoptères ne forment plus ces admirables sociétés, modèles d'ordre, de discipline, d'obéissance, et surtout de bon gouvernement, comme on l'a bien dit. Ils n'ont plus la propriété de sécréter la cire. Ceux-ci cependant élèvent leur progéniture dans des nids divisés en plusieurs loges, recevant chacune un œuf et par suite une larve; mais chaque nid est l'ouvrage d'une seule femelle; le soin qu'il faut donner à ses larves est l'occupation decette femelle : elle construit sa demeure, elle pond ses œufs sans être entourée des soins d'une légion d'ouvrières, comme la reine abeille ; elle seule va ramasser le miel et le pollen , et pourvoit , chaque jour, à la subsis- tance des êtres qu'elle a mis au monde. DES INSECTES. 37 Chez ces insectes les jambes postérieures sont disposées en forme de palette, ainsi que le premier article de leur tarse , qui en outre porte une brosse en dessous; ce sont lous leurs organes de récolte pour le pollen. On ne retrouve plus la corbeille ni la disposition préhensile des pattes pos- térieures, comme chez l'Abeille et le Bourdon. LesANTHOPHORiDES Comprennent trois groupes : les eu- GLOSSITES, les ANTHOPHOKITES et IcS XYLOCOPITES. Les premiers nous occuperont peu, car leurs habitudes sont inconnues; leur conformation a seule marqué leur place parmi les autres Apiens ; les Euglossites, si remar- quables par leur trompe, qui est presque aussi longue que tout leur corps, sont parés des plus brillantes couleurs : quelques uns d'entre eux ont des teintes métalliques du plus grand éclat. Ce sont des habitants de l'Amérique méridionale; peu nombreux en espèces, ils ne constituent que deux genres ; lesEuglosses {Euglossa) proprement dites ; les Eulèmes [Eulœma, Saint-Farg.). Dans toute la tribu des Apiens les Euglosses se fontre^ marquer par l'éclat de leurs couleurs; plusieurs sont d'un vert d'émeraude doré éclatant. Les Eulèmes sont généra- lement d'une taille plus considérable; leur corps est aussi plus velu et leurs nuances sont plus variées. Ils rappellent l'aspect des Xylocopes. Aussi les anciens auteurs les pla- çaient-ils en partie parmi les Centris et en partie parmi les Euglosses. Cependant les caractères ne permettaient pas de tels rap- prochements; M. Lepeletier de Saint-Fargeau a bien déli- mité le groupe qui nous occupe en ce moment. Les Anthophorites sont des insectes assez nombreux en espèces, qui habitent l'Europe , particulièrement l'Europe méridionale et le nord de l'Afrique, où ils sont foit abondants : ils ressemblent beaucoup à nos abeilles com- munes, mais ils sont plus velus, généralement d'une teinte grisâtre ; ils ont une taille un peu plus considérable. Ces insectes établissent le berceau de leur postérité dans des excavations de vieilles murailles , dans la terre sablon- neuse escarpée et exposée aux rayons du soleil, ain^i que dans les sablières. Une espèce du genre Anthophore (Ari- thophora) a été l'objet d'une observation intéressante de la part de Latreille. Cet insecte, noir avec les derniers seg- ments de l'abdomen fauves , et connu sous le nom cV An- thophore parictine (pi. 2,fig. i mâle et fig. 2 femelle), construit son nid dans les murs; il pratique des trous en- tre les pierres qui ont été réunies par un sable fin et ar- gileux , et ajoute à son nid un tube extérieur. En creusant son tuyau , l'Anthopbore apporte au dehors tout le sable qu'elle a retiré, et l'humectant, au moyen d'une liqueur visqueuse qu'elle a la propriété de sécréter, elle le fixe successivement sous forme de petits rouleaux , en laissant un petit espace entre chacun d'eux. Toutefois ce tube ne doit pas subsister longtemps ; car dès que le tuyau est suffisamment grand, notre insecte va reprendre successivement les petits rouleauxde sable, pour former les cloisons qui doivent clore la demeure de cha- cune de ses larves. Toutes lesautresAnthophores construisent leur nid d'une manière analogue; elles divisent un long tuyau en une sé- rie de cloisons; mais aucune d'elles n'a l'habitude d'accu- muler au dehors, sous forme de tube, le sable qui doit servir à achever leur construction, comme le fait l'Anlho- phore des murailles. De même que tous les Apiens nidifiants, les Anthopho- DES INSECTES. 3!> res approvisionnent leurs larves d'une pâtée composée de miel et de pollen , pour toute la durée de leur vie de larve. Ces insectes vont fréquemment pomper le miel dans les plantes à corolle infundibulée, les labiées, les boraginées, les rhinanthacées, etc. Le genre Anthophore comprend un assez grand nombre d'espèces, qui se ressemblent beaucoup parleur corps velu et leurs nuances grisâtres. Le genre Systrophe se compose de quelques espèces eu- ropéennes remarquables par leur abdomen annelé de gris et de blanc. Leurs mœurs sont très-analogues à celles des véritables Anthophores. Il en est de même des Macrocèreset des Eucères, qui ont des antennes aussi longues que tout lecorps chez les mâles. Leurs habitudes sont exactement les mêmes que celles des vraies Anthophores : ils construisent également leurs nids dans les endroits sablonneux et bien exposes aux rayons du soleil. Les Mélitturges , qui appartiennent aussi au groupe des Anthophorites, sont bien reconnaissables à leurs antennes renflées en massue. On en connaît un petit nombre d'es- pèces qui habitent l'Europe méridionale et l'Algérie. Mais leurs habitudes n'ont pas été observées. Les xYLOCopiTES forment un groupe, composé de plu- sieurs genres, la plupart très-nombreux en espèces, répandues particulièrement dans l'Amérique méridionale, l'Afrique intertropieaie et les Indes orientales. Presque tous sont de la taille de nos gros Bourdons; quelques-uns sont d'une dimension beaucoup plus grande. Parmi les divers genres composant Le groupe des Xy- locopites, nous comptons les Centris et les Epicharis, grands et beaux insectes de l'Amérique méridionale, ordinairement noirs et ornés de taches ou de bandes jau- nes du rougeâtres , puis le genre Xylocope,si nombreux en espèces dans tous les pays chauds , et qui se ressemblent cependant beaucoup entre elles. Le type du genre , la Xylocope violette [Xylocopa violacea), est la seule espèce européenne : on la reconnaît à son gros corps noir; sa tête et son corselet sont très-velus, son abdomen l'est peu ; ses ailes sont noirâtres, sans transparence, et a reflet violet. Cet insecte n'est pas rare aux environs de Paris; on le rencontre sur les fleurs pendant toute la belle saison. Réaumur lui a donné le nom d'Abeille perce-bois ; et c'est en effet un des traits les plus caractéristiques des habitu- des de la Xylocope. Quand elle veut construire son nid, elle cherche du bois mort, quelquefois pourri; il est plus facile alors de le creuser : elle choisit souvent des poutres d'une grosseur considérable ; mais d'autres fois elle prend un morceau de bois assez mince. Son premier travail est de perforer ce bois avec ses mandibules ; elle y construit un ou plusieurs trous; car il n'est pas rare d'en trouver trois ou quatre parallèles, assez grands pour qu'elle puisse y entrer et en sortir facilement; en creusant elle fait tom- ber la sciure au dehors ; c'est un travail long et pénible pour la Xylocope que la perforation d'un trou; pour y parvenir il lui faut souvent plusieurs semaines ; il est vrai dedirequ'on en rencontre fréquemment qui n'ont pas moins de dix à quinze pouces de longueur ; ils sont à peu près droits; seulement veis le bout ils se rapprochent de la su- perficie du bois. Quand V Abeille perce-bois a terminé cette dure besogne, elle ne songe plus qu'à y état)lir sa progéni- ture : elle s'en va à la récolte du pollen ; elle en garnit le fond de son tube, après-l'avoir mélangé avec du miel : lors- que la quantité est jugée suffisante , elle dépose un œuf au UES I M SECTES. 41 milieu de cette pâtée : puis elle étnblit au-dessus, au moyen de la sciure de boiset d'un liquideadhcrent qu'ellea la pro- priété de sécréter, un plancher solide, qui va devenirle fond d'une autre cellule. La Xylocope va recommencer ici le même travail : elle divise de la sorte son tube en une série de losjes ou cellules, qui ne communiquent nullement entre elles et qui contiennent chacune un œuf et toute la provi- sion nécessaire à la larve qui va en sortir quelques jours après. Réaumur s'étonne avec raison de cet instinct admi- rable, qui fait connaître à cette mère prévoyante la quantité bien exacte de nourriture qui sera nécessaire pour la vie de sa larve. En effet, elle ne se trompe jamais ; lorsque le ver prend de l'accroissement, sa provision diminue; et, quand il en a absorbé la totalité , il remplit à lui seul toute sa loge ; il est alors parvenu au terme de sa croissance. Sa métamorphose en nymphe s'effectue aussitôt ; et ce qu'il y a de bien remarquable, c'est que la tête se trouve tournée vers le fond de la cellule; de sorte que l'insecte parfait cherche naturellernent à soirtir de ce côté. On comprend maintenant pourquoi la mère a rapproché son tube de la superficie du bois. Sans cette précaution, l'insecte nouvellement éclos aurait eu des peines infinies pour sortir de sa prison et n'y aurait peut-être pas toujours réussi : d'un autre côté, il devait lui être interdit de sortir par l'ouverture pratiquée par la femelle. Celui qui occupe le fond du tube, étant né le premier, comme cela arrive toujours, puisque la femelle commence par pondre les œufs des loges les plus profondés , il aurait culbuté tous les autres ; et la nature s'oppose toujours à ces massacres. La Xylocope profite quelquefois de tubes qu'elle trouve tout formés. Nous en avons eu un exemple dans ces dernières années. Il y avait au jardin des plantes de Pa- 4. 42 HISTOIRE ris un tube de cuivre d'environ dix lignes à un pouce de diamètre, qui éiait adapté à un appareil à la vapeur res- tant inactif pendant la belle saison. L'extrémité de ce tube était placé au-dessus d'une fenêtre et communiquait à l'ex- térieur. Une femelle Xylocope, jugeant sans doute qu'un tel domicile serait commode pour y établir le berceau de sa progéniture, parce qu'il lui éviterait au moins la peine decreuser un tubedansdu bois, s'y installa, et chaque jour on la voyait entrer et ressortir plusieurs fois de cette de- meure improvisée. Il nous paraît important de signaler ce fait; car il y a véritablement de la part de la Xylocope dérogation à ses habitudes ordinaires; et, comme nous pensons voir cesser l'instinct et apparaîtie lintelligence. toutes les fois que l'animal n'exécute pas exactement les mêmes travaux que ceux dont il tient l'existence, dés qu'il modifie, choisit, préfère, c'est le résultat d'une pensée : nous ne pouvons apprécier la nature de cette pensée , mais il est manifeste que c'est un résultat de l'intelligence. On trouve des Xylocopes dans toutes les parties du ■ monde, mais c'est surtout dans les régions chaudes qu'on les rencontre plus abondamment. M. Lepeletier de Saint-Fargeau a décrit soixante-deux espècesdece genre, et les diverses collections en renferment encore beaucoup d'autres espèce inédites. Les genres Cr/ntris, Epichariset Ae.v^/s appartiennent m\ même groupe. Les deux premiers sont essentielle- ment propres aux régions équatoriales de l'Américiue; leurs mœurs nous sont inconnues, mais leur structure gé- nérale et la grande ressemblance qu'ils ontavec nos Xylo- copes nous font présumer que leurs habitudes ne doivent pas en différer beaucoup. Us sont tous d'une assez grande taille, et le plus souvent ils nous offrent des couleurs jau- DES INSECTES. 43 nés ou orangées assez vives et plus ou moins nuancées. Les Lestis constituent un petit genre propre à la Nou- velle-Hollande. On n'en connaît que quelques espèces de couleur vert-métallique. La quatrième famille de la tribu des Apiens est celle des A.NDRENIDES. Cc sont des insectes qui ressemblent beau- coup à ceux des autres familles de la même tribu par l'as- pect et la structure générale, mais on les distingue faci lement par leur languette ou lèvre inférieure, dont le lobe intermédiaire, en forme de cœur lancéolé, £st plus court que leur tête. Les Andrenides ont les jambes postérieures munies de longs poils propres à récolter le pollen, avec des espaces lis- ses sur les hanches, à la base des cuisses et sur les côtés du corps. Ces Apiens vivent tous solitairement. Comme ceux des deux familles précédentes, ils se composent seulement de deux sortes d'individus. Les femelles creusent dans les terrains de sable argileux, ou dans le mortier dont on se sert pour lier les pierres des murailles, des trous pro- fonds, qui vont devenir le berceau de leur progéniture. Ces trous, que l'on rencontre toujours dans des expositions méridionales, ne sont autre chose que des tubes obliques ayant de six à huit pouces de longueur. Maisce n'est pas la tout le travail ; chaque femelle construit encore au fond du grand trou plusieurs petits tubes ayant tous leur entrée au fond du tube principal. Ce sont là autant de loges distinctes pour chaque larve, toutes étant approvision- nées par la prévoyante femelle d'une certaine quantité de miel et de pollen. Chacune de ces retraites particulières est ensuite fermée hermétiquement avec la teri-e et le sa- ble qui ont été enlevés lors du creusement. La plupart des andbeinides se comportent de cetfe manière; mais l'on remarque des différences importantes à signaler dans les habitudes, suivant les genres et les es- pèces. Cette tribu se divise en trois groupes : ce sont les da- SYPODITES, les ANDKÉMTES et IcS COLLETITES. Le preniier se compose de quelques genres; ce sont les Dasypodes, remarquables par leurs pattes postérieures allongées , avec les jambes et le premier article des tarses couverts de poils entrêmement longs ; ce qui leur sert à ré- colter le pollen des fleurs. On connaît un petit nombre d'espèces de ce genre; la plus commune est!a Dasypode à pattes hérissées {Da- sypoda hirtipes , Fub.), insecte couvert d'une pubescence grisâtre très-serrée, ayant l'abdomen de cette couleur chez le mâle avec de longs poils au bord de chaque segment; noir chez la femelle, avec quatre lignes transversales blanches; et les pattes postérieures couvertes de poils roussâtres. Cette espèce est très- répandue dans la plus grande par- tie de l'Europe; on la trouve fréquemment dans nos envi- rons, où, chaque année, elle creuse dans les chemins des trous profonds; comme toutes les autres Dasypodes, elle a la faculté de récolter à la fois une grande quantité de pollen, à l'aide des longs poils qui garnissent ses pattes. Elle choisit de préférence les plantes chi( oracées. Le genre Panurge iPanurgus)^ qne nous rapportons au mêmegroupe, àTexcmple de M. Lcpeletier deSaint-Far- geau, aété un peu observé dans ses habitudes par ce même savant : il rapporte qu'il a remarqué dans le sentier battu d'un jardin huit à dix Panurges femelles, appartenant à la même espèce, qui tour à tour, chargées de pollen, eu- DES INSECTES. 45 traient dans un trou perpendiculaire et en ressortaient aus- sitôt après avoir déposé leurs provisions. Ce fait pourrait faire penser que ces insectes travail- lent en commun; mais il est évident que chaque femelle se rendait à un tube particulier ayant son entrée dans un conduit commun , qui servait à plusieurs individus. D'ailleurs, le même observateur ajoute qu'en d'autres circonstances, il a vu plusieurs fois des Panurges travail- ler et approvisionner leurs nids isolément. On connaît peu d'espèces de ce genre; elles sont remarquables par leur grosse tête ; l'Europe et la Barbarie sont le pays de ces Hyménoptères. La plus commune est le Panurge lobé (Panurfjus lobatus), qui est noir, avec les antennes rous- sâtreset les cuisses postérieures dilatées en forme de lobe. M. de Saint-Fargeau place dans le même groupe le genre Dufourée, dont les mœurs sont inconnues et qui est établi sur deux espèces de la France méridionale. Le second groupe, celui des anduénites, renferme plu- sieurs genres assez nombreux en espèces. Celui d'Àndrène en comprend une trentaine d'européennes et quelques au- tres de Barbarie ; plusieursd'entreellessont communes ton les rencontre fréquemment dans les chemins exposés au midi, oùellescreusent l'habitation de leur progéniture. Le genre Scrapter, qui est fondé sur un petit nombre d'espè- ces, ne s'éloigne de celui d'Andrène que par quelques ca- ractères zoologiques. Leurs habitudes n'ont, du reste, pas été observées. Les Halictes, qui ont été l'objet d'un mé- moire intéressant de la part de M. Walckenaer, diffèrent peu des autres Andrénites dans leurs mœurs. Cet obser- vateur rapporte qu'il a trouvé plusieurs femelles dans le même nid; un autre entomologiste, fort attaché à l'étude des Hyménoptères, affirme, au contraire, que chaque nid 4G HISTOIRE est l'œuvre d'une seule femelle; et, d'après lui, c'est un hasard de rencontrer plusieurs nids donnant issue par la mcmeouverture, bien que le fait soit possib'e. C'est, du reste, aussi ce qui est confirmé par nos propres observations. Les Nomies sont de petits Hyménoptères propres aux régions chaudes du globe : on en rencontre seulement deux espèces dans le midi de l'Europe; ils diffèrent peu des Halictes, mais personne encore ne les a observés. Enfin le genre Ancyle est étab'i sur une espèce trouvée à Oran. Notre troisième groupe de la famille des Andrénites est celui des colletites; celui ci se compose essentielle- ment du genre Colletés dont nous trouvons trois espèces en France et aux environs de Paris, à la fin de l'été. La plus commune est la Coilète hérissée (G. hirta, Fab.)^ insecte de cinq à six lignes de long, noir, hérissé de poils roidesdun roux brun. C'est l'espèce qui a été observée par Réaumur, et dont l'on rencontre assez fréquemment les nids dans les murail- les exposées au midi. Ces habitations consistent en espèces de cylindres divisés en plusieurs cellules, placées au bout les unes des autres, et ressemblant beaucoup par la forme à un dé à coudre. Toutes ces cellules sont composées d*u ne substance feutrée membraneuse , produite par une sorte de gomme liquide que les Colletés ont la propriété de sécréter, sans doute q^iand elles ont absorbé quelques substances végétales, qu'elles dégorgent après les avoir triturées. Chaque cellule a environ quatre à cinq lignes de profon- deur sur deux de diamètre. Leurs parois sont très-min- ces, mais la pâtée de miel et de pollen qui y est placée pour la nourriture de la larve, soutient les parois de la loge. INotre cinquième famille de la tribu des Apiens est celle des osMiiDEs, insectes nidifiants comme ceux dont DES INS5C1ES. 47 nous venons de donner l'histoire, mais bien remarquables entre tous par leur manière de récolter le pollen. Tandis que tous les autres Apiens nidifiants recueillent ce pol- len sur les jambes et le premier article de leurs pattes pos- térieures, ceux-ci l'entassent à l'aide des brosses de leurs pattes sous l'abdomen , où il se trouve retenu par des poils étages dont il est garni en dessous. A ce seul carac- tère on peut reconnaître les Osmiides parmi tous les au- tres Hyménoptères. Cette famille renferme un certain nombre de genres , qui ne paraissent pas susceptibles de former plusieurs groupes, à cause des affinités très-grandes qu'ils of- frent entre eux. Les Osmiides sont répandues dans les diverses parties du monde; mais elles sont surtout fort abondantes dans le midi de l'Europe et dans le nord de l'Afrique. Toutes les Osiiiiides construisent des loges ou cellules ayant à peu près la forme d'un dé; chez quelques-unes, elles sont rangées les unes à la suite des autres; chez plusieurs elles sont, au contraire, agglomérées les unes auprès des autres. Mais toujours la femelle appravisionne chaque loge de miel et de pollen et y dépose un œuf, en sorte que la larve qui en sort, trouve auprès d'elle sa provision néces- saire à la durée de son existence. C'est, au reste, ce qui est pratiqué chez tous les Apiens solitaires nidifiants. Les matériaux que les Osmiides emploient pour la construction de leur nid varient infiniment, suivant les genres. Les espèces du genre Chalicodome construisent sur les murailles des nids faits d'un mortier très-dur. Une espèce de ce genre a été fort bien observée par Réaumur, et nous avons eu aussi très-fréquemment l'occasion d'c- tudier ses habitudes. C'est la Chalicodome des murs [Cha- licodoma muraria, Fab.) Le mâle, un peu plus gros qu'une abeille, est couvert de poils fauves roussâtres, à l'excep- tion des trois derniers anneaux de l'abdomen, qui sont to- talement revêtus de poils noirs. La femelle (pi. 2, fig, 3), au contraire, est entièrement noire avec les poils du milieu de la palette ventrale de couleur ferrugineuse, ainsi que ceux des jambes et des tarses ; les ailes sont brunes à re- flets violacés. Cette femelle, avons-nous dit , établit le domicile de sa postérité sur des murailles; mais elle choisit toujours un emplacement bien exposé à lardeur des rayons du soleil : elle va à la recherche d'un sable fin, semblable à du gravier, le mélange avec de la terre , et fait adhérer ces matériaux au moyen de la liqueur visqueuse qu'elle a la pro- priété de sécréter. L'abeille maçonne, car c'est ainsi, non sans raison, que l'appelle Réaumur, commence par appli- quer ce mortier sur l'endroit qu'elle a choisi pour fixer son nid; quand la quantité est assez considérable, elle en forme une cellule de forme oblongue à parois arrondies. L'espace d'une journée lui suffit quelquefois pour ce tra- vail ; les jours suivants, elle en confectionne de semblables tout auprès, qui ne sont souvent séparées que par des pa- rois d'une médiocre épaisseur : elle ne s'attache pas à les disposer bien régulièrement ; car les six, huit ou dix loges, qui composent chaque nid , ne sont presque jamais pla- cées à égale distance, ni exactement dans la même direc- tion (pi. 2, fig. 5). L'abeille maçonne façonne en dernier lieu une enveloppe commune, qui est plus ou moins ar- rondie ou ovalaire et légèrement bombée. Cette toiture est composée d'un gravier plus gros que celui qui a servi à la confection des cellules. Ces nids offrent une telle dureté, qu'il est impossible de les briser ou de les détacher de la DES INSECTES. 49 muraille à laquelle ils sont fixés, sans employer des ins- truments de fer. Il faut bien connaître ces humbles demeures pour les distinguer sur les murs; on les prendrait volontiers pour une plaque de terre qui s'est desséchée , ou pour une inégalité dans la maçonnerie. Aucune ouverture exté- rieure ne vient déceler cette retraite (pi. 2, fig. 4). La femelle qui l'a construite était née au mois d'avril, et au mois de juin elle avait cessé d'exister. Les larves, qui habitent pendant près de onze mois l'intérieur de ces nids, au moment de se transformer en nymphes se filent une coque soyeuse ayant l'apparence d'une membrane pellu- cide. Quand l'insecte parfait éclôt, il ramollit le mortier de sa demeure avec un liquide qu'il sécrète assez abon- damment; enlevant chaque parcelle avec ses mandibules, il finit par faire un trou qui lui livre passage à l'extérieur; alors il prend bientôt son essor. Comme ces nids offrent une grande solidité et qu'ils résistent pendant plusieurs années aux intempéries des saisons, il n'est pas rare de voir les Chalicodomes des murs s'emparer d'anciens nids vides; elles se contentent alors de reboucher les trous et les fissures et de raccom- moder les parties qui pourraient être détériorées. Dans ce cas, on voit quelquefois plusieurs femelles qui s'en dis- putent la possession, en se livrant des combats meurtriers. Ces nids sont communs aux environs de Paris sur les murs en moellons bien exposés au midi. Nous en avons trouvé fréquemment sur une longue muraille dans les bois du Vesinay, sur les coteaux de Bellevue, sur les murs du parc de Meudon et de Gonflans , et dans une foule d'autres endroits. LaChalicodomede Sicile (CAa/2COc?omaSicM/a)formeun nid très-semblable à celui que nous venons de décrire; mais il paraît qu'il est de forme sphérique et construit autour d'une branche. Les Osmies proprement dites construisent des cellules assez analogues à celles des Chalicodomes ; mais elles s'é- pargnent en grande partie la peine que prennent celles-ci ; elles cherchent un trou dans la pierre, ou dans le bois, d'un diamètre capable de recevoir l'alvéole de mortier qu'elles doivent construire. Ou trouve aussi quelquefois de ces cellules isolées; car, dans le cas ou le trou n'a pas assez de profondeur pour en établir plusieurs, l'Osmie n'en construit qu'une seule, et va chercher de nouveaux en- droits propices pour en faire quelques autres. Nous avons rencontré de ces nids dans des fragments d'os; M. Le- peletier de Sainl-Fargeau rapporte avoir obtenu d'Algérie des coquilles du genre hélice qui renfermaient des nids d'Osmie. Chacune de ces coquilles contenait environ une dizaine de cellules construites dans l'intérieur de la spiraleavec de labouse de vache mêléede terre. M. Lepele- tier de Saint-Fai'geau pense voir la une dérogation aux habitudes des Osmies sur le choix des matériaux, et l'at- tribue au manque d'eau qui se fait sentir quelquefois dans les localités qu'habitent ces espèces. Mais c'est une présomption qui mériterait d'être vérifiée. Les Osmies sont assez nombreuses en espèces, en Europe et dans le nord de l'Afrique. Les espèces des genres flériadeset Chélostomes recher- chent dans les bois, des tuyaux creusés par lesautres insec- tes, souventpardes larvesdeLongicornes ; elles choisissent encore, comme le font le plus ordinairement les Clulos- tomes, des tuyaux du chaume qui couvre les habitations des villages, ou bien encore les tiges mortes de certaines DES INSECTES. 51 plantes à tige creuse, comme les joncées. Ces insectes s'é- pargnent une partie du travail des autres Osmiides en rechercluint des tuyaux tout faits. Ils se contentent alors d'établir dans leur intérieur des cloisons en mortier en nombre suffisant pour y dresser autant de loges qu'elles ont d'œufs à déposer. La manière dont les Hériades et les Chélostomes approvisionnent leur nid, ne diffère en rien de celle qu'emploient les espèces de la même famille et de la fa- mille précédente. Les Anthidies {Anthidium) ^ qui composent un genre nombreux en espèces, toutes bien reconnaissables à leur abdomen orné de bandes ou de taches jaunâtres sur un fond brun ou noir, mettent la plus grande recherche dans la construction de leurs nids. MM. Kirby et Westwood ont eu l'occasion d'observer ces habitations. Les Anthi- dies établissent le plus souvent la demeure de leur progé- niture au pied des arbres; ils l'entourent de mousse, et construisent ordinairement, selon M. Westwood, de douze à quinze loges ou cellules garnies de duvet laineux ; c'est là que chaque larve se construit une coque soyeuse au moment de sa transformation en nymphe. Les Mégachiles, que l'on nomme aussi les Coupeusesde feuilles, ne sont pas moins dignes de remarque dans leurs hal)itudes. Ces insectes coupent des fragments de feuilles et les emploient ensuite à la construction de leurs nids. Us creusent d'abord dans le sable ou dans la terre, quelque- fois même ils choisissent un emplacement convenable dans de vieux troncs d'arbres ou dans des murailles. Ces terriers sont cylindriques et un peu obliques. Nos Mégachiles les tapissent alors avec des feuilles. Ces industrieux insectes choisissent celles de la plante qui leur convient le mieux ; car il est probable que chaque espèce a une préférence marquée pour certaines feuilles plutôt que pour d'autres. Les Mégachiles coupent les mor- ceaux de feuilles qui leur sont nécessaires avec leure mandibules, et ils sont toujours entaillés avec une netteté parfaite, comme s'ils l'étaient avec un emporte-pièce. C'est ce que l'on observe souvent à la campagne, dans nos en- virons. Il est une espèce de ce genre, qui a été particulièrement observée par Réaumur, c'est la Mégachile centunculaire (/l!/(?(7flc/«YerES INSECTES. 61 du soleil commencent à se faire sentir, que chaque fe- melle sort de la retraite qu'elle s'était choisie pour hiver- ner, après avoir reçu l'approche du mâle. Aussi rencon- tre-t-on, dès ce moment, des Guêpes qui voltigent sur les fleurs. Chacune va se mettre aussitôt eu quête de trou ver un lieu commode pour y établir la demeure de sa postérité. Un endroit propice est toujours chose fort im- portante; il varie d'ailleurs beaucoup selon les espèces : c'est ce que l'on ne tardera pas à voir. La matière pre- mière qui va servir à construire ces vastes nids, générale- ment connus sous le nom de Guêpiers, consiste en fibres de bçis, plus souvent déjà en état de décomposition que dans l'état de vie. C'est avec leurs mandibules que nos laborieux insectes détachent les fibres du bois ; ces man- dibules très-robustes étant munies de dents qui s'engrènent les unes dans les autres. Quand une Guêpe est parvenue à détacher quelques parcelles de bois, elle les divise encore, et les agglomère ensuite au moyen d'un liquide visqueux qu'elle a la propriété de sécréter. Ce travail achevé, elle emporte son fardeau et va commencer son nid, ou ajou- ter de nouveaux matériaux à sa construction : triturant de nouveau cette matière ligneuse avec ses mandibules, elle la réduit en une feuille mince papyracée comme si elle sortait d'un laminoir; elle la polit encore avec sa languette et avec la liqueur gommeuse qu'elle verse de sa bouche. C'est dans la terre , dans le cireux des arbres ou entre les branches des arbustes que les Guêpes vont établir leur de- meure : elles songent d'abord à construire une enveloppe qu'elles fixent aux paroisdes corps auprès desquels elles se sont fixées. Ces enveloppes sont toujours formées de lamel- les papyracées, ordinairement au nombre de cinq ou six , superposées les unes sur les autres et convexes en dehors» 02 HISTOFRE mais quelquefois uniques, comme cela a lieu chez les Tre- lons. La même substance sert à la construction des gâteaux ; le premier est fixé au sommet du nid, vient ensuite le se- cond qui est attaché au premier de la même manière , et ainsi de suite. Les Guêpes s'y prennent à leur égard comme les Abeilles; mais il y a cette grande différence que les gâteaux des premières n'offrent qu'une seule ran- gée de cellules renversées. Par conséquent la face supé- rieure est lisse et un peu convexe. La plupart des Guêpes établissent leur habitation dans la terre. De ce nombre est notre Guêpe commune ( Vespa vulgaris] (pi. 3, fig. 3) qui est noire et agréablement va- riée de jaune vif. La substance papyracée qui compose le nid de cette espèce est d'un gris cendré obscur; elle est solide et fortement gommée. Aussi peut-on écrire dessus comme sur notre papier. Les Guêpes connaissaient sans doute sa fabrication bien avant les hommes. La Guêpe rou&se {Vespa rufa), qui habite les bois de nos environs, construit son nid avec une matière parfai- tement semblable, quant à la couleur et à la consistance; mais ce n'est pas dans la terre qu'on trouve son habitation. Il n'est pas très-rare de rencontrer de ces nids entre les branohes des arbustes (pi. 3, fig. 2): c'est pour cela que Réaumur a appelé cet insecte la Guêpe des arbustes. Klle est plus petite que l'espèce commune et son ventre est roussàtre (pi. 3, fig. 1). Ses habitations n'ont jamais une étendue considérable. Nous voyons fréquemment aussi le Frelon ( Vespa crabro) ; c'est la plus grosse espèce du genre qui habite l'Europe; elle établit ses demeures dans le tronc des gros arbres. Le nid de cet insecte accpiiert quelquefois une dimension très-grande; il en existe de plus d'un pied et DES INSECTES. 63 demi dediamèfre. La substance dont il est composé est jaiinâtreet extrêmement friable ; lemoindre chocsuffitpour la briser. L'enveloppe surtout, qui est simple, est remar- quable pour sa grande fragilité. Plusieurs Guêpes exoti- ques très-voisines de cette dernière doivent avoir des ha- bitations très-analogues; mais, jusqu'ici, leur industrie n'a fixé l'attention d'aucun voyageur. Nous avons vu, au printemps, une seule femelle féconde entreprendre d'établir elle-même le berceau de sa pos- térité. Les premiers gâteaux sont construits : un nom- bre suffisant de loges est préparé pour recevoir les œufs qu'elle va pondre ; elle accomplit alors cet acte, l'un des plus importants de son existence : il lui reste aussi à pourvoir aux besoins des larves qui vont éciore. La fe- melle seule s'acquitte encore de ce soin : elle apporte à ses petits des fragments de fruits ou même d'insectes, et elle leur dégorge une espèce de miel qu'elle a humé sur des fruits. Les Guêpes les entament avec leurs mandi- bules et en sucent le jus avec leur langue; elles vont encore absorber la sève des arbres ; le peu de longueur de leur langue ne leur permet guère de puiser comme les Apiens dans le nectaire d(>s fleurs. Il arrive souvent aussi, surtout dans les années de sécheresse, que les Guopes attaquent d'autres insectes; elles les piquent de leur aiguillon, les déchirent ensuite à l'aide de leurs mandibules et hument les liquides contenus dans leur intérieur. Au reste, le miel dégorgé par nos Vespites est aussi agréable au goût que celui de nos Apiens , et dans quelques cas l'homme pourrait s'en emparer avec avan- tage. Les larves de nos Guêpes (pi. 3, fig. 4 et 5), de couleur blanchâtre, molles et apodes, comme celles des Abeilles, ont des mandibules plus fortes; ce qui leur permet d'entamer les morceaux de fruits qui leur sont apportés par la mère. Quand elles ont acquis tout leur développement, elles filent un petit couvercle soyeux pour clore leur loge. La transformation en nymphe s'effectue; peu de jours après, l'insecte parfait rompt ses langes, brise le couvercle de sa cellule et prend son essor. La première génération de Tan- né* ne fournit que des individus neutres, c'est-à-dire des ouvrières. Le moment est arrivé où la femelle féconde va se reposer de ses soins laborieux. A cette époque, c'est-à- dire au commencement de l'été, les ouvrières augmentent le nid ; elles ajoutent de nouveaux gâteaux à ceux déjà établis par la femelle, en laissant toujours un espace as- sez considérable entre chacun d'eux pour qu'une Guêpe puisse y circuler librement. L'enveloppe se trouve aussi agrandie, en sorte qu'on ne voit jamais un seul gâteau à découvert. Les Guêpiers ne présentent qu'une seule ouverture in- férieure qui serait insuffisante pour y passer le doigt. Lors de ces agrandissements du domicile commun, les Guê- pes souterraines sont les plus à plaindre, car elles sont ordinairement obligées de déblayer la terre qui les envi- ronne ; c'est là une grande opération qui demande un temps as'^^ez considérable, cette terre étant enlevée, grain à grain, à l'aide de leurs mandibules. Mais, quoi qu'il en soit, quand le domicile a pris une extension convenable, la femelle fé- conde va pondre de nouveaux œufs en plus grand nombre que la première fois ; et cette fois les larves auxquelles iîs vont donner naissance seront soignées par les ouvrières. C'est à cette époque qu'il existe plusieurs sortes de loges et en même temps plusieurs sortes de larves ; les unes seront des mâles , les autres des femelles , et d'autres encore seront DKS INSECTES. oT, des neutres. Vers 'a lin de septembre ou le commencement d'octobre, presque tous ces iusectessont arrivés à leur état parfait; et, avant que les rigueurs de la saison d'hiver se fassent sentir , les mâles et les femelles s'accouplent. Il paraît que les premiers périssent presque aussitôt après; quant aux secondes, on sait qu'elles hivernent pour fonder de nouvelles colonies au printemps suivant. Si le froid devient intense avant que toutes les larves aient pu se métamorphoser, elles sont impitoyablement sacrifiées par les ouvrières, qui les massacrent toutes, lors- qu'elles jugent qu'il leur sera impossible de les nourrir plus longtemps: ces ouvrières périssent alors, et l'habita- tion, où régnaient naguère l'industrie et l'activité, se trouve totalement abandonnée. Nous n'achèverons pas l'histoire des Guêpes sans dire quelques mots d'un nid bien remarquable que l'on voit dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Ce nid a été rapporté de Gayeune; il appartient évidemment à une espèce de Guêpes, mais malheureuse- ment on ignore laquelle. Rien de plus joli et de plus déli- cat que cette construction , fixée dans toute sa longueur à une faible branche d'arbre bien droite. L'enveloppe du nid, d'aspect papyracé, est simple; sa couleur est brunâtre; sa forme est oblongue et parfaitement régulière; une petite ouverture située à la partie inférieure du nid permettait aux petites Guêpes d'y pénétrer ; nous disons petites d'a- près l'inspection de cette entrée, ainsi que d'après la petite dimension des loges destinées aux larves. L'enveloppe du nid ayant été coupée dans une cer- taine partie, on découvre une série de gâteaux d'environ un pouce à un pouce et demi de diamètre , disposés avec la plus grande symétrie; tous sont placés a égale distance de HISTOIRE les uns des autres, ceux du milieu étant un peu plus lar- ges que ceux du haut et aussi que ceux du bas. Quant aux cellules, elles sont parfaitement diagonales, si délicates et si régulières, que l'esprit conçoit à peine comment des insectes peuvent si bien comprendre la régularité et don- ner une telle élégance à leurs demeures. Nous avons signalé les diverses particularités et les dif- férences observées dans les nids des Guêpes proprement dites ; Nous passons maintenant au second groupe de la fa- mille des Vespiens, les polistites. Ces insectes s'éloi- gnent peu des Guêpes, non-seulement par leurs caractères naturels, mais aussi par leurs habitudes; cependant, leur corps élancé permet de les en distinguer au premier coup d'oeil. Le genre Poliste est le principal dans ce groupe; il nous fournit trois espèces européennes et un nombre considérable d'espèces exotiques. Pendant toute la belle saison, nous rencontrons comrau- ment la Poliste française [Polistes gallica) (pi. 2, fig. 6), ainsi que toutes les autres espèces du mémegenre, indigè- nes et exotiques. La femelle se fait un petit nid dès les pre- miers beaux jours du printemps; ce nid n'offre pas d'enveloppe ;c'estunsimplegâteau, analoguedu reste à ce- lui des autres Guêpes, fixé par un pédicule a la tige d'une plante, telle qu'un genêt, une graminée'pl. 2, fig. 7). Dans l'origine, cette chétive demeure ne se compose que de cinq à dix cellules. Des larves y sont élevées au printemps par les soins de la mère , comme on l'a vu chez les véritables Guêpes. Des ouvrières naissent ensuite , agrandissent le gâteau, en y ajoutant d'autres cellules; parfois même elles confectionnent un second gâteau, fixe au premier par un pédicule; mais cela est plus rare. La seconde ponte est DES liNSKCTBS. 67 donc toujours la plus nombreuse; c'est elle qui donne naissance à la fois à des individus mâles, femelles et neutres. Il est très-facile d'enlever ces nids sur la plante même avec leurs habitants; on peut ainsi les transporter dans son jardin ou sur sa fenêtre, et observer ces insectes cu- rieux très-commodément, la femelle ne les abandonnant presque jamais. Réaumur a remarqué, ce-que nous avons eu l'occasion de vérifier fréquemment , qu'une vingtaine de jours était suffisante à une larve pour acquérir tout son ac- croissement, depuis le moment où l'œuf a été déposé dans la cellule. Un genre exotique , le genre Agelaia, comprenant plu- sieurs divisions secondaires {Apoica, Pohjbia, Saint- Farg.) , se compose de quelques espèces américaines dont l'industrie n'a pas été observée. Notre dernier groupe de la tribu des Vespiens est celui des ÉPiPONiTEs ; nous nous y arrêterons peu , car leur in- dustrie ne paraît pas différer de celle de nos véritables Guêpes; seulement les matériaux qu'elles emploient ne sonl pas parfaitement identiques. Les ÉPiPOMTEs sont de petites Guêpes propres aux ré> gions tropicales, àor^s ramassé, de couleur noire, ayant ordinairement des ceintures jaunes : elles composent deux genres; le premier, Epipone , ne renferme que des espè- ces dont les constructions nous sont inconnues. Il n'en est pas de même du second , le genre Chatergue, qui nous fournit quelques espèces américaines; l'une d'elles, le G. Cartonnier [C. nidulans, Fnb.]^ paraît fort commune à Cayenne; elle est noire, avec une ligne sur le corselet, une autre sur l'écusson, et le bord postérieur de chaque anneau de l'abdomen de couleur jaune. C8 HISTOIRE Les nids de cette espèce sont souvent rapportés par les voyageurs : rien n'est plus remarquable que la substance avec laquelle ils sontconstrults; leur enveloppe, aussi bien que les gâteaux, est formée d'uue sorte de carton de pâte, mais tellement analogue à du carton que, comme le dit parfaitement Réaumur, qui a représenté ces nids, le meil- leur ouvrier cartonnier s'y méprendrait. C'est en effet ce qui nous a été démontré par l'expérience que nous en avons faite. Ces nids sont quelquefois fort grands et ne renferment pas moins de huit à douze gâteaux ; mais, dans l'origine , ils commencent par n'en avoir qu'un , deux ou trois; ils s'augmentent successivement au fur et à mesure de la multiplication des individus. Ce qu'il y a surtout de différent entre les nids des Chartergus et ceux de nos Guêpes, c'est, outre leur extrême solidité, la manière dont l'enveloppe et les gâteaux sont unis. En effet, il n'existe ciucun espace pour circuler le long des parois du nid : cha- que gâteau offre seulement un trou au milieu, pour donner passage aux petites Guêpes. Le nid est complètement fermé par le bas , où une seule ouverture est pratiquée. Alors, quand il s'agit d'augmenter l'étendue du domicile, nos in- dustrieux insectes bâtissent de nouvelles cellules à l'extré- mité du nid , en sorte que cette extrémité devient le fond d'un nouveau gâteau; les parois sont ensuite prolongées et viennent recouvrir la nouvelle construction. Ces nids s'é- tendent ainsi toutes les fois que le besoin s'en fait sentir. Ils sont suspendus aux tiges des arbres de la lisière des forêts de la Guyane ; leur aspect est celui d'un sac ; on en voit plusieursdanslesgaleriesdu Muséum de Paris, les uns encore très-peu avancés , les autres fort grands et renfer- mant plus d'une dizaine de gâteaux. Une seconde espèce dugenre Chartergus, quivit au Bré- DES INSECTES. Oî) s'il, ressemble beaucoup au Ch. cartonnier; ses constructions paraissent très-semblables. Elle doit à un incident remar quable d'avoir une réputation entomologique très-grande, le miel qu'elle produit ayant occasionné des empoisonne - ments. Cette petite Guêpe, que nous appelons le Chartergus bré- silien {C. brasiUensis) et que les habitants du Brésil nom- ment Lecheguana, a été observée par un célèbre botaniste, M. Aug. Saint-Hilaire, qui a ressenti lui-même les effets fâcheux de son miel. Voici.ce qui arriva à cet égard : étant arrivé dans un vaste désert près les rives du Santa- Anna, où il séjourna quelque temps, il aperçut dans une de ses excur- sions un guêpier suspendu aux branches d'un arbrisseau : ce nid presque ovale, ék couleur grise, de consistance car- tonnée, fut détruit par deux hommes qui accompagnaient M. de Saint-Hilaire ; ceux-ci en tirèrent le miel ; tous les trois en mangèrent une petite quantité, et chacun le trouva d'une saveur agréable , qui l'emportait sur le goût du miel de nos abeilles. Mais bientôt ils se sentirent fortement ma- lades; ils avaient le vertige: M. de Saint-Hilaire, éprou- vant une vive douleur d'estomac, finitcependant pars'en- dormir dans sa charrette ; à son réveil , il se sentit d'une extrême faiblesse et put à peine faire quelques pas. L'un des hommes qui l'accompagnaient était en même temps en butte à un mal plus violent. Assis dans la charrette, à côté de son maître, il lui disait d'un air effaré que, depuis une demi-heure , il courait dans la campagne sans savoir où il allait. Il tomba bientôt dans un affaiblissement complet et éprouvait toutes les angoisses de la mort. Ayant bu de l'eau tiède, qui avait paru le soulager, il en prit une grande quantité. Mais le vertige le saisissant de nou- veau , il déchira ses vêtements, et se mit à courir dans la 10 HISTOIKE campagne, ciiaut que tout était en feu autour de lui. Le second avait été aussi fort malade; mais ayant vomi très-proraptement, il fut plus tôt soulagé. Cependant il n'était pas encore guéri ; car, montant à cheval, il se mit à galoper dans la campagne; il tomba bientôt et s'endormit au lieu môme où il s'était laissé tomber. Quant à M. de Saint-Hilaire, il avait bu une quantité d'eau prodigieuse; plusieurs vomissements successifs fi- nirent par le remettre dans son état naturel. Le lendemain les trois voyageurs n'éprouvaient plus de mal sensible, quoiqu'ils n'eussent pas toutefois repris en- tièrement leurs forces et leur vigueur accoutumées. M. de Saint-Hilaire s' étant remis en route ne manqua pas de rapporter au Muséum de Paris te petite Guêpe Leche- guana ainsi qu'une portion de sou nid. Dès qu'il eut quitté le désert, il demanda à beaucoup de gens ce qu'ils pensaient du miel de la Lecheguana. Tous s'accordèrent à lui dire que ce miel n'était pas toujours dangereux , mais que parfois il occasionnait une sorte d'ivresse, de délire, dont on ne se délivrait que par des vomissements, et qu'il pouvait al- ler jusqu'à donner la mort. On lui assura que la plante sur laquelle la Guêpe Leche- guana va souvent puiser le miel empoisonné était parfaite- ment connue; mais malheureusement on ne put la lui re- présenter. M. White a décrit et représenté un nid d'Amérique, très-analogue à ceux des Chartergus; il est remarquable surtout par les tubercules et les nombreuses aspérités dont il est couvert. M. ^\ hite a formé pour l'habitant de ce nid un genre particulier sous le nom de Myrapetra. DES INSECTES. 71 TROISIÈME TRIBU. LES EUMÉNIENS. Nous en avons fini avec les insectes qui se nourrissent de miel tant à l'état de larve qu'à l'état d'insecte parfait; ceux qui nous vont occuper maintenant vont, comme les précédents, pomper le miel dans le nectaire des fleurs, quand ils sont adultes, mais leurs larves ne vivent que de proie vivante ; et cependant aussi bien que celles des Guê- pes et des Abeilles, elles sont apodes, incapables de se nourrir; elles périraient bientôt , si elles étaient abandon- nées à elles-mêmes. D'après cela, on devine ce qui arrive ; c'est la mère qui doit procurer la nourriture à ses petits. Cette industrieuse femelle, qui ne vit que du suc des fleurs, va faire la guerre aux insectes pour assurer l'existence de sa progéniture. Presque toujours l'Hyménoptère s'attaque à une espèce particulière pour en apprivisionner son nid ; il sait parfaitement trouver ceux qui nous paraissent bien rares, quand nous les cherchons. La femelle pique ses victi mes avec son aiguillon et les emporte à son nid. L'insecte ainsi blessé ne meurt pas immédiatement, il demeure plongé dans un état d'engourdissement complet, qui le rend incapable de se mouvoir et surtout de se défendre. Les larves , qui éclosent auprès de ces provisions péniblement amassées par leur mère, trouvent à leur portée une nour- riture convenable, eu quantité suffisante pour toute la du- rée de leur existence à l'état de larve. Rien n'est plus surprenant que cette admirable prévoyance sans doute tout instinctive de chaque femelle, qui, au moment de pondre ses œufs, prépare la nourriture de ses larves, qu'elle ne verra jamais; déjà elle aura cessé de vivre, quand celles-ci viendront à éclore. Nous trouvons cet exemple de tendresse maternelle 72 dans la tribu des Euméniens et dans plusieurs des autres tribus suivantes. La première , celle qui nous occupe maintenant, est di- visée en deux familles , subdivisées elles-mêmes en plu- sieurs groupes et en quelques genres. Le tableau ci-dessous résume ces divers groupes et leur importance relative : DIVISION DE LA TRIBU DES EUMÉNIENS EN FAMILLES, Famille 1. masarides. Groupe 1. MASARITES. Genre 1. masakis Fabr Gre. 2. coELONiTE. Latr Gpe. 2. CÉRAMITES. Gre. 1. cÉRAMiK. La(r. Fam. 2. evihrnides. Gpe. 1. SYNAGRITES. Gre. 1. SYNACRis. Fabr. Gpe. 2. EUMÉNITES. Gre. .1. zÈTjiE. Fabr. CROUPES ET GENRES. Antennes renflées en massue à Tex- trémité ; leurs derniers articles plus ou moins confondus entr'eux. Les cinq derniers articles des anten- nes totalement confondus, ne pouvant être distingués. Antennes un peu plus longues que la tête et le thorax réunis. Antennes à peine plus longues que la tête. Les cinq derniers articles des antennoj» moins claviformes , un peu distincts. Antennes seulement on peu épaissies à l'extrémité , ayant tous leurs articles trèsdistiiicts. Lèvre sans points glanduleux à l'ex- Irémitc et terminée par quatre lanières longues. Lèvre ayant quatre points glanduieu.x à l'extrémité et trilobée, avec le lobe du milieu plus grand et bifide. Abdo- men campanule à sa base. Palpes maxillaires longs, de six arti- cles. DES INSECTES. 7.J Gie. 2 f.lmLne. Fabr. Palpes maxillaires plus longs que los mâchoires. Gre. 3. DiscoELiE. Latr. Palpes maxillaires de la longueur des mâchoires. Ope. 3. ODYNÉRITES. Lèvre ayant quatre points glanduleux à l'extrémité et trilobée, avec le lobe du milieu plus grand et bilide. Ab- domen à peine pédicule. Gre. i ODYNÈRE. Zfl^r. Palpes maxillaires longs. Gre. 2. PTÉROCHiLE. Klug. Palpes maxillaires courts. La première famille de la tribu des Euméniens , les MàSARiDEs, ne nous occupera pas longtemps : elle com- prend deux groupes , les masakites et les ceramites. Le premier renferme les genres Masaris et Cœlonite. Une seule espèce appartient au genre Masaris; ses mœurs sont igno- rées, seulement ses antennes longues etfusiformes en font un des insectes les plus singuliers de l'ordre des Hymé- noptères. Un seul individu , représenté pi. 3 , fig. 6 , a été rapporté de Barbarie , au Muséum d'histoire naturelle de Paris, par le célèbre botaniste Desfontaines. Les habitudes du genre Cœlonite n'ont pas été mieux ob- servées que celles des Masaris : on en connaît trois espèces de Barbarie et du Midi de l'Europe qu'il est facile de re- connaître à leur corps ramassé , nuancé de jaune sur un fond noir, et à leurs petites antennes renflées en massue. Les cér.vmites se composentdu seul genre Céramie, dont on ne connaît encore que cinq espèces, tant dEurope que d'Afrique; aucune d'elles n'a été étudiée dans ses mœurs. La seconde famille, que nous appelons les eumé- NiDES, comprend trois groupes bien distincts : les svna- GRITES, les EUMÉNITES Ct IcS ODYKÉRITES. Le genre Synagris, qui appartient seul au premier de ces groupes, ne renferme que quelques espèces exoUijues. Les EUMÉNITES sont répandus dans toutes les partiesdu 7 monde : on les reconnaît, dès le premier abord , à leur ab- domen, dont le premier anneau ressemble à une clochette Leur livrée est du reste à peu près la même que celle des Guêpes. On connaît un assez grand nombre d'espèce du genre Eumène; mais trois seulement sont propres à l'Europe méridionale; l'une d'entre elles habite toute la France : c'estl'Eumène étranglée [Eumenes coarctata), (pi. 3, fig. 7 ), qui est noirâtre avec la partie antérieure du corselet, une petite ligne sur l'écussou et deux points sur le second anneau de l'abdomen de couleur jaune. Les nids de ces in- sectes n'ont jamais été bien étudiés, du moins à notre con- naissance; mais plusieurs personnes ont vu fréquemment des Eumènes emportant dans leurs mandibules des insectes vivants : ce qui annonce que leurs habitudes diffèrent peu de celles des Od ynères. Le genre Discœlie, très-voisin des Eumènes, a été ob- servé dans les mêmes conditions. M. Audouin a vu le D. à ceinture, {Discœlius zonatus) insecte noir, avec l'abdomen ceinturé de jaune, emportant des chenilles de la Pyrale de la vigne toutes vivantes, et M. de Saint-Far- geau a remarqué un individu de la même espèce, qui avait choisi un trou, dans la pierre d'une fenêtre, pour y dépo- ser ses œufs. On rapporte encore au même groupe le genre Zèthe , qui ne renferme que quelques espèces exotiques, générale- ment bleuâtres ou violacées, ressemblant beaucoup à nos Eumènes par la forme générale de leur corps. Notre troisième et dernier groupe de la famille des Euménides , celui des odynérites , a pour type le genre Odynère. Celui-ci est très-nombreux en espèces : on en trou- ve une grande quantité en Europe ; elles ressemblent à de petitesGuêpesnoires, ceinturées de jaune. Nous devons a DUS liNSECTES. Tf, Réaiimur,à Audouiii,àlVIM. LéonDufouretSehuckarddes Dbservationspleines d'intérêt sur les habitudes de quelques Odynères. Réaumur appelait la Guêpe solitaire l'in- secte qu'il a étudié. Presque tous les entomologistes le rapportaient à l'Odynère des murailles [0. muraria. Lin). Mais M. Audouin a démontré que l'insecte observé par Réaumur n'était autre chose que l'Odynère à pattes épi- neuses {O.spinosus, Lin.) ; il est noir avec les palpes, le labre, lœ mandibules, l'extrémité du chaperon, une petite tache derrière chaque antenne et une autre derrière chaque œil , les huit premiers articles des antennes, le pro- thorax et les paraptères jaunes, ainsi que les pattes ; cel- les-ci ayant des bandes etune tache sur les jambes de cou- leur noire, chaque anneau de l'abdomen bordé de jaune. Cet Odynère pratique dans le sable ou dans les murailles un trou profond de quelques pouces : à son ouverture il élève un tuyau d'abord droit, ensuite recourbé et com- posé d'une pâte terreuse en gros filets contournés. Après ce travail, l'habile travailleuse entasse dans la cellule in- térieure huit à douze petites larves vertes et apodes, toutes du même âge : elle les pose par lits, les unes au-dessus des autres ; et après avoir pondu un œuf près de cette provi- sion, elle bouche le trou et détruit l'échafaudage qu'elle a construit. Cette observation faite depuis longtemps a été complétée par M. Audouin. 