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HISTOIRE

DES JOURNAUX

PUBLIÉS A. PARIS

PENDANT LE SIÈGE ET SOUS LA COMMUNE

4 SEPTEMBRE 1870 AU 28 MAI 1871

Mon Histoire des journaux pendant le siège a paru déjà dans un journal (9 février 1871) ; je n'ai rien voulu y changer, quelques mo- difications qu'aient pu apporter dans mon appréciation des hommes et des choses de cette époque les événements terribles qui ont suivi : y toucher m'enlèverait le droit de dire que cette histoire a été faite en dehors de toute influence ; elle doit au contraire avec ses dé- fauts et ses qualités rester l'expression du moment pendant lequel elle a été écrite.

F. M.

Orléan.', imp. de G. Jacob, cloîlre Saint-Etienne, 4.

tT2T5*^ ^IRMIN MAILLARD

HISTOIRE

DES

JOURNAUX

PlJBLIÉI§i A PARIS

PENDANT LE SIÈGE

ET SOUS LA COMMUNE U septembre 1870 au 28 mai 1871

PARIS

E. DENTU, LIBRAIRE-ÉDITEUR

PALAIS-ROYAL, 17 ET 19, (lALERIE D'ORLÉANS

1871

Tons droits réservés.

z

zno flzi

L'histoire des journaux publiés pendant le Siège de Paris et sous la Commune est à coup sûr un des côtés les plus intéressants de ces temps malheureux dont elle représente pour ainsi dire un des aspects psychologiques. J'ai écrit cette histoire en dehors de toute influence d'opinion et de personne : mon but a été de donner ce que MM, les Prussiens appelleraient volontiers la caractéristique de chaque journal. Je me suis efforcé d'être impartial et de rester le témoin calme et froid de ce qui se passait sous mes yeux; et si je n'ai pas toujours réussi, c'est que je ne suis pas mort et que je n'ai jamais rien fait

1.

VI

pour arriver à celle sainte insensibilité tant vantée par l'Église..., Ceux qui me connaissent savent que fai toujours été de bonne foi. Cela suffit.

FiRMTN Maillard.

Paris, 20 juin 181i.

HISTOIRE

DES JOURNAUX

PUBLIÉS A PARIS

PENDANT LE SIÈGE ET SOUS LA COMMUNE

4 septembre 1870 au 28 mai 1871

çaise et universelle, journal fondé le 4 septembre 1870. Rédacteur en chef : Armand Lévy.

Ce journal de couleur foncée, et dont la devise était : Unio7i dans la résistance à outrance, a demandé la mise en accusation de Napoléon III et de ses complices. (( Il est indispensable, disait-il, de mettre entre la nation française et la dynastie des Bonaparte le même abîme qui fut mis, en 1793, entre la France de nos pères et la dynastie capétienne. » La République, du reste, doit prouver par la vigueur de son bras qu'elle veut vivre, qu'elle sait commander, et peut seule sau- ver la France.

Organe de la défense à outrance, le Patriote ne

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voyait pour la France, en dehors de la victoire, que honte, démembrement et ruine. Ce journal est mort le 28 septembre, après avoir vécu un peu moins d'un mois. A reparu sous la Commune.

M. Armand Lévy est le président du Club de l'École de Médecine; il a été rédacteur du journal Les Émeu-

tiers (1849) et mais laissons-lui la parole : « Des

milliers d'ouvriers le savent, je suis l'un des vétérans de la classe ouvrière ; en 1848, je fus l'un des promo- teurs du socialisme, et sous l'Empire, malgré la dureté des temps, je réussis à créer un terrain légal d'ac- tion. »

Un homme habile, comme vous voyez.

Collaborateurs : A. Hubbard, ex-rédacteur de V Ai- mable faubourien, journal des gens honnêtes (1849), Hubbard, du Complot de l'Opérâ-Comique, actuelle- ment conseiller d'État; Ladislas Mickiev^icz, dans lequel j'ai cru trouver un peu de messianisme, à pro- pos de la lettre du peintre Courbet, demandant au gouvernement l'autorisation de « déboulonner » la colonne Vendôme et de supprimer certains noms de rue rappelant les victoires de l'Empire. On sait, du reste, que le célèbre poète polonais Adam Mickiewicz s'était fait l'apôtre d'une nouvelle religion fondée par André Towianski,le messianisme, dont une des bases fondamentales était le culte de Napoléon.

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LA RÉPUBLIQUE. Moniteur de la garde na- ^^onale et de la garde mobile. 1, -4 septembre 1870. ^P Cette feuille a paru le jour de la proclamation de la République, mais elle existait avant sous un autre titre, ainsi que l'indique Ten-tête de son feuilleton : Feuilleton de la Gazette de la guerre, deuxième partie. Suite.

Déjà en 1848, le soir même du 24 février, parais- sait la République, du citoyen Eugène Bareste. Il y a des gens auxquels l'enthousiasme ne fait jamais per- dre de vue le côté pratique des choses.

Le Bareste de cette nouvelle République est M. Julien Lemer.

A part V Histoire du 2 décembre, cette préface d'un livre de l'Anglais Kinglake sur la guerre de Cri- mée, livre peu coniyi en France, je n'ai rien vu de remarquable dans cette petite feuille qui vécut peu.

L'EUROPE LIBRE. Journal des États-Unis d'Europe. N^ 1, 7 septembre 1870. (V. la France ré- publicaine.)

LA PATRIE EN DANGER. Journal poli- tique quotidien. N^ 1, 7 septembre 1870(20 fructidor 78). Rédacteur en chef: A. Blanqui.

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Les rédacteurs de cette feuille offrent leur concours le plus énergique, le plus absolu, sans aucune réserve, au gouvernement provisoire, à la seule condition, toutefois, que celui-ci « maintienne quand même la République et s'ensevelisse avec eux sous les ruines de Paris, plutôt que de signer le déshonneur et le démembrement de la France. » Plus de partis, plus de nuances en face de l'ennemi : « Maudit soit celui qui, à l'heure suprême nous touchons, pourrait conserver une préoccupation personnelle, une arrière- pensée, quelle qu'elle fût ! »

Cet heureux accord dure peu ; le 19 septembre la rupture a lieu. « Qui a failli le premier aux conditions de l'alliance? » Et Blanqui reprend une aune toutes les fautes du gouvernement de la défense. Il l'accuse d'indécision, d'inertie, d'avoir plus peur du Parisien que du Prussien.... (la liste grandira vite) et termine en disant que les républicains veulent l'union pour le salut, mais non pour la ruine de la Répubhque. A la publication du décret du 16 septembre, qui fixe les élections municipales au 25 du même mois et les élec- tions législatives au 2 octobre, Blanqui s'écrie : « Le comité de défense nationale a failli à tous ses devoirs ; il ne défend pas le pays, il le livre à la Prusse. Il est frappé de déchéance; il doit disparaître. » Là-dessus, il demande aux 600,000 baïonnettes « qui sont au- jourd'hui toute la France, concentrée dans Paris, et qui ont seules le droit d'exprimer la volonté nationale, »

11 d'élire un gouvernement de neuf membres, une dic- tature de la guerre, chargée de combattre à outrance.

Les baïonnettes ne bougeant pas, second appel plus pressant à la date du 21 septembre.

Mais il y a baïonnettes et baïonnettes, comme il y a fagots et fagots : plusieurs officiers de la mobile en- vahissent l'imprimerie de la Patrie en danger, et pour montrer au citoyen Blanqui que leur façon de com- prendre la liberté est bien supérieure à la sienne, arrêtent sans mandat, sans en avoir reçu l'ordre, plusieurs rédacteurs qu'ils entraînent au miheu de soldats à l'Hôtel-de-Ville, cependant les membres du gouvernement les font mettre en liberté, après avoir féUcité, je le suppose. Messieurs de la mobile.

Dame! je n'ai vu nulle part que ces Messieurs aient été inquiétés pour violation de domicile, arres- tation illégale, etc.

Après la journée du 8 octobre, quelques groupes stationnent devant les bureaux du journal et semblent prêts à faire un mauvais parti aux rédacteurs de la Patrie en danger qui, exaspérés, s'écrient : « Nous avertissons les agents de Kératry qu'ils jouent gros jeu et que, livrés par un pouvoir sans pudeur, nous sau- rons faire respecter notre journal et nos personnes. »

Ah! l'existence était loin d'être douce à la Patrie en danger!

Après la journée du 31 octobre, qui procure un numéro un seul de bonheur et de douce illusion

12 à ce malheureux journal (car il crut à la Commune de six heures du soir à quatre heures du matin), ses rédacteurs prennent peu à peu et un à un le chemin hien connu do la Conciergerie, et le 8 décembre la Patrie en danger, qui a vécu de haines et de violences, entourée de périls et de misères, s'éteint mélancoli- quement au miUeu des colères et des imprécations de tous les partis.

« La Patrie en danger cesse de paraître. Nous dirons franchement pourquoi : les ressources nous manquent. Malgré la plus stricte économie, malgré la gratuité absolue de la rédaction, le journal n'arrive pas à faire ses frais. Le déficit est peu de chose, mais il suffit quand on est pauvre. Nous regrettons amèrement que cette nécessité survienne au moment chacun doit lutter de ses derniers efforts. 5)

Certains confrères trépignèrent de joie sur les cen- dres de la défunte ; d'autres, comme le Réveil^ se con- tentèrent d'insérer sans réflexion ce billet de faire part; le Combat versa une larme sur « son vail- lant frère d'armes » mort sous les drapeaux, et la Ré- sistance ressentit une vive douleur de la perte de la Patrie en danger, « cet organe unique de la démo- cratie exaspérée. ï>

A part les articles de Blanqui, du citoyen Tridou, l'auteur d'une brochure intitulée les Hébertistes, dans laquelle il glorifie Momoro, Santerre, Maillard, Rossi- gnol, Hébert, etc., disant de Vliébertisme : « C'est le

lâ- chant de l'avenir, l'hymne du chaos fécond d'où va sortir le monde, » hrochure qui le fit condamner sous l'Empire à quatre mois de prison; à part quelques articles du citoyen Régnard, ex-rédacteur de la Libre pensée, de V Excommunié, du Réprouvé, etc., et auteur d'un ouvrage remarquable intitulé : Essais d'histoire et de critique scientifiques, la Patrie en danger était assez pauvrement rédigée.

N'y cherchez pas l'esprit, l'ironie, les traits fine- ment acérés, et ceci soit dit en passant pour tous les journaux qui s'adressent aux partis extrêmes, la raillerie, le ridicule, belles armes, ma foi ! il leur en faut de plus fortement trempées. Aigris, soupçon- neux, irritables, ils sont froids et monotones dans leurs colères et leurs menaces renouvelées sans cesse ; mais ils parlent au peuple, avide d'émotions fortes et rapides, le langage qui lui plaît. Ce ne sont pas des enthousiastes ; ce sont des fanatiques, et le peuple aime à suivre les gens qui apportent au triomphe de ce qu'il croit être sa cause une fureur aveugle et une opiniâtreté infatigable.

Le style de Blanqui est vraiment le type du style révolutionnaire; c'est clair et froid comme l'acier, un peu déclamatoire, mais brûlant comme la^ glace : « Us courent nos plaines fertiles, ces hommes aux longues tripes, aux pieds plats, aux mains de singes, qui se prétendent l'élite du genre humain, qui n'en ont ja- mais été que le fléau et qui viennent pour nous refouler

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u iiiille ans en arrière, dans les brouillards ténébreux de la Baltique. Oh ! vous, la grande race de la Médi- terranée, la race aux formes fines et délicates, l'idéal de notre espèce, vous qui avez couvé, fait éclore et triompher toutes les généreuses aspirations, debout pour le dernier combat, debout pour exterminer les hordes bestiales de la nuit, les tribus zélandaises qui viennent s'accroupir et digérer sur les ruines de l'hu- manité! »

Derrière le maître... les autres, les néo-jacobins, qui élèvent la violence jusqu'à l'épilepsie.

Et c'est le citoyen Brideau, ex-condamné à mort dans l'affaire de la Villette, qui, après avoir traité un des rédacteurs de la Gazette de France de bonhomme usé jusqu'à la corde, vieux, cassé, ratatiné, bossu au physique comme au moral, vieillard raboteux et es- carpé, s'écrie, emporté par le lyrisme de la situation : « Ecoute, Escande, vieux ramolli, continue à gratter ta cervelle avec tes ongles de hibou. Calomnie, hurle, mords si tu peux; mens, puisque tu ne peux pas faire autrement. Mais tes jours sont comptés, mon bon- homme, et il ne restera bientôt plus de ta plate per- sonne qu'un squelette étrange et contrefait, qu'un descendant de Guvier, dans cent ans, prendra pour les restes d'un vieux singe. »

. Et c'est le citoyen Gois, compromis dans le fameux complot Dupont, Villeneuve, etc., qui veut que toute personne osant parler de paix soit arrêtée; que toutes

15 - les églises soient fermées et affectées à des destina- tions révolutionnaires (greniers, clubs, etc.); que tout citoyen ne sorte qu'armé (revolver, poignard, baïon- nette même, tout est bon) ; que tout citoyen con- naissant la cachette ou Fenfouissement de matières précieuses, monnaies d'or et d'argent, le dénonce à la municipalité; que clïaque maison ait à sa porte un écriteau indiquant les nom, âge et profession de toutes les personnes qui l'habitent, et enfin (l'idée est assez drôlement exprimée) que les prêtres soient armés, menés au feu et « placés devant les patriotes, dans les positions les plus périlleuses. Nous leur ré- servons la plus belle tâche; qu'ils soient martyrs; ils iront au ciel, ce sera leur récompense. Nous qui n'y croyons pas, nous demandons qu'ils meurent avant nous, qu'ils servent de cuirasse aux pères de fa- mille, etc. »

La Patrie en danger avait aussi son poète, le vieux Lachambeaudie :

Hélas ! je ne suis ni Tyrtée, Ni Rouget, le poète aux chants inspirateurs; Je n'ai pour la France attristée Que des accents consolateurs.

dont elle pubha une douzaine de fables.

Parmi les collaborateurs de ce journal, citons en courant WS\. pardon les citoyens A. Breuillé;

- 16 L. Levraud; II. Verlet, délégué parisien au contre- concile de Naples et auteur d'une brochure : le Peuple et la Révolulion, l'Athéisme et l'Être suprême; A. GouUé; E. Villeneuve; E. Decroix; Chêdame; A. Humbert, dont un journal réactionnaire disait qu'il deviendrait un orateur si ça durait longtemps ça vou- lait signifier les agitations de l'année 1869; L. Yir- telly ; G. Bonis ; Dillon-Kavanagh ; Jacqueline ; Saillard ; R. Lafagette ; Léon Lebéhot : celui-ci fut accusé carré- ment par un autre collaborateur du journal, Raoul Rigault, ex-commissaire de police spécial de la Répu- blique de 1870, d'être de la police et d'avoir rédigé des rapports sous le nom de Noël; E. Maréchal; G. De- lyon; le docteur Lacambre, vice-président de la Société centrale républicaine de 1848 ; M. Vuillaume; A. Ga- ris; la citoyenne Adèle Esquiros; G. Millot; E. Dereux ; X. Sauriac, auteur à'un Système d'organisation sociale^ d'une tragédie sociale, la Mort de Jésus, et d'une con- versation non moins sociale avec un étudiant en droit du nom de Chauvot, conversation qui le rendit un instant célèbre, bien que très-ennuyé, alors que la République de 484-8 l'avait envoyé comme commis- saire à Montauban; H. Éventin ; Morban; II. Rauer; etc., etc.

LA DÉFENSE NATIONALE. Journal quo-

- 17 tidien. N^ 1, 8 septembre 1870. Gérant: J. Troussât.

Il entre dans l'arène avec les vers de Casimir Dela- vigne :

Réveilk-toi, France opprimée! On te crut morte, et tu dormais,

et ceux de Joseph Chénier :

La République nous appelle.

Ce premier et unique numéro est assez pâle; il s'associe <( aux grandes et généreuses idées » émises dans la fameuse circulaire de J. Favre et rend publi- quement hommage « au patriote » qui Ta conçue et écrite.

Il dit aussi que la proclamation de la République en France « est le mot d'ordre sublime donné au monde pour se délivrer des tyrans » et crie : « Vive la République ! »

Mais qui ne criait pas à Paris, le 8 septembre : <f Vive la République! »

LA COMMUNE DE PARIS. Liberté, Droit, Justice. No 1, 10 septembre 1870. Gérant : Dar- daux.

- 18 -

N'a eu quo trois numéros, mais en a profité pour faire au gouvernement provisoire une singulière pro- position, celle d'adjoindre, au parlementaire français chargé de répondre au premier parlementaire prus- sien se présentant devant Paris, deux ou trois mem- bres de V Internationale ou de la Commune de Paris, « parce que nous avons la certitude que notre inter- vention produira un puissant effet pour le salut de la patrie. »

Vous voyez d'ici les onze nez de la défense natio- nale ! Et la Commune de Paris ajoutait : « Repousser notre proposition serait une faute politique, un crime de lèse-nationalité. »

Les citoyens de la Commune de Paris croyaient si bien à l'acceptation de cette avantageuse proposition qu'ils firent immédiatement appel aux membres de X Internationale sachant parler allemand.

Collaborateurs : E. Châtelain, secrétaire du Comité central des vingt arrondissements et membre de la commission de la Ligue républicaine de la défense na- tionale à outrance; Magot; A. Goullé; E. Grillet; L. Renucci, collaborateur de la Libre pensée, condamné en 4853 à trois ans de prison pour société secrète (affaire des Vrais vengeurs de la démocratie de Dijon).

19 -

LA REVENDICATION. Journal des amis de la Constitution de i79S. N^ 1, 40 septembre 1870. Rédacteur en chef : A. Mancel.

Ce journal était loin d'être une œuvre de spécula- tion, car en tête de son premier et unique numéro s'étalent ces mots : pas. de vente au numéro, et nulle part on ne trouve trace de bureaux ou d'abonnements.

C'est un bon exemple qu'on peut offrir aux autres feuilles, avec la certitude que ce fait isolé restera un bon exemple, c'est-à-dire : un fait isolé.

Ce numéro est consacré presque en entier à la re- production du Procès -verbal de la fête de V inaugu- ration de la Réjmblique française, le iO août il 93, procès -verbal imprimé par ordre de la Convention nationale. « Le plébiscite est la pierre de touche de la société, » dit M. Mancel; et il ajoute avec raison que le plébiscite n'est bon, réel et valable qu'autant qu'il reconnaît la République et les Droits de l'homme qui sont au-dessus du suffrage universel.

Ce procès-verbal est suivi d'extraits des ouvrages de MM. Laponneraye et Hamel au sujet de l'attentat du 9 thermidor, et de l'épouvantable terreur que firent peser sur la France les 7nodérés, des Foucher, des Tallien, des Fréron, des Courtois, des gens qu'on appellerait malheureusement encore aujourd'hui, dans la langue politique, des honnêtes gens, ou mieux des gens bien pensant, et dont la modération sera toujours la f?îême.

- 20 - M. A. iMancel, petit-lils du général Gay de Vernon, était, en 184-8, directeur général de la Sécurité com- merciale, membre de la Société de la République cen- trale, candidat à l'Assemblée constituante ; il est l'au- teur de différents écrits politiques : Principes du droit politique; la Revendication de V obligation de décréter immédiatement la mise en vigueur de la Constitution votée par toute la France en l'année 1793, etc.

LE PEUPLE SOUVERAIN. Indépendance nationale et République. N^ 1, iO septembre 1870. Rédacteur en chef : P. Duprat.

Ce journal veut être a le tocsin des résistances na- tionales, » estimant qu'en présence de l'invasion c'est le seul rôle possible pour les journaux qui veulent sauver la patrie; il termine ainsi sa profession de foi : (( 0 Paris... nous allons te purifier au feu des batailles, et si le salut public demande que tu périsses, nous te promettons des funérailles qui feront jus- qu'à la fm des siècles la stupeur et l'admiration du monde. »

Ces fières paroles sont signées Pascal Duprat, qui probablement alors ne pensait pas devoir quitter Paris quelques jours plus tard pour aller mettre son influence dans le Midi au service de la République ;

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21 -

n'est qu'au moment de mourir que le Peuple sou-

ain fit l'aveu de ce départ patriotique. Grand défenseur de Jules Favre, le Peuple souve- rain approuve sans réticence la démarche du célèbre orateur auprès de Bismark et déclare que l'abnéga- tion qu'il a montrée en cette affaire restera « l'un de ses plus beaux titres d'honneur ; » mais en revanche, il blâme la mission de M. Thiers. Le 20 septembre, il est pour la nomination d'une Constituante, et, voyant le gouvernement parler de laisser au peuple la cons- titution de la municipahté, il opine du bonnet, mais insiste sur ce point : c'est que cette magistrature ne créera aucun obstacle au gouvernement, et surtout qu'au point de vue politique elle ne cherchera pas à s'emparer de la conduite des affaires.

Puis, peu à peu (Pascal Duprat parti), le Peuple souverain penche du côté il doit tomber : cette nécessité de constituer à Paris une municipalité s'im- pose, etc.; cependant il ne veut pas encore d'une « nouvelle Commune. » Le 6 octobre (Pascal Du- prat n'étant pas revenu) il est sur la pente et s'écrie : Nous élevons contre vous le soupçon d'incapacité, gou- rernants imprudents et pusillanimes, etc.; il veut les faire assister par une municipalité qui les embrasera de la sainte fureur du patriotisme.

Le 7 octobre (Pascal Duprat de plus en plus parti), le Peuple souverain se livre à l'invocation : « 0 vous, Danton, Lebas, Billaud-Varennes, Robespierre, Saint-

Just, apprenez-leur comment le Comité de salut public faisait trembler les traîtres, terrifiait les rois et chas- sait l'étranger, et dites-leur de commettre, s'il le faut, des crimes, mais de sauver la patrie. »

Cette fois, M. X. Trébois, que l'attitude du Peuple souverain, inquiétait depuis quelque temps, s'empresse de le quitter, ne pouvant « s'associer à cette attitude, » ce que regrette, je ne sais trop pourquoi, le Peuple souverain « d'autant plus qu'il ne s'explique pas bien les motifs auxquels M. Trébois a obéi. »

Enfin arrive le 12 octobre, et le Peuple souverain, qui, peu auparavant, avait déclaré que sa collection serait plus tard l'histoire la plus complète du siège de Paris, se voyant décidément très-malade, toujours par suite de ce fatal départ de M. Duprat {frivé depuis longtemps de toutes communications avec notre rédacteur en chef, nous croyons devoir suspendrela publication du « Peuple souverain » vous voyez bien !), rentre tranquillement dans l'éternelle nuit.

Ce journal, en mourant, fit un testament par lequel il laissa sa caisse. . . que dis-je ? il laissa en héritage au journal le Tribun du peuple... sa ligne politi- que (!).

Maintenant, si vous voulez savoir la vérité vraie sur le départ de M. Pascal Duprat, la voici (la logique et le bon sens en sont garants) : prévoyant qu'un jour ou l'autre le citoyen Vallès finirait par devenir maire d'un arrondissement quelconque, et ne sachant ni le

23 - temps que durerait son administration, ni sur quel heureux arrondissement elle répandrait ses bienfaits, M. Pascal Duprat pouvant être son administré, aurait préféré aller faire un tour que de risquer la partie. On se rappelle que le citoyen A^ allés consacrait à M. Duprat, il y a quelques mois, dans son journal la Rue, un article dans lequel il raconte que, regardant passer une bande d'insurgés de Juin condamnés à la déportation, un quidam lui aurait dit : « Enfant, si jamais tu rencontres sur ta route, plus tard, un hom- me qui s'appelle Pascal Duprat, maudis-le 1 Dénonce- le aux veuves, fais-le fouetter par les orphehns, les femmes et les fils de ces transportés. C'est lui qui a crié le soir de la bataille : « Paris sous le sabre. (( Chargez les fusils, tuez la canaille î » Retiens son nom ! »

Comme Vallès, je connais l'histoire de 1848 et sais ce qu'a fait et n'a pas fait M. Pascal Duprat; ce- pendant j'ajouterai ce que ne dit pas Vallès, c'est que M. Duprat fut rédacteur de la Réforme, de la Politique du peuple, de la Revue indépendante de P. Leroux, J. Reynaud, etc., collaborateur de Lamennais au Peuple constituant, et qu'après vingt ans d'exil supportés vaillamment, l'âme haute, il a rapporté un ouvrage intitulé : Les Révolutions, livre tout animé du souffle d'un libérahsme éloquent et élevé.

Collaborateurs du Peuple souverain : MM. V. Gour-

_ 24 nay ; Gellion-Danglar ; V. Dictys ; E. Vauqueliii ; P. Martine ; B. Buisson ; L. Ducray, etc.

LE SALUT PUBLIC. 1, Il septembre 1870. Rédacteur en clief : G. Richard ; dessinateur en chef : F. Régamey,

Sentinelle avancée de la cause républicaine, voilà ce que ce journal veut être avec la plume et le crayon... « Et si notre format modeste, qui pourra s'agrandir avec le temps, ne nous donne pas l'autorité des grands journaux, il n'ôte rien à notre patriotisme et à la sin- cérité de nos convictions : la République sauvera la France ! »

Et, en effet, le Salut public donne un dessin de M. Régamey représentant une grande femme laide, coiffée d'un bonnet phrygien et appuyée sur la pique de nos pères ; cette femme soutient la France, qui, sous les traits d'une femme délicate et blessée, mais aussi laide que l'autre, n'a plus à la main qu'un tronçon d'épée. Au bas de cette allégorie : La Répu- blique sauvera la France ! Espérons-le.

Ce journal, qui n'a eu qu'un numéro, prétend que le 4 septembre M. Gabriel Hugelmann personnage i assez connu pour qu'il n'y ait besoin d'accoler à son nom aucune épithète a, la main dans la main d'uni

~ 25 rédacteur du Réveil, crié avec énergie : « Vive la Répu- blique ! »

De M. Hugelmann, la chose ne m'étonne nullement : au contraire. Mais c'est ce rédacteur du Réveil qui la main dans la main. . . .

Enfin, c'est le Salut public qui le dit.

I

I

LE MONITEUR DE LA GARDE NATIO- NALE MOBILE ET SÉDENTAIRE. Messa- ger de la ville et des camps. N<* 1, 11 septembre 1870. Administrateur-gérant : L.-E. Robert.

Le titre explique le but que ce journal se propo- sait d'atteindre.

Demandait l'incorporation dans l'armée des mem- bres des congrégations religieuses : « Lorsque la famille sacrifie ses plus chères affections pour défen- dre la patrie, pourquoi laisser toute cette jeunesse inactive à la joie de ses contemplations bibliques ? » Demandait aussi la prorogation des échéances et la cessation immédiate des poursuites commerciales; (( sinon les agissements de certains huissiers et de leur

I cohorte amèneront forcément des vides dans nos rangs. » Ce journal croyait à l'amour de la patrie et à bien d'autres vertus des membres du gouvernement provi-

soire ; mais... (il y a un mais) il les engageait à prendre pour guide l'énergie.

Le 11 septembre, déjà î

N'a eu qu'un numéro, son administrateur-gérant, M. Robert, chargé d'une mission spéciale par le gou- vernement de la défense nationale, étant parti à bord du ballon le Denis-Papin.

LE RÉPUBLICAIN. Journal quotidien. N^ 1 , 15 septembre 1870. Rédacteur en chef: E. Lam- bry.

Papier couleur chamois, opinion de teinte plus chargée ; n'a guère eu que deux numéros sur lesquels il me paraît impossible de le juger, tant ils sont insi- gnifiants.

Avec la candeur de sa grande jeunesse, ce journal ne croyait pas à l'indifférence des peuples « nos obli- gés; » il les appelait à la rescousse : « Mais, encore une fois, qu'ils accourent au plus tôt. Paris n'a pas le temps d'attendre ; il est impatient d'en finir. Une heure encore, et l'heure des résolutions décisives et des refus hautains sera sonnée. Vouloir le secourir alors, ce serait l'humilier. l\ n'acceptera plus que l'écroulement; un écroulement gigantesque, terrible, poignant; quelque chose d'énorme, comme si l'àme du monde s'en allait. »

I

27 Collaborateurs : Ch. Tabaraud ; Corneille Verdhurt; Al. Charausad; G. Féri.

LE COMBAT. !> 1, 16 septembre 4870. Directeur politique : Félix Pyat.

Ce journal paraît encadré d'un filet noir; il s'ap- pelle aujourd'hui le Combat; demain il s'appellera le Travail. « Aujourd'hui l'arme, demain l'outil! le sol avant la gerbe ! la patrie avant la vie ! la France avant tout! Même cri que nos pères : la France ou la mort! » Et plus loin : « Après la victoire, nous quitterons le deuil, nous cesserons le feu... et nous reprendrons l'outil, en gardant le fusil. »

Dès le 19 septembre, il entre en lutte avec l'Hôtel- de-Yille et dit au peuple qu'entre 92 et 1814, il n'a choisi ni l'un ni l'autre : « de 92, tu n'as pas la Com- mune révolutionnaire ni le peuple armé. »

Le 25 septembre, il insiste sur la question de la Commune, la Commune de Paris qu'il appelle la fille de Danton, la mère de l'audace, la grande redoutée des rois, l'amie des peuples, etc. Le 3 octobre, c'est la Commune ou la mort! « Nous la voulons,' nous l'aurons avec ou sans vous. Sains populi suprema lex... et, s'il le faut, contre vous. »

C'est net et carré. Si le 8 octobre eût amené la Com-

- n imine, les imprécations du Combat se seraient chan- gées en cantiques d'actions de grâce, et comme le vieux Siméon à Dieu, Félix Pyat eût dit au peuple : « Seigneur, j'ai vu ton salut; maintenant congédie ton serviteur. » En attendant, et voyant que le comité d'artillerie n'a pas fait fondre un seul canon depuis un mois, le Combat, rendant au peuple ce qui lui vient du peuple, donne 5,000 fr. pour un canon, le- quel devra naturellement s'appeler la Comm^une. Et il s'écrie : « Il ne sortira pas un Prussien de France sain et sauf, si le gouvernement sort de l'Hôtel-de- Ville et fait place à la Commune. »

Le 28 octobre, il publie son fameux entrefilet (fait vrai, sûr et certain) sur la trahison de Bazaine et la capitulation de Metz.

Des citoyens bien pensants et amis d'une sage liberté se précipitent sur les kiosques du boulevard, s'empa- rent des exemplaires du Combat, en font des auto- da-fé et hurlent autour, affirmant sur leur foi répu- blicaine que Pyat n'est qu'un mouchard, qu'il est payé par la Prusse, et autres monstruosités de ce genre ; on envahit les bureaux du Combat, et toujours au nom de la liberté de ces particuUers on se livre à des violences indignes contre les rédacteurs de ce journal.

Le lendemain, Féfix Pyat déclare qu'iltient le fait de Flourens, qui lui a dit le tenir directement de Roche- fort. Sommé de s'expUquer, ce dernier nie énergique-

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ment, tout en insultant Félix Pyat de la façon la plus vive, oubliant qu'il l'avait prié jadis de recomman- der sa candidature, et qu'il avait voulu fonder un journal avec lui ; puis intervient Flourens qui « affirme » qu'en effet ce n'est pas Rochefort qui lui a annoncé la trahison de Bazaine et la capitulation de Metz, mais un citoyen attaché au gouvernement de la défense nationale citoyen qu'il ne nomme pas. Deux jours après, le même Flourens, en plein Hôtel-de-Ville, inter- pellé par le peuple, déclare que c'est bien Rochefort qui lui a donné la nouvelle.

Quelle pitoyable comédie !

En souvenir du Toast à la balle (petite balle de l'hu- manité, délivre-nous, etc.), le Combat ouvrit dans ses colonnes une souscription à cinq centimes « en vue d'offrir un fusil d'honneur (le Pacificateur) au combat- tant français qui touchera le roi de Prusse, » fusil sur lequel l'ouvrier Oudet (depuis adjoint à la mairie du XlXe arrondissement) fit une chanson :

La mitrailleuse tonne et gronde ; Guillaume a pris le ton moqueur. Si le Prussien était vainqueur, La nuit régnerait sur le monde. Que l'éclatante vérité Ferme à jamais son œil oblique ; Qu'il tonne pour la République» Le fusil de la liberté !

Ce fusil portera sur la crosse, gravés en lettres

3.

- 30 cVacier et entourés de branches de chêne et d'ohvier (la force et la paix), le nom du héros, les lieux et date de rhéroïsme, etc. La souscription fut close à 300 fr. (6,000 souscripteurs).

Le Combat n'était pas un journal mal fait; loin de ressembler à son confrère, la Patrie en danger, loin d'être sec et froid, il apportait à toutes les questions la passion, l'entraînement, une sorte d'exaltation qui est le fond du talent de son directeur politique. Félix Pyat y publia des articles pleins de verve, de souffle et d'excellent patriotisme; l'article En avant! du i^rd^. cembre est irréprochable.

Derrière l'homme politique on sent le httérateur, et il ne faut pas s'en plaindre; c'est à ce dernier que nous devons ce passage contre la Gazette de France

qui l'avait attaqué: « Mais je fmis de corriger

mes épreuves, et j'entends chanter le coq!.. Voici l'aube! c'est l'heure les spectres doivent rentrer dans leur tombe. Allez vous coucher, ma mie ! Si vous tardez, on pourrait vous arrêter, reconnaître sur votre linceul le sang de la France, et dans quelques-uns de ses pHs une bourse infâme, celle de Judas, pleine des deniers de la trahison... Oui, sous l'écu à la vache et le louis fleurdelisé, des frédérics et des geor- ges, l'or anglais et l'argent prussien, l'or de Quiberon et l'argent de Waterloo! A la tombe! allez! allez vous coucher en paix ! Yoici le jour ! Bonne nuit ! »

Et ce petit portrait pas flatté, par exemple de

I

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Gambetta : « Le Gambetta qu'on sait, boit, mange et dort avec son compatriote Macbiavel. Il l'a sous son chevet comme Alexandre avait Homère! Il le sait par cœur!., si on a un cœur quand on sait Machiavel. Ja- cobin à Belleville et girondin à Marseille, pour Marat à Paris et pour M. Thiers à Aix, sorte de Mirabeau poitrinaire, qui ne parle pas comme Mirabeau, sans doute, mais qui pourra mourir comme lui... et qui, à coup sûr, ne mourra pas comme Marat... avocat de la pure espèce, beau parleur, moins beau penseur et fort laid morahste, un irréconciliable assermenté, as- sermenté deux fois, comme député et comme avocat ! Voilà Gambetta! »

Puis çà et des mots très-fins : « Plébiscite ! je ne vous salue pas, vous êtes une vieille connaissance que je n'aime pas à revoir. Passez votre chemin, brave homme ! on vous a déjà donné. » ft^ A propos de M. Portalis et de sa retraite deVÉlec- Weîi7^ libre des frères Picard : « Il a compris que l'er- reur est humaine ; la persistance dans le mensonge ])\c3ir(le. Perseveraî^e Picardum^ etc., etc »

Le Combat est mort le 23 janvier, tué sur la place de l'Hôtel-de-A^ille par les balles des mobiles bretons.

Collaborateurs : G. Gérardin ; 11. Brissac ; M. La- châtre ; H. Ségoillot; 0. Delimal, collaborateur de Ilochefort à la Lanterne ; E. Clerc ; Gromier, de la Réforme (1870), qui, dans les dernières émeutes de l'Empire, reçut de la police un coup de revolver et

- 32 ~ vingt et un coups de casse-tete ; L. Constant; M. Treil- lard ; Ch.-L. Chassin, figure honnête, dévoûment infatigable à la cause républicaine ; Villaumé ; B. Ma- lon ; G. Duchene, Vex-coUaborateur de Proudhon, qui se retire dès le 8 octobre : le Combat « croit » que sa retraite fut causée par une divergence de moyens et non de fin ; en tout cas, voici ce que lui écrivit G. Duchene : « Il faut que la rédaction d'un journal, comme Pierre Petit, opère elle-même. Il n'y a à pren- dre du dehors que des faits, des nouvelles et non des articles. » Et F. Pyat ajoute : « Le Combat pense autrement. » G. Daubes ; docteur Wolfî; P. Denis, de la Rive fjauche et du Courrier français ; Sidney ; J. Troubat, l'ancien secrétaire de Sainte-Beuve : « J'étais fier, dit M. Troubat, dans son article sur la solde de la garde nationale, j'étais fier, je l'avoue, le premier jour de ces trente sous gagnés prolétairement, moi que la destinée, qu'on ne choisit point, a fait naître fils de bourgeois. » C'est toujours un renseignement bio- graphique ! C. Bias; MiUière; Maret; B. Gasti- neau, Tex-rédacteur du Journal des hommes libres (4849), transporté politique de 1852 et de 4858, au- teur de.... etc.; de plus, bien connu de la poUce im- périale, qui, l'arrêtant un jour au lit, et ne voulant pas le perdre de vue, l'obligea à changer de chemise devant elle; P. Capdeville ; E. Goupil; de Ponnat, qui signe : « commissaire de 'police nommé le iO octobre et destitué par décret du i2 novembre 1870; » de Pon-

- 33 - nat, dont plusieurs journaux publièrent, il y a trois ans, la lettre suivante :

« Le baron de Ponnat a la douleur de vous annoncer la perte cruelle qu'il vient de fijire dans la personne de sa fille cadette, mademoiselle de Ponnat, que la superstition a enfermée toute vive au noviciat de Conflans (Seine), pour la plus grande gloire de Dieu et des dames du Sacré- Cœur :

« Ecr.*. l'inf.-. « De Ponnat. »

LE BULLETIN DE LA MUNICIPALITÉ.

NM, 24 septembre 1870.

La municipalité de Paris y publiait chacun de ses actes et rendait compte au peuple de ce qu'elle a fait depuis qu'elle a pris possession de l'Hôtel-de-YiUe. Ce journal-placard, qui n'a pas vécu longtemps, était, m'a-t-on dit, rédigé par M. G. Guillemot, ancien ré- dacteur du Courrier francoAlalien, du Figaro, etc.

»LES NOUVELLES. N^l, 25 septembre 187.0. •Rédacteur en chef: F. de la Ponterie. Ce journal, journal de l'heure présente, se publie en quatre éditions : Nouvelles du matin, nouvelles de midi, nouvelles du jour 4 h.), nouvelles du soir.

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Très-informé, tellement informé que la plupart des fausses nouvelles sortaient de son officine. Les autres y recevaient un accueil fraternel ; néanmoins, bien fait et se vendant beaucoup.

« Nous saluons enfin (ce n'est pas sans quelque sur- prise que je rencontre cet adverbe sons laphime de M. de la Ponterie) la République. Dans l'épuisement des mo- narchies, elle vient prêter son nom et son drapeau à cette œuvre de résistance nationale qui glorifie son origine et doit garantir sa durée. »

Ce journal, qui s'est vivement élevé contre la mani- festation du 8 octobre et celle du 31, insinuait le 30 décembre que les communeux ou les communalistes (les deux se disent) pouvaient bien être des agents de la Prusse. Je n'aime point cette manière de faire la guerre à des adversaires politiques quels qu'ils soient... et c'est en réalité ce qu'il y a de plus prussien dans l'affaire.

Les Nouvelles, sans y être forcées, publiaient aussi des vers de temps en temps :

PARIS.

C'est qu'en effet, pendant l'orgie, On lui porta, pâle et sanglant, Le cadavre de la patrie Qui criait vengeance en râlant. Il fixa d'abord, l'œil atone, Ce cher visage... et tout à coup

'

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Rome devint Lacédémone, Et ses enfants furent debout.

\L F. de la Ponterie est un ancien rédacteur du journal Pa7is, de M. de Pêne, et du Figaro politique, il entra comme ténor. En lisant dans le journal Paris des articles signés F. de la Ponterie, M. de Yillemessant s'écria il l'imprima en tête de son journal : « Voilà un ténor qui entrera tôt ou tard au Figaro, et je lui promets un succès. »

tLE MONITEUR DE LA RÉPUBLIQUE. 0 1, 25 septembre 4870. Directeur : W. Rey- mond ; rédacteur en chef : L. Picard.

Ce journal devait dire comment l'armée « se rue » sur l'ennemi, comment la garde civique « se cram- ponne )) aux remparts ; il devait noter « les rugisse- ments des forts et les crépitements de la fusillade. » En somme, s'il eût vécu plus longtemps, il eût été c'est lui qui le dit un journal de combat ra- contant comment le peuple « se fait trouer la peau » pour sauver la République.

Et il n'y allait pas de plume morte ! En tête de son premier numéro s'étalaient en grandes capitales : LA GRANDE VICTOIRE D'HIER. 12 a 15,000 tués,

\

~ 36 10,000 BLESSÉS, 8 A 12,000 PRISONNIERS. ÉtAT-MAJOR PRUSSIEN PEUT-ÊTRE PRISONNIER.

Pourquoi ce peut-être, accès tardif de modestie, surtout quand il ajoute que M. E. Arago a crié à la foule, place Vendôme : 25,000 tués, 42 mitrailleuses, 36 canons et iO,000 prisonniers Mais ceci sous toutes réserves.

Je le crois bien : la grande victoire d'hier était sim- plement le combat de Yillejuif.

Le Moniteur de la République approuva tous les actes du gouvernement ; un seul lui parut excessif, celui qui interdisait aux crieurs de journaux l'annonce de nouvelles à sensation. Tout cela, cependant, ne l'empêche point d'obtenir du succès, à ce qu'il dit, et,- succès obligeant, de devenir un grand journal poli- tique « comme le Rappel, le Réveil ou la Cloche, » avec le concours d'écrivains distingués.

Et... et... le Mo7iiteiir de la République disparut de la circulation.

Pendant sa courte existence, il pubHa un dessin « du célèbre et populaire caricaturiste Randon, ce digne émule des Cham et des Daumier » (c'est Dau- mier qui n'a pas être content !); voici le sujet de cette ingénieuse composition : le roi Guillaume, sur un cheval de bois que pousse Bismark, présente à un défenseur de la patrie la note à payer. Celui-ci répond : « Eh bien ! mon bonhomme, tu n'as qu'à retourner ta note; tu tiens ma réponse derrière. » (Nota) : Pour

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~savoir le mot de V énigme y il faut ouvrir complètement le journal et regarder à travers le blanc qui se trouve à la 2^ i^ige.

A mon tour, je n'ai pas besoin de vous dire le mot de l'énigme, vous l'avez deviné si vous ne l'avez senti.

Complet en sept numéros, il n'y a pas eu de nu- méro 5. Je dis cela pour les collectionneurs.

LA FRANGE RÉPUBLICAINE. Journal politique. N^ 4, 27 septembre 1870. Rédacteur en chef: V. Dictys.

