VENT S TOLT R EF MEN AFF ON RES BE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES PHYSIQUES JD E JL A US 4 N° N° Ée MES ROIRE FE: T MMQOIRES D'EÉ"LA ESMOITET DVE'S SCIENCES ÈS DE LAUSANNE. en Te EL (ft TOME SECON D. CZ ee =" 141) ANNÉES 1784,178$ & 1786. A. A ANU: SVANT NE; D 647 M OUR ER MEET R A1 R £ nn M. DCC. LXXXIX. | % & LA ©. M.° Par Le 2] 2 uk Fee à ae: a. M RE LE HE Fi | noie CS a — a ) — =) POUR ÉPÉETÉ SbrO.R-E. ANNÉES 1784, 1785, 1786. LIRE Se Le | IT S LOL ARTE, PHYSIQUE GÉNÉRALE, Sur le phofphorifine des corps du règne minéral par le frottement. Page 14 Sur la falubrité de Pæir des Villes, par le pavement € le netroyement des vues. 1 Sur l'influence des Ajires, © en particulier de la Lune [ur les végétaux. 17 HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. Sur la difiinifion des efpèces dans les Animaux quadrupedes. 19: Sur le Bouquetin des Alpes de Savoye. Ibid Sur le Lièvre de montagne ou le Lievre verficolor. 20 Sur le Ver luifant. 21 Sur les Cétacés. 23 OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. Sur læ Méfange huppée. 24 Sur un bois de Cerf monflrueux. 2$ Sur une Tête €ÿ des Cornes foffiles d'Irlande. 27 BOTANIQUE: Sur la fruélification des moules. 28 Sur deux nouvelles efpèces de Plantes. . 30 ZI Obfervations botaniques, [ur les racines d'un vieux prunier. I TAN UE: Dress uns. VAS MINÉRALOGIE. Sur ‘la pierre de Goumoëns. Page 34 Sur une pierre cuivreufe qui a reçu un poli naturel, ES que l'on trouve fur le grand St. Bernard. Ibid. Obfervations minéralogiques fur les rapports faits par les eaux de la mer fur les Côtes de Hollande. 35 CHYMIE. Sur le borax E$ le [el fédatif. 36 Sur Pacide phofpherique , les fels phofphoriques € leurs ufages dans les Arts. 38 Sur une nouvelle Théorie des fources falées €ÿ du roc falé, avec un examen des felines du Canton de Berne. 40 Sur l'exploitation des fources falées du fondement, dans le Gouvernement d'Aigle. 46 Sur lanalyfe des eaux en général, © en particulier fur celles de St. Eloy €ÿ de Brättelen. 47 Obfervations chymiques, 1°. fur l'acide du bouleau. 49 2°. Et effai pour faire de la pyrite artificielle. so 32. Sur les mines de métaux natifs fous forme calcaire. 52 4°. Sur les eaux de Leyde. Ibid 5°. Sur la Chaux. sa 6°. Et expériences fur lefuc gaflique. Corrections € additions aux Mémoires [ur Panalyfe des eaux, pour l'année 1783. 1bid AGRICULTURE. Sur le Man, ou Ver blanc. 59 Sur l'eau la plus pure à la végétation. 60 Sur la carie du froment € les moyens de la prévenir. 61 Obfervations d'agriculture. Expériences fur Les fréquens labowrs des terres légéres. 63 RE M É TÉOROEOGIE | de: Sur Pimportance des obfervations météorologiques en Suiffe. 65 ORTHOPÉDITE. Sur les nouveaux moyens méchaniques propres à prévenir, borner €S même cor- (D'IMANRB LEINE;: 111 riger dans certaies cas, les courbures latérales © la torfion de l'épine du dos, Page 66 HOT D'RIAULIQUE Sur une nouvelle machine pour élever l'eau. 67 GÉOMÉTRIE. Sue les inflrumens qu'on employe dans les Mines. 6 Nouvelle méthode de lever la carte d'un pays montagneux. Ibid, ARITHMÉTIQUE POLITIQUE. Sur la population de la Paroiffe d’Aigle. 65 Afémoires €3 ouvrages imprimés , préfentés à la Société. 72 Eloge de M. Decoppet. 73 Le s À Le + sara « 1 } dl k è " * Pi fie LM 4 1 th din din fi FL 1e Lis RS ht aan Ÿ Le SU A torts AE 1 “ del L 1% N dt. 2 146 et 4: Ve ne = h à + aie on A C1 pe je hs QD oi # Wir À MUAES FQUES HAN Cet à LE EE EDR H I ST © I R E PE LU SO CLETE DES SCIENCES PHYSIQUES ; DE LAUSANNE. A Mont ess Er OMS Arr oi GE "EN7 GO: a —— —_—_——_—————— Sem meme FLE. SALON EUM Æe | ER la fociété publia én 1784, le premier volume de fes mémoi- res , elle n’avoit pas encore acquis une confiftance fixe & durable; elle ignoroit fi cet établiffement, formé par le zele de fes membres pourroit fe foutenir , mais elle fentit. que le feul moyen de hâter fes progrès , étoit de lui donner une exäftence dans le monde favant ; par la publication de fes travaux: Maintenant, que fon inftifution patriotique a pris plus de fo- lidité, & que l'accueil flatteur qu'on a bien.youlÿ faire à fes mémoires lui a donné ce zèle & cette ardeuE-nécefaires pour créer, foutenir & faire profpérer un établiffement de ce genre, elle croit devoir mettre fous les yeux du public fes ftatuts & réglemens, ainfi que la lifte de fes membres. Comme elle a penfé que les favans qui ne s'occupent que d’une partie des fciences naturelles, & les fimples amateurs de ces fciences, verroient avec plaifir qu’on leur facilita les moyens de connoitre ce qui a été fait & _ découvert dans les parties qui ne font pas de leur reflort, ou qu'ils n’ont + pas approfondies , elle a joint un réfumé hiftorique qui contient les ex-- Tome TL. è (A) 2 HS Ur 0 VIMRIE CDUEL AL AUS ONCULREMTIE traits des mémoires imprimés , & les obfervations qu'on a communiquées à ja focicté fur les différentes fciences dont elle s'occupe. La fociété invite les divers favans de la Suifle à concourir avec elle aux progrès des fciences dans leur patrie , en lui envoyant des mémoires qu’elle fe fera un plaifir de publier. Elle accueillera de même l’agriculteur & l’artifte qui viendront lui prélenter les fruits de leur application , de leurs rédexions & de leur expérience. Elle s’empreflera de contribuer au- tant qu’elle le pourra aux avantages qui peuvent en rélulter pour eux. Elle les recevra même au nombre de fes membres, quand ils fe diftingueront par leurs talens & par leurs connoiflances; & ce fera pour elle la plus douce fatisfadtion de voir fiéger dans fes aflemblées l'honnète agriculteur, & de re. cevoir fes avis, fimples comme fes travaux & fazes comme la nature qui lui fert de guide. Si elle peut par fon zele & fes efforts fecouer quelques étincelles du flam- beau de lémulation dans le cœur de fes concitoyens ; fi elle peut en leur donnant le défir de s’inftruire, contribuer aux progrès des lumieres dans A fa patrie, elle aura rempli fon but; celui d’être utile, DES Sciences Pays. pr Lausanne. 3 a ———— —— 29) 1 Rue CURE MORT ANS MENÉS O CTETE É Ï Outes les fciences qui entrent dans la claffe des connoiffances phyfi- ques feront du reflort de la Société. Cependant elle s’occupera plus parti- culiérement de l’hiftoire naturelle, de la phyfique proprement dite, de la chimie & de l'agriculture. EVE La Société cherchera les moyens de former une Bibliothèque des divers ouvrages qui traitent des fciences dont elle”s’occupe, un cabinet d’hiftoire naturelle, un laboratoire de chimie & une collection d’inftrumens de phifi. que. Ces divers établiffemens s'ils peuvent avoir lieu , feront à l’ufage des Membres de la Société. HAT, Deux fortes de Membres compoferont la Société, favoir: les Honoraires & les Ordinaires ; ils feront tous élus à la pluralité des voix. 6 M '£ Les Membres Honoraires feront les premiers en rang , & on les invitera à former & à enrichir par des dons gratuits les divers établiffenféns que la Société fe propofe de faire, ils auront voix délibérative dans toutes les Af femblées. Leur place fera à la droite du Préfident , dans l’ordre de leur ré- ception. V. Les Membres Ordinaires feront les Savans , qui voudront bien s'engager à (A) 2 4 Hr s Tor RÉ DE ‘L‘A1 S 6 © 1 € TUÉ travailler pour la Société. Ils feront choifis principalement entre les Phyfi ciens , les Naturaliftes & les Agriculteurs de la Suiffe. Ils feront tenus de fournir un Mémoire par an, fur le fujet qu'il leur plaira, pourvu qu'il ap- partienne aux diverfes Sciences naturelles qui font du reflort de la Société. Ces Mémoires pourront être écrits en François, Allemand, Anglois, Ita. lien ou Latin. Vor. Les Membres Honoraires & Ordinaires feront invités à remettre a la Bi bliothèque de la Société, un exemplaire des ouvrages qu’ils feront inf primer. | VAL La Société admettra à fes affemblées, comme fimples auditeurs, des jeu- nes gens au-deflus de 16 ans, qui montreront un goût décidé pour l'étude des Sciences Phyfiques. Chacun des Membres Dire fera tenu à inftruire ceux de ces jeunes gens qui fe feront voués à la Science dont il s'occupe. LI gt Bi D Ces éleves feront choïfis par les Membres Ordinaires , mais il faudra qu'ils les propofent à la fociété, 4 fe réferve le droit de Les admettre ou de les refufer. Lx. Les Officiers de la Société feront au nombre de trois, favoir: un Pre- fident , un Sécretaire perpétuel, un Bibliothécaire ou Garde Cabinet, qui fera en même temps 77 réforier. X. Le Préfident fera choifi parmi les Membres Honoraires ou Ordinaires qui, réfident à Laufanne, fes fonctions feront de préfider aux affemblées , d’y maintenir l’ordre, & de veiller à ce que les divers Membres & Officiers fa£ fent leur devoir conformément à leurs obligations. Il ne fera en fonction que pendant une année, mais il pourra être continué. "e pes -ScreNces Pays. DE LAUSANNE. $ D E Le Sécretaire fera chargé de tenir les régiftres & la correfpondance géné- ale de la Société ; il aura entre fes mains les Mémoires, Manufcrits, & généralement tous les papiers concernant la Société , & dont il fera tenu de répondre. Sa charge fera pour la vie, cependant il pourra demander fa démiflion en préfentant fes raifons.à la fociété qu fe réferve le droit d’en délibérer. XIE Le Bibliothécaire ou Garde Cabinet fera en même temps Tréforier, fes fonétions feront, 1°. De faire les divers payemens de la Société. 2°. Dar. ranger & d’avoir foin de la Bibliothèque & des Cabinets qui lui feront re. mis, d’après un inventaire fait par le Prélident & le Sécretaire de la Société. 3°. De tenir un catalogue exaë de ce qui fera confié à fa garde, ainfi que des acquilitions fucceiives qui fe feront, & dont il remettra copie au Sé. cretaire. Cette charge fe renouvellera tous les deux ans, mais celui qui loc. cupe pourra Être continyé. XAILL TE ‘ Les affemblées de la Société fe tiendront le Vendredi de chaque fe. maine , le Sécretaire inicrira en fubftance fur fon Régiftre tout ce qui aura été propolé, agité, examiné & rélolu dans chaque féance, ainfi que l'ex trait des Obfervetions & Mémoires remis à la fociété. Ce Régitre fervira à faire l'Hiftoire de la Société. X I V. Chaque affemblée fera ouverte par la leéture du réfumé de ce qui aur# été fait dans la derniere affemblée, & de la copie des lettres que le Sé- cretaire aura écrites au nom de la Société. Enfuite le Préfident fera déli. bérer fur les queftions que les divers Membres auront à propofer; après cela, les Membres Ordinaires feront la lecture des lettres de leurs Corref. pondans, Membres de la Société. La féance fera terminée par la lecture des Mémoires & autres pièces rélatives aux Sciences. 6 HG TDR, (0e 0 AU TS)0)ENMeNES X V. Les Mémoires feront lus par leurs Auteurs ou par le Sécretaire ; il en fera remis au Sécretaire une copie correcte & lifible, qu’il datera & fignera du jour où on la lui aura remile. Cette copie une fois dépofée dans les Archives de la Société, l’Auteur n’y pourra faire aucun changement avant l’impreflion, fi ce n’eft pas forme de fupplément qui fera également figné & daté par le Sécretaire, du jour où il lui aura été remis par l’Auteur. XANT- Aucun des Membres ne pourra faire imprimer dans un Journal, ou d’une äutre maniere, ni communiquer à aucune Académie ou Société, les Mémoires qu’il aura lus ou envoyés à la préfente Société, à moins qu'il n’en ait obtenu la permiflion, au moyen d'un brevet figné par le Préfident & contre-figné par le Sécretaire. VRAI: Les jours d’affemblées ou il n’y auroit point de nouveaux Mémoires à. lire, un des Membres Ordinaires fera chargé à tour de rôle, de com- muniquer à la Société, foit les expériences ou obfervations qu’il aura fai- tes, foit celles qui auront été faites nouvellement par quelques Savans Etrangers, foit enfin l'extrait de quelqu’ouvrage nouveau fur les Sciences Phyfiques. XVI La Société vérifiera par elle-même, ou fera vérifier par des Commiffaires, autant qu'il fera poflible, les faits contenus dans les Mémoires qui lui fe- ront préfentés , & il fera tenu note dans fes Régiftres , de la conformité ou de la différence des réfultats qu’elle aura obtenu. La Société vérifiera de même les expériences nouvelles & intéreflantes qui viendront à fa con. noiffance. XI X. Lorfque la Société le jugera convenable, elle fera un choix des Mé- moîres, Obfervations & Expériences qui lui auront été remifes, elle les fera imprimer en mettant la traduction Françoife à côté de ceux qui au- pEs Sciences PHys. DE Lausanne. 7 ront été donnés dans une autre Langue. À la tête de ce recueil, fe trou. vera l’Hiftoire de la Société , depuis le dernicr Volume qu’elle aura publié & la lifte des Membres reçus durant cette époque. X X. On ne pourra introduire perfonne aux Affemblées de la Société, qu'il n'ait été propofé & balloté. Cette regle ne fouffrira d’exceptions que pour un Etranger diftingué par fes connoiffances , qui ne fera que pañler, & qui n'aura pris ni logement ni penfion en Ville. X XI. Tous ceux qui auront quelques machines ou découvertes à propoler à la Société, pourront y être introduits par le Sécretaire. NB. Les perfonnes qui voudront envoyer des Mémoires, ou leurs ouvrages, à la Société, font prices de les adrefler franc de port à Mr. Berthout van Berchem, fils, Secrétaire perpétuel, Q TÉNSETPOR IS REEUMD RE NA TSI CONIERMAER DE'S M E M 5 R E S. ET use as pere 2039 ge es DUT MEMBRES HONORAIRES. MESSIEURS. MAILLY .. (Ze Duc de) Maréchal de Camp dans les armées de S. M. le Roi de France, Membre honoraire de l’Académie Royale: d'Amiens, &c. BUFFON.. (Le Comte de) Intendant du jardin Royal des Plantes, de: l'Académie Françoife & de celle des Sciences de Paris, de: la Société Royale de Londres, de celle d'Edimbourg , de Pe tersbourg, de l’Académie de Berlin, &c. DAUBENTON, Docteur en Médecine, Garde & Démonftrateur du Cabinet d'Hiftoire Naturelle au jardin du Roi, &c. BERTRAND (Elie) Miniftre du St. Evangile, Membre de la Societé Royale de Londres, des Académies de Berlin, de Gœttin-. gue, de Stockholm, de Florence, de Leipfic, de Mayence de Baviere, de Lyon, de Nancy, de Basle, de la Société Économique de Berne, &c. BARTHEZ, Chancelier de l'Univerfité de Médecine de Montpellier, Mé-- decin confultant du Roi, de l’Académie des Sciences de Paris, de celle de Berlin, &c. VICQ:-r’AZIR ; # pEs ScteéNcEs PHys. DE LAUSANNE. 9 MESSIEURS. VICQ - D’AZIR , Dotteur en Médecine, Médecin confultant de Mfgr. Comte d'Artois, de l'Académie des Sciences de Paris, Sécrétaire de la Société Royale de Médecine, &c. LANDRIANI (Ze Chevalier) Profcfleur de Phyfique à Milan, & de plufieurs Académies. KIRCHBERGUER, de Gotftadt, Membre du Confeil Souverain de la Ville & République de Berne, Membre de la Société Économi que de la même Ville. CESNER. . Préfident de la Société de Phyfique de Zurich, ancien Prot.fleur de Mathématiques , & d’un grand nombre d'Aca- déinies. Ÿ SCHINTZ (Rodo/pb) Secrétaire de la Société de Phyfique de Zurich & Membre de plufieurs Académies. MIEG.... Doëteur en Médecine, Préfident de la Société Helvétique de Basle, & Membre de plufieurs Académies, &c. MIEG.... (Michel) Médecin de Son Altefle Sérénilfime le Prince de Naffau Weilbourg, Membre de la Société Phyfique & Phy fico-Médicale de Zurich & de Basle. BERNOULLI(Dawiel) Sécrétaire de la Société Helvétique de Basle , Docteur en Médecine eg MEME de plufieurs Académies. RAHN ... (Jean Henri) Profeffèur de Phyfique & Mathématiques à à Zurich, Doteur en Médecine, & Membre d'un grand nombre d’Académies, SAMOILOW/ITZ, Aff:fleur des Collèges de S. M. I. de Toutes les Ruflies, Docteur en Médecine , Chirurgien Major du Sénat de Mofcou, Affocié des Académies de Dijon & de Nifmes, du Collége Roval des Médécins de Nncy, Correfpondant de l’Académie Royale de Chirurgie de Paris, des Académies de Touloufe & de Padoue. JAIN .... Confeiller à Morges. Tome IL. | di (B) » 10 Ey s'TO Nm RE DEN LAS S'OLGLETÉ MESSIEURS LE GENDRE, Membre du Mufée de Paris, D'ERLACH, Baron de Spietz. BONNET.. de la Société Royale de Londres, de l’Académie Royale ° de Suède, de l'Inftitut de Bologne, Correfpondant de l'A. cadémie Royale des Sciences, & des Sociétés Royales de Montpellier & de Gôttingue. DE SAUSSURE , Profeffeur émérite de Philofophie des Académies Royales des Sciences de Stockholm, de Turin & de Lyon, de la So- ciété Royale de Médecine de Paris, de l'Inftitut de Bolo- gne, des Académies Royales des Sciences & Biles-Lettres de Naples & de Dijon, de l'Académie Electorale de Man. / heim, de la Société Patriotique de Milan, de celles des Antiquaires de Calfel, des Curieux de la Nature de Berlin, & Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris. ZIMMERMAN, Profeffeur d'Hiftoire Naturelle à Brunfwick & Membre de plufieurs Académies. DE SAUSSURE, Juge Préfident à Laufanne. | MEMBRES ORBDINATRES. MESSTEURS VERDEIL, (François) Doéteur en Médecine, Membre de la Société Royale de Médecine de Paris, des Sociétés Phyfiqnes & Phyfico-Medicale de Zurich & deBasle, de la so Mé- téorologique de Manheim , &c. RAZOUMOWSKY (Le Comte G. de) Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Turin, affocié étranger de la Société Agraire de la même ville, Membre des Sociétés is & Phy- fico-Medicale de Zurich & de Basle. pes ScrenceEs PHys. DE LAUSANNE. 11 MESSIEURS FRANÇOIS, Profeffeur de Phylique à Laufanne, Membre de la Société de Phyfique de Zurich, Aflocié étranger de la Société Agraire- de Turin. STRUVE .. Profefleur de Chymie à Laufanne, Membre de la Société conomique de Berne, aflocié étranger de la Société Agraire de Turin. BERTHOUT vax BERCHEM, Alocié étranger de la Société Agraire de Turin, Anc. Membre du Confeil Souverain de la Province d'Hollande: BERTHOUT van BERCHEM, fils. (Jacob Pierre) REYNIER . Membre de l'Académie d'Orléans, de la Société Batave de’ Rotterdam , &c. LEVADE .. Doéteur en Médecine à Vevey. SENEBIER . Miniftre du St. Evangile, Bibliothécaire de la République: de Genève, Membre de plufieurs Académies. VENEL . . . Docteur en Médecine, Démontftrateur public d’accouche. mens, penfionné de l'Etat de Berne, & Membre de la So. ciété Économique de la même ville. WILD... Capitaine-général des Mines du Canton de Berne, de la So. ciété Royale de Londres. EXSCHAQUET, (Charles) Diré@eur-général des Fonderies du Haut-Faucigny, | Membre de la Société Économique de Berne. CADET pr VAUX, Membre du Collège de Pharmacie de Paris. PARMENTIER , de la Société Royale d'Agriculture de Paris. DE COPPET . (Le Doyen) Miniftre du St. Evangile, de la Société Écono.. : mique de Berne. WITTENBACH, (S.) Miniftre du St. Evangile, de l'Académie Royale de Stockholm & de la Société des Curieux de la Nature de | -— Berlin: ù CB) 2: 12 H 4:15. T<013 KR & 2 DE -La:S:0c71XxET É MESSIEURS. DANA. . Doéteur en Médecine, Profefleur de Botanique à Turin, Membre de l'Académie Royale & de la Société Agraire Fes la mème ville & de plufieurs autres Académies. : AM- STEIN, Docteur en Médecine, Membre de la Société Économique MERCK. . : GOSSE ::: des Grifons, &c. Confeiller de guerre de S. A. S. le Prince de Heffe. Darmftadt. . (Albert) de Genève. BERTHOLON, Profeffleur de Phyfique Expérimentale des Etats - généraux de ja Province de Languedoc, des Académies Royales des Sciences de Montpellier, Lyon, Beziers, Marfeille, Nifmes, Dijon, Touloufe, Bordeaux, Rouen, Rome, Madrid, Heffe-Hombourg, &c. DE LIMBOURG, l’ainé, Docteur en Médecine de l’Univerfité de Leide , BURTIN TINGRY VOLTA TE DAVALL . HŒPFNER Membre de Ja Société Royale de Londres, de la Société Roÿale de Médecine de Paris, & de la Société d'Emulation de Liège, &c. .. (F. X.) Médecin Confeillèr de feuS. A. Royale le Duc de Lor- raine, &c. des Sociétés Royales de Médecine de Paris & de Nancy, de PAcadémie des Sciences de Harlem, de la Société Provinciale d’'Utrecht. . . Membre du Collège de Pharmacie à Genève, Démonftra teur en Chymie & en Hiftoire Naturelle, Minéralogique, Membre & Correfpondant de plufieurs Académies. . Noble Patricien de Côme, Profeffeur de Phyfique à Pavie & Membre de plufieurs Académies. . Gentilhomme Anglois, à Orbe. , des Sociétés de Zurich, Berne, & Basle, des Curieux de Ja Nature à Halle, & de la Société Royale de Gœttingue. DS DES SCIENCES PHys. DE LAUSANNE. 13 TE | a —_—— fn R'At PONIPFAAUT-T A UR .S DE LA SOCIÈTÉE MESSIEURS. Le Courte G De RAZOUMOWSKY. Le Docreur VERDEIL. Vax BERCHEM, PERE. REYNIER. Le Proresseur FRANÇOIS. Le ConsEeiLLrer JAIN. TINGR Y. TOLLOT. BURTIN pe BRUXELLES. 14 HrSTOtTRE DE LA SOCTE T É SSS a PIHXSIQUÉ G É NÉ R A Le Eo ER ————— me t—…à = i Sur le phofphorifine des corps du regne minéral par le frottement (a). Le RE Me GS des propriétés les plus fingulieres des corps, c’eft la lueur phoË. phorique qu’ils répandent, foit fpontanément par l'effet d’un mouvement fermentatif interne, comme le bois pourri; foit par limbibition de la lu- miere, comme les diamans; foit enfin par le frottement, comme les corps. dont il eft ici queftion. La nature-de -cette lueur finguliere dont a caufe eft le frottement , n’eft pas encore connue ; probablement ce phénomène: tient de bien près à ceux de l'électricité (h), mais n’hafardons pas des conjettures , bornons-nous à recueillir des faits, & voyons avec M. le Comte de Razoumowski, quels font les corps fufceptibles de-ce phofpho-. rifme, & la maniere dont il fe développe. La nombreule fuite d’expérien ces qu'il nous préfente fur différentes fubftances , terreufes, pierreufes, mé: talliques, bitumineufes, & en un mot , Îur prefque toutes les fubftances du regne minéral nous prouvent qu'il en eft un plus grand nombre qu’on: une l a (a) La les Mémoires, p. 13. {b) L'analogie entre la lueur phofphorique & les phénomènes de l'élé@riciré, fembie être’ codée par quelques expériences de Mr. Tralles, Profefleur de Phyfique à Berne, & qu'il nous à communiquées dans une lettre du 6 Février 1787. Ayant frotté deux morceaux de quartz ,.. V’ua contre l’autre , au-deffus d’un électrométre de Mr. de Saufure, couvert de fon parapluye ; F ilavu, au bouc de quelques minutes les boules de fureau, diverger & donner des fignes évi- dents d’une électricice qui ne fe produit que lentement & qui n’eft jamais bien forte. Cette elec- tricité elt négative. Un morceau de fucre frotté contre- un morceau de bois, communique beau- coup >lus promprement une éle@ricité plus forte, qui eft pofitive & par conféquent contraire à celle du quartz. MF Tralles s’eft afuré que cette électricité ne provient pas du frottement des a cules du quartz & du fucre contre le parapluye Mais ce qui pourroit faire croire qu’il y a ici unmélange de la lueur phofphorique & de la lueur éle&rique , c'eftaue Mr. le Profelfeur Lich. tenberga obrenu également une lueur en frottant deux quartz dans l'eau. p£s Scrences Pnys. DE LAUSANNE. If . ne l’avoit cru jufqu'à préfent qui font fufceptibles du phofphorifme par frot: tement. M. le C. de R. s’eft fervi ordinairement pour frotteur de quartz ou de verre blanc & tranfparent, & il fait voir que la couleur de la lueur phofphorique & fa vivacité dépendent beaucoup de la nature du frotteur & de fa furface polie ou raboteufe. IL montre que lorfque la furface eft un peu raboteufe fans préfenter de trop grandes inégalités , la lueur eft plus vive. Que la couleur rouge de la lueur paroit être affedtée aux pier- res dures, quartzeufes & filiceufes. Que les fubftances métalliques , les pierres fuGbles & "fortement colorées, & les fubftances bitumineufes don- nent une lueur plus on moins bleue. Que la lueur du verre eft fans cou- leur, mais que plufieurs corps donnent avec le quartz une lueur qui tient de la fienne & de la leur propre. Qu'enfin le frottement développe dans les métaux l'odeur qui leur eft naturelle. ge _ SUR LA SALUBRITÉ DE L'AIR DES VILLES, par le pavement €$ le nettoyement des rues. r eft fans doute peu de fujets plus intéreffans pour l'humanité que la falubrité de l'air des villes; il n’en eft point de plus digne de fixer l’atten. tion des phyficiens. C’eft quand les fciences s'occupent des moyens de fou. lager l'humanité, ceft quand elles cherchent à purifier cet air que les hommes entaflés dans les villes corrompent continuellement , qu’elles font alors nos véritables bienfaitrices, & qu’elles ont droit à notre refpett & à notre reconnoiffance. Elles forcent l'ignorant qui en médit à le taire, & elles offrent des motifs d’encouragemens aux favans, en leur préfentant les moyens de fe rendre utiles. M. l'abbé B:rtholon (c) ne s'occupe ici que du pavement & du nettoye. ment des rues, il fe réferve à parler de tout ce qui peut contribuer à la falubrité de l'air des villes dans un autre ouvrage qu’il publiera fur cet ob. jet. Son mémoire eft divifé en deux parties: dans la premiere , qui traite de GE TOP CRETE EEE CLOS IRUIR I SEEN LI ET DUREE SET LÉSEÉ dé æ= -Gc) Voy. les Mémoires, p. 277. 16 HisTotre DE LA Soc1zEeTé* l'art de paver , il examine d’abord la nature des cailloux que l’on doit em: ployer pour les pavés, & il donne la préférence aux quartz, aux filex & aux grès comme étant les plus durs. Il traite enfuite de la meilleure bafe à donner aux pavés, objet d'autant plus important, qu'il eft plus négligé & qu'il contribue infiniment à leur folidité. La figure de chaque pavé eft lobjet du troifieme chapitre, & il conclut qu'on doit préférer celle en forme de coin. Dans le quatrieme chapitre il fait voir que le pavement en voute eft le meilleur, puifqu'il réunit la folidité de l'ouvrage à la facilité de faire écouler les boues, & il termine cette partie par un tableau de la meilleure maniere de paver. Le nettoyement des rues eft l’obict de la feconde partie. Il traite des moyens efJentiels & des moyens wzdat. 1. Les premiers ont rapport à lé largiffement des rues, à la réparation prompte des pavés, à la pente fuf fifante des revers, au foin de recouvrir les pv6s neufs avec du bon fable, & en un mot à tout ce qui tient à la perfection du pavement. Les moyens: accidentels ; ont rapport à divers reglemens de police pour l’enleyement des boues, SUR DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. 17 EE ——— ee ES SUR L'INELUENCE DES ASTRES ET EN PARTICULIER DÉ LA LUNE SUR LES VÉGÉTAUX Cu aux lumieres des fciences à éclairer les opinions du vulgaire. Sou- vent ces opinions établies depuis des fiecles & que l’on traite de préjugés, ne font pas fans fondement; & fi elles n’en ont point, leur examen eft toujours utile , puifqu'un préjugé détruit, une erreur reconnue équivaut à une vérité nouvelle. L'influence des aftres & particuliérement de la lune fur la végétation , eft une de ces opinions très-anciennes & généralement répandue. L’aftrolo. gie judiciaire a droit de reclamer toute la partie occulte de cette influen- ce & de fes effets , mais voyons ce que la phyfique pourra y découvrir de réel, & fuivons M. de Limbourg dans cet examen (4). Il donne d’a- bord un abrégé hiftorique & critique de cette opinion , & des différentes manieres dont on a fuppofé que les aftres, & particuliérement la lune, agif- foient fur les végétaux. Après avoir établi ce qu’il y a de réel dans ces influences , il cherche à déterminer par des expériences & des obfervations directes , fi elles peuvent étre de quelque utilité dans la pratique de lagri., culture. Avant le temps d’Ariftote , il ne paroît pas certain qu'aucun auteur connu , ait parlé de l'influence des aftres fur les végétaux; mais depuis ce philofophe jufqu'à nos jours , nombre de phyficiens ont embraflé cette opinion. L'action combinée de la lune & du foleil, eft une influence mécanique, qui réfulte des loix de la gravitation & qui exerce fon énergie fur toute Cd) Voy. les Mémoires, Part. II, p. 89, Tome II. (C) 18 Histoire De ta. Sociexrf notre terre. M. de L. en expofe la théorie , il fait voir comment elle. ef la caufe du Aux & du reflux , comment elle infue fur l'atmofphère, fur les vents & fur les viciflitudes des faifons, & il en conclut que c’eft ainfi que ces aftres ont une action indirecte fur les végétaux, quoique plufieurs caufes particulieres peuvent faire varier, diminuer & même anéantir cette influence. | Il examine enfuite les preuves de l'influence directe de la lumiere du fo- leil fur la végétation. Il rapporte le phénomène de l’étiolement ; c’eftà- dire, de cet alongement des tiges des plantes , & de cette couleur plus blan. che & plus päle qu’elles prennent, lorfqu’elles font privées de la lumiere du fo- leil. Mais M. de L. croit pouvoir douter que le défaut de lumiere foit la véritable caufe de l'étiolement ; il penfe que la plus grande chaleur, la plus grande humi- dité, & l'air gèné & non renouvelé, dans lefquelles ces plantes ont été expofées à l’obfcurité, font autant de caufes qui contribuent à l’étiolement. Enfin il eft une autre maniere dont on croit que la lune agit fur la végé- tation. C’eft par le degré de chaleur que fa lumiere donne à Pair & qui doit avoir été obfervé par M. Toaldo. Ces différentes influences une fois établies, il s’agit de favoir fi elles peu- vent être de quelque utilité pour la pratique de l’agriculture, pour le temps où l'on doit femer les graines, & pour la maniere de cultiver les plantes. C'eft là l’objet de la feconde partie du mémoire de M. de L. Non-feule- ment il a fait des obfervations générales fur la culture des grains en grand , mais il a fait encore nombre d’expériences fur diverfes plantes femées en différens temps, & il a reconnu que la diverfité des réfultats doit être at- tribuée à la qualité des terres, à celles des graines , au temps qui a fuivi - les femailles, à lexpoñition du terrein, &c. & nullement à une influence particuliere de la lune & des autres aftres. Il conclut enfin, que fans nier Paion des aftres {ur notre terre, c’eft à tort que l’on voudroit en déduire des regles pour l'agriculture; leur effet eft trop minime, trop fujet à va- rier pour pouvoir le mettre en ligne de compte. Il croit au contraire que Pagriculteur doit s'attacher à fuivre les effets des autres caufes dont nous avons parlé, & qui ont une influence directe & certaine fur la végétation. Ye pes Scrénczs Pays. DE Lausan®e. 19 CE —— mt HMLSTOTRE NATURE LIL JÉ DCE SCAN I M'A OX Ga aa nn | Sur la diftinttion des efpèces dans les Animaux quadrupèdes. Ok s’'eft attaché dans ce mémoire (e), à indiquer tous Îles moyens que les faits connus & les obfervations faites jufqu’a ce jour , peuvent nous offrir pour diftinguer les efpèces, les races & les variétés dans les- animaux quadrupèdes. On n’a pas voulu donner des regles certaines dans un fujet auf difficile, où il fera même impoflble d’en donner de long- temps; mais on a examiné jufqu’à quel point & dans quel cas la copula- tion pouvoit fervir à reconnoïître les efpèces.. En difcutant les opinions de Mrs. de Buffon & Palas fur cet objet, on a cherché à prouver que la co- pulation étoit le moyen le plus certain par lequel la nature réunit les ani- : maux fanvages & libres d’une même efpèce. I! falloit enfuite chercher les moyens de diftinguer les efpèces, quand la copulation ne pouvoit fervir de guide; & ©elt ce que l’on a eflayé de faire , en employant les cara@tères extérieurs les plus conftans ou les moins fujets à varier. | = = a eee es SUR LE BOUQUETIN DES ALPES DE SAVOTE. Ce principalement les mœurs de cet animal (f) qu'on a voulu faire connoitre, & dans ce deficin, l’auteur n'a épargné ni ioins, ni voya- ges pour recueillir des faits certains , & reconnoitre la vérité au milieu des fables qui enveloppent l'hiftoire de cet animal. Ce Vey Les AHémoires, p 45. y7./ : ‘ (Cf) Voy. des Alemoïres , p. 165, ; toy 2 20 Hs To1RE DE La SocreE:Té Il eft d'autant plus important de recueillir tout ce qui concerne cette efpèce, que comme elle diminue tous les jours , il eft à craindre qu'il fe pañle peu de temps avant qu’elle ait entiérement difparu de nos Alpes. Ses mœurs actuelles font peut-être déja un peu différentes de ce qu’elles étoient autrefois, car on ne peut nier que les mœurs des animaux ne varient ju£ qu'à un certain point, comme leurs circonftances. Et ce n’eft pas une des recherches les moins intéreffantes pour le naturalifte, que celle de ces différentes altérations dans les divers animaux. Quoique la figure du bouquetin fût mieux connue que fes mœurs; on ne l'avoit point encore décrite. Cet animal dans fes différens âges, & fa femelle n'étoit pas encore connue. C’eft pour cela qu’on seit occupé de ces objets dans ce mémoire. ÊE, E mm, SUR LE LIÉE PRET DIE, MON TA GONE. ou LE LiÉVRE VERSICOLOR br lièvre a été confondu par plufieurs naturaliftes avec le lièvre com- mun; mais on verra dans ce mémoire les raifons qui paroiffent prouver que c’eft une efpèce différente. M. Pallas lui a donné le nom de /epus va. riabilis, mais on lui a impofé celui de lièvre verficolor, qui rappelle la finguliere propriété de cet animal, dont le poil, gris en été, devient en- tiérement blanc en hiver. ' Ce changement de couleur, qui carattérife plufieurs efpèces d’animaux , eft un de ces miftères de la nature qui _ne nous font pas encore dévoilés, mais dont les expériences de M. Buzzi fur les Albinos, femblent nous faire elpérer l’éclairciffement. Ce que M. Pallas dit de ce lièvre, n’a principale. ment rapport qu'a fa figure, & M. Amftein eft le premier à qui on doit des détails intéreflans fur fes mœurs, joints à une defcription exacte, (ga) Voy. les Mémoires, p. 266. pes Sciences PHys DE LAUSANNE. QE A is ee SUR LE. FER LUISAN.T. P Lufeurs infedtes répandent une lumiere phofphorique naturelle & fpon- tanée. Les uns couvrent par milliers la furface de la mer, les autres volti- gent dans les airs, d’autres enfin font condamnés à ramper toute leur vie fur la furface de la terre. Il n’eft ici queftion que de ces petits infectes ap- pellés vers luifans , qui brillent pendant les foirées. &c les nuits d'été, fur les murailles & fur la terre feche, comme fur l'herbe des prés. M. le Comte de Razoumowsky a dirigé principalement fes obfervations fur la lueur phofphorique de ces infeétes, mais il n’a pas négligé cepen- dant de diftinguer leurs différentes efpèces & d’obferver leurs mœurs. Il a trouvé deux efpèces de vers luifans dans le Pays-de-Vaud ; lune très-com- mune & qui eft décrite dans tous les ouvrages d’hiftoire naturelle ; l'autre beaucoup plus rare & qui n’étoit prefque pas connue; elle fe diftingue de a premiere non-feulement par fa taille, mais encore par la finguliere con- formation de fes parties antérieures. Ces infettes aiment à vivre folitaire- ment, leurs mœurs font douces, & il ne paroïit pas qu'ils foient carnafliers, mais M. le Comte n’a pu reconnoitre quelle étoit leur véritable nourriture. Leur génération , leur métemorphofe , la durée de leur vie, font auffi des objets qui demandent de nouvelles recherches. M. le C. de K. a obfervé deux fortes de lueurs phofphoriques aux vers luifans. L’une vive, brillante & qui ne paroït que la nuit, et fixée aux parties poftérieures de l'animal; l’autre , étendue & permanente , elt répan- due fur toute la longueur de l'animal , elle exifte en tout temps & fubliite même quelque temps après fa mort. Les nombreufes expériences de lau- teur fur la lueur noëturne, lui ont fait voir que plus l’infecte s’affoiblit , plus cette lueur devient vive, & qu’elle ne s'éteint que quand il meurt, D'où il conclut naturellement qu’elle ‘eft chez lui l'effet d’un état de peine, de malaife & même de fouffrance, d'autant plus qu'il a remarqué que plus les infedtes font vigoureux, moins ils luifent: fi cette lueur ne pa. C2) Voy. les Mémoires, p.240. © la PL IL pag. 259. 22 HisTOTRE D#£ LA SocirTé roît que la nuit, Ceft parce que ce ver ne fe remue, ne s’'agite & ne Sie quiéte que la nuit, car pendant le jour il eft fort tranquille. Quant au fiege du phofphorifme & à fa nature, M. le C. de R. ne peut rien en dire de certain, il ma pas affez de données pour cela, &il ne veut pas hafarder des conjectures prématurées que l'expérience pourroit détruire. GE ms 7 SD Ro LENS CL 1 Th AO ÉUS:. Fe cétacés font les plus grands animaux que nous connoiflions; & #Æ leur puiffance étoit en raifon de leur mafle, de leur poids & de leur force, ils feroient fans doute auf les plus puiflans des animaux. Mais ces quali- tés phyfiques font purement pañlives, & font pour eux plus embarraffan- tes & même nuifibles qu’elles ne font utiles. | Leur énorme grandeur les oblige à une confommation qu’ils ne peuvent‘ pas toujours fatisfaire, & leur inumenfe taille les fait {ouvent échouer fur es côtes où ils périffent faute d’eau pour les remettre à flots. Cette. ba., léine qui a 100 pieds de long, dont la graifle feule pefe 13,000 1, qui engloutit des milliers de harengs & qui voyage d’un pole à l'autre, pé- rit par le fer du harpon , lancé par un honmime , dont la force & la gran- deur ne peuvent pas être comparées à la fienne. Tant il eft vrai que dans tous les cas, les qualités phyfiques font inutiles fans l'intelligence & les qualités morales, qui les rendent aéives, utiles, & les mettent pour ainfi. dire en œuvre. La nature a placé les cétacés entre les quadrupèdes & les poiffons ; ils tiennent aux premiers par leur organifation, & furtout par leur oftéolo- gie; & aux feconds par leur forme, leur maniere de vivre & l'élément qu'ils habitent. C’eft en paffant par des nuances infenfibles & au moyen de ces énormes machines, que la nature defcend de homme aux poiflons. Ces grands. animaux font encore peu connus; il n'y a pas d’obfervations:, exactes & philofophiques fur leurs mœurs, & il y a peut-être beaucoup plus d'erreurs encore fur leur anatomie. Aufli M. Merck rend un très. grand fervice aux zoologues, en s’occupant de cette partie intéreflante de l'hiftoire de ces animaux. | DES SCLENCES, PHys. DE LAUSANNE. 1523 Son but eft de comparer l’oftéologie des cétacés avec celle des quadru- pèdes, & il nous promet plufieuts mémoires à ce fujet, mais dans celui- ci , il ne s'occupe uniquement que de la comparaifon des os de la téte (2): F Il trouve que le crâne dans les trois genres de cétacés connus , favoir : “Ja baleine, le phyfeter & le dauphin, ainfi que dans une nouvelle efpèce de baleine qu’il poffede dans {a collection , eft compolé des mêmes os que celui des quadrupèdes. La feule différence qu’il y'a, fe trouve dans les organes de l’ouïes M. Merck, remarque aufli que la boëte du crâne eft beaucoup plus petite à proportion dans les cétacés, que dans aucun des quadrüpèdes connus. IL fixe & détermine la poñtion de la fiftule, ceftä-dire, les conduits des narines, & détruit par là un grand nombre d’erreurs que lon avoit fur cette partie; il prouve que ces conduits fe trouvent dans tous les gen- . res placés à la partie antérieure du crâne, comme dans les quadrupèdes , - & que c’eft leur différente direétion qui a été caufe des erreurs que l’on _a débité à leur fujet. Enfin , il a fait voir qne los iutermaxillaire, dans lequel font implan. tées les dents incifives, & qui fe trouve dans tous les quadrupèdes, excep- té l'homme , appartient aufli aux cétacés. L’expofition oftéologique que donne ici M. Merck ; eft expliquée par des figures auxquelles nous renvoyons. (3) Voy. les Mémoires, p. 339. : 24 HirsrToirkre De LA SoOcr:EeT É OBSÉRV.ALIONS ZOOILOG-IQUES° EE e—————— Se ———— — Mr. van Berchem, fils, a communiqué le 8 Juillet 1785, l'obfervation Juivante, au Jujet de la méfange huppée. Où connoït beaucoup plus difficilement les oifeaux que les animaux quadrupèdes: plus libres, plus indépendans de l’homme, plus difficiles à fubjuguer , ce meft que par hafard & peu à peu, que l’on découvre les faits qui tiennent à l’hiftoire de leurs mœurs. Il eft fur - tout difficile de connoitre ceux qui vivent dans des lieux fauvages, inhabités, & qui fuyent la préfence de l’homme, comme l’homme qui aime fa liberté , fuit la pré- fence des tyrans. Nous devons donc recueillir & configner les faits déta- chés qui parviennent à notre connoïiffance fur l’hiftoire naturelle des oifeaux. Ceft par leur réunion qu'on pourra efpérer de completter un jour lhiftoire imparfaite de cette partie de la zoologie. La méfange huppée eft au nombre des oifeaux fauvages, & par con- féquent elle eft peu connue. On la trouve en Suifle dans toutes les hautes joux; C’ellà-dire, dans les forêts de fapin qui couronnent les fommets des Alpes. L'hiver , elles defcendent dans les endroits fubalpins. Comme la mé- fange huppée eft fort fauvage , on la prend trèsrarement, & quand on la prend, “dit M. Genau de Montbeillard (#4), on ne gagne qu'un cadavre » inutile , elle refufe conftamment la nourriture; & quelqu’art que l’on » ait mis à adoucir fon efclavage, à tromper fon goût pour la liberté, » On na pu encore la déterminer à vivre dans fa prifon . Cette aflertion eft pofitive, mais elle eft cependant fujette à quelques exceptions fous cer- taines circonftances. Le fait que je vais citer , femble au moins le prouver. Jai Ck) Hif. des Oif. T. 5. in-ato. pes Soie NCcES-PHys. pe LAusaxner. 2 Jai vu chez M. le Doyen de Coppet à Aigle, une méfange huppée qu'il a depuis trois mois en cage & qui fupporte très-bien fa captivité, elle eft fort vive, jouit d'une bonne fanté & ne paroit nullement sennuyer. Elle a tous les caractères que M. de Montbeillard donne à la méfange huppée: La huppe fur la tête, la plaque noire fur la gorge, le colier noir délié qui remonte vers locciput, le deflous du corps blanchâtre & le deflus gris roux, &c. Cette méfange a été prife au mois de Mars, dans les montagnes du gouvernement d’Aigle. "Les froids rigoureux & les neiges abondantes qui ont été fi funeftes aux hommes & aux animaux dans le commencement de cette année 178$, l'ont apparemment forcée de defcendre plus bas que de coutume, & de chercher près des habitations , un abri contre les rigueurs de la faifon. Le fentiment de fa liberté a cédé à celui de fa confervation, & les douceurs qu’elle a trouvée dans fa prifon, la lui ont rendue plus fupportable. Au refte ; cette mefange, quoique vive & bien portante:, ne chante pas : quel- quefois, mais rarement, elle fait entendre un petit gazouillement court. On la nourrit de chenevis & de noix. IT. M. Reynier , membre de la fociété, écrit d’Amfterdam, en date du 22 Novembre 1785, à M. van Berchem le fils, les détails fuivans au fujet dun bois de cerf monftrueux. “ Il eft connu de tous les naturaliftes, que le bois du cerf eft dépendant des parties de la génération; enforte que fi on prive cet animal de fes. parties fexuelles , le bois refte dans l'état où il étoit avant l’opération. , Le fait dont il eft ici queftion, préitnte quelques modifications affez fingulieres de ce principe général. C’eft un cerf qui n’a fubi qu'une demi » Caftration , ou du moins il femble qu’on peut le conclure des circonftan- ces que je vais vous rapporter. Ce cerf fut tué le 11 Novembre de: , cette année, dans le bois d’Eeda , fitué à quelques diftances de Wagenin- gen dans la Province de Gueldres , parun Gentihomme diftingué de ce pays. Les chaffeurs conviennent généralement qu’il devoit être à fon troi- fieme bois, tant à caufe de la grandeur de fon corfage , qu'à caufe de Pépaifleur du mérain ou de fes deux perches. Comme je n'étois pas pré: fent à cette chafle, je priai le poffeffeur de cet animal, de vouloir bien Tome LI. (D) » Lo] 26 Hs Tor rR'E pb £ :L'AlS oct & Tr me donner des détails fur fes parties intérieures. Voici ceux qu'il a eu fa complaifance de me communiquer. » Les tefticules étoient fains & de la grandeur ordinaire; mais le mem- bre étoit petit, plus retiré & moins apparent qu’il ne devoit étre. Il avoit trop de venaifon pour un cerf dont le rut a fini, quoique pas affez L>] L>] feurs Allemands prétendoient connoïtre à la noirceur des poils qui entou- rent l’orifice de la verge, qu'il avoit couvert cette année. On voyoit fur fon corps les cicatrices de deux coups de feu , tous deux de plomb ; l'un fur le dos derrière les épaules, qui paroifloit ancien & parfaitement guéri; l’autre plus moderne, avoit pénétré entre los du ba£ {in & les vertèbres du dos, & s’étoit arrèté dans l'intérieur du corps, où il avoit formé un caillet de fang affez confidérable , encore vermeil & point corrompu. » La Fis. I. PL II. pag. 2$9 , vous donnera une idée du bois monftrueux qu'il portoit; elle eft de grandeur naturelle, & me difpenfera de vous donner fes dimenfions & de vous décrire fa forme. Il ne me fées par accident; lune & l’autre , quoique courtes & monftrueufes , étoient bien entieres, couvertes de perlures (1), qui ainfi que les pier. rures (#1), étoient blanches à l'extrémité. Mais fi ce bois a eu fon dé- veloppement fous cette forme , on ne peut attribuer fa monftruofité qu'à un vice intérieur. Il me paroît affez probable que cette plaie voi- fine des parties de la génération , les a endommagées fans les détruire, & eft la caufe de ce développement vicié & imparfait. , Il faudroit alors que cet accident fut arrivé dans le court intervalle entre le moment où le cerf a mis bas, & celui où il a pris une nouvelle tête. Mais le fang de la bleffure auroit-il pu fe-conferver fain depuis le mois d'Avril, où les jeunes cerfs mettent bas, jufqu’au mois de Novem- bre où il a été tué? Et de plus la longueur des couronnes (n) aa,.aa, femblables à celles des daguets, ou cerfs de la feconde année, n’annon. ceroit-elle pas un vice d’organifation plus ancien? , 2 20 (1) Tubercules de l'extrémité inférieure de chaque perche. (m) Tubercules répandus fur toute la perche. (n) Prolongement de l'os frontal (ur lefquels repole le bois: pour faire foupçonner qu'il ny ait pas été du tout. D'ailleurs, les cha£ paroit pas qu'on puifle fuppofer que les perches de ce bois ayent été caf té CHRIST TR NTI PE, Et Q o Ce à à We £ #4 08 An CIM AU hr LA ; Î We: 1 2 E 4 5 À : — + + st À E = 5 Ne L À Cête ce bois dElan, fo/iiles érouvéo en, Jrlande Le c) 22 { 0 Po) ETES Ê LJTeD" dE (CrALCe + —+——t 1 " fr A Ka meme He que cy OkSILS « > US ’ r ss üloire de la coccete des enc: Phys: de Lawsanne P! x ‘page 27 pes Sciences Pnys. DE LAUSANNE. 27 (+) Sur une téte € des cornes fofiles d'Irlande, par Mr. le Comte G. de Razoumowsky. NE le Comte Prefton , Gentil-homme Irlandois, établi à Liège, dont le zèle pour l’hiftoire naturelle mérite les plus grands éloges, a bien voulu m'envoyer un deffin d’une tête foflile munie de fon bois , trouvée dans fes terres en Irlande , d’après lequel jai fait graver la Planche ci. contre ; comme le morceau eft, à ce que je crois, un des plus complets & des mieux confervés de ce genre que l’on ait vu; j'ai penfé que les na- turaliftes me fauroient gré de le faire connoitre. Le poffefleur de ce précieux morceau nraflure, qu'il en a mefuré exac- tement lui-méme toutes les parties ; & ceft d’après ces mefures , qu'il a formé les deux échelles de la planche, auxquelles on doit fe rapporter; il ajoute que ce foflile a été trouvé près du Village de Nobber , dans la partie feptentrionale du Comté de Math, dans une couche de marne, de lépaiffeur de cinq pieds au-deflus de laquelle fe trouve une couche de terre glaife bleuâtre, de trois pieds d’épaifleur , au-deflus de laquelle encore eft une couche de tourbe, épaifle de cinq pièds, recouverte par une au- tre couche de tourbe mêlée de terre , encore de cinq pieds d’épaiffeur , en tout à une profondeur de dix-huit pieds. Il ne manque à cette tête que la machoire inférieure, quelque chofe des os propres du nez & des portions des andouillets; la machoire fupérieure a prefque -toutes fes dents. à à Quelques naturaliftes, ( parmi lefquels l'autorité de Z7. le Comte de Buf. fon eft d’un grand poids), ont regardé les bois fofliles d'Irlande, comme des bois de Rennes ; & d’autres, comme des bois d'Elan; telle a été à ce que m'a dit A. Prefion , l'opinion du célèbre Camper , lorfqu'il a vu le morceau repréfenté dans cette Planche : en-effet, fi l’on compare les figu- res du ce bois avec celles de la PZ VIII, du Tom. XXIY. de l'Hifloire Naturelle des Quadrupedes de M. de Buffon qui repréfente des bois d'Elan, on verra qu’elles ont enfemble de grands rapports, notre bois diffère en- core de celui du Renne par le port, comme on peut en juger par la f. gure & parce que ces perches fimples fur toute leur longueur ne font point (D) 2 ‘ 28 Ha $ #r.0 ini ep Æt EL £a? 16 cle Ti divifées en trois on quatre ramures comme le bois du Rene, il ne me paroit différer de celui de lElan , que par la longueur des andouillets ; mais du refte , il fe rapporte en tout à la defcription qu’en a donné 21. de Buffon, qui dit: que le bois de Renne beaucoup plus long que celui del’Elan, eft divifé en un grand nombre de rameaux terminés par des em- paumures, au lieu que celui de PElan weff, pour aiuji dire, que découpé æ chevillé fur la tranche. Au refte, on a vu de ces bois fofliles, beaucoup plus grands que ceux qui font l'objet de cette obfervation. 47. Colinfax , doit en avoir vu qui avoient dix pieds d'intervalle entre leurs extrémités (7/09. le Tom. V. des Suppléments à l'Hifioire naïxrelle des Quadrupèdes, pag. 211). M. Pennant qui femble croire qu'ils ont appartenus à un animal-encore peu connu de la Baye de Hudfon, parle dans fon hiftoire des quadrupèdes de bois fof files de huit pieds de long, dont les extrémités font diftantes l’une de l’au- tre de quatorze pieds. On doit avertir ici, que le graveur a commis une inadvertance impar- donnable, en plaçant à la droite dans la planche qui repréfente la tête & le bois foflile dont nous venons de parler, ce qui dans le deflin fe trouve à la gauche. En Re — :B O TAN X Q@ VW FE Ps —— Ne arreeeeee en EE 6 | Sur la frullification des moulfes. Dos plufieurs Botaniftes fe foient occupés des familles des plantes qui font comprifes dans la clafle de la Cryptogamie, leur génération eft encore inciftinéte ou inconnue, & offre un vafte champ de découvertes aux fcrutateurs de la nature, M. Micheli, cité par M. Duhamel (0), a fait cependant plufieurs bon- Co Phyfq. des Arbres , T. 1. p. 292. DES: SorENCES.PHys. BE-LAUSANXE 29 nes obfervations qui peuvent fervir à répandre ‘du jour fur cette matiere M. Duhamel lui-même a evaminé au microfcope les parties de plufieurs de ces plantes qui paroïflent avoir pour but ia reproduction de lefpèce ( p), & toutes ces parties lui ont fait voir, par la difledion, des organes reffem- blants aux étamines, & contenant comme elles des pouflieres. Enfin, M. Hedwig vient de publier une hiftoire naturelle des moufles feuillues, qui contient des recherches curieufes & intéreflantes. I conclut de fes obfervations, que les rofes de ces moufles en font les fleurs , & que les urnes ou les capfules font les fruits (9). Mais M. Reynier, qui de {on côté a fait des obfervations fur la fructification de ces plantes, eu a tixé des conclufions toutes différentes. Il examine lopinion de M. Hedwig & la re. fute. La rofe des moufles, ditil, eft un amas de feuilles feches pulvéru- lentes, difpofées en rofe, applatie au fommet dela-tige & des rameaux, & elles ont au contraire un petit bouton plus ou moins marqué. Cette rofe eft fuivant lui une monftruofité provenue par l'influence du climat. Le petit nombre des rofes des moufles , qui malgré la grande quantité de ces plantes, ne fe trouvent que fur peu d'individus, leur apparition en automne qui n'eft pas le temps de la plus grande vigueur des moufles, font autant de raifons qui font douter à M:R. de la fonction que M: Hed- wig leur attribue. Ajoutez à cela que trèsfouvent il s'élève une branche du centre de la rofe , que fur cette branche il fe forme aufli une rofe d’où fort’ quelquefois une nouvelle brañche. Il en rélulteroit que: la plûpart des fleurs de moufles feroient prolifères, ce qu'on ne peut fappofer.. M. R. croit donc que c’eft une monttruofité, & il en explique la production par l'effet d’une nouvelle feve qui développe des Vale PéeE & détérin. rés par le defféchement. Les parties de la frudification des mous pe % BEGtitant pas Ses ve tofes, M. KR. foupçonne avec fondement qu’elles font contenues) dans les... urnes ou caplules qui s'élèvent depuis Le mois de ‘Janvier, jufquà, celui ‘ de Mai dans la plüpart des moufles, & qui font à l'extrémité d’un, filet:qui part de l’aiffelle des feuilles. MR, décrit avec foin cette partie ;:, tout lui”. paroit indiquer fon ufagé, fon-apparition au. PAPERS dans, le-temps de Cp) Idem , p. 287.& fuir. : É2 sm RTE vb fe Cg) Voy. Les Memoires , p. & f : ‘ 30 HisToirEe DE La S'ociteT# la plus grande vigueur de la plante; fa durée momentanée ; (elle tombe & meurt, dès que la poufliere qu’elle contient eft répandue). Enfin, le re- tour de cette production tous les ans , comme celui des fleurs dans les au- tres plantes. Il conclut donc, que, fi les moufles fe multiplient par grai- nes, ce font les urnes qui les contiennent; & l'expérience de M. Hedwig , qui eft parvenu à reproduire la zsie hygrométre en femant fes capfules , confirme cette conjecture. L’urne peut donc être regardée comme la fleur, puifqw’elle eft le dépôt des femences; mais il n’eft pas néceffaire de fuppo- fer que ces femences font précédées d’une fécondation opérée par des fexes . différens. Ces graines font, fuivant M. R., des germes qui peuvent, fans fécondation , fe développer étant féparés de l'être à qui ils doivent leur exif. tence. Les expériences de M. Pabbé Spalanzani (Fr), qui a obtenu la gé- nération de plufieurs plantes fans la fécondation des étamines , femblent confirmer cette idée. 3 GE SAULR DEUX NOUVELLES ESPECES DE PLANTES. À La fuite du Mémoire précédent, M. Reynier décrit une nouvelle efpèce de politric , qu'il appelle pulitric poudreux, à caule de la teinte blanchâtre de fes feuilles qui le fait reffembler à une plante expofée à la poufliere des grands chemins. Il croît dans les bois fur les terreins glai- feux. Ce politric offre dans les urnes de quelques individus une particularité remarquable; ce font: deux corps orangés fous le fac qui contient les pouflieres (5). VA 2) « La favrodine dorée (t) eft la feconde plante décrite par M. Reynier ; ellé eft non-feulement nouvelle par l’efpèce, mais encore par le genre; elle eft voifine des patiences, des ozeilles & des rhubarbes ; mais ce qui la dif. tingue ‘principalement ;, ceft que fon. calice eft divifé en trois parties; ES 5 Ec. 1786. p. 318 & fuiv. (r) Exp. Jur la génération des anim. € des plante (5) Voy. La Fig. 2. PI. 2. pag. 259. | (£) Voy. des Mémoires, p. 361: DES SCIENCES PHys. DE, LAUSANNE. 31 qu’elle a trois piftils & de fix à neuf étamines. Elle a fur-tout du rapport aux patiences & particuliérement à la patience à feuilles aiguës. On trouve cette plante dans la vallée de Rofliniere & entre Albaigue & Lifot , dans les montagnes de Fribourg, elle habite les prés humides le long de la Sarine, En appellant favrodine ce nouveau genre, de plantes, M. R. a voulu confacrer le nom de celui qui l’a découverte , c’eft feu M. Favrod, qui demeuroit à chiteau d'Oex & à qui la botanique Suifle doit plufieurs dé- couvertes importantes. = RS COX OBSERVATIONS BOTANIQUES. LL Monfieur van Berch:im pere, a lu le 16 Décembre 178$, les obferva- tions fuivantes fur les racines d'un vieux prunier. » 7 50 fait découvrir dans mon verger les racines d’un vieux prunier abattu par le vent; j'ai reconnu par une infpeétion exaëte. 1°. Que cet » arbre ayant été enté & planté fur la place, on en avoit auparavant re- tranché le pivot felon l’ufage , & qu'il n’avoit pas fouffert par cette fouftrattion. 2°, Que depuis la plantation, les premieres racines de cet » arbre mavoient pris aucun accroiflement ; on voyoit feulement qu’elles avoient produit un petit nombre de racines filamenteufes fans chevelu, » & refferrées dans un petit efpace de terre. Mais en échange, il » S'étoit formé un bel empâtement de racines, quelques pouces au-deffus des anciennes, & l'arbre retiroit fa principale nourriture par cet empäte- » ment. » Ces obfervations m'ont fait connoître très - diftinétement , que l'arbre avoit été planté trop profond, & qu'il avoit langui fort long - temps, » peut-être plufieurs années avant de prendre aucun accroiffement, puil. que cet accroïflement n’a pu avoir lieu mé FR la formation de l'emp4. ,, tement de fes racines fupérieures. »» 4°. J'ai trouvé enfuite que les racines de cet étage fupérieur s’éten. dant & s’alongeant toujours, s’étoient rabaiflées &.enfoncées dans toute la circonférence d’un cercle de terre meuble, décrit autour de l'arbre 32 L2 22 HrS TO: RE DE LA Soc rE T € & que dans cet eéfpace de terre elles avoient beaucoup profpéré. Mais qu'après lavoir parcouru, elles avoient regagné la fuperficie du fol où elles avoient fait moins de progrès que dans le cercle ; fans doute, à caufe de la terre dure & du gafon qu’elles y ont rencontrées. Le rabaif. fement des racines dans le cercle , a fans doute été occafonné par la. meubliflement de la terre produit par un labour que je fis donner au pied de tous les arbres fruitiers de ce verger, dans le deffein de les 'ajeurir. » $°. La profpérité des racines dans cet efpace prouve , que cette opé- ration n’a pas été fans fuccès; j'ai cependant remarqué aufli, qu’elle n’a pas été fans inconvéniens. Toutes les racines de moyenne grandeur"un peu plus fortes que celles appellées filamenteufes coupées par loutil du fofloyeur, n’avoient pas fouffert; mais au contraire, elles avoient -pro- duit un grand nombre de filamens & de chevelus, lefquels s'étant enfon- cés & répandus dans la terre nouvellement labourée, ont été les princi. pales caufes de laccroiffement de l'arbre. Le même effet avoit eu lieu fur les racines au-deffus de la moyenne grandeur, qui n’avoient été cou- pées que par leur extrémité. Maïs toutes celles de cette derniere clañle, qui avoient été coupées feulement un peu au-deffus de leur extrémité, toutes celles qui avoient été fortement entamées par l'outil du laboureur;, toutes ces racines, dis-je , fouffrirent beaucoup de cette opération. La majeure partie de cette fubftance fpongieufe qui compofe les ‘racines, étoit pourrie ou réduite en poufliere. Il ne feroit pas méme impofhble que la maladie de ces racines eût gagné le tronc de Parbre & y fut re- montée par quelques-unes de fes couches ligneufes , ou par fon tiffu cé- lulaire, plus délicat encore; & qu'ayant produit le méme effet fur une de fes branches, cette maladie n’ait été la caufe de la rupture de cette branche agitée par le vent, & ainfi de la deftrudtion totale de la plante, puifque la branche en rompant avoit déchiré le tronc jufqu’au milieu de fa hauteur du haut en bas. Cependant, il ne m'a pas été poflible de vérifier cette conjecture. ; 69. Jai dis, que, les racines après avoir parcourus & s'être enfon- cées dans la terre meuble du cercle, étoient remontées vers Ha fuperficie du fol, où elles avoient moins ‘profpéré à caufe de la gureté du fol, ‘& du gafon dont les racines ‘leur ont.enlevé fans doute une partie ‘de leur nourriture, Mais ce qui nva paru mériter d’être obfervé, ceft que DES Scrences Pays. DE LAUSANNE. 43 ». que dans cette place , elles femblent avoir multipliés leurs fufloirs , (qu’on fait être le chevelu), afin de ne rien perdre de la bonne terre qu'ils partageoient avec les racines du gafon ; les racines étoient foibles » & maigres, mais le chevelu y étoit abondant. » 7. Enfin, la derniere obfervation que j'ai faite, porte fur une racine » étrangere ; qui, après avoir fuivi le boyau fouterrain d’une taupe, sé. » toit rendue au pied de notre arbre, & en avoit parcouru tout l’empà- » tement. Ce qui confirme à quel point les racines cherchent la terre nou- » Vellement remuée pour y puifer leurs meilleurs fucs nourriciers. Et la- » longement de cette racine étrangere confirmeroit prefque l'opinion où » {ont quelques agronomes , que les racines des plantes ne connoiflent de .»; bornes que celles qui leur font prefcrites par l’âge ou la maladie de la ». plante, ou bien par la dureté ou les défauts de la terre qu’elles » habitent ,.. Ces obfervations intéreflantes de M. van Berchem , nous prouvent com- bien il feroit important qu’on fit un femblable examen des différens arbres que lon arrache; ce feroit pour ainfi-dire un régiftre des différens états de fanté & de fouffrance des arbres pendant leur vie, qui pourroit nous conduire à découvrir les caufes de leurs maladies, & même les moyens d'y remédier ; rien ne feroit fans doute plus propre à répandre du jour fur l'économie végétale , qui devroit être le but de tous les Botaniftes. Tome II. (E) 34 HUS TON RE pe ti À So Let 4 ON —— a EE) PS No RS ARRET ETATS ROSE RÉ TT DE TT EE itees dde | TZ, % TAN L, æ 2 M LIN É IR A Xe OGC TX Th EE — me mm CN Sur la pierre de Gomnoens. Mo. le Comte de Razoumoweky décrit dans ce mémoire (#) une pierre dont on trouve plufeurs bans près de Gonmœns, à trois lieues de Laufanne, dans le- Bailliage d’'Echalens. Ceft une pierre marneufe où {a partie calcaire domine cependant beaucoup, puifqu’on en fait de la chaux; elle eft en même temps aflez bitumineufe pour répandre une forte odeur quand on la frotte. Mais ce qu'il y a de fingulier, c'eft qu’elle contient un principe gazo-fulphureux. QE mm mme EP Sur une pierre cuivreufe qui a reçu un poli naturel, €7 que l'on trouve Jur le grand. St. Bernard. : : Ur le couvent du Grand St. Bernard , eft élevé de 1246 toifes au-deflus de la mer, d’après les obfervations de M. Piétet. Dans les rochers qui le dominent à l'Oueft & à une hauteur d'environ 1410 toiles, on trouve un roc dont la face fupérieure, qui defcend à l’Eft fous un angle de 43°, a reçu un poli vif des mains de la nature (x). Cette pierre eft un quartz gras opaque blanc avec des tâches noires, ou noir avec des tâches blan- ne Cu) Voy.les Mémoires, P. 39. ( æ) Mr. le Comte de Razoumowsky donne dans fon Mémoire , d’après des conjectures fon dées fur de faux rapports qu'on luia fait, une hauteur & une poftion différente au roc poli , inf qu’une trop petite élévation au couvent du grand St. Bernard. Mais comme depuis la lecture de fon Mémoire, Mr. de Sauffure a donné dans le fécond vol. de fes Voy. dans les Alpes, la hau- teur exacte du couvent & la véritable pofition du rocher ; nous avons cru devoir rectifier ces er- reurs involontaires, « , DES SCIENCES Prys. De Lausanne. 35 ches. Le fond noir domine, cependant fur la plus grande partie de cette face polie. L’analyfe par voie feche & par voie humide (y), a prouvé à M. le C. de Razoumowsky, que cette couleur noire eft due à une forte de ftéatite cuivreufe & bitumineufe d’un noir luifant, grafle au toucher & tâchant les doigts, qui eft intimement unie au quartz, mais qui paroït quel- quefois pure dans la caflure. M. le C. de KR. foupçonne que le cuivre eft difféminé fous l’état de chaux dans la matiere ftéatiteufe , & il a trouvé 24 liv. 2 lots de ce métal minéralifé fur un quintal de pierre. FE< a meet canon ermermneneee ) ee ER (NS Obfervations Mincralogiques. E More le Comte de Razoumowsky a lu le 18 Aoûft 178$, lob- fervation fuivante fur les apports faits par les eaux de la mer fur les côtes de Hollande. »; La province de Hollande proprement dite, offre un pays entiérement » plat & uni, & fi bas en quelques endroits , que fans les dunes qui le >» défendent contre les efforts de la mer, il feroit fubmergé par fes eaux. » Son fol qui n’eft qu'un mélange de fable & d’argille parfemé de détritus » de coquilles, ne préfente fur toute fa furface , pas le moindre petit frag- » ment de pierre. Ce n’eft que fur la grève de la côte, que la marée ap- » porte du gravier & des pierres roulées, mais peu confidérables & telles » qu’on en pourroit facilement remplir fes poches , fans fe charger beaucoup. » C'eft fur-tout après les orages , qu'il y en a en affez grande quantité ( 3 }. » C'eft donc un fait très- curieux & très - étonnant aflurément que de A ——————— oo (y) Voy. Les Mémoires, p 213. (3). J'ai trouvé un fragment de roche rempli de petits criftaux oétaedres, prefque microfcopi. gues , de mines de fer. ,;, Un artifan de Leyde y a ramañlé, à la vérité, rarement des fragmens » dun vrai bafalte noir, où pierre de touche, celui qu’il m'a fait voir étoit mélé de grains pyri- » teux. Mrs. Vofmaer & Voet ont trouvé au bord de la mer , aux environs de la Haye, des te. T. rébratulites & un bois de cerf revêtu en grande partie d'une incruftation calcaire, On ne con » Goit pas que ces corps puiffent être apportés d’ailleurs que d'Angleterre, (E) 2 30 H1SToHRE D.E eL A .S O.CAIELT.E trouver à Kattwick, village fitué à deux lieues de Leyde, dans les du- >, nes au bord de la mer & dans une jolie allée où eft une corderie, & ., autant que je n'en rappelle, à plufieurs centaines de pas de la mer, ., la feule & unique groffe pierre qui fe trouve dans la Province. Ceft ,, un immenfe bloc d’un beau granit rouge, j'ignore d’où vient cette mafle, ,, mais il me paroit certain, qu’elle eft là depuis une époque bien recu- ,, lée, puifqw'il eft de fait, que la mer d'Hollande ne charie plus aujour. . d'hui de blocs comme celui-là, & qu'à peine peut-être rafflembleroit-on , des cailloux roulés, qu’elle jette fur la côte dans les plus gros temps ;» pour égaler fon poids ,.. GE; D nn Ve { CDN OP EN UE ES fe Sur le boräx € Le fel fédatif. is À fait que le borax eft un compofé d’alcali minéral & de fel féda. tif; l'analyfe & la finthèfe ont prouvé cette vérité, mais on n’avoit pas en. core pu connoitre la nature du fel fédatif. Nos meilleurs chimiftes Pavoient fournis aux plus fortes épreuves, fans parvenir à le décompofer (a). Mrs. Struve &. Exichaquet, en fuivant une route différente , femblent avoir ob- tenu des réfultats plus fatisfaifans ; car fi la finthèfe n’a pas encore confirmé ce qui leur a été indiqué par l’analyfe, elle donne au moins des produits qui approchent beaucoup de ceux qu'on défire, & qui dans les arts peu. vent avoir la même utilité. Cela nous prouve que dans l'étude de la nature, on ne doit pas renoncer aux recherches les plus difficiles, puifque, lors même qu’elles feroient infructueufes, elles peuvent au moins faire découvrir des vérités utiles. Rien de fi dangereux que ces faufles opinions qui favo- rifent la parelle, nuifent au génie & arrêtent les progrès de la fcience. Plufeurs chofes ayant fait foupçonner à Mrs. Struve & Exfchaquet, que . a 0 2 0 0 NP (a) Yoy. les Mémoires, p.132. PES, SCIENCES PHYS. DE, LAUSANNE. 37 Facide phofphorique étoit un des principes.conftituans du fel fédatif ils ont penfé qu’en augmentant la quantité de cette partie diflolvante, on par- viendroit peut-être à décompofer ce fel, comme on rend le verre fufcep, tible de décompofition, en augmentant l'alcali. Ceft dans ce deffein, qu'ils ont diftillé un mélange de deux parties d’acide phofphorique en confiftance de miel , une partie de fel fédatif & deux d’eau. Ils ont obtenu dans le récipient un acide huileux qui a toutes les propriétés de l'acide phofphori- que, & il eft refté dans la cornue une terre blanche trèsabondante, qui a tous les caractères de la terre vitrifiable. Mais il paroît étonnant que l’a. cide phofphorique ,. qui eft fixe de fa nature fe foit volatilifé ; ces Mrs. en donnent pour raifon ; qu'il ne conferve fa-fixité que lorfqu” on l'unit au phlogitique, tandis que fi on l’unit.à la matiere du: feu principe , il devient volatil , d’où ils concluent qu'il faut que le fel fédatif lui ait fourni le feu principe. Ce Jel eft donc fuivant eux, un compofé de terre vitr ifiable , d'acide phofphorique & de feu principe. Pour confirmer par la finthèfe les réfultats de l'analyfe Ne ue ont fait divers effais, dans le deflein de compoñer .du fel fédatif & du bo- rax au moyen des principes indiqués, mais ils ont éprouvé de très-gran- des difficultés pour unir la matiere du feu à la terre vitrifiable & à l'acide phofphorique ; aufMi les fels & verres qu'ils ont obtenus , n’ont pas tous lés caraëtères diftin@ifs des fels cherchés. Cependant ils fe comportent tous avec les métaux comme le borax, donnent fur le :charbon la même Ramme que lui. Plufieurs de ces fels reffemblent au .borax: & au fel féda- tif, par le goût, la figure, la dureté & la folubilité de leurs cryftaux ; par la propriété de donner à la flamme du papier qu’on en imbibe, la couleur verte; enfin parce qu'ils fe comportent fur le charbon, comme le borax. De plus, la combinaifon .de l'acide phofphorique & de l’alcali minéral , donne s au moyen de l'acide vitriolique une FIpEee de fel fédatif, qui eft;en par- tie difloluble dans l'efprit de vin. Des rapports auffi marqués , font efpérer à Mrs. État & Exfchaquet , que l’on parviendra un jour à produire du wéritable borax:&. dur fel fé datif. Ceft pour cela qu’ils ont indiqués dans un mémoirer(H)s particulier les expériences que lon pourroit. tenter pour yréufir. Usdoñnerit d’abord œ {b}) Voy. les Mémoires , p.235. nn 0 bn 94 à Rae ne ES mr _ a eo ts te 58 trié ro r RE D Et À AL VS CÉ ET € toutes les propriétés du borax, & fur-tout celles qui font les plus diffici- les à faifir, afin qu'on puifle s’affurer en quoi il diffère des fels obtenus, & qu'on puiffe le reconnoitre fi on parvient à le produire. Ils’ confeillent en- fuite” d'effayer les ‘combinailons de l'acide phofphorique ‘avec lès alcälis, parce que ceux-ci contiennent ; fuivant eux, beaucoup de terre vitrifiable & de maticré du feu , qui font les principes du fel fédatif; & ils indiquent les moyens de faire ces combinaifons. Il faudroit auffi faire dés recherches fur l'union de la terre qui provient de la décompoñition des alcalis, avec Pacide phofphorique ; enfin fur l'union de cet acide & de la terre argil- leufe , mais ils recommandent furtout d’émployer dans: ces expériences les fubftances auffi pures que poffible. Mrs. Struve & Exfchaquet voudroient encore que l’on tentàt des expériences fur Purine qui contient des fels phof phoriques & où il paroit que le fel fédatif exifte tout formé. RE Re = ne per Po DU TN RE … Sur acide ao Penaun fu fels phofbéeri ques. &. Fi ufoges dans les Arts, L. Uifque Vacide phofphorique commence à jouer un plus grand role dans la nature que lon avoit cru jufqu'à préfent, & que lui ou fes compofés peuvent être , ainfi qu’on va le voir, d’une grande utilité, foit dans la chi- mie, foit dans les ärts , il étoit très - important de lobtenir pur & à bon compte , afin de faciliter les opérations que l’on pourtoit faire par fon moyen. Mrs. Struve & Exfchaquet fe font occupés de cet objet (a), & ont indiqués des procédés fimples & peu difpendieux pour avoir lacide phofphorique très-pur. On peut confulter lés mémoires pour en voir les détails ; il fuffit de dire ici, qu’ils tirent cet acide des os, au moyen de l'huile de vitriol qu’on laiffe digérer deflus & qu’on foumet CAES "à des lotions , filtrations & vitrifications néceffaires pour féparer la félénite offeufe qui fe forme par l'union de l'acide vitriolique & de fa terre des ‘os. Mais afin dè diminuer le(nombre de ces opérations, ces Mrs.ne font qu’ajouter de Val. Cohol à l'acide phofphorique qui côntiént encore beaucoup de félénite; F (4) Cc) Voy. Les Mémoires, p. 219. 226. “DES ScrenNces Privs. DE LAUSANNE. 39 cellé.ci fe précipite aufli-tôt par l'union de’ Pacide à l’alcohol, que lon fe pare enfuite par évaporation à vafe clos, ‘afin de ne pas le perdre. Cette opération nous découvre que lefprit de vin diffout lacide phofphorique. fait qui avoit été nié par plufieurs auteurs. : Voyons maintenant quelques-uns des ufages de cet acide en chimie (d), Mrs. Struve & Exfchaquet le regardent comme un des meilleurs moyens de décompofer les corps où on foupçonne qu’il entre comme principe. En effet, puifque , fuivant eux , il ne s’agit que d'augmenter la partie diflol- vante pôur mettre le mixte en état d'être décompofé , il eft clair qu’en uniffant ce mixte à l'acide phofphorique par la digeftion, on‘pourra pré. cipiter enfuite par un alcali les autres principes dont il ef compofé. sù Lorfque les mixtes contiennent du feu principe , l'acide phofphorique ‘les décompofe facilement au chalumeau, parce qu'ik- fe volatilife avec la matiere du feu & laiffe libres les autres compofans. Ces Mrs. propofent d'employer ces moyens, qui font une fuite de leurs principes, pour analyfer les fchorls, les piérres précieufes, &c qu'ils te. gardent comme des mixtes phofphoriques. Ds indiquent enfuite plufieurs expériences qu’ils ont faites fut les métaux : d'où il réfulte que, la plüpart d’entreux font réduits fur le charbon au moyen de l'acide phofphorique, en terres irréduétibles, mais qui fe vitri. fient , fi on y ajoute de nouveau de cet acide: L'cidé & les fels phofphoriques femblent auf devoir étre d’une grande utilité dans les arts. Sans nous arrêter à toutes les vues que Mrs. Struve & Exfchaquet ont donné fur cet objet (e), nous remarquerons feulement . que la combinaifon d'un verre phofphorique avec le gyps, ou la félénite offeufe, ou même la terre calcaire, eft celle qui offre le plus grand nom. bte d'applications utiles, à caufe des propriétés fingulieres du verre qu’elle donne. Il eft auñfi brillant. & aufli dur que le plus beau criftal factice, & il devient d’autant plus dur, qu’on le fait rougir plus long-temps , fans ce- pendant perdre de la fufibilité qui eft telle qu'avant de rougir ou après avoir, rougi, on peut Jui donner toutes les formes dE 102 défire à caufe de fa maléabilité. | À x + mx ++ RER TR RE M meme «md era (d) 1 Les Mémoires, p. 242. Ce) Voy. Les Mémoires, p. 228. 40 Ho1:$ T0, R.Et . DE &IA SocxrerTé L’acide phofphorique uni à une diflolution d’or, fournit un moyen très aifé de dorer le verre à un léger degré de chaleur. CE —_——— EC — —— E Sur une nouvelle Théorie des Jources falées € du roc falé, avec un examen des falines du Canion de Berne. Meur Struve ne fe propofe pas de donner dans ce mémoire (4) une, théorie nouvelle fur la formation primitive du fel gemme , qu’il regarde, comme un dépôt de l’ancienne mer. Mais il examine la pofition, la na, ture & le local des rocs falés & des fources falées qui font répandues en Europe; il en tire des conféquences générales, qui lui fourniffent des vues: nouvelles fur la meilleure exploitation des falines, & qui expliquent les dif, férens phénomènes qu’elles préfentent, | | En offrant ici le réfumé .de fa théorie ; nous renverrons au mémoire. même pour les preuves qui font tirées une nombreufe. fuite d’obferva-. tions faites en divers lieux. M. Struve examine d’abord le local du roc falé. Bt il reconnoit que ce: n’eft point dans les montagnes primitives , ni dans celles d’alluvion qu’il fe trouve , mais dans les montagnes à couches de feconde formation & dans les bans d’argille ou de matieres argilleufes. Par - tout le roc falé eft argile leux , ou fe trouve par bans alternatifs avec l’argille qui eft ordinairement recouverte par la pierre calcaire compaéte. Cependant les falines habitent aufli quelquefois dans les montagnes gypfeufes. Quant à l’élevation du roc falé, elle n’a rien de fixe, néanmoins il pa- roît qu'il eft rarement fitué dans la partie la plus élevée des montagnes à, couches. Voyons maintenant le local des fources falées. Elles habitent aufli les montagnes ftratifiées ; elles fortent du gyps, de la pierre calcaire, quel- quefois même du grès. Mais c’eft du roc argilleux qu’elles tirent leur ori- gine, & on peut dire qu'il eft leur domicile. Aufli lon voit fouvent l'eau jai (d) Voy. les Mémoires, Part, 2. page 1. pes Scrences PuHys. De Lausanxe. 4 jaillir avec force du roc argilleux ,.lorfqu’on a percé l'écorce qui lenelop. poit, & fi l’on y fait un puits, l'eau ÿ.monte juiqu'a ce que fon poids égale la preflion qu’elle éprouve. Une autre obfervation importante , c’elt que ‘dans un même diffriét falant, les fources falées communiquent entr’elles. On le reconnoit facilement en faifant des puits à différens endroits de la couche argilleufe, parce qu’ils fe rempliflent tous au même niveau au bout d'un certain temps, & que fi lon en vuide un, les autres diminuent ; enfin, on y trouve lé méme degré de falure file loçal cit tel, que les eaux douces ne puiflènt "y pé- nétrer. Le temps employé à établir cette efpèce d'équilibre entre‘les diffé. rens puits, prouve que leur communication eft plus ou moins lente, M. Struve conclut de cette obfervation, qu’il eft toujours poflible de trouver par-tout des fources falées en creufant dans un diftri& falant. Il re. marque en outre que l’argille imbibée d’eau falée formant une couche fo. mife à certaines loix ; l’eau qu’elle contient, peut. aufli être confidérée comme formant une 2 es & les fources qu’elle fournit, feront Ti At à ces mêmes loix. En continuant d'examiner le local & les circonftances qui accompagnent les fources falées, il reconnoit que par-tout où on les creufe , Peau re. «monte; d’où l'on doit conclure , qu’elle vient d’endroits plus élevés. Il trouve de plus, qu'elles font toujours plus bafles que le roc falé des envi. .rons, &:qu’en général , elles fourdent dans des endroits entourés de gyps qui forment fouvent des baflins. On les voit auffi qnelquefois près des rivieres & dans des lieux marécageux & tourbeux. Cependant il ny a pas de hauteur fixe pour les fources falées, non plus que pour le roc falé ; les limites des montagnes à couches femblent être Iles feules qu'elles ayent. La falure des fources. eft un autre objet important à remarquer. Elle n’eft pas toujours au méme degré, non-feulement dans le même diftritt, mais encore. dans la même fource , & cela dépend des eaux douces qui sy mélent en ‘plus ou moins grande, quantité. Les fources qui fortent du gyps, Æont fort falées, & celles qui fourdent de la pierre calcaire le font moins, -parce. qu’elle offre plus d’accès aux eaux douces , comme le prouve M. -Struve. Toutes ces obfervations le conduifent. à à Ja théorie qu'il a formé. Il re. marque d’abord, que puifque le roc falé & des fources fe trouvent tous Tome LL. n'a OU: tie 42 HisrToryvrke pe LA SoctrEerTé#f les deux dans une couche argilleufe , il n’y a d’autres différences entre ces couches, fi ce n’eft que lune eft imbibée d’eau, & que lautre ne left pas. Cette analogie qui nous ramene à des caufes générales, cft très-importante “& très-conforme aux opérations fimples de la nature. Jettant enfuite un coup d'œil fur la fuite des couches des montagnes fecondaires, il trouve la pierre calcaire repofant fur le roe argilleux, ce- luici fur le gyps & enfin le grès fous Îe gyps. Quelquefois fans doute cet ordre eft modifié ; le roc argilléux alterne avec le gyps, ou bien quélques- unes des couches ont été détruites. Mais en général, c’eft cet ordre qu’elles fuivent. Le roc argilleux qui contient le fel gemme, forme donc des couches, comme nous avons vu que les fources falées en formoient, & M. Struve montre par nombre d'exemples, que C'eft une erreur de croire qu'il affecte quelque figure particuliere, Il faut donc confidérer les couches argilleufes ff fituées fous la pierre Bt. caire, dans trois états différens, ou émprégnées de Jel, ou imbibées d'eau fa. lée ou deffalée. Enfin , comme çes couches font un dépôt de l’ancienne mer, on conçoit qu’elles doivent être fort étendues , & l'obfervation ,wient à l'appui de cette idée. Nous devons encore prévenir, que ces couches ne doivent point être confidérées comme de l’argille pure, mais comme une matiere dont l’argille fait le principal élément ; fes délitemens, fes fentes, fes vuides la rendent perméable à l'eau. Cela polé, voyons comment les eaux douces pénétrent dans la cou. che argilleufe falée , l'effet qu’elles wi produifent & les phénomènes qu’elles font naitre. Les fommets efcarpés des montagnes fecondaires préfentent à découvert les têtes de leurs couches. Les eaux de pluie, de neige, les torrens, &c. _pénétrent dans l’intérieur de ces montagnes, s’infiltrent dans les couches, fe logent dans leurs finuofités , fuivent leur inclination , remontent quand elles fe relevent, font des dépôts dans les coudes , creufent les endroits faciles à détruire , S'y forment des réfervoirs, Dans le cours de cette ftilia- tion & filtration des eaux, celles qui fuivent les couches calcaires, gypfeu- fes &: grèfeufes reftent douces, mais celles qui entrent dans la couche ar- gilleufe , fe chargent de tout le fel qu’elles peuvent diffoudre, & elles pa- roiflent au dehors avec différens degrés de falure. Comme cette” eau eft ses Sciences PHys. px LAUSANKE. 42 fort divifée, qu’elle éprouve beaucoup de frottemens , que lendroit o4 elle fort eft fouvent fort éloigné de celui où elle entre; qu’enfin, tous les ré- fervoirs fe communiquent, il en rélulte que les eaux de pluie qui tombent fur les fommets des montagnes, fuflifent pour entretenir toujoursles fources | & les empêcher de tarir ; d’autant plus que les couches étant fort étendues, l'infiltration fe fait fur um grand efpace; elles pourroient même fuppor- ter de longues fécherelles , fans éprouver de diminution fenfible. D'après cette idée, M. Struve explique facilement les divers phénome- nes que préfentent les fources. On voit, par exemple , pourquoi elles paroïflent fouvent venir de bas en haut; c’eft l'effet du fiphon; elles fortent avec plus ou moins de force, fuivant que l’eau plus ou moins di- vifée dans fon trajet, a éprouvé plus on moins de frottemens, S'il y a des fources qui tariffent quelquefois, ce font celles qui viennent d’eau de pluies iufiltrées dans les fentes des couches fupérieures ; les fources. permanentes font celles qui fuivent leur délitement. Celles qui fuivent les couches qui senfoncent , ne paroiflent qu’au loin dans la plaine, dans des endroits fort.bas (comme dans les tourbieres }, ou dans des endroits creufés par des torrens & des ruiffeaux qui ont mis les bans à découvert, Ces fources profondes feront les meilleures & les plus falées, parce qu’elles font moins fujettes à recevoir des eaux extérieures , qui font fuivant M. Struve , la caufe de plufieurs des modifications & altérations des fources fa- lées. Auffiun des principaux objets de l’exploitation doit être de s’en garan- tir. Les couches de pierre calcaire offrant plus de facilité à la filtration &. filiation des eaux douces, on voit maintenant pourquoi les-eaux, falées qui en fortent , font plus foibles. Celles qui fourdent du gyps, font au contraire plus fortes, parce qu’elles viennent immédiatement de la couche argilieufe qui repole deffus. On voit-encore qu'en cherchant à fe rappro- cher de cette couche. argiileufe, on pourra augmenter la falure des eaux foibles. Enfin , lon:conçoit pourquoi l'on trouve toujours plufieurs fources dans la mème difiere , puifqw’elles, fortent toutes dlune même couche fort : étendue. | Lorfqu'on découvre de nouvelles fources, on voit quelquefois l’eau for. tir en abondance pendant quelque temps ; elle diminue enfuite & fournit alors uneméme quantité d’eau; mais fion,perce plusbas., elle devient de nou veau abondante. Deux caufes peuvent produire cet effet. Percez la-petite branche d'un fi iphon.. renverlé &. pleir d'eau, cette eau CE) 2 44 His ToiRrEé" Dre La S ocre T'É jaitiira avec force ; jàfauw’à ce qu’elle’ foit- parvenue: dans la: grande branche? au niveau de l’ouverture de la petite, après quoi ‘il ne: coulera plus: que) l'eau que l'on pourroit remettre dans la grande branche: De même des cou- ches qui ont la forme du fiphon & qui contiennent de Veau entr’elles, fe. ront fans doute Peffet que nous venons d'indiquer, & une fois l’eau au nis . veau. de l'onverture , il n’en fortira plus que celle fournie par de nouvel. les infitrations. On conçoit qu’en perçant plus bas, le même phénomène doit fe renouveler. Si l’on perce latéralement de véritables réfervoirs d’eau falée , on aura le même effet & les mêmes phénomènes , & c’eft là la feconde caufe qui peut les produire. Telle eft la théorie générale de M. Strüve fur les falines, voyons main- tenant lapplication qu’il en a faite aux falines du Gouvernement d’Aigle. Cette branche du revenu du Souverain , mérite la plus grande attention , & la fcience n’eft intéreffante, qu’autant qu'elle eft utile. Il y a différentes fources & différentes exploitations dans le Gouverne:- ment d’Aigle, dont la principale eft celle du fosdement. On a toujours regardé les fources de cette montagne, comme renfermées dans un noyau argilleux qu'on a fort improprement nommé cilndre , & auquel on a donné diverfes figures. Mais c’eft celle d’un cône renverfé qu'on lui attri. bue le plus généralement. On fuppofe qu’il eft le réfervoir de ces différentes. feurces, mais on n’eft pas d'accord fur l'endroit où elles prennent leur fa- lure. M. Struve examine les raifons de cette opinion, & il trouve que les plus fpécicufes font: 1°. Qu’en perçant ce noyau plus bas, l’eau fort, avec plus d'abondance, d’où l’on a conclu qu’il étoit fermé dans fa partie: inférieure. 2°. Il fe rétrécit dans cette partie, puifque les galeries latérales: deviennent d’autant plus longues, qu’elles font plus profondes. 3°. Enfin, une galerie pouflée à travers du noyau au Sud-Oueft & qui montre à fon extrémité la même pierre que celle qui le recouvre à fon entrée, a fait conclure que tout le noyau étoit entouré de cette écorce. ; M. Struve fait voir d’abord l’infuffifance de ces raifons , pour prouver lexiltence du cilindre. Il le combat enfuite par des raifons d’analogie: puif- que l’on retrouve dans ces falines , le roc argilleux falant, formant le pre. tendu noyau, & la méme fuite decouches que dans toutes les autres falines; pourquoi donc fuppofer que dans ce feul cas, il y auroit une exception à une regle générale, appuyée fur un grand nombre de faits ? Es, Sciences, PuHys. DE Lausanne, 4. Mais les raifons de fait qu'il donne , femblent ne laiffer aucun doute qu'ici, comme dans toutes les autres falines; le roc falant argilleux forme une couche étendue, & elles prouvent que le fondement elt un véritable réfervoir femblable à ceux dont il eft parlé ci-deflus. Nous m’entrerons pas dans le détail de toutes les raifons fur lefquelles M. Struve appuie fon opi- nion, il fuffit de remarquer , 1°. Que la direction des couches eft à peu près la même dans les différentes fources du Gouvernement d’Aigle , qu'au fondement. IL eft donc bien naturel de penfer que toutes ces fources doi. vent leur falure à une même couche argilleufe qui s'étend dans tout ce diftrit; car, pourquoi formeroit-il des couches en un endroit, & non; pas dans les autres? D'ailleurs, un examen fait fur les liéux , prouve que: le roc argilleux fe prolonge au-delà du fondement. 2°. Les obfervations, indiquent que les bans s’enfoncent dans l'intérienr de la montagne; ce qui explique facilement l’alongement des galeries , à mefure qu’elles font plus profondes. 3°. En parcourant les différentes galeries des fondemens , M. Struve a reconnu que le roc argilleux falant, forme une couche qui eft comprife entre deux bans d’une pierre gypfeufe, appellée roc gris: & que ces bans fe relevent vers l'occident, ce qui prouve l’exiftence du ré: fervoir, & explique par là l'augmentation d’eau que l’on a obtenue en creu- fant plus profond. M. Struve parcourt toutes les fources du Gouvernement d’Aigle, & il trouve par-tout la confirmation de fa théorie. Il y a cependant plufieurs irrégularités, mais elles font occafionnées par le travail des eaux qui fillon- nent & minent par-tout ces montagnes gypfeufes. Quoique M. Struve n'ait pas eu le temps d’examiner aflez en détail les falines d’Aigle , pour pouvoir donner des confeils fur leur exploitation, il indique cependant ceux qui découlent de fa théorie. Le roc Jalé fec, des fources plus abondantes & des réfervoirs comme ceux du fondement , doivent être l’objet des recherches, mais ce n’eft que Par des obfervations faites fur les lieux mêmes , qu’on peut indiquer la ima- niere de diriger les travaux pour les obtenir. M. Struve croit par exemple, qu'en Chamofaire, il feroit facile de ren- dre les eaux plus fortes en fel & plus abondantes. SAOES 46 Hixtstr dois Kurt” per a S° 0 € NETE Ge Se Sur l'exploitation des fources falées du fondement, dans le Gouvernement d'Aigle. NE. avoir donné une nouvelle théorie fur les fources falées en géné- ral, après en avoir fait l'application aux falines du Gouvernement d’Aigle, il reftoit à éclairer de cette même théorie, la maniere dont on exploite les fources falées; tel eft l’objet de M. Struve, dans un mémoire (g}) qui fait fuite au précédent, mais qu'il a entiérement deftiné aux fources du fon- dement. j On a vu que les fources de cette montagne formoient un véritable ré- fervoir , & qu’on les exploitoit par abaiflemens fuccelhfs , c’eft-à-dire, en perçant des galeries latérales toujours plus profondes & toujours plus bas. M. Struve défapprouvecette méthode. 1°. Parce qu’en diminuant la colonne d’eau falée dans le réfervoir , elle ne peut plus réagir par fon poids contre les eaux douces extérieures qui tendent à pénétrer dans ce réfervoir, en forçant fes parois. 2°. Plus on approche du fond, plus la quantité d’eau diminue , & plus les travaux deviennent difpendieux. 3°. Enfin, on n’obtient-que-les eaux voïifines de la percée. À cette méthode infuffifante & mauvaife, M. Struve propofe de fobfti. tuer trois moyens d'exploitations, 19. De puifer dans le reélervoir même par des ouvrages verticaux fans le percer latéralement. 2°. De recouper les fources avant qu’elles arrivent dans le réfervoir. 3°. De fe contenter, de détourner les eaux douces quifont, comme on fait , un des plus grands inconvéniens dont on doive fe garantir dans ce genre d'exploitation. Nous ne nous arréterons que fur le fecond de ces moyens auquel M Struve donne la préférence. Puifque la couche argilleufe qu’il appelle aufli le roc noir , contiemt : Je fources, c’eft en y travaillant qu’on les obtiendra. Il s’agit feulement de fa. xoir la meilleuré maniere de sy prendre. Pour cet effet, il faut connaître : Finclinaifon , la direction & l’épaifleur de la couche argilleufe. Si alors on (ga) Voyÿ. les Mémoires, Purt. 2. p. 57. pes Sciences PHys. DE-LAUSANNE. 47 la coupe au bas de fa pente, par une galerie qui:fuive fa direftion, & qui pénétre dans toute fon épaifleur jufqu’au fol, c’eft-à-dire au roc gris qui fert de bafe, on eft für que toutes les eaux viendront fe rendre dans cette galerie, & de - la on pourra les conduire où lon voudra. De même que pour faigner un pré en pente, on le coupe par un foflé affez profond pour fe charger de toutes les eaux qui imbibent les couches qui font au- deflus du foflé. M. Struve fait voir qu’on pourroit profiter de quelques-uns des travaux faits au fondement, fi l’on vouloit y appliquer cette méthode. Et il y voit les avantages fuivans. 1°. De couper abfolument toutes les fources de la couche argilleufe. 2°. De les avoir permanentes. 3°. D'obtenir les fources à la hauteur des gale- ries actuelles. 4°. D’avoir des fources plus riches qui difpenferoient de les graduer. =—— Sur P'analyfe des eaux en général, €ÿ en particulier fur celles de St. Eloy € de Brüttelen. : fais Bergman, dans fes favantes differtations fur l’analyfe des eaux, nousaindiqué les meilleurs moyens pour les décompofer & reconnoitre leurs principes. Après lui, Mrs. Gemlin, Wiegleb & Struve (b), ont le plus perfettionné cette partie de la chymie. Mais ces auteurs ne fe font pas occupés des eaux foiblement minérales ; c’eft - à - dire, qui contiennent les principes falins en petite quantité; & l’on fent que les moyens employés pour les eaux fortement chargées, ne peuvent pas fervir pour celles qui le font peu; les menftrues puiflans qui fervent pour celles-là , doivent dé- compofer les principes falins de celles-ci. C’eft donc l’analyle des eaux foi- blement minérales qui eft l’objet de ce mémoire (i). Au lieu d’employer les acides minéraux pour agir fur le réfidu prove. nu par l’évaporation de l'eau, comme on fait ordinairement , M. le C. de (4) Voy.le Tome 1, des Mémoires de cette Société, pour l’année 1783. (i) vos. les Mémoires, p. 159. 48 HaisTtTorrs DE La Soc:iEerT'É Razoumowsky confeille de faire ufage de l'acide du vinaigre ou du vinai- ‘gre lui-même ; il diffoudra la terre calcaire & les terres abforbantes libres, fans altérer les fels. Mais comme la partie faline eft en trèspetite quantité ‘dans ce réfidu , même après qu’on l'a dépouillé de la terre abforbante , ül ‘propole de le foumettre à l’action de la flamme du chalumeau, qui en def. ‘féchant les fels, augmente leur faveur & facilite les moyens de les recon- noître par le goût ; d’ailleurs, les effets de la flamme font encore des in. dices aflez fürs, que M. le C. de Razoumowsky nous indique pour diftinguer les différentes efpèces de fels. Ce mémoire eft terminé par des procédés in- génieux pour déterminer les quantités minimes de ces principes. M. le C. de Razoumowsky a fait l'application de ces nouvelles métho- des, dans lanalyfe (4) des eaux de St. Eloy & de Briüttelen. Les premie. res fe trouvent près d'Eftavayé, ville du Canton de Fribourg, au bord du lac de Neufchatel; elles font légérement alumineufes & martiales, le fer y eft tenu en difflolution par Pair fixe, & il eft aflez difféminé pour donner en fe dépofant une fauffe dorure à une monnoie d'argent que l’on expofe à la fource de cette eau. Les eaux de Brüttelen font fituées à trois quarts de licue d’Anet (1), & à une lieue du village de Cerlier, au bord du lac de Bienne. Elles font lé- gérement martiales ; mais elles offrent une fingularité des plus remarqüa- bles, c’eft que l'air fixe, qui eft en quantité inappréciable dans ces eaux, ne tient point le fer en diflolution, mais Ceft Pacide fuiphureux volatil. M. le C. de Razoumowsky seft afluré de ce fait, non-feulenient par lPa- nalyfe , mais encore par la finthèfe, car il eft parvenu à compofer une eau faïtice , qui a tous les caractères de Peau de Brüttelen, en tritürant long- temps enfemble du foufre & dela limaille de fer, & en verfant de l'eau def- fus. Par cette opération, l’acide du foufre fe développe encore très - phlo- giftiqué, il s’unit au fer , & l’eau fe trouve chargée de cette efpèce de vitriol fait avec l'acide fulphureux volatil. Voilà donc un quatrieme état dans lequel le fer peut étre contenu dans les eaux minérales & qui métoit pas encore cohnu. u (k) Voy. Les Mémoires, p: v. (4) Voy. Les Mémoir es , p, 147 pes Scrgnces Pays. DE LAUSANRE. 49 IL eff à remarquer, que la diflolution d’argent dans l'acide nitreux mife dans la liqueur martiale faétice y produit des petites pellicules d’un brillant métallique, qui annoncent une révification de l'argent. Ceft une nouvelle: preuve de ce qu'avance M. de Morveau. ( Trad. des Opuft. de Bergmun. TT pi A xA } | D a es Dé mm em pe LE) Obfervutions Chimiques. I. de 20 Novembre 1784, M. le C. de Razoumowsky a communique Pobfervation fuivante fur l'acide du bouleau. » En Ukraine, l'on retire le fuc du bouleau de la maniere fuivante : " on fät une profonde plaie dans l’aubier de l'arbre; il en fort en grande ,, abondance une liqueur ou fuc limpide & clair comme l'eau la plus pure. ,; On en favorife l'écoulement au moyen d’un tuyau de bois adapté à la » playe. Un feul arbre peut fournir une quantité confidérable de cette li- , queur. Mais cet écoulement continuel l’épuife beaucoup à la longue, &. », il fe defféche. alors peu à peu entiérement. Ce fuc eft antifcorbutique , ». mais affoiblit confidérablement Peftomac. » 1. Ayant expofé ce fuc à une chaleur douce & tempérée , il a fer- » menté prefque infenfiblement, & s'eft changé au bout de peu de jours. en une liqueur d’une faveur douce & piquante , à peu près comme le > Vin nouveau, & au bout de quelques jours encore en liqueur acide. » 2°. Cet acide doit être très-huileux, puifqu’ayant adapté & bien lutté »tavec un lut gras, un vaifleau de verre fur le vaiffeau également de verre, - ; dans lequel étoit contenu l'acide, expofé toujours à une très-douce cha- » leur , il seft attaché autour de toutes les parois du vafe fupérieur, quan- » tité de gouttes limpides & blanches d’un phlegme huileux. » Le phénomène le plus fingulier que préleute cet acide , eft celui-ci: » 3°. Verlé fur du charbon de bouleau même réduit en poudre, il s’eft » fait une effervefcence très- confidérable qui a duré plufieurs heures; la » diffolution a pris une couleur jaune, & l’évaporation nva fourni un feb » En herborifations d’un goût fucré. Le charbon étoit, comme on le fait, Tome 11. (G) sa HIS DOME: DÆE4UR A1 SxO CE É T É , regardé jufqu'à ce jour comme une fubftance infoluble dans les acides » & je ne fais fi la propriété dont nous venons de parler, appartient » même au charbon de bouleau de tout autre pays que l'Ukraine; ce que: , l'expérience m'a appris, c’eft que le charbon du bouleau que l’on trouve , dans les environs de Laufanne, ne produit aucun effet avec les acides mi- ,, néraux ; il eft vrai que je n’ai point eflayé celui d'Ukraine avec ces der- ,, aiers acides, ni celui des environs de Laufanne avec l'acide du bouleau. » Il s’agit donc de déterminer fi le charbon du bouleau d'Ukraine eft plus ,, alcalin que celui des autres pays de l'Europe; ou fi les bouleaux de tous les pays donnent un charbon qui ait la propriété de ne faire effervef ,, cence , & de ne fe diffoudre que dans le feul acide de ce bois ? Mais , revenons à cet acide. » 4°. La craie fe diffout aufli avec effervefcence dans cet acide végétal, , mais cette effervefcence eft bien moins ‘confidérable qu'avec le charbon, ,, & de moins de durée. Cette diffolution m'a donné un fel en aiguilles, , d'un goût de craie acide. » 5°. Ayant laiflé tremper dans cette liqueur un fil de fer pendant 7 os: jours, elle seft colorée en verd , comme les diffolutions de , ce métal par les acides minéraux, & jai obtenu un fel de même cou- ss te °. Par l'évaporation entiere & lente de l'acide, il refte au fn du s ee une matiere vifqueufe & colante ; légérement douceitre, d’un jaune , brun , qui fe diffout dans l’eau, s’enflamme au feu, & laifle après l’uf- tion, une matiere blanche & fpongieufe, femblable à l'alcali fixe calciné, > mais fans goût fenfible. | IE « Le 19 Décembre 1784, M. le C. de Razoumowsky a communiqué à la Société l’effai fuivant , pour faire de la pyrite artificielle. , Henckel nous apprend que la pyrite eft prefque la feule efpèce de mine, que l'art ne puifle parvenir à imiter parfaitement ; il y a cinq ans » que jentrepris quelques effais pour parvenir à ce but; je n’en rapporte- ,, tai ici qu'un feul, que des circonftances imprévues m'ont empêché de » pouifuivre & de poufler plus loin. | ; PA DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. S1 Procédé. » Je mélai & triturai bien enfemble dans un mortier de pierre, de :la » glaife ordinaire , propre à la fabrication des briques; environ la moitié de » fon poids de foufre pilé, & à peu pres le quart d’huile d'olive ordinaire; » j'ajoutai à ce mélange aflez d’eau pour former, du. tout, une pâte d’une » Certaine confiftance , que je pêtris avec les doigts, & à laquelle je don- » nai une forme arrondie & globuleufe; je mis cette maffe ainfi préparée , » dans un petit pot , recouvert feulement d’un autre pot femblable & de » même grandeur ; de maniere que les bords des ‘deux orifices joignoient » bien enfemble, & j'expofai le tout à un feu de fourneau ordinaire pen- » dant vingt-quatre heures. Réfultat. , Âu bout de ce femps, ayant laïflé refroidir ce petit appareil , & retiré > la maffe globuleufe qui étoit au fond; je diftinguai à fa furface quelques » parties d’un jaune brillant, entiérement femblable à /a couleur de la py- » rite; ce qui me fit efpérer qu’en continuant l'opération que javois ten- » tée, plus long-temps, j'obtiendrois une mafle entiérement pyriteufe; mais » Celle-ci ayant été répétée, (peut-être pas avec affez de précaution } les » tâches pyriteufes difparurent entiérement , & la petite boule ayant été » Caflée, m'offrit intérieurement des veines jaunes & rouges, telles qu'on , en voit dans les lieux où la pyrite s’eft décompofée. On concevra facilement que cètte expérience eft fondée fur kes prin- ”, cipes fuivans : » 1° Que la pyrite eft un 20 compofé eflentiellement de’ foufre , » de fer, & d’une terre métallique, fans doute de la terre des argilles; ce , que femble prouver Palun que fournit Donne la vitriolifation des » pyrites. | | , 2°. Qu'elle habite le plus communément parmi les couches terreftres » argilleufes auxquelles elle doit peut-être fon principe martial. » 3°. Conjecture aflez conforme à HRRSIERCE fameufe & fi connue de ». Becker. # C7 (6) s2 Bus Tor ae DiezrL\AUS:0) ciuz T É L tU TXT A la même date, M. le Comte de Razoumowsky remit encore l’obfer- vation fuivante, au fujet des mines de métaux natifs fous forme ca- pillaire. ., Parmi les minerais que l’on extrait des flons métalliques , on rencon- re quelquefois le métal natif ou non minéralifé ; dans ce cas, il affedte 7 différentes formes , dont l’une des moins communes & la plus recherchée , des curieux, eft la forme capillaire ; le cuivre & l'argent natif, font les , métaux qui en offrent les plus fréquens exemples, fürtout le dernier: ., Plufieurs minéralogiftes & entr'autres Henkel & Wallerius, ont attribué :, la production de l'argent capillaire par la nature, à la décompofition des , mines d'argent vitreufes rouges, parce que l’art obtient la même chofe 38 2 par la fimple torréfation de ces mines. Cependant, comme ce n’eft pas , le feul moyen que l'art puifle employer. à cet effet, il y a apparence que , ce neft pas-auli l'unique. &:feul que la nature employe. La premiere ,, fonte de cuivre, noir, donne fouvent un cuivre rouge capillaire en filets ,, flexibles & :très-déliés: L'argent , l'étain , le plomb & prefque tous les mé. taux, étant fondus au chalumeau & refroidis fubitement , font voir fur ji ere des côtés de la petite mafle que l'on obtient le plus nm en ; en contaét avec. l'air, une configuration très-marquée en filets repliés les uns fur des autresitrèsflexibles , & qui fe laiflent + Ai féparer plus re es moins facilement: bo Refte à favoir, fi.dans:la ptoduétion des'mines, la nature employe, à = péut employer la voye de la fufion ; ce mwelt point à moi à décider , cette queftion délicate; je penfe cependant que tous ceux qui ont vu un ; grand nombre | d'échantillons de mines de toutes efpèces, foit dans les -;, colléctions , foit dans les fouterreins mêmes des mines, feront portés à croire avec moi , que ce moyen chymique n’eft pas entiérement interdit à ,, la nature, quoiqu’elle en ufe rarement , & quoique lefprit humain ait ,, peine à concevoir comment elle le met en œuvre. I V. Le 18 Août 1785, M. le Comte de Razoumowsky lut cette obferva- tion fur les eaux de Leyde. pes Sciences PHys. bE Lausanne. .£3 », Pendant mon féjour à Leyde, j'avois placé entre deux tablettes de :, bibliothèque, un grand-bocal de verre rempli d’eau de citerne, qui éft » prefque la feule que l’on emploie dans cette ville, & dans lequel je te- ",, nois des poiflons d’or & d’argent de la Chine, que l’on a pour ainfi-dire ,, naturalifé en Hollande, où ils font devenus fort communs. Je fus fort » furpris au bout de quelques jours , de trouver mon eau qui étoit fort » blanche & claire, lorfque javois rempli le bocal, devenue toute jaune & » remplie de bulles d'air en fi grande quantité , qu’elle refflembloit à une » diflolution de favon ; bientot deux de mes plus gros poiflons, qui sé. 2, toient beaucoup agités depuis ce changement, moururent ; & les autres "> étant fort affoiblis, je me hâtai de changer leur eau: Ce fait prouve que » l'eau phlogiftiquée n’eft pas plus propre à l'entretien de la vie & de la ",, réfpiration des animaux deftinés à habiter cet élément, que l'air phlogi£ » tiqué n’eft propre à l'entretien de la vie & de la refpiration des ahi- » Maux qui habitent la terre. » Quelques perfonnes de cette Société ayant foupçonnés que les poif. _:, fons malades ou morts avant que je n’en fuffle apperçu, pouvoient ayoir 39 altéré l'eau ; je vais préfenter un fait, qui en réfutant cette opinion, " donnera une idée de la nature des eaux de certains lieux de la Hol. » lande. » Une eau de puits, prife dans une maifon de la rue de ZLong-pont: 1°. ;, Ayant été repofée quelques jours dans un vafe, il s’eft formé à fa furface au bout de ce temps, une pellicule graffe chatoyant les couleurs de l'iris . » qui enveloppoit des grains de félénite qu’elle tenoit fufpendus, & les » €mpéchoit de tomber au fond du vale, » 2°. Cette eau mife à digérer à une douce chaleur & évaporée ju£ 3, qu'à moitié de la hauteur du vafe qui la contenoit, eft devenue jaunà- » tre & évaporée environ jufqu’aux trois quarts de la hauteur de ce vafe ; » elle devint d’un jaune foncé, épaifle, comme huileufe & onctueufe au sntoucher, & répandant une odeur de réfine ou de bitume, » 3°. Quelques gouttes de difflolution d’argent verfées dans cette eau, ;, ont donné un précipité de la forme d’un caillet & d’abord de la couleur » de l'argent , qui eft devenue enfuite bleuâtre; preuve que la chaux d’ar- » gent a trouvé à fe combiner avec une portion de phlogiftique. 42. Les réfidus que m’a fourni l'opération de cette eau & les expérien- 54 HiS$SToiïre pe za SocisTé 5 ces précédentes, m'ont prouvé que l'eau de puits & de citerne (*} de » Leyde contient : » 1°. Un principe bitumineux , ou plutôt une matiere extradive & pu- ,, trefcible fort abondante. 2 » 2°. De la terre calçaire ou chaux aérée. ES tx De la félénite. » 4. Un peu de fel marin. V. Le même auteur a remis, à la même date, une obfervation fur la chaux. Faute de pierre à chaux, on fe fert en Hollande pour le méme ufa- ï, ge, de coquilles dont la mer forme des dépôts très - confidérables. Au » fortir du Leiderdorp, joli village aux environs de Leyde, où jallois me promener fouvent , on voit de grands fours à chaux , coniques , ouverts par le haut, qui font prefque toujours en action & que l’on a foin d’ifo. ler des habitations. Pendant le fort de la calcination, on voit s'élever » fans ceffe au-deffus de ces fours, une fumée très-blanche, épaifle & fi pe- fante, qu’elle retombe à terre prefque au même inftant où elle seftéle. » Vée & prefque avec la même rapidité que celle que l’on obferve dans là Chüte des corps folides. Cette fumée n’eft en effet que la chaux atténuée » à un point étonnant par la grande chaleur de ces fours, & que l’on re- Connoït dans la matiere pulvérulente , fous la forme de laquelle elle re. .; tombe à terre. ÿ 4 » Ce phénomène qui prouve un certain degré de volatilité dans la chaux, » tout commun qu’il eft, a fouvent attiré mon attention, & ne paroïtra: » affurément pas indifférent aux chymiftes éclairés. L 1 C*) »% Ces propriétés des eaux de citerne en Hollande, proviennent, comme je m'en füis s afluré, des parties végétales que les eaux de pluie entraînent en paffant fur les toits, & que » leur ftagnation fait entrer en fermentation putride ; aufli les particuliers riches ou aifës qui veu- # lent avoir de la bonne eau de citerne, ont-ils bien foin de faire nettoyer & racler les toits de leurs maïfons & leurs gouttieres , jufqu’à deux ou trois fois paran, Les parties végérales dont » il s’agit, font dues à une forte de mouffe très-fine , reconnoiffable par des trages d’un verd noi- » râtre ou même noires, que l’on remarque dans les concavites des tuiles des toits. Cette mouffe, ou fi l’on veut, ce duvet négctal, paroît avoir beaucoup d’analogieavec la moififlure , & fem- » ble fe former plus volontiers dans Les endroits fitués à l’ambre, que dans ceux qui font expofés, > aux rayons du midi. pEs Sciences Puys. pe LAUSANNE. ss VI. Diverfes expériences que M. le Profeffeur Struve a faites fur le fuc gaf. trique, l'ont conduit à penfer qu'il étoit un compofé d'acide phofphori. que & dalcali volatil; outre le fel ammoniac phofphorique, le fuc gaftri- que contient aufli du fel ammoniac & un peu de gelée; mais ces deux fubftances lui paroiffent accidentelles. M. Struve a effayé de faire du fuc gaftrique artificiel, & il a trouvé qu’il opére à l’aide de la chaleur, la di- geftion conmme le fuc naturel; ceft-à-dire, qu’il diffout les viandes jufqu’à faturation & de la même maniere. Il eft aufli antifeptique que lui. À la vérité, il ne caille pas le lait, mais tous les fucs gaftriques ne le caillent pas. La vertu antijeptique du fel ammoniac ordinaire eft infiniment infe. rieure à celle du fuc gaftrique artificiel , & ce fel ne décompofe pas les viandes comme lui. M. Struve fe propofe de faire une fuite d’expériences comparatives entre les différens fucs gaftriques naturels, & le fuc gaftrique artificiel , & de déterminer les quantités précifes des compofans qu’on eme ploye pour le former. © — mr A Correttions & additions aux Mémoires fur l'analyfe des eaux pour l'an. née 1783 (#1), par M. Struve. Col dans l'impreffion de mes Mémoires fur l'analyfe des eaux, il s’et glifé plufieurs fautes d'imprefion & des omiflions qui changent entié. rement le fens, j'ai cru devoir y remédier par les corrections fuivantes , auxquelles j'ai joint une ou deux remarques , qui ont principalement pour but d'expliquer la méthode que j'employe pour préparer la leflive de fang; explication que jai cru néccflaire, ayant appris que des chymiftes n'ont pas réufli en fuivant mon procédé , & l’ont regardé comme inférieur aux méthodes que d’autres chymiftes ont propofées. . Me défiant de moi-même, j'ai répété les expériences que j'avois faites à _ Cm) Ces Mémoires font imprimés dans le volume précédent, 56 HÉésSTOrirRé' DE La S6er=TÉ plufeurs reprifes, & je me fuis toujours plus convaincu de la bonté de mon procédé & de fa fupériorité fur ceux qui font connus. Page 101 à la derniere ligne, au lieu de la terre vitriolée, Jifés le tartre vitriolé. | 105. lig. 20: a1. Traces les mots, parce que le plomb corné £e dif fout aufli en grande eau. | 107. lig, 10. au lien de l'alun , les fels vitrioliques & le fel, Zÿf. Palun’ & les fels vitrioliques le fel 107. lig. 15. au lien de magnefñe de fel, Zf. magnefe dans l'acide de: fel : 108. Lig. 8. am lien de fl marin, lif. fel ammoniac lig. 25% au liew de de décompofer l'alun & d’en féparer la terre, lif. d’être diffous par lalun | “138. li. 19. au lièu de leflive cauftique, Zf. Ieflive alcaline À 338, Hg: 2\. an lieu de un peu d'acide, //f. aflez d'acide : 138. lis: 22, après les mots qui la rend bleue , ajoutez pour que l° liqueur aye une faveur acide marquée : 138. lig. 22. après les mots fur de la chaux vive en poudre, »etfes un renvoi (n), qui renvoye à la-note ci-jointe 138. lig. 23. 24. au lieu de au bout de quelques heures je filtre, #et- tes au-bout de vingt - quatre heures. j'exprime le mélange &je filtre 139. lig. 2. après les mots: le moindre atome de fer, weïtez un ren- voi (o) renvoyant à la note fuivante 139: lig. 2. 3. 41 ç. traces les mots: Quelquefois: cependant lotfque le papier gris: jufqnes aux mots : il: faut filtrer dé nouveau! la liqueur inclufivement: Fi | | Pag: 139 : (n)' Laiquantité deichaux: vive eftatbitraîre ;. mais fl convient d'éniprendre plutôt trop-que- trop peu; car fi on n’en prenoïit pas aflez,, l'acide. excédent ne feroïe pas fœuré, &tout leblew , de Berlin formé ne feroit pas extrait & fufifamment décumpofe pat la chaux, dont l'addition Le fait éependant-dans le but de Le décompofer complettement: au B:41A Co ) La chaux que l’on ajoute, décompofe le bleu de Bertin que l’addition de l'acide avoit For mé. Les molécules de chaux de fer réfultantes de cette décompolition , fe trouvant à mefure qu’elles fe développent en contaét avec celles de la chaux, s’y joignent en vertu d’une fimple at. ” traction, & ne reftent plus fufpendues dans la liqueur , & il arrive ici.à peu-prés ce. qu'il arrive dans la clarification des liqueurs au moyen de différentes additions. à 239. 143. 143. 144. 144. 144. 14$. 147. 180. 184. 190. 190. 190. 190. pEs Scrences PHys. DE LAUSANNE. 57 lig. 12. après les mots plus de précipité, ajoutez mais des chymif tes qui ont fuivi ce procédé , aflurent qu’on ne peut pas féparer ainfi tout le. fer, d’ailleurs il eft fort long lig. 26. 27. au lieu de de cette diflolution, /if. de cette chaux lig. 34. au lieu de il eft important , /if. il eft impofhble lig. 7. au lieu de condenfé, lif. concentré lig. 27. au lieu de qu'on employe pour le redtifier , /;f. qu’on em- ploye pour l'évaporer lig. 29. au lieu de il faut le concentrer , lif. il faut le reifier lig. 17. ajoutez après les mots: M. Ludolf, ce qui fuit : ou diftiller de lefprit de vin tartarilé dans une cornue de verre, en ne pouflant la diftillation que jufques à moitié. De cette ma- niere on eft für d’avoir un alcchol parfaitement pur & parfaitement déphlegmé. lig. 22. après les mots: & criftallifé, ajoutez: on peut aufli l’ob- tenir complettement aéré, en ajoutant à fa diflolution un peu d’al- cali volatil aéré & en évaporant enfuite la liqueur au point con- venable pour la criftallifation. lig. $. 6. au lieu de La terre pefante , la magnefie & les combi. naifons de ces fubftances, #ettez La terre pelante & fes com- binaifons lig. $. au lieu de nitreux, if. terreux. lig. 14. après les mots l'article précédent , #ettez La précipitation du fer au moyen de l’alcali aéré peut fervir à fa- voir l’état dans lequel il fe trouve. Le précipité du fer déphlogif. tiqué eft jaune, celui du fer phlogiftiqué eft, fi on l’examine avant qu’il foit fec, ou bleuâtre ou olivatre, felon qu'il eft plus ou moins phlogiftiqué. lig. 18. au lieu des mots: s'il ne perd pas fon goût, Zif. : fi elle ne perd pas fon goût & que Le précipité, sil y en a un , foit blanc lig. 19. apres les mots: uni à l'acide de fel, wettez le renvoi (a) pour Jérvir de renvoi à In note (a) qui Je trouve au bas de la page 191 € qui devroit fe trouver au bas de la page 190 Big. 20. 21 à 25. tracez les mots: Il faut donc dans cette expé- rience filtrer l'eau, jufques aux mots : d’un beau bleu, €7 #ettez û la place Tome 1 I, " CH) C 191. J91I. 196. 196. 199. 199. 199. 199. 200. 202. 203. # HS TNoMToR Ed Del L A IS ol CANELTÉ Pour avoir une certitude complette que la couleur jaune du précipité cft due au fer, il n’y a qu'à filtrer l’eau pour l'obtenir féparément. Si en verfant deflus de la leflive de fang mélée avec de l'acide de fel, ce précipité devient bleu On aura la preuve la plus complette. lig. 7. traces (a) indiquant une note qui appartient à page 190 lig. 21. aprés les mots: devienne noir, ajoutez , par l’adion du feu lig. 13. après les mots ; dégagé, mettez par la décompofition du foye de fouffre occafionnée lig. 16. au lieu de & forme if. qui forme lig. 19. traces les mots une partie de lig. 24. au lieu des mots : il faut en féparer la terre calcaire par le moyen de l'acide de fucre alcalifé , #ettez il faut féparer la terre calcaire de la liqueur délayée par le moyen de l'acide de fu- cre alcalifé. lig. 28. après par précipitation, ajoutez avec a Palcohol lig. 32. tracex les mots: à bale terreufe lig. 3. ajoutez après: de l'acide de fel, les mots ou de nitre qui le tient en diffolution | lig. 1. au lieu du mot diftillée, Lif. filtrée lig. 13. après les mots : du réfidu de l’évaporation, ajoutez: ou dans la liqueur reftante ci-deflus fi l’eau contient outre l’alun & le vitriol de magnefe , du fel de Glauber , du fel marin & du nitre, DES ScirENCES Puys. pe Lausanne. s9 Sur le Man, ou Ver Blanc. I: ne s’agit pas ici de donner de nouveaux détails (p) furles mœurs & les méthamorphofes de cette infette, qui eft, comme l’on fait, la larve du hanneton; les dégats qu'il a fait pendant l’année 1784, ont engagé M. van Berchem pere, à s'occuper des moyens de le détruire; & il a trouvé que le plus efficace étoit de donner aux terres un profond labour pendant lautomne de l'année où les hannetons ont paru; on expofe ainfi la larve de cet infecte encore jeune & foible à Paétion du foleil qui le fait périr promptement. M. van Berchem remarque à cette occafion, que fa nouvelle méthode de planter les pommes de terre, exigeant un défoncement des terres en automne , doit détruire beaucoup de vers blancs. Ce qui n’eft pas un defes avantages les moins effentiels. L'année 1784 a fourni encore de nouvelles preuves de lutilité qu'il y a de femer les raves entre les rangées des pommes de terre, & en gé- néral dans les endroits où elles foyent à l'ombre , mais nous renvoyons au Mémoire pour en voir les détails. Cp) Yoy. les: Memoires , p. 65. (H) 2 60 Hlrss or dore Dr EL. A 2 SVONGUIE TER a ( Là Sur l'eau la plus pure à la végétation. I _4E grand phénomène de la végétation , eft l'effet de plufieurs caufes : le folcil, l'air, l'eau & la terre font autant d’agens qui concourent à le pro- duire. Suivant M. l'abbé Rozier & l'expérience, le foleil par fa chaleur wi. vifiante, excite une fermentation propre à combiner les fels & les matieres grafles qui proviennent de la décompofition des végétaux & des animauxs & à former ces produits favoneux parfaitement mifcibles à l'eau , & qui par fon moyen vont porter la vie & la nourriture à la plante, L'air , foit par l'humidité qu’il contient, foit par les principes dont il eft chargé, eft ab- folument eflentiel à la végétation. La terre pure ne fait rien par ellemème, mais unie au terreau, c’eft-à-dire, aux débris des végétaux & des añimaux, elle fe charge de leurs principes falins & graifleux, elle s’impregne d’'hu. midité; & fi elle eft dans un état convenable, elle reçoit cette fermenta. tion qui produit les fucs nourriciers de la plante. Enfin, l’eau eft un agent fi néceffaire à la végétation, que fouvent elle fuffit feule pour faire croitre plufeurs efpèces de plantes, mais on ne doit cependant pas croire qu’elle {oit le moyen unique que la nature employe pour la végétation : l’expé- rience prouve qu'il faut la réunion des agens que nous avons indiqués pour l'obtenir aufli belle que poflible , & en général, on peut dire que fi les moyens de la nature font fimples, ils font ordinairement nombreux. M. Bertholon ne s'occupe ici (g j que, des effets de l’eau fur la végé- tation, & il cherche quelle eft celle qui convient le mieux pour remplir ce but. Ka avoir examiné , par des raifonnemens fondés fur l'expérience, les différentes eaux naturelles du ciel & de la terre, il conclut que celles qui font chargées des principes des végétaux & des animaux, font les meil- leures pour la végétation, & qu’elles le feront d'autant plus, qu’elles en contiendront davantage. Que par conféquent une eau dans laquelle on aura mis des végétaux & des animaux fe décompofer, doit être préférée à toutes les autres, & fur-tout fi par le moyen de la fermentation, ces prin- Cg) Voy. les Mémoires, p: 196. RES SCIENCES PHYS, DE LAUSANNE. 6L cipes fe font intimément combinés entr'eux, & avec elle, & lui ont donné ane qualité favoneufe ; aufli cette eau que M. Bertholon appelle eau ve. gétative , pourroit de même s’appeller ea favoneufe. Il rapporte plufieurs exemples qui. prouvent les avantages de cette eau artificielle, dont nos cultivateurs éclairés favent bien faire ufage. La méthode indiquée par M. Tichifelid pour l'arrofement, prouve les avantages de cette eau végétative, & nous apprend en même temps la meil- leure maniere de l'employer. CR, Te ee mme Sur la carie du froment € les moyens de la prévenir. 3 n'éft pas de fleau plus commun , & par là même plus cruel pour le cultivateur , que la carie du froment (r). “La plante croit, dit M. Cadet » de Vaux, les épis fe montrent, la balle du grain acquiert même plus de » volume, mais au lieu d’une fubftance blanche & nutritive, elle ne con- » tient qu'une poufliere noire, grafle au toucher & infecte. Le champ même » exhäle une odeur fœtide. Cette poufliere difféminée fur le bon grain, le #'wicie ; la valeur d’un pareil bled eft avilie ; le pain qui en réfulte eft d'un 4 noir violet; il eft mat & nuit à Mono animale, On conçoit cont- bien il eft important de pouvoir garantir le cultivateur des ravages de cette maladie. Ceft là l’objet du Mémoire de M. Cadet de Vaux , qui prouve par la théorie & par l'expérience , qu'il n'yen a pas de plus facile à pré- venir. : I fait voir que la carie eft communicative , & ne s'établit que par ce moyen. Que le principe en réfide dans la femence , & qu’elle ne devient contagieufe qu'autant que l’année préfente un concours de circonftances propres à la développer, que fi ces circonftances n’ont pas lieu , & qu’au- contraire l’année foit favorable à la végétation ; alors la maladie n’eft pas contagieufe , elle s’arrête même fi elle a régnée. Cette apparition & difparition prouvent qu’on peut la regarder comme une véritable épizootie ou épi- démie végétale. Cr) Voy. es Mémoires, Part, 2. p. 64. 62 HMS RC OUENRCE Cote La SSH rOME TIE Les circonftances qui conribuent à contaminer cette maladie, font la difperfion de la poufliere de la carie ; les fumiers nouveaux faits avec de la paille de bled noir & qui n’ont pas fubi les degrés de fermentation nécef- faire pour détruire le germe des grains attaqués ; enfin, tous les meubles d'agriculture qui ont contenu du bled, peuvent contribuer à fa propa- gation. La non-maturité des femences ; les labours frais; une terre mal façonner; des femences tardives , la féchereffe & l'huinidité froide , font autant de cir- conftances qui favorifent le développement de la carie, mais qui n’en font pas la caufe, comme le croyent la plüpart des laboureurs. M. Cadet de Vaux traite de ces deux objets, & fait voir par une théorie éclairée de lexpérience, comment ces diverfes circonftances agillent ; il recommande aux agronomes de sen garantir, & leur prouve qu’au moyen de ces précautions , ils préviendront la carie. Mais le moyen le plus efficace, celui qui détruira l'influence de toutes ces caufes favorables à la carie, c’eft le chaulage. M. Cadet de Vaux termine fon Mémoire par la théorie du chaulage & la meilleure maniere de chauler le grain. La carie étant une fubftance grafle, l'effet de la chaux & des fels alcalis fur elle, eft de là rendre mifcible à eau , comme les huiles unies aux alcalis donnent les favons, qui font dif folubles dans Peau. On voit donc que la chaux & l'eau fufifent pour le chaulage : mais fi on y ajoute du nitre, de l’eau de fumier & d’autres en- grais, ils contribueront à faire végéter le grain avec plus de force. Il faut furtout que le grain foit bien pénétré de l’eau de chaulage, afin de détruire radicalement tous les germes de noir qu’il pourroit avoir. Ceft fur ce principe qu’eft fondé le procédé qu'il indique & qu’on doit lire dans le Mémoire. G DES SciENcEs PHYS DE LAUSANNE. 63 See ae emmener me, TS Obfervations d'Agriculture. M Onfieur van Berchem pere, a lu le 15 Décembre 1786 , les expé- riences {uivantes {ur les fréquens labours des terres légeres. “ Les Jabours » Jont également avantageux aux terres légeres, dit M. du Hamel (5), mais » bar une raifon contraire , comme le défaut de ces terres ef} d'avoir de » trop grands ofpaces entre leurs molécules © que la plipart des efpaces » Wont pus de communication les uns avec les autres, les racines travcrfent » les grandes cavités fans adhérer aux molécules de terre , #en tirent par » Conféquent aucune nourriture. Mais quand par des labours réitérés, on cf » Parvenu à broyer les petites mottes , on multiplie les petits intervalles aux » dépens des grands ; alors les racines ont la liberté de s'étendre ‘elles fe glife » Jent pour ainfi dire entre les molécules , en éprouvant une certaine réfiftance » Qui leur eff néceffaire pour Je charger du [uc nourricier que la ‘terre cow- » tient. Curieux d’éprouver cette théorie par la pratique, je choifis quel. » ques arpens de terre marécageufe que javois fait faigner , mais aupara. » Vant il ne fera pas inutile de dire quel étoit létat de cette terre & les » travaux qu’on y avoit fait. » Comme mon premier but étoit de la convertir en pré naturel , j'avois » fait conftruire dans la partie la plus élevée un réfervoir d’eau, qu'on ap- » pelle étang dans ce pays-ci; des rigoles bien diftribuées , devoient con- » duire l’eau du réfervoir dans toutes les parties du pré, maïs la terre étoit » fi fpongieufe, que cette eau pouvoit à peine s'étendre à quelques toifes » du réfervoir, & qu’elle l’abforboit tout de fuite. » Obligé de renoncer à mon premier projet par des raifons qu'il eft » inutile de rapporter ici, je fis mettre la charrue dans ce pré trois ans » après qu'il eût été faigné. Ce défrichement fut difficile & coûteux à caufe de la grande quantité d'arrête bœuf dont ce terrein étoit convert, & qui m'obligea d'employer beaucoup de bras pour travailler ce que la charrue mavoit pu renverfer. » Mais comme la terre étoit noïre & avoit tous les carattères d’un bon | E vs C5) Traité de la Culture des terres, Tom. 1. p. 57. 58. 64 Hirdonioau E dDLE, & A:-S)0 ci, ris LD] Lo] 2 2 L>] terreau, je m'attendois à de belles récoltes. J'y fis femer du bled après trois labours & la décompofition totale du gafon ; mais cette terre devenue trop légere fe gonfla fi fort pendant l’hiver, qu’elle déterra la plüpart des plantes, & ma récolte fut médiocre. Vers ce temps, je re- mis cette partie de mon domaine à un métayer, que nous appellons » dans ce pays granger; il rangea mon marais defléché, dans l’ordre de » fes foles ou pies, & le cultiva à la maniere accoutumée dans ce pays. nm s v ü Ce terrein ne donna jamais que de chétives récoltes. Dans les années hu- mides, c'étoit de la boue; dans les années féches , il étoit aufli meuble que de la cendre ; dans les bonnes années , la terre étoit toujours ou trop humectée par la pluie, ou trop defféchée par le foleil. C’eft alers que je voulus appliquer la théorie de M. du Hamel, & aucune terre ne me parut plus propre à faire cette expérience. J'avois bien un moyen infaillible de lui donner de la confiftance. Cétoit de défoncer ce champ à trois pieds de profondeur ; la fonde m’avoit indiqué que j'y aurois trouvé de la terre glaife; qui, ramenée à la furface & mêlée avec la terre lé- gére , mauroit donné au bout de quelque temps un très - bon fond, mais ce.moyen étoit trop difpendieux, & je préférai celui de fréquens labours. » Je donnai à mon métayer une charrue à oreille tournante, au lieu de la -charrue à deux oreilles dont on fe fert dans ce pays, & je l’en- gageai à, faire un labour profond, immédiatement après la récolte. L'automne fut belle ; & vers la fin, il donna un fecond labour moins profond que le premier. Vers la fin de Janvier , la faifon me permit de donner un troifieme labour , il en reçut un quatrieme au printemps, un cinquieme trois femaines ou un mois après. Au fixieme , le métayer répandit fur le champ, du fumier mélangé de cheval & de vache, & dans la proportion de fix chars par arpens. Entre ce fixieme labour & les femailles, j'eus le temps d’en donner un feptieme ; le huitieme fut donné lorfqw’on enfemença cette terre en bled. La récolte fut beaucoup meil- leure que toutes les précédentes, & fut prefqu’aufli bonne que dans mes autres champs, Cependant cette terre n’avoit pas encore acquis la con- fiftance que je défirois. Les années fuivantes , elle. reçut toujours quatre & quelquefois cinq -labours avant d'y répandre la femence, & pour cet effet, je me pañfai de la récolte des Afars. Enfin, à force de labours, elle étoit devenue affez compacte pour mériter d'être placée au rang des bonnes Des Serences PHys DE LAUSANNE. 6; bonnes terres à bled. Mais l'ayant abandonnée depuis, parce qu’elle en- troit dans une partie de mon domaine deftinée à étre plantée en bois, elle me paroït être retombée dans fon premier état ; cependant les chà- taigniers y croïflent bien. Cette expérience contribuera peut-être à répan- dre du jour fur ce que l’on doit attendre du fréquent labour des terres PAIÉDETES ;- JT É T É O R O L O G LÉ. > —_— — a mens M ET Sur l'importance des Obféèrvatious Météorologiqnes en Suiffe. M osscue Senebier s’attache principalement dans ce Mémoire (+) à faire fentir combien il feroit avantageux pour la météorologie , que l’on fit avec: les divers inftrumens météorologiques connus , des obfervations fuivies dans les différentes parties d’un pays montagneux & à différentes hauteurs, parce qu’il n’en eft aucun qui offre des cas plus variés & des circonftances plus frappantes, & par conféquent plus de moyens pour porter la lumiere dans cette fcience, qui eft encore fort peu avancée. Il indique enfin divers phé- nomènes dont ces obfervations pourroient nous faire efpérer la folution. C£) Voy. Zes Aémoires, p. 208. Tone IE: | CT) 66 Hiriis rlorrtmes (LDLE Lpusa SSNoNeMUE ME Ris EE ———— ee O R JT IH © P É D L Ée Ste EE ms em de EE EE | fecours que l'art porte aux perfonnes qui naïffent avec des difformi. tés dans la charpente ofleufe, foit par les déjettemens & contournemens des membres , foit par ceux de l’épine du dos, font encore de nouveaux bien. faits que nous devons aux fciences. Depuis 15 ans, M. Venel s'occupe des moyens de corriger .ces fortes de difformités, qui ne font malheureufement que trop communes, & il a vu fes travaux couronnés des plus heureux fuccès. Ce Mémoire traite (#w ) des moyens méchaniques que l’on peut em- ployer contre les courbures latérales de l'épine du dos , il fe réferve à par- ler dans un autre Mémoire, de fes déjettemens de derrière en avant. On renvoye au Mémoire pour la defcription de Yappareil de jour & celui de nuit que l’auteur employe; il fuffit de dire ici, que fon but eft d'agir en allongeant la colonne épiniere , & de réunir à ces moyens d’extenfion lac. tion de la répulfion fur les parties faillantes. (Cu) Voy.les Mémoires, p. 197. pes Sciences Pæys. DE LAUSANNE. 