pe: se # Dash A. er D 2175 : L an WIN |8C886006660600666666006666666660668668660006865E6056068): WA HISTOIRE ET MÉMOIRES L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES DE TOULOUSE DEPUIS SON RÉTABLISSEMENT EN 1807, POUR FAIRE SUITE À L'HISTOIRÉ ÊT AUX MÉMOIRES DE ; L'ANCIENNE ACADÉMIE. FOME PREMIER. TOULOUSE, ÉMPRIMERIE DE JEAN-MATTHIEU DOULADOURE, RUE SAINT-RUME, N«0 41. 1827. 009950898698 80954 sea8s 2I0900060C60009200V0080500V6606009 GOCSSOSSESHECHECCOCOCECOPEOCESCGOCEOCHOCOCGOLESHOCOCCEEE 660666006660 0006060060666E088E0666 2C000CC000000000S00020600009000020900000000000000000R09000000082000052000000000C2000000aICE 0 ©@ de. NY = — Ne = PE Li \] HISTOIRE ET MÉMOIRES L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES DE TOULOUSE. #96 A5 HISTOIRE ET MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES DE TOULOUSE, DEPUIS SON RÉTAPBLISSEMENT EN 1807, POUR FAIRE SUITE A L'HISTOIRE ET AUX MÉMOIRES DE L'ANCIENNE ACADÉMIE. TOME PREMIER. HI PARTIT. TOULOUSE, IMPRIMERIE DE JEAN-MATTHIEU DOULADOUPE, RUE SAINT-ROME, N.° 41. NOTE AREA - she enr « " \ di 2 & Le L 242 N, Û » \ * - *, k : : \ 5 Me : : AT: . Fe \ : À à. e 4 UV l'- ' - nb rt As L QT À ’. ll LE A+ nn * : LA | à + à _ FAC dn : L : INTRODUCTION. La ville de Toulouse se glorifie d’avoir donné naissance à l’une des plus anciennes Sociétés littéraires de l'Europe. Dés le 14." siècle, et lorsque d’épaisses ténèbres couvraient l’Eu- rope entiere , le Collége du Gaë savoir, qui existait déjà depuis long-temps, établissait un corps de doctrine poétique (1), appelait les troubadours dans la lice, et leur distribuait des récompenses. Ce Collége, qui n’a fait que changér de nom en prenant, vers la fin du 17.% siècle, le titre d'Académie des Jeux Floraux, a toujours entretenu dans nos murs le goût de la bonne littérature et le désir de 2 E 1 = S'y distinguer . Cependant, quoique les sciences n’aient pas (1) Lois d’amors, rédigées par Guillaume Molinier, Chan- celier du Collége de la Gaie science, et publiées en 1356. Voyez, sur ce monument précieux du moyen âge, un rapport de M. le Marquis d’Aguilar dans le Recueil des Jeux Floraux de 1811. v} INTRODUCTION. été cultivées à Toulouse avec moins d’ardeur et d'éclat que la poésie et l’éloquence, et que cette cité puisse proclamer avec orgueil les noms d’un grand nombre d'hommes célèbres dans tous les genres, et même celui d’un homme de génie dans les sciences exactes (1), elle fut l’une des dernières à posséder dans son sein une Académie des Sciences. A la vérité, il s'y était formé, vers le milieu du 17.me siècle, sous le nom de Société aca- démique des Lanternistes, une réunion dans laquelle on lisait quelquefois des mémoires scientifiques ; mais il y avait loin de là, sans doute, à une Académie des Sciences propre- ment dite. Ce fut seulement en 1729 que trois citoyens zélés pour la gloire de leur patrie (2), et dis- tingués eux-mêmes dans les sciences, fonde- rent une Société qui, dix-sept ans après (3), fut érigée par lettres patentes en Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-lettres. (1) Fermat. (2) MM. Gouazé, Sage et Carrière. (3) En juin 1746. INTRODUCTION. vi) Cette Compagnie, se montrant digne de la faveur qu’elle venait d'obtenir, se livra avec zèle à la culture des sciences et de l’archæo- logie, et ne tarda point à réaliser les espé- rances de ses fondateurs. Tous les ans, elle fit connaître le résultat de ses travaux par la lecture, en séance publique, d’une analyse raisonnée ou Résumption des mémoires lus dans ses séances particulières; mais elle sentit bientôt que l'impression fugitive qui résultait de cette lecture, était loin d'imprimer à ces ouvrages le degré d'utilité qui devait les ca- ractériser, et, en 1782, elle commença à publier en entier les mémoires qui lui parurent mériter cet honneur, et par extrait ceux dont l'importance était moindre (1). Il avait déjà paru 4 volumes in-4.° de cette collection, sous le titre d'Histoire et Mémoires de l’Académie royale des Sciences, Inscrip- tions et Belles-lettres de Toulouse, lorsque (1) Cette publication fut extrêmement favorisée par la géné- rosité d’un Académicien recommandable , M. l'abbé d’Héliot, qui, par son testament , mit l’Académie en état de subvenir aux frais de l'impression. vij) INTRODUCTION. les niveleurs de 1793, ne voulant pas même reconnaître la supériorité du talent et de l'instruction, détruisirent les Académies, et proscrivirent plusieurs de leurs membres les plus illustres. Après que la France fut sortie de cette ter- rible anarchie, les amis des sciences, des lettres et des arts, qui ont toujours été nom- breux à Toulouse, se réunirent pour former une Société connue d’abord sous le nom de Lycée, et ensuite sous celui d’Æthénée. Cette Société ranima le feu sacré prêt à s’éteindre, ünt des assemblées publiques, distribua des prix, et rendit les plus grands services pen- dant tout le cours de son existence. Son seul défaut, qu'il était impossible d'éviter à l’épo- que de sa fondation, était d’avoir été formée sur un plan trop vaste. Elle le sentit et son- geait à se partager en sections séparées, réu- nies seulement sous un titre commun, lorsque, en 1806, l’Académie des Jeux Floraux fut rétablie par un arrêté du Préfet de la Haute- Garonne. L'année suivante , l'Administrateur éclairé qui venait d’être mis à la tête du département INTRODUCTION. IX (M. Desmousseaux) fit, pour les sciences, ce que son prédécesseur avait fait pour les lettres ; par un arrêté sanctionné par le Gouverne- ment, il rétablit l’Académie des Sciences, qui tint sa première séance le 22 novembre 1807. Depuis cette époque, notre Société ayant toujours eu le dessein de continuer la col- lection qui avait valu l'estime des savans à l’ancienne Académie, s’est bornée à faire connaître annuellement ses travaux par des Résumptions lues en séance publique. Des obstacles de plus d’un genre ont em- pêché jusqu'ici de réaliser ce projet; ils sont enfin levés, et on l’exécute en ce moment. La nouvelle collection fera suite à l’ancienne ; mais comme le format in-8.° est plus commode que l’in-4.°, et qu'il est aujourd’hui assez gé- néralement adopté, on lui a donné la pré- férence. Le premier volume, celui qui parait actuel- lement, est uniquement consacré à l’histoire ; il contient l'analyse des travaux de l’Académie depuis 1807 jusqu’à 1822. Le temps ayant af- faibli l'intérêt que pouvaient offrir beaucoup de ces mémoires, on a cru ne devoir donner X INTRODUCTION. les Résumptions que par extrait, et deux mem- bres ont été chargés d'exécuter ce travail, l'un pour les Sciences, l’autre pour les Ins- criptions et Belles-lettres. Le second volume, qui est sous presse, contiendra les Résumptions entières des an- nées 1823, 1824, 1825 et 1826, ainsi que plusieurs mémoires. Dans les volumes suivans, on fera paraitre , outre les Résumptions annuelles, les mémoires les plus remarquables. ÉTAT DE L’ACADEMIE, D'APRÈS L'ORGANISATION DE NOVEMBRE 1807. ‘ D'arrës l'organisation provisoire donnée par l’arrête du Préfet, l'Académie dut être composée de 45 membres ; Savoir : 5 Associés honoraires , 6 Associés libres, 20 Associés ordinaires pour les Sciences , 10 Associés ordinaires pour les Inscriptions et Belles- lettres, 4 Associés étrangers. En vertu du même arrêté, ces places furent remplies de la manière suivante : ASSOCIÉS HONORAIRES (1). Le Sénateur ütulaire. L’Archevêque. Le premier Président de la Cour d'appel. Le Maire. Il ne fut point nomme à la cinquième place. ASSOCIÉS LIBRES. M. Duran», de l’ancienne Académie , mort en 1809. M. Brun, idem, mort en 1816. (1) Des difficultés s'étant élevées pour savoir si ces places étaient affectées aux titulaires actuels des emplois ou aux emplois eux- mêmes ; l’Académie entendit l’arrété dans ce dernier sens, mais elle classa, lors de l’expiration de leurs fonctions, M. le baron DEs- mousseux €t M. le baron DEsazars, l’un parmi les correspondans, et l’autre parmi les associés libres. Xi) M M M M ÉTAT DE L'ACADÉMIE. . GARDEIL, idem, mort en 1808. . LABROQUÈRE , idem, mort en 1816. . GouAZÉ , idem, mort en 180g. . Lecris, idem, mort en 1816. ASSOCIÉS ORDINAIRES POUR LES SCIENCES. M. Prcor pe Lareyrouse, de l’ancienne Académie, de- venu depuis associé libre. . Marrin-Sainr-RomaIN , idem, mort en 180g. . Marin (Roger), idem, devenu secrétaire perpétuel. . DE PuymauRIX, idem, devenu associe libre. . Lavrres, devenu associé libre. . CLausApE , devenu associé libre. . River, mort en 1826. . DE SAGET. . Pauuix , devenu correspondant. . Romreu, devenu trésorier. . Vipaz, devenu correspondant. . Dessozr. . Marqué-Vicror, mort en 1820. . Dispax. . VIREBENT. . Laroxr, mort en 1814. . CABIRAN. . Larrey , devenu associé libre. . VicuER1£. . Lussax. ASSOCIÉS ORDINAIRES POUR LES BELLES-LETTRES. M M M M M M . Marcorezze , de l’ancienne Académie. . JAMME , idem, devenu associé libre. . Furcoze, devenu associe hibre. . JOUvENT, mort en 1821. . RuFFAr. . Hocquarr, devenu secrétaire perpétuel, et, ayant donné sa démission, redevenu associé ordinaire. ÉTAT DE L'ACADÉMIE. xii] M. 0e ViILLENEUVE- VERNON. M. Mazrior, mort en 1811. M. Du Mics. M. Taran. ASSOCIÉS ÉTRANGERS. L'Académie fut chargée de pourvoir elle-même à la nom- mation des associés étrangers. , RRAARAAN AAA AAA AAA RAA AAA AA AN RAAAAPAA AA AAA AAA RAA RAAARAA RAAAAAAA AAA PAS AAA CHANGEMENS SURVENUS DANS LA LISTE ACADÉMIQUE, DE 1807 A 1027. L'organisation donnée en 1807 n'etait que provisoire; Académie y a apporté divers changemens qui ont été ap- prouvés par le Ministre de l’intérieur. Elle est actuellement composée de soixante-un bee répartis de la manière suivante : 6 Associés honoraires, 1 Académicien-né , 6 Associés libres , 26 Associés ordinaires pour les Sciences , 16 Associés ordinaires pour les Inscriptions et Belles- lettres, 1 Secrétaire perpétuel , 1 Trésorier perpétuel ,  Associés étrangers. L'Académie nomme de plus des correspondans en nombre 1ihmite. ASSOCIÉS HONORAIRES. L'Académie attribua la cinquième place d’associé honoraire au Prefet de la Haute-Garonne. XIV ÉTAT DE L'ACADÉMIE: Depuis, la place affectée au sénateur titulaire s'étant éteinte d'elle-même , le Maire étant devenu Académicien-né, et le nombre des associés honoraires ayant été porté à 6, 1l s'ensuit que trois seulement de ces places sont affectées à des fonctions publiques. Les trois autres ont été ainsi remplies : 1811. M. le comte Darv. 1815. M. Cuvrer. 1816. M. le baron LEpix. ACADÉMICIEN-NÉ. Cette place est affectée au Maire de Toulouse. ASSOCIÉS LIBRES. M. JammE, mort en 1818. M. Prcor pe Lareyrouse, devenu ensuite secrétaire perpétuel. M. DE Puymaurin. M. Lawrres, devenu trésorier perpétuel, puis, ayant donné sa démission, redevenu associé libre , mort en 1820. M. le baron DEsazars. M. Crausapr. M. Furcoze, mort en 1818. M. Larrev. M. Sarnr-JEaAx (l'Abbé ). ASSOCIÉS ORDINAIRES POUR LES SCIENCES. Le nombre de ces associés ayant été augmenté, l'Académie nomma pour compléter cette classe : 1810. M. Macués. M. Léox. M. Carey. M. pe Lapeyrouse fils (Isidore). M. Dusrrnano fils. M. Cazaux, mort en 1824. Depuis elle n’a plus nommé qu’à mesure des vacances. 1810. 1812. 1818. 1820. 1822. 1824. 1826. 1827. ÉTAT DE L'ACADÉMIE. XV M. Tissié, déjà correspondant, et depuis redevenu correspondant. M. GanTier. M. Parcués. M. D’Auguisson pe Voisins, devenu secrétaire per- pétuel. M. Ducasse. M. le chevalier n'AuBuissoN , mort en 1822. M. Macxess. M. Frizac. M. Drazer. M. Vauruier, déjà correspondant. M. Caumoxr, devenu correspondant. M. ne SériIGNy, idem. M. Agantrr. M. Brrror. M. Larrouy. ASSOCIÉS ORDINAIRES POUR LES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. Pour compléter la elasse. 1810. M. Pacés, déjà correspondant, et redevenu depuis correspondant. M. Jaume fils (l'Abbé). M. Carré, mort en 1895. M. Basrouzu. M. SarxT-Jran (l'Abbé), devenu associé libre. Et depuis, à mesure des vacances , 1812. 1813. ! 1818. 18292. 1824. M. DE Mararrr. M. pe Lamorur-Lancox. M. Bécurcrer. M. Dasrarar, mort en 1820, M. Fceury pe Lécrusr. M. Durrourc. M. Gresser. xy) ÉTAT DE L'ACADÉMIE. 1826. M. le marquis D'AGUILAR. 1827. M. Barox pe Moxrset. ASSOCIÉS ÉTRANGERS. 1808. M. Larrey, à Paris. 1810. M. Vrizans, à Paris, mort en 1826. 1818. M. Rome, à Zurich, mort en 1818. 1821. M. le baron Cacix , à Cherbourg, mort en 1825. SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. L'Académie nomma d’abord deux secrétaires perpétuels : 1807. M. Marrix (Roger) pour les Sciences, mort en 1811: M. Hocquarr pour les Inscriptions et Belles-lettres. M. Manrin étant mort, et M. Hocquarr ayant donné sa démission, il fut résolu qu'il n’y aurait plus qu'un secrétaire perpétuel. 1811. M. Prcor px LarryrousE père, mort en 1818. 1819. M. p’Auguisson DE Voisins. TRÉSORIERS PERPÉTUELS. 1807. M. Laupres, donne sa démission. 1818. M. Romreu. CORRESPONDANS (1). L'Académie commença par rétablir sur cette liste ceux des correspondans de l’ancienne Académie qui vivaient encore. M. Barraès De MarmorièRes, près de Meaux. M. Gouax , à Montpellier. M. Prones. M. Mercapier, à lorx. M. Vercnres pe BouiscHere, à New-Forck. (1) Pour être correspondant, il faut avoir son domicile hors de Toulouse; on perd ce titre en venant résider dans cette ville, 1810. 1811. 1812. EE = 2RRBEBRERES ÉTAT DE L'ACADÈMIE. xvi) . DE LacérÈpe, à Paris. . Pourrer-Frerac (l'Abbé), à Orense en Galice. . Gexry (l’Abbe), à Orléans. . CHAUSSIER. D'Ecuuyan (Jean-Joseph), à Santa-Fe-de-Bogota. D'Ecuuvan (Fauste-Firmin ), idem. CHAPTAL. Pasrorer. PARMENTIER. Ricaz, à Gaillac, . REYNALT. MaAzer. . Doux, au Mans. . GaussEN, à Montpellier, . Boupox pe SarnT-Amans. . AmMorEux , à Montpellier. . DEzamBre, à Paris. . Tournox, à Bordeaux. l’Académie a fait les nominations suivantes : . PAcGÉs , devenu associé ordinaire. . Lacosre (V Abbé), à Clermont Ferrand. . JOHANNEAU. . THÉNARD. . Lacour, à Bordeaux. . CAyLA. . Tissié , devenu associe ordinaire. M. Save. . SicarD (PAbbe), à Paris. . Latour. . ASTIER. . DE ROQUEFORT. . DE ForrrA p'URBAN, . Lexorr. M. M. M. Fraxcour. Leroux. DE CHARPENTIFR, xvi ÉTAT DE L'ACADÉMIE. M. Dam. M. Rexouw. M. CnamroriioN-Fisrac. M. Lorseceur pes LoNccnawrs. M. Hernanoès. 1813. M. Lavey, à Paris. M. Base. M. LEerèvRE-GiNEAU. M. Derrecu. 1814. M. Bruaxn, à Besançon. M. Vauruier, devenu associé ordinaire: M. Warss. 1815. M. pe Vrapo. 1816. M. ou Trocxer. M. AxpRrEUx. 1817. M. Carrorr (l'Abbé). M. Purccarr. 1818. M. Lermrer. M. Muzx , à Paris. M. Parassou. M. Tarry. 1819. M. CHaupruc pe CRAZANNFS. 1820. M. MosxeroN. M. Dussaussoy. 1821. M. Boucuartar. M. Sorzix. 1822. M. Davezac ne Macaya. 1823. M. pe Puymaunin fils. M. De Viry. 1824. M. Séruzzas. M. LaBarrAquE. 1825. M. Scourerrex. 1826. M. De Gorsfry. M. DezpoN DE LIrvERNON. 1827. M. Foresr. M, Prerquix. ÉTAT DE L'ACADÉMIE. XIX ASSOCIÉS ORDINAIRES PASSES DANS LA CLASSE DES CORRESPONDANS. Lorsqu'un associé ordinaire , Æevenu correspondant, re- vient résider à Toulouse , il reprend sans nouvelle élection la première place vacante dans sa classe. M. M. M. M. M. M. M. LomsarD, de l’ancienne Académie, mort en 1814. ResouL, idem. Borpes, idem. Vipaz, mort en 1819. Pauzix. Pacs. DEsmoussEAUx. M. Tissré. M. M . DE SÉRIGNY. CHAUMONT. ÉTAT ACTUEL DE L’ACADÉMIE. ES 27: ASSOCIÉS HONORAIRES. MoxserexEuRr l’Archevêque de Toulouse. M. le premier Président de la cour royale de Toulouse. M. le Préfet du département de la Haute-Garonne. M. le Comte Daru, G. C. #, Pair de France, Membre de Académie française, à Parts. M. le Baron Cuvier, C. #, Conseiller d'état, l’un des Secrétaires perpétuels de l’Académie royale des Sciences, à Paris. M. le Baron Lerix , C. #, x, Maréchal de camp d’artil- lerie, en retraite, à Salins. ACADÉMICIEN-NÉ. M. le Marre de Toulouse. ASSOCIÉS LIBRES. M. le Baron Mancassus pe Puymaurix (Jean-Pierre Casimir), C. #, Membre de la chambre des députés. M. le Baron Drsazars ( Guillaume - Joseph -Jean - Fran- çois), O. #, premier Président honoraire. M. Crausane (Jean-Pierre), Ingénieur en chef des ponts et chaussées, en retraite. M. Lanrey (Alexis), #, Professeur à l'Ecole de médecine. M. l'Abbé Sarwr-JEax (Jean), Professeur émérite. ÉTAT DE L'ACADÉMIE. XX) ASSOCIÉS ORDINAIRES. CLASSE DES SCIENCES. 1. SECTION. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Mathématiques pures. M. Léox (Joseph), Professeur à la Faculté des Sciences: M. pe Carey (Alphonse), #, Professeur à l'Ecole royale d’artillerie. M. Vauraier (Jean-Charles-Auguste ), Professeur de ma- thématiques au College royal. M. Larrouy (Simon-Amand), #, Recteur de l’Académie royale de Toulouse. Mathématiques appliquées. M. Virssexr (Jacques-Pascal), Professeur d'architecture à l'Ecole spéciale des arts. M. Macués (Jean-Polycarpe), Ingénieur en chef des ponts et chaussées. M. Gaxrier (Louis-Francois), Professeur à l'Ecole royale d'artillerie. M. Agapie (Jean), mécanicien. M. BezLor (Joseph-René ), Géomètre en chef du cadastre. Physique et Astronomie. M. or Sacer (Charles), Propriétaire. M. Dsssoze (Jean-Gabriel), O. #, Préfet du département des Basses-Pyrénces. XXI) ÉTAT DE L'ACADÉMIF. 2,m SECTION. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Chimie. M. Dispax (Pierre), Professeur de chimie à la Faculte des Sciences. M. Lussax (Guillaume), Pharmacien. M. Parcnés (Jean-Baptiste), Pharmacien. M. Macxes-lianexs (Jean-Pierre), Pharmacien , de l'an- cien Collège de pharmacie de Paris. Histoire naturelle. M. le Baron Picor nr Larryrouse (Isidore), Professeur à la Faculté des Sciences, Directeur du jardin de botanique. M. Frizac (François), Consciller de Préfecture. M. Drarer (Etenne-François), #, Conservateur des forêts. Médecine ét Chirurgie. M. Carrrax (Nicolas), Docteur en médecine. M. Viévenre (Charles-Guillaume), Docteur en chirurgie, Professeur à l'Ecole de médecine. M. Dusenxan» (Pierre-François-Maïie), Docteur en mé- decine , Professeur à l'Ecole de médecine. M. Ducasse (Jean-Marie-Augnstin), Docteur en chirurgie, Professeur adjoint à l'Ecole de médecine. ÉTAT DE L'ACADÉMIE. XXII] CLASSE DES INSCRIPTIONS ET BELLES- LETTRES. M. le Baron ne Marcorgzze (Jean-François-Joseph), #, Maire de Fronton. M. Rurrar (Jean-Dominique-François-Marie), Professeur à la Faculté de Droit. M. Hocquarr (Matthieu-Louis), O. #, premier Président de la cour royale. M. le Marquis de Vicreneuve (François), #, Préfet du département de la Corrèze. M. Du Micr (Alexandre-Louis-Charles-André), ex-In- génieur militaire, Membre de la Société des Antiquaires de France, l’un des Directeurs du Musée de Toulouse. M. Tasan (Bernard-Antoime), Avocat à la cour royale. M. l'Abbé Jaume ( Jean-Gabriel-Xavier-Auguste), Pro- fesseur à la Faculté de Théologie. M. pe Basrourn (Jean-Raymond-Marc), #, Professeur à la Faculté de Droit. À M. le Baron pe Mazarer (Joseph-François-Magdelaine), #, Propriétaire. M. le Baron nr Lamorme-Lancox (Etienne-Léon), ancien Sous-préfet. M. Bécuircer (Gabriel-Délie), Directeur des contributions directes. M. Freury De Léczuse (Jean-Marie), Professeur de lit- térature grecque ét de langue hébraïque à la Faculté des Lettres. M. Durrourc (Guillaume), Docteur en médecine. M. Gresser (Félix), Professeur de rhétorique au Collége royal. XXIV ÉTAT DE L'ACADÉMIE. M. le Marquis »'Acurzar (Melchior-Louis), %, Chef d'es- cadron , en retraite. M. Barox De Moxrsrz (Guillaume-fsidore), #, Maire de Toulouse. ASSOCIÉS ÉTRANGERS. M. le Baron Larrey, CG. #, Chirurgien en chef de la garde royale , Chevalier de la Couronne de Fer, à Paris. SECRÉTAIRE PERPÉTUEL. M. »’Auguissox pe Vorsixs (Jean-François), %, #, [n- gémeur en chef au corps royal des Mines. TRÉSORIER PERPÉTUEL. M. Romieu (Jean-François), Professeur Doyen de la Fa- culté des Sciences. CORRESPONDANS. CLASSE DES SCIENCES. .1.re SECTION. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Mathématiques pures. M. Paurix , ancien Recteur de l'Académie de Cahors , à Paris * (1). 0 (1) Les associés correspondans dont les noms sont suivi d’un astérisque *, sont ceux qui ont été associés ordinaires, ÉTAT DE L'ACADÉMIE. XXY M. Tissié, ancien Professeur de mathématiques, à Mont- pellier *. M. Raynazr, Professeur de mathematiques, à Estagel { Pyrénées-Orientales ). M. Fraxcogur, Professeur à la Faculté des Sciences, à Paris. M. BoucnarLar, Secrétaire général de l’Athénée des Arts ; à Paris. Mathématiques appliquées. M. pe SériGNY , Officier supérieur du génie maritime, à Nantes *. M. Lermier, Commissaire des poudres et salpêtres , à Bor- eaux. M. Dussaussoy , #,%, Chef de bataillon d'artillerie, à Douai. Physique et Astronomie. M. Caaumoxr, #, Officier supérieur du génie maritime, à Cherbourg *. M. Basey, Professeur au Collége royal de Besançon. M. le Chevalier Lerèvre-Gineau #, Membre de l’Institut , Professeur honoraire au Collége de France, à Paris. M. Soruix , Professeur au Collège royal de Tournon. M. DE Puymaurix fils, Directeur de la monnaie des mé- dailles, à Paris. 2.me SECTION. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Chimie. M. Resouz, Correspondant de l'Institut, à Pezenas *. XXV) ÉTAT DE L'ACADÉMIE. M. le Comte Caapraz, G.%#, Pair de France, Membre de l'Institut, à Paris. M. le Baron Tnénarn # , Professeur au Colége de France, Membre de l'Institut, à Paris. M. Save, Pharmacien , à Sairt-Plancard (Haute-Ga- ronne ). M. Asrier #, Pharmacien major, à Crategabelle (Mañte- Garonne }). M. SéruzLas #, Professeur de chimie, à Metz. M. LaBarRAQUE, Pharmacien, à Paris. Histoire naturelle. M. Jonax DE CHARPENTIER, ancien Ingénieur des Mines de S. M. le Roi de Saxe, à Bex, en Suisse. M. Lorsezrur pes Lonccnampes, Docteur en médecine , à Paris. M. Du Trocuer, Naturaliste, à Paris. M. Pazassou, Correspondant de institut, à Ogenne (Basses-Pyrénées ). Médecine et Chirurgie. M. Prcnes, Médecin, à Pamiers. M. Cnaussrer #, Professeur honoraire à la Faculté de Médecine de Paris. M. Larour, Docteur en médecine, Membre de l'Académie des Sciences et Arts d'Orléans. M. Leroux #, Professeur honoraire de la Faculté de Mé- decine de Paris. M. HernanDès #, premier Médecin retraité de la marme, à Toulon. M. Drrrrca #, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier. ÉTAT DE L'ACADÉMIE. XXVi} M. Tarry, Docteur en Médecine, à Agen. M. Scourerren, Docteur en Médecine, à Metz. M. Prerquix, Médecin de la Charité, à Montpellier. CLASSE DES INSCRIPTIONS ET BELLES- LETTRES. M. Bornes, Administrateur de l'enregistrement, A PUrIS M. Pacés, ancien Magistrat, à Paris *. M. le Baron Desmoussraux , C. #, ancien Préfet, à Dreux *. M. Mazez, Avocat, à Pezenas. M. Boupox DE SAINT-AMANS , à Agen. M. Jonawnrau (Eloi), Membre de la Société royale des Antiquaires, à Paris. M. le Baron CarzA, Conseiller à la cour royale de Bor- deaux. , M. pe Roqueronr (J.B. B.), Membre de la Société royale des Antiquaires, à Paris. M. le Comte pe Forrra-n’Ursan, Membre de la Société royale des Antiquaires , à Paris. M. Lenorr (Alexandre), #, Administrateur des monu- mens de l'Abbaye royale de Saint-Denis, à Paris. M. Damix, à Paris. M. Renovu, Conseiller au Conseil royal de l'instruction pu- blique, à Paris. M. Cnampozron-Frrac, Officier de l'Umversité royale, à Paris. M. Werss, Bibliothécaire de la ville de Besançon. M. Aroxso pe Vrano, à Madrid. M. Axprieux, Professeur de rhétorique au Collége royal de Limoges. XXVII} ÉTAT DE L'ACADÉMIE. M. l'Abbé Carrorr, Chanoine, à Narbonne: M. Purccant, Professeur de rhétorique au Collége de Car- cassonne. M. le Baron Caaupruc pe CRAZANNES, #, Maître des re- quêtes, Officier de l'Université royale, Sous-préfet de Figeac. M. le Baron Mosxerox , ancien Député , à Saint-Gaudens. M. Davezac pr Macaya, à Bagneères-de-Bigorre. M. pe Vizzy, Secrétaire genéral de la Société des Lettres , Sciences et Arts de Mezz. M. ne Goz8éry #, Conseiller à la cour royale de Co/mar. M. Drzrox pe Liverxox , Membre du Conseil général du Lot, à Figeac. M. Forsr, Avocat, à Oloron. NOTICE SUR LES TRAVAUX DE LA CLASSE DES SCIENCES DE L’ACADEMIE DE TOULOUSE, DEPUIS LE MOIS DE NOVEMBRE 1807, JUSQU’AU MOIS D'AVRIL 1822; Par M. Acpuonse DE CARNEY, ASSOCIÉ ORDINAIRE. f, on) - bre ind Ce 8A _ : ‘ol, té LA Le « L 2 + . ï ) +. > ’ ; “ ” LD > ; : . - à _ L à L 1 * LIRE DE A « 3 » v ol NOTICE SUR LES TRAVAUX DE LA CLASSE DES SCIENCES DE L'ACADÉMIE DE TOULOUSE. PREMIÈRE PARTIE. PLAN DE CETTE NOTICE, CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Ex entreprenant le travail que Académie a bien voulu nous confier, nous n’avons pu nous faire long -temps illusion sur les difficultés que pré- sentait son exécution, et sur l'impossibilité de les vaincre entièrement. S'il est déjà difficile d’ana- lyser des ouvrages scientifiques, qui, ne donnant rien à l'agrément du style, consistent en faits essentiels, dont on ne peut omettre une partie sans porter atteinte à la liaison des idées qui cons- titue le mérite de ouvrage; ne sera-ce pas une tâche bien plus pénible encore que d’abréger une résumption, qui n’est elle-même qu'un premier abrégé? Pourrions-nous espérer de donner, dans un aussi court espace, un précis exact et lucide de mémoires basés sur des raisonnemens, des faits ou 1, PLAN DE LA Notice, 4 CLASSE DES SCIENCES. des calculs? Nous serait-il même toujours pos- sible d'en faire connaître clairement le but, la marche et les résultats ? Non, sans doute; et nous nous sommes bientôt convaincus que, même avec les secours qui plus d’une fois nous ont manqué, nous n’aurions pu exécuter notre projet sous ce point de vue, sans sortir du cadre dans lequel nous sommes circonscrits, et sans reproduire pres- que en entier les résumptions que nous sommes chargés d’abréger. Ainsi, nous ne craignons point d’en faire Paveu, cette notice sera, trop souvent peut-être, une simple nomenclature qui pourra ne pas paraître exempte d’une sorte d’aridité. Nous entrerons néanmoins dans des détails un peu plus circons- tanciés sur les mémoires consacrés à des objets d’un intérêt général, et même sur ceux qui pré- sentent un intérêt particulier à la contrée que nous habitons, en faisant mention de tous les faits dont la connaissance peut être agréable aux sa- vans, nécessaire à l'administration, et avantageuse aux hommes qui, ayant conçu des projets utiles, sont souvent arrêtés par le manque de renseigne- mens indispensables, etentreprennent quelquefois à grands frais des recherches pénibles, pour se pro- curer des élémens déjà déterminés avec autant et plus de précision qu’ils ne pourraient en apporter dans leurs opérations (1). (1) Quelques-uns des mémoires dont il est ici question ont été, à la vérité, déjà livrés à Pimpression par leurs auteurs, soit CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 5) Quant aux mémoires dont le sujet est moins important, et à ceux dont le temps a affaibli lin- térêt qu'ils avaient pu inspirer à l’époque où ils furent composés, nous n’en ferons, comme nous l'avons annoncé, qu'une mention succincte, et seulement suffisante pour leur attirer la part d’es- time qui leur est due, car tous attestent le zèle et la persévérance avec laquelle PAcadémie s’est occupée de Pavancement et du perfectionnement des sciences que son institution l’appelle à cul- tiver. Tel est le plan que nous avons suivi, ou du moins que nous avons tâché de suivre; car, il faut bien Pavouer, dans quelques occasions les matériaux nous ont manqué. Plus d’une fois, des mémoires ayant été perdus sans que les auteurs aient pu en fournir de nouvelles copies, les ré- sumptions présentent des lacunes; plus dune fois aussi , les résumptions, égarées elles-mêmes, n’ont pu être mises à notre disposition. Dans ce dernier cas , nous avons cherché à recourir aux mémoires originaux, Ce qui malheureusement ne nous a pas toujours été possible. Nous avons adopté, pour l’ordre suivant le- quel nous passerons en revue les divers mémoi- séparément, soit dans des journaux scientifiques; ainsi les ré- sultats qu’ils contiennent doivent être regardés comme connus : mais la difficulté qu’on peut éprouver à se procurer des maté- rlaux ainsi dispersés, nous a fait penser qu’on trouverait avec plaisir, réunis dans un même ouvrage, les principaux faits qui. s’y trouvent consignés. 6 CLASSE DES SCIENCES. res, la classification la plus simple, en les rap- portant aux sous-divisions qui composent la classe des sciences. Ainsi, dans notre seconde partie, nous ferons mention des mémoires de mathématiques pures. La troisième comprendra ceux qui sont relatifs aux mathématiques appliquées. La quatrième, les mémoires de physique et d'astronomie. Les mémoires de chimie formeront le sujet de la cinquième partie. Ceux d'histoire naturelle seront classés dans la sixième. La médecine et la chirurgie fourniront la ma- tière de la septième. Une huitième sera consacrée aux sujets de prix, et aux rapports qui ont été faits sur les concours. Enfin, dans une neuvième et derniere partie, nous donnerons un extrait des éloges qui ont retracé les vertus et les talens des confrères que nous avons eu le malheur de perdre, en y joignant de courtes notices biographiques sur ceux qui, étant morts pendant la dispersion de lAcadé- mie, n’ont pu recevoir les honneurs d’un éloge public. En intervertissant ainsi la série chronologique des mémoires que nous devons examiner, pour adopter un ordre méthodique et par conséquent plus convenable, nous aurons soin néanmoins de faire connaître la date de chaque ouvrage. Outre CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 7 l'avantage de constater la priorité de certains travaux, leur date peut expliquer quelquefois le motif qui les a fait entreprendre. Mais, avant de nous livrer à cet examen, qu’il nous soit permis de nous arrêter un instant sur quelques considérations générales relatives à la marche des sciences, à leur but et à leur utilité. Les considérations de ce genre forment ordinai- rement le sujet des discours d'ouverture prononcés dans les séances publiques (1), et servent quel- quefois d’exorde aux résumptions, productions estimables que nous nous reprocherions de passer sous silence. I De tout temps, les sciences ont trouvé des détracteurs, même parmi les écrivains distingués : les uns, moralistes rigides, les ont regardées comme inutiles et même comme dangereuses; les autres, sceptiques outrés, ont osé contester jus- qu’à leur certitude, M. Casman a attaqué ces deux classes d’adversaires avec les armes du raisonne- ment et de l'expérience (2). Après avoir répondu aux premiers par des faits nombreux et des raisons solides, il ajoute : « La science contient un prin- (1) Plusieurs de ces discours, appartenant à des membres de la classe des Inscriptions et Belles-lettres , seront mentionnés dans la notice des travaux de cette classe. (2) Discours d'ouverture de la séance publique du 18 avril 1822. CoNsIDÉRA- TIONS GÉNÉ— RALES. 8 CLASSE: DES SCIENCES: » cipe de vie sociale qui embrasse les destins de » l'humanité, et lie de siècle en siècle les travaux » de l'esprit humain; elle est amie de l'ordre et de » la paix; elle se place au-dessus du théâtre ora- » geux des passions; elle contient les élémens les » plus propres à lier les cœurs généreux qui cher- » chent la vérité et les moyens de cimenter le » bonheur des nations. » Quant aux seconds, il dévoile leurs sophismes, mais il leur porte un coup plus sensible, en leur disputant, en leur arrachant même, un écrivain illustre qu'ils citent avec orgueil comme un des principaux chefs de leur école. « Montaigne, dit- il, n’était ni pyrrhonien, ni sceptique; mais les » sciences morales et physiques de son temps le » plaçaient entre les innombrables systèmes des » sophistes grecs, et l’école dominante et impé- » rieuse des qualités occultes et de la nature qui » avait horreur du vide. » Il n’y trouvait que futilité ou erreur, il ac- » Cabla cette fausse science du poids de sa grande » raison, et des ressources infinies d’un style Spi- » rituel, vif et piquant; il appelait la philosophie » une poésie sophistiquée. » L'intelligence et la rectitude de jugement » dont la nature lavait doué, devançait les siècles, » et appelait la vraie philosophie, qui, repoussant » les systèmes, n’établit les lois que sur l'harmonie » des faits. C'était aussi la science des faits qu’il avait cultivée, et la masse de ses connaissances élit prodigieuse; on est surpris, là où l’on ne ) D2 2 D4 ) LA CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 9 » suppose qu'un moraliste profond, de trouver » une si grande instruction dans le seizième siècle. » Il commente Ptolémée et Copernic, lorsque lé- » cole se bornait à faire tourner le soleil autour de » la terre; il étonne par la variété de ses connais- » sances dans les sciences physiques et naturelles, » et saisit jusqu'au moyen de propagation de l’ac- » tion des animaux électriques. » Après plusieurs citations des Essais de Mon- taigne, qui viennent à l’appui de lopinion de M. Cabiran, 1l conclut de la manière suivante : «Effaçons donc le nom de notre célèbre com- » patriote du nombre des sceptiques ; il doutait » parce qu'il était entouré de nuages; mais c’était » le doute philosophique que Descartes appelle » avec raison le premier degré de la sagesse. » Effaçons ce nom illustre du nombre des dé- » tracteurs de la science véritable ; il Pappelait de » ses vœux, en combattant le faux savoir de son siècle. Plaçons-le, au contraire, à la tête de ceux qui ont combattu l’erreur avec persévérance et succes. » 2 st = US IT. Les hommes qui consacrent leur vie et la puissance de leur esprit à la recherche de la vé- rité, éprouvent des sensations plus nobles et plus vives que les jouissances vulgaires au-dessus des- quelles ils se sont élevés. M. Ducasse s’est plu à en tracer le portrait suivant (1): (1) Résumption de 1820. 10 CLASSE DES SCIENCES. « Si le spectacle de l’homme de bien aux prises » avec l'infortune, est digne des regards du ciel, » le sage, absorbé dans ses méditations, placé au- » dessus des petites passions qui tourmentent ses » semblables, et s’élevant à des hauteurs où elles » ne peuvent atteindre, par la force de ses pensées » et l'étendue de ses lumières, n’offre pas un spec- » tacle moins imposant et moins digne de latten- » tion du philosophe. En vain les désordres et les » cris de la multitude se font entendre près de sa » demeure paisible ; dans le calme de la solitude, » dans le silence du cabinet, il mesure le vaste » champ des connaissances humaines; il voit s’a- » grandir à ses yeux immense domaine des scien- » ces, et n’a pas une pensée qui ne soit entière- » ment consacrée à leur culte. Etranger à tout ce » qui l'environne, que lui font et les vains plaisirs » et les ambitions de la terre? Seul avec son génie » et espoir d’une longue mémoire, un zèle ardent » enflamme son courage, comme on voit l'abeille » industrieuse puiser dans le calice des fleurs les matériaux qu’elle met en œuvre, et préparer, au milieu même des orages, les fruits précieux » d'une abondante récolte. » Mais quelle sera la récompense d’un aussi géné- reux dévouement ? La publicité donnée à des tra- vaux qui doivent éclairer le genre humain, et quelques rayons de cette gloire, objet des vœux de presque tous les hommes, et à laquelle on n’as- pira jamais par des moyens plus légitimes. «Cest » cet amour de la publicité, continue M. Ducasse, ‘ 2 = CA T CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. II » cest ce désir ardent de la gloire, qui faisaient » braver à Galilée les cachots de l’inquisition , » qui isolaient Archimède au milieu des horreurs » d’un siége, et donnaient au poète cette inspiration » prophétique : Je ne mourrai pas tout entier. La » publicité est au génie ce que la lumiere est aux » êtres organisés. La plante croît sans doute et se » développe dans l'ombre; mais sa fibre lâche et » décolorée ne produit que des fruits insipides, et » n’atteint jamais à cette vigueur de végétation » que lui impriment les rayons du soleil. » III. Si nous ne pouvons sans injustice refuser aux génies qui ont éclairé le monde, la gloire qu'ils ont achetée au prix de tant de veilles, sa- chons aussi distribuer cette gloire avec équité, et en admirant les progrès immenses des sciences exactes et naturelles dans les temps modernes, rendons à nos devanciers la justice qui leur est due, honorons les découvertes de l'antiquité, et restituons-lui plusieurs de celles qui passent pour modernes , soit qu’on les ait puisées chez elle sans lui en faire honneur, soit qu’on ait ignoré qu’elle en était en possession : tel est le sujet qui a fourni la matière d’un autre discours de M. Casrrax (1). « Les sciences, dit l’orateur, n’ont jamais été » cultivées avec plus d’ardeur, de persévérance et (1) Discours d'ouverture de la séance publique du 22 août 1822. I 2 CLASSE DES SCIENCES. de succès, que par la génération actuelle. Riches de l'héritage des siècles précédens, elles ont ac- quis une marche plus rapide et plus assurée ; elles y sont parvenues par l'observation et lexpé- rience, par la sévérité dans l'examen des faits , par la règle qui les a coordonnés, par la supé- riorité des méthodes, et par une tendance opi- niâtre à rapprocher la marche des sciences na- turelles de celle des sciences exactes. Ainsi tombent les systèmes des romans de la science, et l'édifice des connaissances humaines s'élève sur des fondemens solides; ainsi, d’un côté, l'instruction se répand et vivife le corps social, et de l'autre, l’homme acquiert une extension illimitée dans la disposition des agens physiques ; sa puissance, ses moyens s'augmentent par les découvertes qui se succèdent, et par son empire toujours croissant sur les divers agens de la création. » Mais tandis que la science moderne brille dun si grand éclat, l'antiquité revendique son domaine dans les sciences qu’elle a cultivées avec succès, et préparées au développement qu’elles ont reçu dans le cours de tant de siècles; elle réclame sa supériorité dans ce qui ne lui a pas encore été arraché, ou dans ce qui lui à été emprunté sans en avouer lorigine. » M. Ca- biran entre ici dans quelques détails parmi les- quels nous ne citerons que l'exemple suivant : « Part télégraphique moderne était connu des ) anciens, et la connaissance de cet art remonte à ) + ) La » ) = ) 2 » » » ) La ) ) » > » » » » ) C2 ) 2 » » » » CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 13 uñe haute antiquité; on la trouve dans PAga- memnon d'Eschyle qui vivait il y a plus de 23 siècles. Dans cette tragédie, Clytemnestre, à Argos, annonce au chœur qu’elle a reçu la nouvelle de la prise de Troie, la nuit même où cette ville a succombé sous les armes des Grecs. Elle lui a été transmise, dit-elle, par des feux allumés sur le mont Ida, et par correspondance à l’ile-de Lemnos, sur le mont de Jupiter de VAthos, sur le Pélion, le Messape, le Githéron, l'Éciplancte et lArachné, jusqu’au palais des Atrides. Ainsi, par la correspondance de huit stations, cette nouvelle traversa, dans une nuit des plus courtes de l’année (1), un intervalle de 120 lieues, sur mer et par terre. La géographie moderne prouve que, même dans l’état actuel de la science, on ne saurait faire, dans les po- sitions, un choix plus judicieux pour ce moyen de correspondance. » Ce n’est pas seulement le principe de Part télégraphique que Pantiquité peut réclamer ; elle en a fourni aussi les développemens. On les trouve entre autres dans les institutions mili- » taires dédiées à l’empereur Valentinien, par » » Végèce, il y a 13 siecles. À cette époque, lon pratiquait déjà Part de correspondre par le mou- vement combiné de plusieurs madriers longs et à grande surface. » (1) «Suivant Pabbé Barthélemy , cette prise eut lieu 17 jours » ayant le solstice d’été. » 14 CLASSE DES SCIENCES. Laissant ensuite de côté la discussion des faits particuliers, notre confrère s’abandonne à l'en thousiasme qu’excitent en lui les trésors scienti- fiques, les richesses littéraires, et les chefs-d’œuvre des arts dont nous sommes redevables à l'antiquité. Il jette même un coup d’œil sur l’état des sciences et des lettres chez les peuples que les Grecs et les Romains appelaient barbares, et chez les nations orientales. Nous ne le suivrons point dans cette digression , et nous terminerons cet article en transcrivant la fin de son discours, qui a un rap- port direct à l’organisation de l'Académie. « Une étroite alliance doit exister entre les » sciences positives et les productions du génie ; » entre les recherches de celui qui travaille à » arracher à la nature quelques-uns de ses secrets, » et celles qui consultent dans le passé la marche » de esprit humain pour l'instruction du présent » et de l'avenir. Pausanias nous apprend qu’Etéo- » cle, roi d'Orchomène en Béotie, fut le premier » qui y consacra un temple et des autels aux » Grâces. Près de ce sanctuaire ,'séleva celui des » Muses. Bientôt la déesse des Sciences y obtint » un culte particulier, et cette alliance heureuse » adoucit rapidement les mœurs sauvages du peu- » ple, et répandit la civilisation dans cette belle » contrée. Cest une semblable alliance qui pro- » duisit des siècles resplendissans de la lumière » des sciences et des arts, sous Périclès dans la _» Grèce, sous Auguste à Rome, sous Léon X en » Italie, sous Louis XIV en France. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 25 » Tels sont, Messieurs, les motifs qui, dans » Porganisation de notre Académie, ont allié l’é- » tude des monumens et de la littérature ancienne » à la culture des sciences. » Félicitons le savant laborieux qui se voue à » la recherche de tout ce qui peut éclairer par les » momumens les vieux temps de la contrée qui Pa » vu naître. Si quelquefois sa gloire ne s'étend pas » au loin, il aura du moins fait une chose utile, » 1l aura fourni des matériaux à l’histoire. Félici- » tons celui qui, placé dans une sphère plus élevée, » discute avec intelligence les anciens titres des » nations, et rectifie leur histoire. Applaudissons » au zèle persévérant de ces Français (1), amis de » l'antiquité jusqu’à l'enthousiasme , qui, sans » crédit et sans appui, et par leurs seuls sacrifices, » sont parvenus à transporter en France un des » monumens les plus importans de l'antique astro- » nomie des Égyptiens. Applaudissons et accom- » pagnons de nos vœux cet autre généreux et intrépide Français (2) qui, depuis plus de deux » ans, explore les monumens de la haute Nubie, au milieu des armées de féroces Musulmans, exposé » à tous les périls de la guerre et d’un supersti- » tieux et sanguinaire fanatisme. Honneur aux » savans modestes de l’ancien Institut d'Égypte ! » Au milieu des fatigues et des plus grands dan- » gers, ils ont visité et décrit, avec une étonnante » exactitude, les ruines colossales de cette con- (1) MM. Jollois et Devilliers. (2) M. Frédéric Caillaud. = = 2 = CA 16 CLASSE DES SCIENCES. » trée, dont les anciens habitans ténaient de si » près au berceau du monde; ils ont doté la France » d’un monument envié des autres nations, et qui » traversera les siècles avec gloire. » IV. Le mouvement qui a entrainé les esprits vers la culture des sciences dans lé dix-huitième siècle, et la rapidité des découvertes qui en a été la suite, ont attiré l’'atténtion de M. Ducasse (x) ; il en recherche la cause, et la trouve dans cette marche rigoureuse qui, toujours appuyée sur l’ob- servation et l'expérience, conduit à des résultats positifs, faits pour attirer vers cêtte étude les esprits justes et solides, dégoûtés avec raison des vagues théories et des vaines subtilités de l’ancienne école. « L'ancienne étude de la philosophie , nous dit-il, » était loin sans doute d’avoir ce degré de force et » de simplicité. Les faits n’en formaient que la » partie la moins essentielle , et l'esprit, entraîné » dans tous les sens par les écarts continuels de » l'imagination ; errait sans guide et sans boussole » au milieu des préceptes absurdes, des systèmes » trompeurs, et des hypothèses mensongères qu’en- » fantaient tour à tour l'ignorance des choses, le » désir du merveilleux et les secrètes inspirations » de l'orgueil; mais rien ne ressemblait moins à » la science, rien n’avait moins de solidité que . » Péchafaudage gigantesque sur lequel on ap- » puyait les principes. Cétait le colossé aux pieds (1) Resumption de 1817 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 17 » Wargile; une pierre s’est détachée, et le colosse » s'est évanoul. » M. Ducasse examine ensuite l'influence des so- ciétés savantes sur ce mouvement, et la régularité qu’elles lui ont imprimée.« Les Académies, qui sont » les vrais dépositaires de la science, ne pouvaient » pas rester étrangères au mouvement général qui » emportait les esprits. Spécialement chargées » d'entretenir l'émulation en flattant Pamour-pro- » pre, de soutenir le talent en couronnant ses » eflorts, c’est sur-tout vers étude des faits que » leurs institutions furent dirigées. L'observation » remplaça les théories inutiles ; le langage de la » vérité fut substitué au vain jargon des écoles; » et, le flambeau de analyse à la main, on vit » s'élever ces grands monumens de la pensée, où » le sage, au milieu de ses méditations profondes, » vient puiser à la fois de si utiles et de si fortes » leçons. » Au milieu de tant de recherches dirigées sur tous les points, au milieu de tant de résultats de tous les genres, il en est auxquels on n’aperçoit pas d’application directe, et que des esprits cha- grins regardent comme des amusemens futiles, et bons seulement à surcharger nos vastes collections académiques. On peut leur répondre, qu’une vé- rité démontrée n’est jamais inutile; qu’elle détruit ordinairement une erreur, ce qui est toujours un résultat positif, et que ces vastes collections qu’ils affectent de mépriser, renferment, outre des tra- vaux dont lutilité ne fut jamais contestée, des 2 15 CLASSE DES SCIENCES. matériaux iminmenses qu’un homme de génie peut à chaque instant mettre en œuvre pour élever un édifice solide et brillant. Ainsi, pour nous servir d’une comparaison de lorateur que nous venons de citer ; « ainsi l'illustre Riquet, creusant dans » sa pensée le fameux canal des deux mers, ras- » semblait des sources jusqu'alors inutiles, et for- » çait les ruisseaux voisins à verser le tribut de » leurs ondes dans le vaste réservoir que leur » préparait son génie. » V. Tous les hommes qui s’adonnent à la science sont-ils placés dans des positions également favo- rables pour prendre une part active à ses progrès ? Toutes les Académies peuvent-elles également concourir à ce but ? Telles sont les questions sur lesquelles M. n’Ausuissox nous paraît avoir fait des réflexions pleines de sagesse (7). « Toute Académie, et en général toute réunion » scientifique, a pour objet, ou de cultiver les » sciences et de chercher à en reculer les limites, » ou bien d'appliquer ceux de leurs principes ou » de leurs résultats qui en sont susceptibles, aux » arts, soit libéraux, soit mécaniques, et de les » faire ainsi servir au bien-être du citoyen et à » l'avantage de la société : #2vention ou applica- » tion, tel est le résultat réel de tout travail scien- » tifique. Le second des deux, Papplication, est » celui auquel la nature même des choses conduit —_———_——û———— (1) Résumption de 1813. » ) CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 19 plus particulièrement les diverses Académies ré- pandues dans les provinces d’un grand empire. » L'homme indépendant qui est possédé du génie de la science, se rendra au point central de Pétat : là, il trouvera de quoi satisfaire le besoin impérieux qu’il a de s'instruire; il vivra avec des personnes qui, attirées par les mêmes goûts, et parcourant la même carrière, excitéront sans cesse son émulation : livré tout entier à ses méditations scientifiques, il pourra produire ces théories brillantes, ces vues générales qui créent ou réforment les sciences; il pourra entreprendre ces grands ouvrages ou ces grands travaux qui exigent le concours de plusieurs sayvans, et qu’on ne peut faire qu’au milieu des livres, des col- lections et des laboratoires. Mais pour celui qui, initié même fort avant dans les sciences, est en quelque sorte fixé au sol qui Pa vu naître, à qui les devoirs de son état imposent des obligations particulières, qui n’a point les mêmes ressour- ces, il n’est point dans le même cas, et l’on ne peut gueres espérer de Jui que des applications à l’art qu’il cultive, ou la connaissance des faits de physique et d’histoire naturelle qui sont pour ainsi dire à sa portée. » Après avoir posé cette règle générale, M. d’Au- buisson avoue qu’elle admet des exceptions, et qu'il s'élève quelquefois des génies qui, trouvant en eux-mêmes toutes les ressources que leur po- sition leur refuse, triomphent par leurs propres forces de tous les obstacles. « Ge n’est pas, sécrie- 2,4 20 CLASSE DES SCIENCES. t-il, dans la ville qui a produit et nourri l'illustre Fermat, que l’on viendra contester cette vérité. Les deux plus brillans génies dont les annales des sciences fassent mention, Newton et Leibnitz, se sont vivement disputé honneur de la plus belle découverte que les mathématiques moder- nes aient encore faite; ils la regardaient, avec raison , comme leur titre principal à admiration du monde savant; c’est cependant moins à eux qu'à notre illustre compatriote que cet honneur est dû; la postérité la ainsi jugé, et les plus célèbres géomètres regardent aujourd’hui Fermat comme le véritable inventeur du caleul diffé- rentiel (r), commencement de ce calcul des in- finis qui a doublé en quelque sorte les forces de l'esprit humain, l’a mis à même de pénétrer dans des régions de la physique et de l'astronomie jusqu’alors inaccessibles, et lui a fait, pour ainsi dire, découvrir le secret de la structure des cieux. Fermat ne Va pas exposé d’une manière expli- cite il est vrai, mais le germe n’en existe pas moins dans ses écrits. Newton, en faveur duquel on a fait pencher la balance, n'avait guères de titres plus positifs, et Fermat avait près d'un demi-siècle d’antériorité. » Tels sont les morceaux d’un intérêt général que nous avons cru devoir extraire des discours d’ou- (1) Laplace. Exposition du Système du monde, NW. V, chap. 1v. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 21 verture et des résumptions. Dans les sections sui- vantes, nous pourrons encore leur emprunter quelques considérations relatives à diverses scien- ces particulières (1). (1) Les résumptions ont été prononcées : Le 17 août 1809 par M. Picor pr LAPEYROUSE ; 16 août 1810 CARNEY ; 26 août 1811 DusErNARD ; 18 août 1812 CABIRAN ; 29 avril 1813 D’AUBUISSON ; 25 avril 1816 Ducassr ; 17 avril 1817 Ducasse ; 2 avril 1818 CARNEY ; 22 avril 1819 Dispa ; 13 avril 1820 ee À UCASSE ; 10 mai 1821 Dispax ; 18 avril 1822 D’AUBUISSON. Les événemens politiques et militaires de 1814 et 1815 ayant empêché la tenue des séances publiques du mois d'avril , il ny eut point de résumption dans ces deux années , quoique lAca- démie n’eût point suspendu ses travaux. Les résumptions pos- térieures à 1822 seront imprimées en entier. 22 CLASSE DES SCIENCES. SECONDE PARTIE. MÉMOIRES DE MATHÉMATIQUES PURES. Nous ferons précéder l'examen des mémoires de cette partie par quelqués réflexions de M. CaRNEY, qui nous ont paru propres à leur servir d’intro- duction (1). « La connaissance des sciences mathématiques » ne s’est généralement répandue en France que » depuis un petit nombre d'années. Exclues autre- » fois d’un système d'éducation qui, fondé dans » un temps où elles étaient presque inconnues, » s'était perpétué sans altération jusqu’à nos jours, » elles étaient regardées comme un objet d'étude » à part, nécessaire seulement à quelques hommes » destinés à exercer des fonctions particulières : » aussi n’étaient-elles enseignées avec quelque » étendue que dans certains établissemens spé- » ciaux. Dans les colléges ordinaires, il n’en était » fait mention que dans le cours de philosophie, » par lequel un petit nombre d’élèves couronnaïent » leurs études, et les idées surperficielles qu'ils y » avaient puisées, s’efaçaient bientôt de leur mé- » moire. Ainsi, il n’était pas rare des rencontrer » des hommes qui avaient fait des études brillan- » tes, d’excellens littérateurs, et même des savans (1) Résumption de 1810. MATHÉMATIQUES PURES. 23 distingués dans d’autres parties, et qui étaient cependant restés totalement étrangers à Ja con- naissance des mathématiques, ou même qui en avaient des idées tout-à-fait fausses. » Quant aux hommes à qui leur profession fai- sait un devoir de s’en occuper, ceux d’entr'eux qui n’étaient point excités par ce vif attrait pour la science, qui en fait braver les épines et surmonter les difficultés, ils avaient com- munément que des idées assez rétrécies, ce qui leur arrivait probablement pour avoir étudié dans des traités particuliers destinés à l'usage de la profession qu’ils voulaient exercer. Quoi- que ces traités fussent souvent l’ouvrage de savans recommandables, leurs auteurs n’expo- sant ordinairement que la portion des théories nécessaire à leur but, enlevaient ainsi à ces théories le caractère de généralité qu’elles doi- vent toujours conserver. En outre, presque tous les auteurs de traités élémentaires, dans le dessein daplanir les difficultés, sétaent relâchés de la sévérité des démonstrations, et de la rigueur qui doit en former le caractère essentiel (1). » (1) « On ne peut, ce nous semble, se relàcher de la rigueur géométrique qu’en faveur des hommes qui, se destinant à » pratiquer un art, n’entreprennent l’étude des mathématiques » que dans un âge où ils ont perdu, faute de les avoir exercées, » cette flexibilité de Pesprit qui fait saisir la finesse des preuves, » et cette force capable de suivre l’enchaînement d’une longue » suite de propositions. » 24 CLASSE DES SCIENCES: » Ainsi la science semblait s'être divisée en deux » partiés, l’une vulgaire, destinée aux hommes » adonnés à la pratique (1), Pautre transcendante » et réservée aux seuls savans qui, n’écrivant que » pour des hommes de leur trempe, et sûrs d’être » entendus par eux, omettaient souvent les cal- » culs et les développemens nécessaires; ainsi » les écrits des inventeurs demeuraient ordinai- » rement inaccessibles au commun des mathéma- » ticiens, car le génie qui a pénétré dans les » principes les plus cachés de la science, franchit » les espaces intermédiaires, passe sur les difi- » cultés sans les aplanir, et dédaigne les objec- » tions, au lieu d'employer à les combattre un feu » qu'il réserve à de nouvelles créations. La mé- » thode des fluxions et celle des infiniment petits » donnèrent lieu, dans leur naissance, à des ob- » jections spécieuses que les disciples des inven- » teurs ont solidement réfutées. Mais Newton et » Leibnitz ne cherchèrent d’autre réponse que » celle de Diogène au sophiste qui lui démontrait (2) « Les livres de coupe des pierres, de charpente, de pers- » pective, etc., n'étaient pour la plupart que des recueils de » méthodes particulières qu'aucune théorie générale n’unissait » entr’elles. Monge, en réunissant les procédés épars dans ces » livres, en les dépouillant de ce qu'ils avaient de relatif à tel » outel art, et en les réunissant en corps de doctrine, a rendu » un service éminent à la science. Maintenant celui qui possède à » fond les principes de sa Géométrie descripüve, est capable, » non-seulement de les appliquer à tous les procédés connus des » arts, mais encore de résoudre avec facilité une foule de ques- » tions nouvelles qui peuvent se présenter. » MATHÉMATIQUES PURES. 25 » limpossibilité du mouvement : ils marchèrent, »et leurs pas ne furent point perdus pour la science. » = ) TZ » Tel était l’état de l’enseignement des mathé- » matiques en France, lorsque la révolution y » renversa le système entier de linstruction pu- » blique. Au retour de l’ordre, un nouveau sys- » tème y fut établi sur un plan plus vaste, et » non-seulement l'étude des mathématiques fut » introduite dans les colléges, mais une école, » jusqu'alors sans modèle (1), et dans laquelle les » savans du premier ordre furent appelés à pro- » fesser, fut créée pour les élèves destinés aux » services publics. Dès-lors les traités élémentaires » en usage devinrent insufisans pour former des » élèves capables de suivre les leçons de pareils » maitres. Un seul mot, mais il est d’un homme » de génie, fit à cet égard la révolution la plus » heureuse : Préférez dans l’enseignement les mé- » thodes les plus générales; présentez-les de la » façon la plus simple, et vous verrez en même » temps qu'elles sont presque toujours les plus » faciles. (2). Alors, tandis que Legendre, des- » cendant des hauteurs de la science pour com- » poser des élémens de géométrie, ramenait parmi » nous la rigueur des démonstrations, et la sévérité » du raisonnement, 1l parut sur toutes les bran- » ches, d’excellens livres élémentaires, dans les- (x) L'école polytechnique. (2) Laplace. Écoles normales, tom. 1v, pag. 49. ARITHME- TIQUE, Manière de l'enseigner. M. Léox. 1811. 26 CLASSE DES SCIENCES. » quels vinrent se fondre sans efforts, des théories » détachées des traités les plus difficiles; et ces » élémens se perfectionnant de jour en jour, les » élèves qui les ont étudiés à fond, ont l’esprit » préparé à suivre les leçons les plus relevées, et à » comprendre les ouvrages les plus abstraits. » L’arithmétique a beaucoup gagné en rigueur et en développemens dans les ouvrages modernes; mais, tant parce qu’elle se présente la première dans l’ordre de l’enseignement, que par les difi- cultés qui lui sont propres, elle oppose aux efforts des élèves des obstacles assez difficiles à vaincre, et qui méritent toute l’attention des maitres. Ce sujet a donné lieu à des Observations de M. Léon sur la manière d'étudier l’'arithmétique. Ce professeur observe d’abord que la géométrie et l’algèbre, quoique plus difficiles en apparence que larithmétique , fatiguent cependant moins l'esprit de Pélève. Dans la première, la figure qu’il a sous les yeux soutient ses idées, et l’aide à re- prendre le fil de la proposition, sil Pa laissé échapper par défaut d'attention; dans l’algèbre, il est guidé par le mécanisme d’un calcul assez simple qui laisse reposer son intelligence. L’arithmétique, au contraire, ne présente qu’une suite de raisonnemens abstraits dont on ne peut perdre un chainon sans être obligé de recom- mencer, et une exécution de calculs assez difficile. Si Pélève est trop jeune, comment fixer la mobilité de son imagination, sujette à des distractions con- MATHÉMATIQUES PURES. 27 tinuelles, et captiver son attention sur des sujets arides ? S'il est trop avancé en âge, comment donner à son esprit l'habitude des abstractions, et la souplesse nécessaire ? Quelque grandes que soient ces difficultés, un instituteur particulier peut les vaincre, en pro- portionnant sa marche à l'intelligence de son élève; mais dans les grands établissemens d'instruction publique, où la quantité des matières à voir dans l’année est déterminée d’avance, où le temps de la leçon est fixé avec une précision qui oblige de renvoyer au lendemain une démonstration ina- chevée, où chaque élève passe au tableau, souvent sans succès pour lui et sans fruit pour ses camara- des, ces inconvéniens, quoique nécessaires, n’en sont pas moins grands. Pour les atténuer, puisqu'on ne peut les dé- truire entièrement, M. Léox voudrait que les élèves ne commencassent ce qu’on appelle le cours darithmétique, qu'après avoir acquis la pratique des quatre règles; que pendant qu’un élève opère au tableau , les autres, ayant en main un crayon et du papier, fussent obligés d'exécuter la même opération, et qu’enfin tous eussent un cahier contenant les réponses aux questions qui se font habituellement dans les examens, leur esprit métant point encore assez fort pour détacher d’une théorie ce qui a rapport à la question qu’on leur adresse. 28 CLASSE DES SCIENCES. Aicèmr. [’algèbre, en faisant abstraction des nombres, Er et se bornant à indiquer la marche à suivre dans M.Yaururen leS Calculs numériques, devient la science de la 18 orandeur en général, et dès-lors elle peut écrire les questions sous une expression réduite à son plus grand degré de simplicité, et marcher à leur solution sans s’écarter du but. Cette propriété a conduit plusieurs auteurs estimables, et en parti- culier Condillac, qui à la vérité était plus méta- physicien que géomètre, à la comparer à une lan- gue bien faite. M. Vaurnier, dans un mémoire intitulé : De Palgèbre considérée comme langue , et des expressions imaginaires , trouve que cette comparalson, quoique ingénieuse, a été poussée trop loin, et que ces auteurs n’ont pas su préciser le point où elle cesse d'exister, défaut essentiel dans toute espèce de comparaison , et qu’il faut sur-tout éviter dans celles qui regardent les ma- thématiques. Il fait observer que, quoique les lan- gues aient une syntaxe qui enseigne à coordonner les parties du discours, l’expression d’une pensée prend une foule de formes différentes, suivant Pimagination , la tournure d’esprit et la sensibilité de celui qui est chargé de l’exprimer; qu’en un mot, les langues sont soumises à ceux qui les emploient, tandis que, lorsqu'une question est écrite algébriquement , la marche de sa solution est tracée ; l'algèbre agit le plus souvent sans notre coopération, et tout Part de l'analyste consiste à savoir la questionner et à interpréter ses réponses. MATHÉMATIQUES PURES. 20 Les imaginaires arrachent à Condillac l’excla- mation suivante : «Il y a donc, jusque dans » laloèbre , des expressions qui ne signifient » rien (1).» M. Vauthier répond qu’en admettant qu'il y ait dans les langues des expressions qui ne signifient rien, ce dont il est permis de douter, l'algèbre n’est point dans ce cas, et que les cinq espèces de solutions qu’elle obtient, positives, né- gatives, indéterminées, infinies et imaginaires, répondent toutes parfaitement à la nature des questions qui lui sont adressées ; ce qu'il prouve par le raisonnement et par quelques exemples bien choisis , pris dans la théorie des courbes du second degré. Si la signification des symboles imaginaires, obtenus pour réponse à une question proposée, ne présente aucune obscurité à lesprit, leur em- ploi dans le calcul n’offre pas une aussi grande clarté, M. Romeu, dans un Mémoire sur la trans- formation des quantités dans lesquelles il entre des imaginaires , examine en détail toutes les cir- constances qui peuvent se présenter, lorsque > par une suite de la généralité de algèbre, on applique des règles faites pour des quantités réelles aux symboles imaginaires, et il éclaircit pleinement les paradoxes et les ambiouités qui paraissent en résulter. (1) Langue des Calculs, Wv. xx, ch. xirr. Du reste, Con- dillac, au même endroit, fait remarquer avec raison limpro- pricté de la dénomination de quantités imaginaires. Imaginaires. M. Romiev, 1910. Racines éga- les. M. Tissié. 1913. GÉOMÉTRIE. Manière de l'enseigner. M. LEon. 1010. 30 CLASSE DES SCIENCES. Ce n’est point assez de déterminer les différentes racines d’une équation, c’est-à-dire, les valeurs qui, substituées à la place de inconnue, rendent le premier membre de léquation égal à zéro, il faut encore, pour compléter le nombre des racines déterminé par le degré de l'équation, savoir com- bien de fois le facteur binome qui contient une racine, est répété dans la proposée. M. Tissié a eu pour but de faciliter cette recherche, dans un mémoire qu’il a communiqué à l'Académie, sous le titre de Théorie des racines égales. La méthode de M. Fissié, dont nous ne pou- vons donner qu’une idée fort incomplète, parce que son mémoire n’est pas sous nos yeux, ne repose point sur la formation de léquation aux différences des racines. « Elle donne les moyens » de trouver, non-seulement les racines multiples » les unes apres les autres, mais encore elle pré- » sente des règles sûres pour les partager en fac- » teurs, dans lesquels se trouvent séparément les » racines qui entrent dans la proposée, une fois, » deux fois, trois fois, etc. » En faisant hommage à l'Académie d’un Traité de géométrie par demandes et par réponses, à l’usage des élèves qui se destinent à subir des examens, M. Léox y a joint des Réflexions sur l’enseigne- ment des mathématiques dans les établissemens d'instruction publique. Comme ces réflexions re- gardent principalement l’enseignement de la géo- métrie, c’est ici que nous croyons devoir en parler. MATHÉMATIQUES PURES. 31 L'auteur signale les obstacles qui sopposaient aux progrès des élèves, à l’époque où 1l écrivait. Ces obstacles provenaient, 1.° de la réunion des élèves dans les salles d'étude où ils ne peuvent jouir du silence nécessaire à la méditation; 2.° de la variété de leurs travaux, et par suite du peu de temps qu’ils peuvent consacrer aux mathémati- ques. M. Léon voudrait qu'il y eût pour les écoles un texte consacré, qui fût toujours entre les mains des élèves, et qu’au lieu de professer, le maitre Fit lire ce texte, le développât, et répondit aux objections que les élèves seraient invités à faire ; 3.° enfin, de la rédaction des livres élémentaires dont la concision est trop grande et où sont omises beaucoup d'idées intermédiaires; vide qu'il est difficile à un élève qui a peu de temps à donner à l'étude, de remplir entierement par ses propres forces (1). La méthode employée par M. Léon, pour remédier à cet inconvénient, consiste à dé- velopper une proposition au tableau , à faire en- suite copier la figure par les élèves, et enfin à leur dicter la démonstration dans le même ordre qu’on la leur a exposée. (1) M. Léon fait remarquer aussi un défaut qui, léger en apparence, est cependant réel dans les livres destinés à être ris entre les mains des élèves; c’est de faire servir une mème figure à plusieurs démonstrations. L'élève, s’égarant dans la foule des lignes inutiles à Pobjet qu'il a en vue, a beaucoup de peine à suivre le fil de sa proposition, et à le retrouver lorsqu'il Va perdu. Cercle et corps ronds. M, Romrxu. 1808. M. CanNEY. 19104 32 CLASSE DES SCIENCES. Tous ceux qui ont étudié la géométrie se rap- pellent l'embarras qu’ils ont éprouvé lorsque, pour la première fois, ils sont arrivés à la démonstra- tion de l'aire du cercle; effectivement, tous les principes sur lesquels ils s'étaient appuyés jus- qu’alors leur manquent à la fois, et de quelque manière qu’on leur présente ce passage des droites aux courbes, il laisse pendant long-temps de l'obscurité dans leur esprit. M. Romreu, dans un Mémoire sur le cercle et les corps ronds, examine tous ces modes de démonstration, qui sont assez nombreux; il cherche à en apprécier la rigueur et l'élégance, et finit par donner la préférence à la méthode des anciens. Le même sujet nous offre aussi un mémoire de M. Carxey, également intitulé Du cercle et des corps ronds. 1] discute d’abord, comme M. Romieu, le mérite des divers genres de démonstration, et finit par proposer un nouveau moyen d'appliquer les limites à ce genre de questions, qu’il se pro- pose sous forme de problèmes; ainsi, en prenant pour exemple Paire du cercle, il la suppose égale au produit du demi-rayon par un facteur inconnu. Observant ensuite que l'aire du cercle est plus petite que celle d'un polygone régulier circonserit dun nombre quelconque de côtés, et plus grande que celle du polygone inscrit d’un nombre de côtés double, il fait voir, par une double inégalité dans laquelle le demi-rayon facteur constant dis- parait, que le facteur inconnu est plus petit que le périmètre d’un polygone régulier circonscrit d’un MATHÉMATIQUES PURES. 33 nombre de côtés quelconque, et plus grand que celui du polygone réculier inscrit du même nom- bre de côtés; il est donc égal à la circonférence. Le même moyen s'applique aux corps ronds. Quoique les anciens fussent parvenus par la synthèse à de très-belles propositions sur les sec- tions coniques, ce n’est que depuis qu’on a su appliquer lalgèbre à la géométrie qu’on peut con- sidérer ces courbes comme parfaitement connues, et tous les jours on leur découvre des propriétés qu'on ne soupçonnait pas; telle est celle de la parabole, par laquelle les deux tangentes, me- nées par les extrémités d’une corde passant par le foyer de la courbe, sont rectangulaires entr’elles. Des que M. Léox eut connaissance de l’énoncé de cette proposition, il en trouva une démons- tration, qu'il nous communiqua sous le titre de Démonstration d'un théoréme sur la parabole , nouvellement découvert. Y fait voir que si deux droites tournent en demeurant constamment rec- tangulaires entrelles et tangentes à la parabole, le sommet de angle droit décrit la directrice de la courbe; cherchant ensuite léquation de la droite qui joint les points de contact, 1l trouve que l’abscisse de son point d’intersection avec l’axe est égale au quart du paramètre, ce qui est la propriété cherchée. On sait mener une tangente à une courbe du second ordre, soit par un point pris sur la courbe, soit par un point extérieur; et, la tangente une 7 le) GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. Tangentes à la parabole. M. LÉoNe 1814. Normales. M.VAUTHIER 1914. 34 CLASSE DES SCIENCES. fois connue, on peut lui mener une normale. M. Vaururenr, dans un Essai sur les normales, s’est proposé le problème inverse, c’est-à-dire, de mener, par un point donné, une normale à la courbe, question pour ainsi dire plus générale, puisque le point peut être pris intérieurement. Pour éviter la complication des calculs, l’auteur a traité ce sujet pour chaque courbe en particu- lier. Prenant donc équation d’une droite assujettie à passer par le point donné, et y introduisant les conditions nécessaires pour que cette droite soit normale à une ellipse, il combine son équation avec celle de lellipse rapportée à son centre et à ses axes, et cherche l’abscisse du point où la nor- male coupe le grand axe, ce qui le conduit à une équation du quatrième degré, dont le dernier terme, essentiellement négatif, suppose l'existence au moins de deux racines réelles. Passant ensuite à la discussion des cas particuliers, il détermine les points par lesquels on peut effectivement mener quatre normales à la courbe. En introduisant dans cette équation les chan- gemens convenables, M. Vauthier trouve des ré- sultats analogues pour Fhyperbole ; et quant à la parabole, en la traitant directement , il est con- duit à une équation du troisième degré dont le dernier terme est négatif, ce qui prouve l’exis- tence au moins d’une racine positive. Il finit en trouvant les points pour lesquels il existe trois normales. MATHÉMATIQUES PURES. | 35 L'analyse aux trois dimensions, sujet vaste, fécond en résultats, et qui, par l'extension qui Jui a été donnée dans ces derniers temps, a fait découvrir tant de belles propriétés des surfaces courbes et des lignes à double courbure, nous fournit un mémoire considérable de M. Tissté , intitulé : Essai sur les surfaces de révolution dé- crites par la ligne droite et les courbes du second degré. Après avoir exposé toutes les formules relatives au changement des coordonnées qui doivent lui servir dans le cours de son travail, il cherche l’é- quation de la surface engendrée par le mouvement d’une droite située d’une manière quelconque par rapport à son axe de révolution. Cette équation lui donne ensuite, comme cas particulier, celle du cône droit lorsque la génératrice coupe l'axe de révolution, et celle du cylindre droit lors- qu’elle lui est parallèle. Son équation générale montre l'identité de la surface ainsi engendrée, avec celle qui le serait par la révolution d’une hyperbole tournant autour de son second axe, ou hyperboloïde à une nappe. Il trouve de même les équations des sur- faces engendrées par le cercle, lellipse, l’hy- perbole et la parabole tournant autour de leurs axes. M. Tissié discute, l'une après l’autre, toutes ces surfaces, reconnaît leurs courbures, détermine leurs intersections par des plans quelconques, et trouve les équations du plan tangent et de la nor- d. ANALYSE AUX TROIS DI-— MENSIONS. Surfaces de révolution, M. Tsré, 1309, JAUGEAGE. 36 CLASSE DES SCIENCES. male, passant par un point donné sur la surface (1) Prenant ensuite un point extérieur à la sur- face, l'auteur détermine la série des points de contact de tous les plans tangens à la surface qu’on peut faire passer par ce point, c’est-à-dire, la courbe de contact d’une surface conique qui aurait ce point pour sommet, avec la surface proposée. Pour compléter ce travail , il se propose de faire passer un plan tangent à ces surfaces par deux points donnés, ou, ce qui est la mème chose, par une droite donnée. Le problème, qui était indéterminé dans le cas précédent, devient dé- terminé par la condition que le plan passe par un second point, ce qui permet de trouver Les équa- üons du plan tangent et de la normale. L'auteur finit son mémoire en exposant la mé- thode à suivre pour déterminer les intersections des surfaces courbes entrelles, et en appliquant cette méthode à deux cas particuliers, lintersec- tion de deux sphères et celle de deux ellipsoides de révolution. Parmi les applications de la doctrine, 1l en est de si simples qu’elles ne doivent pas sortir du corps des mathématiques pures. Tels sont les pro- (1) M. Pauzuix , auteur d’un rapport sur ce mémoire, ob- serve, relativement au plan tangeut à lhyperholoïde à une nappe, que quoique ce plan satisfasse à la définition la plus générale des plans tangens , il s’éloigne de l’idée qu’on se fait ordinairement de ces plans. On pourrait, sinon changer, du moins modifier cette expression appliquée aux surfaces gauches. MATHÉMATIQUES PURES. 37 blèmes du jaugeage, dans lesquels il s’agit d’éva- luer la cubature de la totalité ou d’une portion déterminée d’un corps défini géométriquement. L'on a souvent demané aux géomètres une méthode exacte pour arriver à cette évaluation, et l’on a paru étonné qu’ils n’aient pu y répondre avec la rigueur qui leur est ordinaire; mais ceux qui leur adressent ce reproche ne font pas atten- tion qu'ici la question est renversée, et que c’est d’abord sur la figure à donner aux corps qu’on doit soumettre au jaugeage, que la géométrie eût dû être consultée, et que si l’on eût suivi ses conseils, elle eût fourni des méthodes de pratique aussi simples que rigoureuses. On a beaucoup varié les hypothèses sur la forme des tonneaux, et il n’est pas impossible que les auteurs de ces hypothèses n’eussent tous raison, puisque la fabrication de ces vaisseaux n’est sou- mise à aucune loi positive. Aussi Képler ayant trouvé, dans une certaine contrée de l'Allemagne, des tonneaux assez réguliers pour être jaugés avec facilité, aurait voulu qu’il fût rendu une ordon- nance pour les construire tous d’après des dimen- sions semblables. Mais si la courbure des tonneaux varie dans chaque pays, si de plus, dans un même lieu, elle est pour ainsi dire abandonnée au caprice de l’ouvrier, cette recherche locale et presque in- dividuelle perd une grande partie de son intérêt. Cependant, comme dans chaque localité les ouvriers s’éloignent peu d’une courbure consacrée par l'usage, on peut rechercher la nature de la Tonneaux, 38 CLASSE DES SCIENCES. courbe qui tient le milieu entre toutes ces varla- tions. L'ancienne Académie voulut avoir sur cet objet des notions exactes, et chargea, en 1754, une commission de s’en occuper. Les commissaires remplirent leur mission avec beaucoup de soin et de succès, et reconnurent que la courbure moyenne des douves n’était ni celle d’une parabole, comme auraient pu le faire supposer les procédés qu’em- ployaient les jaugeurs à cette époque, ni celle d’une ellipse, comme on le pensait plus généra- lement, mas celle d’une courbe intermédiaire. Cherchant alors, d’un côté, à se tenir entre ces deux limites, et de l’autre, à fournir un procédé simple aux jaugeurs, ils prescrivirent, pour ob- tenir la capacité d’un tonneau , ajouter le triple du cercle au bondon, au double du cercle dun des bouts (1), de prendre le cinquième de cette somme, et de le multiplier par la longueur. Dans la pratique, les jaugeurs se servaient de deux échelles pithométriques, l'une dont les di- visions étaient constantes «et égales à la hauteur du péga, mesure locale, remplacée aujourd’hui par le litre (2), Pautre dont la graduation variable offrait les diamètres d’une suite de cercles mul- tiples de la base du péga; de manière que le produit des nombres observés sur les deux échelles, aurait donné sur-le-champ le nombre de pégas (x) Si les cercles des bouts sont égaux; s'ils nee sont point, on prend leur somme. (2) Le péga est équivalent à 3 litres r68 millièmes. MATHÉMATIQUES PURES. 39 contenus dans un des cinq cylindres mentionnés ci-dessus. L'introduction en France du nouveau système des poids et mesures ayant ramené l'attention sur le jaugeage, plusieurs instrumens proposés furent soumis à l’Académie par des particuliers, ou renvoyés à son examen par l'autorité. Les uns avaient pour objet de ramener la graduation au nouveau système, les autres de prendre plus fa- cilement les dimensions nécessaires; car ce der- nier objet n’est pas sans difficulté, sur-tout relati- vement à la longueur des tonneaux qu’on mesure extérieurement, et dont il faut retrancher lépais- seur des fonds qui n’est pas toujours la même. Lune des jauges présentées avait pour but de mesurer la longueur intérieurement; mais mal- heureusement elle ne fut pas trouvée d’un usage assez sûr ni assez commode. Tous ces essais donnèrent lieu à des travaux de plusieurs membres de la société. MM. Léox *, Romeu * et Carney ** firent à ce sujet des rap- ports fort étendus, dans lesquels ils examinèrent plusieurs questions relatives au jaugeage. Enfin, M. Romv reprit la question dans un Mémoire sur la mesure des tonneaux. I y exa- mine d’abord lhypothèse des anciens commis- saires, et pense qu’il faut la respecter tant qu’on n’en aura pas proposé de notoirement meilleure ; il décrit ensuite les précautions à prendre pour mesurer Le plus rigoureusement possible les dimen- sions des tonneaux. * 1808. *X 180q. XXX 1810, M. Romrxu. 1818. 40 CLASSE DES SCIENCES: Il pense que les erreurs fréquentes, commises dans l'évaluation de la quantité de liquide, pro- viennent principalement de la manière de graduer l'échelle pithométrique des diamètres. Quoiqu'il soit facile d'obtenir les divisions de cette échelle, soit par le calcul, soit par une cons- truction graphique, M. Romieu remarque que les échelles à divisions inégales sont rarement exactes, à moins qu'elles ne soient exécutées par de très- habiles ouvriers, et que les divisions de celle-ci devenant de plus en plus petites, de légers dé- fauts dans la construction de la jauge, joints à ceux qui sont inévitables dans observation, peu- vent donner lieu à des erreurs considérables. M. Romieu voudrait donc que léchelle des dia- mètres fût divisée en parties égales, dont l'unité serait le diamètre de la base du litre; alors, au lieu de multiplier la longueur par le nombre ins- crit au point de l’observation sur l’échelle des dia- mètres, il faudrait la multiplier par le carré de ce nombre; mais aussi, au moyen de ce calcul facile, les erreurs seraient bien moins à craindre. On pourrait d'ailleurs mettre entre les mains des jau- geurs une table de carrés pour leur en éviter la peine. Et, comme il ne faut pas multiplier les échelles sans nécessité, M. Romieu voudrait encore, au lieu de la hauteur du litre, prendre pour unité de la mesure des longueurs le décimètre, ce qui permettrait de se servir pour cette opération des mesures ordinaires. L'unité de l'échelle des dia- MATHÉMATIQUES PURES. 41 mètres devrait être alors le diamètre du cercle équivalent à un décimètre carré. Le jaugeage des navires, dans lequel il s'agit d'évaluer la capacité du segment que le poids des marchandises fait enfoncer sous Peau, est un pro- blème encore plus difficile, et au sujet duquel Fontenelle, après avoir exposé, avec sa clarté ordi- naire, toutes les recherches auquel il a donné lieu, conclut que, «il faut que la pure géométrie se » récuse elle-même, et qu’elle en laisse le soin à » la géométrie incertaine et tâtonneuse. » Les difficultés qui se présentent souvent sur le canal de Languedoc, pour l'évaluation des droits à percevoir, et les fraudes que les patrons se permettent, ont motivé la disposition de Par- ticle 135 du décret du 12 août 1807, en vertu duquel les barques de commerce naviguant sur les canaux du midi, devront être jaugées et échan- tillonnées, de manière à rendre reconnaissable à l'œil le poids de leur chargement. Ce sujet attira l'attention de M. Cr AUSADE, qui nous communiqua le fruit de ses méditations ce un Mémoire sur un sas à jauge, proposé pour re- connaitre le poids des cargaisons, quels que soient d’ailleurs le gabarit et le tirant d'eau des barques, et pour les échantillonner . Comme mesure préalable, M. Clausade vou- drait que chaque barque portât quatre échelles, dont la position serait déterminée par les inter- sections de la barque avec deux plans verticaux rectanoulaires entreux, et passant par le centre Barques. M.CLAUSADE. 1908, 42 CLASSE DES SCIENCES. de gravité de la carène, lun dans le sens de Ja longueur, et l’autre de la largeur. Les barques devraient aussi être arrimées de manière à ce que les divisions correspondantes des quatre échelles fussent toujours dans un même plan de flot- taison. Après avoir montré l'insuffisance des procédés employés jusqu’à ce jour, les inconvéniens de ceux qu'on a proposés, et l'impossibilité d'employer les moyens stéréométriques, M. Clausade en propose un, fondé uniquement sur la propriété qu’a tout corps flottant de déplacer un volume d’eau d’un poids égal au sien. Ce procédé consiste dans létablissement d'un sas où bassin dont l’eau pourrait s’écouler dans un autre bassin qu'il appelle récipient métrique , destiné à mesurer avec une grande exactitude les volumes d’eau qui lui seraient fournis par le sas. Ce récipient aurait une échelle qui ferait connaître le nombre de mètres cubes qu’il contient sous chaque plan de flottaison. Au moyen de cette gra- duation, on en établirait de semblables dans le sas à jauge. Une barque ayant été introduite dans celui-ci, et toute communication avec le canal étant fer- mée, la graduation du sas fait connaître sa capacité sous ce plan de flottaison. On fait ensuite écouler Veau dans le récipient qui en donne le volume. En le retranchant du précédent, le reste est le volume d’eau déplacé par la barque, et en multi- pliant ce volume par la pesanteur spécifique de MATHÉMATIQUES PURES. 43 l’eau, on obtient le poids de la barque et de son chargement. Retranchant enfin de ce poids celui de la barque et de ses agrés déterminés par une opération semblable, on aura le poids du char- gement. Les poids ainsi déterminés pour les divers plans de flottaison, pourraient être rapportés sur les échelles appliquées à la barque, et faire recon- naître à vue son chargement, ce qui est la con- dition demandée. L'auteur de ce mémoire entre dans tous les détails relatifs aux précautions à prendre, tant pour assurer l’exactitude des opérations, que pour que les barques n’en souffrent point. 44 CLASSE DES SCIENCES. TROISIÈME PARTIE. MÉMOIRES DE MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. Nous comprendrons ici, sous le nom de mathé- matiques appliquées, la géodésie, la mécanique, et toutes les attributions de l’art de ingénieur. Géonés. M. MaGués s’est occupé d’un des problèmes les À Sd plus importans de la géodésie, dans ses Observa- M. Macuis, 40n$ sur la détermination des hauteurs et des 1820. inégalités de la surface du globe terrestre ; et sur les instrumens qui peuvent étre employés à cette détermination. Il remarque d’abord queles géographes, satisfaits d'avoir fixé la position des lieux par leur distance au cercle de l’équateur et à un méridien convenu, ont fait abstraction des inégalités de la surface de la terre, en raison de la pelitesse de ces hauteurs comparées au diamètre du globe terrestre; mais que, malgré cette petitesse, leur détermination est devenue de la plus grande importance, aux yeux des physiciens et des naturalistes qui ont pris l'écorce du globe pour sujet de leurs études. Ils ont choisi pour point de départ le niveau de la mer, ce qui est sans inconvénient pour une contrée peu étendue; mais lorsque la mesure des hauteurs embrassera toute la terre, si, comme il MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 45 le paraît, les différentes mers n’ont pas toutes le même niveau, il deviendra indispensable de fixer une surface horizontale intellectuelle au-dessus de laquelle on comptera les hauteurs. Les instrumens au moyen desquels on déter- mine les hauteurs sont de trois genres, que M. Magués discute tour à tour : 1.° les niveaux par lesquels la différence des hauteurs de deux points est déterminée par une observation directe, au moyen dun rayon visuel dirigé suivant une horizontale ; 2,° les instrumens géodésiques, qui font trouver cette différence par la résolution d'un triangle rectangle; 3.° enfin, le baromètre, au moyen duquel on déduit la différence cherchée de celle des hauteurs du mercure dans deux ba- romètres comparés, observés en même temps, par une formule dans laquelle on introduit des corrections relatives à la latitude, à la tempéra- ture, etc. M. Magués fait voir que les niveaux sont les seuls instrumens qui puissent donner des résultats rigoureusement exacts, par la faculté qu’on a de les placer à égale distance des points à niveler, et de détruire ainsi les erreurs provenant de la dif- férence du niveau vrai au niveau apparent, des effets de la réfraction terrestre, et des vices insé- parables de leur construction. Leur seul incon- vémient est d'obliger à multiplier excessivement les opérations, sur-tout dans les pays montueux, à cause du peu de hauteur qu'on peut donner aux mires. 46 CLASSE DES SCIENCES. Les opérations ont sur-tout acquis une grande précision par l'invention des niveaux à bulle d'air. Jusqu'à cette époque, on ne sétait servi que du niveau d’eau et du niveau à perpendicules et même avant les améliorations faites à ce dernier instrument par Picard, et le traité du nivellement dans lequel ce savant a développé les vrais prin- cipes de l’art, les opérations d’une grande étendue présentaient souvent des erreurs considérables. L'auteur en cite des exemples remarquables. Lors- que, sous François L%, on conçut la première idée du canal de Languedoc, il fut fait, en 1539, un nivellement entre le col de Naurouse et la Garonne, près du moulin de Braqueville; la dif- férence entre ces deux points fut évaluée à en- viron o mètres, tandis qu’elle est réellement de plus de 5o. Plus d’un siècle après, à l’occasion du projet présenté par Riquet, en 1664, un nou- veau nivellement, ordonné par Louis XIV, et exécuté par des personnes fort habiles, ne donna, entre le même col de Naurouse et Pembouchure actuelle du canal dans la Garonne, qu’une diflé- rence de 5o mètres au lieu d'environ 67. De pa- reilles erreurs, commises lorsqu'on exécuta la branche occidentale du canal, occasionnèrent d’assez graves inconvéniens. Les instrumens géodésiques et le baromètre ne donnent, d’après M. Magués, que des nivellemens approximatifs, mais dans lesquels, par la perfec- tion des méthodes, on peut singulièrement atté- nuer les erreurs. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 47 L'auteur entre ici dans quelques détails pour prouver combien on peut approcher de la vérité dans les nivellemens barométriques. Il cite, à cette occasion , les observations comparatives, faites du 19 au 23 août 1816, à Toulouse, par M. Mar- qué-Victor, et à Naurouse, sommet du canal du Languedoc, et distant de Toulouse d'environ 50,000 mètres, par M. Lafore jeune, ingénieur des ponts et chaussées. La différence de niveau entre Naurouse et Tou- louse, déduite de ces observations, est de 5o,"oz. Cette mème différence, déterminée géométrique- ment par M. Magués, avec la plus scrupuleuse exactitude, est de 50,"17. Ainsi, les résultats des deux méthodes n’ont différé que de o",10. Ce mémoire contient encore un tableau que nous ferons connaître à la suite de cet, article; c’est celui de la hauteur de 13 points, déterminée géo- métriquement et barométriquement; on y verra que les différences des résultats obtenus par les deux méthodes, ne sont jamais que des fractions de mètre. Nous croyons qu’à la suite de ce tableau, on verra encore ici, avec plaisir, la hauteur au-dessus du niveau de la mer, d’un assez grand nombre de points, déterminée par l’une où l’autre méthode, dans un travail entrepris par MM. Magués et Mar- qué-Victor, pour reconnaître la configuration gé- nérale du sol du département de la Haute-Ga- ronne et des contrées limitrophes. Nous croyons nécessaire de faire observer que 48 CLASSE DES SCIENCES. dans ces deux tableaux, pour déterminer les hau- teurs au-dessus du niveau de la mer, on a adopté la cote 180,"08, pour la hauteur au-dessus du niveau moyen de la Méditerranée, de la surface du biez de partage du canal de Languedoc, à la- quelle tous les points nivelés ont été attachés. Cette cote est le résultat de la mesure des chutes des écluses, dans le versant oriental de ce canal. L'auteur termine son mémoire en ces termes : « Les trois espèces d’instrumens peuvent être » employées concurremment à la détermination » des hauteurs et des inégalités de la terre. » Mais, pour mettre de l'exactitude dans Pen- » semble et les détails de cette opération, il faut » d'abord établir, avec les niveaux, de grandes » bases au travers des pays dont on veut avoir la » configuration, et lier à ces bases tous les points » nivelés avec d’autres instrumens. » Nous allons maintenant donner les deux ta- bleaux dont il vient d’être question. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 49 TABLEAU N.° 1. Comparaison des hauteurs au-dessus du niveau de la mer de plusieurs points, prises au moyen de nivellemens géo- métriques et barométriques. HAUTEURS PRISES < a | DIFTÉ- INDICATION DES POINTS. Géométrique- | Barométrique- RENCE. POINTS AUX ENVIRONS DE TOULOUSE, Extrémité de l'allée du faubourg Saint- ee si Michel (route de poste) 148,78 | 147, 99 Porte d’entrée du château de Castel- Girofle, sous le Pech-David.. . . .| 148, 67 | 149, 48 Parapet du pont du ruisseau de la Pierre (idem)... 152} 00F PM NTT Parapet du pont de Choix, Pabad 62 ) 155, O0! |: 115265 | Fontaine de Ja Béarnaise 160,38 | 160, 30 Pont sur le ruisseau de Ramonville- Saint-Agne (route de poste). .. . .| 164, 36 | 164, 94 Canal de Languedoc. Couronnement de l’écluse de Castanet. .| 150, 17 150, 68 Idem idem de Montgiscard.| 156, 52 | 156, 27 Idem idem deNégra. . . .| 168, 82 | 168, oo | Plaine de Revel. | Couronn.' de la demi-écluse du Laudot.| 219, 04 | 219, 26 | Marchepied d’une croix dans Sorèze. .| 272, 36 272; 59 Montagne Noire. Pied de l'échelle de la rigole du Canal, à Lampy 629, 40 | 630, 14 Ariège. Parapet du pont de Bolbonne, au con- fluent de l’Ariége et du grand Lers.| 198, 93 | 199, 82 50 CLASSE DES SCIENCES. TABLEAU N° 2. Hauteurs au-dessus du niveau de la Méditerranée, de divers points pris dans le Département de la Haute-Garonne , et les Départemens circonvoisins. HAUTEURS DÉTERMINÉES par des INDICATION DES POINTS NIVELÉS. | ———5 nivellemens observations géométriques. barométriques. VILLE DE TOULOUSE, Place Rouaix. . .. . . . . HA + APT MEAATE 146, o2 Plage Royale. "21 127: ÉTAT 142, 73 Place Saint-Georges... . . . . .. UT utr GE Place Saint-Étienne. . . . . . . . . . . . .| 143, 99 Place Bourbon ou des Carmes. . . . . . . . .] 145,52 Place de la Monnaie ou du Palais. . . . . A Die CUT: Place Saint-Sernin, . , . . . SN On os Place Riquet, faubourg Saint- Énbnne ton sB7 Plafond du bassin de l’Esplanade. . dv 143, 55 Seuil de la porte d’entrée principale da Capitale. 142, 16 Seuil de la porte à colonnes du Jardin des Plantes.| 143, 58 Sommet de la chaussée du milieu du pont sur la Garonne.* 026 + 5.0 : 4 REOTRR .| 147,00 Place du Chairedon, faubourg Saint-Cyprien. .| 136, 55 Place neuve de Saint-Cyprien, ou seuil de la porte Brillée...7. 922 ONCE CRE 136, 45 Milieu de la Patte-d’Oie du faubourgS.'-Cyprien.| 138, 88 AUTRES VILLES ET ENDROITS REMARQUABLES,. Muret (Haute-Garonne). 5. 222% . .. Carbonne (idem)... . . .... NE LS à Martres (idem) 2 AVEC ue Saint-Martory RC EEE Tes dus Ve Saint-Gaudens (idem)... .......,. Montrétan (idem): "UE Lannemezan (Hautes-Pyrénées). . . . , . .. Léguevin (Haute-Garonne)... . . . . . .. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. INDICATION DES POINTS NIVELÉS. Tasleen-Jourdain (Gers)... . +, 2... « Lévignac (Haute-Garonne)... . . . . . .. Dlasbae (dem) Neil 224 2 ST as Grenadér(agem) Es ais 220" se a Saint-Sulpice dû Tarn (Tarn). . . . . . .. BÉNVRUS (OP 00) SEEN EE ES Paylanrensi(2derm). 1. MUR UN ENEr AE Reyeb{Haute-Garonne}:.. 2. : 4 4 5 2. DOC) sole et ebeuter die due ee : Labruyère du Lac (idem)... . .. . . . .. Mévame(dem) ee fn. ie Le Montferrand-Riquet (Aude).., . . . . . .. Saint-Félix de Caraman (Haute-Garonne). . . Canmani(fatem).6s sde ea e sdede cie Nileranche (rem). Aie eco oo ee Castelnaudasyi(Aude}:4: ©. : 2. 12.620 Beer ACC ED) RENOMMER Mérerestamiésc test ss eo ee De Cintegabelle ( Haute-Garonne). . . . . . .. Saverdun (FATIERE)e ts pe he 7.110 0m Datniers lite ) AMEN NME EN se LS ARE es Nailloux (Haute-Garonne). . . . . . . . .. Nreille= Toulouse (td) en men En: Environs de Toulouse. Sommet ducoteau de Guilheméry (H.°-Garonne). Sommet du coteau du Pech-David (idem). . . Patte-d’Oie de la Régine, plateau de Saint-Simon (idem) SERRE NS PT RER SEE Eee Plateau de Saint-Martin (idem ). . “ Plateau de Colomiers (idem). . . . . . . .. Montagne Noire. Bicide Montaut (Farn).f.7. .... ‘2513 Col du Cap du Rieux (idem) Pic d’Arfons (idem) due le Mattel etre le che) en rene lie) et atl ete lettre ITAUTEURS DÉTERMINÉES par des "À , nivellemens observations géométriques. | barométriques. 142 128 141 112 118 140 348 209 275 288 333 300 182 206 367 2292 208 230 287 281 275 204 252 152 150 180 1041 919 813 4. 52 CLASSE DES SCIENCES D — INDICATION DES POINTS NIVELÉS. Ra hat. Ducs dr Ur" en Col de la Prune (idem). . RO ee Col de la Jasse (limite des départemens du Tarn etded Aude) PER Se = e0 Pic du faux Moulinier (Aude)... ...... Roc de Bruniquel (Tarn). NS € Surface du réservoir de Re on Surface du réservoir dé Saint-Ferriol (Haute- Garonne, Tarn et Aude)... . . . . . . . NIVEAUX DES EAUX ORDINAIRES DE PLUSIEURS RIVIÈRES. Rivière de Garonne. A l'embouchure du Tarn au-dessous de Moissac. A l'embouchure de la Save sous Grenade, . . . À l'embouchure du canal du Midi au-dessous de Moulonse ee MIE ANR CE Sous le pont de Toute Mens Re E A l'embouchure de l’Ariége, vis-à-vis ae ; Au pont de Pinsaguel. 4. &'4. . -" 4. A l’embouchure de la Louge. .. . . , . . . . Sous le village de Noé. .. . . . . . . . . . Sous le pont de Carbonne. . . . . . . . . .. Au port de Cazères. . . . : . . . + .. À l'embouchure du Salat. . - . . . . .— .. A Saint-Martory. .. : . . . . . + . . . . | Sous le pont de Montréjeau. . . . . + . . . . A l'embouchure de la Neste. . . . . . . . . .| Rivière de Neste. A son embouchure dans la Garonne. . . . . . Sous le village d’'Heches. . AUSärrancolm. etat e ll CCR EN. Rivière d’Ariege. A son embouchure dans la Garonne. A l'embouchure de la Lèze. . . . . . . . . .| } HAUTEURS DÉTERMINÉES par des Er" ET —_. nivellemens géométriques. te | ee 12572 131, 96 142, 10 145, 49 154, 47 [4 142, 10 153, 02 observations barométriques. rond mm > on han tte à à ru PENTIER MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 53 oo HAUTEURS DÉTERMINÉES par des INDICATION DES POINTS NIVELÉS. | nivellemens observations géométriques. |barométriques. m, m. A l'embouchure de la Hize sous Venerque. . .| 160, 77 n Nas-asvis Aulterrivests. + 1.02 «lever « 178, 97 " Sous le pont de Cintegabelle. . . . . . . . . . 193, 50 u A l’embouchure du grand Lers près de Bol- BORNE MEMOIRE LA 196, 41 n A Syer dune Melon sa te ans) eue tele joie " 20ÿ AMDAMIENS RS ee eee Ne 1 286 AURAS RE En msn e Me de lat one + 0 ve u 323 À Saint-Jean de Vergnes. . . . . . . . . . . u 351 Rivière du Tarn. À son embouchure dans la Garonne. . . . . . " 60 A OA Cne eMci a 24e te + «ei ee " 64 A Labastide, près Montauban.. . . . . . . . " 60% ANAL eMUT Ne EN Ue are MM RERES EU 1 88 AMPBESSICEeS MR RNet ae EUR sun test US u 95 À Pembouchure de PAgout.'. : . 4: «. . n 97 Rivière d’Agout. À son embouchure dans le Tarn... . . . . A 1 97 Sous le pont de Lavaur. . . . . . . . . . . . 1 117 A l'embouchure du Sor, au-dessus de Vielmur..| 143, 26 Q Sous.le pont de Saix. . + « . . «+ - « + + - 150, 48 " A l’embouchure du Thoré, au-dessous de Castres.| 155, o2 2 Rivière du Thore. A son embouchure dans PAgout.. . . . . . .] 155,02 " Sous le pont de Nayës. .. . . . M. : . : . 156, 43 " Sous le pont de Labruyère. .. . . . . . . . .] 172, 93 1 À Cat ATE TES RES M REA RE, 186, 29 1 Ad:pODE GT IRAN. 1. tee 203, 61 7 A l'embouchure de l'Arnette, près Mazamet. . .| 216, 46 n À Saint-Amans-Labastide. . . . . . . . . .. 257, 41 0 D ON ES 2 EP ER EE MÉCANIQUE, \ 54 CLASSE DES SCIENCES. Passons maintenant à l’examen des mémoires de mécanique. De même que les qualités physiques du sol, la configuration et la situation d’une contrée in- fluent souvent sur la nature de ses institutions, les mêmes causes dirigent le goût de ses habitans, et les recherches de ceux d’entr'eux qui sadonnent à l'étude, vers la culture de quelque science ou de quelque art en particulier. Ainsi les Anglais, ren- fermés dans une île, ont fait faire des progrès immenses à la navigation ; les Saxons, possesseurs d’un terrain riche en produits minéralogiques, se sont particulièrement adonnés à l'exploitation des mines; et les habitans de la haute Italie, pays traversé par un grand nombre de torrens dévas- tateurs, se sont appliqués à les resserrer dans leurs limites, et à diriger les eaux sur les terroirs, pour les fertiliser au lieu de les ravager. Des rai- sons semblables semblent avoir décidé le goût que montrent les Toulousains pour létude de lhy- draulique. Effectivement, le territoire de Toulouse est tra- versé par un grand fleuve sujet à changer de lit, et dont l’action érosive dégrade et détruit les pro- priétés des riverains, et exercerait même son ac- tion sur la ville, sil n’était maintenu par des quais. Deux moulins importans qui broient les grains destinés à la consommation des habitans, ont nécessité la construction de barrages considé- rables. Celui du moulin du Bazacle barre la rivière dans un endroit où sa largeur est d'environ 240 MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 55 mètres (1). Le moulin du Château Narbonnais n'offre pas un barrage aussi imposant; mais aussi son établissement en a nécessité plusieurs, à cause des iles qui existent dans cet endroit du fleuve. Les canaux de fuite des deux moulins fournis- sent un moteur à des usines dont le nombre aug- mente tous les jours. Enfin la ville est entourée, dans une grande partie de sa circonférence, par le canal de Lan- guedoc qui, descendant par plusieurs écluses, vient se réunir à la Garonne au-dessous du moulin du Bazacle , et communique avec la partie du fleuve supérieure au barrage par un canal particulier. Toutes ces circonstances expliquent limpor- tance que l’ancienne Académie attachait au per- fectionnement de lhydraulique; aussi, outre des mémoires très-intéressans lus dans son sein, et parmi lesquels il en est plusieurs qui, malgré les progrès de la science depuis cette époque, attirent encore l’attention des savans (2), les sujets de prix qu’elle mit au concours sont presque tous relatifs au mouvement et à la conduite des eaux. (1) Le moulin du Bazacle , célèbre en Europe depuis long- temps, était construit en bois, et devint la proie des flammes en 1814. Il a été reconstruit en briques, avec tous les perfec- tionnemens modernes, par notre confrère M. River. Le même ingénieur a aussi reconstruit, d’après les mêmes principes, le moulin du Château Narbonnais. (2) En particulier, le mémoire concernant les dépenses des grands réservoirs par des orifices considérables ; par M. Lespi- nasse. Tom. 11 des Mémoires de l’Académie. Hydraulique. 56 CLASSE DES SCIENCES. La nouvelle Académie a suivi les traces de l’an- cienne, tant à l'égard des sujets de prix, que par ses travaux particuliers, car tous les mémoires de mécanique , soit rationnelle, soit appliquée, com- posés par ses membres, sont relatifs à desquestions d'hydraulique. Si les travaux des mathématiciens modernes ont fait faire des progrès immenses à la mécanique des corps solides, celle des fluides est bien loin d’être aussi avancée, par l'ignorance où nous sommes de la forme et de la disposition mutuelle des parti- cules qui les composent : « Les plus grands géo- » mètres des deux derniers siècles, dit M. Magués, » ont exercé leur génie à la recherche des lois » de leur mouvement. Leurs efforts n’ont abouti » qu’à nous donner des formules générales, dont » application est impossible, même aux cas les » plus simples. » Cependant, parmi les questions qui appar- » tiennent à cette science, il en est plusieurs dont » la solution était de la plus haute importance » pour guider l’homme de Part dans la construc- » tion des canaux, des usines et des autres ou- » vrages qui ont pour but d'employer l’eau en » mouvement; telles sont les questions de l’écou- » lement des eaux par les orifices, de leur mouve- » ment dans les canaux et dans les lits naturels, » de leur percussion sur les corps solides, etc. » La théorie ne pouvant donner des lumières à » cet égard, on a cherché à les tirer de Pexpé- » rience, On a ainsi créé une espèce de théorie MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 57 » qu'on a appelée physico-mathématique, dont les » formules empiriques ne peuvent être employées » qu'avec discernement, mais dont les résultats » deviendront d’autant plus sûrs, que les expé- » riences sur lesquelles ces formules sont établies, » seront plus multipliées et plus exactes. » C’est ainsi que s’'exprimait M. Magués, en ren- dant compte d’un Mémoire de M. LERMIER , cor- respondant, sur l’hydraulique. Ce mémoire est divisé en deux parties : Dans la première, intitulée Considérations gé- nérales sur l'établissement d’une usine hydrauli- que quelconque ; Vauteur, appuyant à la fois sur Pexpérience et le calcul, examine successivement les questions dont vient de parler M. Magués; il discute leur solution, et se livre à des considéra- tions détaillées sur un point très-essentiel, la fixa- tion de la hauteur du seuil des vannes, soit qu’on ait à sa disposition une chute d’eau déjà existante, soit qu'il faille construire une digue pour se la procurer. Il évalue ensuite la dépense d’eau néces- saire pour les vannes, et le nombre qu’il est permis d'en établir sur un cours d’eau donné. Dans la seconde partie, l’auteur applique ces principes à un Projet d'établissement d’une grande poudrerie aux environs de Toulouse. La position centrale de la ville de Toulouse, par rapport à la frontière des Pyrénées, la facilité de ses communications avec tous les points de cette frontière et avec les deux mers; enfin, les res- sources de toute espèce que présente une grande Usines. M. LERMIER, 1018. 58 CLASSE DES SCIENCES. ville, ont engagé le gouvernement à y réunir les grands établissemens d'artillerie nécessaires dans le midi de la France. L'existence d’une poudrerie y est donc avantageuse, et depuis long-temps il en existait une dans l’île d'Angoulême, située au- dessus du moulin du Château Narbonnais. Cet éta- blissement avait quelquefois éprouvé des accidens partiels, inévitables dans ce genre de fabrication ; mais, le 16 avril 1816, trois des principaux bâti- mens, parmi lesquels un magasin contenant plus de 1200 quintaux de poudre (1), sautèrent, à quel- ques secondes de distance, avec un fracas épou- vantable qui répandit la terreur et la consternation dans la ville et les faubourgs les plus rapprochés de l'ile. Des réclamations sélevèrent alors pour éloigner de la ville un établissement que cet acci- dent faisait regarder comme très-dangereux. Cette circonstance excita le zèle de MM. les com- missaires des poudres; ils recherchèrent sur les rives de la Garonne des locaux favorables, et ils en trouvèrent deux, l’un situé dans une île supé- rieure à celle d'Angoulême, pour lequel M. Royer- Desgranges, commissaire en chef, fit un projet très-détaillé. Le second est situé au-dessous de lembou- chure du canal dans la Garonne. C’est pour ce local 1 MU mes 3 lee DE Late Bien Eee MN EL (1) Les événemens militaires de 1815 ayant fait refluer dans l'intérieur une immense quantité de poudre qui encombrait tous les magasins, celles qui existaient alors à la poudrerie n’avaient pu être évacuées, à mesure de la fabrication, comme cela se pratique. