THE UNIVERSITY GF ILLINOIS LIBRARY L8]63 FIShFv V2 IATUKAL STORY HISTOIRE DES PE ANT ES SUISSES O U MATIERE MÉDICALE ET DE L'USAGE ÉCONOMIQUE DES PLANTES; pAR M. ALB. DE HALLER. T'ŒMER EE TRADUIT DU LATIN. BERNE, CHEZ LA SOCIÉTÉ TYPOGRAPHIQUE, 179% Digitized by the Internet Archive | in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champäign® % € « http://wwwarchiye.org/details/histoiredesplantO2hall | ES | » | 1) Fr ED JD pr ET s\\e ET Ty \yUIG \ ’ SN 4 ( à VE Ji MATIÉRE MÉDICALE PLANTES PÉTALÉES. CLASSE VIII. neo oo Dont le nombre des Étamines eft à trois, quatre & jufqu’à feptante fois plus grand que celui dés pétales. Toutes les fleurs font polypétales, un petit nombre font irrégulieres. ORDREÏ. VASCULIFERES, (la plüpart des RosAcÉES de TOURNEFORT. V.) SECTION | ASCYROIDES, dont les fleurs font femblables à celles du Miülepertuis, 1030. TILIA. LE TILLEUL. 5 feuilles font en forme de cœur, lantéolées, avec de petites éponges aux divifions des nervures. a. Varieté à feuilles plus amples, plus molles. un peu velues : c’eft celle qu’on cultive. Tilia vulgaris platyphyllos J. B.I. P. II. p. 133. Tom. II.  541232 es - MATIÈRE - b, Varieté à feuille très- petite, gläbre, un peu ferme; c’eft celle des bois. ; Tilia fylveftris TRAG. p. 1111. a & b. Tilia Europæa. LiINx. La varieté a croît aux environs de Kôniz & fur le Muttenzerberg. Jen ai trouvé autour d’Æigle dont le fruit contenoït cinq femences. La variete b fe trouve dans nos bois, mais elle y eft plus rare que dans ceux des pays plus feptentrionaux. Mr. GAGNEBIN dit l'avoir vue à la Combe de Beaufonds. Il n’y à aucune des parties du Tilleul, qui n’ait fon utilité. Ses fleurs plaifent aux abeilles qui en retirent un miel délicieux , fur-tout en Pologne & en Lithuanie, où cet arbre eft fréquent ; c’eft avec ce miel que fe fait cet excellent hydromel qu’ils appellent Lipiez *. (Mr. SCHIRACH fait aufli grand cas du Tilleul à caufe de la quantité de miel qu'il fournit aux abeilles & de fa qualité fupérieure). Les particules odorantes de fes fleurs donnent à la dif tillation une eau aigrelette, qui a un parfum agréa- ble, & qu'on employe fréquemment comme véhi- cule avec les remédes céphaliques. (Ses fleurs font fufceptibles de fermentation, & lorfqu'elles font dans cet état on en retire un efprit de vin en les dif tillant ; “on obtient une liqueur femblable des fleurs méme fêches , & enfin des feuilles, mais alors elle * J'en ai bn chez les Jéfuites de Vilna qui ne cédoit en rien au meilleur vin d'Efpagne , & qui avoit de plus ‘an fümet précieux & une faveur aromatique. Le Trad. MÉDICALE. 3 eft moins ddoränte). Cet efprit de vin de Tilleul fert de diflolvant. L’extrait gommeux qu’on retire des fleurs eft mucilagineux & un peu falé , le fpi- ritueux elt plus amer, & ftyptique. On en obtient aufi un fel volatil concret. (Mr, GLEDITSCH dit que la femence de cet arbre fournit la moitié de fon poids d’une huile limpide & faine. Suivant Mr. MARGGRAF on dit qu'on peut retirer de cette fe- mence une huile propre à faire du chocolat, & il en a fait l'expérience en la torréfiant, cependant l'huile qu’elle rend ainfi ne fe convertit pas comme celle du cacao en un beurre dur; j'ai été curieux de me faire du chocolat de cette manière, mais je nai pas trouve qu'il reflemblât à celui de cacao, & je ne crois pas qu’on puifle perfectionner cette méthode d'une maniére fatisfaifante). On perce en Pruffe les troncs des Tilleuls pour en retirer une eau comme du Bouleau, Les feuilles du Tilleul ont une qualité adouciflante & vifqueufe, à raïfon de laquelle elles font utiles fons la forme de cataplä- me pour les inflammations & le ténefme. Son fruit eft doux, un peu aftringent, & on le dit efficace dans la dyfenterie, (Je connois une famille de Laufanne qui, demeu- rant près d’une promenade plantée de Tilleuls, éprou- ve annuellement de l’afloupiflement pendant tout le tems qu'ils font en fleurs. Ceux de la place du collège produifent le même effet fur. toutes les per- fonnes d’une maïfon voifine qui n’en eft féparce. que par la largeur de la rue, V.)  3 4 MATIÉRE: Le bois du Tilleul eft blanc , léger, & utile aux tourneuts., Il n’eft pas d’auili bonne qualité dans les Pays-bas. L’écorce fert a faire des liens pour la vigne ; & des toiles d'emballage. On en fait aufli des cor- des-après l'avoir préparée par la macération. On / fe fert des feuilles fèches du Tilleul pour nourrir les _ brebis en hiver. (Pallas.) 1037. HYPERICUM. LE MiLLE-PERTUIS, TRUCHERANT, TRESCALAN JAUNE, ou HERBE DE ST. JEAN. Sa tige eft cylindrique, ailée , très-rameufe; Rs feuilles font ovales & trouces. Hypericum DoDon. p. 76 Hypericum perforatum. LINN. Rien n’eft plus commun dans les champs femes ou en jachere, & dans les bois clairs. Ses fommites rendent, en les broyant, une cou- leur rouge * qui ne confifte abfolument qu’en réfi- ne odorante, même que celle qu'on obtient des fleurs par la diftillation, & qui reflemble à la tére. benthine; elle tient cependant auili pat fa nature aux fubftances gommeufes *. Cette refine fournit uné plus grande quantité d'extrait aqueux que de * Mr. BUCHNER dit qu’elles ne donnent cette couleur qu'avant leur maturité. Suivant Mr. Gapp elles ren- dent avec l'huile de vitriol une couleur de briques, qui s’éclaifcit avec l’efprit de nitre. *## Voilà pourquoi, dit Mr. GaDD, on peut.en faire l'extrait avec l’eau & l’efprit de vin. MÉDICALE. ç fpiritueux , contre ce qui arrive d'ordinaire dans les autres plantes. Ces fleurs donnent beaucoup d'huile à la diftillation, jafqu'à une once pour une livre; cette huile reflemble aufli à la térebenthine. : Les cendres de cette plante contiennent un fel alcalin. Il sélève de la racine un efprit acide & comme miellé: (Suivant: ALSTON le Millepertuis elt refineux amer & aftringent. Le fuc qui en fort quand on Pexprime eft d’un rouge de fang , avant que de cou- ler, mais entiérement jaune quand il coule. ALEXIS parle d’une huile de Millepertuis qui avoit beaucoup de réputation à Venile; elle fe faifoit en l'infufant dans de l'huile, fur laquelle on verfoit du vin blanc ; on n’emoloyoit pour cela que les fleurs & la femen- ce & on en failoit la diseftion: au bain- marie ). - On regarde affez généralement cette plante com- me un excellent vulneraire, & c’eft fur-tout. dans dans cette vue, qu'on fe fert de l'huile dans 14 quelle on en a fait infufer les fleurs, mais il faut une huile pure & fans apparence de rancidité; elle eft bonne aufli pour les brulures. (ZAPATA dit que l'huile de Millepertuis mélce avec de la téré- benthine donne un exgellent vulneraire pour les blef fures des articulations). Le fuc tiré de l'herbe broyée & infufée dans du vin, me paroit mériter la pre- férence. Le grand - duc de Tofcane compofoit un baime en’ mélant le même fuc avec une huile *, A LAN À 3 * On peut voir là-deflus ce que dit NEUMANN de l'huile rouge de Millepertuis qui fe fait à Venile. T. IE P. II. P- 140. 6 . MATIÉRE C’eft encore à raifon des propriétés vulneraires qu'on reconnoit à cette plante, qu’on vante l’infu- fion théiforme de fes fleurs pour redonner du ton aux vaifleaux relâchés après la dyfenterie, ou après un écoulement immodeéré des règles. On en fait une décoction en ufage pour les ulcères internes des reins. C’eft aufli en qualité d’aftringent qu’elle remédie aux maux des nerfs & aux affections hy« pochondriaques. D’autres attribuent des vertus fe... brifuges à l’eflence qu’on prépare avec fes fommites. Les anciens reconnoiflaient au Millepertuis les proprie= és d’apéritif & de diurétique; cette derniére pour- voit bien lui appartenir en raifon des particules re- fineufes qu'il contient, BOERHAAVE dit qu’il donne. de l’enrouement çomme les fubftances balfamiques., Le Millepertuis fec & cuit avec de la laine macéx yce avec l’alun , lui donne une couleur jaune aflez belle. On trouve en Ruflie une efpèce de Coche, nille (Coccus Hyperici) qui s'attache à la racine: de cette plante, & qu’on dit aufli bonne que celle de Pos logne. SECTION IL. NECTARIFERES. TITHYMALUS. LE TITHYMALE. 1 TITHYMALES DONT LES PÉTALES SONT EN DEMI - LUNES. _ X1044. TITHY MALUS. L'ÉPURGE ou | CATAPUCE. Ses feuilles font elliptiques , les ftipules de l’om- belle au nombre de quatre, les pétales en demi. lune & fucculens. MÉDICALE. 3 Lathyris DODON. purg. p. 162. ÆEuphorbia Lathyris. LINN. Elle croit dans la Suifle tranfalpine, fur le che- min qui conduit de Bellinzone à OfJogne. Aux eït- yirons de Crivola. Je l'ai trouvée aufli à Roche. (Elle n’eft pas abfolument rare autour de ZLaufan- ne, en ayant vu fur le chemin d’Oron, dans un fen- tier qui mène à Chailly, & dans un autre entre Chamblande & le Denantou). La plüpart des Tithymales purgent violemment , fur-tout dans cette efpèce dont l’ufage eft fort dan- gereux. (Mr. BuUcHOZ dit que trente-fix grains ont purge par haut & par bas). Quelques malheu- reufes fe fervent de la femence d’Epurge pour fe faire avorter, mais elles font préfque toujours trom- pées dans leur attente. Cependant MAYERNE & d’autres auteurs ont dit qu’elle fait vomir fans dan- ger en en avalant deux ou trois grains *. JÉROME Bovius fe fervoit de cette plante pour purger par haut & par bas, mais en cela il fe conduifoit plu- tôt en empirique qu'en médecin. Le même Bovius dit que le fuc de Catapuce fêché à l'air guérit le mal vénérien , en en prenant jufqu'à trente grains par jour. Le pain même devient purgatif lorfqu’on le cuit dans un four chauffé avec cette plante. PLINE dit pourtant que fa femence purge doucement (fa- cilis purgatio ). Suivant SUIDAS, cette herbe eft À 4 —_ * Et même dix, fuivant RuFus. 8 MATIÉRE extrêmement âcre. & LACON s’en fervoit pour gué- rir l’ophthalmie (/ippitudinem ) en excitant par fon moyen des picottemens aux paupiéres. MiZALD en parle fous le nom de Catapucia minor, & dit que fept grains de fa femence purgent, mais qu'il en faut vingt pour produire le: même effet. Suivant BoccoxE les limacons donnent la diarrhée, quand on les a pris fur cette efpèce de Tithymale. THÉO- PHRASTE dit qu'on tire le lait de cette plante en y faifant des incifions & qu’on le conferve dans des vafes. Au rapport de LAMBERTI les Mingré- liens font ufage du même fuc pour fe purger. . Pour . moi je n’aime point qu’on fe ferve de pareils remé- des, tandis que nous en avons affez d’autres qui font plus fürs ; car la femence. d'Epurge caufe des fuperpurgations violentes & accompagnées de gran: des fouffrances à des animaux qui pour lordinaire font plus robuftes que l’homme. PALLADIUS difoit que les abeilles meurent lorfqu’elles ont butiné trop avidement les fleurs de Tithymale. Le lait de cette herbe broyeé dans un mortier de plomb, avec du mercure précipité doux & du plomb noir, pañle pour un topique utile dans le cancer. 1046. TITHYMALUS. L'ESULE ou LA. PETITE ESULE. Ses feuilles font linéaires & fes pétales échancrés. Efila minor Dopox. Purg. P. 159. | Euphorbia Efula. Linx. JEAN BAUHIN dit que l’Efule fe trouve le long MÉDICALE. 9 du Rhin prés de Haltingen , pas loin de Bale. Quant à moi je l'ai trouvée aux environs de T'illeda & de Langenfulza en Thuringe, mais je n’en ai point encore vu en Suille. Je trouve dans ce moment que, fuivant une obfervation de Mr. LA CHENAL , c'eft le Tithymale maritime (n°. 11565.) qui croit autour de Haltingen, enforte qu’il eft probable que PEfule n’eft pas véritablement naturelle à ce pays. Cependant je n'ai pas voulu la rayer du catalogue de nos indigènes , puifqu’elle a pour elle l'autorité des BAUHINS. On fait avec cette plante, connue aufli fous le nom de Tithymale à feuilles de Linaire , en la fè- chant fur le feu , un reméde pour les fiévres in- termittentes; Mr. DE SENAC, ce grand médecin, ne l'a point défaprouve. \ 1047. TITHY MALUS. LE TITHYMALE A FEUILLES DE CYPRÈs. On lui donne aufli le nom de PETITE ESULE. Ses feuilles font linéaires, les ftipules nombreu- fes, les florales cordiformes, les pétales en demi- lunes. Tithymalus cypariffias CAMER. Æpit. p. 964. Euphorbia Cypariflias. LINN. Il croit par-tout fur les chemins & dans les pà- turages maigres. On le vend dans les boutiques fous le nom de petite Efule avec l’efpèce précédente, & on fe fert 10 MATIÉRE fur-tout de fa racine, qui eft pleine d’un fuc lai- teux, & dont on donne l'écorce aux hydropiques juiqu'à la dofe de vingt grains; plus cette écorce eft vieille & moins elle eft âcre: elle s’adoucit aufj en la cuifant dans du vin ou du vinaigre. BOER- HAAVE ne rejettoit pas l’ufage de ce reméde, pour- vu que les vifceres fuffent en bon etat. Le fuc de toute la plante, dit CHOMEL, mis en digeftion avec le fel de tartre, puis épaifli, eft préférable au fcam- monée ; & HiILDAN en donnoit l’extrait jufqu'a la dofe de douze grains. Mr. SPROEGEL en a fait ava- ler le fuc à un chat, mais cet animal n’en a pas fouffert long-tems, cependant un homme s’en étant frotté le vifage, toute la peau de cette partie tomba & fe renouvella, & quelqu'un ayant voulu déta- cher les paupières à une perfonne qui les avoit fer- mées, en les frottant avec le lait de ce Tithymale, Vinflammation fe mit aux yeux & fut fuivie d’une perte rotale de la vue: enfin une femme eft morte au bout de demie heure pour avoir avale de fà ra- cine (à la dofe de trente grains. V.) Suivant Mr. GLEDITSCH la poudre de cette Efule (Efiula foliis Taxi RIVIN.) a purge avec une vio- lence qui a rifque d’emporter le malade. PLINE dit qu’elle a la même vertu que la Réveille-matin (Ae- lioftopius). La petite Efule, dit MÉSUÉ, eft pre- férable à l’autre, & c'eft fon écorce qu'il recom- mandoit. Suivant PONTANUS , la bierre de Danzig eft purgative parcequ’il y croit beaucoup d’Efule par- mi le houblon. RUFUS regardoit cette efpèce comme MÉDICALE. ti plus active que l’hezoftopius , & dit que fes feuilles bien fêches purgent en les donnant juiqu’a la dofe d’une demi-tafle au vinaigre, (femi-oxybaphon) cette tafle à vinaigre des anciens contenoit, fui- vant la plüpart des commentateurs, deux onces & demi, ce qui donneroïit une once & un quart pour la dofe que prefcrit RUFUS, mais une telle dofe me paroït exorbitante ; j'aimerois donc mieux évaluer cet oxybaplhion à une cuillerée à foupe , comme c’eft le fentiment d'HERMOLAUS BARBARUS, ce qui donneroit pour la demi - cuillerée une dofe d’envi- ron une dragme , qui me paroit encore bien forte: il eft vrai que RUFUS prefcrit de prendre ces feuil- les extrémement fèches (perarida) ; étant fans-doute alors beaucoup moins actives. V.) Mr. La MOTTE parle d’un clyftère dont l'effet fut mortel pour l’a- voir préparé avec du Tithymale qu’on avoit pris pour de la mercuriale, mais je ne fuis pas für qu’il enten- doit parler de celui de cyprès. (Suivant ALSTON fa faveur eft défagréable & fui- vie d’une chaleur brulante , qui fe répand dans le gofer , quoiqu'on n’en ait rien avale. Il ajoûte que Ja femence de Catapuce eit purgative, mais qu’elle a un goût agréable & qu’elle eft fans âcreté), SALA donnoit l'extrait épaifli de cette Efule avec du vin, à la dofe de dix jufqu'a vingt grains. Ses feuilles fêches données avec du miel aux enfans les deli- vrent, dit-on, des vers. Les chévres broutent cette plante, Qn la donne aufli en divers lieux comme fébri 12 MATIÈRE’ fuge, mais ce n’eft pas fans danger ; on fait pren- dre aufli fa racine, jufqu'a une dragme. Je crain- drois moins fon ufage fous la forme d’onguent tel que celui que CARDAN employoit pour la gale ; en y mélant du foufre &. d’autres ingrédiens Ce- pendant Mr. ScoPpoLrr a vu l'application de l'Efule fur les bourfes y occañonner une enflure prodigieufel fuivie du fphacèle, & fur le bas - ventre d’une au- tre perfonne une tumeur énorme fuivie de l'inflam- mation de toute cette partie, & bientôt après, du fphacele. 1049. TITHYMAIUS. L'ESULE RONDE Où LE TITHYMALE DES VIGNES. Ses feuilles font rondes , les ftipules florales en forme de cœur, obtufes, les cornes des pétales très- pointues. Peplos DoDON. purg. p. 163. Euphorbia Peplus. LIN. Cette efpèce de BucHwaLD s'employe en mé- decine dans le Holftein , & on en donne l'écorce aux hydropiques à la dofe d’une dragme. Je ne fais fi c’eft de cette efpèce ou du Tithymale maritime que PLINE a voulu parler, fous le nom de Peplis , fyce , meconion, en lui attribuant de lacher le ventre. 1 IL. TITHYMALES À. PÉTALES ENTIERS. 10$4. TITHYMALUS. LE TITHYMALE DES MARAIS, en ärbre. ss Ses feuilles font elliptiques , les rameaux s'élèvent fau-deus de l’ombelle , les capfules font raboteufes. MÉDICALE. 13 Efila paluftris RIVIN. t. 116. Euphorbia paluftris. LINN. On le trouve fréquemment fur les bords maréca- geux des rivières d’un cours tranquille ; il eft fort grand aux bords de la Broie ; il vient aufli dans les pres humides, comme dans ceux des environs de Michelfeld, & autour de Roche où il y en a en abondance. On peut également l’employer en qualité de pur- gatif. Les Rufles donnent cinq f/etaks * de ion fuc ou de fa racine; c’elt un purgatif violent. 10$$. T/THIMAIUS. LE TITHYMALE MARITIME Ou À FEUILLES D'AMANDIER. Ses feuilles font linéaires , terminées par une bar- be, tuilées; les ftipules de l’ombelle font ovalo-lan- ceolées, & les florales en forme de cœur. # Tithgmalus paralius DODON. purp. p. 144. Euphorbia Paralius. LINN. La variete qui croit au bord de la mer a les feuil- les plus ferrées. Celle qui eft naturelle à notre pays croit çà & la fur les chemins de tout le Vallais, aux 1s/es de La- wey, à AMichelfeid , (aux environs d’Haltingen, fuivant Mr. DE LA CHENAL). * Sletak en Ruffe fignifie un verre, fuivant cela cinq verres feroit une dofe bien exorbitante, fi je ne me trom- pe. Ze Tru. 14 MATIÈRE (On donne la poudre de fes feuilles fèches fous le nom de Tithymalus Linariæ foliis, pour les fié- vres intermittentes, & Mr. DE SENAC dit que, ce reméde a guéri plufeurs perfonnes de ces maladies ). SECTION III RHOEADÉES, c’eft-à-dire, dont les fleurs reflemblent à celles du Coquelicot. 10$9. CHELIDONIUM. LA CHELIDOINE ou L'ÉCLAIRE. Les lobes des feuilles arrondis. Chelidonium majus FUCHS. p.865. & Linx. Il yena une varieté à feuilles découpées, SPREN- GEL /ort. On la trouve par-tout auprès des vieilles murail. les & des haies. Toutes les parties de la Chélidoine laiffent cou- ler quand on les rompt, un fuc jaune & âcre. Aufli cette plante a-t-elle de lâcrete avec une faveur amé- re & defagréable, & donne à l’analyfe beaucoup de fel lixiviel On employe à l’intérieur l'infuñon de fa racine ou fon lait, pour la jaunifle, lorfqu’elle eft éxemte d’inflammation, pour les pales couleurs, & pour la cachéxie. Mr. LANG a donné l'extrait vineux avec fuccés à la dofe de deux fcrupules dans les obftructions des glandes ou des vifceres, & aufli dans l’engorgement des poumons, en mélant cet extrait avec l’oxymel fcillitique. D’autres vantent fon infufion théiforme pour remédier à la goutte MÉDICALE. 1$ & au calcul. (On donne aufli l'extrait de Chéli- doine comme propre à réfoudre les obitructions & les endurciflemens & à faciliter l’expectoration ; la dofe en eft depuis un demi fcrupule jufqu’a deux fcrupules. Mr. DE LINNÉ dit qu'une demi - Cuille- rée du fuc donné deux fois par jour eft venu à bout dans cinq jours, d’une fiévre tierce. On donne à Montpellier l'infufion de cette plante faite avec du vin blanc ou de l’eau pour les obftructions du bas- ventre ; ce remêde reuflit & rétablit l'appétit). Le fuc de Cheélidoine mélé avec de la graïfle de veau & de la cire, fournit un onguent propre à confumer les callofités des ulcères. ZACUTUS dit que fes feuilles broyées & appliquées ont emporté une verrue vénérienne à la langue; le même re- mêde a guéri des plaies qui étoient venues à la gorge ; à la fuite de la petite vérole. Les anciens faïfoient grand cas du fuc pour remêdier aux taches des yeux, pour en difliper les nuages, pour les ca- taractes commençantes , & pour les onglets des yeux ; ils poufloient même la bonne opinion qu'ils avoient de ce remêde jufqu’a fe perfuader que les hirondel- les s’en fervoient pour rendre la vue à leurs petits après qu’on leur avoit arraché les yeux. Je veux bien croire que ce fuc éclaircit la vue comme le font tous les collyres où il entre du fiel ou des fubftances analogues au fiel, mais il faut alors com- me le confeille BOERHAAVE , étendre cette liqueur dans beaucoup d’eau. Il y a d’habiles médecins qui aflurent cependant, que la Chélidoine ne leur 16. !MATIÉRE a été d'aucune utilité dans les maladies des yeux; il en eft enfin qui ont vu de mauvais effets de lin- fufion donnée intérieurement à la dofe de deux onces. On met fon eau diftillée au nombre des ophthalmi- -ques*, mais j'ai de la peine à croire qu’elle en aït véritablement les proprietés. Je ne parlerai pas des vertus fuperititieufes que les difciples de PARACELSE ont attribuées à cette plante. (Mr. VITTET dit -que le fuc exprimé de l'Eclaire eft bon pour les ul- cères fanieux des chevaux & qu'il a une grande _âcreté. On le méle avec de l’alun & on imbibe de ce mélange de la laine qu’on applique fur la verge & les bourfes de ces animaux lorfqu’il y a de l’en- flure ). se (La Cheélidoine donne comme la Guéde, une cou- leur bleue, on la traite pour cela de la même ma- niére, fi ce n’eft qu'il faut la laifler plus long-tems dans la cuve. Les filiques donnent une belle cou- leur de paille. Traitce avec l’alun elle donne une odeur d'orange). 1046. PAPAVER. LE COQUELICOT ou PAVOT ROUGE. Ses feuilles font divifées jufqu'a la moitié, ve- lues, le fruit eft ovale & gläbre. Papaver erraticum Dop. purg. p.333. Papaver Rhœas. LINx. Il y en a une varieté à fleur blanche, que j'ai aufli trouvée, & une autre à fleur double, TRAG. &c. Cette plante que les laboureurs voyent de mauvais œf#, MÉDICALE. 17 œil; croit dans les champs ; ceux de noë agricul. teurs qui entendent l'œconomie champêtre, exitir- pent ce pavot pär-tout où ils lé trouvent. On donnoit autrefois l'infufion des fleurs de Co quelicot en guife de thé pour difliper les catarrhés, ainfi que le fyrop qu'on ‘en prépardit, mais cette infufiun n’a pas beaucoup de vertus * Mr. Cuo- MEL la recommande pour la pleuréfie, de même que la décoction de fes têtes, & enfin Le fuc épaiffi qu'én en prépare fous le nom d'extrait; à la dofe d'une demi dragme **, C’eft à titre de narçotiqué qu’on l’employe dans tous ces cas, car il poflède en effet cette proprièté ***, & cela au point qu’on lui,a vu arrêter une diarrhée en caufant de laffou: piflement ; & que fs fleurs diminuent l’expeétora: tion. Elles entrent dans la compofition de la pou: dre anti-pleuritique de MyNSICHT, que lilluftre WERLHOF n’a point.défapprouvee, .( Quatre onces de têtes de pavot rouge fraiches ont donné cinq dragmes d'extrait d’une confiftance folide, ayant des vertus pareilles à celles de l’opium, &1dont la dofe eit de deux, trois, jufqu’à quatre grains. Mr. NECKER. dit que le fyrop qu’on prépare avec la plante féche a plus d’efficace, que celui qui fe fait avec la plante fraiche }). * Caspar HOFMANN dit qu'il fait dormir. #* A la dofe de quatre grains feulement, fuivant l'Hi/« toire de l'Académie des fciences de Paris 1772. p. 52. ## Comme DIOSCORIDE l'avoit déja dit. Tom. IL. B 18 MATIÉRE 106$. PAPAVER. LE PAVOT DES fARDINS: Ses calyces & fes capfules font gläbres, fes feuil- les embraifent la tige & font divifées, LIN. L p. 726. Papaver Jativum TI. Dopox. purg. p. 329. Papaver fomnferum: LiInx. Il n’eft pas réellement indigène; mais fa femen: ce étant difperf£e dans les champs & les jardins” il s’eft étendu tellement qu’on le trouve communé- ment en divers lieux fur les chemins & parmi les mafures. On le cultive beaucoup en Perle, où il s'élève iufau'a la hauteur de 40 pieds, & en Arabie il don- ne des têtes de la capacité de trente- cinq onces. On en fème aufli beaucoup à Erfort. Le fuc lai teux qu'il rend a la vertu de faire dormir, mais mo- dérément & fans échauffer, quand il eft encore frais. L'infufion de fes fleurs convient dans les maladies catarrhales de la poitrine & de la gorgg Sa femen: ce eft douce & bonne à manger, aufli employe-t- ôn comme aliment en Silelie, à Trente & en Egypte ; elle eft farineufe , adouciffante & point malfaifante quand elle eft féche. En Pologne on en donne juf- du à une once; HEISTER en a même donne jufqu’à une livre dans lefpace de cinq jours. Les enfans mangent les gâteaux qui reftent après qu'on en a exprimé l'huile. ? Je foupçonne qu'il s’eft gliffe quel- qu'erreur dans Pobfervation que BOFCLER rapporte au fujét de cette graine, comme ayant fait un effet funeite. (On en faifoit une grande confommation MÉDICALE . 19 à Gènés dit CARDAN. Suivant HoLzBOM quelqu'un ayant mangé d'un gâteau où il éntroit de cette graine n’en à point été incommodé. (En Lithuaa nie on eft dans l'ufage en tems de carême de man: ger beaucoup de pétits pains faits avec de la graine de pavot, fè n’ai point oui dire qu'ils ayent jamais fait de mal à perfonne, & il m’eft arrivé d’en mans ger fouvent & en quantité dans ce pays-là fans en éprouver la plus légère indifpofition, je leur trous vois même un goût agréable & approchant de celui de noifettes, V. ) L'huile même qu’on en tiré par expreflion & dont elle rend beaucoup, ne paroit pas avoir une qualité narcotique, puilqu’on a vu avaler impunément juf£ qu’à deux onces, & que BOERHAAVE le prefcrivoit dans la phthifie jufqu’à la dofe de quatre onces. On s’en eft même fervi en France pour la falade * fous le nom d’Auile d’œillet , qu'on a profcrite enfuite par préjugé. Mr. l'abbé RostER dit que cette Auile dæillet eft douce, agréable , d’un goût d'amandes, qu’elle ne fe fige pas par le froid, & qu’elle cor tige même les huiles d’une mauvaife qualité, & que c’eft par cette raifon qu’à Paris on la méle avec l'huile d'olive. En 1701 les médecins la déclarérent inno- cente, alors le gouvernement ft une ordonnance pour qu’on y mélàt de l’huile de térébenthine, afin qu'on put s’en fervir comme aliment, mais cette B 2 * On en mangeoït en Autriche du tems de MATTHIOLE, & Roue dit qu’elle a une odeur & une faveur excellentes. 20 MATIÈRE addition etoit füperflue; putfque l'huile d’œillet n’a aucune mauvaife qualité, elle ne faifoit même que lui ôter la faveur agreable, qu’elle conferve pendant plufieurs mois): (Enfin un témoignage bien déci- fif, & qui dépofe d’une maniére très:forte en fa- veur de l'innocence de la graine de pavot, c’eft ” une lettre de l’illuftre VAN SWIETEN à Mr: CALVO , dans laquelle il lui marque ; qu’il en a mange une livre entiere en préfence d’un incrédule qui refufoit opiniètrement de reconnoitre l'innocence de cette graine ; cdlui-ci fe mit incontinent à prier pour Mr: VAN SWIETEN comme pour un homme mort, mais il n'en éprouva pas la plus petite incommodite ni rien qui put décéler une qualité narcotique V.) ( Cependant GALIEN, en parlant de la femence de pavot comme comeftible , avertit qu’elle afloupit fl on eñ mange une trop grande quantité en affaif fonnement (condimentum). Mr. DE LA MOTTE fait- cas de l'huile pour les embrocations. Elle fert aufli pour la peinture *. On fait un fyrop de pavot avec le fuc exprime des têtes encore vértes, ce fyrop a une qualité modérée & n’échautfe point, aufli n’eft: il point inutile dans les fiévres, & il ne nuit pas pourvu qu'il foit préparé ; j'avoue qu’à la vérité il peut ne pas convenir aux enfans. Autrefois les an- ciens cuifoient les têtes de pavft avec du miel & employoient ce remède dans les maladies du golier , " * Et'ccla d'autant mieux qu’elle fe diffout promtement dans toutes fortes de liqueurs , fuivant BORRICHIUS qui dit que brülée à la lampe elle donne beaucoup de fumée: MÉDICALE. 21 pour l’efquinancie * : ils appelloient du nom de Dia- codion ** une compofition, qui fe faifoit en cuifant les têtes du Pavot fauvage après les avoir faites ma- Cèrer, après quoi on les féchoit, puis on les cuifoit derechef avec du miel. (Suivant CRATON le Dia- code fe fait avec le pavot noir). Ces têtes brayées, cuites avec du lait & appliquées à l'extérieur pal fent pour rafraichir & calmer les douleurs. CELSE eftimoit aufli l'application des feuilles comme réper- cuflive, & leur fuc rémêdie aux piquüres d’abeilles ; mais il ne me paroit point probable que le fuc de cette herbe puifle purger, comme AURELIEN la cru. Voilà qu’elles font les propriètés de la plante fraiche, dont le fuc exprimé & l'extrait fait avec ce fuc diférent beaucoup de l’opium. Telle eft aufli fon efficace dans les climats froids, çar dans les pays chauds, le pavot, même verd, a aflez d'activité pour enyvrer, afloupir, & enfin pour donner la mort. On a vu aux Indes quelqu'un mourir fans qu'il fut poflible de le fauver, pour avoir avale une tête de pavot. AURÉLIEN a dit qu'en Afrique le pavot enyvroit pris en boiflon. Chez les Perfans , ceux qui font des incifions aux têtes de pavot pour en tirer de l’opium, & ceux qui pré. parent cette drogue deviennent livides, tremblans B 3 RS A Lu SE | * MÉSUÉ l’employoit fous la forme d’éle&uaire. ** Suivaut le rapport de PLINE, & CELSE donnoit, pour faire dormir, une efpèce d'extrait fait avec le pa- vot fauvage. 22 MATIÉRE & tombent dans l'amaigriffement, précifement com: me il arrive à ceux qui prennent trop d’opium. La décoction des têtes de pavot, connue en Perfe fous le nom de coguenar , & qu’on vend en divers lieux pour de l’opium, donne d’abord de lagaïeté, & en- fuite de l’engourdifflement, (Mr. Dossie dit qu'il eft certain qu’en Turquie l’opium fe prépare en fai- fant des incifions aux têtes de pavot, & fuivant SCALIGER les Afiatiques fêment des champs entiers de pavot blanc pour en faire de l'opium. Cependant, dès les tems les plus reculés, on a cherche à diminuer cette force avec laquelle l’'opium affecte la tête, car il eft tout-a-fait probable que le Nepenthe, dont parle HOMERE , étoit une prépa. ration .où il entroit de l’opium. Ce narcotique étoit en ufage du tems de Dioscoripe & de CELSE. On le préparoit de diférentes maniéres, Quelques-uns piloient les têtes & les feuilles du pavot, puis ils les mettoient fous un prefloir, & les broyoient dans un mortier; on donnoit à cette préparation, qui étoit moins active que l'opium, le nom de meco- rium. Voici comment on fe procuroit le véritable opium ; on faifoit aux têtes de pavot des incifions très-fuperficielles en croix, de maniere qu'il en ré- fultoit des figures d’etoiles, & ils recevoient le fac qui en découloit en larmes, dans des coquilles où il fe figeoit auflitôt. C’eft à-peu-prés de cette ma- niére qu'on prépare l’opium de nos jours en Arabie, en Perfe, dans la Pouille, en Egypte; on en retire d'autant plus dans ces pays-là que les têtes de pavot MÉDICALE. 23 y deviennent d’une grofleur confidérable, car au- trefois on retiroit aufli cette drogue des têtes feu- lement. L’opium que fournit le pavot noir ne di- fere pas beaucoup de celui que rendle pavot blanc. ( C'eft avec cette varieté qu'ORIBASE le faifoit, & PROSPER ALPIN avec le noir. Suivant la conjectu- re de SCALIGER l’opium du pavot blanc eft amer & chaud, & celui du noir eft froid). Enfin en Languedoc on en fait de trés-bon par la même mé- thode , que DILLENIUS a aufli pratique avec fuc- ces en Allemagne à la dofe d’un grain, & ALSTON en Ecofle avec notre pavot, j'ai même obtenu à Gôttingue un opium tout-a-fait femblable à celui des boutiques, en fendant des têtes de pavot, (& Mr. CoNSTANT, ci-devant médecin à Laufanne, en re- tiroit un extrait vineux qui faifoit un peu moins d’ef- fet que l'opium & dont la dofe etoit depuis un grain jufqu'à cinq V.) Autrefois on le falffoit avec le fuc de la laitue fauvage, & celui du pavot cornu. Cela étant ainfñi, je ne fais où NEUMANN peut avoir vu, que ce n’eft point par l'incifion qu'on re- tire l’opium, dans le fiècle où nous vivons, mais que le meilleur qu'on ait à préfent fe fait en expri- mant le fuc des têtes de pavot, & qu’on le puri- fie en le faifant épaillir par une légére evaporation; que le moindre & le plus commun s'obtient de la décoction de toute la plante , qu’on filtre & qu'on épaiflit. Ce qu'il y a de für, c’eft que notre opium préparé par l’incifion reflembloit entierement à celui des pharmacies ; il étoit brun, amer, & avoit la B 4 \ 24 MATIÈRE même odeur, & il ne paroit point probable qu'on puiffe obtenir par des procédés abfolument diférens un opium parfaitement femblable, d'autant plus que le célèbre ASTON dit, que l'extrait de pavot di- fère beaucoup de l’opium. JEAN de MURALT pre- paroïit fon opium en faïfant digérer pendant quator- ze jours dans du vin des tétes de pavot, aprés les avoir Ccrafées, procedé , qui ne peut certainement pas avoir lieu chez les Orientaux. WHEELER dit que chez ces peuples, le fuc du Pavot, crud , & fans auçune préparation, tient lieu d’opium aux pau- vres gens; de mème que le Pouf}, qui n’eft autre chofe que la décoétion épaiflie de cette plante; tan-- dis que fuivant BONTIUS on appelle 4fum celui dont les riches ufent. PIERRE de//a VALLE dit que cet extrait s'appelle Cocnar. | L’efprit de vin diffaut en tres-grande partie l’o- pium des boutiques, l’eau en diffoutun peu moins, mais c’eft cette derniére diflolution qui renferme le véritable principe narcotique tout pur de cette dro- gue, ce principe y furnage fous la forme d'une ma- tiére gluante, délice (tenerum), & une livre d'opium en fournit au-delà de trois dragmes ; un petit nom- bre de grains de cette matiere fuffit pour tuer un chien, tandis que cet animal peut fupporter une forte dofe d’opium crud. Il fuit de là, que l'extrait aqueux de Popium a une très-grande aétivité, mais qu'en même tems il n’eft pas la moins dangereufe de toutes les préparations de ce genre ( quoïque MuL- LER le préfére comme tel) car on a vu cet extrait MÉDICALE. 25 plonger un chien dans Pafloupifflement , effet qui a très-rarement lieu chez les animaux * , & douze grains ont tué un autre chien , qui avoit avale quin- ze grains d'opium crud fans en être incommodé. D'un autre côté les expériences faites avec l'extrait réfineux, prouvent qu'il n’eft pas préférable à lo- pium, puifqu'il n’a point nui à un chien, à qui on en avoit fait avaler quinze grains. L’efprit de vin ne prend point non plus le goût qui eft particulier à l'opium, & CHARAS n’auroit pas pu prendre fix grains de Pextrait fpiritueux , fans en éprouver au- tre chofe que de la gaieté & fans en être affoupi, s'il étoit vrai que cette préparation poffede les qua- lités narcotiques de l’opium. Enfin iln’y a que l’ex- trait aqueux qui çconferve le goût & l'odeur de cette drogue. Je fuis entré dans tout ce détail, afin de relever une erreur qui s’étoit gliffée, dans mon grand ou- vrage, où , féduit par plufieurs autorités, il m’etoit arrivé de dire que l’extrait aqueux d’opium étoit fans activite. À On prouve enfin, contre le fentiment de Mr. ALSTON, que la vertu de l’opium refide dans fes parties volatiles , en ce que fa feule odeur feroit ca- pable , fuivant l'avis de NEUMANN, d’enyvrer, & mème de faire perir un grand nombre de perfonnes à la fois, & cela fans rien prendre de cette dro- * HorMaNN lui a vu produire cet effet à la dofe de quinze grains, 26 MATIERE gue intérieurement, Le même auteur enfeigne de rendre lopium moins dangereux ; il faut pour cela le difloudre dans l’eau, puis en féparer cette ma- ticre onctueufe qui furnage, & cuire le refte jufqu’à la confiftance d'extrait; on peut encore lui ôter uné plus grande partie de fa viruleñce, en cuifant forte- ment la difloiution de cet opium ainfi préparé. Je conclus de tout cela que l’opium crud eft prefera- ble à toutes les préparations qu'on en fait: car il n’y a qu'a en diminuer la dofe pour en obtenir les mêmes avantages qu'on cherche à fe procurer par ces longs procédés. D'ailleurs on doit s’abftenir de donner de lopium dans les cas où il ne convient pas d'enyvrer, & même de faire dormir. Au refte comme il eft amer, qu’il met la bouche en feu, & qu'il a de l'odeur, il eft certainement bien éloigné d'être rafraichiffant, aufli eft-ce avec raifon que MATTHIOLE & SANCTORIUS le mettent au nombre des remêdes chauds. Lorfqu’on le dif tille, il rend une huile épaiffe, d’une odeur péné: trante, qui fe fait jour à travers les alembics les mieux fermés, & dont le poids égale la moitié de celui de l’opium *; tandis que l’eau qui fort par la même diftillation ne pèfe que le quart du même poids, ce qui eft une nouvelle preuve que ce n'eft * PrTCARN &@ ZENKER en ont trouvé une quantité beaucoup au-deffous de celle-là , mais jufqu'ici les expé- riences de Mr. ALSTON font voir que cette huile eft extrêmement abondante, & fait pour le moins la kui- tiéme partie du poids de l’opium. MÉDICALE, 7 s dans la déco“tion même en tant qu'aqueufe, que réfide la virulence de l’opium. On trouve des indices d’acidité dans la diflolution de l’opium, car elle fait effervefcence avec lalcali fixe. (Mr. BAUME dit que l'huile effentielle de l’opium eft butireufe & un peu volatile, que cette partie n’eft autre chofe que la réfine qui s’eft fparce de la par- tie gommeufe, qu’elle a enfin toutes les qualites d’une veritable reline & qu'elle eft friable, & il conjecture. que c’eft dans cette réfine que rétident les proprietes de l’opium. il dit que l’extrait qu’on fe procure par une longue digeftion eft la prépara. tion la plus faine. Suivant le même auteur, qua- tre livres d’opium fourniffent douze onces de refi- ne & une dragme de fel. Mr. ALSTON a trouvé à lopium une amertume naufeeule, fuivie d’une fen- fation de chaleur avec quelque chofe de piquant, qui affecte le palais , & de falivation. Il a retiré d’une demi-livre d’opium cinq onces de gomme, quatre onces de parties refineufes, & trois de fécule. La gomme a la faveur & les vertus de l’opium, la réfine n’en a point le goût & fa diflolution dans Pefprit de vin fait dormir. Il prétend que les vertus de l’opium ne dépendent point des parties volatiles, puifque cette drogue ne perd rien de fon efficace en vieilliffant. Seize onces d’opium donnent à l’analyfe dix onces de phlegme un peu acide, trente- quatre dragmes d'efprit urineux, feize dragmes d'huile empyreuma- tique, quatre grains de fel volatil concret, mais une onçe de l’efprit urineux contient une dragme 28 MATIÈRE & 54 grains de fel volatill Mr. ScHwaARZ dit que l’'Alcohol a retiré de deux onces d’opium, une on- .ce & deux fcrupules d'extrait, dont l’eau a diflout trois dragmes. Il ajoûte que la diflolution de lo- pium fait effervelcence avec les alcalis, & que fi on y ‘méle de l'acide il fe précipite des particules cafeeufes qui n’ont point té changées par cet aci- de. L’opium ne donne point d’huile étherée à la dif- tillation , mais une eau à laquelle il communique fon odeur. Deux onces d’opium extraites avec de l’eau ont laïflé une mafle du poids de dix dragmes & deux fcrupules, dont l’efprit de vin a diflout fept dragmes. Deux onces cuites dans l’eau ont donné ju{qu’a une demi- dragme de matiere onctueufe qui furnageoit. Suivant Mr. GUETTARD on fait avec trois livres de têtes de pavot jufqu'a 4 onces d’un extrait folide qu'il regarde comme un bonanodyn, & qui procure un fommeil doux en en donnant deux ‘grains. L’extrait doit fe faire en le cuifant fort dou- cement afin de ne pas détruire la vertu de l’opium. Les difiolvans fpiritueux ne font pas bons). Quoiqu'il en foit de toutes ces analyfes , il ef cer- tain que l’opium a une propriété à raifon de laquelle, fi on le donne à une dofe modique, il favorife les fonctions du cerveau, il fortifie *, donne de la * CHaRas dit qu'il produit eet effet à la dofe de fix grains , ( c’eft fans-doute de l'extrait fpiritueux qu'il faut entendre ces fix grains, voyez plus haut le paffage qui parle de CHaras. V.) (Suivant Mr. SCHWARZ, l'o- pium excite les Forces vitales & détermine le faug à la tête. Mr. ALSTON dit qu'il agit plutôt fur le cerveau que fur le fang, & fur les nerfs qu'il relache ). MÉDICALE. 29 gaieté & caufe une fenfation de valupte, dont les perfonnes qui fe font une fois accoutumées à l'opium , font fi charmées, qu'on en a vu qui auroient plu- tôt renoncé à la vie, qu'a cette fenfation. Lorf que la dofe eft un peu plus forte , l’opium endort . & procure des fonges agréables; à une plus forte encore , il affoupit & enyvre en même tems; mais fi on pañle celle-ci, il jette dans l’engourdifilement , enforte que leftomac, les inteftins, & même les fibres de liris qui font fi fenfibles, ne font plus leurs fonctions. Une dofe médiocre fuffit mème pour produire au bout de quelques heures un en: gourdiflement & une inertie qui Ôtent tout le prix de la gaieté qui les a précédés, Enfin un long ufa- ge de Topium rend ftupide, affoiblit, & tue enfin par une phthifie qui confume le corps à la longue. Enfin fi on en prend une forte dofe, il donne la mort : il eft vrai que l’ufage de l’opium eit beaucoup moins dangereux pour ceux qui y font accoutumeés, enforte qu’on voit des gens qui peuvent en fuppor- ter de tres-grandes dofés. (On a vu quelqu'un qui étant accoutumé à prendre dix grains d’opium, ne pouvoit fe retrancher cette dofe fans tomber dans l’indolence, mais quand il y revenoit cela lui don- noit de la gaiete, & le rendoit à demi-yvre en lui animant le teint. Un Turc ayant pris une dragme & demi d’opium en eut une diarrhée abondante, il en prit encore autant fans en reflentir autre chofe que de la foiblefle, mais fon teint en devint mau- vais. Quelqu'un ayant pris fix grains d’opium dans lefpace de vingt - quatre heures$ n’en a éprouvé . 30 MATIÉRE qu'un fommeil doux & qui le rendit plus difpos à fon reveil. Deux dragmes données à un chien laffoupirent profondément , enfuite il eut des vomiflemens, ren- dit des felles puantes & périt. Une once injectée dans les veines d’un autre chien lui donnérent des convulfions , & il expira peu après en avoir avalé une demi-once. Mr. van deh VELDE ayant donné à un chien dix grains de la matiére onctueufe qui furnage fur la difflolution de l’opium, cet animal tomba dans l'affoupiflement & des convulfions qui le tuérent promtement. Mr, ELLI dit que dix grains d’opium qu’on avoit cuit fortement, n’ont point fait de mal à un chien; cet animal a encore mieux fup- porté deux grains d’un opium qu'on avoit cuit dou- cement ). Ce n’eft donc pas dans la vue d’afloupir les ma: lades, qu’il eft permis de leur donner de l’opium *, car on manqueroit fouvent fon but ; mais feulement pour diminuer la fenfbilite des nerfs, & pour mo- dérer les évacuations trop abondantes. La dyfente- rie ne fe guérit que difficilement fans opium: ce re- mêde eft enfin la feule reflource qui refte à em- ployer dans certains cas pour fe délivrer d’une toux opiniâtre, ou des affections hyftériques ; mais il faut lire fur cette matiére l'ouvrage accompli de Mr. TRALLES. (Deux dragmes d’opium données avant le paroxyfme d’une fiévre quarte, n’ont produit au- * C'étoit cependant pour Faire dormir, que les anciens le donnoient. \ MÉDICALE. 31 cun mauvais effet, mais le malade eft mort pour en avoir pris la même dofe après l'accès). L’opium peut bien fare fuer puifqu'il eft un remède chaud. (Le vinaigre, les fels neutres, & fur-tout le ni- tre, n'ont toujours très-bien réufli pour empêcher chez mes malades les mauvais effets de l’opium; & jai ordenne avec le plus grand fuccès une dragme de poudre tempérante toutés les deux heures, à un yvrogne , à qui fa femme avoit donné tout à la fois deux dragmes de Laudanum liquide, pour faire pa fer des convulfions que lui avoient attirées un accès de colére. Je lui fis en même tems boire beaucoup d’une tifanne délayante ; il fe rétablit ainfi dans quelques heures de tems; quoiïqu’on eut négligé de lui donner un émetique que j'avois dabord ordonné. Il y a quelques années que me trouvant fur mer, je me vis obligé, pour éviter le mal de mer, de prendre tous les jours un grain d’opium , auquel j’a- joûtai comme correctif, une dragme de nitre; cela me reuflit très-bien , fi ce n’eft que je devins conf tipé, je pris donc une dofe des pilules polychreftes de STAHL, mais quoique cette dofe fut telle, que dans d’autres circon{tances elle m’auroit procuré juf- qu'à fix felles, leur effet fe borna , dans ce cas-ci, à une feule felle naturelle. J'avois déja remarqué auparavant , que lorfque je prenois ces trois remé. des en même tems, ils fe contrebalancoient de ma- niére que leurs effets étoient ablolument nuls, du moins autant que j'ai pu m'en appercevoir. V.) L’opium appliqué à lextérieur n’agit point comme 32 MATIÈRE narcotique *; à moins qu'on n’en refpire la vapeur, ou qu'on ne lintroduife dans l'anus fous la forme de fuppolitoire (ou de lavement V:), ou qu'il ne vienne à pénétrer dans le tiflu cellulaire; car il n’eft pas probable, que l’opium ait pu produire, comme on l'a prétendu, des effets funeftes en l’employant fous là formé de collyre, ou én l’appliquant fur les dénts. Les anciens s’en fervoient en qualité de topiques pour les douleurs de téte, comme émollient & ano- dyn. ARETÉE en introduifoit dans le nez & les oreilles des phrénétiques & pour remédier aux infom- nies. CELSE faifoit entrer de l’opium brülé dans la compoftion de fes collyres. 1067. NYMPHÆA. LE NENUPHAR BLANC, LA NYMPHÉE, LYS D'ÉTANG, VOLET, ou PLATEAU À FLEUR BLANCHE. Son calyce eft compofé de quatre feuilles, fes pétales font plus petits que ceux de l’efpèce à fleur jaune, fon fruit eft fpherique. Nymphea alba MATTHIOL. p. 893. & LINx. Elle croît dans’ les lacs & les foffes , où elle eft plus commune que l’efpèce à fleurs jaunes. (Cette plante ef ftyptique, fuivant FLOYER, & fes fleurs font douces & ftyptiques). L’extrait de fa racine \ * Suivant Mr. ALSTON l'opium appliqué à l'extérieur, eit anodyn, & épaiflit plutôt les humeurs, qu'il ne.les diffout. MÉDICALE. 32 racine à un peu de falure & d’amertume, foit qu'on l'ait. préparé avec de l’eau, ou avec de lelprit de vin. On regarde fes fleurs & fes feuilles comme ra- fraichiffantes à raïfon de l’eau dont elles s’imbibent. On a employé de tout tems fon eau diltillee pour les ardeurs d'urine, pour arrêter les hemorrhagies , les cours de ventre & ‘les écoulemens de fperme, comme aufli pour enlever les taches de la peau. On fait avec cette eau, dans le ferrail du grand S:1- gneur, une boiïflon délicieufe. Le fyrop qu'on en prépare , pañle pour faire dormir. On met fon huile au nombre des calmans & des foporifiques, on dit même qu’elle poflède ces proprietés au point, de pouvoir réprimer les defirs amoureux. Cependant J. de BucHWALD aflure que ce Né- nuphar ne lui a été d'aucune utilité réelle. Sa racine frottée de lait attire & tue une efpèce de mittes qu’on appelle Toracan. En Suéde on ra- malle fes feuilles pour en nourrir le bétail. Du tems d'HERODOTE , les Egyptiens 1e fervoient de la grai- ne d’un Nénuphar qui a de laffinité avec celui-ci (CNymphæa Lotus LINN.) pour en faire du pain, aprés lavoir féchee & broyée. Ils en mangeoient la racine qui a aufli la figure d’une pomme. Suivant les recueils de Berlin l'application des feuilles du Neénuphar à fleurs jaunes fur le fein, fait tres-bien pañler le lait. Suivant FLOYER les fleurs de cette efpèce font douces , aftringentes & ont une faveur àcre femblable à celle de l’Ariftoloche, 4 Tom. IL Éd NÉ > 3% IMATIÉRE tPOLYSTEMONES. © SECTION IV: COLOMNIFERES où MALVACÉES MONADELPHIES de LINNÉ. 1069. MALV A. LA MAUVE SAUVAGE a feuilles finuées. Sa tige eft droite, fes feuilles font partagées en lobes , Les lobes font dentés en maniere de fcie , au nombre de cinq ou de fept. Malva vulgaris flore majore , folio finuato. J.B. IT. p. 949. Malva Jylveftris. LiNN. Il y en a une varieté à fleurs blanches de Su- THERLAND, &c. On la trouve parmi les vieux murs, le long des haies & des chemins. (Suivant Mr. ALSTON fes feuilles ont plus de vi£ cofite que celles de l’Athea, mais fes racines font Jigneufes, & moins vifqueufes que celles de cette plante). Les anciens fe fervoient de la Mauve com- me aliment *, il eft vrai qu'ils employoient à cet ufage une efpèce diférente de celle-ci, mais qui y avoit du rapport **, ou aufli une efpèce qu’on {e- moit: & même encofe aujourd'hui on mange en Egypte la Mauve en arbre, & les Chinois mangent * Suivant PLINE, SEXTIUS NIGER défapprouvoit cet üfage. CELSE au contraire le recommandoit. #* Et que TOURNEFORT appelle ZZaion rotumlifolia Italica flore ample. MÉDICALE. 35 des Mauves {èches. En Europe on ne fait point ufage de ces plantes dans les cuifines ; mais on s’en fert fréquemment en médecine, à caufe du mucila- ge onctueux, vilqueux & infipide dont elles font remplies , qualités à raifon defquelles ce mucilage fournit un émollient innocent , car le peu d'acide qu'il contient n’eft pas capable de nuire. Les an- ciens recommandoient déja les Mauves danf la pleu- réfie. FORESTUS a confirmé par fon expérience l'utilité de la décoction de Mauve ou de l'infufon de fes fieurs pour la toux; on elt affez dans l’ufa- ge d'employer cette boiflon pour l’enrouement, pour les inflammations de la gorge & des amygdales, pour les ardeurs d'urine invetérées, lors même qu’elles viennent de la pierre ou d’un ulcère de la veflie, pour les irritations des reins, & enfin pour lâcher le ventre. On vante également l’ufage des Mauves appliquées à l’extérieur, pour en faire des lavemens émolliens, pour appaifer la dyfenterie & le ténef. me; & pour la gonorrhée en les continuant quel- ques jours de fuite *. Enfin les cataplâmes des Mau- ves adouciflent les inflammations & les douleurs. 1070. MALV A4. LA MAUVE SAUVAGE à feutlles rondes. MCITI Sa tige eft rampante ; fes feuilles font cordiformes- orbiculaires, très-légerement divifées en cinq lo- bes, LINN. C2 2 —— — * HANDLEY donne ce remêde pour très-afluré » 36 MATIÉRE Malva Jytveftris pumila Fucus. p. 508. Malva rotundifolia. Lin. Il y en a une varieté à fleur blanche de Su. THERLAND, &c. Elle f trouve fur les chemins avec l’efpèce pré- cédente. 1071. MALVA. LA GRANDE ALCÉE. Sa tige eft droite, fes feuilles font raboteules, à trois lobes, les lobes latéraux partagés en deux, celui du milieu partagé en trois & en cinq. Il y à une feconde varieté à fleur blanche de WEINMANN, une troifiéme à feuilles plus décou- pées de VAILLANT, & une quatriémé plus grande & plus haute de Raï. Elie n’eft pas rare fur les chemins entre Æforat & Payerne; entre Roche & le Furet, &c. Celle qui croit à la Porte du Sex & à Lenzbourg ‘eft pus grande & plus dure. On lemploye plus particuliérement pour difliper les cataractes commencantes. AÂAGRICOLA AMMO- NIUS dit que la grande Alcée a eté employée. avec fucces dans une dyfenterie contagieule qui regna en 1531. DIOSCORIDE parle d’un fuccès pareil à celui-la. 1072. MALV A. ÂLCÉE À FEUILLES RONDES | LACINIÉES. Ses feuilles radicales font en forme de reins, dé- coupées..les caulinaires partagées en cinq, ailées , les falioles dentées en fcie, LINN. MÉDICALE. 37 Alalva montana, feu Alcea rotundifolia, laci. niata COLUMN. Ecphr. 1. 147. 148. . C’eft autour de Berne qu’on la trouve le plus fre. quemment , fur les chemins, dans les lieux pier- reux & incultes, in der Enge, gegen Pimplix, "&c. ( Je lai trouvée prés de Laufarne fur le chemin de Berne, un peu au-deflus de Pierre de Plan, &au- tour de la Tuilerie. V.) On la trouve au-deflous de Neuhuningen, fuivant le rapport de Caspar Bau- HIN , & fuivant Mr. GAGNEBIN elle croit aufli au Droit de Convers, à Clermont, & aux Combes de Valanvron. - (Son odeur de mufc, dont une feule tige a fuffi de parfumer en un inftant toute ma Chambre, fur. tout avant l’épanouiffement des fleurs, me fait foup- gonner qu’elle pourroit rendre de très : grands fer- vices en medecine , outre ceux qu’elle peut rendre: aufli bien que les “efpèces précédentes. V.) 1074. ALTHEA. LA GUIMAUVE ORDINAIRE. Elle eft cotonneufe , herbacée, la tige droite, les feuilles cordiformes -lancéolees, trés-égérement fen. dues en trois. Aithea CAMER. Epit. p. 667. Althaa offcinalis. LINN.- — Il ny a pas long-tems que j'ai commencé à en trouver en divers endroits de la Suifle , comme fur le chemin qui pafle entre Rennaz & Mont d'Arvcl ; près du château de Nidau; & en Vallais, C 3 5# TMATIÉRÉ - La Guimauve! pale pour la plus émolliente des Malvacées *. Elle eft vifqueufe & infipidé: elle four- hit beaucoup d'extrait, mais celui qu’on obtient avec Peau eft un peu plus abondant que celui qu'on en retire par Lefprit de vin **; la racine donne une matiere -gelatineufe.qui épaiflit l’eau. | -UBROSPER ALPIN dit que les Egyptiens l'émployent dans'les maladies de la poitrine ,- &-on {e fert com- muñément de-la pâte, ou des täblettes'de Guimäu- vé, ou du füc de cette plante -pétriravec du fucre'; pour adoucir” les ‘âaretés (afpériraremY de la poi- trine, On foulage la ftrangurie par le mémé moyen ;, ouavec. la . dégoétion des, feilles!, GUncmilitaire deja âgé, nepouvoit aflez s’étpnner:de--Ja::promtis tude avec laguelle-it fut foulagé : d'une. fuppreflion: d'ufine,ragcompagnée- des douleurs--de néphrétique. leshplus vives spas une -fimple ‘infafôn, de-racine de; Guimanve, mélée d’un,-peu. de reguélifle.&. coupée de lait, dont je lui fis boire abondamment: il fut fouligé -complettèmentt En. moins de Weux heures / quoiqu'il Joufffir, jufqu'à pouffer |les, hauts -gris. &: à demander qu’on lui caffàt la tête d'un coup, de pifa tolet, V,) La Guimauve rend les mêmes, fervices, que la Mauve, elle a même plus d'effcace. Sa racine Êe & appliquée fur là f peau, ÿ hair lever des’ vellies- r # Cepend ant Voyez au n°, 1069 la comprafon gang TON “en Fait ‘avec’ la Mauve. Le Tru. #6 Croft aveë tes F uilles que NEAGNN a préparé cet Er La racine à donné F À d'extrait mucilagineux , 20 621 &vF"ue frites, MÉDICALE 39 POLXSTEMONES, ROSACÉES. 4 SECTION V. BACCIFERES. 1076. ACTÆA. L'HERBE DE S. CHRISTOPHE. Ses feuilles font dentées en maniére de fcie, di- vilées & fubdivifées, la folicle qui ef à l'extrémité partagée en trois lobes. Chriffophoriana Don. purge. p.237. Aëtæa fpicata. LINN.: On la trouve çà & là dans les bois où il y a beau- coup d'ombre, dans le fofflé du château de Ber- thoud, au-deffus de Doffen, dans le bois qui eft au-dellus de Wabern, dans le mandement d’Aig/e au lieu dit derricre le Buis. . Sur la croupe du AZut- tenzerberg , fur le Creux-du-Vent, fur le Niefen, &e. + Cette phañte a déja été condamnée comme vé- néneufe par une ancienne tradition, & c’éft fans: doute ce qui lui fait donner par quelques auteurs (eñitr'autrés pàr JEAN BAUHIN V:) le nom d’4co- rit à grappes. MATTHIOLE dit que de fon tems on vantoit Fherbe de St. Chriftophe comme -un bon reméêde pour les écrouelles & pour lafthme. Mr. le MONNIER dit qu'en Auvergne. on :vend. {a racine en place de celle d'Hellebore, & que fon extrait a tué des poules. Cette racine fert à faire des fetons. Mr. DE LINNÉ dit que le jus de fes baies cuit avec de lalun' peur fervir à faire de l'encre. 40 MATIÉRE * 1077. CAPARIS, LE CAPRIER. Ses péduncules font folitaires , ne portent chacum qu'une fleur, les ftipules font armées d’épines, les feuilles font annuelles, & les capfules ovales. LINN. Capparis BLAKWELL: t. 41%. Capparis fpinofa. Linx. Ce font les boutons de cette plante dont on fait de la compôte au vinaigre, que bien des gens trou- vent agréable, mais les capres ont de l’âcrete, & ce mets ne me plait point. L’écorce du Caprier cft mife au nombre des médicamens apéritifs. BE- NIVENIUS dit, qu’un homme qui avoit la rate ma- lade a été guéri par l’ufage de cette écorce en bu- vant en même tems de l’eau de forge. Les plantes fuivantes font au nombre des Icofan. dries de Mr. DE LINXÉ. * 107$. AMYGDALUS. L'AMANDIER à fruit amer. Ses feuilles font glàäbres , ovales, pointues aux deux extrémités, dentées en maniere de fcie, le pétiole & les dents inférieures garnis de glandes. Amygdalus amara Dü HAMEL des arbres, &c, T. I. p.48. Variete b L'Amandier cultivé. Amygdalus BLAKWELL. t. 105. Varietés a & b. Amygdalus communis LINN, Cet arbre croit naturellement le long des haies, MÉÉ D ICAILIE gt & dans les prés du bas-Vallais, comme aux en- virons de Gonthey & de Saillon. À la Val d'Aofte, & au-deflous de St. Bernard. Le fruit de l’amandier cultivé (l’amande douce) contient beaucoup d’une huile très-douce, qui eft d'un très-grand fecours contre les douleurs, pour la difficulté d’uriner, lors même qu’elle vient d’un calcul qui blefle les voies urinaires, foit qu’on la boive toute pure, ou qu'on en prépare des eémul- fions en broyant les amandes avec de l’eau, c’eft ce qu’on appelle /ait d'amandes. Cette emulfñon eft rafraichiflante , tempérante, trés-utile dans les ca- tarrhes , dans la toux & dans la pleurefie, foit qu’on. la prépare avec des amandes feulement, ou qu’on y ajoûte des femences de pavot. Mais elle a le défaut de nuire à l’eftomac. On s’eitavifé de faire avec les amandes une boiflon qui imite le caffe. L’a- mande croît & mürit en quantité dans nos vignes. Les amandes amères ont une qualité diférente, quoiqu’elles reffemblent tellement aux amandes dou- ces, qu’on a de la peine à les en diftinguer. Elles ont quelque chofe d’aromatique. Les Anciens en faifoient un grand ufige en médecine, mais les médecins de nos jours ne s’en fervent prèfque point. Elles ne font pas de mal à l’homme, prifes en pe- tite quantité & feulement en qualité d’affaifonnement dans les mets & les fucreries ; cependant Mr. LORRY dit qu’une douzaine de ces amandes lui ont caufe une forte d'ivrefle. Mais on fait depuis long-tems qu’elles font un poifon mortel pour plufieurs ani- 42 MATIÈRE Ca maux, tels que les renards, les cochons, & 1# plupart des oifeaux. WEPFER en ayant fait avaler à un jeune renard, il en mourut dans-les convul: fions ; l’obfervateur lui trouva le pylore fermé & Peftomac enflammé. Deux dragmes ont aulli tue un petit ehat. “IL eft vrai qu'un autre Chat qui avoit fait fa crue, en avala quatre dragmes impunément , mais on n'en fera pas furpris, fi on fait refléxion que le chat eft un animal très-robufte, Un chien men a été que fort peu incommodé ayant rejette ce poifon par le vomiffement. Une demi - dragme a fait périr un pigeon dans les convulfions , au bout d’une heure. Une cigogne même ayant avale de force gros comme une noix mufcade d'amandes amères, eft tombée dans une forte d'ivrefle, qui a été fuivie de convulfions, d’une perte totale des fens & d’infenfbilité (afplyxia) & enfin de la mort. Il eft certain que toute cette clafle (des Icofan- dries) a quelque chofe de véneneux. Car les fleurs de pécher purgent en donnant des tranchées (cum moleftia) , & fi on en donne une forte dofe elles font vomir: de plus l'eau diftilée du laurier-cerile eft trés- manifeftement vénéneufe, car deux cuille- rces ont tué un homme ; une feule cuillerée même a fufñi pour donner la mort à un chien, & lorfqu'on ouvrit cet animal, il fortit de fon eftomac une odeur d'amandes amèêres fi malfaifante, qu’elle ril- qua dempoifonner ceux qui ecoient prefens : enfin cette liqueur a occañonné à d'autres perfonnes des MÉDICALE. 