67. I ED MR À VU I LT Q UV Ée en a ————— ——— EE () a — Sur une nouvelle machine pour élever l'eau. M or Venel décrit ici une machine de fon invention , dont il fait ufage pour élever l'eau de la riviere de l’'Orbe dans fon jardin, à une hau- teur de plus de 80 pieds. Cette machine a quelques rapports à celle de Vera, mais elle a fur elle plufieurs avantages (x ). À une corde fans fin, qui roule fur deux tambours cilindriques, dont lun eft placé au bord de la rivière d’où l’on veut élever l'eau, & l'autre au-deffus de l'endroit où on veut qu’elle arrive ; à cette corde, dis-je, font’ attachés de légers godèts de cuir, placés à une diftance convenable. La moi: tié de ces godets eft toujours afcendante pour élever l’eau, & l’autre moi- tié defcendante pour aller fe remplir de nouveau. C’eft un effet naturel du: mouvement circulaire de la corde. On peut voir dans le Mémoire , le moyen fimple que M. Venel employe pour faire mouvoir cette corde. Mais nous remarquerons qu’en en plaçant deux parallélement fur le même tam- bour, on doubleroit la quantité d’eau qu’on élève , & que cette machine peut fervir à de grandes hauteurs comme à de très-petites , puifque cela dépend. feulement de la longueur de la corde fans fin. Que de plus elle eft d’un établiflement très-peu coûteux, comme le prouve M Venel. On conçoit combien cette machine d’un ufage fimple & facile devient avantageufe. Celle de M. Venel qui n’a qu'une corde & qui a une très-grande in: clinaifon provenante de la pofition de fon jardin , élève cependant 70a pintes d’eau par heure. Gx) Voy, Les Mémoires, Part, 2, p. 81: 6% His mo RTE, DÆE: & a Stn CL ER TCÉ Ge 70) G- É.O M É TL JR TL Ée Ne Re (e Sur Les inffrumens qu'on employe dans les Mines. Î# demi cercle & la bouflole, font Îles inftrumens qu'on employe or- dinairement pour la géométrie fouterraine (y). M. Wild fait {entir dans ce Mémoire les inconvéniens de ces inftrumens. Comme les erreurs qui proviennent du demi cercle font toujours à peu près les mêmes, elles fe compenfent les unes les autres; & avec un peu d’exaditude , elles n’occafionnent pas de grands inconvéniens. Celles de la bouflole, au contraire, varient extrémement fuivant les lieux où on opére, la durée des opérations & le plus ou moins de mobilité de l’aiguille aiman. tée. Après avoir développé ces défauts & leur caufe, lauteur indique les précautions qu'il faut prendre pour les éviter, & une maniere très-fimple d'employer ces inftrumens avec plus d’avantage ; c’eft celle d’augmenter la clarté des objets fur lefquels on vife pour les méfurages ; pour cet effet, il leur renvoye les rayons de lumiere des lampes , au moyen de deux ou trois réverbères de papier blanc. CE: Dee een mm em Ÿ fn cé, CPS Nouvelle méthode de lever La Carte d'un pays montagneux. ot croyons devoir renvoyer au Mémoire même (2) pour la con. noiffance de cette méthode , qui eft fimple, & paroît être d’une application facile, | (y) Voy. les Mémoires, p. 328. (2) Voy. Les Mémoires, p. 333. DES SCIENCES paie, DE LAUSANNE. Re A POLATLIQUÉ C——— =» 73 RER — = ee Sur la population de la paroiffe d'Aigle. Le caufes phyfiques & morales agiflent fur l'homme & influent fur 14. durée de fa vie, elles en prolongent ou abrégent le cours. On s’apperçoit à la longue de l'influence de ces caufes, mais on ne peut dire que des dés générales, hafarder que des conjectures fans certitude; on ne peut porter des remedes aux caufes deftrudtives, fi l’on ne fait pas des états de population, des dénombremens détaillés, qui préfentent , fous la forme la plus avantageufe, des obfervations nombreufes & variées , d’où l’on puiffe tirer des conclufions fur la vie moyenne de l'homme dans un pays, fur là falubrité de l'air, les maladies, &c. Et ces dénombremens feront d’au- tant plus utiles, qu'ils embrafferont un diftrié&t moins étendu. Eux feuls peuvent nous découvrir les caufes partielles qui minent fourdement & dé- truifent à la longue la population d’un pays, ou la font profpérer. Eux feuls mettent le Gouvernement à même de porter les fecours & les en- couragemens où le befoin fe découvre. Enfin, la réunion de plufeurs dé. nombremens partiaux, eft le feul moyen de faire un dénombrement géné- ral exa@. Ce travail devient donc précieux au phyficien , au gouvernement & même au philofophe , qui peut apprécier leffet des caufes morales fur la population & la durée de la vie de l'homme. Caufes qui, quelquefois engloutiffent plus de monde que les caufes phyfiques. M. Wild ne seft occupé dans ce mémoire (a) que de la paroifle d'Ai- gle dansla Vallée du Rhône, qui, par fa fituation dansle voifinage des ma- rais & au milieu d’une vallée étroite, offre des phénomènes intéreffans. - Donnons ; en peu de mots, le réfumé de fes nombreufes obfervations, ‘ qui comprennent dix années de temps. (a) Voy. Les Mémoires , p. 7e. © hr kiSuT:0 0x R & .:D.2E4 LA > S:0@ ET Es -E°. Le nombre des femmes furpafle celui des hommes à Aigle méme & dans toute la Paroiffe. 2°. La durée de la vie des hommes, eft dans cette Paroifle moindre- que celle des femmes, & M. Wild fait voir. qu'il eft prefqu'impoflible: qu'un feul homme parvienne ici à à l'âge de 100 ans; & même à peine, un homme fur mille, peut-il parvenir à 85; tandis que quelques femmes vierr nent à l’âge de quatre-vingt dix ans, &c parviennent même jufqu'a cent: ans. 3°. L'âge de la plus grande force, celui où les hommes réfiftent le- mieux à toutes les maladies ,. eft dans cette Paroiffe, celui de E$ à 20 ans. : L'âge que M. Daubenton appelle âge de retour, ceftà-dire, celui. de so: à ss eft pour eux très-dangereux, mais cet âge pañlé, ils réfiftent très-bien:. de $5 à 60. Enfin, l'époque de 70 à. 75 ans , eft pour eux la plus fatale. 4°. Le mois de Février. eft le plus falubre pour Iles hommes, & le- mois de Mars le plus mal fain. Juillet & Aoûft font très-fains, mais O&to- bre & Décembre font très-mal-fains. . s°. Quant aux femmes , l’âge de leur plus grande force , eft de 2$: à 30 ans. L'Age du retour. eft dangereux pour elles, mais celui de 60 à: 65 eft le plus funefte.. 6°. Le mois de Février eft très-falubre pour les femmes, ainfi que ceux: de Juin & de Juillet. mais Mars, Avril & Otobre font mal-fains. 7°. Si nous réfumons maintenant. les abfervations faites fur les maladies ;. nous voyons que lhydropifie eft une de celle qui,fait le plus de- ravage: dans la Paroifle & particuliérement à Aigles. Elle enlève également les. hommes comume les, femmes, & même be, de femmes que d'hommes. Les. maladies. de langueur enlevent aufli: beaucoup de monde, 8°. D’après plufeurs. calculs fur. le dénombrement dela Paroifle, M.. Wild trouve qu’elle eft. compofée de 2249 habitans, & comme cette po- pulation macquiert. pas. d’accroiffement fenfible, qu’elle eft depuis très-long.- temps la même, malgré le grand: nombre. d'étrangers qui viemnent. s'établir dans la Paroifle; il faut en. conclure, que, fi_elle. étoit réduite à fes hab. tans propres, la “population iroit en décroiflant.. Ris He ce . nous venons de dire prouve, qu il yaun vice dans 1 Dee Sciences Pays. DE LAUSANNE. 71 ticulieres qu'il a faites fur le bourg d’Aigle & le cloitre (b), on trouvera avec lui, que c’eft la partie la plus mal-faine de la Paroiffe , & que le refte eft plus falubre. La pofition locale de ce bourg, eft fuivant M. Wild, la caufe de fon infalubrité, & il appuie fon opinion fur des obfervations météorologiques faites pendant l’année 1778, l'une des plus meurtrières de cette Paroifle. Elles prouvent que, dans le temps où il eft mort le plus de monde, le vent du Nord & celui d'Oueft ont prefque toujours régnés; or, ces vents, qui par la direction de la vallée, femblent tous les deux venir du Nord-Oueft, £ chargent avant d'arriver à Aigle, des exhalaifons putrides qui s'élèvent des marais, & deviennent par là, très-nuifibles à la fanté. Les vents d'Eft & du Sud qui ne traverfent point de marais, font au contraire très-fains. Celui du Sud , qui eft très-infalubre en Italie , où il eft connu fous le nom de firoco , fe purifie apparemment en traverfant les Alpes. Les parties cultivées & fertiles de cette ‘belle vallée du Rhône, qui pro- duifent en abondance des fruits délicieux , des grains fuperbes & des vins délicats & fumeux, font juger de ce que feroit le refte de la vallée, fi felon le confeil de M. Wild, ‘on defféchoit les marais, qui font une des principales fources de l’infalubrité de l'air. Alors, les vents ne fe chargeroïent plus de leurs vapeurs empeftées ; alors ce terrain inculte dans la plus grande partie, deviendroit fertile & fain , & pourroit à jufte titre, porter le nom de jardin du Pays-de-Vaud. Alors le payfan feroit plus riche , & par conféquent plus heureux. Et qu'on ne dife pas que.ces marais ne peuvent fe deflécher; M. Wild en a indiqué les moyens ; & d’ailleurs, n’a-ton pas l'exemple des Hollandois ? Ne fait - on pas qu’à force d'art & d’induftrie , ils fe font créé un climat nouveau ? Et cependant, ils avoient & ils ‘ont encore l'Océan & des Fleu- ves à combattre. Ajoutons à ces confidérations., cette ebfervation certaine. C'eft que malgré linfalubrité de la Paroifle d’Aigle, on y voit cependant s'établir un grand nombre d'habitans étrangers. On peut juger de-là, com. bien leur nombre augmenteroit , fi le climat étoit plus fain, & combien la population de cette vallée ptendroit un accroiffement rapide. w a CE b}) Le bourg d’Aigle eft fparé du cloître qui comprend le Presbytere, l'Eglife & queues ons, #72 Hz. s Toi RE: DE .L A. S:Q@e TÉrT É ET Mémoires © ouvrages imprimés, préfentés à la Société. age mn mme JE fur le feu de Pietra mala, par Monfieur le Comte de Ra- zoumowsky. Voyage minéralogique & phyfique de Bruxelle à Laufanne, &c. par le même. Voyages minéralogiques dans le Gouvernement d'Aigle & une partie dù Vallais , fuivis de la rélation d’une excurfion fur le lac de Lucerne, &c. par le même. Effai d'un fyftéme des tranfitions de la nature dans le règne minéral , par le même. Inftruition pour les bergers, par M. Daubenton. Tableau méthodique des minéraux, par le même. Mémoire fur.les indigeftions, par le méme. Mémoire fur le prémier drap de laine fuperfine, fabriqué en France, par le même. E Des avantages que la phyfique & les arts qui en dépendent, peuverit reti rer des globes aéroftatiques, par M. Bertholon. | Nouvelles preuves de l’efficacité des paratonneres , par Île même. Mémoire fur cette queftion. Déterminer par un moyen fixe, fimple & à portée de tout cultivateur , le moment auquel le vin en fermentation dans la cuve, aura acquis toute la force & toute la qualité dont il eff fufceptible , par le même. Couronné par l'Académie de Montpdllier. Mémoire fur la culture & les ufages du mais, qui a remporté le prix de l'Académie de Bordeaux , par M. Parmentier. Mémoire fur les bleds de Poitou, par Mrs. Cadet de Vaux & Pinsentient Excurfon dans les mines du Haut Faucigni , &c. par M. Berthout van. Berchem fils. | Mémoire fur la pefte de Mofcow, par M. Samoïlowitz.. Magañn fur-die Naturkunde helvétien, par M. Hoepfner , trois volumes. Recherches. for cette queftion. La chaleur: de l'homme peut - elle être conf: dérée comme unterme fixe ? Par M. Gauflen de la Société Royale des “Sciences de Montpellier; &c, ÉLOGE pes SciENcES Puys, DE LaAusaAnxe. e GE: NS ÉLOGE DE "NM DECO PP EE = a ee TS En le voyant paffer, le méchant éprouve un reproche Jécret , l'honnête homme un encou- ragement , € le malheureux abandonné Je dit tout bus: J'ai encore un ami; il Le fuit de l'œil avec attendriflement , puis un vœu s’élance au Ciel pour fa confervation. Princir. PHILOS. Tom. Il. p. 334. = —— Dee CE nee re 0) 1 Fa ME Decoppet , Miniftre du St. Evangile, & correfpon- dant de la Société des Sciences pliyfiques de Laufanste , nâquit à Château d'Oex (c) le 4 Avril 1706, de Jofeph Decoppet & de Marguerite Pi- nault. Son pere étoit Miniftre dans le lieu de fa naïiffance , & fa mere étoit fille de Melchifedec Pinault, bourgeois de Genève , où il occupoit une + Chüire Evangelique. La famille de M. Decoppet eft originaire de Succe- _vaz, village près d’'Yverdun, dans le Pays-de-Vaud. La vie d’un homme tranquille, d’un citoyen vertueux, d'un fimple Ecclé- fiaftique, peu connu par fes écris, & dont la réputation na point cet éclat impofant qu'elle auroit pu acquérir fur un grand théâtre, n’offre au pre- mier coup d'œil rien de bien intéreflant. Mais fi ; parcourant les lieux où cet homme a féjourné, on trouve un peuple au défefpoir, redemandant aÿ Ciel un pere, un freré & un ami qu'ils ont perdus en lui; fi dans les traces de fes bienfaits, on voit l'empreinte de ces vertus; fon image s’aggran- dit, fon fouvenir intérefle, & l’on défire connoitre la vie de ce modelte bienfaiteur, de la clafle la plus indigente & fans doute la plus utile de la _fociété. Tel dt M. Decoppet, qui dans le cours d’une vie de 80 ans, a mérité par fes foins, fon zèle & fes lumières, l'attachement, la reconnoif. fance & lé refpeét de tou$ les gens de’bien. C’eft donc à jufte titre, qu'une * fociété dont. a fut membre >, Cherche à répandre quelques fleurs fur fa * tombe. té pie RE (c) Château-d’Oex, chef lieu de la partie Romande du Bailliage de Geffenay, dans la vallée, & à deux lieues du village de ce nom ! Tome IL. | (K) 74 HT OT RE" DE LD A S'0(e Fr /T Né dans je fein des montagnes, au milieu de leurs fimples habitans, ja- mais les propos d’un monde corrompu & corrupteur, ne frappèrent fon oreille pendant fon enfance; jamais le fpedtacle des crimes & des vices des hommes civilifés ne fouilla la pureté de fes regards dans fa retraite. Ceft ainfi, que fon cœur fe pénétra de bonne heure dés principes de la vertu, Comme le miel que l’abeille recueille fur des fleurs odoriférantes, fe pénè- tre de leurs parfums. Accoutumé aux tableaux d’une nature fauvage, mais fublime , il prit dès {a jeunefle l'habitude de réfléchir , & cette habitude que lon perd dans le tourbillon du monde, fut fortifée chez lui par fon goût pour l'étude; elle développa le germe précieux de toutes fes qualités, & fut le mobile de fa conduite, toujours uniforme & fimple , toujours eftimable. La réflexion cft fans doute le meilleur guide de nos paflions , ceft la fufée d’une montre, qui règle & modère le mouvement du reffort. M. Decoppet, que fon pere avoit deftiné à l'état Eccléfaftique, fit fes études avec autant de fuccès que de rapidité; d’abord à Laufanne, puis à enève (d): cette ville illuftrée danstous les témps, par des hommes célè- bres dans tous les genres. Son efprit profond voulut pénétrer dans les té. nébres de la métaphyfique, mais il s’'apperçut bientôt que ces vaines recher- ches étoient peu faites pour le fatisfaire. Il s’'appliqua donc À des études plus direttement utiles au peuple, qu'il étoit deftiné à éclairer, & fon choix autant que fon goût le porterent vers la médecine & la botanique. IL ne fut pas long-temps à fe convaincre, que fi la médecine devient une fcience compliquée & difficile, quand il s’agit de rappeler à la vie, ou de confer- ver lexiftence à des corps foibles & languiflans , que le luxe a énervés, & que les befoins faétices détruifent; elle étoit au contraire une fcience fim. ple, quand on devoit rendre la fanté à des corps robuftes & bien confti- tués. La propreté, le renouvellement de l'air, & quelques remedes extraits des plantes du pays qu'il habitoit, furent les feuls qu’il employa avec fuc- cés. Je ne puis m'empêcher de remarquer à ce fujet, combien il feroit à fouhaiter, que non-feulement tous les Pafteurs réfidaffent dans le fein de leurs Paroiffes, mais encore, qu'ils euffent des connoiffances en médecine , en phyfique & en agriculture; au lieu qu’ä$ font fouvent aufli ignorans que ———————_—_—_—_—_—_—_—_—_——_ s PRESSE Cd) Il vint à Laufanne en 1720 , & fut à Geneve en 1721. pes Sciences Puys. DE LAUSANNE. 75 le peuple confié à leur garde. Quels foins plus doux ? Quelles occupations plus fatisfaifantes, que celles d’un Pafteur , qui, femblable à un pere au milieu de fes enfans, guérit quelquefois & foulige toujours fes payfans malades, les éclaire quand ils fe trompent, en détruifant chez eux les pro- fondes racines de la fuperftition & de l'ignorance; qui enfin, fait fouvent d'un pauvre manœuvre un riche agriculteur , en aboliffant pat degrés, de vieilles & pernicieufes routines, pour y fubftituer d’heureufes innovations. D'autres ont déja ‘dit ce que j'avance ici, mais comme rien n'a été fait, j'ai cru devoir le répéter encore. M. Decoppet eut pendant fon féjour à Rofliniere, où il exerça dix ans ‘fon emploi, une occafion bien intéreflante d'appliquer fes connoiffances ‘en médecine Le village du Château d'Oex , lieu de fa naiffance, & peu diftant de fa Paroille, fut attaqué d’une maladie épidémique, qui enlevoit beaucoup de monde. Le Pafteur luimême périt par ce fléau; auffi-tôt M. Decoppet vole à fa place, remplit toutes fes fonctions , porte par-tout la confolation .& les remedes, court au milieu des neiges dans les habitations les plus éloignées, & à force de foins , de fatigues & de peines, parvient enfin à arrêter les ravages de ce fléau deftruteur; mais il faillit lui-même à être la victime de fon zèle, une maladie cruelle le conduifit aux portes du trépas, & ceux qui lui devoient la vie, eurent à trembler pour fes jours. Sa bonne conftitution le fauva, & il fut rendu à leurs vœux ardens. La tradition d'un fervice auñli fignalé, accroitra fans doute d’ige en âge, Vattachement , le refpeët & la vénération qu'ont pour lui les habitans de ces contrées; car l’image de l’homme bienfaifant, femble saggrandir en séloi- gnant dans la nuit du pañlé, qui obfcurcit au contraire celle du conqué- rant célèbre. Nous ne fuivrons pas M. Decoppet dans les divers poftes qu’il occupa; nous remarquerons feulement , qu’il fe diflingua dans fes prédications, par cette éloquence du cœur qui entraine, cette faine morale qui perfuade & cette diction pure qui, ajoutant un fi grand prix aux meilleures chofes , fixe lattention des auditeurs par les charmes de l’élocution. Mais fi fes talens le firent admirer par les perfonnes en état d'apprécier fon mérite , fes ver- tus le firent adorer de toutes les clafles de la fociété. Nous devons rappeler ici un trait, qui mérite d'autant plus d’être con- fervé, qu'il eft rare que l'envie permette à un homme de jouir, de fon vivant, d’une marque aufli éclatante de l'attachement public. M: Decoppet GK) 2 76 Hiyxshabbhnn rl pr àL AS 6 gæR TÉ occupoit une des chaires de Vevey, où il avoit été appellé par le fuffrage unanime.de la bourgecifie. Pendant une abfence qu'il fit pour voir fon pere , la nouvelle fe répandit qu’à fon retour, il étoit tombé de cheval, & qu’on le rapportoit mort. Aufi.tôt on vole à fa rencontre, grands & petits, pauvres & riches, vieillards, femmes & enfans, chacun y court, & bientôt la route fut couverte de monde: on arrive, la nouvelle étoit fauffe ; on le revoit, & on le revoit bien portant. De la douleur la plus profonde, on paffe en un inftant aux tranfports de la joie. On le prénd., on enlève & on le ramene en triomphe à fon presbytère. Ames fenfiblés:, quelle image touchante! Ceft celle d’un pere tendre rendu à fes enfans; vous partagez leurs tranfports , ils vous frappent, vous émeuvent, "& je vois briller dans vos yeux les larmes du fentiment... Que le refpett & Ta reconnoiflance les recueillent ! FUN En quittant Rofliniere, M. Decoppet vint habiter une vallée mal-faine par fa ftuation, & où l'air, qui par-tout ailleurs, rend & conferve la fan- té , femble étre ici le principe des maladies. Je veux parler de la vallée d’Aigle, où il demeura 33 ans. Cet durant ce long féjour, qu’il eut des occafions fréquentes de déployer toutes les qualités de fon ame bienfaifante. La bienfaifance eft un arbre qui croît par-tout, & qui étend au loin fon ombrage falutaire. M. Decoppet le cultiva dans les marais infeétés du Rhône, comme dens les vignobles de la Vaux & dans le fein des Alpes. Par-tout il mérita le titre refpedable d'homme bienfaifant. H ne favoit refufer à perfonne , au rifque même d’être trompé. I] vaut srieux , diloitil fouvent , étre dupe quatre-vingt © dix-neuf fois, qwe de suanguer loccafion de faire un bien réel la centieme. Mot fublime! Et qu'il mettoit en pratique. Perfonne ne fentoit mieux que lui les devoirs de fon état; perfonne ne les remplifloit avec plus d’exa@titude. Par fon crédit, il Joutenoit le foible; par fa juftice, il terminoit les procès; par fes lumieres, il éclairoit le peuple d'autant plus fuperftitieux, qu'il elt plus ignorant; & d'autant plus miférable, qu'il eft fujet, à plus de fuperftitions & de préjugés. Son féjour rañima par - tout l’efpérance, confola la mifere & fit naître le bonheur : comme ces pluies douces, qui dans les grandes chaleurs de l'été, viennent rafraichir la terre defléchée, & font renaitre la végétation éteinte. fais fi, malgré ce défir ardent de faire le bien , & cetté perlévérance néceflaire pour y parvenir , M. Decoppet n’a pas toujours réuffi au gré de fes fouhaits, ne l'attribuons qu'aux préjugés fans nombre dont il étoit entouré pEes Sciences PHys. DE LAUSANNE. à & qu'il avoit à détruire. Que peut un feul flambeau au milieu des ténè, bres ? C’eft au foleil à les difliper. On conçoit que des occupations aufli nombreufes , empèêcherent M. De- coppet de fe livrer aux études autant qu'il auroit défiré; cependant il ne négligeoit pas la botanique. Cette fcience aimable, douce & fimple, avoit “trop d’analogie avec fon caraétère , pour ne pas l’intérefler. Elle fut la “caufe de fes liaifons avec M. Haller, qui vint en 1786, occuper le pofte de directeur des fels à Roche. Le grand homme apprécia bientôt l’homme de mérite, & fe lia d'amitié avec lui. Ils firent enfemble plufñeurs excur- fions botaniques , mais M. Decoppet plus agile & plein d’un zèle infatigable, parcouroit fouvent feul les montagnes, & faifoit d’abondantes récoltes de plantes. Ces recherches lui. ont mérité les éloges flatteurs de fon illuftre ami. Souvent il rectifioit les erreurs occafionnées par les rapports fautifs que l’on failoit à M. de Halier: & c’eft ainfi qu’il a contribué à la perfection de limmortel ouvrage de ce grand homme. On trouve dans les Mémoires de la Socièté Economique de Berne (e), * un catalogue des noms vulgaires ou patois , des principales plantes de la Suiffe , ufités dans le Pays-de-'aud, qu’il a donné conjointement avec M. Ricou , célèbre médecin & chirurgien à Bex. Les erreurs qui peuvent réfulter, foit dans l'économie rurale, foit dans la médecine, du peu de connoiffance que Von a des noms employés par le peuple, rendent ce travail fort intéref * fant. Ces mêmes mémoires nous apprennent (f), qu'il avoit réufli à natu- ralifer dans la plaine, plufieurs plantes des Alpes, propres à nourrir les bef tiaux. Cet ainfi qu'il employoit fes momens de loifir à des recherches utiles. Après le départ de M. de Haller, fes liaifons avec lui fubfifterent tou. jours, & ils foutinrent une correfpondance, qui ne finit qu’à la mort de fon illuftre ami. * M. Decoppet sétoit formé un jardin botanique à Aigle, où il avoit réuni les produétions des fommets glacés des Alpes, & celles de leurs vallées les plus expofées à la chaleur du foleil. Il accueilloit avec bonté les jeunes bo- taniftes qui venoient y puiler de l’inftrudion, & profiter de fes confeils, om (e) Ann. 1764, pag. 129. CF) Idem, p.169, 173. 78 HAS TE OL OR "DE E A SO CINE TUE Cet là, que cultivant les lettres pour fon agrément, partagé entre les foins de fon églife & la fociété de fes amis, il voyoit le temps s’écouler dans une vie douce & tranquille. _En 1783, la Société des fciences phyfiques crut devoir rendrehommage àfes vertus & à fon mérite, en lui envoyant la patente de membre corref. pondant. M. Decoppet, malgré fon grand âge , a donné à la fociété, nom- bre de preuves de fon zèle & de fon activité. Il fe propofoit même de lui fournir quelques mémoires ; mais la mort la arrêté dans fes projets. On a feulement trouvé dans fes papiers un fragment fur le crétinifme, trop in- complet pour être imprimé en entier, mais dont un extrait ne paroïtra peut-être pas déplacé ici. Il recherche d’abord l’origine du mot crétin. Comme on lapplique à des êtres innocens, incapables de faire aucun mal, doux; en un mot, poflédant par nature toutes les qualités pafives qui doivent diftinguer un bon chrétien ; il penfe que le peuple qui regarde ces êtres avec une forte de refpett réligieux, les aura appelés crefins par corruption du mot chrétien. Cette finguliere origine parcitra afflez probable à ceux qui favent que notr: peuple eft très - accoutumé d'employer le mot chrétien dans fes comparaifons. Il décrit enfuite les différentes claffes de cretins, ou plutôt les différens degrés de cette dégénération de lefpèce humaine. Ceux qui font les plus difgraciés de la nature, reftent dans une enfance continuelle. Ils font fourds, muets & incapables de faire aucun ufage de leurs membres; hommes machines & machines très-imparfaites, ils vé- gètent toute leur vie dans leur lit fans grandir. M. Decoppet en a connu deux dans cet état, qui font parvenus à l’âge de 20 ans, & qui n’étoient pas plus grands que des enfans au berceau. D’autres croiffent, grandiffent & font ufage de leurs mains, mais ils ne peuvent fe fervir de leurs pieds. Une troifieme clafle comprend ceux qui peuvent faire ufage de leurs pieds & de leurs mains, reftent courts de taille &. informes. Leur langue eft fi épaifle, qu’elle remplit prefqu’entiérement la bouche, qui eft ordinaire. ment à demi ouverte ; la lèvre inférieure pendante, les yeux hâves, la phy- fionomie trifte, les traits défagréables , la démarche titubante & lourde. Ils font incapables d'aucun travail, & n’ont point d'intelligence. Quelques. unes de ces malheureufes créatures ne font pas dans un état de dégénéra. tion auffi confidérable, & confervent aflez d’intelligence pour vaquer à plu- pes Sorences Puys. DE LAUSANNE. 79 fieurs foins domeftiques; mais ils font plus où moins fourds & muets, ainfi que tous ceux dont nous venons de parler. Ces cretins font peut- être plus à plaindre, puifqu'ils peuvent comparer leur état à celui des hommes qui les entourent. Enfin, les effets les moins fanefic: du crétinifime , font cenx qui mattaquent que l'intelligence, fans faire du tort à la conf. titution phyfique. Tous fe font remarquer par une ou plufieurs proéminen- - ces fous le cou, auxquelles on a donné le nom de goëtres, & qui font quelquefois tres-confidérables. Tels font les effets & les différens degrés de cette maladie, mais quelles en font les caufes? Avons - nous affez de données & d’obfervations pour les découvrir ? M. Decoppet penfe avec M. Wild & M. le Comte de Ra- zoumowsky (2), que le méphitifme de l'air eft la principale caufe de crétinifme ; mais il croit que la mal-propreté & la débauche y contribuent aufli. IL palle enfuite aux moyens que l’on pourroit employer pour pré- venir ou du moins pour diminuer les effets de cette maladie. L'expérience lui a fait voir qu'un des plus efficaces, {eroit de faire élever les enfans dans les montagnes voifines, où l'air eft plus pur. La propreté & la bonne conduite des parens font aufli très-néceffaires, il a vu le crétinifme péné- trer dans les familles les plus faines, par les feuls effets de la débauche; enfin , il auroit voulu qu’on écartèt de la vue des femmes enceintes , les cretins les plus difgracies; perfuadé que ces objets dégoûtans doivent in- fluer fur leur imagination , & contribuer à faire naître des enfans mal or- ganifés. DR RE 0 7 es ed LATE CRT CE EE CO D (g) Voy. Mintral. dans le Gouvernement d' Aigle. Si le célèbre Abbé Fontana a jette quel. ques doutes ( Opuf Phyf. & Chym. p. 104.) fur l'exiftence de l'air fixe dans l'air athmofpheri- que, il paroit cependant que fes expériences ne font pas affez concluantes. Mais ce que l’on ne peut révoquer en doute, c’eft que l’air d’Aigle eft ftagnant & peu renouvelé ; or il eft naturel de penfer, que cet air, qui fe charge continuellement des matieres que la putréfaction , excitée par la chaleur de cette vallée, dégage des marais & qui fe phlogiftique par la refpiration, (Fon- tana, pag. 41.) eft la caufe des maladies qui règnent à Aigle & dans toute la vallée du Rhône. 11 eft probablement audi une des caufes du Crétinifme; & l'humidité de cette vallée, par le rela- chement qu’elle occafionne dans toute la conftitution phyfique des hommes, les difpofe fans doute Aarecevoir plus facilement les funeftes effets de cet air pernicieux. Un examen eudiométrique de l'air d’Aigle, fait en diverfes faifons, & pris a différentes hauteurs, comme à différentes heures, xépandroic beaucoup de jour fur cette matiere. * * Cet Eloge a été lü à la Sociète , le 14 Octobre 1785. Depuis ce temps, Mr. De Sauffure a prouvé, € Voy. dans les Alpes, tom. 2. chap. 47.) par des obfervations nombreufes & aufli curieufes qu’in- téreffantes , que la chaleur & la ftagnation de l'air étoient les principales caufes du crctinifme. ! On voit par la note précédente , que je fuupconnois déja ce que ce célébre Phyfcien a démontré: 80 HUrbshriouriR » .-b 1e! ELA) ISLOSCNIER TÉ Habitans de la vallée du Rhône! Profitez des avis que vous donne ici du fond de fa tombe ,-le vieillard refpectable qui vous a comblés de bien. faits pendant fa vie, & dont la mort vous caufe les plus vifs regrets! L'hiver de 1784, hiver rigoureux & funefte pour toute la nature , le fut auffi pour les vieillards. M. Decoppet, quoique d’une conftitution forte, tomba dangereufement malade. Une oppreflion qui alloit en augmentant, fit craindre plufieurs fois pour fa vie. Cependant il fe remit aflez bien au printemps; C’eft un vieux chène qui fe couronne, mais qui lutte encore contre la mort. Ce mieux ne fut pas de longue durée, le $ Aoùft de: l'année 1785, fon oppreflion revint, & il expira fans douleur, le mer- tredi 10 Août. Son églife qui le chérifloit, les pauvres dont il étoit linépuifable ref. fource & fes amis pleureront fans doute long-temps un pere , un bienfai- teur & un ami fi difficile à remplacer; & fi je juge des autres par le fen- timent que j'éprouve, le fouvenir de fes vertus, gravé au fond de leur cœur , leur fera à jamais cher & facré. M MÉMOIRES MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D:.E S “Hit RUE | SCIENCES PHYSIQUES DE LAUSANNE. PREMIERE PARTIE du Tome 2, comprenant les N°. 1 à 26 de la Table ? des Matieres pour les Mémoires, foit les Lettres À à Vv. LS HAN +1 tt Ha Pr # + 1m DT ANA. LL, ASE RE SLA le Ron LD E, PRES DESTAVAYER. Par Mr Le Comre G De RAZOUMOWSKI Lue le 20 Janvier 1784. L: fontaine de St. Eloi n’eft qu'à une diftance de quelques minutes & au fud d'Eftavayer, ville du canton de Fribourg, fituée au bord du lac de Neuchitel ; elle doit fon nom à une chapelle, bâtie au - deflus de fa fource & confacrée à St. Eloi. Elle fort immédiatement de terre & forme un petit filet d’eau, qui va fe décharger dans un ruifleau , qui pafle fous le pont que l’on voit tout auprès de la chapelle dont on a parlé; elle fourd foiblement aujourd'hui au travers du fable, & ne coule qu'a peine dans les mois d’Aouft & de Septembre; ce qui vient fans doute de ce que fa fource s’obftrue journellement par les éboulemens du terrein fupérieur , auxquels on ne remédie qu’en adoffant fimplement contre l’en- droit d’où l’eau fort, un bloc de mollafle, percé d’un trou, dans lequel il y avoit un tuyau de fonte pour recevoir l’eau. Cette fontaine étoit aflez fréquentée il y a quelques années , mais maintenant elle eft fort négligée. L'eau de la fontaine de St. Eloi eft fans odeur, fa faveur eft légére- ment martiale ; on obferve fur toute la longueur de fon cours, jufqu’à fon embouchure dans le ruilleau dont jai parlé ci-deflus, des dépôts d’une ocre jaune, tenue & grafle ou guhr martial; ce qui feroit penfer qu’elle contient beaucoup de fer; mais l'expérience prouve le contraire. Voici l'examen que jai fait de cette eau, par la voie des réadifs. A 2 MÉMOIRES De LA SQOctrÉTÉ 1°. Quelques goutes d’infufion de noix de galles la colorent à fa fource, & lui donnent une teinte couleur de rofe; quelques jours après que cette eau a été gardée en boutcille, cette infufion w’agit plus fur elle, 2°. La leflive de fang n’y produit aucun effet. 3°. L'alkali fixe en liqueur n’y produit point d’altération. 4°. L'acide du fucre forme un nuage blanc au fond de cette eau. 5°. Le fel marin, à bafe de terre pefante, y produit bien un petit nuage, mais ce n’eft qu’au bout d’une ou deux heures. 6°. L'eau de chaux eft décompofée par cette eau & y forme un nuage. On doit conclure des expériences précédentes, que l’eau minérale de St. Eloi contient du fer aëré, qui fe décompofe dans le tranfport (Exp. Ire.) qu’elle contient de la terre calcaire, qui avec l'acide du fucre, forme de la chaux fucrée, (Exp. IVme ) qu’elle contient une petite portion d'acide vitriolique, (Exp. Vme.) combiné fans doute à quelque bafe, puifqu’on ne le trouve jamais libre dans les eaux: cette bafe n’eft pas métallique, ainfi que le prouvent les expériences deuxieme & troifieme. La préfence de l'air fixe, dans ces eaux, eft encore fenfible par l'expérience fixieme. Il s'agifloit de favoir, fi l’analyfe, par voie d’évaporation, confirme- roit les réfultats obtenus, par l'examen de cette eau, au moyen des réactifs. Comme il fembloit clair, par les expériences précédentes, qu’elle n’é- toit que très-foiblement chargée de principes minéraux, jai cru devoir opérer fur des quantités aflez grandes, pour rendre ceux-ci fenfibles; en conféquence, j'ai foumis à l’évaporation 10 livres de l’eau de St. Eloi. Jai évaporé jufqu'à ficcité, & jai obtenu de cette maniere 24 grains & demi pefant de réfidu , fec, jaunâtre, inodore, fans faveur, & qui fem- bloit purement terreux. Il importoit de favoir de quelle nature étoit celui - ci. Sur ces 24 grains & demi, il fut donc verfé la valeur de deux verres à boire, ordinaires, de bon vinaigre blanc, bien pur & bien fort: aufli- tôt il fe fit une violente effervefcence, & la plus grande partie de mon réfidu fut diffoute, de forte que je ne pus en féparer par le filtre que 4 grains, qui refterent conftamment infolubles aux acides. ; Cette partie infoluble de ce réfidu , lavée, féchée & foumife à des efais , pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 3 fe trouva être de l’alun, intimément mêlé d’une portion inappréciable de terres argilleufe & quartzeufe, colorées par un mélange de terre mar tiale (a). Voulant dans cette analyfe, déterminer le plus précifément poflible la quantité d’air fixe, contenu dans cette eau, felon la méthode facile & en même tems exacte de M. Gioannetti (b}), j'ai procédé de la maniere fuivante. Dans une livre d’eau de St. Eloi, il fut verfé une demi livre d’eau de chaux ; il fe forma bien-tôt un précipité, qui parut d’abord abondant, mais qui raflemblé & recueilli fe trouva réduit au poids de 3 grains, qui étoient de la chaux aërée. Selon Mr. Bergmann (c}, il faut 34 parties d'air fixe pour faturer 100 parties de chaux; c’eft-à-dixe, que la chaux exige un peu plus des 4 de fon poids d’air fixe pour fa faturation ; cela polé, je fais le calcul fuivant: fi je fuppofe le grain divifé en 100 par- ties, 3 grains de chaux aërée produits du mélange d’une livre d’eau mi- nérale , avec une demie livre d’eau de chaux, doivent me donner envi- ron ?, de grains d’air fixe, & je dis; fi une livre d’eau donne 3 grains de chaux aërée, & ces 3 grains mes d'air fixe, il eft clair que 10 Liv. d’eau produiront 30 grains de chaux aërée, qui donneront environ 22 = 9 grains d’air fixe. | Ainf dix livres d’eau de St. Eloi doivent contenir: DE conironi) AMI Een LU UE À ur giérains. D'alun , mélé de terre argilleufe & quartzeufe . . . 4 De terre calcaire ARRRTE COOP APE SCT ONEZZTER 20 ! De fer n ne se + + … …… quantité inappréciable. D’après lanalyfe que je viens de préfenter, on doit donc confidérer Veau de St. Eloi comme une eau minérale, légérement alwmineufe & martiale. Ca) Sur le moyen dont on peut fe fervir pour reconroîitre une petite portion de fubf. tance faline , intimément unie avec des matieres terreufes. Voyez le XIme Mémoire de ce recueil, ayant pour titre: Obfervations nouvelles fur l'Analyfe des eaux minérales. (b) Voyez lanalyfe des eaux de St. Vincent, de cet auteur, p. 14: (c) Opuji, Phuf. € Chim. Tom. 1. pag. 27. Confultez auf la Table qui fe trouve à la page 208, du premier volume des Mémoires de la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne, À 2 4 Mémornikis DE LA Socxé rés Je n’ajouterai plus qu'un mot; un petit écu, placé à la fource de cette eau, a été parfaitement doré dans un jour & demi: cette expérience prouve évidemment que les eaux minérales martiales, n’ont pas befoin d'être chaudes comme celles de Louëche, en Vallais, où j'ai obfervé le même phénomène (a), pour que le fer fe trouve réduit à l'état d’atté. nuation néceflaire à la produétion de cet effet; je crois même que dans la plupart d’elles l’ocre de fer fe trouve toujours aflez divifée, pour que cet effet y ait fouvent lieu, & ne doive par conféquent plus être regardé comme une propriété extraordinaire & particuliere à certaines eaux plu: tôt qu’à d’autres. BG — au STE pe gg om, 2 = == —— RÉFLEXIONS Sur la nature des Rofes, des Mouffes, € fur la reproduétion de cette famille de plantes, avec la defcription d'une efpèce nouvelle. EVA ROME RENNTER Lu le x4 Ofobre 1784. D Erurs long-tems javois perdu de vue différentes recherches fur la génération des Moufles. L’efpèce d’oubli où cette branche de la Botanique étoit tombée, y contribuoit. Lorfque l’ouvrage de Mr. Hedwig parut, fes obfervations, différentes des miennes, me frapperent. Etonné de mes erreurs, je me déterminai fur le champ à fuivre de nouveau mes obferva- tions , pour les publier dans le cas où elles feroient vraies. L'auteur de cet ouvrage nouveau, Mr. Hedwig, regarde lefpece de rofe qui termine la tige de quelques efpeces de moufles, comme une fleur. Ca) Voyages Min. dans le gouvernement d'Aigle & le Vallais €ÿc. p. 126. pes Scrences Pays. DE LausANNE 5 Cette idée eft celle de plufieurs autres auteurs; mais il dit avoir vu les différens organes qu’elle contient, & reconnu leur ufage. Il a eu foin d'en donner des figures détaillées: malgré la confiance avec laquelle il préfente toutes les circonftances de fa découverte, il me permettra de propofer les doutes que mes expériences & mes réflexions ont pu me . donner. La rofe des moufles eft un amas de feuilles feches , pulvérulentes, dif. pofées en rofe applatie au fommet de la tige ou des rameaux; leur dia- metre furpafle rarement deux lignes, & fe forme par un épanouifflement infenfible de la tige : leurs bords font garnis de feuilles, ordinairement plus rapprochées dans cette partie de la plante que dans les autres: leur centre eft occupé par un bouton plus ou moins marqué, qui fouvent fe développe, & forme tantôt une touffe de feuilles, tantôt une tige, qui quelquefois fe termine par une rofe. Fréquemment cette alternative eft ré. pétée trois ou quatre fois. Il eft difficile de comprendre, quelles raifons ont eu ceux, qui, les premiers ont vu une fleur, dans ce jeu de la nature: mais il eft plus na- turel qu’il ait eu cette apparence pour Mr. Hedwig, dont limagination étoit féduite par la décifion de Linné. Rien de plus facile, que de voir ce qu'on eft décidé à découvrir. Outre la forme ingrate de ces rofes, une chofe devoit toujours s’oppofer à cette idée, ceft leur rareté. Peu de plantes multiplient autant que les moufles; & cependant malgré l'attention la plus foutenue, plufeurs efpeces n’ont offert cette monftruofité que très- rarement. On peut fuppofer que chaque rofe contient une infinité de fe- mences; mais il eft plus difficile d’expliquer l'intervalle de tems entre leur apparition, & la diftance qui les fépare. D’autres nomendclateurs ont re- gardé les efpeces de moufles, qui ont des rofes, comme des plantes uni- fexuelles; l’urne étoit l’organe mäle; la rofe, l'organe femelle: malheu. reufement pour leur fyftéme, ces deux parties paroiflent ordinairement dans des faifons différentes ; ils retombent auf dans le même inconvénient que les autres. La rareté & le petit nombre de rofes, s’oppofe à ce ff téme. Il eft difficile de concevoir , que malgré les recherches les plus fui. vies, on n'ait fouvent vu qu’un ou deux individus, fur des millions qui Yeuflent ; & pourquoi deux moufles, très-refflemblantes, auroient-elles deux manieres de fe perpétuer ? Au refte, je propofe feulement mes doutes; mais je ferois charmé de les voir réfolus par un partifan des rofes. À 3 6 M'#'m'o'r R HS D'E! LAS 6 © r É TÉ Comme je doutois beaucoup de cette fonétion des rofes, dès l'an 1779; j'avois commencé des recherches fur cet objet; il étoit difficile de s’en af. furer. On ne peut pas fe confier à des expériences ifolées; tant de cir- conftances inconnues peuvent s’oppoler à leur réuflite, qu'il eft prefque impoflble de tirer des conféquences, excepté de leur fuccès. La premiere expérience que jaye fait, fut de féparer des individus à rofes, non par leur tranfplantation qui les affoiblit, mais en arrachant toutes les moufles des environs, à une certaine diftance. Cette expérience, que j'ai répété fort fouvent, a toujours été infructueufe. Je n’en tirerai cependant au- cune conféquence, les moufles croiflent prefque toutes en touffes & om- bragent les jeunes poules : comme en ifolant les individus, je changeais abfolument leur climat; il eft très-poflible que les femences exiftaflent, & que les circonftances que javais fait naître, euflent nui à leur développe- ment. Je me fuis toujours défié de pareilles expériences: il eft vrai que la nature agit en petit comme fur les grandes mafles; mais en travaillant fur des détails, on croit fouvent la fuivre dans fa marche, @& des caufes imperceptibles nous égarent. Si les expériences font conformes à lanalo- gie, & que les circonftances forment des probabilités en leur faveur; alors feulement on peut en tirer des conclufions. Examinons les raifons qu’on peut alléguer contre Ia faculté générative des rofes. La fleur eft une partie momentanée des plantes ; fon exiftence eft fixée au terme de fon utilité, après quoi elle périt. Sa forme eft dif. férente de celle des autres parties, & n’a point de rapport avec elles, par fa confiftance & fon tifflu. Les fleurs fubiflent des changemens de forme, par leur développement & par celui de la femence ; aucun de ces caraéte. res ne fe retrouve dans ces prétendues fleurs de mouffes : depuis leur naïf fance elles ne changent pas de forme , & elles durent autant que l'individu qui les porte. Les microfcopes & les plus fortes loupes y font apperce- voir les mêmes objets, qu’on diftingue à l'œil fimple, mais mieux déve. loppés; leur enfemble paroït compofé de feuilles féches & mal dévelop- pées, couvertes d’une poufhere fine de même couleur, dont la forme ir. réguliere, terminée quelquefois par un fil, peut avoir trompé Mr. Hedwig. Leurs reflorts ont-ils une autre caufe que fa refpiration ? Je commençais à regarder ces rofes comme des monftruofités, ou des maladies de la plante dont jignorois la caufe , & à les perdre de vue. Lorfque l'ouvrage de Mr. Hedwig parut, fes idées , fi différentes des mien- pes Sciences Pays DE: LAUSANNE 7 nes, m'engagerent à de nouvelles recherches; & dans leurs couts, ÿai cru découvrir cette caufe, qui jufques alors m’avoit été inconnue. Les rofes de moufles paroiflent dans des tems différens que les urnes. Cette propofition, quoique vraie, rencontre des exceptions. La rofe dure long-tems, & la caufe qui la fait naître peut agir en tout tems, quoi. que l'automne foit celui de fa plus grande force. Le tems de la floraifon eft aux moufles comme aux autres plantes celui de leur plus grande éner- gie; par conféquent, c’eft le tems où le climat offre aux végétaux la nourriture la plus faine & la plus abondante : aucune autre caufe ne peut agir fur les végétaux que la nourriture, puifque tout y contribue. Les animaux n’ont qu’un feul organe deftiné à cette fonction; mais ici tout eft organe. Il eft probable que laétion nuifible que des corps quel- conques ont fur les plantes, n’eft autre qu’une influence fur les molécules qu'elles s’aflimilent. Si les rofes paroïiflent communément dans un autre tems que les urnes, il eft pofhble de foupçonner, que cette faifon eft moins favorable aux moufles. L’obfervation vient ici à l'appui de l’hypo- thèfe. La plupart des moufles, fans être aquatiques, demandent un ter- rein humide & couvert; & ces efpèces font plus fujettes aux rofes. Tou- tes les moufles font des plantes des climats froids & tempérés ; elles for- ment la derniere végétation du Nord & du fommet des Alpes. Pendant les chaleurs & la fécherefle de l'été, elles fouffrent plus ou moins, fe crif. pent & fe defléchent ; quelques-unes reprennent leur état naturel le foir , d’autres dans les tems pluvieux. Cet état de maladie continué, les affoi. blit, détériore leur organifation & peut-être oblitere les vaifleaux des fom- mités de la plante. Si les temps plus humides de l'automne, donnent de la vigueur à la plante, les tiges reftent dans leur dimenfion racourcie: mais les germes nombreux de feuilles dont elle eft couverte fe dévelop- pent, plus ou moins altérés, fuivant leur diftance du centre : les inté- rieures font brunes, féches, couvertes d’une poufliere de même couleur. Infenfiblement cette teinte diminue, la circonférence enfin, eft bordée de feuilles entières ou prefque point altérées : dans le centre, on trouve quel. quefois un bouton de feuilles faines, plus ou moins développé; d’autres fois c’eft une tige qui s’en élève. Souvent cette tige porte une feconde & une troifieme rofe. Cette ei nn prouve trés-fortement, que la rofe eft une monftruofité. Dans toutes les plantes, les fleurs polifères font rares ; le concours de 8 MémorrrRes D€ LA SoctiéTé circonftances qui les développe, s’oppofe à leur fréquence , mais parmi les moufles, dès que les rofes font un peu communes, comme par exem- ple, dans les politrics, le plus grand nombre feroit prolifère ; elles fup- poferoient une fève des plus abondantes; mais Pautomne n’eft point dans ce cas : cette faifon mürit les fruits développés au printemps, les élabore & les perfettionne; plutôt que de leur fournir une fève furabondante, elle les prive de celle qui excède. Si les rofes ne font que des monftruo- fités, il eft facile d’expliquer ces fecondes & troifiemes tiges. Le retour d'une faifon favorable développe les vices caufés par celle qui a précédé, & forme les rofes: mais fi le bouton central eft fain, les fucs qui y pé- nètrent, les développent & forment une tige. Un retour de la caufe qui fait naitre les rofes en produit une nouvelle, & cette fucceflion n’a rien qui étonne. Ce rachitifme des plantes s’obferve fréquemment & dans dif. férentes efpèces ;. une de celles où ce vice eft commun, eft le faule; très. fouvent fes branches font terminées par des efpèces de rofes , femblables à celles des moufles, mais plus côniques : les unes ont une cavité inté- rieure, & font formées par la piquüre d’un cinips ; les autres n’ont point de cavité. Mr. Albredif, dans un mémoire à ce fujet (a), les diftingue; il donne à ces dernières une caufe à peu-près femblable à celle que je foupçonne agir fur les Mouffes. Cet auteur croit que les variations dans la température du printemps, arrêtent le développement des tiges, fans nuire à celui des boutons. Nos idées fe rapprochent en cela, ce qui me donne plus d’hardieffe dans leur développement. L’organifation des tiges eft différente de celle des feuilles & plus compofée; la pofition des fibres eft auf différente: la caufe quelconque qui forme cette monftruofité peut donc nuire aux unes, fans nuire aux autres. Le raffermiflement préma- turé de la tige s’'oppofe ici à fon développement; dans le rachitifme ani- mal, c’eft l'ofification accélérée d’un membre: mais cet endurciflement arrête l’alongement des fibres, fans oblitérer les germes contenus entrel- les : leur développement eft cependant gêné, & n’eft jamais parfait. On peut obferver les gradations entre les feuilles intérieures & celles de la circonférence, qui moins gènées, & fortant d’une partie de la tige, mieux développées, ont moins fouffert. On peut facilement faifir, pourquoi les caufes de cette monftruofité font différentes , pour les faules & les moufles. Les D 2 Ca) Journal de Phyfique, Juin 5772, p. 491. pes Scrences PnHys. DE Lausanne. 9 Les dernieres font des plantes qui vivent dans lhumidité, & fouffrent de la féchereffe ; elles habitent les pays froids, & font altérées par la chaleur. Un état de maladie continué pendant lété, agit fur leur organifation; mais on ne s’apperçoit de cette influence, que lorfque les molécules nu- tritives qui y font portées, au lieu de développer l’enfemble, ne dévelop- pent que les feuilles. Les faules font un des premiers arbres où la fêve agifle au printems, & fa premiere ation développe les branches: un froid fubit, comme ils font fréquens dans cette faifon, arrête cette fève , la condenfe, & produit le même effet. Si la poufliere répandue fur les rofes des moufles, eft une preuve qu’elles font des fleurs, on pourroit aufli l’al- léguer en faveur de celles des faules, qui en fonttrès-pourvues: mais com- me le faule n’eft pas microfcopique , il étoit impoflible de foutenir une pa- rcille affertion. Si l'exemple des faules ne fuffit pas, on a aufli celui des plantains, dont la monitruofité connue a peut-être la même origine. Si les rofes des moufles ne font point des fleurs, mais des monftres caufés par l'influence du climat; quelle eft la fruétification des moufles ? Lorfque les individus ont acquis la grandeur ordinaire , le-fommet de la tige, ou laiflelle des feuilles, fe prolonge: un fil en forme d’éguille acérée au bout s’en élève ; l'extrémité fe gonfle, & peu à peu paroit diftincte de fon péduncule : cette partie porte le nom d’urne; d'abord on ne diftingue pas les pieces qui la compofent; mais dans fa maturité, ces pieces fe fé- parent; on peut reconnoïtre chacune d'elles. Le corps de l’urne, cylindri- que où arrondi, d’une forme très-variée , porte à fon fomimet une efpèce -de chapiteau, adhérent jufques à la maturité; l’une & l'autre font couvertes dune coëlfe, d’une forme variée, dont la chüte eft plus prompte; à un temps fixe ces deux enveloppes tombent, une poufliere verte fe répand, & l'urne fe defléche : cette exiftence momentanée, cette pouflicre répandue, ces enveloppes, annoncent le but de cette partie, celui de perpétuer les efpèces; fi on examine avec foin l'intérieur, on y trouve de plus grandes probabilités. Quelques efpèces ont à la fommité de l’'urne, un peigne caché fous le chapiteau, qu'il chaffe par un reflort, lorfque les graines font müres; dans le même tems il laifle échapper une petite lame blanche qui étoit fous lui. Si depuis la chüte du chapitean, des pluies furviennent, l'humidité de Pair agit {ur fon reflort,. & le peigne fermé l'ouverture ; le retour de la chaleur le rouvre de nouveau. On peut, en trèspeu de temps, fe donner -ce fpectacle plufieurs fois, en préfentant alternativement du coton mouillé Tome IL. su. B 10 MéÉmoukRkEes DE LA SoctrÉéTé & un fer chaud. Tous ces obitacles écartés, on rencontre dans quelques efpèces un fac rempli de poulliere verte, & traverfé par un axe d’une cou- leur blanche; dans d’autres efpèces le fac ne paroït pas diftin&; quelque. fois on a apperçu une efpèce d’étamine qui defcendoit du chapiteau. Dans une efpèce nouvelle, décrite à la fin de ce Mémoire, j'ai vu deux corps à la bâfe de l'axe; jignore leur ufage; mais tous les faits font néceflaires, jufques au moment que la reproduction des moufles fera connue. Sans enthoufafme, il eft permis de foupçonner , que des organes auffi nom- breux, & cachés avec autant de foin, font utiles à la plante. Il eft même pofible de penfer, que le moment de la reproduétion embellit cette fa- -mille de plantes, au lieu de la déformer ; ce qui feroit fi les rofes en étoient les dépofitaires. Une chofe qui doit encore ajouter un nouveau degré de probabilité en faveur des urnes, c’eft le moment où elles paroiflent. On les trouve dès Janvier jufques en Avril & Mai; cet intervalle de temps eft celui de la plus grande vigueur pour une plante qui craint les chaleurs de Yété, Mais admettre une reproduétion par graine, ce n’eft pas refufer aux mouf. fes les autres manieres de fe multiplier (a), ni prétendre que ces graines font précédées d’une fécondation opérée par des fexes différens ; leur orga. nifation eft trop fimple pour permettre de pareilles affertions. Si on donne -au mot graine toute l’extenfion dont il eft fufceptible, on trouve qu’il n’ex- prime qu’une ébauche d’un être momentané, qui a reçu d’un autre individu de fon efpèce la faculté de fe développer. La graine ne diffère pas de lem. brion des animaux, & ne diffère des bourgeons que par ce qu’elle peut s’aflimiler la nourriture par ellemême, dès que les circonftances extérieu. res le permettent; pendant que les derniers ne peuvent la recevoir que de la plante qui les porte. Cette ébauche, dans les êtres organifés, eft formée par un dépôt des molécules nutritives furabondantes : celle des êtres dont lorganifation eft compofée, dont chaque membre contient des parties dif D (a) En admettant la reproduction par le. moyen des urnes, je ne leur ôte point celle par les boutures, marcotes, rejets, &c. Les mouffes l'ont commune avec un grand nombre de plantes & même d'arbres. Je fuis étonné, que Mr. De Necker, dont les ouvrages font pleins de farçafmes contre ceux qui dictent des loix à la nature, m’ait pas fenti qu'en ref. traignant les moyens de reproductions des moufles, il s’y expofe lui-même. Puifque plu. fieurs plantes ont ces moyens réunis, pourquoi les moufles dont l’organifation eft plus. fim- ple, ne l’auroient-elles pas? Voyez {a Phyfiologie des corps crganifés de cet auteur, ou- vrage dont les vugs font trés-philofophiques, pts Sciences PHys. DE LAUSANKE. II fimilaires, ou dont quelques individus poffédent des organes qui manquent à d’autres ; fe forme par le concours des fexes. Mais celle des êtres dont chaque partie elt organifée de même, dont tous les individus ont les iné- mes organes; dont enfin le corps entier ne paroïit qu’un développement fuccefhif de la même partie; n’a pas befoin du concours des fexes pour être féconde. C'eft dans cette derniere clafle que les moufles, les moififfures & un nombre infini d'animaux, fe rangent naturellement. Ceft en envifageant les graines fous ce point de vue, ceftä-dire, comme un germe qui peut fe développer , étant féparé de l'être à qui il doit l’exifience, que je crois devoir regarder l’urne comme la fleur ou le dépôt de la graine des mouf fes: le temps de la formation de lPurne eft celui de la vigueur de cette partie des végétaux; c’eft celui où l'abondance de la nourriture eft mar- quée par l'énergie du développement. Eft - il invraifemblable que ce foit celui où les molécules furabondantes s'accumulent pour former la poftérité & celui où une partie nouvelle naît pour contenir ce dépôt. Cette ma- niere de fe perpétuer eft peut-être plus rare que celle par rejetons, bou tures, & autres développemens de ce genre, qui dépendent de l’uniformité de l'organifation. Mais il eft inutile de s'arrêter fur un fujet prefque épuifé par Mr. De Necker (a), & qui d’ailleurs n’entre pas dans mon plan ; il fuffifoit d’é- tablir que les rofes font de vraies monftruofités, & que fi les moufles fe propagent par graine, Celt l’urne qui les contient. Ces recherches m'ont fait découvrir plufieurs efpèces qui n’avoient pas été décrites; j'aurai foin de les faire connoïtre dans le temps; une princi- palement peut être placée à la fuite d’un ouvrage fur la floraifon des mouf. fes, à caufe d’une nouvelle partie que j'ai découvert dans fes urnes. Cette mouffe (PL.II. fig. 2.) fe rapproche le plus de celles à péduncule termi- nal & coëlfe velue ; fa racine eft longne, mince, & peu fibreufe; fon col. let, ou plutôt dèsle milieu de fa longueur, elle fe partage en plufieurs ti. ges, qui ont rarement plus d’un pouce & fouvent moins. Les feuilles font éparfes fur les tiges, lancéolées, pointues; leur poftion eft prefque horifontale , & leur couleur d’un vert mat , adouci par -une teinte blan. Reese (a) On ne peut trop méditer les ouvrages de ce phyfeien, fur-tout fa Phyfologie des corps organijés. B 2 12 Mémo 1R'E S 2D'E (LA S'0 C1 É T É chatre; le fommet de la tige eft terminé par une graine peu apparente; qui garnit la bafe d’un ou plufieurs péduncules; ils font droits & fans courbures, rouges en bas, mais orangés dans la partie fupérieure. L’urne paroït entre Janvier & Mars; fa pofition eft droite, elle n’eft pas relevée de côtes faillantes, comme celle des’autres politrics, mais ovale un peu aïlongée: la fommité eit garnie d’un chapiteau terminé en pointe, & le tout elt enveloppé d’une coëffe qui recouvre toute l’urne: la texture de cette coëffe eft particuliere , elle eft formée de longs poils blancs, jau- nâtres, mélés enfemble, & qui par leur jonction ont l'apparence du drap; les extrémités font frangées par des poils qui fe féparent. Si on lève ces obftacles, on rencontre un peigne circulaire de trente dents ou environ, qui garnit l’orifice de lurne; il retient une lame blanche, fort mince, qui eft pofée immédiatement {ur la poufliere ; le fac qui la renferme eft diftin&t de l’urne & garni d’un axe blanchâtre, & la bafe de cet axe fous le fac. J'ai vu dans quelques individus, deux corps orangés, raboteux, de forme ovale, & dont le diamêétre étoit environ deux tiersd’une ligne: jignore quel peut être leur ufage, ne les ayant apperçu que dans un petit nombre d'individus. Je n’ofe n'hafarder à dire, s'ils font des organes éphé- mères de la génération, ou des excroiffances monftrueufes. Dans une fa- mille aufli peu connue , vouloir expliquer les faits qu'on rencontre, Ceft s’expoler à la certitude d’une faufle explication. Le politric dont je donne ici la defcription, diffère du commun; par fa hauteur, moindre des trois quarts; par la pofition horizontale des feuil. les, qui n'eft pas conftante dans les autres efpèces; par la couleur parti- culiere de fon feuillage & par les urnes. De celui qui eft defliné par Vail. lant, Pol. 23, fig. 6; par fon feuillage horizontal, plus étalé, & fans . poils à fon extrémité; la couleur auf diffère; l’urne eft plus renflée & le chapiteau garni d’une pointe plus allongée. Ce politric n’eft nommé par aucun auteur que j'aie confulté. Jai cru devoir choifir la dénomination de Politric poudreux , qui ex: prime la couleur des feuilles, reemblante à celle des plantes expolées à la poufliere des grands chemins. On la trouve-dans les bois, fur des ter- res glailes, fur-tout fur celle qui eft formée d’une premiere décompolition du grès, nominée molafle. Si ce terrein eft coupé de foflés ou de fentiers profonds, les bords principalement en font revêtus; jamais il ne forme de touffes épaifles; mais chaque plante elt féparée des autres par un inter pes ScrenNces PHys. De LAUSANNE. 13 valle de quelques lignes, & fouvent davantage. Comme cette efpèce ne croit jamais mélée à d’autres, fa couleur, jointe à lécartement de fes in- dividus , la rend très-reconnoiffable. Les roles font très-rares à cette efpèce de plante; on ne peut cependant l’affurer d’une maniere générale, Les cau- fes de cette monftruofité peuvent avoir une force différente, dans des lieux différents. Il eft pofiible, qu'ailleurs, que là où je lai obfervée, elle foit plus fujette à cette maladie. Sur le phofphorifme des corps du rêgne minéral, par le moyen dn frottement. | Par Mr Le Comre G pe RAZOUMO WSKL ; Lu le 28 Oëobre 1784. * Ex phofphorifme eft une des propriétés des plus remarquable des COfps ; les trois régnes de la nature nous en fourniflent des exemples fi fréquens & fi finguliers, qu'on ne peut ‘empêcher de défirér d8-connoître plus particuliérement la caufe d’un phénomène auf ‘intéreflant. : JL n’eft pet- fonne qui nait fait bien fouvent attention aux phofphores végétaux natu- rels, à la lueur que répandent les bois pourris pendant la nuit. Jl n’eft point de chymifte qui m’ait connoiflance du phofphore urineux ou animal : on à vi, méme des hommes, ' jétter la nuit une lueur phofphorique. Henkel, qui rapporte un pareil fait, foupçonnoit déja un principe du phof. phorifine & l'attribuoit au fel marin. Mr. Macquer, dans la preimiéte édi- tion de fon Difionnaire de Chymie, attribuoïit également les lueurs dont on voit la mer briller pendant la nuit à l'acide marin. 1 Les phoïfphores du régne minéral font aufli connus depuis long: temps. LOS eNED 10123 i4 M£morass De L'A Soie 1 É ré On favoit que les fubftances calcaires , les gips, la pierre de Bologne cal. cinés, donnoient de la lumiere pendant la nuit, que d’autres corps, tels que Certains fluors & Îles blendes, en donnoïent également par le fimple frottement. “Le favant Boy/e a fait voir le premier, que les diamans luifoient la nuit, lorfqu’ils avoient été expofés au grand éclat du jour. fr. Du Fay, dans un Mémoire intitulé: Recherches fur la lumiere des diumans & de plu. Jieurs autres matieres , (Mémoires de lAc. Roy. des Sc. année 1735.) rappotte un grand nombre d'expériences intéreflantes fur différentes efpè. cés de pierres, defquelles il réfulte que plufieurs d’elles frottées, chauffées, ou expofées. à la lumiere du jour, font fufceptibles de lune, de demne, ou même de toutes ces trois efpèces de phofphorifmes. Ær. Macquer , dans la derniere édition de fon Ditionnaire de Chymie, Tom. III. art. Phofphores pierreux , rapporte aufli des expériences qu’il a faites fur le phofphorifme de quelques matieres terreufés ou pierreufes, qui prouvent que le quartz pulvérifé, largilé pure, ou la terre d’alun, la magnéfie, font fufceptibles de devenir phofphoriques par un certain degré de chaleur, Enfin, Vallerius fit voir dans la derniere édition de fa Minéralogie, que tous les filexs & les quartz étoient phofphoriques par frottement; mais on a encore fi peu d'idée de cette derniere efpèce de phofphorifme, qu’un favant Hollandois, en me montrant, il n’y a pas long-temps, fa collettion, me faifoit voir comme une chofe extraordinaire, un jafpe phofphorique de cette maniere. r Jai donc porté mes vues dans les expériences que je préfente à la So- ciété, fur ce phofphorifme des corps du régne minéral par le frottement , peut-être y a-t-il bien plus de rapport qu’on ne penfe entre cette efpèce de phofphorifme & les autres manieres de le produire, comme la calcination, Pimbibition de la lumiere, &c. &c. Peut-être dans tous les ças eft-il né- ceffaire de fuppofer dans les fubitances diverfement phofphoriques, un mou- -vement interne, la collifion de leurs parties qui donnent lieu à une chaleur plus ou moins grande, développée par la nature ou par l'art, & néceflaire ellemême au développement du phofphorifme, ainfi que je crois lavoir fait voir rélativement aux eaux de la mer dans un Aémoire inféré dans Je Journal de Phyfique pour le mois de Janvier 1784. Mais il eft tems de pañler aux expériences qui doivent principalement mous occuper dans ce Mémoire; l'ordre que nous fuivrons eft à peu-près celui dans lequel elles ont été faites. Des Scrences Pays: De LAUSANNE, DT Corps phofphoriques par le frottement, TE R RE, EXPÉRIENCE PREMIERE, Un morceau d’une argille cuite au feu, fragment d'un pot:de terre café, frotté contre un quartz, raboteux & dur, a donné pendant le frotte. ment une lueur pâle, accompagnée d’odeur même après le frottement. LE 4 Un morceau d'une argille à potier, d'un gris foncé, mélée de très. peu d'une autre argille grife, toutes deux d'Ukraine: ce mélange ärgil« leux durci au feu, donne pendant le frottement, contre le quartz employé dans Pexpérience précédente, une lueur pâle, accompagnée d’une odeur ti- rant un peu fur l'odeur terreufe: mais ces phénomènes, obtenus avec ‘plus de difficulté qu’avec le morceau précédent, à caufe d’un peu moins de du- reté dans celui-ci. I1L ‘ Une petite mafle , très-durcie par la calcination d’une argille à pipe; fort favoneufe, fort blanche, & naturellement feuilletée, done une plus grande lueur, une lumiere plus vive que les morceaux précédens, à caufe de fa grande dureté, mais trèspeu d’odeur. P EE HE + Pierres calcaires. Les pierres calcaires proprement dites, & les fpaths calcaires, me font point fufceptibles du phofphorifme, au moyen du frottement ; xû leur peu de dureté, L I V. Marbre. Un marbre d’un gris foncé, rempli de pétrifications blanches fpathi. ques d’entrochites, de Namur, par le frottement contre un quartz, par «16 a Myé, M 20: ReErS.2 DIET LA Sx0 C1 É T:É fon côté le plus raboteux:, non, poli, a à peine donné plutôt quelques étincelles pales qu’une “véritable luéur , accompagnées d'une odeur fort dé- fagréable, reffemblant un peu, .ce mé femble, à celle de l'hépar. : FF + An 2 V: «4 À A ; U'imarbre: d'unfouge brun ,. coupé de ‘veines blanches; par un frotte. ment plus violent ‘a produit un effet à peine femblable, à caufe du peu de fürface du -côté frotté, & d’un grain bien moins raboteux ; mais lo. deur affez forte avoit quelque chofe d’urineux. upper aid VI Un matbre noir, coupé de: veines d’un. jaune pâle, par le frottement, même effet que le morcean précédent, mais une odeur comme compofée des deux qu'exhalent les deux morceaux précédens. Je ne doute point que tous. les marbres ne produifent les: mêmes phénomènes. RE ME © 7 Les pierres gypfeufes proprement dites & les criftallifées, ou les féké. _niteufes ; font dans le même cas que les pierres calcaires & les fpaths; ils -ne. réfiftent point au, frottement.' | Uh 9h euiort 13 ". Fluors minéraux on fpaths fnors. On fait affez que le plus grand nombre des fluors, finon tous, font fufceptibles de toutes les manieres de phofphorifme; cependant j'avouerai que tous ceux que je pofléde, n’ont abfolument point produit ce phéno- mène par le frottement, foit contre le drap, foit fluor contre fluor, foit contre un corps très. dur,-tel. que le quartz; mais peut -étre m'y uis:je mal pris; car on verra par la fuite qu’il faut quelquefois un cer- tain tour de main pour développer la matiere phofphorique de certaines fubftances. ; VIL DES SCIENCES PHys. DE. LAUSANNE. E7 L 1 VII Pierres arenacees. GR ANT Le feul grais que je pofléde affez capablé de fupporter le frottement contre un corps dur, comme un quartz; (cette pierre eft un grais à bâtir du Schaafberg) a donné une lueur aflez vive pendant l'expérience , mais prefque point d’odeur, & le peu qu’il en exhaloit, n’étoit point dé. fagréable. Quoique je maie pdint d'autre gtais en ma poffeffion pour (les foumettre à la même expérience, je ne doute cependant nullement, que tous ne faflent voir le même phénomène, puifqu’ils font formés des mé: mes principes que les quartz & les feld - fpaths. VITE FELD SPATH Deax feld - fpaths, de l'ile de Bornholm, lun rouge prefque eriftallifé , & lautre fans couleur & graineté, frottés l’un contre l’autre, ont donné une lueur aflez vive, mais fans odeur fensble ; même effet par le frottement contre un quartz. IX. Trois feld-fpaths, blancs opaques ; roulés & très: reflemblans, fi on ne les confidere avec attention à des quartz laiteux ; frottés les uns contre les autres, donnent une lueur très-vive’ d’un rouge de feu & point d’odeur ; mais ce qu’il y a de fingulier, c’eft que l'apparition de cette lueur, à Ja vé- rité beaucoup plus foïble alors, n’eft point empéchée par Ja préfence des ‘lumieres. Contre le quartz: la lueur eft blanchâtre comme celle des autres pierres , mais fi vivé qu’elle femble pénétrer le quartz dont on peut voir alors la demi-tranfparence. Au refte, l'illuftre Hallerius a | reconnu cette propriété dans les” feld- RU Mi TT x Tome IT. G 19 M Éémo"rr els pe £a S'o c ré T'é X. QUARTZ Un quartz feuilleté , blanc, avec quelques taches jaunes, (Quartzurm lamellari JVall. ) formant la matrice du mica de Rufie, Y’itrum Mofco- viticuin, vitrum Ruthenicum , frotté contre un autre quartz, a donné une - lueur aflez vive, jaunatre, fans odeur. XI Un quartz fragile, formant la matrice de la mine, nommée Æifenglim. mer ou Eifenramm, a donné le même phénomène, mais la lueur plus rougeatre. | XIT. Un quartz gras, formant la matrice d’une mine de cuivre, jaune, ou pyrite de cuivre, même phénomène qu'avec le morceau précédent (a). DE. Un criftal de roche, d’un jaune foncé, ou taupaze en fumée, de Sibe- rie, a donné une lueur fort vive, jaune. XIV. Des drufes de criftaux de montagne, frottées contre un quartz, ont données une lueur fort belle & fort vive, d’une beau jaune, & il na paru une très-légere odeur. X V. Un criftal violet ou fauffe améthifte, ou améthifte occidentale de Sibe- rie, donne de très-vives étincelles rougeâtres phofphoriques, & une lueur jaunâtre, qui femble pénétrer le quartz contre lequel on le frotte. Ca) 11 paroît inutile d'obferver que l’on a eu foin de foumettre à l'expérience tous les quartz, fervant de matrice à des mines métalliques; de façon que ces dernieres ne parti Sipalent pas au frottement, ce qui auroit pu jetter du doute.fur les rélultats. pes SciENCES Puys. DE LAUSANNE. 19 XVL Un criftal jaune, ou topaze de Siberie, donne une lueur de la plus grande beauté, de la couleur de la pierre même, & qui la fait paroitre tranfparente au fein des ténèbres. Il paroit qu’en général le quartz & fes criftaux, donnent rarement de l'odeur par le frottement. Au refte /al. lerius , dans fes obfervations fur les quartz & les criftaux, à la lettre (c}, obferve qu’en général, tous les quartz font phofphoriques, par le frotte. ment. XVIHL Pierres précieufes. Ayant eflayé des rubis que #/r. Wofmaer n'a donné, & qui viennent des Indes; par le frottement contre un quartz dur, ils n’ont donné qu’une légere lueur, mais point d’odeur. Je ne pofléde point d’autres pierres précieufes pour faire des expérien- ces; mais je ne doute point que toutes ne foient phofphoriques, comme les rubis, & que toutes ne donnent qu’une légere lueur; ce qui n’eft pro- duit que par le peu de furfaces de la pierre, & la petitefle de celle fou- mife au frottement. XNILE Silex petrofilex. Agathes. Un caillou filex, contenant des pétrifications du Holftein & de l’efpéce que Wallerius défigne fous le nom de flex cornens, ayant été frotté con- tre le quartz tranfparent des expériences précédentes, a donné une lueur affez vive, jaune, & qui faifoit paroïtre le quartz tranfparent, accompagnée d’une légere odeur. Le filex, défigné par Wallerius, fous le nom de Silex Ipniarius, noir, figuré fingulierement, recouvert d’une écorce crétacée, affez épaifle, frotté contre le quartz, a donné une lueur fort belle & fort vive, jaune, & ac- compagnée d’odeur. XIX. Un petro-filex, roulé, coupé de veines quartzeufes, trouvé fur les cô. Ce 20 E Mémonuk ets. D:ET L'a::S-0:0 r:É T7 É tes de Hollande, & qui me paroit être le Petro-filex molaris de Wallerius ; frotté contre le quartz, a donné une lueur fort vive, d’un beau jaune, pale, mais fans odeur. X X. Un pétro-filex, de lefpèce défignée par #Wallerius, fous le nom de Petro-filex femi pellucidus, rouge, frotté contre le quartz, a donné une lueur vive, jaune $& accompagnée d’une, odeur fenfible quelque temps en- core après. XXI Deux variétés de filex, qui toutes les deux ne peuvent fe rapporter qu'à lefpèce ainfi défignée par Wall. filex opacus variegatus diverfis ni- fens coloribus quafi piéfus durus, dont l'un verd coupé de veines , foncées ou noiratres, & l’autre d’un beau blanc, coupé de veines circulaires, & d’autres formes d’un rouge de cinnabre , & couleur de chair très-päle, re£ femblant étant poli, à une belle porcelaine colorée, venant de lOber£ . tein, dans le Palatinat; tous deux frottés contre le quartz, le premier n’a donné qu’une foible lueur, étant prefque entiérement poli & peu angu- Teux , mais une odeur: qui a duré: quelque temps après, l’autre plus an- guleux, a donné une lueur jaune & vive, mais point d’odeur (a). AA TT AGATHES. Des calcédoines de ee & d'Islande , donnent une belle lueur j jaune : fans odeur: une autre, de Siberie, a produit le même eñet. XXIIE Une fardoine, ou fardonix, de Siberie, frottée contre le quartz, a } (a) Mr. de Fénar ; pat un ao Sur les ctincelles produites par le choc de l'a cier, contre un caillou, inféré dans Les Mémoires de l'Académie Ro yale des Sciences, pour l'an 1736, prétend que l'odeur que répandent tous les cailloux, frottés les uns contre les autres, et celle du foufre; mais j'avoue que dans toutes les expériences que j'ai fait, je n'ai jamais pu reconnoitre l'odeur du foufre dans celle que je fuis parvenu à en dégager. pes Sciences PHYSs. DE LAUSANNE. 21 produit le même effet que les morceaux précédents; de même celles du Palatinat. NX LIVE Les agathes du Palatinat produifent toutes les mêmes effets. XX V. JASPES. Deux jafpes, l’un verd clair, avec des taches d’un verd foncé, & lau- tre d’un rouge clair & des taches d’un rouge foncé, frottés contre le quartz, ont donné une lueur jaune fort vive, mais fans odeur. XX VI Deux jafpes-agathes , rouge & blanc, même effet. XXVIL PIERRE Sy USD BL ES ZEOLITES, Un lapis-lazuli du pays des Kalmoucs, frotté contre un quartz, ne donne qu’une lueur pâle & foible, & fans odeur fenfible. XXVIIL _ Une zcolite de Pefpèce & variété défignée par Wall. fous le nom de Zeolites femi-pellucidus , frottée contre le quartz, donne une lueur jaune, aflez vive pour faire paroiître la tranfparence du quartz, mais fans odeur fenfible. Toutes les autres zéolites proprement dites que je pofléde n’ont point une dureté affez grande, ni en affez grand nombre dans ma collec tion, pour que j'ofe hazarder des efais. it = XXIX. Une tourmaline , affez folide pour foutenir l'expérience, ayant été frot. 22 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ tée contre le quartz avec une grande violence, n’a donné qu'une très-foible lueur, fans odeur bien fenfible. XX. BALSATES OU SCHORLS. Le Bafaltes folidus de Mallerius me manque entierement. Une Bafaltes fpathofus fiffilis , verdâtre, que lon m'a vendu pour une chry. foprafe du Cap de Bonne-Efpérance, d’une dureté confdérable, frotté contre le quartz, donne une très-foible lueur d’un blanc bleuâtre & fans odeur. RRIESCL Deux fchorls noirs, de l’efpèce du Bafaltes criflallifatus de Wallerius ; ont donné, par le frottement, une lueur un peu plus vive que le précé- dent, bleuâtre & fans odeur. Tous les autres fchorls que je pofléde font trop tendres pour ces fortes d’expériences. Les efpèces de manganaifes & de fpuma-lupi, font trop tendres pour cette expérience. XX LL SCHISTEÉES. Ayant éprouvé deux fchiftes grofliers, avec empreintes de poiflon d’AL lemagne; le premier épais & fe caffant en fragmens convexes, comme le caillou, n’a donné que peu de lueur, comme deux ou trois étincelles pà- les, avec une légere odeur bitumineufe : l’autre ayant une caflure en frag- mens plats, n’a produit nul effet, quoique tous deux capables de foutenir le frottement le plus violent. Je fai point d’autres fchiftes, ni des pierres marneufes & de corne en affez grande quantité. XXXIII. M TA C'ORMREPAPE CS: Des lames du Mica, ou verre de Mofcovie, frottées contre le quartz ; ont donné une lueur très-foible & non continue pendant le frottement , accompagnée d’une foible odeur. pes Sciences PHys, DE LAUSANNE, 23 XX XIV. Un talc blanc, feuilleté & ftrié, frotté contre du verre, n'a donné qu'une très-foible lueur, comme deux ou trois étincelles, päles, mais fans odeur, NX XVe STORE ALT I TE S LONLEÉLMANIOR ES; SYELR: PE NITOIPNAMENS. Je n'ai pu parvenir à faire luire les craies d’Efpagne; les pierres ollaires me manquent. XXXVI Une ferpentine d’un beau vert foncé, coupée de veinules noirâtres , frot- tée avec violence contre Le quartz, donne une lueur jaunâtre, peu vive, fans odeur. XXXVIT ASBESTES. AMIANTES. Les feules pierres de ce genre, capables par leur plus grande dureté, de fupporter cette épreuve, font les asbeftes, non murs ou ligneux; mais deux que je pofléde, l’un verdûtre, de Siberie; & Pautre, verd & noueux, qui me paroît être de Zoeblitz, n'ont produit aucun effet; ce qui me fait penfer que je ne m’y fuis pas bien pris. XXXVIIL Rocxes. RocHES COMPOSÉES. Les Saxa. Saxa mixta allerir. Je ne poñléde ici qu’un feul petit fragment d’un granite rouge de Ruffie, tendre, & qui appartient à la troifieme efpèce des Suxum de Y'ullerius, qui vû fa petitefle & fon peu de furface, a donné une lueur affez vive, quoique päle & fans odeur: Mais l’on peut prefque répondre que toutes Jes autres fortes de granites & roches, compofées, donneront à l'expérience 24 MÉ MO PRESIDE LA :S oëc 14 TÉ le même produit; toutes étant formées de quartz, de fchorls, de feld- fpaths; en un mot, de fragmens des pierres & des roches fimples, que nous avons vb toutes étre phofphoriques. XXXIX. BITUMES. De lafphalte impur, Afphaltun impurum de Wallerius, dun endroit inconnu, incorporé dans de la félénite dont il eft fort mélangé, & un au- tre morceau. d’un afphalte en grains, prefque friable, rempliffant les in. terftices diverfes en cloifons, en divers fens, d’une matrice ochracée, fer. rugineufe, encore plus impure que la précédente, & venant de Santacrux; toutes les deux ayant fubi la même épreuve que les fuccins, & fur-tout le {oufre, n’ont produit aucun effet; ce qui peut venir de leur tiflu ou grai. neté, ou lamelleux, qui lui-même n’eft dü qu’à leur grande impureté ; mais s’il étoit poflible de fe procurer une malle dégagée de toute hétérogé. néité , il me paroit hors de doute qu’elle devroit, avec les mêmes foins, produire le même phénomène que le fuccin & le foufre. X L. Deux charbons foffiles, l’un de pierre & fort pyriteux, de Siberie; Pa tre de terre luifant, caflant, moins pyriteux , très-inflammable, même à la flamme d’une chandelle, laiffant après luftion un réfidu de fcories, & venant de la colline, nommée le Schaaffberg ; tous deux ayant fubi l'épreuve du frottement, à la maniere des fuccins & du foufre, à la vérité, plus long-tems & au point d’une chaleur un peu plus confidérable, mont ab- folument produit aucun effet. A la vérité, jai été obligé de ménager. un peu le charbon du Schaaffberg, vu fa fragilité. Le jayet me manque entierement. XLI SU CC FN'S. j Deux beaux morceaux de fuccin, jaune, tranfparent, & un troifieme jaune aufli & opaque, frottés fortement contre la main, pendant cinq minutes pes Sciences -Puays. pE Lausanne. 25 minutes au plus, & jufqu'à-ce que l’on fente une grande chaleur dans la paume de la main qui frotte, & une certaine chaleur dans le corps frotté, que l’on frotte alors contre un corps plus raboteux, comme du drap, pendant lefpace à peu-près d’une minute & demi, font appercevoir pen- dant ce dernier frottement des lueurs piles en forme d’étincelles, & après le frottement il part de la partie du fuccin échauflée par le premier frot- tement & rendue phofphorique par le fecond, une lueur d’un bleu pâle, femblable à un éclair qui part d’inftant en inftant de la partie la plus échauf. fée, jufqu'à fon entier refroidiflement. L’intervalle d’une lueur à une au- tre eft d’autant plus grand, qu'il y a eu plus long-temps que le frotte. ment a ceflé; & celle-ci diminue de plus en plus à mefure que le mor. ceau de fuccin fe refroidit. Ce refroidiflement n’a lieu que peu à peu & fucceflivement dans toutes les parties des furfaces échauffées ; cependant il faut infiniment moins de tems pour le refroidiflement complet que pour fon échauffement. Il m'a paru que le fuccin opaque s’échauffe un peu plus & donne aufli quelques lueurs de plus, apparemment par la même raifon qu’à frottement égal, le fuccin opaque attire plus fortement & à une plus grande diftance , les corps légers qu’on lui préfente, que celui qui cf tran{parent. XLIL SOUFRE. _ Un morceau de foufre rouge, que Mr. Berckey m'a donné pout du foufre natif de Quito, mais qui porte des marques évidentes de fufon, ayant été frotté comme les fuccins, d’abord contre la paume de la main, pendant à peu-près un peu plus d’une minute, & enfuite contre mon bras vêtu de ratine, pendant quelques fecondes; je n’ai point obtenu de lueur pendant le frottement, mais bien après; le phénomène eut lieu comme dans le fuccin, excepté que les lueurs furent plus vives & plus fouvent répétées. XLIIL Un bâton applati ou comprimé de foufre faétice, tel qu’on le vend er ‘Ruflie, frotté comme le précédent, ne donne , après le frottement, qu’une feule lueur, mais plus vive & qui forme conimeé uné zone enflammée fur -toute la furface frottée & échauflée. ! Tome II. D # 26 MéÉmorrREs DE La SoctérTé De PA A QNUE Un morceau de foufre, coulé en cylindre, tel que le fouffre de com- merce de Saxe, ayant été frotté comme le morceau précédent, fe con- duifit dans lexpérience- comme le fouffre rouge, excepté que les lueurs plus petites & partant de différents points, reflembloient à autant d’étin- celles; mais ce qu'il y a de curieux, c’eft que le morceau eflayé s'étant caflé pendant l’opération du frottement, je ne pus plus rien en obtenir après par la même voie. Du refte il eft à remarquer que tous ces fouffres font phofphoriques, mème par le fimple frottement contre le drap, mais beaucoup moins que lorfqu'on à eu foin auparavant de leur procurer un certain degré de cha- leur par le frottement contre la paume de la main; cependant fi on ne l'eflaye que de cette maniere, le premier donnera le moins de lueur, le troifieme davantage, & le fecond le plus; le tout prefque fans odeur (a). Il eft ainfi à remarquer, que la pureté plus ou moins grande, & la forme du foufre, influent beaucoup fur l’'intenfité & la forme de la lu- amiere que celui-ci répand pendant ja nuit. Il paroïit que le foufre rouge qui eft combiné avec une certaine portion d’arfenic, eft moins phofphori- que que le foufre jaune ou fofure commun; celui-ci coulé en cylindre, tel qu’il nous vient de Saxe, eft moins phofphorique que le foufre de commerce que l’on vend en bâtons applatiss On trouve, ce me femble, la caufe de cette différence, dans le grain qu'offre la caflure de ces foufres; le Premier paroït toujours plus ou moins criftallifé intérieurement , le fe- cond préfente au contraire intérieurement une mafle plus ou moins com- patte; d’où il réfulte, que l’un de ces foufres de commerce eft plus propre à retenir & à concentrer la chaleur & le phofphorifme que l’autre. Je ne pofféde point de foufre natif, mais il y a apparence qu’il produi. xoit les mêmes effets. ; (a) L'effet du frottement fur le foufre & les fuccins, eft proprement d'éledrifer ces fubftances ,. & les lueurs qui en partent alors ne font duës qu’à la matiere électrique qui ‘s'en échappe. Mais la parité de ces phénomènes, avec ceux que préfentent le phofphorif. mme par le frottement, m’a engagé à les ranger dans la même claffe dans la fuite d'expé- -fiences que je préfente au public. Be pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 27 X LV. : BAR ‘TL T'ES. Une pyrite criftallifée en cubes irréguliers de Gaftilitz, aux environs de Petersbourg , frottée contre le quartz des expériences précédentes, à donné une lueur fort légere & interrompue. Je n'ai point d'autre pyrite capable de fupporter l'épreuve. DEMI-MET À U X. Mercure © Arfenic. Je ne pofñléde aucune de ces mines propre à réfifter à l'épreuve. Au refte, je ne crois pas qu'il exifte de mine de mercure aflez folide pour la foutenir, à moins que ce ne foit le cinnabre pierreux de Croufledt que je ne connois point (a). On fait que le mercure coulant , bien épuré, fé- coué dans un tube de verre, dans l’obfcurité, eft phofphorique (h}. Je crois au contraire que toutes les variétés de la mine d’arfenic blanche ou mifpickel, font phofphoriques par frottement. CŒRAE T: Je ne doute prefque point que toutes les mines de cobalt ne puiffent fupporter avec fuccès l'épreuve du frottement, & ne foient plus ou moins phofphoriques. Il faudroit en pofléder un plus grand nombre que je n’en poiléde pour de pareilles expériences. XLVL | Je lai cependant faite avec la mine vitreufe en forme de fcories de Vale mont de Bomare, Minera Cobalti Scorie formis Wull. Jpec. 296 , qui frottée contre la partie raboteufe de drufes quartzeufes , a donné de temps à autre, une lueur en forme d’éclair d’un bleu blanchätre , accompagnée d’une légere odeur. Quelquefois cette lueur étoit femblable à des étincelles rougeitres, & cette derniere étoit fans doute la matiere phofphorique du quartz. (a) Ceft peut-être le Cinnabaris compaëa colore Jpadiceo de Wallerius. (Bb) Peut-être aufi cet effet eft-il dû à l'électricité, D 2 28 MÉMOIRES DE LA SOCtrÉTÉ NICKEZL. Les mines de nickel me manquent entierement. Je fuis fort porté à croire que le kupfer-nickel feroit phofphorique à l'épreuve. ANTIMOINE. Aucune des mines d’antimoine n’a aflez de folidité pour fupporter un frottement violent , & par conféquent pour le développement de fa matiere pholphorique, fi l'on n’en excepte peut-être la mine d’antimoine folide & compacte, BISMUT H. Je ne doute point que plufieurs des mines de ce dernier demi-métal ne foient phofphoriques par le frottement, ayant une dureté affez confidéra- ble. Mais je n’en pofléde malheureufement pas un aflez grand nombre. ZINC. Parmi les mines de zinc, il n’en eft guère de capables de foutenir lé. preuve, excepté peut-être certaines calamines aflez folides & dures, telles par exemple que celle de nos mines de Nertfchinsk; mais je n’en pofléde qu'un échantillon , & je n'ai point ofé halarder l'expérience jufqu'à-ce que je fois mieux fourni (a). Il exifte des blendes phofphoriques, mais c’eft apparemment celles qui font fufceptibles de phofphorifme par un frotte. ment moins violent; car il n’en eft, je penfe, aucune, qui puiffe foutenir le choc des corps durs & les plus propres au développement de ce phé- nomène. Javouerai que toutes celles que jai n'ont pu acquérir cette vertu, pas même avec les mêmes foins que jai pris avec fuccès pour la procurer aux foufres & aux fuccins; d’où il ne s'enfuit pas ce me femble, que l'ef fet en queftion foit impoflble. te) Lines Auris Academ,. Tom. III. p. 206, aflure, que l’on obtient, par le frot- ent de la pierre calaminaire, les mêmes lueurs éleétri ue du fucre, des poils de cheval, de chat, &c. HAL S s £ LA DES SCIENCES pHYSs. DE LAUSANNE. 29 XLVIL MENT A U'X: Fer. Je mai point de fer natif; mais une malle de fer fondu, frottée con- tre des drufes quartzeufes, a donné une lueur d’un bleu blanchâtre de temps à autre, & que l’on ne fauroit prendre pour de vraies étincelles, comme celles que l’on produit par le choc d’un briquet contre nne pierre dure, la couleur de ces étincelles étant différente de notre lueur, le frottement d’ailleurs m’étant point affez vif & la même chofe n'ayant point lieu au jour. XLVIIL Des morceaux d’aimant noir, grainelé, de Sibérie, que je poñléde, ont donné des lueurs très-foibles par un frottement violent, fans odeur. Come me l’aimant noir n’eft autre chofe qu’une mine de fér noire magnétique , il meft ce me femble point douteux, que la mine de fer noire ne pros duife le même effet; comme je n’en ai point la variété compacte, mais celle qui eft cubique en cubes difperfés dans un quartz rouge, je n’ai point ofé en hazarder l'expérience. Les mines de fer grifes & bleues me man- quent aufli en aflez grande quantité pour ces fortes d'épreuves ; mais je ne doute point qu’elles ne réufliflent avec toutes les variétés de ces mines fo- lides & compactes. Je pofléde une trop petite portion d’émeril rougeûtre adhérent à un quartz, pour ne pas fufpecter, que dans l'expérience, le phénomène produit par le frottement, ne vint plutôt de la matrice que de la mine même; mais je ne doute point ,. vu la dureté connuë des éme- tils, qu'ils ne foient tous plus ou moins phofphoriques. . Une hématite noire, frottée avec violence contre les drufes de quartz ci-deflus,. & con- tre leur endroit le plus raboteux, qui eft l'endroit où s’implantent & fe réuniflent les bafes des criftaux, a donné une lueur trèsfoible de loin en loin, fans odeur. Autre fois une hématite de la même efpèce a produit un effet bien plus fenfible & plus beau, étant frottée contre une grofle mafle de quartz tranfparent de mes premieres expériences - que. j'ai, donnée, à Mr. Voot ; ce qui prouve encore que la grandeur des furfaces & la cohé: rence des parties des matieres agentes, n’eft pas indifférente pour la réuf. 30 M4 orres De LA S'ocréTé fite de l'expérience. Je ne pofñléde qu’une feule hématite rouge, ftriée ; femblable au fragment du tronc d'une plante ou d’un arbre de Norwege; & quant aux hématites jaunes , ayant cedé celle que javois ici, je n’en pofléde plus; mais je ne doute en aucune maniere que toutes les efpèces d'hématites ne foient plus ou moins phofphoriques. “Les autres efpèces de mines dé fer plus ou moins écailleufes, plus ou moins tendres ou terreufes, n’ont point les propriétés néceflaires pour ré- fifter au frottement capable d’exciter en elles aflez de chaleur pour le dé- veloppement de leur matiere phofphorique. x CULPIRE Les mines de cuivre font en général trop peu folides pour cette forte d’épreuve ; il n’y a que les minés de cuivre hépatiques les plus dures, la mine de cuivre blanche qui eft rare, & dont je ne pofléde qu’une variété criftallifée en cubes , fort belle & fort précieufe, & les mines de cuivre jaunes & verdâtres, ou pyrites de cuivre, qui doivent être toutes un peu phofphoriques, par la même raifon que nous avons vu les pyrites pro- prement dites marcafites l'être; j'en ai eflayé une des moins compactes , contre la pointe ou les fommets des drufes, qui n'a donné une lueur très-pâle. XLIX. PSE: Toutes les galenes de plomb sufent trop vite par le frottement, & par conféquent n’ont point aflez de confiftance pour produire le phénomène que lon en défire. Toutes les. autres mines de plomb font trop tendres. Je n'ai pas pu poufler mes expériences plus loin faute de matériaux en affez grande quantité, mais le petit nombre de celles que j'ai fait fufit ce me femble, pour faire voir qu'il n’y a prefque point de fubftance dans le régne minéral qui ne foit fufceptible de phofphorifme par le frotte: ment. 3 En terminant ce Mémoire, je conclurai par une obfervation intéref fante, & qui paroït générale & conftante. C'eft 1°. que les pierres res frattaires ou infufñbles par elles - mêmes, purement filicées ou argilleufes , colorées ou fans couleur, ne donnent étant frottées contre le quartz, DEs Sciences Pays. DE LAUSANNE, 31 qu'une lueur colorée comme celle du quartz même , fans couleur; Exp. I-IN, & VI-XI, & XVII-XXVH, & XXXIV-XXXIX. 2°. Que les quartz tranfparens, donnent par le frottement, une lueur dont la couleur tient ordinairement plus ou moins de la pierre contre laquelle agit le frotteur, Exp. XIHI-XVI, 3°. Mais que les pierres fufr. bles, colorées fur-tout en verd ou en noir, par le fer, plus ou moins tranfparentes où méme opaques, & les fubftances métalliques & bitumi- neufes, donnent par le frottement, une lueur tirant plus ou moins fur la’ couleur bleue. Exp. XXVIH-XXXIN, & XL-L. On fait que cette couleur eft aflez particuliérement affectée à la flamme des matieres miné- rales combuftibles, telles que les foufres & quelques fubftances métalliques. que «A JD D TÉTONS A U MÉMOIRE Sur le phofphorifine des corps du règne minéral par le moyen du frottement. : fuite d'expériences rapportées dans mon précédent Mémoire devant être regardée comme très-incomplette, faute des matériaux néceflaires pour les continuer alors; jai cru devoir joindre ici ces additions, & faire con- noïtre les nouvelles expériences que jai eu occafon de faire depuis fur le pholphorifme des corps du régne minéral par le frottement. | | Les matieres foumifes à ces nouveaux eflais, feront diftinguées en fub£ tances pierreufes dures, ou tendres ; en fubftances bitumineufes & en fubf. tances métalliques (a). F Mu = Ne. (a) J'ai rapporté dans le Mémoire précédent, quelques expériences fut le phofphorifmé par frottement des terres argilleufes duicies au feu; mais M. le profefeur Herman de MémotrEes DE LA SoctrérTé Vo Là L Subfiances pierreufes dures. Parmi les fubftances pierreufes dures que nous avons foumifes à l'épreuve du frottement, le jade tient le premier rang. 1°. Un jade verdâtre mêlé de grains de ftéatites verte & de parties tal. queufes & micacées, blanches, des bords du lac de Neuchätel; frotté con- tre un quartz demi tranfparent, ou #atrice de crifleux, a donné une lueur rouge, accompagnée d’une odeur hépatique & terreufe; contre le verre, la couleur rouge de la lueur étoit mieux prononcée. : 2°. Une opale laiteufe, de l'ile de Ferroë, que je dois à l'amitié de Mr. Spengler , frottée contre le quartz de l'expérience précédente, a donné une lumiere phofphorique, rougeàtre, & contre le verre une lueur foible & pile. 3°. Des grenats rouges, tranfparens, donnés pour être d'Efpagne; frot- tés contre le quartz ci-deflus, n’ont donné qu’une lueur très-foible en forme d’étincelles très-rares ; mais contre le verre ils ont offert une lumiere, qui quoique pale étoit vifiblement bleuatre. 4°. Quelques tourimalinesrdu Tirol, dans leur matrice, grouppées de ma- niere à préfenter des furfaces raboteufes ; frottées contre le quartz, ont fait voir diftintement des lueurs phofphoriques bleues ; contre le verre ces lueurs étoient très-päles. Le frottement développe dans les grenats & les tourmalines , une odeur dont la nature eft difficile à déterminer. Les gre- nats gemmes d’Efpagne & les tourmalines noires du Tirol, ne font point phofphoriques étant chauffés ; c’eft ce que l’on a reconnu en plaçant de petits fragmens de ces pierres fur une pelle à feu qu’on a chauffé jufqu'au rouge & laïflé refroidir lentement. s°. Un Strasbourg, de qui je tiens cette obfervation, s’eft affuré qu'un grand nombre des terres ; connues fous le nom impropre de lithomarga, de divers pays, & fur-tout celles qui font blanches, pholphorifent par le fimple frottement avec une plume. Ces terres phofphoref. centes , que j'ai vu dans la précieufe collection de ce naturalifte, forment la vingt-unieme efpèce de ÆWallerius, {ous le nom d’argilla cruffacea , qui leur convient beaucoup mieux que celui de lithomarga, adopté je ne fais trop pourquoi par Cronffedt, $. 85. Born. Ind. Fofjil. T. L p. 38, & d’autres, puifqu’elles appartiennent plutôt au genre des argilleufes qu'a celui des.marnes. Ce que l’on nomme ÆZedulla Suxorum, Steinmark des Allemands , peut étré auf bien une terre de la nature des argilles, qu’une terre marneufe, felon les Tieux où elle fe trouve. 1 pes Sciences. PHys. DE, LAUSANXE: 33 $°. Un fchorl en mafle Bafaltes, Solidus de, HWallerius, vert & roulé, des bords de l'Arve & des environs de Geneve; frotté contre le quartz, répand wue luriere bleue, accompagnée d’une odeur hépatique contre le verre, la lumiere eft très-foible. 6°. Un trapp noir, roulé, des bords du lac de Neuchätel;: frotté con. tre le quartz, a donné une lueur vive, bleuñtre, accompagnée d’une odeur argilleufe; contre Le verre, la lueur a été foible, mais d’un bleu bien prononcé. 7°. Une belle ferpentine, d’un verd foncé, roulée, des environs de la Sara, dans le Jura; frottée contre le quartz, a donné une lumiere phof phorique, foible, en forme d’étincelles rouges, accompagnée d’une odeur argilleufe; contre le verre, elle n’a donné qu’une lueur très-pâle. - 8°. Une lave poreufe d’un gris foncé, dure, parfemée de parties vitreu- fes, jaunes, qui a été trouvée fous forme de caillou, roulé, aux environs de Genève, au bord de lArve, par Mr. Tullyd (a); frottée contre le quartz, à donné une lueur phofphorique , bleuätre, accompagnée d’une odeur terreufe. 9°. Une lave graniteufe, d'un gris verdître, avec des grains paralléli. pipédes ; de feld-fpath, blanc, & des aiguilles de fchorl noir, martiale & attirable à l'aimant, des monts Euganéens, dans le Padouan (h); frottée contre le quartz, a donné une lumiere phofphorique, affez vive, d'un ronge bleu, accompagnée d’une odeur terre-hépatique ; contre le verre, la lumiere a été plus foible, mais d'un bleu plus marqré. | 10°. Un granit micacé, blanc, avec un mica martial brun (c), du (a) Cette pierre à bezucoup de rapport avec celle d’Andernach en Allemagne, que Walierus a place parmi les petrofilex , & céfigné fous le nom de Petrofilex molaris, vide Syft. Alinerolcg. Joec. 122, * à (Bb) Cette pierre eft le prétendu granit volcanique de certains auteurs; elle feroit en. core mieux nommée porphyr ou poriphyrite volcanique , puilque les grains de feld.fpeth & autres, qu'elle contient, font liés par une efpèce de gluten, de la natuie des laves, qui méme elt quelquefois poreux comme certaines Javes; il vaut neanmoins mieux à ce qu’il .nous femblc, lui conferver le nom de lave graniteufe que nous lui avons impofés, pour ne pas la confondre inutilement avéc les vrais granits, & les vrais porphyrs que les volcans vomiflent quelquefois. @c) Le mica eft ou fans couleur ou coloré, par le bitume ou le métal; ans ce dernier . ess la couleur du mica eff fixe au feu, & il devient fufible & communique cette propriété aux fubftances auxquelles il eft uni; on peut méme regarder le mica fort martial, ou les roches qui le contiennent, conime de très-bons fordens dans les opérauions métallurgiques. Tome IT. E 34 M Ælm OUrèr E°$ 5 ELA S'0 c fé T'E Faucigny ; frotté'contre le quartz , a donné w#e lueur bleuâtre, aflez vive, & plus pâlé contre Ie verre, mais mieux prononcée quant à fa couleur. 11% Un granit blanc avec des feuillets d’une ftéatite lamelleufe, tendre, grile, des Morènes, du glacier des bois en Faucigny; frotté contre le quartz, a donné une lueur pale, rougeûtre ,; en forme d’étincelles, accom- pagnée dune odeur argiileufe ; contre le verre la lueur a été plus vive. Comme la fléatite eft ici trop tendre, pour participer à ladion du frot- teur, c’eft fans doute aux parties purement quartzeufes de ce granit qu’il faut attribuer la lumiere phofphorique de cette expérience. Ainfi on doit préfumer que le Granites finplex de Wallerius, ou toutes les roches com- polées de pur quartz ou de quartz, & de feld-fpath, & toutes celles qui contiennent un mica non martial, & par conféquent infufible, phofpho- riferont, par le frottement, de la même maniere que notre granit du Faucigny. | 12°. Un beau granit, roulé, blanc, avec des aiguilles de fchorl, d’un verd foncé, Granites bafalticus de Wallerius, des environs de Laufanne; frotté contre le quartz, a donné ue lueur phofphorique foible bleue; de même contre le verre. 4 13°. Une roche quartzeufe & cornée, Saxwim ferreum JVall. noire, avec de petits grains de quartz tranfparents, couleur d’eau, roulée, des envi- rons de Laufanne ; frottée contre le quartz, a donné use lueur bleue, allez diftinéte, accompagnée d’une odeur argilleufe; contre le verre, cette lueur eft pâle, IL Subflances pierreufes tendres. La plus dure des pierres tendres que nous ayons foumife au frotte. ment eft : 14° Un fchorl verd, à aiguilles, diverfement croifées, parfemé de pe- tits grains de mine de cuivre, hépatique ou de pyrite, brune, des Morè- nes, du glacier des bois en Faucigny; frotté contre le quartz, comme contre le verre, a donné dés lueurs phofphoriques, pâles, rougeà- tres (a), ——————————————— Hs Au chalumeau , ce fchorl perd fà couleur & fe change en un émail entierement lanc. : : pes Sciences Pays DE1LATSANNE" 2$ 15°. Une roche de corne, verte, feuilletée, compaite, Cornens fifilis durior de Wallerius, des montagnes du Faucigny ; frottée contre le quartz, a donné une lumiere affez vive, bleuütre, agcoimpagnée d'une odeur ar- gilleufe ; contre le verre, elle a donné nue lumiere plus foible, mais d'un bleu Mieux prononcé. Notre XVIme & notre XVIIme Expériences ont été faites fur une ftéa. lite folide , d'un blanc grifêtre, fervant de matrice à la tourmaline du Ty- rok, & une ollaireé d’un gris verdûtre, lamelleufe & tendre, fervant de ma- trice à un beau fchorl, noir, en aiguilles prifmatiques tétraëdres, à angles tronquées, également du Tyrol. Ces pierres fe font trouvées trop tendres pour fupporter l'épreuve du frottement; même contre le verre, & n’ont produit aucun effet. 18°. Un tripoli gris, en mafles roulées un peu plus groffes que de grofles noix, des environs de Morat; frotté contre le verre, a donné une luesir phofphorique, bleuatre, foible , accompagnée d’une odeur bitumi+ neufe; cette odeur eft aufli fenfible lorfqu’on frotte ce tripoli contre un mor. ceau de drap, mais moins que contre le verre. 19°. Le fpath pefant, Pierre de Bologne, frotté contre le verre, à donné une lucur bleuatre, & une odeur terres-urineufe. Cette pierre eft trop tendre pour foutenir le frottement contre un quartz. 20°. Un fpeth pefant blanc, des mines du Faucigny , fe comporte com- me la pierre de l’expérience précédente, excepté qu’elle eft ‘plus dure & phofphorifée par le frottement contre le quartz (a). Obfervations générales fur le phofphorifime: des pierres. Le grand nombre d'expériences que mous-avons faites {ur le phofpho- rifme des pierres, parle moyen du ffottement, ont. donné lieu aux ob» fervations fuivantes : A. Lorfque les pierres foumifes aux effais font petites, ou ont peu de jicr 4 N GEI (a) Le célèbre Pallas m’apprend , par une lettre dattée du 15 Janvier)178%, 1qu'il m'@ fait Phonneur de m'écrire, que lon a découvert près de Katrinenbourg, un fluor violet, méle de vert, dans une matrice micacée & graniteufe, qui phofphorife, non-feulement. dans l'eau chaude, mais aff par la feule chaleur’ du corps humain, MES 2 ss 36 MÉmormrEs DE LA S ocrÉéTÉ Ad un frotteur uni comme le verre, eft à préférer à un quartz qui offre toujours des angles & des inégalités; la plupart des corps pier- reux qui pholphorifent étant frottés contre le quartz, le font aufl con- tre le verre, mais plus ou moins foiblement. B. Les pierres trop tendres pour fupporter le frottement contre le quarts demandent aufli des frotteurs moins durs; dans ce cas le verre eft encore à préférer au quartz. Pour obtenir, par le frottement contre le quartz, la lueur phofpho- rique la plus belle poflible; il eft bon que les pierres foumifes à leffai ayent des furfaces raboteufes, celles à furfaces planes & unies {ont encore du nombre des corps qui phofphorifent communément mieux contre le verre que contre le quartz. C. Après avoir confidéré dans les remarques précédentes l'influence des frotteurs fur les corps frottés dans les expériences dont nous nous occu- pons, nous allons pafñler à l'examen de l'influence de ces mêmes frotteurs fur la lumiere phofphorique même des fubftances foumites à fes effais. D. Nos expériences nous ont fait connoitre que la plupart des pierres äures quartzeules, ou filicées, plus ou moins opaques, ont une lumiere phofphorique qui leur eft propre, qui eft d’un rouge d’une intenfité plus ou moins grande, & qu’au contraire le verre, (du moins celui qui eft tranfparent, fans couleur, & tel qu'il doit étre pour étre employé avec fuccès dans de pareilles expériences) n’a point de lumiere phofphorique d'une couleur qui lui foit propre, d’où il réfulte, 19. que lorfque l'on frotte contre un quartz ou un filex opaques, une pierre d’un autre genre dont la lueur phofphorique propre eft d’une couleur différente de celle du frotteur ; il y a mélange des deux couleurs, ce qui produit une lueur mixte, par exemple fi la lueur propre de la pierre en queftion eft bleue on aura par le frottement contre le quartz une lueur mixte d’un rouge bleuâtre ou d’un bleu rougeître. 2°. Et qu’ainfi après avoir effayé la pierre en queftion contre L quartz ou le filex, il convient le plus fou. vent de la frotter enfuite contre le verre, qui quoique donnant une lueur foible, ne phofphorife que de la couleur de la lumiere propre des corps qu'on frotte contre lui. E. Les formes des lueurs phofphoriques des corps pierreux varient fe. lon celles du frotteur; fi ce dernier n’eit qu’inégal & raboteux ces lueurs peuvent être plus ou moins belles & continues en raifon de la dureté pes Sciences Pays. DE Lausanwxe. 37 des corps frottés; mais fi celui-ci eft anguleux & rempli de fentes & de fiures, ces lueurs feront rares, interrompues & en forme d’étincelles. F. Nous terminerons ces obfervations en remarquant que les expérien- ces que nous venons de rapporter fourniflent encore la confirmation de ce que nous avons avancés à la fin du Mémoire précédent; favoir: que les pierres fufibles ou les roches mélées de fubftances fufibles, telles que es roches compofées micacées, dont le mica eft martial, la plüupart des ro- ches balfatiques, cornées, donnent par le frottement une lumiere phof- phorique bleue. Voyez les Expériences IT, VU, VII, XI, XI, XI, XV & XVII. Subflances Bituminenfes. L'on a eflayé par le frottement : 21. Une tourbe noire bitumineufe extrémement dure des environs de Fribourg. 22°. L’afphalte du Val-Travers, dont on a choïfi les morceaux les plus noirs & les plus riches en bitume. 23°. Un charbon minéral, trés-dur, femblable au kannel-kool des an- glois, & à ce qu'il paroït fufceptible comme ce dernier du poli des envi- rons d'Eftavayer. 24°. Un morceau de bois de chène foffile, noir & dur, des environs de Morat. Toutes ces fubftances bitumineufes ont été frottées inutilement, d’abord contre le verre, puis à la maniere des fuccins & du foufre. Voyez les Expériences XLI, XLII, XLIII & XLIV du Mémoire précédent. Ce manque de fuccès feroit croire qu'il n’y a que les bitumes plus ou moins tranfparens que l’on doit regarder comme les plus purs, comme ceux dans lefquels le principe huileux & phlogiftique eft le plus intimé- ment combiné avec le principe terreux, qui foient fufceptibles de deve. nir phofphoriques ou électriques par le frottement. Subflances Alétalliques. 2ç*. Une blende rouge, folide, des mines de plomb du Faucigny ; frottée contre le quartz des expériences précédentes, a donné une lueur 38 M'É"M /o°r AE Ss D €! L A1!S0 cor É T'É bleuâtre , accompagnée d’une odeur très-marquée, contre le verre Ia lueur étoit plus pâle. | 26°. Une blende jaune, criftallifée, tranfparente, d’une mine de zinc du Faucigny; frottée contre le quartz, a donné une lueur bleuitre, ac- compagnée d’odeur; contre le verre, elle étoit pâle , mais d’un bleu mieux prononcé. Tous les régules femi-métalliques font trop tendres pour fupporter le frottement, & ils sémouflent trop promptement; il n’y a que le nickel qui n'ait fourni des étincelles phofphoriques bleues contre le verre; le ré. gule de cobalt, qui eft aufli dur que celui de nickel, produiroit fans doute le même effet. L 27°. De minces lames de cuivre rouge, frottées contre le quartz, ont donné des étincelles phofphoriques, rares, bleues; contre le verre il ny a rien eu. 28°. De groffes lames d’étain, frottées contre le quartz & le verre, fe font comportées comme le cuivre rouge. Obfervations fur les fubftances Métalliques. A. Puifque l’étain frotté contre le quartz donne une lumiere phofphori- que, il y a apparence que la plupart des autres métaux moins tendres que lui, produirônt le même phénomène lorfqwon les foumettra à leflai. B. Il eft à remarquer que dans ces expériences le frottement déve. loppe dans tous les demi-métaux & les métaux, l'odeur qui leur eft propre, pes Scrences Pays. DE LAUSANNE. 39 ESS ‘AMI D'EXPÉRIENCES ANALITIQUES, Sur la pierre de Goumoëns ;, Par Mr Le Comre G pe RAZOUMOWSKI Lu le 4 Decembre 1784. * | E donne à cette pierre , le nom de pierre de Goumoëns, parce qu'elle fe trouve près du village de ce nom, fitué à trois lieues de Laufanne, dans le bailliage d'Echallens. J'ai parlé ailleurs en détail des bancs qu’elle forme, & de leur fituation dans la terre. Je ne ferai donc ici mention que de fes propriétés chymiques. Cette pierre offre trois variétés différentes pour le grain, qui approche . cependant toujours plus ou moins de celui des pierres marneufes, pour la dureté, &c.; mais entierement femblables quant, à leurs propriétés ; favoir : 1°. Une pierre grife, trèscompacte, mélée quelquefois de grains bril- lans fpathiques, difperfés dans fa malle & figurée aufli par fois en ftries. Elle perd environ un feptieme de fon poids par la calcination. 2°. Une pierre d’un gris blanc, compade, fouvent remplie de pores de diverfes grandeurs & coupée par-ci, par-à, de veines jaunâtres, dues fans doute à la décompofition de quelques particules pyriteufes. La calcination donne à ces veines une couleur rouge, & elle perd après cette opération un peu moins des r;; de fon poids. 3°. Une pierre d'un gris plus foncé que les aütres, compatte, mais tendre, & dont le grain la rapproche plus encore des pierres marneufes 40. M É2M OK RIE.S «DyE Lon S4O:c't LÉ TLÉ Le que-les autres; elle perd environ ;;me de fon poids par la calcination. Toutes ces trois variétés exhalent une odeur bitumineufe, lorfqwon les frotte contre quelque corps dur ou contre un drap, ou qu’on les ra- cle avec un couteau, xou unsautre inftrument. Toutes deviennent noires au premier coup de feu, (lur-tout les deux premieres variétés) mais bien- tot cette couleur difparoit, & par la calcination ces pierres donnent une chaux graffe, fort bonne & fort blanche. Comme les propriétés de ces trois variétés femblent, comme je l'ai déja dit, être les mêmes, jai choift la premiere pour faire les expériences que je vais rapporter. 1°. J'ai dit que cette pierre change d’abord de couieur & devient noire, à un degré de feu peu confidérable: ce même degré qui eft celui nécef faire pour la faire rougir , en dégage aufit une odeur bitumineufe; très. marquée, & qui eft encore fenfible aflez long - temps après que la pierre a été retirée du feu. 2°. Cette pierre fe réduit plus difficilement en chaux que la pierre à chaux ordinaire ;. puifqu’après une calcination de quelques heures, la plus grande partie plongée dans eau fe précipite fans s’y difloudre. Il n’y en a qu'une petite portion dont la diffolution n’eft fenfible que par la légere pellicule de crème de chaux, qui fe forme à la furface de l’eau au bout de quelque tems. 3°. Un fragment de cette pierre pulvérifé a été renfermé dans un creu- fet bien fermé, & luté avec de l'argile commune & expofé pendant deux heures confécutives à un feu de forge des plus violents ; au bout de ce temps l’argille s’eft entierement affaiflée , fondue, fendillée & gercée, & au-deflus de ces gerçures on a vu s'élever une flamme d’un beau bleu qui a duré environ deux minutes; le creufet refroidi ayant été café, j'ai ‘re trouvé une très-petite portion calcinée , le refte étoit intact & n’avoit fubi d'autre altération qu’an changement de couleur; car au lieu de jaunâtre qu'étoit la pierre pulvérifée, je trouvai au fond du creufet une poudre d'une grande blancheur. , 4°. 20 grains pefans de cette pierre pulvérifée, mis à difloudre dans 13%: 3 3, 20 grains d'acide vitriolique délayé; j'ai vu paroïitre tous les caraïteres d'une diflolution parfaite, effervelcence confiderable, déga. gement prodigieux de gaz, altération de la couleur du diflolvant; durant l'opération il fortoit du vafe une vapeur gazeufe d’une odeur d'acide ful. phureux volatil, trèspénétrant & infoutenable; mais au bout d’une heuré de DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. 41 de repos environ , la liqueur s’eft parfaitement éclaircie & a formé un pré- cipité au fond du vafe; j'ai filtré & pefé de nouveau cette liqueur, & je fus très-furpris de voir que loin d’avoir augmenté de poids, elle avoit perdu quelques grains qui sétoient imbibés dans le filtre de papier gris. Jy verfai quelques gouttes d’alkali fixe en liqueur, & je ne fus pas moins furpris de ne le voir occafionner aucun précipité. Le réfidu édulcoré & féché au lieu de jaunâtre qu’étoit la pierre pulvé- rifée, étoit encore de la plus grande blancheur comme dans l'expérience précédente. : 5°. Cette poudre blanche humedtée avec de l’eau, fe laifloit pétrir com- me l'argile & confervoit même la forme qu’on lui donnoit après fa parfaite deffication, mais elle devenoit friable alors pour peu qu’on la touchat. 6°. Le même précipité qui s’étoit formé de lui-même dans l'acide vi- triolique & y étoit refté inftact, pelant toujours 20 grains, mis à diflou- dre dans 1 3, 3 3; 46 grains d’acide nitreux trèsfort; j'obfervai dans cette occafion toutes les mêmes marques d’une vraye diflolution que dans la quatrieme expérience (æ}); mais de même cette diflolution ne fut encore qu’apparente, la liqueur séclaircit de même; le précipité qui fe forma en core n’avoit point changé de nature; la liqueur m’avoit point perdu de fon poids & l’alkali fixe n’en précipita rien. 7°. Le même précipité édulcoré & féché une feconde fois, ne donna aucune marque de diffolution, & ne produifit pas la moindre effervefcence, traité avec les acides vitrioliques & nitreux à froid comme ci-deflus; cepen- dant l'ayant divifé en deux portions égales, que j'ai agité dans moîitié moins d'acide nitreux & vitriolique qu'auparavant, & les ayant laïflé digérer ainfi & évaporer très-lentement à une douce chaleur. 8°. Au bout de fept heures environ, l'acide nitreux a pris une teinte plus trouble, d’un jaune fale & foncé, & je commençai à appercevoir contre les parois du vafe qui contenoit la diffolution , un dépôt falin blanc; (a) J'obferverai pour plus d’exaétitude, que dans cette expérience, comme dans la quatrieme, je n’abandonnai les 20 grains de poudre calcaire au difflolvant , que peu à peu & fuccefivement, & n’ajoutois une nouvelle portion que lorfque celle qui avoit été em- ployée précédemment, fembloit bien parfaitement difloute. 11 fe pafloit un efpace de temps affez confidérable avant que la diflolution fut achevée, & chaque fois l'éfervefcence étoit aufli de longue durée. Tome Il. F 42 MUEEmIOENTIR ES DE La SOIN T É ayant pouflé l'évaporation jufqu’à ficcité, j'obtins une mafle jaunâtre, fria- ble, terreufe au tact, d’un goût acre & piquant ; en un mot c’étoit un vrai fel, nitreux, deliquefcent, & non criftallifable comme tous les fels nitreux qui n’ont point une bafe alkaline. 9°. Ce fel informe à l'œil, nud, ma préfenté à la loupe, un amas de petites pointes criftallifées irrégulieres , .& a cela de fingulier, que lorfqu'il eft tombé en déliquium il prend un goût lixiviel & alkalin. | 10°. Expolé fur la cuiller d'argent à l’ation du chalumeau , à la flam- me extérieure, la partie frappée par cette flamme a été ceinte d’une zone phofphorique, d’un beau verd, & il a pris la forme d’une poudre fort blanche & fort féche; même effet fur le charbon, mais il sy eft un peu pelotonné, & fes parties pulvérulentes fe font réduites en une mafle qui avoit acquife un peu de caufticité, mais qui n’étoit point phofphorique dans l’obfcurité, ni ne produifoit de chaleur fenfible étant mélée avec de l'eau. 11°. Ce fel, mis en fufion, avec parties égales de borax , fe fond promptement & avec une effervefcence confidérable, en un verre blanc, laiteux, opaque, qui expofé à la flamme extérieure du chalumeau, fait voir le même phénomène dônt nous venons de faire mention ci - deflus ; cette zone verte phofphorique qui l’environne durant cette opération. 12°. L'autre portion du réfidu, mife à digérer, comme nous l'avons dit en rapportant notre feptieme expérience dans l'acide vitriolique délayé, a offert au même degré de chaleur employé pour l’expérience huitieme , les phénomènes fuivants: l'acide vitriolique eft devenu , au bout de quel- ques jours, cauftique & brülant, & s’eft concentré à un point tel qu'on ne l’obtient gueres que par la difillation, & à formé alors avec notre ré- fidu une diffolufion entierement noire, & a pris la confiftance d’une huile très-épaifle , en répandant une odeur de réfine ou de bitume: à la furface de cette liqueur on voyoit furnager plufieurs pellicules grafles. Lorfque je vis. l'évaporation arrivée au point de n'avoir plus lieu que d’une maniere infenfible, jôtai le vafe d’auprès du feu; alors bien-tôt la liqueur s’éclair- cit & pafla du noir opaque au jaune foncé, tranfparent, toujours avec des pellicules grafles & irrifées à fa furface; la matiere noire s’en fépara & tomba au fonds. Je filtrai la liqueur, je lavai le précipité avec de l’eau diftillée, & ÿap- perçus un rélidu de deux couleurs, blanc & noir, qui après fa deflication pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 43 offrit en partie des petits criftaux en aiguilles, tranfparentes, d’une vraie félénité. 13°. Ce réfidu féléniteux ne pefoit guères alors que huit grains & demi, & quatre & demi après fa calcination, déchet affez confidérable que jat- tribue en partie à la perte qui rélulte toujours de la filtration, & au dé. gagement des principes volatils dont nous parlerons ci-deflous, joint à celui de l'eau de criftallifation par la derniere opération. 14°. Par la calcination la partie colorée de cette félénité perdit fa cou- leur, mais elle ne pañla pas d’abord du noir au blanc, mais du noir au gris & du gris au blanc; la poudre blanche avoit alors le goût & tous les caracteres du gips calciné ; mais la poudre grife imprimoit fur la lan- gue un fentiment d’amertume femblable à celle de certaines eaux bitumi- neufes. 15° Quoique tout gips ou félénite, produite par l'art, foit un peu fufible, jai remarqué en calcinant celle que j'avois obtenu au chalumeau fur la cuillere d'argent, que tandis que la partie fupérieure blanche , ex- pofée immédiatement au foufre du chalumeau, reftoit intaéte à l’action de la flamme; la partie inférieure encore grife fe pelotonnoit, avoit fubi un commencement de fufion, & en conféquence s’étoit fortement attachée ou collée à la cuiller. CONCLUSION. D eft évident, par l'expérience premiere, & ce qui a été. dit au com- mencement de ce Mémoire, 1°. que cette pierre contient quelque ma- tiere bitumineufe; car il n’y a que les fubftances bitumineufes & métalli- ques qui font changer de couleur à celles qui les contiennent par la calci- nation, & il n’y à que les premieres qui communiquent une couleur fu gace & qui difparoit entierement à ce. degré de feu. 2°. Qu'outre le bitume, cette pierre eft intimément combinée avec un. principe fulphureux, ou un vrai gaz hépatique, qui fe manifefte dans les “expériences troifieme & quatrieme, par l'odeur & la flamme qui paroït au- deflus du creufet. 3°. Qu'outre ces deux principes volatils, auxquels cette pierre doit une partie de fes propriétés, l’expérience cinquieme y décéle un principe ar- gilleux, treèsintimément combiné avec fon principe calcaire. HEUD 44 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ 4. De forte que d’après les expériences rapportées, on doit regarder la pierre de Goumoëns comme une pierre marneufe gazo-fulphureufe & bitumineule, tellement calcaire qu’elle elt trèspropre, & fert à faire de la bonne chaux (a). so, Que c’eft fans doute & principalement ce mélange de bitume, qui rend cette pierre fi difficilement foluble dans les menftrues même les plus puiflants; car l’on fait que toutes les terres & fubftances alkalines pures font les plus folubles de toutes, même aux acides les moins forts. Il eft difficile d'évaluer la quantité de gaz fulphureux ou hépatique, & du bitume dans cette pierre. L’exiftence du bitume dans cette pierre n’eft pas une chofe étonnante, vû que les bancs qu’elle forme ne font en quelque forte que la prolonga- tion de ceux que l’on trouve dans plufieurs endroits des lifieres occiden- tales, des hauteurs graifeufes du Pays-de-Vaud, qui dans divers lieux font imprégnés de bitume, ou dont la pierre elle-même eft comme celle que nous-venons de décrire bitumineufes. Voyez notre Effai fur l'Hift. Nat. du Jorat, €ÿc. (a) Cette pierre diffère, comme on le voit, de La pierre- porc, ordinaire, qui n’eft qu’une pierre calcaire, pénétrée de bitume & de celle connue fous le nom de Pierre-hépa- tique, qui felon Wallerius, eft une combinaifon du gyps avec le foufre, & felon Bergman, un fpath pefant bitumineux. DES SciENCES PHys. DE LAUSANNE, as R ÉAPURE XIEONUNS Sur la maniere de diflinguer les efpèces, les races € les varietés dans les animaux quadrupédes ; d'après leurs caratteres extérieurs. ParMrk BERTHOUT van BERCHE M, Fres. Lu le 18 Décembre 17824. D Eterminer les caraéteres fpécifiques des êtres dans les différens régnes de la nature, eft en même temps une des chofes les plus effentielles & une des plus difficile en hiftoire naturelle. Et quoique cette fcience foit une de celle que l’on cultive le plus, & qui a fait le plus de progrès dans ce fiécle de lumiere; les doutes & les incertitudes qui accompagnent nos con- noiflances fur un grand nombre d'êtres, prouvent que l’on eft encore loin d'avoir des caracteres fürs pour les diftinguer, & que probablement on ne pourra pas le faire de long-temps. Auf je ne me flatte point de don- ner dans ce Mémoire des régles certaines pour déterminer les efpèces dans les animaux quadrupèdes. Je fais qu’on ne peut les attendre que du temps, & d’un examen fuivi de la nature. Mon feul but eft de raffembler tous les moyens qui nous font offerts par les faits connus, & les obfervations faites jufqu’à ce jour, pour nous fervir de guide dans la diftinction des efpèces, des races & des variétés. Plufieurs caufes concourent à rendre les caradteres {pécifiques des êtres en général, fi difficiles à faifir. Premierement , la grande fécondité de la nature, qui exerçant toujours fes facultés génératives, travaille avec autant de facilité en grand comme en petit, ne détruit que pour reproduire ; multiplie, & fait varier les êtres à l'infini. Secondement le grand nombre d’efpèces voifines qu’elle femble avoir formé fur le même modèle: elle ne les a féparées que par des caracteres extérieurs variables, qui paroïflent fpé- 46 Müfim'ot Res De LA:So cr ËT'É cifiques dans quelques-unes & ne le font pas dans d’autres. Troifiemement enfin, les caufes extérieures agiflent fur les différens êtres, les changent & les dénaturent fouvent à un tel point, qu'il eft difficile de les recon- noitre. Cependant fi l’on confulte les ouvrages de nomenclature, on y trouve les animaux, les plantes & les minéraux, artiftement rangés par claffes, ordres, genres , & les efpèces bien féparées les unes des autres. Séduit par cet efprit d'ordre & d’arrangement, on s'imagine voir la nature, on admire l'étendue de lefprit humain ; on croit que des caracteres fürs, tran- chans & diftinéts, féparent tous les êtres, & enfin qu'il w’eft rien d’auffi facile que de les reconnoitre. Mais fi l’on compare ces ouvrages de l'art avec les productions naturelles, l'illufion ceffera bien-tôt; on verra que ces fiftèmes fcientifiques , prefque tous formés, fans confulter la nature , ou qui veulent nous faire juger du tout par quelquesunes de fes parties, ne la font nullement connoïtre & font plus propres à nous en donner des idées fauffes que des idées jnftes & vraies (a). Ce n’eft donc pas eux qui nous apprendrons à diftinguer les efpèces; c’eft cette nature que l’on néglige même en la décrivant; c’eft elle qui a mis entre les êtres les ca- racteres qui les féparent, & c’eft elle aufli que nous devons interroger pour les connoitre. Nous voyons en zoologie & en botanique, les animaux & les plantes fe reproduire par eux-mêmes, & former toujours des individus femblables , qui, à leur tour, en reproduifent d’autres. Ces fucceflions d'individus fem- blables font donc ce qui doit conftituer les efpèces dans ces deux régnes. de la nature. Mais dans le régne minéral, ceft bien différent, & le mot Ca) I feroit inutile de rappeller ici tous les défauts & tous les inconvéniens des fiflé. mes de nomenclature, Mrs. de Buffon & Daubenton les ont aflez fait connoitre dans l’Hif#. nat. gén. €ÿ part. €ÿc. Vid. T. I. Dift. fur la maniere d'étudier l'hifl. nat. & T. III. Pexpofition des différens fiffémes. On peut auf confulter l'introduction de la Flore Fran- gaie, T.I. p.sr, où Mr. de Lamarck démontre qu'il eft impoñlible de former un fiftéme de claffication complet pour les végétaux, fans déranger quelque part l’ordre le plus na- turel, c’elt-à-dire, celui des reffemblances; & tout ce qu’il dit peut facilement s'appliquer aux autres parties de l’hiftoire naturelle. Nous fommes cependant fort éloignés de penfer que la nomenclature foit inutile; nous la croyons au contraire très- necellaire, quoiqu’on en aye rendu l'étude auffi ennuyeufe que difficile en multipliant les dénominations ; mais nous ferons voir ailleurs qu’on peut faciliter beaucoup cette étude, & par conféquent celle de la fcience. pes ScrenNces Pnys. DE LAUsanvxe. 47 efpèce doit y étre pris dans tout un autre fens, ou plutôt on ne devroit pas lemployer du tout (a), puifqu’il exprime des choles totalement dif. férentes. Les animaux & les végétaux fe produifent, tandis que les miné- raux font produits; les premiers ont des efpèces. & les feconds des Jor- tes (b}), des matieres différentes ou différemment combinées. Il n'eft pas de notre objet de nous occuper des caraéteres qui diftin. guent les différentes efpèces de végétaux & les différentes fortes de miné- raux; mais nous allons examiner ce qui peut nous fervir de guide pour déterminer les efpèces dans les animaux quadrupèdes. Je dois cependant remarquer que je ne m’occuperai dans ce Mémoire, que des animaux tels qu'ils exiftent a@uellement, & non pas qu'ils ont pu exifter autrefois. Je n’examinerai pas avec Mr. de Buffon (c), quel- les font les efpèces originaires qui ont formés les efpèces différentes, mais voifines, que l’on trouve aujourd’hui, ni par quelle caufe de dégé- nération ces efpèces originaires ont pu devenir des efpèces différentes. Ces recherches étoient dignes du génie de l’auteur des Æpogues de la nature. 11 a voulu pénétrer tous fes fecrets , mefurer toutes fes profondeurs, & éclairer du feu de fon génie toutes fes obfcurités. Il eft le premier qui la vue avec l'œil de la philofophie, & qui lait décrite avec une plume digne d'elle. Je n'ai d'autre but ici que celui d’indiquer la maniere de déterminer les efpèces des individus actuellement exiftants, & je ne n’occuperai pas d’autres efpèces originaires que de celles des animaux domeftiques, qui, pour la plupart, ne pourroient fubfifter fans les fecours de l’homme, dans l'état où ils font, & dont les fouches ou races primitives, vivent cepen- dant libres & indépendantes dans la nature. Cela polfé, la premiere réflexion qui fe préfente, ceft que les régles qui ferviront pour les animaux fauvages , doivent être différentes de cel- les que lon employera pour les animaux domeftiques. En effet, les hom- (a) Buffon, Hift. Nat T. 4. p. 386. (b}) “ Les méthodiftes veulent traiter la nature par genres , même dans les minéraux, 5» OÙ il n'y a que des fortes & point d’efpéces; & ces fortes plus ou moins différentes » entrelles, ne peuvent par confequent être indiquées par la même dénomination. Buffon. 5» Hi. Nat. des Minéraux, T. [. p. 74. Le célèbre Daubenton employe auffi le mot forte pour diftinguer les minéraux de diffé. rente nature. Voy. Zab. method. des mincraux. CAPI Up:-335. 48 PAU O ur 2 s ‘DE: 1 Ai NS0a CP ÉTÉ mes étant répandus fur toute la furface du globe, ont fait fervir à leurs befoins la nature vivante & la nature morte ; ils ont travaillé & fécondé la terre par le moyen des animaux; ils les ont foumis à leur empire; les ont modifié & dénaturé en fe dénaturant eux-mêmes. Ainfi l’on conçoit que de trèspetites différences dans les animaux fauvages, peuvent confti- tuer des efpèces, tandis que de très-grandes dans les animaux domeftiques ne forment que des variétés, ou des races conftantes. Les chiens peuvent nous fervir d'exemple. Quelle différence n’y a-t-il pas entre le chien de berger & le chien turc; entre le dogue & lépagneul ! qui ne diroit que ce font des efpèces très-éloignées ? Cependant on fait que ces différences ne viennent que des modifications , ou plutôt des changemens que les hom- mes , par les chaines de l’efclavage, le climat & la nourriture par leurs influences, ont fait effuyer au fchacal, qui eft la fouche primitive de ces animaux (a). Tandis que le loup & le renard , la fouine & la marte, rapprochés par les plus grands rapports de figure & d’organifation; qui ne different pour ainfi dire que par la taille ou par la couleur; conftituent cependant des efpèces particulieres, qui féparées par la nature , ne fe mé- lent jamais. Occuponsnous d’abord des animaux fauvages, comme étant plus près de la nature & méritant les premiers notre attention. J'ai exprimé par les feuls mots, efpèce, race & varièté, les différentes nuances de refflemblan- ces & de différences qui fe trouvent entreux; & je vais indiquer les ré. gles qui paroillent les plus propres à diftinguer ces différentes nuances. Je les étayerai enfuite des faits qui femblent le mieux les prouver. 19°. Dans les animaux fauvages, la copulation eft le moyen le plus für que l’on puifle avoir pour reconnoitre les efpèces. Cette propofition une fois prouvée, on peut en conclure, 1°. Que lorfque la fomme des ref. femblances tant phyfiques que morales, qui fe trouvent entre deux ani. maux furpafle celle des différences, & qu'ils peuvent produire entreux dans l’état de nature, on doit les confidérer comme d’une feule & même efpèce. Mais au contraire lorfque la copulation n’a pas lieu, on peut les regarder comme d’efpèce différente. 2°. S'il fe trouve des individus qui ont entr'eux (a) On ne peut douter que le fchacal ne foit l’origine des chiens: Vid. Nov. Comment. Acad, fienc. imp. Petropol. T. 20. an. 1775, ainfi que le Journ. de Phyf: Nov. 1386. Des SciENCES Pas, DE Lausanxe. 49 entreux des différences conftantes, qui ne les empêchent cependant pas de produire enfemble dans l'état de nature; on doit les confidérer come formant des races différentes dans: la même efpèce. 3°. Si ces différences font peu, conftantes & qu’elles varient comme les individus, elles ne for. ment alors.que des variétés. 