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 59 que M. Lermier, commissaire adjoint, fit le projet contenu dans son mémoire. L'eau motrice lui serait fournie par une prise du canal du midi, dans le biez qui, communiquant au canal Saint-Pierre, peut toujours être alimenté par les eaux de la rivière. Quoique l’état des choses ne soit plus le même, et que le gouvernement, convaincu qu'il ny a point de danger pour la ville, ait fait reconstruire les bâtimens détruits sur le lieu qu’ils occupaient précédemment, les projets de MM. les commis- saires n’en ont pas moins leur utilité. Si, à l’ave- nir, des motifs quelconques décidaient à aban- donner le local actuel, il est utile de savoir qu'il existe, dans les environs de Toulouse, des em- placemens faciles à isoler, où l’on peut se procurer | la quantité d’eau nécessaire, et pour lesquels il existe des projets déjà faits. M. Lermier, toujours occupé de son état, nous Moulins à communiqua, peu de temps après, un Mémoire AR sur l’hydraulique et la mécanique appliquées au Lido perfectionnement des moulins à poudre ; aussi divisé en deux parties. Le but de l’auteur, dans la première, est de compléter la théorie des moulins à poudre, en traitant la partie hydraulique qui n’était point entrée dans le plan des auteurs du traité le plus complet que nous ayons sur cette matière (1). Dans cette vue, il traite en détail des prises (1) Traité de Part de fabriquer la poudre à canon; par MM. Bouée et Riffault; 3811, in-4.° Trompes. M. pe Cuar- PENTIER. 1811. 6o CLASSE DES SCIENCES. d’eau , des vannes, de la forme du canal 1mme- diatement avant la vanne, de celle à donner au coursier pour prévenir la perte du fluide, et de la forme qu’il doit conserver dans sa partie pos- térieure ; de linclinaison des aubes et de leurs dimensions comparatives. Toutes ces questions, traitées par le calcul, fournissent à l’auteur des formules applicables à la pratique. Dans la seconde partie, il traite des mécanis- mes intérieurs d’un moulin à poudre; il fait sentir la nécessité de donner aux dents qui conduisent les lanternes, la forme prescrite par la théorie des engrenages, et de substituer aux /epées ordinaires, des cames qui soulèvent régulièrement les pilons; il veut aussi que les arbres soient toujours égale- ment chargés, et que les pilons soient soulevés suivant leur axe. Le calcul lui fournit le moyen d'arriver à ces divers résultats. Me CrarpexTier, de Freyberg en Saxe, jeune minéralogiste qui a employé plusieurs années à parcourir et à étudier les Pyrénées, s’est livré à un grand travail sur la manière dont on traite le fer dans les forges du département de l’Ariége, connues sous le nom de forges à la catalane. Cor- respondant de l'Académie, M. de Charpentier lui a communiqué un fragment de ce travail; c’est l'Analyse du chapitre des trompes, à laquelle il a joint un Essai sur la manière de déterminer par le calcul la quantité d'eau employée par une trompe. Dans cette analyse qui, malgré sa concision est MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. Gt assez considérable, lPauteur décrit avec la plus . scrupuleuse exactitude toutes les parties qui com- posent les trompes actuelles, et il les compare à celles qui sont décrites par M. le baron de La- peyrouse, dans son Traité des Forges du comté de Foix. 1] résulte de cette comparaison, que les trompes ont éprouvé des améliorations importantes depuis l’époque où écrivait M. de Lapeyrouse. L'auteur donne ensuite des formules pour dé- terminer la quantité d’eau dépensée par les trom- pes, et la quantité d'air qu’elles fournissent. Il finit par comparer les trompes aux autres machines soufflantes. A Les trompes lui paraissent mériter la préférence sous beaucoup de points de vue; leur construction est plus facile, leur entretien moins dispendieux, et les accidens moins fréquens que dans les autres machines. De plus, le vent qu’elles donnent est plus uniforme et plus continu, avantage précieux dans la fabrication; et enfin on peut augmenter ou diminuer sa force d’une manière plus prompte et plus facile. Mais, d’un autre côté, les trompes ont Pincon- vénient d'exiger une chute plus considérable, et une quantité d’eau beaucoup plus grande que les autres machines souflantes, pour produire le même ebeb(r). (1) Depuis, MM. Thibaud, ingénieur des mines, et Tardy, officier d'artillerie , ont fait, sur les trompes, une suite de belles expériences, qui se trouvent consignées dans les Annales des minces, (OM. VIII Machines à élever l’eau. M. AsTiERr, 1811. G2 CLASSE DES SCIENCES. Le besoin où l’on est sans cesse d'élever l’eau à des hauteurs plus ou moins considérables, a donné lieu a une orande variété de machines proposées pour cet objet. Loin d’être un mal, celte variété peut ètre regardée comme précieuse, puisque chaque espèce de ces machines se recommande par quelque avantage particulier, qui, dans certains cas, peut lui faire accorder la préfé- rence. M. Aster, correspondant, nous a lu la Des- cription d’une nouvelle machine hydraulique de son invention, destinée à élever les eaux (1). Cette machine, à laquelle son auteur donne le nom de roue-fontaine, repose en partie sur le même principe que la vis d’Archimède, mais le tuyau, au lieu d’être roulé en hélice cylindri- que, est replié sur lui-même en forme de spi- rale, de manière à former une roue verticale. L'extrémité extérieure du tuyau, terminée en entonnoir, puise l’eau dans un bassin, où dans un courant, qui, dans ce dernier cas, peut servir lui-même de moteur à la machine. L'eau, après avoir parcouru toutes les spires, est versée par l'extrémité intérieure du tuyau dans un arbre creux qui sert d’axe à la roue. Jusqu'ici l’eau ne serait élevée qu’à la hauteur (1) M. Astier nous apprend qu’on lui a dit qu'une machine, à peu près pareille , a été trouvée dans le dernier siècle par un habitant de Zurich, appelé Wirtz, et qu'elle est décrite dans un ouvrage allemand. Il regrette de n’avoir pas été à portée de vérifier l'exactitude de cette assertion. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 63 du demi-diamètre de la roue; mais l’auteur à adapté à l'arbre un réservoir clos, surmonté d’un tube vertical. L'air qui s’introduit dans le tuyau, pendant que son entonnoir est hors de l'eau, se trouvant refoulé par l’eau nouvelle, et forcé de suivre la même route, fait, en vertu de sa force élastique, élever eau dans le tube à une hauteur assez considérable. Dans un modèle en petit, présenté par l'auteur à l'Académie, l’eau s’est élevée à cinq fois et demie la hauteur du demi-diamètre, ce qui, d'apres les dimensions du modèle, représente à très-peu près la somme de ce qu’on peut appeler les demi- diamètres des spires. Comme toutes les cités vastes et populeuses, Toulouse a senti de tout temps, sous le double rapport de l'utilité et de agrément, le besoin de voir de nombreuses fontaines fournir à ses habi- tans une boisson pure et salubre, entretenir par leur écoulement la propreté des rues, et rafraichir un air embrasé pendant une partie de l’année. La tradition, les historiens, et des vestiges retrouvés dans les fouilles, prouvent qu’elle n’a pas toujours été privée de cet avantage, et qu'un aqueduc y amenait, dans des temps très-reculés, les eaux qui sourcillent sur les coteaux de la rive gauche de la Garonne. Beaucoup plus tard, il y a existé quelques fontaines alimentées par des sources dont quelques-unes paraissent entièrement perdues ; mais, depuis plus d’un siècle, il n’y en a pas d'autre dans la ville que celle de la place Saint- Fontaines de Toulouse. 04 CLASSE DES SCIENCES. Etienne. L'eau qu’elle fournit, et qui provient des coteaux qui dominent la ville du côté de l’est, outre qu’elle n'est pas très-saine (1), diminue tous les jours, et dans le temps où elle coulait avec le plus d’abondance, pouvait à peine suffire aux besoins d’un seul quartier. Cependant les vœux des habitans et les vues de l'administration se sont toujours dirigés vers cet objet important, et depuis sa création, lan- cienne Académie, qui n’a jamais laissé échapper une occasion d’être utile, n’a point cessé de prendre une part active à tous les travaux qui pouvaient se rapporter à ce but. L/examen d’un projet de machine propre à élever les eaux de la Garonne, dont elle fut chargée en 1750, enflamma ses membres d’une noble émulation. M. de Garipuy nivela entièrement le sol de la ville, et fit une étude approfondie des terrains qui lenvironnent; M. de Saget retrouva tous les anciens aqueducs dont on pouvait tirer parti pour la distribution des eaux. Les résultats des recherches de ces deux savans ingénieurs furent consignés dans des mémoires qui malheureusement ont disparu, et dont nous avons eu souvent occasion de déplorer la perte. D'un autre côté, l'Académie appelait, dans ses concours, les géomètres et les ingénieurs à traiter des questions relatives à la marche des eaux dans les tuyaux de conduite, et à indiquer (1) Nous en ferons connaître l’analyse dans Pexamen des mémoires de chimie. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 65 Îles moyens d'amener dans la ville une quantité d’eau suffisante pour ses besoins. La révolution fit oublier tous ces projets; mais, peu après sa restauration, l'Académie tourna ses regards vers cet objet, devenu d'autant plus im- portant qu'il offrait un but plus fixe, le décret du 27 juillet 1808 ayant ordonné que des fon- taines seraient établies dans la ville de Toulouse. MM. Laupies, Virebent et Magués se livrérent à des travaux considérables. En examinant en dé- tail le mémoire de ce dernier, comme le plus étendu et le plus récent, nous aurons occasion de nous occuper des deux autres. | Dans cet ouvrage, intitulé : Mémoire sur les moyens de conduire dans la ville de Toulouse une quantité d’eau suffisante pour servir aux besoins domestiques , à l’arrosement de ses rues, places, quais, promenades, et aux incendies, M. Macués, après s'être livré à des considérations générales sur les aqueducs des anciens, et avoir donné l’histoire abrégée des moyens qui ont été tentés jusqu’à ce jour pour fournir de l’eau à la ville de Toulouse, passe à une description détaillée du pays qui entoure cette ville, sur un rayon moyen d'environ quinze lieues. Cette descriptions, fruit d’un travail opiniâtre et de nivellemens immen- ses, exécutés et vérifiés avec la plus scrupuleuse exactitude, pourra toujours être consultée avec fruit. Tous les cours d’eau qui traversent le cercle dont nous venons de parler, convergent vers une 5 Moyens d’a< mener l’eau. M. Macuks: 18194 66 CLASSE DES SCIENCES. même ligne qui se dirige du sud-est au nord- ouest, et qui peut être représentée d’abord par le cours de l’Ariége, et ensuite par celui de la Ga- ronne après le confluent des deux rivières; de sorte qu’en faisant abstraction des éminences qui séparent les vallons, le pays ne présente plus qu’une plaine concave, et que si au contraire on les suppose comblés, il offre une autre plaine pa- rallele à la première dont elle est tres-peu dis- tante. L'on voit ainsi que la pente générale des- cend du sud-est au nord-ouest. La nature de ce terrain appartient à une for- mation marneuse, composée d’un mélange de chaux , d'argile et de sable. A l’ouest de Toulouse le terrain est tendre, et se décompose facilement par l’action de Pair et de la pluie, mais en se diri- geant vers l’est il se durcit, et, lorsque la chaux y domine , il finit par former les grés qui ont servi à bâtir Castelnaudary et les villes voisines. La for- mation marneuse est recouverte d’une couche vé- gétale dont elle est séparée, dans les principales vallées, par des couches de terrain de transport, composées de cailloux et de graviers, appartenant par leur nature aux roches primitives, et dans lesquelles sont situées les sources des rivières qui arrosent ces vallées. Quant à la formation mar- neuse , elle n’offre pas de sources abondantes; celles qui y existent sont situées dans des bancs de gra- viers d’où elles sortent dans les endroits où ces bancs sont tranchés. L'auteur passe ensuite au nivellement de la ville MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 67 de Toulouse, dans les détails duquel nous ne le suivrons pas. Nous nous contenterons de dire que cette ville est partagée par la Garonne en deux parties très-inégales. La partie située sur Ja rive droite, et qui est de beaucoup la plus considérable, a une pente générale dans le sens de la rivière; de plus, elle est traversée longitudinalement par une arête dont un des versans est dirigé vers la rivière, à laquelle l’arête est à peu près parallèle, et l'autre en sens opposé. Le point culminant de cette arête, la place Rouaix, située dans la partie centrale de la ville L en est aussi Le point le plus élevé (1), ce qui est cause que dans tous les projets c’est le point où il est question de conduire les eaux; sa hauteur au- dessus des eaux moyennes de la Garonne est de 14,06 mètres. La rive gauche est beaucoup moins élevée que l’autre ; elle na de hauteur moyenne que 8 mètres au-dessus de la rivière, et serait souvent inondée dans ses parties basses, sans le quai connu sous le nom de cours Dillon. Les deux rives sont réunies par un pont dont le point culminant surpasse Ja place Rouaix de 0°,98; mais, par une circonstance qui paraît tenir à d'anciens projets, il existe sous les trottoirs des SR RS Cet pis ET SUR UNE (1) I existe à la vérité, dans la rue des Fleurs, un point élevé de o®,21 au-dessus de la place Rouaix ; mais ce point, situé à une extrémité de la ville, est isolé et purement acci- dentel. Pour la hauteur de la place Rouaix , voyez ci-dessus , pag. 50. LR Prise du ca- nal. 68 CLASSE DES SCIENCES. galeries voütées dont le fond ne s'élève pas au- dessus du niveau de la place. Maintenant, M. Magués imagine une ligne ho- rizontale qui s’appuie sur la place Rouaix, et la faisant tourner de manière à engendrer une surface aussi horizontale, il détermine l'intersection de cette surface avec tous les terrains compris dans le cercle dont il s’est occupé. Tous les cours d’eau qu’elle rencontre étant au niveau de la place Rouaix, peuvent y être conduits en les dérivant assez haut pour se procurer la pente nécessaire à l'écoulement des eaux. Il en est de même de toutes les sources assez élevées au-dessus de la surface, pour obtenir une pareille pente (1). Cette surface coupe des cours d’eau très-consi- dérables, mais trop éloignés de Toulouse pour y pouvoir être amenés, à moins qu'on ne voulüt sacrifier des sommes énormes, tels sont l’'Agout, la Save, etc. ; elle en rencontre d’autres moins éloignés, mais qui seraient insufMisans pendant l'été, tels,que le Touch, le Lers, etc. En les éliminant , il ne reste plus que quatre prises d’eau capables d'alimenter les fontaines de Toulouse. L Le canal du Midi dérivé sur sa rive gauche. On pourrait exécuter cette dérivation à lécluse de Vic, élevée de 6,33 au-dessus de la place (1) Cette pente ne peut être supposée de moins d’un dix- millième de la longueur ; c’est celle qui a été donnée au canal de lOureq. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 69 Rouaix, élévation sufMisante pour la distance à parcourir, qui serait de 12000 mètres; mais le sol sablonneux que les eaux devraient traverser exigerait qu'on les conduisit par un aqueduc en maçonnerie. Mais il existe deux fortes raisons qui s’oppo- sent à l'adoption de ce projet, 1.° les qualités insalubres que les eaux, d’ailleurs très-pures, de la montagne Noire contractent dans le lit du canal ; 2.° la mise à sec du canal, dans les mois d'août et de septembre, pour le curage et les réparations. Il. L’Ariége dérivée sur sa rive droite. Pac de l'An riégee Sous le village de Clermont, l’Ariége a une M.Laurrrs. élévation de 8 mètres au-dessus de la place Rouaix. 100, C’est en ce point que M. Lawpes propose de dériver VAriéce, dans son Mémoire sur le choix du meilleur projet à adopter pour la construction des fontaines dans la ville de Toulouse. Cette prise parait d’abord le moyen le plus simple d’a- mener des eaux dans la ville, mais malheureu- sement lAriége et ensuite la Garonne longent des coteaux dont le flanc est dans un état habituel d’éboulemens de terrains marneux, sur lesquels les ingénieurs ont reconnu l’impossibilité d’asseoir une conduite d’eau. Il serait donc nécessaire d'exécuter une percée dans le coteau. L'auteur propose pour cela deux projets. Dans lun, le canal souterrain suivrait le développement du coteau sur une longueur de 13000 mètres, sauf M. Macués. Sources de l'Ardenne. 70 CLASSE DES SCIENCES. quelques traversées de vallons; dans l'autre, 1 le couperait suivant une ligne droite de 9000 mètres, viendrait sortir près de Saint-Agne , et serait ensuite remplacé par un canal extérieur de 6000 mètres, qui se terminerait au Pech-David au même point que la première percée. Les canaux souterrains devraient être revêtus en maçonnerie, et la partie extérieure portée par aqueduc. L’au- teur du projet préférerait le second emplacement , parce qu’on pourrait faire servir les eaux à Par- rosage de la plaine du Lers. M. Laupies évalue la dépense totale, tant des aqueducs que des fontaines, à la somme totale de quatre millions, et le temps nécessaire à leur achèvement à près d’un siècle : espace de temps plus capable d’effrayer une génération qui cherche à jouir promptement, que la dépense quelque forte qu’elle soit. M. Magués fait observer, relativement au projet de M. Laupies, qu’en dérivant l’Ariége à Auterrive, et remontant la vallée de la Hize sur un remblai, on n’aurait à effectuer qu’une percée de 4000 mètres, à une profondeur moindre que celle des deux autres, et qu’enfin, quoique alors la distance à parcourir fût de 31000 mètres, la dépense se- rait beaucoup moins forte. II. Sources de Ardenne. La plaine peu large qui longe la rive gauche de la Garonne est terminée par un rideau dans lequel on aperçoit la tranche du banc de gravier MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 71 qui recouvre le plateau supérieur. De ce banc, incliné dans le sens de la vallée, découlent plu- sieurs sources, parmi lesquelles il n’y en a pas de très-considérables, mais dont la réunion pour- rait alimenter un certain nombre de fontaines, dont les eaux jouiraient de l'avantage de n’avoir pas besoin d’être filtrées. M. ViRgsenT ayant reconnu Go pouces d’eau dans un certain nombre de ces sources, propo- sait d’en laisser la moitié aux propriétaires actuels, et de réunir l’autre dans un aqueduc en maçon- nerie où elle coulerait par pente libre jusqu’à la Régine; de là, elle franchirait le vallon, qui a 3500 mètres de large, dans un tuyau de fer. M. Virebent estime la dépense totale à sept cent cinquante mille francs. Cette quantité d’eau serait insuffisante et ne four- nirait pas d’eau jaillissante. Aussi M. Laupies qui, dans le mémoire déjà cité, s'était également oc- cupé d’un pareil projet, avait cru devoir pousser ses recherches plus loin; ce qui lui avait fait reconnaître environ 69 pouces d’eau, qu’il vou- lait amener à Toulouse au moyen d’un aqueduc ponté, dont l’exécution aurait monté à deux mil- lions huit cent mille francs. M. Laupies donnant à cette occasion le jau- geage de diverses sources, et leur hauteur au- dessus du niveau ordinaire des eaux de la Ga- ronne, nous avons cru ces élémens dignes d’être conservés. M.VIREBENT. 1810, M.Lauprrs, 72 CLASSE DES SCIENCES. PeRpanr.'X 0 JEBMINTIOUN AK Galomés trente et ENTAS RÉ Et D Le Ronteltes.24 sms. ne Adenr: 2470835 7 AMOR T: Monlon (cinq sources réunies à la grande fontaine de). .. . .. Les trois dernières forment les Go pouces qui pourraient être conduits à la place Rouaix. M. Lau- pies remarque qu’en remontant plus haut on s’en procurerait un plus grand nombre. Prise de la IV. La Garonne dérivée sur sa rive gauche. Garonne, MMacuis. Une prise d’eau exécutée dans la Garonne, à Muret, au-dessous de l'embouchure de la Louge, pourrait être amenée à la Patte-d’Oie de la Régine, sur une longueur de 15000 mètres; de là, par une conduite en fer de 3500 mètres, comme dans le projet de M. Virebent, on fournirait à Toulouse une quantité d’eau suffisante pour tous les besoins. M. Magués, sans s'être livré aux détails de ce projet, pense que de toutes les manières d'amener Veau à Toulouse, celle-ci est la plus avanta- geuse. Elle aurait de plus l'avantage de four- ir à Pirrigation de la longue plaine comprise entre le village de Roques et l'embouchure du Touch. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 73 MM. Laupies et Magués ont aussi parlé dans -leurs mémoires de l'élévation de Peau de la Ga- ronne par des machines : tous les deux, en recon- naissant la possibilité de se procurer de cette ma- nière l’eau demandée, ont donné la préférence à des aqueducs, en considérant que les machines les plus parfaites , n'étant pas exemptes de déran- gement, sont par conséquent sujettes à de fré- quentes réparations, pendant lesquelles Peau peut manquer. Ils ont cependant indiqué les em- placemens les plus favorables pour les établir, dans le cas où les fonds dont la commune pour- rait disposer ne seraient pas suffisans pour subvenir à la dépense dés grandes constructions qu’ils ont proposées. Pendant que ces académiciens s’occupaient ainsi de établissement des fontaines, la mairie, qui, de son côté, ne perdait pas ce projet de vue, avait, en 1817, ouvert un concours pour le projet dune machine propre à élever les eaux de la Garonne, au-dessous du moulin du Château Nar- bonnais, dont la chute devait fournir l’eau mo- trice. Les projets et les plans qui les accompa- gnaient ayant été renvoyés à l’examen de l’Acadé- mie, MM. Macués et Carxey *, qui furent chargés du rapport, discutèrent tous ces projets; ils trou- vérent que la plupart étaient incomplets; et, mal- gré le mérite de quelques autres, comme leurs auteurs, pressés par le temps, n'avaient pu remplir toutes les conditions exigées, ou n’avaient pas joint à leur envoi toutes les pièces qu’on leur de- Machines. 74 CLASSE DES SCIENCES. mandait, l’Académie se vit à regret forcée de déclarer qu'aux termes du programme, aucun de ces projets ne pouvait être adopté. Depuis, le conseil municipal, à la suite d’une discussion longue et approfondie, à laquelle plu- sieurs membres de l'Académie ont été appelés à prendre part (1), en partant des fonds dont il pouvait disposer, et du désir de faire jouir promp- tement la ville des avantages qu’elle réclame de- puis si long-temps, a décidé létablissement d’yne machine hydraulique sur la rive gauche de la Garonne. Elle s'exécute dans ce moment sous la direction d’un habile mécanicien , M. Abadie, qui, par les nombreuses et belles usines qu'il a établies dans ce pays, a fait faire un pas considérable à l'industrie dans les départemens méridionaux. Un château d’eau qui doit offrir un aspect monumen- tal, et dont la cuvette de distribution sera élevée de 7,75 mètres au-dessus de la place Rouaix, s'élève dans le faubourg Saint-Cyprien, et doit fournir deux cents pouces d’eau qui se distribueront entre des fontaines élégantes établies sur les places pu- bliques, et des bornes placées dans les rues prin- cipales sur les points culminans, de manière que Veau puisse courir dans tous les ruisseaux. La machine consiste en deux systèmes de pompe à double équipage, mues par une prise faite sur la Garonne, et dont le canal de fuite va se rejoindre à la rivière, au-dessous de la chute du Bazacle. TE ———————————————————————"————————————— (1) MM. Cravsane, MacuÉs, D’AUBUISSON, CHAuMoNT. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. 75 Avant d'abandonner ce sujet, nous avons encore à faire mention de deux ouvrages. L'un appartient à M. Lavwpres, qui, prévoyant fontaine de le cas où des obstacles éloigneraient encore l’exé- 12 Daurade. cution dun grand projet, s’est occupé, dans un Mémoire concernant le projet de construction d’une fontaine sur le port de la Daurade, duti- liser une source d’eau vive fort abondante qui, coulant dans d'anciens aqueducs, se jette dans la Garonne vers le milieu du port de la Daurade. et sous lune des assises de pierre de taille qui ter- minent le port. Cette source, à la vérité, n’aurait pu fournir une fontaine au niveau de la ville, mais elle aurait été du moins au-dessus des plus hautes eaux de la Garonne. Jaugée au mois de mars 1807, par M. Laupies, elle a fourni 102,97 litres par minute, ou en langage de fontainier 7,4 pouces(r). Le second ouvrage est un Rapport de M. MAa- M. Laupres. 1811. Filtres. GUÉS sur un filtre pour clarifier Les eaux de la M.Macvis. Garonne, destiné aux fontaines à établir dans la ville de Toulouse, proposé par M. T'irebent, architecte de cette ville, et soumis par M. le Maire à l'examen de l’Académie (3). Ce n’est point assez de fournir aux habitans d'une ville des eaux abondantes et salubres, il (1) Ce mémoire contenant des recherches curieuses sur les aqueducs, sera analysé sous ce point de vue dans la notice relative aux Inscriptions et Belles-lettres. (2) C'était dans le moment où Padministration voulait établir une machine sous le moulin du Château. 1818. 76 CLASSE DES SCIENCES. faut encore qu’elles soient claires, et les rivières ne jouissent pas constamment de cet avantage. D’après une moyenne prise entre les observations de neuf années (1), faites par ordre de Padminis- tration du canal du Midi, les eaux de la Garonne ne sont claires que 194 jours de l'année; il y en a donc 171 pendant lesquels elles sont troubles. Aussi, tous ceux qui font le commerce de l’eau, ont-ils dans leurs établissemens une clarification, dans laquelle eau passe successivement à travers des masses de sable sur lequel elle laisse son limon. Quoique le projet de M. Virebent présentât des améliorations très-importantes au système des filtres actuels, la commission dont M. Magués était l'organe, s'étant convaincue qu'il existe, sur la rive droite du canal de fuite du moulin du Chà- teau, et dans toute ile de Tounis, des puits pour ainsi dire inépuisables, dont le niveau suit cons- tamment celui de la rivière, et dont l’eau est tou- jours limpide , considéra ces terrains comme des filtres naturels, et proposa de construire, dans Pile de Tounis, un vaste puisard dont la machine éleverait l'eau , ce qui dispenserait de la nécessité de la clarifier. | Lors de létablissement de la machine actuelle, le système proposé par l'Académie a été suivi; la prairie qui est située sous le cours Dillon étant aussi un filtre naturel, un immense bassin y a (1) De 1809 à 1817. MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. TE été creusé, et fournira des eaux filtrées naturel- lement. Nous n’avons à rendre compte d’aucun mémoire Cowsrauc- qui se rapporte aux constructions proprement di- tes, plusieurs ouvrages, relatifs à cet objet, que M. le baron Cac, associé étranger, a présentés à l’Académie, n’entrant point dans le plan de notre travail, parce qu’ils étaient déjà imprimés. SJ © CLASSE DES SCIENCES. QUATRIÈME PARTIE. MÉMOIRES DE PHYSIQUE ET D'ASTRONOMIE. Nous commencerons l’examen des mémoires de cette partie, par ceux d'astronomie, comme se rapprochant davantage de la section précédente. Asrrowomir. Si de tous les spectacles qui peuvent s'offrir à nos regards, il n’en est pas de plus imposant que celui de ces globes innombrables qui semblent rouler sur nos têtes leurs feux étincelans, il n’est pas non plus de science qui élève plus lesprit de l’homme que celle des lois qui régissent leur cours ; il n’en est pas non plus qui lui présente une aussi riche moisson de découvertes aussi sublimes qu’in- attendues. M. le chevalier n'Ausuissox, dans des Sesavantages. Considérations sur les avantages de l'astronomie, M.le Cher à tracé le tableau rapide des bienfaits dont nous D AUBUISSON: \ . 1819. Sommes redevables à cette science. La connaissance des véritables lois du système de univers a fait disparaître peu à peu, parmi les nations civilisées, l’effroi momentané qu’inspi- raient les éclipses, et les longues terreurs que faisait naître apparition des comètes; elle a banni les rêves de astrologie judiciaire, qui dirigeaient souvent les Souverains de l'Europe dans leurs ré- PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 79 solutions les plus importantes, comme ils le font encore chez les nations orientales. Après avoir montré l’heureuse influence des connaissances astronomiques sur le moral de l'homme, et par conséquent sur son bonheur, auteur de ces considérations expose les avantages que nous en retirons pour notre instruction, notre sûreté et nos besoins. La chronologie et ses différentes ères étaient enveloppées de ténèbres, que l'astronomie seule a pu dissiper, en vérifiant l'exactitude des dates par leur concordance avec les phénomènes célestes; elle a déterminé la division du temps, si nécessaire à l’homme, en fixant la vraie longueur de Pannée, indispensable pour établir les règles du calendrier. On lui doit le calcul des marées, si utiles à prévoir pour les habitans des côtes et les navi- gateurs. Ceux-ci, par les procédés qu’elle leur fournit, peuvent fixer à chaque instant leur po- sition sur le globe, et diriger leur route. Les géo- graphes lui doivent aussi la connaissance de la véritable forme de la terre, que Pastronomie va chercher jusque dans les cieux. Avant de nous entretenir des avantages de la science qui faisait ses délices, M. le chevalier n’AusuissoN nous avait déjà communiqué une Notice sur l'astronomie , dans laquelle il expose, d’une manière abrégée mais lucide, les progrès de cette science, depuis les premières observations faites par les bergers de la Chaldée, jusqu'aux temps modernes. Son histoire, M.le Cher D'AUBUISSON. 1810, ' Angle ho- raire. M. le Cher D'AUEBUISSON. 1820. 50 CLASSE DES SCIENCES. Arrivé à cette époque, l’auteur donne un peu plus de détails sur l’histoire de lastronomie à Toulouse. Si cette ville est entrée tard dans la carrière, du moins elle s’y est distinguée; le pre- mier observatoire y fut établi en 1733, par les soins de l'Académie; bientôt plusieurs astronomes en firent construire d’autres dans leurs habita- tions, et les travaux de Garipuy, de Darquier et de Vidal ne sont pas restés sans gloire. © M. le chevalier n’Ausuisson, héritier de leur zèle, nous a lu divers mémoires sur les principaux problèmes d'astronomie pratique. Le premier a pour titre : Des moyens les plus avantageux de calculer l'angle horaire. par la hauteur des astres. La nécessité où l’on se trouve dans une foule de circonstances de connaître avec exactitude l’heure vraie, fait souvent recourir à ce moyen, soit en mer, soit dans les observa- toires où l’on est dépourvu d’une bonne lunette méridienne. M. d'Aubuisson examine les procédés en usage, et donne la préférence à une suite d’observations faites de manière à ce que les hauteurs observées soient en progression par différence, ce qui per- met, en faisant le calcul pour une observation moyenne, de trouver les autres résultats avec une approximation salisfaisante par des parties proportionnelles. Quant au calcul en lui-même, qui consiste à déterminer un angle d’un triangle sphérique par la connaissance des trois côtés, il existe pour cela PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 81 plusieurs formules, que auteur examine sous le rapport de l’économie du temps, élément si pré- cieux pour les astronomes. Il donne la préférence à une formule fort en usage en Angleterre, et dont lemploi est très-facilité par une table des logarithmes des doubles carrés des sinus des demi- angles horaires, calculés de dix secondes en dix secondes (1) : on trouve cette table dans les livres de navigation anglais. L'auteur termine son mémoire en parlant d’une méthode indirecte proposée par M. le baron de Zach, et que cel astronome annonce comme de- vant exiger trois ou quatre fois moins de temps que toutes les autres (2). Elle admet aussi emploi d’une table auxiliaire; mais malgré le soin que M. dAubuisson a eu de réduire cette table à la latitude de Toulouse, ce qui en rend l’usage plus facile, il a trouvé le calcul plus long par la for- mule de M. de Zach que par la précédente. » Ce » savant, dit-il, qui mérite un des premiers rangs » parmi les astronomes, par l'étendue de ses con- » naissances, et ses nombreux travaux, rempli » d'un zèle sans égal pour propager toutes les dé- » couvertes utiles à l'astronomie, aura trouvé, (1) L'usage de cette formule, qui n’est point décomposable en facteurs, exige l’emploi des sinus naturels. M. d’Aubuisson se plaint à cette occasion de ce que, dans les éditions modernes des tables de logarithmes, on a supprimé les sinus naturels, dont la connaissance est nécessaire dans beaucoup d’occasions. (2) Journal astronomique, septembre 1819, pag. 261. 6 Latitude. M.le Cher D'AUBUISSON. 1821: 82 CLASSE DES SCIENCES. » par un premier essai de sa méthode, presque » sans Calcul, la hauteur correspondante à un » angle horaire supposé, et il aura considéré le » problème comme résolu, n’estimant rien le » calcul. d’une proportion pour ramener l'angle » horaire supposé à celui qui correspond à la » hauteur observée ; et dans la solution par les » autres méthodes , il n'aura point fait usage de » la table des logarithmes citée ci-dessus, qui » donne de suite l'angle horaire correspondant , » mais il aura déterminé cet angle par le cal- » cul. » Parmi les difjérens moyens de déterminer la latitude , quels sont ceux qui méritent la préfe- rence ? Tel est le titre d’un autre mémoire de M. le chevalier »Aupurssox. Après avoir discuté l’importance et l'exactitude des moyens employés pour prendre la hauteur du pôle, Pauteur établit que les instrumens à æé- flexion, si utiles sur mer, peuvent aussi être em- ployés avantageusement sur terre pour prendre la latitude ; ces instrumens, plus portatifs, étant aussi en général mieux construits, et Lun prix moins élevé que les grands instrumens. Le sextant, par la simplicité des opérations, et en ce qu'il n’exige point le secours d’un chronomètre, peut être dun grand secours. Le cercle répétiteur de Borda, plus compliqué, a aussi un plus grand degré de précision. L'auteur cite à ce sujet le fait suivant : « Un de mes amis ayant fait construire » à Paris un cercle de Borda, voulut en faire PHYSIQUE ET ASTRONOMIE: 83 » Pessai chez Partiste (1). Il m’envoya la position » du lieu qu’il avait rapportée à celle de PObser- » vatoire royal, avec trois séries de hauteurs cir- » cumméridiennes du soleil, formant ensemble » trente observations, qu’il me pria de lui calculer, » n'ayant pas le temps de le faire lui-même. J'ai » trouvé les trois séries d'accord à une fraction de » seconde près, et le résultat était le même que » celui de la position trigonométrique. » M. d’Au- buisson s'étonne ensuite de ce que « cet instrument » Si précieux, qui devrait faire tant d'honneur au » Français qui la imaginé, et qui sera peut-être » un jour un titre de gloire nationale, est si peu » répandu, ce qui provient peut-être, ajoute-t-il, » de ce qu’il ne conserve pas ses avantages sur » mer. » Les instrumens à réflexion exigeant des hori- zons artificiels, auteur se livre à une digression sur cette matière ; 1l préfère les horizons liquides aux solides, qui ont besoin d’être nivelés soigneu- sement. Parmi les liquides, les meilleurs lui pa- raissent être le mercure et huile, mais le premier est si mobile, que le simple bruit d’un coup de marteau , à une grande distance, occasionne à sa surface un frémissement long à se calmer. L'huile clarifiée lui paraît préférable (2); il est vrai qu’elle produit souvent une double image. Pour éviter (1) M. Jeckert. (2) I suflit pour cela de exposer à l'air et au soleil, pen- dant 24 heures, dans un plat, avec un peu d’ean. 6. Longitude. M. le Cher D'AUBUISSON. 1822. 84 CLASSE DES SCIENCES. cet inconvénient, après de nombreuses expé- riences dans lesquelles il a souvent fait varier la forme et la couleur du récipient, 1l a reconnu qu'il fallait lui donner une forme rectangulaire et Pin- cliner à l'horizon. Nous n’avons pu retrouver dans les papiers de M. d’Aubuisson Pangle d’inclinaison qu'il avait déterminé par ses expériences. Dans un Supplément à ce mémoire, M. d’Au- buisson fait connaître une nouvelle méthode de M. Littrow, astronome de Vienne, qui détermine la hauteur du pôle par la distance zénithale de l'étoile polaire à un instant quelconque. Son cercle répétiteur est garni d’une lunette de 20 pouces, qui lui fait apercevoir l'étoile polaire même en plein midi. Notre confrère déplore à cette occa- sion le dépérissement des observatoires de France, tandis que ceux d'Allemagne, de Russie, etc. , s'enrichissent tous les jours, et que partout il s’en établit de nouveaux. La latitude d’un lieu étant connue, il faut, pour achever de fixer sa position sur le globe terrestre, déterminer sa longitude : ce sujet a aussi occupé M. le chevalier »Ausuisson, dans un Examen des moyens les plus avantageux de se procurer la longitude d’un lieu. Le nom de bureau des longitudes, donné en Angleterre et en France, aux corps chargés de perfectionner l’astronomie et la navigation; Pim mensité des prix proposés à ceux qui contribue- raient à la résolution exacte ou du moins appro- chée de ce problème, prouvent assez son importance PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 85 et sa difficulté. Cependant, en apparence, rien de plus simple; il ne s’agit que de trouver la différence des heures comptées au même instant dans deux lieux différens; ainsi une montre parfaite, et qu'aucune cause ne pût déranger, résoudrait le problème, en marquant dans tous les lieux où on la transporterait l'heure du point de départ; mais où trouver un pareil instrument ? Les efforts des plus habiles artistes y ont échoué. M. d’Aubuisson ayant eu à sa disposition trois excellens chrono- mètres, réunis dans le même boitier, qu'il plaça dans une voiture bien suspendue : au bout d’un voyage de trente lieues, ils présentaient tous trois des indications différentes (1). Quelles variations n’auraient-ils pas éprouvées dans un voyage de long cours? « Il est un terme, remarque notre » auteur, fixé par la nature, que nos sens et notre » adresse ne peuvent dépasser, et le degré de per- » fection , nécessaire aux garde-temps ou montres » marines, est au delà de ce terme. » On est donc obligé de recourir aux phénomènes célestes visibles instantanément dans les divers lieux du globe, ou à ceux qu’on peut réduire à cette instantanéité, en rapportant par le calcul le lieu de lobservation au centre de la terre. Les distances lunaires paraissent à M. d’Aubuisson de- voir obtenir la préférence sur toutes les autres (1) Deux de ces chronomètres étaient anglais, le troisième avait été construit par M. Breguet ; c’était le seul qui marquäf encore assez exactement l’heure du point de départ. Interpola- tions. M. le Ch.er D'AUBUISSON, 1821. 86 CLASSE DES SCIENCES. méthodes. Il présente dans un tableau les solutions les plus simples de ce problème de trigonométrie sphérique, accompagnées des types du calcul. Lorsqu’entre les termes d’une série, on veut in- sérer d’autres termes soumis à la même loi, ce qui arrive toutes les fois qu’on veut faire usage des tables dressées, soit par l'observation, soit par le calcul, et qu’on ne peut se servir des parties proportionnelles, parce que les termes de la série ne marchent pas uniformément, les physiciens et les astronomes font usage d’une méthode fondée sur le calcul des différences finies, et qui a été le sujet d'un Mémoire de M. le chevalier n'AUBUISSON sur les interpolations. Il y expose les principes d’après lesquels on peut résoudre le problème de la manière la plus générale, mais il se borne à examiner le cas où lon peut regarder les différences du troisième ordre cemme constantes, supposition suffisante pour les besoins de la pratique, puisque dans les usages ordinaires de lastronomie on se borne à supposer constantes les différences du second or- dre. Pour faciliter les calculs, l’auteur a dressé des tables numériques des coëfficiens qui entrent dans ses formules, et qui sont les mêmes que ceux du troisième et du quatrième terme du développe- ment d’un binome. Ces tables, rapportées à la suite du mémoire, sont calculées à sept décimales, et de centième en centième, depuis l’exposant 0,01 jus- qu'à 3,00. Le même astronome nous a lu deux disserta- PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 87 tions relatives aux instrumens dont on fait le plus d'usage. Une rigueur extraordinaire dans la manière d'observer est le caractère distinctif de ce siècle, et en même temps les artistes mettent dans leurs opérations une telle perfection, que des instru- mens de très-petite dimension donnent aujour- d'hui une précision égale et peut-être supérieure à celle de ces machines colossales, dont les unes ne pouvaient être transportées qu'avec de grandes difficultés, et dont les autres étaient établies à jamais sur d'énormes massifs de maçonnerie. Au- jourd’hui un cercle répétiteur de la plus petite dimension donne un angle à deux secondes près. Nous avons vu le cas que M. le chevalier d'Au- buisson faisait de cet instrument. Dès qu'il put se consacrer entierement aux observations astrono- miques, il sentit la nécessité de s’en procurer un; et, sans consulter l’état de sa fortune qui était alors très-modique, il parvint à posséder un cercle répétiteur, ouvrage de lhabile mécanicien alle- mand Reichenbach , sorti lui-même des ateliers du célèbre Ramsden. Dans un Mémoire sur le cercle répétiteur, décrit cet instrument dans tous ses détails, ainsi que les nombreuses précautions que force à pren- dre son excessive sensibilité. C’est à laide de cet instrument que M. d'Au- buisson a cru pouvoir fixer définitivement Ja lati- tude de lobservatoire royal de Toulouse à 43° 35! 39/,6. Du reste, il s'empresse d'avouer qu’en Cercle ré- petiteur. M. le Cher D'AUBUISSON, 1812. Sextant. M. le Ch.er D'AUBUISSON, 1818, Gnomonique. M. Sonzin, 1821. 88 CLASSE DES SCIENCES: appliquant des méthodes de calcul reconnues au- jourd’hui plus exactes que celles dont on faisait usage autrefois, à d'anciennes observations de M. Darquier, on obtiendrait, à très-peu près, le même résultat (1). Dans une Notice sur le sextant, M. le cheva- lier »'Aueuissox fait une description exacte de cet instrument, qui, par la perfection que lui don- nent maintenant les artistes du premier ordre, mérite la préférence sur beaucoup d’autres aux- quels il est très-inférieur par le prix, circonstance qui le rend précieux pour beaucoup d’astronomes qui n’ont pas les moyens de se procurer des ins- trumens dispendieux. L'auteur prouve sa propo- sition par la comparaison d’un grand nombre d’ob- servations faites avec le sextant, le quart de cercle et la lunette méridienne. Il se proposait d’en faire de plus détaillées avec des sextans et des cercles entiers de différentes grandeurs, mais nous n’a- vons aucune connaissance de ce nouveau travail, que la mort ne lui a pas probablement permis d'achever. La gnomonique ne doit pas être séparée de l'astronomie, puisqu'elle nous indique à chaque (1) La latitude de Toulouse avait été trouvée, en 1700, par Cassini, de 43° 37'. En 1736, les observations de Garipuy la réduisirent à 43° 35/ 54". Cest cette évaluation , qui est encore portée dans Pannuaire publié par le Bureau des longi- tudes. Sa longitude est de o° 53 47/ ouest, et sa plus courte dis- lance à Paris de 58,626 myriamètres. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 39 instant du jour la position de l’astre qui nous éclaire. Les traités de gnomonique sont extrêmement nombreux, et l’on a excessivement varié les ma- nières de faire marquer les heures sur des plans ou des surfaces courbes, mais presqué toutes les méthodes employées sont fondées sur la considé- ration des rayons directs. Quelques auteurs ont cependant montré qu'on pouvait faire servir au même usage les rayons réfléchis, et M. Thuillier avait même construit à Versailles une méridienne réfléchie ; mais personne n’avait encore traité la question d’une manière aussi complète que M. Sor- LIN, Correspondant, dans son Mémoire sur la gnomonique catoptrique ; travail qui peut passer pour absolument neuf. L'auteur commence par déterminer la position d'un miroir plan, par rapport à un plan quelcon- que, sur lequel, à une heure également quelcon- que et connue, on a marqué l’image du soleil ré- fléchie par ce miroir, ce qui lui fournit le moyen de trouver sur ce même plan le cadran demandé, Il emploie, pour parvenir à cette solution, des formules de trisonométrie sphérique, science sur laquelle il a fait de nouvelles recherches, qui lui ont valu les suffrages de l’Institut. La généralité de cette analyse lui permet de traiter la question dans toute son étendue, et d'entrer dans des détails où nous voudrions pou- voir le suivre. Elle le conduit même à des ré- sultats généraux de gnomonique, tels que la ma- OPTIQUE. Perspective aérienne. M. Ganrien. 1 8 13, 90 CLASSE DES SCIENCES. nière de tracer un cadran plan quelconque, par le moyen dun cadran horizontal, ou dun cadran équatorial. Il ne manque plus à M. Sorlin, pour compléter entièrement cet intéressant et beau travail, sur lequel nous regrettons de ne pouvoir nous étendre davantage, que de donner la solution graphique des divers problèmes qu’il a traités par l'analyse. Ce géomètre nous annonce qu'il s’en est occupé, et qu'il nous communiquera ces solutions dans un supplément à son mémoire. Nous rangerons l'optique immédiatement après Pastronomie, comme étant une science physico- mathématique, qui nous fait connaître la marche et les lois des rayons lumineux qui nous sont envoyés par les corps célestes. La perspective, l’une des branches les plus im- portantes de loptique, se divise en deux parties ; la perspective linéaire et la perspective aérienne. La perspective linéaire, fondée sur les principes de la géométrie descriptive, nous apprend à déter- miner, sur le plan dun tableau, les contours aperçus dun point de vue donné; mais ce résultat suffisant pour le géomètre, n’est cependant qu'une partie des conditions exigées de l’artiste. Le peintre doit, en effet, pour produire aux yeux du spec- tateur une illusion complète, représenter les objets semblables aux images qui arrivent à notre œil, c’est-à-dire, avec toutes les modifications que fait subir linterposition de atmosphère aux rayons PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. O1 qui, partis de l’objet, ou réfléchis par lui, vien- nent se peindre sur notre rétine. C’est là l’objet de la perspective aérienne, science fertile en aperçus délicats et en résultats intéres- sans ; elle a été le sujet dun travail de M. Gax- TIER , intitulé Essai sur la perspective aérienne. L'auteur, après avoir établi les lois de la ré- flexion, des ombres et des couleurs, et rappelé que ces dernières proviennent de la décomposition de la lumière blanche par les corps qui en absorbenE une partie et nous renvoient des rayons colorés, considère l’atmosphère sous deux points de vue, 1.° comme un corps réfléchissant qui, par la lu- mière qu'il renvoie, éclaire les objets qui ne sont point en vue du soleil, et change en pénombre les ombres qui sans cela devraient nous paraître entièrement noires; 2.° comme un milieu trans- parent qui affuüblit graduellement les objets à me- sure qu'ils s’éloignent , et diminue Pintensité de leur couleur pour y substituer la sienne ; c’est ainsi que les montagnes, vues à de grandes dis- tances, nous paraissent bleues et ne nous présen- tent que des masses informes. Telles sont les raisons qui doivent porter les peintres à éteindre les objets éclairés et même ceux qui sont situés dans l'ombre, par des teintes bleuâtres, d'autant plus fortes que ces objets sont plus éloignés; mais l’auteur remarque qu’on a abusé de cette règle dans les lavis d'architecture, où l’objet représenté est situé trop près du spec- tateur, et où les faces sont trop rapprochées les 92 CLASSE DES SCIENCES, unes des autres, pour qu'il y ait une diflérence sensible dans lintensité et la couleur de la lumière réfléchie par les différentes parties du bâtiment. Dans ce cas, c’est au moyen des ombres portées, et des arètes noires et brillantes que l’on doit in- diquer la disposition respective de ces parties. M. Gantier, après avoir remarqué que la lu- mière blanche réfléchie par les corps est le prin- cipal instrument de la vision, considère le juge- ment que nous portons sur les objets placés dans un appartement éclairé par des verres ou des rideaux de couleur. Il remarque que les objets véritablement blancs, et ceux qui sont de mème couleur que les rideaux, paraissent également blancs, parce qu’alors la lumière de couleur qui éclaire l'appartement fait fonction de lumière blanche. Il fait observer aussi qu’un rayon solaire, passant par un trou fait dans un rideau rouge, paraît de couleur verdâtre, et que généralement la couleur du spectre est toujours complémen- taire de celle des rideaux de l'appartement; de sorte que la couleur des rideaux doit influer non- seulement sur celle des corps éclairés de cette ma- nière, mais aussi sur les ombres qu’ils portent. Les peintres doivent se familiariser avec ces sortes de considérations, pour ne pas tomber dans des erreurs contraires aux effets de la nature, comme, par exemple, lorsque représentant un ciel bleu d'été, ils font les ombres brunes, tandis qu’elles doivent être fortement bleuâtres. L'auteur termine son mémoire en traitant de PHYSIQUE ET ASTRONOMIF. 93 l'organe de la vue, et montre l’influence de cet organe sur le jugement que nous portons des corps; ainsi, il examine linsensibilité de Poeil par les impressions faibles lorsqu'il en a éprouvé de fortes, l'impression produite sur la rétine par la- quelle nous jugeons les parties éclairées plus larges qu’elles ne le sont réellement, et cette durée de l'impression, qui se prolonge dans lœil, même lorsque l’objet aperçu a changé de place, comme dans le cas où nous apercevons un cercle de feu lorsqu'un charbon allumé tourne rapidement. Passons maintenant à l'examen des mémoires relatifs à la physique proprement dite. La plupart des mémoires de physique qui ont été lus dans nos séances, se rapportant aux mo- difications de atmosphère, qui donnent lieu à des observations journalières, telles que la pres- sion de l'air, la température, etc., nous croyons convenable de commencer cet article par les mé- moires qui ont pour objet les observations météo- rologiques. L'Académie a eu le bonheur de rencontrer dans M. Marqué-Vicror un observateur judicieux et ‘infatigable, qui s’est constamment occupé de cette branche importante de la physique. Outre un Mémoire sur quelques considérations météorolo- giques *, et un autre Mémoire sur les meilleures méthodes à suivre pour faire des observations mé- téorologiques **, il n’a guère laissé passer d'année sans nous communiquer le résultat de ses travaux, Pavsrque. Météorologie, M. MARQUE- Vicror. * 1804. XXNTOTO. 3ARO- MÈTRE. M. MarqQué- Vicron, 941 CLASSE DES SCIENCES. accompagné de réflexions nouvelles. Nous croyons en conséquence devoir nous écarter ici de notre marche habituelle, pour ne pas être obligé de re- venir sur le même objet, à l’occasion de chacun de ces mémoires, et nous rapporterons à chaque genre d'observations les faits pris dans ces divers ouvrages. Parmi les instrumens destinés à faire les obser- vations météorologiques, le baromètre tient sans doute le premier rang. Fruit de la belle expé- rience de Torricelli qui, en bannissant la chimere de l'horreur du vide, a ouvert la route aux plus belles découvertes de la physique moderne; il na été, pour ainsi dire pendant long-temps, qu’un instrument de pure curiosité, dont on ne se servait guères que pour prédire, d’une maniere assez Va- gue, le beau ou le mauvais temps. Cest seulement depuis l’époque où la nature a été interrogée avec plus de méthode et de précision, qu’on est par- venu à découvrir, à travers les oscillations irré- culières, une variation diurne, produite par une marée atmosphérique digne d’attirer toute l’atten- tion des géomètres et des physiciens. M. Marqué-Vicror est parvenu, par une lon- gue suite d'observations barométriques , à des ré- sultats dont l’Académie a cru devoir publier le compte qui lui en a été rendu par M. d'Aubuis- son (1), ainsi que les tableaux qui y sont relatifs, 22109 be ge Men ne bee TR 41 11° 7 TOO ES) (1) Résumption du 18 avril 1822. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. OÙ pour les années 1817 et suivantes, jusqu'à 1821 inclusivement. Quoique ce compte rendu, im- primé sur une feuille volante, ait été envoyé aux sociétés savantes, nous croyons, Vu Son im- portance, devoir le reproduire en entier, en y ajoutant, pour le rendre encore plus digne d'at- tirer les regards des physiciens, les observations faites en 1822, 1823 et 1824 (1). Depuis, PAcadémie ayant jugé avantageux pour la science, de faire lithographier le tracé graphique de ces observations poussées jusqu’en 1822, nous nous proposons de joindre à notre notice ce tableau augmenté des observations faites en 1823 et 1824. … «Passons à la longue suite d'observations ba- » rométriques faites par M. Marqué-Victor. » Avant de les exposer, nous nous permettrons » une remarque sur les observations météorologi- » ques en général. Depuis un demi-siècle, elles » ont été extrêmement multipliées : dans les pays » où l’on cultive plus particulièrement les scren- » ces, il n’y a guère de petite ville où il n'en ait » été fait, il n’y a guère de professeur et même » d’amateur de physique qui n’en ait tenu registre. » Mais tout ce travail a été peu utile à la météo- » rologie; et il serait complètement inutile, sil » était continué de la même manière. Dans les (1) Cette addition complète la série des observations de M. Marqué-Victor, que la mort nous a enlevé au commence - ment de 1825. 96 CLASSE DES SCIENCES. » commencemens, il peut avoir fourni quelques » aperçus, il peut avoir servi à esquisser quelques » parties de la science, et à former le plan à suivre » pour observer utilement; mais aujourd’hui que » l’esquisse est faite et que le plan est arrêté, au- » jourd’bui qu’on ne peut plus avancer les diverses » branches de la physique qu'à laide d’observa- » tions très-exactes, aujourd’hui que l'on prend » les hauteurs du baromètre, en ayant égard aux » vingtièmes, cinquantièmes et même aux cen- » tièmes de ligne, à quoi serviraient des hauteurs » qui ne seraient exactes qu’à une, deux et mème » trois lignes près? A quoi serviraient des obser- » vations faites avec un thermomètre dont les in- » dications sont en erreur d’un ou deux degrés, » qui est tantôt frappé par les rayons du soleil, » tantôt influencé par leur réverbération, et qui, » après tout, ne donne que la température de la » fenêtre ou du mur contre lequel il est placé ; » tandis que c’est la vraie température de la couche » de l'atmosphère dans laquelle on se trouve que » le physicien est intéressé à connaître ? » Pour que des observations météorologiques » puissent être maintenant utiles, il faut qu'elles » soient faites avec d’excellens instrumens, avec » autant de soin que d'intelligence, et durant » quelques années consécutives, à des époques » rapprochées les unes des autres. Ces trois con- » ditions sont parfaitement remplies dans les tra- » vaux barométriques de M. Marqué-V'ictor. » I a construit lui-même ses baromètres, et tl PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 97 » est presqu'impossible d’en avoir de meilleurs et » de plus exacts : on sait quelle est son habileté et » son expérience dans la confection de ces sortes » dinstrumens, et dans le soin qu’il faut en avoir, » ainsi que dans le soin des instrumens de mathé- » matiques et de physique en général. Ges baro- » mètres sont à siphon, et ce sont les plus conve- » nables pour les observations de cabinet : le tube » à O millimètres de diamètre intérieur ; le mer- » cure qui le remplit a été distillé à plusieurs re- » prises, et on l’y a fait bien bouillir : ce tube est » monté sur un bois de noyer, et comme isolé dans » une entaille à jour, afin qu'il puisse être bien » observé par transparence. L’échelle, faite partie » en laiton partie en verre, est mobile : le zéro » ou index inférieur est mené, à l’aide d’une vis » de rappel, à la hauteur du niveau inférieur de » la colonne mercurielle; puis, Péchelle est arrêtée » par une vis de pression ; et l’index supérieur, » portant un vernier, et garni d’une seconde vis » de rappel, est mis au niveau de la tête de la » colonne : ce mécanisme a été exécuté par le cé- » lébre artiste Maigné (1). Une comparaison de (1) Maigné (Pierre), né dans les environs de Paris, annonça de bonne heure d’heureuses dispositions pour les arts. S’étant at- taché à lillustre Lavoisier, il exécuta tous les appareils destinés aux expériences par lesquelles ce. grand homme changea la face de la chimie. Craignant, à l’époque de la terreur, de partager le sort funeste de son protecteur, il se retira en Es- pagne, où il fut accueilli avec distinction, et chargé d'établir lobservatoire royal de Madrid. Après avoir terminé cette grande 7 98 CLASSE DES SCIENCES. » l'échelle avec le mètre étalon, envoyé à Tou- » Jlouse par la commission des poids et mesures, » indiquerait qu’elle est trop longue de 0,0003 » mêt. Le thermomètre, qui est enchâssé dans le » bois de la monture, outre son échelle ordinaire, porte une échelle de correction indiquant la » quantité à retrancher de la hauteur observée pour la réduire à ce qu’elle serait, si le mercure et l'échelle du baromètre étaient à zéro de tem- » pérature. » M. Marqué-Victor a deux baromètres pareils, » placés, l’un près de l’autre, devant une fenêtre, » ét dans un châssis fait exprès. Ils sont inclinés, » et on ne les tient verticaux qu’au moment de » Pobservation : de cette manière, les parois inté- » rieures de la petite branche du tube, étant pres- » que toujours recouvertes de mercure, ne se Sa- CA — … = > entreprise , 1l rentra dans sa patrie; mais il fut, malheureuse- ment pour lui, rappelé à Madrid pendant l’oecupation de l'Espagne par les Français. Obligé, par suite des événemens de 1813, de fuir précipitamment , chargé de ce qu'il avait de plus précieux , il fut dépouillé à Valladolid, eut la douleur de voir massacrer un de ses enfans sous ses yeux, et courut {ui- même les plus grands dangers. Échappé à cette scène d'horreur, il parvint à rentrer en France, et fixa son domicile à Tou- louse, où il est mort en 1820, à l’âge d’environ 65 ans, et dans un état très-approchant de l’indigence. Sa famille , qui depuis est retournée en Espagne, y a recueilli quelques débris de la fortune qu’il y avait laissée. On doit à cet artiste recom- mandable plusieurs inventions ingénieuses, entr’autres un nou- veau système de balances d’essai, et un baromètre décrit dans les Annales de chimie, tom. xxvir (an xt). »» = ) PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 09 lissent pas, et le verre conserve mieux la même force capillaire. » Depuis cinq ans, ces instrumens ont été ob- servés avec une assiduité et un scrupule dont peu d’observateurs sont capables. En 1817 et 1818, ils ont été exactement tous les jours, d'heure en heure, depuis six heures du matin jusqu’à minuit : dans les trois années suivantes, ils n’ont plus été observés que de trois en trois heures, ainsi que cela se pratique à l’observa- toire royal de Paris, qui fournit un terme de Comparaison. En tout nous avons plus de vingt et un mille observations. » Par leur nombre, leur exactitude et leurs conséquences, elles forment un fort beau travail scientifique. M. Arago, en en présentant la pre- mière partie à l’Institut, l’a regardé comme d’un grand intérêt (1). Cest le plus beau travail que Académie ait eu à offrir au public depuis sa restauration, c’est-à-dire, depuis vingt ans : c’est un de ceux qu'il importe de conserver dans les archives de la science; peu, dans ce genre, l’y Surpasseront en utilité. » Les résultats généraux en sont consignés dans le petit tableau ci-joint, n° 1. Nous allons en indiquer succinctement les principales consé- quences. » 1.° La moyenne entre toutes les hauteurs ba- TR OR Re ©, Nm (1) Annales de chimie et de physique, tom. x1r, pag. 333 (1819). T7. 100 CLASSE DES SCIENCES. ) Z » » ) LA ) » » rométriques de la journée, abstraction faite des mouvemens extraordinaires, est assez exacte- ment représentée par celle de midi. Résultat intéressant pour la détermination des hauteurs à l’aide du baromètre, et on sait que cette déter- mination est le plus important usage de cet ins- trument. » 2.° La moyenne générale, pour le lieu où le » baromètre de M. Victor est placé à Toulouse (7 ) » » » » » mètres au-dessus de la place Rouaix, et 153 mètres au-dessus de la mer), est de 0"74901, ou 0"74871 d'après le mètre étalon de Tou- louse (2). | » Le mercure, comme l’on sait, oscille conti- nuellement autour du terme moyen; et de ces oscillations, les unes sont régulières et les autres irréoulières. Quoique celles-ci par leur nombre, leur fréquence et leur grandeur masquent les premières, cependant on vient à bout de les éliminer, en prenant les moyennes d’un grand nombre d'observations faites à la même heure pendant plusieurs jours consécutifs : plus ce nombre est grand, et plus l'élimination est com- plète. Cest par ce procédé que les physiciens sont venus à bout de reconnaître une oscil- lation régulière très-remarquable, la variation diurne. (1) Nous avons ramené les nouvelles observations à cette hauteur de 7 mètres au-dessus de la place Rouaix , afin de les rendre comparables aux anciennes. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 101 » 3.° Elle ressort, d'une manière très-marquée, » des moyennes des mois et des années que pré- » sentent les observations de M. Marqué-Victor. » (Voyez les tableaux n° 1 et 2). On y voit, » chaque jour, le mercure à sa plus grande hau- » teur vers neuf heures du matin , 1l descend en- » Suite jusque vers quatre heures du soir, puis il » remonte jusqu’à onze heures, redescend dans la » nuit, et remonte jusqu’à neuf heures, point de » départ. La grandeur de ce mouvement, ou la » différence entre le Maximum et le minimum ÿ » n'a varié, à Toulouse, que de 1,1 à 1,3 milli- » mêtres dans nos cinq années d'observations. » M. de Humboldt l’a trouvée de 2 millim. sous » l'équateur; M. Ramond de 1 millim. à Clermont; » et M. Arago de 0,8 mill. seulement à Paris : on » dirait qu’elle va en diminuant de l'équateur aux » pôles; ce qui serait le contraire des oscillations irréoulières, lesquelles sont nulles à l'équateur, » el vont jusqu’à 50 millim. dans nos latitudes » moyennes. » 4° D’après les observations de M. Marqué- » Victor, il ne paraît pas qu'il y ait de rapport » entre la grandeur de la variation diurne et les diverses saisons de l'année. Mais il n’en est pas » de même entre ces mêmes saisons et les heures » des maxima et minima ; en été, le maximum » a lieu de huit à neuf heures, et le minimum de » Cinq à six ; en hiver, le maximum n’a lieu qu'à » dix heures, et le minimum à deux ou trois : dans » la première des deux saisons , la durée de l’os- 2 = LA TZ LA 102 CLASSE DES SCIENCES. » Gillation est ainsi d'environ neuf heures; et dans » la seconde, elle n’est que de cinq, comme on » peut le voir dans le tableau n.° 2 (x). Cette re- » marque n’avait pas encore été faite, du moins » que nous sachions; sans nous faire connaître la » cause de la variation diurne, ou de la marée » atmosphérique qui Poccasionne , elle semble in- » diquer que cette cause est en quelque rapport » ayec l’action du soleil. La variation diurne de » aiguille aimantée paraît également tenir à cette » action. » 5.9 Quant aux oscillations irrégulières du ba- » romètre, elles sont à Toulouse de 40 à 50 mil- » limètres dans l’année. Ainsi, en 1821, M. Mar- » qué-Victor a vu cet instrument à 0,7689 et à » 0,7189 mètres. » 6.2 Ces oscillations, dont la cause n’est pas » même entrevue, semblent livrées aux caprices » des vents; elles en ont toute la mobilité et Pin- » constance. On sait seulement, et les observations » de M. Marqué-Victor le constatent pour notre » contrée, 1.° qu’elles sont plus considérables, » doubles et au delà, dans l’hiver et le printemps » que dans l'été; 2.° que durant les deux mois » qui suivent les équinoxes, le baromètre se tient » en général au-dessous de la hauteur moyenne ; A4 (1) « M. Marqué-Victor a donné un pareil tableau pour » chacune des cinq années d’observations; et il a joint à chacnn » d’eux un second tableau présentant encore le maximum » etle minimum qni a eu lieu dans chacun des douze mois de » Pannée. » : ) Le4 » » PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 103 tandis qu’il se tient au-dessus dans les mois après les solstices; 3.0 que le vent du sud fait des- cendre cet instrument (environ de 1 millimètre) au-dessous de la moyenne, que le vent du nord le fait monter (à près de 4 millimèt. ), et que les vents d'est et d'ouest le rapprochent de son élé- vation moyenne : les vents dominans à Toulouse sont le S. E., le N. O. et le N. N. O., et cela dans le rapport de 80 à 66 à 32. » Au reste, le travail de notre confrère, sur les oscillations irrégulières du baromètre, n’est qu'ébauché; il est l’objet de ses recherches ac- tuelles : et dans cette partie encore, nous pou- vons espérer d'arriver à des résultats aussi satis- faisans que le comporte la nature du sujet, et qu’on peut les attendre du zèle, de l’exactitude et de l'expérience d’un observateur tel que M. Marqué-Victor. » Nous allons maintenant présenter les deux ta- bleaux que nous avons annoncés, On verra que les additions faites au tableau n.° 1 confirment toutes les conséquences tirées du tableau primitif. La moyenne générale des huit années n’excède que dun tiers de millimètre celle des cinq pre- mières. Quant à l'expression de la variation diurne, on peut dire qu’elle n’a pas changé. 104 CLASSE DES SCIENCES. N.°48 RÉSULTAT DES OBSERVATIONS AUGMENTÉ DES ANNÉES . 1817....| 0,74947| 0,74962| 0,74073] 0,74983| 0,74987| 0,74q68| 0,74942| 0,74g20! 0,74805 1819....| 74961] 74958] 74978 74981] 74966! 74900! 74913] 74892]! 1819... ) © » 1820... 1821... 1822... 1823... 1824... RÉSUMÉ MOYENNES. 1817 | 1818 | 1819 mèt, Moyenne étnérale.. +: 2202 ENS “x . c 74 0,74851 Moyenne générale, minuit non compris. + - « Moyenne de trois en trois heures. .. . Moyenne de midi. . Moyenne entre les moyennes extrêmes du tableau ci-dessus. Différence entre ces deux moyennes, ou variation diurne. . Ogservarion : Les hautenrs ont été réduites à zéro de PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 105 BAROMÉTRIQUES FAITES DE 1817 à 1921, 1822, 1825 et 1824. RES. RTS PE RE SEE RE n — 3 4 5 6 7 8 9 10 11 |[minuit, |mèr. mèt, mèt, mèt. mèt. mèt, mèt. mèt, mèt, mèt, Ê PAR L0,74883| 0,74881| 0,74873| 0,7488;| 0,74906| 074924] 0,74939| 0,74952| 0,74985| » 1% ne ES & 74868] 74855] 74859] 74866! 74879] 74902! 74922] 74934] 74991] 74932 74792 » » 74818 » » 74870 » » 7486; 74817] ? : 74841 » : 74898| » à 74900 74865 » » » » » 74955 » » 74949 74986 » » » » » » 75077 » » | : | 7 482 4 » » » » » » 7 489 1 » » 7497917? : : à ë 75049! » ÿ GÉNÉRAL. H1820 | 1821 | 1817-1821 | 1822 | 1823 | 1824 | 1817-1824 mèr, mèt. mète mèt, mèêt, mèt, mèêt. G,74874 | 0,74925 | o,74go1 0,75066 | 0,748;7 | 0,75026 074954 74870 74935 74900 75066 74877 75026 74933 74830 74935 ;4got 75003 74874 75020 74933 J 74865 | 75016 74916 75058 | 74874 | 75018 74941 74871 74929 74899 79095 74370 75018 74930 00108 00129 00118 60139 00093 00097 00115 | empérature, et corrigées de la dilatation de Péchelle. 106 CLASSE DES SCIENCES. No MOYENNE DES OBSERVATIONS II midi, I | 2 mèt, mèt, Janvier. , 4 l0,75476 |0,7548x |0,75505*l0,:54;7 |0,75426 |0,75383 |0,75367 Février.…| - 74 75005 c 75026*| 55025 Mars... 5 5 79190 Avril... 6 : 5*| 74339 Mai... Juin... Juillet. Août... Septemb Octobre. Novemb. Décemb. Moyennelo,74961 |0,74968 |0,:4978 |0,74987*l0,7498c l0,:4966 |0,74g00 |0,74913 Les hauteurs ont été réduites à zéro de OBSERVATIONS : \ [ra Les astérisques indiquent le maximum de, PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 107 [ORAIRES POUR CHAQUE MOIS DE 1818. 5369 |0,75374 |0,75380 |0,75387 |0,:5400 |o,75408 |0,75431 |0,75446 |0,55454 |0,75449 4885,| 74961 | 74950 | 74062 | 74980 | 74993 | 75014 | 75025 | 75030 | 74890 5060 | 55056,| 75063 | 75050 | 551715 | 75113 | 95125 | 75138 | 95136 | 55131 4a514| 74259 | 74269 | 74287 | 74315 | 74340 | 74369 | 74356 | 74380 | 74374 que 5039 74861 | | ——————— | ————— | ——— | ———— ——— | 868 |0,74855,/0,74859 |0,74866 |0,74879 |0,74902 |0,74922 |0,74954 |0,74931 |0,34932 | M. le Cher D'AUBUISSON. 1810. Atmosphère du 24 décem- bre 1821. M. Marqué- Vicron. 1822. 108 CLASSE DES SCIENCES. Nous devons à M. le chevalier p’Aveuisson des Considérations sur le baromètre , dans lesquelles il décrit avec beaucoup de détail la construction de cet instrument, et toutes les précautions né- cessares pour faire les observations avec une pré- cision qui ne laisse rien à désirer, M. Delcros, dans un mémoire inséré dans la Bibliothèque universelle, dit que les baromètres à Syphon ne donnent des résultats comparables qu’en ayant égard à la hauteur des ménisques qui terminent les colonnes de mercure, et que cette hauteur varie dans le même baromètre par leffet de plusieurs causes. M. d’Aubuisson ayant voulu vérilier cette assertion, a fait des séries d’observa- tons, desquelles il résulte que la hauteur des ménisques est sensiblement la même. Il est vrai qu'il faut pour cela que le baromètre demeure dans une situation inclinée, hors le temps des observations, et M. Delcros n’avait probablement Pas pris cette précaution. Quelquefois des causes perturbatrices, dont la nature nous est inconnue, agissent avec une énergie surprenante ; il faut alors recueillir soi- gneusement des faits qui pourront peut-être un jour servir de preuve à de nouvelles théories ou en prouver la fausseté : tel est le mouvement extraor- dinaire , et dont on n'avait encore pas d'exemple depuis que l’on tient des registres d'observations, qui à donné lieu à une Notice particulière de M. Marqué-Vicror sur l’état météorologique de l'atmosphère, le 24 décembre 1821. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 109 Le 22 décembre, le baromètre était encore au- dessus de son terme moyen, 749 millimètres; il prit alors une marche descendante, de sorte que le 24 au matin il avait baissé de 14,8 millim. et dans le cours de la journée, de 15,9 au-dessous de ce terme; enfin, à 9 heures 1%, du soir, il n’était plus qu'à 719 : à 10 heures, il commença à remonter. Cet abaissement remarquable se fit ressentir depuis l’Angleterre jusqu’au fond de l'Italie ; mais son maximum na pas eu lieu partout à la même heure; on l’a observé à Genève à r heure 1/, après minuit, à Paris un peu plus tard : la grandeur de ce maximum a aussi varié dans les divers pays. Tous les autres instrumens météorologiques ont aussi éprouvé l'effet de cette crise atmosphérique ; le thermomètre, qui s'était tenu dans la journée de 6 à 8 degrés, s’est élevé à 9° et même à 10. L’hygromètre s’est abaissé de 97° à 80, mouve- ment en sens inverse de celui qui a lieu ordinai- rement en temps de pluie, et aux approches de la nuit; l’électromètre indiquait une très-forte dose d'électricité; aussi, quoiqu’au solstice d'hiver, a-t-on aperçu des éclairs, et entendu dans le loin- tain des roulemens de tonnerre. Le temps était nuageux, et même à onze heures il tomba de la pluie; mais bientôt la sérénité du ciel reparut, exception remarquable, car, tandis que dans cette nuit on a éprouvé, sur les côtes de l’Océan et de la Méditerranée, sur les Alpes et sur les Pyré- Application aux changemens de temps. M. Marqué- Vicron. 110 CLASSE DES SCIENCES. nées, et même dans les villes voisines de Toulouse, des tempêtes, des ouragans ou des torrens de pluie et de grêle, nous avons joui d’une atmosphère en apparence tranquille, et dont les désordres ne nous ont été manifestés que par lobservation des instrumens. Les élévations et les abaissemens de la colonne de mercure, dans le baromètre, annonçant une variation dans les pressions qu’elle éprouve, et par suite un changement de densité dans les cou- ches inférieures de l'atmosphère, on a cru pouvoir lire, dans les hauteurs moyennes de la colonne, l'indication du temps qui doit suivre ; mais il faut convenir aussi que cette manière de présager le beau ou le mauvais temps est encore sujette à bien des difficultés. Cependant, comme beaucoup de personnes ont l'habitude de consulter journalièrement leur ba- romètre dans ce but, M. Marqué-Vicror a com- posé en leur faveur un Essai d'application usuelle du buromètre aux changemens de temps , dans lequel il a rassemblé les pronostics qu'une longue habitude des observations météorologiques lui a fait regarder comme offrant un assez grand degré de probabilité dans la contrée que nous habitons. Nous pensons qu’on nous saura gré d’en donner l'extrait suivant : « Ordinairement le baromètre monte, plus ou » moins, le matin jusqu’à 9 ou 10 heures. » Il descend jusqu’à trois ou quatre heures du » soir, pour remonter ensuite. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. if » Les mouvemens contraires à cette marche, »sont un indice probable de changement de » temps. » Lorsque le baromètre, étant déjà au variable » ou au-dessous, descend avant 4 heures du ma- » tin, il annonce ordinairement la pluie ou le sud- » est (vent d'autan ). » Les changemens de temps s’'annoncent pres- » que toujours la veille, au moins. » Le sud-est dispose à la pluie : Poxest ou le » ouest-nord-ouest la donnent. Quand la pluie » cesse, le vent passe au nord-ouest. Le vent » d'ouest donne quelquefois de petites pluies, » quoique le bagomètre soit fort haut. » Les orages se forment ordinairement au sud- » ouest. Les agitations du baromètre sont alors » plus marquées : quand l'orage est près de finir, » le baromètre remonte précipitamment. » Dans les jours d'orage, plusieurs vents rè- » gnent ensemble dans les hautes régions de l'at- » mosphère. » Les vents du zord ou du nord-ouest tiennent » ordinairement le baromètre au-dessus de la hau- » teur moyenne: ceux du sud-est et du sud-ouest, » le tiennent au-dessous. Le vent d'est { autan » blanc) n’exerce pas d'influence sensible. » Dans les saisons chaudes, la hauteur vraie » est toujours moindre que la hauteur donnée par » le baromètre; c’est-à-dire, que pendant les trois » mois d'été on peut, dans l'observation, retran- » cher deux ou trois millimètres {environ une 112 CLASSE DES SCIENCES. » ligne) de la hauteur du mercure, pour corriger » l'effet d’une température élevée. » L’échelle du baromètre en pouces, ne dispense » pas de placer en regard l'échelle en millimètres, » beaucoup plus commode, à cause de ses petites » divisions, pour apprécier les petits mouvemens » du mercure. Avec un peu d'habitude, on dis- » tingue aisément à l'œil nu non - seulement les » demi-millimètres, mais encore des fractions » plus petites. » La hauteur moyenne du mercure (/e variable) » varie comme la hauteur des lieux d'observations » au-dessus du niveau de la mer. Il faut donc que » l'échelle d'indication soit toujqurs placée rela- » tivement à la situation du baromètre. Nous » donnerons successivement la hauteur des prin- » cipaux lieux à un certain rayon de la ville de » Toulouse. » Hauteur moyenne (variable du Baromètre). mèt, millim, pouc. lign. » Toulouse. .. . . . . 0,7500 Environ27 8 D'AVAUT- ee neite . O0, 7494 270.8 "y, »'Müret: tr HR mo; 7420 27 7 » Saverdun et Mazères. # 0, 7402 27 4 » Vilicfranche. . . . . 0, 7367 27 ) 3 » Pamiers et Mirepoix. 0, 7353 ATARI 2 SÉRIE ue es ete OU, 720 26 10 » Saint-Girons. . . . . O0, 7257 2610 » Tarascon... . . . . O, 7205 26.7 DAME ie 0, 7063 26 2 PHYSIQUE ET ASTRONOMIE: 119 Les amateurs de ces sortes de considérations pourront comparer Jes pronostics de M. Marqué- Victor, pour Toulouse, avec ies aphorismes baro- métriques de M. l'ingénieur Chevallier, pour Paris (1). La plus belle application du baromètre, celle qui lui à donné un degré d'utilité capable de le faire regarder comme l'instrument le plus pré- cieux , c’est de pouvoir faire connaître, d’une ma- nière extrêmement approchée, la différence de niveau de deux points situés à la surface du globe. Au moyen des indications qu'il nous fournit, on pourra compléter entièrement la topographie de nos régions, dont les mieux connues ne soñt re- présentées sur nos cartes que par leurs projections horizontales. Maintenant , les voyageurs qui par- courent des régions sauvages ou peu civilisées, dans lesquelles ils n'auraient ni le temps, ni même la possibilité d'exécuter des nivellemens, pour- ront nous rapporter ces hauteurs au-dessus du niveau de la mer, si nécessaires aux progrès de la géographie, et à la connaissance du globe ter- restre. Lutilité d’une formule, pour déduire des ob- servations barométriques la hauteur des lieux, est si évidente, que les plus grands géomètres n’ont pas dédaigné de s’en occuper; et M. de Laplace, par une méthode dont le plan était tracé par la (1) Essai sur Part de l’Ingénieur en instrumens de physique expérimentale en verre, Paris, 1819, pag. 470. 8 Application à la mesure des hauteurs. Démonstra- tion de la for- mule. M. D'Aueuis- son. 1814. 114 CLASSE DES SCIENCES. théorie elle-même, nous a donné la formule Ïa plus exacte qui existe, formule qui, lorsque la différence de niveau n’est pas très-grande, se ré- duit à une forme très-simple, qui est la plus fré- quemment employée (1). M. n'Aueuisson, qui avait déjà donné uñe so- lution analytique qui lui était propre, de ce pro- blème important, et dans laquelle il sétait servi du calcul infinitésimal, n’a pas voulu que ceux des physiciens qui ignorent les règles et la méta- physique de ce calcul, pussent concevoir des doutes sur la légitimité de la formule, ou qu'ils fussent réduits à lemployer d’une manière aveugle. Il a repris la question dans un Memoire sur la formule employée à mesurer les hauteurs d’après les ob- servations barométriques, en n’employant que les notions les plus élémentaires d’arithmétique et dalgèbre, sans rien ôter à la rigueur du raison- nement. Ces deux démonstrations étant exposées en détail dans le traité de Géognosie du même au- teur, nous y renverrons nos lecteurs (2). L'auteur voulant faciliter lusage de la formule qui repose sur l’emploi des logarithmes, a dressé une table à l’aide de laquelle on peut éviter cet emploi. Nous remarquerons encore que M. d'Aubuisson a cru devoir adopter pour coefficient barométrique (1) Voyez la Mécanique céleste, tom. 1v, pag. 193, et le Traité de Mécanique de M. Poisson, tom. 11, pag. 429. (2) Tom. 1.7, pag. 452. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE: 15 le nombre. 18365, immédiatement déduit des expériences les plus exactes que l’on ait en phy- sique sur les poids de l'air et du mercure, et qui de plus est le terme moyen entre les trois prin- cipaux résultats des observations publiées jus- qu'ici (1). , Nous sommes aussi redevables à M. le chevalier v’Ausuisson d’un Mémoire sur la détermination des hauteurs par le baromètre, dans lequel il dis- cute le degré d’exactitude des formules employées à cette détermination. M. »’Ausuissox a remarqué, en s’occupant des recherches précédentes, que deux baromètres, placés à des hauteurs très - différentes, quoique dans la même contrée, ne présentaient pas dans leur mouvement une marche parallèle; c’est-à- dire que, tandis que l’un des baromètres venait à baisser, par exemple, l’autre, non-seulement ne baissait point d’une égale quantité, mais montait même quelquefois. IL a cru pouvoir attribuer ces eflets aux variations de la température de la masse d'air comprise entre les deux instrumens, en con- sidérant que la chaleur venant à dilater cette masse, en fait passer une portion au-dessus du ba- romètre supérieur, qui, se trouvant dès-lors plus chargé, est obligé de monter, tandis que l’inférieur reste stationnaire. « L'auteur a entrepris de ramener l'indication » du baromètre supérieur à ce qu’elle serait si la A RE DES ni ie ur enter etui (1) Le coeflicient dont on se sert ordinairement est 18393. 8. M.leCh.er D'AUBUISSON. 1820. Variations produites par la températu- re. M. p’Aupurs- SON. 1820, 116 CLASSE DES SCIENCES: » ÿ L chaleur, après s'être distribuée dans Patmos- phère, suivant la loi qui lui convient, y restait constante. L'établissement des règles qu'il donne a ce sujet, l'examen circonstancié des causes, et celui des conséquences qu’on peut en dé- duire, sont l’objet d’un Mémoire concernant l'effet des variations dans la température sur la marche du baromètre, et par suite sur la mesure des hauteurs, à l’aide de cet instru- men. » L'auteur, après avoir établi une formule ex- primant la quantité à retrancher ou à ajouter à l'indication du baromètre supérieur, pour la ra- mener à ce qu’elle eût été s'il n’y eût point eu d'augmentation de température, en fait lappli- cation aux baromètres observés à Genève et au Saint-Bernard, et il donne un tableau graphique de leur marche respective, où lon voit qu’elle est presque parallèle après la réduction faite. » M. d’Aubuisson fait observer, 1.° que la for- mule est de même nature que celle par laquelle on détermine les hauteurs à l’aide du baromètre, et qu’elle donne en conséquence lieu à des er- reurs de même nature et de même espèce ; 2.° qu'en suivant les résultats de la formule qui donne les hauteurs du Saint-Bernard au-dessus de Genève, depuis le lever du soleil jusqu’à deux heures, ces résultats croissent comme la tem- pérature thermométrique, bien que la hauteur soit toujours la même; mais que lorsqu'on in- troduit dans Le calcul des observations faites d’un PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 117 » jour à l'autre, on obtient plus d'identité dans » les résultats. La cause en est que les changemens » qui ont lieu, d’un moment à l’autre à la surface » de la terre, ne se transmettent qu’en partie et » lentement aux couches supérieures. Enfin lau- » teur remarque que si la plupart des observations » indiquent que les variations dans la température » de atmosphère, prennent leur origine à la sur- » face de la terre, et se propagent ensuite gra- » duellement dans les couches supérieures, il en » est cependant quelques-unes qui indiquent une » marche contraire; c’est ainsi que le grand froid » qui a eu lieu le 8 janvier 1820 (froid qui a porté » M. d'Aubuisson à entreprendre le travail dont » nous venons de rendre compte), paraît avoir » affecté en premier lieu les régions supérieures » de latmosphère, d’où il s’est ensuite transmis » aux régions inférieures. » Avant d'abandonner ce qui regarde le baro- mètre, ce serait ici le cas de parler d'un Mémoire de M. Dispan sur un nouveau baromètre ; mais l’auteur se proposant de revenir sur son idée, nous nous contenterons de cette simple mention. M. Marqué- Vicror avait fait aussi de nom- breuses observations thermométriques qu’il n'avait pas encore mises en ordre; elles comprennent un espace de sept années, de 1818 à 1824, et la per- sonne entre les mains de qui elles sont restées ayant eu La complaisance de nous les communi- quer, nous avons cru faire une chose agréable à Nouveau baromètre. M. Drspan 1808. THERMOME- TRE. M, MarQuéÉ- VicTor. 118 CLASSE DES SCIENCES. PAcadémie et au public, en déduisant de ces ma- tériaux quelques tableaux qui puissent être utiles aux physiciens qui se livrent à des recherches sur la température (1). M. Marqué-Victor tenait des observations jour- nalières, et pendant l’année 1818 il avait eu la patience de les faire, heure par heure, depuis six heures du matin jusqu’à minuit. Les années sui- vantes, il se borna à observer de trois en trois heures, comme on le pratique dans les observa- toires. Ainsi, nous avons ses observations à G et o heures du matin, midi et 3 heures du soir : 1l y avait même joint, jusqu’en 1821, les observa- tions de G et 9 heures du soir, et de minuit. Alors illes supprima pour y substituer celle de 10 heures du soir. Le tableau n° 1, que nous en avons tiré, offre les moyennes horaires estimées par an et par mois; on y voit que la température de 9 à 10 heures du soir est égale à Toulouse à celle de 9 heures du matin, l’accumulation de la chaleur compen- sant l'absence du soleïl. Ce résultat, qui n’a point lieu à Paris où la température de 9 à 10 heures du soir est plus faible, mériterait d’être vérifié. Nous n'avons pu trouver, dans les papiers de M. Victor, les observations des maxima et des mini- ma journaliers que pour les années 1823 et 1824. (1) Dans cet article, comme dans tout le reste de cette notice, c’est toujours du thermomètre centigrade que nous entendons parler, à moins que nous ne disions expressément le contraire. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 119 Le tableau n.° 2 présente ces résultats mois par mois, ainsi que la plus grande variation journa- lière. En les comparant avec les observations te- nues à l'observatoire de Paris, on voit que les variations journalières sont moins fortes à Toulouse qu’à Paris, ces dernières ayant été de 19° en 1823, et de 16°,4 en 1824, tandis qu’elles n’ont été à Toulouse que de 14°,2 et 142,3, résultat qui rentre dans la loï générale que les variations diminuent en se rapprochant de l’équateur. Le tableau n.°3 donne les maxima et les minima moyens pour chaque mois des deux mêmes an- nées, et par suite, la température moyenne; on y a joint la température de 9 heures du matin, afin de pouvoir les comparer. La différence dans les deux années n’est que d'environ un demi- degré, de même qu’à Paris; mais tandis qu’à Paris la température moyenne est inférieure à celle de 9 heures, elle serait plus forte à Toulouse; et cela, non-seulement dans le résultat annuel, mais encore dans celui de chaque mois, à deux légères exceptions près, ainsi qu’on peut le voir dans la colonne des différences, tandis qu’à Paris les dif- férences sont tantôt en plus et tantôt en moins. Nous ne pouvons nous dissimuler que ce résultat contredit le principe admis généralement par les physiciens, que la température moyenne est re- présentée par celle de 8 à 9 (r). (1) Si ce résultat se trouvait inexact, nous devrions remar- quer, pour être justes, que cette inexactitude pourrait tenir, soit "» 2, 120 CLASSE DES SCIENCES. Ce même tableau présente aussi la température d’un puits de 18 mètres de profondeur, nouvelle- ment creusé, observée le premier de chaque mois. La température à peu près constante de ce puits est de 13°,8. Enfin, le tableau n.° 4 donne, par an et par mois, la température moyenne de Toulouse prise à 9 heures du matin, celle de l’hiver et de l'été prise en comptant pour mois d'hiver ceux de décembre de l’année précédente, janvier et février de l’année actuelle, et pour mois d'été ceux de juin, juillet et août. Nous observerons, au sujet de ce dernier article, qu'à Toulouse le mois de septembre est généralement plus chaud que celui de juin. On y trouve aussi la température d'octobre com parée à celle de l’année ; elle en diffère générale- ment trés-peu : cependant pour en conclure la température annuelle, il faut l’avoir pour plusieurs années, car en 1824 la différence a été de 2°,3. On remarquera aussi dans ce tableau la tempé- rature extraordinaire du mois de juin 1822, qui a surpassé celle de juillet et d'août. La conclusion la plus intéressante à déduire de ces observations, serait de déterminer la tempé- rature moyenne de Toulouse. Fixée d’après celle de 9 heures du matin, qui ne doit pas s’en éloi- à la position des instrumens particuliers destinés à donner les tem- pératures extrêmes, soit même À quelque correction à faire à la graduation de ces instrumens ; circonstance dont M. Marqué- Victor aurait eu seul le secret, et dont il aurait tenu compte, s'il avait eu le temps de rédiger ses observations, PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 121 gner de beaucoup, elle serait d’environ 12°,4 ; mais cette estimation, d’après la loi adoptée, doit être un peu trop forte, tandis que, d’après les observations consignées dans le tableau n.° 3, elle serait un peu trop faible. Dans ce doute, nous avons cherché à nous procurer d’autres élémens, et nous avons su que des observations faites pendant huit années, de 1814 à 1822, à l'Observatoire royal de cette ville, soit par M. le chevalier d’Aubuisson, soit par M. Assiot, professeur de physique à la faculté des sciences, et observateur exact et judicieux, ont donné pour température moyenne 12°,12, Ce qui s’accorderait assez avec la tliéorie générale. Mais d’un autre côté les observations faites au port Saint-Étienne, par ordre de Padministration du Canal du Midi, de 1813 à 1824, donnent une température moyenne de 13°,9(11°,15 de Réaum.), et ce résultat présente une assez grande confor- mité avec cinq années d'observations de M. Gou- non, membre de l’ancienne Académie, de 1784 à 1788, dont la moyenne est de r4°,1 (11°,28 R.) Ces différences proviennent-elles du plus ou moins grand degré d’exactitude des observations, les années étant à peu près les mêmes, ou pro- viendraient-elles plutôt de la différence des lieux d'observation ? C'est ce que nous n’entreprendrons point de décider d’une manière affirmative. Il nous sut d'avoir exposé les faits (tr). (1) Les observations faites à Observatoire roval Pont éte 122 CLASSE DES SCIENCES. Si l’on voulait déduire la température de Tou- louse de celle de Paris, qui est 10°,6, en intro- duisant dans cette dernière (abstraction faite de toute circonstance locale, et Toulouse semble ne rien offrir de particulier à cet égard), les correc- tions dues à la latitude et à l’élévation au-dessus du niveau de la mer (1), on trouve à très-peu près une augmentation de 2°, ce qui porterait la tem- pérature de Toulouse à 12°,6. Si Pon fait la même opération sur la température des caves de l’observatoire de Paris, qui est de 119,7, celle des souterrains de Toulouse devrait être de r3°,7, et nous avons vu, dans le tableau n.° 3, qu’elle est en effet de 13°,8. D’après toutes ces considérations, il nous semble que, dans l’état actuel des observations, la tem- pérature moyenne de Toulouse peut être estimée à 12°,6, sans crainte de s’éloigner sensiblement de la vérité. au quatrième étage, lieu fort élevé et à l'abri de Pinfluence des murs voisins. Celles de M. Marqué-Victor l'ont été à de seconds étages de maisons situées dans le quartier de l'Observatoire. Enfin, le thermomètre du port Saint-Étienne est placé sur une fenêtre, dans une embrasure qui regarde le nord; mais le mur lui-même est exposé au soleil pendant la partie la plus chaude de la journée. De plus, ce thermomètre est appliqué contre le mur, tandis que celui de M. Victor était suspendu à un pied du mur et parfaitement isolé. (1) Voy. le Traité de Géognosie de M. d’Aubuisson, tom. 1.°", pag. 430. — Moyenne oraire..…..| 1 a mm PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. TABLEAU N. 1. 123 MOYENNES HORAIR PAR AN. i [3h.s.[6h.s.|9 17;1105,58 16,3|14,9 16,3[14,2 0,3 PAR MOIS. ES. h.s.|10h.s.| minuit 15, 1[16,0| 14,9| 13, 2] 11,6| 12, 3 MOIS. 6h.m. | 9h.m. | midi. | 3h.s. |degàros. Janvier. os 2, 8 DOS, ,5 1-6, 011L43,0 Février. 4... 4,011) 6,5 7, OL USE 5,8 Mars... 5, 4 TNT ONE 4 TNT ANT: 20: 8,8 12,10 F4 961587 ltlat Mais... dot n2; 20] 10,2, | 19,4) 19,2!| 14,4 JunAi Teri 14,9 | 17,9 20, 6 21,7 17,6 Jet... 17,6 | 40,6" || 23,9 | 25,3:| 20,7 AO Ta ss ace 18,9 121,6 24,7 26,0 21,6 Septembre... 19,5 16,91 21,2. 92 3193 Gciobre. 4. 11,3 | 13,0 | 14,9 | 16,4 | 13,3 Novembre... 8,3 9,93, t11,;74|1312, 0 9,9 Décembre... 4,3 4,9 | 6,8 5,8 5,3 | My. annuelle..| 10,3 12,4 15P | 15} 9 12, 4 | A [a ESS CLASSE DES SCIENCES. : TABLEAU N°2. | VARIATIONS EXTRÈMES DU THERMOMÈTRE PAR MOIS. D — | Plus grande | Mors. | Différence. variation en un jour. Maximum. | Minimum. 1823. Janvier.....| 15,4 — 6,0 21, 4 8,0 Février... 14,2 — 0,5 14, 7 9, © Mars... 18, 0 — 0,5 1929 11:59 ANT 20, 5 + 3,2 17, 9 13,0 Mars 25, 6 + 9,3 16, 3 14,52 June. 22,17 + 7,3 15, 4 1156 Juillet... 26, 2 + 8,7 17, VISS Août: 308 30, Oo + 192, 4 17, 6 19,7 Septembre..| 28, 4 + 10, 7 17,7 12, 8 Octobre... 20, O 05! 0 15,0 10,0 Novembre..| 20,0 26516 20, 6 10, 0 Décembre...| 14, 5 NS VE 17,9 8, 7 Année..….| 30,0 — 6,0 36,0 14, 2 1824. | Janvier... là 1122 — 6,0 17502 TR O Février." 1 Er 0,0 14, 4 TU Mars. 12,7 — 1,3 14, O 10, 8 ASyrilS..28 17,2 — 1,0 18, 2 10,0 Mais +. 102700 IE, 26, # 19, 3 12501 June. 216 TE > 0 16, 2 10, 0 Juillet... 30,19 + 11,0 24, 5 14, 3 F AobEeeese 31,3 | +14,2 174 À 12, 0 Septembre..| 25,5 | + 6,0 19,9 12,0 Octobre..….| 22,0 + 3,3 18,7 LE Novembre. . 18,0 + 2,0 16,0 10, 0 Décembre... 16,0 + 1,0 15,10 8,1 Année... © Qt PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 12 TABLEAU N° 5. MAXIMA ET MINIMA MOYENS, ET TEMPÉRATURE MOYENNE COMPARÉE À CELLE DE O HEURES. |} © SE Temp.'< |} Mois. [Merimun| Misimum| Pepe | Nyse) DU input. ] ARS LUE Le A a | are RER 4 Deus | 1823. û HRRAGaS Se PE ter it Pet 8 "3 Janvier.….| 6,2 | 2,3 | 4,2 | 3,3 [+o,9l153,7 Fevrier....l 9, 6/| 4,181 7,2 | 16,1 1,1 13, 8 Mars ee 10,3 | 3,9 | 7,1 | 6,3 [+o,8l14,5 Aynil Sec. 15,8 | 7,7 |11,7 |10,8 |+o,gl14,0 Mau 20,9 | 12,3 | 16,6 | 16,4 |+o,2l14,0 JUN eee 18, 0 11,144) 14,7 | 19, 9 | 0,18|1490 Juillet... 19,403, 3.116,34) 1574 | Ho; 915,7 AOÛ eee. 23,0 |15, 79 |19,3 | 19,6 |—0,3|13,7 Septembre.| 22, 3 [15,6 |18,9 |18,7 |+0,2 14,0 Octobre..…| 16,1 [11,0 [13,5 |12,9 [0,6113,7 Novembre.| 11,6 | 6,0 | 8,8 | 7,3 |[+1,5|13,7 Décembre..| 7,8 | 3,7 | 5,7 | 4,9 (0, 813,6 Moy.del'ann.| 15,1 | 9,0. |12,0 | 11, 4 |+o, 6|13,9 1824. Janvier.…..| 3,9 | 0,3 | 2,1 | 1,1 [+1,0 13,6 Février. lNret6n|m38-|-6,2145,:5 ho; l13,.:7 Mars... 7578 02,17al 5 2 NS 3 0; nl 213 77 Avril... 10, 1 5,011 7,60) 72 | #0, 5025:;7 Mai... la, RTS LLE, O | 10, 6:20, 4113,7 Juin... 15,4 | 9,5 |12,4.| 11,7 |+0,7|13,7 Juillet... 27 ONIL0S, 10112329) 99 EN, 113,18 Août... 24, 0.117,5 | 20, 7 | 20, 2 | +0, 5| 13,8 Septembre.| 21, 5 |15,4 [18,4 | 17,6 |[+o,8|14,0 || Octobre..….| 16, 7 | 10, 8 | 13,7 | 13, 4 | 0,3| 14,0 || Novembre. 13,618; 9-11, 2.110,66 | +0, 6 13,7 Décembre..| 10,9 | 6,7 | 8,8 | 8,0 |[+o,8|13,6 c / Les 2 ann.| 14,8 | 8,9 |11,9 | 11,2 |[+Ho,6|13,8 126 CLASSE DES SCIENCES: TABLEAU N° 4. | TEMPÉRATURE DES ANNÉES ET DES MOIS, | EN PRENANT CELLE DE 9 HEURES POUR MOYENNE. A — Mors. Janvier. Février. | Juillet. Août... Septemb. Octobre. Novemb. Décemb. Moyenne annuelle. Moyenn. | (Différence: de la moy. d'Octobre! à celle ea l’année. } } | 1820, 2,3| 5,8 5,61 12,8 | 15,9) 17,8 21,8 23,6 16,8 12,4 8,1 6,1 12,4 4,6 1821. 1822, 1823, 16,9 20,0 25,1 19,6 18,7 12,9 7,2 4,6 4,8 19,9] 21,0| 20,0| 22,2 1818. | 1819. 4,9! 4,0 8,2| 5,4 959 | 7,2 14,9! 13,6 15,9| 16,6 20,7 | 17,8 22,8| 20,5 21,7| 21,5 19,1] 19,1 14,2| 12,7 11,0| 7,1 2,6| 5,8 13,6| 12,6 | 5,6| 4,0 21,7 13,6! 11,9 +0,6| +0,1 12,8 12,3 13,5 SE 16,3 97 1824. “der 1,1l: 959 6;51N"6;5 LA 757 72] 12,1 19,6! 15,2 11,7| 17,5 22,1] 20,6 20,2] 21,6 17,6| 18,3 13,4) 13,0 10,6] 9,3 8,0| 4,9 11,1| 12,4 3,8| 4,3 18,0| 19,9 10,9| 12,1 PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 127 Nous avons encore à mentionner ici deux Mé- Froid de . 70! , . - . Janvier 1320. moires sur le froid éprouvé dans le mois de janvier "5 pe 1820, l’un de M. le chevalier »’Ausurssox , l'au- p'Ausurssox. tre de M. Marqué-Vicror. Ces deux Académiciens nee ont recueilli les faits avec soin, dans le dessein de les comparer avec ceux qui ont eu lieu dans les années les plus remarquables par des froids ex- traordinaires. La température des premiers jours de janvier 1820 avait été élevée pour la saison, le thermo- mètre étant monté jusqu’à 9 degrés; il descendit ensuite; le 8, il était à zéro; le 9, il descendit à — 6°; dans la matinée du 10, il fut à — g°,5; se soutint vers — 10° dans la journée du 11; etle 12, à 6 heures du matin, il était descendu à — 13°,8; le soir il n’était plus qu’à — 7°; le 15 au matin, il marquait — 12°,6; il remonta, le soir, à — 4°; enfin, le 14 au matin, il était à — 0,8; revint le soir à o, et reprit dès-lors une marche ascendante. Ainsi le maximum de froid a été — 13°,8, comme en 1798. Les changemens brusques de température ayant lieu ordinairement sous la prédominance de quel- ques courans particuliers, nous consignerons Ici que, pendant que le nord-nord-ouest dominait dans les régions supérieures, le sud-est soufflait à , Toulouse dans les régions inférieures le 12 jan- vier, le jour le plus froid. Il continua de soufller jusqu’au 15 à 6 heures du matin, moment où le thermomètre marquait + 5°. Il soufllait forte- ment, du moins dans les hautes régions, lorsque HycromE- TRE. M. MarQuE- Vicronr. 120 CLASSE DES SCIENCES: le vent d'ouest et la pluie lui succédèrent après midi ,-le thermomètre étant descendu à + 3°. La végétation souffrit, quoique la terre füt sèche, parce que la haute température des premiers jours du mois avait mis en mouvement les fluides, et fait monter la sève. Ainsi les jardins ont été tota- lement dépouillés; mais les arbres forestiers et fruitiers n’ont pas éprouvé de dommages sensibles. Les vignes n’ont pas souffert, quoiqu’elles aient été souvent maltraitées par un froid moindre. Nous insérerons également ici le tableau des ob- servations hygrométriques tenues par M. Marqué- Vicror pendant cinq ans, de 1820 à 1824, à 6 heures du matin, et à 3 heures du soir, heure de la plus grande sécheresse. On y voit que juillet et août sont les mois les plus secs de Pannée, et décembre et janvier les plus humides. L’hygromètre présente quelquefois des anoma- lies difficiles à expliquer. C’est ainsique M. Mar- qué-Victor a vu souvent cet instrument presque immobile, de 80° à 85°, dans des jours de brouil- lards très-épais et très-humides en apparence. Malgré la chaleur du climat, la sécheresse est moins forte à Toulouse qu’à Paris : c’est ce dont on peut s'assurer en comparant le tableau suivant avec ceux des Annales de physique et de chimie. Quant aux observations journalières, nous re- marquerons que lhygromètre de M. Victor n'est jamais descendu au-dessous de 5o, tandis que celui de Paris descend jusqu’à 40. *+*-souuoÂ074 “tee 911099 (T °ttt*"2IQU9AON “re 21{000 “e+.-91{m01doS Fresese no ceereoqnnp seen p Fees tp Presses ITA Y Ferre rep Deere + ONAN cree + cJIAUEE ve | 44 | 16 |oge| 66 | ce | 56 | oc | 48 log | 56 gg | 1e | c6 | ce | ç6 | 're | v6 | ge | 58 | ce | 6 cut ce, 56 lc |c6 "cg | SCO née) 208 | 2/07 | 026 16 Le c6 Ge 96 06 96 98 16 ve 46 c6 o6 96 16 96 c6 LG 98 46 | 56 16 PHYSIQUE ET ASTRONOMIE “quo |"s"qe f'u-ygl's-yce |u-qol's qe l'uqgls'q eu y9l:s-yc |wyg ‘SINNTAON ‘TGS "CTRI Adi "IST ‘FTQT-06QT SHANNV SAT LNVONIA AULANOUDANT AA AHOUVN VI A4 A VATAVL Jours de pluie. 130 CLASSE DES SCIENCES. Pour compléter le tableau des élémens physi- ques de la ville de Toulouse, nous rapporterons ici quelques observations tenues journellement ; par ordre de Padministration du Canal du Midi, et que M. Magués, ingénieur en chef, s’est fait un plaisir de nous communiquer. Ces observations comprennent : 1° Le nombre des jours de pluie et de neige. La moyenne est de 118 jours, c’est-à-dire, à peu près le tiers de Pannée. Les jours de neige y entrent dans une proportion très-faible; 11 y à même beaucoup d'années où il ne neige point. 2.0 La quantité de pluie tombée. La moyenne est de 6o centimètres (22 pouces); c’est plus qu'à Paris, où il n’en tombe que 03 Dans les plus grands orages, il ne tombe jamais au delà de deux pouces d’eau, tandis que sur la côte de la Méditerranée la plus rapprochée de T oulouse, il en tombe beaucoup plus à la fois, quoique le nombre des jours de pluie y soit bien moindre. La quantité de pluie tombée est mesurée au moyen d'un wdomètre inventé par notre confrère M. Clausade, alors ingénieur en chef du Canal du Midi. L/eau, reçue dans un bassin circulaire, se rend par un entonnoir assez étroit dans un cy- lindre en verre où l’évaporation est presque nulle, et dont la section est sous-décuple de celle de la bouche de l'entonnoir; de sorte qu’un centimètre de la graduation du cylindre, représente un mil- limètre d’eau tombée. On voit que cette graduation PHYSIQUE ET ASTRONOMIE: 131 fait ainsi l'office dun nomius, ce qui permet d'observer avec une très-grande exactitude (1). 3.° L’évaporation. Il existe à Toulouse, dans un jardin des bâti- mens du canal, un bassin évaporatoire dans lequel on observe avec beaucoup de soin la hauteur de Veau. La moyenne est de 70 centimètres (26 pouces). Elle excède la quantité d’eau tombée. 4.° La hauteur de la Garonne. Il existe à Toulouse trois échelles pour mesurer cette hauteur; lune à la dernière arche du pont, Ja seconde à l’écluse de tête du canal Saint-Pierre, la troisième aux piles de PEmbouchure du Canal du Midi dans la Garonne. Les deux premières étant au-dessus du barrage du Bazacle, qui fait regonfler les eaux, nous donnons ici de préférence les observations faites à la troisième, comme fai- sant connaître la hauteur naturelle des eaux de la Garonne, dont Pélévation moyenne en cet endroit est de 1",/0. Le zéro de l'échelle est le radier des piles de PEmbouchure. Ce radier est élevé de 0",29 au- dessus du point le plus profond de la rivière en face des piles, d’après une mesure prise le 12 avril 1822. 5.° Le nombre des jours d’eau claire et d’eau trouble. (1) De crainte que le cylindre ne soit pas exactement calibré, on gradue Péchelle d’après des expériences faites avec soin. g- Évaporation : Vents. 132 CLASSE DES SCIENCES. Ces deux nombres sont à très-peu près comme 5 est à 4. Nous en avons donné ci-dessus, pag. 76, un rapport moins exact, puisqu'il avait été pris sur un moindre nombre d'années. M. Marqué-Vicror, ainsi que tous les météo- rologistes, a aussi tenu compte des vents. Voyez pour leur direction, ci-dessus, pag. 105, et pour leur influence sur le baromètre, pag. 111. En terminant cet article, nous remarquerons que, d’après une opinion assez répandue, le dé- boisement opéré en France, depuis la révolution, principalement dans les montagnes, aurait occa- sionné dans la température, la pluie, la quantité d’eau fournie par les sources et les rivières, etc., un changement considérable. Cette assertion ne pouvant être vérifiée que par l'expérience, le Gou- vernement adressa, il y a quelques années, des questions sur ce sujet aux Sociétés d'agriculture. Celle de Toulouse, après avoir soigneusement comparé les anciennes observations aux nouvelles, a conclu que cette comparaison semble prouver que le déboisement opéré dans les montagnes n’a eu aucune influence sensible sur le système mé- téorologique du département de la Haute-Ga- ronne (1). (1) Journal des Propriétaires ruraux pour le midi de la France. Novembre 1822, tom. xvir. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. TABLEAU DE LA QUANTITÉ DE PLUIE TOMBÉE, ET DE QUELQUES OBSERVATIONS DU MÊME GENRE. .. |Évapora- ANNEES, is mèt. 1809..| 1810..| y 18212 en 1812.:|. y 1813.51" y 1814. » 1819..|0, 7598 1816.10, 6848 1817.10, 6398 1818..|0, 7164 1819..|0, 7410 1820.10, 7907 1821..10,7433 1822..|0, 7729 1823. 