43 convulfons mortelles *, même en: lavement. Ce poilon a une fi grande activité qu'il a tue un chien dans le tems même qu'il Pavaloit. : Enfin Mr. LAN- GRISH ayant injecté de la même liqueur dans le bas-ventre d'un‘chien, cet animal en périt,; quoi- que très-robuite. Outre cela Mr. MEAD , qui ex- celloit : dans l’art des expériences, regardoit Peau des cerifes même comme très-fufpette a caufe de fa grande reffemblance avec l’eau diftillée du laurier- cerife , & les médecins Anglois de nos jours la re- gardent comme un poilon très déèide. Mais une chofe à laquelle on ne s’attendroit pas, c’eft que lPhuile même d'amandes douces doit avoir empoi-, fonne un chien. 079. PRUNUS. “LE PRUNIER. Ses feuilles font dentées en maniére de Lie, ve- lues, ovalo - lancéolées À les fieurs attachées à à de longues queues. n: .H y én a plufieurs varietés cultivées. Prunus. DÙ HAMEL IL p. 186. ** Prunus :domeftica. LINN: Il n’eft du tout point rare aupres des haies. Le fruit de la varieté fauvage eft acide, mais ce- lui du prunier cultivé eft fort doux; telles font les” prunes qu'on à à Roche & au Bevieux ; elles ne le Ur MEaD rapporte un auütre cas dans lequel cette liqueur a caufé des convulfions, mais qui n'ont pas em- + pêché de fauver le malade, ‘1 44 MATIÉRE P cédent eh rien aux prunes les plus douces. Outré que les prunes font bonnes à manger , elles four- niflent encore un aliment convenable aux mala- des, & propre à leur lâcher le ventre en les man- geant cuites. Les varietes les moins eftimées & les plus petites ont de laigreur, & font quelquefois nui- fibles. On leur a même vu occafonner l’evanouif- fement & des vertiges, fuivis de la mort. 1080. PRUNUS. LE PRUNELLIER OU PRUNIER SAUVAGE. Il eft arme d’épines, {es feuilles font gläbres, den- tées en maniére de fcie, ovalo- lancéolées , les fleurs attachées à de courtes queues. Prunus Jylveftris MATTHIOL. p. sé. Prunus fpinofa. LINN. . Cet arbufte croit çà & là en quantité de les che- mins, dans des endroits incultes, & le long des haies. Son fruit, qui eft d’un bleu noiïrâtre , eft acide & extrémement auftère. Ses fleurs donnent à la dif tillation une eau dont on fait un grand ufage pour fervir de vehicule aux remêdes. STAHL dit que cette eau ne participe point de la vertu des fleurs, il en dit autant de la diftillation qui fe fait avec l’ef- prit de vin. Mr. DE LINNE nous apprend qu’une poignée de ces mêmes fleurs infufées avec du vin donnent une boiffon qui purge doucement. RIEDLIN prefcrit pour remplir le même but, de les cuire avec de la bouillie. Le jus exprime de fes fruits avant, MÉDICALE. 46 qu’ils foient mûrs. & enfuite épaifli, eft connu fous le nom d’Acacia des Allemands, il eft aftringent, mais on le prefcrit rarement *. Ce fuc reffemble affez au Cachou & on rapporte que CARRICHTER s’en eft fervi à fucces pour gue- rit FERDINAND I. d'une maladie de poitrine. Les mêmes fruits infufes avec du vin y fermentent, alors on y ajoûte du fucre & on fe procure ain une boïflon que quelqués-uns eftiment beaucoup ** Les Rufles boivent une liqueur qui reflemble à celle- I (On trouve dans le Haufvater la defcription détaillée de la manicre de faire du vin de prunelles. En Livenie on en retire par la fermentation une eau de vie trés-forte, mais fuivant Mr. SEIFFERT cette efpèce de liqueur caufe à ceux qui en boi- vent des douleurs fémblables aux douleurs vénerien- nes). On fait cas du prunellier , pour la guérifon du calcul. Les empiriques fe fervent de lécorce pour les fiévres intermittentes. L’ecorce cuite avec de la leffive, donne une cou- leur rouge. Le fuc de prunelles, . mêle avec du vi- triol, donne une encre plus folide que les gal- les. Les fruits de cette plante procurent une cou- * CHaRAS dit qu'autrefois on ne fe fervoit que de cer Acacia dans les boutiques, mais que de fan tems on com- mencoit déja à en faire venir du véritable. ** BRASSAVOLA dit que cette boiflou n’eft point mau- vaife, & BRAUNER parle du vin de prunelles comme d'une liqueur exquife. 46 MATIÉRE leur rouge qui , étant lavée avec du fapon, change en une couleur bleue. 1082. CERASUS. LE CERISIER SAUVAGE. Ses feuilles font ovalo - lancéolées, dentées en manière , velues en-defons , la pointe allongée. Y C2 . F Fa 8 Cerafus Jiylveftris fruélu rubro € nigro J,B.I. P. TL. p. 200, Prunus avium. LINN. L'eau de fes fleurs eft légérement cordiale ; on fait cas de leur infufion theiforme pour les douleurs de colique. Le fruit même eft rafraichiflant & fournit une nourriture adouciflinte & innocente *: on fait avec les cerifes infufees dans de. l’eau une boiflon qui convient beaucoup aux moifon- neurs , pendant la chaleur de la canicule. On en obtient par la fermentation un vin agréable & qui a beaucoup de force. On fait dans nos Alpes ** une grande quantité d’eau de vie de cerifes, en ccrafant les noyaux aufli bien que le fruit & les fufant fermenter, apres quoi on les diftille, on ufe fréquemment ici de cette liqueur agréable, mais fon abus eft aufli dangereux que celui de l’eau de dé vie ordinaire. (Mr. PEMPERTON dit que l’eau diftillée de cerifes noires eft venéneufe, & que ce * Cependant VIRIDET parle d’un cas, où quelqu'un enfla par tout le corps pour avoir mangé des ceriles, mais .c’eft un éxemple unique. ** Etauff en Ruflie , fuivant le témoignage de Hay - XLUYT, de PALLAS & de LEPECHIN. MÉDICALE. 47 qu'on appelle Kirfèavaffer et une liqueur mal-fai- ne). On recommande la feconde écorte du ceri- lier comme pouvant remplacer le quinquina dans les fièvres intermittentes; il feroit bien à fouhaiter que ce fut avec le même fuccés. Il s'écoule de cet arbre une gomme d’un jaune rougeàtre, qui peut s'employer utilement en qualité d’adouciffant dans la fuppreffion d'urine & pour les douleurs de la pierre. (Suivant Mr. PEMPERTON la décoction du bois de cerilñer eft aftringente & amère ; elle teint la laine de diférens bruns )}: ce bois eft utilé pour plufeurs ouvrages , il eft d’un beau jaune & on en fait de fort jolis cabarets. * 1083. CERASUS. LE CERISIER. Ses feuilles font gläbres, dentées en maniere de fcie, ovalo -lancéolées , la pointe allongée. On a plufeurs varietés , mais c’eft de celle qui porte des fruits fort aigres dont je veux parler. Cerafus rubrt BLAKWELL. t. 449. Prunus Cerafus. LINN. Il en croit en très-grande quantité fur une col. line au-deflus de Port-valey. À Champé & a St. Jean proche de Geneve. Le cerifier croit naturellement & en quantité, dans les bois des environs de la Mer-Noire, & de la ville de Cherafonda ou Chirifonda ( autrefois Ce- rafus. V.) Cependant ce n’eft pas LUCULLUS qui aintroduit le premier cet arbre en Europe , puifque L 48 MATIÉRE DiPHILUS SIPHNIUS, contemporain de LYSIMAQUE, a parlé des cerifes. Le fruit dont nous parlons eft d’une acidité agréa- ble, fur-tout quand il eft cuit ou adouci avec du fucre. 1086. PADUS. LE PUTIEr ou CERISIER À GRAPPES. Ses feuilles font ovalo-lancéolées & denrées en fic. Cerafüus racemofa nigra TABERNÆM. P. 988. Prunus Padus. Lin. Il y en a une variete à fleurs rouges dont parle Mr. pu HAMEL. Il n’eft pas rare d’en trouver le long des haies de la Suifle, comme autour de Berne im Sulgen- bach , aux environs de Wabern; près de Buren ; dans la vallée des Ormonts & ailleurs au - deffous des Alpes: dans les lieux montagneux comme aux Brenets & à Goudeba: dans le canton de Bâle vers KRiehen, aux environs de Aänchenfiein, de Mut- Éenss KcC. Nos oïifeaux ne touchent point à fes fruits, qui font d’une douceur nauféeufe; mais on les mange en Suéde & au Kamrfchatka. Mr. J. A. Gap dit qu’une decoction bien chargée de Putiet guérit la vérole. (L'auteur du Hausvater dit que le fruit de cet arbre ne lui paroit pas mangeable. Suivant Mi, GERARD l'extrait fpiritueux de l'écorce eft aftrin- gent & amer à raïifon de la refine qu’il contient ; il en eft de méme de l'extrait aqueux qui eft aufli réfineuxe MÉDICALE 4$ téfineux, Le même Mr. GERARD préfère cette étor- ce pour le traitement des fiévres intermittentes à celle de quinquina, en la donnant depuis une drag- me jufqu'à une dragme & demi. Les fleurs diftil- ces donnent une eau aromatique très-fuayve & ana- leptique. Mr. Bucxoz dit que les fruits en mürif- fant perdent en partie leur vertu aftringente, & deviennent treés-bons à manger ). POLYSTEMONES, ROSACÉES. SECTION VI. ARBRES DONT LE FRUIT EST CHARNE ET OMBILIQUE , Ou POLIFERES. LA FLEUR REPOSANT SUR LE FRUIT. 1087. MESPILUS. L'AUBÉPINE, L'ÉPINE BLANCHE ,; LE SENELLIER OÙ LA NOBLE ÉPINE: Elle eft armée d’épines , les feuilles font gläbres , dentées en maniere de fcie, obtufes, fendues en trois, Acuta fpina MATTHIOL. p. 163. Cratagus oxyäcantha. LINN. Entre plufeurs autres varietés, il y en à une fans épines à St. Maurice, & à la Porte du St; une autre à feuilles profondément lacinices & une à feuilles légérement lacinices. RaDcLiIr employoit l’eau diftillée des fleurs d’E« pine blanche pour rompre le calcul, mais il étoit afurément bien difficile qu'un pareil remède püt foutenir fa réputation. En Allemagne les pauvres Tom. IL. pè) so MATIÈRE gens fe nourriflent des fruits de cet arbufte , les habitans de amtfthatka en font autant. On en fait un vin qui neft point à méprifer. Suivant MATTHIOLE le jus qu’on en exprime eft utile dans les fiévres malignes; le même auteur prétend que cette plante étoit la méme que lOxyacanta des anciens , mais il ne comprend pas l’Epine - vinette fous ce genre. Les anciens , dit MÉSUÉ, prépa- roient des trochifques & un fyrop, mais cela n’eft pas vraifemblable. On a employé les fruits de l’Au- bcpine avec fuccès, dans la dyfenterie. (Les fleurs donnent la diarrhée aux abeilles, mais fans inconvénient, (Cet arbufte réuflit tres- bien pour les haies vives, & le bois de fes racines eft d'une belle couleur marbrée). 108$. MESPILUS, L'ALISIER. Ses feuilles fonr dentées en maniére de fcie, divi- fées en fept lobes, les premiers lobes ecartes. Sorbus torminalis MATTHIOL. p. 263. Cratægus torminalis. LiINN.: On le trouve ça & là dans les haies, aux envi- rons de Roche , où il croit en quantité, aux Gau- ges ; au Creux du Vent. Aux environs de Bale du côte de Gundeldingen, fur le Muttenzerberg, & fur le Afunchenflein. Aux environs de Zurich, fuivant le rapport dé GESNER. Entre Linicres & Neufcha- tel, & aux environs de cette ville. Le fruit de l'Alifier eft bon à manger, mais il meurt tard. Autrefois CELSE a dit qu’il refferroit MÉDICALE. st le ventre, (Mr. GLeDiTscH dit que les Alifes ne font bonnes à manger que quand elles font molles comme les néfles. On a vu la confevre, ou rob de ces fruits rémédier à une fuppreflion des règles ), Le bois de cet arbre eft dur. 1089. MESPIIUS. LE SORBIER DES ÂLPES Ses feuilles font ovales , dentées en fcie, coton« neufes en - deflous. Aria CRANZ. Fafc. IL t.2, f.2, Cratægus Aria. LINN. Il y en a une varieté à feuilles divifces jufœra * moitié. Il croît en grande quantité parmi les buiffons au- deflous des Alpes & des montagnes : on le trouve auf fur le Muttenzerberg, La variete dont on vient de parler fe trouve ax Creux du Vent , à la Ferricre, & dans le territoire de Neuftchatel: les fruits qu’elle produit font arhers. Ceux de la premiére varieté s’adouciffent en mû- tifflant & font bons à manger; (ils ont.une faveur agréable, & font utiles dans la dyfenterie; on en prépare une bonne bierre). Le bois de ce Sorbier eft très «dur, aufli le recherche-t-on pour faire des aïflieux de roues de moulin, & les fufeaux de la lanterne; & comme il n’eft pas fujet à fe jetter en l’eftime pour en faire des jougs de balance: D » 52 MATIÉRE 1091. MESPILUS. LE SORBIER DES OISE- LEURS, LE SORBIER SAUVAGE, LE COR- MIER DES CHASSEURS. Ses feuilles font ailes, glâbres de deux côtés. . Sorbus aucuparia CRANZ. Fafticul. I]. p. 49. t. 3 f. 4. @& LiINnx. Il croit en abondance dans les bois, par éxem- ple entre le Pantiger- Hubel & Thorberg. (Sur le Cret Tavernier ; aux KRochers de Moron, aux Bre- nets, au Roc Mildeux , fur la Roche de La Chage, & des Corbeaux ). Son fruit fec eft aftringent. Il paroit que c’eft de ce Cormier que les habitans de Kamt/thatka fe nourriflent , car il n’y a pas apparence que les fruits du Cormier ordinaire puiflent parvenir à leur maturité dans un pays fi froid. On retire des fruits du Sorbier des oifeleurs, lorfqu’ils font en fermen- tation, une eau de vie dont on fait cas pour les maladies de la poitrine. On recommande le jus qu’on en exprime cuit jufqu'à confiftance de miel, pour les fiévres intermittentes, & pour les hémor- rhoïdes endolories. Mr. DE LINNE dit que ce fuc lâche le ventre. Le bois de ce Sorbier eft très-dur & fert pour faire diverfes piéces de moulin, pour tous les ou- vrages qui demandent un bois ferme, pour les vis de prefloirs & enfin pour graver en bois. MÉDICALE. 53 1092. MESPILUS. LE SORBIER Ou CORMIER. Ses feuilles font aïilées & cotonneufes en-deflous. Sorbus fylveftris domefhcæ fimilis C. B. Sorbus domeftica. LINN. Cette efpèce n’eft pas commune. Je l'ai trouvée autour du château de Aunchenftein; & autour d’Ou- chy. On la trouve aufli dans les bois entre Aut- tenz & Gempen, autour de Ramfiein; & dans les bois des environs de Aulhoufèn. On met infufer fes fruits dans de l’eau, pour en faire de la piquette, & on en fait du cidre en les preffurant ; ce cidre a même plus de force que ce- lui qu'on fait avec les prunes. MÉSUÉ parle d'une . conferve (conditum) faîte de fruits de Cormier & de pommes de grenades. FIORAVANTI vante une eau diftillée de ces fruits méles avec ceux du cy- près pour réparer la virginité. Les anciens les ont mis au nombre des remêdes propres à refferrer le ventre. Le bois de cet arbre.eft tres - dur. 1094. MESPILUS. LE NÉFLIER. Ses feuilles font elliptiques - lancéolées , dentées en maniere de fcie , les calyces très-longs & durant autant que le fruit. AMefpilus Dop. p. 8or. Mefpilus Germanica. LINN. 2. Il croit dans les buiflons aux environs de Berne, fur ce magnifique chemin qui conduit de la ville fur une hauteur voifñine, & que nous devons à une D 3 ç4 MATIÈRE entreprile digne d’un roi par les fommes qu'il en a coûté pour le tailler dans un rocher qui auparavant n'étoit qu'une affreufe folitude, (J'en ai trouvé fur un fentier entre le Signal & les Eaux de la Pou- dricre prés de Laufanne. V.) Il croit aufli dans Jisle de St, Pierre au lac de Bienne. A Neufcha- tel entre les maifons di Plan. JEAN BAUHIN dit que cet atbre forme des bois entiers entre Stras- bourg & les bains de Baden, Les néfles font fort äâpres, & ce n’eft que fort à la longue qu'eiles s’adouciffent fans jamais acquérir une faveur bien agréable. Cependant on en fait des conferves auxquelles on trouve un bon goût, Elles font fi aftringentes qu’on les a vues, fuivant le rapport de G, W. WEDEL, occafionner une con£ tipation fuivie de l’épilepfe. ANTOINE Musa Bras- SAVOLA dit que les noyaux de ce fruit réduits en poudre brifent le calcul & en chaffent les débris, mais cela eft éxagére, 1096. PIRUS. LE POIRIER. Ses feuilles font ovalo-lancéolées, dentées en fcie & gläbres, Pirus fylvefiris Dop. p. 799. Pirus communis. LINN. Varieté D. à fruit plus grand TABERNÆMONT, P. 101$, Varieté c, à fruit plus petit du MEME. On regarde ce poirier comme ayant donné riaif. fence aux diférentes varietés de poirier cultive , MÉDICALE. Æ fuivant la maniére de greffer ou de cultiver cet arbre, Il croît naturellement dans les champs & au bord des bois. L'efpèce fauvage donne des fruits extrêmement âpres, mais qui mêles avec ceux des poiriers cul- tives, peuvent fervir à faire du cidre, on peut mé- me les employer feuls à cet ufage, mais alors le cidre n’eft pas fi bon. Les fruits de prèfque tous les poiriers cultivés font doux, cependant ïil en eft qui t‘ennent de lâpreté de la poire fauvage, & qui caufent quand on les mange une efsèce d’étranglement. Cet ar- bre fe dépouille de fes épines par la culture, mas fi on le multiplie en femant les pepins, il ré. prend fes épines & les fruits redeviennent äpres comme dans l’efpèce fauvage, Le bois du poirier eft dur, rouge & pefant;-aufl eft-il utile pour en faire divers outils, & même pour la gravüre en bois; il prend aufli facilement ‘un beau noir d’ébêne ; (ces excellentes qualités le font re. chercher à Londres, dit Mr. HALE). Mr. pu HaMEL nous apprend que le jus de la poire Bergamotte dif. fout le calcul, & cela en peu de tems. On fait -du vin de fruit avec les poires douces, mais on ne peut pas le conferver long-tems. 1097. PIRUS. LE POMMIER. Ses feuilles font ovales , pointues , velues en def. fous, les fleurs attachées à de três-courtes queues. D 4 6 MATIÉRE Aalus fylveftris DoDoN. p. 790. Pirus Maius. Lin. Varieté a, dont la pomme eft plus grande & blan. cheTABERN. p. 1008, & à pomme plus petité p. 1009. Variete b, dont la nomme eft rouge & plus grande TABERN, p. 1008; & à pomme plus petite de Cas, BAUHIN, Le pommier cultivé paroït auffi n'être qu’une va- rieté de l’efpèce fauvage, car fi on en fème les pe- pins, il reprend des épines & produit comme celle- ci, des pommes d’une faveur également àpre, Il croit aux mêmes endroits que le poirier fau- vage. Il devient fi vieux qu’on prétend: en avoir vu qui avoient atteint l’âge de mille ans. Les pommes fauvages font aigres & ne valent rien à manger, mais elles donnent un excellent vin, fort fupérieur à celui qu'on fait avec les fruits du pommier cultive. Ce vin a les mêmes qualités que celui de raifins , il ne devient cependant jamais aufli pur, niaufli limpide, & il eft plus fu- jet à donner des vents, Dans pluleurs provinces d'Angleterre & en Normandie an4e contente de ce vin de pommes pour toute baiïflon ; mais on n’en fait nulle part d’aufli parfait que dans notre baillia. ge de Zhourgau. 1] n’elt jamais meilleur que quand on méle des pommes de verger douces ou acides, avec les fauvages. Cette liqueur eft aufli propre à difflobudre la .pierre. Hi nelt aucun aliment qui convienne mieux que MÉDICALE. 57 les pommes aux perfonnes qui ont de la fièvre, leur qualité acide les rendant propres à ranimer l'appétit & à rafraichir fans aucun inconvénient. Il n'y a pas long-tems qu’en Angleterre on a commen- ce a confeiller aux afthmatiques la décoction de ce fruit, qui leur convient mieux que les fruits d’éte, parceque ceux-ci agiflent fur nos humeurs en qua- lité de fondanss Mr. LoBB dit aufli que les pom- mes diflolvent le calcul. Ces fruits cuits avec de l'eau fourniflent une boïifflon agréable & falutaire aux perfonnes que la fiévre oblige de fe mettre au régime. Les abeilles trouvent beaucoup de miel dans les fleurs du pommier. On fait une efpèce de verjus, en écrafant des pommes fauvages aigres dans un fac de crin; ce verjus étoit connu des Arabes, & fert pour l'im- preflion de cette forte d’indiennes connues fous le nom de Callico. L’écorce de pommier donne une belle couleur de citron. Le bois de cet arbre n’eft pas fi dur que celui du poirier, cependant les tourneurs lemployent par- cequ'il eft le plus léger des bois durs. * 1098. PUNICA. LE GRENADIER. JL eft arme d'épines, fes feuilles font luifantes, elliptiques , très-enticres, les fleurs feffiles. Aalus Punica CAMERAR. Epit. p. 130. & 131. Punica Granatum. LiInx. J'ai trouve des grenadiers à Sion fur les rochers du chateau de Valerie, où ils fe perpétuent, peut- 58 MATIÉRE être, après y avoir été apportés autrefois par quel. que hazard. Ses pepins font acides & on en fait un fyrop agréable au goût. ConRAD B. BEHRENS vante leur efficace d’après fon expérience pour les hémorrhoï. des qui fluent trop. Il n’eit queltion ici que des gre- nades acides, car il y a aufli des grenades douces, L’écorce de la pomme eft aftringente, & s'emplove aux mêmes ulages que les autres remédes de cette claife, * 1099. OPUNTIA. LE FIGUIER D'INDE, RAQUETTE, CARDASSE ou NGPaAL, Ses feuilles font ovales, comprimeées , les épines fetacees. Opuntia vulgo herbariorum Jo. BAUKH. I. p. 154. Cacfus Opuntia. LiInN. On croit communement que l'Amérique eft le pays natal de cette plante : cependant elle croit fur les rochers du Vallais, au-deffus de Beveret & de Vau. wry, & fur la montagne de Veche, à cinq lieues de Lugano. On en trouve aufli en Italie, dans l'isle de Minorque, &c. Lorfque fon fruit eft mur, il a la forme d’une poire & il eft bon à manger, mais il teint ordimai- rement en rouge l'urine de ceux qui en mangent comme s'ils pifloient du fang *. Les épines dont * Cela n'arrive pas en Barbarie, fuivant le rapport de SHAW. MÉDICALE. 59 il eft armé ont caufé à un foldat une inflammation de gorge mortelle, mais il y à apparence que cela eft arrivé avec une efpèce d'Opuntia diférente, On applique fes feuilles rôties fur les inflamma- tions, & ce reméde pafle chez les Africains pour être tres- efficace. Mr. CLEGHORN dit qu'on em- ploye le même topique avec fuccès pour les dou- leurs de côte & dans la petite vérole, C’eft d’une efpece d'Opuntia à fleur rouge, que fe nourrit cet infecte fameux , auquel on doit la couleur précieufe connue fous le nom de cochenille, 1101, ROSA, LE ROSIER SAUVAGE, Cy- NORRHODON ou GRATTECUL. Ses épines font courbes , fes feuilles rangées par fept, les calyces cotonneux , leurs fegmens ailés ou fendus jufqu'a la moitie, les piftils très-courts. Rofa canina vulgo diffa Dopon. Coron. p. 187. Rofa canina. LINN. Rien n’eft plus commun dans les haies & les buiflons. Le parfum délicieux que répandent fes fleurs in- dique la volatilité des particules éthérées d’où il de- pend *. Auñi l’eau qu’on en diftille merite-t-elle la préférence fur celle que fourniflent les rofes de * L'odeur des rofes fait éternuer quelques perfonnes & leur donne de l’enrouement ; elle occalionne même des A fymptômes hyftériques à certaines femmes, fuivant Mr. DoRRING._ 6o MATIÈRE jardin *, Il ne monte avec cette eau qu'une trés- petite portion d’huile effentielle, puifqu'une livre de fleurs n’en donne que trois grains **; ceft ce qui fait que cette huile eft d’un très-grand prix, même en Perfe qui eft un pays où on a des rofes en abon- dance **, Cette huile eft ti odorante que fon par- fum furpaffe tous les autres, & qu'aux Indes il s’en fait des prefens de roi à roi. La méme eau paîle pour laxative. L'infuñon théiforme des fleurs char- me le goût & l’odorat. Leur extrait gommeux eft balfamique & aftringent , le réfineux a une faveur auftère. La conferve des mêmes fleurs s’employe en qualité d’aftringent pour la dyfenterie & les he- morrhoïdes fluentes. Les fruits font bons à man- ger quand on les a cuits, ou fous la forme de con- ferve ; cette conferve fe prépare en les pilant pour en faire une pâte qu’on cuit avec l’eau, après quoi on y ajoûte du fucre. Les anciens les mettoient au nombre des laxatifs ****, & SCHELHAMMER parle d’un hydropique guéri par leur ufage. DIOSCORIDE difoit qu’étant fecs ils étoient propres à arréter le cours de ventre, ufage qui me paroit plus raïfon- * MESUÉ préféroit les rofes fimples, foit blanches foit rouges. ” # CHARDIN dit qu'on ne retire qu'une demi-dragme d'efence de quarante livres de fleur, & fuivant CARTHEU- sER cent livres n'en ont donné que fix dragmes. *#* TAVERNIER dit qu'une once fe vend cinquante écus d'Empire. ###% RHAZES attribue cette propriété, & fuivant SCHUL- ZE , AMATUS l'attribuoit à l’eau diftillée. ! MÉDICALE. ét nable. On fait cas de la poudre de cynorrhodons fecs pour guérir la pierre, je ne fais fi c’eft avec raifon. Du moins eft-il für que cette maladie a ré- fifte à une tifanne qu’on avoit faite en cuifant ces fruits dans de l’eau. On fait un excellent baume vulneraire en mettant infufer au foleil les germes de ces fruits, dans de l’efprit de vin, avec du fucre & de la canelle. La racine de cet arbufte eft regardée en vertu d’une ancienne tradition, comme un reméde effica- ce contre la morfure du chien enragé, en la pre- nant en boiflon *, & en lappliquant fur la blef fure : fuivant PLINE ** cette tradition étoit fondée fur une revelation faite en fonge. En Sicile on eft dans l’ufage d'employer l'éponge de ce rofer fous le nom de Sanatodos non-{eulement contre la mor- fure du chien enragé, mais encore celles des ani- maux vénimeux, & contre les maladies qu’on attri- bue à des fortilèges ; cette éponge eit l'ouvrage d’u- ne forte de mouche qui en coupant le bourgeon d’une jeune branche y occafionne cette excroiflance, CorDuS dit cette éponge bonne pour les maladies des reins, MARCBLLUS l’eftimoit propre à guérir la dyfenterie & PLINE la recommande aux perfonnes attaquées de la pierre. Les anciens parfumoient leurs onguens avec des rofes. ( Mr. ALSTON dit que toutes les rofes ont une fa- veur d’abord douce, puis amère & aftringente). * Pour préferver un animal de la rage. ## Il rapporte des éxemples de guérifons. 62 MATIÉRE 1103. ROSA. LE ROSIER SAUVAGE à fleurs odorantes, ou EGLANTIER. Ses épines font recourbces , fes feuilles font ta- chées de couleur de rouille en-deffous. Kofa Jylveftris odorata DopoN. Coron. p. 100. hiff, p. 187. Rofa Eglanteria. LINN. Il y en a une variete à fleur double de J: Bau« HIN. BRyY, IL. t. 126. Et une autre à fleur blanche du MEME Il, P. 44: L’Eglantier n’eft pas rare dans les plaines de la Suifle, on en trouve aux environs de Roche, au Tombey , autour de St. Tryphon, à la Sara, au- deflus de Bienne & de Craffy. Près de Bäsle vers St. Louis. On en a trouve jufques fur les Alpes vers Gefchinen. Aux environs de Ferriére , &c. Quelques auteurs attribuent à cette efpèce la vertu de guérir la rage. Toute la plante a une odeur qui approche celle des pommes. POLYSTEMONES, ROSACÉES. SECTION VIL GYMNOPOLISPERMIES de BOERHAAVE. c'eft:à-dire, Plantes dont le fruit eft compofé de plufieurs femences nues. SUBSECT, L. LES PÉTALES ET LES ÉTAMINES NAISSANT DU CALYCE. MÉDICALE. 63 PLANTES DE BUISSONS ÉPINEUSES de LINNÉ, 1108. RUBUS. LE FRAMBOISIER. Sa tige eft épineufe , prèfque droite, les feuilles ailes au nombre de cinq, ou ternées, cotonneu« fes en-deflous, les fruits velus. Rubus Ideus vulgaris CLUS. Hiff, p. 117. Aubus Idæus. LINN. Il y en a une varieté fans épines , & une autre à fruit blanc. On leTtrouve en abondance dans les boïs- taillis, & fur les collines. La varieté fans épines croît au- tour du ruilleau.de Glasbach près de Berne. Les framboïfes donnent à la diftillation une eau d'une odeur & d’un goût agréables. Ces fruits pa- roiflent fur les tables, & on en fait un fyrop, qui délayé dans beaucoup d’eau , & aiguife de quel- : qu’acide mineral, fournit une boiflon rafraichiflante & falutaire dans les maladies fébriles. GESNER le. préféroit aux perles & aux pierres précieufes. SEBIZ vante le vinaigre infufe avec les framboifes, pour rémédier à la putridité des dents, & ce n’eft pas fans raifon. Les Ruffes font avec ces fruits un hy- dromel délicieux. (On en fait dans la Livonie Po- lonoïfe, un vin que j'ai trouvé exquis, & fembla- ble à celui de Portugal. V.) Le vin de framboifes pañle, aufli bien que celui de fraifes pour, être de quelqu’utilité dans les maladies des reins. 64 MATIÉRE 1109. RUBUS. LA RONCÆ, LE MURIER des haies (ou MEURON, dans ce pays). Sa tige eft épineufe , ferpentante, fes feuilles di- gitéés au nombre de cinq, où ternées, légérement cotonneufes en-deflous , le fruit life. Rubus CAMER. Æpit. p. 751. Variete b. fans épines. Varieté c. à fruit blanc. Variete d. à fleur femi- double. Varieté e. à fleur double. a—e. Rubus fruticofus. LINN. Rien n’eft plus commun dans les bois. (C’eft à la faveur des buiflons de ronces que les fapins s’e- lèvent, cette défenfe dont la nature les a pourvus, étoit néceflaire pour la réproduétion des bois. Ses feuilles font aftringentes & defficatives, elles ont la réputation de guérir les ulcères rebelles des jambes, & on vante l’eau ävec laquelle elles ont cuit pour rémêdier aux maladies des gencives & à le£ quinancie. (GALIEN preféroit les müûres des haïes aux véritables , dans le traitément des maux de gorge. On fat, dit Mr. BouRGEoïs, avéc les fommites tendres des ronces un excellent gargarifme pour les maux de gorge inflammatoires, & une excellente tifanne aigrelette très-utile dans les fiévrés arden- tes, putrides , bilieufes, &c.) On s’éft fervi avec fuccès MÉDICALE. 64 fuccés, dans l’éréfipelle, d'un cataplâme de feuilles de ronce. Les racines paflent pour apéritives, & s’af focient à d’autres remèdes qu'on émploye en cette qualité dans l’hydropifie & d’autres maladies chro- niques. Mr. CLERC parle d’une perfonne qui, etant attaquée de leucopnlegmatie , Le trouva tres- bien de fatisfaire au delir de manger des müres de haies, il en réfulta un écoulement d'urine très-abondant, Ces fruits font doux fans rien avoir d’aromati- que ; les enfans les mangent avec plaiir, on en fait même des’ bouillies dont je mange volontiers à mes repas: le fyrop & la gelée qu’on en prépare réfiftent à la putridité, font falutaires dans les fie- vres, & appaifent les douleurs dans l’efquinancie. Quelques payfans rotiflent de la farine avec le jus de ces mûres, pour fe guerir de la dyfenterie, & ce n’eft point fans fucces. Le Diamoron des an- ciens admettoit aufli dans fa compoñtion les fruits du même arbrifleau (mora bati), & SYLVIUS vou- loit qu'on donnät la préférence pour cette prépara- tion à ceux qui font bleuâtres. LEONARD de Ca- POA, tout incrédule qu'il fut fur les vertus des re- mèdes, reconnoïfloit pourtant dans le fuc de ces fruits une qualité propre à réfoudre la: matére des apoftèmes. Enfin, en diftillant les fleurs & les fruits de la ronce, on en'tire. une eau dont l'odeur eit gracieufe, & le fuc des müres donne un bon vin par la fermentation. Tom. IL. E 66 MATIÉRE I111. RUBUS. LA RONCE DES ROCHERS. Sa tige eft herbacée, fes feuilles font ternées , glâbres , les petites baies qui compoient le fruit fonc {eparées. KRubus faxatilis. LINX. Elle croît dans les Alpes, & fur les chemins ef. carpés & bordés de buïflons. A a Chenau au-def fus d’Aigle , au-delà de Panex ; au-deflus des Plans; à Lauterbrunñen près du chemin, fur les monta- gnes de l'Emmenthal, au-delà de Tfchangnau; fur le mont Pilate, fuivant le rapport de CoNRAD GEs- NER & de SCHEUCHZER, au pied. de la montagne de Tittlisberg, & dans les environs-des bains de Pfeffers. On la trouve aufli fur les montagnes, com- me fur celle de Thuiri, aux, environs de Sonvil- lers dans la vallée d'Erguel, dans la vallce de A16- tier- Travers ; {ur la montagne de ChafJeralle, a la Chetelaz. ScHULZE regardoit cette ronce comme étant le véritable framboifier. Le célébré THRELKELD re- commande fon fruit aux fcorbutiques, Les Rufles en font une très - bonne eau: de: vie en le mélant avec du miel. 1112. FRAGARIA.. LE FRAISIER. Ses feuilles font ternées, la racine jette des cou- Jans rampans. PASSÆI ic. 103. Fragaria fylveftris vel montana CAM. Epit. p. 765. Fragaria velca. Linx. MÉDICALE. 6? Varieté b. fans coulans. Dü CHESNE 204. Il croit dans tous les bois & fur les collines ex: pofées au foleil. La premiére varieté vient, en par- ticulier fur les chemins, & la fconde b. trouve autour de Bienne, & dans iles lieux pierreux' & chauds du mont Jia: Sa racine & fes feuilles ont une acidité aftrin- gente, C’elt pourquoi elles font propres à deflécher les viéux ulcères en les appliquant brovées fur la plaie. (Suivant NEBEL, le früfñèer eft vüulneraite }). La decoction faite avec les fruilles fert à £ rin: cer la bouche dans les inaladies des dents. La mé- me décoétion fe preféri à tire de diurètique & contre la jaunifle ; elle a outre-cela la proprièté de teindre les excrémens en rouge: Son fruit eft une baie d’une odeur aromatique | & d’une acidité agréas ble: La varieté des bois eft préférable à celle des jardins, & on ne connoït point jufqu’ici en Europe de fruit d'été qui vaille celui:là Les fraifes ou leur jus pourroient s’employer/ dans les. fiévres, même dans celles d’un mauvais. garacères, 0 dans. les fiévres pütrides ; & dans la ficyre, Jente qui accom- pagne la phthiñe * ; cependant il eft rare qu'on en faile cet ufage: ‘Les fraifes poflèdent de plus la pro: priète de rompre la pierre ; (&on.a vu une per- fonne attaquée de cette maladie rendre par les uri- nes une matiére çalculeuie ; après avoir beaucoup È z ——…— Ld * ScHULZE dit en avoir fit une heureule expérience. 68 MATIÉRE ufe de ces fruits). Cependant ils font un peu trop rafraichiffans pour des perfonnes délicates, puifqu’on a vu les fraifes attirer la cardialgie, des évanouille- mens, l’erefipelle , & l’enflure de tout le corps. Les habitans de l’Apennin mangent aufli les fraifes fèches. Le vin de fraifes eft utile dans la colique néphretique. Elles donnent à la diftillation une eau acide, rafraichiffante, & qui a aufli la propriété de difloudre le calcul ; ces vertus fe trouvent rarement dans l’eau {piritueufe du même fruit. J. CRATON fait grand cas de cette premiére pour arrêter le flux hemorrhoïdal lorfqu’il eft trop abondant , & fuivant Mr. GEOFROI elle eft cofmetique. Le fel fixe de cette plante contient de l'acide & une matière fulphureufe. Le frailier, aufli bien que Jargentine & les quinte - feuilles, fervent de nour- riture à la cochenille de Pologne, qui tire vraifem- blablement fa couleur rouge de la racine.’ 1117. FRAGARIA. LA TORMENTILLE. Sa fleur eft à quatre pétales, fes feuilles cauli- naires font felliles, palmées au nombre de cinq. Tormentilla CAMER. ÆEpit. p. 685. Tormentilla erecta. LINN. Elle croit dans les päturages humides, dans les bois, & même jufques fur les Alpes. Sa racine eft ftyptique , d’une faveur auftere aro- matique, qui l’a faite prendre à EURICIUS CORDUS MÉDICALE. 69 pour la Quintefeuille (Pentaphgllum) des Anciens *, L'eau dans laquelle on la faite infufer, eft aftrin- gente. Elle rend une très-grande quantite d’extrait aqueux , mais fans vertus ; car c’eft feulement dans l'extrait fpiritueux qu’elles relident. L'eau dif- tillée a une odeur de rofes fort agréable & aroma- tique. Cette racine donne beaucoup de terre à l’a- naly , on en trouve même jufqu’à trois huitiémes de fon poids. Elle excelle par-deflus toutes les au- tres plantes ftyptiques , enforte- que LuUpWIG dit que feule elle peut les remplacer toutes , & Cox- RAD GESNER aflure qu'on peut la fubitituer au Be- hen rouge. La décoction de Tormentille eft dufa- ge pour raffermir les gencives lorfque les dents font branlantes, pour arrêter les hémorrhagies , qui pro- viennent d’un éxercice trop violent, comme aufl la diarrhee & la dyfenterie ; il faut cependant pren- dre garde de ne pas l’employer dans la dyfenterie , avant que d’avoir évacue la matiere putride qui en- tretient cette maladie. C’eft le fentiment de Bucx- WALD, cependant DETHARDING aflure qu'on peut la donner en toute fureté, & DOERING dit que ce remêde a lâche le ventre à plufieurs perfonnes at- taquées de cette maladie; c’eft un effet, auquel il ne paroïfloit pas naturel de s'attendre, (La Tor- mentille a fouvent réufli dans les fièvres intermit, tentes). VESALE s’en eft fervi avec fuccès dans le traitement des ulcères invéteres. E 3 * BRASSAVOLA étoit du mème avis, mais MARANTA & MArTHIOLE ont foutenu le contraire. 30 MATIÉRE Les habitans des isles de Farre & des, Orcades n’employent point d'autre tan que celui que leur fournit cette plante, pour tanner leurs cuirs; des expériences modernes nous apprennent que cet ufa- ge n'eit point à méprifer, enforte même que d’'ha- biles ouvriers ont trouvé que les cuirs tannés avec ja Tormentille étoient plus fermes que ceux qui le font avec l'écorce de chéne. On peut donc efpé- rer de pouvoir fe pafler de cet arbre fi utile, par- tout où la Tormentille abonde. (Sa racine danne un beau rouge, & les Lappons s’en fervent pour teindre leurs cuirs: on pourroit même l’employer à la place du fang de dragon). Cette plante eft plus rare dans les pays chauds, & au lieu de Tormentille on y vend dela Quinte- feuille argentée. TI1I8. FRAGARIA. LA GRANDE QUINTE- FEUILLE RAMPANTE. Ses feuiiles font digitées au nombre de cing, den- éées en manisre de fcie, les pedunculesne portant L >, œ « , chaçun qu'une fleur, la tige rampante, ’ Quinquefolium MATTHIOL. p. 1018. Potentiila reptans. LiInx. On la trouve par-tout fur les chemins: La racine & les feuilles ont une qualité acide, terreufe, auftere & aftringente, (Mr. CULLEN git que cette Quintefeuille réynit MÉDICAL. “1 à fa propriété aftringente une amertume qui la fait reflembler au quinquina). On a fait ufage de fa de, coction dans diverles efpèces de dyfenteries, & Mr. DE SENAG a domté par fon moyen des fiévres in- termittentes opiniètres, Elle eft utile en gargarifine lorque les aftringens font indiques fous cette forme. Mr. GLEDITSser dit que les habitans de la Marche de Brandebourg fe fervent -de Ja racine pour gue- rir la jaunifle qui provient d'un relâchement des fibres. SANCASSANI parle d’une femme qui gué- rifloit toutes les bleflures en y. appliquant tous les jours des feuilles fraiches de cette.plante. Autre- fois on en faifoit des fomentations qu’on regardoit comme répercullives & PEORIFE par cette raïifon à remédier à la goutte, A 1126. FRAGARIA. L'ARGENTINE. Sa tige eft rampante, fes feuilles font aïlées, dentées en maniere de fcie, cotonneufes en-deflous, les péduncules ne portant chacun qu’une fleur. Potentilla CAMER. Epit. p. 755. Potentilla Anferina, LINx. Rien n'eft plus commun le long des chemins un peu humides, & des foffés. Elle a une faveur herbacée, un peu falée, avec quelque chofe d'acide. Toute la plante eft bonne à manger, & les Ecoflois la mettent au nombre de leurs herbes potagéres. Du refte elle eft aftringente comme les autres plantes de ce genre, & propre E 4 7à MATIÈRE à guérir les bleffures. TOURNEFORT donnoit avec fuccès de cette herbe pour les fleurs - blanches , depuis la dofe de quatre juiqu’à celle de fix onces. TIMÆUS fe fervoit du méme fuc méle avec celui du feigle , comme d’un bon lithontriptique , en don- nant huit onces de ce mélange *. Eft-ce à cette plante que fe rapporte ce que dit Mr. Parrucct d'une Potentilla dont l'infufion théiforme bue avec du fucre, fait fuinter du calcul une matiére vif queufe & le diflout? Enfin LOBEL vante l’Argenti. ne comme étant bonne pour les ulceres invétérés , pour la dyfenterie & comme propre à rétablir le ton des vifcères. L'eau qu’on en diftille fe met au nombre des cofimetiques. Son fel fixe a un princi- pe d’acide comm® les autres plantes ftyptiques. Les beftiaux n'aiment pas cette plante, peut-être a caufe de la pouffiére dont elle eft ordinairement couverte. 1129. GEUM. BENOITE AQUATIQUE à fleur flottante. Ses feuilles font ailées, les folioles aiguës , celle de l’extrémité fort grande, partagée en trois lobes , les fleurs à demi-fermées & panchees. Caryophyllata alpina nutante flore CLUS. Pan. non, p.433: 434. Geum rivale, Linx. On la trouve en quantité au bord des ruifleaux , * 11 méloit deux parties de fuc d'Argentine avec une partie de celui de feigle. L. III. cer: 32. & Eph. N. C, MÉDICALE. 73 aux environs de Berthoud, à Berne entre les deux bains, auprès du ruifieau qui baigne la ‘ville en-decà d'Hollingen & ailleurs. On la trouve jufques fur les montagnes & fur les Alpes. On en fait en Suéde un extrait pour guérir les fiévres intermittentes , cependant ce remède ne gué- tit pas conftamment: mais on peut s’en promettre un grand fecours dans les hémorrMagies de la ma- trice, dans la diarrhée & les maladies de l’eftomac. 1130. GEUM. LA BENOITE ou RECISE, GALIOTE, GARIOT, HERBE de St. BENOIT. Ses feuilles font ailées , la foliole de l'extrémité eft découpée en trois lobes, les fleurs font prèfque ouvertes, les piftils recourbés. Caryophyllata Don. pempt. p. 137. Geum urbanum. Lynx. Elle croit en quantité auprès des haies & dans les bois, Après l’avoir faite macérer pendant quelques jours , on en diftille une eau , qui élève avec elle une huile d'un parfum exquis. Elle convient, à raïfon de fa vertu aftringente & légerement aromatique, dans les-maladies qui viennent du relâchement des fibres. Jai vu donner l'infufion de fa racine dans de l'eau pour des fiévres malignes , mais elle faifoit un mau- vais effet & donnoit des délires continuels ; on l’a- voit prefcrite dans l'intention de favorifer l’eruption des puftules, car on la regarde comme alexiphar- maque. Son infufon vineufe eft plus propre à for. 74 MATIÈRE tifier l’eftomac & les inteftins relâchés à la fuite de la diarrhée ou de la dylenterie: elle eft auffi vul- neraire & convient dans le traitement des maladies chroniques, de celles de la lymphe, & des fiévres intermittentes. Sa racine en poudre eft utile à la fin de la dyfenterie, en en donnant de trente juf qu’à quarante grains. Enfin on la met au nombre des aphrodifiagges. Mr. KoENIG s’en elt fervi avec fuccès fous la forme de catapläme pour la guérifon d’un larmoyement ( epiphora). 1134. FILIPENDULIA. LA BARBE DE CHÉVRE. Ses fleurs mâles & femelles font fur des pieds di- ferens, les feuilles font divifées & fubdivilées , les premières folioles divifées en cinq & en trois feuil- les, les autres fimples. Barba capre CAMER. dort. ic. IX. Spiræa Aruncus. LIN. Elle n’eft point rare dans les bois touffus de la Suifle. On la trouve près de Berne dans les pe- tits bois qui bordent l’Aar, au-deffous de Æ/abern ;- autour de la campagne de mon frére, die Halle. Sur la croupe de la montagne de Pinzberg pres de Berthoud. Auprès des haïes entre Belmont & Herb- lingen , fur le chemin qui conduit a Nidau. Dans le canton d’Uri aux environs de /afen. A Bale près de la maïfon neuve au bord du Rhin. Suivant J. BaUKIN ily en a à Geneve, au lieu dit /a Bà- tie, Mr. GAGNEBIN dit qu’elle croit aux Combes de Valanvron, entre Clcvillars & Lellelais &cc. MÉDICALE. 75 Elle a les mêmes vertus médicinales que la fui- vante & une odeur également agréable. 112$. FILIPENDUZA. LA REINE DES PRÉS, L'ORMIÉRE. Ses feuilles font ailées, dentées en maniére de fie à dents aiguës, avec quelques folioles tres-pe- tites placees entre les autres, la foliole de l’extré- mite très-grande & divifée en trois lobes. Ulmaria CLUuS. Pann. p. 700. Spiræa. Ulmaria.. LINN, Variete b. à fleur double. KyLLING p. 43. On en trouve en quantité vers les eaux & ‘les foflés & dans les prés humides. Cette plante eft odoriferante, ftyptique, aftrin- gente & vulneraire : aufli recommande-t-on fon ufa- ge pour le traitement de la dyfenterie & des ble fures extcrieures ; (cependant Mr. ELOY dit dans une lettre écrite à Mr. BucHoZ que la racine de la Reine des prés eft légèrement aftringente & n’a point d’efficace particulière pour arrêter les hémor- rhagies). Elle entre dans la compofition de l’em- plètre herniaire de FELIX Wurz, & on en fait cas, employée en épithême , pour guérir les ulcères in- vétérés. (Mr. BourGeoïs dit fes fleurs preferables à celles du Sureau dans toutes les maladies inflam- matoires & fiévreufes, parcequ’elles ont une vertu plus calmante & plus anodyne; leur infufon m'a du moins très-bien réuffi dans une fièvre catarrhale 36 MATIÉRE , maligne qui régnoit à Laufanne en 1971. V.) L'eau diftillée a quelque chofe d’aromatique ; elle eft pro- pre ainfi que l’infufion des fleurs à favorifer l’érup- tion des éxanthémes *. SPIGELIUS vante les bons effets de la même eau employée en fomentation fur les parties affigées de la goutte. Le fel fixe d'Or- miére contient de l'acide comme celui des autres plantes aftringentes. Sa qualité ftyptique la rend propre pour la préparation des cuirs. Elle donne un bon fourrage. 1136. FILIPENDUIA. LA FILIPENDULE COMMUNE. Ses feuilles font ailées, avec de fort petites folio- les intermédiaires, celle de l'extrémité divifée en trois lobes. Filipendula BLAKWELL. t. 467. Spiræa Filipendula. LINN. Elle n'eft pas fort commune en Suïfle. J'en ai trouvé dans les environs de Bale au-deffus de Mun- chenftein, fur le chemin qui conduit a Gempemwegd; in der Renklismatt dans le même quartier. Il y en a aux ehvirons d’Æigle & de Roche dans des prai- ries humides, de même que dans le bas- Valiais autour de Gonthey. Pres de Neuchâtel, au Mail, au Clos des Terreaux , dans la vallee de Motier-Tra- vers. Dans le Genevois autour de Burdigny & ail- * WELSCH la recommande aux perfonnes attaquées de la pthtifie. MÉDICALE. 79 leurs, fuivant J. BAUHIN, & en dernier lieu, fui- vant le rapport de Mr. le pafteur DE COPPET. Cette Filipendule a une qualité ftyptique, acide & terreufe, comme les précédentes. Sa racine eft mife au nombre des médicamens apéritifs, diuréti- ques, convenables dans les maladies des reins , dans les affections hémorrhoïdales, & pour les fleurs- blanches. Mr. DE LINNÉ lui donne une place par- mi les plantes comeftibies & dit qu'on en fait du puin. On s’en fert fort peu. POLYSTÉMONES, ROSACGÉES. GYMNOPOLISPERMIES. L? SUBSECTION IL. DONT LES PÉTALES NAISSENT DU RÉCEPTACLE. 1138. THALICTRUM. LE GRAND T'HALIC- TRON. Ses feuilles font droiïtes, les folioles de la fecon- de divilion font divifces en trois lobes aigus; les fleurs font en épis droits. Thalifrum magnum Dob. purg. p. 434. Thaliclrum favum. Lin. Il yen a une variete à feuilles plus larges, & une autre à feuilles plus étroites & plus ridées. IL croit en grande quantité dans des prés mare- cageux aux environs d'Anet, pres de la Broie ; au. tour de Afathoud , & à Roche; à Bâle près la mai. Jon neuve. 8 MATIÈRE Sa racine eft remplie d’un fuc jaune , qui à uné douceur mélée d’amertume. On la donne à la dofe de quatre onces pour la jaunifle *, On dit que fa femence guérit la fièvre tierce en en faïfant prendre un plein dé à coudre dans un œuf cuit mollet au commence: ment du friflon. Ses racines poflèdent des vertus femblables à celles de la Rhubarbe, & teignent pa- reillement en jdune l'urine & les excrémens **, (On lit dans les 7ranfaëlions philefophiques que le grand Thaliétron. a les mêmes: proprietés que la Patience (Lapathum). Dansle Jämtland on les ap- plique en forme de catapläme EE guérir les dpu- leurs dans le dos. On donne à là laine une teinture jaune en la faifant macérer avec de l’alun après l'avoir féchée, enfuite on Ja fait cuire avec ce Thalictron. Mr. ScHREBER dit que le bétail aime cette plante. 1142. CLEMATIS. LA CLÉMATITE À LAR- GES FEUILLES, L'HERBE AUX, GUEUX. Sa tige eft grimpante, fes feuilles font ailées ; ovalo-lancéolées, les pétales coriaces. Vitalba DoDON. purg. p: 242: Clematis Vitalba. LINN. Elle croit par-tout auprès des haies. ! « * Je foupconne qu'il s’agit ici du fuc dé la racine plus tôt que de la racine même. Le Zreduéteur. # FLOYER dit qu'elles purgent. MÉDICALE. 79 Cette plante -a une trés-grande âcreté ; comme la plüpart de celles de fa famille, c’eft ce qui les a fait appeller” Flammule (petites flammes ) par les Anciens , de nos jours Aerbe aux gueux. NicoLas CHESNEAU fe fervoit de cette efpèce en place de velcatoire en appliquant fes feuilles broyées fur les pieds des goutteux ; les ‘habitans des isles Hébrides en font le même ufage pour rémédier aux dou- leurs de tète & à celles des membres; ils s’en fer. vent aufli pour fe purger, mais ils ont foin aupara- vant de fe garantir de fon âcrete en avalant beau. coup de beurre. Suivant RUFUS & DIOSCORIDE, les Anciens prefcrivoient la femence de cette Clé, matite pour chafler la bile & la pituite. L’âcreté de cette plante pafle même dans l’eau qu’on en diftille, enforte que cette eau peut s’employer uti- lement dans les maladies où la circulation fe fait avec trop de lenteur (in morbis frigidis). Cepen- dant on mange fes jeunes pouffes en falade, com- me c’eft l’ufage parmi les payfans qui les prennent a titre d’aliment pur$atif. On s'accommode tres- bien à Paris de cette nourriture. Mr. SCHÆFFER a trouvé le moyen de faire d'af. fez bon papier avec les aigrettes des femences de l'herbe aux gueux. 1143. CLEMATIS. LA CLEMATITE KAM- PANTE. Sa tige eft grimpante, fes feuilles font ailées, les folioles divifées en trois lobes. : 8o MATIERE Flammula Dobon. purg. p. 343. Clematis Flammula. LINN. Elle croit chez les Grifons auprés des haies, fui. vant J. BAUHIN. Seroit-ce plütôt de la Cleémati- te droite qu'il a voulu parler, vu que les bota. niftes modernes ne l'ont vue nulle part en Suifle? mais il n’eft pas naturel de croire qu'un homme dont l’autorité eft d’un fi grand poids fe fut trompe fi grofliérement. (Les habitans des isles d'Ecoffe s’en fervent com- me d’un rubéfiant & d’un véficatoire pour les dou- leurs de tête ). #1144. CLEMATIS. CLEMATITE DROITE, FLAMMULE. _ Sa tige eft droite , fes feuilles font ailes, ovalo- lanceolées. | Flammula Matthioli CLUS. Pannon. p.296. 297. Clematis reéta. LINN. - On la trouve en divers endroits du Vallais, aux environs d’Aven , de Saillon & de Tourtemagne dans les prés. Elle croit aufi dans la Suifle tranf alpine, au bord du lac de Chiavenne ; & à Ripa. (Mr. STORK nous apprend dans le livre où il rapporte les experiences qu'il a faites avec cette plan- te, qu'elle eft route äcre quand elle eft fraiche, mais qu’elle s’adoucit en fe féchant ; une dragme de fes feuilles fêches infufée dans une livre. d'eau n’a attiré aucune indifpofition, non plus que l'extrait reduit MÉDICALE. gi réduit en poudre: & donné à: la dofe d’un demi- grain trois fois par jour, après ÿ avoir méle une dragme de fucre fur trois grains de poudre, ou la poudre des feuilles fêches à la dofe de trois, grains mêlée avec le double de fucre, &.en en prenant deux ou trois fois dans l'efpace de vingt-quatre, heu- res. Mr. STORK a guéri avec ces remèdes, foit avec l'infufion des feuilles , plufieurs ulcères malins , des cancers aux lévres & au: fein , ‘des tophus & des ulcères véroliques, une galé. Rumide , & une douleur très -opiniatré. Il s’eft ferÿi avec fuccés de l'infufion pour en injecter dans l’urêthre attaqué dulcères: il eff venu à bout de rémédier avec la même infufion à une mélancolie, à un cancer üL céré au fein, & enfin à des tophus & des uleères vénériens , qui avoient réffte à la Coquelourde noi- râtre. Il a toujours eu foin en traitant les ulcères dont on vient de parler dE gsre ee de la poudre des mêmes feuilles ), ANEMONE. L'ANEMONE. i. ANEMONES DONT LES PISTILS SE TERMINENT EN MANIÈRE DE QUEUES ALLONGÉES. 1146. ANEMONE. LA PULSATILLE , Co- QUELOURDE ou HERBE AU VENT. Ses piftils fe terminent en manière de queues, les enveloppes font d’une feule piéce fendue en plu- fieurs lobes , les feuilles linéaires, velues, divifées & fubdivifées, les folioles décuupées en trois & en quatre. Tom. Il F 82 MATIÉREÉE # Pulfatilla CaMER, Æpit pi 39240 : “Anemone' Pulfatillas Lin. Ïl'yena une vañeté à fleur plus petite, ui croit dans les marais, & une autre à fleur blanche dont LINDERN parle. - ÉD Fu Elle n'eft pas fort commune en _ Suiffe. -Jen ai trouvé à Bäle auf dem Crenzacher Horn; à Baden. Mr. DIVERNOI dit qu'il en croit autour de Schaf- Joufe auf der Clus, in der Enge, &, fur la monta- gne de Randen.. Flle vient aux environs de Neuf- chatel au-deffus de Vauÿe yon. Suivant Mr. CLa- RET il y en a autour de Martigny. On en trouve aufli aux environs _de Fouly. .Saïracine eft un peu douce; fes feuilles & fa fleur fontsbxtrémenrent âcres, enforte que.l’eau même qu'on,en diftille donne des vomifflemens. Je ne vou- drois donc pas qu'on la 1ecommandät pour les af. fections du poumon, d’ailleurs HELWING a vu le fyrep de Coquelourde donner la mort à quelqu'un. L’herbe appliquée fur la peau y-fait lever des ve£ fies. (Mr. STORx. dit qu’elle eft:nauféeufe & un peu amère, que l’eau qu’on en diftille eft, infpide & que cette plante n’a aucune vertu). Ses ‘fleurs teignent en verd auf bien que celles de FAnemone du D . ,; qui font d’un -bléw pâle. 1156. HEPATICA. L'HÉPATIQUE DES JAR- , | DINS ou TREFLE HÉPATIQUE. . Ses feuilles font partagées en trois Jobes,, très- entières. LINN. p. 758. MÉDICALE. 83 Trifolium aureum Dop. Cereal. p. 216. Ancrione' Hepatica. LINK." ! Il y én a des varierés à fleurs blanches, rouges (celleici eft fouvent fpontanée") &' panachées. On la trouve par-tout en abondance dès le com mencement du printems, dans lës bois de fapin des environs de Berne, (&:dans le bois de chêne de Sovabelin près de Laufanne. NV.) Elle eft rare au- tour de Bäle, on n’en trouve que dans le lieu dit Buürghaldenbers. | On la regarde comme Rés & poffédant és mêmes vertus que les Quintefenilles. On la recom- mande dans lés gonorrhées invétérées, dañs l'héarop- tyfe & le piflément de fang, dans les maux dé gorge, pour le traitement des ulcères, & dahs à vue de rétablir le ton des parties relächées ; mais of en fait fort peu d’ufage. CKOENIG dit que fon éaû diftillée eft âcre & cofinétique ). * 1197! ADONIS:.- Sa racine eft vivace, fa eut a douze pétales, né Buphthalmum Donox. Coron.. Pi 248. lift. p«z61. Adonis vernalis , & APENNINA. LINN. On trouve cette plante dans les champs entre St. Maurice & Sion, plus prés dé cette derniére ville que de la première ; fuivant CAsPARD BauHix.: Elle croit en effet autour de fetro, de St. Pierre, de Branfon, de Fou, [sta entre Charat & Saxon. En Saxe, en Bohérñe & même en France, on F 2 8a MATIÉRE prend & on vend fà racine pour du véritable Hellébore noir d'HIPPOCRATE *, Cependant DoDoENs & TouR- NEFORT nient abfolument qu’elle foit purgative. (Mr. PALLAS dit dans fes voyages que cette plante fert à _teindre en jaune ). br 5% FICARIA. Route Lei LA PETITE CHÉ- LIDOINE Où PETITE SCROPHULAIRE. Ranunculus Ficaria. LINN. On la trouve par - tout au printems, auprès des haies & ou il y a de l'ombre. e Sa racine a un goût naufeeux , fiyptique , & en- fuite âcre ; c'eft à raifon de cette âcreté qu’elle fait lever des veflies ai quoique lentement. L'eau même qu'on en diftille et extrémement brülante & d’une âcreté femblable à celle de la moûtarde; cependant elle s'adoucit.en féchant ou en cuifant, Ses feuilles n’ont point d'äcreté, & les Uplandois les mettent au nombre de leurs herbes potageres. BOERHAAVE a donné la décoétion, de fa racine jufqu’a la dofe de deux onces pour guérir les hémorrhoïdes , & ce n'a pas été fans fuccés: on fait pour le méme üfa- ge un onguent, (en la cuifant avec du beurre ou du fain doux). Onmet Veau ditillce de petite Chélidoine au nombre des cofmetiques. Elle eft à peine connue dans les pharmacies. Une fuperftition a fait prendre pour du froment trimbé du ciel les tubercules de. la: raçine de cestg plante, mis à découvert par Ja pluie, :5 ie * SCHULZE & VoGeL la difent purgative. 4 MÉDICALE. 85 RANUNCULUS. ra RENONCULE. II. RENONCULES de VAILLANT, DONT LES FLEURS TERMINENT LES BRANCHES. “ IL LES FEUILLES DIVISÉES. a. Les fleurs bianches. 1167. RANUNCULUS. RENONCULE DES ÂLPES. Sa tige ne porte qu'une fleur, fes feuilles font liffes, divifées en trois lobes jufqu’à la moitie, den- t:es en maniére de fcie à dents arrondies, les cau- linaires en forme de petites langues. Ranunculi montani I. Spec. 1. CLUus. Pannon. p. 363. 364. Il y en a une variete b. à fleur plus grande, va- riete c. à grande fleur double que jai trouvée en Chaud commun, & une autre à petite fleur à pé- tales nombreux, femblables à ceux de la Margue- rite double , fur la montagne de ÆRofJelenaz. | _Varieté d. dont les fleurs font tournées de côtés oppoles & adoñées les unes contre les autres. a. b. c. d. Ranunculus alpeftris. LINN. On la trouve en grande quantité après la fonte des neiges , fur les Alpes & fur le mont Jwra, ou elle occupe de grands efpaces de terrein., J'eñ at trouvé une varieté à fleur double fur la dax d’Anseindaz. C'eft une des Renoncules les plus äcres. Les F3 86 MATIÉRE. chaffeurs des montagnes en mächent, comme de la Renoncule des montagnes à larges feuilles pour rémé- dier aux vertiges & à lalaffitude. Elle fait lever des veflies quand on l'applique fur la peau. L'eau mé- me qu'on en diltille purge avec violence. RENONCULES À FEUILLES TERMINALES, À FEUIL- LES DIVISÉES, b. À FLEURS JAUNES. 1169. RANUNCULUS. La RENONCULE DES PRÉS, ou des Fleuriltes. Ses feuilles font velues, partagées en trois lobes jufqu'àa la moitié, les lobes latéraux découpes en deux , les feuilles caulinaïres divifées jufqu’au milieu en trois lobes. | Ranunculus hortenfis TI. DODOX. purg. p. 275. pempt. p. 426. Ranunculus acris. : LINN. Elle vient dans les prés le 10ng des chemins & des ruifleaux. ; C’eft une plante âcre & brülante, dont l’âcreté tfide dans un principe volatil, car elle s’adoucit en féchant. L'eau diftillée de la plante fraiche ex- citele vomiflement. Elle fait lever des veflies quand on l’applique fur la peau, on peut même l’employer comme véficatoire au lieu des cantharides, auxquel- les elle eft préférable en tant qu’elle n’attaque pas les voies urinaires *, NicoLAas CHESNEAU s’en fer. voit de cette manière en forme d’emplâtre pour guérir la migraine, & BAGLIVI en a fait après lui — # SYLVATICUS la préféroit aux çantharides, MÉDICALE. 87 le même ufage: d'autres ont reufli par ce fecours à guerir la goutte au id: &;d’autres affections gout- teules , que de célèbres praticiens avoient traitées inu- tilement ; on dit enfin qu’appliquée fur les poignets, cette plante a diflipé des fiévres intermittentes. On lui. attribue la vertu de guérir le farcin en lappli- quant derrière les oreilles du cheval malade, en- forte que cette applicatiom y demeure pendant vingt- quatre heures. La facuité de Marbourg a profcrit Pufage qu'on en faifoit pour guérir les hernies par fympathie. On a vu l'application de cette Renon- cule fur lès tempes, attirer des évanouïflemens avec une ardeur exceflive. ! Elle perd de fon âcrete en Ja cultivant dans les jardins. (On dit: que les chè- vres‘s’en nourriflent ). ie 1173. RANUNCULUS, LA RENONCULE DES à PRÈS, rampante, hérifée. Sa tige eft rampante, jettant des racines er M feuilles font fendues en trois lobes jufqu’au milieu, les lobes dentés en maniére de fcie, & pétiolés. Elle vient dans les prés & les champs. Renunculus hortenfis I. DODON. purg. p: 274. .Ranunculus, repens. LINx. Elle eft fans âcreté & peutfe manger: Mr. Cxo- MEL dit qu'on peut en faire des; fomentations bon- nes pour les hemorrhoïdes. (WELScH nous apprend que PROSPER ALPIN fe fervoit, du: fuc de cette Re- noncule fous le nom de Ranunculus tenuifolius , comme d'un fecret pour guérir la gale). LA F4 88. MATIÉRE 1174. RANUNCULUS, LA RENONCULE TUBEREUSE, GRENOUILLETTE. Sa racine eft prefque ronde, fes feuilles font ve-, lues, divifees en trois lobes jufqu'au milieu, les lo- bes pétioles en maniére de fcie à dents aiguës. Ranunculus tuberofus DoD. purg. p. 290. Il y en a une varieté à fleur double, qui eft com- mune dans les jardins. Ranuncülus bulbofus. : LINN. On la trouve en quantité au printems dans les, jardins , les prés & les chemins. Sa racine fraiche a une très-grande âcrete , elle! a une odeur approchante de celle de l’efprit de {el ammoniac, & agit avec plus de violence même que la Renoncule des marais (n°. 