2°. Dans le cas où l’on ne pourroit pas reconnoître fi les animaux fe mêlent dans l’état de nature, on ne doit féparer les efpèces que lorfque la fomme des différences les moins variables, tant phyfiques que morales, furpañle la fomme des reflemblances. Si celt, au contraire, la fomme des reffemblances qui furpalle celle des différences, on doit les confidérer comme de la même efpèce; mais dans l’une ou l'autre fuppoñition on ne doit, lorfque les efpèces font voifines, les féparer ou les réunir que condition. nellement, jufques à-ce que l’on fache s'ils peuvent produire enfemble, au moyen de la copulation. Les différences peu conftantes & variables indiqueront auf les variétés; mais les races ne me paroiflent pas pouvoir être diftinguées d’une maniere certaine qu’au moyen de la copulation. Dans les animaux fauvages , la copulation ef} le moyen le plus fur que l'on puiffe avoir pour reconnoître les efpèces. Mr. de Buffon, qui le premier a abandonné les diftinctions peu füres des nomenclateurs, eft auffi le premier qui a fait fentir que la copulation étoit le meilleur guide pour reconnoître les efpèces. La nature l’indiquoit , elle montroit que la forme ou la figure d’un animal eft un moule dont les indivi- dus ne font que les empreintes, & que ce moule conftitue l’efpèce. Auffi Mr. de Buffon en at-il conclu que l’on “ doit regarder comme de la même » Cfpèce celle qui, au moyen de la copulation, fe perpétue & conferve » la fimilitude de cette efpèce,, & comme des efpèces différentes celles » qui par les mêmes moyens ne peuvent rien produire enfemble (a}”. Il établit encore (b), que lors même qu'il réfulteroit du mélange de deux individus différens un mulet ou animal mi-parti, fi cet animal eft ftérile, ceft une preuve que les efpèces font différentes. Mr. de Buffon envifage cela comme le point le plus fixe & le plus für que nous ayons (a) Hiff. Na. T, 2. p. 10 & 11, C(b) Loc. cit. Tome Il. G so MÉMOIRES DE LA Soc:ÉérTr*#é en hiftoire naturelle pour féparer les animaux (a), & il étend cette ré- gle aux individus domeftiques comme aux individus fauvages. L'opinion de cet homme célèbre a été combattue par plufieurs favants naturaliftes, entrautres par Mr. Pallas (b). Examinons-là avec impartialité ,: & nous trouverons qu'avec la reftrition que je lui ai impofée, elle eft aufli vraie que conforme à la nature. En eflet on ne voit jamais les efpèces différentes fe méler dans leur état de nature, même celles qui ont le plus grand rapport entr’elles, tant par la figure que par l'organifation; & ceft fur-tout les animaux carnafliers qui en fourniflent les exemples les plus frappans. La marte ne differe de la fouine que par les couleurs, & fi ces animaux n’étoient pas féparés par la nature, (puifqu’ils ne produifent pas enfemble) on pourroit facilement les croire de la même efpèce. Il en eft de même du loup & du renard, qui fe réuniflent par leur figure, mais qui different par la taille, par les mœurs, & parce qu’il ny a point d'union entreux. De même aufli Le ti. gre, l’once, le léopard, la panthère, n’ont d’autres différences tranchan- tes que les couleurs, & cependant ils ne produifent point entreux. Mais il faut, je le répéte, que tous ces animaux vivent dans un état de nature & de liberté; car s'ils font domeftiques, ou feulement pris & élevés dès leur jeunefle par l'homme, on peut, pour l'ordinaire, les faire produire enfemble. Le loup, le chien & le renard, font une preuve de ce que ja- vance. On eft parvenu à faire produire le chien avec la louve (c), & le renard avec la chienne (4). Mais ces animaux n’en font pas moins des ef. pèces diftinétes dans l’état de nature. IL me paroît même très-probable qu'’a- vec un peu de peine & de foin, & fur-tout à l’aide du tems, de la pa- tience & fous certaines circonftances, on parviendroit à faire produire en- femble toutes les efpèces qui ont beaucoup de rapports de figure qui les rapprochent, & peu de différences qui les féparent. ————————————— —————_— « Le . & A . LA (a) %On peut toujours, dit-il, firer une ligne de féparation entre deux efpèces dife- rentes, c’eft-à-dire, entre deux fucceflions d'individus qui fe reproduifent & ne peuvent » mêler, comme l’on peut réunir en une feule efpèce deux fucceflions d'individus qui >» fe reproduifent en fe mélant”. Hiff. Nat. T. 4. p. 385. (b) Spicilcgia Zoologica, Art. de l'Ibex alpium fbiricarum fefcl. XI. (c) Buffon fup. T. V. édit. in-12. p. 22. C’eft chez Mr. le Marquis de Spontin que cet accouplement a eu lieu, ainñ qu’en Angleterre. , Cd) Specimen Zoologie geographice , &c. p. 471. k > | Es | TE DAPANES | ÿ 1 ; >» S Foi) Lu af À vou UNE vrwè y ’ 1ài vi E \ we Q Le RTE ta P* ei Prors sf Bgèitouts ( Bag “ de 4) à à = - RURE ex! , k on |! | (AN TE de nets pr". 4 l À À | à L4 Cheb: 4 k , L: l 0 ; de Fest |: 7, LE Cr. Fe lee à « f L'AT { be Daroone, | RATE Durs À Le ‘Hu 'Erat Lérs «! run ; l Ÿ AFTER > er, "1 | ne 4 Fr doeol pt EE LE Li : Het Vale US ‘EFURS RAPPORTS. 0 a TE SAN RER QUADRUPEDES RANGES SUIVANT L'ORDRE D me. AXOMAUX UADRUPEDES Re) SOLIPÉDES. | ANLMAUX AK Ÿ PASSAGES. QU ADRUMANES. PASSAGES, AE BC EMSS! SRE | 7 oo pr FISSIPEDES, parois QUADRUPEDES pre proprement dits PIEDS RS Pins Chevsl, B. TEquus Rhinocrros, B- | Rhin. (ATEN TES Er ie ANE —— S,0Seh Sund Le Loris, B. Lenurwar. AMIS Émnen LepSenniarotensnane F Le Gdfon, AI, Je fier, D, Su fL'Etan, B.Cervus alces, E, 2 caballus, LA cros waicornis, E. = RE PNu | Dion Sc. digradus, Etxle Marmotte des AD B. Glis < Rien E { Belette, B, Mifela vulgaris. Erxl. ne del fee B: Cerous taran- a) Grand mulet À \ Rhinoceros bicornis, E a tang. À E è RSS NERS . marmolta, Érxl. 1 epetz, ax major, É;| ET ï Et | us, ; Afinuf ; Ancier | Continent XV: {pos OS S Le Mococo, B. Lemur | Bobac, B. Glismarmotta, E] Defman, B: Sorcx mofi AE RAS FA | Same Se Cerf, B: Cérv, clophus, E: LS # | [ Ha mbliens, Bof Joko ou Pongo, B ss it Papion, B: alta, Erxl. Monax, B. Glismonux, Era | chatus ; Erxli ReFUn(erMn) Mufleia Samar E Es HUE Erxl) | à) Cerf des Ardennes. [ b) Ezrdeau . B tojedes , Tatta æ x Mani, B, Papio Maï4)| Le MONROUES D 2 D DRTRRNE dE ar K| (Dan ee Sr Coutte, D. iverra RER De | D d Su L Fe Hipplae Eg. AS Hinnu | = çe, Korit monvos, Erxl: iscanadenfis,, FAUSSES 5 ate, B. Piverra putorius. Erxl. ls 1 E) | plius,, Erx Ë " Nadiless Los PAR gai NO mr) la liens variétés | Jewrafchka, B. doit être le | Mularaigne d'eau, Bi (Enerue, PRE enter Ex 1 D c) Cochon d b) Cerf de Corfe, B, DE De B. Equus ques, Kamfchaë ue u-dertus Pichèque, B. diffère, Chorss, 5. T DOS entrautres Lénur mème animal que le Zizel] Sor. Daubentonii, E, CHinèhe D Piver an ITUEIErS|, Guinte, Su: | CerviCorfcanus, E. ue fous ù 59° Ne lAñe si SI “ae à H RES pue Jia feurapert| & le SU quan EE be PE) ARE Son taireau puant, K. Dr capenfis, Erxll | Sunelle be. QE blanc, B Rs 7 à = Gibbon, mia} an v. Schreber, mais cela eftindecis. minutus, Erx I )CerF du Canad Es . ) & l'Amériqu Toneintana ss homadrias, El: NET) À (s À 1 Sorex pifillus, Rrxl, Chorok. Auftela Sibirica. Erx | Be Sas Æthropt | CARTE C] » | nus domeflieur, E4 1e À a ne du Petit Gibbon, sl Ouénderou, EN t lv Erxl. ARECe Lie res Eure SN E! | Sorex RUES Erxl. Flo: D Hilela putorius. Etxle ñ cus, Erxl il Car Co Ciguzay, B | Graenapts TE A Magot, B. Simidi|) pi i TR cs blanc | a a) Mai noir, [ FL Lièvre ue, B. Lépus} | Mufuraigue du Bell, BE pe pe MU jure. Kixll ccari, B, Sus Ta: À Axis, B Cervusaxis , E e bg 3 Détroit os Re i Sylvanus, see GUERRE Le, D De Q(e Sorexbrafilienfis, ES PUSE AU Ur Le Erxl. ID Dam chinois,, 0B. z& PAR ! de cette partie de l'Amérique} SEE TRALE : b)Lowando , B. C: mur flavus, Enpeu b)Lièvre noir. Zepus nid\ Sorex criflatus, Ecxl. Vanfre ou Tayratgalera, D, AZ4/, vera Daim, B: Cervus dama,E. , «| ui eft la plus voifine de ou ge JE veter, Etxl. À connu. ger, ÆErxl NL Taupe de Virginie, Bril. Marte, B, Miftela Martes, Erxl. Barbirouffa, PB, St! | Pluficurs varierés, «| L Ale. ynocepha Eee à c) Ouenderou noir JSrIRe » D Didéjphis | Lièvre d'Amérique. Zepus Sorex aguaticus, Erxl! | a) JibelinenB: Mulela Zibelina,&. Babyruffa, E GEnent B, C, Capreo- e JT. RACE. Se C. Silenus, EUX marfupialis, Erxl, Americunus , Enxl ( La Taupe, B' Zapa Eu: b)Pekan, D. Mufiela Canadenfis, E. ge . lus, E. } : MuimonB. Papio N i| à ) des Illinois, B. | Tapeti, B. Lepus brafilienfis \} | ropaa , Erxl. Fouine, B, Au/icla Fouina, Erxl, 5 a) Mazames LUE j [ Ancien Continent. ; Bu. àlongs poils 8, Erxl. a) blanche, B. Tota a)Vifon, Mufela Canadenfiss Erxli À, né b) Cariacou, B. & plu. | Ko, B. | | Oftiaques, Leurs ac : y | | Lapin, B. Lepus curiculus, E alba, Erxl. NB: Le AMujlela barbara ft lemémel: fLe Chameau, B h fieurs variétés. Ko, B. Bron CR CRUE le long du Vo { r Brif Did breutéauda. a) D'Angora, B. Angorenk b) de l'Oft-Frife, B. animal quele Pelcan & le Vifon: Cam. baëtrianus) Chevreuil des Indes, B. | ne , Celmouques, mire | ta, Erxl. Peu connu renfis, Erxl. à | Albomaculata, E. b) Fouine de la Guyane, B. | Erxl. (es P. Cerv. PU8ar | gs ueftens Nogais, de cop. Ayeula, Erxl Marmoe, B el b)riche, B. Argenteus, El | c) Flavcjcens, * Erxl} c\ Petite Fouine de la Guyane, B. i Le Dromadaire, B aus E. Gt D b) Le Maure, Cercop. |, murinus, Erxl, ci Tolai, B. Dauricus, E,f d)Supra Jplendens Mufléla pennanti, Eixl. Cam. Dromcd FAR AD: E Antilope D edf Thibet & des Aaura, Erxl. k | a) Phil. de Surinam, d) Le Ruffe, Rufus, E. fl grifea, Jubtus flafh Foffane, B Fiverra feffa, Erxl: rius, Erxl. K UE Re TS c)Hundskopf, Mulliy B. Didel. dorfigera pa Pika. Zepus alpinus, E.f veftens, Erxl. Genette, D. Viverra Genetta, Erxl. AR ee Gi ï fatilope Kevel, ut au Tararie Cercon, PAIE il Erxl. eit une variétel je Lepus pufillus, Étxl | Tucan, B. T. rubra, E.] D KGenette de France , B. de Erx | raies à Ar ee lus, Etxl füivant M. Allam. onmnl B. | Taupe dorée, B. Ta/pa]]}) Mangoulle, B. Viverra Tres Erik: | Lima, B, Camelis CE E. SE (Canaë Patas, B. Cercop. el Cayopolin, B. Dédeph]| Pr du Cap, B. Cavia ca] a/iatica, Erxl. a ) Grande Mangoufte, B ROTAEGE re LES SAUReeson re 1 OUErxl À murinus, Ex. À penfis, Erxk | Grande Taupe du Cap, BY ,,...... e EE BAC ETA Taie E LE CARRE ACANTS a } à bandeau noir, B Fhalanger B. à Aperea, B. Cavia aperea, El}! Petite Taupe du Cap, B] f Civette, B. Piverra sihetha , EtaL Paco, Erxl. | esta DURE orien- j {la SOS TETE | b äbandeau blanc, B. Coes-cœæs oul Didelp. | fun B. Cavia paca, Erxl. | Taupe du Canada, B. Liber, Br Fiverra zibetha, Erxl, RUE À 1 | (Mexique. ÏL Matbourouck, B: Cercon | Cufos des In-lortenra. fagouti, B. Cavia aguti, E U Ta/pa longicaudata , E, & À | L pee » B. Antilope H III. RACE. Faunus, Ets. des de) lis, E. lee Cavialeporina, ED D nu AE LE 5: p EU Erxl. Afie. a) Bonnet Chinois, B4 les, B. Acouchi, B Cavia acouchy, E: L'Hyène, B. Canis Htyeno js Er«l 7 e. azan, B. Antilope reéli- Ch ponois, Tun- op Sinicus 3 jt ndre de ) Brun B. [[Hérimon, B. Erinaceus He : de l'ile M: B. Canis crocuta, E; Girafe, B Cervusl cornis, E. Chinois, Japonois, Tu Cercop Sinicu a e le Bu Léa Cavia por-k Europaus, Erxl. [ Hyène le l'ile Méroë, B: Ganis c Camelopardalis J Nanguer, BAnt-dama, quinois , nchinoïs , Mangabey, Cerc. Æthi Sch. Didel. bruni, Sch | cellus, Erxl a) Erinaceusfibiricus | ne se ere ee enr Erxl, À Erxl | ES OU Rs |. RE 0 RES ARR NRS 0 are MO Erxl À Blireau, D. Uifus meles, Erxl. | Nagor, B'Antiloperedun- k rans de Laos, d'Aracan, a ) de couleur unifor-+ (f us B. Lerur tar. PR B. | bYAoreill, pendantes. a) Blaireau envoyé fous le nom de | ©, E L&c. & de l'ile de Java. “Hal Carcajou à Mr. de Buffon. fr B. Sciurus vulga. Steenbock, B. £& ) Loup du Canada, B. Can. Lycaon, E fous fautante, B, us, Erxl. A Fe FE = 7 3 Q | lHerifT. d'Amérique, Bril! U Rae a DA EREUS Pa je ne Gare, BA] ris Erxl. re mu ol fn Garenjou DAEVS SUN Eu Erxl a) Béekbok, B. [ . +. L a ire La ee En €rcop î | Jacculus oriental, VPetir gris, B. Sç. cinereus, |) &rinaceus auritus , Erx\. CR B. de ET [oué 7h es Nature s Mona. PR ; 7 )Alagtaga, B. ft Tendrac-, D. Erinaceus Kitbock, All: ; Isles Mariannes. Gas L ë Grp ||} b)Gebite Den, | re Sciurus varie: tañss Erall aoRE des SPOUEES DS Alopex,E) lire AIL , f (e Leurs habirans. QUE RS AÈTR 4) découverc par BaSbarel ue, B. Sc. getulus, EN] \Tanrec , B. Frinaceus ) Canis caragan , Erx Antilope, B. Ant. cervi- | V. RACE. La Diane, Sch. ent Chevalier EL Palettes B. à care Ne) ecaudatus, Erxl. c) Canis corfac, ‘Erx. LA capray Eu, A — | f Ancien Continent. Lune Gers Lotus fagitta, P. 1 Ecureuil Suifle, B. Scurus|A (Erinaceus malaccenfs, E| a pu Penn Buil tx | ce pres [fre Fe In- Les provinces feptentrio- ns | , èvre bleue, B. An es Orientales , u e L Grande Gerboïfe, B. Juc- Jiriatus Erxl. Porcépic, B. Hifirix crif} A culus Torridum,, da 4 Ecureuil de la Nouvelle Efpa:} AIS Erxl. ÿ ÿ f) 11y a nonibre d'autres variétés. tilope leucophæa, E. Mofchus pygine- cllus , Erxl. Le Trepide, Cabus Tre. Mitin, B grand Danois. Chien d'Albanie. grand Levrier. Levron d' 'Angleter:d | s dela partie {u Moses B. Ovis Am- | : Roloway, Etxl. Kanguroo, B. Jacculus gne, Sc. Mexicanus, El | a) Porc épic des Ap4 Tftis, B. Canis lagopus, Erxl. en ——, Urtisiprngers AIL. a) Memina, AP I Gircaliensti DEA Le Mouftac, B. Crcop}l æganteus, Erxl. Pfeilfchwantz, Mul. Sciurus pennins, B. Chien de berger, B C. Familiarÿ, Etxl. Nilgaut, B. Antilopel\ SaigasB. Antilope Scy- mn re tous les Habitans del Cephus ; Erxl ee : Jagitta, Erxl. | Goendous B:Hifrix pre Chien loup, B. albipes, E. thica, E. b) Mofeus Ame- El di méridionale de l'En Le blanc nez, All. Cerc Le Crabier, B. Polatouche , B, Sc. volans, E henflis, pl Chien de Sibérie, B. Biggel, Antilope tra) Guib, B. Antilope Scrip- ricanLs EME rope & tous ceux de la par. Petaurifta , Etx\ Taguan, B. Sc petaurifta , EA | AUFRENTSCEnOSN Chien d'Islande, B gocamelis , E. ta E. }\ _crouveaux Indes | He tleprenironalemntQueux fSinge roudré nSae Cerc: Il Loir, B:Sciurus gliss Erxl. Urfon, B: Hifirix dorfa Chien Alco, B. Canna, All: Antilop fBouquetin Bi Gapra)) | Orientales. Lappons. fi re me E | Lerot, B. Sc. quercinus, E ta, Erxl. Chien de Lapponie, B. Oryx, E- ibex, E. *1| c)Chev. de Java, \ | Amérique. e Douc, Here ë Mufcardin, B.Sc. avellana4 | |Biffrix macroura, Er. Chien dogue, B. : Coudous ou = Capricorne , B. Capri- L ane ontsnl | es EN “bus Bel. rius, EtxL ' CUREMERO EC EE HD nes . Nes Dre crus Fe ee BEAmopE vages qui font au-deffous du . Se BA rattur Real uffon. . Arlequin, B. ferpfceros, E. amois ; B, Antilope regia, E- || Laécroit de Dis. En Souris, B. Aus mufèulus, E pe PRORERRLE RACE A | en | VL RAC à Mulot, B. Musfilvaticus, EA ©": DORA > be SES : La Grimm nt [. Tous les habitans des Mo. sous LE abus panif Le Mus de E fout UE FE E. brac, Kobe B, Antilope Gap. hireus ; | rimia ffrliquesslhorsceux demie a Exquima, Boipeu Hamfler, B. Ghs criceuus, ES} Sn serrée, Ji) de Bengale. . a = : a) d'Angora, B. “ares | Mufc, 8° Mofoius j À Timor; habitans de Sumatra] TE ET AER [ous migratorius , Etxl. | b VAR rxl. fre B baffet. ob, Anti RE E. renfis, E. mofenerus + E Il | &desiles Nicobar, de Mala: Dent, Glis barabenfis, FL fi DORE Re re, B, A ce ES Sera Juda, B, Rever- | M | ca, du Mogol, & de tout ne r: a B E- } . | la sretu'ile ne Mall (Ent B. Cxbus appella, RP F1 Ours noir terreftre, D. petit Epagneul. . c)d'Afrique. Depref.| | | divois, Perfans meridionaux, j E en Leming, D. Glis leming , E, | niger, Erxl. gredin, Ja, E. | rabes, habitans de Barber; : Zemni, B. Glis semni, ExlN' Ours blanc de mer, B pyrame. .d) Meme, mam- piens, Abyfins, Be: brica . Fe ET Capra ie P. Î bris. | ©) cornu, Cebus futu, | mon, pidus , Ex. en Raton crabier , B. 7) Bees domeftique, ,B, Ceb. capucinus, E Saï Je CORUCINUS Campagnol, B. Afus pe Surikate , B. Viverra Su a } brun noirâtre b)à gorge blanche. Le Saimiri, B. Cæbus fi. eus ; En Les Simia mort a &5 ÿ apedia de L. font de la même efpèce | LeSaki, B. Callithri Canaries. tans de l'Afrique au-deffous | . Anglica, E. {ll äu Tropique , depuis la mer | HOUR éan : on except . Ruftica , E. . Hifpanica, E. . d'iflande, B: Po/yce- rata. . Africana, E. . Daticauduta,, E. : Longicaudata, Erxl. Capenfis, E. b)Belier des Indes, B. Ovis Guincenfis, E. c) Sterplcheros SRE: Ovis Jterpficheros , Erxl rikata, Erxl. Mus peludofus, Erxl. [ Coati brun, B. Viverral Mus agrarius , Erxl. nafua, Erxl, Levrier d'Iralie. à lee B. Canis aureus, Erxl. Chacaladive, B. Canis aureus, Erxl. Canis mefomeles € tous, font fimblables au Chacal. Loup, B. Canis lupus, Etxl. a) Loup blanc, B. b) Loup noir, B c ) L: du Mexique, B. C. me je Er. Mus barbarus, Erxl. Coati noirâtre, DB, Vi Mus Jtriatus, Erxl. verra narica, Erxl. Mus minutus, krxl, Mus Jubrins , Etxl. Aus altrachanenfis, Erxl. Alus micruros, Erxl. ( habitans des montagnes. bit. desiles du Cap.Verd. | VIL RACE. || Habitans de Barberenna, Nubiens; tous les habitans| Il | de la côte occidentale de} A: | frique, depuis le fleuve Séné- pl gal jufqu'au Cap-Négre : vou. [ pithecia, Erxl Kinkajou ou Potot. Erxl, hrresess _ | Ondatra, B. Caffor zibeticus | { Raton, B. Urfits lotor, Ë. Tamarin, B. Callithrix | Souslik,B. Gis citellus, E. L Uifis maritimus, E. | grand barbet. M Rat d'eau, B. Aus amphibius] ©": petit barbet. Midas, Enxl r | Il a des variétés, Ouiltii, B. Callithrix Jacchus, Erxl. Lion, B. Felis Leo, Erxl. Tigre, B. Felis Tigris , Ext. tes lesiiles voilinesdé cerre| toutes les îles & terres bales » de li mer du Sud'entre les Tropiques. | VIIL. RACE. | f Tous les habitans de 13 côte occidentale depuis le! l' BreAcauiae Bonne 3 & depuis Jatous Ci Habitans de la côte orien À tale jufau’aux Bédouins : ha. | bitans de l'ile de Madapafoar) kabitans de la Nouvelle Hol Jande & de l'ile de Timor. IX. RACE. | ( Caraïbes, & tous les habi. (hr de l'Amérique méridio. Unale jufqu'à la Terre de Feu, X RACE Habitans de la Terre de Feu. XL RACE, (É Habitsns de 14 Nouvellel 1, Z£linde, deTuri, &de 3 “ tres iles de la mer du Su Are J'Egnareur & les Tool È y L piques, | côte, les Papous , & prefauel | Le Pinche, B. Callithri ris MEral Marikina, B. Callithri E Kofulia, Erxl. . B: Callithrix ar. gentea, Erxl. La Panthere, M Felis Pardus, ft L'Once, B, Felis Panther, En Leopard, B. Felis Leopardus Et Guepard, B. Fclis jubata, Erx Jaguar, B. Fclis onca, Etxl: ü) Jaguar dela Nouvelle Efpdne. Couguar, B. Felis concolor, Edl. a) Couguarnoir, B. MNgra,brxl. b ) Couguar de Cayenne, B! c) Couguar de Penlilvanie, L'Ocelot, B. Flis pardalis, Et Marguai, B. Felis Tigrina, Er Chat, MB: Félis Catus, Erxl. a) Chat Quvage, Ferus, Erxl b) Chat domeltique à levres plantes des pieds noires, B. c) Chat SOSA EE levres fmeilles, d) D'Angora, B. €) Chat lauvage de la Nouv. Frene, B} Serval, B: Felis Jérval, Erxl. Caracal, B, Flis caracal, Erxl: a) Caracal de Conftantine, b) Caracal de Nubie, B. c) Caracal de Bengale, B, Lynx, B, Felis Lynx, Erxl, a) Lynx du Canada, B, |: |: ['E le lé " . B: Ovisaries, E. | | | E Erxl. Bœuf, B. Bostaurus, E. a) Aurochs, B. Bos Urus, E, Taureau, B.Bos domefticus, E. Bonafus, B. Fos bonafus, E: Bifon, B. Bos dif, Erxl. BouRDU TES J À zèue> B. Bos In- dicus, E. Yack, Ps Bufle à queue decheval, P, Bos grunniens, E. Buñe, B. Bosbubalis, E. A —— — = RE TABLEAU L Énonminure +7 CE # ù + < 2 RRRET- “ 2 k. 5 + es Te +, Er . PL LT ET: ur L 2 SAS Dee D- dr - ss = t Æ ER EEE Tr j E: 4 er < = ‘ L NES LT -oe: à 3 æ 01 à % < ÿ LR ee CEE SE : De ù RES ES TNA D ; + HT : »3à Gel EE AS OR PES RE CE 2 : ; | Eee © er UPS aa ; 24 + 74 ce = de 32-54 ee , 7 = CSA ; - - BE One ec PES a PA LE | { Ce ————— Re AS SAGES A! AUX OIS e onsEAux. | INDIQUANT ] LES PASSAGES DES QUADRUPÈDES AUX AUTRES ANIMAUX. [PASSAGES ES AUX POISSONS. PASSAGES AUX CETACÉES. } PASSAGES. AUX CRUST'ACÉES. (£< grand Phoque à mufeau ride, B. 1 nes B T Érinaceus aceus CE ndarus, E. 1: » B Brinaceus fetolus s cri De B, Frinaceus fige, € ; accus Gina enfiss Le ép ; B. Hifrix Dre E. 2 AE brachqura , fai fi manoir, ” B. Mirmecophagañu sata. nl. co M. Mirmec. tetradac- amandua ; B. Sup. T. 3. \foormiller, B. Myr. didaäyla, E. Le Cochon decerre, B. B. ; re uTus AO lAns CE Erxl gites atouc che, pie quan, P. Sciurus petaurifta, E. ,B. Pteropusvampirus , ,B } Etxl. maire, D. Pteropus fpeërum, Erx]. uve-louris au cœur , Sc. Pt, fpaf- , Pteropus foricinus, E. 1 té , Bet la que la précédente. iuve.fouris pêlle, S, Pter. perfpi- uw, Erx 3, Pier. haflatus, E. B. Vefp. ferrum equi \ cheval, num, Erx] 1) Petit Fer à cheval. (in motte volante, B, Vefp. nigrita, E hauve.-louris à bourfe, Vefpertilio lkpturus, Erxl. Rac vols , LD. erôt volant, B. Mulor volant, Wefpert. moloffus, E. a ) Pecit mulot, Cephalotte, B, Vefpertilio cephalotes, Erxl Barbaftelle, B. Vefp.barbaflelus, E. Oreillard, B, Vefp, auritus , Erxl. Mufcardin volant, B. Pefp. pidus, E. Campagnol volant, B. Pefp. hifpidus, Erxl Chauve.fouris, B. Vefp Noëtule , B. Vejh. noël F Serotine, B. Vefp. férotinus, Erx]. Pipiftrelle, B Vefp Frellus, E Ch iuve- fouris de fp: novabhorenfis, R Eu fouris bec de liévre, S. Vefp. leporinus, Erxl. F rique Sept. S. SECOND LE L EAU, 7 Cabiai, B.. Hidrodierus ca pybara, Erxl. (Loutre d'Europe , B. Lutra Le ris, Erxl. a ) Loutre du Canada, B. Noerza, Luira minor, Érxl. Loutre noire de la Guyane, B. Loutre jaunätre de la Guyane, B. Petite Lourre de la Guyane, B. LSaricovienne, B. Lutra marina, E. Caftor, B. Caffor fiber, Eral. Phoca leonina, Erx]. Le Phoque commun, B. PAoca vitu- lina, Erxl. | a) Veau marin gris, Schr} b)Veau marin de Se] : rie , Schr. cJpéces c) Veau marindela merl ‘4, Cafpienne, Schr. |Pates. d) Veau marin, Schr. | e ) Variété du Phoque commun , B. |! Phoque aventre blanc, B.| Phoca Grand Phoque, B: q, lg | Phoque de M. Parfons , Erxl. Phoque à capuchon, B. Dbce crifta- ta, Erxl. Phoque à croiffant, landica, Erx. Phoque neit foack, B. Phoca hifpida, Erxl. LS Galig pes B. Le hoque Laktak, (Ours marin, B. 7 a Urfina, E. a ) Petit Phoque ou Phoca, B. PAo- ca pufilla , Erxl. (Ei ion marin , B. Phoca jubata, Erxl. B. Phoca groen- Morfe, B. Trichecus Rofmarus, E Dugnon, B. Zrichecus Dugun %):- [Le e grand L amentin du Kamfch ni 1, B. Grand Lamentin des Antilles, B Grand Lamentin de la mer des Indes, B. Petit Lamentin d'Amérique, B. LPetic Lamentin du Sénégal, B. AP erea, a, B.ou Tatou à 3 bandes, De. Jypus tricinäus, Erxl. a ) Chelonifque, S. Dafypus qua- dricin&ur , Erxl. L'Encoubert ou Tatou à 6 bandes, B. Dafyp. fexcuinäus, E. L'Atuque, S. Da/ypus fep- temcinäus, Erxl. Tatouete, B. ou à 8 bandes. ne font Dafyp. fepremcinäus , E. |peut-être Cachicame, B.ou à 9 bandes, que des Dafyp. novemcinäus, E.i variétés. a) Tarou à longue queue B. Kabaffou à queue couverte d'un tét. Dof. duo Kabaffou à queue non.cou-f_. 7 anéäus,E. verte. Cirquinçon , B. Da/fypus oéodecim- cinéius, Erxl. TABLEAU ILpage so —+h 1 pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. SI Les animaux fauvages à frugiveres nous fourniffent des exemples fem. blables à ceux des animaux fauvages & carnafliers. Le lievre & le lapin fauvage ne font féparés que parce qu'ils ne peuvent pas produire enfem- ble (a). Et c’eft lé feul moyen que la nature employe pour diftinguer un grand nombre de fouris & de rats, qui fe reflemblent par la figure. Il pa- roit donc que puifque la copulation n’a lieu qu'entre les animaux de la même efpèce, elle eft le guide le plus für pour reconnoïtre les efpèces. Mais on fent combien il eft difficile de s’aflurer de l'union des animaux qui vivent dans l’état de nature; il faudroit pouvoir les obferver quand le défir brulant de la reproduction anime les mäles & les entraine à la fuite de leurs femelles, qui en fuyant augmentent ce défir; mais cette jouit. - fance qu'ils recherchent avec ardeur , ils ne sy livrent que dans la folli. tude ; ils craignent la préfence des autres animaux & fur-tout celle de l’hom- me; ils fuyent & ce n’eft que par hazard, en furprenant pour ainfi dire, la nature fur le fait, que lon peut saflurer de l'identité des efpèces. On pourroit priver les animaux de leur liberté & les faire produire dans l'état de captivité: mais fais-t- on fi leur accouplement ne ferait pas plutôt un effet de l’occafion & d’un befoin preflant, que d’un rapprochement formé par la conformité de nature, & par cet attrait puiflant qui attire les deux fexes d’une même efpèce l'un vers Pautre (b)? & lors même qu'il réful. teroit des mulets de ces mélanges forcés, il ne feroit pas étonnant que dans les efpèces voifines ces mulets fuflent prolifiques, comme plufieurs exemples femblent le prouver. Les anciens on dit (c}), & on fait actuel. lement que quelquefois les mules & les mulets peuvent produire (d mis métis du chien & de la louve font prolifiques (e); enfin perfonne ne —————— 2 ————— (a) Non-feulement le lapin & le lievre ne fe cherchent pas & ne produifent point en. femble, mais ils fe fuyent, fe haïffent, & on fait que les lievres abandonnent les endroits où les lapins s’établiffent. Cb) Si Von vouloit rendre ces effais moins douteux, il faudroit autant que pollible pla- cer les animaux dans des circonftances femblables à celles où ils fe trouvent dans l'état de mature; il faudroit pour ainfi dire, les tromper fur la perte de leur liberté & fur leur chan- gement d'habitation: on devroit encore réunir des individus mâles avec leurs propres fe- melles, & les femelles de l'efpèce voifine & douteufe s'ils produifoient alors indifféremment avec ces differentes femelles, on ne pourroit plus douter de l'identité de leurs efpèces. (c) Ariflot hifi. anim. lib. 6. ch. 24. (d) Buffon Jup. T. 3. article des Mulets, (e) Idem, GP'2 # Li S2 MÈMOI1RES DE LA So cI:É TÉ doute que l’on pourroit facilement établir une race intermédiaire entre la brebis & la chevre, en perpétuant les fruits de leur accouplement. Ceft donc feulement la copulation des animaux fauvages & libres qui doit étre obfervée; c’eit pour eux feuls qu’elle peut ferpir de guide. On verra combien les animaux domeftiques s’éloignent de cette loi de la na- ture; & cet à quoi, ce me femble, Meffieurs de Buffon & Pallas n’ont pas affez fait attention; lun en établiffant fon opinion, & l’autre en la réfutant. Mr. de Buffon rend fa régle trop générale, en ne la reftreignant pas aux feuls animaux quadrupédes fauvages; & Mr. Pallas, pour prouver que des efpèces différentes peuvent fe mêler, prend fes exemples parmi les animaux domeftiques ou apprivoifés (a), fans penfer que ces animaux ne fe fe. roient pas mélés dans leur état de nature, & que cette copulation net qu'un effet de leur domefticité. F La premiere propolition étant prouvée, on n'aura pas de peine à en déduire les conclufions que j'en ai tirée. Il eft naturel que ce foit la réu- nion de la copulation & des reflemblances les moins variables, tant exté- rieures qu'’intérieures, tant phyfiques que morales, qui conftituent l’efpèce. Par exemple, le chamois, qui a des trous derriere les cornes, a plus de reffemblance avec celui qui n’en a point, que de différence, & ils peu vent produire enfemble (b); ils font donc. de la même efpèce. Il en eft de même du cerf commun & de celui des ardennes, qui forment aufli une même efpèce: mais ces animaux ont cependant des différences conftantes qui fe perpétuent par la génération. Les trous derriere les cornes du cha- mois & la criniere deflus & deflous le cou de lhippélaphe ou cerf des ardennes, font les caracteres conftants qui les diftinguent, lun du cha- mois & Vautre du cerf; ils forment par conféquent des races dans ces efpèces. (a) Après avoir dit que des animaux, tels que les ruminans, qui ont beaucoup de rap. ports dans leur figure & leur organifation,. peuvent facilement fe joindre quandi ils, font de la même taille & qu'ils font apprivoifés; il conclut ain: Æadem vero facilitas mif: cendarum fpecierum quas nemo confanguineas fomniavit- (vw. gr: Carduelis cum: Canaria aliifque, Phafani cum Gallina, &ÿc:)probat , non effe fidendum promiftuæ veneri in dif tinguendis conjungendifoe fpecicbus , nifi omnia tandem commüfveri velimus.." Spic. Zool. Pallas. fac. 11. p. 36. Cb) Vid. Ai. du Bouquetin, €ÿc. dans ce volume. mac rech à nl DES SciENCcESs Puys. DE LaAusanxe. 53 Je dois remarquer qu'il eft plufieurs races dont les différences avec leur . efpèce font dépendantes du climat, de la nourriture & de quelques cir- conftances particulieres; d’où il fuit qu’en les mélant entreux & les plaçant dans les mêmes circonftances, on feroit difparoitre leurs diffemblances. Ceft ainfi que le cerf des Ardennes & le cerf de Corte, qui habitent l’un en Allemagne, l’autre dans les montagnes de Corfe, perdroient les ca- racteres qui les diftinguent, fi on les méloient avec nos cerfs communs, & qu'on leur fit changer de climat. Mais comme ces différences ne sal. téreront pas fi on laifle ces animaux dans les circonftances qui leur font propres & qu’elle fe perpétuent au contraire par la génération, il n’eft pas douteux qu'ils forment des races différentes. Les variétés font bien faciles à diftinguer, elles ne font pas conftantes & varient comme les individus: des nuances dans la couleur des cerfs & d’autres animaux, laigrette de poils qui fe trouve dans quelques individus de l'efpèce du macaque, le bandeau noir ou blanc qui marque le front du patas &c., nous fourniflent nombre d'exemples de variétés. IT Dans le cas où l'on ne pourroit pas reconnoître fi les animaux [fe me- lent dans l’état de nature, on ne doit féparer les efpèces que lorfque la fom- me des différences les moins variables, tant phyfiques que morales furpaffe la Jomme des reffemblances; € Ji c'ef} au contraire La fomme des reffem- blances qui furpaffe celle des différences, on doit les confidérer comme de la même efjèce; mais dans l'une on l’autre fuppofition, on doit, lorfque les efpeces font voifines, ne les féparer ou les réunir que conditionnellement , jufques à-ce que Pon fache sil peut y avoir une copulation prolifique eutr'elles. Cette régle offre de très-grandes difficultés dans fon application, & on pourra difficilement. par fon moyen, tirer des condufions certaines. Jl n'eft pas douteux que lorfque les animaux font très-diffemblables, comme le zebre & le loup, l'éléphant & le cerf, elle-ne foit d’une application facile, parce que les difconvenances qui fe trouvent entre ces animaux entrainent toujours la non-copulation & par conféquent les féparent tota- lement. Maïs dans les efpèces qui ont plus de rapports, il faut néceflai rement bien diftinguer les caraëteres variables de ceux qui ne le font pas, c'eftä-dire les caracteres qui peuvent s’altérer fans influer fur la conftance de lefpèce de ceux qui, fixes & durables, ne peuvent fubir aucune al. tération dans la même efpèce. Pour cet effet, il faut remonter aux caufes 54 MÉÉMMPMNX RTEUS | p'E LA SUONCAUE.T qui agiflent fur les animaux quadrupédes fauvages. Mr. de Buffon les a fait connoitre (a) & les réduit à trois principales. 1°. Le climat; 2°. la nourriture ; 3°. & fur-tout le nombre d'individus produit & de ceux qui produifent ; c’eft-à dire, que lefpèce fera d'autant plus fujette à varier, que les femelles produiront plus de petits à la fois & qu’elles s’accoupleront à plus de males différents. La premiere caufe m'agit qu’à l'extérieur & doit produire des altérations moins profondes que la feconde, elle n’influe que fur la couleur, la qua- lité & la quantité du poil, tandis que celle-ci peut agir fur la taille, le poil, les cornes & même la couleur: la troifieme caufe doit influer fur les mêmes parties que la feconde, & elle agit encore fur un plus grand nombre d'animaux, comme nous le verrons. L'examen que Mr. de Buffon a fait des variétés dans les animaux qua- drupédes fauvages (b), nous prouve ce que ces caufes nous indiquent: favoir, que les caracteres les plus fujets à varier font, les couleurs, la taille, le poil, la forme des dents, le nombre des mammelles &c., pour tous les animaux fiflipédes ; qu’outre cela les animaux à pieds fourchus varient en- core par la longueur, la groffeur & l'écartement plus ou moins grand des cornes ou du bois (c). Les autres caraéteres feront donc plus conf tans, tels que ceux du nombre des doigts, de la figure des pieds, de la forme de la tête & du corps &c. Si ces cara@eres variables ne fe trouvoient pas quelquefois les feuls qui féparent les efpèces, comme la couleur qui eft prefque la feule différence extérieure de plufieurs carnafliers ; & fi quelques-uns des caraéteres conf. tans ne s’altéroient jamais dans la même fucceffion d'individus, on conçoit que l'application de notre régle deviendroit plus facile. Mais la nature qui fe joue de tous nos arrangemens, qui s'échappe au moment où nous croyons la tenir, fait varier quelques-uns des caracteres conftans & fixe les plus variables. Et c’eft précifément ce qui rend la diftinétion des efpèces fi difficile, lorfqu’on ne peut pas employer la copulation. Cependant, ef Ca) Voy. l'excellent difc. fur la dégénération des animaux quadrupédes, Tom. XIV. P. 326. (ChDALac tcit. (c) Ce qui diftingue les cornes du bois, c’eft que les premieres font creufes & ont un os pour noyau comme celle de la vache, & que le fecond eft entiérement plein & folide comme celui du cerf, pes Sciences Puys. DE LAUSANNE. $5 fayons de donner ici quelques obfervations qui puiflent fervir de guides dans ces recherches, & appuyons-les par des exemples pris dans les ani maux dont les efpèces font bien déterminées. Premiere obfervation. Le climat n’agit principalement que fur la cou- leur & le poil, comme nous l'avons vu ci-deflus. Ces altérations extérieu- res qui paroiflent n’éfleurer que la fuperficie ne devroient pas féparer feules les efpèces; cependant il eft des cas où la différence de couleur devient ca- ractere fpécifique. La fouine & la marte, par exemple, ne différent que par les couleurs; le palmifte & le barbarefque (a) ne diffèrent que par la difpofition des raies noires & blanches qu’ils ont fur le dos; la panthére & le léopard (b} par la forme des taches dont leur robe eft femée, & cependant toutes ces efpèces forment des fucceflions d'individus diftinétes, puifqu’elles ne fe mélent pas entrelles. Seconde obfervation. Les animaux fur lefquels la nourriture influe le moins font aufh ceux qui fubiflent le moins de variétés, & par conféquent de petites différences, ou des différences qui n’altéreront pas d’autres ef pèces, (comme celles dans les couleurs) peuvent ici conftituer des fuc- cefions d'individus féparées. Les animaux carnalliers , par exemple, fur lefquels la nourriture a moins d'influence que fur les frugivores, parce _qu’elle varie moins, font aufli de tous les animaux ceux dont les efpèces quoique diftinguées, au moyen de la copulation, fe reffemblent le plus par la figure & entre lefquelles il n’y a que des différences variables, telles que la taille, la couleur & les dents, &c. Le tigre, le léopard, l’once, la panthere, prouvent ce que j'avance. Le loup & le renard ne diffèrent que par la taille; la foffane & la genette ne fe féparent que par la pee que celle-ci a Fe la queue & que l’autre n’a pas (c). Troifieme obfervation. Les animaux frugivores dont les efpèces font très- répandues, font fujets à -plus de variétés que les autres, parce qu'ils éprouvent, non-eulement les influences occafionnées par les différentes nourritures, mais encore celles du climat. Le renne fauvage, l'élan, le lama fauvage, &c. qui habitent des climats particuliers, font fujets à peu Ca) T. X. p. 127. &c. Hifi. Nat, &c. (b) Hif. Nat. &c. T. IX. p. 167. dE) Buffon, T. XIIL p. 160. &. Il y a aufli quelques légeres différences dans les couleurs. 56 MÉMOIRES DE La Soc1£ré de variétés, tandis que les cerfs, les chevreuils, plufieurs gazelles, qui vivent fous divers ciels & habitent divers pays, varient beaucoup. Il fau- dra donc un plus grand nombre de différences & de différences non varia- bles, pour diftinguer les efpèces frugivores répandues; car les caraéteres variables indiqués ci-deflus, ne pourront pas fervir comme dans les ani- maux carnafliers; cependant il eft à remarquer que fi la grandeur, la grof. feur , & l’écartement des cornes , font des caracteres inconftans que la nour- riture modifie à fon gré, elles ont aufli des caraéteres conftans que l’on doit regarder comme fpécifiques. En effet, aucune des caufes qui agiffent fur les animaux fauvages ne peuvent changer de cornes lifles en cornes chargées d’arrètes ou de ftries, des cornes dirigées & courbées en arriere en cornes courbées & dirigées en avant &c. Quatrieme obfervation. Les petits animaux multiplient beaucoup plus que les grands, ils éprouvent par conféquent les altérations occafionnées par la troifieme caufe, &: comme d’ailleurs ce font aufli les efpèces les plus répandues, il en réfulte que de tous les animaux ce font ceux qui varient le plus, que par conféquent il faudra un plus grand nombre de diffemblances pour diftinguer leurs efpèces & que ces diffemblances devront fe trouver dans les caracteres les plus conftans que j'ai indiqués. Les ani- maux carnafliers & frugivores nous fourniflent nombre d’exemples pour étayer cette obfervation. Le caracal, le lynx, les chats fauvages, les fa- rigues, le renard &c. font fujets à beaucoup de variétés : & parmi les fru- givores, le fouslic, la taupe, toutes les efpèces voifines du rat, les lié. Avres, &c. fubiffent nombre d’altérations plus ou moins profondes dans leur moule primitif; tandis que les grands animaux qui multiplient moins & dont les femelles font plus fideles à un feul mâle, confervent aufli leur figure primitive avec moins d’altération. Cinquieme obfervation. Quelquefois mais rarement, les caracteres conf. tans varient fans altérer l'efpèce; le cariacou, par exemple, qui n’eft qu'une variété du chevreuil , a cependant des petits enfoncemens fous les yeux (a) que le chevreuil ma pas, & qui femblent être des commencemens de lar. miers : le nombre des doigts elt différens dans la marmotte & le boback (4), & Ca) Buffon, T. XIL p. 347. Cb) Buffon, T. XII. p. 136 @ 139. &c. pes Sciences PHys. DE LAUSANNE, 57 & Mr. de Buffon les croit de la mème efpèce ; il eft vrai que Mr. Pallas les regarde comme des efpèces différentes (a); il varie aufli dans le fa- ble (b), qui eft une efpèce de marte noire; il a ordinairement quatre doigts aux pieds de derriere, mais quelquefois il en a cinq. Le finge de Mr. May, dont parle Mr. Allamand, n’a point de queue ; tandis que le mandrill, qui me paroit étre de la même efpèce en a une très-courte ; ce caractere de la queue varie encore dans le farigue à longs poils (c}), qui la beaucoup plus courte que celle du farigue ordinaire, Le farigue des Illinois, qui eft une autre variété, differe par l’allongement de la tête (d). Les trois variétés du Talma ne diffèrent pas feulement par la taille, mais encore par la forme de la tête, & les proportions des doigts (e) & des jambes. On peut donc conclure en général de ces diverfes obfervations , que lorfque les animaux que lon veut examiner font au nombre de ceux qui varient le plus, on ne doit déterminer leurs efpèces que d’après un grand nombre de caracteres les plus conftants & les plus fixes; au contraire ; quand ils font au nombre de ceux qui font fujets à peu de variétés, les caracteres variables mêmes peuvent fervir; & enfin que dans l’un ou l’autre ças C’eft par le moyen de la copulation qu’on doit étayer les conjeétures que ces régles font former. Mais j'ai dit que l’on devoit examiner les différences & les reffemblan- ces phyfiques €3 morales, qui fe trouvent entre les animaux : en effet, la figure ne doit pas être le feul moyen par lequel nous devons diftinguer les efpèces; employons tous ceux qui nous font offerts par la nature, & ni mitons pas ces nomenclateurs, qui, content d’examiner les dents ou les pattes des animaux, ne croient pas néceflaire de ce fervir d’autres caracs teres; leur naturel, Éurs mœurs, font encore de très-bons guides pour les reconnoitre , & que l’on doit d’autant moins négliger qu’ils forment fous vent la principale différence entre les efpèces voifines. Ca) Pallas. nov. fp. quad. arélomys marm. affnis Eÿc. p. 97 & fuiv. (b) Pennant, hifi. of. quad. No, 202, (c) Sup. T. 6. p. 242. Buffon. (d) idem, p. 240. Ce) Pallas nov, Jp. quad, p. 275 & fui. Tome II. H 58 MÉMOIRES DE LA SoOc:1ÉTÉ Le renard & le chacal nous en fourniffent un exemple; lun, rufé & cruel, vit feul, marche dans le filence dè la nuit & avec précaution, fur. prend fa proie avec làcheté & la dévore fans pitié; il joint l’adrefle du flou à la férocité de lafaflin , jaloux de fa liberté il n’y foufre point dat: teintes; l'individu peut être efclave, mais l’efpèce ne le deviendra jamais, ou au moins très-difficilement. L'autre, auffi porté à la rapine que le pre- mier, eft plus vorace, mais voleur moins adroit, il fe réunit en troupe, attaque alors à force ouverte & fe glifle par-tout avec impudence ; aufli criard & hurleur que le renard eff filencieux; plus timide feul, mais plus hardi en troupe, il offre de très - grands contraftes avec lui: d’ailleurs le chacal fe familiarife facilement, il eft fufceptible d'éducation, il perd fes qualités nuifibles, devient doux, fociable; en un mot, il eft l’origine des chiens, tandis que le renard ne peut jamais s’apprivoifer : le chacal eft ré. pandu dans toutes les parties méridionales de lAfie & en Afrique; le re- nard habite au contraire les régions tempérées & feptentrionales de l’Eu. rope, de l'Afie & de l'Amérique. L’ours brun & l'ours noir, ont la même figure, habitent les mêmes lieux, mais lun eft carnaflier & l’autre eft fru- givore. Le liévre & le lapin fauvage diffèrent aufli principalement par leurs mœurs; lun fe creufe un terrier; l’autre fe gite à la furface de la terre, où le moindre abri lui fuffit. Les mœurs de l’écureuil Suifle (a) le fépa- rent plus du palmifte & du barbarefque que fa figure , il n’abandonne pas la terre, il vit au pied des arbres, où il fait fon nid, tandis que les au- tres grimpent fur les branches & fe jouent dans le feuillage comme l'écu- reuil. Mr. de Buffon dit (b), que ce qui les fépare auffi c’eft l’éloigne- ment des climats qu'ils habitent. Voilà donc encore de nouvelles régles à obferver dans l'examen des animaux , mais avec les reftrictions fuivantes. Lorfque \des animaux qui fe reffemblent par la figure font dans des cir- conffances à peu près femblables, € qu'ils ont des mœurs différentes , il ef alors probable que leurs efpèces font aufi féparées. Comme le liévre & le lapin , le loup , le renard & le chacal , le liévre verficolor (c), & le tolai(d), Ca) Buffon, T. X. p. 128, 129. {b) Loc, cit. Cc) Pallas nov. fp. quad. p. x. (d) Idem, p. 17. \ 10e 17 4 AA % pes Sciences Pays. DE LAUSANNE: 59 l'ours brun & l'ours noir (w): il me paroït que fans cela les mœurs mindiquent rien puifqu’elles varient jufqu'a un certain point, comme les circonftances des animaux. Ceci eft prouvé par les faits. Le caftor, accoutumé à vivre en fociété dans les pays où il pouvoit tranquillement fe livrer à fes habitudes naturelles, a été obligé de vivre feul & iolé de- puis que l’homme l'a chaflé & tourmenté; au lieu d’une digue par laquelle il rompoit le cours des ruiffeaux & des rivieres, & les faifoient fervir à fes befoins, au lieu des cabanes qu’il bâtifloit, il fe conftruit un fimple terrier au bord des eaux. Les animaux que l’on chafle fouvent deviennent fiers & rufés, & ces rufes varient comme les circonftances où ils fe trouvent. Les liévres qui habitent dans les Pyrénées fe creufent des trous dans les rochers (b). Ces exemples fufffent pour faire voir que les mœurs & les habitudes dé- pendent beaucoup des circonftances, & que par conféquent des animaux d’efpèces différentes , mais voifines, peuvent fort bien avoir des mœurs femiblables, s'ils habitent les mêmes lieux, comme le chamois & le bou quetin, le cerf & le daim. Tandis que des animaux de même efpèce, dans des lieux & des pofitions diverfes, prennent des mœurs différentes , comme le caftor & le biévre ou caftor folitaire: les chevreuils d'Europe & ceux d'Amérique, notre liévre & celui des Pyrénées; la différence du climat peut rarement fervir feule à diftinguer les efpèces, mais elle doit être comptée dans le nombre des différences qui diftinguent deux ani- maux, & cette différence a plus de valeur pour les animaux peu répandus qui habitent des climats éloignés, comme le palmifte & Pécureuil Suifle ou de terre. J'ai dit que les races étoient difficiles à reconnoitre fans le moyen de la copulation, parce que fans elle on ne peut déterminer d’une maniere cer- taine fi les différences conftantes ne font peut être pas fpécifiques. Tels font les principaux moyens qui nous font connus pour diftinguer les efpèces, les races & les variétés dans les animaux quadrupédes fauvaæ ges. I me femble que l'on peut conclure de tout ce que je viens de dire, que les caracteres phyfiques & ceux qui tiennent aux mœurs des animaux (a) Buffon, T. VIIL p. 248, ' (6) Buffon, T. 5. Sup. in-12. p. 237. 60 MÉMOIRES DE LA SOctrÉÈTÉ ne font pas feuls fuffifans pour déterminer les efpèces fauvages & libres; que le feul moyen für eft la copulation, les autres lui font fubordonnés ; il eft comme le fçeau de la nature. Il réfulte donc de là que les régles qu’on vient d'indiquer ne peuvent fouvent donner que des conje@tures, 6 que par conféquent il y a plufieurs animaux dont il eft & fera toujours difficile de déterminer lefpèce. Par exemple, la zibelline paroît être une variété de la marte (a), puifqu’elle men diffère que par les couleurs; (ce qui peut provenir de la différence des climats qu’elles habitent) cependant - on doit fufpendre fon jugement jufques-à-ce que l’on fache fi ces animaux peuvent produire enfemble. Jufqu’ici nous ne nous fommes occupés que de la diftinttion des ani- maux fauvages; mais les animaux domeftiques feront maintenant l’objet de nos recherches. J'ai dit que la plupart des régles qui peuvent fervir pour les premiers ne peuvent être employées pour les feconds. En effet, nous voyons que cette régle, tirée de la copulation, & que la nature femble nous indiquer, fouffre bien des exceptions dans les animaux domeftiques. En s'éloignant de la nature, ces animaux ce font écartés de fes loix, & les mélanges entre les efpèces différentes font devenus fort communs par- mi eux; jen citerai quelques exemples. On a vu plus haut, qu’un chien avoit produit avec une louve, & un renard avec une chienne. Depuis long- temps l’âne & le cheval produifent enfemble & même fous certaines cir- conftances; la mule & le mulet font prolifiques ( b). Le bouc produit facilement avec la brebis (c}), & l’on voit parmi les oifeaux apprivoifés nombre d'exemples de ces mélanges. Enfin, des animaux domeftiques, d’efpèces trop éloignées pour pouvoir produire enfemble, peuvent cepen- dant s'unir avec plaifir, & c’eft ici, ce me femble, le dernier degré de l'état de dégénération où les hommes ont conduit les animaux par le moyen de la domefticité. Mr. de Buffon rapporte deux exemples de chiens, qui couvroient des truyes (d), & jai moi-même été témoin d’une pareille in- . (a) Mém. de la Soc. des fc. phyf. de Laufanne, T. 1. p. 36. (b) Buffon, Jup. T. $. in-12. p. 24. : (c) Idem, p. 4. &c. (d) Buffon, loc. cit. p. 66. DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. GI fration aux loix de la nature (a). Mr. de Buffon rapporte l'exemple d'un taureau qui sunifloit à une jument avec plaifir, mais fans que cela eut rien produit (b). Mr. l'abbé Diquemare rapporte plufieurs exem- ples (c) de mélanges non moins extraordinaires , comme ceux du chat avec le lapin, du chat avec le rat, d'une poule & d’un lapin, obfervé par Réaumur, & enfin celui d’une pigeonne & d’un lapin, dont Mr. Di- quemare a décrit la prétendue produétion. Cés exemples nous prouvent que l'on ne peut pas toujours employet la copulation pour déterminer les éfpèces dans les animaux domeftiques ; & nous verrons bien-tôt quand elle peut étre utile. | Examinons maintenant fi les caracteres extérieurs nous offriront un moyen plus für pour diftinguer les efpèces. Les animaux domeftiques font fujets à un bien plus grand nombre de variétés que les animaux fauvages Outre les caufes qui agiffent fur l'animal libre & qui influent aufli fur lanimal ef clave, celui-ci éprouve encore les altérations qui proviennent de la domef- ticité, & les effets de cette caufe, qui font fans bornes, ne peuvent étre affignés. L'homme, non content de ravir la liberté à de jeunes animaux fauvages, après les avoir privé de leur père & de leur mère, & de les foumettre au . joug de lefclavage, les a fait produire pour fubjuguer l’efpèce entiere, & (a) Jai même été informé qu’une truye avoit mis bas, dans les environs de Genève, plufieurs petits, moitié chien, moitié cochon : fice fait, qui me paroïît plus qué douteux, étoit vrai, il prouveroit encore une nouvelle ambiguité dans le cochon, dont l’efpèce eft déja, autant par fa figure que par fon organifation, une des plus finguliere production de la nature. . (b) Buffon ». Sup. T. 5. in-12. p. 58. Mr. de Buffon nie l’exiftence des jumarts, c’eft- à-dire du produit de l’union de la vache & de l’âne ou de l’âneffe & du taureau. Mais Mr. Vabbé Rozier, dans fon Diélionnaire d'Agriculture, (T. VL. p. 106.) rerid aflez probable l’exiftence de cet animal. Il n’a ni cornes, ni le pied fendu & n’a pas quatre eftomacs , Mn mais il tient du taureau par la queue, & là forme des jambes & de la tête. Ce métis eft FH. cependant fort rare, & peut-être a-t-on pris quelquefois des monftres provenus de. meres … vicices pour de véritables jumarts, quoiqu'il en foit ceci prouve toujours plus la grande — influence de la caufe de la domefticité fur la nature des animaux. » (c) Journal de Phyfique, an. 19798. p. 212! Nous remäarquerons au [ujet du pigeonneau couvert de poils, qui doit être provenu de l'union du lapin & d’une pigeonne, qu'il ne nous paroit être que le fruit monftrueux d’une mére que l’on doit regarder comme viciée, Puifqu’elle- n’a point pondu d’autre œuf que celui qui a produit ce pigeonneau. Les hom. mes & les animaux nous offrent fi fouvent des exemples de ces jeux de la nature, appel- e monftres, qu’il n'eft pas befoin d'en chercher la :caufe dans!ges accouplemens extraor- inaires. 62 MÉMOIRES DE LA SOcrÉTÉ* îl a multiplié ainfi de génération en génération les effets de fa tyrannie & les empreintes du poids de la fervitude : les mœurs, le naturel, la figure, tout a reçu les altérations les plus profondes & fubit les changemens les plus grands par cette caufe lente, continue, & qui a d’autant plus d’effet qu’elle agit plus long-temps. Qui pourra donc lui afigner des bornes ? & dire, elle n’altère que telle & telle partie, & fur telle autre elle na aucune action? On peut feulement indiquer fes effets connus; ceft par elle que s’eft formée, durcie & perpétuée la peau calleufe qui fe trouve fous la poitrine, fur les genoux & les jambes du chameau, & fur la. quelle il ne s’appuye qu'avec des gémiflemens de douleur : c’eft par elle que le mouflon, vif, robuite & courageux , eft devenu la foible & ti- mide brebis dont la.pétulance céde au plus léger effort & dont les nom- breux troupeaux fe laiffent conduire par un enfant; c’eft par fon ation que Pefpèce du chien eft devenue, pour ainfi dire , toute différente d'elle. mème, felon lexpreflion d'un homme célèbre, & que cet animal origi. nairement fauvage & cruel, eft devenu docile, intelligent, fidèle, & a pris toutes les aimables qualités qui lui donnent un des premiers rangs parmi les animaux domeftiques. Mais Mr. de Buffon a déja fait connoi. tre les altérations qui proviennent de la domefticité (a), & je me con- tenterai de remarquer ici que fes oblervations nous font voir, que non- feulement les animaux domeftiques varient par le poil, la couleur, la taille, les dents, mais encore que les oreilles deviennent pendantes dans beaucoup d’efpèces, que les cornes varient par le nombre, la forme & la groffeur, ou même difparoiffent quelquefois, que la peau devient cal- leufe en beaucoup d’endroits, &c. Un autre effet de la domeficité eft de rapprocher tellement des efpèces féparées par la nature, mais qui ont plufieurs rapports de figure, que dans cet état on pourroit les croire d’une feule & même efpèce; puifque les caracteres qui les diftinguent ne font que des caracteres variables, & qu’ils produifent enfemble des mu- lets, toujours féconds dans quelques efpèces, & quelquefois dans d’autres. Tels font , par exemple, la brebis & la chevre, le cheval & l'âne, le daim & Vaxis; & l’on ne peut prefque pas douter que ces rapproche. (a) Hifi. Nat. &c. T. XIV. Difc. fur la dégénération, &s: pes Scrences Pays. DE LAUSANNE. -63 mens d’efpèces n’ayent produit par leur mélange, dans l'état de domefticité, nombre de variétés dans nos animaux domeftiques. _ Enfin, cette çaufe puiflante par laquelle l’homme femble combattre la nature & la foumettre à fes beloins & à fes goûts, influe encore fur le temps du rut & fur le nombre de portées ; l'animal efclave entre plus fouvent en chaleur & produit plus fouvent que l’animal fauvage & libre. | | . Le mélange des individus domeftiques & leurs caracteres extérieurs ne nous offrent pas de moyens fürs pour diftinguer leurs efpèces, puifque ces caracteres, les plus conftants que nous connoïiflions , varient. Il faut donc en conclure, que lon ne doit pas chercher à les recon- noître dans leur état de domefticité, mais bien dans leur état de nature; cefta-dire, qu'il faut comparer leurs fypes ou fouches originaires & fau- vages entrelles ,. & les diftinguer ‘enfuite par les régles indiquées ci-def. fus. Il faut donc commencer par découvrir ces types ou fouches, & cela n’eft pas aifé. Reconnoître fi les animaux que l’on examine font répandus: dans des climats différents, comme les chiens, ou s'ils habitent fous un ciel particulier comme le renne-&le lama. Examiner.fi leur. domelfticité date depuis long-temps, fuivre les effets du climat, de la nourriture & du croifement des races; mélanger l'efpèce que lon croit originaire avec celle qui eft efclave, font autant de chofes abfolument néceflaires. Il faut en- fuite rechercher les altérations que cet efclavage a produit, & comme fon action n’a point de terme fixe, ces recherches demandent une grande con- noiffance de la nature. Il faut voir fi plufeurs efpèces fauvages n’ont pas concouru à former les variétés de’ lefpèce domeftique. Il faut enfin exa- miner tous les rapports, s’aider de tous les moyens qui nous font offerts & fur-tout des lumieres de la philofophie, qui nous fait voir en grand, nous fait apprécier les minuties pour nous attacher aux vraies reffembian- ces ou diflemblances entre les animaux: elle nous fait porter un jugement fain fur les relations qu'oneft obligé de confulter. Enfin, c’eft elle feule qui peut nous guider dans des recherches aufli difficiles. . On ne peut donner des régles fur cet objet, elles dépendent de trop de circonftances & font fujettes à trop de variétés. Le Pline de la France, ce naturalifte philofophe, eft un modèle plus aifé à donner que facile à imiter ; on voit dans fes Savuntes Recherches fur les chiens €ÿ les bre- CHOITAVAN?250 64 MÉMOIRES DEaL.A,S DOÇux ÉTÉ bis (a), fon. génie briller , éclairer fon fujet & en diffiper les obfcurités! Si nous réfumons maintenant tout ce que je viens de dire fur la dif tinction des efpèces, dans les animaux quadrupédes en général, nous ver. rons que pour les diftinguer, il faut d’abord reconnoître s'ils font libres ou efclaves. Que s’ils font libres , les moyens les plus fürs font ceux que nous procure la copulation ; mais lorfqu’ils ne peuvent être employés, on doit fé fervir des caracteres extérieurs, des mœurs, & en un mot de tous les moyens qui nous font offerts par la nature. Que les caradteres, tels que la couleur , la taille, le poil &c., varient fans changer l'identité de lefpèce ; que les autres a contraire font conftans dans la même efpèce ; que cependant il eft des circonftances où les caratteres variables devien- nent fpécifiques & où quelques-uns -des caracteres fpécifiques deviennent variables: que par conféquent ces moyens ne peuvent former fouvent que des conjettures que la copulation doit étayer. Enfin fi les animaux font efclaves on doit rechercher les animaux fauvages qui forment leur origine & les comparer d’après les moyens que jai indiqués pour les efpèces libres. s (a) Hif. Nat. T. 5. article Chien, T. XI. article Mouflon. OBSERVATIONS | | | | | pes Sciences Puys DE LAUSANNE. 65 GSBSERVATIONS Sur les dégats faits par la larve du Hanneton, pendant l'année 1784, € Jur les moyens de s'en garantir. ParMrk BERTHOUT vax BERCHE M, Pere. Lues le 10 Janvier 178$. # 6 1784, a été la feconde après l'apparition des hannetons, & par conféquent la troifieme du féjour que la larve de cet infeéte fait en terre [a],. & celle, où parvenu à toute fa grandeur, elle fait les plus grands dégats, en dépouillant de leurs racines, l'herbe des prés, les bleds & les légumes. Ce fléau du cultivateur eft alors connu fous le nom de Maus, de gros ver blanc ou de Turc. Il a fait de fi grands ravages l’an- née derniere, que les Mars & le foin en ont beaucoup foufferts, & qu'il en a même détruit des récoltes entieres. Ces dégats ont été bien plus con- fidérables que quatre ans auparavant, [en 1780.] ce qu’il faut attribuer, felon moi, à la féchereffe qui a fuccédé immédiatement aux neiges du prin- temps. On fait qu'il n’eft rien de fi favorable à l’accroiffement des infectes que cette alternative d'humidité & de chaleur. Mes plantations de pomme de terre, établies felon la méthode décrite dans le premier volume de ces Mémoires , [pag. 211.] n'ont pas été plus épargnécs que les autres produétions de la terre. \ pt nl Ca] Les hannetons ayant parus & pondus leurs œufs au printemps de 1782. Ces œufs font … éclos en été, & le printemps 1783 termine la premiere année du féjour de lœuf & de la … larve en terre ; le printemps 1784 termine la feconde année de ce féjour, & l’année qui s’eft écoulée depuis ce temps jufqu’au printemps 1585 forme la troifieme année de cette méta- “ morphofe. Ce fera donc au printemps 1786 , que ce coléoptere, après avoir refté quatre ans révolus en terre, paroitra fous la forme de hanneten. Tome IL. I 66 MÉMOIRES DE LA Soci£r£ Mis cet accident n'a fourni l’occafion de faire quelques obfervations dont je vais rendre compte. : J'ai remarqué, dans les rangées, que par-tout où le Mans avoit porté fes ravages, les raves ont péri, & que dans tous les endroits qu'il a épar- gné, elles fe font confervées. Cependant il ne me paroït pas qu'on doive lui attribuer la perte des raves, comme on lui attribue avec raifon celle des pommes de terre, & voici pourquoi. Cet infecte craint exceflivement la chaleur, qui le fait périr, enforte qu'il fe tient toujours à une aflez grande profondeur en terre, & qu'il eft en tous temps beaucoup au-deflousde la fuperficie où l’on féme les raves. Cela fuit pour prouver qu'il ne les attaque point, fur-tout fi l’on con- fidere que les pommes de terre lui fourniflent une nourriture trop abon- dante, précifément à la profondeur où il habite, pour qu’on puifle ima- giner qu’il remonte pour chercher la chétive radivule des raves, & plus cette racine croit, moins elle court de danger, puifqu’elle fort de terre à mefure qu’elle augmente en volume & que fa racine pivotante sy enfonce trèspeu [a]. La féchereffe de 1784 vient encore à l'appui de mon opi nion, car les mans doivent s'être tenus encore plus profondément en terre & ont dû éviter de s'approcher de fa furface féche & brülante. Ï me paroït donc bien démontré que ce n’eft pas le ver blanc qui a détruit les raves; mais d’où vient que dans les rangées, partout où cette larve a détruit les pommes de terres, les raves ont auffi manqué? Je crois qu'on ne peut attribuer cette pérte qu'aux deux caufes ordinaires de leur deftruétion, le Aäle & le puceron [a]. En effet, toutes les rames des pom- mes de terres attaquées par le mans, fe font féchées, & en périflant elles ont privés de leur ombre les raves femées entre les rangées, & par con: féquent de la fraicheur de la terre fi néceffaire pour leur confervation & pour leur donner un prompt accroiflement : tandis que dans les rangées que le ver blanc a épargnées, les rames ont pouilés avec vigueur & oût procurés aux raves leur ombrage falutaire. Ceci femble prouver évidem- ——— Ca}: On fait que cette plante reçoit fa nourriture principale par fon chevelu qui s’étend tou: au tour à la (uperficie de la terre, & à une diftance d'autant plus grande que le ter- ! rein eft mieux préparé, comme l'expérience du triangle le prouve. CVoyez les Elémens d'A- griculture de Duhamel, T. 1.1 Cb] Voyez de Mémoire fur la culture des pommes de terres, dans le Tom. [, de ce recueil. pes SCIENCES: PHws. DE LAUSANNE. 67 ment l'utilité de femer les raves entre les rangées de pommes de terre, & ce qui doit engager de conclure avec d’autant plus de certitude en fa- veur de cette méthode, ceft que la récolte des raves de l’année derniere a été en général très-mauvaile, qu'on a dû les femer une feconde fois & qu’elles n’ont réuflit que dans les plantations les plus à l'ombre & affez humides. Quoique le hanneton fafle beaucoup de mal en dépouillant les arbres de leurs feuilles, fa larve en fait peut-être encore d'avantage, & on n’a pas trouvé jufqu'a préfent de meilleur moyen pour s’en garantir, que de di. minuer le nombre de ces fcarabées, en fécouant & gaulant les arbres qui en font chargés; on les ramafle enfuite & on les brüle, ou bien encore on les-donne aux poules & aux cochons. Cette méthode eft certainement très-bonne & on ne fauroit trop en recommander lexécution: cependant il feroit infiniment avantageux de les détruire dans l’état de larve, & il ne paroït pas que l’on ait cru jufqu’à préfent que cela fut poflible. Efayons d’efquifer ici l’hiftoire de cet infeête, elle nous fournira, je crois, une mé. thode auffi füre que facile. Ceft dans le courant du mois de Mai que l’hanneton dépouille les ar: bres de leurs feuilles, inceffamment après il dépofe fes œufs à la profon- deur de demi pied; vers la fin de l'été ces œufs éclofent & donnent nai£ fance aux vers blancs qui font encore petits & foibles; à la fin de l’aue tomne ils s’enfoncent profondément en terre , ils y paffent l'hyver engour- dis & ne remontent qu’au printemps. La feconde année l’infeéte croit & grandi, il fe nourrit de racines & pañle de même l’hyver dans la profon- deur de la terre; pendant la troifieme année il a pris tout fon accroifle. ment, fa tête s'elt armée de pinces ou de tenailles avec lefquelles il coupe les racines dont il fe nourrit, il pañle encore un hyver dans l'état de larve, de la mème maniere que les précédens & ne remonte qu'au pris. temps; mais dès l'automne fuivant il fe creufe des trous très-profonds, il s'y tapit & devient cryfalide; cet état dure tout l'hyver jufquesà-ce que les quatre années foient révolues, il reparoït alors au printemps fous Ja forme de hanneton. Pendant tout ce temps la larve ne fort jamais de terre de fon propre mouvement, & fi on l'expofe à lation du foleil elle périt tout de fuite, à moins qu’elle ne puifle s’enfoncer promptement dans la terre. #45] Voyons à préfent quel eft le terme où elle fait le plus de tort à Fa. 4 63 Mémtor RE s ‘p E ‘x A (SOC 1 É T'É griculteur ; lexpérience nous prouve que c’eft pendant la troifieme année, lorfqu’elle eft armée de fes pinces ou tenailles, & qu’elle joint la force à beaucoup de voracité. C’eft donc avant ce temps qu'il faut détruire cet infeéte, pendant quil eft encore foible; & pour cet effèt je confeille de donner un profond labour aux terres l’année où les hannetons ont parus, par-à on les expofe à lation immédiate de l'air & du foleil qui les font périr d'autant plus vite qu’ils font encore petits & languiflants; la terre cft trop dure pour qu'ils puiffent y pénétrer aflez promptement, & le temps que le fillon refte ouvert fuffit pour en faire périr un grand nom: bre, d’ailleurs on les difperfe, on détruit & on bouche leurs trous, ce qui leur fait aufli beaucoup de mal. Ainfi le labour d'automne que tous les bons agriculteurs confeillent pour donner un parfait amandement aux terres, devient abfolument néceflaire, fi l’on veut garantir fes récoltes des dépradations de cet infeéte. Dans les années fuivantes, on pourra, fi l’on veut, en donnant aux terres les labours accoutumés , faire fuivre la charrue par des cochons ou des chiens, qui détruiront ceux de ces infetes qui auront échappés à l'effet du premier labour. Remarquons ici combien la nouvelle méthode de planter les pommes de terres eft avantageufe contre le mans, car en minant le terrein en automne on doit néceflairement en détruire beau- coup, fur-tout fi l'on pouvoit avoir l'attention de mettre la terre, où lon foupconne qu’il y a des vers, à part, fur un des bords du foflé, & qu’on eut foin de l’étendre afin qu'ils fuffent plus expolés à l'adion du foleil; on conçoit auffi que plus on fera ce défoncement de bonne heure, plus on détruira ces infedtes, & fi mes plantations de 1784 n’ont pas été épargnées par le mans, je n’en vois pas d’autres raifons que parce que je nai pas pu faire mes foflés en automne. D'ailleurs, cet infeéte mineur vient des terres voifines fe jetter dans celles qui font meubles, & où il trouve une pâture abondante. Les deux manieres les plus efficaces de fe défaire des hannetons, La donc: 1. de leur donner la chafle quand ils font fous la forme de {carabé. 2°. De donner un profond labour aux terres pendant l’automne de Jannée de leur apparition. Et je crois que fi on employoit ces deux moyens, généralement & avec exactitude, on parviendroit peut-être à détruire tout-à-fait cette efpèce, ‘pes Sciences Pays DE LAUSANNE! 69 qui eft pour nous, auf nuifible que les fauterelles , dans les pays chauds. J'LA Mr. Muftel (a) confeille pour garantir les jardins des dégats du mans, de ne pas y employer. du fumier nouveau, ou le hanneton cherche à dépofer fes œufs, il veut qu’on ne fe ferve que de fumier pañlé ou de terreau, qui n'eft qu'un mélange de terre & d'herbes décompolées & pourries, cette pratique, fondée fur lexpérience , eft certainement très- bonne, elle eft d'autant plus avantageufe que les labours d'automne ne détruifent pas aufli bien le mans dans les jardins que dans les champs, parce que, 1°. ils ne fe font que par partie; 2°. le coup de pelle qui déterre linfecte lenfevelit le moment d’après ; 3°. enfin la terre eft fi meuble/qu'’il s'enfonce de nouveau très-promptement. Il faut encore ici remarquer , que par ma méthode de planter les pommes de terres, on emploie point de fumier, & par conféquent on évite un des moyens de propager les mans. Ca) Bibliothég. phyf. économ. an, 1786, T. I. p. 102. 70 MrémM or R Eñst D EU L A1 SOC É T°ÉË GR GR ne — nr / ( ES 48% À. SUR L'ÉTAT DE LA POPULATION D'E 'L A PAROISSE D’AIGLE, Pair Mr WILD, CaPiTAINE-GÉNÉRAL DES Mines /pu CANTON DE BERNE. Difficile eJt proprie communia crcere. Lu le ï Juillet 1785. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. À Vant été témoin oculaire pendant un mombre d'années, des mifères occa- Jionnées par diverfes maladies, dans la paroïiffe d'Aigle ; je iappliquai d'en découvrir les canfès ; ne défefpérant point, qu'au cas de fuccès, on n'en put avec le tems découvrir le resrede. “Je crus que les régiftres de la paroiffe pouroient me fervir d'éclaircife- mens à quelques égards. Je les trouvai en effet fi bien tenus, par Mr. le doyen de Coppet, palteur du lieu, que j'étendis mes vues, © pris la réfo- lution de'tirer des tabelles qui pouroient Jervir de fondement à une topogra- bhie future de cette paroiffe. Des topographies fans tabelles de population, qui découvrent le bien €3 le mal d'u pais, 1me femblent des lettres de rente dont on auroit laiffé les conditions en blanc. Des Scrences Pays. pe Lausanne. Yt J'ai tiré an- delà de cent tabelles fur cette paroïffe, ©? je donne ici le précis de la plupart. Il paroitra peut-être &. quelques lecteurs que c’eft bien de la peine fuperflue pour une paroilfe ; mais je les prie de confidérer, que la connoiffance exaéte .de chaque paroïiffe ef} très-néceffaire pour avoir celle de‘tont le païs ; que c’eft cette connoiffunce feule qui met le Souverain en état de porter le Jecours € l'encouragement. là -où.-le-befoin fe découvre. Qu'enfin les idées que j'avois fur la profpérité de ce païs, m'ont engagé à prendre des informations, qui pemvent paroitre minutieufes à quelques per- Jonnes, mais qui ne l'étoient pas pour mes vues. Si cet ouvrage eff fans fruit apparent pour le préfent, il peut bien en porter dans d'autres temps: car comme la nature des chofes admet le bien qu'il y auroit à faire, on peut efpérer que lu nature des efprits l'admettra Jous des circonffances plus favorables. En attendant j'aurai fait un Jorge pa- trivtique , € je Jorbaite que perfonne n'en faffje de plus nuifible. . Je dois ici quelques éclaircifflemens au le&teur, fur l'arrangement de mes tabelles. J'ai mis fur celles des maladies les titres que j'ai trouvés inftrits, fans m'embarraffer, fi phtifie & étifie €Æc. font la méme chofe. On trou- vera plus de morts nés fur ces tabelles que fur celles des äges; la raifon en eff que, fur les premiers tous les enfans qui n'ont pas reçu le Batérre s'y trouvent ; au lieu que fur celles-ci je me fuis tenu au pied de la lettre. J'ai fait mon poible pour obvier à toute inexalfitide , fans pouvoir af- Jurer qu'il wy ait pas quelques petites erreurs. Les Allemands de ce puïs font une efpèce de troupe légère, qui wa ni fiabilité ni confiflence, © caufe une variation prefque jourualiere. Ils ne forment qu'une paroilfe fur tout le gouvernement, &'cela peut occafionner une autre erreur: un grand nombre de ces gens ont de la répugnance à faire batifer leurs enfans par les pañteurs romans dans la paroïffe defquels ils vivent; s'imaginant que quelgres forma- lités différentes dans les cérémonies, font une différence comféquente dans la foi. Ils portent donc leurs enfans batifer chez le Pafeur allemand à Aigle, où ils font infcrits. Mais encore ici j'ai pris grand foin d'éviter cet inconvénient. Vervey, par exemple, appartient à la commune d'Aigle, mais [a fituation rend Ju Jéparation intéreffante. 11 en eff bien loin, fitué au milien du ma- rais fur un roc. Malgré cela il jouit d'un air. fain à caufe des vents conf- tans qui la purifient. luorne eff itué le long du côteau € aféx élevé. Corbeiriers eff à i- mont, à environ 1600 picds d'élévation au-deffus d'Aigle. 70 MÉmorrREs DE LA SocrérTé ELi_— mm D ES ns À ul Sur létat de La population de la paroiffe d'Aigle. RE Où voit le réfultat apparent de la population d’Aigle, fur les Tab. I & IE Les naïffances font au nombre de 614. Les morts 656, ce qui fait la pro- portion de 1000. 1068 (a). Il n’y a eu qu'une feule année bien fertile en naïflances; dans les dix années que contient Tab. I, ceft celle de 1776, qui a 22 enfans de plus que le dùû d’une année commune. La Tab. Il, a trois années meurtrieres, 1772, 1776 & 1778; cette derniere fur-tout a 42 morts, pañlés, de plus qu'il n’en revient à une an- née commune. La différence de mortalité entre les deux fexes eft prefque nulle; celle des naiflances ne fe diftingue que par la fupériorité de 4 garçons, en dix ans. L'année 1771, mérite peut.être d’être obfervée, en ce qu’elle offte 10 garçons nés de plus que de filles. L'année la. plus falubre dans ce païs, étoit celle de 1774; elle n’a que 48 morts. La différence qui réfulte pour le bourg d’Aigle par ces tabelles, à lé. gard de fa population, vis-à-vis des autres endroits de la paroïfle, eft frap- pañte. Dans ces dix années qu’elles portent, Aigle a perdu 8$ de fes ha- bitans. Ivorne, au contraire, en a gagné 39. Corberiers 3, & le petit hameau de Vervey 6. Ces 8$ habitans perdus font environ +; de la totalité des habitans d’Aigle & de fes dépendances, envifagé comme année commune, parti. culiere (h). ) Où voit encore qu’à Aigle même les femmes font en beaucoup plus grand nombre que les hommes. Par les naïflances elles font aux hommes comme 1129. 1000. & par les morts comme 108ÿ. 1000. Le terme moyen feroit 1107. 1000. | S.IL mr (a) Voyez ci-après les correétions à faire a ce calcul. (b) Idenr. { Le Relieur placera les Tabelles N° BUIE Tabelle des naiffanres dans la Puroiffe d'Aigle , felon les Villages ; Jenées 1769-1778. EE | Aigle. | Vervey. Corberiers| Yvorne. | Fontanay.| Sommes. | . , ° ô : gs x S - : AA PE k : , [B- Has let] She.) EINERRENRE, £. à = ARE ANEAUE | © | ENORME Sr, E : CROIRE |O |A IR IR IE | mm | | EF ‘1769 À 12 | 13 = —| — 2770 || 14 2771 | 23 | 15 1 1772 8 | 18 3 4773 || 18 | 14 | — 2774 || 11 | 19 | 2 | 2775 16 | 13 | 2 | | 2776 || 22 | 21 ———— | — | | ———| —| —) 1777 À 14 | 16 1778 À| 17 | 17 es” Lomme | ces | PES | es | ses | Somes H15$ [174 II Total. | 329 ns ces dix années de 42, dont il ya18 mâles ticulier a perdu dans le mé me tems 85 habitans | ulation d'environ un tiers. 2221" 1.02 HE RO ER SRE 2 ORNE [ Le Relieur placera les Tabelles N°. Tà XIV, à la page 72 de Ja premiere Partie des Mémoires. ] EAP; TE Tabelle des naiffanres dans la Paroiffe d'Aicle, dans les dix années Jelon les différens ages. j TAÏB. IL 1769-1778, Tabelle des morts dans la Paroife d'Aigle | felon les pour les dix années 1769-1 778. IRAN CEE NT LE ps Villages ; | Aigle. | Vervey. Corveriers| Yvorne, Foi L | re : : ; itanay | Allemands] -=# Aigle. | Verve. Corberiers| Yvorne. Fontanay.| Sommes. | Hs) é le) GE Na hs) s Sels) )elmnieE SIÉ|ÉS|S|ÉlEeNÉl El )E DAS EURS DER Sr LE Lo clos). SES Se S.[e6.1 1 E-he Hier # | à MSIE SC |IR |O|E | )E del e DO |ElSE Fee pee Laponie ; FA ER TE RS ET DE GA SUEES Ÿ ST RS RS Re 1 3 | | 3 17694 13 | 22 L 2 4 4 3 I 2 I I 2 1770h 18 | 20 2 2 6 3 1 I I 2 1771K 15 | 16 I 1 ee 0 $ 1 I 3 3 ï 4 1417728 28 | 22 3 | 6 9e $ UT à GA 2 | 04 1773 16 | 23 1 LOST 2 I 3 4 | … 12 | 18 A 3 3 $ G | | | —— | ——— ar Jo —— | —— | — |) — | ———) —— | ———— | Liste 2 4 4 f 1775 F8 SOU «T 4 $ 2 | ét I — || — | —| |" — | — —— $} —|; —|— |} | — | 2e 20r il 1776] 22 | 26 | 2 gl Tome 2 = net = 4 FSI NAT _— ||. I 2 I 3 E AE 2NIRI9 3 4 J 2 1741817 3 J 4 fur 32 31 7 2 | 14 | 20 I I 1$$ 1174 | II a Total des A1] — | À ———— | ——— |} ———— | — 84 169 15 614 lemands quil 34 MA rotal 414 14 | 81 | 130 16 l font à part. LR er a —— ] RS ESA ER TP Lo e E por ren 70 C EN E nn RÉ PR RP PE NC EE NTCU TE CESR | Les morts en général excédent les nes dans ces dix années de 42, dont il y a 18 mâles ) & 24 femelles. Le bourg d’Aigle en particulier a perdu dans le méme tems 85 habitans | dans fen dittrict ; ce qui diminue {à population d'environ un tiers, - | ln ——— TN | À — 22 | 12 |s34 En 216 «| 8 | 42 | 39 73 | 57 3) 9 |327 [329 TAB IIL | T° AB RRE atiages dans la Paroiffe d'Aigle, dans les dix | Mariages dans la Paroiffe d' Aigle, felon les mois, années 1769-1778, par l’illages. | pour les dix années 1769-1778, par Villages. —— — — ce LE Ebé | 5] S|IENTE ss |S|SNT 2 s [3 |E|E:ÈS Sleslgislte al 0] ul SAC O en étuis Février lrars Avril Mai L Juin Juillet Aoät Septembre Ofobre Novembre CR le Re A ES 4 n | q ! “ | r… i À | à | + pe HU er co Le DE ET: « - & | | | cs 4 — = "à ne in --— a mi f = 1 il Fa: 4 l V # : F— = ' t ‘ eu r m2 ! ‘ sa ’ ! 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II RULES EE Es à RE Ronan ME SE = Jon leurs maladies. z leurs maladies. ‘apoITiSTA 3107 À *2[0918 A ‘UONLIOpNS ‘2109800Y jouupnetunyy “SNIYOEY “an 121101 d “ao1n3]d “apnud “oTuowunaudr194 “arxordody “saoqv ÉCAIMOUTOTAT “ape; 21230214 £ E -np2n3id = ë “2ny4 Ë muounoudiu24 e à à | “S240N ® | "2xqn; HOJN > Ë “side nod no J à pesrix a cs CS U a © t- Li ‘auun,p aUaunuoaur | “andozp{H | ne © T A B » dans les dix années “or H “aSequomH | armqdrwT | “auumod ap uorxn[J “ s | : he "apnannq sand ‘Sur o1A01J de —_—_—ÙÛ —— —— — “2nuaumbz à Tabelle des Hommes morts dans la Paroife Ë a lon leurs maladies. re S Er : È =] ES SE > À Sa LS o a 101 "apeIlTA *A[OHE À ‘UOruI0pnS *atDEtnUY "STIUOUY (apnez) styaanorq *a1jain9[q *BUBF 2p 9114 NANTAIS "saide nad no ‘sat sy10]4 "aTJOHOUE]9 “arxardody *saxuydy nor X. Tabelle des Femmes mortes dans la Paroife d'Aigle, dans les dix années 1769-1778; par années © félon leurs maladies. T'ASE: PRES D rem = 01 M “aSITTA “a[OHr A f ‘uoneIopns “auyneuunyy “SRI (Capnez) arpoanotq “atpain9[q “AUF 2P 21124 “ariqny 11074 À “saide nod no “sou sy10747 À “arjououe|ay À "LUF TEA À “anongueT À “uoryastpuz À “apiunvf à ‘suonerido “sanbr13}} {ff “eyidozp4r À ‘onr9H À “2ISEULIOLUO FT “aurnod ap uorxn]} “apnannq »'nnd ‘Srjeu 214874 ‘AJUAJUIOQUI 21AO1X À eyna À “aHauayA À "AJUTIEI(] ‘ONU ‘[210F 2p duo) ‘124900 À “ayonçonbo ‘UOIJNAUOr) ‘uondtwuojuor “aubrjo7 EL te) “IA 4909) ——————_—_—— “auf CUS “axordody Ep SE SE | “sauydy La co + 11 Las] I 17 s20qy RS "SSIPEIUMT EE Me Eh Mes EE — "apsitielA *3 OLA ‘HONEIONS *2[09800Y "a LuJAE un uy *SIYOEY (agne}) arpainer] ‘arpaine[q “aynud “aluotunaudreq ‘sa Â0N | Jon leurs maladies. *21{qN} 3TOTA | Pepe IN | - Re 2 le € a çs ans. Tabelle des Hommes morts dans La Paroife d'Aigle, dues Li sales | ’ : Dion Lors maladie mois € felen leurs maludies. 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Le nombre 1,2 qui fe trouve vis-à-vis de 8o ans, dans la feconde collonne, veut fimplement dire que 1,2 hommes pañlent 8o ans, fans déterminer aucune année entre $o &8s. Ilen eft de même de la qua- trieme collonne, vis-à-vis de l'an go. Cela vient de ce que mes abf- ciles ne vont que de 5j à sans. HA PRESOINT HOMMES. 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Cela vient de ce que mes ab£ cifes ne vont que de 5 à sans. pes Scrences Pays. DE Lausanxe. 73 St 1 » Je vais donner ici deux tabelles qui mettront la vie des gens de la pa: roïfle d’Aigle dans un plus grand jour. La premiere contient les morts de 1769 - 1778, felon leur âge & n’a pas befoin d'autre explication. Tabelle des morts dans les dix annies 1769-1778. A Ages Hommes | Femmes | Total Morts nës . . 26 16 42 Jous un an . . 66 60 126 del 1140 Ans LM 27 17 44 HER delta ALTO NON IUt 34 NILS $z CE CE CINE PME 10 l11 21 de 15 à 20 3 3 6 de 20 à 25 Il 9 20 de 25 à 30 6 4 10 dela 8 II 19 de 3$ à 40 6 15 21 de 40 à 45 s 12 de 45 à 50 12 18 30 de so à $5 19 8 27 de $$ à 60 9 10 19 de 60 à 6; 16 29 45 de 6$ à 70 17 25 42 de 70 à 75 26 25 SI de 75 à 80 14 19 33 de 80 à 85 12 18 30 de 8$ à 90 , ; S s de 90 à 95 I I 327 329 656 Tome II, K 74 MÉMorrREes DE LA Soctréré É A BAESLE, HUE Des perfonnes qui vivent dans la paroiffe d'Aigle, à chaque âge exprimé, Jelon la Tabelle des morts qui précéde. B Et te Age dans lefquels les , ; Hommes |! Femmes Total défunts ont vécu. Dee des dome Le me nent nes me] 0 me nn nes pees eus | es ns Il eff né : 327 329 656 Vivent en naif[ant. 301 312 613 derretiau 3 RAMSES 235$ 2$2 487 JEAN AMONT 208 23$ 443 de TONNES 174 217 391 de r$ à 20 164 206 370 de 20 à 2 161 203 364 de 25 à 30 150 194 344 de 30 à 35 144 190 334 de 35 à 40 136 180 316 de 40 à 45 130 16$ 29$ de 45 à 50 12$ 158 283 de $o à 55 113 140 253 de $$ à 6o 94 132 226 de 60 à 6ÿ 85 122 207 de 6$ à 70 : 69 93 162 de 70 à 75 : $2 68 120 de 75 à 8o 4 26 43 69 de 8o à 85 ; 12 24 36 de 8$ à 90 . (o) 6 6 DES SCIENCES PHys. DE LAUSANNE. 7$ Lorfqu'on additionne les nombres de la premiere de ces tabelles, de bas en haut, & un à un, on obtient la feconde, qui montre combien d’efpérance les habitans de la paroifle en général ont à la vie. On voit par exemple fur la premiere, une femme, âgée de 90 à 9$ ans; cette femme a néceflairement vécu pour parvenir à cet âge; donc 1 #5 me donne celles qui ont vécu au-delà de 8$ ans, & 1 #$ #18 =24 celles qui ont pallé les 80. Jufques-là tout eft jufte; mais fi on veut tirer une tabelle des vivans de chaque âge de la tabelle B, felon la méthode connue, en aditionnant de bas en haut & divifant par dix; il faut interpoler tous les âges qui manquent, & c’eft ce que j'ai fait comme on verra fur la Tab. XIV. Je trouve d'après les régiftres, que dans la paroïfle en général, le 23m° homme meurt, @& la 3ÿme femme. GT LC Afin de connoïître encore mieux {a nature de [a mortalité à Aigle, je conftruifis la figure Tab. XIII, où les abfciffes repréfentent les années, & les ordonnées les morts. Cette figure a plufieurs propriétés. La ligne fu- périeure marquée en rouge eff celle des femmes, & l'inférieure celle des hommes. Chacune renferme tous les habitans du fexe qu’elle repréfente , & chaque portion de la figure renfermée entre deux abfciffes quelconque, contient une furface égale au nombre des habitans du fexe que l’ordonnée défigne : elle montre d’un coup d’œuil la marche de la vie humaine & indique la différence de celles des deux fexes dans tous les points ; elle eft encore trèsutile pour déterminer les morts des années que les tabelles mexpriment pas, n'étant que de cinq en cinq ans ; opération qu’il faudroit faire fans cela par une interpolation pénible. Ceux qui connoïffent l’ufage de ces fortes de figures, verront, fans que je le leur dife, la fingularité de celle-ci, 4 B exprime les garçons morts nés, & 4 b, les filles. ÿ On voit par la ligne des hommes, qu'il eft prefoue impoffible qu'il en parvienne un à cent ans; mais celle des femmes, quoique extraordinai- rement rapide depuis Æ, fe replie en Æ#, & pourroit conduire une frac- tion aflez loin fur un grand nombre. K 2 76 MémoirrEes DE LA SocrèËTÉé SU TUV: Les Tabelles JIT & IV contiennent les mariages. Il y en a eu 172, dâns les dix années qu’elles comprennent, Ce qui fait 17. 2 par an. L'année 1770 eft remarquable par leur petit nombre; mais celle de 1771, qui n’en a que dix left bien plus. Cétoit la conféquence néceffaire de la cherté des temps, où chacun avoit aflez à faire de foi-même, fans aug: menter fes befoins. Mais pourquoi l’année 1778 en at-elle fi peu? Cet que les maladies ravageoient le païs; il mourut 108 perfonnes, & l’hÿ- men ne fe trouve guère parmi les mifères & les funérailles. Sur la Table IV, où les mariages font répartis par mois, on voit d’une maniere frappante l'effet de la fuperftition du peuple à l'égard du mois de Mai: ceux qui le précédent, font au contraire chargés. Il femble qu’on voit les gens fe dépêcher pour prévenir l'influence de ce mois fatal. On croiroit néanmoins que c’eft celui qu'on devroit choifir de préférence dans nos climats, où toute la nature femble inviter les hommes de fe rendre à fa voix. | g Tous les mois de l’été ont peu de mariages, & les raifons en font évidentes. Il n’y en a que 48, depuis le mois d'Avril à celui de Novem- bre. Mais l’hiver en fait éclore d'autant plus, & cela fe connoit fans peine. Sur tous les hommes en général, le 63me fe marie par an, & la 66me femme; mais on fent aifément que la proportion devient beaucoup plus forte lorfqu’il s’agit de ceux qui font en état de fe marier. Il n’y a, par exemple, que 631 femmes, entre 16 & $O ans, & de celles-ci il y en a environ 350 de mariées; refte 281, alors il y auroit le 18me qui fe marieroit; mais il y auroit encore bien à rabattre de 281. SAME: La Table V, contient les hommes morts dans les mêmes IO ans, 1769-1778 par années, & rangés felon l’âge où ils ont décédé. Et la Tab. VI. contient ces mêmes morts dans le même ordre, mais répartis felon les mois de leur décès, afin de faire voir l'influence des faifons fur la mortalité en général & fur les différens âges en particulier. L JFobferve fur la Tab. V, que les garçons morts nés, font 0,08. de a totalité des hommes morts, & ceux qui meurent fous un an, les 05 29: Fe SR SR re Des Sciences PHys. DE LaAusaxne. y Par conféquent ©, 28. des hommes meurent dans cette paroifle, avant que de parvenir à un an. La plus grande vigueur de la vie des hommes eft de 15 à 20 ans; elle saffoiblit déja de 29 à 25, & l’âge de soà $5 .paroït une époque fatale pour elle: ils réfiftent au contraire très-bien de 55 à 60; mais on diroit que c’eift pour courir d'autant plus fort au tré- pas; quand ils font parvenus à l’âge de 70 à 75 ans, époque qui fait le plus de ravage parmi les vieilles tètes mâles. La Tab. VI. nous montre que le mois de Février eft le plus falubre pour les hommes dans ce païs, & celui qui:le fuit le plus dangereux pour : tous les âges en général. Les deux mois chauds fe diftinguent: encore par leur falubrité ; mais ceux d'Ofobre & de Décembre font encore mal : fains. On remarque qu'il n’y a point de garçons morts nés, ni en Avril, ni en Septembre, & que le mois de Janvier feul en fournit au contraire plus du quart. Tout cela ne femble pas pur accident. » Les mois de Février & de Juillet font, non - feulement les plus fains , “mais ceux qui offrent le plus de lacunes pour des âges déterminés. Le pre- mier n'offre pas un feul homme mort depuis l'age de 10 à 4$ ans; un Meul depuis 3 à 10; point depuis I à 3, ni depuis 60 à 70. Celui de Juillet n’en a point de 15 à $o ans, ni de 7o à 75. Le mois d’Aouft eft celui qui épargne le plus les vieillards de 70 à 85 ans; il ny en a qu'un dans ce mois pendant les dix années. Les mois d'Avril & de No- vembre montrent une fatalité irréguliere & décidée contre les hommes de 30 à 35 ans. SINCIE Les Tables VII & VIII contiennent les femmes dans le mème ordre que . les précédentes. _… Jci les filles mortes en naiffant ne font pas feulement ©, o$. de la to- … talité, & celles qui n’attaignent pas l'année ©, 18. La plus grande vigueur … de la vie des femmes eft de 2$ à 30, par conféquent cinq années plus ; tard que celle de la vie des hommes. On voit dans l’âge des femmes un faut dangereux de 4$ à so, comme il y en a un approchant dans celui … des hommes de $o à 55. Celui de 60 à 65 ans paroit le plus fatal aux … femmes âgées. Les femmes deviennent confidérablement plus âgées que les hommes; 78 - MÉMOTRES DE La Socr£éTé à peine un fur mille peuvent-ils pafler 85, & même l’atteindre ; au lieu que 18 femmes fe trouvent dans ce cas, & de ces 18, il y en a 3 qui paflent go, fur le même nombre de mille. L'année 1763 a été particuliérement fatale aux filles qui n’ont pas at. teint la premiere année. On voit fur la Tab. VIIF, que le mois de Février eft le plus falubre pour les femmes comme pour les hommes. Celui de Juin fournit encore fort peu de morts, & celui de Juillet en à encore une petite quantité. Mais le mois de Mars eft/trèsmal fain, & après lui Avril & Octobre. Mars & Avril feuls ont enlevé le tiers des filles mortes fous un an; ils ont aufli fait le plus de ravage parmi les vieilles têtes feminines. Le mois de Février a ici encore plus de lacunes que fur la tabelle des. hommes. Sur 76 filles mortes fous un an, il n’y en a que 3 en Février: Quoique le mois de Mars ait été meurtrier, il offre de grandes lacunes; il n’y eft point mort de femme depuis l’âge de 10 à 40 ans, ni dè fo à 60. Le mois de Juin n’en a aucune depuis 3 à 30 ans, & le mois de Sep- tembre eft remarquable, en ce qu'il n’a que 2 filles mortes fous un an fur 76. $ VIT La Table IX. contient les hommes morts dans les mêmes dix années ; & rangés felon les maladies qui les ont entrainé au tombeau. Les garçons morts avant le batéme font ici la dixieme partie des hom-# mes morts. Mais ce qui eft bien plus frappant eft, de voir prefque le même nombre d’hydropiques; il y em a 34; & fi lon peut admettre! qu'un homme ne meurt guères de cette maladie avant l’âge de 40 ans, il fe trouve que de 324 honnnes qui paflent cet âge à Aigle, il en meurt 34 hydropiques, par conféquent environ le dixieme. Mais fi on confidere qu'il ne meurt encore qu'un bien petit nombre d'hommes de cette mala- die, au-deflous de fo ans; on trouvera la proportion bien plus forte; & mélant les âges de ceux qui vivententre so & 70 ans, période où cettel maladie fait fon fort, on aura ‘24 = 87. nombre qu'il faut multiplier par 10, pour légaler aux années que les tabelles renferment: par où Von voit, méme toute chofe compenfée, qu'il meurt un homme hydro pique fur 24 vivans; de ceux, s'entend, qui font fenfés fufceptibles de ce mal par leur âge. Voyez les âges des habitans fur la Tabelle. : Des SctenNces Pmys pe LAUSANNE. 79 La proportion des hommes morts à Aigle eft au refte des hommes morts de la paroifle, comme 199: 327 = #55 = 0,60. Aigle ne devroit donc avoir que 20 hommes morts par l’hydropifie pendant ces dix ans; mais il y en-a eu 23 felon le relevé des tahelles particulieres que jai ex- trait à ce fujet. Si je prends les hommes du bourg d’Aigle entre $o & 70 ans, par la proportion 100: 87 = 0,60: X j'obtiens X = 622 & #} = 0,042. Par con. féquent dans ce bourg 42 fur mille de ceux qui nr entre $O & 70 ans, meurent hydropiques; foit le 22me, 1 eft mort 13 enfans mâles des varioles, pendant ces dix années, dont 12 en 1776, le treifieme me paroiït problématique, étant feul mort de cette maladie en 1778. Quoiqu'il en foit, cette maladie n’a régné qu'une fois dans ces dix années & a emporté la 76% partie des hommes yivans. Les fievres putrides qui ont régné en 1772, ont pris $ à Aigle, fur 6 qui en font morts dans la paroïfle. Il eft vrai que la proportion n’eft pas fi forte en général. Je trouve fur ces mêmes tabelles, que de 9 hommes morts d’apople., xie, il y en a eu 7 à Aigle. Il y a là certainement plus que du hazard. On peut dire la même chofe des 41 morts de convulfions, dont 27 étoient d’Aigle. La dyflenterie n’y a pas fait plus de mal qu'ailleurs; & c’eft ici le lieu de dire, que l'air d’Aigle eft réputé fain pour les étiques. Mais il n’en eft pas de même des perfonnes atteintes de maladies de langueurs, qui y pé- riflent en grand nombre. Lee 8 LL … La Table X. contient les femmes dans le même ordre comme la pré. “cédente contenoit les hommes. Ici il fe préfente d’abord $o femmes mortes d’hy dropifie , prefque la fi. xieme partie de toutes celles qui ont payé le tribut à la nature pendant les années mentionnées. De ces $o il en eft mort 38 à Aigle, & la pro- “portion des femmes de ce bourg , étant à celles du refte de la paroifle com. “me 335 = ©, 65 il s'enfuit que 100: $o = 0,65: 325. Il y a donc encore $: femmes de trop, qui font mortes hydropiques dans le bourg d’Aigle. go MémorRrESs DEL à 4S oùc 1 :É ré. Le nombre eft d'autant plus formidable, que le nombre de ceux qui mêu- rent de cette maladie eft déja beaucoup au-delà du commun pour la paroifle: en général. : Je puis fuppofer encore ici «qu'il ne meurt pas Dtaub de femmes hye dropiques au-deflous de $O ans, ni au-deflus de 70. Et dans cette fup. pofition, j'ai pour toutes celles de cet âge renfermé entre so & 7o. 22 = 144 femmes vivantes qu'il faut multiplier par 10, afin de les égaler aux: tabelles mortuaires. Cela fait 1440, qu'il faut divifer par so, nombre des femmes mortes hydropiques. En réduifant, j'obtiens ‘#* = 28 % de toutes les femmes vivantes! de la paroifle, fuppofées fufceptibles d’hydro. pife, il en meurt donc une fur 29 = 0,044. La proportion des femmes en général, mortes à Aigle, eft au refte de la paroifle 35 = 0,65. Je trouve donc le nombre des femmes d'Aigle entre SO & 70 ans, en difant 100: 0,6$ = 1440: X, ou X eft égal aux femmes de cet âge à Aigle, & fe trouve valoir 936. Ce- nombre exprime toutes les femmes qui ont vécu conftamment à Aigle, entre les deux âges fixés, & doit être divifé par 38, c'efta-dire, par les femmes qui font mortes hydropiques à se même, Mr ces dix années dont il s’agit dans mes Tabelles. Or *# font 245 ce qui veut dire que fur M 24 femmes actuellement eéxiftantes à Aigle, ren so & 70 ans, il en mourra une hydropique dans le cours de l’année, . Ceci eft pris à toute rigueur; cr quand on vouéroit objecter dpt meurt des perfonnes hydropiques, avant $O & après 70 ans, on n’y ga-« gneroit pas beaucoup. Le nombre de toutes les femmes vivantes, entre 4 les deux âges, de 40 & 80, feroit 2% = 1750. Mais en ce cas il faudroit aufli trouver par interpolation la ligne de cette maladie fur les âges; & fa grande force fe trouveroit refferrée au-delà de l’âge de $$ ans. On trouveroit alors, par une tentative que jai faite, que dans l'âge où l'hydropifie eft la plus à craindre pour les femmes, il meurt de cette ma. ladie plus de la dixieme partie de celles qui vivent dans cet âge. | Jobferve fur cette même Table X, 31 femmes mortes de langueur, c'eftè-dire, près de la dixieme partie du total. Le nom arbitraire de lan-M gueur eft bien moins celui d’une maladie proprement ditte, que l'étiquette” donnée au refte deftructif de plufieurs autres. Il y a prefque le double plus de femmes fous cette dénomination que d'hommes; ce qui peut faire croiré hé pes Scrences:PHws pe LAusAnNNzæ . 81 croire naturellement que les maux auxquels le fexe eft fujet en particulier, en font la caufe. tu De r7 femmes mortes d'apoplexie, felon mies tabelles, il y en a 1$ d’Ai- gle feul. Nous avons vu que fur celle des hommes ik y en avoit 7 d’Aï gle fur 9; cel donne pour tous les: apoplettiques 22 à Aigle fur le total de 26. On eft furpris de voir fur les deux Tab. IX & X, 83 perfonnes mor- tes de convulfions; mais comme ce nom eft indéterminé, il feroit inutile d'en tirer des déductions. Je finis par la remarque qu'il y a fur la Tab. X. Dix femmes mortes æn couches; ce qui en donne une par an, ou une fur 65. Et comme il y a 614 naïflances, parmi lefquelles peu de jumeaux , il s'enfuit qu’une femme environ perd la vie fur 61 accouchemens.. g 1% Les Tab. XT & XII contiennent les morts de dix arnées mentionnées par leurs maladies & rangées felon. les mois , afin de faire voir l'influence des faifons: On eft frappé de voir fur la premiere que les trois mois les plus chauds ne contiennent que trois hydropiques. Juillet n’en a aucun, Août un feul, & Juin deux. Il eft au contraire remarquable que le mois de Février, au- trement le plus fain de tous, en ait cinq. On peut conclure de tout: ce que nous venons de voir, 1°. que l’air relâché favorife cette maladie d’a- bord, puifqwelle domine manifeftement plus à Aigle qu'ailleurs. 2°. Que quand cette maladie s’eft établie, la chaleur. foutient.les malades & le froid leur nuit. Mais ce que je viens de: dire n'eft appliquable qu'aux hommes; car les femmes ont, au contraire, plus à- craindre l'été que l'hiver, & l'automne leur femble la faifon la plus favorable quand’ elles font affligées de ce mal.. Sans doute que la conflitution du fexe entre pour beaucoup dans le trai- tement des maladies; & par des obfervations femblables on fe croiroit pref.- que autorifé de conclure, qu’on ne porte pas toute lattention poñfible. à la: différence que les fexes demandent dans les maladies qui: portent le même .. nom, pour l’un comme pour l'autre. Tome 11: à L 82 Mémorres DE LA Soc1éré SR Jai déja parlé en paffant de la Tab. XII, c’eft elle, ou du moins une femblable, qui n'a fervi pour en tirer la Tab. XIV. : Les propriétés de cette derniere tabelle font très-multipliées. L'état de population d’Aigle y eft fuppofé permanent, c’eft-à- dire, que les naiflances font égales aux - morts; cela n’eft pas exactement vrai. Mais tes nouveaux venus rempla- cent le déficient des naiflances & mème au-delà, comme on verra. Ce que je dis, eft fi vrai, que le nombre 2249 , pour tous les habitans de la pa- roifle d'Aigle, eft peut-être le plus conftamment vrai, depuis long-temps ; & c’eft celui qui eft trouvé par ma tabelle, comme aufli celui de la figure Tab. XIII, lorfqu'on additionne les quantités exprimées par les furfaces , entre les deux lignes des ordonnées & des abfciffes, ou pour mieux dire, lorfqu’on additionne la valeur des farfaces des figures formées par ces deux différentes lignes. La premiere çolonne contient l’âge des morts ou des nouveaux nés, comme on veut; elle fignifie que de 327 de garçons qui naiflent par an dans la paroiffe d’Aigle, il »y en aura plus que 23: en vie au bout d'un an, & 22 au bout de la feconde année. J'étois obligé de me fervir de fractions décimales , à caufe du petit nombre; fi je les avois négligées, je: waurois rien pu faire. On voit que fi Aigle étoit dix fois plus peuplé, il ÿ auroit alors 22677 habitans @& 327. + 329. morts par an: on n’au- roit en un mot qu’à joindre les chiffres décimales aux nombres entiers. On voudroit, par exemple, favoir combien de perfonnes il y a encore en vie de ceux qui font nés 40 ans auparavant; On trouvera 13 vis-à-vis de 40, & c’elt le nombre des mâles, 16: pour les femmes, en tout 29 perfonnes des deux fexes qui reftent en vie de 65,6 au bout de 40 ans. Si ‘on vouloit favoir combien d'hommes & de femmes il y a actuelle. ‘nent en vie dans'la paroifle d’Aigle, qui ayent pañlé l'âge de 40 ans, on le trouveroit à la troifieme & cinquieme colonne 324 + 443 = 767; c'eftà-dire, 324 hommes & 443 femmes. Il feroit inutile de m’arrêter ici plus long-temps à déduire vingt au. tres propriétés de cette: table: on les trouve dans les ouvrages qui en trai- | feñt, & qui:ont cette recherche pour but (a). Mais je veux mrarrèter Ca) Lambert, Beyträge zur mathematic band 1 6j 2, en parle avec la clarté & la pré. cifion qui font propres à cet homme célèbre, pes ScrENcE:s PHyYs DE LAUSANNE. 83 & confidérer la différente progreffion de la vie des hommes & de celle des femmes. Celle des hommes finit d'une maniere abrupte & comme sil y avoit un obftacle infurmontable qui s’oppolät à ce qu’un. homme vive au-delà de Pâge de 80 à 85 ans dans cette paroïfle. Leur ligne finit par F, 2, annuelle- ment, foit par KZ, dans dix ans. Or les différences des cinq dernieres: années de cette ligne font, felon Tab. XIV, - Oo, 5. — O, 3. — 0,3. - 0,2. — O, 1. Si on cherche quels feroient les termes qui devroient natu- rellement fuivre les deux derniers, fuppofant la progrefion égale à celle de ceux-ci; on trouve XI, I. 1. O. dont la différence feroit égale à celle des derniers termes des femmes, c’eft-à-dire, - ©, 1. = ©, 1. Mais il eft abfolument impoñfible de rien ftatuer là-deffus, vu que la näture brufque dont cette ligne de vie finit, ne femble permettre qu’à quelques êtres très- rares, fur un très-grand nombre, d’outre-paffer la borne fatale de 85 ans. La ligne progreflive de la vie des femmes eft au contraire d’une nature bien diverfe: les différences des cinq dernieres années font très-régulieres, = O,I. -0,1. -O,I.-0, I. — O, I. Î paroît donc que fur un grand nombre de femmes la progreflion prendroit une tournure afgmptotique , qui pourroit conduire une fraction fort loin, & par conféquent faire parvenir une femme à un äge très-avancé. Cependant conune la paroifle ne jouit pas d’un air également falubre , il eft bien naturel de croire que la précifion mathématique n’a pas toujours lieu; & on ne peut pas même lexiger par bien des raifons. Il faudroit, par exemple, tirer autant de lignes qu’il y a de villages de différentes fitua- tions. On doit donc fe tenir à la généralité & admettre des exceptions. qui font cependant très-rares.. Il en exifte néanmoins une aéuellement ; ceft un homme de 88 ans; qui eft encore en bonne fanté, à Corberiers : mais Corberiers eft montagne & na ni connexion, ni Comparaifon avec l'air d’Aigle. H ne me refte plus qu'une chofe à obferver fur ceci; c'eft qu'ayant conf. truit mes tabelles pour montrer les âges de cinq en cinq ans, il eft in- certain dans quelle année entre 80 & 85, l’homme le plus âgé eft mort, flon ma figure, il a eu 8$ ou tout près, & c’eft, autant qu'il m’en fou- vient, fon âge en effet. Mais la femme la plus âgée n’eft allée qu'à 94, & la figure la donne telle, lorfqw’on tire l'ordonnée jufte. L 2 $4 MÉMOIRES D'E LA’ SO c 1 É TÉ SR à à J'ai extrait fur des tabelles les naïffances de la paroiffe d’Aigle, felon les mois où elles font tombées; j'en donnerai ici le réfultat en peu de mots. Dans les dix années ïl n’eft né que 17 garçons au mois de Février, & le même nombre de filles au mois de Mai; le dernier mois a le moins de naiffances en général, c’eftà-dire, 40 en tout. Il eft aifé d'en comprendre la raifon ; çar fi on compte trois mois en avant, on tombe dans la faifon la plus Jaborieufe & la plus chaude de l’année: les mois les plus fertiles font Novembre & Janvier. Dans les païs Catholiques on chercheroït la rai- fon de ceci dans le Carnaval & le Carême, parce que les extrèmes fe rap- prochent ; ils me femble que la nature humaine eft la meilleure raifon à alléguer pour toutes les croyances. SN Eu La nature de la ligne qui décrit la vie humaine étant de nature incon- sue, on ne peut rien ftatuer « priori pour trouver des dattes de popu- lation. La formule dont on fe fert ordinairement eft_"K 7 y 2x, ou m = ce eft le nombre des morts, & # celui des naiflances annuelles; » fignifie le quotient de X par #5 % n. X et le nombre des habitans. Mais il eft aifé de voir qu'on ne peut favoir X qu'à pofheriori, dès lors la for- mule eft inutile & ne fert abfolument que de figne d'opération après coup. La meilleure maniere de trouver le nombre actuel des habitans d’un lieu quelconque eft, d’en chercher les morts & les naïfances pour dix ans; de favoir l'âge des morts au moins par dix ans, & d'en tracer une figure dont on relève une tabelle. Mais il eft néceffaire de favoir les morts de la premiere année & d’avoir même encore une autre datte entre 1 & 10; à caufe de la grande courbure que les ordonnées donnent à la ligne, decor, 423%ahs & XI EL S'il y avoit plus d'ordre dans les régiftres de paroifle, il feroit très-aifé pes Scrences.PHÿys De Lausanne 85 Savoir des états de population bien rédigés; & je ne puis m’empècher d'obferver la légéreté avec laquelle on tient compte à la campagne de le. xiftence civile du citoyen. Toute fa füreté repofe fur les régiftres de la Cure, tenus felon le cœur de l'homme qui en eft nanti. L'état civil d'un grand nombre de gens dépend d'un incendie, d'une négligence ou d’une méchanceté. Point de controle au Greffe pour une chofe fi eflentielle ; pen- dant que le droit d’une poule ou d’un œuf fera configné fur vingt docu, mens de parchemin. Le public d'Aigle doit donc d'autant plus de reconnoiffance à fon Paf teur adtuel , de l’ordre qui régne dans fes régiftres; depuis qu'il les tient, Vâge & les maladies des deffunts y font marqués avec plufieurs autres par- ticularités; & ce digne Pafteur peut encore en ceci fervir de modele à tout Eccléfiaftique, qui défire fincérement de mériter la vénération de fou troupeau. $. XIV. Le Gouvernement ordonna en 1763, un dénombrement général, & Mr. le Doyen de Coppet a eu la complaifance de me communiquer celui de fa paroifle. J'en donnerai ici les tabelles telles qu’elles furent remplies par Mrs. les Pafteurs fur des imprimés. On verra aifément que fi le dé- nombrement a manqué d’exactitude; c’eft qu'il falloit remplir des tabelles équivoques & incomplettes, peut-être même contradictoires. Dans des dé- nombremens pareils, on devroit fe piquer de tout la clarté pollible, & embraffer à la fois tout ce qui eft rélatif au bonheur d’un païs, tout ce qui peut inftruire le Gonvernement fur l’état de fes fujets. Jai fous les yeux les batémes depuis 1701, il y en a eu 626 pour la premiere dixaine d’années du fiécle, $18 pour la feconde, & 563 pour la troifieme; ce qui porte jufqu’en 1730. Les morts ne commencent à être marqués fur les régiftres d’Aigle qu’en 1728, preuve du bon ordre qu’on tenoit, de maniere ou d’autre. Comme on n’annonce que les batèmes, les enfans morts auparavant n’y font pas: il faudroit donc ajouter par-tout 59, fur chaque dixaine d’années, pour avoir le total des naiflances; ce nombre étant celui des enfans morts avant le batème. Cette étiquette de batèmes eft faufle; il n’importoit en rien au Gouvernement de favoir combien il y avoit de batifés; mais beaucoup de connoitre le nombre des nés. La premiere queftion intérefle à la vérité le 36 MÉMOIRES DE LA SociréTÉ Pafteur & le Marguiller; mais c’eft la derniere feule qui concerne l'homme d'Etat & le patriote, qui wignorent pas que nous vivons en pays chrétien. Et c’eft ici le lieu de dire, qu’il importe au citoyen d’étre reconnu pour tel, dès fon entrée dans le monde, comme lorfqw'il en fort. On fait aflez les procès qui peuvent furvenir par défaut d’exaétitude & de formalité à cet égard. L'homme eft citoyen dès qu'il nait, il hérite & remet fon bien âquis, avant le batème comme après: pourquoi donc le compter pour zero.? Il y a plus; la mortalité du premier âge mérite lattention d’un bon Gouvernement à beaucoup d’égards ; & on l'a fi bien reconnu, qu’on a porté des regards aufli fages que charitables de ce côté-là, dans la plus grande partie de PEurope, & même dans ce païs. Je commencerai par donner une tabelle des batêmes. & des morts, de. puis 1729, en la continuant jufqu'en 1779, exclufivement, on aur& $O années. DES SciENCESs Pays. pe LAUSANNE: 87 T''AMBMESL: LE Des Batèmes € des Morts de 1729 - 1778. C ces es ee —— —— — — RTE AE) me, mm — os me Années |Batémes| Total par] Morts Totalpar| Années |BatémedTotalpar Morts Totalpa 10 ans. 10 ans. 10 ans. | 10 ans. ” «729 | 71 69 1759 | 41 1730 56 67 1760 44 1731 61 56 1761 49 1732 58 69 1762 58 1733 71 $4 1763 48 1734 del 39 1764 6I 173$ 58 62 176$ 57 1736 GI 52 1766 70 Ma737 | 77 5° 1767 | 5$ 1738 59 627 | 65 ! 583 1768 | 47 530 1739 57 49 1769 57 1740 78 59 1770 67 1741 46 78 : 1771 58 1742 62 68 1772 56 1743 $4 57 1773 60 1744 | 52 37 1774 56 174$ 59 4t 177$ 60 1746 | “63 108 1776 | 83 3747 sa 62 1777 57 1748 60 | $8t 72 631 1778 | 60 614 1749 57 $2 Sommes aol 6 83 |(de 1729241738 |. . . 627 1751 53 37 1739 à 1748 |. . . $gr Ma7sz | 6f 60 17491758 |. . . $6r 1753 64 $7 1792/1768 | 1. $30 1754 | 48 60 1769 à 1778 |. . . 614 1756 $4 46 u 2913 _ 1757 59 52 na758 | 48 | 561 | 64 | 582 —— = — a | ee ee RS as mou | tt menant eut connues pme :368 CMÉMOrRES DE LA Socréré Selon cette tabélle , la paroifle d’Aigle femble avoir perdu 139 de fes habitans pendant les fo annéés que cette tabelle comprend: mais outre les. nouveaux venus que nous verrons ci-après, il faut confidérer l'erreur où: Pétiquette de batéme induit ici. Les morts font tous fur les régiftres mor- tuaires; au lieu que les nouveaux nés ne font pas fur les rolles chrétiens de Mrs. les Pafteurs. Nous voyons cependant fur les Tab. IX &X, qu'ik y a $9 enfans morts avant le batéme, pendant les dix années 1769-1778. Or çs9 X$ = 295, fomme qu'il faut ajouter à celle des batémes.des so: ns; & 2913 #Æ 295 font 3208. Et voilà la fomme des nouveaux nés. qui furpaflent préfentement les morts de 156. Cette fomme de 3208: $ donne 641 naïffances pour 10 ans. La différence du nombre des habitans que le EAU peut ap=- précier par les Tabelles de 1763, dans la paroïle d’Aigle, n’eft.pas moins M que de 295 éloigné du. vrai; & au lieu de juger une diminution de 139, « depuis le commencement de ce fiécle, il faut au contraire compter unè augmentation de 156, d’après la tabelle ci-deflus, lorfqu’elle eft retifiée. u On conçoit facilement combien leftimation de l’état général de population: de tout le païs doit. avoir été erronnée. Si l'erreur a été par-tout comme à Aigle, il fe trouve que fur tout le canton de Berne elle emporte dans M le compte de ces $O ans, environ 46,000 perfonnes, fuppolé qu’on ait fait l'eftimation par ces dattes ; & voilà comme on peut fe tromper fur lé. tiquette de batème! Sur ma Tab. I, la même correttion eft néceffaire; à 614, naïffances qui ne font que le relevé des régiftres batifmaux, il en faut ajouter 59. pour lors on aura 673 naiflances en dix ans, & lès morts ne furpafleront M plus les naïffances ; il y aura au contraire 17 naïflances de plus que dew morts. . La Tab. C de pag. 87, renferme quelques particularités dont je ferai mention en pew de mots. Les années 1746 & 1778, diftantes de 32 ans, font les plus meurtrieres; chacune a 108 morts. Les deux années de 17448 & 1751, font l'oppofé, & n’ont que 37 morts chacune. sg M L Jufques ici toutes mes tabelles font tirées des régiftres de la Cure d’Aigle ,. & mes calculs font: artificiels. je vais RE en donner une du déni Cu. | pas y compter beaucoup. pes Sciences PHyYs. DE LAUSANNE 99 TAB E ES D. e ] Hosnines. as Feinmes. . | RS ne ee te me mt RS SR me cn tes tre D MES TS Se Au-def.| De x6 : ous de \aGoans\fus de fous de |so ans. fus de | 16 ans. 60 ans. 14 ans. $O ans. rs ee en ne | mt! mme | ee mme mm | came emeune | ms mcm | ms mer Aigle ES fes ” dépendances . | 211 | 389 73 40 Au- déj-| Veufs. || Au. def\De 14 à Au-def. Vertes. | 177 |428 | 153 83 Tuorne . . 89 | 133 20 LE | 76 | 146 $4 29 Corberier . 33 70 8 6 26 7: 31 17 ee me — me | me mme | te mm] eme cmmnes mn | mms Fa à LALCRARS 1 D ar de nt mme) memes Me Ps —— ms | ee | mem) eme memes La divifion de cette Tabelle eft un peu différente de la mienne ; mais l'objet n’elt pas confidérable. Vervey & Fontaney font compris dans Aigle. Mais ce qui rend cette Tabelle confufe , font les veufs & les veuves qui n’ont que faire ici, où il s’agit d’ige & non d'état. Les veufs & les veu- ves ayant auf un âge doivent néceflairement étre compris dans les co- lonnes précédentes, & c’eft aufli ce que Mr. le Doyen de Coppet na af ” firmé. À ce compte, j'ai 1028 hommes & 1 148 femmes, en tout 2176 F habitans ; bien-tôt nous verrons une tabelle où cela eft bien différent. En "attendant jobferve ici qu'il doit y avoir à Aigle & dans la paroïfle en gé- “ néral, moins de garçons au-deflous de 16 ans & plus de filles au-deffous “de 14, que cette Tabelle donne. Ma Tab. XIV me donne 314 garçons ; Lu 319 filles par .le. calcul. L'inftruétion qui fuivoit ces Tabelles auroit Ft to pu me donner quelque lumiere fur plufieurs chofes; mais elle ne & , à Te ft plus trouvée. Tome II. M 90 Mémoirres DE LA Soc1ÉérTé Voici une Tabelle du mème dénombrement, qui eft différente pour la fomme, E. : à TABELLE du nombre des Bourgeois à celui des non Bourgeois. Feux. | Bour- |Habitans Gens fans eois. |non bour-bourgeoi- geois. |fie. Aigle &3 [es dépendances. | 379 | 715 | 708 83 Tvorne . . 139 | 454 66 20! Corberiers . | 66] 251 If o ee ms RD ee = — me | ms — — $84 | 1420 | 789 103 Comme cette Tabelle paroït faite en fuivant les maifons, elle me fem. ble bien plus füre que l'autre. 1% Le nombre des habitans eft, à Aigle MOVE. : 4506 : ND LT. Ne Corberiers.… .- 10110066 Total .:. 2312402 Sur la Table D. page 80. Aigle n'en a que: . 14731 Mvorne 54.171 LAMNIRS Corberiers , . . 225 mie | L es Total © : 2174 La différence de ces deux fommes eft 138, elle ne peut pas provenir M He e pes Sciences Pays. DE Lausanxé. gt des Allemands, ny en ayant pas à Corberiers, & très-peu à Yvorne. Si l'inftruéion n’étoit pas perdue, on auroit probablement trouvé d’où cette différence vient. Tenons-nous en attendant à la Tab. E, pour le nombre, Comme le plus für; & voyons les changemens qu'il y aura à faire pour le porter en 1769, époque où mes Tabelles commencent. RARES UE | Tabelle Pour trouver le changement de populition de 1763-1768. mg Batêmes, * Morts. A ee ee ee a ee mnt té dot poaene ce Années. |Garcons| Filles. | Total. ets Filles. | Total. ee es —— —— —— mm. | es pm À me mm ES sn sm “he ff at 1764 33 28 6I SI 36 87 176$ 29 | 28 57 50 | 42 | 92 1766 45 25 70 32 26 58 1767 14 [21 SE Me23 22 | 45 1768 | 20 | 27 | 47 35 | 36 | 7r = > © — et ent —— —_——| | os mme Total. ISI 139 | 290 191 162 | 353 À A cette Tabelle il faut ajouter l’année 1763, qui a été oubliée, alors + jai 296 naiflances & 360 morts. ù Pour avoir les naiffances il faut ajouter aux batèmes ceux qui font morts uparavant ; ce qui fait 33 pour fix ans. J'obtiens ainfi 296 x 3$ = 331. … Les morts font 360, & ainfi il fe trouve que par la nos la popu- « lation a diminué de 29 habitans, de 1763 en 1769. 12; =120l=090p … nombre qui donne les habitans de la paroïffe d’Aigle ni temps de mes Ta- belles, fans l'émigration & les nouveaux venus. Ma Tab. XIV n’en con- … tient que 2249. Mais cette différence eft fi peu de citofe, qu’on eft furpris À de voir un calcul auffi combiné aller aufli près du vrai. ; M 2 92 Mætmotrente is, DE !6 ADSlOouiciré T ÉG Voici maintenant les Tabelles des émigrans & des nouveaux venus, qui porteront la derniere main à la correction que je puis donner à cet état de population. hAR AE IE Les émigrans de 1753-1762, faifant 10 ans. Chez l'étranger. ICE marre militaire. Honimes.| Femmes. | Total. Aigle €$ fes dépendances . 29 II 2 42 Tvorne . . 15 I Q 16 ICorberiers. . 19 We I 20 Total. 63 12 3 78 AGP LACET: Habitans rentrés dans les dix années 17$3 - 1762. NES De chez etranger. Duferuid = — militaire. Hommes. | Femmes. | Toral. Aigle €ÿ fes dépendances . 13 6 1 20 AUTEUR E 3 I I $ Corberiers. $ (o] (o) $ Total. 21 7 2 ch 30 | pes Sciences PHys. pe LAUSANNE. 97 Afin de tirer les conféquences de ces Tabelles pour la population, il eft néceflaire d'établir la proportion des hommes aux femmes. Quoiqu'il y ait quelque erreur dans la Tab. D. pag. 89, il paroïit néanmoins qu’elle eft feulement fur la totalité & non dans la proportion, que je trouve à » peu-près telle par d’autres réfumés : elle eft à la vérité un peu plus forte » fur Tab. XIV; mais il y a pour cela d’autres raifons, dont l'explication - defquelles me conduiroit trop loin. - Faifant donc la proportion, (Voy. p. S9 & fuiv.) 2178: 2283 = 1028: X hommes. J'obtiens 1077 hommes, qui déduits de 227$, me don- nent 1201 femmes. > Par les Tab. G & H, il eft refté hors du païs 49 hommes & une femme; ce qui porte pour 6 ans, 29 hommes & une femme. Relte pour > la population de 1769, 1048 hommes, & 120$ femmes; en tout 22ç3 habitans. Voici préfentement la Tabelle des nouveaux venus; fource puilfante du maintien de la population; mais qui prouve en même temps fa déca- “dence fonciere. ee TAR UE, L * Nouveaux babitans reçus dans les dix années 1753 - 1762. Non Bourgeois. | Bourgeois.| Du | De Total. | Canton. l'étranger. ee es ms | es mn ln | pans mme meme un mom ame Aigle €ÿ fes dépendances. 37 130 Tvorre + :. 34 16 Corberiers… . 14 $ ee À ee té | ment tt mme | nt ot nt © mms cons me Total. | 85 IÿI ne nnenne 94 MEN © rR € s DE LAS o:c 1 É T% “ Dans cette Tabelle, font compris, hommes, femmes & enfans de tout Âge; mais il n’eft pas douteux que la plupart ont acquis l’âge nubile : nous verrons cela plus commodément ci-après. La proportion donne pour 6 ans, de nouveaux venus 142, dont il y aura par le calcul 66 hom- mes & 76 femmes. Donc, fomme totale des habitans en 1769, 11 14 hommes, 1281 femmes, en tout 239$. La population en général a donc gagné dans les fix années 1763-1768, 83 habitans efeQifs; & voilà le point que je cherchois. Cela fait une augmentation de 13% habitans | par an. $ XVI On fe tromperait cependant beaucoup en jugeant par cette angmenta. tion, que la paroifle d’Aigle fleurit en effet. Le factice de fa population paroït par la Tab. JL. Elle reçoit un très-grand fecours des nouveaux ve- nus; car fi on fuppofe que les premiers ont l’un portant l’autre plus de : 20 à 25 ans, ils auroient été plus du double en nombre en naïflant. & Ceft donc environ 14 par an qu'il faudroit ajouter à la mortalité, & | plus du double pour les naifances, lorfqu’il feroit queltion d’examiner l'effet du climat fur la population :. on auroit pour lors, batèmes 614 x 59 enfans morts auparavant, % J42 nouveaux venus, %Æ 140 qui y fe 4 roient nés & qui font déja morts, & 656 morts, Æ 140 qu'il faut fup- # pofer pour les étrangers nouveaux arrivés. Cela donneroit 9$$ naïflances & 796 morts. En faifant la fouftrattion, on trouveroit I$9 en 10 an-w nées dont les naiffances furpañlent. Mais l’initabilité des étrangers dans law paroiffe diminue ce nombre de beaucoup & me porte à croire que le gainw réel de la population eft trèspetit. Les naiflances feules décident fans ap-w pel, par une fuite d'années de l'état réel de population; elles en font le criterium. Or en ajoutant les $9 morts avant le batème pour chaque dix années, jai pour la premiere dixaine du fiécle, 68 naiflances par an; pour la feconde 57; pour la troifieme 62; pour la quatrieme 68 ; pour. la cinquieme 66; pour la fixieme 62; pour la feptieme ç8; pour les ans nées fuivantes 67. IL paroït après tout, qu’il n'y a point d'augmentation, fenfible, & que les nouveaux venus fe fondent totalement. Fdils 0 ozs Scrences PHys px LAUSANNE, 9$ SRRVIT | :Je vais préfentement faire quelques confidérations fur la population d'Aigle en particulier. Cet endroit, beaucoup plus mal fain que le relte | de la paroilfe , mérite qu'on en fafle voir la différence, du moins ‘en gros. ’ -. Sur Tab. I & II, les naiflances font aux morts, pour Aigle en parti. » culier = 329: 414. Par la proportion ordinaire, il fe trouve qu’il fau- droit. mibuter au premier nombre 31, pour les enfans moïts avant le ba. tême. Mais je trouve fur mes Tabelles d’analyfe qu'il y én a eu 43; ce qui prouve encore une caufe locale de mortalité, jufques à la premiere » origine de lhonwne, 329 # 43 = 372. Il y a donc eu dans les dix an- nées 1769-1778, 42 morts de plus que de naiflances à Aigle. - Pour les fix années fuivantes, j'ai en tout 331 naiflances & 360 morts, Mais par les proportions 673 nés dans dix ans en général; 372 nés à Aigle dans le même temps = 331, nés en fix ans: nés à Aigle en 6 ans; Yobtiens 186, & pour les morts 6$6: 414 = 360: 227; j'obtiens 41 “morts de plus que de naïffances, ceux avant le batème compris. Il y a “eu felon les Tab. G & H, 42 émigrans à Aigle, dont 20 feulement font “rentrés dans dix ans; ce qui fait une perte annuelle de 2 habitans; 41 & 12 font $3 habitans qu’Aigle feul a perdu dans 6 ans; ce qui fait environ 9 perfonnes annuellement. Mais ce bourg a en outre acquis 167 nouveaux venus dans dix ans, ce qui fait 100 pour les fix années 1763-1768; cela lui donne à la “vérité une augmentation apparente de $9 habitans de gain, qui n’eft ce- “pendant qu'une plus grande preuve du climat deftructif; car cette augmen- tation fe perd & ne sapperçoit nullement par une augmentation pro- Iportionnelle de naiffances ; ce qui devroit cependant néceffairement arri- mer, fi l’augmentation fruétifiait. La grande partie des nouveaux venus ont des gens peu ftables, & fur lefquels on ne peut compter en aucune açon; & cette réflexion réduit la queftion. Quel eft l'état réel de la po- tion d’Aigle? à fa premiere fimplicité, c’eftà-dire, à l’état des naif ces & des morts annuelles. RAR 7r u 96 L AMMamOu ER rc: 20 æ br AS x É: THÉ $ XVIIT IL eft néanmoins certain que le mode de population ne fe pouvoit fa. voir que par les recherches que jai faites; elles prouvent que cette po: pulation ne fe maintient qu’au dépend du refte de l'Etat. De 237 nou- veaux venus à Aigle, il y en a eu un feul de Pétranger, comme le dé. montre Tab. I, & les exceptions qu’on pourroit faire, d'étrangers éta- blis à Aigle, fous le titre d’autres petites bourgeoïfies, feroient en petit. nombre. Voici par exemple, une petite Tabelle qui contient les Alle- mands qui ont habité dans le bourg d’Aigle, en deux différentes époques, diftantes de dix années, telles que je les ai extraites des livres de Mr. Frey, Pafteur Aliemantts qui a eu la complaifance de m'aflifter en ceci. Je n'ai fait que joindre enfuite le petit nombre qui demeure dans le refte de la paroille, DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 97 I LÉ ASRAE "EC Allemands qui babitoient dans le Bourg €? dépendances d'Aigle. Hommes. Femines. Il yen « llyena ee + —— — ne me se — — mme mu A ne — | En |Sous |de16| Au | To- Sous de 14 Au | To- || Veufs Ma- || Veu.\Ma- l'année.| 16 | a 60 \deffus] tal. 14 à $Odeffus] tal. riés. lues, rices. ans. | ans, \de 60) ans. | ans. de 50 1772 | 121 28 | 4 | 44 | 16140) 6 | 62 4 | II s | 13 2820 6 134 /"2 «| 22 DA sa | 3 |S TZ $ | 16 Il y eut donc en 1772, en tout 106 habitans Allemands à Aigle, & 4 à Yvorne; dont 1 homme à 3 femmes. En 1782, il y en eut 10$ à Aigle, & 12 à Yvorne, dont 4.hommes & 8 femmes. Il y eut donc une augmentation de 7 Allemands dans cette paroïlle, dans ces dix ans, Ces Allemands font comme je lai déja dit, d’un féjour précaire dans ce pays, & ceux qui s’y établiflent deviennent romans au bout d’une ou de deux générations. C’eft en bonne partie une conduite peu réglée qui chafle ces gens de chez eux; ©eft le bon vin qui les appelle ici, & qui les y naturalife. Le Roman ne va prefque jamais s'établir dans le pays Allemand, quoique le fiége du Gouvernement femble devoir les attirer ; mais c’eft que le vin y eft cher ou mauvais. Les batèmes des Allemands doivent encore être ajoutés aux naïifflances. Tab. I. On y en voit-là 34; mais ceft beaucoup trop (a). Le terme moyen des mariages actuels eft 14, pour les Allemands, & fi ces mariages (ae) Voy. Difcours préliminaire | pag. 111, Tome II. N 98 DLÉ mra FES DE AL ax 840 CINÉ. DE produiflent comme les autres, ce qui eft naturel à fuppofer, il ne doit y en avoir que 23 dans dix ans. Il y avoit en 1763, 394 mariages ac. tuels & $7 naiflances par an, les enfans morts non chrétiens compris. Aujourd’hui on peut faire la proportion 400: 67 = 14: 2, 3. moyen. nant cela le nombre total des naiflances de 1769-1778, et de GI4 + $9 + 23 = 706. & felon cette derniere expreflion, il y a eu annuellement $ naiflances de plus que de morts; augmentation abfolu- ment due aux nouveaux venus, fans lefquels les habitans d’Aigle s’étein- droient par une ferie décroiffante H-E, H-2E & a, H-3Eæ2axb, H-4E % 3 a & 2 b #4 c ou H eft égal aux habitans; E aux étrangers annuellement arrivans. SAXE Je vais maintenant tirer les corollaires de tout ce que je viens de dire. 19°. Aigle, entant que paroifle, doit être divifé en Aigle même, com. prenant Fontanay, le Cloitre &c. & cette divilion doit étre encore fub- divifée; Aigle proprement dit avec le Cloitre &c., devant être réputée très- mal fain, confumant non-feulement fes propres habitans; mais encore une grande partie des étrangers qui s’y établiflent. L'autre divifion au contraire, qui comprend le refte de la paroiïffe, eft falubre, & profpère par ellemé- me fans fecours fenfible d'étrangers. Les fervices militaires font beaucoup de mal à ce pays, qui manque déja de bras. IL y a 42 hommes de per- dus dans dix années, gens de la meilleure conftitution & à la fleur de l'âge. Il falloit 90 naillances & au-delà, pour faire parvenir ce nombre d'hommes à l'age propre pour la guerre; & les recrues qui font forties au nombre de 63 pendant le temps indiqué, auroient vécus trente ans dans ce pays, avant que d’avoir été réduites au même nombre, où dix années de fervices les ont mifes; ils auroient travaillé, gagné & peuplé; tout cela eft perdu ! Et tout cela, pourquoi ? Par une notte de Mr. le Doyen de Coppet, il paroïit qu’à fon arrivée à Aigle, il y avoit $$ à 62 enfans à l’école de Corberiers; aujourd’hui il n'y en a plus que 20 à 30; ce qu'il attribue au fervice. Il y a quelques années -que l’on y comptoit plus de 20 garçons au fervice militaire, dont les deux tiers en Piémont. | EE pes Sciences PHys pe Lausanne. 99 & XX. Je joins ici quelques Tabelles qui donneront une idée de l’état de la pa- roifle, rélativement au bien être des habitans. On y verra que fi le bourg d'Aigle eft le plus riche en maladies, il left auffi en Pauvres; ceft une conféquence naturelle. Par la premiere de ces Tabelles, il y a la cinquieme partie des habitans en général, au nombre des pauvres; la quatrieme en contient près du quart. Ces Tabelles étoient faites pour le dénombrement de 1763 (a). ES TAB. - L. Etat des familles pauvres. pauvres| Enfans. Total. Peres Qi ee ne mm Meres, "Mäles. | Filles. a er ne ee Aigle ES fes . dépsndances . | 106 82 | 109 | 297 me tre À mé mme À mme qe | ———…— | Toofne, L 4 | 07 21 28 76 : Corberiers . . 22 20 30 72 . (a) Par une obfervation de Mr. le Doyen de Coppet, il paroït que l’état des pauvres a un peu changé depuis ces Tabelles; qu'Yvorne perd & que Corberiers fe remet; au refte la diminu- tion des habitans à Corberiers, peut avoir fait profpérer le refte: un petit terrain fur un roc ne peut fournir de fubitances qu’à un nombre détermine d’habitans. N 2 100 MÉMOIRES DE £LA SOCIÉTÉ Aigle occupe dans la paroïfle, par fes habitans, nombre rond, o, 66. Yvorne O, 23. Corberiers O, 11. & felon cette Tabelle, les pauvres font pour Aigle = Oo, 67. pour Yvorne = O, 17. & pour Corberiers = O, 16. Yvorne eft donc dans un état de profpérité très-confidérable, vis-à-vis des autres Communes; & ceux de Corbériers au contraire font très-pauvres. Des montagnards, qui ont des vignes dans la plaine, & point: de manufattures, ne fauroient étre à leur aife ; c’eft le cas de Corbériers, & de plufieurs autres villages dans le Gouvernement d’Aigle. Ces gens per- dent leur temps à courir, travailler leurs vignes, & le produit, chétif, par le mauvais travail, fe boit prefque tout par eux-mêmes. TAB, - M. Autres Pauvres. Orphelins. | Pauvres | Invalides fans en- | d'âge fans. ‘103 e11. SR Es mémo co es Gar Villes Gar-|Filles| hom.\ Fem-|Fieil-\Total cons. çons. mes.| mes.]lards des deux fexes. Aigle €ÿ fes | : dépendances .| 1 GRO RS INA TA MODERNE A 2 3 [e) Corberiers a vue ue ne me ne Total "00 3 8 | 7 Pr lo 1 4 leo 96 DES Sciences. PHys. pe LAUSANNE. 10H Eté Be NX « Totalite. des. Pauvres. a Qui ont befoin | Qui ne vivent de quelques . | que d’aumènes. Jecours TS, (TE ppp Rene mens = — Enfans.| D'âge |Enfans.| Inva- Total. moyen. | Aides. Vieil- | lards. Aigle € fes dépendances . 197 126 (e] | 48 | :371 Tvornes - NL. $4 30 (e) $ 89 Corberiers . 35 39 -o | 7 81 Dora (0e VETD GR PA 198 () 6o | $a4r me Selon cette Tabelle générale des pauvres, ces communes font dans le rapport fuivant : | O, 64. Aigle, par fa mn 50; 66. pat fe pauvres = Yvorne LL OS 742 LD EL, AO 7 Corbériers 2e ip AS A = ©, II. OM Par où il paroit clairement, qu’il ÿ a à sherterrei un vice qui jette cette commune hors de toute proportion, rélativement à l’état de bien être de. fes habitans. Ce village a prefque autant de pauvres qeNvame ; qui a plus du double de fes habitans. , | to MÉMorrREes DE La Soc:i%Té Ce feroit ici le lieu d’examiner la caufe de la profpérité d'Yvorne, vil lage qui fe diftingue à tous les égards poflibles du refte de la paroïfle; mais la nature de cet ouvrage n’admet point cet examen. Ce fera la tâche d'un Topographe futur du Gouvernement d’Aigle. Une bonne topogra- phie de ce pays feroit un ouvrage très-intéreffant: mais il faut des temps plus heureux pour pouvoir l’entreprendre avec fruit. $ XXI. L'année 1778 ayant été fi meurtriere à Aigle, je fus curieux de com- parer mes Tabelles.de mortalité de cette année avec mes Tabelles metéo- rologiques; & voici ce que j'ai obfervé. Le mois de Janvier; n'eut que trois morts. Son commencement fut froid, la fin douce. Il y eut en‘tout 9 jours de pluie, dont jobtins 2, 34 pou- ces d’eau; le vent étoit prefque toujours E& au Sud-Eft, jamais Nord, & Oueft feulement par petits intervalles. Le mois de Février n’eut que trois morts. Ce fut le mois le plus fec que j'aie vû; il n’y tomba en tout que O, 73 pouces de pluie en 6 jours pluvieux: le thermomètre de: Fahrenheit n’y fut jamais at-deflous de 21.2 & monta plufieurs fois à 44,9.à midi. Les vents furent allez partagés. Ce mois étoit aflez égal & très-fec. Celui de Mars eut 10 morts, il fut par conféquent mal-fain. De 9 jours de pluie qui donnerent enfemble 3, 83. pouces d’eau, il y en eut un qui feul en donna 1, 6 pouces. Il y eut du tonnerre le 8, & le 14 il fit un tremblement de terre aflez vif. La température fut fort inégale ce mois-ci. Le, thermomètre monta le 23 à 61,° & redefcendit .enfuite à 27. CE D variation du baromêtre étoit plus forte que je ne l’aye jamais vue à Aigle, & portoit 1, 33 pouces. L'électricité étoit aufli plus forte le 12, que je me fouvienne de lavoir vue; &je trouve plufieurs autres obfervations curieufes fur la Tabelle de ce mois. Les vents étoient prefque toujours Nord-Oueft & Oueft. CRT SE Dans le mois d’Avril il mourut 7 perfonnes, il y eut 12 jours depluie; mais tous ne produifirent que 2, 49 pouces d’eau. La moitié des jours : étoient clairs & les variations pas trop fortes, excepté ‘le thermomètre qui en a 32.°. ceft-à-dire, de 38.° à 70. L'hygromêtre fur-tout ne varia que peu : le vent étoit toujours du Nord à l'Oueit, à l'exception de quel: | | pes Sciences Pays De Lausanne. 103 ques matinées._ Je trouve parmi les obfervations de ce mois qu'il y.a eu abondance de fievres de toute efpèce. Le mois de Mai a eu 10 morts. Il y a eu 14 jours pluvieux, qui ont fourni 3, 8 pouces de pluie. Le commencement de ce mois, a été fort chaud, & cela s’eft paflablement foutenu ; les vents ont prefque toujours été Ouelt & quelques fois Nord. Il y a eu une grande quantité de che. nilles & les fiévres ont continué tout à l’entour. Le mois de Juin a eu 8 morts. Il étoit très-pluvieux, ayant eu 16 jours de pluie, qui ont donné 6, $$ pouces d’eau, dont un jour feul a fourni 1,65 pouces. Le vent étoit prefque toujours Oueft, l’hygromêtre conf- tamment fort à l'humide, & le thermomêtre, tiès- variable ; le barométre au contraire étoit prefque toujours haut & n’a varié que de ©, 33 pouces. Le 16 de ce mois il eft tombé jufqu’àa 4 pieds de neige fur les montagnes, & les beftisux furent obligés de defcendre. Les infeétes abonderent & les hirondelles étoient au contraire en très-petit nombre. Le mois de Juillet n’a eu que trois morts. Il y eut 17 jours clairs, & 10 pluvieux, qui ont donné 2, 66. pouces d’eau. Le vent étoit prefque toujours Nord, & quelques jours Sud; la température toujours chaude. Le mois d’Augufte a eu 7 morts; il y eut 24 jours clairs & 6 jours pluvieux , qui ont donné 2, 33. pouces d'eau. Le vent étoit Nord & Sud jufques vers la fin qu'il devint Oueft, & avec le vent la température chan- gea. fi fort du chaud au froid, que d’une chaleur brülante, on eut des, gelées blanches fur les montagnes. La variation du thermométre dans ce mois eft de 40° celle du baromêétre de oO, 28 pouces; l'hygromêtre a beau- coup varié. Je trouve par mes obfervations de ce mois qu'il y a eu une quantité étonnante de malades. Les dyffenteries & les fiévres putrides dé. foloient toutes les familles. Les deïniers jours de ce mois j'avois fait des obfervations fur l’éleétricité de l'air qui étoit très-forte. Le mois de Septembre a coûté la vie à 19 perfonnes; il y eut 17 jours pluvieux qui prodüifirent 4,$$ pouces d’eau. Le vent étoit prefque conftamment Oueft, excepté quatre jours de Sud-Oueft. La variation du thermomètre fut de 31.°, celle du baromêtre de Oo, SI pouces; l’hygro- mêtre étoit toujours fort à l’'humide ;,il neigea fouvent fur les montagnes au commencement, & il y geloit fi fürt, que la terre portoit. Javois * “fait des ovfervations fur la fureur des maladies qui ravageoient alors; l'air étoit fort éledlrique , & vers le milicu du mois il y a en plufieurs orages 104 MéwmorrREs DE LA So crÉËTÉ Le 22 il y eut uné aurore boréale, & vers la fin les maladies diminuerent un peu. Au mois d'Oftobre il mourut 11 perfonnes. Il y eut 23 jours plu- vieux, & un feul jour clair; l’eau de pluie dé ce mois ne montoit pas à moins de 9, 16 pouces: le vent étoit conftamment Ouelt & Sud - Oueft La variation du baromètre étoit de 0,73 pouces, celle du thermomètre de 34° Jamais l’hygromêtre n’a été fi fort à l’humide : je trouve au com- mencement de ce mois une obfervation qui dit, que les maladies conti. nuent, mais une autre du 25, dit, que de mémoire d'homme on n’en a eu autant. Tout ce mois, Pair étoit fans reflort, & fans doute yrai firoc dans les régions élevées (a) ; vers la fin du mois toutes les rivieres fe dé- borderent & le plat pays fut inondé. Le mois de Novembre eut 14 morts; il y eut IS jours pluvieux qui donnerent 4 pouces d’eau. Le vent fut toujours Oueft & Sud-Oueft, ex- cepté les premiers jours. La variation du baromêétre fut de O, 77 pouces; celle du thermomêtre de 31°. Je trouve par une obfervation du commen. cement du mois, que les fiévres d'accès, fiévres putrides & milliaires, faifoient de grands ravages. Il gélait fréquemment le matin. Le mois de Décembre eut 13 morts. Il y eut dans ce mois 13 jours pluvieux & 11 jours clairs. L’eau de pluie donna $,09 pouces. Les vents furent jufqu'au 22 Sud-Ouelt, Oueft & Nord-Oueft. La variation du ther- rmomèêtre étoit de 29.° celle du baromètre de 1, 06 pouces; celle de lhy- gromètre étoit très-forte & portoit I181.