11 a reconnu que chaque ou- verture ne correspond pas à un seul tube, comme Réau- mur semblait le croire. Il a constaté qu'un trou servait ordinairement d'orifice à deux ou trois tubes, et qu'alors il y a économie de temps et de peine pour l'insecte, puis- que, après avoir approvisionné ses œufs, il n'aura qu'une seule ouverture à fermer pour plusieurs larves. M. Au- douin ayant examiné ces Odynères au moment où ils ap- provisionnaient leurs nids, les vit aller chercher dans un champ de luzerne voisin , de petites larves vertes par- venues à leur plus haut degré d'accroissement. Il recueillit plusieurs de ces larves, dont quelques-unes se métamor- phosaient en nymphe. Peu de jours après on vit éclore l'insecte parfait, c'était le Phytonome variable [Phijtono- musvariabilis), petit insecte de la tribu des Curculioniens ou Charançons. L'Odynère ayant filé son cocon dans sa cellule, le 26 juin, ne se transforma en nymphe que le 21 mai de l'année suivante, et demeura encore dans cet état durant quatorze jours avant de se métamorphoser en insecte parfait. Une autre espèce d'Odynère, voisine de celle que nous venons de décrire, a été observée dans les environs de Saint-Sever par M.Léon Dufour, qui d'abord avait cru aussi reconnaître en elle l'insecte observé par Réaumur ; mais elle en est très-distincte. En conséquence, cet habile observateur l'a appelée VOdynère cleRéauniur ( 0. Keau- miini,Duf.). M. Léon Dufour nous rapporte ce qui suit à l'égard de cet Industrieux Hyménoptère. " Depuis plusieurs années, dit-il , j'avais remarqué aux environs de Saint-Se- ver, dans le département des Landes, des terrasses argileu- ses, criblées de trous d'Odynères surle revers méridional. Chaque printemps,j'allais par un beau soleil payer un tribut d'admiration aux habiles ouvriers de ces habitations sou- terraines et de ces tuyaux extérieurs de terre guillochée si parfaitement semblables à ceux décrits par Réaumur. Pendant le cours du mois de mai de l'année 1838, j'ai voulu poursuivre mes recherches comparatives. J'ai isolé le domicile de l'Odynère. J'ai soumis à l'examen le plus- attentif et le plus scrupuleux et la larve et ses provisions débouche et les manœuvres de la vigilante mère. J'ai surpris, saisi celle-ci tenant entre ses mandibules et sans la blesser une petite chenille verte; dans chaque conduit DES INSECTES. 7 7 OU dans chaque uid, j'ai trouvé une larve approvisionnée d'une brocliée de dix à douze de ces chenilles vivantes, toutes vertes avec un liséré longitudinal de chaque côté. « A l'exemple de Réauraur,j'ai été curieuxd'élevermoi- mêntje des larves d'Odynères sous mes yeux. J'en ai placé de très-jeunes, isolément, dans des tubes de verre : je leur ai donné à chacune une douzaine de chenilles, prises dans les nids de la terrasse. « J'assistais quotidiennement à leur repas : je les voyais manger avec voracité, grandir à vue d'oeil. Au bout de deux semaines, elles avaient acquis tout leur développe- ment comme larves; elles demeuraient alors presque im- mobiles au-dessus du tas des dépouilles de leurs victimes, occupées à revêtir de soie leur domaine. » Comme il est facile de s'en convaincre, en comparant la description de la vie de l'Odynère à pattes épineuses et de l'Odynère de Réaumur, ces deux espèces ont des habi- tudes bien identiques ; mais leurs caractères zoologiques les distinguent nettement. Il n'en est pas de même d' une troisième espèce également observée par M. Dufour, et que nous avon^ un peu étudiée nous-mêrae, dans ces derniers temps,aux environs de Paris. Elle a reçu le nom d'Odyuère rubicole (0. rubicola. Du/. ) parce que c'est dans les tiges sèches des ronces qu'elle établit le berceau de sa progéniture. Cet insecte (pi. 3 , fig. 8 ) ressemble beaucoup aux pré- cédents par ses couleurs; mais ses pattes sont dépourvues d'épines : ce caractère l'en distingue facilement. Il choisit, pour construire son nid, une tige sèche de ronce; ayant soin toutefois de ne jamais prendre celle qui est perpendi- culaire au sol et dont l'extrémité est dirigée en ligne droite vers le ciel il s'adresse toujours à celle qui est horizontale 78 HISTOIRE OU inclinée vers la terre, assez grosse et assez dun; pour supporter les coques qu'elle est destinée à recevoir. L'in- secte, la creuse d'abord à la profondeur de plusieurs pou- ces, en enlevant successivement la moelle qui la remplit : il va chercher ensuite des matériaux pour construire à l'intérieur des coques au nombre de deux , trois , quatre ou cinq; quelquefois ce nombre s'élève jusqu'à dix, tou- tes placées à environ deux lignes de distance les unes des autres. Ces loges, formées par une terre bien pétrie, mêlée à des grains de sable et à quelques fragments de moelle de ronce, sont de couleur brune ou d'un gris sale , ayant six a sept lignes de long sur trois de large. Dans l'intervalle qui existe entre ces diverses coques, on trouve de la moelle en- tassée (pi. 3, fig. 11). Lorsque les larves ont atteint toute leur croissance, elles sécrètent une matière soyeuse, blan- châtre, dont elles garnissent les parois internes de leur co- que. La partie supérieure, qui correspond à la tête de la larve ou de la nymphe, est tronquée et fermée par un dia- phragme, fait d'une étoffe soyeuse, analogue à celle qui garnit les parois internes. Il est tendu comm.e la peau d'un tambour et débordé par un prolongement du tube terreux. Ce qui rend ce couvercle surtout remarquable, c'est qu'il ne consiste pas seulement en une simple membrane, mais qu'il est composé de deux tuniques, séparées par une cou- che de moelle de ronce très-serrée. C'est dans la première quinzaine de juin que l'Odynère construit son nid : elle place alors au fond de chaque cel- lule un œuf oblong, de couleur jaunâtre , qu'elle appro- visionne comme les autres espèces, d'une douzaine de pe- tites larves vertes, mois qui appartieiment certainement à une autre espèce. La larve de l'Odynère a acquis sou entier DES liN SECTES. 7f) développement quand elle a consommé toutes ses provi- sions : elle est alors ( pi. 3 , fig. 9) longue de cinq lignes, apode, oblongue et d'un jaune assez vif. C'est à ce moment qu elle tapisse sa coque et construit son couvercle pour clore hermétiquement son humble habitation. Ces larves ne mettent pas plus d'une douzaine de jours pour ac- quérir toute leur croissance; mais, ensuite, elles restent dans un état complet d'engourdissement pendant dix à onze mois, c'est-à-dire jusqu'à la fin d'avril ou le com- mencement de l'année qui a suivi la ponte des œufs. La transformation en nymphe a lieu à cette époque. Les nymphes(pl. 3, fig. 10), blanchâtres comme les larves, se colorent pendant leur dernière période; leur forme étran- glé-e entre le corselet et l'abdomen rappelle déjà l'aspect de l'Odynère. Les insectes parfaits apparaissent à la fin de mai ou au commencement de juin. Un fait bien digne de remarque, c'est la manière dont s'effectue la sortie des insectes parfaits , qui doivent tous quitter leur retraite par l'extrémité supérieure de la tige. Les coques sont toutes placées les unes au-dessus des autres; si un insecte parfait d'une des loges inférieures était venu à éclore le premier, il aurait détruit tous les autres sur son passage; mais il en est autrement. C'est l'insecte qui se trouve dans la coque placée le plus près de l'extrémité de la tige , c'est-à dire dans la dernière construite, qui doit sortir le premier et frayer le chemin au second, qui en fera autant pour le troisième, et ainsi de suite successivement jusqu'au dernier. Une autre espèce de genre Odynère, probablement TO. ])i\vent{0. cognât us Duf.), paraît avoir des habitudes très- analogues à celle dont nous venons d'esquisser l'histoire ; seulement les tiges qu'elle choisit sont différentes. C'est à M. Audouin que nous devons de connaître plu- sieurs particularités de la vie de cet Hyméuoptère. Il l'a vu plusieurs fois dans une campagne des envi- rons de Paris, venir creuser des branches de sureau fichées en terre ; il a découvert le travail de l'industrieux Eumé- nien, qui creuse la moelle du sureau et établit dans l'inté- rieur des tiges, comme rOdynèrerubicole,unesérie de loges pour ses larves. M. Aiidouin a remarqué encore que l'Ody- nère creusait d'abord la tige obliquement, sans doute dans l'intention de mieux protéger de la pluie la demeure de ses jeunes. (PI. 3, fig. 12, tige de sureau montrant quelques loges de TOdynère parent! (0. cognatus.) On a mentionné encore le nid de quelques autres Ody- nères. M. Westwood avu VO. Antilope nourrissant ses pe- tits avec les chenilles d'une espèce qu'il croit appartenir au genre Crambus. II a remarqué également l'O. à anten- nes épaisses (0. crass'icornis)^ quiapprovisionnaitson nid avec les larves de la Chrysomèle du peuplier. L'Odynère pariétine [O. parietum. Lin.), selon M. Bouché, nourrit ses larves avec des chenilles de petits papillons nocturnes telles que des Pyrales. LesOdynères ont aussi leurs ennemis. Quelques espèces de Diptères viennent déposer leurs œufs dans les nids qu'elles ont laborieusement construits, et les larves de ces derniers vivent aux dépens des provisions amassées par les Odynères. Les larves de ceux-ci viennent ainsi dans quel- que cas à périr de faim, Nous n'avons rien à dire du genre Ptérochile ; il esi éta- bli sur quelques espèces ressemblant beaucoup à des Odynères; personne n'a encore été assez heureux poui' pouvoir étudier leurs habitudes. Le type du genre est la Ptérochile ceinturée [Pt.pHalœmta), qui habite la France^ l'Alleinagne, etc. DES I.\SECÏES. 81 QUATRIÈME TRIBU. LES CRABROxMENS. Les insectes qui composent cette tribu et la suivante, comme ceux qui appartiennent à la précédente, vivent à l'état d'insecte parfait sur les fleurs; c'est là le cas de tous les Hyménoptères; mais leurs larves ne vivent que de proie vivante. Cette proie, comme nous l'avons vu en parlant desOdynères, leur est apportée par les mères, qui creusent elles-mêmes dans le sable ou dans le bois des demeures pour leurs jeunes. Plusieurs insectes de cette tribu et de la suivante ne portent pas tous aux tarses et aux jambes des épines et des cils propres à fouir aussi manifestement que les autres; M. de Saint-Fargeau les a regardés comme parasites. 11 a pensé que ces espèces devaient être incapables de creuser des habitations pour leurs larves, et qu'elles déposaient probablement leurs œufs dans les nids des Crabroniens et des Sphégieus , qui savent approvisionner leurs petits. — Cependant cette opinion a été vivement combattue par plusieurs entomologistes anglais , qui assurent au contraire que plusieurs de ces insectes ont été observés par eux-mêmes fouissant le sable. Devant des faits positifs, toute hypothèse doit nécessairement dispa- raître. Les Crabroniens soutdes Hyménoptères de moyenne taille, parfaitement recounaissables à leur tête large et carrée, et à leurs jambes plus ou moins ciliées ou épi- neuses. La plupart des espèces sont nuancées de jaune sur un fond plus ou moins noir, brun ou roussâtre. Ces couleurs rappellent bien un peu celles des Guêpes et des Odynères; mais les caractèresde forme que présentent les Crabroniens les en distinguent complètement. Les femelles sont toujours pourvues d'un aiguinondont la piqûre est très-douloureuse. C'est au commencement de la belle saison qu'elles entre- prennent la construction de leurs nids. Nous divisons la tribu des Crabrouiens de la manière suivante : DIVISION DA LA TRIBU DES CRABRONIENS EN FAMILLES, GROUPES ET GENRES. Faiiiille 1. CRABRONIDES. Groupe I. CRABRONITES. Genre 1. tripoxvlon. Lalr. Gre. 2. corïtès. Latr. Gre. 3. crabro. Fabr. Gre. 4. stigme. Jur. Gre. 5. spiLOMÈîiE. Skuck- Gie. 6. DIODONTE. Curtis. Gre. 7. pemphredon. Fab. Labre toujours caché, Mandibules unies, sans écliancrure au côté in- terne Antennes renflées à l'extrémité. Ab- domen sans étranglement. Antennes eu massue. Mandibules bi- dentées. Antennes presque filiformes, renflées en massue, seulement à l'extrémité. Mandibules bidentées. Antennes coudées , fusiformes dans les mâles, filiformes dans les femelles Mandibules terminées en pointe bifide. Antennes fusiformes non coudées. Mandibules arquées, tridentées. Jam- bes postérieures épineuses. Antennes coudées , fusiformes. Man- dibules bidentées dans les mâles, sim- ples dans les femelles. Jambes posté- rieures sans épines. Antennes coudées, grossissant vers l'extrémité. Pattes épineuses. Antennes coudées, dilatées, un peu en scie dans les mâles. Mandibules très-fortes, quadridentées. Jambes épineuses. DES INSECTES. »3 Gre. 8. cÉMONE. Jur. Gre. 9. melli.ne. Fab. Gre. 10. AL\soN. Jm\ Gre. 11. PSEiN. Latr. Groupe 2. CEP.CliRlTES. Gre. 1. CERCERis.La/r Gre. 1. PHiLANTHE. Fab. Groupe. 3. NYSSONITES. Gre. 1. ASTATE. Lalr. Gre. 5. NYSSON. Latr. re. 3. o.vYBÈLE. Latr. Gre. 4. nitèle. Latr. Gre. 5. pison. Spin. Fam. 2. LARBIDES. Antennes coudées, dilatées un peu en scie dans les mâles. Mandibules fortes, tridenlées. Antennes presque filiformes. Mandi- bules tridenlées dans les mâles, bi- dentées dans les femelles. Antennes filiformes. Mandibules tri- dentées. Cuisses postérieures offrant une dentelure à l'extrémité. Antennes insérées au milieu de k face, renflées en massue à l'extré- milé. Mandibules bidentées. Pattes Antennes renflées. Abdomeu contrac- té à la base. Antennes rapprochées à la base, ren- flées en massue vers l'extrémité. Mandibules tridenlées. Pattes épi- neuses. Antennes écartées à la base, brus- quement renflées en massue à l'ex- trémité. Mandibules unidentées. Antennes filiformes. Mandibules arquées, bidentées Jam- bes épaisses. Mandibules arquées, unidentées. Pat- tes grêles. Mandibules aiguës. Jambes intermé- diaires et postérieures épineuses. Mandil)ules bidentées à l'extrémité. Jambes sans épines. Mandibules bidentées. Ailes pourvues •de trois cellules cubitales. Labre toujours caché. .Mandibules 84 ayant à la base une profonde échan- crure an côté interne. Gre. I. PALARE. Latr. Gre. 2. Lvp.ops. Illlg. Gre. 3. lakre. Fabr. Gre. 4. miscophe. Jiir. Gre. 5. dinète. J\ir. Fam. 3. bembecides. Gre. 1. BEMiîF.x. Fabf. Gre. 2. monf'dile. T.atr. Gre. 3. stize. Latr. irquées à l'extrémité el Mandibules dentées. Mandibules arquées, ternainées en pointe aiguë. Mandibules sans dentelures. Mandibules tuberculées et unidcntées. Mandibules tridenlées. Labre triangulaire, toujours percep- tible. Mandibules pointues, «niden- lées, au côté interne. Mâchoires et labre très-allongés, for- mant une sorte de trompe. Palpes courts, les maxillaires de quatre arti- cles, les labiaux, de deux. Mâchoires et labre allongés, formant une sorte détrompe, palpes longs, les maxillaires de six articles , les labiaux de quatre. Mâchoires et labre courts, ne formant pas de trompe. Notre première famille de la tribu des Crabroniens , celle des cbabronides, est elle-même divisée en trois groupes, les crabronites les cergerites et lesNYsso- NiTES. Tous ces insectes appartiennent spécialement à l'Europe, surtout à l'Europe méridionale, et au nord de l'Afrique. Les premiers principalement,se composent d'un nombre de genres assez considérable. Le type du groupe est le genre Crabro ' , qui renferme une très-grande quan- tité d'espèces. Plusieurs d'entre elles ont été observées par ' Plusieur.s genres ont été établis aux dépens de celui-ci par MM. St. Fargeau et Brullé. La faible iinporlance de leurs caraclères les a fait regarder comme de simples divisions par tous les entomologistes. DES INSECTES. 85 divers naturalistes, et nous ont dévoilé des habitudes pleines d'intérêt. Un entomologiste anglais, M. Schucliard, a vu le Crabro à grosse tête ( C. cephalotes) , (pi. 4, fig. \) creusant des cellules dans le bois pourri à l'aide de ses mandibules et en rejetant les parcelles avec ses jam- bes postérieures. Plusieurs insectes du même genre appro- visionnent leurs nids avec certains Diptères. Cependant Latreille assure en avoir vu une espèce fournissant ses larves d'une petite chenille de Pyralide. D'autre part, il a été observé que certains Crabros s'en prennent de pré- férence à des Pucerons. Il en est de même pour diverses espèces des genres Diodonte et Pemphredon, qui creusent des tubes dans le bois pourri ; ils apportent à leurs nids une quantité assez considérable de Pucerons, qu'ils vont chercher sur les plantes en les saisissant avec leurs mandibules. M. Kennedy a encore observé, ainsi que nous l'avons fait nous-même, le Spiloraène troglodyte, petit insecte entièrement noir, avec le premier article des antennes et les tarses postérieurs ferrugineux. Celui-ci, répandu dans une grande partie de l'Europe, choisit les pailles creuses du chaume qui couvre les habitations des campagnes, pour y loger ses larves. On trouve ainsi dans des fétus de paille un ver ayant autour de lui une provision d'une cin- quantaine de petites larves de Thrips. Le Cémone lugubre a été remarqué par M. de Saint-Far- geau creusant des nids dans le bois pourri et dépouillé de son écorce. La retraite des espèces de ce genre est connue ; mais nous ignorons quels sont les insectes qui servent à la nourriture des larves. Plusieurs entomologistes nous ont fait connaître les ha- bitudes du Melline des champs [M. arvensis), insecte 86 HISTOIRE noir, varié de jaune, ayant les pattes de cette dernière cou- leur, avec la base des cuisses noire : il creuse son nid dans les endroits sablonneux et l'approvisionne de diverses mouches appartenant à plusieurs genres ; car il est à re- marquer que certaines espèces font toujours leur nourri- ture exclusive du même insecte, tandis que d'autres s'adressent volontiers à des insectes différents. Le Melliue des champs se contente de huit à dix proies pour chaque larve. Celle-ci, après avoir acquis toute sa croissance, se fait une coque soyeuse et la solidifie avec les parties du corps des individus qui ont servi à sa nour- riture. Le type du genre Psen, le Ps. noir, est entièrement de cette couleur et pubescent avec les pattes antérieures jaunes dans le mâle; selon M. Schuckard, il creuse le bois et apporte à ses jeunes des larves de plusieurs espèces d'Hémiptères homoptères. Ce Psen noir est assez abon- damment répandu dans la plus grande partie de l'Eu- rope. Pour compléter l'histoire du groupe des Crabronites, il nous reste à dire quelques mots de trois genres chez lesquels on ne voit pas les épines robustes qui existent aux jambes des autres Crabronites. La prise en considé- ration de ce caractère a fait regarder ces insectes par M. de Saint-Fargeau comme étant impropres à fouir. Il en a tiré de là cette induction que les Gorytes, les Try- poxylons et les Alysons devaient déposer leurs œufs dans des nids déjà approvisionnés et construits par des espèces d'autres genres. M. Westwood, savant entomologiste an- glais, affirme au contraire avoir vu leGoryte à moustache [G. mystacens)^ assez commun en France aussi bien qu'en Angleterre et en Allemagne, transportant sous son corps, DES INSECTES 87 à l'aide des jambes du milieu, la larve de l'Aphrophore écumante'. [Aphrophora spumaria, Fab.). Les habitudes des Trypoxylons ont encore été remar- quées, en Angleterre , par MM. Westwood et Kennedy ; l'un et l'autre les ont vus transportant de petites araignées. Les nids de ces insectes contiennent d'ailleurs des arai- gnées en nombre variable, suivant leur grosseur. Il pa- raît que les Trypoxylons profitent quelquefois des trous formés par d'autres insectes; mais ils savent très-bien du reste les rendre propres à recevoir leurs larves, eu les agrandissant et en les couvrant de sable fin. Quant aux es- pèces du genre Alyson, leurs habitudes n'ont pas encore été observées directement. Le petit groupe des cercekites se reconnaît, dès le premier abord, aux premiers segments de l'abdomen, qui sont étranglés. Le genre Cerceris , type du groupe, ren- ferme plusieurs espèces toutes noires, variées de jaune, qui habitent la France et la plus grande partie de l'Eu- rope. L'une d'elles, la Cerceris des sables [C. areimria)^ creuse son nid dans les endroits sablonneux ; ce qu'il y a surtout de curieux dans ses mœurs , c'est le choix des insectes qu'elle fait pour nourrir ses larves. Tandis que nous avons vu les autres Crabronides choisir des Chenil- les, des Araignées ou des insectes de consistance peu so- lide, nous voyons la Cerceris des sables rechercher les Coléoptères les plus durs, tels que des Charançons. Ces Charançons appartiennent ordinal rement à diverses espèces ; chaque nid eu contient de huit à dix. La pre- mière idée qui vient à l'esprit n'est-elle pas celle-ci : comment la larve de la Cerceris, molle, sans pattes, pouvant à peine se remuer, pourra-t-elle entamer une enveloppe si ' Insecte de l'ordre des Hémiplères. V. t. 2. 88 HISTOIRE dure? Mais voici ce que l'observation nous apprend : c'est aux individus nouvellement éclos, qui n'ont pas encore solidifié leurs téguments par un long séjour au contact de l'air, que la Cerceris femelle va s'attaquer. Ensuite , la larve parvient, sans doute par une suite d'efforts très- grands, à séparer la tête du corps ou à faire avec ses man- dibules, un petit trou dans le charançon. Elle mange seule- ment les viscères; l'enveloppe extérieure demeure intacte. M. le baron Walckenaer nous a encore tracé l'his- toire d'une autre espèce du genre Cerceris, c'est la C. or- née {C. ornata). Celle-ci creuse dans les sentiers et dans les chemins battus exposés aux rayons du soleil , des trous qui n'ont guère moins de cinq pouces de profondeur, mais dans une direction oblique. Ce sont des espèces du genre Halicte dont la Cerceris s'empare pour les porter à son nid, et en cela l'on doit s'étonner d'une telle hardiesse, puisque les Halictes sont armés d'un aiguillon comme les Cerceris. Au reste, le genre Philanthe nous fournit un exemple de témérité qui n'est certainement pas moins extraordinaire. Tous les entomologistes savent que le Phil. apivore {Phi- lanthus trianyulum, Fab.) (pi. 4, fig. 2.) nourrit ses larves avec des Abeilles, dont il sait se rendre maître en les piquant d'un coup d'aiguillon,avec une telle célérité , que l'Abeille n'a pas ordinairement le temps de se défendre. Le Philanthe apivore est noir, tacheté de jaune ; son abdomen est de cette dernière couleur, avec une tache triangulaire noire sur chaque anneau. On le trouve dans la plus grande partie de l'Europe, creusant, pendant la belle saison, des trous nombreux dans les chemins sablonneux. Chaque trou consiste en une galerie horizontale, un peu inclinée, ayant quelquefois près d'un pied de longueur. Avec ses mandibules, l'industrieux insecte détache les parcelles DES INSFXTKS. 89 de terre; avec ses pattes, il la refoule au loin. Quand ce travail est achevé, il va voltiger de fleur en fleur. Dès qu'il aperçoit une abeille qui vient pomper le miel , il s'élance sur elle avec ses mandibules il la saisit entre la tête et le corselet, et lui plonge aussitôt son aiguillon dans l'abdomen. La pauvre abeille fait encore quelques mouvements, cher- che encore à se défendre ; mais elle est impuissante et succombe aussitôt. C'est peut-être cet insecte que Virgile nous a signalé, sous le nom de Crabro, comme un redouta- ble ennemi pour les Abeilles, les attaquant avec des armes inégales. Quelquefois, eu effet, il arrive que l'audacieux Philanthe vient rôder jusqu'au bord de la ruche. A peine s'est-il rendu maître de sa proie qu'il va la porter dans son terrier. Il pond ensuite ses œufs auprès de ses victi- mes qui vont devenir la pâture de ses larves; celles-ci, comme la plupart des larves des Hyménoptères, sont oblon- gues, molles et blanchâtres; elles se filent une coque soyeuse quand elles ont pris tout leur accroissement. Nous sommes redevables à Latreille des meilleures observations qui aient été faites sur cet insecte. Le groupe des NYSsoNiTEs, bien distinct des précédents par les antennes grêles, ne renferme que quelques genres européens. Toutes les espèces ont des habitudes extrême- ment analogues à celles des précédentes. Elles creusent leurs nids dans les endroits sablonneux et les approvision- nent avec divers insectes. Plusieurs espèces du genre Oxybèle, qui sont très-abondantes pendant l'été sur les fleurs des ombellifères, s'emparent de diverses mouches. Les Astates ont été vus plusieurs fois s'emparant de cer- taines larves ou nymphes de Pentatomes, ou Punaises des bois, et M. Lepeletier de Saint- Fargeau a pris une espèce du même genre qui transportait une petite Blatte livide. s. 90 HISTOIRE Quant aux Nyssous, Nitèles, Pisons , tous ces insectes paraissent également nidifier dans les clairières ou dans les chemins sablonneux; mais nous ignorons encore quel est leur genre de proie. Les L\KKiDES , seconde famille de la tribu des Crabro- niens, sont peu nombreux en genres et ne nous paraissent pas susceptibles de former plusieurs groupes. Comme la précédente, cette famille se compose d'espèces générale- ment européennes ou du nord de l'Afrique. Toutes sont petites ou de moyenne taille. Aucune d'elles u a encore été observée, dans ses habitudes, d'une manière bien rigou- reuse. On sait seulement qu'elles habitent les lieux sablon- neux et qu'elles approvisionnent leurs larves comme le font les autres Crabroniens. C'est ainsi que l'on rencontre chez nous les espèces du genre Larra, et particulièrement la Larra anathcma, insecte long de huit à dix lignes, noir et velu , avec les ailes violacées, et les deux premiers an- neaux de l'abdomen de couleur ferrugineuse. M. Schu- ckard a remarqué que le Lyrops pompiliforme long de trois ou quatre lignes, qui habite une grande partie de l'Europe et qui ressemble assez par sescouleursà la Larra anathema, noumssait ses larves avec les chenilles d'un petit Lépidoptère. Le genre Dinète renferme une seule espèce , rare en Europe. Le genre Palare en comprend plusieurs, qui habitent seulement l'Europe méridionale, l'Egypte, l'Arabie. Tous ces Palares se reconnaissent à leur abdomen, dont les an- neaux paraissent être contractés. Ces insectes sont noirâ- tres et variés de jaune. Leurs mœurs sont ignorées. M. Westwood rapporte avoir vu le Miscophe bicolore creusant, bien que ses jambes soient privées de cils. Cet DES INSECTES. «J I insecte habite une grande partie de l'Europe; il est long de trois lignes, uoir, avec la base de son abdomen rousse et les autres anneaux bordés de brun. Trois genres seulement composent notre dernière fa- mille de la tribu des Crabroniens : c'est celle des bembéci- DEs, l'une des moins nombreuses de l'ordre des Hyménop- tères. Mais toutes les espèces sont d'une taille assezgrande, ayantun corps robuste, decouleurnoireentremêlée de taches jaunes. Les Bembéeides, en général, sont propres aux ré- gions chaudes du giobe. Ils disparaissent complètement au nord de l'Europe et de l'Amérique : leurs habitudes se rapprochent beau- coup de celles des familles précédentes. Les femelles creusent des trous dans le sable pour y déposer leurs œufs, et les remplissent d'insectes pour servir à la subsistance de leurs larves. Ces Crabroniens sont extrêmement agiles et volent rapidement de fleur en fleur en faisant entendre un bourdonnement aigu et souvent Interrompu. Plusieurs ex- halent une odeur de rose très-prononcée. L'histoire du Bembex à bec [B. rostrata, Lin.) (pi. 4, fig. 3.) a été par- faitement tracée en détail par Latreille. Cette espèce creuse des trous profonds dans le sable, où elle entasse en- suite une petite masse de divers Diptères, particulièrement des Syrphides et des Muscides : elle y dépose alors ses œufs, et ferme aussitôt l'entrée de cette retraite avec de la terre ou du sable. Le Bembex à larges tarses [B. tarsata) approvisionne de même son nid avecdes Diptères, mais plus particulièrement avec des espèces du genre Bombylie. Quelques espèces de Stizes se rencontrent dans la France méridionale et eu Espagne : elles vivent dans les terrains sablonneux, où elles fréquentent les ombellifères. Plusieurs autres Stizes, d'une taille supérieure à celle 92 HISTOIRE des nôtres, sont répandus dans les régions intertropicales. Enfin le genre Monédule, très- voisin des précédents, se compose de quelques espèces propres à l'Amérique. CINQUIÈME TRIBU. LES SPHÉGIENS. Après ce que nous avons dit des habitudes générales des Odynériens et des Crabroniens , nous avons peu de chose à dire des Sphégiens, considérés dans leur ensemble. Ces insectes ont des mœurs analogues aux précédents, pour la manière d'élever leur progéniture et de lui four- nir sa subsistance. II ne reste donc qu'à signaler à chaque genre des ha- bitudes particulières, telles que le choix de l'emplacement et le choix des espèces qui doivent être données en nourri- ture aux jeunes larves. Les Sphégiens sont remarquables par la grande di- mension de plusieurs d'entre eux, qui peuvent être comp- tés parmi les Hyménoptères de la plus grande taille. Les espèces composant cette tribu sont répandues dans toutes les parties du monde ; mais celles des pays chauds l'emportent généralement sur les autres en dimension. La plupartdes Sphégiens sont d'une couleur bleue violacée, plus ou moins noirâtre et brillante, avec des ailes qui participent ordinairement de la même nuance. Les femel- les sont toujours armées d'un redoutable aiguillon. Nous divisons comme il suit la tribu des Sphégiens eu trois familles : DIVISION DE LA TRIBU DES SPHÉGIENS EN FAMILLES, GROUPES ET GENRES. r*^ Famille, sphégides. Antennes longues, filiformes ou sé- tacées. DES INSECTES. 93 Groupe 1 . POMPILITES. Genre 1. pespis. Lin. Gre. 2. MACROMERis. S. Far g Gre. 3. ceropales. Latr. Gre. 4. pompile. Latr. Gre. 5. PLANicEPS. Latr. Gre. 6. APORE. Spin. Gre. 7. exeire. Schuck. Gpe. 2. SPHÉGITES. Gre. 1. SPHEX. Lin. Gre. 2. AMMOPHiLE. Kirby. Gre. 3. pkonée. Latr. Gre. 4. dolichure. Zo^r. Gre. 5. CHLORiON. Latr. Gre. 6. PODiE. Fabr. Gre. 7. pélopée. Latr. V. Fam. ftCOi.iiDES. Prothorax large sans étranglement. Mandibules longues, courbées, faible- ment unidentées. Palpes maxillaires à peine plus longs que les labiaux. Labre grand. . Mandibules fortes, bidentées. Palpes maxillaires notablement plus longs que les labiaux. Labre à peine visible. Mandibules ayant une dent à l'extré- mité. Palpes maxillaires beaucoup plus longs que les labiaux. Mandibules bidentées. Mandibules dentées. Pattes ayant une seule rangée d'épines. Mandibules arquées et bidentées. Pattes épineuses, les jambes posté- rieures ayant une double ran gée. Mandibules quadridentées. Pattes lon- gues, les jambes fortement épineuses. Protliorax rétréci , formant une sorte de cou très-distinct du mésothorax. Mandibules larges, arquées et bi- dentées. Mandibules longues, arquées et iri- dentées. Mandibules dentées. Labre offrant au milieu une languette longue et étroite. Mandibules longues et dentées. Mandibules longues, unidentées au milieu. Labre quadrilobé. Mandibules presque unies au côté in- terne. Labre quadridenté. Mandibules arquées et faiblement unidentées. Antennes épaisses, souvent fusiformes 9J Gpe. 1 SAPIGITKS. Gre. 1. POLOCHKE. Spin. Gre. 2. Gpe. 2. Gre. 1. Gre. 2. Gre. 3 Gre. 4. Fam. 3. Gre. 1 sAi'YGE. Latr. . SCOLllïES. . scoLiE. Fabr. . MÉRiE. Hlig. . MYZiNE. Latr. . TiPHiE. Fabr. MUTILLIOES. . MÉTiioyiE. La(r. Gre. 2. thynne. Fabr Gre. 3. «lure. Klug. Gre. 4. MYRMOSE. Latr. Gre. .'). MUTILLE. Lin. Gre. 6. PSAMMOTHERME. Lut. HISTOIRE Antennes plus longues que la tête el le thorax réunis. Pattes non épineuses. Antennes filiformes. Mandibules ar- quées, excavées intérieurement, tri dentées à l'extrémité. Antennes renflées. Mandibules tri- dentées. Antennes plus courtes que la tête et le thorax réunis. Pattes épineuses. Mandibules tridentées dans les mâles , sans dents et fortement arquées dans les femelles. Palpes de trois articles. Mandibules sans dentelures. Palpes maxillaires de six articles. Mandibules bidentées. Palpes maxil- laires de six articles. Mandibules larges, canaliculées. . Cuisses dilatées. Antennes filiformes , assez épaisses. Antennes filiformes; un peu épaissies à l'extrémité dans les femelles. Man- dibules bidentées. Antennes droites dans les mâles, con- tournées dans les femelles. Mandibules bidentées. Diffère des Thynnes par les trois derniers articles des palpes maxillai- res, extrêmement longs dans les mâles, et les épines des jambes simples dans les femelles. Antennes presque filiformes. Mandi- bules unidentécs dans les femelles, tridentées dans les mâles. Antennes sétacées. Mandibules comme dans les Myrmoses. Antennes pectinées dans les mâles. DES INSECTES. 95 Gre. 7. aptérogyne. Latr. Antennes longues, grêles et sétacées dans les mâles. Les deux premiers an- neaux de l'abdomen en forme de nœuds. Les SPHÉGIDES. La première famille de notre tribu des Sphégiens , est divisée en deux groupes; le premier, celui des poMPiLiTEs renferme un assez grand nombre d'es- pèces, la plupart exotiques." Aussi les habitudes de ces insectes n'ont-elles pas été parfaitement observées. Cepen- dant le genre Pompile comprend plusieurs espèces indi- gènes, dont nous sommes loin encore de connaître toute l'industrie. Nous savons seulement que la plupart prati- quent des trous dans le vieux bois, ou profitent d'ouver- tures déjà toutes faites. Quelques-uns aussi creusent dans le sable. La nourriture destinée à leurs larves, qu'ils por- tent à leurs nids , consiste en araignées , qui paraîtraient bien redoutables pour la plupart des autres Hyménoptè- res. Mais les Pompiles, qui passent pour les plus féroces, ne reculent jamais devant la hardiesse des araignées. Le plus souvent ils chassent ces araignées errantes, qui ne filent point de toile; quelquefois ils ne redoutent pas même ces toiles où tant de mouches , des guêpes et des abeilles, trouvent ordinairement la mort. Des Pompiles vont saisir jusque dans sa retraite notre grosse araignée domestique. Un Pompile montant sur sa toile, celle-ci s'aperçoit de la présence d'un étranger et sort aussitôt de son tube, croyant avoir à s'emparer d'une proie. Elle s'arrête alors à la vue de son ennemi. Le Pompile s'élance sur elle, il la per- ce en même temps de son terrible aiguillon, et l'emporte à son nid. Ces araignées ne meurent pas malgré leurs bles- sures, mais le venin du Pompile les a plongées dans un état d'engourdissement qui ne leur permet plus de se mouvoir. Selon M. Lepeletier deSaiiit-Fargeau, lePompile, arrivé 96 HISTOIRE à l'entrée de son nid , y pose sa proie sur le bord et la pousse avec la tête au fond du trou, où il a déposé un œuf; sept à huit araignées, ajoute-t-il , complètent sa pro- vision. Il bouche ensuite l'entrée de l'habitation avec de la sciure de bois. D'après le récit de quelques voyageurs, il paraît que les Pompiles exotiques approvisionnent éga- lement leurs larves avec diverses araignées. On connaît aujourd'hui environ une cinquantaine de Pompiles européens. Les plus abondants dans notre pays, pendant toute la belle saison, sont le Pompile varié (P. variegatus, Lin.)^ insecte noir, avec Fextrémité des mandi- bules roussâtre et les ailes diaphanes, offrant deux bandes transversales noirâtres, et le Pompile des chemins {P. viaticus, Lin.)^ également noir, avec les trois premiers an- neaux de l'abdomen roux et les ailes brunes avec l'extré- mité noire. Tous ces insectes sont remarquables par leur grande agilité; leurs antennes sont toujours vibrantes; leurs ailes sont sans cesse agitées, même lorsqu'ils se posent sur une fleur. Le genre Pompile a été divisé en plusieurs sous- genres, fondés sur des caractères d'une très-médiocre importance. Les divers genres qui appartiennent au groupe des Pompilites ne présentent sans doute pas de différence, en cela avec les vrais Pompiles, si ce n'est peut-être dans le choix de leurs victimes; mais ces insectes n'ont pas en- core été bien étudiés. Les espèces du genre Apore, de taille moyenne ou même petite, sont peu nombreuses et habitent l'Europe, princi- palement le Midi. Les Planiceps, que l'on reconnaît facilement à leur tête aplatie, sont dans le même cas que les Apures. Mais les Macroméris et les Pepsis, les géants dans ce DES INSECTES. 97 groupe, sout propres aux régions les plus chaudes du globe. Les premiers habitent les Indes orientales et les archi- pels de l'océan Pacifique, les seconds sont bien plus nom- breux en espèces et ont pour patrie l'Amérique méridio- 'nale. Au rapport de plusieurs voyageurs, la piqûre de leur aiguillon est très-douloureuse : leur agilité est extrême. Le genre Ceropales est composé seulement de quelques espèces indigènes. M. deSaint-Fargeau les regarde comme parasites, ne construisant pas de nids, mais déposant leurs œufs dans des retraites appartenant à d'autres es- pèces , les aj^ant vus parfois entrer dans les nids d'Hymé- noptères réellement fouisseurs, dans le but bien probable d'y déposer leurs œufs. Les jambes simples de ces insectes paraissant impropres à fouir le bois ou la terre, semblent confirmer cette demi -observation. On a décrit une seule espèce de la Nouvelle-Hollande du genre Exeire {Exeirus). Les sPHÉGiTES, second groupe de la famille des Sphé- gides, sont plus abondants dans notre pays que les Pom- pilites; on les reconnaît facilement à leur corselet étranglé, à leur abdomen dont le pédicule est ordinairement très- long. Le genre Sphex proprement dit, le type du groupe, renferme une grande quantité d'espèces exotiques ; les in- digènes sont au contraire peu nombreuses ; mais leur indus- trie a encore été fort mal observée ; M. de Saint-Fargeau rapporte que son fils a pris plusieurs fois, eu Algérie, trois espèces de Sphex, qui transportaient à leur nid des Orthoptères de la tribu des Acridiens. D'autre part, nous ti-ouvons affirmé dans les Mémoires de la société philoso- phique de Philadelphie, que le Sphex bleu, propre à l'A- mérique du Nord, a été vu emportant une araignée huit fois plus pesante que lui. 98 HISTOIRE Quelques personnes ont encore avancé que certains Sphex approvisionnaient périodiquement leurs larves avec des puces vivantes. Cela est très-peu probable ; car ce se- rait contraire à tout ce que nous observons ailleurs. Tous les Sphégiens aussi bien que les Crabroniens périssent peu de temps après avoir préparé des aliments à leur postérité, et ils ne voient jamais les êtres auxquels ils ont donné le jour. Les habitudes des Ammophiles nous sont un peu mieux connues. On rencontre fréquemment dans notre pays, dans tous lesendroits sablonneux, l'Ammophiledes sables [A. sabulosa, Lin.), insecte très-allongé et grêle, noir, avec l'extrémité du troisième anneau de l'abdomen, la to- talité du quatrième et la base du cinquième d'un roux vif. On trouve cette espèce très-abondamment dans nos environs pendant tout l'été : elle creuse avec ses pattes dans la terre, au bord des chemins, des trous assez pro- fends, qui n'ont du reste rien de bien remarquable; elle y place une chenille qu'elle blesse mortellement, au moyen de son aiguillon, et pond un œuf auprès d'elle. Cette opé- ration étant achevée, elle ferme l'entrée du trou avec des grains de sable ou de petits cailloux. L'Ammophile des sa- bles attaque toujours des chenilles de papillons nocturnes , et elle ne craint pas de s'emparer des Bombicites , malgré les longs poils qui protègent leur corps. Ces Ammophiles ont quelquefois des peines infinies pour transporter leur proie, qui très-souvent est deux fois plus lourde qu'eUes- mêmes : cependant elles ne se rebutent jamais; elles la tiennent fortement avec leurs mandibules, en la soutenant, en même temps, à laide de leurs pattes postérieures : elles marchent alors avec leurs quatre pattes de devant. Lors- qu'elles rencontrent des obstacles, la fatigue devient en- DES INSECTES. 99 (Ore plus cousidérable ; et si, par hasard, leur proie vient à leur échapper, elles vont aussitôt la saisir de nouveau. Selon M. Schuckard, l'Aramophile dessables s'emparerait aussi de certaines araignées; mais toutes les autres obser- vations attestent que leur nourriture la plus ordinaire consiste en chenilles de diverses espèces. M. Westwood a encore observé l'Aramophile velue {A. hirsuta), qui construit son nid d'une manière un peu différente de l'A. des sables. Chaque ouverture paraît ne contenir jamais qu'une seule cellule. Cet insecte approvi- sionne également son nid avec des chenilles. Il fait enten- dre un fort bourdonnement lorsqu'il creuse la terre. Les Pélopées habitent les parties chaudes du globe : on en trouve dans l'Europe méridionale; mais ils sont plus abondants en Afrique, dans l'Inde et dans l'Améri- que intertropicale que partout ailleurs. Ces insectes cons- truisent des nids dans les rochers, dans les encoignures des maisons , jusque dans l'intérieur des chambres. Divers auteurs ont décrit les retraites des Pélopées : Disdéri , Pallissot de Beauvois, Drury les ont mentionnés. Réau- mur a représenté aussi le nid d'une espèce de Saint-Do- mingue. D'autre part, M. Rousseau, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle de Paris, nous a rapporté de l'île Bourbon les nids du Pélopée Hémiptère. Cet insecte (pi. 4, f]g. 4) très-abondant dans toutes les îles Mascareignes, construit la demeure de ses larves avec une terre fine de couleur noirâtre. Chaque nid consiste en un assemblage de six à vingt tubes, placés verticalement par rapport au lieu qu'ils occupent, et formés par cette ."ïiême terre, pétrie par l'insecte et cimentée avec la matière aggluti- nante que presque tous les insectes nidifiants ont la pro- priété de sécréter par la bouche (pi. 4, fig. 5). Quand cesdivei-s tubes sont approvisionnés, la femelle, 100 HISTOIBE après y avoir pondu un œuf, les ferme avec la même terre, en formant une enveloppe générale, qui donne à ces nids l'apparence d'une motte de terre fixée contre la mu- raille. Des renseignements exacts nous manquent sur les espèces qui servent de nourriture aux larves; ce sont pro- bablement des chenilles ou des araignées, comme cela existe pour d'autres espèces du même genre, selon quel- ques observateurs. Mais nous ne croyons pas, comme le prétend Pallissot de Beauvois, que les cellules soient re- visitées par la femelle , lorsque ses larves auraient con- sommé une première provision et seraient obligées d'at- tendre de nouvelles subsistances. Ceci est contraire atout ce que nous observons chez les autres Hyménoptères nidi- fiants et solitaires. Quand la larve du Pélopée a atteint son entier accrois- sement, elle se file dans l'intérieur de sa loge une coque soyeuse, de couleur brunâtre, fortement mélangée de ma- tière agglutinante. L'insecte parfait, après avoir rompu la coque de la nymphe, se pratique une ouverture circulaire, en perçant la terre qui recouvre son tube. En sorte qu'a- près la sortie de tous les individus, le nid se trouve per- foré d'un nombre de trous égal à celui des habitants (pi. 4, fig. 5). Selon M. Saunders, qui a observé les Pélopées aux Indes orientales, ces insectes seraient parasites, et les nids que nous leur attribuons seraient l'œuvre d'une espèce d'Eumène. Mais les observations de M. Rousseau, et les nids qu'il nous a rapportés, d'où sont sortis seulement des Pélopées, en quantité considérable, tend à nous prouver le contraire. Il estau reste fortsingulier que des insectes de cette tribu construisent des nids qui ressemblent beaucoup à quelques- unes des habitations des Osmiides. Ce serait le seul genre DES INSECTES. 101 parmi les Hyménoptères, dont les larves sont insectivores. Des insectes très-semblables, quant à la forme, à nos Pélopées, mais dont les couleurs sont généralement d'un bleu métallique plus ou moins vert ou violacé, les Chlo- rions, sout répandus également dans les pays chauds des deux hémisphères. On trouve à l'île de France et à l'île Bourbon, le Ghiorion comprimé [Chl. compressum), entiè- rement d'un vert métallique, avec la base des hanches et des cuisses d'un roux vif. Cette espèce est extrêmement utile, car elle fait continuellement une guerre acharnée aux Blattes ou Kakerlacs, qui malheureusement infestent, comme on le sait, toutes nos colonies. Il paraît, d'après le récit de plusieurs voyageurs, que les Chlorions construisent des nids qui ressemblent à ceux de nos Pélopées; mais ce qu'il y a surtout de remarquable dans les habitudes de ces Sphégites, c'est leur hardiesse a se jeter sur les Blattes pour en approvisionner leur nid, malgré la grande taille de ces espèces. Cet ennemi acharné, rôdant de différents côtés, s'ar- rête dès qu'il aperçoit une Blatte; celle-ci cesse aussitôt de marcher : le Chlorlon s'élance alors sur elle ; la saisissant avec ses mandibules entre la tête et le corselet, il se re- tourne lui-mêm€ pour lui enfoncer son aiguillon dans l'abdomen. Puis il lâche prise et s'éloigne jusqu'à ce que sa victime ne donne plus à peine signe de vie. Le redoutable Hyménoptère se met alors à traîner sa proie jusqu'à l'entrée de sou nid ; mais le trou n'est pas ordinai- rement assez grand pour donner passage à la Blatte. Le Chlorion ne s'en étonne point et ne recule pas devant une telle difficulté; il arrache les ailes, quelquefois même les pattes de la Blatte ; il entre lui-même dans le trou à recu- lons ; et, tirant avec ses mandibules, il y fait entrer son lu- 102 HISTOIKE secte, qui s'allonge etsecomprime contre les parois du tube. On a placé dans un genre particulier {Aphelotoma Westw.) un Insecte de la Nouvelle-Hollande très-voisin des Chlorions. INous avons peu de chose à dire des autres genres du groupe des Sphégites, car leurs mœurs n'ont pas encore été étudiées. Le genre Podie [Podium, Fab. Trigonopsis , Perti/] est composé de quelques espèces de l'Amérique méridionale, bien remarquables par leur tète extrêmement large par rapport à la ténuité de leur corps. Le genre Prônée est établi sur un petit Hyménoptére du Sénégal. Enfin, les Dolichures ont pour type le D. cornu (/). cor- niculus)^ insecte long de trois à quatre lignes , noir et pu- bescent, avec le bord postérieur de chaque segment de l'abdomen d'un roux brunâtre; répandu dans la plus grande partie de l'Europe. Un ^enre [Trirogma Westiv.)^ fondé sur une seule es- pèce de l'Inde, diffère très-peu des précédents. La famille des scoliides comprend deux groupes; le pre- mier, celui des sapygites, est le moins nombreux. Le genre Sapyge ne renferme que quelques espèces indigènes , dont le type est la Sapyge ponctuée ( Sap. punctata, KL ), noire et tachetée de blanc , habitant une grande partie de l'Europe. INous n'avons encore rien de certain sur les habitudes de ces insectes : les uns ont prétendu qu'ils creusaient des nids en terre et les approvisionnaient eux-mêmes-, d'au- tres, et c'est le plus grand nombre, pensent qu'ils dé- ÎX)sent leui-s œufs dans des nids déjà approvisiannés par d'autres Hyménoptères. ."^OPERTY or ^ M-^TCALF DES INSECTES. 103 M. Schuckard assure avoir pris le type du genre dans les cellules de l'Osraie bicorne; quelques autres observa- tions du même genre viennent encore à l'appui de celle-ci. Quoiqu'il en soit, les Sapyges méritent actuellement d'être étudiées d'une manière plus complète. Le genre Polochre est fondé sur une espèce que l'on trouve en Italie, aux environs de Bologne et de Gênes. Le groupe des scoliites renferme des espèces d'une grande taille, qui sont assez abondantes dans l'Europe méridionale. Elles appartiennent, en général, au genre Scolie proprement dit, et ont la plupart, surtout les femel- les, de grandes taches jaunes sur l'abdomen. Les Hyménoptères de ce genre présentent des différen- ces notables dans les nervures des ailes , ce qui semble au premier abord fournir des caractères suffisants pour motiver des subdivisions ; mais la grande instabilité de ces modifications ne permet pas d'y attacher beaucoup d'im- portance. Il en est de même pour plusieurs autres genres de la tribu des Sphcgiens. La Scolie des jardins [Scolia hortorum Fab. (pi 4,) fig. 6. ) est longue de quinzeà dix-huit lignes 5 elleest noire, velue, avec le front jaune tacheté de noir, seulement dans la femelle ; l'abdomen noir, avec une large bande transver- sale jaune sur les deuxième et troisième segments , sou- vent interrompue dans les deux sexes , mais toujours dans la femelle. On rencontre communément cet Hyménoptère dans les endroits sablonneux du midi de la France et en Italie. Il vole sur les fleurs pendant la plus grande chaleur du jour. La Scolie des jardins a été l'objet des observations d'un entomologiste de Florence, M. Passerini, qui a vu le premier que cet Hyménoptère nourrissait ses j euncs 104 HISTOIRE avec les larves de l'Orycte nasicorne, qui ressemblent beaucoup à nos larves de hannetons, bien qu'elles aient ordinairement une taille plus grande. Lorsque la larve de la Scolie a pris toute sa croissance, elle se file une coque soyeuse (pi. 4, fig. 7.) de forme ohlongue, de couleur brune, foncée, fortement mélangée de matière aggluti- nante, ressemblant beaucoup paria texture à la coque de diverses Tenthrèdes. Enfin nous trouvons encore la mention suivante à l'é- gard des Scolies dans le Magazin entomologique anglais : La Scolie à double ceinture (Scol. bicincta, Fab. ), fait des trous dans le sable à une profondeur de huit pouces , ayant une ouverture fort large. Un de ces trous, dans le- quel lepropriétaire venait d'entrer, ayant été examiné, on y trouva une grande sauterelle , qui était probablement sa proie. Quant à ce qui est des autres genres du groupe des Scoliites , nous ne connaissons rien des habitudes parti- culières des diverses espèces qui les composent. Le genre Mérie ne renferme que quelques espèces, dont la plus répandue est la Mérie à trois points, qui habite le midi de la France, aussi bien que l'Italie et l'Espagne. Les Myzines se trouvent en Europe, en Afrique et en Amérique, mais seulement dans les régions chaudes. Les femelles diffèrent tellement des mâles par l'épaisseur de leur corps , par la brièveté de leurs antennes et les épines des jambes, que plusieurs auteurs les ont regardées comme constituant un genre distinct, sous le nom de Plésie. Enfin le genre Tiphie, composé de quelques espèces in- digènes de petite taille, a pour type la Tiphie fémorale ( T. femorata, Fab.), noire dans les deux sexes, avec les pattes entièrement noires dans le mâle, l'extrémité des antérieures DES INSECTES. lOi et la totalité des intermédiaires et des postérieures roussâ- trcs, et l'abdomen noir dans le mâle, ayant, dans les femel- les seulement, le dernier anneau de l'abdomen et le bord postérieur des autres d'un roux brunâtre. Cette espèce a été observée creusant dans le sable des trous verticaux très profonds ; mais on ne sait pas de quel insecte elle approvisionne son nid. La femelle diffère tant du mâle que, pendant longtemps, les entomologites l'ont placée dans une autre tribu : elle a été décrite sous le nom de Béthyle velu. La troisième famille de la tribu des Sphégiens, les MUTiLLiDES, sc composc d'inscctcs bien remarquables par la différence extrême qui existe entre les mâles et les fe- melles (pi. 4, fig. Set 9) ; malheureusement leurs habitudes ne nous sont pas connues ; nous n'avons, à cet égard, que ([uelques renseignements vagues dont nous ne pouvons tirer que certaines inductions. D'autre part, les jambes, puissamment armées d'épines, surtout chez les femelles, tendent à nous prouver que ces insectes creusent des de- meures pour leurs larves, ainsi que le font la plupart des autres Sphégiens. On rencontre, au reste, les Mutillides dans les endroits sablonneux bien exposés aux rayons du soleil : elles vivent solitaires et sont très-peu répandues dans notre pays; ce qui contribue beaucoup à rendre les observations plus difficiles. Les régions chaudes des deux hémisphères en nourris- sent un plus grand nombre; et les espèces qui les habitent sont généralement d'une taille bien supérieure à celle des nôtres ; mais les petites aussi bien que les grandes sont ornées de couleurs vives très- variées , le plus souvent jaunes ou rouges. Nul doute que les Mutillides n'atta- quent des insectes pour en approvisionner leurs nids. Di- vers naturalistes assurent les avoir vues en poursuivre et 100 HISTOIRE s'en emparer. Mais il faut avouer que les détails précis manquent complètement. La grande dissemblance qui existe entre les sexes, dans cette famille, a dû, comme ou le pense bien , amener de graves erreurs. Les femelles , qui sont constamment aptères, et les mâles, qui sont toujours pourvus d'ailes, ont été placés fréquemment dans des genres différents , quelquefois même dans des familles distinctes. C'est dans ces derniers temps seulement que les sexes ont pu être rapprochés d'une mauière certaine dans différents genres. Cependant il en existe plusieurs encore dont les femelles seules sont connues 5 et, quant à ceux-là, ou ne peut réelle- ment les considérer comme des genres bien établis. Nous nous contenterons donc de citer dans cet ou- vrage ceux qui nous paraissent irrécusables. Le genre Méthoque ne comprend encore qu'une seule espèce d'assez petite taille : elle habite une grande partie de l'Europe, mais elle est rare partout. La femelle est noire et mélangée de rouge, tandis que le mâle, qui est entiè- rement noir, avait été placé autrefois dans un genre par- ticulier sous le nom de Tengyre. Les Thynnes sont des habitants de la Nouvelle-Hol- lande et de l'Amérique méridionale. Les femelles, qui dif- férent des mâles d'une manière surprenante par la forme de leur corps, par la brièveté de leurs antennes , et souvent même par leurs couleurs, ont également été classées dans un genre particulier, désigné par Latreille sous le nom de Myrmécode. A l'exemple du docteur Klug, nous rapportons aux Thynnes, comme sous-genres, plusieurs divisions éta- blies par divers entomologistes (1) et qui offrent entre elles des différences plus ou moins importantes. (1) MM. Guérin, Westwood, Scliuckard. DKS INSECTES. 