1175: ) Saracine pi- lee & appliquée fur la-peau y fait lever des veflies & cela plus furement que les cantharides & avec moins de douleur. Elle s’adoucit infenfiblement en vieilliffant *. cependant quatre femaines après avoir ete tirée, elle a encore affez d’activite pour faire l'effet d’un vefcatoire. Elle eft bonne à manger quarid elle eft cuite. Les feuilles fraiches ont aufli la propriete de faire lever des veflies. La décottion de quelle que ce foit de fes parties eft âcre ; cepen- dant on l’adoucit en y ajoûtant de l’eau: fon fuc eft plus âcre que celui de l’efpèce fuivante, & fait éternuer , quand on en tire par le nez. * FLoysz dit qu'elle eft douce quand elle eft fêche. MAÉ"D'IC'A/L'E. 89 117$. RANUNCUIUS. LA RENONCULE DES MARAIS à feuilles d’Ache, LA’ GRENOUIL- LETTE D'EAU Ou PIED - POU, Ses feuilles font liffes , partagées en trois lobes jufqu’au milieu , les lobes dentés en manière de fcie a dents arrondies, le fruit ovale: Ranunculus fytveftris À. DoDoN. purg. p. 278. " Kanunculirs {celeratus. LINN. Cette Renoncule croit en quantité dans les lieux pleins d'eau comme aux environs de Roche, & d'Yverdun ; à Château Thicle, a Matthod, &c. Sa tige eît fort âcre, fur-tout prés de la racine, & lorfque la plante eft encore jeune. Les feuilles font comme brülantes , enforte qu’elles enflamment la langue & la crevaffent. La fleur eft encore plus âcre que les feuilles. La fleur & fes feuilles appli: quées fur la péau la rougiflent & y font lever des veflies dans l’efpace de douze heures, fans douleur , à la vérité , mais les ulcères qui én réfultent deman- dent beaucoup de tems pour fe fermer , fur:tout fi ôn à ouvert ces veflies. Les feuilles appliquées fur les verrues , les enflamment; la vapeur même qui s’en échappe & qui à beaucoup d’odeur, excite une fenfation de chaleur aux veux & les ulcére ; lorf qu'on broye cette plante il en exhälé aufli une odeur qui picotte le nez & les yeux. Son fuc et, à la vérie, moins âcre que celui de la Renoncule tubereufe , excepté quand il eft récent. * L'eau où cette plante a cuit, évaporée jufqu’à diminution d’un 95 MATIÉRE tiers, eft âcre & excite des douleurs d’eftomac ac- compagnées d’évanouiffemens ; l'infufon eft extré- mement âcre, & corrofive. Quelques gouttes du fuc font le même effet que la decoétion, de ma- niére cependant que l’eau ou le baume du Pérou rémédient aux fymptômes qui en réfultent. Un chien à qui on avoit fait avaler de ce fuc en eut des vo miflemens, & quand on l’ouvrit, on lui trouva lef tomac enflammé, trés-rouge & couvert de mamme- lons. qui formoient des éminences, le pylore étoit enflé, reflerré & d’une couleur livide. (SCHARF parle de quelqu'un mort pour avoir mangé de la racine du Pied-pou ). Il ne faut pas moins de cinquante parties d’eau pour domter l’âcreté du fuc. Enfin cette Renon- cule donne à la diftillation une eau exceflivement âcre,. fans aucun indice de principe acide ou alca- lin, & qu'on ne peut adoucir qu'en, la délayant dans deux cent fois fon poids d’eau. (Cette eau confume les callolites des finus. Et comme, de plus, on a vu des moutons périr pour avoir man- gé de cette plante, & éprouver, à ce qu'on croit, la maladie que les Allemands appellent ka/te Feuer, & qu’on lui a vu occafñonner le ris fardonique, c’eft ce qui a fait croire depuis long-tems, que cette Renoncule étoit la même que l’herbe fardonique, qu'on difoit douce, femblable au Perfl, mais qui, aprés en avoir goûte, corrodoit les mâchoires ,& les chairs, &, fuivant AMATUS, avoit tué des Ita- Lens qui en avoient mange en falade, & enfin par- LÉDICALE. gt? eequ'elle guérifoit à coup für.les fiévres continues en l’appliquant aux poignets, Mais ANGUILLARA dit que l’herbe fardonique eft une efpèce de Perfil, & feuilles très - menues, & velues; & il me paroit que ce nom convient plutôt à l’Oenanthe faffran- née , qui à des feuilles femblables à celles du Per-, fl; car c’eit cette Ocnanthe, . comme je lai appris par une lettre de Mr. VACHER, qui a fait périr nombre de foldats en Corfe, qu'on fait ètre voif- ne de l'ile de Sardaigne. Il eft encore à remar- quer que Mr. SCHREBER dit que le bétail broute cette Renoncule, lorfqu'elle fe trouve mélée avec d’autres herbes ; ce qui eft très-poffible puifqu’il man- ge aufli, malgre lui, d’autres plantes âcres, & qu’il né lui eft pas poflible de trier les plantes de façon à ne manger que celles qui n’ont point d’âcreté. Il repugne moins encore à cette Renoncule lorfqu’elle. et fêche , parcequ'elle eft incapable alors de lui nuire, & que le fuc qui la rendoit malfaifante étant eévapore, la plante devient propre à le noürrit, Une légére décoction de Pied - pou fec eft adouciflante, elle a une faveur douce & agreable, & fournit une boiffon utile dans les catarrhes. RENONCULES À FLEURS TERMINALES. 2. LES FEUILLES ENTIÈRES. 1178. RANUNCULUS. LE THORA. Ses feuilles font dures, veinées , en forme de rein, crenelées d’une crenelure arrondie, la bordure d'une rondeur applutie (convexitaté retufa) , den- tées en: manière de fcie à deniture: aigré. 92 MATIÉRE Thora major CAMER. Epit. p. 126. Ranunculus Thora. LIN. Cette plante croît en quantité fur la chaine oc cidentale des montagnes du gouvernement d’Aïgle , au-deffus du Pertuis d'Avenaire , en petit Ayerne, fur la montagne Chaude , & dans toute cette con- trée: dans le Val-de.Lie. Jen ai trouvé après RAI dans les pâturages du fommet de la montagne de Thuiri. Dans le gouvernement d’Aigle on vend fes raci- nes pour celles du cabaret, ce qui fuppofe qu’elles font émétiques : elles s’allongent beaucoup par la culture & deviennent fibreufes. Toute cette plante eft âcre; cependant fes feuil- les s’adouciffent lorfque le fruit eft parvenu à fa ma- tutité ou qu’elles font fêches, comme aux autres efpèces de Renoncules. Une ancienne tradition porte que les Vaudois empoifonnoient leurs flèches avec le fuc du Thora, qu'ils regardoient comme un poi- fon violent; les GESNERS l’ont confirmée en par- lanc des Lucernois (ou plutôt des Piémontois). Mr. COLLIN a trouvé que cette plante eft fort dangereu- fe & caufe de l’engourdiffement. WEPFER dit que les poules tuées avec un couteau trempé dans fon fuc ont la chair plus tendre. ManGET lenie, & foutient que les inftrumens trempés dans ce fuc, ne font point des bleflures mortelles ; il faut donc regarder ce qu’en ont dit les anciens comme une fable , ou fuppofer que le fuc employé par MANGET étoit fans activité. Il eft vraifemblable que notre MÉDICALE, 93 notre plante eft la même que le Limeum, dont PLi- NE dit que les Gaulois fe fervoient pour empoifon- ner leurs flêches. (GESNER a pris le Thora pour l'Aconitum Pardalianches, mais MATTHIOLE étoit d’un avis contraire. Il eft au refte difficile de re- connaitre les plantes des Anciens ; excepté auelques- unes qui font communes. Mrs. Hizz & LEWIS difent que le Thora s’eft vendu pour de [a Gentiane. Mais cette fubititution metoit point praticable. 1184. DAMASONIUM. LE PLANTAIN D'EAU, Ses feuilles : font elliptiques, lancéolées , le fruit eft en maniere de petite tête relevée de trois coins arrondis. Plantago aéuailea CAMER. Epit. p. 264. Alifma Plantago aquatica. LINN. On le trouve dans tous les foffés pleins d’eau. IlLeftâcre, &, à raifon de cette propriete, il a aufli de l'afinité avec les Renoncules. On s'en fert d'a- prés le confeil de HEURNIUS comnie d’un véfice- toire convenable aux hydropiques. (On lit dans les Tranfaëtions philofophiques ; que fa décoction eft cauftique , âcre & utile dans le fcorbut & l’hy- dropifie). Mr. FABREGOU dit avoir vu péri SA vaches qui avoient brouté cette plante. Comment a-t-il donc pu fe faire que FLOYER ait regarde le Plantain d'eau comme rafraichiffant & aftringent, & que PauL BOCCONE ait écrit que dans 9 IMÂTIEREF l'Ombrie fa’ racine appliquée fur les Remorrhoïdes les ‘guérit ? Suivant les Anciens le Damäfonium ref ferroit le ventre, :cépendant MARCELEUS EmpPiRi- cus a dit qu'il purgeoit par haut & par bas. POLYSTEMONES, ROSACÉES à SECTION VIII. À SILIQUÉS NOMBREUSES. 1187. PŒONIA. ‘LA PIVOINE. Sa racine eft glanduleufe , fes feuilles font. divi- fees & fubdivifées , les folioles elliptiques & enrÀ gées en trois l6bes.. Paonia femina!MATTHIOL. p.914. Elle-eft à fleur double, & LINNEUS Ta! foint avec la Pivoine mâle (dont les fleurs font fimples V.9 fous le nom de: Pxonia ‘officinalis. Speo. pl. p.446. Elle croit, füivant GESNER , dans les montagnes du canton de Garis, près dela fource du Sernf, & aux environs de Lugano. Mr. LA CHENAL dit qu'on la trouve dans les prairies du mont Cenero ans le duché de Milan. LOBEL aflure qu’elle vient autour de Genève, mais il y a long-tems qu’on n’y en.a point apperçu. Mr. SOLIER dit. qu’elle croit en Dauphiné. 2 * La: Pivoine a une : odeur fétides 2 me la rend fulpecte. (HUNERWOLF dit que à racine a quel. que chofe de narcotique, déplaifant, avec une fa- veur un peu âcre &' acerbe. ‘ Suivant Mr. ALSTON elle eft doucâtre , fent l'empyreumé, après quoi on ‘lui trouve un peu d'âcreté, unie fiveur‘attringente, MÉDICALE. 96 de l’'amertume-& une odeur volatile fétide. Son in+ fufñon a moins d’odeur & fe noïrcit quand on y dif fout du vitriol::Mr. TissoT.dit que cette racine n'a préfque plus de goût ni d’odeur quand elle ‘eff fêche. :BOERHAAVE a trouve que fa femence: ex: cite des vomiflémens , fuivant GREW elle eft aufñi purgative, & SuIDAS a déja remarqué que la ras cine lâche le ventre. L'infufñon aqueufe faite au bain - marie eft nauféeufe & fans activite ; l’infulion & l'extrait faits avec l’efprit de vin font un peu af tringens. Les fleurs ne donnent pas autant d’ex- trait fpiritueux ; mais il a un -goût agréable, balfa- mique , & prèfque doux, ce qui repond à la figai- fication du nom grec *. La femence n’a préfqu’au: cune utilité, & a le goût des pois. Son extrait fpiritueux n’eft pas défagréable ; le fecond extrait aqueux eft naufeux & tient du goût de rance. : La racine fraiche a un peu d’âcrete & une amertume doucâtre. Son extrait fpiritueux poñlède les vertus de la plante, il eft doucâtre , mais defagreable. L'eau difüllée de Pivoine en retient aufli l'odeur. Il ny a rien, dans tout cela dont on puifle fe promettre de grandes vertus médicinales, telles que de guérir des maladies aufli graves que l’apopléxie & l’épileple; on ne voit pas non plus comment fon ufage doit avoir fait vivre LEONICEUS juiqu’a l’âge de cent & fix ans, ni comment {à fleur pendue comme amulette **, ou fa graine, ‘peuvent avoir des * Glycyfide, qui fignifie l'herbe douce. Le Traducteur, * BRASSAVOLA en cite des éxemples, même br fa propre expérience. JEU 119 96 MATIÈRE vertus femblables, rhoins encore comment fà racine peut calmer les foubrefauts qui troubient le fommeil des enfans , ou appaifer les coliques convuliives qu'ils éprouvent. BOERHAAVE & Lupovicr dou- toient de la vertu anti-epileptique de la Pivoine. Les pratiques fuperftitieufes à l'excès que THÉOPHRASTE recommandoit: pour la maniére de tirer la racine de cette plante, diminuent beaucoup la confiance qu'on pourroit avoir aux témoignages des anciens fur ce füjet, je n’ajoüteroïis pas même foi à celui de Ga- LIEN , qui aflure avoir guéri lépilepfie en faifant porter au malade cette racine pendue au cou. (En- fin, Mr. PEMBERTON a profcrit le fyrop de Pivoine dela lifte des remêdes de la pharmacopee de Lon- dres). 1188. CALTHA, LE SOUCI DES MARAIS. * Populago major TABERNÆM. p. Lac & minor EJUSp. ibid. ll y en à une. varieté à fleur double TABER- NÆM. P. 751. 2 & une autre à pétales aïigus, Hort. Florent. On le trouve par-tout au commencement du prin- tems au bord des ruiffeaux. IL eft âcre & corrofif ;, ce qui n'empêche cepen- dant pas les vaches. d’en manger.… N'eft-ce point cette plante dont il eft parlé dans un ouvrage an- glois fous le nom d’une Renoncule appelle Giz loups, dont les fleurs teignent la graïfle des bœufs en jaune ? On MÉDICATE. 0 On fait une compôte avec les jeunes boutons du Souci des marais ; que l’on vend pour des cä- pres. (Les mémoires économiüqués de Silelie difent que le bétail né touche point à cette plante; Dre- TERICH aflure le contraire, & SCHREIBER dit que les cygnes s’engraiflent en s’en nourriflant). Le fuc des fleurs de cette plante ; cuit avec de lalun , don: ne une couleur jaune: 1189. TROLLIUS Europæus Linx. Ranunculus VI. CAMERAR. Epit. p. 385: Il y en a une varieté à fleur plus petite. Rien f’eft plus commun dans les prairies mon tagneufes & fous-alpines. Sa fleur eft odorante: Mr. EHRHARD dit que la plante fournit un fourrage qui n’eit point nuifible. Suivänt Mr. KALM une décoétiion de cette plante faicé avec de l’eau à guéri un forbnt que les mé- decints avoient abandonné comme incurable, 1102. HELLEBORUS. L'HELLEBORE NOIR à fleur verte. Ses feuilles font partagées en plufieurs lobes den tées en maniere de fcie, la tige ne portant qu’un petit nombre de fleurs. Helleborum nigrum alterum CÂMER. Epit: p. 941: Helleborus viridis: LINN: Il y en a une variété dont les fenilles font tachées de éouleur dé fang. BOCCONE mu. di piant. p. 26. t. 4: Tom. Il. F3 08 MATIÉRE li eft aflez rare en Suiffle. ConrAD GESNER en a trouvé près de Zurich; & Mr. DICK aux envi- rons de Æybourg. Il y en a dans les buifflons de Mendris ; fur des rochers voifins de /a Chetelaz, pas loin de Bellelai. Il eft tres-difficile de décider ce qu’il faut enten- dre par les Hellébores des Anciens, puifqu'ils ne font point d'accord entr'eux fur cette matière. On ne fait pas trop bien ce que c’eft que l'Helle- bore de THÉOPHRASTE. Il paroïit que l'Hellébore noir de DIOSCORIDE étoit une efpèce à fleur cou- leur de rofe (roféum), qui nefe trouve nulle part en Suifle. Il croit cependant fur le mont Olympe un Hellébore à racine tubereufe qui eft un purgatif violent & que les botaniftes Perfans ont vendu à Mr. DE TOURNEFORT pour du véritable Hellébore. BELLON dit qu'il a les fleurs rouges. Suivant la figure que TRAW en a donne il difére un peu de celui à fleurs rouges, & fa racine eft brune , tan- dis que celle de celui-ci eft noire. PLINE dit qu'on en prenoit les racines les plus menues & les plus courtes en retranchant la partie fuperieure ( decur- tata fuprema), qui eft la plus épaifle & qui reflem- ble à un oignon. MATTHIOLE, LOBEL , FRANCOIS APOLLON & CONRAD GESNER lui-même ne recon- noifloient point d'autre efpèce pour véritable Helle- bore, que celui d'Autriche à fleur rouge. (Cepen- dant l’efpèce dont nous parlons dans cet article & dont la fleur eft verte, n’eft poing fans vertus com- me MATTHIOLE fe l’etoit perfuade, d’ailleurs ce MÉDICALE. 99 botanifte partoit le même jugement de l’Hellébore d'Autriche à fleur blanche, qui eft cependant de la même efpèce que celui à fleur rouge. Car notre Hellébore fert aufli à faire des fetons, & on le re- garde dans les Alpes & les Pyrenées comme un vé- ritable Hellébore mais effentiellement diféienc de ces lui à fleur rouge. Enfin Mr. BouLouc & MarT- THIOLE lui-même ont employe notre efpèce qui efl d’ufage dans le pays de ‘Frente. Qu'il me foit donc permis de rapporter à notre Hellébore ce que j'ai trouve de mieux conftaté {ur- les propriétés -de l’Hellébore noir. Quelques Anciens ont regardé l'Hellébore noir comme plus actif que le blanc, & PLINE, dit que les chèvres fe nourrifflent du blanc, mais que le noir eft pour elles un poifon mortel. (Le même auteur dit qu'a Thafe les vignes qui croillent ou il y a de l'Hellebore, du fcammonée ou du concom- bre fauvage donnent un vin qui occañonne l’avor: à en }, Cependant les Arabes mieux inftruits ont regarde PHellébore noir comme plus falutaire. Co- DRONCHUS dit que l'Hellébore des Arabes etoit le noir & celui des Grecs le blanc.‘ Le noir eft fans doute le même dont ABSYRTUS & HYIEROCLES ont parle fous le nom de Confiligo. La racine de l’Hellébore noir eft noire, a une amertume qui donne des nauftes, une odeur forte, & n’a plus de vertu lorfque cette odeur eft diflipée, (Mr. PLENK dit que quand on la mûche elle engout« dit la moitie de la langue), Elle fournit une grande G 3 100 MATIÈRE quantité d'extrait foit aqueux foit fpiritueux, of obtient même fix dragmes d'extrait de deux onces de racines ; & les parties réfineufes font fi éxacte- “ment combinées avec les gommeufes, que Pefprit de vin diffout celles-là au lieu que l’eau s'empare de celles-ci, (dans le cas fans- doute où lon fait ufage d’un menftrue en partie aqueux & en par- tie fpiritueux. V.) Cette racine donne à la diftilla- tion une eau âcre qui eft un purgatif draftique * & d'une nature lixivielle. **: il pafle enfuite un ef prit âcre, qu'on obtient du Pied-de-Griffon comme de l’'Hellébore noir. En méme tems il monte d'a: bord une fécule blanche qui n’eft autre chofe qu'un {el extrémement âcre. Cette liqueur contient beau- coup d'huile, jufqu'à demi-:once fur demi-livre ; mais ce n’eft pas une huile éthérée; le {el fixe eft en très-petite quantité & ne va qu'au poids d’un fcrupule. La vertu de cette racine rélide principa- lement dans fes parties réfineufes, volatiles & âcres qui fe diflipent en cuifant, enforte que la coction feule eft capable de diminuer puiflamment l’activité de l'Hellébore, & que ce n’eft que la partie odorante qui excite l’éternument, SMETIUS dit qu’un éter- nument pareil a duré treize heures. BOERHAAVE rapporte une obfervation femblable, C’eft aufli 'ex- trait réfineux qui purge le plus violemment, mais, fuivant Bouzpuc, les felles qu'il fait faire font trés- peu copieufes. De plus l'infuñon @’Hellébore eft * PECHLIN n'accorde cette qualité qu'à l'eau cohobée, # Lewis dit que l'infuGon teint en bleu. M-É.D:I C.A.L.E. rot purgative, PLINE dit que l'Hellébore noir purge par bas, ainfi que fà décoction , fon eau diftillée, fon extrait aqueux & réfineux, la racine même, les feuilles & la femence. S'il eft arrivé quelquefois à cé remêde de man- quer d’efficace , il eft vraifemblable que cela pouvoit venir de ce que les racines dont on s’eft fervi avoient perdu leur activité pour avoir été gardées long-tems. (MavERNE dit que l'Hellébore tenu ‘en digeftion eft fans vertu. SEXTUS PHIL. parle d’un payfan qui prenoit de l’Hellébore fans qu'il lui fit rien. :WELSCH aflure que l’extrait de la: racine n’eft pas purgatif, non plus que fon effence ). Il eft affez difficile d’en déterminer la dofe. On a pris la racine à celle de douze grains, d’un fcru- pule , d’une demi- dragme, de deux fcrupules, qu, ne , de deux & même de quatre dragmes ( dans de Phydromel, fuivant ARETÉE). SERAPION la fixe au poids d'un ducat, aurei. On a donne auf juf qu'à demi-dragme des feuilles. On a prefcrit juf. qu'à demi - fcrupule de lextrait aqueux *, & même jufqu’à un fcrupule entier. On donne l'extrait vi. neux qui eft extrêmement amer jufqu’a la dofe de onze ou quinze grains. Dans les pays chauds l'Heïlébore purge avec bien plus de violence, & ToURNEFORT dit qu'une de- mi-dragme , d'extrait aqueux je penfe, purge vi G 3 * Mr. ScoPpozt en a vu un bon effet. 14 MATIÉRE goureufement. Dans ceux que nous habitons on en pêut prendre jufqu’a deux dragmes en infufon * ; il sn eft de même de fa décoétion dans de l’eau *”, de fon infufion dans du vin ou de fa décoétion ***, HouLLIER dit qu’on peut donner aux enfans (épi. leptiques V.> un hydromel qui fe fait'en cuifant avec de l’Hellébore fix onces d’eau jufqu'à diminution des deux tiers, en y ajoûtant de l'eau & du miel par égale portion, après quoi on jette l’'Hellébore; la dofe de cet hydromel peut aller jufqu’a une cuil. lèrée, On a vu huit tuillerées de l’eau diftillée, donner de fortes tranchées ; douze ont purgé un chien par haut & par bäs. Z'WELFER la met au nombre des purgatifs, Mr. SCOPOLI dit que trente grains de la racine donnés à une fille ne l'ont pas * purgée beaucoup. On peut aufli en prendre une demi-once en décoction pour un clyftère. L'Hellé, bore purge aufli les chèvres, s’il en faut croire ce que PLINE dit de MELAMPUS qui doit avoir appris à connoïitre à cette occafon les vertus de cette plante, Mais l’'Hellébore eft encore purgatif en l’employant de plufieurs autrés manières , introduite , par éxem- ple, dans un cauftic ; on a méme dit qu’on ne peut manger fans danger des corneilles qui fe font nour- ries d’'Hellebore , & qu’elles occalionnent le té- tanos. MONARDUS dit qu'une poule périt après qu’on lui eut:pafle par la crête une fibre d'Hellébore * FaLLOPE parle de l'Heilébore à fleur rouge. #* PREVOT & CODRONCHUS en ont fait l'expérience, *#t ORIBASE ajoûtoit du Scammonée à cette decoction, MÉDICALE. t03 noir. Applique à l'exterieur il fait lever des velies, il fert à empoïfonner les flêches, & on peut en faire des fétons. (CoLUMELLE a déja parlé de ces fé- tons: ils font utiles dans les maladies épizootiques des beftiaux , & BARICEELI dit qu’on s’eft bien trou- ve de leur ufage en les faifant pañler par les oreilles des cochons attaqués d’une éréfipelle. Enfin GALIEN dit qu’un tel féton diffipe les callofités des fiftules ). On ne manque pas d’éxemples qui prouvent que l’Hellébore agit quelquefois avec trop de violence ; on lui a vu exciter des diarrhées , des fuperpurga- tions *, des vomiffemens fréquens qui fe fuivoienc de fort prés, des convulfñons, des inflammations de tous les inteftins excepté le reétum ; il a auffi caufe des éternumens, & enfin la mort même, dans un cas entr'autres où l’on n’avoit pris qu’une feule dragme de la racine en poudre. THEOPHRASTE a dit autrefois que l’Hellébore étoit un poifon mor- tel pour les chevaux, les bœufs & les cochons. Pausanras dit que la ville de Cyrrha fut obligée de fe rendre, par un ftratagème de SOLON, qui avoit empoifonné avec de l’Hellébore les eaux qui abreuvoient les afiégés. LossIUS a foupconne cette plante d’être dangereufe , quoiqu'il füt que les feuil- les du Confligo étoient propres à délivrer les en- fans des vers. Les anciens purgeoient les chiens en leur donnant la partie la plus épaifle & la plus G à * Suivant Mr. COURTEN on lui a même vu faire cet effet fur un chien, 104 MATIÉRE proche de ja tige , comme la plus active. D’après toutes ces confidérations on a cherché diférens moyens de diminuer cette trop grande activite de l’'Helle- bore, en-le cuifant avec du vinaigre *, ou en le dif tillant avec la même liqueur, comme faifoit GES- NER, &c. _ D'ailleurs on s'eft perfuadé que l'Hellébore pou- voit remédier particulièrement à quelques maladies difficiles: on a donc cherche dès les tems les plus reculés à guérir la manie par fon moyen, mais fur- tout avec l'Hellébore blanc, quoiqu’an fe foit aufli fervi de l’efpèce dont nous parlons ici, pour le mé- me ufage (en décodtion , fuivant Monavius CRA- TON, MAYERKNE fe fervoit d’un miel préparé avec PHellébore, HiILDAN en employoit l’excrait, de mé- même que PECHLIN qui en donnoït une demi-drag- me trois fais par jour). Les ançiens ont eu aufl recours à leurs Helleborifmes dans le traitement de l'épilepfe **, & de la mélancolie **, Ils ont auf entrepris de guérir par le même reméde la fièvre quarte qui étoit une maladie terrible ayant la décou. verte du quinquina; pour cela ils donnoient la ra- cine d'Hellébore en décoétion, ou même en fubf tance: (HiLpaw, Journal de TREVOUX du mois d'Août 1710. a guéri cette maladie avec l'extrait , * PECHLIN le faifoit cuire avec de l’oxymel fcillitique. # Suivant AURELIEN, BARICELLI donnoit jufqu’à dix grains de l'extrait. *** ARETÉE donnoit l'Hellébore dans de l'eau mielkée { mulja ). MÉDICALE. to$ & CopRONCHUS l'a traitée avec fuccès en donnant. deux dragmes des racines cuites dans du vin). Pa- RACELSE a eflayé de guerir la goutte par le même fecours , N. CHESNEAU a fuivi fon éxemple (en fe fervant de l’infuiion faite avec du vin), & autre- fois ARETRE en avoit fait autant. On a aufli re- gardé l'Hellébore comme particulièrement propre à rétablir l'écoulement des règles fupprimées , foit en faifant ufage de fon extrait (jufqu’a la dofe de quin- ze grains, fuivant Bovius, & à celle de dix grains, fuivant BARICELLI ) , ou bien de fa teinture (que MEAD recommande beaucoup , en ajoûtant, que toutes les fois que ce remède n’a pas fait couler les règles par les voies naturelles , foit à raifon d'un’ vice de conformation , ou par quelqu’autre caufe, le fang s'eft fait jour par quelqu’autre partie du corps ). (L’extrait d’Hellébore noir fait la bafe des pilules to. niques fi vantces à titre d'emménagogue de BACHER , dont la recette fe trouve dans le Recueil des ob- Jérvations de niédecine des hôpitaux militaires de Mr. RICHARD , tom... à la fin du chap. 7. V.) On a même dit, fuivant PLINE, que l’Heéllébore étoit un emménagogue fi puiffant que la boiflon du vin de Thafe etoit capable de faire avorter les femmes, parcequ’il craïfloit de l’Hellébore dans les vignes de cette contrée, Enfin, & les anciens & les modernes, (fuivant le témoignage de Mr. DE LILLE, rapporté par Mr. ROSEN dans fon traite des maladies des en- fans , il le donnoit fous la forme de mixture compofée d'un fcrupule d'Hellébore noir mêlé avec demi-{cru- pule de vitriol de mars, le tout délayé dans une 106 MATIÉRE once d'eau de chardon-benit & adouci avec envi- ron une dragme de fyrop violat ou de miel ; la dofe pour un enfant eft d'une cuillerée à caffé V.}, ont donné ce remêde comme vermifuge, & pour les douleurs de tête, pour la perte de la memoire, pour Yhydropifie, dans les cas où la paracentèfe avoit éte pratiquée fans fuccès, pour le tétanos, méme pour un tétanos invétéré, & pour la paralyfe ( LOBEL en donnoit deux dragmes en infufon ). (MaccnezLus dit que la décoction d'Hellébore eft bonne pour l’hydropifie & l’éléphantiañs. On trouve dans les auteurs anciens plufeurs éxemples de maniaques gueris avec ce reméde ; on-en trouve auffi dans les modernes , entr’autres dans le Didion. naire de fanté, où-il eft dit qu'une dragme & demi d'Hellébore infufce dans de l’eau a très-bien purgé & guéri la manie, & JULIOT dit qu'une dragme donnee en infufion pendant plufeurs jours a réufli dans la même maladie. ZWELFER aflure que l’ex- trait aqueux purge doucement. HILDAN vante cet extrait en plufieurs endroits de fes obfervations. SALA Je donnoit en pilules à la dofe de fix a fept grains pour faire couler les règles, il en introdui- foit en même tems un fcrupule dans le vagin. BA- RICELLI dit cet extrait utile dans Les maladies chro- niques, dans J'épilepfe, & dans la fuppreflion des tégles. Un chien en ayant avale deux dragmes fut purgé par haut & par bas fans en étre incommode. BRASSAVOLA a guéri un maniaque en donnant Ja racine en poudre dans une pomme, depuis la dofe MÉDICALE. 107 de deux ferupules jufqu'a celle d’une demi drag- me & enfin d'une dragme entière. Suivant AURÉ- LIEN les anciens inféroient de l’'Hellébore dans un raifort, le matin ils l'en ôtoient & mangoient le raifurt, ou bien ils en buvoient une infulion faite avec du vinaigre). Si, au refte, il cft arrivé quelquefois de donner l’'Hellébore fans fuccès dans le traitement de la ma- nie.ou de la fuppreflion des règles, ce n’eft pas une raifon pour croire que ce remède ne mérite plus notre confiance, car à peine trouvera-t-on un re- mêde tellement für, qu'il n'ait jamais trompe lat. tente du médecin, On employe auffi l'Hellébore à l'extérieur de di- verfes manicres, & pour emporter Les callofités des fitules, L'eau dans laquelle il a cuit fait pañler la gale. Sa racine chafle les poux comme la Staphifaigre, plante voifine de l’Hellebore. Lorfqu’on lapplique fur la peau il s'y élève des veflies qui emportent l'humeur de la fciatique, Les fétons d'Hellébore font depuis long-tems en réputation chez les médecins vétérinaires , pour pur- ger les bœufs d’humeurs pituiteufes, & rémédier à l'epizootie la plus commune parmi les beftiaux, en faifant pañler ces fetons par l'oreille *, ou quelqu’au- tre partie de la peau de l’animal **; afin d’y exciter * COLUMELLE en parle fous le rom de Co/ligo. *% Par le Fanon, fuivant MANGET, [4 108 MATIÈRE de la fuppuration : ce fecours reuffit aufli dans les maladies des cochons, pour la poufle & la lépre des chevaux ; des foldats attaques de la pefte ont pra- tiqué cette méthode avec fuccès fur. eux - mêmes. Cependant on a vu ces fétons manquer quelquefois d’efficace dans l’épizootie des bœufs , lorfque le mal venoit d’une inflammation de l'eftomac. L’Hellébore eft le plus puiffant des fternutatoires. Sa racine s’employe utilement en forme de pef faire pour provoquer l'écoulement des règles. 1193. HELIEBORUS. L'HELLÉBORE NOIR où PIED DE GRIFFON. F Sa tige eft rameufe, portant plufieurs fleurs, fes feuilles font partagées en plufieurs lobes, & dentées en maniére de fcie, les ftipules font ovalo -lanceo- lées & colorées. Veratrum nigrum DODON. prtrg. p. 191. Helleborus fœtidus. LENX. Cette efpece eft très-conmune en Suifle au pied des Alpes & du mont Jura. Je ne l’ai pas trouvée fi commune autour de Berne ; ily en a dans le bois de Bremgarten, fur le chemin qui conduit de Lang- gaffe au ruifleau de Glasbach. Le Pied de Grifon exhale une odeur forte & d’u- ne puanteur tres-défagreable. Il rend auf à la dif tillation un efprit âcre comme celui de l’efpèce pré- cédente. Il purge avec violence, on lui a même vu occafonner des fuperpurgations funeftes à quel- MÉDICALE. 10 ques malades. Mr. Lewis dit qu'il eft encore plus draftique que l’'Hellébore noir. CONNOR parle d’un charlatan qui s’en fervoit pour faire fuer, & gué- rir par ce moyen la vérole. Il n’y a pas long-tems qu’on à commencé en Angleterre à en recomman- der l’ufage pour délivrer les enfans des ver$. (AN: DREW recommande pour cet effet l’'Hellébore pré: cédent, Hellebortis viridis LINN. mais il ne paroit pas probable que ces deux efpèces d’Hellebore aient acquis dans le même tems, én Angleterre la répu- tation de chaffer les vers). LA doie eft d’une drag- me des feuilles cuites avec de l’eau, ou réduites en poudre. On ajoûte que ce remêde purge peu & excite ordinairement lé vomifflement, enforte qu’on eft obligé d’y méler de la rhubarbe pour le rendre plus purgatif, On peut aufli employer fon fuc dont on fait un fyrop par l'addition d’une quan- tite fufffante de fucre brut (addito faccharo viliori), & d’un peu-’de vinaigre; on peut en donner trois ou quatre cuillerées à un enfant. (On lit dans ka Pharmacopce Helvétique, que cet Hellébore n’a pas réufli contre le ver -plat). ( Une femme qui avoit des vers dans l’eftomac, en éprouvoit les fymptômes les plus graves ; j'ém ployai inutilement les plus puiffäns anthelmintiques; & fur-tout en dernier lie’ le mercure doux & mé- me le tartre émétique ; les vers ne fortoient point, & ne failoient que monter par pelotons jufqu'au- deflus du gofer; où ils rifquoient d'étouffer la mas lade. Ne fachant plus qu’employer, je me fouvins [l 110 MATIÉRE des eloges que FULLER donne dans fa pharmaco- pée au totus amaricans qu'il confeille pour les cas ou les vermifuges internes manquent d'effet ; j'e® fayai. ce reméde, qui, au bout de deux heures, chaffa par en-haut un gros peloton de vers, dont la fortie. fut bientôt fuivie de la guerifon de la ma- lade. Safille, agce de 9 ans, ayant éte attaquée quel. que tems après de la,même mani£re, j'eus recours a cette fomentation , mais fans employer qu’un ful des ingrédiens de la formule de FULLER, qui me paroifoit en être la bäle, favoir, les feuilles du Pied de Griffon. Le fucces répondit pleinement à mon attente & les vers fortirent en peloton comme chez la mére, J'ai remarqué de fingulier dans ces deux cas, que lés purgatifs devenoient conftamment émétiques, & qu'il ne fortoit point de vers par les felles : la mêine cho- fe eft arrivée encore deux fois à la file, que j'ai guérie avec la méme fomentation. V.) Les habitans du Dauphiné fe fervent de cet Hel. Iébore comme d’un antidote, contre les mauvais ef. fets de l’Hellébore blanc, lorfque leurs moutons fe font empoifonnés en broutant cette plante, & pour remédier à l’enflüre. SOLIER dit que fa racine fert parcillement à faire des {£tons, qu’on fait pafler par l'orcille de l'animal. Je foupçonñe fort que-c’eft à cette efpèce« ci, qu'il faut rapporter ce qu’a ecrit Mr. BouLDuc de l'Hellébore noir ; «car celui à fleur verte eft aflez rare, Par-contre le Pied de Griffon eft très-commun dans nos contrées, & il n’eft point {urprenant que celui MÉDICALE. 111 qui croit en Suifle foit plus purgatif que celui d'An- gleterre. 1194. NIGELIA. LE NIELLE, NIELLE DES CHAMPS, NIELLE SAUVAGE OU BATARDE, POIŸRETTE COMMUNE où TOUTE- ÉPICE. Sa fleur eft nue, les cornets de fes filiques font trés - longs. Melanthium fylveftre alterum MATTHIOL. p. 797. Nigella arvenfis. LIxN. ‘ On la trouve parmi les bleds de la Suifle fepten- trionale , aux environs de Bellelai, de Lichtffañl, autour de Bäle au bord de la Birfe, & dans le voi- finage de ‘Muihoufé, Ses femences font àâcres & ont une faveur aro- matique. Elle donne trois fixièmes d’extrait fpiritueux, & autant de gommeux. Elle communique fon odeur à l'eau & à l’efprit qu'on en diftille; ce derniet contient une huile éthérée , outre celle qui fe re- tire de la femence par expreflion. On vante la femence de Nielle pour faire venir le lait aux nour- rices, pour provoquer les urines & les vuidanges, l'infufñon de la même femence s'employe dans le coryza & pour déboucher les obftructions du nez, en la reniflant: CRATON s’en fervoit dans le trai- tement de la jauniffe. RHAZES recommandoit l’huile exprimée pour les éruptions dartreufes (impetigi. nes). DIO$CORIDE avoit déja oblervé qu’une trop 112 MATIÉRE grande quantité de femence de Nielle ptife en boif fon devenoit un poifon mortel. Ce n’eft donc pas à-tort que TRAGUS & HeFManN l'ont regardée comme fulpecte. I19$. AQUILEGIA. L'ANCOLIE. Ses feuilles font découpées en trois lobes, les lobes font pétiolés; partagés én trois, arrondis ; dentés à dents arrondies. Tfopyrum CoLUMXN. Phytobaf. P.I: Aquilegia vulgaris. LINK. Ï y en a une varieté b. à fleurs rouges de Lo- BEL, ic. p. 761. Elle eft commune autour de Bernc. Varieté c. à fleur blanche, qu’on à aufi trouvée près de Berne, TABERNÆM. p.41 Varieté d. à fleur double, qui croit dans le Pays de Vaud. On la vante dans plufieurs ouvrages pour dife- rentes maladies. EYSEL recommande fon fuc ré: cent pour le fcorbut, & il a vu ce reméde reuflir aufli chez une fille attaquee d’hectilie. TOURNE- FORT fait cas de la teinture des fleurs d’Ancolie pour raffermir les gencives ; LOBEL l’eftime bonne dans langine , & PATRICE BLAIR dit que leur infufon eft bonne pour la même maladie. (ALSTON allure que cette infufion a un certain goût legumineux agréable &: qui reffemble à celui de PAfperge). Le même BLAIR preftrit la femence de cette plante à la dofe d’une dragme pour guérir la jaunifle. Les Affuriens MÉDICALE. 113 Afturiens en Efpagne ufent de la racine pulvérifée , pour atténuer le calcul. Suivant SIMON PAULI, KALTSCHMIDT, & l’illuftre WERLHOF, on don- ne toutes les deux heures jufqu'à une demi - drag- me de la femence d’Ancolie en émulfon (pour fa- vorifer l’éruption de la petite vérole & de la rou- geole. V.) Cependant ce reméde n'eft pas beau- coup en ufage. Les abeilles retirent du miel des nectaires de cette plante. POLYSTEMONES À PLUSIEURS SILIQUES. SUBSECT.IL À FLEUR IRRÉGULIÉRE. * 1198. ACONITUM. ACONIT, NAPEL, TuE-LouP ou CAPPE DE MOINE. Sa tige eft rameufe , en panicule, les pétioles por- tant chacun plulieurs fleurs ; la pointe du cafque plus longue (que dans le Napel bleu, ÆAconitum Napel- lus LINN.) Aconitum Lycoëfonum Judenbergenfe CLUS. Pan- non. p.410. di Aconitum Cammarum. Lin. C’eft l’Aconit de Mr. STORK, dont il a donné une trés-bonne figure, mais fous les fynonymes de J'Aconitum Napellus LENN. qui ne conviennent pas à cette efpèce. + vo I y en a une varietc à fleur blanche de RIVE NUS, que Jai aufli trouvéc. Tom. IL H 114 MATIÈRE Varieté c aifleurs d'un bleu pale mélé de blanc, & que le célèbre GESNER a trouvée dans le canton d’Uri; fuivant Mr. GAGNEBIN elle croit dans le ter- ritoire de Lienne fur la montagne de #ittelberg. I! croit en abondance dans le gouvernement d’A4i- gle', dans la vallée de Goufin, entre Arveia € la Croix d'Arpille. Sur les montagnes de Richard, de /a Varaz, d'Ovannaz & de Taveyannas. C’eit avec cette efpèce que Mr. STORK a fait les nombreufes expériences auxquelles il a donné tant de foins, pour lui decouvrir quelqu'utilite dans Part de gucrir, Les Anciens, qui ne connoïfloient pas encore les poi- fonsichymiques, regardoient l’Aconit comme la plus terrible detoutesles fubftances vénéneufes, aufh en at- tribuoient-ils l'invention à Hécate, & difoient-ils que c’étoit uné production de l’écume de Cerbère. On reconnoit à peine l’Aconit à la defcription qu’en donne THEOPHRASTE, qui dit que les feuilles reffemblent à celles de la Chicorée, que fa racine a la figure d’u- me noix, & que c’eft une herbe courte comme le froment. Le troifiéme Acomtum Lycoëlonum de Dioscoripe (var il ne-decrit pas les deux pre- miers) écoit à feuilles de. Platäne, plus découpées, plus longues & d’un verd beaucoup plus fonce; la tige haute d’une coudee ou davantage, le pédicule nud, & femblable à celui de la fougére,. la femen- ce contenue dans des filiques oblongues, les raci- nes noïiratres & pouflant’ des fibres fourchucs com- me les bras de la fquille de mer. Et comme outre MÉDICALE. 114 cela cet ancien botanifte dit que cette plante fert à empoifonner les loups , rien n'empêche que fon troifiéme Aconit ne foit le même que celui dont nous parlons, qui eft très-âcre, un peu plus haut qu'une coudée , & dont les feuilles font noirâtres. C’eft à ce même Aconitum Lycoifonum que CEL- SIUS rapporte l’Aconit des Anciens. L’efpéce dont il eft ici queftion a une fi grande âcrete , que fa poudre mife fur la langue, y excite pour long-tems une chaleur brûlante avec une dou: leur lancinante, accompagnée de falivation , com me cela arrive avec la Cévadille, qui eft un genre d’Aconit ou de Delphinium d'Amérique. On a vu fon fuc exciter aulli pour long-tems une pareille fenfation fur la langue. L'infufion na pas autant d’âcreté, elle a une douceur nauféeufe, elle eft prèf qu'infipide : l'extrait n’ofenfe pas la langue, mais fi on en introduit dans les yeux il les fait larmoyer, Tous les Anciens fe font accordés à regarder lA- conit comme un poilon mortel, & cette opinion eft autorifce par l'expérience. Lorfqu’on l’applique fur la peau, il y fait lever des veflies ; il excite la fuppuration comme la racine d’Hellébore fi l’on en fait un feton qu’on fafe pañler par la peau d’un ani- mal ; on le vend aulfli en divers lieux pour l’Hellc- bore. Le Napel pris intérieurement excite des vo: miflemens , des convulfons, dés friflons, des ver- tiges , la manie, des fuperpurgations avec évacua- tion par haut & par bas, accompagnées d’enflûres du ventre & d’autres fymptômes très-graves , tels H 2 D 116 MATIÉRE que des fueurs froides & l’afphyxie. Il eft des perfonnes qui ont eu le bonheur d’échapper à lac- tivité de ce poifon, maïs Je penfe que c’eft parce- que , n’en ayant pris qu’en petite quantité, le mal qu'il leur avoit fait n’etoit pas confiderable, car autre- ment, il ne feroit gueres poflible de comprendre, comment le Bezoard auroit pu fauver la vie à ceux dont MATTHIOLE , RHAZES & CAMERARIUS rap- portent les guérifons , ou comment Ja Rue auroit pu produire le même effet comme le dit ATHENÉE. Je croirois le vomilfement préférable à de pareils fe- cours ; RHAZES y eut autrefois recours , & l’expé- tience des modernes en a confirmé l'efficacité. (e- pendant ce poifon tue le plus fouvent, comme l'ont fait voir des fcélerats qui s’en font fervis pour faire mourir des perfonnes dont ils vouloient fe defaire ; c’eft ainfi que CALPURNIUS BESTIA a Ôté la vie à fes femmes. L'art des anciens empoifonneurs ne fe bornoïit pas la, car déja du tems de THÉOPHRASTE ils favoient tellement modérer laétivité de lAconit qu'il ne tuoit qu’au bout d’un, deux, ou même trois mois, fuivant leur intention. Mais, de nos jours, on ne manque pas d’éxem- ples qui prouvent combien ce poilon eft dangereux. Un chirurgien d'armée , Suédois, eft mort, dans le Nord même, pour avoir mange des feuilles d’Aco- nit dans une falade (quoique dans ces pave-là cette plante palle pour beaucoup moins malfaifante , au point même de pouvoir {è manger impunement, comme une obfervation de Mr. DE LINNÉ en fait 4 MÉDICALE. 117 foi. V.) Il eft arrivé en France un accident auf tragique à un homme qui n’avoit mangé que fept fieurs de Napel avec du vinaigre. WILLIS parle de quelqu'un qui, dans l’efpace de vingt-quatre heu- res, en perdit. l’efprit & mourut. Trois frères morts dans quelques heures pour avoir pris de la racine de Napel en place de barbotine. VALVASOR rap- porte l’hiftoire de plufeurs perfonnes à qui ce poi- fon a ete également funefte. Enfin MATTHIOLE fait mention d’un brigand fur qui on en fit l’eilai par ordre du pape, & d’une autre experience faite à Prague ; ( ces experiences furent + vrais fupplices de moft. V.) De plus, comme THEOPHRASTE l’avoit déja re- marque, les animaux ne touchent point à cette plan- te, pour laquelle ils ont une averfon naturelle , (quoiqu’ils puiflent fupporter de plus fortes dofes de poifon que l’homme ); c’eft un fait que j'ai veri- fie plufñeurs fois dans mes voyages fur les monta- gnes & fur les Alpes. Cependant les chèvres de Fallun (en Suède) broutent le Napel qui y croit dans un feul endroit, mais leur eftomac s’en- fe & elles periflent en peu d'heures : il leur arrive fans-doute de s’empoifonner ainti , parcequ’étant étrangères dans ce climat, elles font pour ainfi dire fans expérience à cet égard, car les chèvres qui ont accoutume de paitre dans les lieux où croit cette plante vénêneufe, & celles des villages voifins fa- vent fort bien leviter. Elles éprouvent aufli des convulfions , des friflons, des fyncopes, de la dif. H 3 118 MATIÈRE ficulté d’avaler, le hoquet, des vomiffemens; leur ventre s’enfle & leurs inteftins s'enflamment. On a fait fur divers animaux des effais de la ra- cine d'Aconit, en les forçant à en avaler; pluñeurs chiens en ont éprouvé des fvmptômes très-graves, &'un de ces animaux y a fuccombe. On a ouvert un loup, au moment où il ‘allait périr après en avoir avale: deux dragmes, & un chat à qui on en avoit donné une dragme a péri; on a trouvé leur fang dans un état de diflolution tel qu’on,peut s’y attendre de la part d’un poifon âcre, Enfin les ha. bitans des environs de Xrafnojar fe fervent de l'A, conit, à l’éxemple des anciens, pour empoifonner les loups. (On lit dans les 7ranfacfions philofo- phiques que quinze grains du fuc de la racine don- nés à un chien lui ont rendu la refpiration difficile, il eft tombe en fyncope, il a eu des vomiflemens & des convulfions, mais il s’eft rétabli. Un autre chien qui en avoit avalé une dragme ne s’eft pas trouvé fi mal, & un autre a avalé impunément une once des feuilles, fleurs, & femences}). Le fuc de cette plante s’étoit introduit par hazard en tres-pe- tite quantité dans une blefiure , il en refulta la cardial- gie, l'évanouiflement, une enfiüre & enfin la gan- grêne du bras. Des obfervateurs modernes ajoûtent qu'il fufit de porter du Napel fur foi pour éprouver des angoifles & de la foiblefle, & que des filles font tombées en défaillance, pour avoir mis des bouquets de fes fleurs dans leur fein; on dit aufli qu'il eft venu à quelqu'un une écchymofe fous les ongles, MÉDICALE. 119 pour avoir fimplement tenu de cette plante dans fa main; enfin on aflure que dés mets cuits en brü- ‘lent du Napel en ont contracte la qualité vénéneufe. Mais tout cela eft manifeftement faux, cofñme’ je n’en fuis convaincu nombre de fois, lorfqw’ilvi'eft: arrivé d'apporter des montagnes chéz moi def bou quets entiers de Tue-:loup: outre ‘cela les befliaux fe couchent impunément parmi cetteiherbe. Ce n’eft pas que je regarde cette Plante comme innocente, quoiqu'on dife qu'en Pologne, en Ruf fie, en Bretagne & en Laponie, elle na point d'à creté'& qu'elle y eft même mile au nombre ‘des herbes potagéres; quoique d’autres nient qu'elle nuife aux chevres & tue lés chevaux, & que quel ques-uns affurent qu'il éft arrivé à des chiens &'a des chats de n'en être point incommodés. “Quel ques unes de ces obfervations peuvent fe rapporter à l'Aconit où Tue-loup. à. fleurs, bleues, qui.difere, de notre Napel & qui ,. dans certains pays feptentrio-, naux , tels que la Bretagne , la Rufie& la Pologne, : où il croit; fe mange à titre de comeftible. D’ail. leurs les animaux réfiftent à la, plüpart, des, poifonss fur-tout à ceux du règne végétal,1a . moins. que la dofe n’en foit trop forte. De: tous les. auteurs que j'ai lus STAHL ef le premier qui a confeillé d'employer à Tinterieur le. Napel bleu pour guérir les chevaux de la maladie que les Allemands appellent le ver, (der Hurm). Mais en dernier lieu, lilluftre STORK à. trouvé d’après des expériences, faites d'abord fur, lui H 4 « 120 :MATIERE même ,.& enfuite fur divers malades, que l’ex- trait d’Aconit mêlé avec foixante fois fon poids de fucre, peut fe donner à la dofe de dix grains, d’un fcrupule,,, & même d’une demi -dragme, fans inconvénient, & que ce reméde fait fuer fans nuire en aucune maniere. Mr. STORK a donc donné l’ex- trait d'Aconit mêlé avec du fucre pour des douleurs de côté qui.étoient reftées à la fuite d’une fievre , pour la fciatique, pour la goutte , pour des douleurs aux ar ticulations compliquées avec la fièvre quarte ; pour des dôuleurs opiniâtres au bras accompagnces d'immobilité de cette partie. Il a donné le même reméde pour des glandes skirrheufes, pour une tu- meur, dans la région iliaque , fans que les malades en ayent été, incommodes ; puifqu’au contraire ils ont, êt foulages , & plufieurs entiérement guéris. ‘Après cela Mr: STORK à confirme dans un autre ouviage les bons éifets du même Napel, dont l’u- fage a. domté a goutte & le rhumatifine , des dou- leurs venues - “d'effort, une goutte vénérienne, di- minué ou : diffipé dés-nodus aux mains & des tophus, & rémédié à une. roideur furvenue au bras à la fuite de Papoplékie ; il a même rendu la vué à une per- fonne attaquee de la goutte fereine. L'iluftre ABRAHAM BAELK dit qu'il a ète témoin de k guérifon d'un rhumatifme par le moyen du même extrait , & Mr. LEBMACHER en dit autant de la cure d’une fiévre intermittente. Toutes ces expérien- ces font faflutément d'une grande import ince, & mé- fitent' bien qu’ on les réitère & qu’on les confirme. MÉDICALE. 121 (L’extrait d'Aconit , dit Mr. STORK dans de nou- velles obfervations , eft fudorifique, & reuflit dans des véroles négligées, dans la goutte, l’amourofe, la cataracte , la cephalée & la paralyfe : il a guéri l'éxoftofe, une roïdeur dans les articulations, & fou- lage fouvent la goutte au pied. Mr. COLLIN rap- porte plufeurs exemples de guérifons opérées par l'extrait d’Aconit, en le donnant à la dofe d’un grain où d'un grain & demi par jour; de ce nombre ont ete les guérilons de diverfes tumeurs & douleurs, d'exoftofes, d’ankylofes, d'immobilités, d’hémiphlé. gie, de perte de voix, même dans un cas defes- pére. Ce remède .eft effectivement utile dans les maladies qui viennent de la vifcofité de la lymphe, comme dans les: fièvres quartes rebelles. On peut en donner jufqu’à trois ou quatre grains lorfque le mal eft opiniâtres Mr. COLLIN combine ce reméde avec le Salap pour en modérer l’activité. Mr, GME- LIN rapporte dans fes voyages , qu'il a vu donner la décoétion de Napel pour la gale. Mr. SCHENK- BECHER a donne journellement juiqu'à quarante grains de l'extrait, dans une fievre intermittente opiniâtre. Il en a donné communément d’un grain & demi jufqu'à quatre, mêlé avec du fucre, Il a porté la dofe jufqu’à vingt-trois grains dans le trai. tement d’une goutte noueule). 1199. ACONITUM. L'ACONIT SALUTAIRE, ANTHORE, ANTHORA ou MacLou. Ses feuilles font linéaires, très-profondément dé. coupées en trois, les lobes latéraux partagés en 122 MATIÉRE deux, & découpés, & les intermédiaires fe fubdivi- fent deux fois en trois. Anthora RIVIN. t. 126. Aconitum Anthora. LINN. - On ne l’a trouvé encore que dans un feul eñdroit de la Suifle, fur la croupe méridionale de la mon. tagne de Thuiri, plus bas que les étables. LOBEL. dit qu'il croit fur les montagnes des Grilons, mais les botaniftes modernes ne l'y ont point trouvés La racine de cet Aconit a une faveur âcre, avec’ une amertume mêlée de douceur. Son odeur eft agréable. Autrefois ke peuple le résardoit comme l'antidote du Thora, dans la perfuañion que la ma- ture l’avoit placé à côté de celuï:ci$ afñn de méttre les hommes à portée de fe garantir plus facilement des mauvais effets de ce poifon. Les Arabes, die: on, l'ont appellé Napel de Moyfe ( Napellum Mo- Jis), mais CEzstus dit qu'on doit lire Napellus: muris, Napel derat. Il réfulte des expériences de Mr. SPROEGEL que la racine de cette plante n’eft point nuifñble aux animaux , & C. GESNER ne Pa point trouvée malfaifante pour l’homme, en ayant fait l'expérience fur lui-même. Autrefois cependant le caractère de cet Aconit Fa rendu fufpect à Cru sius, & J. BAUHIN ne croit pas qu'appartenantia! ce genre on puifle en attendre quelque bonne qua- lité. Ce qu'il y a de für c'eft que SOLIER a vu la raciné prife à la dofe de la groffeur d’un haricot, purger par haut & par bas; LOBEL en dit autant, & PREVOT nous apprend que la même racine purge MÉDICALE. 123 vigoureufement fi on en prend un ou deux fcrupu- les. Outre cela FREDERIC HOFMANN s’eft plaint des mauvais effets qu’il lui a vu produire, & qui de- céloient une fubftance vénénenfe. GEOFROI a con- teite cette obfervation, en niant que la racine d’An- thore foit purgative, & en aflirmant au contraire, qu'on peut la donner depuis la dofe d’un fcrupule jufqu’à celle d’une dragme pour chaffer les vers, & les amas de glaires qui fe forment dans les in- teftins des enfans, & qu’on peut fouvent regarder comme cçaufe de la malignité qu’on obferve dans les maladies. Quant à moi, j'aimerois mieux m’abi- tenir de l’ufage de ce remêde fufpect, jufqu’a ce qu’on fe foit. conväincu de fon innocence par des expériences. MarcELLUS faifoit un mélange des feuilles du Thora & de lAnthore (Tura & Antura), & recommandoit le fuc exprimé de ce mélange pour diffiper les tayes des yeux (/eucomata ). 1203. DELPHINIUM. LE PIED D'ALOUETTE SAUVAGE. Il n’a qu'une filique , fa tige porte des rameaux étendus comme des bras, elle eft diffufe, & les fleurs font epartes. Confolida regalis arvenfis TABERNÆM. p. 62. Delphinium Confolida. LINx. Il y en a une varieté à fleur double, que j'ai vu croitre dans mon jardin. I croit en divers lieux dans les champs (de Zau- 124 MATIÈRE Janne NV.) d'Yverdun, de Neuchâtel, de Bellelai, de Roche , & dans le bas-Vallais. Il eft de quelqu’ufage en médecine. (Suivant les Tranfaéfions philofophiques , il a une faveur légu- mineufe défagréable ). L’extrait aqueux de tes fleurs a une odeur gracieufe, mucilagineufe, & un goût amer ; il en eft à-peu-près de même de Pextrait fpiritueux , mais fon poids ne fait que la moitié de celui de l'extrait aqueux. Quelques perfonnes difent que l’eau diftillée des mêmes fleurs eft bonne pour l'inflammation des yeux, mais elle ne doit peut-être cette réputation qu'a leur couleur bleue. On fe fert aufli du Pied -d’Alouette pour faire uriner, & pour chafñer la pierre. Cependant on ne l’employe prèfque jamais bien férieufement. GARIDEL ne lui a vu faire aucun bien dans les ma- ladies des yeux, & BOERHAAVE l’a regarde comme fufpeét à caufe de fa grande affinité avec l’Aconit. ConSTANTINUS dit que le Delphinium mafulum fert à attirer les poiflons de maniere à pouvoir les prendre à la main, mais il y a apparence que cet auteur entendoit fous ce nom un Delphinium dife- rent du nôtre. SA? =) MIÉ’D 1 CALE. 125 PLANETE E SHPÉTALÉES. CLASSE IX. LILIACÉES. ORDRE I. À TROIS SILIQUES. 1204 VERATRUM. L'HELLÉBORE BLANC À FLEUR PALE. Ses fleurs forment un épi en panicule, les mâles & les femelles fur la même plante. MILLER t. 271. Veratrum album DoDON. purg. p.114. & LINN. Rien n’eft plus commun dans les prairies des mon- tagnes & dans les fous-alpines. Cette plante nuiïfi- ble occupe inutilement des montagnes entires def tinces au pâturage; aucun animal ne s’en nourrit excepté le mulet, & comme je traverfois de vaftes terreins couverts de cet Hellébore pour aller à Aon- tendre, j'ai vu un de ces animaux brouter fes feuil- les avec avidite. Ses racines font àcres, & quand on les mâche elles brülent la gorge & excitent fur les lèvres fur- tout une fenfation mordicante. Elles donnent à la diftillation une liqueur extrémement âcre , & aflez femblable à celle qu’on obtient de la chaux. L’in- fufñion aqueufe n’a pas beaucoup de force, la fpiri- tueufe eft âcre. Ses racines fourniflent une grande quantité d'extrait aqueux, jufqu'à la moitié de leur poids , mais il n'a pas non plus de l’activité. L’ex- 126 MATIÉRE- trait fait avec l’efprit de vin eft en plus petite quan tite, il eft plus foible que jinfufion , mais il a en- core une âcrete dangereufe. L'activité de cet Hel- lebore réfide donc dans les parties volatiles qui s’ex- halent en faifant cuire l'extrait, enforte que la coc- tion diminue fa trop grande activité. Enfin, quoique l'extrait aqueux ait moins de force il en a cepen- dant encore trop pour n'être pas nuifble. Il eft étonnant combien peu on en retire de fel, fa pro- portion n’eft que de deux onces fur cent cinquante livres. (Suivant BELLINI, il eft de figure rhom- boïdale }, On a appris à connoitre les vertus de cette plante par les effets qu’on lui a vu produire fur des bef£ tiaux qui en avoient mangé. Ces effets font beau- coup plus violens que ceux de l’Hellebore noir; le blanc eft aufli plus émétique. (PALLAS dit dans fes voyages que celui-ci nuit aux chevaux qui le broutent & que.sils font jeunes, ils en meurent. Les vaches broutent cette plante des le commen- cement du printems, elles en font purgees & des- lors elles s’en abftiennent, mais l’année fuivante elles recommencent à en manger). Les anciens Grecs d'Anticyre, où ces deux efpèces croifloient , ne fe fervoient que du noir , & réfervoient le blanc pour faire vomir. Aufli RHAZES a-til pro- noncé que celui ci étoit un reinêde peu für. MÉSUÉ.le difoit plus âcre que le noir, & ARE- TÉE a remarqué qu'il purgeoit par haut & par bas, » MÉDICALE. 127 _& changeoit tout le corps *. AULU-GELLE difoit auffi qu'il étoit émétique & qu’on s’en fervoit pour empoilonner les flêches). PLINE le dit beaucoup plus terrible que le noir lors même qu'il eft donné le plus à-propos ( etiam ubi profbere cadit). Auf HIPPOCRATE, qui pañle pour s'être fervi de l’Hel- lébore blanc, ne l'employoit-il qu'avec une grande circonfpection , & lorfqu’il le donnoit à un mala- de, il avoit foin auparavant de lui faire prendre beaucoup de nourriture & boire beaucoup de vin. RHAZES donnoîit beaucoup d’eau tiéde, pour mo- dérer l’action de ce remêde. Du moins eft-il für qu'on lui a vu exciter des vomiflemens affreux chez une perfonne qui avoit pris de fa racine en place de Sceau de Salomon. FALLOPE en a aufli vu re- fulter des vomiflemens très-violens, & fuivant DES- SENIUS il a fait faire du fang par les felles. Les peuples feptentrionaux, quoiqu’extrêmement robuf- tes, & accoutumés à fe purger avec cet Hellé- bore , font fi éprouvés par la violence de ce remède qu'ils en tournent les yeux & en deviennent aveu- gles. On a vu ce poifon caufer un étranglement, des angoïfles, des convullions (nervorum convul- fo), & la crampe. WEPFER dit qu'ila attire l’é- vanouïiflement. Ailleurs fa décoction dans de la bierre a fait difparoitre le pouls. Un fcrupule a excité des fpafmes , arrêté la refpiration, avec perte de voix & un froid de tout le corps. Suivant * THÉOPHRASTE l'ajoûtoit à d’autres remèdes , pour fure vomir: il l’appelloit Helleborine. 128 MATIÈRE ROËDER fon infufion dans du vin a caufe une fu- perpurgation , des fueurs froides & des convulfons. Une femme à qui on avoit prefcrit de boire fur un nouet où il entroit de l’Hellébore, en eut des vo- miflemens & d’autres fymptômes facheux *, Enfin on a fait l’effai de ce poifon fur un chien, il en a eu des vomiffemens, la diarrhée, des con- vulfions, & on a trouvé fon eftomac enflammé. (Mr. MORTIMER dit qu'un gros chien fut fort ma- lade pour en avoir avalé feize grains). La feule ap- plication des racines fur l’eftomac fuffit pour faire vomir. THEOPHRASTE dit que les vignes qui croif- fent dans un terrein où il vient de l'Hellebore blanc, donnent un vin qui fait uriner. Mais s’il arrive que le venin de cette plante pénètre jufqu’au fang fans avoir rien perdu de fa force, la mort s'enfuit in- continent, lors même qu’il ne s’y eft introduit que par une légére bleflure ; c’eft ce qu’on a eu occa- fion d’obferver dans le tems que les anciens Portu- gais étoient dans l’ufage d’empoifonner leurs fléches avec le fuc de l’Hellébore blanc, & MATTHIOLE a confirmé cette obfervation par fes expériences. Lorfque la mort arrive de cette manicre , la putre- faétion devient en même tems fi confiderable, que les chairs de l'animal font ablolument molles aufli- tôt après qu’il à expire. (GUILANDINUS nous apprend que les Efpagnols préparoient avec cette plante un poifon * On a trouvé dans le Recueï de Breslu plufieurs éxem- ples des effets violens de cette plante. MÉDICALE. 