° du cercle. Je vis par une obfervation du commencement du mois, que les fiévres quattes, putrides & milliaires, étoient alors nombreufes & meurtrieres. : $& XXII Ce feroit fans doute trop préfumer, que de tirer des conféquences géné. rales des obfervations d’une année. Mais quand ces conféquences coïncident avec Ca) Je dois dire ici que le firoc foufle, fouvent très-long-temps dans les régions élevées, ! avant que de fe communiquer au bas, fouvent il communique fa chaleur au vent inférieur, de maniere qu’on croit fentir un vent du Nord chaud. C’eft ce qui a induit le françois, qui écrivant de Marfajols en Dauphiné, dans le Journal Encyclopédique de Novembre 1782, faïifoit plaifam- ment venir ce vent chaud des volcans d'Islande ; il fait alors un air pourris dans ce pays. Le vent alkali par lui-même fe charge encore des vapeurs phlogiftiques des marais, & caufe fur-tout en au- +omne des maladies inévitables, D — (a) On fent bien que quand la terre eft gelée, ou es marais bien fecs, Les vents font ici l’effet : DES ISCILENCES3PHYS. DE LAUSANNE: *10$ avec d’autres obfervations ; quand mes propres Tabelles des autres années me font trouver des conclufions analogues: alors la probabilité prend la place de la préfomption. Ceft une chofe hors de doute, que plus l'air eft humide , plus il eft mal fain; mais il left proportionnellement davantage, à mefure que les vapeurs qui caufent fon humidité font plus phlogiftiquées; le vent du Nord même, fi fain ailleurs, eft nuifible à Aigle, & pourquoi? Ceft qu'il fuit prefque le même chemin que celui de l'Ouett, à caufe de la direction de la vallée; il ramaffe les exhalaifons putrides des marais qui font au Nord-Oueft d'Aigle & les porte à ce bourg. Le vent du Sud que les Italiens nomment firoc, eft en lui-même réputé très mal fain; & on fent bien dans ce pdys-ci, fans autre autorité, qu’il left. Il femble qu'il caufe une diffolution totale dans le fiftéme nerveux de homme ; - il caufe des vertiges & des accablemens prodigieux: ce vent nuifiblen’eft point connu avec cette malignité au Nord de cette vallée; & cependant c’eft ici le plus fain après le vent d'Eft (a): il left, parce qu’il ne parcourt point de ma- rais pourris comme l’autre. La vallée d’Aigle feroit probablement inhabitable, fi elle étoit tournée en fens contraire, fi le vent accablant du Sud, fe faturoit encore des vapeurs phlogiftiquées du marais. On a vu plus haut que les vents d'Oueft & de Nord règnent du tems des maladies. C'eft à ces exhalaifons putrides qu’il faut attribuer le grand nombré des _malheureufes créatures, vulgairement nommées Cretins, qu’on trouve à Aigle. Il y en a au-delà de 60 dans ce bourg & fes dépendances; par conféquent en. viron la 24m partie de fes habitans. Ces Cretins font non-feulement la plupart Zero pour la population ; mais ils font une charge très-lourde pour la fociété. Cétoit après des recherches nombreufes & répétées que j'avois écrit un pe- tit ouvrage qui détaille au long les caufes du mauvais air d’Aigle. C’étoit après la connoiffance de ces caufes que javois propofé de les détruire; c’eft-à-dire , … de deffécher le marais qui les produit. Et c’eft ici que ma plume, läffe de fon “peu de fuccès, s'arrètera pour toujours fur cet objet. qu'ils font ailleurs. Ne Tome I. , O0 166 MÉMOIRES De LA SocxéTé ne Lo Eee Flan LALLEMR c'e dr cu PLUS PROPRE AS AA TEA na cife TA : Dao oNnIl DÉS PLANTES, Preis. Mr. 1 Aste. f# 4B ER T H:OQ. T0 N. Remis le 11 Août 1785. Le végétaux ont tant de rapports avec nos ufages, & fur-tout avec nos befoins, qu'il eft de la plus grande importance de rechercher quelle eft l'eau la plus propre à la végétation des plantes. Après les corps admira- bles des animaux & fur-tout de l’homme, il n’en eft pas de plus merveil- Teux que ceux des plantes. La natüre libérale en a couvert la furface de. notre globe, depuis le fond des vallées jufqu’à la cime de ces monts four- cilleux qui, pour me fervir de l’expreflion d'un de nos meilleurs Poëtes, preffent les enfers, & fendent les cieux. Les végétaux, comme les anïi- [maux , naillent, croiffent, développent fucceflivement leurs différens orga- nes, fe reproduifent & meurent: ce n’eft que par le fecours des alimens & des fucs nourriciers, que leur vie & leur accroiffement ont lieu; & il cf ‘de la plus grande utilité d'examiner quel eft le fluide le plus propre pour ‘favorifer la végétation ‘des plantes, c'eftà-dire, teur germination, leur dé- veloppement progreffif & leur regénération. L'expérience la plus ancienne, da plus univerfelle & la plus conftante, nous prouve que l'eau eft ce fluide indifpenfable pour la vie des plantes Si le ciel eft d’airain, fi les nuages qui flottent fur nos têtes, .ne {e.réfok Cents livres de terre parfaitement defféchée au four; il y planta une bran- che de faule qui peloit cing livres, & l’arrofa avec de l’eau de pluie. Cette: Branche, au bout de cinq ans ; formoit un arbre du poids de cent foixan- téneuf livres, fans y comprendre la chûte des feuilles pendant cet inter-- valle de temps. Qu'on ne croie pas que cette augmentation confidérable avoit été faite aux dépens de la terre ;: car’ celle - ci étant pefée , indiqua: O 2 ee | Eau de pluie: ::..:: E: bone de l'atmofphère. . A: de neige......:2 l NUE dé gréle ti pe | puis de puits. .... cu Re de riviere. : . :1 Les Eaux communes ou fimples... : Eaux de la terre... Eaux ftagnantes. NES TE AUX d' À TRS NI INR Er RER de marais , &c.. Eau glacée. . . :.. ses Eau demer........... : Eaux minérales froides. { AE cc. #4 lu Eaux compofées ou D ROUS, | (Eaux thermales... SES (04 48 see us 1uCS nourriciers, que leur vie & leur accroiflement ont lieu; & il efts ‘de la plus grande utitité d'examiner quel eft le fluide le plus propre pour b ‘favorifer la végétation des plantes ; : c'eftèdire, leur germination, leur dé kb veloppement progrefif & leur regénération. | 4 L'expérience la plus ancienne, la plus univerfelle & la plus conftante a ! nous prouve que l'eau eft ce fluide indifpenfable pour la vie des plantes} Si le ciel eft d’airain, fi les nuages qui flottent fur nos têtes, . ne {e. réfolMt noce er, - Sr ere pus en TT 1 esse ES pes Scrences Pays DE LAUSANNE 107 vent point en pluie, la terre eft condamnée à la ftcrilité, nulle fécondité dans les plantes, les germes périffent dans leur fource, tous les végétaux Jlanguiffent & meurent fans retour, & la terre qu'ils embellifloient aupara. vant, n’eft plus couverte que de leurs triftes dépouilles. Mais il ne nous fuffit pas de favoir que l'eau eft néceffaire à la végé: tation, il faut examiner foigneufement quelle eau eft propre à cet effet, & ‘quelle eft celle qu’on doit regarder comme la plus capable de procurer une végétation plus vigoureufe & plus abondante, afin de multiplier les produits de la terre, de cette terre qui ne demande qu'à enfanter & à donner le certuple au laborieux cultivateur. “Les hydrologiftes divifent les eaux en plufeurs efpèces ; & afin que le xamen & la‘comparaifon des différentes eaux foient complets, je vais rap porter la divifion méthodique la plus naturelle. Ees eaux font fimples ou compofées : les unes & les autres comprennent plufieurs efpèces, comme on le verra dans le tableau fuivant. | Les eaux minérales ne font point l'objet de ce Mémoire; elles font en- tiérement impropres à la végétation, comme l'expérience le prouve. Les plantes qui font dans le voifinage de ces fources, languiffent confidéra- blement, & fouvent il n’y en a point, parce que les matieres minérales dont elles font chargées, leur nuifent finguliérement. Selon M Hume, le foufre eft un poifon violent pour les plantes lorfqu'il fe trouve mêlé dans leur nourriture: voilà: pourquoi les eaux qui paflent à travers des mines de fer ou de charbon, dans lefquelles le foufre abonde, font très-nuifibles à: tous les végétaux. D'ailleurs, les eaux minérales ne font pas répandues affez généralement pour qu'on puiffe sen fervir à Parrolement des plantes Nous n'avons donc à confidérer que les eaux communes ou fimples,. dont’ Ja premiere eft Veau de pluie. » Cette eau pluviale eft certainement bonne pour là végétation, puifque: Ja plupart des plantes qui en font arrofées, profpèrent bien. Une expé-- œience décilive de Vanbelmont lemontre clairement. Ce Phyficien prit deux nts livres de terre parfaitement defféchée au four; il y planta une bran.- œhe de-faule qui pefoit cinq livres, & l’arrofa avec de l'eau de pluie. Cette: Branche, au bout de cinq ans ; formoit un arbre du poids de cent foixan.. teneuf livres, fans y comprendre la chûté des feuilles pendant cet inter-- valle de temps. Qu'on ne croie pas que cette augmentation confidérable avoit été faite aux dépens de la. terre ;: car celle - ci étant. pclée, indiqua: O 2 IC8. M YA OLRE $ -D.R 2 À «S$ 0-0 : É té un déchet, de: deux:.onces feulement, quantité trés-petite refpectivement. à unc mafle de deux cents livres. Il ef même poffible d'obtenir une végé- tation complette & confidérable fans aucune diminution de laterre, com- : me on l’a éprouvé dans des citrouilles qui y avoient pris naiffance, & qui m'acquirent une augmentation prodigieufe de fubflance, .que par l’intermede de Veau feule. L'expérience répétée fur des légumes, des fleurs & des ef . pèces diverfes d'arbres, a également réuffi. M. Bonnet de Genève a auffi élevé des arbres fruitiers dans de la moufle qu'il arrofoit, & en a obtenu des fruits; Æém. de l'Acad. des Sc ann. 1748, PAg. 272. L'eau de neige fondue, & celle qui réfulte de la grêle après la liquéfac- tion, ont les mêmes vertus, comme les habitans des montagnes & des pays froids l’'éprouvent habituellement; les plantes qui en font arrofées, . prennent très-bien leur accroifflement : ÿai autrefois arrofé conftamment quelques végétaux que je tenois en expérience, avec de l'eau de neige & de grèle fondues, & la végétation de ces plantes réuffit parfaitement. IL. n'y à rien d'étonnant en cela, puifque les eaux de pluie, de neige & de gréle ne different point fpécifiquement , ainfi que le favent tous les Phyf. . ciens. La neige & la gréle ne font primordialement que de l’eau de pluie dans l’état de congélation. Ecoutons un célèbre Phyficien : ,, Lorfque les vapeurs aqueufes, qui tombent d’une nuée vers la terre, fe changent dans leur chüte, par la gelée qui les faifit, en de longs filamens qui forment des flocons différemment arrangés les uns fur les autres, on dit alors qu'il neige. Mufchenbrock, tome 3, pag. 341, lorfqu'une nuée fe change en pluie, & que les gouttes de cette pluie traverfent la région glaciale de l'air, ou une région d'air inférieure, mais difpofée à produire de la glace, ajors ces gouttes fe condenfent, forment de petits corps durs, fphériques, glacés, qu’on appelle gréle”. Jhid. pag. 336. . L'eau de neige fondue procure une grande fertilité, felon tous les Ob- fervateurs anciens & modernes; Pin. hifl. lib. 17. cap. 2. Sibballus Sco- tia illufir. lib. 1. cap. II. Mais cette neige, fi ütile aux plantes, ne-tombe pas dans tous les climats, ni pendant toute l’année, encore moins toim- be-t-elle en quantité fuffifante pour les befoins journaliers, comme il pa. toit par les obfervations fuivantes. Un tas de neige de $ à 6 pouces nes produit ordinairement qu'un pouce d’eau, felon M. Sedileau, Aém. Aa- { thé. ana. 1692, M. de la Hire a fait la même épreuve lorfque la neiges étoit de mème denfité: en 1711, la neige ayant eu deux fois moins de pes Sciences Puys. pe LAUSANNE. 109 pefanteur fpécifique, 12 pouces ne donnerent qu'un pouce d’eau; Hif. de PAcad. Roy. des Sc. ann. 1712. M. Weidler, trouva en 1728, de la neige neuf fois plus rare que l'eau; & l’année fuivante, il en vit à Utrecht qui étoit vingt-quatre fois moias denfe que l’eau. , Quant aux eaux terreftres, telles d’abord que les eaux de fontaine, de puits, de riviere, de lacs, de marais, elles font fans contredit propres à la végétation, comme l'expérience le prouve; tous les jours on arrofe avec ces différentes eaux des plantes qui profpèrent. Il feroit inutile de rapporter en détail des preuves confirmatives de cette vérité, puifque per- fonne ne peut contefter à ces différentes efpèces d’eaux terreftres, la vertu d’être propre à la végétation, au moins quand elles ont reçu certaines pré- parations dont nous parlerons bien-tot. Dans la réalité, ces diverfes eaux terreftres tirent leur origine des eaux de pluie, felon le fentiment le plus reçu parmi les Phyficiens modernes, - qui fe fondent fur Les beaux calculs de lilluftre M. Mariotte; & fi les eaux de pluie font propres à la végétation, les eaux qui coulent fur la terre, ou qui y font dans un état de ftagna- tion, doivent avoir la méme vertu que celles dont elles tirent leur ori- gine. Il eft vrai qu'en paflant dans la terre, elles perdent quelques princi- pes, mais aufli elles s’en chargent d’autres équivalens. IL s'agit d’examiner ici quelle eft l’eau la plus propre à la végétation. Parmi les différentes efpèces que nous avons aflignées, quoique toutes aient en partage cette vertu, cependant elle peut être dans quelques-unes d'elles en un plus haut degré, & c’eft avec raifon qu’on demande celle qui mérite la préférence fur toutes les autres. Pour réfoudre la queftion, il faut donc afligner l’ordre de bonté qui regne parmi elles, afin que le choix de l’Agronome foit éclairé. … D'abord il eft certain que les eaux vives & pures de fontaine font moins bonnes pour l’arrofement que la plupart des eaux de puits; les premieres font moins chargées des principes de la végétation que les dernieres; &, comme nous le prouverons, ce n’eft pas l’eau par ellemême qui produit la végétation, ce font les principes fécondans que renferme l’eau de vé- gétation, Cefta-dire, l’eau la plus propre à produire cet effet. Les eaux des fources & des fontaines, fur-tout dans les montagnes, ont été dépu- rées par la nature, comme les Chymiftes le font par art; la diltillation, ou au moins la filtration font les grands moyens en:ploÿés dans le labo- ratoire de la nature & dans ceux de l'art; & le but, ainfi que l'effet de. 110 MÉNMOorREsS DE LA S6CctÉËTÉ ees opérations , eft certainement de dépouiller les eaux. des parties Hétéro- ! gènés dont élles étoient imprégnées: il n’y 4 qu’un très-petit nombre de plantes qui puiflent fe plaire auprès dés eaux vives & pures, & encore font-elles du genre des mouffes, comme on le voit à la naiflance des four. ces & des fontaines. Cette affertion paroïtra paradoxale, mais je prie qu’on fufpende un moment fon jugement. , Un goût particulier pour la Botani. que, & les autres parties de l’hiftoiré naturelle, ma porté autrefois à par- courir les montagnes; & dans le cours de mes voyages en différens pays , jai examiné plufieurs fources à leur naïffance; j'ai toujours vu que les plantes qui tapifloient les grottes & les cavernes d’où fortoient ces fontai- nes, étoient des moufles ou des plantes de cette claffe que Liureus a ap- pellé avec raifon la Criptogamie, telles que des hypaum, des marchantia, des conferva, des mnium, & furtout le wminm foitanum; fpec. tlant. Lin. t. 29. pag. 1574, &c… &@ encore ces plantes font-elles fouvent éloi. gnées de la fource primitive: de plus on fait qne ces plantes qui font pref. que dans les premiers degrés de l'échelle de la végétation, n’ont befoin- que d’un aliment peu fucculent, fi je puis parler ainfi. L’obfervation de la nature étant notre grande regle, nous pourrons donc affurer que, dans. ordre de bonté, la moindre de toutes les eaux eft l’eau de fontaine , après: laquelle vient l’eau de puits. L'eau qu'on tire en général des creux, des trous & des puits qu’on for- me dans la terre, & qui fe trouve prefque par-tout, eft moins pure que: Peau de fontaine; auffi en eft-elle meilleure pour la végétation. Cette eau: traverfant la terre, diffout mille prrties hétérogènes qui fervent à la nu- trition des plantes, & en devient plus propre à la végétation. Souvent: ces eaux font crues, je le fais, & moins favorables aux plantes que d’au-: trés eaux qui n’auroient pas ce défaut; mais il eft un moyen de les cor. riger, comme je le dirai. D'ailleurs, les eaux de fontaine avec lefquelles: jen fais la comparaifon, ont l'équivalent de ce défaut , fans avoir les prin-. cipes dont les eaux de puits font pourvues; ce qui fufit pour établir ce: que j'ai avancé, que les eaux de fontaine en général valent moins pour la: végétation que les eaux de puits. Les eaux de riviere font meilleures que celles de puits, pour procurer: aux plantes un accroiffement vigoureux. Dansleurs, cours ces eaux reçoi- vent les eaux de pluie qui font elles-mêmes très-bonnes. En traverfant di. vérfes contréss, elles. fe chargent d’une multitude infinie de principes fé Des SCIENCES Puy sp La u su NH NE. EI “conds; mille plantes enlevées & pourries ajoutent de nouveaux degrés de ‘bonté: enfin, la chaleur vivifiante de l’aftre du jour mêle & combine in- timément les divers élémens de la végétation dont elles font chargées. Jai donné, dya quelques temps, à un de mes amis, un certain noni- re de ce qu’on appelle des plantes grafles, c’eftà-dire, des .caëfus opuntia, fous indica , tuua, cochinillifer, cuffaravicus, flagelli-formis ; des antheri- cum frutefcens ; des cacalia anteuphorbium ; des cotyledon orbiculata, fpu- ia €3 bemifphaærica; des geranium trifle, vitifolium € inquinans ; des me- Sembryanthemuns geniculiflorum, Jplendens deltoïdes, uncinatum 3 icrafiifo- dium ; le flapelia variegata, Eÿc: elles ont été arrofées par l'eau d'une ri- wiere qu’il avoit à fa difpofition, 6 elles ont infiniment mieux profpéré que les miennes, qui n’étoient ‘arrofées qu'avec de l'eau de puits; la diffé- rence étoit très-confidérable. Mais les eaux des grands fleuves & fur-tout célles des rivieres rapidés font moins bonnes que celles des petites rivieres dont le cours eft lent & préfque paifble, parce que ces dernieres font moins pures queiles .premie- res, ainfi que d'expérience le prouve, & conféquemment elles font plus ca- pables de procurer une meilleure végétation. da preuve de cette propofi- tion eft que les eaux des grandes rivieres, dont le cours eft rapide, font meilleures pour les ufages de la vie, pour la boiffon des hommes, parce qu’elles font moins hétérogènes, plus dépurées, fur-tout un peu au-delà des bords & du rivage, & que l’eau des petites rivieres dont le mouve. ment eft fi lent qu’il approche prefque de la ftagnation , ft très-peu pro. pre aux ufages ordinaires de la vie. Ce que je viens de dire eft amplement confirmé par ce qui arriva à Paris en 1731, avant la grande fécherefle qui eut lieu cette année. ‘Les eaux de la Seine qui fervent à la boiflon de cette grande ville, n'incom- moderent perfonne; mais les eaux étant devenus fort bafles , ‘&:s'étant char. gées de quantité de matieres hétérogènes, tous ceux qui-en'bürent éprou. verent des maux de gorge, des dégoüts, des naufées, des‘fluxions , ‘des fièvres irrégulieres & opiniâtres. ‘La caufe de cette ifpèce -d'épidémie fut quelque temps:inconnue : un favant diftingué , M. de Jullien, da découw- vrit enfin, & rendit par-là un fervice fignalé à l'humanité, Un grand nom: bre de plantes aquatiques , n'étant plus couvertes parles eaux dela Seine moururent, & fe corrompant, infecterent les eaux de la çapitale. La caufe du. mal connue , le remède left bientôt ; aufli les malades furent-ils guéris » 112 MÉMOWNRES DE LA SocrÉTÉ en changeant de boiïffon, ou en fe fervant d’un correctif; & ce qui achève de démontrer cette vérité ,: c'eft que les perfonnes qui ne firent aucun ufage. des eaux de la nes ne furent point fujettes à FepAees Mém. de P Acad. des Sc. 1731: Jajoute encore quelques belles expériences confirmatives de l’infériorité des eaux des grands fleuves fur celle des petites rivieres pour la végétation. Le célèbre M. Spor, ayant confervé pendant 20 ans, dans des urnes de grès, de l'eau du Rhône, la trouva très-bonne au goût ; Oeuvres de Spon. On a vu à Rome dans le cabinet du P. Xïrker, un matras fcellé herméti. quement, dans lequel, 80 ans auparavant, Chriflophe Clavin, avoit ren- fermé de l'eau, & fur lequel il avoit marqué avec un diamant la hauteur à laquelle Peau montoit. Dans ce moment on n’avoit pas encore apperçu la moindre altération dans fa fubftance, ni la plus légère diminution dans fon volume. Obferv, fur la Phyfi. & l'Hif. Nat. Aout 1771. Aufi M. PBaumé, dit-il avec raifon, que l’eau diftillée eft inaltérable, qu’elle peut fe garder pendant trèslong-temps dans fon état de pureté, lorfque rien d'étranger ne fe méle avec elle; Chim. Exper. € raif. t. 1. preuve indu- bitable que les eaux des grands fleuves, telles que le Rhin, le Rhône, le Pô, le Danube, l'Euphrate, le Gange, le Niger, le Miflipipi, &c. &c. font plus pures que celles des fleuves moins grands & moins rapides, & ces dernieres, meilleures pour la boiflon que celles des plus petites rivie- res, &c. &c. Quoique ces preuves fufifent, je ne puis réfifter au plaifir d’en fournir encore une qui eft des plus fatisfaifantes. Lorfque les eaux de la Seine font hautes, elles font beaucoup plus pures, quoiqu'’elles aient une couleur jaune & dégoûtante à la vue, à caufe de la terre qu’elles tiennent fufpen- due: fi: on filtre cette eau, ou même fi on la laiffe feulement dépofer , elle paroït très-pure, & l'apparence eft conforme à la réalité; car la diflo- lution d’argent ne la trouble prefque point. Un-habile Chymifte, M. Sage, a auffi éprouvé, qu’une livre de cette eau évaporée, après avoir été filtrée, ne laifle pas plus d’un grain & demi de réfidu ; Examen chimique de diffe- rentes fubflances minérales, pag. 151. Sans que je le dife, on fent bien que l’eau des rivieres, prife au-deffous des grandes villes, eft encore meil- leure pour la végétation, que celles qui font puilées avant d'y être par- venues. De | | | ges ScieNces Pnys. DE LAUSANNE. 113 De ces principes il réfulte néceflairement que les eaux de lacs & de ma- rais, &c., fur-tout celles dans lefquelles des plantes ont été corrompues, font encore préférables pour la végétation à celles des rivieres, parce qu’elles font moins pures ,. plus hétérogènes, plus mixtes, & plus compo- fées dune multitude de principes qui font même fenfibles à l'œil & au _ goût, & qui le font fur-tout par les effets nuifibles qu’elles produifent dans les animaux qui auroient limprudence ou le malheur d’en boire. Combien de preuves de cette vérité ne peut-on pas apporter ! Il y a quelques pro- vinces dans divers royaumes, & fur-tout en France dans celle de Brefte, où l’on forme des étangs pour y mettre du poiflon. Au bout d'un certain temps, ordinairement 3 ans, on deffeche ces étangs, on y feme d’abord de lavoine; le terrain étant extrémement fécond, le bled y feroit trop dru, comme on dit, cette qualité nuiroit à fa frudification, mais après la récolte de l’avoine, on feme bien-tôt du bled; & cette nouvelle récolte eft toujours abondante, quoiqu’on n’ait pas laiflé repofer la terre. Lorf- qu’on arrofe des terres avec ces eaux d’étangs, la végétation eft de la plus grande force, les plantes croiflent & multiplient étonnamment. Cette fource de richefles eft fi grande pour les propriétaires, qu'ils facrifient leur fanté à leur aifance, & ferment les yeux fur les maux deftructeurs qu’enfantent les étangs, pour ne les ouvrir qu'à l'or. Funefte cupidité, aveugle pañlion, ou plutôt fureur violente, dont les accès tyranniques ne dégradent que trop fouvent l’homme, cette créature appellée cependant, par fa raifon, à la vertu & au bonheur! Cette comparaifon raifonnée des différens degrés de bonté des efpèces d'eaux terreftres, nous facilitera celle que nous devons établir entrelles & les eaux de latmofphère. Il s’agit de favoir fi on doit préférer les eaux de pluie, foit qu’elles tombent fous la forme de gouttes d’eau, foit qu’el- les aient été changées en neige ou en grêle pendant leur chüûte. Des ex. périences que j'ai faites à ce deffein, toutes les obfervations que jai pu raflembler , & la théorie toujours lumineufe lorfqu’elle eft d'accord avec la … pratique conftante, démontrent que, dans l’ordre de bonté, il faut placer les eaux de pluie ou de neige fondue avant les eaux de puits, parce qu’el les font chargées des principes ivolatils de toutes les fubftances fublunaires qui fe font décompofées, & qui, élevées enfuite dans l’atmofphère, y flot. tent, ainfi que Woodvard (Philof. tranf. n°. 253.) & Morton, (Nat. Hifi. Northampton. cap. 4, pag. 264.) l'ont prouvé, après en avoir fait Tome II, P J14 MéémoudRieus nn El LA MSsa:cA ÉTÉ une analyfe très-exaête. Auf voit- on fur la furface de l'eau de pluie re- cueillie dans des vafes, beaucoup d’ordures & de matieres hétérogènes. Cette eau, foumife à plufieurs diftillations réitérées, fournit enfin une petite quantité d'huile rouge, qui, tant par fa couleur que par fon odeur & fes autres caracteres, eft propre à l’eau qui la produit, comme lont obfervé Borrichius, Hierne € Eller. Noyez Hiff. de l'Acad. de Berlin, ann. 1748, pag. 7, & idem ann. 1753, & le Tentamen chym. t. 2, pag. 23. Indépendanment de ces preuves, je peux fournir des expériences di- rectes. J'ai femé diverfes graines dans une même terre également expofée ; une moitié étoit arrofée avec de leau de puits, & l’autre avec de l’eau de pluie, & j'obferverai qu'il n'y avoit point de comparaifon entre la. végéta. _ tion des unes & des autres: celles - ci levèrent en plus grand nombre, & furent conftamment dans un état de vigueur dont les autres n’approcherent jamais; -c’eft une expérience non moins füre que décifive, que tout le monde peut répéter facilement. De tout ceci il réfulte que, parmi les eaux que nous avons examinées jufqu'’a préfent, on doit établir l’ordre fuivant, en commençant par les meilleures: eaux ftagnantes, telles que les eaux de marais, de lacs; les eaux de petites rivieres; les eaux des rivieres ordi- naires; celles des petits fleuves ; enfuite celles des grands fleuves ; les eaux de neige & de grêle fondues, celles de pluie, celles de puits expofées de- puis quelque temps au foleil & à l'air, celles des fontaines. Les eaux de glace fondue font les plus mauvaifes de toutes; la preuve en eft que les eaux hétérogènes fe gélent moins & plus tard que celles qui ne le font pas, & que la gelée concentrant toutes les parties étrangeres, il ne refte plus dans la glace qu'une eau pure; en un mot, parce que la gelée eft un moyen de dépurer les eaux, comme il eft prouvé en phyfique, par plu- fieurs belles expériences. Boyle, Bartholin, Reyherus, nous aflurent que lorfqw'on fait fondre de la glace de l’eau de mer, on en retire une eau douce. La bière, le vin, le vinaigre, font concentrés par la congélation, » &c.' Voyez les Expériences de AT. Géoffroi dans les Mém. de l'Acad. Les principes d’obfervation & de phyfque dont nous parlerons bien-tôt, ache- veront de porter le flambeau de l'expérience & de démontrer ce qu’on vient d'établir. Mais avant que de quitter cet article, jobferverai que l'ordre de bonté qui a été aligné, eft généralement vrai, quoiqu'il puifle quelquefois | fouffrir des exceptions, lefquelles cependant feront toujours fondées fur le. principe général qui fait la bafe de ce Mémoire. . de LE Ph 6. LS Des Scrences Puys. DE LAUSANNE. I15 Un exemple me fervira à être mieux entendu. A Paris on ne fe fert deS eaux de puits que pour laver; elles ne font aucunément bonnes à boire ; Cote T. de météreol. pag. $o$. La raifon en eft bien évidente. Ces eaux traverfent le fol le plus impur que le foleil puiffe éclairer, fur-tout à caufe de la grande quantité de foffés d’aifance, & de la multitude innombrable de Citoyens de toutes profeflions qui l'habitent. Cette eau, dans certains quartiers de cette grande ville, fur- tout après avoir été expolée à l'air, ‘pourroit étre plus propre à la végétation que Feau de la Seine, prife au- deffus de la capitale, principalement quarid la riviere eft groffe. Ce feroit une exception à la règle; mais elle confirmeroit notre grand principe, puifque cette eau de puits ne feroit meilleure qu’autant qu'elle reflemble- roit plus aux eaux des petites rivieres. Ces fortes d’exceptions fe préfen- tant naturellement, nous nous difpenferons à l’avenir d’en faire la remar- que. J'ajouterai encore qu'on ne doit pas, pour juger de nos principes. recourir aux préjugés communs; car, jamais les faufles idées populaires ne doivent fervir de regle pour combattre une doëtrine bien prouvée. Ce que: M. Malouin, célèbre médecin de PAcadémie des Sciences, dit, dans les Mémoires de cette Société, fe préfente ici naturellement en confirmation: de ce que j'ai avancé. ;, On ne veut point fe baigner à Paris dans les » eux des fontaines dont cependant on boit; on fait puiler l’eau à la ri » Viere pour les bains. Ees Parifiens ont encore un autre préjugé à cet: » égard; ils ne fe baignent pas dans l’eau de la riviere après qu'il a plû, » € ordinairement ils en boivent dans ce temps-là même, c’eft-à-dire, qu’ils » font difficulté de fe fervir,. pour fe laver, d’une eau dont ils boivent ”, Ce texte eft trop clair pour le commenter , & l'application qu'on peut en: faire à notre fujet, eft aufli jnfte que facile. Je n'ai point parlé de l’eau de la mer, parce qu’elle neft aucunément propre à la végétation des plantes. Quand l’eau pure de la mer couvre un: terrain, toutes les plantes y périflent, dit M. Duhamel , Ælém. d'Agricul- ture, t. 1, pag 162. Ïl ny a qu'un petit nombre de plantes maritimes: qui fe plaifent dans le,voifinage de la mer, comme les falicornia berbacea. frutticofa, Sc. Etc. L'ordre de bonté que j'ai afligné ci-deffüs aux différentes efpèces d’eau: » naturelles, eft le vrai ordre des chofes, & l'expérience le prouve; mais: je veux pour un moment qu'il y eût quelque interverfion ,. le principe gé.- néral men feroit pas moins “{ür, puifque une eau donnée ne feroit plus: B°w2 116 _* aMyéamipirilr æus : Dm 4% 1 RS 010 ÉTÉ propre à la végétation qu’une autre, que parce qu’elle contiendroit des principes nutritifs plus abondans. D'ailleurs, il y a plufieurs exceptions fondées fur des diverlités locales qui doivent rendre circonfpeëts tous ceux qui feroient tentés d’en établir un différent. Par exemple, Grwelin, dit avoir obfervé lui-même, dans le flenve d’Augara, qu’on trouve de l’eau falée dans le fein mème d'une eau douce; Flora fibirica, t. 1, pag 36. Mais indépendamment de ces confidérations , on verra bien-tôt qu'il y a une autre eau bien plus propre à la végétation que toutes celles dont je viens de parler. Nous n'avons parlé jufqu'’ici que des eaux naturelles, en aflignant le de- gré de bonté abfolue & relative de chacune. Il faut examiner maintenant fi on ne pourroit pas augmenter la vertu de ces différentes efpèces, en les rendant, par l’art, plus propres à la végétation qu’elles ne le font natu- rellement, Les moyens que je vais propofer fucceflivement, pouvant fer- vir pour toutes ces eaux, il fera facile d'appliquer aux autres ce que je dirai de quelques-unes d’entre celles que je choifirai en exemple. Parmi les eaux les plus mauvaifes, ou fi l’on veut les moins bonnes , on peut citer les eaux de puits, felon que nous l'avons prouvé; & entre les différentes eaux de puits, les moins propres à la végétation, font fans contredit les eaux dures & crues qui font chargées de terre calcaire ou de félénite : ce fel qu’elles tiennent en diflolution, eft une des principales caufes de leur mauvaife qualité; on les reconnoit facilement, parce que celles qui font combinées avec de la terre calcaire, verdiffent le firop de violat, & que, mélées avec la diffolution de mercure par l'efprit de nitre, elles for. ment un précipité jaune qu’on nomme turbith minéral; fi on y met un alkali fixe, elles fe troublent & dépofent un précipité blanc terreux. Ces eaux dures ne peuvent diffoudre le favon; les légumes n’y cuifent qu'avec peine; & ces effets font d'autant plus grands, que les eaux font plus crues, plus féléniteufes, . &c. C'eft par les extrémés qu’on connoït mieux les chofes: fuppofons donc une eau fortement féléniteufe, telle qu'il y en a peu; eh bien, on peut corriger ce défaut par des procédés chymiques. M. Sage, dans la feconde Edition de fa Minéralogie docimaftique, tit, 1, pag. 299, dit, qu'il à vu une orangerie confidérable, dont les arbres mouroient tous en peu de temps, parce qu'on employoit, pour les arrofer, une eau trop féléniteute; effet qu'il attribue avec beaucoup de probabilité, à l'incruftation que forme à pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 117 la longue cette eau fur la racine dés plantes, ce qui les fait languir & pé- rir peu après. Pour rendre l’eau la plus féléniteufe, propre à l’arrofement des végétaux, il fuffit d'y mettre des cendres dont lalkali fixe décompofe Ja félénite qu’elle contient; lorfque la terre abforbante s’eft précipitée, l’eau » tient alors en diflolution du tartre vitriolé. Un autre moyen plus fimple, & à la portée des cultivateurs, c’elt de Jaiffer, expofée au foleil, cette eau crue & féléniteufe; la fimple infolation décompofera la félénite au bout dun certain temps, & rendra ainfi l’eau propre à la végétation, cu plus \ propre à cet effet, fi elle l'étoit déja. De l'eau de la Seine fe corrompit au bout de huit jours, quoique le vafe dans lequel elle étoit contenue, fût ouvert. Cette eau deviendra d'autant plus favorable à laccroiflement des végétaux, qu’elle fera davantage putréfiée; car cette putréfaétion dépend de la décompofition de la félénite. L’acide vitriolique qu’elle contient , felon M. Sage, (Analyfe du bled, pag. 108.) sunit à de la matiere in- … flammable, & conftitue du foufre, lequel fe combinant avec la terre ab- L forbante de la félénite, forme un foie de foufre terreux qui commence à 1 fe décompofer lui-méme, & que l’eau putréfiée tient en diflolution, com- me l'odeur l'indique. On peut encore dire que la fubftance extractive des Î eaux fe putréfiant, produit un alkali volatil qui décompofe la félénite. Les - eaux de riviere tenant quelquefois de la félénite, quoiqu'en moindre quan- …tité que les eaux de puits, feront également fufceptibles d’être améliorées par le même moyen, ainfi que les eaux pluviales, & fur-tout les eaux ftagnantes dont toutes les matieres hétérogènes diffoutes feront décom- pofées. De ce que nous avons dit jufqu’à préfent, il réfulte que de toutes les eaux naturelles, celles qui font ftagnantes, méritent la préférence, réla- tivement à la végétation; mais ne pourroit-on pas furtout donner à tou- tes les eaux de l’atmofphère, ou de la terre, une préparation qui lés ren- dit encore plus propres à l'entretien de la vie des végétaux, en n’employant 4 procédé très-fimple ? Ce fera donner la folution la plus complette “du problème phyfique qui nous a occupé, & qui eft fans contredit de la Vus grande importance. —…._ Les diverfes préparations qu’on peut donner aux eaux naturelles, doi- (vent fe réduire à une dépuration complette, ou à une putréfaction très- grande. Entre ces deux limites, il eft plufieurs degrés qui fe rapprochent plus ou moins de lune ou de l’autre, & qui fe rangent d'eux-mêmes vers nt métinté dt nie d 1 À: JR MÉMoirrEs DE LA SocerÉTé les extrémités auxquels ils ont plus de reffemblance. Quoique tout ce qui a été établi précédemment, porte à croire que l’eau la plus pure n’eft pas la meilleure pour la végétation, il faut difcuter cet article avec foin, & ne pas fe contenter de conjeéturer : en phyfique tout doit être prouvé par Pexpérience; mais avant que de rapporter nos preuves, il eft à propos de combattre un préjugé fpécieux qui eft affez généralement répandu. On si magine que l'eau la plus pure eft plus propre à traverfer les couloirs di. vers dont le corps de la plante eft compolée, & que l’eau fe changeant facilement en terre, elle pourra, après cette métamorphofe, être partie élémentaire des végétaux. Quoique plufieurs Chymiftes de nom, tels que Za Wigniere, Borri- chius, Hoock, Boyle, Henkel, Urbanus d'Hierne, Leidenfroff, Eller .. Wanbelmont , Hoffinann, Margraff &c. aient penfé, les uns, que l'eau la plus pure contenoit de la terre, comme un élément propre ; les autres, qu’elle fe convertifloit en terre; & que /allerius & Linné aient: mème avancé que la diminution des eaux par converfion en terre étoit fi confi- # dérable, que notre globe augmentoit progreffivement en folidité, & qu'un * jour une féchereffe abfolue y régneroit;. cependant le plus grand nombre des Chymiftes & des Phyficiens modernes eft d’un avis contraire. On con- noït les belles expériences de: M. ZLavuifier, de l'Académie des Sciences ,. M en 1770; ce Chymifte, pour éprouver fi l’eau fe changeroit réellement: en terre, a tenu en digeftion pendant IOI jours, une quantité confidéra. ble d’eau dans un pelican, à un feu de lampe toujours égal & continu. Jl a prouvé que la terre qu’on trouve au fond des vaiffeaux de verre, après: avoir été diftillée & recohobée plufeurs fois , étoit un produit de la diffo.. lution du verre par l'eau, & que ce fluide m’étoit point tranfmuable en terre, mais indeftructible & inaltérable, ce qui confirme les idées de Boer=« baave dans fes. Elémens de Chymie, celles de M Duhamel, dans fa Phyfiz gue des arbres , &c.. De ces expériences, dont nous n'avons dû rapporter que le réfultat on doit conclure que l'eau pure, ceftà-dire, leau diftillée & entierement dépouillée des parties hétérogènes, ne peut point abfolument être propre à la végétation, parce que cette eau étant indeftruétible & intranfmuable,M ne peut fe changer en. une fubftance terreufe, encore moins huileufe ou faline, & encore moins en une fubftance végétale. A la vérité, on a vu un. jeune chêne fublfter, près de huit ans, pouffer à chaque printemps « # DES Sciences Pays. pe LAUSANNE. 119 …_ des feuilles & du jeune bois, & fa tige, de plus d’un pouce & demi de … circonférence, être nourrie par l’eau ieule de la Seine, filtrée dans une fontaine de fable. Mais cette eau filtrée contenoit encore des parties ter- - reufes & falines, & conféquemment n'étoit pas parfaitement pure. Ce qu’on peut inférer du fecond & troifieme procédé de M. Lavoifier, Mem. lu à Ja rentrée de l'Acad. le 14 Nov. 1770, par lefquels il confte , 1°. que _ l'eau de pluie a donné par livre d’eau un tiers de grain d’une terre le 64 2°. Que cette eau dift ilée & de nouveau Dennis à huit dir. lations fuccéflives, fournifloit à chaque opération une petite portion de terre femblable à celle de la premiere diftillation. D'ailleurs, l’{au qui flotte dans Pair, ou que l'air de l'atmofphère tient en diflolution , eft abforbée par les feuilles des plantes (a), & cette eau imprégnée de divers fels, elt très - confidérable. Une expérience bien füre le démontre admirablement ; une once de fel de tartre expoté à l'air dans le temps le plus fec, donne en deux ou trois jours quatre onces d'huile de tartre par défaillance. Ces “trois onces furajoutées ne font évidemment que trois onces d’eau attirées par l'once de fel de tartare. Ce feroit une erreur de simaginer que toute l’eau que les plantes ab. orbent continuellement par leurs racines, & fur-tout. par leurs feuilles , “devienne partie conftituante de la plante. Les végétaux fe débarraffent de cette eau furabondante par la tranfpiration qui eft très-confidérable. Il ; prouvé que la tranfpiration moyenne d’un foleil ordinaire, eft d’une ivre quatre onces, ou vingt onces pendant chaque douze heures du jour, & que cette plante tire & tranfpire dix-{ept fois plus que l’homme. On peut voir les obfervations de Hales,. Statique de végétaux , chap. I; de Keil, Æedicina Jfatica britannica ; VOuvrage de Müller & les expériences e Woodvard, Zränfait. philofoph. L'eau n’eft que le véhicule des fucs alimentaires & végétatifs qui s'incorporent dans la fubftance des plantes. es fucs élaborés font le vrai chyle des végétaux, qui, comme celui des mimaux , eft toujours la plus petite partie da la grande quantité d’alë ens qu'ils prennent. a) M. Bonnet s’eft affuré que les feuilles abforboient beaucoup d'humidité par leur fur- e fupérieure, & fur-tout par l'inférieure, & on ne peut pas plus douter d’après les ex- iences faites par les Phyficiens & par les Naturaliftes modenes, de l’exiftence des vaif aux abforbans, que de celle des vaiffleaux exhalans. 120 MÈMOIRES DE LA SOc1é£éTt*É Dès que l'eau filtrée , diftillée, purifiée en quelque forte, n’eft point propre à la végétation des plantes , il faut donc que ce foit l’eau qu'on aura rendu mixte, & chargée des parties hétérogènes, qui foit propre à « ‘la nourriture des plantes, & d’autant plus propre qu’elle fera plus faturée M de ces parties, qu’elle aura été plus corrompue & putréfiée à un plus 1 haut degré. Car, ainñ que nous l'avons remarqué plus haut, ce font les deux limites qui comprennent toutes les eaux que l’art puifle prépa- rer; & l’une de ces limites, & tout ce qui en approche étant impro. pre, ou moins propre à la végétation , comme il a été prouvé, il eft de toute néceflité que l’autre foit ce qu’on peut afligner de plus favora- ble à la vie & à l’accroiflement des plantes. Pour la facilité de l'expref. fion , j'appelerai, eau végétative, l'eau qui eft la meilleure pour produire les principaux effets de la végétation. Par ce nom de végétation , nous entendons cette action par laquelle les plantes fe nourriflent , fleuriffent « & multiplient, ou fe régénèrent par le moyen de leurs graines ou fe- mences. La nature de cette eau végétative fera diamétralement oppofée à l'eau pure, elle fera la plus faturée qu’il fera poflible des matieres hé. térogènes qui font les vrais principes végétatifs. Pour mieux connoitre ces principes , il ne faut pas ignorer quels font les élémens conftitutifs des plantes, car ceux-là doivent avoir le plus grand rapport avec celles - ci ; il eft néceflaire que la fubitance du premier ait. une affinité avec celle de fecondes ; car la nourriture & l’accroiflement » des plantes ne peut avoir lieu que dans le cas où les fubftances qui fervent M à ces effets pourront être affimilées à la fubftance phyfique des plantes. Il en eft de même des végétaux que des animaux, rélativement à la nas ture de leurs alimens ; il faut un rapport eflentiel entre les principes ali mentaires & les facultés nutricibles; car autrement on pourroit nourrir une plante & un animal avec des diflolutions minérales ; ce qui eft dés montré impofñble par l'expérience. # L'analyfe chymique & le flambeau de l'expérience qu'il faut toujours confulter , vont nous apprendre quels font les élémens phyfiques des plantes, élémens qui font les principaux inftrumens de la végétation. En diftillant une plante odorante au bain - marie avec une chaleur de SO degrés de thermomètre de Reaumur, & de 112 de celle de Farenheit , c’eftà-dire, de l'eau bouillante, on obtient de l'eau imprégnée de l'odeur propre au végétal foumis à l'expérience , & une huile eflentielle qui “| c4 DEs SCcrENCcESs PpHYyis DE LAUSANNE: 121 de-diverfes couleurs, & dont la pefanteur fpécifique eft plus ou moins grande que celle de l’eau. Le plus grand nombre des plantes diftillées à la corne au degré moyen fupérieur à l’eau bouillante, donne une liqueur » d’abord fimplement aqueufe, qui devient enfuite acide, & dont l'acidité va toujours en augmentant. Il en fort enfuite une huile de plus en plus épaifle, & enfin on trouve dans la cornue un charbon qui n’eft prefque qu'une terre pure: aufhi la quantité de terre qu’on obtient, eft-elle tou. jours en raifon de celle du réfidu charbonneux. Si on fait brüler une plante à l'air libre, quoiqu’elle ait perdu dans la combuftion les principes qu’elle donne à la ditillation , on trouve dans fa cendre une matiere faline qui produit fur la langue une fenfation brü- lante & lui imprime un goût d'urine. Ce fel eft l'a/kali fixe qu’on retire - des plantes en filtrant & faifant évaporer l’eau qu’on y a verfé; il fait e£ fervefcence avec l'acide des végétaux dont nous avons parlé. Dans toutes . les plantes il eft le même, & attire l'humidité de l'air au point d'y tomber en deliquium, c’eftà-dire, de s’y refoudre en liqueur. On trouve auffi dans les cendres des végétaux, d’autres fels effentiels, tels que le tartre vitriolé, … le fel de glauber , le nitre, le fel marin, &c. Dans quelques plantes , “comme le gayac, v. g. on retire avec l'huile, une grande quantité d'air, » & enfuite de l’alkali volatil ; mais ce dernier eft entièrement dû à Paction du feu qui combine avec une portion d’huile lalkali fixe qui a été atténuée. “L'analyfe par les menitrues donne les mêmes produits que lanalyfe par …le feu, & la voie de combinaifon montre les mêmes réfultats; Ceft tou- “jours du phlegme, une liqueur acide, une huile embyrenatiqué: un vé- “ritable alkali fixe , & un réfidu terreux. Meflieurs Dodart, Bourdelin, Tournefort, Boulduc, Geoffroi, &c. ont obtenu conftamnient Ces pro duits. » L'eau propre à la végétation doit donc contenir les parties intégrantes & les élémens conftitutifs qu'on trouve dans toutes les plantes ; je y re un phlegme, un acide , une huile effentielle, des fels végétaux, & une quantité de terre proportionnelle. Mais l’eau végétative que j'afligne con- t réellement tous ces principes phyfiques, comme je le prouverai bien. Cette eau végétative que je propofe pour réfoudre la queftion , eft l'eau _ dans laquelle on a Haiffé macérer des plantes, celle où beaucoup de plan. tes différentes fe font pourries. L'eau dont les molécules font très - fines “a une trèsgrande vertu diflolvante, & c’eft fur cette ténuité qu’eft fon. 11/7 7°0 PR - Q 122 MEMOïTRES DE LA Soc:réT'£ dée en partie cette propriété. Nieuwentit a démontré que la pointe de l'ai: guille la plus fine pourroit porter 13 mille des parties intégrantes de l’eau. Aufi l'expérience prouve-t-elle qu’il n’y a point de fluide qui poflede à un plus haut degré la facuité de dilloudre tous les corps poflibles. C’eft pour- quoi tous les principes conitituans des différentes matières qu’on jetera dans l’eau, & principalement les végétaux qu’on trouve par-tout , feront diffous par l’eau ftagnante dans laquelle on les aura laiffé tremper pendant quelque temps. Ce fluide fe chargeant de ces divers élémens nutritifs, fe combinant avec eux, deviendra l'agent le plus propre de la végétation. Afin que cette eau foit encore meilleure pour Peffet propolé, il faut la laif fer fermenter au foleil, alors les diverfes fubftances qu’elle contient feront plus propres à être difloutes, à être décompofées, à être recombinées. Par cette méthode on aura une eau entièrement imprégnée, ou plutôt faturée des élémens conftitutifs des plantes. Elle fera conféquemment la moins pure, la moins hétérogène , & la plus mixte des eaux qu’on puifle imaginer. Pour la rendre encore meilleure , on doit y ajouter une certaine quantité d'urine des animaux , qui n’eft qu’une préparation naturelle d’eau végéta- tive, puifque les plantes qui forment la plus grande partie des alimens des divers animaux, ont été en quelque forte putréñées dans les différens efto- macs, & que leurs différens principes ont été diffous ou entrainés par ce fluide; voyez l’analyfe de l'urine dans divers traités de Chymie. Je me dif. penfe de la rapporter en confirmation , parce que la fimple expofition de cette vérité eft fuffifante. On ne peut revoquer en doute que notre eau végétative ne foit char. gée des principes conftitutifs des plantes, puifque les végétaux étant ma- cerés, pourris & corrompus dans l’eau, celle-ci aura diffous leurs diffé: rentes parties avec la plus grande facilité, car, comme nous lavons dit, l'eau eft un excellent diffolvant, & même le meilleur de tous. Ces corps étant diffous felon la loi commune , feront unis aux différentes parties de l’eau qui ne laiffera tomber que les portions groflieres ou furabondan- tes. L’odeur fœtide de cette eau, fa couleur, fon goût, fa denfité, fa pefanteur fpécifique , tout annonce qu’elle tient en diflolution les parties intégrantes des végétaux pourris, qu’elle eft de toutes les eaux poflibles la plus corrompue, la plus mixte, celt-à-dire, la plus propre à la végé" tation. L’analyfe chymique nous démontre aufli que cette eau ainfi fatu- rée, contient les mêmes principes qu'on retire des végétaux par les dif DES SciENCES. PHys. DE LAUSANNE. 123 érentes expériences dont nous avons préfenté un précis, tels que la terre, les huiles, les fels, &c. IL eft donc prouvé , par la raifon, par le rap. - port uniforme de tous les fens, & par l'analyfe chymique , que l'eau vé. gétative dont nous avons afligné la nature & la compofition ; contient les principes conftitutifs des plantes, que nulle eau ne peut avoir plus d’affinité avec les végétaux. Il en eft de même de l’eau des égoûts des Villes , des fumiers , des lieux d’aifance , &c. , & autres de cette efpèce que l’expérience prouve contenir les mêmes principes. Non-feulement ces diverfes eaux végétatives contiennent la terre &:tous les autres principes nutritifs & conftitutifs des plantes, mais elles les con: tiennent dans un état d'élaboration qu’on n’obtiendroit que difficilement par un autre moyen ; car la terre, v. g., qui cit dans les végétaux; a! déja fubi les altérations néceffaires pour les compofer comme parties intégran- tes. La terre élémentaire , qui eft une terre vivifiable , devient argilleufe par fa combinaifon avec les acides végétaux, & s’eft trouvée enfuite dif. pofée à pañler à l’état de terre calcaire, felon les découvertes de M. Baume, Mém. fur les argilles. Alors les opérations de la nature font prodigieufe- ment abrégées avec notre eau végétative. Il en eft de mêmé de lhuile, des fels, des acides & des autres principes des végétaux. Ce n’eft pas précifément le mélange de ces différentes parties végétales dans Peau, qui la rend fi propre à la végétation; car ces diverfes fubf. … tances méêlées & non combinées , auroient beaucoup moins de vertu: c’eft … Pétat de combinaifon qu’elles ont acquis par la fermentation & la putré- -fation qui leur donnent une qualité fi fupérieure; aufli faut-il, pour opé. rer cet effet, un temps proportionné. IL en eft de l’eau végétative comme du vin; pour que celui-ci ait acquis fa perfection, il faut que la fermen- “tation ait eu lieu, & que tous les principes foient combinés dans une À juite perfection: du moût n’eft pas du vin, & de l'eau qui a diflout fimii … plement des fucs végétaux & animaux , n’eft pas une eau végétative paë. » faite. La chaleur du foleil qui hâte toutes les opérations de la nature, fur tout les diffolutions, & la plûpart des fermentations, eft très-propre à cet _ effet, comme tout le monde fait. Le mouvement qu’on peut y exciter de ” diverfes manieres, n'y eft pas inutile ; les expériences de M. le Comte de la Garaye ( Chymie hydraulique ) le prouvent bien. M. le Comte de Milly L a lu dépuis à l’Acad. des Sciences, un Mémoire fur la propriété diflolvante . que Peau & Les autres fluides acquierent par le mouvement ; il y aflure, Q 2 | 4 | 124 Mi Ém O x 0R ECS 20 E © 1 ANS NO CI ESTIMÉ d’après fes expériences, que depuis les fels les plus diffolubles, jufqu'à ceux qui font réputés ne l'être prelque pas, depuis le fucre jufqu’à la félénité, depuis celle-ci jufqu’à la pierre-à-chaux, & enfin, depuis le caillou jufqu’à Por ; tous font attaqués par l’eau fimple fi elle et agitée avec violence; mais fi elle eft tranquille, fon ation, dit-il, Panéantit, ou du moins di- minue fi confidérablement, qu’elle femble lêtre réduite à zero: Le ther- momètre étant à fept degrés au-deflus de la glace, & le baromètre à vingt: fept pouces neuf lignes, il a pris deux demi-onces de fel marin très-pur, lefquélles ont létémifes dans deux vafes contenant fix onces d’eau diftil- lée ; Peau d’un de ces vafes ayant été agitée, . la diflolution du fel a été combplette en $$ fecondes: celui qui était: dans Peau tranquille, y eftirefté pendant 37 heures , fans que la diffolution fut achevée. ( Je ne dirai point ici que, par le même moyen, l'or fe diffout, fuivant M. de la Ga- raye, au point de pafler par un filtre compofé de deux doubles de pa- pier:) ainfi Peau eft un menitrue uuiveriel , au moins lorfqu'il eft joint avec d’autres intermedes. 10% Dès que cette eau végétative contient , ainfi que nous venons de le voir, tous les principes que l’analyfe chymique retire des plantes; il eft de la derniere évidence qu’elle fera de toutes les eaux la plus propre à la végétation; parce que les plantes qui, comme lestanimaux, ont des or- ganes-propres à s’aflimiler une certaine portion des fubftances alimentai * res, fe nourriront. & croitront ainfi qu'eux par intus-fufception. Les: Ob- fervations ‘des Rhedi, des Grew, des Malpighi, des Leuwenhoeck, font trop connues pour les rappeller ici. Tout le monde fait que les plantes font-des machines merveilleufes, qu’elles ont plufieurs genres de vaifleaux, des vaiffeaux feveux ou lymphatiques, des vaifleaux propres, des vaiffleaux aëriens-ou trachées par lefquels elles:refpirent ; des utricules, &c;:que l'économie végétale n’eft pas moins admirable aux yeux du Philofophe que Péconomie-animale ; que les plantes s’aflimilent les fucs nourriciers , & croiflent ou végétent par ce moyen. Mais confultons encore lexpérience , afin d’avoir toute la certitude poffible:fur ce fujet. J'ai {emé des graines de même efpèce dans des vafes égaux , remplis de la:même: terre, à une expoftion femblable ; les unes étoient! arrofées avecl delean végétative, & les autres avec de l’eau de riviere | Ja ‘différence {a toujours étéconfidérable. Les grainés des premiers levoient plutôt. &: en plus grande abondance; le foetus végétal étant mieux M pluto PIUS 8 - pes Sciences Pays. DE Lausanxe. 122$ ‘4 nourri, elles avoient un accroiffement plus rapide, une vigueur bien fu. périeure, une couleur plus foncée & plus brillante, un embonpoint & une fanté , fi je puis parler ainfi, qui m’étonnoient , quoique je m'’atten- “difle à un réfultat favorable ; la floraifon & la fructification fuivoient le même rapport. Cette expérience comparative a été plufieurs fois fur les mêmes efpèces de plantes, & fur différentes efpèces. Bien plus, des plan- tes qui fouffroient, parce qu’elles étoient dans un terrein trop fablon- “neux, prirent une force de végétation étonnante lorfqu’elles furent arro- — fées quelques fois avec l’eau préparée dont j'ai fait connoitre la nature ,«la “compofition & les vertus. » Je connois une grande maifon où on n’arrofe les plantes du jardin qu’avec eau d’une partie des égoûts de la Ville; & la végétation y eft de la plus “grande force; les graines y levent plutôt, les plantes y font plus belles, “dune meilleure venue, l'accroiffement en eft plus rapide, le volume de “là tige, des branches, des feuilles y. eft beaucoup plus grand que dans faveur bien fupérieure à tous les autres herbages du Canton; il en eft de même des fruits divers qu'on y recueille: c’eft un fait trèscertain dont je uis fournir les preuves les moins équivoques: c’eft encore un fait trèsconf- t, car il y a un grand nombre d’années que cette expérience eft con- me-crois pas qu’on puille donner des preuves d’expérience plus décifives de bonté de l'eau végétative que j'ai propofée. Ces preuves jointes avec elles que la faine Chymie & la Phyfique la plus lumineufe puiflent fournir , ment une démonftration complete de la vérité de notre fentiment (a). ” $ (a) Nous fupprimons ici, comme trop étranger au grand nombre de ceux qui s’appli- quent à l’agriculture, les preuves confirmatives qui ont rapport aux divers gas relativement älagriculture. On fait, d’après les expériences de Prieftley & de plufieurs autres Phyfi- iens, que les végétaux pouffent vigoureufement dans l'air corrompu par la putréfaction , &qu'ils rétabliffent très-bien l'air vicié par la putréfaction ou par la refpiration. Ce favant à dé ontré que les plantes purifient l'air, en abforbant les fubftances qui l’altérent; elles aifent, pour ainf dire, à fe nourrir de tous ces effluves pernicieux pour les animaux; , dit-il, une des reffources que La nature emploie à ce grand deffein. M. Prieftley a Ve qu'une tige de menthe, (& même d’autres plantes) mile dans une jarre de verre rfée dans un vailleäu plein d’eau, & après y avoir pouffé pendant quelques mois, ré. t cellement l'air, qu'il n’éteignoit point la chandelle, & qu’il n’étoit poinc nuifble à Unie fouris qu'on y expofa, quoique ces deux effete fuflent auparayanc produits; il a en- core prouvé que les plantes ne pouflent pas aufli bien dans l'air déphlogiftiqué que dans: 126 MÉMOIRES DE LA SoctEeTé Qu'on compare ces belles plantes avec celles qui, mifes dans une terre fa: bloneufe, ne font arrofées que par une eau pure, diftillée naturellement dans le fable; qu’elle différence! celles-ci ne font que des embrions de plan: tes. “ Toutes les plantes du continent qui viennent dans les dunes, font pygmées,,, dit Lynnæus, celles dont j'ai parlé, & qui ont été arrofées : par de l'eau végétative, font donc des patagons, s’il eft permis de parler ainfi. | La raifon de ce phénomène fuit évidemment des principes que j'ai éta. ! blis. Cette eau a diffout tous les principes nutritifs des différentes matieres végétales & animales, les principes huileux , falins & terreftres; elle s’en eft chargée, après que ces divers fucs végétatifs ont fubi une fermentation, « une combinaïfon qui les a élaborés & perfe&tionnés, & par-là mêémeeneft devenue plus propre à la nutrition des végétaux & à leur accroiflement, | Cette eau végétative , ainfi que celle que nous avons appris à former ci. deflus, eft pour les plantes un vrai confommé qui les nourrit, & les ref: | taure puiflamment, tandis que les eaux naturelles ne font pour les plan. tes que de foibles bouillons. Qu'on me pañle ces expreflions métaphoriques que l’analogie qui regne entre les corps des végétaux & ceux des animaux m’autorife à admettre , fur-tout après les découvertes de l'Abbé Roger Schalbol. £ On pourra juger, par l’expérience fuivante, de l'excellence de l’eau vé- gétative pour la multiplication des plantes, & conféquemment pour la vé- « gétation. J'ai femé une égale quantité du grain de cette plante que les Bo M taniftes nomment 3ea maps Linn., &@ as granis aureis. Iuff. rei berbar.… de Tournefort, & que nous appellons mays ou bled de Turquie; j'ai femé , une égale quantité de ce grain dans deux vafes égaux, remplis de la même » terre, placés a la même expofition, avec cette feule différence , que d’un côté l'arrofement était fait avec de l'eau végétative, & de l'autre avec de l'air commun, le premier ne fourniflant pas ce pabulum que les plantes reçoivent même . de l'air commun; MM. Walker & Bremner, furent témoins à HarWich, d’un fait duquel il réfulte, qu'une matiere en végétation confervoit la douceur de Peau , en abforbant l'ef fluve phlogiltique qui s’en dégageoic lorfau’elle tendoit à la putréfaétion. On peut voir ce qu’il importe de connoitre rélativement à l'eau & aux plantes, dans notre ouvrage ; intitulé a Electricité des Végétaux. Paris, Didot le jeune, 1783, lequel fait fuite à l’'Éleciricité du corps humain en état de fanté &ÿ de maladie ; feconde édition, in-8°. avec planches &; figures. ÿ DES SCIENCES PHys. De LAUSANNE. 127 Veau ordinaire ; & le produit a été beaucoup plus grand dans le premier …. vafe que dans le fecond ; car le rapport moyen des plantes nourries par _ Peau végétative, a été de 93 à 1, tandis que celui des autres étoit de 28 … à r. La même expérience a été faite fur le paicum mmiliaceum. Linn. ou - milinm femine luteo. C. Bauh. Pinax, que nous nommons millet; il produifit … 32 de plus que le même grain non arrofé d’une eau végétative. L’orge, … bordeum polyffichon vernum. €. B. P. rapporta 19 pour I, tandis que … celui qui étoit cultivé à l'ordinaire, ne donna que le &. L'utilité & la nécceflité même des fumiers & des engrais, prouve évi “demment l'avantage précieux de l’eau végétaire. Ces diverfes matieres pro- … pres à l'amendement des terres, font en grande partie compofées des dé- - bris des végétaux & des dépouilles des animaux, putréfiés & totalement corrompus & dénaturés. Les eaux qui tombent du ciel, ou qu’on tire de la terre, & qui fervent à l’arrofement, font filtrées à travers les terres ainfi …ameublies; fe chargeant des fels & des fucs nourriciers qu’elles conte. moient , ces eaux en deviennent le véhicule , & les portent aux orifices des chevelus & des petites radicules qui font comme les bouches des vé- | gétaux. De-là ces fucs pompés par ces orifices, paflent dans le corps des racines que tous les Phyficiens confiderent comme les eftomacs des plantes; vils y font élaborés & perfectionnés , & fervent enfuite à la nutrition de ces êtres admirables qui décorent & embelliffent la terre, ceftà-dire, la ‘demeure de l'homme. ” Notre eau végétative eft de toutes les eaux propres à la végétation, la “meilleure, parce qu’elle renferme les principes nutritifs des plantes, com. me nous l'avons prouvé, & parce qu’elles les contient en quantité fuffifante. La qualité de ces fucs nourriciers & leur quantité, font les deux condi- “tions requifes pour conftituer une eau végétative excellente. . Cette eau ant faturée de ces fucs, ainfi qu’il confte par le principe de fa formation, doit néceffzirement en contenir la plus grande quantité poflible, & mériter à préférence fur toutes les autres eaux par cette double qualité. Cette eau “parties plus groflieres & furabondantes des fucs nourriciers reftant dans les “terres arrofées, ferviront à les amender, en les rendant pour quelque temps — dépoñitaires des principes nutritifs qui les compofent. Ces parties groflieres “fubiront une nouvelle fermentation, une feconde décompofition par le laps "du temps, & rendant ainfi à la terre ce qu’elle a donné, elles la fertilifæ Ho 1 128 MÉMOIRES DE La Soc 1 ÉT.É ront de nouveau, & feront caufe qu’elle deviendra propre à être encore nourrice de cétte nombreufe famille de végétaux qui doit fortir de fon fein fécond. On ne doit point être furpris que dans l'eau végétative nous ayons re- commandé d'y mêler de l'urine & d’autres matieres animales, parce que les animaux fe nourriflent en grande partie des végétaux, & que {eur fub£ « tance eft primordialement compolée de matieres & de fucs végétaux; le cheval, l’âne, le bœuf , le mouton & les autres animaux herbivores ne fe « nourriflent que des végétaux, & c'eft principalement de ces animaux que | nos fumiers font compofés. L'homme fe nourrit ordinairement des alimens : tirés du règne végétal, le pain & les herbages font la bafe de fa nourri. ture, & les animaux qui fervent à fa nourriture font herbivores, frugivo- ! res ou granivores (comme les poulets, &c.) Ainfi, en derniere analyfe, k les matieres animales quelconques tirent leur origine des végétaux. Mais, quoiqu'il en foit de ce raifonnement, l'expérience prouve que, comme les animaux fe nourriflent affez indifféremment de végétaux & d’autres ani. maux, de même les plantes en général, reçoivent leur nourriture des ma- tieres animales & végétales. Rien donc de plus fimple & de plus facile, que de compofer cette eau 4 végétative, que jai prouvé être de toutes les eaux propres à la végéta- tion, la meilleure des eaux poflibles; c’eft de mêler dans une eau ftagnante quelconque, des matieres végétales & animales, de les laïfler macérer, 3 fe pourrir , fermenter, fe combiner pendant un temps proportionné, & de fe fervir enfuite de cette eau pour les divers ufages qu’exige Pagricul- ture. Cette eau épuifée, on aura toujours au fond du réfervoir les par-. ties groflieres de ces débris des végétaux & des animaux; ce fera une eau M végétative, mère, qui redonnera une nouvelle vertu à l'eau qu’on y ver- fera fucceflivement, ayant foin cependant de fubftituer de nouvelles matie- res animales & végétales, lorfque, par le laps du temps & par les leflivesm réitérées, les anciennes auront perdu leurs propriétés primitives. Souvent il fuffira de mêler un peu de cette eau végétative avec de l’eau ordinaire , fuivant la nature des plantes & celle du terrain; alors l’eau“ commune fera aflez fécondée. C’eft à l’agronome éclairé à connoitre la nature de la terre qu'il cultive, & qui varie felon les lieux, & celle des plantes , dont quelques-unes exigent plus ou moins d’étre.nourries, à- peu près comme les animaux dont les genres & les efpèces font fi divers. L'eau 4 Des Sciences Phys. DE LAUSANNE. 129 L'eau végétative parfaite, placée dans un -grand creux ou réfervoir dans … Jequel on l'aura formée, y fera confervée pour le befoin, foit qu’on l’em- —_ ploie feule, foit qu’on la méle avec de l'eau commune dans laquelle on —. aura eu foin de jetter des végétaux & des dépouilles d'animaux, pour la “ rendre moins commune, plus mixte, Ceftà-dire, plus propre à la végéta. tion. Par-tout on trouve des débris de végétaux & d'animaux pour faire _ Peau végétative ; dans les villages, & fur-tout dans les villes, tous les re. buts des divers arts y font propres, & dans toutes les maifons mêmes on trouve des matériaux abondans pour la former, des copaux, de la fciure de bois, de la fuie des cheminées, des cendres, des raclüres de cornes, » des morceaux de cuir, de parchemin , des infectes morts de diverfes efpèces, du marc de raifin, des feuilles d'arbres, de mauvaifes herbes arrachées , » es égouts des cuifines , de la poudrette (excrémens des animaux deffechés ,) toutes les plantes quelconques brülées ou pourries font très -bonnes pour produire cette eau végétative. On n’oubliera pas ce qui a été établi plus haut, que toutes ces matieres doivent étre dans un état de décompofition, afin qu’elles foient combinées entr’elles & avec l’eau; cette eau devient un véritable lait, un vrai chyle végétal propre à l’accroiflement des plantes qui, comme les animaux , ne fe nourriflent que par EDP HR Lt , & non par … juxta-pofition. Prefque tout ce qui compofe le règne végétal & "re règne animal eft pro. pre à former notre eau végétative, comme à fervir d'engrais; car les en- * grais ne font que des nourritures qu’on fournit aux plantes. Dans le //a- » gafin Tofcan, on trouve un Mémoire fait par un membre de l’Académie des Géorgiphiles de Florence, qui contient des expériences, qui prouvent “que la lie d'huile, loin d’être corrofive & contraire à la végétation des plan- “es, eft pour elle un excellent engrais. Dans la Finlande, on emploie la tourbe en engrais, & on profite d’un fecours que la nature offre dans les “tourbières qui y font répandues. L'Europe a beaucoup de provinces qui pourroient mettre en ufage le même moyen d'amélioration , d'autant plus » précieux qu'il coûte peu de dépenfe. £a Nature confidérée fous différens af. pets, N°. 2. ann. 1776. Les débris du falpétre, les décombres des bà- timens, les ifues des boucheries, &c. peuvent fervir d'engrais. Ibid. n°. 4: | pag. 159. M. Sukon, de la Société Palatine de Lantern, penfe que le gyps D répndu fur la terre vers la fin de l'automne, peut fervir d'engrais. La * mouffe de terre eft un excellent engrais. M. Gleditfch, par plufieurs EXPÉ- _ Tome IT. 130 Mémoires px La So c1IÉT É riences faites en grand, depuis 1736 jufqu’en 1770, s’elt afluré de cette vérité. Depuis cette époque, il a répété avec le même fuccès des expérien. ces de cetté nature. Les fchiftes marneux qui ne font qu’un mélange dar. gile & de craye, peuvent être employés à fertilifer les terres, comme ceux de Baccarah, quelques-uns du côté de Ville-dieu en Normandie, &c. Mon- net, Journ. de Phyf. 1777, pag. 217: ,, I n’eft point pour les terres de meilleur engrais, dit M. //auduit, que la vafe, les débris des plantes mor- tes & Jes reltes des animaux qu’on retire péle-méle des réfervoirs des eaux ftagnantes que l’on cure; tout le monde fait combien le fol de ces réfer- voirs, quand on les a mis à fec, eft un terrain fertile pendant les premie- res années qui en fuivent la deflication.…. Les cultivateurs attentifs en font fi certains par l'expérience qu'ils en font annuellement, qu'ils ont foin de faire curer les baflins des eaux ftagnantes qui font à leur portée, & d’en faire répandre la vafe fur leurs terres”. AMém. de éd. tom. 1. pag. 253. M. le Baron d'Efpuler, à Etaples en Boulonnois, a formé une terre pro- pre aux engrais, qu'il vend quatre fols la livre, & à la furface de laquelle on voit une eforefcence faline. De lanalyfe qu’on en a faite, il réfulte qu'une livre de la terre d’Etaples contient environ une demi-once de fel commun, & qu'avec une livre de ce fel, on peut compoler trente-deux li- vres de cet engrais, @&c. &c. &c. Toutes ces maticres mifes dans l’eau, fourniront une eau végétaire propre à l’accroiflement des plantes, & les fuccès qu'on a eu avec ces engrais, prouvent ceux qu’on obtiendra avec l'eau végétative. Ces citations ne forment à la vérité que des preuves in« diretes, mais dans un fujet neuf, & qui n’a jamais été traité jufqu’ici, où M ne peut que fournir des autorités indirectes; nous ne les donnons qu'afin M qu'aucun genre de preuves ne manque à notre affertion. Preuves phyfiques, preuves chymiques, preuves d'expériences & d’obfervations, preuves direc- tes & indirectes; théorie lumineufe, & pratique conftante, tout concourt à établir qu'il n’y a rien de plus propre à la végétation que leau végétative affignée. Par le moyen de l'aréométre, qui eft un inftrument propre à connoitre les différentes gravités fpécifiques des fluides, on aura une nouvelle preuve de l'excellence de l'eau végétative, & de fes rapports avec les autres efpe- ces d’eau. On peut. confulter les tables des pefanteurs fpécifiques, dreflées par plufeurs Auteurs, dont les principaux font, Gethaldus, B. Martin, (Pbilof. Britaun. vol. 1. pag. 216.) Eïfenfchmidius, Tract. de pondes bus EN saenfuris Veterum ; Mufchembrocck, tom. 2. &c. - | pes SciENcEs Pays. DE LAWSANTKE. Y31 diftillée . £ n L À ë : 4 : (02906 us fontaine À - 2 à ‘ ‘ a «01998 e puits e £ : : e : 2 . AONEO EAU de PR ë . = 4 FA QME ; : Sù Le 0 de fleuve : Ù : È : E é : TU F09 de marais 1 : : : : = - - UT Q@Iÿ Urine humaine : - - 4 : à : PT TO27 Eau végétative UN M RD ENT de: NT 013 Dans cette Table que je viens de donner, j'ai pris un miliex entre di- yerfes obfervations, & jai fait les réductions néceflaires dans les fluides que- jai éprouvés, & que perfonne n'avoit fongé à examiner par le moyen de Faréomêtre. On voit ici les gravités fpécifiques augmenter felon l’ordre vé- gétatif des eaux dont j'ai parlé précédemment. Ce moyen n’étant qu’à la portée.des Phyficiens, & les Agronomes ordinaires ne fachant guères fe fervir de l’aréomêtre, ceux-ci peuvent avoir recours à une épreuve plus fimple & auf füre, lorfque, par une expérience répétée, on a obtenu une certaine facilité. Elle confifte à laifler tomber, fur une afliette bien nette, une goutte d’eau. L'eau pure ne laïflera point de tache, mais l'eau non- pure en produira une; & cette marque fera d'autant plus forte, qu’elle fera plus hétérogène. Cette tache ira en croiflant, felon l’ordre des gravités fpécifiques. ri 1132 MEÉMOTRESs DE La Socréré GR TT GBSERVATIONS SU RAA ON AN ENS UE du Sel fédarif © [ur la compofition du Borax ; Pi sm Min 22 Et X'iC'H 2 QU'E TT, ET üé Par Mr LE PU NA EE tien SE RU NE Véniet tempus quo pofieri noffri tam aperta nos nefülfe mirentur, SENEC. Nat. Quaff. ch. 25. SR 1 CE ———— DONNE O0 D UNC HS DIOUE P Erfonne ignore que le Borax eft compolé de fel fédatif & d’alcali minéral; mais jufqu'ici aucun Chymifte na pu découvrir la nature du fel fédatif. Les fingulieres propriétés de cette fubftance ont donné lieu à nom- bre de conjeétures fur fa nature. M. Cadet le regarde comme un nouveau compolfé , réfultant de l'union des principes contenus dans le Borax, avec les acides qu'on emploie pour l'extraire; M. de Buffon le regarde comme une combinaifon de larfenic au cuivre; M. Villermoz, comme union d'une terre vitrifiable, divifée, à l'acide arfenical; M. Baumé, comme le 3 réfultat de l'union ‘de l’acide animal à la terre vitrifiable; M. Sage, come me un fel neutre phofphorique à bafe d’alcali fixe; M. Vogel, comme un fel ammoniac; M. /f'allerius, comme une modification du Borax; M. pres Scrences Puys. pt LAUSANNE. 133 Habnemann, comme le produit de l'acide phofphorique ou fpathique & de la terre vitrifiable. Quelques Chymiütes penfent que ceft une modifica- tion de l’alcali; d’autres que c’éft un mixte, ayant pour principe un acide minéral, que Meurrann , fi je ne me trompe, croit être lacide vitrioli- que; & Bourdelin, l'acide marin: d’autres, au contraire, le regardent com- » me une efpèce de Zquor filicum: & d’autres enfin le confiderent comme un corps fimple & indécompofable ; en quoi ils fe fondent fur ce qu’il n’a pas été pofible jufqu'ici de le décompofer, & qu'il a réfifté à toutes les épreuves qu'on a pu tenter, & confervé, comme s'exprime M. de Buffon, . fon effence fans altération. Indiquer les moyens de décompofer ce fel, feroit fans doute rendre un grand fervice à la Chymie. Si on pouvoit joindre la fynthèfe à l’analyfe, préparer ce fel, & par conféquent faire du Borax à bas prix ; il eft hors » de doute qu'on fe rendroit par-la très-utile aux arts: car qui ignore que la cherté de ce fel empêche nombre d’artiftes de l'employer, & les prive des avantages qu'ils en pourroient retirer ? Nous avons été aflez heureux pour décompofer le fel fédatif; & cette : décompofition nous a donné des vues fur fa formation. Si-nous ne fom- mes pas parvenus à imiter entièrement la nature dans la compolition du »Borax, du moins nous avons trouvé des fels qui en ont, à peu de chofe “près, toutes les propriétés relatives aux arts; & non- feulement nous ne défefpérons pas de parvenir à limiter parfaitement, mais nous nous flattons même d'en produire à bas prix. Comme cela exige de longues recherches, & que nos occupations ne nous permettent pas d'y travailler avec autant d'affiduité que nous le défirerions; nous avons cru que les Chymiftes ver- “roient avec plailir un réfumé de nos obfervations, en attendant que nous _ it leur préfenter un travail plus fuivi. Nous fentons toute l’imperfection de notre réfumé; mais l'importance à fujet nous fait efpérer qu’il trouvera de l’indulgence. Au pied des gla- muciers, privés de tous les fecours que procure la proximité des villes, hors “d'état de confulter les travaux de MM. Pott, Model, Bourdelin, Baron., _ Code, Bomare , Meltefer, Laffone, €ÿc. dont nous ne connoïflons que “lexiftence; & ne pouvant vouer que quelques momens à la Chymie: fom- …_mes-nous dans une pofition propre à fuivre des travaux aufli délicats & sauf longs ? LS Re" 134 Maé 0: x A ES D EU L'alStolc}r ÉRé Sur la décompofition du fel fedatif. Les propriétés qu’à le fel fédatif, de donner, comme acide phofpho- rique, un verre foluble; de préfenter, dans fa vitrification avec les pierres & les terres, à peu-près les mêmes phénomènes que cet acide; d’être très- fixe; de fuivre dans fes aflinités, l’ordre de celles de Facide du phofphore; enfin de neutralifer lalcali, & de décompofer, par voie féche, les fels neutres; toutes ces propriétés nous firent foupçonner que ce fel étoit un mixte phofphorique: nous fümes confirmés dans ce foupçon par Pexamen du borax brut & du tinkal, qui, fondu au chalumeau, donne une flamme \ évidemment phofphorique , femblable à celle de tous les fels phofphori- ques (a). Les agents que fournit l’analyfe ordinaire, ne fuffifant pas pour décom. pofer ce fel; nous nous vimes obligés de nous écarter de la voie ordi. naire, pour parvenir à en connoître les principes. On fait que, dans les cas où les moyens d’analyfe ordinaires font infuf. fifans, on peut réuflir à décompofer un corps en changeant le rapport de la partie diffolvante à la partie liante: C’eft ainfi, par exemple, que le verre, M qui weft pas décompofable par les acides, le devient dès qu’on augmente Valcali ou fa partie diffolvante & qu’on le change en liguor Jilicum. ! D'après ce principe, & fur le foupçon que l'acide phofphorique étoit un des principes du fel fédatif; nous commençames par mêler environ une M partie d'acide phofphorique (b) en confiftance de miel avec une partie dem ST EE le EP OR NET ES (a) On peut ajouter nombre d’autres rapports entre le Borax & le fel fédatif, & les fels phofphoriques: le rapport qu'il y a entre le goût du Borax & celui des fels phofphori ques; la propriété de quelques fels phofphoriques, comme, par exemple, du fel natif, de faire perdre au nitre, comme le fel fédatif, fa propricté de déflagrer, de colorer ka flamme de lefprit-de-vin en vert; la propriété de l'acide d'urine , de fe cryftallifer, com me le fel fédatif, avec excés d’alcali, comme l’a obfervé Wenzel; de former, comme le fel fédatif, avec l’alcali volatil, un fel ammoniac, fe décompofant par la feule action du feu, &c. &ec. (b}) L’acide phofphorique que nous avons employé dans le cours de ces recherches ,\ étoit tiré des os, par un procédé qui nous eft propre, au moyen duquel on peut lobtenie plus pur que par les. procédés ordinaires : on crouvera ce procédé décrit dans un des Me moires de ce volume. I 4 On doit obferver que l'acide phofphorique tiré du phofphore, & celui tiré du fel natif d'urine, fe comportent d’une autre maniere que celui tiré des os, à caufe du phofphore pes Sciences Pays. DE LaAusanxe. 13$ fel fédatif. Nous mimes ce mélange fur un fupport de verre; &, à l’aide du chalumeau , il nous donna une terre blanche prefque exempte de goût. La décompofition ayant lieu par ce moyen fi fimple, nous primes envi- ron deux parties d'acide phofphorique en confiftance de miel, une partie …. de fel fédatif, & deux d'eau; nous diftillâmes ce mélange dans une cornue, - en pouflant le feu par degrés jufqu’à la faire rougir. Le liquide qui pañla dans le récipient étoit vers la fin huileux, épais, & trèsacide; & il refta dans la cornue une terre blanche, trèsabondante ; cette terre étoit infufble au feu ordinaire, n’avoit prefque point de goût (a), ne fe diflolvoit dans aucun acide: fondue avec de lalcali, elle préfentoit les mêmes phénomènes que le Ziguor Jilicum, &,donnoit, avec un acide, une terre dilloluble ; d’où il paroit que cette terre eft de même nature que la terre vitrifiable. | La liqueur qui pañla, étoit de l'acide phofphorique volatil. Elle préfenta les mêmes phénomènes que de l'acide phofphorique foible ; &, avec de Jalcali, on obtint des cryftaux entièrement femblables à ceux que cet acide fournit. Les deux parties d'acide phofphorique en confiftance de miel, peuvent correfpondre à une d’acide fous l'état de verre. Nous n'avons pas pu dé- » terminer avec exactitude les proportions les plus convenables, quoique nous ayons répété l'expérience: mais nous avons vu que, fi l'on prend trop d'acide phofphorique , il en refte une partie qui forme une matiere grafle ; fi on en prend trop peu, il refte du fel fédatif non décompofé. …. On fera fans doute étonné que l'acide phofphorique, fi fixe d’ailleurs, “fe foit volatilifé. En voici l'explication. Lorfque cet acide s’unit au phlo: biftique, on fait qu'il forme le phofphore; mais, lorfqw’il fe joint au feu fixe d’un corps ou à la matiere du feu, principe qui entre dans fa compo- “fition, il fe volatilife & paroïit fous l’état d’acide phofphorique volatil; & cela à un degré de chaleur bien inférieur à celui qui eft néceffaire pour le qui réfte diflout dans le premier, & des fels étrangers qui reftent unis au fecond. Il feroit “intcreflant d'examiner les différences que préfente l'acide phofphorique fous ces différens Mhctats; différences qui font des plus remarquables dans les combinaïfons avec les terres & “les fubftances mctalliques. (a) Vraifemblablement cette terre feroit fans goût, fi l’on trouvoit les proportions les plus propres à la décompoñition, & qu’il n’y eut ni excès d’acide phofphorique, ni excès {de fel fédatif, ou qu’on trouva le point exact de faturation, # 136 MÉmorres pe LA Soc: £T'éÉ volatilifer par lintermède du phlogiftique des corps inflammables. Qw'on mêle de l'huile d'olive avec de l'acide phofphorique, & qu’on poufle le feu jufqu'à réduire l’huile en charbons; on retrouvera l’acide imbibé dans le charbon, & on ne parviendra à le volatilifer qu’en le faifant rougir forte. ment. Qu'on digere de l'acide phofphorique à laide de la chaleur avec du fôufre, il le décompofe : l'acide vitriolique s'échappe en vapeurs épaiffes d’a- cide fulfureux volatil; & l'acide phofphorique refte fans fe volatilifer, & devient épais & brun, comme de l'huile de vitriol impure. Mais, au lieu de corps inflammable, ajoutez à l'acide phofphorique quelque fubftance qui contienne du feu fixé, par exemple, du fel fédatif, des terres, des chaux métalliques, &c. il fe volatilifera à un léger degré de feu. Cette propriété eft peu connue ; elle eft cependant d’une grande reflource dans l'analyfe par voie féche (a). Ce que nous venons d’expofer paroit indiquer que le fel fédatif eft un mixte compofé d’acide phofphorique, de terre vitrifiable, & de matiere . de feu. Une expérience qui tend à confirmer que le fel fédatif contient de la matiere du feu, Ceft l'odeur d'acide fulphureux volatil, que ce fel com- « munique à l'acide vitriolique d’après Pobfervation de Bourdelin. Paflons aux tentatives faites pour tâcher de confirmer lanalyfe par la fynthèfe. s Ca) Nous diftinguons le feu fixé du phlogiftique; & cette différence elt prife principa- } lement de l’état fous lequei la matiere du feu fe combine aux corps. Pour expliquer notre x id£e, que les métaux nous fervent d'exemple. Dans les métaux , le phlosiftique n'eft qu'un principe éloigné. Uni à l'acide métallique, it forme une efpéce de foufre, qui eft un des principes prochains des métaux. Dans le zinc, cette efpèce de foufre paroït être un vrai phofphore ; unie à la terre métallique, elle forme un métal. Enlevez le phlogiftique: vous M aurez une chaux mitallique, un vrai {el. formé par la combinaifon de la terre métallique & de l'acide du foufre métallique, qui fera plus ou moins foluble füivant que le métal contiendra plus ou moins de foufre métallique, & par conféquent d'acide, comme nous le voyons d'une maniere bien. évidente dans la chaux d’arfenic, & d’une maniere. moins fenfible dans la chaux de mercure & de zinc. ; ne Eh Ce métal, privé de phlogiftique, contient du feu fixc, qui, n'étant uni à aucune pars tie du métal en particulier, doit être confidéré comme principe prochain. Le régule d'ar fenic eft très-propre à montrer l’exiftence de la matiere du feu fous ces deux états. Prive de phlogiftique, il donne une chaux, je veux dire la chaux d’arfenic, qui, traitée avec des fubftances qui ont de l’affinité avec la matiere du feu, donne ce qu’on nomme acide d’arfenic. Ajoutez à cette chaux une matiere inflammable, & vous aurez le régule d’arfenis Voyez Bibliotheque de Clymie, par M. Struve , pag. 242 4 Efais arfenical. Expofez-le au feu: la matiere du feu s’y joindra, & vous aurez de la chaux | pEs SciENCES PHys. DE LAUSANNE. 137 Effais tendants à compofer du fel fedatif €ÿ du borax. Nous commençames par traiter l'acide phofphorique avec du cryftal & du quartz pilé; mais il ne nous parut pas qu'il y eût aucune action par … voie humide: ce qui n’eft pas étonnant, vu que les moyens méchaniques 4 ne peuvent divifer que d’une maniere très-imparfaite. Par voie féche, cet _ acide fe combine très-difficilement avec le cryftal & le quartz, & fe vola. tilife prefqu’en entier. Nous aurions pu employer la terre des cailloux ou du Zgwor filicum ; | mais plufieurs raifons nous firent préférer la terre d’alun, qu’on peut re. garder à à jufte titre comme une modification de la terre vitrifiable. La terre d’alun fe combine fans effervefcence fenfible avec lacide phof … phorique, & ce mélange forme à la longue de petits cryftaux. Lorfqu'on 4 a brüler un papier Hbibe de cette ob, elle communique à la flamme une couleur verte, comme Aie le fl fédatif. L’alcali ajouté à cette » ont Hiberes des propriétés du borax. Il paroïît qu’une partie de la d'a entre dans la combinaifon de ce nouveau fel. Si on évapore jufqu'à ficcité ce mélange de terre & de fel, & qu'on le vitrifie; on obtient un verre, qui fe comporte à peu-près comme le borax, mais qui eft peu difloluble. . Par voie féche, la terre d’alun donne , avec l'acide phofphorique, un verre qui a la même fufibilité que le verre de fel fédatif, mais dont les glo- _bules reftent moins attachés au charbon & sarrondifflent plus vite; verre qui, comme ce dernier, eft fixe au feu, &, fous de certaines propor- ons, difloluble dans l’eau. Plus on prend de terre d’alun, moins il eft uble. La diflolution de ce verre a donné au bout d’une année de très. etits criftaux qu’on n’a pu féparer de la liqueur graffe. L Par voie féche, l'alun ne fe combine pas fi facilement que fa terre avec r cide du phofphore ; mais il produit un verre qui a les mêmes propriétés, Largille pure fe rapprochant de la terre d’alun, nous en avons digéré de Pacide phofphorique. Au bout d'un certain temps, nous obtinmes cryftaux foyeux, aflez refflémblans au fel fédatif, mais qui, comme utes les combinaifons de largille avec les acides, étoient d’un goût acide, s avoient Plufieurs propriétés du fel fédatif, & commun iquoient une Cou- leur verte à la flamme. Si on prend les cryfaux avec l'eau mère, & qu'on NU Tome:ll. S 139 MÉ MOrRES DE LA :S toi c 1 ÉT É les defféche ; ils donnent un verre clair, qui, combiné par voie féche avec Valcali minéral , a prefque le mème goût que le borax; & fi on les ésoutte avant de les fondre, ils donnent un verre laiteux. Si la digeftion fe #ait fans chaleur, on obtient des cryftaux en aiguilles. : ‘il . Le verre de la combinaifon d’argille & d’acide phofphorique fe com- 4 porte prefque comme le fel fédatif, fe mêle par voye féche avec l’alcali M minéral, & donne un verre cont le goût approche de celui du borax; verre tranfparent, tendre; un peu noirâtre; bouillonnant fur le charbon prefque comme le borax; formant ; avec la chaux de plomb, un verre moins laiteux que ceux que forment les autres fels phofphoriques ; & fe comportant avec les autres métaux à peu-près comme le borax. É: ._ Par voye féche, l'acide phofphorique fe combine plus difficilement avec. l'argille qu'avec la terre d’alun & l'alun, à certaines proportion, & donne : an verre trésfufble, qui neft pas foluble dans l'eau, à moins qu’ on n'y ajoute de lalcali. Les cendres contenant de la terre argilleufe, nous en combinämes avec « de l'acide phofphorique : l’effervefcence fut confidérable; & nous obtinmes promptement des cryftaux, qui donnerent au feu un verre fufible. . _AMEICES expériences , dans le détail defquelles nous nous difpenfons d’en- trer, nous palfimes à à d’autres, après avoir examiné le rapport de l'acide phofphorique à à quelques autres fubftances terreufes. k L’acide phofphorique fe combine avec effervefcence, par voie humide, avec la terre calcaire, la magnéfie, & la terre du fpath pefant. Ces com- binaifons colorent la flamme en vert; & donnent des verres fufibles , fixes au feu &, infolubles dans l'eau, fi on a ajouté une certaine quantité de ces terres à l'acide, La combinaifon de magnéfie & d’acide phofphorique, digérée, donne par évaporation de petits cryftaux d’un goût acide & amer, enveloppés. d'une eau mère fort grafle. Le verre qui en réfulte au chalumeau , eft laiteux. Par voie féche, la terre calcaire, la chaux vive, la chaux fufée , le gyps> la félénite offeufe , la magnéfie, & les fels à bafe de magnéfie, la terre du fpath pefant, le fpath pefant, le fpath fluor, le fpath quartzo- calcaire, _le fpath à porcelaine des Alpes, fe combinent facilement avec lacide ph phorique , (le dernier cependant avec plus de difficulté, à caufe du qua qu'il contient ) & donnent , au chalumeau & au creufet , des verres bla | 4 | À + pes ScrenNces-PHys. :DE LAUSANNE. 139 | fixes an feu, très-fufbles, indiffolubles, (lorfqu'ils font, faits avec beau coup de ces terres) & qui ont plufieurs des propriétés du verre de fel fé- “datif. Ils en different par leur infolubilité dans l'eau ; & par la finguliere k. propriété de donner, avec la chaux de plomb, un verre blanc RE ref “emblant à de l'émail. ÿ Si l'on met un volume à peu-près égal de félénite offeufe, ou de gyps, ou de terre calcaire, & d'acide pholphorique réduit en confiftance de miel, _ dans un creufet; & qu’on expofe le tout à un feu brufque, dans un four. . neau à PEUR rouge, en avançant peu à peu le creufet pour éviter que Ja matiere ne forte: on obtient au bout de demi-heure un verre aufli blanc, “auf dur, & aufli beau, que le plus beau cryftal factice : ce verre eft un peu bulleux, trèsfufble, & prefque autant que le verre de borax; car il …refte malléable après avoir dérougi: il eft d’ailleurs indiffoluble dans l’eau 4e dans les acides. Expolé de nouveau, pendant deux heures & demie, à un feu violent, dans un fourneau à reverbère, il a perdu prefqu’entie- “rement fes bulles. Dans cet état il étoit très-brillant, très-blanc, fans au- .cune apparence de vert; & il avoit beaucoup plus de corps & de ténacité \ que le cryftal factice: nonobltant cela, il étoit des plus fufibles, cepen- dant un peu moins que lorfqu'on retire le verre au bout de demi - Li - Ce même mélange de parties égales de gyps & d'acide phofphorique L -confiftance de miel, fondu au chalumeau, donne aufli un verre très blanc & trèsbrillant. On Eu obtenir encore un verre blanc & fufble, verres phofphoriques où il entre de l'alcali. Il aide, comme le borax, 'witrification & la fufñon. - Pour bien réuflir , il faut deflécher le mélange promptement & à un feu fque. Si la chaleur n’eft pas forte, l’acide phofphorique s’évapore en me partie en vapeurs très-épaifles; &, dans ce cas, la fonte de la ma- s la matiere rougifle, Si les terres font diffolubles, & qu’on attende qu’elles | ii} SH 4 140 MEME ofrix es tn 8 + LM 2906 ICE É: ER foient unies à l'acide avant que de les expofer au feu; la volatilifationeft ï moins fenfible, parce que la matiere du feu qui fe fépare lors de lunion, M & qui eft la caufe de la volatilifation, fe diflipe en partie, Par ces rai ÿ fons, on réuflit mieux à faire ces verres en petit qu'en grand. | Les expériences que nous venons de rapporter, montrent que la terre M vitrifiable fous l’état de terre d’alun, étant unie à lacide phofphorique , fe rapproche beaucoup dans fes propriétés du fel fédetif. Peut-être que la terre du liquor filicum , unie à cet acide, s’en rapprocheroit encore plus. Nous ferons là-deffus des expériences, par lefquelles nous étendrons celles M que nous avons rapportées: car celles-ci ne font qu'ébauchées, quoiqu’el- à les méritent à tous égards d’étre pourfuivies. , Soupçonnant que la fimple combinaifon des terres avec l'acide phofpho- « rique n’étoit pas le moyen le plus propre pour former le fel fédatif, nous changeñmes de vues. Sans doute il faut, dimesnous, que la matiere du. feu entre en jeu dans cette combinaifon. Elle y fert, fans doute, d'inter.… mède, pour unir d’une maniere intime l'acide à la terre. On a tâché de montrer dans une autre occafion l'influence de cette fubftance pour rendre plus intime l'union du corps (a). | Les difficultés que nous trouvions à unir la matiere du feu à un mé. lange de terre & d’acide phofphorique, nous déterminerent à chercher un corps qui contint déja la terre vitrifiable du fel fédatif, unie à une aflez grande quantité de la matiere du feu. Comme nous nous repréfentions” les alcalis comme une combinaifon de terre vitrifiable; de beaucoup de ‘ matiere de feu, caufe de leur caufticité, & d’un peu d'acide phofphorique; & ne différant du fel fédatif que par le rapport des parties: nous nous fattâmes de trouver en eux la fubftance la plus propre à notre deffein. Nous tentâmes la décompofition des deux alcalis fixes au moyen de la: cide phofphorique. Une petite quantité de cet acide les décompofa en par- tie; & nous obtinmes une terre qui avoit des rapports avec celle du fl : fédatif, & qui donnoit avec l’alcali un Jiguor filicum , lequel paroifloit êtres Ca) Nous avons expliqué plus haut ce que nous entendons par feu fixe & phlogiftiques Le dernier, étant un principe éloigné, n’augmente ni ne diminue l'intimité d'union. Lew premier a, par excellence, la propriété d’unir d'une maniere plus intime les parties des corps auxquels il fe joint, & d'augmenter leur cohéfion, en vertu de la grande attraction PE la-petiteffe de fes parties. Voyez Bibliothèque de Chymic, par Mr: Struve , pag. 283: uiv. 2} des Sciences PHvys. DE LAUSANNE. 141 ‘de même nature. On peut opérer cette décompofition au moyen du cha- Jumeau fur les charbons. La terre qui en réfulte a une couleur rougeitre, - qui vient fans doute du fer que l'alcali contient ordinairement, quoiqu’en perte quantité. Soupçonnant que les alcalis ne différoient du fel fédatif que par le rap. Dore de leurs parties, nous PEU à leur combinaïlon avec l’acide phof » phorique. L’alcali minéral, faturé avec cet acide, & cryftallifé dans un lieu frais, « donne tout de fuite des cryftaux en lames comme du talc, reffemblans au fel fédatif, mais qui tombent en poufliere à l'air. Si on fond ce fel fans Yégoutter, il donne un verre tranfparent ; fi on égoutte les cryftaux, on obtient un verre laiteux. Ce fel, ajouté au fel fédatif, à grande dofe, “ par exemple, à parties égales, n’en change pas bien fenfiblement les pro. » priétés. …. Après ce mélange, le fel fédatif préfente à peu-près les mêmes phéno. ” mènes au feu. Si, au lieu de faire cryftallifer la combinaifon d’acide phof …phorique & d’alcali minéral, on la fait digérer; on obtient au bout d’un … certain temps, des cryftaux aflez reffemblans au fel d’Epfom ou de Glau- “er, & qui tombent en poufliere à l'air. Par une plus longue digeftion, le mélange devient gras, acide, & âcre; & il fe forme des cryftaux moins $ diffolubles , plus reflemblans à ceux de borax, mais d’un goût acide; aci. “dité qui dépend de l’eau - mère qui les enveloppe. … Si, au lieu d’alcali ordinaire, on emploie lalcali phlogiftiqué avec le “fang ou les charbons, ou l'alcali cauftique, ou un Ziguor Jilicum fort fur. hargé d’alcali; on obtient tout de fuite des cryftaux femblables à ceux qui ont pañlé par les trois différens états qui ont été Use Sans doute la que ne dégage Sont toit l'air fixe de l’alcali aéré. L'air ne fe dégage entier que par la digeftion, & les cryftaux varient felon la quantité goût du borax, @& peuvent fervir, prefque comme lui, à fouder & à ailler les métaux. Mélés au borax ou au fel fédatif, ils ne le gâtent t. Lorfqu'on en ajoute beaucoup, par exemple le double , le verre + plus blanc & le globule sarrondit plus vite. Plus la digeftion dure, s Le goùût des cryftaux approche de celui du borax: mais, fi l’on veut 142 M'É M otrRESs DELA S\o cr ÉTÉ | que le verre que donnent les cryftaux au bout d’une longues digeftion, ne foit pas laiteux, il faut avoir loin que l’alcali ne prédomine jamais dans le mélange ,: & qu'il y ait toujours un petit excédent d’acide. | L’alcali marin cauftique, faturé d’acide*phofphorique, & évaporé, for me une gelée très-épaiffe ; & ce coagulum, qui eft dù fans-doute à la terre M calcaire contenue dans lalcali cauftique , diminue au bout d’un certain M nombre de jours de digeition: mais, lorfqu'on y ajoute de lacide phof- phorique ou de l'eau, il fe reforme de nouveau. Ce mélange forme des cryftaux différens felon la durée de la digeftion. Il refte, après la cryftal M lifation, une eau grafle, roufle, refufant de fe és même au foleil. Le fel que forme lalcali phlogiftiqué fe comporte à peu-près comme le borax; il écume, il gonfle; il devient blanc, farineux; il bouillonne com- | me lui. Au bout d'un certain temps , il ne donne plus cette écume” blanche. | Lorfqu’on ajoute de l'acide phofphorique à un fel phofphorique fait avec furabondance d’alcali, la matiere devient grafle; elle a de la peine à fe cryftallifer: lorfqu’on en fait fondre au chalumeau, elle bouillonne bea- coup après avoir rougi; & le verre qui en réfulte, forme, pendant qu'il eft rouge, un globule rond & bien tranfparent. Après avoir dérougi, le” verre fe ride & devient un peu laiteux. Il ne convient pas, à ce qu'il pas roit, d'employer trop d’alcali; l'acide phofphorique qu’on ajoute pour le faturer, ne met pas le mélange dans le même état où il eût été, fi on eut fait le mélange à faturation. Ÿ Comme on a foupconné que la vitrification de ces combinaifons pouf roit rendre l'union plus intime; on a uni de l'acide phofphorique à de Pal cali minéral, & reduit le mélange en un verre, fur lequel nous avons fai les expériences fuivantes. *: 0 Si l'on fait du verre avec une combinaifon d’alcali minéral, & d'acide phofphorique avec excès d'acide; qu'après lavoir gardé pendant de x mois, on le faffe difloudre ; & qu'on fature la dil Éintion avec de lalcalis on obtient une liqueur qui fe comporte fur un fupport de verre à peu près comme une diflolution de tinkal. Elle bouillonne, donne une écumé blanche; & la matiere devient enfuite farineufe, conferve à peu - près le goût du tinkal, donne un verre d'un œil noïrâtre, qui s'attache aflez : au DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. 143 charbon, & forme enfuite un globule de verre plus blanc que celui du tinkal, mais d’un gout approchant de celui de ce fel ou du borax. % F Pon fait fondre un mélange d'acide phofphorique & d’alcali minéral à faturation, on obtient un verre blanc très-fufible, qui a dans cet état un Ms doux, à peu-près comme le borax. Au bout d’un long temps; il attire un peu l'humidité de l'air, devient gluant, & prend'un goût acide. Ce verre fert à fouder les métaux, comme le borax. La foudure coule ur les métaux conune avec ce fl; & il en facilite, comme lui, hu fonte. Te |tout lorfqu’on ajoute à ce verre un 7e de terre d’alun ou de terre calédire) … Lorfqu'on le fait diffoudre dans de l’eau, il ne fe cryftallife point, & “donne, par évaporation, une matiere comme de la gomme. La diffolution | de ce verre saigrit confidérablement au bout de peu de jours, & fait pour “lors effervefcence avec l'alcali minéral : dès le lendemain du jour que la diflolution eft faite, ce changement eft déja fenfible. Si on la fature d’al- “cali minéral, elle s’aigrit de nouveau, & fait de nouveau effervefcence; “ce qui fe répéte nombre de fois à des temps plus éloignés : fi l’on fait cryftallifer ce mélange au bout d’un certain temps, on obtient des cryf ux aflez reffemblans à ceux du borax, mais qui effleuriffent plus qu'eux aWair. Tous ces verres phofphoriques, digérés long-temps, prennent un üt cauftique , fans doute par l'excédent de la matiere du feu qui s’en légage: mais examinés après la premiere faturation, ils n’offrent plus un goût cauftique; ils fe rapprochent par-là de celui du borax; & le verre ils donnent n’eft pas laiteux. F Les verres faits avec l'acide phofphorique & l’alcali minéral, fe com- ent encore avec une grande quantité de terre d’alun, fans qu'ils paroif. nt perdre de leur fufibilité. Dans cet HE & pourvu qu’on n'ait pas pris ÉV faporée dans un vafe de terre, Ar & AE une écume HLHCHES à peu-près comme le borax; &, comme lui, cette combinaifon paroit la à propre à fervir, comme le borax pour fouder les métaux. Le h borax. Ils préfentent, avec ie & le cuivre, les Sue or “imènes. I n'y a que la chaux de plomb avec laquelle ils fe comportent 4 : à 144 M£morres DE LAS 0 et É:TeéÉ . d’une maniere différente: ils forment avec elle un verre blanc laiteux3 femblable à l'émail (a). | Ils donnent tous, fur le charbon, la petite flamme blanche, do ei tirant fur le vert, que donne le borax; flamme qui ne dépend point du Charbon. d _ Le goût, la figure, la dureté, la folubilité des cryftaux; la propriété.» de donner à la flamme d’un papier qu’on en imbibe, une couleur verte; la propriété qu’a le borax d’écumer, de donner un verre qui s'attache aux charbons, qui a un œil noirâtre, qui s’arrondit enfuite en devenant blanc, qui eft difloluble dans l'eau, qui s'étend & coule bien fur les mé- - taux, & qui fe comporte avec chaque terre d’une maniere un peu diffé- rente: toutes ces propriétés font communes , en tout ou en partie, à plu- fieurs de nos fels ou de nos verres. Enfin, au moyen de l'acide vitrioli- que, la combinaifon de l’alcali minéral avec l'acide phofphorique donne , avant & après fa vitrification, mais fur-tout avant, une efpèce de fel fé: datif, diffoluble en partie dans lefprit-de-vin, mais enveloppé d’une ma- tiere faline, grafle, provenant fans-doute de ce que la digeftion n’a pas duré affez long-temps pour achever la confection du borax , comme nous Pexpliquerons plus bas: cette matiere rend difficile la féparation du fet. fédatif. A] Voilà, ce nous femble, des rapports bien marqués entre nos fels & le « borax. Concluons du moins que , fi Pon ne parvient pas à faire du vrai borax, on peut faire des fels qui en ont toutes les propriétés relatives aux arts. | L’acide phofphorique, traité par la voie féche , forme avec le Glpétre! le fel de Glauber, le fel commun, & tous les fels à bafe d’alcali, desw verres blancs & fufibles. Ces derniers préfentent les mêmes phénomencs que les verres produits au moyen de lalcali minéral. A | Si lon réfléchit fur les phénomènes que nous avons décrits, on verra que, . dès que la combinaifon d’alcali & d'acide phofphorique eft faite, il fe forme une efpèce de décompofition ; puilque la liqueur saigrit, & qu’on obtient! toujours par conféquent de l'acide à nu. ‘Ci (a) Le plomb, précipité de la diffolution par une diffolution de fel fédatif faturé d'abe &ali minéral, produit au chalumeau un verre femblable, felon Venzel, pes Sciences Puvys. DE LAusANNE. Y4$ Suivant notre opinion, lacide phofphorique, dans le premier moment , Sunit à l’alcali en tant qu'alcali, ou à l'alcali en totalité. Bientôt après, il commence à décompofer lalcali, & à s'unir à la terre ou au principe ter- reux qui entre dans fa compolition; cela arrive par l’intermède de la ma- tiere du feu , qui eft aufli une des parties conftituantes de ce fel. L’excès : de la matiere du feu, qui ne peut pas entrer dans la nouvelle combinaifon, “s'échappe, comme le montre aflez la diminution du poids; & il fe forme peu à peu un nouveau mixte. 110 Comme il faut moins d’alcali que de fa terre pour faturer l'acide phof. phorique (a); il arrive qu’à mefure que l’alcali eft décompofé, il refte de - libre une quantité proportionnée d’acide. En faturant derechef cet acide li. “bre avec de lalcali, le même phénomène a lieu; & plus on avance, plus le fel approche de la nature du borax & du fel fédatif: mais cette union, “pour être complette, exige, à ce qu'il paroïit, un temps très-confidérable. = Ce ne fera que quand nous ferons parvenus à la voir telle, que nous pour- “rons efpérer de préfenter du vrai fel fédatif & du vrai borax. … En général, plus les fubftances ont de lafinité, plus leur union de- mande de temps, comme l’a très-bien obfervé /Wenxel, & combien ne doit. “elle pas en demander dans les mixtes, & dans les unions où les liens de l'affinité font des plus forts? Il en eft de même des mixtes métalliques, “de l'analyfe & de la compofition defquels nous aurons occafion de parler. … D'après l'explication que nous avons donnée des phénomènes que pré- fente la combinaifon de l'alcali avec l'acide phofphorique, il s'enfuit, fi nous ne nous trompons pas, que l'acide phofphorique a moins d’affinité à Valcali fixe qu’à la terre de cet alcali. Un phénomène qui tend à confirmer otre opinion & à montrer le peu d’affinité qu'a lalcali avec l'acide phof. phorique, c’eft que cet acide ne développe qu’une partie de l’air de l’alcali aéré. À mefure que le mélange aigrit, le refte de L'air fixe fe dégage; com- me on peut s’en aflurer par un appareil, & même par le fimple odorat: ar toutes les combinaifons d’alcali & d'acide phofphorique, digérées, frap- bent le fens de l’odorat, comme le feroit de la bière mouflante. De plus (a) Je veux dire par-là que l'acide phofphorique demande, pour fa faturation , une plus {Mgrande quantité de la terre qui le compofe, que d’alcali fixe; phénomène qui paroit pro- pre à la terre vitrifiable & à fes modifications, Le rapport de la terre d’alun, par exem- [Mple; à une quantité donnée d’acide quelconque, eft toujours plus grand que le rapport d'un alcali fixe à cette même quantité d'acide, Tome IL, UE 146 MÉMOIRES D-E LA SOC: T.È F la combinaifon de l’acide phofphorique avec l’alcali, eft fi peu intime, qu'a. vant même de s'être aigrie, elle attaque plufieurs fubftances métalliques; & fi lon doit en croire M. 7'Alermoz, le vinaigre eft même en état de la » décompofer. En un mot, il paroït que ce n’eft qu’une combinañon fu- perficielle. Nous terminerons ce Mémoire en confeillant à ceux qui voudront soc cuper de recherches fur le fel fédatif, de ne pas négliger les’ terres & fur. tout l’argille, qui nous paroit être dans un état propre à fournir directement du fel fédatif, en la combinant avec l'acide Le jee : il feroit fuperflu d'en alléguer les railons. Quelques Chymiltes, entre autres, fi nous ne noüs trompons pas, M. Gr em, fe font plaints de la difficulté qu’il y avoit d’obtenir des cryftaux dé ! borax avec le fel fédatif uni à l'alcali minéral; & ont cru qu'il falloit abfo- Jument, pour la réuflite, que l’alcali fut cauftique. Nous profitons de cette occafon pour défabufer les Chymiftes à cet égard. Lorfqu’on fait digérer long-temps du {el féäiatif avec une partie d’alcali minéral cryftallifé, on ob, tient de beaux cryftaux de borax. Tout ce qu'on peut dire à cet égard, . c’eft que la digeftion, ou une cryftallifation lente, paroit néccefliire pour obtenir de beaux cryftaux; parce qu’il en eft de l’alcali aëré, traité avec le fel fédatif, comme de l’acide phofphorique traité avec cet alcali: il faut un certain temps pour que l’air fixe s’en dégage en entier. - Voilà en quoi confite le réfumé des expériences que nous avons PA. de. puis.le mois de Février 1785. 5 ER voz, dans la vallée de Chamouni , ce Juillet 17864 Cx Exscna QUE H STRUVE. DES Sciences Pnys DE LAUSANNE. 147 + ET, AN 4 LYSE des Eaux de Brüttelen, dans le bailliage dErlach ou Cerlier. MPar.Mn. ze Comre G px RAZOUMO WSKL | Lues le 19 Aout. 1785. dE eaux de Brüttelen font connues-& fréquentées depuis long-temps ; elles font fort agréablement fituées dans le fond d’une gorge , formée par . le prolongement de la même colline, à l'extrémité & fur le penchant de s Jaquelle eft fitué le village d'Anet ; ces eaux font au Nord-Eft, à une à "demi lieue de ce village, & à uñe lieue de Cerlier, au bord du lac de Bienne dont elles dépendent. “On y a conftruit il y a environ 40 à 5O ans, le grand & vafte bâti- “ment qu'on. y voit aujourdhui, &'qui recèle des chambres de bains, des logemens très-propres , & toutes les commodités qu'un malade peut dé. direr. Ce fut un médecin de Berne, nommé Xafchthoff, poffefleur de ce terrain, qui bâtit, meubla cette maifon, & la mit dans l'était où elle eft encore aujourd’hui ; mais ce médecin y ayant mis un argent immenfe, & ayant fait des dettes,. concéda ces eaux & tout ce qui en dépend à un de … fes débiteurs, nommé Vittenbach, riche marchand de fer à Berne, &-ce- [un ui-ci enfin les vendit au Capitaine Schreyer , autre Bernois, qui en eft.en. Wucore en poflflion prélentement , & qui loue le bâtiment à un aubergifte (Mallemand. ; LS 148 Mémo aR us ip m'É LA OS cc à ÉTÉ Ces eaux forment deux réfervoirs, l’un, qui fe trouve fous un voütage M en pierre, n’eft entretenu que par une feule fource, qui fort de terre {ous £ le mème voütage, & fournit aflez d’eau pour aller augmenter la male de celles que l’on conferve dans un fecond refervoir, tout près du premier: les eaux de celui-ci font gardées fous un couvert de bois & entretenues , à ce que l'on m'a dit, par quatre fources, (en y comptant celle dont on vient de parler), toutes quatre de différentes natures; mais à en juger par la foibleffe des principes que contient l’eau de ce refervoir, il eft plu- tôt à préfumer qu’il n'y en a jamais eu qu’une feule qui méritat réellement le nom de minérale ; & que les autres ne contenoient qu'une eau peu dif férente d’une eau de fource ou de fontaine ordinaire, comme celle en- fermée fous un voltage de pierre dont j'ai parlé plus haut: à la vérité. les gens du lieu, intéreflés comme on le comprend ; à les faire valoir, prônent celles de cette fource comme très-falutaires, & les donnent pour fulphureufes aux bonnes gens qui viennent les vifiter ; on feroit même tenté # d'ajouter foi à ces difcours, en confidérant tout le travail auquel elles ont M donné lieu, & le foin qu’on en prend; mais il elt certain qu’elles mont aucun des caraétères ni aucune propriété des eaux minérales, elles coulent « fur un fond de fable , font très-limpides, & n’ont ni odeur, ni faveur; deux “livres de ces eaux ne nont donné autre chofe, par l'évaporation, que M “cinq grains de terre calcaire. En confultant l’analyfe des eaux de Brüttelen, M faite en 176$ (a), je vois auf qu'il n’y eft queftion que de celles conm tenues dans l’autre refervoir, & dont nous allons, à notre tour, préfenterw Vanalyfe; on n’auroit pas, felon toute apparence , négligé l’eau prétendue fulphureufe , fi en effet on l’eüt jugée telle : fi donc celle-ci eft faine & fa- lubre à boire, ce n’eft que par fa fraicheur & fa pureté. h:: Les eaux de l’autre refervoir, gardées fous un couvert de bois, & tenues fous la clef, font portées, au moyen d’une pompe afpirante, muë par une rouë, dans un baflin, & de-là diftribuées dans le bain. On trouve dans le baflin une quantité de floccons fibreux, ‘jaunes , nageant fur la furface de Veau, femblable à un conferva qui feroit coloré par le fer; cette matiere ù a (a) Cette analyfe fe trouve entre les mains de l’aubergifte des eaux, qui fe fait un plai ir de la communiquer à quiconque défire de la voir; mais comme elle eft d un temps où Part, de l’analyfe des eaux n’etoit point encore au dégré de perfection qu'il a acquis depuis, on Con. prend qu’elle ne peut être que très-imparfaite. é. Des Scrences Phys. DE LAUSANXE. 149 defféchée, préfente une malle d’un jaune rougeûtre, un peu friable, qui . expofée à la flamme d’une chandelle, -a pris une couleur plus foncée, en donnant une petite fumée d’une odeur légérement fulphureufe; elle seft + difloute en grande partie & avec effervefcence dans l'acide vitriolique; & » pendant cette diflolution, une très -petite portion s’eft précipitée fous for- me de très-petits foccons jaunâtres, qui fe font enfuite raffemblés au fond … du vafe, où fe faifoit cette opération fous forme pulvérulente ; ce précipité s’eft trouvé être une ochre de fer très-atténuée. Quant aux eaux de ce refervoir, elles-mêmes, elles n’ont ni goût, ni » odeur marquée, elles font fraiches, limpides & fans couleur: examinées avec les réactifs, elles nous ont donné les réfultats fuivans. Li Mb À la fource méme. . Quelques gouttes d’infufion de noix de galles , verfées dans cette eau, lui ont donné une teinte pourpre fort marquée. 2°. La leflive de fang ou lalcali phlogiftiqué, lui a donné une teinte bleue fi légére, que pour la rendre fenfible à l'œil, il faut placer un verre de l’eau ainfi teinte à côté d’un verre rempli de la même eau pure & alté. .rée par aücun mélange. Ce phénomène fingulier offre encore une preuve “remarquable de l'attention fcrupuleufe que l'analyfte exat doit apporter à Vanalyfe des eaux (a). . 3°. L'eau de chaux y a produit un léger nuage. 4°. La teinture de tournefol n’a point été altérée par cette eau. Le pa- pier teint avec la même teinture n’a point éprouvé de changement non plus dans le moment même; mais il faut lui donner le temps de fe fécher pour s’appercevoir de l’altération qu’il a éprouvé; alors on voit qu'il a été coloré en rouge. h Après avoir laiflé repofer cette eau en bouteille, pendant environ dix- huit à vingt heures. . 19. L'infufion de noix de galles, ne la plus colorée; il ne nous reftoit s D. phlogiftiqué. : … 2°. Mais l’alcali fixe en liqueur a occafionné dans cette eau un légér (a) L'on a communément négligé l'ufage dela leffive de fang ou de Palcali phlogifti. au, dans l'examen des eaux à leur fource, & J'on voit que c'eft à tort, ' 150 MÉMOIRES DE LA SO c1ÉT.É précipité jaunâtre,, -ochreux, effet qu'il ne produit communément comme lon fait que fur les eaux vitrioliques. 3°. Le:fel marin à bafe de terre pefante, n’a point agi fur CH eau même au bout d’une demi heure (a). j 4°. Lacide nitreux fumant ou délayé & celui du vinaigre ; n’ont pro- . duit aucun effet dans cette eau, parce qu’elle ne contient ni un foye de « foufre, ni un gaz hépatique. 4 5°. La diflolution de plomb dans l'acide nitreux, y occafionne un pré. “ cipité d'un :blanc fale,!: - 6°. Une piéce d'argent, plongée & laiffée pendant quelques heures dans cètte eau, n'a point changé de couleur; les réfultats de ces deux expérien- ces font encore une confirmation de celui de l'expérience quatrieme. 7°. L'eau de chaux y produit quelques légers nuages. . 8°. Le papier teint par le tournefol & altéré par le vinaigre, felon la méthode de Mr. Ze Profefleur Struve (b), a montré quelque altération " après avoir été féché; mais moins fenfible encore que celle qu’il avoit éprouvé’ de la part de la même eau à fa fource. . 9°. L’acide du fucre y PRO par fon union avec la terre calcaire , des RE blancs. CO N:CLUS T0 N. 1°. Que ces eaux tiennent du fer en diffolution, mais que ce fér s'y M trouve dans un état différent de celui fous lequel on le trouve communé- M ment dans les eaux minérales ; il n’y eft pas fous létat de fer aëré, puif« que Palcali fixe n’a aucune aftion fur celui-ci, & qu'il forme un précipité dans nos eaux; il n’y eft point fous l'état de vitriol parfait, puifque lin-w fufion de noix de galles,. agit fur les eaux vraiment vitrioliques en tout temps, à la fource comme long-temps après qu’elles ont été gardées en bouteille; il eft une troifieme maniere d’être du fer dans les eaux hépatis Kre2:) NET et vrai que on l'action de ce Pr n’eft fenfible qu'au bout de quel ; ques heures. nf (Bb) ( Voyez les Mémoires de la Socicté des Sciences Phyfiques de Laufanne, pour l'an. 178340 Pag. 146.) Cette m£thode.eft d'un grand avantage, parce que le papier colore, déja, ua peu’altéré par le VRAIBTE » - palle plus facilement aux derniers dégrés de Palteration, 4 pes ScirEeNcEs Pays. DE LAUSANNE. TSI ques, martiales, avec lefquelles celles de Brüttelen ont quelque rapport. . (Voyez la Differtation de M. Bergmann fur les eaux artificielles. Opujt. Chym. © Phyf., pag. 254, 258 de la tradution françoife de M. de Morveau), mais elles en différent , en ce qu’elles n’ont aucune odeur comme les eaux hépatiques, que pions nitreux n’y produit aucun effet, ‘& que Talcali phlogiltiqué agit comme on l’a vu fur elles, & n’a nulle aétion fur les eaux hépatiques martiales. % DM. Pergimann dit expreflément, que, quand l’eau sartiale mème bépati- » que, devient bleue fur le champ par ladition de l'alcali phlogiftiqué, c’eft M un figne certain de la préfence d’un diffolvant acide, En effet, ce n'eft point par l'intermède du gaz méphitique, ni celui du gaz hépatique, qu'il paroit que le fer fe trouve diflous dans nos eaux , comme je crois l'avoir prouvé ; mais tout concourt à faire penfer que c’eft plutôt par l’intermède d’un acide minéral fcible , tel que l'acide fuvhuréux volatil, comme je le “ferai voir plus bas; nous avons donc ici une quatrieme maniere d’être - du fer dans les eaux minérales ; mais venons aux autres points de notre * conclufion. x 2°. Le fer ne fe trouve dans ces eaux qu’en très-petite quantité, pnif qu’ on ne fly reconnoit que par le dépôt peu confidérable qu’elles forment “à la fource; dépôt même à peine fenfible dans les bouteilles gardées pen- “dant quelques jours. REC L'expérience feptieme , ainfi que les bulles qui fe manifeftent & pétillent dans ces eaux que l’on agite avec violence , prouvent qu’elles “contiennent de l'air fixe; ce qui prouve auf que cette fubftance aëriforme peut fe combiner avec ln plus intimément qu’on ne le penfe, ceft que EE. effets étoient encore fenfibles : après que nos eaux eurent été gardées Pendant dix-huit heures & cela dans des bouteilles finplement PonCRrre avec des bouchons de liége. m0 4°. L'expérience neuvieme prouve enfin, que ces’ eaux. contiennent de & terre calcaire. Après avoir féparé de ces eaux nf gardées le fer qu’elles avoient fé, & l'avoir recueilli fur les filtres; il fe trouva en fi petite quan. qu’il fut impoflible de l'évaluer. 4 Six livres & demie de ces eaux privées de leur fer’ évaporées jufqu'a cité, donnerent un réfidu terreux, d'un gris un peu oblcur , fans goût. | & En odeur , pefant quatorze grains & démi ,* dont une partie étoit folu. 152 MÉMOIRES DE La SoctréTé ble aux acides; pour extraire cette derniere fans décompofer la partie in: foluble qui pouvoit être de nature faline, je verfai fur ce réfidu du vinai- gre diftillé jufqu’à faturation, il ne refta que deux grains de terre indi£ foluble par ce menftrue, d’un gris obfcur, fans odeur ni faveur, mais qui étoit encore en partie foluble dans les acides minéraux; car ayant verfé deflus de l'acide nitreux, il en réfultat une effervefcence violente & diffolu- tion de la moitié de mon réfidu de la premiere diflolution pefant deux grains, de forte que la partie infoluble édulcorée, fechée & pelée de nou- veau, ne fe trouva plus être que du poids d’un grain , c’étoit une pure terre argilleufe ; ainfi du réfidu de l’évaporation du poids de 14 grains & demi, il y avoit 13 grains & demi de terre foluble & calcaire & un grain de terre infoluble ou argilleufe; 6:ib de ces eaux, contiennent donc de terre calcaire 133 grains. De terre argilleufe, . . trie LE tie DOTE De fer diflous par l'acide falphureux. Volt #71 7 2" CRU Das ce ES < Quantités inappréciables. De matiere extractive. J'ai dit ci-deflus; que le fer de ces eaux sy trouvoit fous un état dif. férent de celui fous lequel on le trouve communément dans les eaux mi- nérales martiales, & j'ai ajouté que cet état doit être celui d'un fer difflous par un acide foible & phlogiftique, tel que l'acide fuphureux , volatil ; outre les expériences rapportées qui y prouvent la préfence d’un pareil acide , & qui me lé faifoient foupçonner; j'ai voulu confirmer ce foupçon par des preuves plus directes encore , & voici la maniere dont je m'y fuis M pris, & la théorie qui m'a guidée. M. Lemery le pere, a fait connoître depuis long - temps dans les A2 moires de l’Académie Royale des Sciences , que le fer très - divifé & fimple- ; ; ment en contract avec le foufre , le décompofe & lui enleve fon acide ; M il a fait voir, que cinq à fix livres de foufre avec autant de limaille de fer, forme un mélange; qui, étant hume“té, fe gonfle, s’échauffe & s’en. « flamme, & que du réfidu de cette opération on retire un véritable vitriol M de mars; dans ce procédé, l’on fent que la chaleur qui fe produit doit M rendre cette décompoftion parfaite, & déphlogiftique entiérement l'acide principe pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 153 principe du foufre, qui, devenu libre , fe combine intimément avec, le fer ; mais j'ai penfé qu’en combinant enfemble le foufre & le fer en petite quantité & fans laide de la chaleur , par le moyen d’une longue tritura- tion: jai penfé dis-je, que jobtiendrois une décompofition du foufre moins parfaire, & une union du fer avec l'acide de celui - ci encore très- phlogiftiqué moins intime ; (a) fur ces principes, j'ai procédé de la ma- nière fuivante: Jai mélé parties égales de limaille de fer, & de foufre pulvérifé, (b) | j'ai verfé fur ce mélange quelques gouttes d’eau, & jai trituré le tout dans un mortier d’agate, jufqu’à ce qu'il eut acquis la confiftance d’une pate grile ; lorfqu'une petite portion de celle-ci, jettée dans un verre d’eau, froide, rend l’eau laiteufe & m'indique que les matieres du mélange ont commen- . cé à agir l’une fur l’autre &.à s'unir , je verfe peu à peu & à différentes - reprifes de la nouvelle eau fur celui-ci, & je continue à:triturer fortement * jufqu’à ce qu'il ait acquis la confiftance de bouillie grife, liquide & un peu épaifle, qui moufle comme le favon lorfqu’on continue de lagiter ; - plus long-temps on continue de triturer, & plus la combinaïfon que lon - obtient eft parfaite ; cependant au bout de trois quarts d'heures ou une heure, lon peut à la rigueur fi l’on veut difcontinuer , alors fi l’on frotte entre les doigts un peu de cette bouillie, on la trouve aufli onctueufe que du favon ou plutôt de la pommade liquide, & elle les tache en bleu ; pendant la trituration , le mélange exhale une odeur défagréable. Cette premiere partie de mon procédé achevée, je fais bouillir de l’eau commune & je la verfe prefque toute bouillante fur mon mélange que jagite &. remue avec une fpatule de bois (c) pendant quelques minutes; vs ee ! + (a) L'on connoit l'expérience ingénieufe de Mr. Baume, qui par le moyen d’une foi. ble chaleur, eft parvenu à dégager l'acide fulphureux volatil du foufre, formant un des “principes de la poudre à canon , fans que celle - ci s’ällumät; onne peut :guères douter “que dans l’acte de la trituration du fer avec le foufre humeété avec de l’eau, il ne fe pro- “duife aufli une certaine chaleur, & un pareil dégagement d’acide fulphureux, qui trouvant à s'unir au fer, s’y combine, mais foiblement; parce que le fer n’a pas été amené à un mumétat d'atténuation, tel que celui dans lequel il fe trouve , lorfqu'ileft parfaitement diffous . par des menftrues puilfans, ENS Téterscriolis Li (b) Jemploye à cet effet ce que l’on ‘nomme dans ce Paps , bran ; Où papier foufre , que je chiffonne entre les doigts; de cette maniere, on obtient plus promptement!le foufre " en poudre plus tenue. + | .. (Ce) Le, fer que l’on plonge dans cette liqueur eft attaqué par le phlogiftique furabondant Tome FE À av Ao:i [4 154 MPE MIO TA E S VD €) L A /SI0 CE ÉTÉ au moment ou celui-ci fe mêle avec l'eau chaude , il sen dégage une odeur femblable à celle qué j'ai dit que lon oblferve pendant la tritura- tion, mais un peu plus forte; la liqueur que j'obtiens de cette maniere’, devient d’abord opique & d’un oerd foncé tirant fur le noir, & il fe forme à fa furface quantité de globules jaunes, qui reflemblent à de petites bou- les d'or, qui fe rangent contre les parois intérieures du verre fäns cre- ver (a), & qui ne font que des bulles d'air qui entraînent une ochre ‘jaune trèstenue qui les enveloppe entiérement ; dans cet état , je ferme | le vafe qui contient cette liqueur avec une veflie bien liée deflus & le Jaiffer “refroidir & repofer, au bout de peu d'heures, je trouve au fond de ce- | lui-ci un dépôt formant deux couches affez diftinctes ; l’inférieure noire, M qui n’eft qu'un fer divifé & doué encore de fon phlogiftique , comme lé. thiops-martial ; la couche fupérieure, d’un gris noir , qui n’eft aflurément ‘qu'un mélange de fer & de foufre, qui ont éprouvé un commencement de décompofition ; & la liqueur devenue claire & d’un jaune verdâtre avec quelques pellicules graffes & brillantes à fa furface, & un léger goût d’en- cre comme celui de toutes les eaux martiales foibles , mais fans odeur. L'on voit déja par la faveur & la couleur de la leflive de notre mélange de foufre & de fer, qu’elle contient un peu de mars diflous par un acide “foible , puifque telles font comme on fait la couleur & l'odeur des diffolu- ‘tions martiales trésaffoiblies par beaucoup d’eau ; mais cette vérité nous paroït encore mieux démontrée par les expériences fuivantes, | Cette leflive décantée de dellus le réfidu dont jai fait mention ci RTBF HE ( “y. Mélée avec linfufion de noix de galles eft colorée en violet très foncé comme les eaux vitrioliques; ( Voyez encore ce que dit M. Berg- ' mrann à ce fujet, page 257 & 58 de la Traduëtion du premier Tome dew l'ouyrage cité ci-deflus); fi lon y ajoute beaucoup d’eau , la teinte eft foi: -ble & femblable à celle que la même infufion communique aux eaux de Brüttelen. sh) 1 ‘qui s'en dégage; avant que d'employer la fpatule de bois, j'avois fait u(age d’une lame de couteau qui avoit été en partie dorée, en partie argentée au chalumeau ; lès endroits où l'acier étoit à nu, noircirent, l’argenc fe colora en un bleu azuré ou en un beau verds & lot en rouge de cuivre. 4 Ai (a) Ces globules ne crévent pas même lorfqu'on agite la liqueur , ils s'entre-choquent, Me . compriment mutuellèment un moment, puis reviennent à leur premier Ctat: à 1 . LA pes Sciences Pays. DE LAUSANNE I1$S 2°. L’alcali phlogiftiqué n’y produit aucun effet, fi cependant cette li- queur eft étendue dans fix à fept fois fon poids d’eau commune, & qu’on y verfe alors plufieurs gouttes de cet alcali, on y reconnoit une très - lé. gere teinte bleuâtre , qui ne s’apperçoit de même que dans les eaux de Brüttelen teintes par cet alcali que feulement à côté d’un verre rempli d’eau bien claire; ( Voyez ci-deflus dans l’analife de ces eaux les expériences faites à leur fource}), mais cette teinte eft plus légere que celle de ces eaux minérales. 3°. L’alcali fixe en liqueur , n’y a point produit d’effervefcence ; mais il a occalionné un précipité d’une ochre extrèémement tenue & qui n’a com- … mencé à étre fenfible qu'environ au bout de deux heures. … 4°. Le fel marin à bafe de terre pefante n’ÿ a produit nul-effet, 5°. L’acide nitreux fumant n’y a produit aucun effet. 62. L’arfenic blanc n’y forme point d’orpiment. 7°. Comme les eaux de Brüttelen, cette liqueur gardée pendant en h 8°. Mais elle differe des eaux de Brüttelen en ce qu’au bout de ce temps Yalcali fixe en liqueur n’en précipite plus rien. 9°. La feule propriété que cette liqueur ait de commun avec les eaux fulphureufes ou hépatiques , c’eft de noircir l'argent qu’on y laiffle tremper pendant plufieurs heures. (a) Mais comme toutes les autres expériences que je viens de rapporter , y démontrent la préfence d’un acide foible, & qu'aucune n’y prouve celle du gaz hépatique ( du moins uni au fer & à l’eau) , je foupçonne que “ce n'eft que le phlogiftique du mélange de l'eau bouillante qu'on a verfé deflus qui produit cet effet; ce qui confirme encore ce foupçon, c’eft ; 1". que les diflolutions d'argent & de mercure par l'acide nitreux mêlées … viron 18 heures , n’eft plus colorée par l'infufion de noix de galles. L (4) Un écu de fix francs, laiflé pendant quelques jours au fond d'un verre rempli de cette liqueur, a été très-bien doré d’un côté; c’elt-à-dire, que des particules trés -fines de chaux de fer fe font dépofées également dans les petits pores extérieurs de cette piéce , &: s’y font tel. … lement incruftées , que celle-ci, la pris une couleur fi femblable à celle de l’or, qu’il eft facile de s’y tromper; il y a apparence que les eaux de Brüttelen préfenteroient le même phénomène. “Cette expérience prouve au refte, qu'avec le fer atrénué par l’art & au moyen de la trituration, on peut produire les mêmes effets que produit la nature dans les eaux martiales. La decouverte #4 de cette dorure artificielle, au moyen du fer, pourroit peut - étre fournir une nouvelle methode "économique de dorer fur argent; on fixcroit fans doute la couleur fur les piéces féchées, au moyen d’un vernis, | dE | 2% 156 M MO TRES MD ET AMISSONCI ÉNTLE avec cette liqueur , donnent des précipités qui ne font point bruns ou d’une couleur foncée, comme on l’obferve conftamment dans les eaux qui con- tiennent un hépar de foufre ou un gaz hépatique ; le même effet a lieu avec les eaux de Brüttelen, qui, étant naturellement froides ne noircif- fent point non plus l'argent. Pour m'aflurer encore plus pofitivement de la préfence d’un acide fal- phureux uni au fer, dans Peau dent on a arrofé un mélange de foufre & de limaille de fer préparé felon la méthode que jai décrit ci- deflus, jai donné à l’eau le temps de fe faturer de ces principes , en la laiffant fé- journer pendant plufieurs jours fur ce mélange; au bout de ce temps, elle étoit claire & limpide & prefque fans couleur , & avoit un léger goût de vitriol martial. Je fis évapporer cette liqueur jufqu'à la moitié de la hauteur du vafe qui la contenoïit au bain marie à un léger degré de chaleur; Après cette opération, je trouvai au fond de ce vale ou elle s’étoit faite, un dépôt d’ochre rouge, & dans fa partie fupérieure attachée contre fes parois in- térieures, une poudre très-fubtile & en très-petite quantité d’un jaune pâle, qui ramaflée fur la pointe d’un couteau, & mife fur une pelle rougie au feu, s’eft trouvée être du foufre. 1 Cette liqueur durant l’évaporation & au moment où elle fut re M ke du feu, exhaloit une odeur d’acide fulphureux volatil très- marquée. - Elle avoit acquife une faveur piqüante comme celle de cet acide , M avec une arrière goût métallique ou d’ancre. 38" Talcalr fike la troubla, & la rendit d’abord laiteufe; enfuite il sy forma un nuage partie bleu, partie verd, & enfin un précipité d’un ‘Verd. ‘bleuûtre. 4°. L’alcali phlogiftiqué, qui comme l’on fait précipite toujours en bleu toutes les diflolutions martiales faites par les acides purs, ne produifit au< cun effet fur cette liqueur. À Ces deux dernieres expériences s s'expliquent à ce qu il me paroït aflez facilement, & {ont fondées fur la même théorie que la décompoñition &. précipitation en bleu du vitriol martial par la lefive de fang , avec quel ques modifications particulieres dans les circonitances; dans l’un & l'au-" F' tre cas, tout s’opére par la loi des affinités doubles ; mais dans le der. nier , c'eft l'alcali phlogiftiqué. qui fournit du, phlogiftique au fer, qui mal pü sunir à l'acide Hi fans perdre du fien; dans le‘premier case y? Des ScirENCES PHys. Dre LAUSANNE. 157 au contraire, l'acide & l'alcali, tous deux phlogiftiqués, ne pouvant réa. gir que foiblement lun fur Jautre, il n’en fauroit réfulter de décompofi- tion (a); mais c’eft l’alcali fixe pur alors, qui confervant toute fa force d’af. finité envers l'acide, s'empare de celui-ci; cet acide eft décompolfé, & c’eft lui qui fournit ici à fon tour le phlogiftique au fer qu’il abandonne (b): mais revenons à notre liqueur martiale. # jo. La diflolution d'argent par l’acide nitreux, mélée avec celle-ci, pré- fente un autre phénomène bien fingulier & bien digne d'attention; elle ne la trouble point, ni ne forme d’abord de précipité fenfible, mais en: viron au bout d’une ou deux fecondes , il fe forme plufieurs petites pelli- » cules orbiculaires répandues çà & là à fa furface, d’un blanc métallique ; ” ces pellicules recueillies fur une lame de couteau, femblent après leur def. - fication de minces feuillets d'argent revivifié. 