0, 5454 1824.10, 6009 LU Quantité d’eau tombée, Érar Des Eaux de la Garonne. _ Jours | Jours d’eau | d’eau claire. [trouble HauTeur DEs Eaux de la Garonne à l'échelle de l’'Embouch. La La a | ———— || | ———— À ———— | ——————— | ——— 119 130 6995 118 mèt, 0,6014 0,6375 0,5715 0, 7094 0,7829 0,8014 0,928 0,6134 0, 4982 0, 2344 0, 5680 0, 5997 0,4563 0, 3892 0, 7017 0,6087 0,6045 229 | 136 268 | 97 214 151 161 | 209 176 | 189 135 | 230 160 | 205 169| 197 236 | 129 209 | 156 188 | 177 207 | 159 249 | 116 262 | 103 204 | 161 222 | 144 205 | 160 AIGUILLE AIMANTÉE. M. Vinar. 1819. 134 CLASSE DES SCIENCES. M. Marqué-Vicror s'est aussi occupé de lai- guille aimantée. Il nous avait même lu, en 1816, un Mémoire sur l'aimant, qui a été perdu ou égaré. Nous n'avons pu trouver aucune de ses ob- servations sur l’inclinaison de l'aiguille, et pour la déclinaison, nous n’avons que celles de 1824 et des premiers mois de 1825. Laiguille s’est tenue de 22°8 à 22218. M. Var, qui, toute sa vie, s'était occupé des forces magnétiques, avait consigné le résultat de ses recherches et des opinions qu'il s'était faites sur cet objet dans un Mémoire sur une manière d'observer exactement La déclinaison de l’aimant, en tenant compte de la variation diurne , ouvrage qui n’a été connu qu'après la mort de l’auteur. N'ayant pu, malgré nos recherches, retrouver ce mémoire, et désirant néanmoins faire connaitre les idées de ce savant astronome sur Paimant, nous emprunterons à l’auteur de l’article Vinac (1), dans la Biographie Toulousaine, qui a eu connaissance de ce travail, le fragment suivant : « Les grands » progrès qu'avaient fait, dans le dix-huitième » siècle, presque toutes les branches de la phy- » sique, ne sétaient point étendues jusqu'à la » théorie de l’aimant ; on avait seulement ajouté » à la perfection des boussoles marines, et l’on » était parvenu à augmenter considérablement » Pintensité des forces magnétiques dans les aï- (1) Notre confrère M. Du Mècr, membre de la classe des Belles-lettres. - PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 135 » mans artificiels. Halley, Bernouilli, Euler, Buf- » fon, n’avaient pas résolu les questions impor- » tantes qui naissent de la théorie de cette force, » qui est lâme de la direction que prennent, » dans toutes les régions, les aiguilles aimantées. » M. Vidal fit, à ce sujet, des recherches prolon- » gées pendant vingt-huit ans ; l'examen attentif » des déclinaisons observées à Paris, presqu’année » par année, depuis près de deux siècles, lui fit » trouver une hypothèse géométrique simple, qui » a cela de remarquable, dit-il, que si on leût » imaginée dans le principe, on aurait pu annoncer » ces déclinaisons comme on annonce les éclipses » de soleil et de lune, Ces succès donnant plus » d’essor à ses travaux, il porta ses regards vers la » cause générale de la direction que prend Paimant » sur tous les points de la surface du globe terres- » tre. La boussole d’inclinaison, à laquelle on re- » prochait de n’être point comparable à elle-même, » selon qu’elle était d’une petite ou d’une grande » dimension, obtint ce perfectionnement dans les » mains de M. Vidal, qui procura à son aiguille » une mobilité beaucoup plus grande que celle » qu'on lui donnait. Ayant ainsi rendu compa- » rable cet instrument, il s’en servit pour faire » des expériences sur la situation que prend Pai- » guille transportée successivement sur les divers » degrés d'un cercle, au centre duquel un aimant » est placé, ce qui lui donna une série de résultats » différens, selon que les expériences étaient faites » à des distances plus ou moins grandes de cet Foupre. Paratonnerre, M, ManquÉ- Vicror. 1813. 136 CLASSE DES SCIENCES. » aimant. Il a cherché celles de ces séries dont les » résultats s’accordaient le mieux avec les obser- » vations que les navigateurs physiciens ont faites » en divers lieux du globe, et il conclut de cette » comparaison , que l’on pourrait supposer, pour » expliquer la théorie des variations de Paiguille, » qu’il existe dans le sein de la terre un aimant » soixante-quatre fois moins gros qu’elle, presqu’à » son centre, mais sensiblement à côté, et doué » d’un mouvement par lequel ses pôles décrivent » uniformément des cercles, dont ils parcourent » la circonférence entière dans quatre siècles et » demi. On ne peut nier que ces conjectures ne » soient très-ingénieuses , et, bien qu’elles n’aient » pas été adoptées, nous croyons qu’elles doivent » honorer leur auteur. Dans les expériences qui » conduisirent M. Vidal à exposer son système, il » rencontra, dit-il, une difficulté très-grande ; » elle consistait à rendre une aiguille aimantée » très-grande, comme indépendante de laimant » souterrain dont il supposait lexistence, pour » que la situation qu’elle prend ne fût que l'effet du » petit aimant qu’on lui présente, et il crut avoir » trouvé le moyen d'obtenir cette sorte d’indé- » pendance. » Ïl nous reste à examiner quelques phénomènes météorologiques qui ne suivent aucune marche réguliere. On a vu, de tous les temps, des hommes qui affectent de regarder les recherches scientifiques PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 137 comme de vaines spéculations, propres seulement à satisfaire la curiosité humaine, et qui prétendent que toutes les découvertes utiles ont été dues au hasard. Il devrait leur suffire, pour se désabuser, de contempler ces pointes qui soutirent du sein des nuages le fluide électrique qu’ils recelent, et qui mettent ainsi nos habitations et notre existence à l'abri des effets destructeurs de la foudre. Cette découverte, qui doit immortaliser le génie de Franklin, est due en entier à la théorie, et sans elle ne nous eût jamais été dévoilée. Toutes les nations éclairées de l'Europe ont adopté ce moyen de préserver leurs édifices; mais nous sommes obligés de convenir que le midi de la France est resté un peu en arrière à cet égard. Cette négli- gence affligeait. vivement M. Marqué-Vicror, qui, dans des Observations sur les paratonnerres , in- siste vivement pour que l’usage de ces instrumens soit généralement adopté. M. Victor, après avoir exposé tout ce que la théorie apprend sur le pouvoir des pointes, fait connaître le mode qu’il propose pour mettre une maison à l'abri de tout accident. Il consiste à placer, sur le pourtour du toit et sur toutes ses arêtes, des tringles de fer, d’où partent, aux quatre coins (et de points intermédiaires si le bä- timent est considérable), d’autres tringles verti- cales qui s’enfoncent sous terre à une certaine profondeur, Tout cet appareil est isolé du bâti- ment, à l'aide de supports en bois résineux enduits de goudron. Sur les parties élevées de cette cage Grêle, M. Cazaux, 1318. 138 CLASSE DES SCIENCES. de fer, s'élèvent, à vingt mètres de distance les unes des autres, les tiges armées de pointes. Pour un bâtiment de dix mètres de longueur, sur au- tant de largeur, cette armature ne coûterait pas au delà de 200 francs. M.Marqué-Victor ayant remarqué qu'un nombre considérable de meules de gerbes avaient été incen- diées par la foudre, propose de les armer d’un petit paratonnerre portatif, qui ne coûterait que 26 fr. Un météore encore plus destructeur, et qui dans nos contrées détruit souvent les espérances du propriétaire au moment même où il est sur le point de les voir se réaliser, et de jouir du fruit de ses travaux, a attiré l'attention de M. Ca- ZAUX, qui en a été souvent victime. Dans son Mémoire sur la grêle, il fait d’abord l'historique des grêles les plus célèbres , parmi lesquelles il remarque celle du 17 juillet 1758, dans laquelle deux énormes nuages traversérent la France en huit heures, en se mouvant paral- lèlement entreux du sud-ouest au nord-est, sur une longueur de deux cents lieues , et dévasterent chacun une bande de deux à quatre lieues de large, tandis que la bande intermédiaire n’é- prouva aucun dommage. M. Cazaux a étudié avec beaucoup de soin toutes les circonstances qui, dans notre contrée , précèdent la grêle et paraissent Pannoncer. La principale est un vent du midi suflocant, par une chaleur de 24° et au-dessus, remplacé subitement par un vent d'ouest. Notre confrère avait acquis PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 139 une telle habitude de ce genre d'observations, que rarement ses prédictions étaient en défaut; il en raconte lui-même un exemple assez remarquable. En 1814, des officiers anglais se trouvast chez lui à la campagne, à Vigniaux , il aperçut, pen- dant qu’un orage s’apprêtait, un nuage blan- châtre qui grossissait à vue d'œil, et se portait avec rapidité vers une éminence sur laquelle est situé le village de Brignemont. M. Cazaux n’hé- sita point à annoncer que dans quelques minutes la grèle aurait détruit toute végétation sur cette éminence. Sa prédiction fut malheureusement, mais strictement accomplie, et les officiers étran- gers qui l'avaient regardé d’abord comme un vi- sionnaire, demeurèrent convaincus de sa sagacité. En attendant qu’on puisse détourner, si pour- tant la chose est possible, ce fléau destructeur, M. Cazaux s’est occupé avec beaucoup de soin des moyens de tirer parti des débris qu’il nous laisse. Loin de se livrer à un désespoir inutile, comme le font la plupart des cultivateurs, il mettait en œuvre sur-le-champ les moyens que son expérience lui avait sugoérés, et dont les résultats sont faits pour prouver qu’il n’y a point de situation, si dé- sespérée qu’elle puisse paraître, dont on ne puisse retirer quelque avantage; mais ces détails étant proprement du ressort de l’agriculture, nous ne nous y arrèterons point ici. À la suite de ce mémoire, M. Cazaux en pro- mettait un autre sur la théorie de la grêle; mais il ne Pa point lu à l'Académie. Aérolithes. M. DE SAGET. 1912. 140 CLASSE DES SCIENCES. Parmi les phénomènes qui n’ont lieu que tres- rarement et à des époques indéterminées, il n’en est pas sans doute de plus extraordinaire et de plus effrayant que les chutes d'uranolithes où pierres tombées du ciel, connues aujourd’hui sous le nom d’aérolithes ou de météorites. Malgré les récits des historiens, et l’assertion de personnages graves et éclairés, qui affirmaient en avoir été témoins oculaires, les savans modernes se sont long-temps obstinés à reléguer la chute des pierres au rang des fables, par la seule raison qu’ils ne pouvaient la comprendre; et, en eflet, il paraissait facile d'en démontrer l’impossibilité. Mais de nouveaux faits ont répondu à toutes les objections; il a bien fallu se rendre à l'évidence, et les physiciens de nos jours, qui interrogent soigneusement la na- ture avant d'établir des théories auxquelles ils appliquent la puissance du calcul, ont essayé de découvrir la cause de ce phénomène; les géomè- tres de leur côté ont démontré à cet égard des pos- sibilités qu’on n'aurait pas même osé soupçonner. Malgré tous ces travaux, la théorie des aérolithes est encore très-peu avancée, ce qui doit engager à recueillir soigneusement toutes les circonstances qui y sont relatives. Ce phénomène avait déjà été observé plusieurs fois en France, lorsque les environs de Toulouse l'ont vu se renouveler dans la soirée du 10 avril 1812. A huit heures et un quart du soir, la nuit étant très-obscure, on aperçut de cette ville un météore lumineux suivi de fortes détonations. Plusieurs personnes PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 141 pensérent dès-lors, et leur conjecture fut véri- fiée le lendemain, qu'une chute d’aérolithes avait eu lieu. Les cantons de Grenade et de Verdun en avaient été le théâtre. Notre Société ne pouvait être indifférente à un événement de cette nature. MM. le baron de Puy- MAURIN et Cariman se hâterent de lui communi- quer tous les renseignemens qu'ils avaient pu se procurer ; mais il devenait essentiel d’en constater avec soin tous les détails, et une commission, prise dans le sein de l'Académie, se transporta sur les lieux (1), accompagnée de M. le docteur Filhol, de Grenade, qui connaissait les localités, et qui lui communiqua avec beaucoup de com- plaisance le résultat des recherches qu'il avait déjà faites. La commission interrogea les habitans, compara leurs récits, et reconnut tous les points où les pierres étaient tombées. Lorsqu'elle eut ter- miné son travail, M. px Sacer fit, en son nom, un rapport à M. Préfet, qui a été imprimé dans quelques journaux du temps. Le phénomène commença par une lueur sem- blable à un éclair très-fort, qui paraissait venir du nord-ouest et fut se perdre au sud-est; sa durée fut de dix à quinze secondes. Il ne paraît pas que le bolide ait été aperçu ; le ciel était cou- vert de nuages; la lueur fut suivie de trois grands éclats, à peu près égaux entr'eux, qui se succé- (1) MM. Manqué-Vicror, DE SAGET, CARNEY, D’Au- BUISSON. 142 CLASSE DES SCIENCES. dérent presque immédiatement, et furent pris, par plusieurs personnes, pour des détonations de canons de fort calibre. À ces éclats succédè- rent d’abord un roulement semblable à celui d’un grand nombre de voitures roulant sur une chaussée pavée, et enfin des sifflemens ou bruis- semens qui se terminérent par la chute des pier- res. Entre le premier éclat et la chute, il sécoula un espace de 75 à 78 secondes. « Les deux points extrêmes dans lesquels on à » observé des chutes d’aérolithes sont, au nord- » ouest, la métairie de la Pradère, commune de » Verdun, et au sud-est, la Bordette, commune » d'Aucanville : ces deux lieux sont éloignés de ) 3600 mêtres(1). Le polygone formé en unissant » par des lignes les points où il est tombé des aé- » rolithes, a dans sa plus grande largeur 1000 » mêtres, et offre une surface de 15 19500 mètres » CATTéS. » On n’a recueilli que sept pierres, dont la plus forte pesait un kilogramme ; cinq autres, dont on a entendu la chute, n’avaient pu être retrouvées, parce qu’elles étaient tombées dans des terres en- semencées; mais, à en juger par le grand nombre de sifflemens qui ont été entendus, il doit en être tombé une plus grande quantité. A lexception de la pierre du poids d’un kilo- gramme, qui, ayant une pointe aiguë, s'était enfoncée d’environ dix centimètres dans une terre NA > (1) Voyez la carte de Cassini, n.° 37. PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. 143 battue, les autres n’ont que légèrement pisé la terre. T/une d'elles, tombée sur le toit de la métairie de Péméjean, avait brisé une tuile, et s'était reposée sur la latte sans y laisser aucune marque de dépression ni de brûlure. Il eût été curieux de pouvoir déterminer la hauteur où la détonation s'était faite. L’intervalle entre l'éclat et le bruit a été estimé, à Toulouse, par deux personnes habituées à ce genre d’obser- vation, de 3’ 17” par l’une, et de 2! 15” par VPautre. Outre la différence entre ces deux évalua- tions d’un même élément, il faudrait générale- ment trois observations pour pouvoir déterminer le point cherché par l'intersection de trois sphères. Cependant, comme les pierres sont tombées obli- quement à la Pradère en venant du nord-ouest, il s'ensuit que la perpendiculaire élevée sur le plan horizontal de la Pradère, jusqu’à la rencontre de la sphère dont Toulouse est le centre, sera une quantité plus grande que la perpendiculaire corres- pondante au point cherché. En cherchant donc par la vitesse du son le rayon de la sphère, on trouve que la perpendiculaire, ou le maximum de hauteur, est d'environ 29000 toises en vertu de la première observation, et d'environ 15600 en vertu de la seconde. Les pierres tombées consistent en une pâte pierreuse homogène, renfermant un grand nom- bre de petits points de fer, à l’état métallique et très-malléable, La surface présente l'aspect d’une croûte mince semblable à un enduit superficiel ; 144 CLASSE DES SCIENCES. elle paraît être le produit de la fusion, et pré- sente quelques indices de vitrification ; elle est d’un noir un peu brunûtre. La cassure est grenue à gros grains et d’un gris cendré clair, qui, au bout de quelques jours se fonce, et prend un grand nombre de taches d’ocre jaune. Ces aérolithes sont demi-durs, faciles à casser ; la pesanteur spécifique des échantillons varie de 3,656 à 3,709. Ils ont, à cause du fer qu'ils contiennent, une action très-marquée sur le bar- reau aimanté ; mais ils n’ont point de polarité , et tous les échantillons ramassés, présentés par di- vers points aux deux pôles du barreau , les ont toujours attirés et jamais repoussés. M. Dispax a soumis à l'analyse chimique un petit échantillon de ces pierres ; il y a reconnu la présence des substances qu'on y trouve habituel- lement. Il est fâcheux qu’on n'en ait pas eu une plus grande quantité à mettre à sa disposition , et qu'il n’ait pu vérifier des conjectures particulières que lui avaient fait naître certaines circonstances de son opération. CHIMIE, 145 CINQUIÈME PARTIE. MÉMOIRES DE CHIMIE. ms La physique, faisant abstraction de la composition Carr. des corps, laisse à la chimie le soin de rechercher leurs principes constituans, d'examiner les pro- priétés des élémens, leurs combinaisons et leur action réciproque. Cest par elle seulement que nous pouvons deviner les secrets de la nature, concevoir la manière dont elle opère dans ses vastes laboratoires, et devenir ses rivaux, en créant, soit pour l’agrément, soit pour la conservation de notre vie, des compositions artificielles dont nous pui- sons les principes dans les substances les plus différentes. c Les bienfaits que nous devons à la science qu'il Ses utilités. cultive, ont vivement frappé M. Dispax, qui, dans M: Der un Discours sur les utilités de la chimie , a tracé le tableau de son influence sur les arts et sur la médecine, ce qui lui fournit les deux grandes divisions de son discours. Dans la première, après avoir rappelé les nom- breuses tentatives de ces insensés qui, en courant après la pierre philosophale, firent faire néan- moins quelques progrès à la chimie, il montre combien cette science a jeté de jour sur les pro- cédés de certains arts qui existaient à la vérité 10 Nouveaux mé- taux. M. Basey. 1513, 146 CLASSE DES SCIENCES. avant sa naissance, mais soumis à une routing aveugle, n’employant que des procédés dus au hasard , et n'étant parvenus à un certain degré de fixité que par d'immenses tàtonnemens. Depuis que la science a pris son essor, non-seulement ces arts se sont perfectionnés, mais il en a été inventé une foule d’autres qui donnent des produits jus- qu’alors inconnus, et augmentent la richesse des nations. Ces nouvelles découvertes font prévoir à M. Dispan des résultats plus importans encore, et dont plusieurs ont eu lieu en effet depuis lé- poque où il écrivait. Dans sa seconde partie, il fait voir que les tra- vaux de ces hommes qui, dans un but plus esti- mable, mais non moins insensé que celui des chercheurs de la pierre philosophale, voulaient trouver la panacée universelle, ont fait découvrir quelques remèdes utiles, mais que c’est seulement depuis les progrès de la chimie qu’on a su faire un emploi raisonné des médicamens, et reconnaître la manière dont ils agissent sur nos organes, mieux connus à leur tour dans leur composition. Il peint enfin la chimie éclairant l'humanité sur ces spé- cifiques dont les charlatans qui les débitent vou- draient en vain lui dérober les principes, presque toujours inutiles et trop souvent dangereux. Depuis la naissance de la chimie pneumatique, il ny avait pas eu de découverte plus belle et plus inattendue que celle qui a fait reconnaitre, dans les alcalis et les terres, de vrais oxides mé- talliques, et révélé l'existence de ces substances CHIMIE. 147 métalloides qui ne peuvent exister au contact de Pair. Cette doctrine était encore toute nouvelle lors- que M. Barry, correspondant, nous lut un Mé- moire sur le potassium et ses oxides, dans lequel il exposait avec détail, non-seulement l’histoire et la théorie de cette découverte, mais encore la manière de faire les expériences très-délicates par lesquelles on obtient les nouveaux métaux. Dans une Notice sur Pelectrum , que la critique littéraire pourrait disputer à la chimie, M. Dispan recherche quelle est la substance que les anciens nommaient e/ectrun. On sait que ce mot avait chez eux deux signi- fications différentes; par lune, qui est la plus commune, il sentendait de Pambre jaune, qui, par la vertu qu'il acquiert par le frottement d’at- tirer les corps légers, a fait donner le nom de fluide électrique à l’un des agens les plus puissans de la nature. Par l’autre, on désignait, au rapport de Pausanias et de Pline, un alliage d’or et dar- gent que le dernier dit même se trouver à l’état natif, et dont on se servait pour faire quelques ouvrages précieux. Cette double signification a jeté les traducteurs dans une étrange méprise; ainsi, au lieu de dire avec Pausanias qu'il y a un autre e/ectrum com- posé d'or et d'argent, ils lui font dire que l’ambre n'est autre chose qu’un composé d’or et d'argent, ce qui leur donne occasion de remarquer que la physique des anciens était très-courte. M. Dispan, 10. Alliages. Electrum. M. Dispax. 1813. 148 CLASSE DES SCIENCES. en relévant cette bévue, remarque avec raisot qu'on accuse souvent les anciens d’ignorance parce qu’on ne les entend pas. Il réfute ensuite l'opinion du P. Cortinovis, qui a soutenu que le/ectrum était le platine; il fait voir que lor vert des bijoutiers, dans lequel M. Vauquelin a reconnu vingt parties d'or et quatre d'argent, proportions indiquées par Pline, est le véritable e/ectrum des anciens. La couleur de cet alliage, qui est un vert d’eau fort doux et très-agréable à la vue, se prête aux divers pas- sages des anciens auteurs, dans lesquels il est question de l’electrum métallique. Ainsi, le poète qui a décrit les effets de la nature aussi fidèlement qu’il a peint les sentimens du cœur, a-til pu dire : .….... Non qui per saxa volutus Purior electro campum petit amnis. Géorc., iv. 111, V. 521. passage que Delille rend ainsi : Et roule une eau d’argent sur un sable doré. Ce vers ne manque pas sans doute d’une cer- taine élégance, mais on voit trop que le traduc- teur a totalement détruit la fidélité de l’image pour y substituer une antithèse que Virgile ne se fût point permise. Pour ne laisser aucun doute sur ce point de critique, M. Dispan fit exécuter, par ordre et aux frais de l’Académie, des alliages d’or et d'argent en diverses proportions, et les fit passer au lami- noir. Celui dont le reflet rend le mieux la couleur CHIMIE. 149 d’eau est dans les proportions indiquées par Pline. Ces échantillons sont déposés aux archives de la Société. Ce n’est que par l’ardeur infatigable que les chimistes mettent à soumettre aux procédés de l'analyse les substances que la nature leur pré- sente, qu'ils sont parvenus à classer les corps sous un point de vue scientifique, et à fixer le degré d'utilité dont ils peuvent être dans les procédés des arts. La rareté du combustible végétal, qui se fait sentir de plus en plus dans le département de VPAriége, dont les nombreuses usines en consom- ment des quantités considérables, fait désirer depuis long-temps d'y voir substituer la houille dans les circonstances où son emploi est possible. M. le vicomte de Solages, propriétaire des mines de Cramaux, ayant offert de fournir du coak aux maîtres de forges qui voudraient en adopter Pu- sage, MM. Magnes et d’Aubuisson furent chargés de faire un rapport sur Ja nature de ce combus- tible. Ils trouvérent que le coak préparé par M. de Solages est très-léger et spongieux, qu'il attire un peu lhumidité de Pair et s’y effleurit légèrement, ce qui exige la précaution de le con- server dans des lieux secs, et qu’il brüle très- lentement, sans flamme ni fumée, tout en déga- geant beaucoup de calorique. Des échantillons, placés dans une capsule de grès, qui a été soumise à l'action du feu pendant quinze heures, ont donné un résidu d'environ cinq pour cent, com- Analyses. Houiile, M, MAGNeEs. 1820. 150 CLASSE DES SCIENCES. posé de substances terreuses mêlées de quelques traces d’oxide de fer. Cette circonstance engagea M. MAGxes à entre- prendre l'analyse de la houille de Cramaux, pour la comparer à celle que M. Dussaussoy, corres- pondant, avait faite de la houille de Rive de Gier, près de Saint-Étienne, dont on fait un grand usage à Toulouse. Il nous communiqua son Exa- men chimique du charbon de terre de Cramaux , d’où nous tirerons le tableau suivant, où nous placerons en regard le résultat du travail de M. Dussaussoy sur celui de Rive de Gier. Cramaux. Rive de Gier, Matière charbonneuse , résultant de la distillation à vaisseaux clos, déduction faite des matières terreuses et métalliques qu’elle contient. Huile, eau, produites par la distil- lation, gaz Mbéchles et flegmes. . . © Gaz qu’on n’a pu dissoudre’ dans HS. ANNE EN se de CET 2 AHMOMAQUE.. . + 4: eo « +. » Substances terreuses, éompôbées d’alumine, de silice, d’un peu de fer, de magnésie et de chaux (1). . . . Soufre en partie libre, et en partie combiné avec le fer à l’état de pyrite. OR r ie e sne mule (x) La couleur des cendres obtenues à l'air libre, pendant 24 à 30 heures, était blanchâtre pour la houille de Rive de Gier, et roussâtre pour celle de Cramaux. CHIMIE. 1Ô1 On voit que ces deux espèces de houille différent très-peu entrelles pour la composition. Employées au travail du forgeron, elles se sont aussi comportées de la même manière. Quant à leur bonne qualité, et au fini des objets fabriqués, la houille de Cramaux a paru un peu plus dure au feu, ce qui permet d’en économiser un dixième. L'analyse des eaux a aussi occupé la sagacité de nos chimistes, soit qu’elles servent à la boisson, soit qu’on les exploite pour en retirer le sel marin qu’elles contiennent, soit enfin qu’elles recèlent des principes propres à nous rendre la santé. Les eaux potables nous occuperont les pre- mières, par l'usage habituel qu’on en fait, et les inconvéniens qui peuvent résulter, pour les po- pulations, de leur insalubrité. Nous devons à M. Dispan l'Analyse de l’eau de la fontaine de la place Saint-Etienne, à Tou- louse. Cette fontaine, la seule qui existe dans la ville, est alimentée par des sources qui prennent leur naissance dans le coteau de Guilheméry, élevé d'environ 6o mètres sur le niveau de la ville, et y sont amenées par une conduite sou- terraine passant sous le canal. Une circonstance singulière a conduit M. Dis- pan à s’en occuper. Ce professeur voulant, dans sesleçons, faire une expérience sur les eaux sélé- niteuses, envoya chercher de l'eau de Saint- Étienne, qui a toujours passé pour telle et même avec excès; cependant les réactifs convenables ne Eaux. Eaux potables. Fontaine St-Etienne. M. Dispan. 1821. 152 CLASSE DES SCIENCES: produisirent pas d'effet sensible. L'expérience ré- pétée plusieurs fois ayant toujours donné le même résultat, M. Dispan résolut d’en entreprendre Pa- nalyse complète. Dix kilogrammes de cette eau ont été réduits, par l’évaporation, à un résidu de cinq grammes, composé ainsi qu'il suit (1) : Müfinte de Ces ee ste eue Nils 107 Muriate de magnésie. . . . . . . . . . . . O, 998 Suite détchauxs 200 2 ame y) F8 To; don Carbonâte de.chaux.sst {dote aiten artist 1(02:808 Onde defense ns ed. 0,499 Résidu présumé siliceux, . . , . . . . . . . O, 242 5, 000 Ainsi, il demeure prouvé que l’eau de Saint- Étienne n’est presque pas séléniteuse; mais, en lui enlevant cette propriété, M. Don v en a reconnu une autre, qui peut avoir des con- séquences plus fâcheuses, en lui trouvant des qualités alcalines dues à la présence du carbonate dammoniaque, qui y entre dans la proportion de quatre décigrammes par litre, fait singulier et digne d'attention; car on ne cite, dans aucun ou- vrage de chimie, d'exemple d’une eau employée à la boisson habituelle et chargée de carbonate ammoniacal. L'auteur laisse aux hommes versés dans l’art de guérir, à déterminer leffet que peut exercer cette boisson sur l’économie animale. (1) Nous avons cru faire une chose agréable à nos lecteurs, en rapportant toutes les analyses d’eaux à une seule mesure ; ainsi, nous supposons toujours qu'on a opéré sur 10 kilo= anne ou 10 litres d’eau, CHIMIE. 193 M. Macxes s’est livré à un travail non moins intéressant et non moins utile, dans sa Votice chimique sur l’eau des puits des prisons de Tou- louse (1). Cest principalement sur les puits de la nouvelle maison d'arrêt, établie dans le local au- trefois occupé par les religieuses de Saint-Sernin, que se sont dirigées ses recherches. Notre confrère fit d’abord mettre à sec et re- curer les huit puits qui se trouvent dans léta- blissement, afin de lès dégager de toutes les matières qui avaient pu y tomber pendant les réparations qu'on a exécutées dans les bâtimens. Il fit même extraire de ces puits des fragmens de la matière terreuse ou sablonneuse qui en cons- titue le fond. Cette matière est en général une marne argileuse assez poreuse, en raison de la grande quantité de sable qu’elle contient, et qui appartient à la classe des tufs. Un de ces fragmens, soumis à l’analyse, a. donné les proportions sui- vantes : Gaise NES EUR Dr La gs Lu PEAR 50 Carbonaterderchauxeee CRU PRE 5 SADIERE MICRO NE 75 HePREL PERLES de eat seen es ee eue PAREO 100 La pesanteur spécifique de l’eau varie de 1,009 à 1,020. (1) Cette notice peut être considérée comme l’extrait d’un rapport très-étendu, fait par ordre de M. le Préfet, sur Petat sanitaire des prisons de Toulouse ,; et auquel ont coopéré MM. Lussax et Parunés, Puits des prisons M. MAGNEs. 191% 124 CLASSE DES SCIENCES. M. Magnes, après avoir soumis à l’analyse chi- mique l’eau du puits n.° 1, qui se trouve à côté du logement du concierge, a reconnu les subs- tances suivantes dans dix kilogrammes d’eau. Atide carbonique Ke +20 NUE de + Lau 0, 265 Mure desoude, 1.4 4 O0 à: Lt 029 Matière animale extractive. . . . . . . . . O0, 399 Nitrate de‘haux:s 4 «ch. 4 sucdduna ©N66t Nitratede magnésie. ./. 1. - 4,2 .. joie fe o, 597 Nitrate de polasses 2 045 ne «9, 13000 SHERE de ÉRAMENS re 9 ren s pres cure sc, M UOUO Carbonate de chaux; 2.1. VUE Oo, 998 Silicest. CN OR NES Er) 2 LIL 4000066 Carbonate d’ammoniaque k x e 0, 265 Sulfate d'ammoniaque. . { PRE 20 0 d'a RE re. VOS TDS 7 966 Les eaux des autres puits présentent à très- peu près la même composition; toutes contiennent des nitrates de potasse et de chaux, substances qu'on rencontre si rarement dans les eaux de puits. On en trouve aussi dans celle des puits du jardin, qui sont éloignés des anciennes latrines de la maison et de tout autre dépôt de matières animales. Il reste à expliquer la présence des sels nitri- ques et du carbonate d’ammoniaque dans ces eaux. Les religieuses s’en sont servies pendant 150 ans pour Eur boisson et la cuisson des ali- mens; or, quel que soit l’empire de l'habitude, on ne peut supposer qu’elles n’eussent dû en res- sentir de graves inconvéniens ; il faut donc cher- CHIMIE. 195 cher une cause plus récente. M. Magnes croit pouvoir lassigner, en remarquant que, pendant le séjour de l’armée anglaise, en 1814, ce local avait servi d'abattoir pour les bestiaux destinés aux rations de l’armée. Au mois de juin de la même année, les débris de ces animaux furent enfouis dans le jardin de la maison, par les ordres de M. le baron de Malaret, alors maire de Tou- louse, afin de prévenir les exhalaisons putrides qui auraient pu occasionner des maladies conta- gieuses. IL est donc probable que les eaux plu- viales, après avoir lavé ces débris, se sont intro- duites par voie de filtration dans les puits, et y ont porté ces substances dangereuses. Si cette conjecture est vraie, les puits finiront avec le temps par s’assainir, et par retourner à leur état d'innocuité. En attendant, il est nécessaire, pour la santé des prisonniers, d'employer l’eau de rivière. Les puits de la maison de justice située dans les bâtimens du Capitole sont également chargés de nitrates de chaux et de potasse, de muriates de chaux et de soude, de carbonate d’ammoniaque et de sulfate de chaux. L'eau est de plus colorée par une matière excrémentitielle provenant d’une fosse d’aisance voisine. L'eau des puits de la prison militaire dite des Hauts-Murats est très-séléniteuse, et se ressent aussi du voisinage d’une fosse d’aisance. Toutes ces eaux sont donc impropres à la boisson. Puits de la maison de charité, M. Dispax. 1920. Eaux salées. M. Save. 1815. 156 CLASSE DES SCIENCES. La pompe d'un puits de la maison des sœurs de la charité, au faubourg Saint-Étienne . S'étant engorgée, on fut obligé de la faire démonter. On la trouva presque entièrement remplie d’une ma- tre pulvérulente, noire et semblable à la suie. Cette matière rendait l’eau du puits noire, boueuse et incapable d’être employée aux usages domes- tiques. M. Dispax, qui fut chargé de l’examiner, recon- nut avec étonnement, en soumettant cette subs- tance à l’action des réactifs, que c'était de oxide pulvérulent de manganèse, dont il aurait été dif- ficile, dit-1l, de soupçonner l’existence dans un terrain marneux, argileux ou sablonneux ; éloi- gné de toute montagne et de toute roche (1). Les eaux qui contiennent assez de muriate de soude pour que les habitans soient tentés de l’en extraire pour leur usage, ne sont pas très-com- munes dans la contrée; cependant il existe dans la commune de Salies, département de la Haute- (1) Nous remarquerons ici, pour compléter cette histoire des puits de Toulouse, que MM. Dispan et Magnes ayant été chargés, par Pautorité administrative, d’examiner les qualités de l’eau des puits dont se servent les boulangers dans l’exercice de leur profession , trouvèrent dans toutes une quantité de carbonate d’ammoniaque suflisante pour en rendre l’usage dangereux. Ces chimistes attribuent la présence de ce carbonate au voisinage des fosses d’aisance ; car, dans les faubourgs, où ces fosses sont plus rares, les eaux sont aussi moins chargées de sels ammo- miacaux. L'établissement des fontaines, d’où les boulangers pourront Urer une eau saine, sera un nouveau bienfait pour la ville, sous ce point de vue. CHIMIE. 197 Garonne, un puits qui contient une quantité con- sidérable de sel. M. Save, correspondant, ayant reçu six livres de l’eau de ce puits qui lui furent envoyées par M. le directeur des contributions indirectes de Saint-Gaudens, trouva cette eau très-limpide et d’une saveur salée très-forte qui n’est pas désagréable, mais laisse un arrière- goût amer. [’aréomètre sy tient élevé de trois degrés. L'analyse prouve que dix kilogrammes de cette eau contiennent : gr, Muriate-de soude. . - . .. 0. 10090 794 Sulfate de magnésie. . . . . . . ht AUS Suifatedeichaux ste AU, 0,2 W219% 567 Sous-carbonate de chaux. . . . . . : . . 351325 Acide lCathOPIque. 54 =, Re 2, 890 312, 129 Le seul but de M. Save, dans son travail, ayant été de connaître la quantité de sel marin que con- tient l’eau de Salies, c’est la seule substance dont il ait déterminé rigoureusement la quantité; les autres ont été calculées par analogie, ce qui, comme le fait observer M. Dispax dans un rapport sur ce mémoire, ninfirme en rien le principal résultat qui prouve que l’eau de Salies donne à peu près la même quantité de sel que l’eau de la mer, et à un plus grand degré de pureté. Nous n’avons point fait mention d’une quan- tité inappréciable de gaz hydrogène sulfuré que M. Save avait portée sur son tableau, en obser- vant néanmoins qu’elle n’y existait vraisembla- blement que par accident, et qu’elle devait pro- Eaux médicinales, Sainte-Marie, M. Save. 1812. 158 CLASSE DES SCIENCES. bablement sa naissance à des matières char- bonneuses végétales ou animales qui avaient désoxigéné une partie de l’acide sulfurique (1). L'analyse des eaux minérales dont les méde- cins ordonnent l'usage, est faite pour exercer toute la sagacité des chimistes. Ce n’est pas sans des essais multipliés et des précautions extraor- dinaires qu’ils parviennent à reconnaitre tous les principes existans dans ces eaux, si toutefois il n'en est pas quelques-uns qui échappent à leurs investigations. Nous sommes redevables à M. Save, corres- pondant, de l'Analyse des eaux de Sainte-Marie. Ce hameau du département des Hautes-Pyrénées dépend de la commune de Siradan. 11 est situé à une lieue au sud de Saint-Bertrand, et à côté de la grande route de Bagnères-de-Luchon , au pied d’une montagne assez élevée qui borne à l’ouest une superbe vallée traversée par la Garonne. Le propriétaire a fait construire, aux sources mêmes, qui sont au nombre de quatre, un bâtiment com- mode pour recevoir les étrangers que l’eflicacité des eaux, la pureté de Pair et l'agrément de la situation attirent à Sainte-Marie. Ces sources fournissent toute l’année avec abon- (1) Depuis, M. Magnes ayant été chargé, par M. le Préfet, d'examiner les eaux de Salies, dans le but d’évaluer les droits qu’on pourrait prélever sur leur exploitation, les a sou- mises à une nouvelle analyse qui confirme celle de M. Save. Les conjectures de ce dernier, sur le gaz hydrogène sulfuré, ont aussi été pleinement confirmées par M. Magnes. CHIMIE. 199 dance une eau limpide, sans odeur, d’une saveur «douceätre qui dégénére en un léger goût d’amer- tume, lorsqu'on la promène quelque temps dans la bouche. Le thermomètre marquant 25° dans l'atmosphère est descendu dans Peau à 17,5. La- réomètre s’y élève d’un demi-desré. Dix kilogrammes d’eau de Sainte-Marie, soumis à l’évaporation, ont donné un résidu de 24%, 086; en y ajoutant l’acide carbonique reconnu néces- saire pour tenir en dissolution les carbonates, nous aurons la composition suivante : gr. Sulfiteide chaux... "0 ne Mi4#766 sulfate de/magnésie.: .. + ......4 2.505426 Carbonate de magnésie. + . . . . . . . . o, 216 Carbonatede chaux: : 1.12, … Ut 002688 Acide carbonique calculé. . . . . . . . . 3,255 27, 341 Ces eaux semploient en boisson. M. Save s'était livré avec tant de zèle à l'étude des eaux minérales des Pyrénées, qu'il méritait bien d’en recevoir une récompense; il Pobtint sans doute, lorsque, le 13 août 1803, il reconnut la présence du fer dans une source située au milieu d'un pré de la commune de Siradan, qui n'avait Jamais passé pour ferrugineuse. Cette découverte parut d'autant plus précieuse à son auteur, qu’on ne connaissait pas alors d’eau ferrugineuse dans ces contrées. Depuis, il en a découvert une nou- velle dans la commune de Labarthe. La source, située sur le penchant d’une colline, “’est éloignée que dun quart de lieue de celle de Siradan. M. Save. 1012. Sainte-Qui- terie, M. MAGxNESs. >, Q 1910. 160 CLASSE DES SCIENCES. Sainte-Marie ; l’eau en est claire, inodore, et fait éprouver à la langue une saveur martiale très- prononcée; laréomètre n’y est pas monté d’une manière sensible, et le thermomètre, qui marquait 19°,79 dans l'atmosphère, est descendu à 1 2,9. Dix kilogrammes de cette eau ont fourni un résidu de 1%, 357; en y ajoutant l'acide carbo- nique, qui tient en disssolution les carbonates, et une pelite quantité en sus que M. Save a cru y re- connaitre , l'Analyse des eaux de Siradan donne : gr Murigte de mapnésie, 2. % 4 4. . « . © O,1095 Sulfate de magnésie: . . . . . . TN 0; 26 Sülfate de. chaux. 4 5 … 2: néant, 20 GEO Carbonate de chaux. . . : . . . . . -< 0, 394 Gérbonate de fer... ... .+:. AU (0 ASS STE Ce x AUS VON ES HO NON Acide carbonique estimé à. . . . . . . . 0, 888 2, 245 L'expérience a déjà prouvé l'efficacité des eaux de Siradan, dans les cas où l’on ordonne l'usage des eaux ferrugineuses. Dans la commune de Tarascon , et à proximité des bains d'Ussat, sur une jolie pelouse élevée d'environ 465 mètres au-dessus du niveau de la mer, et de trois mètres au-dessus de l’Ariége, coule une fontaine connue sous le nom de Sainte- Quiterie, ou de Font-rouge; ce dernier nom lui vient de ce qu’il se forme dans le bassin de la source, et dans le canal de fuite , un dépôt rouge ocracé fort abondant. Cette fontaine est connue depuis long-temps des gens du pays pour produire CHIMIE. 163 de bons effets dans des maladies graves; on pour- rait même, dans plusieurs occasions, en associer l'usage à celui des bains d’Ussat. M. Macxes, à qui on doit l_Ænalyse de l’eau minérale de La fontaine de Tarascon ( Ariège) , connue sous le nom d’eau de la fontaine de Sainte- Quiterie (1), fait connaître d’abord la nature du terrain, Celui qui se trouve au-dessus de la fontaine est de transition, et de nature argilo-calcaire ; la chaux prédomine dans ce mélange, et le sol en est d'ailleurs assez fertile. A 630 mètres de dis- tance, s'élève le Quié, montagne du second ordre, calcaire, fort escarpée, et élevée d'environ 962 mètres au-dessus du niveau de la mer. La mon- tagne de Gourbit et de Rabat, éloignée d’un my- riamètre, possède une mine de fer. L'eau de Sainte-Quiterie, mise dans un verre, exhale une odeur métallique qui se dissipe promp- tement à l'air. Sa saveur est astringente, ferru- gineuse très-prononcée. Sa température a été trouvée de 14°, 37; celle de l'atmosphère étant de 30. Sa pesanteur spécifique est de 1,007. D’après l'analyse chimique, 10 litres de cette eau contiennent : (1) Cette analyse est imprimée. Toulouse, Bellegarrigue, 1818, in-8.° 11 Capbern. M. Save. 1808. 162 CLASSE DES SCIENCES. Acide carbonique libre. .. . . . . . . . . 0, 265 Muriate de soude. . . . . . . . : ART, d'OMT Matière grasse résineuse. . . . . . . . . . O, 212 Muriate de magnésie.. . . . . . . . . . . O,477 Sullate de fhaux.m. :,. 7.2). re 3, 339 Sulfate de magnésie. . . . . . . . . . . . 0, g94 Sous-carbonate de fer. 1. 000. 2 01,272 CE cie 08 ATEN AE LOL Ce }'e 0, 088 Perte A se, tes HELE ie Ue 0,071 7 3 199 Nous devons encore à M. Save l'Analyse des eaux de Capbern. Ce village, désigné aussi par quelques auteurs sous les noms de Cabbern , Ca- vères et Capver, fait partie du département des Hautes-Pyrénées, et se trouve placé entre les petites villes de Lannemezan et de Tournay. La source est située à un quart de lieue du village, sur le bord d’un petit ruisseau, et au fond d’une vallée étroite formée par deux collines élevées. À quelques centaines de pas, on a bâti de belles maisons, d’où l’on découvre des sites très-pitto- resques, et où les baigneurs trouvent tout ce qui est nécessaire à leurs besoins. La source est fermée par un mur en maçon- nerie qui empêche d’y pénétrer; elle s'échappe avec abondance par quatre tuyaux, qui peuvent alimenter quarante baignoires, et elle coule tou- jours avec la même force, quelles que soient la température et l'hygrométrie de l'atmosphère : le sable sur lequel elle coule n'offre aucun limon. Ses caractères physiques sont les suivans : elle est parfaitement limpide, inodore, d’une saveur a CHIMIE, 103 fade; sa pesanteur spécifique diffère peu de celle de l’eau ordinaire; sa température a été trouvée de 250, celle de l'atmosphère étant 11°, 25. Dix kilogrammes de cette eau ont donné un résidu de 17%, 328; savoir : Sue dechauxs . APR se = ee 9, 299 Sulfate de magnésie. .. . . . .:. . . . . 6, 109 Muriate de magnésie. . .. . . . . . . 010 102 Carbonate de magnésie. .. . . . . . . . 1210; 006 Carbonate de chaux. . . . . . . TN T1 000 PETER die ete cale ve RS NO O0D 17, 828 Ces eaux étaient faussement regardées comme ferrugineuses. M. Save présume que cette opinion était fondée sur laspect des roches veinées de diverses couleurs qu’on remarque aux environs de la source (1). Les eaux d'Ax, département de PAriége, par leur proximité de Toulouse et laffluence des étrangers qu’elles attirent chaque année, devaient fixer particulièrement l’attention de nos chimistes. Elles ont fourni le sujet de trois mémoires, inti- tulés : /nalyse des eaux minérales d'Ax, dont deux appartiennent à M. Dispax , et le troisième à M. Macxes (2). La réunion de leurs recherches présente un des travaux les plus complets que Von puisse faire sur les eaux minérales. (1) M. Du Mège croit que ces eaux sont les Aguæ Conve- narum. (2) L’Analyse des eaux minérales d'Ax, par M. Magnes, est imprimée. Toulouse, Bellegarrigue, 1823, in-8.° 11. Ax. M. Dispan. 180g. 1810. M. MaGnes. 19821. 164 CLASSE DES SCIENCES. La ville d'Ax, environnée de trois ruisseaux qui viennent se réunir sous ses murs pour Con- fondre leurs eaux avec celles de PAriége, est située presqu'à l'extrémité d’une vallée agréable qui forme le bassin de cette rivière ; elle est élevée de 710 mètres au-dessus du niveau de la mer, et dominée de tous les côtés, à l'exception du nord- est, par des montagnes granitiques, dans lesquelles on trouve aussi des schistes alumineux et du cal- caire, et qui renferment quelques mines de fer, non exploitées à cause de leur pauvreté jointe au voisinage de linépuisable mine de Raneié. M. Dispan, qui a étudié avec soin le terrain d'Ax et de ses environs, fait observer que quoique environné de matériaux primitifs, il n’est point primordial par lui-même, mais qu'il est au con- traire un terrain de transport formé de ruines et de débris de toute espèce. M. Magnes, qui s’est occupé plus particulièrement des Bains de Breil, remarque que la terre végétale du sol qui les couronne est très-productive, que la végétation y est très-hâtive à cause de la chaleur souterraine , quoique la couche soit généralement fort mince, et que les arbres à noyau et à pepin y fleurissent plusieurs fois Fannée. Îl a remarqué aussi sur Ce terrain quelques efflorescences de sels alumineux méêlés de sulfate de fer, quoique l’eau de Breil ne contienne aucune trace de ce métal. Les eaux d’Ax, comme toutes les eaux ther- males, sont connues de temps immémorial ; un bassin, qui conserve encore le nom de Bassin CHIMIE. 165 des Ladres ;- prouve que les lépreux venaient y chercher un soulagement à leurs maux; mais ce n’est que depuis une cinquantaine d'années que ces eaux sont en possession d'attirer les étrangers. Les sources très-nombreuses sont utilisées par les habitans pour leurs usages domestiques; celles qu'on a consacrées aux bains et aux douches sont partagées entre trois établissemens; le plus an- cien, qui date de 1780, a été créé par les soins de M. le docteur Pilhes; il est connu sous le nom de Bains du Couloubret. M. Bouillé, chirurgien, en établit un autre appelé Bains du Teix. Enfin, M. Sicre vient de former, dans sa maison, un troisième établissement, qu'il a nommé Bains du Preil. Toutes ces eaux sont limpides et incolores, mais leur transparence diminue par le refroidis- sement, sur-tout lorsqu'elles ont séjourné quelque temps dans les bassins; elles paraissent alors tirer au bleu clair, ce que M. Dispan attribue à une illusion d'optique, occasionnée par une disposition particulière et naturelle des bassins pratiqués dans Vombre, et au milieu des rochers noirs dont l’image est réfléchie dans l’eau. M. Magnes pense, au contraire, que cette couleur est due à lin- fluence de lardoise ou schiste argileux qui est suspendu dans l’eau, en état de très-grande di- vision. Les eaux exhalent une odeur hépatique ou sulfureuse plus ou moins prononcée; il sen dé- gage des bulles qui se succèdent assez rapidement; 166 CLASSE DES SCIENCES: le gaz qu’elles contiennent est composé d'acide carbonique et d'air atmosphérique, désoxigéné en partie par l’hydro-sulfure que contiennent les eaux. Outre les matières salines et terreuses qu’on rencontre ordinairement dans les eaux minérales, on remarque dans celles d’Ax des flocons glaireux, blancs et doux au toucher, qu'on voit se former et se déposer à mesure que l’eau se refroidit. Cette matiere, séparée de l’eau, répand d'abord une odeur fade, et finit par prendre un caractère de fétidité insupportable. M. Vauquelin a trouvé tous les caractères chimiques de la corne à cette ma- tière végélo-animale , qui existe aussi dans les eaux de Plombières. La température des eaux d’'Ax est de 22 à 75°. Les propriétaires, en mêlant les sources, la font varier à leur gré. Le nombre des sources étant très- grand, MM. Dispan et Magnes se sont bornés à Lt. les principales. Les analyses suivantes sont rapportées à dix kilogrammes d’eau, et les résultats exprimés en grammes. Toutes ces eaux contiennent de plus du gaz hydrogène sulfuré dont on n’a pu apprécier la quantité, CHIMIE. 167 BAINS DÙÜ COULOUBRET ; PAR M. DISPAN. À , eau du bain fort; B, source n.0 4. Muriate de soude. . . , . . . . Matière végéto-animale. . . . . Carbovate de soude desséché. . . Oxide de fer au maximum. . . . Oxide de manganèse. . . . . . . Oxide de manganèse et magnésie. Allurnines Re mener rte DIICe Re MER ER ere Due RENTE MA LIL, ere AUS BAINS DU TEIX, PAR M. DISPAN. À, eau bleue, temp. 42,5; B, source n.e 4, temp. 43,75 ; C, petit robinet, temp. 51,25 ; D, grande pyramide, temp. de 66,87 à 69,74. A. B. C. Muriate de soude... . . . . .|0,163| » |o,o44 Muriate de soude et matière vé- géto-animale, avec trace de soude. | ” 10,775! " |1,292 Maiière végéto-animale. . . . [0,052] #" [o,142| y» Carbonate de soude. . . . . .[1,0g90] » [0,885 | trace. Carbonate de chaux. .. . . .|0,066]|trace.| » |o,083 Carbonate de fer. . . . Silice mdissoluble. . . . . . Silice dissoluble. .. . . . .. Silice en gelée. . . . . . . . nm |0,167| y» n. Soude!siligée, + : … à, : .| ” |[0,292/0,127 [0,175 Fer et alumine. . . . . : . .[0,044| #» " ” MARÉES Le Ba. eee | races). # " Perte ie 2 2010,01010,10910,202 10,074 2,500|2,084|2,081 |2,417 * Ce produit, qui n’a pas été examiné, est présumé siliceux. 180q- 1810. 1820. 1821. ARTS CHIMIQUES. Expériences. Filtres. M. Dispan. 1808. 168 CLASSE DES SCIENCES. BAINS DU BREIL, PAR M. MAGNES. A, source n.e 1, temp. 50,37; pesant. spécifique, 1,0045. > ) P-199 B, source n.° 5 servant aux douches, températ. 66,87 ; pesant. spécifique, 1,0044. Muriate de soude. . . . . . . . Matière végéto-animale. . Carbonate de soude desséché. SUCER LUN ES es or à Oxide de PERS Alumine. LT CE NE Pertes NRA CEE Ne Nous rangerons ici, sous la dénomination d’arts chimiques, non-seulement ceux qui reçoivent des applications de cette science, mais encore quelques arts qui ne s’y rapportent qu'indirecte- ment, par la difficulté de les classer ailleurs. Nous placerons au premier rang l’art que les chimistes exercent dans leurs laboratoires, celui des SO et des instrumens. ù M: Dispax s’est occupé à perfectionner une opé- ration aussi ennuyeuse que délicate, et nous a fait connaître un appareil nouveau pour filtrer les liqueurs. Au moyen de cet appareil, la filtration s'exécute d'elle-même sur une masse liquide quel- conque, sans exiger de soins de la part de Popé- rateur, et sans permettre au liquide de s’'évaporer dans l’atmosphère, et de répandre des exhalaisons toujours incommodes et souvent pernicieuses CHIMIE. 169 M. Dispax ayant remarqué que dans les labo- ratoires les vases de verre ou de terre sont sujets à se rompre par l'effet de la gelée, a communiqué à PAcadémie un moyen bien simple de prévenir cette rupture. Îl consiste à placer dans Peau un tube creux plein d'air, d’un diamètre propor- tionné à la largeur du vase. Comme l’eau qui est au centre se congèle la dernière, tout effort qui résulte de la congélation des bords se porte par ce moyen sur lair du tube, qui cède avec facilité, et l’eau achève de se geler sans que le vase casse. Parmi les applications des sciences aux arts, il en est peu d'aussi importantes, et qui présentent une utilité plus directe aux gouvernemens, que la bonne fabrication des bouches à feu. De leur qualité, de leur durée peuvent résulter des éco- nomies considérables dans les dépenses, et peut- être dépendre le succès d’une campagne ou d’un siége. Cependant, il est peu d’arts qui aient été abandonnés si long-temps aux procédés d’une routine aveugle, mise en œuvre par des entre- preneurs empiriques, qui, ne connaissant ni l’art de graduer la chaleur, ni la manière dont les métaux se comportent dans les alliages, ni lexac- titude de la fusion , fournissaient des produits dif- férens, non-seulement dans les diverses coulées, mais souvent dans la même. Ce n’est que vers la fin du dix-huitième siècle qu'on a senti la nécessité d'établir une théorie fondée sur des expériences bien faites. Mais, quoi- qu'on soit déjà arrivé à des résultats assez impor- Moyen de prévenir la rupture des vaisseaux. M. Dispan. 1014. Fonderies. M. Dussaus- SOY. 1920. 170 CLASSE DES SCIENCES. tans, la difficulté de la matière est telle, qu'on est loin d’avoir résolu totalement le problème. M. Dussaussoy, chef de bataillon au corps royal de lartillerie, et correspondant de l’Académie , s’est beaucoup occupé de cet objet, lorsqu'il était employé à la fonderie de Toulouse , sous les ordres de M. le colonel Pédéarros, à qui cet établissement doit des améliorations très-importantes. Il nous a fait part du fruit de ses recherches, dans un Mémoire sur la fabrication des bouches à feu ; mémoire sur lequel M. Dispax a fait un rapport détaillé, qui a été lu en séance publique, et qui peut être aussi considéré comme un mémoire. M. Dussaussoy s'occupe d’abord du moulage, dont il fait sentir linfluence sur l’homogénéité des pièces. Appuyé sur des expériences directes , qui prouvent que laffinité du cuivre pour Pétain varie en raison de la température, et que par conséquent les parties qui se refroidissent les der- nieres sont les plus chargées d’étain , circonstance qui aura lieu dans laxe de la pièce, 31 fait voir que si le moule est très-résistant, la solidification s’opérera tranquillement comme dans une cris- tallisation ; mais que si le moule n’est point assez résistant, et qu'il éprouve par suite des fractures ou seulement des infiltrations, le bronze des en- virons de l’axe affluera pour remplir les vides, et portera l’étain sur la circonférence. De là, dit l’auteur, les taches d’étain qui se manifestent principalement sur les tourillons et dans le pro- longement des anses, taches qui ne sont point CHIMIE. 171 dues, comme on le croit communément, à une mauvaise fusion, mais à un mauvais moulage, et qui annoncent le peu d’homogénéité du métal, et par suite son peu de résistance. L'auteur traite ensuite des fourneaux à rever- bére, et donne la préférence aux grands sur les petits. Un fourneau a consumé les trois quarts de combustible employé par un fourneau double, qui, par conséquent, a fondu une quantité de matière double. Il est fait mention, dans cet ar- ticle, d’une amélioration introduite à Toulouse par M. Pédéarros, qui, par un simple exhausse- ment du tuyau d'aspiration, a doublé Pactivité d’un fourneau. M. Dussaussoy s'occupe ensuite de l’alliage et des meilleures proportions à établir entre le cuivre et l’étain, qu’on allie maintenant de manière à ce que le bronze soit composé de 100 de cuivre pour 11 d'étain. Il pense qu’il serait nécessaire de recommencer les expériences qui ont amené à ce, résultat, et de les faire pour chaque genre de bouche à feu, et pour chaque calibre, car des expériences faites en Espagne, semblent prouver que la pro- portion de 8 d’étain est suffisante pour les mortiers de 8, 10 et 12 pouces. L'auteur traite aussi de la manière d’exécuter l'alliage des métaux, soit en faisant fondre d’a- bord le cuivre dans le grand fourneau , et y jetant ensuite l’étain, soit en alliant d’abord à la cou- pelle le cuivre et l'étain, et formant des saumons d'alliage destinés aux fontes. Le premier procédé 172 CLASSE DES SCIENCES. est plus économique; le second parait devoir donner un alliage plus parfait. Il expose ensuite les moyens d'utiliser les vieux bronzes, et la conduite à tenir pour ceux qui sont chargés de métaux étrangers, tels que le zinc, etc. Le moyen d’avoir une bonne artillerie, est de couler constamment au même degré de chaleur; or, les fondeurs n’ont point pour cela de méthode sûre, de sorte que, même en admettant que l’ha- bitude puisse mettre chacun d'eux en état de donner le même degré de chaleur à chaque cou- lée, les produits des différentes fonderies ne sont point comparables. Il faut faire cesser cet état d’in- certitude, en adoptant une méthode constante. Celle que propose M. Dussaussoy est fondée sur le principe de la capacité des corps pour le calo- rique, et a été employée par Coulomb pour con- naître le degré de chaleur qu’il convient de donner à la trempe des barreaux aimantés. Voici en quoi elle consiste : connaissant d'avance le degré auquel un boulet de fer forgé, chauffé à roo°, élève une masse d’eau, si lon plonge le même boulet dans le bain métallique jusqu’à ce qu'il en ait pris la température, et qu’on l’en retire alors pour le plonger dans la masse d’eau qu'il élèvera d’un certain nombre de degrés, une simple proportion donnera la température du bain d’une manière suffisante pour la pratique des fonderies. L'auteur finit par traiter de la manière de faire + lanalyse des bronzes, et donne pour cela des pro- cédés simples et des tables d’un usage commode. CHIMIE. 173 Les analyses multipliées auxquelles il s’est livré, l’ont conduit à reconnaître que, dans une bouche à feu, la quantité d’étain augmente en allant de la surface à l'axe, et de la bouche à la culasse; que les différences existant dans la composition de l’alliage pris sur les divers points d’une pièce, sont d'autant plus grandes, que la pièce est d’un plus fort calibre, et qu'elle a été coulée à un plus haut degré de chaleur; qu’enfin les points dont le litre approche le plus de celui de la coulée d’où la pièce provient, sont ceux qui se trouvent à la surface du premier renfort, dans la section pas- sant par le fond de lame. M. Dussaussoy, qui s’occupait aussi à cette épo- que de Palliage du cuivre et du fer, a ouvert une nouvelle carrière aux fondeurs, et si ces recher- ches sont continuées, elles pourront conduire à une amélioration très-sensible dans les produits. L'art de faire la brique est très-essentiel dans une ville où la pierre manque, et où tous les édi- lices, tant publics que particuliers, sont construits en briques. Il semble que dès-lors cet art devrait être arrivé à un certain degré de perfection ; ce- pendant M. Dispan s’est apercu de plusieurs dé- fauts essentiels qu'il a signalés dans un Mémoire sur les fours à brique. Le principal consiste dans le manque dune fermeture, ce qui occasionne une déperdition considérable de calorique. L’au- teur estime que le quart du combustible employé se consomme inutilement; il croit qu’une porte de Lôle, qu’on pourrait élever ou abaisser alternative- Briqueteries. Fours à brique. M. Dispan. 1505, Taille des briques. M Düispax. 1310, Efflorescences des murs en briques. M. Dispan. 1808. 174 CLASSE DES SCIENCES. ment, remédierait en grande partie à cet incon- vénient. Les briques dont on se sert pour la construction des murs sont employées telles qu’elles sortent u four, mais pour les ouvrages qui demandent de la délicatesse, tels que les cintres, les plate- bandes, le carrelage, on est obligé de les tail- ler avec un couteau tranchant, à l’aide duquel on exécute aussi les moulures et les ornemens d'architecture, Outre que ce procédé est long et dispendieux, il en résulte de graves inconvéniens; les ouvriers, pour s’épargner de la peine, choisis- sant les briques les moins dures, et par conséquent aussi les moins durables. Par là, les ouvrages les plus importans se dégradent les premiers, et les carreaux remplissent les appartemens de pous- sière. M. Dispax, dans un Mémoire sur La taille des briques, propose, pour prévenir ces inconvéniens, de tailler la brique avant sa cuisson et lorsqu'elle n’est que demi-sèche, ce qu’on peut exécuter en fixant les briques dans des châssis de dimensions voulues, et faisant sauter ce qui déborde au moyen d’un ciseau. Il propose de même de planer les briques avec un couteau à deux manches, et d'exécuter les moulures avec un rabot de menui- sier. Les murs en brique sont sujets à être attaqués par des sels qui les détruisent. Lorsque l’on con- sidère les murs des quais de Toulouse, sur-tout ceux du port de la Daurade, et les divers ponts CHIMIE. 17) établis sur le canal, on aperçoit qu'ils sont re- couverts en plusieurs endroits, et quelquefois sur un espace très-considérable, d’une efflorescence très-bl'anche, qui, portée à la bouche, donne une saveur tantôt fraîche, tantôt chaude, mais tou- jours âcre, piquante et saline; les briques qui en sont recouvertes s’écaillent et se brisent sous les doigts. Cet état de choses qui pourrait avoir des conséquences très-fâcheuses si lon ne s’eflorce d'y remédier, a donné lieu à un Mémoire de M. Dispax sur les efilorescences salines qui dévorent les mu- railles des quais et des ponts de la ville de Tou- louse. L'auteur recherche d’abord la nature et lori- gine de ces efflorescences; il les a reconnues pour être du carbonate de soude pur, et attribue leur origine à la décomposition du sel marin ou muriate de soude, provenant, soit des terres de remblaï contre lesquelles les murs sont appuyés, soit des eaux sales des rues qui croupissent au-dessus, et dans des égouts qui ont peu de pente, soit enfin des cimens formés de tuileaux pulvérisés et retirés de décombres de toute espèce. Ce sel marin, amené par les eaux sur le revêtement extérieur, est dé- composé par la chaux des mortiers; il se forme du carbonate de soude, et les eflorts que font ses molécules pour cristalliser, détruisent laggréga- tion des parties de la brique. Toutes les fois que par humidité le sel se redissout , il est pompé par la brique; et lorsqu'il cristallise de nouveau, le même effet se reproduit, et la brique se détruit Poteries. M. Cazaux. 1819. 176 CLASSE DES SCIENCES: ainsi jusqu’à plusieurs centimètres de profondeur. Cette dégradation allant toujours en croissant, il est à craindre que, si l’on n’y porte remède, elle w’entraine un jour la ruine totale de ces beaux ouvrages. M. Dispan croit qu’on ne saurait arrêter le mal en recrépissant les murs dégradés, à moins qu'on n’enlevät la partie des matériaux déjà altérée pour la remplacer par des briques neuves, ce qui oCCa- sionnerait une dépense beaucoup trop considéra- ble. 11 pense que le lavage en grand, exécuté par des pompes, et en commençant l'opération par le bas, afin que lorsque le sel des parties supérieures serait dissous, il trouvât de suite un écoulement, est le meilleur procédé à suivre, et il insiste en même temps sur ce que le mal, une fois extirpé, il faudrait s'attacher à prévenir son renouvelle- ment, en empêchant les infiltrations d'eaux char- gées de matières animales, de se porter sur ces murs. M. Cazaux, dans un Mémoire sur les poteries communes de Cox, département de la Haute- Garonne, nous a communiqué des détails statis- tiques assez intéressans sur ce petit village pres- que ignoré, et situé à l'extrémité d’une contrée considérable, naturellement impropre à la culture des céréales, mais remplie de mines inépuisables d'argile, et couverte de brandes, d’épines et de ge- nêts. Ses habitans languiraient dans une misère profonde, si leur industrie n’avait su mettre à profit les ressources que la nature a placées à leur CHIMIE. 177 porice. Trente poteries, établies à Cox de temps immémorial, exploitent l'argile et le combustible qui les environnent, et fabriquent annuellement 1208800 pièces de vaisselle commune de toute espèce (1), qui, répandues dans les départemens du midi et de l’ouest de la France, sy vendent à peine neuf centimes l’une dans l’autre. Cependant la somme de 106,800 francs qu’elles amènent à Cox y fait subsister la population , car elle y de- meure presqué entière ,; les fabricans n'ayant à tirer du dehors que oxide de plomb qui entre dans la couverte. Les cinq sixièmes de cette somme sont employés à l'achat des matières et à la main- d'œuvre; le sixième restant est le profit net des maitres potiers, et fournirait à peine à les faire subsister, s'ils n’étaient en même temps ouvriers eux-mêmes ainsi que leurs familles. Une particularité remarquable, cest que les champs, à mesure qu’on les débarrasse de l'argile qui les recouvre, deviennent propres à la culture, ce qui promet à ce pays une nouvelle source de pros- périté à l'avenir, et un revenu certain aux proprié- taires actuellement payés pour laisser délivrer leurs terres des principes qui les rendent infertiles. L’argile blanche dont on se sert pour fabriquer la couverte est très-pure ; malheureusement la veine qui la fournit suffit à peine aux besoins des pote- ries. Cette argile contient, d’après les expériences de M. Cazaux, (1) Parmi lesquelles les creusets dont on se sert à Toulouse. 12 Faïence anglaise. M. »E 178 CLASSE DES SCIENCES. Alumine2.. % MNSEr. ER RE CO Siliee ss: 88 LMI TS 2 ECM 28 Eau; Us ALU GS RTE Chant. 1-7 us Jr EG SERRE quelques atomes. 100 Les procédés employés par les potiers sont sim- ples et même grossiers; ils seraient aisément sus- ceptibles de quelques améliorations ; les produits eux-mêmes pourraient être perfectionnés, quant à l'élégance des formes et au fini de exécution ; cependant, comme le fait judicieusement observer notre confrère , il serait à craindre que laugmen- tation de prix qu’entraînerait nécessairement ce perfectionnement ne nuisit au débit de ces objets, débit assuré jusqu'ici par le bon marché auquel on les livre. Le village de Cox fait partie du canton de Ca- dours: il est situé à l’extrémité nord-ouest du département, et sa population est de 717 âmes. M. le baron de Puymauri nous a fait connaître quelques Anecdotes historiques sur la fabrication Puymaurin. de la faïence en Angleterre. 1808. Jusque vers le milieu du dix-septième siecle, l'Angleterre avait été tributaire de la Hollande pour la poterie fine. Un matelot hollandais, nau- fragé sur les côtes de Sussex, et entré au service d'un propriétaire, trouva, en cultivant les champs de son maître, une terre semblable à celle que ses compatriotes tiraient d'Allemagne pour fabriquer leur faïence, et dès ce moment les Anglais sal- franchirent du tribut qu'ils payaient à leurs voi- CHIMIE. 179 sins; mais leur faïence n’avait pas encore la blan- cheur et la solidité qu’elle devait acquérir. En 1697, un hasard assez bizarre leur fit con- naître Putilité du silex calciné dans la pâte de faïence. Un valet d'écurie s'étant engagé à gué- rir dune tache sur lœil le cheval d’un potier du Stafford-Shire, lui soufflait sur cet œil une poudre de silex calciné et broyé. Le remède ma- gissant pas assez vite, le valet donna sa poudre au potier pour continuer le traitement. Celui - ci imagina den jeter le reste dans la pâte de sa faience, qui en devint plus blanche et plus dure. Ce fait fut bientôt divulgué , les moulins à broyer le silex furent inventés, et ce perfectionnement valut aux Anglais des sommes immenses, Cependant deux Hollandais, établis en Angle- terre, fabriquaient seuls une faïence revêtue d’une belle couverte, faisant corps avec elle de manière à ne pouvoir s’en détacher, et entièrement inatta- quable par les acides. Le hasard fit encore dé- couvrir leur secret. Des voisins, alarmés par la fumée épaisse qui sortait de leurs fourneaux, et craignant un incendie, enfoncèrent les portes, et trouverent les fabricans occupés à projeter, sur la partie supérieure du fourneau, du sel marin décrépité, qui, sublimé par la violence du feu, et s'introduisant sur la faïence par les trous des gazettes, en vitrifiait la surface, et lui donnait ses belles propriétés. Cette dernière découverte a porté la faïence anglaise au point de perfection où elle est aujourd’hui. 12. Salines. M. Dispax. 1319« 1820. Éclairage. Lampes à courant d’air, M. Fnrizac. 1820. 180 CLASSE DES SCIENCES: Ces anecdotes étaient curieuses à recueillir ; elles prouvent que presque toutes les découvertes utiles ont été dues au hasard, jusqu’à l’époque récente où les sciences perfectionnées, en jetant sur les arts un coup d'œil investigateur , leur ont fait prendre une marche à laquelle il serait difi- cile d’assigner une limite. Le combustible végétal devenant de jour en jour plus rare, et nos forêts étant menacées d’une destruction totale, il est digne des savans de porter leurs méditations sur les moyens d’en éco- nomiser l’emploi. M. Dispan ayant été conduit à s'occuper de l'exploitation des sources salées, à pensé qu’on pourrait parvenir à opérer lévapo- ration des eaux salées en substituant l’action de l'air à celle du feu. Il nous a lu deux Mémoires sur le travail des salines , dans lesquels il expose les procédés qu’il faudrait mettre en usage pour ar- river à ce but. Mais comme lauteur se propose de revenir sur cet objet, nous n’entrerons dans aucun détail sur cet objet. La lumière qui se dégage dans la combustion , et qui est si nécessaire à nos travaux, à aussi occupé nos confrères. M. Frizac nous a lu un Mémoire sur les lampes à double courant d'air , dans lequel, après avoir exposé la théorie de ces lampes et les procédés qu’elles exigent, il fait connaître les essais qu'il a faits lui-même, et les appareils qu'il a employés pour appliquer aux combustibles concrets, tels que la cire et le suif, la méthode trouvée par Argant et Quinquet pour CHIMIE. 187 les combustibles liquides. Ces expériences n'étant point achevées, et M. Frizac se proposant de les continuer, elles deviendront le sujet d’un second mémoire dont on fera connaître les résultats. Nous mentionnerons encore ici une Voice de M. »’Ausuissox, sur l'éclairage de l’'Hôtel-Dieu de Paris par le gaz hydrogène. I y considère l'emploi de ce mode d'éclairage principalement sous le point de vue économique. L'une des compositions que l’on a encore le moins perfectionnée, quoiqu’elle soit d’un usage journalier et indispensable, c’est l'encre à écrire. Nous devons à M. Tarry, correspondant, une Dissertation sur les encres à écrire(r), dans la- quelle Pauteur examine d'action chimique des substances qui entrent dans la composition de l'encre les unes sur les autres, et recherche les proportions qu’il convient de leur donner, pour rendre l’encre belle, pure et durable. Voici celles qui lui ont paru les meilleures. Kil. Noix de galle pulvérisée. . .. . . . . . . ©, 125 Gomme arabique en poudre. .. . . . . . 0, 048 Proto-sulfate de fer calciné. . . . . . 100, 090 Eau de pluie ou de rivière. . . . . . . . 1, 750 (2) 1, 959 (1) Cette Dissertation est imprimée à la suite d’un mémoire sur la culture du prunier, par le même auteur. Voy. ci-dessous, article BoTrANIQUE. (2) M. Larry proscrit absolument Pusage de la bière, du vin ou du vinaigre pur, quoique de bonne qualité. Il n’admet que l’eau pour faire de bonne encre. Gaz hydrogène. M. p’Auguls- SON, 1821. Fabrication de l’encre. M. Tanay. 1818 182 CLASSE DES SCIENCES. Il faut faire infuser la noix de galle dans l’eau pendant vingt-quatre heures (1), filtrer ensuite à travers un papier non collé, faire dissoudre la gomme , et après son entière dissolntion , ajouter le sulfate de fer calciné. L’encre reste alors composée de la manière suivante : Kil. EE A M ete ue ue à «es 4" 1, 499 FRS et nr sb da et mb Be 2 + 1951009 Gomme: A0 L er ane ar" MO 10 4E Sulfate de protoxide et de duos de Gr. 0, 036 1, 652 Cette quantité, équivalente à 54 onces, ne coûte qu’un franc. L’encre se conserve bien pendant six mois, terme passé lequel toutes les encres à la noix de galle commencent à se décomposer. On peut à la vérité la faire dessécher (2), et la conserver sous cette forme autant qu’on voudra; mais ensuite, lorsqu'on la fait dissoudre, elle se moisit plus vite que lorsqu'on la conservée sous forme liquide; d’ailleurs , l'écriture n’est ni vive ni éclatante. Quant aux encres indélébiles, dont l’emploi serait si nécessaire dans les actes publics ou privés, pour prévenir la criminelle audace des faussaires, (a) La noix de galle n’est pas entièrement épuisée par cette infusion; elle peut encore servir à d’autres usages dans la teinture. (2) Pour la rendre susceptible de dessèchement , il suflit d'employer, daus la formule, un tiers en sus de proto-sulfate de fer, et de ne pas le faire calciner, CHIMIE. 185 M. Tarry annonce qu’il en a soumis une à l’exa- men de Pinstitut de France. L’épaississement et la moisissure de Pencre, qui font le désespoir de tous les hommes qui ont fréquemment la plume à la main, ont excité Vat- tention de M. Dispan, qui a imaginé un moyen bien simple de prévenir ces inconvéniens. Il con- siste dans la forme à donner à l’encrier, sur la sur- face supérieure duquel on pratiquera une rainure destinée à recevoir un couvercle; cette rainure serait remplie à demi de mercure, ce qui mettrait l'encre à l'abri du contact de l’air. On peut de même remplir à demi de mercure les trous cylin- driques où lon place les plumes, ce qui prévient leur dessèchement. Dans le temps où le blocus continental avait élevé le prix des denrées coloniales à un point où le pauvre ne pouvait atteindre, l'emploi du sirop de raisin fut substitué à celui du sucre dans beau- coup de ménages, et dans les hôpitaux, pour les préparations dans lesquelles le sucre raffiné n’est point indispensable. M. Asrier, correspondant, ayant été chargé de faire des expériences en grand, en consigna le résultat dans une Dissertation sur le sirop de raisin. 1 y décrit en détail tous les . procédés qu'il y a suivis, et par lesquels les pro- duits qu’il obtint n'avaient point ce mauvais goût de manne qu’on reprochait à ceux du commerce. À commencer par Olivier de Serres, presque tous les auteurs qui ont écrit sur l’art de faire le vin, ont recommandé de couvrir la vendange dans Encrier. M. Dispan. 1808, Sirop de raisin. M. ASTIER, 1811, OEnologie. Appareil Gervais. M. Disran. 1820. 1821, 184 CLASSE DES SCIENCES. les cuves, afin de prévenir lévaporation qui fai- sait perdre une partie du vin; mais, comme cela arrive fort souvent, quoique personne n’eût con- testé Putilité de ce procédé, il était resté enseveli dans les livres jusqu’au moment où un appareil inventé par M. Gervais, et pour lequel elle a obtenu un brevet d'invention , a ramené l’atten- tion publique sur cet objet. Cet appareil consiste en un couvercle de bois, auquel on adapte un chapiteau d’alambic, garni de son réfrigérant, et portant un tube recourbé plongeant dans une eau que les gaz sont obligés de traverser, et dans laquelle ils se dissolvent. Les cessionnaires de M." Gervais ayant soumis cet appareil à l'examen de l’Académie, en lui de- mandant un rapport, une commission fut nom- mée , et s’occupa d’abord du plan des expériences à faire pour apprécier l'utilité du procédé. M. Drs- pAN en ayant fait le rapport, et l'Académie ayant définitivement arrêté le programme, la commis- sion se réunit à une autre nommée par la Société royale d'Acriculture, qui de son côté s’occupait du même objet; les expériences commencerent sous la direction de MM. Dispan et Magnes, sur le domaine de Fonbeauzard, appartenant à M. le baron de Malaret, membre des deux sociétés, qui, toujours prêt à coopérer aux travaux qui ont pour objet Pavancement de la science, voulut bien mettre à la disposition des commissaires tous les moyens d'arriver à leur but. Le rapport de M. Dispan, au nom des deux CHIMIE. : 189 commissions réunies, ayant été livré à l’impres- sion, et de plus inséré dans le Journal des proprié- taires ruraux (novembre 182 1), NOUS y renvoyons pour le détail des expériences ; nous nous conten- terons de dire que ses conclusions ne sont point favorables aux prétentions de M. Gervais. Pendant que la commission se livrait à ces expériences, M. n’Ausuissox appliquait la théorie aux questions de ce genre, dans une Notice sur la perte que le vin mis duns les cuves éprouve par l'effet de l’évaporation. En partant des principes posés par les célèbres physiciens-chimistes Gay-Lussac et Dalton , l’au- teur détermine , à l’aide de la théorie et du calcul, non la perte due à l’évaporation du fluide mis dans les cuves ouvertes, mais les limites entre lesquelles cette perte doit se trouver. Pour se procurer ces limites, M. d’Aubuisson suppose dabord que le fluide est entièrement aqueux, et en admettant que la fermentation dure douze jours, que la température de Vair soit de 12°,5, et que l’hygromèétre marque 80°. Supposant de plus que la témpérature du moût en travail soit à 22°,5, il trouve que l’épaisseur de la tranche évaporée doit être d’un décimètre : c’est la limite inférieure de la perte. Pour en trouver le maximum , il suppose que le vin est entièrement fait; or, d’après des expé- riences de M. Marqué-Victor, Pévaporation du vin est à peu près double de celle de Peau placée dans les mêmes circonstances. Ainsi, dans ce dernier Perte du vin dans les cuves. M. D'Auguis- SON. 1822, Eaux-de-vie, Distillation. M. Drspax. 1816. 180 CLASSE DES SCIENCES. cas, la tranche évaporée serait de deux déci- mètres. La perte éprouvée par le fluide semble donc devoir être placée entre ces deux limites, mais M.d’Aubuisson, considérant les circonstances dans lesquelles se trouve la vendange placée dans des celliers clos, où l’air est presque stagnant, pense que la véritable perte se rapproche excessivement du minimum, et qu’ainsi la tranche évaporée ne sélève pas au delà d’un décimètre dépais- seur. Il remarque ensuite que, d’après les principes et les expériences de M. Gay-Lussac, le vin de- vrait aussi perdre en qualité, les parties spiri- tueuses étant les plus volatiles, et par conséquent s’évaporant plus facilement. Cependant, la com- mission dont nous venons de citer le rapport, n’a pas trouvé de différence sensible entre les vins tirés des diverses cuves, soit couvertes, soit dé- couvertes ; M. d’'Aubuisson émet le vœu qu'il soit fait sur cet objet des expériences spéciales. La fabrication des eaux-de-vie est un objet si essentiel dans le midi de la France, où les vins manquent souvent de débouché, qu’on doit savoir gré à tous ceux qui soccupent à perfectionner les appareils distillatoires. M. Dispax a présenté à PAcadémie un serpentin «au moyen duquel on » obtient, dans une même opération et simultané- » ment, l’eau-de-vie et la repasse séparées, avec ces » avantages qu'il n’y a presque point de cette der- » nière, que le temps de la distillation est abrégé » » ) » » CHIMIE. 187 de moitié, et le combustible épargné à peu pres dans le même rapport. » Toutes ces améliorations reposent sur une observation qui, toute simple qu’elle est, a échappé jusqu'ici au grand nombre des réfor- mateurs de l’ancien appareil. C’est que, dans le serpentin le plus ordinaire, il se fait réelle- ment, quoiqu'invisiblement, une séparation du phlegme et de l'esprit, dont l’un se condense dans le premier ou le second tour, et Pautre dans les tours suivans, par le seul effet de la température; alcohol ne pouvant se condenser, ni la vapeur d’eau subsister de 80° à 95° R., chaleur que prend Veau du réfrigérant depuis sa surface supérieure jusque vers le second tour, lorsqu'une fois l'appa- reil est en train, et qu’on renouvelle l’eau avec une juste mesure dont celui qui opère est parfai- tement le maître, et qui doit être telle que la température demeure constante aux mêmes hau- teurs du réfrigérant. » Dans l’usage on ne s'aperçoit point de cette séparation; n'ayant qu’une issue, les produits qui s’étaient séparés se confondent ; mais en in- terceptant ce qui se condense dans chaque tour, on découvre bientôt la réalité de la chose. » M. Dispan n’en étant encore qu'aux premiers essais de son serpentin, la présenté à l’Académie avec quatre interceptions de demi-tour en demi- tour , se réservant de déterminer, d’après lex- périence, le point le plus avantageux pour opérer le fractionnement; il croit, au surplus, être Fabrication du beurre. M. Drspax. 1820. 168 CLASSE DES SCIENCES. » fondé à espérer de son procédé une augmentation » sensible dans la qualité de Peau-de-vie, à quoi il » faut ajouter, et même regarder comme certain, » que les vins aigres traités dans cet appareil don- » nent d'aussi bons produits que les autres, le » vinaigre s’en allant avec le phlegme. » Frappé de la mauvaise qualité de la plupart des beurres que les montagnards des Pyrénées apportent aux marchés de Toulouse, M. Dispan a voulu connaître les causes du mal, et s’est trans- porté dans un village où l’on se livre à cette fa- brication. Justement étonné de voir que le beurre qu’on lui offrait au moment même de sa confection était déjà rance, il lui suffit de flairer la baratte et la batte-beurre, pour reconnaitre que la cause de cette rancidité provenait des ustensiles mêmes, faits en bois de sapin, dont la porosité suffisait pour mettre obstacle à leur parfait nettoiement, même lorsque les montagnards seraient aussi soigneux sur cet article, qu'ils le sont peu. M. Dispan, dans son Mémoire sur la fabrica- tion du beurre, croit qu'il faut couper le mal dans sa racine, et substituer des barattes de faïence ou d'étain bien pur, à celles de sapin. T/étain présente même une supériorité sur la faïence, c’est d’être moins fragile, et de pouvoir soutenir lac- tion du feu qui hâte l'opération. Un essai qu'a fait M. Dispan lui a parfaitement réussi; son mémoire a été inséré dans le Journal des propriétaires ruraux (juin 1522 ). HISTOIRE NATURELLE. 189 SIXIÈME PARTIE. MÉMOIRES D'HISTOIRE, NATURELLE. Si le premier besoin de l’homme, sortant des mains de la nature, a été de connaître les objets qui lenvironnent, sous le rapport de Putilité di- recte qu'il en pouvait retirer, ses premières re- cherches, lorsqu'il est devenu observateur, ont dû se porter vers la connaissance des formes et des propriétés des êtres animés qui se meuvent sur le globe qu’il habite, ou qui végètent à sa surface, et d'étudier la nature même de ce globe et des divers élémens qui le composent. Aussi l’histoire naturelle a-t-elle été cultivée de tous les temps; et de toutes les sciences, c’est sans doute celle qui présente par sa nature le plus dattraits, et par son immensité le plus vaste champ aux décou- vertes. En nous occupant successivement des diffé- rentes branches qui la composent, nos premiers regards devront se diriger vers la constitution du globe terrestre, la nature, l’épaisseur et l’an- cienneté des couches qui le composent, la direc- tion et la forme des masses minérales, et les mo- difications qu’il éprouve par divers phénomènes. GiocNosir ET MINÉRALOGIE Discours sur Ja géognosie. M, p’Auguis- SON. 1819« 190 CLASSE DES SCIENCES. Cette science a été long-temps mal étudiée; les géologues voulurent remonter par leur imagina- tion à l’origine des choses, deviner la manière dont la terre avait été formée, et en déduire son organisalion. Il en résulte que leurs systèmes, quoique brillans, ne purent soutenir un examen solide, et qu'ils jetèrent même une légère teinte de ridicule sur la géologie. De nos jours, sous le nom plus modeste de géognosie, s’est formée une science d'observations et de faits, dont l’ensemble bien étudié peut, outre le mérite de fournir une description fidèle, faire remonter aux causes sur plusieurs points, et finira par conduire à des systèmes qui auront la vérité pour base. Cest ce que M. »'Ausuissox fait sentir avec beaucoup de clarté, dans son Discours prélimi- naire d'un traité de géognosie. Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur les romans de la science, il en expose le véritable but, marqué par Werner, des travaux de qui doit dater véritablement la science géognostique. M. d’Aubuisson se plait à rendre à ce savant illustre, dont il a eu l'avantage de suivre les leçons, un hommage basé autant sur la vérité que sur la reconnaissance. Ce traité de géognosie (1) ayant paru la même année, et se trouvant dans les mains de tous les hommes qui cultivent cette science, nous renver- (1) Traité de Géognosie, par M. d’Aubuisson des Voisins ; Levrault, 1819; 2 vol in-8.° Il existe deux traductions alle- mandes et une traduction anglaise de ce traité. HISTOIRE NATURELLE. 191 xons à l'ouvrage même ceux qui voudraient con- naitre ce discours plus en détail. Mais, avant de le mettre au jour, l’auteur nous avait lu plusieurs mémoires par lesquels il pré- ludait à ce grand ouvrage, et qui en sont devenns des parties essentielles. Tel est un Mémoire sur la structure des mon- tagnes, dans lequel il décrit avec beaucoup d’exac- ütude les différentes parties qui composent les chaînes de montagnes et leurs rameaux, les faîtes, les versans, les vallées, la direction des chaînes, et leurs liaisons entr’elles. Tel est encore un Mémoire sur La formation des grès, où il fait voir comment ces roches fi rag- mentaires, débris de roches préexistantes, ont été transportées dans les lieux qu’elles occupent, et agolutinées par un ciment de nature diflérente et de formation postérieure. Telles sont aussi des Considérations sur les roches primitives homogènes en apparence, dans lesquelles il expose avec clarté la nature de ces roches qui étaient encore peu connues, établit les caractères qui peuvent les faire reconnaître d’une manière certaine, et propose de bannir ces noms vagues et incertains qui entretiennent la confu- sion, et de les remplacer par des dénominations qui indiquent le principal caractère de l’espèce. Tel est enfin un Mémoire sur Les oolithes, for- mations globuleuses de différentes natures qui existent en grande abondance dans quelques ter- rains secondaires, et dont on a des exemples Structure des montagnes. M. p'Auguis- SON. 1519. Formation des grès. M. D'Augurs- SON, 1815. Poches primitives. M. p'Auguis- SON. 1912, Oolithes. M. D'Auguis- SON. 1815. Lherzolite. M. pe CHar- PENTIER, 1812. 192 CLASSE DES SCIENCES. jusque dans les dernières époques des formations minérales. Une roche, trouvée pour la première fois dans les Pyrénées (1), a attiré l'attention de M. pe CHARPENTIER, correspondant, qui nous a commu- niqué le résultat de ses recherches dans un We- motre sur la nature et le gissement du pyroxène en roche, connu sous le nom de lherzolite. L'auteur établit d’abord que la lherzolite est un véritable pyroxène qui prédomine dans des roches composées de talc, d’amphibole, d’asbeste et d'un minéral qui lui a paru d’une espèce nou- velle. Se croyant dès-lors en droit de lui imposer un nom, M. de Charpentier a voulu montrer sa reconnaissance pour un de nos membres les plus illustres, à qui nous pouvons rendre une éntière justice puisque la mort nous l’a enlevé, en don- nant à.ce minéral un nom qui consacrät le sou- venir de ce savant. « Comme cette substance me » paraît nouvelle, dit-il, je proposerai de la » nommer Picotite. Cest un faible hommage que » joffre à M. Picot de Lapeyrouse, dont les sa- » vantes observations sur l’histoire naturelle des » Pyrénées ont réuni les suffrages de tous les sa- » vans, et pour lequel ma vénération et mon » attachement égalent la vive reconnaissance que (1) Près de Pétang de Lherz, dans la vallée de Vicdessos , département de PAriége , ce qui lui a fait donner, par M. De- lametherie , le nom de Iherzolite. On a depuis trouvé ce minéral en Norwége et dans les Alpes piémontaises. HISTOIRE NATURELLE. 193 » m'ont inspirée les nombreux témoignages de » ses bontés à mon égard, et de lamitié dont il » nm’honora. » Le mémoire de M. de Charpentier a été imprimé dans le Journal des Mines, tom. xxx (novem- bre 1812), et de plus fondu dans la description géognostique des Pyrénées que cet auteur vient de donner au public (1). Cette belle chaîne de montagnes, qui s'élève comme un mur de séparation entre la France et VEspagne, et dont les extrémités plongent dans les eaux de l'Océan et de la Méditerranée, ne pouvait manquer d'être l’objet d’une étude parti- culière de la part des membres de l’Académie. Quelque riche moisson d'observations de toute espèce que présentent les Pyrénées aux scrutateurs de la nature, elles ont été long-temps négligées ; et tandis que les Alpes et d’autres chaînes avaient trouvé des historiens, nos montagnes semblaient encore frappées d’un oubli dédaigneux. Ce n’est guères que vers la fin du 18.* siècle qu'elles ont commencé à être explorées d’une manière suivie et raisonnée, et c’est principalement à MM. Pa- LAssou (2) et le baron Picor pE LAPEYROUSE, qui (1) Essai sur la constitution géognostique des Pyrénées, par M. Johann de Charpentier. Paris, Levrault, 1823, in-8.° (2) Ce Nestor de ta Minéralogie des Pyrénées a reçu, en 1818, une honorable récompense de ses travaux. Le conseil général du département des Basses-Pyrénées a voté en sa faveur une pension annuelle, par une délibération provoquée par notre confrère M. Dsssozx, préfet de ce département. 13 Pyrénées. 194 CLASSE DES SCIENCES. ont consacré le cours d’une longue et laborieuse vie à étudier et à décrire les Pyrénées, qu’elles doivent Pillustration dont elles jouissent maintenant. Les travaux des Académiciens de Toulouse peuvent servir à faire connaître les Pyrénées sous tous leurs points de vue. M. Drarer en a donné une description géné- rale, dans laquelle il examine l'ensemble de ces montagnes, considérées principalement sous le point de vue de la géologie, de l’économie poli- tique, rurale et forestière, de Pindustrie et du commerce (1). On peut étudier leur minéralogie dans un traité spécial de M. Parassou (2), et les nombreux mé- moires qu'il a publiés sur cette matière, et aux- quels il se propose encore, quoique octogénaire , d'en ajouter de nouveaux (3). Il faut y joindre la description géognostique des Pyrénées, par M, nE Cnarpenrier, dont nous avons déjà fait mention. M. le baron pe Lapeyrouse, dans son Histoire des Plantes des Pyrénées (4), a déroulé immense (1) Description des Pyrénées, par M. Dralet. Paris, Arthus Bertrand, 1813, 2 vol. iu-8.° (2) Essai sur la Minéralogie des Pyrénées, par M. Palassou. Paris, Didot jeune, 1781, in-4.o (3) Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des Pyrénées et des pays adjacens, par M. Palassou. Pau, Vignancour, 4 vol. in-8.o (1815-1824). (4) Histoire abrégée des plantes des Pyrénées, et itinéraire des botanistes dans ces montagnes; par M. le baron Picot de Lapeyrouse. Toulouse , in-8.°, 1813. — Supplément à l’his- toire abrégée des plantes des Pyrénées; in-8.°, 1818. HISTOIRE NATURELLE. 195 tableau de leurs richesses végétales, qu'il a eu l'art de resserrer dans un seul volume, au moyen d’une phraséologie dans laquelle la concision n’en- lève rien à la clarté. Une Motice des auteurs qui ont voyagé dans les Pyrénées, et qui ont écrit sur la botanique de ces montagnes , qui avait été lue dans nos séances particulières, est insérée dans cet ouvrage, et nous y renvoyons ceux qui voudraient connaître ce morceau curieux. Une Zoologie des Pyrénées, par le même aca- démicien , en aurait complété l’histoire naturelle; malheureusement cet ouvrage précieux n’a vu le jour que par un extrait, qui fait vivement regretter que le public soit privé de ce beau travail (1). MM. Resour et Vipar ont déterminé, soit par des opérations géodésiques, soit par des nivelle- mens, la hauteur des pics les plus remarqua- bles (2). Enfin, pour qu'il n’y ait aucun point de vue sous lequel les Pyrénées n’aient été envisagées par nos confrères, M. Du MÈce en prépare une ar- chæologie complète (3). (1) Tableau méthodique des mammifères et des oiseaux du département de la Haute-Garonne. Toulouse, 1799, in-8.° (2) Mémoires de l'Académie de Toulouse, tom. 1v; Annales de chimie, tom. xz1t (1792), et Annales de chimie et de phy- sique, tom. v (1817). (3) On souscrit, pour l’Archæologie pyrénéenne, 5 vol. in-8.e de texte, et 2 in-fol. de planches, chez Treuttel et Wurtz, li- braires, à Paris. Les premières parties de cet ouvrage ont été couronnées par l’Institut royal de France en 1820. 13. Mont St.-Vallier. M, PAcés, 1809. 196 CLASSE DES SCIENCES. A ces ouvrages sur l’ensemble des Pyrénées, on peut joindre une foule de descriptions qui font connaître avec le plus grand détail des localités particulières. Cest ici que nous devons classer un Mémoire sur la description du mont Saint-F'al- lier, par M. Pacés, membre de la classe des Belles- lettres, dont l'ouvrage réunit l'exactitude d’une description à l'intérêt d’un voyage, forme sous laquelle l'auteur a présenté son travail. Parti de Saint-Girons pour remonter les rives du Salat (1), il trouve d’abord une carrière de plâtre exploitée depuis peu de temps, puis un rocher calcaire, d'où , par deux ouvertures de six centimètres de diamètre, suinte du soufre pres- qu’à l’état de pureté, et qui tapisse la surface du rocher. Des bergers ayant mis le feu au bas du rocher, une flamme bleuâtre monta jusqu'aux ou- vertures, où elle devint dun blanc éclatant ; 1l se fit alors une petite détonnation, à la suite de la- quelle il resta sur le rocher quelques lamelles con- choïdes de soufre jaune citron. A Carcabona se présente une montagne de gneiss dans le dernier état de dégradation; à Soueilh commence lardoise, qui fait ensuite place au grès. Parvenu à Seix, l’auteur y cherche en vain les mines de cuivre annoncées par M. Mercadier ; mais, dans la gorge du Riufrech, il trouve, dans (1) Rivière qui se jette dans la Garonne; les habitans la nomment Salach. HISTOIRE NATURÉLLÉ. 197 une nnmense carrière de roche polissable, argilo- ferrifère, une grande variété de marbres précieux par la finesse de leur grain et la variété de leur couleur ; cette carrière est traversée par un torrent qui, sorti du lac de Betmale par une ouverture souterraine, parcourt un espace de six mille mè- tres sous terre, et en sort en formant une cascade de plus de six cents mètres. L'auteur continue à remonter le Salat entre les montagnes de Mirabach et de Cos, l’une calcaire et l’autre de schiste argileux, dont les saillans et les rentrans ne se correspondent point, ce qui lui fait penser que cette théorie ne s'applique point aux montagnes primitives, et mème rarement aux secondaires. Près du hameau de Coumecaude, où le calcaire remplace tout-à-fait le schiste, auteur trouve une fontaine, la hount delk Boutas, dont l’histoire mérite d'être rapportée. Sa marche était jadis uniforme , mais le trem- blement de terre de 1755 ayant ouvert aux eaux qui l’alimentent une autre issue vers le bas de ja colline, l’ancienne fontaine devint intermittente. Observée en 1760, la période était d’une heure, le flux durait 24!, et l’intermission 36’. En 1786, elle était de plus intercalaire; la période n’était plus que de 50’; Le flux augmentait pendant ro’, et diminuait pendant les 10° suivan- Les pour faire place à une intermission de 30’. Enfin, depuis 1791, elle est continue, inter- mittente et intercalaire. La période s’est réduite 1098 CLASSE DES SCIENCES. à 31’; elle débute par un grand écoulement qui dure 3', et diminue successivement pendant les 9! suivantes, à la suite desquelles a lieu une in- termission de 19/. L'auteur décrit ensuite les montagnes delh Boutas, de Mimorte, de las Margoulères, et du pont de la Taule : sur cette dernière il trouve la pierre à aiguiser adossée à une montagne de schiste tabulaire et tégulaire, entre les fullete desquels sont d’autres feuillets de schiste graphique et de schiste novaculaire ; il y trouve aussi la pierre de touche, qu’il pense n’être point une roche cor- néenne, comme le dit Haüy, ni même un trapp primordial, mais un agorégat argilo-schisteux et secondaire. A la montagne de la Fonta commence la grande chaîne des Pyrénées. Celle de Soulas, qui la suit, moitié calcaire et moitié schisteuse, offre deux talus immenses, dont l’un, à sa base, est coupé à pic, ce qui donne lieu à l’auteur dexposer ses idées sur les terrains de transport. Il arrive ensuite au pie du Pas, une des bases du Saint-Vallier ; il gravit la montagne, voit dis- paraitre toute végétation, et ne trouve plus que le granit simple mêlé de loin en loin à quelques tourmalines, ou schorls, et à de nombreux gre- nats. Le granit s’offrait à lui par bancs épais, parmi lesquels il reconnut une bande calcaire. « Non loin de là, dit-il, je rencontrai dans le » granit une substance en rognons; elle était en- » tourée de lames de mica qui avait tous ses carac- HISTOIRE NATURELLE. 109 » tères ordinaires : seulement, vers la partie qui » touchait à l’autre substance, le mica se pulvé- » risait, Contractait une couleur verte, et s’agolo- » mérait avec l’autre minéral, qui était une véri- » table chlorite. C'était la seconde fois que la na- » ture m'offrait cette curieuse transformation. Sur » les montagnes de Carcabona, j'avais vu, sur un » morceau de gneiss, le mica se changer en chlo- » rite lamelleuse. » M. Pagés, examinant ensuite les caractères extérieurs, physiques, chimiques, et de cristallisation du mica et de la chlorite, ainsi que les gissemens de ces deux substances, conclut que la chlorite est due à la décomposition du mica, et ne doit être regardée que comme une variété de ce dernier. Près d'arriver au sommet, il retrouve le schiste, et avec lui quelques plantes. Parvenu enfin au terme de son voyage, il est bien dédommagé de ses fatigues par le magnifique spectacle qui s'offre à ses regards, et qu’essaie- raient en vain de se représenter ceux qui n’ont pas gravi sur les hautes montagnes. Il se livre à l'enthousiasme que lui inspire cet imposant ta- bleau. «Les plaines, que je ne distinguais plus, » semblaient remonter, au bout de l'horizon, vers » les cieux, qui se recourbait sur elles, et me » plaçaient au centre d’un globe éthéré. Les rayons » du soleil n'avaient point la couleur dorée dont » ils embellissent les beaux lieux, mais leur lu- » mière, que rien ne réfléchissait, sans scintilla- » tion , tranquille et pâle, augmentait encore la 200 . CLASSE DES SCIENCES. » majesté du lointain, et l'attitude magnifique » des monts qui l’entouraient. » Ces sensations qu’on éprouve sur les hautes montagnes sont encore augmentées, sur le Saint- Vallier, par un monument qui élève Pâme aux idées religieuses. C’est une croix qu’y fit élever, dans le cinquième siècle, l'apôtre des Consoranni , dont la montagne a conservé le nom, L'auteur décrit ensuite le glacier du Saint-Val- lier, qui offre, dans sa partie basse, l'aspect d’une muraille qui s’élève par couches de glace super- posées, parmi lesquelles il en est plusieurs de pierres. Une des branches du glacier forme une voûte imposante dans laquelle on peut pénétrer. Cest de cette salle de glace que sort le Salat. L'auteur est témoin, sur le Saint-Vallier, d’un de ces orages si communs dans les hautes régions. Enveloppé par un nuage, il en est mouillé jus- qu'aux os, sans qu'il fût tombé une goutte de pluie autour de iui; cette tempête se termina par un vent glacé. M. Pagés, dans ce mémoire rempli de considé- rations minéralogiques , s’occupe aussi de physi- que, de botanique et de zoologie. L'animal le plus remarquable qu’il ait trouvé est une espèce de räle qui vit sur les étangs et dans les herbes qui les entourent, timide, solitaire, comme les animaux stériles. M. Pagés pense que cet animal, qui n’est ni la morouette, ni le räle d’eau, pourrait être un mulet de ces deux espèces. Il a aussi, par des observations barométriques, HISTOIRE NATURELLE. 201 évalué la hauteur du Saint-Vallier à 2816 metres au-dessus du niveau de la mer (x). Les ossemens fossiles qu’on retrouve à toutes les profondeurs de lécorce du globe appartiennent encore à la géognosie. Pendant très-long-temps les connaissances oryctologiques ne se sont com- posées que d'observations nombreuses, mais isolées. C’est seulement de nos jours qu’on a vu jusqu’à quel point une sagacité profonde, une patience infatigable, et le génie des rapprochemens, pou- vaient élever cette science. M. le baron Cuver, que l'Académie compte avec orgueil au nombre de ses associés honoraires , a fouillé dans ces im- menses débris, interrogé leur organisation, re- constitué les êtres dont ils formaient la charpente, et rétabli des espèces et des genres pour la plupart perdus. Sélevant plus haut encore, et remontant des couches où ces ossemens étaient ensevelis, à époque où les animaux à qui ils appartenaient étaient encore vivans, il a pu assigner plusieurs des révolutions que ce globe a subies. L'ouvrage dans lequel il a consigné ces étonnantes découvertes n’est pas seulement un des plus beaux titres de gloire de notre époque, il est encore un des plus riches monumens qu'on ait jamais élevé à la science (2). (1) Ce mémoire sera aussi mentionné dans la notice des travaux de la classe des Belles-lettres. (2) Recherches sur les ossemens fossiles. Paris, Dufour et d’Ocagne, 1822, 7 vol, in-4.e Fossiles. Dent fossile. M. Isidore DE LAPEYROUSE. Volcans. M. Marqué- Vicror. 1814. 202 CLASSE DES SCIENCES. M. Isidore pe Lapeyrouse, dans un Mémoire sur une dent fossile, a décrit cette dent, trouvée à Fabas, département de la Haute-Garonne, par notre confrère M. Du Mège. Par une analyse exacte de tous les caractères qu’elle présente, il est parvenu à reconnaître l’animal qui en était porteur, C’est un mammifère appartenant au genre mastodonte, aujourd’hui totalement perdu, et à l'espèce à dents étroites. De cette analyse, l'auteur conclut encore qu’elle était attachée à la mâchoire supérieure du côté droit, entre la dent de lait et la dent postérieure, et que l'individu qui en était possesseur était déjà avancé en âge. Il finit en faisant remarquer que cette espèce est la même que celle dont on a déjà retrouvé des débris dans le midi de la France, à Dax et à Simorre , et même dans les plaines du Pérou. Après avoir étudié la nature inorganique dans son état de repos, il nous reste à la considérer lorsqu'elle est mise en mouvement dans les phé- nomènes destructeurs , tels que les éruptions vol- caniques et les tremblemens de terre. Quelque intrépide que soit la curiosité des sa- vans, la nature des volcans met de tels obstacles aux observations, que nous n’aurons probablement jamais sur leur cause que des conjectures plus ou moins vraisemblables; aussi M. Manqué-Vicror , dans son Mémoire sur Les volcans , xecherche-t-1l moins ce qui est que ce qui peut être. Il discute les diverses hypothèses faites sur la cause des HISTOIRE NATURELLE. 203 volcans, et fait voir le jour que peut jeter sur cette question la découverte des nouvelles subs- tances métalloides. Il traite ensuite de leur force de projection, et montre, par des calculs fondés sur les effets de Ja force produite par l'explosion de l’eau réduite en vapeur, que ce liquide vaporisé sous une pression suflisante, est capable de soulever les colonnes de lave et les masses énormes réunies dans les érup- tions des volcans. M. »’Auguisson, dans ses Æecherches sur La force de projection des volcans, Sest proposé un but plus positif. Laissant de côté toute hypothèse sur les agens volcaniques, il cherche seulement à évaluer l'intensité de cette force par les effets qu’on lui voit produire. Effectivement , les blocs lancés par les volcans peuvent être considérés comme des projectiles dont on connaît la masse. Si l’on connaissait en même temps la densité de l'air aux environs du cratère, le point de départ du projectile, qui ferait connaître amplitude horizontale ( ou la hauteur à laquelle il parvient sil est lancé verti- calement) et l’angle de projection ; on pourrait, en se servant des formules de la balistique, déter- miner la vitesse initiale du projectile, et de là revenir à la force qui la mis en mouvement. Or, quoique ces données nous soient inconnues, on peut faire à leur sujet les hypothèses les plus vraisemblables, et par conséquent obtenir une vitesse probable. On peut même, si l’on veut, M. p'Auguis- SON. 1814. Tremblemens de terre. M. Dispax. 1815. 204 CLASSE DES SCIENCES. pousser ces hypothèses au delà des limites de fa vraisemblance, d’où lon déduira une vitesse et une force plus grandes que celles qui ont eu lieu réellement. M. d'Aubuisson, appliquant ces considérations aux faits les mieux constatés, recueillis par les. historiens des volcans, n’a trouvé aucune masse volcanique qui ait dû avoir une vitesse initiale égale à celle que prennent les boulets de vingt- quatre lancés avec de fortes charges. Nous ne citerons qu’un exemple, qui est un de ceux où il a poussé les suppositions au delà de la vraisemblance : c’est une bombe volcanique ovale, de 0,95 mètres cubes, lancée par l'Etna à 5000 mètres de distance (1). D'après le calcul, sa vitesse initiale aurait du être de 539 mètres, et la force 18,500 fois plus grande que celle d’un boulet de 24. Nous avons le bonheur de vivre dans une con- trée où, si lon ne peut pas dire que les tremble- mens de terre soient entièrement inconnus, ils ne se font du moins ressentir que par de légères secousses , qui ne produisent aucun effet destruc- teur. Plus ces secousses sont rares, plus il est intéressant de recueillir toutes les circonstances auxquelles elles donnent lieu. C’est ce qu’a fait M. Dispax , dans un Mémoire sur le tremblement de terre qui a eu lieu à Toulouse le o avril 1815. (1) Gioenni : Description de l’éruption de l’Etna , en 1787, imprimée dans la description des îles Ponces , par Dolomieu. HISTOIRE NATURELLE. 