« Nous avons jugé opportun de concourir, nous aussi, à la défense nationale, en donnant à tous les paroles d'en- couragement qu'on aime à trouver dans les moments de crise. »

Cette feuille de haute insignifianqe et qui n'eut qu'un numéro sortait du même laboratoire que VEurope libre et la France nouvelle, pubhcations mortes à leur aurore. La France républicaine pubhait en feuilleton V Histoire des crimes de Napoléon III et de ses complices, auprès de laquelle les élucub rations du garibaldien Yindex sont des petits chefs-d'œuvre de style et de convenance.

38 - LES TABLETTES D'UN ASSIÉGÉ. NM,

1er octobre 1870.

Ces tablettes plutôt un livre qu'un journal pa- raissent chaque semaine; elles sont le résumé des réflexions d'un grenadier (cette publication est signée ainsi), réflexions souvent fort justes, quelquefois assez bizarres. Chacune de ces tablettes porte un titre : La France s'aguerrit, Moins d'agitation, la Question des femmes, sont les petits crevés? Si fêtais président, etc.

Au numéro 9 (Prussiens, vos femmes s'ennuient) le grenadier, qui voudrait bien voir les Prussiens chez eux, engage Guillaume-le-Grand à songer un peu à sa landwehr : « La landwehr, c'est à peu près la popu- lation virile des Etats de ce monarque; si durant un an cette population reste absente, la Prusse aura une génération de moins, et peut-être, ajouteront les mau- vais plaisants, la France une génération de plus... Toujours est-il que la Prusse agirait sagement en ren- voyant les soldats chez eux, faire des enfants, en un mot. »

Le grenadier aime beaucoup le général Trochu (âme de feu, intelligence lucide, parole nette, figure sympathique, etc.), qui, selon lui, n'est qu'un homme de transition, prêt à se démettre au premier jour ou à périr dans une émeute ; mais il aime encore plus M. Thiers, qu'il appelle un grand citoyen et auquel il consacre, sous ce titre, sa dixième tablette.

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LA VÉRITÉ. Journal politique quotidien. N^l, 6 octobre 1870. Rédacteur en chef: A. Edouard Portalis.

Ce journal ne s'est probablement appelé ainsi que pour forcer les frères Picard à déclarer que V Électeur libre n'a rien de commun avec la Yérité.

Une note un peu vive pour M. Arthur Picard apprend au public la cause de l'apparition de ce jour- nal : (( La rédaction de X Électeur libre, à l'exception de M. Arthur Picard, fonde un nouveau journal : La Yérité!,. Nous avions coopéré à la fondation de l'^- lecteur libre quotidien, à la condition expresse que M. Ernest Picard serait le directeur politique, et M. Edouard Portalis le rédacteur en chef de ce jour- nal; » mais M. Ernest Picard étant resté étranger à la direction de cette feuille, et un grand nombre de journaux donnant à M. Arthur Picard le titre de di- recteur politique, lui attribuant les articles et les opi- nions de ses collaborateurs, ceux-ci veulent à tout prix faire cesser ce malentendu désagréable pour eux (je le comprends); c'est pourquoi ils abandonnent Y Élec- teur libre et fondent un nouveau journal complète- ment étranger à M. Arthur Picard.

Ce jour-là, VÉlecteur libre, stupéfait de tant d'au- dace, ne paraît pas; mais le lendemain il est à son poste et fait de petites barricades d'où il se propose de tirer sur la Vérité dont il ne contredit pas, du reste, les

40 assertions, estimant que ce n'est pas le moment d'en- tretenir ses lecteurs de questions personnelles.

Le 8 act(Are, sous ce titre : Les financiers de ^ Élec- teur libre transformé, qu'elle appelle de plus en plus transformé, la Vérité porte une botte terrible au vrai Picard. Arthur, qui ne se sent pas de force avec M. Portalis, se tient coi, et Ernest garde la botte.

Le 11 octobre, la Vé7ité adjure certains confrères qui continuent à la confondre avec V Électeur libre de vouloir bien rectifier cette erreur et les supplie de ne plus la commettre à l'avenir. M. Arthur Picard, que cette note vexe de plus en plus, se décide à faire mar- cher sa grosse cavalerie et à faire une sortie, et le lendemain M. Ernest Picard demande à M. Portahsla permission de s'étonner et de désavouer cette note. (( Je ne puis laisser dire sans protestation (et Ernest regardait Arthur) que votre nouveau journal remplace

Y Électeur libre qui continue à paraître suivant son droit. T>

Mais le vrai Picard a affaire à un rude jouteur qui a bien vite trouvé le défaut du pare-balles. « Il ré- sulte donc de ce désaveu, répond M. Portalis, que

Y Électeur libre a reparu avec votre consentement; j'en prends acte. Les tribunaux décideront si vous étiez aussi étranger à la question d'intérêt que vous voulez bien le dire. Vous aviez pris vis-à-vis de moi et vis- à-vis du public l'engagement d'être le directeur de

Y Electeur libre; à cette condition j'avais consenti à

1^ —Pi-

ètre le bailleur de fonds et le rédacteur en chef de ce |ournal : reste à savoir si vous aviez le droit de substituer à votre direction celle de M. Arthur Pi- card. »

Et comme ces Messieufs sont gens du monde, cet change de propos désagréables ne les empêche pas e s'envoyer mutuellement l'assurance de leur consi- ération distinguée. Mais rien pour Arthur. Et la lutte continua sourdement. La Vérité approuva l'ajournement des élections unicipales à la levée du siège et engagea à voter oui. » C'est peut-être le seul journal qui donna de n « oui » une explication franche et nette : « Nous ngageons à voter a oui, » parce que n'ayant été ni ouvernés, ni commandés, ni secourus, nous en som- es réduits à désirer la paix; a oui, » parce que le seul moyen légitime que nous ayons de remettre le pouvoir entre des mains plus dignes, c'est d'élire une xVssemblée constituante; « oui » enfin, parce que pour élire une Assemblée constituante, il faut d'abord con- clure un armistice. »

Continue jusqu'au bout cette même politique, à la grande colère desjms un pouce de, etc.; le 8 novembre écrit : « On veut nous réduire au désespoir ; on n'y parviendra pas. Jusqu'au dernier jour, nous aurons espoir dans une solution pratique. Mis en demeure de choisir entre une bataille et des négociations, nous

4.

42 n'hésiterons jamais : nous choisirons les négociations. » Puis il reparle d'une Assemblée qu'il cherche à faire passer en l'appelant Assemblée de la défense natio- nale, et attaque violemment à ce sujet le gouverne- ment provisoire. Ce qu'il veut, il le dit bien et clai- rement : un général pour combattre ou un diplomate pour traiter (numéro du 1^^ janvier).

On prétend que la Vérité ne verrait pas avec trop de déplaisir un prince de la branche cadette... Mais pourquoi des suppositions?

La Vérité disait le 20 novembre : « Espérons que le gouvernement n'appartiendra plus jamais à per- sonne, » et le 22 du même mois se prononçait net- tement pour la République peut-être pas la vôtre, peut-être pas la mienne, mais enfm pour la Répu- blique.

n est donc de toute loyauté et de toute conve- nance de nous incliner devant ses affirmations et d'at- tendre.

J'allais oublier le 16 octobre, qui compte cepen- dant dans l'existence de la Vérité. Dans un numéro qui fit énormément de tapage, M. Portails adressait au gouvernement certaines questions auxquelles il le priait de répondre. Le gouvernement, qui n'aimait pas les questions (c'était son moindre défaut) et qui trouvait celles-ci tout particulièrement indiscrètes, y répondit impérialement en faisant arrêter M. Porta- lis : « Le gouvernement, qui se dit républicain, m'a

- ^3 arrêté lâchement et m'a traité en criminel de bas étage, pour avoir dit je me trompe pour avoir demandé la vérité. Je suis enfermé dans une cellule, à la place même était Troppmann, entre deux as- sassins. Yoilà comment la République traite les jour- nalistes. »

(Je ne sais pas si M. Arthur Picard devait s'amu- ser!)

Mis en liberté quelques jours plus tard, M. Portalis fit sa rentrée dans son journal par un excellent ar" ticle dans lequel je me rappelle avoir lu la promesse de raconter plus tard certains tripotages politiques ; et si M. Portalis a gardé le silence, c'est qu'en face de l'invasion il ne s'est pas senti le courage de décou- vrir parmi ses concitoyens un seul adversaire.

Tous les journaux protestèrent contre l'arrestation du rédacteur en chef de la Vérité; seul, VÉlecteiir libre... mais j'aime mieux cela, c'est au moins de la franchise.

Ce journal, certainement un des mieux faits parmi les feuilles dont nous racontons ici brièvement l'his- toire, a publié des documents très-intéressants pour l'historique du siège de Paris.

Pendant la Commune la Vérité joua double jeu et eut parfois une singulière attitude qu'expièrent à l'entrée des Versaillais, asse-z injustement ce me semble, les compositeurs de ce journal qui furent envoyés à Brest.

- 44 -

Aujourd'hui, M. Portalis réclame deux choses : la liberté de ses employés et l'établissement définitif de la République.

La Vérité a pour propriétaire M. de la Rochefou- cauld-Liancourt, et pour collaborateurs MM. Harold; Portalis; Marsillac (un très-bon Bulletin de la guerre); A. Desmouhns; A. Bitard; Ch. Buray; J. Le Pe- tit, etc.

LA POPULACE. Journal radical quotidien. No 1, 7 octobre 1870. Administrateur: Louis San- nier.

La populace parisienne ! . . . on se rappelle ce mot de Bismark à Jules Favre : « Nous relevons, s'écrie la rédaction du journal qui nous occupe, l'insulte du loup prussien; nous la relevons pour la clouer au pilori de l'histoire. Soit! nous sommes la populace parisienne, et nous prouverons aux mercenaires du moderne At- tila que parmi nous il rencontrera bientôt un Aétius ! La France sera pour l'armée prussienne un immense champ catalaunique ! »

Un avis annonçait qu'en cas de nouvelles impor- tantes, une seconde édition de la Populace serait mise en vente immédiatement.

Les nouvelles importantes ne manquèrent pas; mais, hélas! la Populace mourut à son deuxième

- 45 - numéro. Pendant cette courte existence, elle publia luie belle et bonne poésie d'Etienne Carjat : la Guerre!

Allons, la mère, ouvre la vieille armoire ; Fais prendre l'air à ta robe de deuil. Depuis cinq ans nous n'avions plus de gloire ; Il faui encor de la chair à cercueil.

Les rédacteurs anonymes de cette feuille étaient MM. G. Aymar et Le Guillois; Gustave Aymar, que M"^e Adèle Esquiros, dans un article plus que vif de la Patrie en danger, du 28 novembre, signale à la Société des gens de lettres, à propos des francs-tireurs de la presse : « L'être dont il s'agit, dit-elle, est un fort et solide réaliste, un bien portant, un des vi- veurs et des prédestinés du monde matériel. » Quant à M. Le Guillois, c'est un poète improvisateur, fon- dateur du Hanneton, journal des toqués, de les Pu- naises dans le beurre, journal hebdomadaire, etc.

L'IMPARTIAL. Par le trowpier Biyot, ami de Boquillon. (Sans date; a paru vers le 10 octobre.)

Il en faut pour tous les goûts, c'est vrai; mais écrit tout entier dans le style de l'ami Boquillon, ce journal était d'une lecture exaspérante. Çà et là, ce- pendant, quelques idées drôles.

- A6 A propos du FUSIL d'honneur offert par le Combat, le troupier Biyot pense à Judith et à Holopherne, dont il esquisse l'histoire à grands traits :

« Après avoir tenu conseil, ils ont décidé que Judith, qui était un beau brin de fille, elle irait conter des colles à Holopherne; qu'au besoin de la cause a pourrait rigoler avec i lui (des petites risées seulement); pas d'atteinte à la mo- j raie, pas d'atteinte aux mœurs surtout. Enfin Holopherne? qui était un peu soulard (comme Guillaume), s'y laissa prendre, si bien qu'un jour que Holopherne était dans son lit, soufflant comme un gros cochon, Judith, qui était... dans la rue, sur le trottoir, a y pris son sabre, a y coupa la tête qu'a mis dans son sac, et en chantant :

C'est ben fait, fallait pas qu'y aille.

« Judith a été canonisée par un pape pas infaïbe ; el ben, qu'aujourd'hui y se présente une Judith, et qu'elle er fasse autant à Guillaume, le diable m'enlève si le pape d'aujourd'hui, que infaïbe, y la canonise... i>

Malgré cela ou à cause de cela, Biyot est catho lique et d'un républicanisme douteux, bien qu'il sol pour la Commune; après avoir dit que le gouverna ment provisoire a de la besogne par-dessus la te! qu'il n'a le temps ni de manger, ni de boire, ni i dormir, il ajoute : « Eh, ben, y a des gens de bomi volonté qui l'y ont dit : Si tu veux, j'allons t'aido Non, qui répond, je veux faire tout tout seul.

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(( C'est pas raisonnable de sa part. »

Évidemment.

Cette feuille, dont je ne connais que deux numé- ros, me paraît étroitement liée à une manufacture de vêtements de la rue Turbigo.

LE MONITEUR DES GARDES NATIO- NALES^ No 4, 12 octobre 1870. Gérant : Le- monnyer.

Ce journal, qui devait rester étranger à toutes les vives passions politiques, voulait être le trait-d'union « reliant par la pensée et par le cœur » les membres épars de la garde nationale, cette grande famille dis- séminée sur tous les points du territoire et devenue l'armée de la France.

Certes, il y avait à faire un bon journal et une bonne affaire. Est mort à son quatrième numéro.

Dans un article fort sensé sur les manifestations, le Moniteur des Gardes nationales a très-bien répondu en peu de mots à M. John Lemoinne des Débats, qui, à propos de la manifestation du 8 octobre, s'était écrié : « A votre demande de terrorisme communiste, nous répondrons parla demande d'une dictature mi- litaire. ))

Allons, nous sommes encore loin de la liberté.

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LE TRIBUN DU PEUPLE. NM, 16 octobre 1870. Directeur-gérant: V. Simone! .

Ce journal qui avait hérité, nous l'avons dit plus haut, ae « la ligne politique » du Peuple souverain, déclare qu'il ne reculera devant aucun eiîort, devant aucun sacrifice pour assurer l'intégrité du territoire et sauvegarder l'honneur du pays ; il veut la Répu- blique « avec toutes ses conséquences politiques et sociales. » Voici sa devise : « Ni RépubHque bour- geoise, ni anarchie. »

L'iiéritage du Peuple souverain ne lui pesa pas longtemps ; plus vif, mieux fait que son prédécesseur, il aborda plus résolument et plus carrément les ques- tions politiques du moment ; sa hgne politique fut nette e't bien tranchée. Après la journée du 8 octobre, il persista à dire que le conseil municipal élu donnerait à la défense « l'énergique impulsion qui lui a jusqu'à présent fait défaut, » et le lendemain du 31 octobre, il s'écrie : Votons NON ! « parce que nous voulons chasser l'ennemi, sauver la France, fonder la Répu- blique, au lieu de conclure un traité qui, après avoir consommé l'abaissement de notre pays, nous livrerait pieds et poings liés à une restauration orléaniste. »

Le 14 novembre il publie cette élégie :

Le vent souffle place de Grève, Et des hommes d'Etat enlève Le beau serment.

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Serments et feuilles ! Tourbillonne, Valse de mort.... le vent d'automne Vient d'Orléans.

Gomme une cocotte phtliisique Voici mourir la République.

Parti fichu ! La pauvre dame, dans la lutte, Dégringolant de chute en chute,

Avait trop.... chu.

Il se prononça très-vivement aussi contre la convo- cation d'une assemblée : « Les assemblées sont peu pro- pres à conduire une nation qui traverse une crise mi- litaire. Nous avons été sauvés en 1792, non par la Convention, mais par le comité de salut public. »

Tout cela ne l'empêche pas d'avoir le mot pour rire et de fort aimer les cancans; aussi s'en donne-t- il à cœur joie sur M. llaussmann et Mesdemoiselles Roze et Francine Cellier. Puis il fait la guerre aux frères Picard, à l'adjoint Floquet, qu'il prend par sa corde sensible, l'écharpe : « Il y a dans les tiroirs une ou plusieurs écliarpes. Il y en a deux dans ses poches de derrière, une autour de sa ceinture ; il doit y en avoir une au fond de son chapeau. Quand M. Flo- quet a envie de se moucher, il tire régulièrement, au lieu de son mouchoir, l'insigne de ses fonctions. » Mais sa tète de Turc, c'est le général Trochu qu'il appelle tantôt Napoléon-Trochu, duc du Bourget, Tro-

Eu-le-Grand, Sa Tactique, Trochu de Sainte-Anne-

50 d'Auray ; il va même jusqu'à dire qu'il a mis la main sur le fameux p/«n, plan écrit tout entier de la main du général P. 0. Sclimitz :

MON PLAN.

Laisser entrer les Prussiens dans Paris , occuper les forts et bombarder V ennemi jusqu*à extinction.

Signé : 'ïv.oc.iw , Et plus bas :

P.O. SCHMITZ.

Et le siège n'a pas plus de quarante-trois jours (on trouvait déjà le temps long!) qu'il s'écrie : « Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à prendre patience et à mettre de côté tout espoir de voir jamais lever le siège de la capitale. Peut-être dans cent ans d'ici, nos arrière-neveux assisteront-ils au rétablissement des communications entre Paris et Versailles ; mais nous, à cette époque, nous serons depuis longtemps les fan- tômes dont parle le poète allemand, et tourbillonnant parles brouillards d'hiver au-dessus de la Seine, nous exécuterons le quadrille macabre du garde national trépassé. Ce sera un triste spectacle, et le pâtre du poète prussien sentira ses cheveux se hérisser sur sa tête en entendant, à travers les plaintes du vent, les Parisiens, morts d'ennui ou d'indigestion de semelles de bottes, maudire de leurs voix sépulcrales les len- teurs du général Trochu. »

51

Le 80<î jour du siège, désespérant de voir jamais la pointe d'un casque prussien, le Tinbun du peuple s'en alla paisiblement rejoindre le Peuple souverain, après deux mois de luttes et d'impatiences.

Ce journal avait pour collaborateurs MM. Debrige; L. Ducray; Perodeau; etc., et le poète Charles Woinez, l'auteur des Nationales, qui y publia de fort beaux vers intitulés VÉcueil :

Ainsi les nations éternisent leurs chaînes.

Ainsi je vais moi-même au courant de mes liaines,

Dans l'indignation de mon âme, poussant

Un long cri de fureur, de vengeance et de sang.

Et pourtant je me dis : L'Allemagne et la France

Sont deux nations sœurs d'idées et de souffrance.

Quand vous serrerez-vous la main, ô tristes sœurs,

Victimes de vos rois et de vos empereurs?

Nous avions Bonaparte, et vous avez Guillaume.

La France était empire, et la Prusse est royaume.

L'un vaut l'autre : César est le même partout,

Qu'il commande à Postdam ou gouverne à Saint-Cloud.

Ah ' peuples infectés du virus monarchique !

Quand appliquerez-vous le remède héroïque?

Quand, dans les pures eaux de la fraternité,

Pieferas-tu ton âme, ô pauvre humanité ?

LA DÉFENSE NATIONALE. Journal des intérêts de la patrie. 1, 19 octobre 1870.

- 52 - Directeur-gérant : Ch. Henry ; secrétaire de la rédac- tion : Ch. Virmaître, qui devint plus tard rédacteur en clicf, sous la gérance F. Cattelotte.

Très-enthousiaste de ce que le gouvernement a fait jusqu'au 49 octobre (il faudrait peut-être lire : aurait du faire), ce journal optimiste s'écriait : « Et c'est une poignée d'honnêtes gens, le gouvernement de la défense nationale, qui a accompli ce prodige; » et plus loin : « Demandons-nous si le cœur de Jules Favre qui est nôtre ne console pas de celui de Louis-Napo- léon qui appartient à l'étranger. » C'est une conso- lation, je le veux bien, et après ?

A son sous-titre : journal des intérêts de la patrie, il aurait ajouter ces mots : et de la répression à ou- trance. Son énergie est tout entière dirigée contre MM. Delescluze, Félix Pyat, etc.; il demande au gou- vernement de se faire respecter, de faire rentrer dans le droit commun ces gens sans aveu, de les frapper sans pitié, sans trêve ni merci. « La mansuétude serait de la faiblesse ; la rigueur prouve la force. »

Tirer dessus !... c'est évidemment ce que le jour- nal de la Défense nationale appelle faire rentrer dans le droit commun.

Cette feuille, assez pauvrement rédigée, n'en était pas moins lue tous les jours (c'est elle qui le dit; ce n'est pas moi, croyez-le bien) par les membres du corps diplomatique, et se trouvait chaque matin sur la table de MM. de Moltke et de Bismark ; aux avant-postes,

- 53 -

certains journaux font prime, un de ses rédacteurs assure l'avoir vu acheter 50 centimes (dix sous !) aussi cher que les Débats. Voici du reste la cote qu'il donne : 50 centimes, V Officiel, le Temps, les Débats, la Défense nationale et le Rappel; 40 centimes, \si Li- berté et la France ; 20 centimes, la Cloche, Paris-Jour- nal, le National, le Siècle, le Gaulois et le Figaro ; 15 centimes, le Combat; la Patrie en danger ne trouve d'acquéreur à aucun prix.

J'ai dit que la Défense nationale était pauvrement rédigée, exemple : ces deux dépêches c< ont été accueil- lies par la population comme elles le méritaient, avec la plus profonde indifférence, mais en revanche avec une grande indignation. Ch. Virmaître. »

Dans un article intitulé : Sommes-nous humiliés? et dans lequel son auteur soutient cette thèse ingé- nieuse que ce sont les Prussiens qui plus tard ne hront pas sans rougir le récit de leurs hauts faits, etc.: « Il leur a fallu deux générations pour en venir à faire, au rniUeu des préoccupations libérales du siècle, une irruption militaire qui ressemble à l'entrée d'un homme mal élevé dans un salon comme il faut. R. Desormes. » Etc.

Ce journal a eu le courage et il faut l'en féliciter, car ce qu'il a dit est vrai, très-vrai, les gens d'As- nières et de Colombes en savent quelque chose d'imprimer en gros caractères celte phrase : « Dans

5.

54 le 50e bataillon de la garde mobile et dans le 120^ de marche, il y a des voleurs. »

Collaborateurs: MM. F. de Lormes; A. Andréi; L. Cahun, de la Liberté et du Centre gauche; A. Ni- tot; L. Bouchu; G. Ghalaert; ,1. de Boisjolin, du Cent^-e ffauche; docteur Decaisne; E. d'Avray, etc.

LA SENTINELLE ARMÉE. Journal quoti- dien j socialiste, politique et industriel. N^ 1, 20 oc- tobre 1870.

N'a eu qu'un numéro.

LA LETTRE -JOURNAL. Gazette des ab- sents. N^l, 22 octobre 1870. Inventeur-rédacteur: D. Jouaust.

Cette petite feuille, imprimée sur papier jaune et ne pesant que le poids réglementaire, a d'abord paru deux fois la semaine, puis trois fois.

C'est une feuille de papier à lettre dont les deux premières pages contiennent le résumé des événe- ments de la semaine ; la troisième page est réservée à l'acheteur qui y écrit sa correspondance, le tout des- tiné à partir pour la province par ballon monté.

Cette idée était excellente; aussi donna-t-elle lieu

55 à une foule d'imitations plus ou moins réussies et contre lesquelles s'élève et tempête fort M. D. Jouaust, «ré- servant ses droits contre ceux qui croient pouvoir tirer profit d'une invention qui n'est pas la leur. »

La réunion complète de ces petites feuilles de tous papiers et de toutes couleurs très-volantes de leur nature, donnera de la tablature à MM. les collection- neurs — mes confrères. Ils en trouveront, dans la suite de ce petit travail, la nomenclature exacte.

LE DIMANCHE DE PARIS. Journal de la République et du droit pur devant la conscience hu- maine, du libre et franc 'parler envers et contre tous. No 1, 23 octobre 1870.- Rédacteur en cbef : César Boissier, inspecteur d'Académie honoraire.

Cet inspecteur, dont le nom figure treize fois dans le premier et unique numéro du Dimanche de Paris, déclare que, plus démocrate que Blanqui, plus socia- liste peut-être que Pyat^ il n'a pas attendu le 4 sep- tembre pour se convertir, et il cite ses relations avec M. Ténot du Siècle, ses visites à MM. Pelletan, Roche- fort, Ulbach, etc.; de plus^ il s'est offert un travail de seize heures par jour dans n'importe quel bureau ne l'effraie pas gratuitement au gouvernement provisoire, qui ne lui a rien répondu ; il a aussi en-

~ 56 - voyé des articles à la Marseillaise^ qui ne les a point insérés, etc. Bref, tout cela l'a rempli d'amertume, et, u faute d'un organe à vues assez larges pour ac- cepter son indépendance, » l'a décidé à fonder lui seul \e Dimanche de Paris... qui ne sera pas une boutique.

Il veut un effort général de virilité et de pur stoï- cisme « pour faire de chacun de nous un dieu, » et affirme qu'il n'est ni prêtre, ni roi, ni pape, ni em- pereur, ni diable, ni Dieu au-dessus de la personna- lité humaine ; que, quant à lui, « il ne courbe la tête ni ne fléchit le genou devant rien... Si quelqu'un est infaillible, je le suis autant que lui ; je suis Dieu s'il est Dieu, » etc.

Et patati et patata.

N'excelle pas dans le portrait à la plume :

Trociiu. Le courage, le désintéressement, l'honneur, la fermeté, la décision, la bravoure maîtresse d'elle-même, qui sait attendre :

Tu mnximus ille es Uaus qui nobis cunctando restituis rem.

J. Favre. L'éloquence, la probité, l'ardeur, le pa- triotisme, Télévation, la sensibilité, la grande et sympa- thique intelligence : Vir ho7iiis, je dirais volontiers optl- mns; dicendi peritissimus.

- 57 - mais pouvait aborder tous les genres :

A qui la faute? Au grand gredin, Au traître, au tueur de décembre, A ses préfets, aux pots-de-vin, Qui de vendus peuplaient la Chambre ; S'il rentre jamais^ l'assassin, Le lâche ignoble de septembre, Que Paris de sa forte main Lui brise, aux fosses de Pantin, Sur les dents tous les pots-de-vin. Sur le front tous les pots de chambre.

LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE. Journal politique quotidien. N^ 1, ^0 octobre 1870. Direc- teur politique : .1. Fazy ; Rédacteur en chef: A. Laya.

Cette- feuille avait pour but de démontrer que la République, qui est l'ordre, la paix, la civilisation, est le seul gouvernement possible en France, et que la monarchie ne représentant plus que la barbarie, le désordre, le déchahiement des passions les plus cruelles, est la cause des plus grands désastres qui puissent affliger l'humanité, bien loin d'être, ce qu'elle s'efforce de faire croire, un recours à l'ordre.

(( La République française, eu triomphant de la monar- chie qui combat contre elle, aura préparé le bonheur du monde. »

- 58 -

La Gazette de France, que ce programme a fait tres- saillir, administre à la Nouvelle République quelques coups de béquille : « A quoi sert donc l'expérience, si les quarante années que M. James Fazy a dépen- sées à agiter, à troubler la petite république de Ge- nève, sa patrie, ne lui ont pas appris que l'État répu- blicain n'est pas toujours l'idéal de l'ordre et la meilleure sauvegarde de la liberté? »

Quant à M. Laya, il voit tout couleur Orléans, et s'écrie : « Pour le moment, nous pouvons le dire, en toute crainte : le complot à écarter, c'est le com- plot ORLÉANISTE. Républicains! prenons garde à nous! »

Ce journal, qui est mort très-jeune, a fait peu parler de lui; il était peut-être trop enclin à la tartine non que je veuille dire qu'elles étaient mauvaises... mais enfin, plus de pain que de confitures, vous m'en- tendez bien.

M. A. Laya, qui,- avant tout, est un homme de ta- lent, rédigeait, en iS^^S, avec M. Jubinal, l'abbé Or- sini, etc., le Salut public, devenu plus tard la Provi- dence, journal des peuples, feuille monarchique et rehgieuse, puis devint collaborateur d'Emile de Gi- rard in au Bien-Être universel, j'ai lu de lui un article remarquable intitulé les Droits de la femme; une polémique assez vive s'éleva même au sujet de cet article entre son auteur et le journal la Pairie, ' polémique dont j'extrais cette phrase : « Je prouve par

59 l'histoire (c'est M. Laya qui parle) que la prostitution a été instituée par des législateurs que vous prenez pour guides et pour modèles, par des rois et par des reines^ qui l'ont patronnée. »

En 1870, M. A. Laya était lieutenant-colonel des vétérans parisiens, ainsi que le prouvent surabon- damment ces quelques lignes de la Nouvelle Répu- blique : « On pourrait faire pour cette légion d'élite ce qu'on avait fait anciennement pour les vétérans de l'année, leur donner des postes d'honneur. Le per- sonnel des compagnies est tout à fait digne de cette application. »

Collaborateurs : MM. L. Picard; F. Damé; ï. Van Veerssen, etc.

LE MONITEUR AÉRIEN. Missive-journal i siège de Paris. N" 1, ^8 octobre 1870. Imprimé

sur papier jaune (imitation de la Lettre -Journal),

N'a eu que deux numéros.

LA DÉPÊCHE -BALLON. Journal des évé- lements du siège. N^ 1, 28 octobre 1870. Autographié sur papier blanc (imitation de la

60 LeilrC' Journal dont il est resté par la suite un des rares concurrents).

L'ÉCOLE DE L'HOMME ET DU CITOYEN. Journal hebdomadaire paraissant le samedi. N^ i, 29 octobre 1870. Administrateur: II. Guillet; rédacteur en clief : Gracieux Faure.

Ce journal se proposait d'aider à se redresser vers le ciel les fronts que la corruption monarchique a courbés vers la terre ; de relever les caractères, raf- fermir les cœurs, éclairer les consciences, etc. Il n'y a rien à dire à son programme, qui est pavé d'ex- cellentes intentions.

V École de l'Homme et du Citoyen était divisée en quatre parties : la première traitait des grands événe- ments et des graves questions du jour au point de vue de l'histoire et de la logique; la deuxième, toute didac- tique, était consacrée aux matières de l'enseignement proprement dit; la troisième offrait au lecteur des travaux httéraires; et la quatrième était un bulletin des faits pohtiques, miUtaires, etc., de la semaine.

Cette feuille, qui n'avait pas moins de seize pages in-8o, n'a eu qu'un numéro.

61

LE BALLON -POSTE. Journal du siège de Paris, publié pour les départements, N<^ 1, 30 oc- tobre i870. Directeur-gérant : G. Richard.

Ce journal, imprimé sur papier rose excessivement mince, est destiné (l'édition in-folio) à recevoir au verso, sur la page libre, les notes manuscrites, etc.; publie aussi une édition in-^» qui laisse une grande marge libre pour la correspondance privée.

Croit devoir faire un programme dont nous ex- trayons ces lignes : « Notre drapeau est celui de la République auquel nous sommes lidéles depuis vingt ans, et nous nous mettons sans arrière-pensée au service de la défense nationale. »

Le Ballon-Poste prétend que sa publication n'est pas limitée au siège de Paris , et croit qu'il sera très-avantageux de pouvoir le mettre dans les lettres expédiées aux départements et à Fétranger... Moi, je pense le contraire, et cette idée complexe ne remplacera pas facilement le simple envoi sous bande du premier journal venu.

Enfin, nous verrons bien.

L'édition in-folio est ornée d'un ballon; l'édition in-quarto porte en tète les armes de la ville de Paris.

LE BALLON-POSTE. Journal- correspon- dance des assiégés. N" 1, o\ octobre 1870.

(3

- 62 Imprimé sur papier chamois (imitation de la Lettre-Journal). Cette feuille, publiée par la Yérité, était donnée aux acheteurs de ce journal, moyennant cinq centimes.

LES MESURES DE SALUT PUBLIC.

Rationnement de Paris. N^ 1, octobre 1870.

Cette feuille, « née de circonstances exceptionnelles, paraîtra quand les circonstances exceptionnelles l'exi- geront. »

Elle n'a paru qu'une fois, ce qui ferait croire que les circonstances exceptionnelles ne se sont pas re- nouvelées. Hélas î...

MM. Ménier et Tapie proposent un système de ra- tionnement que nous ne discuterons pas article par article ce serait trop long mais dont rétablisse- ment eût été plus difficile qu'ils ne le supposaient. Néanmoins, il y avait de bonnes mesures que le gouvernement aurait bien fait d'adopter... Mais que faire dans un pays l'égoïsme est la première des vertus? N'est-il pas de notoriété publique que heau- coiip de préposés aux boucheries, gardes civiques, inspecteurs, etc., tous chargés de la juste répartition de. la viande, ne sortaient « de leurs fonctions » qu'avec un bon morceau de filet ou des côtelettes (l'eau m'en vient à la bouche), voire même des gi- gots (au commencement), alors que d'autres citoyens

- 63 - ne pouvaient, après de longues heures d'attente par le froid et sous la pluie, se procurer que de maigres morceaux, heureux encore de ne pas revenir les mains vides?

En France, un fonctionnaire qui n'abuse pas, non, cela ne se nomme pas ainsi, mais qui ne profite pas de sa situation, passe pour un sot... aux yeux même de ceux aux dépens desquels l'abus se commet.

Ah! nous sommes un joli peuple!

LA DÉFENSE. Bulletin du comité civil de dé- fense. No 1, octobre 1870.

Au deuxième numéro, cette feuille qui, sans at- tache gouvernementale, mettait sa pubhcité à la dis- position des inventeurs dont les idées seraient recon- nues, après examen, pouvoir être utiles à la défense, s'appela simplement Bulletin du Comité civil des moyens de la défense.

Son but était de seconder le gouvernement en tra- vaillant avec lui « au salut de la France et à l'éta- bhssement de la République. » On trouve, parmi les membres de ce comité, des généraux : Arellano, Roa, Taboada; des journalistes: Ch. Fauvety, E. Nus, Ch. Sauvestre, Massol, L. Jourdan; des ingénieurs, deux médecins et... quatre avocats!

64

LE JOURNAL OFFICIEL DES GARDES NATIONALES. Recueil au- thentique de législation et de jurisprttdence. Nouvelle série. N^ 1, octobre 1870. Directeur-gérant : E. Lacliaud.

Saluant Vaurore de nos libertés reconquises^ ce recueil, fondé en 1831, et qui avait cessé de paraître au lendemain du 2 décembre 1851, est autorisé par M. Gambctta à renouer la tradition interrompue du Journal officiel des Gardes nationales de France.

Il donne les arrêtés, décisions, .circulaires, mo- dèles d'état, formules, etc.; c'est dire qu'il n'a pas moins de deux à trois feuilles d'impression et de la besogne sur la planche.

LE PANTHÉON. Journal du 5^ arrondisse- ment. No 1, 1er novembre 1870.

Journal mort-né. La municipalité du arrondis- sement fut complètement changée par suite des votes des 3, 5, 6 et 7 novembre.

LE DRAPEAU ROUGE. N^ 1 , 2 novem- bre 1870. Rédacteur en chef: G. Maroteau; gé- rant : J. Gouffé.

65 -

« Qui vive? Républicain.

(( Le mot de ralliement ? La sociale.

Imbécille, salue.

« C'est bien ! si le hasard me condamne, les balles trouveront mon cœur content. »

Content???

« Ah ! la honte m'étourdit, la douleur m'étouffe.

« Nous périrons tous, sans sauver rien. Oui, et c'est, Messieurs, parce que vous tremblez devant cette loque : le drapeau rouge.

(( Eh bien! moi, je le lève au vent.

« Il est temps que l'armée funèbre des affamés se montre.

« En avant, les va-nu-pieds! A.ux armes, les sans- culottes ! »

Etc., etc.

C'est ainsi que s'exprime le citoyen Maroteau, «. dont le nom rappelle, dit la Patrie en danger, la note vibrante du Pè^ Duchêne et du Faubourg. » Le Père Diic/iêne et le Faubourg, je dis cela pour ceux qui rignoreraient, étaient deux carrés de papier dans lesquels vibrait en effet la note du citoyen Maroteau, qu'on pourrait croire, d'après les dernières lignes citées plus liaufe, aller nu pieds.

Erreur ! le citoyen Maroteau est chaussé ; il marche même mais péniblement dans les souliers fcr-

Is de Jules Vallès.

6.

- 66 Le Drapeau rouge, organe de la démocratie épilep- tique, n'eut que deux numéros. Ses collaborateurs M étaient les citoyens E. Bertau et T. Béroall. "

LE GARDE NATIONAL. Journal politique, organe spécial de la garde nationale. N^ 1, 2 novem- bre 1870. Rédacteur en chef : Mignien.

Un programme détaillé indique tout ce que devait faire le Garde national : échos des remparts, conseils de famille, lois, décrets, décisions, etc., etc. Vous voyez cela d'ici.

Le premier numéro est assez bien fait; mais le se- cond n'étant que la reproduction du premier, je m'ex- plique pourquoi ce journal a cessé dès lors de paraî- tre : le besoin d'un troisième numéro, calqué sur les deux autres, ne se faisait nullement sentir.

LE JOURNAL -POSTE. Correspondance aé- rienne. No 1, 3 novembre 1870. Rédacteur : J. Le- sage.

D'abord autographiée sur papier blanc, puis impri- mée, puis autographiée de nouveau, cette petite feuille (imitation de la Lettre- Journal), après quelques clian-

- 67

gements de format, cherchait encore sa voie quand elle est morte.

Le Journal-Poste se payait le luxe d'une opinion politique, car son rédacteur s'écrie, après le plébiscite du 3 novembre : « Qu'en pensent les envahisseurs de l'Hôtel-de-Ville? Sont-ils assez battus ? Écrasés parles votes en faveur du gouvernement, oseront-ils encore relever la tête? »

LA QUESTION DU JOUR. Journal-livre, paraissant chaque fois qu'il se produit un fait im- portant; 8 ou 16 pages in-^*^, suivant la gravité des questions. N^ 1, 5 novembre 1870.

Ce journal-livre, qui avait pris pour épigraphe cette pensée : IJécleclisme est la forme concrète de la raison, n'a paru qu'une fois, consacré tout entier à un arti- cle de 920 hgnes intitulé : « le Plébiscite. » P J'ai l'intime persuasion d'avoir été le seul Parisien qui, le 5 novembre, ait eu le courage de lire un ar- ticle de cette longueur. Il y a des grâces d'état. Et chose non moins singulière, c'est que je n'ai pas eu à m'en repentir.

Ce long article est bien fait et très-intéressant : son auteur, dont je ne partage pas toutes les idées, se nomme Charles Laurent, et voici en quelques li- gnes sa profession de foi :

68 ~

(( Républicains sous l'Empire, quand il y avait quelque mérite à ne pas céder aux entraînements de l'opinion; républicains quand une profession de foi démocratique était une sorte de san henito dont on stygmatisait la réac- tion radieuse, triomphante, repue et jamais satisfaite, ap- puyée sur l'indifférence insouciante, railleuse et hostile à tout ce qui pouvait troubler sa quiétude ; républicains au lendemain comme à la veille du 2 décembre, nous le sommes encore sous la République du 4 septembre, mais nous le sommes à la façon des gens qui aiment pour la vingtième fois, et nous ne croyons pas plus à la virtualité d'une forme de gouvernement que nous ne saurions croire à la fidélité absolue des femmes en matière de sentiments. y>

LE MONITEUR DES CITOYENNES.

Journal des droits et de V intérêt des femmes, parais- sant tous les dimanches, sous la direction d'un Co- mité de damxs. N^ 1 , 0 novembre 1870. Direc- teur : Barse.

Un comité de dames !

Mais le programme se bàle de nous donner une explication : « Pour nous, la citoyen)ie est cette mère laborieuse et vigilante dont les travaux et les soins font la maison ; cette jeune fille modeste et sage qui, suivant un si noble exemple, se prépare elle-même à faire le bonheur d'un honnête homme. Ces citoyennes, pour nous, ce sont des dames à aussi juste titre que les (''iues de la fortune... »

- 69

Eh bien ! mon brave homme, dames ou citoyennes, ces femmes-là n'ont que faire de votre Moniteur.

Ce journal trouve que les femmes sont ennuyées, découragées par l'absence des doctrines ou par le vide ; elles ne voient pas elles vont. « Il faudrait une lumière attrayante, pour attirer ces regards qui n'ont plus un point fixe à l'horizon. »

Il est de toute évidence que le Moniteur des citoyen- nes va devenir cette lumière attrayante, et, avec lui (ou avec elle), la femme, pour être l'égale de l'homme (elle ne Test donc pas, ô lumière attrayante!), n'aura phis qu'à ne pas obéir trop vivement à ses goûts, à ses passions ; elle devra se modérer, se contenir, en un mot. M. Barse ne le lui cache pas.

Ce journal, qui n'a eu qu'un numéro, publiait en feuilleton un drame intime : iin cœnr tendre en est le théâtre.

A la fm du numéro se trouve, sous ce titre : Sous- cription pour étendre le format du journal et pour en rendre la périodicité plus fréquente, la constitution financière d'une société civile dont les statuts m'ont fait rêver. Ainsi, article 5 : « Dans le cas les ^fi{){) exemplaires ayant été vendus, la recette serait de... etc. »

4,000 exemplaires du Moniteur des citoymnes ven- dus ! . . mais c'est de la démence î

Dans une longue relation de la Journée du Si octobre, je vois que le directeur du Moniteur des citoyennes a

^ 70 - joue un bout de rôle à l'Hôtel-de-YiHe ; il s'est écrié d'une voix vibrante : « Nous ne voulons pas du dra- peau rouge, non, non! nous ne voulons pas de sang; vive la République sans le drapeau rouge ! »

C'est très-bien ; voilà l'histoire prévenue : elle n'aura garde d'oublier le citoyen Bar se.

Les autres rédacteurs de cette feuille étaient : ]\j^Imes Julie Urbaine, Joséphine Duhmbert et M. L. Fromentin.

LA GRAND'GARDE RÉPUBLICAINE.

Journal du soir. N«l, 7 novembre 1870. Gérant L. Lhoir.

Sentinelle vigilante de tout ce qui peut grandir la RépubUque nouvelle, ce journal veillera « sur ses er- reurs, sur ses ennemis, sur elle-même et sur lui aussi qui n'a pas la tâche la moins lourde, la res- ponsabihté la moins grande, » et trouvant (nous som- mes bien de son avis) que les longs programmes sont ennuyeux, il résume le sien en ajoutant à la devise : Liberté, égalité, fraternité, le mot justice, sans lequel, dit-il, les autres ne sont que des mots qui ne pour- raient jamais devenir des vérités.