6. Le fel marin à bafe de terre pefante y a été décompolé, & il seft d'abord formé au fond du vafe un nuage blanc très-confidérable. On a vu plus haut, que la difflolution de ce même fel avoit été fans action fur la même liqueur non évaporée , & fur les eaux de Brüttelen ; c'eft que la chaleur & lévaporation , en diminuant l’adhérence de l'acide “au phlogiftique, ont rendu le premier plus propre à s'unir à la terre pe. . fante. Les anciens Analyftes ont fouvent parlé d'un vitriol volatil contenu dans les eaux; comme ils ne connoifloient point les divers gaz ou airs, “ni leurs combinailons, ni celles de l'acide fulphureux volatil ou de l’acide itriolique phlogiftiqué avec les fubftances métalliques, il eft apparent qu'ils “ont fouvent confondus fous cette même dénomination , & les différentes et n $. * du moins trés-foibles. —…._ (h) Cette experience , où l’alcali fixe pur précipite le fer en bleu, ne prouve rien contre les expériences rapportées plus haut , ou c’eft l'alcali phlogiftiqué qui produit cet effet ; car ce- “lüi-ci n’a lieu que par l'addition d’une grande quantité d’eau, & l’on fait que l'acide vitriolique “tend d'autant plus à s’unir avec les métaux, & d'autant moins avec le phlogiftique pur, qu'il eft fort délaye. Dans cette circonftance donc , le fer eft plus déphlogiftiqué qu'auparavant, & s'em- “pare avec avidite du phlogiftique de la leflive de fang; & lalcali de celle-ci, devenu libre, s’u- -nit à fon tour à l'acide devenu libre auf; quant au phlogiftique furabondant, qui formoit un des principes de l'acide fulphureux; on a vü qu’il en a été féparé fous forme de pellicules grafles & brillantes, a a) Il eft connu que les affinités des acides & des alcalis phlogiftiqués , font prefques nulles 158 MÉMOIRES, DE,LA:S 0 .c1É T eaux martiales gazeufes, & celles qui comme les eaux de Brüttelen con tiennent un fer diflous par un acide minéral foible. Les Analyftes modernes ont rejetté avec railon le vitriol volatil de la compofition des eaux minérales, & ils n’ont admis que trois manières d’être du fer dans celles-ci, nous avons déja dit & nous croyons avoir démontrés par l’analyfe des eaux de Bräüttelen, qu'on doit dorénavant compter quatre efpèces d'eaux minérales martiales que nous claflerons de la manière fui. vante : 1°. Eau martiale vitriolique. 2°. Eau martiale vitriolique phlogiftiquée, dans laquelle le fer fe trouve diffous par l'acide fulphureux volatil, ou un acide vitriolique foible & plus ou moins phlogiftiqué. 30. Eau martiale aërée ou gazeufe. 4°. Eau martiale gazeuze hepatique. : De toutes ces eaux minérales, l’eau martiale vitriolique phlogiftiquée ; eft celle que l’on rencontre le plus rarement , L’eau martiale vitriolique proprement dite ou qui contient un vitriol parfait, eft encore plus rare que les eaux gazeufes ou aérées; & les eaux martiäles hépatiques fe ren- contrent bien moins fréquemment dans le fein de la terre, que les eaux martiales purement aërées , qui font très-communes dans la nature. DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. 159 7) OCBSERVATISGN NO, U'AVE LI LÉE SE Sur PAnalyfe des Eaux Minérales, Par Mr LE ComTre G ne RAZOUMO WSK Y. Lu le 2 Septembre 1785. d EL x Es eaux font communément chargées de principes terreux ou de prin- cipes terreux & falins à la fois, & ce ne font que ces dernieres auxquel- és on a accoutumé de donner le nom d’eaux minérales, quoiqu’à la ri- | gueur il n’en eft aucune qui ne méritit ce nom, puilque les eaux les plus pures contiennent toujours quelques veftiges de fels (a), & que toutes ë (du moins les eaux terreltres) contiennent une terre avec laquelle elles À font intimément combinées, par l'intermède d’un acide qui eft l'acide aë- rien de Mr. Bergmann, & Yair fixe des Auteurs François (b). On de- < vroit donc diftinguer les eaux propres à la cure des maladies de celles qui ne fauroient fervir à cet ufage, par la dénomination plus propre d’eaux … médicinales. Ce font ces dernieres dont il importe toujours au bien de l'humanité de déterminer fcrupuleufement les principes & les contenus; mais malheureufement ce n’eft que trop fouvent ce que l’on néglige le plus, foit par cette indolence fi commune aux hommes méme, fur ce qui (a) Voyez Le premier Tome des Opufcules Plyfig. & \Chimiq. de Mr. Bergmann, pag. 95 . & 96. : (b) Voyez à ce fujet un Af#moire de Mr. Achard, fur la caufe de la fénaration de la terre calcaire, €ÿ de l'eau par chullition , dans le Journal de Berlin, ‘Tom. XIX. €! / | | 169 Mèmoïres De LA Soci:1ÉérTé devroit les intéreffer le plus vivement, foit par les difficultés qu'offre cette détermination. : ) Parmi les eaux médicinales, il en eft qui font très - fenfiblement char. gées de principes minéraux, & alors on n'a qu'à fuivre, pour reconnoître ces principes & leurs quantités refpeétives, les méthodes indiquées par les plus habiles hydrologiftes modernes, & particuliérement- dans les Traités de l'illuftre Bergmann [ur les eaux , qui font des chefs - d'œuvres en ce genre, & tout ce que nous ayons de plus parfait jufqu’à ce jour fur cette matiere. Mais il eft auf des cas où ces fortes d'eaux font fi peu chargées, que lon ne fauroit, par la voye ordinaire, y reconnoitre que les principes les plus grofliers; tels que les fubftances terreufes, comme les terres abfor- bantes, l’argille, le filex, de forte que l’on feroit fouvent tenté de re- garder de pareilles eaux fimplement comme des eaux terrenfes ou crues. Paflons maintenant à l'examen particulier de ces efpèces d'eaux. Les eaux minérales foibles, diffèrent de celles que l’on reconnoit faci- lement pour telles: 1°. parce qu’elles n’ont ni odeur, ni faveur, ni cou- leur bien marquées; font limpides, fraiches & très-bonnes à boire. 2°. Que les réactifs n’ont fur elles qu'une action peu marquée , de façon que fi par kur mélange avec ces eaux, il doit y avoir mutation de couleur; cet effet eft légérement fenfible : s’il doit y avoir précipitation, celle-ci n’a lieu que lentement, & fouvent plufieurs heures même & plufieurs jours après le mélange. Les réactifs font cependant les feuls moyens propres à indiquer que telle eau qui paroït pure & fans mélange, contient quelque chofe de : minéral, puifque les fens feuls my En rien. Communément l'examen par les réactifs annonce, dans de pareilles eaux, un plus grand contenu de terres que de principes falins ou minéraux M proprement dits. On doit donc opérer fur celles-ci d’une maniere tout-à-" fait oppofée à celle que l’on employeroit fi elles étoient plus fenfiblement chargées , & procéder d’abord comme fi elles ne contenoient réellement que des fubftances terreufes. Pour nous faire mieux comprendre, entrons dans un plus grand détail, & appellons l'exemple à notre aide. Que l’on ait à opérer fur une eau minérale, fortement chargée, lon fait que l’on parvient à la décompofer, & à reconnoïtre & évaluer les pro: portions rélatives de fes compofans , par l'évaporation, (foit jufques à pelhi-. cule, foit jufqu’à ficcité) la lixiviation du réfidu , la cryftallifation & dépura- tion des fels, &c, ; Mais EN PS | Care | Le. pes Sciences. Pæys. DE LAUSANNE. 161 Mais que l’on fuppofe une eau minérale extrémement foible , & telle par exemple que celle de St. Eloi près d’Eftavayer , dont j'ai donné J'are- fe, & qui contient feulement quelques grains de fubftance faline fur dix livres d’eau. On comprend alors que la méthode mentionnée dont on fait communément ufage ne peut étre d'aucune utilité ici, ou la quantité de …. Ja fubftance faline eft trop petite pour ètre rendue fenfible par l'évapora. tion, la lixiviation du réfidu , &c. Ce réfidu de l'évaporation de pareil. des eaux, ne fait voir communément que les caractères d’une pure terre. \ Lorfque l’on opére fur des eaux purement terreufes, (ou que du moins lon regarde comme telles, parce que la bafe acide par l'intermède de le. quelle l'eau les tenoit en diffolution, s’en dégage facilement par la plus lé. gere chaleur) que lon a fait évaporer jufques à ficcité pour reconnot. tre la nature & les proportions de la terre ou du mélange terreux que contient le réfidu fec, & féparer les parties folubles de celles qui ne le font pas. On le foumet à l'action de quelque menftrue puiffant ou de plu- fieurs menftrues fucceflivement comme l'acide nitreux, qui s'empare promp- | tement de laterre calcaire, & forme avec elle un fel très-foluble ; l'acide “witriolique qui s'empare de l'argile avec laquelle il forme de l'alun, & enfin l'acide marin qui s'empare de la terre martiale déphlogiftiquée. Il faut donc opérer fur ces mêmes principes , fur les eaux médicinales » foiblement" chargées. Il faut de même les évaporer jufqu'à ficcité, & fou … mettre le réfidu à l’action d’un diflolvant & examiner enfuite la terre in- foluble. Mais comme c’eft dans celle-ci que l’on doit chercher la fubftance _ faline qui conftitue ces eaux médicinales , on rifqueroit bien de ne plus Py retrouver, fi l’on fe fervoit indiftinétement & fans choix d’un diflolvant “quelconque, parce que ce diflolvant pourroit opérer la décompoñition de ce fel; Ainfi par exemple, fi Peau tenoit des fels vitrioliques en diffolution, Jacide nitreux opéreroit leur décompofition , les fels à bafe d'acide ma-. tin feront décompofés par les acides nitreux & vitrioliques & ainfi de fuite. cette queftion d’une maniere fatisfaifante , il faut confidérer que les eaux ne tiennent ordinairement en diflolution que des fels qui ont pour bafe: n acide minéral & particuliérement les acides vitrioliques & marins. Il Le Be nous nous occupons ici, un menftrue moins puiflant dr ceux que nous: ; Tome II. 162 Mèmoirnes DE LA SoOctreT* venons de nommer : & celui-ci, comme on le comprend bien , ne peut être que l'acide végétal. L’acide végétal a à la fois l'avantage de ne point décompofer les fels vitrioliques & marins, parce que ces affinités avec les bafes terreufes ou même alkalines de ceux - ci, font moindres que celles des deux acides minéraux, & de s'emparer de la terre calcaire & des ter. res abforbantes libres en général comme les acides minéraux. C’eft donc de Pacide végétal, c’eft-à-dire du vinaigre dont il faut faire ufage pour la diflolution de notre réfidu ; mais cet acide doit être le plus pur & le plus M fort pollble ; parce que pour peu qu'il foit altéré ou gâté , il n’agit que foiblement. À Au défaut de bon vinaigre radical, il vaut mieux encore employer le Yinaigre diftillé que le vinaigre commun le meilleur, parce que fa blan. | cheur & fa limpidité font que l’on obferve mieux tous les phénomènes de {a diflolution. Lorfque l’on manque de vinaigre diltillé, le vinaigre com. mun blanc-eft celui que lon doit préférer , & lon en trouve par- tout. R Lors donc que l’on a féparé la partie difloluble du refidu de l’évapora- tion de celle qui ne Peft pas par le moyen du vinaigre, l’on doit chercher comme nous l'avons dit la fubftance faline que contiennent ces eaux dans cette partie infoluble de ce même réfidu; mais comme celle-ci eft fouvent en proportion fi minime dans celui-ci, & qu’elle fe trouve en outre enve: M loppée de terres de fubftances hétérogènes qui contribuent encore à la maf- quer , il faut encore trouver un moyen pour la rendre fenfible. | Voici celui que nous avons imaginé, & le principe fur lequel il eft fondé & que nous tâcherons de faire entendre par un exemple. Suppofez qu'après avoir évaporé une quantité d’eau donnée, vous ayez M un réfidu compofé de terre calcaire, de terre d’alun , ou terre argilleufe pure de Silex & enfin d’une trés-petite portion de fubftance faline; vous 1 pefez votre réfidu , & vous en féparez la terre fouluble par le moyen du m vinaigre; cela fait, vous foumettez ce qui vous en refte à laétion de la ; 4 | 1 TRE flamme du chalumeau que l’on n’avoit encore point penfé à employer juf qu'ici dans l'analyfe des eaux. Comme j'ai remarqué que la faveur des fels eft d'autant plus exaltée qu’ils ont été plus parfaitemeut deffechés & pris vés de leur eau de criftallifation par la calcination , j'ai penfé à rendre fe fible aux fens par cette voye de très-petites quantités de matiere faline, dont on ne peut montrer manifeftement la prélence par aucune autre voye pes Sciences Pays. DE LAUSANXE. 163 Tel ft le but de l'emploi du chalumeau dans l'examen du réfidu des eaux minérales foibles , dans lequel il déve:oppe les plus petits atomes de fel comme je l'ai éprouvé dans mon analyfe des eaux de St. Eloi, où je nai pu reconnoître évidemment, la prélence de lalun d'aucune autre ma- nière, Ce n’eft pas d’ailleurs feulement par la féule exaltation de leur faveur que la flamme du chalumeau décele la nature de la fubftance faline que l’on cherche , c’eft encore par des fignes & des caraétères propres à ces fubitances , qui ne font qu’ajouter aux lumieres que l’on a déja acquiles. Ainfi, fi, par exemple, en expofant Ia matiere à eflayer à la flamme du chalumeau fur le charbon, on obferve outre un goût de fel marin , le phénomène de la décrépitation, on en pourra conclure avec certitude que le réfidu contient du fel marin ou de fontaine. Si outre la décrépitation on obfervoit une faveur plus piquante que celle du fel marin , & un dé. gagement de fumée pendant que la flamme agit deflus, on en pourroit inconteftablement conclure la préfence d’un fel ammoniac. Si l’on obfer- voit dans la mafle que l’on foumet a l’eflai du chalumeau , un certain .gon. flement & un changement de couleur en jaune , où en pourroit conclure avec certitude la préfence de fels vitrioliques , parce que tous les fels qui ont lacide vitriolique pour bafe, fe gonflent comme on le fait au feu, & attaquent le charbon dont le phlogiftique s’uniflant à cet acide forme le foufre qui refte uni à la bafe alkaline ou terreufe , & forme un foye de foufre qui produit la couleur jaune ou jaunâtre dont nous avons fait mention. Si la couleur de la mafle tire au contraire fur le rouge après la calcination, ceit une marque de Ia préfence d’une terre métallique ou martiale; alors la faveur amere ou falée, & amere ou douceître, & ftiptique ou ftiptique “avec un arrière goût d'encre achevent de faire connoître la nature de ces. “fels, & font voir fi c’eit un fel amer, ou un fel de Glauber, ou de lalun, “ou enfin un vitriol métallique. Lorfque de cette maniere l’on a reconnu la fubftance faline de la na- ture de laquelle on cherchoit à saffurer , il ne s’agit plus que de féparer “celle-ci des terres auxquelles elle Re unie, & d'évaluer les quantités réla- “tives de ces principes. Mais comme l'on ne fauroit le faire par la voie ufitée pour les fels Et comme nous l'avons dit, on continue d’agir directement fur la partie ter. “ reufe, à moins que celle-ci ne foit en quantité inappréciable. Suppofons Ur PRE TT 164. ME MO TR ES DLL ANISIONCA ILE TUE donc que le réfidu contienne un fel vitriolique , on verfe deffus de l'huile de vitriol, qui s'empare de la terre argilleufe. La premiere opération où l'on a employé le vinaigre pour extraire la terre calcaire du réfidu, a donné par le déchet du poids connu de celui-ci la quantité de cette terre. Ici la quantité de déchet que ce mème réfidu éprouve encore par l'extraction de la terre argilleufe, par l'acide vitriolique donne aufli la quantité de cette terre. Refte à déterminer la quantité du filex & de la fuitance faline. Comme celle-ci eft alors moins mêlée & enveloppée de matieres hétérogènes qu’elle ne l'étoit auparavant, & qu’elle adhére moins fortement au filex qu’à Par- gille dont on l’a dépouillé on lenleve facilement au moyen de l'eau, & il ne refte plus que le filex dont on détermine aifément le poids. Connoif. fant celui de toutes les fubftances que l’on a féparé du rélidu , & de même: connoilfant le poids du filex, on connoit auf celui du fel que l’on vient d’emporter ' Si le réfidu en queftion contenoit au contraire un fel à bafe d’acide ma- rin, lon ne pourroit point opérer comme dans le cas précédent, parce qu'ici l'acide vitriolique décompoferoit le fel marin. Le plus für moyen eft donc de faire ici tout l'oppofé de ce que l’on a fait dans le ças précédent; c’eftà-dire, après que le vinaigre s’eft chargé de tout ce qu'il a pu diffoudre , enlever le fel par le moyen de l’eau, & ex- traire enfuite comme ci-deflus la partie argilleufe au moyen de lhuile de vi. triol. IL eft vrai qu’on ne peut efpérer dans ce cas ou l’on eft obligé d’a- gir d'abord fur la fub'tance faline une féparation aufli exacte que dans le ‘cas précédent, parce qu'une petite portion de fel adhére affez opiniâtre. ment à l’argille, fins ‘ # j | | pes Scrences Pays. DE LAUSANNE 6 pre —— ©, BESCRIP TION ET HISTOIRE NATURELLE du Bouquetin des Alpes de Savoye. Par Mr BERTHOUT vax BERCHE M, Frzs: —— Auditque ruentes Sub pedibus nimbos &3 rauca tonitrua calcat. Remife le 28 Ofobre 1785. I. bouquetin des Alpes de Savoye (a) eft encore peu connu des Na- turaliftes ; quoique plufeurs Auteurs en ayent parlé, comme il vit dans les fommités les plus élevées des montagnes, il n’a pu étre obfervé que par les perfonnes qui le chaflent; gens pour l'ordinaire pleins de préjugés, qui recherchent & aiment le merveilleux, & auxquels il a fallu s’en rap- porter ; aufli l'hiftoire de fes mœurs eft-elle remplie de contes abfurdes. … Sa figure eft mieux connue, cependant la defcription qu’en a donné Mr. PAubenton (b}) a été faite fur un individu fort jeune, & la planche qui accompagne neft pas exacte. Il eft vrai que nous devons à Mr. Pallaz, ne defcription très-détaillée & fort bonne du bouquetin de Siberie (c). (a) Capraibex Exleben. ff. reg. an. pag. 261. Linn. Jiff. nat, ed. 13. pag. 95. Le bouquetin, Buffon, Tom. 12 pag 136. pl. 13. L (b) Hifi. Nat. de Mr. de Buffon, Tom. 12. pag. 166. _ Ce) Ibex Alpium fibiricarum , Pallaz fp: 2001. f, 11. pag. 31, 166 4 M4É M..0 T'R-E S : D-E' LA. So e 1 É T É ‘ Mais cet animal paroït différer du notre par quelques caracteres. D'ailleurs | Mr. Pallaz n’a point parlé du bouquetin dans fes différens âges, & n’a pas" décrit la femelle, qui n’eft point encore connue (4). Toutes ces raifons m'ont engagé à faire des recherches fur cet habitant de nos hautes Alpes, & je crois rendre fervice aux Naturaliftes, en le faifant mieux connoitre. Ayant appris que Mr. de Watteville, Gouverneur d’Aigle, dans le Pays: M de-Vaud, poflédoit un jeune bouquetin vivant, je faifis avec empreffement cette occafion; & je fis le voyage d’Aigle, pour le décrire & le faire à { . defliner. 4 Mr. de Watteville eut la bonté de me procurer toutes les facilités né- M ceffaires pour l'exécution de mon projet; & ceft à lui que je dois plu- fieurs détails intéreffans fur les mœurs de cet animal, dans fon état de“ captivité. À Mais pour le connoître dans fon état de liberté, ou livré entiérement à « lui-même, il ne reçoit d’autres impulfions que celles de la nature; ceft-# a-dire, pour le connoitre tel qu’il eft, car la contrainte & la domefticité entraînent toujours avec elle un changement confidérable dans les mœurs de tous les animaux ; il m’a fallu confulter les chaffeurs de bouquetin. M Je fuis allé dans leur pays, afin de prendre des informations plus füres M & pour déméler, sil étoit poflible, les fables d'avec la vérité; mais j'au-w rois peut-être perdu beaucoup de temps en: recherches infructueufes , fi jen mavois eu le bonheur d’être adreflé à un des plus habiles chaffeurs, homme À qui joint à la plus grande véracité, Pefprit d’un bon obfervateur (e). (d} Voici le feul paffage où Mr. Pallaz donne une légére notice de la femelle: 4h iifdem ac cepi gregibus ad fummum denariis incedere ibices , femellas effe minores neque majora jelqui dom drante cornua , parvulum que aruncum gercre , parere f[ub finem demum Alaü, hedofque fufe coloris nafti, æflivum adultorum pilum effe brevem rufenentum , capræ pelli fimilem. Spici-M Zegia 2001. fafc. XI. pag. ço. £ ) É (Ce) Cet homme, que je fuis bien aife de faire connaître , fe nomme Nicolas Fornier. I eft meûnier à Servan, dans le bas Vallais, & a étc chafleur de bouquetin pendant plufieurs an= nées; il a obfervé cet animal avec une exactitude & une intelligence qui nous étonne toujours quand:nous la trouvons chez le payfan, & qui n’eft cependant pas aufli rare qu’on le croit ordi nairement, fur-tout chez l'habitant des montagnes, qui refpirant un air plustpur , femble avoir des idées plus faines. On lui trouvera toujours beaucoup de juftefle dans l'efprit & du bon! fens. ‘ Que le philofophe qui s’occupe fans-ceffe des vices du riche, porte un moment fes regards fur les vertus du pauvre; c’eft fous l’habit de bure, c’eft dans nos montagnes qu'il trouvera des fa ges, pratiquant en filence les vertus qu’il nous prèche: il y trouvera même des gens de génies car l'homme de-génie n’eft pas feulement celui qui fait beaucoup avec de grands moyens, mais euffi celui qui fait beauçoup pour fon état, avec des moyens trés-bornés.. tx de deux an. 1. Age de Savoye. 1 24 pe je 2 2 LS d 20) er ppl Bouquet des À de Hennerel delire 1786: nn telle NN Tenrs ALT Legthsngé f1 ds MT di DRE Hu à Lu RE Aa k RTC ét | PARC vu! Le: Lr ses pes Scrences Pnvs. DE LAUSANNE 167 Les détails nombreux & intéreffans que j'ai recueillis dans ce voyage : M joins aux obfervations que j'ai faites en différentes fois, fur le bouquetin … d'Aigle, m'ont mis en état de donner une hiftoire naturelle de cet anima], que jai cru aflez complette pour être préfentée à la Société. Le bouquetin d’Aigle, (/oyez la PI. ci-contre.) étoit âgé de deux ans, la … premiere fois que je le vis, (au printemps de l’année 1784.) Il venoit de la vallée d'Oft, & avoit été acheté à l’âge de cinq ou fix mois: il a eu “pour nourrice une chêvre à laquelle il eft fort attaché; fa phyfionomie douce & bonne annonce la douceur de fon caraëtère & de fes mœurs; fes … jambes de derriere, plus hautes que celles de devant, & fes quatre pieds fourchus (f), annoncent l’aptitude de cet animal, pour gravir & monter » fur les rochers. Enfin, fes grofles & grandes cornes, qui ombragent fa pe. “tite tête, & fes membres gros & mufclés, nous indiquent & fa force & “fes moyens de défenfe. Au premier coup-d’œil il a quelque reffemblance au mouton pour la for- me de la tête; mais cependant il a dans toute fa figure plus de rapports au bouc & à la chévre. En le comparant avec celleci, il eft plus grand & plus gros, il a le front beaucoup plus élevé & plus étroit: ces der- | niers caraétères le diftinguent de tous les animaux de ce genre; il a la tête proportionnellement plus petite. Le chanfrein eft un peu arqué en “avant, l'œil eft vif & de moyenne grandeur; la pupille fe retrécit au fo- eil, comme celle du mouton, en formant un rectangle dont la baze eft placée felon la plus grande longueur de l'œil. Il ma point de larmiers ; le front & le deffus. de la tête font très-velus; on ne lui voyoit alors Æ un veftige de barbe. Mais à ma feconde vifite, fix mois après, c'eftà. dire à deux ans & demi, il en avoit pris une petite, placée à un pouce & demi de l'extrémité du mufeau, ellé eft noire & dirigée en arriere, … Ses cornes différoient beaucoup de celle de la chèvre; elles étoient gran- courbées en arc, dirigées en arriere & en dehors. Elles avoient 14 pou- ces de long & 8 pouces de circonférence à la baze (g). Les deux arré. es longitudinales entre lefquelles fe trouve la face antérieure de chaque … (f) Les animaux qui gravillent le mieux les rochers & qui les habitent de préférence, font rdinairement à pieds fourchus. (g) Toutes ces mefures ont été prifes avec le pied de Roi. 168 MéMOLRES DE LA SoctÉT* corne dans le bouquetin âgé, n’étoient pas toutes les deux bien fenfibles; l'interne étoit la plus marquée, elle avoit deux ou trois gros tubercules très-faillans. Ces tubercules, dans les grandes cornes de bouquetin, ter- « minent les arrêtes tranfverfales de la face antérieure : mais ici les arrêtes " tranfverfales m’étoient pas encore marquées diftinétement, quoiqu’on put cependant les reconnoitre. La face poftérieure des cornes étoit arrondie & unie: mais la feconde fois que je le vis, elles avoient confidérablement crus; la face antérieure, & les arrêtes longitudinales étoient bien mar: M quées. Il y avoit près de la baze quatre arrètes tranfverfales fort proémi. nentes, & élevées de près d’un demi pouce: fur l’arrête longitudinale in. térieure, il y avoit fix tubercules; les, quatre plus gros terminoient les ar. rètes tranfverfales, & les autres alloient en. paume: jufqu’à ps de la moitié de la longueur de la corne. Cet animal avait alors trois pieds & demi de long; il me parut à pro- portion plus haut de jambes que la chévre; mais c’eft parce qu’il m'étoit pas encore bien formé, car le bouquetin âgé a les jambes courtes à pro: portion de fa longueur; il a le cou plus gros & plus court que la ché: « vre; la croupe plus légère & plus arrondie, le corps plus étoffé, les jam. bes plus groffes: il n’a point de callofités fur les genoux; ce qui dans la chèvre eft un des ftigmates de fa domefticité; les oreilles font grandes, prefque nues à l’intérieur, mais les bords font garnis de poils blanchätres ; l'animal les porte en arriere. Il a deux fortes de poils, un duvet blanc qui eft fort épais, frifé & lai-w neux, & de grands poils qui font très-rudes & très-fourés fur tout le corps. Il étoit plus long fous le cou, & en général fur les parties antérieures ;, il n’a pas comme la chèvre, une forte de criniere de longs poils fur le dos: le poil du corps étoit d'un gris fauve luifant, le deffous du menton plus foncé que le corps tiroit un peu fur le brun. On remarquoïit au bas” des flancs, une raye de poils plus brun, qui commençoit vers la cuifle & s’étendoit fur le côté," comme dans quelques efpèces de gazelles; le ventre « & l'intérieur des quatre jambes étoient blancs ou blanchâtres. On ne lui voyoit pas au printemps cette raye noire fur l'épine du dos, que l'on trouve à tous les bouquetins; mais au mois d'Oétobre elle avoit reparu , & com- mençoit à quatre doigts environ de l’origine des cornes, & sétendoit ju£ qu'à la queue. La raye noire au bas des flancs étoit aufli plus marquée , a & le poil du corps étoit d’un gris brun; le poil du canon des jambes de 1 derriere … Î pes Sciexces Pays. DE LAUSANXE. 169 k “derriere eft hériflé, enforte que lanimal paroït avoir des broffes. Le poil du derriere fous la queue eft blanc, comme dans la plupart des gazelles ; fa queue eft blanche deflous & brune deflus; elle eft très-courte & garnie de longs poils: le poil du corps eft dirigé du côté de la croupe, & celui des cuifles left en-bas. Cet animal a les fabots des pieds fort longs, les pieds de devant fenfiblement plus gros que ceux de derriere, les jambes fortes & charnues ; la forme de fon pied eft plus ronde que celle de la chèvre, & elle eft mieux déterminée: chaque fabot a une efpèce de talon trèsfenfible; la face inférieure des fabots, qui touche la terre, eft concave & terminée par un bord faillant, principalement fur le côté extérieur, comme dans le chamois; la corne des pieds eft fouple, elaftique, & de la dureté de celle du mouton. Dimenfions du bouguetin à l'âge de deux ans (b). Dieds.pouc.ligre Longueur du corps entier, depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue . ; ; - 3 ue De mn Hauteur du train de devant BA ENT Hauteur du train de derriere . - AL OET LPe Longueur des cornes felon leur courbure FAnIg: Circonférence des cornes à la bafe : s :RERTE Longueur du tronçon de la queue , File Dimenfions du bouquetin à l'âge de trois ans. … Longueur du corps entier, depuis le bout du mufeau jufqu’à l'origine de la queue . j ; $ ; RS A a Hauteur du train de devant s ; : ON ALITOQNER2 Hauteur du train de derriere : : ; 3 CRE ARE LE | Longueur des cornes felon leur courbures . L AT RS N AS AE … Circonférence des cornes à la baze . } k JV ON Mes … Longueur de la barbe : ; À ’ ; Ein re 4 ( a) Nous devons remarquer que comme ces mefures ont été prifes fur l'animal vivant, qui … remuoit & s’agitoit beaucoup , on ne peut affurer qu’il n’y ait pas quelques légères erreurs. Tome IL. x x 179 MAN COM EURAEN SE D. EUN L: AMISMNONC L'ÉN TE Après avoir décrit le bouquetin d'Aigle en particulier, je donnerai main tenant qu:lques remarques fur les bouquetins en général. l La longueur des cornes varie. Mr. d'Aubenton donne les dimenfions d’une paire de cornes confervées au cabinet du Roi (2), qui ont 2 pieds 9 pouces de long, & 9 pouces de circonférence à la baze; elles ont 20 arrètes: c’eft aufli la plus grande longueur connue des cornes de bouque- tin (4). Leur écartement varie auf, elles font quelquefois très-écartées, & d’autre fois fort peu; leur couleur eft rouffâtre ou noirâtre; mais quand Vanimal devient vieux, elles prennent ne couleur d’un blanc fale. IL eft à remarquer que dans les grandes cornes de bouquetins, les arré: tes tran{verfales & les tubercules, les plus gros & les plus faillans, font vers les trois quart de leur longueur, & qu'ils vont toujours en diminuant de hauteur, plus ils sapprochent de la bafe: Dans les bouquetins jeunes, au contraire, les arrêtes & les tubercules les plus faillans & les plus gros, font à la bafe des coïnes. On concevra facilement cela } fi l’on fait atten- tion à l’accroiflement de cette efpèce de cornes qui fe fait par la bafe; c’eftä-dire, que la crue de chaque année poule en haut celle de l’année précédente; enforte que les jeunes cornes, forment au bout de quelques années, la partie fupérieure des grandes: & comme ces cornes prennent toujours plus de grofleur & de largeur à la bafe, le bourelet ou l’arrête tranfverfale de chagne année a toujours moins de faillie. Le chevreau du bouquetin naît couvert de fon premier poil laineux , mais dès l'automne il commence à fe revêtir de fon fecond poil long & roide; fes cornes commencent à poufler dès le premier mois, & il prend tout de fuite la raye noire fur le dos. Au printemps, vers le mois de Mai, tous les bouquetins jeunes & vieux changent de poil; celui de l’épine du dos eft le premier qu'ils perdent , & celui des cuiffes le dernier; la raye noire difparoït pendant la muë, & reparoït enfuite comme nous l'avons vü; ils prennent alors un poil roux tirant fur le jaune, qui, à mefure que la faifon avance, devient d’un brun 0 (:) Buffon. Tom. 12. pag. 166. Hifi, Natur. C&) Belon, (Obfervation &c. p. 14.) dit avoir vu & tenu des cornes de bouquetin, de - quatre coudées de longueur, c’eit-à-dire, fix pieds, mais jamais, que je fache, on en aura de cette taille dans nos Alpes; au refte l'étendue des cornes eft abfolument d’un caraétère individuel. £ pes ScrEences Pays. DE LAUSANNE. 17 : 7 5 foncé , mêlé de gris, tellement qu’au mois de Septembre, ils font à peu. près entiérement de cette couleur, au moins fur les parties fupérieures du corps ; mais en hiver & à l'approche du printemps, ils prennent un poil qui tire fur le gris, roufltre. Le ventre refte blanc & on reconnoit tou- jours la raye noire au bas des flancs: ils deviennent gris en vieilliffant (/). Les chaffeurs connoïflent l’âge du bouquetin, par le nombre des arrê. tes tranfverfales qui fe trouvent fur la face antérieure de fes cornes. Cha- que année, difent-ils, il en nait une, & c’eft par elles feules que l’on peut déterminer l’âge, & non pas les autres nœuds ou rugofités dont ces core nes font chargées; mais cette maniere ne me paroït pas bien füre, puif- que le bouquetin d’Aigle, lorfque je le vis au mois d'Oûtobre 1784, avoit quatre arrêtes tran{verfales & deux nœuds, gros & étendus qui al- loient devenir des arrêtes; ainfi au calcul des chaffeurs, cet animal auroit eu quatre ou cinq ans, & il eft cependant certain qu'il n’avoit que deux ans & demi. Ce n’eft donc pas au moyen des cornes que l’on peut dé- terminer fürement l'age des bouquetins, mais au moyen des dents, comme - on le fait pour les moutons (#7). Il paroit que le bouquetin devient très- vieux; mais pas autant qu’on pourrait limaginer, d’après le rapport des chafleurs; car fuivant eux, il croit jufqu’à l’âge de 14 ou 15 ans; & comme lon fait que tous les qua- drupèdes (z) vivent fept fois le temps de leur accroiflement, il s’enfui- . vroit que le bouquetin pourroit parvenir à l’âge de 98 ou 10$ ans: nous (1) Belon, obferv. &c. p. 14. (m) C'eft par le moyen des dents incifives que l’on connoït fürement l’âge des moutons & des chèvres. - La premiere année ces animaux ont huit dents incifives, pointues, à lamächoïire inférieure: 4 Te feconde année il y a deux dents incifives , larges au milieu, & trois pointues, de chaque te. * Latroifieme année, quatre larges au milieu & deux pointues de chaque côté. La quatrieme année, cinq larges & deux pointues de chaque côté. La cinquieme année, huit larges. …. La fixieme année, les mâchelieres rafent. he La feptieme ou huitieme , celles de devant caffent, Voy. Daubent. Infiruélion pour les . bergers, … (n) Je dis tous les quadrupèdes & non pas tous les animaux, parce que les oïifeaux, par “exemple, vivent beaucoup pluslong-temps, proportionnellement à leur accroiflement, que les — quadrupèdes ; & cela vient de ce que leurs os étant plus légers & plus tendres, fe durciffent plus m. lentement. Vid, Buffon, Difc. fur la nature des oifeaux, tome s, de l'Hifloirc des oifeau. , \ x 2 172 M'Étme our Es D :EUPT AMMSNON CUT É TAE allons voir combien ce calcul eft exagéré, & en établir un qui me paroiît plus für. D'après ce que j'ai dit plus haut, on voit que les chaffleurs fe trom- pent, lorfqw'ils difent que le bouquetin croit jufqu’a l’âge de 14 ou 15 ans. Ce qui les a induits en erreur, c’eft le nombre d’arrêts tranfverfables qui eft toujours plus grand que le nombre d’années, & par conféquent leur a fait paroître le bouquetin plus âgé qu'il ne left véritablement. * On doit donc employer un autre moyen pour déterminer le temps de leur accroiflement. Le bouquetin fauvage n’eft pas en état de produire avant l’âge de deux ans & demi ou trois ans : fi celui d’Aigle a produit à deux ans, on doit peut-être l'attribuer à la nourriture abondante qu’on lui a fournie & à fon état de fervitude qui a hâté chez lui fes facultés pro. ductives. Et comme on fait que les animaux quadrupèdes ne peuvent en- gendrer avant le temps où ils ont pris à peu-près tout leur accroiffement ; nous pouvons donc préfumer avec fondement, que le bouquetin croit juf. . qu'a l’âge de quatre ans & peut-être plus (0). Ce qui nous donne 28 ou 30 ans pour la durée de fa vie; eftimation qui me paroït beaucoup plus naturelle que celle des chaffeurs. Les cornes croiffent en longueur prefque toute la vie de l'animal; mais en grofleur ce n’eft guères que jufqu’à l’âge de 15 ou 16 ans; les plus . grandes ont vingt ou trente arrêtes tranfverfales. La femelle du bouquetin, appellée vulgairement éagne, elt de plus M d'un tiers plus petite que le mâle; elle eft aufli plus mince, moins char. nue que lui & même que le bouc. Ses cornes n’ont que peu de rapport M avec celles du bouquetin mâle, & en ont beaucoup avec celles de la ché- 1 vre & du bouc: elles font trèspetites. J'en ai vu à Chamonix qui na voient que huit pouces de long. Elles n’ont point de face antérieure, & M n'ont qu'une arrête longitudinale, comme celles du bouc; elles font aufi un peu plus épaifles que celles de cet animal, & ont quelques petits nœuds M fur l’arrête, _ Létagne reffemble beaucoup par la forme, l'habitude du corps, la fi M gure de fes cornes, à un bouc qu’on auroit châtré au teton: elle a deux Co} Je dis quatre ans, car ileft probable que le bouquetin produit affez long-temps avant # d'avoir pris tout fon accroiffement ; l'expérience nous apprend que c’eft le cas de tous les anis maux qui ont un rut marqué. Vid. Buffon, tom. 6. pog. 78. CRE RS nn ten © HE - DES Sciences Pays. px LausAnxé. 173 + mammelles comme la chévre, & les pieds plus petits à proportion que le “ mâle, ils font moins ronds & plus pointus. L’étagne n’a jamais de barbe, ” & fuivant les chaffeurs les mäles n’en ont pas toujours, & quand ils en … ont, elle n'a pas plus de deux pouces. C’eft une des différences qui paroi … fent fe trouver entre nos bouquetins & ceux de Siberie, dont les mâles ont « toujours une très-grande barbe & les femelles une petite (p ). …. Le bouquetin a différens cris; celui qui lui eft le plus ordinaire eft un …fiflet court & aigu, aflez femblable à celui des chamois , avec cette diffé. "rence que celui de ce dernier eft plus prolongé; quelquefois il fait un bruit ven foufHlant par les narines, & quand il eft jeune il a un petit bèlement “qu'il perd en grandifiant. Le bouquetin que j'ai vu à Aigle eft d’une douceur & d’une familiarité extrême; fon attachement pour la chêvre, fa nourrice, eft trèsgrand, quoi- qu'il ne la tette plus; fouvent quand il étoit fur un toit ou dans quelques “autres endroits inaccefhbles pour elle , & qu’elle paroifloit inquiéte & appellait par fes bélemens, il revenoit tout de fuite. Cet animal n’a pas l'air vif & prompt; fa démarche eft lente, & fa cu: tiofité extrême. Un efprit de réflexion paroït guider tous fes mouvemens & il femble ne fe décider qu'après avoir mürement examiné ce qu'il doit faire. Auroit-il cela de commun avec les peuples montagnards qui diffé. tnt à tant d'égards de ceux des plaines ? Quand on connoit quelle eft lagilité de cet animal dans les rochers, il paroït au premier coup d’œil, Comme accablé fous le poids de l’athmofphère de la plaine, & étonné de trouver dans un terrain uni pour lequel il neft pas fait : mais dès qu'il s’agit de grimper ou de fauter, cet air un peu lourd & embarraflé w'on lui avoit trouvé d’abord, difparoït entiérement; il devient lefte, des cours intérieures du château d'Aigle , grimper en deux bonds le long Pune muraille & paralellement à elle, fans autre appui que la petite faillie des pierres que le mortier un peu dégradé laifloit paroître, & de - là s’é- Hancer par un troifieme bond fur le deflus d’une autre muraille qui faifoit angle droit avec la premiere. Il commença par fe placer visàa-vis du 4 (p) Specilcgia zool. faf. 1. pag. so & 52, Pallas. 174 Métumoumne.s DE La SociérTé but où il vouloit atteindre, paralellement au mur le long duquel il devoit grimper, & il lexamina attentivement; puis comme s'il y eut renoncé, ik e-mit à parcourir au petit pas la cour où il étoit renfermé, il revenoit de temps en temps devant fon but, fe mettoit dans la même poñtion, fe balançoit quelquefois fur fes jarrêts, comme pour effayer leur élafticité. Enfin après avoir fait ce manège allez long-temps, il fe décide, s’élance, | grimpe le long du mur dont nous avons parlé, & fe trouve fur celui où il vouloit parvenir. On la vu fe tenir fur le tranchant de la partie fu- périeure du battant d’une porte. Il avoit choïfi fon logement fous le toit de la tour la plus élevée du château. Cet animal nweft point méchant , & s'il préfente fouvent fes cornes, c'eft pour qu'on le gratte, ce qu’il aime beaucoup. Il reconnoit les per- fonnes qui l'ont gratté & vient leur préfenter fa tête. Quandil veut frapper de | fes cornes , il nelefait pas directement en avant, mais en s'élevant fur fes « pieds de dérriere & frappant de côté. Comme par fes fauts & fes bonds il faifoit “ dégat, on a été obligé * de lui lier les pieds; cet état de contrainte me parut avoir influé fur fa | conftitution phyfique, il avoit maigri. Né pour jouir de fa liberté, le bou- quetin ne peut fouffrir la gêne. J'aurois cru même qu’une partie de fa dou. ceur étoit dûe à fa foiblefle , fi je ne favois pas que cetanimal doux &focia- ble s’apprivoife facilement. Le trait fuivant, qui prouve combienileft fc j tible d’être apprivoilé, mérite d’être connu. à | Un: guide de Chamonix fut chargé de mener à Chantilli pour la més nagerie de M. le prince de Conti, deux bouquetins qu'il avoit élevé , ces animaux le fuivirent fans autre lien que leur attachement pour lui. Quand, il fut près de la ville de Befançon , l'arrivée d’un troupeau de vaches leur donna lépouvante ; au même inftant ils prennent la fuite, grimpent fur le rochers les plus efcarpés des environs , & abandonnent leur conducteur qui fut fort embarraflé , les croyant perdus; cependant il les fuit, les ap pelle, & en peu de momens ils reviennent auprès de lui & le fuivents comme auparayant. Jai cru devoir entrer dans ces détails pour détruire le préjugé qui 1 peint comme un animal farouche & indocile. Tout ce que nous venons de voir prouve au contraire fa douceur , fa familiarité & l’attachement do il eft fufceptible. b.. Mais ceft aflez le confidérer dans fon état de contrainte & de gêne; | Sr DES Sciences PHws pr: LAUSANNE. 17$ Hätons-nous de lui rendre fa liberté, c’eft fur la cime des rochers les plus efcarpés, fufpendus pour ainfi dire entre le ciel & la terre que je me plais à le contempler ; C’eft là qu’il déploye toute fa force & fon adrefle. Jaime à le voir ou gravir fur nne fommité élevée ou paroitre fur le bord d'un _ précipice & y defcendre à Pinftant avec une agilité extrème, en fautant de 1 -rocs en rocs ; fuivez fes divers mouvemens ; il fe cache, paroït & difpa- voit ; puis fe trouve en un moment de l’autre côté du précipice qu'il a — traver{é. Il eft fur-tout intéreflant de voir la facilité & l’aifance avec laquelle il parcourt les rochers les plus affreux dont la feule vue fait frémir & où «nul homme ne peut aller. Il le fait fans peine, & lorfqu'il faute , il ne pa- -roïît pas prendre d’élan. Il vife avec la plus grande jufteffe l'endroit qu'il veut atteindre , & ne le manque point. Quand il eft tranquille , il porte or- “dinairement fa tête baffle, mais en courant il la tient haute; il la porte même un peu en arriere, ce qui releve encore fa figure agréable. Lorfqu’il veut s'élever fur un rocher perpendiculrire de quinze pieds de haut, il le fait en trois fauts, ou plutôt trois bonds fucceflifs de cinq pieds chacun. On ne diroit pas qu'il a pu trouver un appui far ie rocher , & il femble ne l’a voir touché que pour étre renvoyé plus haut avec la même force qu’une balle élaftique qu’on lanceroit contre un corps dur. Il ne fait jamais plus de trois fauts fuccefhifs de cette maniere. S’il eft entre deux rochers placés près Jun de lautre, & qu'il veuiile parvenir au-deflus; il le fait en fautant d’un des rochers à l'autre jufqu'à ce qu'il foit au fommet. Il traverfe auffi les glaciers avec rapidité, mais ce n’eft gueres que quand il eft chaflé ; orfque fa courfe eft volontaire , il les évite, & ne paroit pas y marcher ui fürement que dans les rochers. ….Je ferai d’abord conaoïtre la vie du bouquetin lorfqu’il peut fe livrer ranquillement à fes habitudes naturelles, & qu'il w’eit point troublé dans és retraites; je décrirai enfuite la maniere dont on le chafle ; nous ver. ons comment l'homme qui de tous les êtres eft celui qui détruit le plus, Jénètre dans les lieux prefque inaccéfi bles, ou,la nature a placé cet ani. mal, & où il fembloit devoir étre à l'abri de fon avidité ; nous verrons mment au rifque de perdre fa vie & en affrontant les dangers les plus éminens, il l'a pourfuivi &'eft parvenu à en diminuer tellement le nom- bre, que quoiqu'il fut autrefois répandu dans toutes les hautes montagnes de la Suiffe , de la Savoye & du Valais, il ne fe trouve plus actuellement "À dans quelques endroits, & même en très - petit nombre, ar: 176 M £'M oïtR Es D EL AUS. O0 cr É T# On plaindra avec moi le fort de cet animal doux & fociable qu’on dé: truit avec tant d’acharnement pour un gain incertain & modique , qui ne peut être comparé aux dangers auxquels on s’expofe en le chaffant. Les bouquetins pâturent pendant la nuit dans les bois les plus élevés & jamais à plus d’un quart de lieue du fommet ; mais dès que le foleil commence à dorer les cimes des montagnes, ces animaux quittent par trou. . peaux la région des bois, ils s’élevent en pâturant, & vont jufques dans les hauteurs les plus confidérables. Ils chercheut les pentes tournées au lez vant & au midi, & sy couchent dans les endroits les plus chauds & les M plus élevés. Mais quand le foleil a parcouru plus des trois quarts de fa car- riere , les bouquetins redefcendent dans les bois en pâturant pour y pañler la nuit. Lorfqu'il doit neiger , ils defcendent aufli dans les bois & ils y paffent lhyver. Ces animaux fe raffemblent en troupeaux de 10, 12, IS, autrefois " ils étoient plus nombreux; mais attuellement ils font fouvent en plus pe- tit nombre. Tous les mâles âgés de fix ans, & ceux qui en ont d'avantage fe tiennent toujours dans des endroits plus élevés que les femelles, & tous" les bouquetins au-deffous de fix ans. Mais plus ils font vieux , moins ils aiment à vivre en fociété; ils s’endurciffent contre le froid , les frimats &M toutes les rigueurs des faifons. Très-fouvent ces vieux bouquetins ont 1e* bout des oreilles mort & fec. Un froid rigoureux doit néceflairement pro duire cet effet fur les extrémités où l’on fait que la circulation du fang | sarréte facilement. Ils vivent en folitaires dans les fommets efcarpés, @& n'aiment pas à defcendre. Pour finir tout ce qui regarde les mœurs de ces vieux & gros bouquetins , ajoutons qu’ils ont l’habitude de fe placer en hiver fur des hauteurs en face de la partie de lhorifon d’où vient l'orage :! ils y reftent fans bouger, on les prendroit pour des ftatues; ils vont feu lement manger de temps en temps aux environs, & reviennent enfuite 3 la place qu'ils ont choïfie. Les femelles & les jeunes n’ont point cette ha bitude , & ils fe tiennent dans toutes les faifons à de moindres hauteurs que les autres. | Comme ces animaux ont les jambes de devant plus courtes que celles" de derriere , il eft naturel qu’ils grimpent avec plus de facilité qu’ils ne. defcendent; ce n’eft auffi que la rigueur du froid qui peut les engager 4 fe tenir dans leslieux bas ; mais dès qu'il fait quelques beaux jours méme ça hiver, on les voit quitter les bois & s’élever. ou) me) L'hiver 1 mes Scrences Pays. DE LAUSANNE, 177 L'hiver eft pour eux la faifon des amours, (q) & le mois de janvier eft celui de la plus grande chaleur. Alors tous les bouquetins de tout age fe mêlent; les mâles fe battent & les femelles appartiennent aux viétorieux, après quoi tout rentre dans l’ordre accoutumé. Les étagnes. portent cinq mois, & mettent bas la derniere femaine de juin & la premiere de juillet. Elles ne portent qu'un petit à la fois, qui nait de la groffleur d’un chat, » & qui marche en naifflant comme celui du chamoïis. (r ) Il peut déja une heure après fa naiflance fe cacher dans les rochers. Quand la mere sen eft délivrée, elle lui leche les yeux, la tête & le cou , elle lui apprend de bonne heure à fauter , & lui prodigue tous les foins d’une mere vigi. lante & attentive. Tout le temps qu’elle nourrit fon petit fe tient dans les trous des rochers; elle l'appelle par un bélement; mais les chaffeurs ont cru remarquer que c’eft par des geftes qu’elle lui exprime ordinairement fes volontés. Comme il arrive très-fouvent que les troupeaux de bouquetins , de cha- mois, & ceux de chevres & de moutons pâturent à peu de diftance les uns des autres ; j'ai pris des informations pour favoir fi ces animaux fe + méloient quelquefois entreux & produiloient des mülets dans cet état de » liberté; mais je mai pu avoir jufqu'’à préfent aucunes notions certaines fur . ce fait, qui feroit cependant très-important pour l'hiftoire naturelle. Il pa- roît feulement que le bouquetin & le chamois ne fe mélent point dans _ Jeur état de nature. Il n’eft pas auffi probable que le bouquetin ne fe méle pas avec les chevres, & je me propofe de prendre à ce fujet de nouvel. les informations fur les lieux mêmes. Le meilleur temps pour chaffér les bouquetins , eft vers la fin de l'été .& en automne, au mois d'août & de feptembre. C'eft alors qu'ils ont pris - (g) Tous les animaux , tels que les cerfs, chevreuils, chamoïis &c., qui s’engraiflent en automne ou au commencement de l'hiver, font en rut dans ce tems-là , les uns plutôt que les autres, fuivant qu’ils s’engraiffent plus vite ou plus lentement, parce qu’alors ils ont une fura- bondance de molécules organiques & font dans le meilleur état pour procréer. Vid. Buffon. Hif, Nat. du Cerf. Tom. VI. … (7) Un chaffeur furprit un jour la femelle d’un chamoïis , faifant fon petit fur un rocher; un f fentiment fecret que la nature a placé dans tous les hommes, lui retint le bras & lempécha de Jatuer; il confidéra quelques inftans cet intéreffant fpeétacle , & il vit la mére lécher fon che- … veau. Il voulut enfuite tirer , mais le chamoïis & fon petit nouveau né difparurent au méme in£ - tant derriere un rocher, Tome II. Z 178 Mémo trinte!st D en 1 ASS lo? à € € une bonne partie de leur en-bon-point & de leur graifle. Cette chaffe elt une des plus périlleufes & des plus fatiguantes; aufli ne peut-elle étre en- treprife que par les habitans même des montagnes. Il ne faut pas feule- ment avoir une tête affez bonne pour confidérer fans crainte les profon. deurs les plus grandes: avoir affez d'adreffe & le pied aflez für pour for. tir des mauvais pas, & tirer avec une très-grande juftefle, mais il faut en- cote beaucoup de force & de vigueur pour fupporter la faim, le froid & les plus grandes fatigues. C'eft dans les montagnes du Bas-Valais que l’on trouve les plus déter- minés chafleurs de bouquetins; prelque tous les payfans de Sérvan (s), (s) Le village de Servan eft fitué dans les montagnes du Bas-Vallais, à quatre lieues de Val. Orfine , & à deux ou trois lieues de Martigni: fa polition eft une des plus pittorefques & des plus fiuvages que j'aie jamais vues. Il eit placé fur Le penchant de la chaine des montagnes qui bor- dent à l’Ouelt cette partie de la vallée du Trient, qui n’eft proprement que le prolongement de celle d'Orfine, dans le Haut-Faucigni. Au fond de cette vallée étroite, coule, en mügiffant, l'eau du Bérard, qui, en fe joignant au Trient, en prend le nom. Des torrens qui defcendent de chaque côte, depuis le fommet des montagnes , viennent en fuperbes cafcades groflir {es eaux. Ce filence de la nature, ce calme tout à ia fois effrayant & délicieux qui nous faifit dans une forétau milieu d’une belle nuit d'été, ne règne jamais dans ce féjour; toujours l’air eft agite par le bruit du torrent qui occupe le Fond de la vallée, & par celui des cafcades fans nombre qui. viennent le joindre. Mais ce mügiffement fourd & continuel eft fouvent augmenté par le roule- ment des lavanches, & le bruit des rochers dégradés par l’action lente des é/émens humides, qui tombant de vétulté, vont remplir le fond du val on. Ces tourens qui déchirent le Aanc des mon- ragnes , nous dévoilent leur ftructure intérieure. C’eft dans cette contrée où tout nous offre l’i- mage de la deftruction; c’elt au milieu de ces bois dégradés de meleze & de pins, de ces rochers amoncelés, qui paflent par tous les degrés dela décompofñtion jufqu’à l’état de fable, & de celui de fable à celui de terreau fertile, que le géologue découvre la compoñtion des montagnes, & recueille des faits pour la théorie de la terre. Mais au milieu de ce défordre, vous reconnoiffez la main de l’homme, le travail de l'induftrie excitée par les befoins: à l'abri de quelques quar- tiers derocs, dans une bonneexpolition, l’homme a raflemblé un peu de terre, l’a cultivée & y afemé du grain pour fournir à fa {ubfiftance. De toutes les cafcades qui décorent cette vallée, celle fans doute qui ef la plus intereMante &* pour le Naturalifte & pour le Peintre, eft celle du Maupas , entre le village de Finio & celui de Servan. Le torrent de la Trieve, dont Les eaux blanches & ecumeufes fe brifent elles - mêmes, contre les rochers qu'elles détachent & entrainent dans leurlit, forment plufieurs cafcades entie deux rocs très-clevés ; uneplanche fert pour le traverfer ; & de ce pont hardi, on voit le torrent fe précipiter depuis le haut, de chüûtes en chûtes, & fuir au loin fous les pieds: au-devant et un roctaillé à pic, & qui femble être une barriere infurmontable ; mais un petit {entier étroit, tracé en zig-zag & muni tout le long d’une baluftrade, donne la facilité de s'élever avec füreté re au-deflus, & de confidérer ce fublime & magnifique coup-d’œil, que le bruit effroyable du tor- rent rendencoreplus impofant. Plus on avance du côté de Servan, plus la pente de la montagne s'adoucit , & plus alors la vallée $’élargit & devient cultivée, Maïisien parcourant cette contrée fauvage, onn'eft plus étonné que fes habitans cherchent & aiment les dangers auxquels ils s’ex- polent, à la chaife do chamnis & du bouquetin ; ils y font-élevés ; . lesrocs & les précipices font pour ainf dire leur élémenc , &en fortant de leurs demeures ils ne trouvent plus de-périls aux= quels ils ne foyent accoutumes. DES SciENCES PHYS. DE LAUSANNE. 179 par exemple font ce métier, & comme cet animal ne fe trouve pas dans leurs montagnes , ils vont le chaffer dans celles de la vallée d'Oft, moyen. nant une permiflion qu'ils obtiennent des habitans. Un chaffeur ne va jamais feul, il s’aflocie ordinairement avec un ou deux autres , ils s’'arment chacun d’un fufil à balle forcée, (* ) fe muniffent d'un petit fac de provifions & partent. L'amour du gain les affocie , mais les dangers & les perils les uniffent ; en effet , combien de raifons deux chaffeurs n’ont-ils pas d’être unis; obli. … gés de pañler la nuit dans les rochers, à de trèsgrandes hauteurs , ils fe - conftruifent une mauvaife hutte, ou plutôt une taniere avec des morceaux de gazon; là ils fe couchent fans feu ni couvertures, & ils trouvent fou- vent à leur réveil ,; l'entrée de leur réduit fermée par deux ou trois pieds de neige. Quelquefois s'ils font furpris par l’obfcurité à la pourfuite d’un bouquetin , il arrive que ne pouvant plus fortir du rocher où ils fe font . engagés , il faut qu’ils y pañlent la nuit de bout & en fe tenant embraflé afin de refter éveillés; ce font de ces fituations dont on ne peut avoir d’i- dées que quand on a parcouru foi-même les rochers. Qu'on me permette encore cette réflexion ; c’eft dans les montagnes les plus fauvages & les . plus affreufes que j'ai vu chez leurs habitans le plus d’honnéteté, de liai- » fon, d'amitié, & enfin le plus de ces vertus qui rendent les hommes vé- » ritablement eftimables. Ils le doivent fans doute aux dangers qui les en- tourent , & au milieu defquels ils vivent. Bons Savoyards! Honnêtes Va: nlaifans ! Ne vous plaignez pas des lieux où le fort vous a placés; cet à ces rocs fufpendus fur vos têtes, à ces précipices fur le bord defquels vous marchez que vous devez vos vertus ; Vous êtes pauvres en argent, mais riches de votre peu de befoins. Vous êtes bons , honnétes & hofpitaliers, “que pouvez-vous défirer de plus? Laïflez dans le fein de vos montagnes, “cet or que vous foulez à vos pieds, & n’ambitionnez pas nos richefles , “vous ne les auriez pas fans nos vices. … Mais revenons à la chafle du bouquetin, Comme ces animaux montent dans les régions élevées dès le grand matin, il faut y être avant eux ; vous! les voyez alors venir en pâturant, & quoiqu'ils ayent l’odorat très. fin, sé sim mn. …. (*}) Cesfufls font à deux coups; mais ils n’ont qu’un {eul canon avec deux platines de fuite... « Noyez leur defcription dans l'ouvrage de Mr. De Luc: Recherches fur l'Atmofphère , tome 2. “page 302. | ; 25% | 1$0 MEMOIRES D'EtLAUSIOI CI É TÉ ils ne fentent pas le chaffeur, & en fe tenant-cachés derriere les rochers: : on peut les laifler approcher jufqu'à 30 ou 40 pas pour les tirer: Quelles peuvent être les caufes qui empéchent alors les bouquetins de: fentir la chaleur? Voici celles qui me paroiflent les plus naturelles : . Le foleil réchauffe & raréfie le matin les:régions fupérieures delairs tandis que les inférieures font encore froides & condenfées. De ce manque 4 d'équilibre ,il doit néceffairement réfulter un courant qui va de bas en haut & qui par conféquent emporte dans cette direction les émanations du chafleur placé au-deffus des bouquetins. Cet effet doit même avoir lieu la plus grande partie de la journée ; car le foleil réchauffant les pentes des montagnes, doit produire le long de ces pentes un courant afcendant. (+) De plus. comme ces animaux montent en pâturant, ils {e rempliflent le nez dero: fée, ce qui doit influer infiniment fur leur odorat. Telles font ce me fem- ble les feules raifons qui peuvent expliquer ce phénomène. Quoiqu'il en foit, il eft très-eflentiel de dévancer les bouquetins dans les hauteurs; s'ils y font avant le chaffeur, ils l’'éventent & fe fauvent; on les fuivroit alors en vain ; car une fois qu'ils fe font mis à fuir’, ils ne s'arrêtent qu'à une très-grande diftance , & feulement quand ils fe croyent entiérement hors de danger. (#) Il eft fingulier que ce ne {oit que lorfque cet animal fent le chaffeur qu'il fe fauve; car s’il le voit fans le fentir, il fe contente de fifler & de le re. garder; ou s’il eft couché, il fe leve, fifle & regarde; mais dès qu'il le fent il s’enfuit. Les (£) Une expérience bien fimple peut donner une idée de ce phénomène. Placez un léger floc- con de coton auprès de La partie inférieure de la face perpendiculaire d’un poële très - chaud, vous verrez ce floccon s'élever le long de cette Face jufqu’à fa partie fupérieure , & fuivre enfuite la face fupérieure & horizontale du poële. Cet effet ne peut s'expliquer que par la chaleur du N poêle, qui occafionne un courant d'air afcendant le long de fes faces. En effet, en raréfant les couches qui le touchencimmédiatement, celles qui font plus éloignées & plus froides y rendent naturellément, & il doit fe faire ainf üne fuccelion continuelle du bas en haut, de l’air froid à l'air chaud. ù (u) On ne fera pas fàché de trouver ici la maniere dont les habitans de l'isle de Crète chafent Je bouquetin, telle que Belon l'a décrite. % IL y a des payfans fur la fommité des hautes monta \ gnes de Crête, f bon tireur d'arc, & principalement autour la montagne de la Sphachie & Madara, qu'ils le navrent de leurs flêches, de 25 pas de long; & pour en étre plus afure, mènent des femelles qu'ils ont nourries & apprivoifées dés leur jeunefle, & les lient à quelque paflage en la montagne, où les mâles ont accoutumé de pañler. Le tireur fe tient à côté, ca-ml ché derriere quelques buiflons, à l’oppofite du vent, fachant bien que le bouc-eftain eft fi grand d'odorer, qu'il le fentiroit de cent pas. Le mâle trouvant la femelle en fon chemin, s’arrète, M & alors le paylan lui tire de fon arc”. Obférv. fol. x4. verf. ; » pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 181 »L'étagne n’abandonne jamais fon petit, à moins qu’elle ne foit chaflée; sil ne peut la fuivie, elle le quitte & il va fe cacher dans des terriers de marmottes, ou autres trous dans les rochers, quelquefois à une toife de profondeur. - Le danger pañlé, elle revient l'appeler, en le cherchant jufqu’à ce quelle le trouve; mais fi la mere reite trop long - temps, c’eft au contraire fon petit chevreau qui vient la chercher, il or de fon trou , l’appelle & ren- ; tre dans un autre, avec l'émotion de la crainte & les fignes d’une vive in. quiétude. Sil la voit, il accourt à elle, mais fi elfe blëflée & cou- chée, dès qu'il fent fon fang il fuit, puis revient une feconde fois, appro- che avec le même empreflement, & fuit encore par la même raifon. Il fe confole difficilement de la perte de fa mere, la cherche lang-temps, & me quitte pas les lieux où il eft né & où il l’a perdue. Dès qu’un bouquetin eft bleflé , tous les autres fe fauvent & l’abandon- inent , leffroi & l’épouvante s'emparent d’eux & ils fuyent avec la plus “grande rapidité. Le chafleur reconnoit les bouquetins bleflés à leur démar. che qui eft lente. Ils laïlent aller leur tête tantôt à droite, tantôt à gau- che, & ils fe couchent bientôt après, même quand la bleflure eft légere.. L'homme quoique le plus grand ennemi & le principal deftructeur des bouquetins n’eft cependant pas le feul qu'ils ayent à redouter. Les loups & les aigles (x ) pourfüuivent-encore leurs petits; alors les meres fe fauvent avec eux dans quelques trous ou quelques creux dans les rochers , les y font entrer les premiers ; entrent après eux & préfentant la tête au die £ les font face à l'ennemi. “ H' ya-peu d'animaux dont l’hiftoire narurelle foit plus enveloppée des fables de la fuperitition & des erreurs de l'ignorance que celle du bouque- tin. Le naturalifte et forcé comme nous l'avons dit de s’en rapporter aux chafleurs ; ceux-ci fe payent des fatigues & des peines qu'ils ont effuyées, “par les menfonges qu'ils débitent ; d’ailleurs un animal dont la chaffe eft auf pénible, doit aux yeux de l’ignorant tenir un peu du merveilleux. De- à cette propriété qu’on attribue aux cornes du bouquetin de détruire la force du poilon; de-là les préjugés où font les chaffeurs que leurs fufils frot-. tés avec certaines herbes ne peuvent plus tirer jufte. Nous ne nous arrête. (x) Voyez les combats du laemmer-geyer & du chamoïis, dans les Noftes de Ar. Ramond & les Lettres de Mr. Coxe Jur La Suiffe , tom. 1. pag. 267. 182 MÉMOIRES DE LA SocCrÉTÉ rons point à rapporter ces contes populaires, mais nous refuterons deux opinons qui font fort accréditées chez les naturaliftes; lune eft, que lor£ que le bouquetin ou le chamois font preflés par le chafleur dans les ro- chers, il fe retournent fondent fur lui, & le précipitent; Ceft une erreur, « il arrive feulement quelques fois, que quand un de ces animaux eff bleflé, il cherche à fe fauver lorfqu’on s'approche de lui, & comme il s’élance toujours du côté des précipices, il renverfe le chafleur s’il fe trouve fur fon pañfage , mais il ne le cherche point, & au contraire il Pévite. On dit aufli que le bouquetin fe jette dans les précipices , tombe fur fes cornes & fe fait rarement de mal ; mais je puis aflurer qu'il ne sy jette qu’en fautant de roc en roc, & qu'il eit affez adroit pour ne pas être obligé de fe pré- cipiter fur fes cornes ; que fi même cela lui arrivoit, ce feroit par accident; & d’ailleurs , il fuffit fimplement de jetter un coup d'œil fur cet animal, pour fe convaincre qu'il ne pourroit faire impunément un pareil faut. Il eft long de corps, bas des jambes, fes membres font fort gros, & il pele près de 200 Liv. : or je demande sil lui feroit poflible de fe précipiter du ! haut des rochers, fans être déchiré par leurs pointes, ou brilé par fa chûte, # Jinfifte fur ce fait, parce que la même erreur eft non-feulement rapportée « par la plüpart des: naturaliftes ; mais encore parce qu’elle eft reçue par les M Tartares (>), chaffeurs de bouquetins , comme par les Valaifans & les Suif « . fes, & que cette conformité d'opinion chez des peuples aufli éloignés, pour “roit faire croire à la réalité de ce fait. Mais ne fait-on pas que les mêmes M préjugés fe retrouvent chez des peuples différens? L’ignorance elt par-tout la même ; par-tout les mêmes objets ont fait naître les mêmes erreurs. Les naturaliftes à caufes finales, voulant abfolument donner une utilité aux grandes cornes des bouquetins ont adopté cette opinion, & c’elt ainfi que la manie de vouloir tout expliquer , nuit à la vérité, & perpétue fouvent -lés contes populaires. M. Pallaz trompé par le rapport des Tartares, donne pour preuve de cette aflertion, un bouquetin qu'il a vu avec une corne caflée; (3) mais cet effet vient probablement d’une autre caufe. Les la-m vanches & les éboulemens leur caffent fouvent leurs grandes, grofles &n prefque inutiles cornes, & très-fouvent aufli les font périr eux-mêmes. Ceftm CS PR PP TR (y) Spiil. zool. faf. XI. pag. 50. ? L (3) Jbidem, es Scrences Pnys. DE Lausanxe. 183 pour cela que les habitans de Cormajor parcourent le pied des montagnes . pour ramafler les cornes que les neiges entrainent. M. Pallaz dit auffi, que » humeur du bouquetin eft fi fauvage, qu’elle ne difparoït jamais quand on » cherche à Papprivoifer. S'il veut parler du bouquetin âgé, il a raifon; mais les exemples que jai cité plus haut, prouvent que le bouquetin pris jeune » ft trèsfufceptible d'éducation , & cette opinion eft encore confirmée par celle de Belon, qui dit que dans l’isle de Crête on apprivoife cet animal quand il eft jeune. (a) _ Quand on a tué un de ces animaux, on doit le laifler refroidir fur la place; après quoi on Ôte tout de fuite le ventre, & on met le fang dans - des boyaux. En fuivant cette méthode, il ne prend jamais de mauvaife odeur, ce qui arrive fi on néglige ces précautions. Les gros bouquetins pefent fans le ventre, jufqu'àa 180 ou 200 liv. poids de 18 onces ; les femelles “depuis 70 à 80 & 90 Liv. La viande de bouquetin eft fort bonne à man- “ger ; elle a le goût de celle du mouton, mais elle eft bien plus fuccu- ) Jente. F Sa peau fe travaille fort bien, elle devient trèsfouple, & reffemble à celle du bouc. On l’emploie dans la chamoiïferie. On fait avec les cornes divers petits ouvrages, comme des tafles ou gobelets; & fon fang fert dans les faufles pleuréfies. Mais comme il doit ces propriétés aux plantes dont animal fe nourrit, celui du bouc & du bélier, nourris de méme a la méme efficacité. (b) + La vente des bouquetins eft fujette à beaucoup de variations; elle dé: pend du poids de la bête, & de la curiofité de l'acheteur. Autrefois ils étoient à meilleur marché, parce qu'ils étoient plus communs. Ils fe vendent main- ant quelquefois 4 louis. Le chamois fe vend aufi jufqu'à un louis. Le b puquetin aime beaucoup le fel ; il lèche des rochers qui contiennent du 1 d'Epfom ou du fel de Glauber, & les eaux qui en tiennent en diffolu- tion. IL fe nourrit principalement des plantes aromatiques qui croiffent fur es hautes Alpes; telles que le génépi, mais en hiver il mange les Lichens … (a), Si les habitans du pays peuvent-prendre les faons des boucs-eftains, dont il y enia grande quantité errant dans les montagnes , il les nourriffent avec les chêvres , & les rendent appri- 5 voifés”. Ohféru. de Belon, pag. 14. à Cb) Hif, Nat. par Mr. de Buffon, tom, 12. pag. 164. 184 MMEUM Or RTE!S VD, EF #L A IS NON RÉEL TES & les jeunes pouffes des arbres. Il préfé:e comme celui de Sitérie (c) le lieux où croit le bouleau nain, les faules des Alpes, la Rodenwre, le [ha litre, les Saxifrages, le Rhodiole , lEpilobe, &c. Ces animaux fout beaucoup plus rares attuellement qu'ils ne lé‘oient autrefois; on ne les trouve plus que dans quelques montagnes de la Sa. M voye & du Valais, tandis qu'ils étoient jadis répandus dans toutes 1:s hau- tes fommités de la Suifle. (4) Mais cela n’eft pas étonnant, la nature , les hommes & les animaux de proie du ciel & de la terre font autant d’en- nemis dont ils font entourés, qui les pourfuivent , les détruifent, & con tre lefquels ils n’ont d’autres reflources qu'une prompte fuite qui ne les fauve que rarement. Aufli cet animal mhabite plus qu'un petit nombre de fom- mités efcarpées. On le trouve maintenant à la vallée de Cormajor, au fud du Mont-Blanc dans la pente du midi, de cette chaine de montagnes , & dans la partie qui eft entre le Mont-Blanc & les frontieres du Vallais; mais on ne le trouve plus dans la chaîne qui eft vis-à-vis celle du Mont - Blanc, & qui forme l'autre côté de la vallée de Cormajor. Il exifte encore dans les montagnes qui forment le Val-Savaranche. Mais c’eft dans les montagnes de la vallée de Cogne (e) qui eft frontiere de la vallée de Pont en Piémont, qu'il eft actuellement le plus commun , & toujours dans les pentes expofées au midi. On (c) Spicileg. zoo. fafc. XI. pag. 49. | (d) Mon ami, Mr. Wittenbach, premier Pafteur de l’Eglife du St. Efprit, à Berne, qui a parcouru & décrit les montagnes de la Suifle, avec les yeux d’un Naturalifte éclairé & l’elprit d'un bon obfervateur , m’a fourni à ce fujet la notice fuivante. :,, {l y avoit autrefois des bouque- 3 tins dans nos Âlpes, maison n’entrouve plus. J'ai vu à Unterfeven deux fuperbes cornes de ñ cetanimal, qui jadis doit avoir été tué dans les Alpes de Lauterbrunn. Ils ont été détruits paru les chaffeurs , ainfi que les caftors, qui autrefois fe trouvoient au bord du lac de Brientz & le longdel’A4rr, du côté de Thun. Je fuis certain que Mr. Bourrit s’eft trompé, lorfqu'’il dit en. 3, avoir vu un traverfer la chaine des montagnes qui feparent le Lauterbrunn & le Grindelvald, » puilque aucun des chaffeurs de ce pays n’en ont jamais vû dans leurs courfes, On prétend qu'ik » f trouve encore des bouquetins, mais rarement, dans les montagnes les plus fauvages du » pays des Grilons; pour moi je n’en ai jamais rencontré dans mes courfes, & aucun chafleur na fu m'en donner des relations certaines ”. Lettre de Mr. Wittenbach, à Mr. van Berchen, fils Berne 27 Mai 1785. k Ce) La vallée de Cogne aboutit à la grande vallée d’Oft, elle en eft féparée, & commenceà. St. Martin de Maville, à une lieue au-deflus de la cite d’Aoft; elle a douze lieues d’étendue, & s’étend d'abord à l’Elt, puis elle retourne au Sud. Le bas de cette vallée eft fort referré entre les montagnes. Cogne eff à fix lieues d’Aoft, | Des Sciences PHÿs. DE LAUSANNE. DE: On ne le trouve plus dans la Valpeline , frontiere du Vaällais; mais il dôft exifter encore dans les montagnes qui fe trouvent entre la vallée de Séfa & celle de Vièche. On le chafloit il n’y a pas plus de trente & qua- rante ans, dans les chaînes de montagnes du haut Faucigny, mais il y eft adtuellement entiérement détruit, & il eft probable que fi on continue “de le chaffer avec la même ardeur, l’efpèce ne tardera pas à difparoître » entiérement. . En réfléchiffant fur cet acharnement avec lequel on pourfuit & détruit “ces animaux, je crois en voir la raïfon dans la quantité qu'il y en avoit “autrefois, & quoiqu’un feul bouquetin ne rapportat pas beaucoup: comme “dans une chafle on en tuoit plufieurs , cela failoit un gain confidérable. Mais à préfent que le nombre en eft tellement diminué , que l’on chafle Mfouvent très-long-temps fans en trouver; cette ardeur devroit fe rallentir par là confidération des dangers auxquels on s’expofe, & fans parler de l'inhu- manité qu'il y a de pourluivre & tourmenter un animal doux & timide, qui na d'autres reflources pour fe défendre que la fuite & fon adreffe, (motif à la vérité de peu d'importance aux yeux d’un être qui fe croit le fouverain des animaux, mais qui n’en eft que le tyran, & qui ne connoît' d'autres loix avec eux que celle du plus fort; ) fans parler, dis-je, de cette inhumanité , les chaffeurs devroient confidérer avant de quitter leurs fem- mes & leurs enfans, que non feulement ils s’expofent à fe tuer ou sef tropier pour le refte de leurs jours, comme cela marrive que trop fonvent. Cf) mais encore qu'ils négligent leurs biens, leurs affaires; & que s'ils pé- ifent , ils réduifent leurs familles à la mendicité. Et fi ces confidérations e font pas aflez fortes pour les détourner de cette chafle, qu’ils fongent \ : (f) L'éloquent traduéteur de Mr. Coxe, s'exprime ainf, au fujet de la chaffe du chamois : Un grand nombre d'hommes perdent la vie dans cette chafle ; les brouillards épais des Alpes, » Qui couvrent tout-a-coup la contrée d'un voile impenétrable , égarent les chaffeurs dans les gla= > ces où ils périffent de froid & de faim; des orages fubits mouillent les roches & les rendent fi Dore , que la chauffure quelque bien ferrée qu’elle foit, ne peut s’y cramponner; quelque. ois la chaleur a tellement defféché leurs faces brülantes & les a couvertes d’une pouffiere fi mobile , que le malheureux qui les gravit, s’eft vu forcé de les humecter avec fon fang, en faifant à la plante des pieds & aux jambes , de larges bleflures”. Lettres! de Mr. Coxe 273. Mr. Ramond ajoute en notte , que l’Abbé d'Engelberg fe felicitoit de n’avoir perdu cing hommes dans une année, à la chaffe du chamois, & fon diftriét eft tout ‘au plus un ntieme des Alpes Suilles. Tome 11. craint À a $ © 196 MEMOZNRIES DE LA So créT+é donc que ce ne peut pas être l’efpoir de faire fortune qui doit les, y en- | gager, puifqu'on ne voit aucun chafleur s'enrichir à ce métier, que bien au contraire ils s’eftropient fouvent, & finiflent par trainer une vie miféra- M ble. Enfin s’il faut favorifer leur goût dominant pour chercher à le ralentir , repréfentons-leur qu’en détruifant les bouquetins , ils sôtent à eux-mêmes le gain qu'ils pourroient faire par la fuite, sils les laifoient repeupler & fe rétablir dans les lieux qu’on les a forcés d'abandonner. Mais telle eft la force de l'habitude & le pouvoir de l'illufion, que les accidens mêmes qui arrivent aux chafleurs ne les dégottent pas ; & qu’à peine font-ils guéris qu'ils retournent à cette chafle. (g) cit donc au Gouvernement à veiller pour eux à leur bien-être & à leur füreté; & je crois qu'il feroit fage de défendre entiérement cette chafle pendant quelques années, & que lon de- vroit tranfporter des jeunes bouquetins dans les montagnes où ils habitoient autrefois ; ils les auroient bientôt repeuplées, & plus'nombreux, leur chaffe deviendroit plus facile. Le Gouvernement pourroit alors la modérer par des réglemens convenables. Les informations que j'ai pu prendre jufqu’a préfent ; foit dans les mon- tagnes que j'ai parcourues, foit par rélation dans la plüpart de celles de la Suiffe, du Piémont & du Vallais, ne mont point appris fi l'on y trou- ! voit le caprawgagrus ou d’autres efpèces de chévres que le bouquetin & le: chamois. IL paroit même que l’on ne connoït que celles-là ; j'ai cependant des raifons pour croire que s'il mexifte pas des efpèces différentes, on doit | au moins y trouver des variétés. De nouvelles obfervations prifes {ur les lieux mêmes pourront éclaircir ces doutes. Le bouquetin de Sibérie, comme on peut le voir par la defcription des Pallaz, (D) ne paroit différer de celui de nos Alpes, que par quelques ES LCR FU .(g) Un de mes amis parcourant un jour les montagnes avec un guide, cet homme lui mon.» tra on endroit où il avoir été plus de fix heures, l'année précédente, avec une jambe caffée & M fans efpoir de fecours. Ce fut par le plus grand bazard , qu'un petit pâtre entendit les coups de { fuñil qu'il ciroit dans fa détrefle, & alla enfin lui chercher du fecours. Cet accident lui arriva am la chaffe duchamois, & ne l'ensavoit nullement dégoûté. F H 1 Ch), Specil. zoo. fafc. XI. pag-152: Ce bouquetin de Sibérie ne fe trouve plus dans les AL pes Uralicanes & les contrées culrivées de la Sibérie ; mais il habite les monts les plus efcarpés de la chaine qui tient au Taurus, entre la Tartarie orientale & la Sibérie. On le trouve aum, | dans la Sibérie orientale, au-delà du Léna & dans les terres du Kamfchatka. On penfe aufli qu'il fe tient dans les forêts defertes qui bordent la partie moyenne du pays des Tongufes, a lorient du Jénifée, & auidelà du Léna; mais il eft par-tout en petitnombre, & dans les lieux DES SCIENCES PHys. DE LAUSANNE. 187 petits caractères qui ne font pas fuffifans pour en faire des efpèces féparées. Le premier a toujours une barbe fort grande, tandis que le fecond la courte & quelquefois même n’en a point ; en général.le bouquetin de Si bérie paroit avoir le poil plus long & plus fouré que le nôtre. Mais la différence la plus marquée, quoique tout aufli peu fpécifique, eft celle qui fe trouve dans les cornes. La face antérieure dans les cornes du bouque- tin de Sibérie eft moins aplatie, plus convexe , & elle n’eft pas comprife en- tre deux arêtes longitudinales comme dans notre bouquetin ; les nœuds tranfverfaux ne font pas non plus terminés par: un tubercule faillant fur le bord interne de la face. Du refte ces cornes fe reflemblent parfaitement par leurs autres caracteres. Je dis que ces différences ne font pas fpécifiques , f parce que l’on fait que rien n’eft plus variable que les cornes des animaux, elles dépendent du climat & de la nourriture, comme toutes les autres | différences que nous venons d'indiquer; ainf il w’eft pas étonnant que des > animaux qui habitent des contrées aufli éloignées, ayent entr’eux quelques diffemblances ; elles ne font même fi peu confidérables, que parce que demeurant tous les deux dans de hautes montagnes , ils fe trouvent à peu _ près fous le même climat , quoique à une aufi grande diftance. { Le bouquetin de l'isle de Crète dont parle Belon, (2) eft certainement de la même efpèce qne le bouquetin de nos Alpes; mais il paroït qu’on en trouve de deux efpèces, peut-être l’une eft-elle l'œgagre. (4) mg es plus inacceffibles, ( Spic 2001 fuf. XI. pag. 32.) On donne dans ce pays-là le nom de Tehgé ou Tekc, aux vieux bouanetins mâles; celui de Himie à la femelle, & celui de Bitfthinja au chevreau. Mais Mr. Pall.z croit que ces noms font corrompus de ceux que les Mongoles & les “C:lmovques donnent égilement aux chèvres & aux bouquetins ; ils appellent Takja le mâle; … Jama la femelle, & Effiya où Idshiga le chevieau. Les Chinois appelient auffi Takja les mâles mbouquetins, dont les cornes leur fervencainf qu'aux Turcs, pour les arcs de guerre; la raclure Me ces cornes fert aulli dans la Médecine. Idem , pag, ou } : ù en (i) ;, Leur grandeur (des boucs-eftains femelles ) n’excele point la jufte corpulence d’une chèvre privée; mais elles ont bien autant.de chair qu'un grand cerf, : couvertes, de même poil , fauve & court, non pas de chévre: les mäles portent une grande babe brune , chofe qui ? mavient anulautre, ayant le poil de cerf, finon (comme penfons } à lhippellaphus. Ils deviennent gris en vieilliffänt & portent une ligne noire deflusl’échine . ... C’eft bien dequoi, “, s’émerveiller de voir un fi petit corps d'animal porter de fi pefantes cornes, defquelles en avons ñ %, tenu de quatre coudées de long. Elles ont autant de rayes par le travers, comme le bouc ou n ;, chèvre ont d'années. Obférv. de Belon , fol. 14. ; ; À ; (k) ,, AuMien avons trouvé deux différentes , Comme avons fait apparoître par la diverfité de ,, leurs cornes, apportées de Cypre & Crête, dont avons fait prefent à Mr. Jean Choul, Bailly “,, des montagnes de Lyon, &c.” Belon, id. fol. 14. rie Aa 2 288 MéMorres Dr LA So créé Le chamois eft beaucoup plus commun que le bouquetin , quoiqi’on le chaffe encore plus que lui; mais il eft plus répandu, parce qu’il habite ‘des montagnes moins élevées. D'ailleurs, plus inquiet, plus. défiañt que le bouquetin , ileft plus difficile à faïfir. On le trouve dans tontes les hautes montagnes de la Suiffe, du Vallais & de la Savoye. M. Prod a donné une fort bonne notice fur les mœurs de cet animal , rapportée dans l’hiftoire naturelle de M. de Buffon. (2) Nous y ajoutérons quelques obfervations. On nous a afluré qu’il exiftoit dans les montagnes deux “fie de chamois ; lune qui eft beaucoup plus petite que Padtre fe tient dans les hauteurs & s'élève même prefqu’auffi haut que le bouquetin. La grande ef pèce habite au contraire des régions moins élevées & occupe principale- ment les bois. Au refte ces deux efpèces ne font proprement que deux va | riétés ou plutôt deux races conftantes qui peuvent fe méler, & produire enfemble. Les grands chamoïs ont deux trous derriere les cornes que. les petits mont pas; ces trous pénètrent dans les organes de la tête. Les mâles de cette grande efpèce pefent de 80 à 100 liv., & leurs femelles de .60 à 70, tandis que les mâles de la petite race ne pefent que 60 à 70 liv. & leurs femelles feulement 40 à 50. Les grands aiment à être feuls & en petits troupeaux. Ils ont les membres & le corps plus courts, & par con. féquent plus épais à proportion que les petits qui font plus longs & plus minces. } “ Les mes font en état de produire à deux ans. Le temps du rut eft en Novembre & Décembre, & ils font leurs petits en Juin. Les grands chamois les font quelquefois en Mai. Leur portée eft ordinairement d'un petit, ra- rement de deux. (#7) On chafle ces animaux de la même maniere que le bouquetin!, excepté que l’on employe quelques fois des chiens. Ils font toujours eñ crainte, toujours l'oreille & l’œil au guêt; quand ils pâturent ce n'eft jamais avécitranquillité; ils prennent un peu d'herbe, lèvent la M tête, &' regardent de tous côtés en mangeant; fi lun d’eux apperçoit quel. que chofe il ffle &:tout le troupeau fuit; au lieu que dans un troupeau de béta , ils fient tous avant de fuir. Quant à la fentinelle qu'on M dit qu’ils établiffent, il paroît que c’eft un conte fondé {ur la timidité de. (1) Hift. Nat. tom. r2. pag. 160. Çm) Des informations trés-exactes m’aflurent de ce à fait. DES SciENcESs: Puws. DE Lausanne. 189 ces animaux. Les deux races de chamois exiftent dans les montagnes du à. pays de Hasli, du Grindewald & du Lauterbrun, comme dans celles de la Savoye & du Vallais. | Ce feroit ici Je lieu d’examiner avec Mrs. de Buffon & Pallaz, quel eft … l'animal fauvage auquel les chèvres doivent leur origine: le bouquetin comme le penfe M. de Buffon ; ou le capra agagrus comme le penfe M. Pallaz ; fi le chamois & le bouquetin font de la même efpèce, ou fi fe font deux …. efpèces féparées & diftindtes. Ces queftions intéreflantes demandent un exa- men un peuétendu que j'ai cru devoir renvoyer à un autre mémoire (y). … En attendant je donnerai ici mon opinion. J'ai tâché d'examiner celles. de Mrs. de: Buffon & Pallaz avec l’impartialité que tout homme qui. cherche de bonne foi la vérité doit employer, & fur-tout quand il difcute les idées de deux hommes aufli juftement célèbres. Je crois donc avec M. de Buffon sque le bouquetin doit être regardé comme l’origine des chèvres. La confor- .mité de mœurs, de figure, & le mélange fécond de ces efpèces indiquent a paternité. Je penfe que le capra ægagrus & le capricorne font des va- “riétés dans l'efpèce du bouquetin, & qu'ils ont concouru avec lui à for- “mer les différentes races de nos chevres. Mais je crois avec M. Pallaz ; que le chamois ,ne peut pas être de la même efpèce que le bouquetin, puif. qu'ils ne fe mélent pas dans l'état de nature, & je le regarde comme une elpèce intermédiaire entre les chèvres & les gazelles. a el hs re _ (n) J'ai traité cette queftion dans l’hiftoire du Schacal, qui a paru dans Ze Journal de P! pour le mois de Novembre 1786. iyfque 490 Micé mio 1h ESS 20 x | La “Soc am miÉ A DDITIONS A L'HISTOIRE NATURELLE DU BOUQUETIN. ee SU 77 AA J ‘Ai dis dans le Mémoire précédent, d’après le rapport des chaleurs; ‘que le bouquetin a lodorat trèsfin, & que fi on n’a pas la précaution, quand on le chafle, de fe placer à l’oppoñite du vent, il évite tout de fuite Le chaffeur, & fuit fans qu'on puifle latteindre. Ayant communiqué cette opinion à Mr. le Profeffeur de Sauflure , je dois avouer qu'il a été d’un avis différent, & qu'il regarde comme un préjugé populaire, que les b animaux puillent appercevoir les objets à de grandes diftances par l’odorat. L'importance de cette queftion de zoologie, m'engage à rapporter lesk raifons de ce célèbre Naturalifte. Voici ce qu'il me mande à ce fujet dans une lettre, du 9 O&tobre 1786, dont il a bien voulu me permettre den publier‘ Vous paroiflez admettre dans le bouquetin la faculté dap » percevoir les chaffeurs à de grandes diftances, par le moyen de lodo » rat: je fais bien que les chaffeurs le difent, non-feulement du chamois » & du bouquetin, mais encore de divers animaux tant quadrupèdes que: » volatils. Mais je vous avoue que j'ai toujours regardé cela comme un » préjugé populaire. J'ai été chaffeur & je n’ai jamais vu qu'aucune ef » pèce de gibier apperçut de loin le chaffeur, autrement que par l'ouie« » Ou par la vue. Les chiens même ne flairent point de loin le gibier, s'il » na pas imprégné la terre de fon odeur. J'ai vu cent fois mon chien pal » fer à peu de toifes, d’une piéce de gibier fans l’appercevoir, & y re » venir enfuite en fuivant la trace de fes pas. Enfin, le chien doué de lon » dorat le plus fin, s'il voit inopinément à une demi portée de fufl, fon » maitre déguifé, il ’aboyera jufques à ce que par fa voix, il fe foit faits » reconnoitre; & fi le maître s’obftine à fe taire, le chien ne le recons » noïîtra par l’odorat que quand il en fera tout près ”. Quelques fpécieuss fes que foyent ces objections, je crois devoir rapporter les raifons qui femblent être en faveur de l'opinion contraire. me eo — p£s Sciences Pays. pre LAUSANNE. 191 Les chaffeurs de bouquetins aflurent avoir obfervé que cet animal ne fuit la préfence de l'homme que lorfqu'il le fent, & que s’il le voit'fans » Je fentir, il ne fuit point. On fait qu'un chien arrête de plus loin une “ compagnie de perdrix quand il eft placé fous le vent, & que même il a Vinftinét de s’y placer lui-même afin de mieux l’éventer. Pelon dit, que les chaffeurs de bouquetin de Pisle de Crête fe tiennent toujours à l’oppofite du vent, quand ils veulent tirer fur cet animal, fachant bien qu'il eft fr - grand d'odorer , qu'il le fentiroit de cent pas. Le faïga, qui eft un animal mitoyen, entre les gazelles & les chévres, pafle pour avoir une telle f- nefle d’odorat, que lorfqu'’il eft fous le vent, il peut appercevoir un hom- me à une lieue de diftance: on comprend bien qu'il eft impoflible que les émanations d’un homme puiflent étre fenfbles à un auf grand éloignement; mais fi l’on fait attention que Le faïga peut extrémement augmenter le vo- rIume de fon nez en le dilatant, on concevra facilement qu’il doit fentir de plus loin que les autres animaux de ce genre. Il eft vrai qu’un chien ne reconnoiît par l’odorat, fon maitre, déguilé, que lorfqu'il en eft tout près; & cela peut venir fans doute de ce que le chien ne fent pas de oin ; mais ne. feroit-ce pas plutôt l'effet de la précipitation avec laquelle il court contre l’objet qu'il croit étranger ? La paflion qui l'emporte alors -ne lui permet pas d’ufer de toutes fes facultés pour le reconnoïtre. Ce “qui femble confirmer cette idée, c'eft que les chiens, (dont la vue eft cependant très-bonne) ne reconnoiflent pas de loin leur maître, déguifé, ors même qu'il feroit à vifage découvert; cela vient fans doute de ce qu’é- tant frappés par un objet étranger , ils courrent tout de fuite contre lui, & ne l’examinent qu'après. * Le chien, comme animal vif, prompt, & comme animal domeftique, fujet à mille diftractions qui peuvent l'empêcher de fentir des objets qu'il iuroit apperçu s'il avoit eu moins de précipitation. Ceft peut-être ce qui que le chien d’arrét dont parle M. de Sauure , n’a pas {enti la piece e gibier qui étoit à peu de toifes de lui, car on conviendra qu'il eft plufieurs caufes qui peuvent l’en avoir empêché. Ce défaut d'attention n’aura as lieu chez un animal fauvage, qui, étant continuellement occupé du Hoin de pourvoir à fa confervation ou à fa fubfiftance, doit néceffairement “porter une attention fuivie à tous les objets qui frappent fes fens. C’elt ce “me femble une des raifons qui contribuent à rendre l’ouïe & la vue beau- “coup plus parfaits chez les animaux des montagnes. À quoi on peut ajouter ti THAT UN Mémorres De La Soctéré que l'air des plages défertes qu’ils habitent étant moins chargé des exhalai- {ons de la terre , ils doivent mieux y fentir & diftinguer les odeurs qui leur. font étrangeres. : | Enfin on ne peut difconvenir que l'organe de l’odorat ne foit très-exercé M & très-fin chez la pMpart des animaux ; c’eft ce qui a fait dire à M. de M Buffon , que dans les animaux, “le fens de l’odorat eft un organe uni- » Verfel de fentiment, Ceft un œil qui voit les objets non-feulement où ils » font, mais par-tout où ils ont été; c’eft un organe de goût par lequel l'a- » nimal favoure, non-feulement ce qu’il peut toucher & faifir, mais même » ce qui eft éloigné & qu’il ne peut atteindre; c’eft le fens par lequel il » agit, il fe détermine; par lequel enfin il apperçoit, fent & choifit ce qui » peut fatisfaire fon appetit. (T. IV., pag. SG.) En effet, un animal veut-il examiner quelque objet , fon premier mouvement eft d’y porter le nez; or il me paroît que s’il a l’odorat fin, il doit fentir les émanations des corps à une diftance plus ou moins grande fuivant l'étendue de ces éma- nations; diftance que l’expérience feule peut nous apprendre. Telles font les raifons qui femblent appuyer l'opinion ou l’on eft que les animaux peu- vent appercevoir les objets à une grande diftance par l’odorat. Mais il faut avouer que les faits ci-deflus ont peut-être été mal oblervé, & que certai- nement on a exagéré la diftance à laquelle les animaux peuvent fentir uñ objet. Auffi je ne rapporte les raifons pour & contre cette opinion, qu'afin d'engager les Zoologues qui s’attachent plus à connoître la nature . des animaux, qu’une feche nomenclature à porter leurs recherches fur cet objet. F T On trouve dans la feconde partie du quatorzieme volume de la biblio- M thèque phifico-économique de M. Bekman, des lettres fur l’hiftoire natu- M relle de Salzbourg , par Mrs. Schrank & de Moll. Elles contiennent des dé- tails fur le bouquetin, dont M. le doéteur Am - Stein a bien voulu men- voyer un extrait. Le bouquetin étoit autrefois fort commun dans ce pays : montagneux, mais il paroit y étre actuellement tout-à-fait détruit. Sa chafle ! appartenoïit à l’Archevêché , & comme on croyoit alors à toutes les vertus M médécinales des différentes parties de cet animal, on le pourfuivoit & le chafloit continuellement. Les chafleurs étoient obligés de remettre à lapo- M thicairerie de la Cour le cœur, les poumons, le foye , le fang & les cornes du bouquetin ; on propofoit des prix & des récompenfes à ceux M ji qui un ‘pes Sciences Pays. De LAUSANNE. F93 qui fourniroient de leurs égagropiles & certaines pierres qu’ils produifent. (a) Vers la fin du fiécle pañlé, les archevêques de S2lzbourg penfoient à rétablir & multiplier cette efpèce , mais les ordonnances & les réglemens qu’ils ont fait à ce fujet font reftés fans effet. Depuis l'an 1706, jlau l'an 173$ on ne trouve plus rien dans les a@es publics qui concerne le bouquetin ; mais depuis 1738, on trouve des ordonnances qui ont rapport à fon abo- lition. On a voulu chercher dans une maladie épidémique les caufes de la diminution de l'efpèce du bouquetin , mais il me femble que la guerre continuelle qu’on lui a fait eft la feule caufe admifhible : & comme cet ani- mal n'habite que les fonunets élevés des montagnes , il peut être répandu dans plufieurs pays, mais il ne peut pas être fort nombreux dans le même endroit. D'ailleurs les grands quadupèdes produifant moins que les petits. » ; font aufli moins nombreux. II a donc été plus facile à détruire, ;; Les bouquetins qu'on voit actuellement dans les foffés du château de Hellbrunn, ne font pas originaires du pays, mais ils viennent-du Pié-- » mont où ils ont été acheté. Les bouquetins ne fe trouvent plus dans les Grifons ; mais ils y anti » toient autrefois; Sprecher dans fa Pallas rhatica , qui a paru en 1617, » parle comme très-communs dans quelques montagnes des Grifons. Le nomenclateur cherche à multiplier le nombre des efpèces dans les b animaux, il eft content pourvu qu’il grofhife Ja lifte de fes catalogues mé- | thodiques, & il femble n'être occupé qu'à divifer & fubdivifer la nature. Le naturalifte au contraire, qui fent que tout eft lié dans la nature, cher- che à obferver & à fuivre les chainons qui lient les êtres ; il rapproche, raffemble, réunit les efpèces , & diminue autant que pofñfible leur nom- bre. J'ai fait voir dans le mémoire précédent, que le :bouqnetin.de: nos)Al-- mupes & celui de Sibérie font de la même efpèce. (b) J'ai de même donné “les raïfons qui me font foupçonner que l'ægagre n’eft- qu’une race dans | repèce de bouquetin provenue par le mélange de cet animal avec nos … chèvres domeftiques. (c) Comme jai acquis de nouvelles preuves en faveur À … de cette opinion , je vais réunir toutes celles qui femblent la favorifer. (a) Ceci pourroït faire foupçonner que le bouquetin fournit aufli du bézoard, comme plu: fieurs efpèces des gazélles d’Afie ; «mais je n’en ai jamais vu. CB} Voy: auf Journ. de Phyf: Oélobre 1786: Cc) Journ de PAyf.. Novembre 1786. p. 359 Tome IL. É: b: 194 MæEtm or RE Ss .D_E -L°A 2S 0!G 4% ÉTÉ 1°. Le métis de bouquetin que jai décris (d) me paroït reffemblér beaucoup au capra ægagrus de M. Pallas non-feulement par la figure du corps, mais encore par les cornes. IL a comme lui la raye noire le long de l'épine du dos; la tête femblable à celle de la chèvre, noire fur le de- vant , & d’un brun mêlé de roux fur les côtés: une grande barbe; la cou- leur du poil & la forme du corps font aufli les mêmes. Enfin, fi l'on veut comparer les cornes de la PJ. IT fig. 3 avec celles repréfentées dans les Spic.: 3001. fafc. XI, pl. V. fig. 2 © 3, on trouvera qu’elles fe reffem- blent prefqw’entiérement , ainfi que leurs defcriptions le montrent aufli. Je poflede dans mon cabinet les cornes du métis que jai décris, (2) cet animal a été tué à l’âge de deux ans, ainfi elles n’ont pas encore pris tout leur accroifflement. Elles ont 17 pouces de roi felon leur plus grande courbure. La circonférence de la bafe 7 pouces & demi. La diftance entre les bafes eft d’un pouce; Ia diftance entre les extré. mités eft de 10 pouces, la largeur de la corne à la bafe elt de 2 pouces 9 lignes. Sa plus grande épaifleur , un pouce 6 lignes. Elles font cour- bées en arriere avec Les extrèmités un peu jetées en dehors. Il n’y a qu'une « arrète longitudinale : le côté extérieur elt convexe; le côté intérieur n’eft pas exactement plane, parce qu'il regne depuis la bafe jufqu'à l'extrémité une forte de gouttiere qui rend la partie antérieure de la corne mince, anguleufe & fait fentir l’arrète longitudinale qui regne fur cette partie. Il y a fur cette arrête des nœuds proéminens dont le premier fe trouve à 16 lignés du front; ils font au nombre de trois ou quatre placés irré-w guliérement & tout fendillé. La partie poftérieure de ces cornes eft arron- or (d) Idem, p. 358. not. 4. Er ‘4 (e) Afin qu'on puiffe comparer la defcription des cornes de l’ægagre avec celle du metis , je vais la rapporter ici d'après Mr. Pallaz. “ Les cornes d’une couleur brune grifätre... Elles font ,, inclinées en arriere, également arquées, peu écartées ; leur extrémité eft un peu dirigée ,, en dedans ; leur Forme eft très-comprimée , la partie antérieure eft en arrète, le côté into rieur eft un peu applati, l’extérieur eft convexe; en fuivant l’arrête depuis la bafe jufqu'au M milieu de la corne il y a une goutiere longitudinale qui rend l’arrête trés-faillante, elle forme même à la bafe un angle en avançant fur le front; enfuite il s’élève fur cette arrête environ À quatre préminences ou nœuds épais, tous fendilés & crevallés. Au contraire, la partie pofte rieure de la corne eft unie & liffe à l'exception de quelques rugofités peu fenfibles ; ces tugo- , fités ou ftries tranfverfales environnent toute la corne en forme d’anneaux linueux & irrégu- ,, diers, à l'exception de l'extrémité qui eft unie; chacune de ces ftries répond aux nœuds deu © larrête &ç, ” Il me femble que ces cornes font aulli reffemblantes que pofible à celles du’ metis. ” . DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. F9 die & unie, leur couleur eft brune; elles font fort domprimées & fort larges à leur bale , & ont des ftries en anneaux comme les cornes de l'egagre. . 29°. Cette très-grande reffemblance entre le métis du bouquetin & læ- gagre m’eft-elle pas un préjugé en faveur de mon opinion, que l'ægagre eft un animal intermédiaire ? 3°. La raye noire que l’on voit fur le dos de l’egagre & qui eft un caractère diftinctif du bouquetin qu'il tranfmet à tous fes métis, ne fem- ble-telle pas dépofer que cet animal lui doit fon origine? 4°. Enfin, l'ægagre fe trouve fur les cimes élevées du. Caucafe fur le Taurus & chez les Kirgifiens; il y a même des railons de croire qu’on le trouve aufh dans les Alpes Européennes & dans l'ile de Chypre & de Candie : (f ) il femble accompagner par-tont le bouquetin, c’eftà-dire fe trouver par-tout où le bouquetin a pu s’accoupler avec des chèvres ; mais maintenant que le bouquetin eft devenu plus rare, les accouplemens font moins fréquens; aufli l’egagre ne fe trouve plus dans les Alpes Européen- nes , & n'habite que l’Afe. Se. La femelie de lægagre n’eft pas bien connue, puifque fuivant Kæm- pfer elle a quelquefois des petites cornes, & que fuivant Gmelin elle n’en ma point, Enforte que je ne regarde pas comme bien démontré, que cet animal forme une race à part; d'autant plus que fi l'ægagre fe trouve dans plufieurs pays, il he paroiït pas être fort commun, dans ceux où il fe trouve. 6°. L’ægagre ne peut pas être confidéré comme une autre efpèce que le bouquetin , puilque la feule différence qui fe trouve entr'eux git dans les cornes, & que cette différence n’eft pas fpécifique; enforte qu'habitant les "mêmes. montagnes , il eft naturel que le bouquetin produife avec lui, puif- “qu'il produit très-facilement avec les chévres. 7°. Le métis du bouquetin n’eft point ftérile, celui dont jai donné la Mefcription a produit avec des chèvres de deux payfans d’Aigle , nommés _Éi Dufrefne & Pierre Buttin. … De tout ce que nous venons de dire , il femble qu’on peut conclure: “premierement, que l’egagre eft un produit du mélange du bouquetin avec (f) Pallaz Sp. zoo1. faft. XI. p. 47 & 48. Bb 2 196 ME MAOVI RE S D'E 1 A SIO CT É TE nos chèvres domeltiques. Il eft affez naturel que des chèvres égarées dans les montagnes ayent été couvertes par des bouquetins, fur-tout dans le tems que cet animal étoit plus commun. Secondement il fera arrivé de deux chofes l’une; ou l’xgagre aura formé une race intermédiaire qui s’eft per- pétuée par la génération, ce qui eft très - pollible ; puifque le métis du bouquetin eft fécond. Ou ces individus peu nombreux n’auront pas pu former une race à part, comme on pourroit croire qu’il eft arrivé dans les Alpes Européennes, puifqu’on y trouve plus d’ægagre. J'avoue que tou- tes ces idées ne font pas démontrées rigoureufement , mais je crois qu’on ne peut pas aw moins leur refufer un très-grand degré de probabilité, & c'eft tout ce qu’on peut efpérer dans des recherches aufli obfcures. Je remarquerai encore que, puifque le métis du bouquetin a pu pro: duire, ce fait prouve non-feulement qu’on peut établir une race intermé.- diaire entre le bouquetin & les chêvres, mais il fert encore à confirmer que le bouquetin eft l'origine fauvage de nos chèvres (g). Au refte, les métis que j'ai vu à Aigle (h}), ne font pas les feuls que lon connoïfle. M. Pallaz en a vu un à Orenbourg chez un payfan nommé Pierre Ritfchkof, & il en cite plufeurs Rem ples (5). M. de Watteville, Gouverneur d’Aigle, na fait l'honneur de me mander par une lettre du 29- Novembre 1786; que la chévre, nourrice du bouquetin , avoit en- core eu de fon nourriflon deux petits métis, mâle & femelle, qu’elle a mis bas-au printemps de 1786: Ces petits font fort fauvages & très-vigoureux, leur couleur eft fauve , au lieu que celle du bouquetin eft gris argenté, mais. On fait que la couleur de ces animaux varie avec l’âge & la faifon. M. de Watteville ajoute que le poil que de bouquetin met bas au prin- temps éft fi fin, qu’il pourroit étant filé, égaler la douceur des foyes du lapin Angora, & c’eft un efflai qu’il veut faire le printemps prochain. ‘ Tels font Les faits que jai pu recueillir jufqu'à préfent pour ‘com- pletter l'hiftoire naturelle du bouquetin, & que j'ai honneur de préfenter à la fociété. ; 12 9) Tours de Phyf. Nov. 1786. pe 357. t £h) Idem, p. 385. jt : re (à) Pallaz Sp. 2001. fafc. XL. p. 33 & 34. So DES Sciences Puvs. DE LAUSANNE. 197 A Cr UP Qt ON DE PLUSIEURS NOUVEAUX MOYENS MÉCHANIQUES, » Propres à prévenir, borner © même corriger, dans certains cas, les cour- bures latérales € ln torfion de Lépine du dos. Par Mr. VENEL, Docr. ex Mépec. À ORBE, EN SUISSE. Remife le 11 Novembre 1785. s n P Armi les diverfes branches de l’Orfhopédie, c'eft-à-dire, de l'art de briser les écarts de la nature dans les développemens du corps humain, “l'objet des difformités de la taille, eft un des plus intéreflant, vü fa fré.. “quence & les infuences fâcheufes que ce vice a fouvent fur la fanté, in- nec de ce qu’il exerce principalement fes ravages fur la plus, “belle portion de lefpèce, & fur un des premiers attributs de la beauté. Une importance aufli étendue & aufli vraie, que celle de l’infirmité dont “nous parlons, doit donc rendre précieux, tout effort fait pour la com. battre, & à plus forte raifon, tous pas réels vers la perfection, d'autant plus que les difficultés grandes & nombreufes, que préfente cette carriere, exigent un zèle, une patience & un dévouement, fi entiers & fi définté: reflés, qu'on ne devroit point être furpris qu’elles uffent dans tous -les temps, entravé le courage des grands maîtres, qui ont travaillé à aug- menter Ja malle des lumieres de Part. 1 Wu \ 198 - M £M.0 I.R, E SD .E WA, S)0.C.I É T.É Cependant, malgré l’ingratitude de cette carriere, il seft trouvé en di- vers temps , quelques hommes de génie, qui s’en font occupés. Mais foi que les difficultés les ayent trop tôt découragés, foit plutôt, que trop li vrés les uns & les autres à l’elprit de fyftème , & les difformités de taille préfentant :divers points de vue, lenfemble n’en ait été bien faifi par au- cuns d'eux. Il eft de fait que cette partie de l'art de guérir, eft loin en- core du degré de perfettion & de certitude, où plufeurs des autres ont été portées. d Sans entrer ici dans l'examen des caufes de la gibofité (13, & de fon point de vue thérapeuthique, je rappellerai feulement qu’en général, fon traitement ne fe borne prefque jamais à une feule indication, mais qu'il exige d'ordinaire un concours variés de moyens, qui, quoique difiérens, fe prêtent réciproquement un appui efficace. Mais quel de ces fecours doit-on mettre au premier rang? Il paroït raifonnable de penfer que le dérangement & le maintient d’un affemblage offeux , tel que celui qui forme ce qu'on appelle Ze tronc, fuppofe en premier lieu les fecours du genre méchanique , & lexpérience vient ici à l'appui du raifonnement. Mais fi les détracteurs de ce genre de moyens font peu fondés à lui don- ner lexclufion, on doit cependant avouer, que, dans la plupart des cas, les autres moyens externes & internes connus, font aufli d’une utilité TÉL (23 Pme Pace - née hotte ro lie re UP CAE me ere (x) Rien de plus varie que les fentimens des Auteurs, fur les caufes de la gibofité & du ra- chitis en général. Æorgagni, Majou, ÂMery, & d'autres, l’attribuent à la feule contraction. de quelques mufcies, qui rompent l'équilibre mécanique de la charpente offeufe. Gaffon & Pouteau attribuent immédiatement à un accroiflement partiel & inégal des os déjettés; maisils différent, en ce que le premier regarde cet accroiffement comme un excès de nutrition, & que \ le fecond l’envifage comme un pur gonflement accidentel, caufé par une humeur qui s’elt jet-L tée fur les os & s’eft infiltrée dans leurs tiffus fpongieux. Enfin, #fr. le Vacher de la Feutrie , M & d’autres, n’admettent que la trop grande moleffe de ces foutiens du corps & la flaxite de leurs liens articulaires. Qui a raifon dans ce conflict d'idées? Tous l’ont vraifemblablement en géne- ral, puifqu’il eft fort probable que toutes ces diverfes caufes exiftent réellement, quoique tare-w ment réunies plufeurs enfemble. Ces fyftémes exclulfs, en circonfcrivant les caufes, ont düt dans tous les temps fort circonfcris les fuccès, & contribue à retenir cette partie de Part dans f fon berceau. ÿ (2) Principalement les fortifiants, tels que les bains froids &le mars, les diaphorétiques & 4 ' autres defféchans, dont un des plus énergiques, eft fans contredit le moxa des Indiens, tant re commandé par Pouteau, mais auquel, malgré le poid de fon renovateur, je crois qu’il feroit dangereux de donner une confiance implicite. ; É 6, He } pes ScrenNcEs PHYSs DE LAUSANNE. ‘199 Occüpé depuis plus de quinze ans, des recherches particulieres fur les moyens de corriger les difformités offeufes, en général, fi communes chez - les enfans en bas âge; des faits multipliés & éclatans, m'ont convaincu dès long-temps de la préponderance des machines, fur tous les autres gen- res de moyens. L Mes premiers effais eurent d’abord pour objet les difformités des mem- bres & entr’autres ces déjettemens & contournemens des pieds en dedans, que les enfans apportent fi fréquemment en venant au monde: mais ju- geant par analogie, d’après les fuccès répétés que jeus dans tous les cas de cette efpèce; je cru pouvoir étendre mes efforts jufqu'’aux difformités de taille; & marchant fur les traces de Mrs. Portal & Le Vacher (3 ), je tâchai principalement d’ajouter quelque perfection à la partie méchani- que de ces fortes de traitemens. Ceft le fruit de ce travail que j’offre aujourd’hui au public; mais pour mieux faire juger, fi, & de combien je fuis parvenu à avancer les pro- grès de l’art fur ce point; il eft utile de remettre préalablement fous les | yeux du lecteur, les dGiverfes efpèces de dérangement de l'épine dorfale, * & les indications méchaniques particulieres de chacuns de ces dérange. + mens. | La piramide vertébrale fe courbe & déjette de quatre manieres diffe- 4 rentes: 1°. de devant en arriere & de derriere en devant: 2°. de droite “ à gauche & de gauche à droite: 3°. obliquement à ces deux directions: b4°. enfin cette colonne fe tort & contourne fouvent en forme de pas de- wis, d’un côté ou de l’autre: mais la plupart du temps, de gauche à droite ; dans ce cas les côtes de ce côté, avec l'homoplate font portées en arriere, où ces parties offeufes forment une faillie ou bofle, plus ou oins confidérable, tandis que le côté oppofé eft porté en devant. \ . Pour lordinaire la courbure ne fe borne pas à un feul endroit de la mcolomne épiniere ; lorfqu’elle eft de côté, par exemple, il eft très - com- un de voir dans ce cas, .la portion inférieure de cette colonne couchée | (3) Mrs. Portal & Le Vacher ont tous deux imaginés un foutient mécanique de taille parti. “culier qu'ils ont publiés; le premier, dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris, & lefecond, dans ceux de l’4cadémie Royale de Chirurgie , tome 10. de l’édition in-r2. Je ne parlerai point de feu Mr. Typliaine , parce que fes moyens de guérir , que Mr. Verdier, fon gendre, a promis de publier, nous font encore inconnus, | | 200 MÉMOIRES :DE.LA S.0 c1 É.T, É , vérs un des flancs; enfuite elle fe reporte, en croifant la ligne perpendi.. culaire, du côté oppofé où elle fait faire aux côtes une faillie confidéra- ble, au dépend du côté oppolé qui eft déprimé & creux ; enfin après avoir recroifé proche du col la ligne verticale, fouvent elle femble vouloir com- pletter la figure de la lettre S, en portant la tête du côté correfpondant à da grande faillie du côté qui eft le droit, prefque pour l'ordinaire. | Il eft très - commun de voir le déjettement latéral accompagné de tor. fion; dans ce cas, la courbure doit, comme on fent toujours étre en par. tie oblique. Le déjettement de côté eft beaucoup plus fréquent que celui de derriere- en devant; dans celui-ci, la courbure eft aufli compofée de diverfes infle. xions, pour l'ordinaire les vertèbres lombaires {ont r’entrantes dans Vab- | domen, enfuite la colomne reflort en arriere vers la partie moyenne du dos, d’où, après avoir formé une faillie ou boffe, la portion cervicale fe: porte en devant avec la tête en fe redreffant. Cette efpèee de courbure de l'épine donne lieu quelquefois à la paraly. fie, des extrémités inférieures, par la compreflion de la moelle allongée (4 )2 jaurai occafion de traiter de cet accident, dans un fecond Mémoire. qui-aura pour objet particulier les déjettemens antérieurs & poftérieurs de a colomne épiniere, & dans lequel j'indiquerai ce qui m'’a le mieux réuffi pour la difformité qu’on appelle dos rond, & le port exceflif de la tète & des épaules en devant. Je pafle aux indications curatives que préfentent en général les courbu- res latérales de lépine & les différens dérangemens de la taille, qui font la fuite de cette courbure. C4) Mr. Percival Pott, n’envifage la compreffion ‘exercée ici par les vertèbres que commen un accident fécondaire, caufé par un engorgement rhumatifmal ou d’autre genre humoral, en conféquence il n’admet comme moyens curatifs dans ces fortes de paralyfies, que ceux qui agif fent fur les humeurs, & entrautres les forts réfolutifs & dérivants, principalement les égoüts. artificiels. Sans prétendre exclure cette claffe de fecours. Nous verrons dans le Mémoire que jeu deftine à fervir de fuite à celui-ci, un fait bien propre à nous rendre circonfpect fur les methodes exclufves; j'y donnerai le détail d’une cure de paralyfie de ce genre, opérée fur une Dame d’une famille diftinguée de Berne , par le fecours de mes feuls moyens mécaniques, & après l’emploit long & inutile des meilleurs difcufifs externes & internes. | pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 20 Nous avons vu que le déjettement des côtes & de l’homoplate étoient une fuite de celui de l’épine; ainfi le principal point de vue doit porter fur cette partie-ci. Mais qu’elle eft la meilleure maniere d’agir convenable. ment fur la colomne vertébrale pour opérer fon redreflement; qu’elle eft la route qu'ont pris à cet égard Mrs. Portal & Le Vacher ; les anciens moyens vont-ils parfaitement à ce but dans tous les cas poflibles; qu’elles font les imperfections de ces moyens; en quoi, & jufqu'a quel point les nouveaux moyens qu'on propofe ici, font-ils fupérieurs aux anciens? Ce font-là autant de points que je vais examiner, avec toute la candeur d’un homme qui n'a en vue que l'avancement de l'art de guérir & le foulage. ment de l'humanité. Pour parvenir à opérer le redreffement d’un corps long & courbe quel. conque, l’on peut employer enfemble ou féparément les deux genres d'ac- tions fuivantes: 1°. des extenfions en long fur ce même corps. 29. Des . répulfions en travers fur les parties faillantes de la perpendicukire. Ea maniere d'agir dans les appareils de Mrs. Portal & Le Vacher, eft dans lun & l’autre du feul premier genre, c’eftä-dire, qu’ils opèrent tous - deux en. étendant la colomne épiniere; ils fe reflemblent encore en ce qu'ils » ont aufli tous deux les os des hanches pour points d’appuis; mais ils difiè. rent en ce que le point de réfiftance du levier eft aux épaules, dans le pre- 1 mier; & à la tête, dans le fecond. * | Chacune de ces deux efpèces d'extenfions a fes avantages particuliers ; Le dans l’une & l’autre méthode, c’étoit déja un défaut que de fe borner - à une feule. J'ai donc tâché de réunir ces deux fortes d’aétions, & même d'en perfectionner lepplication & Le développement; enfin, non content … de cela, j'ai cherché à y joindre encore l’aétion des répulfions, fans la. quelle on fait, par l’art de réduire les fradtures & les luxations, que les “extenfions feroient un moyen prefque toujours infuffifant. Ÿ. Enfin, en cherchant à appliquer lation des preflions horizontales aux “courbures de l’épine, je fuis auffi parvenu à en diriger lation d’une ma. “niere propre à corriger la torfion de cette colomne offeufe; effet qu’on “avoit jufques ici inutilement cherché à opérer, & jugé prefque impoffble de remplir, | r HU 10 Li 4 SIZE vs | Tome EE. € c 202% Mémornes. pe LA SO-c;1É 7% DESCRIPTION Des nouveaux moyens Méchüniques. CE moyens doivent être divifés en deux clafles, ou appareils partieu. « liers, fous les dénominations d'appareil de jour & d'appareil de nuit. AP P'ACRIETL LD E ‘jf 00 À Pour la courbure latérale & la torfion de l'épime dorfale. PLance IV. Reprefente tout l'appareil monté & appliqué fur le corps: c. c: LÉ fi une plaque de fer, qui fert de bafe ou fupport X toute la machine, aus moyen des. deux bras courbés & à charnieres : b. b. qui saccrochent &M repofent fur la faillie latérale des hanches , qu’on leur fait embraffer plus! “ou moins & folidement au moyen des crics correfpondants: c..c. munis! chacun d'un cliquet, & dont le bout faillant du rateau preffant le bras# vers fa charniere ou il prélente un coin ou plan incliné, le fait bafculerd en devant. Cette. plaque ou bafe a. a. , s'applique fur la face poftérieures de los facrum, à la grandeur duquel elle doit être proportionnée: En haut, cette bale ou fupport eft furmontée par un prolongement des plaque de fer 4, dont la courbure eft proportionnée à la rentrée quemk font ordinairement en cet endroit les vertébres lombaires ,:& ce ‘prolonge .ment,. eft lui - même encore furmonté par une autre plaque en formed quarré long ; de la même largeur que la piece d., & d'un tiers plus longue, laquelle porte fur un de fes côtés, [fur le PT pour l'ordinatre ]\ une charniére verticale , deftinée à ünir avec elle, une au toute pas “reille pour la grandeur & ‘la figure ee # Cette piece mobile fert de foutien à toute la portion à pete dr: | - pareil, & entrautre à un corfelet f.f., qui, par le moyen de la char: aigre peut pirouëter en fens contraire à ha torfion de la colomne épinieres CE __ PÉIV: Jéenc Ph de Lausanne. paie 202. des : Tlerre de la c/oc: , ! IN pue. N AE AN UK es NN \ N Æ mi a Nes D it NA à | outil 1 veuf ft il 1 ke Led cr | sa m6 QUTAE"S :: (Huy ide 4 ‘a ét ie 14e pes SciËNorzs Puys.DE Lausanne 203. torfqu’ on tourne & enfonce la vis'de pro qui-eft placé au +deffus, de ”. du côté droit. Outre ce mouvement de pivot; l'affemblage Mérout . eft encore fufcep- tible de monter & de defcendre au moyen du cric g., pour la. place duquel le corfelet eft échancré en cet endroit. Le corfelét f.f. eft fait, 1°. d’une piecis -de tole mince, appropriée a la grandeur & à la figure de la taille, 2°. d’une piece de fer doux recour-. bée de droite & de gauche, en forme de croflette & paflant fous les bras; cette piece de fer eft fixée par des petites vis au haut du doflier du cor- felet avec lequel elle ne forme-qu’une feule, piece quant au mouve- ment. Pour réunit le corfelet r f. à fon Hobls OU cric £g. ; fra portion fu périeure du rateau de celui-ci, eft prolongée en forme de plaque #, b. : c’eft fur ce prolongement plat, que font fixés tant la croffette que le cor- felet, au moyen de petites vis ou de bonnes coupilles; & pour que le cor-- felet ne puifle point vaciller en montant & defcendant , il eft aflujetti pof- térieurement en 7. . ‘par deux vis, dont les collets gliflent dans des fen+ tes ou coulans taillés verticalement dans la tole en cet endroit. ; Du bout de chaque crofétte ; part une\leride ou épaulette , qui, après. avoir pallé fer l'épaule du méme côté, viennent #accrocher à des tenons. correfpondante qui font affujettis fur le corfelet de chaque côté. La portiof Bip Srisüre du-rateau -du ctic :g. , fert‘en outre de point fixe à un fecond cric b , qui eft d'en tiers plus court que le premier , … & dont le rateau porte une alonge ou tige ”. deftinée à foutenir & … foulever la tête, ainfi qu'à la maintenir dans une pofition convenable, au: » moyen de quelques autres pieces dont je vais parler. | Les.crics 9. L , font enfermé chacun dans une encaiflure de léton .. ou d’antre métail, pour empêcher le wafcillement du rateau. … La troifieme portion de l'appareil de jour; comprend tout ce qui con. “cerne la tête, qui eft foutenue: fur ume-portion de cerceau de fer #.., “approprié pour la grandeur & la figure-à celles de l’occiput, contre lequel “cette piece doit s'appliquer par fa face concave ,. qui pour cela doit être bien matelaffée. Ce quart de cercle ou fupport de tête, dt retenu, appliqué contre cette partie au moyen d’un bandeau mollet, mais cependant folide, qui pale dur le front , & dont les extrémités terminées par une chevilliere ou, ga-- CEc z 204 MÉmorrnEs DE LA S@C+pETÉ lon de ‘fil! viennent s'aflujettir l’une à droite du cercle poftérieur en # à un tenon ou bouton; & l’autre à gauche, après avoir paflé dans un gui- “don ou coulant p. , va saccrocher fur un cilindre mobile g. muni M d’une-roue à dents inclinées & d’un cliquet, qui , au moyen d’une clef M donne la facilité de ferrer & defferrer le bandeau à tel point qu’on veut, fans défaire tout l’afflemblage. Le-fupport #. étant ainfi adapté à la tête, on le joint aux autres pie- ces du corps par l'intermède d’une tige de fer 7. s. , dont l'extrémité inférieure r. eft terminée en forme de douille quarrée, dans laquelle s’en. chafle le bout fupérieur #. du cric Z. ; & la portion fupérieure s. qui eft cilindrique, s’enfile dans un trou vertical, dont eft tranfperfée une piece ou douille de léton #. qui eft aflujettie au centre de la convexité du fupport #. par un pivot rivé en dedans , mais affez lâchement pour que laditte piece #. puifle tourner fur lui; au moyen de quoi, la tête quoique foutenue & foulevée, jouit cependant d’un mouvement en tous w fens. On fous - entend facilement que la tige r. s. et courbée convenable- ment aux inflexions que font les vertébres cervicales, & de même que tou- tes les furfaces internes de l'appareil font garnies mollement , foit de peau, foit d'autre chofe analogue , pour ne pas blefler, ni meurtrir en ap- puyant, Application € effets de cet appareil fur la taille. Tout cet affemblage étant folidement affujetti au moyen des bras de han-M ‘ches b.b., du fupport de tête #. & du bandeau; en outre le cor felet f. f. étant bien approprié au contour de la cage thorachique &1la joignant uniformément & également , afin qu'appuyant par le plus de contact poffible, l’on puiffe déployer toute l’action néceflaire, fans que la preflion caufe aucune meurtriflure , précaution & regle applicable à l'égard de tou: tes les furfaces touchantes de l'appareil ; enfin les épaulettes étant fixées en ÿ arriere. On commence par tourner & enfoncer la vis # , ce qui fait pi-M rouëtter le corfelet & appuyer plus fortement fon aile correfpondante à la " faillie de la taille, tant en arriere que fur le côté, mouvement combiné, jé qui en repouffant les parties faillantes, tend en même temps à détordre 8 4 Du épiniere, fi je puis m’exprimer ainfi. : Ce premier mouvement imprimé au corfelet, on le remonte enfuite au d 46 4 Î gibier 2, L % LAPS: TOY ITEER A à + M de ms lu [ LL < Ÿ L'upapt 1AUM IN En l'a em :de la Joc:des Jecenc: Phy:de Lausanne page.2058. PL (ea ; Z RS || | Rs || DES SorenNcesrPæys. DE LAUSANNE? 20: moyen du cric g." jufqu'à un point indéterminé, dont la feule regle eft, d’être très-fupportable pour la perfonne. On entrevoit ici d’avance, que ce, mouvement d’afcenfion doit foulever enfemble & uniformément , 1°. la » cage offeufe en malle , principalement du côté faillant, 2°. les épaules comme avec la machine de M. Portal, 39. la tête à la façon de M. Ze Vachér, mais d’une maniere infiniment moins défagréable qu'avec fon ap- | pareil ($ ). " Si ce premier foulevemtént procuré parle cric g. net paroiffoit. pas avoir agit fuffifamment fur la tête, on peut encore augmenter l’extenfion de la colonne vertébrale, & exhauller particuliérement la tête au moyen du fe. cond cric b. | Tel eft la mécanique de l'appareil que j'ai imaginé pour le jour, c'eft- àdire, pour le temps ou le corps doit agir &, pouvoir varier fes mou. vemens , fes poñtions , & fes attitudes ; circonftances incompatibles avec | Je degré de gêne & la conftance. d'action que le mal exige dans la plü- part des cas, & qui ne peuvent être employés que pendant la nuit, ou le temps du repos, temps dont l'avantage eft en outre augmenté par la fitua- tion horifontale & par le relachement que procure dans tous les folides le : fommeil & la chaleur douce & moite du lit. Je pafle au fecond moyen, ou plutôt à ce moyen principal du Fa » mént, moyen qui n'appartient entiérement, & qui eft la bafe de ma mé- je pue Dre 9 : f Defcription de l'appareil de nuit , Pas Flste Pad ce tr le | Ayez un lit dont les traverfes de n tête a. &, + is b. dépit le niveau du matelas de 20 pouces. au moins. q. Que la traverfe de la tête foit percée horifontalement à us milite de LE trous paralelles, & celles des pieds feulement de deux à la ditancg de trois pouces, & à niveau de Ja furface fupérieure du, matelas. su Ces cinqs trous donnent pañlage, à cinq. COurroies qui, correfpondent. en Li « ” 7 01: jili . troupir yo Tel Wokint 2 : #1( 5) L'extenfionexercée.ici fur ja. tète ; crus le but de l’ efcarpolette de, GliQon, & le fou- Jévement des épaulettes;. celui de la lufpenfion par les bras , que tout le monde connoit : mais {ci laition étant conftante, foutenue-& développée avec rèslé &melure", on effet doit être ; & ileft en effet bien plus utile & plüs für. ” “ LibD ve 1attuo} di | Up J . ‘206! MÉMOrRES DE LA S o c1Ë8"T"E dedatis du lit, X la‘téte, aux épaules & aux pieds de la perfonne couchée & qui en: déhors ; fe’ réuniffent enfembles à un crochet:ou tambour munÿ d'un’ éliquet, ad! moÿen duquel on peut opérer des extenfions à volonté für! Tälcolonne “ofeufe de Pépine du dos, par le concours de: la feconde partié dé cét'appareil qui nous refle à! décrire. ) c.e. Serre - tête qui fe lace fur le front , & qui ; par. une anfe trans vesble , s’unit à la courroie du lit DENT IQ. Epaulettss dôfit la trattion agit fur le thorax. 234 SPY een Csintüré matelaffée qui bte létronc fur les hanches. fr fr Jariétisre matelafées fur les côtés par ou elles appuyent fur les condilles du fémur , fans comprimer le creux du jarret & les gros vai feaux qui y pelfent: © | F #9 TS" g! g?" Autre ‘ligature! rembourée qui faifit le bas de la jambe fur ké maléoles ou‘ichevilles. © Les trois derniers liens circulires que ‘nous venons de voir font joints énlemble'&'n’en forinent prelque' qu’un feul par l'intermède de plufieurs courroies corrc/pondantes D. D. b. b. qui vont lateralement, en dehors de la cuifle & de la jambe, s’aflüjétti de l'une à l'autre, an moyen de quoi, Pattion d’extenfion étant partagée , en eft moiñs incommode ou plutôt ef trèst fupportablé | comime"uñe longue ‘expérience me la prouvé: *! ‘Sans entrer {ur les nouveaux moyens qu’on vient de décrire dans des difcüuffions, que mes occupations ne me permettent pas, & qui feroient d'ailleurs fuperflues pour les perfonnes de l'art , qui feules peuvent bien apprécier ces moyens, & en faire un ulage pride & efficace ; j'ajouterai feulement que ces fecours font prefque tonjours fufkifans pour opérer le. fédreflement défiré dans Jes jèunes perfonnes ai-deflous de l’âge ‘de ‘12 ans, Pourvu néanmoins qu’elles veuillent’bien'fe prêter & pendant un tempé. Ale! long à leur ‘exadte & conftante application. Quant aux perfonnes M phüs âgées, mon expérience nva appris qu'on ne doit point fe promettre à leur égard un fuccès complet , mais qu'on peut cependant fe flatter d'ob. téhir une amélioration plus ou moins grande, felon l'avancement dedâge la. grandeur de la difformité, & le plus ou le moins de rigidité dans les folides, & fur-tout en proportion du degré de docilité, de conftance 6c d'exadtitude daris le traitement. Trois! conditions , fans lefquelles celui-ci ne. peut qu'être inutile, &.auxquelles on a bien de la- peine: à engager les, fus. jets à fe foumettre, ce qui ne peut manquer de laffer enfin le zele des u L | e | Fi }: ” . pes Sciences Pnys. DE Lausanxe. 207 perfonnes de l'art , qui eft déja naturellement affez exercé par l'ennui d'un travail aufli minutieux que lent dans fes effets, au fujet delquels on a jen “outre à lutter contre l'opinion publique, qui ne peut être convaincue que par une démonftration que la nature même de ces fortes de cas ne per. met prefque jamais de fournir & de rendre palpable & vilible, comme à l'égard des difformités des pieds & des membres. Tel eft le précis deslumieres particulieres que j'ai acquifes fur la nature & le traitement des difformités de la taille, depuis plus de douze ans que j'ai fait de l'étude & de la pratique des difformites effeufes de l'enfance en général; mon occupation conftante & pour ainfi dire exclufive. Des cures nombreufes, très-variées, & trèsconnues, me permettent de croire que jai fait faire un pas téel vers la perfection à cette partie intéreflante & "peu cultivée de l'art; cette perfuafon qui eft pour moi la jouiflance la plus flat teufe, deviendra toujours plus grande & plus vive, fi j'ai le‘bonheur d'ap- prendre que le facrifice que je fais au public, des découvertes qui font le fruit de mon long travail, étend le cercle de leur utilité, en répendant au loin la connoiflance de ces nouveaux fecours. a … Nofte du Libraire. L'auteur animé du mîne amour de l'humanité qui l’a engagé à la publica. tion de l’utile Mémoire qu’on vient de lire, fur les difformites dela taille fi fé difpofe encore à * donner un fecond ouvrage qui ne lui méritera pas moins de part à l’eftime & à la reconnoiffance . du public; puifqu'il lui fera connoître les moyens qu'il a'inventés & éprouvées pour la guérifon ” des renverfemens & contournemens des pieds, foit de naiflance foit acquis; ainfi que des cour. ‘bures diverfes de jambes , de cuilles &: des déjettemens de genoux én dédans.&.en dehors &c. &c. » . Cetouvrage, qui contiendra plufieurs mémoires détachés & ,un très-grand nombre de planches, afin de le mettre à portée de tout père dé famille un peu intelligent, -ne pourraêtre entrepris que par foufcription, enraifon des grands frais de gravures, à moins-que quelque Gouvernement ge- néreux ne voulut lui-méme en gratifier l'humanité, I MOURER, 208 ‘MÉMOIRES DE LA SocrerTé IM:É M OIL R E 2 DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, Faites dans un pays tel que la Suiffe, ou même le Canton de Berne. Par à MR. L man S'ENEBT ER Lu le 18 Novembre 1785. O: fait qu’elle eft la multitude des caufes qui influent fur les phé. nomènes méthéorologiques ; on comprend limpoflibilité d’afligner dans ce moment à chacune d’elle fon influence particuliére; Il eft donc évident qu'il feroit trèsutilé de faire les obfervations de météorologie dans les cas les plus fimples , pour réduire les problèmes qu’elles préfentent à réfoudre à leur moindres termes ; alors en comparant ces obfervations avec celles | qui feroient faites dans les cas les plus compolés, on pourroit en tirer des inductions utiles, afin de juger l'aion particuliere.des caufes concouran: tes pour produire les effets obfervés. C'eft dans ce but que jai prié MN Fabbé Mongés de fuivre foigneufement les obfervations météorologiques pendant fon voyage autour dû monde, parce. que les oblervations faites en | pleine mer, feront toujours celles qui feront faites dans les circonftances , ou les caufes concourantes pour produire les phénomènes météorologiques,“ feront les moins nombreules, L F Les mêmes vues me feroient fouhaiter, qu’on fit ces mêmes obfervations: dans un petit pays, où il y auroit le plus de caufes poflibles concourantes fimultanément au partiellement pour faire naître les phénomènes obfervés 2 fur-tout À ri L dons es LÉ » éternelles, des fraifes fur un gazon fleuri; quelques endroits font garantis. Des Sciences Puys. DE Lausanne. 209 fur-tout fi le pays eft difpofé de maniere que la fituation des lieux infue fur les caufes pour les modifier dans leur énergie, les fufpendre dans leur , action , & en faire voir quelques unes opérant plus indépendamment des autres. Il n’y a peut-être point de pays habité par des hommes inftruits, qui remplifle à tous égards autant mes vues que la Suifle, ou même le canton de Berne ; &il n’y en a point peut-être en même temps où il fut plus fa. cile de faire des obfervations météorologiques correfpondantes propres à avancer la météorologie, cette fcience de tous les hommes & fur-tout du cultivateur. On trouve dans ce pays heureux, des villes peuplées à côté des déferts arides & des lieux ou aucun homme n’a refpiré; ici des fabriques immen. fes entaflent les hommes , les animaux & les fources empoifonnées de l’in- feétion de Pair; là les campagnes les plus floriflantes femblent étre des: moyens pour améliorer cet air que nous refpirons ; tantôt on obferve dans: un lieu la culture prefque exclufive d’une feule plante, tantôt on voit. dans un autre canton celle d’une autre plante à laquelle on accorde la même exclufion de toutes les autres. Mais dans quel autre lieu du monde pour- roit-on avoir des ftations pour obferver à tant de hauteurs différentes ,.” depuis le niveau du lac de Genève, jufques aux cimes ifolées & fingulié- rement hautes du St. Bernard & du St. Gothard, où l’on trouve des in£- trumens météorologiques & des obfervateurs inftruits ? Nulle part on ne rencontrera dans le même temps une plus grande oppofition dans les fai-- fons ; dans des lieux.qui fe touchent, on reflent les chaleurs de l'Efpagne & les froids du Pôle; dans le même temps on cueille à côté des neiges def vents du Nord , & n’ont jamais fenti fon foufle glaçant ; d'autres font » à l'abri des vents du Sud, & n’ont pü étre dilatés par fa chaleur; les uns ont des vents directs, les autres des vents réfléchis; ceux qui habitent les » vallées étroites, ne connoiflent que les vents nd HépEUeS ; je finis, car n je ne puis tout dire, mais on pourroit encore avoir des obfervations faites “ dans à couche de l’atmofphère que nos lacs faturent prefque d’éau , & dans Pair fec qui couvre pour lordinairé nos montagnes élevées. ” Une fi grande variété dans les circonftances ou l’on pourroit faire des obfervations météorologiques introduiroit bien des différences dans leur ré. fultat , & feroit bien propre à inftruire fur leur caufe ; je ne doute pas Tome II. D d. 210 MÉMOIRES DE LA $ O € I É T_É que fi l’on combinoïit ces SH crHou avec foin, & fi l’on avoit attention de bien faire connoiître les lieux où. elles feront faites, on ne ‘par- vint à réfoudre une multitude de problèmes qui font toujours info. lubles. Ainfi, par exemple, on pourra remarquer: fi les variations barométri- ques font aufi étendues fur les grandes hauteurs, que dans les plaines qui font baffes ; fi les ofcillations du mercure font aufli brufques. dans les deux cas, fi elles fuivent les mêmes nuances, fi elles font fujettes aux variations, diurnes qu'on pourroit avoir Conftatées; enfin, fi ces différences s’obfer- vent, on verra fi elles fuivent la loi des rene Mais ce n’eft pas tout, on pourra remarquer fi la av des nua- ges influe fur les mouvemens du mercure dans le barométre , fi la fonte. des neiges qui augmente l’évaporation y produit quelqu’effet ; on diftin- guera mieux l'effet des vents & de l'électricité atmofphérique ; ; enfin on pourroit par ce moyen établir pour tous les temps, la vraie regle de la mefure des montagnes avec le baromètre , en eftimant plus exactement dans tous les temps l'impreflion de la HAS fur cet air raréfié, qui net vrai femblablement la même que fur notre air humide, moins rare & chargé de mille exhalaifons. il feroit par exemple bien curieux de favoir ,. qu’elle feroit la marche du baromètre près du Staubach ou de la chüte du Rhin, parce que Patmofphère doit être là finguliérement humide. Je ne veux pas épuifer ici le catalogue des heureux rélultats qu’on pour- roit tirer de ces oblervations, & celui de toutes les chofes qu’on pour- roit obferver ; on comprend combien une obfervation fuivie du thermomè- tre & de l’'hygromètre dans ces vues feroit importante, & combien elle inftruiroit à mille égards fur les queftions les plus difficiles de la météo- rologie. Le C'eft peut-être feulement dans ce pays qu’on pourra réfoudre la queftion de l'influence de la végétation pour améliorer lair , foit en étudiant endio- métricalement l'air, tandis que la végétation eft ‘14 plus forte dans les val. lées, & en répetant ces expériences fe la cime des pics ou la végétation ceffe, & où l’on ne trouve plus que des débris de rochers, ou des neiges qui ne fondent pas ; en fuppofant que les vapeurs mofétiques plus légeres {] que Vair. des plaines ne contribuent pas à gâter par leur élévation l'air qu'on effaye fur les hauteurs , mais alors en faifant fucceflivement les ex. périences endéométriques à diverfes hauteurs, on pourroit déterminer la. 4. ed he noter meme x - le «" pes Sciences Pays. pe LaAusaAnxnez. 