129 poïifon femblable à celui que Les Anciens appelloient Pharicum ). - Enfin PHellébore blanc pris intérieurement peut aufli donner la mort, fi la dofe eft un peu trop forte. FALLOPE a vu ce remêde occafionner un etranglement chez quelques perfonnes, & BENIVE- NIUS l’a vu devenir funefte au bout de fix heures ; GMELIN dit que les habitans de la Sibérie meurent fouvent après en avoir ufe. Quelqu'un ayant mangé une pomme cuite avec une ou deux dragmes de la racine , il en éprouva des fymptômes trés-violens, malgré l’extrême petitefle de la dofe, car on avoit eu foin, avant que le malade mangeât cette pom- me d'en fortir la racine & d'y fubftituer du fucre. NEUMANN dit que la teinture de cette racine faite avec lefprit de vin purge avec violence, à la dofe de ce qu'une plume à écrire peut en prendre, en l’avalant mélée dans du vin de Malvuifie. CATON, laine, fe procuroit un vin purgatif, en plantant au- tour d’une vigne des racines d’Hellébore blanc, foit en mettant une poignée des mêmes racines dans une cruche (amphora) de moût avec lequel il les lai£ foit fermenter. Un fcrupule de la racine a fufñi pour tuer un chien, qui, à la vérité, étoit encore tout jeune. Deux drag-. mes cuites avec de la bierre ont occafonné des fymptômes très-violens, & quatre dragmes ont fait: encore plus de mal. (Deux dragmes en décoction injeétées dans les veines d’un animal, lui ont fur le Tom. II. I 130 MATIÉRE champ donné dés’convulfions & des vomiffemens) qui ont ête fuivis de la mort & prèfqu’auflitôt d’un état de flaccidité. GESNER donnoit fon vin d'Hel- lébore à la dofe de deux cuillerées, qui étoit fuffi- fante pour faire vomir. Suivant cela il: y'a appa- rence que la dofe d’un fcrupule de la racine feroit trop forte. On ne parle pas d’en donner une dragme aux maniaques *, pour ne pas imiter l'imprudence de BRASSAVOLA qui ne craignoit pas d’en prefcrire cette dofe. CODRONCHUS en a donné feptante grains: Pour moi je voudrois qu’on s’abftint de l’ufage de ce poifon tandis qu'on a tant d’autres fecours plus füurs., & ä feroit à fouhaiter que les apothicaires prif. fent garde de ne pas acheter les racines d'Hellébore blanc pour. celles du noir. Les Anciens prefcrivoient l’Hellébore blanc dans les maladies les plus graves, afin de changer toute là mafle des humeurs **, pour chafler les humeurs froides (pituiteufes fans - doute) & ranimer la, cha- leur, pour les friflons { ad rigorem) en en donnant jufqu’à une dragme, fuivant CODRONCHUS, pour les févres quattes , pour les céphalees, dont lHel- lébore blanc pañoit pour être le dernier remède, pour l’épilepfie ***, pour la mänie, maladie dans la- a * SÂLcts DIVERSUS en a donné cette dofe dans du vin pour guérir la rage. *#* IL entre dans la compofition des pilules de STARCKEY. #* PLINE dit que ce reméede a guéri Livaus Dru- SUS. MÉDICALE. at quelle Mr. LORRY l’a pourtant adminiftré fans fuccès, pour leéléphantiañs ; enfin on a donné ce remêde dans la rage, dans les cas où le malade n’étoit pas encore atteint de lhydrophobie; & les médecins modernes s’en font fervis dans le traitement des maladies vénériennes. (SALIUS DIVERSUS donnoit l'Hellébore blanc dans les commencemens de la ra- ge, fous la forme de décoction, d’'infufion, ou en poudre ; il l’a trouvé trés-utle dans les affetions hy- pochondriaques ; en faifant prendre à fes malades jufqu'à une dragme des racines fêchées après avoir été cuites dans l’eau qu'il jettoit enfuite. Mr. ALs- TON dit qu'une demi -dragme prife en infufon dans du vin, a procure un vomiflement de matiére noire, & que le malade s’eft trouvé foulagé par cette éva- cuation). Les Sibériens, dit Mr. GMELIN, fe gué- riffent des ulcères invétérés en faifant un long ufa- ge de l’'Hellébore blanc. L’onguent qu'on en pré- pare eft bon pour la gale, & fa decoétion guérit les vaches de la teigne. Les Américains cuifent dans l’eau les racines de cette plante, ils font macérer dans cette eau le Mayz, qu'ils deitinent à la femaille , de cette manière cette graine acquiert une qualite enyvrante pour les animaux , fans être nuiñble à l’homme. I 2 132 MATIÉRE L'£ LI ACER S ORDREII. À UN SEUL FRUIT TRILOCULAIRE. SECTION ÎÏ. LE FRUIT RENFERMÉ DANS LA FLEUR. SUBSECT. ÏJ. LA FLEUR SOLITAIRE ET PRESQUE OUVERTE. * 1206. ASPHODELUS. L'ASPHODELE JAUXNE. Sa tige eft feuillée, fes feuilles font anguleufes , firiées , avec de fort grandes ftipules. Afphodelus luteus DODON. Coron. p. 142. 143. & LINN. Un herborifte, nommé BATTIRANUS, l’a trouvé fur la montagne de Träla dans la Valteline. Les tiges de l’'Alfphodèle perdent de leur âcreté en les faifant bouillir, & alors on peut en faire du. pain. (PORTA dit la même chofe de lAfphodele de Sicile, qui eft le même que le nôtre). Sa femence même peut aufli devenir comeitible. On fait de bon pain avec la racine après l'avoir cuite & fêchée, & elle rend un fuc doux. Cependant Mr. LE Mow- NIER dit que cette nourriture a produit de mauvais effets dans le Berry, & y a occafñonne une forte de fcorbut. ( Un médecin de Bordeaux dit dans le Journal de Trévoux du mois de Décembre 1709 ;* que le fuc des racines d'Afphodèle * eit doux, que l'eau qu'on en diftille eft odorante , que l’efprit eft * Il fe peut que c’eft l’Afphodèle blanc dont on fait ufage à Bordeaux, MÉDICALE. 133 pénétrant & que fes cendres contiennent un fel fixe. Pour en faire du pain, on lave les racines, on les cuït; on les écorce, on les coupe par rouel- les, on les lave dans de l’eau tiéde, on les fêche doucement au four, puis on les mout avec la moi- tie de froment ; on pañle la farine par le tamis, & on en fait d’affez bon pain en la petriflant avec un peu plus de levain qu’a l'ordinaire ). Liv CHÉLENS. ORDRE II]. LES FLEURS RAMASSÉES EN MANIERE “DE TÊTE. ALLIUM Hazr. & Lin. L’AIL. [. DONT LES ÉTAMINES SONT ALTERNATIVE- MENT FENDUES EN TROIS. 1217. ALLIUM. LE-PORREAU ou POIREAU La racine eft tuniquée & embräfle la hampe, les feuilles font graminées, l’épi eft fphérique, les éta- mines font, alternativement fendues en trois. De Allio n. 7. ds Porrum CAMER. ÆEpit.-p. 322 :: lium Porrum. LIN. Suivant CasPARD BAUHIN il croît dans les vignes de Wyd..-Onle trouve auffi dans les vignes de Aou. tru, mais je crois qu'il s’y eft introduit par hazard. . Cette plante dont on fe fert dans les cuifines pour affaifonner les fâuces, me déplait beaucoup , auffi bien que tous les individus de ce genre , à caufe dë L 3 134 MATIÉRE la mauvaife odeur qu’elle laife Jlong-tems apres elle. Sa décoction eft un des plus puiflans remêdes qu’on puifle employer pour diffoudre la pierre dans la velie, aprés qu’elle y a:fubi la macération , avan: tage qu'on ne peut pas attendre de l'oignon. ,.PLINE dit que quelqu'un eft mort fubitement pour avoir * avale du fuc de Porreau, a la dofe de trois deniers pelant. DIoSCORIDE defapprouvoit l’'ufage de cette plante, a moins que ce ne fut pour des affections de la poitrine &. pour. exciter:aux plaifirs de l'amour. 2 TL. AIL, DONT LES ÉTAMINES NE SONT PAS FENDUES EN TROIS, 2. & DONT LE SPATHE N’EST PAS À DEUX ds PÉCORNES, "0" © 1226. ALLIUM. Je nai pas puen trouver :le nom francois, mais je crois que c’eft ce qu’on appelle dans le pays de Vaud, BRANLETTE. Sa racine eft à plufieurs têtes, les feuilles radica- les font cylindriques, de la même hauteur que la hampe , les fleurs en ombelle & cylindriques. De Allio p. 361. n. 14. Allium montanum fphæerocephalon, purpureum SCHEUCHZER lt. L. p.24, t. 3. f.2, : Allium Schœnoprafum. LINN. . C'eft une plante des Alpes où elle, eft commune, On la trouve fur la montagne de #aach, dans le vallon der. Kefel entre la montagne de Neunenen . MÉDICAL. 135 & les bains de yffenbourg ; {ur les montagnes d'Aix, d’Anzeinda, de la Boulaire, de Chaud-com- mun, de Nombrieux » de Javernaz, de Prapioz, de Fouly, de St. Bernard, de Hohen- Mefmer, & de Mürtfchen. Elle vient pareillement fur 1: hau. +65 montagnes’, comme fur celle- de la Do/az, du côte de la’ Franche - Comté. Enfin: CoNRAD GES- NER eñ a trouvé prèfque jufques dans la plaine, & CASPARD BAUHIN en a cueilli dans des endroits ‘Piérreux aux environs de RE IUT & au bord “du Rhin. Elle a une odeur femblablé à celle des oignons , & virulente, enforte qu’elle ,infecte le lait &, le beurre. On.la cultive dans les jardins, & elle a des vertus pareilles à celles de l'oignon commun des jardins. . Elle donne une grande quantité d'eau à la diftillation ; on en retire cependant auf un fel volatil concret. Les vertus réfident dans cette au diftillée, avec laquelle il monte une huile dont elle eft fi éxactement imprégnée qu’on ne peut pas les fparer. Elle fournit beaucoup d'extrait aqueux & fpiritueux ; mais la vertu de la plante ne fe trouve que dans ce dernier, & dans le {el qu’on en ob. tient par la trituration. Il croit dans l’Archipel , en Sicile, en Grèce & en Turquie des oignons qui font doux, & dont l’o- deur n’eft pas défagreable, il en vient auf de tres. bons aux environs d'Alep & en Egypte. Îs réveillent l'appétit; & on en fait un ufage trés. fréquent dans les provinces méridionales de la France, {4 136 MATIÉRE en Efpagne, en Hongrie & en Grèce; les oignons “cruds même font un mets aufli familier aux Grecs que le beurre & le fromage aux Hollandoïis; les Turcs les falent. Comme les oignons ont beaucoup d’äcreté, puif que leur odeur feule fait pleurer les yeux, il fe peut que la quantité que les habitans des vallées de la Macedoine en mangent, empêche qu'ils ne foient fujets au goitre comme les habitans des Alpes. On penfoit autrefois que le fuc de l’oignon avoit la vertu de rompre la pierre, & l'on dit qu’on peut en préparer comme avec la Squille un vin diuréti- que. L'application de fes bulbes ecrafés eft en ré- putation dès les tems les plus réculés , d'amener les abfcès à maturite, d’avoir même cet avantage pour les bubons peftilentiels, & de faire uriner, en en faifant l'application fur la région de la vefie. “Mr. DE LA GARAYE aflure aufli que fon fel d’oignon préparé avec trituration eft un tres-puiflant matura- tif pour les abfces (ulcera). Mr. BROUZET dit qu’en frottant la tête avec du jus d'oignons on fait croitre les cheveux. Les oignons confervent long-tems leur goût , leur odeur & leur virulence, aufli en retrouve-t-on la faveur dans la chair des cogs-d’Inde à qui on en a fait manger ; c’eft un affaifonnement qu’on aime beaucoup en France. Quant à moi je trouve dans l’oignon quelque chofe de fort virulent, ce qui me porte d'autant mieux à croire que SPIGELIUS a ete fondé de dire qu'un MÉDICALE. 139 trop long ufage de ce mets dérange les fonctions de J’efprit. s 1228. ALLIUM. AIL SAUVAGE à larges feuilles. Ses feuilles radicales font pétiolées , ovalo-lan- céolées, les fleurs en ombelle, De Allio n.21. p.379. Allium urfinum CaMER. Epit. p.330. & LINN. -7 T1 n’eft que trop fréquent en Suifle , comme aux environs de Bâle, de Geneve , de Roche, à l'en- trée du Pré-pourri, & ailleurs. Il a une odeur d’Ail tres-virulente, & qui infecte le lait. d’une puanteur déteftable & fentant le ran- ce» lorfque les vaches en ont broute l'herbe pen- dant qu’elle eétoit encore fur pied; le mauvais goût s’en communique même au fromage. Mr. MARTIN dit que les habitans des isles Hébrides en boivent l'infufon pour fe guérir de la pierre & qu’elle chaffe puiffamment la gravelle: (Les Irlandois, dit Mr. THRELKELD, en font le même ufage; ils en boi- vent aufli le fuc avec du vin). Ceux du Kamtfchatka fe fervent beaucoup de cet Ail, & l’employent con- tre le fcorbut. En Irlande & en Siberie on Le man- ge tandis que la plante eft encore jeune , cepen- dant Mr. THRELKELD le dit fiâcre, qu’il fait lever des veflies quand on l’applique fur la peau, On dit qu'il éloigne les taupes des prés où il croit : il réuflit cependant affez mal à défendre le pre du château de Roche, du mal que lui font ces anis 138 MATIÈRE. nimaux deftructeurs. Lorfqu'il eft fec & parvenu à fon dernier dégré d’accroiffement, après le mois de Juin , il ne donne plus de mauvais goût au lait. L Ail cultivé ne croît point naturellement en Suif fe , mais il reflemble à noire efpèce fauvage, par fes vertus , &,. par fon âcreté, qui le rendent pro- pre à ranimer la force de l’eftomac, à exciter l'ap- pétit & les forces motrices de tout le corps. Les Hongrois en ‘font grand ufage pour corriger la mau- vaile qualite de leurs eaux , & ce.,n’eft, point !fans fucces : il procure des avantages femblables aux Juifs qui fe nourriflent fi chétivement.,. &.aux. Rules qui, à caufe de leurs jeunes fréquens, mangent beaucoup de chofes de difficile digeftion Crigidos cibos),. VZa- cuTus dit que l'Ail eft venu à bout dé rendre l’ap- pétit à un vieillard qui avoit une anorèxie tres-dé. cidée ; fuivant GALIEN il a guéri une colique ven- teufe; Mrs. Boyer & RosEN difent quil chaffé les vers. Des témoignages d’un grand poids nous ap- prennent que l’ufage de cette plante a diffipé l’'hy- dropifie même, & fans qu’on ait eu befoin de lui affocier des purgatifs. Il a eu aufli des fuccés con- tre les fiévres intermittentes. Il eft fort falutaire aux fcorbutiques , à qui on le donne en deécoction avec des fommités de pin d’Ecoffe ; & dans la jau- nifle. Je n’ai pas de peine à le croire fort echauf- fant, au point même de donner des maux de tête, & d'être d’un ufage dangereux *. * SPIGELIUS dit même quil peut donner la mort fi on en mange trop. MÉDICAELE. 139 \1229. ALLIUM. SERPENTIN ou FAUX- Narp. Sa racine eft oblongue, couverte d’un refeau , les feuilles ovalo -lancéolées , l'ombelle fphérique. Dé Allio n. 20. Allium alpinum J. B. TL. p. 366. °! Allium Vi@orialis. LINN. Il y en a une variété à feuilles étroites. On le trouve fréquemment fur les rochers des Alpes de la Suifle, fur la montagne Mefén, fur le mont Pilate, au-deffus de Schennis , autour des gla- ciers de la vallée de ‘Grindehoald. Sur la monta- gne d’Oehrli & fur celle d'Hohen- Mefiner dans le canton d Appenzell. Sur la montagne de Kohten- horn au-deflus de Briènz. Dans le gouvernement d'Aigle , fur les montagnes de Serin, de la Varaz & de Prapioz. On le trouve plus rarement fur les montagnes les plus élevées , comme fur celles de Chafferalle & de Creux-du-Vent. Il croit encore près de Bonneville, & à Maupraz. Il a une odeur d’Ail. Les habitans des Alpes s’en fervent beaucoup, mais les ufages qu’ils en font font prèfque tous fuperftitieux. AMMAN l’a vu employer pour des enchantemens, à des gens, qui le pre- noïent pour la Mandragore. On le pend en guife d’'amulette pour difliper les crampes des femmes g'ofles (& WALTER dit dans un programine qu’en cffet fa femme s’eft trouvée foulagée par ce moyen dé pareille incommodlite }, 140 -MATIÉRE L'IL 1 AC E-ES. ORDRE IV. CAMPANIFORMES. *1231. LILIUM.' LE Lys. Ses feuilles font eparfes, fes corolles campanu- Iées & glâbres en-dedans, LINN. p. 433. Lilium candidum DoDon. Coron. p. 121. 123. & Linx. Il croit fur la colline du château de /a Neuveville. Ses fleurs ont une odeur gracieufe, mais un peu forte, enforte qu’on a vu des enfans en tomber dans l'afloupiflement. On fe fert de fes fleurs infufees, dans de l’huile ou dans de lelprit de vin, mais elles n’ont pas beaucoup d’efficace de quelle de ces deux manières qu’on les employe *. L’eau qu’on en dif tille eft parfumée & cofimetique. On applique les bulbes écrafes; ou cuits dans du lait fur les tumeurs qu'on veut faire aboutir & fur les abfces au fein; * Il fe pourroit bien que la vertu nphthalmique qu’on leur attribue n'eft pas réelle, & qu’elle n’eft due qu'au foin de fe laver fouvent les yeux avec l’eau de vie de France qu’on mêle à ce qu’on appelle l’eau que ces fleurs rendent en les expofant au foleil. Cependant il eft cer- tain qu'un magiftrat de Laufanne s'étant trouvé à l’âge de so ans prèfque hors d'état de lire même avec des lu- nettes, & ayant des mouches voltigeantes devant les yeux , s'eft rétabli la vue par ce moyen en affez peu de tems ;” & au point de lire encore aétuellement fans lunettes de petits’ caractères , il eit cependant âgé de près de75sans & fort infirme : il a continué jufqu'à préfent l'ufage de ce collyre. Ze Traducteur, MÉD:i.C:A.L-E. 141 autrefois cette application s’employoit pour les brü- lures. CELSE les mettoit au nombre des difcuffifs. On ne doit pas laïfler macérer les fleurs de Lys dans l'huile jufqu’à ce qu’elles s’y pourriflent (non debené contabeftere ), parceque l'huile en deviendroit puan- te & nuifible ; il faut donc de tems en tems leur fubftituer des fleurs fraiches. Il y a deux fortes d’eau diftillée de Lys blanc, & une quinteflence qui y furnage ; Mr. DÉJEAN en donne la defcription. BTE TAGÉ ES ORDRE V. BACCIFERES. * 1239. ASPARAGUS. L'ASPERGE. Ses feuilles font en forme de fils & garnies de ftipules. Afparagus CAMER. Epit. p. 259. Afparagus officinalis. LINN. Elle croît ça & là dans les prairies du Vallais, comme aux environs de Sion, de Martigny, & dans le pays des Grions. On la trouve encore entre Cli- ben & la riviére de la Wicfe. Ce font fes jeunes poufles qu'on mange & qui au printems font les délices de nos tables ; elles im- pregnent l’urine d’une odeur finguliere & défagrea- ble. L’efpèce fauvage a à la vérité un peu d’amer: turne, cependant elle eit bonne à manger dans les pays chauds, comme en Italie, en Ffpagne & en Vallais; mais il n’en eft pas de même de celle qui vient dans les pays froids. Elle devient pourtant plus 142 MATIÈRE ‘épaiflé par la culture. Je trouve par quelques auteurs *, qu’il y a des gens qui préférent les A£ perges qui croiflent dans les isles du Rhône, à cel- les des jardins , mais ces auteurs n’en parlent que par oui-dire. Cependant Mr. GMELIN a trouvé bon- nes celles qu'il a mange en Sibérie. On met les racines d’Afperges au nombre des apéritivès. Elles donnent beaucoup d'huile, jufqu'a une once fur quatre livres, on en retire aufli un fel volâtil con- cret. Il y a apparence que lefpèce fauvage eft {u- périeure à celle des jardins, à titre de reméde apé- titif, propre à faire uriner, & à guérir la jaunifle. 1241. POLYGONATUM. LE MUGUET. Sa hampe a deux feuilles, fes fleurs font en épis panchées & campaniformes. Lilium convallium CAMER. Æpit. p. 618. Convallaria Maialis. LINN. Il y en a une varieté à fleur double. Il croit communément dans les bois & auprès des haies; on en trouve même jufques fur les hau: tes Alpes. Sa racine, fes baies & fes feuilles ont une très. grande amertume. SENKENBERG, le pére, donnoit aux cpileptiques un fcrupule des baies fêches. Elles tuent aufli les vers; & en général elles redonnent de la force aux nerfs, & c'eft par cette raïfon que SENKENBERG , le fils, les donnoit avec le Quin- * TrAGus dit que quelques-uns en mangent les racines. MÉDICALE. 143 quüina. Ses fleurs ont une odeur agréable , qui pafle dans leau qu'on en diftille foit qu’elle foit fimple ou vineufe; LUDOVICI mettoit cette eau au rang des meilleurs céphaliques. MATTHIOLE a donné place au Muguet entre les fubftances analeptiques qui donnent à la diftillation un efprit odoriférant , & MossDorFF Pa mis au nombre des vulneraires. L’efprit qu’on diftille des fleurs de Muguet en fermentation eft d’autant meilleur qu’on en réitère la dilftillation fur des fleurs fraiches : cette liqueur fpiritueufe eft une de celles que les peuples du Nord boivent avec le plus de plaifr. L'huile ethérée que contiennent ces eaux de Muguet eft en très-petite quantité. On retire aufli des fleurs une aflez gran- de quantité de {el concret. Ces fleurs fêches & re- duites en poudre font éternuer fi on en tire jufqu’à une demi- dragme. Leur infufñon aqueufe a de l’a- mertume avec un goût balfamique agréable ; l'extrait eft amer & balfamique. La teinture fpiritueufe eft amère ; l’extrait eft plus amer &, a une odeur de, miel & de cire ; il purge en en prenant jufqu’a la dofe d’une demi-dragme. (CULLEN dit cet extrait vénêneux ). La maffe qui refte au fonds de l’alembic après la diftillañon eft aufli purgative fi on en prend fous la forme de pilules. Le fel effentiel de Mu- guet eft acide. Suivant DÉJEAN l’eau de Muguet fert à parfu- mer les cheveux. GUNNER dit que les feuilles cueil- lies avant le folftice donnent une teinture jaune. En les traitant avec de la chäux:, on en obtient une couleur verte folide & d’une grande beaute. 144 MATIÉRE. 1243. POLYGONATUM. GRAND SCEAU DE SALOMON. Sa tige eft fimple, panchée ; fes feuilles font ova- lo-lanceolées , chaque pétiole porte plufieurs fleurs. Polygonätum DoDon. purg. p. 77. * Convallaria multiflora. LINN. Variete b à fleur double. Variete c à larges feuilles. On le trouve communément dans les haies & les buiflons. Sa racine eft douce, un peu äâcre, vifqueufe, bonne à manger “. Elle entre en qualité de refolu- tive, &, comme l'oignon de Lys, dans la compo- fition d’un catapläme que FUCHS recommandoit d’ap- pliquer fur le ventre des accouchées attaquées d’in- flammation de matrice; ce catapläme a acquis beau- coup de réputation par les éloges qu’en a fait lil luftre Paul Amadé WERLHOFF, ce grand maitre de l’art. ETMULLER vantoit le cataplâäme de raci- nes de Sceau de Salomon pour guérir les meurtrif- fures, & CHOMEL en faïfoit cas pour les hernies. Les baies de cette plante font vomir, & les feuilles mêmes donnent des naufees. (CULLEN dit que le Sceau de Salomon cuit avec du lait s'applique avec fuccès fur les hémorrhoïdes enflées & enflammées, LILIACÉES. Mr. GADD dit qu'on en fait du pain. MÉDICALE. L46 BIDR-T AUCUÉ ES ORDRE VII DONT LA FLEUR EST ATTACHÉE AU-DEDANS DU FRUIT. SECTION L, À SIX ÉTAMINES. * 1249. AGAVE. Sa hampe eft en arbre & rameule, Aloe Americana TREW. in proprio lib. Agave Americana. LINN. Cette plante a été trouvée près de Lugano, fur des rochers voifins du village de Gandri, & pas loin de là auprès du Lac-majeur. C’eft une plante venue d'Amérique, &. dont les botaniftes ne font pas mention; mais elle eft actuellement naturalifée däns la partie méridionale de l'Europe. Le tuyau de la fleur contient beaucoup d’un fuc aqueux , mielleux, doux & d’une qualité acide. Les feuilles rendent un fuc d’une nature diférente ; il eft d’abord d’une confiftance épaïñfle, qui devient enfin en s’évaporant une mafle fêche; cette fubftan- ce n’eft pourtant pas la méme que celle de l’Aloës dont on fe fert en médecine. (SPOERI dit ceper- dant qu’elle fournit de l'Aloës, ce que LiGonIus confirme en ajoûtant, que c’eft la premiere liqueur qui dégoutte des feuilles quand on les coupe). Elle eft amère, doucâtre, âcre & cependant propre à purger la veflie. Le fuc que rend l'écorce eft jar ne & amer, Le miel qu'on trouve dans fes fleurs lâche le ventre, & excite même des vomiflemens Tom. IL, K 146 MATIÉRE ( à la dofe de deux cuillerées, fuivant lobfervation de TREW. WALDSCHMIDT parle de l'extrait). Lorf qu'on coupe le tronc de l’arbre il en fort pareille- ment un fuc qui donne du miel, du vin, & du vi- naigre, Les feuilles guériflent les écrouelles lor£ qu’on les applique fur le mal apres les avoir cuites fous les cendres. 12$6. COLCHICUM. LE COLCHIQUE ou TuE - CHIEN , MORT - CHIEN. La fleur paroit long-tems avant les feuilles ; les pétales font ovales. Colchicum DODoN. purg. p. 371. Colchicum autumnale. LINN. * Il y en a des varietes à fleurs blanches, rayées, doubles, &c. La variete dont les fleurs paroiflent en automne, fans feuilles, fe trouve dans tous les prés, fur-tout dans ceux qui font un peu humides. Varieté b que CasPaARD BAUHIN appelle Co/chi- que du printems ; elle croit en abondance dans les prés du voifinage de Roche autour de Rennaz, ainf qu'aux environs de Zurich & de Dijon. ? 1256. COZCHICUM. La fleur paroit en même tems que les feuilles, & fes pétales font lincaires, Colchicum montanum CLUS. Hifhb. p.266. & Linx. Le: celebre SCHEUCHZER l’a cueilli près de Aa- 4 MÉDICALE. 147 tefen, au-deflus de Campdolcin, & Mr. GESNER l’a trouvé dans les prairies d’Alftetten, en allant fur la montagne de Gamor. Le Colchique ( Colchiéum autumnaie) eft devenu fameux, de notre tems, par les difputes qui fe font clevées à fon fujet. On dit communément que à racine eft naufeeufe & d’une odeur piquante, d’une faveur âcre , qu’elle caufe un ferrement dans le gc- fier, & brûle tellement la langue , qu’elle lui fait perdre le fentiment pour plufieurs heures. On dit que le vin infufe avec cette racine a fait couler beau coup d'urine brülante. Un feul grain même, dit-on encore , a excite dans l’eftomac une fenfation fem blable à celle de la brûlure, fuivie d’une miction fréquente & également brülante, enfuite eft furvenu le ténefme, la perte de l'appétit, les felles fréquen- tes, & tous ces fymptômes ont duré jufqu’à ce que le malade ayant bu affez de décoction d’Althea, là. crete du Colchique a été fufifimment adoucie. La racine de cette plante nouvellement tirée rend, dit Mr. BROKLESBY , une ferofite laiteufe ; fuivant Mr. MARGES l'extrait aqueux qu’on en tire eft extrême ment amer: on affure même que la vapeur qui s’en exhale, à caufe de l'irritation à la main & au nez, & a fait couler l'urine , le vinaigre doit lui donner un goût amer & en retirer un extrait amer, Son {uc agace les dents & imprègne la falive d’une amer tume infupportable ; & quoique le goût de cette ra- cine reflemble à celui des noïfettes, fi on la mâche elle excite cependant fur les lèvres une fenfation K + We 7: MATIÉRE de chaleur & fait faliver. La teinture qu’on en tire par le moyen de Vether eft extréinement amère & âcre aufli bien que l'extrait même de la feconde cuite. Aufli y a-til des obfervations d’auteurs affez anciens, qui nous apprennent que deux dragmes de racine de Tue-chien fufffent pour purger, qu'on a vu cetté purgation accompagnée de fymptômes très- graves; & même mortels. Elle doit aufli avoir don- né la mort à quelqu'un à qui on l’avoit prefcrite contre la fiévre ; deux dragmes de la femence doi- vent avoir produit aufli un effet funefte en excitant des vomiflemens affreux. Enfin on aflure que deux jeunes gens ont été tués par le Colchique, fans parler de plufeurs autres accidens de cette efpèce. La racine doit avoir fait périr des animaux tels qu'un daim & un veau qui en avoient mange, dont on trouva l’eftomac, enflammé. Un chien, dit-on, fut malade pour avoir avalé cinq dragmes de cette racine ; (le chien eft cependant un animal bien ro- bufte) deux onces l'ont rendu aveugle: un autre chien à qui on n’en avoit fait prendre que deux dragmes , eft mort, après avoir été beaucoup purgé par haut & par bas; quand on l’eut ouvert, on trou- va fon eftomac rapétifle & enflamme , fes boyaux refferrés , épais, durcis & dépouillés de leurs mem- branes, qui étoient forties par le vomillement & par les felles. (On ht dans les Zran/uctions philofo- phiques qu’un chien ayant avalé des racines fraiches de Colchique, en fut fort tourmente, fans qu'il en foit cependant mort). C’eit donc avec raïlon, que MaRANTA a blâme ceux qui fe fervoient de cette h \ MÉDICALE. 149 racine , qu'il regardoit comme un poifon mortel, en place d’hermodattes. Elle à pareillement été fuf pecte à DESSENIUS , qui n’a point voulu en faireufage. Tout cela a fait penfer au célèbre SToRK , qu'il pourroit aufli faire tourner un poilon fi aétif à l’avan- tage de la médecine ; il a donc préparé un oxymel de Colchique , en prenant la racine tirée au com- mencement de l'été, en la faifant digérer dans douze fois fon poids de vinaigre, & en y mélant le dou- ble de miel. Ce reméde peut fe donner jufqu’à la dofe de fix dragmes pour un enfant, celle d’une once & demi pour un homme fait, & a celle de deux dragmes toutes les deux heures. Ce remêde ainfi adminiftré a quelquefois fait couler l'urine avec une telle violence chez les malades que Mr. Srorx a traités, qu'ils n’ont ceflé pendant fix jours d’en rendre neuf livres par jour, & que dans un fi court efpace de tems, le bas- ventre d’un hydropique s’eft amolli, de manière que ce malade guérit par le {ecours de ce feul reméde. Mr. STORK rapporte plufieurs autres exemples d’hydropiques gueris de cette maniere, en aidant quelquefois avec fucces à l'effet de fon oxymel par laddition de la terre Fo. lice de tartre. Le même oxymel a emporté une hydropifie accompagnée d’une taux dangereufe, il en a guéri une compliquée avec la jaunifle , & une autre avec l’afthme ; ce remêde a encore trés-bien reufli dans l'afthme feul *, & accompagne de toux, K 3 * Mr. BUCHNER parle d'un cas, où ia racine donnée en fubitance, à produit cet effet. 150 MATIÉRE & danà l'hydropifie de poitrine. Mr, HEUERMAN a donné la poudre de Colchique avec grand faccès dans l'hydropilie. Mr. MARGES a également réuffi avec l’oxymel qu'il a fait prendre à quelques hydro- piques, & lui a vu faciliter les crachats dans l’afthme. (Suivant les nouvelles obfervations de Mr, STORK, il paroit que le Colchique a guéri plufieurs perfon- nes de l’afthme & d’une hydropifie très-facheufe, mais il avertit que fon oxymel ne doit pas fe faire avec la racine féche. Mr. CorLIK s'étend beaucoup fur les utilites de l’oxymel de Colchique dans Phy- dropifñie, Il en fixe la dofe à deux onces ou tout- au-plus à trois ou quatre par jour. Il dit qu'il dé- gage aufitôt les urines, & guérit en peu de jours l'anafarque & l’afcite: il obferve que c’eft un reméde qui agit doucement, maïs que les bulbes dont on Te fert pour le préparer doivent étre récens. On lit dans le Journal de médecine que loxymel de Colchique a fait uriner & cracher, qu'il a foulage Yafthme, qu'il n’a jamais fait de mal, & qu'il a guéri l'anafarque. On obferve dans un tome fuivant du même Journal, que cet oxymel eft un puiflant diu- rctique, que la racine eft utile dans l’afthme & dans l’hydropifie , mais ne reuflit pas aufli bien que dans les autres efpèces. Mr. PLENK dit, qu’en donnant le Colchique à la dofe de deux dragmes, il eft venu deux fois à bout d’une hydropifie aux jointures ), Les médecins fe félicitoient de ce que ces fuccès paroïfloient leur promettre d’avantageux; mais il a MÉDICAL E. 161 fallu rabattre de ces efpérances flatteufes , lors qu'on a appris les obfervations toutes contraires publiées par Mr. Pauz CRATOCHWYLL. Ce nouvel obfer- vateur avertit que la racine de .Colchique a un goût de rave , qu’elle eft un peu amère, & fi dépourvue d'activité , qu'il en a avale quatre dragmes, fans en reflentir aucun effet. IL a trouvé que l'eau diftillce de cette raçine eft acide; que le vin avec lequel on l'a faite infufer eft amer , ainfi que l'extrait qu'il en a prépare, .qu'il en eft de même de l'extrait fpi- itueux ; qu'enfin l'extrait fait avec le vinaigre eft amer & un peu acide ; il nie de plus que l’oxymel de Colchique ait produit aucun, effet remarquable fur les malades ‘de l'hôpital, quoiqu'on leur en ait donné jufqu'à cinq vonces par jour. On a pareiïlle- ment refufe en Angleterre de reconnaitre à la racine de Tue-chien une qualité diurétique. (D’autres au- teurs fe font plaints que loxymel de Colchique a été fouvent mis à l'épreuve fans aucun fuccès. Mr. PARMENTIER dit que la fecule de la racine n’a ni goût ni odeur ). Ces objections ont engagé Mr. STORK à convenir qu’en Carniole il n’a trouvé aucune qualité malfai- fante à cette racine, & cela au point, qu'il en a mangé une toute entiere fans en reflentir aucun mal ; & moi-même ayant eflaye d'en faire autant avec une racine tirce en automne, je ne lui ai trouvé m goût, ni âcreté. (Cela ne viendroit - il point de ce que, fuivant la remarque de Makrax- TA, la racine de Colchique, fi amère au printems, K 4 152 MATIÉRE eft douce en automne ? Quoiqu'il en foit, fuivant les expériences d’autres auteurs & entrautres dé Mr. Moro, l’ufage du Colchique a caufé une vio- lente irritation & fait uriner avec douleur. D’autres médecins le d'fent moins actif due la fquille, tandis que d’autres encore, ont vu l'oxymel de Mr. STORK faire uriner avec force & de maniére que le malade s’en eft très-bien trouvé. Enfin, fuivant les expé- riences mêmes de Mr. CRATOCHWYEL, un chien a péri d'une inflanmation des inteltins après avoir avale deux onces dés racines. Il me paroïit hors de toute vraifembiance, qu’un chien Puife périr par la dofe de deux bulbes , tandis qu'un homme en a mange quatre fans en être incommodeé ; çar, en general , les ‘çhiens fupportent de plus is dofes de remédes que les hommes, : Quant à la vertu que le Colchique doit avoir contre la pefte & d’autres maladies contagieufes , en l’employant comme amulette , je n’en crois pas plus au témoignage de WILHELMI qu'à celui de ceux qui lui ont attribue la même propriété, “ SECTION Il. À TROIS ÉTAMINES. 1258. IRIS. L'IRjs, Ses feuilles font en forme d'épée à deux pointes, les pétales recourbés font barbus, & ceux qui en tourent le piftil font marqués d’un arc en relie, Iris Jylvéftris major CAMER. Epit. p. 2 Lris Germanica. LINN. MÉDICALE. 153 On la trouve par-tout dans les vignobles de Ja Suifle. A Bâle an der Baar auprès du Rhin, auprès du château de Munchenflein. I y en a en abon- dance dans le territoire d”’Aïgle parmi les ruines de St. Triphon, fur le chemin qui conduit de Glérol- les à Vevaÿ, à la Tour; fur les rochers de Paf]- gardfiüh près de Bienne, & ailleurs. La fleur de l'iris a une odeur agréable & aqueufe, la racine eft fans odeur. Cette racine a une qualité purgative a raifon de laquelle elle chafle les hu- meurs fereufes & la bile, mais fi on la donne à trop forte dofe elle fait même rendre par les {elles du fang & de la bile noire. Séche , elle purge à la dofe de deux dragmes , fuivant l’obfervation de BRASSAVOLA, qui ajoûte que fon fuc eft efficace dans l’hydropifie afcite en en donnant jufqu’a trois onces. Mr. PARMENTIER dit que fa fecule eft in- fipide & fans odeur comme celle des autres Iris, lorfqu’après avoir exprimé le marc de fa racine on lui laifle dépofer fa poudre dans l'eau). Autrefois on donnoit le fuc exprimé d’Iris à la dofe d'une ou deux onces. (Massaria fe donnoit pour lin- venteur de cette purgation , & y ajoütoit de la man- ne). AMATUS & BRASSAVOLA le prefcrivoient mé. me aux hydropiques jufqu’a celle de quatre onces. FALLOPE aimoit mieux mettre en ufage des remé- des plus doux, parcequ’il n'ignoroit pas que celui-ci occalionnoit de trop grandes douleurs. Cependant ni SYDENHAM, ni LISTER ( ni CHOMEL qui lui af focioit une demi- once de crême de tartre), n’ont 154 MATIÈRE rejette l'ufage de lIris dans l’'hydropifie , & on a plufieurs éxemples des fucces de ce reméde en pa- reil cas. Un hydropique a été guéri en prenant toutes les deux heures huitante gouttes du fuc. La décoction produit un effet femblable. Donnée en lavement, elle guciit la jaunifle. Mr. DE LINNÉ avertit que la racine ne purge que quand elle eft fraiche , aufli eft-ce dans cet état qu'on la choilit pour en exprimer le fuc. (CELSE la mettoit au nom- bre des remédes difcuflifs. On fe procure ‘une belle couleur verte en met- tant macerer & pourrir les fleurs d’Iris em y ajoû- tant de la chaux. (Pour faire le verd d'Iris, on broye fes pétales & on en méle le fuc avec de l'a- lun en poudre ou diflout dans de l’eau ). 1260, IRIS. L'IRIS JAUNE Ou FAUX ACORUS. Sa tige eft tortueufe, fes feuilles font en épée, fes pétales intérieurs fort petits, les pétales recour- bés ne font point barbus. Acorum falfum CAMER. ÆEpit. p. 6. ris Pfeudo - Acorus. LINN. On le trouve dans tous les foffés pleins d’eau de la Suifle, Sa racine eft aftringente, elle a cependant aufli de l’âcreté au point que trois onces de fon fuc fuf- fifent pour purger, & qu’appliqueé fur une dent ma- lade il en détruit fur le champ la fenfbilitt ). Sui- vant Mr. ALSTOX l'Iris jaune eft extrêmement âcre & le fuc exprimé récemment eft purgatif. Mr. CUL- MÉDICALE a LEN lui attribue de faire éternuer & de purger avec violence. On trouve dans les Tranfaéfions philofo- phiques, que la racine a une qualité cauftique & ftyptique & n’a pas d’odeur ; on y ajoûte que broyce avec du lait elle à une faveur âpre, mais ne purge pas. Je crois que c’eft à ce G/adiolus qu'il faut at- tribuer une obfervation rapportée dans le Journal æconomique de 1766, & fuivant laquelle le fuc de cette plante a caufe une ardeur exceflive & des con- vulfions qui cependant fe font diflipées). C’eft donc mal-à-propos qu'on fait entrer cet Iris dans les remèdes & les confections , en le prenant pour lÂcorus aromatique , & s’il eft ami de l’eftomac il ne peut mériter ce titre qu’en qualité d’aftringent , auffi étoit-ce dans ce point de vue que Chriffian LANGE en préparoit un remède ftomachique. Au- trefois LISETTUS BENANCIUS le regardoit comme un remêde froid, Lorfqu'on le met en infufion avec du vitriol de mars il donne de l’encre com- me d’autres plantes aftringentes ; c’eft un ufage con- nu des montagnards de l'Ecofle. (Suivant le Journal d'agriculture de 1767, on peut le dctruire par le moyen des cendres; la ra- cine en eft douce mais fans être agréable, ni nour- tifante). Sa fleur a une très-grande âcreté & four- pit à la teinture une bonne couleur jaune. = 166 MATIÉRE Lx OL TAGUETE ORDRE VIII À FLEUR IRRÉGULIÈRE, 1261. GLADIOLUS. LE GLAYEUL. Ses feuilles font en épee, & fes fleurs féparces. LINN. p. 52. Gladiolus Dop. Coron. p. 162. Gladiolus communis. LIN. Il y en‘a une variete à fleur blanche de LOBEt. ConNrAaD GESNER a trouvé cette varieté aux en< virons de Coire, &c. ; on l’a aufli trouvée dans les montagnes du canton d’Appenzell. Le même Ges- NER a trouve la principale varieté dans les champs de la montagne de Zurichberg. Suivant JEAN Bau- HIN, i y en avoit dans un pre entre Burdigni & la montagne de Thuiri. Sa racine paroit douce (& l’eft en effet, fuivant ce qu’on \lit dans les Tranfaélions philofophiques) , cependant FALLOPE a trouvé que dans les bleffu- res elle paroifloit agir comme puiflamment attracti- ve. (Suivant ZAPATA les racines de Glayeul frai. ches font bonnes pour les écrouelles en les prenänt en décoction au nombre de cinq, fix, & ainfi de fuite en augmentant. PREVOT les donnoït aux écrouelleux jufqu'a la dofe d’une dragme en fub£ tance, quatre heures avant que de manger). MÉDICALE. 157 CLASSE X. LES SATYRIONS, où LES PLANTES QUI ONT DE L’AFFINITÉ AVEC LES LILIACÉES. ORDRE I. LES ORCHIS. SECT. IILL DONT L'ÉPERON EST UN PEU LONG. 1282. ORCHIS. LE SATYRION FEMELLE. Ses racines font prèfque rondes, les pétales du cafque font rayés , la lêvre eft fendue en trois, cré- ele, le fegment du milieu échancré. Orchid. gen. Rs 72,00. 420, Et. 34. Orchis Morio femina calcare extuberante bifa- riamque divifo SEGUIER p.126. t. 15. f.8. Orchis Morio. LIN. Il eft fort commun dans les pâturages un peu fecs *, 1283. ORGHIS. LE SATYRION MALE , OU \ TESTICULE DE CHIEN À FEUILLES ÉTROITES. Ses racines font prèfque rondes, les pétales laté: raux font recourbes, la lèvre eft fendue en trois, le * Quoique dans l'original il ne foit fait aucune men- tion de ce Satyrion, non plus qnue des deux qui fuivent en qualité de plantes médicinales, cependant, Mr. DE HaLLER m'ayant fait l'honneur de m'en envoyer les planches , comme étant aufli d’ufage en médecine, j'ai cit devoir les ajoüter an; 1283, dont ils poflèdent les ver- tus, quoiqu'ils lui foient peut-être inférieurs en efficace. Le Traducteur. 158 MATIÉRE fegment du milieu plus long que les autres & fen. du en deux. Orchid. gen. conflit. p. 74. n.18. t. 33. Orchis folio Gladioli , flore magno rofeo RIVIN. taf: Orchis mafcula. Lin. I eft commun dans les bois & les prairies: il y en a des varietés à fleurs blanches, à feuilles tachées & fans taches. Les, Anciens donnoient le Satyrion dans du lait pour exciter à l’aéte vénérien. Les modernes du tens de CosTÆUS prefcrivoient de choïfir cette ef pèce pour ingrédient de l'électuaire diafatyrium qui étoit deftine aux mêmes ufages. HENRI de HEERS a enfeigné que les racines mêmes de cette plante, qui vont au fonds de l’eau, donnent une liqueur rouge qui rend propre aux plailirs de l’amour ; cette liqueur s'obtient en broyant les racines avec de la mie de pain , en les arrofant enfuite avec de lefprit de vin de Malvoifie, après quoi on les met en di- geftion dans un alembic & on retire la liqueur par expreflion. Il me fouvient d’un prince qui n'ayant point d’enfans cherchoit à y rémêdier en mangeant de la racine de notre Satyrion confite au fucre, mais il en fit une grande confommation fans aucun fuc- cès. Je n’attribuerois cependant pas à ces bulbes une qualité émétique par cela feul qu'ils ont une odeur fpermatique très-remarquable. Mais cette plante a une autre utilité, c'eft que fes racines (aufli bien que celles dés autres efpèces de ce genre), fe convertiffent quand elles font fêches MÉDICALE 159 en une forte de gomme. C’eft de cette manicre que les Perfans ufent de la racine d’une efpèce d’Or- chis à laquelle ils donnent le nom de Salap, & qu'ils employent dans la dyfenterie, dans la phthifie & dans toutes les maladies qui demandent des remèdes adouciffans : Mr. DEGNER l’a aulli trouvée utile dans la dyfenterie. Mr. RETZ a trouve le moyen d'imi- ter parfaitement ce Salap en faifant ufage de la ra- cine de notre efpèce; pour cet effet, après l'avoir dépouillée de fa peau, il l'a faite bouillir pendant demi-heure dans de l’eau, puis il la mife fécher à l'ombre, de cette manicre les bulbes de Satyrion acquiérent une qualité mucilagineufe, qui les rend tout-a-fait femblables au Sa/ap des Perfans , enforte qu’en les défaifant dans l’eau ils s’y réduifent en gelée. Du Buisson s’eft donc trompe quand il a dit que le Sa/ap n’eft pas une racine, mais un fruit qui croit dans la Paleftine. Ce remêde a cependant cet inconvénient dans la dyfenterie, qu’il eft defé- chant & aftringent comme l’a remarqué le celebre ZIMMERMANN dans fon traité de la dyfenterie. (On lit dans les Mémoires de ? Academie de Suéde , que le Salap ne fe fait pas avec le Satyrion que Mr. DE LINNE appelle Orchis mafiula, mais avec l'Or- chis Morio qui eft le nom qui convient à notre ef- pèce 1283 ; fuivant les mêmes Mémoires, ce Salap agit à-peu-près de la même maniere que la gomme arabique ; il rend fupportables les médicamens âcres, & adoucit les effets du Poiygala dans la pleuréfie. Donné avec du lait il fournit une très-bonne nour- 160 MATIÉRE riture pour les perfonnes attaquées de la phthifie ; & il eft utile dans la ftrangurie. On y ajoûte, que le Salap des Perfans eft un mélange de diférens re- mèdes, qu'ils ne le donnent pas comme remède uni- verfel, il fert à adoucir l’âcreté de la refine de Jalap, & alors on le prépare en pelant les bulbes du Saty- rion; Mr. BERGIUS a-vu cette plante dans un jar, din, mais la terre dans laquelle elle croifloit étoit de la même qualité que celle des prés maigres de la Perfe. Mr. SIMMONS dit dans fes Efjais fur le Salap, que la poudre des bulbes fe diflout dans l’eau chaude, qu’on fait épaiflir, qu’elle fournit un aliment facile à digérer & d’une bonne nourriture, mais qui n'a rien d'aphrodiliaque. Ailleurs on dit que le Salap fournit une bonne nourriture pour les matelots, & qu'on peut le méler avec de la viande de porc, dont il augmente beaucoup le poids quoi- qu’on y en mette fort peu, Mr. MOULTRIE dit, dans les 7ranfaclions philofophiques , que le Salap fe prépare en le lavant dans l’eau, puis en le fé- chant au four. Suivant un autre auteur le Sa/ap eft une nourriture trés-riche, il convertit l’eau en une gelée épaifle. Mr. MouLTRIE confeule de cultiver en qualité de comeftible la plante qui le fournit : il dit qu’on doit le laïffer fix heures & dix minutes dans le four, & qu’alors il épaiflit davan- tage l’eau, dont il prend le double. Mr. COLLIN le donne avec le Polygala afin de l’adoucir lorfquw’il agit comme échauffant & ftimulant ; il le mêle aüfMi avec lextrait d'Aconit , pour en tempeérer Pâcrete, Déja MÉDICALE réi = Déja du tems de PAUL D’EGINE les Anciéns re. connoifloient aux bulbes de cette plañte, une quas lité émolliente, & à Aléxandrie ils faifoient un ca- taplâme avec de la mie de pain, & la racine de POrchis Serapias, & ils l’appliquoient avec fuccés fur les charbons. ORDRE I. L'EPIPACTIS, SECTION IL SANS ÉPERON, SUBSECT. L LA LEVRE FENDUE EN DEUX, 1290. EPIPACTIS. LE NID D’OISEAU. Sa tige eft fans feuilles, fà fleur fans éperon, la lèvre à deux cornes. .Orchid. gen. p. 47. n. 13. Nidus RIVIN. t. 3 Ophrys Nidus Avis. LINx. Il n’eft pas rare dans les bois épais de la Suiffe. On le trouve près de Bérné dans un bois voifin de la métairie de Drakau, dans un petit bois du côté êe la campagne dé Bodenatker, dans la forêt de Dof- Jen. Dans un bois de pin de Genève, fur la mon tagne de Crenzach, däns les bois au Creux du Vent. Mr. GAGNEBIN en a trouve dans les environs de Fer. ricré, & fuivant Mr. JEAN GESNER il y en a dans les alentours de Zurich, &c, } 1291. EPIPACTIS. OPHRISE À DEUX FEUILLES, ; Elle a deux feuilles ovales, la lèvre de la fleur eft fendue en deux. . Bifolium RIVIN. t, 7.. Ophrys ovata. LINN... - Tom, IL L 162 MATIÉRE! … À y ena une varieté à trois feuilles de CasPARD BAUHIN, &c. On le trouve par-tout dans les prés, les vergers & les bois. CLasse XI SPATHACÉES. 1320. ARUM. LE PIED DE VEAG. Ses feuilles font en fer de flêche, la fpathe droite, du fonds de laquelle s’elève une efpèce de maflue cylindrique. Arum Dop. purg. p. 27. Arum maculatum. LINN. On le trouve au printems dans tous les buiffons & auprés des haies. Toutes les parties de cette plante font très-âcres & excitent fur la langue une fenfation brülante ac. compagnée d’un picotement qui dure trés-longtems; cette âcreté éft même fi grande qu’on a vu linfu. fion du Pied de veau dans du vin, faire pifler le fang. (Mr. ALSTON dit que le Pied de veau pae roit d’abord douçâtre, mais que cette fenfation eft fuivie d’ardeur qui dure toute la journée: il ajoûte que linfufion n’a point d’âcreté). La racine eft fa. rineufe , vifqueufe, mais extrêmement âcre , quoi- qu’elle le foit moins que les feuilles ; les £bres qu’elle poufle {ont encore moins âcres que le bulbe, qui cit rempli d’un fuc laiteux, qui n’a pas beaucoup d’âcreté, & qui teint en verd le fÿrop violat: il fe fcpare de ce lait un fuc verd, qui verdit ençore MÉDICALE, - 183 davantige le même fyrop, & que les acides coa- gulent ; la même fparation fe fait aufli par le feu. En le cuifant on en obtient un extrait doux, & il dépofe un fédiment qui a une odeur de colle brù- lée : ce qui refte alors de la racine (c’eft fans-doute la fécule V.) eft infipide. La racine féche fournit 3e d'extrait aqueux , qui eft d’une douceur naufeeule & fans âcretée. L'eau qu’on en diftille de la racine fraiche a quelque chofe de lixiviel, celle qui monte enfuité eft empyreumetique 6 plus alcaline, enfin il paffe uné liqueur empyreumatique un peu acide *, mêlee avec une huile qui fent aufi l’empyreume; le charbon qui refte au fonds de l’alembic contient une fi petite parcelle de fel qu'elle ne fait que du poids de la racine (proportion bien diférente de celle de WEDEL, qui dit avoir trouvé une demi- dragme de ce fel fur une livre de la racine; & de celle de Mr. GEOFFROI qui fait cette proportion de 204 grains fur cinq livres). Mr. URBAIN HIÆRNE dit qu’elle contient beaucoup de fel volatil, mais je ne trouve ce produit dans le réfultat d'aucune ex- périence. Broyée avec de l’efprit-de-vin elle donne un ex: trait femblable à la Colophone, & qui a une dou: ceur naufceufe ; il furnage fur cet efprit-de-vin une huile âcre, comme l’effence de Pimprenelle, & dont la proportion eft de dix grains par livre. (Mr. CAR: | À L:.2 me * Mrs. Navier & GEOFFROI difent qu’elle contient beaucoup d'acide. 164 MATIÉRE THEUSER a obtenu très-peu de réfine; il n’en a trouvé que feize grains fur une once, & deux drag- mes de gomme). Broyée avec l’eau elle donne une bien plus grande quantité d’extrait, & même cinq fois plus; cet extrait a une faveur douce naufeeule, & fans âcreté. C’eft dans le fuc aqueux & non dans le laiteux que réfide la vertu de cette racine; lorf qu'elle eft fèche, elle agit beaucoup plus doucement, & on peut en donner jufqu’a la dofe d’une dragme, (Mr. GEOFFROI a trés-bien averti qu'on doit l’em- ployer fans la laver. Mr. Lun W1G dit que les ra- cines n'ont point de fuc , lorfque la tige eit en fleur). Mr. GEOFFROI remarque que la partie exterieure de la racine eft préfqw’infpide, tandis que l’intérieure conferve de l’âcrete.' Les feuilles du Pied de veau ont plus de vertu que fa racine: le fuc qu’elles rendent quand elles font fraiches n’a pas. beaucoup d’âcreté, il a pour- tant quelque chofe d’alcalin, mais il devient plus âcre à mefure qu’on ferre le prefloir, 6 alors il teint fort “vite en rouge le fyrop de violette; ce qui refte des feuilles eft alors infipide. Ce fuc fournit une petite quantité d'extrait, @& dont la proportion eft de vingt-cinq grains fur vingt dragmes ; il eft doux & un peu äâcre. Les mêmes feuilles broyées avec de l’eau de pluie, ont donne à la diftillâtion une eau un peu alcaline , puis une eau empyreumatique alcalefcente, & une huile dont la proportion étoit de vingt-quatre grains fur 1210. On n’a trouvé-dans Île charbon, qu'une très-petite parcelle de fel fixe MÉDICALE. 16% älcalin. Les feuilles fêéches & détrempeées avec de l'eau ont donné un extrait brun, d’une âcrete mé- lée de douceur -&- d’une faveur femblable à celle de la Pimprenelle blanche ; l'extrait qui fe fait avec l'efprit-de-vin eft femblable a: celui-là, mais en pe- tite quantité & plus foible. Deux. onces traitées avec l’efprit-de-vin, ont donné cinquante-fix grains d'extrait ; & il furnage fur la teinture une huile fem- blable à celle. de la racine de Pimprenelle ; il refte après cela dix-fept grains d'extrait aqueux:; caf les particules gommeufes font télleent- combinées ‘avec les réfineufes:, -que- l'extrait aqueux fe liguéfe (de liquefcit) dans lefprit-de-vin ; comme le fpiritueux fe fond dans l’eau. Il paroit par le peu d'âcreté-de l'un & de Pautre de ces extraits que la vertu de certe plante dépend principalement de fes. parties volati- les, qui s’échappent par lévaporation. SEA La racine de Pied de veau a une qualite f- vonneufe , car elle peut même tenir lieu de favon après avoir æté fèchée. . L'ours., dit, ARISTÔTE 5 cherche cette plante pour fe nettoyer en la mañ- geant, des,impuretes amaflees chez {ui pendant l hi- ver. C'eft dans la même vue qu'on l'employe en médecine, afin de réfoudre les glaires mêlées dans les humeurs : cependant la fécule (qui fe prépare en exprimant fous le prefloir la racine d'Arum ra- clée, dont le fuc provenant dépole au bout de 24 heures, une fubftance farineufe, qu'on met à part, & à laquelle on peut ajoûter le marc qui eft refte fous le prefloir), dont on a exprime le fuc, ou qu’on L 3 166 MATIÉRE: a lavée, n'a pas autant d'activité, & lorfqu'elie eît féche elle n’a plus de vertus. Car la racine de Pied de veau féche fert à faire du pain aufli bien que celle de la plante appellee Calla, qui eft voifine de PArum, & dont on fait du pain en hiver (par éxem. ple dans l'Efclavonie. comme nous l'apprend AN- GUILLARA, PORTA indique dans fa magie natu- relie, la meilleure manière d’en faire | aufli bien que CHYDENI. Suivant BURGGRAW on en fait dans le territoire de Nuremberg. WEDEL dit qu’on en fait auf à Durazso, SA Garfagnana on fe fert de la #âcine pour en faire du pain, après -enavoir expri- rmié le fuc);"enfin on ‘en fait aufli avec la Coloca. fie“qui a‘encore plus d'affinité avec le Pied de veau, (On a découvert en dernier liew, qu'on peut faire de bôn pain'aves les femences de: l’Arum , pourvu qu'on ait eu foin de les dépouiller de leur äcrete. NIEUHOF nous apprend cependant que l'ufage de la racine de Eulhas à attiré le flux de fang. PLINE ‘dit qu’en Egypte l’'Arum qu'il appelle Arôn Femina, ct comeftible. Suivant KOLBE la racine de l'Arum d'Éthiopie ef âcre, cependant les Hottentots la man. gent aprés l'avoir lavée & féchée), (IL croit, dit Rumpr, beaucoup de Colocañe dans les isles des Indes, & on l'y mange après l'avoir rôfie fous des cendres chaudes). C’eft pourquoi on feroit mieux d'en donner le fuc ou la racine fraiche aux malades : au liea de cela on fe {rt aujourd hui de la feculé d'A. rum, qui m’eft autre chofe qu une farine “dépourvue du fuc âcre de fa plante (& par conféquent fans aduvite. V.) MÉDICALE. 167 La racine de Pied de veau entre dans là compo- fition de la poudre ftomachique de BIRCKMANN qu'on donne pour les foibiefles-d'eftoñec (fuivant DETHARDING la dofe de racine fèche eft d'une où deux dragmes.,. Diopore & PLINE difent qu’on la donne auf dans la phthiñe avec du miel}; on la donne aufli pour nettoyer les inteftins (ad alvum purgandam) ;:on la prefcrit aux. rachitiques à la dofe de cing grains mélée avec le double de favon & cuite avec du miel. BURGGRAW parle d’un -hom. me qui , préfqu'entiérement enroue & fans voix, fut retabli par le inoyen du Piéd de venu. Les Anciens le mettoient au nombre des diurétiques (Je ne voudrois pas, dit Mr. ALSTON, donner la racine fraiche à une plus forte dofe que celle de Cinq grains, Mr. CUELEN la regarde comme n’e- tant d'aucune utilité parceque fraiche elle eft trop âcre , & que lorfqu'elle eft vieille‘elle ma plus de vertu, Cependant, Mr. J.F. Pair. GESNER dit que l'Arum & fur-tout fon extrait efl très-efficace dans les maladies de la poitrine. Suivant Mr. Jorpar la racine en poudre guérit les goëêtres (/frumas }; fuivant HER WIG l'extrait facilite l'expé@oration. Jr. NAvIER dit que la vertu de l'Arum réfide dans {on principe acide, & qu'il convient dans les maladies pituiteufes. Je fais grand cas du Pied de veau, dit encore le même Mr. GESNER, depuis que j'ai fait . plufieurs recherches fur fes ‘propriétés PECHLIN dit qu’il s’adoucit avec le vinaigre. Mr. BourGEors a trouve que la racine étoit mn très-bon reméde L 4 168. MATIERE pour l’afthme pituiteux. Mr. Bucxoz enfeigne fort au long la méthode de faire avec là femence de la farine & du pain. La racine de Pied de veau, dit Mr. PARMENTIER, contient beaucoup d’un ami: don, qui fe depofe en étendant dans l'eau le mare ui refte après qu'on a exprime cette racine pour lui faire tendre fon fuc äcre. Cette féculeeft infi- pide/ & fans odeur. : Le même auteur ajoûte que la. racine raclée donne en. la ferrant fous le prefloir, un fac blanc, doux, mais qui devient extrêmement âcre ; apres cela le marc defait dans de l’eau fe pré: cipite au fonds fous’ la sn d'un fediment blanc & infipide } : Le ; | : | Extérieupement la racine figurée en maniére de tente s’introduit dans les ulceres, qu’elle mondifie ; x & on. en fait des applications pour foulager les dou. leurs de la goutte. : | On s’en fert-pour redonnér, de la force au wi foible, & cela: reufhit affez bien pour qu’on puifle: faire du vinaigre avec. ce vins. 1 1 CLassE XI. GRAMINÉES. ORDRE L.: {DONT LE CALVCE EST DE TROIS A : BALES. _ 1305. TYPHA. LA MASèE D'EAU À LARGES dau à FEUILLES. : ” Sa femence eft garnie d’une feule maflue, “Typha CAMER. Epit. p. 607. _ Typha latifolia. Linx. MYÉSD' I C AL'E. 169 --On la trouve fur les bords des étangs & des ri- vicres ; parmi les rofeaux. Mr. GLEDITSCH dit que fa racine fe mange en falade, & fhivant Mr. Loss lorfqu'on la fait infu- fer dans de l’eau, elle fournit une boiflon propre à arrêter les hémorrhagies de la matrice. Le bétail: la mange , cependant Mr. SCHRERER foupçonne qu’elle lui eft nuifible. - * Ses aigrettes fervent à faire des duvets. ORDRE II. DONT LE CALYCE EST DE SIX BALES. 1307. ACORUS. LE JONC ODORANT ou CALAMUS AROMATIQUE. Acorum CAMER. Epit..p. s. Acorus Calamus: . LINN. Il y en a une varieté dont les feuilles font par’ trois & par quatre, de BLAKSTONE. On :le trouve en divers lieux de la Suifle. IL vient aux environs de Berne dans les Ctangs du pré de Holligen, qui appartenoit autrefois à Mr. BUCHER, mon beau-pere. ‘Autour de Schadau. Dans un étang près de Tramlingen. (I y en'a dans lés marais de Prélaz. V.) CasPARD BAUHIN en à vu aux envi- rons de Brüglingen & de St. Jaques. ‘Il y en a près de Gundeldingen &e-dans-un- vivier prés de Brat- telen. C’eft la plus aromatique de toutes les plantes qui croiflent dans les pays feptentrionaux , {oit qu’elle 170 MATIÉREN fit le veritable Calamus aromatique , {it-qu’elle en difére. (Suivant les Tranfaélions philgfophiques ; fes racines font cauftiques , aromatiques & amères. GALIEN dit qu'on peut fubftituer le Calamus aroma. tique à l’Amomum, & la racine de Cabaret à celle du Calamus). L'eau diftillée fimple de cette racine eft plus aromatique que la fpiritueufe *, & elle en- traine avec elle une huile éthérée : l'efprit- de-vin n’extrait point les vertus médicinales de la racine fraiche, il en extrait davantage lorfav’elle eft féche , & contient beaucoup d'huile éthérée, jufqu'à une dragme par livre, & elle eft toujouts meilleure quand on a employé la racine féche, L’infufion aqueufe eft amère & aromatique, maïs l'extrait eft fans odeur & inutile: l'extrait fpiritueux eft âcre & a un peu de l'odeur du Calamus. C'eft auf ce dernier que NEUSANN préfère, où bien celui fait avec le vin. Il fournit une bonne quan- tite de fel volatil. J'aimeroïs mieux faire comme CHOMEL, qui fai- foit infufer cette racine dans du vin de Bourgogne, ou vouloit qu'on le prit en fubftance à-peu-près à la dofe de deux dragmes , mais âprés Les avis que NEu- “MANN donne là-deflus, je ne ie prefcrirois pas corm- me WEDEL fous la forme d’une liqueur fpiritueufe. Autrefois on le conffoit au fucre. * A. de HEYDE a déja obfervé que les races avoient confervé leur faveur après avoir été digérées avec l’ef- prit-de-vin. CARTHEUSER dit que cette teinture fpiri- tueufe n'a que le goût de l'efprit-de-vin. . MÉDICALE. 171 Chez les Arabes tant anciens que modernes , le véritable Acorus entre dans la compofition de la thériaqque, & du tems de MARCELLUS ils s’en fer- voient en gargarifme pour Îes maux de dents: de nos jours on l'employe pour rémêdier à la foibleffe d'eftomac, foit qu’elle vienne des crudités acides, ou de ce qu'il eft diftendu par des vents. T. TuRr- QUET le donnoit comme un vin fpécifique pour le vettige. On a prétendu qu'il n'étoit abfolument qu’af. tringent, & qu'il reuilifloit dans le traitement des hémorrhagies internes, mais je crois que cette affer- tion convient plutôt à l'Iris jaune. On lit dans les Aemoires de l'Académie des ftiences de Paris, que le parfum qui fe trouve dans le follicule du Rat muf que, lui vient du Calamus aromatique. 1311. JUNCÜS: GRAND JONC UNI à panicules éparfes. : Sa tige eft nue, fes feuilles font cylindriques i ferrées, la panicale iatérale éparfe. Juncus tertius DOD. Cereal. pe 265. Juncus efufus. LIx | IL croit fréquemment dans des terreins tenaces & marécageux où les laboureurs le voyent de fort mauvais œil. | Les: Anciens lui attribuaient une qualité diuréti. que, s'il eft vrai, du moins eue cette efpece f{oit bien celle dont ils voulaient parler. Sa dureté fait qu'il eft de meilleur ufage que d'au. . 