203 I a recueilli avec beaucoup de soin tous les faits attestés par des personnes éclairées et dignes de foi, même quand au premier coup d'œil ils sem- bleraient contradictoires, convaincu que ce n’est qu'à force de rassembler des faits qu'on peut déterminer sils ne sont pas possibles en même temps, et hasarder des conjectures sur leur cause. Cette secousse de tremblement de terre neut pas lieu seulement à Toulouse, elle se fit aussi sentir dans les villes voisines et jusqu’à Barcelone; elle eut lieu à Toulouse à une heure 27! après midi, suivant Pobservation de M. Assiot (1). Son effet le plus manifeste a été de faire frapper cinq coups à la cloche d’une horloge qui était dérangée depuis long-temps. Sous le rapport de la continuité, les observa- tions présentent des différences sensibles ; tantôt c’est un choc sec, unique, ou réitéré; tantôt un mouvement doux à une, deux ou trois reprises. Sous le rapport de l'intensité, c’est une secousse brusque et très-violente, ou un balancement lent et très-doux, ou un craquement de vitres qui suppose un trémoussement, ou une fluctuation uniforme et douce, ou enfin une secousse tantôt (1) A Mirepoix, M. Vidal la ressentit à 1 heure 29/ , mais comme cette ville est à lorient de Toulouse, et que leurs méri- diens diffèrent de 1/44”, la différence n’est effectivement que de 16” : elle est trop petite pour 5e pas Pattribuer, soit à l’ob- servalion , soit aux instrumens , ét l’on peut regarder la secousse comme ayant été instantanée dans les divers lieux où on l'a éprouvée. BoTANIQUE. Facultés vitales des végétaux. M. Isidore DE LAPEYROUSE, 1814. 206 CLASSE DES SCIENCES. faible et puis forte, et tantôt brusque et puis lente. Sous le rapport de la direction , le mouvement s’est fait sentir, ou horizontalement, ou de bas en haut, ou incliné du nord au sud, ou enfin dans tous les sens à la fois. Une seule observation fait mention de chaleur accompagnant ou précédant la secousse, et une autre, d’un bruit souterrain. M. Dispan doit reprendre la discussion de ces faits, et en déduire des conséquences relatives à la théorie des tremblemens de terre. Si des corps inertes, incapables de prendre du mouvement par eux-mêmes, obéissant d’une ma- nière aveugle aux lois de Pattraction, et changeant seulement de forme et de grandeur par la juxta- position ou Ja désunion des parties qui les com- posent, nous passons à la matière organisée , qui nous offre le phénomène d’une force intérieure qui résiste à la destruction jusqu’à ce qu'elle vienne à s’éteindre, nous aurons tous les êtres qui jouissent de la we. Cependant, un auteur a cherché à prouver que les végétaux ne sont que de la matière organisée, et leur refuse tout principe vital. M. Isidore pe Larevyrouse, dans un Mémoire sur les facultés vitales des végétaux , réfute cette opinion; 1} examine en détail et définit avec soin toutes les facultés des végétaux , leur développement d’une semence, leur faculté de prendre une nourriture HISTOIRE NATURELLE. 207 et de se l’assimiler, leur reproduction par laquelle ils forment de nouveaux êtres qui leur sont sem- blables, et constituent les idées comprises dans la définition des mots ve et principe vital, qu’on ne peut par conséquent refuser d'appliquer aux végétaux. Dans un autre Mémoire sur le système fibreux Sysième CENT . ET 4 fibreux. des végétaux, M. Isidore ne LapeyrousE, pénétré | Le des idées de l’illustre Bichat, sur la division des ne © : r ; Sevnr LAPEYROUSE. tissus animaux , et de la clarté qu’elle a jetée sur l'anatomie, a conçu la pensée d'appliquer cette idée à la physiologie végétale. En faisant l’application de cette doctrine à des A , . . +. 3 ; êtres dont lorganisation est plus simple, et les lois vitales moins compliquées que celle des ani- maux, ce qui ne lui a pas permis de retrouver ù dans les tissus végétaux toutes les divisions de son original, l’auteur n’en a pas moins établi entre les différens tissus des caractères assez tranchés, et une ligne de démarcation assez nette pour les k A JA empêcher d’être confondus. C'est principalement sur le tissu fibreux, qu'il regarde comme la véritable charpente, comme le squelette des végétaux, que l’auteur du mémoire a dirigé ses recherches. Il le considère, à l'exemple de Bichat, dans ses rapports extérieurs et dans ses propriétés physiques, remplissant une fonction particulière qui lui est propre, celle de fournir aux végétaux dans lesquels il existe, une base solide où un support, et affectant dans ses distri- butions nombreuses des formes constamment va- ’ Enveloppe florale. M. Isidore DE LAPEYROUSE, 1516. 208 CLASSE DES SCIENCES. riées , et manquant même totalement dans cer- taines classes. Après avoir ainsi décrit les caractères du corps fibreux, l’auteur fait voir en quoi il diflére des autres tissus, sur-tout des vaisseaux lymphatiques auxquels on la si long-temps assimilé. Ilexamine ensuite les changemens qu’il éprouve dans les différens âges de l'individu, les modifi- cations qu'il subit, l'existence des propriétés vi- tales qu'il a en partage, et celles des vaisseaux dont les variations de sa composition supposent nécessairement la présence. Ce mémoire important n'est que le fragment d'un grand ouvrage dont M. de Lapeyrouse s’oc- cupe depuis long-temps. Si, dans les végétaux, la partie la plus impor- tante est la fleur, puisqu'elle est destinée à la conservation de l'espèce, c’est aussi celle qui af- fecte nos sens le plus agréablement, tantôt par la richesse et la variété de ses couleurs, tantôt par Pélégance de ses formes, et tantôt par les parfums qu’elle exhale. M. Isidore pe Lapeyrouse nous a lu un Mé- motre sur les fleurs à enveloppe unique , dans lequel il se propose de déterminer la nature de l'enveloppe florale dans le cas où elle est cons- tamment simple, circonstance qui a toujours lieu dans Pune des deux grandes divisions des phané- “rogames, et quelquefois dans l’autre. Malheureusement les botanistes sont loin d’être d'accord sur la nature de cette enveloppe, et la HISTOIRE NATURELLE. 209 divergence de leurs opinions jette beaucoup d’in- certitude sur ce point important, et laisse dans le vague les élèves qui aiment à acquérir des no- tions positives. Ne pouvant donc trouver dans les auteurs des principes fixes sur cette matière, M. de Lapey- rouse s’est livré à ses propres observations sur l'origine de cette enveloppe, sa structure, ses ca- ractères, et sur-tout sur ses rapports avec les éta- mines. Aidé des principes qu'il a ainsi établis, l'auteur concilie les diverses opinions, en faisant voir que l'enveloppe florale ne doit pas être con- sidérée sous un point de vue uniforme; mais que, dans les différentes espèces de plantes dicotylé- dones, elle joue des rôles différens. C’est ainsi que l’enveloppe florale Jui paraît un vrai calice dans l’alchimille, l’oseille, les arro- ches, etc. Dans quelques autres, telles que les anémones, les nigèles, les clématites, etc., elle lui paraît devoir être considérée comme une corolle. Enfin, elle joue à la fois les deux rôles dans les chalefs, les tétragones, la lauréole, etc. Dans toutes ces plantes, l'enveloppe paraît être formée par la réunion de la corolle et du calice soudés ensemble. Quant aux plantes monocotylédones, l’auteur fait voir que l'enveloppe florale ne doit pas être confondue avec celle de la classe précédente; qu'ici elle ne peut être confondue avec le calice, puis- que l'organe d’où il tire son origine manque ab- 14 Flore de Toulouse, M. Isidore DE LAPEYROUSE. 18 13, Orobes. M. DE LAPEYROUSE, 1815. 210 CLASSE DES SCIENCES. solument , et que si elle a de grands rapports avec la corolle, elle offre néanmoins des caractères qui lui sont propres. D’après ces raisons, il pense que dans les monocotylédons lexpression de péri- gone , déja employée par quelques auteurs, est celle qui convient le mieux. La ville de Toulouse, comme toutes celles où la botanique est en honneur, ne pouvait man- quer d'avoir sa flore. M. Tourxox , correspondant de l’ancienne Académie, a effectivement fait pa- raître une Flore toulousaine, dans laquelle nos végétaux sont classés d’après la méthode de Linné; elle est accompagnée de deux tables fort utiles à ceux qui herborisent dans nos environs, l’une des plantes rangées suivant l’époque de leur floraison , l'autre du nom patois ou vulgaire sous lesquels les paysans les connaissent (1). Quelque loin qu’aient été poussées les recher- ches de ce genre, on peut toujours y ajouter. M. Isidore pe LApEyrOUSE, dans ses promenades aux environs de Toulouse, et sur un très- petit rayon, a reconnu I1Q espèces où variétés non mentionnées dans la Flore. Il les a décrites dans une MVotice sur les plantes des environs de Tou- louse, et se propose, si les circonstances le lui permettent, d'en augmenter encore le nombre. En passant maintenant aux familles et aux genres, nous trouvons deux ouvrages de l’auteur (1 ) Flore de Toulouse, par M. Tournon. Lau Belle- garrigue, 1811, in-8.° HISTOIRE NATURELLE. 211 de la belle monographie des saxifrages. Le pre- nier est un Mémoire sur quelques espèces d'o- robes des Pyrénées, dans lequel M. le baron DE LarEvrOUsE cite, en lappliquant à la botanique, la remarque de M. Cuvier, au sujet de la zoologie, qu'il y a plus d'honneur à débrouiller les an- ciennes espèces qu’à en créer de nouvelles. Cette confusion, si commune dans la synony- mie, a fait tomber de grands botanistes dans des erreurs singulières sur les orobes des Pyrénées, Tournefort, qui en avait rapporté une espèce re- marquable trouvée au port de Lhieris, près Ba- “gnères-de-Bigorre, la démontra au Jardin du Roi, à Paris, et la désigna, dans ses Institutiones ret herbariæ , sous le nom d’'Orobus pyrenaïcus ner- vosus ; mais, avant la publication de cet ouvrage, le Schola botanica en avait donné la description, d’après les cours de Tournefort ; et Pluknet, dans sa Phytographie, avait fait graver sous le même nom un orobe qu’il prétend tiré du Schola bota- nica ; mais qui est dans le fait un autre orobe pyrénéen, que M. de Lapeyrouse a retrouvé au pic du Gard, près de Saint-Béat. Linné, sous le nom spécifique d’orcbus pyre- naicus , rapportant la phrase de Tournefort et la figure de Pluknet, forme ainsi une espèce qui n’a jamais existé. Après ces détails, l’auteur décrit deux nou- velles espèces d’orobes des Pyrénées qu’on ne connaissait pas avant lui. Ainsi, à ce qu'il dit des orobes dans sa Flore L'Æ. Pins. M. DE LAPEYROUSE. 1818, 212 CLASSE DES SCIENCES. des Pyrénées, où il s’était laissé guider par des autorités trompeuses, il faut substituer la des- cription qu'il donne dans son mémoire de quatre espèces d’orobes. 1. Orobus Tourneforti. C’est celui que Tour- nefort rapporta des Pyrénées, et que M. de La- peyrouse a retrouvé dans l’herbier de cet illustre botaniste. 2. Orobus Plukneti. C’est celui auquel Linné a mal à propos appliqué la phrase de Tournefort. 3.° Orobus divaricatus , trouvé par l'auteur à la montée du port de Bénasque, près Bagnères- de-Luchon. 4.° Orobus ensifolius, qui se rapproche beau- coup de l’orobus atropurpureus d'Afrique, décrit par M. Desfontaines, mais qui offre néanmoins des différences assez sensibles pour ne pas les con- fondre dans une même espèce. M. le baron pe LAPEYROUSE était déjà prêt à descendre au tombeau, lorsqu'il nous commu- niqua une Monographie des pins, par laquelle il a terminé ses travaux. Ce beau genre d'arbres, qui frappe les yeux par la beauté de son port, l'élégance de son feuillage et sa verdure perma- nente, n'offre cependant pas de caractères com- modes pour distinguer les espèces et les circons- crire dans de justes limites; aussi plusieurs sont- elles demeurées encore incertaines, malgré les travaux de Duhamel et de sir Lambert, qui s’en sont occupés d’une manière spéciale. Cest cette incertitude que Pauteur a voulu HISTOIRE NATURELLE. 213 faire cesser, cette lacune qu'il a voulu remplir. Plein de cette idée, depuis lons-temps il avait rassemblé, dans les plantations de son beau parc de Lapeyrouse, les plus beaux individus du genre, principalement ceux qui croissent dans les Pyré- nées, car son ardeur pour compléter l’histoire na- turelle de ces montagnes ne pouvait se démentir un seul instant. Cest dans les parties de la floraison que l’auteur cherche les caractères spécifiques; mais ces parties sont d'une construction si singulière et si difficile à analyser, qu’elles sont restées inconnues dans beaucoup d'espèces. M. de Lapeyrouse les analyse avec le soin le plus minutieux. La forme, la cou- leur, la disposition des chatons partiels, leur ar- rangement dans le chaton général, sa figure et sa consistance , les bractées qui les accompagnent et qui leur servent de calice, fait qui n’avait pas encore été observé, la forme de Panthère, la crête dont elle est recouverte; tels sont les objets qui ont fourni matière à ses observations. Les fruits ont également fixé son attention ; la grosseur, la figure, la couleur, la position des cônes et celle de leurs écailles, la constitution et les accessoires de la semence, lui ont offert des particularités curieuses. La combinaison de ces divisions présentant des caractères spéciaux, desquels il a dérivé les phrases spécifiques , et établi avec clarté, et en dissipant tous les doutes, les diverses espèces qui composent le genre pin de la famille des côniferes. Prunier. M. Tanny. 1821. 214 CLASSE DES SCIENCES. La nature semble avoir destiné à chaque pays certains végétaux appropriés à la nature du sol, et qui, lorsque l’industrie des habitans sait les mettre à profit, deviennent pour eux une source abondante de richesses. Telles sont, pour le dé- partement de Lot-et-Garonne, deux espèces de prunier, dont les fruits desséchés et versés dans Je commerce, font entrer annuellement dans cette contrée une somme de 1,400,000 francs. L'une de ces espèces, connue sous le nom de prunier de Saint-Antoine, abandonnée à elle-même, végète dans les haies qui servent de lisière aux champs, et fournit une récolte abondante ; l’autre, le pru- nier de robe de sergent (prunus fructu medio, oblongo, rubro violaceo. Juss.), cultivée avec le plus grand soin, donne des fruits moins nom- breux, mais d’une délicatesse exquise; et telle est la compensation qui s'établit entre leurs produits, que chacune entre pour moitié dans la somme totale. Un arbre aussi utile méritait qu’on s’en occupât d’une manière spéciale. C’est ce qu’a fait M. Tarry, correspondant, dans un Mémoire sur la culture du prunier de robe de sergent , et sur La manière de dessécher ses fruits (1), mémoire qui est un traité complet sur la culture de cet arbre. L'auteur y traite successivement du sol, de l'exposition, des engrais qui conviennent le mieux à larbre, de l’époque à laquelle il faut le grefler, des mala- dies qui Pattaquent , des animaux qui le rongent, (1) Ce mémoire est imprimé. Agen, Noubel, 1821. HISTOIRE NATURELLE. 215 des brouillards et des gelées dont il redoute l’in- fluence ; il décrit aussi les précautions à prendre pour conserver les fruits, la manière de les des- sécher dans les fours, et le degré de cuisson qu'il convient de leur donner, détails qui appartiennent à l’économie rurale, et sur lesquels nous n’insis- terons pas davantage. Tous les êtres organisés sont sujets à des dévia- tions de l’organisation régulière et normale de leur espèce. M. Isidore ne Lapeyrouse, dans un Mémoire sur un pied de mauve monstrueux , à décrit avec beaucoup de soin un pied de mauve (malva sylvestris, Linn.), qui présente une des singularités les plus rares dans le règne végétal. Ce ne sont point ici des étamines converties en pétales, mais la corolle elle-même de presque toutes les fleurs qui s’est convertie en feuilles. L'auteur s’est livré à une comparaison suivie du caractère de l'espèce et de ceux de l'individu, qui a été mis sous les yeux de l'Académie. M. le marquis de Visceneuve, membre de la section des Belles-lettres, a également présenté à la Compagnie un agaric (boletus igniarius, Linn.) d’une grosseur monstrueuse. En remontant dans l'échelle de la vie, nous trouvons tous les êtres qui jouissent de la sensi- bilité et de la motilité, c’est-à-dire, les animaux qui se divisent en deux grandes classes, suivant qu'ils sont dépourvus de vertèbres ou qu’ils pos- sèdent cette partie solide intérieure. Monstruosi- tés. Pied de mauve. M. Isidore DE LAPEYROUSE. 1814. ZooLocre. Système nerveux des invertébrés. M. Isidore D LaPEyRouUsE, 1611. Insectes des blés. M, Disrax. 1810. 216 CLASSE DES SCIENCES. Les nerfs, qui jouent un si grand rôle chez les animaux vertébrés, remplissent-ils les mèmes fonctions chez les invertébrés ? Telle est la ques- tion que M. Isidore ne LapEyROUSE examine, dans ses Considérations sur le système nerveux des animaux invertébrés. L'auteur recherche dans cet ouvrage si le sys- tème nerveux des animaux invertébrés doit être rapporté au système nerveux de la vie animale, ou à celui de la vie organique des animaux ver- tébrés; ce qui lui donne l’occasion de décrire et de déterminer, en détail, les caractères propres à chacun de ces systèmes dans les animaux verté- brés. Après avoir posé ces principes , il traite de la disposition du système nerveux dans toutes les classes d’animaux invertébrés, et après une ana- lyse complète de ces caractères, il conclut que le système nerveux unique des animaux de cette classe se compose de celui des ganglions, ou de la vie organique, tandis que les animaux plus parfaits jouissent, en outre, du système des gan- glions, du système cérébral. Dans le printemps de 1810, M. Dispan, se promenant dans un champ de blé, et examinant les épis, trouva, parmi des grains très-beaux, d’autres grains entièrement avortés, et remplacés par des paquets d'animaux ayant l'apparence de vers jaunes cylindriques, de deux millimètres de longueur, et de trois quarts d'épaisseur. Il lui fut démontré que leur développement avait eu lieu sur place, et avait empêché la floraison du grain HISTOIRE NATURELLE. 217 sur lequel ils se trouvaient. Les grains avortés contenaient chacun un ou deux de ces paquets, et chaque paquet renfermait huit à dix insectes. Sur d’autres grains bien formés, M. Dispan a trouvé un ou deux de ces vers, collés de long du grain , la tête en bas, et occupés à en ronger la partie inférieure ; de sorte qu'il parait que ces animaux sortent du grain où ils ont pris nais- sance pour aller chercher leur nourriture sur ceux qui ont réussi. Ces animaux, examinés au microscope, ont été reconnus pour de vraies larves ou chenilles , diffé- rentes de celles qu'ont décrit Réaumur et Duha- mel, comme donnant le papillon du blé; peut- être est-ce la larve d’un papillon du blé qui, dans ce pays, parait différer de celui qu'ont décrit ces deux académiciens. Tels sont les faits contenus dans un Mémoire sur un objet qui intéresse l’histoire naturelle et l’économie rurale. M. Dispan fit de plus dessiner ces insectes, et déposa le dessin dans les archives de Académie. Nous devons à M. Drarer des Considérations sur l’histoire naturelle des poissons, sur la pécke, et les lois qui la régissent (1). Ce titre indique assez que notre confrère n’a pas eu la prétention de composer un traité complet d’ichthyolosie, Vune des branches les moins avancées de l’histoire (1) Cet ouvrage est imprimé. Toulouse, J.-M. Douladoure, 1821. Poissons. M.DnRaALeT; 1821. 218 CLASSE DES SCIENCES. naturelle, mais qu’il Pa principalement considérée dans ses rapports avec l’économie politique, rap- ports plus nombreux qu'il ne peut le sembler au premier coup d'œil. L'auteur ne s’est point assujetti à la classifica- tion des poissons adoptée par les naturalistes mo- dernes, et qui, quoique ingénieuse et savante, ne se lie encore que bien imparfaitement à la méthode naturelle; il a suivi la distinction an- cienne des poissons de mer, poissons d’eau douce et poissons voyageurs. Ces deux dernières classes sont les seules dont il s'occupe, et il nous fait connaître, l’une après l’autre, toutes les espèces qui habitent onu remontent nos rivières : ses des- criptions sont claires et précises ; l’homme du monde et même le naturaliste y trouveront à apprendre. Ils n’y liront pas peut-être sans étonnement une vérité relative à l’époque du frai des poissons; c’est que cette époque n’est pas fixe comme on le croit communément, mais qu’elle varie suivant les lieux; qu’elle est, si l’on peut s’exprimer ainsi, une fonction de l'élévation des lieux au-dessus du niveau de la mer, ou mieux, du degré de température qui en est la suite. Ainsi, les obser- vations de M. Dralet lui ont appris que la truite fraie, vers les sources de la Garonne, dès le mois de septembre; à Saint-Béat, élevé au-dessus du niveau de la mer, à la fin d'octobre ou au com- mencement de novembre, et un mois plus tard à Toulouse, qui n’est élevé que de 132 mètres. Ce HISTOIRE NATURELLE. 219 fait important peut servir à mettre d’accord les ichthyologistes, qui ont assigné à ce frai des époques très-différentes, et qui avaient tous pro- bablement raison , suivant la nature des lieux où ils avaient observé. Nous ne suivrons pas M. Dralet dans les détails qu’il donne sur la pêche et les instrumens qu’elle emploie. Il rapporte la nomenclature barbare des lignes, filets et engins permis ou prohibés par les ordonnances de nos Rois, depuis le treizième siècle jusqu’à nos jours, et qui prouve combien il est important de définir les termes employés par les lois, car la presque totalité de ceux qui y sont mentionnés n’a plus maintenant de signification connue. M. Dralet se livre ensuite à une discussion sa- vante et lumineuse de toutes les lois relatives à la pêche; il a obtenu, à cet égard, le suffrage le plus flatteur que puisse ambitionner un citoyen jaloux d’être utile à son pays : Le projet de régle- ment qui termine son ouvrage à été adopté en entier par la commission chargée de présenter un projet de code des eaux et forêts. M. Cazaux, qui avait fait une étude appro- fondie de tous les objets qui concernent l’économie rurale, nous a lu un Mémoire sur l’histoire na- turelle du coq d'Inde. L'auteur envisage d'abord son sujet en natu- raliste; il relève, avec tout le respect dû à la mémoire d’un grand homme, quelques érreurs de Bufon , qui, dans son vaste plan ayant embrassé Oiseaux. Coq d'Inde. M. Cazaux. 1810, 220 CLASSE DES SCIENCES. la nature entière, a dû se tromper quelquefois dans les détails. Ainsi, ce grand écrivain a dit que les mäles avaient peu d’ardeur pour leurs fe- melles, et que celles-ci n'avaient point la faculté de faire la roue, parce qu’elles manquent des muscles releveurs propres à redresser les plus grandes plumes de la queue supérieure. M. Cazaux fait voir que les femelles jouissent comme les mâles de cette faculté, mais qu’elles en font rarement usage, par la raison que faire la roue est chez ces animaux lexpression du désir ; or, le mäle est du petit nombre des oiseaux qui en éprouvent cons- tamment à la vue d’une femelle en chaleur, même lorsque par des jouissances réitérées, il a perdu momentanément le pouvoir de les satisfaire. La fe- melle, au contraire, n’éprouve que rarement, et dans des intervalles assez courts, le besoin du mâle. Les rivalités de ces animaux donnent lieu à des combats sanglans; s'attaquer, se déchirer est pour eux l'affaire d’un moment : ils se portent, sur la tête et sur les yeux, de terribles coups de bec; mais lorsqu'une fois ils sont parvenus à saisir fortement le mamellon placé sur la tête de leur adversaire, le combat change de nature; chacun semblant regarder comme vaincu celui qu'il tient ainsi, ne songe plus à l’abandonner ; 1ls demeu- rent ainsi accrochés et immobiles pendant des heures entieres, et si, lorsqu'ils sont dans cette situation on les jette dans l’eau, quelque aversion qu'ils aient pour cet élément, ils ne se séparent HISTOIRE NATURELLE. 221 pont, et se noyeraient si l’on ne se hâtait de les en retirer. Tous les moyens de leur faire lâcher prise sont inutiles, jusqu’à ce qu’ils tombent en faiblesse; alors même ils se tiennent encore, et ce n'est qu’en les tirant violemment chacun de son côté qu’on parvient à les séparer, tous les deux gardant encore dans leur bec un trophée ensan- glanté : des ce moment il n’existe plus d’espoir de réconciliation, et il faut les séparer pour tou- jours. M. Cazaux s'étonne qu’un animal aussi pré- cieux pour nos ménageries soit si peu multiplié dans nos contrées ; il en trouve la cause dans les fausses idées qu’on se fait sur sa fécondité, qui est beaucoup plus grande qu’on ne le croit com- munément. Un bon coq d’Inde peut féconder dans l’année jusqu’à 1500 œufs. L'auteur entre ensuite dans des détails circons- tanciés sur les soins qu’il faut avoir de ces oiseaux, et sur le moyen de multiplier les pontes, en fai- sant couver les premiers œufs par des poules ordinaires; expédient qui lui a parfaitement réussi (1). Le règne animal présente des monstruosités comme le végétal, et plus fortes encore en raison du plus grand degré de perfection dont jouissent les êtres qui le composent. M. Casman a mis sous les yeux de l'Académie (1) Un extrait de ce mémoire a été imprimé dans le Journal des Propriétaires ruraux (septembre 1815), tom. xr. Monstruosi- Lés. 1809. 1616. 222 CLASSE DES SCIENCES. une production singulière qui s’est trouvée dans la cavité abdominale d’une oïe sans aucune adhé- rence aux autres parties du corps. M. Isidore de LAPEYROUSE a également présenté à l’Académie une tête monstrueuse d'agneau qui n’a qu'un œil, des naseaux point ouverts, et Les oreilles à la base du cou. MÉDECINE ET CHIRURGIE. 223 SEPTIÈME PARTIE. MÉMOIRES DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. Novs ferons précéder l’examen des mémoires de cette section de quelques considérations sur la salubrité publique, et les mesures administratives tendantes à assurer la santé des citoyens. Si le premier soin d’un individu considéré 1s0- lément est de pourvoir à sa conservation person- nelle, autorité, instituée pour le bien de tous, * doit veiller constamment à la conservation des citoyens; elle s'efforce, par de sages réglemens, de détruire les causes de linsalubrité de Pair, d'arrêter la communication des maladies conta- gieuses, de prévenir les accidens de tout genre, et d'assurer la promptitude des secours, si Pon n’a pu les empêcher d’avoir lieu. Aucun détail, quelque minutieux ou rebutant qu'il puisse pa- raître, ne lui semble indigne de son attention, lorsqu’il se rattache à l'utilité publique. De même, il est du devoir des sociétés savantes de porter à Padministration le tribut de leurs lumières, de lui indiquer les meilleurs moyens à employer pour arriver à l’accomplissement de ses vues, et de concourir ainsi au noble but qu’elle se propose. HycièNE PUBLIQUE. 224 CLASSE DES SCIENCES: Propreté Telle est l'intention dans laquelle M. Marraor, PRE membre de la classe des Belles-lettres, nous a lu 1810. un Mémoire sur un moyen simple et efficace de diminuer considérablement linsalubrité de l'air dans les rues de Toulouse. Ce savant, qui avait fait de profondes recherches sur l’histoire de notre cité, remarque d’abord que les épidémies y sont devenues moins fréquentes et moins désastreuses, depuis qu’on a multiplié et agrandi les places pu- bliques, et élargi les rues; mais il fait observer ensuite qu'il sexhale des ruisseaux des rues, pen- dant les chaleurs et même quelquefois en hiver, une odeur fétide qui, outre le désagrément qu’elle occasionne, peut devenir nuisible à la santé des habitans. M. Malliot avait cru qu’on pouvait remédier à ces inconvéniens par un réglement de police dont il donne le projet dans son mémoire. Ses vues auraient pu être d’une exécution peu facile, par la difficulté de se procurer la quantité d’eau qu’elles exigeaient; mais les vœux de ce savant estimable, que la mort nous a enlevé, sont au moment d’être remplis d’une manière plus sûre. Grâce à la cons- truction des nouvelles fontaines, l’eau coulera constamment dans les rues, avec une abondance assez grande pour entraîner les immondices qui en souillent trop souvent la surface. Causes M. Macxes, dans un Mémoire sur la salubrité “Erpete de la ville de Toulouse, et sur quelques points 1822. d'hygiène publique, traite la même question que M. Malliot, mais d’une maniere beaucoup plus MÉDECINE ET CHIRURGIE. 225 générale, en indiquant toutes les causes d’insalu- brité provenant, soit de l'air, soit des eaux. Relativement au premier article, ce chimiste recherche et signale tous les foyers d’émanations putrides et délétères qui, en viciant l'air, peuvent donner lieu à des maladies, et il indique en même temps les moyens qui lui paraissent les plus pro- pres à prévenir cet inconvénient. Le Canal de Languedoc attire d’abord son at- tention. Ce magnifique ouvrage, qui longe un faubourg populeux, et tourne la ville à une petite distance, est véritablement pour elle une source de richesses; mais lorsque, dans les mois d'août et de septembre, son lit, mis à sec pour le curage et les réparations annuelles, ne contient plus qu’une vase fétide, remplie de détritus de matières animales et végétales, et que ces boues sont en- levées du lieu qu’elles occupent et déposées sur les bords pour y être desséchées, il s’en exhale alors une odeur nauséabonde qui peut même de- venir pernicieuse. M. Magnes voudrait que le cu- rage du canal fût exécuté dans une saison plus propice, et que la partie de ces boues, destinée à fumer les terres, fût transportée sans retard sur les champs qu’elle doit engraisser. L'auteur trouve aussi que les voieries sont trop rapprochées de la ville : il fait le même reproche à un local dans lequel les matières provenant des fosses d’aisance sont entassées, pour être réduites en poudre végétative, connue sous le nom de poudrette , local malheureusement choisi sous tous 15 226 CLASSE DES SCIENCES. les rapports, car il est placé dans la direction des vents habituellement régnans qui en portent les émanations dans la ville, et situé sur la rivière, en amont des lieux où l’on puise Peau destinée à Pusage des habitans. Il fait remarquer aussi que les cimetières sont établis dans des terrains perméables, et laissent échapper des gaz putrides, qu’on pourrait neu- traliser en entourant ces établissemens d'arbres en plein vent, Quant aux eaux, M. Magnes applaudit à la sagesse de l'administration, qui a ordonné aux boulangers de faire usage de l’eau de la rivière; mais il fait remarquer que dans les grandes cha- leurs l’eau puisée sur Les bords de la Garonne pré- sente des indices d'ammoniaque, ce qu'il attribue à la décomposition des conferves et des insectes qui se forment sur les cailloux de la rivière, et restent à sec quand les eaux viennent à baisser. Il est nécessaire dans ce cas de tirer l’eau du milieu du fleuve, ou de Passainir au moyen du vinaigre ou de Pacide sulfurique. L'auteur termine ce mémoire, qui offre bien des sujets de méditation, par des réflexions sur Valliage employé dans la fabrication des cuillers d’étain, dans lequel on fait entrer jusqu’à trois quarts de plomb : il a vu une soupe, dans la- quelle on avait employé des jaunes d'œuf dé- layés par le vinaigre avec de telles cuillers, oc- casionner de fortes coliques à ceux qui en man- gerent ; il se propose de revenir sur cet article. MÉDECINE ET CHIRURGIE. 297 C'est ici le lieu de signaler une cause, sinon d’insalubrité, du moins d’'émanations désagréables. M. Dispax, dans un Mémoire sur les moyens de prévenir l'odeur que répandent les lieux dai- sance, propose un appareil simple, qui, sans exicer aucun soin désagréable, met à Pabri de toute odeur et de toute malpropreté. Un sujet éminemment philanthropique a aussi attiré l'attention de M. Dispan; c’est le peu de soin qu’on prend pour rappeler les noyés à la vie, Nous ne sommes point à la vérité comme ces peu- plades sauvages qui croient que l’homme qui se noie est la juste victime du courroux du ciel. Loin de là, lorsque nous apercevons notre sem- blable luttant contre les flots, tous les spectateurs s’empressent de voler à son secours; mais qu’on retire de leur sein un malheureux déjà asphyxié, on n’aperçoit plus, au lieu de cet élan pour lhu- manité, qu'une indifférence coupable. Ceux qui l'ont retiré le déposent sur le rivage, en lui lais- sant tremper les jambes dans Peau, jusqu’à ce que les agens de police soient arrivés pour dresser leur procès-verbal, et souvent à cette époque il n’est plus temps de rendre le noyé à la vie. Cependant la science a fait tout ce qui était en son pouvoir; elle a prescrit tous les moyens à suivre pour rappeler une vie suspendue et prète à s’éteindre pour toujours; elle a réuni dans des boîtes fumigatoires toutes les préparations néces- saires, et rédigé les instructions les plus détaillées sur la manière de s’en servir. 15. Odeur des lieux d’aisance. M. Drspax. 1806. Secours à porter aux noyés. M. Dispan. 1815, 228 CLASSE DES SCIENCES. Aussi M. Dispan, dans son Projet d'organisu- tion à Toulouse des secours à porter aux noyés, ne traite-t-1l point la question scientifique, mais il déplore la fatalité par laquelle des travaux aussi utiles ne reçoivent pas d'application dans les villes de province. D’après les documens qu’il a recueillis et consignés dans son mémoire, pendant l’espace de dix-sept ans (de 1792 à 1809) sur cent qua- rante personnes retirées de l’eau, aucune n’a été rappelée à la vie. Ce qui manque, c’est d’avoir un service orga- nisé, de créer des dépôts de boîtes fumigatoires PaysroLoGte. sur les points où les accidens arrivent le plus fréquemment, d'organiser des signaux pour ap- peler des gens de l’art, et en général de prendre toutes les précautions nécessaires, quelque mi- nutieuses qu’elles puissent paraître. À Marseille, où les noyés périssaient comme ailleurs faute de secours, beaucoup de ces infor- tunés ont été conservés à leur pays, depuis qu’une société philanthropique s’est formée pour cet objet; en 1809, sur treize asphyxiés il en a été sauvé neuf, et en 1810, cinq lont été sur neuf. Avant de chercher les moyens de guérir homme des nombreuses maladies qui lafMigent, et de re- médier aux altérations que ses organes peuvent éprouver , il faut commencer par observer son or- ganisation, rechercher la nature des fonctions que ses organes doivent remplir, en un mot, étudier l’homme dans l’état de santé. MÉDECINE ET CHIRURGIE. 229 Parmi les phénomènes physiologiques, 1l en Chaleur est ‘peu d'aussi dignes d'attirer lattention, que UE cette singulière propriété par laquelle touslesèêtres 1812. vivans conservent, dans leur intérieur, un degré de température indépendant de celle du nmulieu dans lequel ils sont plongés, et qui non-seulement permet à certaines espèces de vivre dans les cli- mats brülans de la zone torride, et dans les frimas glacés des régions polaires, mais leur permet aussi de supporter, pendant des momens assez longs, des degrés de chaleur qu’on supposerait devoir les faire périr à Pinstant. M. Laronr, dans un AZé- moire sur la chaleur animale, examine successi- vement toutes les causes auxquelles on a attribué cette chaleur, C’est principalement dans l'acte de la respiration qu’il fait résider la source du calo- rique animal, en raison des combinaisons de Pair qui s’accomplissent dans cet acte. Il se fonde sur ce que la température propre des différentes classes d'animaux est proportionnée à l'étendue de leur respiration ; les oiseaux, par exemple, dont les poumons sont très-développés, ayant une tempé- rature plus élevée que les mammiféres; et parmi ces derniers, les hivernaux, qui, dans leur état habituel, ont autant de chaleur que les autres es- pèces, la perdent de plus en plus, lorsqu’aux ap- proches de leur sommeil leur respiration diminue. Les affections éprouvées constamment par cer- Sympathie de tains organes à la suite d’altérations survenues à us des organes différens, en un mot, la sympathie M. Durer- = + NARD. de deux organes, nous prouve que tout se lie, se 1813. 230 CLASSE DES SCIENCES. üent et s’enchaine dans l’économie animale, sui- vant des lois que la nature a établies, et qui, pour nous être souvent inconnues, n’en existent pas moins par une correspondance que prouvent les faits les mieux avérés. Ce sujet nous a valu un Mémoire de M. Du- BERNARD, sr les rapports sympathiques qui exis- tent entre la peau et le foie, dans l’état de santé et celui de maladie. L'auteur, après sêtre livré à des considérations générales sur les sympathies, traite plus particu- lièrement de celle qui existe entre le viscère qui sécrète la bile et le tissu cutané; il envisage ces rapports dans tous les états de la vie où ils se développent avec le plus d'énergie, et décrit suc- cessivement tous les états que prend la peau pen- dant les diverses fonctions que remplit le foie, ou les affections qu’il éprouve : c’est ainsi que, pen- dant la digestion, la peau se resserre, se refroidit et se crispe; qu’elle devient pâle et rugueuse dans les évacuations bilieuses trop abondantes; qu’elle s’échauffe, se colore, s'humecte, se dessèche lorsque les passions violentes de l’âme agissent avec énergie sur le foie, et qu’enfin elle devient cuivreuse, lors- que lhypocondrie succède à ces passions violentes. Après avoir ainsi exposé les effets que les diffé- rens états du foie produisent sur la peau, il passe à l’action que la peau exerce à son tour sur le foie. L’impression du froid sur son tissu déter- mine les diarrhées bilieuses, que les sueurs de même nature, soit naturelles, soit provoquées par MÉDECINE ET CHIRURGIE. 231 l'art, peuvent seules faire cesser; la jaunisse, qui accompagne ordinairement la morsure de la vi- père ; les énormes débordemens de bile qu'éprou- vent les enfans, lorsqu’après leur naissance ils sont soumis pour la première fois à l'action de l'air : tous ces faits, et une foule d’autres, sont décrits par notre confrère avec beaucoup de détails, et de la maniere la plus lucide. Le mécanisme de lPaction de la langue pen- Mécanisme dant la déglutition, a attiré lattention des phy- on pe siologistes. Haller et M. Richerand ont dit que M. Ducassx. dans cet acte la langue, recourbant sa pointe en he haut et en arrière, en même temps qu’elle abaisse sa base, offre au bol alimentaire un plan incliné, sur lequel elle le pousse d'avant en arrière pour lui faire franchir listhme du gosier, et le préci- piter dans le pharynx. M. Ducasse ne croit pas que la langue exécute le mouvement que lui prêtent ces deux savans : nous allons le laisser décrire lui-même le méca- nisme de la déglutition. « Dès que la mastication est achevée, dès que » les alimens sont pénétrés d'air et de salive, la » langue promène sa pointe dans la cavité de la » bouche, en parcourt tous les recoins, ramasse » les molécules alimentaires sur sa face supérieure, » et en forme une masse à laquelle elle va bientôt » imprimer une direction nouvelle. La bouche » se ferme alors par la contraction des éléva- » teurs, et la mâchoire inférieure se rapproche » de la supérieure pour offrir aux muscles génio- 232 CLASSE DES SCIENCES. » hyoidiens, mylo-hyoïdiens, et génio-glosses, » le point d'appui nécessaire à leurs fonctions. » Fortement appliquée contre la voûte palatine, » par la contraction du plan supérieur des fibres » du muscle lingual et du stylo-glosse, la pointe » de la langue ferme exactement l'ouverture an- » térieure de la bouche, par laquelle les alimens » pourraient s'échapper, et tend à les pousser en » arrière. Le corps de cet organe agit à son tour, » exerce sur le bol nutritif une pression semblable » que lui imprimera bientôt sa base, jusqu’à ce » qu'étant arrivé à l'entrée du pharynx, il fran- » chisse l’isthme du gosier, par un mécanisme » qu'on appelle la déglutition gutturale. C’est donc » par des mouvemens de pression successifs d’a- » vant en arrière, par de véritables contractions » ondulatoires de la pointe à la base de la langue, » que marche la pâte alimentaire. Elle ne franchit » pas tout d’un coup la distance qui la sépare » du gosier, et ce n’est même qu’à la faveur des » puissances musculaires qu'elle parvient à sa des- » tination. » M. Ducasse s’attache ensuite à démontrer que la marche qu'il vient de décrire est véritablement celle de la nature; que si la langue se recourbait en haut et en arrière, elle ne pourrait pas exercer de pression sur les alimens, et que la déglutition ne pourrait se faire que d’une manière longue et difficile. MÉDECINE ET CHIRURGIE. 233 Les médecins, depuis Hippocrate, ont reconnu que les maladies régnantes dépendent le plus sou- vent de l’ensemble des conditions atmosphériques ; aussi, par des observations multipliées, cherche- t-on à saisir la liaison qui existe entr’elles. M. Dusernarp nous a entretenus de la Consti- tution médicale des six premiers mois de l’année classique 1811-12. Il commence ses observations par lPautomne, comme la plus importante des saisons de l’année médicale, puisque sa constitu- tion s’asservit, et frappe de son caractère les mala- dies qui se présentent dans le reste de l’année. « L'objet utile à suivre, dans l’histoire d’une » constitution médicale, se borne à établir quelle » est la nature d'altération, de dégénérescence » introduite dans l’économie animale, qui a pro- » duit, entretenu ou compliqué les maladies » qu’elle à vu naître. » Mais, pour bien établir . la nature de cette dégénérescence , il est nécessaire de se rappeler les variations atmosphériques des saisons précédentes, afin de connaître l’état dans lequel le corps humain a été livré à l'influence de Pautomne. Les mois de mai et de juin avaient été peu chauds et humides; le thermomètre s'était tenu communément entre 10° et 14°, rarement il était monté au-dessus de 20; lPhygromètre avait varié de 80° à 97°, et le baromètre avait marqué de 0",742 à 0,755 ; les vents du sud-est avaient régné presque constamment; la quantité de pluie tombée avait été de 0",087 en mai, et de 0,036 CoNSsTITU- TION MÉDICALE. M. Duser- NARD. 1912. 234 CLASSE DES SCIENCES. en juin : le nombre des jours pluvieux ayant été de 22. Les mois de juillet et d'août, au contraire, avaient été très-chauds; le thermomètre s'était tenu entre 27° et 37°, le baromètre marquait ha- bituellement 0",755, le vent du sud-est avait rarement soufflé quoiqu'il y eût eu dix jours d'orage : dans les deux mois, il y eut trois jours de brouillard. L’humidité de mai ét de juin ayant affaibli les viscères gastriques, altéré les fonctions digestives et assimilatrices, les chaleurs vives et prononcées de juillet et d'août, auxquelles le corps n’était pas préparé, durent exalter la bile, introduire la diathèse bilieuse, et favoriser son action sur les organes gastriques; aussi, dès la fin de juillet, le génie bilieux pritil une supériorité marquée, et les maladies ne furent que des aflections bi- lieuses s’exerçant sur les divers organes ; maladies que M. Dubernard traitait généralement par l'é- métique et les boissons acidulées. Ces maladies étaient : 1. Les fièvres gastriques continues ou rémit- tentes et les dysenteries. Un émétique seul, donné dans le commencement, suffisait ordinairement pour les dissiper. Celles qui avaient résisté cé- daient à un éméto-cathartique, ou à l’émétique à dose brisée, suivant que l'affection gastrique Sé- tendait ou non dans les intestins. L'auteur a eu plusieurs fois occasion de remarquer que les pur- gatifs, donnés à la place de lémétique, loin de MÉDECINE ET CHIRURGIE. 230 produire un bon eflet, rendaient la maladie plus grave et plus opiniâtre. 2.9 Les érysipeles, qui furent aussi traités par les émétiques et les éméto-cathartiques. 3.° Les péripneumonies, dont plusieurs ont été graves. Après avoir fait vomir les malades, on leur administrait le tartrate antimonié de potasse, dissous dans la potion saline des Allemands, donné à cuillerées. Tels furent les traitemens employés avec succès par M. Dubernard jusqu’au commencement de septembre, où une maladie l'ayant obligé de re- noncer à toute espèce d'occupation, ce ne fut que vers le milieu du mois de décembre qu'il put re- prendre le cours de ses observations et de ses tra- vaux. À cette époque, après de longues pluies, Phumidité constante de l'atmosphère et la fré- quence des vents du sud-est, relîchant le corps et arrêtant la transpiration , le génie pituiteux se montra sans abattre totalement la diathèse bi- lieuse, de manière que les maladies prirent un caractère pituitoso-bilieux ou bilioso-pituiteux , suivant que l’un de ces caractères dominait sur Pautre. Alors on vit des catarrhes pulmonaires et gas- triques, des diarrhées dysentériques, des catar- rhes de vessie, des douleurs doreille, ete. De petites doses dipécacuanha produisirent de bons effets, et le sulfure de potasse dissipa ensuite les toux opiniätres. Nous remarquerons ici que dans les déjections d’un homme pituiteux et avancé en 236 CLASSE DES SCIENCES. âge, M. Dubernard a reconnu la pituite vitrée des anciens. Il se déclara aussi quelques hydropisies, qui, d'après Hippocrate, paraissent à la suite des pre- mières pluies qui succèdent à une longue séche- resse. On les traita par les toniques et les diuréti- ques, après avoir toutefois commencé par détruire l'affection pituito-bilieuse dont elles étaient com- pliquées. Il n’est point ici question des hydropisies provenant d’autres causes. Les fièvres intermittentes étaient toutes quoti- diennes ou quartes. Elles furent aussi traitées avec succès par lipécacuanha. L'auteur évitait alors l'usage du quinquina, comme ne convenant point aux fièvres gastriques d'hiver. Les rhumatismes cédèrent aussi à l’action de l’émétique et des éméto-cathartiques, qui détrui- sirent l'affection bilioso-pituiteuse dont ils parais- saient dépendre. Après les évacuations suffisantes, les vésicatoires ou les ventouses sèches détrui- saient entierement le reste des douleurs. Dans les mois de janvier et de février régnèrent des fièvres gastriques pituiteuses, que leurs symp- tômes peu prononcés ont fait prendre souvent pour des fièvres ataxiques ou malignes. Elles fu- rent traitées avec succès par les émétiques per epicrasim et les purgatifs salins. Dans le mois d'avril, le corps reprit un peu de l'énergie que lui avaient enlevée le froid et Phumi- dité de l'hiver; mais, vers la fin de ce mois et les premiers jours de mai, un froid très-vif et très- MÉDECINE ET CHIRURGIE. 237 humide ayant reparu, ce passage subit amena des affections catarrhales de toute espèce, qui signa- lérent la fin de cette constitution. Les fièvres catarrhales se présentant souvent, ont donné lieu à un travail de M. Ducasse, intitulé : Mémoire et Observations sur les fièvres catar- rhales qui ont régné à Toulouse pendant les mois de décembre 1817, janvier et février 1518. Cest sur-tout lorsqu'une maladie se déclare avec des caractères graves, lorsque quelques mots remarquables jettent l'alarme dans une grande ville, et que le mot terrible de contagion s'est fait entendre; c’est alors, disons-nous, que le médecin, non content de prodiguer aux malades les soins de son art, doit encore prendre la plume, rassurer une population effrayée, et en raflermis- sant le moral, conserver au physique une force capable de repousser la maladie, ou de lui résister s’il en est atteint. Telles furent les fièvres catarrhales qui régnè- rent à Toulouse dans lhiver de 1817 à 1818; elles choisirent leurs victimes dans la classe opu- lente ou du moins aisée, mais la maladie ne fut jamais épidémique, car elle ne se montra ni dans les hôpitaux, ni dans les casernes, ni enfin dans les quartiers habités par le peuple, où la population est resserrée. Un seul exemple d’ailleurs suflirait pour prouver la vérité de ce fait. Un jeune homme étant tombé malade fut soigné par ses amis, dont aucun ne prit la maladie; un seul qui, par crainte, n'avait point voulu coopérer à ces soins, eut la Fièvres catarrhales. M. Ducasse. 1918. Fièvres rémittentes et inter- mittentes. M. Ducasse. 1814. 238 CLASSE DES SCIENCES. même maladie, et périt au bout de quelques jours. M. Ducasse ayant donné au publie un volume de mémoires et d'observations très- connu des gens de Part (1), nous y renverrons pour les détails de ce mémoire, et nous ferons une simple mention de plusieurs autres qu'il a insérés en entier dans cette collection. Nous devons encore à M. Ducasse des Obser- vations et réflexions sur les fièvres rémittentes et intermittentes pernicieuses, maladies remarqua- bles et dont les médecins doivent faire une étude particulière; car telle est la rapidité des fièvres rémittentes pernicieuses, que le malade est sou- vent emporté avant que le médecin ait eu le temps de reconnaître le genre du mal, et d'établir les indications curatives; de manière qu'il lui de- vient impossible de saisir le moment favorable pour les guérir, et d'empêcher la manifestation d'un second accès qui se termine quelquefois par (1) Mémoires et Observations de médecine et de chirurgie, par M. Ducasse fils. Toulouse, Vieusseux , 1821. Outre les ouvrages mentionnés dans cette notice, cet ouvrage contient : — Observation d’une nécrose du tibia droit, avec formation d’un nouvel os. — Observation d’une hydropisie aiguë des ventricules du cerveau. — Observation d’un abcès froid très-volumineux à la fesse gauche. — Observation d’une fracture des os coxaux. — Observations sur une amputation de Ja cuisse. — Mémoire sur la dénudation des os. — Observation sur une fièvre pernicieuse intermittente, cholérique et dysenté- rique tierce. — Observation d’une hydrosarcocèle double, guérie par la résolution. MÉDECINE ET CHIRURGIE. 239 la mort du malade. Cependant il n’est pas permis à l’homme de Part d’administrer le quinquina après un premier accès qui peut provenir d’une infinité de causes, et ne pas annoncer une fièvre rémittente, à moins que ces maladies ne régnas- sent épidémiquement. C’est dans ces circonstances délicates qu'un médecin voit souvent périr son malade sans avoir rien à se reprocher. Quoiqu'il paraisse que les fièvres intermittentes pernicieuses n'étaient pas absolument inconnues aux anciens, cependant les modernes seuls ont su les reconnaître, et les suivre au milieu des métamorphoses nombreuses qu’elles peuvent subir. Ce phénomène de lintermittence, ou retour pé- riodique de certaines allections, leur paroxysme régulier, sont, suivant l’auteur, un des phéno- mènes les plus obscurs de l’économie animale, et les explications qu'ont essayé d’en donner des médecins célèbres, n’ont servi qu’à montrer Pim- puissance de l'esprit humain à découvrir des se- crets dont la nature semble avoir voulu se réserver la possession. A la suite de ces réflexions, M. Ducasse trace la conduite que le médecin doit tenir dans ces maladies, et justifie ses préceptes par quelques observations qui lui sont propres. Les maladies qui se présentent rarement sont faites pour attirer toute l'attention des praticiens, qui doivent, lorsqu'ils les rencontrent, les décrire soigneusement et en publier l'observation, soit que le traitement qu'ils ont employé ait été suivi Méléna. M. Dicassr. 1821. Paralysie. ( NM, Cariran. 1816. 240 CLASSE DES SCIENCES. du succès, soit que l'issue en ait été funeste, pour éclairer leur successeur, à qui un pareil écrit peut éviter des erreurs dangereuses. M. Ducasse nous a fourni un Mémoire sur le méléna , où maladie noire. Cette maladie, ainsi nommée parce que le malade éprouve des vo- missemens de matière noire, se divise en deux espèces; l’une, symptomatique, qui a pour cause la lésion de quelque organe, et qui est le plus souvent mortelle; l’autre, idiopathique, c’est- a-dire, existante par elle-même, et dont le siége est dans l'estomac ou dans les intestins. M. Du- casse en a rencontré deux exemples, dans lesquels le traitement qu'il a adopté a été suivi d’un plem succes. Parmi les causes qui peuvent suspendre le mou- vement de certains organes, il en est dont il serait souvent difficile de démêler origine. M. Carrman nous a fait connaître une Observation de paralysie provenant de la dentition. Cette observation, peut- être unique dans l’histoire de la médecine, n’est pas relative à un seul individu, mais à quatre enfans de la même famille, qui tous, à l'époque de la sortie des dents incisives de la mâchoire su- périeure, ont éprouvé les mêmes accidens ; acCi- dens bien faits pour effrayer sur leur sort, puisque c'était une paralysie complète des membres pec- toraux, contre laquelle échouerent toutes les res- sources de l’art, et qui se dissipa d'elle-même par l'achèvement de l’éruption de ces dents. Ce phénomène, constamment le même dans les MÉDECINE ET CHIRURGIE. 241 quatre enfans, pendant la sortie des mêmes dents, sans qu'ils aient éprouvé rien de semblable pen- dant le reste de la dentition , mérite toute Patten- ton des praticiens qui pourraient, dans un cas pareil, être facilement trompés sur la cause de ce singulier accident. M. Ducasse nous a lu un Mémoire sur une im- puissance générale des muscles, et une éruption vénérienne , précédée de réflexions sur la pré- tendue diminution dans l’action du virus siphili- tique. Cette aflection, dont on n’avait peut-être pas vu d'exemple aussi marqué, céda comme par enchantement au traitement rationnel que notre confrère mit en usage, et disparut par l’action du sublimé et des tisanes sudorifiques. M. Ducasse, frappé de cette forme nouvelle que la siphilis semblait avoir revêtue, se livre à des considéra- tions générales qui le conduisent à penser que ce virus n’a rien perdu de son activité en traversant les siècles, et que ses ravages s’exercent aujour- d'hui avec la même énergie qu’à l'époque de son apparition. «Quelque variés, dit-il, qu’aient été » les caractères sous lesquels la maladie s’est mon- » trée, lobservation les retrouve encore aujour- » dhui, et chaque jour nous rend encore témoins » de ces ulcérations rapides et dévorantes, que la » négligence ou le traitement peu rationnel des » pustules entraînent après eux, et qui, confon- » dues d’abord avec les cancers cutanés, en diffe- » rent essentiellement par leur nature et par la » méthode curative qui leur convient. 16 Impuissance des muscles. M. Ducasse, 1916, 242 CLASSE DES SCIENCES. » Ces réflexions, suggérées par la lecture atten- » tive des ouvrages, et sur-tout par lobservation » dong-temps suivie dans les hôpitaux , où les ma- » lades, rassemblés en grand nombre, permettent » de considérer l'affection vénérienne sous toutes » ses faces, et dans toutes ses périodes, me por- » teraient à croire que cette maladie, comme la _» petite vérole, n’a rien perdu de sa violence, et Dysenterie. M. Ducasse. 1816. » que si nous n'observons pas aujourd'hui ses » efets dans un degré d’exaspération aussi mar- » qué, on doit moins rapporter-cette diminution » apparente à l’adoucissement de son virus qu’à » Padministration sage et prompte d’un moyen » que l’on peut regarder comme infaillible, » Dans un Mémoire sur une diarrhée dysenté- rique, traitée avec succès par la lactation, M. Du- cASSE montre, par son exemple, combien un médecin éclairé peut tirer parti des seules res- sources de la nature. L/enfant qui fait le sujet de cette intéressante observation venait d’être sevré, à l’âge de seize mois, sous prétexte de lui procurer une nourriture animale plus forte. Tous les re- mèdes prescrits en pareil cas furent inutilement mis en usage, et l’enfant était sur le point de périr, lorsque M. Ducasse le mit à la diète laiteuse. La lianterie disparut aussitôt; mais les parens ayant violé ce régime, la maladie recommença avec plns de violence, et ne céda qu’à l’allaite- ment, qui guérit entièrement l'enfant (1). (1) Ce mémoire est inséré dans la collection de M. Ducasse. MÉDECINE ET CHIRURGIE: 243 Un Mémoire de M. Ducasse, sur un diabétès suivi de phthysie pulmonaire, est fait pour être lu avec intérêt, sur-tout à Toulouse, où linfor- tuné sujet de cette observation jouissait d’une estime générale. Doué d’une imagination vive et dune sensibilité profonde, il cultivait les arts avec une ardeur ou plutôt une passion qui n’a peut-être pas été sans influence sur sa destinée : la peinture, el sur-tout la poésie, faisait ses dé- lices, et s'il ne nous eût été enlevé jeune encore, il aurait pu se faire une réputation fondée sur des travaux solides (x). Les exemples d’asphyxie occasionnée par un corps étranger qui sintroduit de la bouche dans la trachée-artère, ne sont pas extrèmement rares ; mais il n’en est pas de même de la suflocation produite par des substances qui remontent par lœsophage. M. Larrey, dans ses Observations sur une asphyxie suivie de mort, en cite un exemple très-intéressant, que nous allons faire connaître. Le 30 janvier 1814, un jeune homme de dix- sept ans et demi, passant par Toulouse, s'était couché, après un repas assez copieux, avec un de ses camarades. Celui-ci s'étant éveillé vers mi- nuit, et voulant repousser son ami qui le gènait, s’écrie qu'il est mort; tout le monde se lève, et le juge tel. Cependant ce ne fut que le lendemain à onze (1) Ce mémoire est inséré dans la collection de M. Ducasse. 16. Diabétès. M. Ducasss, 1813, Asphyxie. M.Lanner. 1914 44 CLASSE DES SCIENCES. heures que M. Larrey fut appelé. « Je le trouva, » dit-il, dans son lit, encore chaud. Après un examen attentif et différens essais inutiles pour » le rappeler à la vie, je reconnus que la mort » n’était pas seulement apparente, mais réelle. ) Le visage était d’une couleur rouge violette , » sur-tout le bord des lèvres; une mucosité blan- » châtre et écumeuse aux narines, qu'on faisait » sortir en pressant le thorax et l'abdomen; la » mâchoire inférieure serrée contre la supérieure, » par la contraction des muscles releveurs de cette » mâchoire, où il y avait eu sans doute une espèce » de trismus ; le bas-ventre était ballonné, et les » membres thorachiques et abdominaux roides. » M. Larrey n'ayant aperçu aucun indice de mort violente, pensa que cet individu avait péri, soit par une apoplexie foudroyante, soit par une asphyxie. Le lendemain, il remarqua les mêmes phénomènes cadavériques, et sur-tout la chaleur du tronc, quoique le corps fût resté exposé dans un lieu froid pendant plusieurs heures; ce qui augmenta ses soupçons sur lexistence de las- phyxie. Il procéda ensuite à l’ouverture du cadavre. « La mâchoire inférieure fut écartée de la supé- » rieure avec force et par le moyen d’un levier. » Je trouvai l'avant-bouche, listhme du gosier et » le pharynx, remplis de pâte alimentaire, dont » une partie s'était introduite, à travers la glotte, » dans le larynx, jusqu'au quatrième ou cin- » quième anneau cartlagineux de la trachée- = 2 2 MÉDECINE ET CHIRURGIE: 245 » artère. Cette pâte alimentaire était blanchûtre, » de la même nature et consistance que celle con- » tenue dans lestomac. » Les poumons étaient livides, gorgés de sang » noir, de même que les cavités droites du cœur. » Le cerveau était dans l’état naturel, de même » que les viscères abdominaux ; mais l’estomac » était extraordinairement plein d’alimens, le tube » intestinal renfermait une grande quantité de » gaz, tel que celui qui se dégage dans le corps » des animaux submergés, tel encore que celui » qui se dégage dans les cadavres enfermés dans » des caveaux humides et chauds, ou même en- » terrés dans certains cimetières, et qui, par son ‘» expansion, cause la séparation des planches des » bières ou cercueils, quoique cloués, et quelque- » fois même le soulèvement d’une certaine quan- » tité des terres qui les couvrent; c’est ce qui à » donné lieu de croire, quelquefois sans fonde- » ment, que certaines personnes avaient été en- » terrées vivantes. » M. Larrey ayant observé que dans certaines asphyxies il existe une altération de la membrane muqueuse pulmonaire, disséqua, à lamphithéâtre de médecine, la trachée-artère, sous les yeux des élèves. Cette membrane était dans un état appa- rent de phlogose tel, que sa couleur était d’un rouge très-foncé et presque violette dans certains points; son épaisseur était sensiblement augmen- tée, et cet état pathologique s’étendait plus bas que le cinquième anneau cartilagineux , quoique Empoisonne- mens parcotiques. M. le baron Lanney, 1811. 246 CLASSE DES SCIENCES. la pâte alimentaire n’y eût point pénétré. Ces circonstances prouvent, selon M. Larrey, que les alimens n'étaient point remontés après la mort par un effet cadavérique, mais par un mouvement anti-péristaltique de l’estomac, qui la repoussée jusqu’à la glotte, et que celle-ci leur a livré passage. Cet état de la membrane muqueuse paraît très- remarquable à notre confrère; 1l le regarde comme un Signe pathognomonique des morts par as- phyxie, lorsque les autres circonstances décrites par les auteurs accompagnent. Pendant ses campagnes, M. le baron Larry, associé étranger, a eu à remarquer un fait très- curieux. Lors de loccupation de Madrid, plu- sieurs soldats français moururent presque subite- ment, avec tous les symptômes d’un empoisonne- ment narcotique. Cet accident fut bientôt reconnu pour être dû à Pusage des vins débités dans les cabarets de Madrid, vins sophistiqués avec diffé- rens végétaux, parmi lesquels on remarque le laurier cerise (/aurus pruno-cerasus, Lin.); mais on se convainquit en même temps que la malveil- lance n’entrait pour rien dans la sophistication de ces vins, et que les Espagnols en buvaient sans danger. M. le baron Larrey, dans le mémoire qu'il nous a envoyé, après avoir rapporté l'autopsie cadavé- rique de quatre individus morts de cette manière, recherche le mode d’action de ces narcotiques vé- gétaux, qui, sils sont très-violens, suspendent MÉDECINE ET CHIRURGIE. 247 les fonctions de la vie animale et entraînent l’ex- tinction de la vie organique sans fièvre; tandis que si leur action est moins vive, les fonctions suspendues se rétablissent, et il se déclare une fièvre ataxique souvent accompagnée de gangrène interne. Il pense que le principe vireux des nar- cotiques est transmis au cerveau par les absorbans de l'estomac, et par les extrémités nerveuses de la paire vague, adoptant ainsi opinion du doc- teur Rossi, qui pense que les nerfs sont les con- ducteurs de tous les agens délétères, dont la vola- tibilité est extrême. Il finit par lexposé des méthodes curatives qu'il mit en usage. Elles sont décrites dans les mémoires qu'il a livrés au public (1). Ce n’est point assez pour le chirurgien chargé Traitemeut du traitement des blessés de savoir panser leurs FR plaies, et pratiquer les opérations nécessaires, ce M.Vicvems. n’est là que la moindre partie de sa tâche; il doit Lu encore étudier l’état intérieur du malade, pré- venir, par un traitement convenable, les accidens qui le menacent, et les combattre lorsqu'il n’a pu les empêcher de se déclarer. Cette partie impor- tante des études du chirurgien militaire a été le sujet d’un Mémoire de M. VicuertE, sur le trai- tement médical des blessures. L'auteur décrit d’abord les symptômes que pré- sentent les blessures à la tête, cas dans lequel (1) Mémoires de Chirurgie militaire, et campagnes de D. J. Larrey. Paris, 1812, 3 vol. in-8°. 248 CLASSE DES SCIENCES. Pinflammation se déclare moins souvent que dans les blessures des autres cavités, ce qui tient, sui- vant lui, à ce que les principales fonctions orga- niques et animales languissent à cause de la per- cussion éprouvée par le cerveau. Il traite ensuite de linflammation qu’occasionnent les blessures dans la poitrine, le bas-ventre et les grandes arti- culations. Après cela, il examine l’état de faiblesse qui souvent entraîne la mort du blessé, en le dispo- sant à contracter les maladies épidémiques et con- tagieuses; qu’elle le rend en même temps inca- pable de supporter, en attaquant successivement les forces digestives, les forces musculaires, et enfin Pirritabilité et les autres propriétés vitales. Il passe ensuite à cet horrible accident qui vient souvent, dans les pays chauds, se mêler aux blessures les plus légères et les plus graves, à toutes les époques de leur traitement, et qui se termine presque toujours d’une manière funeste : c'est le tétanos, dont on distingue plusieurs es- pèces, parmi lesquelles, l’auteur, d’après son plan, ne considère que le tétanos traumatique. M. Viguerie termine son travail en déduisant de sa théorie les règles à suivre dans le traitement des blessures. Lorsqu'un homme vient d’être blessé, il faut donner aux symptômes purement nerveux, qui se manifestent toujours, le temps de se calmer, à moins que la commotion ne soit trop forte, cas dans lequel on peut administrer les cordiaux , les MÉDECINE ET CHIRURCGIE. 249 excitans et l’opium; on peut y joindre Pémétique, si l'individu a été blessé à la suite d’un repas copieux. Si, après que la commotion nerveuse est calmée, la fièvre se développe, le chirurgien doit rester observateur, jusqu'à ce qu’elle ait pris son vrai caractere, sur lequel il serait aisé de se tromper. Il faut réserver la saignée pour les blessures graves que l’inflammation rend très-souvent mor- telles, la pratiquer avec abondance dans les plaies de la tête, du thorax, du bas-ventre et des grandes articulations; mais on ne doit point l’employer dans les plaies simples des parties charnues, qui ne sont point atteintes d’une inflammation dan- gereuse. Dans les fractures compliquées des extré- mités, il faut épargner les forces du malade. Dans les blessures dont la terminaison n’est pas très-prompte, et où le malade tombe dans un état de faiblesse, il faut chercher tous les moyens de soutenir ses forces, combattre les diar- rhées aiguës et chroniques par Popium, les plaies abreuvées de sérosités par le vin et l'acide sulfu- rique, les fièvres périodiques par le quina. Enfin, il faut tâcher de prévenir le tétanos par un régime sévère, des pansemens émolliens, des laxatifs doux et l’opium; le combattre dès son apparition par les toniques, les révulsifs, les caus- tiques, les incisions et l’amputation. Il faut même recourir à ce dernier moyen, lorsqu'il est encore praticable, lorsque les accidens, déjà prononcés, ne laissent aucun espoir. CHIRURGIE, Cicatrisation des os. M.VIGUERIE, 1812, 250 CLASSE DES SCIENCES. Dans tout le cours de son mémoire, M. Viguerie insiste sur la pureté de l'air et la propreté néces- saire aux malades. Il fait aussi sentir la différence que doit faire apporter, dans le traitement, la différence des individus; celle, par exemple, d’un oMicier bien nourri et bien vêtu, et d’un soldat affaibli par les fatigues, et appauvri par une mau- valse nourriture. M. VicueriE nous a aussi donné lecture d’un Essai pratique sur la cicatrisation séparée des bouts osseux fractures. « L'auteur expose d’abord les idées générale- » ment adoptées sur la formation du cal; il retrace » les causes qui sopposent à cette opération de la » nature, et il indique la différence de la non » consolidation des fractures, et de la cicatrisation » de chacun des bouts osseux séparément. Il prouve » ensuite combien les dénominations de fausses » articulations, et d’articulations contre nature, » sont vicieuses, et il leur substitue celle de cica- »trisation séparée des bouts osseux fracturés. » Parmi lesmoyens curatifs, il s'arrête au procédé ) du séton, qui lui sert à porter, sur les surfaces » du bout de los cicatrisé, les substances médi- » camenteuses capables dy développer Pinflam- » mation, et d'en opérer la guérison. Il rapporte » ensuite deux observations qui lui sont propres, » et qui démontrent évidemment les avantages » du mode de traitement qu'il a adopté. » A e MÉDECINE ET CHIRURGIE. DT Dans des Observations sur les luxations des articulations ginglymoiïdales , M. Ducasse, après avoir remarqué que les luxations de ces articula- tions arrivent difficilement, réfute Popinion du célébre Duverney, qui a prononcé assez légèrement qu’elles étaient impossibles. Non-seulement il en rapporte des preuves tirées de divers auteurs, mais il en cite deux exemples qu’il a rencontrés dans sa pratique. Il a vu des luxations éprouvées par larticulation anti-brachiale, et il en a opéré la réduction. Il fait aussi connaître une luxation incomplète de l'articulation fémoro-tibiale, dont il a également opéré la réduction, tandis que, si le déplacement eût été complet, il aurait fallu recourir à Pamputation (1). M. Ducasse, dans un mémoire intitulé Obser- vations et réflexions sur l'usage des vésicatoires , examine l'utilité de leur application dans les ma- ladies indéterminées du cerveau. Il remarque d’abord, que dans l’enveloppe de cet organe, qui joue le premier rôle dans léco- nomie animale, la nature a tout sacrifié à la so- lidité. Le cerveau n’est point environné, comme les viscères pectoraux, d’un système osseux dont la mobilité est nécessaire aux fonctious qu’ils rem- plissent, mais d’une calotte fixe, dont la résistance le préserve des lésions qui seraient toujours fu- nestes dans un organe aussi délicat. Le foetus lui- même, dans lequel cette ossification n’est pas {1) Ce mémoire est imprimé dans la collection de M. Ducasse. Luxation des os. M. Ducasse. 1813. Vésicatoires. M, Ducasse, 1820. 252 CLASSE DES SCIENCES: encore assez complète, afin de faciliter la com- pression qu'il éprouve dans l'accouchement, ne tarde-t-il pas à l’acquérir dès qu'il a vu le jour. Mais cette conformation, qui protége le cerveau contre l’action des corps extérieurs, le dérobe en même temps aux recherches de la science, qui n’a pu se former que des idées très-vagues sur le mé- canisme de ses fonctions, le principe de sa vitalité morale et l'intelligence qui y réside. Mais ce n’est point seulement .à la curiosité du physiologiste que la boîte osseuse du cerveau met une barrière insurmontable ; elle arrête aussi les recherches du médecin qui voudrait connaître le caractère des maladies dont il est le siége. Le témoignage de ses sens, la vue, louïe, le toucher, qui lui est si utile dans les maladies thorachiques et abdomi- nales, ne lui est ici d'aucune ressource. Obligé d'établir son diagnostic sur des symptômes géné- raux qui peuvent le tromper, ce n’est souvent qu'après la mort du malade et son autopsie qu’il reconnait avec certitude la nature du mal qu'il avait à combattre. Quel plan de guérison doit done se proposer l’homme de Part dans une si pénible incertitude ? « Son but, dit auteur, doit être alors de déplacer » la cause des accidens quelle qu’elle soit, de la » faire refluer, si on peut le dire, sur des organes » moins importans , et de dégager ainsi celui dont » lintécrité est indispensable au maintien de la » vie. Cest sur-tout dans cette intention que l’on » à si long-temps préconisé les remèdes qui agis- # MÉDECINE ET CHIRURGIE. 253 » sent sur les voies digestives. Les rapports nom- » breux et sympathiques établis entre l'estomac, » les intestins et le cerveau, les relations intimes » qu'ils conservent, soit dans l’état physiologique, > soit dans l’état pathologique, expliquent assez > les raisons de leur emploi, et les bons eflets » qu'on à obtenus de cette espèce de vésicatoire » intestinal. » Mais l’auteur fait observer que les lésions pro- fondes de la tête échappent quelquefois à ce moyen; qu'il faut alors rapprocher le centre de la médication de celui du mal, et placer sur la tête elle-même des médicamens énergiques, en employant les vésicatoires sur toute l'étendue du cuir chevelu. Il croit que si ce moyen réussit rarement, c’est qu'on l’emploie trop tard, ou dans des situations trop graves qui ne laissent aucun espoir. C’est au praticien éclairé à saisir le moment convenable. Trois guérisons complètes, opérées par M. Ducasse, justifient la confiance qu'il a dans ces principes. Parmi les différens accidens auxquels l’économie Abeës. animale est sujette, il en est peu d'aussi remar- M. pa quables que la formation d’un nouveau fluide qui sinfiltre d’abord dans ses tissus, et finit par se former une cavité souvent très-volumineuse, dans laquelle il se loge; fluide contre nature, dont la présence nous constitue en état de maladie, et dont l'expulsion seule peut nous rendre la santé. Ce sujet a fourni matière à deux Mémoires très- étendus de M. Ducasse, sur les abcès. Comme il = ee 254 CLASSE DES SCIENCES. ne se propose que de s'occuper de la maladie en elle-même, 1l annonce d’abord qu'il ne traitera que des abcès idiopathiques, dont on reconnaît deux espèces désignées sous les noms de chauds et de froids; et qu’il ne s’occupera point, du moins d’une manière spéciale, mais seulement lors- qu’ils auraient un rapport direct à son sujet, des. abcès symptomatiques, qui sont en quelque sorte une autre espèce de maladie dont l’abcès n’est que le symptôme, et qui par suite demandent un traitement particulier. Le premier de ces mémoires est consacré à la théorie. L'auteur s'occupe d’abord de la puogénie; il expose les systèmes de Sydenham, de Pringle et de l’élégant commentateur de Boërhaave, et après une müre discussion, arrive aux conclusions suivantes : 1.0 que le travail intérieur et le méca- nisme secret de la formation du pus ont échappé jusqu'ici, et probablement échapperont toujours à nos recherches ; 2.° que le tissu cellulaire de- vient alors un nouvel organe chargé de fonctions nouvelles; 3.° que les qualités du pus ne peuvent être déterminées d’une manière générale, mais qu’elles sont relatives à la structure de l’organe aflecté, à la somme des propriétés vitales dont il est doué, et à la violence de linflammation. Passant à l’étiologie des abcès, Pauteur remar- que que la présence du pus suppose toujours une inflammation antécédente, soit qu’elle se montre d’une manière très-prononcée comme dans le phlegmon , soit que, s’'établissant lentement, elle MÉDECINE ET CHIRURGIE. 255 arrive plus lentement encore à son dernier pé- riode, comme dans certains tempéramens scrofu- leux, soit enfin qu’elle se concentre dans le milieu d’un organe, comme on le voit souvent dans les glandes qui arrivent à suppuration sans que l’in- flammation ait jusqu'alors dénoté sa présence. Les causes des abcès doivent être les mêmes que celles de linflammation dont ils sont la suite, c’est-à- dire , toutes les causes qui tendent à exalter les propriétés vitales. La symptomatolosie offre peu de difficultés, lorsque labcès, placé superficiellement, n’est re- couvert que par les tégumens, et que la fluctua- tion, l’indice le plus sûr de la présence de la matière purulente, est pour ainsi dire en évidence. Mais lorsque l’abcès, profondément situé, est re- couvert par une grande épaisseur de parties mol- les, le diagnostic devient très-obscur. Les signes commémoratifs, la vue et le toucher, sont alors à peine suffisans pour mettre un praticien habile en état de prononcer avec certitude sur la pré- sence d’un abcès. L'auteur entre dans de grands détails sur ce sujet où la moindre erreur peut con- duire, et a plusieurs fois conduit des hommes d’un grand mérite, aux conséquences les plus fu- nestes. Le second mémoire est consacré à la pratique, et finit par l'exposition des dangers, tant géné- raux que locaux, auxquels on peut exposer le malade en retardant l'ouverture d’un abcès. Érysi sipèle phlegmoneux, M. Ducasse. 1819. Fistules. M. Ducasse. 256 CLASSE DES SCIENCES: Une circonstance , tirée de sa pratique, a fourni à M. Ducasse une nouvelle occasion de nous entretenir des abcès dans une Observation sur un érysipèle phlegmoneux suivi de gangrène et d'abcès. Elle contient la description intéressante de Fétat vraiment extraordinaire d’un individu âgé de trente-quatre ans, qui, après avoir mené une vie active et laborieuse jusqu'alors, se livra à un repos presque absolu qui le fit arriver à une corpulence énorme. Il se forma bientôt chez lui un abcès, dont le foyer s’'étendait de Paisselle à la région des lombes. Cet abcès, dont il sortit, au moment de lincision, plus de deux pintes de pus, fut bientôt remplacé par quatorze autres foyers, de manière que, suivant lexpression de l’auteur, économie entière du malade ne semblait occupée qu'à une seule fonction, celle de faire du pus. Cet individu , dont les gens de Part n’espéraient plus rien, quoiqu'ils ne pussent s'empêcher de remar- quer avec étonnement qu'il avait cependant Poil très-bon, guérit au bout de huit mois et recouvra une santé parfaite (1). Nous avons déjà eu occasion de remarquer les effets singuliers produits par les dents sur léco- nomie animale. Par des rapports qui nous sont inconnus, et qu'il est même assez difficile de concevoir, les dents cariées exercent souvent une action sur les parties molles qui recouvrent ou avoisinent la mâchoire inférieure, en y produisant (1) Ce mémoire est imprimé dans la collecuon de M. Ducasse. MÉDECINE ET CHIRURGIE. 257 des ulcères qui présentent un aspect fistuleux, et sont pris quelquefois pour des fistules produites par un vice interne, méprise dangereuse qui fait regarder une affection locale et facile à guérir, comme une de ces plaies, pour ainsi dire éter- nelles, produites par une constitution viciée, et presque toujours de nature scrofuleuse, contre lesquelles l’art échoue presque toujours. M. le baron Larrey, associé étranger, a signalé trois exemples de ces prétendues fistules dues à la carie des dents. M. Ducasse, dans son Wémorre, en rapporte trois autres, dans lesquelles il n’eut pas plutôt aperçu le siége du mal, qu’il en soup- çonna la cause. Pour s’en assurer, il sonda les plaies et vit qu’elles se dirigeaient vers la bouche, et précisément dans la direction des dents cariées. Il n'hésita plus dès-lors dans son opinion sur la cause de ces maladies, fit arracher les dents gä- tées, et en peu de jours les plaies furent entière- ment guéries d’elles-mêmes. Ces trois observations l’engagent à conseiller un examen attentif de la bouche, dans toutes les plaies qui se déclarent vers la base de la mâchoire inférieure. M. Ducasse a lu aussi un Mémoire sur cette Engorgement question : La succion doit-elle étre mise en usage Se PRE dans lengorgement des mamelles qui survient 1814 pendant la lactation ? L'auteur commence par distinguer deux sortes d'engorgemens, qui peuvent survenir dans cet organe pendant qu'il remplit les fonctions que la x By ê Inflammation de Ja prostate, M. Ducasse, 1919. 258 CLASSE DES SCIENCES. nature fui à confiées. La première espèce est connue sous le nom d’engorgement indolent ; produit par latonie, il cède le plus souvent à la succion ou à des moyens analogues. Mais lorsque l'engorgement est de la seconde espèce, c’est-à- dire, lorsqu'il est produit par Pinflammation, il est des médecins qui conseillent l'allaitement, pratique que M. Ducasse proscrit comme vicieuse et tendant, outre les souffrances qu’il occasionne, à prolonger la durée du mal au lieu de Pabréger. Dans ce cas, l’auteur établit que le repos est ab- solument nécessaire à lorgane enflammé (7). Nous devons au même Académicien un Mémoire sur inflammation de la prostate et du col de la vessie. Après avoir décrit les importantes fonctions que remplit la glande prostate dans l’économie animale, M. Docasse trace le tableau des désor- dres locaux que fait naître linflammation pros- tatique, et ensuite l’altération générale qui ne tarde pas à les accompagner. Il veut que le mé- decin, après avoir pris tous les renseignemens propres à léclairer sur les causes du mal, le com- batte par un traitement rapidement agissant. Il détaille les moyens qu'il a lui-même mis en œuvre dans deux exemples de cette maladie, et qui lui ont parfaitement réussi (2). (1) Ce mémoire est imprimé dans la collection de M. Du- casse. (2) Idem. MÉDECINE ET CHIRURGIE. 299 Dans des Réflexions et Observations sur les tumeurs lacrymales, M. Ducasse remarque que les progrès de la chirurgie française, à l'égard de cette maladie, sont retardés, et que si le traite- ment de la tumeur lacrymale n’est presque ja- mais suivi de succès, c’est qu'on a méconnu la nature de ces affections, qui ne reconnaissent pas toujours, comme le pensent la plupart des prati- ciens, pour cause essentielle et primitive, le ré- trécissement du canal nasal, mais bien, la plupart du temps, l’inflammation chronique de la mem- brane interne des paupières et des glandes de Meï- bomius. Il démontre, tant par le raisonnement que par des observations qui lui sont propres, que les vrais principes auxquels il faut principalement s'attacher, sont ceux de lécole italienne, et en particulier du célèbre Scarpa, dont le procédé mérite presque toujours la préférence, et peut être appliqué non-seulement au flux palpébral puri- forme, mais encore à la tumeur lacrymale, lors même que, dans quelques cas, elle est déjà ré- duite à l’état de fistule simple (x). La pharmacie, qui doit suivre naturellement Part de guérir, auquel elle fournit ses agens les plus précieux , nous offre un mémoire dans lequel elle est envisagée d’une manière générale, ses travaux particuliers ayant déjà trouvé place dans l’article de la chimie, science avec laquelle elle a tant de rapports. (2) Ge mémoire est imprimé dans la collection de M. Ducasse, 17. Tumeurs lacrymales. M. Ducasse. 1816. PrHanMacrr, Nomencla- ture* M. Save: 1808, 260 CLASSE DES SCIENCES: En eflet, la chimie pharmacologique à puis- samment influé sur les progrès de la chimie phi- losophique, dont elle peut, en quelque sorte, être considérée comme le berceau; et, à son tour, elle a tiré les plus grands avantages des progrès de cette dernière; mais, moins heureuse sous d’autres rapports, elle n’a pas su, comme elle, se créer une langue appropriée à ses besoins et à son état présent, quoique les vices dé son langage actuel rendent pénible Paccès de la science, et puissent même en retarder la marche. Telle est du moins l'opinion émise dans un Mémoire sur une nou- velle nomenclature pharmaceutique, par un cor- respondant dont nous avons eu plusieurs fois l’oc- cation de mentionner les utiles travaux. M. Save, car c’est de lui qu'il s’agit, convaincu de l'influence que la rigueur et la clarté du lan- gage exercent sur la justesse et la filiation des idées, s'étonne d’abord de ce que lon s’obstine à conserver des classifications inexactes, et des for- mules compliquées, sans aucun avantage. Il vou- drait changer les unes et simplifier les autres; 1! voudrait sur-tout, et c’est là le principal objet de son mémoire, bannir sans retour de nos phar- macopées tous ces termes obscurs, mystérieux où équivoques, dont les moins vicieux ne sont peut- être pas ceux qui ne présentent aucune idée à l'esprit, et leur substituer des dénominations qui fassent connaître la nature des compositions, leurs propriétés, ou la manière dont elles ont été formées. MÉDECINE ET CHIRURGIE- 26% On ne peut qu'applaudir à de pareilles vues ; cependant M. Laronr, dans un rapport sur ce mémoire, tout en leur rendant justice, a néan- moins pensé que le moment n’est pas arrivé où Von puisse tenter avec succès une pareille entre- prise, et qu’il faudrait d'abord soumettre tous les médicamens à des expériences rigoureuses pour constater leurs propriétés, et le rôle qu'y jouent les substances qui les composent, expériences qui en feraient probablement rejeter un grand nom- bre comme inutiles, et permettraient de simplifier considérablement la composition de ceux qui se- raient conservés. Il croit qu’alors seulement, et lors- que les faits seront parfaitement connus, on pourra disposer les substances pharmaceutiques dans des classes méthodiquement formées, et qu’au moyen .de quelques radicaux bien choisis, et susceptibles de se prèter à toutes les modifications nécessai- res, 1l sera possible de former des dénominations claires, précises, et capables de se fixer aisément dans la mémoire ; condition essentielle, sans la- quelle le but qu’on se propose serait entièrement manqué. Ce serait ici la place d'exposer le système de nomenclature proposé par M. Save, mais ce détail nous ménerait beaucoup trop loin. L'art vétérinaire peut encore se ranger à la suite de la médecine, comme partant des mêmes principes, et sexerçant seulement sur des êtres différens. MÉDECINE YÉTÉRINAIRE. Claveau. M. le baron DE LAPEYROUSE, 18117, 262 CLASSE DES SCIENCES. Dans un Mémoire sur le claveau et sur son inoculation , M. le baron de Lapeyrouse fait con- naître cette maladie désastreuse des bêtes à laine, qui lui enleva le tiers du superbe troupeau de mérinos qu'il avait élevé à grands frais, malgré Pinoculation qu'il avait pratiquée sur ce troupeau, déjà attaqué du claveau spontané. Il résulte des essais faits par l'auteur, que Pino- culation du claveau, par piqûre profonde ou sous cuir, est presque toujours mortelle, et que Pino- culation superficielle, par incision de lépiderme, que notre confrère, M. Viguerie, a pratiquée sur son propre troupeau, ne garantit point ces ani- maux du claveau spontané; d’où M. de Eapey- rouse est obligé de tirer cette concluston ficheuse, que linoculation du claveau doit être rejetée. Ce n’est donc que par des précautions suivies, des mesures sagement combinées, et la stricte exécution des réglemens, qu’on pourra renfermer cette cruelle épizootie dans les lieux où elle s’est déclarée spontanément, et l'empêcher de s'étendre et de porter ses ravages dans les environs et même au loin. En finissant cette notice, nous ferons observer qu'il n’est pas de société savante dans laquelle on ne lise quelquelois des productions qui n’ont pas un rapport direct avec le but de son institution. On en à pu remarquer quelques-unes que nous avons fait éntrer, d’une manière un peu forcée, dans le cadre que nous avions adopté. I en est MÉDECINE ET CHIRURGIE: 263 d’autres qui n’ont pu absolument se prêter à cette classification, mais que nous ne pouvons néan- moins nous résoudre à passer entièrement sous silence pour ne pas refuser à leurs auteurs le tribut d'estime qu’ils méritent, soit par l'intérêt que pré- sentent leurs recherches, soit par les vues utiles que renferment leurs écrits. Tel est un Mémoire de M. Cazaux sur le com- merce de l'Inde, dans lequel il traite des com- munications avec l’Inde, décrit les anciennes routes du commerce que l’on faisait avec cette contrée, et cherche même à prouver que celle par le cap de Bonne-Espérance était connue des an- ciens. Traitant ensuite du commerce actuel avec l'Inde, il s'attache à prouver que ce commerce est plus nuisible qu’utile à l'Europe. Telles sont encore des Observations de M. le baron Mosnerox , correspondant, sur le com- merce , l’agriculture, les manufactures et les colonies , relativement à la France, en janvier 1920. Cet ouvrage prouve combien l’auteur est versé dans l’économie politique et l’histoire. II montre jusqu'à quel point la France, avec les avantages naturels qu’elle possède, peut élever la | masse de ses richesses. Il finit en réfutant lopi- nion , émise par certaines personnes, que les co- lonies sont nuisibles, et que leur abandon ren- drait le royaume plus puissant; il pense, au con- traire, que la France devrait se livrer à un système de colonisation plus étendu. 1812, 1820 264 CLASSE DES SCIENCES. HUITIÈME PARTIE. CONCOURS ET SUJETS DE PRIX. Depuis la création de l'Académie de Toulouse, les prix qu’elle a proposés ont été, par limpor- tance des sujets, en possession d’exciter Pambition de savans dont la réputation était déjà faite, soit en France, soit dans l'étranger, et nous retrou- vons avec orgueil sur la liste des vainqueurs, parmi une foule de noms recommandables, ceux de Clairaut, de Bossut, de Lecat, de Sauvages et de Camper. La nouvelle Académie s’est de même occupée d'appeler attention des savans, sur des questions dont la solution manque à lavancement ou au complément des diverses branches de la science. Nous suivons l’ordre anciennement établi pour le choix des questions; elles sont prises alternative- ment dans les Sciences mathématiques, les Sciences naturelles et les Inscriptions et Belles-lettres. Par ce moyen, les sujets proposés peuvent être an- noncés trois ans à l'avance, espace de temps sufli- sant pour que les concurrens puissent se livrer aux recherches théoriques, expérimentales ou critiques que peut exiger la composition de- mandée, CONCOURS ET SUJETS DE PRIX: 265 Nous allons rappeler ici les questions relatives aux deux premiers genres, celles qui ont rapport aux Inscriptions et Belles-lettres devant être mentionnées dans la notice des travaux de cette classe. Le prix consiste en une médaille de la valeur de cinq cents francs. Nous avons déjà eu l’occasion de rappeler lim- portance que l’ancienne Académie attachait aux questions relatives à hydraulique; nous ny en attachons pas moins, par l'utilité dont la solution de ces problèmes peut être dans une foule de circonstances. Le premier que nous proposämes nous parut mériter l'attention des savans. On ne peut construire un barrage dans une rivière, qu'aussitôt les riverains ne fassent en- tendre des plaintes; ils prétendent que le regon- flement des eaux détruit ou dégrade leurs pro- priétés. Jusqu’à quel point ces plaintes sont-elles fondées? A quelle distance, en amont du bar- rage, l’effet destructeur cesse-t-il de se faire sentir ? Une méthode exacte pour répondre à ces ques- tions serait d’un grand prix pour l'administration, les tribunaux et les particuliers. Guidée par ces considérations, l’Académie pro- posa, en 1512, pour le concours de 1813, la question suivante : « Déterminer les eflets produits sur un cours » d'eau par la construction d’un barrage moins SCIENCES MATHÉMATI- QUES. Barrages. Pompes. 266 CLASSE DES SCIENCES. » élevé que les bords de son lit, et donner des » formules qui expriment ses effets, et desquelles » on puisse déduire, 1.° la longueur du regon- » flement produit par la digue dans la partie su- » périeure du cours; 2.° la courbure longitudinale » de la surface de l’eau dans ce regonflement ; » 3.° la section de la tranche d’eau passant sur la » digue, et celle de toute autre tranche trans- » versale prise entre la digue et la partie supé- » rieure du regonflement. » On peut, pour simplifier la question, sup- » poser, 1.9 que la longueur du cours est indé- » finie; 2.° que les sections transversales de son » lit sont constantes; 3.° que l’axe de ce lit est » une ligne droite, et par conséquent que sa pente » est uniforme. » En donnant un si court délai pour traiter une question aussi diMicile, Académie n'avait compté sur aucun mémoire : son but était seulement d'attirer l'attention sur un sujet qu’on saurait bien devoir être remis au concours. Effectivement , il fut proposé de nouveau, en 1813, pour le concours de 1816; mais aucun concurrent ne s'étant présenté, le prix fut doublé, et la question remise pour le concours de 1819. A cette époque, aucun mémoire n'étant arrivé ni même annoncé, l’Académie ne conservant plus d'espoir, se vit à regret obligée de retirer définiti- vement ce sujet. L'effet utile des machines à élever l'eau corres- pondant rarement aux espérances qu'on En CONCOURS ET SUJETS DE PRIX. 267 conçues, l'Académie a proposé, pour sujet du prix à donner en 1823 : ; « Une théorie physico-mathématique des pom- » pes aspirantes et foulantes, faisant connaître le » rapport entre la force motrice employée et la » quantité d’eau réellement élevée, en ayant égard » à tous les obstacles que la force peut avoir à » vaincre, tels que le poids et linertie de la co- » lonne d’eau élevée, son frottement contre les » parois des tuyaux, son étranglement en passant » par les ouvertures des soupapes, le poids et le » frottement des pistons, le poids des clapets ou » soupapes, l'inégalité entre la surface supérieure » et la surface inférieure de ces clapets au moment » où la pression va les ouvrir, etc. Cette théorie » doit être basée sur des expériences positives, et » les formules qui en seront déduites doivent être » faciles à être employées dans la pratique. » L'Académie a été un peu plus heureuse dans les concours relatifs aux sciences naturelles, non que ses vues aient été totalement remplies, mais du moins elle a reçu des mémoires auxquels elle a pu donner des marques d'estime et de dis- tinction. Lorsque la découverte du fluide électrique eut ouvert aux physiciens une nouvelle route pour découvrir les secrets de la nature, la vivacité de l’action de ce nouvel agent sur l’économie ani- male fit penser qu'il pourrait être employé avec avantage dans le traitement de certaines maladies; SCIENCES NATURELLES: Électricité médicale, 268 CLASSE DES SCIENCES: mais le succès n'ayant pas répondu aux espérances qu'on avait conçues, ce genre de recherches, poussé d’abord avec beaucoup d’ardeur, finit par être presque totalement abandonné : il en a été à peu près de même à l'époque de la découverte de Pélectricité galvanique. Cependant, un agent qui produit des effets si énergiques sur le corps humain, doit sans doute, convenablement em- ployé, produire des eflets salutaires dont Part de guérir pourrait tirer un grand parti. L'Académie, convaincue de cette vérité, de- manda, en 1809, pour le concours de 1810 : « L'histoire abrégée des eflets produits par le » fluide électrique dans le traitement des mala- » dies, confirmée par de nouvelles expériences, » avec indication des manières d'appliquer le » fluide, les plus utiles; et des appareils connus, » soit galvaniques ou autres, les mieux appro- » priés aux différentes espèces de maladies. » Aucun mémoire n'ayant été présenté, vu la brièveté du délai accordé, le prix fut doubié, et la question remise pour le concours de 1812. Plusieurs ouvrages concoururent, et furent examinés avec soin par la classe. M. Casman fut chargé d'en faire le rapport à l'Académie, et ses conclusions furent adoptées. Il résulte de ce rapport, qu'aucun des mémoires présentés n’a parfaitement traité le sujet demandé, et fourni des résultats qui puissent faire regarder la science comme avancée à cet égard : Que cependant le mémoire inscrit sous len.° 3 CONCOURS ET SUJETS DE PRIX. 269 se distingue par une bonne méthode, une marche rapide, et une connaissance profonde du sujet. L'Académie, en se décidant à retirer le sujet de prix, accorda au mémoire n.° 2 une médaille d’or de la valeur de trois cents francs. M. Hernanpès, second médecin en chef de la marine au port de Toulon, se déclara l’auteur du mémoire, et fut à cette occasion nommé corres- pondant de l’Académie. Deux maladies, heureusement aussi rares qu’elles sont cruelles, et qui attaquent l’homme dans des fonctions nécessaires au maintien de la vie, ont-elles entr’elles quelque rapport? Peut-on tirer des cas d'observation qui se présentent rare- ment des moyens généraux de les guérir? Voilà des questions dignes d’attirer l'attention des théo- : riciens et des praticiens. L'Académie leur fit un appel en proposant, en 1812, pour le concours de 1819, la question suivante : « Assioner, d’après des caractères physiques et » chimiques, la nature du dabétès et du flux » cœliaque, et rechercher sil existe quelque ana- » logie entre ces deux maladies; indiquer les » signes qui annoncent leur imminence, les » moyens de les prévenir, et les remèdes propres » à les combattre. » Aucun mémoire n'étant arrivé en 1812, la question fut remise pour 1818, et le prix fut doublé. Un seul mémoire fut mis au concours. M. Du- casse fut chargé du rapport. Diabetès et flux cæliaque. Stratification des roches. 270 CLASSE DES SCIENCES: Il résulte de ce rapport, que le mémoire pré- senté est excellent dans la partie qui traite de la description du diabétes et des accidens qui se pré- sentent dans cette maladie, et que cette descrip- tion suppose une érudition immense ; mais que l'auteur a été moins heureux dans la partie qui traite des moyens proposés pour combattre cette maladie, et que ces moyens n’y sont pas discutés avec assez de soin ; que le tableau du flux coœlia- que n’est qu'ébauché, et qu’enfin la conclusion prise par l'auteur que ces deux maladies ne peu- vent avoir aucune analogie, ne saurait être ad- mise, du moins par les raisons qu’il en apporte. L'Académie se décida à retirer le sujet de prix; mais, voulant donner une marque de son estime à l’auteur du mémoire, elle lui adjugea une mé- daille d'or de la valeur de trois cents francs. M. Hernanpès s’en est déclaré l’auteur. L'Académie proposa, en 1818, pour le concours de 1821, une des questions les plus intéressantes que puisse offrir la géognosie. C’est la division des couches des masses minérales dont l’ensemble constitue la partie solide de écorce du globe ter- restre qui peut être soumise à nos observations. La question fut ainsi posée : «1.2 Faire connaître les circonstances particu- » lières que la stratification de chaque sorte de » masses minérales peut présenter, tant sous le » rapport de la forme des couches, que sous celui » de leur direction et de leur inclinaison. » 2.0 Déterminer les lois, soit générales , soit CONCOURS ET SUJETS DE PRIX. 271 » particulières, auxquelles la stratification des » masses minérales peut être soumise, Cette dé- » termination doit être basée sur des faits positifs » et bien constatés. » 3.° Indiquer, d’après les principes générale- » ment admis en physique et en histoire naturelle, » la cause de la stratification et de ses lois. » Aucun mémoire n’ayant été ni envoyé ni même annoncé, ce sujet fut retiré. La découverte récente de l’alcali contenu dans le fébrifuge dont la médecine faisait le plus d’u- sage, ayant attiré l’attention sur cette substance précieuse, l'Académie proposa, en 1827, pour le concours de 1824, les questions suivantes : + Déterminer, par des observations compa- » rtives, les cas où l'emploi des sels à base de » quinine est aussi avantageux que celui du quin- » quina ; » 2.9 Désignér les cas où il mérite la préfe- » rence, » Quinine. 272 CLASSE DES SCIENCES. NEUVIÈME PARTIE. ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. Nous terminerons cette notice en rendant compte des éloges par lesquels, en vertu d’un usage sa- cré, les Académies rendent un hommage public à la mémoire des membres que la mort leur enlève. Nous y joindrons de courtes notices biographiques sur ceux dont l’éloge n’a pas encore été prononcé. Lorsque l'Académie se reconstitua, en 1807, ceux de ses anciens membres qüi existaient encore étaient pour la plupart si avancés en âge, qu'on ne pouvait espérer de jouir long-temps de leur présence; et, en effet, les premières années aca- démiques furent toutes marquées par quelques pertes. M. Ganpe, Le premier que la mort nous enleva fut M. Gar- vers (Jean-Baptiste), né à Toulouse en 1726, d’une famille honorée du capitoulat. Il est de ces hommes heureusement organisés dont lesprit embrasse la presque totalité des con- naissances humaines , et qu'on serait tenté de re- garder comme nécessairement superficiels dans quelque partie, si lon ne savait ce que peuvent une ardeur opiniâtre pour l'étude, une juste dis- ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 273 tribution du temps, et la facilité qu’un esprit, déjà meublé d’une foule de connaissances, trouve à y en faire entrer de nouvelles, qui ont déjà une place marquée parmi les anciennes. M. Gardeil fut du petit nombre de ces hommes destinés à réussir en tout. Après avoir fait dans sa patrie des études couronnées par une thèse de philosophie qui fit présager ses succès futurs, il suivit avec distinction les cours de la faculté de droit, mais en sadonnant de préférence aux sciences et à la littérature ancienne. Il entra dans la congrégation de l’Oratoire, dans laquelle il trouva de bons maitres et d’excellens modeles ; mais ayant été envoyé au noviciat de Paris, il se lia avec les hommes qui tenaient alors le premier rang dans les lettres ; ils apprécièrent ses talens, et cherchèrent à en faire un adepte de leur philosophie. L’ami de Diderot et de d'Alem- bert ne pouvait rester décemment dans une con- grégation religieuse; 1l en sortit, et ne tarda pas à se répandre dans le monde, sans cesser de se livrer à l'étude avec une activité étonnante ; il apprenait à la fois hébreu , Panglais, Pitalien et l'espagnol; en même temps il dévoilait à d’Alem- bert, encore peu avancé dans la connaissance de la langue grecque, les finesses et les heautés des anciens auteurs, tandis que, par un échange ho- norable, le séomètre initiait son ami dans les mystères les plus profonds de analyse mathé- matique. Tous les deux suivaient les cours de chimie du célèbre Rouelle; enfin, M. Gardeil 19 274 CLASSE DES SCIENCES: s’adonna à la botanique avec tant de succés, que l'Académie des sciences de Paris se Pattacha en 1725, en le donnant pour correspondant à Ber- nard de Jussieu, dont il était l'élève; il suivit même les cours de l’école de médecine, et prit ses inscriptions, mais sans se faire recevoir docteur, malgré les conseils de Jussieu, qui voulait lui faire conférer ce grade pour l’attacher à son école d’une manière spéciale. Entraïné par son amour pour la botanique, M. Gardeil parcourut plusieurs provinces de la France”, explora une partie des Pyrénées, et ne rentra à Paris, après une longue absence, qu'après avoir considérablement augmenté ses connais- sances en histoire naturelle. Cependant, après tant de travaux, M. Gardeil n'avait encore rien fait pour sa fortune, si ce n’est ce qu'avait pu lui procurer la rédaction de la Gazette de France, dont il avait été chargé pen- dant quelque temps ; il sentit enfin la nécessité de prendre un état, et, guidé par l'amour de la pa- trie, c’est à Toulouse qu'il voulut l'exercer. La médecine fixa son choix; au moyen des inscrip- tions qu'il avait prises à Paris, il put obtenir le grade de docteur à la faculté de Toulouse, et se livra dès-lors à la pratique, jouissant dès son début d’une haute estime, et bientôt en possession en- tière de la confiance publique. Lors de la suppression des Jésuites, la chaire de mathématiques qu'ils occupaient à l’université de Toulouse ayant été mise au concours, on vit ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 279 avec étonnement un médecin, dont tous les mo- mens semblaient occupés par la pratique de son art, se présenter, et l’emporter sur des hommes qui s'étaient uniquement occupés de cette science. Une chaire de médecine étant venue à vaquer, M. Gardeil concourut et l’emporta de même. Le revenu de ces deux places, et le produit de ses économies, lui assurant une fortune indépen- dante , il renonça à la pratique pour se livrer à un travail qu'il méditait depuis long-temps; c'était une traduction complète des œuvres du père de la médecine. Il y travailla pendant trente ans, ne se lassant jamais de la revoir, et d’éclaircir les difficultés nombreuses du texte. La révolution, en supprimant les établissemens d'instruction publique, priva M: Gardeil de ses deux chaires, et d’une grande partie de sa for- tune. Il vécut dès-lors dans une retraite profonde. Nous avons dit qu'il avait partagé les opinions des philosophes du dix-huitième siècle; mais il revint bientôt aux principes les plus purs de la Religion, dont il pratiqua les devoirs avec exac- titude et la morale avec rigueur. Un seul trait pourra le faire juger à cet égard. Lors de lorga- nisation des écoles centrales, on lui offrit une chaire; mais il aurait fallu, pour loccuper, prêter serment de haine à la royauté, et ce serment, que son cœur désavouait, sa bouche n’eût jamais pu le prononcer; il refusa cette place, qui aurait cependant amélioré sa situation. Dans sa vieillesse, il partageait son temps entre 18. M.MARTIN- ST.-RoMAIN. 276 CLASSE DES SCIENCES: sa traduction d'Hippocrate, la lecture des Peres, et la culture de quelques plantes qu’il avait réu- nies dans son jardin. Il mourut dans les sentimens de la plus vive piété, le 19 avril 1808, dans sa quatre-vingt-troisième année. Outre sa traduction d’'Hippocrate, publiée en 1801 en 4 volumes in-8.°, on lui doit des élémens de physiologie, de pathologie et de thérapeuti- que, in-8.