211 caufe des changemens par leurs nuances, de même que par des expérien. ces directes propres à caraëtérifer lefpèce d’air gazeux qu’on y trouve, ou la quantité de chacun de ceux qui forment le mélange. Ce feroit une queftion bien curieufe à réfoudre, que celle qui s’intro- duit néceffairement. à préfent dans la météorologie. Les phénomènes mé. téorologiques font-ils en quelque maniere; ou pour quelque chofe les ef: fets de quelque opération naturelle femblable à nos procédés chimiques ? Ou bien ces procédés chimiques n’y ont-ils aucune part ? On pourroit s’inftruire fur ce fujet , en combinant des obfervations météorologiques faites dans des villes où il y a des fabriques, ou près des mines de charbon ,-ou près des eaux thermales hépatiques , avec d’autres: obfervations météorologiques faites dans des lieux où l’on eft éntiérement … à l'abri de ces caufes de corruption , comme fur les parties les plus: élevées des montagnes , & dans les lieux où les hommes & les anis: maux font les moins entaflés ; c’eft encore par des obfervations femblables ) qu’on- pourra peut-être pénétrer les caufes des météores & efquifler leur - hiftoire ; on habite dans les montagnes la patrie des orages ; on peut les ® obferver à leur origine, les fuivre dans leur progrès ,: aflifter à leur fin ; - Ceft donc là feulement qu’on pourra décider fi Ceft avec raifon qu’on foup- çonne que les éclairs & les foudres font de fortes étincelles éledtriques ti- 1 rées par lés nuages qui fe rencontrent , ou.arrachées de leur lieu par la à terre ou les rochers, ou réciproquement fuivant les circonftances : en mon. À tant & en defcendant fouvent les montagnes pendant les orages; on pui- M fera dans ces fources d'inftrudtions des documens pour les connoïtre, on y découvrira peut-être œ qui diftingue les nuages orageux de ceux qui ne le font pas, on verra comment les brouillards paffent à l’état de pluie, de neige ou de gréle , dans quel cas des nuages pacifiques renferment la diffolution dans leurs flancs, ou deviennent oRlles | Ïl ne fera pas moins curieux de favoir la proportion de la pluie avec Pévaporation dans toutes les hauteurs, fi les gouttes de la pluie font aufi ….grofles fur les hautes fommités que dans les plaines , fi la neige fe pré- | fente dans ces deux cas fous les mêmes formes. hi Je m'arrèête...., mais on fent déja combien il fera inftructif de fuivre “ les variations locales : de les comparer avec les circonftances locales, de rechercher les anomalies locales & leurs caufes; quand ces obfervations fe- ront faites dans un pays très. borné? comme la Suifle, & dans des cix- | D d 2 212 MÉMOIRES DE LA SocrÉTéÉ que 13 HV. 61 lots après la calcination des réfidus N°. 6. 7. Ainñ 20 liv. de cette pierre > { contiennent 2 liv. de principés volatils & colorans. 120. Le réfidu calciné N°. 10, ayant été arrofé d'acide A LA puis À féparé de celui-ci par la décantation & édulcoration, ne peloit plus après : cela que 29 lots & demi. Ainfi Pacide vitriolique en avoit diffous 18 lots. & demi, avec lefquels il forma de l'alun, & qui étoient par conféquent wne pure terre argilleufe. 13°. Il ne refta enfin après toutes ces expériences, que 12 liv. 19 lots & demi de réfdu infoluble & quartzeux. 1 psRée ne ki pes SciENCESs PHys DE LAUSANNE. 217 -: ( réfulte donc de tout ce qui vient d’être dit, que 20 livres de la | 3 noire du St. Bernard , contiennent : » De cuivre : l % - Liv. 4 - 26 lots % De matiere. volatile bitumineufe RER de Rat 20h 1 0 | De pur quartz 1 Se tes ; che RD SUIS | De terre argilleufe . : s ; Été files porn Gr En fomme liv. 20 - =. -Si 20 liv. de notre pierre, qui font : du quintal, donnent ces pro: ui; le quintal même, ou 100 liv. docimaftiques , donneront environ: De cuivre . - TOUT SET" 7-10 De matiere volatile bitumineufe TRE Rp TOR De pur quartz : ! | s Miss: 62: 37 De terre argilleufe . ; : - Ann eh 2 - 3T En ste Liv. 100. =: 43. Ces produits peuvent cependant bien & doivent varier, en raifon des proportions plus ou moins confidérables du mélange des parties quartzeu- fes blanches, avec le quartz noir dont celui-ci n’eft prefque jamais entié. rement privé. … Le cuivre eft-il minéralifé, & dans un état pyriteux? Eftil fous forme ‘métalliqhe ou {ous forme de chaux dans notre pierre du St. Bernard ? Voilà des queftions qui fe préfentent naturellement. Il a été dit au com. “mencement de cet écrit, que l’examen le plus fcrupuleux de cette pierre n'a pü y faire découvrir la moindre parcelle de mine ou de cuivre natif enfible aux fens. Si elle contenoit de la mine , on auroit pü le recon- noïître à l'épreuve du chalumeau N°. ÿ, par l'odeur & la couleur de la flamme. Le cuivre fous forme métallique , auroit teint la flamme en verd. D'un autre côté on ne peut pas reconnoïître non plus le cuivre calciforme par le même effai N°. 1. puifqu'il na produit qu’une terre blanchâtre & “non colorée, comme auroit dû l'être, (à ce qu'il paroïit) une terre cuis vreufe. + Cependant fi l'on fait attention que l’on n’a pu obtenir de régule mé Tome II. E e 218 , Mékomio cum fer D #0 AN SDL OISE qe d tallique, que par le mélange intime de notre pierre pulvérifée, avec'un flux réductif, dans les proportions requifes par les docimafiftes, pour la. rédu&tion des métaux, N°. 3 & 4 (c). On fera porté à croire que le cuivre ne fe trouve dans le compofé quartzeux & ftéatiteux, qui forme la pierre du St. Bernard, que fous forme de chaux; celle-ci fe trouve fans doute fi fort difléminée entre les parties de ce compolé, qu’elle de- vient infenfible aux fens. Si: l’on mêle & triture bien exactement enfem- ble, une ou deux parties de précipité verd ou bleu de cuivre, avec cinq ou fix parties de craye ou d’argille blanche, on aura une terre qui ne fera ni entiérement blanche, ni verte, ni bleue; mais qui fera grife ou d’un blanc fale. oo (c) Ileft toujours avantageux , même dans les effais au chalumeau, de faire ufage pour les réductions d’un flux réductif , plutôt que d’un fimple flux fondant., tel que le borax fur un fup- port de charbon, comme le confeille Ar. Bergmann ; parce que le charbon qui doit fournir le phlogiftique à la chaux métallique, n’agit que fur la fuperficie de la maffe de celle-ci, & fe con- vertit communément en cendres, avant que la réduction foit achevée, pour peu que celle-ci foit difficile à obtenir , & que l'opération doive durer un peu long-temps; dans l’emploi des Aux réduc- tifs au contraire, les points de contact entre la terre métallique & les flux, fe trouvent fort multipliés, & par conféquent la fonte & la réduction fort accélérées. : : k | pes Sciences .Puys. DE LAUSANNE. 219 a ——— #59, NOUVELLE MÉTHODE D'obtenir Pacide phofphorique des os, plus pur que par les procédés ordinaires. Ps RM MESIE XX C'H AO UPE-"RE ET Par Mr Le PrRorgessæunr STRUVE. Remife le 20 Décembre 1785. DA difficulté d’obtenir l'acide phofphorique pur & à peu de frais, a jufques ici empêché les chimiftes de s'occuper de fes rapports ; & nous a par là privé de nombre de découvertes intéreffantes. Indiquer aux phyficiens & aux chimiftes les moyens d’obtenir pure & à peu de frais, une fubftance qui joue un fi grand rôle dans la nature & dont les rapports ont à peine été entrevus , doit fans doute les intérefler, & ne peut que contribuer à éten- dre les limites de la chimie. Les méthodes de Mrs. Scheele , Gatin & Niklas de retirer l'acide phof. phorique des os, paroifloient promettre ces avantages; mais on a bientôt reconnu qu'il fe trouvoit chargé d’une grande quantité de terre , quantité qui eft même beaucoup plus confidérable qu’on ne le penfe, car il n’y a qu'une petite portion de cet acide que le charbon puifle volatilifer; auf, mélé avec les charbons obtient-on peu de phofphore, & il refte un verre dur, peu ou point difloluble, enfin une vraie combinaifon vitriforme de terre & d'acide vitriolique, de maniere qu'on ne peut confidérer l'acide Ben 220 MémMorres DE LA SociéTé phofphorique tiré des os, que comme un fel phofphorique terreux avec excès d’acide. Aucun chimifte, quenous fachions, n’a indiqué des moyens pour purifier cet acide que M. Wiegleb. Il fe propofe pour cet effet de faturer avec de lal- cali volatil la liqueur. qui, dans l'extraction de l'acide phofphorique des os, furnage la félénite, pour en féparer la terre, de diftiller enfüite la li- queur pour en dégager l’alcali volatil & obtenir une acide phofphorique pur , mais ce procédé quelque fondé qu’il paroifle en: théorie, ct infuf fifant. Nous ne difconvenons - cependant pas qu’on obtienne par là un acide moins chargé de terre, & ce chimifte aura toujours droit à notre recon- noiflance, car sil n'a pas complettement reufli dans le but qu’il fe pro- pofoit, du moins il a avancé d’un pas vers ce but. Pour voir les indications qu'exigent la-purification de cet acide ,. & ju- ger du degré de pureté auquel on parvient par le moyen de M. Wie. gleb, il nous'importe d'examiner foigneufement la nature de la liqueur qui furnage la félénite dans. l’extradion de l'acide phofphorique des os. Si on diflout les os felon le procédé de M. Scheele dans l'acide nitreux & qu'on précipite cette diflolution avec, de lacide- vitriolique, ou fi on traite directement les os ayec ce dernier acide felon le procédé de Miklas, Yacide vitriolique fe combine avec la terre des os , & forme un fel peu difloluble qui refte en majeure partie fous la forme d’un précipité, mais il en. refte toujours une grande quantité dans le liquide qui furnage, qui y refte difloute à la faveur de Pacide, car la félénite & la félénite offeufe ont la propriété de fe diffoudre en grande quantité dans l’eau , dès que . ‘cette’eau eft acide & en d'autant plus grande quantité que l'eau eft plus” acide. j En évaporant la liqueur jufqu’à confiftance d’huile , il s’en fépare, il eft vrai, une quantité confidérable, mais malgré cela la liqueur conferve en dif. M folution‘autant de félénite qu'elle en peut difloudre, quantité qui n’eft pas petite dans un acide un peu concentré, & fur -tout dans l'acide phof phorique. Voyons ce qui arrive en faturant la liqueur d’alcali volatil; Facide pho£ phorique de la liqueur, & l'acide vitriolique de la félénite D 'ET à Pal cali volatil & la terre fe précipite, mais la précipitation n’eft pas à beau- coup près complette, parce que l’alcali volatil ne décompofe pas com- pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. ‘SD: plettement la félénite & fur-tout la félénite offeufe, qu'on ne doit pas con fidérer comme félénite ordinaire, la terre. nt contient différant de Ja terre calcaire. L … Mais ce n’eft pas là le feul inconvénient que préfente cette méthode. - Le fel ammoniac fecret que forme lalcali volatil avec lacide vitriolique de la félénite ne fe décompofant pas entiérement .par la vitrification qu’on fait - fubir à l'acide phofphorique,, à moins qu’elle ne foit longue , ce que les vaies ne permettent pas; l'acide refte fouillé de felammoniac fecret de Glau- - ber, & par conféquent d'acide vitriolique. Pour s’en aflurer , on n'a qu'à faturer cet acide avec un alcali fixe. On fentira une odeur d’alcali volatil » qui deviendra trèsmarquée par la digeftion & en y ajoutant de la diflolu- » tion de terre pefante, il fe formera du fpath. pefant. Nous prévoyons qu'on nous objectera que le fel ammoniac fecret de - Glauber étant volatil, doit fe fublimer dans la .vitrification, & qu’il ne doit point en relter avec. l'acide phofphorique, mais ce fel à la propriété fingu- liere de fe.fondre en matiere comme du verre lorfqu'on l’expofe au feu , & ce n’eft qu'en continuant le feu & en le tenant un certain temps en fonte, qu'il fume & fe volatilife enfin en entier ; car on peut poufler le feu juf qu'à faire rougir cette fubftance vitriforme: lon ne doit donc pas être furpris qu'il puiffe en refter avec l'acide phofphorique , dont la ténacité em- pêche la volatilifation de ce fel ammoniac & de-fon acide. Cette efpèce de verre de fel ammoniac fecret , attire l'humidité de l'air & fe réfout en liqueur trèsacide , qui w’elt autre chofe que de l'acide vi- triolique uni à du fel ammoniac féctet ÿ Nous avons cru. qu'on pourroit dépurer l'acide des os en y verfant de “diflolution de terre pefante, pour féparer l'acide vitriolique de la félé- nite, & en faturant enfuite la liqueur avec de lalcali volatil pour féparer la terre calcaire ou que l’on pourroit féparer [à terre calcaire avec de l'a- side de fucre, après avoir féparé l'acide vitriolique au moyen de la diflolu- tion de terre pefante; mais l'événement ra pas répondu à uotre.attente. La diffolution de terre pefante ne fauroit fervir à dépurer l'acide LA ique de Fat neue qu'il St contenir. se donne : il “à vieil, un Din pet : c’eft une Conti Fa terre -pefante ; @& d'acide phofpho- rique, qui donne au chalumeau avec la plus grande facilité un verre qui devient très-vite clair, & qui fe détache aufli bien du charbon qu'un glo- bule métallique. 292 M£MOIRES-DE LA S-0C1ÉTE Tous ces moyens & plufeurs autres ayant été tous infuffifans, nous avons que le lièvre ordinaire. Un chaffeur à trouvé, parmi plufieurs de cette ef. » pèce, que le plus pefant étoit du poid de treize livres & demi. Le lièvre verficolor a la tète moins allongée & plus ronde que celle du lièvre ordinaire, l'os du frond eft plus arqué, fes joues font un peu plus > larges, fon nez & fes oreilles font plus courtes à proportion. Il a les - pattes des jambes de derriere fenfiblement plus larges que le lièvre ordi- | naire, armées d'ongles longs, courbes & fort aigus, qu'il peut contrac- ? ter & étendre à fon gré (d): quand il fait des fauts, il étend extrême. | ment fes griffes, moyennant quoi il fe foutient fur la furface de la neige » & peut y courir fans craindre d’enfoncer. Cette propriété de fes pieds | fait auf qu’on peut toujours le fuivre à la trace & qu’on le diftingue du . lièvre ordinaire, par l'empreinte de fes pas. {£ Plufieurs auteurs ont parlé du lièvre verficolor ; mais il fant conve- nir que la plupart l'ont confondu avec Le lièvre commun , €3 que fes mœurs font peu connues. Parmi les anciens , Varron dit pofitivement qwil y a trois efpèces de lièvre ; que la premiere eff notre lièvre commun ; que la feconde eff toute blanche € Je trouve dans les Alpes de la Gaule; que la troifieme enfin, eff le lapin (e). Pline parle d'une efpèce de lièvre qui devient toute blanche en hiver ; Ariftote même, dans fon livre fur la couleur, indique le lièvre blanc (f). Parmi les modernes, Gefner en parle d'après Stumpf, € dit, qu'il eff en été brun, comme le lièvre commun ; qu'en hiver il ef tout blanc, qu'il eff plus petit , “qu'il vit [ur les fommets élevés des monta- gues de la Suilfe €ÿ de l'Argueil, © que fa chair ef moins bonne à man- nger (g): Mr. de Buffon Le regarde comme de ln même efpèce que le liè- > vre ordinaire. Erxleben se l'envifage non plus que comme une variété (h). À } … {d) Tleft à préfumer que Mr. Am-Slein veut parier ici de la facilité avec laquelle ce lièvre peut éloigner € rapprocher les doigts de fes pieds; car on fait qu'ils n'ont pas des ongles rctraäi… “bles comme les chats. (e) Vid. Gefner, dequadrupedibus, p :682. (f) Item, p. 683. (g) Ider. (A) Buffon, T. 6. p.259, 260. Syft. regn. anim. p. 328. L'UME 263 MéÉnmorRres DE L:A2SOoCcIETE Enfin , Mrs. Brion, Pennant, Forfter & Pallas, l'ont diflingue comme une efpèce féparée (i). Ce deruier, fur-tout, s’efh attaché à le bien caraétéri- fr, © à déterminer les contrées qu'il habite: fuivant lui, le lepus varia- bilis, frpaîle d'environ un quart de toute fa longueur, le lièvre commun; la tête eff un peu plus grande, mais le crane ©ÿ Le saufeau plus petit, les oreilles beaucoup plus petites 8 plus courtes que la tete; les yeux font plus près du nes © les jambes fout plus courtes. Je pofféde un individu de liè- vre verficolor, qui vient des Alpes du Faucigny, dont les oreilles font plus longues que La téte, €ÿ qui ef un peu plus petit que le lièvre commun: quand à la proportion des jambes, on fuit qu'elle varie dans la même ef- pèce, Juivant l'âge €3 le fexe. Tout ceci prouve donc que le lièvre verf- color eft fujet à varier dans les proportions de fes parties extérieures, com- me Le lièvre commun; fuivant le pays € le climat qu'il habite, €ÿ que par couféquent les caraéfères extérieurs ne peuvent pas fervir pour difhn- guer ces efpèces. Mais ce qui doit nous engager à les féparer; c'eff, 1°. la finguliere propriété du lièvre verficolor , dont le poil, gris en été, devient blanc en hiver; caratfere qui lni eff propre , puifque le lièvre ordinaire qui habite les montagnes ne change pas de couleur. 2°. Parce que les chaffeurs affurent qu'ils ne fe mélent point entr'eux. 3°. Enfin, parce que les mœurs du lièvre verficolor diffèrent en plufieurs points de celles du lièvre ordi- maire, comine on le verra ci-après. Au moyen de fes jambes de derriere, qui font une fois plus longues : que celles de devant, le lièvre verficolor faute très-leftement par-deflus les ‘rochers & traverfe les précipices : en étendant des deux côtés les jambes : de derriere & en les avançant , il fait des fauts d’une hardiefle & d’une ra- pidité étonnante, & il échappe fouvent par-là à fes ennemis, même à loi. feau de proie, sil s'apperçoit à temps de la diretion du vol de l'oifeau, & s'il a une retraite à fa portée. Il éft plus lefte, plus gai, il a un air plus fin que le lièvre commun, & il eft fur-tout moins timide; cette dif férence eft principalement fenfible entre des jeunes lièvres des deux efpèces. Le poil du lièvre verficolor eft plus fin; blanc en hiver, il devient gris en été par la tête, le cou & le dos; les longs poils font alors de couleur | noire fur la plus grande partie de leur longueur depuis la racine, puis ES (i) Nov./fp. quad. Pallas, p, 1. , DES ScteNcEes Puvys. DE LAUSANNE. 69 jaune, pale, & enfin noir tout-à-fait à la pointe; le duvet eft blanc, gri- fâtre, le ventre refte blanc, ainfi qu’une partie des oreilles dont l’extré- … mité eft noire; la queue refte de même blanche avec un peu de noir à la pointe. En général ce lièvre eft fort différent du lièvre ordinaire par la couleur; qui de parfaitement blanche qu’elle eft en hiver, commence à | s’altérer par degrés, au mois d'Avril & de Mai, jufqu’à-ce qu’en automne il reprenne aufli\ par degrés fa robe blanche d'hiver; comme ces change. mens fe font petitfà petit, les montagnards établiffent là-deffus des calculs allez juftes fur le cours des faifons. ‘Il femble que la nature lui aie donné en été ce vêtement grifâtre, tirant fur le brun, ‘afin que fa couleur con- traftant le moins que poflible avec celle des rochers qu'il habite, il puiflé fe dérober plus facilement à la vue de fes ennemis, foit lorfqu'il pâture, foit lorfqu’il fe repofe : aufli lorfqu’il tombe de la neige en été, ce lièvre * fe cache deffous pendant le jour, & pâture pendant Li nuit fous la neige, comme sil craignoit d’être trahi par le contrafte de fa couleur avec celle de la neige. f£ Pour rendre cette defcription du lièvre verficolor plus complette; j'a- - jouterai, d'après Mr. Pallas, &3 daprès les individus que je pofféde, que la queue de cette efpèce eff plus petite € a moins de vertebres que celle du lièvre ordinaire, quelle ef} toute l'année blanche €$ à peine nuancée de quel. ues poils bruns deffus; qu’en hiver cette queue forme une touffe de poils ee €ÿ luineux, €3 que tout l'animal ef} d'une couleur plus blanche que la neige, excepté à l'extrémité des oreilles où il y a un petit bord noir ; que les yeux font rofe, gwen été la couleur eft fur la tête €? vers le mufeau d'un gris rouffatre, qu'elle ef} brune aux oreilles , excepté le côté extérieur “qui refle blanc toute l'année ; la nuque du cou eff gris brua, le dos brun, Les côtés tirent fenfiblement fur le blanc ; le ventre blanc fale on blancha. re, le deffous du cou depuis la bouche jufqw'aux pieds de devant , ef} d'une couleur brune comme le dos, mais un peu plus claire : les pieds € les jam- bes de devant font fur leur partie antérieure d'un gris roux, leur partie poftérieure eft blanche. Quand aux pieds de derriere ils font fouvent blancs neté €3 blanchiffent les premiers. Les jeunes font toujours la bremiere an- “née d'un brun obfcur © couverts d'un poil laineux : ils n'ont jamais la ta- “che blanche au front que l’on obferve au lièvre commun. | AE ETS 270 MÉMOIRES DE LA Soci:ETé 5 Voici les dimenfions du lièvre werficolor, prife fur un individu male } venant des Alpes de Savoye, € repréfenté, (PL VI.) ; Pieds. pouc. ligne Longueur depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de laquene , * ; Tes 7e Hauteur du traiu de devant les jambes étendues ï » = 9 — 11 Hauteur du train de derriere . ) ” . RE ET Tronçon de la queue ; 6 à : L OPERA Tee ui 3e Longueur des oreilles … . , ‘ ' ë . — 4 — 8 Longueur de la téte. : ê : ; . 4e 6 Longueur du corps depuis l'origine de la queue à elle du cou . ; ; à n LIST ATARI Le tour du corps pris devant les ules de RUN Pre PRE RU. 1e Le tour du corps pris derriere les jambes de devant ce el Ne Les jambes de derrière Jont plus longues que la moitic du corps , ce qui eff ei caratfère commun à tous les lièvres, &ÿ qui a eté obfervé par M. Barrington. :’4 Le lièvre verficolor habite des contrées montueufes & défertes, on il ny _a niarbres, ni atbriffeaux: sil eft forcé quelquefois lorfqw'il eft pourfuivi par fes ennèmis, où lorfque les neiïgès font en trop grandé quantité de def. « cendre dans la région des bois, il la quitte auflitôt pour remonter à fon w habitation chérie, ou il trouve fuffifamment à pâturer dès que là neige a été diffipée par les vents. Quand de fortes poullieres de neige l'empéchent M de faire dés courfes pour chercher fa nourriture, il fe contente de racines , d'herbes féches & vertés qu’il découvre en écaïtant & creufant la neige avec! fes ongles, & auffi long-temps que la neige n'a pas une grande profondeur , il fe tient deflous & paît l'herbe; nourriture qu'il préfère à tout autre. S'il n'eft pas inquieté, il pâture la nuit, & dort le jour, la plupart du temps les yeux ouverts. Il couche ordinairement derrière Une pièrre où ün pe-W tit tas d'herbes ; quelquefois, quand il fait beau, il fe met deflus. Lorfquit M a été inquiété & épouvanté, il fe repole bien pendant quelques jours, ju£M f qu'à ce qu'il foit remis de fa frayeur, il fe cache alors fous des pierres , à dans des recoins de rochers & de cavernes. En hiver , il aime à coucher pres Sciences PHvys. pe LAusANNe#. 271 ur la neige & en été fur des gazons verds ; il ne cherche point à fe met- tre à l'abri de la neige & s'en laiffe quelquefois couvrir de quelques pieds d’épaifleur comme les poules de neige, & il refte ainfi dans cet état jufqu’au troilieme jour que la neige a prit affez de confiftance pour pouvoir le por- ter. En hiver il defcend fouvent auprès des meules de foin, fur-tout vers le temps que les montagnards conduifent le fourrage chez eux , il fe loge alors auprès des granges afin de pouvoir ramafler celui qui eft répandu » fur le chemin, & il fe gîte toujours fur le devant de la grange , afin de » pouvoir fe fauver au cas qu'il apperçut venir quelqu'un. Si deux lièvres vivent de compagnie, comme cela arrive fouvent, ils | “e giteront l’un fur le devant de la grange & lautre fur le derrière , fans » doute pour plus de füreté; des chaffeurs ont vu avec étonnement celui des I deux lièvres qui s'étoit le premier apperçu de quelque bruit , faire la ronde » pour réveiller l'autre & enfuite fuir enfemble. Quand ils peuvent entrer dans » un endroit où il y a du foin, ils y font beaucoup de dégat, non-feule. ment par les vuides qu'ils forment dans le foin en choïfiffant le meilleur, mais encore parce qu’ils le faliffent en le couvrant de leur fiente, aufñfi ils * n'y reftent jamais plus d’un jour. Au commencement de l'été, quand l’herbe des montagnes peu élevées eft encore tendre, ils ont coutume de s’y giîter pendant le jour , fans cela, “quand ils ont abondance de nourriture & que le temps le permet, ils préférent même au cœur de l’hiver les hautes montagnes que FPon doit re. “garder comme leur véritable patrie & leur féjour favori, & ils ne font des “coùrfes dans les montagnes inférieures que lorfque la néceflité les y oblige. Les différentes efpèces de treffles qu’ils trouvent fur les Alpes & dont ils ongent les feuilles jufqwà l'entrée de l'hiver, font leur nourriture la plus délicieufe , ils aiment encore la suttelina & lachillen mofhata , la violn cal- Carata , le taraxacum , l'écorce du falix alpina & de l’arbrifleau de Daph- is: en hiver ils fe contentent, dans les befoins preffans, de toutes fortes d'herbes groflieres, à l'exception du napel & du veratrum album: on ne en pas affurer s'ils boivent de l’eau; comme ils ne ÉRET jamais que coutument peu à peu au lit, mais difficilement à l’eau; auf Née “Qu'on leur donne de la verdure , ils s’abftiennent abfolument de l’eau; ils mangent aufli du jardinage, de la poirée, des choux, des fruits, du cu- °72 MÉMOIRES DÆI:LA.SOCIETÉ min fauvage, de l'heracleum fpondilium & même du pain & de la pätifle rie, mais ils ne fe trouvent jamais aufli bien que dans les montagnes ou ils jouiffent de la liberté & d'un air fraix. k, L'amour de la liberté eft fi grand chez cet animal, qu’on ne peut M jamais bien l'apprivoifer. Je connois l'exemple d'un lièvre verficolor; qui, « bien foigné & bien nourri dans une maifon ou il étoit prefque depuis les | premiers jours de fa naiffance , faifit cependant en hiver une occafion fa- « vorable de s'échapper, on fuivit fes traces qu’on trouva toujours jufqu'au M fommet de la montagne; un autre individu de cette efpèce vivoit dans une chambre avec des hommes , il s’accoutumoit peu à peu à toutes for. M tes de nourriture excepté de la viande , il étoit même aflez familier pour « prendre de la main ce qu’on lui préfentoit , fur-tout du pain aux poires M mélé de noix, mais quoiqu'il parut bien apprivoilé le foir , le lendemain M matin il étoit aufli fauvage qu'auparavant; le jour il dormoit peu comme M ils ont coutume de le faire dans leur état de liberté. + 0 Les chaleurs donnent comme un moyen de diftinguer leur fexe , que le male dort la tête levée en lappuyant fur fes oreilles, tandis que la fe. qu melle pofe la tête fur fes jambes en repliant fes oreilles fur le cou ; fans 41 cela le fexe eft très-difficile à diftinguer, à moins qu’on ne les anatomife, M c’eft ce qui a donné lieu à cette fable qu’il y a, dans cette efpèce des in-M dividus hermaphrodites. Ils s’'accouplent pour la premicre fois de l'année au mois de Février, & font leurs petits au mois d'Avril & de Mai , ils new les nourriflent pas long-temps , les abandonnent bientôt & les oublient M tout-à-fait : ils s’accouplent enfuite de nouveau , & font leurs petits au mois de Juillet & d’Août. Des chaffeurs aflurent avoir tiré de ces jeunes lièvres" qui n'avoient pas le quart de la grandeur ordinaire des lièvres faits. Len nombre des petits qu’ils font à chaque portée va de 2 à $. Un mäle & une femelle pris & élevé dans la domefticité ne s’accouplent jamais, fuffent-.M ils une année entière enfemble. Les pétits ne naïflent pas plus grand qu'une fouris ordinaire , cependant ils font en peu de jours en état de fautillerm après leur mere & de chercher leur nourriture dans l'herbe la plus ten. UE dre : auffi la mere les abandonne au bout de trois femaines. Ils croîle pi. affez vite & ne pourroient pas fe foutenir long-temps avec le lait feul , les” (* mammelles de la mere étant extrémement petites. & cachées entre la peauw du bas ventre; elles confiftent en plufeurs boutons rangés fur deux lignes langues de près d’un demi pied & diftantes de deux pouces. On ne voit ces ! boutons. pes Scrence's PHys. DE LAUSANNE. 273 boutons que pendant le temps qu’elles nourriflent, & il eft étonnant que - les petits puiflent les trouver les premiers jours. Comme cette efpèce de lièvre eft pourfuivie & détruite par les oifeaux de proie, les vieux ont grand foin de cacher leurs petits derrière & entre les rochers, & quand ils pâturent, dans l’herbe la plus épaifle , auffi long-temps qu'ils ont befoin de leurs fecours ; dans la fuite les jeunes fe fervent de ces retraites d’eux- mêmes. La couleur de leur poil qui eft toujours analogue à la faifon de- puis leur naiffance , contribue aufli beaucoup à leur füreté. On peut connoître l’âge de cette efpèce de lièvre aux dents; ils en font déja pourvus à leur naiffance, elles croiflent avec eux & ne tombent ja- mais à moins de quelque accident ; les jeunes ont les dents mollaires fai- nes & de couleur blanchâtre, cette couleur fe perd à mefure qu'ils avan- cent en âge, jufqu’à ce qu’elles deviennent tout-à-fait noires, alors elles “s'ufent, fe racourcifflent & deviennent plus larges: leurs dents de devant fe rembruniflent aufli avec l’âge, quoiqu’elles reftent toujours extrémement ‘aigues ; l’âge rend aufli leur poil plus épais & plus fourrés & on leur voit des mouftaches comme aux marmottes. Ces animaux font entourés d’ennemis ; parmi les quadrupèdes ; le renard , la belette les pourfuivent ; la fouine les attaque quand ils font jeunes ; parmi les oifeaux de proie , le vautour , le corbeau & plu- fieurs autres leur font la guerre , Vhomme enfin le chafle continuel- lement. Environné de dangers, ce lièvre a l'inftinét de ne jamais trop séloigner d'une contrée où il connoit fes retraites, nayant pas d’autre dé- fenfe que celle de courir fe cacher, & il le fait fi preftement, qu’elle le met fouvent à l'abri de la pourfuite des chiens; aufi on choifit ordinaire- ment le printemps ou l'automne pour le chafler , & cette chafle fe fait de cette maniere. Auflitôt qu’il tombe de la neige, on fuit la trace du lièvre » jufqu'à fon gîte ou il dort & on peut alors le tirer à fon aife. Mais on doit obferver, qu’il ne faut jamais chercher ce lièvre à la même place ow »on à obfervé qu’il a pâturé la veille, car comme ces endroits (au haut de » la montagne ) font fort fréquentés par les oifeaux de proie, il ne fe Mrepole jamais pendant le jour au même lieu où il a pâturé, enforte qu’il faut fuivre fa trace fur la neige: cette trace ne va jamais en ligne droite vers fon gite , mais par des détours multipliés. Lorfqu’on voit qu’elle » décrit une ligne combe & qu’on y remarque des rétrogradations , om reconnoit la fatigue du lièvre & fon envie de fe repofer; quand alors elle Tome II. M m 274 M #0 or R Es DEL AP#SNONCIIENT É forme un cercle, on eft für que le gite n’eft pas loin & on n’a qu’à faire le tour des rochers & des petites colines des environs où l’on trouvera l'a- "M nimal fur la neige, couché fur le ventre, les jambes de devant étendues & dormant tranquillement les yeux ouverts, à moins que le vent ne fouflle bien fort, dans ce cas il s’enfonce dans la neige ou fe cache fous des pier- res & dans des trous. S'il arrive que cet animal s'éveille , on le reconnoit d'abord au tremblement de fes oreilles, alors on doit prendre fes précau- tions pour tirer promptement fon coup. Au refte ce lièvre fe laiffe fur prendre facilement, une couple de chafleurs aflociés en tuent quelquefois quatre ou cinq dans un jour ; lors même que le chaffeur manque, äl ne fuit pas loin de là & va fe cacher derrière une pierre, en forte qu’on peut tirer une feconde fois de fuite. Il femble fi fort accoutumé au fracas que la chüte des rochers & les avalanches produifent fouvent dans ces montagnes, que le bruit du fufl ne l’épouvañte pas. On n'en trouve ja- mais plus d’un dans le même gite, pas même dans la faifon du rut. Si on” tire fur un lièvre dans un diftrié&t où il y en a plufñeurs, les autres ne bou- gent pas, de façon qu’on peut aufli les furprendre au gite; on réuflit même M quelquefois à les prendre lorfqu'ils ne peuvent pas s’enfoncer profon- dément dans des trous qu’ils n’ont pas creufé eux-mêmes , cependant ils - fe gliffent facilement dans des trous fort étroits: en les prenant de cette manière, on les tue avec le couteau de chaffe, ou en leur donnant des | coups fur la nuque. Quand ils font en angoifle , ils pouflent des cris fem blabies à ceux d’un enfant & en même temps ils frappent contre terre avec leurs pieds de devant. À Ontre la chair du lièvre verficolor qui a beaucoup de goût, quoique plufieurs ‘perfonnes préférent celle du lièvre ordinaire ; la peau de ce lièvre | peut fervir aux pelletiers fi elle eft bien préparée avec du fel, de la cen« dre ou de lalun:;.on l’étend enfuite fur le foin pour la faire fécher & on’ la frotte jufau’à ce qu’elle devienne fouple. Le poil de cet animal eft très eftimé par les chapeliers & il ne le cède pas beaucoup pour la finefle à" celui du caftor. La fuperftition & le préjugé qui influent partout fur l’opi- Abe du peuple , font caufe de l’idée où l’on eft, que les tefticules de ce quadrupède, broyés & -mélés avec-du fel, excitent les vaches au coit 8 font pondre les poules ; on prétend même que les os enterrés danstles jardins chaffent les chenilles , on attribue la même puiflance au lièvre commun, A pEs Sciences Pays. DE LAUSANNE. 27$ ££ Quant au gout de la chair de cette efpèce , je remarquerai qu'il varie fuivant les lieux qu'ils habitent, comme dans le lièvre ordinaire. L'odeur des cavités inguinales de ce lièvre eff fuivant M. Pullaz, celle du bouc (4). | O1 obferve en Sibérie & en Rue , que les lièvres verficolors vien. nent en hiver des montognes € demeurent dans les bois feptentrionaux © les plaines , mais au printems ils retournent dans les montagnes (1). Le man que de nourriture eff fans doute la caufe de ces migrations. Cette efbèce de lièvre fe trouve dans les montagues des Grifons, ainfi que dans celles de lx Suiffe € de la Savoye €$ au pied de tous les glaciers. On le trouve dans toute la Scandinavie, dans la Laponie € la Finlande, dans «toute la Rufie € la Sibérie feptentrionale, ils sy nourriffeut de faules runs qu'ils » trouvent abondamment. Ils font auffi fort communs dans les monta. gnes de l'Ecoffe & en Livonie. La Ruflie quoiqwelle foit prefque en plaine . © Jans aucune montagne remarquable depuis les Alpes de la Laponie, jufe «qu'au Caucafe, € depuis les foréts de la Lithuanie, jufou'aux Mont Urals, nourrit cependant du lièvre verficolor ; de méme que toute la Sibérie, juf- qu'an cercle Polaire €$ au Kamschatka (wmv). On voit que cette efpèce ef} . encore plus commune que celle de notre lièvre ordinaire. Dans les déferts de la Ruffie méridionale, vers les So de latitude, le liè- ore verficolor devient béaucoup plus rare, €ÿ on y trouve en grande abon- dance une vorièté qui ne blauchit qu'en partie en hiver, principalement fur les côtés. Elle porte le nom de Ruflac, sais becucoup plus rarement, ©& on en trouve à peine en Sibérie. Le ruffac eff plus grand que le lièvre verficolor ordinaire, € en hiver il conferve le deffus du mufeau d'un gris pale, le diffus de la tête, la nuque € le rilieu du dos, confervent leur couleur grife d'été, feulement l'extre- mité des poils eff blanche, il y a un large bord, noir à l'extrémité des oreil- les, elles font grifes dans la partie qui parcit nue quand l'animal eff tran. quille, le refle eff blanc ainfi que toutes les autres parties du corps. Quant aux autres proportions des oreilles € des extrémités , elles fout moyennes entre (k) Nov. fp. quad. pag. 15. (1) Idem. (1) Pallas Nov. fp. quad. pag. 4, ; M m 2 276 Mémo TR ES: pe LL 'ANMS-OMcuILE FT LÉ celles du lièvre commun € du verficolor ; la queue eff plus longue dans le ruf- fac que dans celui-ci & elle ef} noire deffus (n). Cormme le ruffac femble être un animal mitoyen entre le lièvre ordinaire €$ le verficolor, M. Pallaz foupçonne qu'il pourroit biex provenir du mélange de ces deux efpèces ; mais alors ce ne feroient pas des efpèces différentes, à moins que ces aulets ne fuffent inféconds; mais ce qui me fait douter de cette ori- gine, Cèff que nous ne trouvons pas dans les Alpes le ruffac , ou cependant les deux efpèces de lièvres devroient fe méler ; ainfi j'aime mieux le regar- der comme nue variété du verficolor, dépendante du climat & de la canfe qui fait blanchir cet animal en biver; caufe jufqw'à préfent inconnue , €$ qui offre ur phénomène de zoologie bien intéreffant. | Le lièvre noir, ef} une autre varièté du lièvre verficolor , elle eff plus rare €? fe trouve eu Rulfie & en Sibérie. On en conferve un individu male dans le mufeum de Peterfbourg. Cet individu a été trouvé en hiver , il eff plus grand que le lièvre verficolor , mais Les oreilles font un peu plus peti- tes. Le poil d'hiver eff fur tout le corps d'un noir luifant avec une teinte de brun ou de roux ; la tête très-noire , mais à chaque joue, un petit faiffeaux de poils blancs ; le duvet eft d'un blanc brunûtre. Il y a du blanc fur le bord extérieur des oreilles, vers leur bafe € Jur le snilieu du bord inté- rieur, l'extrémité des oreilles a un petit bouquet de poil très-noir. Il y a auîfi quelques poils blancs mélés fur les côtés du corps ; la plante des pieds ef? cou- verte d'un poil crépu , gris cendré (Co). On ne connoit pas fa couleur d'été. oo (n) Idem, pag. 5. (o) Palla, Nov. fp. quad. loc. cit. DE Terme Un re RS pes Screxces.Pnys. DE Lausanxe. 27: M É M OIRE 1 la maniere de procurer la falubrité aux F tlles È par le pavement © nettoyement des rues. ) RatrR oeM ue tr Ateenté NL'E SPA VEN ONMIEMOMN: | ne mm Remis le 23 Novembre 1786, ‘1 objets les plus utiles font fouvent les plus négligés; & aux yeux de ceux qui aiment le bien public, ne doit-il pas paroïtre étonnant que ce qui concerne la manitre de paver & de nettoyer les rues des grandes vil. les ait eté fi longtemps oublié. Les Romains, c’eft-à-dire, le peuple le plus célèbre qui ait jamais exifté, prit bientôt cet objet en confdération, & porta cet art, car c'en eft un, au plus haut point de grandeur & de ma- gnificence qu'il foit pollitle d'atteindre. Strabon dit que la magnificence omptueufes, & les dépenfes incroyables qu’on y a employées, furpaifent out ce qui fut jamais entrepris de grand dans tout le refte de la terre Ça). Ce que confirme Denis d'Halicarnaffe , après avoir vécu vingt ans dans cette capitale du monde fous l'Empire d’Augufte. Long-temps avant cette brillante époque, Rome qui, dans fon origine, avoit été plutot l’image d'une ville qu'une ville même, felon l'expreflion de Florus (b), du temps de Pirrhus, étoit fi belle, que les ambafladeurs ce Roi lui dirent que Rome leur avoit paru comme un Temple (c). (a) Strabon, Geogr. lib. 5. Cb}) Florus, lib. 1. cap. 1. (c) Ibid, lib. x, cap. 18. 278 MER NO TRES DE IL 'ANMS OGAoX E TE “Mais quelque magnificence que Céfar Augufte eût mis dans tous les ouvrac ges publics, elle napprocha point de celle qu'on y vit éclater fous les regnes de Néron, de Trajan & d’Adrien. Les rues, les places publiques & les édifices acquirent une beauté & une perfe“tion étonnante. Comme il m’arrive prefque jamais que ceux qui portent un ouvrage à fa perfection :en aient été les inventeurs, c’eft à d’autres nations que le peu- ple, dominateur de l'Univers, dut cette utile idée. Selon Ifidore, les Car: thaginois ont été les premiers qui ont pavé leur Ville de pierre. Primum pœni dicuntur lapidibus vias shavifje ( d). Les habitans de la Barbarie Tin. gitane ou Céfarée, voifins des Carthaginois, fuivirent leur exemple; & les Romains, à limitation des uns & des autres, paverent les rues de leurs Villes: Pavimenta credo primum faëla, quæ nunc vocamus Barbarica, cm (e). Ceft lan 442 de la fondation de Rome, & 188 ans après l’expulLM fion des Rois, que Claudius Appius , furnommé l'aveugle, introduifit 1èM premier la pratique de paver; & c’eft à lui qu’on fut redevable de Pavan-M tage de voir la rue & la voie Appienne payées; celle-ci s’étendoit cepen. dant. de Rome jufqu'à Capoue r f ). Cette voie a été la premiere & la plus# excellente de toutes felon Papinius Statius: Appia longarum teritur Regina viarums; & Onuphrius Panuinus l'appelle omrinm maximam € lamdatifi-4 nain. La rue @& la voie Aurelienne furent faites Pan $12 de la fondation de Rome par Caïus Aurelius Cotta (2). La rue & la voie Flamienne furents conftruites vingtun ans après, voyez Cafliodore. En un mot, tout ce qu'ils y eut de plus diftingué dans Rome fit faire de nouvelles rues & de no veaux chemins , auxquels le peuple Roi donna le nom; & fouvent en leu honneur il éleva des arcs de triomphe. Auf comptoit-on à Rome jufques! à 422 rues communes & 31 rucs principales, felon Guido Pancirobus (h . qui aboutifloient à autant de portes lelauelles communiquoient à des grands® _chémins pavés, & où rien n’étoit épargné de ce qui pouvoit contribue à la commodité des citoyens & des étrangers, du moins à en juger pal les travaux immenfes , les dépenfes prodigieufes & la magnificence éclas tante qu'on y admiroit. | (d) Ibid. Origin. liv. 14. chap. dern. (e) Plin. lib. 36 Nat. Hiff. cap. 25. 3 (f) Jul. Front. Lib. x. de aque duef. ; ‘y (g) Car. Sigon. Lib. 2. de An'iqg. jure Îtal. cap. ult. FH , \ : ‘4 (4) Antiguitatum deperditarum. Lib. 1. cap. de vüs militaribus. Guid. Pancit. €ÿ Bergitr. DES. SCIENCES Pays. DE LAUSANNE. 279 Ces rues étoient les commencemens des grands chemins de l'Empire , qui s’étendoient depuis les extrémitès occidentales de l'Europe & de l'Afrique jufques dans l’Afie mineure, lefquels étoient de 15:à 16 cent lieues. Auf, combien de lésions, qu’elle multitude de nations vaincues ; combien de tréfors ne furent pas employés à cet objet? On lit (7) que Salomon em- iploya plus de cent cinquante trois mille fix cents hommes à la confiruc- ‘tion du Temple de Jérufalem. Et Piine affure que trois cents mille hom. mes furent employés pendant l’efpace de vingt ans .à éléver la plus grande .d5s pyraxides d'Egypte. Eh bien , le nombre d'hommes qui concoururent à former ces tues de Rome, terminées par les grands chemins de l'Empire dont nous avons parlé , eft au-deflus de toute exprefion, puifque tous les - aäbitans de cette vafte domination, depuis les parties occidentales ‘de V’E£ pagne & de Mauritanie, jufques aux régions occidentales C'Affyrie & üès Medes , .& depuis les terres ni cntnnles de la Grande Bretagne, des Gaü- les, de la Hongrie & de la Scythie, jufques aux contrées Hiéndionales des . Arabes, des Egyptiens & des Garamantes, ont fervi à cette magnifique eñ- | treprile: Au milieu de Rome méme étoit planté le ÆZilliarinm Aureum ; & M c'eft de là, comme d’un centre, que partoient trente rues fuperbes qui s'é- tendoient jufqu'aux extrémités de l’Empire, c’eft-a-dire, du monde connu qui receyoient, avec la plus grande célérité, les ordres de cette domina- *trice des nations. D Doit-on après cela s'étonner de tout ce que difent les Auteurs anciens “de cette capitale du Monde? Denis d'Halicarnafle affure (4) que l'Empire "Romain a laiflé bien loin derrière lui tous ceux dont la mémoire eft par- venue jufqu’à nous. Pline, en parlant des ouvrages publics, dit: Ad urbis “aofire rmiracula tranfire convenit, €ÿ fic quoque terrarum orbem victum of. Vtendere (1). CaMiodore, après avoir fait mention des fept merveilles du monde dont les Grecs nous ont conferyé le fouvenir, telles que le Temple Ephèfe, confacré à Diane, le tombeau de Maufole, Roi de Carie, le Co- loffe de Rhodes, la ftatue de Jupiter Olympien , les pyramides d'Egypte, les murs de Babylonne , le palais de Cyrus, nous fait part de fon admira. " i) 3. Reg. cap. 5. € 2. Paral. cap. 2. (ke) Antiquitat. Rom. lib. 1. (1) Lib, 36. Nat. Hiff. cap. 15. en 280 Mééim o x R Es D'EeL'A1S o cr ÉTÉ tion en ces termes. Habuerunt houores feptem illa fabricarum miracula, qui& p praecefferunt tempore..... Nunc autem poffet effe veridicurs, fi univerfa Roma. dicatur elfe miraculum. Quelques magnifiques que fuffent les temples, les théâtres, les amphi. théâtres , les bains , les colonnes, les obélifques dont la grandeur , l'éclat, la beauté frappoient tous les regards, C’eft avec raifon que Strabon s'étonne de la magnificence qu’on remarquoit dans ces rues & chemins, dans fes cloaques conftruits pour entretenir la propreté des rues, & dans les aque- ducs, ouvrages admirables négligés cependant par les Grecs, auteurs de M tant d’inventions excellentes & à jamais mémorable. Denis d'Alicarnalfe ‘208 auffi dit la même chofe. 1x tribus magnificentiffimis operibus Roma , € è guibus maximè apparent illius Imperii opes, pono aquæe duêfus , viarum mu- eu nitiones 3 cloacarum ffrutéuras. On ne doit donc pas être furpris que ce qui regarde les obiets que nous M appellons à préfent la Voirie, ait toujours été regardé comme très-impor- tant. Les Lacédémoniens déféroient ce foin à leurs Rois (#71); depuis que” Epaminondas eut été élu à cette place, elle ne fut donnée qu'aux premiers citoyens de Thébes (4). Chez les Romains, diverfes perfonnes diftinguées partagerent fucceflivement cette efpèce de follicitude ; des Magifirats, desu Cenfeurs , les Confuls & Tribuns du peuple, les Elides, les Quefteurs , enfin, des Voyers dont Les noms fe lifent encore dans plufieurs monu- mens publics. Ils ne dédaignoient point de donner eux-mêmes lentreprife de paver les rues & les chemins par publications & adjudications publi ques. Lorfque l'Empire Romain fut parvenu au plus haut point de fplen« deur qu'il ait jamais acquis , Céfar Augufte fut chargé de cette commiflion 5 Tinc autem ipfe viarum que funt circà Romam Curator confitutus (0) En France, l'adminiftration fupérieure de la grande Voirie appartient aw Roi feul, qui en remet l'exercice à fon grand Voyer (p). En 1635, les Tréforiers de France acquirent l'Office de grand Voyer de Paris, &c..+ Voyez le Truite de la Police du Comntiffaire de la Mare. 1 (m) Herodot. in Erato. Cn) Pctrarcha. Lib. de optima adminiftrat. Reïp. : Co) Dion. lib. 54. (p) Loïifeau, Livre des Scigneuries, chap, 9. pes Scrences Pays. De Lausanne. se L'objet de ce mémoire eft donc non moins important qu'utile. Nous nous propofons d’examiner quelle feroit la maniere la plus fimple, la plus folide, la plus commode & la moins coüteufe de paver & de nettoyer les rues, les quais & les places d’une ville. Il renferme deux parties qui ont entr'elles le plus grand rapport, comme je le ferai voir ci-après, & qui, par cette raifon , n’ont pas dü étre féparées. = —— (| ; PREMIERE PARTIE. SX J E tâcherai de perfetionner l’art de paver en embraffant ce fujet dans toute fon étendue, & fur-tout en établiffant des principes certains qui en foient comme la bafe. Ces divers principes feront fondus dans le corps du mémoire dans les articles refpectifs auxquels ils fe rapportent. Pour réuflir dans ce deflein, je crois qu’il faut difcuter ce qui regarde , 1°. La meil- leure matiere des pavés, 2°. La bafe fur laquelle on doit établir les pa- vés, 3°. La figure particulière de chaque pavé, 4°. L’arrangement des pa- vés entreux, & relativement à l’aire qu’on doit paver. 5°. Enfin, qu'il eft néceffaire de préfenter un tableau général de la meilleure manière de pa- ver. Ceft, je penfe, traiter entiérement de tout ce qui a rapport eflentiel- lément à la matiere & à la forme des pavés. Les confidérations accidentel- les, relatives à cet objet, feront inférées dans ces cinq divifions, pour ne pas trop les multiplier. Jéviterai avec foin laffectation de me fervir fans néceflité des prétendus termes d’art ufités parmi les Artiftes, Ce n’eft point un devis que je fais, mais un Mémoire préfenté à une Société de Savants devant lefquels il faut parler la Jangué des fciences, c’eft-a-dire, celui de la raifon. Il eft temps de profcrire ce jargon ridicule qui long-temps a défiguré nos arts & la “plüpart de nos connoifflances. La Chymie fembloit être la dernière a em- brafler le langage de la raïfon, & on ne compte encore en ‘France qu’un ptit nombre de Chymiftes qui aient parlé françois, pour me fervir de l'ex- pteffion , pleine de fens du Pline de la France. On ne feroit point certai- nement illufion à des Juges éclairés en répétant fouvent les: mots de cani- VEUX, dé contre-camiveaux , de contre-junielles, de mortes ,! &c. &c.…. Tone 1E.» N n 282 MAÉ MAO MHARTE®S: : D'ÆES AUS NON II ÉLTLÉ Ce feroit à leurs yeux, fans doute, plutôt voiler fa foibleffe , en fe cou- vrant d’une ténébreufe oblcurité , que s'envelopper d’un appareil fcientif. que. De plus, je fuis fortement convaincu que. des figures font ici inuti- les, fur-tout quand on emploie une langue qui, par fa clarté , fa. préci- fion & la méthode dont elle eft fufceptible daus les difcuffions, a été fi uni- verfellement répandue , & qui en contféquence a été généralement regar- ée comme la langue des fciences. Employÿer des figures dans un fujet qui “en demande pas néceflairement , c’eft montrer l'embarras où l’on eft de, s'expliquer clairement. Il me fufira donc de donner à mes Lecteurs une idée complette de la chofe, quoique je ne me ferve que de linftrument du langage. EE: on a nee SD 5e 2 a C'H6 PULME RE P'R-EM'TEIR, De la matiere des pavés. L. matiere qu’on peut employer pour les pavés des rues, peu\être ou fadice, ou naturelle. Par art on fabrique des briques: en les poix champ & en épi, femblable au point de Hongrie, on peut former un Ps vé. Tel eft le pavé de Venife; & Cet ainfi qu’étoit pavé l’ancien Tibur à Rome. Mais il faut remarquer que dans toute autre Ville que Venife, le pavé’ de brique m’auroit aucune folidité , à caufe des fréquens charroïs qui le dégraderoient en peu-de temps. Venife n’a pas cet inconvénient à crain- dre, puifqu'étant bâtie fur la mer , le tranfport des marchandifes fe fait par eau, & qu’au lieu de voitures, on y voit que des gondoles. Ainfi, ce n’eft point dans les briques, ni dans toute autre fabrication de ce genre que nous pourrons trouver la matiere meilleure & en même temps la moins coûteufe pour le pavé des rues. C'eft donc aux corps naturels qu’il. faut avoir recours; & comme la rai. fon nous dicte affez que les pierres feules peuvent en cet objet, c’eft à leur examen qu'il eft à propos de s’arrêter. Afin que cette difcuflion foit plus complette, il eft bon de fe rappeller des divifions générales de cette. partie de ‘Voryétologie que les Naiuralifles nomment lith ologie, Pour cet pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 283 effet, on trouvera à la fin de cemémoire un Tableau, méthodique arrangé relativement au fujet préfent. On remarquera que comme il étoit inutile de parler des efpèces, des genres qui font exclus, on a fupprimé les diftribu- tions des genres fecondaires & des efpèces. Les pierres calcaires , dont les principaux genres font les pierres à chaux, le marbre & le fpath, en général n’ont pas affez de dureté, pour étre em. ployés dans le pavement des rues. Le marbre (q), tout dur qu'il et, fe. roit bientôt réduit en poufliere par les roues des voitures ; & en peu de temps on verroit de profondes ornières. J'en dis aufh de ces pfeudo-cailloux dont on fait la chaux en certains pays; étant entiérement calcaires , ils ne peuvent être regardés comme cailloux. C’eft une erreur dans laquelle eft autrefois tombé M. de Reaumur , elle étoit pardonnable de fon temps, mais elle ne le feroit pas de nos jours, depuis que les Bromel , les Lin- næus , les Vallerius, les Wolterfdorf, les Cartheufer, les Jufti, les Cronf- tedt, les Vogel, & tous les Naturaliftes François ont donné des carac- tères vraiment diftinctifs à ces différens ordres des corps qui forment l’objet de la lithaogie, & furtout des fignes certains pour les diftinguer. A plus forte raifon , le fpath n’a-til pas aflez de dureté; d’ailleurs il n’eft jamais aflez abondant pour les pavés d’une Ville. Les pierres gypfeufes, de quelque genre qu’elles foient , font encore moins propres à paver les Villes, puifqu’elles ont beaucoup moins de du- reté que les précédentes, comme il eft évident à tous ceux qui connoif- fent cette efpèce de pierre. Il en eft de même des pierres argilleufes , ap- pellées autrefois refraétaires, & jamais une Perfonne verfée dans la connoif. fance de cette partie de Poryéthologie , ne penfera à employer pour le . pavement des Villes, les asbeftes, les amiantes, les mica , les talcs, les fieatites & les ardoifes. Ce fera dans l’ordre des pierres vitreufes où vitri- ( qg) À Gênes & dans plufeurs villes maritimes d'It:lie, on pave avec des pierres calccires. & même avec du marbre : ces pavés font de différentes figures irregulieres & unis à joints incer tains , entre lefquels on met du fable & quelquefois du mortier. Heliogabale fic Paver plufieurs places de Rome, [il les appella Antoniniennes, du nom d’Antoninus qu'il avoit prisau com- méencement de fon règne ] non avec du marbre commun d'Italie, mais avec un fuperbe marbre } vert qu’il fic venir de Lacedémone. Il y employa auffi du porphyre. Stravit € faxis Läcedemo- mäs ac porphyreticis plateas in Palatio, quas Antoninias vocavit: que faxa ufque ad nofrrame memoriam, manferunt. CLamprid. in Heliogab. Plin. Hifi. Nat. lib. 36. cap. 6.] La voie dæ - Domitien étoit couverte en partie de grands carreaux de marbre. Nn 2 Me] ns el ne à 284 MÉMOIRES DE LA SocrETÉ fiables qu’elle ira chercher la matiere des pavés ; elle y trouvera parmi les matieres qui font abondantes & qui ont de la dureté , deux qualités nécefaires pour que le pavement foit folide & peu difpendieux ; elle y trou- vera, dis-je, des grès, des filex & des quarts. Ces trois genres de pier- res vitrifiables ont une grande dureté, & frappées avec le briquet , elles font jaillir de leur fein des étincelles. Si on les compare avec tous les au- tres genres de pierres des trois premieres feétions , on verra au premier coup- d'œil la différence énorme qu'il y a entre le degré de dureté des pierres vitrifiables, Qu'on eflaie, avec un inftrument de fer le plus folide, d’en- tamer leur fubftance par le frottement , on n’en viendra pas à bout dans les filex & les quarts, mais feulement dans le grès, ce qui prouve que parmi le choix éclairé que nous cherchons à faire , il faut répudier le grès, quand il eft poflible d'avoir du filex & du quarts. On peut ici établir gé. néralement, que le filex étant moins abondant que le quarts, ce dernier doit être préféré. L'ordre des gravités fpécifiques fe trouve ici d’accord avec le degré de bonté ( quoique ce ne foit pas une regle) car le Crest, RSR TERRE EtIGÉ OC ; SIREN MERE EDG TE < Quarts AN MERS SD Me Re EG Cet examen analytique nous ayant fucceflivement conduit à regarder les quarts, comme la meilleure matiere qu'on puifle employer à paver une. Ville, nous pourrons enfuite établir fynthétiquement, que cette matiere doit être préférée à toutes les autres, fur-tout lorfqu’elle eft trèsabondante , & nullement difpendieufe. Mais indépendamment des raifons que j'ai apportées pour engager à pré: férer le filex & le quarts à tous les autres genres de pierres connues, & même au grès, je dirai que le filex & le quarts font les feules pierres propres à paver qui ne s’imbibent point d’eau. Voici des expériences déci- lives qui le prouveront. J'ai laiffé tremper dans l’eau pendant huit jours des » morceaux de pierres calcaires, de marbres, de gypfe, d’ardoifes, de grès, de filex & de quarts; toutes, excepté les deux dernieres, ont abforbé une partie notable de l’eau dans laquelle elles avoient féjourné, comme je Vai connu en comparant le poids qu’elles avoient avant leur immerfion dans Veau , avec celui qu’elles avoient après en avoir été tirées , & après avoir pes Sciences PHys. DE LAusanxe. 28$ été exaGtement efluyées; car, dans ce dernier cas, le poids a toujours été “ beaucoup plus confidérable. De plus, jai pefé un morceau de marbre, un morceau de pierre à chaux, un autre de gypfe, un quatrieme d’ardoife, * un cinquieme de grès, un fixieme & un feptieme de filex & de quarts im. + médiatement après l'extraction de la carrière, & jai trouvé que le poids … étoit alors beaucoup plus grand dans les cinq premiers genres de corps, # que huit jours après les avoir expofés à l'air, tandis qu'il étoit le méme abfolument dans les quarts & dans le filex. Maintenant , il eft de toute évidence que des pierres qui abforbent Fhu. bmidité, & qui la perdent enfuite; paflent par des degrés fucceflifs de fé. cherefle & d'humidité qui doivent néceflairement altérer la contexture de pleurs parties en tout temps, mais fur-tout dans la faifon de l'hiver & dans “le temps de gélée, parce qu’alors l’eau renfermée dans les pores & dans » le tiffu des pierres plus ou moins fpongieufes, par l’expanfion qu’elle ac. quiert dans l'état de glace, brife les pierres, les force à tomber en éclats, » & conféquemment les détruit fans retour , caufe puiflante de deftrudion “qui fe trouve dans toutes les pierres, excepté dans les quarts, les filex & leurs analogues. . Dans le nombre des pierres compofées que les Naturaliftes nomment ro. Jches ( faxum ), né sen trouveroitil point qui puflent avoir la préférence fur es genres de pierres fimples , tels que les quarts & les filex que jai dit être les meilleures pour paver les rues ? Toutes les roches ne peuvent étre ompofées que des quatre ordres de pierres fimples qui ont été examinées. vés dans les genres de pierres dont elles font compofées. Si elles réfultoient de l'affemblage des parties de quarts & de filex , elles auroient un vice bien “brand, le défaut d’adhéfon , ou du moins leur folidité feroit beaucoup Moindre que celle d’une mafle de quarts, ou d’une mafñle de filex; parce que , comme l'expérience le prouve , la dureté & la folidité d’un corps com. matiere réfultant de l’union de portions hétérogènes. De plus, une expé- rience directe ne permet pas de le révoquer en doute. En employant le frot. (7) Çette affertion eft vraie en général, quoiqu’elle fouffre quelques exceptions. 286 MNÉ mot RE s pet z AJjS10 Cr Et É tement réitéré d’un fer contre une roche quelconque, on l'aura plutôt uiée & dégradée qu’un quarts & un filex, l'expérience comparative étant* faite pendant le même efpace de temps. Ainfi, les quarts & les filex qui avoient obtenu la préférence fur toutes les autres pierres fimples, auront encore fur toutes les pierres compolées , lorfqu’il s'agira de paver les rues dune Ville. À Cependant, parmi les pierres compolées, il y en a plufieurs qui dem. porteroient de beaucoup fur toutes les pierres fimples, différentes du quarts & du filex, & qui approcheroient de ces deux dernieres; je veux parler du porphyre (s), du granite (#), du poudingue (#), dont la du-m reté eft très-grande, du moins dans quelques efpèces. Mais quand même + elle égaleroit celle du quarts, comme le porphyre & le poudingue font trèsrares, & que le granite n’et pas commun partout (x), le quarts conferveroit toujours la préférence que nous lui avons donnée. À la vérité,» l'Empereur Heliogabale fit paver des places de Rome avec du marbre de La-« en étoit de ces places comme de celles qu’on voit dans quelques Villes M qui font pavées en pierres plates de diverfes efpèces , les chevaux , les vois tures n’y pañlent pas, & conféquemment elles font moins expofées à des dégradations. Si les rues fréquentées en étoient conftruites, on s’appercesl vroit bientôt de leurs défauts. | Les Anciens qui ignoroient loryéthologie & fur-tout la lithologie , ne diftinguoient pas les divers genres de pierres dont nous avons parlé, C5) Porphyrius. Koppeflen. faxum compofñtum jafpide faëltfpato, interdèm mica & bafaltes €ronjledt. min. 266. ft Ct) Granites. Graberg faxum compofñitum faëltfpato, mica, quartzo, Cronfiedt. ib. 270. (u) Puddinfione. Saxum filicibus amorphis materia jafpidea conglutinatis. Cronftedt : ibid, 27]. (x) Toute la ville de Lyon eff aflife fur une maffe de granite : on le trouve à Pierre-en-fcize ; aux Chartreux , fur la maifon Tolofan, fur le quai Saint-Clair ; Oulin & le côteau du Rhône ens préfentent des bancs énormes. Le pavé de Breft, échantillon & blocaille , eft d’une efpèce de. granit du pays, très-dur & quelquefois affez joliment coloré. On le tire d’une Isle de la Rades” nommée l'Isle ‘ongue, ainfi que me l’a marqué M. Blondeau. (y) Pline, liv.36. cap. 6. (2) Lampt. in Heliogabs prs Scrences Pays DE LAUSANNE. 287 truve & Théophrafte. Cependant il paroït qu’ils emploient ordinairement pour paver, les cailloux , filices. Sous quel nom ils ont compris le filex pro. rement dit, & le quarts roulé, qui tous deux font feu avec le briquet, cara@tère qui leur a fait donner par les Anciens le nom de flex, caillou. & Les chemins étoient autrement pavés dedans la Ville de Rome, & au- » trement par les champs, car dedans Rome on y pavoit ordinairement , de cailloux ; mais dehors par les régions d'Italie, on pavoit & de cail. ….;, loux & de gravois; de cailloux en de certains endroits, & de gravois « , en d'autres (a). | » Onuphrius Panuinus avoit auparavant attefté la mème chofe: Poflei au. à tem tümr extrû quûm intrà urbem vias filice Jiratas fuiffe, earwm , quæ adhuc “ tota Italia fuperfunt, veftigia indicant ; & ailleurs il dit encore d’une ma. nière non moins exprefle: Primum , ut dixi, in urbe tantum filice flerne- bantur , extrà verd glarea: ut ex Tibullo €ÿ Plinio conftat. Pojterioribus verd temporibes, omnes filicibus firate fuerunt. In urbe Roma (b), Tibulle dit, bic apta jungitur arte filex (c). Le même Onuphrius affure qu'il a entendu de quelques-uns, qu’ils avoient vu deux montagnes en la campagne de Rome, du fein defquelles on avoit tiré les pavés de la voie Appienne, pa- vés femblables au fer en dureté & en couleur ; ex quibus faxa illa coloris \duritieique ferreæ excindi effent folita (d). Ces pavés de la voie Appienne me paroiflent être de la vraie lave. IL n’eft pas de doute que par le mot de caillou ou flex , les Anciens m’aient défigné le quarts ou le filex proprement dit des Auteurs modernes; ar on a entendu par le nom de caillou, fuivant le témoignage d'Ifidore, . ne efpèce de pierre la plus dure de toutes , que les Latins ont appellé flex, Jaliendo Jeu exiliendo, à caufe qu’étant frappée par le fer , elle fait, pour i dire, jaillir le feu hors de fon fein. Silex eff Tapis durus, dit Midore, à quod exiliat ignis ab ipfo ditus. Le célèbre Albert nous confirme encore Lmême vérité, Caterum veteres buic operi filicium lapidem egregiè proba- erunt Ce). % Bergier. Hift. des gr. chem. de l'Empire Romain, pag. 130. Ouvrage qu'on ne fauroit À nv confulter lors qu ils agit de faire de grands chemins, m…_(b) Cap. De vis romarus , extra urbem. Ce) Tib. liv.r. Eleg. 8. (4) Onuphr. lib, 1. Comment. Reip. Rom. 4, | (<) Lib,4. Dere dif, cap. 6. Alb. | 588 MÉMOIRES DE 1A SoCcCtETE se Quoique les Romains préféraflent les vrais cailloux aux autres pierres} cependant ils ne les admettoient pas indifféremment ; un choix judicieux les dirigeoit. Ils préféroient “ceux qui avoient certaines veines & cavités "» raboteufes, non propres à recevoir une parfaite poliflure; ce n’eft pas 5 que ce genre de caillou fut plus dur que les autres, mais pour ce qu'il » étoit moins gliffant fous les pieds des hommes & des chevaux, & ap- » pelloient tels cailloux fffzlofos (f),. Ceft ce que veut dire le doéte Léon- Baptifte Albert de Florence, célèbre par de profondes connoïffances en Ar- chitecture: Veteres buic operi filiceur: lapidem egregiè probaverunt inter fili- ces fifiulofos (g ) commodior non quia durior, fed quia vefligiis minùs lubri- cus (h). À préfent on peut négliger cette petite attention, foit parce que les cailloux cavernaux ne font pas communs , foit parce qu'ils durent moins M que ceux qui font entiérement folides; d’ailleurs, il n’y a pas dans nos cailloux des différences bien fenfibles à la fuperficie; le nombre & la qua- lité des afpérités de leur furface font à peu près les mêmes. La matiere que nous avons déterminée comme la meilleure pour paver les Villes, & fur-tout la plus économique, eft le caillou de quarts , parce que cette fubftance eft prefque par-tout très-commune. Nous convenons. cependant que plufeurs laves & plufieurs bafaltes font auf bons, ou fi l'on veut , préférables à quelques égards, mais ces matieres ne fe trouvent qu'en un trèspetit nombre d’endroits , & on ne pouvoit les prefcrire, ni en faire l’objet principal des recherches. ‘ 11 paroït encore plus, d’après l’'infpettion des traces qui nous reftent de quelques-uns des anciens chemins des Romains, qu'il y en avoit où les la-, ves & bafaltes avoient été employés. Ne connoïffant pas la nature de cette, piètre , les Auteurs anciens la défignoient par fa dureté, en difant que c’étoit une pierre plus dure que le fer, ainfi que nous l’avons vu plus haut. % On fera bientôt convaincu de cette vérité, fi on examine l'ancienne voie M Appienne qui traverfoit les marais, & qui elt actuellement découverte & % rendue aufli belle que commode dans une longueur de 26 millés, depuis | h. à l'antique Pont d’Adrien jufqu’au grand Pont du côté de Terracine où fini fent les travaux entrepris pour le defléchement de cette contrée. à Toutes: 4 20 à Cf) Bergier, Hifi. des gr. ch. de l'Emp. Rom. (g) Ce font des pierres à fufil caverneufes. (A) Aib. lib, 4. de re adific. cap. 6. DE$ SCIENCES PHyS. DE LAUSANNE. 289 Toutes les rues d'Herculanum (À) étoient pavées des laves du Véfuve; fes rues étoient tirées au cordeau,, & avoient de chaque côté des banquet- tes ou parapets & trottoirs pour les gens de pied, tels qu’on en voit dans les rues de Londres (#). Naples eft prefqu’entiérement pavée de laves. La Ville d'Agde en Lan- guedoc eft non feulement pavée de laves, mais encore toutes fes maifons en font conftruites. Il y a encore d’autres endroits qui font pavés de cette même matiere. La cour du Palais de Elcdeur Palatin à Duffeldorff eft pavée d’une lave qui refflemble exactement à celle de l'Etna & du Véfuve; on la tire d'une carrière appartenant à l’Electeur, à Unkel, entre Bonn & Coblence. À Bonn le pavé eft de lave, comme l’a obfervé M. William Hamilton dans une lettre à Sir John Bringle , fur les traces de volcan qu'il a reconnues le long du Rhin (/). Quand M. Hamilton arriva aux portes de Cologne, il fut frappé d’une grande quantité de colonnes de bafalte qui fe trou- voient dans les murs; il remarqua qu'il y en avoit de pareilles dans les rues, en forme de pilliers, & aux portes de toutes les maifons. On les tire de la carrière d'Unkel , où la Ville de Cologne a depuis long-temps le droit de prendre autant de pierres qu’elle en a befoin pour fon ufage. En allant à Bonn, cet Obfervateur examina le Seves-Bergen, ou les fept montagnes, à deux lieues de la Ville , & il fut frappé de leur forme volcanique. Il > trouva dans les murailles & dans les rues de Bonn autant de Bafalte qu'ik en avoit vu à Cologne ; le pavé eft de lave. La pierre dont on fait géné- ralement ufage eft un tuf volcanifé comme celui de Pianufa près de Na- ples, & de lefpèce qu’on appelle pipermo en Italie (#1). (D) On fait que cette ville fut abimée toute entiere le 24 Août de l’an 79, ou la premiere an« née de l'Empire de Titus, par une éruption du Véfuye. CÆ) Nous dirons ici en palant que les maïfons d'Herculanum étoient d’une architedture affez wniforme, & que les murs etoïent peints à frefques. Les fenêtres étoient ordinairement fermées … de bois pendant lanuit, & ouvertes pendant le jour. y Le verre qu’on a trouvé à bien peu de mais …fonsetoittres-Cpais. Antig. de Maréchal. (2) Tranfactions philofoph. premier Art. Tom. 68. . (m) Idem. 2,0 Tome IL. x O © 299 MÉMOIRES DE LA Soc:1ÉËÉTÉ* CH A ORGUE TRE BOL De la bafe des pavés. D Es fondemens folides & inébranlables font néceffaires dans toutes les parties de l’Architeëture; cette vérité eft trop certaine pour l’établir ici. Jofe dire qu’une des caufes principales de la dégradation rapide qui arrivé à tous les pavés, eft le défaut des précautions rélatives à cet objet, il fem- blé même qu’on ait par-tout oublié ou méconnu ce principe, qu’il fuffit ce. pendant de propofer pour le voir admis univerfellement. Si la bafe fur laquelle on conftruit le pavé n’eft pas ferme, la preflion continuelle que les charrois exercent fur les différentes parties du pavé, enfoncera plus ou moins les cailloux; de-là les creux, les ornieres, & toutes les efpèces de dégradations poflbles qui vont toujours en augmentant. | I eft certain que c’eft-là la caufe deftructive du pavé qui agit le plus fouvent , parce que journellement le mouvement des voitures, le poids des charrettes prodigieufement chargées, tendent continuellement à enfon- cer dans la terre les pavés, & à produire conftamment ces inégalités de ni- veau, ces vides & ces creux qui ruinent abfolument toutes les rues & les places. 3 Afin que la maniere de paver foit la plus folide, il eft de la derniere nécefité d'aff rnir la bafe. Il y a des moyens compliqués & plus coûteux M qui fe préfentent d’abord à l'elprit, parce que le fimple ne vient jamais qu'en dernier lieu, ainfi que l'expérience de tous les jours le prouve. Mais M comme on demande avec raifon une maniere fimple, commode, folide & tà peu coûteufe, je ne propoferai point de former un beton fous le pavé, : encore moins de bâtir en pierres le fondement, ou autres moyens équiva- lents; ce feroit s'éloigner des vues de l’Académie. a Ma méthode fera la plus fimple, la plus folide & la moins difpendieu. fe. Elle confifte à faire les déblais ou les remblais jugés néceffaires, à bat- tre fortement le lit du pavement, pour comprimer la terre fur laquelle» on établira le pavé, par le moyen d’üne percuffion réitérée, opérée avec. ” le fecours d’un inftrument appellé la demoifelle ou la hie. Cet inftrument Des Sciences Pays pe LaAusANNe. 291 doit avoir environ quatre pouces de bafe. Si, pour accélérer l'ouvrage, on augmentoit lPétendue de cette bafe, il y auroit moins de folidités la percuflion, v. g., fur quatre pouces quarrés produit un effet quadruple, de celle qui feroit opérée par un battoir de huit pouces quarrés. L'ufage de la hie quarrée paroït préférable à celui de la ronde. Cel- le-ci laiffe des intervalles entre les interfetions de fes coups, lefquels n'é- tant point frappés, fe foulèvent par la preflion des corps environnants. Il ne fuffit pas que la hie ou demoifelle foit quarrée, il faut que chaque coup recouvre d’un quart le coup précédent fur une ligne en travers, & que le rang d’une feconde ligne recouvre pareillement d’un quart le rang de la premiere ligne. Il faut encore que la hie frappe d’aplomb , car fi elle étoit inclinée, uné arète de fa bafe pénétreroit le terrain avant que larète parallele püt y atteindre; l'effet qui en réfulteroit feroit de foulever ce ter- rain d'un côté. Si le terrain et un peu humide, la folidité fera plus grande. Il faut battre la terre jufqu’à ce qu’elle foit bien raffermie, que fes par- ties foient les plus rapprochées qu'il foit polfible, que la terre ait acquis une certaine fermeté, une folidité trèsfenfible, comme il arrive, par le laps du temps, à tous les fentiers battus. Cette opération ne doit pas être la feule ; il eft à propos enfuite de répandre fur cette efpèce de terre fer- me du gros gravier , au moins deux pouces de hauteur, & de recommen- cer à battre avec la hie le gravier, jufqu’a-ce qu'il foit comme noyé dans Ja terre ferme, & que le tout ait acquis par cette union une nouvelle con- fiftance. On peut y mettre aufli des recoupes de pierres qui feront très- bonnes, mais je n’ofe guères permettre des décombres & platras, parce: qu’ils font ordinairement mauvais. Il feroit à fouhaiter qu’on mit encore deffus la premiere, une feconde couche de gravier d’un pouce, qu’on bat- tit celle-ci, mais moins que cellelà Alors on auroit une bafe ferme & inébranlable, que la preflion exercée fur les pavés ne pourroit faire fléchir ou enfoncer. On ne verroit plus à l'avenir aucun trou, ni creux, encore … moins des ornieres; fi cependant on en appercevoit malgré ces précautions , » il cit für que le nombre en feroit beaucoup plus petit. Et voilà, je crois la bafe la plus fimple, la plus folide & la moins coûteufe qu’il foit poflible d'imaginer. Les Romains, fi favans dans Jart de paver, ont fuivi une méthode ana. Oo g 292 MÉMOIRES DE«“LA SocxreTé logue à celle qu’on vient de prefcrire, comme on va le voir par plufeurs témoignages d’Auteurs anciens. Papinius Statius dit: AL te Qt eV UE Egeflu penitüs cavare terras. Mox bauftas aliter replere foffas, Et Jumimo gremium parare dorfo. Ne nutent fola, ne maligna fedes, Eï prefis dubium cubile [uxis. Le mot de pavimentum vient d'un ancien verbe qui eft à préfent de peu d'ufage, pavire, lequel fignifie, tumdere, ferire, battre, frapper, » à caufe que, pour faire un pavé qui foit durable, il eft befoin de le bat- »tre @& malliver à force de coups, de quelque matiere qu'il puifle être. » Pavimenta enim funt à pavire quod ferire figuificat, quia fiebant , ut fiunt M » à lapidibus, € teftulis bene percuflis addita calce” (n). Pline dit: x Ita- lia fiflucis pavita, c'eftè-dire, battus & frappés à coup de hie (0). L’aire préparée, les Romains formoient quatre couches différentes de matieres. La premiere dite ffatumen, formée de pierre ou cailloux de forme ronde ou plate, unis enfemble avec de la chaux & du ciment; la’ feconde cou. « - che de maçonnerie fe failoit de plufieurs moilons ou pierres caflées & mé-… lées avec de la chaux, on la nommoit rwdus; &@ la conftruétion exigeoit des coups de hie ou battoir pour l'affermir & applanir. Statuminationibus inductis ruderetur, €ÿc. dit Vitruve. Sur ce terraflement ou rudération, on faifoit un ciment pour troifieme couche, lequel on compofoit de bri-… ques, de tuiles pulvérifées, &c. mélées avec de la chaux; on lappelloit nucleus. Enfin, la-quatrieme couche étoit les quarreaux ou pierres taillées que les Anciens connoifloient fous le nom de fuma crufta. Ceft ce qu’on. a découvert en plufeurs rues & chemins conftruits par les Romains, lorf qu'on a fait faire des fouilles pour connoître les matieres dont ils étoient Cn) Franc. Mar. Grapaldus, de partibus edium, lib, 2, cap. s. Co) Pin. lib, 36. Nat. Hifi, cap, 25, Rd peer ee pes ScrENCES PHys. DE LAUSANNE. 293 feulement dans les rues & chemins, ils obfervoient de mettre les quatre “ couches dont nous avons parlé, mais encore dans les rez-de-chauflées des “ maïifons, & ce qui eft plus étonnant, fur les planchers de ces édifices, - comme Bergier l’a prouvé dans fon excellent ouvrage (p). Les Romains ont donc toujours regardé la bafe des pavés comme néceflaire; aulli Vi truve donne:t-il le nom de /fatumen à toute matiere capable d’en foutenir » une autre, & de lui fervir de fondement. Pline fe fert du verbe ffatumi- nare dans le même fens. 74 folutione terra fepibus firmari. Ora utrinque lapidibus fiatuminare (q). a Groar: CPRERCt RT TX SV pa mm (É De la figure particuliere de chaque pave. S: l’objet de nos recherches étoit de trouver la figure la plus propre à > donner aux pavés la plus grande folidité poflible, fi nous pouvions im. » primer aux matieres les plus dures la forme la plus convenable, avec une … égale facilité, & fi la dépenfe n’étoit point un objet qui dût nous arré- ter, nous confulterions la Géométrie, & nous fuivrions exactement fes ” oracles. Mais il s’agit d'indiquer la méthode la plus fimple, la plus folide, » la plus commode & la moins coûteufe de paver une ville; ainfi, comme on ne pourroit, fans une trop grande dépenfe , donner à chaque pavé “une figure réguliere, il faut abandonner à regret le flambeau de la Géo. “ métrie. Cependant, puifqu’on ne doit jamais s'éloigner que le moins qu’on peut des principes & de la perfetion, lorfqu'on eft forcé de le faire, il eft néceffaire de rappeller en peu de mots ce que les fciences géométriques établiflent de certain; ces fciences étant appellées avec raifon triomphan. tes, parce qu’on n’y difpute point, dit quelque part M. Montucla, dans fon Hiftoire des Mathématiques. h … Toutes les figures poflibles font régulieres ou irrégulieres. Mille raifons = :(p) Bergier , liv. 11. pag. 149. (ag) Plin, lib. 18. cap. 6. € D 294 ME MIOLRM ES: DE V'AMMMUICUE ET fe préfentent pour exclure celles-ci, qui font peu fufceptibles de difcuffions géométriques, & qui d’ailleurs exigeroient une perte de temps infinie dans leur arrangement refpectif. Les figures régulieres font les feules qui méri- tent la préférence, parce que tous leurs côtés & tous leurs angles étant de la plus parfaite égalité, elles peuvent être mifes les unes à la place des autres, ce qui diminue prodigieufement le temps employé à laffemblage. Il faut encore que ces figures régulieres foient telles, qu’étant réunies dans un méme plan, elles ne laiffent aucun vuide entrelles, ou qu’elles rempliffent exactement l'aire qu’on veut couvrir & paver. Pour cet effet, il eft néceffaire que plufieurs angles plans de ces figures puiflent remplir parfaitement l’efpace qui eft autour d’un point donné; ce qui ne peut avoir M lieu qu’autant que leur fomme vaudra précifément quatre angles droits ; M puifque plufieurs lignes s’entrecoupant toutes à un point, la fomme de tous les angles formés de part & d'autre, vaut quatre angles droits, étant mefurée par la circonférence entiere du cercle. = Si on ne veut fe fervir que des figures de même efpèce, comme cela eft plus naturel, alors il ne faut employer que des triangles équilatéraux , M ou des quarrés, ou bien des exagones, parce qu’il n’y a que ces trois for-M tes de polygones réguliers de même efpèce, dont les angles plans puiffent remplir exaétement l’efpace qui eft autour d’un point donné, favoir; fix triangles équilatéraux, quatre quarrés & trois exagones réguliers, ainf qu’il eft démontré dans un des théorémes de Crete En afortiffant. des polygones réguliers de différente efpèce, on peut encore remplir exac- tement un efpace donné autour d’un point, en employant, par exemple, É un triangle équilatéral & deux dodecagones, ou un angle de quarré: & deux angles d'otogone, ou deux angles d’exagones réguliers avec deux angles de triangles équilatéraux. Malgré cela, tout le monde fera aflez g nee d'avis qu'il ne faut pas fe fervir dans les pavemens des figures régulieres de différente efpèce, parce qu'il y a une perte de temps con. fumé à choifir les échantillons, &c. Ainfi, il faut fe borner aux figures régulieres de même efpèce. -: Mais à quel des trois polygones réguliers de même efpèce qui peuven fervir à couvrir exactement une aire , faut-il donner la préférence ? il pas roit d’abord qu’on doit exclure le triangle équilatéral , parce que chacun de ces angles n'étant que de foixante degrés, ils font trop aigus & plus faciles à fe brifer que ceux des autres figures ; ainfi on ne trouveroit pas” DES Sciences Pays. DE LAUSANNE. 29$ … Ja folidité dans cette forme de pavés. D'ailleurs, le triangle équilatéral étant … fuppofé ifopérimetre avec le quarré & lexagone , il renferme trop peu de furface refpectivement à celle des deux autres figures. Par cette double … raïifon, il paroïtroit que l’exagone devroit être choiïfi en abandonnant le quarré, parce que l'angle de l’exagone étant de cent vingt degrés, eft » plus grand que celui du quarré, & que, à circuit égal, laire du quarré eft moindre que la furface de l’exagone ; mais il y a d’autres confidérations d'un grand poids qui militent en faveur du quarré (r). Les figures dont nous parlons ne font pas de fimples furfaces, ce font … des folides qui ont une épaifleur notable. Alors, au lieu de quarré & de lexagone , nous avons deux polyedres dont l’un fera un exaëdre (fa hau- teur étant fuppofée égale au côté du plan générateur) , & l’autre fera un prifme exagonal. Or, il eft évident que’la longueur du temps & la dé. penfe néceflaires pour tailler des cubes ou exaëdres, font bien moins gran- des que lorfqu’il s’agit de donner la forme à des prifmes exagonaux, car dans le cube il n'y a que huit angles folides, & dans le prifme exagonal il yen a douze. Il faudra donc un tiers de temps de plus pour tailler cette derniere figure, & conféquemment une plus grande dépenfe. De plus, dans le prifme exagonal , il y a huit faces, deux exagones & fix parallelo. » grammes rectangles. Je pourrois encore ajouter d’autres conditions fi cel- -lés-la n’étoient pas fuffifantes. De ces principes, il fuit donc que dans la pratique on doit donner la préférence au cube ou exaëdre, c’eft-à-dire, bau prifme quadrangulaire , fur le prifme exagonal, lorfqu'on taille les payés. + Sila maticre dont on fe fert n’elt pas trop abondante, il arrive en quel. ques endroits qu’on donne à chaque pavé la figure de perallelipipederectan- e, parce qu’il y a alors ordinairement moins à retrancher dans chaque morceau qu’on fe propofe de tailler , & l’économie eft plus confultée dans (r ) Les pavés de la voie Appienne, la premiere de toutes, étoient des quarreaux de’4 à ç pieds dé face, tailles à la regle & à l’équerre, polis & unis enfemble avec tant d’art, qu’à peine en Woyoit-on les joints. . Le Marquis de Caraccioli, Vice-Roi de Sicile, dans une lettre à M. d’Alembert, & écrite de Palerme le 15 Oétobre 1781, dit: % On a déja commencé à paver la ville toute en pierres quar- , rées, letriple plus grande que celles de Paris, tandis qu'auparavant il n’y avoit que les deux # principales rues qui le fuffent, toutes les autres étoient en cailloux. Dorénavant elles feront “; toutes payées en grand, proprement tenues ”. : 296 M É/mM 50: HR Es Di 8 À 1: AU Sun: (CT U'RÉ ce cas que la régularité des figures. Auf, la plüpart de celles-ci différent elles en grandeur ? Puifque les rues doivent en général être pavées avec des cailloux de quarts. î & de filex, matieres Élu , ainfi que nous l’avons prouvé, & que cette grande dureté empêche abfolument qu’on ne puifie tailler les cailloux, il faut donc fe réfoudre à voir le pavement des rues formé de figures irrégu- lières qu’on tächera d’affembler le mieux qu'on pourra. Il eft à la vérité poflible de tailler les cailloux , mais les dépenfes feroient exorbitantes , &. l'avantage qu’on en retireroit ne feroit point, il s’en faudroit de beaucoup, proportionnel au prix qu'il en auroit coûté; c’eft pourquoi il faut entié- rement abandonner l'idée de donner aux cailloux une forme régulière. | Les Romains qui ne chercherent jamais l'économie dans leurs ouvra-. ges publics, employerent pour paver leurs principales rues & leurs voies les plus belles, des cailloux que “par une magnificence & dépenfe in- » croyable, dit Bergier, on tiroit par grands quartiers du ventre des ro-.. » Chers les plus durs, lefquels on tailloit par après, non à l'aventure à » Coups de marteaux, mais au cifeau, à la règle & à l’efquierre, pour les » » joindre en la furface des chemins, comme pierres de tailles en maflon- » nerie. De tels quarreaux ont été pavés quelques grands chemins, tant » en Italie que par les Provinces .. C’eft fur plufieurs autorités qu’eft ap: puyée cette aflertion. Procope parlant de la rue & de la voie Appienne LM qui étoit pavée de pierres taillées d’une forme réguliere , dit : Siquidem… Appius ex alià ©$ longinquà tunc ut reor regione excifos lapides, ©ÿ hos. guidem filiceos, ac fuopte ingenio duriffimos , in banc viam vebendos curavit :\ guos planos deindè ac leves redditos €. quadratos incifione faétos junxit 3 in ordine locavit (s). Livius faifant mention d’un chemin qui conduifoit.M au Temple de Mars, s'exprime ainfi: Sexitaimque faxo quadrato ad Mortis ædem Capena porta fraverunt. Le doûte Lipfe nous apprend que les quar+ reaux employés par les Romains à paver étoient detrois, quatre & cinq pieds de face en quarré. Confpicinntur hodiè tales id ef} plani, guadratique diverfa magnitudine : trium , quatuor, quinque etiam pedum quagua verfns (). Voilà (5) Procop. lib. 1. de Bello Gothico. () Lipf. lib. 3. De Magnit. Rom. cap. 10. DES Sciences PHys. pe LAUSANNE. 297 Voilà ce qu'ont fait les Romains, mais en cela il faut avouer que leur exemple eft plus admirable qu’imitable: Sust miranda mugis bodiè quàm imitanda (u). Cependant les rues communes dans Rome même étoient pavées de cailloux ordinaires non taillés mais brifés, & il n’y avoit que les grandes & principales rues où la magnificence romaine étoit déployée dans toute fon étendue. Puifque nous avons une matiere excellente, celle des cailloux quartzeux ou filiceux, qu’on ne peut tailler à caufe des dépenfes incroyables qu'il en coûteroit pour cet objet , il eft donc néceffaire d’employer ces cailloux avec la forme que la nature ou plutôt le roulement leur a donnée. Mais dans la plus grande abondance de cette matiere, on doit bien fe garder d'admettre tous les cailloux qui fe préfenteront au hazard; on doit au contraire choilir avec foin, ceux qui auront la figure la plus convenable à un bon payé. D'abord on doit préférer les cailloux les plus grands & rejetter abfolu. ment ceux qui n’auroient pas cinq pouces de hauteur; les pavés de cinq à RON LORS 22 RE NS CT fix pouces de queue ou plus font les meilleurs. Lorfqu’on les choifira dans les endroits d’où on les tire, on aura toujours foin d’en faire deux tas; dans Pun feront les grands, & dans l’autre les petits. On les tranfportera enfuite fans les mêler , cela donnera plus de facilité à fuivre la meilleure manière de paver que nous indiquerons en fon lieu. Le choix fera fait avec plus de facilité fur le rivage, & dans l'endroit primitif, que dans la place ou la rue, où on perdroit un temps précieux à faire cette opération, ce qui d’ailleurs retarderoit beaucoup l'ouvrage. Tous les cailloux dont la figure totale feroit trop irrégulière doivent être également répudiés. Suppofons qu'un caillou qui autoit fix ou fept pouces de queue ou de hauteur , eût mille inégalités confidérables fur fa furface, alors, malgré fa grandeur, il faudroit le rejetter, parce qu'il ne "fe marieroit pas avec les autres cailloux, qu'il y auroit entre lui & ceux qui lenvironneroient de grand vuides, lefquels font les plus grands obfta- cles à la folidité d’un pavement. _ Afin que le pavé foit durable, il eft néceffaire que le contact des furfa- —. ces latérales de divers cailloux foit le plus grand poflible, comme nous le } (u) Lipf. loco fupra citato. Fe Tome II. Pp 298 MP CONTRE 6 Dr B DéMMOMIDN CI MIE prouverons bientôt: vis wuita fit fortior, & pour cet effèt, il faut que les furfaces latérales foient les moins irrégulières qu’on pourra les choïfir. Une autre attention qu’on doit avoir dans le Choix des cailloux, c’eft de pren- dre ceux dont la figure approche de celle d'un coin, qui ayent une tête plus large que l'extrémité oppolée, fans que la différence foit trop confi- dérable, de telle forte que la diminution ne foit pas beaucoup fenfible. Il femble que la nature nous ait indiqué cette figure, car les cailloux en forme de coin font les plus communs. L'ordre methodique exige que nous différions de donner la raifon de ce précepte qui fe trouvera dans le Cha- pitre fuivant. Il eft inutile d’avertir qu'on ne doit point admettre les cailloux fur la furface defquels on apperçoit des veines d’une matiere & d’une couleur différente de celle du fond. L'expérience prouve que ces cailloux ne font pas de longue durée, mais fe fendent bientôt, fur-tout en hiver, ce qui occafionne un dérangement qui fe communique aflez rapidement à la ronde, & produit une dégradation confidérable dans le pavé. Un caillou naturellement. de forme longue, à large tête (x) & à queue pointue, fans irrégularités latérales trop fenfibles , fans veines, & dont les points de contact feront Les plus multipliés qu’il fera poffible, eft certaine. ment celui dont la figure elt la plus fimple, la plus folide, la plus com- mode & la moins coûteufe pour paver les rues, les quais & les places des Villes, fur-tout quand la meilleure matiere & la plus dure fe trouve jointe avec la forme la meilleure, comme cela paroîtra encore mieux par ce qui nous refle à établir. Ces cailloux de choix feront employés fur-tont dans les rues les plus fréquentées, parce qu'étant plus expofées à étre dégradées, il eft néceflere de les affermir davantage contre les caufes journalieres de deftrudion. Quant aux rues moins fréquentées, on pourra être moins difficile dans le choix, fur-tout fi les pavés doués des conditions requiles ne font pas aflez communs. : (x) Mais d'une (uperficie moyenne, afin que les interftices ne foient pas trop grands, ce qui rendroit moins facile le roulage des voitures, dont les roues d’ailleurs auroient plus de prile pour ébranler les pavés. PA a LE | RE à dé se ns" he TT ST pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 299 ÉE——— @) CHA@ITRE I. De l'arrangement des paves entr'eux. | ne ferviroit de rien d’avoir des pavés de la meilleure matiere & de la meilleure forme, fur une bafe de la plus grande folidité, fi l'arrangement refpettif des pavés entr'eux & relativement à l'aire qu’on doit couvrir né. toit bon. Ceft bien le cas d’appliquer ici cet axiome fi commun , borum ex integra caufa, malum ex quocumque defetlu. Auf, c'eft à un excellent, affemblage des pavés que les Romains portoient principalement leur. atten- tion ; & c’eft aufli à cette qualité que leurs voies ont dû cette folidité qui a étonné les fiecles fuivans. Procope, dans le premier livre de Bello Go thico , au rapport de Bergier , dit en parlant de la rue & de la voie Ap- pienne, “ Qu’en cela elle étoit admirable, que les grands quarreaux dont elle » étoit pavée ( qui font de nature de caillou le plus dur qu'Appius avoit » pu trouver ) ont été charroyés & ammenés fur les lieux, de quelque » Carrière fort éloignée de là, & qu'il les fit efquarrir, polir & applanir, » à coups de cifeaux, puis joindre enfemble fi juftement, fans y entremé- » ler ni métail, ni autre matiere, qu’à peine en voit-on les jointures: &, » qu’à les contempler , on jugeroit qu'ils n’ont pas été là couchés & agen- ». Cés de main d'homme , mais que Ceft de nature qu'ils font ainfi ar. » rangés & venus au monde. Et quoique depuis tant de fiècles ces quar- *». reaux ayent été continuellement frayés par le charroi , ils n’avoient toute. » fois jufqu’à fon temps (ceft-à-dire, plus de 8$O ans après) en rien été » déjoints ni ébranlés de leur premiere afliette, n’étoient aucunement rom- » pus, & navoient rien perdu de leur poliflure (»).,, Dans Lipfe on lit ces paroles remarquables : Cætera de juntturn € firmitate, utque unum corpus appareant ( &'). On peut arranger lés pavés éntr'eux de trois façons, de manière que (y) Bergier, pag. 210 & 131. (2) Lib. 3. De magn. Rom. cap. 10. 300 MR O NT ARLES D EPL EN MSMONS ROUE TEE chaque revers au côté de la rue depuis les maifons jufqu’au ruiffeau , forme un plan horifontal , ou un plan incliné, fu enfin une efpèce de courbe convexe. De ces trois méthodes, la premiere eft fans contredit la plus mau- vaife. Elle eft d’abord la moins durable , car dans peu on voit le pavé affaiflé dans le milieu de chaque revers, & conféquemment bientôt dégradé, De plus, les eaux de pluie deviennent ftagnantes dans toute l’étendue d’une rue, l'écoulement ne pouvant fe faire; & les rues font dans ce cas tou- jours pleines de boue. Ainfi cet arrangement, felon un plan horifontal, étant auffi oppofé à la folidité du pavement qu’à la propreté des rues, : doit être abfolument profcrit. Plufieurs perfonnes ont obfervé avec raifon que le peu de pente des rues de quelques Villes étoit la caufe qu’en hiver il y avoit beaucoup de boue. | Dans la méthode du plan incliné, le dernier de ces inconvéniens n’a pas lieu, l'écoulement des eaux fe fait trèsbien ; mais le premier fubfifte toujours , le pavé s’affaifle en cédant à la preflion journaliere que le poids des voitures & des charrettes exerce contre les cailloux. Cette dégrada- tion eft d'autant plus inévitable, que la caufe comprimante attaque en par. ticulier chaque caillou, & que l'effort de la puiflance, au moins leffort répété, étant de beaucoup fupérieur à la réfiftance de l'obftacle , en devient bientôt victorieux. Chaque pavé n’a de force que par fa liaifon avec ceux qui l'environnent; fi on cffaie, à l'aide d’une grande puiflance méchani- que, d'en comprimer plufieurs à la fois, on ne réuflira pas, tandis qu’avec la même force on en viendroit à bout fi on exerçoit la preflion fur un, deux ou trois cailloux ; c’eft bien le cas du vis wnita fir fortior. J'aurois. bien des aflertions géométriques à établir fur le plan incliné des, rues, mais cet objet ne me paroit être ici qu'un accefloire que j'omets à def fein. Lorfqu’on donne au pavé de chaque revers de rue la figure d’une courbe ou d’une efpèce (a) de voüte, on a le meilleur arrangement poflible, & dt} conféquemment le plus folide ; il faut donc préférer cette conftruction à toute autre. Dans une voûte toutes les parties fe foutiennent mutuellement , (a) Nous difons une efpece de voüte, car elle doit tenir un milieu entre le plan incliné dont nous avons parlé, & une voûte reguliere, afin que l'eau s'écoule facilement des maifons aux ri- &oles qui font dans le milieu x! cette obfervation ef effentielle, A ET CR ; A pes ScrENces PHys. DE LAUSANNE. 301 aucune piece n’eft ifolée, ni indépendante des autres , elles ont entr’elles le plus grand rapport poflble. Exercer une preflion fur une partie de la voûte, c’eft l’exercer fur toutes; une portion ne peut céder que les autres ne cèdent, & fi l’une réfifte efficacement , toutes les autres oppoferont un effort également viétorieux. Ces principes font de la derniere certitude, & même ils ont l'avantage d’être admis de tout le monde, de ceux qu; font inftruits, comme de ceux qui le font moins. Cette vérité établie, il eft donc indifpenfable de donner une certaine courbure à chaque revers du pavé dans la direction des maifons à la ri. gole. Tous les pavés de chaque ligne parallele à cette direction , formeront autant d’efpèces de voûtes ou cintres ; chaque pavé fera une véritable voûte; & comme toutes ces lignes cintrées feront unies entr’elles , ainfi que nous le dirons enfuite, toutes ces efpèces de voûtes partielles n’en feront qu'une totale. La figure que nous avons choiïfie dans les pavés en fait au- tant de voufloirs; car on peut fe rappeller que nous avons préféré les pa- vés ou cailloux d’une certaine longueur, dont la furface latérale füt la moins irrégulière, & avec une tète plus large que la queue, en un mot, des pavés en forme de coin (figure dont nous avons différé de donner la raifon dans le Chapitre précédent, & qui fe préfente ici bien naturel. lement. Dans ce cas, ils formeront comme d’eux-mêmes la voûte, & plus ils feront ferrés entr’eux, plus l’arrangement fera durable. Le pavement en voüte étant bien conftruit , fuivant la méthode que nous établirons dans le Chapitre fuivant , l'effort des puiflances compri- mantes, bien-loin de détruire le pavé, ne fera que le rendre plus folide, en produifant une jonction plus parfaite entre les parties diverfes. Et voilà l'effet des bonnes méthodes, les caufes qui détruifent les ouvrages mal conf. truits, ne fervent qu’à raffermir & à rendre plus durables ceux qui l'ont été fur de bons principes. Le mouvement des voitures & le poids des char- rettes chargées contribueront à ferrer davantage tous les voufloirs ou tous les pavés entreux. Ils produiront un effet femblable à celui de la demoi- … elle qui enfonce les pavés ; ils acheveront & perfettionneront fon ouvrage. Si par le laps du temps cet ouvrage fe détruit enfin, en s’affaiflant dans le milieu où le bombement étoit plus grand, parce que tout eft périffible, il en réfultera uniquement que le pavé conftruit felon notre nouvelle métho- de, après plufeurs années , fera dans le même état où fe trouve le pavé neuf conftruit felon les principes, ou plutôt felon la routine vulgaire, & que fa folidité & fa dureté feront beaucoup plus grandes, 302 Mémoires DE LA SocrEeTÉ Afin que cette voûte pavée ait plus de fermeté, il faut que les deux extrémités foient folidement appuyées , les deux pieds droits doivent étre bien placés, parce que cet fur eux qu’en dernier effort la preflion s’exer- cera. Or, rien de plus fimple & de plus facile que de remplir cette con- dition. Pour cet effet, il fuffit qu’on ait foin de placer les cailloux les plus longs du côté de la rigole (b). Alors, comme la rangée circulaire des pavés fera appuyée par l’autre extrémité de l'arc contre les murs des maïlons, la voüte entiere des pavés fera bien foutenue dans fes deux ex- trémités. On conviendra fans peine que du côté des maifons tout le revers du pavé fera parfaitement appuyé; & pour peu qu'on y réfléchifle, il ne le fera pas moins du côté de la rigole, parce que tout le revers de la droite archoutera le revers de la gauche, qui étant également appuyé fur les murs de face des maifons , fera un appui fuffifant & réciproquement. . Les deux revers de chaque rue feront donc l'effet de deux voütes, en ef pèces de plans inclinés, qui s'appuient l'un & l’autre par leurs extrémités L’effort de preflion qui fera fait fur la courbure de chacune des deux, contribuera à ferrer encore mieux leurs parties les unes contre les autres, & à les affermir davantage : vis unita fit fortior. Il ne faut pas croire que dans toute l'étendue d’une rue, il ne doive y avoir que deux figures de voûtes, l’une formée par le revers de la droi- te, & l’autre par celui de la_ gauche. Quand même cette fuppoñition aw roit lieu, la folidité feroit toujours plus grande dans notre méthode que dans toute autre différente. Mais nous croyons devoir prefcrire d’établir une fuite de divers bombemiens en plans inclinés & peu fenfibles fur la longueur de chaque revers pour des raifons très-fortes. Comme les deux problèmes qui font le fujet de la queftion propolée ont entr'eux le plus grand rapport, la folution de l’un doit avoir avec l’autre une grande con- nexité, & c’eft par cette raifon que je fuis obligé ici de dire par antici- ‘pation deux mots qui ont rapport à la propreté des rues. Dans un inftant on verra que jy étois forcé; d’ailleurs, cela fervira à me faire mieux en« tendre. Cb). Il eft à propos de mettre dans la chaîne de cailloux, qui fera le long de larigole , les cail« loux , la tête en bas, afin de remplir le vuide que formeroit la derniere rangée, & d’affureren- “core plus la folidité du pavement: on peut encore fe fervir de cette précaution foit dans la chaine “qui touche les maifons, foit quelquefois alternativement dens les chaines intermédiaires. ! | { 1 1 | k , DES Sciences Pays. pe LAUSANNE: 303 Dans les allées de plufieurs maifons, il y a un ruiffeau qui fert d’égout- commun, & qui fe décharge dans la rue. Si on n’a pas foin de former une petite rigole peu fenfble dans la partie du revers du pavé qui répond à l'iffue du ruiffleau de l'allée, les ordures qui s’en écoulent journellement faliront perpétuellement la rue dans toute fa longueur: cet inconvénient fera évité fi on forme des rigoles peu fenfibles qui fervent à conduire les eaux qui s’'écoulent du ruiffeau de l'allée jufques dans la grande rigole qui ‘ft au milieu de la rue. Cette méthode abfolument néceffaire pour la pro. preté des rues, eft fuivie dans beaucoup de villes. Cette fuppofition faite, il eft clair que nous aurons encore un autre bombement, une autre courbure dans un fens perpendiculaire au premier; & que comme il en fera ainfi, de diftance en diftance dans toute léten- ‘due de la rue, par-tout où le befoin le demandera, on aura dans cha- que revers de rue une fuite de voütes, qui toutes s’archouteront foit en- telles, foit avec celles de l’autre revers de la rue qui en fera également ‘compofé. La folidité en fera plus grande, parce que, fi, dans un même efpace d’une certaine étendue, il y a un fyltêème combiné de différentes voütes ou courbures , la réfiftance aux preflions fera plus grande. Les puif. fances comprimantes ne peuvent être victorieufes, parce que l'effort qu'op- - pofe une courbe convexe eft foutenu par toutes les autres courbes qui la contrebutent, & que l'une ne peut céder à la preflion qu’autant que fa voifine céderoit. On en doit dire autant de celle - ci rélativement à une » troifieme, & ainfi de fuite. C’eft alors qu’on voit vifiblement que vis wuita “ ft fortior. L’arrangement que j'ai propofé eft donc le plus folide. Il eft … fimple, parce qu'il ne dépend que de l'affemblage des pavés déja choifis ; » il eft peu difpendieux, car dans l’arrangement il n’en coûte pas plus de les placer d’une façon ou d'une autre. Et quand il en coûteroit plus, la “folidité étonnante de cette méthode dédommageroit avec ufure du petit excès de dépenfe. Il ne faut pas croire que les courbures dont j'ai parlé foient confidéra. bles, elles peuvent être fenfibles fans être trop grandes. Alors elles ne fa. tigueront ni les hommes ni les chevaux; comme l’expérience le prouve - dans les pays où machinalement le pavé a été un peu bombé ; on s’y ac. coutume à marcher fur ces fortes de plans, & on ne s’apperçoit aucu- mement de la courbure. D'ailleurs, d’un pas à l’autre la courbure eft in- fenfible dans la demi largeur de la rue, & felon la longueur elle eft nulle, parce qu’on dirige fes pas felon une ligne droite, 304 MÉQMiO)T RES :D:E LL la ,Sçoest É,* É On peut fe difpenfer d’avertir qu’en préparant la bafe du pavement, üf faut néceffairement donner au lit de chaque revers de rue la forme dont nous venons de parler. Ceit à deffein que je n’en ai point parlé dans le chapitre fecond, pour réferver ici cette obfervation. La bafe d’une rue formant donc cette double fuite de voûtes, le pavé qu’on y placera deflus Vaura néceffairement, & de plus l’arrangement qu’on lui donnera fera bien plus folide, parce que vis wuita fit fortior. Jai cru qu'il étoit inutile de m’arrêter ici à des difcuflions géométriques fur la nature de la courbe, propre aux pavemens, parce que cette figure doit être exécutée par des ouvriers qui n’entendroient abfolument rien à décrire une courbe tranfcendante; en agir autrement, ce feroit vouloir : faire parade de géométrie. Dans la pratique, l’arc que les ouvriers font fouvent former au revers de chaque rue eft fuffifant; cette courbure eft trèsfenfible & facile à conftruire. Dans ce genre, il n’y a pas de meil. leur compas qu'un œil exercé. Le jardinier, tous les jours, prépare des planches dans les carreaux de fon jardin, qui ont un bombement bien mar- qué & une courbure qui plait à la vue. Les paveurs n’ont pas un befoin plus grand qu'eux de regle & de compas, pour tracer une figure courbe, mais dont la convexité ne foit pas beaucoup fenfible, comme celle qu’ils ont coutume de donner, mais qu’on a trop négligé depuis quelque temps dans différentes villes, fur-tout à Paris, où après de grandes pluies on new s'en apperçoit que trop. Des recherches particulieres m’ont fait connoitre que la courbe la plus propre à chaque revers de rue approche beaucoup de celle que, par une pratique ordinaire, les paveurs donnent aux rues; courbe dont les trois conditions eflentielles font que toutes les parties fem foutiennent mutuellement, qu’elles aient toutes une pente fuffifante vers le ruiffeau du milieu, & enfin qu’elle ne fatigue pas trop les hommes qui. marchent & les animaux deftinés à charrier des fardeaux. PT DES SCIENCES PHys. DE LAUSANNE. 305 ED —_— — CHAPITRE V. Tableau de la meilleure maniere de paver. EL. premiere chofe à laquelle on doit porter fon attention, c’eft de préparer le fol d'une rue qu'on doit paver. Pour cet effet, il faut mettre le fol à un feul niveau de pente, fi le local le permet. D'abord il faut une pente du haut de la rue en bas, afin que les eaux s’écoulent par la rigole du milieu. Elle ne doit pas être trop fenfible pour ne pas fatiguer les hom- mes & les animaux. Ce font les circonftances locales qui doivent détermi- ner à faire la pente plus ou moins grande, cela dépend des rues voifines dont les eaux fe rendent ou ne fe rendent pas dans la rigole de la rue dont nous parlons; & cela dépend encore de la poñtion, ou de l’éloigne- ment des cloaques ou égouts de différentes rues, C’eft à l'Ingénieur de la ville, ou à lInfpeéteur de la voirie à déterminer cet objet aux entrepre- neurs où aux payeurs, comme cela fe fait dans la plupart des grandes vil. les. Si plufieurs niveaux de pente font néceffaires à caufe du local irrégu- lier & montueux, on aura foin d'éviter toute différence trop fenfible d’une partie de la rue à l'autre. N Outre cette pente de haut en bas de la rue, il faut encore en ména- ger une autre à chaque revers depuis la face des maifons jufqu'à la rigole » du milieu. J1 y a des endroits où cette pente cft d’un pouce (c) par pié dans les rues d’une certaine largeur. Lorfque les rues font moins larges, on peut en donner moins. On obferve aujourd’hui qu'à Paris il y a trop peu de pente, & qu'après une pluie un peu forte, beaucoup de rues, dont je fupprime ici le nom, font couvertes d’eau qui ne peut s’écouler, . & alors on ne peut paller qu'en voiture où par-deffus des planches. Les pentes déterminées ; on fera les déblais ou les remblais néceffaires, … felon qu'il fera à propos de baïller ou d'élever le pavé. Enluite on affer- Cc) Quelques-uns trouvent cette pente tropgrande, à caufe des temps de gelée & de verglas ; * on peut donc la diminuer. Tome IT. | Q q 306 MiËmMiow&mRlE:sS. D+ÆE LA So crE TÉ mira-le fol avec le baitoir, ou la hie, ainfi qu’on l’a prefcrit dans le cha pitre premier. Cette opération faite, on mettra un couchis du gros gr vier de deux pouces qu'on incorporeralavec la terre battue , par le moyen de fréquentes percullions du battoir. Après on mettra un fecond couchis de petit gravier de deux pouces environ de hauteur, qu’on preffera en- core avec le même initrument, mais moins que le gros gravier. On ne manquera pas de donner à ce fol, ainfi préparé, lequel eft la vraie bafe du pavement, une courbure en pente depuis les mailons jufqu’à l'endroit où fera la rigole. du milieu, &ïune: autre courbure dans un fens perpen- diculaire, devant toutes les allées des mailons où il y aura des rigoles do. meftiques, par lefquelles l'eau eft verfée dans la rue, & de-là dans la ri- gole publique du milieu de la rue, comme nous l'avons recommandé. Par-deflus ce fondement inébranlable, on mettra une forme de fable qui fera au’ moins de trois pouces. On tendra enfuite des cordeaux à l'ordinaire; un fur-tout le long de là rigole du milieu; c’eftla qu'on rangera deux chaines longitudinales de cailloux de fix à fept pouces de hauteur , & les plus larges de furface qu'on aura pu trouver. Après cet arrangement, on formera de diftance à autre dans toute l'étendue de chaque revers de rue, des chaines tranfver- fales de cailloux qui feront aufli choïfis parmi les plus longs. Ces chaînes tranfverfales feront conféquemment perpendiculaires aux deux chaïnes ju- melles longitudinales , c’eftà-dire , placées le long du ruifleau du milieu de la rue. Ces chaînes tranfverfales font deftinées à empêcher que les pa- vés renfermés dans lencadrement de deux chaînes , étant fuppofés déran. gés, ne communiquent au loin la dégradation. Plus on multipliera les chai- nes tranfverfales , plus le pavement fera folide. Lorfqw’on placera les cailloux, on aura foin de les enfoncer par la queue ou par le côté pointu dans la forme de fable, & de frapper deflus la tête, pour qu’il entre fuffifamment dans les formes inférieures. On commencera à placer les pavés par le bas de la re en allant toujours vers le bout le plus élevé. Chaque rangée de caillou fera placée parallelement aux chaînes tranfverfales ; & on apportera la plus grande attention, 1°. À ce que les furfaces latérales des cailloux fe touchent dans le plus grand nombre de points poflibles , relativement à leur fuperficie. Quand le contact eft plus grand , le frottement lui eft proportionnel; & dans ce cas, la réfiftance étant | augmentée, l'effort des puiffances comprimantes eft moindre. Voyez ce qu'ont Le pes Sciences Pays. DE Lausanne. 307 écrit fur le frottement Amontons, Defaguliers , Sgravefande , &c. 2”. À ce que tous les cailloux foient très-ferrés entreux dans tous les fens; 3°. À ce qu’ils forment une efpèce d’arc , de courbure ou de voûte, conforme en tout point à celle de la bafe; 4°. & à ce que les joints de deux cailloux d’une rangée, ne répondent pas aux joints des rangées voifines ; mais que le milieu du caillou-tombe fur la ligne de jonction de deux cailloux de ran- gée fupérieure , & ainfi de fuite alternativement, comme on le pratique dans les murs conftruits avec des pierres de taille. Alors on obferve le vis uuita fit fortior. Ces opérations faites, on couvrira d’abord d’un pouce & demi de fa. . ble tout le pavé dont l’arrangement aura été achevé. Si les interftices font grands, on emploiera premierement du gravier, & enfuite du fable; après cela il faudra enfoncer les cailloux avec la hie où dernoifelle, & ils feront battus jufqu’au renvoi de la hie. Pour perfeétionner l'ouvrage , il eft nécef faire de verfer de l’eau fur le pavé; & comme l'eau, en s’écoulant à tra- vers les interftices des cailloux, aura entrainé du fable dans les joints infé- rieurs, on remettra encore du fable, & on effayera de battre encore le pavé avec la demoifelle. Perfonne n’avoit encore penfé à faire verfer de l’eau fur la couche de fable répandue fur le pavé, mais cette opération paroït nécef. faire, parce que les premieres pluies qui furviendroient entraineroient le fable, occafionneroient des vides qui ne feroient pas réparés, & qui contri- bueroient bientôt à la dégradation du payé. … Pour donner le dernier degré de perfettion à cette méthode, il feroit à propos que tous les propriétaires des mailons fiflent placer devant leurs éd. fices refpedtifs des dalles, des cadettes, ou des efpèces de banquettes de pierres de taille d’une largeur égale & d’une épaiffeur fuffifante. Non fer. lement l’embelliflement des rues en réfulteroit, mais encore la folidité du pc- . vement, puifque les courbures des payés feroient appuyées d’un côté con- tre ces pierres. Il y auroit encore en cela une économie bien grande, parce . qu'on ne feroit pas obligé de paver cette partie, objet de diminution confidera- » ble; car, à ne donner qu'un pied de largeur à ces dalles & 30 toïfes - par exemple, à la longueur moyenne des rues , nous aurions à retrancher du pavement de la Ville 2 p. #4 30t » n, c’eftä-dire, par le nombre ” des rues de Ja Ville, ce qui nous donneroit un produit très-confidérable … dé diminution ou d'économie. Cet article d'économie pourroit fervir au petit excès de dépenfe qu’exige une bonne méthode de payer. | Qq 2 308 ME MO D'R ES ‘D'E | L'ANMS ONCE TE ‘La méthode que j'ai propofée paroîtra indubitablement la meilleure des. méthodes poflibles, c’eft-a-dire, la maniere la plus fimple, la plus folide, la plus commode & la moins coûteufe de paver les rues, les quais & les places d'une Ville, parce que, dans cette méthode, tout eft lié, tout eft uni, tout eft réciproquement en rapport, foit du côté de la matiere la plus folide & la moins coûteufe, foit du côtè de la bafe la meilleure, foit qu'on confidère la figure particulière des pavés qui eft la plus CHE & la plus folide, foit qu'on regarde l’affemblage réciproque des parties, & l'arrangement total qui eft de tous le plus parfait, relativement au but qu’on fe propofe de remplir. Je veux, pour un moment, que cette méthode fut un peu plus difpen. dieufe que la méthode vitieufe fuivie jufqu’à préfent ; comme le pavement en feroit beaucoup plus durable, il en feroit certainement moins difpen- dieux. Car fi, je le fuppofe, il en coûte pour faire une bonne conftruc- tion de pavé untiers de plus, & que ce pavé dure une fois davantage, il eft für qu’on y gagne, que l’économie s’y trouve & que la méthode eft moins coûteufe que la routine ancienne. En un mot, fuivre notre métho- de, c’eft allier la folidité avec l'économie. Les Villes peuvent encore Gbliger les propriétaires des mailons à faire paver la partie du revers correfpondante à leur édifice, jufqu’au milieu du ruiffeau. Cela fe fait en plufieurs Villes, conformément à diverfes Ordonnances de nos Rois. Il paroït naturel que la claffe la plus riche des Citoyens , celle des propriétaires des mailons, fourniffe à cette dépenfe , puifque les profits des louages font confidéra- bles; & alors le pauvre peuple, toujours fi opprimé, parce qu'il n’eft qu'u- tile, feroit décharge des impofitions qu’il paye pour cet objet. Je défire- rois que cette loi économique ( car c'en eft une, qu’on ne sy trompe pas) eût lieu dans toute l'étendue du royaume, malgré tous les intérêts particuliers. Loin d'ici ces Egoïftes trop nombreux, qui ne calculent le bien public que par l'intérêt qui leur en revient. Cette loi étoit établie à Rome & dans toutes les grandes Villes de l'Empire: Conffruat autem vins publi- cas, uuufquifqre Secundin propriam domum (d). Afin que le pavé foit plus durable, on doit choifir la belle faifon pour le conftruire ; c’elt au défaut de cette attention qu’on doit attribuer le peu MERE EE PER RS (d) ZL «œdiles D. de via publ, © itin. pub. reficiendo. 4 .pes Scrences PHys DE Lausanne. 309 de confiftance de tous les pavemens , fur-tout lorfqu’ils font faits felon Pancienne maniere: on en fent bientôt la raifon, & il eft inutile d’infifter ici fur ce fujet. Une autre confidération très-utile eft celle de donner aux Ouvriers un falaire fuffifant; c’eft une juitice. En général les Ouvriers ne: font pas affez payés, & pour gagner leur’ vie ils font obligés de paver une plus grande étendue par jour , ce qui ne peut avoir lieu fans faire du mau. vais ouvrage, C’eft-à-dire très-peu durable. On croit gagner quand on déli. _vre la toife du pavé à bas prix, & je dis qu’on perd réellement, parce qu'il faut refaire très-fouvent l'ouvrage. Un moyen für de connoitre le jufte prix qu'on doit donner aux En. *trepreneurs, afin que les Villes ne foient point trompées , eft celui-ci. Il faut -quun Ingénieur ou Infpeëteur des Travaux de la Ville, foit préfent au tra- * vail d’une journée, fait felon une bonne méthode. Il connoïtra alors füre- » ‘: ment combien un certain nombre d'Ouvriers fera par jour de toifes quar- rées de pavés; il faura d’ailleurs à combien reviennent les matériaux tout tranfportés; & conféquemment on apprendra Ja jufte valeur d’une toife quar rée. On répétera cette épreuve plufieurs fois & en divers quartiers, & on » aura enfuite une valeur moyenne qui fera la valeur cherchée. * Je finis cet article, en faifant obferver que notre méthode de paver eft "Ja meilleure de toutes. Un pavé eft durable & excellent, lorfque les cail- loux qui le compofent ne peuvent fubir aucun dérangement en aucun fens, . & tel eft l'avantage de notre maniere (e). D'abord les cailloux ne peuvent éprouver aucun déplacement ni à droite ni à gauche, ni en avant ni en arrière , parce que chaque caillou étant prefle par les cailloux qui l’envi- ronnent de tous côtés , lefquels font eux-mêmes rétenus en fituation par ” d'autres , il n'eft pas poflible qu’ils s’abaiflent au-deflous du fol, à caufe de la folidité de la bafe ; il left encore moins qu’ils s'élèvent à caufe des pre£ fions fréquentes qu’ils effuyeront. D'ailleurs , les pavés ne s'élèvent jamais que par l'effet de la gelée, & nous n'avons pas ici cet effet à craindre. Dans notre méthode nous formons une bafe avec du gravier, nous y pla | . .. —…. _(c) On ne fauroit trop recommander qu’on obferve par-tout les Ordonnances rendues en plu. fl P q P …fieursendroits, pour fupprimer l’ufage gothique des tuyaux de volée qui jettent l’eau des toits, afin de leur fubftituer des tuyaux de defcente qui conduifent les eaux de pluie jufqu’au bas des …maifons. Dans ce dernier cas , les pavés ne feront point déchauffés ni dégradés, &le public ne | fera point mouillé par turrens d’eau, E Î | | 310 Mémoires DE LA Soci1EeTé çons par-deflus trois pouces environ de fable. IL eft d'expérience que Îles eaux de pluie filtreront à travers le fable & le gravier, & que ne fe con- gelant pas au-deffous du pavé, elles ne déplaceront pas les cailloux. Au con- traire , dans la façon commune on ne met pas de fable , ou du moins il n'y en a pas fuffifamment. L'eau qui s'écoule par les joints des cailloux {éjourne au-deffous , fur- tout quand le terrein eft glaifeux. Lorfque le froid furvient , cette eau fe gele, fe dilate, & par fon expanfion fait élever irréguliérement les cailloux, & les oblige d'autant plus de s'élever, qu’elle pouffe par l'intrados , c’eft- à-dire, par en bas, les cailloux dont la figure approche de celle des vou£ foirs ou de celle d’un double coin, ainfi que nous l'avons dit. C’eft la feule | directibn felon laquelle 1:s pavés bien rangés en arc puiflent étre atta- qués. ‘4 On ne peut contefter la légitimité de cette caufe pour peu qu’on foit verfé dans les fciences. Car on fait depuis long-tenips par obfervation que “ la terre, en fe gelant, élève les feuils des portes. Boyle nous attefte que M de la glace qui sétoit formée dans un tube de cuivre large de 3 pouces, « avoit élevé un poids de 74 livres (f). Hugens a obfervé qu'un canon de fer rempli d’eau & fermé exactement, éclata avec bruit & fe fendit (g). Les M Académiciens de Florence remplirent d’eau une fphère creufe de cuivre, & J'expoferent à la gélée qui enfin la fit rompre. L’épaifleur du métal étoit " égale à #5 de pouce & fa fermeté fut trouvée = 22893 livres. Mais la force d’un pouce fphérique de glace qui agit en toutes fortes de fens, et = une fois plus grande; car cette Fe eft à l'effort avec lequel la glace tend à divifer le métal, comme le rayon conduit fur la périphérie du “cercle et” à l'aire du cercle, ou comme 2: 1. Or, la fermeté d’un morceau de cui “vre d’un demi-pouce quarré d’épailleur = 12750 donc $0? : 12750 :: 672: 22893; car les fermetés dans cette occalion, font comme les gars des épaiffeurs , dit Mufchenbroëck. | Si on vouloit paver quelques parties de places ou de quais avec des quarreaux de pierres tirées d’Anfe & de Tournus en Bourgogne, pour le fondement on fera un bon beton. On aura foin de tailler ces quarreaux , (f) Boyle, Hif. frigoris tit. ro. : ” (9) Duhamel. Hiff, Acad. Reg. lib. x. 6. c. s. : 4 ‘ pes ScieNces Puys. DE LAUSANNE. 3TI de telle forte que le quarré de la furface inférieure foit plus petit que celui de da fuperficie d’en haut, afin que ces pavés étant placés fur une courbe convexe , fe joignent exactement & fe foutiennent mutuellement. Le défaut de cette attention eft caufe que les pavés ne font pas joints à la furface fu- périeure, où il y a un intervalle très - fenfible tout autour. Lorfqu'ils au- ront la forme d’une pyramide quadrangulaire tronquée & renverfée, alors le contact des furfaces latérales fera le plus grand poflible , le frottement fera en rapport au contact, ainfi que la réfiftance, & le pavé en fera plus folide, Perfonne n’avoit encore porté la lumiere dans l’art ténébreux de paver. + Une routine aveugle préfidoit à un art dont l’utilité eft fi grande qu’on peut dire avec raifon qu’elle devient une ‘vraie néceflité. J’ofe croire y avoir pré. « fenté le flambeau de la théorie pour éclairer la pratique , & celle que jai » propopofée me paroït avoir la quadruple qualité d’être la plus fimple , la - plus folide, la plus commode & la moins coùteufe de toutes les pratiques poflibles. Ain nn 2 NÉ :C.O N°D E UP ARRET VE EST ES ee es ee, La propreté des rues eft un objet de la plus grande importance, & » on peut dire avec vérité, que les rues ne font pavées que pour fe procu- rer cet avantage qui a un rapport eflentiel avec la fanté des citoyens. On en pourra juger par les faits fuivans. Jufqu’a lan 1184 Paris ne fut point pavé, c’eft une vérité aufli certaine qu'étonnante. Voici ce qui donna lieu à cet heureux changement que nous devons à Philippe-Auguite. Pendant là cinquieme année de fon regne, quoiqu'il weût alors que vingt ans, ce Prince fe promenant feul dans une falle de fon palais, fitué à Paris au jord de la Seine, contemploit d’une fenêtre le cours de la riviere. Dans ce temps-là même, des charrettes, qui pafloient au-deflous de cette fenêtre où étoit le Monarque, remuerent la boue, & en firent exhaler une odeur fi puante, que le Roi, ne la pouvant fupporter, fut obligé de fe retirer: mauffi-tôt il rélolut de faire paver la capitale; & pour cet effet, il fit venir le Prévôt des Marchands & plufieurs des plus notables Bourgeois de Paris, , 312 MÉMoirEs DE LA So ci1ËÈTé & leur ordonna, d'autorité royale, de faire paver la ville d’un bout à law tre, tant les rues que marchés & places publiques. Ainfi, ce jeune Prince exécuta ce que tous fes prédéceffeurs n’avoient pas ofé entreprendre. 4r- drum opus, dit Rigordus, Hiftorien Français & contemporain, Jed valdè acceffarium : quod omnes prædecelfores fui ex nimit gravitate € operis im- penfa aggredi non prefumpferant. De forte que c’eft l'an 1184, que Phi. lippe - Augufte ordonna de payer & de nettoyer les rues de Paris, alors impraticables. Le nettoyÿement des rues fut pratiqué pendant long- “temps, mais enfuite } comme toutes les efpèces de biens, on le négligea; néanmoins, 479 ans après l'époque dont nous avons parlé, on fut obligé de faire revivre la loi. Un Médecin, nommé Courtois, logé dans la rue des Marmoufets, avoit dans une falle, fur la rue, de gros chenets à pommes de cuivre. Il avoit foin de les faire nettoyer tous les jours, & tous les matins il les trouvoit chargés de verd-degris, avant 1663 où le nettoyement des rues étoit négligé; mais dès que cette police fut rétablie, les taches ne repa- rurent plus. D'où il concluoit, que cette malignité devoit faire bien plus d'impreflion fur les vifceres, & que cétoit la caufe de bien des mala- dies (h). | Un ancien auteur dit: ,, On raconte que la ville de Smyrne en Afie; , & celle de Sienne en Italie, font bien comparties en rues, belles, droi ;-tes & accompagnées de très-beaux édifices, mais qui offenfoient gran: » dement les étrangers non accoutumés aux mauvaifes odeurs des i immon. | » dices que l’on jettoit par chaque nuit {ur le pavé, d’autant qu'il n’y avoit ,» aucunes cloaques pour en faire la décharge” (2). Il feroit difficile de: fe perfuader que ce qui produit une impreflion fi défagréable fur les étrans gers qui n'y font pas accoutumés, n’en fit aucune ur le tempérament des habitans. Bien plus, on a remarqué que la mal-propreté des rues qui. fans contredit, vicie l'air, a fouvent occafionné des maladies épidémiques. Prefque toujours on a seu à les détruire, en les attaquant dans la caufes du mal. Plus fouvent on a vu regner dans les villages des épidémies qui ont été entiérement anéanties, en comblant certains égouts où l’on mettoit M . le’ ——————————…—.…"—— —.—"… —…" —…—— —————— ————————————————— —— (A) Droit public de la France. (i) Gr. chem. de l'Empire , pag. 230. ct we l de DES Sciences Prys DE LAUSANNE. 3143 le fumier pour le faire pourrir. Le nettoyement des rues doit donc être rangé parmi les objets de premiere nécefité , puifque la fanté en eft un, & fous ce rapport il mérite toute lattention des Gouvernemens & des - Académies, à qui, fans doute, ce fujet ne peut être indifiérent. Un pré- jugé vulgaire fait regarder à des arts fuperficiels ces fortes de difcuffions comme des objets de peu de conféquence, & fur-tout peu fcientifiques. Si elles font utiles, ah ! que l’on eft bien dédommagé de fes peines! Mif utile eff quod facimus flulta eff gloria. Mais jofe croire que la maniere dont jai traité ce fujet, les rapports que j'ai apperçus entre lui & diver- fes parties des Sciences phyfiques , mathématiques & naturelles , ainfi-qu’a: vec la falubrité de l'air, & conféquemment avec la fanté de l'homme ; jofe croire que cette façon nouvelle d'envifager ce fujet lui aura done un ton dintérét, de noblefle & d’élévation même aux yeux les plus pré- venus contre les recherches utiles , lorfqu’elles ne fe préfentent pas avec l'appareil impofant des hautes fciences. _ ‘Les Romains, car je les citerai encore, & toujours avec le regret de ne pas les citer davantage; les Romains, afin de procurer & d’entretenir la propreté des rues, ont employé des moyens qu'aucun peuple de la terre, quelque puiffant qu'il füt, n'a ofé imiter; je veux parler de leurs magnifiques cloaques, ces deux noms, qui dans notre langue femblent peu faits pour être enfemble, s’allient merveillenfement dans celle des Romains: auff Cafiodore les appelle-t:il fpezdidas; & Pline, ditil, que c’eft la plus haute entreprife qui fût jamais faite dans la capitale du monde. Ces cloa- ques admirables (vrais égouts, véritables foffes fouterraines) ne fervoient qu'à purger les rues de la ville de Rome de leurs immondices. On eft furpris, dit Pline, comment, pour les fäire, on a pu percer & enfoncer les montagnes, & rendre, par ce moyen, la ville de Rome prefque fuf. : pendue en Pair (4). Strabon affure quell’on pouvoit aller par bateaux au- deflous de toutes les rues; ces cloaques ou canaux étant d’une largeur & d’une hauteur fi confidérables , qu'un char de foin y pouvoit pafler très. . facilement (/).- Pline ajoute diPAgrippa y fit former fept conduits d’une ? eau fi rapide, qu ’elle emportoit ordinairement, comme un torrent, tout Ck) Plin. lib. 36. cap.15, C2) Strab, Liv. s. Tome II. Rr 314 MÉMOIRES DE LA. Soc1iErTÉ ce qu’elle rencontroit; & qu'on ne s’appercevoit pas de fon temps, que l'eau eüt produit la moindre détérioration, quoiqu'ils euffent été conftruits epuis Le fiecle de Tarquin l’ancien, c’eftädire, depuis plus de huit cents ans. ‘ -Ces cloaques, felon Albert, ne font rien moins que des ponts, des ar- ches ou des voûtes d'une extrême longueur & largeur qui ont été conf truites fous les grandes rues de la Ville pour nettoyer les rues, purgatio- refque reddendas vias conferant (m), & pour foutenir le fardeau des ma- tériaux dont elles étoient. pavées, de mème que les colonnes, les obéli£ ques autres ouvrages d'un poids énorme qu’on charrioit tous les jours. On peut juger de la folidité du payement des rues, & de celles des cloa- ques qui étoient deffous, par le trait fuivant que Plise rapporte (x). M. Scaurus voulant faire tranfporter trois cent foixante colonnes de marbre, chacune de trente-huit pieds de longueur, du lieu où elles avoient fervi à fon théâtre, jufques au Mont Palatin pour en décorer fa muifon , les : Commiffaires ou Intendans des cloiques, craignant que le tranfport d’un grand nombre de mafles aufli pefantes n’ébranlàt ces efpèces de voñtes , demanderent à Scaurus qu'il sobligeñt à faire réparer à fes dépens tout le dommage qui. pourroit en réfulter. Cette précaution fut inutile, car on ne remarqua aucune dégradation. Ces cloaques ou faufles fouterraines étoient faites avec le: même art felon lequel les ponts font conftruits, & deflus étoient les mêmes arrangemens de diverfes matieres défignées fous le nom de flatumen, rudus, mucleus, aggeres ant fumma eruffa, dont nous avons parlé à la fin du Chapitre fecond de la premiere Partie de cette Difler- tation. -C'eft par ce moyen admirable que les rues de Rome étoient nettoyées dés boues ‘& des immondices dont le pavé pouvait étre couvert; car il y avoit des ouvertures d’efpace en efpace , comme divers égouts & récepta- cles par où les eaux entraïînoient dans leur chûte les ordures qui étoient fur le pavé; de forte qu’en quelques inftans les rues étoient nettes & fe. ch:s. Chaque rue ayant fes déchargeoirs, dit Bergier , lune n'étoit point afujettie à recevoir les,eaux &,. les immondices des autres. Si les eaux m'a- Cm) Aib. Gb. 4. dere adific. Ç(n) Plin. liv. 36. chap. s € 15. Minh me en Lt on pm rer pEs Scirences PHys. DE LAUSANNE. 315 voient pas completté le nettoyement, le travail des hommes y fuppléoit bien- tôt, ceux-ci jettoieut les immondices dans les cloaques par les égouts fré- quens qui fe rencontroient le long du pavé. Jamais les faufles fouterraines ne pouvoient être comblées , parce qu’à toute heure il étoit facile de les nettoyer par le moyen de fept caneaux d’où fortoit une eau, mue avec une grande rapidité , en levant les éclufes qui la retenoient. Ce torrent impé- tueux entrainoit le tout dans le Tibre par les bouches defdites fofles qui y avoient été conduites par. Tarquin l'Ancien qui en fut le premier Auteur. Si tout ce que nous avons dit jufqu’à préfent ne fuffifoit pas pour don- ner une grande idée de ces ouvrages étonnans, je rapporterois un trait frap-" pant que Pline nous à tranfmis. Tarquin l'Ancien , pour venir à bout de conitruire ces aqueducs fouterrains, ces admirables cloaques, contraignit les hommes & les femmes à y travailler en perfonne ; mais la longueur & les difficultés qu’on éprouva dans lexécution de cet ouvrage, furent telles que plufieurs aimerent mieux fe tuer que de continuer cette entreprife. Afin d’arrèter cette étrange fureur , le Roi imagina d'employer le même moyen dont les Habitans de Milet s’étoient fervis dans une circonftance femblable, pour empêcher les jeunes filles de fe donner la mort, rien n’ayant pu réuf. fir jufques-là à les détourner de ce crime. Il ordonna donc de pendre en un gibet, à la vue de tout le peuple, les corps tout nuds de ceux qui s'étoient tués. Cette loi rappella aux Romains les fentimens de cet honneur qui les avoit fi fouvent rendus vainqueurs, ils conçurent auflitôt une honte pareille à celle des filles Miléfiennes, que la crainte de paroïtre nues de- vant leurs Concitoyens , empècha de fe rendre coupables d’un forfait aufli horrible, & fe foumirent à la loi qui leur étoit impofée. Quelle ne devoit pas être la folidité de ces cloaques, puifque ni huit fiecles écoulés, ni le choc continuel des eaux, ni les débordemens du Ti- bre, ni les chütes fréquentes des maifons , ni les tremblemens de terre, &c. n’avoient pu tant foit peu entâmer la maçonnerie de ces merveilleux cloa- ques? Auffi ne fuis-je point furpris d'entendre Cafliodore dire : Splendidas Romane Civitatis cloaquas , guæ tantum vifentibus conferunt fluporem, ut aliarum civitatum pollint fuperare miracula. Hiuc Roma fingularis, quanta in te fit poteft colligi maguitudo. Que enim urbium audeut tuis culminibus contemdere ; quandône ima tuo poflint fimilitudinem reperire ? Ces paroles font trop belles pour ofer les traduire. Ne doit-on pas craindre ce diéterium , Traduiore Traditore ? LT 316 M AM Oo MRÈE s° DEE' LAMS INC F'EUT Ë L'exemple des Romains ne doit-il pas nous engager à faire de puiffans efforts pour donner à nos Villes, & furtout à nos rues, cet air de pro- preté qui régnoit dans les leurs, & qu’on remarque de nos jours principa- lement chez les Hollandois. Pour parvenir: à ce but, j'examinerai fuccéflive- ment divers moyens qui me paroiflent propres à cet effet. Je les divifé en effentiels & en accidentels ; je commencerai Lie par les premiers qui font au nombre de huit. a _ — CHA PATERRRA ERP RLEUM IE R. 2 TT fee 22 rer rene a Toyens effentiels. D Es rues larges & bien alignées contribuent beaucoup à la propreté d’une Ville, parce que les rues font moins humides, le foleil les defféchant plus facilement. L'expérience prouve que les rues étroites font très - fom- bres, toujours humides & pleines de boue, & que celles qui font larges ‘ font feches & fans boue, ou du moins , qu’il n’y a pas tant d’immondices. La raifon de ce phénomème eft à peu-près celle: que donnent les Phyficiens pour expliquer la prompte deflication d’un linge humide expolé en plein air, ou au foleil, tandis que dans une cour étroite, & dont les murs font très-élevés, cet effet n’a pas lieu auflitôt. De plus , lévaporation croit comme les furfaces. Ce ne font pas feulement les liquides qui-s’évaporent, mais les folides eux-mêmes perdent continuellement de leur {ubftance par les exha-" laifons continuelles qui s'élèvent dans l'air; conféquemment une rue humide » & pleine de boues fera defféchée fi fa furface a une plus grande étendue. Les expériences & les raifons fur lefquelles eft appuyé tout ce que nous venons de dire font trop connues pour les rapporter & pour infifter fur M cet objet. | Je me contente de le confirmer par l'obfervation fuivante. Environ en ki 1472, les Habitans de Ravenne s’aviferent d’un moyen femblable pour ren- « dre pratiquable un chemin qui conduifoit à leur Ville. Cette route qui traverfoit une forét étoit déteftable , ils la reéndirent belle en faifant couper les arbres à une certaine diftance. Alors les vents y jouerent en liberté, les rayons du foleil purent y pénétrer & fécher ce terrein , auparavant humide DESISCIENCES PHYS.: DE: LAUSANNE. 