172 MATIÈRE j es Joncs pour des liens & des ouvrages de van- nerie : il eft excellent pour faire des cordes. Lu GRAMINÉES. ORDRE IIL DONT LE CALYCE EST D’UNE SEULÉ BALE. \ 1331. ERIOPHORUM. CHIEN - DENT DES PRÉS COTONNEUX, à panicules éparfes. Ses feuilles {ont planes & fes epis pendans. Gramentomentofium panicula fparfa C. B. Theatr. p. 60. Eriophorum Polyftachion. LiInx. On le trouve dans prefque toutes les prairies hu- mides. Sa moëlle eft un remède auf efficace que fim- ple pour guerir la brülure. Mr. GLEDITSCH à qui on doit tant de bonnes chofes, a trouvé par les ex- periences qu’il à faites avec les aigrettes de ce Chien- dent, qu'on peut l’employer pour divers ouvrages en laine. Mr. SCHÆFFER s'en eft fervi pour faire du papier. Les bœufs broutent cette plante -quand elle eft encore tendre, mais pas quand fon aïgrette eft épanouie. 1336. SCIRPUS. LE GRAND JONC. Sa tige eft cylindrique , Ra panicule latérale ; Ta- meufe, lès petits épis ovales. Scirpus paluffris altiffimus SCHEUCHZER p. ii Scirpus paluftris. LINN. ‘ MÉDICALE. 173 On le trouve fréquemment dans les lacs & par- mi les eaux des bois. On fait cas de fa moëlle pour guérir les brûlures, Elle peut fervir à faire du papier, comme l’a enfei- gné Mr. pu CHESNE ; pour cet effet on la coupe par longues. tranches , on la fait fêcher fous le pref- foir, & on la carde. Mr. SCcHREBER dit que les beftiaux ne s’en accoru- modent pas; on peut donc s’épargner la peine de faucher ce Jonc pour leur fervir de fourrage. * 1338. SCIRPUS. JONC AIGU MARITIME. Sa tige eft triangulaire, fa panicule latérale, ra- meufe , les petits épis ovales. Juncus acutus maritimus caule triangulo C. B. Theatr. p. 175. Scirpus mucronatus. LINN. J'ai trouvé cette plante , qui n’étoit pas encore connue comme naturelle à ce pays, autour de No- ville, dans des bois humides, & aux environs de Vevay, du côte du Furet, & dans les isles qui appartiennent au territoire de {a Tour. Mr. LA CHENAL en a vu à Bale vers le Rhin entre Neu- dorf & Huningue, & du côté de Binzen. (Mr. MANETTI nous apprend qu’on peut faire du pain avec fes racines noueufes , en les broyant aprés les avoir fêchées ). 174 MATIÉRE GENRE DES. CAREX. II. CAREX QUI ONT PLUS D'UN ÉPI HERMA« PHRODITE. | I. LES ÉPIS SESSILES, D. & RAMASSÉS, 1362. CAREX. (CAREX EN FORME DE SOUCHET du mont de Ballon. Ses épis font ramaffes au fommet de la tige, les épis inférieurs {ont foutenus par des folioles. Gramini Cyperoidi ex monte Ballon fimile, fpi- ca totali ex pluribus fpicis compofita. PEUKNET 5:34 96 7: Carex arenaria. Lin. On le trouve dans les environs de Berne, à Mi. chelfeld, & autour du Zac du chat. Il yenaen abondance autour de Roche, dans le Pré-pourri, Il eft commun autour de Güttingue. (S'il eft bien vrai que cette efpèce foit celle que Mr. DE LINNÉ appelle Carex arenaria, on peut lui rapporter les obfervations de Mr. GLEDITSCH, qui dit que fes racines fraiches ont une odeur balfami- que qui tient de celle de la térébenthine &. de l'huile de caieput, qu’elles ont une faveur douce, balfami- que. _& que les diférentes teintutes qu’on peut en tirer fourniflent des produits femblables à ceux du Gaïac ; qu’enfin il n’eft pas douteux que leurs ver- tus ne foient fupérieures à celle de la Saffepareille , à laquelle il dit qu’on peut les fubftituer ). MÉDICALE. 176 ORDRE IV. DONT LA FLEUR EST DE DEUX BALES. VÉRITABLES GRAMINÉES. SECTION Il. DONT LE CALYCE EST D'UNE SEULE BALE. 1420. LOLIIUM. L’YVRAIE. Œlle eft annuelle, & fes petits épis font éloignés, Gramen loliaceun, fpica longiore, feu Lolium Droscoripis C.B. ScHEUCHZER 31: t.L f.7, E.F. Lolium temulentum. LINN. Il y en a une varieté fans barbe (mutica J. K.H.), qui m'a été envoyée d'Angleterre fous le nom d’Y- vraie blanche, ZLoluim album. Elle vient fur-tout dans les prés après les étés plu- vieux, ou lorfque la terre a été corrompue par une trop grande humidité. Sa graine eft doucâtre, d’une faveur qui n’eft pas defagréable ; elle contient beaucoup d’acide , puif qu’elle fournit une trés-grande quantité d’un efprit acide * corrofif, qui teint en rouge le bleu de Tour- nelbl; on en retire outre cela un ‘el volatil âcre, & une réfine âcre. La pulpe de cette graine a tant de virulence que le pain qu’on en fait, {ur-tout mangé encore chau!, donne de l'ivrefle, de violens maux de tête, des -.* On lit dans les Mémoires de Montpellier, que cet cl. prit eit urineux. 176 - MATIÉRE vertiges , des angoifles, de l’afloupiffement, même aux chiens , aux cochons & aux poules (CAMERA- RIUS dit que la fumce méme a produit cet effet) ; il arrive enfuite des vomiflemens, du délire , des cohvulfions *, qui dégenèrent en paralÿfie; oh en a vu réfulter des épidémies patmi les foldats, des enflüres ,,& des morts quelquefois fubites, après tefquelles on a trouvé l'eftomac refferré. L’Yvraie tue aufli les oies, d’autres animaux, & même les chevaux. (Mr. MARIOTTI dit qu’elle eft pernicieufe aux chevaëx mais pas aux poules, & qu’elle ne nuit pas conftamment à l’homme, ni,à toutes fortes de perfonnes ). Sa qualité enyvrante fe communique tellement à la bierre que cette boiflon enyvre puiflamment , & occafñonne des délires ; enfin cette qualité pafle auff dans lefprit qu'on diftille de l’Yvraie en fermenta- tion (DENFER parle d’un mélange de vingt parties d’efprit de feigle ‘fur huit parties d’efprit d'Yvraie), & cet efprit injecté dans les veines d’un chien lui donne de l’engourdiflement. Une médiocre quantité d'Yvraie engraïfle les pou- les & les cochons. Cette graine employée à lextcrieur agit en qualité d’anodyn mais excite en même tems une fenfation de chaleur , & c'elt à raïfon de cette qualité que les Anciens employoient quelquefois la farine d'Yvraie, “ entrautres * Suivant SCHOBER l'Yvraie étoit mélée de feigle er- goté. j MÉDICALE. 197 entrautres dans la pleurefie (comme le prefcrivoit ARETÉE dans les cas où les malades crachoient beaucoup (/# Aumidius fpuïum copiofumque rejici- tur). (Suivant GALIEN le fuc de cette graine mêle avec du vinaigre eft un puiflant deflicatif, propre au traitement des grandes bleflures. CELSE appli- quoit de l’Yvraie fur les côtes caflces , lorfque la douleur étoit trop incommode ). SECTION III DONT LE CALYCE EST DE DEUX BALES. 1421. SECALE. LE SEIGLE. Les cils de fes bâles font rudes au toucher. Secale cereale. LINN. Nos payfans allemands en fêment beaucoup, ceux du pays de Vaud le mélent avec du froment. On le dit fpontanée en Sibérie. On ne fait pas trop fi les Anciens ont cultivé le Seigle ; plutieurs croyent que c’étoit ce qu’ils appel- loient Si/igo. (CELSE le mettoit au nombre des contractifs ). NonNIUS dit que c’étoit le Centenum d'IsiDORE & que les Efpagnols défignent le Seigle fous le même nom. Sa farine eft doucâtre, un peu noire, & ne con- tient pas beaucoup de matiére glutineufe, mais beaucoup d’acide ; auffi, pendant le long féjour que j'ai fait à Gôüttingue , je n’ai jamais pu fupporter le pain de Seiïgle fans éprouver l’ardeur d’eftomac qu'on appelle foda. C’eft à raifon de Ja même qualite qu’on Tom. IL. M . 178 MATIÈRE a vu lhectifie (tabes) fe guérir par le feul ds + d'une bouillie faite avec de Ja farine de Seigle , que le fuc de cette graine méle avec celui de a gentine diflout le calcul; (fuivant ALLEN, BOER- HAAVE diloit qu'on pouvoit faire avec le pain de Seigle un reméde prapre à difloudre le calcul). Si on fait infuler le Seigle dans de l’eau, & qu’on la laifle fermenter, il en réfulte une liqueur qui ronge des lames de fer , enforte qu’elles font alors en état d’être étamées. Enfin l’efprit de pain de Seigle dif- fout le fer & le cuivre, préfque plus puiffamment que l’eau forte. (Mr. PLENK a trouvé comme Mr. HAFNER, que les fomentations de Seigle font fort utiles’ pour difliper lhydropilie articulaire ). On fait aufli avec cette graine une boïflon qui reffemble au café, & c’eft avec le Seigle que fe fait fous le nom d’eau-de-vie de grain, cette boïflon per- nicieufe qui eft en ufage chez les peuples du Nord, chez qui elle agit à la maniére des poifons lents, en jettant à la longue dans létifie. Le Seigle eft fort fujet à une maladie (qu’on ap- pelle le cou, bled corn, Seigle ergote V.), dans laquelle au lieu d’un grain plein de farine ne fe trouve qu’une capfule (allongée en maniére de corne V.) remplie d'une pouflière nôire comme le charbon. Cette poufliére a, ainfi que celle de l’yvraie & du charbon -de froment, une qualite rance, putride, grafle comme du beurre, qui devient une pefte quand lès gens de la campagne en mettent trop dans leur pain, Car il en réfüulte des convullions, des dou- # MÉDICALE. 199 leurs entre cuir & chair, de l'yvrefe, de l'engour: diflement, enfin les inembres”{ônt attaqués d’an fphacèle fpontanée. Si on ufe dé’ce Seigle pur, il donne certainement la mort. Il tue auili les'ani maux. Mr. SCHREBER rapporte d’après les cbfer- vations de COTHENIUS, que le Seigle ergote a oc Calionné une maladie dans laquelle les malades étoient attaqués de convulfions fi-violéntes dans les mem bres, qu’elles leur empéchoïentmême d’etendre où de plier les doigts. ‘11 arrivoit en même tems des vertiges & des délires. L’ergot donne plus de fa: riné que lé bon grain, il a méme une qualité plus enyvrante que Popium ; le panm‘quon en fait eft puant, & l’eau-de-vie qu’on en diftille enyvre puit famment. On lit dans les Æ/eémoires préfentés & l'Académie de Paris, que dans une épidémie oc: cafñonnée en Pologne par le bled ‘Cornu, quelques perfonnes ont perdu les doigts des mains & des pieds , & même dés membres entiers, Cette maladie etoit’ précédée d’une lafitude qui duroit longtems & fui- vie de refroidiflemens dans lés membres ; puis d'en gourdiflement &_d’infenfibilité accompagnée d’une très-grande douleur ; que la chaleur du lit augmen- toit pendant Ja nuit. ÆEnfin furvénoit-la gangrène. (Suivant Mr. DE BUFFOoN le Seigle ergoté ef com pofé de filaments organiques qui fe féparent en fes faifant infufer. On lit dans lé Journal Encyclopé- dique des expériences contraires! au” fentiment "de Mr. VOGEL, & fuivant lefquelles des chiens @&des:' animaux malades pour avoir. mangé. du Seigle ergote, M 2 a 136 MATIÉRE fe font rétablis par le feul ufage du lait. Suivant les Recueils de la Societé de Zell, lergot tue les poules en trés-peu de tems. Ailleurs ( Hannover. Seltenheit) on nie qu'il produife de mauvais effets, & qu'il ait mauvaife odeur. D’après les experiences de Mr. MopEL il paroit , comme on l’avoit deja obfervé, que le bled cornu donne à la diftillation une huile femblable à celle de corne de cerf & une liqueur alcaline, & que fous cette huile on trou- ve un fel attaché aux parois du récipient: qu'enfin on en retire du fel en preffant très-vivement le feu, & que ce fel eft le produit du feu: de plus, la ma- tire glutineufe de ce grain malade eft alcaline & vient des enveloppes. On en retire une gomme urineufe ; il contient plus d’huile & de terre que la bonne graine, La liqueur qu’on diftille du Seigle eft acide & forte; & Mr. MopEL dit quon peut faire de bon pain avec cette graine. . Il,croit que ce neft que fur les fecondes tiges que vient l’ergot, Suivant Mr. BRUNNER les grains de Seigle qui ont dégéneré donnent des vertiges ). 1422. TRITICUM. LE FROMENT. Ses petits épis font tuiles, à quatre fleurs, glà- bres, & fans barbe. Triticum BLAK WELL. t. 40. Triticum hybernum. LINN. Varieté b. dont les petits épis fonttuilés, à qua- tre fleurs, glâbres & barbues. C'eft le FROMENT GRISON. MÉDICALE. 181 Triticum ariflatum BLAKWELL. t. 10. Triticum æftivum. Lin. L'une & l’autre de ces varietés vient de graine, On les fême communément dans le pays de Vaud, même fur les montagnes ; mais on ne fait pas fure- ment quel eft leur pays naral, ni fi le froment eft originaire de la Sicile, sil eft fpontanée chez les Bafchkirrhiens , ou dans l'Orient, ou fi c’eft une efpèce de Chien-dent peu connue qui, en fe perfec- tionnant à la longue par la culture, aura produit le froment. Il eft probable que notre efpéce eft la même que les Anciens appelloient pyros & qui ref: fembloit fur-tout au froment de Sicile & dont le grain eft rouge, dur & cartilagineux ; chez nous ce grain eft plus tendre. (C’eft aufli un froment fem- blable à celui-là qu’on cultive en Egypte, en Grèce & chez les Orientaux. Au refte il eft impoffble d'en déméler les varietés dans les defcriptions des Anciens, ni même dans celles des modernes, tels que LAWRENCE & des SERRES. Quoiqu'il en foit, cette plante aufli bien que tou- tes {es femblables, fournit la principale nourriture à prèfque toutes les parties de l’ancien monde, depuis la Perfe jufqu’au Portugal; la farine de fa graine dc- pouillée de fa bâle s’employe comme aliment d’une infinité de maniéres, mais {ur-tout fous la forme de pain, en la peétriflant avec de l’eau & du levain pour la faire fermenter, après quoi on en arrête la fer- mentation en Cuifant la pâte au four dont la chaleur en diflipe l'humidité. Nous avons fait voir ailleurs M 3 182 MAITIÉRE qu'il y a dans le pain deux parties propres à la nu- triion , l’une glutineufe & alcalefcente (cette par- tie abonde, fuivant Mr. SPIELMAN, dans le gruavu, das Gries), & l'autre femblable à l’amidon & ten- dant à devenir acide. (C’eft cette combinaïfon qui rend le pain propre à fournir feul une bonne nour- riture aux pauvres, aux prifonniers, & à ces mal- heureux qui pañent leur vié à ramer fur les Gale- res , le pain fuffit pour les faire vivre dans un état de fante & entretenir leurs forces. La partie alcaline domine dans le froment , le fei- gle eft plus fujet à s’aigrir. (Suivant les expériences de Mr. MopEL le grain de la première de ces varietés a une fubftance glü- tineufe ; on en retire une huile femblable à celle de la corne de cerf & une liqueur alcaline; on trouve fous cette huile un fel attaché aux parois du réci- pient; on en obtient enfin du fel en preffant très- vivement le feu, & ce fel eft le produit du feu. Ce gluton eft alcalin, &c. Suivant AETIUS le Far Clu- Jinum étoit du froment dépouillé de fes enveloppes , puis féche & moulu ). Le froment eft fujet à étre infectée d’une maladie jen pernicieufe & qui fe communique par conta- sion ; elle confifte en ce qu’à mefure que le grain fe forme, fa partie farineufe fe convertit en une poufliére noire qui agit à la manière d’un poifon s'il s'en introduit une trop grande quantité dans le pain. On'en a vu refulter des convulfions. Pareïllement les grains attaqués de la rouille ont occafonne une ma- MÉDICALE. 183 ladie épidémique convulfive qui dégénéroit en mé- lancolie & en boitement. Cet aliment a aufli attiré des pefanteurs. de téte, la céphalee & la diarrhée. Au refte, le charbon du froment fournit aux pein- tres une bonne couleur noire, & Mr. PURMANN en a compofe un emplâtre dont il fe fervoit pour ré- médier aux fungus des articulations. On fait de l’amidon avec de l’Epeautre , qui eft une varieté plus grande & barbue; on en fait aufli avec le riz & le froment ; il epaiflit , & a une qua- lité aftringente. Les Anciens mettoient l’'amidon au nombre de leurs alimens, mais nous l’employons pour l'ordinaire à d’autres ufages. 1l fe fait en laif fant macérer le froment dans un vafe de pierre juf qu'a ce qu'il commence à germer, alors on le foule aux pieds, on ramañle la pâte qui en fort après l’a- voir preflee & :on en fêche le fuc au foleil; c’eft une opération qui-donne beaucoup de mauvaife odeur. 1424. TRITICUM. L'ÉPEAUTRE. Ses petits épis font compofés chacun de quatre fleurs dont deux font rangées d’un côté, le grain eft attache aux bäles. Zea dicoccos €5 major C.B. Theatr. p. 413. Triticum Spelta. LINN. C'eft le bled qu'on cultive le plus dans le pays plat de la Suifle feptentrionale ; on le cultive auffi en Souabe & en Franconie. Les Anciens le connoïifloient fous le nom de Zea. HERODOTE dit que c’étoit le feul dont les Egyptiens M 4 164 MATIÉRE fiflent ufage: c’eft peut - être ce qui a fait dire à JULES ÂLEXANDRINUS que le Zea d'HOMERE étoit le froment, mais il appuvyoit cette aflertion d’une raifon qui ne me paroit pas des mieux fondées, c’eft que les chevaux dont parle HOMERE fe nour- tifloient de froment, fuivant ce paëte; mais c’eft l'Epeautre qui fert de nourriture à ces animaux , au lieu que le froment les fait périr. THEOPHRASTE & DIOSCORIDE regardoient l’E- peautre comme un genre de froment. Mr. MARTYN croit que notre Epeautre eft la même que le Far des Anciens, mais toutes les conjectures qu’on a faites fur cette matière font incertaines , parceque les Anciens n’ont point laiflé de defcriptions aflez complettes pour nous mettre en etat de juger des diférences de ces efpèces. Ce qu'il y a de für, c’eft que l’Epeautre donne une farine très - blanche, & qui l'emporte mème à cet égard fur celle du fro- ment ; elle eft aufli plus riche en principe glutineux, d’où dépend Ja propriete nourriffante; le pain qu’on en fait eft cependant un peu plus fec, & moins agrea. ble au goût quand il a été un peu garde. On ne peut point employer de farine plus belle pour les fucreries. 1246. TRITICUM. LE CHIEN-DENT. Ses racines font rampantes, les drageons garnis de gaines, les feuilles velues , les petits épis com- poies de cinq fleurs. Gramen caninum arvenfe, [. Gramen Diofcoridis SCHEUCHZER P. 5. Triticum repens. LINN. MÉDICALE. 184 On le trouve çà & là auprès des haies, dans les ‘allées de jardins garnies de gravier ; c’eft une pefte pour les bieds & les jardins. | C’eft cette plante qu’on croit être le Gramen des Anciens, dont, fuivant PLINE , la racine étoit ge- nouillée , garnie de nœuds ferpentans & pouflant de toutes parts de nouvelles racines & des feuilles terminées en pointes. Sa racine eft douce & peut fervir de nourriture aux hommes & aux beitiaux ; & au rapport de DIODORE de Sicile elle a même ete la nourriture des premiers Egyptiens. De nos jours, on l’employe en médecine pour en faire des tifannes qui fervent de boiflon ordinaire, & qu’on croit propres à agi doucement & fans irritation en qualité de réfolventes & d’abfterfives. L’excellent BOERHAAVE, mon maitre, étoit autrefois d'avis que le Chien-dent ne le cédoit à aucun autre remêde lorfqu’il s'agifloit de remédier au skirrhe du foie. MarcELLUS le prefcrivoit pour la ftrangurie. Le célèbre LUDWIG veut qu'on tire fa racine au prin- tems: elle peut aufli fervir à faire du pain. (Mr. ALSTON en vante beaucoup la deécoétion, pour rémêdier aux aections hypochondriaques, aux obitruétions des vifcères qui préparent le chyle, à l'atrophie, &c. Mr. GLEDITSCH prefcrit cette dé- coction avec de la manne. (L’exprellion latine dat decoëlum mannatum , pourroit fignifier que la dé- coétion de Chien-dent fournit une forte de manne : je crois même que c’eft ainfi qu'il faut l'entendre, parceque le livre d'où ce palfage eft tire, traite des 186 MATIÈRE plantes qui fourniflent du miel aux abeilles , à en juger par ce que Mr. DE HALLER en dit dans fa bi- bliothéque botanique T.T. p. 295 ; d’ailleurs il y a un autre Chien-dent dont le nom indique une pro- priète femblable: voyez l’article fuivant. V.) Suivant les Tranfaéfions plulofophiques les racines de Chien- dent ont un peu d’âcrete, & leur décoction eft doucâtre ; les feuilles vertes font douces, ftyptiques, les femences font diurétiques. (Mrs. GLEDITSCH & ALSTON difent qu’on peut en purger les bleds en fofloyant le champ & en arrachant les racines avec un inftrument fait exprès ). 1453. PO4. (CHIEN-DENT AQUATIQUE FLOTTANT, à plufieurs épis, MANNE DE PRUSSE. Ses petits épis font cylindriques, compofes de plu- fieurs fleurs , les bâtes florales extérieures tronquées, les intérieures fendues en deux. Gramen aquaticum fluitans multiplici fpica C. B. SCHEUCHZER p. 199. t. 4 f. 5. Fefluca fluitans. LINx. On le trouve par-tout dans les fofies. On a trouve en dernier lieu que ce Chien-dent eft le même que celui auquel on donnoit le nom de Chien-dent à manne ( Gramen Alannæ ) dont la femence eft mife au nombre des alimens, & qui a de la douceur & une faveur agréable; mais non pas celui qu’on appelle Pied-poule ( Gramen daélylon). MÉDICALE. 187 Dans le Nord de l'Allemagne on le cuit ordinai- rement avec du lait, mais il a le défaut de deffé- cher le ventre. Ses grains font gros. J’apprens aufli qu'on le cultive, mais en Suifle on n’en fait au- cun ufage. I494. AVENA. L'AÂVOINE noire & blanche. Ses fleurs font deux-à-deux, les petits épis font pendass, fes fleurs font cartilagincufes , inégales , la plus grande barbue. Avena BLAKR WELL. t. 422. Avena fativa. LINN. On ne fait pas de quel pays elle eft originaire. Dans la partie feptentrionale de l’Europe elle fert de nourriture aux chevaux, & même aux pauvres .gens. Nos pauvres gens la mélent parmi la graine dont ils font du pain, mais il en contracte un goût defagreable , quoiqu'on affure que dans la Zambre (en Angleterre ) le pain qu'on en fait ne foit point d’un mauvais goût. Les Norwègiens en font le mé- me ufage. On fait avec l’avoine legerement rôtie des bouillons qui font utiles dans les catarrhes, pour nourrir les perfonnes qui ont de la fiévre, & pour adoucir l’acrimonie du fang. Nos compatriotes de la Suifle feptentrionale font avec la farine d'avoine, mais en la rôtiflant davantage , une bouillie qui eft fort nourriflante, & d’un grand ufage. CasPARD Hor- MANN vantoit comme un excellent remêde pour la colique l’avoine fricaflée & appliquée en fomen- tation. 18$ MATIÉRE (Dans les Recueils de Zell on confeille de fe- mer l’avoine en qualite de fourrage préférablement au tréfle ). 151$. ÂARUNDO. LE ROSEAU COMMUN. Ses feuilles font tranchantes, chacun de fes pe- tits épis porte trois fleurs garnies d’aigrettes & fans barbes. Arundo vulgaris [. phragmites Diofcor. SCHEUCH- ZER P. 161. t.3. f. 14. Arundo Phragmitis. LINN. On le trouve par-tout dans les foffés, les étangs & au bord des lacs. SCHEUCHZER en a trouvé une variete dans des foffes aux environs de Wahlen/fatt. Cette plante eft douce, remplie de fuc d'un goût agréable, qui eft abfterfif & qui lâche doucement le ventre. Ses racines ont une douceur accompagnée de faveur naufeeufe. Les Anciens employoient cette racine en medecine, & elle a donné lieu à de vi- ves difputes entre les celébres TRILLER & SPRINGS- FELD. Mr. DEIDIER a confeillé en dernier lieu d’en boire la decoétion faite avec de l'eau pour favorifer l'écoulement des vuidanges, & Mr. LIEUTAUD dit qu'on prelcrit cette decoction dans la même vue, comme aufli pour provoquer les régles. CLAUDI- NUS a dit qu'on fubitituoit avec fuccés la racine de ce Rofeau à celle de Squine; & LEvVINUS LEMNIUS lui attribue d'amener les apoitémes à fuppuration. ( Suivant CELSE elle eit tendre, & fi on l’applique après l'avoir broyée elle fait forüir les Aëches qui MÉDICALE. 189 ont penêtré dans les chairs. On lit dans les 7ran- Jaifions philofophiques, qu’elle a une douceur ame- re & mucilagineufe ; & fuivant le Diéfionnaire de médecine €ÿ de Lart véter. fon fuc eft bon pour purifier le fang ). Ses houpes donnent du verd à la teinture en les mélant avec la Çampanule bleue & les baies d’une efpèce de Myrtille que les Suédois appellent Trin- kebär. 1526. DIGITARIA. LE PANIS à larges feuilles. Ses feuilles font un peu velues, fa tige eft foible, fes épis font verticillés , la hampe a deux tranchans. Gramen daëfylon folio latiore C.B. Theatr. p.114. SCHEUCHZER p.1oi. t.2. f,2, G. H. Panicum fanguinale. LINx. Il vient dans les planches de jardin , comme à Roche, à Bâle, à Zurich. C'eft à cette efpèce qu’on donnoit autrefois le nom de femence de manne, ou Himmelsthau des Efclavons , & derniérement même Mr. GLEICHEN le lui a confervé. Mais aujourd’hui on attribue tou- tes fes proprietés à une autre plante; voy. le n°. 1453. (& le fuivant V.) 1527. DIGITARIA. LE CHIEN-DENT DES BOUTIQUES Ou PIED DE POULE. Ses drageons font cylindriques, fes feuilles prèf qu'ouvertes ; glâbres, les épis digites. 190 MATIÈRE Gramen daëlylon radice repente [. oficinarum SCHEUCHZER. p. 104. t. 2. f. 11. J. Panicum dactylon. LInx. Suivant CasparD BAUHIN &Mr. STÆHELIN, il croit auprès du Rhin dans les fables. SCHEUCHZER dit qu'il y en a fur la pente d'un foflé plein d’eau dans le petit Zwrich. Je l'ai trowvé dans les fables du bord du lac Léman, par éxemple, aux pe 5x gettes. (Je joins ici cette efpece , parceque sitéenes au teurs François lui attribuent les qualités dont il eft parlé à l’article précédent, ce qui paroït par le nom de Chien-dent des boutiques. Peut-être que cela vient de ce qu’on a confondu fes fynonymes avec ceux de l’efpèce -précédente ; on lui attribue auf les mêmes vertus qu'au Chien-dent 1426, & c’eft en cette qualite qu’on le. tient communément dans les boutiques. V. ) GR'AM'INÉE,S; DONT LA FLEUR EST À DEUX BALES. SECTION IV. LE CALYCE COMPOSÉ DE DEUX BALES ET SOYEUX. 1535. HORDEUM. L'ORGE. Hordeum difhicluun-C.B. Theatr. p.440..& LINN. | La farine d’orge eft douce, & fert a prefque tous les habitaus des Alpes à faire le pain, comme aufli aux peuzies du Nord, qui lui donnent le nom de Korn, c’eft-a-dire, du genre de bled qui eft le plus’ MÉD 1 C AL E. 197 en ufage. La raifon qui fait qu’on le cultive de pré- ference dans les pays froids, c’eft la promtitude avec laquelle il parvient à maturité. En general Mr. DE LINNÉ dit que dans les pays les plus réculés du Nord , lorge fe moïflonne 55 ou 58 jours après avoir éte feme. Le pain qu’on en fait a le défaut de fe fècher d’abord. La tifanne d’orge des Anciens fe faifoit en le dépouillant de fes bâles, après quoi on le féchoit au foleil, & on larrofoit du jus qu'il avoit rendu en le pilant ; c’eft avec la farine qu’on obte- noit par cette manipulation que les Anciens faifoient leur tifanne, qu’ils donnoient comme aliment dans les maladies aiguës , & à laquelle GALIEN repro- choit le defaut d’être venteufe. ARETÉE vantoit cette boiflon pour la pleurefie. CELSE mettoit l’or- ge au nombre des alimens d’un mauvais fuc. De notre tems l'orge fert principalement à faire de la biere, qui n’eft autre chofe qu’une décoction dans laquelle on méle de la farine d’orge germe enfuite fèche, & qu'on afflaifonne pour l'ordinaire avec du houblon; c’eft la boïflon des-peuples du Nord de l’Europe. BOERHAAVE enfeignoit qu'elle etoit plus fortifiante que le vin. Les medecins d’au- jourd’hui employent la tifanne d'orge en medecine & la font préparer de diférentes manicres, en pref crivant de cuire la graine même avec du bouillon à la viande , ou autrement, pour fervir de boïffon aux malades. Les Efpagnols donnent leur orge aux che. vaux. Dans les pays tempérés on peut tirer un bon parti de la femature de cette graine en coupant l'herbe 192 MATIÈRE encore verte pour fervir de fourrage, après quoi on le laifle repouffer & parvenir à maturité. THomas WOooLHOUSE employoit les barbes de l'orge pour en faire les broflettes (xyffra), dont il fe fervoit pour ouvrir les petites veines des yeux; mais c'e- toit une mauvaife invention que cet inftrument par- ceque les barbes dont il étoit compofe laiffant échap- per de petites arrêtes dans l’œil pouvoient bleffer cet organe. Les Anciens faifoient ufage des barbes de l'orge pour piquer les orgeolets. Elles fe tortil- lent en fpirale par les tems fecs, & detortillent par les tems humides. ——— , PLANTES. AP-ÉI TA ESS à ÉTAMINES VISIBLES. CLassE XIII À DEUX COTYLEDONS. ORDRE I À SEXES RÉUNIS. SECTION I. VASCULIFERES À PLUSIEURS SEMENCES. SUBSECT. L POLYSTEMONES, ou à ÉTAMINES NOMBREUSES. 1547. ASARUM. LE CABARET ou OREILLE D'HOMME. Ses feuilles font en forme de rein & un peu velues. Afarum DoDon. purg. p. 110. Afarum Europæum. Lin. Il yen a, fuivant GESNER, une variete à feuilles plus MÉDICALE. 193 plus grandes, près du temple de Notre Dame des Hermites ( Einfidlen ). On le trouve dans les bois de nos montagnes. H y en à en grande quantité fur le penchant de la montagne de la Dolaz: entre AMunchenftein & Mut- tenz, en fuivant le chemin qui pafle par le bois ; dans les bois qu’on nomme die Hardt, autour de Schallenburg & de Gempen. Il vient en abondance près de St. Imuüer ; près du Locle; à la Côte de St, Sulpice , contre le Vallon. Aux Cornes de cerf, & la Mairie de la Brevine , aux environs de Delfherg, - pas loin de Zurich, près de la riviére de Limat. Cette plante répand une odeur agréable, mais forte & très-penétrante , aufli les chats lâchent-ils leur urine fur elle comme fur d’autres plantes qui ont beaucoup d’odeur. Sa faveur eft âcre & amère. (Les Tranfaëlions philofophiques attribuent ces deux qualités à la racine, en ajoûtant qu’elles font en même tems aromatiques). L’eau qu’on en diftille eft fort odorante, aromatique, émétique, (PECH- LIN dit qu’elle n’eft point purgative , mais NEVETT le prouve par l'experience qu’il en a faite), mais ce qui refte au fonds de lalembic eft fans vertus. On en retire de l'efprit après l'avoir faite fermenter. Elle fournit beaucoup de fel fixe alcalin. Ses ver- tus réfident principalement dans la rêtine , les feuil- les & les fleurs n’en ont pas autant. Cette racine procure le vomiflement, fi on la prend crue à la dofe d’un fcrupule, de trente grains ou enfin d’une dragme entiére, Mr. DE LINNE dit qu’elle purge Tom. IL :94 MATIÉRE à merveille à cette dofe). Lorfqu’on la donne en poudre bien fine (pulvis tenerius tritus), elle eft encore plus propre à faire vomir. On la donne aux bêtes de fomme à la dofe d’une ou deux dragmes, PATRICE BLAIR prefcrit les feuilles au nombre de huit ; les chevaux en fupportent depuis une demi- once jufqu'à une once. La racine en vieilliffant devient doucement purgative. L’extrait qu'on fait avec le Cabaret en le cuifant légèrement devient aufli purgatif * , & fi on le cuit une feconde fois . devient diurétique, propriété que les Anciens lui reconnoïfoient. L'infufion opère de la méme ma- niére pourvu qu'on ne pañle pas la dofe d’une demi- dragine. (Suivant RONDELET la racine ou la fe- mence font également vomir fi on les donne à la dofe æün {crupule ; à celle de deux dragmes elles purgént , à celle dé trois elles font uriner, & à celle de quatre elles provoquent les règles ; fix dragmes enfin'putgent par haut & par bas). | Enfin, en réiterant les décoétions , le Cabaret ne confetve plus qué la propriété de faire fuer, (FAL- LOPE fe plaint du peu d’activite de ce reméde, & STAUL dit qu'il agit foiblement fi on en donne en petité Quantité. Suivant Mr. DE LINNE il n'y a que linfüfion vineufe qui ait de la vertu, au lieu que Pinfufion agüeufggn'en a point. AREÈTÉE le mettoit au nombre des diaphorétiques). Le vin devient cmétique & ‘diuretique , fi on y fait infufer déux ou quatre dragmes des racines. Les Anciens les fai- * LENTILIUS fixe la dofe de cet extrait à une dragme. MÉDICALE. 19$ foient prendre dans de l’eau miellée , &' PLINE dit que ce remêde purgeoit de la même maniere que PHellébore ; (il ajoûte qu'en mettant le Cabaret dans le moùût, cela donne un vin diuretique). L’infu- fion faite avec de l’eau eft foible & purgative; (fui: vant Mr. DE LINNE elle fait fuer & uriner ): Ces qualités le rendent utile dans les maladies du foie; dans les longues fiévres intermittentes & quar- tes, dans la fciatique (en décoétion ), & dans les maladies des reins, pour provoquer l'écoulement des règles; pour l'hydropifñie même, & enfin dans la manie. (On lit dans les commentaires de 1% Pharmacopée de Londres que les feuilles d’Oreille d'homme infufees au nombre de douze dans du vin ont bien opéré dans le traitement d’une fiévre quarte rebelle: ZaAPATA dit en parlant de fes fecrets que loxymel préparé avec cette plante eft utile contre la goutte & lhydropilie. ! GALIEN difoit qu’on pou- voit fubitituer fa racine à celle de l’Acorus ; & que celle de Cabaret pouvoit fe remplacer par le gin< gembre ). * Là poudre des feuilles fêches eft un puiffant fter: hutatoire (très-bon, fuivant les obfervations de Mr. CuLLEN ), & qu'on employe pour guérir les cépha- lées: foufflée dans le méat auditif elle doit avoir rémédie à la furdite, & ‘on lit dans le Journal de médecine que tirée par le nez elle a évacué un ul- cère du finus frontal. Des mémoires publiés en Suédois parlent d’une épizootie très - grave, dans laquelle les beftiaux étoient quelquefois attaqués de N 2 196 MATIÉRE maniére que les humeurs fe jettoient autour des parties génitales, & des grands fuccés qu’a eus dans cette maladie la poudre des mêmes feuilles foufflée dans les oreilles de l'animal. (Suivant DEGNER cette poudre eft utile pour guérir les ulcères malins (nomas) * des chevaux, en la leur foufflant dans les nafeaux. Il la confeille aufli pour les vertiges, & en fixe la dofe à une dragme). SECTION II VASCULIFERES À UNE SEULE SEMENCE. SUBSECT. IL ANOMALES. 1552. HERNIARIA. L'HERNIAIRE Où TURQUETTE Elle *eft glabre , fes fleurs font en petits pelotons & nombreufes. Herniaria glabra J. B. TT. p. 379. & LINN. On la trouve çà & là dans les terreins fablon- neux. À Büle auprès de la riviére de la Wicfe. Parmi les ruines de la tour de St. Tryphon , en Vallais, à St. Sulpice, à Morges, à Genève, à Zurich, à Délémont. Cette petite plante a une qualité ftyptique , une fiveur un peu falée, & on la met au nombre des plantes médicinales. C’eft à raifon de cette qualité {typtique qu’elle a la réputation de guérir les hernies , mais on s’en fert bien moins que cette réputation * Ne feroit-ce point le farcin? Ze Traducteur. MÉDICALE. 197 ne femble l'indiquer. HOULLIER prefcrivoit dans cette vue d’en boire le fuc exprimé dans du vin. HiILDAN a donné le même confeil, & recomman- de l’ufage de la femence pour le même effet; Du- RET vouloit qu'on en prit le fuc dans du vin blanc. On a enfuite employe les mêmes parties de cette plante pour rompre le calcul, propriété qui paroit préfqu’incompatible avec la premiére. JEAN VIRIDET parle d’un tophus aux reins, qui a été diffout par l'ufage de la décoction d'Herniaire dans de l’eau. DE LA POTERIE la prefcrivoit dans un bouillon avec une grande dofe d’yeux d’écrévifle, Quelques mé- decins avouent qu’elle à par fois trompe leurs efpe- rances. Je trouve dans CHOMEL qu'elle fait uri- ner, même avec violence, & qu’elle eft venue à bout d’une hydropifie qui, à la vérité, provenoit d’avoir trop bu (d’eau fraiche V. ) Mr. GRUHLMANN dans une differtation qu’il a publiee fur cette plante recommande lufage de fa poudre contre l’obfcur- ciflement de la vue (ca/igo ). Aujourd’hui fon ufa- ge eft à peine connu en médecine. POLYGONUM. ra RENOUÉE. I. SANS AUCUNES GLANDES. à LE PISTIL PARTAGÉ EN DEUX. 1554. POLYGONUM. LE POIVRE D'EAU ou CURAGE. Ses feuilles font ovalo - lancéolées, les épis gré- les, les gaines chauves & tronquées. N 3 198 MATIÈRE. Hydropiper Dopon. Cereal. p. 269. Polygonum Hydropiper. LINN. Il y en a une varieté à fleur blanche de Jou- RENIUS, &c. On la trouve au bord des chemins dans les fof fes & les lieux pleins d’eau. Toutes les parties de cette plante ont une acreté cauftique & durable. Elle ne difère de la Perficaire que par fes gaines. Son fuc eft légérement acide. L’eau qu’on en diftille eft fort odorante & un peu âcre. Son extrait eft gélatineux, fa. Son fel fixe a beaucoup moins de force que le fel marin. Cette plante fait uriner foit qu’on la prenne en décoction, ou en infufñon, & c’eft en cette qualité qu’elle eft communément connue en Portugal, & qu'on l’employe “dans ce pays-là avec fuccès pour difliper l’hydropifie & la jaunifle en mélant dans la tifanne des pañlules ou de l’ofeille , afin de tempé- rer la trop grande âcreté de ce reméêde. Cepen- dant Mr. HARTLEY dit qu’elle ne diflout pas aufli bien la pierre que l’eau fimple. On dit que l’eau diftillée du Poivre d’eau chafñle les glaires qui ob£ truent les reins & la veffie. Deux grands hommes , CHOMEL & BOERHAAVE, recommandent de l’employer à l’exterieur pour di& fiper les œdèmes. Le fuc de la Perfcaire brülante broyée avec du fel détruit les chairs baveufes (car- nem putridam), & mondifie les ulcères fiftuleux, (Mr. SAGUR dit que la poudre de cette plante mé- MÉDICALE. 199 le avec du miel fe donne avec fuccès à la dofe d'une demi-dragme , pour délivrer les moutons d’u- ne elpèce de vers qui leur font funeftes. Suivant Mr. LEERS fes feuilles, ou celles de l’efpèce fui vante , réduites en poudre & mélées avec tant foit peu de vitriol, d’alun & de gingembre, guériflent les ulcères malins qui viennent au nez, en foufflant cette poudre dans les narines ). Elle teint la laine en jaune, 155$. POLYGONUM. LA PERSICAIRE À FEUILLES ÉTROITES. Ses feuilles font ovalo - lancéolées, glâbres , les épis gréles , les gaines ciliées. Perficaria angufHfolia C. B. Prodr. p. Fay Il y en a une varieté trés-petite & rampante de Lo- BEL Îc. p. 316. CASPARD BAUHIN a trouvé la varieté à feuilles étroites à Michelfeld, & la petite dans les champs d'Huningue, & aux environs d’Haltingen. Je l'ai trouvée dans les terreins tourbeux du lieu appelle das Lôhr, & dans des bois humides, (Voyez ce qu’en dit Mr. LEERS dans le paflage cité à la fin de l’article précédent. V.). 1$$7. POLYGANUM. LA PERSICAIRE. Ses feuilles font ovalo-lancéolées, un peu velues, les épis ovales, les gaines ciliées. Perficaria DoDon. pempt. p. 108. Polygonum Perficaria. LINN. N 4 200 MATIÉRE a. Varieté qui a des taches, & des fleurs rouges & blanches. b. Varieté fans tache, la fleur également rouge & blanche. Elle croit dans les champs, les jardins, les foflés & fur les chemins. Sa faveur eft aigrelette, nitreufe, aftringente , mais fans âcreté ni acide. Son eau diftillée a une odeur agréable ; fon extrait a également un bon goüt: fon fel fixe eft impur, méle d’huile & de terre. Quel- ques-uns difent que fon eau diftillée a menuife le calcul , mais cela paroit exagéré. Au refte cette plante pañle pour vulneraire , & on fe fert de fa de- coction dans de l’eau pour en faire des injections dans les bleffures de la poitrine, afin de laver le pus ou le fang. On en recommande lherbe pour gué- tir les ulcères invétérés, & enfin pour arrêter les progrès de la gangréne. Je trouve dans plufieurs au. teurs que les feétateurs de PARACELSE, doivent avoir fait avec cette plante des cures merveilleufes. On a même débite qu'il fufhfoit d’en manger pour n’a- voir rien à redouter de la piquüre du fcorpion. Ce. pendant ce n’eft pas d’après ces éloges que les mé- decins en font ufage. La laine prend une couleur jaune en la trempant dans le fuc du Perficaire ( Perficariæ intinélam) , aprés lavoir faite macerer avec de l'alun. MÉDICALE. 201 b. RENOUÉE À TROIS PISTILS. 1$$9. POLYGONUM. LA GRANDE Bis- TORTE. Sa racine eft ligneufe, torfe, l’épi ovale , les pé- tioles des feuilles ailes. Bifiorta Dop. purg. p. 40. 41. Polygonum Bifrorta. LINN. On la trouve communément dans les prairies hu. mides. Près des bains extérieurs des fauxbourgs de Berne, en allant aux manufactures, mm Sul. genbach. Sa racine eft remplie d’un fuc acide & auftere comme dans la Tormentille : elle eft puifflamment aftringente (& fuivant Mr. CULLEN elle poflède cette qualité dans un très-grand dégré de pureté): c'eft pourquoi on en fait ufage pour raffermir les dents mal aflurées, pour arrêter la diarrhée, ou un écoulement des règles trop abondant, ou la dyfen- terie , mais c’eft mal-à-propos qu’on l’employe alors, fi on n’a pas eu foin auparavant de purger la faburre âcre qui eft la caufe de la maladie. L’infufion & l'extrait qu’on en fait avec l’edu , font aufli fort af tringens. Elle contient peu de réfine. Mr. KALM dit que la racine de Biftorte réduite en farine rend le pain d’une faveur agréable, & en fait une nour- riture faine. Excepté les chevaux, le bétail aime cette plante. 202 MATIÉRE 1560. POLYGONUM. La RENOUÉE ou TRAINASSE. Ses tiges font couchées à terre, fes feuilles lingai. res , aigués, les fleurs folitaires, Polygonum mas MATTHIOL. p. 951. Polygonum aviculare. Lin. LE" Rien n’eft plus commun fur les chemins & parmi le chaume. CaspaRD BAUHIN en a trouve une va- tiete dont les feuilles font plus larges & les gaines plus grandes, au château de Wallenbourg. Elle eft defficative , aftringente & rafraichiffante *, cependant on s’en fert peu. (Mr. ALSTON dit que fon infufon n’a préfque point de faveur & n’eft pas aftringente. Les Anciens la croyoient propre pour arrêter le fang, & c’eit de la que lui eft venu fon nom (de Sanguinaria V.): CAMERARIUS la recom- mande aufli pour arrêter le vomiflement de fang. On en fait cas pour confolider des plaies récentes. On lit des exemples de chütes du fondement & de dyfenteries guéries par l'application de la Renouee. Mr, CHOMEL vante fon ulage pour la guérifon de la dyfenterie ou des pertes de fang en en fai- fant boire le fuc à deux ou trois onces , ou la ti- fanne foit l'infufion dans le vin (rouge V.) Mr. ScoPoLi l'a trouvée utile dans les diarrhées invéte. rées. On prétend que l’ufâge de cette plante a guéri des hernies, mais j'ai de la, peine à en croire + PLATEARIUS en parle fous Le nom de Proferpina. MaRCELLUS la vantoit pour la guérifon du polype. MÉDICALE. 203 la-deflus le temoignage même de FALLOPE. Mar- CELLUS la difoit bonne pour les maladies des oreil- les. L'eau qu'on en difille eft apparemment inu- tile, provenant d’une herbe qui n’a point d’odeur. II. RENOUÉE DONT LA FLEUR EST ORNÉE DE GLANDES. 1563. POIYGONUM. LE BLED NOIR ou SARRASIN. Sa tige eft droite, fes feuilles font en fer de flé- che, les femences trés-entiéres. Fagopyrum Don. Cereal. p. 80. ! Polygonum Fagopyrum. LINN. On le fême en divers heux de ce pays, & il four- nit une feconde moïflon après l'orge printaniere. Il n'était pas connu des Anciens, & ce n'eft que peu de tems avant BRUYERINUS qu’on a commence à cultiver cette plante venue de la Grèce ou del’A- fie. Jai trouvé du bled noir fpontanée fur les fables des bords du lac Léman, & çà & la auprès des fumiers. On fe fert beaucoup de fa graine en Suifle pour nourrir la volaille : on en méle aufli parmi le pain, & on en fait en Dannemark une bouillie dont le peuple fe nourrit On le cuit avec la carotte pour en faire de la bierre. (Cette plante donne en au- tomne une très-bonne nourriture aux abeilles (qui en retirent beaucoup de miel ). 204 MATIÈRE © X1$64. POLTGONUM. : : Sa tige eft droite, fes feuilles font ovalo-lancéo- lées, un peu velues, les épis en manière de panicule. Perficaria alpina folio nigricante floribus albis BocconE Muf. di Pine t. 27. ALLIONE pet. p.41. t. 8. Polygonum divaricatum. LIN. On le trouve aux pieds des Alpes des Grifons, au- tour du bourg de Formazz dans des prés. Il eft acide, un peu aftringent , & fuivant les ob- fervations de BARTHELEMI CACCIA fa décoction dans Peau eft utile dans la dyfenterie. 156$. POLYTGONUM. Epr D'EAU à feuilles de Saule. Ses feuilles font ovalo - lancéolées , cilices , les épis ovales. Varieté a. dont les feuilles nagent fur l’eau. Fontalis f. Potamogeton Dopon. Cereal. p. 227. Varieté b. terreftre, dont la tige eft droite, les feuilles fentiblement velues. Perficaria acida JUNGERMANNI Comment. litt. Nor.1737. t.5. fi. + Polygonum amphibium. LINN. La premiére de ces varietés fe trouve par-tout , comme à Berne dans les viviers im Sulgenbach. La feconde n’eft que trop commune dans les vignes , comme aux environs de Bienne & de Ligerz. Elle vient aufli aux Grangettes, au bord du lac Léman, MÉDICALE. , 205 Sa faveur acide femble indiquer qu’elle a, comme ScHULZ l’a avance, les mêmes vertus que la Biftorte ou le Lapathum. On la recommande en qualité de lithontriptique. Elle teint en effet en rouge le pa- pier bleu, & donne un fel effentiel un peu acide. Son extrait gommeux eft aftringent & fort falé : la tète-morte contient un fel acide, du fel marin & enfin un fel fixe. L’eau diftillée eft légérement aftrin- gente. Elle donne au vin le fumet de la framboile. VASCULIFERES À UNE SEULE SEMENCE. SUBSECTION III. MEIOSTEMONES, c’eft-à-dire, PLANTES DANS LESQUELLES LES DIVISIONS DE. LA FLEUR SONT PLUS NOMBREUSES QUE LES ÉTAMINES. 1566. ALCHEMILLA. LE PIED DE LION. Ses feuilles font dentées en fcie, palinées ; fen« dues en neuf jufqu’à la moitié. Stellaria CAMER. Epit. p. 908. Alchemilla vulgaris & À. alpina hybrida. LINN. Il croit dans les prés & les bois: on en trouve même jufques fur les Alpes. La varieté dont les feuilles font couvertes d’un duvet de poils clair - femgs (pubeftens TOURNEF., celle que Mr. DE LINNE appelle alpina hybrida V.) croit fur le mont St. Bernard & fur les Alpes voifnes. Son infufion aqueufe a une odeur d'herbe, & une faveur un peu auftère ; fon extrait a une odeur aigre- lette femblable à celle du miel, & une faveur ega- PP 206 MATIÉRE lement auftère. La teinture fpiritueufe eft verte ; & a une odeur légérement balfamique ; l'extrait qu’on en obtient en la faifant épaiflir eit auftère & a pa- reillement une odeur légerement bal‘amique. Le pied de lion eft aftringent & vulneraire, & c’eft en cette qualite qu’on en prefcrit l’infufñion dans du vin; cependant on ne s’en fert guëéres. Son {el fixe eft impur & imprégné de fel marin (muria). (Mr. GLEDITSCH vante beaucoup cette plante à titre de fourrage ). SUBSECTION IV: ISOSTEMONES, c’.ft - à - dire ; QUE LES DIVISIONS DE LA FLEUR SONT EN NOMBRE ÉGAL À CELUI DES ÉFTAMINES. 1577. CHENOPODIUM. L'ARROCHE FÉTIDE. Sa tige eft diffufe, fes feuilles font lancéolées er as de pique. Garofmus DoDox. p. 616. Atriplex vulvaria. : LINN: On la trouve dans les jardins & {ur les chemins des environs de Roche, de Bienne & de Bale. (Jen ai trouvé en quantité à Laufanne au pied de la mu- raïlle qui enferme le cimetiére de St. François du côte de la Grotte V.) Elle a une odeur très-forte de poiflon falé & qui commence à fe gâter; aufli les doigts qui font ma- nice ont-ils de la peine à s'en défaire. L eft affez probable qu'elle eft anti -hyftérique. MEDICALE : 209 Mr. CHOMEL dit qu’on l’employe en lavement (& cela avec fuccès dans les affections hyftériques V. 1787. CHENOPODIUM. LE BON HENRI. Ses feuilles font triangulaires & ondées , tres-ens tiéres, farineufes en-deflous. Bonus Henricus TRAG. p. 317. Chenopodium Bonus Henricus. LINN. On le trouve communément parmi les vieux murs, le long des chemins & auprès des fumiers. On mange au printems fes jeunes poules en guife d'afperges , on apprête auf fes feuilles. Préfque tou- tes les efpèces de Chenopodium font adouciffantes ; un peu nitreufes & lâchant fort doucement le ven- tre comme la Blette ( Blitum) des Anciens ; mais aucune ne poflède ces qualités aufli complettement que le Bon - Henri, qui a outre cela celle d’étre de- terfif; on l'a vu réuflir contre des tumeurs aux | pieds. Je trouve dans WELscH * qu'employé en bain il efe utile pour chaffer les vers des hommes & des chevaux. 1$79.CHENOPODIUM. ARROCHE BLANCHE. Ses feuilles font farineufes en-deffous , rhomboï- dales, dentées , les fupérieures très: entréres. Atriplex fylveftris tertia CAMER. Æpit. p. 243. Chenopodium album... LiNx. Rien n’eft plus commun parmi les vieux rue fr les chemins & dans les jardins. On mange fes feuilles à l'entrée du printems * De veng Medinen/i p. 378. 208 MATIÉRE * 1587. CHENOPODIUM. LE PIMENT ou à BOTRYS COMMUN. Ses feuilles font oblongues, divifées jufqu’à la moi. tic, vifqueufes, dentées à dents arrondies. Botrys MATTHIOL. p. 853. Chenopodium Botrys. LINx. IL vient autour de Berne parmi les vieux murs, cependant je foupçonne que ce n’eft pas naturelle- ment. Mais il croit en abondance dans le bas- Val- lais, aux environs de Branfon, auprés des rives du Rhône, autour de Fouly, entre Sierre & Loueche, &c. ll y en a aufli a Geneve. On en trouve en grande quantité entre le village de Lucens & le pont de la Broie, fur le grand chemin. MATTHIOLE en a vu dans le >Frioul & le pays de Trente. Toute cette plante répand une odeur aromatique , peu agreable fuivant moi, mais moins déplaifante que celle du Botrys du Méxique. On la regarde com- me fpécifique dans l’afthme. MATTHIOLE dit qu’elle eft fingulierement utile dans l'empyême ( purulen- tis)*, & dans les affections hyfteriques. (Elle donne à l’analyfe une huile empyreumati- que trés-fétide, & un extrait nitreux. Suivant CaR- THEUSER fon infufion aqueufe a une, faveur nau- féeufe ; on obtient de cette infufion un quart d'extrait mielleux ; l’extrait fpiritueux eft en plus pe- | . | tte * FLOYER attribue cette qualité à l’eau diftillée. MÉDICALE. 209 tite quantité : la teinture fpiritueufe eft foible. Go: RITZ vante le Piment comme un reméde propre à rompre Ne calcul ), L'efpèce d'Amérique qui a du rapport avec celle- ci, donne à la diftillation une eau odorante char- gée d'une huile ethérée qui fe convertit en partie en fuif. Ily a apparence que c’eft dans cette huile que réfident les vertus de la plante, car l’infufon aqueufe n’a pas beaucoup d’efñicace, & la teinture fpiritueufe encore moins. Le Botrys de Mexique eft aufli vermifuge, mais c’eft mal-a-propos qu'on le vend fous le nom de the du Mexique. 186. ULMUS. L'ORME. Ses feuilles font ovalo -lancéolées, dentées, les dents dentelées en maniére de fcie. Uimus CAMER. ÆEbpit. p. 70. Ulmus campeftris. LINN. Cet arbre n’eft pas fort commun en Suifle, I y en a plulieurs varietés dans divers lieux du gou- vernement d’Æigle, comme à la gauche du torrent de la Gryonne vers les prés novés. En Vallais, chez les Grifons & aux environs de Bâle, Les petites vellies qu'on trouve fur fes tiges & qui font occalionnées par des pucerons qui les ron« gent, rendent une liqueur vifqueufe qui pafle pour un excellent vulneraire pour les bleflures récentes, & même pour celles des parties les plus délicates comme les yeux. L’ecorce de l'Orme rend aulli un Tom. IL. [e) 210 MATIÉRE fuc vifqueux qui a un goût agréable ; les Anciens appliquoient l’écorce verte fur les bleflures, (Fazz LOPE s’en fervoit pour réunir les chairs), & de nos jours on fe fert de cette même écorce intérieure ; ent la faifant cuire dans de l'eau & donnant cette üifanne aux fcorbutiques, en lemployant fous la for- me de gargarifme pour les aphthes, & enfin en la prefcrivant dans l'hydropifie afcite. On vante l’eau qui a cuit avec la racine pour arrêter les hémorrha- gies du poumon & de la matrice. San bois fournit une matiere dure & ferme, ce qui le fait rechercher pour en faire des pivots, des vis de prefloirs, & pour divers ouvrages de char- tonnage. (Suivant Mr. HALE ce bois eft excellent pour les ouvrages qui doivent refter fous l’eau & pour les tuyaux deftinés à la conduite des eaux, Mr. TSCHARNER l’a trouve tres-utile pour en faire des chars). Il y a des Ormes dont le bois eft d’un beau panaché, les racines fur-tout font marquées de veines ondées. (CARDAN dit que ces racines font, après celles de l'olivier, les plus belles qu’on ait). Lorfquele bois eft trop fec il eft caflant. Dans les Pays-bas cet arbre fert fur -tout à l'ornement des promenades , & je me fouviens avec plaifir de l'agrément que leur ombre me procuroit à Leide, il y a un peu plus d’un demi-fiecle, dans le tems . que je m'occupois de mes études les plus ferieu- les. MÉDICALE. art LAPATHUM. RUMEX. LiNn. La PATIENCE ou PARELLE. 1, LES FLEURS MALES ET FEMELLES SUR LE MEME PIED. 1$87. LAPATHUM. RHUBARBE DES MOI NES? PATIENCE DES JARDINS ou RHA- PONTIC DES MONTAGNES. Ses feuilles font obtufes, échancrées autour du pétiole ; les panicules compofées d’épis touffus, les gaines tres-grandes. Lapathum folio rotundo alpinum J.B. IL. p. 987: KRumex alpinus. LINN On la trouve communément auprès des étables des Alpes, où il y a beaucoup de fumier, Comme, fuivant Mr. GMELIN, cette efpèce croît aufi fur les bords du Wolga, & qu’elle eft natu- tellement purgative , il fe peut qu’elle eft le vérita- ble Rhapontic des Anciens. Ce qu'il y a de für, c'eft qu'en France les montagnards s’en fervoient déja autrefois en place de Rhubarbe , (à moins qu'ils n'ayènt donné ce nom au Rheum qui a neuf étas mines). HILDAN donnoit fes feuilles pour purger: à la dofe d’une pincée ; je leur ai vu produire le même effet, mais à une dofe double de celle-là, Outre cela fa racine eft amère, jaune, odorante, -& reéfineufe. Cependant il croit en Thrace fur le mont Rhodope une Rhubarbe ( Rheum) à neuf éta- mines, que PROSPER ALPINUS donne pour être le 0 3 212 MATIÈRE Rhapontic, & je foupçonne fort que la plante dont parlent les Francois fous le nom de cette efpèce eft un ÆARheum. Les Anciens mettoient leur Rha- pontic au nombre des aftringens. C’eft prèfque tou- jours l’efpèce dont nous parlons ici, qu'on vend ‘dans les boutiques fous le nom de Rhapontic. ( Suivant SIEGESBEK, la Rhubarbe des moines eft un véritable Rheum commun, dont les racines ne font pas purgativess NEUMANN à trouvé que le Rhapontic donne une grande quantité d’extrait fpi- ritueux , puifqu’elle va préfqu’à la moitié du poids de la racine ; feize dragmes en ont fourni à-peu-près deux d’extrait aqueux. Mr. LE MONNIER dit qu'il purge aflez bien). 1588. LAPATHUM. LA PARELLE ou PA- TIENCE DES MARAIS. Ses feuilles font lancéolces & fort allongées, les panicules très-touffues. Lapathum palufire TABERNÆM. p. 43%. 2 ….Rumex aquaticus. LINN. Ie croit dans’ les Fofles des vx bb ES de Berne & ailleurs ; dans les foflés pleins d’eau autour de St. Blaife. La racine de cette Patience purge, en la prenant à l’intérieur. On fait {ur-tout cas de fa décoétion pour la gale. WIGaAnND dit que quelques enfans font morts pour avoir mangé de ces racines, mais je crois que c’étoit par quelqu'accident. Qu'’eft-ce MÉDICALE. 213 qui a pu donner lieu aux Anciens de mettre la Pa- tience des marais au nombre des plañtes âcres ? D’ail- leurs COMMELIN nous apprend que l’efpèce que MANTINGIUS appelloit Britannica (la même que celle-ci V.) écoit un Lapathum haut d'une coudée, ayant de longues feuilles, & dont la racine ,,qui étoit d'un brun noirâtre , avoit été: employée utile- ment en Frife, pour la guérifon des foldats Ro- mains qui y étoient attaqués dû fcorbut * qui re- gnoit dans ce pays: elle pale pour avoir la même vertu en buvant fon fuc verd ou la mangeant ‘en falade. Elle convient d'autant mieux dans cette ma: Rhdie qu’elle augmente les forces &' tient le ventre libre. Lorfqwelle eft fêche elle eft propre au traite- ment des ulcères phagédéniques. Enfin les moder: nes lui donnent pareillement de grands éloges pour la guérifon du fcorbut en faifant ufage de la décoc- tion aqueufe de la racine; c’eft de notre elpeèce que ces auteurs entendent parler (fous le nom d’Herb@ Britannica qu’ils lui ont conferve V. ). Lisp (Mr. HILL confirme cette vertu antifcorbutique ; 4 il dit qu’elle refide dans l'écorce intérieure des raci- nes, & qu'il en fait l'épreuve fur lui-même. Sui- vant Mr. VITTET ces racines font plus diurétiques que celles du Chardon à cent têtes, mais il nie qu’elles ayent d’autres vertus ). | IT IU:Z 0 3 -# C'eft sinfi que Mr. DE HazreRr rend le mot Jomæ, cace de PLINE d'où ce trait d’hiftoire eft cité. Ze Z'rad, je +047) 14 MATIÉRE 1591. LAPATHUM. LA PATIENCE SAU- VAGE ORDINAIRE. Ses pétioles vont en s’élargiffant, fes feuilles font Jancéolces & fort allongées, le calyce denté en ftie. Oxylaphatum FUCHS. p. 461. Rumex acutus. LINN. H croit dans les foffés & fur les chemins, &c. Cette efpèce fe vend aufli dans les Pharmacies. On en faifoit cas autrefois pour arrêter les hémor- rhagies. Les Dalmates ufent beaucoup de fon fuc pour fe guérir des eécrouelles. On le fait aufli en- trer dans la compofition -des tifannes qu'on dit pro- pres à purifier le fang, & pour remédier aux. ma- ladies de la peau. AREÉTÉE la recommandoit aux perfonnes attaquées de l’éléphantiafñs, MUNTINGIUS la difoit propre à prévenir la goutte, & BOERHAAVE la vante comme ayant la propriété de corriger la qualite putride du fang. C’étoit plutôt à titre d’af tringent que DIOSCORIDE en confeilloit Pufage. Elle rafférmit les dents vacillantes. Lorfqu'on la prend à plus grandes dofes, elle lâche le ventre & teint les crachats. On fait un onguent compofé de ra- cines de Patience fauvage, de celle d’Aunée & de foufre , qui eft bon pour la gale. (Cependant Mr. CULLEN nie que cette plante foit d’aucune utilité pour cette maladie). En l’employant comme la Garance on en obtient une teinture jaune, & enfin une couleur d'olive. Chez les Anciens le Lapathum étoit mis au nom- MÉDICALE. 21% bre des herbes potagéres, mais étoit-ce le mème que notre Patience fauvage ? CELSE dit que cette plante eft d’un mauvais luc, & il ajoûte qu'elle eft purgative. 1$93. LAPATHUM. LA PATIENCE VIOLON \ ou LAPATHUM À FEUILLES SINUÉES. ,: Ses feuilles font échancrees des deux côtes (en forme de table de violon V.) les calyces font à re- fau, ciliés, parfemes de verrues. Lapathum pulchrum Bononienfe fi nuatum J. B. L -i P- 988. Rumex pulcher. Lin. UE Gn le trouve fur les chemins entre Vevay & Pulli, & il eft en grande quantité fur le chemin qui con- duit de Glcrolles à Chexbres. Raï dit qu'il en vient dans les foflés de la Suifle. BROOKE dit qu'on le féme dans les jardins à titre d'herbe potagére , mais fes feuilles deviennent très- dures en ete. 2. PATIENCES DONT LES FLEURS MALES ET LES FEMELLES SONT SUR DES PIEDS DIFÉRENS. 1597. LAPATHUM. L'OSEILLE DES PRÉS. Les fexes font feéparés, les feuilles en fer deïflé. che, les crochets prolongés en arricre. Oxalis FUCHS. p. 464. KRumex Acetofa. LIN. 0 4 216 +: MATIÉRE Rien n’eft plus commun dans les- prairies ,' mais fes feuilles ont l'inconvénient de fe fécher auflitôt qu'elles font müres, ce qui les rend alors inuti- les. Il y en a une très-grande varieté dans la Forêt-noire um die Schluft, fur la montagne de Blocksberg & ailleurs, mais fes feuilles font lon- gues & étroites. Ses feuilles & fes fleurs ont une faveur acide, la racine eft outre cela aftringente. (Suivant Mr. ALSTON la faveur de cette racine n’eft ni acide, ni aftringente , mais feulement un peu äpre). Elleeft fort aqueufe, &, fuivant Mr. LA GARAYE, elle con- tient beaucoup de bon fel effentiel acide, elle en fournit même jufqu'a fept dragmes fur une livre, (la quantité de l'huile & de l’elprit va a deux drag- mes, & celle du {el fixe à. foixante grains. Suivant BELLINI, le fel eflentiel d’Ofeille forme des pyrami- des à fix faces, réunies par les bafes oppofees ; ailleurs il dit qu'il eft octaëdre. On trouve plufieurs chofes fur ce fei dans le deuxiéme tome de l'édition francoife de la Pharmacopée de Londres. Mr. VIT- TET croit qu'on le falfifie, parcequ'autrement on ne pourroit pas le donner à fi bas prix.» BOERHAAVE recommandoit ce fel pour le traitement des ulcères putrides. L’Ofcille des prés eft bonne à manger, aufi les Francois en ufent-ils familiérement , ils en cultivent même pour cet ufage.des champs entiers. C'eft une nourriture faine & qui a rendu la fanté à des fcorbutiques auflitôt qu'ils ont pu s’en pro- gurer. Ce qui la rend propre à produire çet cffet, MÉDICALE. 