La Grand' Garde prétend que la Commune du 31 oc- tobre a fait pour 80,000 fr. de dégâts à l'Hôtel- de-Ville, qu'elle a souillé cet édifice par une orgie

71

immonde, et enlin a voulu s'emparer de quinze millions... Elle le dit comme si elle avait été de la petite fête. Honnête feuille ! Et elle ajoute : « Cela n'a duré que quelques heures! jugez un peu de ce qu'au- rait pu faire cette fameuse Commune, si.., etc. » Plus loin : (( Nous n'aurions plus besoin de nous occuper d'a- limentation; la Commune aurait tout englouti dans les festins joyeux qui sont le plus fort de sa besogne. »

La Grand! Garde veut bien de la République, mais une République digne, honnête, sage...

Je l'aurais parié.

Collaborateurs : B. Saint- Andeol; F. Flobert, inven- teur de l'étoile en drap écarlate cousue sur la manche du caban des francs-tireurs de la presse ; L. Rousseau ; E. de Senne ville.

LE LION BLESSÉ. Numéro spécimen, 8 no- vembre 1870. Rédacteur en chef : A. Cotelle.

En tête, un dessin représentant un lion couché dans son antre; un renard fuit, la queue entre les jambes. Cet 'ingénieux dessin est expliqué par une fable en prose non moins ingénieuse : « Un superbe bon eut à soutenir un jour le choc impromptu de plusieurs tigres qui voulaient lui ravir sa suprématie sur les lutres animaux. Accablé par le nombre^ le lion fut Dlessé et obligé de se retrancher solidement dans son

- 72 - antre, etc.; » les tigres le cernent et veulent le prendr par la famine, puis ils envoient « le plus adroit re- nard » pour parlementer. Au seul mot de concession, le lion rugit de telle sorte que maître renard courl encore. Et afin qu'il n'y ait point d'équivoque, cett( petite allégorie se termine ainsi : Médite: cette fable, M. rhiers.

Ce pauvre Lion blessé était, lui aussi, partisan d'une République honnête et modérée, et se préparait ; combattre à outrance les ennemis de la République les monarchistes ou réactionnaires et les républicainî rouges.

Le destin ne le voulut pas; le deuxième et derniei numéro est envahi parla poésie. C'est d'abord la fabl( du Lion blessé, cette fois-ci mise en vers par M. Aj Leroy; puis vient une épître d'un Breton au général Trochu, épître dont la forme me paraît assez lâchée si les idées en sont bonnes.

Louis dix-huit le gros, égoïsle, sans frein, Fusillait froidement de braves militaires : Impassible bourreau sous des traits débonnaires.... Le roi le plus infime est toujours assassin ! Charles dix, l'homme usé, sans talent politique, Après avoir vécu comme un petit crevé. Gouverne notre France, et d'un ton réservé Renia son serment à la Charte pubhque.... Etc.

M. A. Gotelle est, je crois, chimiste-manufacturier

73

et secrétaire de V Union fraternelle des citoyens de Seine-et-Marne.

LE JOURNAL -BALLON. République de 1870. Événements du siège. No'l, 9 novembre 1870.

Directeur : Arbarul.

Autographié sur papier blanc ; a change de format

puis est mort. (Imitation de la Lettre- Journal.)

LA RÉSISTANCE. Onjane démocratique et social du 14^ arrondissement , puis organe démocra- tique et socialiste , journal de la Ligue républicaine. No 1, 10 novembre. Myard.

Consacrée uniquement à la défense nationale à ou- trance, cette petite feuille, qui a changé souvent de format, déclare dans son programme que sa rédac- tion est et sera complètement anonyme (la méfiance est une vertu républicaine);. elle ne voulait servir de

piédestal à personne Avec le temps, ses idées

changèrent, et elle devint le journal du citoyen Th. Sapia.

Elle ne mentit pas à son titre; ainsi, cjuand il fut défendu à la presse de parler des opérations mili- ta ii'i's, l;i rédaction de la Résistance, voulant donner

7

74 à son tour l'exemple du courage civil, déclara qu'elle ne tiendrait nul compte de ce décret et qu'elle conti- nuerait, comme par le passé, à raconter, à discuter, à analyser les exploits militaires « de Troclui l'in- faillible, de Schmitz-Poliorcète , le Bertliier de nos trois armées, et de notre glorieux Clément Thomas, l'énergique et intelligent chef de la milice ci- toyenne. »

Comme elle était en butte à mille vexations de la part (( de mouchards et de gardes nationaux bien pensants, » qui arrêtaient, dépouillaient et empri- sonnaient ses crieurs, elle prévint M. Cresson et l'amiral commandant le secteur qu'elle ferait suivre les plus jeunes de ses crieurs par des hommes dé- voués, armés de revolvers.

Cela rappelle la Patrie e)i danger, avec laquelle elle avait, du reste, beaucoup d'affinités, tout en pen- sant différemment sur certaines questions sociales. Ainsi la Résistance disait avec raison : « Le groupe- ment des hommes par l'association ou la coopération est le seul qui subsiste, le seul qui ait chance de se généraliser ; et, de rindi\ idu inconscient, indifférent, la pratique de la collectivité fait un citoyen éner- gique, résolu, sachant ses droits et prêt à les dé- fendre; l'action collective précise et détermine les devoirs et a fixé une formule précieuse : Égaux en droits et en devoirs, »

Ennemie de la participation qui conduit à hiérar-

cliisor les travailleurs, elle n'était pas d'accord avec [a Patrie en danger^ qui avait dit : « La coopération a eu des conséquences terribles : elle mène le pro' létariat tout droit au suicide... elle tend à l'émascu- ler en lui rendant la souffrance moins supportable; la coopération courbe la tête sous le plus fort, tandis que le socialisme veut la lutte à outrance jusqu'au triomphe. Le socialisme n'a aucun besoin de la coo- pération pour rendre la virilité au prolétariat : son propre principe suffit. »

La Résistance a soutenu énergiquement la candida- ture de Blanqui à la mairie du 20*^ arrondissement : « Nous vénérons en lui la plus magnifique personni- fication de la vertu et du devoir, » et a presque traité de girondin le citoyen Millière qui, malgré les invita- tions réitérées des rédacteurs de la Résistance, conti- nuait à se présenter aux électeurs.

Elle a publié la délicieuse lettre suivante :

« Je vous envoie des poésies que je vous autorise à in- sérer dans votre journal la Résistance, une chaque nu- méro; je ne veux pas d'argent, mais je demande de votre amabilité l'envoi gratuit de votre journal du premier au dernier numéro.

« Ch. Leclerc,

« Pof'He démocrate du quatorziène arrondissement. »

S'appeler la Résistance et avoir cédé ! Une chaque numéro non, la Résistance en imprima une une fois pour toutes, et fit bien.

76 Collaborateurs : J. Martelet, Th. Sapia, G. Berlin» R. Rigaulr, Hourtoul, H. Bauer, Jacqueline, la ci- toyenne Anna Laiigier, etc., etc.

LE COURRIER DE L'OISE, DE SEINE- ET-MARNE ET DE SEINE-ET-OISE. Jour- nal des réfugiés des trois départements. N" 1, 12 no- vembre 1870. Directeur-gérant : A. Le Gallais.

Au second numéro, a pris le titre de Journal des RÉFUGIÉS, courrier de l'Oise, de Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise, et, plus tard, de Journal des réfugiés, nouvelles de la province.

A commencé modestement par grouper toutes les informations, centraliser tous les renseignements qui pouvaient intéresser les habitants réfugiés des trois départements cités plus haut; mais, ayant eu la bonne fortune de pouvoir publier quelques numéros de jour-, naux de province, a perdu la tête et est devenu un simple canard. Aussi mal renseigné que les petites feuilles hurlées sur la voie publique, il débitait sa marchandise sous des titres ronflants, et voilà tout.

Sous ce titre : Sauvons nos rnonuments! iemera\)- pelle avoir lu les hgnes suivantes : « Il y a, croyons- nous, environ vingt mille femmes et enfants alle- mands à Paris; ne pourrait-on loger ces gens-là dans nos monuments? Le gouvernement porterait ce fait

à la connaissanre de M. de TVisniark. Nous verrions bien si nos ennemi? rontinuernient à bombarder nos monuments. » .

C'était une idée, et le Jovrnal des réfugiés en a eu bien d'autres.

Collaborateurs : MM. Malgenetle, 11. Spa, Brenier, R. (rVsseures, etc.

L'ÉCHO DES ÉTRANGERS. Revue intra- muros. Correspondance aérienne. Ordre et progrès. Alliance des peuples. N*» i, i3 novembre 1870.

Très-gentiment imprimé sur papier vergé vert. Cette petite feuille (imitation de la Lettre-Journal) était publiée par M. Ch. Coflin, Tun des présidents du comité de la Grande société cosmopolite républi- caine.

LE MONGOLFIER. Journal du siège de Paris. y^ 1, 15 novembre 1870.

Autographié sur papier tiès-mince. (Imitation de la Lettre- Journal.)

L'AMI DE LA FRANGE, (knette parisienne et internationale. N" 1, 1U novembre 1870. Ré- tlacteur en chef : N. de Poggenpohl.

7,

1

ce Nous avons toujours été de sentiment et nous sommes (le fait FrançaiSj rien que Français. Nous le serons pen- dant la guerre ; nous le serons pendant la discussion de la paix; nous le serons après et toujours. »

Ce n'est pas l'avis de la Patrie en danger, qui dé- clare net que le titre : Ami de la France, est un men- songe, « car la France républicaine ne comptera ja- jamais parmi ses amis le tzar et les boyards de Russie. »

Le journal le Patriote partageait cette manière de voir et s'en ouvrait d'une façon assez vive : « Nous apprenons avec satisfaction que le sieur de Poggen- pobl, Russe, ex-rédacteur du Nord et ex-pensionnaire des fonds secrets du ministère de l'intérieur, a donné sa démission de commandant de la Légion des Amis de la France. » Et le Patriote ajoutait : « Cette épu- ration permettra à cette légion de répondre au noble but qu'elle se propose. »

De temps en temps, VAmi de la France qui, en réalité, est très-dévoué à la Russie, se croit obligé de parler de son attacbement à la France : a L'amour que nous lui portons peut nous aveugler en sa faveur ; il nous empêchera toujours d'être injuste et même partial à son détriment, car nous l'avons catégori- quement déclaré ici même, et nous éprouvons le besoin de le répéter en ce moment: nous ne défendons et ne défendrons sans cesse qu'une seule cause : la sienne. »

I

~ 70 Lo |)remior vers d'une chanson connue : Ami du pouvoir

me semble résumer la situation d'une façon assez nette et assez précise pour qu'il n'y ait pas lieu d'in- sister davantage sur cette question délicate. Du reste, VAmi de la France n'est pas ce que de vains jour- naux pourraient penser, c'est-à-dire une feuille insi- gnifiante, sans valeur et sans portée. M. de Bismark la lit régulièrement, et elle a le pouvoir de le mettre encore plus en eolère que la Légion des Amis de la France (ces Messieurs voudront bien me pardonner ce qu'il y a de peu flatteur pour eux dans cette appré- ciation de M. de Bismark, mais c'est le journal XAmi de la France qui le dit) ; il ajoute même : « Gare au fondateur du journal et de la Légion ! S'il tombe en- tre les mains des Prussiens, son compte sera bien vite réglé. »

Entre autres choses curieuses, ce journal assure que Nicolas I^»*, voyant la Prusse l'abandonner lors de la guerre de Crimée, s'empoisonna en prenant à certaines closes un remède homœopathique. M. de Poggenpohl en est-il bien certain ?

UAmi de la France, rendons-lui cette justice, se donne un mal terrible à chaque numéro pour nous prouver que nous n'avons pas de meilleurs amis que MM. les Russes.

Hélas î je suis bien piè? f]<» le croire.

so (iollahoi'îUciirs ; )01. (i. Borr.rand ; E. Tctcdoiix ; .1. Dabornal ; (1. do Croizier ; V. Lesur ; Ivan Oolo- vin<\ Ole.

LE FAUBOURIEN. Journal quotidien. N<> I, '^0 novenil)rc 1870. Gérant : Mahlmann.

Son programme est court : Tout pour le peuple et par le peuple. A publié des Lettres d'une faubou- rienne signées : Marianne, un nom significatif.

Dans un article intitulé : Mars et Vénus, ce jour- nal de la guerre à outrance assure que près de 12,000 mobiles sont en traitement dans les hôpitaux pour la même maladie. « Sur les boulevards, au milieu de leurs campements même, ils ont rencontré des femmes accortes, avenantes, gracieuses, aimables, dont un maquillage habile rehaussait la beauté. A tant d'attraits, un cœur de vingt ans a-t-il jamais ré- sisté ? A côté du plaisir, la peine a toujours sa place marquée d'avance. »

Et voila pourquoi ces Messieurs sont à l'hôpital.

Peu intéressant d'ailleurs, bien que farci des meil- leures intentions, ce journal n'a eu que huit numéros ; le 29 novembre, on lisait dans la Patrie en danger : a Le journal le FaM7?oî/m/i interrompt sa publication, par suite du départ de plusieurs ouvriers associés dans les compagnies de marche. »

-BI- LE TRAC. Journal des peureux. (En cas de

honihardcmenl, lo Trac sera porté à domicile jusque

dans la cave du souscripteur.) 1, 22 novembre

1870. Le programme de cette petite feuille satirique est

charmant ; c'est un ])on et franc rclat de rire.

Nous le citerons en entier :

A NOS LECTEURS.

(( Ghers peureux et bien-aimés capons,

(i II y avait une lacune dans la presse parisienne. Aucun organe ne défendait vos convictions, vos intérêts, votre tempérament. Plusieurs même, s'abritant derrière votre caractère doux et timide, se permettaient, à votre adresse, des railleries de mauvais goût, des plaisanteries d'un esprit douteux. Et, chose triste à dire, parmi vos ennemis les plus agressifs se trouvent un grand nombre de pleutres qui, intérieurement, seraient peut-être vos maîtres en pusilla- nimité et en caponnerie.

« Vous êtes cependant une légion nombreuse, et bien les corporations moins importantes que la vôtre ont une feuille qui représente et défend leurs intérêts.

« Pourquoi vous seuls, qui avez plus que les autres be- soin d'être soutenus, rassurés et réconfortés, n'auriez-vous pas votre journal ? C'est cette pensée quia inspiré des hom- mes sérieux, affranchis d'illusions et de fanfaronnades parisiennes, à fonder le Trac.

« La peur ne se raisonne pas, dit-on vulgairement ; eh bien ! nous, nous raisonnerons la peur, et nous ne recule- rons même pas devant cet immense sacrifice moral qui

consiste à la -réhabiliter aux yeux même de ceux qui en subissent les plus fortes impressions.

« Nous ne doutons pas, ainsi que s'expriment les joui*- naux sérieux qui se fondent à propos de tout et de rien, que votre empressement à acheter ce numéro ne nous dédommage amplement de nos travaux et de nos sacri- fices.

« Sur ce, chers peureux et bien -aimés capons, je vous

salue.

« Le Trac. »

4

Le TîYic est certainement, de toutes les publications dont nous faisons l'histoire, journaux sérieux, feuilles légères, pamphlets idiots et gazettes spirituelles, celle qui eut le plus de succès ; le Tirtc eut un jour à lui, pendant ce long siège si triste et si ennuyeux, et un jour de gaîté !

Le Trac prétendait n'avoir pas d'opinion et se trai- tait lui-même de petit sceptique. C'était une grave erreur : le Trac avait une opinion, et je n'en veux pour preuve que la phrase suivante :

« Madame Louis-Bonaparte avait une grande scène à jouer pour remplir le rôle de la femme de François II, roi de Naples. Mais que voulez-vous ? une Téba n'est pas une Bourbon.... »

Trac^ mon ami, vous sentez la réaction !

Le rédacteur anonyme de cette petite feuille était un romancier bien connu, homme d'esprit surtout, M. Angelo de Sorr, l'auteur de nombreux ouvrages à

-- 83 -

succès : du Vampire, des Filles de Paris, du Pinadas du Fantôme de la rue de Venise, du Brame des car- rières d'Amérique, de Jeanne et sa suite, etc., etc., un volume de cliarmanles nouvelles, auquel je ren- verrai le lecteur désireux de connaître plus intimement M. Angelo de Sorr.

L'ÉGLAIREUR. Gazette du X/Je arrondisse- ment, journal peu littéraire, mais légèrement critique, paraissant chaque fois cjue r occasion s'en présentera. On porte en ville, N^ i, 22 novembre 1870. Gé- rant : Lemarié.

La rédaction de cette feuille déclare franchement qu'elle ne sait pas encore sous quel pavillon elle na- viguera, attendu qu'il y a quelques dissentiments entre les différents rédacteurs, etc.; bref, « son inten- tion, en publiant cette feuille, n'est pas encore bien arrêtée... » Au moins, voilà de la franchise!

Si l'on en croit VÉclaireury cette pensée trouvée dans ses colonnes : « Il vaut mieux prendre un canon aux Prussiens que dix sur le comptoir, » prouverait deux choses : 1^ qu'il est bien le journal du XIX^ ar- rondissement ; qu'il n'est pas du tout le journal du 129^ bataillon... Mais j'aime mieux penser que V Éclair eur n'est qu'une mauvaise langue.

84

LE GARIBALDI. Journal des peuples oppri- més. N» 1, 22 novembre 1870. Rédacteur-proprié- taire : .1. Morel.

Dans un programme qui est bien long- et ({ui linit par ces mots : « Vive la nation ! Vive la Republique ! Mort aux envaliisseursî Arrière les prétendants! >• M. Morel dit qu'il fait ce journal pour obéir à sa conscience et travailler à l'édification du peuple, de plus en plus exploité par tous ceux qui ont gouverné la France depuis 89; mais je n'écris pas, ajoute-t-il, i( contre ceux qui peuvent m'envoyer coucher ce soir à Mazas à Vincennes, j'attendrais que le peuple républicain, affamé et triomphant, vienne ouvrir les portes de ma prison, ou que Guillaume, maître de Paris, me fasse faire ma dernière confession. Non, non certes, je n'écris pas contre ces hommes, quels qu'ils soient. »

On voit que M. J. Morel ne sait pas tout ce que l'on peut tirer de la paille humide des cachots ; mais nous n'insistons pas en face d'une détermination qui nous paraît aussi arrêtée que... sage.

Le Garibaldi s'opposait à la convocation immédiate d'une Assemblée constituante, et demandait à être débarrassé de deux meubles qui ont toujours nui à l'aifermissement de la République, le Irôue et Vécho.' faud, qu'il voulait voir brûler sur la place de l'IIôtel- de-Villf.

85 -

LA VOLONTÉ NATIONALE. Manifeste des patriotes de Paris et de la province. \, 24 no- vembre 1870. Directeur politique : A. de Césena.

Cette feuille n'a paru que pour |U'endre date ; elle attend, pour remplir efficacement sa mission (?), le réta- blissement des communications entre Paris et la pro- vince. Seulement, il a paru opportun c( à la propriété et à la rédaction » d'aflirmer dès aujourd'hui ses sentiments patriotiques.

Dans ce manifeste, d'une loni^ueur inusitée, et, chose aggravante, signé A. de Césena, on lit : « Tout est possible, tout, excepté le rétabhssement de l'Empire. Si la France pouvait s'oublier jusqu'à consentir à lais- ser remonter sur le trône un Bonaparte... etc. Louis-Napoléon s'est trahi lui-même par son incapa- cité dans l'organisation de l'armée^ par son ineptie dans la conduite de la guerre... etc. Ceux qui n'ont pas la libre nationale me reprocheront sans doute de maudire ce que j'ai béni, de renier ce que j'ai aimé. Eh bien! oui, je maudis qui a compromis la patrie, je renie qui a sacrifié la France î »

Un mois après, la Volonté nationale a publié un numéro extraordinaire pour dévoiler à la France le plan llouher. (Ah! si c'eût été le plan Trochu, à la bonne heure!) M. de Césena ai)pelle ce numéro un nouvel acte de civisuie, et déchire que, plutôt que de subir la doul)le bonté {\\mr <)ccu[>ation étrangère et

8

- 86 ~ i

d'une restauration bonapartiste, il s'ensevelira, s'il le l'aut, sous les ruines de Paris.

Ah! nous sommes loin du î2^ janvier 1853, jour l'on vit apparaître au bal des Tuileries l'ancien col- laborateur de Proudhon, de Gésena, sur le râble du- quel s'étalait pour la première fois à la cour l'habit à la française avec boutons d'acier, l'habit en velours bleu de l'ancien régime.

Soyons juste : M. de Gésena n'avait pas eu seul cette idée; M. Fiorentino avait également, ce soir-là, fait son apparition en habit à la française, épée en brette et bas de soie. La chose fit du bruit, et il fut acquis à l'histoire que les masses allaient se régénérant.

Aujourd'hui, M. de Gésena a repris la carmagnole, et ayant, comme on vient de le voir, brûlé ses vais- seaux, ne veut entendre parler que de la guerre à outrance.

Gette feuille à manifeste avait pour gérant M. P. Bureau, plus tard, ce fut M. A. Thouzery, et pour secrétaire M. Denizet, rédacteur du Charivari, du Figaro, etc.

LA CLOCHE. Ge journal pubhe, à partir du 26 novembre 1870, une édition microscopique du numéro de chaque jour, dans le format et avec le poids voulu, pour servir de moyen de correspondance

87 -

^•ec la province; c'est-à-dire que sur quatre pages

papier pelure ordinaire, les deux pages du milieu

contenaient la reproduction du numéro de \a Cloche;

la première page servait à la correspondance écrite,

et la quatrième page à la suscription de l'adresse.

^ Cette édition microscopique était obtenue au moyen

L'ŒIL DE MARAT. Moniteur des XIX^ et XX^ arrondissements, adhérents à la Ligue républi- caine. N<* 1, 29 novembre 1870. Directeur : Cb. Dumont.

Ce journal pense bien que ses lecteurs ne s'atten- dent pas à trouver dans ses colonnes la prose aca- démique avec laquelle on endort le peuple depuis si longtemps, et il les prévient qu'il les indemnisera à force de dévoùment et de sacrifices.

Son but est de signaler les abus que Vœil du peuple lui montrera.

Citoyens des faubourgs , prenez garde à vous ! « Ayez toujours l'oreille tendue vers les remparts, mais Y œil tourné sur le centre de Paris, d'où sont partis tant de coups d'État... Et si Xonl toujours fixé sur les traîtres désignés à la vindicte publique ne suffit point pour les ramener à leurs devoirs, le peuple prendra ses a. lunettes » et, fascinés, ils n'auront plus qu'à courber leurs tètes! »

88 Là, avf'z-vous compris?

\k Courage donc, Belleville! Déjà sous ton regard la réaction sent s'évanouir sa prétendue puissance; bientôt elle tombera elle-même sous l'efVort de ton bras, et nous l'entendrons crier sous ton talon ! »

Ce journal, haut en couleur, traitait le Réveil de journal réactionnaire, ses rédacteurs de : nobles de la République, et les désignait ainsi : les Messieurs du Réveil. Aussi, le citoyen Napias-Piquet, ex-membre de la Société des Amis du Peuple de l'Aube (1848), après avoir félicité le citoyen Dumont d'avoir placé sa publication sous l'invocation continuelle de la grande figure de Marat, l'engage-t-il à surveiller de près certains écrivains de la presse républicaine : « Il ne nous faut plus de ces pachas, de ces marquis de la République... Ne craignez donc peasde flageller comme de vieux nègres ceux qui se poseraient en grands-prêtres, en possesseurs du secret unique des vrais principes. »

Flageller comme de vieux nègres... Diable! J'aime à croire que M. Napias-Piquet, qui parle souvent des institutions de la libre Amérique, aura passé, sans s'en douter, du Nord au Sud, entraîné par un mou- vement de vivacité regrettable.

Cette petite feuille, qui n'eut que deux numéros, avait pour collaborateurs les citoyens E. Châtelain, C. Verdure, etc.

89 L:ÉLEGTEUR libre. - -2'.) iiowiiihn^ 1870. Édition microscopique. (Iiérluction plioto-lillioora- phiqiic; mcmo systcmo que la Cloche.)

LE SOIR. Lettre -journal, édition de province. No 1, m novembre 1870.

Celui-ci ne ressemble pas à la Cloche; il est im- primé et^ne contient que quelques renseignements extraits du Journal ofiîcicl.

LA POPULACE. XM, 30 novembre 4870. Rédacteur en ciief : A Paires.

En tête, un dessin représentant un superbe canon; en manchettes, la fameuse phrase de M. de Bismark et la réponse de J. Favre.

Le journal la Popnlace est décidé à soutenir le gouvernement, bien qu'il n'ait pas une égale con- fiance dans chacun de ses meml)rcs ; il veut la Ré- publique une et indivisible, demande la séparation lerÉgHse et de l'Ktat, et déclare que, dès à présent, ;s écoles communales doivent rejeter de leur pro-

*amme « pour en laisser la libre direction aux imilles » - tout enseignement religieux, (lar il res-

îcte les convictions religieuses; elles peuvent saT-

8.

- 90 lirr, (lil-il, // laia vahire droite, à un cœur rjéné- rctt,!'.

Oïiant à la (iiiostion sociale, il croit à la légitimité, à l'uriioncc do presque toutes les réformes que ré- clament les écoles socialistes ; mais il veut que cela arrive doucement, progressivement.

(le journal, qui appartient du reste au genre naïf, a inséré la lettre d'un employé de ministère qui, ayant acheté par hasard le premier numéro de la Populace, est tout stupéfait de n'y avoir point trouvé ff d'excentricités politiques et sociales, mêlées à de grossières injures. » Aussi félicite-t-il, en son nom et en celui de ses amis, le directeur de cette feuille, le priant d'insérer sa lettre pour prouver que la Populace, dès son premier numéro, a conquis « les sympathies des honnêtes gens. » Néanmoins, le directeur, trouvant que l'apparente vulgarité de ce titre sonne mal à quelques oreilles, le change contre celui de la France nouvelle et déclare que son journal sera toujours rédigé avec mesure, convenancji et sérénité.

Et c'est vrai; hi France nouvelle apporte dans ses jugements une telle mesure et une telle sérénité, que le l^ï" janvier 1871 elle craint encore « les impa- tiences et les ardeurs » de deux ou trois memhres du gouvernement!

Cette petite fouille a publié dans le courant de dé- cembre cerlains avis qu'il est bon de consigner ici au point {](' vno do Vliistoire du sié^e de Paris :

K-9,- 4[ On demande à échanger deux bouleillesde Cham- pagne contre une paire de pigeons vivants ; ou une bouteille de bon Chablis contre une botte de carottes.

« On demande à échanger une bouteille de vieux Richebourg, première qualité, contre un chou pommé ; ou un litre de haricots contre une boîte de sardines. »

Etc.

Par exemple, rien n'obligeait la France nouvelle à insérer cette épigramme :

LE COURONNEMENT DU ROI GUILLAUME.

On te fait empereur, pourvoyeur de la tombe, Tant mieux; c'est qu'à périr le ciel t'a condamné. Ta chute n'est pas loin : c'est toujours quand il tombe Ou*un vieux cheval est couronné.

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ INTER- NATIONALE DE PRÉVOYANCE. N^ l,

30 novembre 1870.

Cette société de prévoyance en faveur des citoyens sous les armes réclame du patriotisme de tous des effets d'habillement complémentaires pour nos soldats, tels que bas de laine, ceintures de flanelle, couver- tures, etc. Elle reçoit les dons en espèces et en na- ture au siège de la Société, 192, rue de Rivoli.

I

\)2

L'UNION RÉPUBLICAINE. Journal poli- tique. No spérinioii, novonihiv» 1870.

J'avoue n'avoir pu me le procurer. Que le collec- tionneur, à qui semblable malheur n'est pas arrivé, me jelle la première pierre!

LES NOUVELLES. 3 décembre 1870. Kflition microscopique (réduction photo-litho^ra- jdiique) ; même système que la Cloche.

LE JOURNAL DU Xe ARRONDISSE^

MENT. Organe des intérêts communaux, politique, littéraire et commercial. Tout par la liberté et par la patrie. 1, 4 décembre 1870. Administrateur- gérant : J. Béraud.

Ce journal, tout à la dévotion de M. Dubail, maire du X^ arrondissement, espère que du milieu de no^ discordes s'élèvera, fondé siu'la Libej^té, le Droit et la Justice, l'édifice modèle de l'administration munici- pale, auquel le couronnement ne manquera pas cette fois.

Ainsi soit-il !

Cette feuille sait allier le plaisant au sévère et cher- che à dérider les administrés de M. Dubail par des saillies auxquelles, j'en suis certain, lesdits adminis-

- 93 très préféreraient de teaucoiip une distribntion sup- plémentaire de bœuf en boîte.

En attendant, voici ce qu'on pouvait se procurer en acbetant le Jounuil du X^ arrondissement :

A propos de la réquisition des mulets, Anes, etc.: « Nous serons bien cette fois la ville des lumières, puisqu'il n'y aura plus d'ànes parmi nous. »

Au sujet de la viande salée : « Les Parisiens sont déjà habitués à tout ce qui emporte la bourse et la bouche. »

A propos de la déclaration relative à la taxe sur les chiens : « Que doivent faire les personnes qui ne pos- sèdent que le tiers ou le quart d'un chien? »

Etc.

Ces pauvres plaisanteries font assez l'effet d'allu- mettes qu'on frotterait contre un papier humide. Quand ils ont tant d'esprit, les journaux vivent peu et mal ; aussi le 2 du Journal du X^ arrondissement, jour- nal bi-hebdomadaire cependant, n'a paru que le 9 janvier, c'est-à-dire plus d'un mois après la publi- cation du premier numéro.

Collaborateurs : V. Montantaine ; P. .Mi^nard ; G. l'Etienne, etc.

LA RÉVOLUTION. Journal quotidien, i, 5 décembre 1870. liédactenr en chef : A. Marin; gérant : A. Guionie.

- 94 -

Ce journal veut le saluL et la prospérité de la France ; il ne reconnaît et ne reconnaîtra jamais qu'un seul «gouvernement : la République. Il engage le peuple à se défier des sauveurs : « Le hideux reptile retiré à Wilhemsolie a su mettre pendant vingt ans, au ser- vice de ses effroyables passions, la bonté des pauvres et leur confiance dans la probité, tout aussi bien que la peur et la cupidité des riches. Non content de se rouler dans la fange, cet être malfaisant a voulu en- traîner dans l'abîme la France tout entière... »

Et la Révolution prédit à la France une prospérité sans égale, à la seule condition de rechercher les vrais principes républicains, car sans principes, point de Répubhque, puisque sans principes, point d'honnêtes gens.

Dans un article intitulé VHonnèletê ré}mhHcaine, article signé René Sarazin, fauteur dépeint ainsi la situation actuelle :

« Emotion suave chez les citoyens assez fermes pour avoir su se préserver des maculaiions d'un régime fétide ; angoisse déchirante chez les gredins qui s'étaient fait la douce habitude de piétiner dans le macadam de toutes les hontes dont ils tiraient profit. Rien longtemps, chers ci- toyens, en voyant les funestes exemples dont on souillait vos regards, en constatant l'espèce d'indifférence avec la- quelle vous passiez à côté de ces fanges, je me suis de- mandé si le dégoût et l'horreur n'envahissaient pas vos ro- bustes poitrines!

(( Cette question m'a tenu haletant, éperdu pendant long-

95 -

temps... dix-huit ans!... Mais enfin votre vigoureuse inté- grité... etc. »

En voilà assez pour l'aire voir que le journal la Révolution n'a absolument rien de commun, quant à l'opinion et au style, avec... le Journal des Débats, par exemple et je suis sur qu'il en est bien aise !

ENVELOPPE -GAZETTE. N^ 1, 7 dé- cembre 4870.

Quatre ou cinq faits divers imprimés sur une en- veloppe à lettre; l'adresse de la personne à laquelle on écrit se met derrière. En somme, idée peu ingé- nieuse.

LE RÉGÉNÉRATEUR. Orgaîie de la solida- rité et de la fraternité des peuples, dédié aux défen- seurs de la République, N^l, 10 décembre 1870. Par Anatole Javel (d'Arbois).

Le but de cette publication est ^( de soutenir le courage et de produire l'élan. » En des jours meil- leurs, le Régénérateur s'occupera de l'instruction du peuple sur ses droits et ses devoirs politiques et so- ciaux, de la répression des abus et de l'anéantisse- ment de la misère par la solidarité.

En attendant, son rédacteur en qualité de ti- railleur de la presse se porte en avant pour at-

9o laquer l'eiiiieini el le IVapiJer au cœur : a hi n'ai ni |)lastron, ni cotte tle mailles, ni cuirasse; j'emploie des armes loyales ; je veux combattre à la française, et, comme Français, je me mets à découvert. Il est vrai que mon chasse-monarque porte juste et loin... ' Et de son chasse-monarque il décoche ce trait au roi Guillaume : A hienlôl... lUfaif/ (irossspréeheruchU! et nous verrons!!!

Un petit avis engage les personnes désireuses (!<' posséder la collection complète du Réyénérateur à se hâter d'acheter le premier numéro, qui n'a été tiré qu'à un nombre d'exemplaires très-limité vu la crise désastreuse et douloureuse (jue nous traversons.

L'AMI DE LA FRANGE. 13 décembre 4870. Édition microscopique (réduction photo-lithogra- phique); même système (|ue la Cloche,

LE FEU GRÉGEOIS. Pamphlet-journal in- termilteni. I, 46 décendjre 1870. Gérant : A. Léon.

Ce journal, qui pourrait, connue il le dit, s'ai)peler le Picrate de potasse, la Bombe asphyxiante^ la Nitro- Ghjcérine, etc., a pris pour titre le nom de l'engin

i

»

de tlestruction réputé le plus rurmidable, alla d'indi- quer par sa volonté inébranlable d'anéantir T en- nemi par tous les moyens possibles.

La rédaction ne veut pas Taire une spéculation, et la })reuve, c'est qu'une fois les frais couverts, (( si nous les couvrons » (cette incidence pourrait faire croire que les rédacteurs du Feu grégeois ne sont pas à leur premier journal; mais non, la suite nous prouvera que ce n'est que de la modestie, chose rare), elle consacrera le surplus à l'achat de couvertures, qu'elle adressera aux mairies les plus pauvres, afin d'être distribuées aux indigents.

Nous sommes iwu/ple jusqu'au bout des ongles ; là- essus, elle pense qu'une fois le courant sympathique 'tabli jBntre elle et ses lecteurs, ceux-ci lui pardon- neront et son peu de style et son éducation incom- plète en faveur de ses bonnes intentions et de sa bonne volonté. Elle résume ainsi son programme : i.nnour fraternel pour nos compatriotes qui soulfrent, haine et mort aux Prussiens! et vive la Répu- blique!

Cette petite feuille est terrible sous son air naïf : elle veut que si le Prussien entre, Paris saute avec lui; elle voit dans la guerre des rues le massacre et regorgement en masse de toute cette inmionde cohue, récrasement conq)let de cette horrible Iburmilliére... les siècles futurs frémiront en se redisant le terrible cii'nnge (pic nous ferons des landits de liisrnaik;

98 - l)iiis elle donne certaine^ indications pratiques : les femmes avec l'huile bouillante, etc.

Elle s'adresse aux paysans et leur dit : // faut de L'engrais! il en faut pour qu'au printemps nos champs dévastés reverdissent ; il en faut pour que la moisson germe... tuez, tuez sans trêve, sans relâche, sans pitié, sans merci ; qu'ils pourrissent dans la terre de France qu'ils ont souillée; il faut de l'engrais, et l'engrais ce sera le Prussien!

Hélas ! et je répéterai les beaux vers de Woinez :

Quand, dans les pures eaux de la fraternité, Referas-tu ton àme, ô pauvre humanité ?

LA CHRONIQUE ILLUSTRÉE. Du 25 au

31 décembre 1870.

Edition pour ballon-poste, ne pesant que deux grammes.

C'est encore une réduction photo-lithographique de la nouvelle série d'une feuille qui compte déjà deux ans d'existence.

LE NOUVELLISTE DU 24^ BATAIL- LON. Paraissant tous les dimanches. 1, 25 dé- cembre 1870. Administrateur-gérant : H. Paque- reau.

Cette feuille est autograpliiée, et, comme son titre l'indique, est consacrée presque exclusivement aux faits et gestes du 24^ bataillon.

Son premier numéro, qui a obtenu un succès réel, c'est du moins coque sa modestie no lui permet pas de contester, lui a créé des amis, des adversaires et des ennemis : les amis, le Nouvelliste les remercie ; les adversaires, il discute loyalement avec eux ; quant aux ennemis... écoutez-le : « Les morveux (nous enten- dons ceux qui se mouchent), nous ne les redoutons guère. » Il leur fait une guerre loyale et non une guerre à la prussienne; il verra bien si ses ennemis se retran- chent derrière les petites cheminées de ce nom.

Il paraît que non, car en tête du troisième numéro, on lit : « J'ai l'honneur de prévenir tous ceux qui ne voient leur droit que dans leur force brutale, que dans le cas d'une attaque de leur part, je me considérerai dans le cas de légitime défense. A bon entendeur, salut. Charles Bertin. »

Le Nouvelliste a ouvert une souscription pour olfrir à un lieutenant « une capote aussi chaude* que l'affec- tion qu'il a su gagner parmi nous. »

Collaborateurs: Ch. Bertin; A. de Pinteville; E. Seidrab; etc.

100

LE MOBLOT. Uevue de la semaine, journal polit igue el littéraire. J, 25 décombro 4870. Rédacteur onclipf: Léon Halévy.

Ce sera avant tout un journal de conciliation; il soutiendra de ses convictions les plus ardentes et les plus sincères les hommes dévoués et résolus placés à la tête du îrouvernement de Paris; il soutiendra également la délégation provinciale...

Pauvre Moblot, c'est bien de la besogne î

Ce journal est entièrement rédigé par M. Léon Ha- lévy, comme le prouve ce nom, répété douze fois dans le premier numéro. La prose et la poésie s'y donnent la main, et le lecteur imprudent peut rencontrer jus- qu'à trois cent trente-quatre vers massés dans un seul numéro :

Moblot, substantif masculin, Jeune et brillant soldat de notre République Et Irès-goûté du féminin,

KtC...

M. Léon Halévy fait facilement le vers, trop facile- ment mème^ est le danger. Quoi qu'il en soit, le frère de l'auteur de la 7uive profite de l'occasion (et quelle occasion!) pour marquer de ses vers vengeurs Beetbowen, Meyerbeer, Flotow et Wagner; Pasde- loup, le célèbre Pasdeloup, qui n'a cependant de commun avec ces quatre compositeurs que l'argent

_ 101 (ju'ils lui l'ont i;agner, iVôrhappr^ pas à a^Uc rovnncljc

(|p Roiscliofîen :

Au seul peuple allemand le sceptre musical, A lui le règne, à lui l'empire !

En tout, peuple français, tu n'es que son vassal. Et ceux que la folie admire

J'ai su, moi Pasdeloup, briser leur piédestal.

Mais quand régnait encor l'odieuse censure (1), Autorisé, couvert par sa tutelle impure, Pasdeloup, du pouvoir complimenté, fêté, A l'art national infligeait cette injure ; Donc, l'outrage à la France était prédestiné.

LA LUTTE A OUTRANCE. Journal du club de rÉcole-de- Médecine. 1, 6 nivôse an 70. (lérant : L. Niquet.

En fleux mots, voici son programme :

fc Lutte à outrance contre toute restauration monar- chique, contre le cléricalisme, contre la féodalité indus- liielle et contre l'invasion étrangère. »

Ce journal demande l'élection immédiate d'une as- semldée parisienne ou Commune de Paris, laquelle

(1) Dans le premier numéro du Moblol, M. L. Halévy nous ap- prend que sa traj^édie de Luther, ou La Diète de Worms, reçue au ThéîUre-Français, a été longtemps interdite par la censure.

El nunc emdimim

9..

102 s'associora aux soins do la défense nationale; ou la charge est trop forte pour des épaules d'homme, il y faut celles du peuple. Il pense que ce moyen cal- merait toutes les inquiétudes et pourrait éviter la guerre civile.

A publié dans son troisième numéro la fameuse affiche avec les signatures : Au peuple de Paris, les délégués des vingt arrondissements. Ce journal déclare que la continuation du régime actuel, c'est la mort nationale, le démembrement et le partage de la France ; tandis que la Commune constituée, c'est Paris Sauvé par lui-même; et Paris sauvé, c'est la Franco libre !

Au quatrième numéro, ajoute à son titre celui de : Tribune de Vassoeiation internationate des travailleurs, et publie un acte d'accusation contre le gouvornemont de la défense nationale.

La Lutte à outrance prétend que sous le gouveriK;- ment actuel, le Siècle remplit à peu prés le rôle du Constitutionnel sous l'Empire ; le Temps celui do la Patrie; V Avenir national celui de V Opinion nationale] et V Electeur libre celui du Pays. Elle engage aussi le citoyen Pelletan, qui, sous l'Empire, se livrait a à do joyeuses remarques sur l'étoile filante de Béranger, » à continuer ses relations météorologiques, car il y a, dit-elle, dans le ciel de la République Ibrmaliste plus d'une étoile qui file, sans compter les satellites.

Ce journal est très-curieux à consultor pour l'his-

I

Wro du Club de rÉcole-do-Méderinp, l'un dos plus intôrossants do In capitnlo.

LE RÉPUBLICAIN. Écho du cœur de Jésus. No I, 5 janvior 1871.

Sacré Cœur de Jésus, que loul mon héritage Consiste à vous aimer chaque jour daviinlage.

(le journal livre à la publicité les rêveries.... (oui, mettons rêveries) d'une pauvre fille qui n'est ni une fanatique, ni une commlsionnaire , mais tout exce[)" tionnellement un merveilleux problèiue, un miracle vivant, un composé de mystères dans lequel liabite la sainte Trinité, et dont Jésus-Christ a fait son taber- nacle vivant en l'appelant Thaumaturge . Au milieu de tortures atroces, de souffrances incalculables, elle se trouve cbaque jour en rapport avec la divinité....

<(. Nous nous abstenons, dit le Républicain, de tout commentaire à cet égard... » Nous ne croyons pouvoir faire mieux qu'en imitant cette sage et prudente f'iserve.

^11 est en effet très-difficile de parler de ce journal,

it le Père éternel est le seul et unique collabora-

', comme l'indique sa signature apposée au bas

articles.

linsi, comment dire au bon Dieu, sans commettre

- 104 une jiTaii(l<' iiiipiéti', qun sfs (IcIuUs dans le journa- lisme ne me paraissent pas três-lieureux ? Commenl lui faire comprendre, en toute liumilité, que M. Le (iuillois, par exemple, en sait dix fois plus que lui sur celte matière? Comment.... mais je m'arrête.