107 On a décrit seulement deux espèces brésiliennes du genre jEIure {jElurus). Les Myrmoses se composentd'un petit nombre d'espèces. Le type du genre, la Myrmose à tête noire {M. melano- cephala^Fab.; atra, Panz) , se trouve dans une grande partie de l'Europe. Le genre Mutille est le plus nombreux de toute la fa- mille : on en connaît plusieurs espèces indigènes, et une plus grande quantité d'exotiques, remarquables par leur taille et la vivacité de leurs couleurs. L'une des Mutil- les les moins rares dans notre pays , est la Mutille chauve ( M. calva)-^\e mâle est entièrement noir. Chez la femelle le sommet de la tête et le corselet sont roux , et les bords de l'abdomen sont grisâtres. La Mutille européenne [M. europœa) (pi. 4, fig. 8 et 9) est plus grande que la précédente et presque aussi ré- pandue qu'elle dans toute l'Europe. Le genre Psammotherme offre des antennes fortement pectinéesdans le mâle; c'est ce qui le distingue particuliè- rement entre toutes les autres Mutillides. La seule espèce que nous connaissions provient du cap de Bonne-Espé- rance; mais il paraît que certains musées en renferment quelques autres. Le genre Aptérogyne est fondé sur un petit nombre d'espèces de la Nouvelle-Hollande. SIXIÈME TRIBU. LES FORMICIENS. Nous arrivons maintenant à une tribu composée d'une quantité d'espèces très-considérable, dont les mœurs ont été étudiées avec le plus grand soin. Les habitudes de la l)lupart des Formiciens ne sont pas moins admirables que 108 HISTOIRE celles des Apiens et des Vespiens. Elles le sont peut-être davantage sous certains rapports. Ces insectes paraissent être répandus dans toutes les parties du monde, et leur industrie s'exerce partout d'une manière non moins surprenante. Nous divisons la tribu des Formiciens en deux famil- les. Le peu d'intérêt que présente la première, compa- rativement à l'autre, nous oblige de parler des mœurs des Fourmis en général, à la seconde famille. DIVISION DE LA TRIBU DES FORMICJENS EN FAMILLES, GROUPES ET GENRES. r* Famille. i>orylides. Genre 1. LAsmE. Jiir. Gre. 2. doryle. Fabr. '2* Famille, formicides. Groupe 1. MYRMICITES. Gre. CRYPTOCÈRE. LUtr. Gre. 2. ATTK. Fabr. Gre. 3. OECODOME. Latr. Gre. 4. eciton. Latr. Gre. 5. MYRMicA. Lutr. Gpe. 2. PONÉRITES. Antennes filiformes, insérées près lie la bouche. Abdomen long, cylindrique. Palpes maxillaires de deux articles. Palpes maxillaires (te quatre articles. Antennes coudées. Abdomen ovaiaire. Premier segment de l'abdomen for- mant deux nœuds. Femelles pourvues d'un aiguillon. Corps inerme. Palpes longs; les ma- xillaires (le cinq articles, les labian:i de quatre. Corps inerme. Palpes très-courts. Corps épineux. Palpes très-courts. Palpes très-petits. Mandibules très-lon- gues et très étroites. Palpes maxillaires très-longs, de six * articles. Mandibules triangulaires. Premier segment de l'abdomen for- mant un seul nœud. Femelles pour- vues d'un aiguillon DES INSECTES. 109 Gre. 1. oDONTOMACiiE. Latr.'iè\& en carré long, très-échancrée en arrière. Gre. 2. poivERE. Lalr. 'fêle triangulaire, à peine échancrée. Gpe. 3. FORMICITES. Premier segment de l'abdomen for- mant un seul nœud. Femelles et neutres sans aiguillon. Gre. 1. POLYERGCE. Latr. Mandibules étroites, arquées et ter- minées en pointe crocbue. Gre. 2. fourmi. Lin. Mandibules triangulaires, trè.s-dentées. Nous avons bien peu de chose à dire sur la première famille des Formiciens, celle des dorylides. Ce sont des insectes exotiques, dont les mâles seuls sont connus. Tout est encore ignorésur leurs habitudes. Aussi, tantôt ils ont été placés dans la même famille que les Mutillides; tantôt ils ont été plus rapprochés des Formiciens. L'exa- men de leurs caractères zoologiques nous a fait recon- naître ce dernier rapprochement comme plus fondé. Quoi qu'il en soit, la famille des Dorylides comprend actuellement deux genres auxquels il faudra peut-être ajouter celui d'.^nictedeM.Schuckard;celuidesDoryles, auquel nous rattachons comme simple division les Rhog- mus de M. Schuckard, composé de quelques espèces pro- pres à l'Afrique méridionale , et le genre Labide , dont on a décrit une vingtaine d'espèces , ayant été toutes recueil- lies dans l'Amérique méridionale. Au contraire, la famille des FORMiciDEsdoit être.con- sidérée comme l'une des plus intéressantes dans toute la classe des i nsectes. Les Formicides, c'est-à-dire les Fourmis en général, ont été déjà laborieusement étudiées, quoi- qu'il reste encore à faire des observations pleines d'inté- rêt sur ces insectes vraiment dignes de notre admiration. En effet si les Abeilles, si les Osmies, si les Guêpes sont regardés, à juste titre, comme les insectes les plus indus- trieux, que penserons-nous des Fourmis? C'est un peuple 110 HISTOIRE tout entier, personne ne l'ignore, qui agit comme les Abeilles avec un ensemble surprenant. Le but de tant de travaux est toujours le soin de la progéniture , le besoin de perpétuer la race. Comme chez nos Apides. il existe parmi les Fourmis trois sortes d'individus : des mâles, qui nais- sentexclusivementpourtéconder lesfemelles ; desiemelles, qui ne vivent que' pour perpétuer l'espèce ; et des ou- vrières, c'est-à-dire des individus neutres , devant donner leurs soins à la mère et à ses jeunes, devant leur apporter leur nourriture quotidienne , devant leur construire des demeures qui les abritent contre toute espèce de danger. Tout ceci nous rappelle, à chaque mot, l'histoire des Abeil- les. Il y a là une grande ressemblance ; mais chez les Four- mis il y a peut-être quelque chose de plus beau encore. Plu- sieurs femelles, plusieurs mères, nous pourrions peut-être dire plusieurs Reines , comme on le dit pour les sociétés d'Abeilles, vivent ensemble, habitent la même retraite, et jamais aucune mésintelligence n'éclate entre elles. IN'ous n'avons pas ici ces combats iniques qui ont lieu chez les Abeilles. La société des Fourmis est donc plus parfaite; c'est au moins ce qui nous semble. Malheureusement, tandisque les premières constituent nubien précieux pour l'homme, les autres sont regardées par lui comme un tléau. Les Fourmis ne produisent rien qui puisse servir à notre industrie ; bien plus, elles nous nuisent souvent en creusant la terre; en s'introduisant dans nos maisons, où elles s'é- tablissent quelquefois dans des poutres qu'elles perforent en tout sens; elles nous dévorent, parfois, les substances que nous voudrions conserver ; elles sont incommodes par l'odeur qu'elles répandent, par la piqûre qu'elles font sentir quand elles s'introduisent jusque dans nos vêtements. Aussi, l'homme de- la campagne extermine-t-il chaque DES INSECTES. 1 1 I Fourmi qu'il rencontre : il cherche sans cesse à les dé- truire. D'ailleurs, it s'imagine que le mal que causent ces insectes est plus grand qu'il ne l'est en effet. Pour quelques moments nous demandons grâce pour la pauvre Fourmi, qui a le malheur de déplaire à un si haut degré, et seulement en faveur de son industrie et de ses la- beurs, qui pourraient servir d'exemples à bien des hommes. Les Fourmis ont été étudiées par divers observateurs qui méritent toute confiance. Nous devons citer comme les principaux, le célèbre Réaumur, dont le nom se présente à chaque instant sous notre plume ; Latreille, peut-être en- core le premier entomologiste qui ait existé, et Huber, non^as l'infortuné aveugle qui a tant aimé les abeilles, mais son fils, qui s'est épris d'une passion tout aussi grande pour les fourmis que son père pour les Abeilles, et qui a écrit leur histoire d'une manière digne des plus grands éloges. Il n'est presque pas de naturalistes, surtout parmi ceux qui consacrent leur vie tout entière à l'étude des insectes, qui n'aient observé plus ou moins les laborieuses Fourmis. Aussi, nombre de faits concernant leur histoire sont depuis longtemps acquis à la science; mais les investigations scientifiques sont sans bornes, et il reste certainement à découvrir encore. Ces Hyménoptères , qui vivent en sociétés nombreuses , construisent des demeures quelquefois immenses où des milliers d'individus travaillent constamment. La grande diversité que l'on remarque entre les habitations des Fourmis, selon les genres, et selon les espèces, tant sous le rapport du choix des matériaux que sous celui de leur emploi, nous force à parler séparément de ce qui est rela- tif à ce travail aux divers genres et espèces. 112 HISTOIBE La manière dont les larves s'accroissent, aussi bien que la nature des soins dont elles sont l'objet de la part des ouvrières, nous paraissent plus du domaine de la géné- ralité, quoique ces observations aient été faites sur les espèces indigènes. Nous rapporterons donc, dès à présent, tout ce qui appartient à ce genre d'occupation. Huber a si bien vu tout, que c'est lui qui fera les frais du récit. C'est au bout d'une quinzaine de jours après la ponte , nous dit-il , que la larve brise la coquille de son œuf; son corps est d'une transparence parfaite; on y distingue une tête et des anneaux, mais aucun vestige de pattes, ni d'ap- pendices articulés. Les ouvrières doivent s'occuper constamment dfc ces larves. Dès les premiers moments , une troupe d'entre elles semble préposée à leur garde, toutes prêtes à re- pousser les agressions. Mais, à peine le soleil commence-t-iî à jeter ses rayons que les Fourmis placées en dehors de la fourmilière vont au plus vite en avertir celles qui sont restées dans leur in- térieur; elles lestouchentavec leurs antennes, elles les en- traînent avec leurs mandibules, pour leur faire compren- dre de quoi il s'agit. La scène la plus singulière et la plus animée va se passer alors. En peu d'instants toutes les issues sont encombrées par les Fourmis, qui se pressent vers le dehors. Les larves sont emportées, en même temps, par les ouvrières, pour être placées au sommet de la fourmilière, et ressentir les effets de la chaleur du soleil. Les larves des femelles, plus grosses que celles des mâles et des neutres, sont trans- portéesavec plus de difficultés à travers les passages étroits de l'habitation; maison redouble d'efforts, et on parvient toujours à les déposer près de celles des autres individus. DES rNSECTES. 1 J3 Pendant quelques instants, on voit ordinairement les Fourmis elles-mêmes se tenir réunies en groupes nom- breux a la surface de la fourmilière, et se complaire aussi sous l'influence du soleil. Cependant elles ne laissent pas longtemps les larves ex- posées à une chaleur directe aussi forte; elles les retirent bientôt pour les mettre dans des loges peu profondes, où elles peuvent encore ressentir une chaleur pleinement suffisante. Quand le moment de nourrir ces larves est arrivé , cha- que Fourmi s'approche de l'une d'elles, et lui donne sa nourriture. Ces insectes ne préparent point de subsistances, comme le font les Apiens et les Vespieus : chaque jour ils dégor- gent par leur bouche les fluides qu'ils ont puisés sur di- vers objets ; ils écartent leurs mandibules, et c'est dans leur bouche même que leurs larves hument leur nourriture. Les Fourmis, comme on sait, s'en prennent à toutes les substances: on les voit se repaître sur les viandes fraîches ou corrompues, sur les fruits , particulièrement sur tout ce qui est sucré : elles sont aussi très-friandes d'un liquide particulier que les pucerons sécrètent par deux petits tubes situés à l'extrémité de leur corps. Chaque fois qu'il existe des pucerons sur une plante, on y rencontre des Fourmis. Celles-ci montent et descendent le long des tiges, harcè- lent les pucerons et les excitentavec leursantennes et leurs palpes, pour les forcer à dégorger le liquide désiré. Jamais, du reste» les Fourmis ne leur font aucun mal. On assure seulement que parfois elles emportent ces pucerons, pour les placer sur des plantes dans le voisinage, ou au sein même de leur fourmilière, afin de n'avoir pas à aller les 114 HISTOIRE chercher si loin. Ce sont leurs véritables esclaves : Linné les a appelés les Vaches des Fourmis. Huber s'écrie : On n'aurait pas deviné que les Fourmis fussent des peuples pasteurs. Des voyageurs, qui nous ont affirmé que l'on ne rencon- trait pas de pucerons dans les régions équatoriales , ont vu les Fourmis faire le même mauége auprès de certains insec- tes homoptères, qui sécrètent également divers liqui- des. Les soins que les Formicides donnent aux larves ne consistent pas seulement à leur procurer une température convenable et la nourriture nécessaire; elles doivent en- core les entretenir dans une extrême propreté : avec leurs palpes elles les nettoient parfaitement et ne laissent jamais le moindre grain de poussière sur leur corps. Au moment des mues que subissent les larves, ellessont occupées fréquemment à tirailler leur peau , à l'étendre et à la ramollir. Quand les larves ont pris tout leur accroissement, elle^ se filent, au moins dans la plupart des espèces, une coque soyeuse d'un tissu très-serré, d'une forme oblongue, d'une couleur plus ou moins grise ou jaunâtre : elles subissent alors leur transformation en nymphe. Toutes les larves des Formicides ne se filent pas de co- que pour se métamorphoser : celles qui appartiennent à nos deux premiers groupes sont dans ce cas. Les nymphes de Fourmis (pi. .">, fig. 4) sont d'abord d'un blanc pur; mais elles changent successivement de couleur : elles passent bientôt au jaune pâle, ensuite au roussâtre, puis elles deviennent brunes , et enfin presque noires. L'insecte parfait, venant à éclore, ne sait pas rompre la DES INSECTES. 115 coque de soie qu'il a filée à l'état de laive, comme le font presque tous les autres insectes. Leurs mâchoires ne sont sans doute pas encore assez solidifiées pour la déchirer. Ce sont les ouvrières qui se chargent de cette opération; et, ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'elles savent toujours connaître le moment où l'insecte va éclore, car elles ne se trompent jamais. Ce n'est pas sans difficultés que ces laborieuses ou- vrières viennent déchirer la coque des pauvres prison- nières. Plusieurs individus se mettent à la fois après la même; ils commencent par arracher, et c'est toujours à la partie supérieure, quelques fragments de soie, pour amin- cir l'étoffe; ils parviennent à la percer, à force de la pincer et de la tordre en divers sens , et à Tentanjer com- plètement en passant leurs mandibules au travers. Mais il leur faut encore agrandir l'ouverture, pour que l'insecte nouveau puisse sortir. C'est quand cette opéra- tion est achevée qu'ils commencent à en tirer la prison- nière, en prenant les plus grandes précautions pour ne lui faire aucun mal. Le malheureux insecte n'est cependant pasàce momentlibrede prendre son essor; son état exige encore des soins de la part des ouvrières ; il est encore re- vêtu de l'enveloppe de la nymphe. Ce sont celles-ci qui doivent l'en débarrasser. Peu à peu le nouveau-né ayant ses antennes et ses pattes dégagées, commence à mar- cher; les ouvrières lui apportent aussitôt de la nourriture, dont il paraît avoir un pressant besoin. Pendant plusieurs jours encore, les habitants de la fourmilière donnent une attention particulière aux individus qui viennent de naî- tre; ils leur apportent la subsistance quotidienne ; ils les accompagnent en tous lieux , comme pour leur faire con- naître toutes les issues de l'habitation. Les laborieuses 1 16 HISTOIRE ouvrières s'acquittent également du soin difficile d'é- tendre les ailes des individus mâles et femelles qui vien- nent d'éclore, et elles s'en acquittent toujours avec une assez grande adresse pour ne pas rompre ces membranes fragiles. Enfin elles ne cessent de diriger tous leurs mou- vements jusqu'à l'instant où ceux-ci vont quitter la four- milière, pour satisfaire aux besoins de la reproduction. Les nids des Fourmis, plus connus généralement sous le nom de fourmilières, varient beaucoup, quant à la foiine et à l'emploi des matériaux , selon les espèces. Cependant c'est toujours le bois ou la terre qui fait les frais du do- micile. Les Fourmis qui emploient la terre commencent par creuser et déblayer, de manière à pouvoir établir des chambres et des corridors, disposés les uns au-dessous des autres et communiquant entre eux par des passages quelquefois verticaux. Toule la terre qui est retirée à l'intérieur est portée au-dessus, pour protéger les étages souterrains. Différents matériaux sont ordinairement mé- langés avec cette terre; ce sont des brins de paille, des fragments de bois, des feuilles desséchées, même de petites pierres. Certaines Fourmis, que l'on nomme Mineuses, n'appor- tent point de matériaux étrangers, et se contentent d'amas- ser, au-dessus de leur fourmilière, la terre qu'elles ont dé- blayée et qui leur sert encore à former de nouvelles-cham- bres et de nouvelles galeries. Les espèces qui construisent dans le bois, s'établissent fréquemment dans des arbres déjà creusés par d'autres in- sectes; et, profitant du local, elles le disposent d'une ma- nière commode, en établissant des galeries et des compar- timents avec les fragments ou la sciure du bois , et les DES INSECTES. 117 consolidant avec la matière agglutinante qu'elles ont la propriété de sécréter. Cette immense quantité de chambres et de galeries que l'on renjarque dans une fourmilière sont d'une véritable nécessité pour le service de l'iiabitation. Les unes contiennent des œufs , les autres des larves ou des nympiies, celles de chaque sorte d'individus étant aussi séparées. INousne connaissons pas encore à beaucoup près toutes les constructionsdes Fourmis. Cependant il est certain que plusieurs espèces exotiques en font de très-remarquables. Quelques-uns de ces nids ont été rapportés par divers voyageurs, mais malheureusement presque toujours sans les architectes. C'est ainsi que le Muséum d'histoire naturelle de Pa- ris renferme une de ces demeures rapportée des Indes orientales , que l'on pourrait comparer à une forteresse. Ce nid , qui a près d'un pied de diamètre, est formé entiè- rement d'une terre jaune , ressemblant assez à de la terre glaise. C'est un immense labyrinthe dont le chemin est garni, dans toute sa longueur, d'un mur assez élevé pour protéger les travailleurs. Cette habitation n'offre qu'une seule ouverture à son sommet, par laquelle redescen- daient les Fourmis. Un autre nid, rapporté d'Amérique, ne présente à la vue qu'une masse immense de petites branches de bois enchevêtrées les unes dans les autres; la forme de cette demeure n'est pas moins singulière; elle est parfaitement ronde comme un fromage de Hollande. Enfin, nous connaissons encore le nid d'une espèce du Sénégal , la Fourmi émeraude [Formica smaragdula) , qui construit une habitation , composée de feuilles ajus- tées, parmi les branches d'arbres. 118 HISTOIUE Celui de la Fourmi fongueuse de la Guyane (Formica fungosa, Fab.) qui est formé d'une matière cotonneuse, ayant tout à fait l'apparence d'amadou, et qui est tirée des capsules du Bombax. M. Lund a décrit une fourmi du Brésil [F. merdicola, Lund.) qui établit son nid sur des tiges d'arbustes, avec les excréments desséchés des chevaux ou des mules. Au moment où les Fourmis doivent s'accoupler, les mâles et les femelles sortent de la fourmilière; car, bien qu'ils se trouvent réunis fréquemment dans l'intérieur du domicile, il ne paraît pas qu'il y ait jamais rapproche- ment entre les sexes : ils sortent donc comme le font les Abeilles, les Guêpes, etc.; ils s'élèvent dans les airs, et, bientôt après, les femelles reviennent à l'habitation fécon- dées pour toute leur vie. Les mâles étant beaucoup plus nombreux , tous n'ont pas l'honneur de perpétuer la race , mais ils meurent tous peu de temps après être sortis de la fourmilière. Quand ils l'ont quittée, ils ne doivent jamais y rentrer. Lorsque les femelles de Fourmis reviennent à l'habitation, leurs ailes leur sont enlevées par les ouvrières ; quelquefois elles se les arrachent elles-mêmes. Ces appendices tenant peu , une semblable mutilation ne paraît pas leur coûter beau- coup. Il est dit alors qu'elles ne doivent plus sortir de leur retraite ; elles doivent y passer toute leur existence ; elles doivent y mourir. Dès que les mâles et les femelles ont pris leurs ébats ensemble, les ouvrières se mettent en observation pour recueillir les femelles qui reviennent après avoir été fé- condées : elles s'empressent de les emporter dans les loges les plus profondes de la fourmilière, où elles recevront les soins les plus assidus, où elles seront sûrement à l'abri de tout danger. DES INSECTES. \ 19 En traitant de l'histoire des Abeilles nous avons déjà dit quelques mots de ce qui nous paraissait être l'ins- tinct, et de ce qui nous paraissait être l'intelligence. Nous y reviendrons à l'occasion des Fourmis. Chez ces insectes, comme chez les premiers, l'intelligence nous semble ap- paraître dans une foule de cas. On reconnaît chez les Fourmis le discernement, le jugement , dans une foule de leurs actes. Si vous écrasez, si vous bousculez une partie d'une fourmilière, vous voyez aussi que les individus qui sont à la portée se mettent en état d'agression , et qu'aussitôt quelques autres vont prévenir tous les habitants qui sont logés dans les étages inférieurs de la fourmilière. Alors, en peu d'instants, on voit accourir, de toutes les parties de l'habitation, une masse d'ouvrières, qui, en un clin d'œil, ont toutes compris qu'un danger les menaçait: elles se jet- tent ordinairement sur l'agresseur et cherchentà se vengei sur lui du dommage qu'il leur a causé. Si une Fourmi étrangère vient à pénétrer dans la four- milière, elle en estaussitcit chassée par les habitants. Si les habitants de deux fourmilières trop rapprochées viennent à se rencontrer souvent,- et à se gêner dans leurs opérations , des combats ont lieu avec un ordre et un en- semble admirables. Lorsqu'une Fourmi a été blessée , celles qui la rencon- trent, s'empressent de lui porter secours et de la rappor- ter au domicile commun. En toute occasion, on voit les Fourmis se communiquer leurs idées. Si quelques-unes ont dans la pensée de s'occu- per d'un travail quelconque, elles savent communiquer leur intention aux autres; si un danger les menace, el- les s'avertissent mutuellement. Il n'est pas rare de voir des ouvrières se tirailler l'une l'autre etse frapper de leurs antennes pour se faire comprendre réciproquement. 120 HISTOIRE A chaque instant nous voyons la raison , l'intelligence apparaître dans les divers actes qu'exécutent les Fourrais, bien que la plupart de leurs travaux semblent être entre- pris instinctivement. Ici, comme chez les Abeilles, nous voyons ces deux facultés paraissant se confondre; mais, chez les Fourmis, l'intelligence nous paraît se produire en- core plus fréquemment. On trouvera aussi dans l'histoire particulière de chaque genre de la tribu des Formiciensdivers faits qui nous mou- ti'eront combien sont surprenantes les habitudes de quel- ques espèces. On sait que les Fourmis ont la propriété d'éjaculer un li- quide acide qui a reçu quelques applications dans les arts ; il a été nommé par les chimistes Acide fonnique. Notre premier groupe de la famille des Formicides, celui des Myrmicites, comprend cinq genres, générale- ment adoptés, ce sont les Cry ptocéres dont on ne compte que peu d'espèces, toutes exotiques, dont les habitudes parti- culières n'ont guère été observées. On a prétendu qu'elles ne vivaient pas en société comme les autres fourmis, et qui est très-peu vraisemblable. Les Attes, bien recon- naissables à leur tête très-grosse par rapport au corps , sont la plupart européennes. L'espèce type du genre est l'Atte maçonne [Atta structor, Lal.)^ qui est assez répan- due en France, où elle construit des nids dans le sable, et forme avec la terre qu'elle en retire une sorte de cou- vercle à l'entrée. Le genre OEcodome a pour type une espèce de l'Améri- que méridionale, l'OE. céphalote ( (JE. cephalotes, Latr.) longue de sept à dix lignes, d'un brun marron ou noirâtre, avec la tête très-grande et luisante, divisée et biépineuse postérieurement , et le corselet armé de six tubercules (pi. 5, fig. 6, (ouvrière). DES INSECTES. 121 Cette curieuse Fourmi coupe les feuilles des arbres et les emporte pour construire son nid : elle a été observée par un voyageur français, M. Lund, qui nous rapporte le fait suivant : J'avaistoujours regardé, dit ce naturaliste, comme exa- gérés les récits que font les voyageurs du tort que certaines Fourmis causent aux arbres, en les dépouillant de leurs feuilles; mais voici un fait dont j'ai été moi-même té- moin , et qui est relatif à l'espèce connue depuis long- temps sous le nom d'OEcodomeà grosse tète [Œ.cephalo- tes). Passant, un jour, près d'un arbrepresque isolé, je fus surpris d'entendre, par un temps calme, des feuilles qui tombaient comme de la pluie. . Ce qui augmenta mon étonnement, c'est que les feuilles détachées avaient leur couleur naturelle, et que l'arbre semblait jouir de toute sa vigueur; je m'approchai pour trouver l'explication de ce phénomène, et je vis qu'à peu près sur chaque pétiole était postée une fourmi qui tra- vaillait de toute sa force. Le pétiole était bientôt coupé, et la feuille tombait par terre. Une autre scène se passait au pied de l'arbre. La terre était couverte de Fourmis oc- cupées à découper les feuilles, àmesure qu'ellestombaient, et les morceaux étaient sur-le-champ transportés dans le nid. En moins d'une heure le grand œuvre s'accomplit sous mes yeux, et l'arbre resta entièrement dépouillé. Les Écitons se composent de quelques espèces améri- caines. Le genre Myrmica comprend plusieurs espèces indi- gènes. La plus commune en France est la Fourmi rouge (Mijrmica ruhra)\ eWe est rougeâtre, avec le premier nœud uni-épineux en dessous; l'abdomen lisse, brillant, a ant le premier anneau brunâtre. Cette Fourmi établit son i 22 HISTOIRE nid dans la terre , sous des pierres ou sous des détritus de végétaux. Une très-petite espèce de ce genre (/ï/. domestica, Schuk.) a dans ces derniers temps causé de grandes dévastations en Angleterre , dans les maisons d'une partie de Londres et à Brigthon, où elle établit sou domicile et dévaste tout ce qui est à sa portée. Le second groupe de la famille des Formicides , celui des PoNÉEiTES, ne renferme que deux genres , les Odonto- maques , appartenant au nouveau-monde , et les Ponères, qui sont aussi la plupart américaines; une seule est eu- ropéenne ; elle est d'un brun foncé glabre et luisant, ayant la tête d'un brun jaunâtre en avant. On la trouve ordi- nairement sous les pierres, réunie en petites sociétés de quelques individus. Le dernier groupe , celui des Formicites , n'est égale- ment composé que de deux genres, très-distincts de ceux des groupes précédents par l'absence d'aiguillon chez les femelles et les neutres. Les Formicites ont été plus étudiées que les Ponérites et les Myrmécites , la plupart étant européennes. Ce sont celles-là qui ont été observées par Huber; ce sont les travaux de ces espèces dont il nous a si bien tracé l'his- toire. Le genre Polyergue a pour type une espèce assez com- mune en France, c'est le Polyergue roussâtre {P. rufes^ cens), qui est long de trois à quatre lignes, entièrement d'un roux pâle. Plusieurs naturalistes ont observé les ha- bitudes singulières de cette espèce , mais c'est Huber qui lesaconstatéeslepremier. Voici ce qu'il nous rapporte: « Le 17 juin 180'^, en me promenant aux environs de Genève, entre quatre et cinq heures de l'après-midi, je vis à mes DES INSECTES. 123 pfeds une légion d'assez grosses fourmis, rousses ou rous- sâtres , qui traversaient le chemin; elles marchaient en corps avec rapidité ; leur troupe occupait un espace de huit à dix pieds de longueur sur trois ou quatre pouces de large; en peu de minutes elles eurent entièreraent évacué le chemin ; elles pénétrèrent au travers d'une haie fort épaisse et se rendirent dans une prairie où je les suivis ; elles serpentaient sur le gazon sans s'égarer, et leur colonne restait toujours continue , malgré les obstacles qu'elles avaient à surmonter. Bientôt elles arrivèrent près d'un nid de Fourmis noir- cendrées , dont le dôme s'éle- vait, dans l'herbe, à vingt pas de la haie ; quelques Four- mis de cette espèce se trouvaient à la portée de leur ha- bitation. Dès qu'elles découvrirent l'armée qui s'appro- chait, elles s'élancèrent sur celles qui se trouvaient à la tête de la cohorte. L'alarme se répandit au même ins- tant dans l'intérieur du nid, et leurs compagnes sortirent enfouie detous les souterrains. Les Polyerguesroussâtres, dont le gros de l'armée n'était qu'à deux pas , se hâtaient d'arriver au pied de la fourmilière. Toute la troupe s'y précipita à la fois et culbuta les noir- cendrées , qui , après uncombat très-court mais très- vif, se retirèrent au fond de leur habitation. Les Polyergues roussâtres gravirent les flancs du monticule , s'attroupèrent sur le sommet et s'in- troduisirent en grand nombre dans les premières avenues. D'autres groupes de ces insectes travaillaientavec leurs dents à se pratiquer une ouverture dans la partie latérale de la fourmilière; cette entreprise leur réussit, et le reste de l'armée pénétra par la brèche dans la cité assiégée ; elle n'y fit pas un long séjour. Trois ou quatre minutes après , les Polyergues roussâtres ressortirent à la hâte par les mêmes issues, tenant chacun dans leur bouche une 124 HISTOIBE larve ou une nymphe de la fouriTuUère envahie. Leur troupe se distinguait aisément dans le gazon par Taspecl qu'offrait cette multitude de coques et de nymphes blanches portées par autant de Polyergues roussâtres. Ceux-ci traversèrent une seconde fois la haie et le che- min dans le même endroit où ils avaient passé d'a- bord, et se dirigèrent ensuite dans les blés en pleine ma- turité, où j'eus le regret de ne pouvoir les suivre. » Ce n'est pas sans raison queHuber fut surpris par une si intéressante observation. Aussi retourua-t-il dans l'en- droit où il avait été témoin d'un fait si étrange; et plu- sieurs fois, il vit ses Polj^ergues roussâtres , qu'il nomme aussi Amazones et Lé{/ionnaires,àQause de leurs habitu- des toutes guerrières, aller à plusieurs reprises attaquer les Fourmis noir-cendrées et leur enlever leurs larves et leurs nymphes , ne pouvant le faire souvent qu'après un combat très-acharné. Plus tard, il découvrit le nid de ces Fourmis amazones. Des noir-cendrées erraient alors au- tour çà et là. Il pensait sans doute être le témoin d'un nouveau combat; mais il en fut bien autrement. Les noirs- ' cendrées accueillaient parfaitement les amazones et emportaient, au fond du nid, les larves et les nymphes qu'elles leur apportaient. Dans cette habitation, les Four- mis amazones et noir-cendrées, également en grand nombre, vivaient en parfaite intelligence. Rien ne pou- vait paraître plus extraordinaire que cette fourmilière composée de deux espèces bien différentes. Aussi Huber les observa-t-il avec le plus grand soin ; et bientôt il dé- couvrit l'explication de ce phénomène. Les Fourmis woî>- cendrées savent se construire des nids, savent prendre soin de leur progéniture, savent lui apporter la nourriture nécessaire et pourvoir à tous les besoins des larves. Au DES INSECTES. 125 contraire, les Polyergues roussâtres on Amazones sont Incapables de soigner les leurs, d'aller chercher leur sub- sistance quotidienne ; elles sont incapables de construiredes nids; elles laisseraient infailliblement périr leurs jeunes, si elles étaient abandonnées à leur propre instinct. Mais la nature les a dédommagées en leurdonnant du courage et des habitudes guerrières. Ce n'est que pour se procurer des esclaves, des sortes d'ilotes, qui prendront soin de leurs petits, qu'elles vont attaquer les Fourmis noir- cendrées habitant leur voisinage. On ne doit donc pas s'étonner de les voir s'en prendre toujours aux larves et surtout aux nymphes, plutôt qu'aux Fourmis mères; car, si elles eussent entraîné ces dernières dans leur nid, elles l'auraient bientôt abandonné pour retournera leur ancienne habitation ; tandis qu'en apportant des nym- phes, les Insectes parfaits qxn en naissent, croyant se trouver dans leur propre demeure , vivent dans cette fourmilière, prenant soin également de leurs larves et de celles des Amazones. D'après cela, il ne faut peut-être pas s'étonner que plu- sieurs observateurs aient remarqué deux sortes d'indi- vidus neutres dans la même fourmilière. Les espèces assez nombreuses qui composent le genre Fourmi [Formica] proprement dit , ne nous offrent rien de particulier, après les faits généraux , que nous avons relatés. La plupart construisent leur nid dans la terre ou au pied des arbres. La Fourmi rousse [Formica ntja)^ une des plus communes du genre, estroussâtre, du moins les femelles et les neutres , car les mâles sont noirs. Cette Fourmi, très-abondante dans nos environs, construit son nid dans les endroits sablonneux avec toutes sortes de dé- . bris et de fragments de bois. 126 HISTOIRE La Fourmi Sanguine, qui est d'un rouge vif, avec le sommet de la tête et l'abdomen noirs , a des habitudes semblables à celles duPoiyergue roussâtre : elle va enlever les larves et les nymphes de la Fourmi mineuse {Formica cunicularia) pour se faire aider dans ses travaux. Quelques espèces exotiques paraissent encore avoir des habitudes analogues. SEPTIÈME TRIBU. LES CHRYSIDIENS, Cette tribu est composée de jolis petits insectes qui ne le cèdent en rien sous le rapport de l'éclat des couleurs à ce que nous connaissons de plus brillant parmi les pier- reries. On les a nommés à juste titre les Guêpes dorées. En effet, les Chrysidiens ressemblent beaucoup à de petites guêpes par l'aspect général de leur corps , si ce n'est par les nuances. Ces insectes ordinairement verts, bleuâtres ou d'un doré vif et rougeâtre, sont peu nombreux en es- pèces et en genres. Ils sont répandus cependant dans les diverses parties du monde. Les mœurs des Chrysidiens n'ont pas encore été par- faitement observées. Nous savons que la plupart d'entre eux déposent leurs œufs à la manière des Mélectides dans les nids de certains Apiens, Crabroniens , etc. Seulement leurs larves ne vivent pas des provisions amassées par ceux-ci pour leurs jeunes, provisions qui chez les premiers consistent, comme on le sait, en une pâtée composée principalement de miel et de pollen. Il est à peu près certain que les Chrysidiens dévorent les habitants mêmes. Ces Hyménoptères sont très- remarquables par la structure de leur abdomen ; les derniers anneaux peuvent ^ DES INSECTES. 127 s'engaîner les uns dans les autres, ou s'allonger à la manière des tubes d une lunette. Les femelles sont pourvues d'un aiguillon dont la piqûre est très-douloureuse. La facilité qu'elles ont de replier en dessous leur abdo- men et d'en distendre les derniers anneaux, les rend •redoutables lorsqu'on veut les saisir. On rencontre les insectes de cette tribu pendant toute la belle saison, ils voltigent de fleur eu fleur pendant la plus grande ardeur du soleil : il semble alors qu'on voit voltiger des perles de feu , tellement leur corps est brillant. Ce n'est pas sans raison qu'on les a comparés aux oiseaux mouches. Ils paraissent rechercher surtout les ombel- lifères. Les Chrysidiens sont continuellement en mouve- ment, agitant sans cesse leurs antennes. Cette tribu est véritablement remarquable par les affl- nités qu'elle présente; elle en a de réelles avec les Chal- cidiens et lesProctotrupiens, et d'autre part elle paraît avoir certaines analogies avec plusieurs des tribus précédentes. Elle est peu nombreuse en espèces, elle ne Test pas beaucoup non plus en genres; le tableau suivant en pré- sente toutes les coupes : DIVISION DE LA TRIBU DES CHRYSIDIENS EN GROUPES ET GENRES. 1"" Groupe. PARNOPITES. Palpes très-courts à peine visibles, cemposés seulement de deux articles. Genre parnope. Latr. 2 Groupe. CHRYSIDITES. Palpes assez longs ; les maxillaires de cinq articles, les labiaux de trois. Genre 1. chrysis. Xmn. Palpes maxillaires un peu plus longs que les labiaux. Mandibules dentées. Abdomen oblong. 128 Gre 2. élampe. Spin. Gre 3. uédychre. Latr. Gre 4. euchrée. Latr. Gre 5. STiLiiE. Spin. Gre 0. c.LEPTE. Latr. Palpes maxillaires un peu plus longs que les labiaux. Mandibules biileiilées. Abdomeu convexe, échancré à l'ex- tréinité. l'alpes maxillaires beaucoup plus longs que les labiaux. Mandibules tri- dentées. Abdomen presque hémisplié- rique. • Palpes maxillaires et labiaux de la même longueur. MaMdil)ules uniden- tées. Mélathorax non prolongé. Palpes maxillaires et labiaux de la tuème longueur. Mandibules uniden- tées. Abdomen très-convexe. Méta- tliorax prolongé en épine. Palpes maxillaires beaucoup plus longs que les labiaux. IMandibules courtes , larges et dentées. Abdomen ovale , terminé en pointe. Le premier groupe, les parinopites, renferme le seul genre Parnope que nous trouvons en France, plus com- munément surtout dans nos départements méridionaux. Le type est la Parnope rosée {Partiopes carnea)^ joli insecte vert, avec l'abdomen couleur de chair, à l'exception du premier anneau. Cette espèce habite les endroits sablonneux, et d'après des observations faites par Latreille, elle dt-poseses œufs dans les nids des Bembex; les lar\es qui en naissent vivent et subissent leurs transformations dans ces nids. Se nourrissent-elles de la provision amassée par le Bembex ou de sa larve même? c'est ce que nous ignorons; mais le dernier cas est le plus probable. Le groupe des CHfivsiDiTEs comprend six genres: nous mettrons en première ligne les Chrysis proprement dites. DES INSECTES. 129 Elles déposent leurs œufs clans les nids de divei*s autres Hyménoptères. Les larves n'éelosent que lorsque celles des hôtes chez lesquels elles sont nées, ont déjà acquis presque tout leur accroissement. La larve de la Chrysis attaque alors sa victime eu se posant sur son dos, où elle la suce à son aise, mais sans la faire périr de suite. Ce n'est qu'au bout de quelques jours , quand approche le moment de sa transformation en nymphe, qu'elle anéantit complètement sa proie. La Chrysis dorée ( Chrysis ignita , Lin.) (pi. 5, fig. 7 ) , le type et l'espèce la plus commune du genre, d'un vert bleuâtre , avec l'abdomen d'un rouge doré des plus brillants, dépose les germes de sa progéni- ture dans la retraite de divers Grabroniens, tels que les Philanthes, les Cerceris, etc. M. Westwood a rencontré fréquemment des Chrysides avec des Odynères , ou des Epipones ; elles avaient évidem- ment pour but de déposer leurs œufs dans les nids de ces derniers. C'est ainsi qu'un autre observateur a remarqué une Chrysis qui confiait sa postérité à l'habitation préparée par des Chélostomes pour leurs larves. Les Élampes et les Euchrées paraissent avoir des habi- tudes analogues aux vraies Chrysis ; nous n'en connaissons seulement qu'un petit nombre d'espèces européennes. Nous trouvons dans notre pays plusieurs Hédychres qui ne le cè- dent pas aux autres Chrysidites pour l'éclat des couleurs. M. de Saint-Fargeau a observé un insecte de ce genre déposant ses œufs dans le nid d'une Osmie; après avoir exploré la demeure, il y rentrait à reculons, dans l'in- tention d'effectuer son dépôt. Sur ces entrefaites , nous rapporte le savant entomologiste , l'Osmie rentra au domi- cile avec une provision ; apercevant l'Hédychre, elle s'é- 130 HISTOIRE lança sur lui en le saisissant avec ses mandibules; l'Hé- dychrese contractant en boule, devenait invulnérable pour rOsmie, qui se contenta alors de lui couper les ailes; mais dès qu'elle fut repartie chercher une nou- velle provision, notre Ghrysidite revint bientôt pondre son œuf dans le nid d'où il avait été si durement expulsé. Quelques autres Hédychres ont encore été vus recher- chant les habitations dautres Apieus , tels que des Psens et des Halictes. Les Cleptes sont de charmants petits insectes parfois assez abondants dansuos environs; le type du genre, la Clepte semi-dorée {Cl. semi-aurata) est longue de trois lignes, d'un beau vert doré, avec la tête ponctuée de cui- vreux rougeâtre, et l'abdomen ferrugineux ayant son ex- trémité noire. M. de Saint-Fargeau nous rapporte ce qui suit au sujet de cet insecte : « Les femelles placent leurs œufs aupi;ès des larves ou sur les larves qui doivent servir de pâture à leur postérité. J'ai vu une femelle du Clepte semi-doré entrer successi- vement à reculons dans les trous qu'avaient formés , en s'enfonçant en terre , un grand nombre de larves d'une Tenthrédine qui avaient vécu sur un même groseiller. L'année suivante, je jouis à cette même place d'un specta- ble fort brillant ; une centaine de mâles et quelques fe- melles de cette espèce couraient dans tous les sens sur le petit espace de terrain où les larves de Tenthrédines s'é- taient cachées , et reflétaient toutes les couleurs des pierres précieuses. » Le genre Stilbe [Stilbiun) renferme les plus grandes espèces de la tribu. Toutes habitent les régions chaudes du globe; on en rencontre dans le midi de l'Europe, en Afrique et en Asie, aussi bien qu'en Amérique; leurs DES INSECTES. 131 mœurs n'ont pas encore été observées : selon toute proba- bilité , elles diffèrent peu de celles des autres Ghrysidiens. HUITIÈME TRIBU. LES CHALCIDIENS. Nous arrivons à des Hyménoptères qui, ainsi que ceux des deux tribus suivantes , nous offrent des habitudes du plus grand intérêt. Jusqu'ici nous avons vu généralement les Hyménop- tères élever leur progéniture au jour le jour, ou bien nous les avons vus amasser auprès de leurs œufs des provisions qui devaient suffire à l'existence entière des larves. D'au- tres fois nous les avons vus déposer leurs œufs dans les nids d'autres espèces qui avaient sur les premières l'avan- tage de savoir construire; leurs larves vivant ainsi du bien d'autrui, se nourrissant de la provision amassée pour d'au- tres. Les Ghalcidiens comme les Proctotrupiens, comme les Ichneumoniens, ont un genre de vie complètement diffé- rent. Les larves de ces insectes sont zoophages, mais non pas zoophages à la manière des Crabroaiens ou desSphé- giens; elles vivent dans le corps même d'une chenille ou d'une nymphe quelconque, qui continue néanmoins à exis- ter assez longtemps pour que la larve de l'Hyménoptère prenne tout son accroissement. Elle existe ainsi, renfermant en elle-même des germes de mort. Mais comment cette larve de la Chalcide ou de l'Ichneumon se trouve-t-elle placée dans le corps d'une chenille ou de tout autre insecte? Telle est, en effet, la question que doit se faire naturellement celui qui n'est pas initié aux mystères de la réproduction des Insectes. Or c'estceque l'on va voir bientôt. La plupart des femel- J32 HISTOIRE les chez tous les H.vmt'noptèresque nous avons déjà passés eu revue étaient pourvues d'un aiguillon , comme arme offensive et défensive. A.u contraire , les femelles de ceux qui nous occupent maintenant sont privées de cette arme, mais chez elles le même organe est converti en une ta- rière plus ou moins longue et acérée , composée de trois filets réunis. Cet organe sert ici au dépôt des œufs \ avec son extrémité la femelle fait une piqûre à la peau d'une chenille, d'une nymphe, d'un œuf même, et y dépose au même instant son œuf. Auhout de peu de jours il eu sort une larve ordinaire- ment blanchâtre, toujours privée de pattes et pouvant à peine se mouvoir. Cette larve se trouve donc dans le corps de l'insecte où l'œuf a été déposé, jusqu'à ce qu'elle ait pris tout son développement. Comment l'insecte peut-il vivre en étant rongé chaque jour? Le voici : la larve de l'Hyménoptère n'attaque d'a- bord aucun des organes nécessaires à l'existence de l'in secte qu'elle dévore. Elle ne mange que le tissu graisseux qui entoure le canal intestinal. C'est seulement à l'époque de sa métamorphose en nymphe, quand elle sent qu'elle n'aura plus besoin longtemps de sa pâture ordinaire , qu'elle immole ordinairement sa victime. Elle s'en prendà tous ses organes, ne laisse souvent que la peau dans laquelle elle subit sa transformation. Certaines larvesdeChalcidiens et d' Ichneumoniens sortent à ce moment du corps de leur vic- time et se filent auprès d'elle un petit cocon soyeux. 1 1 n'est pas rare de les voir fixer au-dessus d'elles la dépouille de l'être qui a été leur pâture et de s'en servir ensuite comme d'un abri protecteur. Quelquefois on ne trouve qu'une seule larve dans le corps d'un insecte ainsi attaqué. Mais dans des cas nombreux on trouve une assez grande DES INSECTES. 133 quantité d'individus. Ceci est fréquent surtout chez les Chaicidiens et les Proctotrupiens plutôt que parmi les Ichueumouieus. Leur petite taille rend raison de ce fait. Les chenilles et toutes les diverses larves qui recèlent ainsi dans leurs corps les jeunes de nos Hyménoptères , sont le plus souvent faciles à reconnaître , surtout quand leur peau est lisse et d'une nuance claire; on découvre alors sur elles, un ou plusieurs petits points noirs qui in- diquent la place où a pénétré la tarière de l'Hyménoptère. On concevra sans peine que tous ces insectes éminena- ment zoophages rendent d'importants services à l'agri- culture. Ils nous détruisent chaque année une quantité considérable d'espèces phytophages, telles que des che- nilles et autres larves. De là vient aussi que fréquemment des arbres ou des plantes rongés durant certaines années par ces espèces phytophages, s'en trouvent parfois pres- que complètement débarrassés les années suivantes. Cela tient à la présence de nos Hyménoptères. Mais il arrive trop souvent que ceux-ci périssent faute de pâture , et que les espèces phytophages reparaissent de nouveau en aussi grande quantité qu'auparavant. C'est là ce qui explique la variation très-grande remarquée d'une année à l'autre dans le nombre des insectes nui- sibles à l'agriculture. Les Chaicidiens constituent une tribu nombreuse en espèces; presque toutes sont d'une taille fort exiguë. Aussi en connaît-on très-peu d'exotiques ; celles qui ont été décrites sont indigènes pour la plupart. 13^ HISTOIRE DIVISION DE LA TRIBU DES CHALCIDIENS EN FAMILLES, GROUPES ET GENRES. Famille 1. LEUCOSPIDES. Genre I. leucospis. Fab. 2" Fam. CHALCIDIDES. Groupe l. CHALCIDITES. Gre 1. DiRHiNE. Daim. Gre 2. PALMON. Daim. Gre 3. cbalcide. Fabr. Gre 4. coNURE. S/)m. Gre 6. chirocère. Latr. Gre 6. EUCHARis. Latr. Gre 7. tiiokacanthe. Latr Gpe 2. EURYTOMYTES. Gre 1. AGAON. Daim. Tarière des femelles recourbée sur le dos. Ailes autérieures doublées loagi- tudinalement pendant le repos, of- frant une cellule radiale. Tarière des femelles n'étant jamais recourbée. Ailes sans cellule et sans pli longitudinal. Antennes plus ou moins renflées à l'ex- trémité. Thorax plus large que long. Cuisses postérieures ordinairement renflées, propres au saut. Tôte bifide. Mandibules extrême- ment prolongées. Tète plane. Antennes brusquement renflées en une massue ovalaire. Ta- rière aussi longue que le corps. Tête large. Tarière saillante. Abdo- men ovale. Abdomen long, conique, les deux derniers segments étant aussi longs que les autres réunis. Antennes de dix articles , portant sept rameaux. Antennes non coudées. Cuisses posté- rieures peu renflées, sans épines. Écusson très-développé , recouvrant les ailes et l'abdomen. Antennes de onzeà douze articles.Tlio- rax carré. Cuisses postérieures grêles. Tête en forme de carré long, recou- DES INSECTES. 35 Terte en dessous par deiiv lamelles quadridentées au côté interne. Anten- nes ayant leurpremierarticleen forme de palette triangulaire, les suivants très-pelits et velus ; les trois derniers grands et globuleux. Thorax biépineux latéralement. Antennes ayant leur premier article long et peu recourbé, les autres poilus, tronqués à la base et à l'extrémité. Antennes de douze à treize articles, riiorax un peu rétréci antérieurement. Gre 1. pstLOGASTER. Blanch. Antennes assez longues. Abdomen long, ovalaire, comprimé latéralement. Antennes courtes, ayant leur deuxième article et surtout le troisième très-pe- tits , le quatrième long et large. Ab- domen cordiforme. Antennes ayant le deuxième article long, le troisième grêle, et le qua- trième petit, ainsi que les suivants. Antennes courtes et épaisses, ayant leur quatrième article petit. Antennes filiformes, le premier arti- cle long, les quatrième et cinquième de la même longueur. Tarière des fe- melles capillaire, presque aussi longue que le corps. Cuisses mutiques. Cuisses munies d'une épine à l'extré- mité; les jambes également épineuses. Cuisses postérieures renflées en massue et dentelées en dessous. Abdomen pédicule. Thorax carré. Tête ovalaire. Antennes filiformes, de onze articles. Gre 2.CÉR0CÉPHALE. Westw. Têtetridentée. Antennes des mâles de dix articles; celles des femelles de neuf. Gre 2 EURYTOME. Illïg. Gpe 3. DIPLOLÉPITES. Gre 2. pÉRiLAMPE. Latr Gre 3. cratome. Dalin. Gre 4. ormyre. Westio. Gre 5. DiPi.OLÉPis. Fabr. Gre 6. DioMORE. Walk. Gre 7. toryme. Daim. Gpe 4. SPALANGIITES. Gre 1. spalangie. Latr. 136 iiisioiiiE Gre 3. MACuor.i.ÈNu. UVaVh'. lï'le large, déprimée, surtout daus les màlcs. Antennes de douze articles, en massue, plus courtes que le thorax. Gre 4. piRicNE. Hal. ïôte arrondie. Antennes de dix arti- cles , les trois derniers formant la mas- sue. Gre 5. cHRYSOi-AMPE. JS- d'E. Tète courte, à peine de la largeur du thorax. Antennes de douze articles, renllées en massue. Gre C. CE\. Hal. Tète carrée. Antennes longues et fi- liformes. Corps aptère. Gpe 5. MISCOGASTÉRlTES.Abdomen pédicule. Thorax rétréci en avant. Gre I. Miscof. ASTER. Walk. Antennes filiformes, de quatorze ar- ticles dans les mâles, de treize dans les femelles. Gre 2. pacuylarture. Antennes ayant leurs trois derniers ar- Wcslw. ticles en massue. Tète plus lonjiue que le thorax , les deux derniers arti- cles des palpes maxillaires très-dilatés. Gre 3. p.aciiynèvre. Walk. Antennes (iliformes de treize articles. Ailes ayant leur nervure médiane très- épaissie à l'extrémité. Gre 4. coRUNE. Walk Antennes filiformes dans les mâles, renflées dans les femelles. Abdomen étranglé à sa base, renflé à son extré- mité. Gre 5. mérisme. Walk. Antennes de treize articles dans les deux sexes, plus renflées que dans les Miscogasters. Tète plus grande. Gre 0. sYNïOMOPE. Walk. Antennes eu massue dans les deux sexes. Thorax presque carré. Ailes courtes. Gre 7. dipare. Walk. Antennes filiformes de dix articles, plus longues que le corps. Gre 8. micromèle. Walk. Antennesde treize articles, en massue. Tête plus large et plus longue que le thorax. DES INSECTES. 137 Gre 9. I30Cïrte. Walk. Gre 10. SPANioPE Walk. Gpe 6. ORMOCÉRITES. Gre 1. ORMOCÈRE. Walk. Gre 2. MicRODÈLE. l^a^A. Gre 3. glyphe. Walk. Gre 4. gastrancistre. Weslw. Gre 5. méromale. Walk. Gre 6. RAPHiTÙi-E. Walk. Antennes renflées, de douze articles , plus courtes que le thorax. Antennes de treize articles. Pattesgié- les, avec l'extrémité des jambes in- termédiaires renflée en massue Antennes moniliformes. Abdomen Antennes de treize articles, presque moniliformes. Abdomen ovale. Antennes de douze articles, eu massue et terminées en pointe. Antennes de douze articles. Abdomen long, comprimé et pointu. Antennes de treize articles. Abdomen cornu dans les femelles. Antennes de treize articles. Abdomen sans corne. Antennes de douze articles. Abdomen très comprimé. Tête un peu prolon- Gpe 7. PTÉROxMALITES. Gre 1. SELADERMA. Wulk. Gre 2. SYSTAsis. Walk. Gre 3. eunote. Walk. Abdomen plat et sessiie. Nervure anté- rieure des ailes droite- Antennes de treize articles. Abdomen en ovale allongé. Antennes de douze articles. Antennes de onze articles. Gre 4. PLATYTERME. Walk. Antennes de treize articles , dont le troisième très-petit. Gre 5.PLATYMES0PE. Westw.Xnteanes, de treize articles. Jambes intermédiaires présentant une dilata- tion au côté interne. Palpes maxillai- res simi»les. Gre 6. MÉsopoLOBE. Westw. Antennes de treize articles. Palpes maxillaires fourchus. Jambes inter- médiaires ayant un lobe interne. 138 Gre 7. entèle. Walk HISTOIRE Antennes de treîze articles, à massue courte. Jambes sim|)le3. Antennes de treize articles , grôles, à massue fusilbrme. Abdomen plus court que le thorax. Gre 9. TRiGONODÈRE. Wcstu). Antennes de treize articles. Thorax très-rétréci en avant. Corps long, étroit etdéprimé. Nervure antérieure des ailes courbée, [pies. Antennes de onze articles. Pattes sim- Anlennes de treize arliclcs. Antennes de onze articles. Pattes an- térieures ravisseuses, cuisses très-gros- Gre 8. PTÉROMALE. Swcd. Gpe 8. CLÉONYMITES Grel. CLÉONYME. Latr. Gre 2. MACRONÈVRE. Gre3. LYCiscA. Spin. Gpe 9. ENCYRTITES. Gre 1 . CALOSOTER. Walk. Gre 2. PL4TYS0CHF.ILE Wcstw (Stenocera CurL, etc.) Gre 3. eupelme. Daim. Gre 4. urocrypte. Wesdv. Gre 5. ECTROME. Wesdv. Gre 6. engyrtb. Lafr. Gre 7.CH0RE1É. Wesfw. Gre 8. CÉRAPTOCÈRE. Westw. Gre 9. MYiNA. Esenb. Gpe 10. EULOPHITES. Gre 1 . EULOPHE. Gcoff. Antennes ayaut ordijiatrement plus de dix articles. Jambes intermédiaires munies d'une épine. Antennes filiformes de treize articles. ..