217 c’eft qu’en même tems qu’elle eft acide & refifte par-là a la putridité, elle raermit les parties foli- des par fà qualité aftringente. Elle a même guéri le ftorbut en la mangeant cuite avec des œufs, mé- lange cependant défavantageux. Elle mériteroit d’é- tre employée plus fouvent dans les maladies aiguës. Les Arabes préparoient un {vrop d'Ofcille, qu’ils don- noient dans les fievres peftilentielles. Suivant LoE- SEKE , une tifanne faite avec l'herbe & les racines a guéri une obftruétion du foie. Mr. ETEUTAUD obferve que la tifanne qui fe fait avec la racine fé. che a la couleur du vin rouge. On l'employe à l'exterieur avec fuccès en l’appliquant fous la for- me de cataplâme fur les ulcères des’ pieds. Ses feuilles broyées ont cte le feul fecours (avec le fruit encore verd du grofeiller rouge V.), qui ait pu: diffiper les douleurs que Mr. CraPr reflentit à la langue après avoir mâche de la Renoncule des ma- rais (lorfque l’âcreté de ce poifon n'étoit pas encore parvenue au point de ronger cet organe V.) Les Suédois employent les. racines & la femence d’O- feille, feule ou. mélce avec de la farine, pour en faire du pain. (lis conviennent cependant que ce pain eft mauvais). Ses cendres, contiennent un fel lixiviel. (Mr. VITTET dit qu'on en. fait, de la ti- anne pour les bêtes). 218 MATIÉRE PLANTES À DEUX COTYLEDONS. ORDRE IL DONT LES FLEURS MALES SONT SÉPARÉES DES FLEURS FEMELLES SUR LE MEME PIED, OU SUR DES PIEDS DIFÉRENS. SECTION I. POLYSTEMONES ou À ÉTAMINES NOMBREUSES. 1600. MERCURIALIS. LA MERCURIALE MALE ET FEMELLE. Sa tige eft annuelle, les rameaux étendus com- me des bras, les feuilles conjuguces, ovalo - lan- ccolées , gläbres. Mercurialis femina CAMERAR. ÆEpit, p. 997. & Afercurialis EJUsD. Epit. p. 996. Mercurialis annua. LINN. On la trouve en quantité dans les vignes, dans les jardins negligés & auprés des vignes. Cette plante qui eft aqueufe & un peu fake, a une qualité laxative & s’employe en lavemens. Au- trefois on le 'prenoit auf en decoction en y mélanc du vin, pour fe purger. De notre tems même les payfans fe fervent de la Mercuriale. On prépare en France un fyrop avec le fuc de cette herbe ; il pur- ge à la dofe de deux onces. (Les Æpheémerides des curieux de la nature en parlent, mais avec de trop grands éloges ). On fait à Montpellier un miel "de Mercuriale dañs lequel entre une partie & demi du fuc de la plante ; jon fe fert beaucoup de ce MÉDICALE. 219 fyrop en lavemens & fous la forme de peflaires. (Mr. CHOMEL dit qu'il rémêdie à la diftentien du ventre). (Le fyrop de longue vie eft un miel de Mercuriale compote V.) Les Anciens la mettoient au nombre de leurs herbes potagéres , & AURÉLIEN ordonnoit d'en ufer feuie ou avec des mauves pour diffiper le mal de reins ( Zumbago ). Mr. GALLI attribue à une autre caufe (aux can- tharides), une murt fubite qu'on croyoit occafon- née par des friétions avec cetre herbe (z/lita Aer- curiali ). (Mr. PLENK dit dans fa Maticre chirurgicale qu’elle eft favonneufe & emolliente ). I601. MERCURIALIS. LA MERCURIALE DES MONTAGNES Sa tige eft vivace, fimple, fes feuilles font ovalo- Jancéolées & velues. : Cynocrambe CAMER. Epit. p. 998. Mercurialis perennis. LINN. Elle croit en quantité dans les bois. GESNER l’avoit mife au nombre des légumes d’un goût agréable, mais HANS SLOANE a trouvé qu’elle a une malignite narcotique & funefte, enforte que fon ufage a plongé dans un fommeil profond & donné la mort: ceux qui en ont réchappé ont été fauves en les faifant vomir. C’eft donc mal-à-pro- pos qu'on la prefcrit come purgative à la dofe d'une once & demie: 220 M AT ILE PR 1602. LAURUS. LE LAURIER. Ses fouilles font ovalo-lanccolées , les rameaux qui portent les fleurs font plus courts que les feuilles. Laurus CAMER. Epit. p. 60. ” Laurus nobilis. LINN. Je mets cette belle plante au nombre de celles de la Suifle, parcequ’elle vient en quantité dans tous les vergers de Moutru, & qu’elle y forme des ar- bres qui atteignent même à la hauteur des poiriers. Le Laurier eft chaud & aromatique ; fes baies pof- fèdent fur-tout cette qualité, & les médecins n’ont pas encore fait avec ces femences autant d’eflais qu’elles le mériteroïent, On en tire une huile par expreflion , en cuifant les baies dans de l’eau à la furface de laquelle la légérete la fait furnager. Cette huile ne s’employe guères qu’à titre d'emmeénagogue pour en préparer des lavemens carminatifs. ( Elle fait la bafe des meilleurs onguens nervins ; nos pay- fans lemployent même feule, le plus fouvent ; en cette qualite. Jai appris d'eux qu’un bouillon dans lequel on a cuit fix baies de Laurier diflipe fouvent très-bien & en peu de tems de violentes coliques d’eflomac; j'en ai fait l'épreuve & avec fuccés V. ) Suivant Mr. CANTWELL, l'eau diftillée de Laurier eft l’antidote de celle du Laurier - cerife. CBELLINI dit que le {el qu’on obtient des feuilles de cet ar- bre forme des prifmes terminés par des pyramides à fix faces). Son bois eft pliant, ce qui le rend utile pour en faire des cercles de tonneaux. MÉDICALE. DE SECTION IL DIPLOSTEMONES, c'eft-à-dire, PLANTES DANS LESQUELLES LE NOMBRE DES ÉTAMINES EST DOUBLE DE CELUI DES DIVISIONS DE LA FLEUR. 1603. HIPPOPHAE. RHAMNOIDE À FEUILLES DE SAULE. Ses feuilles font linéaires, marquées en -deffous de taches couleur de rouille. Khamni fpecies CAMER. Epit. p. 81. Hippophae Rhamnoïdes. LINN. On le trouve dans toute la Suifle fur les terreins graveleux qui bordent le K/in, le Rhône, l'Aar , le Tefjin & la Mare (près de Lugano). Ileft en grande quantité près de Berne in der Hunzikerau. Dans le mandement d’Aigle, dans les isles des en- virons de Lavey, au bord de la Gryonne, & au- près du torrent qui: defcend d’'Tvorne. Ses baies font jaunes, ont une faveur extrême- ment aigre & tres-défagréable. Les Lappons s’ac- commodent pourtant d’un aufli méchant aflaifon- nement, & l’on s’en fert à Lyon pour faire du ver- jus. LEVINUS LEMNIUS qui en avoit trouvé dans la Zéelande lni donne le nom de Rhamnus dyfen- tericus , & CoRNELIUS PETRI celui d'Afpalath. Il ne paroit pas que ce foit l’'Hippophae des Anciens, parceque fa racine ne rend pas un fuc laiteux com- me celle de la plante qu'ils connoïfloient fous ce nom, & que d’ailleurs notre efpèce eft aftringente. "+ MATIÈRE Je trouve dans les A/émoires de l'Académie de Sue. de, qu'on en pet ut tirer une teinture jaune de ci- tion, aprés qu'on a Ôté l'écorce. SECTION IIL MEIOSTEMONES,. * 160$. EMPÆETRUM. CAMARIGNE ou BRUYÉRE À FRUIT NOIR. Sa tige eft couchée contre terre , fes feuilles font ovalo-lancéolées, & obtufes. Erica baccifera CAMER. ÆEpit. p. 77. ÆEmpctrum nigrum. Lin. Je l'ai trouvée par-tout fur les hautes Alpes, fur le Grimfel & le St. Gotrhard. Sur les rochers de gyps de la montagne d’Anfez, fur les montagnes au-deflus de Bagnes, fur le St. Bernard , le Col de Ferry & Fouly. Sur la montagne d'Intrame , aux environs d'Engelberg & ailleurs. C’eft la feule plante qui puifle réfifter aux émana- tions cuivreufes. Suivant THALIUS fes baies font nuifibles & don- nent des vertiges, mais BORRICHIUS les a trouvées innocentes. On n’en fait aucun ufage dans ce pays. Les Anciens cuifoient fes feuilles pour en faire des -defficcatifs. ARETÉE vantoit la femence de l’Em- petrum comme aromatique & propre à favorifer la digeftion. Au Æamtfthatka on employe cette plante * Voyez l’explication de ce terme dans la définition qui précéde le n°. 1566. Ze Traducieur. MÉDICALE. 213 contre le fcoïbut. Ses baies donnent au lin ou à la laine une teinture d’un brun noirâtre en les fai- fant cuire avec ces matiéres macérées auparavant dans de l’eau d'alun. Les Groënlandois, dit Mr. GUN R, faïloient autrefois un vin de Camarigne, & aujourd’hui on fait de fon fruit une limonade, qu'on dit ne pas être défagréable. SECTION IV. ISOSTEMONES, * 1607. FICUS. LE FIGUIER. Ses feuilles font palmées. Ficus Don. pempt. p. 812. Ficus Carica. Linn. Cet arbre fe trouve en abondance dans Île pays de Vaud, où il vient de graine, mais en plein air; il croit même aïlez promtement pour que celui qui la planté puifle jouir de fon ombre : & quoique fa gelée détruife fes branches, il en recroit de nou- velles. Mais on en trouve en divers lieux de la Val- teline dans des terreins incultes, & on y voit des figuiers fortir par les fentes des rochers ; il y en a auf en Vallais aux environs du village de Saillon. Je ne trouve qu’un goût fade aux figues lorfqu’el- les font encore fraiches , mais ces fruits s’adoucif fent en fe fêchant & fe couvrent d’une efforefcence fucrée. C’étoit un aliment dont les Anciens ufoient à l'ordinaire , fur-tout les Grecs. Aujourd’hui on em- —_—_— * Voyez l'explication de ce terme immédiatement avant le n°. 167% Le Traduét. 224 MATIÉRE ploye les figues fêches à titre de peétorales , & c’eft en cette qualité qu'on confeille de boire leur infufion’ pour la toux féche & l’enrouement. On les applique comme émollientes après les avoir écra- fes. Le lait de figuier ,eft cauftique. 1609. VISCUA. LE GUI MALE & LE GUI FEMELLE; Ses feuilles font lancéolées, obtufes ; la tige eft bi- furquée , ‘les fleurs font en pelotons axillaires LINN. p. 1451. | : Le Gui mâle DU HAMEL t. 22. & Le Gui femelle 1B1D. t. 23. | Vifturn: album. LINN. Il croit fur toutes fortes d'arbres, même fur le bois mort. : Il a une odeur un peu nauféeufe, narcotique, & une faveur aftringente ; l’ecorce eft de toutes fes parties celle qui a le plus de vertu , auffi donne-t-elle beauçoup plus d'extrait, jufqu’a dix-huit dragmes fur une livre, tandis que le bois eft plutôt aftringent & rempli de principe terreux. L'infulion du Gui de chêne eft un peu naufeeufe, legerement amère & fans aGivite; (fuivant Mr. ALSTON, elle n’a prélque point de goût, elle teint en rouge le bleu de tournefol, & n’a pas beaucoup de vertu ); l'extrait eft falé & amer: la teinture eft foible, elle a une faveur auftère balfamique ; la teinture fpiritueufe eft légérement balfamique , l'extrait a une odeur défa- gréable & balfamique, fa faveur eft amère &-aftrin- gente; MÉDICALE. 226 gente, cette amertume fe retrouve dans la liqueur qu'on en diftille. L’extrait réfineux du Gui de Bou- leaux eft un peu amer & legerement balfamique; l'extrait aqueux a l'odeur du Gui; on en retire une petite portion d’elprit acide, & un peu d'huile ef fentielle: La qualité aftringente de cette plante la fait emiz ployer dans la dyfenterie, dans la goutte, dans les langueurs & lorfqu’il s’agit de rétablir les fürces ab- battues par de longues maladies ; ; on l'adminiltre auffi dans les affections hyftériques , dans la paralyfie ; dans les maladies nerveufes des yeux, pour la danfe de S. Vit, & fuivant BEERS pour. diffiper la fafci- nation. Enfin ROBERT BOYLE, G. CoLe, G. Co- LEBATCH & WESssEL LINDEN recommandent le Gui avec de grands éloges pour la guérifon de Pépilep- fie, & LOESEKE a vu cette maladie fe guérit en prenant une demi-dragme de ce remède de trois en trois heures ; Mr. KOELDERER lui à vu opérer une cure femblable. Cet avec raifon que le céle- cre LINDEN préfère de le donner en poudre. Il ne faut cependant pas s'étonner fi on a vu le Gui manquer de Nr dans le traitement d’une mala: die aufli grave *. On en donne une poignée aux vaches pour provoquer l'écoulement de leurs vui- danges. Le Gui fait aufli éternuer, la vapeur même qui s'en exhale quand'on la:broye, produit cet effet: * Entr'auntres auteurs qui fe plaignent de fon peu d’ef- ficace Lupovrc le regarde comme un remêde qui n’a pas beaucoup de vertu. Tom. IE, L nn: 2% MATIÉRE Mr. CHOMEL dit qu'à l'extérieur il agit comme émol, lient, & qu'il eft bon pour la goutte en l’employant fous la forme de cataplâme, cé dont il a fait le preuve ; Lupovic dit même qu’il fait lever des vef- fies. LOBEL dit qu'il attire puifflamment le pus à travers les cartilages. Comme cette plante vient fur plufeurs genres d'arbres , même fur les réfineux & fur la vigne, on a demandé fi elle acquiert des qualités diférentes fuivant l'arbre dont ‘elle tire fà nourriture. Quel- ques-uns l’ont nié; cependant on donne communé- ment la préférence au Gui de chêne ; fuivant les experiences faites en dernier lieu, on a trouvé qu'il y avoit quelque diférence entre ce Gui & celui du bouleau. (On trouve dans le fecond volume des Aëles de Mayence que l’eau du Gui de chéne eft nauféeufe ; il n’en eft pas de même de celle du Gui de bouleau- On dit que celui qui vient fur les ar- bres refineux eft plus gras). D’un autre côté Mr. KOELDERER n’a point trouvé de diférence entre le Gui de chêne & celui de poirier). Cette plante pa- rafite vient très-fréquemment fur les pommiers , aux- quels il fait beaucoup de tort. On fe fervoit déja anciennement des baies du Gui pour en faire de la glu à prendre les oïfeaux. OLr- NA dit qu’on doit la préparer en cuifant ces baies dans de l'huile, & en ajoûtant {ur la fin de la tére- benthine. Les payfans la font en broyant l'écorce ; qu’ils lavent enfuite dans l’eau pour en féparer les filamens (d'avec la glu V.) Plufieurs oifeaux, & MÉDICALE. 22% éntrautres les grives, fe nourriffent des baies du Gui, | 1610. BUXUS LIN. p.1394 LE BUIS où Bours. Buxus CAMER. Épit. p. 6ot:. Buüxus fempervrens. LINN: I! s’en trouve awour de Bäle fur la croupé de là montagne de Crinzach. Sut uné colline près de Friedlingen, & fu: une autré colline voifine de Hüllflein à la droite. Aux environs dé Geneve ; vers le mont Thwiri: il croit en trés-grande abon- dance en Savoye: Il y en à près de Schafhoufe dans le bois appellé Enge. Ses feuilles font d’uné amertumë nauféeufe, cé qui, me porte aflez à croire ce qu’on dit de leur vertu purgativé en en prenant jufqu'au poids d’une drag: me. L'eau dans laquelle elles ont cuit; fait reve- nir des cheveux aux perfonnes chauves; quand elles s’en laVent la tête; je crois même que ce moyen les à fait croître en trop grande quantité. Il eft des auteurs qui font le même cas de fon bois; pouf la guérifon des maladies vénériennes ; que des bois anti-vénériens auxquels il refflemble pat fa pefanteut j on le regarde aufli comme un bon defliccatif pour la tête. On recommande fon infufon vineufé pour la colique provenant de caufe froide ; & pour les fiévres intermittentes, Je ne crois pas qu’on l’emts ploye beaucoup én médecine: (L'huile qu’on en re per deftenfum eft rouge & plus légère que l'aus P32 228 °MATIÉRE tre, qui eft noire & pefante). DIoDORE de Sicile dit que dans l’isle de Corfe ( Cyrna ) la quantité du buis qui y croît eft fi grande que le miel en de- vient amer. CARISTOTE a obfirvé , que le miel du royaume de Pont étoit vénéneu: par une raifon fem blable, ETIENNE de Byzance dit qu'à Trébifonde le miel du buis guérit l’épilepfe, & aliène l’efprit. Ailleurs on lit que les chameaix le broutent, mais qu’ils en périflent). La dureté de fon bois jointe à uñe flexibilité qui fait qu’il fe plie fous les formes les plus délices fans en changer plus, la rendu précieux aux graveurs en bois & à d’autres artifans pour en faire divers ouvrages. C’eft le feul bois en Europe qui aille au fonds de Peau. | * 1611. MORUS. LE MURIER BLANC. Ses feuilles font rudes au toucher, fendues en trois lobes jufqu’à la moitié , & cordiformes. Morus aiba candida LoBEL 1c: p. 196. Morus alba. LIN. Cet arbre étranger à notre pays croit à prefent naturellement & en quantité dans les graviers au-def- fous d’Ivorne, au bord dû torrent de la Grande-Eau. & ailleurs, où il fe multiplie de plus en plus, depuis qu’on le cultive pour la recolte de la foie; il -n’eft mème point d'arbre en Europe dont on fafle autent ‘de plantations, parceque” {es feuilles fourniffent Ja principale & prèlque feule nourriture dorit on puifle faire ufage pour élever les infectes qui filent cette MÉDICALE, 229% matiere précieufe. Entre les nombreufes varietés qu'on a de Muriers blancs, celle qui vient d’ente eft la plus balle .&, moins chargée d’épines, c’eft aufli celle qu'an prefèse aux autres ; il y a une in- fnite.d'ouvrages qui traiceht de fa culture. On peut encore tirer de- cet arbre le même partique de lOr- tie pour faire des toiles, & on fait du papier avec lecorce de l'efpèce chinoife. | LorB dit que le fuc de fes fruits eft une des li- queurs ies plus propres à dif'oudre le ‘calcul, qu’il amollit dans l’efpace de cinq jours. (Suivant Ga- LIEN, HERAS le Cappadocien, donnoit dans les maux de gorge le fuc de müres blanches cuit avec du miel, 1612. PARIETARIA. LA PARIÉTAIRE. Ses feuilles font elliptiques, lancéolées, vélues. Helxine CAMER. EÉpit. p. 849. Parietaria officinalis. LINN. On la trouve dans divers lieux de la Suiffe, fur- tout dans le gouvernement d’Aigle, & dans le voi- finage du Vallais. Elle vient en tres-grande abon- dance à Elle, petit village abandonne. Il y en a en quantité fur les chemins de Bienne. À Bale, fous les murs de Ste. Marguerite, a Zurich, &c. La Pariétaire eft remplie d’un fuc nitreux, com- me c’eft l’ordinaire des autres plantes qui de même que celle-ci croiffent aupres des vieux murs ; elle eft rafraichifante & fi diurétique que , fuivant FLOYER , P 3 230 MATIÉRE trois onces de fon fuc pouflent rigoureufement les urines, Son eau eft falée. (Mr. PEMBERTON dit dans fes commentaires fur la Pharm. de Londres , que la Parictaire contient en effet du nitre, mais qu’elle n’eft pas émolliente ; il ajoûte que fon eau eft foible, Suivant Mr. HILL l’eau qui fort la pre- miére à la diftillation eft limpide, la derniére eft falée ; il vient après celle-ci une liqueur acide, puis de l'huile mêlée de fe] alcali volatil; enfin il pañle une huile épaifle avec un peu de fel alcalin : une livre de la terre qui refte aprés cela contient une dragme de fel fixe). On aflure de plus, que la Pa. rictaire a aflez d’efficace pour dégager les urines des perfonnes attaquées de la pierre, mais cela paroit exagéré. On a l’hiftoire d’un chien, qui ayant une fuppreflion d'urine s’étoit fouvent foulage en man. geant de cette herbe, & qui périt lorfqu’il l’eut toute détruite ; on lui trouva un calcul fur lequel on ap- percevoit des inégalités qui étoient des traces de l'action de ce remède, AURÉLIEN mettoit la Parie- taire au nombre des remédes de l’éléphantiafis. Mar. CELLUS recommande d’en employer le charbon pour blanchir les dents, FLOYER avertit avec raïfon que la Parietaire n’a point une qualité emolliente, quoi. qu’on la range dans la lifte des médicamens de cette clafle. (Mr. CLerc dit que le lait des chèvres qui ont mangé de cette herbe, a fait un bon effet chez un malade à qui on en a fait boire après l’opéra- tion de la paracentefe). Harris dit que fes feuil. les font fort bonnes pour éloigner les charanfons en les mettant fur les tas de bled qu’on veut en preferver. MÉDICALE. 231 1614. URTICA. LA GRANDE ORTIE. Ses fleurs mâles font fur des pieds diférens que les femelles, fes feuilles font dentées en maniére de fcie, ovalo-lancéolces, & allongées. Urtica IL MATTHIOL. p. 862. Ürtica dioica. LINN. Entre plulieurs varietés il y a la rouge de TABER- NÆMONT, & une autre qui ne pique pas, de SLE- VOGT de Urtica p. 9. On la trouve auprès des haies & des murailles de jardins ou de villes. Cette plante qui eft bonne à plufieurs ufages eft peut-être la plus commune de celles qui croifflent fur notre globe. Toutes fes parties fe mangent au printems en guife d'herbe potagére, & elle fournit en la mélant avec des Epinards une nourriture fa- lutaire, qui en même tems tient le ventre libre, fait uriner , & défobitrue les poumons. L'Ortie entiére, fon fuc & fa racine pris intérieu- rement & appliqués , font bons pour arrêter les hé- morrhagies , & même pour lhémoptyfie (en don- nant le fuc à la dofe de quatre onces, fuivant Ama- TUS & CHOMEL, & à celle d’un demi-verre, fui- vant le confeil de Mr. DEIDIER), pour arrêter le fang des plaies, & les faignemens de nez, en in. troduifant ce remêde dans les narines. Suivant Mr. PEYROUX l'Ortie guerit les pertes rouges des fem- mes en leur donnant trois fois par jour deux onces du fuc de cette plante un peu cuit & pañle par le à P 4 232 “MATIÉRE tamis. On dit que fa décoction provoque les urines, enforte même qu’on a vu fon ufage faire rendre une urine prefque fanglante , & que, fuivant TULPE , la graine a attiré un diabète qui amena l’hedtifie. On met la décoétion d’Ortie au nombre des antifcorbu- tiques, & on la croit utile pour remédier à la cor- ruption des gencives, & dans le traitement de la petite vérole. On fait cas de la racine pour la guc- rifon de la jaunifle. Les Anciens avoient mis la femence de cette plante au rang des poifons ; elle ranime les elprits vitaux lorfqu'’ils languiflent , elle : excite aux plailirs de l'amour, elle fait couler les règles, & cela au point, que lorfqu’on en a pris en trop grande quantité elle a allumé la fiévre & at- tiré une efpèce de confomption interne. SÉRAPION la met dans la clafle des remêdes qui purgent for- tement, en ne la donnant même qu'à la dofe de vingt ou trente grains. Une once de cette femence a fufñ pour difliper un embonpoint exceflif. Les Egyptiens en tiroient une huile par exprelilion, MarcELLUS vante l’ufage de lOrtie employée à l'extérieur apres l'avoir cuite dans du vinaigre & broyée, pour diffiper les écrouelles, ou pour les faire percer fi elles font müres. De plus, les Orties de l'un ou de autre conti- nent font armées de piquans remplis d’une liqueur çcorrolive, qui fait qu'ils excitent quand on les tou- che des ampoulles accompagnées d’une très - vive démangeaïfon, quoique ces piquans ne paroiflent avoir aucune ouverture à leur pointe, & que l'æ# MÉDICALE. 233 n’en apperçoive point fortir la liqueur. Ces ampoul- les ne peuvent s’attribuer qu'a cette liqueur, vu que les Orties fèches ne piquent plus. Chez les Anciens on fouëêttoit avec des Orties ceux chez qui on vou: loit réveiller le defir du coït. Le celèbre de Pois (Piso) a employe l’urtication avec fuccès, pour dif. fipér l’afloupiflement qui furvenoit dans les fievres malignes ; & Mr. ScoroLr s’en eft fervi utilement dans la paralyfe. (Suivant BorricHIus le fel de l’Ortie a une figu- re femblable à celle des diamans, ayant huit faces qui forment deux pyramides oppofees. Mr. CLERC dit que l’ufage du lait impregné de cette plante * a été fans fuccès dans l’hydropifie afcite, & qu'il en eft réfulté un écoulement d’urines trop abon- dant. Mr. HILL vante beaucoup la femence d'Or- tie pour arrêter le faignement de nez. Suivant Mr, BOURGEOIS la graine prife en poudre, a la dofe de trente à quarante grains matin & foir; guérit tres- fouvent le goitre fans nuire à l’eftomac ni à la fan- te, comme la plupart des autres remédes qu'on met en ufage contre cette maladie. NICANDER a donné des éloges à cette femence comme étant l’antidote de la Ciguë). * Laëtis urtica imbuti pourroit auf s'entendre du lait des animaux nourris avec de l'Ortie, d'autant plus que Mr. CLERC parle fouvent dans Pouvrage d'où ce palla- ge eft tiré, ( Hif. naturelle T. IL. p.58.) des vertus Qu lait que donnent les animaux nourris de telle ou telle plante. Le Fraduét, | 234 MATIÈRE: L’Ortie eft encore utile .a plufieurs autres chofes: Elle fournit un fourrage excellent pour les beftiaux, fur-tout pour les vaches qui allaitent, & en dernier lieu on s’eft bien trouve en Suéde de cultiver cette plante pour en nourrir les bœufs. (Mr. REICHARDT dit qu'on peut faucher cette herbe quatre & même cinq fois pour le même ufage ). On engraifle les chevaux en leur donnant deux fois par jour une poignée de la femence mélée parmi l’aveine. (Les Egyptiens font de l'huile de graine d'Ortie), En- fin cette plante, qui reflemble fi fort au chanvre par fon extérieur, a auffi des utilités femblables pour les ouvrages de toilerie ; fon écorce fe laifle filer, & on fait en Europe & en Sibérie des toiles de fil d’Ortie ; on en tire le même parti dans lesisles des Kuriles. Outre cela , il paroit par les expériences de Mr. SCHÆFFER qu'on peut faire d’aflez bon pa- pier avec cette écorce, en la broyant. Deplus, les racines cuites avec de l’alun teignent le fil en jaune, (Mr. POERNER confirme l’utilite de cette plante pour la teinture & ajoûte que la couleur qu'on en retire eft d’un jaune ‘verdâtre lorfqu’on employe de l’alun & qu’elle approche davantage du verd en fe fervant de fel marin). On affure que l'acier trempe dans le fuc d'Ortie en devient plus doux & plus fléxible. 161$. URTICA. LA PETITE ORTIE ou ORTIE GRIÉCHE. Les fleurs mâles & les femelles font fur des pieds diferens, les feuilles font ovalo - lancéolées, dentées en maniere de fcie, les chatons oblongs. MÉDICAL. 235$ Urtica tertia MATTHIOL. p. 1127. Urtica urens. LINN. Elle eft auffi commune que la précédente & croît aux mêmes endroits. Elle a aufli les mêmes vertus. Son extrait eft ce- pendant plus agréable, il eft un peu doux, & d’une odeur qui approche de celui de la violette, On la donne avec fuccès broyce avec du miel, dans les commençcemens de la phthife: elle fait mürir les ulcères des poumons, lors même qu’on crache le pus; une boiflon copieufe de tifanne d’Ortie grié- che a foulagé la goutte: enfin elle provoque les urines, & réfout les obftruétions. 1616. CANNABIS LinN. p. 1457. LE CHANVRE. Cannabis Du HAMEL de la Corderie t. 3. & Cannabis mas IBID. t. 1. Cannabis fativa, LINN. Cette plante eft à la vérité étrangére à la Suifle & indigène de l'Amérique & de la partie la plus orientale de l’Afie. On la cultive en Europe, mais pas autant qu'il conviendroit, Elle croit a-préfent d'elle.même dans le voifinage des jardins & près des vieux murs, Toute cette plante a une odeur trés-forte, elle eft enduite d’une matiere gluante huileufe qai em- pêche cette odeur de fe diffiper ( ut odor adlæreat), Auf donne:t-elle une grande quantité d’hxile & de 136 MATIÉRE” fel volati. On affure qu’une perfonne a vécu de fa femence, qui plait beaucoup à plufeurs oifeaux qui s'en noutriflent & en deviennent plus ardens à S’accoupler, ils font alors beaucoup d'œufs, fur-tout les poules qui mênie à force de pondre deviennent ficriles ; le Chenevis excite auf à l'acte vénérien, & c'nvient dans la jaunifle. C’eft un aliment échauf. fant, il left même au point que les alouettes qui ne mangent que de cette graine pour toute nour- riture , en deviennent noires: On fait cas de fon huile pour appaifer la colique.. Les Perfans réduifent les feuilles de Chanvre en poudre, dont:ils font des paltilles de la groffeur d’un œuf de pigeon, & en avalent deux ou trois pour s’exciter au coït, Mais les Oriertaux fe fervent principalement de cette plante pour fe procurer un afloupiflement accom- pagne de délires agréables, enforte que le Chanvre produit des effets tout-a-fait femblables à: ceux de l'opium ; & fuivant HARDER fa femence agit encore plus puiflamment. Autrefois AVICENNE mettoit le Bengi au nombre des ftupcfens; SIMEON SETHH dit, que le Chenevis contient une farine qui donne de l’engourdiflement & de l’ivrefle, & il ajoûte que les Arabes en expriment une fubftance enyvrante. Lis- TER dit qu'ils prennent les fommités du Chanvre, qu'ils les mêlent avec du miel pour fe donner de la gaieté, mais fuivant un autre auteur il en refulte auili des vertiges. - _C'ef pour le même ufage qu'on cultive en Palef tine le Chanvre ordinaire. Car le Beng d'AVIÇENNE MÉDICALE. 237 eft le même que le Bangue de GarcrAS ab CRTA,, de Rumpr & de CHarDIN, dont l'effet eft de don- ner une ivrefle gaie; des extafes agréables, enforte que ceux qui ont pris du Bang chantent, tiennent des propos qui n’ont aucune füite, font toutes for- tes de geftes & enfin s’endorment. Cette compo- fition fe fait en broyant lécorcé, la graine & les feuilles dur Chanvre, puis on en fait une infufon, mais fans y ajoûter du pavot. Un long ufage de cette drogué tue enfin comme celui de l’opium, fur-tout l’ufage du Chenevis. (CHARDIN dit qu'on en fait une boiffon enyvrante ). Enfin les feuilles fumées en guife de tabac produifent des effets fem- blables a ceux de cette plante, ‘(PLEMPIUS dit que le Pengui d'AVICENNE eft la Jufquiame ; d'HERBELOT eft du même avis, mais il ajoûte qu'on donne aufli ce nom aux feuilles du Chanvre; parcequ’elles ont les mêmes qualités, & qu'on s’en fert comme de lopium. Suivant CHAR- DIN, lé Buengi des Indiens eft l'écorce du Chan- vre, fà femence & fes feuilles broyées enfemble & infufées fans pavot, cette infufion enyvre & tue avec le tems, mais cet effet n’eft pas aufli fenfible dans les pays chauds que dans lés froids. HookE dit que là poudre appellée Pangué fe fume comme du tabac; cette poudre fe fait avec les feuilles & la femence ; ceux qui en ont fumé tbmbent dans le délire, chantent, parlent fans mettre de fuite, dans leurs difcours, font beaucoup de geftes, & finiflent par s'endormir fans en reflentir aucun mal. FLä« 238 MATIÉRE COURT dit que la fumée des feuilles procure des fonges agréables fuivis d’un réveil gai. Suivant VA- LENTIN les Hottentots donnent au Chanvre le nom de Bache & le fument en guife de tabac. Lin- SCHOTTEN dit que le Bangue eft une efpèce de Chanvre dont les feuilles font plus petites & plus blanches que celles de la nôtre, mais découpées de la même maniere ; il ajoùte qu’on en méle la grai- ne avec celles de quelques autres plantes, & qu’on -en prépare une drogue en y ajoûtant de l’opium ). On dit que le Maslach eft une compoñition, dans laquelle il entre du Chanvre, que quelques-uns lui donnent le nom d’Afferal & d’autres celui d’Æ4/fs. Les Turcs s’en fervent pareillement pour fe procu+ rer des délires agréables & pour fe faire dormir. D'ailleurs le Chanvre a une infinité d’autres ufa- ges; on en fait des toiles tres-fortes, des voiles pour les vaifleaux & des cordes. (Le Chanvre de rebut & les étoupes, dit Mr. GUETTARD, peuvent s’em- -ployer pour faire du papier très-fort), Mais cette plante a le defaut, fur-tout en Italie & en Allema- gne d'infecter , les eaux dans lefquelles on l'a mife -rouir, d’une pourriture très-dangereufe & dont la “puanteur fe communique au loin & corrompt l'eau des ruifleaux ; cette infection même efît allée au point, dit LANCISsI, de produire dans la Wieille-ville des fiévres intermittentes trés-opiniatres. On fait avec les chenevotes de très-bon Cr pour la poudre-à-canon. MÉDICALE. 239 *IGIG. ATRIPLEX. LA PATTE D'OIE ou ARROCHE À FEUILLES OBLONGUES ÉTROITES. Ses feuilles inférieures font en fer de pique, les autres {ont linéaires-lancéolées, les valvules femina- les dentces. Atriplex vulgaris angufhfolia , cum folliculis. J. B. IL. p. 973. Atriplex patula. LINN. On la trouve dans les jardins, les haies, & par- mi les vieux murs. ( Suivant RHAZES la femence de l’efpéce des jar- dins purge par haut & par bas. Mr. HILL dit qu'en faifant macérer la graine de Patte d’oie dans une médiocre quantite d’efprit-de-vin, pendant quarante jours, on en obtient une teinture dont une cuil- lerée fait vomir fans incommodité }. 1617. AÂTRIPLEX, AÂRROCHE SAUVAGE À FEUILLES TRIANGULAIRES. Ses feuilles font triangulaires , la bafe allongée, les valvules triangulaires & un peu rudes au toucher. Delt orack PETIVER. t. 7. Atriplex haftata. LINN. " Elle croit aux environs de Muwfhoufe. Elle eft commune dans le Nord de l'Allemagne où on la trouve auprès des foflés. | Je ne parle pas de l’Arroche cultivée qui eft bonrie 240 MATIÉRE à mauger & fans âcreté, & dont la femence ex cite le vomiflement en en prenant une ou deux. drag- mes. Notre Arroche peut pareillement fe manger a l'entrée du printems en guife d'herbe potagére ; elle eft émolliente , aqueufe , propre à lâcher le ven- tre & à être employée fous la forme de lavement émolfent. à 1618. LUPULUS CAMER, Epit. p. 933. LE HOUBLON. Humuilus Lupulus. Linx. On le trouve par-tout auprès des haies; & c’eft une plante véritablement originaire de ce pays, car on n’établit nulle-part des houblonniéres en Suifle. Le Houblon eft mis chez nous au rang des plan- tes comeftibles ; c’eft une des herbes potagéres qu’on mange à l'entrée du printems , & qui n’eft point defa gréable quoiqu’elle-ait del’âcrete. Ses, cones font amers & aromatiques. Cette plante pañloit autrefois pouf puriñer le fang, pour appaifer les douleurs ae- compagnées de chaleur; purger la pile, & guérir la jauniffe. Le celebre FLOYER prètend avec raifon qu'on peut la fubftituer à la Salfepareille dans le raitement de la gale & des maladies vénériènnes. Eofin , fuivant Mr. Logg , la decoction de Houblon diflout le calcul le plus dur dans l’efpace de trois tours & il le mét au rang des plus use SAR tiques. n Cependant. le principal ufage du Houblon ft de fervir à imprègner la bierre d’une amertume aroma- tique \ MÉDICALE. 24t tique qui l'empêche de s’aigrir aufi facilement, & qui en même tems la rend propre à diffoudre la pierre. C’eft en Italie qu’on en a fait l'expérience pour la premiére fois; à préfent en Angleterre on cultive de vaftes houblonniéres , fur-tout dans Le comté de Kent, comme aufli en Bohème & en Sué- de. BOERHAAVE, mon illuftre maitre, préferoit la double bierre à quel vin que ce fut, lorfqu’il s’agi£ lit de rétablir les forces, & de nos jours Mr. TRONCHIN recommande la même boiffon. 1620. TAMUS. LE SCEAU DE NOTRE DAME ou RACINE VIERGE. Ses feuilles font en forme de cœur & enticres, LINN. p. 1458. Vitis nigra MATTHIOL. p. 1285; Tamus communis. LINN. “On le trouve prèfque partout en Suiflé auprés des haies & dans les buifons. Il yen a (aux en: virons de ZLaufanne V.), autour de #athod, de Bale , &c. aupres des haies de Berne & dans un pe- tit bois qui eft au-deflus de la métairie qu’on appelle die Halle. Les Anciens mettoient cette plante au nombre des remèdes âcres & capables même à raifon de leur âcrete d'ouvrir les plaies (CELSE dit en outre qu’elle a une qualité corrofive) (en les appliquant à l’ex« térieur V.) RuFus la range fous lé nom de vigne fauvage, dans la claffe des purgatifs & des reméês Tom. IL, 242 MATIÉRE des utiles dans lhydropifie. CELSE en confeilloit lufage pour détruire les poux. D'un autre côte le Sceau de Notre Dame pañoit anciennement pour être du nombre des plantes fpon- fances bonnes à manger ; & de nos jours même , les Turcs en mangent les jeunes pouiles avec du vinaigre & de l'huile, Mr. MATTHIOLE-nous ap- prend que les racines cuites fous la cendre font un excellent aphrodifiaque, ce qu'il avoit appris lui-mé- me d’un ‘apothicaire. LOBEL nie que cela foit vrai & avertit que ce remêde a de l’âcreté. On n’en fait point d'ufage dans ce pays. SECTION V. À FLEUR COMPOSÉE. 1621. XANTHIUM. LE PETIT GLOUTE- RON, GLAITERON, PETITE BARDANE, GRAPPELLES. Ses feuilles font découpées en trois lobes jufqu’a la moitié, les fruits font garnis de piquans crochus. Xanthium CAMER. Epil. p. 926. Xanthium ftrumarium. LINN. On le trouve en divers lieux de la Suifle, fur- tout au pays du Vaud, dans le village de Æoche, prèsde Noville, d’Aigle, de Payerne, d’Avenches : il y en a aufi dans le village de Goumoëns où il vient avec la Bardane. A Bäle devant le Spalen- thor, St. Johannisthor , Æfèhemertor ; au rapport de CHERLER, à Genève, &c. Son ufage eft inconnu en médecine ; fes feuilles 4 MÉDICALE, 843 font amères & aftringentes ; on en prefcrit le fuc en France à la dofe de fix onces pour purifier le fang, & guérir les écrouelles, DIOSCORIDE dit que fon fruit, cuefñili avant qu'il foit tout-a-fait fec, & trempé dans l’eau tiéde, la rend propre à teindre les cheveux en jaune après les avoir premiérement frotté de nitre; on peut teindre la laine de la même ma- niére avec les feuilles du Glaiteron ; mais fur-tout avec fes fruits. SECTION VL JULIFERES. AMENTACÉES de LINNÉ & de GMELIN. 1622. FAGUS. L'HETRE, FAU ou FAYARD; Ses feuilles font ovalo : lancéolées, ondées à leurs bords. Fagus CAMER. Epit. p. 112. Fagus fylvatica. LINN. Cet arbre croit dans le pays:plat de la Suiffe ; où il fe plait dans les lieux médiocrement en pente; Il craint le froid & ne s’étend point jufqu’aux bois des Alpes ; on ne le trouve pas même fur les mon- tagnes , ni dans les provinces feptentrionales de la Suéde , ni en Sibérie. La femence eft pleine d’une huile très -bonne pour la lampe, & même comeftible (en France, fuivant BRADLEY ; LAWRENCE dit qu’on s’en fert en falade), & qu’elle n’eft point malfaifante lorfqu’elle eft vieille. Suivant BARTHOLIN on s’eft même avifé de manger cette femence (& d’en faire du pain) Q 2 244 MATIÉRE cependant quelques auteurs ont défapprouvé ce gert- re d’aliment & lui ont attribué des fiévres d’un mau- vais caractère, des pleuréfies même & enfin Phy- drophobie. Les loirs & la volaille*s’en régalent ; enfin les cochons s’en nourriflent, il eft vrai que cette graine étant fort huileufe , leur lard en devient mol. Mr. MANETTI rapporte d'apres CORNELIUS d’Aléxandrie que les habitans de l'isle de Chio fe font nourris de ce fruit feul pendant un fige. Mr. MoRTI- MER dit qu'il enyvre un peu. CHARLES ETIENNE nous apprend que de fon tems les habitans du Labouf faifoient grand ufage des glands du Fayard. On lit dans l’Hifioire de ! Académie des Sciences de Paris, que l’huile qu’on en tire perd fa qualite malfaifante en la confervant pendant une année dans une cru- che de terre. Suivant les Mémoires de Berlin la premiére huile eft la meilleure, celle qui vient en- fuite eft d’une qualité inférieure. Le marc qui refte après avoir exprimé cette huile fert à faire de la farine, du pain, & du fromage en y mélant du lait); on en fait aufli des gâteaux d’un bon goût en le paitriffant avec des œufs. Cette huile doit être re- cente & de la même année. La fémence f dé- pouille dans l’eau chaude de la peau dure qui l'en- veloppe. Mr. TARGIONI dit que cette huile eft très =bonne, d’une odeur & d’un goût agréables , qu’elle fait une belle flamme & n’eft point fujette a fe figer ). On fe fert de l'écorce intérieure du Hètre qui tient au bois pour guérir les fievres. MÉDICALE. 244 \ Ce bois îft le plus eftimé de tous pour le chauf fage, & #h flamme pañle pour trés-falutaire. (On aflure que c’eft par cette raifon qu'il ne règne point de fiévres d’un mauvais caractère à Coppenhague ). On s’en ert rarement pour bâtir, parcequ'’il eft fujet à être nnge des vers; on peut cependant remédier à cet irconvénient en le laifant tremper dans un étang pendant un mois ou deux, foit en le noir- ciffant au feu. On l'employe pourtant pour faire des elieux de roue, des timons & d’autres pieces de claronnage. ( C’et le feul bois dont les Angleis fe frvent pour fair: des rames). Il fe forme aflez fourent fur les feuilles de cet arbre des galles rou- ge convêxes & un peu acides. On a remarque œe la foudre épargne le Hire. 1623. CASTANEA. LE CHATAIGNIER. Ses feuilles font ovalo-lanccolées , dentées en cie, les dents crochues. Caffanea CAMER. ÆEpit. p. 118. Fagus ÇCaftanea. LINN. Cet arbre croit au pied des montagnes de la Suiffe. J1 forme une forêt entiére de quelques lieues de long dans le territoire du village de Bex du côte de CAie- tres, & dans le bas. Vallais aux environs de CAouex & ailleurs ; dans le territoire de Z4g du côté de IWilkwil. Il croit en trés-grande quantité dans la Suile tranfalpine ; même dans des deferts. s fruits font farineux & doucätres lorfqu’on les a aits. On nefe nourrit préque que de chataignes Q 3 * 246 MATIÈRE en divers lieux de la Savoye & de la France ; & chez les habitans de l’Apennin on en fat aufli des gâteaux & même du pain. Cependant üles don- nent des vents, & l'eftomac a de la pene à les digérer. Malgré cela on voit en Italie des vieillards nonagenaires & centénaires qui n’ont vécu qie d’eau & de chataignes. (Mr. TARGIONE confeill de les fécher” dans des etuves deftinées à cet ufage Mr, ManETT1 eft du même is, & veut qu’on le: faffe chauffer jufqu’a ce qu’elle: fuent , qu’on les rimue & qu’on les dépouille de leur écorce en les batant dans un fac. On en retire beaucoup de fucre. On en fait en Dauphiné une farine d’un goût agréable), Elles donnent beaucoup d’efprit acide, jufqui quatre onces fur une livre, Les cendres cuntien: rent du tartre vitriolé & un peu de fel lixiviel, enforte qu’elles ne font d'aucune utilité pour lefi. ver le linge, U fe forme dahs les vieilles chataignes une tu- meur putride d'où s'écoule par une fente faite à la peau une encre dont on peut fe fervir pour écrire. Les habitans de l’Apennin font le même ufage des chatons du chataigner, dont ils préparent une cou. leur noire avec l'eau de vitriol. Il en découle anffi une gomme brune qui reffemble à du verre’ quand elle eft fêche, Le bois du chataignier fert aux cu, vrages de menuiferie, mais il n’en eft fur-tout pont de meilleur pour faire des tonneaux. Il n’eft pant d'autre arbre qui vieilliffe autant. ne à prie d'un çhataigner de mille ans ), MÉDICALE. 247 1624. JUGLANS. LE NOYER. Ses feuilles font ailées au nombre de fept, ovalo- lancéolées , très entiéres. Juglans CAMER. Epil. p. 172. Juglans regia. LINN. C’eft un arbre bien précieux. Son bois eft trés- bien veine fur-tout dans les racines noueules, il eft pefant, adorant, & le plus beau de ceux que l’Eu- rope fournifle pour les ouvrages de menuiferie. BELLOSTE faïfoit ufage d’une liqueur qu'il pré- paroïit en cuifant des feuilles de Noyer dans de l’eau, & ajoütant du fucre, il en imbiboit des plumaceaux, qu’il appliquoit fur les ulcères. L’écorce du Noyer, fes racines & fes feuilles donnent à la teinture une couleur noire qu’on préfère à toute autre, & on fait avec le brou verd de la noix une belle couleur jau- ne -brun , fupérieure à celle qui fe fait avec la ra- cine. Le brou eft encore émétique, & fait même vomir jufqu'au fang. Les coquilles broyées & erm- ployées fous la forme de liniment font bonnes pour arrêter les hémorrhagies. (GALIEN s’eft fervi des noix avec fuccès, pour dilliper une fuffocation pro- venant d’un engorgement de la luette & des amiyg- dales, pour cet effet il exprima le fuc de, ces noix & le cuifit avec du miel. Mr. VITTET dit que le fuc des feuilles mêle avec du lait fournit un onguent fuppuratif utile pour les chevaux qui ont la fittule. Les noix fe mettent au nombre des alimens, mais qui n’eft pas ami de la gorge & peu falubre par La Q 4 248 MATIÉRE e quantité d’huile fujette à rancir qu’il contient. SÉ- RAPION vante un rob de noix pour guérir les ul- cères de la bouche. L’eau de noix qu’on diftille en éte avec de l’eau de vie, eft carminative, On en fait aufMfi un fyrop qu’on mêle avec de l’eau de vie, ce mélange pañle pour délicieux: Iéhuile de noix fe brüle à la lampe, mais elle donne une fumée mal-faine : elle eft d’ufage pour les peintres; elle ne fe fige pas par les plus grands froids, elle eft bon- ne à titre d’aliment, & plus faine que l’huile d'oli- ves qui eft rance & qui a de lâcreté. Elle pañle aufli pour tres-bonne contre les vers. (Les noix font même peérir le ver folitaire, en les mangeant & bu- vent par-deffus du vin d’Alicante: Mr. BINET dit que l’huile fait le même effet). On donne les cha- tons fêchés & pulvérifes dans la fuffocation hyftéri, que jufqu'à la dofe d’un fcrupule. Il découle du Noyer , lorfqu’on lui a fait une incifion, une liqueur, dont quelques-uns croient l’ufage propre à prolon- ger la vie; les Américains font epaiflir cette liqueur & en retirent un fucre plus agréable que celui de lErable. (Onlit dans le Journal æconomique que le leffif cuit avec du brou de noix tue les charanfons ). Les chaleurs de l'été font fuinter des feuilles une fubftance mielleufe, mais lorfque cette excrétion eft abondante l'arbre en fouffre, & dans le Dau- phiné, elle va même jufqu'au point de le faire périr. Comme le Noyer prend beaucoup de place il de. truit les plantes qui croiffent dans fon voilinage, à moins que ce ne foit de celles qui fe plaifent dans un terrein & un air froids, On regarde fon ombre & J MÉDICALE. 249 l'odeur qu’il exhale, comme nuifbles, & on croit qu'elles attirent des douleurs de tête. 162$. CORTIUS. LE NOISETIER. Il croit dans les haies. Corylus fylveftris LOBEL Ic. I]. p.192. Speéfacie de la nature I. p. 453. 462. Corylus Avellana. LIN. On le trouve aufli communément dans les bois. La noifette eft un fruit très-adouciflant , farineux , huileux & d'un goût agréable ; feule même elle a autrefois fervi de nourriture aux habitans de la Pa. leftine. On en fait une boiflon qui imite le cho- colat, & quelquefois on en fait du pain. L'huile qu’on en exprime difpute en bonté à celle d’aman- des (elle étoit déja d’ufage dans les pharmacies du tems de MÉSUÉ), & fa quantité va à la moitie du poids des noifettes ( Mr. GaDD en fait grand cas); elle fert dans la peinture, on peut l'imprégner de divers parfums, & elle eft utile pour dètremper les couleurs blanches. L'huile per defienfum tue les vers à la dofe de trois ou quatre gouttes. L’ave- line pañle aufli pour être propre à délivrer du cal- cul. Les branches vertes du Noifetier raccommo- dent le vin trouble. On dit que Pécorce de la ra- cine eft bonne pour les fiévres intermittentes, mais fon infufion a un goût préfqu'infupportable. (Les chatons mâles (anthere ) du Noïfetier font un bon purgatif pour les chevaux en leur en donnant cinq pin- cees dans une mefure de bled). Le bois fournit 250 MATIÉRE d’excellent charbon utile aux deflinateurs. On s'en fert pour faire de petits paniers. Je pale fous filen- ce la baguette divinatoire. 1626. QUERCUS. LE CHENE. $es feuilles font glâbres, divifées jufqu'a la moi. tie, les folioles obtufes, les fupérieures plus grandes. a, Sommereiche CRÂMER, PA ER Fe b. Wintereiche EJUSD. p. 8. t.2. f. 3. Quercus Robur. Lixx. La varieté a croît dans les terreins cultives, hu- mides & fertiles ; l’autre vient fur les collines arides. Le Chêne eft un des arbres qui s’eélevent le plus (Mr. PILOT parle d'un Chéne qui avoit 45 pieds de tour); il devient très-vieux & croit lentement (Suivant Mr. CRAMER il ne croit que de 6 à 14 pou- ces dans l’efpace de quatre-vingt ans, & dans 100 ans, jufqu’à 10 pouces. IL n’acquiert que 7 à 8 pieds de tour, dit Mr. SWITZER, dans l’efpace de 70 ans ); il craint un froid exceflif, aufli n’en trou- ve-t-on point fur les Alpes ni dans les pays du Nord. Ses racines s'étendent beaucoup & occupent tant de terrein qu’elles étouffent les racines des autres plantes qui croiffent fur le même fol ; aufli le Chêne forme-til comme le chataigner, des bois très-nets, Cet arbre, fans parler de la beauté de fon feuil- lage, eft précieux par fon épaifleur & la dureté de fon bois, ce qui le rend propre à être employé dans les chantiers de marine & pour les bätimens, fur- MÉDICALE. 251 tout fi on a foin de le faire croître droit en repouf, fant les bourgeons du tronc avec un marteau. Toutes les parties du Chêne, bois, feuilles & fruit (&, fuivant BRADLEY, l’eau diftillée du bois rape), font remplies d’un fuc aftringent, qui teint en rouge le bleu de Tournefol, & les Pézis en verd, çar il a tant de rapport avec le vitriol, qu’on peut en faire du tartre vitriole, en le traitant avec de l’'alcali (Mr. ZIMMERMANN, éditeur de la chymie de NEUMANN, parle du fuc exprimé du bois rape ), Les cendres contiennent un fel entièrement lixiviel. Le principal ufage de lecorce eft de fervir de tan pour donner de la fermeté aux cuirs, & les impre- gner d'acide ; & pour faire de la couleur noire. On a découvert dernièrement que la fciure du bois, & même les feuilles, font auf bons que l'écorce pour tanner le cuir. Si on verfe de l’eau fur de l’écor- ce de Chêne réduite'en poudre, cela donne une teinture qui pénètre le marbre & d’autres pierres fort dures. Quelques-uns eftiment la liqueur que four- nit la fève de cet arbre bonne pour la goutte. Les feuilles & l’eau qu'on en diftille font mis au nom- bre des remèdes aftringens ; & c’eft en cette qualité qu'on les prefcrit pour arréter les hémorrhagies, faire ceffer la diarrhée & la dyfenterie, rétablir l’é- coulement des ulcères lorfu'il eft fupprimé (Mr, GUISARD attribue cette vertu à des bouillons où on a cuit des feuilles de Chêne), & rafraichir les plaies fêches. On fe plaint d’un autre côté que les bour- geons de Chêne font. piller le fang au bétail, les 252 MATIÈRE payfans rémédient à cet accident en donnant des choux à leurs bêtes. Mr. HALE dit que cette nour- titure eft nuifible aux cochons & les fair même perir ). Les galles, excroiffances qui doivent leur naïflan- ce à la piquüre d’une forte de mouches, font en- tiérement pleines d’un fuc acide & aftringent. C'eft far-tout celles du Levant qu'on fait venir pour la teinture, principalement pour le noir dont elles font le principal ingrédient en les traitant avec du fer. Les galles d'Italie & même de toute l’Europe ne font pas d’aufli bonne qualite; cependant celles de notre pays peuvent fervir aux mêmes ufages, & à faire de l'encre, mais la plupart du tems elles ne fe durciflent pas. On peut faire de l’encre avec nos galles, en mélant leur lus avec du vitriol & de la gomme. Il fuinte fouvent du Chène un miel que les abeil- les fucent; outre cëla cet arbre eft attaqué de plu- fieurs manieres par divers genres d’infectes, enforte qu’il n’en eft point qui foit autant fujet à un grand nombre d'excroifances qui font un état de maladie pour cette plante. Les glands de notre pays ont une faveur tres-àpre ; ils font d’une grande reflour- ce aux payfans pour nourrir leurs cochons, mais elle manque fouvent à caufe des grands froids & des injures desinfectes. Il eft arrivé quelquefois que des hommes ont été forcés par excès de famine à faire de la farine de glands, & à chercher dans un fi mauvais aliment, de quoi s'empêcher de périr de faim. En France même, ages l'hiver rigoureux de MÉDICALE. 253 1709, on seft vu oblige de faire ufage des glands, & d'en méler au pain. Il eft für qu'ils reffere rent extrêmement le ventre, que leur ufage eft nuiñble & attire cette funefte maladie qu’on appelle le cholera-morbus ou Trouile - galant , comme il pa- rait par les obfervations que les médecins françois ont laiflées à ce fuget. Tout cela eft vrai des glands qui croïflent dans la partie temperée de l’Europe , car dans les pays chauds on a d’autres efpèces de Chênes , dont les glands cuits ont un goût fembla- ble à celui des chataignes , aufli les mange-t-on en Efpagne, en Grèce & en Amérique, fans y être for- cé par la néceflite. Cetoit de ces glands que vi- voient les habitans de Coffa, & je fuis dans l'idée que les glands dont PELASGUS enfeigna aux Grecs à fe nourrir au lieu des mauvaifes herbes qu’ils avoient mangées jufqu’alors, eétoient aufli de la même ef pèce. Enfin Mr. SHaw aflure qu'en Afrique il y a une efpèce de Chêne qui eft la même que la nô- tre, avec de courts pédicules, & qu’elie produit des glands bons à manger. (Mr. PARMENTIER dit que les glands rapès & mis fous le prefloir rendent un fuc âpre, mais que le marc n’a point de mauvais goût). Quelques-uns prefcrivent la rapure de glands dans la colique & la pleuréfie, mais ce moyen me paroit abfurde. Mr. ScoPoLt donne les glands en poudre à la dofe d’une dragme toutes les trois heures, dans la dyfenterie, comme aufli dans les fiévres intermit- tentes; l’huile des mêmes fruits doit être plus fup- portable. ! (Suivant un ouvrage publie fur les glands 54 MATIÈRE par Mr. F.J. Wir. SCHRODER, ils font un remé: de fpécifique pour les obftruétions des glandes. On les prend pour cet effer lorfqu’ils font encore ten- dres, on les féche en les faifant fuer, puis on les grille, on les mout comme du café, on verfe alors de l’eau bouillante fur une demi-once de ces glands moulus, & on les laïfle infufer, après quoi on pañle Vinfufion qu'on fait cuire jufqu’à ce qu’elle écume, puis on y ajoûte du fucre.. L'auteur en a d’abord fait l’effai fur lui-même pour une foibleffe du corps qu’il attribuoit à une obftruction des glandes qui étoient même fenfibles à lPextérieur: au bout de huit jours il fe Aentit déja foulage , les glandes s’a- mollirent & enfin leur engorgement fe diflipa; il à donné ce reméde avec les plus grands fuccès dans l'atrophie des enfans, dans la gale, dans le maraf me avec nodoftés de goutte, pour les furoncles ; pour favorifer la fuppuration de la petite vérole, pour les affections goutteules , pour les maladies véné- riennes, & pour l’aflection hypochondriaque aveg cachexie, Il y a dans l’Afie mineure une efpèce de Chêne qui produit des glands fort gros, qui fervent à la teinture fous l’ancien nom de felani (ou Velane- de, fuivant TAVERNIER, qui dit quon donne ce nom au Calyce des glands; c'eit ce calyce qui fat de tan dux tanneurs de ces pays-la). MÉDICALE. 255 1628. BETULA. LE BOULEAU. Ses feuilles font en cœur, lancéolées, dentées en manicre de fcie. Betula MATTHIOL. p. 142, Betula alba. Lin. Le Bouleau croit en très-grande quantité dans les bois des montagnes, comme fur les hauteurs qui font au-deflus de Cheires & d’Ivonans. Il s’en trou- ve parci par-la dans les terreins marécageux, mais ce n'eit pas à l’ordinaire : il fupporte bien le froid & croit dans les pays les plus réculés du feptentrion. Cet arbre a plufeurs ufages œconomiques. Ses verges dont les branches font un peu noueufes & pliantes fervent à faire des balais & des gaules *, ‘Les branches fervent à faire des cercles de tonneau. Son bois eft aflez dur, fur-tout dans les pays du Nord, pour qu’on puille en faire des roues, & pour fervir aux tourneurs ; on en fait aufli d’excellent charbon: fouvent on en trouve qui eft onde de très- belles veines. Les Américains font avec fon écorce des nacelles entiéres. En faifant bouillir dans l’eau les chatons du Bouleau, on en retire une cire fem- blable à la cire commune. Ses feuilles font amères , glutineufes ; elles don- nent à la laine une teinture jaune, & fervent à faire un fonds pour la teinturc rouge qui fe donne * L'ufage qu'en font les maitres d'école a fait donner au Bouleau le nom de fcep#re des maitres d'école & an- ciennement celui d'arbre de La Jugejle. " 256. MATIÉRE enfuite avec le Caillelait du Nord: On tire des mé: mes feuilles cuites avec de l’eau & de l’alun, un f- diment couleur de faffran foncée, que les Allemands appellent Schuttgelb. Lorfqu’on fait au printenis un trou à la tige du Bouleau, & qu'on y introduit un tuyau, il en découle une eau infpide fi l’on a perce prés de terre, mais fi le trou eft au fommet, l'eau qui en fort eft acide. Les médecins prefcri- vent cette liqueur dans diverfes maladies, à titre de -boïllon propre à purifier le fang, à difloudre le cal- cul, & méme à faire uriner, en la mélant avec de la bierre, à faire poufler la gale lorfqu’elle eft ren- trée , à difliper l'embonpoint exceflif; on en recom- mande aufli l'ufage dans les commencemens de la phthifie, dans les maladies des reins & de la veflie ; & c'elt en cette qualité que les Ruffes ont coutu. me d’en boire. La même liqueur mélée dans le vin le fait moufler. On en peut aufli retirer du fucre, & en faire du vin en y mélant des railins fecs & du fucre, après quoi on la fait cuire & fermenter. (EVELYN parle d’un hydromel qui fe fait avec la même liqueur. Mr. Kar M enfeigne encore une au- tre manière d'en faire du vin). On peut faire une boiflon femblable en fe fervant des grofeilles. Enfin on fe fert utilement de cette liqueur en la mélant dans de la bierre. En brûlant l'écorce du Bouleau on en obtient une huile dont PURMANN fait grand cas pour les hémorrhoïdes aveugles ; & même pour le cancer (peut-être eft-ce de cette huile que parle PLINE quand il dit que les Gaulois cuïfoient le Bou- leau pour en faire du bitume): cette écorce fert aufli MÉDICALE. 267 à tâner les cuirs, & c’eft de ce tan que vient l’o- deur des cuirs de Ruffie. Les feuilles feules tânent mème trés-bien le cuir. L'écorce traitée avec de l’alun donne au fil la cou- leur du rouge brun. Les Lappons font une efpèce de moxa * avec les excroiflances qui viennent fur l'écorce de cet arbre. La fuie que fournit le Boulcau fournit un trés- bon noir pour les imprimeurs. Ses feuilles font un fourrage falutaire pour les beftiaux. RAT } 1632. POPULUS. LE PEUPLIER. Ses feuilles font glâbres, cordiformes-rhomboïda« les, dentées en fcie, Populus nigra MATTHIOL. p. 137. @& LINN. On le trouve en divers endroits au bord des ri- viéres & dans les lieux humides. Celui qu’on cul- tive dans les lieux marécageux a une tige cylindri- que & fans rameaux, on le deéfigne en particulier dans ce pays par le nom de Felbaum. La variete qui nous viént d'Italie et plus haute, les œconomes modernes en ont.recommandé la cul- ture, &, fuivant Mr. SÉGUIER , elle ne difére point de notre efpèce. On retire de fes boutons une réfine odorante & jaune , en les cuifant dans de l’eau & les exprimant. * Voyez ce mot à l’article Armoife page 45. Le Trad. Tom. II. R 258 MATIÉRE (Ses jeunes poufles macérées dans de l’eau bouil- lante, pilées & exprimées dans un fac fourniflent de la cire). Les mêmes boutons macérés dans Peau ;, donnent une liqueur laiteufe, odorante, fur laquelle on voit furnager une huile éthérée , ils n’en font pas moins propres, après cette opération, à fournir de la réfine en les mettänt fous le prefloir. Lorf- qu'on diftille de l’efprit-de-vin fur ces boutons, il pafle d’abord un efprit odorant, puis une eau. lai. teufe, avec de l'huile éthérée ;'ce qui refte dans Palembic ; donne en l’exprimant, une réfine balfami- que. Ce font les bourgeons du Peuplier qui font la ba de longuent qui porte le nom de cet arbre; on l’employe à titre d’adouciffant & d’émollient, & enfin en qualité de fomnifère. L'huile qu’on en dif- tille eft venue à bout d’une fciatique. La teinture des boutons a éte utile dans la dyfenterie & pour les diarrhées chroniques, en la donnant à la dofe d’une demi-dragme, comme aufli en la faifant pren dre deux fois par jour à titre de vulneraire , pour la guerifon d’un aneévryfme. C'eft encore fur ces boutons que les abeïlles re. cueillent la propolis. Enfin l’écorce du Peuplier fert a faire du pain dans la partie la plus feptentrionale de lAfie. Le bois {ert aux tourneurs & aux. me- auiliers pour des ouvrages qui ne demandent pas un bois dur; fes racines ont des veines qui font un joli eflet. J'ai vu de trés-bon papier ; que. Mr. SCHÆFFER avoit eu l’art de préparer avec le duvet que cet arbre fournit, Les racines du Peuplier noir MÉDICALE. 259 £e changent en une matiere gélatineufe dont on peut faire de la colle forte. Enfin le bois rend une gom« meréfine inflammable & Mr. MONTI en a vu fuin- ter une gomme filamenteufe. SALI.X. LE SRURE. L À FEUILLES LANCÉOLÉES. 