Je sais bien que le Père éternel est inaccessible à nos vilaines petites passions, à nous autres gens de lettres; cependant on ne sait pas ce qui peut arriver, et je préfère me garder à carreau, ayant entendu dire par des gens d'âge et d'expérience que la Providence protégeait toujours ceux qui n'avaient point négligé de prendre cette petite précaution.

LA RÉPUBLIQUE DES TRAVAIL- LEURS. Organe de r Association des travailleurs (section des Baiignolles). 1 , It) janvier 1871. ~ Secrétaire de la rédaction : Berteault.

Cette feuille socialiste veut pour tous les membres de la famille bumaine l'égalité du point de départ, et toutes les conditions favorables aux besoins et aux dé- veloppements de l'être, également distribuées. Elle sera la tribune des désbérités, la cbaire du droit po- pulaire, l'organe de ses réclamations légitimes. En résum('', comme le dit la République des Travailleurs, au début de cette troisième République et d'une troi- sième réaction, elle montera la ijarde autour du droit

105 populaire. L'année qui s'ouvre dira le dernier mot du problème....

Parmi les collaborateurs de ce journal, nous avons remarqué les noms d'écrivains de talent et de convic- tion, tels que MM. Elie et Elisée Reclus, Buisson, Rama, A. Rey, etc., etc. Quant à la direction, elle nous a paru être confiée à M. André Léo, c'est-à-dire à la veuve de Grégoire Ghampseix, l'ami de Pierre Leroux.

REVUE DES CHEMINS DE FER, DU CRÉDIT, DU COMMERCE ET DE L'IN- DUSTRIE. — 1, 19 janvier 1871.

Voilà ce qui peut s'appeler ne pas désespérer de la France.

LE SALUT DE PARIS. N^, l, 23 janvier 1871.

Soixante-deux avis de MM. Brunereau et Gromierà la population de Paris.

Il y en avait de bons, comme celui de prier MM. les membres du gouvernement de la défense nationale de monter en ballon et d'aller voir à Bordeaux si MM. Glais-Bizoin et Crémieux y sont toujours ; laisser

106 Trocliu s'enfermer pour y rester au he.oin dans la forteresse du Mont-Yalérien, etc.

Mais tous les avis n'étaient pas aussi bons que ces deux-là, et, quelle inconséquence ! après avoir em- barqué pour Bordeaux tous les membres du gouver- nement, je les vois à peu près tous figurer de nou- veau dans une grande distribution de places proposées par MM. Brunereau et Gromier.

Et quelle confusion de noms ! Delescluze, F. Pyat, Louis Jourdan, Gh. Floquet, Edmond Texier. etc. Je croyais à M. Gromier plus de sens politique.

Dans son deuxième numéro, le Salut de Paris publia une liste de candidats au sujet de laquelle je ferai la même observation que ci-dessus.

LE JOURNAL SECRET. Un des organes de la Société internationale pour la régénération uni- verselle. No 1, 5 février 1871. Directeur : G. Solertan ; gérant: J.-E. Bagen.

Malgré sa date du 5 février, ce journal était com- posé avant le 27 janvier. Ainsi, on lit en tête : « Si Paris continue à résister virilement jusqu'au 7 mars, la capitale sera sauvée, et avec elle la France, ainsi que le monde civilisé tout entier. »

Hélas !

Et plus bas^ parlant du général Trocbu ; a Le dé-

107 - voùiiient patriotique, l'esprit éclairé, le cœur noble, •le désintéressement à toute épreuve, en un mot toutes ces qualités brillantes réunies en lui, nous donnent la parfaite confiance qu'il ne consentira jamais à ca- pituler honteusement. » Hélas! hélas! hélas!

Le but de ce journal (je ne parle pas de la confé- dération fraternelle des peuples basée sur la vérité, la justice j la charité ^ la liberté , V indépendance ^ la paix et la prospérité générale) est de donner des nou- velles secrètes, c'est-à-dire celles qui ne sont pas en- core suffisamment connues à Paris ou en France, et qui ne sont ni complètement constatées, ni officielle- ment affirmées.

La rédaction du Journal secret déclare en outre el une fois pour toutes qu'elle ne pourra donner certaines nouvelles importantes que sous toutes ré- serves et sans aucune garantie proprement dite; elle pense, du reste, que dans les circonstances excep- tionnelles où nous nous trouvons, aucune personne •aisonnable ne pourrait sans doute exiger davantage, l'n joli nid à canards.

Sa spécialité consistera surtout dans la révélation les intrigues politiques, diplomatiques et militaires le l'alliance russo-prussienne.

C'est y Ami de la France qui ne va pas être con- .eut ! «Maintenant, pourquoi le rédacteur en chef de ce

108 morceau de papier vient-il nous dire que l'adminis- tration (!!!) ne paiera les articles que sur son ordre, lorsqu'il sera convenu d'avance du montant des ho-' noraires?...

Qu'est-ce que cela nous fait?

Puis, pourquoi diable cette feuille paraît-elle sous enveloppe cachetée?

Vendre chat en poche... Je sais bien... mais c'est un pauvre métier.

Collaborateurs: Rosentalski; N.-A. Pâté.

LE VENGEUR. N^ i, S février IS7i. Di recteur politique : Félix Pyat (1).

« Le Vengeur succède au Combat.

c( Même équipage, même pavillon, celui de la Piépu- blique. La République est ce qui reste à défendre. La l^é- publique n'a pas encore été vaincue. »

Et il termine sa déclaration de principes par ces mots : « La République survivra pour sauver la France et venger Paris!... Vengeance! Non, justice suffit! La victoire restera au droit. Le Vengeur le jure, er clouant son di'apeau à son màt, et prêt à sombr'iJ

(I) La publicalion du Vengeur fui suspendue par décret Ji général Vinoy (11 mars 1871).

- 109 -

comme le Combat, avec la même foi dans le triomphe de la France, et avec le même cri : \'ive la Répu- blique! »

Partisan de la guerre à outrance, le Vengeur ap-

ïlait le peuple à déchirer ce traité fait sans lui et contre lui, et l'engageait vivement à se défier des listes de candidats candidats omnibus du Temps, àQ.V Avenir, du Siècle et du Rappel; il concluait : « Ne désespérons pas. Ils nous hvrent un cadavre et nous disent : Guérissez-le. Trop tard pour le gué- rir. . . Nous le ressusciterons !.. »

Les personnahtés y étaient des plus vives; tout Paris a lu ce fameux numéro du 8 février intitulé : le Faussaire, à propos duquel certaines gens jouèrent la comédie connue : Ah! grands dieux! quelle infa- mie ! de quel droit fouiller dans la vie privée de ce grand citoyen? Lui, un faussaire! Serrons-nous au- tour de lui; faisons-/m un rempart de nos corps, et n'oublions pas que la société tout entière est attaquée dans sa personne, etc.

Je n'ai pas à me prononcer sur la question de sa- voir si le Vengeur a bien ou mal fait de publier les documents qu'il avait entre les mains; je rapporte le fait en historien consciencieux, voilà tout; mais je demanderai à M. Rochcfort lui-même, qui, en haine du journal et du révélateur, se mêla de cette affaire, à M. Rochefort auquel les personnahtés les plus... (on peut mettre l'épithète qu'on voudra) ne déplai-

10

I

-- 110 sent pas trop, ce me semble, je lui demanderai quelle eût été l'altitude de la gent honnête et bien pensant si un journal quelconque, V Opinion nationale^ par exemple, eût prouvé, pièces en mains, que M. De- lescluze... (celui-là ou un autre, n'importe) n'est qu'un faussaire?

Il sait bien et moi aussi que ces deux fameux ] mots : vie privée, ne seraient venus à l'idée de per- : sonne.

Ce qu'il y eut de plus triste ou de plus amusant; dans cette affaire, c'est que le point principal de l'incident fut écarté d'un tacite et commun accord ; toute l'attention se porta sur le révélateur. Qu'est- ce que c'est que ce Milliére? Il paraît qu'il a volé les: fonds delà souscription Yictor Noir. Rochefort le dit hautement. Verdure, le caissier de la Marseillaise, dit que ce' n'est pas vrai. Mais Milliére, que répond-^ il? Il déclare qu'il ne cherche pas, comme Rochefort, à amuser le public par des cabrioles de singe, ni à l'attirer par la parade du saltimbanque, mais que pour son honneur, comme dans l'intérêt de la démo- cratie, il dira toute vérité, il fournira les preuves... aussitôt que les circonstances le permettront.. Ah! vous voyez bien, ils sont tous comme cela dans ce parti-là... des niais conduits par des coquins, etc., etc.

Du principal personnage il ne fut plus question; seul, Félix Pyat y revint de temps en temps : a. Voilà donc mène la pratique du faux ! Et nous aimons en-

111

core mieux Brest que Versailles ! Mais l'habitude du faux mène atout : faux serment, faux traités, faux actes publics et privés. Yoilà conduit la politique des sous-sols de la conscience, l'habileté immorale, l'ex- pédient ilhcite, la fm justifiant les moyens, la foi jésui- tique, la restriction mentale, le mépris de la parole donnée, la négation de l'honneur, de la probité, de l'honnêteté, la violation du vrai et du juste, de toute foi et de toute loi, du sens moral comme du droit social! Mensonge, parjure, vol et convention. Paris rendu comme Metz. La mort de la conscience humaine causant la fin de la vie nationale. Yoilà aboutit l'empire du parjure et le serment prêté au parjure empereur! Les capitulations de conscience font les capitulations de Paris. »

Quant aux personnes qui désireraient connaître ce qui jusqu'ici a été pubUé au sujet du différend Mil- lière-Rochefort, nous leur indiquerons le Yengeiir des 7, 9 et 15 février, elles trouveront... plusd'es- [lérances que de satisfactions.

Félix Pyat aimait assez pourtraicturer ses contem- 'porains; çà et quelques parties très-réussies; j'extrais les lignes suivantes de deux colonnes consa- crées à Y Exécutif :

« Sa forme (la forme d'Adolphe I^r) n'est pas moins bourgeoise, petite, mesquine, étriquée; la tête ronde et courte comme le nom, d'une rondeur celtique, de boule- dogue, dolicocéphale ; les lèvres minces, pincées, narquoises,

- 112

et d'un rictus répulsif; les joues fortes et pleines d'une mâchoire ornée, ^igne d'une certaine force, avec de petits yeux à lunetles, preuve d'une certaine ruse ; une voix aigre qui ne parle pas, qui cause... et assez juste avec des idées fausses; au total, type inférieur, équivalant en politique à son contemporain Scribe en littérature; nulle autre passion que Tégoïsme, nul autre idéal que l'intérêt; ne craignant, rien tant que l'élévation; de l'adresse sans moralité, de l'habileté sans principe et de l'esprit sans cœur. >

Lors de l'entrée des Prussiens dans Paris, le Ven- geur engagea vivement le peuple à être patient, à se préserver de la folie du désespoir : « Faisons le vide autour de l'ennemi, et restons calmes dans nos mai- sons fermées, j)

Ce qui arriva.

LE MOT D'ORDRE. N^ 1, 3 février 1871. —; l^édacteur en chef: IL Uochefort (1).

M. Rochefort donne ainsi l'explication du titre de S son journal: Piéjouissons-nous, dit-il, de l'assassinat de ce misérable Prim qui, en sa qualité de général adoré de l'armée, a imposé à l'Espagne un fils de Sa- voie; et il faudra encore nous réjouir davantage le

(1) La publication du Mot d'Ordre fut suspendue par décret du général Vinoy(ll mars 1871).

^

113

jour Amédée I^'^ rejoindra de la même façon le général Prim. « Ce mot si euphonique et si grand : République pouvant être, un jour ou l'autre, proscrit par la réaction, j'ai cru devoir en faire la base im- muable de notre politique. C'est pourquoi nous avons appelé notre nouveau journal le Mot d'Ordre. Mais on en pensera ce qu'on voudra, je ne me serais fait aucun scrupule de l'intituler : le Régicide. »

Les ruraux les sylvains, comme les appellent les gens polis, devaient tressaillir en lisant le Mot d'Ordre, qui prévenait les gens qui ramèneront le comte de Paris de s'attendre à recevoir quelques coups de fusil; et quelles grimaces devaient-ils faire devant cette phrase : « Nous avons à cette heure un Parlement comme celui de Cromwell. On l'intitulait alors le Parlement Croupion. Le nôtre, il faut le dire, est au- dessous du croupion. »

Et quelle irrévérence! Parlant d'Adolphe 1«^, le Mot d'Ordre débute ainsi : « M. Thiers, que le jour- nal le Soir s'obstine à appeler Washington, et que M. Clément Duvernois, dans sa correspondance pri- vée, nommait familièrement : Clarisse... » Sans respect pour le malheur et constatant l'absence à l'Assemblée nationale des glorieux serviteurs de l'Empire, le Mot d'Ordre dit qu'il eût été assez déhcat de répondre à un discours du maréchal Bazaine par ces mots : « L'honorable traître qui descend de cette tri- ^ bune... » ou d'interrompre M. Devienne par ceux-

114 ci : « Est-ce comme député ou comme proxénète que vous avez demandé la parole? »

Etc., etCy On connaît assez la manière de M. Ro- chefort pour qu'il soit inutile de multiplier les cita- tions. Reproduisons cependant, à titre de document pour l'histoire, ce que le Mot d'Ordre appelle :

LE DOSSIER DES PICARD.

10 juillet 1854.

Rapport de M. Arthur Picard,

Sous-préfet au Blanc, An Conseil d'arrondissement.

SITUATION POLITIQUE.

« Tous les jours nous nous éloignons davantage de ces tourmentes révolutionnaires, de si néfaste inémoire. Le % calme le plus parfait règne à l'intérieur depuis Vétahlisse- ment de l'Empire ; car je ne veux pas faire à de miséra- bles coteries, arrière-gardes en déroute de partis vaincus, l'honneur de considérer leurs manœuvres désespérées comme ayant de l'influence sur le bon esprit et le dévoû- ment de la nation. »

-- 115

Cabinet de l'Empereur. Arrivée 28 décembre 1857.

Audience du 20 décembre 1857, accordée à M. Picard d'Ambeysis, sous-préfet de La Palisse (Allier).

« Présenté à S. M. l'Empereur il y a neuf années, sous-préfet depuis six années, après avoir été assez heu- reux pour rendre quelques services politiques avant d'entrer dans l'administration ,

« M. Picard d'Ambeysis souhaiterait d'être admis à témoigner de son activité, de ce qu'il peut avoir d'intelli- gence et d'énergie dans une situation plus importante.

a II désignerait, en conséquence, à la bonté de S. M., la sous-préfecture de Roanne ou l'équivalent. »

Cabinet de l'Empereur. Arrivée le 6 mars 1858.

« 4 mars i858. ce Sire,

a Lorsque le 20 décembre dernier, j'ai eu l'honneur d'être reçu par Votre Majesté, elle a daigné me promettre de me nommer sous-préfet de Roanne, ou à défaut, à une autre sous-préfecture de première classe.

f( J'ai omis de dire à Votre Majesté que c'était par M. de Persigny, mon parent, que je lui avais été présenté il y a neuf ans, et que M. de Persigny pourrait attester au be- soin la réalité de mes services et de mon énergique dé- vouement, AVANT d'être dans L' ADMINISTRATION et depuis

six années que je suis sous -préfet.

116

« Votre Majesté me permettra donc de compter avec une entière confiance sur la réalisation d'une promesse qui me dédommagera d'une bien longue attente. J'ai, du reste, toujours eu la certitude de la voir cesser le jour je serais assez heureux pour avoir l'honneur d'approcher de Votre Majesté, dont la haute justice est connue.

(( J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect, « De Votre Majesté, « Sire, « Le très-humUe, très-ohéissant et très-fidèle

serviteur et sujet.

« PICARD D'AMBEYSIS,

« Sous-prôfet de La Palisse.

26 septembre 1858.

Circulaire aux Maires de l'arrondissement de La Palisse, en quittant V arrondissement (1).

« Continuez à aimer l'Empereur comme moi et à le ser- vir avec dévoûment ; tel est mon dernier vœu. »

Avouez qu'il eût été regrettable de laisser tomber dans l'oubli des pièces semblables. Maintenant, reve- nons au journal.

(l) M. Arthur Picard venait d'être révoqué par suite de faits se laltachant à son intervention dans les opérations des conseils de ré-

117 -

Le Mot d'Ordre était un journal mal fait ; à part quelques articles de Rochefort, le reste ne vaut pas la peine d'être signalé, surtout certaines calembre- daines inconvenantes et de mauvais goût signées : Un franc-flâneur. Et tout cela plein de trouble et de con- fusion. On sait ce que pense de M. Pyat M. Rocbefort. Eb bien ! pourquoi le premier figure-t-il dans la liste des candidats du Mot d'Ordre?

Ab ! comme M. Rocbefort (si ce n'était pas M. Ro- cbefort qui ait fait la cbose) s'écrierait avec raison : Cela revient à dire : dans mon amour pour vous, je ne saurais trop recommander à vos suffrages ce particu- lier, que je regarde comme le dernier des misérables.

Autre situation anormale ou qui me semble telle : M. Henry Maret est un des rédacteurs assidus du Ven- geur oïl il imite Félix Pyat, et du Mot d'Ordre, oh il imite Henri Rocbefort.... Or, s'il croit aux accusations portées par Rocbefort contre Félix Pyat, comment peut-il écrire dans la feuille de ce dernier ? et s'il n'y croit pas, comment reste-t-il avec M. Rocbefort?

Au fond, cela m'est bien égal î Mais on ne peut faire un bon journal dans de semblables conditions, et c'est ce que je tenais à prouver, ayant dit plus baut que le Mot d'Ordre était un journal mal fait.

Collaborateurs : MM. Rarberet ; Eugène Mourot ; Georges Ricbard ; Robert Hait, et Martin Rernard, qui y publiait son livre : Dix ans de prison au Mont- Saint-Michel.

- 118 -

LE CANDIDAT NOUVEAU. Conseil aux électeurs. 1, 4- février 1871.

C'était plutôt un placard qu'un journal, et s'éta- lait tout au long la profession de foi de M. Franck de Préaumont, ingénieur civil des mines, négociant et commissionnaire en bijouterie.

Ce candidat n'admet la régénération que sous un gouvernement républicain ; il jure de s'opposer de toute son énergie, de toutes ses forces à la restauration d'un gouvernement monarchique héréditaire, et d n'accepter sous un pareil gouvernement, « si par mal- heur il nous arrivait, » aucune position officielle, fût-ce même celle de député, si le serment était obli-

gatoire.

Puis, M. de Préaumont pense que la diplomatie a du bon, que les diplomates sont des hommes utiles, à la condition qu'ils ne soient pas des misérables ou des niais, comme ceux qui ont servi l'Empire, et il croit que nous les remplacerons avantageusement pai' MM. Louis Blanc, Quinet, etc., passés maîtres en théorie diplomatique.

Avantageusement eh! eh! ce n'est peut-être

pas le mot !

LE REPARATEUR. i, 6 février 1871. Le propriétaire et jusqu'ici rédacteur unique de œ numéro : P)OullaY. ^

- H9

Disons de suite, afin d'éviter toute confusion, qu'au point de vue politique ce Réparateur-ci n'a rien de commun avec le Réparateur à base de quinquina, qui rend progressivement aux cheveux et à la barbe leur couleur primitive.

Le Réparateur!

« Un titre pareil nous dispense de programme. Notre programme, c'est notre journal. Nos moyens de réparation et notre profession de foi s'y trouvent consignés à chaque mot. y>

r Ce journal, qui se vendait iO centimes, puis 5 cen- times, s'excuse auprès de ses acheteurs de son prix relativement élevé ; mais il avoue que ce prix exorbi- tant s'explique par la spécialité de quelques-uns de ses articles, et il ajoute crânement : Ensuite nous prétendons que nous valons cela; c'est notre droit.

Évidemment. Il me serait, du reste, difficile de tarifer le Réparateur; le mot impayable, s'il n'im- pliquait une idée de dénigrement, rend assez bien ce que dans mon esprit cette feuille peut valoir, mais... passons. En attendant, voici un spécimen de l'esprit du Réparateur :

Dans un club.

Dieu? qu'est-ce que c'est que ça?

Quelqu'un : J'en ai ouï parler.

Qui peut en effet dire ce que cela vaut?

120

Quanl à l'unique rédacteur de cette feuille dont M. Prudhomme recommanderait la lecture à son fils, il se présente à la députation. « Je suis parfaitement inconnu, » dit-il modestement...

Quelle erreur!

Et quel est donc, s'il vous plaît, l'auteur de celte phrase : « Le mauvais goût suinte par tous les pores de la vie sociale, comme l'humidité en un jour de dé- gel? » N'est-ce pas le signataire d'une petite bro- chure vertueuse et indignée, les Danses des salons, publiée vers 1855, M. Gustave BouUay, employé de ministère, ex-collaborateur de Y Effronté d'Alexis Bu- reau, du Journal des Employés de Gourdon de Ge- nouillac, etc. ; et, de plus, passant, à ce qu'il dit dans le Réparateur, pour un ex-impérialiste?

LA CARICATURE POLITIQUE. i\o 1,

8 février 4871. Gérant : G. Pilotell (1). Yoici son article de tête :

(( Sainte ironie ! disait Proudhon. « Tu avais raison, vieux Franc- Comtois. « Nous avons ri du rire bêle de ceux qui ont faim et qui mendient.

« Nous avons ri pour trente sous.

(1) La publicatioa de la Caricature politique fut suspendue par décret du général Vinoy (11 mars 1871).

H-' - 1!21

(( Nous avons ri. Nous avons fait rire.

(( Singps de 92, écureuils de révolution, soldats imbé- cilles qui portaient dans des gibernes de papier noir des caitouches dont la poudre était du sable ou de la boue; qui, les pieds dans les flaques d'eau et la neige sale autour des bastions inutiles, tiraient de peur sur les étoiles, et qui n'avaient des baïonnettes que pour tuer les chiens ; qui n'avaient un drapeau, les lâches, que pour le rougir du sang des six sous de cheval que coupaient par petits mor- ceaux sur un étal de bois les haches des sapeurs.

« Sainte ironie !

(«r Mieux valait mourir !

« On dit que Sapia, couché à terre par un coup de fusil, se releva sur un genou, et, à travers la place pavée de morts, f menaça d'un sourire les assassins bretons.

a II fallut, pour tuer ce rire de héros, qu'une seconde balle vint casser sa mâchoire.

« Sainte ironie ! »

Le dessin du premier numéro est consacré au brave et honnête Trochu : un homme coiffé du bonnet rouge et grimpé sur un entablement du Louvre, d'une main désigne Vh qui manque au nom de Trochu écrit ainsi TROG::U.

Vh est dans l'autre main. Au-dessous du dessin, on lit : Je veux la mettre au ntoins an front de son pa- lais. (Lucrèce Bonjia, acte 1^'', scène IIÏ.)

Au deuxième numéro de la Caricature, le dessin représente une superbe guillotine rouge; au-dessous, ces mots : Offert par la Caricature à 1/ Assemblée na-

11

I

122

lionaie pour V exécution des J... f de membres

de la trahison nationale.

J'aime peu ceci. 11 est d'abord inutile de préve- nir les gens quand on veut les guillotiner ; puis, M. Pi- lotell sait parfaitement qu'on ne guillotine personne. Pourquoi donc de semblables exagérations? Si je -M. voulais nuire à la République, je n'emploierais pas d'autres moyens... M. Pilotell fera bien de résister à ces entraînements-là; je crois être dans le vrai en me permettant de lui signaler les dangers que cela fait courir à notre pauvre République qui, bêlas! il est vrai, n'en est plus à compter avec ses ennemis et ses amis... maladroits.

Ne quittons pas la Caricature sans citer les quel- ques lignes suivantes, qui peuvent servir à l'histoire de la presse sous l'Empire :

c( UEcUpse oublie probablement que les mois de prison (sous l'Empire) ne lui ont pas, comme à nous, été prodi- gués, malgré les nombreux numéros de ce journal dont les dessins ont été saisis. Nous croyons nous rappeler aussi, etiious pourrions demander à V Éclipse comment elle pou- vait, au su de tout le monde, et malgré la soi-disant saisie, vendre à un prix plus élevé, dans ses bureaux mêmes, les numéros que la censure avait interdits? V Éclipse payait cette tolérance par sa docilité» Elle n'a donc pas lieu de jeter les hauts cris. »

Et voilà pour V Eclipse!

123 -

L'HORIZON. Journal-Bevvp. Xo l , 8 février 1 871 . Gérant : E. Jablonski.

Le rédacteur de cette petite feuille, M. Simon Gis, croit utile à sa gloire future de donner un coup de patte aux gens qui écrivent ne se croyant pas de ceux-là: Je ne p7rtencls pas , dit-il, être un écrivain, mïiis je ferai de mon mieux : je parlerai de tout, je cau- serai sur tout, je serai toujours dans le vrai... ce qui est assez rare chez ceux qui écrivent.

Et, autre preuve de tact ! il annonce la publication des pensées d'un particulier qui avait toujours eu beaucoup de goût pour l'Allemagne et qui en esti- mait fort les auteurs, et surtout les savants contem- porains, pensées empreintes d'une forte dose de germa, nisme^ ou mieux, de matérialisme attemand, et même tm tant soit peu prussien.

Eût-il pas mieux valu écrire sur sa boutique, comme ce marchand naïf, mais patriote : Ici, on ne parle

PLUS ALLEMAND.

LA CARMAGNOLE, par Touchatout. Numé- ro-spécimen, 40 février 1871 . Gérant : L. Bienvenu ; plus tard : Saillant.

xVssez drôle et rédigé dans un bon esprit.

Voici son programme court et clair :

t( A propos de tout ce que tripotent, renversent et rem-

_ 1-24 _

placent les hommes politiques qui se contentent de changer tous les vingt ans l'étiquette de la bouteille à l'encre gou- vernementale, se poser et leur poser réternelle, la seule question sérieuse :

« Qu'y gagne le peuple? »

Une carmagnole figurait naturellement en tête de chaque numéro :

Du peuple conun' représenlanls {bis) On ramèn' les princ' d'Orléans (ft/.s) ;

Plus qu'des Américains

i' s'disenl républicains.

Lansons la carmagnole, Vive le son, vive le son,

Dansons la carmagnole, Vive le son du canon !

Avant trois mois Tcomle de Paris ibis) Par Thiers nous f'ra dir' : c( Mes amis (ftis),

« G'n'était pas mon désir;

« Mais.... pour vous fair' plaisir,

« J'accept' la Présidence. » Vive le son, vive le son,

C'est comm'ça qu'ça commence. Vive le son du canon !

Il meUra pendant l'premier jour (bis) Des tas d'iiberlés tout autour [bh)^

Jusqu'au moment fatal

Où, s'en f...ichanl pas mal,

r s'f'ra d'ia République, Vive le son, vive le son,

Un sommier élastique. Vive le son du canon !

- 1-25 -

Alors faudra r'meUre un matin {bis) Su' l'ilnnc l'omnibus de Pantin [bis),

Et décrocher l'flingot,

Pour qu'avec not' magot,

]' r'prenn' comm' son grand'père, Vive le son, vive le son,

L'train-posl' pour l'Angleterre, Vive le son du canon !

Un peu de prose maintenant :

« De toutes parts les puissances reconnaissent la Répu- blique française.

(( Axiome à l'usage des peuples :

« Moins les républiques se montrent, plus les rois les reconnaissent facilement. »

« Quand on est, comme V Electeur libre, un journal gras et huileux, quand on suinte par ses vingt -quatre colonnes la paix à tout ventre, la résignation de l'impuissant, l'in- sensibilité de l'eunuque, on ne va pas choisir justement, pour signer sa feuille, un gérant qui s'appelle Chapon. »

Voilà ce qu'est la Carmagnole, une petite feuille aux allures vives et franches, rédigée par M. Bien- venu, un des propriétaires du Tintamarre, il signe : Touchatout, des travaux autrement sérieux et intéressants que ceux dont ils ont la prétention d'être les parodies : V Homme qui rit, de Touchatout, est incontestablement supérieur à celui de Yictor Hugo; j'en ai encore les larmes aux yeux, rien que d'y penser.

li.

126

REVUE DE FRANGE. No 4, 48 février 1871. Directeur-gérant : Léonce Dumont; administrateur : C. Garineï.

Allures très-sérieuses format plus sérieux en- core : 24 pages grand in-4o, et annonçant 32 pages de même taille aussitôt les communications rétablies avec la province.

Si je voulais faire concurrence à la Revue des Deux- Mondes (que la Providence éloigne de moi semblable idée!), je ne choisirais pas ce moment-ci... Quoi qu'il en soit, si le public lui prête vie, la Revue de France travaillera à la réalisation de son vœu le plus cher, c'est-à-dire à rendre chaque jour le développe- ment de la liberté en France plus facile au gouver- nement et moins effrayant aux conservateurs ; chaque numéro présentera un tableau de la situation poli- tique, littéraire, artistique et financière du pays. Bref, elle fera tout ce qu'ont fait avant de mourir, sans avoir pu jamais s'engraisser sur cette terre de France si rebelle aux recueils de cette nature, toutes les revues passées puis elle mourra, et elle mourra jeune.

C'est fatal!

Collaborateurs: MM. Louis Teste; L. Derome ; Maigne; André Sanson; H. Saint-Omer; etc.

LA COMÉDIE PATRIOTIQUE, jou^e pm

127 - des hommes et racontée par des femmes. N^ i, 18 fé- vrier 4871.

Cette feuille, qui a pour directrice politique U^^ la comtesse Lionel de Moretonde Chabrillan, née Céleste Yénard, dite Mogador, publie une nouvelle édition des Mémoires de Céleste Mogador, ce « cri de l'âme en plusieurs volumes, » au profit de l'association des Sœurs de France, infirmières civiles, protectrices des Enfants de la misère.

Le général Trochu, absorbé par son plan, repoussa les offres de service de cette Société, qui n'en mérite pas moins la reconnaissance de la patrie, et qui trou- vera, je l'espère, sa récompense dans l'œuvre d'un M. A. Bertrand, une médaille frappée exclusivement en l'honneur des Sœurs de France : la Gallia redirira, rira de ce latin qui voudra, mais c'est ainsi, médaille commémorative du siège de Paris, et dans la publication des Mémoires des sœurs de France. Et si vous voulez savoir pourquoi Céleste Mogador fonde un journal, ma foi, lisez le programme de la Comédie patriotique... C'est long, très-entortillé et d'une digestion pénible.

A part cela, ça n'a pas d'autre importance.

Collaborateurs: S. de F.; Honorine B.; Jeanne- Marie L.; A. de Laville; Félicie Robert; Maria An- dréi ; Félicie Job ; Léontine Montet ; Lucien Le Breton ; femme Millon, marchande de fourrage à Montrouge; veuve Victoire T^.; Cécile Fanfernot, petite-fille de i'héroïne de 1830; etc.

128

LA RÉPUBLIQUE SAUVÉE. Nouvel appel aux électeurs. 20 février 1 87i .

Moins un journal qu'un placard. Sortait de l'officine M. A. Gromier, qui en a lancé beaucoup sur la place.

LE LAMPION. No 1, 20 février 1871.

Je ne suis pas très-certain que celui-ci aussi soit un journal; dans tous les cas, le Lampion a un grand avantage sur ses confrères : il ne contient point de texte. C'est une série de dessins allégoriques, symboliques, emblématiques, métaphoriques, et surtout apocalyp- tiques — chefs-d'œuvre de trouble, d'obscurité et de confusion.

LE CRI DU PEUPLE. N^ 1, 22 février 1871. Rédacteur en chef: J. Vallès (1).

Ce n'était pas la modération même, et je me sou- viens que son fougueux rédacteur en chef, obligé de calmer l'ardeur de ses collaborateurs, mit un jour en pénitence le terrible Vermersch pour un article sur M. Guéroult, article que je n'ose, ma foi, pas citer : « Nous avons eu tort hier, et si j'avais lu la page de Yermersch, on y eût donné des coups de canif, » dit Vallès en un article qui pourrait aujourd'hui le faire

(1) La publication du Cri du Peuple fut suspendue par décret du général Vinoy (11 mars 1871).

129 taxer de modérantisme, s'il n'eût racheté cette passa- gère erreur par quelques lignes sur la chimie, hgnes que nous citerons plus tard.

Ah î c'étaient de rudes gaillards que les citoyens ré- dacteurs du Cri du Peuple! Outre le Yermersch en ques- tion, qui avait été jadis un des fondateurs du Hanneton, mais qui devait plus tard trouver sa véritable voie dans le Père Duchêne, avec les citoyens Humbert et Yuil- laume, il y avait Casimir Bonis, président de la com- mission d'enquête chargée de pubUer les papiers du gou- vernement du 4 septembre ; A. Breuillé ; Henri Yerlet, le commandant du 492^ bataillon, l'ancien rédacteur de la Patrie en danger ; Henri Bellenger, qu'il-ne faut pas confondre avec Marguerite ; J.-B. Clément, auteur delà Lanterne impériale, la Lanterne du Peuple, rédac- teur en chef du Casse-Tête, des Prophéties politiques et membre de la Commune ; A. Goullé ; l'ouvrier Pierre Denis, qui de tous avait le plus de talent; un ma- Un du reste, qui jadis savait se tirer d'affaire, etc. En entrant en campagne, le Cri du Peuple, dont le programme était Paris ville libre, annonçait la sociale, la république sociale. « Entendez-vous? s'écriait-il, elle arrive à pas de géant, apportant non la mort, mais le salut. Elle enjambe par-dessus les ruines, et elle crie : « Malheur aux traîtres ! malheur « aux vaincus! » Vous espérez l'assassiner; essayez î Debout entre l'arme et l'outil, prêt au travail ou à la lutte, le peuple attend. »

130

Le 22 mars, le Cri du Peuple, qui a retrouvé son bien-aimé rédacteur en chef Vallès, affranchi de sa dernière condamnation par la victoire pacifique du peuple, tente de devenir raisonnable : «c Plus de sang- versé, dit-il, les fusils au repos ; on nomme les maires, on élit les magistrats. Puis au travail. Au travail ! La cloche sonne l'ouvrage et non plus le combat. » 11 le devient deux jours plus tard : « Que les leçons du passé nous servent; ne créons pas une situation qui ne profiterait qu'aux ennemis de la République. Disons- nous qu'une guerre civile perdrait la liberté et ferait l'alfaire de quelques ambitieux qui n'iiésiteraient pas à régner sur des cadavres. »

Les élections faites, la proclamation de la Commune acclamée solennellement sur la place de l'Hotel-de- Ville, le Cri du Peuple est dans l'épanouissement d'une gaîté printanière ; il parle du soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, de l'odeur des bouquets, du frisson des drapeaux ; il appelle cette journée : la Fête nuptiale de l'idée et de la Révolu- tion, et invite les patriotes qui se sont enivrés... delà poésie du triomphe à revenir à la prose du travail.

Hélas ! trois fois hélas ! ces joies et ces espérances durent peu : Versailles déclare la guerre à Paris ; la ville royale, comme dit le Cri du Peuple, s'est insur- gée contre la cité républicaine ; aux armes ! aux ar- mes !... (( Le garde national, en cas de besoin, saura retrouver son Maillnrd et rnmener les vendeurs de

131 - ])atrie dans la charrette du peuple. Il faut absolu- ment que Paris ait sa roche tarpéienne à côté de son Capitole... » Pour passer sur le corps de la Républi- que, il y a encore cent mille gardes nationaux à tuer.

Vallès, plus froid sous ses emportements voulus, en appelle à la bourgeoisie ; il essaie de la rallier à la Commune : « Notre défaite, si une trahison livrait une porte, si un hasard nous faisait battre, l'assassi- nat même des républicains, rien de tout cela ne sau- verait les assassins et ne tuerait la République. La bourgeoisie pourra aider à notre massacre, mais nous ne serions que quelques-uns de plus au cimetière, et elle roulerait le lendemain, criminelle et ruinée, dans l'abîme. » Il ne serait pas éloigné de traiter: ily a à choisir, dit-il : levée en masse, marche sur Versailles, l'inondation ou bien on traite avec le monde î Paris libre. Il faut se hâter de choisir.

Le citoyen Lucipia est visiblement surpris de cette inquiétude, car il écrit tout tranquillement ces lignes que je n'ai lues qu'avec la plus profonde stupéfaction : <' On est tout surpris de voir les citoyens s'occuper de leurs atfaires ordinaires, les magasins ouverts, l'ani* mation la plus gaie sur tous les visages; et n'était le canon qui fait entendre sa grosse voix, on se croirait UANS UN PARADIS TERRESTRE. » Lcs autrcs Collabora- teurs ne voient pas la situation d'un œil aussi serein; , ils ont même de la méliance et crient : A la conci- liation! comme on crie : Au loup! Ils craignent de

132 ~

voir escamoter la République Ils parlent de juin

1848; ils racontent les fusillades, les proscriptions: Souvenez-vous î souvenez-vous ! disent-ils à ces mal- heureux fous qu'ils envoient à la mort. Voyez les Versaillais ! est-ce la guerre qu'ils vous font? Non ! ce peut être le droit du combattant de frapper les com- battants ses ennemis, droit qui trouve sa justification dans la mort qu'on affronte et qu'on recevra ; la pluie de plomb, la grêle de mitraille, tout cela peut être barbare, sauvage ; mais cela est en (quelque sorte lé- gitime, car celui qui extermine tue pour ne pas être tué, parce qu'il se défend. « Mais allumer V incendie au milieu d'une population inoffensive, faire crouler des maisons se tiennent le vieillard, la mère qui allaite son petit, qui tuera dans la rue Vhahitant qui passe, le boutiquier qui regarde au dehors, Venfant qui joue, ceci n'est plus de la guerre, c'est un assas- sinat. Ce n'est pas même V assassinat, c'est pis encore; c'est quelque chose déplus lâche et de plus abominable, de plus criminel et de plus odieux. . . etc. »

La situation se tend, se tend... et le Cri du Peuple ne cesse d'avertir les Versaillais (comme à certains jeux) qu'ils brûlent... ou plutôt qu'ils vont brûler...

Premier avis aux bombardeurs (16 mai):

a. On nous avait donné, depuis quelques jours, des ren- seignements de la plus haute gravité, dont nous sommes aujourd'hui complètement sûrs.

133

« On a pris toutes les mesures pour qu'il n'entre dans Paris aucun soldat ennemi.

(( Les forts peuvent être pris l'un après l'autre. Lesnm- parts peuvent tomber. Aucun soldat n'entrera dans Paris.

(( Si m. Thiers est chimiste, il nous comprendra.

« Que Tarniée de Versailles sache bien que Paris est décidé à tout plutôt que de se rendre. >>

Deuxième avis (20 mai), du même aux mêmes :

« Le gouvernement de Versailles peut faire sauter un coin de Paris, etc.; Paris héroïque et désespéré pourra sauter peut-être ; mais s'il saute, ce sera pour engloutir le gouver- nement de Versailles et son armée. »

Troisième et dernier avis (23 mai) :

« Il reste à cette politique gouvernementale qui, de révo- lutions en coups d'État, de trahisons en faux serments, nous a conduits jusqu'à ce chaos dans lequel nous nous débattons désespérés, il lui reste un grand crime à com- mettre : détruire Paris après l'avoir livré.

a Celui-là, elle ne le consommera pas. y>

A part cela, le Cri du Peuple semble assez rassuré, car après avoir repoussé sans pertes une quantité considérable de Versaillais, il souffle sur sa mèche et rentre tran(juillement dans l'obscurité sur ces trois mots si consolants : Tout va bien, qui terminent les dernières nouvelles de son dernier numéro.

Quant au rédacteur en chef du Cri du Peuple, il

12

- 134 - mérite une place à part dans ce livre destiné à fournir (les matériaux aux historiens de l'avenir.

La révolution de 1848 trouve Vallès sur les bancs du collège de Nantes, son père était professeur; elle le trouve bien préparé, car le souvenir de cette époque le remuait profondément. Il se rappelait en souriant son enthousiasme inconscient pour ces deux mots : République sociale, et son style de rhétoricien féroce dans lequel il s'écriait « que le trou de la guillotine avait encore la forme d'une couronne. »

Le jour où, à Nantes, on gratta le mot royale sur hi plaque bleue du coin de la place, il mit sa rehgion à rester tête nue tout le temps que dura l'opération, poussant des hourrahs sauvages et regrettant seule- ment, avec bien d'autres, racontait-il, que l'on ne dansât pas la carmagnole autour de ces drapeaux feuillus : « Nous en avions les larmes aux yeux dans mon coin. »

Plus tard, il est à Paris^ il complote avec quel- ques jeunes gens de son âge. On est sous la prési- dence, et ces Messieurs cherchent à débarrasser la France de Louis-Napoléon. Le président sortait sou- vent avec le prince Jérôme, qu'il précédait de quel- ques pas; or, le plan des conjurés était des plus simples : sauter sur le président, le bâillonner, le jeter ficelé au fond d'un liacre... « A quatre, on fai- sait la besogne; les autres se chargeaient des do- mestiques et des agents, s'il en venait. )) .

135 ~

Cet audacieux enlèvement fut étouffé dans l'œuf par le représentant Lagrange, qu'on était allé consulter, et qui les engagea à renoncer à ce projet, parce qu'il était illégal (!!!); puis, cela pouvait mener loin... il faudrait.... il faudrait peut-être le tuer... Bref, on recula; Dieu sait si Vallès s'en est repenti souvent! K Chaque fois que T Empereur < entouré de ses géné- raux, passe devant moi, disait-il, dajis un article qui le fit condamner à l'amende et à la prison, un peu de pâleur me vient au front. »

Vous savez maintenant pourquoi.

C'est alors qu'il se fit homme de lettres et répondit à ceux qui l'accusaient de vanité : a Eh ! mon Dieu ! on n'entre pas dans cette carrière-là par modestie! » Ses déhuts firent peu de bruit ; cependant, une petite brochure jaune d'or intitulée : r Argent, par un homme de lettres devenu homme de bourse, brochure qu'il avait marquée lui-même à l'épaule non, sur la couver- ture, d'une pièce de cent sous portant cette devise : «. Je vaux cinq au contrôle et cent dans la coulisse, » attira l'attention sur lui. Il y a là, disais-je dans V Histoire de la Presse parisienne de 1857, de la i lèvre, de l'énergie, un sans-façon brutal, des pa- radoxes odieux, une ironie froide, calculée, des désillusions malsaines. Cela navre, cela écœure, et cela se fait lire, parce que cela a le diable au corps, etc., etc.; » et je terminais par ces mots : « Pourquoi faut-il donc qu'un écrivain trempé de la

- 136 sorte se fourvoie ainsi dès le commencement de sa carrière? »

Cette brochure lui ouvrit les portes du Figaro, il rédigea pendant quelque temps une petite chro- nique de la Bourse. A cette époque, Jules Vallès, re- tiré au quartier Latin en compagnie de son ami l' ex- dominicain Poupart-Davyl, depuis imprimeur du Sénat, le même avec lequel il s'était jadis battu en duel à Nantes, travaillait comme on disait alors pour rOdéon.