\ntemies ,de onze articles. Corps al- longé. Antennes en massue, de treize articles, Antennes de treize articles. Ailes ru- dimentaires. Antennes de neuf articles. Antennes de onze articles. Corps oblong. Jambes intermédiaires dila- tées , ayant de fortes épines. Antennes de onze articles. Ailes très- rudimentaires. Antennes extrêmement larges et apla* ties. Antennes courtes, de six articles. Antennes n'ayant pas plus de dix arti- cles. Antennes en massue, de sept à dix articles, llabellées dans les mâles. DES INSECTES. 139 Gre 2. ENTEDON. Daln. Antennes sétacées, non flabellées dans les mâles. . Gre 3. ciRROSPiLE. Westw. Antennes épaisses , en massue fusi- forme. Tête échancrée entre les yeux. Après ce que nous avons dit de général sur la tribu des Chalcidiens, il nous reste peu de faits particuliers à signaler sur les divers groupes qui la composent. Tous ont des mœurs analogues, nous ne devons donc mentionner ici que les victimes de prédilection de chacun de ces Chalcidiens. La première famille de cette tribu, la famille des leu- cospiDEs ne comprend que le seul genre Leucospis , lui- même peu nombreux en espèces, mais très-remarquable par sa structure. Rien, en effet, n'est plus singulier que cette tarière des femelles presque aussi longue que l'abdo- men, recourbée et venant s'appliquer exactement sur la partie dorsale, (pi. 5, Fig. 8.) Les Leucospis habitent les parties méridionales de l'Eu- rope, l'Afrique et l'Asie. Toutes sont ornées de taches jau- nes ou rouges sur un fond noir. Nous connaissons peu de chose sur les habitudes de ces curieux insectes, nous savons seulement que ces géants de la tribu des Chalcidiens déposent leurs œufs dans les nids de certaines Abeilles maçonnes ainsi que dans les demeures de diverses Guêpes. La seconde famille, celle des chalcidides, est au con- traire très-nombreuse, tant en espèces qu'en genres ; on l'a subdivisée en plusieurs groupes. Leurs caractères sont gé- néralement d'une importance plus que secondaire; seu- lement comme la famille est très-étendue, nous avons adopté ces groupes , comme un moyen de signaler les principales affinités existant entre les divers genres qui s'y rattachent. Le premier groupe, celui des chalcidjtes, comprend les plus grandes espèces de la famille. Nous mettrons en première ligne les Chalcis proprement dites. C'est surtout les chenilles de divers Lépidoptères que les Chalcis choisissent pour y déposer leurs œufs. M. Klug en a fait connaître une espèce, qui est sortie de la chrysalide d'une Danaïde Chrysippe. M. Audouin nous a appris que la Chalcis petite {Chalcis minuta) (pi. 5, Fig. O) vivait en grand nombre aux dépens des Chenilles de la Pyrale de la vigne, et qu'elle en détruisait chaque année une quantité considérable. A la fin de la belle saison nos petites Chalcides parais sent ; elles vont déposer leurs œufs dans les petites Che- nilles nouvellement écloses; au printemps de l'année sui- vante, les larves grossissent en même temps que les Chenil- les; quand elles ont pris tout leur accroissement, elles se filent une petite coque soyeuse, auprès de la dépouille de leurs victimes, et subissent leur transformation en nymphe. Au rapport de Réaumur, une Chalcis infeste souvent les nids des Charlergues cartonniers '. On ne connaît qu'une seule espèce du genre Dirhine, trouvée en Egypte. Les Palmons sont desjnsectes trouvés seulement dans la gomme copal. Les Conures sont des Hyménoptères d'Amérique très- voisins des Chalcis , mais bien remarquables par la confor- mation de leur abdomen. Nous ne savons rien de particulier non plus sur la seule espèce connue du genre Chirocère : elle habite la France • Nous regardons comme de simples divisions du genre Chalcis les genres Brachymcria , Westw. ; Hockeria, Lap. ; Haltichvlla. Spin. ; Smiera, Spin. DES INSECTES. 141 méridionale; ses anteunes flabellées lui donnent l'aspect le plus étrange. Les Eucharis sont peu répandues , nous n'en connais- sons que deux européennes. Les Thoracanthes sont des plus singuliers par la con- formation de leur écusson, qui se prolonge jusqu'à l'extré- mité de l'abdomen, en recouvrant totalement les ailes comme cela a lieu chez plusieurs Hémiptères (Scutellères). Nous ne connaissons rien sur les mœurs de ces insec- tes, qui habitent l'Amérique méridionale. Le groupe des eurytomites se compose seulement de deux genres • le premier, celui d'Agaon, ne renferme encore qu'une seule espèce de la côte occidentale d'Afrique (Sierra de los leones) ; mais cette espèce est des plus étonnan- tes par la forme de la tête , la présence des deux palettes situées à la partie inférieure de cette tête, ainsi que par la conformation singulière des antennes. Il est à regretter que les habitudes de ces remarquables insectes soient inconnues. Les Eurytomes constituent, au contraire, un genre fort nombreux en espèces de petite taille, ordinairement de couleur noire, lisse et brillante. Ces insectes vivent dans le corps des larves d'autres Hyménoptères , qui parfois sont elles-mêmes parasites. Divers genres ont été établis aux dépens des Kurytomes, mais leur faible importance nous engage à ne pas les signaler. L'Eurytorae de la Serratule a été trouvé vivant aux dépens d'une larve de la famille des Braconides. Les DiPLOLÉPiTES coustitueut un troisième groupe ren- fermant des insectes très-reconnaissables à leur abdomen court et élargi. Nous ne connaissons qu'une seule espèce égyptienne du genre Psilogaster. Ï42 HISTOIRE Les Périlampes habitent l'Europe, où ils ne paraissent pas très- abondants : pendant la belle saison , on les ren- contre ordinairement voltigeant sur les fleurs de rosacées et d'ombellifères. Plusieurs Périlampes ont été trouvés sur des bois habités par des Coléoptères des genres Lycte et Anobium ; il y a tout lieu de croire qu'ils épiaient le mo- ment où ils pourraient déposer leurs œufs dans les lar- ves de ces Coléoptères. Les Cratomes et les Ormyres constituent de petits genres voisins du précédent; leurs espèces ont des habitudes ana- logues. Les Diplolépis ont une forme cylindrique, avec une tarière presque aussi longue que le corps chez les femel- les; à l'état d'insectes parfaits , ils fréquentent les fleurs et principalement les ombellifères. Les femelles déposent leurs œufs dans le corps des larves de ces Cynips habi- tant les excroissances que l'on remarque sur divers végé- taux ;(on en trouvera l'histoire dans une des tribus sui- vantes). Cependant quelques espèces paraissent aussi rechercher diverses chenilles. Les Dyomores et les Torymes se composent seule- ment de quelques espèces voisines des Diplolépis. Le groupe des spala.ngiites renferme six genres principaux, auxquels se rattachent , à chacun d'eux, un plus ou moins grand nombre d'espèces. La plupart.vivent h l'état de larve dans les nymphes de certains Lépidoptè- res. Le type du genre Spalangia {S. nigra, [)etit insecte d'un noir un peu métallique et ponctué sur le corselet, a une larve ovalaire et blanchâtre, à tête petite, arrondie, et rétractile dans le premier anneau du corps. Les MiscoGASTÉaiTES constituent un groupe plus nom- breux que le précédent, et il s'en distingue surtout par DES INSECTES. 143 l'abdomen très-distinctement pédicule. Nous y rattachons une dizaine de genres essentiels , parmi lesquels" nous mettrons en première ligne les Miscogasters, qui habitent en grand nombre sur les plantes. Les habitudes de la Corune en massue [Coruna cla- vata) , qui est verte avec le premier article des antennes et les pattes testacés, ont été observées par M. Haliday. Cet insecte dépose ses œufs sur des Braconides , et ses lar- ves vivent ainsi aux dépens d'autres larves de petits Hy- ménoptères parasites sur des Pucerons. Quand les jeunes Corunes sont prêtes à subirleur transformation en nymphe, elles se filent une petite coque soyeuse entre la dépouille du Puceron et la feuille qu'il habitait. C'est alors que s'effectue la métamorphose de notre Miscogastérite. Nous n'avons rien de particulier à dire sur les autres genres de ce groupe; car nous ignorons quels sont les insectes que recherchent ces divers Miscogastérites. Nous ne pouvons pas en dire davantage pour le groupe cles OBMOcÉRiTES, dont toutes les espèces ont un abdomen sessile. Les PTÉROMALiTES, dout l'abdomeu cst très-fortemcut aplati, habitent en grand nombre l'Europe centrale : ce sont particulièrement les larves de ces petits Hyménop- tères qui vivent aux dépens des Chenilles et des nymphes des Lépidoptères. Le genre Ptéromale, dont on a décrit plus de cent espèces trouvées en Angleterre, nous détruit beaucoup de chenilles. C'est ainsi que le Ptéromale des Nymphes, qui est d'un vert bronzé, avec les jambes, les tar- ses et le premier article des antennes de couleur tes- tacée, a été vu fréquemment sortant de diverses chrysali- des de Vanesse (genre de Lépidoptères), telles que celles connues sous les noms vulgaires Ae petite Tortue, grande 144 HISTOIRE Tortue, et Morio. Le Ptéromale des larves, qui diffère surtout du précédent par les pattes entièrement jaunes, dévore aussi les Chenilles de certains Lépidoptères : il a été observé parasite sur la Pyrale de la vigne. M. Audouin a signalé cinq espèces de ce genre qui at- taquent très-fréquemment la Pyrale de la vigne. De ce nombre sont le Ptéromale des larves [Pt. larvannn); le Ptéromale cuivré (P^. ctqireus) et le Ptéromale com- mun [Pt. communis) , dont ou obtint vingt-trois individus d'une seule chrysalide. Certains Ptéromales vivent aussi aux dépens des Puce- rons; il en est d'autres encore qui attaquent des Osmies. M. Audouin en avait observé plusieurs qui déposent leurs œufs dans les nids des Odynèreset des Anthophores. On a encore vu un Ptéromale sortir des larves de quelques Braconides, parasites elles-mêmes sur d'autres insectes. Les CLÉONYMiTES SB reconnaissent au premier abord à leur corps large et déprimé. On en connaît peu d'espè- ces européennes , que nous rattachons à deux genres. Le singulier genre Lycisca se compose actuellement de deux espèces de l'Amérique méridionale. Les ENCYKTiTES formcut un groupe bien plus nom- breux en genres et en espèces. Toutes sont de la taille la plus exiguë : il en est un bon nombre qui atteignent à peine une demi-ligne de lon- gueur. Plusieurs Encyrtes attaquent principalement divers Hémiptères des genres Cochenille, Kermès, etc. D'au- tres espèces vivent aux dépens de plusieurs Coléoptères. On en a vu éclore de la Coccinelle à septs points aussi bien que de l'Eumène étranglé [Eumenes coarctata). Le genre Eupelme, qui fait partie du même groupe DES INSECTES. 145 renferme des espèces qui attaquent des Diptères. Nous mentionnerons principalement l'Eupelme du Syrphe, qui attaque ordinairement les larves de ces Diptères. Enfin notre dernier groupe de la tribu des Chalcidiens, les EULOPHiTES, sout cucore de joiis Hyménoptères, ex- trêmement petits, bien remarquables par leurs antennes le plus souvent flabellées, surtout dans les mâles. Ces Eulo- phites sont, comme les précédents, très-abondants sur toutes les plantes pendant la belle saison. Ils attaquent surtout les Chenilles des Papillons, mais plus particu- lièrement celles des Nocturnes, des Phalènes et des Tei- gnes. L'Eulophe des pyrales [E.pijralidum), décrit par M. Audouin , passe son premier état dans les œufs de la Py- rale de la vigne. Quelques-uns s'en prennent aussi à des Diptères. On en a signalé un , comme vivant aux dépens d'une Cécydo- rayie. Plusieurs genres de ce groupe sont très-nombreux en espèces ; c'est ainsi que M. Walker a décrit cent cinquante- huit espèces du genre Cirrospile, habitant seulement la Grande-Bretagne. Peut-être quelques variétés figurent- elles dans ce nombre comme des espèces distinctes; mais, quoi qu'il en soit, une telle quantité est vraiment exor- bitante. NEUVIÈME TRIBU. LES PROCTOTKUPIENS. Après les généralités que nous avons données pour la précédente tribu, nous avons peu de chose à dire de général sur les Proctotrupiens : ce sont exactement les mêmes habitudes, le même intérêt. Quelques caractères 13 146 HISTOIRE zoologiques seuls déterminent leur séparation. Comme les Clialcidiens, la plupart des Proctotrupiens sont de lataille la plus exiguë; plusieurs d'entre eux peuvent même faci- lement échapper à la vue. Mais cette tribu est moins nombreuse, bien que Ton en connaisse beaucoup d'espèces indigènes. C'est sur divers points de l'Europe que les Proc- totrupiens ont été particulièrement recueillis. Un ento- mologiste allemand nous en avait déjà décrit une quan- tité assez considérable , lorsqu'un entomologiste anglais en a décrit beaucoup d'autres trouvés en Angleterre. Un simple aperçu de cette nature montre quel est le nombre prodigieux d'espèces qui existent dans certaines tribus. Les Proctutrupicns, malgré leur petite dimension, n'en sont pas moins très-jolis, quand on les examine avec des instruments amplifiants. Leur corps offre ordinairement diverses nuances bronzées et des ponctuations très-variées; leurs ailes présentent toujours les plus brillants reflets de Tiris. DIVISION DE LA TRIBU DES PROCTOTRUPIENS EN FAMILLES, GROUPES ET GE1SRE&. l'e Fano. PROCTOTRUPIDES.Ailes proportionnées à la dimension du corps. Groupe 1. DIAPRIITES. Abdon)en pétiole, campanule. Anten- nes de douze à quinze articles, insé- rées sur le front. Genre t. diapkie. Lat. Antennes des mâles de quatorze ar- ticles ; des femelles de douze. Ailes sans cellules. Gréa. cÉPHALONOMiE. iyf^<. Antennes de douze articles dans les deux sexes. DES INSECTES. 147 Gre3. aneurhynche. Westw. Antennes des mâles de quatorze arti- cles, et des femelles de douze. Ailes ofirant une cellule marginale allongée. Gre 4. gal^se. Cjirt. Antennes des mâles de quatorze arti- cles; des femelles de douze. Tête pro- longée en avant. Gre 5. paramésie. Westw. Antennes de treize articles. Gre 6. BASALYS. Westw. Antennes de quatorze articles, dont le quatrième dilaté. Ailes ayant deux cellules marginales. Gre 7. bélyte. Jur. Antennes de quatorze articles dans les mâles et de quinze dans les femelles. Ailes ayant une cellule marginale triangulaire. Gre 8. uÉLORE. Latr. Antennes de treize articles. Ailes très- veinées. Gpe 2. PROCTOTllUPITES.Abdomen en clochette, presque ses- sile. Antennes de douze articles, in- sérées au-dessous du front. Gre 1. pp.ocTOTRtPE. Latr. Gpe 3. GONATOPITES. Abdomen convexe , nullement en clo- chette. Antennes de dix articles. Gre I. néjaxLE.Latr. Tête aplatie, plus large que le thorax. Antennes de douze articles. Gre 2. ÉPYRE. Westw. Tôte aussi étroite que le thorax. An- tennes velues de treize articles. Gre 3. GONATOPE. Esenb. Antennes épaissies à l'extrémité. Tar- ses ayant de très-grands crochets. Gre 4. embolème. Westw. Corps long. Antennes de dix articles , insérées sur un tubercule frontal, fili- formes et plus longues que le corps. Gre 5. LABEO. Haid. Antennes filiformes avec le premier article fort grand. Palpes maxillaires de trois articles. Grée. ANTÉON. Za^r. Palpes longs, de six articles. Les tarses antérieursen pince dans les femelles. 148 Gre 7. AnnÉLOPE. Daim HISTOIBE Antennes de dix articles. Palpes de six articles. Gpe 4. CE RAPFIRONTITES. Abdomen en clocliette presque ses- sile. Antennes de dix à onze articles, insérées près de la bouche. Gre 1. cÉRAPHRON. /ar. Palpes maxillaires de quatre articles. Tarière cachée. Gre 2. CAi.ucEnAS. Esenb. Palpes maxillaires de cinq articles. Ta- rière saillante. Gpe 5. PL ATYGASTÉP.ITES. Abdomen déprimé sessiie, nullement en clochette. Antennes de dix à douze articles. Gre 1. PLATYG.vsTEH. Za?r. Antemies de dix articles. Abdomen allongé. Antennes de dix articles. Abdomen cornu dans les femelles. PHiTRACuÈLE. Httl. Autcmies munics de bouqucts de poils dans les mâles. Tarses de quatre ar- ticles. Antennes de douze articles. Palpes maxillaires de cinq; les labiaux de trois. Antennes de douze articles. Corselet plus court. Abdomen sessiie. Antennes de douze articles. Pattes pro- pres au saut. Antennes de onze articles, insérées sur un tubercule frontal. Ailes à peine plus longues que le thorax. Ailes étroites, quelquefois linéaires, élargies à l'extrémité en une petite spatule. Tarses de quatre articles. Antennes de treize articles dans les mâles, de neuf dans les femelles, ayant une massue sans divisions annu- laires. Gre 2. INOSTEMME./Zfl^W. Gre 3. Gre 4. sparasion. Latr. Gre 5. scELio. Latr- Gre 6. TÉLÉAS. Lut)'. Gre 7. iiémisie. Westw. 2« Fam. MYMAMDES. Gpe 1. MYMARITES. Gre 1. MYMAR. Halid I>ES INSECTES. 149 Grc 2 ELSTOCHK . Udl Différant du genre Mymar par les an- tennes des femelles de dix articles avec la massue bien articulée. Gre 3. ANAGRE. Hal. Différant du genre Mymar par l'ab- domen sans pédicule. Gpe 2. OOCTONITES. Tarses de cinq articles. Gre 1. LYTE. Hal. Antennes de neuf articles chez les femelles. Gre 2. ooctone. Hal. Antennes des mâles de treize articles, celles des femelles de onze. Gre 3. allante. Hal- Antennes des mâles de dix articles, celles des femelles de huit. Deux familles basées sur quelques caractères zoologi- ques constituent la tribu des Proctotrupiens. La première qui doit nous occuper, celle des proctotrupides, est la plus nombreuse. Elle comprend plusieurs groupes. Nous parlerons d'a- bord des DiAPRiiTEs; mais le manque d'observations ne nous permet pas de nous y arrêter. Ces Hyménoptères sont assez abondants dans notre pays, où on les rencontre sur la terre et sur les herbes basses. Le genre Diaprie est le principal du groupe; les mâles sont bien remarquables par leurs antennes noueuses et par les bouquets de poils dont elles sont ornées. Il est à regretter seulement que nous ne sachions pas pour la plupart sur quels insectes ils déposent leurs œufs; cependant l'un d'eux, d'après M. Bouché, attaque les larves desCécidomyies (Diptères). Nous réunissons aux Diapries plusieurs genres, que nous re- gardons comme de simples divisions ( Platymischus, Wesitv..iei Céphalonomie, Westiv.). Tous les autres gen- res du groupe des Diapriites ne renferment généralement qu'une très-petite quantité d'espèces: les Hélores sont les plus nombreux. Les Galèses sont les plus singuliers par !50 HISTOIRE la forme des mandibules, qui, étant très-prolongées, constituent une sorte de rostre. » Le Jiroupe des proctotrupites est basé sur le seul gem-e Proctotrupe, qui se rapproche des Chrysidiens par plusieurs caractères zoologiques ; quelques espèces au moins déposent leurs œufs dans le corps des larves de divers Tipuliens (Diptères). Les GONATOPiTEs forment le troisième groupe de la famille des Proctotrupides; on y rapporte plusieurs genres très-singuliers, qui paraissent se rapprocher des Scolii- des. On sait déjà que certaines femelles, regardées comme des Béthyles, ont été reconnues comme appartenant au genre Tiphie, que nous avons mentionné précédemment. Quelques entomologistes pensent que d'autres femelles de Béthyles, de Gonatopes et d'Épyris, sont armées d'un ai- guillon, ce qui tendrait à démontrer que leur place est peut-être parmi lesSapigites ; mais la petitesse de ces in- sectes rend les observations tres-difllciles. Les habitudes d'une espèce de Béthyle , qui ont été étu- diées par M. Haliday, tendent encore à conlirmer ce rap- prochement; mais il faut encore de nouvelles observations pour nous fixer positivement sur la place que doivent occuper les Gonatopites. L'espèce dont M. Haliday nous a signalé les mœurs enlève les chenilles de quelques Teignes (Lépidoptères) vivant sur des rosiers, où elle les arrache avec beaucoup de peine pour les emporter dans un nid construit en terre. Cependant le Béthyle fourmi {Bethylus formicarius , Panz) a été observé avec le plus grand soin par M. Au- douin. Cet Hyménoptère se trouve en abondance dans cer- tains vignobles, où il court sur les ceps avec la plus DES INSECTES. 151 grande vivacité. Les larves de ce Béthyle vivent parasites sur des chenilles de Pyrale , mais elles se tiennent à l'exté- rieur, leur partie buccale seule se trouvant enfoncée dans la peau des chenilles. Ces larves sont d'un vert tendre dans le jeune âge, et leur corps estréniforme; mais en quelques jours elles changent de forme et de couleur; toute la par- tie antérieure de leur corps pénètre dans la chenille , leur forme devient oblongue, leur couleur d'au jaune vif; elle passe ensuite à la lie de vin, avec des taches blan- châtres. Quand elles ont acquis toute leur croissance, elles quittent le corps des chenilles et se filent de petits cocons soyeux brunâtres. Toutes les larves qui ont vécu sur la même chenille font leur coque près les unes des autres en les réunissant par une sorte de bourre de soie. Les Épyres diffèrent très-peu des Béthyles. Les Gonato- pes paraissent avoir des mœurs analogues à celles de ces derniers; ils se font remarquer par leur corps privé d'ai- les et par l'étranglement du thorax. Il serait possible que tous ces Gonatopes fussent des femelles de quelques Bé- thyles. Les Antéons sont des plus faciles à reconnaître par les cro- chets des tarses très-grands, en forme de pinces, comme celles des crabes et des écrevisses; on n'en connaît que peu d'espèces, assez rares dans notre pays. Les divers autres genres du même groupe n'offrent au- cune particularité à mentionner ici ; les espèces qui s'y rattachent sont peu nombreuses. Le groupe des céraphrontites renferme essentielle- ment le genre Céraphron, auquel nous rapportons plu- sieurs coupes de certains entomologistes comme de simples divisions. [Microps, Hal.; Calliceras, Esenb). Nous connaissons une quantité assez considérable d'es- 152 HISTOIRE pèces de ce genre. Toutes sont répandues dans l'Europe centrale, et leur taille n'excède pas ordinairement une ligne de long. Les larves de ces petits Hyménoptères vivent sur diffé- rents insectes. Le Céraphron de Charpentier {C. Carpen- teri) vitaux dépens des Pucerons des fèves. Cette espèce appartient au genre Mégaspile de Westwood, qui ne diffère des vrais Céraphrons que par peu de caractères. Un ob- servateur allemand, M. Bouché, nous a signalé un autre Céraphron (C. Syrphii) qui attaque diverses espèces de Syrphes (Diptères). Les PLÀTYGASTÉRiTEs forment le cinquième et dernier groupe de la famille des Proctotrupides. Le genre Piaty- gaster est le plus nombreux du groupe : on en connaît plus de cent espèces, ayant souvent à peine une ligne de longueur : toutes sont de couleurs sombres ou noires, mais très-luisantes ; ces petits insectes se font remarquer surtout par l'aplatissement de leur abdomen : leur pré- sence dans diverses localités est souvent un bienfait; car ils détruisent en quantité considérable les larves de certaines Cécydomyies (Diptères), qui sont trop fréquem- ment nuisibles aux céréales. Ce sont ces Diptères que nos Platygasters recherchent pour déposer leurs œufs. Les petites larves, après avoir dévoré les vers de la Cécy- domyie, se fdent de petits cocons soyeux , réunis en masse et protégés par la peau de leur victime. Nousn'avons aucune particularité à mentionner sur plu- sieurs petits genres du groupe des Platygastérites fondés sur une, deux ou trois espèces, dont les habitudes sont en- core ignorées. Le genre Inostemme renferme particulièrement une espèce {J.Boscii),(\\n a été signalée comme vivant sur les DES INSECTES. 153 poires, mais il nous paraît plus probable que cet lîymé- noptère venait attaquer d'autres insectes habitant ces arbres fruitiers. LesTéléas, pendant leurs premiers états, vivent dans les œufs de divers Papillons de nuit ; et, ce qu'il y a de curieux, c'est qu'un seul œuf peut servir souvent de nourriture à plusieurs individus de nos Platygastérites , pendant toute la durée de leur existence à l'état de larve. Aussi ces Hyménoptères sont-ils d'une petitesse extrême. Leur taille n'excède pas ordinairement un demi-millimètre de longueur. C'est parmi les plantes basses, quelquefois sur les fleurs, qu'on rencontre ces Téléas. L'une des espèces les plus communes du genre est le T. des œufs (7". ovulorum. Lin.), qui est d'un noir brillant avec les jambes antérieures, la base des postérieures et les tarses d'un jaune testacé pâle ; c'est cet insecte qu'on voit sortir le plus souvent des œufs des Papillons noc- turnes. Quelques genres établis par les entomologistes anglais sont rapportés par nous aux Téléas comme en étant de sim- ples divisions. {Xetiomerus, Walk; Thoros, Hal.; Teleno- mus, Hal.; Grijon, Hal.) La seconde famille des Proctotrupiens, les mymaeides, sont de très-petits Hyménoptères bien singuliers par l'ex- trême ténuité de leurs ailes et par la longueur de leurs antennes. On les trouve courant et voltigeant avec une grande activité sur les plantes basses; leurs transforma- tions ont encore été peu observées. 154 HISTOIRE DIXIÈME TRIBU. LES ICHNEUMONIENS. Comme nous l'avons dqà dit, les Ichneumoniens vivent de la même manière que les Proetotrupiens et les Chalei- diens. Tous ces Hyménoptères ont des habitudes analo- gues; ils choisissent toujours des Chenilles ou diverses lar- ves pour y effectuer le dépôt de leurs œufs. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ces larves insec- tivores sont elles-mêmes parfois dévorées par d'autres zoophages. Les Ichneumons constituent une tribu considérable de l'ordre des Hyménoptères. Ce sont des insectes d'une taille moyenne, d'une forme élancée, et bien reconnaissa- blés aussi à leurs antennes longues et toujours vibrantes. Leur abdomen est attaché au thorax par un pédicule grêle. Dans certains genres, les femelles sont remarqua- bles par la longueur de leur abdomen. (PI. 5, fig. lo.) Ces Hyménoptères sont répandus dans toutes les par- ties du monde; ils offrent une grande variété dans les couleurs , dans l'aspect général et même dans la taille. Sous le rapport de leur classification et de la description de leurs espèces, il reste beaucoup à faire sur la tribu des Ichneumoniens. Les indigènes presque seuls, jusqu'à pré- sent, ont attiré l'attention des entomologistes. Quant aux exotiques , qui sont fort nombreux , la plupart sont conser- vés dans diverses collections, sans qu'aucun naturaliste ait encore eu l'envie d'en dresser la nomenclature. Les services que ces insectes rendent à l'agriculture sont immenses; leur prodigieuse multiplication met seule un arrêt au développement excessif des espèces phytopha- ges. C'est principalement à l'influence des Ichneumons , DES INSECTES. 165 des Chalcidiens, des Proctotriipiens que le cultivateur doit fréquemment de voir cesser les ravages de certaines espè- ces dévastatrices ; ils déploient un instinct vraiment sur- prenant, pour découvrir soit les œufs, soit les larves, soit les nymphes, qu'ils recherchent pour y placer le dépôt de leur postérité. Il est à remarquer que, le plus ordinaire- ment, chaque espèce n'attaque pas indifféremment le pre- mier insecte qu'elle rencontre, mais choisit toujours la même proie. C'est là un fait bien singulier et véritable- ment inexplicable que cet instinct merveilleux, car rien ne dit à l'Ichneumonien femelle dans le corps de quel in- secte il a passé les premiers états de sa vie. Nous divisons la tribu des Ichneumoniens en trois fa- milles, qui renferment elles-mêmes plusieurs groupes, auxquels se rattache une série de genres énoncés dans le tableau suivant ; TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES ICHNEUMONIENS, EN FAMILLES, GROLPES ET GENRES. lète Famille, braconides. Palpes labiaux de trois articles. Groupe Ur.HYBKlZONlTES. Dents des mandibules courbées en dedaus. Articulation mobile entre les deuxième et troisième anneaux, de l'ab- domen. Gre 1. UYBRizoN. Fab. Antennes d'environ vingt-quatre arti- cles. Abdomen oblong. Gre 2. ÉPiiÈDRE. Hal- Antennes de onze articles. Abdomen oblong. Gre 3. praon. Hal. Abdomen pouvant se contourner sous le thorax. Gpe 2. ALYSIIXES. Dents des mandibules courbées en dehors. Gre 1. ALYSiE. Lair. Ailes offrant trois cellules cubitales. 156 Gre2. Gre3 Gre4. Gre 5. Gie 6. Gpe 3. Genre Gre 2. CHASMODON. Hul. . OENONE. Hal. DACNIISE. Hal. tHORÈBiE. Hal. coELiNiE. Nées'. BRACONITES. 1 . BRAcoN. Fah. HISTOIRE Ailes nulles. Ailes offrant deu\ cellules cubitales. Abdomen voûté. Tête large. Yeux glabres. Abdomen court. Yeux poilus. Le deuxième anneau de l'abdomen beaucoup plus grand que les autres. Tête cubique avec le vertex excavé. Abdomen long et comprimé. Dents des mandibules courbées en dedans. Chaperon échancré. Antennes longues et grêles, avec le troi- sième article plus l»ng que le second. HISTEKOMERUS. T^es/tt-Antennescourtcs et épaisses, presque moniliformes. Tète déprimée, plus large que le thorax. Antennes longues avec le premier ai- ticle très-gros. Tête plus étroite que le thorax. Antennes longues. Tête plus large que le corselet. Palpes maxillaires longs, de six arti- cles. Tête transversale. PELECYSTOMA. WcsM. Palpes maxillaircs ayant leur troi- sième article dilaté et sécuriforme. Tête transversale. Tête aussi longue que large. Articula- tion des 2' et 3' anneaux de l'abdomen à peine distincte. Tarses semblables- Tête aussi longue que large. Tarses intermédiaires beaucoup plus courts que les autres. Tête transversale. Antennes presque moniliformes. Palpes maxillaires courts, de cinq articles. EXOTÈCHE. Wesm. Gre 3. rocas. Nées. Gre 4. ademon. Hal. Gre 5. Gre 6. Gre 7. doryctes. Halid. Gre 8. ANIS0PELMA. Nées. Gre 9. hormie. Nées. DES INSECTES. 157 Gre 10. CHREMYLE. Hal. Tôte transversale. Antennes monili- formes, de douze articles. Tête carrée. Abdomen pédoncule. Deuts des mandibules courbées en dedans. Cliaperon enlier. Vertex échancré postérieurement. Antennes longues et grêles. Mâchoi- res et lèvres courtes. Antennes longues et grêles. Mâchoires et lèvres prolongées en forme de bec. Antennes grêles, de dix-huit articles. Yeux velus. Antennnes de vingt articles. Yeux ve- lus. Dents des mandibules courbées en dedans. Abdomen voûté formant une sorte de carapace. Genre I. RHiTiGASTER. TFesm. Abdomen terminé en une massue composée de trois anneaux voûtes. Abdomen ayant sa partie dorsale d'une seule pièce. Yeux glabres. Abdomen ayant sa partie dorsale d'une seule pièce. Yeux poilus. Abdomen divisé en dessus en trois anneaux. Yeux glabres. Gpe 6. OPIITES. Dents des mandibules courbées en dedans. Chaperon entier. Vertex con- vexe. Articulation immobile entre les deuxième et troisième anneaux de l'abdomen. Gre 11. SPATHIE. Nées. Gpe 4. AGATHITES. Gre I . MiCRODE. Nées. Gre 2. AGATHis. Latr. Gre 3. MicROGASTER. Latr. Gre 4. acoelie. Hald. Gpe 5. SIGALPHITES. Gre 2. ASCOGASTER. Wesm. Gre 3. chelone. Jurine. Gre 4. sigalphe. Latr. Gre I. PAXYLLOMA. Breb. Gre 2. 1CHNEUTES. Nées. Gre 3. phvlax. Wesm. Abdomen pédoncule , et en forme de faux. Tarière cachée. Chaperon avancé en forme de bec. Abdomen sessile , s'élargissant à l'ex- trémité. Taiière cachée. Abdomen étroit et comprimé. Tarière 158 HISTOIRE Gre 4. rooas. IS'écs. Gre 5. helcon. Aées. Gre 6. DiosptLE. Hal. Gre 7. orgile. Hal. Gre 8. CALYPTE. Hal. Gre 9. EUBADizoN. .ArW. Gre 10. uLACus. Nées. Gre 1 1 . LEiopHRON. Aées. Gre 12. EUPHORE. Ares. Gre 13.C0RYN0PH0RE *. Blanch (Rhopalophora) Hal. Gre 14. périlite. Wesm. Gre 15. MÉTÉORE. Hal. recourbée.Mésolliorax sans nodosités. Abdomen long et linéaire. Tarière longue et grêle. Tête comprimée trans- versalement, écliahcrée au sommet. Mésolhorax offrant trois nodosités. Abdomen court. Tète convexe. Cuis- ses postérieures très-renflées. Abdomen court, arrondi latéralement. Tète large et convexe. Ailos posté- rieures échancrées au côté interne. Abdomen court et large. Tête excavée en dessus. Jambes antérieures ro- bustes, ayant de larges épines. Abdomen court et large , n'ayant que trois anneaux distincts. Ailes posté- rieures échancrées au côté interne. Abdomen long, ayant le dos de même largeur dans toute son étendue. Ta- rière longue et filiforme. Abdomen comprimé, presque sessile. Tarière saillante. Abdomen sessile. Tarière courte, mais saillante. Antennes à articles cylin- driques. Abdomen pédoncule. Tarière ca- chée. Ailes offrant inie cellule radiale très-épaisse, semi-lunaire. .Abdomen pédoncule. Antennes cou- dées et un peu renflées vers Textré mité. Tarière saillante. Abdomen fortement pédoncule. Ta- rière saillante. Ailes ayant seulement deux cellules cubitales. Abdomen ayant son premier segment rétréci en un long pédoncule. Ta- rière saillante. Ailes offrant trois cel- lules cubitales. DES INSECTES, 1Ô9 Gre 16. CNAMPTODON. Hal. Gre 17.01'ius. Wesm. Famille 2*. ichneumonides. Groupe l.SÏÉPHANITES. Gre l. STÉPHANE. Illig. Gi)e2. OPHIOMTES. Gre 1. xoRiDEs. Lalr. Gre 2. odontomère. Grav. Gre 3. acoenites. Latr. Gre i.iovPA. Fabr. Gre 5. HELwiciA. Lalr. Gre 6. oPHioN. Fabr. Gre 7. arotes. Grav. Gre 8. bvnchus. Fabr. Gre 9. eumf.sie. Westiv. (Euceros Gr.) Gre 10. orthocentre. Grav Abdomen ovalaire. Tarière saillante , épaisse et infléchie. Abdomen ovalaire à pédoncule très- court. Tarière nonsaillante ou à peine saillante. Palpes labiaux de quatre articles. Palpes maxillaires très-longs. Cuisses postérieures renflées, les hanches très- grêles. Abdomen inséré à la partie postéro-supérieure du mélathorax. Abdomen comprimé latéralement, plus ou moins en faucille. Tête globuleuse. Antennes et pattes grêles. Tête globuleuse. Antennes grêles. Cuisses postérieures très-renllées et dentées. Tête courte et large. Pattes posté- rieures fortes et allongées. Antennes dilatées avant l'extrémité et terminées en pointe. Antennes renflées vers l'extrémité et comprimées. Antennes filiformes, extrêmement grê- les. Abdomen pédoncule, très-com- primé, en forme de faucille. Antennes grêles. Abdomen subpé- donculé, comprimé à l'extrémité. Pattes postérieures épaisses. Antennes se recourbant à l'extrémité. Abdomen comprimé latéralement, presque sessile. Pattes grêles. Antennes dilatées dans le milieu. An- neaux de l'abdomen étranglés. . Antennes grêles. Pattes épaisses. Ab- domen comprimé. 160 H Gre 11. BASsus. Fabr. Gpe 3. PIMPLITES. Gre 1. ospRYNCiiOTE. Spin. Gre 2. peltastes. Illig. Gre 3. piMPLA. Fabr. Gre 4. PHYTODiÈTE. Grav. Gre 5. PÉzoMACHE. Gr. Gre 6. AcnYOTïn:. Walk. Gre 7. nEMiTELEs. Grav. Gre8. BARYCEROS. Grav. Gre 9. cryptus. Fabr. Gpe 4. ICHNEUMOMTES. Gre I. ALOMVA. Panz. Antennes et pattes grêles. Abilonieu comprimé, avec le premier anneau li- néaire et aplati. Abdomen arrondi. Tarière plus ou moins saillante, quelquefois très-lon- gue. Antennes assez épaisses, de vingt- quatre à vingt-cinq articles. Abdomen à premier segment pédunculiforme. Tôte allongée et rétrécie en avant en forme de museau . Antennes assez épaisses , de moyenne longueur. Tarière pointue, saillante. Antennes très-longues. Tarière tou- jours saillante, plus ou moins lon- gues. Abdomen presque sessile. Antennes très-longues et grêles. Abdo- men pédoncule, à premier segment lisse. Tète rétrécie postérieurement. Corse- let gibbeux. Ailes très-rudimentaires. Écusson portant une longue épine. Abdomen épais, avec un long pédi- cule courbé. Antennes simples. Abdomen pédon- cule. Tarière saillante. Antennes plus courtes que le corps, comprimées entre le milieu et l'extré- mité, diminuant ensuite de largeur. Antennes longues et grêles. Métathorax épineux. Abdomen pédoncule. Ta- rière saillante, assez longue. Abdomen nullement comprimé laté- ralement. Tarière cacbée. Antennes assez épaisses. Tète globu- leuse. Abdomen long, pédoncule et déprimé. DES INSECTES. 161 Antennes grêles. Abdomen pédoncu- le et ovalaire. Corps étranglé. Abdomen pédoncule, pyriforme, avec le premier anneau presque linéaire. Antennes grôles. Tète large , un peu avancée. Pattes postérieures très-lon- gues avec les tarses épais. Tète courte et large, prolongée au-des- sous des antennes. Pattes cour les, avec les cuisses et les jambes comprimées. Antennes longues et grêles , Tète courte, plus étroite que le tborax. Ab- domen oblong subsessile. Pattes et antennes renflées. Tête glo- buleuse. Tète courte, rétrécie postérieurement. Ailes rudimentaires. Tête courte , plus étroite que le tbo- rax. Abdomen convexe, pédicule, presque aussi large que le tliorax. Palpes labiaux de quatre articles. Abdomen implanté sur le tborax im- médialement au-dessous de l'écussou. Abdomen en faucille. Antennes fili- formes de quatorze articles. Corps long. Abdomen composé d'an- ueaux longs et cylindriques. Corps long et grêle. Abdomen long, renflé à l'extrémité. Corps court. Abdomen extrêmement court, comprimé et pédicule dès sa base. Les BijACo.MUES, que nous plaçons en première ligne, sont en général les plus petits Ichneumoniens ; mais les Gre 2. Tno(;ts. Panz. Gre 3. spni.NCTUS, Grav. Gre 4. scoLOBATES. Grav. Gre 5. Exocnus. Grav. Gre 6. riiYVRon. Fait. Gre 7. microleptes. Grav. Gre 8. BRACHïPTÈRE. Gruv. Gre 9. ichneumon. Lin. Famille 3*. evaniides. Genr-e l . aulaque. Jurine. Gre 2. pÉLÉciNE. Latr. Gre 3. foene. Fabr. Gre 4. ev.vnia. Fab. affinités zoologiques qui existent plus entre eux et les tribus précédentes qu'entre les autres Ichneuraoniens, ont marqué leur place. On reconnaît ces Hyménoptères à leur corps long, très-grêle, avec des ailes grandes par rapport à leur faible complexion; une petite tète arrondie sup- porte de longues antennes très-déliées; les femelles ont or- dinairement leur tarière saillante et d'une finesse extrême. La famille des Braconides a été divisée en six groupes par divers entomologistes. C'est aussi cette division que nous adoptons. Le groupe des hvbrizonites, lepremier de cette famille, renfermeun petitnombrede genres, aux queisse rattachent les plus petits Ichneumoniens. Les Pucerons leur servent de pâture : c'est dans le corps de ces insectes que s'effec- tue le dépôt des œufs; les larves qui en naissent dévorent le frêle Hémiptcre et n'abandonnent leur dépouille qu'a- près avoir acquis tout leur accroissement. Le genre Hy- brizon, le principal du groupe, a reçu aussi de la part de plusieurs entomologistes le nom à'Aphidius , dénomina- tion qui indique leur rapport avec les Pucerons. Ce sont les pucerons qui restent toujours à l'état aptère, c'est-à-dire les femelles, qui sont sujettes surtoutaux atta- quesdes Hvbrizonites. Cette manière de vivre a été obser- vée chez ces Hyménoptères par Linné lui-même, qui nomma Ichneumon des pucerons (/. aphidum, Lin.) le type du genre Hybrizon. Il est long d'un millimètre et demi , avec le devant de la tète jaune, ainsi que le devant du corselet, qui en outre offre deux lignes brunâtres; les jam- bes antérieures et la base des postérieures sont également jaunes. Cet insecte est très-commun dans toute l'Europe et attaque plusieurs espèces de pucerons, particulièrement celle du Rosier. DES INSECTES. 163 Les ALYsiiTES, qui constituent le second groupe de la famille des Braconides, sont plus abondants que les Hy- brizonites, et l'on en connaît dans les diverses parties du monde. Le genre Alysie renferme la plupart des espèces du groupe; ce sont en même temps les moins petites ; ce- pendant nous savons très-peu de chose sur le genre de vie particulier à ces Ichneumoniens. Il paraît toutefois qu'ils dirigent leurs attaques plus spé- cialement sur divers Diptères de la famille des Muscides. Les BRAcoNiTEs forment le groupe le plus nombreux dans cette familledes Braconides; le genre Bracon, qui en est le type, renferme une grande quantité d'espèces, que les voyageurs nous rapportent de toutes les parties du monde ; ces insectes ne sont pas rares non plus dans notre pays; la plupart sont d'une taille moyenne; leur corps est agréablement nuancé de couleurs vives, et leurs ailes sont aussi diversement colorées. Durant toute la belle saison on voit ces Braconites voltigeant sur toutes les fleurs ; cependant très-peu de faits sur leurs métamorphoses, ainsi que sur leurs premiers états, sont encore venus à notre connaissance. Toutefois, quelques observations recueil- lies çà et là nous représentent ces insectes comme vivant à l'état de larve dans les corps de divers Coléoptères à l'état parfait. M. Bouché a nommé Bracon du cis ( Bracon cis) une espèce qui attaque les petits Coléoptères de ce genre. M. Boudier nous a signalé deux Braconites sortis de l'abdomen de divers charançons {Otiorhyncims ligna- rius tl Barynotus elevatus). D'autre part, M. Westwood assure que des Braconites, appartenant aux genres Spathie et Anisopelma , pénètrent dans les maisons , dans le but de déposer leurs œufs dans le corps des larves des Ptines, qui rongent nos boiseries. I()4 HISTOIRE Les AGATHiTES Constituent un quatrième groupe, auquel se rapportent seulement quelques Genres, représentés par une quantité d'espèces peu considérable, si l'on en excepte toutefois les Microgaaters, qui sont fort répandues dans notre pays. Ils doivent être regardés comme bien utiles; car, sans leur présence, nos potagers seraient bientôt rava- gés chaque année. Ces petits Hyménoptères attaquent les Chenilles du chou, qui donnent ces Papillons blancs si communs dans toute l'Europe. Le Microgaster dépose un assez grand nombre d'oeufs dans la même Chenille. Les petites larves vivent pendant longtemps aux dépens des parties graisseuses de cette Chenille. Celle-ci a acquis tout son développement à la même époque que les para- sites qui la rongent : elle abandonne alors la plante qui lui servait de pâture, et grimpe le long des murs pour s'y fixer et y subir sa transformation en chrysalide. Le mo- ment est venu aussi où les larves des Agathites vont l'a- néantir ; eux-mêmes vont se métamorphoser en nymphes; ils attaquent alors tous les organes importants de la Gbe- nille, ils ne laissent qu'une dépouille inanimée. Ils percent cette peau de toutes parts ; ettoutautour d'elle, chaqueindi- vidu se file un petit cocon soyeux d'un jaune pâle , parfaite- ment ovale. Le plus ordinairement ces petits cocons sont réunis en masse de deux ou trois paquets. Quelques jours suffisent pour voir paraître l'insecte parfait. Chaque année, nos murailles avoisinant les endroits où l'on cul- tive des plantes potagères, nous présentent en quantité plus ou moins considérable ces débris de Chenilles en- tourés de cocons de Microgasters. Diverses expériences que nous avons faites sur la quan- tité des parasites par rapport au nombre des Chenilles du chou peut donner une idée de l'importance de ces petits DES INSECTES. 165 êtres, dans la balance de la nature. Deux cents chenilles du grand Papillon dn chou [Pie ris brassicœ)^ recueil- lies sur des chous avant qu'elles aient atteint toute leur grosseur, ne donnèrent que trois Papillons. Les cent quatre-vingt-dix-sept autres individus étant attaqués par des Microgasters, ne purent effectuer leur transformation. De semblables expériences répétées pendant plusieurs années sur des quantités de Chenilles plus ou moins con- sidérables donnèrent toujours des résultats à peu près analogues. Ainsi lePapillon du chou est bien commun ; on le voit voler partout durant l'été, et fréquemment les culti- vateurs souffrent des ravages exercés par sa Chenille. Sans la présence des petits Braconides, la dévastation n'aurait plus de bornes, tant que ces Chenilles ne vien- draient pas à périr faute de nourriture, lorsqu'elles au- raient tout dévoré. Dans quelques cas assez rares les Chenilles ne périssent qu'après avoir -subi leur métamorphose en chrysalide; mais presque toujours elles sont anéanties avant cette pé- riode de leur existence. Le Microgaster que nous venons de signaler plus par- ticulièrement , est le Microgaster aggloméré [dlkrogas- 1er (jlomeratus. Lia.), petit insecte long d'une ligne, de couleur noire, avec les pattes d'untestacé fauve, ainsi que les bords latéraux du premier anneau de l'abdomen. Les autres espèces du même genre vivent de la même manièie ;on en a observé plusieurs infestant diverses che- nilles. Toutes ne ^lisposent pas leurs cocons exactement de la même façon , auprès de la dépouille de leur victime; c'est là une des plus grandes différences qui existent dans le genre de vie propre à ces Hyménoptères. Quelques genres encore appartiennent au groupe des Agathites, entre autres le genre Agathis, dont ce dernier tire son nom; mais nons n'avons rien de particulier à si- gnaler sur réconoraie de ces insectes. Le groupe des sigalphites comprend les Braconi- des les plus curieux sous le rapport de leur aspect exté- rieur. Leur abdomen paraît recouvert d'une carapace solide, et chez ceux où cette carapace est incomplète, l'ab- domen est renflé à l'extrémité en une forte massue. Ces Ichneumoniens sont peu nombreux ; on les rencontre toutefois assez fréquemment pendant la belle saison : ils voltigent de fleur en fleur, principalement sur les ombel- lifères; quanta ce qui est de leurs premiers états , il reste beaucoup à observer. Un fait recueilli par De Geer nous apprend seulement qu'une espèce du genre Rhitigaster [R. irrorator) est parasite sur un Papillon nocturne très-commun dans notre pays ( Acronycta psi). Il a été rapporté cependant par un entomologiste, un fait qui nous paraît peu en harmonie avec les observa- tions recueillies sur une foule d'espèces de la même fa- mille. Selon cet entomologiste, les femelles de Chelone [Che- lonus) ne pondraient pas d'oeufs, mais déposeraient leurs jeunes à l'état de nymphe. Ceci mériterait confirmation. Les opiiTEs formeront notre dernier groupe parmi les Braconides; la liste des genres qui lui appartiennent est assez longue. Les espèces qui les représentent sont abon- dantes sur diverses plantes, dans les endroits humides et ombragés. Quoi qu'il en soit, nous ignorons pour la plupart, de quels insectes elles font choix pour assurer l'existence de leur progéniture. Cependant, d'après une observation de J)eGeer, une espèce de Périlite est parasite d'une Che- nille [Zygaena fdipendulœ), et forme des cocons sus- DHS INSECTES. 167 pendus au corps de cette Chenille. Selon M. Westwood, une autre espèce du même genre [Perilitus similator) attaque un petit Coléoptère {Orchesia micans). M. Bou- dier nous a signalé aussi deux espèces du genre Blacus comme recherchant plus spécialement certains Charançons [Otiorhijnchus lignarius et Barijnotus elevatus) . Nous arrivons maintenant à la seconde famille de la tribu, celle des ichneumonides, qui est composée d'es- pèces plus grandeset plus belles que celles de la précédente. Ce sont les insectes surtout que tout le monde en général connaît sous la domination d'Ichneumou; dénomination que les entomologistes ont réservée pour un seul genre dans cette nombreuse famille. Quatre groupes distincts nous paraissent diviser les Ichneumonides d'une manière convenable. Ces groupes sont, à la vérité, peu tranchés; mais comme nous l'avons dit pour la famille des Chalcidides , ils ont l'avantage de faire sentir les analogies. Le premier, celui des stephanites, qui ne comprend que le seul genre Stéphane, sur lequel nous n'avons aucune donnée quant aux métamorphoses, a pour type une es- pèce assez rare en France et en Allemagne, connue sous le nom de Stéphane à scie [St. serralus). Ce qui rend sur- tout cet insecte remarquable, c'est l'anomalie de ses for- mes , qui le rendent intermédiaire entre les Braconides et les Ichneumonides, bien que ses caractères particuliers soient très-prononcés. Ainsi sa tête est tubcrculée; ses cuisses postérieures sont fortement renflées ; son abdomen , inséré à la partie supérieure du thorax, offre un pédicule cylindrique extrêmement long, formé par le premier segment. En outre , la grande dimension de ses hanohcs postérieures paraît le lier aux Chalcidiens. 1(>8 HISTOIBE Le second groupe des Ichneumonides est celui des opHioNiTES, insectes que l'on reconnaît facilement à leur abdomen plus ou moins compiimé et en faucille. Le genre Ophion, que nous devons mettre en première ligne, nous présente un abdomen en faucille extrêmement aplati laté- ralement. Nous connaissons plusieurs espèces européennes, mais les exotiques sont beaucoup plus abondantes. Ces Hyménoptères attaquent souvent diverses Chenilles. Une grande quantité de Chrysalides d'un Bombicite de la Nouvelle-Orléans [Atlacus cecropia) ayant été envoyées vivantes au Muséum d'histoire naturelle de Paris, nous en vîmes sortir plusieurs fois une grande espèce d'Ophion propre à l'Amérique septentrionale. M. Audouin nous a fait connaître aussi les habitudes d'une espèce de notre pays. Celle-ci est d'une taille médiocre, et recherche les Chenilles d'une Phalène [Dosithea] pour y déposer ses œufs. La larve de l'Ophiou acquiert tout son accroissement en dévorant les parties graisseuses de la Chenille. Le mo- ment arrive où elle doit se métamorphoser en nymphe : alors, anéantissant complètement sa victime, elle se forme un cocon soyeux , en ayant soin de placer en dessus la dé- pouille de la Chenille ; elle trouve ainsi un abri de plus. L'Ophion jaune {Ophion luteiis), l'espèce type du genre, la plus communedans presque toute l'Europe, attaque les Chenilles de certains Papillons de nuit. Elle a été observée plusieurs fois vivant aux dépens de la Chenille de la Di- cranure à queue fourchue [Dicramira vinula). M. Gra- venhorst l'a obtenue d'une autre noctuelle {Polia prœ- cox). D'après une observation consignée par M. Westwood , uu autre Ophion (0. modemtor) vivrait aux dépens d'une DES INSECTES. 1G9 larve de Pjmpla, qui est elle-même parasite sur un autre insecte. Les œufs de divers Ophionites, et des Ophions en par- ticuliers, ont été remarqués fréquemment, à raison de leur forme singulière. Ils sont oblongs et offrent un long pédicule un peu contourné. L'œuf se fend toujours par le bout opposé, et la petite larve en sort en dégageant d'abord la partie anté- rieure de son corps; mais son abdomen reste engagé dans la coquille de l'œuf, quand elle peut déjà sucer sa victime. Certains Ophionites femelles meurent quelquefois au moment où elles vont se débarrasser de leurs œufs : ceux- ci restent attachés par leur pédicule à l'extrémité de la tarière de l'Ophion. Quand les larves viennent à éclore, ne trouvant aucune autre nourriture autour d'elles, l'in- dividu qui leur a donné l'existence leur sert de pâture. Les œufs de plusieurs Ophionites , appartenant aux gen- res Ophion, Tryphon, Sphincte etPanisce, ont été repré- sentés par quelques naturalistes." Les Helwigia et Joppa sont des Ophionites de l'Amé- rique méridionale, dont les antennes sont très-caracté- ristiques. Les piMPLiTES constituent le troisième groupe des Ich- neumonides. Les principaux genres qui se rattachent à ce groupe sont les Cryptes et les Piraplas, bien que certains autres renferment îiussi une quantité d'espèces assez con- sidérable. Les Pimplas sont remarquables surtout pai la longueur de la tarière des femelles ^Pl. 5, fig. 10). Le type est le Pimpla manifestateur [Pimpla manife stator. Lin.), grand insecte noir avec les pattes longues et roussâ- tres, ayant les jambes postérieures noirâtres. Cet insecte est très-commun dans presque toute l'Europe ; il recher- 170 HISTOIRE che des Chenilles pour déposer ses œufs. Sa longue tarière lui permet d'atteindre des larves qui vivent dans des en- droits cachés. (PI. 5, fig. 1 ! .) On n'a encore décrit qu'une seule espèce d'Osprynehote, elle est du cap de Bonne- Espérance. Ce genre se distingue facilement de ceux du même groupe par la forme de la tête. D'après diverses observations, plusieurs Pimplites as- surent l'existence de leur postérité en la plaçant dans les cocons de certaines Araignées, où les jeunes larves se dé- veloppent et subissent leurs transformations. Un natura- liste anglais rapporte avoir vu une petite espèce du même groupe, déposant successivement ses œufs dans l'abdo- men de quelques Araignées qui habitaient des collines sa- blonneuses. Il doute avec raison que ces Araignées aient pu après cela acquérir tout leur développement. On cite encore des Pimplites (genres Hemiteles et Pe- zomachus) que l'on aurait vus sortir des petits cocons de Braconides du genre Microgaster. Les larves insectivores se trouvent ainsi dévorées par d'autres insectivores, ainsi que nous l'avons déjà vu dans d'autres circonstances. Les Cryptes n'ont pas des habitudes moins variées. Les uns, comme quelques Braconides, pénètrentdans nos mai- sons et recherchent les larves des Ptiiiides, tandis que plusieurs autres espèces déposent leurs œufs dans les chry- salides des Lépidoptères. M. Boudier nous a signalé en- core un Cryptus qui attaque les larves du fourmilion ( Myrmeleon formicarium) . M. Spinola a décrit quelques Cryptes (s.-genre yWy- cyrtes , Spin. (l) de Cayenne remarquables par un pro- longement frontal spioiforme. Notredernier groupe est celui des ichneumonites, qui (I) A.na. de la Soc eut. de Fr. T. i). DES INSECTES. 