163$. SALIX. LE SAULE BLANC MALE ou FEMELLE C’eft un arbre dont les feuilles font elliptiques, ” lancéolées, foyeufes en-deflous, bordées de dents charnues. . Salix LoBEL. Ic.Il. p.136 BLAKWELL. t. 327. Salix alba. LiINN. b. Salix lutea tenuior fativa viminea J. B. II. NICE SIL Salix vitellina LINN. LE SAULE JAUNE. Le Saule blanc croît en quantité ou dans les bois, où il vient naturellement, ou fur les chemins où on le plante , il fupporte les plus grands froids de Plslande (c’eft a-peu-pres le feul fourrage que les chevaux mangent dans les environs d'Ochozk ); il craint les terreins trop humides, maisil profpère à merveille dans ceux qui font fecs, comme dans les vignes. Je ne fais fi le Saule jaune eft naturel à ce pays. On en fême & on en plante beaucoup fur les bords des ruifleaux & des foffes. Il eft beau- coup .plus bas que le blanc, fes branches font jau- KR 3 260 MATIÉRE nes, orangées, pourpres, pliantes & lanugineu- fes, &c. Le bois & les branches du Saule blanc font bien flexibles quand ils font jeunes, mais ils deviennent caffants avec l’âge. Les chatons de l’un & de lautre font odorans. Le principal ufage du Saule blanc eft de fervir dans l'æœconomie poûr bois de chauffage, pour faire des cercles de tonfieaux, des perches, des petits tonneaux folides d'une feule piéce. Je ne me ferois pas attendu qu’on trouvât des veines ondéës À un bois aufli tendre que celui - la. Il porte.guëlquefois des galles comme l’indiqué le fynon mo de RicHer. Il peut fervir de pâture aux trougéaux. Son écorce teint d’une couleur de ca- nellé: on en obtient auili un rouge prèfque cou- leur de fang, qui {ert à teindre la laine & la foie, on tire cette teinture avec de la leffive en y cuifant l'écorce dans un vale de cuivre. Enfin la teinture de Saule féchée & traitée avec de l’alun donne une laque de couleur canelle. (Mr. SEIFFERT dit que les chatons traités avec de l’arfenic donnent une belle couleur brune). On seft vu réduit par une . dure néceflité à mêler l’écorce de cet arbre dans le pain. Toutes les parties de cet arbre fe diftinguent par Jeur qualité auftére & aftringente , qui n’a point été inconnue aux Anciens. DanieL Lupovic préfère J'extrait de fes feuilles au Nénuphar , en qualité de rafraichiffant, G. H. WELSCH prefcrit l'ufage de cet extrait aux perfonnes qui Ont des ulcerés aux MÉDICAL. 261 poumons. Il eft étonnant après cela qu'on ait dit que ces feuilles procuroient l'avortement & provo. quoient l'écoulement des règles. On seft fervi en dernier lieu avec fuccès de l’écorce, dans le traite. ment des fiévres intermittentes, en la donnant feule en place de Kina à la dofe d’un ferupule, ou mé. lés avec un cinquiéme de Kina. Suivant les obfer- vations de Mr. CLoss , douze hommes ont été gué- ris de la fièvre quotidienne ou de la fiévre tierce en leur donnant beauconp d’écorce de Saule blanc ré- duite en poudre. (On vante auffi beaucoup la dé. coction de cette écorce pour la fiêvre tierce & le “fcerbut). Les Mingréliens (Coichi) dans les fié- vres les plus graves couvrent les malades de-feuil. les de Saule. Je me fuis fervi avec fuccès des bains faits avec la décoction de l’écorce, pour rérhédier à cette foiblefle de jambes à laquelle les enfans font + fujets. Les Orientaux préparent une eau odorante avec les chatons de divers Saules ; elle eft falutaire dans les fiévres aiguës , & on peut également Ja préparer avec les chatons de- notre Saule & des au- tres efpèces qui ont des chatons odorans. Le Saule blanc rend beaucoup d’eau au mois de Mai: quelque- fois même il en a fuinte de la manne, fur-tout à Roche. Le Saule jaune eft plus flexible & fert aux pay- fans à faire des liens & des corbeïlles Ce eft ce qu’ils appellent l’Ofier jaune ). Ses fruits ramaffes fourniflent une efpèce de coton, aufli bien que ceux du Saule blanc, & ils s'ouvrent dans lefpace de quatre heures. R 3 262 MATIÉRE 1636. SAZIX. SAULE À FEUILLES D’AMANDIER. Ses ftipules font dentées en fcie, fes feuilles lan. céolées, dentées en fcie & gläbres. Salix fpontanea fragilis amygdalino folio auri. culata J. B. I. P. II. p.214. Salix amygdalhna. LIN. On le trouve fur les bords du lac Zéman en-decà de Lutry. Il croit aufli en divers lieux dans les vi gnes, & a Bâle. (Suivant Mr. GLEDITSCH l'écorce de ce Saule a un goût agréable, il la préfère au Quaflia & au Quin- quina, même pour guérir la gangrêne). 1639. SALIX. LE SAULE ROUGE. Ses feuilles font glâbres , ovalo - lancéolées , les ” pétioles parfemés de glandes, les fleurs à fix étamines. Salix foribus pentandris Lin. Flor. Lapon. D 37% COTES 0207 Salix pentandra. LIN. Il n’eft pas commun en Suiffe, j'en ai trouvé à Bâle. (Mr. J. Wizx. Gunz a publié en dernier lieu une differtation fur la ‘préférence que l'écorce de Saule mérite fur celle du Pérou. Il y rapporte les expe- riences qu’il a faite avec diférentes efpèces de Saule. Il a trouvé que l'écorce de celle-ci eft la plus bal- famique, qu’elle a une odeur agreable & de l'amer- F., NRÉNDN CALE. . . 268 tume. Les efpèces dont il fait le plus de cas après celle-ci, font le Saule ‘caffant, le Saule à feuil- les larges & rondes, le Saule cendré, &, enfin le Saule blanc. L’extrait aqueux de l'écorce , {ur-tout du Saule rouge elt, la meilleure de toutes Îles pre- parations. Mr. GUNZ lui attribue toutes les vertus du Quinquina. Mr. GLEDITSCH dit que fon écor- ce a.une odeur exquife & qu’on peut la fubftituer à l'écorce du Perou. Il dit ailfu# que fon tronc n'eft pas aufli fujet à fe pourrir que celui des au- tres efpèces, que fes branches font droites & nom- breufes, que fes feuilles font odorantes & entiére- ment vertes. Il ajoùte que le parfum de cet arbre eft dû à une matiere ontueufe & refineufe qui en fuinte; c’eft cette efpèce qui fournit le plus beau coton , qui ne mürit qu'aux mois de Septembre & d'Octobre). Cet Mr. WESTREK qui a enfeigné à imiter le coton avec les aigrettes de ce Saule. Pour cet ef- fet on éparpille les fruits {ur des draps, alors dans lefpace d’un ou deux jours leurs aigrettes fe déga- gent, on les ramälle avec un rateau ; au bout de quelques heures il £ degage encore d'autres aigrettes. Les graines ne {ont point à charge, mais on peut les {parer par une manipulation paiticuliére. Ces aigrettes encore fraiches font de tres-bonne ouatte, dont on peut remplir les duvets, ou d’autres chofes qu'on veut rembourrer mollement. Lorfque ces aigrettes ne font pas récentes il faut les carder avec les têtes du chardon à bonnetier, ou les battre dis 47 264 . MATIÉRE avec dis baguettes dans un vafe deftine à cet ufa- ge. Cette ouatte eft encore meilleure en y mélant un tiers de coton. Il eft cependant néceffaire quand on veut en garnir des étoffes pour habit ou pour couverture de lit, de la piquer, autrement elle fe | met toute en un monceau. On en fait de bonnes mèches en la mélant avec du coton. SECTION VIL CONIFERES. 1656. PINUS. LA PESSE, PÉCE, PicÉA OU FAUX SAPIN. Ses feuilles font folitaires, quadrangulaires , ter. minées en pointe. Picea MATTHIOL. p.97. Pinus Abies. LINN. Rien n’eft plus commun en Suiffe que cet arbre, Il garnit fans interruption le pied des Alpes, & y forme des forêts entiéres qui commencent un peu au-deffus des terreins cultivés, & s’etendent fur les hauteurs, jufques vers les endroits où l'air étant trop froid , il eft oblige de céder la place au pin de Ge. nève & à d'autres arbrifleaux. Les boïs du mont Jura font dans le même cas. La Peffe couvre juf qu'aux rochers les plus efcarpés ; elle defcend dans quelques endroits jufques dans la plaine, où elle donne du froid & lentretient. C’eft le plus haut des arbres de l'Europe, il prend de cent vingt-cinq jufqu'àa cent cinquante pieds de hauteur. Comme il eft fort droit, il eft d'un grand : MÉDICALE. 264 ufage pour faire des mâts, des poutres , & des fo- liveaux ; on ne fe fert préfque d'aucun autre bois en Suifle pour de pareils ufages ; on en fait auffi une infinité de vafes de diféientes fortes, des inf. truments & des vaifleaux. Son charbon quoique tendre, eft cependant le plus employé dans les fon- deries. Il découle naturellement de la Pefle une réfine qui fe met en grumeaux ou en larmes qu’on appelle encens. Lorfqu’on fend fon écorce ou qu’on lenlève, il fuinte une réfine blanche qui s’amafle entre le bois & l’écorce, & dont le poids va ju£- qu’à quarante livres par an, c’eft cette poix qu'on œuit dans de l’eau & dont on remplit des tonneaux fous le nom, de poix de Bourgogne ; elle fe fond à la plus douce chaleur & fert à un grand nombre d'ufages , & entr'autres à calfeutrer les vaifleaux ; on en fait avec de l'afphalc réduit en poudre un mélange qui réuflit parfaitement à donner plus de folidité aux vafes de bois qu'on en enduit. Le bois de cet arbre peut fe teindre en rouge , en le lavant dans une infufon de fumier de cheval mêlée d'urine. \ Sa réfine fe fêche en cuifant, & fi on la cuit long-tems & qu'on y verle du vinaigre, elle fe con- vertit en colophone. Elle donne une huile diftillée diférente celle de térébenthine, & on trouve après la diffillation une matiere femblable à la colophone. On faitun vernis en la fondant avec du maftic. En brülant les rebuts” il s’en élève une fumée dont la fuie eft utile pour faire diférens noirs & entr'autres celui des imprimeurs, c’eft même le feul qui foit 266 MATIÉRE d'un beau noir, La réfine la plus pure mife en di- geition dans fon huile diftillée donne une liqueur fem: blable à la terébenthine de Venife. * On ne s’en fert pas beaucoup en médecine, & Mr. DE HAEN nie que fes cones foient bons contre le fcorbut. Cependant on fe fert en Amérique en cette qualité des cones d’une forte de Pelle qui ne difère pas beaucoup de la nôtre; on les cuit avec de l’a- voine*, on ajoûte à cette décoction clarifiée du fu- cre de rebut, & on la fait fermenter en la mettant avec un peu de vin dans un tonneau aviné: cela fait -une boiflon aigrelette qu’on. boit avec plaifr # durant les chaleurs de lété: les Anglois font une liqueur femblable en employant de la Bierre en pla- ce de vin, ils lui donnent le nom de Sprucebeer ; on s’en fert fur le détroit de Hudfon & dans l'isle de Terre-neuve pour corriger les mauvailes influences de l'air froid de ces pays , & pour corriger le {corbut. Le fuc exprime des mêmes cones chaffe les vers avec aflez de force; Mr. CLERC fait mention d'une phthifie guérie en buvant le lait d'une chèvre qui s'écoit nourrie de ces fruits : (le mème auteur parle aufli avantageufement des pignons féchés à l'ombre & de leur ufage dans le fcorbut. & la phthilie ; 1l rapporte l'exemple d'une guérifon opérée par ce moyen dans une maladie de langueur accompagnée d’ulcères. Il employe l'infufñion des cones de la Pelle faite dans un vafe ferme & la donne par go- belets }. * Suivant Bozz ils y ajoûtent anfi du Saffafras. MÉDICALE. 259 Dans les pays les plus réculés du Nord on guérit le fcorbut avec la feule décoétion des fommités du pin de Genève & d'ail, on a trouvé que les cones de la Pefle ont la même vertu, cette découverte a été confirmée dans l’hôpital des .avalides de Paris, & on.a obfervé que .ce remêde réunit l'avantage de tenir le ventre libre à celui de deffécher les ulcères des jambes. On dit que les mêmes cones ajoûtent à la qualité enyvrante de la bierre. Toutes les parties de cet arbre font diurétiques, (Mr. HOEGSTROEM dit que fa racine toute pure eft bonne pour la dyfurie), qua- lité qui leur eft commune avec la réfine & la téré- benthine des autres arbres de cette famille. AURE- LIEN prefcrivoit autrefois dans la phthifie ia decoc- tion de Peffe faite avec du miel & de la Reguelifle, & REINESIUS a guéri des enfans de la coqueluche en leur donnant la pouffiére de ces fruits. Les feuil- les diftillées avec lefprit de froment donnent une eau aflez femblable à celle de la reine d'Hongrie. C’eft des .cones encore verds, foumis à la difilla- tion, qu’on obtient la véritable huile de temple, & une liqueur fpiritueufe qu’on prétend être falutaire. Le bois fournit à la diltillation, de l'huile & une grande quantité d’efprit très-âcre, jufqu'à quinze dragmes fur trente. Les Lappons râclent la fine peau qui e trouve fous l'écorce de la Peffe & la pétriffent avec de la farine, (on en fait lé même ufage au Kamtfchatka, en Suède & en Norwège), RIEDLIN parle d'une eus | MATIÉRE gale guérie par un bain fait avec la poufiére de l'écorce des tâneurs. ; Au refte on cultive beaucoup aujourd’hui cet ar- bre précieux, Nous avons l’avantage dans ce pays de le voir fe multiplier de lui-même par le moyen des graines charriées par le vent, enforte qu'un bois, aprés avoir été coupe, {e trouve renouvelle au bout de foixante ans ; c’eft un fait que j'ai véfifié par des obfervations au fujet d’un bois de la vallée des Ef. ferts au-deffus de Roche. Cependant il faut un fie- cle entier pour qu'un bois ainfi renouvelle foit par- venu à un accroiflement complet. / Ed 1657. PINUS. LE SAPIN. Ses feuilles font folitaires, plânes, rangées com. me. les dents d’un peigne, échancrées. Abies MATTHIOL. p. 102. Pinus Picea. LInx. Cette efpèce n’eft pas aufli commune que la pré- cédente, on la trouve cependant aux environs de Berne & d’Aigle, où. elle n’eft sé rare, & fur le mont Jura. Il vient naturellement fur l'écorce du Sapin des veffies pleines d’une réfine liquide (ce que, ScaLI- GER appelle la /arme de Sapin), limpide, & qui eft la meilleure de toutes les térébenthines ( fui- vant MATTHIOLE, elle eft meilleure que celle de la Larfe. BELLON dit qu’on la fübftitue par-tout à la véritable térébenthine, que nous n'avons pas; il dit auffi que la terébenthine de Venife n’eft autre chofe MÉDICALE. 269 que celle du Sapin): les habitans des Alpes la re. cueillent en ouvrant ces veflies. On en fait une eflence en la diftillant après y avoir mêlé beaucoup d’eau. Elle eft certainement d’un grand ufage, elle eft odorante & amère. Cette effence (l'huile de térébenthine V.) fert à faire des vernis en y diflolvant des réfines folides. Ce qui refte au fonds de l’alembic après la diftilla. tion, eft ce qu’on appelle la Colophone. Les vertus médicinales de la térébenthine font connues. KRAMER eitime la larme du Sapin à L’é- gal des baumes orientaux. La térébenthine fait uri. ner, & donne à l'urine l’odeur de la violette. Har- RIS dit qu’elle guérit le rhumatifme & la goutte en en faifant ufage jufqu’à la dof d'une once.. Elle eft en grande réputation pour le traitement des mala- dies chirurgicales , à raifon de fa qualité acide qui la rend anti-putride, & c’eft avec la térébenthine qu'on compote le digeftif qui eft le plus en ufage. Jai fouvent expérimenté que les cadavres dont les vaif faux étoient remplis d'huile de térébenthine qu’on y avoit injectée, fe couvroient d’une matiére gluan- te plutôt que de fe corrompre. Cette huile fige le fang chaud & arrête les hémorrhagies. Je trouve quelque part que les pignons font bons à manger : jen ai fait l’effai, mais je les ai trouvés amers & d’un goût infupportable. -Je croirois plus volontiers que l’infufon des fominites eft bonne contre le {corbut, (Suivant GALIEN la térébenthine qu’on tire des pignons de Sapin { frobilina) eft la plus active & la 270 MATIÈRE meilleure , la feconde en bonté eft celle de la Peffe (Abiegna), & il ne donne aue le troifiéme rang à la véricable térébenthine. Mr. BouRG£EOIS dit que ce n’eft point avec la térébenthine qu’on prépare l'huile de térchbenthine, mais avec les cones de Sa- pin qu’on ramafñle vers la St. Jean , tems auquel ils font remplis de térébenthine; on les hâche par tran- ches & on les fait diftiller avec de l’eau dans de grands alembics , on fépare l'huile qui furnage avec des entonnoirs de verre. Au rapport de BAZIN l'huile de terébenthine tue le ver-plat en lui donnant des convulfions. La pluie devient fulfureufe en fe char- geant de la poufliére des étamines du Sapin). 1658. PINUS. LE MELESE. Ses feuilles font en faifceaux & tombantes. Larix CAMER. ÆÉpit. p. 46. Pinus Larix. LINN. Il croit fur les Alpes à une hauteur moyenne au- deflus des Pefles (füupra Abietes) ; il fe plait dans les lieux où il y a beaucoup d’herbe & dans les praï- ries élevées ; il defcend quelquefois jufques dans les prés moins eleves, comme aux environs de Panex, du Bcvieux, au-deflus d’Ivorne & enfin jufques dans la plaine, par exemple autour de St. Aaurice. Toutes les parties de cette plante {nt réfineu- fes & ont une odeur agréable. Son bois rend de toutes parts une réfine en larme qui en fuinte con< tinuellement pendant plufeurs années, çe qui fait que ce bois ne peut point fervir à boïfer des appar- MÉDICALE. 271 temens. : C’eft par la térébration qu’on retire cette réfine, & ce moyen fe pratique fréquemment chez les Grifons, dans les vallées de Brianza ( Briganti- bus), & dans les vallées Vaudoïfes; on la vend auffi communément dans les pharmacies, & ôn l'employe dans les arts; les Suifles lui ont confervé fon nom latin dans leur patois (ils l’appellent Zar- fe V.), & un habile homme préfère fa térébenthine a celle de Chypre, (MaATTHIOLE dit que la téré- benthine fe tire aufli de la Melèfe). Lorfque l’ar- bre eft vieux fa réfine fe ramaile dans lintérieur du bois, elle y remplit certaines cavités, enforte que chaque Melèfe rend cinq livres de cette réfine par an. Cet arbre rend aufli par la térébration une huile d’une qualité un peu inférieure, & qui laifle après elle de la Colophone au fonds de l’alembic. (RINDER dit qu'il fuinte aufli du Meléfe une verita- ble gomme, qui fe diflout prèfque toute dans l’eau ). Nous avons parlé des vertus de la térébenthine à Particle du Sapin: celle du Melefe eft plus âcre. Les habitans des vallées de Brianza n’employent point d'autre vulneraire pour guérir leurs bleflures. Prife à l'intérieur elle fait également uriner & agit à la maniére des baumes des Indes; cependant elle donne des vertiges & de l'ivreffe. Outre cela les grandes chaleurs d'été font füuinter du Melèfe un fuc mielleux (Mr. THONER dit qu'il en vient fur les feuilles de Meiefe dans la haute Sti- rie), comme cela arrive aux autres plantes qui don- nent de la réfine, au cèdre & au genévrier. Ce fuc 272 MATIÈRE en fêchant au foleil fe réduit en grains blancs que les habitans des vallées de Brianza ramaffent (fur les feuilles de la Pefle, dit CosTÆUS, mais c’eft une erreur); on n’a prefque point d'autre manne que celle-la dans toutes les pharmacies de la France, quoiqu'il y ait des auteurs qui aflurent que cette manne a la moitié moins d'activité que l’autre. Les Melefes de la Suifle ne fourniflent point de manne, du moins eft-il für qu’on néglige cette production, enforte qu'on ne peut guëères la mettre au nombre de celles de notre pays. Mr. pu HAMEL dit qu’il ne s’en forme point non plus fur les Melefes de la France. Les Rufles fe fervent de l’écorce intésieure qui eft fucculente , pour en faire du levain, en la mélant avec de la farine de feigle. Le bois de cet arbre eft d’un tiffu ferré, d’une couleur rouge aifez belle, mais jamais blanc; il ne fe corrompt prèlque point dans l’eau, aufli eft-il excellent pour l’architecture navale, pour les conduits de fon- taines, & pour d’autres ouvrages deftinés à être ex: pofés à l’action de l’eau. Il n’eft pas aufli bon pour bois à batir, parcequ’il eft fujet à fe jetter & a fe fendre. Les peintres Italiens peignent leurs tableaux d’hiftoire fur des planches de Meléfe, parcequ’elles ne font pas fujettes à pourrir, RAPHAEL SANZIO les employoit à œt ufage, ce qui peut aïder à re- connoitre le Larix des Anciens; car PLINE parle d’une Jgide peinte fur ce bois; la même qui eft devenue fi fameufe par les copies qu’en ont fait les peintres. Les menuifiers n’employent pas volontiers le Melèfe à caufe de fa dureté, Enfin MÉDICALE. 273 Enfin le bois de cet arbre eft bon à brüler & fait de bons charbons, comme il eft naturel de s’y attendre , vu la quanfté de refine qu'il contient. Il fe peut que fa dureté l'ait fait réfifter quelquefois au feu; ce fera de la qu'a pu venir l'opinion qu’a- voient les Anciens que ce bois ne craignoit pas les incendies. Les expériences des modérnes prouvent cependant qu'il brûle tres-bien, & les forgerons de Trente fe fervent du charbon de Melèfe pour chauf- fer leurs fourneaux. On a débité qu'il ne furna- geoit point à l’eau, mais c’eft une fable; car les habitans des bords du lac Léman préfèrent ce bois à tout autre pour conitruire des bateaux. On employe en médecine un Agaric qui croît en grande quantité fur les Melèfes des Grifons, des environs de Trente & du refte du Tirol ; il n’eft pas raré non plus en Vallais. On cultive aujourd’hui cet arbre en divers en- droits, parcequ’on a cru qu'il parvenoïit en très-peu de tems à la taille d’un grand arbre. Mais cela me paroit hors de vraïfemblance , vu que fes cercles font fort près les uns des autres. (Suivant Mr. le Ror, un Melèfe s’eft éleve dans l'efpace.de trente- un ans à la hauteur de 67 pieds, dans l’efpace de 1$ ans, un autre en avoit 55; & un autre avoit 59 pieds de hauteur au bout de feize ; tandis qu’un fapin de 40 ans n’a que $o pieds de hauteur ). 1659. PINUS. PIN À CINQ FEUILLES DES ÂALPES. Ses feuilles font quinées, & à trois côtés. Tom. IL S 274 MATIÉRE Pinafler MICHELI, nov, gen. plant. p.223. t. 16. ® Pinus Cembra. LINN. Il eft commun fur les Alpes où il vient au-deflus des fapins. Je lai trouvé én montant fur la mon: tagne d’Azeindraz. Entre les Barmes & Forclettaz; jai parcouru une forét entiéré qu'il forme fur la croupe du Grimfel au-deflus de Gutendannen, en- deçà de Handek. Dans la vallée de Grindehvald & autour des glaciers , fur la montagne d’Intrame: dans les environs des bains de Zæfth. Sur les mon- tagnes de Fouly, d’Arbignon, &c. fuivant SCHEUCH- ZER. Au-deflus de Celerina dans les bois de Stazz. Sur la montagne de #/aloja. L'arbre entier répand une odeur de térébenthine, mais plus agreable que celle des autres arbres de ce genre. Il croit aufli fur les monts Crapaks, où fe prépare le baume appellé Carpathicum, qui fe fait en diftillant l’eau dans laquelle on a mis macerer pendant quatre femaines les bourgeons de ce Pin, aprés lés avoir écralés ; l'huilequi paffe par l'alem- bic eft le baume en queltion, qui fe vend comme un excellent vulneraire, qu’on croit propre à mon- difier les ulcères, & À chafler le calcul avec les urines. Ses fruits font bons à manger, & l’on les con- ferve dans ce pays pour les mêmes ufages, que ceux auxquels les Anciens employoient leurs noix de Pins d'Italie (les pignons doux V.), dont ils üufoient aufli comme aliment ; ils s’en fervoient pour mondifier les ulcères, pour les maladies de la poi- trine (JANUS de Damas les donnoit aux afthmati- MÉDICALE. € 275 ques avec du marrube. ARETÉE les prefcrivoit dans la pleurèfie, & ATHENÉE les mettoit au nombre des artériaques (pour la tracheée artère fans-doute, c’eft-à-dire , béchiques V.), & pour la phthifie, foit en les féifhint manger aux malades, foit en en pré= parant des émulfions. Ses pignons font beaucoup plus riches en huile qu'aucun autre fruit, car une livre en rend cinq onces , tandis que la même quan- tite de graine de lin ne rend que deux onces d’huile, RHAZES dit d’après CRATEVAS qu'ils débarraflent les obftructions des reins; AURÉLIEN en fait cas pour les hémorrhagies; MarcELLUS les employoit pour guérir la toux & la phthilie en les aflociant avec de la jufquiame. Les habitans des Alpes man- gent aufli ces pignons comme aliment, fans que ce fbit pour caufe de maladie. Suivant MÉSUÉ on les faifoit entrer dans la compoftion du diafatyrion dans la vue de le rendre Elus propre à exciter aux plailirs de l’amour. Ce Pin fournit des planches qui ont une odeur agréable; mais on ne s’en fert prèlque point en Suifle parcequ’il y croit fur des lieux éfcarpés ; du refte fon bois eft tendre & facile à travailler. On range communément notre Pin à cinq feuil- les fous la même efpèce que le Pin de Sibérie, dont AMMAN a donné la defcription , & auquel les Si- bériens donnent le nom de cèdre ; fes fruits paroïf- fent fur les tables dans toute cette partie de PAfe, où l'or eftime cet arbre à titre d’antifcorbutique. Je ne trouve point qu'on puifle ranger ces deux S 2 276. à MATIERE arbres fous la même efpèce , parceque le Pin de Si. bérie ‘eft haut & fans nœuds, & que fes noix ne paroïflent point les mêmes que les nôtres , qui font roufles tandis que celles du cèdre de Sibérie font d’une couleur cendrée & plus grandes , mais en ou- tre fon bois n’a puint d’odeur tandis que celui de notre Pin en a beaucoup. Enfin Mr. pu HAMEL en fait aufli deux efpeces diftinctes. 1660. PINUS. LE PIN SAUVAGE. Ses feuilles font binces, convéxo-concaves, les cones mâles folitaires , axillaires. Pinus Jylvefiris montana CAMER. Epit. p. 46.- LE PIN DE GENEVE ou D'ECOSSE, Var. b. Pinus fylveffris mugho CAMER. ÆEpit. p. 41. LE PIN SUFFIS ou TORCHEPIN. L'une & l’autre de ces varietés a, fuivant Mr. DE LINNÉ, le nom de Pinus fylveftris. La premiére croit en plufeurs endroits, fur des collines fablonneufes. Mr. GESNER a eu la complai- fance de me procurer d'A/tdorf un echantillon de la feconde. Toutes les parties du Pin fauvage font remplies d’une refine odoriférante & aromatique. Les Sué- dois font de la farine avec l’écorce intérieure qui eft verte, & en mêlent à leur pain, les Kamtfcha- dales en font autant. Les Lappons mâchent fa re- fine pour préferver leurs dents de l’odontalgie. Ses cones diftillés avec l’efprit:de-vin donnent une MÉDICALE. 277 hqueur fpiritueufe qui a des vertus diftinguces. On en diftille aufli une huile qui a un œil dore & fem- blable à celle de térébenthine ; elle eft diurétique, utile pour guérir les piquüres des tendons, & pour tarir les écoulemens ulcéreux, ce que les médecins vétérinaires n'ignorent pas. L'eau diftillée fimple eft diurétique. On vante l'extrait réfineux pour le trai- . tement des maladies vénériennes, & Mr. HIRSCHEL dit qu'il a beaucoup de rapport avec le baume du Pérou. Sa décoction eft bonne pour le fcorbut, (ERBEN dit que pluñeurs foldats fcorbutiques de Parmée Polonoiïfe fe font guéris en buvant la decoc- tion des {ommités de cet arbre). Les Polonoïis s’en fervent pour fe faire {uer, & fe guérir de diver. fes maladies. ! Lorfqu’on fait des incifions du Pin fauvage, il en découle de la réfine jufqu'au poids de dix livres. C’eft ce qu’on appelle Gallipot ; ce Gallipot donne une excellente réfine fêche qu’on verfe dans des moules pour en faire des pains, ou qu'on difille en y ajoûtant de l’eau ; il s’eleve alors une huile eflentielle d'une qualité inférieure à celle de Fhuile de tercbenthine qu’on prépare en Thuringe: C’eft de cette huile dont on fe fert pour frauder les bau- mes & les huiles diftillées. Cette huile prife inte- - rieurement eft trop échaufante. Les palefreniers s’en fervent pour guérir les bleflures & diverfes maladies. des chevaux, On retire aufli en Vallais de la poix du Pin fauvage, mais d’une autre manière & par une manipulation plus aifée. On coupe par petites S 3 278 MATIÉRE buches le tronc & les branches de cet arbre & fur-tout fes racines, on en fait des petits fagots qu'on met dans un four de forme ovale, on les cou- vre avec du même bois, & on y met le feu; il en découle une poix liquide qu’on recoit par des tuyaux dans de petits barils ; cette poix ainfi pre. parce fert à goudronner les vaiffleaux, les voiles & les cordages. ‘ On obtient aufli une poix liquide, mais plus graf fe, en s’y prenant un peu diféremment; on prend le bois verd avec le fec, on y méle de la réfine, on y met le feu, mais on en modère lation de maniére qu'il foit beaucoup moins violent. * ( Mr. NEUMANN dit que la poix fe diftille aufli per def- cenfum ). On réduit en fuie la crafle de la refine eh y met- tant le feu dans une etuve tapiflee de papier, & on la ramafle. Le Pin fauvage eft fouvent fi rempli de réfine, fur-tout fa racine, que cette abondance de graifle l'étouffe: c’eft ce que les Anciens appelloient ir t&dam abire ; car teda dans ce fens, eft le nom de cette maladie & non pas celui d’un arbre. La poix entre dans la compofition de plufeurs emplâtres. Si an l’applique même fans addition fur le dos elle fait fuinter de l’eau par la peau de cette partie, & reéuflit dans le rhumatifme chronique. Il y a plus de vingt ans, (il y en aura près de trente à préfent V. ) qu’on préparoit, d’après la recomman- dation de lexcellent Mr. BERKLEY ,*une infufon MÉDICALE, 279 de poix liquide, qu'on appelloit Teerwafjer; elle fe faifoit en battant cette poix dans l’eau pendant vingt- quatre. heures. Ce reméde s’employoit comme un baume de très-grande efficace pour favorifer l'érup- tion de la petire vérole, pour guérir la phthifie & les ulcères. Mais ce reméde eft prèlque tombé au- jourd’hui en défuétude. (Mr. CLER© dit que lin. fulion des chatons de Pin fauvage a guéri des ul- cères aux jambes, en en buvant une demi- chopi- ne trois fois par jour). (Suivant Mr. ScHIRACH les jeunes branches (der Fichte), qui n’ont que deux ou trois ans {uintent beaucoup de miel ). Le bois de cet arbre brüle facilement ; il eft a pei. ne d’ufage pour des conduits de fontaines, & n’eft point propre pour bois de conftruction. 1] prend fa- cilement la couleur noire, & c’eft, au rapport de Mr. DUHAMEL, ce qui le fait employer par les ébéniftes. La poufliére de fes anthères eft très-abondante, & lorfqu’au printems les vents l’emportent, la pluie qui vient à tomber alors , s’en charge & en acquiert une qualité fulfareufe. Divers auteurs enfeignent la maniére de multiplier cet arbre de feméence, mais on ne la pratique point en Suifle. 1661. JUNIPERUS. LE GENEVRIER. Ses feuilles font convéxo - concaves , terminées par des barbes , les baies axillaires, fefiles. Juniperus CAMER. ÆEhit. p. 13. Juniperus communis. LINN. 4 280 MATIÉRE La varieté commune croît fur les terreins en pente & maigres, au bord des chemins ; on la trouve ju£ ques dans les pays du Nord les plus réculés. Il eft une autre varieté qui croit fur les hautes. Alpes, comme fur le GrimJèl, fur le St. Gotthard & fur la Fourche. … Toute la plante a une odeur aromatique, cependant celle du bois eft plus agréable, & il donne une flam- me odoriferante: les baies ont quelque chofe de défagréable du moins à mon goût. On tire du bois une teinture fpiritueufe qui a prèfque le goût de maftic ; l’extrait refineux eft de même nature: il rend une grande quantité d'huile. Les baies font compofees d’une fubftince gommeufe & douce unie à une autre qui eft réfineufe & odorante. Il refte (après l’évaporation de la teinture fpiritueufe V.) un extrait réfineux, une gomme douce, & une mafle tenace refineufe & aromatique. Lorfqu’on a faitin- fufer les baies dans de Peau pendant cinq jours, & qu’enfuite on diftille cette infufgn, il s'élève une eau odoriférante & une huile, dont la proportion eft de trois dragmes par livre (NEUMANX dit qu’elle va à fix livres fur feize). On retire encore une huile paf expreffion des baies après leur avoir fait fentir la vapeur de l'eau bouillante. En Thuringe on fait une liqueur fpiritueufe qui a beaucoup de force, en diftillant les baies écrafées & fermentées ; & c’eft avec les mêmes baies que les Hollandois frelatent communément leur eau-devie de grain. Les baies font aromatiques & ftomachiques ; elles MÉDICALE. 281 font uriner fans effort, & fe convertiffent aifement en rob ou éleétuaire ( celui qui fe fait avec les baies de loxycèdre eft encore plus agréable ). Cet elec- tuaire eft d’ufage dans les maladies de la poitrine, dans les obftruétions des vifcères (LANGE prefcrivoit la poudre de ces baies pour guérir lardeur d’efto- mac (foda), & pour chaffer le calcul. Leur infu- fon prile en guife de thé, dégage aufli la matiere ca!culeufe, elle provoque lPécoulement des règles, & celui des urines. On prépare une eau des baies de genièvre par la fermentation, c’eft une boiffon dont on ufe en Carniole & en France: on en fait aufli du vin en France & en Suède, on le boit dans la vue de faire fortir le calcul de la veflie. L’ex- trait eft ftomachique & on en fait une forte de tein- ture connue fous le nom de ratañfa, qui eft d’une bonne qualité. DIPPEL donnoit aux hydropiques pour leur ufage ordinaire, une boïflon faite avec les mêmes baies broyées avec du grand raifort. (Mr. DU VERNEY , le jeune, dit que plufeurs hydropi- ques ont te guéris, en buvant du vin de Genié- vre & de petite Centaurée). La bierre infufee avec les baies eft fi diurétique qu’elle agit même avec trop de violence & juiqu'à faire uriner avec dou- leur, L'huile diftillée de ces baies agit fur les voies urinaires , elle eft utile pour la gonorrhee, & reuf- fit à l’extérieur dans les maladies de la peau, & pour les douleurs de la goutte. KalM vante les “bons effets que cette huile a produits dans une épi demie , & dans une épizovwtie des beftiaux. (Mr. VITTET dit que l'extrait qui fe fait avec le fuc epaifli 282 MATIÈRE eft préférable à la thériaque. On peut voir dans les Ephémérides des curieux de la nature XII. 516. 67. quelles font les vertus & les préparations de l’huile de genièvre ). On donne aux vaches pour augmenter leur lait la décoétion des feuilles du Genévrier:- Ces feuilles font aufli laxatives. Suivant Mr. Scopozt le bois de cet arbrifleau à raifon de fa qualité odorante & defléchante ne le cède point aux bois éxotiques dans le traitement des maladies vénériennes , du fcorbut, des catarrhes, & pour faire fuer. Les goutteux fe trouvent bien de faire ufage de la décodion , fous la forme de bains. Ce bois eft rougeâtre (lorfqu'il eft fort fec V.) & fert aux ebeniftes pour divers petits ouvrages : on peut même l’employer comme bois à bâtir lorf que le Genévrier a acquis la taille d’un arbre ; les poutres qu’on en fait ne font point fuettes à fe carier: Il s'amañe quelquefois entre le bois & l’écorce une réfine d’une odeur agréable , qu’on nous apporte de l'Afrique fous le nom de Sandaraque des Arabes. Elle fert à faire des vernis blancs. 1662. JUNIPERUS. LA SABINE, LE SAVINIER. Ses feuilles font ferrées contre la tige, lancéo- lées, conjuguées alternativement. Sabina CAMER. Epit. p. 55. Juniperus Sabina. LIN. #/MÉDICALE. 283 On le trouve dans plufieurs endroits de la Suifle, fur la montagne de Fouly, au rocher du Tremble, au-deffus des Plans: dans la vallce de St. Nicolas où ileft en abondance. Dans la Valteline autour de Sondria contre les rochers. Les terrens l’en- trainent quelquefois jufque dans la plaine, & on en a trouvé dans les isles de Hunzigerau, pas loin de Berne, Toute cette plante eft âcre & repand une odeur très-forte. On employe la décoétion de fes feuilles en médecine à Ja “dofe de demi-once, & l'eau dif tillée à celle de deux oncer, dans la vue de faire couler les règles & auffi en qualité de febrifuge. Elle eft très-bonne pout chaffer les vers en en don- nant une cuillerée mélée avec de l'ail. Ses vertus réfident dans l’huile (diftillée V.) & dans la partie réfineufe. Elle donne la moitie moins d'huile que le ‘ genévrier, mais cette huile eft extrémement échauf= fante, elle agit avec béaucoup de violence, eft d'u. ne grande utilité pour détruire les chairs furabondan- tes des ulcères, & fes feuilles font trés-bonnes pour difliper les porreaux vénériens. (L’extrait qui fe prépare par voie de digeftion a Ja même âcreté & la même odeur que la plante, il eft auffi emménagogue. Le Sabinier fournit beau- coup d'huile echeérce , jufqu’à une once pour cha- que livre ), Des gens fans Brobté & des malheureufes fe fer- vent des diférentes parties de cette plante pour pro- curer l'avortement; aufli les loix défendent:elles ayx - 284 MATIÉRE apothicaires de vendre de la Sabine, & AMMAN paile d’un apothicaire qui fut condamné à une amen- de-pour en avoir vendu. On a des éxemples de femmes qui font mortes avant ou après laccouche- ment, pour avoir pris des feuilles de Sabine. Ce- pendant quelques auteurs avertiflent, @& avec raïfon, que c’eft fans aucun fuccès qu’on y a recours dans des vues aufli criminelles. En effet, j'ai vu une fille, qui malgré la quantite qu'elle en avoit pris, ac- coucha cependant d’un enfant qui fe trouva auffi vigoureux que fi on n’avoit point attente à fes jours : la mère eut des regorgemens de fang par les pou- mons , l’eFet de la Sabine étant d'attaquer la poi- trine. (Suivant la Pharmacopée de Londres elle ex- cite dans la matrice des hémorrhagies funeftes. Mr. ViTTET dit qu'elle eft plus échaufante quela Rue). 1663. TAXUS. L'Ir. Ses fruits font des baies, Taxus CAMER. Epit. p. 840. Taxus baccata. LINN. L'IF n’eft pas rare dans les bois où il y a beau coup d'ombre, comme fur le Belpberg, dans des buiflons du voifinage de Villeneuve, du côté de Chatelar , à la Porte du Sé, fur les précipices qui font au-deflus de la riviere de l’Orbe près de la ville de ce nom. Dans les environs de St. Imier, de Val. langin, de Môtier-Grandvall. Autour de Scaauen- bourg & de Frenkendorf. Suivant une ancienne tradition les baies & les MÉDICALE. 284 ? feuilles de cet arbre pallent pour entiérement vé- nêneules (PLINE attribue cette qualité aux baies ; DiosCORIDE en dit autant du bois & même de l’om- bre deFIf). Jures César dit dans fes commen- taires, que CATTIVULCUS, oncle d'ARMINIUS, s'em- poifonna avec le fuc de l'If. MATTHIOLE dit que l'ufage de fes baies a été fuivi de diarrhée & d’une fièvre chaude. Les femencçes ont de l’amertume & pañlent pout purgatives. On lit dans divers auteurs que des chevaux, des vaches, & des chevres ont péri pour avoir mangé des feuilles d’If. D’autres, par- contre, nient qu'il y ait rien de vé- nêneux dans fon ombre ou dans fes baies ; quant à moi je n’ai jamais entendu dire qu'elles ayent fait du mal à qui que ce foit. Suivant le témoignage de SUÉTONE , l’empereur CLAUDE publia par un édit que les vertus de l'If étoient merveilléufes pour guérir de la morfure des vipéres. (Mr. GLEDITSCH dit que cet arbre n’eft point malfaifant, & qu’on en fait ufage contre la morfure du chien enragé. Cependant, fuivant Mr. HouTTUYN, les feuilles nuifent aux beftiaux ). (BERKLEY dit que l’eau .qui dégoutte de fes bran- ‘ches & qui eft un fuc miellé a attiré une inflam- mation à la gorge). Son bois eft rouge, dur , point fujet à fe jetter; on ne peut point en employer de plus beau pour faire des petites caffettes , & pour divers ouvrages de tourneur & de tabletier. Il prend aufli un beau noir qui imite l'Ebène. Il fe prête très-bien aux 286 MATIÉRE diférentes figures qu’on veut lui donner avec le ci: feau, ce qui le rend tout-a-fait propre à former des haies & des ornemens de jardins. Popprus détef toit IF & l’appelloit l’arbre funeraire. ñ = —— Divisiox Il. PLANTES A ÉTAMINES INVISIBLES. SUBDIVIS. ||. APETALES, QUI ONT DES FLEURS. CLASSE XIV. LES FEUILLES SEMBLABLES AUX TIGES ( Caulifolia ). EQUISETUM. La PRELE. II. PRELES DONT LES FLEURS NAISSENT SUR LES FEUILLES. —— 1677. EQUISETUM. LA PRELE. A tige eft fillonnée, fes rameaùx portent chacun plufieurs fleurs, fes feuilles ne font point divifees. ÆEmend. I. n. 4 ÆEquifétum palufire minus polyflacluüon. C. B. Theatr. p. 245. Equifetum .paluftre. LINN. LA PRELE DES MARAIS. b. Equifétum paluffre majus TABERN. p. 262. Equifètum fluviatile. Lin. LA PRELE DES RIVIÈRES. MÉDICALE. 287 La premiére de ces varietés eft commune dans les pres & les terreins graveleux un peu humides. La feconde vient dans les fofles pleins d’eau. Cette efpèce de Préle eft un peu moins nuifble au bétail que celle des champs; cependant elle left encore aflez pour ébranler les dents aux bœufs & aux vaches qui en mangent, & leur donner la diar- rhée (Mr. .KaLM dit qu’elle leur fait même perdre le lait). Mon bouvier feduit par la belle apparence d'un pré de tréfle mêle de Préle des champs, y mena paitre une ou deux fois une vache, qui avoit fait le veau peu de tems auparavant; cet ani- mal en périt par une diarrhée qui réffta à tous les remêdes. Aufli mes compatriotes rachetteroient-ils à grand prix un fecret au moyen duquel ils puflent parvenir à purger les prairies de cette herbe la plus dommageable de toutes. “Ni la charrue, ni le fu- mier, ni aucun autre des moyens auxquels j'ai eu recours, ne m'ont reufli. La Préle ne nuit ni aux chevaux, ni aux moutons, ni aux rennes. Nos co- chons refufent de s’en nourrir, quoique ceux de Suède ne la méprifent pas. Cependant il feroit na- turel de penfer que ces animaux pourroient cher: cher autour des racines de cette plante une efpèce de glands qui y adhérent fouvent. Je ne crois pas qu’on fe foit affez affuré des ver- tus médicinales de la Préle; c’eft une plante aqueufe un peu âcré; on lui a attribue de grandes vertus à titre d’aftringent, pour guérir la diarrhée & le cra- chement de fang (kemoptoën). HEUCHER dit qu’elle 288 MATIÈRE a fait uriner en l’appliquant cuite dans du vinaïgre fur. la region des os pubis. On peut bien lui accor: : -der la qualité de diurétique, puifqu’elle fait piffer le fang aux beftiaux qui la broutent. Cependant BRAS- SAVOLA fe vante d’avoir, guéri DIANE d'ESTE en, lui faifant prendre le fuc & la poudre de cette herbe, Cependant HOYER a vu la Préle nuire à l’eftomac & a la veflie. AGRICOLA AMMONIUS dit qu'il nya rien de mieux pour guérir la gale de la veflie que la décoétion de cette plante. On fait avec le char- bon de Préie un onEuêut pour la brülure. Je ne crois pas cependant qu’on l'employe beaucoup en médecine. CLASSE XV. LES FOUGÉRES. 168$. OPHIOGLOSSUM. LA LANGUE DE SERPENT. Elle n’a qu’une feule feuille ovalo-lancéolée, obtute. Ophiogloffum CAMER. Epit. p. 364. Ophiogloffum vulgatum. LINx. Je l'ai trouvée ça & la dans des prairies humides, fous le château de Te/lenbourg : aux environs d’4i- gle au bas du Pré-pourri, fur les montagnes de Forelettaz, de Richard, &c. Mr. GAGNEBIN en a trouvé fur les montagnes du mont Jura, à la Combe d’Ambeffe, au Pelard, fur la Cibour. I y en a fur une montagne au-deflus de Münchenftein, au-deflus de Muttenz, de Michelfeld & aux envi- rons de St. Jaques. Dans les prés humides de la montagne d’Uetliberg. A Schaffhoufe dans les prés de ZLüningen. Elle MÉDICALE. 289 Elle eft doucâtre & glutineufe ; c’eft ce qui la fait paller pour vulneraire|& propre à confolider les blef fures récentes. PREVOT recommandoit d’en faire ufage à l’intérieur pour les hernies en la prenant à la dofe d’une dragme par jour. 1686. OSMUNDA. LUNAIRE COMMUNE. Ses feuilles font ailées, en forme d’éventail & en croiflant. ÆEpimedium COLUMN. Phytobafan. p. 61. Lunaria minor CAMER. ÆEpit. p. 643. Ofinunda Lunaria. LINN. On la trouve par-tout fur les Alpes dans des lieux pierreux & couverts d’un gazon bas, comme aufli aux environs d'Echarpigny. De même que fur les hauteurs de Vogelberg, de Chafferalle, de Dolaz, - de Saleve, & de Thuiri.* On peut s’en rapporter à ce que les auteurs ont dit de fes vertus vulneraires & aftringentes propres à guérir la dyfenterie & arrêter les hémorragies. Je ne parlerai pas des fables qu’on raconte fur fes ver- tus magiques. 1688. FILIX. LA FOUGÉRE FEMELLE ou | COMMUNE. Ses feuilles font triplement ailées, les folioles net- veufes, très-entiéres, celles de l'extrémité lancéolées, Filix femina MATTHIOL. p. 291. Pteris aquilina. LiINN. Tom, IL, * E 290 MATILÉRE Elle croit fur des terreins en pente parmi les Bis fons , & dans des bois ftériles. Sa racine eft vifqueufe, un peu amère & nau- feeufe, qualité qui lui eft commune avec toutes les plantes de cette famille, qui ont quelque chofe de fale & de mucilagineux. THÉOPHRASTE dit que la racine de Fougére eft douce & aftringente , & qu’elle eft bonne pour chaffer le ver-plat (& les lombrils, fuivant DioscoripE). TRAGUS lui a attri- buë les mêmes vertus, de même que Mr. NicoLas ANDRY dans un ouvrage qu'il a publié fur les vers il y a quelques années ; mais ces deux derniers au- teurs veulent qu'on emploie fur-tout l'écorce de cette racine, SPIGELIUS a vu le tænia fortir après la dofe d’une dragme de racine de Fougére ; d’au- tres auteurs nient qu’elle produife cet effet. Il y a apparence que cette plante eft aftringente, puif- que l’eau dans laquelle on la cuite peut très-bien fervir à tânerle cuir, en l'y faïfänt macérer, & que les peaux de chévres tânées avec cette décoction deviennent propre$ à être employées comme cor- douan. Le fel qu’on retire des cendres n’eft pas purement lixiviel , mais reffemble plutôt au fel am- moniac , & il eft mélé de phlogiftique. Ce fel eft cependant propre à faire du favon , & l’on fait avec les racines de Fougere réduites en cendres. des pe- lottes qui s’amolliffent dans l’eau , & tiennent lieu de favon. Le même fel cuit avec du fable fait un verre très-beau & doux, dont on fait commu- nement ufage en France ; c’eft ce qui a donne lieu MÉDICALE. 291 aux poëtes de cette nation de défigner les ‘verres de table par le mot de Fougére. J’aimerois mieux. employer cette plante à de pareils ufages, que d'en mêler dans le pain comme c’eft l’ufage des Normands. Il vaut mieux laifler cette nourriture aux cockons en leur donnant les racines de Fougére cuites dans de l'eau. Je ne voudrois pas non plus qu'on s’en {ervit pour gâter la bierre, en en mélant les deux tiers avec le malt deftiné à préparer cette boiflon. On met coucher les enfans noués fur des paillaf fes garnies de Fougére. Dans les pays chauds, comme en Sicile, on trou- ve fur cette plante des véficules remplies de miel, ASPLENIUM LIN. n:1978 , I. À FEUILLES DIVISÉES ET SUBDIVISÉES. 1691. ASPLENIUM. LA SAUVE - VIE. Les ramifications de fes feuilles font lâches , les rameaux de la feconde divifon font à trois feuilles , les fupérieurs fendus à trois lobes jufqu’à la moitie, les lobes rhomboïdaux , la bordure degtée en ma- niére de fcie. Paronychia MATTHIOL. p. 1041. Afplenium Ruta muraria. LINN. Rien n’eft plus commun fur les murailles. J'en ai trouvé une varieté à feuilles plus longues à Bér2 ne, fur les murailles du cimetiére , au-dehors de la porte inférieure. Elle s’eft introduite dans les pharmacies parmi les T3 292 MATIÉRE. finq plantes capillaires , qu’on regarde, je ne fais pourquoi, comme amies de la poitrine, car elles pa- roiflent fêches, infipides, fans odeur & vertus ; (Lu- DOVIC nie qu’elle ait aucune des vertus qu'on lui attrigue). S'il eft arrivé à Mr. CHOMEL d’évacuer & de guérir une vomique avéc une infufon agueufe de Sauve-vie, un fuccès aufli inattendu ne peut s’attribuer qu’à la nature ou à l’eau chaude. BOER- HAAVE confeille, à limitation d'HIPPOCRATE, de faire infufer cette herbe dans de l’hydromel. * 1692. ASPLENIUM. LE CAPILLAIRE { ORDINAIRE. _ Ses feuilles font triangulaires , les folioles ailées, celles de la feconde divilion divifées jufqu’à la moi- tie, les lobules ovales & dentées en maniére de fcie, Oenopteris major TABERNÆM. p. 796. Afplenium Adianthum nigrum. LINN. Il croit à Lugano & à Coire fur les murailles. fl étoit dans l’herbier de Mr. COXSTANT , qui avoit _trouvé cette plante près de Rivaz, pas loin de Lau- Janne. | Mr. CHOMEL lui affigne un rang diftingue dans la clafle des plantes pectorales, cependant elle eft inconnue aux apothicaires. IL: LES FEUILLES DIVISÉES JUSQU'A LA MOITIÉ, 1694. ASPLENIUM. LE CÉTERAC. Ses feuilles font ailées , les folioles s’élargiflant à leur bafe, obtufes, garnies de moufles en-deflous. MEDICALE. 293 Afplenium CAMERAR. ÆEpit. p. &4o. Afblenium Ceterach. LINN. On le trouve dans la Suiffe méridionale, dans le gouvernement d’Æigle, fur la tour de St. Tryphon, aux environs d’ÆEs/ez où il croît en quantite fur les rochers & les murailles. A Sion fur le château Va- lérien. Suivant Mr. GAGNEBIN, il y en a au-def fus des vignes du village de Douanne. Dans la val- lee d’Oftella, aux environs de Chiavenna, &c. Sur les rochers voilins de De/fperg entre Afonfarcon & Lieregalle. Qn a regarde le Céterach comme propre à diffi- per les tumeurs de la rate (fplenem minuere), à raifon de la qualite qu’on lui attribuoit de réfoudre les humeurs épaillies des hypochondres, Il eft au nombre des cinq herbes capillaires; cependant on en fait rarement ufage. < IV. LES FEUILLES ENTIÈRES. 169$. ASPLENIUM. LA LANGUE DE CERF Où SCOLOPENDRE. Phyllitis MATTHIOL. p.831. Æpit. p. 579. Afjlenium Scolopendr. LIN. On la trouve par-tout au pied des Alpes, comme aux environs d'Interlachen, de Roche, a la Praiffe, & près de la Porte du St. Elle eft également com- mune fur le mont Jura & au pied de ce mont, autour d’une grotte près de la Motte , à la Combe de Valanvron, &c. au-deflus de Muttenz. Elle fe plait dans les trous des rochers. à 3 294 MATIÉRE La langue de cerf ane faveur nauféeufe, & fait faliver quand on la mâche. On l’a regardée comme réfolutive, propre à réfoudre les humeurs caillées , & à défoppiler la rate; on la fait entrer avec d’au- tres vulneraires de la Suifle, dans la compoñition. du Faitrank. lle me paroit aftringente & propre en cette qualité à deffécher & confolider les plaies , proprieté qui lui eft commune avec prèfque toutes les. plantes de cette ciafle. Les Italiens l’appliquent fur les brûlures. On la connoit à peine dans nos pharmacies. 1 POLYTPODIUM Lin. n. 1179. À I. LES FEUILLES AILÉES. I. LES FOLIOLES ARRONDIES, ENTIÈRES, OU LÉGÉREMENT DENTÉES. 1696. POLTPODIUM. LE POLYPODE. Ses feuilles font ailées , lancéolées, la racine écail- leufe. Polypodium MATTHIOL. p. 1292. Polypodium vulgare. LINN. Il vient dans les fentes des arbres, mais plus communément fur les vieux murs, les rochers & les pierres. Sa racine a une douceur A & donne beaucoup d'extrait sommeux, jufqu'à trois huitié- mes; la quantite de l'extrait reéfineux eft un peu moindre, Le gommeux eft doux & fiyptique, d'un MÉDICALE. 29 gout agreable; l’infulton eft douce *: la teinture faite avec l’efprit-de-vin a une âcreté mélée de douceur, l'extrait eft d’une faveur défagréable & naufeufe. Ce que cette racine a d’agréable au goût fe trouve dans le premier extrait aqueux que NEUMANN pré- fére , cependant le premier extrait réfineux eft plus propre à lâcher le ventre, (NEUMANN dit que le {el du Polypode eft falé). (Suivant CARTHEUSER on peut retirer du fucre de cette racine). Les Anciens mettoient le Polypode au nombre des remèdes laxatifs & fixoient à deux dragmes la dofe de la racine entiere; ils la croyoient fur-tout propre à chaffer la bile, & fuivant PLUMIER, C’eft un re- mêde connu des gens de la campagne. Cependant il y a long-tems que de célèbres médecins ont re- connu que cette drogue avoit fort peu d'activité (Mr. ScoPorr affure qu'il en faut jufqu'à quatre onces en infuñon), & qu’elle étoit venteule; je penfe que c’eft de là que fera venue l’opinion que tous les Polypodes font nuifibles excepté celui de chêne, car il n'y a pas apparence que cet arbre puiffe lui communiquer une qualité purgative. ET- MULLER dit qu'il en faut deux onces en infufñon pour qu'il produife fon effet. (On ne peut donc euères s'attendre qu'un pareil remêde puifle guérir des fous (fatuos) & des maniaques. Il eft vrai que BOERHAAVE a confeillé à titre de favonneux con- T 4 * Les obfervations de CARTHEUSER difèrent un peu de celles-ci qui font de NEUMANN. 296 MATIÉRE venable dans les affections hypochondriaques, de faire prendre aux malades le fuc de Polypode à la dofe d’une ou deux dragmes. (Je fais par expe- rience, dit BRASSAVOLA, que le Polypode purge Patrabile, fuivant Mr. HILL cette racine eft un pur- gatif doux & für). Il eft probable qu'il feroit plus a-propos d'en faire ufage dans les tifannes peétora- les, pour les maladies du foie, pour la toux falée, pour la goutte, & dans tous les cas où un long ufage de cette racine peut compenfer fon peu d’ac- tivité. On recommande” pour la gonorrhée & les urines douloureufes, de faire ufage d’une décoétion préparée avec du Polypode & de la graine de lin ( Zno). I. LES FEUILLES AILÉES. I]. LES DENTS DES FOLIOLES PLUS MARQUÉES. 1701. POLTPODIUM. LA FOUGÉRE MALE. Ses folioles font ailées, obtufes, dentées. Filix mus FUCHs. p. 594. Polypodium Filix mas. LInx. Rien n'eft plus commun dans les bois & près des haies , Sa racine a une faveur nauféeufe , d’une amertu- me mêlée de douceur. Se décoction a fait fortir un enfant mort. Suivant Mr. CHOMEI une poie gnce des racines de cette Fougére, infufée dans une pinte de vin (blanc pendant vingt-quatre heu- res V.}), fournit un excellent remède pour l’enflûre qui menace d'hydropifie. Elle eft à peine employée MÉDICALE. 297 en. medecine. Mayou la recommande pour les af. fections goutteufes. Mr. ScopoLx lui refufe la qua- lité d'anthelmintique. Mr. GUNNER dit que fes jeu- nes poufles peuvent fe manger en guife d’Afperges, & que les lames rameufes & femblables à des or, gles dont elles font garnies (les bafes des Fa fervent à faire du pain, en les pettriffant avec de la farine fêchée au feu (polenta). Cette plante eft une pefte pour les pâturages , d’où Fon ne peut prèfque la bannir par aucun moyen; elle occupe des terreins fort étendus, auffi bien que la Fougére femelle. 1713. ADIANTUM. ‘LE CAPILLAIRE de Montpellier. Ses pétioles font” rameux, les feuilles en forme d’éventail , divifées en lobes. Adiantum CAMER. Epit. p. 924. Adiantum Capillus veneris. LINN. C’eft fur-tout à la faveur du fyrop qui porte le nom de cette plante, qu’elle s’eftintroduite en mé- decine ; mais fi le fyrop de Capillaire a quelque vertu, il la doit à l’eau de fleurs d’orange. Suivant Sca- LIGER ce Capillaire eft fi fucculent , que le fuc qu'on en retire pèle à-peu-près autant que l'herbe même. Au refte, ni fon odeur ni fà faveur ne promettent aucune vertu. (BRASSAVOLA dit qu'une once du fuc de ce Capillaire lâche le ventre). 298 MATIÉRE SUBDIVISION IL APÉTALES SANS FLEURS VISIBLES. CLASSE XVI. AYANT DES FEUILLES QUI PORTENT ù DES CAPSULES. PMoussEes de Mrs. de LINNE & ADANSON. . 1716. LYCOPODIUM. .MOUSSE ÉLEVÉE en forme de fapin. . Son épi eft fefile, fes feuilles font linéaires-lan- _céolées, ramaflées. Selago vulgaris Abietis rubre facie Die. fylv. mut. p.435... Lycopodium Selago. Linx. Elle croit communément fur les Alpes, fur les montagnes d'Anzeïndaz, de Prapioz, d'Ifenau, de Fouly, de Chapuife, d'Audon, au - deflus de PBagnes , fur le St. Gotthard, fur le Spiugenberg , le Grimfél, &c. & fur la montagne de CAaffe- ralle. Ce Lycopode eft emétique & purgatif, & c’eften cette qualité qu'on boit fa décoction en Ingrie & en Caflubie, & que les Smolandoïis en boivent l'in- fufon : il donne auffi de l'ivrefle. Quoiqu'il foit com- mun dans ce pays nous n’en faifons aucun ufage. Mr. DE LINNÉ avoue que fes compatriotes le pren- nent à trop forte dofe. MÉDICALE 299 1722. LYCOPODIUA. LYCOPODE COMMUN à poils & rampant. Ses rameaux s'étendent au loin, fes épis font deux à deux & pétiolés, fes feuilles font linéaires, termi- nées par un poil en maniére de barbe. Lycopodium TABERN. p. 814. Lycopodium clavatum. LINN Il eft commun dans les bois de fapin. On le trou- ve dans les marais tourbeux de Lühr, dans le pe- tit bois appelle Burgdorf - Hôlzlein près de Berne, dans le bois de Bremgarten, & fur les Alpes. Ses capfules font remplies d’une quantite de pouf. fière jaunâtre, dont les particules font fphériques, & tres-lifles. Cette poufiére prend feu à la flamme beaucoup mieux que celle d'aucune autre étamine, & s’enflamme comme la cire, qui ef pareillement un compofe de la pouflitre qui fe trouve fur les éta- mines des plantes: les Rufles ramaflent les chatons de ce Lycopode & recueillent la poufliére qui s’en élance pour en faire des feux d'artifice, cependant elle ne prend feu qu’en la jettant fur la flamme. La femence de cette plante eft la feule avec la graine de lin qui réunifle à une furface polie à la vue & douce au toucher, une qualité qui répond à celle-là & qu’elle conferve jufques dans fes plus pe- tites particules élémentaires, enforte que cette même poufliére guérit les écorchures (infertrigines ) des enfans, en les faupoudrant ; que, de plus, elle gue- rit les bleflures, les gerçures de mammelons, Fhec- tifie, & qu’enfin en la prenant à l'intérieur elle eft { 300 MATIÉRE bonne pour linflammation des reins, pour le cal- cul, pour la dificulte d'urine, pour la dyfenterie ; - & pour les tranchées des enfans. Dans lés pays où ü y a des mines, on s’en fert pour guérir le fcor- but & la fiévre miliaire. Elle pafle pour calmer les fpafmes, pour rétablir la tranfpiration ; enfin on croit ‘Ja décoction (de fon herbe V.) propre à procurer léruption de la plique (Mr. CARTHEUSER dit que les Polonois en boivent la decoction fermentee ) ; quelques-uns même la regardent comme le reméde fpécifique à cette maladie. Elle ne fournit préfque rien à l’analyfe chymi- que, foit qu’on la traite avec l’eau , avec Pelprit- de-vin, foit qu’on effaye de la diffoudre dans de la leffive, ou enfin dans de l’efprit de nitre; ce que jattribue à la nature céracée de cette poufliére , car la cire ne fe diflout non plus dans aucun de ces diférens menftrues: d’ailleurs l’action du feu en convertit la plus grande partie en huile empyreu- matique , dont la quantité va jufqu’à cinq huitié- mes. Elle rend, comme le gaiac, un efprit aigre- let. La décoction de l'herbe même eft foible, l’ex- trait qu'on en retire a une odeur balfamique -miel- lée, & une faveur un peu amère. . HYPNUM DiIzLEN & LINN. HYPNE. I. HYPNES RAMEUX LES RAMEAUX PLACES SANS we ORDRE. 1750. HYPNUM. MOUSSE. LUISANTE D'ARBRE. Ses rameaux font ronds, chaque feuille eft terimi- MÉDICALE. joi née par un poil, les capfules font cylindriques, droi. tes, terminces par des barbes. Muÿèus arboreus fplendens fericeus VAILLANT. P- 138. + Hypnum fericeum. Lin. Elle eft tres-commune fur les racines des arbres & fur les rochers. On la prend pour une Moufle qui fe trouve fur le crâne humain, & qu’on dit propre à arrêter les hémorrhagies, même en la tenant dans la main; elle faïfoit la bafe de cet onguent vulneraire dont on vantoit les effets au commencement du dix-fep- tiéme fiécle, fous le nom d’unguentum armarium. Suivant CELSE, cette Moufle a une qualite reper- cuflive (reprimit ). AINIUM. AINIUM & POLTT RICHI fpec. LINN. MNI. I. À ROSETTES GARNIES DE FEUILLES. 1. LES COEFFES VELUES. 1835. MNIUM. GRAND POLITRIC DORÉ. Ses coëffes font velues, les feuilles dentées en maniére de fcie, les capfules quadrangulaires, repo- fant fur le difque. Polytrichum quadrangulare vulgare Tuccæe foliis Jerratis DILLEN. Sylo. Mufi. p. 420. t. 54. fig. 1. Polytrichum commune. LINN. On le trouve dans les bois de fapin & les bruyéres, 302 MATIÈRE Quelques-uns mettent ce Mni au nombre des lier bes capillaires, en lui donnant le nom de Politric. Son eau diftillée pafle pour fudorifique. 2. LA COEFFE LISSE. 