Que sont devenus tous ces grands drames en cinq actes et en vers, dont certains fragments, lus dans les cénacles littéraires, faisaient tressaillir Amédée Rolland et Charles Bataille? L'Odéon n'en voulut pas, et Vallès, réduit à gagner sa vie par des travaux d'une exécution plus facile et d'un rapport plus immé- diat, se mit aux gages de hbraires et lit pour eux des livres qu'il ne signait pas, entra comme chroni- queur à la revue le Présent, et fonda avec Rochefort, qui signait alors : Henri de Rochefort, une feuille autographiée, la Chronique parisienne, destinée à donner aux journaux de province des renseignements artistiques et littéraires.

En 1860, il revient au Figaro il apporte un article fort bien fait, le Dimanche d'un jeune homme pauvre. Mais on le voit rarement : c'est un collabo- rateur intermittent; il arrive en 1861 avec son grand article : les Réfractaires, article qui fut très-remar-

I

~ 137 que. Pour qui sait lire, Vallès est tout entier; on l'y trouve entre chaque ligne, entre chaque mot.

Il commençait à être connu ; c'est alors qu'il cher- che sa voie, portant sa fougue, ses audaces à froid, ses violences calculées dans les miheux les plus bi- zarres : à la Liberté, auprès de M. de Girardin; à V Époque, auprès de M. E. Feydeau; à VÉvénement, M. de Villemessant, se trompant sur ce caractère qui n'était qu'un tempérament , lui confie ce ter- rible fardeau d'un article tous les jours : La Rue, chronique qu'il commença par ces mots : « Je ne de- mande pas au ciel qu'il y ait exprès pour moi des éboulements, des empoisonnements, des assassinats; mais puisqu'il ne peut les empêcher, j'en contemple avec tristesse l'horreur, et j'en retrace l'affreux ta- bleau. » C'est même dans cette chronique qu'il versa (les larmes sur la rue qui allait passer comme un malheur à travers la grande allée du Luxembourg :

Le coup de hache me fera mal, et je souffre à penser qu'on va faucher ces fleurs. »

Ce ne fut pas la dernière fois que cette maison de- vait lui donner asile, et, le 8 mai 1868, il rentre dou- cement au Figaro, dont l'argent ne lui semblait pas désagréable à empocher. « Nul n'est sûr, en ce temps, de ne pas mourir de misère, » disait-il souvent. La' lil)erté dont jouit chaque rédacteur de ce journal l'at- tirait. (( Nous nous sommes quelque peu chamaillés jadis (it séparés même brusquement, écrivait-il en tête des

12.

138 - Lettres d'un irrég n lier ; mdik c'est encore au Figaro, je l'avoue, que j'ai pu le mieux écrire à ma façon. »

Maintenant, il serait trop long d'énumérer tous les carrés de papier : la Rue, le Réfractaire, la Voix du Peuple, le Courrier de V Intérieur, le Journal de Sainte- Pélagie, etc., à travers lesquels il passe comme une fusée incendiaire, laissant partout derrière lui une odeur de banquiste, de vendeur de mitliridate, de clown sinistre... (On se rappelle le fameux duel du Polonais Stamir, duel inventé pour les besoins de la caisse.)

Les orages et les dangers de la politique l'attiraient plus que la littérature, qu'il considérait comme un pis-aller; mais politique comme littérature, il n'appor- tait à ce qu'il faisait d'autre souci que de mettre en avant son orgueilleuse personnalité. Aussi rien de sin- cère, rien de véritablement senti ; c'est lui, toujours lui lui V Irrégulier, lui le Jeune homme pauvre, lui le Réfractaire, lui le Fusillé de Juin, lui VEnfant tué dans les bras de sa mère par un lignardivre de sang, et de poudre lui, toujours lui ! Ah î disait-il à ceux qui lui reprochaient de ne pas quitter la rue et de regarder continuellement dansl'égoût, je n'aurais pas parlé des monstres si j'avais pu viser plus haut ; ne pouvant toucher à ceux qui conduisent le char, j'ai couru à ceux que le char bouscule ; je veux repré- senter les douleurs, les misères et les espérances de ma génération, la génération la plus maltraitée de l'histoire... a Nous sortions en 1(S50 du lycée, en 1851

139 - nous étions déjà des vaincns, )^ et c'est pourquoi je vais aux monstres.

Il avait la haine du passé ; il y a à refaire le monde, disait-il, et à trouer l'horizon : (( Le passé, voilà l'en- nemi ; c'est ce qui me lait m' écrier dans toute la sin- cérité de mon àme : On mettrait le feu aux eiblio-

TUÈQUES ET AUX MUSÉES, QU'iL Y AURAIT POUR l'iIUMA- MTÉ, NON PAS PERTE, MAIS PROFIT ET GLOIRE (1). ))

Vous avez bien lu ; il écrivait ceci en février 1867. Ne vous étonnez donc pas de ce que vous voyez au- jourd'hui, bien qu'il ait écrit à peu prés à la môme époque ces quelques hgnes dans lesquelles, en réalité, il y a plus d'amertume que de résignation : J'ai réflé- chi depuis 1851 ; j'ai bien changé... On réfléchit dans la défaite ; je crois qu'on doit être l'ennemi de la vio- lence ou le défenseur de la force à tout prix. C'est un dilemme. Ennemi de la violence maintenant, je raconte pourquoi et comment je fus son cymbalier jadis ; je n'aime pas plus la République à la Brutus de Rogeard que je n'aime le patriotisme assassin d'Orsini ; je veux maintenant écrire sur mon drapeau : Vivre en travaillant, sans ajouter : Mourir en com- battant; je réclame des outils, point de fusils ; ie crie ipas de sang, mais du pain ; et il terminait : « Cette page j'ai laissé aller mes souvenirs et ou-

(1) Le Nain J-mne.

140 devant ceux qu'on aime, cette page pouvait être la pré- face d'un journal de combat... c'est la lettre d'adieu d'un réiVactaire : rien qu'une lettre d'adieu et non un testament, je pense. Septembre iSi)^ (1). » C'est vers cette époque que se placeraient les relations qu'on l'accuse (lui, Vermorel, Briosne, etc.) d'avoir eues avec la police impériale, relations dont on ne trouve nulle part des preuves matérielles.

Un an après, la politique le reprenait, et le candidat de la misère entrait dans la fournaise ! On sait com- ment il en est sorti, ou plutôt on ne le sait pas en- core... A-t-il réellement été fusillé près du Ghâtelet? Une personne qui connaissait fort bien Vallès, et qui 'l'avait encore vu cinq ou six jours auparavant, nous affirme qu'elle a examiné le cadavre quelques minu- tes après l'exécution, et que l'individu fusillé comme étant Vallès... n'était pas Vallès î

Malheureux homme ! lui qui tout enfant trouvait que le trou de la guillotine avait encore la forme d'une couronne... ne peut-on pas retourner contre lui la phrase cruelle qu'il a mise sur les lèvres de Baude- laire mourant : « Ah î pourquoi ai-je toute ma vie été un comédien '? Je me suis rendu fou moi-même, je le sais et ne puis le dire, et je le pourrais que peut- être, orgueilleux, je ne le dirais pas (-2). »

(1) Le Courrier ri) La Rue.

t

141 ~ De même que M. Catulle Mendés

.... porte fièrement la honte d'être beau,

(le môme le citoyen Vallès était heureux d'être laid et aurait voulu l'être davantage encore. (Toujours la poursuite du monstre.) J'ai sous les yeux sa pho- lographie, au bas de laquelle il a écrit :

C'est bien ma mine bourrue,

Qui dans un salon ferait peur,

Mais qui peut-être dans la rue

Plairait à la foule en fureur.

Je suis Tami du pauvre hère

Qui dans l'ombre a faim, froid, sommeil.

Comment, artiste, a3-tu pu faire

Mon portrait avec du soleil?

.] ules Vallès était petit, maigre ; on le sentait tour- menté par la bile ; la tête, pleine de bosses et de trous, avait je ne sais quoi de noueux qui ajoutait à son caractère de dureté et de sauvagerie ; les cheveux et la barbe étaient noirs, le tout à l'état de broussailles. [1 avait les yeux bruns, mais striés de ces filets sangui- nolents qui, chez les chiens du moins, sont loin d'in- cliquer la douceur et la bonté ; la mâchoire forte et solide était celle d'un carnassier, et de ses lèvres serrées sortait une voix tranchante, mais claire et brève ; ajoutons i)our terminer qu'il y avait de l'intelligence dans son front haut et carrée de la pénétration et de l'habileté dans son nez aux ailes fines et pincées,

142 et quelque distinction dans ses mains longues et ef- filées.

Maintenant, le vrai portrait de Vallès, car il avait changé d'une façon étrange en ces derniers temps, et ses deux mois de toute-puissance Tavaient beaucoup blanchi, c'est celui que le caricaturiste André Gill chargea, il y a quelques années, dans le journal la Lune, en chien du convoi du pauvre. Celui-là, c'est une trouvaille.

PARIS-BELLEVILLE. Journal quotidien , politique et littéraire. N^ 1, 22 février. Gérant : J. Gallène.

NOTRE PROGRAMME.

Dévoiler les utopies, les turpitudes, les ahiis, les acle>i arbitraires, de quelque part qu'ils viennent.

Défendre notre chère République, la faire aimer dans notre malheureux et vaillant pays, la faire respecter au dehors, voilà ce que nous voulons faire, en conscience, honnêtement et en nous efforçant de mériter la sympa- thie et V estime de nos concitoyens.

Notre cri de ralliement est : Vive la République !!! Vive la France !!!

LA RÉDACTION.

Là-dessus, M. Adolphe Adam, rédacteur du jour- nal, fait un premier 'Belleville dans lequel il nous

I

143 prouve que Belleville est un quartier charmant, aussi honnête que le faubourg' Saint-Germain; qu'il est peuplé de rentiers, d'artistes, d'employés de grandes administrations et de travailleurs de tous les corps d'état.

Les maisons y sont proprettes, les cottages char- mants et nombreux; de gracieux jardins donnent leur ombrage et leurs parfums aux habitations voisines... Bref, cela doit presque donner envie à un négociant de la rue du Sentier d'y avoir sa maison de cam- pagne.

Tout cela est puéril ; il y avait autre chose à dire -ur Belleville.

En somme, bien pâle, bien terne... surtout pour ^(•n titre et pour l'époque.

Avis à MM. les collectionneurs. (Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai tant d'attentions pour cette classe de la société car, j'en suis certain, les vrais, les purs ne lisent jamais ; ils collectionnent, voilà tout. Quoi qu'il en soit, voilà mon petit avis.)

Le 7 de Paris- Belleville se qualifie d'exception- nel. — En effet, il a cela d'exceptionnel qu'il est la reproduction exacte du 6.

Collaborateurs : MM. Emile Spini et Jules Tolard.

U4

LA RÉACTION. N^ 4, sans date, a paru le 23 février 1871. 11 est signé: comtesse Lionel de Chabrillan.

Les personnes qui désireraient en savoir long sur le ménage de Céleste Mogador et du comte de Cha- brillan peuvent lire ce numéro. Il y a de tout là- dedans, mais plus de linge sale que de linge propre .. et je ne suis pas la blanchisseuse de la maison.

S'est fondue dans la Comédie patriotique citée plus haut.

LE FLAMBEAU RÉPUBLICAIN. Études politiques et sociales. N<* 1, 26 février 1871. A. Jamet.

L'auteur de cette publication est un professeur (( calomnié, suspendu et enfin révoqué » par des gens qui lui reprochaient d'être populacier, parce que, pour s'instruire des besoins du peuple, il fré- quentait plus volontiers les ateUers et les chaumières . que les salons des hauts fonctionnaires et des favoris de la fortune...

Fondateur du Républicain de Yaucluse, condanuié à l'amende et à la prison, traîné, lors du coup d'Etat du 2 décembre, au château des Papes, etc., etc., M. Jamet a dirigé pendant dix-huit ans, à l'institu- tion Jauffret, un cours dans lequel il n'a cessé do

145

protester contre la monarchie de race et le césarisme ; il en appelle à ses nombreux élèves.

Aujourd'hui, le rédacteur du Flambeau républicain, que son Age devrait mettre en garde contre tout étonnement, est cependant surpris de ne voir ni Mi- chelet ni Littré au nombre des élus de Paris; il s'étonne que M. Lockroy ait obtenu IS^-^SS voix, tandis que M. Peyrat n'en a pu avoir que 72,480, M. Lockroy étant donc, en quahté de journaliste, à M. Peyrat, comme deux est à un; et sa surprise s'ac- croît encore quand il se demande quels peuvent être les titres qui ont motivé les 47,322 voix données à M. llébrard du Temps,

Et il va d'étonnements en étonnements jusqu'au moment le lecteur, stupéfait à son tour, lit avec stupeur ces quelques mots : la Cloche vient de re- naître, à la grande joie des démocrates qui savaient l'apprécier ; et nous allons retrouver un organe de publicité sympathique à tous les efforts généreux et à tous les dévoûments.

Dont je feus plus estonné qu'ung fondeur de clo- clies, et m'escriai :

Ah! Panurge, es-tu?

LA PATRIE EN DEUIL. Nouvel appel aux électeurs. P''' iiiai's 1871.

13

146 - Cette feuille, qui fait partie de la grande famille des publications lancées par la maison Brunereau, Gro- mier et C^^^ ^ paru pendant l'occupation allemande. Messieurs les Prussiens étaient à peine à l'Arc-de- Triomplie que la Patrie en deuil se vendait sur le bou- levard Montmartre. Elle a débuté par le 6, ce qui est assez bizarre.... M. Gromier, reste, changeait sou- vent le titre de ses feuilles, tantôt numérotait, tantôt ne numérotait pas ou numérotait mal bref, le dé- sordre le plus complet... Moi, cela m'est indifférent, mais ce sont les collectionneurs que ça va amuser !

Même désordre dans les idées : la Patrie en deuil recommandait aux électeurs MM. Arthur Arnould et Desmarest, avocat, Lefrançais et Poulizac, Claparéde et Vaillant de V Internationale ... . ^

Quant à son programme, il est court et bon : « Con- seiller le bien ; empêcher le mal ; contribuer, suivant les inspirations de notre conscience, à la concihation générale que nous croyons indispensable à la réorga- nisation et à la régénération de la France comme à la constitution et au salut de la République française. » N'est-ce pas_ le programme de toiit le monde ?

La Patrie en deuil avait trouvé dans le Times du 21 février, sous le n^ 26,992, l'annonce suivante :

« Af. Raoul-Duval, Genillé (Indre-et-Loire). Hâte- toi de te rendre à Paris. Prussiens entreront. Ton quar- tier sera occupé. Toute demeure désertée est livrée aux excès de la soldatesque. Serviteurs impuissants à maintenir

147

Tordre. Ta cave sera pillée, etc., etc. —Avons vu Edgar hier. Toute la famille en bonne santé. 17 février. A. L. D. D. ))

Cette annonce inspire à la Patrie en deuil la ré- tlexion suivante : a xVinsi, au dix-sept février, le cor- respondant de M. Raoul-Duval, bien connu dans les Champs-Elysées, lui mandait les conditions de l'occu- pation de Paris. »

Et cela ne l'étonné pas autrement, ni nous non plus.

LE VEILLEUR. Journal de la dernière heicre. Paraîtra pendant la durée de V occupation par les forces ennemies d'une partie de Paris. N^ 1, 2 mars 1871. Gérant : E. Ménier.

Ce journal reproduit en tête de son premier numéro la résolution prise par la garde nationale de Paris : « La garde nationale no s'opposera pas à l'entrée des Prussiens dans Paris, ^^eulement elle tiendra la main à ce que les clauses de la convention officielle soient rigoureusement observées et se mettra en état de dé- fense en dehors de la ligne d'occupation ennemie.

<i Elle jure de faire respecter les conditions expresses du traité, par la force s'il le faut. »

Et, au contraire des canards du Pont cassé, les Prus- siens qui n'avaient pas sur la garde nationale la môme

148 opinion que les braves généraux Trochu, Ducrot et Vinoy, se le sont tenu pour dit et ne l'ont pas passée. . . . tire, lire, lire.

Le Veilleur annonce que selon toutes probabilités il ne paraîtra que quelques jours seulement, donnant uniquement les nouvelles de la journée, les faits offi- ciels ; puis cherchant à faire excuser ce qu'il y avait de pratique dans le lancement d'un journal à un pa- reil moment, il invite ses confrères à reparaître au plus vite : le peuple de Paris a besoin plus que jamais

d'être soutenu, encouragé, aidé ; on comprendra

votre abstention d'un jour, on ne comprendrait pas qu'elle ait une plus longue durée, etc.

Ce journal a eu deux numéros.

NOUVELLES DE BORDEAUX. Cet

unique numéro, vendu i5 centimes le ^ mars, alors que par patriotisme la plupart des journaux de Paris ne paraissaient point, n'était qu'un avatar de VE lec- teur libre.

\\ proteste une millième fois de plus par sa présence des aptitudes financières et commerciales du frère de M. Ernest Picard, aptitudes qu'aujourd'hui per- sonne ne saurait mettre en doute.

- 149

LE MONITEUR DE LA PAIX. Les Pari- siens en deuil (Entrée des Prussiens dans Paris) . Sans date.

Ce canard était signé : P.-.]. Bertrand, un nom que j'ai vu au bas d'une foule de publications qui ressem- blaient à tout et ne ressemblaient à rien ; elles tenaient un peu du journal, beaucoup du canard, pouvaient passer pour des placards et ne s'éloignaient guère de l'affiche.

LE DEUIL DE PARIS. Journal complainte. Celui-ci est un vrai canard.

Notre Assemblée ratifie

Par cinq cent quarante-six voix ;

Le contre est de cent sept voix,

Il faut sauver la patrie.

Les dépêches que nous donnons

Sont signées par Jules Simon.

Ce n'est pas pUis fort que cola.

LE BIEN PUBLIC. Journal politique quotidien. 1, 5 mars 1871. Rédacteur en clief : 11. Vri- gnault.

Travailler à la régénération du pays, à la réconci-

13.

iSO liation du travail et du capital unis par une intelli- gente et honnête coopération ; vouloir que la liberté soit complète, que la responsabilité soit individuelle et absolue, etc., etc., et cela sans violences, saîis in- jures, tout en disant ce qu'il pense des hommes et ce qu'il attend du pays, tel est le but que se propose d'atteindre le Bien pnblic.

Dès le début, ce journal manifeste la plus grande inquiétude pour les enlèvements d'armes et de muni- tions dont quelques quartiers de Paris sont le théâtre ; il engage vivement l'Assemblée à revenir au plus vite, et feignant de croire (M. Vrignault est bien trop habile pour avoir été la dupe de cette ignorance simulée) que le gouvernement marche en aveugle vers un abîme qu'il ne pourra combler qu'avec des cadavres et encore des cadavres, il lui fait toucher du doigt le danger qu'on peut encore conjurer... Mais il n'y a pires sourds que ceux qui n'ont pas intérêt à entendre.

Quant au Bien public, sa campagne contre la Com- mune fut des plus vives. Son rédacteur en chef put se dérober aux poursuites ordonnées contre lui : (( Me voilà donc proscrit, dit-il le 8 avril; proscrit^ soit; exilé, non. Je resterai à Paris; j'y resterai pour dire ma pensée, pour soutenir mes concitoyens, pour ouvrir les yeux des aveugles. Qu'auront gagné ceux qui me poursuivent? De m'obliger à quelques ruses faciles; en vérité, c'est peu. » Et, de sa retraite, M. Vrignault tire à boulets rouges sur ses ennemis;

- 151

supprimé, le Bien public paraît, disparaît, paraît en- core, paraît toujours, tantôt sous un nom, tantôt sous un autre : aujourd'hui c'est la Paix, demain ce sera VAnonyîïie, après-demain le Républicain mais tou- jours le Bien public.

Je ne louerai pas M. Vrignault du courage qu'il a montré dans cette lutte qui n'a pas moins duré d'un mois et demi ; c'est une tâche ,dont il s'acquitte trop bien pour que je ne lui en laisse pas tout le plaisir et toute l'initiative : « Sur ce champ de bataille qui s'appelle Paris, dans cette rue même nous nous sommes battus pendant trois jours, entre deux barri- cades, l'une que nous avons faite, l'autre que nous avons prise... » « Nous l'avons dit à l'heure môme triomphait le mal; nous l'avons dit pendant la bataille des rues... » Etc., etc.

M. Vrignault a bien fait de se cacher pour échap- per aux recherches dont il était l'objet; l'exemple de Chaudey se laissant dédaigneusement faire prisonnier n'avait rien de tentant, bien qu'alors personne n'eût pu prévoir le fatal dénoûment de cette aventure; M. Vrignault, en restant à Paris, où, du fond de sa retraite, il continuait de combattre contre des enne- mis tout-puissants, a certainement montré plus de courage que ses confrères réfugiés à Versailles... Tout cela serait très-bien si je ne remarquais dans le Bien public une tendance à exagérer les dangers que lui, Bien public, n'a cessé de courir, tendance contre la-

152

quelle je clierclie à réagir au point de vue de la vé- rité historique. Car enfin, il était bien facile de sup- primer d'une façon réelle le Bien public, de l'empê- cher de reparaître sous le titre de la Paix, de devenir V Anonyme et de reparaître Républicain; il ne devait pas être très-difficile encore de mettre la main sur son rédacteur en chef... La Commune ne l'a pas fait; ne le voulait-elle point était-ce par impuissance? M. Yrignault penche pour cette dernière raison... Les œuvres de haine et de vengeance sont cependant généralement mieux servies...

Aujourd'hui, le Bien public triomphe et n'a garde d'ouMier ses ennemis d'hier; on en peut juger par

ces lignes : « Chacun se prêtait à cette c*hasse

au Prussien. Aujourd'hui, nous pensons qu'il ne se- rait pas moins utile, moins salutaire pour la société, de faire la chasse aux communeux, aux complices de ces brigands, etc.. Seulement, l'action du gouverne- ment serait impuissante si elle n'était secondée par les citoyens eux-mêmes. Chacun, dans son quartier, connaît ces hommes qui, hier partisans de la Com- mune... etc. ; donc, pas de fausse pitié, pas de vaine crainte de passer pour un délateur. N'est pas délateur celui qui fait prendre un bandit. »

Cela est signé Saint-Amé et porte la date du 4 juin.

Le lendemain, un petit entrefilet cherche à atté- nuer Tclfet .produit par ces hgnes : « Quelques-uns de nos lecteurs se sont émus d'un article relatif aux

153 artisans de la Commune ; notre collaborateur a peut- être été un peu vif dans la forme, mais il n'a jamais entendu conseiller aux citoyens de faire, même en ces

ioments graves, le triste métier de délateur, surtout >ntre les égarés. » N'eùt-il pas mieux valu désavouer hautement cet •ticle que de présenter la piteuse explication qu'on ent de lire? Enfin, pressé par l'opinion publique, le Bien public revient encore sur ce sujet et, tout en ayant le tort de reproduire sa note explicative, ter- mine par ces mots : « Répression sévère, avons-nous toujours dit, mais répression légale. Action vigoureuse de l'autorité, mais ni dénonciation ni violences indi- viduelles. ))

Encore une fois, il eût certainement mieux valu ne pas accueillir l'article de M. Saiht-Amé.

Collaborateurs : MM. Charles Vrignault, Frédéric Fort, Edouard Drumont... Le sieur Charles Marchai, dit de Bussy, avait, en 1868, pour ami intime un per- sonnage de ce nom et qui ligure même dans un pro- cès pour coups et blessures et port d'armes prohi- bées intenté au sieur Marchai, dit de Bussy; si mes souvenirs sont exacts, le même Edouard Drumont, recommandé par M. Louis Veuillot (... pour me res- ter, écrivait celui-ci, // faut une âme de héros, et ce n'est pas encore son fait), avait passé par le Figaro pour aller au sieur Charles Marchai, puis l'avait quitté et s'était vu traîner dans l;i boue par son an-

154 cieii ami, dans un carré de papier fangeux intitulé la Mère Duchêne (1870). îr^erait-ce le môme? J. de Gastynes, Saint-Amé, E. Yalpinçon, iVimé Dollfus, lï. Muroeard, etc.

LE CHATIMENT. N^ i, 5 mars 4871. Gérant : A. Bonneville.

La première page, encadrée d'un filet noir, est adressée à M. le comte de Bismarck, grand-chance- lier de l'empire d'Allemagne. Cette page se termine l)ar les lignes suivantes :

« Nos pères ont toujours lutté courtoisement, Monsieur le comte, à armes égales, souvent un contre dix, jamais dix contre un.

(( Quoi qu'il en soit, merci !

« Si l'heure fatale de la chute des nations n'a pas sonné pour la France, tremblez !

(( S'il reste encore sous .la cendre de nos passions pa - triotiques une étincelle, tremblez !

« Si dans nos veines circule encore une goutte de saug vivace, tremblez !

« A nos enfants, nous placerons désormais dans une main un livre et dans l'autre un fusil, et nous leur ap- prendrons comment on se relève et comment on se venge î

« Agréez, Monsieur le comte, l'assurance de notre haine implacable.

<c La Rédaction du Châtiment. »

155 Tout cela est très-joli ; il eût peut-être été préfé- rable de ne pas tant crier : A Berlin ! à Berlin î La deuxième page est tout entière consacrée à la

Éjublication de la Déclaration des Droits de V Homme. I Au deuxième numéro, reproduction d'un discours de Blanqui, prononcé à Londres le 24 février 1851, d'une afiiche du maire Bonvalet, et d'une pièce des Châtiments, de Victor Hugo, ce qui permettait aux polissons chargés de vendre ce canard de crier à tue-tête : Le Châtiment, par Victor Hugo! C'était bien simple, comme vous voyez.

DIOGÈNE. Satire populaire. N^ i, 5 mars 1871. Victor Barbier. Cette petite publication avait l'intention, si le premier iméro était bien accueilli du public, d'en publier second dans dix jours, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle arrive à paraître tous les cinq jours. Chimère! chimère !

La liste du Mot d'Ordre. Quand Rochefort parut autrefois à la Chambre.

Ah! vous ne disiez pas que c'était de la poésie!... Tout s'explique, et le deuxième numéro du Diogène est encore à venir. .Mais continuons :

I

156 -

Quand Uochefort parut autrefois à la Chambre, Il y fut accueilli comme un épouvantait

Par les complices de Décembre. Qui seul le défendit? Ce fut le vieux Raspail. Cependant Rochefort dans sa ligne persiste, Donnant aux électeurs le mot d'ordre et le pas : Hier, son propre nom figurait sur la liste ;

Mais, chose singulière et triste. Celui du vieux Raspail seul ne s'y trouvait pas.

LE PÈRE DUGHÊNE. N^ 1, 10 ventôse an 79 (1).

Ce journal, un des plus curieux de l'époque, a eu 08 numéros, et non pas 05, comme le dit le Figaro; c'est un des plus recherchés et aussi un des plus rares, bien qu'il ait été tiré à un grand nombre ' d'exemplaires.

Que dire de ses grandes colères contre les Jean- (outres de propriétaires qui ne foutent pas les quit- tances aux patriotes, comme le veut le décret de la Commune; de ses grandes ribotes en voyant que les Versailleux s'enfoncent de plus en plus dans la mou- tarde; de ses grandes motions pour quil soit délivré aux patriotes des cartes de civisme, api que chacun puisse savoir si son voisin est ou non de la paroisse;

(1) La publication du Parc Buchcnc fut suspendue par décret du înéral Viuoy (11 mars 1871).

- 157 - et de ses lettres bougrement 'patriotiques sur la police, avec sa grande colère contre le citoyen Ferré et le citoyen Raoul RigauU, qui ne foutent rien et passent leur temps à se faire les ongles au lieu de griffer?... Vrai, le Père Dnchêne n'était pas raisonnable; il écrivait ceci le o prairial, c'est-à-dire le "22 mai, et certainement Raoul Rigault et Ferré ne se sont pas fait les ongles ce jour-là...

"Je n'ai pas le courage de relire cette feuille ; le dé- goût me prend à la gorge, et le mépris me vient aux lèvres; du reste, voici ce que je disais le 15 mai au sujet de quelques lignes extraites du Père Dnchêne du 26 floréal. Je ne change absolument rien à ce que j'écrivais alors.

A propos des arrestations dont le 11^ arrondisse- ment est le théâtre depuis deux jours, le Père Duchêne s'écrie qu'une chose qui lui a fait rudement de plaisir, c'est d'avoir été arrêté à l'entrée de la rue du Fau- bourg-Montmartre .

On ne passe pas ! lui dit la sentinelle.

Gomment, nom de Dieu ! on ne passe pas ! . . . . Ah ! ca, le Père Dnchêne passe partout. Et tu vas le laisser aller faire sa feuille, pas plus tard que tout de suite.

Ah î dit la sentinelle, si c'est toi, mon père Du- chcne, tu peux filer ton nœud, parce que toi, tu es un bon bougre

Et vous pensez si le père Duchène fila son nœud

14

158 avec plaisir. Brave père Ducliône î Aiais qu'aurait-il dit, si cette sentinelle lui avait répondu : Tu prétends passer

partout, père Ducliêne : tu mens car il y a bien

des endroits par lesquels tu ne passes pas. la lutte est la plus acharnée, l'on meurt pour la liberté.... tu ne passes pas, brave père Ducbéne; je ne t'ai pas rencontré dans ces endroits-là ; je ne t'ai môme jamais vu l'on relève les morts, on panse les blessés.... Non, pendant que la canonnade gronde furieuse, assis prudemment dans ([uelque cabaret lointain, tu rédiges avec de la boue et du sang tes dénonciations quotidiennes, et, vivant grassement des rentes que te fait la populace en ache- tant ta feuille, tu penses à ton ancêtre Hébert qui te contemple du haut de cet échafaud sur lequel il fallut le porter pâle et tremblant. Car le jour venu, Vhéber- tisme dont ton ancêtre avait fait une sanglante puis- sance vociféra autour de la charrette qui conduisait son tribun au supplice, et cette huaille lui cria ce qu'il avait répété tant de fois : « Va, coquin, va éter- nuer dans le panier 1 11 est bougrement en colère aujourd'hui, le père Duchêne î »

Mais rassure-toi, brave père Duchêne 1 tu ne finiras même pas comme lui :

Toi, tu te noîras dans la fange, Petit, petit !

Je ne savais pas alors quels étaient les rédacteurs

p

- io9 (lu Père Dîtcliêne ; les trois derniers numéros sont signés : E. Yermerscli, A. Ilumbort, Maxime Vuil- laume.

E. Vermersch! (j'ai parlé de lui plus haut). Il me revient à la mémoire quelques vers de ce malheureux garçon; la pièce est intitulée les Voleurs d'auréoles:

Non ! car nous sommes nés aux pays enivrants

Des étoiles et des grands aigles; Car nous aimons ouïr les doux oiseaux charmants

Chanter dans les blés et les seigles ; Car nous voulons enfin nous l'avons bien gagné

Savoir le fond riant des choses : Notre acte de naissance, auquel a Dieu signé,

Dit : Poètes, frères des roses. Allons, la joie! allons, les fleurs! allons, le jour

Dans la mansarde et la chaumière! Et qu'un enthousiaste et large chant d'amour

Monte, immense, dans la lumière !

Poète, frère des roses.... et finir déguisé en mar- chand de fourneaux !

Efl'ronlé voleur d'auréoles!

Quant au citoyen A. Ilumbert, voici quelques frag- ments d'une lettre qu'il écrivait à Jules Richard du Figaro, le 17 mars 1869 ; Jules Richard avait dit :

fi II n'y a que les niais ou les intrigants, les dupes ou les dujwurs qui se disent communistes. »

100 -

« Vous , Monsieur , répond Humbert , qui n'êtes pas comme nous autoritaire, vous qui êtes libéral, vous qui êtes un chaud partisan de la liberté de la parole et de la presse, vous permettrez sans doute à un de vos adversaires, à im de ces hommes qui se disent communistes (niais ou intrigant, dupe ou dupeur) de prendre la parole et de vous adresser non pas une réponse, on n'oppose pas des ar- guments à dos épithètes, mais simplement une ques- tion.

(( Voici les noms de quelques homnpes célèbres qui se di- saient communistes : Thomas Morus, Campanella, Mably^ Morelly, Babeuf, Voyer d'Argenson, Buonarotti, Charassin, Ch. Teste, Villegardelle, Robert Howen, Louis Blanc.

« Veuillez nous dire auquel de ces grands citoyens vous prétendez appliquer une seule des quatre épithètes cour- toises que vous adressez si légèrement à leurs disciples.

« Pour toute réponse, un nom propre.

« Recevez, Monsieur, etc.

(( A. HuMRERT, étudiant en droit. »

Inutile d'ajouter que cet A. Humbert n'a de com- mun avec le sieur A. Humbert, rédacteur de la Lan- terne de Boqidllon, qu'une désagréable similitude de nom « qui m'a déjà causé beaucoup d' ennuis (c' est ce dernier qui parle. 11 juin). Je proteste de toutes mes forces contre cette confusion qui me met sur le dos les ordures de mon homonyme.... »

Le Boquillon a raison... chacun doit rester avec sa hotte.

- 161

LE SALUT. (Sans date.) 7 mars 4 87i. Direc- teur : M.-A. Gromier.

C'est la suite des publications : le Salut de Paris, la Patrie en deuil, la République sauvée; aussi le premier numéro porte-t-il en tête : 12.

Le dernier numéro est encadré de noir, et au-dessus lu titre on lit : Journal des conciliateurs républicains, ^paraissant deux fois la semaine.

Je remarque dans ce numéro la signature de M. A. Genevay, dont les articles signés S'^i'/^rw^, dan j le Réveil de Delescluze, furent jadis très-remarques.

LA BOUCHE DE FER. N^ 1, 8 mars 1871. P. Grousset (1).

Il y a dans le premier numéro de ce petit pamphlet certaines lignes à l'adresse de Gambetta, lignes qu'on ne peut relire aujourd'hui sans sourire et sans penser à M. Paschal Grousset: « lîompre en visière bruyamment au gouvernement de la capitulation ; protester contre l'armistice ; faire croire aux bons patriotes qu'on veut poursuivre la lutte à outrance, et s'arrêter seulement après avoir chassé ou exterminé l'ennemi ; expédier à

(1) La publication de la Bouclic, dr fer fut, suspendue par décret du général Vinoy (11 mars 1H71).

U.

\m Paris, l'avant-veillc du scrutin, tout un fatras de pro- clainations ; puis, l'heure venue d'agir, faire tran- quillement louer une maison proprette, et s'y retirer les mains dans les poches aussitôt que l'ogre Jules Simon montre le hout de son nez : vrai, c'est plus pur que l'antique, et cela vous ouvre des horizons sur le cas de Cincinnatus.... »

Le second et dernier numéro de la Bouche de fer annonce la mort d'Henri Rochefort : « En quarante- huit heures, un érysipèle a eu raison de cette nature frêle, nerveuse et charmante. j& ^

Et plus loin :

(( Il laisse aussi deux enfants : la Nation lui doit bien de les adopter. Quant à ses funérailles, c'est le peuple de Paris qui les fera. Derrière son cercueil il y aura 200,000 patriotes, ceux qui, l'an dernier, ac- compagnaient à Neuilly le cercueil de Victor Noir. »

Hélas ! hélas ! je transcris ces lignes aujourd'hui lundi 42 juin, quelques jours avant le jugement de Henri Rochefort.

I

L'HOMME. Organe politique et quotidien de la fédéralion universelle. N" 1, 8 mars 1871. Rédac- teur en chef : L. Maretheux.

Cette publication n'est pour ainsi dire que la se-

- 163 îonde série de l'Homme, organe scientifique, philoso- phique et littéraire dit triple développement physique, intellectuel et moral de l'humanité, qui paraissait en mai 1870.

' Celte seconde série est dédiée à Gh. Ribeyrolles, à Fillustre proscrit qui, le premier, inscrivit en tête du mrnal ce mot qui résume tout : « l'Homme. »

(( Il ne nous était pas possible de rendre notre journal politique sans adresser un public liommage au grand ci- toyen qui nous honore de son amitié, et à qui nous devons notre titre. Nous n'avons point le même talent; mais animé de la môme foi dans le triomphe définitif de la liberté, nous n'oublierons jamais les grandes leçons qu'il nous a données. ,,» « L. Maretheux. 2>

Wi A partir du 18 mars, l'/fomme devint l'/Zomme libre, ^Bt après avoir annoncé que désormais il allait paraître ^Tous les jours, mourut le 9 avril, son rédacteur en chef ayant élé appelé à d'autres fonctions.

Collaborateurs : A. Noury, Albert Clément, Paulin

Sarrut, Edouard Roland, A. Desmoulins, A. Morel,

rédacteur du Réveil; Salvador Daniel, alto et délégué

communal au ()<^ arrondissement. Ce Salvador Daniel

demandait dans un article intitulé : VArt et les arlis-

v^Ê^^ ^pe ceux-ci essayassent de faire de la politique,

^^Ken que Platon les ait bannis de sa république, a Oui,

liftais Platon l'a dit d'une manière purement spécula-

iPPive, à peu près comme les électeurs ont déclaré der-

164 nièrement qu'ils ne voulaient plus d'avocats ; » et sur ce thème, le citoyen Salvador Daniel brodait des va- riations auxquelles sans savoir j'eusse préféré le moindre air de son alto.

LE CANARD. Feuille anti-poliliqiie (sans date). 0 mars 1871. Iblis.

Sous son faux bec, ce canard cachait le nez de M. Prudhomme; il me semble l'entendre s'écrier: La cause de tous nos maux, c'est la politique. Kan, kan, kan !

« Nous n'irons pas en chercher la preuve bien loin ; chaque jour, nos réunions intimes, présidait la plus cordiale urbanité, ont été troublées par la politique ; au café, sur le macadam, partout enfin, il a suffi d'une parole imprudemment lancée; on s'animait de part et d'autre; on s'échauffait; le sang bouillonnait, et l'écume aux lèvres on s'invectivait; de là'à une rixe, il n'y a qu'un pas...., etc. La politique est la seule cause de notre désunion, etc., etc. Le commerce, l'industrie, les arts ont pour base la paix, et la politique n'a jamais engendré que la guerre. Tant qu'il restera un politicien en France, nous serons les dupes de la parade et du boniment ; car en politique il n'y a que des... acrobates ! »

I

105 Ainsi cancanait ce canard ou plutôt son unique

i^cclacteur : Iblis.

LE TAM-TAM. Revue critique des j^olichinels politiques, financiers, religieux et autres, par Napo- léon Citrouillard. N^ spécimen, 10 mars 1871. Gérant : Commerson.

C'est un Tintamarre républicain. Pourquoi donc M. Commerson dit-il en tête du Tintamarre du \\ juin 1871 : « Notre premier devoir, en recevant l'autorisation de reparaître après sept mois de dou- leurs et de larmes?... »

Sept mois.... Et les trois numéros du Tam-Tam? Ils étaient amusants, et il n'y a pas à rougir de les avoir faits.

L'ELDORADO-PROGRAMME, Uttémire el politique. X^ 1, 12 mars 1871.

Je ne l'ai pas vu, mais j'y crois très-bien, et vous? Du reste -annonc»'' dans la Bihlior/raphie de la France.

I

- \m

L'OUVRIER DE L'AVENIR, .lournal poli- tique et social ; organe des chambres syndicales et des associations ouvrières. N^ \, 12 mars 1871. Direc- teiir : Evette ; gérant : Vaillant.

Cette feuille avait en épigraphe ces mots : Égalité,

Liberté, Travail , Fraternité, Association, ^

Fédération. Qu'est-ce que le travail? Rien. Que \ doit-il être ? Tout. Le socialisme est la religion de V avenir.

Son programme fort long est des plus complets et (les plus intéressants pour l'histoire ; il faudrait pou- voir le citer en entier. En voici le résumé : Hâter la ' destruction des prtVjugés sur lesquels repose la vieille ^^ société, préjugés à l'aide desquels on a toujours do-; miné et tyrannisé la classe ouvrière ; harmoniser par la persuasion et la lumière tout ce qui pense et qui" souffre, afin de préparer l'union sans laquelle rien n'est possihle ; démontrer sans rigueur ni froideur que c'est une erreur de croire que l'ouvrier ne peut vivre que s'il y a des riches ; prouver que les peuples peu- vent se gouverner seuls ; faire voir et prouver aux bourgeois et aux conservateurs de tous temps et de tous règnes, qui ont peur des sociahstes, que ce sont les socialistes qui devraient avoir peur d'eux; enfin réclamer sans cesse l'instruction gratuite, obligatoire, et l'association libre.

Exclusivement rédigée par des ouvriers, cette feuille avait pour collaborateurs : MM. Julien Dupire, Zacha-

167

ne feters, Deparis, Eugène, che, Matacotta, Brudon, etc.

olontaire au 73® de mar-

L'INDEMNÏTÉ. Organe des agriculteurs, indus- triels, usiniers, propriétaires et fermiers ayant droit à une indemnité pour les pertes, dégâts ou sinistres qu'ils ont éprouvés par suite de la guerre. N<* 1, 12 mars 1871.

LE VRAI PÈRE DUGHÊNE. N^ 1, 13 mars 1871.

« Je vous le jure, il faut, comme l'a dit le vieil Hugo, que ceci tue cela, si nous ne voulons pas que cela tue ceci. Si nous hésitons, nous perdons un siècle ; car nous relom- berons, avec le comte de Paris, dans toutes les erreurs et dans tous les scandales du règne de Louis-Philippe.

(( Et vous. Messieurs (Trochu, Favre, etc.), soyez mau- dits !

« C'est votre faute si, à cette heure, toutes les balles françaises qui se perdront peut-être dans la guerre civile ne sont pas logées dans le cœur des Prussiens. »

Ainsi parlait (lustave .Marotoau, le 13 mars 1871.

108 Ce seul et unique numéro du Vrai Père Duchêne a paru malgré le décret Yinoy, interdisant'la publication de tout nouveau journal jusqu'à la levée de l'état de siège.

LE MONITEUR PARISIEN. (Sans date.) Encore un canard de la maison P.-J. Bertrand.

L'AMI DU PEUPLE de Marat. (Sans date.) Ce numéro a paru après le décret Yinoy ; il est la reproduction textuelle d'articles de Marat et a été créé pour faire passer quelques instants d'agréable et salutaire illusion aux citoyens habitués aux journaux ((ue la réaction vient de supprimer. i( Le vieux jour- naliste de 1793, ajoute l'auteur de ce placard, vaut bien, pour la vigueur du style et l'énergie des convic- tions, ses jeunes confrères de 1871. »

LA RÉPUBLIQUE DE MARAT. (Sans date.)