171 a pour type le genre ïehneumon, l'un des plus nombreux de toute la famille. Les espèces indigènes qu'il ren- ferme sont surtout très-abondantes dans toute l'Europe ; fa plupart présentent des couleurs jaunes ou rougeâtres sur un fond noir; cequidonne àcesinsectesun aspect très- agrëable. La tarière des femelles est entièrement cachée. Il en est beaucoup parmi eux qui attaquent les Chenilles. Dans les éducations que font les entomologistes pour en obtenir les Papillons, on voit fréquemment sortir des Ich- neumons qui perforent les chrysalides dans lesquelles ils ont vécu. Une troisième famille se rapporte à la grande tribu des Icbneumoniens , c'est celle des Évaniides, qui renferme seulement quelques genres eux-mêmes peu nombreux en espèces. Les habitudes de ces Icbneumoniens sont pour la généralité exactement analogues à ce que l'on observe dans les familles précédentes. Mais ce qui manque pres- que toujours, ce sont les observations faites ab ovo sur les habitudes et les transformations de ces insectes. Nous ne serons donc pas ici plus heureux que nous ne l'avons été pour les Hyménoptères dont les larves zoophages vivent dans le corps même d'autres insectes. Il est vrai de dire que les observations sont très-difficiles à faire sur ces êtres qui pendant toute une période de leur vie ne paraissent jamais à la lumière : ils sont en outre dispersés sur des individus isolés , et leur présence est rarement déceiée par un petit point noir, que l'on remarque seulement sur des Chenilles rases. Le genre Aulaque [Anlacus] ne comprend qu'une seule espèce a^sez rare, et répandue dans le midi de l'Europe. L'abdomen en faucille de cet insecte contribue surtout à lui donner un aspect étrange. ( A. sfriatus Jur.) Les Pélécines sont des insectes de l'Amérique méridio- T72 HISTOIRE nale, très-singuliers par les dimensions de leur abdomen. En effet, chez les femellesprincipalement, sa longueur est six ou huit fois celle de la tète et du thorax réunis : il est en outre d'une extrême ténuité. Dans les mâles, ses di- mensions en longueur sont un peu moindres; son extré- mité est renflée en massue. LesFœnessontde jolis petits insectes, répandus dans les diverses parties du monde et cependant assez rares par- tout. Ces Évaniidesontun corps grêle, des antennes d'une finesse extrême, un abdomen long , comprimé latéralement, supportant chez les femelles une tarière extrêmement longue et très-fine, et enfin des pattes postérieures renflées. Selon plusieurs observateurs, le Fœneéjaculant ( Fœnus ejaculalor), qui est long de cinq à six lignes, noir, avec la baseet l'extrémité des jambes jaunes, le bord du premier anneau de l'abdomen roussâtre, ainsi que les deux suivants, attaque les larves des Guêpes et des Abeilles. C'est le type de genre et la seule espèce européenne. Les Evanics, qui donnent leur nom à la famille entière, ont un aspect des plus étranges, qu'elles doivent à la con- formation de leur abdomen ; celui-ci est inséré exactement au-dessous de l'écusson , pédicule brusquement dès sa base, extrêmement court et comprimé. On connaît un certain nombre d'Évanies, dispersées dans les diverses régions du monde; presque toutes sont de couleur noire, et se ressemblent tellement, qu'il est à peine possible de les distinguer par quelques légères différences de ponctuation. L'Évanieappendigastre (pi. .5, fig 12) est la seule européenne. L'Évanie de Desjardins (Evania Desjardinsii, Blanch.), propre aux îlesMascarei- gnes, dépose ses œufs, dit-on, dans le corps de ces Blattes connues sous la dénomination de Kakerlacs. DES INSECTES. 173 ONZIÈME TRIBU. LES CYNIPSIENS. Dans la nombreuse série d'Hyménoptères dont nous avons déjà tracé l'histoire, trois grandes modifications se sont succédés dans la nature des éléments qui servent à la nourriture des larves. Les premières se nourrissent de miel et de pollen ; les autres vivent d'insectes presque morts dont leur mère les a approvisionnés ; les autres, enfin, habitent l'intérieur même du corps de divers insec- tes qui continuent à vivre. Une nourriture toute végé- tale est réservée à ceux qui doivent nous occuper main- tenant. Les Cynipsiens, à beaucoup d'égards, ne sont pas moins surprenants dans leurs habitudes que les Hyménoptères des tribus précédentes. Les femelles montrent un singu- lier instinct dans le choix du végétal où elles vont déposer leurs œufs; jamais elles ne se trompent. Les Cynipsiens fe- melles recherchent l'arbre qui leur convient. A l'aide de la petite tarière que porte leur abdomen elles entaillent lé- gèrement soit les tiges, soit les pédoncules des feuilles, et dans chaque petite ouverture déposent un œuf. La blessure faite ainsi à la plante tend à amener de ce côté une surabondance de sève ; le petit ver, ou plutôt la petite larve, suçant ce qui l'entoure, et dégorgeant sans doute un liquide particulier, excite encore la sève à se porter vers le point qu'il habite. H en résulte bientôt sur l'arbre une protubérance, qui augmente de volume en même temps que s'accroît la petite larve. H n'est pas rare, du- rant toute la belle saison, et surtout vers l'automne, de rencontrer abondamment ces excroissances sur une foule de végétaux; plusieurs sont employées avec avantage t74 HISTOIRE dans le commerce. Les noix de galle, dont on se sert pour la confection de l'encre et des teintures noires avec une dissolution d'acide sulfurique ou de sulfate de fer, fournis- sent une branche de commerce assez importante. La plupart de ces galles sont sphériques et souvent très- dures; mais il en est beaucoup qui affectent diverses for- mes : de là les dénominations de pomme en groseille, en nè- fle, etc., qu'on leur applique généralement : quelques-unes de ces galles que l'on remarque plus particulièrement sur les rosacées ont dénommées Bédéguar, Mousse chevelue , etc. Les larves des Cynipsiens subissent leurs métamor- phoses dans l'intérieur de ces singulières habitations, comme l'Ichneumon et la Chalcide dans le corps d'un autre insecte. Elles sont blanchâtres, privées de pattes , n'ayant que des mamelons pour leur en tenir lieu; mais elles n'ontjamais à se déplacer sensiblement. Le plus souvent une seule larve habite une galle, mais quelquefois il en est plusieurs qui y vivent en société. La plupart y subissent leur transformation en nymphe, et cependant quelques-unes de ces larves l'abandonnent et s'enfoncent en terre. La sortie de l'insecte se fait toujours remarquer par un trou pratiqué à la surface de la galle. La Caprijîcationon maturité des Figues, en usage dans certaines parties de l'Europe méridionale, a lieu au moyen de petits Cynipsiens qui déposent leurs œufs dans les fi- gues. On enfile plusieurs de ces fruits, et on les place sui des figuiers tardifs. Les Cynips en sortent couverts de poussière fécondante, s'introduisent dans l'œil des nou- velles figues, en fécondent les graines, et hâtent ainsi la maturité du fruit. Les Cynipsiens sont en général de très-petits Hyménop- tères, comme la plupart des Chalcidiens et des l'roctotru- DES INSECTES. 175 piens; seulement leurs ailes présentent quelques nervures et plusieurs cellules complètes. Les femelles ont une tarière dont la conformation mé- rite d'être signalée ; elle est roulée en spirale dans l'inté- rieur du ventre, avec son extrémité logée dans une cou- lissedela partie inférieure de l'abdomen. C'est seulement lors du dépôt des œufs que cette tarière est susceptible de se dérouler. Il est probable que les Cynipsiens abondent dans pres- (jne toutes les parties du monde. Mais la petitesse de ces insectes les a fait échapper aux investigations des voya- geurs. Les espèces connues, et leur nombre n'est pas très-considérable, appartiennent à l'Europe, où les excrois- sances occasionnées par elles sur les végétaux ont de- puis longtemps attiré l'attention des naturalistes. Les genres de cette tribu ne sont pas nombreux , le tableau suivant en renferme la nomenclature, avec les caractères : TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES CYNIP6IENS. Groupe 1. IBALIITES. Abdomen comprimé latéralement, eu forme de lame de couteau. Genre 1. ib\lie. Lalr. Gpe 2. CYiMPSITES. Abdomen ovale. Gre 1. CYNiPS. Linn. Antennes presque fdiformes. Abdo- men court , comprime en dessous , et tronqué obliquement à son e.vtrémité. Gre 2. ficites. Latr. Antennes moniliformes, grossissant un peu vers l'extrémité. Abdomen ova- laire. Gre 3. rleidotomk. îFc5S. Antennes comprimées. Tête retombante. Prothorax très-long et voûté. Élytres soudées. Pattes très-grosses et très-renflées. Tous les tarses de cinq articles. DES INSECTES. 205 CÉRAMBTCIEIVS. Antennes filifonnes, extrêmement longues. Tous les tarses garnis de brosses en dessous, de quatre articles, rarement de cinq. Le pénul- tième bilobé. Lèvre inférieure profondément bilobée. CHRYSOiMÉLIENS. Antennes filiformes ou peu renflées à l'extrémité. Tous les tarses de quatre articles. Corps ramassé, souvent presque orbiculaire. Les trois premiers tarses garnis de brosses en dessous; le pénultième bifide. COCCINELLIENS. Antennes courtes; les trois derniers articles formant une massue. Tous les tarses de trois articles. Lèvre inférieure presque carrée , peu 01) point écliancrée. PREMIÈRE TRIBU. LES SCARABÉIENS. Les ScARABÉiENS constltuetit une des tribus les plus nombreuses de tout l'ordre des Coléoptères. C'est en même temps l'une de celles qui renferment les plus beaux in- sectes aux formes les plus variées. Cependant cette tribu est parfaitement naturelle et très-bien limitée. Gé- néralement le corps de ces insectes est épais et assez ra- massé; leurs antennes foliacées à l'extrémité les font reconnaître dès le premier abord (pi. 8, fig. 4). Beau- coup d'entre euxont des mandibules membraneuses soit en totalité, soit en partie ; et chez tous, elles sont fort petites. Ce caractère est réellement eu rapport avec les habitudes des Scarabéiens. Jamais ils n'ont à triturer de corps bien durs. Les uns vivent sur les fleurs, les autres rongent les feuilles, et c'est chez ceux-là qu'on trouve les mandibules les plus robustes. D'autres enfin vivent au milieu des matières ex- crémentitielles. Quoique les formes paraissent extrêmement variées dans cette tribu , lorsqu'on examine les insectes parfaits, on 18 206 HISTOIRE est vraiment frappé de la grande similitude qui existe entre toutes les larves , même lorsqu'on compare celles des familles les plus éloignées. Ces larves ne sont autre chose que de gros vers, de couleur blanchâtre, à peau diaphane , dont l'extrémité du corps est contournée , la tête écailleuse et les mandibules très-robustes et dentées (pi. 7, fig. 2 et 9). Les larves des Scarabéiens vivent ou dans la terre, et alors elles rongent les racines, ou bien dans les bois plus ou moins décomposés. Les nymphes sont grosses et massives et retracent déjà parfaitement toutes les formes des insectes parfaits (pi. 7, fig. 6, 10, etc.). La métamorphose s'effectue toujours au lieu même où ont vécu les larves , qui se forment une loge pour subir leur transformation. On compte généralement que ces Coléoptères passent trois années à l'état de larve. L'état de nymphe est très- court ainsi que celui d'insecte parfait. Les Scarabéiens sont abondants dans toutes les parties du globe, mais c'est principalement dans les pays chauds qu'ils sont très-répandus, et c'est aussi dans ces régions qu'habitent les plus grosses espèces. TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES SCARABEIENS. |fc Famille. CÉTONIIDES. Labre, mandibules et languette nul' lement saillants, plus ou moins mem- braneux. Antennes de dix articles à massue formée par les trois derniers. Crochets des tarses simples et égaux. Groupe I. CÉTONllTES. Pièce axillaire visible entre les élytres et la base du corselet. Genre I. liiivxiPUL.KA./ÎHri^f.Coi-selct octogone. Tarses d'égale DES INSECTES. 207 longueur dans les dtux sexes. Front mutique. Galette des mâchoires ru- dtmentaire. Gre 2. HuifiocoETA. Burm. Corselet excavé antérieurement et muni d'une pointe. Galette desmâchoi- res courte, épaisse. Pattes très-mas- sives. Gre 3. cétoine. (Celo- Corselet à bord iwstérieur plus ou nia, Fab.) moins sinueux. Tarses d'égale lon- gueur dans les deux sexes. Front mu- tique. Mésosternum peu ou point avancé. Gre 4. pogop«otarse. El. Front bifide. Pattes postérieures apla- ties, surtout dans les mâles. Tarses garnis d'une brosse de longs poils. Gre 5. ERiRHiPis. Burm. Front légèrement relevé et écliancré. Jambes antérieures des mâles inermes- Gre 6. AMPHiSTOROS. G. et P. Front à angles prolongés en pointe. Mâchoires garnies de pointes crochues. Gre 7. chïloloba. Burm. Front relevé et un peu échancré. Jam- bes tridentées dans les deux sexes. Gre 8. hétérorhiiNe. Weslw Jambes mutiques dans les mâles, den- tées dans les femelles. Mésosternum lancéolé. Tête ordinairement cornue dans les mâles. Gre 9. pl.esiorhine. Biirm. Jambes mutiques dansles deux sexes. Mésosternum lancéolé. Tête mutique. Gre 10. RHOMBOKHiNE. Hope. Jambes mutiqnes dans les mâles, bi- dentées dans les femelles. Tête muti- que. Mésosternum large. Gre U. BOTHRORiiiNE. ^?«rm. Jambes dentées dans les deux sexes. Tête des mâles cornue, ayant en ou- tre une pointe sur le vertex. Mésoster- num large. Gre 1 2. HYPSÉLOCÉNIE. 5îocÉpnALE. Jambes tridentées dans les deux sexes. Hope. Tous les tarses plus longs que les jam- bes. Tôte portant deux cornes latéra- les dans les mâles. Gre. 15. MYCTÉRiSTE. Lap. Jambesantérieurestridentées dans les deux sexes. Front des mâles portant une longue corne, dilatée à l'extrémiti}. Gre. 16. DiCRANOuuiNE. //ope.Jambes antérieures mutiquesextérieu- rement dans les mâles, tridentées dans les femelles. Tête des mâles cornue. Gre. 17. MÉCYNORHiNE. //o/JC. Jambcs antérieures tridentées exté- rieurement dans les deux sexes. Tète des mâles cornue. Gre. 18. GOL\ kt:ii. Lamk. Jambes antérieures mutiques dans les mâles, tridentées dans les femelles. Tète des mâles terminée par une corne bifide. Gre. 19. GYMNÉTis. M. Zeme saillant. Ecusson triangulaire. Gre. 4. RUTEL\. Za/r. Chaperon étroit, peu échancré. Mé- sosternum très-peu prolongé. Ecus- son triangulaire, médiocre. Gre. 5. pi^LioNOTA. .17. Lca?/. Chaperon arrondi. Écusson semi-cir- culaire. Mésosternum peu avancé. Gre. 6. nÉTÉRosTERNE. Dj(p. Chaperon circulaire. Métasternum très-renflé, offrant une forte pointe à l'insertion des pattes. Gre. 7. CHRYSOPiioRA. La/r. Chaperon arrondi. Pattes postérieures très-renflées, avec les jambes termi- nées par une grosse épine crochue. Mésosternum très-court. Lèvre infé- rieure ayant deux petites dents dans son échancrure. Gre. 8. CHLOROTA *. Dcj. Chaperon entier. Mésosternum assez DES INSECTES. 21!) avancé. Écusson presque semi-circu- laire et assez grand. Gre. 9. MACRASPis. M. Zeay. Chaperon entier. Pointe sternale lon- gue. Écusson triangulaire très-grand. Mâchoires multidentées. Gre. lO.CHASMODiA.M. tc««/.Chaperon fendu. Pointe sternale lon- gue. Écusson triangulaire très-grand. Mâchoires bidentées. Gre. 1 1 . OMÉTis. Lair. Pièce axillaire visible, comme dans les Cétoniites. Antennes de dix arti- cles. Gre. 12. CNÉMiDA. Kirby. Pièce axillaire visible. Antennes de neuf articles. Gre. 13. PARASTASiA. Chaperon étroit, un peu relevé, plus Westw.Cœiidia. (Dej.) ou moins bifide. Mésosternum très- peu avancé. Écusson en triangle très- élargi, presque semicirculaire. Gpe. î.CYCLOCÉPHALlTES.Labre et mandibules cachés. Genre 1 . cyclocéphala. Za^r.Prothorax peu échancré. Tarses seule- ment ciliés, à crochets moyens. Corps oblong. Gre. 2. TRiCHOPS *. Manner. Prothorax presque droit. Corps ovale. Antennes à massue épaisse , de trois articles imbriqués. Crocliets des tarses longs. Gre. 3. uexodos. Oliv. Prothorax fortement échancré en avant. Antennes à massue petite. Tar- ses grands , très-épineux. Corps pres- que orbiculaire. Groupe 3. CALOCNÈMITES. Mandibules un peu découvertes. Pat- -tes postérieures très-épaisses. Genre I. achloa. Erich. Antennes de neuf articles. Massue da trois, presque aussi longue que la tige. Chaperon arrondi, légèrement relevé. Les articles des tarses presque égaux entre eux. Gre 2. noptoPE. ÎMp. de rr;.s/. Antennes de neuf articles. La massue 220 Gre. 3. ELAPnocÉRA. Gêné. Gre. 4. pachype. Latr. Gre 5. calocnémis. Lap. de Cast. Gre. 6. coPTOiiniNE. Hope. Groupe 4°. SCARABÉITES. Gre 1". HÉTÉRONYCHUS*. Dej Gre. 2. DA8YGNATHE. M. L. Gre. 3. PENTODON. liirby. Gre. 4. SCARABÉE. Lin. Gre. 5. AGACÉPHALA. Lut. de trois , et assez petite. Chaperon arrondi . Le dernier article des tarses aussi long que les quatre précédents réunis. Antennes de dix articles. Massue de sept. Front incliné. Chaperon un peu relevé. Antennes de huit articles dajis les niûies , dont les cinq derniers formant la massue. Femelles aptères. Chape- ron un peu incliné et creusé. Antennes de huit articles. La massue de trois. Chaperon inclmé. La tête comme tronquée. Antennes de dix articles. La massue de trois. Tète profondément échan- crée. Labre caché. Mandibules découver- tes. Tête et corselet souvent cornus , au moins dans les mâles. Pattes pos- térieures sans renflement. ■ Lèvre inférieure allongée, un peu voûtée, sans échancrure à l'extré- mité. Mâchoires dentées. Lèvre inférieure, amincie à son ex- trémité , légèrement fendue avec les angles pointus. Mâchoires dépourvues de dents. Lèvre inférieure tronquée. Mâchoires dentées. Lèvre inférieure conique, très-ciliée , surtout à l'extrémité. Mâchoires den- tées. Tarses inermes. Lèvre inférieure conique , très-ciliée. Mâchoires dépourvues de dents. Pat- tes antérieures beaucoup plus longues que les antres dans les mâles. DES liN SECTES. !2I Gre. 6. OKVCTES. IU'kj. Gre. 7. ORYCTOMORPHE. Guer Gre. 8. TRioNYCHE*. De). Gre. 9. ACERE *. Dej. Gre. 10, PHiLEURE. Latr. Gre. 11. ORPHNus. M. Leay. Gre. 12. iEGimuM *. De;. Fam. 5. gèotrupides. Groupe. I. ATm^RÉITpS. Gre. 1. ELEPHASTOME. M. Leay. Gre. 2. athyrée. M. Leay. Lovre inférieure conique, ciliée, ob- tuse à l'extréinité. Antennes à mas- sue petite. Mâchoires dépourvues de dents. .Lèvre inférieure petite, conique. An- tennes à massue plus longue que la tige. L'un des crochets des larses dentés. Lèvre inférieure extrêmement large, presque orbiculaire. Antennes à pre- mier article dilaté à l'angle interne. Lèvre inférieure à bords latéraux droits et terminée en pointe tronquée et creusée au milieu. Dernier article des palpes maxillaires très-grand, renflé graduellement vers l'extrémité. Lèvre inférieure à bords parallèles , voûtée au milieu et un peu échancrée à l'extrémité. Lèvre inférieure plane, arrondie à l'extrémité. Mâchoires dépourvues de dents. Lèvre inférieure plane, arrondie à l'extrémité. Mâchoires dentées. Antennes souvent de onze aiticles. Languette avancée. Mandibules et mâ- choires de consistance cornée, mais peu solide. Second article des antennes plus long que le suivant. Menton sans échan- crure. Chaperon dilaté de chaque coté et prolongé au milieu en une longue lame fourchue à l'extrémité. Palpes maxillaires très-longs. Mandibules bidentées. Antennes ayant leurs trois derniers articles en massue 222 HISTOIRE spliérique, très-grosse. Chaperon sans prolongement. Gre. 3. bolbocéuas. Kirby. Antennes de onze articles à massue très-grande. Mandibules inégales, l'une simple, l'autre bidentée à l'extrémité. Gre. 4. ocaoDÉE. La(r. Antennes de dix articles, les trois der- niers formant une massue globu- leuse. Mandibules inégales , l'une sim- ple, l'autre bidentée. Gre. 5. HYBosoRE.3/rtc. Lt'«y. Antennes de onze articles, avec les trois derniers formant une massue arrondie. Mandibules terminées en pointe recourbée. Gre. 6. GÉOBiE. Brull. Antennes de dix articles. Mandibules dentées. Groupe. 2. GÉOTRUPITES. Second article des antennes plus court que le suivant. Menton échan- cré. Gre. 1. cÉOTRUPES. Latr. Les trois dei niers articles des anten- nes en massue feuilletée. Gre. 2. léthrus. Fabr. La massue des antennes en cône ren- versé, à articles emboilés les uns dans les autres. Groupe.3. TROGITES. Lèvre inférieure cachée, peu distincfe, point échancrée. Antennes de dix ar- ticles. Genre 1. tro\. Fabr. Pattes fortes , point comprimées. Gre.2.A.GANTH0CÈRE M. Zeaj/. Pattes larges, très-comprimées. Groupe. 4. ^.GIALITES. Lèvre inférieure bifide. Antennes de neuf articles. Genre 1. .EorALiA. Latr. Jambes postérieures terminées [)ar deux fortes pointes. Fam. 6. EUCaïKiDES. Lèvres supérieure et inférieure bien développées. Mandibules très-courtes, dépourvues de pointes. IMàchoires surmontées d'une longue brosse. Pal- DES INSECTES. U2i Gre. 1. EuciiiKE. Kïrbij. Gre. 2. PKOPOMVCRE ?icwni. Fam. 7. cotmiDEs. Gpe. 1. APHOUIIÏES. Genre t. achodie. lUhj. Gre. 2. psammodie. Gyll. Gre. 3. oxYOME. Eschs. Groupe 2. OMITITES. Genre I. EtRYSTERiNE.W«//rt Gre. 2. oniticelle. £«7/-. Gre. 3. onitis. Fab. Gpe. 2 COPRITKS tes antérieures extrêmement longues dans les mâles. Jambes antérieures des mâles mnli- ques extérieurement. Galette des mâchoires fortement quadridentée. .Jambes antérieures des mâles dentées extérieurement. Galettedes màclioires faiblement tridentée. Antennes de neuf articles , rarement de huit. Labre et mandibules cachés entièrement , membraneux. Pattes insérées à égale distance les luies des autres. "Écusson très • distinct. Chaperon entier. Palpes filiformes. Mâchoires sans lobe corné au côté in- terne. diaperon entier. Palpes ayant leur dernier article plus épais. Mâchoires ayant leur lobe interne corné et di- visé en deux dents. Chaperon échancré. Écusson visible. Pattes postérieures courtes, épaisses. Les intermédiaires trèsécartées à leur base. Tôle sou- vent tuherculée. Corps parallèle applati. Anlennes de neuf articles , à massue infundibuli- forme. Antennes de neuf articles à massue feuilletée. Antennes de 9 articles à massue infun- dibulilorme. Corps massif, ramassé. Écusson caché. Pattes postérieures courtes, épaisses. Les intermédiaires très-écartées à leur base. Tète ordinai- rement cornue. 224 Gre. 1. ONTHOPHAGE. /.rt/r. Gre. 2. coi'Ris. Geoff. Gre. 3. piunée. M. Leay. Gre. 4.ÉmcoTARSE. Cast. Gre. 5. ch^eridie. Lep. et Serv. Gpe. 3. ATEUCHITES. Genre 1 . coprodas * . Dej. Gre. 2. canthoh. Hqfjm. Gre. 3. scatonome. Erichs. Gre. 4. ÉPiLissE *. Dej. Gre. 5. HYBOMA. Lep. et Serv. Gre. 7. SISYPHE. Lalr. Gre. 8. gtmnopleuue. fllig Antennes à massue feuilletée. Tarses pourvus de petits crochets. Tète arrondie en avant. Les trois der- niers articles des antennes en massue allongés. Tarses munis de crochets. Antennes à massue infundibuliforine. Tarses sans crochets. Antennes à massue infundibuliforme. Tarses postérieurs et intermédiaires à articles élargis dépourvus de crochets. Antennes ayant leurs trois derniers articles en massue épaisse. Chaperon échancré et bidenté. Tarses muuis de crochets. Écusson caché. Pattes postérieures al- longées , peu ou point renflées. Tête rautique dans les deux sexes. Pattes intermédiaires écartées à leur base. Cliaperon tiès-large à peine échancré. Corps très-convexe. Chaperon bidenté. Tarses antérieurs plus petits que les autres. Chaperon échancré. Tarses antérieurs plus petits que les autres. Chaperon bidenté. Pattes antérieures pourvues de tarses très-petits, les jam- bes postérieures élargies à l'extrémité. Élytres sinuées latéralement. Pattes très-longues. Tarses antérieurs très- petits. Antennes seulement de huit articles. Pattes très longues , surtout les posté- lieures. Corps déprimé. Chaperon bidenté. Ély- tres échancrées derrière les angles hu- moraux. Antejuies de neuf articles. DES INSECTES. 225 Gre. 9. MEGATHOPA. Esch. Chaperon quadrilobé. Tarses anté- rieurs très-petils. Gre. 10. ATEUciius. Weber. Corps déprimé. Chaperon à six dents. Tarses antérieurs nuls. Antennes de neuf articles. Élytres sans échancrurc. Gre. 11. PACHYSOME. M. Lemj. Cliaperon bilobé, offrant quatre den- telures. Sternum sans saillie. Un seul appendice aux jambes intermédiaires. Gre. 12. ciRCELLiUM. Lalr. Pattes antérieures dépourvues de tarses. Ceux des autres jambes munis de crochets ; les jambes intermédiaires offrant deux épines. Gre. 13. MNEMATiuM. M.Leaij. Pattes antérieures dépourvues de tar- ses. Les jambes intermédiaires ayant une seule épine. Chaperon à six dents. Gre. 14. anomiopsis. TFes^w.Pattes antérieures dépourvues de tar- {EucraniumDej.) ses; ceux des autres sans crochets. Deux appendices aux jambes intermé- diaires spatuliformes. Gre. lô.GLYPHiDERUs. FTes^w. Pattes intérieures dépourvues de tar- ses, ceux des autres sans crochets. Deux appendices aux jambes inter- médiaires spiniformes. Gre. 16. MENTOPHiLE Cast. Toutes les pattes munies d'un tarse. Corselet échancré de chaque côté pos- térieiu-ement. Chaperon très-large of- frant deux fortes dents. Gre. 17. coprobcus. Rciche. Toutes les pattes munies d'un tarse. Corselet arrondi sans écliancrure. Cha- peron très-large offrant deux grandes dents. Fam. 8. PASSAUDES , Antennes arquées. Labre grand, dé- couvert. Prothorax séparé du reste du corps par un pédicule assez long. Gpe 1 . CHIRONITES. Jambes antérieures digitées. Corps cy- lindrique. Genre 1. chiron. M. Leay. 22G Groupe 2. PASSALITES. Gre. 1. i>\ssALE. Fubr. Fam. 9. LUCANIDES. Groiii)e 1 . ^SALITES. Gre. 1. ^sALE. Fahr. Gre. 2. codocf.ua. Eschs. Groupe 2. SYNDÉSITES. Gre. 1. siNODENDRON. jFa&r. Gre. 2. rsiLODON. Perty. Gre. 3. syndèse. M. Leay. Gre. 4. NiciDiE. M. Lemi. Gre. 5. xiPHODONTF. Weslw (Cephax. Lap. de Cast). Gre. 6. l'iGDLus. M. Leay. Groupe 3. LUCANITES. Gre. 1. LUCANE. Scopoli. Pattes fortes, lee antérieures dentées. Corps très-aplati. Antennes assez longues, toujours de dix articles, terminées par des articles en feuillets disposés perpendiculaire- ment à la tige. Corps presque orbiculaire. Métaster- num avancé entre les pattes intermé- diaires. Antennes à massue lamellée de trois articles. Antennes à massue de quatre articles. Antennes plus courtes que le corselet. Corps cylindrique. Languette très-pe- tite. Métasternum sans saillie. Jambes antérieures dentées. Antennes à massue de trois articles. Cuisses antérieures très - grandes. Jambes irrégulièrement dentées. Les sept derniers articles des antennes formant une massue lamellée. Yeux divisés par les bords de la tète. »Iandibules relevées en pointe de cha- que côté. Massue des antennes de trois articles. Yeux semi-divisés par les bords de la tête. Massue des antennes de trois articles. Yeux divisés par les bords de la tète. Tête carrée. Mandibules sans pointe. Antennes plus longues que le corselet Cori)s plus ou moins aplati. Massue des antennes formée par les quatre derniers articles. Mandibules très-grandes dans les mâles. Galette dos mâchoires très-grêle. DES INSECTES. 227 Gre. 2. iiéxapiivllk. .Mal- Massue des antennes formée par les sant. six derniers articles. Gre. 3. platycèue. Gyll. Massue des antennes formée par les quatre derniers articles. Galette des mâchoires courte. Prosternum for- mant une lame saillante entre les pattes. Gre.4.cÉRi]C[ius.i)/ac-Zeaf/. Massue des antennes formée par les trois derniers articles. Prosternum plus étroit. Groupe 4. LAMPRIMITES. Antennes plus courtes que le corselet. Languette bilobée très-saillante. Mandibules très-grandes dans les mâ- les, un peu recourbées inférieure- ment et munies en dessous d'un prolongement aigu. Massue des an- tennes de six articles. Mandibules plus longues que la tête cliez les mâles, courtes dans les fe- melles, dentées en scie au côté interne; les six derniers articles des antennes formant une massue allongée, pec- tince. Mandibules des mâles, très-longues, arquées et dentées en scie au côté in- terne. Massue des antennes formée par les trois derniers articles. Mandibules plus longues que la tête en forme de lames verticales , angu- leuses et velues intérieurement. Jam- bes antérieures élargies offrant quel- quefois une palette chez les mâles. Mandibules en forme de lames un |>eu anguleuses et dentées. Jambes anté- rieures grêles sans palette. La première famille de la grande tribu des Scarabéiens est celle des CÉTONiiDES, l'unedes plus remarquables parmi Gre. 1. CHIASOGNATHE. Sleph. Gre. 2. SPUOENOGNATRE. Buquet. Gre. 2. PHOLiDOTE. Mac. Lcaij. Gre. 4. lampkuia. Latr. Gre. 5. rhyssonote. Leay. Mac. tous les Coléoptères pour la beauté des insectes qui la composent. Les uns ont des couleurs métalliques des plus brillantes, les autres ont des nuances variées et veloutées. Les larves de ces Coléoptères vivent en général dans les bois pourris ; les insectes parfaits fréquentent les fleurs pendant la plus grande ardeur du soleil. Ils paraissent se nourrir exclusivement de leurs pétales ; ce qui explique l'état membraneux ou presque rudimentiquc de leurs mandibules qui n'ont à triturer aucun corps dur. Les Cé- toniides sont nombreuses en espèces ; déjà l'on en a décrit plus de six cents espèces. La quantité des genres créés dans ces derniers temps pour recevoir toutes ces espèces est très-considérable ', Nous nous sommes contentés dans notre tableau d'énumérer ceux qui reposent sur des ca- ractères tranchés, tandis que nous reléguons dans la caté- gorie des sous-genres , ou des divisions de genres , tous ceux qui ne reposent que sur de trop faibles caractères. On admet généralement deux groupes principaux dans la famille des Cétoniides : ce sont les Cétoniites et les Trichiites. Les premiers sont les plus nombreux ; on les reconnaît surtout à la présence d'une pièce axillaire très- apparente derrière les angles postérieurs du corselet. Le genre Cétoine ( Cetonia ) est le type du groupe ; il renferme une longue série d'espèces, parmi lesquelles il existe beaucoup de sous-genres, difficiles à limiter à cause du peu d'importance de leurs caractères. Nous rattachons même aux vraies Cétoines les Schizor- hines , qui se reconnaissent à leur chaperon bilobé et les Diplognathes dont les mâchoires sont un peu plus forte- ment dentées que dans la plupart des autres Cétoines. La ' Foy. Burmeisler Handbucli der Entomologie, t 3. DES INSECTES. 229 prise en considération de quelques autres modifications dans divers organes a motivé, pour les entomologistes, de nouvelles divisions dont la valeur est plus que médiocre. Parmi les Cétoines nous citerons eu première ligne la Cétoine dorée ( Cetonia auraia, pi. 1, fig. I .) C'estle typedu genre; c'est aussi l'espèce la plus commune dans toute l'Europe, même dans l'Asie mineure et le nord de l'Afrique. Pendant les mois de mai et de juin de chaque année nous voyons cet insecte qui est d'une belle couleur vert-do- rée avec de petites lignes irrégulières, transversales et blan- châtres sur les élytres, fréquentant les fleurs de Pivoine et surtout les roses. La larve de cette Cétoine (pi. 1, fig. 2) ressemble beau- coup à celle des Hannetons, mais les antennes et les pat- tes sont plus courtes; la tète est plus petite et le dernier anneau du corps supporte une petite pointe. On trouve ces larves dans la terre souvent dans les fourmilières ; nous en avons rencontré également, dans de vieux arbres , où elles s'étaient logées dans des cavités formées auparavant par d'autres larves appartenant ordinairement à des Ce- rambyciens. Quand ces larves ont acquis tout leur développement, elles se construisent une coque parfaitement ovalaire ( pi. 7, fig. 3. ) dans laquelle elles subissent leur transforma- tion en nymphe. Cette coque est composée de parcelles des détritus, qui entourent la larve et d'un peu de matière soyeuse et ag- glutinante qu'elle a la propriété de sécréter. Plusieurs entomologistes ont découvert la larve de la Cétoine dorée dans des fourmilières; mais ce qui est plus singulier, c'est que la larve de la Cétoine fastueuse (C. fasiuosa,Yî\b\\) la plus magnifique espèce de France, 2j0 histoire selon des observations recueillies par M. Ratzeburg , se trouve dans les nids d'Abeilles sauvages. Nous avons vu la coque de cette Cétoine; elle est plus grosse que celle de la C. dorée; mais du reste elle est tout à fait analogue. On trouve encore en France plusieurs Cé- toines, entreautres deux espèces très-communes dans toute l'Europe, la Cétoine piquetée {C stictica) noire, pointillée de blanc, et la Cétoine hérissée [C. hirta), couverte de longs poils blancs ou jaunâtres. Ces espèces sont rangées main- tenant par quelques auteurs dans des sous-genres parti- culiers. La dernière a des mâchoires dentées ; elle se jette sur beaucoup de fleurs ; mais on dit qu'elle recherche beau- coup celles des abricotiers. On assure que des Cétoines du cap de Bonne-Espérance fréquentent les bouses de vaches desséchées [C.pubes- cens et carnifex (s-g. Liplognatha) , de même que les Rhyziphlées etRhinocœtes [C. cornuta, Fabr.) ; ce fait est d'autant plus singulier qu'il est contraire aux habitudes delà plupart des espèces de cette famille. Nous n'avons rien à dire de particulier sur une longue série de genres appartenant à la famille des Cétoniides. On connaît une seule espèce de Madagascar du genre Pogonotarse (Po^o/îo. put' venUenta, Fabr.; argentea, 0\\\ .) ^ qui est assez com- mune dans plusieurs parties de la France. Les Hoploscélis sont remarquables par leurs pattes postérieures extrêmement épaisses et par la présence d'une pièce axillaire visible aux angles huméraux des élj'tres. Nous en connaissons deux espèces du cap de Bonne Espérance '. Les Monochèles diffèrent très-peu des Hoplies ; on les trouve dans l'Afrique méridionale. l\ en est de même chez les Dichêles et les Chasuiès. ■ Se crassipes, O/à-., etc. DES INSECTES. 237 Ces insectes sont un peu plus petits que les précédents; mais tous en général paraissent abondants dans l'Afrique méridionale. Les autres espèces d'Hopliites propres à l'Europe cons- tituent un genre particulier que l'on désigne sous le nom de Chasmatoptère. Ces Melolonthides sont velus comme tous les insectes du même groupe. On les rencon- tre dans l'Europe méridionale, principalement en Espagne. Le second groupe des Melolonthides est celui des Omalopliites ; il diffère peu du suivant ; mais cepen- dant la petitesse des mandibules et l'avortement presque total du labre permet de l'en distinguer. Les Lepisies proviennent de l'Afrique australe et res- semblent beaucoup à nos Hoplies. [L. rupicola^Fahv. ) Les Dicranies et les Monocranies sont des coléoptères du Brésil très-lisses et brillants, généralement de couleur noire ou brun-rougeâtre. Les Dasyes et les Isonyques [homjchus) sont des insec- tes du Brésil d'assez petite taille. Les Céraspis habitent le même pays. Aucune observation n'a encore été faite sur la vie de ces Melolonthides. Le Hyménoplies sont de petits coléoptères de l'Europe méridionale, à élytres sillonnées. Le type du genre [H. chevrolatii , Miils.) se trouve assez communément aux environs de Lyon. Les Sériques [Serica] sont répandues en Europe et dans quelques autres régions. Ces insectes sont d'assez petite taille, offrant ordinairement des reflets changeants : on les trouve sur les végétaux ; ils sont agiles et volent avec une grande facilité. Le type du genre est la Sérique brune (S. brunnea), qui 238 nisroir.E habite toute la France ; on a trouvé sa larve dans de la mousse au pied des pins. Les Omaloplies ayant pour type l'O. soyeuse [0. holo- sericea, Scop. ) et les Brachyphyiies, (type B. ruricola, Fabr.) sont très- voisins des Sériques. Les Triodontes de Mulsant ne forment pour nous qu'une division dans le genre Omaloplia. Le genre Trochale (Trochalus) renferme des espèces exotiques, la plupart africaines, dont le corps est convexe et presque rond comme une boule. Les genres Li^tronyx et Séricoïdes ne renferment ac- tuellement l'un et l'autre qu'une seule espèce de Magellan. Les Bipbyllocères, les Liparètres et les Macrotops sont de petits Omalopliites de l'Australie. Il en est de même des Diphucéphales : ceux-ci sont de jolis insectes, ordinai- rement de couleur verte métallique, avec des ponctuations plus ou moins fortes. On a décrit une douzaine d'espèces de ce genre. Les Macrodactyles se reconnaissent bien facilement a leur corps lona, et étroit, et à leurs longues pattes posté- rieures. Tous habitent l'Amérique ; ils volent avec agilité et se posent sur les fleurs. Les Ancistrosomes ont une taille supérieure à celle des autres espèces appartenant au groupe des Omalopliites; elle égale au moins celle de notre Hanneton commun. On n'en connaissait jusqu'à présent qu'une seule espèce du Pérou, où elle vit sur des mimosas; mais on vient d'en dé- couvrir une nouvelle espèce dans l'ouest de la Colombie ( 1 ) . Le Groupe des Mélolo?jthites a pour genre-type le genreHanneton [Melolontha, Lin.). On y rattache plusieurs espèces; mais la plus commune dans une grande partie (Il Voy. Guûrin, Rev. ZooL soc. cuv. DES liNSECIKS. 239 de l'Europe est le Hanneton commun [Melolontha vidga- ris, Lin.), insecte bien connu de tout le monde, trop connu des cultivateurs. On sait que, dans certaines années , cette espèce se trouve par myriades, et dévore les feuilles de beaucoup d'arbres, principalement celles des ormes. Nous voyons alors les enfants s'emparer de ces insectes pour servir à leurs jeux; c'est un usage qui paraît très-répandu depuis des siècles. L'habitude de martyriser les Hannetons, en leur mettant un û\ à la patte, date d'une époque reculée; car Aristo- phane nous apprend que ce divertissement n'était pas in- connu des enfants de la Grèce. Il est à peu près certain aussi que par le nom de Mélolonthe les anciensdésignaient aussi les insectes qui portent aujourd'hui ce nom dans la science. Les Hannetons peuvent être considérés comme un véri- table fléau, quand ilssont à l'état d'insecte parfait, -mais c'est peu de chose que les dégâts qu'ils occasionnent alors , comparativement à ceux qui sont causés par sa larve, désignée par tous les cultivateurs sous le nom de Ver blanc. Quand la saison est chaude, dès la fin d'avril on voit paraître les Hannetons ; mais toujours c'est en mai qu'ils se montrent en grande quantité; on les trouve jusqu'en juin. Ils se tiennent pendant tout le jour sur les feuilles des ar- bres ; et, bien qu'ils semblent rechercher davantage l'orme dans notre pays, ils rongent également les feuilles des chênes, des hêtres, des peupliers, des bouleaux, etc. Les Hannetons paraissent craindre singulièrement la chaleur du jour et l'ardeur des rayons du soleil ; car ils se tiennent presque constamment accrochés à la partie infé- rieure des feuilles; c'est seulement le matin, de bonne heure, et particulièrement le soir, au coucher du soleil, qu'ils prennent leur essor. Ils volent à ce moment avec rapidité en faisant entendre un bruit monotone produit par le frottement de leurs ailes. On sait que les Hannetons se dirigent mal en volant, et que souvent ils vont se cogner contre des corps qui ont échappé à leur vue. On sait aussi que ces insectes ne peuvent pas prendre leur vol spontanémement, comme le font d'autres Coléoptères et particulièrement les Diptères et les Hyméno- ptères. Leur corps est trop lourd, et leurs ailes nesontpas assez puissantes pour l'enlever facilement. Avant de prendre son essor le Hanneton agite ses ailes pendant plusieurs minutes et gonfle son abdomen de ma- nière à faire pénétrer dans ses stigmates ia plus grande quantité d'air possible. Les enfants qui connaissent parfai- tement cette particularité, disent que le Hanneton compte ses écus et répètent la chanson, Hanneton vole, vole, qui s'est conservé depuis une série de générations. Dans certaines années, les Hannetons se montrent en quantité si prodigieuse, quils dévastent toute la végéta- tion des localités, où on les rencontre si abondamment. On rapporte que dans les environs de Blois, quatorze mille de ces insectes furent recueillis par des enfants en quel- ques jours. Il arrive parfois qu'ils émigrent d'un canton dans un autre, quand ils ont dévasté toutes les feuilles et qu'ils ne trouvent plus de nourriture. H y a quelques années divers journaux rapportèrent que, sur une de nos grandes routes, une diligence ren- contra à la lin du jour, une légion de Hannetons, qui s'a- battirent sur les chevaux , sur toutes les parties de la voi- ture, et arrêtèrent sa marche pendant quelques instants. Vers la fin de mai l'accouplement a lieu chez les Han- netons; on les trouve alors sous les feuilles , attachés l'un à l'autre pendant des journées entières. DES INSECTES. 24 l QuanJ les femelles sont fécondées, elles s'enfoncent dans les terres légères; elles recherchent particulièrement celles qui sont fréquemment remuées par la charrue. Elles déposent leurs œufs ; et quatre, cinq , ou six se- maines après, les petites larves éclosent; toutes les racines leur servent de nourriture; c'est pour cette raison qu'elles sont si nuisibles dans toutes les terres cultivées. Les larves de Hannetons ou Vers blancs sont d'assez grosses larves, contournées en demi cercle comme toutes les larves de Scarabéieus ; seulement leurs pattes sont plus longues que dans la plupart des espèces de cette tribu. Toute la surface de leur corps est d'un blanc sale , poin- tillée. Sur la partie médiane du corps, on aperçoit le vaisseau dorsal, dont les mouvements se distinguent par- faitement sous la peau qui est assez transparente. La par- tie postérieure du corps paraît noirâtre comme chez la plupart des larves de Scarabéiens ; ce qui est dû à la colo^ ration des matières renfermées dans les voies digestives. Sur les parties latérales de chaque anneau, en exceptant les deuxième et troisième ainsi que le dernier, on voit un stigmate, rendu très-visible par le bord corné qui l'entoure ; sa couleur rouge tranche parfaitement sur la teinte générale blanchâtre de la larve. La tête et les parties de la bouche ont une nuance rougeâtre; les mandi- bules seules sont noires à l'extrémité. Le Hanneton ne passe guère plus d'un mois à l'état d'insecte parfait; mais en revanche la durée de sou exis- tence comme larve est fort longue. Ainsi de l'œuf pondu au mois de juin, il éclot une larve au mois de juillet; celle-ci va commencer à s'accroître pendant les six derniers mois de l'année et pendant les deux années suivantes tout entières. Plusieurs change- 242 HISTOIRE menls de peau ont lieu pendant cet espace de temps , comme chez toutes les larves d'insectes. Nous venons de dire qu'à la fin de la troisième année de son existence le Ver blanc avait pris tout son accroissement. Il se forme alors dans la terre une loge ovalaire dont les parois sont assujetties au moyen d'une bave sécrétée par l'animal. Il se transforme bientôt en nymphe. Celle-ci est d'une couleur pâle jaune roussâtre uniforme, avec deux petites pointes à l'extrémité du corps. La durée de la vie de nymphe est d'environ six se- maines. L'insecte parfait éclot ainsi au printemps, trois années entières après ceux qui lui ont donné le jour. Voilà ce qui explique pourquoi les Hannetons ne se voient pas en aussi grand nombre chaque année ; car, lorsque ces insectes ont paru en grande quantité, ce n'est qu'au bout de trois ans qu'on doit s'attendre à revoir leur progéniture ennombre proportionné. Dans les années intermédiaires, ils ne sont jamais très-abondants, et la même régularité dans les apparitions de Hannetons s'observe constamment. Les terres meubles , les terres fraîchement retournées, avons nous dit, sont surtout favorables à la multiplication de ces insectes. Les femelles pénétreraient difiîcilement dans la terre dure et compacte , et leurs larves ne pourraient s'y pratiquer des chemins pour atteindre les racines dont el- lesont besoin pour leur nourriture. Aussi, onne trouve ja- mais de Hannetons dans les bois , mais seulement sur la lisière.. La culture a donc favorisé la multiplication de cet insecte, rien n'est plus évident, comme l'ont déjà démontré plusieurs observations. Le cultivateur en labourant son champ découvre une infinité de Vers blancs sous les mottes de terres soulevées par la charrue. On peut alors en dé- truire beaucoup , en les recueillant et les tuant ensuite : DES INSECTES. 243 mais le plus grand nombre échappe, parce qu'ils sont en- foncés plus profondément. Au contraire on ne rencontre jamais de Vers blancs dans les terres que l'on défriche. Ceci prouve que les Hannetons devaient être lufiniment plus rares il y a seule- ment quelques siècles. Depuis longtemps on recherche les moyens de détruire le Hanneton et sa larve le Ver blanc. On a proposé bien des moyens injaillibles, qui n'ont amené aucun résultat. Ou a offert des prix pour l'anéantissement de ce redoutable insecte. Le mal n'a pas diminué. Sans doute il ne faut pas se tenir pour battu. La pré- sence du Hanneton est un fléau ; M. Ratzeburg le signale comme l'insecte qui doit attirer surtout l'attention des cultivateurs. Seulement les moyens les plus simples sont peut-être les meilleurs. H faut plus compter sur la main- d'œuvre que sur des substances destructives, dont l'em- ploi est presque toujours impossible. W reste alors à étu- dier quelle est l'époque la plus favorable pour entrepren- dre cette destruction. Quant à présent, vu les difficultés qui s'opposent à la recherche des larves, il nous semble que c'est à l'état d'insecte parfait qu'il serait plus aisé de les anéantir. Rien n'est plus facile que de récolter ces in- sectes avant la ponte de leurs œufs. Des enfants même très-jeunes peuvent être employés pour un tel travail. Seulement il serait d'absolue nécessité que la chasse fût entreprise à la fois de toutes parts. Une loi seule serait assez puissante pour convaincre tous les cultivateurs au bout de peu d'années, qu'une telle peine ne serait pas per- due. Des essais ont été tentés , dans le but d'utiliser les Han- netons ; on a réussi en les faisant bouillir à en obtenir de 244 HISTOIRE l'huile qui aurait servi à graisser les roues des voitures , et à quelques autres usages. Malheureusement il est pro- bable que le rapport n'était pas assez considérable, car il ne paraît pas qu'on ait donné suite à cette industrie; Ce qui est réellement fâcheux ; car en tirant un parti avantageux de ces insectes pendant quelques années, on en aurait bientôt débarrassé l'agriculture. On trouve encore en Europe, outre le Hanneton com- mun, plusieurs autres espèces du même genre; mais elles sont peu répandues , et nous n'avons guère à souffrir de leurs ravages. Nous devons mentionner cependant le Hanneton du Châtaigner [Melolontha hippocasiani, Fabr.) très-voisin de l'espèce commune , dont il diffère surtout par ses pat- tes de couleur noire. Son genre de vie paraît le même, Et le Hanneton Foulon [Melolontha FuUo, Lin.), qui ha- bite toutes les côtes de la Méditerranée et quelques parties du littoral de l'Océan . Ce qu'il y a de si nguller , c'est que cette espèce ne se trouve jamais à une grande distance de la mer. On la rencontre dans le midi de la France, et nous l'avons prise abondamment dans les dunes de Dunkerque à la fm de juillet et au commencement d'août. Elle ronge les feuil- les des arbres, comme notre Hanneton commun. Le soir elle vole en produisant un bourdonnement très fort. Cet insecte produit une stridulation très-aigue par le frotte- ment de la base de l'abdomen contre le métathorax. Dans quelques parties de l'Allemagne il a parfois occasionné des dégâts dans certaines localités. On distingue sous le nom de Sparmannia [Leoceta, Dej.) des Mélolonlhites du cap de Bonne- Espérance très-remar- quables par les longs poils qui couvrent leur corselet et qui ressemblent ainsi à une sorte de crinière. DES INSECTES. 2J5 Les yEgosthètes, très-semblables aux précédents, et ca- ractérisés d'après la conformation des antennes , sont du cap de Bonne-Espérance. Les Anoxies [Catalans^ Dej.) diffèrent également très- peu des vrais Hannetons; on en connaît quelques espèces européennes. Les Encirres [Encirras] sont de grands Hannetons pro- pres aux Indes orientales et fort singuliers par la grande dimension de leurs palpes. On en a décrit deux espèces ' . Les Leucopholis, assez semblables aux Encirres, quant à l'aspect général, s'en éloignent par la dimension des palpes : comme les Encya ils habitent les Indes orientales et quelques points de l'Afrique, entre autres l'ile de Ma- dagascar. Le type du genre Aucylonycha [ki^ubera, Dej.) provient de l'île de Java. Les kvc\^h.\md\\ows [Amphimallon] ressemblent infi niment à nos vrais Hannetons, si l'on en excepte la taille qui est notablement moindre ; l'aspect est entièrement le même. Mais les premiers n'ont que trois feuillets à la massue des antennes, tandis que les autres en ont de cinq à sept. Quoi qu'il en soit, les Amphimallons constituent un genre plus nombreux en espèces ; car l'Europe entière en compte une quarantaine. Sur ce nombre cinq ou six sont très-ré- pandues dans notre pays. Nous citerons entre autres l'Amphimallon d'automne [A. solstitialis, Fabr.), insecte long de huit à neuf lignes qu'on trouve très-communé- ment dans une grande partie de l'Europe; il vole le soir comme la plupart des Mélolonthites; il dévore les feuilles de beaucoup d'arbres comme les ormes, les peupliers, les • Voy. Guer. Mag. deZool. el Transact of Ihe.ent. soc. 246 htsaOike saules, les hôtres, même les pins au rapport cie M.Ratzr- burg. Les lUiizotrogues [Rhizotrogus) diffèrent fort peu des précédents -, nos collections en renferment plusieurs es- pèces indigènes ; la plus commune est le R. du printemps. [R. œstivus, 01 iv.) On a décrit deux espèces du genre ïanyproctus ; elles ont été recueillies en Perse. Les Pseudosérica et Philochlœnia constituent deux gen- res nombreux de Melolonthites, de taille médiocre, habi- tant tous l'Amérique méridionale. Les petites variations de formes que l'on observe chez ces insectes peuvent permettre d'eu former des divisions secondaires, mais non pas des genres, comme paraissent le penser plusieurs entomologistes. Les Rhiuaspis se reconnaissent facilement, au moins les mâles, à leur chaperon avancé et tronqué à l'extré- mité; ils proviennent de l'Amérique méridionale. Les Liogénys et les Plectris sont également propres à l'Amérique méridionale. Les Adorètes [Adorelus] et les Schizonycha habitent, la plupart, les Indes orientales et les parties les plus chaudes de l'Afrique. On eu a cependant décrit une espèce de la Russie méridionale. Les Heteronyx habitent la Nouvelle-Hollande. Les Anisoplies constituent un genre assez nombreux en espèces, la plupart sont européennes. On trouve très- abondamment aux environs de Paris pendant toute la belle saison, l'A. des Jardins {A.horiicola. Fabr.),qui est long de huit à dix millimètres, d'un vert-cuivré foncé avec les élytres striées et d'un brun vif. Ce Mélolonthide occasionne quelquefois des dégâts cou- nES INSECTES. 247 sidérables en mangeant les feuilles de diverses plantes. 11 a été souvent un fléau dans des jardins. D'après des observations recueillies par M. Ratzeburg sa larve mange les racines des pins. On assure qu'elle dévore aussi celles de certaines espèces de choux ; il est probable au reste qu'elle vit aux dépens des racines d'un grand nombre de plantes. Les Popilies sont de jolis petits insectes lisses et bril- lants ornés de couleurs vives et variées ; ils habitent l'Afri- que et le sud de l'Asie. Les Strigidies sont Américains ' . On a décrit une seule espèce brésilienne de Pachyce- rus. Les Euchlores sont de beaux coléoptères revêtus de couleurs métalliques très-éclatantes ; la plupart sont verts avec des reflets plus ou moins dorés. Nous en connais- sons une quantité considérable d'espèces répandues dans les diverses régions du globe. Des entomologistes ont éta- blit plusieurs genres auxquels nous n'attachons qu'une valeur secondaire ' . Quelques espèces sont européennes. De ce nombre est l'Euchlore de la vigne [E. Vitis, Fabr.), insecte long de sept à huit lignes , d'un beau vert métallique bordé de jaunâtre avec les élytres profondément sillonnées ; il cause parfois des ravages assez étendus dans nos vi- gnobles. Les Aréodas sont de beaux insectes de l'Amérique, les Amblytères sont de la Nouvelle-Hollande. Notre quatrième et dernier groupe, celui des Anopolo- ■ Nous en avons représeolé une espèce (Voy. d'Orb.) sous le nom d'Ebenina. ^ Mimcla, Kirb)'. Jprostcrna, Hope. Anomahi, Meg. Spllola, Dej. 248 HISTOIRE. GNATHiTEs est composé seulement de quelques genres, dont toutes les espèces sont étrangères à l'Europe. Les Bra- chysternes ont été trouvés au Chili et à la Nouvelle-Hol- lande. (S. -genres Epichrysus , AYhite et Anoplostcnms, Guer.) Les Bolax, les Leucothyrées , les Geniates et les Platy- cœlies sont des Mélolonthides de l'Amérique méridionale. Les Apogonies au contraire sont des régions chaudes de l'ancien continent, particulièrement des Indes orienta- les et du Sénégal. Enfin les Rcpsimes et les Anoplognathes, insectes de la Nouvelle-Hollande sont revêtus, les derniers surtout, des couleurs les plus éclatantes. Il est à regretter que leurs mœurs soient ignorées. Le type du genre, l'Anoplognathe de Latreille {A. Latreillei, Sch.) est long d'environ quinze lignes et d'une couleur verte métallique à reflets dorés et d'un rouge de feu. Les ScAEABEiDEs Constituent la quatrième famille de la tribu des Scarabéiens. On peut la diviser en quatre groupes: lesRuTÉLiTES, les Gvclocéphalites, les Calocxémites et les SCARAEÉITES. Les premiers sont de magnifiques insectes répandus dans les régions chaudes du globe, principalement de l'Amérique. Les Pélidnotes sont tous de l'Amérique méri- dionale ; un seul se trouve assez communément aux Etats- Unis. On rencontre ces coléoptères sur les feuilles et sur les fleurs. Les Rutèles se trouvent de la même manière et dans les mêmes régions; elles sont généralement d'une taille un peu moindre; mais leurs couleurs sont infiniment plus variées. Les espèces connues du genre Phœnoméris proviennent de l'intérieur de l'Afrique. DES INSECTES. 24U Le genre Hétérosterne, fondé sur une espèce du Mexi- que , a entièrement la forme et même l'aspect de certains Buprestides. (Genre Sternocera.) Les Chrysophores sont de splendides Scarabéides de l'Améi ique méridionale. Les mâles ont des pattes postérieu- res très-grandes, qui paraissent propres au saut ; les cuis- ses sont très-renflées et les jambes sont arquées. On a nommé le type du genre le Ghrysophore-cbrysochlore ; il est d'un beau vert doré, avec les élytres criblées de gros points enfoncés. II habite Ici Colombie et le Haut-Pé- rou. Les Colobosternes, les Chlorott^s, les Dorysthètes, les ]\ïa- craspis et les Chasmodies sont de beaux insectes d'Amé- rique lisses et brillants, qui le matin voientsur les feuilles, et pendant la chaleur du jour, volent autour des arbres en faisant entendre un bruit assez fort. Les Ométis aussi bien que les Cnémides sont Américains et fort reconnaissables à la pièce axillaire que Ifurs élytres laissent à découvert. Les Parastasies habitent les Indes orientales etl'Océa- nie'. LesCYCLOGÉPHALrTES sont des Scarabéidcs de moyenne taille, de couleur sombre, ordinairement assez aplatis. Le genre Cyclocéphala , le principal du groupe, ren- ferme une quantité considérable d'espèces de l'Amérique du sud ; on les trouve abondamment sur les fleurs; elles volent autour des arbres vers le soir, mais souvent pendant le jour elles se cachent au pied des arbres. Les Trichops sont de petits Cyclocéplialites américains. Le genre Héxodon est l'un des plus remarquables de toute la tribu des Scarabéiens. La forme sphérique, lesjara- ' Foy. Weatwood, Ann. of nat Iiist. 