°, ouvrage clair et précis qu'il avait pu- blié pour l'instruction de ses élèves en médecine, et quelques mémoires sur des sujets d’érudition. M. Gardeil était depuis très-long-temps membre de l'Académie. Lors de sa réorganisation , il y fut appelé comme associé libre. M. Roger Marrix a prononcé son éloge dans la séance publique du 17 août 1809. L'année 1809 fut encore plus fatale; elle nous enleva deux de nos vétérans. Le premier fut M. Pabbé MarriN-SaxT-RomaIN (Pierre), qui, né au village de Plancherennes, en Auvergne, aujourd’hui département du Cantal, était venu de bonne heure à Toulouse pour y faire ses études. Ses succès dans les langues anciennes et les sciences exactes furent tels, qu'il devint bientôt répétiteur dans un des colléges de cette ville. Il se voua dès-lors à la carrière de linstruc- tion, et embrassa l’état ecclésiastique. Sa réputa- tion s'étant augmentée, il fut appelé à occuper une chaire de philosophie à Bordeaux ; mais bien- tôt M. de Brienne, archevèque de Toulouse, qui ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 277 avait la haute direction des études dans cette ville, rappela M. Martin dans sa patrie de prédilection, en le plaçant, dans la même qualité, au collége royal de Toulouse. Quelque temps après, la chan- trerie du chapitre de Montauban étant venue à vaquer, les protecteurs de M. Martin la lui firent obtenir; mais Pabbé Dommingon, chanoine de la même ville, prétendant avoir des droits à cet emploi, il sensuivit un prôcès qui obligea notre confrère de se rendre à Paris. À peine arrivé dans la capitale, il rencontra dans une société un ecclé- siastique fort aimable, et, comme cela arrive quelquefois, ils se sentirent dès cette première entrevue de Paffection lun pour l’autre, avant de savoir qui ils étaient : cet individu était l’abbé Dommingon lui-même. Dès qu’ils se furent recon- nus, il ne fut plus question de procès; M. Martin renonçÇa à la chantrerie en faveur de M. Dommin- gon, et celui-ci céda à son nouvel ami le canonicat qu'il laissait vacant. La possession de ce bénéfice n’empêcha pas M. Martin de continuer à résider à Toulouse, et d’y occuper sa chaire de philosophie jusqu’au moment de la destruction de l'instruction publique en France. Quoique M. l'abbé Martin se fût conformé, en qualité de professeur, aux lois de l’assemblée cons- tituante, cependant sa qualité de prêtre et ses principes qui contrastaient trop fortement avec ceux des anarchistes pour ne pas le faire remar- quer, lui firent sentir la nécessité de se faire oublier; il se retira dans une campagne où il mena M. Dusen- NARD. 278 CLASSE DES SCIENCES. une vie très-obscure pendant le temps de la ter- reur, et ne revint à la ville qu'après la chute de cet affreux système. Il fut alors nommé conser- vateur de la bibliothèque dite du Clergé, et après le décès de M. Castilhon passa, en la même qua- lité, à la grande bibliothèque de la ville, place qu’il a occupée jusqu’à sa mort, arrivée le 25 juin 1809, à la suite d’une maladie longue et doulou- reuse ; il était alors âgé de 70 ans. M. Martin-Saint-Romain avait été appelé à Académie à la place de M. Garipuy le fils, pour la section d'astronomie, science qu'il cultivait avec prédilection, et dont il a publié des élémens en latin; il a donné dans la même langue des élémens de logique (1); ces deux ouvrages sont encore estimés : il avait lu à l’Académie plusieurs mémoires sur la physique générale. À son réta- blissement, il y fut rappelé en qualité d’associé libre, Son éloge a été prononcé par M. Marqué- Vicron, dans la séance publique du 17 août 1809. M. Dusernan» ( Louis- Guillaume), naquit à Saint-Girons, le 9 septembre 1728, du receveur des tailles de cette ville. On l’envoya faire ses études à Toulouse, où il obtint le grade de doc- teur en médecine, et s’'appliqua fort jeune à la pratique de cet art, et à toutes les sciences qui (1) Logicæ elementa in usum collegii Tolosani regii. Tou- louse, 1758, in-12, ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 270 y ont rapport. Ses progrès furent tels, qu’une chaire étant venue à vaquer à l’école de médecine, M. Dubernard, n'ayant pas encore l’âge requis, se présenta dans la lice, et l’'emporta sur ses con- currens; mais comme il avait négligé de se pour- voir d’une dispense, il ne put recueillir le prix de ses efforts. L'année suivante, un nouveau con- cours ayant eu lieu, et la même raison ne sub- sistant plus (il avait alors trente ans), M. Duber- nard se présenta avec une confiance en ses forces qui ne fut point trompée, et obtint la place de professeur de matière médicale, de chimie et de botanique. La faculté ne possédant point de labo- ratoire, il en fit construire un à ses frais ; il suivit constamment, dans ses cours, la marche de la science, sacrifiant ses anciennes opinions à la nou- velle théorie, dans laquelle il apercevait l’expres- sion de la vérité. De même, dans l’enseignement de la botanique, il abandonna la méthode de Tournefort pour adopter celle de Linné, qui lui parut plus parfaite. En 1770, M. Dubernard fut nommé médecin de l’hospice civil, place dans l’exercice de laquelle il se fit remarquer, non-seulement par ses taiens, mais encore par ses soins et sa bienveillance envers les malades. L’estime universelle qu'il s'était ac- quise, le fit élever aux honneurs du capitoulat en 1782. Îl prouva qu'on ne s'était point trompé dans ce choix ; l'équité, la bienfaisance et Pamour du bien public marquérent tous les pas de son administration, 280 CLASSE DES SCIENCÈS. À peine venait-il d’être chargé de l’enseigne- ment de la botanique, que l'Académie lui confia son jardin, et lui permit dy faire ses démons- trations. Il en eut bientôt augmenté les richesses, et peu de temps après la Compagnie voulut le compter au nombre de ses membres. Il y fut appelé en 1761, et prit une part active à ses travaux jus- qu'au moment où il eut la douleur de la voir disperser par l'orage révolutionnaire, dans un âge où il ne pouvait guère espérer d'assister à son rétablissement. Cependant, lors de sa res- tauration , la Compagnie eut le bonheur de le voir rentrer dans son sein comme associé libre. L'année précédente, il avait été nommé professeur de clinique interne à l’école de mé- decine. Parvenu à l’âge de 82 ans, ce vieillard véné- rable jouissait encore de toute la force de son ju- gement, et dune vigueur qui lui permettait de faire ses leçons de clinique à l’hospice, et de visiter les nombreux malades qui réclamaient ses secours. Îl termina son utile carrière le 3 novembre 1809. Le nom de M. Dubernard n’a pas cessé de figurer sur la liste académique. Dans l’année qui suivit sa mort, un de ses fils, qui suit la même carrière, fut appelé par nos suffrages à remplir une place d’associé ordinaire. M. le baron pe LapeyrousEe a prononcé Péloge de M. Dubernard, dans la séance publique du 26 août 1811. M. Lafont, notre confrère, lui a ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 281 aussi payé un tribut d'estime au nom de Pécole de médecine (+). L’année suivante, l’Académie perdit son secré- taire perpétuel. M. Marrix ( Roger) était né en 1741, au village d’Estadens, près d'Aspet. Après avoir fait ses pre- mieres études à Saint-Gaudens, il vint les ter- miner à Toulouse par son cours de philosophie ; ce fut d’une manière si brillante, que ses cama- rades le regardaient comme un second maître, et qu’il emporta tout d’une voix le prix d’une thèse générale de métaphysique, fondé à cette époque par M. de Brienne. Ce prélat, voulant récompenser un mérite si extraordinaire, confia à M. Martin, qui n’avait pas encore vingt ans, une chaire de philosophie au collége royal. Le nouveau professeur, nourri de la lecture de Bacon, de Clarke’et de Locke, ne put sastreindre aux subtilités de l’ancienne école; il leur substitua des définitions claires et des raisonnemens solides, et se livra à une étude approfondie des mathématiques et de la physique. Ses succès dans la première de ces sciences furent marqués par un ouvrage qui mérita le suffrage de d’Alembert, et qui a été réimprimé (2), et il (1) Cet éloge est imprimé dans la Séance publique et extraor- dinaire de l'Ecole de médecine et de chirurgie de Toulouse, du g août 1810. (2) Élémens de mathématiques, nouvelle édition. Paris, Firmin Didot, an x, 1 vol, in-8.° M. ManTIN (Roger). 282 CLASSE DES SCIENCES. parvint à communiquer le goût de la seconde à M. de Brienne, qu'il décida à établir à grands frais un cabinet de physique expérimentale à Tou- louse. M. Martin quitta alors sa chaire de philo- sophie pour professer la physique dans ce nouvel établissement. Il porta dans ses cours lardeur et la clarté qui le caractérisaient; aussi furent-ils suivis avec autant d’empressement que de fruit, et, grâces à ses soins, le goût d’une physique fondée sur les principes rigoureux de Pexpérience et du calcul, $e répandit parmi les nombreux élèves qui venaient chercher linstruction dans cette cité. Une révolution qui bouleversait tout vint le détourner de ses paisibles travaux; il en avait embrassé les principes avec la modération d’un homme de bien, et exerça même quelque temps les fonctions paternelles de juge de paix; mais après la fatale révolution du 31 mai 17093, à la- quelle il avait tenté de s’opposer, cette modération lui fut reprochée comme un crime, et sa perte fut résolue. Obligé de fuir pour se soustraire à une mort inévitable, il se retira dans un village écarté, où , à l’aide d’un faux nom et de la qualification de marchand de bestiaux qu'il avait prise, 1l eut le bonheur de vivre inconnu jusqu’à la chute de Robespierre. Il reparut alors, et fut, quelque temps après, élevé au poste de procureur général syndic, alors le plus important du département; il montra dans l'exercice de ces fonctions un esprit d'équité et de modération, chercha à prévenir les ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 283 excès de la réaction, et parvint à sauver la tête de ceux même qui avaient demandé la sienne avec acharnement : vengeance digne d’une âme telle que la sienne, et dont il se rappelait toujours le souvenir avec délices. En 1705, M. Martin fut élu par le département de la Haute-Garonne membre du nouveau corps législatif, et classé par le sort dans le conseil des cinq cents. Il y fit quelques rapports sur les con- tributions, et d’autres sur l'instruction publique, qui lui valurent l'estime des savans de la capitale. Ses fonctions étant expirées en 1799, il fut, peu de temps après, appelé par le sénat à faire partie du corps législatif, organisé en vertu de la cons- titution de Van 8. Il en sortit définitivement en 1803, par l'effet du renouvellement quinquennal, et revint chercher à Toulouse des occupations plus analogues à ses goûts, en reprenant les fonc- tions de professeur de physique qu’il remplit avec toute l’ardeur d’un jeune homme, en se tenant toujours au courant des progrès de la science. Il mourut le 18 mai 1811, à l’âge de 70 ans, et comptant bo années de professorat. M. Martin était l’un des plus anciens membres de l'Académie; lorsqu'il y fut admis, il portait Vhabit ecclésiastique, et se trouve mème inscrit sur les anciennes listes sous le nom d’Abbé Martin, mais il n’était point engagé dans les ordres. A la restauration de l’Académie, il en fut nommé se- crétaire perpétuel. On trouve dans le recueil de nos travaux plusieurs mémoires de lui, parmi les- M. LAronT. 284 CLASSE DES SCIENCES. quels il en est deux sur les principes du calcul diférentiel. M. Cazaux a prononcé son éloge, dans la séance publique du 29 avril 1813. La première victime que moissonna la mort, parmi les nouveaux Académiciens, fut M. Laronr (Anne). Né à Fos, diocèse de Comminges, au- jourd’hui département de la Haute-Garonne, il se destina de bonne heure à l'exercice de la mé- decine. Après avoir fait d'excellentes études à Toulouse, il fut prendre le grade de docteur à Montpellier; de là il se rendit dans la capitale, où, par un assez long séjour, il acheva de se per- fectionner dans la théorie de son art. Parmi les villes où il pouvait s'établir pour se livrer à la pratique, il choisit celle de Toulouse, et ne tarda pas à s’y faire remarquer par ses succès, qui Pen- hardirent, très-jeune encore, à disputer une chaire vacante à l'école de médecine. S'il ne fut pas assez heureux dans cette lice pour lem- porter sur des concurrens, hommes du premier mérite et beaucoup plus anciens que lui dans l'exercice de leur profession, il sut du moins balancer les suffrages, et retira de cet essai une gloire qui mit le sceau à sa réputation. À une théorie profonde de la médecine, à une pratique éclairée, M. Lafont joignait de vastes connaissances; la physique, la chimie, les ma- thématiques même lui étaient familières; aussi, à l'organisation des écoles centrales, fut-il nomme ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 299 professeur adjoint de physique et de chimie, et remplit-il avec distinction les fonctions de pro- fesseur de physique, pendant toute la durée des fonctions législatives de M. Roger Martin. Lors de l’organisation de l’école de médecine, il fut appelé à la chaire de physiologie et d'hygiène, qu’il occupa jusqu’à sa mort d’une manière très- remarquable. M. Lafont avait embrassé, avec le plus vif en- thousiasme, les espérances de bonheur que la ré- volution semblait promettre à la France; mais il en détesta toujours les excès. Plus tard, il vit avec une sorte d'horreur un guerrier dont il avait ‘admiré les exploits s'emparer du trône. Ses senti- mens, déposés dans le secret d’une correspondance amicale que le hasard fit tomber, en 1813, entre les mains des autorités, lui attirèrent de leur part des reproches et même des menaces, qui aflecte- rent vivement notre malheureux confrère, qui déjà touchait à la vieillesse. Ce fut inutilement que les soins assidus et éclairés de ses confrères le firent échapper à la maladie grave qu'il essuya à cette époque; le coup était porté : Pesprit vif, limagination enjouée de M. Lafont avaient fait place à une humeur sombre et inquiète, et depuis ce moment il ne fit plus que languir jusqu’à sa mort, arrivée le 17 mai 1814. Entièrement absorbé par la pratique de son art, et par lardeur qu'il mettait à suivre les pro- grès des sciences qu'il aimait, M. Lafont écrivait peu, mais sa manière d'apprécier les mémoires M, Baux, 286 CLASSE DES SCIENCES. lus dans nos séances, prouvaient la profondeur et la variété de ses connaissances. Nous ne connais- sons de lui qu’un mémoire sur la chaleur animale, dont il a été question dans cette notice, et une topographie médicale de Toulouse. M. Ducasse a prononcé son éloge dans la séance publique du 24 août 1823. L'année 1816 nous enleva encore deux de nos vétérans. Le premier fut M. Brux (Jacques-Claude), doyen de l'Académie. Il était né à Montpellier, et trouvant dans sa ville natale tous les secours nécessaires pour ap- profondir les sciences médicales, vers lesquelles son goût se dirigeait, il y fit d'excellentes études, et obtint le titre de maître ès arts et en chirurgie. Il vint ensuite exercer sa profession à Toulouse, où il ne tarda pas à se faire connaître d’une ma- nière si avantageuse, que Les portes de l’Académie s'ouvrirent pour lui. Il occupa même pendant quelque temps une chaire d'anatomie à l'école royalé de chirurgie. Il dut la quitter d’assez bonne heure, puisque, dans la liste académique de 1782, il est déjà qualifié d'ancien professeur. M. Brun prenait le plus vif intérêt à tout ce qui concerne la chirurgie, et s’occupa beaucoup d'une question qui, vers 1780, partageait les hommes de l’art. Il s'agissait de la formation des os nouveaux autour des os morts, que David , célébre chirurgien de Rouen, sou tenait dans son ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 287 ouvrage sur la nécrose. M. Brun ne voulut point reconnaître cette formation, et dans plusieurs mémoires sur la prétendue régénération des os, combattit lopinion de David avec beaucoup de véhémence. Notre confrère avait de la vivacité dans les idées et de la causticité dans l'esprit; mais il manquait, dans la discussion, il faut bien l’a- vouer, de cette modération et de cette mesure qui ajoutent au mérite de celui qui a raison, et qui excusent celui qui, en dernière analyse , a le malheur d’avoir eu tort. Ce caractère occasionna à M. Brun des démèêlés assez vifs avec plusieurs de ses confrères, et même avec l’Académie. Cependant ces petites altercations n’altérèrent point l'estime que l’on portait aux talens et aux qualités morales de M. Brun ; aussi, au rétablis- sement de l'Académie, en 1807, fut-il placé le premier sur la liste, en tête des associés libres. Malheureusement à cette époque il était déjà presque octogénaire, et avait même depuis quel- que temps totalement abandonné l'exercice de sa profession, de sorte que nous ne pûmes profiter du fruit de ses lumières. M. Brun est mort le 25 mars 1816. La seconde perte fut celle de M. l'abbé Lecris (Nicolas-Antoine). On n’a pu se procurer des ren- seignemens sur sa famille ; on sait seulement que, né à Paris vers 1740, il y reçut l’ordre de la prètrise, et qu'il était conférencier de philosophie dans lun des séminaires de Paris, lorsque M. de M. l'abbé LEGris. 288 CLASSE DES SCIENCES. Brienne le nomma à la place de professeur de philosophie au collége royal de Toulouse, sur la réputation qu'il avait déja acquise et le témoi- gnage de ses chefs. La bonne méthode du nouveau professeur, son zèle, et le nombre d’excellens élèves qu'il forma, justifièrent le choix de M. de Brienne, qui, juste appréciateur du mérite, lui confia la place de principal du collége. Dans l'exercice de ses nouvelles fonctions, M. Legris développa les qualités de l’administrateur, et sut diriger et surveiller les études avec autant de succès qu'il en avait eu comme professeur. Cependant ces occupations assidues minant peu à peu sa santé, lui firent vivement sentir le be- soin du repos. Il se décida à quitter la place de principal, et M. de Brienne ne voulant pas que de si honorables travaux restassent sans récom- pense, lui conféra une prébende dans le chapitre de l'église métropolitaine Saint-Étienne. Cette retraite semblait promettre à M. Legris une vieillesse tranquille, qu'il se proposait de consacrer à la culture des sciences et des lettres; mais le sort en avait décidé autrement. Un orage terrible vint fondre sur les hommes comme sur les institutions, et la persécution s'étant particu- hièrement appesantie sur les prêtres à qui leur conscience n'avait pas permis de se soumettre au serment qu’on exigeait d'eux, M. Legris fut obligé de se soustraire à une mort infaillible. Lorsqu'il put reparaître sans danger, il se vit obligé de cher- cher de nouveaux moyens d'existence. Il se dévoua ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 209 alors à l'éducation de quelques enfans, que les familles les plus honorables s’empressèrent de mettre sous sa conduite, La confiance publique dont il était investi aurait pu lui permettre de former un grand établissement, utile à sa fortune, et qui aurait pu lui assurer un sort pour l'avenir ; mais comme il ne voulait s’en reposer sur per- sonne , il ne reçut qu’un petit nombre d’élèves. M. Legris avait fait une étude approfondie des sciences exactes, et peu de temps après son ar- rivée à Toulouse, il fut appelé à l'Académie, et attaché à la section d'astronomie. Il fut assidu aux séances, et lut plusieurs mémoires que nous n'avons pu retrouver. En 1807, il y rentra comme associé libre ; mais nous ne jouimes pas de sa présence autant que nous l’aurions désiré, car son élocution facile, sa conversation instructive et ses manicres douces et bienveillantes, le faisaient chérir de tous ceux qui le connaissaient. M. Legris est mort le 11 mai 1816, à la suite d'une longue et douloureuse maladie, regretté de ses amis, et béni des pauvres, auxquels il a légué le léger fruit de ses économies. Une des plus grandes pertes que püt éprouver PAcadémie fut celle de M. Picor ( Philippe), baron pe Lapevyrouse, né à Toulouse le 20 octobre 1744, de Jacques Picot de Buissaizon, négociant estimé, ennobli par le capitoulat. Après des études brillantes, M. Picot fut reçu avocat, et bientôt pourvu d’une charge d'avocat 19 M. le baron DE LAPEYROUSE. 290 CLASSE DES SCIENCES. général à la chambre des eaux et forêts du par- lement de Toulouse. L’exactitude et les lumières qu'il déploya dans l'exercice de ses fonctions au- raient pu faire croire qu'il suivait sa vocation, et que tous ses momens étaient consacrés à l’étude de la jurisprudence. Il n’en était cependant pas ainsi ; le seul respect pour les volontés d’un père, qui voyait dans la magistrature un moyen de fortune pour son fils, l'avait jeté dans une car- rière contraire à ses inclinations : le goût le plus irrésistible l'entraînait, depuis sa plus tendre en- fance, vers la contemplation de la nature, et tous les momens qu'un autre aurait employés à de frivoles délassemens étaient consacrés par lui à 'é- tude de l’histoire naturelle. Le renvoi des parle- mens, en 1771, lui laissa la liberté de se livrer à ses goûts favoris, et-d’agrandir le champ de ses connaissances ; aussi vil-il avec regret la nécessité de reprendre ses fonctions lors de leur rappel. Heureusement pour la science, le baron de La- peyrouse, son oncle, lui laissa, en mourant, une fortune assez considérable pour lui permettre de quitter sa charge d'avocat général, et de se livrer tout entier à l’histoire naturelle. Libre alors, à l’âge de trente ans, de se livrer aux travaux pour lesquels la nature semblait lavoir formé, il embrassa dans ses vastes recher- ches toutes les parties de la science de la nature, et S'appliqua particulièrement à explorer les P y- rénées, étudiant à la fois la structure des mon- tagnes, les végétaux qui les recouvrent, et les ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 29i animaux qui les habitent. Plusieurs ouvrages qu'il mit au jour lui acquirent une réputation qui n’a cessé de s’accroître. Son traité des mines et des forges du conité de Foix, traduit en plu- sieurs langues, se répandit en Saxe et en Suède, et fit autorité dans ces terres classiques de Ja minéralogie. M. de Lapeyrouse se préparait à faire jouir le public du fruit de ses immenses travaux. Non content d’avoir décrit, avec une scrupuleuse exac- titude et une élégante simplicité, les animaux et les plantes des Pyrénées, il les avait fait dessiner sous ses yeux, et allait publier une zoologie et une flore de ces montagnes, dans lesquelles lélé- gance du burin devait ajouter un nouveau charme à la vérité des descriptions, lorsqu’arriva cette révolution qui devait jeter tous les Français hors de leur sphère. Les premiers choix populaires se portèrent en général sur des hommes entourés de la considération publique ; M. de Lapeyrouse ne fut point oublié; il fut élevé à la présidence de Vadministration du district de Toulouse, et dé- veloppa, dans l'exercice de cet emploi, des talens et des principes de justice qui devinrent plus tard contre lui un motif de proscription. Jeté dans les cachots à une époque fatale, il n’échappa à la mort que par la révolution du 9 thermidor. Rendu alors à la liberté, il fut nommé inspecteur des mines, place analogue à ses goûts et à ses con- naissances, mais à laqueile il préféra bientôt la chaire dhistoire naturelle à l’école centrale de 19. 202 CLASSE DES SCIENCES. Toulouse. C’est alors qu'il put communiquer à de nombreux élèves, attirés par le charme de son élocution, et la clarté de ses descriptions, len- thousiasme dont il était pénétré pour la science de la nature, et qu'il en répandit le goût dans sa patrie. En même temps, il publiait les premières livraisons de cette magnifique Flore des Pyrénées, dont les amis de la science et des arts déplorent vivement la discontinuation. Cependant de nouveaux devoirs vinrent arra- cher une seconde fois M. de Lapeyrouse aux jouis- sances paisibles de étude. Au retour de Pordre , il fut appelé à remplir les fonctions de maire, et lon vit alors ce que peut une volonté ferme unie à de grandes lumières. Il réorganisa entièrement Padministration , dont les véritables principes avaient été oubliés, rétablit les revenus de la ville, lui en créa de nouveaux, dota les hospices dé- pouillés, enrichit le jardin de botanique, les bi- bliothèques et le musée, fit établir une école des sciences et des arts, et commença pour la ville un systéme d’embellissement qui a été suivi par ses suCCESsseurs. Après tant de travaux, il était permis à M. de Lape yrouse de désirer le repos, qui était pour lui, non l’inactivité, mais la culture des sciences. Il se démit de ses fonctions de maire, et devint professeur d'histoire naturelle à Pécole des scien- ces qu'il avait fait créer, et lors de l’organisation de l'université, il remplit les mêmes fonctions à la faculté des sciences, dont il fut aussi nommé doyen. ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 2093 Rien ne manquait alors à sa gloire : officier de l’université, chevalier de la légion d’honneur, correspondant de l’Institut, secrétaire perpétuel de notre Académie depuis la mort de M. Roger Martin, mainteneur de celle des Jeux Floraux, associé à une foule d’Académies étrangères, 1l jouissait, dans une vieillesse vigoureuse, d’un repos que rien désormais ne semblait pouvoir troubler , lorsque les événemens de 1815 l’ame- nèrent à la chambre des représentans, où le désir de faire le bien dans des circonstances difficiles lui fit accepter une place. M. de Lapeyrouse est mort le 18 octobre 1818, laissant une réputation européenne. Îl était l’un des membres les plus anciens de PAcadémie, où son nom se conserve; huit ans avant sa mort, il avait eu le plaisir de voir lun de ses fils, qui a hérité des goûts de son père, appelé à siéger parmi nous. M. Du Micr a acquitté la dette de P'Aca- démie à son égard, dans la séance publique du 31 août 1819 (1). M. Decampe lui a payé un pa- reil tribut au nom de l’Académie des Jeux Flo- raux (2). L'année suivante vit disparaître un homme également célèbre, mais dans un genre différent. M. Vinas (Jean) était né à Mirepoix, le 30 mars 1747, de parens pauvres mais honnêtes. Un (x) Notice sur la vie et les écrits de M. Philippe Picot, baron de Lapeyrouse. Toulouse, 1822, in-6.° (2) Recueil de l’Académie des Jeux Floraux, année 1819. M. VipaL. 294 CLASSE DES SCIENCES. de ses oncles, bénéficier au chapitre de cette ville, soigna sa première éducation. Un autre oncle, qui habitait Toulouse, où il était également bénéficier, V’attira près de lui et lui fit faire ses études. Dès que le jeune Vidal sut ce que c'était que l’astrono- mie, il prit pour cette science une passion telle, que, dépourvu des moyens de se procurer des instrumens, il en construisit lui-même d’après les descriptions qu'il en trouvait dans les livres. De tels instrumens devaient sans doute être bien imparfaits, mais ce zèle annonçait ce que M. Vidal devait être un jour; il lui valut l'amitié de Ga- ripuy, qui l’admit à partager ses travaux : ils obsérvèrent ensemble la comète de 1769. Enfin, M. de Bonrepos, ancien procureur général au parlement de Toulouse, consacrant ses loisirs à l'étude de l'astronomie, fit construire, dans une des tours du château dont il portait le nom, un observatoire qu'il pourvut des meilleurs instru- mens; mais ne pouvant se livrer entièrement aux observations, il en confia la direction à M. Vidal, dont la réputation croissait de jour en jour. Le digne descendant de Riquet fut si satisfait de son astronome, qu'en descendant dans la tombe il lui laissa une pension viagère de deux mille livres, et la propriété de ces instrumens. M. Vidal les fit transporter à Mirepoix, où il établit, dans sa maison , un observatoire qu'il a rendu célébre, et qui devint l’objet de ses plus chères affections. Il s'en sépara cependant pendant quelques années ; l'observatoire de Toulouse, abandonné pendant la ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 299 révolution, étant sorti de ses ruines, M. Vidal en fut nommé directeur, et chargé en mème temps d'y professer l'astronomie; mais des affaires de fa- mille, et sur-tout l’amour de sa patrie et de son observatoire, le ramenèrent à Mirépoix, où il résida jusqu à sa mort. | On a dit que l’histoire des gens de lettres était toute dans leurs ouvrages; celle de M. Vidal est dans ses observations : elles sont immenses. On lui doit entrautres un catalogue de 888 étoiles australes, visibles à Mirepoix sans Pêtre à Paris, et inconnues avant lui. « Ce catalogue n’indique » que des étoiles, depuis la cinquième jusqu’à la » septième grandeur inclusivement, qui toutes » ont été observées jusqu’à trois fois, toutes ré- » duites à un lieu moyen, ayant égard à leffet » de la réfraction, de laberration de la lumière, » et de l’axe de la terre. La position de toutes » ces étoiles fut ramenée à une époque commune » (celle du 30 décembre 1708), après y avoir ap- » pliqué l'équation de la précession des équinoxes. » Pour rendre son travail plus parfait, M. Vidal » voulut corriger les tables de réfraction dont on » s’est servi jusqu'ici, et le résultat de son travail, » le plus délicat possible en ce genre, lui fit » trouver qu'à 2° 15 de hauteur, la réfraction est » de 15! 37"; qu'à 4° 45’ elle est de 9! 41”; à 8° » de 6! 18", et à 10° 15’ de 5’ 2” (1). » Ie ARR A A ne (1) Biographie toulousaine, article Var, rédigé par M. Du Mège. 206 CLASSE DES SCIENCES. Ses travaux sur Mercure lui méritent une place à part dans l’histoire de l’astronomie, On sait com- bien cette planète est difficile à observer, parce qu’elle est presque toujours plongée dansles rayons du soleil. M. Vidal s’était fait une méthode parti- culière pour ses observations (1); elles lui atti- rérent l'admiration de Lalande, qui remarque, dans la connaissance des temps, que l’astronome de Mirepoix a fait à lui seul plus d'observations de Mercure que tous les astronomes de l'univers en- semble. Le même Lalande lui avait aussi donné le surnom de Trismégiste. À tous ces travaux il faut joindre ceux qu’il avait faits sur aimant, et dont nous avons parlé dans l’examen des mémoires de physique. M. Vidal était tout entier à ses observations ; ses goûts l’éloignaient de la société; il ne se livrait à aucune espèce de plaisir : le seul délassement qu'il se permit était la musique, dans laquelle il était fort versé. Quand il se sentait trop fatigué par le travail, il prenait son violon, et jouait de cet instrument pour lui seul, jusqu’à ce qu’il se sentit en état de reprendre le travail dont il était (1) Cette manière d’observer exigeait le concours de deux personnes. Pendant le séjour de M. Vidal à Toulouse, il se faisait aider par feu M. Castex , mécanicien habile. Lorsqu’il se fut retiré à Mirepoix, il eut le bonheur de rencontrer, dans son ami M. l'abbé de Vidalat-Tornier, homme aussi recomman- dable par son instruction que par ses qualités sociales, un ama- teur d'astronomie qui se fit un plaisir de lui rendre le même service , et de coopérer à toutes ses observations. ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 297 occupé. Minutieux et irritable comme tous les hommes qui vivent dans la solitude, il était cepen- dant bon et prompt à obliger, lorsqu'il en trou- vait l’occasion. Il ne manquait à celui qui avait consacré sa vie entière à l'astronomie que d’en être le martyr. Quoique avancé en âge et souffrant depuis quel- que temps, il voulut suivre la marche d’une co- mête qui venait de paraître. On eut beau l’engager à prendre du repos, il n’écouta rien, et le 2 jan- vier 1819, étant au bout de sa lunette à observer, par un temps glacial, la comète qui était sur horizon , il tomba sans connaissance , frappé d’une apoplexie foudroyante. Les gens de l’art, appelés sur-le-champ, le trouvèrent sans vie. M. Vidal était correspondant de l’ancienne Aca- démie. En 1807, il y fut appelé comme associé ordinaire ; mais lorsqu'il abandonna Toulouse pour retourner à Mirepoix, il donna sa démis- sion, et fut replacé sur la liste des correspon- dans. Il était depuis long-temps correspondant de lPlnstitut. Deux ans après, nous perdimes M. Lawpres (Pierre), né à Toulouse en 1746. Pour suivre les intentions de son père, procureur au parlement, il se fit recevoir avocat, mais ses goûts l’appelaient vers des travaux d’un genre différent. Dès sa plus tendre jeunesse il avait eu un goût décidé pour les études sérieuses, et il n’accordait pas un mo- ment à la dissipation si naturelle à son âge. I ne M. Laupriss, 208 CLASSE DES SCIENCES. pouvait passer devant un chantier ou un édifice en construction sans y porter un coup d'œil scru- tateur, et chercher à pénétrer la raison des tra- vaux qu'il voyait faire; et lorsqu'il ne pouvait y parvenir de lui-même, ses questions aux ouvriers prouvaient qu'il savait déjà où résidait le point de la difficulté. Son assiduité fut remarquée par lhabile ingénieur Garipuy qui interrogea le jeune homme, reconnut son mérite, et engagea son père à lui permettre de suivre la carrière vers la- quelle l’entrainait son goût et la nature de son talent. Ce fut sous les auspices de cet habile maître, qui, s’attachant à lui de plus en plus, finit par l'admettre dans son intimité, que le jeune Lau- pies apprit, en le pratiquant, l’art des construc- tions de toute espèce. M. de Brienne, qui avait conçu les projets les plus vastes pour l’embellisse- ment de la ville de Toulouse, sentant le besoin de s’entourer de bons ingénieurs, donna à M. Lau- pies la place d’inspecteur des travaux de la séné- chaussée de Toulouse, qu’il occupa successivement sous les deux MM. de Saget. A la mort du dernier de ces deux frères, il occupa la première place, et lorsque la révolution, amenant une nouvelle division territoriale, eut mis fin à l’existence des provinces, il fut nommé ingénieur en chef du département de la Haute-Garonne. Timide, réservé, aimant la solitude, et tout entier aux travaux de sa place et à l’éducation de ses enfans, il ne connut pas d’ennemis, et ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 2699 jouit du bonheur bien rare de traverser paisible- ment les temps orageux de la révolution. En 1807, il fut compris dans le noyau de la nouvelle Académie, et bientôt nommé associé libre; mais, quoique ce titre le dispensät des devoirs que nous imposons à nos membres, 1l ne se montra pas moins assidu à nos séances, qu’il remplit quelque- fois par d’utiles lectures. Cependant , les infirmités de la vieillesse s’ap- pesantissaient sur lui, et, en 1813, il fut admis à la retraite, qui lui fut accordée dans les termes les plus honorables et proportionnés à la longueur de ses services; mais le repos fut plus préjudiciable à sa santé qu’un travail actif auquel il était rompu depuis long-temps; son caractère sérieux dégé- néra en une mélancolie profonde, augmentée par des peines et des chagrins de toute espèce, et 1l cessa de vivre le 16 janvier 1820, regretté de tous ceux qui avaient connu. Jamais peut-être carrière aussi longue n’a été aussi complètement, aussi utilement remplie; le nom de M. Laupies se lie à toutes les construc- tions exécutées, à tous les projets formés dans cette contrée pendant un demi-siècle; ainsi il avait concouru à la construction des quais, du cours Dillon, du canal Saint-Pierre, et à la plan- tation des belles avenues du faubourg Saint-Cy- prien, qu'il ne Sattendait guère à voir dans sa vieillesse devenir victimes des ravages de la guerre. Parmi les vastes projets que son imagination, tou- jours ardente pour le bien public, lui avait fait M. le Ch.er D'AUBUISSON. 300 CLASSE DES SCIENCES. enfanter, nous avons mentionné dans cette notice ceux qui avaient pour objet d'amener les eaux de lAriése à Toulouse. Il avait aussi démontré la possibilité de mettre Toulouse et Bayonne en com- munication par un Canal de navigation, dont il avait fixé le point de partage sur le plateau de Lannemezan, où une dérivation de la Neste lui aurait fourni l'eau nécessaire aux deux branches de son canal. Celle qui eût été dirigée vers la Ga- ronne aurait rejoint ce fleuve à Muret, en des- cendant le cours de la Louge. Tant de travaux, et les soins journaliers et minutieux qu'il était obligé de donner à l’entre- tien et à la réparation des routes, lui laissaient encore des momens de loisir qu’il consacrait à la culture des sciences. M. p'Auuissox , secrétaire perpétuel, a pro- noncé léloge de M. Laupies dans la séance pu- blique du 26 août 1820. La dernière perte que nous ayons eu à dé- plorer nous a été d'autant plus sensible, que l'accident funeste qui l’a causée nous a enlevé M. le chevalier d’Aubuisson, dans un âge où il pouvait encore nous rendre de nombreux ser- vices (1). M. le chevalier »’Auruissox pe Voisins (Jean- Pierre-Marguerite), était né à Toulouse en mai (1) I s’est noyé en se baignant dans la Garonne, le 23 juin 1822. ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. JO 1770, dune famille ancienne et considérée. Il venait d’être admis en qualité d'élève dans le corps royal de lartillerie, lorsqu'il courut se ranger sous les drapeaux des Princes frères du Roi, sur les bords du Rhin; il fit alors la campagne de 1792, et passa ensuite à l’armée de Condé, dans laquelle il servit activement jusqu’à l’époque où elle fut licenciée. Rentré en France après la révolution du 18 brumaire , il se consacra entièrement à étude des sciences exactes, dont il n'avait jamais cessé de s’occuper par goût dans ses campagnes les plus pénibles, Choisi pour professer les mathématiques au lycée de Marseille, il employa tous les momens de loisir que lui laissaient l'exercice de ses fonc- tions à l'étude de l'astronomie théorique et pra- tique. Ses nombreux travaux en ce genre lui va- lurent lestime et Pamitié de plusieurs hommes célèbres, au nombre desquels étaient M. Delam- bre, M. le baron de Zach, et M. Vidal. Plus tard, sur la proposition du bureau des longitudes, il fut nommé directeur de l'observatoire de Toulouse, à l’époque où M. Vidal se retira à Mirepoix, et chargé en même temps de professer les mathéma- tiques appliquées à la faculté des sciences. En lPappelant dans notre sein, nous nous don- nämes un confrère des plus zélés. Non content de payer le tribut annuel que nos réglemens impo- sent à tous nos membres, il nous entretenait fré- quemment de ses observations, tant astronomi- ques que météorologiques, et de ses méditations MEMBRES MORTS AVANT LE BÉTABLIS- SEMENT DE L'ACADÉMIE. M. Dar- QUIER, 302 CLASSE DES SCIENCES. sur tous les objets qui ont rapport à lastrono- mie; et il était toujours prêt à se livrer avec zèle à tous les travaux qui pouvaient être de quelque utilité à l'Académie. M. le chevalier d'Aubuisson était un homme d’une grande simplicité de mœurs, sévère pour lui-même et indulgent pour les autres, d’une piété douce et d’un dévouement sans bornes à la dynastie légitime. Il était chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. M. Carey sest rendu l'interprète des regrets de l’Académie à son égard, dans la séance publi- que du 22 août 1822. Après avoir extrait des éloges des membres que nous avons vu disparaître de notre sein, les traits qui nous ont paru les plus propres à faire apprécier leur mérite et leurs vertus, nous aurions voulu consacrer également quelqites lignes à la mémoire de ceux des membres de l’ancienne Aca- démie, qui, n'ayant pas eu le bonheur de voir son rétablissement, n’ont pas reçu les honneurs dun éloge public; mais n'ayant pu nous procurer en- core tous les renseignemens qui nous étaient nécessaires, nous ne nous acquitterons pour le moment de ce devoir qu’envers quelques - uns d’entr'eux. M. Darqurer (Antoine) (1) naquit à Toulouse, (1) Et non Augustin, comme le disent par erreur les Bio- graphies qui ont parlé de cet astronome. ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 303 le 23 novembre 1718, d’une famille honorable de cette ville. Son grand père avait été capitoul, et son père était receveur général du clergé dans le midi de la France. Le jeune Darquier reçut sa première éducation dans la maison paternelle. Une nuit, son précep- teur étant entré par hasard dans la chambre de son élève, fut étonné au dernier point de ne pas le trouver dans son lit. Effrayé, il donne lalarme ; en un moment, maitres et domestiques sont sur pied; mais quoique la porte de la maison füt fermée , toutes les recherches sont infructueuses ; enfin, aux premieres lueurs du crépuscule, on aperçut l'enfant sur un toit, appuyé contre une cheminée, et absorbé dans la contemplation des astres. Il avoua que depuis un mois il quittait son lit toutes les nuits, et grimpait sur les toits par une lucarne pour observer les étoiles. Une vocation si vive et si décidée, dans un âge si tendre, ne pouvait être contrariée ; et le père de M. Darquier Penvoya au colléce des Jésuites à Paris, où i s’adonna particulièrement à l'étude de la physique et de Pastronomie. De retour dans sa patrie, il fut obligé de tra- vailler dans les bureaux de son père, qui voulait lavoir pour successeur dans son emploi; mais il consacrait à l’étude des sciences tous les momens de loisir qui lui étaient accordés, et bientôt elles n’eurent plus de mystères pour lui. Cependant les connaissances théoriques ne le satisfaisaient pas entièrement, et il se sentait entrainé vers les 304 CLASSE DES SCIENCES. observations astronomiques par un charme irrésis- tible; mais il fallait monter un observatoire, et il craignait un refus de la part de son père. Un voyage de quatre mois, qu'entréprit celui-ci, offrit au fils une tentation à laquelle il ne put résister. Le père, à son retour, est étonné de ne pas trou ver son fils dans son bureau. Il est obligé de Paller chercher dans une vieille tour qui faisait partie de sa maison, et qui, pendant son absence, s'était transformée en un observatoire déjà garni d’ins- trumens précieux. Cest dans cet observatoire improvisé que M. Darquier a fait, presque sans interruption, pendant G4 ans, des observations précieuses, et consultées encore avec fruit par les astronomes. On distingue sur-tout celles de Mercure, de l'anneau de Saturne, des satellites de Jupiter, etc. Des l’âge de trente ans, M. Darquier était connu et estimé des premiers astronomes de l'Europe, et dans le cours de sa longue carrière il entretint une correspondance suivie avec les hommes que dominait, comme lui, la passion de l'astronomie, Cassini, la Condamine, Lacaille, Messier, Mé- chain, Delambre, Lalande, Maskeline, Bode, Don Juan d'Ulloa, Piazzi, etc. Il fut de bonne heure nommé correspondant de l’Académie des sciences; depuis il Pa été de PInstitut. Non content d'observer lui-même avec une rare exactitude, 1l avait des caleulateurs à ses gages, ELOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 305 et formait des élèves, dont plusieurs se sont fait depuis une réputation, entrautres M. Duc-la- Chapelle, de Montauban. M. Darquier était receveur des impositions de la généralité d’Auch, et receveur provincial du clergé. Sa facilité pour le travail lui permettait de suffire aux devoirs de sa place, et à ses travaux de prédilection. La révolution le priva de ses emplois, lui en- leva une partie de sa fortune personnelle, et lui fit courir des dangers de plus d’une espèce, Une correspondance avec Méchain, alors en Catalogne occupé à la mesure d’un arc du méridien, corres- pondance dans laquelle il était question de chif- fres, de signaux, de feux à allumer sur des mon- tagnes, étant tombée entre les mains du comité révolutionnaire, on crut avoir saisi une conspi- ration flagrante, et l'existence de M. Darquier fut un instant menacée. Ce ne fut pas sans peine qu’un ancien ami de notre astronome vint à bout, sinon de faire comprendre, au moins de persuader aux membres du comité que ce travail était utile à la république. Aïnsi maltraité par la révolution, M. Darquier ne pouvait l’aimer, et il poussait cette aversion au point, que lorsque Lalande Jui demanda, au nom du comité d'instruction publique, la suite de ses observations pour les faire imprimer aux frais du Gouvernement, il ne consentit à les livrer que sous la condition expresse qu’elles conserveraient la date du calendrier grégorien, aimant mieux les 20 EL VICGUERIE. 306 CTASSE DES SCIENCES. brûler que si elles portaient la marque du calen- drier républicain sans-culottisé. On doit à cet astronome 1llustre une Urano- graphie, 1771, in-16, et des Lettres sur lastro- nomie pratique, 1786, in-8.° Ses Observations astronomiques ont été publiées en 2 vol. in-4.0 La suite a paru dans les Mémoires de l'Académie de Toulouse et l'Histoire céleste française de La- lande. On lui doit aussi la traduction des E/émens de géométrie de Simpson, 1756, in-8°, et des Lettres cosmologiques sur la construction de Punivers , de Lambert, 1807. M. Darquier est mort dans sa terre de Beau- mont-de-Lezat , le 18 janvier 1802. M. Vicuenie (Jean ) naquit en 1746, dans la vallée d'Aure, au village d'Hechettes, aujourd’hui département des Hautes-Pyrénées. Dans cette contrée reculée, les études étaient à peu près in- connues; aussi, à l’âge de treize ans, le jeune Viguerie n’en avait fait d'aucune espèce. À cette époque, son génie se développa ; il travailla avec opiniâtreté, et son goût se portant vers la chi- rurgie, il se rendit à Montpellier, où il étudia et pratiqua son art pendant dix ans. Les plus célè- bres chirurgiens de cette ville ayant apprécié la sagacité de son jugement, et l'adresse avec laquelle il maniait les instrumens dans les cas les plus difficiles, lui accordèrent leur estime et leur ami- tié. « Cest à lui, dit l’auteur de son éloge, que » école de chirurgie de Montpellier doit la pre- ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 30 » mière idée d’une école pratique; il en fut le » créateur, et il en jeta les premiers fondemens : » belle et salutaire institution, qui est devenue la » pépinière de ces chirurgiens instruits qui sont » l'honneur de cette école, et les bienfaiteurs de » Ja société, à qui ils rendent de si importans » Services. » M. Viguerie sentant la nécessité de se faire un établissement fixe, disputa la place de chirurgien en chef de lhospice civil d'Aix. Il ne put lem- porter; mais ce concours ne lui fut pas inutile, il lui valut les éloges les plus flatteurs de la part des juges, et avantage immense de vaincre une timidité extraordinaire. Îl en recueillit bientôt le fruit, lorsqu’en 1776 un concours fut ouvert pour la place de chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques de Toulouse. Au milieu de nom- breux rivaux d’une réputation déjà faite et d'un grand mérite, auquel Pun d’eux joignait de hautes protections, « M. Viguerie, dit encore son pané- » gyriste, paraît inopinément au milieu de cette » effervescence : sans parens, sans amis, sans » patrons, inconnu à tout le monde, étranger à. » toutes ces agitations, il ne peut leur opposer » que son talent et son savoir. Il étonne ses juges, » déconcerte ses rivaux; il se montre supérieur à » lui-même, et d’une main assurée 1l leur arrache » la palme jusqu'alors incertaine. » Il fut nommé chirurgien en chef, le 20 juillet 1776. Les soins qu'il donna aux militaires, qui étaient alors traités à hôpital Saint-Jacques, lui valurent, en 1782, 20. 308 CLASSE DES SCIENCES. d’être nommé, par le Roï, chirurgien militaire. L'année précédente, il avait été élu membre de PAcadémie. Tous les mémoires qu'il a composés sont re- marquables par des vues nouvelles. Ceux qui ont pour objet les fractures compliquées des extrémi- tés, lui valurent, en 1583, le prix d’émulation de l’Académie royale de chirurgie de Paris. Le premier, il fit connaître la nature et le traitement des hydrocèles congénitales; il inventa une nou- velle manière de faire l'opération de la fistule lacrymale, et sa méthode a été depuis générale- ment adoptée. C’est lui qui a mis hors de doute la réductibilité du sac herniaire. On lui doit Pu- sage du vin miellé dans le traitement des plaies et des ulcères; et c’est lui qui, le premier, à Tou- louse, a employé la sonde de gomme élastique, enfoncée dans le larynx pour prévenir la suflo- cation imminente dans les angines violentes. Ses travaux sur la nécrose lui firent aussi le plus grand honneur; il trouva des moyens plus doux et moins effrayans que ceux qu'employait David, chirurgien de Rouen, pour extraire des os nouveaux qui s'étaient formés autour des an- ciens, les séquestres de ces derniers. Le mémoire dans lequel 1l détaille les opérations qu'il avait pratiquées, est inséré dans le 3.%° volume des Mémoires de l’anciénne Académie. Nous ne pouvons, dans une simple notice, rapporter tous les travaux de cet Académicien. A de grands talens, il joignait une probité anti- ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 309 que, des mœurs douces, et une vivacité d'imagi- nation remarquable. Il fut enlevé par une fluxion de poitrine, le 28 janvier 1802. Ce fut Vune des grandes pertes que l'Académie eut à déplorer, lorsqu’elle reprit le cours de ses travaux cinq ans aprés. Mais le nom de M. Viguerie n’a pas cessé de figurer sur notre liste ; un fils, déjà cé- lèbre à cette époque, malgré sa Jeunesse, la fait revivre à n0S yeux. Cest le seul des membres morts pendant la dispersion de l’Académie dont on ait publique- ment honoré la mémoire, M. le baron de Laprv- ROUSE, Secrétaire perpétuel, ayant, par un exemple qui mériterait d'être suivi, prononcé son éloge, le 29 avril 1813 CN M. Lanexs (Etienne), né à Plaisance, petite ville d’Armagnac, comprise aujourd'hui dans le département du Gers, fut, jeune encore, envoyé à Tarbes pour y faire ses études en pharmacie. De là, il se rendit à Paris dans le dessein de se per- fectionner dans son art, et tels furent ses progrès, qu'au bout de peu de temps il fut jugé digne d'être chargé de la préparation des médicamens destinés aux embarcations de la Compagnie des Indes, emploi qu'il exerça pendant dix ans sous la direction d'Etienne Sage, pharmacien privi- légié de l'artillerie de France. Ce savant ayant TE ne PRE A 1.9 Le JUL L RER GOT CON LE EPS à (1) Notice historique sur Jean Viguerie. Toulouse, Belle. garrigue , 1813, in-8.o M. Lauens, 310 CLASSE DES SCIENCES. reconnu que les qualités morales du jeune homme égalaient son savoir, n’hésita point à lui confier le bonheur de sa fille, C’est à cette alliance que la ville de Toulouse dut Favantage de posséder M. Lahens. Antoine Sage, frère d’'Etienne, exerçait alors dans cette ville la pharmacie avec distinction, et cultivait avec la même ardeur la chimie, la bota- nique et la médecine. Plein de zèle pour l’avan- cement des sciences, il avait le premier conçu l’idée de Pétablissement d’une Académie à Tou- louse, et nous le comptons au nombre des trois fondateurs de notre société. Ne pouvant plus suffire sur ses vieux jours à la multitude de ses occupations, il sentit la nécessité de s’adjoindre un collaborateur éclairé et capable de le remplacer. Dans cette idée, il engagea son neveu à venir le joindre, et l'associa à son commerce et à ses tra- vaux. | M. Lahens sattira bientôt la confiance et Pes- time publique; et lorsque l'Académie eut perdu M. Sage, elle crut rendre hommage à sa mémoire, en le remplaçant par le successeur qu'il s'était donné lui-même, Le nouvel Académicien fit voir combien il était digne de cette préférence, en pre- nant une part active aux travaux de la compa- gnie, et en lui communiquant le fruit des recher- ches auxquelles il se livrait dans son laboratoire. Quelque recommandable que fût M. Lahens comme savant, 1lle futencore plus comme homme de bien. La piété la plus vive et la plus pure ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 311 dirigeait toutes ses actions, aussi fut-il bon père, bon époux et charitable à l'excès; il ne se con- tentait pas de fournir gratuitement des médica- mens aux infortunés, mais il les aidait encore de sx bourse, et cela même lorsque les désastreux effets du papier monnaie lui eurent fait perdre une fortune qu'il ne devait qu’à son travail. Aux occupations toujours croissantes de son établissement, se joignirent celles que lui don- nèrent l’intendance de la pharmacie des hôpitaux et des maisons de charité, qu’il remplit pendant vingt ans. Ces devoirs multipliés loccupèrent tont entier, et l’éloignèrent peu à peu de l'Académie. Il finit même par n’y plus paraître, et telle était sa sévérité sur l’article des devoirs, qu’il donna sa démission malgré les efforts qu'on employa pour le retenir. Mais l'estime et l'amitié des Aca- démiciens le suivirent dans sa retraite, et ils le regardèrent toujours comme leur confrère. Ge motif nous a engagé à ne point le passer sous silence dans celte notice. Cet homme estimable est mort le 3 novembre 1803, à l’âge de 72 ans. L'Académie a cru se rat- tacher une seconde fois à M. Sage, en appelant dans son sein M. Magnes, gendre et successeur de M. Lahens. M. Bexxer (Jean-Baptiste) naquit, en 1733, à Rodome, petite ville du pays de Sault, aujour- d’hui département de l'Aude, d’une famille bour- geoise considérée dans le pays. Son père ayant M. BeNxer. 312 CLASSE DES SCIENCES. beaucoup d’enfans, le confia à un oncle, curé de village, qui se chargea de son éducation. L'Eglise de France était alors troublée par de malheureuses querelles. Cet ecclésiastique ayant cru pouvoir opposer quelque résistance à lPévèque d’Aleth, encourut la disgrace du prélat, et fut exilé à Saint-Séver. Le'jeune homme n’ayant point voulu se séparer de son père adoptif, le suivit au lieu de son exil, et fit de brillantes études au collége de cette ville tenu par les Bénédictins. Se sentant du goût pour la médecine , il fut étudier à Mont- pellier, où il obtint le bonnet de docteur. Il vint ensuite se fixer à Toulouse pour y exercer son honorable profession, $ y distingua bientôt, et fut nommé médecin de la paroisse Saint-Etienne. Un concours ayant eu lieu à Puniversité pour une chaire de philosophie, M. Bennet l’emporta sur ses adversaires. La facilité et l’éloquence avec laquelle il écrivait et parlait la langue latine, lui valurent l'honneur de prononcer, à peu près chaque année, le discours d'ouverture. Ses connaissances dans la médecine, la chimie et les sciences exactes, lui ouvrirent les portes de l'Académie. Tant de succes, et une alliance honorable qui en fut la suite, le fixèrent pour toujours à Toulouse ; il y remplit même, dans les momens les plus difficiles, les fonctions d’officier municipal, et s’en acquitta en homme de bien, empêchant tout le mal qu'il pouvait, et rendant des services en s’exposant lui- même aux plus grands dangers. Lorsque la vieillesse lui fit sentir ses premières ÉLOGES ET NOTICES BIOGRAPHIQUES. 313 atteintes, M. Bennet, éprouvant le besoin du re- pos, se retira dans un petit bien, mince débris d'une grande fortune qui lui était substituée, et que la loi du 17 nivôse lui avait enlevée. En vain son oncle, qui sentait que cette fortune lui était due, puisqu'elle lui avait été promise en dédommage- ment de ses droits légitimaires qu’il avait abandon- nés à ses frères, voulait La [ui conserver au moyen d’une vente simulée; notre confrère avait trop de délicatesse pour consentir à cet arrangement, et il préféra la pauvreté , accompagnée d’une probité sans tache, à tous les avantages de la fortune. Cependant ses infirmités devinrent telles, que, malgré le courage stoïque avec lequel il les sup- portait, il fut obligé de venir chercher à la ville des soins nécessaires auprès de sa fille. Il ne fut point trompé dans son attente, et si les soins les plus tendres ne purent prolonger long-temps sa carrière, ils en adoucirent du moins les derniers momens. M. Bennet est mort le 18 octobre 1805. Nous aurions voulu donner également des no- tices sur quelques autres membres de l’ancienne Académie morts avant létablissement de la nou- velle ; mais les notes que nous avons pu recueillir sur ces estimables confrères n'étant point assez complètes, nous préférons de renvoyer leur article à lun des volumes suivans. En terminant, nous croyons devoir faire men- tion de deux membres qui, après avoir siégé dans 314 CLASSE DES SCIENCES. l'ancienne Académie comme associés ordinaires, en étaient devenus correspondans. Le premier, M. Boxxerous, l’un des membres les plus distingués d’une congrégation célèbre en France par les services qu’elle à rendus à lins- truction publique, mérita, par ses grands talens, d’être porté à la place de supérieur général des prêtres de la doctrine chrétienne. IL s’y fit remar- quer par la sagesse de son administration , et la fondation d’un grand nombre d’établissemens de son ordre. Après que cette institution eut disparu dans les tempêtes politiques, le zèle et les talens de M. Bonnefous ne furent point perdus pour sa patrie. Il devint administrateur des établissemens de bienfaisance de la ville de Paris, et fut associé aux utiles travaux de l'abbé Sicard. Cet homme recommandable a fini sa carrière en 1805. Le second, M. LomsArp, appartenait, lors de son entrée à l’Académie, à la même congrégation qu'il quitta depuis pour professer la rhétorique au collége de Montauban. A l’époque de la révo- lution, il se retira à Villefranche ( Aveyron ) où il occupa même quelques fonctions publiques. Mais rendu ensuite à des occupations plus analogues à ses goûts, il devint principal du collége de la mème ville, place dans laquelle il rétablit et fit fleurir les bonnes études, jusqu’à sa mort arrivée en 1814. Il avait remporté plusieurs prix à l'Académie des Jeux Floraux. 30 = OUVRAGES IMPRIMÉS PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE Par les Membres et les Correspondans de la Classe des Sciences (1). Réponse à la lettre de M. le docteur Valli, médecin militaire, sur la propriété anti-fermen- tescible et anti-putrescible de l’oxide rouge de mercure et du camphre; par M. Asrrer, corres- pondant. Toulouse, Caunes, 1815, in-8.° (2). (1) Plusieurs de ces ouvrages ayant été lus dans les séances de PAcadémie, et se trouvant ainsi mentionnés dans les Résump- tions, nous en reproduirons néanmoins ici, pour compléter cette bibliographie académique, les titres précédés d’un astérisque. Quant à ceux qui out été insérés dans des journaux scienti- fiques, quoiqu’ils aient été tirés à part, nous indiquerons la collection dans laquelle on peut les trouver. (2) Dans cet ouvrage, l’auteur expose son système sur la fermentation, système qui se rapporte en partie à celui de Buffon. Ce grand homme regardait les molécules organiques comme les instrumens immédiats de la fermentation, tandis que M. Astier, en admettant lexistence de ces molécules, pense qu’elles ne contribuent à la fermentation que lorsqu’elles sont déjà organisées en animalcules ou en plantules, ét que ces animalcules ou plantules sont la cause efhiciente des maladies contagieuses. Quoique cette opinion soit encore dans le domaine des con- jectures, elle ne doit pas être repoussée dans l’état actuel de la science, suivant le célèbre professeur M. Foderé, Traité des Epidemies. : 316 CLASSE DES SCIENCES. Méditations sur la fièvre jaune, et moyens de s’en garantir; par /e méme. Toulouse, J.°-M.°° Dou- ladoure, 1821,in-89 De la transmutation du sirop de raisin en vin; par le méme. (Journal des Propriét. ruraux pour le midi de la France, tom. xvir, 1821.) In-8.° Lettre sur la nutrition des végétaux; par le méme. ( Journal des Propriét. ruraux, tom. xx11, 1826.) Nouvelle théorie de la formation des filons, traduite de l'allemand de Werner, par M. »Au- BUISSON. Paris, 1802, 1 vol. in-8.° Traité sur l'exploitation des mines, et princi- palement sur celles de Freyberg en Saxe; par le méme. Leipsick, 1802, 3 vol. in-8.° Mémoire sur les basaltes de la Saxe; par /e méme. Paris, 1803, 1 vol. in-8.° (1). Mémoire sur la mesure des hauteurs par le baromètre, suivi d’un mémoire sur la quantité de vapeur aqueuse contenue dans Patmosphère ; par le méme. Paris, 1810, in-4.° * Traité de géognosie ; par le méme. Paris, Le- vrault, 1819, 2 vol. in-8.° Lettre à M.**, sur quelques objets de mi- néralogie ; par /e méme. ( Annales de chimie, tom. VII, 1800.) ———_—pZ (1) Cet ouvrage a été traduit en anglais par le docteur Neill. Edimbourg, 1814. OUVRAGES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE. 317 Du fer hydraté, considéré comme espèce mi- néralogique; par /e méme. ( Annales de chimie, tom. LXXV, 1610.) Description raisonnée de la préparation des minérais en Saxe, notamment de la mine de Beschert-Glück ; par Ze méme. (Journal des mi- nes, tom. x11 et XII, an 10.) Notice sur la fonderie de fer de Gleiwitz, dans la haute Silésie; par Ze méme. (Journal des mi- nes, {OM. XIV, an 11.) Notice sur les machines à vapeur de Tarnowitz en Silésie; par Ze méme. (Journal des mines, tom. xIV, an 13.) Nouvelle méthode d’assigner la direction des percemens dans les mines, et de tracer les plans des ouvrages souterrains; par / méme. (Journal des mines, tom. xv, an 12.) Notice sur exploitation des houiilères de Wal- demburg en Silésie; par /2 méme. (Journal des mines, tom. xv, an 12.) Du gisement et de l'exploitation d’une couche de galène, près de Tarnowitz en Silésie; par Le méme. ( Journal des mines, tom. xvir, an 13.) Exposé des travaux en usage à la fonderie de plomb de Frédérichshütte, près Tarnowitz; par le méme. (Journal des mines, tom. xvr, an 13.). Description des houillères d’Anzin, départe- ment du Nord; par le méme. (Journal des mines, tom. xVIH, an 13.) 318 CLASSE DES SCIENCES. De la mine de plomb de Poullaouen en Bre- tagne, et de son exploitation ; par /e méme. (Jour- nal des mines, tom. xx et xx1, 1806 et 1807.) Description succincte de la mine de plomb de Huelsoat en Bretagne; par /e méme. (Journal des mines, tom. xxI1, 1807.) Observations sur la chaleur souterraine, faites aux mines de Poullaouen et de Huelgoat en Bre- tagne; par /e méme. (Journal des mines, tom. xxr, 1807.) , Statistique minéralogique du département de la Doire (Piémont ); par /e méme. (Journal des mines, tOM. XXIX, 1012.) * Description et examen d’une machine souf- flante à tonneaux ; par /e méme. (Annales des mines, tom.ix, 1824.) Observations sur les machines soufllantes à piston des usines à four, dans le sud-ouest de la France; par /e méme. ( Annales des mines, t. xt, 1825.) Formules relatives à la force de la fonte et des matériaux de construction en général; par /e même. (Annales des mines, tom. xur, 1826.) Expériences faites sur les machines hydrau- liques des mines de Poullaouen, ayant pour objet de déterminer, à l’aide d’un dynamomètre, la charge de ces machines, et de faire connaître le rapport entre l'effet produit et l’eau dépensée ; par MM. »’Ausuissox et Blavon-Duchesne. ( Journal des mines, tom. xx1, 1807.) OUVRAGES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE. 919 Sur la mesure des hauteurs par le baromètre ; par M. le chevalier »'Ausuissox. (Journal des Propriétaires ruraux, tom. xv, 1819.) Thèse de chimie, présentée et soutenue à la faculté des sciences de Toulouse, le 23 juin 1813; par M. Basey, correspondant (1). Toulouse, Bel- legarrigue, in-/4.° Discours sur les chenilles qui dévorent les plan- tes; par M. Bécüicrer. (Journal des Propriétaires ruraux, tom. XVIII, 1822.) Elémens de calcul différentiel et intégral, 2.° édition; par M. BoucnarraT, correspondant. Pa- ris, V.° Courcier, 1820, 1 vol. in-8.° Cours de littérature, pour faire suite à celui de Laharpe; par Ze méme. 2 vol. in-8.° Notice nécrolosique sur MM. Ayral et Vi- dailhan; par M. Casirax. (Journal des Proprié- taires ruraux, tom. xx11, 1820.) * Considérations sur le phosphore ; par /e méme. { Journal de la Société de médecine de Toulouse, tom," r020:) Mémoire sur la digue de Cherbourg, comparée au breakivater ou jetée de Plymouth; par M. le baron Cacuix , associé étranger. In-4.° Observations sur la formation et sur emploi du fumier; par M. Cazaux. (Journal des Pro- priétaire ruraux, tom. xu1, 1817.) CR (1) Cette thèse a pour objet le calorique. 320 CLASSE DES SCIENCES. Mémoire sur la marne ; par /e méme. (Journal des Propriétaires ruraux, tom. xv, 1819.) Observations sur la plantation, la taille et les soins à donner à la vigne, et le choix des cé- pages; par le méme. (Journal des Propriétaires ruraux, tom. XVI, 1820.) Essai sur la constitution géognostique des Py- rénées; par M. ne CHARPENTIER, correspondant. Paris, Levrault, 1823, in-8.° * Mémoire sur la nature et le gisement du py- roxène en roche, connu sous le nom de Iherzolite; par le méme. (Journ. des mines, t. xxxn, 1812.) Mémoire. sur le terrain granitique des Pyré- nées; par /e méme. (Journal des mines. Février 1813.) Réflexions et observations anatomico-chirur- gicales sur l’anévrisme, traduites de l'italien de Scarpa; par M. Derrecr, correspondant. Paris, Migneret, 1809, 1 vol. in-8.° Précis élémentaire des maladies réputées chirur- gicales; par /e méme. Paris, 1816, 3 vol. in-8.° Mémoire sur la complication des plaies et des ulcères connus sous le nom de pourriture d'hô- pital; par /e même. Rapport sur une manière très-avantageuse de réduire en farine les pommes de terre; par M. Dis- pan. ( Journal des Propriétaires ruraux , tom. x1v, 1818.) OUVRAGES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE. 321 Mémoire sur le climat de Toulouse, et lin- fluence des points lunaires en général; par le méme. ( Journal des Propriét. ruraux, tom. xv, 1819.) Sur Ja température de l’année 1819; par le méme. ( Journal des Propriét. ruraux, tom. xvr, 1820.) * Rapport des commissions réunies de la Société d'Agriculture et de PAcadémie des Sciences, char- gées des expériences comparatives sur l'appareil vinificateur de M.' Gervais; par /e méme. (Journal des Propriétaires ruraux, tom. xvirT, 1822.) Rapport faisant suite au précédent; par méme. (Journal des Propriét. ruraux, tom. xvur, 1822.) Sur les inégalités de la surface du globe terres. tre; par /e méme. (Journal des Propriétaires ru- raux, tom. xVIII, 1822.) *Sur la fabrication de l’eau-de-vie; par /e méme. (Journal des Propriét. ruraux, tom. x1x, 1823.) Sur la culture du coton; par le méme. (Journal des propriétaires ruraux, tom. x1x, 1823.) * Mémoire sur la fabrication du beurre; par le méme. ( Journal des Propriétaires ruraux , tom: xix, 01023::) Rapport sur le procédé de vinification de M. La- vigne; par le méme. ( Journal des Propriétaires ruraux, tom. xix, 1823.) 21 322 CLASSE DES SCIENCES. Notice sur MM. Cazaux et Espinasse de Saune ; par le méme. (Journal des Propriétaires ruraux , tom. xx, 1824.) * Notice sur les chaux hydrauliques; par /e même. ( Journal de la Société de médecine de Tou- louse , tom. 1., 1826.) Plan détaillé de topographie, suivi de la topo- graphie du département du Gers, ouvrage qui a remporté le prix, au jugement de la Société d'Agriculture du département de la Seine ; par M. DrareT. 1801, in-8.° Traité de l'aménagement des boïs et forêts; par le méme. Nouvelle édition, in-12, 1812. ( La 1." édition est de 1807.) Traité des délits, des peines et des procédures en matière d'eaux et forêts; par /e méme. In-12, 3.° édition, 1818. (La 1." édition est de 1807.) Traité du régime forestier ; par /e méme. 2 vol. in-8.0, 1812. Description des Pyrénées; par /e méme. Paris, 1813, 2 vol. in-8.° * Considérations sur l'histoire naturelle des poissons , sur la pêche et Les lois qui la régissent ; par le méme. Toulouse, in-8.°, 1823. Traité du hêtre et de son aménagement, com- paré à celui du chène et des arbres résineux; par le méme. Toulouse, Douladoure, 1826, in-r2. L'art du Taupier, ouvrage publié par ordre du gouvernement; par /e méme. 14.°édit., 1825, in-1 2. OUVRAGES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE. 323 * Mémoires ét observations de médecine et de chirurgie; par M. Ducasse fils. Toulouse, Vieus- seux, 1001, in-8.° (1). Exposé des travaux de la Société royale de médecine, chirurgie et pharmacie de Toulouse, par /e même (de 1820 à 1286 ). * Réflexions sur les hernies étranglées avec in- flammation ; par /e méme. ( Journal de la Société de médecine, tom. 1, 1826.) Éloge de M. Gaugiran, membre de la Société de médecine; par M. Durrourc. (Séance publique de la Société de médecine de Toulouse, du 15 mai 1823.) Résultat des expériences faites sur les alliages de cuivre, d’étain, de zinc et de fer, considérés sous le rapport de la fabrication des bouches à feu et autres objets semblables; par M. Dussaussoy , correspondant. ( Annales de physique et de chi- mie, tom. vV, 1917.) Considérations sur les prisons de Toulouse ; par un conseiller de préfecture (M. Frac) (2). Toulouse, J.-M. Douladoure, 1816, in-8.° L'art du Boyaudier, mémoire qui a obtenu le prix fondé par M. le Préfet de police, et pro- (1) Voyez, pour le détail des mémoires contenus dans ce recueil, ci-dessus, pag. 238. (2) Voyez aussi la liste des ouvrages présentés à la classe des Belles-lettres, 21, 324 CLASSE DES SCIENCES. posé par la Société d'encouragement pour lin- dustrie nationale; par M. LABARRAQUE. Paris, M. Huzard, 1822, in-8.° De l'emploi des chlorures d’oxide de sodium et de chaux; par /e méme. Paris, M." Huzard, 1825. Note sur une asphyxie produite par les émana- tions d’une fosse d’aisance, suivie d’expériences sur les moyens de désinfection propres à prévenir de pareils accidens; par /e méme. Paris, Four- nier, 1825, in-8.° Traité de statique; par M. Lasey, correspon- dant. 1 vol. in-8.° Lettres minéralogiques et géologiques sur les volcans d'Auvergne; par M. Lacosre ( de Plai- sance), correspondant. 1805, in-8.° Annotations concernant deux erreurs qui se trouvent dans les lettres minéralogiques, etc. ; par /e méme. 1810, in-8.° Annotations sur une note qui se trouve à la fin d'un mémoire de M. Ramond, sur le nivelle- ment des plaines; par /e méme. 1808, in-8.° Lettre aux Amis de la Science du département du Puy-de-Dôme et des autres pays, pour leur recommander le cabinet de minéralogie de la ville de Clermont , et le jardin des plantes de la même ville; par /e méme. Clermont, 1823, in-8.° Analyse de l’eau minérale d'Audinac, et obser- vations sur ses propriétés médicales; par MM. La- OUVRAGES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE. 325 ronr et Macxes. Toulouse, Vieusseux, 1807, in-4. (1). Topographie rurale du canton de Montastruc, département de la Haute-Garonne, et tableau des améliorations qui ont été introduites dans son agriculture depuis environ cinquante ans; par M. le baron DE LAPEYROUSE : ouvrage auquel la Société d'Agriculture du département de la Seine a accordé le prix de cette année. ( Journal des Propriétaires ruraux, tom. x, 1814.) * Histoire abrégée des plantes des Pyrénées, et itinéraire des botanistes dans ces montagnes; par le même. Toulouse, in-8.°, 1813. Supplément à l’histoire abrégée des plantes des Pyrénées; par /e méme. In-8.°, 1818. * Mémoires sur quelques espèces d’orobes des Pyrénées; par /e méme. In-4.° ( Mémoires du muséum d'histoire naturelle, tom. 11.) (1) D’après cette analyse, l’eau minérale d’Audinac (Ariége) contient, sur 10 kilogrammes, les principes suivans : gre Sulfate de-chaux. . . - . à . . ne 0 PT 2 Sulfate de magnésie. . . . . . . . . . . 6, 508 Muriate de magnésie, . . . . . . . . . 3, 629 Carbonate de chaux. #2. 21. 0.1. 11, 8,266: Carbonate dérfer. tte doin. etune autre sur la chapelle de Saint-Antoine du T' 6 Description de la cathé- drale de Com- minges. 82 INSCRIPTIONS La dame d'Andoin, fondatrice de la congréga- tion de ce nom, donna, en 1638, tous ses biens pour l'entretien de douze veuves qui devaient se consacrer au service des pauvres. Elles servirent pendant quelque temps ceux de Hôtel-Dieu , mais leur petit nombre ne suffisant point à tant de tra- vaux, elles durent se borner à donner des leçons gratuites à des jeunes personnes de leur sexe. M. Marrior dit, en terminant sa notice, que leur maison avait été possédée autrefois par la famille du chancelier Guillaume Nôgaret. Dans le local où existe encore l’église et la mai- son de Saint-Antoine du T, il y avait, en 1327, une chapelle et un hospice, dont le chapitre de Saint-Etienne avait cédé la propriété aux cha- noines réguliers de Saint-Antoine de Vienne. La chapelle fut donnée aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1797, ainsi que la maison des chanoines, lorsque ceux-ci furent réunis à cet ordre religieux et militaire. M. Mazxior n’est pas le seul membre de lAca- démie qui se soit occupé de nos monumens reli- gieux. M. Du Mëce a présenté une MVotice sur l’église cathédrale de Suint-Bertrand,, et une autre sur celle de Sainte-Cécile d'Albi. Lugdunum, capitale des Convenæ , n’était plus qu’un monceau de ruines lorsque Bertrand de l'Ile vint sy établir. On y voyait encore les traces de la fureur des soldats qui avaient réduit cette cité en cendres ,, à l’époque où l’infortuné Gondevald vint y chercher un asile. Plein de zèle pour la ET BELLES-LETTRES. 85 prospérité de son diocèse, Bertrand de l’Ile releva les murs de Lugdunum , et y rassembla de nou- veaux habitans. Bientôt la reconnaissance vint donner à cette ville le nom du saint évêque qui en était le second fondateur. Ses successeurs concou- rurent à l’envi à la construction de l’église cathé- drale, et ce bâtiment fut entièrement achevé par les soins généreux d'Augues de Chatillon, évèque de Comminges, mort l’an 1352. Pierre de Quercus où Du Chéne , habitant de Lugdunum, légua la somme de mille florins pour la construction du grand autel de cette église. Cet édifice religieux est placé sur la partie la plus élevée de la montagne de Lugdunum. Un portail , orné de colonnes et d’un grand bas-relief en marbre blanc, occupe le centre de la façade. Ce portail rappelle le style d’architecture adopté en Europe avant les croisades. L'intérieur est dans le genre arabe, et lon peut comparer cette partie du bâtiment à la grande église des Cordeliers de Toulouse. Deux inscriptions romaines, très-bien conser- vées, sont placées dans le mur de la façade. Des vitraux mutilés couvrent encore quelques- unes des fenêtres, qui toutes sont dessinées en ogives. Une boiserie remarquable forme le chœur de l’église. Cette boiserie est chargée d’ornemens et de figures en bas-reliefs, et en marqueterie, de très- bon goût et d’une exécution savante, On n’en sera point sarpris lorsque l’on saura que la plus grande 6. 84 INSCRIPTIONS partie de cette boiserie a été sculptée sous le règne de Francois L.®, époque où les arts dépendans du dessin étaient cultivés avec succès. Le tombeau de saint Bertrand s'élève au fond du chœur. Il est chargé de peintures curieuses que lon a malheureusement fait retoucher, il y a peu d'années, par un peintre ignorant. On remarque dans l’intérieur de cette église des inscriptions consacrées à la mémoire de plusieurs évèques recommandables par leurs vertus. Le por- trait de Bertrand de Got, évèque de Comminges en 1209, créé ensuite archevèque de Bordeaux, couronné souverain pontife à Lyon, et célèbre par l’anéantissement de l’ordre des Templiers, est placé dans une chapelle. On trouve aussi dans cet édifice les épitaphes de plusieurs grands dignitaires du diocèse de Comminges. Le mausolée d'Augues de Chatillon est le mo- nument le plus remarquable de Péglise de Saint- Bertrand. La statue couchée de cet évèque est posée sur la partie la plus élevée du tombeau. Un long bas-relief en marbre blanc en couvre les prin- cipales faces. À droite de l’église, en entrant, on voit un cro- codile appendu au mur de la chapelle de la pa- roisse. On trouve près de cette chapelle une petite porte qui conduit dans le cloître. Des tombeaux, des inscriptions sépulcrales ornent cette partie de l’'é- difice. Quelques écrivains ont dit que le cloître de Saint- ET BELLES-LETTRES- 85 Bertrand renfermait les tombeaux des comtes de Comminges, et ceux des principaux seigneurs du pays : C’est une erreur. M. Du Mëcr fait remarquer que les comtes de Comminges n’ont jamais été en- sevelis à Saint-Bertrand. Le lieu ordinaire de leur sépulture était l’église de Bonnefont. Il n’y a dans le cloître de la cathédrale de Comminges qu’un seul tombeau de chevalier. Peut-être a-t-on pensé que ce monument renfermait les restes de Vun des comtes; mais on ne voit sur ce mausolée aucune inscription qui puisse justifier cette idée, et d'ailleurs l’écusson sculpté sur le principal côté du tombeau et sur la cotte d'armes du guerrier dont la statue orne la partie supérieure du monu- ment, annonce qu’il n’appartenait point à la fa- mille des comtes. On ne peut attribuer les autres tombeaux exis- tans dans le cloître de Saint-Bertrand aux souve- rains du Comminges, parce que tous ces sépulcres sont chargés d'inscriptions qui nous apprennent les noms des personnages qui y sont renfermés, personnages obscurs, et qui n’ont jamais régné sur la contrée. Une ouverture pratiquée dans lun des murs du cloître offre une des vues les plus pittoresques de toute la chaîne des Pyrénées. A droite, le mont Sacon élève sa cime souvent blanchie par les neiges. En face, des montagnes couvertes de forêts pré- sentent leurs pentes verdoyantes et sillonnées par des ruisseaux, Sur la gauche et dans l'éloignement, le sommet grisâtre et escarpé du pic de Gar con- 86 INSCRIPTIONS traste avec l'azur des cieux. La riante vallée qui entoure Lagdunum offre au voyageur l’image de la vie, de la fertilité et d’une nature toujours re- naissante ; mais sil se retourne vers l’intérieur de l'édifice où il est placé, les colonnes de ce cloître antique, les figures mutilées qui ornent les cha- piteaux, les débris qui recouvrent le sol, tout se réunit pour lui rappeler son inévitable destinée: des tombeaux entrouverts, des inscriptions funéraires multiplient devant lui les images de Ia mort. La destruction des monumens des arts fut trop souvent la conséquence des désordres religieux ou politiques. Pendant le 16. siècle, les sectaires renversèrent, dans tous les lieux que le sort des armes livra à leur fureur, les divers objets qui rappelaient le culte des images et les anciennes traditions de l'Église. Durant les troubles, qui trop long-temps ont agité la France, des mains sacri- léges ont aussi porté la dévastation dans nos an- ciens monastères, dans nos vastes basiliques. Ce- pendant, grâces aux soins de plusieurs hommes courageux, quelques-uns de ces monumens furent conservés : ainsi les départemens méridionaux peuvent montrer encore avec quelque orgueil les églises de Sainte-Marie d'Auch, de Saint-Just de Narbonne, de Saint-Saturnin de Toulouse. Mais, parmi les édifices religieux que Pon possède encore dans cette partie de la France, on doit surtout distinguer la cathédrale d'Albi: M. pu Mc a lu, dans une des séances de l'Académie, une ET BELLES-LETTRES: 07 Notice historique et descriptive de ce beau monu- Description ment. Suivant l’auteur, l’église épiscopale d'Albi ue TEA était d’abord dédiée à la sainte Croix, et avait été bâtie dans l’espace qui existe entre l’ancien palais des comtes et l’église actuelle. Le 15 août 1282, lévèque Bernard de Castanét posa solennelle- ment la premiere pierre de la nouvelle cathédrale, et pour en hâter la construction, il voulut que chaque bénéficier du diocèse y contribuât d’une partie de ses revenus. Malgré cette mesure, l'église ne fut terminée qu’en 1512, 230 ans aprés sa fondation. Bernard de Fargis et Jean de Saya, successeurs de Castanet, firent continuer l'édifice. Dominique de Florence construisit le premier portail. On dut à Guillaume de la Volta la der- nière arcade du côté du couchant, et pendant son épiscopat, le clocher s’'éleva jusqu’au niveau de la toiture. Le cardinal Joffredi dédia l'église à sainte Cécile, et fit peindre une partie des cha- pelles. Louis d’Amboïse est l'auteur des construc- tions intérieures, et particulièrement de celle du chœur. Par ses soins, la tour fut élevée de 64 mètres au-dessus des voütes de l’église, ce qui lui donna une hauteur totale de plus de 94 mètres ou d'environ 290 pieds. L'église fut consacrée le 23 avril 1496, par Louis d’ Amboise. Le neveu de ce prélat lui ayant succédé, appela, en 1502, des artistes italiens qui furent chargés du soin de peindre la voûte. Cette magnifique décoration ne fut terminée qu’en 1512. La longueur de léglise, en y comprenant la proiondeur des chapelles si- 6 + 88 INSCRIPTIONS tuées aux extrémités, est de 92 mètres 5 centi- mètres, ou d'environ 284 pieds; la largeur, en y comprenant la profondeur des chapelles latérales, est de 27 mètres 28 centimètres, ou de 73 pieds 2 pouces. La hauteur de la voûte au-dessus du pavé est de 30 mètres. La plate-forme octogonale et vaste du clocher est à 130 mètres au-dessus du niveau ordinaire du Tarn, dont les flots bai- gnent le tertre sur lequel l’église est bâtie. La tour était massive jusqu’à une très-grande hau- teur : l'archevêque Charles Legoux de la Berchère fit tailler dans la maçonnerie une chapelle qu’il dédia à saint Clair, premier évêque d'Albi. Cette forte excavation ne paraît pas avoir porté atteinte à la solidité de l'édifice, mais, pour la pratiquer, il fallut détruire une partie des peintures qui or- naient cette partie de la nef. L'entrée de l’église est placée au midi. On trouve d’abord le premier portail bâti par Dominique de Florence. Un escalier majestueux, composé de 42 marches, conduit à une plate-forme sur laquelle s'ouvre la principale porte de l’église. Des piliers s'élèvent sur cette “plate-forme, et supportent à une grande hauteur des arcs décorés dans le style arabe : les pierres qui les forment sont découpées avec une grande délicatesse. Les ornemens sont du meilleur goût. Le ciseau de l’ouvrier a triomphé des diMicultés que présentait ce travail. Des pierres extraites des carrières voisines d'Albi ont été transformées en feuillages, en rinceaux, en ogives. Considéré en masse, ce monument est l’un des plus hardis et ET BELLES-LETTRES: 89 des plus beaux de cette architecture nommée vul- gairement Gothique , et qui cependant ne fut con- nue qu'après les premières croisades. L'église elle- même présente l’une des masses les plus colossales que l’on ait construites en briques. Elle est divisée en deux parties, la nef et le chœur. M. Du Mice décrit chacune de ces parties, ainsi que les pein- tures qui recouvrent les murs et les voûtes, et les nombreuses pierres tumulaires qui forment le pavé. Les bornes de ce rapport empêchent de donner ici ces descriptions minutieuses, peu sus sapre d'analyse, et qui offrent des détails que lon doit d’ailleurs retrouver dans un grand ou- vrage que M. Du Mice a annoncé. De nombreux dessins accompagnent la Notice sur l’église de Sainte-Cécile; on distingue sur- tout ceux qui représentent les tourmens des damnés, d’après une fresque qui existe encore dans la nef, et le tableau dans lequel on voit le célèbre cardinal Joffredi, accompagné de ses frères. Nous avons dit que tous les peuples de Panti- quité honoraient les morts. La Religion chré- tienne ajouta au respect qu'inspiraient les sépul- cres. Elle les plaça sous la sauve-garde de la croix, et souvent même dans les enceintes sacrées destinées au culte. Aussi, jusqu’à Pépoque désas- treuse de 1703, on révéra généralement les tom- beaux. La piété filiale, lPamour conjugal, la re- connaissance élevèrent dans les temples un grand nombre de mausolées. On a vu le fanatisme ré- Notice sur la chapelle sé- pulcrale des Comtes Toulouse. de 90 INSCRIPTIONS : volutionnaire y porter une main sacrilége , et tandis que, non loin de la capitale, une troupe effrénée souillait les cercueils des Rois et insultait a leur mémoire, des hommes égarés brisaient dans Toulouse les tombes de l’infortuné Du- ranti (x), du savant Dufaur (2), et de l’immortel Fermat (3). Alors on mutila presque tous les objets de la vénération publique, et l’on crut bien mériter de la patrie en eflaçant ce qui naguères en faisait la gloire. Au milieu du désordre universel, un heureux hasard préserva les sarcophages des comtes Guil- laume-Taillefer et Pons, et de quelques princes de leur famille, L'Académie était rassemblée de- puis peu de mois, lorsqu'un de sés membres, M. Do Mëcr, lui présenta une Voice sur La cha- pelle sépulcrale des comtes de Toulouse. Elle ap- prit ainsi que les mausolées de plusieurs des anciens souverains de cette ville existaient encore. La chapelle sépulcrale des comtes est située à l'extrémité du bras droit de la croisée de l’église de Saint-Saturnin, entre deux piliers boutans. Après avoir rappelé l’état de ce monument fu- néraire à l’époque où Catel (4) écrivait, M. Du (1) Premier président du parlement de Toulouse, assassiné par les ligueurs le 10 février 1589. (2) Premier président, auteur de plusieurs ouvrages estimés. Il était eñseveli dans l’église des Augustins. (3) Son tombeau était dans l’une des chapelles du cloitre des Augustins. (4) Auteur de l'Histoire des Comtes de Toluse et des Mémoires sur l'histoire du Languedoc. ET BELLES-LETTRES. ot Mèce décrit les réparations qui y furent faites, en 1648, par les ordres des capitouls : une ins- cription placée alors au-dessus de la porte annon- çait que la piété de ces magistrats municipaux réédifia les tombeaux des comtes, recueillit leurs cendres et leurs ossemens , qu'un long espace de temps avait arrachés des sépulcres entr'ouverts(x). L'auteur prouve ensuite que lun de ces tombeaux était celui du comte Guillaume Taillefer ; que le second appartenait au comte Pons; que dans le troisième reposent les restes d’un autre Pons, fils du comte Guillaume, et ceux de son frère; et enfin que le quatrième contenait les cendres de Raymond Bertrand. M. Du Mÿcr s'attache ensuite à démontrer que deux de ces tombeaux furent faits long-temps avant l'existence des comtes de Toulouse : il les met au nombre des monumens sur lesquels Bosio (2) et Arrighi(3) ont écrit, et qui proviennent des premiers chrétiens. Il y re- trouve en effet le monogramme de Christ formé dun X Chi et d'un P, et l_4/pha et lOmega , les figures des apôtres, la multiplication des pains, etc. Le style du dessin du mausolée qui est placé au fond de la chapelle annonce d’ailleurs qu'il ap- partient à une époque bien antérieure à celle où les (1) Calcatos comitum cineres conoulsaque claustra Et quœ longa dies tumulis violärat aperlis, Octovirum instaurat pietas , meliusque reponit: Felices operis, etc. (2) Roma sotteranea. (3) Roma subterranea. Croix pla- cées sur le sommet mont Vallier. du Saint- 92 INSCRIPTIONS comtes de Toulouse furent institués. Outre les autorités que l'auteur fournit en faveur de son système, il sappuie aussi du témoignage de MM. Mix et de Camsry, savans archœæologues, qui ont adopté son opinion. En terminant cette Notice, Vauteur fit entendre le vœu de voir bientôt les tombeaux des comtes dégagés des débris et des immondices qui les re- couvraient, et réparés avec soin. l’Académie accueillit favorablement cette idée. Une commis- sion (1) dut solliciter à ce sujet les secours de administration. Les magistrats accueillirent cette demande, et bientôt la main de l'art eflaça les traces que le temps avait imprimées sur le Sacel- lum funèbre des comtes de Toulouse. Dans son voyage au mont Saint-Vallier, M. Pa- GÉS, de Seix, a réuni quelques notions sur les monumens français qui existent encore dans cette partie des Pyrénées. Il décrit d’abord les deux croix chargées d’ins- criptions qui sont placées sur le sommet du mont Vallier. Suivant la tradition, lune d’entre elles y fut portée par saint allier, premier évêque de Conserans, qui, si lon en croit Grégoire de Tours et les auteurs de la Gallia christiana , Vi- vait avant lan 506. L'autre croix porte la date de 1678. L'inscription, très-fruste maintenant, est restituée par M. PAGés. Il prouve, en expliquant, (1) Cette commission était composée de MM. Maxrxior et Do Mèer. Elle fit à l’Académie un Rapport sur létat de la chapelle sépulcrale des Comtes de Toulouse, le 5 mai 1808. ET BELLES-LETTRES. 03 que l’évêque du Conserans assista à la plantation de cette croix, ou que cette cérémonie eut lieu par ses ordres. L’évêque qui occupait alors le siége de Saint-Lizier était M. De Marmiesse , né à Tou- louse, et qui, ayant succédé au célèbre Pierre de Marca, en 1663, ne mourut qu’en 1680. M. PAGés donne ensuite la description du Cou Couvent des vent des Templiers, situé dans la vallée de Salau , ns : au delà du village de Couflens. On y voit encore les armoiries et les devises des chevaliers. Ce mo- nastère avait trois cloîtres. Il n’existe plus qu'une partie de la colonnade de Pun d’entre eux. La porte d'entrée est surmontée du monogramme de Christ, formé d’un X Ci et d'un P Rho, et cantonné des lettres -4/pha et Omega. Cest le signe qu'on retrouve sur tous les édifices bâtis par les chevaliers du Temple. On doit à M. Du Mice un Mémoire sur La ville mémoire sur de Montpezat , en Querci, et sur son église collé- pet de giale. L'histoire ne commence à faire mention de sur son église. Montpezat que pendant la seconde moitié du 1 2." siècle. Cette ville portait alors le titre de châtel- lenie, et dépendait des comtes de Toulouse, et elle fut donnée en fief par Raymond F, lun d'entre eux. En 1214, Simon de Montfort en fit raser les murs et les habitations. Lorsque les trou- bles furent appaisés, le château, ou le bourg de Montpezat, fut rebâti. En 1236, ou vers le com- mencement de 1237, les inquisiteurs arrivent à Montauban. Leurs satellites se répandent dans les campagnes voisines. Tous les seigneurs loyaux 04 INSCRIPTIONS envers leur suzerain , tous ceux qui ont combattu les croisés, ou qui n’ont pas livré aux soldats de Montfort les malheureux sectaires, sont trainés devant le tribunal. {rnaud de Montpezat est du nombre de ces infortunés. Il s’est opposé à l’usur- pation de Montfort, il a été fidèle à ses sermens ; il a été humain et tolérant : ces crimes doivent être expiés. Les inquisiteurs le condamnent à être bäti entre quatre murailles, c’est-à-dire à passer le reste de ses jours dans un cachot dont la porte est remplacée par un mur épais : sa châtellenie est adjugée à l’évêque de Cahors. Dans la suite, en 1254, le comte Z/phonse obtint qu'il aurait en toute propriété la terre &e Montpezat. On peut croire qu’elle fut rendue alors, ou peu de temps après, à ses anciens maîtres. Bonne, sœur et hé- ritière de Gaillard de Montpezat, porta, vers lan 1286, cette seigneurie dans la maison de Desprès, qui a donné de grands hommes à l’Église et à l'État. Lun d’entr eux, Pierre Desprès , [ut ar- chevèque d'Aix et cérdhaall Jean Desprès fut évêque de Castres, et Raymond Desprès monta sur le siége épiscopal de Clermont. La seigneurie de Montpezat fut dans la suite unie à celles que possédait la maison de Lettes. Antoine de Lettes de Montpezat, fait prisonnier à la bataille de Pavie, avec François L.®, eut le bonheur de plaire à cemonarque, qui avait éout perdu, fors l’honneur, et l'amour de ses soldats. Distingué par sa valeur et par ses talens militaires, Æntoine de Lettes obtint le titre de maréchal de France. M. Du ET BELLES-LETTRES,. 9 Mèce, après avoir tracé l’histoire des seigneurs de Montpezat, décrit les monumens de cette petite ville. L'église fut bâtie, à ce que lon croit, par le cardinal Desprès, qui y établit un chapitre collégial, sous linvocation de saint Martin. Le tombeau du cardinal, surmonté d'une statue en marbre, est placé dans le chœur de l’église de Montpezat. En regard est le tombeau dun prélat, représenté aussi par une statue couchée. M. Du Mÿce recherche quel est cet évêque, et il croit que ce ne peut être que Raymond Desprès, évêque de Clermont, mort en 1340, ou Jean Desprès, son frère, évêque de Castres. L'auteur nous ap- prend ensuite que le tombeau du maréchal Des- près est aussi dans le chœur de l’église de Mont- pezat, et il finit son mémoire par la description d’une ancienne tapisserie qui orne cette église, et qui représente la vie et les miracles de saint Martin. Chacun des sujets est surmonté d’une inscription en vers français, dont le style annonce que ce monument curieux date de la première moitié du 15." siècle. Ici se termine la série des mémoires relatifs aux Antiquités religieuses, aux monumens de la piété de nos pères. En décrivant les pompeuses basili- ques dont les voûtes retentirent si souvent des hymnes adressés au Seigneur, et dont le sol recèle les tristes débris des générations auxquelles nous avons succédé, les membres de la classe des ins- criptions ont cru acquitter une dette sacrée. Ils ont vu des ruines amoncelées autour d'eux par AUTRES MO- NUMENS DU MOYEN-AGE, INSCRIPTIONS, VILLES, CHA= TEAUX, etc. Mémoire sur un bas-relief symbolique. 96 INSCRIPTIONS l'ignorance et par un nouveau fanatisme , et ils ont voulu conserver des documens à Yhistoire, et de longs et précieux souvenirs à la postérité. Sr les restes de l’antiquité sont les objets d’une vénération religieuse pour tous les hommes qui cultivent les lettres et les arts, les monumens du moyen-âge ne doivent pas moins les intéresser. Les vastes basiliques, dont le pavé couvert d’épi- taphes ressemble au rouleau d'Ezéchiel, qui était écrit d’un bout à l’autre ; les cloîtres, dont le si- lence n’était troublé que par les accens de la prière fervente; les champs de repos, parsemés de symboles funéraires, tous ces objets, qui attestent la piété de nos aïeux, ajoutent aussi à la masse des connaissances humaines. On peut étudier dans ces monumens et l’histoire des arts et celle des coutumes, des sentimens et des croyances des générations qui ne sont plus; et quelques-uns de ces marbres, échappés aux coups des iconoclastes modernes, nous révelent, bien mieux que les écrits des cénobites et les récits des annalistes, les systèmes scientifiques professés dans les cathé- drales et dans les monastères. L'église de Saint-Saturnin est sans doute lun des monumens les plus remarquables du midi de la France. Sa vaste étendue, ses doubles collaté- raux, ses formes pittoresques arrêtent les regards de l'architecte et de l’archœæologue. Les images sin- gulières qui en décorent les chapiteaux , etles bas- reliefs que l’on y voit encore, offrent de nombreux ET BELLES-LETTRES. 97 sujets d'étude, Mais on s'aperçoit bientôt que ces bas-reliefs ont fait partie d’un autre édifice, et que lors de la construction de l'église actuelle par le chanoine saint Raymond, ces monumens, qui provenaient d’une église bâtie pendant le 8.% ou le 9." siècle, furent placés avec peu d'ordre dans les nouvelles constructions. Ainsi l’on avait mis dans l’intérieur de ce temple, à l’un des piliersde la chapelle du Baptistère, un monument qui devait être primitivement environné de quelques autres qui existaient à la Porte dite du Peyrou, ou que lon remarque encore au portail placé dans laxe de la rue du Taur. Ce bas-relief, déjà décrit im- parfaitement par Bertrand (1), Noguier (2) et Daydé (3), à été le sujet d'un mémoire lu par M. Du Mëce (4), dans une des séances de l’Aca- démie. Il représente deux femmes assises. L’une üent un belier, et l’on voit au-dessus d'elle. ces mots : SIGNVM ARIETIS; son pied droit est nu et appuyé sur une tête de lion; cette tête est ceinte d'un bandeau ou diadème; le gauche est couvert et posé sur la partie supérieure d’un tom- beau. [autre femme tient un lion : les mots SIGNVM LEONIS sont gravés au-dessus d'elle ; son pied gauche est nu et repose sur une tête de (1) De gest. Tol. (2) Hist. tolosain., pag. 52. + (3) Histoire de Saint Sernin et de son insigne Eglise abba- tiale de Tolose, pag. 280... 289. (4) Mémoire sur un bas-relie/ provenant de l'église de Saint- Saturnin, conservé maintenant dans le Musée de Toulouse, 7 98 INSCRIPTIONS lion sans diadème, et dont la criniere est peu apparente; le droit est chaussé et placé sur le tombeau. On lit entre les deux figures cette ins- cription : HOC FVIT FACTVM TEMPORE JVLI CÆSARIS. Le style du dessin annonce, ainsi que la forme des caractères, que ce monument date de la fin du 8." ou du commencement du 9." siècle. Bertrand, Noguier et Daydé ont publié sur ce bas-relief des fables ridicules, que M. Du MÈcE a cru devoir rapporter avant dénoncer son opinion. S’attachant à ne chercher explication de cet objet que dans ce qu'il représente, il y trouve d'abord l’image du Soleil du printempsou d’'Horus, empruntant les formes du Belier, qui marche à la tête de l’armée céleste et de la série des signes du zodiaque. Les mots SIGNVM ARIETIS, gravés an-dessus de cette image, prouvent, suivant l'auteur, la justesse de cette explication. Il croit que la femme qui tient le Belier sur ses genoux est Isis, ou la Nature, mère d’ Horus ou du Soleil printanier. Dans presque tous les monumens qui représentent cette déesse, on la voit, en effet, tenant sur ses genoux l’image du jeune Horus, et c'est ainsi qu'on remarque, sur la femme placée à la gauche du bas-relief, le Belier, symbole du Soleil, peint sous la forme du premier Signe. On carac- térisait, dit un auteur, la néoménie Œun certain mois ou d’un autre, en accompagnant lJsis qui annonçait cette fête de la vue de lanimal repré- sentant le Signe céleste où le Soleil entrait alors. Le Lion placé sur les genoux de la femme qui oc- ET BELLES-LETTRES. 99 cupe la droite du monument, indique le Signe zodiacal dans lequel entre le Soleil après avoir parcouru les autres Signes ascendans; ou plutôt, selon M. Du Mic, il représentait le Soleil lui- même revêtant les formes du Lion céleste. La femme qui le porte est encore Zsis. On ne peut suivre ici l’auteur dans la série de citations qu’il entasse en faveur de son opinion. Après avoir tra- duit et commenté les autorités qu’il a recueillies dans une foule d'ouvrages, il dit : « Selon les antiques croyances, le Soleil, après avoir atteint le plus haut point de sa course, s’abaisse vers les Signes inférieurs; alors les ténèbres commencent à reprendre leur funeste empire. Mais leur triom- phe est lent; la Nature paraît craindre absence du dieu qui, parcourant les Signes de Pété, avait répandu la vie sur la terre fécondée. Mais enfin l’astre de la lumière ne jette plus que des rayons languissans ; le Génie du mal, ou lhiver, poursuit le Génie bienfaisant et le plonge dans le cercueil, Les Égyptiens voulant, sous le nom d’ÆHorus, consacrer une statue au Soleil, Île représenterent la tête rasée, à l’exception d’un bouquet de che- veux qu'ils lui laissèrent du côté droit. Ils dési- gnaient par-là le temps où le jour est d'une mé- diocre durée, le Soleil étant parvenu au terme le plus court de sa carrière diurne, ou au solstice d'hiver; mais ensuite cet astre sortant de la prison étroite et obscure dans laquelle il avait été ren- fermé, s'achemine vers le solstice d'été, accroît sans cesse les jours et regagne son empire. » M. Du 7 / 100 INSCRIPTIONS Mëèce croit que c’est ce que lon a voulu repré- senter dans ce bas-relief. « Le Soleil, qui avait » emprunté, au plus haut de sa course, les formes » du Lion céleste, et dont la crinière ondoyante » descendait majestueusement sur son corps, n’offre » plus, dans la partie inférieure, qu’une tête privée » en grande partie de cet ornement qui désigne les » rayons de l’astre modérateur des années : il pa- » rait presque entièrement plongé dans les ténè- » bres. La capsule sur laquelle reposent les pieds » chaussés des deux sis rappelle la caisse dans » laquelle Osiris fut enfermé par Typhon, ennemi » de la lumière et du bien. Ce symbole a aussi de » grands rapports avec les sépulcres que l'Égypte » consacra à son dieu tutélaire. Le bandeau qui » orne la tète du Lion placé à la droite du bas- » relief, et sous le signe du Belier, annonce, dit » encore l’auteur, que lorsque le Soleil est sorti du » cercueil il reprend son empire et les attributs » quidoivent distinguer celui que le poète VNonnus » appelle Æor des astres et Père du monde.» paraît, dit M. Du Mèce, que ce monument était placé autrefois au-dessus de la principale porte de l'église de Saint-Saturnin, et qu'il était alors en- vironné des douze signes du zodiaque, et de plu- sieurs tableaux allégoriques qui tous avaient rap- port à la marche apparente du Soleil dans les cieux. Il paraît donc qu'il faisait partie d’un ca- lendrier religieux et symbolique. Cette idée a fourni à l’auteur l'explication de Pinscription HOG FVIT FACTVM TEMPORE JVLII GÆSARIS, = — ET BELLES-LETTRES. 1OI « On sait, dit-il, que le calendrier romain, établi » par Romulus, réformé par VNuma , réformé en- » core par Jules César, prit le nom de celui-ci L » et que l’Europe s’est servie pendant plusieurs » siècles de cette distribution systématique du » temps. D’après quelques bas-reliefs de l'église de » Saint-Saturnin (1), on voit que l’on avait placé » les signes (il nous reste encore ceux des Gémeaux » et du Sagittaire), au-dessus ou près des figures » des saints dont les fêtes se célébraient sous ces » Signes. » Cette circonstance tend à prouver que ces bas-reliefs faisaient partie dun calendrier reli- gieux et allégorique : ce calendrier avait été tracé suivant la méthode ou le système de Jules César. «Il n’est donc pas étonnant que l’on ait gravé sur » le bas-reliefconservé actuellement dans le Musée, » et qui sans doute était placé au centre du calen- » drier figuré, Pinscription HOC FVIT FACTVM » TEMPORE JVLII CÆSARIS. Ces mots servaient » d'explication non-seulement à ce bas-relief, mais » encore à tous ceux dont il était environné » L'usage de tracer des calendriers symboliques et » religieux sur les portes des temples, et dans » leurs enceintes sacrées, remonte à une haute » antiquité. Nous avons suivi cet usage, et on en » voit encore, soit sur les portes, soit dans le sein » des églises de Notre-Dame de Paris, de Saint- » Denis, de Sainte-Geneviève ; de Saint-Germain- (1) Les bas-reliefs, en marbre blanc des Pyrénées, placés sur le grand portail, ont été Couverts, 1] ÿ a quatre où cinq ans, d’un badigeonage épais. Mémoire sur un autre has- relief symbo- lique. 102 INSCRIPTIONS » des-Prés, de Strasbourg, de Mimizan et de » Bazas. » k Le portail de l’église de Saint-Satarnin, du côté de La rue du Peyrou, était décoré de plusieurs bas-reliefs placés avec peu d'ordre (1). Dans le nombre, on en voyait un qui représentait le Signe du Sagittaire. Sur un autre, paraissait #7 épervier, ou un oiseau de proie, à tête humaine : une auréole ou cercle lumineux environnait cette tête; une crinière de lion descendait jusque sur les ailes et la poitrine de lPépervier. il était placé sur un monstre ailé dont les formes fantastiques rappe- laient les dragons que lon à figurés dans les an- ciennes églises, et particulièrement dans celle de Saint-Saturnin. Le mot cocodrillus était gravé près de ce monstre. Au-dessus de Pépervier à face humaine, on lisait ce vers : Corpus avis, facies hominis, volucri manet isti. M. Do Mèce a lu un mémoire sur ce monu-- ment (2). Il remarque d’abord que le groupe qui le forme est entièrement composé dans le goût égyptien, et 1l cherche ensuite à trouver le sens de lallégorie qu’il présente. Suivant l’auteur, on doit y reconnaître le triomphe de la lumière sur (1) H est à remarquer que ces bas-reliefs n’étaient point en- castrés dans la maçonnerie , et étaient seulement retenus par des fiches en fer. Il en est de même de ceux qui existent encore au grand portail, situé en face de la rue du Taur. (2) Mémoïre sur ur bas-relief provenant de l’église de S'aint- Saturnin, el conservé dans le Musée de Toulouse. ET BELLES-LETTRES. 103 le Génie du mal ou des ténèbres. On sait, dit-il, que, lors de la métamorphose des dieux, Æpollon prit la figure de l’accipiter ou de lépervier. Plu- tarque nous apprend que cet oiseau était un des symboles sous lesquels on désignait Osiris. Cet écrivain croit trouver des raisons d’analogie entre ce dieu et laccipiter, dans la vue perçante de celui-ci, dans la rapidité de son vol, et dans la- dresse avec laquelle il échappe à Pactivité du cro- codile, image des ténèbres. Selon Élien, les Egyptiens avaient consacré l’accipiter comme une image vivante d’AHorus. Zoroastre donnait une tête d’épervier à la divinité. Horus Apollo voyait dans le même oiseau, outre l'emblème de la divi- nité, celui de l'élévation et de la victoire. M. Du Mèce croit retrouver dans ce bas-relief la copie d’un groupe égyptien. Le Bon principe, le Dieu-Soleil, y est représenté, dit auteur, sous la forme d’un épervier à tête humaine : « Cette » tête est environnée de l’auréole ou du nimbe , » éclatante marque de la divinité; la crinière de » lion, qui descend sur le col et sur la poitrine » de lépervier, est l'emblème de la force du Soleil. » L’accipiter est placé sur un monstre terrassé » qui, d'après l'inscription, est un crocodile » : on désignait par cet animal Typhon, principe des ténèbres, ennemi de la lumière et du bien, parce qu'il prit la forme du crocodile pour se soustraire aux poursuites d'Horus. On doit donc, suivant l’auteur, voir dans ce bas-relief, qui, ainsi que celui du calendrier, appartient à la fin du 8."