Autre placard de la même officine ; celui-ci ren- l'erme, outre quelques articles de Marat, un extrait de VHistoire des Montagnards, d'Alphonse Esquiros, et une page de Raspail sur Marat, Vami du peuple.

LES PARADOXES DE LA SEMAINE.

Par Jacques. N^ 1, 18 mars 4871.

(( Ceci n'est ni un journal, ni un pamphlet : c'est un livre. C'est l'histoire de 1871, crayonnée au jour le jour, semaine par semaine, collection de matériaux presque sans valeur. »

Ceci est exact, presque étant de trop. Quant à

être l'histoire de 1871 Eh hien î si nous n'en avons

pas d'autre, les générations futures auront une singu- lière idée de ce qui s'est passé en 1871.

LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE. Journal politique quotidien , avec le concours de plusieurs des rédacteurs de la Marseillaise. 8, 19 mars 1871. Rédacteur en chef : Paschal Grousset.

En réalité, malgré son 8 et son titre déjà port(3 [tendant le siège, la Souvelle République est un nou-

15

- 170 veau journal qui s'est servi du titre d'un journal mort à son septième numéro pour tourner l'art. 2 du décretVi- noy, article dont nous avons parlé plus haut. A son troi- sième numéro, la Nouvelle République prend le sous- titre de Journal de la Révokition de Paris et va ainsi jusqu'au n" 20 (1er avril 1871), jour elle annonce à ses lecteurs qu'à une situation nouvelle il faut un nom nouveau et que la Nouvelle République, née le 1 8 mars au matin, avec la révolution, dont elle a prévu, suivi, reproduit toutes les phases, doit s'arrêter devant la victoire du peuple, aujourd'hui consommée.

(a Un nouveau journal lui succédera demain sous ce titre : L'Affranchi, journal des hommes libres. »

Celui-ci, dans son n^ 22 du 23 avril, annonce à ses lecteurs que depuis huit jours le citoyen Paschal Grousset est resté absolument étranger à la rédaction du journal, et qu'il n'y prendra aucune part tant qu'il fera partie de la commission executive de la Commune.

Et le 25 avril V Affranchi insère en tête de son 24-^' et dernier numéro la lettre suivante :

Aux RÉDACTEURS DE f Affranchi.

<( Mes chers amis,

(( Il me revient de divers côtés qu'on persiste à m'altri- buer une part occulte dans la rédaction de V Affranchi. « Dans ces circonstances et pour en finir avec ces insi-

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niiations, je crois devoir vous demander de suspendre la publication du journal.

« C'est la meilleure réponse à faire aux ennemis de la Piépublique, qui s'en vont criant que les journalistes de la Commune suppriment des journaux pour mieux vendre les leurs.

(( A vous. « Paschal Grousset. y>

Ce journal, (la Nouvelle République ou VAffrcmchi, puisque c'est tout un), dont le cri était : « Vive l'ordre ! vive Paris libre dans TÉtat libre ! » a publié des do- cuments assez curieux, entre autres la suite du dos- sier Arthur Picard, dont la première partie avait paru dans le Mot d'Ordre.

V Affranchi publia aussi les dossiers Galifîet, Charles Marchai, dit de Bussy, Troncin, du Mersan, Louis Veuillot, etc.

C'est un entrefilet de ce journal qui brouilla Vési- nier avec Piochefort; la discussion qui s'en suivit fut vive et se termina par cette amusante boutade de ïlochefort : « Ce qui ronge la Commune, désagrège le Comité central, énerve la garde nationale et, fina- lement, dissout la République, etc., c'est la défiance.

<( L'IIôtel-de-Ville se délie du ministère de la guerre ; le ministère de la guerre se défie de la marine; le fort de \anves se défie du fort de Montrouge, qui se défie du fort de Bicctre; Raoul Rigault se défie du colonel Rossel, et Yésinier se défie de moi. »

Collaborateurs : les citoyens A. Arnould, Edm.

172 llizire, E. Morot, R. Rigault, L. Ronsin, Charles et Gaston Dacosta, Simon Dereure, A. Breuillé, G. Caii- let, A. Grandier, 0. Pain, L. Picard, A. Régnard, Eiig". Kunemann et P. Yésinier.

LE PATRIOTE.

C'est le journal du patriote Armand Lévy, qui juge à propos de reparaître; aussi, en tête lit-on : 5^ an- née, no 24, 19 mars 1871.

LE DRAPEAU. Journal politique quotidien. No 25, 19 mars 1871. Gérant : H. Rolle.

Ce seul et unique numéro, malgré le no 25 qu'il affiche, doit rentrer dans la collection du Cri du Peuple; on s'est servi d'un vieux titre pour esquiver le fameux article 2 du décret Yinoy. H a pour signa- taires : J. Vallès, J.-B. Clément, Casimir Rouis, etc.

Je suis sûr qu'il doit manquer à beaucoup de col- lectionneurs et naturellement j'en suis bien aise.

LE COURRIER DU DIMANCHE. 2^ an-

néo, série B. No 1-16, 19 mars 1871.

- 173 - Les lignes suivantes peuvent servir d'explication aux gens méticuleux qui m'accuseraient de sortir du cadre de ma publication :

(c Cette feuille, qui était jadis plutôt une correspondance adressée à un public spécial qu'un journal, a d'abord paru à Bruxelles pendant six mois, puis elle s'établit à Paris elle fit peu parler d'elle.

«. Aujourd'hui, en présence des circonstances doulou- reuses que nous traversons, j'ai cru devoir faire c'est M. Etienne Vathier qui parle d'une petite feuille destinée à quelques amis un journal s'adressant à tous les hommes qu'anime un véritable sentiment patriotique. »

Politique de conciliation. N'a eu que quelques numéros. Collaborateur : Charte Woinez.

LA COMMUNE, par des rédacteurs du Com- bat. N" 4, 20 mars 4 (S7i. Gérant : A. Capdevielle.

En tête on lit : « La rédaction de la Commune est entièrement composée des rédacteurs du Combat et du Yengeur. Cette déclaration nous dispense de formuler un programme. »

En effet, nous retrouvons Odilon Delimal, Henri Maret, Camille Clodong, Ch. Lullier, Henri Brissac, Rogeard, G. Daubés, H. Ségoillot et Milliére qui, petit

15.

174 à petit, en fait son organe personnel... J'allais ou- blier Georges Duchêne, dont la Commune annonce ainsi la rentrée dans le journalisme : « Convaincue que l'heure décisive a sonné, la Commune tient à honneur de devenir spécialement l'organe de la ré- volution sociale dont le peuple de Paris vient de dic- ter le magnifique programme. » Aussi, est-ce au col- laborateur et à l'ami de Proudhon qu'elle confiera l'étude et la discussion des questions sociales.

J'ai dit plus haut que la Commune était devenue le journal de M. Millière; je le répète, et je me rap- pelle même que son premier article fut suivi de quel- ques lignes signées : 0. Dehmal, dans lesquelles celui-ci déclarait que la Commune était l'organe des grands intérêts du peuple et non d'une personnalité poKtique, etc., etc. Mais, dans les journaux, cela finit toujours comme cela.

Quoi qu'il en soit, la Commune fut im journal mo- déré, et, chose qui surprendra bien du monde, cette feuille dut ses allures conciliatrices à MM. Millière et Rogeard. Georges Duchéne y fit une campagne des plus vives contre les fous et les incapables de la Com- mune ; il toucha juste, car le lendemain la Commune était supprimée. Voici quelques lignes de l'article qui causa la mort du journal :

« Trahison du Moulin-Saquet, trahison au fort d'Issy, trahison à la cartoucherie de l'avenue Rapp, traliison par-

-- 175

tout ! Mais qui donc trahit? Les agents de Versailles? Ils font leur métier, et nous serions heureux de leur répondre par la réciproque.

« Il n'y a ici d'autres trahisons que l'iaeptie, Timbécil- lité des polissons et des drôles qui ont mis la main sur les services publics dont ils ne connaissaient pas le premier mot. Entre leurs mains, sûreté générale est devenue guet- apens, et salut public doit s'appeler abandon ou négligence des plus élémentaires garanties... etc. ï)

I

Et ce Duchêne-là ne badinait pas plus que l'autre!

La lin de l'article est excessivement violente ; après leur avoir reproché l'abjecte parodie dont ils scanda- lisent et déshonorent la révolution, Georges Duchene dit que si demain le châtiment n'a pas commencé de les atteindre, il les déclare hors le droit, hors la loi et à la merci du premier brave qui aura l'énergie de faire justice d'aussi sanglantes incapacités.

Il écrivait cela le 10 mai.

Le journal la Commune est un des plus intéres- sants à consulter pour riiistoire de cette époque.

LE TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE.

(Sans date.) Le .'î porte la i\\\\(' du Vi mars 1871 et la signature : P.-.l. lîcrlrand. ,\r)ns nous en doutions.

- 176 -

Une particularité à noter, c'est que le n^ 2 est la reproduction exacte du n^ 1 , et le n^ 4 la reproduction du no 3, jusqu'à la date qui est la même ! il n'y a que le numéro de changé.

Et P.-J. Bertrand parle quelque part de Paris, (( capitale de l'équité de l'industrie. »

Ah ! mais non !

L'ORDRE. Journal jiolitique quotidien. N" i, 20 mars 1 871 . Rédacteur en chef : Vermorel.

« Dans la crise que nous traversons, tous ceux qui croient avoir quelque autorité pour parler ont le devoir d'élever la voix. L'abstention n'est pas permise. Nous n'hé- sitons donc pas, quelque peu favorables que puissent pa- raître les circonstances px)ur l'entreprise d'une nouvelle publication. y>

Vermorel débute par un appel à la bourgeoisie parisienne ; à cette bourgeoisie qui a subi passivement l'Empire, qui a subi passivement les hommes du A septembre, la dictature Trochu, M. Thiers qui fina- lement la hvre à l'émeute qu'il n'a su ni réprimer, ni prévenir, qu'il a, au contraire, littéralement pro- voquée; à cette bourgeoisie qui doit subir le plus directement le contre-coup des événements, et qui a

177 -

à craindre de voir dès maintenant le commerce et le travail suspendus, sans parler de toutes les choses épouvantables et terribles que peut lui réserver un avenir prochain et imminent ; il lui demande si elle subira passivement le gouvernement révolutionnaire qu'il plaira à Belleville ou à Montmartre de lui impo- ser, ou si elle tendra docilement la gorge à la réaction venant de Versailles

11 la suppUe de prendre la situation en main, de ne pas abdiquer, sous peine d'être précipitée dans des malheurs épouvantables, mille fois pires que la mort. Il cherche à réagir contre cet affaissement de l'esprit pubhc qu'il regarde avec raison comme un très-grand danger, et insiste sur la nécessité indispen- sable pour tous les bons citoyens de se rallier au nou- veau gouvernement, de répondre à son appel, en lui substituant une autorité régulière, acceptée et respectée par la population parisienne tout entière.

Le journal V Ordre, fondé dans le double but d'éviter à tout prix la guerre civile et de poser incidemment la candidature de son rédacteur en chef, a publié dans

> quatre numéros de remarquables articles signés: \ormorel. , >

LE CHATIMENT. Journal quotidien. N^ 48, io mars 4871. Directeur : A. de Montferrier ; ré-

- 178

(lacteur en chef : x\. Sirven ; administrateur gérant : E. Delaporte.

Les dix-sept premiers numéros du Châliment ont été publiés à Bordeaux, ils n'ont pas fait grand bruit, et cependant le Châtiment était un journal de liberté et de représailles, de régénération morale et de réé- dification sociale

Bien de la besogne à faire', comme vous voyez.

Pour ne pas mentir à son titre, le Châtiment met au pilori certains personnages : le député André d'Ars- sur-Moselle, M. Gouin et autres ; il publia aussi quel- ques documents intéressants au sujet du testament (l'un M. Hubert, notaire à la Yillette, décédé à la Ya- renne-Saint-Maur, en iS^-O, testament contenant deux legs de plus de 500,000 francs en faveur des ouvriers socialistes. Il prétend que ces legs furent complètement détournés de leur but.

Le Châtiment, malgré ses allures farouches, était enclin à la conciliation ; le 7 avril il met un crêpe et s'écrie : « Conciliation, concorde, fraternité, em- liRASSEMENT ! Que les mères, les épouses, les sœurs, comme autrefois les Sabines, aillent, s'il le fant, sur les champs du carnage s'interposer aux coups. Quelle épée ne s'émoussera pas, quelle halle ne se fondra pas, si. pour masquer le but se trouve un cœur de femme. Fraternité ! Fraternité ! »

11 n'est si mauvais journal (et je ne parle pas pré- cisément du Châtiment) qui ne vousi apprenne quel-

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que chose; c'est ainsi que j'ai connu par le susdit Châtiment l'existence d'une Société de tempérance parisienne siégeant salle du Pré-aux-Clercs, rue du Bac.

Une Société de tempérance 'parisienne !.. . C'est à de- mander le nom des sociétaires !

Il y avait de tout dans ce journal-là, même des vers !

Des vers de M. A. Burtal, adressés au Comité cen- tral :

Ces hommes, qui sont-ils? Je l'ignore. Leurs noms Vont-ils aux piloris, vont-ils aux Paithénons? Groupe pensant, faisceau de forces et d'idées, Briseront-ils enfin nos idoles ridées?

Etc.

Des vers adressés à M. Thiers:

Quand les charniers sont pleins et les chaumières vides, Quand tout s'est desséché sous le vent du malheur, Quand la mort est repue, et que ses mains avides Sont lasses, c'est alors que vient le fossoyeur !

Et enfin la Romance du bourreau à propos de Fabo- ition de la peine de mort ; elle est de Joseph Boul- nier, <( un de nos poètes républicains les plus juste- ment appréciés, autant par- la contexture du vers que )our la nervosité du trait. »

Nervosité... si vous voulez ; je connais Joseph Boul-

- 180 mier; il a fait heureusement des vers meilleurs ({ue ceux-ci :

Je ne suis pas le seul de ma race bipède,

Le seul de mon métier, le seul de mon mandat ;

Et l'on verra peut-être un nouveau Lacépède

Me classer quelque jour à côté du soldat.

C'est un confrère à moi, confrère assez stupide :

Un bourreau qui combat, dont on peut se venger.

J'en conviens franchement : je suis moins intrépide ;

Mais pas si fou î Je suis assassin sans danger.

Etc.

Pnlvis et in pulverem reverteris.. . . Atteint par cette inflexibilité du destin commun à tous les êtres, le Châ- timent dit bonsoir à la compagnie avant que son directeur, M. A. de Montferrier, dont les correspon- dances militaires de Forbach et de Spicheren ont été reproduites par tous les journaux, ait eu le temps de continuer son rôle d'historiographe auprès de l'armée des fédérés ce que son journal annonçait dans son avant-dernier numéro.

RIGOLETTO. Journal illustré. 1, ^U mari 1871. Directeur : Laglaize.

« Quebiiies grands formats nous font rhoniieiir de riou attaquer.

r

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. (( Nous aimons la liberté, la justice, le progrès; voilà notre tort !

(( Nous avons soutenu la Commune ; voilà notre crime !

« Écumez ! Messieurs les réacs!

« Grincez ! citoyens cagots !

(( Votre colère est notre premier succès. »

En gesticulant ainsi, ce pauvre fou se blessa avec sa marotte (dame, quand on ne sait pas manier un outil....) et mourut du coup.

Dessinateur : E. Ladreyt.

LE FAUBOURG. Journal 'politique quotidien. ^1"^ année. N^ 1, 26 mars 1871.^ Rédacteur en chef: Gustave Maroteau.

^e année !... Mon Dieu oui ! Mais ce que ne dit pas le citoyen Maroteau, c'est que son journal le Faubourg, publié le 26 février 1870, n'eut que trois numéros dont un spécial.

Il m'en souvient encore de ce numéro spécial; il était adressé au président de la 7^ chambre, et Gus- tave Maroteau ne mâchait pas ce qu'il avait à lui (lire :

(( Bonnet bas ! mon président.

16

182

<( Je vous condamne à me juger tous les vendredis.

«c Le Faubourg tué, je fonderai la Révolte, et quand vous aurez déchiré encore mon papier, épointé ma plume, je ferai feù sur du papier d'affiches avec le rouge d'une allumette.

c: Et malgré vous, la foule, la grande foule en blouse, achètera notre feuille d'un sou ; et avec notre papier, son cuivre, nous ferons pour le jour de l'émeute des bourres et des balles. »

C'était roide en février 1870 î

Ne parlons pas du Faubourg de 1871.

Un seul numéro !

LE MONT AVENTIN. Écho des buttes Mont- martre, et, au deuxième numéro : Organe quotidien de la fédération républicaine. N^ 1, 26 mars 1871.

« C'est du Mont-Aventin qu'est parti le j-ignal de la Ré- volution ; c'est du haut de cet Olympe que, roulant avec fracas, la colère populaire, etc., etc. »

Le premier numéro est presque entièrement com- posé d'articles déjà publiés dans le Châtiment; le deuxième a pour rédacteur en chef M. A. Secondigné, pour secrétaire de la rédaction M. ïï. Lefèvre, et

183 pour administrateur M. Joanny. Gela va peut-être devenir un journal; le troisième numéro... Hélas! c'était fini.

LA SOCIALE. Journal 'politique quotidien du soir. \, 31 mars 1871.

Le Figaro du 13 juin se trompe en disant que la Sociale est née le 3 avril; il se trompe encore en la faisant mourir le 23 mai : la Sociale a eu 48 nu- méros et a disparu le 17 mai.

« Cette fois, s'écrie la Sociale en tête de son premier numéro, la révolution sociale ne se fera plus au profit de la bourgeoisie, ni au profit du paysan ceux-ci ont con- quis leur droit.

« C'est au bénéfice des travailleurs des villes qu'elle s'accomplira ! C'est le droit à l'outil que nous voulons et nous l'aurons. »

Le nom de M'"^ André Léo y apparaît vers le 18 avril (j'ai donné quelques renseignements sur cet écrivain au journal la Uépublique des Travailleurs) ; aussi ne doit-on pas s'étonner du rôle donné à la femme par ce journal : a Savez-vous, général Dom- browski (M^^ André Léo ne l'aimait pas), comment

184 s'est faite la révolution du 18 mars? Par les femmes. » Et elle lui prouve par-dessus le marché que, sans les citoyennes de Montmartre, il n'aurait jamais été lui Dombrowski général de la Commune.

C'est encore la Sociale qui procéda à la formation du bataillon des enfants du Père Dtichêne, dont le signe distinctif était un petit fourneau monté en plomb et placé, entre les initiales P. D., sur le turban du képi.

Du reste^ M^^ André Léo avait sur la liberté d'au- tres idées que certains de ses collaborateurs ano- nymes, et il est de toute justice de lui en tenir compte ici : la Sociale ayant accueilli la suppression de plusieurs journaux par ces mots : « Enfin ! les voilà donc supprimés ces journaux qui depuis un mois... etc.; que tout ce qui n'est pas avec nous s'en aille, c'est ce que nous demandons; mais que tous ceux qui seront rebelles à l'état de choses établi soient mis entre les mains de la justice ! Avis aux amateurs... etc. » M™e André Léo protesta vivement dans le numéro suivant : « Vous trouvez que c'est bien, moi je trouve que c'est mal... etc.; si nous agissons comme nos adversaires, comment le monde choisira-t-il entre eux et nous? Dans ce trouble de la conscience, il ne peut y avoir succès pour la cause... etc. »

;Mmc André Léo, sincère dans sa foi répubhcaine, insistait sur l'urgence d'une enquête à faire à l'égard

185

de tous les agents de la Commune, et invitait chaque citoyen à apporter son témoignage; en attendant, voici le sien : au commencement du siège, elle reçut une demande d'argent accompagnée d'une pièce de vers, le tout signé : A. du Camp. Elle donna; M. du Camp vint la voir; il lui déclara d'abord sa profonde indifférence en matière politique, et lui raconta sa vie, qui lui parut être celle d'un bohème dépourvu d'éner- gie et de conviction ; cependant, pleine de pitié, elle essaya de lui procurer du travail et lui écrivit d'aller voir un de ses amis qui avait promis de s'occuper de lui. Naturellement, M. du Camp n'y alla pas et ne ré- pondit pas. (( Quelle ne fut pas ma surprise, ajoute M"^« Léo, de voir plus tard le nom de cet homme parmi ceux qui se faisaient les initiateurs et les guides de la révolution populaire! Aujourd'hui (c'était le 15 mai), M. du Camp est inculpé de détournements de fonds municipaux, par suite d'une gestion lui et les siens s'étaient imposés! »

Dans ses derniers numéros, la Sociale tendait à se séparer de la Commune ; elle soutint Rossel avec énergie et, devant le silence de V Officiel, le défendit hautement de sa trahison présumée.

Avec la signature André Léo, les deux seules que j'aie vu figurer dans ce journal, sont celles de MM. Ca- mille Barrôre et Jacques Cousin, cedernier y publiant un feuilleton intitulé : Les Pauvres Bougres.

Jitcjpies Cousin était, c'est le Fir/ai^o qui parle, le

186 pseudonyme d'un garçon d'esprit qui a bien rire le jour ce bon bougre de Pilotell est venu jirendre la bourse de ce pauvre bougre de Polo.

L'ACTUALITÉ. N^ 1, mars 1871.

C'est moins un journal qu'un dessin du citoyen Gaillard fils, donnant le côté satirique de l'événement du jour.

Bons à tout et propres à rien tous ces Gaillard-Là.

MÉPHISTOPHÉLÈS. Journal 'politique, heb- domadaire , paraissant tous les samedis. N^ 1 , mars 1871.

Avec cette épigraphe : La science et la liberté.

Méphistophélès s'adressait au public (plèbe ou aris- tocratie) qui possède une qualité qui manque à notre génération actuelle, la faculté de penser sans un jour- nal et sans l'opinion d'autrui.

Méphistophélès s'est occupé, durant sa courte exis- tence, de la Question des loyers, du Timbre des jour- naux et de VÉducation et de Vinstruction dans l'a- venir.

187 - Vous pensez s'il mourut vite. Mais pourquoi donc s'appelait-il Méphistophélès?

LA FÉDÉRATION RÉPUBLICAINE DE LA GARDE NATIONALE. (Sans date.)

Ce fut d'abord un simple placard donnant les Sta- tuts du Comité central et n'ayant nullement les allures d'une feuille périodique ; mais au quatrième et der- nier numéro, la Fédération était devenue I'organe du Comité central :

a En dehors de notre mission, dit le Comité central, nous avons évidemment une idée de politique générale... Notre journal la portera devant le jugement public; si elle ne répond pas au vœu général, nous saurons faire abstrac- tion de tout amour-propre; mais si elle est estimée juste, nous la soutiendrons jusqu'au bout. »

Je ne m'attendais certes pas à rencontrer des vers dans ce journal; il s'adresse aux députés :

0 vieux bons à chercher des trufï'es,

Tartufes ! Clique infâme de charlatans,

Attends I La République à la main large

S'en charge. Vous aurez son revers de main

Demain.

188

Le seul nom que j'ai vu dans cette feuille est ce- lui du citoyen Edouard Moreau, membre du Comité central, et qui devint plus tard commissaire civil auprès du délégué à la guerre et directeur de l'in- tendance générale, et je prierai le lecteur de vouloir bien mVxcuser sur l'insuffisance de mes renseigne- ments; il n'était pas toujours commode d'arriver au 90 de la rue Saint-Dominique se trouvaient la ré- daction et l'administration de ce journal.

allez-vous? me dit un factionnaire barbu et ceint de flanelle rouge, de ceux qu'aimait tant à dessiner le Monde illiialré.

J'indique le but de ma visite et exbibe un numéro de la susdite Fédération...

Mais lui de s'écrier : « Ah cà, qu'est-ce que me fout^ cet animal-là avec su Fédération?... Il n'y a pas de journal ici, et foutez-moi le camp plus vite queca!

L'animal n'insista pas et décampa avec sa Fédé- ration... ce qui lui permet aujourd'hui de donnei cette petite explication.

LA FLÈCHE. Journal politique, satirique, il lustré. i\o 1, du 1er au 7 avril 1871. Directeur-gé rant : J. Grognet; rédacteur en chef: Pierre DeJ champs. Dessins de Rosaml»oau.

189 Nuance modérée. N'a eu que deux numéros assez insignifiants ; le second, cependant, mérite une men- tion honorable : le dessin représente un tribunal; trois magistrats siègent solennellement; au banc des avocats, un hideux Jules Favrc défend un accusé assis entre deux gendarmes; cet accusé n'est autre que le même hideux Jules Favre auprès duquel, au banc du ministère public, s'agite avec fureur un troisième hidevx Jules Favre. Au-dessous, ces quatre vers :

11 a sauvé de la potence Plus d'un coquin ; l'on sait cela. Que dirait-il pour la défense De celui-là?...

L'idée est drôle, n'est-ce pas?

LA MONTAGNE. Journal de la révolution sociale. S^ 1, ^ avril 1871. Rédacteur en chef: Gustave Maroteau.

Ah î dame, il est difficile de faire taire ce citoyen-là !

Ce qui distingue cette feuille de toutes celles qu'a lancées Gustave Maroteau, c'est sa longévité éton- nante : vingt-deux numéros! c'est à n'y pas croire! Ce qui la distingue encore des autres feuilles de sa nuance, c'est la cranerie avec laquelle elle publiait ses

- 190 fausses nouvelles; on se rappelle encore sa troisième édition (lu 4 avril :

VICTOIRE î

Le général Duval et le général Eudes sont à Meudon et à Châtillon.

Vive la Commune!

LE MONT-VALÉRIEN EST A NOUS.

FLOURENS MARCHE SUR VERSAILLES.

Ce soir-là, Maroteau avait rallié à la Commune bien (les particuliers que le 25 mai trouva barricadés in- térieurement et extérieurement. Ce qu'il y a de cu- rieux dans cette affaire de fausse nouvelle, c'est qu'un peu au-dessous de cette annonce à sensation, dans le corps du journal, on peut lire : « Tout à coup, quand la colonne était en pleine campagne, les canons du Mont-Valérien se mirent à tonner... On parle d'une trahison. On comptait que les soldats du fort étaient des nôtres... Non!... aussi, Tbiers avait placé des agents... etc. »

La numérotation de ce journal est très-défectueuse ; j'engage MM. les collectionneurs à se méfier et à ou- vrir l'œil... Je ne leur en dis pas plus long; il faut bien que chacun s'amuse un peu.

Collaborateurs : Léon Picard, J. Gouffé, Passe- douet, J. PoUio, A. Oldrini, etc.

- 191

LA RÉVOLUTION. Politique et sociale. As- wciation internationale des travailleurs, sections de la jare d'Ivry et de Bercy réunies. N*» 1 , 2 avril 1 871 . Gérant : V. Masquin (de rinterriationale) ; rédac- eur en chef: J. Nostag (de l'Internationale).

Le programme de ce journal se termine par ces nots :

« Quant aux intrigants de toutes sortes, qui ne peuvent oncevoir un État dans lequel il n'y aura plus ni mono- loles, ni privilèges, et tous seront obligés de produire n échange des droits qu'assure la société, ils accepteront, migreront ou seront anéantis. Citoyens de l'Interna- ionale, hâtez-vous d'agir ; Paris vous a montré la route. ierfs de l'univers, debout ! la Révolution vous appelle I ^ive la Révolution pohtique et sociale ! »

Le citoyen Tolain est malmené par cette feuille, ui lui reproche d'avoir déserté son poste, d'avoir fui 3n devoir à' international en abandonnant la cause es travailleurs qui l'avaient envoyé à la Chambre our revendiquer leurs droits, et le Conseil fédéral l'Internationale propose au conseil général de ondres de rejeter de son sein le sieur Tolain comme yant déserté sa cause de la manière la plus lâche et i plus honteuse...

Mais pourquoi X Internationale ne l'a-t-elle pas re- ïté de son sein lors de ses relations avec le prince apoléon?...

192 Collaborateurs : L. Lavérine, II. Goullé, Hamet, Malon, etc.

LA MÈRE DUCHÊNE. NM, 3 avril 1871. A. Larue.

Elle commence à se fâcher, elle dispute son mari. Elle lui reproche ses f. et ses b. et ses n. de D.; elle lui reproche aussi de s'adonner à l'ivrognerie et di porter ainsi gravement atteinte à la sûreté de la Ré- publique et au maintien de la morale en encourageam l'abaissement hideux du citoyen.

Elle lui dit que les mauvaises langues du quartiei l'appellent vieux poivrot; je me demande un peu c( que cela pouvait faire au Père Duchêne.

Au second numéro, la Mère Duchêne est triste e' sombre; elle NE PLEURE PAS: ELLE RAGE! - Elle meurt au troisième numéro.

Elle n'avait pas de mauvaises intentions, cett bonne vieille femme qui se disait marchande de ber lingots, et valait mieux que la deuxième madame Du chêne, marchande de poissons.

193 L'ACTION. Journal politique quotidien. N^ 1, 4 avril 1871. Gérant : Bondon. Le rédacteur en chef de ce journal, A. Lissagaray,

I" ^ n'y va pas de main morte ; il est l'homme de son ^ titre ; il crie aux républicains : En avant ! et dépose momentanément la plume, ne comprenant qu'une manière de collaborer à l'action : avec un fusil et sur les remparts!

Et V Action demande à la Commune des chefs, de jeunes chefs, l'envoi de commissaires auprès des gé- néraux, la suspension sans phrase de tous les journaux hostiles à la Commune, repousse la conci- liation, n'y voyant que la perle de la République; évoque le souvenir de la réaction thermidorienne, de la terreur blanche, et invite énergiquement la Com- mune à publier son programme.

Ce journal n'a eu que six numéros.

Collaborateurs : Henry Maret, Jean Labour et Charles Lullier, qui, dans un entrefilet intitulé : Il faut en finir, déclare qu'après avoir conféré avec douze rédacteurs en chef de la presse de Paris et soixante-cinq officiers supérieurs de la garde natio- nale, il faut absolument que la Commune cesse de trembler devant le Comité central, et qu'eUe confie le commandement des ibrces militaires de Paris à un général capable. « Si la Commune, ajoute-t-il, refuse de donner un chef à l'armée, celle-ci nommera elle- même son général. C'est décidé, w

17

194 On voit poindre la candidature. Mais c'est TafTaire du Mont-Valérien que je voudrais voir tirer au clair.

LE GRELOT. N" 1, 9 avril 1871.

Ce journal donne dans chacun de ses numéros un mauvais dessin de Bertall; il faisait mieux que cela en 1848, le citoyen Bertall. Le texte est à la hauteur du dessin : c'est un Tintamarre réactionnaire :

PROJETS DE DÉCRETS.

(( La devise : Liberté, Egalité, Fraternité est remplacée par celle-ci :

A Outrance, trente sous et rien à faire. »

« Considérant que la petite vérole est une maladie gê- nante; qu'elle expose non seulement le citoyen à mourir, mais à rester défiguré; que l'égalité est impossible dans une société qui compte des hommes grèiés dans son sein,

(( La Commune de Paris décrète :

« Article unique. La petite vérole est abolie dans la République française. »

Etc., etc.

Tout cela est peut-être fort spirituel, et il faut recon- naître un certain courage aux individus qui cherchent

m

195 à égayer leurs semblables dans un pareil moment... c'est évident; mais je viens du Père Lachaiseoii j'ai vu, étendus au fond d'une trancbée, vingt-sept ca- davres de mallieureux auxquels la devise du sieur Bertall : Outrance, trente sous et rien à faire, n'était as applicable au moins dans sa totalité... Et, au lieu du Grelot, j'ai cru entendre les sons funèbres de la clocbe pour les morts.

LE TRAIT-D'UNIÔN. Journal français. N^ 1, 8 avril 1871. Directeur-gérant : Z. Déplace.

«Le Trait-d' Union, son nom l'indique, n'est. qu'un journal éphémère... Son but alteint, nous rentrerons dans l'ombre, sûrs de trouver notre récompense dans notre conscience. »

Et s'il ne la trouve pas là, il peut encore être certain de ne pas la rencontrer ailleurs.

Le Trait-d' Union vécut peu. Il était doux et triste, et envisageait avec une certaine mélancolie la situa- tion dans laquelle il s'était placé, c'est-à-dire entre deux impossibilités, l'Assemblée de Versailles, qui ne veut rien faire, et la Commune de Paris, qui veut en faire trop.

196 Et, du regard, il interrogeait l'iiorizon pour voir si GaiTibetta n'arrivait pas.

LE BONNET ROUGE. .V l, 10 avriM871. Rédacteur en cher: Secondigné; gérant: Lefèvre.

Ah ! celui-ci y croyait bien ! Arrière, maudits ! criait-il aux Yersaillais; c'est ici l'arche sainte de la Commune ! c'est ici le sanctuaire de la République ! En- trez donc maintenant égorger cette dernière, sous l'œil des 300,000 citoyens décidés à mourir pour elle ! Et plus loin : Nous voudrions que leur entrée à Paris fût vraie... pour les bien recevoir.

Ce journal, des plus violents, et qui était vendu sur le boulevard par des gamins coiffés d'un bonnet rouge que leur payait l'administration de cette feuille, por- tait aux élections communales son rédacteur en chef, Secondigné, dont la profession de foi, adressée aux électeurs de Montmartre, est toute dans cette phrase : Je veux la Bévolation sociale, et je veux lutter pour les MAIGRES contre les gras, car il faut que les sueurs du peuple profitent désormais au peuple.

Les électeurs de Montmartre firent la sourde oreille, et le Bonnet rouge garda son rédacteur en chef.

Cohaborateurs : S.. Saint-Léger, G. Dautray, H. Jac- ques, Le Guillois.

197 -

LE BONHOMME FRANKLIN. N^ 1,10 avril 4871.

Conciliation sans transaction, telle était la politique de cette petite feuille sur laquelle, bien certainement, vous ne me demanderez rien de plus quand je vous aurai nommé son père : E. de Girardin.

PARIS-LIBRE. Journal du soir. N^ 1, 12 avril 1871.

Demandez, demandez Paris-Libre, le pilori des mouchards ! Cinq centimes, un sou !

Ah ! le citoyen Vésinier soignait la mise en vente de son journal î

Après les élections complémentaires de la Commune, élections qui envoyèrent Vésinier siéger à l'IIôtel-de- Ville , Paris-Libre s'écrie modestement : Parmi les nouveaux élus, il y a quelques individualités remar- quables dont le concours sera des plus utiles.

Et c'est alors que l'individualité remarquable qui nous occupe, c'est-à-dire le citoyen Vésinier, entreprit dans son journal la publication des noms de tous les indi- vidus qui ont demandé un emploi de mouchard sous l'Empire et depuis le A septembre 1870. Ce fut le seul coté intéressant du Paris-Libre^ et encore !...

Remplies de mouchards de bas étage qui pour la

17.

- 198 - plupart ne devaient opérer que dans les bas-fonds de la société, ces fameuses listes ne tinrent pas ce qu'elles semblaient promettre, bien que de temps en temps certains noms appartenant à la vieille noblesse fran- çaise y vinssent jeter un éclat douteux et passager. Cependant elles firent le succès de Paris-Libre, qni put écouler plus facilement ainsi toute la prose vési-culeuse dont il était cbargé.

GAIN ET ABEL. No 1, 15 avril 1871. Ré- dacteur en chef: A. Le Béalle.

Avec cette épigraphe : Les hommes se sont mis en société 'pour s'aider les uns les autres, pour protéger Abel contre Caïn.

Cette petite feuille, qui n'eut que trois numéros, et dans laquelle j'ai trouvé cette signature modeste et parfumée : Violette, était un long appel à la frater- nité : les mots entendons-nous, oublions nos torts réci- proques, marchons la main dans la main, etc., fai- saient le fond de sa politique ; le tout eût été de les mettre en pratique.

<

199

LA NATION SOUVERAINE. iN» 1,15 avril 1871. Rédacteur en chef : Alexandre Rey.

République formaliste.

Ce journal, qui faisait une rude guerre à la Com- mune, fut supprimé par arrêté du Comité de salut pu- blic ; il alla planter sa tente à Saint-Germain, il pa- rut du 16 au 29 mai, et ne reprit sa publication à Paris que le 7 juin.

Les couleurs politiques changent, ou plutôt

; passent au grand air et à la lumière avec d'autant plus de facihté qu'elles étaient jadis plus vives et plus bril- lantes ; je me suis convaincu une fois de plus de la malheureuse vérité que je viens d'exprimer en trouvant dans la Nation souveraine le nom de M. Eugène Despois au bas d'un article très-vif dirigé contre la destruction de la colonne Vendôme, et celui de M. A. Hubbard au bas de lignes des plus flatteuses pour M. Thiers.

Au iait, et entre parenthèses, pourquoi donc M. A. Hubbard s'était-il réfugié à Versailles? Ses relations avec M. Armand Lévy et sa collaboration au Patriote devaient le mettre à l'abri de toute réquisition com- mune use.

Il y a encore à la Nation souveraine M. d'Alton-Shée, - - . . . Pair de France et privilégié sous la monarchie, j'ai combattu au péril de ma vie et de ma liberté, pour entraîner dans une chvte commune, etc., etc.

Oui, je sais cela, mais je sais aussi que M. d'Alton Shée, ex-pair de France, ex-socialiste... non, je me

200 - trompe, républicain-socialiste enragé, ex-fondateur du Journal des Pauvres, etc., disait en ISM : « Un illus- tre orateur qui, avec des opinions fortement conserva- trices et justement à cause de cela, possède à un haut degré le sentiment de la liberté... )>

Et en 1842 : « Les fêtes de Juillet rappellent des souvenirs dont la France ne doit point laisser effacer l'éclat ; elles se rattaclient au triomphe des lois et à la constitution de la monarchie constitutionnelle ; elles tendent à retracer et à perpétuer la mémoire d'un événement glorieux, qui a consolidé à jamais nos ins- titutions et inauguré une dynastie nationale. »

M. d'Alton-Shée ne doit pas regretter cette dernière

phrase les temps sont proches il pourra la

faire servir de nouveau.

Parmi les autres collaborateurs de la Nation sou- veraine, citons M. A. Genevay, l'administrateur du palais national du Luxembou;i^g (1848), celui qui, en réponse à certaines calomnies, publia que la table des citoyens Louis Blanc et Albert était servie ;'i raison de 6 francs par tête et par jour, et que le second mois, ces citoyens, trouvant le menu ivo\) succulent, n'autorisèrent plus qu'une dépense de 2 fr. 50 pour le déjeuner et 2 fr. 50 pour le diner. M. Genevay était le Severus du Réveil de Delescluze. MM. P. Lefort, A. Mercier, Ch. Pellarin, .1. Levail- lant, etc.

Kn tète de cette phalange : )L Alexandre Rey, ex-

201

rédacteur du National et ex-représentant du peuple à rAssemblée nationale (1848).

L'ÉVÉNEMENT ILLUSTRE. N^ 1 (sans [ date). Clodion.

C'est la suite du journal la Guerre illustrée publié par VIlliistratio7i.

Même système : rognures de V Illustration ; c'est pour maintenir la concurrence avec le Monde illustré qui, lui aussi, a une fdle assez chétive : la Presse illustrée.

LE RÉVEIL DU PEUPLE. N^ 1, 18 avril 1871.

Ce journal, fondé par les anciens rédacteurs du Ré- veil de Delescluze, entra dans la carrière avec une lettre du maître qui lui traçait sa route et lui souhai- tait bonne chance et bon vent.

J'ai dit les anciens rédacteurs du Réveil... excepté cependant Ch. Quentin, qui ne prit aucune part à ce journal qui fut le Réveil, moins Dclescluze et Genevav.

- 202 - Parmi les rédacteurs, citons F. Cournet, Emile Ri- chard, le fils de ce pauvre vieux père Richard qu(3 nous autres travailleurs de la Bibliothèque nationale aimions et respections, et qui est mort troué par une balle alors qu'il se rendait à son poste ; Advenant, Razoua, etc.

LE PÈRE FOUETTARD. N^ 1 (sans date), 19 avril 1871.

Avec un dessin représentant un bonhomme barbu poursuivant à coups de martinet Napoléon III, .1. Fa- vre, etc.; au dessous, ces mots : La République ou la triqne.

Le Père Fonettard veut fouetter les Yersaillais e( aussi les gens de la Commune; il veut fouetter tout le monde, et quand on lui demande s'il vient en ami ou en ennemi, il répond crânement, mais prudem- ment : En Père Fouettard, nom de d'ià !

Mais l'influence du milieu est terrible, et de coujis de fouet en coups de fouet, le Père Fouettard mourut communeux.... Mon Dieu oui !

Rédigé dans un style qui avait la prétention de le mettre à la portée du peuple, le Père Fouettard était d'une lecture fatigante.... et je n'ai aucunementregretl*' sa mort.

Il signait : le Père Fouettard, orateur, écrivain, 'poète et fesseur ; mais quand il publiait à Bordeaux riioNNEUR NATIONAL, joumal Ulustré d'actualités, il signait simplement : IL de la Monta.

LE FILS DU PÈRE DUGHÊNE illustré. Paraissant deux fois la semaine. N^ 1, 20 avril 4871.

Le Fils Duchêne était aussi mal embouché que )apa et maman, mais beaucoup plus... blagueur; il 16 croyait à rien, ce jeune marchand de tuyaux de mie, ni à Dieu, ni à diable, ni même à la Commune, !t je l'ai toujours soupçonné de réaction, surtout quand 1 s'égosillait à crier, à propos de la colonne Vendôme :

Qu'est-ce que vous foutez de V Arc- de-Triomphe et du ^alais des Invalides, une boîte à momies dans laquelle \orment et ronflent les vieux bourreaux qui ont le plus ué? El la barrière du Trône, et les casernes, et le pont "léna, et le pont d'Arcole, et le pont d'Austerlitz ?.... »

Il touchait à tout ce fils Duchêne, et le théâtre ancien e lui était pas étranger ; ah ! si Racine eût écrit dans ette langue imagée qui fait sa force à lui Dicchêne, e quelle popularité ne jouirait-il pas aujourd'hui?

A peine, nom de Dieu I sortions-nous de Trézène....

204 .

Et joignaiiL l'exemple au précepte il se livrait à la poésie, mais à la poésie satirique :

Croyant avoir toujours le succès des batailles, Le plus furieux, c'est ce sale Galifet....

Quelle sale gueule y fait Le trait y est.

LE LIVRE ROUGE. A'o 1, 2^2 avril 1871. Jean la Coste.

Cette misérable petite feuille n'a eu qu'un numéro," et ce n'est qu'avec le plus profond dégoût que j'en

cite le passage suivant je n'ai pas d'autre

moyen d'en donner une idée.