250 HISTOIKE bes toutes garnies d'épines des Héxodons leurdonnent un aspect fort étrange. On en trouve une espèce très-commu- nément dans l'île de Madagascar ; elle se tient à terre dans les endroits sablonneux. Les Calocnémites constituent un petit groupe ayant degrandes affînitésavec celui desScarabéites, mais offrant néanmoins quelque traits de ressemblance avec certains Mélolonthites. M. Erichson nous a fait connaître deux espèces d'Achloa de l'Afrique orientale. Les Pachypes [Pachypus) sont de singuliers Mélolon- thites, que l'on trouve dans quelques parties de l'Europe méridionale et dans le nord de l'Afrique. Ces insectes ha- bitent les endroits sablonneux ou rocailleux. Les femelles sont aptères, n'ayant que des rudiments d'ailes imper- ceptibles ; les mâles se font remarquer par leur corselet profondément excavé et portant une petite corne en avant. Le type du genre F'oplope [Hoplopns atriplicis, Fab.) se rencontre en Barbarie. On trouve dans le même pays aussi bien qu'eu Espagne, en Sicile, en Sardaigne^ plusieurs espèces d'Éiapbocéra. Les Calocnémis paraissent plus dispersés. Le type du genre {C. L('trcUlei,Lap. de Cast.) habite l'Europe méri- dionale et la Barbarie. Les Coplorhines, bien reconnaissabies à leur tête échan- crée, sont propres aux régions chaudes de l'ancien conti- nent et principaiemeut de l'Afrique. Les ScARABÉiTEs, uotrc quatrième et dernier groupe de cette famille, renferment les Coléoptères les plus re- marquables par leur grande dimension, etpar leurs formes bizarres. On reconnaît facilement ces insectes , aux cornes et aux protubérances qui existent sur la tête et le corselet, au moins chez les maies. DES INSECTES, Les Scarabéites sont répandus dans presque toutes les régions du monde; mais ils deviennent cependant beau- coup moins abondants dans les parties froides du globe. Les genres qui se rattacbent à ce groupe ne sont réel- lement pas fort nombreux ; mais, dans ces derniers temps, on en a formé de nouveaux, parmi les vrais Scarabées. En général ils ne doivent certainement être considérés que comme des divisions de genres ou tout au plus comme des sous-genres. * Les Heteronychus sont en général propres à l'Afrique; les Dasygnatbes à la Nouvelle-Hollande. Les Phileures qui se rapprochent aussi des Cyclocépha- lites, appartiennent la plupart à l'Amérique : ils creusent le pied des vieux arbres; rarement ils volent pendant le jour. Les Trionychus sont africains et les Acérés habitent le Brésil , les uns et les autres ont un corps long et aplati. Les Oryctes diffèrent peu des vrais scarabées; nous en avons une espèce très-commune dans la plus grande par- tie de l'Europe. C'est l'O. Nasicorne [0. nasicornù) ( pi. 7, fig. 8), long de douze à quinze lignes entièrement d'un brun marron , parfaitement lisse, avec le chaperon prolongé en pointe, la tête échafncrée antérieurement, aj'anten arrière une carène tridentée. Cet insecte se trouve parfois très- communément dans certaines localités. Sa larve (pl.7,fig,9), qui est un gros vers blanchâtre, plus gros que celui du Hanneton, avec les pattes moins longues, vit à l'état déna- ture dans de vieux troncs pourris, ou sous des bois entiè- rement décomposés ; mais elle vit aussi parfaitement dans la tannée que l'on emploie dans les serres chaudes et dans les couches. C'est ainsi qu'on en trouve constamment par centaines dans les serres du Jardin des Plantes. 252 HISTOIRE La durée de l'existence de rOrycte à l'état de larve paraît être, comme pour le Hanneton, de prt;s de trois ans. Lorsque cette larve a acquis tout son accroissement , elle se forme une loge ovoïde , dont elle solidifie les pa- rois au moyen de la bave qu'elle dégorge par la bouche. Sa transformation en nymphe ne tarde pas à s'effectuer , et, quatre à six semaines plus tard, on voit paraître l'insecte parfait. La nymphe (pi. 7, fig. 10) est entièrement d'un jaunâ- tre pâle , sale. l,es Orphnus, assez voisins des Oryctes, sont de plus pe- tite taille ; les espèces connues sont toutes des Indes orien- tales, ou des parties les plus chaudes de l'Afrique. Les Oryctomorphes , au contraire, habitent le Chili. Nous ne connaissons presque rien sur les habitudes des vrais Scarabées, dont une douzaine d'espèces sont les géants de l'ordre des Coléoptères ; ils sonttous Américains.; les seconds sont répandus dans diverses régions du globe. Le type du genre est le Scarabée hercule [Scarabœus hercules , Lin.), grand insecte bien connu de tout le m.onde, dont le mâle est d'un beau noir d'ebène, avec les élytres d"un gris olivacé, et parsemées de taches noires; le corse- let étant prolongé en une corne presque aussi longue que le corps, et recourbée à l'extrémité ; la tète offrant égale- ment une longue corne relevée, bidentée à la base, et uni- dentée à l'extrémité. Ce superbe insecte n'est pas rare dans quelques-unes des Antilles, comme la Martinique, la Guadeloupe particu- lièrement. On prétend qu'il se tient sur les troncs d'ar- bres, et qu'il y est attiré par la substance mucilagineùse qui coule des arbres meurtris [sapium aucuparium) ; sa larve vit dans le bois pourri. DES INSECTES. 253 On a trouvé le Scarabée Tytius de l'Amérique du Nord dans un tronc de cerisier abattu par le vent. Nous trou- vons dans le midi de la France une espèce du genre Pen- todon, c'est le Scarabée ponctué (.S^. monodon)^ qui est noirâtre, avec les élytres fortement ponctuées. Ses méta- morphoses et sou genre de vie n'ont pas encore été étu- diés. Les Agacéphales, très peu distincts des vrais Scarabées, se trouvent seulement dans l'Amérique méridionale. Les /Egidium sont de petite taille, et répandusdans les mêmes régions. Les GÉOTRUPTDEs forment notre cinquième famille de la grande tribu des Scarabéiens ; on la divise en quatre groupes : les Athyréites, les Géotrupites, les Trogi- TEs et les tEgialites. Les premiers se composent d'un petit nombre de genres, auxquels se rattachent peu d'espèces; ce sont les Athyrées {Afhy relis), presque tous Américains, qui fréquentent les bouses et les bois pourris. On ne connaît qu'une seule es- pèce de la Nouvelle-Hollande, du singulier genreÉléphas- tome. Les Bolbocéras paraissent vivre de la même manière que les Athyrées; les habitudes de tous ces insectes nous sont très-peu connues; leurs métamorphoses sont encore ignorées. Les collections entomologiques renferment de vingt à trente espèces de ce genre : elles paraissent générale- ment assez rares; l'une d'elles se trouve dans notre pays, c'est le B. mobilicorne (/?. mobilicornis) , insecte long de quatre lignes, d'un brun plus ou moins foncé, avec la tête munied'une corne et le corselet quadrituberculé; mais il est fort difficile de la rencontrer. Quelques personnes ont 25 ♦ HISTOIRE prétendu que les Crapauds et les Grenouilles recherchaient cet insecte pour en faire leur nourriture ; elles assuraient qu'il était facile de l'obtenir en éventrant des Crapauds et des Grenouilles. INous avons tenté nous-mêmes cette expé- rience ; et divers entomologistes qui l'ont également ten- tée n'ont obtenu aucun résultat. Les Ochodées diffèrent peu des Bolbocéras : on en trouve une espèce en Autriche et en Hongrie. On prétend que plusieurs espèces d'Hybosores fréquentent les excréments humains. Le type du genre TH. laboureur {Hijbosorus ara- tor) habite la France méridionale. Les Géobies ( Geobius) se trouvent aussi dans l'Europe méridionale et la Barbarie. Le groupe des Géotrupites a pour genre principal les Géotrupes.Ge sont des insectes en général presque aussi gros que nos Hannetons communs. On les rencontre abondam- ment dans toute l'Europe, et quelques espèces habitent aussi l'Amérique du nord. Ces insectes vivent dans les bouses, et s'enfoncent même souvent dans les excréments humains ; ils font des trous dans la terre; de là le nom de Géotrupe, qui indique l'action de fouiller la terre. Les Géotrupes vo- lent particulièrement le soir; pendant les belles soirées d'été on entend le bourdonnement qu'ils produisent eu vo- lant, et c'est toujours dans le voisinage des fumiers ou de quelques matières excrémentitielles. Le Géotrupe stercoraire [G. slercorarius) est très-com- mun dans notre pays, il est long de neuf à dix lignes, d'une couleur brillante, variant du noir au vert, au bleuâtre, au violacé; avec lesélytres fortement striées. M. Westwood regarde les Géotrupes comme très-uti- les dans la nature, parce qu'ils diminuent la quantité de matières excrémentitielles, en en faisant leur nourriture, et ensuite en la dissémiuantdaus la terre par les trous qu'ils ijES insectes. 255 forment. — Nous rapportons encore à ce groupe les Le- thrus, genre très-singulier par la conformation des anten- nes, qui ne sont pas lamellees comme chez presque tous les autres Scarabéiens. Les espèces connues de Lethrus se trouvent dans la Hongrie, la Russie méridionale, la Sibérie, etc. Ils creusent la terre, nous rapporte M. Fischer, et cau- sent de grands dégâts en dévorant les jeunes bourgeons delà vigne sur laquelle ils vivent. Chaque trou est habité par deux individus; et, au moment de l'accouplement, des combats violents ont lieu entre les mâles au bord de leur denieure. • De telles habitudes nous paraissent d'autant plus sin- gulières, qu'elles sont essentiellement différentes de celles de tous les Scarabéiens, dont les Lethrus se rapprochent le plus. Aussi serait-il à désirer que de nouvelles observa- tions fussent faites sur le genre de vie propre à ces insectes. Les Trogites habitent les endroits chauds et arides , par- ticulièrement les Trox, le genre principal du gi'oupe. Ces Trox ont été peu étudiés dans leurs habitudes; cependant on les trouve dans presque toutes les partiesdu monde. Ces insectes sont de moyenne grosseur, la plupart de couleur cendrée et couverts d'aspérités ; on les rencontre dans les cadavres desséchés, et, dit-onaussi, dans les bois qui tom- bent en décomposition. Il n'est pas rare non plus de les voir marcher à terre dans les endroits secs et arides; ils volent aussi pendant la chaleur du soleil. On connaît plusieurs Trox , propres à l'Europe ; de ce nombre est le T. des sables (7'. sabulosiis. Lin.), le plus commun du genre et l'espèce type. Cet insecte est long de quatre lignes, d'un noir cendré, avec les élytres striées , offrant des intervalles plus élevés, et garnis de petites 256 HISTOIRE touffes de poils. On prend souvent cette espèce sous des cadavres d'animaux. M. Waterhouse a fait connaître la larve et la nymphe d'une autre espèce de notre pa3's [Trox arenarius). La larve est blanchâtre, avec la tête d'un brun obscur. Les Acanthocères [Acanthocerus] sont de petits insec- tes d'Amérique; quelques-uns cependant ont été recueillis à Madagascar et dans quelques autres parties de l'Afri- que. Au rapport des voyageurs, ils fréquentent les fleurs : on les trouve aussi dans les bois pourris. Le groupe des JEgialites est fondé essentiellement sur le genre vîlgialia, dont nous ne connaissons encore que deux espèces. Le type est VjE. globuleuse {,£. ylobosa)^ pe-. tit insecte long de deux lignes, d'un brun marron foncé, avec les élytres striées, qui habite le nord de l'Europe: on assure qu'on le trouve dans les endroits sablonneux du nord de la France. On le rencontre aussi sur les bords de la mer-, ]\L Mac Leay en a induit qu'il vivait pro- bablement avec les Psammodies sur des détritus marins. La sixième famille des Scarabéiens , les Elchiuides, lenferme des insectes bien remarquables par les parties de leur bouche, et par le grand développement des jambes antérieures des mâles. Deux genres seuls s'y rattachent; l'un, Euchire [Eu- chirus)^ comprend actuellement deux espèces des Indes orientales ou des Moluques, dont le type est le Scara- bseus longimanus des auteurs ; l'autre (Propomacrus) , une seule espèce d'Orient, figurée dans l'ouvrage de Pal- las ' LesCoPEiDEsforment une septième famille dans la tribu ' VàW Icon. iiiïect. DES INSECTES. 257 des Scarabéiens ; ces insectes vivent dans les matières cxcrémentitielles. Ils peuvent être subdivisés en quatre groupes : les ApHODiiTEs : les Onitites, les Coprites et les Ateu- CHITES. Les Aphodiites sont abondants en espèces et en indi- vidus dans toute l'Europe; ce sont les plus petits Scara- béiens; ils vivent en quantité dans les bouses de vache, et souvent Ion remarque qu'ils se jettent dedans aussitôt que ces excréments viennent d'être déposés. Le genre Aphodie [Aphodius) est le plus nombreux du groupe 5 on en connaît une très -grande quantité d'espèces qui sont dispersées surtout dans les régions tempérées. L'Aplîodie du fumier [A. fimetarius Fabr.) est l'espèce la plus commune dans notre pays ; elle est longue de trois lignes, d'un noir brillant, ayant les éiytres rouges avec d s sti-ies ponctuées. Les petites modifications du chaperon que l'on observe entre les nombreuses espèces d'Aphodies ont donné lieu pour M. Mulsant à l'établissement d'une longue série de genres appuyés sur les plus faibles caractères. Les Psammodies se rencontrent assez fréquemment sur les côtes de la mer, où ils vivent dans des détritus de vé- gétaux marins. ( P. porricollis: lllig.) Les Oxyomes sont très-voisins des précédents : quel- ([ues espèces sont européennes, mais nos collections en renferment beaucoup d'exotiques. Quelques genres seulement se rattachent au groupe des Onitites : ce sont les Eurysternes, insectes à corps assez long, aplati, à bords latéraux parallèles, généralement de couleurs sombres, habitant tous le nouveau monde. 23. 258 HISTOIRE On les trouve autour des plaies des arbres , ou dans les matières excrémentitielles. Les Oniticelles ont le même aspect que les précédents, bien que leur taille soit ordinairement moins considéra- ble. Ils habitent exclusivement l'ancien continent : l'un d'eux se trouve dans notre pays, c'est l'Oniticelle à pat- tes jaunes (0./at"/^;es, Fabr.). On rencontre ces insectes dans les endroits sablonneux, où ils fréquentent les bouses; leurs métamorphoses nous sont encore inconnues. Les Onitis constituent un genre nombreux en espèces, paraissant appartenir sans exception à l'ancien continent. Ils sont toujours de couleurs obscures; la plupart sont entièrement noirs; nous en avons plusieurs, qui sont assez abondamment répandus dans le midi de l'Europe; mais aucun d'eux ne parait dépasser le quarantième degré de la- titude. Les Onitis se trouvent dans les bouses; ils creu- sent un peu la terre. Les entomologistes en ont séparé, sous le nom généri- que de Bubas, quelques espèces, dont la tête est bicornue. Les CoPRiTEs constituent un groupe plus nombreux que celui des Onilites : on y rattache plusieurs genres très- importants ; d'abord les Onthophages, petits Scarabéiensà corps trapu, dont la tête et le corselet portent presque constamment des cornes, chez les mâles. Les Onthophages sont communs dans toutes les parties du monde , mais principalement dans l'ancien continent; nos colleclions en renferment aujourd'hui plus de deux cents espèces. La plupart de celles qui vivent dans notre pays sont des plus abondantes dans toutes les matières excrémentitielles , principalement dans les bouses de va- ches. Elles volent avec facilité , souvent par l'ardeur du soleil. DES INSECTES. 259 L'Onthophage taureau [Onthophagus taums. Lin ), long de quatre à cinq lignes, noir et finement ponctué, ayant sur la tète deux très-longues cornes arquées, peut être con- sidéré comme le type du genre. Les Copris sont des insectes en général d'assez forte taille, et généralement de couleur noire, répandus dans les régions chaudes et tempérées des deux hémisphères. Ils vivent, comme tous ceux de cette famille, de matières excrémentitielles, et ils se creusent dans la terre des trous profonds et obliques. Les larves se forment une coque composée de terre et de bouse, au moment de subir leur transformation en nymphes. Ces coques sont plus ou moins rondes, et acquièrent une dureté très-grande. Nous avons représenté (pi. 7, fig. 1 1) celle du Copris Paniscus, espèce de la France méridionale, qui a été ouverte pour montrer l'hisecte qui vient d'éclore, et qui n'est pas encore sorti de sa loge de nymphe. On ne trouve aux environs de Paris qu'une seule es- pèce de ce genre (C. lunaris , Lin.), dont la femelle, très- différente du mâle, était regardée autrefois comme une autre espèce. Les Copris font entendre unbruitassez fort, produit par le frottement de leur abdomen contre l'extrémité de leurs élytres. Les Phanées [Phanœus]^ très-voisins des Copris, sont des Scarabéiens d'Amérique ayant ordinairement des cor- nes et des protubérances sur la tète et le corselet, et des couleurs éclatantes et métalliques. Les Phanaeus ont des habitudes analogues à celles des Copris. Les Énicotarses sont de jolis insectes d'Amérique. Il en est de même, à peu d'exceptions près, des Chœridies 200 HISTOIRE (Chœridiu)fi), (\oni la taille est généralement assez minime. Le troisième et dernier groupe de la famille des Co- prides, les Ateuchites, se compose dinsectes de toutes les parties du globe, dontlecorpsestordinairementassezapla- ti. Leurs pattes postérieures sont situées très-près de l'extrémité du corps, et fort éloignées des autres; ce qui leur donne un aspect étrange et une démarche pénible; mais cette conformation est parfaitement en rapport avec les habitudes de ces Scarabéiens. Ils roulent, à l'aide de leurs pattes postérieures, des boules de matière excrémentitielle dans lesquelles ils renferment leurs œufs ; c'est ce qui leur a valu autrefois le nom de pilulaires. Leurs boules ont d'abord une forme irrégulière, et leur consistance est molle; mais elles ne tardent pas à s'ar- rondir et à se solidifier, lorsqu'elles sont roulées pen- dant quelque temps. Gesinsectesont pour but de les pla- cer dans des trous, où ils ont d'abord accumulé des ma- tières qui doivent servir à la nourriture de leurs larves. Il n'est pas probable, dit M. Westwood, que ces ani- maux sachent reconnaître leurs propres boules; car ils prennent quelquefois celles qui appartiennent à d'autres hidividus. On rapporte que, dans certains cas, plusieurs se réunissent pour rouler la même boule, lorsqu'elle se trouve arrêtée par les anfractuosités du terrain. Les Coprobas sont d'Afrique. On connaît une seule es- pèce de Mentophile provenant de la Nouvelle-Hollande ; une seule aussi du genre Copraecus , habitant le même pays. Les Canthons (Cay?iAo;?, Hoff; Coproblus, Latr.) sont des insectes américains, parés de couleurs métalliques. Leurs espèces , toutes d'assez petite taille, sont fort nom- breuses. Les voyageurs nous apprennent qu'on les trouve DES INSECTES. 261 soit parmi les fientes, soit parmi les feuilles : souvent, di- sent-ils, elles se jettent en masse autour des plaies d'arbres d'où s'échappe la sève. La plupart d'entre elles necreusent point la terre. Les Scatonomes , insectes du Chili comme les Méga- thopes, ressemblent beaucoup aux Canthons. Les Épilisses [Epilissus) sont les représentants des Can- thons, dans l'île de Madagascar. Les Circellies sont de gros insectes des régions les plus chaudes de l'Afrique. Les Hyboraas sont tous d'Amérique; la plupart d'entre eux présentent des callosités sur leurs élytres;ils fréquen- tent les bouses. Les Sisyphes ne sont pas nombreux, mais ils sont fort remarquables par la longueur extrême de leurs pattes pos- térieures ; on rencontre dans le midi de la France, et quel- quefois aux environsde Paris, le Sisyphe de Scheeffer (Si- syphus Schœjferi)^ insecte long de trois à quatre lignes ., noir, avec les élytres striées et finement ponctuées entre les stries, et les cuisses postérieures munies d'une très-petite dent. Cet insecte, comme tous les Ateuchites, roule de petites boules , dans lesquelles il place ses œufs. Les Gymnopleures sont des habitants de l'ancien con- tinent, bien reconnaissables à leurs élytres échancrées la- téralement. Ils volent pendant la plus grande chaleur du jour, et l'on assure que plusieurs individus s'en tr'aident souvent pour rouler leur boule. LeGymnopleure pilulaire [Gijmnopleurus pilularius), dont le nom rappelle cette habitude, est commun dans l'Europe méridionale, mais très-rare aux environs de Pa- ris; il est lisse et d'un noir brillant. Les Ateuchus, qui forment le genre principal du groupe, sont de gros insectes aplatis, à large chaperon denté, ap- partenant à l'ancien continent. Ils volent avec agilité, mais ils marchent avec une certaine difficulté. On les trouve toujours dans les endroits les plus chauds, où ils re- cherchent les bouses; ils forment des boules pour y pla- cer leurs œufs, de même que les précédents. C'est une ha- bitude qui n'avait pas échappé aux anciens, et surtout aux Égyptiens , qui les regardaient comme des animaux sa- crés. Le type du genre Ateuchus est TA. sacré {A. sacer); il a près d'un pouce de longueur, noir, avec la tête munie de deux tubercules; les élytres faiblement striées, les jambes antérieures quadridentées. Cet insecte est commun dans le midi de la France, dans toute l'Europe méridionale, la Barbarie et l'Egypte: on le trouve fréquemment représenté dans les peintures des an- ciens Égyptiens et sur leurs amulettes, placés dans les sarcophages, parmi d'autres reliques. Quelquefois l' Ateu- chus sacré est représenté d'une taille gigantesque. Il n'est pas douteux que ce ne soit cette espèce qui a été souvent représentée par les Égyptiens , principalement dans la basse Egypte; mais il en est une autre à laquelle ils donnent une couleur vert-doré magnifique. Pendant longtemps l'on avait cru que cette couleur, plus du goût des Égyptiens, avait été donnée cà l'espèce noire; et, malgré l'assertion d'Hérodote, qui dit formelle- ment que le Scarabée sacré des Egyptiens est d'une belle couleur d'or, on n'en persistait pas moins à regarder cette assertion comme eironée, parce que jamais les modernes n'avaient rencontré un Ateuchus ou quelque autre Scara- béide, dont la couleur fût en rapport avec la description d'Hérodote et avec les peintures égyptiennes. Cependant en 1819 M. Caillaud trouva à Méroé, sur les rives du fleuve Blanc , l'Ateuchus doré , gui en effet res- DES INSECTES. 263 semble beaucoup à notre Ateuchus sacré , à la couleur près. Depuis on l'a rapporté du Sennaar. Il paraît que cette espèce se trouve seulement dans lapartie Jiaute du cours du Nil ; c'est pour cette raison qu'on l'avait cherchée vainement dans la basse et la moyenne Egypte. Latreille l'a décrite le premier; et comme le nom de sacré était déjà appliqué à l'espèce noire , qui est autant européenne qu'africaine, il l'a appelée l' Ateuchus des Égyptiens {A. jEgyptiorum). « L'Ethiopie, dit Latreille, paraissant avoir été l'habita- tion primitive des Égyptiens, il est probable quecette espèce de Bousier, d'une couleur plus éclatante que celui auquel les naturalistes ont donné le nom de sacré , a dû par cela même fixer de préférence l'attention de ce peuple ou de ses prêtres, et que dès lors cette espèce est véritablementle Bou- sier sacré primitif. L'autre espèce lui étant presque sem- blable, à la couleur près, la remplaça probablement, lors- que ce peuple, ayant descendu le Nil, ne trouva plus sous ce climat la précédente; peut-être que l'une et l'autre fu- rent indifféremment l'objet de leur culte. » Les Égyptiens avaient observé quelques particularités propres aux habitudes des Ateuchus; ils savaient qu'ils roulaient des boules de fiente ; mais l'imagination vient se mêler à l'observation. Voici ce que nous rapporte Hor- Apollon au sujet de cet insecte : « Lorsque les Égyptiens veulent exprimer une naissance unique, ou une naissance, ou un père, ou le monde, ou un homme, ils peignent un Scarabée (xa'vôapoi;) , (c'est-à- dire un Ateuchus pour les naturalistes modernes). La nais- sance unique, parce que cet animal n'est ni formé ni porté dans le corps d'une femelle. Il est engendré seu- lement de cette manière : Un mâle voulant procréer, prend 264 HISTOIRE fie la fiente de bœuf, la pétrit en boule, et lui donne la forme du monde ; il la roule avec ses pattes de derrière, du levant au couchant, et se retourne ensuite vers le levant : il représente ainsi la figiu'edu monde. Il dépose sa boule dans la terre, où elle reste pendant vingt-huit jours; durée pendant laquelle la Lune parcourt les douze signes du Zo- diaque, temps aussi pendant lequel la race des Scarabées prend l'existence. Le vingt-neuvième jour, il jette sa boule ouverte dans l'eau (car c'est le jour où la ,Lune et le Soleil se rencontrent, et de là la naissance du monde). Cette boule se trouvant ouverte dans l'eau, les animaux en sortent : ce sont des Scarabées. Les Égyptiens représen- tent encore un Scarabée pour figurer la naissance, pour les causes déjà exprimées : un père, parce que le Scarabée tient l'existence seulement d'un père ; le monde, parce que sa naissance représente le monde; un homme enfin, parce qu'il n'y a pas de femelles parmi les Scarabées. On dis- tingue trois sortes de Scarabées : la première, qui a la forme d'un chat et qui est rayonnante, est regardée comme le symbole du Soleil. Les Egyptiens disent que le chat mâle change ses pupilles aux courses du Soleil; à son lever, elles se dilatent à peine; au milieu du jour, elles deviennent rondes; et au coucher du Soleil , elles parais- sent plus obscures. C'est pourquoi, dans Héliopolis, la statue du Soleil a la figure d'un chat. Le Scarabée a trente doigts , qui représentent les trente jours du mois pendant lesquels le soleil accomplit sa course, par tous les signes du Zodiaque. « L'autre genre de Scarabée est bicorne, comme un taureau ; pour cette raison il est consacré à la Lune ; car le taureau figure dans le ciel, et les fils des Égyptiens disent que c'est le séjour de la Lune. » DES INSECTES. 265 « Le troisième Scarabée est unicorne, et consacré à Mer- cure, comme ribis parmi les oiseaux. » Rien n'est plus singulier sans doute que toutes ces idées bizarres et superstitieuses des anciens Égyptiens, rappor- tées par Hor-ApoUon; elles méritent néanmoins d'être remarquées , car des faits vrais sont mêlés à la bizarrerie de l'imagination. Le Scarabée qui jett€ des rayons éclatants, et que l'on compare à un chat dont les yeux offrentdes pupilles d'une mobilité extrême, est bien notre bel Ateuchus des Égyp- tiens, paré de sa couleur vert-doré, vraiment éclatante. Les Scarabées ont trente doigts, dit-on : il faut entendre ici les cinq articles de tous les tarses, qui forment un to- tal de trente; mais ici l'observation n'est pas exacte, car les Ateuchus n'ont jamais de tarses aux pattes antérieu- res. Il n'est pas surprenant au reste que cette particula- rité ait échappé aux anciens Égyptiens, puisque c'est seu- lement depuis quelques années que le fait a été bien dé- montré dans la science. Jusque-là on avait cru seulement que les tarses de ces insectes tombaient très-facilement, et que pour cette raison il ne fallait pas trop s'étonner de les voir toujours, dans nos collections, dépourvus des tar- ses de devant. Quant à la seconde et à la troisième espèces de Scarabées citées par Hor- Apollon , ce sont des insectes très-différents. Selon toute vraisemblance, l'espèce unicorne appartient au genre Copris, et l'espèce bicorne, peut-être au genre Géotrupes ; et quant à ceux-là, il est vrai qu'ils présentent des tarses de cinq articles à toutes les pattes. Les Pachysoraes sont des Ateuchites tres-voisins des précédents, dont les espèces peu nombreuses habitent le sud de l'Afrique. 266 HISTOIEE Les Anoralopsis sont, dans l'Amérique méridionale, les représentants desAteuchus. Nous n'en connaissons encore que peu d'espèces, qui ont été trouvées dans les parties ro- cailleuses du Tucuman et de la Patagonie. On a décrit une seule espèce de Glyphiderus. Les Passalides constituent une famille assez anomale dans la tribu des Scarabéiens. Ces insectes, comme ceux de la famille suivante, ont les antennes plutôt pectinées que lamellées, comme nous l'avons vu dans tous les Scara- béiens, que nous venons de passer en revue. Nous divisons les Passalides en deux groupes, les Chf- KONiTEs et les Passalites. Le genre Chiron appartient seul au premier de ces groupes. 11 se compose seule- ment de quelques espèces d'Afrique et des Indes orientales. Ce sont des insectes de petite ou de moyenne taille, dont le corps est long et cylindrique , les mandibules fortes, les cuisses renflées, principalement les antérieures, leurs jambes étant dilatées, digitées , et unidentées intérieure- ment. Les Chirons s'éloignent beaucoup de tous les autres Scarabéiens , et nous ne possédons encore aucun rensei- gnement sur leur manière de vivre; aussi ont-ils été placés tantôt parmi les Géotrupides, avec lesquels ils paraissent avoir quelques affinités, tantôt avec les Lucanidesou les Passalides, où ils nous paraissent réellement mieux pla- cés. Les Passalites se composent essentiellement du genre Passale ( Passalus ) , qu'on a subdivisé d'après le nombre d'articles qui forment la masse des antennes. Ce nombre étantde trois, de quatre, de cinq ou de six, adonné lieu à l'établissement d'autant de genres que nous venons de signaler de modifications ; mais comme Jes autres organes DES INSECTES. 267 n'offrent aucune différence essentielle, on ne peut leur donner qu'une valeur très-secondaire. Les Passales sont répandus dans les deux Amériques, en en exceptant les régions situéesau nord, les Indes orien- tales, l'Australie, etc. Tous sont d'une assez forte taille, d'un beau noir brillant, avec les élytres plus ou moins sillonnées; leur forme est extrêmement aplatie. Ils vivent dans les vieux bois, sous les écorces; on rapporte aussi qu'ils fréquen- tent les sucreries. Leurs larves dont, la tète est assez petite et le corps aminci postérieurement, ressemblent beaucoup à celles des Lucanes; elles vivent déracines, comme beaucoup de larves de Scarabéiens. La larve du Passale interrompu (P. interruptus) vit sur les battata. La dernière famille de la tribu des Scarabéiens est celle desLucANiDES; nous pensons qu'ils peuvent être répartis dans quatre groupes distincts; ce sont les ^salîtes, les Syndésites, les Lucanites et les Lamprimites. Les premiers sont d'assez petits insectes, de forme ar- rondie, auxquels se rattachent deux genres. Celui d'JE- sale, dont nous ne connaissons qu'une seule espèce ( J5sa- Ivs scarabœoides)^ répandue principalement en Autriche, où elle paraît toutefois assez rare ; sa larve, au rapport de Creutzer, vit dans le creux des arbres pourris , et surtout des chênes. Le genre Codocère ne renferme encore qu'une seule espèce , de la Géorgie russe. Les Syndésites se reconnaissent facilement à leur corps allongé et cylindrique. Le genre Sinodendron, dont nous ne connaissons qu'une seule espèce, babite les parties montagneuses de la 268 HISTOIRE France, la Suisse, la Suède, etc. On prend l'insecte parfait sur le tronc des arbres. C'est le Sinodendrou cornu ( 5. cornutum), insecte noir, long de cinq à six lignes, ayant une corne sur la tête et les élytres très-rugueuses. Sa larve paraît vivre dans les bois pourris. LesPsilodonssontde l'Amérique méridionale. LesSyn- dèses et les Nigidies se trouvent à la Nouvelle-Hollande. Une seule espèce de Xiphodoute a été trouvée dans le sud de l'Afrique. Les Figulus se rencontrent dans les régions les plus chaudes de rAfricjiie, les Indes orientales , l'Océanie : leur forme cylindrique, leur corps noir , lisse et luisant, leur donnent un aspect particulier. LeFigule strié (pi. 8, fig. 1) {Fi. strio.tus)des entomolo- gistes modernes, dont les élytres sont fortement striées , avec les intervalles ponctués , habite l'île de France et l'île Bourbon. C'est à tort qu'on le rapporte au Lucanus striatus de Fabricius et d'Olivier, qui est un véritable Lucane, très- différent par ses caractères aussi bien que par son aspect général. Quoi qu'il en soit, la larve du Figule strié (pi. 8, fig. 2) est allongée , avec la tête arrondie, de couleur brune, La nymphe (pi. 8, fig. 3) est garnie d'épines sur les par- ties latérales : son dernier anneau est terminé par de pe- tites pointes. La couleur de cette nymphe est d'un blanc sale. Sa forme retrace déjà assez nettement le corps de l'insecte parfait ; c'est ce qui nous l'a fait reconnaître comme appartenant au Figule strié; car nous n'avons aucune donnée plus authentique; mais la localité étant la même et les caractères concordant parfaitement, on ne saurait douter de l'espèce à laquelle elle appartient. DF.S INSECTES. 269 Les LucANiTEs sont en général de grands et beaux insectes, dont !e corps est déprimé , la tête large portant deux mandibules fortes et robustes, dont la longueur dé- passe souvent celle de la moitié du corps. Ces Coléop- tères ne sont pas très-abondants en espèces, et cependant ils paraissent répandus dans presque toutes les régions du globe. Le genre Lucane {Lucanus) est le principal du groupe: c'est à celui-ci surtout qu'appartiennent les plus grandes espèces. On trouve dans notre pays et dans la plus grande partie de l'Europe l'espèce considérée comme le type du genre par tous les naturalistes. C'est le Lucane cerf-volant. {L. cervuSj Lin.), insecte long d'un pouce et demi, non com- pris les mandibules, dont la dimension n'est pas moindre d'un pouce cbez les grands individus. Celles-ci sont bifurquées à l'extrémité, crénelées intérieurement, avec une forte dent au milieu. La couleur générale de l'insecte est d'un brun marron , avec la tète et le corselet plus noirâtres. Dans la femelle la tête est beaucoup plus étroite que chez le mâle, et les mandibules sont courtes. La taille du Lucane, cerf-volant, ainsi que la dimension des mandibules, varient beaucoup. Les plus petits indi- vidus ont été considérés comme formant une espèce dis- tincte {L. capreolus, Fab.) Le Cerf- volant, comme tous les insectes du même genre, vit dans les grandes forêts ; ses longues mandibules lui servent à s'accrocher aux tiges en grimpant le long des arbres. Les Cerfs-volants se trouvent pendant les mois de mai, de juin, de juillet, quelquefois même plus tard. Peu' 270 HtSTOIBE dant le jour ils se tiennent sur les arbres ou les arbrisseaux, mais principalement sur les chênes, dont ils mangent peut- ôtre les feuilles , et dont ils sucent la sève , qui s'écoule entre les fissures de l'écorce , au moins au rapport de De Geer. Divers faits tendent à faire penser que dans certains cas au moins les Lucanes attaquent d'autres insectes pour en sucer les fluides. M. Chevrolat nous cite une espèce', dont nous parlerons plus loin [L. parrallelipipedus)^ qu'il a vu mordant un autre coléoptère {ffelops caraboides). D'autre part, M. Westwood cite un observateur qui a vu un Lucane descendant un arbre, et emportant une chenille dans ses mandibules. Les Lucanes ne vivent pas longtemps à l'état d'insec- tes parfaits ; mais leurs larves ont une existence de plu- sieurs années. Rœsel est le premier auteur qui nous ait bien décrit et bien représenté les métamorphoses du grand Cerf- volant. Les œufs sont ovalaires ; et quand les femelles sont prê- tes à en opérer le dépôt , elles forment un trou dans les arbres avec leurs mandibules, pour les y loger. Les larves sont longues, épaisses, presque cylindriques, de couleur blanchâtre , et contournées , comme toutes les autres larves de Scarabéiens ; mais ce qui en distingue particulièrement celles des Cerfs-volants, c'est l'absence de divisions transversales indiquant nettement une série de douze anneaux. Ces divisions sont beaucoup moins prononcées. La tête est roussâtre, et munie de fortes mandibules. Ces larves vivent de bois, qu'elles réduisent en parcelles avec leurs mandibules. Quand le temps de la métamor- phose en nymphe est arrivé, elles se.forment une coque DES INSECTES. 271 composée de sciure de bois et de terre, à parois très- soli- des; et, bientôt enfermées dans cette loge, elles y subis- sent leur transformation. Plusieurs naturalistes pensent aujourd'hui que les lar- ves des Lucanes étaient les Cossus des Romains, re- gardés par ceux-ci comme un mets très-délicat. M. Dehaan a représenté les larves des deux espèces de Lucanes propres à l'île de Java, dont la ressemblance avec celle de notre espèce commune est presque totale. On trouve encore assez communément en Europe le Lucane parallélipipède. Il est long de neuf à dix lignes, d'un noir obscur, avec les mandibules aussi courtes que la tête dans les mâles'. MM. Brée et Ratzeburg ont donné quelques détails sur les métamorphoses de cet insecte. Les femelles , nous dit ce dernier observateur, comme celles du grand Cerf- vo- lant, déposent leurs œufs dans un trou pratiqué d'abord à un tronc ou à une tige, opération pour laquelle les mâles et les femelles travaillent eu commun. Les larves, ajoute-t il, vivent plusieurs années pour acquérir tout leur développement; car j'en ai trouvé ensemble de toutes pe- tites , de moyennes et de très-grosses. Leur marche dans le bois serpente dans toutes les directions , et les galeries restent obstruées par un épais cordon de poudre de bois. On les rencontre souvent en grande quantité dans les creux de vieux chênes où il y a de la terre. La larve du Lucane parallélipipède est longue d'envi- ron un pouce; et sa nymphe, logée dans des coques for- mées de terre et de détritus ligneux, comme celle du Lu- cane Cerf- volant, et longue de dix à onze lignes, présente une petite pointe sur les parties latérales de chaque an- neau de l'abdomen. L'insecte parfaitéclôteu mai, juin, et souvent plus tard ; il se tient sur les arbres pendant le Jour, et \ole surtout le soir. Les Lucanes, dont on a formé le genre Psalicère, sont des espèces de l'Amérique méridionale , dont la taille est médiocre. Le genre Platycère a pour type une espèce assez com- mune en Europe, au moins dans certaines localités. C'est le Caraboïde {IHatycerus caraboides, Fab.), insecte' long de cinq à six lignes, d'un bleu brillant, quelquefois verdâtre ou violacé, avec les élytres striées longitudinalement; les pattes sont ordinairement noires ; mais on trouve parmi les femelles une variété dont les pattes sont rousses (P. rufi- pes, Fab.). L'insecte parfait paraît dans les boisdès le com- mencement du printemps; il ronge les feuilles naissantes et les bourgeons , sur lesquels il se tient. Il se laisse choir au moindre choc. M. Ratzeburg rapporte cette ob- servation , et nous savons qu'aux environs de Paris on a trouvé plusieurs fois le Platycère-Caraboide dans les mêmes conditions. Nous ne pensons pas que la larve et la nymphe de cette espèce aient encore été observées. Le genre Ceruchus est formé sur ce petit nombre d'es- pèces, dont deux seulement sont Européennes, et assez rares. Le type du genre est le C. tcnébrioïde ( C. tcne- brioidcs) , qui habite les montagnes de la Suisse , de la Suède, etc. M. Westwood décrit une seule espèce d'un genre Colo- phon ; elle est du sud de l'Afrique , et très-remarquable par sou aspect général , qui rappelle celui des Lethrus. Les Lampbimites sonttous étrangers àl'Europe ; les ré- gions habitées par les espèces connues actuellement sont DES INSECTES. 273 l'Amérique méridionale et la Nouvelle-Hollande. Il n'est presque pas besoin d'ajouter après cela que leurs mœurs sont presque totalement ignorées. Mais l'analogie nous fait supposer qu'elles diffèrent peu de celles des autres Lucanides. Au reste , les Lamprimitcs sont de beaux insectes dont les formes sont très-curieuses. La seule espèce connue du genre Chiasognathe a été plus particulièrement trouvée dans l'île de Chiloé, sur la côte du Chili. Elle est d'un vert doré, à reflets cuivreux; le mâle a des mandibules plus larges que le corps, dentelées eu dessous, munies d'une forte dent à la base, et recourbées en bas vers l'extré- mité. Dans la femelle ces mandibules sont courtes. Le genre Sphœnognathe renferme une seule espèce de Colombie, dont les mandibules sont médiocres. Chez les Pholidotes, ces organes sont très-développés. Le Brésil est la patrie de ces Lucanides. Les autres Lamprimites vivent à la Nouvelle-Hollande ; ce sontlesRhyssonotesetlesLamprimes. Les premiers sont d'une couleur obscure, mais les seconds sont métalliques et des plus éclatants. Nos collections, au reste, n'en renfer- ment encore que deux espèces: l'une, type du genre {Lam- prima œnea) , assez commune aux environs de Hobart- Town, à la Tasmanie, et l'autre découverte assez récem- ment à Sidney ' , Le Lamprime bronzé [L. œnea) est long d'environ un pouce. Sa couleur varie du vert métallique au cuivre doré le plus brillant; elle passe même quelquefois au bleuâtre, et au violacé surtout chez les femelles. Les jam- bes des mâles offrent une petite lame à leur extrémité. Plusieurs variétés de cette espèce ont été considérées par ' Voy. Reiclie, Revue zool. soc. cuv. 274 HISTOIKE divers entomologistes comme des espèces distinctes ; mais l'examen d'un grand nombre d'individus ne laisse aucun doute sur leur identité spécifique. DEUXIÈME TRIBU. LES SILPHIENS. Nous arrivons à une tribu dont les limites ne sont pas tranchées, à beaucoup près, aussi nettement que chez la précédente ; car on ne peut nier qu'entre elle et les trois suivantes il existe de grandes affinités, et que les carac- tères qui les séparent les unes des autres ne sont pas aussi nets qu'on pourrait le désirer. Cependant ces quatre tri- bus sont certainement très-naturelles. Les insectes qui les composent ont un aspect particulier, et divers caractères qui ne permettent pas de les confondre. Et, malgré cela, il est évident que ces quatre tribus prises isolément n'offrent pas cet ensemble homogène qu'on trouve parmi les Sca- rabéiens, les Carabiens, etc. Cela tient peut-être à ce que le nombre des représen- tants est moins considérable. Les Silphiens paraissent beaucoup plus répandus en Europe que dans les autres parties du monde. Il est vrai que leurs couleurs généralement sombres, leur taille sou- ventassez exiguë, les endroitsqu'ilsfréquentent, n'ont pas dû les faire rechercher très-spécialement par les voya- geurs. Ensuite, comme un grand nombre d'entre eux vivent sur les cadavres , on ne doit pas être trop surpris de les trou- ver peu abondants dans les pays chauds, où les charo- gnes sont promptement desséchées ou détruites. Nous admettons quatre familles dans la tribu des Sil- phiens. DES INSECTES. 27j TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES SILPHIENS EN FAMILLES, GROUPES ET GENRES. l'« Famille, histérides. 1" Gi e. HOLOLEPTITES. Gre. 1. HOLOLEPTE. Payk Gre. 2. oxysTERNE, Erichs. 2'Gre. HISTÉRITES. Gre. 1. PLATYSOMA.. Lcach. Gre. 2. OMALODES. Érich. Gre. 3. iiister. Lin. Gre. 4. h.et.erie. Godet. Gre. 5. épierie. ÉricJis. Gre. 6. DENDROPIIILE. Lcach. Pattes contractiles. Antennes tou- jours coudées, terminées en une mas- sue solide. Élytres tronquées. Tête avancée. Prosternum sans saillie. Tous les tarses grêles. Corps plat. Mandibules avancées , sans dents. Tarses postérieurs comprimés. Man- dibules inégales, dentées. Corps oblong déprimé. Tête enfoncée dans le prothorax. Corps plus ou moins convexe. Pïoster- num saillant. Toutes les jambes denticulées. Le der- nier anneau de l'abdomen étroit, dé- clive ainsi que le dernier. Jambes postérieures ayant une seule rangée d'épines. Le dernier anupau de l'abdomen perpendiculaire et semi- orbiculaire. Jambes postérieures ayant deux ran- gées d'épines au côté externe. Jambes anguleuses extérieurement. Corps court. Massue des antennes courte, épaisse. Jambes courtes , les antérieures épi- neuses extérieurement; les postérieu- res grêles, ayant une seule rangée d'é- pines. Jambes larges, anguleuses extérieure- ment. 3* Groupe. SAPRLMTES. Gre. 276 HISTOIRE Gre. 7. paromale. Érichs. Jambes étroites, peu courbées. Anlen- nés ayant leur a»" article très-grand, la massue ovale , comprimée. Tête enfoncée dans le thorax. Prosler- num non saillant. \i'RixE. Érichs. Jambes postérieures comprimées , ayant deux rangées d'épines. Gre. 2. PACHYLOPE. Érichs. Jambes postérieures gonllées, épineu- ses extérieurement. Massue des an- tennes globuleuse. Gre. 3. TRYPONÉE. Érichs. Jambes antérieures, ayant une dent interne à la base. Corps long et cy- lindrique. Massue des antennes, gran- de, comprimée. Gre. 4. o>«T»opniLE. Leach. Pattes longues et grêles, avec toutes les jambes inermes. Gre. 6. AiîKÉE. Leach. Pattes longues, les jambes antérieures comprimées, les postérieures grêles. 2* Famille, silphides. Pattes non contractiles. Antennes non coudées, terminées par une mas- sue ordinairement perfoliée, de quatre ou cinq articles. Mandibules termi- nées en pointe. Gre. 1. siLPHA. Fabr. Antennes de onze articles, les quatre derniers formant la massue. Gre. 2. nécrophile. Latr. Antennes de onze articles, les cinq- derniers formant la massue. Élytres rebordées. Gre. 3. acyrtes. Frœl. Antennes de onze articles, les cinq derniers formant la massue. Élytres ovales, non rebordées. Gre. 4. nécrodes. Wilk. Antennes ayant une massue de cinq articles. Élytres coupées carrément à l'extrémité. Cuisses postérieures très- renllées dans les mâles. Gre. 1. NÉCROPiiORE. Fabr. Antennes ayant une massue perfoliée. 3« Famille, scaphidides. Groupe 1. SCAPHIDITES. Gre. 1. scAPiiiDŒ. Ol'tv. Gre. 2. scAPiiisoME. Steph. Groupe 2. CHOLÉVITES. Gre. 1. ciioLEVA. Latr. Gre. 1. MYLisQUE. Latr. 4" Famille. îiitidulides. Groupe l.THYMALITES. Gre. 1. THYMALE. Latr. Gre. 2. PELTis. Fab. Gre. 3. r.oLOBiQUE. Latr. Groupe 2. NITIDULITES. Gre. 1 . BYTDRE. Latr. Gre. 2. stronoyi.e. Herbst. DES INSECTES. 277 de quatre articles. Pattes épaisses, surtout les cuisses postérieures. Pattes non contractiles. Antennes non coudées , terminées par une mas- sue allongée de cinq articles. Mandi- bules bidentées au bout. Corps épais , de forme naviculaire. Écusson visible. Écusson non visible. Corps grêle, oblong. Antennes au moins de la longueur de la télé et du corselet. Antennes très-courtes. Pattes non contractiles. Antennes non coudées, ordinairement terminées par une massue, de deux ou trois articles Mandibules bidentées. Tarses de qua- tre articles. Tarses à quatrième article simple. Corps presque hémisphérique. Les trois derniers articles des antennes formant une massue grêle. Corps aplati. Les trois derniers arti- cles des antennes formant une massue ovalaire. Corps oblong. Antennes ayant leur troisième article deux fois plus long que le suivant, les deux derniers for- mant la massue. Tarses à quatrième article bilobé. Corps oblong. Massue des antennes oblongue , de trois articles. Corps très-convexe. Les trois derniers articles des antennes formant une mas- sue ovale. 2't 278 HISTOIBE Gre. 3. mjiwi.x. Fabr. Corps assez aplati. Tarses ayant leurs trois premiers articles larges, courts et bilobés. Les trois derniers articles (les antennes formant une massue ovale. Gre. 4. CKRCus. Latr. Corpsaplati.Élytrescourtes. Les trois derniers articles des antennes formant une massue allongée et conique. Les HisTÉRiDEs constituent la première famille de la tribu des Silphiens. Ces insectes sont parfaitement reconnaissables à leur corps court , ordinairement presque sphérique , toujours lisse et brillant, avec des stries et des ponctuations très- variées. Leurs mandibules, sans être très-développées, sont ce- pendant un peu avancées, ce qui contribue encore , avec d'autres caractères , à donner aux Histérides une ressem- blance manifeste avec les Lucanides, et particulièrement avec les ^Esalites. Tous ces Silphiens, à leur état d'insectes parfaits, vivent dans les matières excrémentitlelles, dans les charognes; quelques-uns aussi parmi les détritus pourris de certains végétaux . Les Histérides ont la faculté de contracter leurs pattes et leurs antennes, et de contrefaire le mort quand on les inquiète trop vivement. Ces insectes sont très-communs au printemps et pendant tout l'été. Leur taille est tou- jours très-médiocre ; quelques-uns d'entre eux sont même fort petits. Les Histérides sont, du reste, bien connus; car on les désigne vulgairement sous la dénomination d'Es- carbots. A l'exemple de M. Érichson, nous admettons trois DES INSECTES. 279 groupes dans la famille des Histérides : ce sont les Holo- LEPTITES , HiSTÉRITES et S.iPRINITES. Les premiers sont très-reconnaissables à la forme ex- trêmement aplatie de leur corps. Chez ceux-ci surtout, les élytres sont assez courtes, et laissent ainsi toute l'extré- mité de leur abdomen à découvert. Tous sont d'un noir d'ébene brillant. Les Hololeptes proprement dits, quoique peu nombreux en espèces, sont répandus dans toutes les parties du monde. Une seule se trouv© dans le midi de l'Europe; c'est l'Hololepte plane {Hololepta plana). Ces Histé- rides vivent sous les écorces, dans des bois souvent dé- composés; genre de vie qui est bien en rapport avec leur forme aplatie. On ne connaît qu'une seule espèce du genre Oxysterne ; elle est d'une taille supérieure à la plupart des autres His- térides, et ses mandibules sont surtout plus développées. L'Amérique méridionale est la patrie de l'Oxysterne géant. [Oxystermis maximus. Lin.) Les HisTÉRiTEs sont généralement d'une forme assez convexe. Les Omalodes sont tous d'Amérique. Les Histers constituent un genre nombreux en espèces répandues dans presque toutes les régions du globe ; Tnais surtout en Europe, ou nous en trouvons une grande quan- tité. On doit peut-être considérer l'Hister des cadavres, {Hister cadaverinus) comme le type du genre; il est long de deux à trois lignes , avec les élytres marquées de six stries longitudinales, dont les deux internes effacées antérieurement. On a décrit la larve de l'Hister des cadavres, ainsi 280 HISTOIRE que celle d'une autre espèce du même genre [H. mer- darius). Elles sont linéaires, déprtmées, de consistance molle et d'une couleur blanc-sale , avec la tète et le premier anneau du corps d'un brun rougeâtre. Les pattes sont très-courtes, et le corps offre à son extrémité deux filets biarticulés , et un long appendice servant à la marche. Ces larves vivent, comme les insectes parfaits, dans les bouses de vache , surtout dans les plus desséchées. A la fin de l'année, elles se forment une cellule dans laquelle elles se transforment en nymphes, sans rejeter entièrement la dépouille de la larve, ainsi que cela se voit le plus sou- vent. Nous n'avons aucun renseignement positif sur la durée de l'existence des larves d'Histers. La seule espèce connue du genre Hsetérie, qui est longue d'une ligne et d'un brun marron habite l'Allemagne. LesEpiéries [Epierius] sont de très-petite taille, et tous exotiques, à l'exception d'une seule espèce, propre à l'Eu- rope méridionale. La seule espèce connue du genre Dendrophile est ré- pandue dans unegrande partie de l' Europe. LesParomales, dont les côtés du corps sont assez parallèles et le corps plan en dessus, sont de très-petite dimension : on en connaît deu\ ou trois espèces européennes ; les autres sont propres à l'Amérique. LcsSaprinites diffèrent des Histéritespar l'aspect gé- néral : leur tête, qui s'enfonce considérablement dans le corselet, contribue beaucoup à leur donner un faciès par- ticulier. Le genre Saprine est nombreux en espèces, aussi diver- sement répandues dans le monde que les vrais Histers. Elles vivent complètement de la même manière. ors l.\SECTES; 281 Le genre Pachylope ne renferme qu'une singulière es- pèce, du cap de Bonne-Espérance. Les Tryponées [Tri/ponœus) , habitants de l'Améri- que méridionale , sont bien remarquables par leur forme allongée et cylindrique. Les Onthophiles se reconnaissent facilement à leurs élytres profondément sillonnées. Ceux-ci voltigent quel- quefois sur les fleurs. On rencontre souvent les Abrées [Abrœus)^ lespluspetits des Histérides, dans les fourmilières. La seconde famille des Siiphiens est celle des Silphi- DES , peu nombreuse en genres, peu nombreuse aussi en es- pèces, qui habitent surtout l'Europe. Presque tous ces insectes vivent de matières animales en décomposition. Ils se jettent avec voracité sur tous les cadavres d'animaux ; et ce qu'il y a de vraiment surprenant, c'est la rapidité avec laquelle on voit arriver les Silphides, lorsqu'un ani- mal mort vient d'être abandonné dans la campagne. Ce- ci nous prouve que l'odorat est très-susceptible chez ces insectes. Ils exhalent eux-mêmes une odeur nauséabonde et cadavéreuse, qui provient sans doute de leur nourri- ture. Si on lestouche, ils rejettent par la bouche une liqueur ordinairement jaunâtre ou noirâtre. Les larves vivent des mêmes substances que les insectes parfaits; elles sont apla- ties et leur corps s'amincit sensiblement vers l'extrémité. Le genre Silphaest le principal de la familledes Silphi- des. On en connaît une cinquantaine d'espèces , la plupart européennes, le plus souvent de couleur noire , vivant sur des cadavres d'animaux : on les rencontre fréquemment aussi courant dans les chemins secs et arides. Le Silpha obscur ( Silpha obscurci ) est le plus commun du genre ; il est long de six à huit lignes, d'un noir obscur, finement ponctué, avec trois côtes sur les élvtres. 