° ou Juifs du Fan- guedoc. Ins- criptions hé- braïques, tra- duites par M. Do Micr, 104 INSCRIPTIONS au commencement du 9. siècle, le triomphe du Principe de la lumière, ou du Soleil, sur le Principe des ténèbres, ou sur Zyphon. L'histoire des Juifs dispersés dans Ftalie, l’'Es- pagne et la France était peu connue. L/Académie royale des inscriptions et belles-lettres vient de | remplir cette lacune, et les divers ouvrages qui lui ont été présentés sur ce sujet répandent une grande clarté, non-seulement sur les annales po- litiques et religieuses des Israélites européens, mais aussi sur leurs mœurs et leur littérature pendant le moyen-âge. Néanmoins, il reste encore à cet égard quelques découvertes à faire, quelques no- tions, quelques monumens à recueillir. L/Acadé- mie a entendu la lecture d’un Mémoire sur trois inscriptions hébraïques que M. Du Màce a re- trouvées dans le Languedoc. Avant de donner le sens de ces inscriptions, de restituer les phrases qui paraissaient autrefois sur ces marbres, et qui ne subsistent plus, Pauteur trace l’histoire des Juifs dans le midi de la France, et plus particu- lièrement dans les contrées qui formèrent la pro- vince de Languedoc. Il recherche l’époque précise où l’on commence à trouver des Israélites dans cette partie de PEurope. Suivant lui, il paraît que du temps de Sidonius Apollinaris, c’est-à-dire vers l'an 456, il y avait des Juifs à Narbonne. Le concile d'Agde, assemblé Pan 506, règle la manière d’administrer le baptème à ceux d'entre eux qui se convertiraient. Les Israélites qui habi- tient le diocèse d'Usez, en 558, et qui ne vou- ET BELLES-LETTRES. 105 lurent pas embrasser la religion chrétienne, furent bannis de la contrée : M. Du MÈce rappelle tous les décrets des conciles relatifs aux Israélites. Chassés de la Septimanie par celui de Tolède, rap- pelés par Hilderic, gouverneur de Nîmes, exilés par le roi #Famba , protégés enfin par Æüiza , ils acquirent des domaines sous le règne de celui- ci, et ils les conservèrent sous les premiers princes de la seconde race, principalement sous Pepin, Charlemagne et Louis-le-Débonnaire. En 808, Charles-le-Simple donna à l'église de Narbonne toutes les terres, les vignes, les maisons que les Israélites possédaient dans le comté de Narbonne. M. Du Mèce présume que, malgré la confiscation de leurs biens, les Juifs étaient encore nombreux dans Narbonne vers le milieu du 11." siècle, et il le prouve même par quelques chartes. T/un d'eux, si l’on en croyait les manuscrits de Pabbaye de la Grasse, prenait même le titre de Æoë des Juifs, et une rue de cette ville portait encore 1l y a peu de temps le nom de rue du Roi juif. Nar- bonne vit naître, pendant le 1 r.”° siecle le célèbre rabbin Moyse, disciple de Gerson, et qui a laissé un ouvrage intitulé Bereschit Rabba. Ce fut avant l’année 1093 que le juif Benjamin, de Tudela en Espagne , voyagea pour examiner Pétat des différentes synagogues. Il donne, dans son itinéraire, des détails précieux sur les Juifs établis dans le Lanouedoc, et surtout à Narbonne. Il dit que cette ville était maîtresse pour la loi, et que de là elle se répandait dans toutes les provinces. 106 INSCRIPTIONS Il ajoute qu’il y trouva des docteurs fameux, et entre autres le rabbin Kalonime, fils du grand prince et rabbin Théodore, issu de la race de David, qui possédait, sous la protection des sei- gneurs du pays, des domaines immenses. Vers la même époque, les Juifs étaient nombreux à Tou- louse, et ils habitaient cette partie de la ville où lon voit encore la rue Jouts- Aigues ( 4quæ Judeæ ). Protégés par les souverains et par les sel- gneurs dont ils administraient les domaines, les Juifs furent persécutés vivement lors des croisades contre les Albigeois, et les inquisiteurs de Carcas- sonne les firent souvent comparaître devant eux. Ceux de Narbonne conservérent des propriétés jusqu’au règne de Philippe-le-Bel. M. Du Mèce rapporte le texte de quelques actes de vente de leurs maisons, situées dans /a Grande-luiverie , dans /a rue du Roi juif, ete. Il passe ensuite à l'examen des inscriptions. L'une est formée de quatre lignes : les deux premières n’ont pas souf- fert; quelques mots manquent à la troisième et à la quatrième. L'auteur les restitue, et traduit en- suite toute l’inscription. Elle nous apprend que, Pan du cinquième millénaire, et au mois de Tebheth, édifice sacré était fini, ainsi que l'arche et le mur oriental. La suite montre les sentimens touchans qui animaient alors les Juifs de Narbonne : en éle- vant un édifice sacré, une Synagogue dans la terre de l'exil, 1ls ne croient pas habiter toujours ce lieu de douleur; ils ne l'ont fait que provisoirement jusqu’à leur retour dans les champs de la patrie, ET BELLES-LETTRES. 107 et dans l'espérance de les revoir un jour. Ce n’est pas cette Synagogue, mais le Temple même qui sera, suivant eux, rebâti à Jérusalem, qu’ils ap- pellent Lieu très-saint. L'inscription est terminée par un passage du Deutéronome (1), qui contient la promesse qu’Ædonaï, le dieu d'Israël, fit à son peuple, de le retirer un jour du milieu de toutes les nations où il l'aurait auparavant dispersé. Le mois de Tebheth, qui était le dixième de année religieuse des hébreux , et Le quatrième de leur année civile, répondait à la fin du mois de décembre et au commencement de janvier. L'année du cinquième millénaire des Juifs correspond, selon les calculs de M. Do Mècr, à la fin de lan 1239, ou au commencement de 1240; c’est done à cette époque que la Synagogue, dont ce monument con- serve le souvenir, fut entièrement achevée. La seconde inscription est beaucoup plus fruste que la première; cependant l’auteur du mémoire trouve qu’elle commence par cette invocation de Salomon lorsqu'il consacra Le temple : Si les cieux des cieux ne peuvent te corienirs 0 Seigneur, com- bien moins cette maison que j'ai bétie ! Par une combinaison de divers passages des saintes Écri- tures, imitées dans cette inscription, M. Du Mice a pu 4 rétablir en entier. Elle ne fixe aucune époque historique, et il parait seulement qu’elle avait rapport à la consécration de la Synagogue dont on a déjà parlé. (1) Cap. 10, Y.8. Notice sur le palais de Toulouse. 108 INSCRIPTIONS Le troisième monument hébraïque est moins important que les deux précédens : 11 provient d’une fouille faite à Toulouse. Cest le fragment d’une inscription sépulcrale qui ne contient que trois mots, dont voici la traduction : Le Rabbi Jacob, fils de... (Rabbi Jacob Ben... ) Cette inscription sépulcrale fut découverte non loin des murs de la ville, près de l’ancienne séné- chaussée, dans une position rapprochée du Palais de Justice. On sait que ce palais fut bâti sur les ruines d’une forteresse, connue sous le nom de Chdteau Narbonnais, et qui devint, dans le moyen-àge , l'habitation des comtes de Toulouse. Noguier a publié une gravure en taille de bois qui représente lune des parties de cet antique édifice. La cons- truction de celui où siégeait le parlement fut ache- vée en 1492. M. Marrror a lu à l'Académie une Notice sur ce monument (1). Il rappelle d’abord l'origine du Château Narbonnais, les divers chan- gemens qu'il a subis, les événemens dont il fut le théâtre, les grands hommes qui y ont exercé les hautes fonctions de la magistrature. Passant à la partie descriptive, il fait connaître, en détail, les divers bâtimens dont le palais était composé, la Tour de l Aigle où Von renfermait les prisonniers, les objets d'art que l’on remarquait dans quelques salles, et les projets conçus pour l’embellissement de Pédifice. SN Ra ee Re ARE NEA (1) Notice sur le palais où s’assemblait le parlement de Toulouse. ET BELLES-LETTRES. 109 M. le baron Carra a communiqué à l’Académie une Dissertation sur la ville de Castillon en Pé- rigord, sur deux batailles qui se sont livrées sur son territoire en 731 et 1453, et sur le château de Michel Eyquem de Montaigne, situé à une lieue de cette petite ville. L'auteur détermine d’a- bord la position de Castillon sur la rive droite de la Dordogne, là où se termine la plaine qui en porte le nom, et où commence celle de Sainte-Foi. Un titre du 6 juillet 1355 désigne Castillon sous le nom de Castrum. M. Cara rapporte ensuite les observations qu'il a faites en parcourant le territoire de Castillon. Il croit retrouver dans les lieux voisins la place où Pémir Zbderame attaqua le duc Eudes. Il place le champ de carnage entre Castillon et la Motte-Montravel. Les étymologies des noms actuels des diverses parties de ce terri- toire appuient ses observations : il croit y retrouver en effet le Castrum _Abdalense , le Passus Sara- cenorum, le Pons Ærabum, etc. On sait que les Aquitains, accablés par le nombre, furent vaincus, et que ceux qui purent échapper au cimeterre des barbares se ralliérent sous les étendards de leur duc, et vengèrent, quelque temps après, la mort de leurs compagnons, dans les plaines de Tours, où Charles Martel triompha des Arabes et arracha la vie au valeureux Zbderame. M. Cara parle avec encore plus de certitude du lieu où fut livrée, le 18 juillet 1453, près de Castillon, une bataille «qui fait époque dans nos » fastes. Les Anglais y furent complètement bat- Noûce surla ville du Cas- tillon et sur le chàteau de Montaigne. 110 INSCRIPTIONS » tus, et n’éprouvant dans la suite que des pertes, » ils furent obligés d’évacuer la Guienne. » La bataille eut lieu dans la plaine de Coli, sur la rive droite de la Dordogne. On y remarque encore quelques traces des formidables retranchemens que les Français y avaient élevés. Talbot, l'un des plus vaillans capitaines de son temps, y perdit la vie, et 1l fut enseveli sur le champ de bataille même. On y érigea une chapelle sous l’invocation de Notre-Dame de Coli, dont il ne subsiste aujour- d'hui que de faibles vestiges ; la tombe où repo- sait le corps de Talbot a été enlevée. Nous avons dit que M. le baron CatrA avait joint à sa Notice sur la ville de Castillon des dé- tails sur le chäteau de Montaigne, qui en est peu éloigné. Les lieux où lillustre auteur des Essais a écrit, pour la postérité, ces pages que l’on vou- drait relire sans cesse, ne devaient pas demeurer inconnus. La tour que Montaigne appelait sa tour chérie subsiste encore, ainsi que sa chambre à coucher, et celle où était placée sa bibliothèque. On montre et son cabinet d'étude et son oratoire : celui-ci était situé au rez-de-chaussée, et n'offre rien de remarquable. Les tableaux et les ornemens ont été enlevés. La chambre à coucher est grande et éclairée par trois croisées qui donnent sur la campagne. Une ouverture, pratiquée dans l’épais- seur du mur de l’alcove, permet de voir l'autel de Voratoire, qui est placé au-dessous. C’est là que Montaigne se livrait à des exercices de piété. On sait qu'il mourut dans cette chambre, le 13 sep- ET BELLES-LETTRES. Ii tembre 1592. Ses meubles n’ont pas été conservés. Sa bibliothèque même est dans le plus grand abandon : les livres ont été dispersés. Les vents et toutes les intempéries des saisons ont exercé leurs ravages dans cette partie du château; il n’y reste que quelqües tablettes éparses : les inscriptions dont les soliveaux étaient chargés sont effacées. Mais le souvenir d’un grand homme embellit en- core cette demeure, et lon aime à y chercher en quelque sorte la trace de ses pas. Les églises et les monastères de Toulouse ren- Raul des richesses littéraires presque entière- ment inconnues à leurs possesseurs. 1/Académie avait senti la nécessité de retirer de l’oubli ces trésors enfouis depuis long-temps, et elle avait nommé une commission qui devait examiner avec soin les bibliothèques des couvens, leurs archives et celles de l’abbaye de Saint-Saturnin. Il nous reste quel- ques traces des travaux de cette commission (x); mais ils furent malheureusement interrompus, et depuis, la révolution a dispersé les manuscrits précieux qui existaient encore dans cette ville. L'un d'eux avait cependant été conservé avec soin dans l’une de nos bibliothèques publiques; il était connu sous le nom d’Aeures de Cha lemasne. Cétait un £ Svangélistaire où Livre des EË vangiles , écrit en caractères d’or et d’ argent sur des ete teints en pourpre; plusieurs beats décoraient PRET CRU CR CE GR TR TRE QE L'4 2 (1) Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse , tom. 1, pag. 10g. NOTIcESs sur DES MANUS- CRITS; VOYA- GES LITTÉ- RAIRES, te. Évangélis- taire de Char- ? lemagne. 112 INSCRIPTIONS le commencement de ce livre précieux, et faisaient connaître l’état de la peinture vers la fin du 8."° siècle. Une capsule en argent, ornée de bas-reliefs, servait d’enveloppe à ce livre : cette capsule n’existe plus. En 1811, le conseil municipal fit offrir ce manuscrit au monarque qui régnait alors sur la France, etil parait, qu'après avoirété placé pendant quelque temps dans la bibliothèque de Fontaine- bleau, il est passé dans celle du Roi. Un monu- ment si important ne devait pas être négligé par PAcadémie, et M. Du Mic avait déja Dubé une notice sur cet Évan gélistaire (1). M. Pabbé Jaume s'est chargé du soin de le décrire avec plus d’é- tendue (2). Des vers placés à la fin du manusCrit indiquent parfaitement son ES Cutel a parlé de ce précieux monument (3): «Jai veu et leu, dit- il, un ancien et vénérable livre qui est dans le thrésor de Saint-Sernin de Tolose, escrit du man- dement de Charlemaigne et Abe sa femme, en lettres d'or sur du Decieu teint en pourpre, contenant les Évangiles des principales festes de l’année, couvert dun petit coffre d'argent doré, sur lequel sont relevés les mystères de la passion de notre Sauveur. Sur la fin de ce livre sont escrits des vers en lettres d’or, contenans comme Char- lemaigne et sa femme Hildegar commanderent d’escrire ce livre lorsqu'ils allèrent à Rome. » (1) Monumens religieux , pag. 376-378. (2) Dissertation sur le manuscrit connu à Toulouse sous le titre d'Heures de Charlemagne. (3) Histoire des Comtes de Tolose, pag. 169. ET BELLES-LETTRES. 113 Cutel rapporte ensuite trente-deux vers placés à la fin du manuscrit; mais ces vers sont précédés de seize autres que cet auteur a négligés. Ils ex- pliquent cependant les motifs qui engagèrent à tracer le texte des Évangiles en caracteres dorés et argentés sur des feuillets teints en pourpre, On voulait indiquer par-là les cieux ouverts par le sang précieux que Dieu lui-même a daigné ré- pandre pour nous; «ils nous annoncent d'avance » la béatitude céleste, » selon ces vers traduits par M. Du Mècr; « et la parole du Tout-Puissant, » revêtue d’un éclat digne d'elle, est le garant des » immortelles récompenses. Les préceptes divins, » par ce fond couleur de pourpre qui les fait » briller à nos yeux, doivent exciter notre ardeur » pour les palmes du martyre. La couleur écla- » tante de Por nous rappelle combien il nous im- » porte de garder notre virginité, si estimée par » les habitans des cieux; et la blancheur éblouis- » sante de l'argent indique le précieux mérite » d’une vie conjugale et chrétienne, que chacun » de nous peut embrasser, C’est ainsi que la divine » doctrine, gravée sur les métaux les plus rares, » conduit au vrai bonheur ceux qui pratiquent » les préceptes de PÉvan gile avec un cœur soumis » et pénétré, et que les élevant au-dessus des » astres, elle leur assure pour éternité une place » distinguée dans le palais du Père céleste (1). » Suivant les autres vers, Godescal écrivit cet Evan- (1) Monumens religieux des Volces-Tectosages, etc.; par M. Du Mècr, pag. 376, 377 et 378. 8 114 INSCRIPTIONS gélistaire, par les ordres de Charlemagne et V'Hi7- degard , son épouse : année 580 de notre ère était déjà terminée. « Charles, dit l’auteur des vers, Charles, ce pieux monarque, de concert avec la belle Æidesard, son épouse, ordonna que cet ouvrage serait tracé. On était alors au com- + 0 de l’année, où quatorze faisceaux précéderent notre auguste monarque. Daigne le Roi des Rois, le Souverain des cieux, prolonger leurs jours sous les plus heureux auspices ! Godescal, le plus soumis et le dernier de leurs serviteurs, a accompli leurs ordres et terminé ce travail important au printemps de Pannée, où, apres avoir passé les Alpes, ce grand Roi s’est rendu à Rome, dont il était déjà le pre- mier magistrat, pour y vénérer Pierre et son siége, et pour déposer les plus riches dons aux pieds de Jésus-Christ. I fit distribuer aussi aux pauvres pélerins, qui s’y étaient rendus de toutes les parties du monde chrétien, des aamônes abon- dantes, et il y célébra la fête de Pâques. Ædrien occupait alors le trône pontifical. Ce digne succes- seur du Prince des Apôtres purtfia, dansles saintes eaux du baptème, le jeune Carloman, leur fils, et lui donna, sur les fonts, le nom de Pepin. » Quelques journalistes avaient avancé que CAar- lemagne étant venu à Toulouse, donna, lui- même, à Pabbaye de Saint-Saturnin cet Evangé- listaire, qu'ils désignaient par le nom d’Æeures de Charlemagne. M. VPabbé Jaume réfute cette opinion, et prouve que:ce monarque n’est jamais ET BELLES-LETTRES. 115 venu dans cette ville. Mais comme Louis-le-Dé- bonnaire, son fils, tint sa cour à Toulouse, pendant sou règne sur l'Aquitaine, notre confrère est porté à croire que ce fut celui-ci qui fit présent à Pabbaye de Saint-Saturnin de ce manuscrit précieux. Un autre monument bibliographique d’un haut intérêt a occupé pendant quelque temps la classe. M. BeGuirrer, lun de nos confrères, a présenté à l’Académie une Notice sur un manuscrit qui «à appartenu au Roi Philippe-le-Hardi. On lit les mots suivans vers la fin de ce volume : « C’est » liure compila et parfist uns freres de l’ordre des » Prescheors, à la requeste du Roi de France » Phelippe , en l'an de l'incarnation Ahu-Crist , » nul deux cens et soixante et nuef. Deo » gratias.» Cette date paraît offrir quelques dif- ficultés. En effet, Louis IX, père de PAilippe, mourut devant Tunis le 25 août 1270; comment aurait-on pu donner le titre de Roi à PAilippe en 1260? La flatterie ne pouvait aller jusque-là. Pour concilier la date du manuscrit avec les épo- ques historiques, il faut supposer que Philippe, n'étant encore que prince, ordonna de composer cet ouvrage pieux; que ce travail fut achevé en 1269, que la date ne fut pas alors écrite, et que, voulant réparer dans la suite, et après la mort de Louis IX , cette omission , on.traça celle que lon voit actuellement, et dans laquelle on ne pouvait, sans manquer au respect et aux convenances, donner à Philippe un autre titre que celui de Ror, puisqu’alors il occupait le trône, 8e Manuscrit composé par ordre du Roi Philippe - Le- Hardi. Ouvrages encore inédits de trois trou- badours. 116 INSCRIPTIONS Le texte de ce manuscrit, qui appartient à notre confrère, n'offre en général que des réflexions morales sur les Commandemens de Dieu, le Sym- bole des Apôtres, l'Apocalypse, etc. M. BeGuir Er pense que Philippe-le-Hardi emporta ce livre en Afrique. On sait que ce prince mourut à Perpignan, et cest dans Narbonne que le manuscrit a été conservé jusqu’en 1817. Il est enrichi de quatorze miniatures d’un travail exquis et d’une conser- vation parfaite, Le moyen-âge vit naître une littérature qui ne devait rien aux écrivains de antiquité. L'Europe était plongée dans les ténèbres de la barbarie; les immortelles productions d'Homère et de 7 “irgile étaient reléguées dans les monastères; les monu- mens des arts tombaient sous la massue de Pigno- rance : l’esclavage pesait à la fois et sur la terre et sur la pensée : la religion seule offrait des con- solations aux peuples opprimés. Tout à coup, des poètes aimables apparaissent dans le midi de la France. Un idiome, formé des débris des langues classiques, offre ses syllabes sonores aux trouba- dours : des règles sont inventées, un autre art poétique est créé, et lltalie imite bientôt les chants des menestrels de la Provence. L’extinc- tion de la noble dynastie des comtes de Toulouse enleva, peut-être, des protecteurs à art des vers ; mais l’amour des lettres ne $s'éteignit point dans lPOccitanie. La compagnie des sept troubadours de Toulouse se forma : en 1323, elle promit une violette d'or au poète vainqueur dans les jeux ET BELLES-LETTRES. 117 qu’elle venait d’instituer. Une ère de gloire com- mença pour la ville de Toulouse... Ses magistrats, unis aux Mainteneurs du gai savoir, décernaient depuis plus d’un siècle des couronnes aux trou- badours, lorsque Æntoine de Aaunhac, Denis Andrieu et Bertrand de Roaix prétendirent à ces brillantes récompenses. M. Du MÈce a donné une Notice sur les ouvrages, encore inédits, de ces trois troubadours toulousains (z}: Antoine de Taunhac était curé de la paroisse de Saint-Saturnin. Il obtint le prix de la violette d'or, le 3 mai 1455. L'ouvrage qui lui valut ce triomphe est un hymne à la Vierge ({ Canso de Nostra-Dona). Cet hymne est un monument pré- cieux de la langue romane. Les idées, assez sin- gulières de l'auteur, sont exprimées en vers qui ne sont point dépourvus de grâce et d’harmonie. Denis Andrieu exerçait la profession de négo- ciant, à Toulouse. Il reçut le prix de la violette d’or en 1460. Son hymne à la Vierge est remar- quable et par les idées, et par le mélange et la con- trainte des rimes. En lisant cet ouvrage, on sent tout ce qu'il a du coûter à son auteur. Bertrand de Roaix naquit à Toulouse d’une famille qui à produit un grand nombre de magis- trats et de guerriers célèbres. Ses talens poétiques méritaient les plus hautes distinctions. Îl présenta aux sept Mainteneurs, en 1467, une Canso d'a- mors. Cette pièce est remarquable par Vagrément a —— (1) Notice sur les ouvrages d’ Antoine de Jaunhac , de Denis Andrieu et de Bertrand de Roaïx, troubadours toulousains. 118 INSCRIPTIONS du style, et par l'harmonie de la phrase poétique. Beaucoup plus tard, Bertrand de- Roaiïx reçut, des mains de Grise Isaure (1 ) l'Églantine nouvelle que cette noble restauratrice dl jeux de la gaie science offrait elle-même aux poètes. M. Do MÈce rapporte un hymne ou Canso de chacun des troubadours qui sont Pobjet de sa Notice(2). Ces pièces sont extraites du Manuscrit de Gaillac, conservé dans les archives de l'Aca- démie des Jeux floraux. D’autres recherchés sur nos anciéns écrivains ont encore occupé le même auteur, et il a lu, dans une des séances de l'Académie, une Votice sur les poésies de Clémence Isaure, imprimées à Tou- lotse en 1505. Noticesurles M. Dé MÈce rappelle d'abord que, d'apres les ne découvertes consighées dans plusieurs ouvrages, il est prouvé qu'Isaure distribuait des prix aux poètes én 1496. Remplaçant ainsi les francs et libéraux patrons de la féte du 3 mai(3), elle fournit souvent, pendant sa vie, aux frais de lins- titution que les poètes devaient atx sept trouba- dours. En mourant, elle fonda le Co/lége de poésie Jräncaisé, érigé ensuite par Louis XIF en Aca- (1) Ei 1498. (2) Le même äuteur à donné, dans là Biographie toulou- saire, tom. Ÿ, pag. 14, 334; et tom. Il, pag. 319, des détails historiques sur Jaurhuc, Andrieu et de Roaïx. (3) C’est ainsi que les Capitouls, où magistrats municipaux de Toulouse, $ont nommés dans les anciens registres de la ville et dans ceux de l’Académie des Jeux floraux. ET BELLES-LETTRES. 119 démie. Son amour pour les lettres était donc bien connu; mais on ignorait que cette généreuse bien- faitrice avait elle - mème cultivé la poésie avec succès. Dans sa Bibliothèque française, du V'er- dier de Vauprivas dit qu'il ignore que dame Clé- mence ait écrit ow composé aucune chose. Mais du Verdier est souvent inexact lorsqu'il parle des écrivains qui vécurent loin de la capitale. La Croix du Maine ignora aussi que des manuscrits authen- tiques renfermaient les poésies de cette dame, et que ces mêmes poésies avaient été imprimées à Toulouse, en 1505, chez Jean Granjean, libraire établi dans la rue de la Porterie. M. Du Mëce avait trouvé, dans une biblio- thèque, riche en ouvrages composés par des Tou- lousains (1), un exemplaire des poésies de C/6- mence ; mais le frontispice de ce livre avait été arraché, ainsi que plusieurs feuillets, et Pon ne savait à qui attribuer ces ouvrages, très-remar- quables d’ailleurs, lorsqu'un heureux hasard en procura un exemplaire complet. Quelques vers français, placés au verso du frontispice, semblent annoncer que Clémence avait cessé de vivre lors- qu’on imprima les productions de sa muse élégante et facile. La première pièce est une ode ou Canso au printemps, déjà connue par plusieurs manus- crits, et qui a été publiée en 18r4 (2). Après ce morceau, où lon trouve une douce mélancolie, (1) Cette bibliothèque avait été formée par M. de Méja. Vid. Biographie toulousaine, tom. IL, pag. 44 et 45. (2) Journal de Toulouse, n.° 28. Notice sur les bibliothe- ques publi- ques de Tou- louse. 120 INSCRIPTIONS caractere distinctif des poésies d’Zsaure, on a placé deux Pastorellas ou idylles. Un hymne adressé à la Vierge montre ensuite toute la piété de CZémence. Deux Cansos fixent aussi l'attention du lecteur. La dernière pièce est intitulée /o Planh d’ Amor, ou les Plaintes de l'Amour. Cette élégie, en stances régulières, offre un modele de cette poésie douce et sentimentale que les troubadours ont créée, mais à laquelle Zsawre a su donner de nou- veaux Charmes. Suivant M. Du Mèce, cette dame, dont l'illustration doit s'accroître d’âge en âge, mérite plus d'estime que tous les autres trouba- dours toulousains. Plus habile, en effet, elle sut donner à la langue romane, qui déjà avait perdu une grande partie de ses formes grammaticales, une douceur, une harmonie que l’on ne saurait comparer qu’à la douceur, à l'harmonie de la lan- gue immortalisée par Pétrarque et le Tusse. Les bibliothèques publiques de Toulouse ont fourni à M. Marrior le sujet d’une Motice (1), dans laquelle il ne s'occupe que de Pépoque de leur fondation, et non des manuscrits ou des livres rares qu’elles renferment. La première, connue maintenant sous le nom de Grande bibliothèque de la ville, fut d’abord formée, en partie, des livres légués au collége des Jésuites par M. de Colbert, archevèque de Toulouse. D’autres per- sonnes contribuèrent à augmenter cette collection. On ÿ comptait vingt-cinq mille volumes; mais (1) Notice sur les deux Bibliothèques publiques de la ville de Toulouse. . ET BELLES-LETTRES. 121 on en vendit beaucoup, dit M. MarrroT, lors de la destruction de la société. Les parties les moins nombreuses étaient celles des belles-lettres et des sciences exactes. Pour augmenter cette série, on acheta dans la suite les bibliothèques de MM. de Garipuy et de Le Franc de Pompignan, et on la porta à plus de trente mille volumes. L'autre bibliothèque, nommée du Clergé, reconnaît pour fondateur Labbé »'Hezior, membre de la classe des inscriptions et belleslettres de PAcadémie. Cet homme généreux ayant projeté d'établir une bibliothèque publique, offrit la sienne au corps de ville, avec un fonds dont le revenu servirait à augmenter. Sa proposition fut acceptée, et les membres du conseil de ville lui en témoignèrent leur reconnaissance. Une commission fut chargée de choisir un local dans l’hôtel-de-ville pour placer cette bibliothèque; mais cette commission ne sé- tant jamais assemblée, l'abbé »'HeLtor s'adressa à M. de Brienne, archevèque de Toulouse. Ce prélat sentit toute l'utilité de l'établissement proposé ; il en parla à son clergé; des fonds furent accordés, et la belle salle de la bibliothèque fut bâtie. M. de Brienne ayant fait remarquer ensuite à Pabbé D'Herior que la collection qu'il donnait n’était pas assez considérable, celui-ci prit Pengagement d'acquérir d’autres livres. Il acheta en ellet, peu de temps après, la bibliothèque de l'abbé de Fu- ramond, et la série qu'il plaça dans celle qui pre- nait alors le nom de Bibliothèque du Clergé Séleva bientôt à quinze mille volumes. M. de Brienne en Réfutation de l’un des chapitres du Voyage dans les départe- mens du Midi. 122 INSCRIPTIONS donna six mille autres, M. de Chelan deux cents, et M. de Jean un nombre pareil. . L’utilité des voyages littéraires est générale- ment reconnue; mais il faut que leurs auteurs apportent à ce travail, et amour de la vérité, et la patience nécessaire pour recueillir des observa- tions exactes, et des faits incontestables. De grands talens, des connaissances profondes ne suflisent pas toujours à l'écrivain voyageur : il doit se méfier des demi-savans qu’il rencontre sur sa route, et n’employer qu'avec réserve les mémoires qui lui sont présentés. M. Mirrin, dont les ouvrages occupent une place si distinguée parmi ceux des archoologues français, et dont la mémoire sera long-temps honorée, a, malheureusement, écrit avec trop de promptitude son Z’oyage dans les départemens du Midi de la France. De graves er- reurs déparent ce livre, précieux cependant sous beaucoup de rapports. Tout ce que dit auteur sur la ville de Toulouse est inexact, et M. Pabbé JAMME en a donné la preuve dans ses Observations cri- tiques sur le chapitre cxxur de ce Voyage (1). La recherche des monumens était le but que se proposait sur-tout M. Mrcrin; mais, en faisant le Recueil des inscriptions antiques , il a négligé, et de les considérer avec soin, et de sinformer de quels lieux elles provenaient. Ainsi, dans le caæ binet de M. F. Lucas, ancien dessinateur de (1) Observations critiques sur le chap. cXX11r, art. Tou- louse, du 'oyage dans les départemens du midi de la France, par M. Mir. ET BELLES-LETTRES. 129 PAcadémie, M. Miurin aurait pu sapercevoir qu’on lui présentait un bloc de plâtre au lieu d’un marbre antique ; il aurait pu s'assurer que deux inscriptions sépulerales inédites, qui existaient dans ce cabinet, n’avaient pas été découvertes à Toulouse, ainsi qu'il l'annonce, mais bien à Rome, d'où M. Lucas les avait apportées. M. l’abbé JammE suit pas à pas le célébre voya- geur dans Toulouse, et il rapporte la description que cet auteur a donnée de Péglise cathédrale de cette ville. Dans ce passage, M. Mrixix déplore « le délire des agens révolutionnaires, qui ont brisé les figures bizarres qui décoraient le portail de Véglise de Saint-Étienne.» Mais, dit M. Pabbé JaAmME, «ce portail, bâti en 1440, par la muni- » ficence de Pierre Du Moulin, archevèque de » Toulouse, n'avait sans doute rien de bizarre » dans sa décoration. Au côté droit était la statue » de Pierre Du Moulin ; de l'autre paraissait celle » de son frère, qui, de l’archevèché de Toulouse » était passé à l'évêché de Paris. La figure de » saint Étienne occupait le milieu du pilier qui » soutient l’imposte. Dans les petites niches, au- » tour de Parc ogive, étaient les figures des douze » Apôtres : et dans tout cela on ne découvre rien » de bizarre. » @ Si M. Mrrrix s'avance dans le chœur, ajoute » M. Pabbé Jamme, ce n’est pas pour voir le groupe » exécuté par Gervais Drouet, en 1670, et qui » représente la lapidation de saint Etienne. Les » ouvrages d'art occupaient alors bien peu notre 124 INSCRIPTIONS » voyageur, parce qu'il travaillait à une décou- » verte très-importante, et qui aväit échappé aux » recherches de nos antiquaires de province. Il » trouva donc, sous la voûte de l'autel du chœur, » des cryptes, et ces cryptes étaient décorées de » petites colonnes tirées de Pamphithéâtre dont on » voit encore les ruines sur le chemin de Blagnac. » Mais ce qu'il a cru apercevoir dans Péglise de » Saint-Étienne, existait réellement à plus d’une » lieue de là, sous le maître autel de l’église de Saint-Michel-du-Touch : ces cryptes ne sont pas » différentes de celles dont l'abbé Æudibert et M. »E » Moxréeur ont parlé, et dans lesquelleson voyait » plusieurs petites colonnes dont les chapiteaux » étaient ornés de bas-reliefs représentant des gla- » diateurs. L'église de Saint-Michel étant voisine » des restes de l’amphithéâtre, lon a cru, pendant » long-temps, que les petites colonnes dont nous » venons de parler avaient été enlevées de cet » ancien monument, et transportées dans les » cryptes de Saint-Michel. » Dans la suite de son mémoire, M. Pabbé J'AmMME prouve que le célèbre Mrrrix n’a écrit que d’après de légers souvenirs, ou des notes prises à la hâte. Suivant ce voyageur, le mausolée de saint Satur- nin, dans l Pise de ce nom, est zne construction HU d'un bon gout. Mais le tombeau de sant Saturnin est sous un baldaquin, soutenu par six colonnes de marbre griotte d'ordre corinthien; sur lentablement sont des figures d’anges, par 4rcis ; au-dessus du tombeau, dont le devant était en Ÿ 2 2 ET BELLES-LETTRES. 125 argent, est un groupe représentant l’apothéose du saint, par Aossat. Certes, dit l’auteur, un tel monument n'offre rien de gothique. Mais ce qui a pu causer l'erreur de M. Mizrix, qui n’a consi- déré sans doute que très-légèrement le sépulcre de PApôtre de Toulouse, cest que dans l'Histoire générale de Languedoc (1) on trouve une gravure qui représente l’ancien mausolée de saint Saturnin. Ce monument, qui était en effet d’un assez bon goût, subsistait encore en 1733. Il parait que quelques chanoines conçurent alors le dessein d'y substituer celui que nous voyons aujourd’hui, mo- nument qui ne mérite pas assurément l’épithète de gothique , donnée assez improprement à l’autre. Il faudrait insérer dans ce rapport presque tout le mémoire de M. Pabbé Jamme, pour le faire dignement apprécier. Plein de zèle pour la gloire de sa patrie, il en recueille tous les titres d’hon- neur négligés ou dénaturés par les écrivains : ïl rappelle les noms de tous les grands hommes qui ont illustré la Cité palladienne , et fait connaître l'importance des établissemens scientifiques et lit- iéraires dont elle shonore depuis long-temps. «Ir. faut l'avouer, disait l’un des membres de la classe (2), notre histoire, écrite d'après des docu- mens souvent fautifs, n'offre point l'intérêt dont elle pourrait être embellie. Le récit de quelques (1) Tom. IT, pag. 292. (2) M. Taran, Resumption des travaux de la classe des énscriplions et belles-lettres, 10 mars 1821. HISTOIRE. 126 INSCRIPTIONS combats, la date de quelques mariages, voilà ce que présentent en général nos vieilles annales. Les travaux, les triomphes des Gaulois, nos aïeux, leur amour pour les arts, lorsque devenus en quelque sorte Romains, ils donnèrent à la ville éternelle et au monde des guerriers illustres, et même des empereurs, n’ont pas occupé nos his- toriens. Les souvenirs de la noble France, les exploits de nos chevaliers, les romances de nos troubadours et les chansons des trouvères, le dé- vouement religieux des guerriers, la piété des peuples, nos monumens somptueux, tout ce qui eût pu ajouter un charme inexprimable à nos chroniques, tout ce qui aurait donné un intérêt, en quelque sorte romantique, à l'expression de la vérité, a été repoussé par nos écrivains. L'histoire de France manque encore aux Français. Mais bientôt, grâces aux travaux des savans qui re- cueillent avec un zèle religieux les traditions et les monumens de nos pères, il nous sera permis de mieux connaître et d'étudier les siècles écoulés, et d'apprécier avec plus de justesse les vertus, les opinions, les arts de ceux qui nous ont précédés dans la carrière de la vie.» En s'exprimant ainsi, notre honorable confrère faisait sentir toute l'utilité des recherches archæologiques. Quelques membres de la classe ont, par ce moyen, ajouté aux pein- tures sévères de l’histoire le tableau des mœurs, des vertus, et même des erreurs des peuples. Mais ils n’ont pas oublié que ce n’était pas assez que de décrire avec élégance de grands événemens ; ils ET BELLES-LETTRES. 127 ont senti qu'il faut développer les causes de ces événemens, et que le lecteur doit trouver dans les récits de l’annaliste tout ce qui peut servir à dé- voiler les plus secrets replis du cœur humain. Celui qui se dévoue à la profession d’historien doit en sen- tr toute l'importance, toute la noblesse. L’homme de lettres, digne de ce titre, méprise les vaines clameurs des factions : la vérité est Le but vers lequel il s'avance avec courage. Il se rappelle à chaque dnstant que la postérité viendra puiser des leçons de sagesse dans ses récits, et qu'il faut leur imprimer un grand caractère, L'histoire n’est pour lui que la morale mise en tableaux. Contemplateur des actions des hommes, il n'oublie jamais qu'il ne doit point distribuer au hasard la louange et le blime , et que de lui seul dépendentou l’infamie ou la gloire. Semblable à ces juges de la mysté- rieuse Égypte, qui admettaient dans une hono- rable sépulture ceux qui pendant leur vie avaient été pieux envers les immortels et envers les hom- mes, ou qui rejetaient, loin de la paix du mau- solée, ceux qui s'étaient souiliés par les vices. Pénétré de ces sages principes, M. l'abbé Sarxr- Jean les a développés avec force dans un Essai sur la philosophie de l'histoire , et sur la manière de l'envisager. L'auteur recherche d’abord si e’est aux lecteurs ou aux historiens qu'il faut attribuer le peu de fruit qu'on retire de l'étude de l’histoire. On doit en accuser, dit-il, la maniere dont les fastes des pations nous ont été transnus, et il en fournit la F Essai sur la hilosophie de histoire. Essai sur les moyens de mettre l’his- toire en ac- tion. 126 INSCRIPTIONS preuve. Il donne ensuite une définition claire et précise de la philosophie de Phistoire, qui doit être une école de politique et de morale. Il déter- mine, après cela, le genre de mérite des historiens les plus célèbres : parmi les Grecs, Thucydide est l’objet de son admiration et de ses éloges; chez les Romains, il s'arrête avec complaisance sur Tacite, et le venge des injustes inculpations qu’on a di- rigées contre lui; venant aux modernes, Montes- quieu et Robertson, Condillac et Mably, Hume et Gibbon, sont les seuls, suivant lui, qui aient répandu par intervalle, dans leurs productions , une partie des connaissances philosophiques qu'on doit exiger d'un historien. Bossuet l’étonne dans son Histoire universelle ; ce n’est qu’un tableau, mais il est conçu et exécuté par le génie. f’oltaire et Raynal sont appréciés à leur tour, sans aigreur et sans enthousiasme. L'auteur termine enfin son Essai en indiquant la marche qu’on doit suivre pour écrire des annales, et pour réunir en un même foyer les lumières et les instructions que la phi- losophie, la politique et la morale doivent fournir à l’histoire. M. l'abbé Saïnr-JEAN a lu aussi, dans une des séances de PAcadémie, un Essai sur les moyens de mettre l’histoire en action, en lui donnant une forme dramatique. L'auteur, après avoir présenté quelques consI- dérations générales sur les travaux académiques, et spécialement sur ceux qui ont pour objet les recherches historiques, offre des vues nouvelles ET BELLES-LETTRES. 129 sur la manière de rendre cette étude plus agréable et plus facile. Il propose de mettre l’histoire en action. Il pense que cette forme inusitée aurait le double avantage d'animer les faits, de dessiner les caractères, de signaler les grandes époques, et de fixer l'attention des lecteurs sur les causes des révolutions des empires. L'auteur joignant ensuite lexemple au pré- cepte, a tracé les portraits d’un bon Roi et d’un mauvais prince. C’est dans l’histoire de l'Égypte qu'il a puisé ces deux sujets, et Ptolémée Soter , et Ptolémée Philopator sont les deux personnages qu'il a choisis parmi les Rois qui ont régné sur cette contrée. Le mème académicien a présenté un Æssai sur cette question : Jusqu'à quel point l'historien doit-il cacher ou dévoiler les vices des grands hommes ? Le sujet de cet ouvrage paraît avoir été inspiré à M. l'abbé Sarnr-JEAN par cette pensée de J’oltaire : « Que nulle vérité ne soit cachée, » c’est une maxime qui peut souffrir quelques » exceptions; mais en voici une qui n'en admet » point : Ve dites à la postérité que ce qui est » digne de la postérité. » L'auteur sélève con- tre les historiens qui ont osé dévoiler les vices des hommes illustres, et qui par-là, dit-il, ont méconnu la philosophie et la moralité de Phistoire. « Qu'importe, ajoute-til, qu'ils aient su donner » la peinture exacte des faits, qu'ils ne les aient » point moulés sur leurs intérêts ou leurs passions; » je leur reproche l’indécence ou linjustice avec 9 Essai sur la question de savoir si l’his- tor:en doit ca- cher ou dé- voiler les vi- ces des grands hommes. Mémoire sur les Rois fabu- leux de Tou- louse. 130 INSCRIPTIONS » laquelle ils ont parlé des grands hommes. Îls » pouvaient les apprécier, sans doute; mais il ne » fallait point les insulter. C’est peu de faire con- » naître les vices qui ont influé sur le sort de » l'état, où qui ont fait le tourment de leurs » propres destinées; ils ont fouillé dans les hon- » teuses archives de la turpitude humaine pour » publier avec scandale des anecdotes dégoûtantes » qui souillent notre imagination sans nous ins- » truire; comme si l’homme privé pouvait jamais » être soumis au jugement de l'histoire !...... » Les origines de chaque peuple sont enveloppées de nuages que la critique la plus exercée ne peut quelquefois dissiper. La fable a d’ailleurs trop souvent usurpé la place de l’histoire. Lorsque des recherches faites avec soin, avec persévérance, n’ont produit aucun résultat satisfaisant, écrivain doit avouer son impuissance. S'il adopte au con- traire des récits mensongers, il imprime à ses travaux un ridicule indélébile. On sourit de pitié en lisant, dans les livres de Besse, que le Roi Narbon fut le fondateur de Narbonne; que l’on peut attribuer l’origine de Carcassonne, soit à leunuque Carcas, soit plutôt à lhéroine de ce nom. Les fables entassées dans les écrits de Ganno, de Bertrand, de Noguier, historiens de Toulouse, ne sont pas moins ridicules. Mais ce qui doit le plus étonner dans ces ouvrages méprisés, c’est l’as- surance avec laquelle leurs auteurs rapportent des faits dénués de toute vraisemblance, et des gé- néalogies de princes qui n’ont jamais existé. M. le 2 ET BELLES-LETTRES. 131 baron de Lamorne-Lancon a fait connaître une partie de ces récits mensongers, dans un Mémoire sur les Rois fabuleux de Toulouse. Le premier fut Tolus. « Taphet eut Tubal pour fils; celui-ci » devint père de Lemosin, qui donna le jour à » Tolus. Selon Ganno, Lemosin aurait fondé » Toulouse, Noguier attribue cette gloire à Tolus. » L'auteur anonyme des Æntiquités et singularités » de Toulouse avance un troisième système, et » prétend que cette cité eut un Ænthonius pour » premier Roi, tant il y a d'incertitude entre les » chroniqueurs, qui ont été même jusqu’à pré- » tendre que le géant Polyphème édifia les murs » de Toulouse. » M. pe Lamorne-Lancon trace l’histoire des successeurs du premier prétendu Roi de cette ville. Il trouve d’abord T'oloneus, An- thonius où Antomis, Isauret-Torsin , à la nais- sance duquel une source nouvelle sortit de la terre, et, divisant ses eaux, en porta une moitié vers l'Océan et Pautre vers la Méditerranée. Zqua- rius-Belletus lui succéda : il régnait à époque de la seconde guerre punique, et il voulut combattre Annibal. Cepion vient après. On voit paraître ensuite Go/frarius, Gallateus, Leocadius, Tha- bian où Thabor, et Marcellus-Antonius. Enfin, Natham fut le dernier Roi de Toulouse. Après sa mort, disent nos vieux romanciers, la forme du gouvernement changea; les Romains se dé- clarèrent les maîtres du pays, ou pour mieux dire, ajoute M. pe Lamorne- Lancon, l’his- toire des temps, bien connue et plus récente, n’a 9: Nomencla- ture et histoi- re des gouver- neurs du Lan= guedoc, 132 INSCRIPTIONS plus permis aux chroniqueurs de la défigurer à leur gré. Le Mémoire sur les Rois fabuleux manquait aux recherches faites sur Toulouse. Il dévoile l'ignorance et peut-être même la mauvaise foi des prétendus historiens qui écrivirent ces fables ri- dicules. La classe des inscriptions et belles-lettres de l'Académie de Toulouse ayant été spécialement chargée d'écrire l’histoire de cette ville, et celle des contrées voisines, a toujours été fidèle au mandat qu’elle avait reçu, et les plus anciens membres de la classe se sont constamment livrés à des recherches relatives aux monumens et à l’histoire de la province de Languedoc, et des comtés de Comminges et de Bigorre. M. Jaume père, qui conservait parmi nous les traditions de nos prédécesseurs, présenta, peu de temps après la nouvelle réunion de l'Académie, un Mémoire sur l’histoire et la nomenclature de tous les gou- verneurs du Languedoc, depuis les premiers temps de la domination des Romains jusqu’à nos jours. Après quelques considérations générales sur les services que Ja classe a essayé de rendre à la science archæologique, l'auteur fait remarquer ensuite que la Province romaine, ou plutôt la réunion des diverses régions dont elle fut com- posée, a été gouvernée par des hommes illus- tres dont nous n’avons pas cependant une liste chronologique. 11 a rempli cette lacune, et le premier nom qui parait dans cette série est celui ET BELLES-LETTRES. 133 de Quintus Cepio. On voit ensuite ceux de Quintus Martius Narbo, de Siconius, de Marius, de Lucius Crassus, de Marcus Fonteius. Parvenu au moyen-âce, M. Jaume place, au nombre des gouverneurs de la province, les comtes de Toulouse, qui, d'abord chargés de commander pour les sou- verains de la France, usurpèrent dans la suite les droits régaliens, et devinrent presque aussi puis- sans que leurs maîtres. Après la réunion du comté de Toulouse à la couronne, les rois disposerent à leur gré du gouvernement du Languedoc, et M. JAMME compte, depuis l’an 1338 jusqu’en 1713, trente gouverneurs de cette province. Il donne l’histoire abrégée de chacun d'eux, et rappelle ce qu'ils ont fait pour la prospérité des peuples, et pour le service de leurs Rois. Après les gouverneurs de la province, les ma- gistrats particuliers des villes, et principalement de Toulouse, devaient fixer l'attention de ceux des membres de la classe qui s’'occupaient de re- cherches historiques. Lafaille a publié un Traité de la noblesse des capitouls. Lui-mème avait ob- tenu ce titre, et il exalte la haute antiquité de cette magistrature municipale, désignée sous le nom de Capitoulat. Dans les temps reculés, les capitouls étaient confondus avec les consuls, les échevins, dont ils remplissaient les fonctions. Des écrivains, trop crédules sans doute, ont dit que le nom de ces officiers venait du lieu où ils tenaient leurs séances, du Capitole bâti à Tou- louse par les Romains; mais il est démontré par Recherches historiquessur les Capitouls. 134 INSCRIPTIONS l'acte de 1202, appelé Usaticum , que la eour ci- vile des comtes de Toulouse portait le nom de Capitulum , et cela est confirmé par beaucoup de chartes anciennes. Les officiers de cette cour, ou ceux qui étaient chargés des affaires publiques, étaient appelés Capituli, où Capitulares, où Ca- pitularü. En langue romane, on les nomma /ÿ Senhors de Capitol, c'est-à-dire, Les seigneurs , les membres du chapitre où du conseil. Dans plusieurs chartes de Raymond FT, de Philippe- le-Bel, etc., ils sont nommés Consuls, Consules Tolosæ. Dans le 16.%° siècle, on commença à croire que les capitouls étaient les successeurs des Duum- virs et des Décurions qui gouvernaient la ville à l’époque où la Gaule était soumise à la domination romaine, et que leur nom venait, comme nous l'avons dit, d’un Capitole existant alors à Toulouse. Cependant, vers la même époque, les consuls de Montauban et ceux de Moissac prenaient aussi le ütre de Capitouls, et donnaient le nom de Capi- tolium à l'édifice où ils Sassemblaient, Les consuls de Muret, petite ville située à trois lieues de Tou- louse, voulurent imiter cet exemple; mais un arrêt, rendu en 1520, leur défendit de prendre cette qualité. M. Marrior a lu, dans une des séances de PAcadémie, des Recherches historiques sur les Capitouls, sur le droit d'image (jus ima- ginis) dont ils jouissaient, et sur Le temps où lon peut croire qu'ils commencèrent à prendre le titre de nobles. Ce mémoire est plein de faits curieux, d’anecdotes piquantes. On y voit entr’autres choses ET BELLES-LETTRES. 135 que plus de dix-huit cents familles ont été honorées de cette magistrature municipale nommée Capi- toulat, et que dans le nombre de ces familles plus de douze cents ont ainsi acquis la noblesse. Un mémoire intitulé : Rapprochemens histori- ques sur l'hospitalité des anciens, sur la for- mation de nos hôpitaux , la nature de leurs re- venus, et les divers systèmes qui se sont suc- cédés dans leur administration , a été lu par M. Frizac dans nos assemblées particulières. « I] » » » » » » » » nous a paru utile et touchant, dit l’auteur, de présenter en peu de pages tout ce que la succession des temps, l'esprit de la morale et l'intérêt de la société ont suggéré aux diver- ses nations pour venir au Secours des infor- tunés. » Les peuples anciens, chez qui la circonstance de n’être plus sous la protection de leurs Pénates était regardée comme une chance de malheur, nous donnèrent l'exemple d’une piété généreuse, et construisirent des bâtimens pour y accueillir tout individu éloigné de sa famille. » Cest à ces premiers asiles qu'il nous à été donné de faire remonter l’origine des établisse- mens connus, parmi nous, sous les noms d’A6- pitaux et d’hospices. » Nous avons porté notre attention sur toute l’histoire de ces établissemens..…. Nous avons divisé notre travail en deux parties. » La première a pour objet de présenter les différences et Les modifications des établissemens Happorhe mens histori- ques sur l’hos- Pitalité, etc. 136 INSCRIPTIONS _ » hospitaliers, depuis les temps anciens jusqu’à » nos jours. é » La seconde fait connaitre la nature de leurs » revenus, avec les divers systèmes qui se sont » succédés dans leur administration. Cette partie » de la législation des hospices, que nous n’avons » trouvée réunie nulle part, nous a paru la plus » utile : nous Pavons prise à sa naissance, et nous » l'avons suivie dans ses développemens jusqu’au » terme où elle s’est arrêtée. » Après avoir ainsi tracé le plan de ses recherches, Vauteur entre en matière. Il nous montre lhos- pitalité exercée avec le plus noble empressement chez les peuples de l'antiquité. Télémaque et son compagnon s'offrent à Ménélas, et ce Roi sindi- gne qu’on puisse hésiter à les recevoir (1). « V'ai- je pas, Sécrie-t-il, mangé le pain de l'hospitalité avant que le maitre des dieux ettt mis un terme à mes peines ! » Ulysse, à peine échappé aux horreurs du naufrage, est conduit dans la demeure d’AÆlcinoüs. Le Roi assemble les chefs du peuple : « Je ne connais point, leur dit-il, cet étranger ; mais il nous demande les moyens de retourner dans sa patrie : que jamais malheureux abordé dans nos états ait vainement réclamé nos se- cours (2)! » Pindare (3) nous apprend que Jupiter hospitalier était adoré dans Pile d'Ægine. Nous ne suivrons pas l’auteur dans ses recherches sur les (1) Odyss., lib. xrr, 0. 57. (2) Odyse., lib. vrrr, 0. 26. (3) Olymp., od. rx. PEN ET BELLES-LETTRES. 137 Xenodochia, sur la Gérusie de Sparte, etc. Il retrouve dans presque toute la Grèce des marques de la plus touchante compassion pour lPinfortune. Il en reconnaît aussi des exemples chez les Ro- mains. Mais c’est sur-tout depuis l'établissement du christianisme qu’on voit la charité publique offrir aux malheureux des secours abondans. Les premiers fidèles, mettant en commun leur fortune pour donner des soins plus efficaces aux pauvres, aux malades, aux voyageurs, offrent un tableau sublime, et qui n’eut pas de modele dans Panti- quité. Les chefs des églises durent se charger du soin des pauvres de leur diocèse. /Apôtre de Da- mas, dans son Épître à Tite, avait dit : «Que tout » évêque étant le dispensateur des grâces de Dieu » sur la terre, devait par-dessus toutes choses être » hospitalier. » Les cloîtres furent pendant long- temps les lieux où les pauvres allaient chercher leur nourriture, et faire soigner leurs plaies et leurs infirmités. Les cathédrales étaient en quelque sorte le refuge des malheureux, des pélerins et des malades. Les ordres militaires et religieux établirent aussi des hospices. Les chevaliers de la milice du Temple en firent construire sur les di- verses routes qui conduisaient à la Cité sainte. L'auteur suit, dans tous les siècles, les progrès des institutions consacrées à l’enfance abandonnée, à la vieillesse et à l’infortune, et il célèbre les vertus de Pillustre Z’incent de Paul, qui appartenait à une province voisine de celle que nous habitons , et qui vint à Toulouse préluder par d’heureuses Essais his- toriques sur le Bigorre. 138 INSCRIPTIONS études à cette éloquence douce et persuasive avec laquelle il parvint à assurer des secours au malheur. Dans la seconde partie de son ouvrage, M. Frizac présente tous les documens qui peuvent servir à former la législation des hôpitaux : mais ce n’est point une compilation indigeste; ces matériaux sont coordonnés d’une manière utile et savante, et l’on reconnait l'administrateur distingué dans l'historien des établissemens consacrés à la bien- faisance. M. n’Avezac-MacayA, correspondant de l’Aca- démie, a composé des Essais historiques sur le Bigorre , accompagnés de remarques critiques , de pièces justificatives , de notices chronologiques et généalogiques. V'auteur a divisé son ouvrage en sept livres. Le premier est consacré à des recher- ches sur Porigine, les mœurs, la religion, état politique des Bigerrones avant l’arrivée des Ro- mains. Le second renferme le précis des événemens, depuis la conquête des Gaules par les Romains, jusqu’à l'établissement des Visigoths dans le Bi- gorre. Le troisième offre le tableau historique des événemens qui eurent lieu dans ce pays depuis l’invasion des Fascones jusqu'à érection du Bigorre en comté héréditaire. Dans le quatrième, l’auteur raconte les événemens depuis cette époque jusqu'aux dissensions relatives à la succession de la comtesse Pétronille. Dans le sixième, M. n’A- vezAc-Macay À s'occupe de l’histoire du Bigorre, depuis les dissensions dont nous venons de parler, jusqu’à la levée du séquestre mis sur le comté. ET BELLES-LETTRES. 139 Dans le suivant, on trouve le précis des événe- mens, depuis la levée de ce séquestre jusqu’à la réu- nion du comté à la couronne de France. Enfin, dans son septième livre, l’auteur rappelle tout ce que histoire du Bigorre offre de traits intéressans depuis qu'il fut placé sous le pouvoir immédiat des Rois, et jusqu’à l’organisation de cette petite province en Département des Hautes-Pyrénées. Tous les faits, rapportés par Pauteur, sont étayés de preuves, ou discutés dans des remarques sa- vantes. Une foule de chartes ont été recueillies et analysées dans cet ouvrage. Elles forment en quel- que sorte des notes perpétuelles au bas des pages, et offrent ainsi un faisceau de documens incontes- tables, intéressans , non-seulement pour le Bigorre, mais aussi pour les provinces voisines. Des obser- vations sur les mœurs, les coutumes et les lois des différentes contrées dont le Bigorre était composé, et sur quelques monumens antiques qui y furent découverts, ajoutent puissamment à l'intérêt que cet ouvrage inspire (1). On peut le comparer, et pour le plan et pour l'exécution, aux excellentes histoires de Languedoc et de Bretagne, par les savans D. ’aissette et D. Lobineau. Avant de livrer son travail à impression, M. »’Avezac-Macay A Pavait présenté à l'Académie, et M. le baron de Lamorne-Laxcox a lu, dans une de nos séances, un rapport étendu, dans lequel il fait sentir tout le mérite des Essais historiques sur le Bigorre. (1) Il a été publié à Bagnères en 1823, en 2 vol. in-8.°. BrocraPuiE. Sylla. 140 INSCRIPTIONS SUIVANT quelques écrivains, dont l'opinion dif- fére un peu de celle de notre confrère, M. l'abbé SAINT-JE AN, on étudie rarement avec succès, dans les vastes tableaux de Phistoire générale, la phy- sionomie des hommes illustres. C’est dans les dé- tails privés de leur vie domestique qu’on apprend à dessiner leurs traits. On se plaît, dit Montaigne, à guetter les grands hommes aux petites choses, et les faits particuliers qu'un esprit superficiel af- fecte de mépriser, deviennent pour l’esprit obser- vateur un sujet d'étude; 1l les préfère même aux plus brillans récits de l’histoire : ici on voit lhom- me, là, on n’aperçoit qu'un acteur. Une Bio- graphie anecdotique, bien faite, sert plus la philo- sophie, que des annales écrites avec emphase. Louis TX se dévoile mieux sous le chêne de Vin- cennes, et dans l’intérieur même de son palais, que dans les champs de Taillebourg; et on admire encore plus françois L.”, protégeant les sciences et accueillant les gens de lettres, que lorsqu'il met en fuite, à Marignan, les vieilles bandes helvéti- ques. Ce n’est pas, d'ailleurs, toujours dans leurs actions publiques, ou au temps de leur puissance, qu’on peut juger les grands hommes. L'un des caractères les plus remarquables de l’histoire romaine est sans doute celui de Sy//a. Cet homme trop fameux n'apparaît d’abord que souillé de sang et couvert de crimes; on ne peut le contempler sans effroi. Mais le dictateur renon- cant à la suprème puissance, et trouvant le repos dans les douceurs de la vie privée, offre un spec- ET RELLES-LETTRES. 141 tacle qui frappe d’étonnement. On cherche à dé- mêler dans Phomme , réduit à la qualité de simple citoyen, le vainqueur de Marius, le tyran qui, déclarant infâmes les fils et les petits-fils des pros- crits, fut le seul, dit Sulluste , qui ait eu l'idée de préparer des supplices à ceux mêmes qui n’é- taient pas encore nés. L'auteur de l'Esprit des Lois a dévoilé tous les replis de cette âme extraor- dinaire. M. Pabbé Sarnr-JEAN a essayé aussi de peindre ce personnage célèbre, et dans sa Votice historique sur Sylla , 1 a réuni tous les linéamens dont l’ensemble compose le portrait du vainqueur d’Orchomène. Cet opuscule est écrit avec force,avec élégance : la concision du style le fait autant remarquer que l'éclat des pensées. Il y a loin sans doute d’un dictateur farouche à une courtisane qui ne dut sa renommée qu’à ses charmes ; mais cette courtisane vivait à une époque où les mœurs, moins sévères en apparence que chez les peuples modernes, ne marquaient pas toujours du sceau d’une réprobation absolue les femmes sans pudeur. Celle-ci occupe d’ailleurs un rang dans l’histoire, et l’on a vu quatre des plus illustres Romains s'attacher à elle, On la nom- mait Cytheris; ce nom semble annoncer qu’elle était née dans Ja Grèce. Elle fut esclave de To/um- nus, qui, ayant suivi Brutus, refusa de tuer ce dernier des Romains, après la bataille de Philippes, et qui, témoin du trépas de son ami, ne put y survivre, et se donna lui-même la mort. Il avait, depuis plusieurs années, affranchi Cyteris. Elle Cytheris. 142 INSCRIPTIONS suivit d'abord deux comédiens célèbres, qui l'ins- truisirent dans l’art des mimes. Marcus Brutus la ravit au théâtre, et en fit sa maîtresse; mais, entrainé bientôt par son zèle pour la liberté, cet homme illustre, luttant avec les débris de la ré- publique contre les armes heureuses du jeune César, oublia Cytheris. Elle passa dans les bras du poëte Gallus. M. PAcés, auquel nous devons une Notice sur Cytheris , a rassemblé en même temps les principaux traits qui nous ont été laissés sur Gallus. « Virgile lui avait consacré le quatrième livre des Géorgiques ; mais lorsque Gallus eut perdu la confiance de heureux Octave, le grand poète substitua, dit-on , à ses vers sur le courtisan disgracié, l’épisode d’Aristée. » Gallus fut Vami de Catulle, qui lui dédia plusieurs de ses pièces. Ovide parle souvent des amours et des malheurs de cet amant de Cytheris. Elle lui fut enlevée par Antoine, qui l’amena dans les Gaules : Cicé- ron et Plutarque attestent ce fait. « Il faisait, dit » ce dernier, en parlant d_Æntoine, il faisait porter » la courtisane Cytheris dans une litière, qui » était suivie dun train aussi magnifique que » celui de sa propre mère. » Selon le même auteur, Cytheris était logée, pendant ce voyage, chez les hommes les plus sages et chez les femmes les plus vertueusés des villes où Æntoine passait. La dou- leur que la perte de Cytheris fit éprouver à Gallus fournit à J’irgile le sujet de sa dixième églogue. On sait que Gallus obtint la préfecture de V'É- gypte, qu'il fut accusé de concussion, et qu’au lieu ET BELLES-LETTRES. 143 de revenir à Rome pour se justifier, il se donna la mort. Cytheris, déjà négligée depuis Punion de Fulvie avec Antoine, fut oubliée lorsque ce dernier devint l’amant de Cléopatre. Il est à re- marquer qu’_Æntoine se tua, ainsi que /’olum- nius, Brutus et Gallus. Pour Cytheris, quand l’âge lui eut enlevé sa beauté, elle vieillit in- connue, et mourut sous le règne d'Æuguste. La Notice sur cette courtisane célébre est semée de discussions critiques. M. PAGÉs soutient, con- tre le sentiment de l'abbé de Souchay, que la Cytheris qu’'Antoine amena dans les Gaules est la même que lamante de Gallus. Il fait con- naître aussi l’opinion des anciens sur les courti- sanes, et il montre combien elle différait de la nôtre. On doit à M. Du Mëce une Notice historique sur Bernard IF, comte de Comminges. En ras- semblant toutes les particularités de la vie de ce prince, on voit que l’objet de l’auteur a été de rechercher origine de la célèbre abbaye de Bon- nefont : ce monastère était situé à douze lieues de Toulouse. Deux cents colonnes en marbre blanc formaient le pourtour du cloître; des sculptures élégantes décoraient l’intérieur de lédifice : tous ces objets ont disparu, et ce lieu, consacré jadis à la piété, n’offre plus au voyageur que des mon- ceaux de ruines. Le mausolée du comte Ber- nard TV était placé vers l’extrémité de la croisée de l'église, du côté gauche. Ce monument était recouvert par la statue, armée et couchée, du Bernard IV, comte de Com- minges. Faymond VI, comte de Tou- louse, 144 INSCRIPTIONS comte. Plusieurs historiens (1) ont attribué la fon- dation de cette abbaye à Bernard 1F ; mais M. Du MÈGE combat cette opinion , et Sappuie du témoi- gnage de D. WMartenne (2), et de celui des auteurs de la Gallia christiana (3). Ms assurent tous, en cllet, que cette maison religieuse fut bâtie par une dame de Montpezat et par ses trois fils. Un acte authentique rapporté dans la Notice confirme ce fait. Bernard IF n’a donc point fondé cette abbaye; mais sa piété connue, dont il nous reste encore plusieurs monumens, peut faire conjec- turer qu'il en devint le bienfaiteur. Ce prince ayant été tué près de Saint-Gaudens, en 1150, on porta son corps à Bonnefont, où presque tous les comtes de Comminges choisirent leur sépulture (4). L'histoire d’un souverain bien plus célèbre que Bernard IF a occupé M. le baron de LAmorHE- Lancox; cest le fameux Raymond PT, comte de Toulouse, qui, père de son peuple, ne voulut pas en devenir le bourreau. Toujours supérieur à la mauvaise fortune, ce héros parut plus grand dans l'exil que sur le trône. Aimé de ses sujets, il chassa de ses vastes domaines un usurpateur ap- puyé de toute la puissance que lui donnait le ütre de vengeur de l'église. L'histoire des Albi- (1) Histoire généalogique des Pairs, etc. ; Histoire générale de Languedoc, tom. IT, pag. 467. (2) Voyage littéraire, part. 11, pag. 15. (3) Gallia christiana, tom. I. (4) Histoire générale de Languedoc, tom. IL, pag. 467. — Simplicien, Histoire générale, tom. Il, pag. 630. ET BELLES-LETTRES. 149 geois, à laquelle M. de Lamorne-LAnGox travaille depuis long-temps, a fourni les principaux traits de cette Notice. On y voit les excès du fanatisme, « la courageuse résistance de Raymond °F, qui » Vainquit, mais ne lassa point la haine de ses » ennemis. N'ayant pu le dompter pendant sa vie, » ils voulurent se venger sur son cadavre : il ne » fut pas inhumé dans une terre sainte. Vaine- » ment le comte Raymond J7ET, son fils, voulut » lui rendre les derniers devoirs; l'autorité ecclé- » siastique demeura inflexible; les restes de cet » illustre comte de Toulouse ne reposèrent jamais » dans un tombeau, et l’on montrait encore, avant » la révolution, dans la chapelle de lhôtel de » Malte, ses ossemens frappés d’anathème. » Distingué par son attachement à Raymond FT, le troubadour Pierre F'idal mérita, comme auteur, d'occuper une place distinguée dans l’histoire lit- téraire du moyen-âge. Il fut comblé de bienfaits par le comte fiaymond F7, et se montra recon- naissant. En apprenant la mort de ce prince, il commanda à ses domestiques de laisser croître leur barbe et leurs ongles, et il leur fit raser la tête; puis, poussant ses sentimens jusqu’à l’exagération, il fit couper la queue et les oreilles à ses chevaux, et voulut renoncer au monde. Æ/phonse, Roi d'Arragon, put seul le rendre à la poésie. M. de LamoraEe-Lancon a lu, dans une des séances de l'Académie, l’histoire de ce troubadour (1). «Au- (1) Notice historique sur Pierre Vidal, troubadour né à Toulouse. 10 Pierre Vidal, troubadour. 146 INSCRIPTIONS » teur habile, dit notre confrère, Pierre Vidal » fut un amant digne de pitié. Pour prouver son » amour, il poussa la folie jusqu’à l’excés : on con- » naît les détails de sa passion pour Ltiennette , » femme du sire de Pennautier. Nous devons » croire que cette dame valait mieux que sa répu- » tation. Les malins du pays Pavaient surnommée » la Louve de Pennautier ; qualification qui, peu » honorable, voulait beaucoup dire. /’idal n’en » fut pas effrayé; au contraire, il imagina, pour » plaire à la dame, de prendre lui-même le nom » de Loup. Jusque-à , il n’était que ridicule; mais » poussant plus loin son délire, on le vit un jour » dans la Montagne-Noire, près des tours de Ca- » baret, revêtu dune peau de loup, marchant à » quatre pattes, et se faisant poursuivre par les » bergers et les mâtins de la contrée, qui ne » le ménagèrent point. On Parracha du milieu » d'eux, à moitié mort des blessures qu’il avait re- » ques. Le châtelain de Pennautier et sa femme, » éclatant de rire d’une si inconcevable folie, le » firent cependant transporter dans le château, » où la belle Louve le soigna de ses mains. » Mais si l'amour rendait quelquefois Pierre Fidal in- sensé, on le voyait en d’autres circonstances dé- ployer un beau caractère et de nobles sentimens. Il fut toujours fidèle aux généreux princes de la maison de Toulouse. À l’époque de leur infor- tune, il embrassa hautement leur défense, eL cette conduite n’était pas sans dangers. Les ou- vrages de Pierre F'idal \ui assurent Pun des pre- ET BELLES-LETTRES. 147 miers rangs parmi les poètes de POccitanie, et M. de Lamorne-Laxcon en fait connaître toute Pimportance, tout le mérite. Il illustra son pays, et cependant il n’y a pas reçu les honneurs de lapothéose, prodigués pendant le dernier siècle à des hommes médiocres et maintenant entièrement inconnus. Après avoir écrit la vie du poète qui brilla le plus à la cour des comtes de cette ville, M. DE Lamorne-Lancon a fait des recherches sur Guil- laume de Puylaurens, historien et aumônier du dernier de ces princes (1). Il naquit sans doute dans la ville dont il portait le nom, au commen- cement du 13." siècle, et poussa sa carrière Jus- qu’à près de cent ans. Admis dans la familiarité de Raymond VIT, ayant passé sa vie au milieu de ceux qui avaient eu part aux grands événemens qui signalèrent l’époque de la guerre des Albigeois, il pouvait, mieux que personne, les écrire avec exactitude. La chronique qu’il nous a laissée con- tient des choses fort curieuses, racontées dans un grand détail. Îl est sincère dans tout ce qu’il avance; aussi D. J’aissette, ce savant historien du Languedoc, ne balance pas à dire que, de tous les auteurs contemporains, Guillaume de Purylaurens est celui auquel il accorde le plus de confiance. M. »E Lauorur-Lancox, infatigable dans ses Guillaume de Puylau- rens. Pons Nac- recherches littéraires et biographiques, a fait con- 8: (1) Notice historique sur Guillaume de Puylaurens. 10. Guillaume de Nogaret. 148 INSCRIPTIONS naître un âuteur cité dans nos vieilles chroniques, mais dont l’âge n’est pas déterminé, et dont les ouvrages sont inconnus ou perdus depuis long- temps. Il se nommait Pons Naugasien ; et si lon en croyait Bertrand, Noguier et quelques autres, il aurait été professeur dans une école célèbre établie sur les côteaux de Puy-David, et aurait vécu peu de temps avant l'entrée des Romains dans les Gaules. Cherchant à substituer à ces absurdités quelque chose de raisonnable, M. px Lamorne-LanGon pense qu'il a pu exister, à une époque rapprochée de celle où Bertrandet Noguier écrivaient, un historien nommé Pons Naugasien , auquel ils emprunterent une partie de leurs récits. Il conjecture qu’ils ont reculé à dessein le temps où vivait cet auteur, dans l'espoir de donner par- là à leurs assertions et à leurs rêveries le poids d'une autorité respectable. C’est ainsi que les mé- mes auteurs ont placé, dans un siècle très-éloigné, Guillaume de Cap-Denier, célèbre professeur, dont le nom indique qu'il vivait, au plus tard, pendant le 12. ou le 13." siècle. Un chancelier de France, qui fut à la fois grand guerrier et grand politique, a aussi occupé le même académicien ; et si dans sa Notice sur Guillaume de Nogaret, M. pe Lamorue-Laxcon n’a pas eu à discuter des faits, à déterminer des époques, il a raconté avec rapidité une vie pleine d’actions qui annoncent de lintrépidité et une grande fer- meté de caractère. Né à Saint-Félix de Caraman, vers l'an 1260, Noguret était, en 1295, profes- ET BELLES-LETTRES. 149 seur en droit à Montpellier. En 1294, il fut juge- mage à Nîmes. Ses travaux le firent distinguer de Philippe-le-Bel. Anobli et élevé au rang de che- valier, en 1299, il fut mis à la tête de ambassade envoyée à Boniface F'IIT, l’année suivante. Ce pape voulait soumettre à son autorité temporelle tous les princes de PEurope. Nogaret déploya en cette occasion les plus grands talens, et soutint avec force les droits du souverain sans insulter au saint-siése. Enfin, Boniface ne gardant plus de mesures, excommunia Philippe-le-Bel. Pour se venger, le monarque résolut de semparer de la personne du Pape et de le faire conduire à Lyon, où un concile universel eut déposé. Nogaret fut chargé de ce soin; il força le palais du Pape à Agnanie, et pénétra jusqu’à Jui Pépée à la main; cependant il le sauva des mains de Sciarra Co- lonne , qui voulait le tuer. Forcé de fuir devant tout le peuple d’'Aonanie, armé pour défendre et venger Boniface, il revint en France, et fut comblé de biens et d’honneurs par le Roi, qui n'avait point de serviteur plus dévoué. Exécuteur aveugle des ordres de son maitre, il fit saisir tous les Juifs établis dans le royaume. Un an après, étant déjà chancelier de France, il eut la plus grande part au jugement des Templiers, et lui- même arrêta le grand maître de cet ordre. Aïnsi Nogaret attacha son nom aux actes odieux dont la mémoire de Philippe est souillée. Une dame, qui naquit à Toulouse environ 15 ans après la mort de C/émence Isaure, et qui fut Paule de Viguier. 150 INSCRIPTIONS célebre par ses talens poétiques et par sa beauté, Paule de Figuier, plus connue sous le nom de la Belle Paule, a été l’objet d'une Notice pré- sentée aussi à l’Académie par M. pe Lamorue- LaxGox. Dès sa plus tendre jeunesse, Paule fut un objet d’admiration pour les Toulousains. « Elle » avait quatorze ans, lorsqu’en 1533 François E.°* » honora leur ville de sa présence. Les capitouls » choisirent Paule pour offrir à Paimable monar- » que, au premier des chevaliers, les clefs de la » cité. Le prince, aussi galant qu’il était brave, » demeura frappé à la vue de cette jeune personne, » qui, vêtue en nymphe, prononça devant lui » une harangue en vers français, avec toute la » grâce possible. Il crut voir l’un des modeles de » ces statues grecques, chefs-d’œuvre de Panti- » quité, qui, nouvellement découvertes en Italie, » Charmaient alors les yeux des connaisseurs. » François I‘, en admirant cette personne, la » nomma dans son enthousiasme /4 Belle Paule, » et ce titre ne lui fut pas disputé. » M. n£ La- MOTHE-LANGON a rassemblé, sur cette femme cé- lébre, tout ce que les écrivains du 16." et du 17. siècle nous ont transmis. Mariée d’abord au sire de Baynaguet, elle épousa, après la mort de celur- ci, Philippe de la Roche, baron de Fontenille, qui avait eu ses premières affections. Catherine de Médicis ayant accompagné Charles IX, son fils, à Toulouse, en 1563, demanda avec empres- sement que Paule lui fût présentée. Quoique la belle Toulousaine eût alors 45 ans, elle parut si LA ET BELLES-LETTRES. 151 éblouissante aux yeux de la Reine, que celle-ci demeura stupéfaite à l'aspect de tant de perfec- tions réunies en une seule personne. Le connétable de Montmorency, qui accompagnait Médicis, dit alors, étonné de tant de beautés, qu’on pouvait har- diment placer la baronne de Fontenille au nom- bre des merveilles de Punivers, et qu’elle était lorgueil de Toulouse et de son siècle. Un parent de la Belle Paule, Gabriel de Minut, baron de Castera, écrivain distingué par ses talens poéti- ques et par sa profonde érudition, montra toujours une vive admiration pour sa belle cousine. Il a laissé un monument singulier de sa passion pour elle, dans un de ses ouvrages intitulé : De /a Beauté, discours divers pris sur deux belles façons de parler, desquels l’hébrieu et le grec usent : l’hébrieu Tos, et le grec Garon CAGATHON, vou lans signifier que ce qui est naturellement beau est aussi naturellement bon; avec la PAUrEGRA- Pie, où Description des beautés d’une dame tho- losaine , nommée la Belle Paule. Ce livre extraor- dinaire, qui fut publié en 1587, du vivant de la baronne de Fontenille, par Charlotte de Minut, sœur du baron de Castera, qui se qualifie de très- indigne abbesse du pauvre monastère de Sainte- Claire de Tholose, fut dédié à Catherine de Mé- dicis. Dans son ouvrage, Minut ne craint pas de décrire, très-exactement, toutes les perfections physiques de Paule, et n’en omet aucune. M. »E Lamorme-LanGon n’imite pas cet auteur, et prend seulement quelques traits dun tableau auquel Gratian Du- pont. 152 INSCRIPTIONS Minut, moins réservé, a donné les derniers cou ps de pinceau. Paule vécut près d’un siècle, car elle ne mourut qu'en 1610. Elle fut ensevelie près de sa mère, qu’elle avait tendrement aimée, dans le tombeau des Lancefocs, situé dans l’église des Grands - Augustins. M. DE Lamorue - Lancon donne les preuves de ce fait; ainsi est détruite la fausse tradition accréditée par les Cordeliers de Toulouse, qui, avant la révolution, montraient dans leur caveau sépulcral, où les corps se con- servaient sans corruption, une momie qu’ils nom- maient la Belle Paule. «Elle laissa de grands » souvenirs dans Toulouse, dit M. ne LAmornr- » Lancox. Paule, en qui la nature avait tout » réuni, ne se reposait pas seulement sur sa rare » beauté pour assurer son triomphe; elle voulut » le mériter par de plus aimables succès. Nous sa- » vons qu’elle ’adonna avec beaucoup de fruit à » l'étude; elle lut tous les bons auteurs qui fleu- » rirent de son temps. Chantée chaque jour par » les poètes du Midi, elle toucha également avec » un rare talent la lyre si harmonieuse des anciens » troubadours. Plusieurs de ses ouvrages existent » encore, » M. nE Lamorne-Lancon en cite un qui donne la plus haute idée des talens poétiques de Paule. « C'est un dixain composé par elle pour » servir d’épitaphe à un fils qu’elle avait perdu. » Dans sa douleur, elle demanda aux muses-des » expressions pour satisfaire ses regrets, et les » chastes sœurs lexaucérent. » La beauté, les talens de Paule de l’iguier ne 2 ET BELLES-LETTRES. 153 purent obliger lun de ses contemporains, habitant aussi à Toulouse, de rendre hommage au sexe le plus aimable, Gratian Dupont, écuyer, seigneur de Drusac, aigri sans doute par ses infortunes auprès des dames, confia à sa plume le soin de sa vengeance, et ne s’en servit que pour injurier les femmes, ordinaire ressouree de ceux qu’elles ont maltraités. Dans une Voice sur Drusac, M. DE LamorHe-Lancon fait connaître les divers ou- vrages de cet auteur, bien oubliés maintenant, et qui ne méritent guères d’être retirés de la pous- sière des bibliothèques. Drusac n’obtint pas même un triomphe momentané. Les dames trouverent dans Toulouse des défenseurs aussi zélés qu’ha- biies. Dolet couvrit de ridicule Gratian Dupont, et un ecclésiastique même partagea ce galant cour- roux. Parvenu aux honneurs par de grands talens, par son activité, et peut-être aussi par sa haine contre les sectaires, Etienne Puranti, premier président du parlement de Toulouse, résista aux eflorts d'une faction qui menaçait l'autorité royale: loin de s’unir aux séditieux, il leur opposa la fer- meté d’un magistrat fidèle à ses devoirs. Il périt victime du plus noble dévouement; et la postérité, oubliant les fautes, les erreurs qui avaient signalé une partie de sa carrière, l’a placé au nombre des hommes qui ont illustré le 16.% siècle par leurs vertus. Le tombeau qui lui avait été élevé dans l'église des Cordeliers de Toulouse a été brisé pen- dant nos troubles civils. Sa statue, portée d’abord Étienne Du- ranti. Gaillard Taillasson. 154 INSCRIPTIONS au Musée, à été vendue ensuite à un marbrier et entièrement détruite. M. l'abbé Jaume, auquel la gloire des grands hommes nés dans Toulouse est toujours chère, a présenté à Académie une Notice historique sur Duranti. Dans cet ouvrage, l’auteur rappelle tout ce que ce célèbre magistrat fit en particulier pour sa ville natale, son attachement à la religion, son amour pour le Souverain et pour les lois. 11 demande que les cendres de Du- ranti soient retirées de l'enceinte profanée où elles reposent, et que, placées dans un lieu consacré par la piété, elles puissent encore y recevoir de nouveaux hommages. Après avoir inscrit dans ce rapport le nom d’un grand magistrat, l’ordre chronologique nous force de parler d’un simple musicien. Gaillard Taillas- son, surnommé WMathelin, a été l'objet dune Notice très-curieuse (1), lue dans une des séances de PAcadémie par M. le baron pe Lamorne-Lan- Gox. Jeune encore, Tuillasson acquit une réputa- tion brillante : son nom parvint, ainsi que le bruit de ses succès, jusque dans la capitale. «Là, en » 1608, existait noble Claude-Guillaume Nion, dit » La F' oundly, violon ordinaire de la chambre du » Roi, Roi lui-même et maître des joueurs d'ins- ) trumens, tant hauts que bas, dans tout le » royaume de France, qui, instruit de la répu- » tation de Mathelin (c'est le nom sous lequel » Taillasson était connu), consentit à Le revêtir 2 7 2 = _ (1) Notice sur Gaillard Taillasson, surnommé Mathelin , Roi des violons de France. ET BELLES-LETTRES. 199 » dune partie de son autorité. Il en avait, ce sin- » gulier prince, car il ne pouvait être donné lé- » galement un coup d’archet dans tout le royaume » sans qu'il Peût auparavant permis. Vion, par » acte public passé devant M. Descolermaux et » Marchevelle, notaires à Paris, le 21 août 1608, » concéda à Mathelin le titre de son lieutenant » irrévocable : {ui donnant le droit de recevoir » tous maitres, joueurs d’'instrumens , tant audit » Toulouse que dans les villes du ressort du par- » lement de cette cité; comme aussi, de faire » toutes corrections ou punitions qu'il appar- » tiendra contre toute personne qui entreprendra » sur ledit art sans son congé et licence. Le tout » fut bien et dûment enregistré comme usage. » En 1639, Mathelin lui-même fut créé Roë des » violons de France, par Louis XTIT. » Les diverses Notices dues à M. Marxror, et dont il est parlé dans ce rapport, ont été tirées d’un ouvrage, encore inédit, sur les monumens de Toulouse. À la description des objets d'art qui existaient dans cette ville, Pauteur avait joint des mémoires biographiques sur les peintres et Les sculp- teurs auxquels on en était redevable. Il a succes- sivement lu dans les séances de l’Académie des Notices sur Ambroise Frédeau , Aean Pacquier, André Lèbre, Jean Michel, Subleyras, Guil- laume et Francois Cammas. Ces notices font connaître l’histoire des arts dans Toulouse, depuis le commencement du 17.* siècle jusqu'aux der- nières années du 18.%°. Ambroise Fredeau. 156 INSCRIPTIONS Ambroise Fredeau naquit à Paris en 1589; il se livra de bonne heure à l'étude des arts dépen- dans du dessin, et entra dans l’école de Simon 'ouet. HN y cite Lesueur, Lebrun, Perrier, Mignard, Dorigny, Testelin , Dufresnoy, qui tous RAA dans là suite une grande renom- mée. Son application et son génie l’auraient mis aussi au nombre des artistes les plus célèbres; mais des revers de fortune lobligerent à aban- donner latelier de Jouet et à embrasser la vie monastique. Après avoir été reçu parmi les Au- gustins, F'redeau fut successivement appelé dans plusieurs maisons de son ordre : à la fois peintre et sculpteur, il décorait avec goût les églises des couvens dans lesquels il faisait quelque séjour. La culture des arts et la solitude lui rendirent le bon- heur qu'il ne pouvait plus espérer dans le monde. Ces saintes maisons, ces monastères nombreux que nous avons vu détruire, offraient à l’homme, détrompé des prestiges de la grandeur et des biens de la terre, un port assuré contre les orages de la vie. On pouvait y cultiver les lettres et les arts : les révolutions n’altéraient point le régime de ces demeures tranquilles; et si lenvie, si la haine versaient quelquefois leurs poisons jusque dans le sein des cloitres, c’est qu’il n'existe pas de lieux où les passions ne puissent prendre la place des plus humbles vertus. Fredeau vint à Toulouse au commencement de l'année 16/40 : cette ville jouis- sait alors de tous les biens de la paix. Le religieux fut accueilli avec distinction. Bientôt quinze cha- ET BELLES-LETTRES. 197 pelles de la grande église, où du cloître des Augus- tins, furent ornées de peintures et de statues par les mains de cet artiste habile. Presque tous les couvens de son ordre, en France, lui demanderent quelques-unes de sès productions : sa facilité lui fournit les moyens de satisfaire à ces demandes multipliées. Il ouvrit une école dans le couvent qu'il habitait, et beaucoup de jeunes gens, parmi lesquels on remarqua Jean-Pierre Rivalz, y vin- rent recevoir des leçons. Les personnes les plus distinguées par leur naissance ou par leurs emplois visitaient son modeste atelier, et lui donnaient hautement des marques d'estime. Ses supérieurs furent jaloux de la noble considération qu’il de- vait à des talens qui leur étaient étrangers; on ferma son atelier, on le bannit de sa cellule, et il fut réduit à la condition de portier; mais il reçut dans sa loge obscure, et presque chaque jour, les personnes qui laimaient, et les artistes qui vou- laient profiter de ses conseils et de son exemple. Ne pouvant mettre un terme à ces hommages pu- blics, on lui rendit sa palette et son ébauchoir, et 1l travailla avec une nouvelle ardeur; mais une trop longue application, qui déjà avait affaibli sa vue, lui enleva entièrement ce sens précieux, et ses yeux éteints ne purent plus contempler les prodiges de la nature qu’il savait si bien retracer sur la toile. « Malgré sa cécité, il essaya de mo- » deler encore. Il fit même son portrait, que l’on » trouva très-ressemblant. Je Pai vu, dit M: Mar- » LIOT, dans la bibliothèque du couvent, où lon André Lè- bre. 158 INSCRIPTIONS » conservait une grande quantité de modeles » de sa façon; mais les plus beaux avaient été » enlevés depuis long - temps. Il fit aussi, étant » aveugle, le Christ qui était au haut du jubé. » André Lèbre naquit à Toulouse vers lan 1629. Ses parens étaient peu fortunés. Ils remarquèrent les dispositions que leur fils annonçait pour la peinture, et l’occupèrent à des ouvrages qui de- vaient étouffer ses talens, au lieu de lui fournir le moyen de les développer. La mode était alors de décorer par des feuillages et des arabesques les planchers des appartemens : ce fut pendant plu- sieurs années le travail ordinaire d_/ndré Lèbre. Lorsqu'il pouvait se dérober à cette occupation , il se renfermait dans une chambre isolée, où il des- sinait avec ardeur. La nature fut son unique guide. Ses parens étant morts, il s’'adonna encore plus à l'étude. Il dessinait sans cesse , et s’'exerçait à com- poser sur différens sujets de lhistoire sainte et profane. Déjà il avait fait de grands progrès, et il ne s’en doutait pas. Ses amis montrèrent ses dessins et ses essais de peinture à des connaisseurs, dont les éloges l’encouragèrent. Il profita de leurs avis, et ayant acquis quelques plâtres, mou- lés sur l'antique, il ne dessina plus que d’après ces morceaux, sappropria en quelque sorte leurs belles formes, et donna au contour de ses figures une grâce et une pureté peu communes. Colombe Dulis Vaida de ses conseils; Durand, alors peintre de Phôtel-de-ville, lui ouvrit son atelier. On plaça lun de ses tableaux dans le capitole de Toulouse. ET BELLES-LETTRES. 159 Plusieurs maisons religieuses furent décorées par lui. Ses succès, bien loin de lenorgueillir et de ralentir son ardeur pour létude, ne faisaient que animer de plus en plus. Sil est vrai que chaque artiste se peint dans ses ouvrages, dit M. Marzror, André Lèbre était chaste et pieux; jamais des sujets obscènes ne souillèrent son pinceau. Il gar- dait presque toujours les originaux de ses tableaux de chevalet, lorsqu'il en était content, etne donnait aux amateurs que des copies; mais il les faisait avec tant de soin, et y plaçait si à propos des tou- ches hardies, qu’il est impossible aujourd’hui d’in- diquer quels sont les ouvrages originaux ou les copies de ce maître. Jean Pacquier naquit en 1628, à Coursan, près de Narbonne. La vue des monumens antiques qui existent dans le midi de la France frappa vive- ment limagination du jeune Pacquier, et il de- vint sculpteur. Ses parens l’envoyèrent à Toulouse, où il reçut quelques leçons d_Æmbroise Fredeau. Il fut ensuite à Rome, et y perfectionna ses talens. On dit qu'ayant appris qu’une jeune personne qu'il devait épouser venait d'être accordée à un autre, la peine qu’il en ressentit l’engagea à re- noncer au monde. Il entra dans l’ordre des Mini- mes, et mourut à Béziers en 1676. Jean Michel était né en 1659, à Luzenac, vil- lage du comté de Foix : son père était peintre, et il dut lui-même embrasser cette profession. Il étu- dia son art à Paris, sous le célèbre de Troy, et s'établit à Toulouse en 1682. Il fut nommé peu Jean Pac- quier. Jean Michel. Pierre Sus bleyras. Guillaume Cammas. 160 INSCRIPTIONS de temps après peintre de l’hôtel-de-ville. Ses en- nemis lui suscitèrent une querelle qui lui fit perdre cette place. Il mourut en 1709. Plusieurs de ses tableaux annoncent un vrai talent. Il samusait quelquefois à peindre des fleurs; leur touche et leur fraicheur font attribuer à Baptiste, ou à son école, toutes celles qu’on voit de lui dans les cabi-« nets. Le Musée de Toulouse renferme plusieurs tableaux de ce maître. On distingue dans le nom- bre une Bacchanale, et les noces de Cana. Dans ce dernier, le peintre a représenté sa femme sous la figure de ja jeune épouse, et l’un de ses fils dans celle de l'adolescent quitient l’amphore. Jean Michel était Vaïeul maternel de M. Mario. Pierre Subleyras, né à Uzès en 1699, vint à Toulouse n'étant encore âgé que de seize ans. Antoine Rivalz le recut dans son atelier. Le jeune artiste fit de grands progrès, et exécuta, sous les yeux de son maitre, les tableaux qui décoraient le plafond de l'église des Pénitens-Blancs. Il partit pour Paris en 1724, remporta deux ans après le grand prix de peinture, et fut envoyé à Rome, avec le brevet de pensionnaire du Roi. Ce peintre est lun des plus célèbres de ancienne école fran- çaise. Guillaume Cammas, peintre et architecte, naquit dans le village d’Aignes en 1698. Après la mort d'Antoine Rivalz, qui le désigna pour son successeur, il occupa la place de peintre de la ville. Il est Pauteur de la façade du Capitole de Toulouse, monument qui a près de r20 mètres ET BELLES-LETTRES. 161 de longueur. On le compte au nombre des fonda- teurs de l'Académie des arts de cette ville. Lambert-Francois-Thérèse Cammas, fils du précédent, né à Toulouse en 1943, professa pen- dant long-temps et avec succès l'architecture. Il fut, avec M. Marrror, notre confrère, Vun des Pondatèurs du Lycée d rillene » de génie, et de marine, et l'Académie de Saint - ue de Rome Padmit dans son sein en 1770. Il a laissé un Cours d'architecture civile, une Description des princi- paux ponts du monde , etc. 1] mourut le 31 jan- vier 1804. Les règlemens de l'Académie ont fixé le genre de travaux de chacune des classes qui la compo- sent; mais ses membres ne se sont point interdit la faculté de présenter des ouvrages purement littéraires, où qui ne se rattacheraient que fai- blement à nos occupations habituelles. La classe a pu s'enrichir ainsi de quelques opuscules qui ont mérité toute son attention, et de nouveaux té- moignaces d'estime à leurs auteurs. Dans un Mémoire sur l’utilité des assemblées publiques des sociétés littéraires et savantes , M. l'abbé Sarnr-Jran sattache d’abord à venger les Académies des déclamations injustes de quel- ques hommes superficiels ou prévenus, qui pensent qu'une assemblée publique est une cérémonie consacrée plutôt à la vanité qu’à instruction ; où lamour-propre, sous le nom spécieux de bien public, se donne en spectacle pour se couronner 11 Lambert. François-Thé- rèse Cammas, MÉLANGES LITTÉRAIRES. Mémoire sur les assemblées publiques des Académies. 102 INSCRIPTIONS de ses propres mains, tandis qu'aux yeux du philosophe ces époques solennelles ont un objet et plus noble et plus grand, celui denflammer Pé- mulation, dinspirer le goût des connaissances utiles, de propager des vérités nouvelles, de com- battre des préjugés et de détruire des erreurs. L'auteur développe ensuite le noble sentiment qui guide l’homme de lettres dans les plus pénibles travaux de Pétude : la gioire est tout pour lui. Méfions-nous, dit M. Sairnr-Jeax, des ennemis de la gloire, cette passion des grandes ames, qu’on n’affecte de dédaigner que lorsqu'on se sent inca- pable de pouvoir latteindre. La meépriser, dit Tacite, c'est mépriser les vertus qui y ménent. L'auteur montre que lécrivain ne jouit véritable- ment du prix de ses travaux que lorsqu'il peut éclairer ses concitoyens, en répandant sur eux les lumières qu’il a acquises dans ses profondes mé- ditations, et que c’est sur-tout dans une assemblée publique qu'il doit captiver leur attention et mériter leurs suffrages. M. l'abbé Sarnr- JEAN rapporte, en faveur de son opinion, des exemples fameux tirés de lhistoire de la Grèce et de Rome. Il repousse les sophismes de ceux qui pensent que les siècles des grandes découvertes et des hautes conceptions sont déjà loin de nous, et que les as- semblées publiques des corps littéraires ou savans ne peuvent plus piquer désormais la curiosité, étendre la civilisation, féconder l'esprit, et donner un nouvel essor au génie. Il déroule le tableau des connaissances humaines à l’époque où ET BELLES-LETTRES. 163 nous vivons, et les progrès toujours croissans des sciences, et il montre que la marche ascendante de Pesprit humain, loin d’avoir été suspendue, paraît avoir acquis plus d'activité. Que serait le génie, dit-il, si sa puissance créatrice pouvait être un instant sans exercice et sans vigueur ? Les assemblées publiques des corps scientifiques n’ont été suspendues à Toulouse que pendant peu d'années, et lon sait que M. l'abbé SarnT-JEAN, uni avec un ancien membre de la classe (1), pro- voqua Ja création d’une société qui conserva le goût des lettres dans cette ville, à une époque où les dissensions politiques répandaient encore le trouble et l’effroi. Cette société, connue sous le nom d’Æthénée, cessa d'exister lorsque la France, victorieuse et respectée, rappela dans son sein les institutions littéraires qui jadis avaient fait sa gloire. Les portes de cet 4thénée s’ouvraient fa- cilement aux jeunes talens, et les prix qu’il dé- cernait faisaient naître une heureuse émulation. Témoin, et en partie auteur du bien produit par cette institution, M. l'abbé Sarnr-JEAx à présenté à l’Académie un Discours sur cette question : L’or- ganisation d'un nouvel Athénée pourrait-elle con- tribuer aux progrès des sciences et des arts ? L’Essai sur lhistoire des Académies, par M. labbé Jamme, montre les avantages que la société peut retirer de ces institutions lorsqu'elles sont animées par Pamour du bien public, et par (1) M. Casrizmon. 11. Discours sur l’organisation d’un athénée. Essai sur l'histoire des Académies. 164 INSCRIPTIONS le désir de conserver les saines doctrines litté- raires. Influence de M. l’abbé Jaume a lu aussi des Observations ee ur ce principe de Platon : Qu'on ne peut faire de changement dans la musique qu’il ren arrive un dans la constitution de l’état. Y?auteur recher- che d’abord si l’opinion du philosophe athénien est justifiée par des faits authentiques. Soutenu du témoignage de l’histoire et des sentimens de plu- sieurs auteurs grecs, ainsi que des prodiges opérés par la musique, M. labbé JAMME croit pouvoir adopter le principe de Platon , relativement aux temps anciens. Quant aux époques plus rap- prochées de nous, M. l'abbé JAmME trouve des exemples qui indiquent que si les changemens opérés dans la musique n’ont pas influé d’une manière absolue sur la constitution des états, on peut cependant affirmer que les chants populaires ont concouru puissamment à exalter les passions, et à opérer des troubles politiques. Recherches M. Brüann, correspondant de l’Académie , pen combattit les assertions de M. l'abbé Jamme, dans a musique. un Mémoire sur la musique, et sur son influence prétendue sur la constitution des états. Après avoir rappelé l’origine de la musique et son influence sur la civilisation, l’auteur indique les principaux instrumens dont on s’est servi dans les diflérens temps, les eflets de Pharmonie, soit chez les anciens, soit chez les modernes, ainsi que les dispositions physiques et morales des uns et des autres à recevoir les sensations musicales. ET BELLES-LETTRES. 165 Les faits qu'il avance, les raisonnemens qu'il en déduit, sont appuyés de preuves tirées des mo- numens et des plus respectables auteurs de lanti- quité et du moyen-âge. La musique , envisagée chez les anciens comme une étude tenant essentiellement aux institutions politiques, semble avoir moins d'importance chez ies modernes, qui n’en font, pour ainsi dire, qu’un art de pur agrément. De là une différence nécessaire entre les effets, et chez les uns et chez les autres. Il reproche d’ailleurs aux écrivains de toutes les époques de trop sacrifier au goût de Phomme pour le merveilleux, et d’environner la vérité de tant de fables qu’elle peut à peine être retrouvée après l'intervalle des siècles. I détaille les principaux effets réels de harmonie et de la mélodie sur les individus, pris isolément, et sur les peuples. Il pense «qu'avec plus de moyens que les anciens, puisque nous avons l’expérience des années, nous produisons moins qu'eux de grands effets en ce genre, parce que nôtre nature, nos ins- titutions politiques, nos préjugés même sy oppo- sent.» Il conclut en disant que la proposition de Platon est au moins douteuse, relativement aux temps anciens, et ne devra jamais être, pour les temps modernes, l’objet d’une discussion sé- rieuse. Les mémoires de MM. Bruaxp et JAMME ont été lus dans une de nos séances publiques. M. Pabbé Fragment d'un voyage dans le dépar- JAMME avait, quelque temps auparavant, présenté tement de a laute - Ga- à l'Académie le Fragment d’un voyage dans le ronne. Retour d’un curé daus sa paroisse. La voix du ES a voix de Dieu? 166 INSCRIPTIONS département de la Haute-Garonne. L'auteur ne s’occupe dans ce Fragment que du Musée de Tou- louse, de la maniere dont les arts du dessin sont professés dans cette ville, et il s'élève contre la craticulation. On sait que craticuler est diviser un tableau original et l’espace qu’on destine pour la copie en un nombre pareil de petits carreaux , observant que pour réduire, il faut que les car- reaux de la copie soient plus petits que ceux de l'original. On transporte ensuite, à la vue, tous les objets qui paraissent dans les carreaux de l'original sur les carreaux correspondans de la copie. Cette méthode est très - vicieuse, selon M. Jaume, et elle tend à ne former que des co- pistes serviles, et non des artistes dont le génie créateur ne doit connaître d’autres bornes que celles qui ont été posées par le goût et la raison. On doit au même auteur un opuscule intitulé : Le retour d'un Curé dans sa paroisse. Le titre de cet écrit semble annoncer qu'il s’écarte entière- ment des attributions de la classe, dont les études sont toutes dirigées vers la linguistique et l'examen des monumens de l'antiquité. Néanmoins l’auteur a su le rattacher à nos travaux, en y décrivant des monumens du moyen-âge, et en y insérant des recherches savantes sur lorigine, la destination primitive et l’usage des tours, unies aux églises, ou qui s’éleverit au-dessus des voûtes de ces édifices. M. l'abbé Jamme a encore examiné dans un Mémoire particulier cet adage vulgaire : La voix du peuple est la voix de Dieu. I cherche à en ET BELLES-LETTRES. 167 prouver la fausseté, en parcourant lhistoire de tous les pays et de tous les âges. Suivant lui, «on voit constamment les peuples abandonner les sen- tiers tracés par la sagesse pour s’engager dans les routes de l'erreur; mépriser tout ce qui est saint, tout ce qui est digne des respects de la terre, et ré- vérer tout ce qui en est ou l’opprobre ou le fléau. » Eomment en eflet reconnaître l’expression de Pé- ternelle bonté dans les actes d’une sanguinaire démence, dans les coupables excès d’une tourbe effrénée? «La voix de Dieu ne se fait entendre, dit l’auteur, que pour bénir, que pour inspirer à tous les hommes les sentimens d’une union tou- chante, tandis que celle du peuple, trop souvent adulatrice, proclame quelquefois des maximes subversives de tous les principes de la religion et de la morale, et, selon ses caprices, voue à la proscription et à la haine les bienfaiteurs des na- tions, auxquels elle avait auparavant décerné les honneurs de l’apothéose. » Cette immense chaîne de montagnes, qui, de- puis trente siècles, porte le nom de Pyrénées, et dont les ramifications s'étendent dans la Pénin- sule hispanique et dans la Gaule narbonnaise , offre à tous les savans de nombreux sujets d'étude. Les uns considèrent la näture des rochers dont ces montagnes sont formées; d’autres recueillent les plantes qui en recouvrent les pentes rapides; plu- sieurs y recherchent, dans le langage, l'origine des habitans de ces hautes régions, tandis que ceux qui n’ont pas une confiance entière dans la science Rapportsur la description des Pyrénées. 168 INSCRIPTIONS énigmatique desétymologies,ne veulentinterroger, sur l’ancien état de ces contrées, que les monu- mens des peuples qui en furent les possesseurs. L'homme d'état, ladministrateur et léconome peuvent s'occuper du soin d'améliorer le sort de la population des Pyrénées : pleine de force et d'activité, elle a droit à des bienfaits, à des en- couragemens, pour augmenter une industrie qui ferait rejaillir d'immenses richesses sur la France. Quelques forèts y conservent encore de précieuses ressources pour la marine : des mines nombreuses y fournissent le métal le plus nécessaire à l’homme , et des marbres, aussi beaux que ceux de la Grèce et de V’Italie, y attendent le ciseau du statuaire. Nous possédions sur les Pyrénées une foule d'ouvrages d'un haut intérêt. Mais si le géognoste, le disciple de Linné et de Jussieu retrouvaient dans ces livres des indications suffisantes, si, même, le simple curieux pouvait posséder les tableaux brillantés des sites enchanteurs que présentent les monts qui nous séparent de l'Espagne, il manquait cependant encore une description générale de cette longue chaîne. Cette lacune a été remplie par M. Drarer, l'un de nos confrères, et sa Description des Pyré- nées , considérées principalement sous Les rapports de la géologie, de l’économie politique, rurale et forestière, de l'industrie et du commerce (1), a reçu laccueil que méritait un ouvrage remar- quable, et dont le but est de diriger le voya- (1) Deux vol. in-8.°, Paris, 1813. ET BELLES-LETTRES. 160 geur dans toute cette ligne de montagnes, de retracer au savant l’histoire des découvertes re- latives à leur nature, et de présenter à Padmi- nistrateur et à l’économe des vues sur lamélio- ration de l’agriculture, des arts et du commerce. M. Tayan a lu, dans une de nos séances, un extrait raisonné de cet ouvrage important, et il en a fait ressortir avec soin tout le mérite, et comme description statistique, administrative, rurale et commerciale, et comme composition littéraire. Il y montre, réunis dans Pauteur, le talent de bien observer, joint à celui de bien écrire. Le charme qu'offre la lecture de ce livre nous rappelle Pheureuse influence des lettres sur les sciences, et tous les triomphes que celles-ci doi- vent à la culture des premières. M. Ducasse en a présenté le tableau dans des Réflexions sur la littérature , considérée dans ses rapports avec les sciences en général et la médecine en particulier. Cet ouvrage est divisé en deux parties. Dans la première, l’auteur examine la littérature dans ses rapports généraux avec les sciences, et pour mar- quer les relations qu'il signale, il.jette un coup d'œil rapide sur les anciens auteurs qui ont le plus occupé la renommée, et qui ont fait servir les fleurs et les richesses de la littérature à couvrir les épines et les austérités de la science. ÆHo- mère, Hésiode, Lucrèce, Virgile, sont envi- Sages tour à tour comme ayant revêtu des couleurs de la poésie les préceptes les plus utiles. Les Réflexions sur la littéra- ture. 170 INSCRIPTIONS deux premiers ont réuni dans leurs œuvres im- mortelles toute la science de larchoœæologue, du géographe, et de l'historien. Les détails dent contenus dans le troisième livre de l'Énéide , of- frent un chef-d'œuvre en ce genre : «Et quel » » » » charme ces détails ne devaient-ils pas avoir, dit notre confrère, pour ces Romains qui parcou- raient constamment les mers de la Grèce, ou comme négocians, OU COMME guerriers, OU COM— me vainqueurs, et qui y retrouvaient partout les merveilles de la fable, les monumens de l’histoire, les souvenirs de leurs triomphes et le berceau de leurs dieux. La magie entraînante d'un style enchanteur ne nuit en rien à la vérité des détails, et Le feu brillant d’une imagination inépuisable ne lui fait rien perdre de son impo- sante sévérité. Si Quuinte-Curce nous fait con- naître l'intérieur de l'Asie, Tacite celui de la Germanie, César celui des Gaules, la lecture de 7’irgile ne nous donne-t-elle pas des notions géographiques sur la Troade, sur les côtes de PAsie mineure, de l'Afrique, de PArchipel, de la Sicile et de Pltalie ? On croit revoir encore les lieux que décrit le poëte; Les villes même renais- sent sous son magnifique pinceau. lei c’est lheu- reuse et paisible Délos, consacrée à Æpollon , et que Callimaque comparait si ingénieusement à une fleur jetée au sein de onde; là, le pro- montoire d_Æctium, dont le nom fameux rap- pelait à Auguste le souvenir de la grande ba- taille qui lui donna l'empire du monde. Tantôt ET BELLES-LETTRES. UE » c’est la mer de Sicile et ses gouffres dévorans; » tantôt l’épouvantable Etna, vomissant dans les » airs des torrens de flamme et de fumée : partout » la vérité trouve un interprète digne d'elle, et le » lecteur étonné suit le guerrier fugitif emportant » sur les eaux son père, ses pénates et les restes » infortunés d’Llium. » Cest par ce morceau que M. Ducasse termine la première partie de ses Aéflexions. Dans la se- conde , il s'occupe de Papplication des lettres à la médecine en particulier. Il ne se dissimule point que les théories, ou, pour parler plus exactement, les termes de cette science, se prêtent difficilement aux grâces du langage et aux couleurs de la poésie ; mais 1l reconnait que les lettres peuvent triompher de ces diMicultés. Peu d'écrivains sans doute ont pu se flatter de ce triomphe; mais il en est qui se sont fait distinguer par la pureté de leur goût et l'éclat de leur succès dans la littérature. Fracastor était de ce nombre : né avec une imagination bril- lante, doué d'une pensée forte et hardie, il cultiva avec la plus haute distinction les belles-lettres, où un pressentiment secret lui faisait placer le dépôt de sa gloire. Ici notre confrère examine les diverses compositions littéraires qui ont attaché au nom de Fracastor la célébrité dont il jouit. Il faudrait peut-être le suivre dans les détails intéressans qu'il fournit sur cet homme extraordinaire, qui réunissait à un profond savoir, et aux doctrines de la science qu'il professait, le goût de l’éloquence et de la poésie; mais obligés de nous renfermer 172 INSCRIPTIONS dans des bornes étroites, nous devons négliger ces particularités. M. Ducasse cite Antoine Petit, chirurgien de Lyon, comme ayant associé le culte des muses à celui de la science. Moins profond que le premier, maisavec une âme plus sensible et plus expansive, il fit parler à la médecine un langage digne de son origine céleste. La plus douce philantropie lui dicta ces épîtres charmantes où son cœur s’est peint tout entier, et où il a su réunir les conseils d’une prudence sévère aux sages leçons de la plus tendre amitié. Après avoir développé les preuves à l'appui de sa seconde partie, M. Ducasse termine ainsi son intéressant mémoire : « C’est sur de semblables récits, c’est sur d'aussi » grands exemples que j'ai dû n'appuyer pour » soutenir mes principes, et remplir, du moins » en partie, la tâche que je m'étais imposée. J'ai » voulu démontrer que la littérature était une » mine féconde où les sciences pouvaient puiser » d'immenses matériaux; que les formes élégantes » dont elle revêt leurs préceptes, bien loin d’em- » pêcher leurs progrès, facilitent au contraire leur » intelligence; que l’esprit agréablement frappé » s’attachait avec plus de profondeur à l’objet chéri » de ses sensations, et que les lettres enfin étaient » le plus heureux véhicule des sciences. L'art de » guérir lui seul en serait-il exclu? Le médecin » doit-il rester étranger à ces formes gracieuses » du langage, à ces productions ingénieuses de la ET BELLES-LETTRES. 