C'est le récit d'une visite faite à M. Tliiers par mi délégué de Marseille :

(( M. Thiers porte des moustaches, paraît-il, et comme il était en train d'avaler, elles étaient pleines de ragoût. Il était affreux, m'assure un témoin : son nez de dindon lui tombait sur la bouche entr'ouverte et ramenait, en respirant, les morceaux de ragoût qui y étaient attachés. Son réser- voir entr'ouvert contrastait avec ses petits yeux mourants, qui semblaient deux batteries démontées. »

Ah ! il en fallait pour tous les dégoûts î

- 205

L'ESTAFETTE. N^ 1 , 23 avril 1871 . -^ Gérant : Lefèvre.

C'est le Bonnet ronge; mêmes rédacteurs: Secondi- gné, Dautray, Saint-Léger, etc., et même violence. De plus, V Estafette annonçait la publication d'un pamphlet politique bi-hebdomadaire : le Petit Bonnet rouge, qui ne parut jamais.

Je trouve dans VEstafette ce huitain adressé à M. Thiers :

Mon vieux Pouvoir exécutif, Versailles vous offre un refuge ; De peur d'être hrûlé tout vif, Ici constituez-vous juge. Juger vaut mieux qu'être pendu.... Je le crois bien, mon bon apôtre : Mais différé n'est pas perdu, Et l'un n'empêchera pas l'autre.

La facture un peu vieillotte de ces vers en tempère heureusement la cruelle actuahté.

LA MERE DUGHENE. N^ spécimen, 23 avril 871.

Cette dernière MèreDuchéne, marchande de poissons,

-et on le verra bien à son style et à ses plaisanteries...

iialées, [)rie son vieux carcan d'homme de cesser de

18

- 206 la lui faire à V oseille ; elle a bien assez de s'occuper des Yersailleux et dit à la bourgeoisie de ne pas llan- chcr, que c'est pas Vmoment de teignaffer^ qu'y reste encore des pommes pourries à leur fricasser sur la trogne à ces empaillés-là ; elle se plaint de la cherté des vivres et d'être obligée de dépenser 5 francs par jour pour pouvoir seulement se gonfler la gencive ; là-dessus, elle raconte à une petite dame qui lui ache- tait du poisson une histoire de maquereaux qui fait tellement rigoler la petite dame que celle-ci invite la Duchêne à prendre un marc au coin. La Duchêne^ qui n'aime pas subir une politesse sans la rendre, rebiffe au truc en redoublant et s'ouvre entièrement à la pe- tite dame, qui n'est pas une pimbêche, sur ce qu'elle pense des calotins qui ne la leur tourneront plus rien à la colle. C'est le Père Hyacinthe que ça va étonner !...

L'AMI DU PEUPLE. N^ 1, ^ avril 1871. Par Yermorel, membre de la Commune.

Avec cette épigraphe : L ignorance , c'est l'esclavage; l'instruction, c'est la liberté.

Partisan du mandat impératif, et pénétré des gra- ves et redoutables fonctions qui lui étaient confiées, le citoyen Yermorel voulut se tenir en rapports cons-

207 tants avec le peuple dont il relevait et lui rendre compte, jour par jour, de ses principes, de sa con- duite et de la situation des affaires publiques.

VAmi du Peuple devait être une publication ana- logue à celle du Courrier de Provence de Mirabeau ou l^kaux Lettres de Robespierre à ses commettants moins un journal qu'un discours quotidien au peuple ; mais devant les occupations nombreuses qui lui incombaient, le citoyen Yermorel dut renoncer à son idée, et VAmi du Peuple, transformé en grand journal, servit d'arène aux coups de plumes peu fraternels que s'envoyèrent mutuellement les citoyens Pyat et Vermorel.

Dans un article très-curieux, intitulé : Mon dossier, et trop long pour que je puisse le transcrire ici, Ver- morel se défend d'avoir été subventionné par M. Rou- her pour attaquer les hommes de la gauche républi- caine et de la presse démocratique.

VAmi du Peuple n'a eu que quatre numéros.

LA SCIE. Organe des aliénés. N^ i (sans date), 24 avril 1871. Rlustrations de Molock.

Le dessin du n^ 2 représente un prêtre, les deux bras plongés jusqu'aux coudes dans le tronc des pau- vres ; une jeune personne beaucoup trop décolletée

- 208 pour être dans une éc»lise à cause do la fraîcheur lui dit :

« Comment ! nous n'avons que trois balles?

(( Que veux-tu ? ma chère Troufignette, répond gra- cieusement le prêtre, puisque nous n'avons plus à boulotter que les troncs!... ))

L'ÉCHO DU SOIR. No 1, 26 avril 1871. Gérant : Laurent.

Ce journal, qui prétend n'être l'organe ni d'un parti ni d'une coterie, sans attaches avec Versailles pas plus qu'avec l'Hôtel-de-Yille, demande le rétabhsse- ment de la paix et le triomphe des institutions répu- hhcaines. Sa politique sera unepohtique d'apaisement, de concihation et d'oubli. Pas de vainqueurs ! pas de vainqueurs ! tel est le cri qui termine son pro- gramme.

Ce journal comptait que les Parisiens lui accorde- raient leurs sympathies et que la Commune l'épar- gnerait...

Je ne sais pas si les Parisiens sont venus; mais la Commune ne l'a pas néghgé... et VÉcho du Soir dis- paraissait à son sixième numéro.

Il s'est passé, à l'occasion de ce journal, un petit fait qui doit trouver sa place ici : le Vengeiu' ayant

209 annoncé que le Soir^ supprimé par la Commune, avait reparu sous le nom d'Écho du Soir, vite M. Hector Pessard déclare que le fait est absolument faux, que VÉcho du Soir ne compte pas un seul des

COLLABORATEURS DU Soir PARMI SES RÉDACTEURS; c'cst

net et précis; il ajoute : La contrefaçon est trop volon- taire pour qu'îin seul de nos amis ait eu Vindélica- tesse de s'associer à cette œuvre.,, A quoi VÉcho du Soir, touché dans ses intérêts les plus chers, riposte d'une façon non moins nette et non moins précise : La vérité est que tous les rédacteurs du journal LE Soir e-ç tous ses collaborateurs restés a paris, réunis à plusieurs rédacteurs des journaux récem- ment supprimés, ont fondé TÉcho du Soir. Le tout enjolivé de phrases à l'adresse de M. IL Pessard sur la mission de l'écrivain pendant les jours de crise, sur le patriotisme, sur la désertion, sur le devoir de combattre ceux qui compromettent la République par leurs excès h Paris, ou, à Versailles... phrasés qui ont faire sourire M. Pessard, qui est déjà un bien vieux journaliste.

Collaborateurs : D^ Chéron, Georges Ebstein, H. de Callias, Albert Moisnard, Pierre de Croisy, Arnold Mortier.... V Estafette, qui n'était pas trcs-tendrc à l'égard de ses confrères, lui consacre ces lignes : « Quant à Mortier, qui signe d'autres fois Mortjé, selon les besoins du masque c'est un jeune Va~ laque que Ganesco a longtemps porté en sautoir,

18.

210 alors qu'il faisait les cabrioles politiques au Nain jatme et au Parlement. »

LA FRONDE ILLUSTRÉE. N^ 1, 27 avril 1871. Directeur- ;-;crant : E. Bocquillon.

ce Le titre de not e journal et le dessin de ce premier numéro indiquent suiïisamment le but que nous nous pro- posons. »

«

Le dessin, qui ( de Montbard, est bien mauvais : une République \ igercsse, un glaive à la main, surprend Thiers el Jules Favre, les mains pleines de sang, auprès du ca avre d'un patriote assassiné; au- dessus, ces mots :

Après le crime... le cJiâtiment.

Ce journal avait pour directeur M. E. Bocquillon, c'est-à-dire A. Humbert (V. le Père Duchênc), et pour rédacteur M. Camille Barrère.

LA NÉMÉSIS GALANTE. Gazette politico- satirique. 1, 21) avril 1871. Rédacteur on c\\d : Jules Cboux.

211 --

Mon Dieu oui, en .pleine Commune triomphante iime Némésis galante!

Une nouvelle feuille de choux... de Jules Choux, :'ar c'est ainsi que se nomme le directeur politique le ce carré de papier. Jules Choux était, en 1848, m des collaborateurs de 1' Aimable Faubourien, jour- ml de la canaille y vendu par la crapule aux honnêtes lenSy dans lequel il publiait des petites chansons ré- jublicaines contre Louis-Napoléon :

Il n'a pas de petit chapeau,

Ni d'redingote grise ;

Soqs son nez, que l'on dit fort beau,

Brune moustache frise.

Devant, c'est peu Napoléon ;

Mais rvoyant, dit-on,

Tourner le lalon. Un vieux grognard dirait : C'est lui,

Biribi.... A la façon de Barbari, Mon ami.

On le retrouve clmniani encore au Gamin de Paris, la Chandelle démocratique cl sccialc du sieur Dunan- lousscux, au Perc Z)fu7i(,';j6' de Colfavru (484-8), chan- int, toujours clianlanî. 11 y a -des gens qui ont iraiment la gai facile, et le citoyen Jules Choux hantait encore dans sa Némésis galante!

AVatripon et lui se sont longtemps disputé la ])ro- riéié de la chanson célèbre Le Vieux quartier latin; DUS deux, et ils étaient de bonne foi, bien certaine-

I

212 ment, croyaient l'avoir faite...; ce ne fut qu'en 1867, par une lettre publiée dans le journal de Vallès, la Rue, qu'un avocat d'Auxerre, M. Gh. Lepère, en ré- clama pour lui seul la paternité.

Il y aurait une jolie chanson à faire là-dessus, n'est-ce pas, monsieur Choux?

LE BON SENS. Journal des honnêtes gens. N*' i, sans date (28 ou 29 avril 1874). Rédacteur- gérant : Maxime.

Ils serait injuste de dire que le besoin de ce nou- veau journal ne se faisait pas sentir.

Mais il était du monde les plus belles choses Ont le pire destin.

Et il mourut au moment, disait-il, de devenir un journal de grand format dans lequel il avait l'intention de dire ceci et de faire cela... s'il plaît a Dieu

Il s'agissait bien de plaire au nommé Dieu (1)!... Est-ce que le Bon Sens prenait Raoul Rigault poui un zéro?

Le Bon Sens mentait à son titre.

(1) On connaît le mot de Rigault répondant à un prêtre, serviteu de Dieu : « Écrivez, greffier : se disant serviteur du nommé Dieu,

213

LE DUCHÊNE RÉACTIONNAIRE, ou Ir

Père Duchêne enfin expliqué par te Père Dubois, ^^i, avril 1871.

Celui-ci signe le Père Dubois, employé...

Allons, on pouvait se passer facilement de cette ex- plication du Père Duchêne, et le Père Dubois, qui se lit employé, aurait mieux fait de rester à son bureau que de venir augmenter notre bagage d'une feuille de plus.

(( Ce sera la satire Ménippée... »

Peste! monsieur Dubois, comme vous v allez.

LE GRIGRI. Sans date.

Je n'ai que le n^ 5 entre les mains. . . Ali ! je l'avoue î et je ne sais ma foi pas si c'est un journal. Dans tous les cas, cela n'en a pas l'air : deux pièces do vers français sur V Immortalité, signées E. Young, e^ voilà tout.

Je connais les œuvres de sir Edward Young, et, à cause de cela, j'étais bien aise de le savoir mort et enterré depuis plus d'un siècle... Mais quelle singulière idée de mettre son nom au bas de cette traduction poétique et d'intituler le tout : le Cricri?

Et ce no 5?

214

JACQUES BONHOMME. 1, sans date (3 mai 1871). Avec une petite vignette au-dessous de laquelle on put lire pendant quelque temps ces mots : i La Commune ou la mort! mots soigneusement effacés i à partir du 4.

C'était aussi des colères, des remontrances, des ré-- vélations... grande colère contre les journalistes, qui so moquent du peuple et le dépravent au lieu de l'éclai- rer, ou le Père Ducbêne dévoilé; grande colère contre : les bourgeois de Paris et du reste de la France, qui, i par leur égoïste abstention, ont prolongé la crise, avec sa motion pour qu'ils interviennent en masse, afin d'imposer une conciliation aux belligérants sur des bases vraiment républicaines ; grandes révélations sur les crimes des prêtres et des religieuses, et les atro- cités qu'ils commettent, avec la complicité des tyrans; grande remontrance aux membres de la Commune,] à propos des mesures dites révolutionnaires ; etc., etc.

Jacques Bonhomme essaya longtemps de se tenir sans balancier sur la corde raide, entre Versailles et la Commune ; mais quand il mourut, je le voyais pen- cher singulièrement du côté de l'Hôtel-de-Ville.

L'UNION FRANÇAISE. Journal de la Repu-, blique fédérale. N^ 1, 5 mai 1871. Rédacteur ei chef : E. de Girardin.

- 215

Cette feuille portait de chaque coté de son titre en ynanchettes les armes et la devise de l'Union américaine, et avait pour épigraphe ces trois excla- mations : Conciliation sans transaction! Ni révolu- Hon ni réaction! U ordre par la liberté!

Il y a des choses amusantes dans ce journal franco- américain... entre autres le récit des tours... de force que M. de Girardin a été obligé d'exécuter pour pouvoir porter pendant trente-cinq ans, d'une main haute et ferme, et pour faire respecter ce qu'il veut bien appeler son drapeau.

On y trouve aussi que le sieur Emile Ollivier a été in instant un atout décisif dans le jeu de l'Empereur, jui s'est empressé d'attendre que la couleur de la re- ,ourne ait changé, et qu'alors le sieur Ollivier n'a )lus été qu'une figure (une figure de valet, proba- )lement... M. de Girardin ne l'indique pas) et a cessé l'être un atout.

On y trouve encore (car il y a de tout dans ce jour- lal-là) une lettre de M. Odysse Barrot pleine de tact ;t de modestie; il dit à M. de Girardin : « Vous citez me préface de Laboulaye qui vous a frappé comme m trait de lumière; vous citez Tocqueville , de Vitt, etc.. Peut-être auriez-vous pu, en dehors de ces utorilés, rencontrer tout près de vous, dans votre ropre journal, des traits de lumière NON MOINS

ITANTS : n'est-ce pas un de vos collaborateurs

216 et Barrot présente Barrot. Je ne cite pas ce lait pour sa rareté. Non, mais c'est toujours drôle!

Dans ses douze numéros, l' Union française a repro- duit les huit lettres du Bonhomme Franklin et est morte en réclamant un congrès fédéral composé d'un Sénat et d'une Chambre de représentants. Repré-, sentation locale composée de 30 assemblées. Sou- veraineté à deux degrés.

Toutes choses qui, selon ce journal, devraient infail- Hblement amener la paix entre la Commune de Paris et l'Assemblée de Versailles.

L'ÉTOILE. Journal des dernières nouvelles. N^ i 5 mai 1871. Gérant : A. Dubois.

V Étoile DU SOIR ! criaient les vendeurs. Pré- tendait que nos arrière-neveux ne pourraient jamais comprendre qu'il ait existé en France un gouverne- ment réduit à sommer les Parisiens, sous peine d'assaut, de lui ouvrir leurs portes et de lui ren- dre son autorité, et cela au nom du suffrage univer- sel qui a élu un gouvernement, le seul légal, si k suffrage universel n'est pas un vain mot ; non, ce n'esl pas un vain mot, ajoutait l'Étoile, mais le gouvernem^ui élujKir lui peut devenir une vaine chose entre des maim médiocres ou senties.

I Ainsi parlait V Etoile, qui certes n'était pas un jour- I nal œmmumux.

V Étoile fut supprimée parla Commune le H mai.

»

LE JOURNAL DU SOIR. NM, 5 mai 1871.

Journal de nouvelles plus de fausses que de vraies mais le temps la voulait ainsi.

II paraît, d'après ce journal, que la Commune avait eu l'idée de faire tirer des timbres-poste spéciaux ; à quoi le Journal du Soir répondait : Si les Burgraves de l'Hôtel-de-Ville étaient un peu moins préoccupés d'exhumations gothiques et de pastiches de 93, ils s'apercevraient que Versailles déclare que les lettres estampillées au timbre communal sont considérées comme non affranchies. Le prix du port sera alors de 50 centimes : 20 centimes payés au départ par l'expé- diteur et 30 centimes à l'arrivée par le destinataire. Recette pour Versailles et Paris, et malédictions pour tout le monde : magnifique thème à déclamations jiour [fe Comité de salut public.

Ce projet était-il vraiment à l'étude ? Je n'en sais ien ; toujours est-il qu'il n'y eut pas de timbre com-

iunal.

19

-218

LE BULLETIN COMMUNAL. Orfjanc des clubs. No i, 6 mai 4871. Gérant : Paysant.

En réalité, cette feuille était l'organe du Club com- munal de Nicolas-des-Gliamps, club qui prit une telle extension qu'il ouvrit une succursale dans l'église Eli- sabeth.

Un des principaux orateurs de ce club était le citoyen Landeck, celui qui, sous la Commune, était devenu la terreur du café de Madrid, il ne se présentait qu'avec quatre hommes et un caporal, afin d'y arrêter un garçon de salle impoli et réfractaire. Ce garçon tint bon, résista à deux assauts, et Landeck dut se replier en bon ordre sur Nicolas-des-Champs.

Ici, les propositions les plus chaudes, les plus brû- lantes, passaient comme une lettre à la poste :

Les Prussiens seront payés avec les jyropriétés de ceux qui ont fui, n' ayant pas voulu se battre pour la liberté (votée à l'unanimité).

Tout négociant qui suspendra son commerce par man- que de confiance en la Commune perdra ses droits civi- ques et ne pourra plus jamais exercer sa profession (votée à l'unanimité).

Et ce ne fut pas sans une certaine inquiétude, ha- bilement dissimulée toutefois, que j'entendis voter à l'unanimité et au milieu des bravos de l'assemblée cette aimable proposition du citoyen Sans :

Tout citoyen qui refusera de servir la République les armes à la main sera fusillé.

219 Ah ! dame, voilà comme nous étions au Cluh commu-

nal de Nicolas- des-Champs

LE CORSAIRE. Journal quotidien. NM,8mai 1871. Gérant : G. Uichardet.

Son programme, le voici : Le Corsaire, maintes fois supprimé par V Empire , reparaît plus vaillant que jamais. Le Corsaire sera toujours ce qu'il a été : fran- chement et sincèrement républicain.

Il n'était pas plutôt lancé, qu'arrive M. Spoll ; à cor- saire, corsaire et demi : celui-ci déclare tout cela faux, que pas un des rédacteurs du Corsaire qu'il a fondé avec Lermina ne fait partie de ce nouveau Corsaire ; qu'il a fait trois mois de prison et payé plusieurs mil- liers de francs d'amende, et qu'enfin il trouve éton- nant que M. Rousset, directeur du National, vienne battre monnaie avec les persécutions que lui, Spoll et ses amis, ont subies, tandis qu'en brave franc-fileur lui, Rousset, coule des jours heureux avec nos bons amis les Prussiens dans sa petite maison d'Alfort.

Immédiatement, M. Richardet saute sur le pont, brandissant sa bonne liacbe d'abordage ; il taille et tranche dans les arguments de Spoll le persécuté : il y a dans le Corsaire un des rédacteurs du Cor- saire de Lermina (il ne dit pas son nom, mais le tient

f2Jd à la disposition de son adversaire) ; lui, Richardet, a aussi fondé un Corsaire avec Pyat, Vallès, Yermo- rel, Flourens, et qui a été supprimé à son numéro par M. Forcade de la Roquette ; cnlin, M. Rousset n'est pour rien dans le Corsaire dont lui Richardet est le seul capitaine responsable.

Sur ces entrefaites arrive au secours de Richardet le persécuté M. H. Aubertin, rédacteur de l'ancien Corsaire (Coëtlogon, Rovigo, Lapierre, etc.). qui ré- clame aussi pour lui et sa vieille carcasse de bâtiment une énorme part dans les persécutions subies. Vous allez voir qu'il n'y en aura pas pour tout le monde ! Cela devient même une telle rage, que le persécuté Ri- chardet, apprenant que M. Thiers a empêché la vente de son journal dans la banlieue, s'écrie avec ivresse : (( Il ne manquerait plus, pour que le bonheur soit complet, que d'être supprimé par la Commune ! »

Pendant ce temps-là, le persécuté SpoU ne restait pas inactif; il écrivait au persécuté Richardet, lequel n'insérait rien, prétendant impoliment qu'il y avait en ce moment des choses plus intéressantes à lire que la prose de M. Spoll...; que, du reste, s'il voulait plus de détails, il le priait de prendre la peine de passer au bureau ou d'envoyer son adresse.

Puis tout à coup le Corsaire sombre dans la tem- pête, emportant avec lui le persécuté Richardet, le persécuté Spoll, et peut-être aussi l'autre persécuté dont je n'ai plus entendu parler.

2^21 Au fond, si M. Richardet avait raison, M. Spoll n'avait pas tort tout à fait, et le Corc9«/re n'était autre que le Petit National.

LE SPECTATEUR. Politique, scientifique et littéraire, ^^i, 10 mai 1871. Gérant : A. Pasquier.^

Supprimé par la Commune le 12 mai, le journal la France reparaît sous ce titre : le Spectateur, titre indiquant bien la nouvelle attitude qu'il compte prendre. N'a eu que trois numéros.

LE PROLÉTAIRE. Organe des revendications sociales (11^ arrondissement). 1, 10 mai 1871. Gérant : P. Durand.

Suppression de tout privilège, de tout monopole, fédération politique et fédération sociale, suppression complète de toute instruction congréganiste et cléri- cale, instruction primaire gratuite et obligatoire. Voilà ce que voulait ce journal, qui avait le tort d'écrire des phrases comme celle-ci : Et vous tous, Messieurs, qui criez si fort au martyre, n'avez-vous pas encore la tête sur vos épaules?

Le Prolétaire était l'organe du Club des Prolétaires,

19.

_ 222

dont les séances avaient lieu à l'église Ambroise, bou- levard Voltaire; sur la première pile en entrant, au-dessus de l'ancien tronc du denier de Saint-Pierre, était placardé cet avis auquel je laisse son aspect ty- pographique :

« Vu : le décret communal et l'arrêté du délégué à la sû- reté générale, qui entend interdire tous les genres de mendicité quels qu'ils soient, les citoyens du ii^ arron- dissement comprendront qu'il n'appartient pas aux vrais démocrates du Club Ambroise de continuer la mise en pratique des coutumes préconisées par les char- latans en soutane que la justice du peuple vient de chas- ser d'ici !

c( En conséquence, le premier numéro du journal LE PROLÉTAIRE sera distribué à tous!!! LE PAIERA QUI POURRA! »

Ce fut son arrêt de mort.

Collaborateurs : F. Dubourg, C.-G. Jacqueline, E. Parthenay, E. Picard, J.-M. Hoche, G. Barthélémy, dont j'ai vu le nom au bas de quelques vers sur la colonne.

C'est pourquoi nous tous qui voulons le progrès, L'ordre, la liberté, le travail et la paix,

Eu voyant disparaître Ce trophée élevé par le sang des héros, Nous disons : Il n'est plus, le temps des Waterloos :

La France va renaître !

- 223

LA JUSTICE. Journal politique quotidien, N^l, 10 mai 1871.

Ce journal, qui ne veut chercher ses inspirations dans aucun passé et ne les demander à aucun parti, aspire à devenir l'organe du gouvernement de l'opi- nion publique; dégagé de tout préjugé comme de tout lien politique, il se donne pour mission d'ins- truire et de manifester l'opinion publique, en lui don- nant par la publicité la puissance qui doit la rendre désormais unique et libre souveraine.

On se rappelle que peu de temps avant la révolution du 18 mars, des affiches annonçant l'apparition d'un nouveau journal du citoyen Delescluze : la Justice, couvrirent les murs de Paris. Le temps passa; la. Jus- tice ne parut pas : le Réveil du Peuple vint au monde, et quand une nouvelle Justice celle qui nous oc- cupe — lit son apparition, ce fut un toile général à la rédaction du Réveil du Peuple. Une simple déclaration annonçant que Delescluze n'était pour rien dans le nouveau journal eût suffi, ce me semble, sans qu'il fût nécessaire de tant noircir de papier sur cette question de possession que tranchait le simple bon

is.

Il'est le journal la Justice qui le premier raconta

Ustoire de la mort mystérieuse de V avocat Grillet,

îassiné, disait-on, parce qu'il avait en sa possession papiers compromettants pour les hommes du

)eptem])ro...

~ 224 Qu'est-ce que cette affaire-là a pu devenir? La Justice a eu dix numéros.

LE DRAPEAU ROUGE. Revue hebdomadaire politique, critique et humoristique. N^ 4, sans date (il mai 1871). René Girard.

Cette petite revue, sous couverture rouge surchar- gée d'épigraphes, était autographiée; elle a puWié un petit catéchisme à l'usage de Jeanhonhomme, caté- chisme dont voici le déhut :

« D. Qu'est-ce qu'un souverain?

ce R. C'est un homme qui, sous le nom de prince, roi ou empereur, est une bête fauve altérée de sang et de car- nage que rien ne peut assouvir !

(( D. A quoi servent les souverains?

« R. A faire incendier les villes, piller les maisons, mas- sacrer les peuples !

« D. N'y a-t-il donc aucun bon souverain?

« R. Il n'y en a que très -peu qui ne sont pas d'abomi- nables monstres.

Le plus inoffensif peut être un assassin !

(( Les mauvais sont horriblement dangereux, et les bons" sont parfaitement inutiles, etc., etc. »

Allons, ce n'est pas le Drapeau rouge qu'on peulj accuser de rovalismeî

225

LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE.

Journal des idées sociales. N^ 1, sans date (11 mai 1871). Rédacteur en chef: Auguste Petit.

Cette feuille avait l'intention de se mettre à la re- cherche des institutions les plus propres au dévelop- pement intellectuel et à l'élévation des peuples vers la liberté.

Pour arriver à ce but, elle demandait seulement aux bons citoyens de consentir à lui prêter une oreille attentive...

Les bons citoyens ayant fait la sourde oreille, M. A. Petit renonça à leur chercher la meilleure forme de gouvernement dans un Etat composé d'hommes libres, tâche qu'il avait entreprise avec un courage digne d'une meilleure réussite.

LA DISCUSSION. N^ 1, 12 mai 1871. Ré- dacteur en chef : A. Gaulier.

Très-ferme et très-digne dans son attitude, ce jour-

jial ne cessa de défendre, contre les uns et contre

autres, la République, qu'il ne séparait pas de la

lerté et qui seule, selon lui, peut assurer en France

)rdre et la paix. Placé entre les deux partis et dé-

idant contre tous deux la justice et la modération,

s'attira des violences de part et d'autre ; supprimé

- 226 - par la Commune au bout de cinq numéros, il reparut hautement sous le titre de la Politique.

Dans un excellent article que je regrette de ne pou- voir citer en entier, M. A. Gautier s'écrie :

(( ...Si cela était vrai, si un jour il était démontré que les conseillers municipaux de Lille avaient raison [ils pensaient qu'on ^pouvait facilement arriver à une solution pacifique], s'il était démontré que le congrès de Lyon avait raison, s'il était démontré qu'il était facile^ comme nous l'avons toujours soutenu, d'arriver à une so- lution pacifique, il n'y aurait pas en France assez de malé- dictions pour vous, gens de la Commune, gens de Ver- sailles, qui par folie, par orgueil, par obstination, ou pour servir de criminels desseins, avez poursuivi sans relâche et quand même cette œuvre de sang dont le dernier acte se déroule aujourd'hui.

« Eh bien ! cette démonstration sera faite par nous à dé- faut d'autres, et elle sera, dans l'histoire, la condamnation commune des vainqueurs et des vaincus d'aujourd'hui. »

Comme l'avait prévu M. A. Gautier le 21 mai, alors que la Commune paraissait encore toute-puissante (qui sait si nous-mêmes nous ne serons pas supprimés par V Assemblée, comme nous avons été supprimés par la Commune?), l'autorisation de reparaître lui fut re- fusée.... par le vainqueur, qui voulut ainsi donner raison à la dernière ligne du programme de la Poli- tique :

(( ... A ceux qui nous demandent avec qui nous serons au lendemain de la lutte, nous répondrons :

±'21

Avec le vaincu, si le malheur veut qu'il y ait un vainqueur. »

M. A. Gaulier ayant collaboré au Temps, quelques personnes crurent voir clans la Discussion la continua- tion de ce premier journal ; une note loyalement in- sérée en tête d'un des premiers numéros fit cesser toute confusion à cet égard .

Collaborateurs : Henry de la Madelène, J.-A. La- font, Firmin Maillard.

1 L'INDÉPENDANCE FRANÇAISE. Jour- nal politique quotidien. N^ i, 13 mai 1871. Direc- teur-gérant : Ed. Sternheim ou Stern Heim.

Libre de tous liens, étranger à toute ambition, sans attache dans le passé ou dans le présent, bien résolu à rester indépendant dans l'avenir...

Parbleu !

Ce journal s'est élevé avec raison contre la tolérance administrative qui protégeait les immondes et niaises polissonneries étalées et mises en vente sous prétexte de caricatures politiques. Parce qu'un apprenti ferblan- tier aura crayonné des contrefaçons de femmes nues, dans des attitudes ignobles, et qu'il aura mis dessous une cacographie indiquant qu'il s'agit de l'ex-impéra- trice, il n'aura pas fait que son image soit une image politi({ue....

2-28 Très-bien ; mais pourquoi V Indépendance française annonçait-elle ainsi la mort de la princesse Matliilde :

c( La princesse Matliilde est morte vendredi soir, près de Bruxelles, dans le château de la comtesse de Liedekerke, elle s'était réfugiée depuis le 4 septembre, sans doute attirée par la richesse de la rime avec Nieuwerkerke. »

L* Indépendance, qui avait cessé de paraître le 19 mai supprimée, dit-elle, par la concurrence des folli- culaires de la Commune, reparaît le 26 mai :

« Au moment le souffle nous revient, l'air rentre dans nos poumons flétris par l'impur courant de ces mons- tres odieux, un seul cri peut sortir de nos lèvres, et ce cri sera celui de tout Français :

(( PAS- DE PITIÉ POUR CES INFAMES !..

« Un seul châtiment peut expier de pareils crimes : « LA MORT!... »

Et là-dessus, V Indépendance française, dans un ar- ticle intitulé : Les gens dangereux, signale aux vain- queurs, comme dangereux au premier chef, les gens que la pitié va prendre au cœur après la victoire et qui vont plaider pour les égarés... les circonstances atténuantes. L'indulgence, ajoute-t-il, c'est le garde- manger de la guerre civile ; il faut à tout prix éviter le retour des choses abominables que nous venons de

I

i

2-29 voir; et pour cela, il n'y a qu'une ligne de conduite à suivre :

PAS DE PITIÉ !

LE RÉGIME CONSTITUTIONNEL poli- ^ tique et social. N" 1, l^ mai 1871. Rédacteur en chef : Alph. Beau de Rochas.

Ce journal voulait être un journal d'apaisement, et, se tenant aussi éloigné de la politique militante et irritante que de la pohtique de conciHation et de tran- saction impraticable dans l'état de choses actuel, devait chercher à ramener les esprits sur le terrain purement constitutionnel.

C'était bien difficile, sinon impossible, et ce n'était pas en insérant les entrefilets de M. de Gastyne qu'on pouvait faire du Régime conslittitionnel un journal d'apaisement. Supprimée parla Commune, cette feuille reparut immédiatement sous le titre de : La constitu- tion politique et sociale^ et ce n'est pas sans étonne- ment, car M. de Gastyne ne m'avait pas habitué à la

I modération, que je lus sous sa signature ces lignes que je suis heureux de transcrire ici, lignes qui ne peuvent que lui faire honneur : leai bail I

« Pas de sang inutile ! Pas de représailles ! Que le cou- teau demeure dans sa gaine, et que les fusils restent sans balles.

20

__ 230

« Ne déshonorez pas un triomphe par des assassinats.

« Nous avons déploré de tout notre cœur cette funeste guerre civile. Nous avons blâmé autant un parti que l'autre de l'avoir entreprise, car chacun peut assumer sa part de responsabilité. Ni Versailles, ni Paris, n'auront la gloire d'avoir fait ce qu'ils auraient pu pour arrêter l'effusion de sang. Ici comme là-bas on a roulé de faute en faute, etc. Le plus grand honneur que puisse ambitionner le parti triomphant, c'est d'avoir montré de la modération et ilu calme.

(( De la fermeté, mais pas de cruauté. »

Malheureusement arrivèrent ces incendies, ces dé- sastres inutiles, ces actes de folie et de désespoir, et M. de Gastyne cria au vainqueur : Vengeance I ou- bliant dans sa très-légitime indignation qu'en pareil cas la force des choses l'y pousse assez d'elle-même, sans qu'il soit besoin de lui crier encore : Tue ! tue !

Ayant arrêté mon Histoire de la Presse Parisienne au ^8 mai, je ne crois pas devoir entrer plus avant dans lo récit des faits et gestes, transformations et transfigurations du journal la Constitution.

Collaborateurs : F. Dubreuil, J. Robert, J. de Gas* tyne, II. Aubertin, de l'ancien Corsaire, compromis sous l'Empire, dans l'affaire dite des Correspondants^ et professeur à Louis4e-Grand ; Louis Barse et G. Morel, auquel son dévoûment quand même à la famille d'Or- léans mérite bien une place à part parmi ses colla- borateurs. M. A. Bocher écrivait au Gaulois : « Vous m'obligeriez beaucoup si vous vouliez bien insérer

F

- 231 dans votre journal une note qui aurait pour but de prémunir le public contre les manœuvres d'un sieur C. Morel, qui se fait passer pour le serviteur de M. le duc d'Aumale, fait imprimer des cartes il s'attri- bue un titre qui ne lui appartient pas, et publie enfm à Paris un journal dans lequel il cherche à faire croire à une mission qui ne lui a pas été donnée. » M. G. Morel trouva la forme de cette note peu parle- mentaire et y répondit comme il put, parla de lettres dudit Bocher adressées à lui, Morel, ce qui prou- verait au moins que ces deux Messieurs ne sont pas aussi étrangers Fun à l'autre qu'ils en ont l'air actuel- lement, — et déclara net qu'avoué ou désavoué, il n'en monterait pas moins derrière le char du duc d'Aumale. Ce qu'il y a d'amusant dans cette petite guerre, c'est que le Gaulois en paya les frais : <( Il n'y a pas en- core quinze jours, le Gaulois a fait proposer, par no- tre entremise, de servir les intérêts de la maison d'Orléans, moyennant une subvention de 150,000 fr. Il nous avait député pour cela un de ses rédacteurs qui est notre homonyme. C. Morel. (15 juin 1871.)

LE BULLETIN DU JOUR. N^ 1,16 mai 1 871 - Gérant : Ulvsse Ladet.

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« Un journal supprimé, dit le Bulletin du Jour en tête de son premier numéro, a toujours le droit et parfois le devoir de reparaître sous un autre titre; mais la rédaction du Temps pense qu'au point en sont les choses, tout conseil serait inutile et toute protestation sans vertu. »

Il se bornera donc à tenir ses lecteurs au courant des événements du jour à Paris et hors Paris.

En réahté, le Bulletin du Jour ne fut créé par la rédaction du Temps que pour sauvegarder les intérêts de ce dernier journal, et lui conserver une place qu'il n'aurait peut-être pas quitter ni aussi tôt ni aussi vite pour aller s'établir à Versailles.

LE SALUT PUBLIC. iV 1, 16 mai 1871.

Directeur politique : Gustave Maroteau.

Serait-ce son dernier journal?

Le Salut public n'était pas en de très-bons termes avec le Père Duchêne; il l'accusait d'avoir trois becs (le bec Humbert, le bec Yermersch et le bec Yuillaume) et de produire, grâce à cette variété de becs, une horrible cacophonie. L'un siffle pendant que l'autre chante, disait-il, et, cherchant une explication de la contradiction flagrante avec lui-même dans laquelle il vient de trouver le Père Duchêne, il ajoutait : a C'est que ces deux becs auront reçu la pâtée de mains dif-

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férentes ; c'est que le bec de droite ignorait la pâtée reçue par le bec de gauche, et réciproquement. »

Et je me suis rappelé en souriant cette phrase du Père Duchêne à propos de l'Assemblée de Versailles : Je ne sais vraiment pas pourquoi il y a un proverbe qui dit que les Jean-foulres ne se mangent pas entre eux,..

Le Salut public a eu huit numéros; le dernier est un placard à la date du 24 mai. Cette malheureuse feuille annonçait encore, le dimanche 21 mai : une nouvelle victoire de Dombrowski sur les Versaillais!

Collaborateurs : G. Sauton, G. Dillon-Kavanagh.

LA RÉVOLUTION politique et sociale. Nu- méro spécimen, 16 mai 1871. Rédacteur en chef gérant : J.-J. Danduran.

NOTRE BUT?

La République démocratique et sociale universelle. Nous irons droit au but.

Ce journal accuse le Comité de salut public d'irré- solution, de longanimité et presque de manque de foi dans le succès final, et il l'invite à ne plus user de modération envers les misérables qui veulent renver- ser la République. Jean- Jacques Danduran est Tex-

20.

234 -

vice-président de la société des Droits de l'Homme; il fut un des orateurs les plus accrédités du Club de la Fraternité des Peuples (184-8), présidé par Bebstock, et rédacteur en chef du journal la Propagande répu- blicaine (1848) et du Travailleur, journal des Asso- ciations (1849).

LE PIRATE. Journal quotidien. N^ 1, 17 mai 1871. Gh. Bornet.

Le Corsaire supprimé, parut le Pirate, un avatar du Petit National.

Sous ce titre : Coups de garcette, le Pirate publiait des petits vers moqueurs et spirituels qu'il était inu- tile de signer E. Gigault pour nous apprendre que notre ami LabédoUière n'était pas loin.

LES DÉPÈCHES MILITAIRES. Delescluze à Commune.

Comme Rossel et Gluseret, Hélas ! je n'ai pas eu de chance. Vanve est pris.... Dois-je, homme discret, Garder pour moi seul ce secret? Qu'est-ce que la Commune en pense ?

Commune à Delescluze.

Nous sommes un gouvernement De publicité, de lumière ; Affichez cela promptement, Et signez au bas pour bien faire.

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Commune à Th. Ferré.

Delescluze nous a trahis : Au lieu d'avancer, "il recule. Bien plus, il va dire à Paris (Mensonge infâme et ridicule !) Que le fort de Vanves est pris ; Donnez-lui vite une cellule.

LA ROUGE. Journal des Jeunes. N^ 4^ 47 mai 1871. Gérant : Fondeville.

Ces jeunes-là n'y allaient pas de plume morte; il faut à la Commune, disaient-ils, une executive éner- gique; il faut qu'elle terrasse les ennemis que le peu- ple laisse derrière lui en allant aux remparts; il faut enfin qu'elle sauve Paris par l'audace et par l'énergie.

En apprenant par ce Journal l'existence d'une So- ciété des concierges de Paris...!!!... un frisson par- courut toute ma peau de locataire, et la chaleur ne me revint qu'à la lecture du document suivant :

a. Voici la lettre que m'écrivait Jules Favre à la suite d'une arrestation (c'est M. Fondeville qui parle) :

c( Monsieur, « Les criminelles violences dont vous êtes l'objet ne sont qu'une variété des actes arbitraires que se permet im- punément un pouvoir exécrable, et je le dis à la honte de notre législation, pes ineptes iniquités ne peuvent pas

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« aujourd'hui être légalement réparées ; si, plus tard, je le (( puis, je vous jure de vous venger en leur donnant une publication officielle. (( Recevez, etc. Jules Fayre. »

« Quelque temps après, je prouve que les gendarmes qui' avaient procédé à mon arrestation m'avaient sous- trait une certaine somme; c'est flagrant : ils sont con- damnés. Quant à moi, et à titre d'indemnité sans doute, je fus assigné sous l'inculpation d'avoir profité de la défaillance de deux pauvres gendarmes pour attaquer publiquement le corps tout entier de la gendarmerie, et fus condamné à 500 fr. d'amende et vingt jours de prison.

(( Je fis appel, et, confiant, j'écrivis à Jules Favre que l'occasion se présentait de prendre ma défense.

<c La réponse se fit longtemps attendre et, finalement, il m'écrivit qu'il ne fallait pas compter sur lui , parce que j'avais eu tort de publier un fait qui pouvait porter atteinte à l'honorabilité d'un corps qui avait rendu et rendrait en- core les plus grands services au pays. »

Quelle clique que ces avocats ! quelle clique ! comme dirait le Père Duchêne.

Collaborateurs de la Rouge : G. Gallet, A. Bellivier, H. Benoist, Ch. Duplan.

L'ÉCHO DE PARIS. National, politique et ) littéraire. N^ 1, 17 mai 4871. Rédacteur en chef: Ed. Hervé.

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C'était le Journal de Paris,., et transformé de la- çon à ne tromper personne.

Il finissait ainsi ironiquement son premier-Paris de rentrée : « VÉcho de Paris va prouver, par sa longue existence et son libre langage, que la Com- mune sait entendre la vérité. »

VÉcho de Paris eut trois numéros.

LE JOURNAL POPULAIRE. .V 1, 17 mai

1871. Directeur-gérant: Ch. Français.

Celui-ci n'était autre que le National supprimé par la Commune, et qui de même que ses confrères reparaissait au nez et à la barbe du délégué à la sû- reté générale.

Et voilà à quoi servaient les décrets de la Com- mune!

LE TRIBUN pu PEUPLE. N^ 1, 17 mai

1871. Rédacteur en clief : Lissagaray.

a. Citoyens dictateurs, s'écriait le Tribun du Peuple dans son premier numéro, l'heure n'est pas venue de vous demander des comptes politiques. Par la fatalité des évé-

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nements, malgré les fautes de la Commune, malgré les vôtres, Paris est devenu le boulevard de la République. S'il succombe, le flot limoneux de la réaction couvrira toute la France. »

Le huitième et dernier numéro du Tribun du Peuple porte la date de mercredi ^4 mai ; il renferme un appel aux armes dont voici la fm :

« On lancera probablement à l'assaut (de Montmartre) les sergents de ville et les gendarmes. Avec un peu d'éner- gie, leur défaite est certaine. Reste la ligne...

(( Souvenons-nous du 18 mars.

« Au feu, maintenant! il ne s'agit plus de crier : Vive la République ! mais de la faire vivre î

(( LiSSAGARAY. »

Et, pour rester fidèle à la tradition, voici quelles furent les dernières lignes du dernier numéro de ce journal :

c( On affirmait, hier à cinq heures, que deux bataillons de Versaillais, les 26^ et 83" , avaient passé de notre côté. L'un a été envoyé à la caserne du Prince-Eugène; l'autre occupe la caserne Napoléon. y>

Collaborateurs : Ed. Lepelletier, H. Mafet.

Ip LES MÉMOIRES DU PÈRE DUGHÊNE.