3a7 & contiauellement plein de boues. Apud lucum'Ravennæ per bos ‘dies quod viam abcillis arboribus dilatarint , folifque immiferint , ex corruptiffima per- tcommoda reddita eff (o). ‘Il ne faut pas cependant que dans les pays extrèmemient chauds, comme certaines Villes d'Italie , les rues aient trop de largeur ,: parce qu’en ne penfant qu'a la propreté des rues, on pourroit ne pas faire aflez @'atten- . tion à la falubrité de l'air, rélativement à la fanté des Habitans. C’eft ce qu'on remarqua dans la Ville de Rome, après que l'Empereur, ou plutôt, le monftre Neron eu fait brüler l’ancienne Rome pour rebètir une nouvelle Ville plus magnifique , & dont les rues étoient trop larges refpettivement à la température du climat. Ce que confirme Tacite par ces paroles: Erant tamen qui crederent , veterem illam formam falubritati magis conduxiffe . quoniam angufiie itinerum € altitudo tecforum non perindè fulis vapore per- rumperentur. Ât nuac palulam latitudinem , €3 nullà wmbrä defenfom gra- viore æflu ardefcere (p). La plüpart des Villes de France n’ont pas à redouter cet inconvénient, notre climat étant bien plus tempéré que celui de Rome ; & on doit d’au- , tant moins craindre d'élargir les rues , lorfque l’occafion s’en préfentera, que les maifons y font d’une. grande ( q ) élévation. La pente fufffante des revers & des rues ellesmêmes , eft un fecond moyen relatif au nettoyement propolé. Cette double pente , felon la demi. - Jargeur des rues, & felon leur longueur totale, contribue beaucoup à main- tenir la propreté des rues, ou à empêcher que les immondices ne sy ar- . rétent trop facilement. On donne ordinairement aux rues un pouce par toife de pente, & à chaque revers un pouce par pied. Cependant cela dé. pend de la longueur des rues, de leur largeur & des autres circonftances + locales qui doivent être déterminées par l'Ingénieur de la Ville, ou par ceux mqui font chargés de cette partie. Les pentes fuffifantes étant données, les + -(o)-Atb.dib. 10. de re adificat. cap. 8. Cp) Tuacite, liv. 15. Annal. 11 (aq) Lorfque Chikagut, de la-nation.des Illinois, aprés avoir été amené en France, ; retourna … dans fon pays, il racontoit à fes compatriotes qu'il avoit vu dans nos villes cinq cabanes, [cinq Iérages ] es unes fur les autres, plus élevées que Les grands arbres , & qu'il y avoit autant de monde duns les rues de Paris que de brins d'arbres dans les prairies, ©? de. Muringouins dans Les » bois; on ne pouvoit le croire. On l’a payé, lui répondoit-on , pour nous faire accroiré tout cela. - Jifaut qu'un charme £'ait faftiné Les yeux. à 318 MÉMorrREes DE La SociEeTé eaux s’écoulent avec facilité, & entraînent au moins une partie des or: dures, I! eft encore néceffaire de diftribuer ÉmuRE les rues en divers quartiers, que plufeurs rigoles puifflent fe jetter dans de plus baffes, celles - ci dans d'autres, & enfin ces dernieres dans des égouts , des dégorgeoirs & aque- ducs fouterrains qui conduiront les eaux hors de la Ville ou dans des ri- vieres. La premiere ouverture de ces égouts fera armée d’une grille de fer, afin d’arrêter les immondices de gros volume qui pourroient engorger ces aqueducs fouterrains, lefquels ordinairement n’ont pas une grande capacité; sils en avoient une confidérable , cette précaution feroit inutile. Je connois quelques Villes en France dont la plüpart des rues font conftruites fur des aqueducs qui fervent à conduire hors de leur enceinte les eaux des rues, celle des maifons , les matieres que fourniflent les fofles d’aifance , &c. Des caneaux de communication de chaque maifon fe jettent dans laqueduc qui eft fous le milieu de la rue, celui-ci débouche dans d’autres, & ainfi de fuite jufqu’aux dégorgeoirs refpectifs. C’eft en petit imiter les Romains, mais il M n'y a que peu de Villes ainfi conftruites, & il eft néceffaire que le fol-en pente permette ce moyen. Ainfi la multiplication des égouts, des canaux ,. des aqueducs fouterrains & des dégorgeoirs, eft un troifieme moyen pour procurer le nettoyement des rues. L’attention à ne choifir pour la matiere du pavé que des fubftances très. dures comme du quarts ou du filex ne contribuera pas peu à la propreté des rues. La plüpart des autres fubftances qui pourroient fervir au pave- ment , s’ufent beaucoup par le frottement continuel; d’où réfulte une pul- vérifation fréquente, fource éternelle de boue, lorfque l’eau s’y joint. Qu'on effaie de paver une petite rue fréquentée avec des pierres calcaires, par exemple, & l’on verra bientôt la preuve de ce que javance. Le quarts & le filex étant très-dur, au contraire, & le frottement ordinaire ne pro duifant. aucun effet, ou du moins qu’un effet très-petit, & encore au bout d'un certain temps , feront donc des moyens capables de maintenir lafpro« preté des rues. Ce qui a été établi dans le Chapitre premier difpenfe d'en" trer ici dans de plus grands détails, Il en faut dire autant de la folidité de la bafe fur laquelle nous avons” fortement infifté dans le Chapitre fecond, parce que, un fondement inésll branlable empêche les affaiflemens du pavé, qui font des caufes plus grans des qu'on ne penfe de la malpropreté qui regne dans plufieurs rues & dans d DES Sciences Puys. DE LAusanxr. 319 … plufeurs Villes. Ces creux & ces enfoncemens , bientôt produits par de —fréquens charrois, feront des efpèces de réfervoirs où feront ramaflées di- “verfes immondices qu’il fera très-difficile de pouvoir en ôter. Dès que le pavé ne fra point établi fur une bonne forme, ou plutôt fur un fonde. ment ferme & inébranlable , ces creux fe multiplieront prodigieufement fur “les deux revers de la rue & le mal ira toujours en augmentant. Si les pavés font en coin, & forment une furface arrondie en pente, nhe efpèce de voüte, les intervalles entre chaque pavé feront moindres, & les immondices ne pourront pas s’y loger en fi grande quantité ou fi fa- …cilement. Suppolons qu'on pave un côté de quai, de place ou de rue, avec “des quarreaux de grès ou de pierre d’Anfe , & qu'on donne à ces quar- réaux la forme que nous avons prefcrite à la fin du Chapitre premier , alors le quarré de la furface fupérieure de ces pavés étant plus grand que “celui de la fuperficie d'en bas, les joints feront moins grands, ou même prefque nuls , fi la coupe des pierres a été bien faite, relativement à la courbure qu’on a donnée au pavement entier. Les joints étant ou nuls “ou moindres, les ordures ne s’y arrêteront pas, ou ce ne fera en fi grande “quantité. Il en eft de même des cailloux dont les intervales ne feront pas auffi grands, dès que leur tète fera plus large que leur queue : larrange. ment ferré revient à ce moyen. Mais une attention eflentielle qu’on doit avoir, eft de ne recouvrir le avé récemment arrangé qu'avec du bon fable. Si on fe fert du platras, es décombres & d’autres matériaux de cette efpèce, on aura toujours de à boue, comme l'expérience le prouve dans plufieurs Villes, & fur-tout à ÆLyon, où le fable n’eft pas toujours employé ; c'eft là la vraie caufe des boues qui regnent principalement dans l'hiver, & dans les autres faifons près les pluies. On ne doit admettre pour cette opération que du bon fa. ble & non du fable terreux, celui-ci ayant en partie les inconvéniens des décombres; non-feulement le fable calcaire , mais encore le fable argilleux it être réprouvé abfolument , parce que le premier ne filtreroit pas aflez au, & le fecond , par fa qualité propre, la retiendroit entiérement. Du ble de riviere , qui eft ordinairement quartreux ou filiceux & du petit ier , font ce qu’il y a de mieux 3; & comme ils font très-connus, je k rime ici ce que les Naturaliftes en difent, ce Mémoire étant déja trop Murrtée qu'on s’appercevra de quelques détériorations, il faudra les ré- RAT ), 320 MÉMOIRES DE LA S'OCT1ETÉ parer promptement, de crainte qu’elles augmentent rapidement. La foli.. dité du pavement confifte dans l'union & les rapports des parties, vis wuitg M fit fortior , avons-nous dit; mais sil y a quelques breches faites, le mal ne M fera que prendre fuccellivement divers accroiflemens, fi on n’a la plus grande ! Ft attention à y apporter un prompt remede, Une vigilance fcrupuleufe eft ici néceffaire; c'eft bien le cas de dire avec Horace, préucipiis obffa , Eèc. Les réparations faites avec foin, font donc encore un moyen d'entretenir la netteté des rues, des places & des quais. À Ces huit moyens me paroifflent fi eflentiels, que ce feroit envain qu’on | efpéreroit procurer le nettoyement d’une Ville par d’autres fecours , fi ceux 1" dont nous avons parlé n’étoient premierement employés. Des obitacles fans 1 ceffe renaiflans soppoferoient continuellement à cet effet, parce qu’on auroit M négligé le mal dans fa fource cù il faut lattaquer. Sans ces précautions , À on verra la boue fuinter & fortir perpétuellement du fein même des rues, comme une fueur humide fort du corps animal par la tranfpiration, ainfi qu'on l'a dit du pavé de Paris, perpetud exudat inutilis bumor. I eft fa- k cile d'employer fucceflivement ces moyens à mefure qu’on refait & répare M les rues, alors il n’en coute prefque rien de plus; ce qui certainement et très-économique & forme la maniere effentielle la plus fmple, la plus fo-M lide , la plus commode & la moins coûteufe de nettoyer les rues, les quais & les places d’une Ville. Ce font là les vrais moyens effentiels, qui font d'autant meilleurs qu'ils nailfent du fujet. À préfent on peut voir dans R fon étendue , la vérité de ce que j'ai avancé au commencement de ce Mé: je PROS EVA OPMT, ART DT EE Moyens accidentels. O: ne doit regarder que comme accidentels les moyens qui reftent à propofer, & je n’en parle que pour ne laifler rien à défirer fur ce fujet. I me paroït que l’on devroit établir dans chaque ville, par une or. donnance, que tous les habitans feront tenus de faire balayer à des heu- res déterminées , la partie des rues qui eft devant leur maifon, & de ran. ger en un tas les ordures, afin qu’on puifle les enlever plus facilement. Il en eft de même de ceux dont les maifons font fur des quais ou des pla- ces; ils feront balayer une partie égale à celle qu'ils auroient été obligés -de nettoyer, s'ils avoient habité des rues d’une moyenne largeur (r). On remarquera que c’eft ordinairement cette partie des quais & des places, qui, étant plus fréquentée, eft aufli plus fujette à étre couverte d’ordures & d'immondices de divers genres. Quant aux quais & aux places, ou des bouquetieres, des fruitieres , _ jardinieres, poiflonnieres, &c. & autres perfonnes de cette efpèce, saflem. - blent pour vendre, il ne leur fera permis d’y refter une partie de la jour- née qu’en s’obligeant à balayer la partie de ces places ou quais, corref ondante à celle que les bourgeois font nettoyer devant leur maifon. Cela ft bien jufte, felon cet axiome , qui fentit commodum fentire debet onus. La partie des quais & des places trop éloignées des maifons, eft moins expofée aux immondices, parce qu’elle eft moins fréquentée; & alors il » fera moins néceflaire de la faire nettoyer, comme l’expérience le prouve. “ Pour remplir cette fin, on employera le moyen pratiqué pour les ponts, » ou des moyens analogues, ou des mendians (5) occupés à cet effet par : > (r) Inya pas de pays au monde où il y sit plus de foins pour la propreté que dans la Hollan. “de; fans cela combien de maladies n’éprouveroit-elle pas ? -(s) A Berne les rues font nettoyées par un certain nombre de coupables, condamnés à ce châtiment pour un temps proportionné à Ja nature de leurs délits; & comme les fentences de Jue ges emportent rapidement peines capitales, c'eft la maniere la plus ufitée de punir les tranfgre£. fions. Lettres de M. W'illian Coxe Jur la Suife. Tome IL. S's # 322 Mémotrrees pe va S$SœcmérTsé la Police, &c. (ceft l’expédient le: moins. coûteux) ou. bien les. entrepre- neurs dont nous parlerons bientôt, y feront obligés comme nous le di- rons. Les rues étant donc balayéès, les ordures amaflées en divers tas, M à des heures fixées, il fera facile de les enlever, par le moyen de divers M tombereaux diftribués dans différens quartiers. L’enlevement des boues peut fe faire de trois manieres; aux frais des villes (+), par l'entremife des jardiniers, ou par le moyen d'une entte- piife. Le premier & le troilieme moyen rentrent affèz dans le même, mais il y a dè grands inconvéniens à ce que la ville s’én charge. Le nettoie. ment dès rues, des places & des quais feroit toujours mal fait, & certai. nement d’une maniere beaucoup plus difpendieufe, parce que les gens: en fous-ordre ne feroiént pas aflez furveillés. L'expérience la plus conftante a engagé divers Corps de ville à donner tout à entreprife, & cette réfo. lution eft très-fage; il ne s’agit donc que de comparer les deux autres moyens propolés. Il paroït naturel de préférer pour le nettoiement des rues , les jardiniers des environs, parce que c’eft un avantage pour eux & pour là ville, né- tant pas obligés d'acheter le fumier, mais n'ayant que la peine de le ra. maller; le jardinage en fera à meilleur marché. Pour que cette méthode {oit bonne, il eft abfolument néceflaire que les maîtres jardiniers des envi. rons de la ville s'étant affemblés, & s'étant volontairement obligés à faire corporation pour le feul objet de l'enlevement des boues & immondices des rues, ils confentent à obferver réguliérement la loi d'envoyer chacun à leur tour leurs garçons jardiniers dans les endroits qui léur auront: été défignés, & aux heures marquées, fous peine d’une amende fixée, dont la moitié fera employée au nettoiement des rues, & l’autre moitié fervira M de récomponte & d'encouragement à leurs camarades qui fé feront mieux acquités de leur devoir. Pour que la loi foit mieux obfervée, on divifera la ville par quartiers, & les jardiniers qui occupent les environs de la ville les plus prochés de ces quartiers, feront défignés pour en ôter les boues. Suppofons, par exemple, qu'on divife la ville en quatre parties, A. B. C. D. (ceft une En (t) Jedcéfirerais beaucoupqu’on pËt y employer une certaine partie de ces mendiants qui: es renfermés dans les depôts. I ———— =. DES Sctences PHys DE LAUSANNE. 323 fuppoñition, on peut la partager en huit, dix ou douze portions). Les jardiniers qui font les moins éloignés de la portion À, enleveront les im- mondices de ce quartier; ceux qui font près de B en feront autant, & ainfi de fuite, felon le nombre des divifions. On fera encore des fubdi. vifions dans chaque partie, afin qu'on puifle connoitre plus facilement les prévaricateurs de la loi. Il eft inutile d’obferver que parmi ceux dont l’ha- bitation eft placée aux environs de la portion À, il y en a qui font plus ou moins près. Ceux qui font plus proches des murs de la ville iront dans le centre, & les autres s’'avanceront moins, afin qu'il y ait une égalité dans les courfes journalieres & une compenfation refpettive, Un tableau contenant les divifions & les fubdivifions, avec les noms correfpondants des jardiniers felon les tours établis, préfentera au premier coup-d’œil le nom de ceux qui ont été chargés de cette partie. Rien de plus fimple que de former un tableau de ce genre, & on regarde comme inutile de donner ici le modele de fa formation. En sffemblant pour la premiere fois les jardiniers (#7), on leur fera fen- tir que c’eft un avantage qu’on veut leur faire, mais que le bon-ordre exige un arrangement ; que celui qui eft ici propofé eft le plus fimple , & qu’on confent volontiers à en prendre un autre qu’ils préfenteront, pourvu que le nettoiement des rues fe fafle. Que s'ils ne veulent pas fe foumettre à _la Police qu’on défire d'établir, on eft dans la détermination de donner les boues à des entrepreneurs qui vendront le fumier, en s’obligeant à en- tretenir les rues, les quais & les places dans la plus grande propreté poffible. Dans le cas du refus des jardiniers, fans qu’il en coûte abfolument rien: aux villes, on fera ladjudication des boues aux entrepreneurs qui fe pré- fenteront. Ils feront enlever chaque jour fur des tombereaux, à des heu- res déterminées , le tas de boues & d'immondices que chaque habitant aura rangés contre fa maifon. Sur le produit, ils feront nettoyer les quais, Jes places & les ponts; & fi on trouve que leur profit foit trop confidé. rable, on fixera le prix qu'ils mettront au fumier, ou ils payeront une (u) À Nifmes & dans quelques autres villes, les jardiniers fe font foumis à cette police, pour-ne pas perdre l'enlevement desimmondices , les boues étant unexcellent engrais. M. Proft de Royer a affuré que les jardiniers des environs de Lyon, envoyent deux fois par jour fix cents foixante-quatre garçons jardiniers avec des'ânes pour cet effet, S $ 02 324 MÉMOIRES DE La Sociéré fomme à la ville, laquelle fera employée à l'utilité & à Pémbeltiteat de cette cité. Les entrepreneurs feront tenus d’impofer des amendes à leurs’ fous-ordres, en cas de manquement; & ils feront, folidaires & cautions. envers la ville de toutes les négligences des employés. Il faudra publier une loi qui ordonne de commencer le nettoiement dés. rues, aufli-tôt qu'une cloche aura fonné une heure dont on fera convenu. Les tomberaux partiront une heure après, & enleveront les boues; ils feront tous numérotés, précaution, qu’exige une bonne police. On ali. gnera hors de la ville des endroits particuliers où les entrepreneurs pour- ront dépofer les boues & les immondices; c’eft ce qu’on “appelle à à Paris ! des voieries, &ilyena pour chaque quartier. l Si on craignoit que ces voieries maltéraffent la pureté de l'air, on pren. droit les précautions fuivantes: 1°. de les conftruire fous les vents qui re. gnent le plus dans les Villes, ce qu’on peut facilement connoitre par Les” réfultats des obfervations météorologiques qu’on y a faites, alors les vents éloigneroient de la Ville les vapeurs qui en émanent; 2°. on planteroit au. tour de ces voieries différens groupes d'arbres; rien ne fert mieux à puri fer l'air, Si quelqu'un avoit de la peine à fe perfuader de cette vérité que l'expérience confirme fi merveilleufement , je lui rappellerois les belles ex- périences que M. Priefteley a faites depuis peu. Ce favant Anglois a dé. montré que les plantes purifient l'air en abforbant les exhalaifons qui Val terent ; elles fe plaifent, pour ainf dire à fe nourrir de tous ces effluves” pernicieux pour les animaux : c’eff une des reffources que la nature emploier à ce grand deffein (æ). Cet Auteur a trouvé qu'une tige de menthe, de meliffe ou d’autres plantes, mife dans une jarre de verre’ renverfée dans un vaifleau plein d'eau, & après y avoir pouflé pendant quelques mois ,! rétablit tellement l'air, qu'il n’éteignoit point la chandelle, & qu'il métoit point nuifible à une fourris qu'on y expofa, quoique ces deux effets fu£. {ent auparavant produits (x), ce qui prouve très-bien que la végétation. rétablit l'air vicié, Plus bas il montre que les végétaux pouffent vigoureu-. fement dans Pair HS par la putréfaction, & qu'ils rétabliflent très- (vw) Expériences & obfervations fur différentes efpèces d'air, par M. Priefteley, Tome 1. pag: 63. (x) Expériences & obfervations fur différentes efpèces d'air, pat M. Priefteley, Tome fs ÿ pag. 64. À Des Sciences Puts.°De Labsanne. °325 “bien Pair vicié par la putréfadtion où par la refpiration, tandis qu'ils meû” ‘rent dans l'air fixe (y), ce qui forme une preuve décifive de Ia vérité de ce que j'ai avancé. Ce rétabliffement de l'air vicié opère, felon M. Prieftè. %ey, au moyen de ce que les plantes abforbent le’ phlogiftique dont l'air ‘eft furchargé par la combuftion des corps inflammables. Ce raïfonnèment left «confirmé par le fut dont Mrs. Walker & Bremner furenttémoins à Harwich, & duquel il réfulte qu'une “matiere en végétation confervoit Jà » douceur de l'eau, en abforbant Peffluve phlogiftique qui s’en! dés EME » lorfquelle tendoit à la putréfa&ion,, (z). En vain nettoyeroit-on tous les jours les rues, envain des Entrepreneurs féroientils enlever les immondices à des heures reglées dans les rues, les » quais & les places, fi on fe fervoit de tomberaux ordinaires. Comme ils font faits avec peu de précaution , & que les planches dé ces tomberaux . Sont très-mal affemblées, les boues, les immondices & les ordures en dé. gouttent continuellement fur le pavé, de forte qu’on pourroit dire que les tombereäux ordinaires fervent moins à enlever les ordures: qu'a les répant ‘dre fur une plus grande furface. On remédiera à ce défaut,” “qui eft un des plus grands , en affemblant fcrupuleufement les pièces dé’büis dont ils font compolés , de telle forte que rien ne puifle tomber par lès’ joifits. , : Le tombereau propre à enlever les boues, que M. Mané, Marchand or: fèvre de Paris, a propofé , mé paroit devoir être adopté. Il à augmenté fur-tout dans cette machine les facilités du chargement & du déchargement ! fans donner à fon tombereau des dimenfions plus ‘grandes & plus embar: raffantes que celles des voitures de cette efpèce qui circulent journellément dans Paris. En voici la defcription. “Deux roues de grandeur ordinaire ? ceftä-dire, de cinq à fix pieds de diamètre, reçoivent dans leur moyeu un eflieu. de fer, femblable, pour la largeur & la groffeur , à leflieu des tomberaux actuels. Deux plates bandes de fer ou de bois font: entées fur cet EMieu, & leur prolongement eft fixé de chaque côté fur un limon. Les deux limons forment un brancard' pour le cheval. Entre les! deux plates: bandes & le commencement des linions, fe trouve la caifle deftinée à recés LC à nl : y" na 1 550 [4 2 (y) Ibid. pag. 112. & 46. …._ (2) On connoït auf les belles xpidentss d’un favant difingué fu ni lait ne que les pe “ tes exhalent de jour & fur-tout au foleil.... &c. f 191 é 326 ME M P,IIRE. 9. Der É AS. CITE, É voir les. boues & les immondices. Cette caifle eft traverfée, à telle partie de fa hauteur que l’on voudra, par l'eflieu qui la tient fufpendue au moyen de deux étriers de fer. Chacun de ces deux étriers, placé au milieu de la Jongueur totale de la caïffe, la met en équilibre, & s’'éloignant de leflieu, vient embraffer la caifle en deflous. Cette caifle eft de forme ordinaire, à Yexception dela partie du derrière de la voiture, qui eft ployante, au moyen de deux couplets en fer. Cette partie ployante eft arrêtée fur.le bord de là caïfle principale par deux efpèces de crochets qui en ferrent les côtés & les font joindre aux côtés de la caille principale, avec d’autant plus de force, qu’il y a plus de charge dans le tombereau. L’extrémité de cette partie ployante qui forme Je derrière de la voiture, eft fermée par un ais ou chaflis qui s'emboëte à recouvrement. Ce .chaflis eft contenu au moyen de deux tenons dans lef quels entre une barre, coudée en ferpent dans une de fes extrémités. Un feul coup de pince ,recourbé retire la -barre & la dégage à la fois des deux tenons. Alors il faut néceffairement que le chaîlis de derrière, qui ferme Ja caille, la détache & quitte. Cette premiere opération vuide en partie les immondices qui font dans la caifle. On acheve ainfi: au-deffous de la caille, entre les deux couplets de la partie ployante, eft attachée une corde. Cette corde vient fe rouler fur un treuil placé au-devant de la caille, deflus ou deffous les deux :limons.., À une des extrémités de .ce treuil, eft une roue dentée en rochcoir. On y adapte, au moyen d'une clavette, un levier à M reffort. En pefant quatre ou fix fois fur ce levier, le treuil tourne, & la M corde fe raccourcit jufqu’au point de mettre dans un plan vertical, le fond de la caiffe qui étoit horifontal. En_terminant ce mémoire, pourquoi me me feroit-il pas permis de faire des vœux, afin de voir établir dans toutes les Villes principales , des ma. chines qui élévaffent les eaux des rivieres, pour les répandre enfuite dans le fein des Villes, où elles circuleroient librement dans toutes les rues, 18 falubrité de Pair , la fraicheur en été, & en tout temps là propreté .des rues feroient les biens précieux qui en reviendroient. Je fuis perfuadé que le profit qui réfulteroit de Padjudication du bail des boues à des Entrepre. neurs, feroit plus que fuffifant pour cet effet. Les Citoyens -pourroient er. core recevoir chez eux les eaux qwon leur diftribueroit, des fontaines mul. tipliées rendroient ces avantages publics, Ces machines, puifant l’eau dans le les rivieres, fourniroient pour la boiflon des eaux pures; car dans une Page 326. TABLEAU LITHOLOGIQUE. CRélatif à l'Art de paver.) Pierres à chaux. . ir NE MAEDEes EU LUS CSparh. ; À particules indéterminées. Gyplfeufes. . ” À particules parallèles... Amiantesi(inT Nr PRAICRAN Le LOELATE I UT LEA | Argilleufes. . | LDC AN MEL Do SÉCAtIeR En LE de AUOT LES: + NS EN GT MEN Silex. PIERRES. Vitreufes, | fu. | | | L re Quarts. lt à He { Granite, . Porphyre. +. . À Compofées, . Poudingue. * ; Grès mélangé de Wallerius. Roches de diverfes efpeces. Nota. Ce Tableau n’a êté arrangé que par rapport à l’objet qui nous occupe. Si nous nous étions propofe un autre but, il auroit été différent, & fur-tout complet: nous aurions parlé des belles Expériences de l'Iluftre M. d’Arcet, des Recherches de plufeurs autres Sayants nationnaux & étrangers, + æ En pes Sorenoes Pays? DE‘ LA Sax ie. ‘327 grande ville où il y a tant de foffes d’aifance , les eaux de puits: doivent être mal faines (*). Une machine de ce genre feroit peu coùteufe ;.on n’auroit qu’à fe fer. vir de celle que M. Cordelle, Mécanicien, demeurant à Paris, a inventée pour élever à telle auteur & en telle quantité qu'on voudra , fans gêner la navigation, l’eau prife au courant des rivieres ; cette machine a été ap- prouvée par l’Académie Royale des Sciences’, d’après le rapport qu’en: ont fait le 27 Novembre dernier Mrs. Tillet, de Montigny, .le Roy, Bezout, & de Bory. Selon ces Commiffaires , rien de plus fimple, ni de plus in- -génieux, Cette machine a déja: été "établie à Epinay: fur Seéiñe”, &' on en verra la defcription dans le Recueil des Savans étrangers. Quelle Ville, qu'une Cité floriflänte dans une heureufe température, dont le fein eft continuellement baigné par les flots de deux grandes rivieres , qui verroit dans:fes places des fontaines élevées. pour répandre une: rofée célefte dans l'air & fur la-terre ;.& dans fes rues, .des ruiffeaux d’une eau pure couler avec un doux murmure ! Puifle ce rêve d’un homme de bien fe réalifer! - - C*) Dès1645, le défaut d’eau dans la partie de la ville, fituée entre les deux rivieres, fit former le projet de conftruire des pompes {ur le Rhône, pour la diftribuer dans des fontaines qu’on fe propoloit d’etablir dans les differents quartiers, & qui auroient fervi a l’ornement dela wille & à l'utilité publique ;. mais cette entreprile n’eut pas lieu, foit que la grandeur de la dé- penfe eût découragé, ou que l’alrernative des grandes crues & des grands abaiffemens du‘litde cefleuve, eneuffent fait prévoir l'exécution impotlible: Les Romains voient employé des moyens propres à en éternifer le fuocés. Ils avoient pris l’eau du Rhône à quelques lieues au-deffus de la ville, &ly avoient fait conduire par uñ canal, ou efpète de béal, pour me fervir dû langage ufite dans ces provinces, qui longeant les côteaux qui bordentce fleuve; venoit aboutir à l'endroit où eft le Baftion de St. Clair, d'où l’eau f diftribuoit dans les diffirens quartiers, pour le nettoie. ment des rues & l’ufage du public, La pente extraordinaire de‘ce fleuve leur avoit donné toute la facilité qu'ils avoient pu fouhaiter pour conduire l’eau à la häuteur nécéflaire à cetobjet. 11 eft étonnant, que de nos jours, parmi ce grand nombre d’entreprifes, les unes utites, les autres agréables , on n’ait pas encore penfe à renouveller cette idée qui renferme l'un & l’autre. L’en- treprile une fois faite, peut être moins difpendieufe que celle des pompes &‘des aûtres artifices nécellaires à les faire mouvoir , né feroit fujette à aueüns-frais:confiderables d'éntrecien, & cter- niferoit la gluire des Magiftrats qui la formeroient, Abrége chronol. dé l'Hift, de Lÿon, Pouli de Lüumina. Ch: 15, pag:276. : A Turin, la proximite du fleuve la Doria petmet de faire-couler däns toutes!les rues des ruif feaux d’une eau abondante pour les nettoyer en touttemps; en hiver même la neige cit enlevée dans un'inftant par cé moyen. À Bérné, on eft Frappe de l'extrée pronreté & de l'élégance qui diftinguentcette ville: les maifons bâties d’une pierre grife & foutenues parides arcades dont le trotoir eft parfaitement bien pavé, font en général d’une ftruéture uniforme. Un tuifleau d’une » eau très-limpide coule rapidement le long de la rue dans un canal prépare à cet effet, & outre ce rbiffeau, elle a un grand nombre de fontaines qui font à la fois, dit M, Çoxe, un objet de dé. cosation pour la ville & d'utilité pour fes habitans. 328 7 MÉMmourrREs. D£ La S°o c1#TÉ M É M O I RE Sur, linfufifance des infirumens ordinaires dont fe férvent les Ingénieurs des Mines, © [ur les moyens de les employer avec plus d'avantage dans les opé- rations géométriques ; fous terre. Par Mr: WILD, CaPiTAINE-GÉNÉRAL pes MiNes. pu CANTON DE BERNE. Remis le 30 Décembre 1786. ] | 1 inftrumens qu’on employe pour la direction des mines, font la bouf, fole & le demi cercle. La premiere fert pour prendre les angles horifon, « taux ; le dernier pour prendre les verticaux. Ces deux inftrumens font ex- trémement fimples , portatifs & commodes; c’eft dommage que leur ufage foit fujet à tant d'erreurs, & caufe fouvent tant de dégoût & de perte de temps à celui qui n’en connoït pas d’autres. Encore le demi cercle a la- vantage que les erreurs qu’il occafionne peuvent s’apprécier à peu de ckoe près, ce qui n’a pas lieu avec la bouflole. En effet, l'erreur provenante de Pufage du demi cercle , a pour caufe la courbe que décrit le cordeau auquel on le fufpend. Soit que cette courbe foit occafionnée par le propre poids du cordeau , ou qu’elle foit augmen. tée par celui du demi cercle. Il eft bien vrai qu’on peut diminuer fans cal. cul cette erreur, en fufpendant le demi cercle trois, quatre & cinq fois fur une tirée & en ne faifant pas celle-ci au-delà de 80 pieds environ. Je. crois cependant que malgré toute Fee poflible, on wobtiendra ja. mais lnés ScienceésiIPnys. DE LaAusSANNE. 339 hais avec cet inftfument un nivellement très-exa@ ; ce qu'il y a de für , c’eft que, dans des expériences multipliées , je n’ai jamais eu le même ré. fultat avec celui-ci & avec divers autres inftrumens des meilleurs artiftes connus. Mais comme on fe fert pour les mines du même inftrument par. tout, les erreurs fe compenfent , & deviennent nulles, lorfqu’on travaille d’ailleurs avec juftelle. | I en eft tout autrement de la bouflole, dont la forme eff très - variée quoique l'application qu’on en fait, foit la même. Celle à fufpenfion eft ré. putée avec raifon la meilleure & la plus commode; mais fes défauts inhérens à la qualité de bouflole font les mêmes. Je ferai d’abord l'énumé. ration des défauts que je lui ai découvert; après quoi je propoferai un autre moyen de travailler fous terre. Le premier défaut que j'ai découvert à la bouffole, eft une petite erreur, | lorfque fa pofition n’eft pas bien horifontale. Ce défaut eft fur-tout remar À 4. À [2 quable aux boufloles à dioptres dont on ne peut pas régler la pofition par le niveau, comme fond celles de Dollond que les voyageurs portent en poche. _ Le fecond défaut , fur -tout propre à la bouflole à fufpenfion eft là Wariation de fon plan vertical, difficile à éviter à caufe da jeu qu'il faut fur les pivots. De ce défaut , il réfulte quelque fois des erreurs affez effentielles. On peut les éviter par une très-grande attention , & en retour. “nant chaque fois la bouflole , afin de prendre le terme moyen des angles erronnés. ‘ , Le troifieme défaut de la bouflole eft l'influence du fer fur l'aiguille ai mantée , & peut-être celle des mafles & de la denfité ; ce que je foupcçon. ne, mais que je moferois encore aflurer , faute d'expériences fufffantes. Nous favons qu'il n’y a prefqu'aucune fubftance qui ne contienne plus où Moins de fer dans l'état de nature; cela feul infpire une méfiance bien forte contre l'inftrument en queftion. On prétend à la vérité que la mine de fer Jimoneufe & les ocres font fans effet fur l'aiguille; mais je fuis für qu’on fe trompe à l'égard de la premiere, qui na fouvent empêché dans mes opé- rations. ù ” Une quatrieme fource d'erreur beaucoup plus à craindre peut-être, & beaucoup moins connue, eft l'éledtricité. M. van Swinden aflure qu’elle n’a Uk pas fur l'aiguille aimantée plus que fur une aiguille de fer ou même ecuivte. Ses raïfons ne m'ont pas abfolument convaincu , parce que je Tome IL TYÉ 330 Mémoires Dg LA Socreré connois une influence fur l'aiguille aimantée dont il ne parle pas, &.dont je ferai peut-être mention ailleurs. Quoiqu'il en foit , il importe peu pour l'objet dont je traite préfentement de favoir la caufe , l'effet étant Le même à fon égard. Voici de quoi il s’agit. Lorfqu’ on frotte le verre de la bouf. fole, l'aiguille en eft affectée. Je crois avoir obfervé qu’elle commence par s’écarter dans le fens où on la frotte, & j'ai vu cet écart jufqu’à 400, mais en continuant le frottement elle s'attache au verre dans le centre du frot- tement. L'aiguille dont je me fuis fervi pour ces petites expériences eft plate & fort mince; elle a trois pouces de longueur & me fert dans les mines; je les ai répétée avec une autre aiguille de fix pouces forte & quarrée, de mème qu'avec une troifieme anglaife , avec les mèmes réfultats, autant qu'il m'a été pollible de voir. J'ai eflayé d'ifoler une bouffole, afin de voir fi jobtiendrois quelqu’effet différent; mais je n’en ai point apperçu. J'avertis que ces petites expériences ne prouvent tout au plus que pour mon but, n'ayant pas été faites avec une attention rigoureufe. Elles prouvent cepen- dant aflez, ce que je voulois favoir en les faifant, Ceftà-dire, l'influence de léle&tricité fur l'aiguille de la bouffole. Voici les inconvéniens de cet effet. 1 Si l'ingénieur des mines travaille dans des mines fales, où des eaux de températures différentes, dégouttent de tous côtés ; le verre de fa bouflole .s’humedtera , fe falira , fe couvrira de vapeurs, dont il ne fe délivrera qu’en Je frottant. S'il ignore la conféquence de ce qu'il fait, il obfervera fa bouf. fole & marquera un angle erroné! Après cela je laifle juger de la confiance que méritent les opérations de ces Ingénieurs empiriques des mines, que les Allemands nomment tirés du cuir ! Non - feulement ils lévent leurs plans avec la bouflole, mais ils Jes dreffent mécaniquement avec elle. Cependant un de ces Meflieurs m'a har- diment affuré qu’il n’avoit eu que 6 pouces d'erreur dans la rencontre de deux galeries percées en fens oppofé au travers d’une montagne fur 2000 toifes de longueur. Si la chofe étoit vraie, je croirois qu’une divinité veille fur les fots comme fur les ivrognes & fur les enfans. Outre les défauts effentiels dont je viens de faire l'énumération , la bouf- fole en a peut-être d’autres que j'ignore. Ce qu'il y a de für, c’eft qu’elle a un grand inconvénient dans le jeu de l'aiguille. Si cette aiguille eft peu mo- bile, elle ne vaut rien & donne chaque fois qu’on l'ébranle des angles dif. férens. Si elle eft fort mobile, elle fera, toute chofe d’ailleurs égale , “#4 TS ee es Sciences Puys. pe Lausann#. 331 bonne, mais auffi elle né fe fixera pas de Jong:temps ; & dans ce cas, fi on veut opérer fort exactement } retourner ha bouflole chaque fois & la fufpendre 2 à plufieurs reprifes fur chaque ligne tirée , on perd, un temps con fidérable &. on n'avance que très-peu. Or il s'enfuit que par là les opérations d'un jour feront d'abord fujettes aux variations diurnes de l'aiguille ; variae tion qui ef de près d’un degré dans le pays de montagne où je demeure, ainfi que je. Vai obfervé avec une aiguille d'un pied de long de feu Brani der. A la vérité c'étoit fon plus fort écart; mais fi on eft obligé de repren< dre fon ouvrage un autre jour pour finir , il eft certain qu on augmentera l'incertitude de fes opérations. , L'ingénieur qui veut bien faire, doit donc s'armer de patience , & ré Péter le plus qu nil pourra fes opérations , afin de prendre des termes moyens ; en attendant que. lon, invente de meilleurs inftrumens. Car én vérité, fans l'extrême exaditude de l'ingénieur des mines à mefurer fes lignes, l'erreur des. anglés obfervés deviendroit. infupportable. Que ceux ui en doutent , effayent de calculer leurs triangles par leurs angles , & ils feront furpris de la {omme des. erreurs accumulées. , Toutes ces confidérations m’ont bien fouvent fait défrer des inftrumens qui infpiräffent plus de confiance pour l'ufage des mines. M. Hoefihel, gen dre du célèbre Brander d'Augsbourg , m'avoit annoncé il y à quelques ane hées ; qu'il travailloit à un inftrument pour les mines de «Caguenfurtb ; qui devoit étre exempt des défauts. de la bouffole, & il m'en promit Ia édmmunication en Cas de réufite. Comme je n’en ai pe entendu parler depuis lors; je crains que fa tentative n ’ait échoué. Quant } à moi, je penfe s fans vouloir douter de lhabileté connue de M. Hoefchel; qu'il faut plutôt chercher à à perfectionner la mañiere d'emploÿer les: inftrumens Connus , que d'en inventer de nouveaux; & voici ce qui me le fait croire. . Jeus occafion de lever le plan d'uné mine, il y à deux ans. N'ayant dans. fres inftrumens avec moi qu'une bouffale de poche dé Dollond à dioptres; qui fe ville far ce qu’ on veut, & un demi cercle; l'idée me vint de faire teniÿ derrière la lampe, ( qui étoit Yobjet fur lequel je vifai, & qü'on avoit po fée à la place de la vis qui tenoif le cordeau,) une grande feuille de pad pier blanc, afin de ramaffer fuffifamment de rayons, de lumière: pour m'é clairer. Cela me réuffit fi bien , que je levai fans difficulté un, plan affez éonfidérable fous terré par de moyen. , . me parut donc clait que Ki difficulté dés opérations géométriques vé& Éé 2 332 MÉMOIRES Dé LA SocisTé noit bien moins du défaut d'infirumens propres, que de la mauvaife ma. niere de sen'fervir; & depuis lors, tout bon goniomètre, qui pérmetrde prendre des angles jufqu'à 1802, me parut un inftrument propre pour les mines, pourvu qu'il fut adapté au but par fa conftruction. Dans les galeries noires, fales & reflerrées des mines, la lueur d’üne lampe ne paroiît de loin que comme un point lumineux, & r'éclaire ‘rien ‘tout autour , parce que les rayons de lumière font abforbés & perdus. Mais qu'on mette deux lampes derrière l’objet fur lequel on vife, & derrière ‘ces lampes un reverbère de papier blanc, dont le diamètre fera égal à la ar geur de la galerie; qu'on mette encore un de ces reverbères fur chaque côté & au-deflus de l'objet s’il le faut, & qu’on adapte autant que faire fe peut le foyer des reverbères à cet objet: c’eft, je penfe, tout ce qu'il faut, ‘pour opérer aflez bien fous terre, pour qu'il n’y ait point de différence avec ce qui fe fait au jour. Il eft clair qu'il faudra que le goniomètre quelconque , foit également muni d’une bonre bouffole pour donner la fituation de la premiere ligne, enfuite on peut s’en pañler, parce qu’on n’a proprement beloin que de con. noître la longueur des lignes & les angles’ qu’elles forment entre elles. Ce qui fe peut rapporter fur le plan méchaniquement après le calcul trigono. ‘métrique préalable des lignes d’inclinaifon , pour ‘en avoir les bafes. On peut même calculer les angles horifontaux aufli trigonométriquement , en réduifant les lignes fur le méridien dont on fera la bafe de tous les trian- gles. Cette méthode donnera une très-grande précifion , & fervira pour opérer par le calcul purement & fimplement fans avoir befoin de plan ; méthode toujours la plus certaine , parce qu’on évite par fon moyen tou- tes les erreurs inévitables des tranfporteurs, compas, regles, & du mat tre ou de fa main. Veut-on un moyen de plus pour s’aflurer de fes opéra. tions, & en même temps une plus grande facilité pour le calcul trigono- métrique des angles horifontaux ? On n’a qu’à marquer aufli les angles de la bouflole |, on découvrira par là fes écarts à chaque ligne fur le champ. Il eft peut - être fuperflu de dire qu’en dirigeant les mines par le calcul, le méridien eft pour les angles horifontaux, ce que Fhorifon ‘eft pour les verticaux; qu’on marque là les angles Eft & Ouelt + & — comme ici ceux qui font au-deflus ou au-defous de l'horifon. À y AR . do 1e à ra dupeoenrens res cegt comte e + a. ea gs sd LÉ , * “ e ë F - - sn 7 0 + 7 x " . D : . 4 L né + + * = D : 4 ' « CCI ré & #4 x - : ' 4 : n + ‘ ’ [ 4 » \ 4 - x £ > £ : N | A s bec ve L 72 «7 + Vées . . Zu. RE 0 SOUPE DO PS te ve no ed EE re D à te. à 3 4° A em: de P RRERPARS des eienc: Phys. de Lausanne Page 333: PI | PES SCIENCES ile réel 1333 M EM MOIR e Sur la maniere de lever les plans étendus ; foit cartes avais , dans: les païs à bautes MONEAUTES © à gorges étroites. ‘ Par Mr WILD, Chers UNE Cm L pes MiNEeë pu CANTON DE BERNE, n . ps # : " Remis le 30 Décembre x 7 86, 4 | D. tous les pays fort montagneux , comme la Suifle, il y a ds L: > parties fi entrecoupées de hautes chaines de montagnes & de gorges étrai- : tes, qu'il devient fouvent abfolument impraticablé de les joindre aux pays vavoifinans , par des triangles tirés le long des gorges, 6 très-difficile d'en lever l’intérieur. — Très - rarement on trouve des emplacemens propres : à “tirer des bafes convenables , & avec beaucoup de fraix & de peines ôn fait du mauvais ouvrage par les méthodes ordinaires. Je ne parlerai pas ici des erreurs qui proviennent dela planchette, lorfqu’on fe hafarde avec elle “dans une pareille entreprife : elles font affez connues des gens inftruits, & ce “veft pas icile lieu de parler aux autres. Dans tout pays à hautes montagnes & à vallons étroits & irréguliers ; où les bales horifontales DE or on eft für d’en trouver æ verticales (a), : , LE *(2) :J'efpéré qu’on ne me chicanera pas ‘fur l'expreffion de bäfe verticale; du moins les géo- …mêtres ne le feront pas, C'eft les chicancs fur les couches verticales qui me font ajouter cette jote, à : ‘334 MÉmoikés 5É 188614 un Mrah da monta à #94 6 1) SE Hair ménem doit hr: n # h jui font les montagnes mêmes. Il eft clair Qu'on doit choif pour cet bi Aus SS OD2THNONS frivantes, m les opérations fuivantes: + AU RE EAU On PSE DonrVi due 4 CTtate pm mien ps Mb comtés mai orfqu'on et pourvu d'un bon barométre avec ce qui s'enfuit ; 6n peut à 1roTe Lr 8 MOnleTnreg ACCESS NS - a Er swf HS NES int JESUS ï Éncore mefurer les montagnes accelMibles dvec cet inftrument. Mais it Aiué M ; n 1 À ù e0 » ä # ñ jiss fitué entre Id vallée d'Ajgle & le lac de Thoimes pay très - dificile À level géométriquement, £: On trouveroit fürement près des deux extrémités JM quelques montagnes propres ä devenir des bafes verticales. Dans la contréé Que je viens de défigner, on en trouveroit à choix, & vifbles d'un boùËM fant pour Pexpédition qué pout lesa@titüde, duoiqh’on puifié en palfer 4, la rigueur. £ ‘j Du ee LE Lure AA CC AE CHINE à. j : 08 Après ela, il fe fera pas difficilé de trouvét qüelques autres poi lhéétinédiaites qui dominent fus les vallohs éotpés s étroits 8e étariési. hs pes, Scrences, Pays. DE Lausanne 336 Les inftrumens néceffaires font: - .. . S y: 4°: Uñ bon-goniomètre horifontal & raie qui. donne ve mont , A | r exemple , un théodelite. , Ze Un bon Hiromitee avec fes axée noinvèli ) ‘ge, “Une bonne bouffole (b). Outre les inftrumens que je viens de nommer, une grande aiguille détli. natoire , telle qu’en faifoit feu M. Brander d’Augsbourg , armée d’un nonius, feroit très-utile pour établir par tout des lignes méridiennes. — Et un thé- lefcope devient «néceffaire à une des principales ftations, fi on veut déter. N pie la longitude, de même qu'une bonne montre. > © Avant que d'entrer dans les détails ; il fera néceffaire de déterminer la la | titude de quelques lieux principaux , & la longitude au moins d’un. Enfuite _il conviendra de tirer des lignes méridiennes juftes, afin de déterminer la | déclinaifon de l'aiguille. Je dois néceffairement fuppofer que ceux qui fe | mêlent de lever des cartes, favent prendre les latitudes & les longitudes ; à l'égard des méridiens, le moyen le plus facile eft, de les tirer par deux | fils perpendiculaires fur l'étoile polaire, au moment de fa culmination, où | £ncore mieux fur un des bords horifontaux de fon orbite. … Je fuppofe maintenant que jaye à déterminer la pofñition d’un lieu æ à d’où jai en vue les pointes de montagnes méfurées, Fig. 1. 4 & B, dont “ Jélévation refpedive au-deflus de a nveft connue. Soit lélévation de À au-deffus de fa bafe fondamentale r toifes & cellé! : du même point 4, au-deflus de à = r m" toifes Soit encore l’éléya. tion de B, au-deflus de fa bafe fondamentale s toifes, & l'élévation du même point B au-deffus d’un point b qu’on ne peut pas DR ME a = s K n toiles. ! Que je trouve l'angle LE de À au-deflus de a = h° & celui de! B au-deffus du même poiñt a = 19. J'aurai fin. h°: cos-h° = 7 Km … toifes: x toiles; & fin. 2°: cos i° = $ M» toiles! y toiles; où x & p Dexpriment la ditlancé horifontale du lieu 4, He Rte ee 4 & B, LEFÉÉ ee hé r té © (b) Quoique je faffe peu de cas de la bouffole feule, j'en fois beaucoup , lorfqu’on peut vée À fer & corriger fes erreurs ; comme dans la méthode que je propole ; elle abrége beaucoup. ? Vs 4 Léa CONPRE Lhinhsdésbeé o LA 336 ME HO RES °D% ra Sdcrse tx fuppofe que 4 foit as detiue de ss bafe | riéloogn ensrar ni aa, 2 “l'fondaméntalé . ? /. ù … 10 9notoifés = # _ au-defflus de a 0 gg = 1-1 Que langle d’élévation de 4- snif dèta edinod tt le foit L ; Brof 214 eh » On aura. cos b = 84”, 46! = Log: 9.909818 | | 747% =, LOS .2.9/274 È he LE: 12.87092 : “Sin $” 14 = Log 8-96142 | + Log. x 3.999$0= 8120, toifes - _ On procéde de même pour trouver la poñtion de # felativement à 2 & enfin pour trouver celle de b à l'égard de 4 & de B. Par-là la pofie tion relative de a & de b fera aufi déterminée; car lorfqu’on prend fuc- cellivement les diftances avec un compas, les poftions fe trouvent méca- niquement à l'endroit où les cercles fe croient, & rien n’eft plus facile que de les trouver par le calcul; les angles 4 a B, A b B étant connus, L'élévation de a & de b db de la bafe Robe peut fe mé- fürer fimplement avec le baromètre; fi on opére fagement il ee aura au. $ cune erreur à-craindre. __ Jai fuppolé b invifible, depuis 4, mais a À, b 4, étant. trouvés avec Fangle intérmédiaire, il et clair que a b left auf. 4 - S'il y avoit encore quelque part en C, une pointe .de montagne qui importeroit de imefurer & en déterminer a pofition, on en viendroit fai cilement à bout avec une bonne bouflole: Je meridien étant trouvé; fupa … pofons que l'azimuth de C foit de 77°12' depuis a & de 61°. 30" :des puis. h, on aura 1$°,42" pour Pangle à C b.:Par bA,a A, b'Aas)on connoît ba A, & par-à 4 a x = x. b M, ,& par. #.b'C. ou par Mb. Ce b Cv, on trouve b v C, par conféquent Cab = bo C- vba, : ‘# - Ï fèra trésutile de gravir avec les: inftrumens fur les pointes, les plus 4 vifibles de près & de loin, non-feulement pour lier tout le pays par des angles fondamentaux & pour fe procurer plus de bafes verticales ; mais encore pour saflurer de la pofition d’un grand nombre. d’endroits. On peut fe fervir de la bouffole pour cet-effet, à la maniere cideflus; il- feroit M néanmoins bien plus für de prendre les angles avec le théodélite, à la M maniere pes Sciences Puvys. DE LAUSANNE. 357 maniere de Mr. Kilæftner (c);-au-cas qu'on-ne put -employer le baromé. tre; mais fi les circonftances le permettent, cette derniere méthode fera dix fois plus expéditive & généralement parlant, tout auffi füre. Alors l’é. lévation fert de bafe, lopération eft facile & le calcul trigonométrique aifé. Je recommande cependant le beau problème de Mr. Klæftner à ceux qui ont du goût & de l'intelligence; il peut être utile dans une infinité de cas. Tout endroit où je puis placer mon baromètre, par un temps favora. ble, & avoir des obfervations correfpondantes propres, eft bon; pourvu que ÿy découvre deux pointes de montagnes dont j'aie déterminé léléva- tion. Plus on avance dans l'ouvrage, plus on gagne de-fecours, & sil y-a des erreurs, on les découvre facilement; parce quil eft impofñfible . qu'un -endroit dont on fixe la pofition de divers côtés, fe rencontre au même point, fi les lignes ne font pas juftes. . Quant au détail, on peut le lever d’après les manieres accoutumées , lorfqu'on lexige. Mais pour être plus expéditif, voici une très - bonne méthode. Sur une planche de bon bois, longue de trois pieds & de la forme de Fig. 2, on adapte par une charniere une petite planche en a, au milieu de laquelle fe meüt verticalement une plaque de laiton percée d’un très- petit trou au milieu. Lorfqu'on veut fe fervir de cet inftrument, cette efpèce de pinnule s'arrête dans une pofition verticale & fe plie pour le tran£ port. On peut l’avancer vers b ou la reculer au moyen de la coulifle b b. En c il y a un rebord auquel eft attaché à un pouce & demi de la planche & pat deux charnieres,. la machine, Fig. 3, qui eft étroite à fa bafe & dont le haut confifte en deux arcs dont les centres font dans les deux an- gles dd. Tout cela eft de bois aux charnieres près. En 4 d il y a deux fils de foye attachés exactement au centre des arcs ee qui font fixés par Pautre bout à ces arcs, par le moyen de petites gaines mouvantes de lai- ton & à reflort. Cette machine, Fig. 3, fe drefle & fe fixe verticalement » pour l’ufage & fe plie comme on le verra. Lorfqu'on veut sen fervir, on drefle tout, on ajufte l’efpèce de dioptre; on pole l'inftrument conve- (c) Abr. Gott, Kafiner, Problema ad Geometriam praéficam pertinens. Erford , 1786. Tome IL Vyv 338 Mémotres DE LA SoctèTé nablement, & ‘on met le papier préparé pour le détail tendu fur fa plan’ che, en f. Enfuite on fait croifer les fils fur l’objet dont on veut fixer la fituation depuis l'endroit où l’on fe trouve, ayant l'œil au petit trou. On abaifle ces fils croifés fur le papier, & on marque par un point, avec une note. C'eft ainfi qu’on lève fucceflivement tous les objets qu'on veut. Cit inftrument, que j'ai vu, tel que je le décris, chez Mr. le Confeiller Ziegler, à Winterthour, pourroit fe perfettionner infinimeit. Le rayon a c:pour- roit être rendu proportionnel à des échelles; les arcs pourroient fe divi- fer en degrés & minutes; un niveau & une bouflole pourroient accoMpEn gner l'inftrument; il pourroit fervir pour le deffein des païfages; pour le. ver des plans; pour les copier ; pour prendre des diltances. Les moyens que jindique ne font pas purement fpéculatifs ; car je les ai mis en ufage moi-même, avec le baromètre, la bouflole & un fextant. Jofe affurer que dans le peu que le temps m'a permis de calculer, jai. trouvé beaucoup de juftefle dans les mefurages d’un grand païs, très-diffi. cile, que j'ai parcouru affez rapidement. [ pes Sciences Pnys. DE LAUSANNE 339 mn SU*R ŒUErS CET: A CHAUSS Par Mr. Hexey MERCK, pe DARMSTADT%. Kemis le 30 Décembre 17 86: 13 eft difficile de concevoir pourquoi il faut fouvent des fiécles, pour qu'une recherche faite par un obfervateur judicieux fe faffe jour à travers ka foule, ou que des vérités éparfes établies dans différens temps & en dif- férens pays foient ramaflées dans le même foyer. Nous avons un grand nombre de très-belles obfervations faites par Ariftote & par Galien , fur la nature des amimaux ; qui, par le laps du temps ont été entiérement né- gligées, ou qui ont été tellement mal entendues, qu’elles n’ont jamais pû percer jufques dans les cabinets de nos compilateurs, & de nos faifeurs dè fyftémes & d’abrégés. Ces fources , les feules faites pour inftruire la muË titude , & qui font fouvent les objets de nos remarques. cauftiques ; en devroient Ètre plutôt celles de notre confidération. H paroit incroyable, qu'au fiécle où nous fommes; on foit encore dans une profonde ignorance fur la conformation de toute une claffe d'animaux , comme celle des cétacés, fur lefquels on a déja des obfervations fupérieu- res. Rondelet, le Patriarche du tous les Jchthyologues, paroit en avoir épuifé tout le détail néceflaire. Malgré cela, on débite encore un cahos d’affertions mal fondées fur leur nature, on leur Ôte les parties charaëté- rifiiques., & on leur en fuppole d’autres qui leur font étrangeres. Une er-- \'ù 0: 340 Mémorres px LA S'0c1E5+É reur une fois introduite dans l'inventaire de nos. faifeurs de catalogues rai- fonnés d’hiftoire naturelle eft comme une avalanche; qui, en changeant de de place, & pañlant d'un livre dans un autre, devient une montagne fre- doutable. On trouve dans un de nos livres d’hiftoire naturelle les plus accrédités de nos jours (a) la defcription fuivante des cétacés ; “ces animaux n’ont » point de col, & leurs organes pour refpirer font placés fur le fommet » de la tête. Leurs pieds font très-petits en comparaifon de leur taille, & » deftitués d'ongles. Les jambes antérieures reffemblent à des nageoires, » @& les poftérieures font réunies dans une queue horifontale, Leur- organe » de louïie eft parfaitement le même que celui des quadrupèdes .. Il y a prefque autant d'erreurs que de mots dans cette defcription , & pour peu que l'aùteur eut des connoiffances raïfonnées de phyfologie, il fe feroit d'abord douté des contradidions évidentes qu’elle renferme. Le célèbre Linné place ces animaux parmi les mammelifères , parce qu’ils font leurs petits comme les quadrupèdes; & qu'ils les nourriffent de même. Tout le monde fait qu’ils ont des poumons au lieu des branchie, ou des ouïes des autres poiflons: voilà la raifon pourquoi ils ont un col, ou.une colonne cervicale & un thorax, dont les poiflons proprement dits, n’a- voient pas befoin. Leur nageoire pectorale eft un vrai bras , compofé de lomoplate , de l'humerus, du rayon & du coude , du carpe, du méta- carpe & de plufieurs phalanges. Ils ont un baflin comme les quadrupèdes quoique d’une charpente plus fimple. Leur crâne eft compolé des mêmes os que celui des quadrupèdes. La feule différence qu'il y a, confifte dans les organes de l’ouie. Les cétacés diffé. Tent de tous les quadrupèdes par la petiteffe de la :boëte du crâne réla- tivement à l'énorme grandeur du mufeau. L'homme eft peut-être de tous les animaux , celui qui a le moins de vifage, & la baleine celui qui en a le plus, | Ca) Leste, Anfangfüründe der Naturgefchichte, Leipzig , 1784, pag. 234. re mg ns "nn DES Sciences Puys. DE LausSanRE. 341 ‘La fiftula qui conftitue. les narines de ces animaux , a été de chi les * temps l'écueil contre lequel a échoué la fagacité de beaucoup de natura- Jiftes. Les uns ont placé cet entonoir à la nuque, les autres au bout de la machoire , & bien d’autres lui ont afligné le front. Les uns ont prétendy que plufeurs genres des cétacés avoient la fiftula , & des narines féparées ; (b}) ceft comme fi lon établifloit que la nature leur a donné un pre- inier nez à un endroit, & un fecond nez à un autre. On fondoit des divi- fions fur la queftion , fi la fiftula étoit fimple ou double; c’eftä-dire, sil y avoit une ou deux narines, tandis que la nature n’a jamais formé de nez fans lui donner un vomer , qui fépare.le, fiege de l’organe: olfatif en deux cloifons. différentes. Le célèbre Linné, a adopté pour bafe de fon fyftéme, un grand nom- bre de ces affertions mal vues & mal conçues. Les genres différens de cette claffe d'animaux ; naiffent chez lui de la différente façon dont il lui plait de placer cet entonnoir. Cependant toutes ces deffinitions s'évanouif _fent, lorfqu’on analyfe le crâne de chaque animal, & le nez fe trouve tou- jours placé au même endroit où il doit être: ©eft-à-dire, antérieurement à la boëte du crâne, quoique l'œil vulgaire fe perfuade de lavoir trouvé poftérieurement , ou is vertice. À , Jai eu occafon de defliner tous les genres des cétacés & dans différens endroits, & j'en poflede plufieurs dans ma collection. Qu'il me foit permis de recourir à mes figures, pour trouver les moyens d’être clair dans les defcriptions. La Planche VII, repréfente tous les genres dont la clafle des à cétacés eft compolée , le monodon, la baleine ordinaire , le phyfeter, & > le delphinus ou l’orca. Outre la baleine connue, on y trouve encore le crâne d’une autre efpèce inconnue, que je pofléde moi même. On s’eft fervi * par-tout des mêmes lettres pour défigner les-os différens dont chaque crâne eft compofé. Ces crânes, font plus ou moins défectueux. Il leur man- » que à tous l'organe de louïe attaché extérieurement par un cartilage. A plufieurs comme à la baleine & au phyfeter, il manque encore los zy- gomatique , qui eft fi débile & fi mince, qu’on le trouve rarement joint (Bb) Ælein, & ceux qui l'ont fuivi aveuglement, 342 Mémoires De Là Socitré aux autres os. Le crâne du phyfeter n’eft definé qu'en croquis, parceque: je n'en ai vu qu'un feul exemplaire mutilé, qui eft confervé dans l’églife* de Scheveningue, &c dont il n’y a pas moyen de fuivre les futures. Maïs. fai confronté cinq exemplaires du dauphin, trois de la baléine, (c) & deux de monodon. (4). Explication des figures. Planche VII. La premiere figure repréfente la baleine ordinaire, la feconde te monoi- don, la troifieme le dauphin , la quatrieme le phyfeter, Catodon, Lin. Jper- ma ceti des Anglois,.la cinquieme & la fixieme, une efpèce de baleine-en.- core inconnue. La lettre a, défighe un des os nafaux , qui ont échappé à bien. des obfervateurs.:.b, eft la place de la fiftula: c, eft los frontal qui commence toujours. par une lame trèsmince & étroite derrière l’os nafal.. & defcend vers l'os zygomatique , où il forme l'orbite : d ,. eft l'os maxil. laire , qui eft immenfe dans la baleine inconnue: & eft l'os intermaxillaire ou l'os incifif on maxillaire antérieur. de M. Vicq.d’Azyr. Cet os qui eft le caractère définitif qui fépare l’homme à. qui il manque, des animaux qui en font pourvus, fe trouve dans tous les cétacés deftitués de dents ,. comme dans. ceux qui en font doués. Obfervation qui a été faite fur tous: les genres des quadrupèdes. Cet os, le fiege ordinaire des dents incifives; fe trouve également. dans les. myrmecophages , & autres quadrupèdes qui manquent abfolument de dents. F, los temporal. qui fe joint. antérieures ment à l'os zygomatique,. repréfenté: ici exclufivement dans le dauphin &: dans le monodon. Les offelets de louïe,. comme le tambour ou la caille offeufe, le. marteau, l’étrier,. &c. ne fe trouvent jamais intérieurement à “ cet os , ou. renfermés, dans l'os. pierreux.. Ils font attachés extérieurement: CcY Un dins lé veftibule du Thcâtre d'Anatomie à Leyde ; ua autre à Haarléèm, &un trois. fieme dans le cabinet du célèbre Mr. Camper, à qui je dois bien des inftructions fur ces anids maux. . Cd) Un exemplaire dans le cabinet du Stadthouder ,, &un autre chez Mr, Camper. . fMem:de la né Venc: Phy: de Lausanne. — Tome 11. Page 342. I jj ANNE ) | 7 KR TI LL ’ , > VS V7 N \\| \\\ TZ Z UULL2 CU LD | \ \) NS SE = AN \ LAN EN À \\\ \\t A = = — KEANE CE RSS \\ ND \\\ N ù AN % Ne \ NNAR ANA à L ill ts ù LI à sd ES = Te — pes Scrences PHYs. DE LAUSANNE. ‘343 sr un cartilage à Vos temporal , & ils fe perdent ordinairement dans les têtes de fauclettes. Je les ai vu raffemblés une feule fois dans le cabinet du célèbre M. Camper, qui nous en a donné une differtation fupérieure dans les Mémoires de la Société de Haarlem. Tom. XVII. Le tambour ifolé' fe trouve dans toutes les boutiques des droguiftes, connue fous le nom du lapis manati. g, Vos pariétal : 3, los occipital. J'ai fait couper le crâne de la baleine inconnue en deux. V’oy. Fig. VI, pour voir définitivement le peu de capacité de la boëte du crâne à l'égard du refte de la tête. X, eft la boëte du crâne. La fiftula monte depuis l'os palatin jufqu’à b, toujours devant la boëte du crâne, & finit devant a ou l'os nafal. On voit par lé. numération de ces parties dont chaque crâne eft compolé, qu'il y a le même nombre d’os que dans les crânes des quadrupèdes. L’os frontal, qui eft fi confidérable dans Yhomme & dans plufeurs quadrupèdes qui lui appro- chent , eft d’un très-petit volume dans les cétacés. Les os maxillaires @ intermaxillaires au contraire font immenfes ; la boëte du crâne n’eft rien en comparaifon du refte. Dans une tête qui a fix pieds de longueur, elle neft pas plus fpacieufe que celle de Phomme. L’os pariétal eft par- tout extrêmement petit : la fiftule ou le canal du nez fe trouve toujours placé antérieurement à la boëte du crâne; le fonds eft formé par los cribreux & les deux os nafaux. Les parois de cûté & du devant font formés par l'os intermaxillaire. Le canal par lequel l’a. nimal refpire & jette les eaux fuperflues, qu’il a avalé, commence tou- jours par l'os palatin, & monte dans un angle plus ou moins aigu, juf … qu'à l'ouverture b, & il eft toujours divifé en deux parties par le vo- “mer, quoique le rayon de l’eau que jette l'animal paroiffe fouvent fim- mple. Dans la balaine & dans le phyfeter, ce canal monte plus oblique- “ment; voilà pourquoi on pourroit dire que la fiftule eft placée #7 roffro “ora in fronte. Au contraire dans l’efpèce de baleine inconnu, & dans le “monodon, ce canal eft prefque vertical, & c’eft la raifon pourquoi on le placeroit in vertice, fuivant l'apparence. Los frontal defcend par-tout extrémement bas, & fon extrémité avancée qui forme l'orbite, fe trouve fouvent dans le même alignement avec l'os temporal. Il y a même des “cas Où ce canal de la fiftule eft poftérieur à l'orbite de l'œil, & ceft ce qui à donné lieu à la tradition, que la fiftule étoit placée à la nuque. 344 MÉMOIRES DEULA.SO Cc1E-TÉ . Je referve les particularités qui fe trouvent dans la conformation des vertebres dorfales, des lombaires, & de celles de:la-colonne cervicale: à un autre mémoire, où je me propofe de traiter plus amplement de leux anomalie & de leurs analogies rélatives à celles des quadrupèdes. MÉMOIRES DEL ARGOCHENT.E D'E:S SCIENCES PHYSIQUES DE LAUSANNE. RE RER PER NE se 9 ee SeconDe Partie du Tome 2, comprenant les N°.27 à 3x de la Table des Matieres pour les Mémoires, foit les Lettres à à p. En Ê CAC € | | LAN DR OM A 194, 2 VON RSS LA sr TM, ete RS) : k fe ,: FE LUE A : MIE a FU Le | 4 HU ROULE À 14 ge ae ; tar * \ « 6 % PJ . ne qapit tin ghéte pit pnrinre blé tite LEE TT ph 7 oem mg ii bd ti mme oem ue ce Lori 160 de 7/ntR NÉE E NE Matt RATEexDz432 Le QU sat RU GRR LE 45 ee fe mimrspnitstis lp eé sorte brise ciprasrrmeephten telnet arttiiiiinhidrnininre the olurhe-tipets F « * pl #4 ( \ = NOUVELLE THÉORIE DES SOURCES S'ABBES BR RD CU A ee APPLIQUÉE AUX SALINES DU CANTON DE BERNE, ET SUIVIE D'UNE EXCURSION . DANS LES SALINES D'AIGLE, PAR … Mr STRUVE, ProrEesseur Honoraire EN CHymre. Tome IT. à pa | FPE 408 —— à URLS OPAMOl NE) La théorie des fources Jalées a été par -ftout, jufques ici, dans la plus grande obfcurité. Un petit nombre de perfonnes s’eft occupe de leur exploi- tation, €&.l'intérèét du Prince qu'ils fervoicnt, ou le leur propre, Les obli- geoit à éviter la publicité (a). Nous aurions pu acquerir, par les voyageurs, des lumieres, Ji on ne leur avoit pas cache, avec foin, les phénomènes qui pouvoient les conduire à la vérité. Parmi ces phénomènes, un des plus frappans, € qui jette un fin- gulier jour fur la théorie des fources, c'eft leur communication ; mais il ny a eu que les de Beuft, Les Waiz & Jes Borlach, qui aient fu € la voir & en profiter en filence. Je préfente ici l'efquiffe d'une théorie à laquelle mont conduit les différer. tes obfervations que j'ai été à portée de faire. J'ai bazardé de l'appliquer & nos falines, application que je ne regarde que comme provifoire, ne Les connoiffant pas affez pour en porter un jugement bien affuré. Je ferai com tent, fi je parviens, par cette application, à réveiller l'attention fur un Sujet qui me paroit de la derniere importance , € propre à procurer, peut- être, à ma patrie, un tréfor qu'elle cherche depuis long-temps. J'aurois foubaité que l'état de ma fanté m'eit permis de donner plus d'or. dre à mes idées © de foigner un peu plus le fiyle; mais j'efpére qu'on vou- dra, en faveur de l'utilité de la matiere, paffer fur la forme. (a) La diredtion même des couches, qui comme nous le verrons, eft quelquefois diffi- cile à obferver , eft confidérée dans quelques endroits comme un fecret d'Etat, Je pourrois en citer des exemples, a 2 4 PR ÉL FOAICHWE Toutes Les porfonnes qui voudront m2 faire part des obfervations © des sbjestions qu'elles ont à faire contre ma théorie, me feront un feufible plaifir } pourvu que ce foit avec Lx politeffe qui Jd aux gens de lettres, politeffe que j'aurois fouhaité trouver chez tous ceux qui ont écrit contre moi. Des objcétions faites dans le ton modéré de la vraie philofophie , font fans contredit un des meilleurs moyen de s'approcher de la vérité, © de prou- ver le défir que l’on a de la découvrir. En faifant cônfidérer les objets fous une autre face, elles peuvent conduire à de nouvelles vues, © fouvenr à des découvertes importantes. EEE "AVERTISSEMENT. L: Société fe propofant de faire imprimer, dans ce Volume, VElai fur l'Hiftoire Naturelle du Jorat, par M. ce Comre pe Razoumowsxy , qui avoit été annoncé dans le Volume précédent : mais cet Effai ayant été confi- dérablement augmenté par fon Auteur, qui va publier un ouvrage beaucoup plus complet fur le Jorat; la Société a cru devoir le retrancher © > Jubf- tituer le Mémoire fuivant, de M. le Profeffleur Srruve, fur les mines de fels & les fources falées. 0, UN T'OR On D'ERCUD'E ON LE RÔOCSALÉ ET SARÉECHERCHE. Den Se 7 OO penfe communément que les fources falées doivent leur falure à un roc falé, & plufieurs perfonnes, en fe fondant fur cette opinion, ne regardent pas la recherche du roc falé comte entiérement imaginaire; d’au- tres, au contraire, fans nier l’exiftence du roc falé, mettent fa recherche au rang des chimeres, parce qu'ils croyent qu’il fe trouve dans une en- ceinte frop petite & trop peu Caradérifée pour pouvoir le découvrir fans le plus grand hazard. Si l’on confidere la quantité immenfe de fel qui fort annuellement d’une feule fource, en partie à pure perte (a), & qu’on obferve que l'Allemagne feule en a plus de 300, on fentira que le refervoir, qui leur foufnit depuis tant de fiécles, le fel qu’elles charient , doit étre immenfe, & né peut qu’avoir uné grande étendue (b). Si l’on (a) Il doit fe perdre annuellement, X Artern, un million de livres de fel, dans l’eau qu'on laiffe couler. (b}) Quand je confidere, dit #. de Haller, ‘que depuis le commencement du monde » julques à préfent, les fources chandes font demeurées invariablement chaudes; les four- » ces de fel falces, les acidules vineufes; & qu'on n’a obfervé, ni dans la quantité, ni ,, dans M force des fources que nous connoiflons le mieux, aucun changement durable : » je fuis porté à croire que toutes les, esux reçoivent le {el ou la faveur vineufe dont elles » font imprégnées, de quelque réfervolr immenfe & fouterrain qui leur eft propre, & qui » dminue ff peu en plulieurs fiécles que la perte eft infenfible. Je crois donc que tous » les travaux des hommes, queljues grands qu'ils foient, n’opèrent que très-peu de chofe”. PDejcription-des Salines du. Gouvernement d'Aig'e, par AL. de Huller, pag. 43, de l’éditiow Allemande. Voyages dans les Alpes, par M. de Saufüure, T. IV. p. 363. Quand on confidere que plufeurs fources d'Allemagne couloient, il y a 1700 ans, & cau- ferent des guerres gntre les Hermandures & les Cattes , que doit-on penfer de leur gran deur ? 2 3 6 MÉMOIRES! DYXE LA SocirÉéTé veut confulter les relations qu’on nous a données des différens rocs falés ; on verra que les lieux qui les recélent ne font pas deftitués de caracteres propres à les reconnoitre. IL n’eft donc pas ridicule d'admettre des réfervoirs de fel immenfe, & de les chercher, pourvu qu’on aye les connoïffances géologiques, néceffai. res pour une pareille recherche. Local du Roc fale. Les montagnes fe divifent, comme l’on fait, en primitives, en ffratifiées, & en montagnes d’alluvion. Ce neft ni dans les premieres, ni dans les der- nieres que fe trouve le roc falé. Toutes les obfervations s'accordent à le placer dans les montagnes ftratifiées. M. Fichtel eft le feul, qui veut que, dans la Tranfilvanie, il foit fous le granit; mais il fuffit de lire avec at- tention les raifons qu’il allégue, pour voir qu’elles ne font rien moins que convaincantes. De ce qu’on voit du fel au pied d’un rocher de gra- nit, s’en fuit-il que ce rocher repofe fur le fel? Si cela étoit, la pierre calcaire compacte fe trouveroit fous la roche primitive; ce qui n’eft avancé par aucun géologue. Tous les païs où on exploite du fel préfentent des montagnes de feconde formation, & le roc falé fe trouve en Pologne, en Tyroll, en Efpagne, en Autriche, en Siberie, & en Tranfilvanie même, dans des montagnes fecondaires. | Par-tout on trouve le roc falé, ou dans le roc argilleux, ou alternant avec lui, ou layant pour bafe. Les falines de la haute Autriche, felen M. de Born (a); celles de la Tranfilvanie, felon M. Fichtel; celles de la Baviere, felon les obfervations que j'ai été dans le cas de faire; celles de la Sibérie, felon M. Pallas; celles de la Pologne, felon M. Bergman (b); celles de Nortwich & de Halle, en Tyrol, felon M. Jars; celles d’Efpa- gne, felon M. Bovles (c), prouvent cette vérité. Le fable pur ou réuni par un ciment, pour l'ordinaire argilleux , recou- a ——_—_—_—p Ca) Hamburg. Magaz. T. VE. @) Abhandl: ein. priv. gef. in Bochm. T. T. p. 296, 297, 349: (c) Hi. Nat. d'Efpagne, N°. 356 & feq. DEs Scrences PHys. DE LAUSANNE. 7 vre en plufieurs endroits le roc falé; ceft ce qu’on voit en Sibérie, en Pologne, en Tranfilvanie, à Nortwich, à Berchtolfgaden. à Le gyps fe trouve à côté du fel dans toutes les falines de la Tranfilva- nie, de Marmorotfch, de la haute Autriche (a); de la Pologne & de la Sibérie. Sa deftruction forme dans nombre de diftriéts falés, des enton- noirs gypfeux, femblables au premier coup-d’œil à des craters. La pierre calcaire fe trouve dans tous les environs des falines, & l'on y obferve pour l'ordinaire des pétrifications ( D). Quant à l'élévation des lieux où fe trouve le roc falé, elle n’a rien de fixe. Une perfonne très-inftruite dans cette partie, obferve que celui d’Ar- bonne , en Savoye, fe trouve près de la région des neiges; celui de Tyrol eft plus bas; ceux de la Baviere & de la Hongrie font plus bas encore; ceux de la Pologne & de l’Angleterre font les plus bas de tous; le pre- mier eft fous*la mer ou à fon niveau; à en juger par les obfervations de M. Schober (c), dont M. Kaeftner fait mention (4). Tout ce que lon fait fur le roc falé (2), ceft qu’il fe trouve dans les montagnes à couches, dans le roc argilleux ou alternant avec lui; mais la place qu'il occupe dans ces montagnes n’a pas encore été déterminée, quoi- que nous ayons aflez de données pour la fixer. La pierre calcaire, compacte, (calcurens æquabilis Wall.) repofant fur le roc argilleux; celle-ci fur le gyps, & le fel fe trouvant dans le roc argilleux; il s'enfuit que le roc falé fe trouve fous la pierre calcaire compacte. | L'expérience a prouvé cette vérité: par-tout où l’on a percé plus bas les montagnes à fel, pour s’enfoncer dans le roc falé, (& que lon n’z pas attaqué kes couches à contre-fens) on a traverfé la roche calcaire (f ), Ca) La nature, dit AZ. Pallas, paroït avoir produit dans ces contrées les montagnes gypfeufes, auprès de fes tréfors de fel fouterrains. Cb) Abh. ein. privatgefellfch. in Bochm. T. L p. 357. (c) Hamburgifches Magafin, T. IE p. 260. (d) Ammerkungen über die Markfcheide Hunff, dans la Préface. ,(e) Quoique l'élévation des lieux où fe trouve le roc falé n’ait rien de fixe, & foit in. déterminée, il paroït cependant qu'il eft exclus des parties des montagnes à couches les plus élevées & les plus près des grandes chaines de montagnes primitives. On en expofera ci-après la caufe probable. (CF) Si on attaque les couches à contre-fens, ou dans leur chevet, on rencontre au liew de pierre calcaire, du gyps, parce qu'au lieu d'attaquer le toit du roc falé, on atraque le chevet ; obfervation que j'ai cru néceflaire, parce qu'il convient de s’en rappeller pour juger de nos falines, œ MÉmMorRrEes DE LA :Soct:é£éT+ & on eft arrivé immédiatement après au fel.. Ceft le cas dés mines de- Hallein (a). Dans l'Autriche, la pierre à chaux recouvre l’argille du roc falé (b ), Local des fources falées, Les fources falées habitent auf les montagnes ftratifiées; elles fortent du gyps, du roc argilleux ou de la pierre calcaire qui les recouvre, queld quefois du grès. Elles fortent du gyps à Arthern (c), à Franchenhanfen (d), à Dôri renberg, à Althüfen Ce), & à Lümebourg ; d'une argille endurcie, renfer: mant du gyps à Suls, à l’Ilin. On a traverfé, à Stutterheim , des couches d'argile, de terre grafle & de gyps, avant que d'arriver aux fources. El. les fourdent d’une argille rouge à Heife & à Detfort; d’une"argille endur: cie à Nortwich & à Halle en Souabe; d'une pierre calcaire grife, qui ab terne avec le gyps & largille à Xüfen; d'une pierre calcaire alternant avec de l'argille à Stasfurth & à Unna; de la pierre calcaire à Sodez près de Francfort; d’après mes obfervations, à Lindenau, felon Glafer, & à Ro- thenfeld, felon Beckmann ; d'une pierre calcaire , bouleverfée à Schocningen. Rarement on les voit fortir du grès. Elles découlent à Salzfchlierf, dans l’'Evêché de Fulda, d’un grès argilleux qui fe trouve fous largille. Elles fortent d’une bréche recouverte de pierre calcaire à Reichenhall ; d’un fablon recouvert de pierre calcaire à Allendorf ; du fable à Sÿlxe, dans les environs de Zelle. Quoique nous Les voyons fortir de différentes pierres, leur domicile pro- pre, C'eft le roc argilleux; obfervation importante à laquellé on n’a pas fait aflez- d'attention, - Le CRT RERN RE" Le RUES RER TER UN, PRO RE (a) On entre à Hallein, dans le roc falé, par une très- longue gallerie taillée dans le marbre fnüir: Cb) Ahhandl. einer priv. gef. in Boehm. T. I. p. 170. Cc) Charpentier mineral. geogr. He 378. Voigt. © (dÿ Cliarpentier , ibidem. Ce) Charpentier, ibidem., mt éme tdi À +. et. de Sc à rt ie à pes Sciences Puys. DE LAUSANNe. 9 Le roc argilleux eft en effet le domicile des fources falées, elles sy trouvent fous la pierre calcaire compaéte; & fi danslexploitation, les cir- conftances permettent de parvenir à la couche argilleufe, elles sy mon- trent à découvert. Les faits fuivants prouvent cette vérité. Pour parvenir aux fources falées, on entre dans l’argille à Altküfen, felon M. Charpen- tier; à Kvetfchau (a) & à Lützen, felon M. Heun, & dans nombre d'endroits, dont je ne ferai pas l’énumération. Cette couche leur fert, pour ainfi dire, de réfervoir, & elles n’attendent pour en fortir qu'un habile ingénieur, qui brife les parois de la prifon qui les renferment. Dans nombre d’endroits on tombe, en perçant, dans une couche argilleule, molle, d’où l’eau jaillit avec véhémence. Dans le moment où on attei gnit la fource à Obernenfalza , le perçoir senfonça de dix pieds (b). Le méme phénomène eut lieu à S#/z, dans le duché de Würthemberg. Comme les eaux falées fe trouvent dans cette couche argilleufe, il ar- rive que dans quelque endroit qu’on la perce , le même phénomène a lieu, comme on l’a vu, d'une maniere frappante, à Srlz, au Neckar, & à nombre d’autres endroits, de maniere qu’il eft démontré qu’on peut con- fidérer dans les environs, des fources falées, la couche argilleufe comme imbibée d’eau falée, & confidérer dans ces lieux la couche argilleufe com- me une efpèce de ballin ou de rélervoir (c). Les eaux y font génées & preflées par la colomne de Peau afluente; aufli dès qu’on ouvre la couche argilleufe , l'eau sélève à une hauteur confidérable; ce dont Dürrenberg (a) Heun, pag. 323. (b) Voigt Mineralog. Briefe über di herz. Veymar. Cc) Dans ce Mémoire, je confidere par-tout la couche argilleufe comme fufceptible de recevoir dans fon fein, des eaux, & de fe laïffer traverfer par elles; cependant on re. garde l’argille jufqu’à un certain point comme imperméable à l’eau. Pour lever le doute qui pourroit s'élever chez différentes perfonnes à ce fujet, je dois obferver, que fous le terme de roc argilleux, je ne comprends pas fimplement l’argille proprement ditte, mais toute roche dont l’argille fait le principal élément, & A elle eft remplie de fentes & de vuides, elle eft pour lors fufceptible de laïffer paffer les eaux, & c’eft le cas de la cou. che argilleufe où fe trouvent les fources. Le roc argilleux de cette couche eft percé de trous, de fentes & de crevafles fans nombre, par lefquelles l’eau peut aifément s’infltrer. Ces fentes dépendent ‘en partie de la nature de la pierre, qui eft naturellement fendillée, comme nous le verrons dans la defcription du roc du cilindre, & en partie aufli des vui- des occafionnes par le fel enlevé, & enfin en partie dans quelques endroits, par le bou- leverfement qu’il a fubi par la deftruction d’une partie de la couche fubjacente dont nous verrons plus bas la nature, Tome II. b 10 MÉMOIRES DE LA SoOcirÉTÉ prélente un exemple frappant (a), & elle monte jufquà ce que fon poids égale la preffion qu’elle reçoit; phénomène , qui mal vu à fait croire que les fources venoient pour le plus fouvent de bas en haut: fi on perce à plufieurs endroits la couche, les eaux, au bout d’un certain temps (b), rempliffent tous les puits au même niveau, & fi l’on puife lun, les au- tres, au bout d’un certain temps diminuent; & de plus le degré de fa- lure eft chez tous le même, (file local eft tel que les eaux douces ne puif- fent y pénétrer) ce qui prouve clairement la communication des fources falées, | C'eft à cette communication que nous devons nombre de fources, & on l'a toujours cachée avec foin, par les raifons alléguées dans la Pré- face. Partout où il y a des fources les unes près des autres, on trouve qu’elles fe communiquent. La fource éleétorale d’Artern , découverte par M. Borlach, & l’ancienne; les fources de Halle en Saxe (c), celle de Smalcalden, celles de Salzungen, de Sulz, communiquent (d). La couche argilleufe étant imbibée d’eau falée, dans les diftrits des fources falées, & fuivant comme les couches qui la recouvrent des loix particulieres; on peut confidérer les eaux falées comme foumifes à ces mêmes loix; point-de-vue important dans ce genre de recherches. Tel eft le local des fources falées, ce qui modifie bien le principe éta- bli par M. Lehmann, fur leur fituation dans les montagnes à couche , .& (a) Elle fort hors du puits, qui a 226 pieds de profond, & s’éleveroit encore plus haut, fi on vouloit la forcer. À Halle en Souabe, elle remplit le puits & le déborde, fi on ne puile pas. Il en eft de même à Halle en Saxe, au puits allemand. (b) Je dis au bout d’un certain temps; car comme le roc argilleux ne laiffe pas pañer l'eau par-tout avec la même facilité, il faut fuivant les circonftances plus ou moins de temps. C’eft ce qui a fait qu'on ne s’eft pas apperçu, à bien des endroits, de la com- munication des fources. On l’ignoroit, par exemple, à Sulz, avant M. Hers. Cc) À Halle, lorfqu'on puife le puits de Gutgur, Veau du puits allemand diminue, & quand on puife le puits allemand, le #etritz diminue , fait qu'avoit déja obferve Hoffmann. Cd) De-là découle une grande régle, qui ef: que par-tout en creufant dans un dif- tri falans, on peut trouver des fources, pourvu qu'on choififfe les endroits convenables , pourvu qu’on n’attaque pas les couches à un endroit où la continuation a été interrompue par quelque riviere, ce qui n’arrive que lorfque l'inclinaifon des couches eft forte, & la cou. che argilleufe profonde, comme le prouvent Sa/zungen, Smalcalden, & nos fources , dont quelques - dnes font feparées par la Gryonne. SR sn en dé le a et DCS DpEs SciENCEs PHys. bE LAUSANNE. 11 qui avoit pallé jufques ici pour régle; je me contenterai de le citer, ne pouvant entrer , pour le préfent, dans les difcuflions qu’exige fon examen. Voici comme il s'exprime, page 138 de fon hiftoire des montagnes à couches. » Les charbons de pierre avec la roche fur laquelle ils repofent, for- » ment toujours le chevet des montagnes à couches, les chytes occupent » leur milieu, & les fources falées le toit, ou pour m’exprimer plus claire. » ment, les charbons fe trouvent toujours dans la plus grande profondeur, » ou dans le chevet des montagnes à couches : au - deflus d’eux fe trouvent les chytes, & l’on trouve toujours dans le toit des montagnes à eou- » che, des fources falées, là où les couches fe terminent & finiflent ”. Je n’examinerai point ici jufqu’à quel point le voifinage des montagnes à filon, & le voifinage des charbons des pierre eft en liaifon avec le local des fources falées & du roc falé, à caufe des difcufions que cela exige, & que nous pouvons nous pafler pour le préfent des corollaires qu’on en peut tirer. Un fait qui mérite une attention particuliere, c’eft que les fources f{a- Jées paroiflent venir d’un endroit plus élevé; car par-tout où on creufe des fources elles remontent. Toutes les falines, pour ainfi dire, en four. niflent des exemples ; les plus frappans font ceux qu'ont fourni Halle em Saxe (a), & Dürrenberg (b). Un autre fait qui n’eft pas moins important pour la théorie des fources ; ceft qu’elles font plus baffes que le roc falé des environs. Les fources fa lées de Reïchenball font plus baffes que Hallein & Berchtolfgaden; celles de Moutiers font plus bafles que le roc falé d’Arbonne. Les fources falées de la Tranfilvanie, de la Moldavie, de la ’allachie, de la Bukovine, de Ja Pologne & de la Hongrie , font toutes plus bafes que le roc falé de ces pays- | Non-feulement les fources falées fe trouvent toujours plus bas que le roc falé des environs; mais en général elles fe trouvent dans des endroits. entourés du moins en partie de rocs gipfeux, qui forment fouvent des. bains. ; (a) Le puits allemand de Halle a ÿ2 pieds de profond, & fi l’on refte quelque temps fans faire jouer les pompes, l’eau remplit le puits & reflue. Çb) À Déirenberg, Veau remonte à 226 pieds de hauteur. b 2 12 Muémooir RES DE, 1 À ! Soi cuit: T Les fources abondantes fourdent fur.tout dans des endroits bas & en baflin, comme par exemple, celles de Soden , près de Francfort; celles de Naubeim & celles d’Artern, qui par fa pofition eft expofée à des inon- dations (a). Comme la tourbe habite les endroits bas, elle eft un indice accidentel des fources falées dans un diftriét falé. Mais quoique les fources fe trouvent ordinairement dans des endroits bas, comme le prouvent Suden, près de Francfort, Auleben, Hergern, Naoubeim, qui font ou étoient dans des marais; on fe tromperoîit fi on penfoit qu’elles fe trouvent à une hauteur déterminée. Il en eft deb fources falées comme du roc falé , leur élévation n’a rien de fixe. Suldorf , Schoenebeck, Altenfalza , Stasfurth, Afchersleben, Koethen, Halle, Lützen, Artern, Franckenbaufen, Dürrenherg, Küfen, Apolda, Koetfchau, €ÿc., offrent une fuite de falines plus élevées les unes que les autres, en commençant par Suldorf , qui eft la plus bafle. Les fources falées de la Suifle, &@ fur-tout la fontaine Charles, en Cha- mofuire , font bien plus élevées que celles de Savoye (b); celles de Sa- voye plus élevées que la plupart des falines d'Allemagne, &c. &c. En effet, comment pourroient-elles avoir une hauteur déterminée, puifque la couche argilleufe dans laquelle elles fe trouvent n’en a point. Il n’y a point de terme au-deffus ou au-deffous duquel il ne s’en trouve que les limites des montagnes à couches : le niveau de la mer ne peut pas même fervir de terme; car nous avons fous la mer des exploitations dans des montagnes à couches (c). È On remarque encore que les fources falées fe trouvent fouvent le long ou près de quelque riviere, parce que les rivieres & les ruifleaux qui sy rendent, mettent à découvert les couches qui recouvrent la couche argil- leufe. Creutzshurg, Allendorf, Carlshaven, font le long de la Verra: Kôtfchau, Sulza, Küfen, Dôrrenberg, Halle, font le lonë de la Saale. Les falines de Dieufe, Moyenois & Chateaufalins , font toutes fituées le long de la vallée qu’arrofe la Saille. Dans le çomté de Cheshire les falines font : (a) Charpentier, mineral. geogr. pag. 366. (b}) La fontaine Charles eft à environ 600 toiles au-deffus du niveau de la mer. Cc) Quoique l'élévation des fources. falies n'ait rien de fixe, elles paroïflent cependant comme le roc falé, exclues des parties des montagnes à couches les plus élevées & les plus près des grandes chaines de montagnes réputées primicives. Elles ont cela de commun avec le roc fale, & l’on peuc voir, ci-dellus ce que j'ai dic à cet égard. ' TT ST Ne EPP PERTE NES ER PER EE PER EE, 2 DES Sciences PHys. DE LAUSANNE +7 pour la plupart le long du fleuve Werver; creufez chaque côté de ce fleuve, fur plufeurs milles de longueur, & l’eau falée ne vous manquera pas, dit Zifer (a). Dans un diftri& riche en fources, on remarque fou- vent par les mêmes raifons, qu’elles font de fuite au pied de quelque chaine particuliere de montagnes; ceft ainfi, par exemple, qu’on a le long du pied des montagnes de la Mifñie , une fuite de falines le long de la Saale & de l'Unflrut (b). Elles fe trouvent non - feulement près d’une riviere, mais ordinairement du côté où les couches préfentent leur tête à la ri- viere, fur-tout fi l'inclinaifon des couches n’eft pas confidérable. Dans nombre d’endroits où on trouve du gyps & des fources falées, on ob- ferve que le gyps & les fources falées fe trouvent dans des endroits bas, où les couches préfentent leur tête au jour. Dans prefque toutes les fali. nes que jai vues & où j'ai pu obferver les couches, elles s’enfoncent & préfentent leur tète au jour & à la riviere qui les avoifine. On peut le voir diftinétement à Sy/s, au Neckar, à Halle en Souabe, & dans nos falines (c). ; On trouve fouvent dans les endroits où il y a des fources falées des plantes qui ne croiffent pour l’ordinaire que dans des endroits qui en recélent. Le Triglochin maritimum. La Salicornia herbacea, ou le kali geniculatum. L’After Tripolium. La glaux maritima. Et la Salfola kali, font fur-tout dans ce cas; elles ont quelquefois fervi à découvrir des four- ces. Ceft ainfi, par exemple, que M. de Haller en découvrit une entre Harfte & Gattingen, par le moyen du Triglochin; mais ces plantes n'ac- compagnent pas conftamment les fources, ni ne font pas toujours des indi- ces certains; il ne s’en trouve point, par exemple, autour de nos fali. Ca) Philofophical. Tranfaët. T. I. p. 36r. (b) Zimmermann. Berg. academ. p. 1o$. Cc) Il feroit à fouhaiter qu’on examina fi ce phénomène fe préfente dans le plus grand aombre des falines, & qu’on en rechercha les caufes & l'influence, T4 MÉMOïRES. DE La SÔOcréTé nes: il paroït que c’eft fur-tout lorfque les fources forment des marais, qu’on les rencontre. La falicornia herbacea fe trouve, par exemple, en abon. dance à Arthern & Hergern. | La falure des eaux n’eft pas partout la même, & diffère fuivant que les eaux douces y ont plus ou moins d'accès. Les fources qui fortent de la pierre calcaire, par exemple, font ordinairement foibles (a), parce que les eaux douces qui fuivent les couches calcaires s’uniflent à Peau fa. lée, & que la roche calcaire eft une des roches les plus fertiles en eaux; comme le prouve chez nous l'Evêché de Basle, & le Zauterbrunn, qui à tiré delà fon nom. Il en eft de même des fources qui fe font jour à tra. vers le fable, parce que les eaux douces sy joignent de tous côtés. Les fources qui fortent du gyps font ordinairement riches, comme le prouve la Saxe & la Thuringe, parce qu'on a pour lors direétement Veau de la couche argilleufe furjacente (b). C'eft en partie fur ces principes que re. pofe le fait qui a palfé en loi: » Que plus on'perce les couches de terre en profondeur, plus les four » ces falées augmentent en falure. | Pourvu toutes fois qu’on aye foin de maïtrifer les eaux douces, qui t&t chent d’entrer latéralement dans les puits, par des garnitures, ou des gal. leries qui les écoulent (c), ou en s’enfonçant dans la montagne (d), ow en faifant entrer l’eau falée dans des tuyaux, comme à Sulfchlierf & Ober… noufulza (e). Il eft probable que fi l’on pouvoit aller prendre les fources dans la cou che argilleufe, à des endroits où les eaux douces des couches avoifinan- tes, & les eaux externes n’auroient point d'accès, on auroit des eaux prel. que faturées de fel. Tous les travaux dans les falines tendent à prouver que les fources foibles ne le font que parce qu’on les prend à des endroits: (a) La Vetteravie, ft abondante en fources, n'en a pas une à 3 pour cent, felon M. Ë Eangfdort, aufli fortent-elles toutes de là pierre calcaire. EE (b}) La fource de Franckenhaufen , par exemple, eft de 10-11 pour cent. Charpentier, P. 377- ; (c) C'eft ainfi qu'à Halle en Souabe , on a des galleries où les eaux douces fe rendent & d’où on les extrait. k 4 (d) Ceft ce qu’on a fait à Sulz dans le Würthemberg: ; (e) Il ne faut pas toujours des travaux particuliers pour écarter les eaux douces, fou vent il fufit de ne pas faire jouer trop vivement les pompes. On verra les grands avantas ges de ce moyen fimple, dans ma Deftription des Salines de Sulz. A he Eure Des ScrencEes Pays. DE LAUSANNE. 1$ ; Où les eaux douces ont accès, & “que par-tout où il y a une fource » foible, on peut en trouver une plus forte: vérité fur laquelle on ne fauroit aflez infifter , malgré les exceptions auxquelles elle peut être fujette. Il eft des fources qui augmentent en volume dans les temps de pluie; . d'autres dont le volume refte invariablement la même. Le premier cas n’a lieu que quand les eaux extérieures peuvent pénétrer jufqu’à l’eau falée. Ceft fur de telles fources que les Waiz & les Borlach ont prouvé, que des travaux bien entendus, peuvent améliorer les fources. Si les fources falées venoient fimplement de haut en bas, par quelques fentes, & fi elles ne venoient pas en fuivant les couches, elles feroïent toutes fu- jettes à de grandes variations (a ). Dans les temps de pluie & de féche- refle, l'ingénieur le plus habile ne pourroit éviter ces variations. Si les eaux ne sinfiltroient pas le long des couches, comment pourrions-nous aller re- couper une fource falée, (qui fe trouve à l'une des rives d’un fleuve) à la rive oppofée, & établir ainfi deux fources communicantes & entre lefquel- les couleroit le fleuve; exemples qui ne font pas rares? Swalcalden & Sal- zungen en offrent des exemples, & même jufqu'à un certain point, nos fources qui font féparées en partie par la Gryonne. Comment pourrions- nous creufer, fous le lit, des fleuves, pour chercher les fources, fans rif- quer que leurs eaux n'influent fur elles ? Les principes que je viens d’expofer fur le roc & fur les fources fa- lées, font fuffifans pour mon but. Appliquons ces principes, & voyons les corollaires qui en découlent pour les fources falées en général & cel- les d’Aigle en particulier; le Leéteur les entre-verra peut-être en partie. (a) Toutes les fources permanentes en général, falées & douces viennent le long des Couches ; vérité, qui bien appliquée , peut nous être d’une grande utilité, dans la dé- couverte & dans le coupement , foit des eaux falées, fit des ‘eaux ‘douces, Be 16 Mémoires DE LA SOc1ÉTÉ Théorie des fources falées € du roc falé. Ce que nous avons expolé un peu plus haut, prouve que le roc falé & les eaux falées, ont un local analogue & parfaitement femblable. Cette analogie, ou cette reflemblance dans le local, nous conduit d'une maniere bien fimple à une des plus importantes vérités; c’eft que le roc argilleux renfermant le fel ou le roc falé, ne diffère du roc argilleux renfermant les eaux falées, qu'en ce que le dernier eft abreuvé d’eau & que le premier ne left pas. 5 Puifque le roc argilleux du roc falé ne diffère pas du roc argilleux des fources falées, nous pouvons dire, fans trop hazarder, que les fources falées fortent du roc falé, dans lequel elles ont acquis leur falure, en le parcourant: comme elles font, un chemin confidérable, elles font falées avant que d'arriver à l'endroit de leur fortie, dont les environs font fouvent dépourvus de fel, & ne préfentent plus que les dépouilles d’un roc falé, parce que le fel en a été extrait par les eaux. n} Ayant établi que le fel & les fources falées fe trouvent dans la couche ar: gilleufe, je puis pañfer plus loin dans ces recherches. à Les obfervations de tous les géologues nous apprennent que les mon- tagnes fecondaires où fe trouve le fel & les eaux qui en renferment, font compofées de couches qui fe fuivent dans un certain ordre. La pierre cak caire compacte (a), repofe, (autant que jufques ici on a pu l’obferver)} fur le roc argilleux (b), celle-ci fur le gyps (c), & celui-ci fur le L grès (a) Je dis la pierre calcaire compadte; car je n’ignore pas que la pierre calcaire gre- nelée, à laquelle appartiennent en grande partie les efpèces ç0, 51, 52, de Wallen, fe trouvent ou alternent même avec la roche réputée primitive. (b) Le terme d'argile eft ici pris dans une acception générale , & renferme non-feule- ment l'argile , mais aufli l’argille chyteufe & les chytes vraiment argilleux, ou.les. ardoi- fes proprement dites, fur lefquelles repofent les montagnes calcaires, prés des montagnes primitives. Il paroït que ce n’eft que dans l'éloignement des montagnes primitives que l’ar. gille même fert de bale à la pierre calcaire. On peut voir dans l'ouvrage de M. de Sauf. fure pluñeurs obfervations fur cette {uppôfition de la pierre calcaire, fur l’ardoife, T. Ji p. 401, 402, & autre part. ; (c) Lorfque je parle de la couche gypfeufe, je ne confdere point ces bancs minces de gyps ftrié ou de félénite qui fe trouvent dans les argilles, fouvent de nouvelle formation , & qui font d’une formation encore plus moderne qu’elles, dont M. de Buffon a explique fort ingénieufement l’origine, DES Sciences Puys. DE LAUSANNE. 17 grès (a), & d’autres couches qui repofent enfin fur le granit (b}. Quelques Auteurs, je le fais, foutiennent qu’en Allemagne, le gyps fe trouve en général fur la pierre calcaire; quoiqu'il s’en trouve fur la pierre (a) Grès, qui dans quelques contrées à fel fe rapproche de la Grauvacke du Harz. Le grès qui fe trouve à Bottendorf, entre le gyps & les chytes cuivreux, paroit être de cette efpèce. (b) Ce feroit trop avancer , que de foutenir en thèfe générale, que le grès occupe tou- jours cette place, parce qu'il y a des grès de differente formation, Je ne foutiendrai pas non plus qu'il y ait toujours du gres fous l’argille; car il en eft du grès comme des au tres couches, il peut manquer en plufieurs endroits. Il fe pourroit, qu’en Suifle, il n'y eut que rarement du grès fous l’argille, & que la plupart du grès de notre pays fut de formation plus moderne que la pierre calcaire & repofa fur elle. J'ai vu évidemment re- pofer aux environs de Bienne, de GottJiadt & de Lengnau, le grès fur la pierre calcaire. D'aprés l'ouvrage de M. de Sauflure, il paroït que les grès des environs de Genève repo- fent fur la pierre calcaire. - Voy. Voyages dans les Alpes, T. IL. pag. 187. 188. 189. Je trouve cependant, p. 41, un exemple de grès recouvert de pierre calcaire. ,, J'ai vu, #» dit-il, pag. 41, fur le côteau de Boify, un banc de pierre calcaire, qui recouvre les » molalles dont le refte de ce côteau eit compolé, & page 217, M. de Sauflure obferve #» que les grès régnenc non-feulement au-deflus, mais encore au-deflous des bancs calcai. #» res de la montagne des Voirons ”. Mais quoiqu'il en foit du fit du grès, notre théorie n’en fouffre point. Une remarque importante à laquelle on ne fauroit faire trop d’at. tention, c'elt qu'on ne peut pas juger de la fuite des couches des montagnes ftra- tifiées, par celles qu’on obferve dans les parties des montagnes à couche les plus voifi. nes ces principales chaines des montagnes primitives; car dans ces parties, pour l'or. dinaire, plufieurs couches manquent, que nous trouvons dans ces mêmes montagnes plus près de la plaine, fans doute parce que leur élévation & l’inclinaifon de leurs couches étoit moins propre à recevoir les dépôts des couches qui manquent, Le grès & le gyps paroi£ fent être fur-tout dans ce cas. On remarque encore que l’épaifleur de quelques couches eft moindre près des montagnes primitives. Qu'on fe rappelle donc que le grès peut occuper, felon les différentes époques de fa formation, différentes places, & que la pierre calcaire peut-être recouverte de différens lits alternatifs d’argille, de grès & de pierre calcaire de formation plus moderne. On peut en voir des exemples dans les Lcttres de AL. Vaigt. Au Hanz, felon M. Lafus, le grès & la pierre calcaire reparoiflent deux fois, felon l’ordre fuivant, qu'il indique : Granit, fchifte, grauwacke, grès, gyps, pierre calcaire, grès, pierre calcaire, terre Ai végétale, Ce que jai dit fur le grès a lieu pour le gyÿps. A quelques endroits on en a trouvé fous le gres; à d’autres, quoique trés-rarement, fur la pierre calcaire. Dans les environs de Berka, à l'{lm, fe trouve une couche de grès affez étendue pouf former des montagnes, qui repofe entre une pierre calcaire, bitumineufe & le gyps. Voigt Verzeichnis, p. 18. Peut-être les grès, de différente formation, ont-ils des caracté. res propres à les reconnoitre. Les grès , par exemple, à gluten marneux, pourroient bien être tous de formation moderne, Tome II. | c fg Mémoires Dp£ LA Soci1iÉéTE calcaire, fon gite ordinaire eft fous cette pierre, comme le prouvent les obfervations de MM. Voigt & Charpentier. Ce que nous dirons plus bas fera voir ce qui peut avoir fait illufion à quelques oblervateurs (4 ). Dans quelques endroits, l'une ou l'autre de ces couches manque; mais l'ordre établi fubfifte cependant. Le gyps recouvre, il eft vrai, quelque- fois l'argille; mais dans ce cas il y a des couches alternatives de gyps & d’argille; ce qui ne détruit pas, mais modifie fimplement ce que nous avons avancé. Ce que jai dit fur le gyps & Vargille, doit aufli s'enten. dre de la pierre calcaire & de largille, fur-tout de la pierre calcaire qui fe délite par bancs minces (b). Toutes les obfervations que j'ai eu occa- fion de faire m'ont confirmé cette fuite, & nous pourrons la voir d’une maniere évidente dans plufieurs falines. À Sulz au Neckar, la pierre cal. caire, l’argille & le gyple, fe fuccédent. A Arthern (c), & Oberneu- fulza, Vargille recouvre le gyps (4). Quoique la roche calcaire compatte, ( calcareus æquabilis Waller.}) aye partout, (du moins par-tout où on obferve fon chevet) fous foi, un roc argilleux, ou de largille, cette argille n’eft pas toujours impregnée de fel ou imbibée d’eau falée, parce que fans doute elle a été dépouillée du fel qu’elle contenoit. Elle doit pour lors étre confidérée comme un roc défalé. On doit donc, à mon avis, confidérer le roc argilleux qui fe trouve entre la pierre calcaire & le gyps (e), fous trois états. Ca) Dans toute la Saxe, le gyps fe trouve prefque toujours fous la pierre calcaire. Charpentier, pag. 350. (b}) Cette efpèce de pierre calcaire mérite un examen particulier. Cc) Charpentier miner. géog. p. 356. (d) Souvent on-peut croire que largille recouvre le gyps, fi on attaque les couches dans leur chevet. Quand on me diroit, à cel endroit l’argille recouvre le gyps, je ne le croirois que quand on pourroit m'affurer que là où l’obfervation s’eft faite, on n’a pas at- taqué les couches dans leur chevet. Je fuis bien éloigné cependant d'admettre que nulle part le gyps ne fe trouve fur l’argille, quoique je n’en connoïfle aucun exemple. Rien n'eft plus nuifible en géologie que d'établir d2s régles générales, & fi je le fais, je fous- entends toujours qu’elles peuvent avoir des exceptions. , Ce) Je dis le roc argilleux qui Je trouve entre la pierre calcaire €? le gyps; car je fuis bien éloigné de croire que toute argille repofe fur le gyps ou ait fur foi de la pierre cal. caïre, L'argille refraétaire de Lengnau repole par exemple immédiatement fur la pierre calcaire, La plupart même des argilles ont un local différent, & font de formation plus moderne. Les différentes origines & les différens fites des argilles préfentent un champ des plus vaftes & des plus jntereffants. pes Sciences PHvs. DE LAUSANNE. 19 1°. Ou comme pénétrée de fe 2°. Ou comme imbibée d’eau falée, 3°. Ou comme défalée. Je me difpenfe pour le préfent, de montrer le grand jour qu'offre ce point de vue, & de détailler les fignes auxquels on peut juger de l'état de la couche argilleufe. Nous avons vu que le roc falé & les fources falées fe trouvent fous la pierre calcaire & dans le roc argilleux , & que la pierre calcaire & le roc argilleux forment des couches; il s’enfuit de-là que le roc falé & les four- ces falées forment aufli des couches, vérité que nous avions établie pour les eaux falées fans l’appliquer au roc falé. Ne croyons pas que la nature ait fait une exception pour le roc falé; il forme une véritable couche qui fuit les mêmes loix que les autres , vé- _ rité fimple, mais qui a été méconnue jufqu'a préfent, & ceft la caufe de l'ignorance où l’on eft encore fur les loix du roc falé & des fources falées. Parcourons les faits que préfentent les exploitations à fel, & tout nous confirmera cette vérité. Les falines de Baviere, d'Autriche & du Tyrol], en fourniflent des exemples frappans. Je n’ignore pas qu’on a hy- pothétiquement donné dans la haute Autriche, une figure conique au roc falé, parce que l'ayant entamé dans le fuyant des couches, les galleries devenoient plus longues à mefure qu’on s’abaifloit. Ces faits mêmes par. lent en notre faveur. On ne fauroit afflez inffter fur cette vérité. Le roc falé forme conche (a). Mais cette couche ou ce dépôt a-t:l été partiel ? N'y 2-til eu que certains diftrids privilégiés? Non! le dépôt na point été partiel. Le roc falé eft inconteftablement dû à un dépôt de la mer, & il ny a aucun doute à cêt égard (b). En admettant méme lhypothéfe de M. de Charpentier , qui croit que le fel eft un. produit du gyps; le roc falé feroit toujours à confidérer comme un dépôt de l’ancienne mer, puif 2 ———————————————————<“ (a) La defcription que nous à donné M. Bonvles de la couche de fel de Vallicra, mé- rite d'être lue. On y voit le fel fuivre les couches & pafler avec elles dans les collines voifines. Hifi. nat. d'Ffpag. p. 376 & Suiv. (a) On remarque méme quelquefois que les lits du roc falé font ondés comme l'eft le tivage près de la mer. Pallas a obfervé ce phénomène en Sibérie, & M. Jars à Nortuich. n Ce qu'il y a de plus fingulier, dit-il, c’eft g5e les couches de fel font dans une pof. » tion qui feroit croire que le dépôt s’en eft fait pat ondes , comme on voit ceux que la » mer fait fur ces côtes. C7 22 Mémo rirue sn m4 L ANE Soc EATIé que 1 gyps ou du moins la pierre calcaire, qui le compofe en: eft un (a). Nulle part nous ne voyons un dépôt de la mer s'étendre à de petites diftances : 1l en eft de même du roc falé; d’ailleurs l'expérience confirme ce que lanalogie nous indique. Si nous confidérons l'étendue du dépôt de fel qui fuit des deux cûtés toute la chaine des monts Carpathes, & les chaines attenantes de la Trou- Jfilvanie, de la Moldavie, & de la Falachie, dans une longueur de pañlé 150 lieues (b); l'étendue de celui qui parcourt le Troll, la Baviere & l'Autriche, Vétendue du dépôt de fel de la Sibérie, des parties méridiona: les de la Rufie & de la grande Tartarie, & d’autres païs dont on peut voir l’énumération dans l’hiftoire des minéraux de M. de Buffon; le nom- bre prodigieux de fources falées de l'Allemagne; nous verrons bien que la nature n’a pas été avare dans ces dépôts, & qu’on ne peut guëres en admettre de partiel. Nous ne faurions par conféquent chercher avec M. de Buffon, des caufes partielles & adopter fon idée ingénieufe à la réfuta. tion de laquelle nous ne nous arréterons pas pour le préfent (c). (a) Les pétrifications que l'on rencontre, felon M. Bergman, au fond des couches fa- les de la Hongrie & de la Pologne, prouvent bien l'origine marine, (b) Abhandl. ein. pric. gef. in Bochm. T. 1. IV. V. (c) Quoique je n’admets pas l’hypothèfe de M. de Buffon, je men forme une qui y a quelque rapport, mais qui eft plus générale. Je penfe que dans l'abaiffement des eaux ileft refté de grands lacs, ou de petites mers, dont le defféchement a donne enfuite lieu au roc falé; ce qui me paroit bien plus probable que les marais falans de M. de Buffon: M. le Comte de Razoumorwski -obferve avec raifon, qu'il y a nombre de faits géologiques qui ne peuvent guères s'expliquer fans admettre qu'il ait exifté autrefois des lacs, & il fera vraifemblablement part de fes obfervations à ce fujet au public. M. Gruner eft d'avis que la Suifle a été autrefois un lac, & fon fentiment n’eft pas deftitué de vraifemblance. Die Naturgefchichte Helvetiens in der alten velt, Bern. 1773. Le gyps contenu dans l’eau de la mer, concentrée de ces lacs, fe fera précipité au fond, enfuite le fel conjointement avec le limon de l'eau de ces lacs. Je n’infifterai pas fur cette hypothefe; elle demande des comparaifons d’obfervations , dans le détail defquels il feroit inutile d'entrer pour le préfent. Je me contenterai d'expliquer par fon moyen, quelle peut avoir ete l'origine du fchifte, qui, près des montagnes primitives, fe trouve au lieu d’argille fous la pierre cal- caire. Il eft probable, que dans le defféchement, les eaux, en defcendant peu à peu, ont emmené avec elles le [el vers Les parties les plus bafles, & que l’argille la plus près des grandes chaines primitives, la plus élevée & la plus inclinée, foit reftée dépourvue de fel, & que fes parties, par la plus rapprochée, ayent produit les ardoifes. Par cette hypothèfe, il eft aifé d'expliquer pourquot on ne trouve point de fel dans les ardoifes pros prement dites, & pourquoi c’eft l’ardoife & non l’argille proprement dite, qui fert de bale à la pierre calcaire, près des montagnes primitives. : Se at in. be pes Scrences Pays. DE LAUSANNE. 2} Mais nous voyons que le dépôt des eaux seft fait fuivant certaines loix, que les diflérens fédimens de la mer fe fuivent dans un certain ordre, qui fait une partie de l'étude du géologue. Le roc falé ne fait pas exception à cette régle. Nous pouvons donc conclure avec affurance, ce que nous avions propofé comme fait, que le roc falé forme couche , & que le roc des fources falées n’eft que cette couche imbibée d’eau. Je me répéte, il ft vrai; mais ces vérités font allez importantes pour être répétées; quoi. qu’elles foient trèsfimples, perfonne que je fache, ne les a entrevues, tant il eft vrai que ce qu'il y a de plus fimple, eft ce qui tombe le dernier fous les fens. | » Après ce que jai fait précéder, je puis préfenter en forme de corollaire le réfumé de ma théorie fur les fources falées; je dis le réfumé, car ce n’eft pas mon but d'entrer pour le préfent dans les détails qu'elle exigeroit. Jen dis affez pour me faire comprendre de ceux qui y prendront quelque intérêt, RÉSUMÉ DE MA THÉORIE, É Avec aigles réflexions fur les fources ex général. Jadmets que la couche argilleufe qui fe trouve fous la pierre calcaire & fur le gyps, ou alterne avec lui, étoit remplie de fel lors de fa formation. Dans la fuite, une partie a été lavée & extraite par les eaux; une partie a été fimplement imbibée ou traverfée de petits filets d’eau; enfin les eaux n'ont point eu d'accès dans une autre partie. Dans le premier cas, nous ne trouvons fous la pierre calcaire que de l’argille ; dans le fecond, nous y trouvons des fources falées, & dans le troifieme nous trouvons le roc falé (a). ———————_— © ZE ! (a) Jufques ici je nai rien dit fur ces réfervoirs, dont il convient cependant de parler, parce qu’ils font plus communs qu’on ne penfe, & que la maniere dont on dirige ordinai- rement l'exploitation des fources falées , n’elt pas propre à les faire connoître, Les eaux fa- lées fé préfentent, comme nous avons vu fouvent, dans les lieux où les couches qui s’en- foncent dans la montagne préfentent leur tête au jour, & viennent ainfi de bas en haut. Comme les fources ne viennent pas immédiatement de la profondeur , il faut admettre, & lespérience le confirme , que les couches, après s’étre enfoncées, remontent, & on eft obligé de fe repréfenter l’entre-deux des couches, comme un fiftéme de canaux où l’eau 22 MéÉmMOrIREÉéSs DE LA Socré T# = L'eau, qui dans le fecond cas, entre dans le roc falé, sy charge de fel, le parcourt, fort là où elle trouve des iflues, & forme quelquefois en partie dans les endroits bas, ou dans les endroits où les couches font une courbure des efpeces de refervoirs d’où l'eau fort comme d’un ton. neau lorfqu’on les perce (a); phénomène qui fe préfente au fondement & autre part. Bruchfal, par exemple, paroït être dans ce cas. Je paffe fous filence les phénomènes qui en découlent, pour le local & la diredtion (b), du roc & des fources falées, parce que la fuite de ce mémoire me conduira à plufieurs de ces phénomènes. Voyons comment les eaux douces entrent dans le roc falé. Les têtes des couches des montagnes ftratifiées font à découverts fur les pointes & les defcend d’un côi£, pour remonter de l’autre. La longueur de la couche qui repréfente le canal par où l'eau remonte, eft la plus courté, & fi au lieu de lailler l’eau s'échapper : par le deflus de cette-branche, je perce latéralement, j'aurai l'eau qui eft au - déffus de cette ouverture, dans toute l'étendue de cette couche, jufqu'à -ce que l’eau foit venue au niveau de mon ouverture. Dès ce moment je n'aurai que l’eau que jaurois eu , fans percer, un peu augmentée cependant, parce qu'en diminuant la hauteur de ma feeonde branche, je diminue la réfiftance qu’elle oppofoit à l'eau. qui entre dans l’autre branche, & l’eau fera fouvent plus falée, parte que l'eau qui defcend pour lors ave@ plus de rapidité, en- traine plus de fet du roc falé. C’eft-là la premiere efpèce de réfervoits® fi tant eft qu’on puille leur donner ce nom. . Si dans la courbure que font les couches , les couches fubjacentes font fufceptibies d'é- tre rongées par la force avec laque le l’eau agit fur cette courbure, il s’y formera un refer- voir; fi l’eau, qui en defcendant, entre dans cette courbure, eft en petite quantité, réla- tivement à l’épaifleur de la couche, elle en remplira peu à peu les interftices & y for- mera auf un refervoir d'eau falée. Dans l’un & l’autre cas; l'eau continuant à affluer, fortira par fa fortie ordinaire. Si j'entame latéralement ce coude , ou cette courbure, j'entamerai le relervoir, & j'obtiendrai beaucoup d'eau par un mécanifme analogue au précédent ; mais fort falée, par des raifons dont nous parlerons plus bas, & enfin l’eau diminuera juf qu'a-ce qu’elle foit au niveau de l'ouverture. Voila la feconde efpèce de refervoirs, dont le fondement & Bruchful , préfentent des exemples ; les réfervoirs occupent, ou toute l'éten. due de la couche, (ce font les grands réfervoirs), ou ne fe bornent qu'à une certaine diftan- ce, àacaufe que les couches, outre la courbure dans le fens de leur direction, fe reécour- bent latéralement & forment de vrais bains: celui du fondement paroït étre dans ce cas, Toutes les falines dont les couches s’enfoncent , peuvent vraifemblablement être traitées com- me un refervoir, ou comme notre cylindre du fondement; fi le iocal permet de s’abailfer par des galleries latérales , point-de-vue qui a été prefque entiérement négligé. (a) Dans une partie de la couche argilleufe, favoir, dans la partie la plus élevée & la plus inelinée, le fel peut s'en étre déja féparé, avant le defféchement de l’argille. Voyez l-defus la note précédente, fur-tout vers la fin. À (b}) Les eaux falées, en Allemagne, affectent fouvent de fuivre la direétion du Midi au Nord. Eatre Maigdebourg & Halle, on a de fuite, du Nord au Midi: Saze, Stasfurth, Afltersleben, Erdeborn, Gibichenfiein , Halle en Saxe, pes Scrences PHys. DE LAUSANNE. 23 . dos des montagnes, & en général fur les endroits élevés, parce que ces endroits ont plus foufferts dans les révolutions de notre globe que les pentes. Les eaux de la pluie, de la neige, la rofée, les ruifleaux, les torrens, les lacs élevés &c., s’y infiltrent, & fuivent l’entre-deux des cou- ches (a). Si les couches ont des finuofités, l’eau fuivra ces finuofités ; fi dans ces courbures la couche eft fufceptible d’étre détruite ou imbibée par l'attion de l’eau, il fe formera un réfervoir. Si les couches, après sé. tre enfoncées dans un vallon, remontent, l’eau remontera avec elles, sil ne fe préfente pas quelque iffue dans leur chemin, &c. Les eaux qui entrent dans la couche argilleufe, remplie de fel & la fui vent, forment les fources falées. Ces fources font aflez égales en tout temps, parce que même quand il ne pleut pas, il refte toujours affez d’eau qui sinfitre pour y fournir. L’entre-deux des couches qui fait l’office d’un fiftème de canaux, offre une fi grande friction à l’eau, & les fources font fi éloignées de l’eau qui les abreuve, que la féchereffe n’eft jamais aflez longue pour que l’entre-deux des couches aye le temps de fe vuider complettement. D'ailleurs il pleut plus fouvent fur les montagnes d’où les fources tirent leurs eaux que dans la plaine. Entre Francfort & Gieffen, on a de fuite, du Midi au Nord: Soden , Hombourg vor der hôhe , Sul2fod, Naüheim, Faverbach, Salzhaufen, Viffelsheim, * Butzbach, Münzenberg, Treyfa, Hergern. On a du Midi au Nord: Allendort, Grubenhagen , Salz der Helden, Sulz Detfurth, un peu à droite, & en Saxe, Sulza, Kôfèn, Naumbourg, ÿc. &c Le grand roc falé de la Tranflvanie, de la Hongrie & de la Pologne, s'étend du Nord âu Midi: les rocs falés d'Autriche, de Bavicre, du Tyrol & d'Arbonne, fe trouvent dans _ Ja direction du Sud-Eft au Nord-Eft, & forment une ligne qui pafle par le Gouvernement d'Aigle. k (e) L'eau vient le long des couches. Je ne faurois aflez infifter fur cette grande vérité, Bien faiñe, les queftions, fi les eaux viennent de haut en bas, ou de bas en haut, & les différentes diftinétions à faire, fe préfentent d’elles-=mêmes, Nous avons parlé en géné- ral, parce que cette vérité s'applique aufli aux eaux douces, & tout l’art du Fontenier re- pofe fur cette vérité & fur celle que les fources une fois hors du roc, s’imbibent dans la terre, jufqu'a-ce qu’elles rencontrent une couche de terre grafle qui les arrête. En difant que l’eau vient le long des couches, je fais abftraction pour le préfent des efervoirs & de l’infiltration par les fentes. - 24 Mémoires pe La’Société Cette friétion & cet éloignement dont nous avons parlé, empêche aufli que l'augmentation de la preffion de l'eau de pluie qui tombe, opere des changemens fenfbles fur l'eau qui fort. Les fources peuvent d'autant moins tarir, qu'elles viennent de l'eau qui sinfiltre dans une grande étendue. Il ne faut pas croire que l’eau que nous obtenons en perçant une fource, avec une ouverture d’un pouce en quarré, par exemple, foit Peau qui coule dans une bande de la couche, d'un pouce de large, qui remonteroit jufques là où les couches reçoivent l'eau. L'eau qui eft entrée dans la couche qu’on perce, fe jette de toute part vers l'endroit où on a percé; comme il arrive à un vale rempli d’eau que nous perçons, & elle fort en plus ou moins grande abondance, fui. vant qu’elle éprouve plus ou moins de frottemens. D'après cette explication, on voit que l’on peut avoir des fources qui viennent de haut en bas & de bas en haut, ou pour m’exprimer avec plus de précifion, qui, après être venues de haut en bas , remontent de bas en haut. Les unes & les autres , lorfqu’elles fortent de terre, foit naturellement ; foit en creufant des puits, s'élèvent plus ou moins par la preflion qu’elles reçoivent des eaux qui les fuivent & qui viennent d’un endroit plus élevé. Nous voyons tous les jours l'eau de nos meilleures fources s'élever, & nous tirons parti de cette propriété (u). Il en eft de même des fources falées, elles montent dans les puits fouvent à des hauteurs confidérables. Les four- ces chaudes de P/slande, fur-tout le Geifer, montent à 90 pieds de hau- teur, en fortant d’une ouverture, fi je ne me trompe, de 19 pieds de ; diamèêtre , 0000 (a) La fuperficie du terrain des environs de Aodéne eft remplie de fources ; mais pour la plupart de mauvaile qualite. Pour s’en procurer de bonne, on s'enfonce à cent pieds de profondeur, où l’on trouve un banc de cailloux roulés: fur ce banc on établit un müûüc de maçonnerie en brique, qu’on monte jufqu’au niveau du terrain, pour fe preferver des couches d'eau intermédiaires. On perce enfuite, au moyen du foret, ce dernier banc; l'eau vient en grande abondance & remonte jufqu’à la fuperficie du terrain, où elle forme une fource que l’on diftribue dans différentes maifons. Mémoires d'Agriculture de la Société de Paris, année 1787. Trimeftre d'hiver, p. 16. Dans quelques endroits du Pays-de-Vaud , on obtient des fources qui remontent, en per- ‘gant le grès jufqu'à un banc de marne, imbib£ d'eau & qui a fous lui du grès. Lorfque: la tête de cette couche de marne elt à découvert, il en fort des fources naturelles, Comme: cette couche s'enfonce, l'eau, pour parvenir à fa tête, elt obligée de remonter. ET me pes Sciences Pays. DE Lausanne." 25 à diaméêtre, au rapport de MM. Troil & Bergimaun. Cette afcenfion ne fau- roit s'expliquer, fi on admet pas un fiftème de tuyaux, & où pourroit -il fe trouver qu'entre les couches qui en font l’office (a)? car je fuis bien éloigné d'admettre des tuyaux effectifs. L'expérience nous prouve tous les jours cette vérité. Si nous avons une fource dont le local ne nous convienne pas, nous allons k recouper en fuivant les couches (b). Les fources font ou permanentes , ou fujettes à tarir: ces dernieres font: dües à des eaux extérieures qui s'infiltrent dans les fentes des couches fu- périeures des endroits montueux. Les premieres font des fources qui nous viennent le long des couches. Celles qui, quoique permanentes changent par les pluies & par les fécherefles, nous viennent aufi le long des cou- ches; mais il s’y joint des eaux extérieures. Les eaux qui nous fourniflent les fources s’infiltrent fur les parties éle- vées des montagnes, entre les différentes couches qui y offrent fuccefive. ment Leur tête (c). Celles qui s'infiltreront dans les couches les plus bal fes s’enfonceront avec ces couches, & ne pourront paroiître au jour que la où les couches reparoïitront au jour. Ce ne fera point dans la pente de la montagne ; car à mefure que nous defcendons une montagne, nôus perdons la couche la plus profonde, & nous venons fur une fuivante & ainfi de fuite. Arrivé dans le milieu de cette pente, il faudroit creufer à une profondeur immenfe pour parvenir aux dernieres couches. Les eaux atmo{phériques font rarement dans le cas de creufer le terrain dans cette pente à cette profondeur; mais fi nous nous approchons de la plaine , nous verrons fucceflivement dans quelques endroits, felon que la poñition (a) De la même maniere environ, que deux plaques de verre, pofées l’une fur l’autre: à peu de diftance l’une de l’autre, font l'office d’un fiftéme de tuyaux capillaires, (b}) Les eaux minérales de la Ruchenette, en offrent un exemple: Pour les préferver: des inondations, on.les a coupées plus. haut, en fuivant les couches de la pierre calcaire d'où elles fourdent, (c) Suivant la grande loi établie par M. de Sauflure, . IV, p. 100, les montagnes fécondaires qui bordent les primitives, ont leurs couches-afcendantes vers elles; & en gé. néral les têtes des couches des montagnes ftratifiées regardent la grande chaine dont elles font les gradins. Leurs couches font à découvert au-deffus des montagnes, & fi de la pointe: d'une montagne on defcend ,, on verra, depuis le granit qui leur fert de bafe, toutgs les: couches fucceflivement à découvert, Tome II, CA 26 MÉMOIRES DE LA Soc: ÉT É eft plus ou moins favorable, les couches fupérieures enlevées, & les infé- rieures à découvert; là où les eaux ont miné & lavé le pied des monta. gnes, & ordinairement ce fera dans les derniers vallons que nous rencon. trerons, & dans ceux où l’aétion des eaux a pu être la plus forte. C’eft ici que nous verrons paroïître des fources qui viennent des couches infé- rieures, {ources qui peuvent venir d’une très - grande diftance. Comme la couche argilleufe renfermant le roc falé eft du nombre des couches infé- rieures des montagnes à couche, on comprend pourquoi ce n’eft que dans ce ocal qu’on trouve des fources falées ? pourquoi on ne les trouve que dans les derniers gradins des montagnes à couche, là où elles fe per- dent vers la plaine (a), même en Traufilranie, où le fit du roc falé: pa- roit fi favorable à fournir des fources dans tous les fites. On comprendra encore comment la tourbe peut, dans des diftricts falés, fervir d'indice pour trouver des eaux falées, & pourquoi elles fe trouvent fouvent le long de quelque riviere (b). Comme dans les endroits où les couches qui recouvrent la couche fa- line, ont été enlevées, cet enlèvement s’eft fait dans une certaine éten- due; on comprend pourquoi il eft ordinaire de trouver plufieurs fources ou d’en découvrir de nouvelles, là où il s’en trouve; & pourquoi il eft “rare de trouver des fources falées parfaitement ifolées. Dans un diftri& de dix lieues, autour de Waubeim, il y a fix falines établies, plufeurs fources falées qu’on n’employe pas, & treize fources minérales. Soda, Homturg, Naubeim , Walfelsbeün , Butzbach, Hergern, Münzenberg, Treifa, Crafs, Salshaufer, Faverbach, font très- près les uns des au- tres, & ont tous des fources falées. Les falines le long de la Saale font près les unes des autres.- Smalcalden, Salzungen & Creuxsburg, ne font pas fort éloignés. Sülbeck eft près de Salz der Helen, Etc. I — ———— —— Ca) On trouve toujours les fources falées dans les contrées où les montagnes à couches £e perdent vers la plaine. Halle, S'afurth, Schôningen, Harzburg, Salzgutier, Unna; Arthern, Franckenhaufrn , & d’autres contrées le prouvent cvidemment, ZLelmuann , pag. 203. (b) On ne trouve ordinairement les fources falées que dans les derniers gradins des montagnes à couche, où les eaux ont le plus creufe. Chez nous on les trouve dans des gra- dins intermédiaires, parce que le local a favorifé l’action des eaux, qui ont mis à dés couvert des couches qu'elles ne découvrent ordinairement que vers la plaine. . 7 pes SciENCESs PHys. DE LAUSANNE. 7 Les eaux qui sinfiltrent dans la couche argilleufe nous fourniffent les eaux falées ; celles qui s'infiltrent dans les autres couches & principale- ment dans Les fupérieures, plus propres par leur nature à les recevoir, fourniffent les eaux douces. Plus les couches auxquelles elles font des font profondes, moins elles font füjettes à varier, parce que les fentes des couches extérieures ne defcendent pas à de grandes profondeurs. Les couches , fous largilleufe, quoique moins fufceptibles de fe char- ger d’ean, peuvent cependant s’en charger, & comme les fources qu’el- les font en état de fournir font plus profondes que les fources falées ; on peut les atteindre dans lexploitation des eaux falées, en perçant trop bas. De-là découlent différentes régles pour Fexploitation des fources. falées. LS D'EUSTS OU RCE SISALEÉES DU GOUVERNEMENT D'AIGLE 1°. Des fources falées du fondement. Ox penfe que dans l'intérieur de la montagne qui renferme les four- ces falées du fondement, il y a un noyau argilleux auquel on a fuppolé difiérentes Sgures, plus ou moins approchantes de celle d’un cône renver- fé; noyau qu’on nomme trèsimproprement le cilindre. On penfe qu'il eft renfermé de toute part de roc gris imperméable à l’eau falée, & que c’eft dans ce noyau criblé de trous & de fentes que fe trouvent les fources , comme on peut le voir plus au long, dans la Deféription des Salines du Gouvernement d'Aigle, de AT de Haller; dans le quatrieme Volume des Voyages dans les Aipes de ZI. de Sauffure, & dans les Voyoges minéralo- giques de AM. le Comte de Razoumowski. Ce roc argilleux, qui renferme les fources ou le cilindre, ne devroït étre, d’après la théorie que je viens d’efquifler, que le roc falé lui-même , imbibé d’eau, & ne feroit fimplement qu’une portion de la grande couche de roc falé dont jai parlé. à ; te 28 MÉmorres D£ LA Société La nature du roc du cilindre, parfaitement femblable à ceile du roc. falé des autres pays, fa pofition, tout enfin paroït nous prouver qu'on ne peut confidérer le roc du cilindre que comme un roc falé, imbibé d’eau. Vous voulez appliquer, me diraton, ce qui a lieu fur la fuite des couches en Allemagne ,.en Hongrie & en Tranfilvanie, à la Suiff:. Igno- rez-vous que ces pays font très-différens de l’Helvétie ? Je me fuis fait cette objection; j'ai confulté le peu d’obfervations que nous avons fur Les cou- ches de la Suifle; jai fait moi-même quelques obfervations, & j'ai trouvé en Suifle comme en Allemagne, la pierre calcaire compacte fur un roc ar- . gilleux, celui-ci fur le gyps. Je n'ai point vu, il eft vrai, de grès fous le gyps. J'ignore s’il exifte, mais fon abfence ou fa préfence eft fort in- différente, car même en Allemagne il n’y a pas partout du grès fous le gyps. Âu fondement le gyps repofe évidemment fur largille, il n'en eft féparé que par le roc gris qui eft un fingulier mélange de gyps, d’ar- gille & de fable, qu'on peut regarder à jufte titre, comme une continua- tion de la couche gypfeufe, puifqu’en attaquant les couches comme on le fait dans les principaux travaux, on traverfe le gyps avant que d’arriver à l'argille: que dans quelques endroits la pierre calcaire compaéte repole, comme il m'a paru, immédiatement fur la roche, réputée primitive, c’eft un fait que je ne révoquerai pas en doute, quoiqu'il ne foit pas fuffifam- ment conftaté; mais qui ne prouve rien contre moi, vu que j'ai déja fait obferver, que dans la fuite des couches, quelquefois les intermédiaires manquent, obfervation qu'ont fait plufieurs minéralogiftes avant moi, d’ail. leurs les obfervations dont jai parlé, ont été faites dans le voifinage des chaines primitives, où fouvent des couches intermédiaires manquent. D'après ce que j'ai dit, on ne me conteftera point l’analogie qu’il y a entre le roc falé & le roc du cilindre; mais on me niera que le cilin- dre fafle portion de la couche dont je parle , en m’alléguant tout ce qu’en ont dit Mrs, de Beuft, de Roveren & de Haller. » Il exifte, dit un phyficien moderne, des préjugés, qui, du vulgaire, » Paflent aux gens inftruits, qui les analyfent & les couvrent de ridicule ; » mais il en exifte d’autres, qui prennent naïffance dans la claffle des gé- . » nies, & qui foutenus par le preftige d’un grand nom, font reçus com- » me des vérités. On craint de les approfondir ; un refpet prefque reli- » gieux les enveloppe; on redoute les premiers qui lèvent le bandeau ”. DES Scrences Pays. DE LAUSANNE;. 