193 » pensée, à ce brillant coloris du style que nous » devons aux poètes? Na-t-il pas assez de ses pri- » vations sans y ajouter encore celle des lettres, » qui charment ses loisirs, le délassent de ses tra- » vaux, et le consolent souvent de lingratitude » des hommes, en lui offrant l’image du bonheur » et de la vertu qu’il ne trouve plus sur la terre? » Eh pourquoi ne lui serait-il pas permis de consa- » crer ses veilles au commerce aimable des muses, » et daspirer au laurier qui croît sur le sommet » du Parnasse? Æpollon, qui linspire, n’est-il » pas à la fois le dieu de la médecine et le dieu de » la poésie? » Parmi les productions qui semblaient appartenir à l'Académie entière, mais que la classe des belles- lettres doit revendiquer, puisqu’elles sont dues à Pun de ses membres, nous placerons quelques dis- sertations lues par M. le baron pE Mar.ARET , et qui pendant plusieurs années ont ouvert nos assem- blées publiques. Dansle premier decesopuscules(r), M. ne Mararer développe les Avantages qui ré- sultent de la culture des sciences unie à celle des lettres. «Tandis que les savans s'occupent, dit-il, » à agrandir le domaine de nos connaissances et » à perfectionner celles qu’ils ont acquises, le lit- » térateur vient porter le tribut de ses veilles dans » le sanctuaire des sciences, adoucir leur austérité » par le commerce des muses, et faire admirer, (1) Discours d'ouverture, prononcé dans la séance publique du 31 août 1819. Discours sur les avantages de la culture des sciences , etc, Influence des souenirs de l’antiquité. 174 INSCRIPTIONS » dans les monumens que le temps a respectés ; » l’histoire des nations qui ont paru tour à tour » sur la scène du monde, Les aspérités de la science » sont adoucies par l'attrait d’une élocution claire, » élégante et facile : en se conformant aux règles » du goût, on ajoute un nouveau prix aux con- » ceptions du génie. Les sciences à leur tour exer- » cent sur la littérature une heureuse influence. » Des idées plus exactes, plus précises, viennent » embellir les productions de Pesprit, et leur don- » ner un caractère d'utilité dont elles ont été long- » temps dépourvues. Si le savant doit connaître » les événemens de l’histoire, les ouvrages de ces » hommes rares dont la gloire remonte aux an- » ciens jours, l’homme de lettres ne doit pas res- » ter étranger aux diverses révolutions que les » sciences ont successivement éprouvées, aux Cau- » ses qui ont accéléré ou retardé leurs progrès » chez les différens peuples. » Dans un autre discours (1), M. ne MaLaARET examine l’Influence des souvenirs de l'antiquité sur la littérature en général, et sur les destinées des peuples. « Quelle reconnaissance ne devons- » NOUS pas à nos archœæologues, dit l'auteur, lors- » qu'ils signalent exactement à nos yeux létat » des arts et des lettres à des époques où elles » n'étaient cultivées que par un petit nombre » d'hommes estimables, qui avaient à lutter sans (1) Discours sur les souvenirs de l'antiquité, prononcé le 26 août 1820. Ÿ ET BELLES-LETTRES. 1 7 cesse contre les ténèbres qui les environnaient de toutes parts. Aussi les palmes académiques brillent-elles toujours dun plus vif éclat, lors- qu’elles sont la récompense de travaux qui ont pour objet les souvenirs des siècles écoulés; plus on remonte vers l'antiquité, plus ils inspirent de vénération. L'âme s'agrandit pour ainsi dire par les hautes méditations que lui suggère le tableau des peuples qui ont cultivé jadis avec succés les sciences et les arts. Nous considérons, avec une admiration mêlée deflroi, l'élévation et la chute des peuples qui ont tour à tour conquis, civilisé, ou ravagé le monde; les vertus austeres qui ont le plus souvent présidé au dé- veloppement de leur puissance, la corruption qui l’a renversée; les monumens élevés à la voix du génie, effacés ensuite par le temps et les ré- volutions, ou ne subsistant en débris que pour attester la vérité de l’histoire et la vanité d’une grandeur qui n’est plus. Dans cette continuelle alternative de puissance et de faiblesse, de vertus et de vices, chaque peuple conserve le caractère » particulier qui lui est propre, et le sceau qui le distingue. Ainsi nous reconnaissons partout, dans les divers périodes de leur existence, l'austérité des Égyptiens, l'élégance des Grecs et la grandeur des Romains. eee Mets ce . cÇotfe . Les plus glorieux souvenirs agitent, dit M. ne Mararer, l'âme généreuse de ces jeunes Grecs, » qui viennent dans nos universités connaître les Causes qui ont retardéles progrès sciences. des 176 INSCRIPTIONS » titres de leur illustre origine, revendiquer l’hé- » ritage littéraire que nous ont transmis leurs » aieux, et préparer la restauration de leur mal- » heureuse patrie. Semblables aux nobles enfans de » Pélage, réfugiés dansles Asturies après l’invasion » des Maures, ils conservent la haine pour leurs » oppresseurs, le courage et l’espérance. Puissent- » ils, comme eux, repousser loin de leur belle » patrie ces farouches Musulmans, qui ont me- » nacé à diverses reprises l’Europe entière de » leur joug odieux! Puissent-ils, animés par » la tradition de leur ancienne gloire, retrou- » ver un jour, dans les champs de Platée, sur la » cendre de leurs pères, un nouvel Aristide, Jietileurindependancelt M2. CHEMINS DA eee ee te ee Need euts ere) Les causes qui ont retardé les progrès des sciences (1) ont fixé, dans un autre discours, l'attention de M. DE MazARET. « S'il est un objet » digne d'occuper les hommes studieux, c’est sans » doute la différence qui existe dans les dévelop- » pemens qu'ont successivement reçu les connais- » sances humaines. L'auteur rappelle d’abord que » quelques nations ont rendu leurs noms à jamais » célèbres, en cultivant avec un succès prodigieux, » au milieu des combats et des discordes civiles, » la poésie et l’éloquence, tandis que ce n’est » qu'à une époque bien plus rapprochée de nous LA (1) Discours prononcé dans la séance publique du 10 mai 1821. >) » » ET BELI.ES-LETTRES. 157 qu'on peut remarquer l'avancement des études qui ont pour but la recherche des secrets de la nature. » M. DE Mararer présente ensuite les causes qui ont provoqué le développement rapide des arts qui tiennent à l'imagination, ou qui en sont le produit. {1 prouve que les grands boule- versemens politiques, les combats et l’ivresse des succès ont dü enflammer le génie et faire naître des chefs-d’œuvre de poésie et d’éloquence. « Mais, ditl, les sciences, toujours amies du repos et de la paix, ne pouvaient prospérer sur un sol exposé à toutes les vicissitudes. Ce ne fut que lorsque les sociétés eurent reçu une organisation plus régulière, par Pascendant que surent pren- dre les premiers lésislateurs, qu’elles sentirent le besoin d'acquérir des notions plus exactes sur les objets dont l'examen devenait de jour en jour plus nécessaire. Enfin, la civilisation vint agrandir le cercle des idées, et fit apprécier à l’homme les ressources immenses que l'Auteur de tout ce qui existe avait laissées à sa disposi- tion. Admirons le courage et la force qui ont été nécessaires pour dégager successivement les sciences des entraves qui lés retenaient captives. Il a fallu pour cela lutter contre les superstitions de la multitude, renverser de fausses doctrines, souvent accréditées par opinion générale, tracer de nouvelles routes dans un champ inculte et désert, et avoir pour guides, dans cette pénible entreprise, amour de la vérité, le désir de la gloire et le flambeau du génie. Tels se présen- 12 178 INSCRIPTIONS » » » » » » » » » 2 Ÿ tent à nos yeux ces illustres philosophes, dont les noms révérés exciteront toujours ladmira- tion et le respect. Au-dessus d'eux s'élève encore le célèbre Zristote, qui sut embrasser dans ses vastes méditations tout ce qui était du ressort de l'intelligence humaine, dicter des lois aux poètes et aux orateurs, dévoiler des secrets inconnus jusqu’à lui, et former par ses leçons le héros le plus étonnant de lantiquité. » (était assez sans doute de impulsion donnée aux sciences par ces grands hommes, pour ins- pirer le désir de les perfectionner, si des causes particulières ne se fussent encore opposées à leurs progres. Les troubles qui succédaient ra- pidement aux prospérités passageres des peuples venaient trop souvent interrompre les études sérieuses, et donner aux esprits une direc- tion toute différente. Lorsqu’ÆHippocrate établit l'art de guérir sur des bases inébranlables, la Grèce était heureuse et puissante. Ce ne fut plus dans les fictions de la mythologie qu’on chercha la divinité bienfaisinte qui adoucit les maux de l'humanité; elle était descendue sur la terre, et la postérité décerna au fondateur de la mé- decine le surnom de divin, honneur qu’elle na- vait encore accordé qu'au prince de la poésie, » Les sciences ne pouvaient prospérer alors qu'au sein d’un bonheur pur; et si, comme de nos jours, de rares exceptions nous les montrent savançant vers la perfection dans les momens de troubles, on peut comparer ces succès à ceux ET BELLES-LETTRES. 179 > qu'un navigateur habile obtient quelquefois » contre la force des courans et la violence des » tempétes. » Les sciences et les leltres ont tour à tour servi à la civilisation et à l'instruction des peuples ; mais ont-elles une égale influence sur la pros- périté publique ? Telle est la question que M. »E Mararer a voulu résoudre. L’auteur remarque que les sciences morales ont une telle affinité avec les lettres, qu’elles se confondent pour ainsi dire, et qu'on devrait nécessairement leur donner la priorité, puisque la morale est le fondement de plus solide de toutes les associations humaines ; mais il n’envisage la question que relativement aux lettres, considérées dans leurs rapports avec la poésie et léloquence profane, et aux sciences physiques. Il montre la poésie et l’éloquence ap- paraissant avec tout leur éclat, et exerçant sur les peuples anciens un pouvoir absolu : mais il trouve les élémens d'une grandeur durable et d’un bonheur immense dans les secours que les sciences physiques et mathématiques assurent aux sociétés. Suivant lui, les sciences ont sur les lettres le double avantage d'offrir des moyens de prospérité plus assurés, et de ne pas présenter les mêmes écueils. « Leurs succès sont plus lents, mais pius » certains. Ils sont, ajoute-til, le fruit des plus la- » borieuses recherches, tandis que ceux de la » poésie et de léloquence sont produits par des » impressions vives et instantanées. Il existe entre » elles la même différence que Pon remarque entre 12e Influence des sciences et des lettres sur la prospérité publique. Influence de la morale sur les connais- sances humai- nes. " 180 INSCRIPTIONS » la jeunesse et la maturité de l’âge. L'une, sujette » à mille écarts, brille d’un éclat qui séduit ; » l’autre est l’époque de la sagesse. » L'influence de la morale sur les connaissances humaines à fourni à M. ne Mazrarer le sujet dune autre dissertation. « Si les premiers philo- » sophes de l'antiquité n’eurent, dit- il, pour » guides dans leurs recherches que leur imagina- » tion ou leur génie, leurs successeurs ont eu » d'autant plus de ressources pour éclairer les » hommes, qu'ils ont vécu à des époques plus » rapprochées de la nôtre, et qu’ils ont pu proliter » des travaux de leurs devanciers, de l'expérience » des siècles, et des progrès successifs de lPintel- » ligence humaine. » L'auteur développe ensuite les causes qui portèrent les philosophes de VPanti- quité à s'occuper à la fois des sciences morales et des sciences physiques. Il prouve l'influence fatale que des systèmes divers, et tous ples ou moins erronés, exercèrent en divers tempe sur les peu- ples. «Si Socrate et Platon n’eussent point existé, » dit M. ne MazareT, la philosophie n'aurait ja- » mais pu inspirer le respect dont elle fut envi- » ronnée. La postérité n'aurait accordé ses hom- » mages ni aux rêveries de Pythagore, ni aux » matérielles voluptés d'Épicure; et si elle a con- » fondu sous la même dénomination des hommes » dont les principes étaient si différens, c’est que » l'objet de leurs travaux fut le mème, et qu'ils » eurent tous de nombreux sectateurs. » Après avoir montré que quelque pernicieux qu’aient pu ET BELLES-LETTRES. 187 paraître les systèmes de quelques-uns de ceux qui furent décorés du nom de philosophes, ils ont toujours été combattus par des adversaires dont la dialectique éloquente assura le triomphe des bonnes doctrines, il établit que Cicéron, le plus grand philosophe de Pancienne Rome, comme il en fut le premier orateur, a proclamé dans ses admirables traités presque toutes Les vérités de la morale éternelle, et que si les principes de ce grand homme, «ou plutôt si l'autorité de la loi nouvelle » avait pu réunir les opinions qui avaient divisé » l'antiquité, on aurait vu se former entre la re- » ligion et la philosophie une alliance qui aurait » essentiellement influé sur les progrès des con- » naissances humaines. Qui pourrait calculer, dit- » il, le temps perdu en recherches inutiles ow » dangereuses sur la morale? Qui pourrait décrire » les extravagances de toute espèce qui ont occupé, » pendant une grande partie de leur vie, des » hommes doués d'ailleurs des qualités les plus » précieuses de lesprit 2... » Passant ensuite aux reproches dirigés avec tant d’amertume contre les philosophes du 18. siècle, il ne dissimule pas leurs erreurs; mais il rend à leurs travaux, lors- qu'ils ont été utiles à la société, la justice qui leur est due. « La postérité n’oubliera pas, dit M. »E » Mararer, que l’immortel auteur de l'Espré » des Lois excita plusieurs fois l'admiration de » l'Europe savante, par la profondeur de ses vues, » par l'élévation de ses pensées; que nul publi- » ciste avant lui n'avait fondé sur des bases plus Travaux GÉNÉRAUX DE LA CLASSE. Inscriptions destinées à des monumens pu- blics, 182 INSCRIPTIONS » solides les droits des Souverains et ceux des » nations. Elle pensera sans doute que, seul, ce » grand homme suffirait à la gloire de son siècle, » et à celle de la philosophie. » L'auteur présente enfin le tableau de l’époque actuelle, les progrès constans et rapides de toutes les sciences, et la morale exerçant une, influence marquée sur tous les grands travaux scientifiques et littéraires, ou repoussant avec mépris les systèmes contraires aux vérités éternelles. RÉTABLIE à une époque où une heureuse impul- sion ramenait vers tout ce qui avait fait la gloire de la France, où lon réparait les monumens mu- tilés pendant les troubles civils, et où le génie des arts en créait de nouveaux, la classe devait néces- sairement être consultée par les magistrats qui voulaient rétablir ce que la main des malveillans avait effacé, ou consacrer d’une manière durable le souvenir de ce que la génération actuelle faisait pour honorer la mémoire des grands hommes. En 1808, elle composa des inscriptions latines des- tinées à être placées sous les bustes de Fermat, de Furgole, de Bastard et de Rivalz(r), et une autre pour la chapelle sépulcrale des comtes de Toulouse, D’après le vœu du conseil général de la ville, elle soccupa aussi de la composition (1) Ces inscriptions, demandées par Padministration, n’ont pas été gravées, M. le maire de Toulouse ea ayant fait composer d’autres, qui sont actuellement placées dans la galerie des illustres. ET BELLES-LETTRES. 183 d’une médaille, pour perpétuer le souvenir des bienfaits contenus dans le décret du 27 juillet 1808. Ex proposant des sujets de prix, la classe a, depuis son rétablissement, suivi dans le choix des questions les exemples qui lui avaient étéléguéspar l’ancienne Académie, et elle a essayé d’enrichir par ce moyen les annales du midi de la France. Voulant seconder le zèle des savans qui soccu- paient d’une manière spéciale à fixer la géographie, et à éclairer dans toutes ses parties l’histoire de la Gaule; convaincue que de tous les pays que renfermait cette vaste région il en est peu d'aussi fertiles en monumens antiques encore existans, et la plupart ignorés, que ceux qu'habiterent les Volcæ-Tectosages, dont Toulouse était la capitale, et quelques autres peuples voisins, elle annonça, dans son programme de l’année 1810, qu’elle pro- posait, pour sujet de prix de l'année suivante, de Déterminer l'étendue et les limites des diverses parties de la Gaule habitées par les Tectosages , Les Garumni, les Consoranni, les Ausci, les Elusates, les Lactorenses et les Nitiobriges ; de Fixer les positions de leurs villes ; de recueillir et de présenter des notions exactes sur le culte, les mœurs et les coutumes de ces peuples, jusqu'à l’époque de l’établissement des Visigots à Tou- louse. Aucun des mémoires présentés au concours nayant paru digne d’être couronné, l’Académie délibéra que le même sujet serait proposé pour Médaille pour la ville. SusaTs Di PRIX. 184 INSCRIPTIONS année 1812. Le prix, consistant en une médaike d’or de la valeur de mille franes, fut alors décerné à M. Avorr fils. En 1814, la classe demanda l'État des sciences , des lettres et des beaux-arts , de puis le commencement du règne de Charlemagne jusqu'à la fin de celui de sant Louis, dans . contrées qui formèrent la province de Languedoc. Les mémoires qu’elle reçut n’ayant point rempli son attente, cette question fut de nouveau pré- sentée pour 1817; mais ensuite, donnant une plus grande extension à ce sujet, la classe demanda l'État des sciences, des lettres, des beaux-arts , depuis le commencement du 8.% siècle jusqu’à la Jin du 13.%°, dans les contrées méridionales de la France. Elle proposa en outre, pour sujet d’un prix extraordinaire, cette question : Quels sont les monumens littéraires et scienti iques qu , de- puis dix-huit siècles, ont fait donner à Toulouse le surnom de Palladienne ? Enfin, elle a donné, pour sujet du prix de 1822, et ensuite de 1824, ce sujet : Déterminer l’état politique , civil et re- lisieux de la Gaule, avant l'entrée des Romains dans cette partie de l'Europe; Fixer, d'après les auteurs et les monumens, les connaissances que les Gaulois avaient déjà acquises dans les sciences et dans les arts. Ainsi, elle a cherché constamment à diriger les recherches archoæologiques et les mé- ditations du génie vers tout ce qui pouvait ajouter à l'illustration de la Gaule, et à la gloire de nos aleux. ET BELLES-LETTRES. : 185 Louis XVI fut le protecteur de l'Académie. « Les sentimens d'amour et de vénération de cette » » société pour le plus juste et le plus infortuné LU À . : des Rois, lengagèrent à proposer, en 1814, un » prix extraordinaire pour un éloge de ce monarque. » » Ce prix était un lis d’or d’une valeur de six cents francs.» Deux concours successifs n'ayant pas satisfait aux vœux de Académie, elle proposa le même sujet pour 1817. «Cette année elle ac- D quit la conviction que le zèle des auteurs s’était refroidi, que tous avaient donné la mesure de leurs forces, que de nouveaux eflorts de leur part étaient peut-être impossibles, et elle re- connut que s’il ne lui était pas possible d’adjuger le prix, 1l était de son devoir d’honorer le ta- lent, de l’encourager, et de signaler les orateurs qui, restés à une trop grande distance du but, s'en étaient néanmoins approchés le plus près; elle considéra aussi que deux discours avaient mérité, dans les trois concours, l'honneur d’un second examen, qu’ils en avaient soutenu Pé- preuve, qu'ils s'étaient constamment maintenus au premier rang, et que les imperfections qu’on y avait remarquées étaient compensées par les traits saillans, les beautés nombreuses qui y sont répandues. En conséquence, elle décerra une médaille d'or de la valeur de trois cents francs à M. Pecn, conseiller à la cour royale de Toulouse, auteur de l’éloge inscrit sous le n.° 6; et une autre médaille d’or de la valeur de deux cents francs à M. P. C. Amwicuau fils, Éloge de Louis XVI. REsume- TIONS ACA- DÉMIQUES. NorTices NÉCROLOGI- QUES. M. Gouazé. 186 INSCRIPTIONS » avocat à la même cour, auteur du discours ins- » crit sous le n° 12(1). » $ Les rapports des travaux annuels de la classe annoncent que ceux qui la composent , pénétrés de leurs devoirs, ont voulu agrandir par leurs re- cherches le domaine des sciences historiques. Ces rapports, faits par MM. Jaume (2), Jouvenr (3), Tasax (4), De Lamorme-Lancon (5) et Du Mëce(6), contiennent l’histoire de la classe, de- puis l’année 1807 jusqu’en 1822, et ils présen- tent l’analyse de tous les mémoires lus dans nos séances, Querques-uxs des auteurs de ces intéressans opuscules ont cessé de vivre, et celui de nos confrères qui ouvre la liste nécrologique de Aca- démie est M. nr Gowazé (5). Il naquit à Lescure, près de Saint-Girons, en 1729. L’étude des lois occupa toute sa vie. Reçu avocat au parlement de Toulouse en 1745, il fut nommé professeur à la faculté de droit en 1562, et il exerça cette hono- (1) Extrait du Rapport sur les trois Concours qui ont eu lieu pour l'Éloge de Louis XVI, par M. le baron Picor pr LAPEYROUSE. (2) Eu 1810, 1811, 1812. (3) En 1813. (4) En 1818 et en 1820. (5) En 1822. (6) En 1809. (7) Jean-Joseph px Gouazé, professeur en droit, Capitoul et Chef de consistoire. ET BELLES-LETTRES. 197 rable charge pendant vingt-neuf années, Chacune de ses leçons était une savante dissertation sur des textes, souvent obscurs, et dont le sens était le sujet de longues controverses entre les inter- prètes du droit romain. Une critique judicieuse dictait ses décisions, recherchées souvent par des jurisconsultes étrangers, qui rendaient ainsi un solennel hommage à l’érudition de M. Gouazé. Ses talens lui mériterent lestime de l'Académie, et il y remplit avec une haute distinction une place dassocié dans la classe des belles-lettres. Nommé Capitoul en 1762, et en 1768, 1769 et 1770, il exerça les fonctions de Chef de consistoire pendant trois années. La ville de Toulouse a eu peu de magistrats plus attachés à sa gloire et à sa prospérité. Il mourut en 1509, âgé de près de quatre-vinot-un ans. M. Marrror (1 )naquit à Toulousele romai 1735. Il reçut une excellente éducation dans le colléce di- rigé par les Jésuites, et après avoir soutenu avecéclat des thèses générales de philosophie, il Sappliqua pendant deux années à l'étude des lois : mais un penchant irrésistible entraîna vers la culture des arts dépendans du dessin. Jean Michel, son aïeul maternel, était peintre; ses deux tantes sappli-- quaient de même aux arts. En 1763, M.Marrior fut nommé professeur au collége de Sorèze. En 1778, l’Académie de peinture ladmit dans son (1) Joseph Marzior, ancien directeur de l’Académie royale de peinture , sculpture et architecture. M. Mazzror. 133 INSCRIPTIONS sein, et peu de temps après 1l fut nommé directeur de cette compagnie. Pendant dix années, il fit un cours gratuit de costumes et un autre de for- ülications. Dans son ouvrage intitulé Recherches sur les antiquités de la ville de Toulouse , et sur les Monumens qui y existaient on que lon y possède encore , ouvrage dont nous avons analysé plusieurs passages dans ce rapport, il a rassemblé beaucoup de faits intéressans, et des notes pré- cieuses sur les artistes nés à Toulouse ou dans les lieux voisins. Il devra sans doute une renommée durable à une autre composition qui, par sa na- ture, doit inspirer un intérêt général aux artistes. On à demontré que, quoique la connaissance des costumes ne soit qu'une partie bien circonscrite de la science de l'antiquité, elle est encore im- mense, et que ni les travaux des savans infatigables qui nous ont précédés, ni les découvertes nouvelles et fréquentes de monumens, n’ont pu faire cesser entierement lobscurité qui en dérobe une partie à nos recherches. Présenter cette science dans son ensemble, la suivre dans tous ses détails, la dé- velopper graduellement, lexpliquer, lPenseigner enfin avec la précision, la clarté indispensable à son intelligence, était la tâche réservée à la saga- cité, au jugement, à l’étude assidue : M. MarrroT l'a parfaitement remplie. Avant lui, on ne possé- dait aucun recueil complet sur les costumes, et son livre (1) occupe maintenant dans toutes les biblio- (1) Recherches sur les costumes, les mœurs, les usages re- ligieux, civils et militaires des anciens peuples, d’après les ET BELLES-LETTRES. 160 thèques une place distinguée. Malgré les infir- mités qui accablent trop souvent la vieillesse des gensde lettres, il conserva jusque dans un âge très- avancé beaucoup d’ardeur pour le travail. Nous le perdimes en 1811, et M. Du MÈce prononça l'éloge de ce savant académicien. Cinq ans après, la mort nous enleva un autre confrère, dont les travaux avaient été constam- ment dirigés par le désir de soulever le voile épais qui recouvre encore une partie de lantiquité. M. pe LasroQuère (1) naquit à Toulouse en 1725; il reçut aussi les premiers élémens de l'éducation dans le colléce des Jésuites de cette ville. En 1748, n'étant encore âgé que de 23 ans, il obtint le titre d’agrécé à la faculté de droit de Toulouse; mais dans la suite, lorsqu'il se présenta pour ob- tenir la place de professeur, 1l fut repoussé deux fois par ses ennemis. Son mérite, bien reconnu, obtint cependant un triomphe complet en 1766. Quaire ans après, la classe des inscriptions et belles-lettres Padmit dans son sein, et il lui pré- senta successivement cinq Mémoires sur les révo- lutions qu'ont éprouvées les arts de la magie ; des aruspices et de l'astrologie dans l'empire romain , pendant le nersiecle Le l’ère chrétienne. 11 com- muniqua aussi à l’Académie un Mérzoire sur les auteurs les plus celèbres et les monumens de l'antiquité. Trois vol. in-4.° ornés de 300 planches. (1 ) François-Raymond- Luc pe LAïRoQuÈRE. Son pére, co- seigneur de Saint-Léon et de Caussidières, médecin célèbre, fut élu capitoul en 1754. M. DE La- BROQUÈREF, M. 1e C.te PRIMAT. 100 INSCRIPTIONS noces des Romains, un autre sur les D;fjérens peuples placés entre lArmorique et l'Aquitaine , pendant les premiers siècles de l'empire romain , et deux Dissertations sur la municipalité de Tou- louse. M. ne LABROQUÈRE termina ses jours en 1816, âgé de gr ans. M. le baron ne LAPEYROUSE a consacré à ce savant confrère une MVotice histo- rique, lue dans une de nos séances publiques. Lorsque l'administration institua de nouveau l'Académie, le nom de M. le comte PriMAT, ar- chevèque de Toulouse, fut inscrit parmi ceux des Associés honoraires. Si cet homme vénérable n’eût été qu'un simple particulier, son goût, son éloquence , et sur-tout ses profondes recherches sur les antiquités religieuses de la France, Pau- raient appelé dans la classe des inscriptions. Nous leconsidérions même comme appartenant beaucoup plus à cette classe qu’à la section dans laquelle on l'avait placé. Sa perte excita des regrets noblement exprimés dans la Votice historique consacrée à sa mémoire, par le digne interprète de PAcadémie (1). Né à Lyon, en 1746, M. Claude-Francois-Marie Privar étudia les lettres et la théologie avec beau- coup de succès. Entré dans les ordres sacrés, « il » Sabandonna trop, peut-être, aux idées flatteuses » qui séduisirent tant d’honnètes cœurs au com- » mencement de la révolution. » IL fut nommé évêque constitutionnel de Cambray, en 1791, et sept ans plus tard, le Concile national Iui donna (1) Feu M. le baron Philippe Picor pe Larryrous£. ET BELLES-LÉTTRES. 191 le titre d’évêque métropolitain de Lyon. Le con- cordat ayant rendu la paix à l'Église, «M. PrimarT » passa, en 1802, à l’archevèché de Toulouse, » vacant par la libre renonciation de M. ne Fox- » TANGE, qui avait accepté le siége d'Autun. Le » nouveau prélat ne parut dans son diocèse que » pour y conquérir tous les cœurs. On le vit, le » jour de PAscension, en 1803, monter en chaire, » et faire amende honorable de ses erreurs, se » montrant le premier à les déplorer. Tout le » temps de son épiscopat fut employé à l'exercice » des bonnes œuvres. » Il établit et dota de nou- veaux séminaires. Par ses soins, les temples dé- pouillés reprirent en partie leur ancien éclat. Les infortunés étaient l’objet constant de sa sollicitude. Ïl aimait à propager lui-même, dans les campa- gnes, l'amour de la Religion et des vertus. «La » mort le surprit dans le cours d’une visite pasto- » rale, à Villemur, le 15 octobre 1816. IL fut » frappé d’une apoplexie foudroyante à Pinstant » où, retiré dans son appartement, il priait, à » genoux, se préparant à la célébration des saints » mystères. » M. le comte PrimaT aimait les let- tres, et se délassait en les cultivant de ses travaux multipliés. « Nous le pleurons tous les jours, disait » un de nos collègues (1); mais les pauvres, les » opprimés, le pleurent encore plus. » M. pe Furcore (2), fils du célèbre juriscon- (1) M.le baron pr Lamorug-Lancon, Biographie Tou- lousaine, tom.11, pag. 207. (2) Pierre-François px FurGoze. M.pEun- GOLE. 102 INSCRIPTIONS sulte de ce nom, était né à Toulouse en 1740. Il ne fut membre de l'Académie que lors de Ia nouvelle institution de ce corps scientifique. Dis- tingué par ses talens, on le considéra d’abord comme l’un des meilleurs orateurs du barreau de Toulouse; mais il se retira bientôt dans son cabi- net, et le public reçut ses décisions avec confiance, avec estime. Il fut nommé professeur à la faculté de droiten 1804, lorsque le gouvernement voulut donner de la considération à cette importante école. Ses élèves le chérissaient comme un pere, et pendant plusieurs années il eut, malgré la fu- blesse de sa voix, l'avantage d’être environné de nombreux auditeurs, qui recueillaient avec em- pressement ses savantes explications. Son érudi- tion a paru plusieurs fois avec avantage dans nos réunions : mais il fut trop tôt séparé de l’Aca- démie et de la faculté de droit. Une philosophie religieuse, dont il avait toujours professé les prin- cipes, lui donna la force nécessaire pour endurer avec patience les maux qui accablèrent sa vieil- lesse. Plein de jours et de vertus, regretté de ses élèves, de ses concitoyens et de ses con- frères, il cessa de vivre le 11 juillet 1818, âgé de 78 ans. Interprète de PAcadémie, M. le baron Picor DE LaAp£yrOUSE traça une Voice histo- rique sur M. ne FurGore, et dans cet écrit, lu dans une séance publique, il peignit avec beau- coup de charmes les vertus et les talens de celui dont nous honorions la mémoire. ET BELLES-LETTRES,. 193 Nos pertes se multiplièrent cette année, et M. Jammr père (1) nous fut aussi enlevé. Né à Toulouse en 1736, élevé dans le collége dirigé par les pères de la Doctrine chrétienne, il annonça de bonne heure des talens distingués. Créé Cheva- lier ès-lois par l'université, il fut admis, bien Jeune encore, dans l'Académie des Jeux floraux, après avoir remporté un grand nombre de prix de poésie. Lorsque M. JAmMME parut au barreau de Toulouse, sa réputation était déjà faite, et il n’eut qu'a la soutenir. Les causes célèbres de Lamaure, de Catherine Estinés, «les droits du comte de Provence, depuis Louis XVIIT, soutenus avec » chaleur, esprit et sagesse, firent apprécier » tout le talent de M. Jaume. Plus tard, ayant » prêté sa plume éloquente à son ordre pour en » soutenir les droits, les avocats firent graver, en » son honneur, le 26 septembre 1788, une mé- » daille, avec cette inscription flatteuse et bien » méritée : Orator Patriæ. » En 1809, le comte de Fontanes le nomma recteur de Académie de Toulouse. Il fut Pun des sept mainteneurs qui, en 1805, rétablirent l’Académie des Jeux floraux. Lors de sa nouvelle institution, l'Académie des sciences le choisit pour la présider, et pendant dix ans consécutifs il remplit cette honorable fonction. M. JAmME jouissait de estime attachée anx grands talens et aux vertus, etil reçut, durant le long cours = = (1) Alexandre- Auguste JAmmr, chevalier ès-lois, mainte- neur des Jeux floraux, professeur du Code français, et recteur de l'Académie de Toulouse. 13 p M. JAmME re, M. Dasra- HAT. M. Jov- VENT, 194 INSCRIPTIONS de sa vie, les témoignages flatteurs de cette estime de la part des personnages les plus illustres. «Il » passa, entouré de ses amis et de sa famille, une » vieillesse honorée, et la mort qui nous le ravit, » le 13 octobre 1818 , fit couler les larmes de tous » ceux qui l'avaient connu.» M. Tazax a pro- noncé, dans Pune de nos assemblées publiques, l'Eloge de ce savant confrère. Deux ans après, nous eùmes à regretter la perte d’un autre collègue (1), bien connu par son amour pour les lettres et pour Les arts. Mais il ne fit que paraître un instant dans l'Académie, et le neveu du médecin habile auquel la reconnaissance et Pa- mitié ont consacré un monument public, ne nous a laissé que des regrets, le souvenir de sa profonde connaissance de la langue des Hellènes, et de sa constante sollicitude pour le soulagement de lin- fortune. L'âge peu avancé de M. Jouvenr (2) devait nous faire espérer de le posséder long -temps en- core. Né à Montpellier en 1763, destiné à la pro- fession d'avocat, il ne l’exerça cependant qu’à de longs intervalles avant l’époque terrible où la ter- reur et la mort régnerent sur la France. « Cest » ici que se présente, disait M. le baron nE Ma- » LARET dans l'éloge de M. Jouvexr, une des cir- » constances les plus honorables de la vie de notre D OR ue 0 7 RME 11 RU ER Tate putes (1) M. Auguste Dasrarar, ancien officier du gémie, maire de Cadours, (2) M. Jouvexr, professeur en droit, chevalier de l’ordre royal de la légion d’honneur. ET BELLES-LETTRES. 105 » confrère, Le spectacle du crime émeut son âme. » Ce n’est plus le jeune avocat, plein de réserve » et de modestie, qui craint de n’être pas en état » de justifier la confiance qu’on lui témoigne; il » sollicite celle des détenus qu’on va juger; il ne » calcule aucun péril lorsqu'il peut espérer de » ravir une victime à la hache révolutionnaire; sa » voix s'élève avec force dans le temple autrefois » consacré à la justice, maintenant profané par » tant de cruautés : habile à profiter des moindres » circonstances, il invoque des lois injustes pour » fléchir des hommes plus injustes encore; il » cherche tour à tour à exciter leur pitié, à re- » veiller dans leur âme les sentimens d'humanité, » les principes de cette justice éternelle que Dieu » mème a gravé dans les cœurs les plus durs et les » plus abjects; et quelquefois le succès couronne » ses eflorts. » Le courage que M. Jouvenr dé- ploya dans ces circonstances terribles fut récom- pensé par l'estime publique. Après le 9 thermidor, il fut nommé accusateur public, et ce choix reçut Vassentiment de tous les gens honnêtes. Ap- pelé au conseil des cinq-cents, il entra, après le 18 brumaire, dans le corps législatif. Il obtint ensuite une chaire de professeur en droit dans Puniversité de Toulouse. On sait qu’il ne bornait pas ses travaux à l'étude du droit : il cultivait aussi les lettres, et l'Académie des Jeux floraux le reçut dans son sein. Membre de celle des sciences, 1l lut dans nos réunions plusieurs savans Mémoires sur la législation romaine. De violens chagrins 13. NoTicEs NÉ- CROLOGIQUES DES MEMBRES LE LA CLASSE, MORTS AVANT LA NOUVELLE INSTITUTION DE L'ACADÉ- MIE, ET DE CEUX QUI NE FURENT PAS COMPRIS DANS SA FORMA- TION. M. »e Mox- TÉGUT. 196 INSCRIPTIONS ayant altéré sa constitution, épuisérent en Jui les sources de la vie. Il mourut en 1821, presqu'à l'instant où, pour prix de ses services et de ses talens, il venait d'obtenir la décoration de l’ordre royal de la légion-d’honneur. Dans la séance pu- blique du 22 août 1822, M. DE Mararer pro- nonça l'éloge de M. Jouvenr, et offrit à sa mé- moire le tribut de nos regrets. Ex sappliquant à conserver religieusement le souvenir des membres qu’elle a perdus depuis Pan- née 1807, époque de sa réunion, la classe n’a pas oublié qu’elle devait un témoignage public de son estime à ceux de ses membres morts avant la res- tauration de l’Académie, ou qui ne furent point compris dans sa nouvelle organisation. Eux aussi avaient bien mérité des lettres, eux aussi avaient des droits à l'estime publique : honorer leur mé- moire, c’est acquiter à la fois la dette de la science et celle de la patrie. Des orateurs rendront à ces collégues, distingués par leurstalens et leurs vertus, un hommage mérité : nous ne pouvons ici leur consacrer que quelques lignes; mais les nommer et rappeler leurs travaux, c'est déjà tracer leur éloge. M. pe MoxréGur (1) naquit à Toulouse en 1726. Sa mère, célèbre par ses succès poétiques, fut son premier instituteur. Envoyé ensuite à Pa- ris pour perfectionner ses talens, il fut accueilli par les gens de lettres et les artistes, et il puisa (1) Jean-François ve Moxrécur, conseiller au parlement de Toulouse, membre de l’Académie des Jeux floraux. ET BELLES-LETTRES. 197 dans la société des hommes les plus célèbres de ce temps cette fleur de goût, cet atticisme qui le firent toujours remarquer. L'étude de la littérature moderne ne fut pas l'unique occupation de M. »E MoxrécurT, il rechercha les monumens histori- ques : le cabinet placé près de la bibliothèque du Roi lui montra tous ses trésors. Caylus, qui l’es- timait, lui communiqua son enthousiasme pour les arts et pour les vénérables débris de la savante antiquité. Il assista plusieurs fois aux séances de PAcadémie des inscriptions, et commença dès- lors à rassembler les élémens des nombreux mé- moires qu’il a consacrés à la science archœæologique. En 1552, il fut admis dans l'Académie des Jeux floraux; celle des sciences, formée depuis peu: d'années, lui ouvrit ses portes, et lon connaît les nombreux mémoires qu'il a lus dans les assemblées de cette compagnie. L'histoire de Toulouse, de- venue la proie de quelques annalistes ignorans ou craintifs, et de quelques déclamateurs sans génie, méritait par son importance d'attirer l'attention d’un écrivain du premier ordre. Les temps les plus anciens semblent, il est vrai, se dérober à nos. regards, et ce n’est qu’à l’aide desmonumens qu’on pourrait restituer les premières pages de cette his- toire; mais la science des antiquités, autrefois peu connue en France, était particulièrement dédai- gnée à Toulouse. Catel avait plus recherché les anciennes chartes que les monumens. En vain M. le président de Caulet, disciple de Rollin, avait rassemblé une magnifique collection de bronzes, 198 INSCRIPTIONS de médailles et de marbres; loin d’exciter le goût des connaissances archoœæologiques, il n'avait éveillé qu’une vaine curiosité. Plus heureux, M. »’Ar- GNAN D'OrgEssan, l’un des fondateurs de lAca- démie , avait commencé à faire connaître limpor- tance de cette étude, qui embrasse tous les temps et tous les peuples. Plus heureux encore, M. »E MoxrÉGur se distingua par une plus longue suite de découvertes. Il éprouva des obstacles; 1l essu ya des critiques amères de la part des ennemis de toute clarté, de la part de ces nains spirituels et légers dont l’Edda peupla les froides contrées de son olympe; de la part encore de savans estima- bles, mais qui ne connaissaient que la Grèce et Vltalie, et qui n'étaient accoutumés à adorer le soleil des sciences qu’en se tournant vers l'Orient. Les idées adoptées à l’époque où M. ne MONTÉGUT écrivait, lui présentérent aussi des difficultés qu’il eut le bonheur de vaincre. Ces travaux ne l’em- pécherent pas de remplir les devoirs de la magis- trature : le parlement de Toulouse s’honorait de le posséder. Il donna souvent des marques de-son attachement à cette compagnie, dont il partagea toutes les disgraces sous le règne de Louis XV, et sous celui de son successeur. On se rappelle encore les éloquentes diatribes qu'il improvisait contre le faible ministère d’un prélat, que Tou- louse doit honorer comme un bienfaiteur, mais qui, entrainé sans doute par des conseillers im- prudens, ébranla les antiques bases de la consti- tution qui régissait la France depuis quatorze sie- ET BELLES-LETTRES. 199 cles. La révolution vit M. ne Monrécur fidèle à ses sermens, et peut-être apporta-t-il quelquefois un zèle trop ardent dans l'exercice de ses fonctions sénatoriales ; aussi fut-1l forcé de chercher un asile contre les fureurs populaires et la vindicte des lois nouvelles. L'Espagne lui offrit un refuge : là, il trouva de nouvelles consolations dans les lettres, et la terre de l’exil devint pour lui le champ d’une nouvelle gloire. La société espagnole de Biscaye possédait un médailler précieux, mais en désordre. M. »e MoxréGurT, dont le nom était avantageuse- ment connu au delà des Pyrénées, fut chargé par la société, qui déjà l'avait admis dans son sein, du soin de fixer la place de ces monumens numis- matiques. Les savans espagnols saisirent cette circonstance pour célébrer les talens de M. »E Moxrécur, et presque toutes les Académies de la péninsule s’empressèrent de associer à leurs tra- vaux. Son opuscule sur les Cæsars fut traduit en espagnol, et imprimé successivement à Vittoria et à Madrid. l’auteur de cette notice a parcouru les lieux que ce magistrat habita pendant sa pros- cription , et il a entendu répéter avec attendrisse- ment le nom ne MoxTÉGuT par tous les gens de lettres, par tous les savans qui l'avaient connu. Les personnes pieuses parlaient de ses vertus, et les archoologues de ses intéressans travaux. Ce- pendant une amnistie fut proclamée; les Fugitifs purent rentrer dans leurs foyers, et M. pe Mox- TÉGUT, qui ne s’était éloigné qu’à regret du sol de la patrie, s’empressa de revenir à Toulouse : 200 INSCRIPTIONS fatale confiance, loyauté qui devait être bientôt horriblement trahie!.. Depuis son retour d'Es- pagne, notre confrère ne s’occupa plus que du soin de rédiger ses mémoires ; 1l les communiquait chaque semaine à l’Académie, et l’on doit remar- quer qu’en 1703, peu de temps avant la suppres- sion de tous les corps scientifiques, M. ne Mo- TÉGUT fut le dernier qui fit entendre sa voix dans les séances de cette société. Son mémoire était relatif à la prétendue Colonne de Pompeée ; et l’on doit remarquer que dans cet ouvrage M. ne Mow- TÉGUT devança en quelque sorte les découvertes faites, cinq ans plus tard, au pied de ce monument célèbre, pendant la glorieuse expédition qui rendit la France maîtresse de l'Egypte. Nous avons dit qu'une amnistie avait permis aux proscrits de revoir leur patrie; mais M. ne Monrécur et ses malheureux collégues comptaient en vain sur la bonne foi de ceux qui gouvernaient la France. Cet acte, proclamé en 1791, fut déclaré nul en 1794. Des fers chargèrent les innocentes mains des magistrats du parlement de Toulouse. M. pe MoxrTéGur et son fils furent presque en même temps conduits au tribunal révolutionnaire de la Seine, et tous deux, comme leurs collégues, fu- rent déclarés coupables par les monstres qui avaient usurpé le titre de juges. M. ne Monxrécur fut ainsi ravi aux lettres et à la patrie, le 20 avril 1794(1). (1) L’éloge de ce savant académicien a été prononcé par M. Du Mèce, dans une séance publique de l’Académie. ET BELLES-LETTRES. 201 Quatre ans après la mort affreuse de M. ne Moxréeur, le secrétaire perpétuel de PAcadémie, M. Casriruon (1) cessa de vivre. IL était né à Tou- louse en 1720. À peine âgé de vingt-deux ans, il obtint plusieurs prix de poésie, et en 1751, PAca- démie des Jeux floraux ladmit au nombre des mainteneurs. Ami de Marmontel, et comme lui sans fortune, il le suivit à Paris, et dans cette ville immense, il ne dut qu’à ses travaux une existence honorable. Le comte de T'urpin, officier distingué par ses talens, conçut pour notre con- frère une vive affection. Ils publièrent ensemble louvrage intitulé : les Æmusemens philosophiques et littéraires de deux amis. M. CasriLuox écrivit ensuite la préface de l’Essai sur l’art de la guerre, préface qui fit la réputation de ce livre composé par le comte de T'urpin ; celui-ci, reconnaissant envers son ami, lui fit obtenir la place de secré- taire-général de l’inspection de la cavalerie légère, et M. Casriruon suivit les armées en Allemagne pendant deux ans. Mais le tumulte des camps est trop ennemi du repos qu’exige l’étude, et M. Cas- TILHON, renonçant à toutes les perspectives que Pambition pouvait lui offrir, rentra dans son ca- binet, et composa plusieurs ouvrages. Dans le nombre, on distingue les Ænecdotes littéraires de France, d'Espagne et d'Italie. Ami de d’Alembert et de Diderot, ils le choisirent pour leur collabo- rateur, et lui confierent la rédaction de plus de (1) M. Jean Casriznox , bibliothécaire de la ville. M. Casri- LHON. M.DE TurLE- LaARBRE-PIN. 203 INSCRIPTIONS trois cents articles de l'Encyclopédie. Rappelé dans sa patrie par M. ne BRIENNE, on le nomma, en 1784, bibliothécaire du collége royal, et cet éta- blissement fut bientôt enrichi de plus de quinze mille volumes. L'Académie le choisit pour son se- crétaire perpétuel, et l’on sait qu’il s’'acquitta avec un rare talent de cette charge honorable. Le pre- mier, il présenta un projet pour la formation d’un musée de tableaux, et il fut en outre le fondateur d’une société littéraire, qui, dès Pannée 1797, rappela dans cette ville, et le souvenir de ses an- tiques Jeux floraux, et les bienfaits des sciences et des lettres. Poète aimable, écrivain distingué, habile critique, M. CasriLHox jouissait de l’estime générale. Des revers inattendus lui enlevèrent le fruit de ses longs travaux; «mais les soins affec- » tueux de son épouse prolongèrent son existence » jusqu'à l’âge de soixante dix-neuf ans.» Il mourut au commencement de l’année 1799, heu- reux de n’être pas témoin de la guerre civile qui, peu de mois après, ensanglanta tous les lieux vor- sins de sa ville natale ! « M. pe Turce-LarBre-Pin (1) était né à Tou- » louse le 26 novembre 1916, de Francois de » Turle-Larbre-Pin et d_ Anne de Cirol. Sa fa- » mille était alliée aux maisons les plus distin- » guées; elle était ancienne dans cette cité, et plus » recommandable encore par les vertus éminentes 2 (1) Jean-François ve Turur-Larsre-Pin , docteur agrégé à la faculté de droit dans l’ancieune université de Toulouse. » ) ) TO ) » - » ) » ») » » ») ET BELLES-LETTRES. 203 qui y étaient héréditaires que par la noblesse de ses aieux. Les exemples domestiques fortifièrent dans le jeune TurrE les germes précieux de toutes les vertus qui firent le caractère domi- nant de sa vie, de cette modestie si naturelle, de cette loyauté, de cette franchise à toute épreuve, de cette douceur, de cette aménité de mœurs, de cette générosité si féconde en bien- faits, de cette philantropie éclairée et chrétienne, et sur-tout de cette probité antique, si pure et si délicate, qui imprimerent un sceau particulier sur sa personne, et rendirent son commerce et son amitié si sûrs et si féconds en traits dignes d'être conservés pour linstruction et honneur des hommes. » Jeune encore, il disputa et obtint au concours une place de docteur agrégé à la faculté de droit. C'était à cette époque un pronostic presque cer- tan, un premier échelon pour arriver un jour à une chaire. M. pe Tune a toujours rempli les devoirs d’agrégé avec cette sévère exactitude qu'il apportait à tout ce dont il était chargé. D’autres soins le détournèrent des études qu'il eût approfondies , sil eût persévéré dans le des- sein de poursuivre jusques à son dernier terme la carrière dans laquelle il était entré; mais Pin- fortune et les infirmités humaines s'étaient em- parés de toutes ses affections : sa charité, sa phi- lantropie avaient eu plusieurs occasions de se signaler. Elles fixèrent les suffrages des adminis- trateurs des hospices; ils sempressèrent de Pas- 204 INSCRIPTIONS » ») » » » » » » » socier à leurs utiles travaux. Dès ce moment, il en fit son occupation principale. » De si honorables devoirs n’empèchèrent pas M. pe Tune de continuer avec zèle les recher- ches dont il s’était long-temps occupé sur lhis- toire ancienne. Il leur consacrait tous ses loisirs : il porta les lumières d'une saine critique sur plusieurs points intéressans et obscurs de celle de Toulouse (1). Il obtint, par leur mérite, d'être associé un des premiers à la formation de notre Académie, Son nom est inscrit dans la liste annexée aux lettres-patentes du Roi, du 24 juin 1746, qui portent l'établissement de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres. » M. pe Turre eut l'avantage d’être le confrère et de participer aux bienfaits de ces hommes vraiment académiques, qui disputaient entr’eux de générosité, pour procurer à l'Académie nais- sante les secours nécessaires pour l’élever à ce haut degré d'illustration qui devait la faire re- marquer un jour de l’Europe savante, et les dons, les bienfaits de tout genre étaient prodi- gués. C’est à un de ses membres qu’elle dut une belle collection de livres choisis; d’autres firent les fonds d’un capital dont les revenus devaient servir à ses dépenses ordinaires. Ce capital était fixé à 12,000 livres. M. nE Turze fut nommé (1) Outre plusieurs Dissertations du plus haut intérêt, M. ne Turze a écrit l'Histoire de Toulouse, pendant les années 1611, 1612, 1613 et 1614, pour servir de suite aux Annales de cette ville, par Lafaille. ») » ET BELLES-LETTRES. 205 commissaire pour recevoir, secrètement, séance tenante, les soumissions des académiciens. Il n'avait pas achevé de parcourir un des côtés des tables, qu'il déclara la souscription remplie. Il s'était arrêté à 11,000 livres, parce qu'il avait résolu de souscrire pour 1000. Ce capital fut réalisé le lendemain. Un grand nombre d’acadé- miciens présens, notamment M. l’abbé »'Hérror, qui depuis a fait de si utiles et de si beaux établis- semens, se récrièrent contre une mesure qui les privait de concourir à l'utilité publique. Leur zele fut loué, et leurs bienfaits réservés pour une autre occasion : elle ne tarda pas à se pré- senter. Un hôtel avec un grand jardin étaient devenus nécessaires : les académiciens firent en- core un nouveau fonds de 12,000 livres, la ville fournit le reste... EN a om : » M. pe Turre a rendu de longs et importans services à l’Académie dans l’administration de ses revenus. Îl fut nommé son trésorier, après la mort de M. ne SaINT-Amaxs, qui en remplit le premier les fonctions. L'ordre, la ponctualité, le zèle furent les bases immuables de la direction que M. pe TurLe donna aux affaires de l’Acadé- mie. Aussi, ses finances furent-elles toujours dans un état prospère, et lors même que, par diverses causes, elles éprouvaient quelque em- barras, il se serait reproché d’avoir arrêté un seul instant la marche des études, et les travaux des savans. Dans ces occasions sa bourse était celle de PAcadémie. Consulté dans des circons- M. FLOnETe 206 INSCRIPTIONS » - = A 2 » » ) » tances difficiles, il encourageait toutes les dé- penses utiles; ce n’était qu’à la clôture de ses comptes qu’on acquérait, malgré lui, des preuves de sa générosité. Il eut la douleur de voir ren- verser ce corps scientifique, à la création duquel il avait coopéré. Il partagea le sort des hommes de bien à cette époque désastreuse, où la France fut couverte de prisons, d'étape et de ruines. » Il passa Sa longue vie dans le célibat ; mais son âme aïmante et sensible sut troifee des objets d’une vive et tendre affection dans des neveux dignes de lui. Il soigna leur enfance, il pourvut à leur établissement; il les dota avec générosité, avec toute la tendresse d’un bon père. À sa mort ils ont hérité de son patrimoine : il Pavait compromis plus d’une fois, en obligeant avec une excessive bonté ses parens ou ses amis. » Il mourut le 24 février 1799, environné de la douleur de tous les siens, accompagné de l'estime profonde de tous ceux qui lavaient connu, et des regrets de ceux qui avaient su obtenir son amitié. C’est à elle qu'il appartenait de jeter quelques fleurs sur la tombe de cet homme de bien (1). » M. Frorer (2) naquit à Marseille, « Élevé sous les yeux de Lebeau, les progrès rapides qu’il Cette Notice, dont nous ne donnons ici qu’un extrait , a été lue dans une de nos séances, par M. le baron Philippe Picor pe Lareyrouse; secrétaire perpétuel de l’Académie. (2) Jacques Front, avocat, membre de l'Académie des Jeux floraux , et de celle de Marseille. ET BELLES-LETTRES. 207 » fit dans ses premières études, la vivacité de son » esprit, la profondeur de son jugement, lui mé- » ritèrent les soins de ce savant historien , qui » conserva toujours pour Jui la plus g EE es- » time (1).» Son discours sur cette question : 4 quels caractères distingue-t-on les ouvrages de génie des ouvrages d'esprit ? lui valut un prix décerné par PAtadémee de Marseille et son admis- sion dans cette société. « Invention 5 énergie el » Chaleur, voilà le génie, dit-il; #/ crée, à peint, » il anime. rer » grâces, légèreté, voilà » l'esprit ; iouter » polir et badiner, voilà son » partage ; qu'il s'y renferme : il échoue s’il ose » en sortir.» M. Frorer était déjà avancé en âge lorsqu'il vint à Toulouse. En 1789, il fut reçu dans l'Académie des Jeux floraux. L'année sui- vante, il prononça /« Semonce, ou le discours d'ouverture des séances de cette société; il termina cet opuscule par l'éloge de létude, et jamais cet éloge ne fut mieux placé que dans sa bouche. « Etude, sécrie-t-il dans son enthousiasme, sous » ton empire l’homme devient tout ce qu’il peut » être; sans ton secours, de quelque talent que » lait doué la nature, il ne présente qu’une faible » ébauche de lui-même, il ne remplit jamais en » entier sa destinée; le politique erre sans prin- » cipes, le navigateur s’agite sans boussole, le » médecin tâtonne sans guide, le magistrat, le = ss, (1) M. Henri Borxrau, marquis de Lacaze, Recueil des ouvrages lus dans la séance publique du Lycée de Toulouse, le 30 germinal an 7. 208 INSCRIPTIONS jurisconsulte marchent en aveugles. Privé de » toi, l’historien ne montre que des préjugés, la » poésie des écarts, l’éloquence des lueurs, la phi- » losophie des chimères, la physique des systèmes. » Seule, tu rectifies les erreurs de Phistoire, tu » maitrises la fougue de lorateur et l'ivresse du » poète; tu ramènes le philosophe à observation » et le physicien à expérience. La puissance du » génie est immense, mais sans l'étude il se con- » sume en efforts malheureux ; ou, semblable aux » volcans, il vomit par intervalles, à travers une » épaisse fumée, des jets de lumière dont léclat » intermittent et passager fait ressortir l’horreur » des ténèbres au lieu de les dissiper. » M. FLorer a empreint du sceau d’un vrai talent ses éloges de Pibrac, de Dugué-Trouin et de d’ frjesséne Sa traduction en vers des tragédies de Sophocle, ouvrage encore inédit, fut présentée à la classe des inscriptions et belles-lettres, et l’on y reconnut le savant helléniste et le versificateur habile. Il porta dans les assemblées de l'Académie des mé- moires pleins de recherches curieuses. On distingua sur-tout sa Dissertation sur cette question : La noblesse, chez les Grecs, formait-elle un corps de citoyens distinct et séparé ?— Des Recherches historiques et philosophiques sur les libelles fu- rent lues par M. Fcorer dans une assemblée pu- blique de Académie, et ce mémoire important a été inséré dans l’un des volumes des actes de cette société. On y remarque ce passage, qui seul pour- rait faire ressortir toute la rapidité, toute l'énergie Ÿÿ ET BELLES-LETTRES. 209 du style de auteur. « Au nom de libelle , le mo- » raliste fronce le sourcil; la malignité humaine » sourit et prête l'oreille. Un libelle dévoile des » vices secrets, des atrocités commises dans les » ténèbres, et que l’on crut y ensevelir : il reçoit » aussi de la calomnie des tableaux infidèles, des » accusations exagérées, des faiblesses présentées » comme des crimes. Un libelle irrite la sensibilité » de Phomme innocent, empoisonne quelques » instans de la vie de l’homme vertueux, trouble » même quelquefois la sérénité du sage ; mais il » fait pälir d’effroi le méchant, démasque ses » complots, traverse ses projets, déconcerte son » audace; mais il présente aux tyrans de toute » espèce d’utiles vérités, des leçons nécessaires » que lui seul peut leur donner... Arme terrible » et redoutable, l'honneur en défend Pusage à la » vengeance, la morale linterdit à la malignité ; » mais la patrie et la vertu publique la confitrent » plus dune fois à leurs défenseurs : instrument » de bassesse entre les mains de la calomnie, et de » prudence dans celles du patriotisme; armure de » lâcheté dindividu à individu, d'égal à égal; » mais armure souvent unique da faible contre le » puissant, de l’opprimé contre l’oppresseur, du » citoyen contre la tyrannie ! » M. FLor£r avait traduit avec beaucoup de succès Enfer du Dante. Son ingénieux /’oyage dans les planètes est connu par quelques fragmens lus dans les assemblées publiques du Musée de Toulouse. À lépoque où les talens et les vertus étaient des titres pour mé- 14 M. HESSAN. p'On- 210 INSCRIPTIONS riter une honorable proscription, M. Fcorer fut jeté dans un cachot, etil paraissait destiné à partager le sort de tant d’innocentes victimes immolées par les tyrans de la France; mais le 9 thermidor le rendit à la liberté. Quelque temps après, une société littéraire, formée à Toulouse (1), compta M. FLorer au nombre de ses fondateurs. Agé de plus de 76 années, il termina sa carrière en 1799. Privé depuis long-temps de presque tous les objets de ses plus chères affections, il avait supporté de nombreux revers avec toute la fermeté d’un phi- losophe , et il vit approcher la mort avec la foi vive et pure d’un chrétien. On doit regretter peut- être que ses ouvrages n’aient pas été recueillis et publiés : en le faisant, ses héritiers auraient élevé un monument durable à la mémoire de ce labo- rieux académicien. M. »’Aïcxax n'Onsessan (2) naquit à Toulouse le 16 février 1709. «Son père, magistrat dis- » tingué, et issu d’une longue suite d’aieux qui » avaient marché avec gloire dans la même car- » rière, se plut à donner au jeune D’ORGESSAN » une éducation qui le préparait aux fonctions » importantes auxquelles il était destiné. Îl entra » étant encore bien jeune dans le parlement de » Toulouse, et devint président à mortier en 1735, » après la mort de son père, qui était pourvu (1) Le Lycée où Aihénée. (2) Anne-Marie n’AIGNAN, marquis n'OreEssan, président à mortier du parlement de Toulouse , mainteneur de l'Académie des Jeux floraux. ET BELLES-LETTRES. 211 » de cette charge. » Ses talens le firent admettre dans la Société des sciences, et, plus tard, il obtint pour cette compagnie les lettres-patentes qui lé- risérent en Académie royale des sciences, ins- criptions et belles-lettres. Il partageait tous ses instans entre les graves occupations de la magis- trature et les lettres, la physique et les arts. En 1749; M. »’OrgEssan partit pe Vltalie, et il écrivit son voyage. « Cette relation, dit M. le » comte DE LAvVEDAN (1), est un node : une » marche géographique admirable, un mouve- » ment de narration rapide, transportent le lecteur » dans les différens états dont l’Îtalie est composée. » Dans cette course, une légère esquisse du sys- » tème politique, un aperçu des mœurs, un court » tableau de la manière dont on y vit, identi- » fient avec l’ordre social de ce petit empire; vous » n’y paraissez que pour le parcourir, et vous le » connaissez comme si Vous y aviez passé votre » vie.» On doit à M. »’OrsEssanx beaucoup d’au- tres ouvrages qui ont été rassemblés dans deux recueils (2) : on y trouve une foule de dissertations archoolosiques d’un haut intérêt, etil y explique plusieurs monumens découverts, soit dans le pays des Æusci, soit dans les Pyrénées. Le chancelier Meaupou avait nommé M. v'OREssAN premier président du parlement de Toulouse; mais notre colléque repoussa ce funeste présent. Retiré dans la (1) Éloge de M. »’OrprssaN,? CAR Le D (2) Mélanges historiques et critiques, 3 vol. in-5.., figures. F'arieles liltératres , 2 vol. im-8.°. 14. M. Joucra DE PARAZA. 212 INSCRIPTIONS terre dont il portait le nom, à une médiocre dis- tance d'Auch, il y devint l'arbitre, le premier maoistrat de la contrée. Défendu par le respect et l'amour de ses concitoyens, il put braver en quelque sorte la haine des méchans, et il ne partagea pas l’horrible destinée de ses anciens confrères. La science des Col/lumèle et des Caton Poccupa presque exclusivement pendant ses der- nières années, et il contribua, par son exemple, à amélioration des méthodes agricoles. Environné des heureux qu'il avait faits, et des monumens de Pantiquité qu’il avait rassemblés dans le chà- teau d’Orbessan , il mourut, en 1801, âgé de plus de 92 ans. Il avait conservé dans cet âge avancé toutes les grâces d’un esprit cultivé, toute la force d’une âme grande et généreuse. L'Académie comptait depuis long-temps M. »E . ParAzA au nombre de ses associés, lorsqu'elle fut arrachée à ses paisibles travaux. Né à Toulouse, en 1744, d’une famille qui avait produit piusieurs magistrats distinoués, M. pe PARAzA marcha di- gnement sur les traces de ses ancêtres. « Après » avoir reçu une éducation soignée, il entra dans » le corps des mousquetaires. Aimable, spirituel , » il attira sur lui l’attention des hommes instruits. » Le duc de Choiseuil voulut voir M. ne PARAZA, » et lorsqu'il leut entendu, il lui proposa de » quitter le service pour suivre la carrière de la » diplomatie. Lancé dans cette nouvelle route, 1l » sentit que pour la parcourir avec gloire il fallait » étudier les langues des peuples chez lesquels il ET BELLES-LETTRES. 219 » trait défendre les intérêts de la France. Mais, » en cherchant à étendre ses connaissances, il » sentit décroître son ambition , et il renonça à la » diplomatie pour se livrer tout entier à la culture » des idiomes divers qu'il voulait fixer dans sa » mémoire. Ce fut, dit-on, en seize langues que » M. DE PArazA écrivit à l’auteur de la Henriade. » ingénieux vieillard lui dit dans sa réponse, » que depuis les Apôtres, le miracle de la Pente- » côte ne s'étant pas renouvelé, il était contraint » de lui écrire en français; et dans cette lettre » 11 exprima l'admiration la plus vraie pour les » profondes connaissances du jeune savant (1). » La mort lui ayant ravi et son père et son frère aîné, M. pe PARAzA entra, en 1769, en qualité de conseiller, dans le parlement de Toulouse. L'Académie des sciences s’empressa de associer à ses recherches; en 1789, celle des Jeux floraux lui donna une place de Mainteneur. Plus heureux que la plus grande partie de ses confrères, il évita leur sort affreux. Éloigné de Toulouse, il fut sous- trait aux persécutions qui auraient pesé sur lui sil était demeuré dans sa ville natale. Il ne vint l’ha- biter de nouveau qu'après la révolution du 18 brumaire. « Une épouse adorée, des enfans chéris, » une bibliothèque considérable, les matériaux » littéraires, fruit de ses immenses recherches, » une fortune qu’avaient ébranlée de violentes (1) Notice sur M. ne Paraza, par M. le baron nE Lamorae- Lancon. M. Mac. 214 INSCRIPTIONS » secousses, mas dont le raffermissement prochain était assuré, un parfait contentement d'esprit, tout enfin, jusqu'aux apparences d’une heureuse santé, semblaient réunir autour de lui les gages d’un bonheur durable... Une fin aussi subite qu'inattendue vint le frapper au milieu de tous ces biens d’un moment. Il passa de la vie à la mort dans la nuit du 12 au 13 août 1801, sans que la moindre appréhension de maladie eût précédé cette terrible catastrophe. Il fut impos- sible d'en dérober la connaissance à M"° DE Panraza, et l'impression qu’elle en ressentit fut irrémédiable, Les premières atteintes de sa dou- leur brisèrent sans retour les liens qui Patta- chaient à la vie; elle ne put y être rappelée ni par la force de son âge, ni par les élans de son cœur maternel vers les fruits de l’hymen trop tôt dissous. Le troisième jour m'était pas écoulé, et le tombeau de son époux se rouvrit pour la recevoir (1)! 5» M. Mar était né à Aurillac en 1722. Un de ses oncles, qui était curé d’Avignonet, l’attira près de lui, et le fit élever dans le collése des Jésuites de Toulouse. Il aimait les lettres et les cultivait en secret : lorsque le premier volume des Mémoires de l'Académie fut publié, ii fit imprimer, sous le titre de Remarques d’un Russe sur la colonie et le Capitole de Toulouse, un opuscule où Péru- dition la plus profonde et la critique la plus dé- (1) M. Pnau», éloge de M. be Paraza. H ET BELLES-LETTRES. 215 licate avaient pris des formes si aimables, que l'académicien dont le système était attaqué dans cetécrit, loin d’en être offensé, voulut en connaitre l'auteur, et le présenta peu de témps après à PA- cadémie. M. Mac: justifia par ses importans tra- vaux l'estime inspirée par son premier essai. Il ut suecessivement des Remarques sur les tombeaux découverts dans l’église de la Daurade, des Rie- cherches sur les nations monstrueuses , une Dis- sertation sur deux roues de char antique, en bronze, un Mémoire historique sur l’inquisition de Toulouse , au sujet de quelques registres ort- ginaux de ce tribunal, au moyen desquels on établit des faits inconnus aux historiens, etc. ; ce dernier ouvrage, imprimé dans les recueils de l’Académie, est dû à la découverte faite par M. Maur de plusieurs registres de linquisition , et il renferme beaucoup de choses neuves et pi- quantes. Toujours heureux dans ses recherches, M. Mac avait aussi procuré à l'Académie des Jeux floraux un manuscrit cité par les historiens du Languedoc, mais que lon ne trouvait plus, et qui contenait des indices de la fondation des prix par CLÉMENCE Isaune. M. de Ponsan, au- quel M. Mac: fit d'abord connaître sa découverte, crut que Académie des Jeux floraux ne pouvait témoigner sa gratitude à M. Macr qu’en l’admet- tant dans son sein. Le récipiendaire méritait d’ail- leurs cette distinction par ses talens littéraires. Pendant les troubles civils, il se retira dans la petite ville de Grenade , à trois lieues de Toulouse : M. GEz. 216 INSCRIPTIONS il y avait transporté son médailler, son laraire et sa bibliothèque. Appelé à des fonctions publi- ques, il se servit du pouvoir dont il était revêtu pour empêcher des injustices et des crimes, et il mourut le 2 septembre 1802, âgé de 80 ans. M. Gez était né en 1741.Ses premiers travaux lit- téraireslui valurent desrécompenses flatteuses. « Îl » avait long-temps réfléchi sur la théorie du goût; » il en développa les principes devant l'Académie » de Rouen, dans un discours qui, selon F’oltaire, » supposait un goût infini dans celui qui avait » écrit avec tant de supériorité.» La profession d'avocat n’empècha point M. GEz de cultiver les lettres, mais son esprit se tourna vers les recher- ches de l’érudition. Cet attrait particulier d’un esprit avide de connaître; s’accrut encore lorsque J'Académie leut admis au nombre de ses associés dans la classe des inscriptions et belles-lettres. Attaché à tous ses devoirs, et jaloux jusqu’au scrupule de les remplir fidèlement, M. GEz passa vingt ans de sa vie ne connaissant que VP'Académie des sciences, le Palais et son cabinet, évitant de se répandre dans le monde, et de former des liai- sons étrangères à l’accomplissement de ses différens devoirs. En 1805, il fut l’un des sept Mainteneurs auxquels on dut le rétablissement de PAcadémie des Jeux floraux. La classe des inscriptions et belles-lettres de celle des Sciences a souvent ap- plaudi aux Mémoires qu'il apportait dans les as- semblées. L'un de ses ouvrages est intitulé Disser- tation sur cette question : Démosthène a-t-il recu ET BELLES-LETTRES. 4 217 en présent, d'Harpalus, vingttalens et une coupe d’or? Dans cet opuscule, il cherche à venger lorateur athénien des calomnies avancées contre lui. Un autre Mémoire de M. Gez, et non moins intéressant que celui dont nous venons de parler, a été aussi publié par l'Académie ; il contient des Recherches sur l’époque de l'établissement, les fonctions et l'origine du ministère public en France. La mort de ce savant estimable, arrivée le 12 avril 1807, affligea profondément PAcadémie des Jeux floraux, dont il était alors Modérateur, et les membres enfin réunis de celle des Sciences, qui déjà s'occupaient du soin de rétablir cette noble institution. Parmi les plus anciens membres de PAcadémie de Toulouse, on comptait, il y a quarante ans, M. Jean Raynaz. Il naquit dans cette ville en 1723. Son père le destinait au sacerdoce, et il commença un cours de théologie; mais 1l aban- donna bientôt cette étude pour celle du droit. Reçu avocat au parlement en 1755, il plaida pen- dant quelques années avec beaucoup de succes. Son érudition était vaste. Plusieurs dissertations sur l’histoire et les coutumes des provinces méri- dionales de la France, lui ouvrirent les portes de VAcadémie, Il y trouva MM. ne Turce-LARBRE-PIN et pE BousquEr occupés à la continuation des Annales de Lafaille, etil partagea leurs travaux. Il fit plus, il publia, en 1750, une Histoire de Toulouse. Les magistrats municipaux, auxquels il dédia cet estimable ouvrage, Paccueillirent avec M.RaynaL. M. DE Gar- DOUCH BELESTAT. DE 218 . INSCRIPTIONS reconnaissance, M. Raywarz fut nommé capitoul en 1767. Peu de temps après, il obtint la charge de subdélégué de lintendant du Languedoc. En 772, il présenta au Roi le cahier des doléances de la province. Dès les premières années de nos troubles civils, il fut chercher un asile dans le village d’Argellier, près de Narbonne. Échappant ainsi aux fureurs de la révolution, M. Rayxar prolongea, jusqu'à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, une carrière entièrement consacrée à la pra- tique des vertus et à l'étude. Il mourut le 28 juillet 1807, un peu plus de trois mois avant la nouvelle institution de l'Académie. M. le marquis DE GARDOUCH DE BELESTAT na- quit à Toulouse en 1725. Il sortait de la famille des J’aragne, aussi ancienne que célèbre dans le Languedoc. «Après avoir fait ses études à Paris, » dit M. le marquis F. p£ VircenEuvE (1), il » entra fort jeune dans la maison du Roï:il fit » les campagnes du maréchal de Saxe, et Sy » distingua assez pour être, dès l’âge de trente » ans, mestre-de-camp de cavalerie, » « Une débilité extrème dans l'organe de la vue » l’obligea, malheureusement trop tôt, à renoncer » à une carrière où sa naissance, sa fortune, sa » bonne volonté, et une expérience déja acquise , » lui présageaient un avancement rapide. » V1 2 « Rentré dans la condition privée, il ne songea » plus qu'a étendre et développer ses con naissances. (1) Eloge de D. le marquis sx Garpoucn DE BELESrAT. ET BELLES-LETTRES. 219 » La nature l'avait doué d’une curiosité excessive. » Ce ne fut point un défaut : il en fit une qualité : » il s’en servit comme d’un aiguillon pour acquérir » une instruction très-variée. Il usait le reste de » sa vue à la lecture : on ne publiait pas un ouvrage » de politique ou de littérature qu'il ne voulut » connaître et apprécier par lui-même. » Les livres relatifs à histoire de France étaient surtout l’objet de ses méditations; et ayant été admis dans PA- cadémie des sciences, il lui présenta plusieurs mémoires dans lesquels il cherchait à éclaircir des faits obscurs ou controversés. En 1769, l’Acadé- mie des Jeux floraux lui donna une place de main- teneur. Ïj était connu et estimé des gens de lettres; et parmi ceux qui ont eu avec lui des liaisons très-étroites, on doit distinguer #oltaire. Des année de la bataille de Fontenoy, ils s'étaient vus aux eaux de Plombières, et dans la suite ils entretinrent une correspondance assez suivie. Un événement littéraire troubla, en 1768, ces relations qu’entretenaient lamour des lettres et Pestime pour le génie. M. ne Beresrar avait lu à PAcadémie des sciences, et ensuite à celle des Jeux floraux, un Examen critique de l’histoire de Henri IF, par Bury. Cet ouvrage fut imprimé sous les lettres initiales de M. ne BELESTAT, quoi- que généralement attribué à Labeaumelle. HN y avait dans cette brochure une allusion assez évi- dente et dangereuse, un portrait satirique du pré- sident Hénault, et une critique très- vive de la IHenriade.: Foltaire la lut d'abord avec peu dat- 220 INSCRIPTIONS tention, et il écrivit à M. ne BErEsrAT pour lui demander des éclaireissemens sur une citation; mais lorsqu'une lecture plus attentive lui eut fait remarquer le passage auquel il devait être si sen- sible, il ne regarda plus la brochure que comme un libelle, et il écrivit de nouveau à M. De Br- LESTAT pour lui témoigner son mécontentement sur deux articles. En même temps, il lui déclarait que l'ouvrage passait pour être de Labeaumelle. M. pe BELESTAT assura dans sa réponse qu'il ne souffrirait pas que qui que ce fût abusät de son nom, et qu'il croyait que M. de Labeaumelle le ferait moins qu’un autre. C'était se déclarer en quelque sorte l’auteur de lExamen critique, et M. DE BE- LESTAT ne pouvait agir autrement, puisqu'il avait lu cet ouvrage dans les deux Académies, et qu'il Vavait fait transcrire sur les registres de celle des sciences. Le gouvernement en fit saisir 600 exem- plaires, et F’oltaire en a donné une nouvelle édi- tion, avec des notes, dans la collection intitulée VEvangile du jour." En 1753, M. ne Beresrar fut adjoint au se- » crétaire perpétuel de l'Académie des Jeux flo- » raux; mais il ne put occuper cette place que » pendant quatre années. Les infirmités les plus » graves s'étaient accumulées sur sa tête : ses yeux, » si débiles depuis long-temps, s'étaient entière- » ment fermés au jour, et il avait perdu aussi en » partie le sens de l’ouie. Dans cet état pénible , 1l » voulait encore n'être étranger à rien; 1l voulait » tout savoir ensdépit de la nature, et un lecteur ET BELLES-LETTRES. 2921 » était près de lui tous les matins pour porter avec » violence, jusqu’à son esprit, la connaissance des » gazettes, des écrits remarquables et des événe- » mens qui, se pressant de jour en jour, allaient » bientôt frapper et le rang et la fortune et l'âge, » et, chose inouie, le malheur même! » La ré- volution ne Pépargna point: il fut plongé dans les cachots; mais il eut le bonheur de survivre à lé- poque la plus désastreuse de nos troubles civils, «et il prolongea sa carrière jusqu’à Püge de 82 ans. » Heureux de précéder dans le tombeau son fils » unique, l’objet de ses affections et de ses sollici- » tudes! Il vécut assez long-temps pour le rece- » voir des contrées lointaines : il mourut assez tôt » pour ne pas pleurer sur sa fin violente et ino- » pinée, » M. pe Beresrar est mort en 1807, peu de temps avant la nouvelle institution de l'Académie. Il possédait une nombreuse suite de médailles ro- maines dans les trois métaux, une riche collection de tableaux des plus grands maîtres, et une biblio- thèque de livres rares, et dont le nombre s'élevait à 24,000 volumes. Le P. Senmer (1) naquit à Toulouse en 1732. Entré de bonne heure dans l’ordre des Carmes- Déchaussés, il professa avec beaucoup de distinc- üon la philosophie et la théologie aux novices du couvent de Toulouse. Chargé ensuite des emplois les plus importans, il parcourut l'Espagne et l'Italie. (1) Antoine-Pascal-Hyacinthe Senuxr, provincial de Pordre des Carmes-Déchaussés, prédicateur du Roi, M. SERMET. D. »'Ouve. 293 INSCRIPTIONS Appelé à Paris pour prêcher dans une maison de son ordre, ilattira la foule, et la cour voulut aussi l’entendre. Une station de carême, remplie à Versailles devant Louis XV, lui valut le titre de prédicateur ordinaire du Roi. « Emule de son » confrère le P. Élysée ; doué, comme lui, d’une » éloeution brillante, il le surpassait par un débit » plein de feu, et sur-tout par cette simplicité su- » blime dont on trouve le modèle dans les livres » sacrés.» Évêèque métropolitain du Sud, en 1797, il ne put cependant se soustraire aux persécuteurs des talens, et fut pendant long-temps retenu dans les fers. A l’époque du concordat , il sempressa de donner sa démission. Il mourut à Paris le 24 août 1808, peu de mois après la nouvelle formation de l'Académie, dans laquelle il ne fut pas com- pris. On lui doit un savant Mémoire sur une ins- cription de Tholus, des Recherches historiques sur l’inquisition de Toulouse , des Recherches étymologiques sur les rues de cette ville, etc., et un grand nombre d’autres ouvrages, qui montrent à la fois son érudition et son attachement à sa patrie. Ainsi que quelques autres anciens membres de la classe, D. Denys »’'Ouive ne fut point appelé à partager nos recherches historiques et litté- raires, lorsqu'en 1807 l'administration institua de nouveau l'Académie. Peu d'écrivains méri- taient cependant mieux que D. »’Orive l'hon- neur de faire encore partie de ce corps scien- tilique. Ce religieux naquit à Toulouse en 1725, ET BELLES-LETTRES. 293 d'une famille ancienne, et qui a produit plusieurs jurisconsultes célèbres. Ilentra, bien jeune encore, dans la congrégation des Bénédictins de Saint- Maur, association aussi distinguée par la piété que par lérudition. L’Académie de Toulouse, qui n’admettait pas facilement des religieux dans son sein, s’empressa néanmoins de placer D. »'Orive au nombre de ses associés, et 1l occupa, pendant plusieurs années, la chaire de grec et d'hébreu, que D. Poxr avait remplie avec un grand éclat. Il s’attacha d’abord à expliquer et à analyser les Prophètes : les tragiques grecs l’occuperent en- suite, et ses leçons sur Euripide pourraient être mises au nombre des livres classiques, si nous en possédions la collection toute entière. L'Académie de Nîmes compta aussi D. »’OL1vE au nombre de ses membres, et il professa pendant quelque temps le grec et l’hébreu dans le sein de cette savante société. En 1770 son ordre lPappela à Paris, pour travailler à une édition des Pères grecs et latins. 11 fut d’abord chargé de Pédition de saint Théodore Studite. KW travailla, peu de temps après, sur saint Grégoire de Nazianze. Le premier volume a été publié, « les suivans » mauraient pas tardé à paraître, mais à cette » époque deux confrères de n’Orive (D. Céé- » mencet et D. Labat), firent imprimer, à Pinsu » du général de la congrégation de Saint-Maur, » une préface des œuvres de saint Grégoire » de Nazianze. Gette éntreprise, qui compro- » mettait l'autorité du général, sans la permission 224 INSCRIPTIONS » duquel les religieux ne pouvaient pas faire im- » primer un ouvrage, devait nécessairement con- » trarier D. n’'Orive, que ses supérieurs avaient » seul chargé de l'édition.» La préface latine qu'il avait composée, pour être mise en tète de lou- vrage, était d’ailleurs écrite avec un goût, une méthode qui la rendaient préférable à celle que les deux Bénédictins venaient de donner. Fäché de ce contre-temps, et ne voulant lutter contre personne, il laissa tous ses manuscrits à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et revint à Tou- louse, où il fut bientôt après élu prieur de la Dau- rade. Il fit bâtir, pendant son administration, la façade et une grande partie de l'église de ce mo- nastère. IL assista, en 1781, au chapitre général tenu à Marmoutiers, et il fut nommé Définiteur de l’ordre. Opposé aux principes de la révolution, il composa, en 1701, un Mémoire historique sur l'origine des grands fiefs en France, sur Les Princes et les Seigneurs qui les avaient possédés , enfin sur la réunion de ces fiefs à la couronne. Cet ouvrage, qui avait pour but d'établir et de faire connaître les droits du monarque, à une époque où l'assemblée nationale sattachait à les détruire, fut présenté aux princes français alors à Coblents. Ils accueillirent avec intérêt cette pro- duction du savant religieux, ils en ordonnèrent l'impression, et ils firent parvenir à l’auteur des témoignages touchans de leur gratitude. «Plu- » sieurs Toulousains, qui avaient suivi les princes, » furent félicités au sujet de l'écrit de leur com- ES TT TT ET BELLES-LETTRES. 225 » patriote, qui, après avoir consacré ses talens » à la gloire de la religion, avait fait un si noble » usage de sa plume pour défendre, dans des >» temps orageux, les droits de son Souverain. » Invariablement attaché à ancien ordre de choses, D. »’Orive refusa son adhésion à la constitution civile du clergé, et fut long-temps retenu dans une prison. Rendu à la liberté, il vécut dans la plus profonde retraite, recevant uniquement quelques anciens confrères et sa famille, et formant des vœux pour la splendeur de la religion et la prospérité de la France. Il mourut âgé de 88 ans, le 27 avril 1814, laissant plusieurs ouvrages estimables, et le souvenir de son érudition et de ses vertus. OUVRAGES PRÉSENTÉS A L'ACADEMIE Par les Membres et les Corresponcans (1) de la Classe des Inscriptions et Belles-Lettres. Essais historiques sur le Bigorre, accompagnés de remarques critiques, de pièces justificatives , de notices chronologiques et généalogiques ; pax M. A. n'Avezac-Macaya*. 2 vol. in-8.° Bagnères. Note Bibliographique, par M. Becuizrer. În-8.° Toulouse. (1) Ces derniers sont distingués par un astérisque * placé près de leurs noms. 226 INSCRIPTIONS Annuaire de la Préfecture du Département du Jura, pour l'an 1813, contenant des‘détails histo- riques el statistiques ; par M. À. J. BruanD * (1). Lons-le-Saulnier, 1813, in-8.° Annuaire de la Préfecture du Département die Jura, pour l'an 1814, contenant des détails historiques et statistiques ; par le même. Lons-le- Saulnier, 1814, in-8.°, avec carte et figures. Dissertation sur une Mosaïque découverte près de la ville de Poligny, département du ura; par le même. In-8.°, Paris, 1815. Tombeaux découverts à Bordeaux et graves par M. Lacour*, avec un texte explicatif et des notes, par M. le baron Gars *. In-fol., fig. Notice sur une Médaille celtibérienne ; par le même, in-8.°, Paris, 18009. Recherches sur Les Mœurs des habitans des Landes de Bordeaux ; par le mème. In-8.°, Paris, 1809. Notice sur les Monumens, Usages et Tradi- tions du département de la Gironde ; par le mème. In-8.0, Paris, 1800. ra) loge de Clémence Is4urr , discours en vers ; par M. Carré. In-8.°, Toulouse, 1812. La Bataille d'Austerlitz, où La Campagne de 1805; par le même. In-8.°, Toulouse, 1806. (1) M. Bruanp est mort à Belley, où il remplissait les fonc- tions de sous-préfet, en 1821. ET BELLES-LETTRES. 257 L'Urbanité Française , discours en vers ; pax le même. In-8.°, Toulouse, 1807. De l'Unité dans la composition d'un ouvrage ; par le même. In-8.°, Toulouse , 1818. Caractère distinctif de la Poésie et de PElo- quence ; par le même. In-8.°, Toulouse, 1821. La Gloire , ou Pindare aux Aeux de la Grèce , ode ; par le même. In-8.°, Toulouse, 1812. Éloge de M. pe Laro; par le même. In-8, Toulouse, 1817. Éloge de M. l'abbé REY NI1ËS DE RoSIÈRES ; par le même. In-8.°, Toulouse, 1819. Nouvelles Recherches sur la ville gauloise d'Uxellodunum , assiégée et prise par César ; rédigées d’après l'examen des lieux et des fouilles récentes , et accompagnées de plans topographi- ques , et de planches d’antiquités ; par M. Cnam POLLION-FiGEAc *. Paris, Imprimerie royale, 1820, in-4.° Dissertation sur un Tombeau antique , par M. le baron Cnaupruc-nr-CrazAnnes *. In-8.°, 1808. Discours prononcé devant la Société des Scien- ces et d'Agriculture d'Orléans , à sa séance pu- blique du 28 novembre 1810 ; par le même. In-8.°, Orléans, 1810. Mémoire sur quelques Antiquités de la ville d'Agen (Aginnum des Nitiobriges ); par le même. In-8.°, Paris, 1820. 19e 228 INSCRIPTIONS Antiquités de la ville de Saintes et du Dépar- tement de La Charente-Inférieure, inédites ou nou- vellement expliquées, avec figures ; pax le même. In-4.°, Paris, 1920. Odes et Poésies nationales ; par M. Dax *. In-8.°, Paris, 1812. Antiquités et Monumens du département de Vaucluse ; par M. le comte DE ForrTrA-p’Ursan * In-12, Paris, 1808. Rapprochemens historiques sur l hospitalité des Anciens, sur la formation de nos hôpitaux , la nature de leurs revenus, et les divers systèmes qui se sont succédés dans leur administration ; par M. Frizac. In-8.°, Toulouse, 1820. Discours prononcé le 2 novembre 1807, jour de la rentrée de l'Ecole spéciale de Droit de Tou- louse , et de son inauguration dans le ra de l’ancienne Université ; par M. Jamme. In-/ Toulouse, 1807 Éloge de Louis XVI, Roi de France et de Navarre; par le même. In-8.°, Toulouse, 1815. Discours prononcé dans la séance publique de l’Académie, le 21 janvier 1815; par le même. In-8.°, Toulouse, 1815. ËÊ LÉ de M". Dillon archevéque de N arbonne, Aou des États de Languedoc, etc. ; par M. L'abbé Jaume. In-8.°, Doris 1810. Origine du nom de Magada, déesse des Saxons ; ET BELLES-LETTRES. 229 de celui de Magdebourg, ville de Saxe, et de plusieurs autres noms de lieux qui proviennent du nom et du culte de cette déesse ; par M. Eco: Joxanneau *. In-8.°, Paris, 1809. Notice sur l’Origine étymologique , mytholo- gique et historique de quelques noms de lieux et de peuples d’un canton de l'ancien évéché de Léon, et, par suite, sur la situation du Paradis des Gaulois ; pax le même. Paris, in-8°, 1800. Notice sur la Wie et les Ouvrages de J. le Brigant ; par le même. In-8.°, Paris, 1812. d Observations sur les Travaux qui doivent être Jaits, pour les recherches des objets d’antiquité , dans le département du Puy-de-Dôme ; par M. La- cosTE *, de Plaisance. In-8.°, Clermont. Troisième chant du Poëme de Constantin, ou Le Triomphe de la Religion chrétienne ; par M. le baron pe Lamorae-Lancon. In-8.°, Toulouse, 1821. Chrestomathie hébraïque , où Choix des plus beaux morceaux , en prose et en poésie, tirés de la sainte Bible ; par M. Fr. Lécruse. (A la suite du texte hébreu, se trouvent des imitations en vers et des notes critiques.) Paris, Éberhart , 1014, in-8.° Dissertation sur la Langue basque, lue à l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles- lettres de Toulouse ; par le même. În-8.°, Tou- louse, 1826, Vieusseux. 230 INSCRIPTIONS Manuel de la Langue basque. — 1." Partie , Grammaire basque ; — 2.° partie, V’ocabulaires ; par le même. Un vol. in-8.°, Toulouse, 1826, J.°-M.® Douladoure. Lexique français-grec , avec le mot latin , ou- vrage entièrement neuf (x), par le même. In-8°, Paris, 1823. Notice historique sur l'ancienne Peinture sur verre , sur Les moyens pratiqués dans cet art, depuis l’époque de son invention jusqu’à nos jours, et par suite, sur Jean Cousin, qui a excellé dans ce genre de peinture ; par M. le chev.® Lenoir *. In-8.°, Paris, 1800. Notice sur le Tombeau de Dagobert, et sur les chapiteaux de l’église de l’abbaye d'Austremoine ; par le même. In-8.°, figures, Paris, 1800. Considérations générales sur les Sciences et les Arts ; rapports qui existent entre les beaux-arts à) M. J. V. L. a dit, en parlant de ce Lexique ( Revue Encyclopedique, tom. xvur, p. 159), qu’on doit à M. Lé- cLUSE l’immense avantage de pouvoir mettre enfin entre les mains des élèves de nos écoles, un ouvrage qui leur permet de faire des thêmes grecs, seul moyen d'apprendre avec succès la plus belle des langues. 1 ajoute que l’auteur, déjà connu par des travaux du même genre, méritait bien la gloire de rendre, le premier, ce service à l'instruction publique, etc. On voit, par cette citation, que notre honorable collègue est le premier qui ait eu l’idée de donner aux élèves un Lexique français-grec. Les avantages qu’on a déjà retirés de cette entre- prise ont mérité à l’auteur et des suflrages illustres, et l'estime de tous ceux qui s'intéressent aux progrès des bonnes études. ET BELLES-LETTRES. 231 et ce que chacun d'eux emprunte ou prête à l’'ima- gination ; par le même. In-8.°, Paris, 1816. Observations sur le refus de sépulture aux suicides ; par le même. In-8.°, Paris, 1817. Dissertations sur quelques Divinités romaines qui ont passé dans les Gaules ; par le même. In-8., Paris, 1817. Travaux de Saint-Denis ; — Observations sur l’origine du Carnaval; par le même. In-8., Paris, 1817. Observations sur les Offrandes que les Anciens faisaient de leur chevelure , soit aux dieux, soit aux morts ; par le même. In-8.°, Paris, 1818. Description d’une Tapisserie faite à Bruges , représentant , sous des formes allégoriques ; le mariage du Roi de France CHARLES VII avec la Princesse ANNE DE BRETAGNE; par le même. In-8°, Paris, 1910. Discours de réception à l'Académie des Jeux Floraux ; par M. le baron ne Mararer (1). In-8.°0, Toulouse, 1807. al MSA Site tai ec ed es ah: ir1n PAPAS EN Age RUE g (1) Nous n'avions pas en nos mains tous les Discours prononcés par M. pe Mararer dans les Séances publiques de l'Académie à lorsque les premières feuilles de cette Notice ont été imprimées ; plus heureux maintenant, nous pouvons présenter Panalyse de ceux qui ne nous avaient pas encore Eté remis. L'un de ces ouvrages est une Dissertation sur les Devoirs des Académies, et sur l'utilité des Sciences (*). Nous en (*) Lu à la Séance du 22 avril 1819. 232 INSCRIPTIONS Sur la Gloire littéraire. — Dicours où Semonce pour l'ouverture des Jeux Floraux ; par le mème. In-8.°, Toulouse, 1808. C citerons ici quelques passages : « Les Sociétés, spécialement » chargées de conserver le précieux dépôt des sciences et des » lettres, viennent, à des époques déterminées, rendre compte » au publie de leurs travaux; une sorte de responsabilité morale » pèse sur elles, jusqu’au moment où lopinion publique, dirigée » par les hommes éclairés, applaudit à leurs eflorts, et di » justice à leur zèle. Ge n’est point assez que, dans leurs séances » particulières, ces Sociétés reçoivent le tribut des membres qui » les composent, qu’elles correspondent avec les savans qui con- » sacrent leurs veilles aux progrès des sciences, qu’elles profitent » de leurs découvertes, et que, dans le silence qui convient aux » profondes méditations, elles cherchent, par tous les moyens » qui sont en leur pouvoir, à presser le développement des » connaissances humaines ; elles ont encore d’autres obli- » gations à remplir. Elles doivent inspirer aux jeunes gens » Pamour de l’étude et le goût des occupations sérieuses, exciter » Pémulation par la perspective des palmes académiques , et » diriger leurs recherches vers les objets qui se lient d’une ma- » nière directe à l'utilité publique. C’est là sans doute le but de » toutes les sciences. Mais il en est plusieurs dont Papplication » influe plus particulièrement sur le bonheur de l’homme, parce » qu’elles tendent à le conserver, à multiplier ses jouissances , » à lui découvrir les secrets importans cachés dans Le sein de la » nature. Ainsi, tandis que la médecine s'enrichit chaque jour » des découvertes de la chimie et de l’histoire naturelle, Pagri- » culture et les arts trouvent, dans les sciences physiques et » mathématiques, de nombreux élémens de prospérité. Elles » viennent chaque jour éclairer Phomme sur de nouveaux » moyens de fournir à ses besoins, de suppléer à sa faiblesse , » et de vaincre les obstacles qui semblaient avoir été placés » comme les limites éternelles de sa puissance. Mais le génie » les renverse successivement, et signale à l'admiration des » siècles cette succession de savans de tous les âges, qui, selon ET BELLES-LETTRES. 233 Eloge de M. px Rarrix, conseiller honoraire au parlement de Toulouse, lun des Mainteneurs des Jeux Floraux ; par le même. In-8.°, Tou- louse, 1810. STRESS Re SN SN UNE ee » » » » » » » » » la magnifique pensée de Pascal, composent l’homme universel, qui apprend continuellement, et fait de nouvelles découvertes à mesure que l’univers avance vers la vieillesse. » Ce n’est sans doute qu’à de grands intervalles qu’on voit briller ces hommes extraordinaires qui agrandissent le do- maine des sciences par de sublimes conceptions; mais Ceux qui s’appliquent à déduire de ces principes créateurs des con- séquences utiles à la société, lui rendent aussi d’éminens ser vices : semblables à ces artistes habiles qui font paraître dans tout leur éclat les précieux métaux que l’intrépide mineur arrache, mêlés de substances étrangères, du sein de la terre, ils perfectionnent, ils élaborent les inspirations du génie, et mettent, pour ainsi dire, à la portée de tout le monde toutes les richesses des sciences. » Honneur aux savans qui consacrent leur existence à ces nobles travaux! Honneur à ceux qui cultivent le vaste do- maine de la littérature ancienne, dont les productions seront toujours considérées comme les modèles les plus dignes de notre admiration. C’est dans ces sources antiques qu'il faut chercher ces beautés du premier ordre qui brillent dans les ouvrages de nos écrivains les plus illustres ; c’est dans les monumens de l'antiquité que l’homme studieux peut trouver les moyens de confirmer la vérité de l’histoire, de fixer les incertitudes qu’elle présente quelquefois, de donner des idées précises sur l’état progressif, stationnaire ou rétrograde des sciences et des arts aux diverses époques : il recueille avec avidité ces restes précieux échappés à la rouille des siècles , dans espoir de porter une clarté certaine sur des temps si éloignés de nous, et qu’il est néanmoins si important de 2) ) Connaitre. » Si l’histoire des peuples anciens exige de profondes médi- 234 INSCRIPTIONS Eloge de Clémence ISAURE ; prononcé dans la Séance publique de l’Académie des Jeux Flo- raux ; par le même. In-8.°, Toulouse; 1810. w Ÿ ee Ÿ » tations, si elle fait goûter à ceux qui Pétudient les plus douces jouissances, l’histoire de la nature n'offre ni moins d’attraits ni moins de diflicultés aux savans que leur goût entraine vers cette branche des connaissances humaines. Ici ce ne sont plus les fragiles monumens de l’homme qu'il faut interroger, ce sont ceux qu’éleva le Créateur lui-même... … » L'Académie jouissait du bonheur de posséder dans son sein un de ces hommes rares que de grands talens, de profondes connaissances avaient signalé depuis long-temps comme un digne successeur des Tournefort et des Linné. Il a été enlevé aux sciences et à la patrie dans un âge où l’espoir de le con- server pouvait encore être permis. Chacun de vous, Mes- sieurs, a déja nommé M. Prcor pe LAPEYROUSE, dont la réputation, comme sayant, avait franchi les limites de la France, et dont les talens, comme administrateur , devront toujours exciter la reconnaissance des habitans de cette ville. » L'Académie avait éprouvé, peu de temps auparavant, deux autres pertes, dont elle apprécie également toute l’étendue. M. Furcor, digne héritier d’un nom célèbre dans la science du droit; M.Jamme, qu’une longue carrière , marquée par de brillans succès, avait désigné à ses concitoyens comme poète , orateur et jurisconsulte : tous deux, adonnés à l'étude des lois, se firent remarquer par leur zèle pour Pinstruction de la jeunesse qui se destine aux redoutables fonctions de la magis- trature, et par leur goût pour les lettres. » Mais je ne dois pas anticiper sur les droits des orateurs spécialement chargés de retracer à vos yeux Pexpression de nos regrets, et les titres qui recommandent les confrères que nous avons perdus à l’estime publique... » L'Académie cherchera toujours à suppléer, par des travaux assidus, à ceux dont elle sera privée désormais. Elle ne peut honorer plus dignement la mémoire de ses confrères, qu'en ET BELLES-LETTRES. 235 Réponse au Remerciment de M. DE CARNEY, prononcé à la Séance publique de l’Académie des Jeux Floraux ; par le même. In-8.°, Toulouse, 1816. » portant ses recherches sur les moyens de contribuer à la pros- » périté d’une ville (*) qui leur fut toujours chère, et dont ils » furent l’ornement par leurs talens et leurs vertus... » Dans un Discours sur les avantages de l'étude, lu dans la Séance publique du 13 avril 1820, M. px Mararer montre toutes les ressources qu’ofre la culture des sciences : « Lorsque les savans et les hommes de lettres consacrent leurs » veilles à d’honorabies travaux, ils trouvent dans ces nobles » occupations un attrait qui les dédommage des privations aux- » quelles ils semblent s’assujettir. Il leur serait plus pénible de » renoncer à leurs méditations habituelles, qu’il ne pourrait en » coûter à ceux qui vivent dans la A. et dans Poisiveté » d'adopter un genre de vie plus utile. Le désir d'acquérir une » gloire solide , une curiosité sans cesse renaissante de pénétrer » les secrets de la nature, les découvertes dues au génie, qui » en font toujours espérer de nouvelles, telles sont les princi- » pales causes d’émulation qui tendent à favoriser le dévelop- » pement des connaissances humaines. Mais, indépendamment » de ces motifs, l’homme studieux trouve, dans la culture des » sciences et des lettres, de grandes ressources , trop souvent » négligées parce qu’elles sont peu connues. L'étude convient » à tous les états, à toutes les conditions de la vie. » Quand on réfléchit attentivement sur cette alternative » presque continuelle de prospérités et de douleurs, de joies et » d’afllictions dont se compose notre existence, sur les accidens » qui viennent en troubler le cours, sur les félicités passagères (*) Dans la Séance du 22 avril 1819, où ce Discours fut prononcé, on rendit compte de l'important travail de M. Macués, sur les moyens de dériver les eaux de la Garonne à Muret, pr de les amener à Toulouse pour y établir des fontaines. 236 INSCRIPTIONS Influence de l'Agriculture sur les mœurs et sur le bonheur de la vie. — Discours d'ouverture de la Séance de la Société royale d'Agriculture du département de la Haute-Garonne ; par le mème. In-8.°, Toulouse, 1819. » qui lembellissent à de longs intervalles, on sent qu'il est » indispensable de chercher, en soi-même, des moyens d’atté- » nuer ces vicissitudes, et de conserver, autant qu’il est pos- » sible, cette paix, ce calme délicieux de âme, sans lequel il » ne peut exister de bonheur. » L'étude est un des plus puissans moyens d’y parvenir. » C’est un bouclier qu’on oppose avec un égal succès aux pres- » tiges de la fortune , aux adversités de la vie : elle est, pour » l'homme qui sait l’apprécier, ce qu’est la boussole pour le » navigateur. Elle le guide dans sa route, le rassure contre les » tempêtes, et le conduit au port à travers mille écueils qu’elle » lui fait éviter. Avec l'étude, les illusions de la prospérité se » dissipent comme de vains fantômes créés par une imagination » en délire, les douleurs de ce monde ne sont considérées que » comme une des conditions de notre existence, et l’adversité » n’est plus que le creuset où s’épure la vertu. Sans l'étude, » l'homme, abandonné à toutes ses passions, à toutes ses er- » reurs, marche sans guide et sans soutien. Il néglige d’exercer » la plus noble faculté qui lui ait été donnée : il en est aussitôt » puni. Il ressemble à un faible enfant : il succombe également » sous le poids des hiens et des maux. » Voyez cet homme entouré de tous les élémens du bonheur. » Richesse, considération, rien ne lui manque, pour être heu- » reux , que de savoir user avec sagesse de ces avantages. Il les » tient de ses pères, et cependant il devient orgueilleux ; la » flatterie, Poisiveté l’entourent ; l’ennui Paccable bientôt ; son » opulence même le fatigue et l’oppresse; il est rassasié de tout » parce qu'il ne connaît pas les véritables jouissances ; sa vie » s'écoule péniblement ; il s’éteint sans espérance au milieu » des plus tristes souvenirs. ET BELLES-LETTRES. 237 Sur l'alliance de l Agriculture avec les Scien- ces. — Discours d'ouverture de la Séance publique de la Société royale d Agriculture ; pax le même. In-8.°, Toulouse, 1820. » Quelle est différente la destinée de l’homme studieux ! Il » emploie son crédit et ses richesses à hâter les progrès des » sciences ; il recule leurs limites; il encourage ceux qui les » cultivent ; il répand autour de lui les lumières et les bien- » faits; sa demeure est l'asile des hautes méditations; on n’en » approche qu'avec une sorte de respect; et lorsqu'il a cessé de » vivre, son nom, consacré par la reconnaissance publique , » se perpétue dans la mémoire des hommes. Tel, de nos jours, » parut Pillustre Lavoisier, qui sut employer une grande for- » tune et de grands talens à la réforme de la chimie, imprima » à cette science une impulsion étonnante, et périt au milieu » de sa course, victime de nos discordes civiles. » Les sciences physiques et naturelles nous découvrent des » richesses d’un ordre tellement supérieur à celles dont nous » pouvons jouir, qu’elles nous font apprécier à leur juste va- » leur les avantages que nous recherchons avec tant d’empres- » sement. Qu'est-ce, en effet, que la prospérité d’un individu, » sujette à tant de vicissitudes, auprès de la magnificence iné- » puisable de la nature ? Lorsque l’homme compare son exis- » tence physique à celle des objets qui l’entourent, il ne parait, » à ses propres yeux, que comme un point impercepüble daus » l’espace. Il n’est grand que par l'étude, qui, développant » son intelligence , lui révèle les lois qui régissent Punivers, » lui découvre les moyens de déployer sur toute la surface de » la terre sa merveilleuse industrie, et de pénétrer jusque dans » son sein pour lui arracher ses secrets, ses métaux et l’histoire » de ses révolutions. » Mais ce n’est point assez pour lui d'explorer le globe qu'il » habite : lui seul, parmi les êtres animés, peut contempler les » cieux. Ses regards s'élèvent jusqu'aux astres les plus éloignés. » 1 caleule leur course, mesure leur distance, apprécie leur 238 INSCRIPTIONS Sur l’Encouragement le plus nécessaire à l'Agriculture. — Discours prononcé & la Société royale d'Agriculture; par le même. In-8.