24. 282 HISTOIRE La larve de cette espèce se rencontre communément dans notre pays; elle est noire, fortement aplatie, bril- lante, avec la tète arrondie , et tous les anneaux du corps très-distincts, ayant leurs angles postérieurs très-aigus. Le deuxième anneau supporte une paire de petits prolonge- ments coniques. Cette larve court avec beaucoup de vi- tesse, de même que toutes cellesdes Silphes dont plusieurs sont décrites et figurées par divers auteurs ; mais les différences qu elles offrent entre elles sont très- légères et consistent surtout dans la forme plus ou moins large, ou plus ou moins étroite de leur corps. Nous devons mentionner parmi les Silphes, une espèce dont les habitudes sont très-différentes de celles de ses congénères. C'est le Silphe à quatre points (S. quadri- punctaia, Fabr. ), qui se tient sur les chênes, et fait la chasse aux chenilles vivant sur cet arbre. Les Silphes ont été subdivisés en plusieurs genres; mais le peu d'importance de leurs caractères nous les fait considérer comme des divisions secondaires • . Les Nécrophiles,Sphœrites, Agyrtes, sont de petits gen- res auxquels se rattachent seulement quelques espèces. Les derniers, dont laforme estassez particulière, se trouvent en Europe et dans l'Amérique du nord. On nomme TAgyrte châtain {A. castaneus) le type du genre ; il se rencontre quelquefois aux environs de Paris, mais il y est rare. Les Nécrodes s'éloignent peu des Silphes, et leurs mœurs sont entièrement analogues ; mais leurs pattes postérieures grandes, avec les cuisses très-renflées dans les mâles, ne permettent pas de les confondre avec ceux-ci. Nous avons trouvé par milliers, le long de la Seine, au-dessous de Paris, sur des carcasses d'animaux, le Nécrode littoral ' Th.ui.-tlopliiius, Œceploina, Silpiia, Pliospu^a. Lcmh DES INSECTES. 288 ( N. lUtoralis, Fabr.), insecte de huit à dix lignes de lon- gueur, noir, avec trois côtes longitudinales sur les élytres, et une petite gibbosité transversale entre la deuxième et troisième côte. Les rSécrophores {Nccrophorus) sont des insectes d'assez grande taille , à pattes robustes. Le type du genre est le Nécrophore fossoyeur ( TV. ves- piUo,Lm.,çl.8, fig.G), qui est noir, avec des poils jaunes sur le corselet et les bords latéraux du corps, les élytres traversées par deux bandes dentelées, d'un fauve vif, et la massue des antennes rougeâtre. Cette espèce se jette sur les taupes, et sur tous les rongeurs qui meurent dans les champs. Peu de temps après qu'un de ces animaux vient de mourir ou d'être abandonné dans un endroit quelconque, on voit arriver de toutes parts des Nécrophores, qui bientôt creusant la terre sous le cadavre de l'animal ; il ne tarde pas à se trouver dans un trou : alors les Nécrophores rejet- tent sur lui la terre qu'ils avaient déblayée, et l'enterrent complètement. C'est un instinct très-remarquable qui porte ces Silphi- des à mettre en lieu sûr une proie qui va servir à la nour- riture de leurs larves; car ils pondent leurs œufs sur ce cadavre, et les jeunes larves qui en sortent peuvent vivre ainsi en sécurité. Ces larves sont molles, longues, amincies antérieure- ment et postérieurement ; quand elles ont atteinttoute leur croissance, elles se forment dans la terre une cellule à parois lisses, dans laquelle elles subissent leur transformation. Lin Nécrophore très voisin du précédent (TV, mortuo- rum), dont il diffère cependant par ses antennes noires , paraît rechercher les champignons ; on ne le trouve jamais sur les cadavres. 284 HISTOIRE Le Nécrophore germanique , entièrement noir et beau- coup plus gros que les deux précédents, a des habitudes semblables càcellesduN. fossoyeur; mais, tandis que chez ce dernier on Voit souvent beaucoup d'individus travailler ensemble autour de la même proie , il paraît que chaque femelle de Nécrophore germanique travaille seule. Enfin le Nécrophore enterreur {N. humator), plus petit que le germanique , n'est pas rare non plus dans notre pays; il recherche particulièrement les grosses charognes, comme les Silphes. Rœsel a décrit et représenté la larve et la nymphe de cet insecte. Les ScAPHiDiDES, troisième famille de la tribu des Sil- phiens, sont de petits insectes très-agiles, vivant dans les champignons, les bois pourris, les carcasses d'animaux desséchées. Les ScAPHiDiTES, et les Cholévites, forment deux groupes dans cette famille. Les premiers sont de forme ovale, de couleur foncée, souvent ornés de taches, et toujours lisses et brillants. Le genre Scaphidie {Scaphidium), le type du groupe, ren- ferme deux espèces assez répandues en Europe : le S. sans taches (S. /m wrtcw/afww), entièrement noir, et le S. à qua- tre taches [S. quadrimaculatum) ,noir avec quatre taches rouges sur les élytres. On connaît encore plusieurs Sca- phidies de Madagascar et d'Amérique. Tous ces insectes se trouvent dans les champignons , principalement dans les agarics et quelquefois aussi sous les écorces. Le genre Scaphisome diffère fort peu du précédent. On en trouve une espèce dans notre pays (S. agaric'mum]. Les Cholévites sont d'une forme ovale un peu oblon- gue, d'une couleur brunâtre, avec une fine pubescence DES INSECTES. 285 soyeuse. Les pattes postérieures sont très-longues chez ces insectes , ce qui leur donne une démarche singulière, llssopt , au reste , d'une agilité extrême. On les trouve par- ticulièrement dans les champignons. Le nord de l'Europe est surtout leur patrie : on en connaît aussi quelques es- pèces de l'Amérique boréale. Ou rattache à ce groupe deux genres très-voisins l'un de l'autre; ce sont les Cholèveset lesMylèques [Mylœchus). Le genre Pteroloma (P. Forsstrœmii, Gyll.) nous pa- raît appartenir aussi à ce groupe; néanmoins son corse- let, plus étroit que les élytres , lui donne un aspect dif- férent. La dernière famille de notre tribu des Silphiens est celle des NiTiDULiDES : elle nous offre de grandes affinités avec les familles précédentes, surtout avec le genre Sil - pha, dont plusieurs Nitidulides représentent parfaitement l'aspect général. Ces insectes vivent sur les carcasses d'animaux, dans les champignons , dans des bois pourris. Il en est aussi, principalement parmi les petites espèces, qui fréquentent les fleurs pendant toute la belle saison. Nous divisons les Nitidulides en deux groupes. LbsThy- MALiTES constituent le premier; ce sont les plus grands insectes de la famille. La seule espèce connue du genre Thymale se trouve en Europe dans les bolets et sous les écorces d'arbres, mais elle est assez rare. Les Peltis, plus gros que les Thymales et plus aplatis, habitent l'Allema- gne, la Suède, etc. ; leur genre de vie paraît être le même. On trouve aux environs de Paris, mais très-rarement, une espèce du genre Colobique [Colobicus marginaius, Latr.). Les NiTiDULiTES, second groupe de la famille des Ni- tidulides, sont en général d'une taille très-exiguë. 286 HISTOIRE On n'a encore décrit qu'une seule espèce du i^enreBy tu- rus (/?. tomentosus); elle est longue dedeux à trois lignes, jaunâtre, ou d'un gris verdâtre, velue, avec les pattes d'un fauve clair. Elle est extrêmement abondante dans notre pays , sur les fleurs pendant le printemps. Nous ne connaissons pas ses premiers états. Les Strongyles se font remarquer par la forme globu- leuse de leur corps; on les rencontre assez fréquemment dans les champignons, où vivent aussi leurs larves. Plu- sieurs Strongyles sont Européens; mais on en connaît un plus grand nombre d'espèces américaines. Nous avons dé- critet représenté les plus belles du genre <: ils ont été re- cueillis dans la Bolivie, sur des arbustes ou sur diverses plantes. M. Bouché a fait connaître la larve d'un Strongyle [S. ferrugineus) : elle est cylindrique, blanchâtre, et cou- verte de poils courts : la tête est arrondie , le dernier anneau du corps est terminé par deux petits appendices. Elle se trouve dans laVesse-loup [Lycoperdon bovista). Les Nitidules proprement dites sont fort nombreuses en espèces, et plusieurs sont très-communes dans notre pays; parmi ces dernières il faut citer la Nitidule bronzée {N. œnea, Fab.), type du genre, ayant moins d'une ligne de long, et d'une couleur vert-bronzé. Cet insecte, comme la plupart des Nitidules, à l'état d'insecte parfait, vit l'été sur les fleurs. Elle est si commune en France, qu'on peut la récolter par milliers en passant un filet de toile sur les plantes. Cependant les métamorphoses de cet insecte sont encore ignorées. On a décrit seulement les larves des Nitidules obsolète el grise {N. ob&oleta, grisea)\ elles sont l'une et l'autre < Voyage d'Orbigny, Insectes, pag. f)r> à G8, pi. 5. DES iNSECTES. 287 aplaties, d'un blanc sale, avec quelques poils rofdes sur chaque anneau. La dernière vit sur les saules, et, assure- t-on, de la matière moisie, produite par la larve d'un petit charançon {Rhynchœnus Lapalhi). Nous regardons comme de simples divisions plusieurs genres établis parmi les Nitidules * . Les Cerques ( Cercus), qui diffèrent peu des Nitidules, sont encore d'une plus petite taille. Tous ceux connus ap- partiennent à l'Europe , où on les rencontre sur les ileurs. Leurs élytres courtes laissent, comme chez beaucoup de Nitidules, une partie de leur corps à découvert. TROISIÈME TIIIBU. LES STAPHYLINIENS. Ces insectes forment une tribu nombreuse; les es- pèces décrites s'élèvent déjà à plus de seize cents. Les Staphyliniens se reconnaissent, au premier abord, à leur corps long et linéaire, à leurs antennes moniliformes, à leurs élytres courtes , souvent très-courtes, laissant à découvert la plus grande partie de l'abdomen ce qui leur a valu le nom de Brachélytres, que leur donnent plusieurs entomologistes. Ces Coléoptères n'offrent rien de régulier dans le nom- bre des articles des tarses: tantôt il est de cinq, tantôt de quatre, de trois ou de deux ; même dans certaines espè- ces dequatre aux pattes antérieures, et de cinq aux posté- rieures. La nourriture des Staphyliniens est très-variée. Les uns vivent sur les matières cadavériques, comme les Sil- ' Voy. Erichson, ii» Germar Zeilschrift fiir Entomologie, 288 HISTOIBE phes; d'autres sont carnivores et attaquent divers insec- tes, surtout, dit M. Erichson, des larves de Diptères, qui abondent dans les matières en putréfaction. Plusieurs vivent dans le fumier. Un grand nombre d'entre eux, principalementles petites espèces, se rencontrent en abon- dance dans les bouses et dans les matières excrémenti- tielles. Certaines espèces habitent toujours dans les cham- pignons , d'autres se tiennent sous les écorces des arbres. Les plus grandes espèces courent à terre, et se réfugient souvent sous les pierres. On trouve aussi de ces insectes dans les fourmilières. Les œufs des Staphyliniens sont assez grands , et de forme oblongue. Les larves rappellent déjà très-notablement l'aspect de l'inf.ecte parfait. Nous avons même trouvé chez elles cette habitude , qui est propre aux Staphyliniens, de re- dresser leur abdomen, quand on les inquiète. Elles sontallongées, sensiblement atténuées postérieure- ment, ayant une grande tête, avec de fortes mandibules et de petites antennes en forme de soie. Ces larves se nourrissent des mêmes substances que les insectes parfaits : la durée de leur vie paraît être assez longue, mais nous n'avons pas été à même d'en connaître exactement la durée. C'est toujours au printemps qu'a lieu la métamorphose en nymphe. Les nymphes restent peu de temps dans cet état ; au bout de quinze à trente jours on ne manque pas de voir naître l'insecte parfait. Les Staphyliniens paraissent assez abondamment ré- pandus dans toutes les régions du monde; mais la peti- tesse de la plupart de ces insectes, les lieux qu'ils fré- quentent ne permettant de les trouver que lorsqu'on les DES INSECTES. 289 recherche avec soin , ils ont été en général fort négligés par les voyageurs ; en sorte que les espèces européennes sont plus nombreuses actuellement que toutes les exoti- ques connues. Cependant, dans ces derniers temps, on en a recueilli en Amérique, principalement en. Colombie, quelques-unes en Bolivie, plusieurs à Madagascar et dans diverses autres régions. Nous devons à M. Erichson une monographie des Sta- phyliniens, qui fait grand honneur à son auteur, nous en avons suivi la classification, à quelques légères modifi- cations près. Le tableau suivant présente les divisions de cette tribu. TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES STAPHYLINIENS EN FAMILLES, GROUPES ET GENRES. r° Famille, omalides. Labre corné entier. 1^' Groupe. PROTÉINITES. Ocelle unique ou nul. Lobes de la lèvre inférieure distincts. Gre. 1. MicROPÈPLE. Latr. Tarses de trois articles. Antennes de neuf. Gre. 2. clyptome. Erlch. Tarses de trois articles. Antennes de onze. Gre. 3. phloeobie. Lacord. Tarses de cinq articles- Un ocelle sur le front. Gre. 4. protéine. Kirby, Tarses de cinq articles; ocelles nuls Antennes de onze articles. Groupe 2. OM ALITES. Ocelles au nombre de deux. Lobes de la lèvre inférieure nuls. Gre. 1. ANTiioBiE. Leacfi. Tarses dilatés, de quatre articles. Jam- bes mutiques. 290 Gre. 2. OMALiF. Grav. Gre.3. LATiiRiMACÉE. Eric. Gre. 4. AciDOTA. Leach. Gre. 5. ARPÉDiE. Erichs. Gre. 6. LESTEVA. Latr. Gre. 7. anthophagus. Grav Gpe. 3. PHLŒOCHARITES Gre. 1. PHLOEOciiARis. Man. Gre. 2. OLiSTHÈRE. Erich. Fam. 2. oxytélides. Groupe 1. PROGNATHITES. Gre. 1. iiYPOTÈLE. Erichs. Gre. 2. isoMALE.£'ric/iiA-. HISTOIRE Tarses postérieurs simples , de qua- tre articles. Jambes légèrement épi- neuses. Mandibules mutiques. Tarses postérieurs ayant leurs deux premiers articles égaux , assez longs ; les jambes mutiques. Mâchoires mem- braneuses. Tarses postérieurs ayant le premier article long. Les jambes épineuses. Tarses postérieurs ayant le l"^"^ article long ; jambes mutiques. Mandibules mutiques. Tarses postérieurs à premier article long. Jambes mutiques. Mandibules unidentées. Dernier article des palpes maxillaires trois fois plus long que le précédent. Tarses postérieurs à premier article long. Jambes mutiques. Mandibules bidentées. Dernier article des palpes maxillaires égal au précédent. Ocelles nuls. Lobes de la lèvre infé- rieure distincts. Hanches postérieures saillantes. Palpes maxillaires terminés en pointe. Palpes maxillaires fdiformes. Labre corné, offrant ordinairement une languette de chaque côté. Dernier anneau de l'abdomen caché. Abdomen bordé. Mandibules muti- ques. Dernier article des palpes maxil- laires trois fois plus long que le pré- cédent. Jambes épineuses. Abdomen bordé. Mandibules muti- ques. Dernier article des palpes maxil- laires plus court que le précédent. Jambes mutiques. DES INSECTES. 291 Gre. 3. pbogn\ta. Latr. Gre. 4. pieste. Graven- Gre. 6. lispine. Erichs. Gre. 6. LEPTOCHiRE. Germ. Groupe 2. COPROPHILITES. Gre. 1. SYNTOMiE. Ciirt. Gre. 2. MiCRALYMMA. Weslw. Gre. 3. DELEASTER. Evich. Gre. 4. coprophile. />«e. Antennes grêles, ayant presque la moitié de la longueur du corps, avec les trois derniers articles formant une massue allongée. Corps elliptique. Gre. 2. BACrs. Hope. Antennes très-grêles , un peu plus longues que le corselet, terminées in- sensiblement par une massue formée [lar les derniers articles. Corps ovale. Gre. 3.scAPninoMORpnE./fo/5(?. Antennes grêles, un peu plus longues DES INSECTES. 313 Gre. 4. ÉROTYLE. Fab. Gre. 5. BRACHYSPHOENE. Lacord . Gre. 6. MYCOTRÈTE. Lacord. Gre. 7. .egithe. faôr. Gre. 8. coccimorphe. Hope. Gre. 9.TH0NIE. Lacord. Gre. 10. iscniRE. Lacord. Gre. 1 1 . AUL\cocHEiLE. Lacord. Gre. 12. LYBAS. Lacord. Gre. 13. TRiTOMA./teôr. Gre. 14. tripla.v. Payk. Gre. ir>. amblyope. Lacord. que le corselet, ayant une massue al- longée, de quatre articles. Antennes assez fortes, plus longues que le corselet , les 4 derniers articles formant une massue allongée. Pattes longues. Antennes généralement assez fortes, et à peine de la longueur du corselet, et à massue allongée. Pattes assez courtes. Corps ovale. Antennes terminées par une forte massue formée par les 3 ou 4 derniers articles. Corps ovale. Antennes un peu plus longues que le corselet. Corps hémisphérique ou presque hémisphérique. Antennes courtes , avec les trois der- niers articles en massue. Corps subor- biculaire. Antennes grêles, plus longues que le corselet. Corps oblong. Pattes longues et grêles. Prothorax très-échancré en avant. Antennes à massue petite. Dernier article des palpes maxillaires, dilaté en segment de cercle. Antennes courtes à massue très-large. Corps ovale. Antennes courtes à massue serrée, ovalajre. Corps court, très-convexe. Antennes courtes à massue ovale , à articles serrés. Corps ovale, très-con- vexe. Antennes à derniers articles formant une massue plus ou moins serrée. Corps oblong. Antennes ayant le 3' article aussi 27 314 HISTOIRE long que les deux suivants réunis , et les trois derniers formant une massue ovale et serrée. Corps oblong. Gre. 16. PSÉLAPiiACus. Perch. Antennes ayant leur 3'^ article aussi long que les deux suivants réunis. La massue formée brusquement par les trois derniers articles. Gre. 17. f.ncaijstes. Xacord.Lobe interne des mâcboires fortement denté. Antennes à massue brusque de trois articles. Groupe 1. ENGl DITES. Tarses de cinq articles non dilates. Dernier article des palpes peu ou point dilaté. Gre. t. DApNE. Latr. Dernier article des palpes maxillaires sécuriforme. Antennes à massue large. Gre. 2. TRiPLATOMA. fFes^w.Dernier article des palpes maxillaires ovale. Lobe interne des mâchoires inerme. Gre. 3. EisGis. Payk. Antennes courtes, ayant une massue comprimée de trois articles. Palpes maxillaires filiformes, à dernier article obtus. Gre. 4. CRYrTOPHAGE./^erôs^. Antennes moniliformes, avec une massue allongée formée par les trois derniers articles. Gre.5. ANTUÉROPHAGE. A'«ocA. Antennes très-épaisses, leurs articles s'élargissant vers le sommet, et for- mant insensiblement la massue. Gre. 6. THORicTE. Germ. Antennes courtes, de neuf articles à massue globuleuse. Palpes petits et filiformes. Fam. 3^ IPSIDES. Tarses le plus souvent de quatre arti- cles, peu ou point dilatés. Palpes fili- formes. Corps déprimé. Groupe 1. IPSITES. Antennes ayant leurs deux ou trois derniers ai ticles en massue. Gre. l.LANCURiA. Lad: Antennes à massue large oblongue, DES INSECTES. 315 Gre. 2. PROSTOMis. Latr. Gre. 3. TROGOssiTA. Fabr. Gre. 4. ips. Fabr- Gre. 5.HEL0TA. Fabr. Gre. 6. BiTOMA. Herbst. Gre. 7. LANGELANDIA. ylZ(t^ Gre. 8. némosoma. Desm. Gre. 9. coLYDiE. Fabr. Groupe 2. MONOTOMITES. Gre. 1 . ANOMMATE Wesni. Gre. 2. CERYLON. Latr. Gre. 3. SYNCHiTA. Helw. Gre. 4. rhizophage. Herbst de trois articles. Corps très-long at- ténué postérieurement. Antennes à articles un peu grenus, avec les trois derniers grands. Mandi- bules plus longues que la tète. Antennes un peu grenues, avec les trois derniers articles grands, un peu en dents de scie. Mandibules courtes. Antennes à massue ovalaire de trois ai ticles. Corps large, aplati. Tarses de cinq articles. Antennes à massue épaisse et compri- mée, de trois articles. Corps oblong , déprimé. Tarses de cinq articles. Corps allongé. Massue des antennes de deux articles. . Corps allongé, très-déprimé. Massue des antennes de deux articles. Yeux nuls. Anteanes ayant leur T article aussi court que les suivants ; la massue al- longée de trois articles. Corps linéaire. Antennes ayant leur T article aussi long que le premier, la massue perfo- liée de 3 articles. Corps linéaire. Antemies ayant leur 10° article en bouton. Yeux nuls ou oblitérés. Antennes de dix articles, à massue globuleuse d'un seul article. Tête avancée eu triangle. Tarses de quatre articles. Tête nullement avancée. Tarses de 4 articles. Tête avancée en triangle Tarses de cinq articles. 316 HISTOIBE Gie. 3- MONOTOME. Herbst. Anteime%à dixième article en bouton. Tète aussi large que le corselet, et sé- parée par un étranglement. Nous admettons trois familles distinctes dans la tribu desÉrotyliens : ce sont les EiNdomychides, les Ékotvlides et les Ipsides. La première est composée d'insectes dont les tarses n'offrent que trois articles distincts. Elle comprend quelques genres, dont presque toutes les espèces sont exotiques, et dont nous ignorons à peu près com- plètement toutes les habitudes. Cependant nous possé- dons dans notre pays deux représentants de la famille des Endomychides. L'un d'eux appartient au genre Lycoper- dine [Ltjcoperdina Bovistce Fabr. ). C'est un petit co- léoptère ayant deux lignes de longueur, entièrement d'un brun noirâtre, luisant et lisse, avec les antennes et les pat- tes rougeâtres , que l'on trouve parfois en grand nombre dans les champignons connus vulgairement sous le nom de Yesse-hup {Ltjcoperdon Bovista). Les premiers états de cet insecte ne sont pas encore connus. VEndomyche\ernrMou{EndomychuscoccineusFabr.)^ joli coléoptère long de trois lignes, d'un beau rouge ver- millon très-vif et très- brillant, ayant sur la tète une ligne médiane, sur le corselet deux grandes taches, la poi- trine et les pattes noires, est le type du genre. On trouve l'Endomyche vermillon dans la plus grande partie de l'Europe : il est généralement peu commun. Ce- pendant quand on découvre quelques bolets habités par cet insecte, on en prend toujours une assez grande quantité. Les entomologistes anglais ont décrit et figuré la larve de cet Endomyche. D'après M. Westv/ood, elle est aplatie et large comme les larves des Silphes; tous les anneaux du corps sont réfléchis et prolongés en forme de dents DES INSECTES. 3I 7 de chaque côté. Les aiîtenoes sont courtes et filiformes. Les Epipoques [Epipocus] ^ qui ressemblent beaucoup aux Lycoperdines, sont américains, ainsi que la plupart des Amphix. Les Aploscelis proviennent de Madagascar. On trouve en Autriche et dans la Rusfsie méridionale le genre Dapsa [Dapsa trimaculata). LesEumorphes [Eumorphus] sont les plus grands En- domychides connus. Us habitent tous les Indes orientales, et sont remarquables par leurs élytres, qui présentent chez la plupart des espèces un rebord plan. Les Eumorphes, comme les Sphœrodères, sont en géné- ral de couleur obscure avec des taches jaunes. La seconde famille des Érotyliens paraît se diviser as- sez naturellement en deux groupes. Le premier est celui des Érotylites, le plus étendu des deux. Il ne renferme presque que des espèces des ré- gions chaudes de l'Amérique. Dans ces derniers temps on a augmenté considérablement le nombre des genres de ce groupe , principalement dans la Monographie publiée ré- cemment par M. Lacordaire • , Mais il en est beaucoup parmi eux dont les caractères ont une valeur extrêmement secondaire, et que l'on doit ranger dans la catégorie des sous-genres ou seulement des divisions de genres; même parmi ceux qui figurent sur notre tableau. Les Omœotèles [Omœotelus] sont très-reconnaissables à la forme elliptique ou naviculaire du corps. On en con- naît peu d'espèces , trouvées dans les régions intertropica- les de l'Amérique. Les Bacisne diffèrent que très-peu des précédents. Les Scaphidomorphes constituent un genre « roij. Lacordaire , Monographie des Érotyliens ; Paris, 1842. 27, 318 HISTOIRE assez naturel, renfermant une certaine quantité d'espèces sur lesquelles il n'y a aucune particularité à signaler. Le genre Erotyle renferme les plus grandes et les plus belles espèces du groupe; elles sont toujours convexes, quelquefois elles sont tout à fait gibbeuses. De ce nom- bre est le type du genre, qui est en même temps le type du groupe [E. histrio Lin.) (pi. 8, fig. 10), insecte long de dix à douze lignes, d'un noir brillant, de forme naviculaire, avec les élylres très- gibbeuses au delà de leur milieu, mé- langées de points et de bandes assez irrégulières , noires et jaunes; chaque élytre ayant en outre deux taches rougeâ- tres, l'une sur l'épaule, l'autre à l'extrémité. Cet Érotyle est l'un des plus communs au Brésil. M. Lacordaire nous dit l'avoir trouvé constamment im- mobile sur des bolets, ou sur des troncs d'arbres abattus et à demi décomposés. Nous n'avons rien de bien particulier à mentionner sur les divers autres genres du groupe. Celui des Brachys- phœnes [Brachysjjhœnus], l'un des plus nombreux, a été divisé par M. Lacordaire eu plusieurs sous-genres. Parmi les Mycotrètes on trouve les Érotylites de la plus petite taille. Les -^githes se font remarquer entre tous par leur corps sub-hémisphérique ou même complètement hémisphéri- que, et les Coccimorphes par leur forme orbiculaire. Les Aulacochéiles [Aulacochilus) sont propres à l'an- cien continent. Toutes les espèces décrites actuellement habitent les Indes orientales et l'Afrique australe. Au con- traire, de môme que les ïhonies et les Ischires, tous les Lybas sont Américains, et se font remarquer par leur forme courte, trapue, presque pilluliforme. Les Tritomes sont assez semblables quant à la forme , DKS INSECTES 319 mais leur taille est généralement beaucoup moindre. Une seule espèce est Européenne. Les Triplax sont de petits coléoptères de forme oblon- gue, qu'on trouve sous les bolets, les troncs d'arbres ca- riés, aussi bien que sous les écorces. On en connaît une douzaine d'espèces européennes; les autres sont répandues dans diverses parties du monde. On considère comme le type du genre:le Triplax rus- sique [T. russica Fabr.), long de deux à trois lignes, rou- geâtre, avec les antennes, la poitrine et les élytres noires ; ces dernières ayant des stries ponctuées, avec les intervalles très-finement ponctuées. Les Amblyopes, très-voisins des précédents, sont d'Afrique et des Indes orientales. Les Pselaphacus sont des Érotylides d'assez grande taille, tous d'Amérique. Les Encaustes habitent les régions intertropicales de l'Asie et de l'Afrique. Le second groupe de la famille des Érotylides, celui des Engidites, est composé d'espèces dont tous les tarses ont cinq articles bien distincts. Quelques genres seule- ment s'y rattachent. Ce sont les Dacnées proprement dites, qui habitent surtout l'Amérique ; mais on en connaît déjà deux espèces africaines, l'une du Sénégal, l'autre de Madagascar. Les Triplatoraa sont tous des régions intertropicales de l'ancien continent. Le genre Engis renferme deux espèces européennes; la plus commune est l'Engis humerai [Engis humeralis Fabr.), long d'une ligne, d'un noir brillant et ponctué, avec la tête, les antennes, le corselet, les pattes, et un point hu- merai sur chaque élytre, d'un rouge ferrugineux. M. Westwood nous a fait connaître la larve de la se- 320 HISTOIRE conde espèce [Engis rufifronsFahr.) : elle est assez étroite, cylindrique, avec les pattes tréS'COurtes , le corps terminé par deux pointes, et passablement hérissé de poils roides. Ces Engis vivent dans les champignons, et surtout dans les bolets. LesCryptophages, beaucoup plus nombreux en espèces que les précédents, ont des mœurs analogues ; on en a trouve plusieurs avec leurs larves dans les vesses-loups, notamment le type du genre [C. cellaris Fabr). A leur état parfait on les trouve quelquefois sur les plantes, comme les Anthérophages, qui en diffèrent peu. Il existe chez ces derniers un sexe dont les tarses sont hété- roméres. M. Germar a formé le genre Thoricte sur une seule espèce de Nubie. Les Ipsides constituent une troisième Famille parmi les Érotyliens. Ils ont de grandes affinités avec les précédents, mais d'autre part on ne peut se refuser à reconnaître encore des caractères qui les rapprochent des Nitidules. Quoi qu'il en soit, nous croyons cependant que les affinités des Ipsi- des avec les Engidides sont plus manifestes. Les IpsiTES forment un premier groupe. Les Ips constituent le genre principal : ce sont de petits insectes assez aplatis, lisses et brillants, que l'on ren- contre sous les écorces d'arbres , dans les bois cariés, etc. Nous ne connaissons pas leurs larves. Le genre Trogossite a pour type une espèce très-com- mune en Europe. (7". mauritanica Lin.) (pi. 8, fig. l4 et 1.5.) Sa larve (pi. 8, fig. 16) est très-nuisible aux grains. Le genre Prostomis se trouve dans le nord de l'Eu- rope (P. mandibularis Fab.). DES INSECTES. 321 Les Languries sont exotiques, la plupart américaines. On a décrit depuis longtemps une espèce très- belle du genre Helota ; elle provient de Java, et paraît fort rare. Il en existe au Muséum d'histoire naturelle une seconde es- pèce de la même localité. M. Hope en a fait connaître ré- cemment deux autres des Indes orientales ' , Les Bitomes et les Colydies ( Colydiuni ] se tiennent toujours aussi sous les écorces d'arbres. L'une des espèces de ce dernier genre, la plus commune dans notre pays, est le Colydie sillonné [Colydium sulcatiom Fabr.), long de quatre lignes, entièrement d'un rouge ferrugineux, avec quatre sillons longitudinaux sur le corselet, et les élytres striées et ponctuées. D'après une observation faite par M. Audouin et déjà consignée par M. Westwood, la larve de ce Colydie vil sous les écorces d'ormes; elle est assez longue, légèrement déprimée, et terminée par deux fortes pointes. La nymphe, d'après M. Ratzeburg, est très-allongée, et terminée aussi par deux pointes obtuses. On a découvert récemment dans Paris, sous des bols en partie décomposés, le genre Langelandia {L. anophthalma Aube.) Le type du genre Némosome [N. elongatum] est rare en Europe. Il habite sous les écorces d'ormes : sa larve, que nous a fait connaître M. Westwood, est allongée, un peu déprimée, terminée par des épines, et hérissée de quelques poils roides. Elle s'agite et se contracte en tous sens lorsqu'on la touche , et marche en remuant cons- tamment la tête de haut en bas et de droite à gauche. Le genre Calyptobium de Villa nous paraît encore appartenir au même" groupe. ' Hope Coleoplerist's Manual; Londres, 1840. 322 HISTOIRE Enfin le second groupe des Ipsides est celui des MoNOTOMiTES, petits insectes ordinaireinentcylindriqtles^ ayant le dernier article de leurs antennes eu bouton. Ces coléoptères vivent sous les écorces et dans les vieux bois plus ou moins pourris. Leurs larves vivent dans les mê- mes endroits ; elles sont assez allongées , molles , et héris- sées de poils plus ou moins nombreux. On place dans ce groupe le genre Anommate, bien re- marquable par l'absence d'yeux, au moins en apparence. Les Cérylons sont de très-petits insectes fort étroits, lisses et brillants, dont on rencontre plusieurs espèces en Europe. Les Synchites et les Rhizophages habitent les mêmes lieux ; ces derniers ont cinq articles à tous les tarses. Les Monotomes sont de très-petite taille , de couleur de bois, rugueux et légèrement velus. On les rencontre sous les écorces et dans les fumiers ; ils vivent de détritus de vé- gétaux , préférant toutefois , dit M. Aube , ceux qui con- tiennent des matières animalisées. Deux espèces [31. cojiicoUis et angusticollis) vivent en société avec les grandes fourmis. SIXIEME TRIBU. LES DERMESTIENS. Les coléoptères qui composent cette tribu offrent cer- tainement un ensemble homogène, mais ils se lient néan- moins avec les Érotyliens. Les uns vivent dans les cham- pignons, d'autres se trouvent dans les bois pourris, sous les écorces , etc. Plusieurs enfin dévorent diverses subs- tances desséchées , soit animales , soit végétales. Leurs lar- DES INSECTES. 323 ve« sont ordinal rement très- velues, et ne présentent pas de pointes terminales, comme on l'observe chez les larves des Érotyliens. Les Dermestiens se divisent en quatre familles natu- relles. TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES DERMESTIENS. Fana. 1. mycétophagides. Tarses souvent de quatre articles. Jambes non contractiles , assez grêles. Groupe 1. S YL VANITES. Corps linéaire, déprimé. Gre. 1. SYLVAIN. Latr. Antenneslongues,massuede trois arti- cles. Groupe 2. LATRIDIITES. Corps oblong, avec la tête et le cor- selet plus étroits que le reste du corps. Gre. 1. MÉRYx. Latr. Palpes maxillaires terminés par un article triangulaire. Gre. 2. LATRiDiE. Eerbst. Palpes maxillaires très-courts, termi- nés en pointe. Gre. 3. dasycère. Brong. Palpes maxillaires grêles, terminés en pointe. Tarses seulement de trois articles distincts. Gre. 4. psammoecus. Boud. Palpes terminés par un article très- (Crypta Kirb.) grand, sécuriforme. Groupe 3. MYCÉTOPHA- Corps ovale, avec le corselet élar- GITES. gi en arrière. Gre. 1. MYCÉT0PHAGE. Fubr. Massue des antennes formée par les cinq derniers articles. Tarses de cinq articles. Gre. 2. biphylle. Dej. Massue des antennes formée par les deux derniers articles. Tarses de cinq articles. Gre. 3 triphylle. Latr. Massue des antennes formée par les {Phlœophilus , Stepli.) trois derniers articles. Tarses de cinq articles. 324 HISTOIRE Gre. 4. tetratoma. Herbst. Massue des antennes de quatre «Mi- clés. Tarses héléromères , les anté- rieurs et intermédiaires de cinq arti- les, les postérieurs de quatre. Gre. 5. TïPH.EA. Kïrhij. Massuedes antennes oblongne de trois articles. Tarses hétéromères. Gre. 6. sphinde. Chevr. Massue des antennes de trois articles, grande, perfoliée. Tarses hétéromères. Fam. 2. DERMESTIDES. Tarses ordinairement de cinq arti- cles. Jambes contractiles, étroites, al- longées, avec les tarses toujours libres. Gre. 1. DERMESTE. Lhï. Corps oblong. Antennes de dix arti- cles. La massue large de trois articles. Le dernier presque aussi rx)urt que les précédents. Gre. 2. attagène. Latr. Antemies de dix articles , les premiers assez grands, les six suivants très- courts , les trois derniers formant une large massue dentée, une fois plus longue que le reste de l'antenne. Gre. 3. mégatoma. Latr. Corps ovalaire. Antennes de onze arti- cles, terminées par une massue grêle ; le dernier article plus long que les pré- cédents. Gre. 4. trogoderma. Latr. Antennes de onze articles. La massue assez large et oblongue, de quatre ar- ticles. Gie. 5. ANTHRÈNE. Geoff. Corps ovale. Antennes de dix articles ; la massue large , de trois articles ; le dernier plus long que les deux précé- dents. Gre. 6. ASPiDipnoRE. Ziegl. Antennes de dix articles; la massue très-allongée , cylindrique, de trois ar- ticles. Gre. 7. CLOBicoRMS. £,«?/-. Corps arrondi. Massue des aniennes de trois articles, très-large, globuleuse. Fam. 3. byrrhide.s. Tarses de cincj articles ; jambes larges DES INSECTHS. 32.: Gre. 1. xosoDENDRON. Latr Gre. 2. B\RRnE. Linné. {Syncahjpta Dillw., etc. Gre 3. TRiNODES. Latr. Gre. 4. MYRMiDiE. Leach. Fam. 4. agathidiides. Gre. l. AG\TinDicM. Illig. Gre. 2. LÉroDES. Latr. Gre. 3. piialacre. Payk. Gre. 4. CLYPEASTER. An- dersch. Gre. 5. ORTHOPÈRE. Steph. comprimées; tarses se repliant sur les jambes. Antennes giôles , avec une large mas- sue perfuliée de trois articles. Antennes grêles, avec les cinq der )niers articles un peu élargis, de ma- nière à former la massue. Antennes ayant une massue de trois articles. Antennes de dix articles, le dernier en massue. Tarses de quatre articles. Corps orbi- culaire. Corps globuleux. Massue des anten- nes de trois articles. Corps ovale. Massue des antennes de cinq articles. Jambes épineuses. Corps ovale, bombé. Massue des antennes de trois articles. Corps aplati. Tête cacbée sous un corselet presque semi-circulaire. Mas- sue des antennes de trois articles. Corps presque ovalaire. Massue des antennes de deux articles. Les MYCÉTOPHACriDES formeiit la première famille de la tribu des Dermestiens ; elle peut être subdivisée en plu- sieurs groupes. Les Sylvanites, auxquels se rattache seulement le genre Sylvain [Sylvanus); petits coléoptères à corps étroit , linéaire et aplati , que l'on trouve sous les écorces des arbres. Leurs larves sont déprimées et glabres , d'une couleur blanchâtre ainsi que les nymphes, qui offrent des pointes épaisses sur les côtés du corselet et de l'abdo- men. 28 3iC HISTOIKE Les Latridutes forment un second groupe parmi les Mycétophagides. Ce sont en général de très-petits insec- tes, dont la tête et le corselet sont étroits par rapport à la partie postérieure du corps, qui est plus ou moins globu- leuse. Le genre Latridie est le plus nombreux du groupe. Toutes ces petites espèces se trouvent dans diverses sub- stances végétales en détritus. Leurs larves sont atténuées postérieurement et velues ; elles se fixent ordinairement par la partie postérieure du corps, pour subir leur trans- formation en nymphe. Nous devons à De Geer et à Kyber quelque renseignements sur les métamorphoses des Latri- dies, mais ils sont bien incomplets. On connaît une seule espèce du genre Psammœcus, que l'on trouve sous les écorces , aux environs de Paris: mais elle y est rare; il en est de même du genre Dasycera. Le genre Meryx, de Latreille formé sur une seule espèce des Indes orientales, s'éloigne peu aussi des Latridies. Enfin le troisième et dernier groupe des Mycétopha- gitesest celui des mycétophagites, composé d'insectes qui vivent dans les champignons. Les larves de ces Der- mestiens sont assez élargies, très velues, et ressemblent beaucoup à celles des vrais Dcrmestes. Les Mycétophages forment le genre principal ; le type est le Mycétophage à quatre taches [M. quadrimacuiatus Fabr.), qui est long de quatre lignes et noirâtre en dessus, avec deux taches jaunes sur chaque élytre; l'une sur l'épaule , et l'autre vers l'extrémité. I^s Biphylles et Triphylles vivent de la même ma- nière que les Mycétophages. Les ICétratomes, Typhées et Sphiiides [Sphimlns] se font remarquer par leuis tarses hétéromères. lis sont de DES INSECTES. 3 27 très -petite taille et se trouvent paiticulièreraent dans les champignons. Les DEfiMESTiDEs formeut la seconde fanoille de la tribu. Ce sont des insectes très-redoutables dans certains cas : quelques-uns d'entre eux sont un fléau pour nos col- lections d'histoire naturelle et pour les pelleteries; plu- sieurs dévorent toutes les substances végétales et ani- males desséchés et en décomposition. Il en est aussi qui vivent constamment sur des charognes qu'ils anéantissent bientôt sauf les os, qu'ils épargnent à peine. Leurs larves sont molles, et hérissées de poils, qui for- ment chez certaines espèces des pinceaux très-élégants : elles subissent leur transformation en nymphe sans former de cocon , mais aussi sans se débarrasser de 1 a peau de la larve. La plupart des Dermestides, sans être très-petits, sont d'une grosseur très-médiocre. Le genre Dermeste est le principal de la famille, ses es- pèces ne sont pas très-nombreuses , mais il n'en est pres- que aucune qu'on ne rencontre à la fois dans toutes les parties du monde. Les Dermestes comptent parmi lesin- sçctes les plus cosmopolites ; ce qu'il faut attribuer évi- demment à leur genre de nourriture : en effet, ces coléop- tères, se nourrissant de toutes sortes de substances, comme des viandes desséchées, des peaux, des cuirs,, des papiers même, ont été transportés de régions en régions par di- vers navires. C'est ainsi que nous retrouvons en Amérique, en Afri- que, même à la INouvelle-Hollande, plusieurs espèces qui sont communes dans notre pays. Le type du genre est le Dermeste du lard ( Defmestes lardarius Lin.), longde trois à quatre lignes, noir, avec la base des ély très fauve et marquée de trois points noirs. La 3 28 HISTOIBE larve est assez longue, atténuée à l'extrémité, et terminée par deux épines crochues. Tout le corps est couvert de longs poils très- touffus , d'un brun noirâtre. Ce n'est pas seulement dans le lard que vit cette larve , elle ronge les peaux , et cause de grands dégâts dans les magasins de fourrures , aussi bien que dans les collections de mam- mifères et d'oiseaux. Elle attaque aussi parfois les insectes de nos collections, et les détruit promptement. L'insecte parfait ne paraît pas exercer de dommage; comme tous les autres Dermestes, il contracte ses pattes et contrefait le mort quand ou veut le saisir. Une autre espèce du même genre (Z). vulpinus Lin.) n'est pas moins nuisible que la précédente ; car M. West- wood nous apprend qu'il y a quelques années elle causa de si grands ravages dans les magasins de peaux à Lon- dres, qu'une récompense de 20,000 livres sterling fut of- ferte pour un remède propre à anéantir cet insecte. L'unique espèce du genre Attagène (^4. serm Fabr.) , dont les antennes sont terminées en dents de scie chez le mâle, habite une grande partie de l'Europe; sa larve, que nous avons quelquefois observée, se trouve par hasard dans des collections d'histoire naturelle ou sous des écorces d'arbres, où elle paraît vivre aux dépens d'insectes morts. Elle est assez longue, un peu atténuée à l'extrémité, couverte de longs poils bruns, et terminée par trois pinceaux de poils de cette couleur , l'un médian , et les deux autres latéraux et beaucoup plus courts. Le genre Megatoma comprend plusieurs espèces, mais le type. est le Megatoma des pelleteries [M. pellio Lin.), petit insecte noir, avec un point blanc au milieu de chaque clvtre. DES INSECTES. 329 La larve de ce Dermestide, brunâtre, très-velue, et terminée par un pinceau en forme de queue, est un véri- table fléau dans les magasins de fourrures. Elle dévore les peaux, les plumes, et en général toutes les substances animales mortes. On trouve lesTrogodermes sur les fleurs, mais nous ne connaissons pas leurs métamorphoses. On trouve de même les Anthrèues , petits Dermestides globuleux, même l'An- tbrènedes musées [Anthrenus museorum Lin.), long d'une ligne, noir, avec trois bandes transversales d'un blanc gri- sâtre sur les élytres , et quelques petits fascicules de poils de la même nuance sur les élytres. La larve de cet insecte est un véritable fléau pour les collections entomologiques. Elle est couverte de poils gris etbrunâtres, disposés par fascicules qui retombent le long du dos et des parties latérales du corps dans l'état ordinaire , mais qui se redressent lorsque la larve est inquiétée. La larve de l'Anthrène des musées change de peau plusieurs fois , et subit sa transformation en nymphe dans la der- nière dépouille. Elle ravage aussi les pelleteries ; mais c'est principalement dans les collections d'insectes qu'elle cause des ravages qui durent pendant la plus grande partie de l'année, car le temps que cette espèce passe à l'état de nymphe et d'insecte parfait est assez court. On a cherché tous les moyens pour éloigner les An- thrènes, en plaçant dans les boîtes du camphre , de l'huile de pétrole, du tabac, du soufre, etc.; jamais on n'en a ob- tenu de résultats satisfaisants. Nous avons vu plusieurs fois des larves d'Anthrènes qui paraissent vivre fort à l'aise dans les boîtes infectées de camphre. Les entomologistes emploient pour les détruire un ap- pareil chauffé à la vapeur, connu sous le nom de nécren- 28. 330 HISTOIKE tome. La chaleur à laquelle sont soumises les boîtes fait bientôt périr tous les Anthrènes ; mais si elles ne sont pas parfaitement closes, d'autres individus peuvent y pé- nétrer de nouveau. Les Aspidiphores et Globicornis sont les plus petits Dermestides. La famille des bybrhides est si voisine de la précé- dente , que quelques petits genres ont été à plusieurs re- prises reportés de l'une dans l'autre. Tous les Byrrhides sont courts, bombés, à pattes larges et comprimées, par- faitement contractiles; ce qui permet à ces insectes de contrefaire le mort quand on les inquiète. On les trouve sous les pierreB, à terre, dans les mousses, sous les écor- ces ; leurs habitudes ne sont pas très-bien connues, leurs premiers états le sont à peine. La parfaite homogénéité qui existe entre tous les genres de cette famille ne nous semble pas devoir permettre de les répartir en plusieurs groupes. La seule espèce du genre Nosodendron [N. fasciculare Fabr.) habite une grande partie de l'Europe, où ou latrouve sous les écorces des arbres, principalement de ceux dont la sève s'échappe. La larve qui vit sous les mêmes écorces est assez molle et rugueuse, avec des poils roides sur les par- ties latérales. Les Byrrhes forment le genre le plus nombreux du groupe. Le type est le B. pilule [Byrrhus pilula Lin.], long de trois lignes, brun, couvert d'un duvet très-serré , et présentant quelques lignes longitudinales plus foncées sur les élytres. Cet insecte est commun en France ; on le rencontre sou- vent à terre dans les endroits sablonneux. Nous n'avons rien de particulier à mentionner sur les autres genres de DES INSECTES. 331 cette famille, auxquels se rattachent seulement quelques petites espèces européennes. La seule espèce décrite du genre Myrmidius a été trouvée vivante dans des caisses de fruits provenant de la Chine , et dans des caisses de riz. Enfin la quatrième et dernière famille des Dermestiens est celle des Agathidiides, composée d'insectes dont tous les tarses n'ont que quatre articles. Ce sont des coléoptères convexes, souvent globuleux, dont les pattes très-contrac- tiles leur permettent aisément de contrefaire le mort. Ils vivent généralement dans les champignons , mais jeurs métamorphoses ne sont pas connues. Leur taille est tou- jours très-minim.e. Les Agathidiums constituent un des principaux genres. On les trouve dans les bolets et quelque- fois sous les écorces ' . Les Léiodes sont assez nombreux en espèces ; on en trouve une [L. cinnamomea) assez fréquemment dans les truffes. On voit quelquefois se poser sur les fleurs les petits Phalacrus, Clypeasters, etc., dont la démarche est très- agile, SEPTIÈME TRIBU. LES HYDROPHILIENS. Les Hydrophiliens se font remarquer en général par le grand développement de leurs palpes, qui dans plusieurs familles ont une longueur bien supérieure à celle des an- tennes. Quoique la plupart des insectes de cette tribu vivent dans • M. Sclimidt, in Germar Z-^itschrift fur Entomologie, a décrit plu- sieurs espèces nouvelles d'A.gatliidiides, et a aussi formé quelques gen- res nouveaux , sous les noms de /l(jaricophu(jus, Hydnobius , etc. yi:t HisToiiiE les eaux ou au moins sur le bord des eaux, comme l'indi- que leur nom, il y en a quelques-uns qui recherchent des localités très-différentes; et cependant, sous le rapport de leurs affinités zoologiques , ils s'éloignent peu des espèces aquatiques. Les Hydrophilieus paraissent répandus dans toutes les régions du monde, et leurs dimensions sont très-variées; plusieurs d'entre eux comptent parmi les plus gros co- léoptères, tandis que les autres sont au contraire des plus petits. Nous admettons cinq familles bien distinctes dans la tribu des Hydrophiliens, dont le tableau suivant présente les diverses coupes. TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES HYDROPHILIENS. t"'amille li^e sph.eb1diides. Corps hémisphérique. Mâchoires cor- nées, à lobe interne membraneux. 1*' aiticle des tarses de la longueur du suivant. Genre 1 . sph^ridie. Fab. Massue des antennes fortement im- briquée. Palpes grêles. Gre. 2. CERCYON. Leach. Massue des antennes à articles séparés. Palpes grêles. Gre. 3. trichopoda. BruUé. Massue des antennes à articles très- serrés, formant une petite palette. Gre. \. cvcLONOTE. Erich. Massue des antennes à articles sépa- (Ccplosioma Er.) rés. Palpes épais. Fam. 2. HYDROPHil>iDES. Corps ovalaire. Mâchoires entière- ment cornées, f^ article des tarses beaucoup plus court que les suivants. Gre. 1. HVDKoi'iULE. Lin. Antennes de neuf articles, avec une massue de quatre articles. Le second DES INSECTES. 333 Gre. 2. HVDROus. Leacli. Gre. 3. hydrobie. Leach. Gre. 4. philhïdre. Solier. Gre. 5. limxébie. Leach. Gre. 6. voLvuLE. Brullé. Gre. 7. bérose. Leach. Gre. 8. CLOBARiA. Latr. Gre. 9. sperchée. Fabr. Fam. 3. BÉLOPHORIDtS. Gre. 1 HÉLOPHORE. Fab. Gre. 2. HYDKOENA. Kugell. fortement échancré , le dernier coni- que , allongé. Antennes de neuf articles, la massue de quatre. Le second sans échancrure, le dernier court et échancré à l'extré- mité. Antennes de neuf articles , la massue de trois articles. Dernier article des palpes maxillaires presque aussi long que le précédent. Antennes de iieuf articles , la massue de trois. Dernier article des palpes ma- xillaires beaucoup plus court que le précédent. Antennes seulement de sept articles distincts. Antennes de neuf articles. Dernier ar- ticle des palpes maxillaires plus long que le précédent. Jambes élargies à éperons inégaux. Antennes de neuf articles, avec la massue triangulaire. Dernier article des palpes de la longueur du précé- dent. Pattes postérieures ciliées. Antennes de liuit articles, avec le cinquième dilaté en forme d'épine. Antennes courtes de six articles , avec les cinq derniers formant la massue. Corps oblong. Tarses à dernier article aussi long que les précédents réunis. Antennes grêles de neuf articles, les trois derniers formant une forte mas- sue. Palpes maxillaires plus courts- que les antennes. Antennes de sept articles, le l*"". ar- ticle long, arqué ; les six derniers for- ^34 H Gre. 3. HYDROQUE. Leach. Gre. 4. octhébie. Leach. Gre. 5. ÉNicocÈRE. Steph. Fam 4. PARNIDES. Groupe 1. ELMITES. Genre 1. macuonyque. Mail. Gre. 2. ELMis. Latr. [Stenelmis Diif.) Gre- 3. géorisse. Latr. Groupe. 2. PARTITES. Gre. 1. PARNus Fabr. Gre. 2. poTAMOPHiLE. Ge/vtt Fam. 5. HÉTÉROCÉRIDES. Gre. 1. HÉTÉROCfeRE. Bosc. mant une massue allongée. Palpes maxillaires beaucoup plus longs que les antennes. Antennes de sept articles , à massue ovale, assez grande. Palpes maxil- laires plus courts que les antennes. Antennes de neuf ai ticles, le 1^' arti- cle jwu arqué; les six derniers for- mant une massue serrée. Palpes ma- xillaires plus courts que les antennes. Antennes de onze articles, la massue formée par les cinq derniers. Corps allongé. Pattes contractiles, grêles. - Corps grêle. Pattes très-longues Antennes filiformes de six articles, le dernier plus gros formant la massue. Antennes de onze articles, longues, presque filiformes. Antennes de neuf articles, les trois derniers en massue globuleuse. Corps globuleux. Corps oblong. Pattes de moyenne longueur. Antennes courtes, de dix articles. Le deuxième très-dilaté , les suivants formant une massue conique. Antennes de onze articles, légère- ment dentées, très-peu épaissies vers l'extrémité. Corps oblong. Pattes contractiles. Jambes aplaties, épineuses. Tarses de quatre articles. Antennes de onze articles , fortement dilatéesà partir du cinquième jusqu'au detnier. DES INSECTES. 33 5 Les Sph^ridiides sont de petits coléoptères orbicu- laires à sternum saillant et à jambes aplaties, fortement denticulées sur leurs bords ; en général ils fréquentent les bouses et les matières cadavériques , et ils forment des trous dans la terre. La plupart des espèces connues sont euro- péennes; quelques-unes seulement ont été recueillies dans les régions tropicales. Les larves et les métamorphoses des Sphaeridiides sont inconnues. Les Sphseridies forment le genre principal. Plusieurs es- pèces sont assez communes chez nous, principalement le S. scarabéide [Sphœridium scarabœoides Fab.), long de deux à trois lignes, noir, avec les élytres ornées chacune de deux taches d'un jaune rougeâtre, l'une humérale, l'autre à l'extrémité et échancrée; le bord marginal de la partie postérieure des élytres est aussi de cette dernière couleur. Pendant tout l'été cette espèce est commune dans les bouses de vaches. Les Cercyons, au contraire, se tiennent presque constam- ment sur le bord des eaux; et en cela ils se rapprochent davantage des autres Hydrophiliens. On a décrit une seule espèce de Trichopode, trouvée à Madagascar. Les Cyclonotes vivent dans les mêmes localités que les Cercyons ; selon M. de Castelnau, leurs larves sont aquati- ques et ressemblent beaucoup à celles des vrais Hydrophiles. La famille des Hydrophiltdes est la plus nombreuse de la tribu ; ce sont des coléoptères aquatiques , dont les pattes postérieures, plus ou moins aplaties et ciliées, sont propres à lanatation. Ils sont répandus dans tous les pays, mais ils paraissent infiniment plus rares dans les pays chauds, probablement parce que les eaux et les étangs y sont plus vite desséchés. 336 HISTOIRE Les larves et les métamorphoses des Hydrophi liens ont été observées depuis longtemps par divers entomolo- gistes. Les femelles au moment de la ponte filent un cocon soyeux qu'elles fixent aux plantes aquatiques, et logent leurs œufs, au nombre de cinquante à soixante, dans son intérieur. Quelque temps après, les larves éclosent; elles sont très-agiles, fort longues, atténuées postérieurement, et terminées par deux filets. Leur tête est large et cornée , munie de mandibules robustes et fort grandes, qui leur permettent de saisir facilement leur proie ; car ces larves sont très-carnassières , de même que les insectes parfaits. On les trouve en abondance au printemps dans toutes les mares ; elles s'accrochent souvent aux plantes aquatiques. On assure que les Hydrophilides arrivent du moment de l'éclosion des œufs à l'état d'insecte parfait en une centaine de jours. Les Hydrophilides nagent avec facilité, mais ils sont obligés de venir fréquemment à la surface de l'eau pour y respirer. M. Audouin ' a parfaitement décrit le manège des Hydrophiles venant s'approvisionner d'air. C'est au moyende leurs antennescanaliculées qu'ils re- tiennent l'air en les repliant contre le corps lorsqu'ils re- descendent dans l'eau; car alors ils parviennent à faire pé- nétrer dans leurs stigmates les bulles d'air ainsi retenues. Les insectes de cette famille se font remarquer par la longueur extrême de leurs palpes, qui est beaucoup plus considérable que celle des antennes. Hs offrent une pointe sternale très-acérée qui est redoutable chez les grosses espèces quand on les saisit sans précaution. Le genre Hydrophile proprement dit est composé de ■ Ann. des sciences naturelles. DES INSECTES. 