^^oi^ 20 mai 1871.

Le premier numéro de cette aimable publication débutait par un petit avertissement! avec une grande motion pour qu'on foute au feu tous les ouvrages pré- tendus historiques de Thiers et le 'premier chapitre de ses Mémoires, il rappelle les noms des princi- paux Jean-foutres qui essayaient déjà, en il9S, de faire passer le Père Duchêne pour un voleur et un aristocrate.

Et ce nouveau Père Duchêne engageait la Com- mune, qui faisait retirer les armes aux Jean-foutres qui ne veulent s'en servir que contre la République, à faire saisir, par la même occasion, tous les ou- vrages de Thiers qu'on rencontrerait chez les, ci- toyens.

C'est sa manière à lui de faire aimer la Répu- bhque; de plus, il annonçait la réimpression du PcTe Duchêne de 1791.

Il terminait son numéro par ces mots : conti- nuer); je terminerai par ceux-ci : (n'a pas continué).

.E FÉDÉRALISTE. i\o 1, 21 mai 1871. lacteur en chef : Odysse Barrot; gérant : V. Phi-

IX.

240 Rien de saillant :

<( M. Thiers, malgré l'effronterie de ses mensonges, avoue, malgré lui^ que les aff^aires de la réaction vont mal. Oui, M. Thiers a raison. Nous croyons, nous aussi, que ja- mais nous n'avons été plus près du but!

Ces sept mots sont soulignés par M. Odysse Bar- rot. On était au 22 mai ! ! !

L'église Saint-Laurent ayant joui d'une certaine vogue avec ses squelettes, chaque église voulut avoir sa petite exhibition, et l'église des Petits-Pères com- mençait à lui faire une rude concurrence, quand l'église de la Trinité, dont on ne se méfiait pas, sor- tit d'un de ses caveaux treize cadavres dont la des- cription fait frissonner d'horreur.

Il n'y a pas à dire non : le Fédéraliste a vu, de ses yeux vu, ces treize cadavres; seulement^ le courage lui a manqué tant son horreur était grande pour pouvoir nous les décrire tous. Voici le résultat de ses observations : Jo un vieillard à cheveux blancs, la tête couverte d'un bonnet de coton rouge; de fortes moustaches retroussées et une impériale bien fournie donnaient à cette figure quelque chose d'imposant.... 2o une jeune fille de quinze à seize ans, envelop- pée de linges maculés de sang et ayant sur la poi- trine un mouchoir marqué P. M.; 3^...

Mais, comme je l'ai dit, le courage lui manqua; il ne put se résigner à regarder les onze autres bières,

l

241 - coiitenaiU également des cadavres de temiues, mais il ajoute crânement : 0)1 espère bientôt retrouver la trace des auteurs de ces forfaits odieux.

Ainsi soit-il!

M. Odysse Barrot, le fédéraliste, n'a pas toujours, sous la Commune, passé ses soirées d'une façon bien agréable, si j'en crois une lettre adressée par lui au Paris libre. Membre du club qui se tenait à l'église Micbel, M. Barrot, accompagné de sa femme, y était venu après son dîner pour y faire probablement une tranquille digestion, quand il vint à l'esprit des ci- toyens Gbalain et Gombault de lui reprocher sa colla- boration à la Liberté et son amitié pour M. de Girar- din. De là, un violent orage qu'apaisa M. Barrot en déclarant que Vermorel et Vallès, membres de la Commune, avaient écrit aussi à la Liberté; que, du reste, lui Barrot avait rompu avec ce journal depuis plus d'un an (il ne parla pas de sa petite tentative de rentrée à V Union française), et qu'enfin il ne s'était jamais servi du mot ami en parlant de M. de Girardin :

(( Je n'ai eu avec M. de Girardin d'autres relalions que des relations de courtoisie, et s'il m' arrivait de le rencontrer, je croirais pouvoir le saluer sans crime. »

En effet, ce n'est pas l'amitié, mais la passion la plus aveugle, ou alors tout autre sentiment sur le- quel il ne me plaît pas de m'arréter, qui peut seul faire dire i\ un homme en possession de toutes ses

'21

242 lacultés que de 1852 à 1857, comme de 1866 à 1808, M. E. de Girardin lut un des rares hommes qui, en France, aient tenu d'une main ferme le drapeau de la liberté. Il n'y a du reste, pour s'en assurer, qu'à par- courir les tomes YI, YII et VIII des Questions de mon temps.

M. Odysse Barrot écrivait cela en 1868... et se re- posait de sa campagne à \ Événement contre l'auteur présumé du Maudit, campagne dont se souviennent encore les rédacteurs du Temps.

Collaborateurs du Fédéraliste : MM. V. d'Aigurande et Concevreux.

LA GUÊPE. NM, 21 mai 1871. Dessina- teur : Spills.

C'est un journal illustré, évidemment créé pour être désagréable au Grelot.

Même esprit, môme sel ; exemple :

« Horreur! En démolissant la maison du petit Thiers, dubombardeur de Paris, de Foutriquet I^»"^ etc., etc. [pour être mieux renseigné, consulter les journaux de la Commune] , on a trouvé dans les caves, entre un ton- neau de Saint-Julien et une pièce de Saint-Émilion, 138 ca- davres de jeunes filles, âgées de sept à quinze ans, toutes étranglées après avoir subi les derniers outrages.

« Ce qui prouve que ces crimes horribles autant qu'inouïs ne remontent pas à de longues années, c'est

243 -

qu'on a trouvé, dans la bouche d'une de ces innocentes victimes, une pastille de chocolat encore fraîche et humide de salive. »

LE POMPIER DE NANTERRE. Aux Pa- risiens. Sans date.

Le Pompier de Nanterre, qui signe qu'e7 n'est pas fumiste, n'est pas content des Parisiens, mais surtout de l'Internationale, sur laquelle il tombe à jet raccourci; il l'accuse d'avoir été, dans tout ceci, un agent de la Prusse, et il ajoute : Comme l'Internationale ne tra- vaille pas au profit du Prussien seul, comme elle a des patrons et des affiliés un peu partout, de tous côtés on se partage les dépouilles de cette industrie que les ouvriers français laissent mourir improductive et déchue.

« Aux ateliers, amis ! Le travail, c'est le salut, c'est la vie, c'est la liberté ! »

Et ce pompier conclut ainsi poétiquement :

Par un effort suprême... épique, Crions aux Germains, nos vainqueurs : Vive à jamais la République I A vous.... des rois, des empereurs! Enivrez-vous dans votre gloire, Esclaves d'une majesté ! Allez.... chantez votre victoire.... Vos vaincus ont.... la Liberté /ff...

244

LE JOURNAL OFFICIEL.

Le Journal officiel occupe une place trop intéres- sante dans l'histoire de la Commune pour que nous ne lui consacrions pas ici quelques lignes, bien qu'il sorte du cadre de notre publication et qu'il n'appar- tienne pas aux nouveaux journaux publiés à Paris depuis le 4 septembre 1870 jusqu'au 28 mai 1871.

Le premier numéro (n^ 79, 20 mars) est certaine- ment le meilleur de cette série révolutionnaire de la feuille de M. Wittersheim; avoir conservé le Journal officiel tel que nous l'avait laissé dans sa fuite le gouvernement chargé par la nation du salut de la France; avoir inséré l'article de M. Mérinos (Mérinos à Paris et Mouton à Versailles ; magistrat qui jadis, à temps perdu, écrivait au Figaro), article qui se trouva le même jour dans V Officiel de Paris et dans VOffl-

cisl de Versailles tout cela donnait à ce numéro

un ragoût tout particulier.

Au 30 mars, le Journal officiel de la Républigue française changea son titre et devint le Journal officiel de la Commune de Paris, ce qui était excellent et par conséquent ne figura que sur un numéro (30 mars 1871); comprenant que ce titre diminuait et restrei- gnait son mandat à l'enceinte de Paris, la Commune reprit dès le lendemain l'ancien titre et affirma une fois de plus les tendances envahissantes de l'Hôtel- de-Ville. C'est à cette époque que le Journal offi- ciel publia un article signé X. Y. sur le Drapeau

- 245 -

rouge, article se terminant par ces lignes, qui firent quelque bruit :

Une nouvelle ère commence, Tère des travailleurs, novus or do sœcidorum, comme disent les Américains. »

Ah! ah! s'écrièrent les Débats, nous savions que cet hémistiche : novus sœcidorum nascitur ordo était de Virgile, mais nous ne nous doutions pas que Vir- gile fût un Yankee, et un Américain (qui cherche toutes Jes occasions de s'instruire) écrivit aux Débats que jamais il n'a entendu (et il a cinquante ans!) parler de cette devise aux États-Unis.

L'observation faite par les Débats était simplement ridicule; V Officiel n'avait pas dit que cette devise ?io- vus ordo sœculorum fût de Virgile ou n'en fût pas ; aussi répondit-il aux forts en thèmes des Débats, en chicanant aussi sur les mots, que l'hémistiche : Novus sœculorum nascitur ordo est faux ; ....après cela, qu'il se trouve ou non dans Virgile, cela lui est parfaite- ment égal, n'ayant jamais dit autre chose que ceci : La nouvelle devise des Américains est : Novus ordo sœcidorum.

Quant à l'Américain du journal des Débals, celui qui cherchait toutes les occasions de s'instruire et qui venait, sans s'en douter, d'en trouver une superbe, il reçut, lui et les Débats aussi, une bonne leçon d'his- toire de M. Edouard Portalis qui intervint victorieu- sement dans la question.

21.

246 -

Il ne faudrait pas croire d'après ceci que VOfficiel passât tout son temps à jouer sur les mots avec ses confrères ; malheureusement, il n'en était pas ainsi, et si son extérieur calme et digne annonçait l'organe d'un gouvernement puissant, son intérieur n'en était pas moins déchiré par des luttes et des rivalités étran- ges.

Le 24 mars apparut en tête de VOfficiel le nom du citoyen E. Lebeau, délégué aw Journal officiel 'par le Comité central, et le 28 mars, celui du citoyen Ch. Longuet, délégué, rédacteur en chef du Journal officiel.

Était-ce Lebeau ? était-ce Longuet ?. . .

Une note fiévreusement rédigée par le citoyen Le- beau, note qui commençait par ces mots : Cest par surprise que le nom du citoyen Longuet a paru hier dans le Journal officiel, et finissant par ceux-ci : .Sï le citoyen Lebeau eût été cm journal, il les eût fait arrêter, nous l'eût appris le lendemain, si, profitant de la nuit, les fédéralistes Demay et Arnaud ne s'é- taient pas glissés à VOfficiel, et de leur autorité pri vée, n'avaient pas fait disparaître cet entrefilet.

Ah ! si Lebeau eût été !

Mais Lebeau n'était pas là. Lebeau racontait à tous les journaux la part qu'il avait prise à la direction de VOfficiel, direction qu'il avait demandée, espérant sout\ lever les provinces, grâce à ses profondes études sur les révolutions. Pondant deux jours il avait eu ponr

I

- 217 - collaborateurs Barberet et Vésinier ; mais sur les obser- vations de Longuet, qui prétendait que Vésinier avait écrit les Nuits de Saint-Cloml , il s'en sépara et at- tendit seul trois longs jours à V Officiel que Longuet

vînt l'aider Horreur! horreur! quand Longuet

arriva, ce ne fut pas comme collaborateur, mais bien comme rédacteur en chef, en remplacement de Leheau, de Lebeau qui avait imprimé au Jourûcd officiel son allure révolutionnaire, de Leheau qui, avec V assenti- ment du Comité central, avait fait tous ces décrets qui donnèrent au mouvement du i8 yymrs sa véritable signi- fication

Et Lebeau s'en alla, menarant Longuet d'un petit opuscule devant porter ce titre : De ïart d'avoir une certaine 7'éputation tout en étant un parfait imbé- cillc.

A tout cela, le citoyen Longuet répondit dédaigneu- sement que la forme seule de la lettre signée Lebeau aurait du inspirer à la presse sérieuse de légitimes défiances : Le ton de cette lettre, disait-il, trahit depuis la première lir/ne jusqu'à la dernière un état mental particulier.

Et la Commune envoya Lebeau se soigner.... à la Conciergerie, auprès de son ami Lullier. ' Le '13 mai, le citoyen Vésinier fut nommé délégué au Journal officiel, en remplacement du citoyen Lon- guet, appelé à d'autres lonctions, et le 10 mai, l'O//?- cicf avant en trfe i;i deviso républicaine : Uberfé,

- 248 Égalité, Fraternité, et se datant du 26 floréal an 79, se vendit cinq centimes sur la voie publique.

Le Journal officiel publiait le compte-rendu des séances de la Commune et très-régulièrement celui des séances de l'Académie des sciences (on n'a jamais pu savoir pourquoi). Il insérait aussi des avis mys- térieux, no du 7 mai :

« Un vrai républicain non signé pour cause... peut faire verbalement ou par écrit la communication annoncée. » ,

et publia en Variétés les articles suivants :

Les rouges et les pâles, par J.-B. Clément.

Chouans et Girondins, par A. Régnard.

Le Régicide, par A. Pages (de l'Ariége).

Une "page dliistoire. Le Si octobre et le i8 mars, par P. Vapereau.

Le Peuple est bon, par H. Bellenger.

La manifestation du 8 octobre, par Minimus (je croi^ que c'est Ferré).

Une commune au moyen âge. Saint-Denis et Mont- martre en octobre i870. Frédéric II et Voltaire, par E. Maréchal.

Paris indépendant dans U histoire, par Ch. Limou- sin.

Tradition îtnitaire, par L.-X. de Ricard.

Une page d'histoire (Blanqui), par Max. Vuillaume.

Les concerts des Tuileries, par Charles Nel.

Parmi les annonces (rien ne doit être indifférent

' -249

pour rhistorien), nous avons remarqué les deux sui- vantes :

Ouvrages du citoyen Vésinier, etc.

Décorations françaises et étrangères, rosettes treize- tées : Maison, etc.

Payait-on bien à Y Officiel de la Commune? Il y a tout lieu d'en douter ; la pièce suivante témoigne d'une façon assez comique de l'état de la caisse :

« Paris, 28 mars 1871. a Bon pour 5 h. 10 minutes de voiture, prise par le ré- dacteur soussigné de V Officiel, le 28 mars 1871. Courses au ministère de l'intérieur et à l'Hôtel-de-VilIe.

(( Payable au bureau de VOfficiel, dans la journée du 30 mars 1871.

« Le rédacteur, (( Mérigot. »

Il paraît que cela ne marche pas tout seul, et Mé- rigot écrit de nouveau :

« Moucher Longuet,

« Avant-hier soir, Lebeau a exigé que je signe ces quel- ques mots. C'est pour une voiture prise par trois rédacteurs de VOfficiel pour venir vous voir et assister à la procla- mation de la Commune. Cette voiture ne saurait aucune- ment demeurer à mon compte personnel. Depuis le 28 mars VOfficiel n'a pris aucune voiture. Soyez donc assez bon pour faire payer ce petit arriéré.

« 30 mars 1871.

« Mérigot. y>

250 - Au-dessous, timbrés de deux cachets officiels : Minis- tère DE l'intérieur. Cabinet du ministre, ces mots :

« Il est impossible de payer aujourd'hui. Avisez. »

Je ne sais pas comment finiront les citoyens Lebeau

et Vésinier A l'heure j'écris ces Hgnes, Yésinier

est à Versailles, et Lebeau est en fuite ; mais voici comment a fini Charles Longuet (j'emprunte le récit de sa mort au journal anglais, le Daily-Neivs) : « ... Se tournant alors vers Longuet, le commandant lui de- manda s'il voulait faire des révélations de nature à amener la prise ses collègues. Feu ! s'écria Longuet pour toute réponse, en découvrant sa poi- trine. Il tomba la tête fracassée. »

Mais est-ce vrai ?

Le dernier numéro de Y Officiel de la Commune sort des presses de l'Imprimerie nationale ; c'est le no 444^ . 4 prairial an 79, mercredi 24 mai ; il est excessivement rare : le Figaro du l*^"^ juin en a^ donné une reproduction partielle. Ce n^ IMfait pen- ser logiquement à un 143 ce qui va plonger

dans l'incertitude la plus cruelle beaucoup d'amateurs qui croyaient leur collection complète avec le n^ 142 du lundi 22 mai, lequel est très-rare également (1).

Le journal la Vérité assure qu'un Anglais aurait

(1) Disons de suite qiie ce n" 143 na été tiré qu'en épreuves.

- 251 - payé 500 fr. la collection complète de V Officiel de la Commune, et le Figaro du 15 juin donne un aperçu des prix-courants de certains journaux publiés pen- dant la Commune :

L'Officiel, de 150 à 200 fr.^ non compris les deux derniers numéros qui sont à peu près introuvables (1) ; Le Petit Officiel, 50 fr.; Le Vengeur, 100 fr.; Le Réveil, avec Le Réveil clic peuple qu.i\m fait suite, 60 fr.; Le Cri du Peuple, 40 fr.; Le Mot d'Ordre, 50 fr.; Le Père Duchêne, 25 fr.; U Avant-Garde, 10 fr.

Ces chiffres ne signifient pas grand'chose, la mar- chandise qu'ils représentent n'ayant de valeur que celle que lui donne l'acheteur ; ainsi j'ai vu offrir

00 fr. du Cri du peuple, 75 fr. du Vengeur, 80 fr. de la Commune y 40 fr. de V Affranchi, 40 fr. du

^aris-Libre, et rien du tout du Bîe7i public.

(1) Nous prévenons charitablement nos confrères les collection- aeurs (lesquels ne sauront jamais tout ce qu'ils nous doivent) que f agréables farceurs ont réimprimé les derniers numéros de YOffi- :iel, et les vendent sous le manteau, de 12 à 15 fr. pièce. Nous ne blâmons pas ces industriels.... il faut que tout le monde vive ! Mais iious rougirions d'introduire dans notre collection un de ces lâux îxemplaires.

TABLE ALPHABÉTIQUE

DES JOURNAUX.

Pages.

Action (L') 193

A-ctualité (L') 186

Ami de la France (L') 77

Ami de la France (L') 96

Ami du peuple (L') 168

Ami du peuple (L') 206

Ballon-Poste (Le). , 61

Ballon-Poste (Le) 61

Bien public (Le) 149

Bonhomme Franklin (Le) 197

Bonnet rouge (Le) 106

Bons sens (Le) 212

Bouche de fer (La) 16i

Bulletin communal (Le) 218

Bulletin du jour (Le) 231

Bulletin de la municipalité (Le) 33

Bulletin de la Société internationale de prévoyance (Le) 91

Gain et Abel 198

Canard (Le) 1^^

22

254

Pages.

Candidat nouveau (Le) 118

Caricature politique (La) 120

Carmagnole (La) 123

Châtiment (Le) ; 154

Châtiment (Le) 177

Chronique illustrée (La) 98

Cloche (La) 86

Combat (Le) 27

Comédie patriotique (La). 126

Commune (La) 173

Commune de Paris (La) 17

Corsaire (Le) 219

Courrier de l'Oise (Le) c 76

Courrier du Dimanche (Le) 172

Cri-Cri (Le) '. 213

Cri du Peuple (Le) 128

Défense (La) 63

Défense nationale (La) 16

Défense nationale (La) 51

Dépêche-Ballon (La) 59

Deuil de Paris (Le) 149

Dimanche de Paris (Le) 55

Diogène 155

Discussion (La) 225

Drapeau (Le) ." 172

Drapeau rouge (Le) 6'k

Drapeau rouge (Le) 224

Duchêne réactionnaire (Le) 213

Ecole de l'homme et du citoyen (L') 60

Écho de Paris (L') 236

Écho des Étrangers (L') 77

Écho du soir (L') 208

Éclaireur (L') 83

Eldorado programme (L') 165

Électeur libre (L') 89

Enveloppe-Gazette 95

Estafette (L') 205

Étoile (L) 216

Europe libre (L') 9

I

255 -

Papes.

Evénement illustré (L') 201

Faubourg (Le) 181

Faubourien (Le) 80

Fédéraliste (Le) 239

Fédération républicaine de la garde nationale (La) 187

Feu grégeois (Le) %

Fils du Père Duchène (Le) 203

Flèche (La) iss

Flambeau républicain (Le) i 44

France républicaine (La) 37

Fronde illustrée (La) 210

Garde national (Le) 06

Garibaldi (Le) 8t

Grand'garde républicaine (La) 70

Grelot (Le) i'Jt

Guêpe (La) 2't2

Homme (L') 162

Horizon (L') 123

Impartial (L') 45

Indemnité (L') 107

Indépendance française (L') 227

Jacques Bonhomme 2 1 i

Journal-Ballon (Le) 73

Journal du arrondissement (Le) 92

Journal officiel (Le) 2U

Journal officiel des gardes nationales (Le) Ct

Journal populaire (Le) 237

Journal-Poste (Le) 6()

Journal secret (Le) . . 10!»

Journal du soir (Le) 217

Justice (La) 223

Lampion (Le) 128

Lettre-Journal (La) 54

Lion blessé (Le) 71

Livre rouge (Le) 201t

Lutte à outrance (La) 101

Mémoires du Père Duchène (Les) 2'i9

Méphistophélès 180

Mère Duchène (La) 192

- 256 -

Pages.

Mère Duchêne (La.) 205

Mesures de salut public (Les) 62

Moblot (Le) 100

Monlgolfier (Le) 77

Moniteur aérien (Le) 59

Moniteur de la paix (Le) 149

Moniteur de la République (Le) 35

Moniteur de la Garde nationale (Le) 25

Moniteur des Citoyennes (Le) 68

Moniteur des Gardes nationales (Le) 47

Moniteur Parisien (Le) 168

Mont Aventin (Le) 182

Montagne (La) 189

Mot d'Ordre (Le) 112

Nation souveraine (La) 199

Némésis galante (La) 210

Nouvelliste du 24e bataillon (Le) 98

Nouvelle République (La) 57

Nouvelle République (La) 169

Nouvelles (Les) 33

Nouvelles (Les) 92

Nouvelles de Bordeaux (Les) 148

Œil de Marat (L') 87

Ordre (L') 176

Ouvrier de l'avenir (L') 166

Paradoxes de la Semaine (Les) 16S

Paris-Belleville 14^

Paris - Libre 1!

Panthéon (Le) Qi

Patrie en danger (La)

Patrie en deuil (La) 1^

Patriote (Le)

Patriote (Le) 17^

Père Duchêne (Le)

Père Fouettard (Le)

Peuple souverain (Le) 20

Pirate (Le) 234

Pompier de Nanterre (Le) 243

Populace (La) 44

- 257 -

Populace (La) ^9

Prolétaire (Le) 221

Question du jour (La) (57

Réaction (La) -lit

Régénérateur (Le) 95

Régime constitutionnel (Le) 221)

Réparateur (Le) i 18

Républicain (Le) 26

Républicain (Le) iÇQ

République (La) 9

République des Travailleurs (La) lOi

République de Marat (La) -IGH

République sauvée (La) -128

Résistance (La) 73

Réveil du Peuple (Le) 201

Revendication (La). . , 49

Révolution (La) 93

Révolution politique et sociale (La) iQl

Révolution politique et sociale (La) 23^^

Revue de France (La) 12(5

Revue des Chemins de fer, du Crédit, etc. (La) 105

Rigoletto 180

Rougé (La) 2:35

Salut (Le) 101

Salut de Paris (Le) 105

Salut public (Le) 21

Salut public (Le) 232

Scie (La) 207

Sentinelle armée (La) 5i

Sociale (La) 183

Soir (Le) 8!)

Souveraineté du Peuple (La) 225

Spectateur (Le) 221

Tablettes d'un assiégé (Les) 38

Tam-Tam (Le) 165

Trac (Le) 81

Trait-d'Union (Le) I'.)5

Tribun du Peuple (Le) 48

Tribun du Peuple (Le) 237

22.

- 258 -

Pages.

Triomphe de la République (Le) 175

Union française CL') 214

Union républicaine (L') 92

Veilleur (Le) 147

Vengeur (Le) 108

Vérité (La) 39

Volonté nationale (La) 85

Vrai père Duchéne (Le) 167

TABLE ALPHABÉTIQUE

DES PERSONNES

CITÉES DANS LE PRÉSENT VOLUME,

Adam, A., 142. Advenant, 202. Aigurande, d', 242. Albert, 200. Alton-Shée, d', 199. Amédée l»"-, 113. Amilhon, 192. André, 178. Andréi, A., 5i. Andréi, Maria, 127. Arago, E-, 36. Arband, 73. Arellano, 63. Arnaud, 2i6. Arnould,A,156, 171. Aubertin, H., 220, 230. Aumale, d', 231. Avray, E. d', bi. Aymard, G., 45. B., Honorine, 127. Babeuf, 160. Bagen, J.-E., 106. Barberet, 117, 247. Barbier, V., 155. Bareste, E., 9.

Barrère, C, 185, 210.

Barrot, Odysse, 171, 215, 239.

Barse, L., 68, 230.

Barthélémy, G., 222.

Bataille, Ch., 130.

Baudelaire, 140.

Bauër, H., 16, 76.

Bazaine, 113,28.

Bazire, E., 172.

Beau de Rochas, A., 229.

Beethowen, 100.

Bellemare, 74.

Bellenger, H , 129, 248.

Bellivier, A., 236.

Benoist, H., 236.

Eéran|:er, 102.

Beraud,J.,92.

Bernard, Martin, 117.

Béroall, T., 06.

Bertall, 194.

Bertau, E., C6.

BerteauU, 104.

Berlin, G., 76.

Berlin, Ch., 99.

Bertrand, P.-J., 149, 168, 175.

260

Bertrand, A., 127. Bertrand, G., 80. Bias, C, 32. Bienvenu, L., 123. Billaud-Varennes, 21. Bismark, 30, 44, 52, 77, 79, 89,

97, 154. Bitard, A., 44. Biyot, 45.

Blanc, L., 118, 160, 200. Blanqui, 9, 55, 75, 155, 248. Bocher, A., 230. Bocquillon, E., 210. Boisjolin, J. de, 54. Boissier, G., 55. Bondon, 193. Bonneville, A., 154. Bonvalet, 155. Bornet, Gh., 234. Bouchu, L,, 54. Boudeville, 193. Bonis, G., 16, 129, 172. Boullay, G., 118. Boulmier, J., 179. Brenier, 77.

Breuillé, A., 15, 129, 172. Brideau, 14. Briosne, 140. Brissac, H, 31, 173. Brudon, 167. Brunereau, 105, 146. Buisson, B., 24. Buisson, 105. Buonarotti, 160. Buray, Gh., 44. Bureau, P., 86. Burtal, A., 179. Cahun, L., 54. Callias, H. de, 209. Campanella, 160.

Capdeville, P., 32.

Capdevielle, A., 173.

Carjat, E., 45.

Caris, A., 16.

Gattelotte, 52.

Gaulet, G., 172.

Cellier, F., 49.

Césena^ A. de, 85.

Chabert, G, 54.

Chabrillan, M'^e de, 127, 144.

Chalain, 241.

Cham, 36.

Champseix, G., 105.

Chapon, 125.

Charassin, 160.

Gharausad, A., 27.

Charles X, 72.

Ghassin, Gh.,-L.)

Châtelain, E., 18, 88.

Chaudey, G., 151.

Chauvot, 16.

Chédame, 16.

Chénier, J., 17.

Chéron, Ds 209.

Choux, J., 210.

Claparède, 146.

Clément, Albert, 163.

Clément, J.-B., 129, 172, 2i8.

Clerc, E., 31.

Clodion, 201.

Clodong, G., 173.

Cluseret, 234.

Coëtlogon, 220.

Coffin, Ch., 77.

Colfavru, 211.

Combault, 241.

Commerson, 165.

Goncevreux, 242.

Constant, L., 32.

Conti, 219.

- 261 -

Cotelle, A., 71.

Courbet, 8.

Cournet, F., 202.

Courtois, 19.

Cousin, J., 185.

Crémieux, 105.

Cresson, 74.

Croisy, P. de, 209.

Croizier, C. de, 80.

Cromwell, 113.

Cuvier, 14.

Dabernat. J., 80.

Dacosta, Ch., 172.

Dacosta, Gaston, 172.

Damé, F., 59.

Danduran, J.-J., 233.

Daniel, S., 163.

Danton, 21, 27.

Dardaux, 17.

Daubes, G., 32, 173.

Daumier, 36.

Dautray, G., 196,205.

Debrige, 51.

Decaisne, D"", 54.

Decroix, E., 16.

Delaporte, 178.

Delavigne, C, 17.

Delescluze, 52, 106, 110, 161,

201, 223, 234. Délimai, 0., 31, 173. Delyon, C, 16. Demay, 246. Denis, P., 32, 129. Denizet, 86, Deparis, 167. Déplace, Z., 195. Dereure, S., 172. Dereux, E., 16. Derome, L., 126. Deschamps, P., 188.

Desmarest, 146. Desmoulins, A., 44, 163. Desormes, R., 53. Despois, E., 199. Devienne, 113. Dictys, V., 24, 37. Dillon-Ravanagh, G., 16, 233. Dollfus, A., 154. Dombrowski, 183, 236. Drumont, E., 153. Dubail, 92. Dubois, A., 216. Dubois, 213. Dubourg, F., 222. Dubreuil, F., 230. Du Camp, A., 185. Duchène, G., 32, 174. Ducray, L., 24, 51. Ducrot, 148. Delaporte, E., 180. Dulimbert, Joséphine, 70. Dumont, L., 126. Dumont, Ch., 87. Dunan-Mousseux, 211. Dupire, J.. 166. Duplan, Ch., 236. Dupont, 14. Duprat, P., 20. Durand, P., 221. Dureau, A., 120. Duval, R., 146. Duval, G»., 190. Duvernois, C, 113. Ebstein, G., 209. Escande, 14.

Esquiros, Adèle, 16, 45, 169. Esquiros, Alphonse, 109. Eudes, 190. Eugène, 167. Eugénie, l'Impératrice, 82.

262

Eventin, H., 16.

Evette, 1G6.

F., S. de, 127-

Fanfernot, Cécile, 127.

Faure, G., 60.

Fauvely, Ch., 63.

Favre, F., 89.

Favre, Jules, 17, 21, 4i, 52, 56,

89, 167, 171, 189, 202, 210,

235.

Fazy, J., 57.

Féri, G., 27.

Ferré, Th., 157, 235,248.

Feydeau, E., 137.

Fiorentino, 86.

Flobert, F., 71.

Floquet, Ch., 49, 106.

Flotow, 100,

Flourens, 28, 190, 220.

Fondeville, 235,

Forcade de la Roquette, 220.

Fort, F., 153.

Foucher, 19.

Français, Ch., 237.

François, 11, 82.

Frédéric, 11, 251.

Fréron, 19.

Fromentin, L., 70.

Gaillard, 186.

Galilîet, 171, 20i.

Galléne, J., 142.

Gallet, G., 236.

Gambetta, 31,64,161, 196.

Ganesco, 209.

Garinei, G. 126.

Gastineau, B. 32.

Gastynes, J. de, 154, 229.

Gaulier, A., 225.

Gay de Vernon, 20.

Gellion-Danglar, 24,

Genevay, A., 161, 200, 201.

Genouillac, G. de, 120.

Gérardin, G., 31.

Gigault, E., 234.

Gill, A.,142.

Girard, R., 224.

Girardln, E. de, 58, 137, 197, 214,241. ' ' ' '

Gis, S., 123. Glais-Bizoin, 105. Gois, 14. Golowine, I., 80. Goulïé, J., 64, 190. Gouin, 178. Goullé, H., 192. Gouilé, A., 16, 18, 129. Goupil, E., 32. Gournay, V., 24. Grandier, A., 172. Grillet, E., 18. Grillet, 223. Grognet, .T., 188. Gromier, M.-A., 31, 105, 128, 14G, 161. ' ' ' '

Grousset, P., 161, 169. Guéroult, 128.

Guillaume, 29, 36, 38, 46, 51,

91,96,84. Guillemot, G., 33. Guillet, H., 60. Guionie, A., 93. Halévy, L., 100, 101. Hait, R., 117. Hamel, 19. Hamet, 192, Haussmann, 49. Hébert, 12. Hébrard, 145, Henry, Ch.,52. Hervé, Ed., 236.

- 263

Hoche, J.-M., 222. Hourtoul, 76. Howen, R.,160. Hubbard, A., 8, 199. Hubert, 178. Hugelmann, G., 24. Hugo, V., 125, 155, 167. Humbert, A., 16, 129,159,210,

232. Humbert, A., 160. Hyacinthe, le P., 206. Ibhs, 163. .Tablorxski, 123. Jacques, 169. Jacques, H., 196. Jacqueline, 16, 76. Jacqueline, C.-G.,222. Jamet, A., 144. Jauffret, 144. Javel, A., 95. Jérôme, 134. Joanny, 183. Job, Félicie, 127. Jouaust, D., 54. Jourdan, L., 63, 106. Jubinal, 58. Kératry, 11. Kinglake, 9. Kunemann, E., 172. L., J.-Marie, 127. L., Victoire, 127. La Bédollière, 234. Laboulaye, 215. Labour, J., 193. Lacambre, D^, 16. Lachambeaudie, 15. Lachâtre, M., 31. Lachaud, E , 64. La Coste, J., 20 i. Ladet, U., 231.

I Ladreyt,E.,181. Lafagette, R., 16. Lafont, J.-A., 227. Laglaize, 180. Lagrange, 135, La Madelène, H. de., 227. Lambr^', E.,26. Lamennais, 23. La Monta, H. de, 203. Landeck, 218. Lapierre, 220. Laponneraye, 19. La Rochefoucauld - Liancourt (Marsillac), 44.

Larue, A., 192. Laugier, Anna. 76.

Laurent, Ch., 67.

Laurent, 208.

Lavérine, L. , 192.

Laville, A. de, 127.

Laya, A., 57.

Lebas, 21.

LeBéalle, A,, 198.

Lebeau,E.,246.

Lebéhot, L., 16.

Le Breton, L., 127.

Leclerc, Ch., 75.

Lefèvre, H., 182.

Lefèvre, 196, 205.

Lefort, P., 200.

Lefrançais, 146.

Le Gallais, A., 76.

Le GuiUois, 45, 104, 196.

Lemarié, 83.

Lemer, J., 9.

Lemoinne, J., 47.

Lemonnyer, 47.

Léo, A., 105, 183.

Léon, A., 96.

LepeUetier, E., 238.

264 -

Lepére, Ch., 212. Le Petit, J., 4i.

Lermina, 219.

Leroux, P., 23, 105.

Leroy, A., 72.

Lesage, J , 66.

Lesur, V , 80.

L'Etienne, G. 93.

LevaiJlant, J., 200.

Levraud, L., 16.

Lévy, A., 7, 172, 199.

Lhoir, L., 70.

Liedekerke, 228.

Limousin, Ch., 248.

Lissagaray,A.,l93, 237.

Littré, 145.

Lockroy, 145.

Longuet, Ch., 246.

Lonnes, F. de, 5i.

Louis XVIII, 72.

Lucipia, 131.

LuUier, A, 173, 193, 250.

Mably, 160.

Machiavel, 31.

Magot, 18.

Maigne, 126.

Mahlmann, 80.

Maillard, F., 227.

xMaillard, S., 12, 130.

MaJgenelte, 77.

Malon, B., 32, 192.

Mancel, A., 19.

Marat, 31, 169.

Marchai, Ch., 153,171.

Maréchal, E., 16, 2i8.

Maret, H., 32, 117, 173, 193,

238. Marétheux, L., 162. Marianne, 80. Marin, A., 93.

Maroteau. G., 64, 167, 181, 189.

Marsillac (La Rochefoucauld) 44.

76.

24.

,172.

191.

Martelet, J.

Martine, P.

Martinet, G

Masquin, V

Massol, 63.

Mathilde, la princesse, 228.

Matacotta, 169.

Maxime, 212,

Mendés, G., 141.

Ménier, E., 62, 147.

Meyerbeer, 100.

Mercier, A., 200.

Mérigot, 249. Mérinos, 244. Michelet, 145. Mickiéwicz, L., 8. Mickiévvicz, A., 8. Mignard, P., 93. Mignien, 66.

Minière, 32, 75, 110, 173. Millon, M^e^ 427. Millot, G., 16. Mirabeau, 207. Moisnard, A., 209. Molock, 207. Moltke, 52. Momoro, 12. Montantaine, V., 93. Montbard, 210. Montet, Léontine, 127. Montferrier, A. de, 177, 180. Morban, 16. Moreau, E., 188. Morel, A., 163. Morel, G., 230. Morel, J., 84.

l

- 265

Morelly, 160.

Morot, E., 172.

Mortier, A., 209.

Morus, T., 160.

Mourot, E., 117.

Mouton, 2ii.

Murgeard, H , 154.

Myard, 73.

Napias-Piquet, 88.

Napoléon III, 51, 52, 57, 7, 85,

111,134,202,211,217. Napoléon, le prince, 191. Nel, Ch.,248. Nicolas ï", 79. Nieuwerkerke, 228. Niquet, L., 101. Nitot, A., 54, Noir, Y., 110, 162. Noslag, J., 191. Noury, A., 163. Nus, E., 63.

Oldrini, A., 190.

Ollivier, E., 215.

Orsini, 139.

Orsini, Tabbé, 58.

Oudet, 29.

Pages, A., 89.

Pages, A., derAriége, 248.

Pain, 0., 172.

Paquereau, H., 98.

Paris, comte de, 113, 124, 167.

Parthenay, E., 222.

Pasdeloup, 100.

Pasquier, A., 221.

Passedouet, 190.

Pâté, N.-A., 108.

Paysant, 218.

Pellarin, Ch., 200.

Pelletan, 55, 102.

Pêne, II. de, 35.

Perodeau, 51 .

Persigny, 115, 191.

Pessard, H., 209.

Peters, Z., 167.

Petit. P., 32.

Petit, A., 225.

Peyrat, 145.

Philipaux, 239.

Picard, A., 31,39, 49,171,114.

Picard, E., 39, 31, 49, 148, 225.

Picard, E., 222.

Picard, L., 35, 59, 172, 190.

Pilotell, G., 120, 186.

Pinteville, A de, 99.

Poggenpohl, N. de, 77.

PoUio, J., 190.

Polo, 186.

Ponnat, de, 32.

Ponterie, F. de la, 33.

Portalis, E., 31, 39, 2i5.

Portalis, H., 44.

Poulizac, 146.

Poupart-Davyl, 136.

Préaumont, F. de, 118.

Prim, 112.

Proudhon, 86, 120, 174.

Pyat, F., 27, 52, 55, 106, 108, 117, 207, 220.

Quentin, Ch., 201.

Quinet, E., 118.

Racine, 203.

Rama, 105.

Randon, 36.

Raspail, 156, 169.

Razoua, 202.

Reclus, E., 105.

Régamey, F., 24.

Régnard, A.,13,172,248.

Renucci, L., 18.

Rey, A., 105, 199.

23

266

Reymond, W., 35. Beynaud, J., 23. Ribeyrolles, Ch., 163. Ricard, X. de, 2i8. Richard, J., 159. Richard, G.,61,2i. Richard, E., 202. Richard, Georges, 117. Richardet, G., 219. Rigault, R., 16, 76, 157, 171,

212. Roa, 63.

Robert, Félicie, 127. Robert, J., 230. Robert, L -E., 25. Robespierre, 21 , 207. Rochefort, H., 28, 81, 55, 112,

136, 109, 155, 162, 171. Rogeard, 139, 173. Roland, E., 163. Rolland, A., 136. Rolle, H.,172. Ronsin, V.-L.,172. Rosambeau, 188. Rosentalski, 108. Rossel, 171, 185, 23i. Rossignol, 12. Rouher, 85, 207. Rousseau, L,, 71. Rousset, 219. Rovigo, 220. Roze, 49. Saillant, 123. Saillard, 16. Saint-Amé, 152. Saint-Andéol, 71. Sainte-Beuve, 32. Saint-Just, 21. Saint-Léger, 196, 205. Saint-Omer, H., 126.

Sannier, L., 44. Sans, 218. Sanson, A., 126. Santerre, 12. Sapia, Th., 73, 76,121. Sarazin, R., ^4. Sarrut, P., 163. Sauriac, X., 16. Sauton, G., 233. Sauvestre, Ch., 63. Schraitz, 50, 74. Scribe, 112.

Second igné. A., 182, 196, 205. SégoiUot, H.,3L173. Seidrab, E., 99. Senneville, E. de, 71. Sidney, 32. Simon, J., 149, 162. Simond, V., 48. Sirven, A., 178. Solertan, G., 106. Sorr, A. de, 82. Spa, H.,77. Spills, 2i2. Spini, E., 143. Spoll, 219. Stamir, 138. Sternheim, E.,227. Tabaraud, Ch., 27. Taboada, 63. Tallien, 19. Tapie, 62. Tarbé, 219. Ténot, 55, Teste, Ch.,160. Teste, L., 126. Tétedoux, E., 80. Texier, E.,106.

Thiers, 21,31,38,72,111, 113, 124, 133, 179, 176, 190, 199,

267 -

204, 205, 210, 220, 239, 210,

Thomas, Cl., '74. Thouzery, A., 8G, Tocqueville, de, 215. Tolain, 191. Tolard, J., 143. To\yianski, A., 8. Trébois,X., 22. - Treillard, M., 32. Tridon, 12.

Trochu, 38, 49, 56, 72, 74, 85, 106, 121, 127, 148. 167, 176. Troncin du Mersan, 171. Troppmann, 43. Troubat, J, 32. Troussât, J., 17. Ulbach, 55. Urbaine, M«>«'J., 70. Vaillant, 146, 166. Valpinçon, E., 154.

Vallès,!., 22,65, 128, 172, 212, 220, 241.

Van Veerssen, T., 59.

Vaper^au, P., 248.

Vathier, E., 173.

Vauquelin, E., 24.

Verdhurt, C.,27.

Verdure, C, 88, 110.

Verlet, H., 16, 129.

Vermersch, E., 128, 159, 232.

Vermorel, 140, 176, 206, 220,

Vésinier, P., 171,172, 197,247,

VeuUlot, L., 153, 171. Villaumé, 32. Villegardelle, IfO. Villemessant, de, 35, 137. Villeneuve, E., 16. Villeneuve, 14. Vindex, 37. Vinoy, 108, 112, 120, 128, 148,

150, 161, 168, 172. Violette, 198. Virmaitrc, Ch.,52. Virtelly, L., 16. Voltaire, 251. Voyer d'Argenson, 160. Vrignault, H., 149. Vrignault, Ch., 153.

Vuillaume, M., 16, 129, 159, 232.

248.

Wagner, 100. Washington, 113. Watripon, 211. Wilt, 215. Wittcrshelm, 244. Woinez, Ch , 51. 98, 173. Wolff, Dr., 32. Young, E., 213. Ysseures, R. d', 77.

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