°, Tou- louse, 1821. » » » » » volume; il détermine les lois de leur mouvement, et par une sublime inspiration, présage de ses hautes destinées, 1l s’élève par la pensée jusqu’à cet immense héritage ; objet de ses vastes désirs et de ses plus nobles espérances. » Et remarquez, Messieurs, que les peuples anciens parais- sent avoir particulièrement dirigé leurs premières recherches vers les connaissances astronomiques. D’après les traditions qui sont parvenues jusqu'à nous, elles avaient fait de grands progrès chez les Egyptiens, tandis que rien ne nous porte à croire qu’ils eussent des notions exactes sur la constitution de notre planète; comme s'il était plus naturel à l’homme de porter ses regards sur un monde inaccessible, mais brillant de tout l'éclat d’une éternelle majesté, que sur la terre sujette à mille changemens. Dans tout ce qui est à notre portée, nous ne voyons en effet qu’une suite continuelle de destruc- tion et de reproduction, de prospérités et de désastres. Ne soyons donc pas surpris si nous éprouvons la même alter- native, puisque nous sommes dans la nature le premier anneau de la chaîne immense des êtres qui la composent. » Que l'étude vienne donc aussi nous prémunir contre les adversités de la vie. Les objets qu’elle soumet à nos médita- tions, nous fortifient contre des rigueurs inévitables. Si la terre que nous habitons nous retrace à chaque instant l'image de nos vicissitudes, sachons trouver dans les considérations morales un remède à nos maux. » Mais lorsque de grandes vicissitudes inattendues viennent fondre sur nous, est-il possible de ne pas en ressentir le poids ? Non, loin d’affaiblir la sensibilité, qui est un des plus nobles attributs de l’homme, l'étude la dirige et Pépure; elle ne cherche pas à nous soustraire à cette première impression qui absorbe toutes nos facultés, mais elle en diminue peu à peu ET BELLES-LETTRES. 239 Sur l'Emploi des machines en Agriculture. — Discours prononcé à la Séance publique de la Société royale d'Agriculture, le 24 juin 1822 ; par le même. In-8°, Toulouse. Sur les difjérences principales qui existent entre l Agriculture ancienne et l'Agriculture mo- derne. — Discours lu dans la Séance publique de la Société royale d'Agriculture du département de la Haute-Garonne, le 24 juin 1823 ; par le même. In-8.°, Toulouse. Sur la Division des propriétés. — Discours d'ouverture de la Séance publique de la Société royale d'Agriculture, le 24 juin 1824; par le même. {n-8.°, Toulouse. Sur les Causes de la détresse actuelle de l'Agri- culture. — Discours lu à la Séance publique de la Société royale d'Agriculture , le 24 juin 1824; par le mème. In-8.°, Toulouse. Discours sur cette question : Doit-on , malgré les circonstances défavorables qui pèsent sur l4- griculture , adopter les nouvelles méthodes, qui, en augmentant la masse des productions territo- riales ; ont pour résultat nécessaire de maintenir le taux si peu élevé de leur valeur ? Par le même. » la force par ses consolations. Comme une fidèle amie, elle » abandonne momentanément ses travaux habituels pour s’as- » socier à nos douleurs; elle nous fait apprécier ses secours, » en retraçant à nos yeux ceux qu’elle a si utilement oferts, » dans les circonstances les plus pénibles, aux grands hommes » de tous les siècles........... D) 240 INSCRIPTIONS In-8.e, Toulouse, 1826. (Ce Discours a été lu à la Séance publique de la Société royale d'Agri- culture, le 24 juin 1824.) Discours sur cette question : Les Sciences phy- siques ne peuvent-elles prospérer sans porter at teinte aw développement des Sciences morales ? Par le même. In-8.°, Toulouse, 1825 (1). Dissertation sur le prétendu Bouclier de Sci- pion ; par M. Marrior. In-8.° Notice historique sur le peintre Antoine Ver- rius, élève de Pietre de Cortone ; par le même. in-8:° Recherches sur les costumes , les mœurs, les usages religieux , civils et militaires des anciens Peuples , d'après les auteurs les plus célèbres et les monumens de l'antiquité ; pax le même. 3 vol. in-4.°, ornés de 300 planches. Paris, 1804. Monumens religieux des Volces-Tectosages ; des Garumni et des Convenæ , où Fragmens de l’Archæologie pyrénéenne ; par M. Du Mc. r vol. in-8.°, figures. Paris, 1814. Eloge de M. MarrioT, auteur des Recher- ches sur les costumes des anciens ; par le même. In-8.°, Toulouse, 1813. pile VEN À GONE CRU RN RER Fe (1) Ce Discours a été lu dans la Séance publique de PAca- démie, le 25 août 1825. M. le baron pe Mararer réfute , dans cet opuscule, les opinions de ceux qui, de nos jours, ont avancé que l'étude des sciences peut nuire aux progrès de la morale, ET BELLES-LETTRES. 2Â1 Notice historique sur M. F. Lucas, professeur de sculpture; par le même. Deux éditions; Tou- jouse et Paris, 1813, in-8.° DVotice historique sur M. Raymond, membre de l’Institut, architecte des palais du Gouverne- ment; par le même. In-8.°, Toulouse, 1813. Instruction pour la mise en défense des villes murées et des villes sans enceinte, des villages , des châteaux et des ponts ; avec des notes sur la manière de détruire ces derniers à l'approche de l'ennemi, et sur celle de les rétablir pour le passage des troupes et des voitures d'artillerie ; par le même. { Imprimée par ordre supérieur. ) In-8.0, figures, 1815. Questions adressées à MM. les Maires du dé- partement de l Aude, sur les Antiquités de leurs communes ; par le même. In-4.°, Carcassonne, Hithographie de Saurin, avec une planche, 1521. ( Ces Questions ont été réimprimées, en partie, dans les Recueils des actes administratifs des dé- partemens du Tarn et de Tarn-et-Garonne. ) Notice historique et descriptive de l'Eglise de Sainte-Cécile d'Albi; par le même. In-8.°, 1823. Notice sur la Vie et les Ouvrages de M. Pierre Muci-Durir1z, membre de l Académie des Sciences de Toulouse ; par le même. In-8.0, Tou- louse, 1825. Lettre à M. de Fleury, sur les Antiquités de Rennes et sur l'ancienne Rheda; par le même. In-8.°, Toulouse, 1819. 10 242 INSCRIPTIONS Notice sur un Autel dédié au Soleil et à la Lune, à sis victorieuse, et Isis reëne ; par le mème, Paris, 1820, in-8.° Notice sur les Poésies de CLÉMENCE ISAURE , imprimées à Toulouse en 1505; par le même In-8.°, Paris, 182r. Notice sur la Vie et les Ecrits de M. Philippe Picor, baron De LAPEYROUSE , Correspondant de l’Institut (Académie des sciences), ancien maire de Toulouse et chevalier de La Légion-d’honneur ; par le même. In-8.°, Toulouse, 1822. Mémoire sur la Constitution physique des Ca- gots et l’origine de cette caste (1); par M. Pa- LAssou *. Inséré dans les Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des Pyrénées et des pays ad- jacens. In-8.°, Pau, 1815. Recherches relatives aux anciens Camps de la (1) On trouve des familles qui appartiennent à cette caste dans les départemens du Gers et de la Haute-Garonne, et dans ceux des Hautes-Pyrénées, des Basses-Pyrénées et des Landes. D’après les observations rapportées dans son Mémoire, M. Pa- Lassou croit, 1.° qu’elle n’est affectée d’aucune maladie qui lui soit particulière; 2.° qu’elle ne diffère des autres habitans n1 par la constitution physique, ni par les mœurs; 3.° qu’il ne paraît pas vraisemblable qu’elle tire son origine des Visigots, ni des autres peuples qui ravagèrent la Novempopulanie vers le com- mencement de la monarchie française, et que de grandes pro- babilités autorisent à penser, avec AZ. de Aarca, qu’elle des- cend des Sarrasins défaits par Charles-Martel à la bataille de Tours. ET BELLES-LETTRES. 243 Novempopulanie; par le même (r). Inséré dans le Supplément aux Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des Pyrénées et des pays adjacens. In-8.°, Pau, 1821. Notice historique sur la ville et le chäteau de Pau, depuis leur fondation jusqu'au milieu du 18." siècle ; par le même. [n-8.°, Pau , 1822. — Seconde édition, avec une carte. Pau, 1824. Principes de Droit politique ; par M. Pacés*, ancien magistrat. In-8.°, Paris, 1817. Système de l'Université de France , ou Plan d’une éducation nationale ; par M. -4mbroise Renou *. In-8.0, Paris, 1816. Essai sur l'Instruction publique, et particuliè- rement sur l'Instruction primaire ; par le mème. 3 vol. in-8°, Paris, 1819. (1) Les monumens décrits par M. Parassou affectent ordi- nairement une forme elliptique; quelquefois aussi leur tracé offre celle d’un cercle. L'espace que chacun d’eux occupe est circons- crit dans des bornes assez étroites; « de manière, dit l’auteur, » que le plus considérable que j’aie vu, ne pourrait guères » contenir au delà de douze ou quinze cents hommes. Des terres » amoncelées forment leur enceinte, qui partout est couronnée » d’un parapet, auquel on a pris soin de donner une grande » élévation du côté où l’ennemi aurait pu trouver un accès plus » facile. » On donnera, dans lArchæologie pyrénéenne, les plans ct les vues de la plus grande partie de ces monumens , ainsi que de tous les ouvrages de fortifications de campagne qui existent encore, non-seulement dans la Novempopulanie, mais aussi dans la Gaule Narbonnaise. 10. 244 INSCRIPTIONS Précis de la législation qui régit l'Université de France ; par le même. In-12, Paris, 1822. Glossaire de la langue Romane , rédigé d'après les manuscrits de la bibliothèque impériale, con- tenant l’étymologie et. la signification des mots USÉCS ANS PIC TIS, T2. 109. 14 MLD. T0 siècles , avec des exemples; par M. pe RoqQuE- FORT *“. 2 vol. in-8.°, Paris. Mémoire sur la nécessité d'un Glossaire général de l’ancienne langue française ; par le mème. In-8°, Paris, 1811. Observations sur quelques Monnaies anciennes trouvées dans la commune de Castelculier, près d'Agen; par M. Boupox pe Sainr-Amans *. Agen, in-5,° Seconde Notice sur quelques Monnaies an- ciennes trouvées aux environs d'Agen; par le même. In-8.°, Agen, 1812. Troisième Notice sur les Monnaies anciennes trouvées aux environs d'Agen; par le même. n Q In-8.0, Agen, 1812. Rapport sur un Manuscrit de Beaumenil, #n- titulé : Antiquités de la ville d’ Agen ; par le mème. In-8.°, Agen, 1812. Essai sur les Antiquités du département de Lot-et-Garonne (1. Notice) ; par le même. In-8.e, Paris, 182r. Codices sancti. — Les Livres saints, ode en ET BELLES-LETTRES. 245 latin et en français ; par M. l'abbé Sainr-Jran. In-8.0, Toulouse, 1812. Hommage à l'amitié, où Discours à M. B 4ovR- Lormran, lors de sa réception à l’Académie des Jeux floraux ; par le même. In-8.°, Tou- louse, 1822. | Essai sur cette question : L’extréme sévérité des peines diminue-t-elle le nombre et l’énormité des crimes ? par le même. In-8.°, Toulouse, 1822. Discours de réception à l Académie des eux Floraux ; par M. TA5aN. In-8.°, Toulouse. Eloge de CLÉMENCE ISAURE ; par le même. Semonce où Discours d'ouverture des Jeux Floraux ; par le même. In-8.0, Toulouse. Plaidoyer pour M. Didier Furpès, partie civile intervenante dans le procès contre Bastide- Grammont, elc.; par le même. Un vol. in-8.°, Toulouse, 1818. Mémorial universel de Jurisprudence des Cours royales ; par le même. 14 vol. in-8.° de texte, et un vol. de tables. Eloge de M. P. L. CARRÉ, professeur de littérature française et latine , membre de l Aca- démie des Sciences de Toulouse, et de celle des deux Floraux ; par le mème. In-8.°, Toulouse, 1826. Lapport fait à l'Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, dans 246 INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. lä Séance publique du 25 août 1825, sur le Concours de cette année; par le même. In-8°, Toulouse (x). É loge de Crémencz Isavre ; par M. le mar- quis F. pe Vicceneuve. In-8.°, 1811. Eloge de M. DE BELESTAT DE GARDOUCH ; par le même. In-8.° Eloge de M. le comte DE PÉRIGORD, Com- mandant de la province de Languedoc, et membre de l’Académie des Jeux Floraux ; par le même. In-8.°, Toulouse. Discours prononcé à la Société royale d’Agri- culture de Toulouse ; par le même. In-8.°, Tou- louse. (1) La question proposée était celle-ci : Peut-on se flatter, sans l'étude des langues anciennes, d'être mis au rang des bons écrivains ; Et dans le cas où l’on soutiendraït la négative, l'étude de la langue latine peut-elle suppléer à l'étude de toute autre ? Le prix fut décerné à M. Drzrox , de Livernon, nommé depuis correspondant, et une mention très-honcrable fut ac- cordée à M. Charpentier de Saint-Prest, professeur d’hu- manités. FIN. 247 . TABLE DES NOMS ET DES MATIÈRES. A 5DazeNsE (Castrum). Voyez Caiza. Abdérame. Page 109. Abellion. — Scaliger découvre plusieurs autels votifs qui font con- naître ce Dieu gaulois. 12. — M. Du MÈèce retrouve einq autres monu- mens consacrés aussi à Abellion. 13. Asozix ( M.) fils, avocat. — J/A- cadémie lui décerne, en 1815, une médaille d’or. 184. Académie des Inscriptions et Bel- - les-ettres (Institut royal).— Rap- port fait à cette Académie, sur un mémoire de M. pu Mèce. 56,37, 58. Académies. — Leurs assemblées ubliques. — Mémoire de M. l’abbé SarnT-JEAN sur ce sujet. 161, 162, 165. Académies.— Essai sur leur his- toire; par M. l'abbé JAMmE. 163. Académie royale des Sciences de Toulouse. — Objets qui occupèrent d’abord cette Société; — elle joint, à la culture des sciences physiques et mathématiques, Pétude de l’his- toire et de l’antiquité. 1. La classe des Belles-lettres, formée dans son sein, recherche les monumens de tous les âges; — travaux de ses membres; — leurs succès. Zbrd. et 2, 3, 4. Les sujets de prix proposés par elle sont tous relatifs à l’histoire nationale, 5, 6. Elle est dispersée, Ibid, Dès son rétablissement, en 1807, elle cherche à faire renaître dans le midi de la France le goût de la littérature classique et de l’é- tude des monumens, Zb. et 7. Ins- criptions rédigées par elle; — Ja ville lui demande fe dessin d’une médaille, Zhid. et 183. Questions qu’elle propose; — prix qu’elle dé- cerne. /b. et 154, 185, 186. Achille: 5 , Accipiter où Épervier. — Apol- lon prend les formes de cet oiseau. 103. On le voit sur un bas -relief symbolique provenant de l’église de Saint-Saturnin de Toulouse. 102, 103,104. Dissertation de M. pv Micr, sur ce monument. 20. Ad Cedros. — Mutation sur la route ou voie militaire qui, de Tou- louse, conduisait en Espagne, 409. Ad Nonum. — Autre mutation sur la même voie. 48. Adonaï. 107. Adrien, Empereur. 65. Adrien, Pape. 70, 114. Ædunie Hermione. — Son tom- beau, Dissertation sur ce monu- ment par M. le baron Craupruc- DE — CRAZANNES , correspondant. 58, 59. ZBreda , Dieu gaulois découvert par M. ou Mècr. 14. ; Aeris Confessi (Loi). — Disser- tation sur cette loi; par M. Jou- venr. 64, 65, 66, 67, 68. Affranchis. — D’après la loi 73- sellia, indiquée dans le Code, on devait imposer des peines à ceux d’entr’eux qui cherchaient à obtenir des charges publiques avant d’avoir acquis le droit de porter l’anneau d’or. 69. Agrariæ où Privatæ (Viæ). 52, Agrippa entre dans le collège des Curatores Viarum. 51. Aguesseau (1). — Son éloge ? par M. Frorer, membre de l’Aca- démie. 208. Agustino (Antonio), savant es- agnol. 33. Dir Aherbelste, Dieu gaulois décou- vert par M. pu MÈce. 12. Ajax. 31. 248 TABLE Aigle (Tour de |’). 108. Aiguesvives. — Village du dépar- tement de la Haute-Garonne. — M.ou Micr y découvre une colonne milliaire consacrée à l’un des Valen- tiniens. 48. A1cxan {M.pn°), Joy. OnmrssAN. Albi. — Notice sur la cathéürale de cette ville, par M. pu Mécs. Voy. Sainte-Cécile. Albin (Saint-). — Faubourg de Toulouse.— On y retrouve un ci- metière romain. b6. Alcinoüs. 136. Alde Manuce.— Cité, 74. Aldenia , fille de Donnus, élève un monument à {annarus , son époux.— Dissertation de M. PAGés, sur cette inscription. 61. Aldrette.— Ses Antiquités d'Es- pagne et d'Afrique. 33. Alpha et Oméga , caractères qui accompagnent le monogramme du Christ sur les tombeaux des pre- miers fidèles, et sur les édifices bâtis par les Templiers. 91 et 03. Alphonse, Roi d'Aragon. 145. Alphonse, frère de Louis IX et comte de Toulouse, obtient en toute propriété la terre de Montpezat. 94. Ambigat, Roi des Celtes. 62, Ambitus , nom que portait une espèce particulière de chemins. 52. Amboise ( Le cardinal d’), évêque d'Albi, fait construire le chœur de son église cathédrale, et terminer le clocher; — sous l’épiscopat de son neveu, les voütes de l’église sont peintes par des artistes ita- liens. 87. Amicnau (Mr P. C.), avocat à Toulouse.—Sonéloge de Louis X VI obtient, en 1814, une médaille d’or. 185, 186. Amphithéâtrede Toulouse.— Les capitouls le font démolir en partie, en 1563; — l’Académie prend des mesures pour la conservation des restes de cet édifice ; — notice de M. pu MÈGE, sur ce monument. 43, 44. Amphithéâtre de Lugdunum Con- renarum. 50. Ancyre , ville de l’Asie mi- neure, bâtie par un Roi de Phrygie, est occupée par les 7olcæ - Tecto - sages, qui y portent le culte drui- dique. 19. Médailles et inscriptions grecques d’Ancyre, expliquées en partie par l’abbe Belley, expliquées de nouveau et traduites par M. pu Mice; — Ancyre est ornée par Au- guste, qui l’élève à la dignité de Métropole de la Galatie; — elle consacre un temple à ce Prince, et prend le titre de Sébaste; — ses médailles représentent Auguste avec les attributs du Dieu Lunus ; — elle fait graver l’histoire d’Auguste sur des tables de marbre, et les place dans Le temple de cet Empereur. 20. Andli. — Déesse gauloise décou- verte par M. pu Micr. 15. Andostenus, filsde Licinus, élève un monument sépulcral pour lui, pour son épouse, et pour une fem- me nommée Julie. 60, 61. Notice de M. pu MÈcE, sur ce monument. Ibid. Andouin (Les Dames d’). — Com- munauté religieuse établie à Tou- louse par une dame de ce nom. — Recherches historiques sur cette maison ; par M. Mazrrror. 82, André de Suréda (Saint-).— Com- mune du département des Pyrénées- Orientales. — Marca y découvre un fragment d’une inscription romaine ; — M. Puiccari retrouve le monu- ment entier, et l'explique. 42. Andrieu (Denis), négociant de Toulouse et troubadour, obtient la Violette d’or en 1460. — Notice sur cet auteur; par M. pu Mècr. 117. 1e (Sainte-).— Chapelle placée sous l’invocation de cette sainte, et dans laquelle M. nu Mëcr retrouve les restes d’un édifice antique. 78. Annius, de Viterbe. 62. Anthonius, Roi de Toulouse, se- lon quelques romanciers. 131. Antiquité. — Inflence de ses sou- venirs sur la littérature en général, et sur les destinées des peuples; — sujet d’une dissertation de M. le baron pe MazaRET. 174, 179, 176. Antoine.— Il s'attache à la cour- tisane Cythéris, et l'amène dans les Gaules, 142, Il se donne la mort, ER. à DES NOMS ET DES MATIÈRES. comme Volumnius, Brutus et Gal- lus, autres amans de Cythéris, 143. Antoine du T (Saint-). — Hos- pe et chapelle de ce nom, à Tou- ouse; — les chanoines de Saint- Antoine de Vienne en sont posses- seurs; — notice de M. Mazrior sur cet établissement. 82. Antomis, Roi fabuleux de Tou- louse, 131. Apollon. — Selon quelques écri- vains, ce Dieu avait un temple à Toulouse, et cet édifice était placé sur le sol où existe actuellement l’église de la Daurade. — D. Martin eroit que le lac de Toulouse formait seul ce temple. 18. Mémoire de M. Mazrior à ce sujet; — autel dédié à Apollon et à Diane, décou- vert par M. Purccart, correspon- dant de l’Académie. 21. Autre autel du même Dieu, trouvé chez les Convenæ, par M. ou MÈcr. 22. Le temple d’Apollon, sur le mont Ner- veva, près d’Auch, est détruit par saint Orens, 27. Monumens repré- sentant Apollon, découverts à Auch ar M.ou MÈècE; — Apollon prend es formes de l’Accipiter ou de VEpervier. 103. Est à la fois le Dieu de la médecine et celui de la poésie. 173. Appia (Via), 51. Aquarius-Belletus. — Roi fabu- leux dont on place le règne vers le temps de la seconde guerre puni- que. 131. Aquæ Convenarum. — M. pu Mècr fixe cette position à Cap- Vern. 45, Aquæ Judeæ. — Nom d'une rue de Toulouse, nommée en patois Jouts- Aigues, et où les Juifs de cette ville habitaient. 106. Aque Siccæ.— Mutation sur la voie qui, de Tolosa , conduisait à Beneharnum. 45. Aqueducs antiques de la ville de Toulouse, — Recherches sur ces aqueducs; par M. Laurres. 42, 43, 45. Mémoire de feu M. pr SAcxr, sur les mêmes objets. Zbid. Aquitaine, — Etait d’abord res- serrée entre la Garonne, l'Océan et les Pyrénées, 26, 27, Auguste étend 249 jusqu’à la Loireles bornes de lAqui- taine, et les anciens Aquitains pren- nent le nom de Novempopuli ; — on donne le titre de T'ertia à l’Aqui- taine primitive ; — Elusa en devient la Métropole. Zb. Les Jbères peu- vent-ils être considérés comme les premiers habitans de l’Aquitaine ? Question résolue négativement par M.nou Mèce. 59, 40, 41. Camps romains dans l’Aquitaine. 54. Arabes. — Adoraient le soleil. 23. Arabum (Pons). Voy. Castillon. Aratus, cité, 22. Archæologie.— Divisionsétablies entre les divers objets que cette science considère. 8. Travaux ar- chæologiques de plusieurs savans français; — de quelques membres de l’Académie, 10. Joy. CHaupruc, Disrax, Lenorr, MÈGE (pu), Mir- LIN, PAGÉs, Puiccanr. L’archæolo- gie est encore en honneur dans les contrées possédées autrefois par les Auser et les Elusates. 57, 58. Cette science offre les plus puis- sans secours à l’histoire, 125, 126. Ceux qui la cultivent signalent exactement l’état des arts et des sciences aux époques les plus recu- lées; — reconnaissance que méri- tent leurs travaux. 174. Arche de la synagogue de Nar- bonne. 106. Architecture arabe. 76, 77. Architecture européenne ( Mé- moire de M. DE Viapo, correspon- dant, sur l’). 77. Arcis, sculpteurde Toulouse, 124. Arécomiques ( Volces). 39. Argent. — Sa blancheur, selon Godese2l, indique le mérite d’une vie conjugale et chrétienne. 113. Axriége ( Département de l). — Recherches sur l’origine des peu-- ples qui bas une partie de ce département, et sur les monumens qu’il renferme, par M. PAGËs, cor- respondant. 235, 24, 61. Arietis ( Signum). Voy. Calen- drier, — Zodiaque. Aristote. — Son éloge. 198. Armastoni, Dieu gaulois décou- vert par M. pu MÈGE. 12. Arrighi, cité, gr. 250 Arlémidore , géographe grec, place, par rapport à nous, l’Ibérie au delà des Pyrénées. 40. Ascia.— Dissertation sur la for- mule Sub Ascia dedicavit, ou de- dicaverunt, et sur le symbole qui l'accompagne le plus souvent; — opinion de M. Pabbé de Tersan à ce sujet; — M. le baron CaiLA, cor- respondant , l’adopte, et n’y voit qu’un signe, une marque de chris- tianisme, 73, 74, 75, 76. Asie mineure. — Les Volcæ-Tec- tosages , unis aux Zrocmt et aux Tolistobot, y fondent un empire qui prend le nom de Galatie, 18, 19. Mémoire de M. pu MÈcE, sur les antiquités religieuses des Volcæ- T'ectosages établis dans l'Asie mi- neure. /bid. et 20. Astoillunus. — Autel consacré à ce Dieu, et publié par M. Mr; — donné de nouveau par M. pu MÈGE. 13. Astres (Culte des), ou Sabéisme. 223 95 Athènes. — Le sénat de cette ville porte son attention sur l’en- tretien des routes. 5o. Loi d’Athè- nes, qui ordonne à celui qui trouve un cadavre de lui rendre les der- niers devoirs. 56. Athénée de Toulouse. 163. Athon ( Raymond), abbé de Saint- Saturnin. 80. Aubiet, — Petite ville du dépar- tement du Gers, patrie du savant P. Montgaillard. 50. Auch. — Portait autrefois le nom de Climberris ; — prit celui d’Æu- gusta Ausciorum lorsque Auguste revint des Espagnes. 26. Elle jouis- sait alors du droit latin; — elle était comprise dans la Novempopu- lanie; — les Vandales, les Vascons et les Normands la ravagent; — on croit qu'il y avait un temple dans le lieu où fut bâtie l’église de Saint- Orens; — l’évêque qui portait ce nom fait renverser un temple con- sacré à Apollon, sur le mont Ner- veva, près d'Auch. 26, 27. Mémoire de M, pu Mic, sur les monumens religieux d’Auch. — Tête, en mar- bre blanc, représentant Jupiter; — TABLE statuette et tète d’Apollon, buste d’Hercule, etc., ete., trouvés par cet auteur à Auch; — il y voit aussi un autel consacréà Tutèle.28. Voie militaire de Toulouse à Auch. 45. Notice historique et description de l’église de Sainte-Marie d’Auch; ar M. de Sentetz. 57. Campagne es anciens archevèques d’Auch ; — tombeau antique qui y est con- servé, 58. Aude, rivière. — Ses déborde- mens. 53. Aude ( Département de l’). — Notice sur les voies militaires qui traversaient ce département; par M.ov Micr.48, 49. Statistique du département de l’Aude, réfutee. 55. Audibért (L’abbé}, cité, 124, Auguis (M.), éité, 30, 31. Augusta Emerita. — Villé d'Es- pagne, aujourd’hui Merida. — Ses antiquités mesurées, dessinées et expliquées par M. pu Mècr. 52. Auguste. — Epithète donnée à la Fortune, sur un autel antique, dé- couvert chez les Consoranni. 24. Auguste. — Il réduit la Galatie en province ; — il augmente et em- bellit Ancyre , et lui donne le titre de Métropole ; — cette ville, par reconnaissance , lui consacre un temple, prend le nom de Sébaste , et représente Auguste sur ses mé- dailles avec les attributs du Dieu Lunus ; — Vhistoire d’Auguste, gravée sur une plaque de bronze et placée devant son tombeau, est co- piée sur des tables de marbre atta- chées au mur intérieur du temple de ee Prince, à Ancyre, où on les - voit encore. 20. Signe de la Balance est introduit dans le Zodiaque sous le règne d’Auguste, selon M. Dis- pan et quelques autres. 21, 22. Auguste donne son nom à la ville de Climberris, maintenant Auch. 26. Il ajoute à l’éclat du collége des Curatores Viarum, en y faisant entrer son gendre Agrippa. 51. Il déclare les Curatores Viarum ma- gistrats perpétuels. 69. Augustin (Saint), cité, 73. Augustins(Couvent desreligieux) dé Toulouse, — Devient le Musée DES NOMS ET DES MATIÈRES. de cette ville. 56. Notice sur ce mo- nastère; par-M. Marrior. 70, 80. — Quinze chapelles de léglisé ou du cloître des Augustins étaient ornées de tableaux et de statues par Ambroise Fredeau. 157. Aula (Le marquis de la). — Son interprétation d’uné inscription en caractères celtibériens. 37. Aulu-Gelle, réfuté. 65, 66, 67. Aurelia ( Via).— Plusieurs par- ties de cette voie, décrite par M. Frrzac, d’après ses propres obser- vations, b1. Ausci.— Ce peuple jouissait du droit latin. 27. Ausone, cité, 1. Averanus, Dieu gaulois décou- vert par M. pu MÈcr. — Julia Paulina, fille de Sergius, consacre un autel à ce Dieu. 14, 15. Avezac-Macava(M.n°) présente à l’Académie le manuscrit de ses Essais historiques sur le Bigorre, accompagnés de remarques criti- ques, de pièces justificatives, de notices chronologiques et généalo- giques. — Rapport sur cet ouvrage ; par M. le baron DE LamoTnE-Lax- GON. 158, 139. Azlle, ville du département de PAude. — Une voie antique en traverse le territoire. 40, Bachelier, — Habile sculpteur, élève de Michel-Ange. 78. Bacchus. — Tête ou masque re- présentant ce Dieu. 28. Badera. — Mutation située à quinze milles romains de Toulouse ; — est fixée à Basiége ; — colonne milliaire que l’on y découvre, et es est chargée du chiffre XV. 46, 47, 48. Badou (Le P.). 81. Bague antique trouvée dans le cimetière de Feretra , à Toulouse. 56\, 57 Baicorrix, Dieu gaulois décou- vert par M. ou Mèce. 12. Bains antiques. 59. Balance. — Selon quelques au- teurs, la figure de la Balance, pla- cée dans le Zodiaque, est une in- vention moderne, et l’ouvrage des 254 flatteurs d’Auguste. — Mémoire de M. Dispax, sur le signe de la Ba- lance. 21, 22. Barbcira , — village du départe- ment dé l’Aude, — La voie romaine en traverse le territoire. 40. Barça, Déesse gauloise. — Son autel découvert par M, pu Micg. 15. Bartoli, cité, 74- Pary. — Son cabinet. 54. Bascejarndossus, Dieu gaulois. — Monument qui lui est consacré, dé- couvert par M. Du Mc. 12. Basert, Dieu gaulois.— Son autel découvert par M. pu MÈcE. 12. Bastard. — Inscription composée pour le buste de ce magistrat, 182. Basses- Pyrénées ( Département des).— Enceintes fortifiées que l’on y retrouve, 31. : Baynaguet (N.de), premier mari de la Belle Paule de Viguier. 150. Bazas. — Zodiaque de Péglise ca- thédrale de Bazas, 102. Beaumenil. 37. Brourzrer (M.), membre de PA- cadémie, — Est l’un des commis- saires chargés de l’arrangement du médailler, 4. Sa notice sur un ma- nusérit qui a appartenu au Roi Philippe le Hardi. 115, 116. Belier (Signe du). 7oy. Calen- drier, — Zodiaque. Belles-lettres (Classe des). Voy. Inscriptions et Belles-lettres. Beel-Samin. — Nom donné au soleil par les habitans de la Phé- nicie. 22, 23. Belisama. — Epithète donnée à Minerve, sur un monument décou- vert chez les Consoranni. 24. Belley (L'abbé). — Son mémoire historique sur Ancyre. 19. Berons, peuple celte, &r. Besse, historien de Carcassonne, 130. Beneharnum.— Voïe qui y con- duisait. 45. Benjamin, de Tudela, écrivain juif, cité, 10h, 106. Beraut de Cologne ( M.), habitant d’Auch. — Son cabinet d’antiqui- tés, 58. Berose (Le faux). 62. Bernard IV, comte de Commiy- 252 ges. — Notice sur ce Prince, par M. pu MÈèGr ; — son tombeau; — sa statue. 145, 144. Bertrand (Saint-). — Ville qui a succédé à Zugdunum Convenarum. — Description de son église cathé- drale; par M. pu Mice. 82, 85, 84, 85, 86. Bertrand de l’Ile (S.), évêque de Comminges, fait bâtir une ville sur les ruines de Lugdunum des Con- renæ; — tombeau de ce saint évê- que. 82, 83, 84. Bertrand, historien de Toulouse, 10, 97, 98, 150, 148. Beziers. — Route antique qui y conduisait, retroutée par M. pu Mécr. 40. Bibliothèques publiques de Tou- louse. — Leurs fondateurs et bien- faiteurs. Voy.DeBrienne, d'Héliot, de Chelan, de Jean, — Notice sur ces établissemens; par M. Marzror. 120, 121, 122. Bigerrones. — Anciens habitans du département des Hautes-Pyré- nées. 13. Bigorre. — Essais historiques sur cette province; par M. D’Avrzac- Macaya, correspondant. 138, 139. Biographie, oy.Sylla, Cythéris, Bernard [V, Raymond VI, Pierre Vidal, Guillaume de Puylaurens, Pons Naugasien, Guillaume de No- garet, Paule de Viguier, Gratian Dupont, Etienne Duranti, Gaillard Taillasson , Ambroise Fredeau , Jean Pacquier, André Lèbre, Jean Michel, Pierre Subleyras, Guil- laume et F. Cammas. — Notices biographiques sur les membres de la classe. 186 et suiv. Bituitus, 62. Boccus, Dieu gaulois. 12. Boilleau (M.H.).— Sa notice sur M. Frorgr. 207. Bon-Pasteur (Filles du). — Leur couvent à Toulouse. 81. Bon-Principe. 103, Bonne de Montpezat. 94. Boniface VIIT, Pape. 49 Bonnefont. — Ancienne abbaye. — Sa déscription; par M. ou Mc. 145, 146. A ordeaux, — On a trouvé dans TABLE cette ville, selon M, le baron Caica , six tombeaux chargésde lA{scia.74. Borouch.— Leur hymne cosmo- gonique, recueillie par M. PAGÉs. 12, Bosio, cité, 91. Bossuet. 128. Bouges ( Le P.), historien de Carcassonne. 54. ! Bousquer (M. DE), membre de l’ancienne Académie, travaille aux Annales de Toulouse. 4. Retrouve l'enceinte romaine de cette ville. #2. Boyssoné (Jean de), savant ju- risconsulte, est forcé d’abjurer ses erreurs religieuses devant la grande orte de l’église cathédrale de Tou- Es 78. Bram. — L'ancien /{ebromagus. 49. Briexxe (M. de), archevêque de Toulouse, membre honoraire de l’Académie, donne six mille volu- mes à la bibliothèque du clergé. 121, 122. Toulouse doit honorer la mémoire de ce prélat. 198. Il nomme M. Casrizmon bibliothé- caire du Collége royal. 202. Brigant (Le) faisait dériver toutes les langues du bas-breton. 34. Bruanp (M.), correspondant de l’Académie; — analyse de son mé- moire sur la musique et sur son influence prétendue sur la consti- tution des états. 164, 165. Ouvrages imprimés présentés par lui. 226. Carza (M. le baron), correspon- dant; — son mémoire sur la for- mule sub ascia dedicavit ou dedi- caverunt. 73, 74, 79, 76. Sa Dis- sertation sur la ville de Castillon, sur deux batailles qui se sont li- vrées sur son territoire, et sur le château de Montaigne. 109, 110, 111. Calagorris. — Ville des Conveneæ. 45. Calendrier religieux et symboli- que. Voy. Zodiaque. Callis. 52. Camps établis par les Romains, 31, 54, 55. Cammas (Guillaume), architecte. — Notice sur cet artiste; par M. Mazuor. 159, 160, 161, DES NOMS ET DES MATIÈRES. Cammas (L. F. T.), peintre et architecte. — Notice sur cet artiste; par le même. 161. Cambry. — $es découvertes. 10. Son opimon sur les tombeaux des comtes de Toulouse, 02. Cap-Denier (Guillaume de), 148. Capitulum. — Nom de la cour civile des comtes de Toulouse, 134, Cap-de-Creux. 10. Capitole de Toulouse. 134. Capitouls. — Recherches histo- riques sur ces magistrats; par M. Mazzior. 153, 134, 135. CarmaRTIN DE Caaupy (L'abbé), correspondant de l'Académie, fait don à cette compagnie d’une ins- cription trouvée à Rome au pied du mont Cœlius ; — elle est expli- quée par M. pu Mècr. 68 et suiv. Caractères celtibériens, ou in- connus des peuples de la péninsule hispanique. — Mémoire ce M. pu MÈcE sur un monument qui offrait, selon une circulaire adressée à plu- sieurs savans, des caractères de ce genre, — jugement de l’Académie royale des Inscriptions (Institut) sur cet opussule. 56, 37, 38. Carcas. — Prétendue fondatrice de Carcassonne ; — M. pu MÈèce dessine le buste de cette héroïne fabuleuse. 54, 130. Carcassonne. — Son ancien état; — M. pu Mice retrouve et dessine l’enceinte romaine de cette ville. 55 Carloman, fils de Charlemagne. 114. Carré (M.), membre de l’Aca- démie. — Ouvrages présentés par lui. 226, 227. — Son éloge. 245. Carte qui offre en entier le sys- tème des voies militaires tracées dans la péninsule hispanique; par M. pu Micr. 32. Carthaginois. — Leurs routes. 5o, Ba. Castillon. — Ville du Périgord. V'oy. Carra. Casrizmon (M. Jean), secrétaire perpétuel de PAcadémie. — Notice sur sa vie et sur ses écrits. 201, 202. Castrum Vandalorum. 55, 253 Catel. — Ses ouvrages, 90. Cités, 112, 113. À plus recherché les anciennes chartes que les monu- mens. 107. Catulle. 142. Caturix. — Nom d’un chef gau- lois représenté sur une médaille inédite des Consoranni. 23. Caucoliberris ou Coullioure. 21. Caurium , aujourd’hui Coria , ancienne ville d'Espagne. — Ses antiquités, dessinées et expliquées par M. ou Mècr. 32. Causes qui ont retardé les pro- grès des sciences. — Dissertation sur ce sujet; par M. le baron DE MALARET. 176. Caylus. — Estimait M. pr Mox- TÉGUT. 197. Cécile ( Sainte-).— Eglise cathé- drale d'Albi, placée sous l’invoca- tion de cette sainte; — elle fut d’a- bord dédiée à la Sainte-Croix, et bâtie dans le local qui existé entre l’ancien palais des comtes et l’église actuelle; — l’évêque B. de Castanet pose la première pierre de l’église de Sainte-Cécile ; — B. de Fargis, Jean de Saya, Dominique de Flo- rence, G. de la Volta, font conti- nuer la Construction ; — Joffredi ou Joffroi en fait la dédicace ; — Louis d’Amboise fait bâtir le chœur et terminer la tour; — le neveu de ce prélat lui succède, et fait peindre les voütes de l’église; — description de ce beau monument, par M. pu Mècr. 86, 87, 88, 80. Celtibériennes (Médailles). — Recherches sur ces monumens par Agustino, Lastanoza, Wormius, Rudbeck, Spanheim, Rajas, Uztar- ros, Huerta, Fabro, Mahudel, Marti, Aldrette, Rhenferd, Velas- quez, Erro, Zuniga et du Mège. — Ce dernier traduit en français l'ouvrage de Velasquez, et essaie d'appuyer, par de nouvelles décou- vertes, le système d’explication adopté par ce savant, 32, 33, 54, 35, 56. Celtiques (Antiquités) et drui- diques découvertes par M. Jonax- NEAU , Correspondant. 18. Cépion. — Se rend maître de 254 Toulouse, pur les trésors conser- vés dans le lac sacré de cette ville. 19,199: Cercueil d’Osiris. 99, 100. Ceretani.— Recherches sur leurs antiquités; par M. Purccart, cor- respondant. 21. César (Jules). 15, 98, 100, 101. Chabanel, antiquaire toulousain. 16. Charles-Martel. 109. Charlemagne. — Sous son règne les juifs conservent les propriétés qu’ils avaient acquises, dans la pro- vince. 109. Heures ou Evangélis- taire de ce Prince, conservé pen- dant plus de neuf siècles dans le trésor de l’abbaye de Saint-Satur- min, à Toulouse. — Dissertation sur ce manuscrit; par M. l’abbé JAMME.: 111, 112, 119, 1343 119. Charles le Simple donne à l’église de Narbonne toutes les terres, les vignes et les maisons que les Israë- lites possédaient dans le comté. 101. Chanoines de Saint-Antoime de Vienne. — Le chapitre de Saint- Etienne de Toulouse leur cède la propriété de la chapelle et de Phos- pice de Saint-Antoine du T; — ils sont réunis, en 1777, aux Cheya- liers de Saint-Jean de Jérusalem. 82. Chanoïinesses de Saint-Saturnin, à Toulouse, sont instituées par Raymond Aton, abbé de Saint- Saturnin; — elles se soumettent à la règle de saint Augustin; — le Pape confirme cet établissement re- ligieux en 1328, et accorde le titre d’abbesse à la supérieure ; — disser- tation de M. Mazzior sur ce mo- nastère. 80. Charpentier de Saint-Prest. 246. Château Narbonnaiss — Nom dune forteresse romaine qui exis- tait à Toulouse. 46. Les comtes de cette ville établissent leur résidence dans ce château; — il est trans- formé en palais de justice ; — gra- vure en taille de bois qui en repré- sente une porte;— Tour de l’Aigle qui en faisait partie et où l’on ren- fermait les prisonniers; — notice TABLE qe ce bâtiment; par M. Maxtor. 108. Chatillon (Hugues de), évêque de Comminges, termine la cons- truction de l’église cathédrale de Saint-Bertrand; — Son tombeau. 83, 84. Cnaupruc DE CRAZANNES ( M. le baron), correspondant; — auteur des Antiquités de La ville de Sain- tes; — sa dissertation sur un tom- beau antique ; — éloge de son éru- dition. 57, 58, 59. Chelan (M. de) donne deux cents volumes à la bibliothèque du clergé de Toulouse. 122. Choses (Origine des) rapportée dans l'hymne des Borouch. 11. Chemins publics. Foy. Routes ou Voies militaires. Chrétiens de Lyon persécutés. — adoptent le symbole de lAscia sur leurs tombeaux, selon M. le baron Cara. 70. Christ. — Son monogramme sur les tombeaux des fidèles des pre- miers siècles de l’église. 91. — Sur E édifices bâtis par les Templiers. S Christianisme. — C’est sur-tout depuis son établissement qu’on voit la charité publique offrir aux mal- heureux des secours abondans. 137. Cicéron, cité, 64, 65. Le plus grand philosophe de Rome comme il en fut le premier orateur. 181. Cité de Toulouse. — Limites de son territoire d’après l’Itinéraire ; — Inscription AL par M. pu Mèce, et qui prouve que ce ter- ritoire s’étendait à dix-neuf milles vers la route qui conduisait en Espagne. 48, Clair (Saint), premier évêque d'Albi; — sa chapelle, 88. Claude (L'Empereur). 69. Clémence Isaure ; — ses poésies retrouvées. 118, 119, 120. Clémencet (Dom). 223. Clément V, Pape. 79, 84, Clergé ( Bibliothèque du ), à Toulouse ; — notice sur cet éta- blissement et sur ses bienfaiteurs ; par M. Mazzior. 121, 122. Climberris. — Nom primitif de DES NGMS ET DES MATIÈRES. la ville d'Auch; — ses monumerns retrouvés et décrits par M. pu Mèce. 26 et suiv. Clhvus-Scauri. 68. Cloîtres, — De Saint-Bertrand de Comminges; — sa description ; — tombeaux qui y sont placés, 84, 85, 86. Les comtes de Comminges n’y furent point ensevelis, Zb:d, — De l’abbaye de Bonnefont; était soutenu par 200 colonnes en marbre blanc. 143, 144. — Du couvent des Augustins de Toulouse; est trans- formé en Musée d’antiquités. 56, Les chapelles qui y existaient, dé- corées de tableaux et de sculptures par le F. Ambroise Fredeau. 156, 157. Les pauvres furent pendant long-temps dans les cloîtres, pour y chercher leur nourriture et faire soigner leurs plaies. 137. Cœlius (mont). 68, 70. Colbert (M. de}, archevêque de Toulouse, lègue une partie de sa bibliothèque aux Jésuites de cette ville, 120. Coli (plaine de) sur le bord de la Dordogne; — les Anglais y sont battus. 110. Comminges. — Ancienne contrée possédée par les Convenæ ; — mé- moire sur des inscriptions décou- vertes dans cette petite province par M, ou Micr. 14, 15. Commission des Antiquités de la France, — Son rapport sur un mé- moire de M. pu Mèce. 36 et suiv. Comtes de Toulouse, — Leur chapelle sépulcrale; — notice sur ce sacellum; par M. nu Mèce. 89, 90, O1, 92+ _ Comtes de Comminges, — Leurs tombeaux n’ont jamais été placés dans le cloître de la cathédrale de Saint-Bertrand, 84, 85. Le lieu ordinaire de leur sépulture était Vabbaye de Bonnefond. Zbid. et 144. Condillac, cité, 128. Concile national. 190, 191. Consoranni. — Peuples du Con- serans, dans le département de l’A- riège. — M, PAGÉs, correspondant, recherche et décrit leurs monumens, 29, 24, 183. 255 Constance Chlore (L'Empereur). — Colonne milliaire où son nom est inscrit. 47, 48. Constantin le Grand, fils de Cons- tance Chlore. — L'inscription d’une colonne milliaire, découverte près de Toulouse, et traduite par M, pu Mèce, ne lui donne que le titre de très-noble César ; — 11 prend celui d’ Auguste. 47, 48. Son arc de triom- phe. 68. Constantinus (Flavius), fils de Constantin le Grand et de F'austa, — Colonne milliaire trouvée près de Toulouse, et élevée pendant que Constantinus était Prince des Gau- des et trés-noble César; — inter- prétation de cette inscription, par M. ou Mice. 47, 48. Consuarani. — Peuple gaulois. —M.Puiccart, correspondant, re- cueille et explique les monumens de cette tribu. 21. Consulares (Viæ). 52. Convenæ.— Peuple qui occupait la contrée nommée depuis Com- minges, — Son origine; — ses mo- numens religieux et sépulcraux , recueillis et expliqués par M. pu Mèce. 14, 22, 25, 59, 60, Gr. Copet. — On y trouve un monu- ment chargé del Æscia. 75, Cordoue, — Sa mosquée, 76, 77. Couflens, — Village où il existe quelques restes d’un couvent de Templiers. 93. Crassus. 26, 133. Craticulation.— M. l'abbé JAmwE condamne cette manière de copier. 166. Création des Dieux, selon l’hym- ne de: Borouch. 10. Crocodile de l’église de Saint- Bertrand. 8%, Croix placées sur le pic du Mont- Vallier, — Leur description, par M. PaGés. 92, 03. Cromlech.— Sortes de monumens attribués aux Celtes, 10. Cucurus élève un autel au Dieu Æreda. 15, 14. Curatores Viarum.— Magistrats chargés de l’entretien des routes. 51. Importance de leurs fonctions ; — César obtient ce titre; — Agrippa 256 entre dans leur collège ; — on leur donne des adjoints sous le nom de Mancipes ; — inscription décou- verte à Rome, au pied du mont Cœlius, et qui fournit de nouvelles lumières sur les Curatores Viarum ; — explication de ce monument, par M. ou Mice. 52, 68, 69, 70. Curé ( Le retour d’un) dans sa paroisse. — Opuscule présenté à l'Académie, par M. l'abbé Jamme. 166. Cyprien (Saint-). — Faubourg de la ville de Toulouse. 45. Bains antiques qui y existaient, 1h. et 53. Cythéris, courtisane célèbre. — Notice sur cette femme; par M. PA- Gés, correspondant. 141, 142, 143. Dacier (M.me), citée, 73, Dalembert. — Ami de M. Cas- TILHON, secrétaire perpétuel de PA- cadémie, 207. ; Dalbade. Yoy. Notre-Dame de la Dalbade (Eglise de). - Dasrarar ( M.). — Notice sur cet Académicien, 194. : Daurade, Voy. Notre-Dame de la Daurade (Eglise de). | Daurade ( Port de la), à Tou- louse. 42. David (Racede). 7oy.Kalonime. Daydé. — Auteur de l'Histoire de l’abbaye de Saint-Saturnin, et de son insigne église abbatiale , cité, 97, 98. Dayrens (M.), habitant de la ville d’Auch, — Son cabinet. 58. Il pré- sente à l’Académie une notice sur un Camp romain. 54, 55. Débiteurs. — Leur condition, dans la législation romaine. — Re- cherches de M. Jouvenr à ce sujet. 65, 66, 67, 68. Découverte de la maison de cam- pagne d'Horace , ouvrage de l’abbé CapmarTIN DE CHAuPY, Corres- pondant, 68. Décumans, — Ils élèvent un’ mo- nument à l'Empereur Gordien LIT. — M. PuiccAri le fait connaître en entier. 42. Déités locales ou topiques. 13. Delos, ile consacrée à Apollon. 170. TABLE Dezpox (M.), de Livernon. 246. Demster, savant écossais, cité, 72. Denon, archæologue et voyageur célèbre. 10. Desaix. 10. k Desprès. — Cette famille devient propriétaire de la seigneurie de Montpezat; — elle donne quel- ues grands hommes à l’Etat et à l'Eglise. 94. Desprès ( Pierre) , archevêque d'Aix et cardinal. — Fait bâtir l’é- glise de Montpezat; — son tom- beau, décrit et dessiné par M. pu Mèce. 94, 95. Desprès (Jean), évêque de Cas- tres. 94, 99. Desprès (Raymond), évêque de Clermont. 94, 99. Desprès-Montpezat (Le maré- chal). Voy. Lettes-Desprès (De ). Deucalion. 30. Deutéronome ( Passage du) rap- porté dans une inscription hébraï- . que de Narbonne. 107. Diane. — Autel qui lui est com- mun avec Apollon, retrouvé par M. Puiccant, correspondant. 21. Tête en marbre qui représente cette déesse, découverte à Auch par M. pu Mice. 28. On voit sa tête sur quelques médailles celtibérien- nes. 33. Diderot. — Etait ami de M. Cas- TILHON , secrétaire perpétuel de l'Académie, 201. Dieu. — La voix du peuple est la voix de Dieu, adage populaire examiné dans un mémoire présenté par M. l'abbé Jamme. 166, 167. Dieu-Soleil, 103. Dieux. — Création des Dieux, selon l'hymne des Borouch. 12. Dieux gaulois découverts par Scaliger, Sirmond, Mix, pu Mice. 12, 13, 14, Dieux Mânes. 58. Dii Viales. 5o. Dioclétien ( L'Empereur ). — Son nom, inscrit sur une colonne milliaire, trouvée à Badera , par M. ou Mècr. 47. Dion, cité, 51. - Disrax (M.), membre de l’Aca- démie. — Son mémoire sur l’expli- DES NOMS ET DES MATIÈRES. cation du zodiaque ; — examine les systèmes des divers auteurs qui ont écrit sur le zodiaque; — réfute les opinions de Dupuis. 21. Présente à l’Académie un mémoire sur le signe de la Balance ; — combat les assertions de Dupuis sur la prodi- gieuse antiquité que cet auteur avait donnée à ce signe; — croit, avec beaucoup d'écrivains recom- mandables, que la figure de la Ba- lance n’a été introduite dans le zodiaque que sous le règne d’Au- guste. 21,-22. Divortia. — Nom d’une sorte de chemins. 52, Dolet. 153, Donnus, père d’Aldenia. 61. Dordogne.— Gondevald est foreé de repasser cette rivière. 29. PDormans (Chapelle des 7), dans église de Saint-Saturnin de Tou- louse. 17. Douero (Le), fleuve de la pé- ninsule hispanique. 11. Douze Divinités présidaient aux divisions du zodiaque. 21. Deuze tables (Loi des). — Tra- vaux des sayvans sur ce fragment précieux de la législation romaine; — Mémoire de M. Jouvexr sur cet important sujet. 64, 65, 66, 67, 68. Drazer (M.), membre de l’A- cadémie, — Sa Description des Pyrénées ; — éloge de cet ouvrage, et rapport de M. Tarax, 167, 168, 100, Drouet (Gervais), de Toulouse, sculpteur statuaire. 78, 123. Druides. — Le chef des Druides présidait l’assemblée de la nation; — le conseil du Vergobret des Eduens, était composé de Druides; — ils formaient le premier ordre de l’état; — leur puissance était plus respectée et plus étendue que celle des Rois. 63. Druidique (Culte), conservé par les Volcæ-Tectosages et les autres peuples gaulois établis dans l'Asie mineure. 10. Druidiques ( Antiquités ) décou- vertes par M, JonANNEAU, corres- pondant. 18. Drynemeton. — Temple où s’as- 257 semblaient les chefs des Galates. 19: Do ass (M.), membre de l’Aca- démie. — Ses réflexions sur la lit- térature, considérée dans ses rap- ports avec les sciences en Pr. et la médecine en particulier. 166, 167, 168, 169, 170, 171, 172, 173. Voy. Littérature, Duchène (Pierre), lègue mille florins pour la construction du grand autel de l’église cathédrale de Saint- Bertrand de Comminges. 83. Dufaur, de Saint-Jory, premier président au parlement de Toulouse. — $es ouvrages; — son tombeau est détruit. go. Dufour ( Vital), cordelier, de- puis évêque de Bazas, — Il convertit plusieurs femmes de mauvaise vie, et les rassemble en corps de com- murauté religieuse. 80, Duguay-Trouin.—$Sonéloge, par M. Frorer. 208. Du Lis (Colombe), peintre de Toulouse. 158. Du Moulin. Voy. Moulin (Pierre du). Dunsion, Dieu gaulois. — Son autel découvert par M. pu MËce. 12. Dupont ( Gratian}), seigneur de Drusae. — Ses écrits contre les fem- mes; — notice sur Cet auteur par M. le baron pr LAmorHE-Lancon. 15200102: Dupuis. — Son système ; — il donne quinze mille ans d’antiquité au signe de la Balance. 21, 22. Durand, peintre de lhôtel-de- ville de Toulouse. 158. Dur awrr (Etienne), premier pré- sident du parlement de Toulouse. — Meurt victime de son dévoue- ment au Roi; — son tombeau est brisé, et sa statue vendue à un marbrier; — notice sur ce magis- trat, par M. l'abbé JAMME ; — l’au- teur demande que les cendres de Duranti soient retirées de l’enceinte profanée où elles reposent. 153, 154, Eaux vives. — Système des eaux vives conduites dans Toulouse pen- dant la domination romaine. 42, 43, 44, 45. 17 258 Eduens. — Leur Vergobret. 63. Eglises. — De Saint-Orens, à Auch. 27. De Saint-André de Su- réda.42. De Basiëge. 46. De Notre- Dame de la Daurade, 17, 18. De Saint-Etienne, de Toulouse, 77, 78. De Notre-Dame de la Dalbade. 78, 79. Des Augustins. 80, 157. De Saint-Bertrand de Comminges. 82, 85, 84, 85. De Saint-Antoine du T. 82. De Sainte-Marie, d’Auch. 57, 58, 86. De Saint-Saturnin, de Tou- louse. 17,18, 82, 96, 97. DeSainte- Cécile, d'Albi. 85, 86, 87, 85, 89, 90. De Montpezat, en Quercy. 05, 4, 95. De Notre-Dame de Paris, e Sainte-Geneviève, de Saint-De- nis, de Saint-Germain-des-Prés, de Strasbourg, de Mimizan, de Bazas. 101, 102, 109, 111, 197« Egyptiens. 23, 5o, 52. Elève — Etymologie de ce mot, selon M. JouvenT, 71, 72, 73. Elien, cité, 105. ÆElusa ou Elusaberris, Métropole de la troisième Aquitaine.27. Tom- beau trouvé à Elusa. 50. Elusates. 57. Elusio. — Mutation sur la voie qui, de Toulouse, conduisait à Nar- bonne. — Nouvelles fixations de cette position, par M. pu Mècer. 49, Emerita.Noy. Augus!a Emerita. ÆEmporia. — Ses médailles Bilin- gues. 33. Enéide, 170. Enferdu Dante(Traduction del’); par M. FLorET. 200. Epicure. 180. Erminette. — Quelques savans croient reconnaitre la figure d’une erminétte dans l’Æscia des monu- mens funéraires. 74, Erreurs de M. Mrizuix , sur Tou- louse, réfutées par M. l’abbé JaAxmE. 122, 125, 124, 125. Erro y Aspiros ( Don Juan de), écrivain espagnol. — Son alphabeth de la langue primitive d’Espagne ; — croit retrouver toute l’ancienne histoire de sa patrie dans l’idiome basque ; — réfutation de son sys- tème. 34, 35. Escolano (Gaspard), historien de Valence. 50, TABLE Espagne. — Recherches sur les antiquités de l'Espagne; par M. ou Mècz. 10, x1, 19,31, 52,33, etc: Autres, par les savans Lastanoza, Olaus Wormius, Rudbeck, Rajas, Huerta, ete. , ete. Zbid. et 54,55, 36, 37, 59, 4o, 41. España primitiva , ouvrage de Huerta, cité, 33. Estinés (Catherine). V’oy.JaAmmr. Estrade (L’). — Lieu où passe une voie romaine. 40. Eteioi, Dieu gaulois jusqu’à pré- sent inconnu. — Son autel retrouvé par M. pu Micr. 12. Etienno ( Eglise de Saint-), de Toulouse. — Notice descriptive de ce monumentreligieux ; par M.Mar- L10T. 77, 78. Autre, par M. pu Mècs. 78. Son portail; — M. Mir.- ui indique dans cette église des cryptes qui n’y ont jamais existé. 123, 124. Etiennette, femme du seigneur de Pennautier, et surnommée /& Louve, — Le troubadour Pierre Vidal en devient amoureux, et prend le nom de Loup pour lui plaire. 146. Etna. 171. Etude. — Son éloge; par M. FLo- RET. 207, 208. — Par M. le baron DE MaLarpr. 255-259. Etymologies des noms des Divi- nités découvertes dans les Pyrénées, présentées sous la forme du dou- te. 13, 14. Etymologies des noms actuels des champs où Abdérame et Eudes combattirent. 109. La science des étymologies est une science énigmatique ; — recherches éty- mologiques sur les noms des rues de Toulouse par le P. SERMET. 222. Eudes, duc d'Aquitaine. 100. Euripide. — Lecons sur Euripide par D. n’Orxve. 225. Evangélistaire de Charlemagne. — Dissertation de M. l’abbé Jamme, sur ce manuscrit. 111, 112, 119, 114, 115. Expercennius, Dieu qui était in- connu , et dont l’autel a été décou- vert, dans les Pyrénées , par M. Du Mècr. 12. Exposition des enfans nouveau- DES NOMS ET DES MATIÈRES. nés, — Dissertation sur cet usage ; par M. Jouvenr. 71, 72, 75. Eyquem de Montaigne. Voyez Montaigne. Ezéchiel, cité, 75, 76, 06. Fabretti, cité, 74. Fargis ( Bernard de évêque d'Albi. 8 pass Faramond ( L'abbé de ). — Sa bibliothèque, acquise par M. Pabbé p’Hézior, fait partie de celle du clergé, à Toulouse. 121. Fasciolatus, cité, 74. Fatidique. — Epithète donnée à Minerve, dans une inscription trou- vée chez les Consoranni. 24. Feretra. — Cimetière romain qui porte ce nom. 56. On y trouve une bague antique. Zbid. et 57. Fermat. — Le tombeau de ce cé- lèbre mathématicien est brisé, en 1793.90.— L'Académie composeune inscription, destinée à être placée sous le buste de ce grand homme.182. Fidènes. — Chute de son théà- tre. 70. Filles du Bon-Pasteur. 81. Fines des Tolosates. 47, 48. Flattears d’'Auguste, introduisent la Balance dans le Zodiaque. 21, 22. Florence (Dominique de), évê- que d'Albi. 88. FLorrr (M. Jacques), membre de l’Académie, — Elève de Lebeau; — obtient un prix à l’Académie de Marseille; — est reçu mainteneur de l’Académie des Jeux Floraux; — ses éloges de Duguay-Trouin, de Pibrac et de d’Aguesseau; — sa dissertation sur la noblesse chez les Grecs; — ses recherches sur les libelles ; — il traduit l'Enfer du Dante; — son Voyage dans les planètes ; — sa traduction en vers des tragédies de Sophocle; — no- tice sur sa vie, 206, 207, 208, 209, 210. Floure, — village du départe- ment de l’Aude. 40. Fontanes ( Le comte de). 193. Fontaine, — Mémoire relatif au projet de construction d’une fon- taine sur la place de la Daurade ; par M. Laupies, 42, 43. 259 Fontaines dont les eaux étaient amenées à Toulouse pendant la do- mination romaine. 44, 40. Fonteius ( Marcus). 133. Fontenoy (Bataille de). 219. Fontiés, — village sur l’ancienne voie dans le département de l’Aude, 49. ares Voy. Nion (CI. G.). ForrrA-D'Ur5AN (M. de), cor- respondant. — Ses Antiquités du département de Vaucluse. 228. Fortune Auguste. — Autel qui lui est consacré. 24. Fracastor. — Eloge de son génie. 171. ‘Fragment d’un voyage dans le département de la Haute-Garonne; par M. Vabbé JAmmE. 165, 166. François L.er 140. Ge Prince en- tre dans Toulouse, en 1533; — une jeune personne nommée Paule de Viguier, vêtue en nymphe, lui adresse une harangue en vers. 150. Fredeau (Ambroise), religieux augustin, peintre et sculpteur. — Ses travaux ; — notice sur sa vie. 80, 150 et suiv. Fréret. — Ce savant croit que les Ibères furent les premiers habi- tans de la Gaule méridionale ; — qu’ils ont bâti Toulouse, etc., etc.; — réfutation de ce système. 59, 40, #1. Frizac (M.), membre de l’Aca- démie.— Son mémoire sur la voirie des anciens; — il recherche d’a- bord tout ce que l’antiquité nous a laissé relativement aux routes, et s'attache sur-tout au système d’ad- ministration qui, chez les Romains, présidait à la création et à l’entre- tien de ces utiles monumens; — il montre combien les fonctions des Curatores Viarum étaient honora- bles, puisque le peuple crut flatter César en le faisant entrer dans leur collége, qui admit dans la suite Agrippa au nombre de ses membres; — observations faites par l’auteur sur plusieurs points de la Via Au- relia ; — noms que les Romains donnaient aux différentes sortes de chemins, ete., ete. 49, 50, 51, 52. Mémoire du même Académicien sur 17: 260 l'hospitalité des anciens, sur la for- mation de nos hôpitaux, la nature de leurs revenus et les divers sys- tèmes qui se sont succédés dans leur administration ; — considérations sur ces établissemens pieux aux différentes époques de l’histoire ; — reuves de l’influence salutaire que a religion chrétienne a exercée sur la charité publique; — documens qui peuvent servir à former la lé- gislation des hôpitaux. 155, 156, 137, 158. Fronto ( Æmilius) élève un mo- nument sépulcral à Ædunie Her- mione, son épouse. 58, 59. Fulvie, épouse d'Antoine. 143. Furgole, jurisconsulte célèbre.— La ville Iui consacre un buste ; — V'Académie compose une inscription qui devait être placée sous ce mo- nument. 182. Furcore (M. de), membre de l'Académie. — Fils du précédent, est nommé professeur à l’école de droit; — son érudition profonde ; — notice sur sa vie par M. le baron Picor DE LAPEYROUSE. 190, 191, 192. Gaillac (manuscrit de), conservé dans les archives de l’Académie des Jeux Floraux, 118. Galatie. — Empire fondé sous ce. nom par les Volcæ-Tectosages , les Trocmi et les Tolistoboi ; — Au- guste réduit la Galatie en province. 19, 20. Galerius (L'Empereur). — Son nom, inscrit sur une colonne mil- nr ; retrouvée par M. pu Mice. Te Gallateus, Roi fabuleux de Tou- louse. 131. Gallia Christiana , citée, 02. Gallus. — Amant de Cytheris; — cette femme lui est enlevée par Antoine; — il obtient la préfecture de l'Egypte; — accusé de concus- sion, il se donne la mort. 142, 143. Ganno, historien de Toulouse. 130. Garvouca pr Brresrar (M. le marquis de), membre de l’Acadé- mie, — Entretient des rapports TABLE particuliers avec Voltaire ; — cau= ses de la rupture de cette liaison; — éloge de M. DE Garpoucn par M. le marquis DË VILLEXEUvVE. 218, 219, 220, 221. Garipuy (M. DE), membre de PAcadémie. — Sa bibliothèque est jointe à celle du Collége royal. 12r. Garonne. — Ce fleuve était une des anciennes limites entre l’Aqui- taine primitive et les contrées voi- sines. 26, 27. Gar ou Garri, Dieu gaulois dé- couvert par M. pu MÈGE. 12. Garumni, peuple gaulois, 24, 25. Garunius, Dieu gaulois inconnu, retrouvé par M. Du Micr. 12. Genève. — On Ï découvre un monument sépuleral qui porte l_4s- cia. 75. Gers (département du). — Ses monumens. 26, 27, 28, 20, 54, 57215850; Gerson, rabbin célèbre. 105. Gérusie, de Sparte. 137. GEz (M.), membre de l’Acadé- mie. — Remporte un prix à Rouen en traitant un sujet relatif à la théorie du goût ; — Voltaire ac- corde des éloges à cet ouvrage; — attachement de M. GEz aux occu- pations académiques ; — ses mé- moires; — il contribue au rétablis- sement de l’Académie des Jeux Floraux; — sa mort. 216, 217. Gibbon, 128. Godescal est chargé par Charle- magne et par l’impératrice Hilde- garde, d’écrire un Evangélistaire ; — traduction des vers qu’il a placés à la fin de ce manuscrit. 113, 114. Gondevald, — aventurier qui s'annonce comme le fils de Clo- taire Ler; — ses succès; — est forcé de se retirer vers les Pyré- nées; — va chercher un asile dans les murs de Lugdunum Convena- rum; — est trahi par les chefs de son armée, 25. Gontran. — Ses troupes poursui- vent Gondevald; — assiégent Lug- dunum Convenarum ; — s’en em- parent par trahison; — massacrent les habitans et détruisent la ville, 25, 26. DES NOMS ET DES MATIÈRES. Gordien IIT, Empereur. — Mo- nument élevé à ce Prince par les Décumans de Narbonne; — ce mar- bre est retrouvé par M. Puiccart, correspondant, 41, 42. Gothico - Lombard, — d'architecture. 76. Gots, — On leur attribue, mal à propos, les médailles espagnoles chargées de caractères inconnus, 33. Genre Gouazé (M. ne), membre de l'Académie, — Notice sur sa vie. 196, 187. Gouvernement des Gaulois (Re- cherches sur le). 62, 63, 64. Grande bibliothèque de la ville, 120. Grand-Jean (Jean), libraire de Toulouse, habitant dans la rue de la Porterie, imprime , en 1505, un petit volume de poésies en langue vulgaire, portant le nom de Clé- mence Îsaure. 109. Grégoire de Tours, cité, 92. Grenoble. — Ascia sculptée sur un monument sépulcral trouvé dans cette ville, 75. Grofferius, cité, 74. Gronovius, cité, 174. Gruter, cité, 28, 74. Guadiana, fleuve ral are Guasco (L’abbé DE). — L’A- cadémie lui décerne un prix en 1749. 5. Guichard, 74. Gutherius. 74. Halys, fleuve, 19. Hannarus, questeur romain. — Son monument sépulcral. 61. Haute-Garonne. — Ouvrage sur les antiquités de ce département ; par M. ou Micr. 55. Fragment d’un voyage dans cette contrée par M. l'abbé Jamme. 165, 166. Hébraïques ( Inscriptions } tra- duites par M. ou Mècr. 104, 105, 106, 107, 108. Cours public d’hé- breu, par les membres de PAcadé- mie, b, Hébreux. — Leurs chemins. 50, Hebromagus , aujourd’hui Bram. — Mutation sur la voie de Tou- louse à Narbonne. 40. Hëuor (M. l'abbé n°), membre 201 de l’Académie. — Fondateur de la bibliothéque du clergé. 121, Heliougmouni , Dieu gaulois dé- couvert par M. pu MÈGe. 12. Hénault ( Le président). 219. Henriade. 210, Hercule ( Buste d’) découvert à Auch. 28. Son image sur les mé- dailles espagnoles. 33. Hermites deS.-Augustin (Frères). — Leur établissement à Toulouse. 79, 80. Hésiode. 160. Heures de Charlemagne. Voyez Evangélistaire, Hiéronyme ou Jérôme (Saint), cités 25. _ Hildegar ou Hildegarde ( L’Im- pératrice), épouse de Charlemagne. 112, 114. Hilderice rappelle les Juifs, qui avaient été clés 10). Hippocrate. 178. Histoire. — Notre histoire n’offre point l'intérêt dont elle pourrait être embellie; — ce qu’il faudrait faire pour la rendre plus digne de son objet; — philosophie de l’his- toire; — essai sur les moyens de la mettre en action. 125, 126, 127, 128. Histoire de Toulouse par M. Raynaz, membre de l’Acadé- mie. — Dissertations sur l’histoire de cette ville par M. Turie-L’Ar- BRE-PIN. 204, 217. Histoire des Académies. 163, 164. Histoire (L’) de la législation des euples de l'antiquité est encore imparfaite. 64. Historien. — Ses devoirs. 126, 127. Doit-il cacher ou divulguer les vices des grands hommes ? 129, 130. Homère. 116, 169. Hôpitaux. Voy. Hospitalité. Horus, Dieu égyptien. 98,99, 103. Horus-Apollo, cité, 103. Hospitalité. — Rapprochemens historiques sur l’hospitalité des an- ciens, sur la formation de nos hô- pitaux, etc.; par M. Frizac. 155, 156, 137, 138. Huerta, cité, 33. Ibères. 38. Peuvent-ils être con- sidérés comme les premiers habitans 262 de la Celtique et de l’Aquitaine ? 59, 40, 41. Ibérie. — Etait placée au delà des Pyrénées. 31, 40. Ilixoni ou Lixoni, Dieu gau- lois. 12. Tlliberris. — Ville antique du dé- eo des Pyrénées -Orienta- es. 21: Inquisition de Toulouse. — Re- gistres de ce tribunal, découverts par M. MA6r. 215. Irénée (St.), évêque de Lyon, 75. Tscitus, Dieu gaulois découvert par M. ou Mècr. 12. Isauret Torsin, Roi fabuleux de Toulouse. 131. Isidore de Séville, cité, 50, Go, Isis Victorieuse et Reine.—Autel qui lui est consacré, retrouvé par M. pu Mèce. 22, 25. Culte de cette Déesse dans les Gaules ; — est re- présentée sur un bas-relief prove- nant de l’église de Saint-Saturnin, 98, 99, 100. Lier. 52, Jacob, rabbin. — Son épitaphe trouvée à Toulouse, 108. Jamme (M), membre de l’Aca- démie, — Son mémoire historique sur les gouverneurs du Langue- doc. 131, 133. Est créé chevalier ès lois ; — ses succès poétiques ; — paraît avec distinction au barreau du parlement de Toulouse ; — causes célèbres dont il est chargé ; — mé- daille qui lui est offerte par les membres de son ordre; — il con- tribue au rétablissement de l’Aca- démie des Jeux Floraux; — est pendant dix années président de celle des Sciences ; — ouvrages pré- sentés par lui, 228. Sa mort; — son éloge, par M. Tran. 105, 104. Jaume (M. labbé), fils du pré- cédent et membre de l’Académie, — Sa dissertation sur lEvangélistaire de Charlemagne. 111, 112, 113, 114, 115. Ses observations sur le chap. cxxnr du Voyage dans les départemens du midi de la France, par M. Mizuin, 122,123, 124, 125. Sa notice sur Duranti. 153, 154, Son essai sur l’histoire des Sociétés TABLE littéraires. 163, 164, Ses observa- tions sur la musique. 164, 165. Fragment de son Voyage dans le département de la Haute-Garonne, 165, 166. Son opuscule, intitulé : Le Retour d’un curé. 166. Son mé- moire sur un adage vulgaire. 166, 167.— Son éloge de M. Dillon, 228, Japhet. 132. Jaunhac ( Antoine de), curé de la paroisse de Saint-Saturnim, à Toulouse, obtient le prix de la vio- lette d’or, le 3 mai 1455. — Notice sur ce troubadour par M. ou MÈcs. 117. de (M. de) donne 200 volumes à la bibliothèque du clergé. 122. Joffredi ou Joffroi, cardinal, évê- ue d'Albi, dédie son église cathé- rale à sainte Cécile, et fait pendre une partie des chapelles. 87. Ta- bleau qui le représente accompagné de ses deux frères, 89. JoranxeaAu ( M.), correspondant. — Ses découvertes de monumens celtiques et druidiques. 18. Jouvexr (M.), membre de l’Aca- démie. — Son mémoire sur la loi Æris Confessi. 64, 65, 66, 67. Sa dissertation sur l’usage d’exposer quelquefois les enfans nouveau-nés. 71,72,73. Sa Résumption des tra- vaux de la'classe. 186. Sa mort; — son éloge par M. le baron ne Ma- LARET. 194, 195, 106. Juifs de la province de Langue- doc. — Leur histoire; — étaient soumis à l’humiliation de présen- ter, trois fois chaque année, l’un d’entre eux, qui recevait un soufflet devant la porte de l’église cathé- drale de Toulouse. 78. Un membre de cette nation prenait, à Nar- bonne, le titre de Roz des Juifs ; — une rue de cette ville portait, naguère encore, le nom de ue du Roi Juif; — synagogue de Nar- bonne ; — inscriptions qui en pro- viennent, traduites de hébreu par M. ou Mècr; — les Juifs habitaient une rue de Toulouse nommée Jouts- Aigues ( Aque Judeæ); — inscerip- tion hébraïque trouvée dans cette ville. 104, 105, 106, 107, 108. Julia Paulina, fille de Sergius , DES NOMS ET DES MATIÈRES. consaere un autel au Dieu Averan. 14, 15. Julia.— Ce nom paraît dans une inscription trouvée près de Saint- Bertrand de Comminges. 6o, 6r. Julitte (Sainte), martyre. 28. Junon. 24. Jupiter. — Tête en marbre blanc trouvée à Auch, et qui représente ce Dieu. 28. — Portait le surnom d’Hospitalier dans Vile d’Egine. 136. Just (Saint-), église cathédrale de Narbonne. 86. Kalonime, juif de Narbonne, fils, selon Benjamin, de Tudela, du « grand Prince et rabbin Théodore, » issu de La race de David.» 106. LasorpE (M. le comte de), mem- bre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 44, LaBroQuÈRE (M. DE), membre de l'Académie. 4. — Est agrégé à la faculté de droit, puis professeur ; — ses mémoires sur les révolutions qu'ont éprouvées les arts de la ma- ge, des aruspices et de l’astrologie ans l’empire romain pendant le quatrième siècle de notre ère; — autres mémoires de M. pe Lasro- QuÉRE sur les noces des Romains, et sur les peuples placés entre l’Ar- morique et l’Aquitaine; — ses dis- sertations sur la municipalité de Toulouse ; — Notice sur sa vie et sur ses ouvrages par M. le baron Picor DE LaPEyYROUSE, 189, 100. Labeaumelle (De). 219, 220. Lac de Toulouse. — Cépion en retire les trésors qui y avaient été jetés par les Gaulois; — les Ro- mains font écouler les eaux du lac; — Bertrand et Noguier assurent que l’église de Saint-Saturnin a été bâtie sur le lae de Toulouse; — M. px Moxrécur adopte cette opi- nion; — d’après la demande de M. Laurres on fait des recherches dans l’église de Saint-Saturnin ; — on ny trouve qu'un puits dont lexistence était déjà connue; — D. Martin place le lac sur le sol où s'élève actuellement l’église de 263 Notre-Dame de la Daurade. 17, 18. Lactora ou Lectoure. — Ses an- tiquités. 27, 28, 29. Voie qui, de Toulouse, se dirigeait vers Lac- tora. 44, 5%. La Faille. — Ses Annales; — Ja ville demande à l’Académie la con- tinuation de cet ouvrage ; — MM. pr Bousquer, Turze et RAyNAL, s’ac- quittent de ce soin. 4, 217. Le Traité de la noblesse des capitouls, ar La Faille, exalte mal à propos a haute antiquité et les privilèges de ces magistrats. 133. LaAcaxE (M. de) obtient, en 1761, un prix quadruple sur une question proposée par l’Académie. 5, 6. Lahe, Déesse gauloise. — M. pu Mice retrouve quelques autels con- sacrés à cette déité, 14. Lamaure. 193. Lamornr-LAncox (M. le baron de), membre de l’Académie. — Son mémoire sur les Rois fabuleux de Toulouse, 131, 132. Ses notices historiques sur Raymond VI, comte de Toulouse. 144, 145. Pierre Vi- dal, troubadour. 145, 146, 147. Guillaume de Puylaurens. Ibid. Pons Naugasien. 147, 148. Guil- laume de Nogaret. 148, 140. Paule de Viguier, surnommée /a Belle Paule. 149, 150, 151, 152. Gra- tian Dupont, sieur de Drusac. 159, 153. Gaillard Taillasson, où Ma- thelin, Roi des violons de France. 1954, 155. Son rapport sur les Essais historiques sur Le Bigorre. 159. Sa Résumption des travaux de la classe des Inscriptions en 1822. 186. Son article biographique sur le comte Primar, archevêque de Toulouse, cité, 191. Sa notice sur M. de Paraza. 213. Languedoc. — Nomenclature des gouverneurs de cette province par M. Jamme. 192, 133. Larevrouse. Voyez PicoT DE Largyrouse (Le baron). Lastanoza, cité, 33. Laurres (M.), membre de l’A- cadémie. — Son mémoire sur les recherches à faire dans l’église de Saint-Saturnin , pour constater l'existence du lac de Toulouse, 17: 264 Ses recherches sur les anciens aque- ducs de la ville, 42, 43, Lavedan (M. de). — Son éloge de M. p’OrBEssAN, cité, 211. * Lavernose, autrefois Yernoso- lem. 45. Lavolta (Guillaume de), évêque d'Albi. 87. Lebeau, historien. 206. Lebeuf (L'abbé), cité, 74. Lèbre (André), peintre, né à Toulouse, — Notice sur cet artiste, par M. Mazzior. 155, 158, 150. Lebrun, peintre célèbre. 156. Lécruse (M. Freury), membre de l’Académie. — Son Lexique Jfrançais-grec; — éloges mérités que cet ouvrage a obtenus. 230. Dissertations et traités présentés par lui à l’Académie, 229, 230. Lefranc de Pompignan, — Sa bi- bliothèque. 121. j Legoux de la Berchère (Charles), archevêque d'Albi, 88. Leherennus, Dieu gaulois deé- couvert par Sirmond. 12. M. pu MÈèGE trouve quelques monumens ignorés qui furent consacrés à ce Dieu, et prouve que Leherennus est le nom gaulois où aquitain de Mars. 13. Erreur de M, Mr, sur Leherennus, qu’il confond avec le Dieu Lahran de la Thuringe, avec la Déesse Lahe, etc., etc, 14. Lemosin. 151. Lrxomm (M. Alexandre), corres- pondant, — Ouvrages qu’il a pré- sentés à l’Académie. 250, 231. Lepidus ( Pompeius). 58. Leonis (Signum).— Mots gravés au-dessus d'une femme qui tient un lion sur ses genoux. 07 et suiv. Voyez aussi Zodiaque, Lesueur, peintre français, élève de Vouet. 156. Lettes ( La famille de) devient propriétaire de la seigneurie de Montpezat. 94, Lettes - Desprès de Montpezat (Antoine de } , est fait prisonnier, avec François [.er, à la bataille de Pavie; — obtient la faveur de son maitre ; — est fait maréchal de France; — son tombeau. 94, 95. TABLE Lettres archæologiques adressées à M. ou MÈcEe, par M. Puiccani. 21. Levana, Déesse qui présidait à l’action derelever de terre les enfans aussitôt qu’ils étaient nés. 72, 73. Lexeïa, fille d'Ombexonis, épouse d’Andostenus, qui fit faire un mo- nument sépulcral pour elle, pour lui, et pour une femme nommée Julia. 60, Gr. Libelles. — Recherches histori- ques et philosophiques sur ce genre décrits; par M. FLorer. 208, 209. Licinus , père dAndostenus. 60, Gr. Lieu très-saint. — Titre donné, par les Juifs de Narbonne, au tem- ple de Jérusalem. 107. Ligorius. — Son plan de Rome, cité, 68. Linné. 168. Lion (Signe du). Foy. Zodiaque. Lobineau (Dom), historien, 139. Louis le Débonnaire. — Sous son règne, les Juifs conservent leurs domaines dans l’Occitanie. 105. — A peut-être donné à l’abbaye de Saint- Saturnin l’£Evangélistaire qui y était conservé. 11). j Louis XIIE nomme Mathelin Ro des violons de France. 155. Louis XVI. — L'Académie pro- pose, en 1814 et en 4817, un prix extraordinaire pour l’éloge de ce Monarque. — MM. Prcu et Amir— æau obtiennent chacun une médaille d’or dans le dernier concours. 185, 186. Lucas (François), professeur de sculpture , ancien dessinateur de l’A- cadémie, — Son cabinet, 122, 123. Lucrèce. 169. Lugdurum Convenarum.— Mo- numens que l’on retrouve en grand nombre dans les lieux voisins de cette ville antique. 15, 59, 60. Fon- dation de cette ville; — Gondevald s’y réfugie; — elle est prise et in- cendiée par les troupes de Gontran ; — Sant Bertrand la reconstruit; — voie militaire qui conduisait vers cette ville. 25, 26, 45, 82, 83, 84, 85, 86. Lune, — Autel consacré à la Lune DES NOMS ET DES MATIÈRES. et au Soleil, découvert par M. pu MÈGr. 22, 23, 24. Lunus. — Les Galates donnent, sur leurs médailles, les attributs de ce Dieu à Auguste. 20. Luzenac, — village du départe- ment de l'Ariège. 150. Lycée ou Athénée de Toulouse, 210. Lyon. — On y découvre plus de cent sépulcres avec la marque de l'Ascia. 74. — Le sang des pre- miers fidèles est répandu dans Lyon. 75. M.le baron Cara attribue aux chrétiens de cette ville invention du signe nommé Æscia. 75. Mabillon (Le P.), cité, 74. Mably. 128. Maflei, cité, 74, Magdelaine (Repenties de la).— Leur établissement à Toulouse, en 1216. 81. Mac (M.), membre de l’Acadé- mie. 5. Ses remarques d’un Russe sur la colonie et le capitole de Toulouse; — ses observations surles tombeaux découverts dans l’église de la Daurade ; — ses recherches sur les nations monstrueuses; — sa dissertation sur des roues de char antique; — son mémoire historique sur l’inquisition de Toulouse, au sujet de quelques registres origi- naux de ce tribunal qu’il avait re- trouvés; — 1l découvre un manus- crit précieux pour l’histoire des Jeux Floraux ; — il est admis dans cette Compagnie; — sa mort; — notice sur cet Académicien. 214, 215, 216. Mahudel, cité, 33. Mazarer (M. le baron pr), mem- bre de l’Académie. — Ses discours : Sur les avantages qui résultent de la culture des sciences unie à celle des lettres. 173, 174. Sur l’in- fluence des souvenirs de antiquité, sur la littérature en général, et sur les destinées des peuples, 174, 175, 176. Sur les causes qui ont retardé les progrès des sciences, 176, 177, 178, 179. Sur cette question : Les sciences et les lettres ont tour à tour servi à la civilisation et à Pinstruc- a 265 tion des peuples, mais ont-elles une égale influence sur la prospérité pu- blique? 179, 180. Sur l'influence de la morale sur les connaissances humaines. 180, 181, 182. Sur les devoirs des Académies et sur luti- lité des sciences. 231-255. Sur les avantages de l’étude. 235-239. Son éloge de M. JouvexT. 194, 195, 196. Ouvrages imprimés présentés ar lui. 251-240. Maïzior (M.), membre de l’Aca- démie. — Ses dissertations, mé- moires et natices : sur l’église de Saint-Etienne de Toulouse, 77, 78; — sur l’église de Notre-Dame de la Dalbade, 78, 79; — sur le couvent des Augustins de Toulouse, 79, 80; — sur les couvens des Repenties, dans la ville de Toulouse, 80, 81; — sur les Dames d’Andouin, 81,82; — sur la chapelle de Saint-Antoine du T, cbid.; — sur le Palais de jus- tice, 108; — sur les bibliothèques publiques de Toulouse, 120, 121, 122. Ses recherches historiques sur les capitouls, sur le droit d’image dont ils jouissaient, etc. 134. Ses notices biographiques sur Ambroise Fredeau, Jéan Pacquier, André Lébre, Jean Michel, Subleyras, Guillaume et François Cammas. — Notice sur la vie de cet Académi- cien. 187, 188, 189. Ses ouvrages. 188, 189. Son éloge, prononcé par M.pou Mëcr. 180. Mancipes , magistrats adjoints aux Curatores Viarum. 52. Mânes (Dieux). 58. Manethon, 62. Marboré, montagne des Pyre- nées. 10. 1 Marca, — ne voit qu’une partie d’une inscription, que M. PurGcart découvre en entier et explique. #1, 42. Marcellus Antonius, Roi fabu- leux de Toulouse. 131. Marcien, d'Héraclée, cité, 30. Marie, d’Auch (Sainte-), église cathédrale de cette ville. 80. Sa description, publiée par M. Sen- tetz. 157: Marius. 15, 141: Marmiesse (M. de)., évêque de 206 Conserans, place une croix sur le vie du mont Vallier, 05. Marmontel. 201. Marmoutiers. 224. Marseille, — Son Académie. 206, 207. Martenne (Dom), savant béné- dictin, cité, 144, 211. Marti (Manuel), cité, 33. Martial donne à Toulouse l’épi- thète de Palladienne. 3. Martianus Capella, cité, 23. Martin (Dom), cité, 17, 18, &r, 74. Martius Narbo, gouverneur de la province romaine. 133. Mas-Saintes-Puelles, autrefois Recaudum , lieu sur la voie de Toulouse à Carcassonne, 49. Maximien ( L'Empereur). 47. Mazochius,,cité, 74. Médailler de Académie. — A été formé par M. pe SAINT-AMANS. — Commission qui est chargée de son classement. 4. Médailles grecques de la Galatie, et particulièrement d’Ancyre. 19, 20. Médailles celtibériennes ou char- gées de caractères inconnus. 32, 33, 34, 35, 36. Médaille composée par l’Acadé- mie, d’après la demande de la ville. 182, 183. Médicis (Catherine de) demande, lors de son passage à Toulouse, que la Belle Paule lui soit présentée. 150, 151. Mèce (M.pv), membre de l’Aca- démie, — est chargé de parcourir les Pyrénées dans toute leur étendue, ainsi que les diverses parties de l'Espagne où des colonies gauloises ont pénétré. — La guerre n’inter- rompt pas les travaux archæologi- ques dans cette partie de l’Europe, 10, 11. Mémoires, dissertations et notices de M. pu Mèce : sur des monumensreligieux découvertsdans les Pyrénées françaises, 12, 13; — sur le culte rendu à Abellion, As- toillunus, ete., 13, — sur trois au- tels votifs, 13, 143; — sur quelques inscriptions trouvées dans le Com- miuges, 14, 15; — sur les monu- TABLE mens antiques des Pyrénées espa- gnoles, 15; — sur Eh antiquités religieuses des Volcæ - Tectosages établis dans l’Asie-mineure, avec la traduction des inscriptions grecques d’Ancyre, 18, 19, 20; — sur un autel consacré au Soleil et à la Lune, à Isis Victorieuse èt Reine, 22, 23; — sur les monumens religieux des Garumni et des Convenæ, pendant la domination romaine, 24, 29, 26; — sur les monumens religieux des villes d’Auch et de Lectoure, 26, 27, 28, 29, 30; — sur les monu- mens historiques découverts dans les Pyrénées et en Espagne, et par- ticulièrement sur les antiquités de Caurium et d' Augusta Emerita , 31, 32; — sur les médailles celti- bériennes, avec une traduction de l'ouvrage de Velasquez sur ces mo- numens, 32, 33, 54, 55, 56; — sur un monument celtibérien sup- posé, 36; — sur les premiers habi- tans de la Gaule méridionale, 30, 40, 413 — sur l’amphithéâtre de Toulouse, et sur les autres monu- mens romains placés sur la rive gau- che de la Garonne, 44, 45; — sur la voie militaire de Toulouse à Be- neharnum , 45; — sur quatre co- lonnes milliaires, 45, 46,47, 48; — sur la voie qui traversait les con- trées formant actuellement le dé- partement de l’Aude, avec des notes sur l’ancien état de Carcassonne et de Narbonne, 48, 493; — sur le camp de Pont-Lat, et sur le Cus- trum Vandalorum, 55; — sur une bague antique trouvée dans le ci- metière de Feretra , 56, 57; — sur le gouvernement dés Gaulois, 62, 63, 64; — sur une inscription dé- couverte à Rome, et sur une loi Visellia , différente de celle qui est énoncée dans le Code, 68, 69, 70; — sur l’église Saint-Etienne de Toulouse,78; — sur l’église cathé- drale de Saint-Bertrand de Com- minges, 82, 85, 84, 85, 86; — sur l’églige cathédrale d'Albi, 87, 88, 89; — sur la chapelle sépul- crale des comtes de Toulouse, 89, 90, 91, 92; — sur la ville de Mont- pezat, et sur son église, 95, 94, 95; DES NOMS ET DES MATIÈRES. — sur un bas-relief symbolique pro- venant de l’église de Saint-Saturnin de Toulouse, 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102; — sur un autre bas-relief provenant de la même église, 102, 109, 104; — sur trois inscriptions hébraïques trouvées dans le Lan- guedoc, et traduites par l’auteur, 104, 109, 106, 107, 108; — sur les vers latins placés à la fin de V'Evangélistaire de Charlemagne, 113, 114; — sur les ouvrages d’An- toine de Jaunhac, de Denis Andrieu, et de Bertrand de Roaix, trouba- dours toulousains, 117, 118; — sur les poésies de Clémence Isaure, im- primées à Toulouse en 1505. 118, 119,120. Sa Résumption des tra- vaux de la classe, en 1809. 186. Ses éloges de MM. Mazrior et pe Mox- TÉGUT. 189, 196, 197, 198, 190, 200. Ouvrages imprimés présentés par lui à l’Académie. 240, 241, 242. Mélanges littéraires, 8, 9, 161- 182. Melles, village du département de Ja Haute-Garonne, 14. Ménard, historien de Nimes. — Son opinion sur les premiers habi- tans de la Gaule méridionale, ré- futée. 30, 40, 4r. Ménélas. 156. Menestrier, cité, 74. Menhirs, — Monumens en pierres brutes, 10. Mercure. — Autel consacré à ce Dieu, découvert par M. pu MÉce.24, Michel (Jean), peintre, — Notice sur cet artiste, par M. Maruor. 15, 160. Michel du Touch (Eglise de St -). — Ses cryptes. 124. Michel du Touch(Chäteau deSt.-). — Charles IX ordonne de mettre ce fort en état de défense. 44, Mir (M.), correspondant. — Ses intéressans travaux. 10. Ses er- reurs ; — il confond le Dieu Lehe- rennus avec le Dieu Lahran de ia Thuringe et la Déesse Lahe. v4. Il indique dans l’église Saint-Etienne de Toulouse des cryptes qui exis- taient dans celle de Saint-Michel du Touch, qui est éloignée de la pre- mière de plus d’une lieue. 124. Il 267 se trompe, et sur les inscriptions qu’il copie dans le cabinet de Fran- çois Lucas, et en décrivant le mau- solée de saint Saturnin; — il est réfuté par M. Pabbé JammeE. 122, 129V10E 120, Mimizan, petite ville du dépar- tement des Landes. — Zodiaque de son église, 102. Minerve, surnommée Belisama , adorée chez les Consoranni. 23, 24. Minerve Fatidique était révérée par les Consoranni. 25, 24. Minut (Gabriel de), baron du Castera, écrivain du seizième siè- cle, compose un ouvrage sur la Beauté, et y joint «la Paule-gra- » phie , ou description des beautés » d’une dame tholosaine nommée la » Belle Paule.» — Ce livre est pu- blié par Catherine de Minut, sœur de Pauteur, et abbesse de Sainte- Claïre. 151, 152. Mongez (M.). ro. Montagne-Noire. 166, Montaigne (Michel Eyquem de). — Description de son château, par M. le baron Carca, correspondant. 100, 110, 1Hr3; cité, 140. Montchal (Charles de), archevé- Éa de Toulouse, fonde le couvent es Religieuses du refuge. 8r. Moxrécur (M.DE), membre de l’Académie. 5. À cru que l’on pour- rait retrouver lé lac de Toulouse sous la nef de l’église de Saint-Sa— turnin. 16, 17. Ses travaux ; — son éloge par M. pu MÈècx. 196, 197, 198, 199, 200, 201. Montesquieu. 128. Eloge du gé- nie de ce grand homme. 181, 182. Montfaucon, cité, 57, 74. Montgaillard (Le P.), savant re- ligieux, auteur de la Description de la Vasconie. 57, 59. Montirat, village du département de l'Aude. 40. Montmorency (Le connétable de)Arüre Monumens. — Divisés, en anti- quités religieuses des peuples gau- 101,122, 19, 14, 19,110: 0x7 010, 19, 20; — en antiquités religieuses romaines, 21, 22, 25, 24, 29, 26, 27, 28, 29, 90; — en monumens 268 historiques, 30, 31, 52, 35, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55; — en monumens sépuleraux, 55, 56, 57, 58, 59, 6o, 61. Monumens du moyen âge parta- gés en deux sections. — Monumens pieux, 77; 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, go, 91, 92 93, 94, 95, 96; — Monumens istoriques, 6, 07, 08, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 109, 106, 107, 108, 109, 110, 111. Moulin (Piétre du), archevêque de Toulouse, fait bâtir le portail de l’église Saint-Etienne, et y place sa statue et celle de son frère, évêque de Paris et patriarche d’An- tioche, 77, 125. Moux, — village du département de l’Aude. 40. Moyse, célèbre rabbin, né à Narbonne , auteur du Bereschit Rabba. 105. Musée, ou Galerie de tableaux. — M. Casriruon conçoit, le pre- mier, l’idée de former un établisse- ment de çe genre à Toulouse. 160, 202. Musée, ou Galerie d’antiquités de Toulouse. 37. Musée de Toulouse; — Société littéraire qui a existé dans cette ville Rendre quelques années. 109, Musique. — Principe de Platon sur l'influence que les changemens dans la musique peuvent avoir sur la constitution de l’état. — Mé- moires de MM. l’abbé Jamme et BruAnp à ce sujet. 164, 165. Narbon, prétendu fondateur de Narbonne. 130. Narbonnais (Château). Voyez Château Narbonnais. Narbonnaise (Porte), à Carcas- sonne, 54, Narbonne. — Notes sur l’ancien état de cette ville, par M, pv Mècr. 53. Natham, Roi fabuleux de Tou- louse. 13r. ; Naugasien (Pons). — Recherches TABLE sur ce personnage, par M. le baron DE LAMOTHE-LANGON. 147, 148. Nerveva , — montagne près d’Auch. 28. Neupoort, cité, 73. Nicaise (L’abbé). — Sa disserta- tion sur le tombeau d’Ædunie Her- mione, citée, 57. Nitiobriges. 183. Nîmes. 75. Nion (Claude Guillaume), dit La Foundy, Roi des violons de France. 154, 155. Nogaret (Guillaume de). — Sa maison devient le monastère des dames d’Andoin. 82. Notice sur sa vie, par M. le baron pe LAmorxE- LANGcox. 148, 140. Noguier, historien de Toulouse. à 165) © TRS , de Panopolis, cité, 23. Notre-Dame de Paris. 101. Notre-Dame de la Daurade, église de Toulouse. 17, 18. Notre-Dame de la Dalbade. — Notice sur cette église, par M. MazzioT, 78 , 70. Notre-Dame de Coli. — Chapelle bâtie dans la plaine de Col, près de Castillon. 110. Notre-Dame de pitié, — Chapelle du cloître des Augustins de Tou- louse. 80. Novempopulanie. 27. Novempopuli. 27. Nymphes des eaux. — Leurs au- tels chez les Garurmni et les Con- venæ. 24. Obulco.— Médaille de cette ville. 92. Orxrve ( Dom Denis p°), membre de l'Académie, entre dans la con- grégation de Saint-Maur.— Occupe la chaire remplie auparavant par D. Pont; — ses explications des Prophètes; — ses leçons sur Euri- pide; — il donne une édition de saint Théodore Studite, et le pre- mier volume de saint Grégoire de Nazianze; — son mémoire sur l’ori- gine des grands fiefs; — notice sur ce savant. 222, 223, 224, 225. Ombexon, père de Lexeïa. Go, Gr, DES NOMS ET DES MATIÈRES. Oppidum Novum. — Mutation sur la route de Toulouse à Bene- harnum. 45. Or.— Selon Godescal, la couleur éclatante de caractères tracés en or sur des feuillets de pourpre, rap- pelle combien il importe de garder la virginité. 113. Oratoire de Montaigne, 110. OrgEssAN (M. d’Aignan n°), membre de l’Académie. — Ses Me- langes de littérature et de physique ; — ses Variétés littéraires. 4, 5. Notice sur ect Académicien. 210, DAT 21; Orens (Saint), premier évêque d’Auch, fait renverser le temple d’Apollon sur le mont Nerveva, — Son église. 27, 28. Osiris. 100. Pacquier, sculpteur. — Notice sur cet artiste, par M. Mazior. 159. Pretorie (Viæ). 52. Pacés (M.), de Seix, correspon- dant de l’Académie. — Son mé- moire sur les anciennes Théogonies, 15, 12. Autre sur quelques anti- quités du Conserans. 23, 24. Re- trouve des monumens consacrés à Minerve Belisama, à Minerve Fa- tidique, et à la Fortune. Zb:d. Son explication de deux inscriptions sépulcrales. 81. Son voyage au mont Vallier. 92, 93. Sa description du couvent des Templiers dans la val- lée de Salau. 95. Sa notice sur Cytheris. 141, 142, 145. Ses Prin- cipes de droit politique. 243. Palladienne.— KEpithète donnée à Toulouse par les anciens poètes latins. 3, Pazassou (M.), correspondant de l’Académie. — Ses mémoires sur les Cagots, et sur les anciens Camps de la Novempopulanie, 242, 245. Papire-Masson, cité, 24. ParAza (M. JoucLa DE), membre de l’Académie, — Notice sur sa vie. 212, 218, 214, Passus Saracenorum. 100. Paul (Saint Vincent de) étudie les lettres à Toulouse. 137, 158. 269 Paule ( La Belle). Voy. Viguier (Paule de). Perrier, peintre, élève de Vouet, 156. Perse, cité, 6o. Pétrarque. 120. Petit (Antoine). — Ses épitres. 173. : Perir-Ranrz(M.), cité, 56 etsuiv. Pétronille, comtesse de Bigorre. 138. Pharaons. — Leurs monumens. 10. Philippe le Bel. 134, 1409. Philippe le Hardi. — Notice sur un manuserit qui lui a appartenu. 115,110; Pibrac. — Son éloge, par M. FLo- RET. 208. Picor pr Larryrouse ( M. le ba- ron), membre et secrétaire perpé- tuel de l’Académie. — Son rapport sur le concours pour l'éloge de Louis XVL 185, 186. Ses notices sur MM. pe LApsroQuÈRE, Comte Primar, archevêque de Toulouse, DE FuRGOLE, et DE T'URLE-L'ARBRE- PIN. 190, 191, 192, 202, 203, 204, 205, 206. Pierius, cité, 74. Pinaud (M.). — Son éloge de M. ne PARAZA, cité, 213, 214. Pindare, cité, 136. Platon. 164, 180. Pline icité, 26), 72: Podalire. 31. Polybe, cité, 4o. Polyphème, 15r. Pompée.— Il rassemble les débris des légions de Sertorius à Lugdu- num. 25. Pomponius Mela, cité, 26. Pons, comte de Toulouse. — Son tombeau. Gù0, 91. Pons, fils du comte Guillaume. — Son sépulcre. 01. Ponsan ( M. de), membre de l’Académie des Jeux Floraux. 215. Poxr (Dom), savant helléniste et hébraïsant, membre de l’Acade- mie. 5, 225. Port-Vendre. 10. Possidonius, cité par Strabon. — Ce qu'il nous apprend sur le lac de Toulouse. 15. 270 Pothin (Saint), premier évêque de Lyon. 75. Preissac ( Gaillard de}, dernier évêque de Toulouse. 79, 80. Pretorie ( Viæ). 52. Primar (M. le comte), arche- vêque de Toulouse, membre de PA- cadémie.— Son éloge.189, 191, 192. Private ( Vie), où Agrarie (Vie). 52. Prix ( Sujets de ) proposés par PAcadémie, 5, 6, 183, 184. Prudentius. — Son hymne sur saint Romain. 29, 30. Ptolomées. — Leurs monumens. 10. Ptolomée Philopator. 1209. Ptolomée Soter. Zbid. Publicæ ( Viæ). 52. Purccarr (M.), correspondant. — Ses recherches sur les antiquités des Consuarani et des Sardones; — il découvre un autel consacré à Apollon et à Diane. 20, 21. Sa notice sur un monument élevé à l'Empereur Gordien IL. 20, 21, 41, 42. Puylaurens (Guillaume de}, au- mônier de Raymond VIE, et histo- rien, — Notice sur cet écrivain par M. le baron pe LamornE-LANGoON, 147. Pythagore. 180. Quartumvirs , magistrats chargés des voies publiques. 69. Quercus (Pierre de). Foy. Du- chêne. Quinte-Curce, cité, 170. Quirice (Sainte). 28. Rajas, cité, 33. Raymond V, comte de Toulouse. 93, 145. Raymond VI, fils du précédent, et comte de Toulouse, fait cons- truire la nef de l’église cathédrale. 77. Meurt excommunié. 154. Notice sur ce prince, par M. le baron DE Lamorue-Laxcon. 144, 145, Raymond VII, comte de Tou- louse. 147. Raywaz (M.), membre de l’Aca- démie. — Travaille aux Annales de la ville; — publie une Histoire de TABLE Toulouse. — Notice sur cet écri- vain. 217, 218. Recaudum , ancien nom du bourg de Saintes-Puelles. 40, Refuge (Religieuses du). 18. Regiæ (Viæ). 52. Régine Pédauque.— Son pont, à Toulouse. 44. Reinesius, eité, 24. Remuzat (M. de), préfet de la Haute-Garonne. 37. Rexpu (M.), correspondant. — Ouvrages présentés à l'Académie par ce savant. 245, 244 Repenties, 80, 81, 82. Résumptions, où Comptes rendus des travaux de la classe. 125, 1806. Rhenfert, cité, 35. Rivalz (Jean-Pierre), peintre, — Reçoit des leçons d’Ambroise Fre- deau. 157. Rivalz (Antoine), fils du précé- «dent.—Admet Subleyras au nombre de ses élèves. 160. Son buste; — inscription qui devait être placée au-dessous. 182. Roaix (Bertrand de), troubadour toulousain. — Notice sur ses ou- vrages. 117, 118. Robertson. 128. Ronsard. 77. Roquerorr (M.nr), correspon- dant. — Son glossaire de la langue romane; — son mémoire sur la né- cessité d’un glossaire général de l’ancienne langue française. 244. Rosinus, cité, 69. Rossat, sculpteurtoulousain. 125. Rouprs pe BErrrAC (M.).—L’A- cadémie décerne un prix à ce sa- vant, en 1767. 6. Rudbeck, cité, 35. Ruscino, ancienne ville, 21. Sacon, montagne des Pyrénées. 85. Sacer (M. DE), membre de l’A- cadémie. — Ses travaux. 4, Son mémoire, intitulé : Toulouse. sou- terraine. 43. Sacrr (M.nr), fils du précédent, et comme lui membre de l’Acadé- mie, dans la classe des sciences. 43. Sallnste, cité, 141. Saintes. — Antiquités de cette ville, publiées par M. le baron CHau- DES NOMS ET DES MATIÈRES, DRUC DE CRAZANKNES , Correspon- dant. 58. SAINT-AmMaANs ( M. pr), membre de l'Académie, forme un médailler précieux, que la Compagnie pos- sède encore. 4, 205. Sainr-Amaxs (M. Boupox pr), correspondant, — Ses notices sur les monnaies anciennes trouvées dans les environs d'Agen: — son rapport sur le manuscrit de Beau - ménil; — son essai sur les antiquités du département de Lot-et-Garonne. 244, SAINT-JEAN (M. l'abbé), membre de l’Académie. — Ses essais sur la philosophie de l’histoire; — sur les moyens de mettre l’histoire en ac- tion; — sur la question de savoir si Phistorien doit cacher ou dévoiler les vices des grauds hommes. 127, 128, 1209, 150, Sa notice historique sur Sylla, 140, 141. Son mémoire sur les assemblées publiques des Académies. 161, 163. Son discours sur l’organisation d’un nouvel Athé- née. Zbid. Ouvrages imprimés pré- sentés par cet Académicien, 244, 245. Sanchoniathon, cité, 22. Sardones.— Recherches sur leurs antiquités ; par M, Purccart, cor- respondant, 41, - Saturnin (Eglise de Saint-), à Toulouse. — On assure que cette basilique est construite sur l’ancien lac de cette ville; — recherches à ce sujet; — elles ne produisent que la découverte d’un puits. 16, 17 et suiv.; 86. La chapelle sépulcrale des comtes est adossée à cet édifice. 90, 91, 92. Bas-reliefs qui provien- nent de cette église. 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 109, 104, 111 et suiv.; 124, 192, Saumaise, cité, 74. Saxanus ( Antonius) élève un autel au Dieu Teotani. 13. Scaliger. — Ses découvertes. 12. Il copie plusieurs inscriptions avec peu d’exactitude. 13. Sciarra Colonne, 14. Sciences. — Avantages qui résul- tent de leur culture. 173, 174. Cau- ses qui en ont retardé les progrès. 27 I 176, 177, 178, 150. Leur influence sur la prospérité publique. 179, 180, Scylax. 39. Sébaste, — La ville d’Ancyre prend ce nom pour honorer Âu- guste. 20. Seigneur des Cieux , épithète donnée au soleil. 22, Semita. 52. Senèque. 72. Sentetz (M.), inspecteur des an- tiquités du département du Gers, conservateur de la bibliothèque pu- blique d'Auch. — Sa notice histo- rique et descriptive de l’église de Sainte-Marie. 57, 58. Septizonitum. 68. Serana.— Son fils Primulus lui consacre un monumentsépulcral. 61. Seroius, père de Julia Pau- lina. 14, 15. SErMErT ( Le P.), membre de l’Académie. — Ses travaux. 5. Me- moires présentés par lui. — Notice sur sa vie, 221, 222. Sertorius. 25. Sex- Arbor. — Autels élevés à cette déité, retrouvés par M. ou Mècs. 12. Seysses, village du département de la Haute-Garonne, qui, suivant quelques géographes, n’est pas dif- férent des Aquæ Siccæ de l’Itiné- raire. 45, Siconius. 133. Sidonius-Apollinaris, cité, 3, À 104. Simon de Montfort fait raser les remparts et les habitations de Montpezat. 03. Sirmond (Le P.). — Ses décou- vertes. 12. Socrate. 180. Soleure, — On y trouve un mo- nument chargé de lÆscia. 75. Sostomagus. — Mutation sur la voie de Toulouse à Narbonne. 40. Souchay (L'abbé de), réfuté. 143, Spanheïm, cité, 33. Strabon. — Ce qu’il nous apprend sur le dessèchement du lac de Tou- louse. 15-26. Ce qu'il dit sur les limites de la Gaule et de l’Ibérie, et sur les habitans de cette dernière contrée. 39, 40, 41-45. 272 Subleyras ( Pierre). — Notice sur ce peintre célèbre, par M, Mar- LI0T. 100. Suétone, cité, 70, 72. Sulminis, aujourd’hui Salyasa. — Station ou mutation sur la voie de Toulouse à Narbonne, 49. Sulpice Sévère, cité, 75. Sylla. — Remporte une victoire sur les Volcæ-Tectosages, 15. No- tice historique sur ce grand capi- taine, par M. l'abbé Sarnr-JEAN. 140, 141. Taiïllasson (Gaillard), ou Ha- thelin, Roi des violons de France. — Notice sur ce musicien, par M. le baron pE Lamorne-Laxcox. 154, 155. Tarax (M.), membre de l’Aca- démie, fait la Résumption des tra- vaux de la classe, 125, 126. Son rapport sur la Description des Py- rénées. 107, 168, 169. Son dis- cours de réception à l’Académie des Jeux Floraux. 245. Ses éloges de Clémence Isaure et de M. Jamme. 194 et 245. Sa Semonce ou discours d'ouverture des Jeux Floraux. 245, Son plaidoyer pour M. Didier Fualdès, et son Mémorial de juris- prudence, 245. Son Eloge de M. Carré et son Rapport sur le con- cours de 1825. Zbid. et 246. Talbot, — Sa tombe, près de Castillon, est enlevée. 110. Tau.— MM. de Tersan et Carza croient y retrouver l’origine de l’Ascia des tombeaux. 75, 76. Tanroboles. — Description de ces sacrifices. 29, 30. Tectosages (Volcæ-). — Jetaient leurs trésors dans un lac sacré. 15. Sont vaincus par Sylla, lieutenant de Marius. A0 aux T'rocmi et aux Zolistobor , 1ls fondent un empire dans l’Asie mineure, 18, 19. Leurs antiquités religieuses. Lhid. et 20. Sont les premiers habitans connus de Toulouse, et n’ont point conquis cette ville sur les Ibères; — les lieux qui, dans l'Espagne, portent le nom de Tolosa , l'ont reçu des colonies gauloises qui s’y sont établies, 39, 40, 41. TABLE Templiers. — Placent sur tous leurs monumens le monogramme de Christ; — leur couvent, à Salau, dans les Pyrénées, décrit par M. PA- GÉs. 95. Avaient établi des hospices sur les diverses routes qui condui- saient à Jérusalem, 137. Le chan- celier Guillaume de Nogaret a la plus grande part à leur condamna- tion. 149. Teotani , Dieu gaulois découvert par M. pu Mècr. 15. Térence, cité, 73. Tersan (M. l’abbé de), savant archæologue. — Son opinion sur la formule Sub Ascia dedicavit ou dedicaverunt. 75. Thabian ou Thabor, Roi fabu- leux de Toulouse. 131. Thébeth, dixième mois de l’an- née religieuse des Israélites, et le quatrième de leur année civile. 106, 107. Théodore Studite ( Saint), — Dom »’Ouve publie une édition des ouvrages de ce Père. 223. Théodore, Prince Juif et rabbin, ui, selon Benjamin, de Tudela, était issu de la raee de David. 106. Théogonies (Recherches sur les), par M. PAGÉs. 11, 124 Thermes Onésiens. — Doivent être fixés à Bagnères-de-Luchon. 45, Théta ©, lettre grecque placée avant les noms des morts. 6o. Tholus , ou Tolus , prétendu fondateur de Toulouse. 131, 222. Tibère, 70. ; < Tolistoboi, peuple gaulois, allié des Volcæ-Tectosages et des Troc- mit. 18, 10. : Toulouse. — Les poètes Martial, Ausone et Sidonius Apollinaris , lui donnent l’épithète de Palla- dienne. 3. Capitale des Volcæ-Tec- tosages, du royaume des Visigots et de celui d'Aquitaine. Zbid. et 4. Ses annales, par La Faille, conti- nuées par MM. Tüurce-L’ARBRE- Pix, Bousquer et Raynar. Zbid. Son enceinte antique retrouvée, Tbid. et 42. Etat des sciences et des arts à Toulouse sous les Rois Visigots; — lois et mœurs de cette ville pendant la domination de ces DES NOMS ET DES MATIÈRES. Princes. 6. Ancien lac de Toulouse, desséché par les Romains. 15. Ber- trand et Chabanel croient pouvoir assigner la place qu’il occupait. 16. M. DE MonrÉGur rapporte une anecdote d’après laquelle ce lac existerait encore sous la nef de l’é- glise de Saint-Saturnin. Zbid. Mé- moire sur ce sujet, par M. Laupres. Ibid. Recherches pour retrouver ce lac, par MM. Laurres et pu MÈècE ; — elles ne font découvrir qu’un puits et deux issues voutées qui y conduisaient. 16, 17. D. Mar- tin croit que le lac de Toulouse était renfermé dans le lieu où l’on éleva dans la suite l’église de la Daurade ; — M. Mazrior réfute cette assertion. Zbid. et 17. Opi- nion de Fréret et de Ménard sur la fondation de Zvlosa ou de Tou- louse, qu'ils attribuent aux Ibères. 39, 4o. M. nu MÈèGE, d’accord en cela avec D. Martin, cherche à prouver que Toulouse n’a pu être. fondée que par les Volcæ-Tecto- sages, auxquels on doit accorder aussi l'honneur d’avoir bâti les villes qui, dans la péninsule hispanique, Jortent le nom de T'olosa. Ibid. et 1. Système des eaux vives con- duites autrefois dans Toulouse ou qui coulaient à sa surface, et re- cherches sur les anciens aqueducs qu’elle possédait ou qui y existent encore, par M. Laupres. 42, 43. Quantité d’eau conduite dans Tou- louse lorsque cette ville était sous la domination des Romains. 44, 45, Mémoire de M. pe Sacer à ce sujet. ÆZbid. Amphithéâtre de cette ville; — les capitouls le font abattre en partie en 1565; — notice sur ce monument, par M. ou Mècr. 43, L’Académie prend des mesures pour la conservation de ce qui reste en- core de cet édifice. Zhid. En s’éta- blissant à Toulouse, les Romains paraissent avoir affectionné parti- culièrement la partie de cette ville qui est. placée sur la rive gauche de la Garonne ; — voies qui, de Toulouse, conduisaient à Lactora (Lectoure) et Auscius (Auch). 44. Bains antiques ; — pont de la Ré- 273 ine Pédauque. Ibid. Mémoire de $r pu Mice sur la voie militaire de Toulouse à Beneharnum. 45. Autre, du même Académicien, sur la voie qui, de Toulouse, condui- sait vers l'Espagne, et, en for- mant une bifurcation, vers l’Ita- lie; — colonnes milliaires trouvées sur la partie de cette voie en- elavée dans le département de la Haute-Garonne; — stations qui y existaient, retrouvées; — expli- cation des inscriptions gravées sur les colonnes milliaires qui y ont été découvertes; — fixation du Fines de la cité des Tolosates. Ibid. et 46, 47, 48. Mémoire de M. pu Mècr sur la prolongation de la voie qui, de Tolosa , conduisait en Italie, dans les enclaves du dépan- tement de l'Aude ; — tracé de cette voie. Zbhid, et 40.. Anciens cime- tières de Toulouse connus jusqu’à résent. 56. Autre, retrouvé dans ’ancieu faubourg des Augustines.— Vains efforts pouren conserver quel- ques monumens. /bid. Bague anti- que trouvée dans celui qui porte le nom de Feretra. Ibid. et 57. Des- cription de l’église Saint-Etienne de Toulouse, par M. Mazzror. 77, 78. Autre description de cet édifice, par M. ou Micr. Zbid. Porte-peinte de Toulouse. 58. Notices sur lé- glise de la Dalbade, sur le couvent des Augustins, sur celui des Repen- ties, et sur la maison des dames d'Andoin, à Toulouse, par M. Mazxior. Zbid. et 70, 80, 8r, 82. Chapelle sépulcrale des comtes de Tonoué ; — sa description; — tombeaux qui y sont renfermés ; — notice de M. nu Mic, sur ce mo- nument ; — sur sa demande, l’Aca- démie sollicite et obtient la restau- ration de ce sacellum. 89, go, 01, 92. Bas-relief symbolique, ou zo- diaque de l’église Saint-Saturnin, décrit et expliqué par M. pu Mice. 06, 97: 98, 09, r00, 101, 102. Autre bas-relief symbolique pro- venant aussi de Saint-Saturnin, et expliqué par le même auteur. 7 bd. et 103, 104. Juifs de Toulouse, habitaient la rue nommée Vouts- 18 274 Aigues, 06. Inscription hébraïque trouvée à Toulouse. 108. Palais de Justice de &ette ville, bâti sur les ruines d'une forteresse romaïne ; — les comtes de Toulouse l'ont habite; -æ notice de M. Marziot, sut te monument, 108. Richesses Hhtté- raires que possédaient les églises et les monastèrese Toulouse. 111. Evangélistaire de Charlemagne conservé dans le trésor de l’abbaye de Saint-Saturnin; — description de ce précieux manuscrit, par M. Vabbé J'anomr. 112, 115, 114, 115. Troubadours de Toulouse ; — no- tices sur plusieurs d’entr'eux , par MM. ou Mics et le baron DE Lamorne-Lancox. 116, 117, 118, 119, 120-145. Bibliothèques publi- ques de Toulouse ; — leur origine, par M. Marzror. Zbid.et 121, 122. Erreurs de M. Mixx sur Tou- louse, réfutées par M. l'abbé Jane. 392, 123, 1924, u25. Roïs fabuleux -de Toulouse; — mémoire à ce sujet, par M. le baron nE Lamornr-Lax- -Gon. 130, 131, 132. Capitouls de Toulouse ; — recherches histori- ques sur ces magistrats, par M. Marion. 133, 194, 130. Artistes nés à Toulouse auxquels on doît les ouvrages qui ont embelli cette ville. 7oy. Fredeau (Ambroise), Lèbre (André), Pacquier (Jean), Michel (Jean), Subleyras (Pierre), Camimas ( Guillaume ), et Cammas {L. F. T.). Trocmi, peuple gaulois, allié des Tectosages ‘et des Tolistebor. 18, 19 Troubadouwrs. —- Leur langue; — la compagnie des Sept Troubadours seforme à Tonlouse; — prix qu’elle distribue. 116, 417, 118, 119, 120. Turze-1’ArBRe-Pix (M. br), membre de l’Académie.— Travaille aux annales de Toulouse. 4, Notice sur ce savant, par M. le baron Prcor DE LAYEYROUSE. 202, 203, 204, 209, 206, Turnèbe, cité, 72. Turons des Maures. 31. Turpm (le comte de}, auteur de plusieurs ouvrages. 202. TABLE Tutèle. — Autel consacré à ce Dieu. 28. é Typhon. 160, 103, 104. Uztarros, cité, 33. Vaissette (Dom), historien. 13g. Valbonnais, cité, 74. Valentinien (L'Empereur). 48. VazckeNaEr (M.), membre de l’Académie des Inscriptions, 36. Vallier (Mont Saint-), montagne du Conserans. 23. Croix placées sur son sommet. 02, (5. Varagne, ancienne famille du Languedoc. 218. Varron, cité, 22. Vuscones. — Leur invasion. 158. Velasquez Re Joseph). — Son essai sur les alphabets des caractères inconnus ‘qui se trouvent sur les monumens de la péninsule, traduit et commenté par M. nu Mice.55, 56. Venuti (L'abbé), cité, 57. Vetus (Pons), à Narbonne, dé- crit 53. Vrapo (M. nE), correspondant, _— Son mémoire sur l'architecture européenne. 77. Vic-Fezensae, petite ville du dé- partenient du Gers. 54. Vicinales (Viæ). 52. Vidal (Pierre), troubadour. — Notice historique sur ce poète, par M. le baron D£ Lamornr-Laxcox. 149, 146, 147. Viguier (Paule de), plus connue sous le nom de Belle Paule. — Notice sur cette dame, par M. le baron pe Lamornr-LANGON. 140, 150, 151, 152, 153. Vrineneuve ( M.le marquis DE), membre de l’Académie.— Ses éloges de M. pe Garnoucn-BELEsrATr, et dé Clémence - Isaure. 218, 219, »20, 221. Son discours à la Société d'agriculture. 246. Villon. 77. Vivet, cite, 57. Virgile, 142, 160, 170. Visellia.—%oi différente de celle qui est indiquée sous ce nom dans le Code, où chapitre inconnu de cette loi sûr les Cwratores Viarum. 68, 69, 70. DES NOMS ET DES MATIÈRES. Visellius Varro, consul. — Loi qui porte son nom, 69. Visigots. — Recherches sur l’état des sciences et des arts, à Toulouse, sous les Rois Visigots. 5, 6. Vitruve. 76. Voies antiques. 44, 45, 46, 47, 48, 40. ä Na Voy. La Volta( Guillaume e). Voltaire. 128, cité, 129. — Ses différendsavec M.pt BELESTAT: 210, 220. Phi, ami de Brutus. 141, 149. 275 Wamba.— Ce Prince chasse les Juifs. 105. Witiza. — Protège les [sraélites. 109. Zodiaque. — Mémoire sur le zo- diaque, par M. Dispan. 21. Zodiaques ou calendriers sym- boliques de la basilique Saint-Sa- turñin de Toulouse, et de quel- ques autres églises. 96, a7, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104. Zmüiga (Don), son opinion sur la langue basque. 34. FIN DE LA TABLE DES NOMS ET DES MATIÈRES. ERRATA. Page 20, ligne 30, — 21, ligne 8, — 1, ligne 31, — 42, ligne 10, Puicarer, Usez Puiceanx. CnCCCRON5082686E5666 CUCECLETEETIPCOECEEES \ & à &° ts; # s œ > œ 4 L2 4 S œ œ 2 ® ei ® æ ® 3 ® |, œ 2 œ œ œ oœ > œ a œ œ a œ œ (1 ® a >|) a œ a œ o e L-J a o @ LL] L2 œ œ LJ a a|! 990999969900990060900099099908 D290090008009990606000009609000000009409000290696009099599999 = 7 À D AT hr 2. Le . -. s 74! er En