337 grandes espèces, réparties dans les diverses régions du monde. Mais lapins grosse est très-répandue en Europe: c'est l'Hydrophile brun [Hydrophilus piceus Lin.) (pi. 8, fig. 11), insecte long d'un pouce et demi, d'un brun noirâtre olivacé, avec les élytres munies d'une petite dent à l'angle suturai, et offrant quelques stries peu prononcées. C'est surtout cet Hydrophile, commun dans notre pays, que les entomologistes ont fréquemment observé : il sort quelquefois de l'eau et vole avec facilité. On assure qu'il se nourrit de matières végétales aussi bien que de proies vivantes. On voit quelquefois la fe- melle accrochée sur les plantes aquatiques la tête en bas, formant son cocon au moyen des deux filières situées à l'extrémité anale; ce cocon est de forme assez arrondie avec un long pédicule conique. La larve dont les trois premiers anneaux sont assez lisses et bruns est grisâtre et ridée dans le reste de son étendue. Elle nage avec facilité , et souvent elle saisit les petites coquilles qui nagent à la surface de l'eau; en renversant subitement la tête, elle brise la coquille et dévore l'animal. Quand elle a pris tout son accroissement, elle se creuse sur le rivage une cavité plus ou moins arrondie , dans laquelle elle subit sa trans- formation en nymphe. Le genre Hydrous se compose d'espèces plus petites que les Hydrophiles. On en trouve une espèce {H. cara- boïdes Lin.) communément en France : ses habitudes pa- raissent très-analogues à celles de l'Hydrophile brun. Les genres Hydrobies ' , Philhydres, Limnebies, Bé- roses , sont de petits Hydrophilides assez abondants en Europe dans toutes les mares et étangs ; ils diffèrent très- ' Nous rattachons aux Hydrobies les Sternolophus et Trofisternus de Solier, comme simples divisions. 338 HISTOIRE médiocrement entre eux par l'aspect général ; quelques caractères seulement permettent de les distinguer. Les femelles ont l'habitude de porter leurs œufs dans un cocon soyeux, en le tenant sous l'abdomen au moyen, d'appendices soyeux situés à l'extrémité des pattes pos- térieures. On n'a décrit encore que deux espèces exotiques de Volvulus, très-remarquables par leur corps très-convexe. LesGlobaria, comme l'indique leur nom, ont une forme toute sphériaue. La seule espèce connue du genre Sperchée [Sperchœus emargùiatus Fnhr.) se trouve dans presque toute l'Europe. La troisième famille des Hydrophyliens, les Hélopho- EiDES, est composée de petits insectes aquatiques, mais qui cependant se tiennent plus souvent au bord des eaux que dans les eaux mêmes. Ils ont une forme beaucoup plus al- longée et plus étroite que les Hydrophilides. Toutes leurs espèces sont petites, et celles connues appartiennent géné- ralement à l'Europe. Leurs larves vivent dans l'eau , et se nourrissent de proies. Le genre Hélophore, le principal delà famille, renferme plusieurs espèces communes dans notre pays , que l'on trouye sur les plantes aquatiques et les4-ivages fangeux; elles agitent sans cesse leurs pattes, et tiennent souvent leurs antennes cachées sur les côtés de la tête et du cor- selet ; leur corps est couvert d'une fine pubescence qui les fait paraître comme argentées. Les Hydraenes, comme les Hydroques [Hydrochus]^ comme les Ochtébies , vivent dans les mêmes localités. D'après une observation faite par un observateur an- glais, M. Wails, une esppce du genre Énicocère de Ste- phens, que nous ne connaissons pas parfaitement, se trouve dans les crevasses des pierres des ruisseaux. A l'automne on DES INSECTES, 339 y trouve avec l'insecte parfait des larves et des nymphes. Les premières sont noires, atténuées postérieurement avec les parties latérales , frangées de poils courts. Quand elles ont pris tout leur accroissement , elles quittent l'eau , et se forment sur le bord des pierres une petite cellule , en em- ployant des fragments de pierres. Les nymphes sont d'une couleur orangée. L'insecte parfait venant à éclore déchire le cocon avec ses mandibules , pour se faire un passage. Les Pahnides constituent aussi une famille de petits coléoptères aquatiques qui sortent fréquemment de l'eau , viennent se poser sur les plantes aquatiques , ou voler dans les alentours, pendant la chaleur du soleil. Leur corps est étroit, et couvert d'une fine pubescence qui paraît servir à retenir une certaine quantité d'air autour de leur corps quand ils sont dans l'eau ; car ces insectes , ayant les pattes très-gréles , n'ont pas la faculté de venir conti- nuellement chercher une provision d'air à la surface de l'eau , comme cela a lieu chez les Hydrophilides. Ou admet généralement deux groupes dans la famille des Parnides; ce sont les Elmites et les Pabnites. Les premiers ont des pattes assez longues , munies de forts crochets, avec lesquelles ils s'accrochent sur les pier- res ; ces petits coléoptères marchent difficilement , et vi- vent constamment dans les eaux courantes. Les Elmites sont ordinairement privés d'ailes sous leurs ély très, ou bien ces ailes sont rudimentaires. Et en effet il paraît qu'ils ne sortent jamais de l'eau ; car lorsqu'on les met à sec, ils ne tardent pas à mourir au bout de quelques heures. Les Macronyques [Macronychus] sont peu répandus ; on en connaît une seule espèce européenne [M. quadri- tuberculattis) qui a été bien observée dans ses habitudes par M. Léon Dufour. Elle vit dans les ruisseaux, s'accro- 340 HISTOIBE chant sous les pierres ou sur des morceaux de bois flot- tants. Ces Macronyques déposent aussi leurs œufs sur des bois flottants, d'une manière régulière et en séries trans- versales ; ils les font adhérer au moyen d'une substance agglutinante. Les Elmis forment un genre plus nombreux ; on les ren- contre aussi dans les ruisseaux dont le courant est très- rapide. Ils se tiennent ûxés fortement sur les pierres à l'aide de leurs pattes, qui sont très-contractiles. Us pa- raissent choisir de préférence les pierres qui sont tapissées de mousse ou de différentes matières végétales. M. Westwood a trouvé des Elmis en grande quan- tité dans des excavations de pierres, dont plusieurs ren- fermaient de petites larves qu'il a regardées comme des larves d'Elmis ; mais le fait n'est pas certain. Le genre Géorisse est des plus singuliers , et s'éloigne sensiblement des précédents par la forme globuleuse du corps et par ses tarses de quatre articles. On trouve le type du genre [Georissus pijgmam) dans la vase du bord des eaux ; quelquefois aussi il paraît se tenir sur des pierres couvertes par l'eau , mais c'est plus rare. Jusqu'à présent on n'a pu découvrir exactement de quelle manière s'effectuait la respiration chez les Elmites. Le groupe des Paknites est encore plus restreint que celui des Elmites ; il ne renferme que deux genres. Celui desParnus, dont on connaît quelques espèces euro- péennes. La plus répandue est le Parnus prolifericor- nis, long d'environ deux lignes, brun jaunâtre, et couvert d'une fine pubescence grisâtre, avec les pattes rougeâtres. On rencontre cet insecte aux environs de Paris. Tous les Parnus vivent au bord des eaux, creusant dans la vase, DES INSECTES. 341 parmi les plantes aquatiques. Leurs métamorphoses et leurs premiers états n'ont pas encore été observés. Il en est de même dans le genre Potamophile, dont nous trouvons une espèce [P. acuminatus Fabr.) aux environs de Paris. Elle vit comme les Parnus au bord des eaux , mais elle paraît rare. Cependant un entomologiste de Paris en a pris plusieurs individus sur des plantes aquatiques au bord de l'eau, dans les îles de la Seine à Chatou. La cinquième et dernière famille des Hydrophiliens est celle des HÉTÉROCÉaiDEs, famille composée actuellement d'un seul genre , mais d'un genre vraiment anomal dans la série des insectes, quoique bien évidemment rapproché des dernières familles. Les Hétérocères sont de petits insectes à corps ovalaire un peu aplati, à antennes courtes, à pattes robustes, avec les jambes aplaties, munies de larges épines ou fortement ci liées au bord externe, principalement les pattes de devant. Ces insectes vivent au bord des mares , des étangs, en général sur le rivage fangeux de toutes les eaux stagnan- tes. Leur corps est couvert d'une finepubescence sur la- quelle glisse l'eau , sans les mouiller. Ils sont pourvus d'ailes sous leurs élytres, et volent au milieu du jour dans les parages des lieux qu'ils habitent. Ils marchent difficilement ; on pense généralement que les Hétérocères sont carnivores. Un entomologiste anglais, M. Curtis, rapporte avoir trouvé un coléoptèrede ce genre creusant des trous sous de petits crabes laissés sur la plage par le retrait de la marée. Les larves trouvées dans les mêmes endroits que les in- sectes parfaits , d'après la description de M. Westwood, ont la tète et les trois anneaux thoraciques très-larges, tous lesautresanneauxducprps étant beaucoup plus étroits et presque cylindriques. 342 HISTOIRE Les espèces d'Hétérocères , peu nombreuses, se ressem- blent beaucoup entre elles. La plus répandue en Europe , l'H. bordé [Helerocerus marginatus Fabr. ), est longue d'une ligne et demie, brunâtre, très-soyeuse avec quelques raaculatures jaunes ou rougeâtres sur les élytres. HUITIÈME TRIBU. LES DYTICIENS. Ceux-ci sont essentiellement aquatiques ; ils vivent cons- tamment dans l'eau , et n'en sortent qu'à de rares inter- valles pour aller d'une mare dans une autre. Car en général les Dyticiens préfèrent les eaux stagnantes aux eaux courantes. Ils sont pourvus d'ailes trèsdéveloppées, qui leur permet- tent de voler avec facilité ,^bien que leur corps soit propor- tionnellement assez pesant. Leurs voyages sont au reste de courte durée, car il ne paraît pas que ces coléoptères puissent vivre longtemps hors de l'eau. Leurs pattes in- termédiaires et postérieures sont parfaitement conformées pourla natation; elles sont en rames, plus ou moins aplaties et dilatées. Aussi les Dyticiens nagent-ils avec la plus grande facilité , d'autant plus que leur corps est générale- ment large et plat. On remarque un caractère bien particulier chez les insectes de cette tribu, qu'on ne retrouve plus que parmi ceux de la tribu suivante. Les Dyticiens et les Carabiens ont seuls entre tous les coléoptères, même entre tous les in- sectes connus, des mâchoires munies de deux palpes, c'est- à-dire que le lobe externe de ces mâchoires est converti en un palpe biarticulé. Dans quelques insectes de la pre- mière famille des Dyticiens seulement, ce palpe paraît avorter. DES INSECTES. 143 Deux familles composeat cette tribu; et comme les ha- bitudes des espèces qui les composent ne sont pas identi- ques, nous devons les mentionne!- séparément. TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES DYTICIENS Famille l""*'. GYBIKIDES. Antennes épaisses très-courtes; le 2e article prolongé en oreillette. Pattes antérieures beaucoup plus longues que les autres. Pattes antérieures très-longues, dila- tées à l'extrémité. Pattes sans dilatation. Tête sans pro- longement. Écusson point distinct. Pattes sans dilatation. Tête sans pro- longement. Labre transverse, arrondi, Écusson distinct. Pattes sans dilatation. Tête prolongée en pointe. Écusson point distinct. Tête un peu avancée. Labre avancé , étroit. Écusson distinct. Tête et labre un peu avancés. Écus- son point distinct. Antennes longues et filiformes. Pattes antérieures aussi courtes ou plus cour- tes que les autres. Cuisses postérieures sans prolonge- ment lamelliforme. Tarses de cinq ar- ticles. Dernier article des palpes égaux. Tarses postéiieurs ayant deux cro- cbets mobiles. Dernier article des palpes plus long que les précédents. Tarses, posté- rieurs ayant un seul crochet immobile. Dernier article des palpes beaucou;> Genre î. enhydre. Lap. Gre. 2. DiNEUTES. M. L. Gre. 3. gyrin. Fahr. Gre. 4. PORHORHVNQUE. Lap Gre. Ï1. ORECTOCHILE. Lacord. Gre. 6. cyretes. Brullé. Fam. 2e. dtticides. Gpe. 1. DYTICITES. Gre. 1. DYTIQUE. Lin. Gre. 2. CYBiSTER. Curt. Gre. 3. eunectes. Erichs. 344 HISTOIRE Gre. 4. hydatique. Leach. Gre. 5. coLYMEETES. Clairv. Gre. 6. COPTOTOME. Say. Gre. 7. anisoméra. Brull. Gre. 8. NOTÈRE. Clairv. Gre. 9. suphis. Aube. Gre. 10. LAccoPHiLE. Leach. Gre. 1 1. POELOBiE Schocnlt. Grouiie 2. HYDROPORIÏKS. Gre. 1 . CELiNA. Aîibé. Gre. 2. HYPiiiDRE. Illig. Gre. 3. vatelle. Aube. plus long que les précédents. Tarses postérieurs ayant deuv longs crochets presque égaux. Dernier article des palpes maxillai- res presque égaux. Tarses postérieurs ayant deux crochets inégaux, l'un iinmohile. Prosternuna légèrement comprimé. Dernier article des palpes maxillaires un peu plus long que les autres. Pros- ternum fortement compripoé, for- mant une carène. Dernier article des palpes échancré à l'extrémité. Corps long, déprimé. Tarses ayant leur dernier article beaucoup plus long que les autres. Dernier article des palpes comprimé , très-grand ; celui des labiaux échancré près du sommet. Dernier article des palpes maxillaires beaucoup pluslongque les précédents, bifide à l'extrémité. Dernier article des palpes maxillaires pointu, plus long que les précédents. Les quatre premiers articles des tarses postérieurs munis d'un appendice externe. Prosternum arqué. Palpes labiaux plus longs que les maxillaires. Tarses de quatre articles. Cuisses pos- térieures sans prolongement. Prosternum spatuliforme. Prosternum arqué, et terminé en pointe mousse. Antennes sétacées. Prosternum coudé, terminé en pointe. Antennes subuUformes. DES rWSECTES. 845 Gre. 4. hïdropore. Claii^. Proslerniirn aigu postérieurement. Antennes sétacées. Groupe 2. HALIPLITES. Cuisses postérieures offrant chacune à leur base une grande lame couvrant la moitié de l'abdomen. Gre. 1. HALiPLE. LatT. Dernier article des palpes maxillaires très-petit et pointu. Gre. 2. CNÉMiDOTE. lllig. Dernier article des palpes maxillai- res grand et conique. Les GYRiNiDES soiit des coléoptères aplatis , de cou- leurs foncées , mais très-luisantes, ayant les pattes de devant extrêmement longues, tandis que celles du milieu et de derrière sont courtes, et très-aplaties en larges rames ; ils sont surtout remarquables par leurs yeux, divisés cha- cun en deux parties par les bords latéraux de la tète , en sorte qu'ils semblent avoir quatre yeux, deux à la partie supérieure de leur tête, et deux à la partie inférieure. On se rend facilement compte de l'utilité de cette dispo- sition. Les Gyrinides s'enfoncent rarement dans l'eau; ils nagent toujours à sa surface , et peuvent ainsi voir dedans et en dehors. Ces coléoptères sont souvent en grand nombre à la sur- face des eaux ; ils nagent avec rapidité dans diverses directions , mais surtout en décrivant des cercles ; ce qui leur a valu dans notre pays la dénomination de Tourni- quets , et dans d'autres contrées des noms dont la signifi- cation est à peu près la même. Vers l'automne et au moins pendant certains jours d'hiver, les Gyrinides paraissent se cacher au pied des plantes aquatiques ou dans la vase, emportant avec eux une bulle d'air. Ils sécrètent, par la partie postérieure du corps, un liquide jaunâtre d'une odeur désagréable. Au moment de l'accouplement ces insectes se placent 346 HISTOIBE dans des endroits tranquilles , se fixant ordinairement sur différents corps. Les femelles déposent leurs œufs bout à bout eu série sur les feuilles des plantes aquatiques : huit jours après, assurent quelques observateurs, les larves éclosent. Celles- ci ont été décrites et représentées depuis longtemps par Rœsel, De Geer, etc. Elles sont longues et étroites, d'un blanc sale, ayant une tête large et ovalaire; les trois premiers anneaux portant des pattes allongées , et tous les suivants une paire de longs appendices ciliés qui servent à la respiration en communiquant avec les trachées, et qui leur fournissent en même temps des organes de nata- tion. Le dernier anneau du corps seul supporte deux paires de ces appendices, et quatre petites pointes terminales. Ces larves atteignent toute leur croissance à la fin de l'été : alors elles sortent de l'eau, et sur les plantes aqua- tiques elles se forment un cocon de matière soyeuse, dans lequel elles subissent leur transformation en nymphe. Après un mois environ l'insecte parfait éclôt, et s'élance aussitôt dans l'eau. Les Gyrinides, tant à l'état de larve qu'à l'état d'insecte parfait, sontcarnassiers ; mais jusqu'à présent on n'a guère observé leur genre de nourriture le plus spécial. Quelques espèces vivent dans la mer, mais il y en a fort peu. Au reste, les Gyrinides ne sont pas très-mu Itipliés. Toutefois ils sont répandus dans toutes les régions du monde. Ils forment quelques genres, dont les caractères ne sont pas très-tranchés. On connaît une seule espèce d'Enhydre; elle habite le Brésil, et est remarquable par ses élytres striées [Eîihy- drus sulcatus). Les Dineutes et Gyrètes sont tous étrangers à l'Europe ; DES INSECTES. 347 le genre Porrorhynque se trouve dans l'île de Java. Les Gyrins proprement dits, comme les Orectochiles, sont de la plus petite taille dans la famille des Gyrinides; plusieurs espèces sont communes dans toute l'Europe. La seconde famille est celle des Dyticides, qui dif- fère beaucoup de la première par la conformation des an- tennes et des pattes antérieures. En outre, les Dyticides ne se tiennent jamais à la surface de l'eau ; ils y vien- nent àdesintervallesplusou moins rapprochés, pour pren- dre une provision d'air. Ces insectes, qui nagent avec la plus grande facilité, mettent en dehors de l'eau toute la partie postérieure de leur corps : entr'ouvrant en même temps leurs élytres, ils font pénétrer l'air dans leurs stig- mates, qui sont situés sur les côtés, sous ces mêmes ély- tres; de plus, une certaine quantité d'air atmosphérique reste encore engagée entre ces dernières et l'abdomen, en sorte que les Dyticides peuvent rester quelque temps au fond de l'eau avant de revenir à la surface. Chez la plupart de ces insectes les tarses antérieurs sontdilatés, mais chez les plus grandes espèces leurs trois premiers articles dans les mâles forment une large palette spongieuse, garnie de poils courts (pi. 8, fig. 13); ce qui permet à ces mâles de retenir fortement leurs femelles pendant l'accouplement, et d'autant plus que celles-ci ont leurs élytres striées ou canaliculées. On trouve les Dyticides dans toutes les eaux stagnan- tes pendant presque toute l'année; mais c'est surtout vers l'automne qu'ils sonten plus grand nombre. Pendant l'hiver ils s'enfoncent souvent dans la vase, et quelques petites espèces, au moins dans certains cas, se réfugient sous des mousses ou des lichens très-humides. L'accouplement a lieu généralement au printemps. Les 348 HISTOIRE femelles déposent leurs œufs dans l'eau, et les larves qui en naissent, d'abord petites, s'accroissent rapidement. Elles sont longues, un peu renflées au milieu, et surtout amincies à l'extrémité postérieure, et garnies latéralement de poils flottants. Elles ont encore deux petits tubes cy- lindriques à l'extrémité du corps , dont l'usage est de con- duire l'air dans les trachées. La tête de ces larves est large et ovalaire, munie de longues mandibules courbées, tandis que toutes les autres parties de la bouche sont très-grêles. Les trois premiers anneaux du corps sont lisses et luisants en dessus ; tous les autres sont mous et pubescents. Les larves de Dyticides atteignent leur entier développement pendant l'été ; alors elles quittent l'eau, et, se formant une cellule ovoïde dans la terre mouillée du rivage , elles subis- sent leur métamorphose en nymphe. Ces nymphes sont d'un blanc sale, et terminées par deux petites pointes. En quinze ou vingt jours elles deviennent insectes parfaits; mais si la première transformation n'a lieu qu'à l'au- tomne, elles passent l'hiver dans leur loge. Les Dyticides sont carnassiers à leur état de larve com- me à celui d'insecte parfait; et leur voracité, est telle qu'ils se jettent sur tous les animaux qu'ils rencontrent dans l'eau. Les grosses espèces même attaquent sou- vent de petits poissons. On réussit quelquefois à les nour- rir en captivité avec de petits morceaux de viande fraîche. Ces coléoptères sont répandus dans toutes les régions du globe, et leurs espèces sont très-cosmopolites , comme toutes celles dont les localités particulières varient peu dans les diverses parties du globe. La même loi s'observe ainsi à l'égard de tous les animaux aquatiques. Les Dyticides peuvent être partagés naturellement .en deux groupes. DES INSECTES. 349 Le premier est celui des Dyticites, qui comprend les plus grandes espèces, et aussi le plus grand nombre. C'est à ce groupe qu'appartient le genre Dytique ( Dijticus)^ dont presque toutes les espèces sont européen- nes. La plus commune est le D. bordé [D. marginalislAw.) (pi. 8, fig. 12), qui est long de plus d'un pouce, d'un brun verdâtre foncé, avec une bordure jaune; les pattes et le dessous du corps ferrugineux , ayant une fine ligne noire au bord de chaque anneau de l'abdomen. La larve de cette espèce, très-abondante pendant tout l'été, a près de deux pouces de longueur. Les Cybisters forment un genre assez nombreux, et sont répandus surtout dans les pays chauds. On en trouve une seule espèce en Europe ( C. Rœselii ] . Les femelles des Cybisters ont les élytres seulement striées, et non pas ca- naliculées comme chez les Dytiques et les Acilies. On connaît peu d'espèces de ce dernier genre. La larve de l'Acllie sillonné [Acilius sulcatiis Fabr.), le type du genre, est beaucoup plus élancée que celle des vrais Dyti- ques, et sa tête est beaucoup plus allongée. Les Hydatiques sont les plus jolis Dyticides ; leur corps, de moyenne taille, est souvent marqué de taches élégam- ment disposées. On les trouve dans les diverses régions du monde. Les Colymbetes , auxquels nous rattachons les Agabus Ilybius et Acilius, sont abondants surtout en Europe ; ils ont une forme très-naviculaire, leurs larves ont la partie antérieure du corps très élargie. Les Laccophiles et les Hydropores sont de très-petits Dyticites, nombreux en espèces, et très-abondants dans les mares, dans toute l'Europe. 350 HFSTOIBE La seule espèce conuue du genre Eunecte. (£". griseus Fabr.) est répandue sur presque tout le globe. Les Hyphidres sont remarquables par leur corps épais et presque globuleux. On a décrit un seul Anisomera du Chili et un seul Cop- totome de la Caroline. Les Notères ( Notenis) se font re- marquer par leurs antennes un peu dilatées au milieu et parleur corps très-voûté. On en connaît peu d'espèces , toutes européennes. D'après M. West wood, leurs larves sont larges, atténuées postérieurement, avec la tête munie d'une assez longue corne frontale. Ces larves sont brunes, avec deux bandes jaunâtres sur le dos. Les Suphis, dont toutes les espèces connues sont exoti- ques, se rapprochent beaucoup des Notères. Le genre Pœlobie se compose d'une seule espèce indi- gène de moyenne taille [Pœlobius Hermanni^ Fabr.). Elle fait entendre un bruit plus fort que la plupart des autres Dyticides. Le second groupe de la famille, les Haliplites, renfer- me seulement deux petits genres dont toutes les espèces sont d'une taille fort exiguë. Elles sortent fréquemment de l'eau et se posent sur les plantes aquatiques ou voltigent dans les alentours ' . NEUVIÈME TRIBU. CARABIEINS. Cette tribu, l'une des plus nombreuses de tout l'ordre des Coléoptères , est composée d'insectes à pattes longues ' Fotjez pour la description délaillée des genres et espèces de toute la Iribu des Dyticiens le Species général des Coléoptères, Hydrocantharcs el Gyriniens, par M. Aube; Paris, 1838. DES liNSECTES. 351 et bieu développées , toujours propres à la course , et a mâchoires munies de deux palpes. Les Carabiens ont été l'objet de travaux descriptifs plus complets que toute au- tre tribu de l'ordre des Coléoptères, et cela parce que, pen- dant une série d'années, ils ont figuré eu tête de l'ordre, dans presque toutes les classifications. Les mâchoires bien développées de ces insectes , leurs habitudes carnassières, leur agilité à s'emparer de leur proie, les avaient fait considérer comme devant occuper un rang plus élevé dans l'échelle animale que celui qu'ils y occupent en réalité, vu le faible développement de leur système nerveux et la tendance à l'uniformité de toutes leurs parties. Les Carabiens sont en général déforme oblongue etassez déprimée; leur consistance, sans être aussi solide que chez beaucoup d'autres Coléoptères, est encore très-ferme. Les Carabiens se réfugient sous les pierres et sous les écorces ; mais souvent pendant les beaux jours du printemps, on les voit courir dans les chemins. Tant à l'état de larve qu'à l'é- tat d'insecte parfait, ils vivent de proies vivantes et particu- lièrement d'insectes. Il n'est même pas rare de les voir s'emparer d'espèces beaucoup plus grosses qu'eux. Les larves paraissent avoir une vie assez longue ; nous pensons qu'elle doit être de plusieurs années, quoique nous n'ayons jamais réussi à suivre complètement cette observation. Les Carabiens sont répandus sans exception dans tou- tes les régions du monde, mais ils sont incomparablement plus abondants dans les parties tempérées et même un peu froides de l'Europe. Les habitudes sont entièrement semblables chez tous les Coléoptères de cette tribu ; et d'ailleurs elles se rédui- sent à bien peu de chose, puisqu'ils n'emploient généra- 352 HISTOIRE lement aucune ruse pour s'emparer de leur proie : leur agilité à la course, la puissance de leurs mandibules et de leurs mâchoires , leur permettent de saisir leurs victimes corps à corps. TABLEAU DES DIVISIONS DE LA TRIBU DES CARABIENS. ranulle l'^. Carabidbs. Groupe l.TRÉCHITES. Gre. I. m-E. Leach. Gre. 2. BLEMus. Ziegl. Gre. 3. TRECHus. Clair. Gre. 4. ooptehus Guer. Gre. 5. L\CNOPHORE. Dej. Gre. 6. EGA. Cast. Palpes labiaux aussi grêles que les maxillaires. Mâchoires presque tou- jours dépourvues d'oDglet articulé. Palpes externes à dernier article aussi long que le précédent; celui-ci élargi au sommet, le terminal pointu. Palpes ayant leurs deux derniers ar- ticles d'égale longueur. Élytres dépri- mées, parallèles. Tarses antérieurs portant une épine recourbée sous le pénultième article. Palpes ayant leurs deux derniers arti- cles d'égale longueur. Élytres dépri- mées , parallèles. Tarses iuermes. Palpes ayant leui-s deux derniers arti- cles presque égaux. Élytres ovales. Tarses inermes, ayant leurs deux pre- miers articles dilatés dans les mâles. Antennes filiformes. Palpes ayant leurs deux derniers arti- cles presque égaux. Corps très-bombé. Tarses ayant leurs quatre premiers articles dilatés. Antennes un peu mo- niliformes. Palpes ayant le dernier article plus long que le précédent. Antennes très- peu épaissies vers l'extrémité. Palpes à avant-dernier article dilaté et anguleux intérieurement, le dernier DES INSECTES. 353 Gre. 7. chalybe. Cast. Gpe. 2. BEMBIDIONITES. Gre. I.BEMBiDioN. Latr. Gre. 2. tacbype. Latr. Gpe.3. ELAPHRITES. Gre. I. ELAPHRE. Fabr. Gre. 2. BLETHisA. Bon. Gre. 3. notiopuile. Dum. Gre. 4. OMOPHRON. Za^r. Gr:. 5. cïclosome. £<{^r. Gre. 6. MÉTRiE. Eschs. assez petit. Anteiuies épaissies vers l'extrémilé. Palpes à dernier article plus long que le précédent. Antennes épaissies vers l'extrémité. Palpes externes à avant-dernier arti- cle grand et épaissi a l'extrémité , le dernier plus petit et pointu. Corps aplati. Corselet presque aussi large que la base des élytres. Tarses garnis en dessous de petites écailles. Corps assez convexe. Corselet presque globuleux. Tarses garnis en dessous de poils serrés. Yeux Irès-saiilants. Palpes tronqués à l'extrémité. Jam- bes antérieures ayant une écliancrure vers le bout. Lèvre inférieure avancée et pointue. Antennes épaissies vers le bout, de la longueur de la moitié du corps. Cor- selet globuleux. Lèvre inférieure pointue. Antennes épaissies vers le bout. Corselet pres- que plan et carré. Lèvre inférieure avancée et semi-cir- culaire. Antennes très-courtes. Cor- selet plan, plus large que long. Lèvre inférieure carrée. Menton of- frant une dent simple. Corps presque bémisphérique. Lèvre inférieure courte, très-écban- crée. Menton offrant une dent bifide. Corps presque circulaire, assez plat. Lèvre inférieure un peu échrancrée. Antennes épaissies à l'extrémité. Pal- pes à dernier article triangulaire. Men- ton offrant une dent bifide. Gre. 7. nebbu. Latr. Gre. 8. LEisTE. Frœl. Gpe. 4.CARABITES. Gre. 1. CALosoMA. Weber. Gre 2. CALLISTHENÈS. Fisch. Gre. 3. CARABE. Lin. Gre. 4. PROCRUSTE. Bon. Gre. 5. PROCÈRE. Dej. Gpe. 5 . CYCHRITES. Gre. 1. CYCHRE. Fnbr. Gre 2. scAPHiNOTE. Latr. Lèvre inférieure courte, un peu avau- cée en pointe. Antennes fililormes. Màclioires garnies de poils extérieure- ment. Lèvre inférieure longue, terminée par trois (ortes dents. Antennes filiformes. Mâchoires garnies d'épines extérieu- rement. Palpes tronqués à l'extrémité. Jam- bes antérieures sans échancrure. Men- ton pourvu d'une dent. Tête moyenne. Corps large , pourvu d'ailes sous les élytres. Mandibules striées. Antennes ayant leur troisièmearticle comprimé. .Corps large, sans ailes. Mandibules très-finement striées. Corps oblong , sans ailes. Mandibules lisses. Antennes ayant leur troisième article cylindrique. Lèvre supérieure bilobée. Dent du menton plus longue que les lobes latéraux. Corps ovale sans ailes. Mandibules lisses. Lèvre supérieure bilobée. Dent du menton plus courte que les lobes latéraux. Corps ovale sans ailes. Lèvre supé- rieure trilobée. Palpes tronqués à l'extrémité. Jam- bes antérieures sans échancrure. Men- ton sans dent. Tête très- petite. Menton à lobes latéraux aigus. An- tennes plus longues que la moitié du 3orps. Tarses simples. Menton à lobes latéraux obtus. Anten- nés plus longues que la moitié du corpS' Tarses un peu dilatés. Corse- let élargi , à bords relevés. DES INSECTES. 35^ Gre. 3. spiioerodèue. Dej. Menton à lobes latéraux aigus. An- tennes plus courtes que la moitié du corps. Tarses dilatés dans les mâles. Gpe. 6. PANAGEITES. Palpes tronqués à l'extrémité. Jam- bes échancrées vers le milieu et non élargies. Tarses antérieurs élargis en forme de quadrilatère. Mandibules dentées. Gre. 1 . PAMBORE. Latr. Gre. 2. pÉLÉciE. Kirbtj. Palpes à dernier article élargi. Menton sans dent. Tarses sans dilatation dans les deux sexes. Palpes à dernier article élargi , pres- que sécuriforme. Menton trilobé. An- tennes filiformes. Mandibules avan- Gre. 3. érype. De;. Gre. 4. BRACHYGNATHE. Perty. Gre. 5. TEFFLE. Leach. Gre. PANAGÉE. Latr. Palpes à dernier article ovale , assez renflé. Menton trilobé. Antenfies mo- niliformes. Palpes à dernier article en triangle allongé. Menton ayant une dent mé- diane plus courte que les lobes laté- raux. Antennes moniliformes. Palpes à dernier article sécuriforme. Menton muni d'une dent pointue. Palpes à dernier article épais. Menton à dent arrondie. Antennes fdiformes. Tarses antérieurs ayant leurs deux premiers articles élargis dans les Gre. 7. coPTik. Briillé. Gre. 8. DERCYLE. Cast. Gre. 9- piulogée Blanch. Palpes à dernier article grêle et ova- laire. Tarses ayant leurs trois pre- miers articles élargis. Palpes à premier article reniïé , le der- nier court, un peu sécuriforme Tar- ses à deuxième et troisième articles élargis. Palpes à dernier article allongé. Men- (Geob'ms. De}.) Gpe. 7. CHLiENITES. Gre. I. CALLisTE. ^on. ore. 2. LORiCERA. Latr. Gre. 3. chloenie. Bon. Gre. 4. vertage. Dej. Gpc. 8. LICINITES. Gre. {. ASPORiNA. Cctst. Gre, 2. ooDES. Bon. Gre. 3. DicoELE. Bon. Gre. 4. diplocheile. {Rembtis. Latr.) HISTOIRE ton ayant une dent presque aussi grande que les lobes latéraux. Palpes labiaux à dernier article triangulaire. Palpes tronqués à l'extrémité. Jam- bes antérieures échancrées vers le mi- lieu et non élargies. Tarses antérieurs élargis en forme de quadrilatère. Man- dibules acérées. Lèvre supérieure à peine échancrée. Menton ayant une dent simple. Palpes à dernier article oblong. Antennes gla- bres. Menton ayant une dent simple. Pal- pes à dernier article cylindroïde. An- tennes épaisses à la base et hérissées de poils. Menton ayant une dent bifide. Anten- nes filiformes , pubescentes. Menton ayant une dent simple. Pal- pes à dernier article élargi. Palpes tronqués à l'extrémité. Jam- bes antérieures échancrées dans le milieu. Tarses antérieurs élargis en forme de quadrilatère. Mandibules courtes, généralement obtuses. Lèvre supérieure échancrée. Menton ayant une dent large, un peu échancrée. Palpes à dernier article élargi. Menton ayant une dent plus ou moins obtuse. Palpes à dernier article cylin- drique. Menton sans dent. Lèvre supérieure presque carrée, à peine échancrée. Palpes à dernier article élargi. Menton sans dent. Lèvre supérieure courte, très-écliancrée. Tarses à arti- cles carrés. DES INSECTES. 357 Gre. 5. BADisTER. Clairv. Gre. 6. licine. Latr. Gpe. 9. FÉRONITES. Gre. 1. MASORÉE. Dej. Gre. 2. ANTARCTiA. Dej. Gre. 3. AMARA. Gre. 4. curtonote. Steph. Gre. 5. LOPHiDiE. Dej. Menton sans dent. Lèvre supérieure très-écliancrée. Palpes à dernier ar- ticle long et cylindrique. Tarses à articles cordiformes. Menton sans dent. Lèvre supérieure échancrée. Palpes à dernier article triangulaire. Mandibules très-obtuses. Palpes tronqués à l'extrémité. Jam- bes antérieures échancrées vers le mi- lieu , non élargies. Tarses antérieurs élargis en forme de triangle. Mentou sans dent. Palpes à dernier article cylindrique, une fois plus long que le précédent. Antennes grêles. Menton sans dent. Palpes à dernier article renflé. Jambes bidentéesà l'ex- trémité. Menton ayant une dent bifide , peu saillante. Palpes ayant leurs deux der- niers articles égaux. Corselet plus large en arrière qu'en avant. Menton ayant une dent bifide, peu saillante. Palpes ayant l'avant-dernier article plus long que le dernier. Cor- selet élargi sur les côtés , rétréci en arrière. Menton ayant une dent simple. Tarses antérieurs pourvus en dessous de pe- tits appendices dentelés , chez les mâ- Gre. 6. ZABRE. Clairv. Menton ayant une dent peu saillante. Palpes grôles , le deuxième article le plus long de tous. Gre. 7. CNÉMALOBE. Guer. Menton ayant une dent simple. Jam- {Cneinacanthus. Br.) bes antérieures munies de deux fortes épines. Gre. 8. CARDIOPHTHALME. Meuton ayant une dent bifide. Jam- 358 Curt. Gre. 9. broscus. Panz. Gre. tO. MiscoDERA. Eschs. (Lelochiton. Curt.) Gre. 11. STOMis. Clairv. Gre. 12. abaris. Dej. Gre. 13. rathïme. Dej. Gre. 14. strigia. BruU. Gre. 15. HÉTÉR.ACANTHE. BV Gre. 16. MYAS. Dej. Gre. 17. FERONiA. Latr. Gre. 18. CATADROME. Mac Leay. Gre. 19. LESTicus. Dej. bes antérieures élargies à l'extrémité et munies de deux longues épines. Menton ayant une dent simple- Jam- bes antérieures ayant deux faibles épines. Corselet large, plat. Menton ayant une dent simple. Jam- bes antérieures pourvues de deux faibles épines. Corselet globuleux. Menton à dent simple. Mandibules très-longues et arquées. Corselet étroit. Menton à dent simple très-peu sail- lante. Mandibules avancées. Corse- let large. Menton à dent aiguë. Mandibules lar- ges, saillantes. Palpes labiaux à der- nier article élargi. Lèvre supérieure échancrée. Menton à dent bifide. Mandibules grandes, arquées et .striées. Lèvre supérieure entière. .Menton à dent simple. Palpes longs et grêles. Jambes antérieures munies à l'extrémité d'un éperon élargi. Menton à dent bifide. Mandibules courtes. Palpes labiau.. à dernier ar- ticle élargi. Menton à dent bifide. Mandibules courtes, arquées. Palpes labiaux à der- nier article cylindrique. Menton à lobe médian , ovale , et en- tier. Palpes à dernier article long , un peu épaissi à l'extrémité. Menton à dent courte tronquée. Pal- pes labiaux à dernier article sécuri- fonne. Antennes longues, un peu com- primées. DES Gre. 20. tuigonostoma. Lej. Gre. 2 1 . michrocéphale. Dej Gre. 22. EucHROA. Br. Gre. 23. microcheila. Br. Gre. 24. distrige. Dej. Gre. 25. abacète. Dej. Gre. 26. drimostoma. Dej. Gre. 27. sphodre. Clair v. Gre. 28. PLATYNE. 5ow. Gre. 29. cardiomera. Bassi Gre. 30. abrope. Waterh. {Metius Guer.) Gre. 31. DYScoLus. Dej. Gre. 32. loxocrepis. Esch. INSECTES. 359 Menton à dent courte et tronquée. Palpes à dernier article sécuriforme. Antennes courtes, cylindriques. Lèvre supérieure échancrée. .Menton à dent courte, tronquée. Pal- pes à dernier article triangulaire. Lè- vre supérieure entière. Menton à dent courte et pointue. Tons les palpes cylindriques. Menton à dent aiguë. Palpes labiaux ayant le dernier article élargi. Lèvre supérieure très-courte. Menton a dent à peine visible. Palpes cylindriques. Menton à dent arrondie. Palpes cylin- driques. Menton à dent arrondie. Palpes à der nier article allongé et un peu pointu. Menton ayant une dent pointue. An- tennes ayant leur troisième article plus long que les deux suivants réunis. Menton ayant une dent simple. An- tennes à troisième article court. Tar ses à quatrième article peu écliancré. Lèvre supérieure entière. .Menton à dent bifide Tarses à qua- trième article profondément écliancré. Menton très-échancré, sans dent. Tar- ses à quatrième article très-échancré. Lèvre supérieure carrée. Menton ayant une dent arrondie. Tar- ses à quatrième article à peine échan- cré. Lèvre supérieure trèséchancrée . Menton ayant une dent. Tarses pos- térieurs à avant-dernier article pro- longé en dehors beaucoup plus qu'en dedans. 360 Gre. 33. EULEPTE. Khig. Gre. 34. oLisTiioPE. Bej. Gre. 35. SïNUCHUS. Gijll. Gre. 39 Gre. 40. Gre. 41. Gre. 42. Gre. 43. Gre. 44, Gre. 45. HISTOIRE Menton sans dent. Corselet allongé, étroit. Tarses longs ayant trois arti- cles dilatés dans les mâles. Menton sans dent. Corselet arrondi. Tarses ayant trois articles dilatés. Menton à dent bifide. Palpes labiau.x à dernier article élargi. Crochets des tarses dentelés. PRiSTODACTYLA. 2)e/.Menton à dent bifide. Palpes labiaux à dernier article cylindrique. Lèvre supérieure entière. Crochets des tar- ses dentelés. Menton à dent bifide. Palpes cylin- driques. Lèvre supérieure échancrée. Antennes à troisième article de la lon- gueur des suivants. Crochets dentelés. PRiSTONYCHE. Dcj. Mcuton à dent bifide. Palpes cylindri- ques. Lèvre supérieure échancrée. Antennes à troisième article plus long que les suivants. Crochets dentelés. DOUCHE. Bon. Menton à dent simple. Crochets de tarses ayant des dentelures très-fines. 0NYPTERYGi.\. Dcj. Mcntou à dent simple. Crochets des tarses très-pectinés. PATROBE. Dej. Menton à dent bifide. Tarses ayant leurs deux premiers articles dilatés. STENOMORPHE. Z)fi/.Menlon sans dent. Tarses antérieurs n'ayant qu'un seul article dilaté dans les mâles. Menton sans dent. Tar.ses ayant deux articles dilatés dans les mâles. Gre. 37. calathe. Bon. Gre. 38. OMPHRÉE. Dej. MELANOTE. DCJ. Menton à dent simple. Tarses ayant deux articles dilatés dans les mâles. CARDiADÈRE. Dcj. Mcutou à dcut bifide. Antennes lon- gues , à troisième article cylindrique. Tarses ayai»t deux articles dilatés dans les mâles. DES INSECTKS. 361 Gre. 47. d\ripe. Dej. Gre. 48. cascklie. Curiis. Gre. 46. POCONE. Dej. Menton à dent bifide. Palpes à dernier article ovalairc. Antennes à troisième article renflé an bont. Tarses ayant denx articles dilatés dans les mâles. Menton à dent bifide. Palpes à dernier article ovoïde. Corps bombé. Menton ayant une dent presque imper ceptible. Tarses ayant trois articles dilatés. Corps convexe, dépourvu d'ai- les sous les élytres. Corselet allongé. Gre. 49. promécodère. Z)P/'.Menton ayant une dent presque imper- ceptible. Tarses ayant trois articles dilatés dans les màle,s. Corps très- convexe, dépourvu d'ailes sous les élytres. Corselet presque aussi large que long. Tarses dilatés. Palpes tronqués à l'ex- trémité. Jambes antérieures et inter- médiaires échancrées vers le milieu. Tête médiocre. Palpes à dernier article tronqué. Tar- ses à quatrième article à peine échan- cré. Palpes à dernier article tronqué. Tar- ses à quatrième article profondément bilobé. Palpes à dernier article pointu. Tarses sans dilatation daiis les mâles. Élytres sans troncature. Tête grosse. Lèvre supérieure presque carrée et cchancrée. Tè,te très-grosse. Lèvre supérieure large à peine écban- crée. Tête grosse. Gre. 3. CRATOGSATTiF.. Drj. Lèvre supérieure large et courte, peu écbancrée. Mandibules très-forles, saillantes et aiguës. Gre. 4. DAPTE. Fisch. Lèvre supérieure presque carrée et un Gpe. 10. HARPALITES. Gre. I. HARPALE. Latr. Gre. 2. stenolophe. Drj. Gre. 3. acupalpe. Latr. Gpe. 11. ACINOPTTES. Gre. 1. AC1N0PE. Dej. Gre. 2 AMBLYGNATHE. Dej. 3fi2 Gre. 5. agonodère. Dej. G|)e. 12.DIT0MITES. Gre. 1. CLYPTE. Brullé. Gre. 2. MEL/ENE. Dej. Gre. 3. coscinia. Dej. Gre. 4. ditomr. Bon. Gre. 5. cvRTÈRE. Dej. Gre. 6. PACHYCARE. Sol. Gre. 7. APOTOME. Za^r. Gpe. 13. SCAR[TITES. Gre. 1. scARiTES. Fabr. Gre. 2. Af:\NTHOSCRLis. Latr \m\ échancrée. Mandibules longues. T(ite médiocre. Lèvre supérieure courte et sans éclian- crure. Mandibules peu allongées. Palpes tronqués à l'extrémité. Jambes élargies à l'extrémité, mais non pal- mées. Lèvre supérieure très-courte. Lèvre suj)érieure à [leine édiancrée. Antennes très-courtes , monilifnrmes. Antennes à premier article gros. Men- ton pourvu d'une dent. Antennes à premier article cylindri- que un peu plus gros que les autres. Menton sans dent. Lèvre supérieure sans échancrure. Antennes longues, sétacées. Mentori muni d'une dent. Élytres libres. Lèvre supérieure échancrée. Antennes longues, sétacées. Lèvre supérieure sans écliancrure. Menton sans Jent. Élytres soudées. Lèvre supérieures échancrée à angles saillants. Palpes maxillaires très- longs, filiformes. Menton profondé- ment échancré, sans dent. Corselet globuleux. Palpes tronqués. Jambes antérieures élargies à l'extrémité et palmées en dehors. Élytres sans troncature. Lèvre supérieure très-courte. Lèvre supérieure trilobée. Mandibu- les très-grandes. Antennes plus lon- gues que les mandibules. Jambes ayant trois digitations. Mandibules grandes. Antennes plus courtes. Jambes ayant une de leurs di- gitations aniuée. DES INSECTES. 363 Gre. 3 pasimache. Bon. Gie. 4. CARENUM. Bon. Gre. 6. scAPTÈRE. Dej. Gre. 6. oxystome. Latr. Gre. 7 oxycnathe. Dej. Gre. 8. camptodonte. Dej. Gre. 9. clivina. Latr. Gpe. 14. SIAGONITES. Gre. 1. SIAGONA. Latr. Gre. 2. encelade. Bon. Gpe. 15. MORIONITKS. Lèvre supérieure sinueuse. Antennes atteignant presque la base du corselet. Jambes antérieures ayant deux digi- tatioQS. Lèvre supérieure sinueuse. Antennes très courtes. Jambes antérieures ayant deux digitations. Palpes labiaux à der- nier article élargi. Mandibules médiocres, presque sans dents. Antennes très-courtes, monili- formes. Jambes antérieures ayant qua- tre dentelures placées sur une saillie. Antennes plus courtes que les mandi- bules. Jambes de devant ayant trois digitations. Palpes labiaux à dernier article pointu. Mandibules sans dents. Antennes très- courtes. Jambes à trois digitations. Palpes labiaux à dernier article cylin- drique, tronqué. Antennes plus longues que les mandi- bules. Jambes à trois digitations. Pal- pes labiaux à dernier article cylindri- que. Mandibules courtes et dentées. An- tennes courtes , moniliformes. Jam- bes antérieures à trois digitations. Palpes à dernier article ovale. Tarses simples. Palpes tronqués. Men- ton articulé à la tête par des suture» longitudinales. Jambes antérieures élargies à l'extrémité, peu dentelées. Corps très-plat. Palpes labiaux à dernier article plu.» large que long. Palpes labiaux à dernier article trian- gulaire. Tarses élargis dans les mâles. Jaaibos Sf.4 Gre. t. MORioix. Latr. Grc. 3. CATAPiEZE. Sol. Gre. 4. hemiteles. Br. HISTOIRE élargies à l'extréinité , nuiis non pal- mées. Lèvre supérieure presque carrée et profondément échancrée. Menton ayant une dent bifide plus courte que les lobes latéraux. Gre. 2.CAiMPYL0CNEMis IV'es^.Lèvre presque carrée et échancrée. {Hyperion Cast.) Menton ayant une dent bifide plus longue que les lobes latéraux. Lèvre plus large que longue, à peine échancrée. Menton ayant une dent tronquée plus courte que les lobes la- téraux. Lèvre supérieure courte, sans échan- crurc. Menton ayant une dent simple. Gre. 5. iioMALOMORPHA. .B/'.Lèvresupérieuretrès-courte, lortement échancrée. Menton ayant une dent courte et bifide. Gpe. 16. GR.\PHlPTERITES.Élytres tronquées à l'extrémité. Tarses dilatés dans les mâles. Corselet cor- diforme. Languette cornée, très-sail- lante entre les palpes. Gre. 1 . GRAPHiPTiiKE. Latr. Menton sans dent. Tarses antérieurs simples. Antennes filiformes. Menton sans dent. Palpes cylindri- ques. Antennes comprimées. Menton sans dent. Palpe.* un peu élar- gis à l'extrémité. Tarses antérieuis prolongés au côté interne dans les mâles. Gre. 2. piEziA. Brull. Gre. 3. anthia. Weber. Gre. 4. uelluo. Bon. Gpe. 17. BRACHIMTES. Menton muni d'une dent. Pali)es à dernier article un peu élargi. Lèvre supérieure avancée au milieu. Anten- nes moniliformes. Tarses simples. Corselet assezallongé. Klylres légèrement élargies vers I ex- trémité et plus ou moins tronquées. DES INSECTES. 365 Gre. 1. ozoENA. Oliv. Gre. 2. BRACHiNE. iVebe?'. Groupe 17. LEBIITES. Gre. 1. CATAscoPE. hUrbtj. Gre. 2. EuciiEiLA. Dej. Gre. 3. pékicale. M. L. Gre. 4. THYRÉOPTÈRE. Dp). {Eurijdera. Lap. de Cast. Gre. 5. PKOMÉCOPTÈRE. Dej. Gre. 6. hexagonia. Kirby. Gre. 7. orthogonie. M. L. Gre. 8. PLOCHioNE. Dej. Gre. 9. ARSiNOE. L. Cast. Gre. 10. cRVPTOBATis. Eschs Gre. 11. LEBiA. La^r. Élytres sans troncature sensible à l'ex- trémité. Antennes épaisses, monili- formes. Élytres nettement tronquées à l'extré- mité. Antennes sétacées. Lèvre supé- rieure courte. Corselet cordiforme. Élytres larges plusou moins tronquées àl'extrémité. Palpes grêles, cylindriques. Lèvre très-avancée recouvrant les mandibu- les. Menton muni d'une dent. Palpes labiaux à dernier article trian- gulaire. Lèvre supérieure ovale ca- chant les mandibules. Menton sans dent. Palpes cylindriques. Lèvre supérieure échancrée. Menton sans dent. Palpes cylindriques. Lèvre supérieure )droite, plus longue que large. Menton muni d'une dent. Palpes à dernier article ovalaire, pointu. Lèvre supérieure avancée. Palpes labiaux à dernier article trian- gulaire. Tarses dilatés. Corselet hexa- gonal. Palpes cyUndriques. Tarses à articles triangulaires, le quatrième bilobé. Cor- selet arrondi. Élytres parallèles. Palpes labiaux à dernier article trian- gulaire. Tarses simples. Corselet sans prolongement. Palpes cylindriques. Tarses simples, à crochets sans dentelures. Corselet sans prolongement. .Palpes labiaux à dernier article trian- gulaire. Tarses à crochets dentelés. Palpes à dernier article ovalaire. Tar- 366 Hl Gre. I2.RH0MB0DERA. Reicke Gre. 13. siNGiLis. Hamb. Gre. 14. coptodère. Dej. Gre. 15.TÉTRAGONonÈRE. Dej. Gre. 16. coRSYRE. Dej. Gre. 17. cymindis. Latr. Gre. 18. CALLEiDA. Dej. Gre. 19. DEMETRUS. Bon. Gre. 20. DROMiE. Bon. Gpe. 18. MORMOLYCITES. Gre. 1. MORMOLYCE. Hagenb. Gpe. 19. DRYPTITRS. sesà articles cordiformes clàcrocliets dentelés. Coiselet prolongé en arrière. Palpes à dernier article pointu. Tar- ses à articles cylindriques, leurs cro- chets ayant une seule dent à la base. Tête séparée du thorax. Palpes maxillaires à dernier article cylindrique ; le même des labiaux se- curiforme. Tarses à quatrième article bilobé et à crochets dentelés. Palpes labiaux cylindriques. Tarses à quatrième article à peine échancré , à crochets dentelés. Corselet sans pro- longement. Palpes à dernier article cylindrique. Tarses antérieurs garnis en dessous de petites lamelles. Palpes à dernier article cylindrique. Tarses à crochets sans dentelures. Palpes à dernier article triangulaire dans les mâles. Tarses simples , à cro- chets garnis d'épines en dessous. Palpes labiaux à dernier article trian- gulaire. Tarses à quatrième article bi- lobé. Palpes à dernier article cylindrique. Tarses à quatrième article bilobé. Palpes à dernier article cylindrique. Tarses simples, avec les crochets un peu dentelés en dessous. Corselet extrêmement allongé , linéai- re. Élytres tronquées à l'extrémité, of- frant latéralement une grande expan- sion membraneuse. Antennes à premier article plus long que les deux suivants. Tarses très- DES INSECTES. 367 larges. El> très tronqués à l'extrémité. Gre. 1. Di\PHORE. Dcj Antennes grossissant un peu vers le bout. Palpes à dernier article cylin- drique. Gre. 2. poLiSTiCHts. Bonei. Antennes à premier article médiocre- ment allongé, les derniers allant en grossissant jusqu'à l'extrémité. Gœ. 3, zuPHiE. Latr. Antennes assez longues , premier ar- ticle droit. Palpes à dernier article ova- laire. Gre.4.EUN0STE.Cas^. e< Cory. Antennes courtes a premier article épais. Corselet cordiforme très-court. Gre. 5. TRiCHOGNATHE. La^/'.Antennes assez longues à premier ar- ticle très-renflé vers le bout et arqué. Mâchoires ayant un tubercule à leur base. Gre. 6. GALERiTA.. Fabr. Antennes longues à premier article renflé au bout. Palpes à dernier arti- cle triangulaire. Gre. 7. coRDiSTEs. Latr. Antennes assez longues. Palpes à der- nier article ovalaire. Tarses à articles tiès-larges. Gre. 8. DRYPT A. Faôr. Antennes courtes, grêles. Palpes à dernier article triangulaire. Corçelel cylindrique, très-étroit. Gpe. 20. ODACANT HITKS. Antennes à premier article court. Cor- selet presque cylindrique. Élytres tronquées. Gre. 1. KGviK. Fabr. Palpes labiaux à dernier article trian- gulaire. Tarses triangulaires, le pénul- tième article bilobé. Gre. 2. STENmiA. Brul. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Tarses à pénultième article en- tier. Gre. 3. ctenodactyla. De/. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Tarses à crochets dentelés en dessous. 368 HISTOIBE Gre.4. leptotrachèle. Z/O^r Gre. 5. odacantha. Fal>r. Gre. 6. ïkiciiis. Klug. Gre. 7. stejnocheila. Cast. G'e. 8. LASIOCERA. Dej. tire. 9. CASJN01N1A. Latr. Gpe. 21. TRIGONODACTY- LITES. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Tarses à pénultième article bi- lobé. Élytres sans échaiici ure. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Tarses presque cylindriques. Mandibules courtes. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Tarses à articles triangulaires. Mandibules courtes. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Mandibules longues et étroites. Mâchoires dentelées. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Antennes garnies de bouquets de poils. Tarses cylindriques. Palpes labiaux à dernier article ova- laire. Tête amincie en arrière. Tarses grêles. Élytres tronquées. Antennes à pre- mier article très-court. Corselet pres- que carré. Mâchoires munies d'un on- glet. Tarses élargis et triangulaires. Tarses cylindriques. Gre. I . TRIGONODACTÏLE. Dej Gre. 2. miscelus. Klug. {Leptodactyla Dr.) Fam. 2. ciciivorlïdes. Mâchoires ordinairement munies d'un onglet articulé. Palpes labiaux souvent plus gros que les maxillaires. Groupe 1. CTÉNOSTOMITES.Lobe interne des mâchoires sans on- glet. Palpes très-longs , pendants ; les trois premiers articles des tarses dila- tés chezlesmàles. Corpsétroit. Tarses à quatrième article prolongé en dedans chez les mâles. Genre 1. ctenosioma. Klug.Mn^ petite dent dans l'échancrure du menton. Élytres très-rétrécies à la base, renflées à l'extrémité. DES INSECTES Gre. 1. i'Roct:pn\LE. Casl. 369 Une petite dent dans l'échancrure du menton. Élytres parallèles , cylindri- ques. Gre. 3. pogonostoma. Klxig.VmxA de dent dans l'échancrure du (Psilocera Brul.) menton. Gpe. 2. COLLYRITES. Palpes courts et épais. Corps étroit. Labre très-grand, voûté, cachant en tièremenl les mandibules. Tarses à quatrième article prolongé en de- dans chez les mâles. Palpes internes bi-articulés. Antennes épaissies vers l'extrémité. Palpes internes bi-articulés. Antennes sétacées. Palpes internes uni-articulés , spini- formes. Tête ordinairement médiocre, quel- quefois assez grosse. Yeux en général assez grands. Ordinairement des ailes sous les élytres. Tarses à quatrième article simple ou bilobé. Labre peu avancé et denté. Corps ailé. Dent du menton assez courte. Labre avancé , triangulaire , tridenté dans les mâles. Corps ailé. Antennes à peine aussi longues que la tête et le corselet, avec les derniers articles un peu plus épais que les autres. Labre avancé. Corps dépourvu d'ailes sous les élytres. Antennes sétacées. Gre. 4. HYRMECOPTERA.Scftawni. Labre avancé. Corps dépourvu d'ailes sous les élytres. Antennes fortement dilatées et comprimées à partir du cinquième article. Gre. 5. DiSTiPsmER.v. Westw. Labre très-grand, cachant les mandi- bules, échancré, avec une petite dent dans l'échancrure. Menton sans dent. Gre. 1. coLLYRis, Fabr. Gre. 2. TRicoNDYLA. Latr. Gre. 3. therates. Latr. Gpe. 3. CICLNDÉLITES. Gre. J. ciciNDELA. Lin. Gre. 2. callidemà. Gaer. Gre. 3.DR0M1CA. Dej. 370 HISTOIRE Gie. 6. Kui'RosoHE. Latr. Labre peu avancé. Dernier article des palpes labiaux plus court que le pé- nultième. Dent du menton très-longue. (ire. 7. iRESiA. Dej. Labre peu avancé. Dernier article des palpes labiaux plus long que le pénul- tième. Gre. 8. meg\cephala. Lalr. Labre court. Yeux grands, oblongs. Mandibules très-larges, arquées , den- tées. Gre. 9. oxvcheila. Dej. Labre triangulaire avancé, cacbant en- tièrement les manilibules. Yeux |)e- tits, arrondis. ( pe. 4. .MANTICORITES. Tête grosse. Jamais d'ailes sous les élytres. Yeux petits. Gre. I . OMUS. Eschsch. Tarses antérieurs dilatés dans les mâ- les. Protliorax sans angles. Labre siio* plement sinué. Cre. 2. AMBLYCHEiL.\. Saij. Tarses antérieurs dilatés dans les mâ- les. Protliorax sans angles. Labre denté. Gre 3. platychile. ^/.-Ztoi PI. 6. slolro