1852. MNIUM. MOUSSE À FEUILLES EN FORME D'ÉCUELLE, à tète flottante, & imitant une poire. Ses feuilles font ovalo - lancéolées rapprochées par leurs extrémités (comuiventia) , les capfules ovales & repliées. Elle eft fort commune fur les murailles. Il eft des auteurs qui la mettent au nombre des cinq herbes capillaires. * 1890. MARCHANTIA. GRANDE HÉPAT- QUE COMMUNE. Ses verrues font rudes au toucher & fes boutons conigues. On la trouve communément en Suifle fur les mu- railles & les rochers humides. A Berne unter. der Brunn- und Hormatsgafje. Aux environs des Plans dans le gouvernement d’Aigle. Cette plante a de l’âcreté avec une odeur & une faveur particulieres, qui annonce une qualité péné- trante, rélolutive, & antifcorbutique, pareille à celle de l’Eupatoire aquatique. BOCCcoNE dit qu’on em- ploye cette Mouffle pour réfoudre les caillots de fang après une chüte. MÉDICALE. 303 1891. MARCHANTIA. HÉPATIQUE DE FONTAINE. Sa feuille (frons) eft divifée en deux par une raye , fes godets poudrés font dentés en maniére de fcie, fes foies font en ombelle & en étoiles à dix rayons. Marchantia major capitulo frellato, radiis tere- tibus, capfiularum feminalium crenis in longiuftu- lum quaf pilum definentibus MICHEL. t. 1. f. 1. p. 2. & n. 3. à ce que je penfe. On la trouve fur les murailles mouillées des mou- Ens & fur les rochers humides où elle vient fréquem- ment, & auprès des ruifleaux qui fervent a égayer les prés. Elle a uné qualité âcre & femblable à celle de l'efpèce fuivante, mais plus foible. Ce n’eft pas fans raifon qu'on vante fon ufage pour le traitement de la jaunifle & des maladies du foie, de même que pour réfoudre le fang & le lait caille. 1892. MARCHANTIA. HÉPATIQUE DE FONTAINE. Sa feuille eft uniforme , fes godets font dentés en manicre de fcie, fes foies (bacilli) font en om- belle & en étoile à huit rayons. Lichen domefficus minor flellatus, æque ac umbel. latus, ac cyathophorus DILLEN. p.527. t.77. f7. Mr. DE LINNÉ réunit ces deux efpèces en une feule qu’il appelle du nom de Marchantia polymorpha, 304 MATIÈRE Nous n’en avons que fur les Alpes, quoique Dis. LEN l'appelle domeftique. Il m'en eft venu de la vallée de Frenicres. - (Suivant Mr. DE BOMARE, cette Hépatique à une faveur d'herbe, un peu amère, aftringente, & d'u- ne odeur légérement aromatique & bitumineufe ; elle eft excellente pour les maladies du poumon & du foie, elle divife les humeurs épaifles , & convient _auffi dans les maladies de la peau). *1900. HYDROPHACE. PETITE LENTILLE DES MARAIS. Elle n’a qu’une feule racine, fes feuilles font pla- nes & ovales, Lenticularia minor monorrhiza, foliis utrinque viridibus MICHELI. p. 16, t. LE. f. 3. Lemna minor. LinNx. Elle eft très-commune fur les eaux dormantes. Elle pañfe pour être rafraichiffante, & difliper les inflammation: en l’appliquant fous la forme de fomen- tation, ou cuite dans du lait; il faut cependant prendre garde qu’elle ne devienne nuilible en ra- fraichiffant trop. MARCELLUS la difoit bonne pour la goutte. (Suivant les Tranfacfions philofophiques la décoétion de cette Lentille eft douçâtre, un peu acre & ftyptique ). Casse XVIL CRUSTACÉES ou LÉCHENS. ORDRE I. LICHENS CORNUS.. 1912. LICHEN.LICHEN EN FORME DE BOETE. Sa boëte eft en forme d’entonnoir, & fimple. Lichen MÉDICALE. 308$ Lichen pyxidatus minor VAILLANT. p. 116. t.4, f. 6. & major f. 8. Lichen pyxidatus. LINN. Il fe trouve très-fréquemment fur la terre humide , fur les troncs des arbres & fur les pierres , même juf- ques fur les Alpes. On l’eftime bon pour guérir la coqueluche des en: fans ; c’eft un remêde aftringenr. Eft-ce le même que la Calycaire , qui, fuivant IMPERATUS, croît fur les chênes, & dont on fe fert pour les parfums ? On ne lui connoit point cet ufage dans notre pays. 1918. LICHEN. CORALLOÏDE EN FORME DE VERRE. Ses godets font en forme de verre, infundibulifor« mes & produifant des petits champignons couleur d’écarlate. | Coralloides fcyphiforme, tuberculis coccineis DILL, 0: Lg 8 à M cd Lichen cocciferus. LINN. Il vient fur les arbres pourris, & fur la tourbe; on en trouve aufli à Berne; à la Chaux d’Abelle, &c. Mr. BRUKMANN dit qu'en Thuringe on en fait ufage pour guérir les fiévres intermittentes. Il fert à teindre en rouge. ORDRE IL USNÉES. 1971. LICHEN. L'USNÉE DES BOUTIQUES. Elle eft pendante, cylindrique, raboteufe, fes écuelles font radiées. Tom. IL V 306 MATIÉRE Ufñea vulgaris loris longisimplexis DILL. p. 56. PAT, C'T. Ce n’eft pas le Lichen plicatus LiNN. Elle vient fur-tout fur les arbres fecs d’où elle pend ; il yen a une quantité immenfe dans les bois qui font au-deffous de la montagne de Montendre , du côté de Gimel. Suivant MATTHIOLE, l’Ufnée qui vient dans les Alpes fur la pefle & le fapin a une odeur agréable & fait une très-belle flamme. HILDAN en fait cas pour arrêter les faignemens de nez, & SCHNEIDER lui attribue plufeurs bonnes qualités. Mr. WESsT- BECK a trouvé que l'Ufnée à larges feuilles fêchée au fourneau, puis battue avec des verges fournit une matiére élaftique utile pour des doublures d’ha- bits. On peut teindre la laine en jaune en la met- tant tremper dans l’eau avec cette Ufnée. ORDRE IV. LICHENS CORNUS, COMPRIMÉS. . 1978. LICHEN. LICHEN D’ISLANDE. Sa feuille ( frons ) eft convèxe, ciliée, comme parfemce de puftules, rameufe à angles obtus, life des deux côtés , les petits rameaux terminés cha- cun par deux cornes très-courtes. Lichenoïdis rigidum- Eringii folia referens Dizx. p. 209. t. 128. f. 114. Lichen Islandicus. LInN. Il croit par-tout fur les Alpes en très-grande quan- tite ,.& même fur les montagnes du Jura fur la terre & les rochers. MÉDICALE. 307 I eft un peu amer, d’une amertume en quelque forte volatile ; on en retire par la diftillation une liqueur aigrelette a-peu-près comme l’eau de vie de grain; aufli le range-t-on dans la clafle des remêdes vulneraires, & il eft propre à favorifer la confolida- tion des fractures en le prenant à l’intérieur, broyé avec de la racine de grande Confoude. On trouve dans les Mémoires de l Academie de Suéde, que fon infufon prife en guife de thé a fait {ortir des hyda- tides de la matrice. L’eau qui a cuit avec ce Lichen nouvellement cueilli, lâche le ventre, fur-tout au printems & lorfque la plante qu’on employe eft jeu- ne, c’eft une experience confirmée par des obferva- tions modernes. Il perd cette propriété en fe féchant, & fournit alors une farine dont les Islandois ufent journellement, ils en font entrer beaucoup dans leurs mets, & le mangent fur-tout cuit avec du lait ou avec de l’eau. Il a acquis de la réputation en mé- decine comme propre à rémédier aux catarrhes. Enfin les médecins modernes ont eflaye de guérir la phthifie en ne donnant pour toute nourriture que ce Lichen cuit dans du bouillon. J’apprens qu'en dernier lieu les medecins de Vienne l’ont donné avec fuccès pour guérir la coqueluche & la phthifie. (Sui- vant Mr. ScoPoLt il n'eft pas laxatif. Cuit dans du lait, quoique très-amer , il guérit l’étifie, celle mé- me qui eft accompagnée d’ulceration (tabem , etiam ulcerofum), Mr. SCOPOLI rapporte quelques éxem- ples, & parle dans la fuite du même ouvrage des occafions qu’on a eues de confirmer l’efficace du Li- chen d'Islande dans la phthifie. Il traite au long Le D 4 308 MATIÉRE de cette plante dont il donne la defcription : il dit auf que les cochons & les bœufs s’en engraiflent ). 1986. LICHEN. LA PULMONAIRE DE CHENE. Elle à de petits creux (/agunatus) , elle eft bof- fue en-deflous, fa furface eft à réfeau farineux avec des écuelles latérales. Lichenoides puimonarium, reticulatum , vulgare , marginibus peltiferis DILLEN. Sylv. Muft. p.212. L207T "63, Lichen pulmonarius. LINN. On la trouve par-tout dans les bois fur les arbres principalement fur les plus grands. : Elle eft amère. Elle donne beaucoup d'extrait réfineux d'un goût défagréable ; & qui contient la partie verte de la plante. L’extrait aqueux eft mu- cilagineux. Elle a une qualité aftringente , & fon amertume Ja fait employer en place de houblon pour faire de la bierre. Les habitans de la Dalie dans le diftrit de Fahlun fe fervent de la farine de Lichen pour rémédier à la foiblefle de la poitrine. Son ufa- ge n’eft point connu des Suiffes. ORDRE. V. LICHENS À FEUILLES AMPLES ET DÉTACHÉES. 1988. LICHEN. LICHEN PULMONAIRE DIGITÉ des rochers. Sa feuille (frons) eft divifée en lobes arrondis, la furface inférieure eft à réfeau, fes pavois (peltæ) CONVÉXO = CONCAVES. MÉDICALE. 309 Lichenoïdes digitatum, cinereum , laëucæ foliis Jinuofis DILL. p. 200. t. 27. f. 102. Lichen caninus. LINN. Il vient fur les terres maigres & dans les bois, où on le trouve parmi les moufles, qui fe font jour au travers de ce Lichen. I! a une faveur défagréable & mucilagineufe. L’ex- trait aqueux & celui qu’on en retire avéc l’efprit-de- vin font fans activite, ils ont un goût nauféeux 6 une odeur déplaifante ; l'extrait aqueux eft doux & un peu amer, le fpiritueux eft un peu âcre & com- me miellé. On en retire par la diftillation une eau acide, dont la proportion va jufqu’'a 13 dragmes & demi fur 32; il s'élève aùffi une huile dont le poids elt de deux dragmes & demi. Les cendres-contien« nent un fel fixe. Autrefois ROBERT Moray a vante l’efficace de cette petite plante pour la guerifon de la morfure du chien enrage, & l’on aflure qu’elle a guéri tous les chiens de ce gentilhomme qui avoient été mor- dus par un chien enrage. C’eft ce qui a donné lieu à la compofition de la poudre contre la rage con- nue fous le nom de Pulvis antyliffus Eondinenfium , qui fe fait avec deux parties de ce Lichen & une de poivre noir; plufieurs auteurs Anglois vantent les bons effets de cette poudre, dont la dofe eft de quatre fcrupules.. Je ne voudrois cependant pas fou- tenir que ce reméde reuflifle conftamment, puifqu’on l'a trouvé fans efficace dans les expériences faites en dernier lieu, ce qui a engagé Mr. LAYARD à excu. ï V3 80 : MATIÈRE fer Mr. MEAD, à qui cette poudre a principalement dû fa réputation, en difant que ce médecin n’en fai- foit ufage qu’à titre de diurétique. 1992. LICHEN. LICHEN À APHTHE. Sa feuille (frons) eft divifée en lobes ronds , la furface fupérieure parfemée de verrues , l’inférieure garnie de poils. Lichenoides digitatum lete virens verrucis nigris notatum DILL. p. 207. t. 28. f. 106. Lichen aphthofus. LINN. | Sa décoction, dit Mr. DE LINNÉ, purge par haut & par bas & tue les vers. ORDRE VII. AUTRES LICHENS À FEUILLE (fronde) RONDE, PEU RAMEUSE, DÉTACHÉE. PUL- MONAIRES. 2004. LICHEN. Sa feuille eft divifée en lobes ronds. raboteufe en-deffous, formant comme des arbriffeaux d’une couleur foncée. Il vient çà & là fur la terre parmi les moufles. Suivant Mr. DE LINNÉ l’ufage de ce Lichen a chaffe des vers qui étoient des larves d'une mou- che de Suede. ORDRE VII À FEUILLE PLUS ÉTROITE MOINS DÉTACHÉE. (:Pforæ). 2021. LICHEN. Sa feuille eft ridée, divifée en lobes ronds; il eft entiérement jaune. MÉDICALE. 311 On le trouve communement {ur l'écorce des ar- bres & fur les arbres. Si ce Lichen eft la moufle qui, fuivant LANGE, jaunit le bois mort, il eft aftringent & guérit la diar- rhée à raïfon de cette qualite. Cuit avec de l’eau & de l'alun il donne au pa+ pier & au lin une teinture jaune , ou une couleur de chair, & enfin il teint d’un rouge pâle. ORDRE VIII. LICHENS GÉLATINEUX. NosToc. 2041. LICHEN. NOSTOc. Il eft gélatineux, pliflé, ondé, les lanicres frifées & parfemées de petits grains. Fremella terreffris , finuofa, pinguis &ÿ fugax DIE. pacs. os ET ‘Fremella Noftoch. Lin. Il vient parmi le gazon aux environs de Berne, fur les allées garnies de gravier & fur les terreins graveleux au bord des eaux, par éxemple au bord du lac Léman près de Villeneuve , où il eft en très- grande quantité. Je ne fais ce qui a pu engager les alchimiftes à chercher, même jufqu’àa aujourd’hui, dans cette pe- tite plante quelque chofe de merveilleux & à en tirer un menftrue propre à difloudre l'or. C’eft peut- être parcequ’après les pluies, fa fubftance féche & mince comme de la paille venant à fe renouveller, on la voit paroitre tout-a-coup , -ce qui lui a fait don- ner le nom de fleur de ciel. Les produits qu'on en V 4 ‘312 MATIÉRE -obtient en la fourmettant à l’action du feu, ont une qualité âcre, alcaline-volatile; elle fournit auffi un fel volatil concret; & lorfqu’on laïffe le Noftoc à lui. même, il fe pourrit. On lui attribue auffi la qualite de vulneraire, & l’on vante pour les douleurs de goutte (articulares ) l’eau diftillée de ce vegetal tenu en fermentation pendant trois mois. À ÉCUELLES INVISIBLES. LÉPREUX. 2090. LICHEN. Il a l'odeur de Pris, il eft cruftacé, très-rouge, mais en féchant fa couleur devient pâle. Lapis violaceus Jylve Hercynicæ BRUKMANN. Diff. & Epijt. Byfus Jolithos. Linx. Mr. JEAN GESNER en a trouvé qui s’étoit Émis fur du charbon de pierre à côté d’une veine de Gra- nite; fuivant LANGIUS il y en a au-delà d’Æ/tdorf fur le chemin qui conduit à Steg, & dans la vallée de Todtmoofs de la bienheureufe Vierge. WEPFER en a eu de la forét- noire pas loin de Schaffhoufe, & des environs de St. Blaift. J'en ai trouvé une trés-grande quantité fur des pierres en traverfant les bois marécageux qui font entre Oderbrüke & An- dreasberg. Cè Lichen fent la violette, ou lIris, il conferve même long-tems cette odeur-qui-lui eft propre, & qui ne dépend pas de la pierre fur laquelle il fe for- me, du moins dans notre efpece. MÉDIC#LE. 313 On s'en fert dans les maladies éruptives. (Mr. HiLL trouve ridicule l'opinion qu'on s’eft formée de ce végétal ). CLASSE XVII. FILAMENTEUSES. . 211$. CONFERVA. LA CONFERVE DES RUISSEAUX. Ses filamens font PR égaux ; & très- longs, LINN. p. 163 Conferva aie Jéricea, vulgaris &ÿ fluitans DILL. p. 12. t. 2 f. [. Conferva rivularis. LINN. On la trouve ordinairement dans les ruifleaux. Élle s’étend beaucoup fur les eaux dormantes & en cou- vre la furface. On lapplique fur les bleflures , & même fur les os fractures, en ayant foin de l’arrofer avec de l’eau auffitôt qu’elle eft fêche ; de cette maniére elle foude les os avec une promtitude merveilleufe (fuivang PLINE & GARIDEL}). (Mr. PAYEN dit qu'on peut faire de bon papier avec cetté Conferve. CLASSE KIX. CHAMPIGNONS. LTCOPERDON LiInn. & GLEDITSCH. ES ES Ses 2172. LYCOPERDON. VESSE DE LOUP. Elle eft en maniere de fac, de couleur cendrée , fa poufliére eft d’un verd obfcur. Cette efpèce a une infinité de varietés, dont les 314 M2TIÉRE unes font parfemées comme de pointés de diamants, - d’autres lifles ou feffiles, à col cylindrique, très-gran- des, &c. Elles viennent toutes fur la terre. Lycoperdon Bovifta LINN. VESSE DE LOUP OR- DINAÏRE. Lycoperdon aurantium LINN. VESSE DE LOUP ORANGÉE. La pouiliére de la Veffe de loup ne fermente ni avec les fels lixiviels, ni avec les fubftances acides, elle ne donne pas non plus une couleur verte au {yrop violat. L’extrait fait avec de l’eau bouillante eft amer. Les Anciens fe fervoient de cette pouf. fiére pour arrêter les hémorrhagies, & appliquoient le champignon tout entier fur la plaie, méthode ufi- tée fur-tout en Allemagne. RAVIUS faifoit aufli un grand ufage de la Vefle de loup, mais il avertifloit qu’il ne falloit pas l’ôter de-deflus la plaie, mais qu'il convenoit de l'y laiffer jufqu’a ce qu’elle tombât d’elle- même, parcequ’elle nuifoit lorfqu’on larrachoit. Je ne nierai pas qu’elle ne puifle être utile lorfque l’hé- morrhagie n’eft pas confidérable (CRATON la recom- mandoit pour les hémorrhagies exceflives) ; cepen- dant aujourd'hui on a entiérement abandonné fon ufage. (Mr. LE CAT dit qu'il fe fert de ce champi- gnon coupe par morceaux pour arrêter les hémorrha- gies, mais non pas dans les grandes amputations. Ce.n’eft pas de l’Agaric que Wurz fe fervoit, mais de la Veffe de Loup ordinaire. Suivant Mr. VITTET la poufliére de ce champignon a fouvent arrête plus promtement les hémorrhagies, que l’Agaric de BRoS- SARD. Mr. BISSET en fait de grands éloges ). MÉDICALE. 316 Les Italiens mangent les jeunes Velfes de loup & même la grande varieté qui croit fur les Alpes; ils la mettent frire, la coupent par petites tranches & la mangent aflaifonnée de fel & d'huile. Les Suiffes n’en font aucun ufage. En Angleterre on ecrafe fous une preffe la grande Veñfe de loup, on la met fècher au four après qu'on en a forti le pain, & on en fait un amadou qui s’en- flamme & dont la fumée empoifonne les abeilles. II. LYCOPERDONS SOUTERRAINS. * 2177. LYCOPERDON. LA TRUFFE. Elle croît fous terre, en pelotons, fa peau eff noi- re & rahoteule. Tubera ZAKON. t. 333, &c. Lycoperdon Tuber. Lin. Je n’en ai jamais trouvé, mais on fait communé- ment qu’on en tire au-deflus des vignobles de la Côte , (il y en a en grande quantité au-deflus de Genouilly). Suivant Mr. DIVERNOI il s’en trouve au-deflus de Fontaine - Andre. Elles ont une odeur fade & font d’une nature tout-a-fait femblable à celle du fperme de l'homme , car lorfqu’on les expofe à un feu modéré elles ren- dent, de même que cette fubftance une liqueur vo- latile urineufe. C’eft un comeftible recherche des gens qui aiment les bons morceaux , & déja connu comme tel des anciens Romains. La Truffe pale aufli pour aphrodifiaque; on la pêle avant que de la manger, car on ne la fert point fur les tables qu'elle 316 MATIÉRE ne foit premierement devenue noire, parceque tan- dis qu’elle eft encore blanche elle eft infipide. Les Truffes d'Italie ont plus de goût & d’odeur que cel. les qui croiflent en Allemagne ; elles repandent mé- me une odeur aflez forte pour que des chiens éxer- ces à les fouiller, puiffent les découvrir par l’odorat & les tirer de terre. CLAVARIA) ClAVAIE FE. CLAVAIRES RAMEUSES. 2201. CZAVARIA. (CORALLOÏDE D'UN JAUNE BLANC. Sa tige eft très-épaifle, fes rameaux font innom- brables, raffemblés par touffes, dentés à courtes dents. Corallofungus flavus VAïLL. t. 8. £ 4. Clavaria Coralloides. LINN. - On la trouve en grande abondance dans les bois de fapin & fur les terreins en pente, im Sedelbach, Siechenhôlzlein & à Bremgarten près de Berne. Dans le bois de Plantour , &c. Aux environs de Gundel- dingen, im Küferhôlzlein, fuivant Mr. GESNER, auprès du lac du chat, aux environs de #yl dans la Thurgovie. Il y en a en grande quantité autour de Ferrieres. Ce champignon pañle pour un des meilleurs qui fe mangent. Son nom allemand eft Ziegenbart. MÉDICALE. 317 PEZIZA DILLEN. Cat. Gieff. p.194. LE PEZI. IL. PEZIS GÉLATINEUX. 2220. PEZIZA, L'OREILLE DE JUDAS. Il eft feuilleté, touffu, applati & foyeux. Agaricum" Auricule forma MICHELI. p. 124. t. 66. f. 1. On le trouve en divers lieux fur les vieux arbres, fur-tout fur le fureau & l’épine blanche, Il fe vend dans les boutiques, il a un goût de champignon, mais on en fait très-peu d’ufage: on employe fon infufion dans de l’eau fous la forme de gargarifme pour l’efquinancie ( LOBEL donne ce gargarifme pour un remêde afluré), & pour arrêter les fluxions fimples fur les yeux. Il vaudroit mieux ne faire aucun ufage de cette plante fufpecte. Mr. HILL dit qu'on vend un faux champignon fous le - nom de celui-ci. *2246. BOLETUS. LE CHAMPIGNON EN FORME DE MITRE. Sa tête eft élargie (explanatum) & lacinice. a. Fungoides fungiforme, crifpum, €ÿ varie com- plicatum, pediculo tenuiori non fiflulofo MICHELI. p. 204. t. 86. f: 9. : b. Fungoides fungif. crifpum, laciniatum €$ va- rie complicatum , pediculo craffo, firiato, ramo fo € fjtulofo MicH. ibid. f. 7. Helvela mitra. LINN. "TT | MATIÈRE Je Pai trouvé en divers lieux dans les bois, Mr. STÆHELIN en a trouvé en automne dans les bois de l'Hardt & de Gundeldingen. Il y en a a la Ferriére. ll eft comeftible. 3 2247. BOLETUS. LA MORILLE. Sa tête eft ronde & à refeau. Ses varietés nombreufes fe trouvent dans l’ouvra- ge de MICHELI, t. $5. f. 2 & 6. Phallus efculentus. LINN. Elle poufle dans les bois au printems & fe plait auprès des ormes. Il y en a dans les bois du ter- rivoire de Vervay, & en-decà de Bex fous des or- mes qui font en-deflus des prés -novés. Les Morilles ont une odeur fade, mais quand elles font fèches on leur trouve un goût exquis, aufli pa- roiffent-clles trés-fréquemment fur les tables. Elles ne font pas dangereufes, à moins qu’elles ne {oient gâtces par des infectes. Ce champignon n’eft pas le Roletus des Anciens qui fort d’une bourfe d’une manière bien fenfible. AGZRICUM LAGARIC. JL AGARICS SESSILES. IL. À, DR U x: SUR € OCR, 1. GÉLATINEUX. * 2260. AGARICUM. FREMELLE DE GENE VRIER. Il eft gélatineux, d’un jaune roux, la furface fu, périeure parfemce de tubercules. MÉDICALE. 319 Fungi Juniperini HorMan. Delic. Flor. Altdorf. Fremella Juniperina. -LINN. Il vient fréquemment fur les genévriers, j'en ai trouvé dans l'Emmenthal, au-deflus de Bienne, &c. Mr. SHÆHELIN l’a trouvé au-deflus de Dornach, & M. GAGNEBIN fur les faviniers des jardins. Quelques-uns font cas de fon eau diftike pour les maladies des veux & pour guérir la paralyfie que la goutte laifle après elle. | * 2261. AGARICUM. Il eft gélatineux , entortillé & en forme de mé- fentère. Il n’eft pas rare d'en trouver fur le bois mort. Il y en à aux environs de Biruüngen. On le mange. POLYPORUS. LE POLYPORE. TL POLYPORES DONT LA CHAIR NE SE SÉPARE PAS. L''Sæ:s SOMMES: 1. À DEUX SURFACES, LA SUPÉRIEURE LISSE ET L'INFÉRIEURE POREUSE. * 2276. POLTPORUS. Il eft comme feuille (frondofus), il a plufieurs tiges, il eft tuilé, d’un brun châtain, les pores blans châtres. Florum fafticulus STERBEEK. p. 269. n. 130. C28 : À 320 MATIÉRE . | 1 - . - Ce champignon eft trés-beau, je l'ai trouvé en di- vers endroits, fur-tout à la droite du chemin qui con- duit au Pont-neuf. Mr. GAGNEBIN dit qu’on le mange en Alface. 2284. POLTPORUS. ÂAGARIX DU LARIX OU DE LA MELEZE. I eft feflile, convéxe d’un côté & plat de l’autre, avec des anneaux de couleurs diferentes & fauves , les pores d’un jaune d’ocre. AÆAgaricus f. Fungus Laricis C. B. Jen ai cueilli fur les melèzes en Jorogne, quoi- que BELLONIUS le dife fi rare, qu’a peine s’en trou- ve-t-il fur un feul de ces arbres entre dix mille. Ceux qui fe fervent de cet Agaric en médecine employent ordinairement celui qui vient de la mele- ze & qu’on récolte dans la Walteline, en Piémont, dans le Vallais, chez les Grifons , dans le territoire de Trente & dans celui de Nuremberg, pour l’en- voyer dans les pharmacies, quoiqu’on ait aufli un champignon blanc & purgatif qui croit fur l’Yeufe. Mais, comme dit Mr. LIETAUD, celui qu’on tire de ces pays-là pafle pour avoir peu d’efficace, les apo- thicaires le font venir du Levant. FALLOPE dit que celui qui croît fur le chéne eft un poifon mortel. Notre efpèce fe réduit, quand elle eft fêche, en une farine aflez âcre pour faire éternuer. Dans cet ctat de defféchement il arrive à ce champignon com- me à plufeurs autres plantes âcres, de contracter un goût MÉDICALE. 321 goût farineux & fade, mais il laifle à la fin fur la langue l'impreffion de quelque chofe de nauféeux, & qui fe fait fentir long-tems. BELLONIUS dit que quand on le défait avant qu'il foit mür, il répand une odeur vénêneufe, c’eft pourquoi il confeille de le prendre en automne, & non pas au printems, lorfqu'il eft encore plein de fuc. Traite avec l’ef prit-de-vin il donne une teinture rouge qui a le goût de l’Agaric ; cette teinture fe fige au froid & fe con- vertit en une fubftance qui reffemble à de l’huile figée ; elle fe fond au feu, & conftitue, à ce que je pen- fe, l'extrait refineux de ce champignon, qui en four- nit la moitié de fon poids. La teinture fpiritueufe fait vomir, & eft toute entiére de mauvaife qua- lité (Suivant NEUMANN une feule goutte de cette teinture fait vomir); l’extrait aqueux eft amer (mais én bien plus petite quantité, fuivant les obfervations du même) & moins âcre; il eft purgatif, & lâche doucement le ventre lorfqu’on l’a préparé avec du fel de tartre. Lorfqu’on diftille la teinture fpiritueufe il s’en élève une très-grande quantité de réfine fem- blable à celle de Jalap & fort volatile; Mr. GME- LIN l’attribue avec affez de raifon à la térébenthine. (Suivant NEUMANN une livre d’Agaric a donné fix onces d'extrait réfineux, ce qui reftoit, cuit avec de l’eau , a-donné deux dragmes & deux fcrupules d'extrait aqueux. La même quantité d’Agaric traitée avec l’eau a donné trois dragmes d’extrait aqueux ,. le refte difflout dans l’efprit-de-vin a fourni fix onces d'extrait refineux. Traité à feu ouvert, il a rendu Tom. IL, X. 322 MATIÉRE deux onces d’efprit, vingt-une dragmes d'huile féti- de, & trois grains de fel fixe). Les habitans des Alpes ont appris par expérience que lAgaric purge, & s’en font fait un reméde d’ufage ordinaire pour les maladies du bétail, (on s’en fert, dit BOCCONE, pour les vaches malades). En Piémont, on donne l’Agaric fec avec du poivre pour rémédier aux terribles effets qu'occafñonne la fangfue des Alpes à ceux qui l’avalent ; ils font fi promts que fans ce fecours on en meurt au bout de 24 heures. Ce champignon eft aufli émétique. Les Anciens le mettoient au nombre des purga- tifs, &, füivant RUFUS, ils s’en fervoient pour éva- cuer la bile en le donnant jufqu’a la dofe de deux dragmes. Cependant JEAN MÉSUÉ a déja remarqué que ce purgatif n’agifloit que foiblement ; des au- teurs modernes * confeillent même de bannir en- tiérement l’Agaric des pharmacies; aufli n’en fait-on pas beaucoup ufage, fi ce n’eft pour teindre la foie en noir. Ila pu mériter le titre d’antidote, de cor- d'al & d’aléxipharmaque, à raifon de ce quil aura procuré dans certains cas l’expulfion de quelque plante vénéneufe prife intérieurement par impruden- ce. Il eft des auteurs qui lui ont donné des éloges comme étant propre à deéfobitruer les vifcères, à guérir les affections goutteufes & à détruire les cru- dités acides. DIOSCORIDE s'étend beaucoup fur les bonnes qualités de ce reméde. * Lupovic & NEUMANN, MÉDICALE. 323 (On lit dans les Aémoires de ? Académie de Berlin, que lPAgaric qui croit en Europe n’eft pas d’une bon- ne qualité, Pour la teinture on fe fert de la varieté qu’on appelle lAgaric mâle, mais non pas de lAga- ric femelle, qui a une odeur forte. On s’en fert pour délayer la couleur écarlate, &c.*) * 2288. POLY PORUS. L'AGARIC DE CHENE. Il eft convêxe d’un côté & plat de l’autre, très- dur, cendrée, blanchâtre en-deflous. Fungi arborei ad ellychnia J.B. HI. p. 84o. Boletus igniarius. LINN. Il vient fur les troncs d’arbres. C’eft avec ce cham- pignon qu’on fait l’'amadou; on préfère pour cet ufa- ge celui qui croit fur les tilleuls, puis celui du hé- tre ; celui du noyer eft le moins bon. L'amadou fe fait én enlevant l'écorce & la partie charnue qui eft la plus proche de la furface du champignon ; on bat le refte, on le coupe par tran- ches, ou bien on le cuit tout entier avec de la lef. five & des cendres, on le bat encore avec le mar- teau, & on le met fêcher, alors l’'amadou eft prèt à fervir à l’ufage qu’on en fait communément pour allumer du feu. Ce même amadou s’applique utile- ment fur les plaies pour en arrêter les hémorrha- gies: les chirurgiens préparent leur Agaric un peu. diféremment, mais c’eft toujours la même efpèce - X 2 * Secrets des arts, p. 141, © 324 MATIÈRE qu'ils employent, & leur Agaric hæmatodes (c’eft-à. dire, qui arrête Jes hémorrhagies) ne difère point de ce- lui du chêne. Ils fe {ont flattés que l'application de ce topique pourroit éviter l’amputation des membres tou. jours fi dangereufe ; il Ctoit d'autant plus naturel de Pefpcrer , qu’on avoit vu dans plufieurs cas l’hémor- rhagie, caufée par une amputation , s'arrêter après avoir appliqué des tranches de cet Agaric; de très. célèbres chirurgiens ont méme été témoins de ces fucces (Mr. PALLAS parle de l’Agaric du hétre, & fuivant les Tranfaéfions philofophiques, on réufit à arrêter Le fang aprés une. amputation, en faifant ufa- ge d’un champignon qui fe trouve dans les caves à vin); outre cela on a vu le même fecours réuflir dans le traitement des plaies accompagnées de pour- titure & qui n’admettent point l’ufage des ligatures, comme aufli après l’opération de l’anevryfme. En- fin on dit que notre Aganic guérit promtement les bleffures. I] ne faut cependant pas éxagérer ces bonnes qua- lités, car ce champignon n’a d’efficace , qu'autant qu’on le tient aflujetti à la plaie, & même alors il eft infuffifant pour arrêter le fang des bleflures con- fiderables & celui qui fe perd lorfqu’on a fait l’am- putation de la jambe, aufli de célébres chirurgiens mont-ils pas encore pu fe réfoudre à lui donner leur confiance. On a même quelques éxemples de cas dans lefquels le malade eft mort parceque le ch:- rurgien s’étoit contenté d'employer l’Agaric. De là vient que ce fecours , après avoir joui d’une certaine MÉDICALE. 325 réputation, à fini par être abandonné , quoiqu'il ne foit pas à méprifer lorfqu'il s’agit d'arrêter les hé- morrhagies des petites artères. Lorfqu’on veut s’en fervir pour la guérifon d’une bleffure, on le prépare un peu diféremment. On le coupe en trois ou qua- tre morceaux, on le bat avec le marteau juiqu'a ce que fes fibres ligneufes foient réduites en poudre & que le champignon devienne mou, mais on ne le cuit pas dans de la leflive. (Mr. TRECOURT aprés avoir confirmé l’infufhfan- ce de l’Agaric pour arrêter le fang après l’'amputa- tion de la cuifle, dit quelque chofe de lanalyfe de ce champignon, par laquelle il a trouvé qu'il ne contient point de vitriol. Il y a dans le- Journal des favans quelques témoignages en faveur de l’A- garic. L’editeur Francois de la Pharmacopce de Eon- dres dit que l’amadou a la même vertu, & fuivant Mr. PLENK, l’Agaric fait certainement qu’on n’a, pas befoin d'employer une aufli forte preflion. Suivant Mr. Tissor ce champignon a quatre parties qui fe préfentent . fucceflivement ; 19. la peau qu’on peut jetter ; 2°. la partie qui fuit la peau, qui eft la meil- leure. On la bat avec un marteau jufqu’à ce qu’elle devienne douce & molle ; on en applique un mor- ceau fur les vaifléaux ouverts. 3°. La troifiéme qui peut fufiire pour arrèter le fang dans les petits vaif feaux ; & 48. la quatrième qu'on peut employer & réduire erf poudre. Les Commentaires de Bologne citent plulieurs cas dans lefquels l'Agaric a été utile pour des ulcères & des hémorrhagies lentes. Mk. = X 3 326 MATIÉRE FERREIN le donnoit en Me à pour les hémor- rhagies internes ). On dit auffi que fon ufage à l’intérieur a été f- lutaire dans la dyfenterie. (Suivant Mr. MONTET on s’en fert pour la teinture en noir ). IT. POLYPORES DONT LA CHAIR SE SÉPARE. É PET T0 LES * 2310. POLTPORUS. Sa chair fe fépare, il eft pétiolé , couvert d’un chapeau couleur de minium, les pores d’un jau- ne d’ocre. Fungus aurantius pileolo longo STERBEEK. p. 119. t. 16. f. À. Il neft pas rare dans les bois à l'entrée de l’au- tomne. On le mange & il ne fe pourrit pas facilement. ECHINUS. HYDNUM Linxx. L SESSILES, OU DU MOINS DONT LES PÉTIOLES NE SONT PAS DISTINCTS. *2317. ECHINUS. 11 eft rameux, fes piquans font paralleles. Agaricum efculentum, cefpitofium album , multi- fidum € denticulatum, denticulis afperis MicH Et. p. 122. t. 64 f. 2. Je n’ai pas vu ce beau champignon , mais Mr. STÆHELIN m'a envoyé la figure de celui qu'il avoit MÉDICALE. 327 trouve fur la montagne de Muttenz. Suivant Mr, GAGNEBIN , il y en a à la Chaux d Abeille. On le mange. 2326. MERULIUS. LA CHANTERELLE. Elle eft jaune, fes bords font ondes & déchirés. Fungus angulofus © veluti in lacinias diffeétus VAILLANT. p. 604 t.:mnr. f. 14. LS. Agaricus cantharellus. LINN. On la trouve en abondance dans les bois de pins & de fapins. Elle a une odeur de prunes agréable. Sa chair eft aflez ferme & de très-bon goût, mais elle a un peu d'âcrete: je l'ai fouvent mangée cuite au bouil- lon , fans en être incommode. AMANITA. 1e CHAMPIGNON À FEUILLETS. II. PETIOLES. 1. À FEUILLETS BLANCS. a. LE PETIOLE NUD. 2338. AMANITA. (CHAMPIGNON BLANC ACRE. Il eft ombilique , blanc, rendant un lait âcre. Fungus piperatus albus , craffus laéfco fucco tur- gens. J. B. III. p. 823. Agaricus piperatus. LENN. On le trouve de bonne heure dans tous les bois. X 4 328 MATIÈRE La partie charnue qu’on trouve fous la peau de ce champignon eft remplie d’un lait âcre & préfque cauftique, qui conferve même fon äâcreté apres avoir été defléêche, alors il eft couleur de faffran, & c’eft le Fungus veftus IX. LOESEL p. 82. Malgré cette àcreté on le mange en Pruffe, aufli bien qu'en Ruffie, quonen fait des provifions dans de grands tonneaux dans lefquels on le conferve pour le tems du carême. Cependant BOyLE lui impute des ac- cidens funeftes, & il y a dans les isles de lAmé- rique un champignon blanc qui eft vénéneux & gluant. \ Ë Mr. LOESEL recommande l’ufage du lait âcre de ce champignon donné dans du fyrop d’Althéa pour fe délivrer du calcul de la veflie. Comme on lit par-tout nombre d’hiftoires des ac- cidens tragiques qui font arrivés pour avoir mangé des champignons , il m’a paru convenable d’en rap- porter quelques-uns à cet article , ne fut-ce que pour fervir d’avertiffement à la poftérité, & quoi- qu'il ne foit guêères poflible de s’aflurer précifément à quelle efpèce de champignon il faut attribuer les fymptômes terribles que ces plantes occafonnent. Tous les champignons ont quelque chofe de crud, vu qu'ils naïflent & müriflent préfque tous en peu de jours: ils font aufli fort fujets à fe pourrir, car la plupart fe convertiflent en très-peu de tems en une liqueur corrompue, noire, empeltée & dont la feule puanteur mème donne des naufées, & la car- dialgie. Outre cela ïls logent & nourrifflent plu- MÉDICALE. 329 fieurs infeétes , entr’autres des limaçons. En géne- ral on a la coutume dans ce pays de manger fans crainte ceux d’entre les champignons dont le pé- tiole eft folide & plein, & on ne s’abflient que de ceux dont le pétiole ‘eft creux. Mais les Rufles né- gligent cette attention & font main-bafle fur les champignons que nous regardons comme les plus vénêneux , & même fur ceux dont on fe fert pour tuer les mouches. Cependant il vaudroit mieux s’abf£ tenir d’un mets aufli fufpeét, d’ailleurs on a vu de mauvais effets de ceux même qui pañlent pour les meilleurs. La plupart font fi aqueux, que la chair fait à pei- ne la huitième partie de leur poids. Il donnent à la difillation un efprit jaune, qui ne difère point de celui de corne de cerf, il pañle aufli une huile jaunâtre, une huile empyreumatique, un {el volatil fous forme fêche, & un fel cryftallin. On peut re- connoitre à ces produits que les champignons font de nature alcalefcente. En général il paroit qu’ils fe digérent difficilement, parcequ’on ne les mange guères que quand ils font fecs, & que l’eftomac ne peut pas affez bien divi- fer leurs fibres, joint à cela que l'eau qu'on boit par-deflus les gonfle comme une éponge, aufli a-t-on vu ces mets refter trois jours dans leftomac, & commencer feulement au bout de ce tems-la à pro- duire leurs mauvais effets. Ils excitent donc à-peu- près les mêmes fymptômes, que ceux qui refultent du gonflement de l’eftomac ; tels font les angoifles , 330. MATIÉRE la cardialgie, le vomiflement , des douleurs de co lique, des étranglemens, le hoquet, le trouffe -ga- lant, la diarrhée accompagnée de,ténèfme & des in- dices de gangrëne dans l’eftomac. L’âcrete des cham- pignons peut aulli avoir contribue à prdduire ces défordres, car elle eft fi grande, qu’on a vu les lèvres attaqueées d’inflammation feulement pour y avoir tou- ché, & Mr. GUISARD a vu l’ufage de quelques-uns faite fortir le fang par les urines & par les felles. Enfin il eft certain que d’autres ont une qualité en- yvrante à raïon de laquelle ils excitent le délire, des tremblemens, des rêves, la fyncope, l’apoplexie, des fueurs froides, d’autres fymptômes très-graves, & enfin la mort même , malheur qui arrive plus fre- quemment dans les pays chauds. IL cft affez vraifemblable qu’une partie du venin des champignons fe diffipe en les cuifant ; cependant cet avantage, ni l’huile avec laquelle on les mange, n’ont pu fufiire à en empêcher les effets pernicieux dans tant de cas malheureux dont on a les exem- ples. Le fecours le plus certain, c’eit le vomiffe- ment ou la purgation. SANCTORIUS dit qu'une fem me a échappé au danger en prenant de lhuile de citron; mais je n’aurois pas beaucoup de confiance à ce fecours. Divers autres auteurs rapportent d’au- tres moyens qui ont fauvé des perfonnes empoifon- nées par les champignons. : On lit dans les A/émoi- res de l'Académie de Paris que l’eau d’une fource a été empoifonnée pour avoir coule dans un conduit qui étoit rempli de champignons. MÉDICALE. 331 2344. AMANITA. MOUSSERON. Il eft blanc & fec, fa peau eft coriace. Omphalomyces BATARR. On le trouve fur. la fin de l'été. Les moufferons ont un goût qu’on préfère à celui de tous les autres champignons. Ils naïflent en au- tomne, mais plus fréquemment encore au printems. AMANITA À FEUILLETS BLANCS. I. LE CHAPEAU DE COULEUR DIFÉRENTE. I. SANS ANNEAU. O9 AMANSRAT IN VA Il eft en forme de couflinet, le chapeau cou- leur de ventre de biche (cervino), les feuillets blancs & ondés. ) Il eft entiérement fec & bon à manger. IV. LE CHAPEAU ROUGE. I. AVEC UN ANNEAU. 2373. AMANITA. ÂAGARIC À TETE LARGE. Son pétiole a un auneau , fa peau eft d’un rouge de fang , les feuillets blancs. Mel muftarum venenofum STERBEEK. p. 214 t. 22. À. Agaricus mufcarius. LINN. Il eft commun dans les bois de l’Enge, de Brem- garten, ec: + RE MATIÉRE J eft âcre, puant & ne fe mange pas fans dan- ger, Car il a tue fix Lithuaniens, & au Kamtfchatka on lui a vu occañonner des délires mortels & ac? compagnés d’un défefpoir qui portoit ceux qui en avoient mangé à fe jetter dans le feu ou fur des armes tranchantes. Trois ou quatre champignons de cette efpece font une dofe médiocre, maïs & on augmente jufqu’a dix ils enyvrent. Les Kamtfcha- dales préparent avec ce champignon & le petit lau- rier-rofe une liqueur qui, prife en petite quantité, donne du courage, occañonne des tremblemens de nerfs & enyvre en caufant un délire gai ou trifte. L’urine même qu’on rend après avoir mangé de ce champignon a une qualité enyvrante. Il étourdit plutôt qu’il ne fait périr les mouches qui boivent de l’eau dans Jaquelle on l'a broyé. On le broye auf pour en frotter les jointures des parois & des bois de lit, afin de détruire les punaïfes qui s’y logent. Cela n'empêche pas que les François ne le mettent au nombre de leurs alimens. V. LE CHAPEAU VERD. a. AVEC UN ANNEAU. 237$. AMANITAN A: Son pétiole a un anneau, fon chapeau eft verd, ftrié, fes feuillets font blancs. Fungus magnus viridis STERBEERK. p. 65. t.5. E. “Il croit autour de Gôttingue & de Berne. Mr. MÉDICALE. 333 STÆHELIN m'en a envoyée la figure de Bâle; voyez aufi Basler- Merkwïüirdik. p. 272. On le trouve bon à manger. III. AMANITA À FEUILLETS JAUNES. ÏJ. LE CHAPEAU DE LA MEME COULEUR. a. SANS ANNEAU. *2419. AMANITA. L'AGARIC DÉLICIEUX À SUC JAUNE, & À SUC BLANC. Omphalomyces acris laferitii coloris BATARRA. D QE Agaricus deliciofus & Agaricus laétifluus. LINN. Il n’eft pas rare dans les boïs, mais il eft fujet à varier. On le trouve dans le bois de Bremgarten, pas loin du moulin de la papetterie. Il eft au nombre des comeftibles. Les Allemands l'appellent Reizke à caufe de fa faveur piquante. b. SANS ANNEAU. * 2430. AMANITA. . . . Sa couleur eft jaune, il a une bourfe & un an- neau trés-large. Fungus planus orbicularis aureus MICHELI p. 186. TR RE Je ne l'ai point encore apperçu en Suifle, mais Mr. STÆHELIN qui en a cueilli un échantillon à Münchenftein , m'en a envoyée la figure. 334 MATIÈRE On le met au nombre des champignons les plus agréables au goût. Il paroït que c’eft le Boletus de PLINE, qui, fuivant cet auteur , nait dans une bour- fe, où il eft enveloppé comme un jaune d'œuf dans le blanc. IV. AMANITA À FEUILLETS ROUX OU ROUGES. ÎJ. LE CHAPEAU DE LA MEME COULEUR. * 2438. AMANITA. . ... Il eft roux, fon pétiole eft plein, & fes feuillets font épais. à On le trouve autour de Bale, dans le Bruder- hülzlein , & autour de Berne. Ï paroit qu’on le met au nombre des champignons qu'on peut manger. II. LE CHAPEAU D’UNE COULEUR DIFÉRENTE. a. AVEC UN ANNEAU. * 2443. AMANITA. LE CHAMPIGNON DE COUCHE. Son pétiole a un anneau , fon chapeau eft en clo- che & blanchätre, fes feuilles font couleur de rofe: Fungus campeftris, albus fuperne , inferne rubens J- B. IT. p. 824. Agaricus campeftris. LINN. Il croît dans des lieux fecs parmi le chien-dent. Aux environs de Siffech; à la Ferricre, fuivant Mr. GAGNEBIN ; il eft commun autour de Güttingue. MÉDICALE. 335 Il a une faveur fade qu’on corrige en le faifant cuire ; alors il pafle pour un mets délicieux, & c’eft lui qui a fait donner le nom de champignon aux plantes de fa clafle. V. AMANITA À FEUILLETS BLEUS. a AVEC UN ANNEAU. * 245$. AMANITA. ÀGARIC VIOLET. Il eft violet , fon petiole eft bulbeux, garni d’un anneau, le chapeau plane. Fungus ceruleus major BUXBAUM. Centaur. IV. t. 9, Agaricus violaceus. LINN, Il n’eft point rare dans le Siechenhülzlein, Se. delbach, Burgdorfhôlzlein, &c. CAR EE DES PLANTES DE LA MATIÉRE MÉDICALE. WC — Tom. pag. A bfnthium. La grande Abfinthe, Aloyne I. 38 - _- Artemifiarupeftris. Genipi blanc + 42 Achillea Millefolium. La Millefeuile . 32.363 - - Nobilis - ; - RUES = - Genipi ù : PRE - - ptarmica. L'Herbe à à éternuer : Pr Aeonitum Cammarum. Aconit, Napel, Tue- ‘Loup ou Cappe de Moine . HAL 118 4 - Anthora. L'Aconit falutaire, Anthore ou Maclou . s à , ” RAT: Acorus Calamus. Le Jonc odorant ou Cala- mus aromatique . . ° 169 Aüaa. L’Herbe de St. Chriftophe : 39 Adianthum Capillus Veneris. Le Cape de Montpellier . - 1897 Adonis vernalis @ÿ Apennina . : Ar € Aethufa Cynapium. La petite Ciguë . I. 256 Agaricum, Fremella Juniperina. Fremelle de Genévrier : l , ny AL: TES = - L’Agaric + P à | ŸE9 Agave Americana. L bind : + 145 Agrimonia Eupatoria. L’Aigremoine ou fs moine ; é | À Ê L 335 Tom IL. 338 TABLE. | | _ Tom. Alchemilla flellaria. Le Pied de Lion Il, Alifium Myagrum. La Cameline ou Céfame Andromeda Poliifolia. Andromède à feuille de Polium .. ; à À . pag. 295 139 d'Allemagne : : : I. 141 Allium Porrum. Le Péfredu ou Poireau IL. 132 - - Schænoprafum. La Branlette 134 = - Urfinum. Aïl fauvage à larges feuilles . 137 - - Alpinum. Serpentin ou faux Nard Althea officinal. La Guimauve ordinaire 37 Amanita. Le Champignon à feuillets 327 > : = Agaricus piperatus. Champignon blanc, âcre k À ” .— ibid. ou - Omphalomices. Le Moufferon 335 « - colore Cervino. Champignon cou- - leur biche 3 . + . ibid. 2 - Agaricus pu Agaric à tête large à ; - ibid, £ - Fungus . magnus viridis. Champi- gnon à chapeau verd k -. 332 + - Agaricus deliciofus. Agaric FREE à fuc jaune & à fuc blanc 333 = - Fungus aureus. Champignon doré : tbid. Amanita. ..... Champignon roux + 334 - - Fungus Campeftris: Champignon de couche ù s ‘ . ibid. - - Fungus Chi Agaric violet 335 Amygdalus communis. L’Amandier à fruit amer Tee : . | … "46 Anagallus arvenfis. Ee Mouron ” I. 208 343 TABLE 339 Tom. pag. ÆAnemone, Pufatilla. La Pulfatille, Coque- lourde, ou Herbe au vent . IL Angelica fylveftris. 18 Ms loin fau- vage . , LE 296. - Mdr: LAneetite Le . ibid, Anonis fpinofa. L’Arrête-bœuf à « 12% Antirrlänum Linaria. La Linaire ou Lin fauvage = . , ; . « JI2 + - Cymbalaria. La Cymbalaire s. (Ax3 - - Ælatine La Velvote ou er à femelle ; . ibid. Apium gravi-olens. L’ Les Céleri ou ue fil des marais f Û .… 284 Æquifolium, Ilex. Le re i «+ 226 Arbutus, Uva urf. Le Raïfin d’ours ou | Bu£ ferole : ‘ 343 Ariftolochia, Clematitis. Ariffoloche ds tite ou ronde . : “ 355 Arnica, Caltha Alpina. Arnica de tacite 19. 362. Artemifiapontica. La petite Abfinthe pontique . 43 “ - rubra [. vulgaris. L’Armoife ORNE 7.1 Arum maculatum. Le Pied de Veau IL 163 Arundo, Phragmitis. Le Rofeau commun . 188 Afarum Europæum. Le Cabaret ou Oreille d'homme . é 7 192 Afclepias Pa ani Le DE venin [. 165.364. Afparagus officinalis. L’Afperge : Il. 141 Afperula odorata. Le Muguet des bois L 243 Afphodelus luteus. L’Afphodele jaune IL. 132 Ajplenium, Paronychia. La Sauve-vie . 291 | Y2 340 TABLE. Tom. pag. Afplenium, Oenopteris.-Le Capillaire ordinaire IL. 292 -!" - Ceterach. Le Céterac . E . ibid. - - Scolopendr. La Langue de cerf ou Scolopendre - . 393 Affer, Helenium. L’Aunée ou Enulé sale L 14 - = Conyza. Conife des prés . Ke Afragalus Glyciphyllus. L’Aftragale ou Re- gueliffe fauvage . é 7* 46 Aftrantia major. La Sanicle Rendité : . 290 Atriplex patula. La Patte d’oye ou Arroche à feuilles oblongues étroites . "{{ 239 - _- haflata. Arroche de à feuilles triangulaires : : 5 . 1bid. Avena fativa. L’Avoine noire & blanche . 187 B. Felladona Atropa. La Belladone . L 177. 367. Bellis perennis. La Paquerette ou ps Mar- | gueritte ; d: "22 Berberis, Okyaränthés L'Epiies vinette ou Vinetier ' 1 J sg Betonica officinalis. A Bétoine HN QE Betula alba. Le Bouleau . s . IL 255 Boletus, Helvela mitra. Champignon en forme de Mitre _. : à ; AY Y .. + Phallus eftulentus. La Morille . 318 Borrago officinal. La Bourrache ; 1. 206 Brunella vulgaris. La Brunelle - dont |: Bryonia alba. La Couleuvrée, Bryone ou Vigne blanche : … 167.365. “Bt tlapfuumn, Anchufa. La Buglofe ordinaire .. 202 TABLE. Tom. Bugula Ajuga reptans. La Bugle ou petite Confoude . L'EA : : i -, - Chamapitis. L'Ivette Bulbocaftanum , Bunium. La Terre-noix . Bupleurum rotundifolium. La Percefeuille ou Greille de lièvre Buxus fempervirens. Le Buis ou Bouis Il. C. Calendula arvenfis. Souci fauvage ou de vigne . $ 1 ‘ ; L Calcitrapa , bntadien Chardon étoilé ou Chauffetrappe Caltha, Populago. Le Souci des marais II. Cannabis fativa. Le Chanvre Caparis Spinofa. Le Caprier Caprifolium Lonicera. Le- Chévrefeuille I. - - Alpigena. Le Cerifier bas ou ss bois des payfans k Cardiaca, Leonurus. 'ébotde ou | Car- diaque - - Stachys Sylv. totem . Carex Arenaria. Carex en forme de Souchet IT. Carlina acaulis. La Carline ou Caméleon blañc . ) AVR LACET, Carum Carvi. Le Carvi ou Cumin des prés Caftanea Fagus. Le Chataigner k IT. Cataria Nepetha. L’'Herbe au chat . L Centaurum Rhapont. Grande Centaurée , KRhapontic vulgaire Cerafus Sylveftris. Le Cerifier futage IT. Y 3 34Z TABLE. | Tom. pag. Cerafus rubra. Le Cerifier . î 44 Cerefolium fylveftre. Le Cerfeuil fauvage I. 250 Cherophyllum, Scandix. Ron Le Cer- CT RER . 249 Chamaclema, dia RAS À #4 Len terreftre , : A D Chamamelum, Anthemis nobités, RE romaine k . a =: * NeÉothlz. CE es ou Ma- route . « > %o ASIA PR TR Oeil de Laser SUR Chamadris Teucrium. Germandreée ou petit Chêne à TOUS NOMRONERERS - - Scorodonia. Sauge fauvage ou faux Scordium . à s- 10 = Scordium. Scorqut ou Canale aquatique . à : > : « ' 102 Chelidonium majus. La Chélidoine ou lE- claire 1k 1&” Chenopodium , Ex fhas. L'aide fétide . 206 - - Bonus Henricus. Le bon Henri - 207 = … album. L’Arroche blanche . . ibid, - - Botrys. Le Piment ou Botrys com- fan LAS ar 207 ROSE ENINNES Cicer arietinum. Le Pois chiche . I. 124 Cicorium, Intybus. Chicorée fauvage . 1.362. Cicuta, Conium Maculatum. La grande Ciguë . 257 Clavaria Corallofunguis. Coralloïide dun jau- ne blanc . À $ IL. 316 Clematis, Vitalba. Cténatte a td « feuil- les, Herbe aux gueux . à 7 FRS T A BL E: 343 Tom. pag. Clematis flammula. Clématite rampante IL 79 - _- reëla. Clématite droite, Flammulle . go Clinopodium, Acinos. Le Bañlic fauvage TI. 79 - - Aufiriacum....….. , “+ ‘So Colchicum autumnale. Colchique, WiÉchien, Mort-chien + ( . 146 - - Montanum. Colctique) ic: . 1bid, Colutea arboreftens. Baguenaudier a veflies, faux Séné . ; 126 Conferva rivularis. Diner des Re IL. 313 Convolvulus Sepium. Le grand Liferon KL 22$ - - Arvenfis. Petit Liferon . 226 Coriandrum fativum. Le Coriandre . Vs Coronopus Cochlearia. Efpèce de Creffon . 143 Corylus avellana. Le Noïfetier - IT. 249 Cuftuta Europæa. Cufcute ou Ephithym L 219 Cyanus minor. Le Bluet ou Aubifoin 59-363 Cyclaminus Europæus. Pain dé pourceau . 212 Cynogloffum officinale. Cynogloffe ou Lan- gue de chien ; 3 s : ‘598 D Damafonium, Alyfina. Le Plantain d’eau I 93 Daucüs, Staphylinus. La Carotte . I. 247 Delphinium, Confolida. Le Pied d'alouette fauvage à L É L ‘ IL 123 Digitalis purpurea. Le Digitale ‘ Lex st Digitaria, Panicum fanguinale. Panis à lar- ges feuilles $ , . : IT. 189 . - Daëylon. (Chien-dent des bouti- ques ou Pied de poule . ‘ : … ibid, Y 4 144 TABLE. Tom. pag. Dipfacusfullonum. Chardonabonnetier I. 62.363. Doronicum, Pardalianches. Le Doronic . 17 E. | Echinus, Hydnum. Kfpèce d'Agaric . IL. 326 Empetrum,, Erica baccifera. Camarigne ou Bruyére à fruit noir F “| 229 Epilopium , Chamanerium. Faux ” Rad Lautier-rofe ou Herbe de St. Antoine I. 337 Epipatis, Nidus avis. Nid d’oifeau . Il. 161 … - Ophrys ovata. Ophrife à deux feuil- les , é ; À ! . ibid. Equifetum SRE Prèle des marais . . 256 …— - fiuviatile. Prêle des rivieres . . 1bid. ÆEriophoron polyffachion. Chien-dent coton- neux des prés à pannicules éparfes . 172 Ervum, Ervilia. L'Ers . ' RE ÆEryngium campeftre. Le Chardon Reland , Panicaut, Chardon à centtêtes . .. 244 Eryfimum Iris. Le Vélar ou Tortelle . A, - - Alliaria. VAlliaire , : + 139 ÆEupatorium connabinum. L’Eupatoire Re Euphrafia officinalis. L’Euphraife : us 108 F. 4 Fagus fylvatica. Le Hêtre, FauouFayard IE, 243 Ficaria Ranunculus. Petite Chélidoine ou petite Scrophulaire à L È #88 Ficus Carica. Le Figuier . : ‘223 Filago, Gnaphalium. L'Herbe à coton KE $r « - Pilofella minor. Le Pied de chat . ç2 TABLE. 345 Tom. pag. Filipendula, Barba Capre. La Barbe de chévre À . ï à 0 TR 9 - - Ulmaria. La Reine des prés, l’Or- miére . à à : ë : — 76 - _- Spirea. La Filipendule commune , 76 Filix, Pteris Aquilina. Fougere femelle ou commune . . x . 289 Fæniculumi, Anethum. Le Fenouil Lin 263 Fragaria vefta. Le Fraifier v 9 LE 66 - - Tormentilla. La Tormentille 168 = - Potentilla reptans. La grande Quin- tefeuille rampante à : : RE - - Anférina. L’Argentine . . * DOTE Fraxinella, Diéfamnus. Fraxinelle ou Dic- tamne blanc - À 4 EL 357. - Fraxinus excelfior. Le Frêne : : I KS3 Fumaria officinalis. La Fumeterre . . 116 . - bulbofa. Ariftolocheronde commune . 118 G. Galium, Valantia cruciata. La Croifette velue . C | TUE 24D - \- verum. Le Caillelait jaune . . ibid, - - Jylvaticum. Reine des bois à larges feuilles RÉRSNT À É À . 24I - — Boreale. Le Caillelait du Nord . ibid, - - Aparine Le GrateronoukRieble . 242 Genifla tinéforia. (Genêt des teinturiers ou Herbe aux teintures . é : 'FI9 Gentiana lutea. La grande Gäntiane « « 213 - - cruciata: La Gentiane croiiette :) 26 346 TABLE: Tom. pag. Gentiana Centaurium. La petite Centaurée -I. 217 Geranium pratenfe. La Grace- Dieu des Al- lemands . ’ ” 328, à - Robertianum. Dbe s Robert . äbid. Geum rivale Benoite aquatique à fleur flot- tante «+, : . 0, #72 « -. urbanum. LE NES ou ds Ga- liote, Gariot, Herbe de St. Benoit PRET à Gladiolus communis. Le Glayeul È . 156 Gratiola officin. La Gratiolé, Herbe au pau- vrehomme . ; ‘ ! : L 109 H. Hedera, Helix. Le Lierre grimpant ou Lierre en arbre : S 309 Hekhotropium Europæeum. L’ Héliotrope ou Herbe aux verrues : 199 Helleborus viridis. Hellébore noir pas Il. 97 “ fætidus. Hellebore noir ou Pied de Griffon ‘ À 108 Hepatica , Trifolium aureum. Hs dei jardins ou Tréfle hépatique . : 01.83 Herniaria glabra. L’Herniaire ou Turquette . 196 Hieracium murorum. La Pulmonaire des François 3 DS À -, Pilofella. Pi! ofëlle ou Oille " ati 9 Hippocaftanum , Aeftulus. Le Marronier d'Inde ’ * : . 359 Hordeum difhchum. L Gi L IL 190 Hippophæ Rhamnoides. Khamnoide à feuille de Saule s ; À ; … 22E ASTUT Tom. pag. Hyoftiamus niger. La Jufquiame noire h 182 Hydrophace, Lemna minor. Petite Lentille des marais ; ; IL 304 Hypericum perforatum. Le Millepertuis, Tri- cherant , Trefcalant jaune ou Herbe de St. Jean : H\:2A Hypnum Sericeum. Mouffe Lifacéé daxbres it. 309 Hyffopus officinalis. L'Hyfope . ; 1h: LE Impatiens noli tangere. Balfämine fauvage ou Merveille à fleur jaune à 162 Imperatoria Oftruthium. Lhhikrathite : 294 Juglans regia. Le Noyer . à IL. 247 Juncus effufiss. Grand Jonc uni à Eu éparfes AT ‘ : mp 2 : Juniperus commuünis. Le Genévrier à D TR x - fabina. La Sabine, le Savinier 1 DNS L: Laëfuca fcariola. Laitue fauvage ë L',:6 - - Virofa. Laitue fauvage ; . ibid. Lamium levigatum. VL'Ortie rouge . + 94 - - album. L’Archangelique ou Ortie blanche : * . .r ibid, Lapathum Rumex. hs Pétichce ou Parelle IL. 21x - -. Rumex Alpinus. Rhubarbe des moi- nes, Patience des jardins, ou Rhapontic des montagnes . : s L . ibid » - Paluftre. Parelle ou Patience des marais < à ; ; + sr 218 348 TABLE. | Tom. pag. Lapathum Oxylaphatum. Patience fauvage ordinaire k ; L II. 214 TPM pulchrum. Paticao Violon ou La- pathum à feuilles finuées À ; JV 216 - - Oxalis. L'Ofeille des prés . . tbid. Lappa, Aretium. La Bardane . ; L 55 Laférpitium latifolium. Grand Libanotis à larges feuilles, Turbith batard ou des montagnes , Tapfe ; / . 290 à - Siler. Sefeli des boutiques, Live é 9L Lathyrus tuberofus. Vefce FAT ou fee jon !. ‘+ 129 - - Cicera. Efpèce de Get ; : 130 Lavendula fpica. Lavande femelle ou com- mune , : à 3 , dr. Laurus nobilis. Le Laurier : -. TT Eh'ax Lens Ervum. La Lentille . < L 12% Leucoium, Cheiranthus. Le Girofier ou Violier jaune ; S\PLSE Libanotis, Athamanta. Block & Crète . 246 Lichen pyxidatus. Lichen en forme de boëte IE. 304 Lichen Cocciferus. Coralloïde en forme de verre . : ; à : . 305 114 TUNER nice Ufnée des bouti- ques . ë . : L . ibid. ï - Islandicus. bichén d'Islande . 306 - - Puilmonarius. La Pulmonaire du chêne , . 308 = = Caninus. Lichbé puimonare digité des rochers . : d . ibid. - - Aphtofus. Lichen à Aphtes . + 310 TABLE. 349 Tom. pag. Lichen. Lichen à feuille ronde détachée IL. 310 = - - à feuille plus étroite moins de- tachée A PERTE NA DRE = - Fremella. Noftoc » ee AE En - - Byffus Jolithos. Lichen : oee LE Liguffrum vulgare. Le Troëne . L 157. 364 Lilium candidum. Le Lys - PU IL IS Linum ufitatiffimum. Le Lin ; - LIRE - - catharticum. Le Lin fauvage SRE ‘rs Lifimachia. La Numulaire ou Herbe aux Eux use ; "2x0 Lithofpermum arvenfe. Gi Gremil ou Herbe aux perles . ; - - . 200 Lolium temulentum. Prat ; e IL 175 Lupulus Humulus. Le Houblon - 240 Lychnis, Nigellaffrum. Nielle des bleds, ÊRE fe Nielle, ou Nielle bâtarde : L. 320 ë - Viftaria Lychnide fauvage . . ibid. Lycoperdon Bovifta. Vefle de Loup . IL 317 D Faber. ‘ La Trufe :. 2 a à Lycopodiun Selago. Moufle en bee de 3 fapin . : . 298 - - clavatum. Lécdpod commun à Dot & rampant . € ; È ; . 299 M. Malva vulgaris. Mauve fauvage à feuilles finuces : L'Èes - - pumila. Mine SL à faite rondes ; nt : RU : Malva. .... La shafide héée + 1, GROS 350 TABLE. Tom. pag. Malva montana. Alcée à feuilles rondes lacigiéetns is. ca Na. NIUE Aandragora Atropa. La Mandragore I. 175.367 Marchantia. Grande Hépatique commune Il. 302 <). - müjor cap. sir, Hépatique de fontaine : Ê lt UTO “. : "Yen oineliios (a même . ibid. Marrubium vulgare. Le Marrube blanc L 9o Matricaria, Chrifanthemum. Grande Mar- guerite 3 é NOBE k - Parthenicum. La Miatricaire è . ibid, - - Anthemis. La Camomille commune . 26 Melilotus, Trifolium. Le Melilot ; pe LT Meliffa Nepeta. Le Calament . . “te 4 - Calamintha. Le même 4 ro E : - _officinalis. La Meliffe ou Citronelle . 82 Meliffophyllum, Aelittis. Meliffe des bois . 83 Mentha, Pulegium. Le Pouliot à - k - Verticillata. Menthe des jardins ou Baume « S: 4 » - rotundifolia. Menthe noel Île. thaître, Baume d’eau à feuilles ridées . ibid. « - viridis. Menthe DE Ro- maine ou de Notre Dame R à 38 + - crifpa Menthe frife . . CRE, © Menianthes. Trifol. palufire. Ménianthe, Tréfle d’eau , 210 Mercurialis annua. osctli mâle & femelle IL. 218 . - Cynocrambe. Mercuriale des mon- tagnes . ô | . ? se 200 TABLE. 3si Tom. pag. Merulius. Agaricus Cantharellus. La Chan- tcrelle & ais [K 327 Mefpilus CrateBus. Este l'Epine blan- che , le Sennefer ou la noble Epine st 749 = - Jorbus terminalis. ‘L’Alifier . SOED - - Aria Le Sorbier des Alpes . 57.68 - - Sorbus Aucuparia. Sorbier des oife- leurs, Sorbier fauvage, Cormier des chaf- feurs . ie ë : 4 A 158 EN ER domeflica. Le Sérbier ou Cormier . 53 - « Germanica. Le Néfier . ; . ibid, Meum, Athamanta. Le Meum e L 254 Mnium Polytrichum commune. Le Mni ou grand Politric doré ; ; É IL. 301 Mnium. ... Moufle à feuilles en forme d’é- cuelle, à tête flottante & imitant une poire . . : è ; ; . 302 Morus alba. Le Mürier blanc . ‘ “22€ N. Naffurtium Cochlearia. L'Herbe aux cuillers I. 143 - - Raphanis. Le grand Raïfort fauvage . 145 - - Lepidium. La grande Paferage CU TAN - - Thlafpi Thlafpi des champs à lar- ges filiques : ; ! $ . ibid. - - Burfa Pafhoris. Tabouret ou Rourfe à Pafteur : . 148 Nigella, Melanthium. £a Nielle , Nielle fau- vage ou bâtarde, Nielle des champs, Poivrette commune, Toute-épice Il. 111 352 TABLE. Tom. pag. Nymphea alba. Nénuphar blanc, Nymphée, Lys d’eétang, Volet, Plateau à fleur blan- che : Ç ë 1 ati 38 IL: :32 Q: Oenothera, Hyoftiamus Virginian. L’Herbe aux ânes, l'Onagra “ - ’ L 336 Onopordum Acanthium. VL'Epine blanche . 53 Ophiogloffum vulgatum. La Langue de fer- pEnt : ; è SEULS IL. 288 Opuntia, Caifus. Figuier d'Inde , Raquette F Cardafle, Nopal . : Ç ’ PRIT: Orchis Morio. Le Satyrion femelle . PA 1 - _- AMaftula. Satyrion mâle ou Tefticule de chien a feuilles étroites . ; . ibid. Origanum vulgare. L’Origan fauvage , L.17€ Ofmunda lunaria. Lunaire commune . II. 289 Oxys, Trifolium acetofum. Oxalyde, Alle- luya, Pain de coucou, Herbe du bœuf, Tréfle aigre . à . , " L. 321 het © à Padus Prunus. Le Putietou Cerifierà grappes IL 48 Papaver erraticum. Coquelicotou Pavotrouge. 16 _e - fativum. Pavot des jardins . dr > Parietaria, Helxine. La Pariétaire . 229 Paris quadrifolia. Raïlin de renard, Pariette L 340 Paftinaca fativa. Panais ou Paftenade . . 298 Pedicularis, Fifiularia. Pédiculaire després . 106 Pervinca, Vinca minor. La petite Perveaghe 166.365 Petafites Tufilago. Pétafite, Herbe aux tei- gneux : Mr à 360 TABLE Eee Tom. pag. Veratrum album. Hellébore blanc àfleur pâle IL. 125 Verbafcum Thapfus. Bouillon blanc mâle, Molêne ou Bon-homme à L L 191 « _- Phlomoides. Bouillon blanc femelle &c. 19% , … nigrum. Bouillon blanc &c. . . ibid. Verbena, Verbenaca. La Veryeine . 71.364 Veronica Beccabunga. Le Beccabunga à feuil- lés rondes ou Creffon de fontaine , "2168 5 - montana. Véronique des prés : . 159 - _- officinalis. Véronique mâle ou Thé d'Europe ' é + *. 160.364. Vicia fativa. La Velce ë ’ à . 128 Viola odorata. La Violette ; -. 163.364. Vifcum album. Le Gui mâle & le Gui fe- melle . + i . ; . IE 224 Uimus. campeftris. L'Orme ‘ ; . 209 Urtica Dioica. La grande Ortie «234 « ‘ - Urens. La Ra Ortie ou Ortie grie- : che ; 234 Xanthium PRIE ER Le petit ER, Glaiteron, petite Bardane, Grappelle . 242