29 Le cilindre confidéré comme un noyau pourroit peut-être être de çe genre; aucun fait, aucune expérience ; aucun raifonnement ,' ce me femble, ne prouve fon exiftence, & MM. de Beuf} & de ,Haller ; ont eu affez de mo. deftie pour propoler hypothétiquement ce qui, depuis, a prefque pañlé en certitude. IL eft hors de doute que l’idée du cilindre, confidéré comme un noyau, s’oppofe à ma théorie; mais aufh cette idée eft, comme j'efpére de le prou- , deftituée de fondement, & fi jamais opinion fur nos falines a été nuifible, c’eft fans contredit celle-là. En admettant pour certaine, l’exif: tence d'un étre de raifon, lon ne -pourroit tirer que de faufles conçlu- fions, & l’on fe fermoit entiérement le chemin à la vérité. * Je ne l'ignore pas, les raifons fur lefquelles on a bâti l’hypothèfe he cilindre, confidéré comme un noyau (a), font fpécieufes; mais on verra bien-tôt que tout ce qu’on a dit à cet égard, quel fpécieux qu’il foit , m’eft rien moins que concluant, Voyons fur quoi on s'appuie pour en inférer lexiftence d’un cilindre. | En entrant dans la montagne par le roc gris s CB), (après avoir tra- verfé le gyps) (c), on trouve un roc argilleux (4), dans lequel fe trou« voit l’eau falée. De-là on a conclu qu'il y avoit dans la montagne un noyau argilleux Ce), De ce qu'on à vu qu'à melure qu on perçoit plus. bas, leau fortoit comme d'un tonneau , on la comparé à un tonneau & on la fuppofé com- me tel fermé par le bas & enveloppé de roc dur imperméable à (a) On peut attacher deux idees Mantes au mot de leliide , ou prendre ce mot dans deux fens ou acceptions différentes; favoir celle d’un noyau. renferme dé roc gris ou fimplement celle de roc: argilleux renfermant des fources. Sous la premiere acception ; lé cilindre paroit être un être de raifon: fous la feconde acception, il exifte, & fi je füis porté à nier l’exiftence du cilindre, c’eft fous le premier fens; & c’eft à peu- prés comme fi je difois: je nie l’exiftence d’un noyau renfermé de toute part de roc gris. ‘ ‘1(b}) C'eft le nom que l’on donne dans le! pays à un fingalier mélange de pyps. ‘de fa- » ble & d’argille, affez compacte pour retenir l’eau falée. MA ii dans les AIDE, de 4 4. de Saufure, T: {V. p. 360. | (c) Après avoir traverfe le gyps, on Dan au roc gris. 4 ‘ibid, } à Cd) Defcript. des Salines du Gouvernement d Aigle, par M. de Haller, pag. 12,13. (c) Le roc argilleux ou le roc du cilindre eft une pierre limoneufe ou argilleufe, d’un - noir tirant fur le bleu, tendre, luifante, naturellement divifée en petits fragmens irrègu- liers. Voyages de Mr. de Saufure, T, IV. p. 360. , 30 MÉMOIRES De LA Sd CirËTé Peau (4). M. de Ben avoit déja comparéños falines à un tonneau dé pierre. Citte idéss’elt perpétuée, & lof a trouvé Pamrlogis entre le refers voir de nos fources & un tonneaux, fi grande & tant de facilité à explis quer! pit ce inioyei les phénomènes qu'elles préfentent ; que le noyaw, ou un refervoir en forme de tonneau, a été admis par Poe as nés comme un fait indubitable. -- Jai cherché à raffembler toutes les preuves qu'on allégue en PAC de Pexiftence ‘du noyau & Fe fa fésre ÿ & voici à quoi fe réduit tout ce que jai trouvé. | : ) /9REMoa 1", Le noyau a! Cela &* commun avec un tonneau, que plus on le , perce bas, plus l’eau fort avec abondance. De Haller ,. pag. 15... » De ce plus grand écoulement, il s'enfuit qu’il eft fermé par le bas & £ envéloppé de roc dur, 1hidem!, pag: ie LE ep pr qu avoit déja tirée 1 Le de Be, én 1733 : 99: j'Csqui prouve, fuivant M. dé aller pag. 6! que le oÿiis » F PUR par le bas; ceft que les galleries pouflées d'un puits perpen+ » diculaire vers le noyau ;! font d'autant plus longues qu’on s’enfonce da- 3 vantage. Entre là gallerie pouflée en 1742, & cells pouflée en 1747; ; il y 4'uné différence de 40 pieds, dont le cilindre eft plus étroit, ibid “ua 16, & favoir du côté de Nord-Eit, #bäd. pag. 2 \ 3°, Une gallerie poule en travers ‘du noyau au Sud: ER, prouve qu'il 5 ef de roc gris de cé côté , comme du côté occidental, bide » Pas. 26. # 2 7 LS HEes. Fer qu'il exifte un noyau, & qu il forme un cône, ne : font rien moins que convaincantes. On voit évidemment que cet écoulement qu'on comparoit à celui: d'un tonneau, en a donné Pidée & qu'on! a cherché à Fappuier. | D: toutes les prétendues PIeuves , il ne s’en fuit que gecis À Y Bi Qu'il y a un relevait. à Quelle refervoir,. de aie nature a lil foit, eft incliné contre l'in. ce ‘de la :montagrie..…" : . Qu'il faut traverfer le roc gris, pour y parvenir, des côtés où om le connoifot dy temps, de M. de Haller. (a) Ibidem, pag. 1 pes Sciences Puæys. pe LAUSANNE. 31 ‘Les travaux qu'on a fait depuis M. de Haller,-ne tendent pas à confir. mer l'idée qu’on fe formoit du cilindre, ;La gallerie du quatrieme côté & la traverfe tirée de cette gallerie, a, montré que le prétendu noyau fe prolongeoit du côté d'Orient, & s’il étoit conique il ne fe prolongeroit pas. Compofons & fuppofons-lui la figure d’un cône allongé, fi je puis n'exprimer ainfi, ou d’un cône dont la bafe, au lieu d’être une courbe approchante du cercle, foit une courbe approchante de l’elliple, nous n’en ferons pas plus avancé; car où eft la preuve que le prétendu noyau foit renfermé du côté d’orient. Voulons-nous confidérer le noyau comme un filon, nous aurons plus de difficultés encore, Par l’analogie, nous devons regarder le prétendu noyau conime une . portion de la grande couche argilleufe. Toutes les obfervations prou- » vent, que la fuite des couches eft la. même dans tout le Gouvernement . d'Aiglk. Le gyps, le roc gris & le roc argilleux fe retrouvent à Chawo. » faire & à Panex (a), & par-tout où nous trouvons ce dernier , il pré. » fente des indices d’eau falée. On parvient en Chamofaire, comme au fon- dement du gyps, dans le roc gris & du roc gris au roc argilleux. Voy. Haller, pag. 51, 523 & à Panex, du roc gris au roc argilleux. Voyez Haller pag. 43, 46. -Après avoir trayerfé le gÿps. Y’oyage sinintralogi- gue de AI. le Comte de Razowmowski, pag. 45. La diredtion principale des couches eft encore la même au fondement, à Panex @& en Chamo- faire, en comparant ce que M. de Haller dit; car il ne s'exprime nulle part d'une maniere précile à à cet égard. Pourquoi feppofcr que la couche » argilleufe forme couche à un endroit, & noyau: à d'autre? La -fituation © des couches, telle qu'on la connoït, {uffit, pour.expliquer tous Jes phéno- imènes de la maniere la plus naturelle & fans aucune gérie. Pourquoi donc admettre un étre de raïon? Pourquoi reflerrer la nature &-lui diéter des. loix qu’elle défavoue ? D'après M. de Haller (b), & fuivant Les plans & tous les renfeigne. ner = me } mens Que j'ai pur me procurer , , les couches au fondement s'enfoncent qu da te Hi dt pot gr lois bien clér que Jes galleries," à mefure! qu'on û nes ea) Hatier, pag 34 470 qtl, 63; de tréditéôn: allemande. - -! (b) Haller, pag. 8. 22. Le principal rocher de cette contrée, dit M. des Haies, me en couches qui s’enfoncent dans la montigue , intérieurement contre la montégne, Voy. P. 3. €? 3 32 AM É a Oo MUR E'S .D'EL !L A1S10 cr É TE s'abaifloit devoient s’allonger , pour parvenir à la couche argilleufe qui fuyoit ; & qu’elles s’allongeront toujours plus à melure qu'on les établira plus bas ; fans qu'il foit pour cela befoin d'admettre un cilindre ou un noyau d’une figure déterminée. Suivant les notices que j'ai pu me procurer, la direction des GAREses du cilindre eft, du ::° : . . . . Nord-Ouef au Sud-Eft. Linclinailon. 22, 00 AUD 207709 A 2, Nord'ER (a ÿ Sud-Ouett. Le pied au COLE NT HO ST MST OBE. La tête regarde IR AO COIN. NL 'Nord'Efé La gallerie du quatrieme côté, qui n’a entamé le roc argilleux que par des traverfes, s’accorde avec la direion & l’'inclinaifon indiquée. Cette in. clinaifon eft aufli affez d'accord avec lobfervation fouvent conftatée , que les couches d’une chaine inférieure préfentent leurs têtes à la chaine dont - elles font partie; mais n'ayant pas été dans le cas de vérifier ces faits, je les abandonne fans en tirer de conféquence. Il me fuflit que les couches. sinclinent vers l’intérieur de la montagne. Si comme je le penfe, d’après les renfeignemens que jai pris, Pincli- naifon des couches eft confidérable, on expliquera facilement la différence de longueur des galleries dont M. de Haller fait mention. Le calcul peut fervir à confirmer mon opinion. Des plans qui font tombés LR ES mains, confirment mon idée, quoiqu’ils donnent aux couches des environs du cilindre une inclinaifom un peu différente. Cette différence ne doit point étonner; car les couches. préfentent fouvent des irrégularités dans leur inclinaïfon, furtout près des: 1 falines (h), & d'ailleurs elles offrent fouvent dans l'examen de leur inclis: naifon , des diflicultés allez grandes pour qu'il foit facile de fe Hoties | en lobfervant. Voici M (a) Ou pour parler plus se nAecht. du. “Nord- Nord-Eft au Sud-Sud-Oueft. | de Cb)- Par-tout où îl ÿ a desfalines, on remarque, dit M. Voigt, un défordre dans les couches,. provenant, fans doute, de la deftruction du gyps; défordre qui peut encore venir des éboulez . mens caufés par la chûte des voûtes , ou-le rempliffage des vuides que l’eau en enlevant le fela formé. J'ai vu d'une maniere diftin@te , en Baviere, naître des défordres dans les couches de M cette maniere. + k 1 ) : ; | CEE ki; ee 41 éteinte us menant Ont re ee vou condis DES Sciences Pnys. DE Lausanne. 33 Voici un croquis qui expliquera la maniere dont je me repréfente l'al. longement des galleries. ? ——————— ————“* ———— mé ES ES] Quoique je rejette le cilindre ou un noyau de figure déterminée & en- _ veloppé de toute part de roc gris, j'admets que la couche argilleufe fert ou fait fonction de refervoir. 11 eft facile de concevoir que cette couche, remplie d’eau, peut faire cet effet, en admettant qu’elle fe recourbe & qu’elle fe prolonge vers des endroits plus élevés, & c’eft ce qui a lieu; car on la retrouve comme je l'ai déja dit à Chamofaire & à Panex, com me on le voit en confultant l'ouvrage de M. de Haller. En confidérant de plus fa grande épaifleur , que les travaux, dans l’intérieur de la mon- tagne prouvent, il eft facile d'expliquer tous les phénomènes de nos fa- Eines (a). (a) Nous favons, à n’en pas douter, que la couche eft épaifle; maïs aucun des travaux entrepris n'eft en Ctat de nous déterminer fon épaifleur, pas même la gallerie qui a traverfé F cilindre, puifque comme je Le montreraï plus bas, on la traverfé dans une de fes cour ures. Tome IE. € 34 M'EmM'oNRES D£'LA SocirérTé La prétendue enveloppe du cilindre eft un phénomène qui découle de lui-même de la pofition des couches. Si lon perce de deux côtés la cou: che adoflée contre la roche argilleufe, près de l'endroit où les couches fe recourbent; il eft certain que je la rencontrerai, & je pourrai dire: la couche d’argille eft recouverte à deux endroits par telle ou telle pierre. Il auroit fallu pour prouver l'enveloppe, montrer qu’elle exifte du côté du Nord-Eft. Nous avons dit que M. de Huller nétoit pas afluré que le ci lindre ne s’étendit de ce côté-là ; dès-lors la gallerie du quatrieme côté & fa traverfe, a prouvé ce fait & confirmé ce que la fuite des couches ren- doit probable Voici à mon avis, l'idée qu'on doit fe faire des falines du Gouverne- ment d’Aigle. La couche faline s'étend avec les couches qui la couvrent dans tout le Gouvernement d’Aigle & fes environs, à l'exception des endroits où les révolutions caufées par les eaux ont mis les couches qui lui fervent de che- vet, à découvert. Cette couche, en fuivant les inégalités du fol qui lui a fervi de bafe, forme des hauts & des bas. L'eau de pluie qui tombe fur les endroits les plus élevés, où la couche faline fe trouve fouvent à découvert, pénétre dans cette couche, fe charge de fel en la parcourant, & fort quand elle trouve des iffues dans fon chemin; ceft-àa le cas de la fource Charles, dé- * couverte en Chamofaire, par M. de Frifching , qui fe trouve à une trop grande hauteur pour pouvoir s'expliquer autrement. Si elle ne trouve point d'iffue , elle fe raffemble dans les endroits les plus bas de la couche faline, ou forme comme des refervoirs dans les endroits où les couches ont une courbure, (ou même quelquefois de vrais refervoirs, en détrui- fant une portion de la couche gypfeufe qui eft au-deffous). Cette eau raf femblée forme des foi-difant cilindres, qui percés, préfentent tous les phé- nomènes d’un tofneau qu'on entame, jufqu'à-ce que l’eau du refervoir foit de niveau avec l'ouverture qu’on a faite; il ne coule plus alors que leau de la fource même, jufqu’à-ce qu’on perce plus bas. Le foidifant cilindre n’eft donc qu’une portion de la couche argilleufe, où il s’eft raflemblé de l’eau falée, une efpèce de Siuchwtrk naturel qui L., + Ge an DES SciENces:PHy%SsS DE Lausanxe. 35 reçoit toujours de l’eau d’endroits plus élevés, à mefure qu’elle en four. nit (a). Il eft donc clair que fi on fe contente de l’eau qui fort d'elle-même , on à à peu-près celle qui y entre; mais fi on fait un trou dans le baflin on à l’eau du bain au-deflus de cette ouverture, & l’eau qu’on auroit eu fans cela, jufqu'a-ce que le bañin fe foit vuidé au niveau de l'ouverture. Non-feulement on obtient en perçant plus bas, plus d’eau, mais une eau plus falée. Peu à peu l’eau diminue en“falure & en quantité, & re. vient pour la quantité & la qualité à l'état où elle étoit avant la percée. I en eft de cette portion de la couche argilleufe ,; entamée dans kes endroits, où par fa pofition elle fait office de refervoir comme de tout autre refervoir où l'eau entre d’un côté & fort de l’autre. Si ce refervoir eft profond & que l'iffue de l’eau foit dans fa partie fupérieure, il refte toujours dans le refervoir une mafle d’eau qui ne sécoule pas. En per- çant plus bas on obtient & l’eau qui y entre & l’eau du refervoir qui eft au - deflus du niveau de louverture. L’eau fort avec impétuofité, & par conféquent en grande quantité au commencement, parce qu’elle reçoit tout le poids de l’eau du refervoir au-deflus du niveau de cette ouverture. À mefure qu'il fort de l'eau, ce poid, & par conféquent la vélocité & la quantité de l’eau diminue, & enfin lorfque l’eau du baflin eft au niveau de l'ouverture, il ne fort que Feau qui y entre (b). Ca) Chercher depuis le cilindre le roc falé, fans fe douter d'y être , cet à ce qu’il: me paroit, chercher ce qu'on a fous fa main. On ne doit point chercher le roc falé, on: y et; mais on doit tâächer de l'entamer à l'endroit le plus convenable, (b) Après la percée de 1 1747 On eut par # d'heure + … … 27- 30 filles d’eau. En ti : : : 4 È L ANNE BON V7 A TN lets 193 MR DE RES Le : : : : : ICS TS NI Lips 1757 : œ ; : ; ARS De 6 ON TA AONREE 1760 .. . , , - , . °- 6.5: FINTMC J780 : 5 , . È : : °: STE dk e Cette diminution eft plus d'accord. atec les régles de l'hydrodynamique qu’on ne devroit: Je penfer, & affez pour pouvoir calculer avec affez de vraifemblance quand l’eau viendroit au niveau de l’ouverture, en combinant, à caufe de l’eau affluente les deux régles. ;, Les. » quantités d'eaux en temps égaux, font, entr’elles, comme les racines des hauteurs de: » l'eau. L'eau s’abaifle dans un vale prifmatique {lon les nombres impairs, e la 36 Me hlonr a05 6 “D '# (La St bic s ÉTÉ Lorfqu’on refte long-temps fans percer plus bas, l’eau du refervoir au- deffous de l’ouverture refte tranquille, elle devient de plus en plus falée, par la propriété qu'ont les eaux falées de devenir plus fortes vers le bas, lorfqwon les laifle en repos. À mefure que la partie inférieure augmente en falure, celle du deflus diminue en falure, & fe trouvant pour lors plus légere que l’eau afluente, elle fort & eft remplacée par l'eau affluente, & ainfi infenfiblement la falure du refervoir augmente toujours. Il fe peut encore que la falure augmente par la propriété qu’ont les corps graves , fufpendus dans un liquide en mouvement de fe dépofer, s'ils trouvent dans le liquide un endroit tranquille. L'eau du refervoir étant plus falée que l’eau qui y entre, on obtient, en perçant plus bas, de l'eau plus falée, parce qu’alors on obtient de l’eau du refervoir. Il fe peut encore, comme M. de Beuft le penfoit, qu’en perçant plus bas le cilindre, on lève une partie de l’obftacle qui s’oppofoit à l’eau fa- lée qui entre dans le cilindre, par où elle acquiert un mouvement plus violent, au moyen duquel elle détache plus de fel du roc falé & aug- mente en falure; cette caufe peut auffi contribuer & augmenter la falure des eaux (a). Immédiatement après la percée, il ne fort, pour ainfi dire, que de l’eau du refervoir, une eau par conféquent très falée; mais à mefure qu'il en fort, il en entre de la plus foible, & peu à peu la falure de l'eau qui fort diminue (b}), jufqu'à-ce qu’enfin tout ce rétablifle dans létat où il (a) Ce que je viens de citer d'un Mémoire de M. de Beuff, prouve bien qu’il n’avoit pas l'hypothèfe que lui attribue M. de Haller, que le roc falé fe trouvoit plus bas que les fleuves. Ce méfentendu vient de ce qu’on ne Ja pas bien compris. 11 penfoit au con- traire, qu'il falloit chercher le roc falc dans les hauteurs, & les fources falées dans la pro- fondeur; fentiment qui s'accorde trés-bien avec notre théorie. (Bb) Après la percée de . ‘. . 1723 Veau étoit à . . 2o-pr. cent En . . . 1726 . : : : : ISLE RIAL Dis Ce MEN à MACPRPMITORRS Le RÉEL 0 à Ê DUR TT poto 5 AN ie T5 2 TC te enr sS : . : 1729 -| TR £ 16 ADR ERUNE 1730 . NL: 13 À 14 Et l'eau autoit continué à diminuer , fi on n’eut pas percé en 1730, ke cilindre , 3 pieds plus bas. DES Sciences PHYys. DE LAUSANNE. 37 étoit avant la percée (a); pour lors l'eau fort comme elle y en. tre (b). Comme le refervoir diminue par les percées en hauteur, on doit, à cha- que percée obtenir moins d’eau, & on remarque que cela arrive lorfque d'autres raifons ne sy oppofent pas. En 1747, on eut, après la percée, 27 à 30 feilles, & en 1781, on neut que douze feilles & un pot par quart d'heure, ou 121 pots environs, à 3 liv. poids de 18 onc. le pot, d’eau douce ( c ). M. de Haller admet, avec M. de Beuft, que la fource sabaiffe fuccefi- vement de plus en plus, tant qu’elle refte dans le limon bleu du cilindre. Je foupçonne que cet abaiffement eft illufoire; car je ne connois aucun fait qui tende à le prouver. La diminution de la fource s’explique, fans quil foit befoin d’affaiflement. Je ne dirai rien fur Les expériences de M. de Haller, par où il a aug- wmenté les fources, en faifant enforte que l'eau d’une folafle s’introduifit dans la montagne (4), ni fur l'action des eaux douces des environs d Hu- cimoz (e), fur l'utilité de les détourner ou de les conduire à des endroits ‘Tonvenables, parce qu'il faut connoitre parfaitement le -local-pour en par- (a) Ce phénomène de la diminution de falure a beaucoup de rapport à celui qu’on ob- ferve-en général dans toutes les nouvelles fourçes. Au commencement elles font plus ri- ches que dans la fuite, parce qu'au commencement on a l’eau, qui, en féjournant , s’eft . chargée de fel. C'eft pour avoir ignoré ce fait dans plufeurs nouvelles falines, qu’on s’eft engagé dans des frais de bâtile inutiles, pour avoir trop compté {ur la richeffe des four- ces. Sulz en eft & en fera peut-être encore un exemple. En général, on ne doit pas trop } compter. {ur une nouvelle fource, (Bb). Cette expreffion n’eft pas vraie dans toute la rigueur ; car elle fuppoferoit que l’eau ne fe fale dans le roc filé qu’au quatre pour cent. Elle s'y fale certainement davantage, comme le prouvent différens filets ; mais comme il s’y méle des eaux douces avant que d'arriver à {à fortie, elle ne tient pour lors que quatre pour cent. Sa quantité primitive paroit étre, à en juger par les obfervations que l’on a.de 4-4 feilles par quart d'heure; de maniere que fi on ne perçoit pas, on parviendroit enfin à n’avoir que 4 à 5. feilles, ‘au quatre pour cent par quart d'heure. (c) Comme on a eu en 1781, que douze feilles, quantité qu’on avoit eh 1756, je foupconne qu'on fera obligé de fe rabaiffer dans peu d’années, fi on continue à fuivre le ffté. me plus feduifant qu'utile des abaiffemens ; car il eft probable que la diminution fe fera dans le même ordre, comme depuis 1755 à 1781, à moins que cette petite quantité d'eau obte. nue ne foit due à des caufes étrangeres, comme par exemple, aux travaux faits dans la gallerie du quatrieme côté, qui peuveht avoir recoupe en partie la fource, (d) Haller, pag. 14. (ec) Haller, pag. 20. L 38 MÉmdrrEes De LA Sotcr£éré à ler; mais je ne vois dans les expériences de M. de Haller, rien de con- traire à ma théorie. Ce qui tend à confirmer que la couche renfermant le fel, ne fe reftreint pas au fondement, au cilindre, ou à un noÿiu enveloppé de toute part; cet la falure de toutes les eaux de ces contrées (a); ce font les indi. ces d’eau falée que l’on trouve à des endroits où il eft infiniment plus na. turel d’en déduire l’origine d’une couche, telle que nous la repréfentons (h). La falure du roc gris, falure qui augmente dans la profondeur où dans l'intérieur de la montagne (c}); la falure du roc du puits du Bouillet (d).. qui fe trouve bien éloigné du cilindre , font des faits des plus importans à cet égard. Cr Ce que jai dit fur l'explication des phénomènes des fources du fonde ment, fuffira pour le préfent. | Je ne me fuis occupé jufques ici que des fources du fondement. Il me refte à parler des autres fources; mais ayant peu de notices fur elles, jau- rai peu à en dire, | (a). L'intérieur de cette contrée doit être pénétré de fel, dit M. de Haller, pag. 9. car M. Anecht a trouvé dans les eaux de tous les ruiffeaux & dans le Rhône méme du fel. : (b) Tels font les écoulemens d'eau à douze & demi pour cent, fortis de la liziere de: * Ja pierre grife dans la gallerie du Sud-Eft, Ha/ler, p: 26. La forte eau falée du puits qui. fe trouve à soo pieds du cilindre au Sud-Eft, Muller, p. 24. Les infiltrations tenant 20 pour . cent. de la gallerie du quatrieme côté, les gouttes falées qui font dans le ciel des galle- ries de traverle & qui viennent ainfi de haut en bas; & enfin l'eau prefque faturée du puits: du Bouillét, éloigné de demi lieue des fondemens. ° (c) Plus on va dans la profondeur, plus le rocher eft riche en fel, comme le prou- vent des eflais, où on a obtenu, de ç1 quintaux de rocher, 90 liv. de fel, & plus bas, ‘ de g2 quintaux de roc, 190 liv. de fel. ‘ (d) Au puits de Bouillet, on a trouvé apres, 11 pieds de roc dur.’ $ Üne veine remplie de fel tranfparent. 69 pieds roc gris, fans fel. z2 pieds roc gris mêle de fel, & ainf de fuite, alternativement du. roc gris, fans fek ” & du roc gris mélé de fl. DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. 39 em Ot, SE ——— ———— —— site —— 2 17) LIN DE SÙ S'OUTÉRUORISE SANL. É TE S DE PANEX ET DE CHAMOSAIRE. 1°. Des fources de Chamofaire. be à M. Xecht qu'on en doit la découverte. Comme dans les tra- vaux on a retrouvé ici, comme je l’ai déja dit, le roc gris & le roc ar- gilleux, elles confirment ma théorie. Le manque de renfeignemens m’em- pêche d’en dire davantage. Le- fablon qu’on rencontre dans le cours de Fexploitation mérite attention. 2°. Des fources de Panex. La couche gypfeufe qui fe trouve fous la couche argilleufe des envi. rons de Panex, à été à ce que je foupçonne, en partie détruite & difloute par les eaux, & a lailfé, par l’excavation qui en a réfulté, les couches fu- périeures fans foutien, qui s'étant enfoncées à quelques endroits, ont for- mé le fol remarquable fur lequel elle coule | qui comme s'exprime M. de Haller , p. 45, de fon ouvrage, eft pavé de grandes piéces de roc, cou- chées les unes fur les autres & interrompues par des crevailes. L'eau falée, en fortant de la partie de la couche argilleufe, dont la couche gypfeufe fubjacente à été mieux préfervée de l'action des eaux ex- térieures, à caufe de fon éloignement de la furface du terrain, tombe dans ces débris & vient au jour (a). C’eft dans ces. débris qu’elle fe charge de plufieurs principes étrangers qu’elle contient, & du limon ferrugineux qu’elle charrie. C’eft encore par cette raifon que l’eau de Panex vient tou- jours évidemment de haut en bas, & ne paroît jamais comme d’autres four- ces, venir de bas en haut. Il fe peut qu’en quelques endroits il fe foit for- mé des baflins d’eau falée dans le gyps détruit. Re nn. dise un nt A me (a) La fource de Schoeningen reffemble à cet égard à celle de Panex. ÈS 49 Mémorres De LA SociréTé La fource de Panex difparoit quelquefois & change d’autres fois de lit} * fi je puis n'exprimer ainf; en fortant à un endroit différent, phénomène qui découle de ce que les éboulemens qui continuent de fe faire, obftruent fon iflue. .: Ce phénomène de la diffolution de la couche gypfeufe n’eft pas rare: dans quelques endroits il en réfulte des cavernes dont la communication a produit des phénomènes intéreffants. L'exploitation des chytes cuivreux de Mamsfeld & d'Eisleben, fe fait fous le fol de pareilles cavernes qui leur font fouvent utiles, & encore plus fouvent nuiïfibles, felon que par leur polition rélativement à leurs tra. vaux, elles écoulent ou amenent des eaux. On connoït ces cavernes fous le nom de Xalkfchlotten. La Carniole & fur-tout les environs de Laybach, font riches en grottes de cette efpèce; ce font les eaux qu’elles recélent qui forment le lac de Zirknitz , dont le defféchement périodique attire Pat. tention des curieux (a). Plufieurs fources falées qui fortent du gyps, fortent de pareilles caver nés ou d'un gyps criblé de petits canaux, dans lefquels s’eft infiltrée l'eau falée depuis la couche argilleufe , phénomène qu'on peut voir à A4r- thern (b). x De ces cavernes, l’eau falée pénétre quelquefois dans les couches infé. rieures. C’eft ainf que dans une exploitation à chyte cuivreux , de Botten.… dorf, il s'infiltre de l'eau, qui, bien raflemblée, feroit aufli forte que celle d'Arthern. Dans plufieurs exploitations de Bottendorf, les eaux des galle. riés prennent un goût falé après de longues pluies. Mr. de Charpentier . M. Mente, & plufieurs autres perfonnes m'ont confirmé ces faits. À d’autres endroits, ces cavern:s s’enfoncent &c produifent des éboule- mens, comme à Arthern, Franckenbaufin, Subla, & au-deflus de Creuz= burg, le long de la Verra, &c. Dans les environs d’/nderfchkirch, on ren- contre des affaiflemens gypleux en entonnoir qui communiquent à de vaf- tes cavernes, qui felon M. Pallas, doivent s'étendre à de grandes diftances. Ces (a) Voy. Tobias grubers Briefe hydrographifchen Innhalîts aus Krain. ‘ (b) M. Charpentier, pag. 378, de fa Géographie Minéralogique de la Saxe , fait men- tion de ces canaux dans le gyps, en parlant des {alines d'Æréliere, de même que M. Æerm dans fon Hifloire des Salines qu'on a en manufcrit, pe DE DS 8 A ES am RS PR Pie DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. 41 Ces éboulemens ont donné, à plufeurs endroits, fortie à des eaux fa. lées : à des uns elles fortent de l’éboulement même, comme à Franche. baufen (a); à d'autres elles fortent de la couche argilleufe que l’éboulement a mis à découvert. Lorfque les éboulemens ont été très-confidérables , ils ont formé des lacs plus ou moins falés, felon qu'il y entre plus ou moins d’eau douce, con- jointement avec les eaux falées. Les lacs de Aausfeld font très. peu rie 5 plufieurs lacs de Sibériè font très-falés. 39. Des fources falées entre les deux Grionnes. En 1774, on découvrit de nouvelles fources à la Gryoune, qu'on ex- ploita en 1775. Les indices d’eau falée des deux côtés de la Gryonne, qui ont tari par la recoupée de la fource dans deux puits; le voifinage de la roche primitive où je me rappelle d’avoir vu en 1777, des filets de galene , me font regarder cette contrée comme très-propre à jetter du jour fur la théorie de nos fources. . Vues SUR LES TRAVAUX A FAIRE DANS LES SALINES DU ' GouvERNEMENT D'ÂIGLE. 1°, En général & Jur-tout au Fondement. La couche qui renferme le roc falé étoit répandue par-tout, à des en droits elle eft à peu de profondeur, à d’autres à de très-grandes; à d’au- tres, enfin, elle a été détruite par les révolutions & ne fubfifte plus. En un mot, elle eft & a été fujette aux mêmes révolutions que les autres couches. | Comme par-tout où elle fubfifte , & par-tout où on peut l’atteindre ; elle eft comme nous avons vu , ou imbibée d’eau, ou laifle paffer libre- ment les eaux qui y entrent, ou eft enfin à fec; on peut d’après ces trois h) Les éboulemens font fort communs autour du Xiffhaüfer, plufieurs font ouverts & très- profonds. Dans, un de ces éboulemens, qui fe trouve entre les murs de Franckenhau. Jer, &-qu'on nomme le SoAlborn , fe trouvent les fources riches & fortes de Françkenha. Jèr. Voigt Aliner, 137. Tome IL, f 4 MéÉmorres DE La Soc: Étr # états, fe former trois buts différens dans l’exploitation d’une contrée falée. 1°. Chercher des endroits où le roc falé eft à fec. 2°. Chercher les eaux qui le traverfent. 3°. Chercher les endroits où il eft imbibé d’eau. ‘ Il en eft de même dans le Gouvernement d’Aigle. On peut fe propofer trois buts. : 1°. De trouver des endroits où le roc falé n’eft pas imbibé d’eau. 2*. De trouver des fources plus riches. 3°. De trouver de nouveaux cilindres, ou pour m’exprimer avec plus d’exattitude, de trouver des places où le roc falé eft imbibé d’eau, qui n’a point d'écoulement, & qui puille fe traiter comme le cilindre. Ne connoiffant pas aflez le Gouvernement d’Aigle, pour indiquer les moyens de parvenir à ces buts; je fufpens mon jugement fur les travaux entrepris & à entreprendre; leur influence fur l'amélioration ou la détério- ration des fources, fur l'endroit le plus propre pour la recherche du roc falé (a); fur les probabilités de trouver de nouveaux foi-difans cilindres, dont M. de Beuf? foupçonnoit l'exiftence de nouvelles fourçes, fur le cas qu’on doit faire’ de l’eau du commun de Douey; fur ce qu’on doit penfer au fujet des percemens futurs du cilindre; fur les probabilités que l’eau fe fale en tout ou en partie dans la profondeur, fur les lieux où elle entre dans le roc falé ; &c. &c. Je fuis encore moins dans le’ cas de pouvoir parler avec connoiflance de caufe,, fur ie degré de probabilité qu’on a de trouver des fources dans d’autres parties du Canton (b), & dans le voi- : LV CE ji ‘ j : Het id > di. ; des (a) M, de Beuft, fi jerne me trompe, penfoit dans un, temps qu'on devoit rechercher bourg, ceux de Caflelen, Biberftein, Krüttigen, Absburg, Schinznach, Arburg , Hertenftein, trouveroit des endroits propre à y creufer des fources. Les environs dé Spiez & de Krüre tigen, & les endroits du canton de Berne, les plus près de Flumenthal près de Soleure, mériteroient qu:!que attention. ns Le ne nee ma DEs Sciences Puys. DE LAUSANNE. 43 finage (a). IlLme paroït cependant qu’il ne feroit pas impoflible de trou- ver le vrai roc falé, ou au moins de uouveaux foi-difans cilindres, ou des fources très-riches, & je penfe même qu’il ne feroit pas impoflible de dé. terminer d’après les loix des couches, dans combien de toifes on pourroït y parvenir, & quels feroient les endroits les plus propres à ces tra- vaux (b). IL Vuzs sÜr LES SOURCES DE PANEXx, DE CHAMOSAIRE ET SUR LE PUITS DU BOUILLET, Je n'ai rien dit fur les fources de Pauex & de Chamofuire. Tout ce que j'aurois à en dire, C'eft que comme Panex & Chawofaire font riches en eaux douces, & que comme les eaux de pluie produifent fut les fources falées de ces deux endroits, des changemens très-fenfibles, comme l'aug. mentation des eaux & le linon qu’elles charrient en temps de pluie, le prouvent (c}; l'on doit attribuer leur peu de falure à l'accès des eaux. ex. térieures, inconvénient auquel il ne feroit peut-être pas impofñlible de re. médier, à ce que je foupçonne, fi on établifloit à Pamex les travaux de maniere à entrer par le plus court chemin dans l'intérieur des couches, & à fortir du roc brifé ou des éboulemens caufés par la deftrution du gyps, pour entrer dans la couche argilleufe par un roc folide dont la bafe mait pas été détruite. Je foupçonne qu’en Chamofaire, on pourroit auf diminuer l'accès des eaux douces, par des travaux analogues. Je nai point fait mention du puits de Bouillet; il mérite cependant quelque attention. L'eau de vingt & quelques pour cent qu'il fournit, le côté d’où elle tranflude, s'accordent parfaitement avec ma théorie. Ce (a) Le Vallais feroit fufeeptible, je crois, d’en fournir, & il feroit prefque aufli utile d'en trouver en Vallais qu'en Suifle, fur. tout fi la découverte & l'exploitation s’en faifoit fous les anfpices du Gouvernement de Berne. Il doit y avoir, felon Thoc!den, une fource falée à Rôfch, à une lieue & demi de Sion en Vallais, à la réunion des eaux de l’Urenthal & de l’Armef, où elles forment le Flosbrunn: foivant le Didionnaire helvétique, on en abandonna à caufe des frais , lexploïtation, en 1654. Voy. article Ærmenzi. } (b}) Pour parvenir à quelques lumieres fur ces objets, il faudroit,vifiter les lieux avec le dernier foin, confacrer à ces vilites un temps fufhfant pour fe mettre fufifamment au fait de tout ce qui peut concerner les couches. (c) Haller, pag. 44, 53. F £ — +4 44 Miéain tKiese D em E A Soic 1 a VE \ puits eft intéreflant d’ailleurs, parce qu’il eft propre à nous faire connol- tre jufqu’à un certain point, l’épaifleur du roc dans lequel il eft creufé. Des perfonnes confeillent fon approfondifflement. Je ne faurois le confailler, vi qu’il feroit inutile, ce me femble, de penfer à parvenir par là à la cou- che argilleufe. M. Heun confeille avec plus de raifon des galleries du côté où l’eau tranflude. Je crois qu’on pourroit obtenir par-là un peu plus d’eau falée, & fous ce point de vue, ce travail feroit utile, pourvu ce- pendant qu’on ne le confidera pas comme un ouvrage principal, & qu’on fe contenta de wavancer annuellement que de quelques toifes; mais com. me on auroit un trop grand chemin à faire pour s'approcher fenfiblement de la couche argilleufe, je ne faurois conleiller qu’on fit de ce travail un objet principal, CONCLUSION. Voilà quelles font mes idées fur les fources falées & fur le roc falé; mais ce qui vient encore à lappui de ce que jai dit fur fon exiftence, dans le Gouvernement d’Aigle, & fur la probabilité de le trouver, ceft l'analogie parfaite entre la contrée à fel de Hallein, Berchtolsgaden &c Reichenhall, & le Gouvernement d’Aigle & fes environs. On obferve en général la même fuite de couches, en y allant depuis Salzbourg , que lon obferve en allant depuis Laufanne dans le Gouvernement d’Aigle; le grès, les brêches, la pierre calcaire compaéte fous l'état de marbre; à quelques . endroits, le gyps, puis le roc falé, & enfin dans les points élevés comme dans le Gouvernement d’Aigle, la roche primitive. Le gyps, par des fon qui découlent de notre théorie, y eft, il eft vrai, plus rare que chez nous; mais s’il eft rare à Hullein, il ne manque pas dans les rocs falés de la même lifiere, à Hall/fladt, Aufée, Offenfée , Tfchel (a). Le roc gris ne paroït pas recouvrir, comme chez nous le roc falé ; parce que les couches entamées d’une maniere différente que chez nous, ne permettent pas de le voir fouvent; mais à plufieurs endroits on le trouve, ou fes parties conitituantes. Ca) Abh. einer ptiv. Gefellfth. pag. 349. pes Scrences Puys. DE LAUSANNE 45 - Excepté quelques différences peu importantes, la reffemblance eft auffi grande qu’elle peut l'être, & telle qu’elle influe fi fort fur l’afpect exté- rieur, qu’étant dans les environs d’Hallein, on fe croiroit placé dans ceux d'Aigle, fi l'afpect de quelque pauvre chaumiere ne venoit pas avertir le yoyageur qu'il ne fe trouve plus dans les riches contrées de l’'Helvétie. EXCURSION DANS LE GOUVERNEMENT D'AIGLE. Comme il y avoit long - temps que je n’avois vifité le Gouvernement d'Aigle, je trouvai, après avoir compofé le Mémoire précédent, qu’il con- vénoit d’y retourner, pour confirmer ma théorie par des obfervations fai. tes fur les lieux, ce qui a donné lieu à cette excurfion; je dis excurfion; mes circonftances ne mYayant pas permis d'y féjourner. Pour ne pas être obligé de refondre le Mémoire précédent, je préfenterai ici un réfumé très. racourci des obfervations que j'ai eu occafion de faire, qui ont le rapport le plus direct avec le Mémoire précédent; attendant de revoir ces contrées avec plus de loifir, pour publier mes autres obfervations. Route de Laufanne au Gouvernement d'Aigle. Dé Laufanne à Cully, on ne rencontre, là où le terrain eft à décou- vert, que du grès dont les couches regardent le Jura. Dans ce grès fe trouvent, près de Paudex, des charbons de pierre dont la couche eft re. couverte de pierre marneufe & d’argille chyteufe , renfermant des coquilles fluviatiles. F Un peu avant d'arriver à Cully, les boudings commencent par-ci par-là à paroître: ils font compolés de cailloux roulés, de différentes pierres. On y rencontre fur-tout des cailloux roulés de pétrefilex ; le ciment eft calcaire. Ils repofent fur une marne endurcie, & celle-ci fur un grès mar neux. Quelquefois quoique rarement, on trouve des boudings recouverts de grès, qui fans doute alternent pour lors avec lui. Les boudings qui n’avoient paru que par:ci par-à, avant que d’arriver à Cully, & près de Cully, forment au-deflus d’un moulin, entre Cully & St. Saphorin, de grands rochers coupés par des fentes perpendiculaires en colonnes; ce qui leur donne un peu un coup-d’œil bafaltique. 46 ME m0 mets D 'etutr LISlGicIr 8èr d En de-à de La Tour, paroit la pierre marneufe, qui repole en de-là de Chillon, fur le marbre. | Sous le marbre enfin, paroit le gyps, au-deffus de Vallaire, hameau ; qui fe trouve au-deflus de Villeneuve. Il s'enfonce fous le marbre & eft fans doute recouvert d’argille chyteufe que la terre végétale empêche de voir. ! Les couches, qui jufques ici regardoient le Nord-Oueft avec leur tête; acquierrent une inclinaifon un peu plus occidentale, De Villeneuve à Aigle, on fuit des rochers calcaires, & en de-là d’Ai gle, près de la potence, commencent à la gauche les montagnes gypfeui fes, dont les couches s’enfoncent fous la pierre calcaire qui compofe les deffus des montagnes dont elles font partie, & font comme les gradins. Arrivé dans les environs des falines, mon premier foin fut d’examiner, fi la fuite des couches étoit telle que je la fuppoloïs. Je vis évidemment; à nombre d’endroits, la pierre calcaire repofer fur le fchifte & le gyps, & je vis que par-tout où on voyoit en méme temps le gyps, l’argille chy2 teufe & la pierre calcaire, les couches s’enfonçoient dans la montagne; & que pour le général les couches s’enfonçoient lorfque la pente de la montagne n’étoit pas du Nord-Oueft au Sud-Eft. Je vis de plus que la coupe des montagnes où on voit le gyps à dé. couvert, eft telle que lés couches paroïflent s’abaifler aflez généralement du Nord-Eft au Sud-Oueft; de maniere que le gÿps ne fe trouvoit dans des endroits élevés, que du côté du Nord-Eft, & fe perdoit fous terre du côté du Sud-Oueft. En fuivant la chaine qui va du Bevieux au village de Lavé, dans la diretion où fe trouve Sublin & l'entrée du Vallais, on voit le gyps qui paroït monter vers le Nord-Nord-Eft, sabaifler au Sud- Sud-Oueft, & fe perdre enfin du côté de l'entrée du Vallais. Quant à la direftion des couches, elle eft fujette à beaucoup de varié. tés. Aux environs des falines du Fondement, du Bouillet, d’entre deux Grionnes, de Panex & de Chamofaire , la dire@ion des couches eft pour le général, environ du Nord-Eft au Sud-Oueft, & l’inclinaifon du Nord- | Oueft au Sud-Ett, & telle que les couches préfentent pour le général leur tête environ au Nord-Ouelt (a). (a) Je dois obferver que dans l’obfervation de la dire&ion, j'ai été obligé de m'en tenir: dans ce voyage à des à peu-près trés-groffiers, manquant du temps & des inflrumens néceffaites; M mais ces à peu-près fuffifent pour mon but. J'y fuppléerai dans un autre temps. L : 2 f DES Sciences PHvys DE Lausanne, 47 : Le gyps, le roc argilleux & la pierre calcaire, fe retrouvetit dans tous ces environs dans l’ordre indiqué, & repofent fur une pierre calcaire ar gilleufe qui pafle à l'état de pierre de corne, qui fe trouve à découvert en. tre deux Gryonnes. Au Fondement la couche de roc argilleux ne fe borne pas au foi-difant cilindre. On la retrouve à plufieurs endroits: on la re trouve par exemple, proche du Bouillet, à droite du chemin qui con- duit dusBouillet au Fondement, où elle eft chargée de fel de glauber. On eft cependant rarement dans le cas de la voir, parce qu’elle eft ordi. nairement recouverte de terre végétale, düe fans doute, en partie, à fa deftruction. 3 Les Fondemens. En entrant dans les galeries du Fondement, on traverfe le platre & un banc peu confidérable de pierre calcaire, argilleufe, d'un gris noir. Après avoir été quelque temps dans le gyps, on parvient au roc gris qui alterne de temps en temps avec de petits bancs, d’un roc fchifteux, d'un gris noirâtre, qui paroit être de même nature que le roc du cilindre, & qui offre fouvent dans les endroits humides des indices d’eau falée, & ça & là du fel foflile dans les endroits où il eft fec. Les couches sinclinent vers l'intérieur de la montagne, fous un angle d'environ 4$ degrés, en préfentant leur tête au Nord-Oueit, & en fe di- rigeant environ du Sud-Oucft au Nord-Eit. Par-tout où j'ai obfervé lincli- pailon & la direction des couches, je l'ai trouvée telle, excepté vers l’en- trée où l’inclinaifon & la direétion paroiffent à quelques endroits différente. Le roc gris qui compofe l'intérieur de la montagne, confidéré en géo- logue, n’eft qu'une pierre gypfeufe: confidéré en minéralogifte, c'eft un gips de couleur grife, qui préfente des parties plus ou moins grandes de félénite, & qui à ce quil parait, eft mélangé d’argille & de fable. On peut le ranger, ce me femble, fousle gypfum arenarium de M. Wallerius. En continuant à s’avancer dans la montagne, on parvient à ce qu'on nomme le cilindre, ou à un roc fchifteux, noirâtre, de nature argilleufe, dont les feuilles font pour l'ordinaire recourbées, qui s'incline comme les autres couches vers l’intérieur de la montagne (a). Quand on le traverfe (a) Le roc du cilindre eft un roc argilleux , qui tient le milieu entre l’argiile endurcie & l'argille fchifteule de M. Æ#erner. En voici les caracteres extérieurs : \ 48 MÉÉ MORE S DE LA S'o CrrË TE comme on la fait par la gallerie des Impotens, & la traverfe depuis Ja gallerie du quatrieme côté, & une gallerie pouflée depuis Le puits de la Bonne-Efpérance; on retrouve le roc gris & l’on voit qu’il s'incline dans un fens oppofé, en préfentant fa tête au Sud-Eft, conjointement avec le roc gris & le gips contre lequel il eft adoffé, fous un angle d’environ As degrés, de maniere que fa coupe a la figure d’un coin. Dans les ou vrages fupérieurs qui font au Sud-Oueft du cilindre, dans la gallerie fu- périeure qui conduit au grand puit, & au dehors de la montagne au Sud du cilindre, les couches du cilindre & autres, préfentent leur tête au Sud-Eft. | Si au lieu de traverfer le foi-difant cilindre, on refte dans la couche de : roc gris, en le fuivant dans fa diretion, ou environ du Nord-Eft au Sud-Oueft; on refte toujours dans le roc gris; mais dès qu’on établit une traverfe vers l’intérieur de la montagne, ou du côté du Sud, on retrouve. le cilindre là où on devroit le trouver, en fuppofant qu'il fait couche. La gallerie du quatrieme côté & fes traverfes le prouvent. Il s'étend donc vers lorient, fans qu’on connoifle de bornes de ce côté-là. Si étant dans le Sa couleur eft d’un gris bleuâtre, foncé, tirant fouvent fur le noir. 11 fe trouve en maffe. Il a une fracture matte & terreufe, qui paroît inégale à caufe qu’il eft obfcurément & irregulie- rement feuilleté à feuillets épais & recourbés; mais les furfaces des pieces dans lefquels il fe divife ou fe trouve naturellement divifé, ont beaucoup d'éclat, & font comme enduites d’un vernis. : k Ses fragmens n’ont point de figure déterminée & ont des angles un peu obtus. Ji fe repare & fe trouve déja en partie naturellement divifé en piéces de figure indéterminée , dont les furfaces préfentent des courbures irrégulieres. 1l eft deftitué de toute tranfparence. 11 lâche ordinairement un tant foit-peu la couleur. Sa rafure eft d’un gris tant foit-peu verdâtre. En l’humectant avec le foufle, il répand une légere odeur terreufe. Il eft tendre. Il s'attache ou happe un peu à la langue. 1l eft un peu gras au toucher. 11 imprime une légere fenfation de froid lorfqu’on la touche. Il p’eft pas fort pefant. Je n’ai point Fait l’analyfe chymique de cette pierre; mais je foupconne qu’elle contient, ow tre l’argille , de la magnefie, & un peu de terre calcaire. Ses caracteres , les efforefcences de fel Epfom , dont elle eft quelquefois couverte, la légere efferyvefcence qu’elle produit avec la- cide vitriolique , délayé, & le goût qu’elle lui procure, me le fonc foupconner. DES ScieENces PHys. DE LAUSANNE. 49 le cilindre, on fäit des ouvrages dans la direétion des couches, on refte dans le cilindre, comme on le voit dans une des galleries qui partent de près le puits de la Bonne-Efpérance. En confidérant ce que je viens de dire, & en confidérant de plus qwa- près avoir traverfé le cilindre, on retrouve le roc gris dont l’'inclinaifon change avec celle du cilindre; il paroïît prefque inconteftable, que le ci. lindre neft autre chofe qu'une couche de roc argilleux, dont la direétion eft environ du Sud - Oueft au Nord-Eft qui fe recourbe ou fe replie fur ellemême, dans le fens de fa direction; ce qui fait que dans fa coupe fes couches ont d’un côté une inclinaifon indirecte tombante, & de l'autre, une inclinaifon direéte tombante. Si le cilindre n’eft, comme il eft des plus probables, & pour ainfi dire complettement für, qu'une couche; il faut fuppofer que les couches, pour quelles puiffent faire fonction de refervoir, outre la courbure dans le fens de leur direétion, fe relèvent vers l'occident ; pour lors on ne devroit trou- ver au niveau des principaux travaux auels, vers loccident, que du roc gris, & c’eft ce qui a lieu; car la gallerie de Grafenried & lefcalier qui conduit au Bouillet, eft dans Le roc gris. Tome II, f g so MÉMOIRES De LA Sociéré Ce qui me confirme dans mon idée, c’eft que dans lefcalier qui devoit conduire au Bouillet, on voit évidemment les couches fe relever vers l’oc- “cident. La direction des couches devient plus méridionale & l'inclinaifon plus occidentale. Les couches, au lieu de regarder le Nord-Oueft, pré- fentent leur tête entre le Oueft & le Sud-Oueft, & l’on parvient au bout de cet efcalier au gyps auquel on devoit parvenir fi l’on confidere là direc- tion des travaux. Depuis-là les couches rentrent vraifemblablement peu à peu dans leur ancienne inclinaïfon, ce qui nous fait rentrer au puits du Bouillet dans le roc gris. Les cMbretccaece de fel, le fel gemme qu’on rencontre dans cet efcalier & la fécherefle de cet ouvrage, méritent une attention particuliere. Plus je confidere le cilindre, plus je me perfuade qu’il n’eft qu'une por- tion de la grande couche argilleufe, confidérée dans une de fes courbures. I feroit intéreffant de bien déterminer la forme de cette courbure, & je crois qu'il y a affez de données pour cela, en examinant avec foin les travaux. Pour repréfenter le réfultat des obfervations qu’on feroit d’une maniere inftructive, il faudroit un relief dans lequel on put avoir les in- clinailons, les directions & la nature des couches, en féparant le relief par couches. Ce travail demanderoit un temps & des foins confidérables; mais feroit très-propre à faire voir fous quel point de vue on doit confidérer le cilindre. Nous voyons à nombre d'endroits de petits bancs de roc, femblable à celui du cilindre, former couche. Nous voyons à Panex une couche épaifle de roc argilleux, qu’on y nomme aufi cilindre , qui a pour chevet com- me le cilindre du Fondement, le roc gris, & qui forme couche. Nous voyons enfin le célindre du Fondement fuivre l’inclinaifon & la direétion des autres couches; pourquoi voulons-nous qu'il ne forme pas couche & qu'il faffe exception ? Je répéte ce que jai dit plus d’une fois. ;, Sur le gyps & fous la pierre » Calcaire, il y a une couche argilleufe remplie de fel là où elle n’a pas » été extraite par les eaux. Les eaux douces, en la parcourant, sy fa- » lent, & nous fourniffent en fortant, par les iflues qu’elles trouvent, . » des fources falées. Si nous donnons iflue à ces eaux, dans des courbu- » res de couches, telles qu’elles foient propres à faire fonction de refer- » Voir, nous aurons des foi-difans cilindres ”. Les couches, après avoir formé par leur courbure, le foi-difant cilindre, D'ESr SCIÉNGES PHYS. DE LAUSANNE. SI reprennent, comme toutes les autres couches, après avoir formé des irré- gularités, leur ancienne inclinaifon , comme l'avoit déja obfervé un Mem- bre de lIlluftré Chambre; c'eft pourquoi rous retrouvons fur le deflus de la montagne & du côté de Sublin, les couches, prélenter leur tête à peu de chofe près au Nord-Oueft. J'ai l'ai fait entrevoir dans la figure pré- | cédente. Les couches, en préfentant leur tête dans leur inclinaifon générale, aux environs du Fondement au Nord-Oueft (a), nous indiquent que les four- ces viennent aufli du côté du Nord-Oueft, ou du côté de la croupe de Chamofaire, & la correfpondance des couches des deux côtés de la Grion- ne, ou d’un côté & favoir de celui qui regarde la croupe de Chamofaire, elles font directes tombantes, pendant qu’elles font indirectes tombantes de l'autre , en gardant cependant la même dire“tion, prouvent que la monta. gne en deçà de la Grionne n'eft qu'une continuation de la montagne en de-là de la Grionne. Gallerie du qguatrieme cûte. Jai dit que la gallerie du quatrieme côté côtoyoit le foi-difant cilindræ Cette gallerie fe trouvant à peu-près dans la Hbbion de la couche, & fous la couche argilleufe, ne la rencontre pas & elt toujours dans le roc gris; mais dès qu'on fait des traverfes fur la droite, on trouve le cilindre ou la couche argilleufe, & l’on trouve des fources. En sabaiffant depuis le roc gris, on ne retrouve pas la couche argilleufe, comme le prouve le puits Wourflenberger, parce que vü fon on - on s’en éloigne; mais on la retrouveroit vraifemblablemient en perçant droit au- deflus de foi. L’on trouve des fources dès qu’on perce le cilindre des fources ; il me paroït qu’on n’a, par ce moyen, que des eaux qui alloient fe rendre au bas du cilindre, & qu’en fe procurant ces fources partielles on diminue la fource principale du cilindre. Ce que j'avance me paroït abfolument hors de tout doute. Ta falure de ces fources eft plus forte que celle de la fource principale, à caufe qu’il fe joint à cette derniere des eaux dou ces qui la détériorent. Pendant mon féjour à Bex, j'eus occafon de vair mr (a) Ou pour parler plus exaétement, Nord-Nord.Oueft. J 52 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ un effet bien marqué, de lation des eaux extérieures. Un payfan, pour abreuver fon bétail, avoit conduit de l’eau près de la grange qui eft près du fchacht; cette eau entra dans le cilindre, augmenta prodigieufement ja quantité de l’eau de la fource, & diminua fi fort la qualité, qu'on fut dans la plus grande confternation, jufqu’à- ce qu’on en eut découvert la caufe, Il feroit peut-être, par cette raifon, utile de recouper une partie de la fource, & de la divifer ainfi par les traverfes de la galleries, du quatrieme côté. Pour décider cette queltion, il faudroit pefer mürement, fi les in. convéniens qui réfultent de cette divifion, ne furpalfent pas les avantages. Gallerie entre les deux Grionnes. Là où les deux Grionnes fe réuniflent, je vis au jour, avec quelque furprife, une pierre de corne fiflile d’un gris noirâtre dans laquelle à quel. ques endroits, l'élément calcaire eft affez confidérable pour la faire ref. fembler à une pierre calcaire argilleufe. Il y en a qu'on prendroit au pre. mier abord pour la pierre calcaire argilleufe, qui fe trouve en plufieurs endroits en Allemagne, fous le gyps & fur les chytes cuivreux. A quel- ques endroits on rencontre de fines particules de mica dans cette pierre de corne, & elle fe rapproche pour lors du Saxum corneo micaceum de M. Wallerius. L'enfoncement formé par la petite Grionne eft bordé des eux côtés à quelque diftance, par des rochers de cette pierre, au-deflus defquels on voit repofer le gyps (a). Par-ci par-à on trouve dans cette roche quelque filets de pyrite de cuivre, & on y a eu trouvé des filets de galene. Je me rappelle d’en avoir vu en 1777, fans trop faire attention pour lors au rocher. On a pouffé ici deux galleries principales; l’une inférieure au point de (a) Parce que nous avons expolé dans cette excurfion, on a la fuice des couches fuivantes : Terre végétale. Bouding, dans les endroits qui ont été favorables à leur Ho Marne endurcie. Grès. Gypl. Pierre marneufe. Roc gris. Pierre calcaire. Pierre de çorne. Couche argilleufe. Granit. DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. 53 réunion des deux Grionnes, & l’autre plus haute du côté du Fondement ; qui fe réuniflent dans l'intérieur de la montagne. En entrant dans la gallerie inférieure, on entre dans cette pierre fchif. teufe qui eft remplie de fentes, & qui s’enfonce dans la montagne. À me- fure qu’on avance dans la gallerie elle devient plus compacte. En conti. nuant, on parvient par des efcaliers à la gallerie fupérieure, où on voit cette pierre fchifteufe remplacée par le gyps qui la recouvre, & qui à fon tour, eft recouvert par le roc gris. On voit déja le gyps dans le milieu d’un puits au fond duquel aboutit une gallerie pouflée depuis le milieu de Vefcalier. Dans la gallerie fupérieure on voit le gyps, & fous lui la pierre dont nous avons fait mention, dans laquelle on doit avoir trouvé autrefois de la galerie. Ses couches font un angle d’environ 4$ degrés. Une gallerie pouflée entre le Nord & le Nord-Eft, ne préfente que le roc en queftion, mais d’un gris plus noir; ce qui n’eft pas étonnant, vü la dire@tion des couches. En fortant de la gallerie fupérieure, on n’a à fes côtés, en remontant la Grionne, que du gyps, ce qui fuit encore de la direétion des couches, parce qu’on fe trouve dans le toit de la pierre fchifteufe mentionnée. Cette même pierre fchifteufe fe retrouve à quelques endroits, en allant de Bouillet à Antagne, & après elle le gyps, parce qu’on rentre dans la couche gypfeufe. Quant aux eaux que préfentent les travaux, entre deux Grionnes, on doit obferver que ces eaux font fouffrées, parce que la couche gypfeufe de ces environs, qui paroit étre une continuation de la partie inférieure de la couche gypfeufe de Sublin, contient du fouffre, & qu’elles font obligées de le traverfer. Les eaux qu’on a dans ces travaux près du jour , foit dans la gallerie fupérieure , foit dans l’inférieure, font douces, parce qu’elles viennent de la partie la plus externe de la montagne qui a été trop ex- pofée à lation des eaux pour contenir du fel; mais dans l’intérieur de la montagne les eaux font falées; cependant elles le font peu à caufe qu’on ne les reçoit pas immédiatement de la couche argilleufe. Les eaux de ces “travaux ne paroiflent pas venir de bas en haut comme les autres fources. On obferve qu’elles viennent de haut en bas, parce qu’elles defcendent de- puis la couche argilleufe dans la couche de pierre de corne fendillée , en traverfant le gyps, couche peu propre à les retenir, comme l'a prouvé Ja s4 SNL ot RE s$ ple, TP MSI CRE EUé gallerie qui conduit au puits, qui a fait difparoître l'eau de ce puit avant d'y être. Pour parvenir à des fources riches, il faudroit s’enfoncer dans la mon- tagne, en moñtant pour entrer dans la couche argilleufe, & y prendre les fources avant qu’elles entrent dans les autres couches & fe mélent avec les eaux douces. Puits du Bouillet. Ce que jai pu obferver fur l'inclinaifon & la direétion des couches dans la gallerie qui conduit au puits du Bouillet, me confirme dans les idées que jai propofées dans le Mémoire précédent. Les couches s'enfoncent dans la montagne & préfentent leur tête environ au Nord-Oueft. On ne pourroit par Dune pas parvenir par l’approfondiflement du puits, . à la couche argilleufe; mais on pourroit augmenter la quantité d’eau fa- lée par la continuation des galleries qui vont contre le Fondements & au Nord-Oueit. | Panex. . Les couches de la montagne s’enfoncent dans la montagne & préfen- tent, comme au Fondement, leur tête, environ au Nord - Oueft, en fai- ‘fant un angle d'environ 4$ degrés. On traverfe, comme au Fondement, le gyps & le roc gris qui alterne aufli avet quelques minces couches de roc argilleux, avant que d'arriver à un roc fchifteux, noirâtre, qu’on y nomme cilindre, & d’où fortent les couches. Il en eft ici comme au Fon- dement: lorfqu'on eft dans le roc gris & qu’on fait des travaux qui ne s’écartent pas trop de la direétion des couches où du Sud-Oueft au Nord-Eft: on refte dans le roc gris, & dès qu'on poufle des travaux du côté du Nord-Oueft, on entre dans la couche argilleufe, & fi dans cette couche on fuit fa direction, on refte dans le roc dit le cilindre. En un mot, le roc fchifteux ou argilleux, qu’on y nomme cidre, & dont on ne con- noiît pas l’épaifleur , à caufe des eaux douces qui fe font oppolées aux travaux, fe comporte entiérement comme les autres couches. Les couches préfentent par-ci par-là des irrégularités, ce qui n’éft pas “étonnant, f# l’on confidere combien la couche gypfeufe eft ici fujette à être attaquée par les eaux. C’eft ce qui rend les entonnoirs dans cette con. trée aflez fréquens; on en voit plufieurs dans le chemin qui conduit de Pa: nex à Olon, dont l'un entrautres gt immenfe. DES SciIENCES PHys. pE LaAUsANxEe. $s Je n’examine point ici l’état du fol fur lequel coule la fource, parce que cela demande un plus grand nombre d’obfervations que celles que j'ai été en état de faire. Les eaux extérieures ont une grande influence fur la fource de Panex. Je penfe que fi on s’enfonçoit avant dans la montagne, dans le roc gris & dans fa direction, jufqu’à-ce qu’on eut une fuffifante épaifleur au-deflus de foi pour ne rien avoir à craindre dés eaux extérieures, & que pour lors on entra dans la couche argilleufe, on obtiendroit vraifemblablement des fources riches. Chamofuire. La gallerie de Chamofaire étant bouchée, je n’ai pu voir que l'entrée & la halde. À en juger par les environs, les couches préfentent. ici leur tête environ au Nord-Oueit, & s’enfoncent dans la montagne. Les débris montrent que les travaux font dans le gyps, & le roc gris qui eft recou- vert de pierre calcaire dont eft compofée la montagne jufqu’à une grande hauteur. Lorfqu’on découvrit la {ource de Chamolaire, elle ne tenoit que %o de fel. Par les travaux, quoiqu’imparfaits, que l’on fit, on la pouffa à tenir huit fois plus ou un pour cent, & il paroït qu’en temps de fécherefle elle eft beaucoup plus falée, à en juger par la faveur que je lui ai trouvée. Cette fource mérite la derniere attention, & je fuis perfuadé que par des travaux bien entendus, on pourroit parvenir à des découvertes intéreflantes. Ce que je penfe fur la fource de Chamofaire, je le penfe des fources de Panex & d’entre deux Grionnes. Je fuis perfuadé que par des travaux bien entendus, on pourroit fe promettre plus de ces fources, ou au moins au- tant que de celle du Fondement, parce qu’il me paroit facile de sy mettre à l'abri des eaux extérieures, & d’entamer la couche argilleufe à des endroits où les eaux douces ne peuvent pas avoir accès. Il me paroïît qu’on ne s’eft pas aflez occupé de ces fources. Tous les travaux qu’on y a fait font ou trop au jour, ou établis de maniere qu’on ne peut guères fe flatter de les connoitre. Le nombre d'indices d’eaux falées qu'on a dans ces contrées, prouve que des trayaux bien entendus ne feroient pas fans fruit; & l’on fait en général, que dès qu’on a des fources foibles au jour, on peut à coup für, en obtenir de plus riches. Dans tous ces endroits on pourroit fe procurer au-deflus de. foi une élévation dix fois plus grande qu’au Fonde- ment, & fe mettre entiérement à l'abri des eaux qui agiflent fi fortement 56 MémorrEesiDe £a SociérTé fur ces fources.. Si l’on craignoit, que des travaux, au lieu d'améliorer les “ources, les détérioraffent, il ne feroit pas difficile de trouver de nouvelles fources affez éloignées de celles qu’on exploite pour lever cette crainte. Je le répéte, on s’eft trop occupé du Fondement & trop peu des autres fources. Si on a pour but de chercher le roc falé, ce ne fera pas, à ce que je penfe, au Fondement qu’on letrouvera. Tout ce qu’on pourroit efpérer , feroit d'obtenir le fel qui s’eft vraifemblablement accumulé au fond du foi - difant cilindre. Ce peu d’obfervations, qu’elles imparfaites qu’elles foient , tendent à con- firmer ma théorie. J'efpére dans la fuite fournir à cet égard quelque chofe de plus fatisfaifant. Dans l'application que j'ai faite de ma théorie, fur nos falines, je puis m'être trompé en différens points. Pour bien l'appliquer, il faudroit y faire un plus long féjour que je n’y ai fait. Ce ne feroit que par ce moyen qu’on feroit à même de fe mettre au fait du local particulier, & des différen- ces que prélentent les couches dans leur direction, leur inclinaifon & leur na- ture, pour pouvoir apporter toutes les modifications & les rectifications qu’e. xige ma théorie, pour expliquer tous les phénomènes de nos falines & en porter un jugement folide. Quoiqu'il en foit , le fond de ma théorie reftera jefpére, toujours vrai, mais le développement & l'application pourra fubir des changemens. Je ne faurois affez infifter fur ce qu’on confidere mon ou- vrage fous ce point de vue. De nouvelles vifites de nos falines me fourniront des faits & des obfervations propres à pouvoir modifier, rectifier & étendre ce que j'ai avancé. Je fens autant qu’il eft poflible l’imperfettion de cet ouvrage, & je ferai tous mes efforts pour y remédier dans la fuite. Je le fens fi bien que je ne laurois pas publié, fi je n’avois pas crû qu’il étoit de mon devoir de le faire , & fi les raifons qui m’engagent à le publier m’euffent permis d’attendre plus long-temps ; j'aurois tardé la publication jufqw’à-ce qu'il eut acquis le de- gré de perfection que je lui défire. | Si je parviens à engager des obfervateurs, à examiner jufqu’à quel point on peut confidérer nos falines fous le point de vue que je les envifage, j'aurai rempli mon but, & alors il importe peu qu'il ne foit pas aufli parfait qu'il pourroit l’étre, i pes ScrENces Pays. pe LAUSANNE. 57 Sur lexploitation des fources [alées du Fondement , dans le Gouvernement dÆigle. Pa RON DRM ENNOEMEdS SE 0 &. S TR U. V E. Pr—— CE (Ge: Re 0e né em MANIERE D'exploiter des fources & refervoir, comme celles du Fondement , dans le . Gouvernement d'Aigle. Li. fources falées fuivent comme nous avons vu les couches ; là où elles fe recourbént & forment un coude, elles y forment des efpèces de réfervoirs , & c’eft ordinairement le cas de toutes les falines où les cou- ches s’enfoncent dans la montagne, & préfentent leur tête au jour. On fent que de pareilles fources peuvent être traitées de différentes manieres. C'eft à l’examén des moyens les plus convenables,. de Les exploiter , qu’eft deftiné cet effai. L'exploitation latérale des réfervoirs ou des foit-difant cilindre à la ma- niere du fondement , ne fauroit comme je lai déja infinué s’approuver. 1°. La principale raifon qui s’oppole aux abaiflemens, eft à mon avis celle-ci : En diminuant [a colonne de l’eau du réfervoir qui prefloit contre les eaux douces qui tendoient à entrer latéralement, on lève lobftacle qui s’oppo- foit à leur entrée, elles entrent & affoibliflent toujours de plus en plus la fource dans des efpaces de temps qui deviennent plus courts à mefure qu'on s’abaiffe. Tome IL. k sg MÉMOIRES DE LAS oc1eET+*É 2°. D'ailleurs, lors même que les eaux douces n’y pénétreroient pas, Pa- vantage qui réfulte des abaiflemens diminue à mefure qu’on s'approche davantage du fond du réfervoir, & les fraix d’extrattion augmentent. 3°. À ces raifons qui s’oppofent aux abaiffemens , s’en joignent plu. fieurs autres, telles que celles qu’on n'obtient par leur moyen que les eaux voilines de la percée , que leau fe divife & plufieurs autres que Æ ne nvarrèterai pas à examiner. Si lon a donc à traiter des fources ‘à réfervoir femblables à celle du foit-difant cilindre; on auroit il eft vrai, par les abaiflemens (comme je l’ai expliqué dans ma théorie des fources), plus d'eau & de meilleure eau: mais comme on ne fe procureroit pas une bonification permanente , & que cette bonification devient toujours moins avantageufe , à caufe qu’en diminuant le baffin on facilite l'entrée des eaux douces latérales , il fau “Rire fi l’on préfére un avantage permanent à un avantage pafagèr. . Où fe placer par des ouvrages verticaux dans le réfervoir, comme on Va fait à Sulz , dans le Duché de Vürthemberg. 2°. Où aller recouper la fource en de-là du réfervoir , plutot que d'ex- ploiter latéralement. ) # 3°. Où enfin fi l’on RU 1e toucher aux fources, & qu’on appré- henda que des travaux n’y nuififlent, il faudroit laifler la fource telle quelle, & fe contenter de détourner les eaux douces qui diminuent fa fa- lure & l'affoibliflent & qui pourroient un jour la détériorer complette- ment pour l'améliorer par ce moyen, & la préferver des dangers qu’elle çourt. De ces différens partis, le fecond eft celui que je préférerois, parce qu’en le fuivant ; on pourroit recouper les fources avant que les eaux douces y euffent accès, & les obtenir plus fortes qu’en fuivant les deux autres partis & que d’ailleurs on pourroit obtenir outre la fource principale, d’autres fources, Je vais: rs Phones CRE de ces manieres d’exploiter. L. Projet pour exploiter les fources à réfervoir , en s'enfonçant dans le rer voir par des ouvrages verticaux. En établiffant un sale dans ces réfervoirs à l'endroit où les eaux exté. rieures ont le moins d’accès; on peut retirer nombre d'avantages qu’on at- tendroit en vain des percemens du cilindre, mais pour en tirer parti dans- DEs SérEnces'PMyé. DE LAUSANNE. : S9 16 cas ou les eaux douces ont accès comme chez nous, il faudroit entr'au- tres attentions /aiffer le puits en hiver en repos , afin que Veau falée dé. fende par fon propre poids Vaccès des eaux douces, & afin de ne pas dé- truire la tention des eaux dans là montagne , pour que par ce moyen, Veau puifle s’annoblir , & de’ plus il ne faudroit jamais prifer le puits à fond pour que l'eau falée foit toujours en état de s’oppofer par elle-même à l'en. trée des eaux douces. Non-feulement il ne faudroit pas puifer l’eau'à fond , mais pour avoir eau plus riche , il conviendroit de faire defendre les por. pes beaucoup plus bas que le niveau de eau. On peut confulter fur ces attentions le mémoire étendu que jai donné fur les falines de Sulz: comme l'eau refteroit toujours à peu près au même niveau , on n’auroit avec ces attentions rien à craindre des eaux extérieu. res; pourvu qu’on fe mit à l'abri des eaux de la grionne, qui pourroient un jour devenir nuifibles. Je n'infifte pas fur ce projet, parce que comme je lai déja dit; je ne k regarde pas comme le meilleur. I Projet d'exploitation au fondement, en allant recouper les Jources er de-là du réfervoir. Puifque la couche argilleufe ou le roc noir eft le vrai domicile des fources falées, que le cilindre eft une portion de cette couche (a) pag. 21 note a, & que les fources fe trouvent dans cette couche ou dans le roc noir , il eft inconteftable qu’on doit les chercher dans cette couche, & que le but de tous les travaux doit étre de la fuivre ; vérité que perfonne je penfe ne mettra en doute après la lecture de mon ouvrage , & en confi- dérant, que toutes les fois qu’on a entamé fous les conditions néceffaires le roc noir, on a eu des fources. Mais ilne fuffit pas de favoir qu’il faut fuivre le roc noir, il importe de favoir dons quelle dircéfion € Jur - tout de quelle maniere il faut le fuivre? Cette queition eft plus importante qu'on ! (a) Je crois avoir fuffifamment prouvé dans mon Mémoire, fur la théorie des fources fa. fées, qu'on doit confidérer le cilindre comme une couche. Ce qui peut lever tous les doutes qu’on pourroit avoir à cet égard, c'eft qu’on peut fuivre le roc noir en déhors de la montagne en fuivant la même direétion qu'il a dans l’intérieur de la montagne. cd Th 60 Mémoires DE LA Soct:erTé ue penfe ; il ne fufit pas d'établir des galeries qui entrent dans le roc noir. On aura des fources, j'en conviens, toutes les fois qu’on en- trera dans le roc noir dans de certaines directions, mais ou on n’obtiendra pas tout ce qu'on pourroit obtenir, ou on n'obtiendra pas des fources permanentes fi on n’établit pas ces galeries dans la place, dans la direction & à la profondeur la plus convenable. k On fent bien, par exemple, que fi on entame la çouche du roc noir dans fon toit, on pourroit, dans bien des endroits, n'avoir point de fource, quoique il y en eut plus profond; parce que l'eau fuit naturel. lement. toujours le plus bas de la couche. ‘De même fi on entame le roc noir exactement à l’oppofite de l'entrée de l’eau; on n’aura de l'eau que lorlqu'on viendra fous le niveau de l’eau de ce ballin, & il en fera de même à quel endroit qu’on entame le baffin, fi on ne l’entame pas au fol des couches, du côté où l’eau entre, ou au- deffous du niveau de l’eau du baflin. Les travaux du Fondement préfen- tent nombre d'exemples propres à développer ce que j'avance. & Dans tous les travaux, au-deffus du foit-difant cilindre, on n’a point de fources. Tandis que, même au - deflus du cilindre, lorfqu’on s’appro- che du fol de la couche argilleufe, on a des fources. Par-tout, ou dans le penchant de la couche, on attaque fa partie fu- périeure, on a point de fources; & fi l’on obtient des eaux, il eft facile de saflurer que ce font des eaux extérieures, & fi elles ne font pas par faitement exemptes de falure, elles en ont très-peu, parce que la partie : fupérieure des couches a été dans le cas d’être lavée, mais dès qu’on s’ap. proche du fol de la couche, du côté où les eaux entrent, on a des fources. Dans les travaux, depuis la gallerie du quatrieme côté, qui eft au-def fus du niveau aétuel de l’eau du cilindre; on a eu des fources, parce que le travail a entamé le fol de la couche. , De la vérité que j'ai établie dans ma théorie des fources falées, que le foit-difant cilindre eft une couche inclinée le long de laquelle coulent les eaux falées, il ne fera pas difficile d'imaginer une méthode d'exploitation propre à obtenir les fources qui entrent dans cette couche. Voici à mon avis le principe fondamental qu’on ne doit pas perdre de vue pour remplir ce but, qui renferme un trèsgrand nombre de principes & de regles fu- bordonnées, dans le détail defquelles je n’entrerai pas pour le préfent à pes-S$Scrences Pnys DE LAUSANNE. 6D caufe de la-difficulté que leur explication offre pour la préfenter par écrit d'une maniere claire & intelligible. Les fources falées venant le long des couches & favoir le long de la couche argilleufe , qui préfente une inclinaifon plus ou moins forte, 1} s'en fuit, que fi on veut les obtenir avant qu'il s’y méle des eaux douces ou avant qu’elles s’enfoncent dans la profondeur, il faut les coupér dan leur trajet, les arrêter dans le plan incliné fur lequel elles roulent , & trai ter cette couche comme un plan incliné, fur lequel rouleroit un liquide qu'on voudroit recevoir: Sur un plan incliné, on feroit une rainure dans la diredtion dece plan dans laquelle fe rendroit tout le liquide, & d'où . on le conduiroit où on voudroit; de même, pour obtenir les fources qui fuivent la couche argilleuie, on doit établir les galeries qui doivent re. couper les eaux dans la direction des couches. Mais cela feut ne fuffit pas. Il faut couper les eaux de maniere à cou- per toute communication avec la partie inférieure de ce plan incliné; & pour cela, il faut que cette galerie fuive le plus bas de la couche, ou foit pratiquée dans le fol de cette couche, fans quoi je ne couperois pas toute l'eau, mais feulement celle au-deflus de moi & il pourroit s’en écouler fous le fol de la galerie , la communication du plan incli. né n'ayant pas été entiérement détruite. Si au contraire la galerie coupe entiérement la couche dans fon fol, toute l’eau qui coule dans cette cou- che fera obligée de s’y rendre. Il en eft de cela approchant comme d’une riviere , d’un lac, ou d’un marais qu’on veut deffecher; fi on n'établit pas fes tranchées plus bas que le fol de ce lac ou de ce marais , & qu’on fe contente de la faire plus bas que le niveau de l’eau , on n’écoulera Peau qu’en partie , & il reftera, une portion d’eau qui fuivra fon cours ordi. naire. 1 faudroit donc établir les galeries dans la diredtion des couches, ou le long de leur penchant, de maniere que, la moitié fupérieure de la ga- lerie ou le toit fut dans le roc noir, & la moitié inférieure ou le fol de la galerie fut dans le roc gris qui lui fert de bafe , ou établie de façon à couper entiérement le fol ou la partie inférieure de la couche argilleufe. De la méme maniere. qu’une rigole établie le long d'un toit, en reçoit toutes les eaux & les écoule ; de même, cette galerie recevroit tou. tes les eaux qui coulent le long de cette couche. Les travaux faits de. puis la galerie du quatrieme côté, la fource d’efpérance & de bon fuccès 62 M:É mom Est D'EUTL 4 ” So c'r ET Ë prouvent évidemment ce que j'avance. Quoique par leur moyen, on n’ait fait que toucher le fol du roc noir on a déja eu des fources ; à plus forte raifon en obtiendroit-on en fuivant ce fol. On ne doit pas craindre que pour remplir le but que je propole, on fut obligé de_sabaiffer. Ces’ tra vaux même, dont je viens dé parler, bien examinés prouvent ; en réfléchi£ fant un peu fur les loix des couches, qu’on pourroit canfeérver aux gale. ries qu'on étabhroit , l'élévation & le montant qu'on défireroit , pourvu gwon leur donna une direition convenable propre à obtenir:ce but fans fora tir du fol de la: couche. n ÿ | : Quelque fimple que foit la marche que-je propofe ; je:prévois nombre d’objeétions fur la difficulté de l'exécution, qui s’évanouiroient fi je pouvois nrexprimer ayec plus de clarté, mais ce font des objets qu'il eft difficile d'expliquer d’une maniere lumineufe. . Si j'ai eu de bonheur de n'être exprimé aflez clairement pour qu’on fai file mon idée, je fuis perfuadé que non-feulement on en fentira limpor- tance, mais qu'on verra que lexécution ne préfente aucune difficulté, & ne peut qu'offrir. un réfultat propre à offrir des avantages trés-confidé rables. | Par ce moyen D, on eft für, 1°. De couper abfolument toutes les fources qui fe rendent dans Ja cot. che argilleufe, fans aucun danger quelconque , ed qu'on choififfe les endroits convenables. 2°. D'obtenir des fources permanentes qui n'offriroient-p pas comme le ee du cilindre, des avantages momentanés. | . On auroit encore lavantage de pouvoir tenir les fources à la hau- da Le galleries aftuelles , & dé pouvoir les faire fortir au jour fans avoir beloin de roue & de puits, 4°. Et d'obtenir enfin des fources plus riches , pour pouvoir fe ac penfer de les graduer, avantages qui certainement ne font pas petits. Par une pareille exploitation bien entendue, on pourroit encore fe met- tre entiérement à labri de l’adtion des eaux douces, & fe difpenfer de l'entretien de. nombre de travaux. Cette méthode, avec les changemens converiables , pourroit fervir à: trouver autre part des so a .& à tirer meilleur parti de celles de Panex! & de Chamofaire. Det ! Je penfe que d’après ce que j'ai dit daus mon Mémoire, fur la théo. mes Sorgnçes RHys:DesLagsanne. 63 rie des fources falées, on ne doutera pas que des travaux bien entrepris ue coupent les fources. Entre différens faits propres à le prouver, je mal. léguerai que celui que fournit la fource de la traverfe de la gallerie du quatrieme côté. Dès qu’on obtint cette fource, la principale diminua; ce qui montre bien qu’en travaillant vérs le fol de la couche ou coupe les fources. . Pour prouver de plus, qu'on couperoit, outre la fource principale, d’autres fources , je n’ai qu’à alléguer l’exemple de la fource de bons fuces, découverte par Mr. Wild, qui n'a point eu d'influence fur la fource principale. LIL Projet d'exploitation au Fondement, en fe conftentant d'écarter les eaux douces. Si on craignoit de toucher aux fources, & qu’on voulut fe contenter de la fource aétuelle, il conviendroit de la préferver des accidens futurs que pourroit faire la Grionne. En fe mettant à l'abri des eaux de cette riviere, on auroit encore l'avantage d’améliorer la fource, parce qu’on cou- peroit les eaux qui la détériorent actuellement. + Moyens de détourner les eaux debla Grionne des fources. men het TAN j:#) 51 L LL, Ù neit que trop connu, qu'il eft toujours à craindre que la Grionne ne devienne très-pernicieufe aux travaux du Fondement, & l’on a été plus fieurs fois dans la plus grande perplexité à cet égard. Trouver un moyen: facile de fe mettre a l'abri de tout danger de ce côté-à, feroit fans con tredit d’un très-grand avantage. Je crois la chofe très-poflible; mais comk me cela demande différentes recherches fur les couches & {ur l'emploi qu’on if pourroit faire des travaux exiftants pour parvenir à ce but, je fufpends pe ur le préfent mon avis. Je dirai fimplement que mon projet confifte. roit à « couper les mêmes couches fur l'extrémité defquelles coulent la ri. viere, ou dont la tête forme: lit de riviere, un: peu au-deflus & à côté du. Tagfchacht, de la manigre la plus convenable & la moins difpendieufe de 0 & à écouler les eaux qui y entrent. Er 64 MÉmMoïrREs DE LA Soc1E!Té l COR ne be APRES Rae "À LEE rit a Te I TU Le RU SJ SUR LA CARIE DU FROMENT, La caufe de cette maladie, les circonfiances qui la développent, & jé les moyens de du trévenir. Par Mur CADDIE Te De, Van QU? < !, . Ne, 3 à Le me ee ee eme En RE nS i | A carie eft cette maladie Ta plus redoutable de celles qui affeûtent le: froment , & qui dans les années 1784, 178$; 1786, & 1787, a trompé les efpérances des cultivateurs. La plante croit, les épis fe montrent , la balle du grain acquiert même plus de volume; mais, au lieu d’une fubftance blanche & nutritive, elle ne contient qu'une poullere noire, grafle au toucher , & infette ; le champ même exhale une odeur fœtide. Cette poulfiere difféminée fur le bon grain, le vicie: la valeur d’un pareil bled eft avilie. Et le pain qui en réfulte eft : d'un noir violet; il ef mat & nuit à l'économie animale. Cependant ce fléau, le plus effrayant, puifqu’il dévore la fubfiftance Ne publique, eft le moins ‘redoutable de ceux qui attaquent le froment; car: # il dépend du cultivateur de faire PUS d’éteindre pour toujours la carie. Les anciens ont connu cette maladie; mais c’eft M. Tillet, qui a fixé là feule théorie qu'il foit poflible d'admèttre fur cet accident de la végé-. tation. je Malheureufement le préjugé oppofe les plus grands obffacles au pre. grès: \ pes Scrences Pays. DE- LausANNE. 65 grès que l’agriculture a droit d’attendre du concours de phyficiens, habi- tués à étudier la nature. Il s'écoule des fiecles entre la découverte & l'a- doption d’une vérité, fur-tout en économie rurale ; mais il étoit réfervé à l'établiflement des comices agricoles formé dans la Province de Pile de France d'abréger ce long intervalle de l’erreur & du doute; maintenant _ Ja fcience & l’art vont fe prêter des fecours mutuels, & déformais Pagri. culture fera éclairée du double flambeau de la théorie & de l’expérience. M. Brouflonet & moi, ayant, en qualité de commiffaires des comices agricoles, parcouru lPannée derniere, avec M. l’Intendant, toute la géné- ralité de Paris, nous avons communiqué avec $00 des laboureurs les plus -recommandables qui compofent ces comices ; ce qui nous a mis à porté de recueillir fur la carie mille obfervations d'autant plus intéreffantes, que toutes confirment cette affertion, qu'il dépend du cultivateur de n'avoir ‘rien à redouter de Ja carie. Mais qu’importent les vérités , concentrées dans la fphère de notre fo. ciété. Le bien de lagriculture veut qu’on les répande & tel eft l’objet de nos comices. Sous le règne de St. Louis, des commiffaires alloient annuellement dans les Provinces foulager les pauvres laboureurs ; l’'aumône, les hôpitaux, les fondations religieufes étoient les vertus de ce temps; dans un fecle éclairé., ce font les lumieres qu’il s’agit de propager. Je reviens à la carie. La carie ef} communicative. Il en eft de la carie, comme de ces maladies dont la caufe premiere eft inconnue ; mais qui, exiftantes, fe propagent par communication. Cependant: les laboureurs la préfument accidentelle & lui aflignent , comme autant de caufes différentes, toutes les circonftances qui ne font pure la développer. ë | La femence, cunfe toujours | ul iflante de contagion. . à n n’'ÿ a pas de. champ de froment dans lequel. il ne fe rencontre par ha- fard quelques épis cariés, qui échappent néceffairement à la vigilance du laboureur. Une feule cloque, (c’eft ainfi qu'on nomme la balle qui con- tient la poultiere de carie) une feule cloque , écralée fous le fléau du ba-- Tome II. À. 66. *MÉMmMorrREs- pe LA SocrxÉTÉ teur, & difperfée fur un feptier de femence, fuffit pour le vicier. Le germe de la carie ne ceffle donc pas de fubfifter. Si l'année fuivante eft favorable à la végétation , il n’y aura, comme l’an- née précédente , que quelques épis cariés difféminés dans le champ; la ‘plus grande partie des gerines aura été éteinte par le bienfait de la faifon. L'année , au contraire, eft-elle défavorable ? La contagion s’étendra; & elle finira par devenir effrayante , fi les mêmes circonftances fubfiftent une {econde , une troifieme année de fuite , ainfi que cela eft arrivé en 1784, 1785, 1786, & 1787- Cependant , il arrive que fans aucune précaution de la part des labou- reurs, le fléau cefle d’une année à l'autre; il fuffit pour cela que les cir- conftances favorables à la végétation fe réuniffent , alors la carie eft fans effet. De même on voit les épidémies, les épizooties, la pefte fufpendre tout à coup leurs ravages par le feul changement de la conflitution atmof. phérique. Quelques phyficiens refufent d'admettre cette difparition fpontanée de ‘la carie; elles contrarient leurs fyftémes que, là où exifie le germe de la contagion , la contagion doit nécefjairement avoir lien. En conféquence, ils fe refufent à l'évidence, & l'unanimité des laboureurs n’eft pas une autorité pour eux. Cependant, il faut bien que la pefte & que la carie s’éteignent quel. que fois d'elle-même; fi il en étoit autrement, fi les germes de l’une & de autre de ces HARAES ne sétoignoient pas par le bienfait de la nature, il n'exifteroit plus un feul homme dans le levant , & pas un feul grain de bled dans nos champs. C'eft fur-tout à la petite vérole qu’on peut comparer la carie; le germe de l’une & de l'autre eft toujours fubfiltant ; ces deux maladies s’établiffent par communication ; elles deviennent plus ou moins contagieufes, felon les circonftances. Si la température n’eft point propre à développer la petite vé- role , il n’y'en a que d’ifolées. Mais fi l’année eft chaude & humide , fi la conftitution atmofphérique eft de nature à favoriler la contagion, alors la petite vérole étend fes ravages ; elle devient épidémique. : PCR DES Sciences PHys. DE LAUSANNE. 67 Fumiers. Moyen de contaminer la femence. Si la difperfion de la pouffiere de carie eft le moyen le plus ordinaire de vicier la femence , les fumiers nouveaux , provenans de paille de bled noir, peuvent également la contaminer. Un laboureur, de l’Eleétion de Montereau , enfemence en froment une pièce de plufeurs arpens, dont une partie avoit été parquée, l’autre fumée; trois planches feulement de cette derniere donnent du noir : il nous inter- roge fur ce phénomène, nous concluons que les trois planches, frappées de noir, avoient été fumées avec des fumiers nouveaux provenans de paille de bled noir, & qui, n'ayant pas fubi la putréfaction, avoit confervé à la pouflere de carie, dont ils étoient imprégnés toute fon énergie, cette af. fertion fe trouva pleinement juftifiée. M. le Marquis de Guerchy , préfent à ces comices, nous fit part d’un fait qui venoit à l'appui de ce premier. Une pièce de douze arpens , appartenante à M. le Marquis de Guerchy, eft labourée; onze font fumées avec des fumiers nouveaux, provenans de paille de bled noir. Le douzieme eft abandonné au laboureur qui y porte du fumier de vache ancien & bien confommé ; la femence eft la même ; les onze arpens font pleins de noir; le douze que récolte le laboureur men donne point. À ces deux caufes de contagion , favoir : la difperfion de la poufere de carie fur la femence, & les fumiers nouvéux de paille de bled noir, on doit en joindre d’autres encore. Le plancher d'un grenier , l'aire d’une grange , des vans, des cribles, des facs enfin qui auroient reçu du bled noir, peuvent également conta- miner une femence faine : fi on n’a pas pris la précaution de nettoyer & de laver exaétement, ce font autant de foyers de contagion, e, ra? 68 MénmorrEs ‘DELA SocrtTéÉ Circonfrances qui favorifent le développement de la carie. La communication de la carie , admife, de quelque maniere qu'elle ait eu lieu , il s’agit d'établir les circonftances qui concourent à en dévelop- La le genre. Ces circonftances font: e1 Le non maturité de la femence. Les labours frais. Une terre mal façonnée. Des femences tardives. La féchereffe. | L'humidité froide. | . Mais ces circonftances qui ne font que favorifer le développement de la carie & en étendre la contagion, la plüpart des laboureurs les afli- gnent comme caufes de cette maladie; cependant on ne peut parvenir à expliquer cent faits en apparences contradictoires qu’en admettant cette diftinction de caufes & de circouftances qui la HORS Semence parvenue à maturité. Beaucoup de cultivateurs regardent comme un moyen de prévenir là carie , l'emploi d'une femence très-mtre; en conféquence ils laiffent fur pied le bled qu'ils deftinent à étre femé, jufqu’à ce que le grain ouvre la moëlle, c’eft le figne de fa parfaite maturité. H eft vrai qu'il sen égrenne une partie ; mais les laboureurs s’eftiment bien dédommagés de cette légere perte par la bonne qualité de la fe. mence,. Hs préférent le bled qui croit fur un fol fec & élevé; ils le récoltent par un beau temps & le criblent, pour en féparer le même grain. Plu- fieurs ont même l'attention de rejetter les épis qu'on nomme tardil- lons. Les tardillons fe développent , fleuriffent & muüriflent dix ou douze jours après les autres ; les épis fupérieurs, comme plus vigoureux, attirent à eux plus de fucs de nourriciers, abritent les tardillons, & les privent de Yinfluence des météores. Un fermier a mis en terre du bled, provenant d’épis tardillons, il n’a DES Sorences PHvs. DE Lausanne 69 eù que du bled noir; le bled des mêmes gerbes, qui provenoit d’épis par- faitement mûrs, a donné du bled fain. Tous deux cependant étoient conta- fninés de cette poulliere de carie, il a prouvé par cette expérience , com- bien la qualité de la femence influe fur fa difpofition à étre’ou non attaquée du noir. | On conçoit qu'une femence , parvenue à toute fa maturité, choifie dans le foi le plus favorable , féparée de tout grain chétif , ne peut que donner des plantes vigoureules & conféquemment plus en état de réfifter à Ja contagion. Auffi beaucoup de laboureurs, ont-ils employé avec fuccès des bleds vieux & parfaitement fecs, qui, quoique moucheté, n’ont pas donné de noir, parce que le bled qui refte long-temps en gerbe , fubit une forte de végé- tation fecondaire qui augmente fon volume, fon poids, & ajoute à fa maturité. Des labours frais. Ï n’y a qu'une opinion parimi tous les laboureurs de la généralité, fur l'inconvénient des labours frais; c’eft là, felon le plus grand nombre, la véritable caufe du noir ; ce qu'il y a de certain, c’eft que c’eft une des plus capables de développer le germe de la carie: en général, même terre, même bled , il y a & il n’y a pas eu de noir, felon que les labours ont été plus ou moins nOUVEAUX. Plufieurs champs ont à peine donné quelques épis de noir , tandis que les faurieres, labourées & femées plus tard, ont toutes, fans prefque d'ex. ceptions , été couvertes d'épis cariés. Un champ a été amandé, partie avec le parc , partie avec la fiente de pigeons , partie avec des fumiers; les deux premiers ont donné du noir, parce que les labours avoient été plus tardifs que dans la portion - fumée. Dans un autre canton, la feule pièce qui ait été parquée a donné du noir ; le froment n’a pasmüri, en même temps que celui des champs voi. fins, & la feuille y a été affectée de rouille, ce fait ne prouve pas contre lufage de parquer les terres à bled , mais bien contre les labours frais; il prouve qu'il ne fuit pas de fertilifer la terre avec les engrais, & qu’il lui faut des labours donnés en faifon. Enfin un cultivateur a une pièce de terre, dont la qualité eft la même 79 MÉéÉMOrrREs DE LA Soc1erTé dans toute fon étendue, & qu’il avoit enfemencé avec le même froment; une moitié de la pièce n’a pas donné de noir , l’autre moitié en a donné, ce qui venoit de ce que le labour avoit été interrompu & fait quinze jours plus tard dans cette feconde portion de la pièce. Il eft inutile d’obferver qu'une terre, dont le fein vient d’être entr’ou. vert, n’a pas pü s’éventer , fubir cette forte de fermentation. Eprouver ce mouvement inteftin qui dilate, gonfle & émie, fur-tout lés bonnes ter. res; enfin qu’elle n’a pas reçu cette influence falutaire des météores qui difpofe le fol à une meilleure végétation. Terre mal façonnée. Si beaucoup d'exemples prouvent l'inconvénient des labours frais ; beau: coup d’autres prouvent aufli l'inconvénient de ne pas travailler une terre en faifon ; de lui économifer des labours, enfin de ne pas la façonner comme elle doit être. Dans lEle“tion de Compiègne , un cordeau ne fépareroit pas d’une ma- niere plus ditinéte deux pièces de terre, que ne le fait la bonne ou la mau- vaife culture. Aufli les terres bien cultivées n’y ont pas donné de noir. Les terres mal cultivées en ont donné. Là dit le laboureur : f£ t# manques à ta terre, ta terre te manquera. Semences tardives. Les femences tardives ont généralement donné de la carie ; la raifon en eft facile à faifir, la plante femée tard , n’a pas pù fe fortifier affez pour réfifter à l'influence de l'hiver ; individu foible, elle a langui; elle n’a pas. pu furmonter la contagion de la carie; car il en eft des végétaux comme. des animaux , les conftitutions délicates fuccombent aux épidémies ; les conftitutions fortes au contraire y réliftent. La féchereffe, caufe de la carie. La féchereffe n’a pas été généralement faifie comme une des circonf. tances qui développent la carie ; cependant Holeun: obfervations l’aflignent de ce nombre. pes Sciences PHys. DE Lausanxe. 71 La carie n’eft jamais plus fenfible qu’à la fuite des printemps fecs & ari. des & jamais plus rare qu'après les printemps pluvieux. Un Curé, bon obfervateur , frappé de voir des épis chargés de noir d’un côté & fain de l'autre, a recherché la caufe de ce phénomène, & il a cru remarquer que les épis n’étoient cariés que d’un côté où la terre, fendil. lée par la fécherefle , laifloit la racine du bled expofée au häle. En confé- quence après avoir femé une pièce de terre, il en a fait piétiner la moitié par les enfans de fon école, & cette moitié n’a pas donné de noir; l’autre en a donné, Nous avons vu un cultivateur d'Engluen, pénétré de cette vérité, qu’une terre, long-temps frappée de fécherefle, ne peut que favorifer le dévelop- pement du noir. Aufli des le printemps & pendant le cours de l'été, fi l'un & l’autre {ont fecs; il veille & faigne les jacheres qu’il n’enfemencera qu’en automne, les herfant & y pañlant le rouleau, pour prévenir l'effet du hâle. Beaucoup de cultivateurs croient que l’ufage où ils font de rouler leurs terres , les mets dans le cas de n'avoir point de noir. Nous avons obfervé qu’une terre, enfemencée immédiatement après avoir été labourée, n’avoit pàs pu recevoir la bénigne infuence des mé- téores; lexcès oppolé n’eft pas moins préjudiciable : la terre, fatiguée, épuilée par la continuité des vents & du foleil, eft privée de cette humi- dité falutaire qui attire & retient les principes fécondans. De l'humidité, caufe du noir. Rien de plus favorable à la végétation que les rofées, que les pluies douces; mais rien au contraire de plus défavorable que toute humidité froide & vaporilée: elle eft une des circonftances qui développent la carie. Les planches en ados ont donné plus de noir que les planches à plat ; Vados abrite la partie inclinée de la planche, la prive d’air & y entretient - lhumidité: cette obfervation a décidé plufieurs cultivateurs à changer le labour en ados, quand ils n’avoient pas de plus fortes raifons que lufage. » . Un laboureur a obfervé, dans les années fujettes à la carie, qu’il n’en avoit point dans les bleds femés fur les hauteurs, mais bien dans ceux de la plaine. Le même laboureur ayant femé du bled dans une terre forte, le len. 72 Mémoires DE LA Soc:1EeTéÉ demain d’un jour de pluie froide, a eu du noir, & la même terre enfe: mencée quelques jours plus tard, par un temps fec, n’en a pas donné. Le féjour des neiges favorife la carie, par l'humidité qu’elle entretient fur la partie inférieure de la tige, par fon eau toujours glaciale, quoi- que fondue, pour peu qu'il y refte de neige; enfin en arrêtant la tranf piration de la plante. Si l'humidité froide eft une des caufes qui propagent la carie; il en eft de même de l'humidité vaporeufe ; en effet, on a obfervé que des champs. de bled, expofés à l'influence de rivieres, d’étangs, étoient plus fujettes au noir que les champs qui n’toient pas expolés à ces vapeurs. Je fuppri-- .merai nombre d’autres faits pour en préfenter deux très-finguliers.. Un homme , habitué à ne laiffer échapper aucun des phénomènes qu’of.. fre la culture, nous a dit; que du bled, femé le matin, par un temps de . brouillard , a donné beaucoup de noir; & que, femé l'après-midi du mé me jour, par un beau temps, il s’eft trouvé exempt de noir; cétoit le même bled, préparé de la même maniere; enfin le même champ: nous. héfitimes d’abord à croire; cependant il a fallu fe rendre fur ce fait, à l'affertion de plufeurs cultivateurs. Voici le fecond ; vers le milieu du mois de Septembre dernier, le temps très-beau, le foleil brillant, pas un feul nuage; un fermier exploitant une commanderie de l’Ordre de Malthe, étoit aflis fur fon fac de bled, au © milieu du champ, & attendant avec une forte d’impatience le moment de: femer; M. H... l’aborde; lui demande pourquoi il ne féme pas par un: auffi beau temps; parce que la terre eft malade, répond le laboureur — quelle eft cette maladie ? la terre fue. J'ai foixante ans; mon pere m'a fait: faire cette obfervatiom, & elle m'a toujours réufli. Si je femois par ce temps-là j'aurois moitié de bled noir. Jattendrai l'après-midi pour femer : cela me fait perdre du temps; mais je ne Hazarderai point ma récolte. + Ce que ce laboureur appelloit fueur de la terre, étoit une vapeur lé-… gère, froide, qui cefloit d’être fenfible à un ou deux pieds au-deffus du. fol; il regardoit cette tranfpiration comme une véritable maladie, pouvant Hfdee fur la femence qu’il auroit dans ce moment confiée à la terre: ce laboureur ajouta, que l’année précédente , il n’avoit eu que deux jours des beau temps pour femer, & que cette récolte avoit été fuperbe; tandis que: le même bled, femé dans les mêmes terres, par un temps défavorable , lui avoit donné prodigieufement de noir. | } | pes Serznces:Pmys. bE Lausanne 22 Ce fait, qui vient à l'appui du précédent, paroit prouver cette propo fition, que toute humidité froide & vaporeufe, eft propre à développer le germe de la carie. Nous venons d'établir les circonftances qui favorifent le développement de la carie; mais elles f réuniroient toutes qu’elles ne l’engendreroient point, ainfi que le penfe la plupart des cultivateurs, qui prennent chacune de ces circonftances pour autant de caufes de ce fléau. Auf, faute d'avoir voulu admettre cette diftin@ion , les laboureurs ont- ils perpétué les ravages de cette maladie; ce font les brouillards, les vents, difent-ils . qui engendrent le noir. Si cela eft, il n’y a aucune précautionr à prendre; parce qu'il n’y a pas d’obftacle à oppofer à la maligne influence des météores; mais fi la carie agit matériellement; fi vous n’avez d’épis noirs dans votre champ que parce que la femence de votre froment em étoit contaminée; fi les météores ne font que des circonftances propres à en favorifer le développement; fi enfin ces circonftances vous pouvez les rendre nulles; & mille expériences fe réuniffent pour conitater ces vérités ». que Fufage & le préjugé, le: cédent à la faine do@trine & à l’évidence. La. pefte défoloit autrefois l'Europe; on a arrêté ces dévaftations, en: féqueftrant. les individus malades des individus fains;. dès-lors la contagion: a été écartée du fein des villes, & ce fléau n’a laiffé parmi nous que le. fouvenir de fes ravages, tandis qu’il en exerce encore de cruels dans le Le- vant ; parce que lhabitant de ces contrées, qui croit au fatalifme, ne lui oppole point de barrieres.. Il en eft de même de Ia carie; elle eft la perte des grains, & le la. boureur,, qui ne prend aucune précaution pour l’écarter de fes champs. eft l'image de ce Turc fuperititieux , qui meurt viétime d’une maladie qu'il pourroit prévenir. Mais enfin la communication une fois établie, prévenons au moins la contagion , & recourrons à cet effet au chaulage: ce n’eft pas que la plu- part des. cultivateurs ne chaulent; il y a peu de laboureurs qui nait mê-- me une recette particuliere -pour chauler;. elles font. en agriculture ce que lempirifme eft en. médecine ; ils ont effayé tour-à-tour cent diverfes fubl.- tances, faute de connoitre les vrais principes de cette opération , faute d’avoir faifi le fecret, de la nature; limprudence coupable a été jufques à employer des poifons: une loi, follicitée par la Société d'Agriculture , en; a. prefcrit l'ufage. A ces recettes fi multipliées, fubftituons des principes; Tome II, k 74 MÉMOIRES DE LA SOcrIÉTÉ ils feront fimples & déduits d'expériences nombreufes, de celles que nous avons recueillies à la tenue des comices agricoles. Pourrions-nous ne pas mériter la confiance des iaboureurs, lorfque c’eft le réfultat de leurs propres obfervations qui devient la bafe de ces mêmes principes ; les cultivateurs nous ont enrichis de faits , & pour leur en témoigner notre reconnoiflance , nous leur offrons, en échange, une théo. rie qui cadre merveilleufement avec.les phénomènes dont les caufes étoient, pour la plupart d’entreux, autant de myfteres inexpliquables. Quel eft donc ce fecret du chaulage? ou plutôt, comme je l'ai dit, le fecret de la nature? détruire le germe de la carie, & foumettre le grain aux loix les plus favorables à la végétation; voilà ce fecret. En conféquence il faut recourir au lavage, à l’action de la chaux vive & mieux encore à l’action cormibinée de la chaux vive & du fel des cen- dres; enfin & c’eft le point eflentiel, il faut pénétrer le grain d'autant d'humidité qu’il peut en abforber, pour en accélérer par-là la germination & donner à la plante une conftitution plus forte & plus vigoureufe, L'imagination communément gigantefque a peine à admettre une théo. rie auf fimple & l'efficacité d’un aufli petit remede, pour un auffi grand mal; mais nous allons terminer ce Mémoire par quelques faits qui impri. meront à cette propofition le carattere de l'évidence. Un laboureur de l'éleétion de Mantes, féme immédiatement après avoir chaulé; fon champ eft plein de carie ; trois femaines plus tard, il emblave de ce méme bled préparé trois femaines d'avance , une piéce de terre; ceft la feule qui foit exempte de noir. Un autre laboureur chaule fon grain, le laïiffe quinze jours en chaula- ge, féme & n’a pas de noir: il manque de femence pour deux arpens, en chaule & féme deux jours après ; cette portion de la piéce eft perdue de noir; nous avons recueillis cent faits de cette nature. Il y a trente ans qu’on eut du bled noir; ce fléau fubfifta pendant trois années confécutives ; l’automne de la troifieme année fut très- pluvieux, enforte que le bled fut tout à-lafois noir & germé; on le fema noir & germé, fans aucune préparation, & l’année fuivante la recolte fut fuperbe; c'eit l'humidité dont la femence étoit pénétrée; c’eft fa prompte germina. tion; ceft enfin la vigueur de la plante qui l'a fauvé du noir. Un fermier de la fubdélégation de Brie, frappé de cette circonftance, imagina de l'appliquer aux bleds de femence de 178$, il fit germer arti pes Sciences Pays. DE LAUSANNE. 75 ficiellement fon grain, en réitérant les arrofages, fema fans chauler,. & il n'eut point de noir; le même bled non germé à donné du noir. Du froment, qui avoit été fubmergé dans la riviere d'Oife , à l'époque des femailles, a été acheté par les laboureurs de Senlis & femé, fans au- tre précaution que d’être pénétré d'autant d’eau qu’il avoit pu en abforber pendant fa fubmerfion , il étoit noir & a donné la recolte la plus faine. Enfin à Coulommiers, les laboureurs fe font bien trouvés de lufage de répandre leur grains fur terre, le foir d’un beau jour, & de ne l’enterrer que le lendemain, après l'avoir laiflé pénétrer du ferein de la foirée & de larofée du matin. Concluons donc, que la carie ne s'établit que par communication. Qu'elle eft ou n’eft pas contagieufe , felon le concours des circonftances propres ou non à la développer. Que ces circonftances font la non maturité de la femence; les labours frais, une terre mal fumée, des femences tardives, l'excès de la fécherefle.. l'humidité froide & vaporilée. Enfin, que ces circonftances on peut les rendre nulles. Cependant fi on n’a pas pu les maitrifer toutes à la fois, sil en exifte “encore quelques unes , il refte un moyen efficace d'en prévenir l’influence ; c’eft le’chaulage. La chaux exerce fur la poufliere de carie une aétion def. tructive; il en eft de même des alcalis Mais on le répéte, le fuccès de cette opération dépend eflentiellement du volume des fluides qu’on em- ploye, parce que les corps n’agiflent pas dans l’état de ficcité. En conféquence, on ne fe bornera pas à un fimple arrofage , ainfi que cela fe pratique; mais on noyera la femence dans l'eau du chaulage On Fly laiflera lefpace de vingt-quatre heures, alors le grain , confié à la terre, n’y languira point, & la germination fera prompte. Toute fois , le rôle important que l’eau joue dans cette opération, n’ex- clut point le concours d’autres fubftances que les laboureurs font dans l’u- fage d'employer à la préparation des femences , telles que les eaux\de fu-- miers, les urines, les fientes d'animaux. Nous leur recommandons fur-tout lufage du fel; le fel, cet engrais pré-- tieux que la nature femble n'avoir prodigué que pour la fertilité de la terre & la confervation des beftiaux ; engrais dont le laboureur fe voit privé, mais que l’agriculture n'aura pas redemandé en vain au Monarque & aux. Miniftres patriotes qui. deviennent aujourd'hui les difpofitaires de fa bien- faifance. . K° "2: 76 Mxé:muo z'RUESsS. D'ŒIL a+ Soc, ET Maintenant, fubftituons à la plüpart de ces recettes auxquelles les cul. tivateurs attachent tant d'importance, un procédé raifonné, fondé en prin- cipes & confacré par l’expérience. Nous pouvous affurer les Hhphseus qu’en s’y conformant, ils n’auront jamais de bled noir. Procédé du chavlage. Choix de la femence. © Choïfifflez une femence parfaitement mûre, criblez -là pour en féparer les hottons, les graines étrangeres , les menus grains & fur-tout la cloque; fervez-vous à cet effet du crible , connu fous le nom de tarare ou de ventilateur. Pour plus d’exatitude, plongez le froment dans l’eau , & enlevez tous les grains qui furnagent. Ces grains légers ne font pas propres à la réprodu“tion , mais commeils renferment de la farine, ils peuvent étre utilement employés à la nourri. ture des volailles, & même à faire du pain après avoir été féchés. Du lavage. Si le bled eft très-noir , il eft effentiel de le laver; on y procéde de plu- fieurs manieres. Si on a un ruifleau, une fontaine à fa difpofition, on y lave le bled, en le mettant dans des corbeilles ou paniers affez ferrés, pour empécher le grain de pafler à travers, on le froifle entre les mains, jufqu’à ce qu’il foit eut purgé de noir. Si on ne peut difpofer que de l’eau d’un puits, on lave le bled dans un petit cuvier , & on change d’eau autant de fois qu’elle fe charge de noir. Le bled étant lavé, on peut le faire fécher en 'étendant au foleil, ou bien on peut le chauler fur le champ. Il y a des laboureurs qui préférent le fécher, & ceft avec raifon, parce qu'’étant fec, il fe pénétre mieux de l'eau de chaulage. Laver Je bled, eft chofe indifpenfable , quand il eft exceflivement noir, l'eau enlevant la plus grande partie de la poufliere de carie, non que cette poufliere s'y diffolve; l’eau ne fait que l’entrainer : cette opération ufitée pes. Screznces PHys. pE LAUSANNE. 77 dans les fauxbourgs & dans les environs de le capitale, n’eft ni très-embar.. raffante , ni très-difpendieufe. Si le bled n’eft que bouté, on peut s’exempter de le laver ; lation de la chaux fufñra pour détruire le peu de poufliere de carie dont il fera noirci. De Peffet de la chaux. La pouffiere de la carie eft une fubftance graffe ; or, la chaux à la pro- priété de diffoudre les corps gras, le fel des cendres partage également cette propriété, les favons ne font autre chofe que des graifles, que des huiles, unies avec une leflive de cendres & de chaux vive: les graifles & les hui- les ne fe diflolvent pas dans l’eau, elles font tâche; mais une fois unies avec la leflive de chaux & de cendres, elles deviennent diffolublés dans l'eau & au lieu de faire tâche, elles dégraiffent ; il en eft de même de la poufliere de carie. Dans le nombre infini de fubftances qu'offre la nature ou l'art, il ny a que la chaux & le fel des cendres qui puifle s'unir aux corps gras & hui- leux, qui puille les diffoudre: on conçoit d’après cela, combien il importe d'employer la chaux ou la leflive de cendres & mieux encore tous les deux enfemble pour difloudre, enlever la pouflere grafle de, carie, c’eft donc à tort qu’on emploie l'alun , la couperofe , l’arfenic, &c. Ces fubftances ne font rien fur la poufliere de carie. Maintenant que l’on vient d'expliquer comment agit la chaux; mainte- nant que fa propriété eft bien reconnue, il s’agit de la maniere de employer, mais avant il eft bon de parler de la compofition de l’eau de chaulage. De la compofition de l'eau de chaulage. L'eau & la chaux fuffifent pour bien chauker fur-tout en prenant les pré- gautions néceflaires pour s’aflurer le fuccès de l’opération. Cependant on peut faire entrer dans Peau deftinée à éteindre la chaux d’autres fubftances, & employer à cet effet des eaux de fumiers, des uri- . nes d'animaux , de la lefive, ou ajouter à l’eau, du nitre, du fel marin; ce font autant d'engrais, & plus le grain en fera pénétré, & mieux vau- dra la préparation de la femence. En fuppofant deux cents livres de bled à chauler, il faut employer qua 78 ME mo crarlers: 0 Æn‘r 2 Soeur Et 7 (É tre fceaux d’eau de huit à neuf pintes de Paris chaque, & cette eau fera à la volonté du laboureur. S De l'eau pure. Il faut préférer l'eau de fontaine ou de riviere. De l'eau de mare. De l’eau de fumier pure ou étendue avec moitié d’eau , fi elle eft trop chargée. De l'eau dans laquelle on aura fait bouillir des fientes ou de cheval, on de vache, ou de moutons, ou de pigeons ; ou de poule, &c. Pour éviter l'embarras de les faire bouillir, on les met fermenter pen- dant fix ou huit jours dans l'eau, qu'on pafle au moment de l'employer à travers un panier, pour féparer le marc des fientes. De l'eau de leffive. En place d’eau de leffive, on peut mettre pour les quatre fceaux d’eau, potafle, une livre, ou bien fel de foude , une livre & demie ; la po- tale & la foude ne font autre chofe que des fels & des cendres. Enfin, on peut ajouter fur les quatre fceaux d’eau, deftinés à 200 li. vres de bled, fel marin, une livre, ou fel de nitre, demi livre. Voilà à quoi peut Fe réduire la compofition des eaux de chaulage, d'a près les expériences des meilleurs laboureurs. : De là chaux. On ne prefcrit point la quantité de chaux, celà dépend de fon activités c'eft à lufage à en regler la quantité; on connoït communément dans le: pays la qualité de la chaux qu'on y emploie. On augmente la quantité de chaux dans les années , dans les terreins+ humides, & fur-tout lorfque les bleds n’ont pas été lavés avant le chau- lage ; précaution, on le répéte, dont on a toujours tort de fe difpenfer. fur-tout quand les bleds font chargés de noir : forcer ainfi la chaux ; Ceft. ce qu’on appelle chauler. vif. On obferve feulement que plus elle eft nouvelle, & meilleure elle eft ;: de la chaux ancienne ne vaut rien, à moins qu’elle nait été confervée dans des tonneaux fermés, de maniere que l'air n'ait pu sy intro- duire. pes Sciences PHys. DE LABsANNer. 79 Du chaulage ordinaire. Communément on éteint la chaux dans de l'eau, dont on arrofe le bled qu'on remue bien à la pelle. On conçoit que par ce procédé, une partie des furfaces du grain échape à Padion de la chaux, & fur-tout la rainure dans laquelle et retenue la pouffiere de carie; en forte qu’en chaulant de cette maniere, on n’éteint pas la carie & que la récolte fuivante n’en eft pas moins infeétée , fi les circonftances font propres au développement de fon germe qui na pas pu être complettement détruit par ce chaulage. Auf beaucoup de laboureurs, n’ayant pas obtenu un fuccès conftant de ce chaulage, ont cherché à rémédier à fon infufhifance , en laiffant leurs grains après lavoir chaulé en tas , pendant plus où moins de temps: il sy excite dela chaleur , l'humidité pénètre, & la chaux, à la faveur de cette humidité, continue d’exercer fon aétion. Ce moyen répare, il eft vrai, le vice d’un fimple arrofement; mais il peut réfulter des inconvéniens de la chaleur qu'on laifle ainfi s’exciter , & qui peut altérer partie des germes; en conféquence , il faut préférer l'immer- fion du grain dans l'eau de chaulage. Chaulage par immer fion. -Gn fera chauffer les quatre fceaux d’eau de chaulage, quantité fixée pour . deux cents livres de bled, au point de n’y tenir que difficilement la main. Si on n’a pas de vaifleau affez grands pour tenir les quatre fceaux, on en fera bouillir deux feulement qu’on ajoutera aux deux autres, ce qui donnera le degré de chaleur convenable. On y éteindra la quantité de chaux néceffaire. On verfera les quatre fceaux d’eau & de chaux fur les deux cent livres de bled qu'on aura mis dans un cuvier: on remuera avec une pelle , une fourche, de maniere que la chaux foit également diftribuée dans la fe. mence. Le grain ne tardera pas à gonfler & à abforber une portion de cette eau , fur-tout s’il étoit bien fec. Au bout de fept ou huit heures, on lâche la bonde, on fait couler l’eau & on la reverfe fur les grains, on remue de nouveau. On peut réitérer de la forte fept ou huit heures après; au bout de 24 heures, on fera cou go MÉm'o FRÆE°s Dr! L'A So ce 1 # T'É kr l'eau ; on retirera le bled du cuvier , il eft en état d’être femé le jour même : il fuffit de l’expofer quelques heures à l'air, pour qu’il puifle glif fer dans la main. “Par ce procédé de chaulage, le femeur n’eft pas incommodé de la pouf. fiere de la chaux, ce qui arrive quand on chaule par fimple arrofe- ment. Si on n’eft pas difpofé à femer, on peut mettre en tas fa femence 2 au for. tir du cuvier, ayant foin de la remuer , de crainte qu’elle ne s’échauffe. D'ailleurs , l'événement prouve , que plus la femence eft préparée d’avance, & mieux elle réuflit; parce que la germination en eft plus prompte, & que le grain ainfi mis en terre, n’y languiït point. Il y a des laboureurs qui foupoudrent de fon le bled encore mouillé; ce fon adhère fortement au grain , empêche la chaux de fe difliper , & contribue à maintenir l’humidité; mais on conçoit qu’il ne faut pas que ce fon provienne d’un bled noir. Nous terminerons cet: article du chaulage par une comparaifon prife- dans l'économie domeftique , @eft le blanchiffage du linge. Nous avons dit que du bled noir étoit un bled fali par une pénie- grafle & huileufe ; du linge eft de la toile également falie par une fub£ - tance grafle & huileufe, nous avons obfervé que la chaux & le fel des cendres étoient les feuls corps capables de difoudre les graifles & les hmi- les; voyons maintenant la maniere de blanchir le linge : on ne fe contente- pas de larrofer avec de la cendre délayée dans de Veau , où de lafperger- avec de l’eau de favon ; on le plonge dans de Ia leflive très - chaude, &c. Qu'il en foit de même du bled noir, qu’on ne fe contente pas de favoner- ainfi que cela fe pratique ; mais qu'on le fafle tremper dans de Peau de: chaux , qui eft la: véritable leffive du bled noir. Nous n'infifterons pas d'avantage fur cette comparaifon ; elle eft telle. ment applicable au chaulage du bled noir, que les laboureurs faifiront ai. fément les motifs qui doivent leur faire préférer le chaulage par immer- fion à tout autre procédé ; & nous finirons par leur réitérer, qu’en sÿ conformant, ils n’auront jamais de bled noir. ee DESCRIPTION. DES SanGE DE Es Puys. p# Lausanxe. 81 BRL AT ON D'UNE NOUVELLE MACHINE HYDRAULIQUE, inventée €? exécutée à Orbe, Par Mr VENEL, Docreur EN MÉDECINE. Lue le $ Septembre 1788. FE machine, qui a quelque rapport avec celle de Vera, puif qu’elle élève Peau par le fecours d’une corde, en diffère & lui eft fupé- zieure à nombres d’égards, entrautres parce que ce n’eft pas les cordes mêmes qui apportent l’eau, & qu’elle fe meut au moyen d’une roue, mife en mouvement par nn courant d’eau, & fans aucun fecours de bras. Ou- tre ces avantages elle en réunit encore plufeurs de particuliers fur les au- tres machines hydrauliques, connues. 1°. D'étre d’une mécanique aufli fim. ple que pollble. 2°. D'exiger très-peu' de forcé motrice eu égard'à la quantité d’eau qu’elle élève. 3°. D'élevér l'eau à plus de 80 pieds de haut & de pouvoir la faire mofiter à une hauteur beaucoup plus confidérable & même indéterminée, fans reprife & feulement en donnant à la corde qui monte l'eau une longueur proportionnée à l'élévation de lPemplace. ment où lon défire la faire parvenir; ce qui, dans un grand nombre d’en- droits élevés, in’eft pas poflible avec les ancitnnes machines, ou du moins ne peut s'effectuer qu'avec des difficultés très-grandes & des frais au-deflus de la portée de fimples particuliers, & même de beaucoup de publics, 4°. De pouvoir, quoique l’eau y foit élévée par une corde, fouffrir néan- moins un certain degré d’inclinaifon dans fon afcenfion; ,cequi eft' très. commode puifqw’on ne peut pas par-tout faire. monter l'eau verticalement. Tone IL, : I » -g2 MémorrEts DE LA SOCct1ETÉ s”. Enfin d'être d'un trèsmodique établiflement & entretient. Elle exifte & fonétionne depuis fix mois de temps. Au bord d'un plateau de terrain, aflis fur un roc efcarpé, à foixante pieds au-deffus de la riviere de lOrbe, & qui s'incline & s’évafe en mon. tant, de maniere qu’au deffus il eft éloigné de 33 degrés de la perpendi- culaire, eft établi un petit refervoir en tole, de la contenance de dix pots, foutenu & exhauflé à 20 pieds au-deflus du terrain par deux poteaux qui le dépaflent & le furmontent de cinq pieds, pour porter au-deffus de lui. l'axe d’un efpèce de tambour ou cilindre creux, de quatre pieds de dia- mètre, fur lequel paffe comme fur une poulie, une corde fans fin de 219 pieds de longueur, qu’on tend à volonté, au moyen d’un nœud cou- ant. Cette corde qui 2 fix lignes d’épaifleur & qui eft de chanvre, def cend double & obliquement, (en raïfon de l'inclinaifon du rocher) juf qu'à la riviere, où fon anfe inférieure entoure un fecond tambour mobile pareil au fupérieure, enforte que la rotation imprimée à l’un fe commu- nique à l’autre par l'intermède de Ïa corde. Le grand diamêtre du cilin- dre inférieur plonge d’un pouce ou deux au plus dans un petit baquet tow. jours rempli d'eau, par un moyen'que nous dirons plus bas, & la corde circulaire (qui eft ainfi baignée dans tous les points de fa longueur à me. fure qu’elle pafle fous le tambour) porte dans toute fon étendue des go. dets de fort cuir, diftants d’un pied lun de l'autre, & contenants cha- cun environ un feizieme de pot (a). Chaque tambour a 18 pouces de dJargeur, & cet efpace eft divifé par des rebords faillants en trois efpèces de gorges de poulie deflinées au befoin à recevoir un pareil nombre de chapelets de godets. Si l’on vouloit fe borner à un feul, le tambour n’exi. geroit que demi pied de largeur &-feroit par conféquent d'autant moins ARR BU AE D (a) Ces godets font enduits à l'extérieur feulement d’un efpèce de cambouis fait d'un feptie. . me de fuif & d’un huitieme de poix noire; ce qui leur donne plus de fermeté , fans leur ôter leur flexibilité. Nombre d’effäis de godets, faits de diverfes matieres, comme tole, bois, &c. ont décidé la préférence qu'on donne à ceux de cuir enduits, foit du mélange ci deffus, foit mieux encore de.goudron d'Hollande, fi l’on peut s’en procurer. La même expérience a aufli appris quelles font les dimenfions .& la figure les plus convenables à ces efpèces de godets; ainfi que la meilleure maniere de les fixer à la corde. Ils doivent avoir la forme d’un cône de dix pouces de Jongueur fur.deux delargeur à labafe. Onlaiffe, àla pointe, une ouverture de l'épaiffeur de la corde , qu’on y enfile & à laquelle on le cout & aflujettit avec du ligneul, en étranglant & ferrant île cuir contr'elle, & même-en la traver{anc de quelques points dans fon épaïfleur. Pour que les godets confervent mieux leur forme , il eft bon de coudreun petit cercle de fil de fer en dedans de leur ouverture. “ DES Sciences Pævys. DE LAUSANNE: 83 pefant; de même auñi l’on pourroit en les faifant plus large augmenter à proportion le nombre des poulies & la quantité d’eau, qui comme on fait, eft rélative à la quantité de chapelets. L'axe ou arbre du tambour infé- rieur à un de fes bouts qui lexcède de deux pieds & demi, pour porter une roue à ailes de quatre pieds de diamètre, qu’une colonne d’eau de fix pouces quarrés fait mouvoir facilement, ainfi que le tambour fupérieur & tout enfemble la corde & les godets qu’elle porte. Par ce mouvement circulaire de la corde, fans fin, les godets defcendans dont l'ouverture eft en bas, & le fond ou la pointe en haut, s’emplifilent d’eau en paffant dans le baquet par-deffous le cilindre inférieur , & montants enfuite, vont ver- fer chacun leur contingent dans le refervoir fupérieur , en paflant fur le tam bour qui eft placé au-deffus de lui. De ce refervoir, Veau eft conduite par des tuyaux ordinaires à fa deftination , qui peut, comme on le fent, varier & al. Ter fort loin à volonté, felon le befoin & les circonftances ; tout l’art ici fe ré: duit à bien prendre le niveau de Pendroit où l’on veut placer la fontaine, & d'exhaufler affez le refervoir & le tambour fupérieur pour avoir la pente né: ceffaire. Il eft peu d’endroits où l’on fut obligé d’élever le refervoir à une aufñlt grande hauteur que left celui de Ja machine que je décris; beaucoup mé: me n’exigeroient qu’une affez petite élévation, & dans ce cas on n’auroit pas befoin dune aufli grande force motrice, ayant moins de longueur de chape: lets & par conféquent une plus petite pefanteur de cordes & de godets à vaincre, & fi lon vouloit employer le même degré de force motrice, il augmenteroit d'autant la viteffe d’afcenfion & procureroit une augmentation d'eau propor- tionnelle, vu que dans cette machine, comme dans les anciennes, la vitefle peut fuppléer au nombre, tout comme le nombre à la vitefle. Cela eft fi vrai, qu’en mettant, fur la même corde, les godets le double plus près, c’eft-à-dire, à demi pied au lieu d’un pied de diftance, cela doubleroit la quantité de l’eau , tout comme fi on mettoit deux chapelets. Cependant cette furcharge de go+ dets fur une feule corde auroit un inconvénient , lorfque le chapelet feroit fort long & auroit une grande inclinaifon ; favoir, celui de faire beaucoup ployer la corde qui traineroit peut-être fur le plan oblique du rocher : ainfi fi l’on dé: firoit d’avoir le double d’eau , il vaudroit mieux en pareil cas employer deux chapelets, médiocrement chargés, qu’un feul qui feroit trop pefant. On fent combien une machine dont on peut augmenter l'effet & l’utilité aufli facilement, eft avantageufe, fur-tout dans les cas où l’on défireroit une grande quantité d'eau ,. &où l'on feroit obligé de bien ménager la colonne d’eau motrice ;. car: : : +05 # 84 Mag mao arlEzss DE LyA -S0.C LE T.f dès queN’établiflement dela machine & de la premiere corde eft une. fois fait, Ton peut doubler, tripler, quatrupler & même fextupler la quantité d’eau qu *elle fournit, n'étant plus. queftion que de l’angmentation des chapelets, dont la ré fiftance, ain que la pefanteur, font les plus petits objets de la machine. Ce que nous difons ici peut aufh s'appliquer aux frais, qui n’augmentent point non plus en raifon de la quantité d’eau obtenue. La machine que nous venons de décrire, avec un feul chapelet (& malgré {a grande inclinaifon qui eft trés-défavorable, vu que les godets äinfi penchés, fe verfent en chemin, & n'arrivent jamais pleins-au-deflus) donne néanmoins au dela de 400 pots de Berne, ou 700 pintes de Paris par heures. Cependant létabliffement de cette premiere machine pourroit être beauconp plus parfait qu'il ne left, fur-tout rélativement à la pefanteur de la roue & des tambours qui font beaucoup plus pefants que la ftricte fo. lidité ne l’exigeroit ; & ne font pas non plus faits ni montés de la ma- niere la plus favorable à la rotation. Heureufement, on s’eft trouvé avoir icitune colonne d’eau aflez forte pour fuppléer à ce défaut , mais comme il peut fe rencontrer des cas où l’on auroit pour faire mouvoir la roue, qu'une très-foible colonne d’eau; jai tout lieu de croire qu’en ménageant bien la chüte ou impulfion de cette quantité d’eau, en évitant de donner trop de poids à la roue & aux tambours, & en prévenant & diminuant au- tant que poffible les trop grands frottemens des axes, toute colonne d’eau courante, dont le volume ne fera pas au-deffous de 6 pouces quarrés, peut au moins faire monter à 100 pieds de hauteur, -: de fon volume, & une plus grande colonne .une quantité toujours plus confidérable à proportion de fa malle, par les raifons déja dites ci-deflus. Ainf le plus petit ruilleau, enfoncé méêmé dans un ravin profond, peut dans un grand nombre d’en- droits, procurer au moins une fontaine dans un local trèsélevé, quoique même éloigné; & même fi la hauteur étoit très - confidérable & la coline longue & peu, rapide, il eft tout au, moins vraifemblable qu'on pourroit encore réuflir. x.y faire monter l'eau avec la même méchanique, mais en roindre quantité -proportionnellement à la force motrice, parce que dans une telle polition ; il faudroit faire ufage.de cilindre de réprife , dont les frottemens & le) poids abforbéroient une portion de ces forces, ainfi que cela fe voit dans les balanciers de renvois de la machine de Marli, où l'eau monte fur ua:plan très-incliné. L'utilité de la machine à godets n'eft pas bornée au feul ufage de pro- curer de l’eau dans lés endroits élevés qui en manquent; elle peut être en- pes ScieNcEs PHys. DE LAUSANNE. 85 core employée au defléchement des terreins marécageux & trop bas pour -pouyoir-y hire ufage de la vis d’Archimiede : faute d’eau courante, on pour- rroit faire agir la machine, foit au moyen d’une roue verticale en forme ;de petite grue, foit au moyen d’un tour horifontal au cabeftan au quel on pourroit employer un cheval, foit enfin, fi l'endroit permettoit dem. ployer le vent, en adaptant des ailes au per fupérieur, car il eft égal que le mobile foit au haut ou au bas de la machine. Peut-être encore la machine à godet pourroit-elle être employée avec avantage pour vuider les vaifleaux’ qui font eau. Au premier coup d'œil, on eft porté à croire que cette machine eft che entretien extrémement coûteux; en raifon des cordes qu’on y employe, fans doute les cordes demandent d’être quelquefois reparées & renouvellées., mais cela ne va point aufli loin qu’on pourroit le penfer, & c’elt là pref- 4 . . . . . que le feul objet qui exige un peu d'entretien. D'ailleurs, qu’elle eft celle des machines hydrauliques connues qui coûtent peu d'entretien ? Celle de Vera qui eft la plus fimple de toutes, confomme infiniment plus de cor- des que celle-ci, qui permet fans que cela nuife à fon jeu, qu’on renoue la corde fi elle vient à fe cafler , ou qu’on la double & renforce d’un bout de corde entortillé dans les endroits endommagés & affoiblis par les frottemens , au lieu que la corde de le machine de fera, ne peut fouffrir aucune inégalité un peu confidérable, fans rifquer d’endommager bientôt les frottoirs qui exprunent la couche d’eau de fa furface, & fans occafion- ner des fecoulfes & des ébranlemens d'autant plus dangereux, que la corde dans cette efpèce de machine, ne monte de l'eau qu’en raifon de la vi tefle de fon mouvement circulaire. En forte qu'ici la corde fans étre ufée,, eft fouvent hors d’ufage à un point vetufté ou elle pourroit fervir encore autant de temps. dans la machine à godets, avec laquelle je fais par expé- rience qu’elle peut durer au moins fix mois, & fervir encore après à ren- forcer 6 réparer celle qui lui fuccéde. Quant à létabliflement de la nouvelle machine, il n’elt pas Pie 1) ment coûteux. Il left beaucoup moins que celui.d’aucune pon:pe oit af. pirante, foit foulante à rouages, ni qu'aucune machine à feu avec ou fans pifion, puifque malgré la grande longueur qu’on a été obligé de donner au chapelet de godets; lon peut aflurer que les fraix d’une ma- chine- pareille ne palleront pas L. 300 de Suifle, foit L. 450 de France, Le prix feroit moindre & fur-tout l'entretien, s’il y avoit une moins grande hauteur , car comme nous l'avons déja vu, la plus grande paitie de 86 Mémoires DE LA Soc:1éré Pentretien git dans le chapelet. Au furplus dans beaucoup de cas, l'on pourroit fe fervir de chaînes, ou même d’un affemblage à charniere, fi l'on vouloit en faire les fraix qui feroient confidérables ; mais pour cela, il faudroit que les deux cilindres puffent être établis verticalement l’un fur Pautre , ce qui ne fe pourroit pas dans lemplacement de la machine ci- deffus à caufe de la grande hauteur & dé linclinaifon confidérable de Fef. carpement du rocher fur lequel a dû être placé le réfervoir, plan incliné & inégal, fur lequel traineroit & frotteroit imanquablement une chaîne ou. tout autre afflemblage de métal aufli long & aufli pefant que celui-ci de. voit être. Peut-être encore pourroit-on, malgré linclinaifon fubftituer à la corde de chanvre une efpèce de petite corde faite de plufieuts brins de fl de laiton réunis & tordus enfemble ; mais il eft à préfumer qu'il feroit trèsdiMicile d’aflujetir folidement les godets fur un tel fil uni & life, où on ne pourroit qu'étrangler & ferrer le cuir: fur la corde fans l’y coudre, ce qui permettroit aux godets de glifler & de s’acculer les uns fur les au tres ; d'autant plus que le fil de métal en contact avec-le cuir Puferoit par- les frottemens, & aggrandiroit bientôt la petite ouverture du godet dans lequel il eft enfilé. D'ailleurs, le métal pourroit sécrouer & devenir caffant par les flexions & redreffemens alternatifs & continuels qu’il éprouwveroit. Il eft “encore une autreefpèce de corde aflez légére qui feroit à coup für plus durabie qu'aucune de celles qu'on put employer; c’eft un affemblage de nerfs de bœuf “réunis en forme de chainons; mais cette efpèce de corde poürroit répugner. fi l'on deftine l’eau à des ufages domeftiques ; & c’eft ce qui m’a empêché d’en faire ufage. Enfin, dans le cas où la machine pourroit être établie verticale- ment, il exifte une autre maniere de chapelets, qui feroit à tous égards fupé- rieure à toute autre efpèce, ce feroit une large fangle de fort cuir de baudrier: fur laquelle on coudroit à peu de diftance les uns des autres, des pieces du même cuir aflez large, pour laïifler un vuide entr’elles & la fangle, qui ainfi ferviroit à double ufage, favoir : de corde & de fond aux godets. L’idée de cette efpèce de chapelet eff prife de ces uftenfiles en carton employés par nos payfans pour ferrer diverfes chofes, & entr'autres des peignes, & les cou- turieres portent aufli fouvent en poche de petits uftenfiles pareils en étoffe , pour ferrer du fil de diverfes couleurs. La fangle en cuir pourroit être tendue au moyen d’uneboucle de métal , & l’on pourroit pour plus de folidité y cou.- * dre fur chaque bord une corde de nerfs de bœuf. Je finis ici la defcription de la nouvellemachine hydraulique par une réflexion qui fervira de réfumé, & en mème temps deréponfe à toutes les objeétions EL RE st ra PRE cf «TÔT 2, 7/1 - 4 ‘z67T ‘0907 c "8TT _— ST ‘+9 3, de Al “or 8 “ar re il Le o0Dd' 27/04 , T'I OL * PUUDINDT 90 {UY}J 199 02709 D] 20 : UAUL Des SciENCESs Pays. DE LausANNeE. 87 qu’on pourroit faire à fon égard; c’eft qu’elle répond srieux qu'aucrne des ma- ébines connues à une queftion très-intéreffante de phyfique qui pourroit fervir. de programme à quelque fociété favante , favoir : faire monter à la plusgrande hauteur continuellement € fans fecours de bras, la plus grande quantité d’eau poflible avec la plus petite fomime de forces motrices , €3 la dépenfe d'établiffe- ment € d'entretien la plus modique. Que d'examens , que de calculs ne préfen. teroit pas une telle queftion à un bon mathématicien ? Defcription de la planche qui repréfente la coupe géométrique de la nouvelle ma- chine hydraulique , aïinfi que celle de la riviere, du roc, des tuyaux de cou- duite €ÿ de la fontaine. (a) Profil tranfverfal dela riviere de l'Orbe, qui eft enfoncée & refferrée dans cetendroit entre deux rochers efcarpés. (b) Profil tranfverfal d’un aqueduc de bois exhauffé au-deffus du niveau de lari. viere, & qui conduit l’eau à des rouages de moulins fitués un peu plus bas. Ceft du flanc de cet aqueduc, que fort par un trou de fix pouces quarrés pra. tiqué à fa parois; la colonne d’eau qui fait mouvoir la machine, cette co- Jonne d’eau eft reçue dans une cheneau ou fondrier proportionné à fon vo. Jume & incliné & alongé jufqu’à la roue ailée qui eft placée un peu en avant, . & plus bas fur l'échaffaudage pour donner plus de chûte à l’eau. La partie la plus baffe de ce fondrier eft parallele au baquet dans lequel les godets puifent \ & le réjailliffement de la colonne d’eau motrice fuffit pour remplir à mefure celui-ci. (c) Maflif de roc efcarpé, formant dans fa partie fupérieure le plateau deter. rein fur laquelle la machine porte l’eau. (d) Roue à ailes de trois pieds de diamètre, dont l'axe prolongé porte le tam. bour inférieur qui eft ici fuppofé derriere la roue, étant tous deux d’égal diamètre & fur le même plan. La chenau ou fondrier qui conduit l’eau à la roue, fe trouvant auf dans ce profil fur la ligne de direction du baquet dans lequel plonge le cilindre, eft de même cenfé mafquer celui-ci; qui, d'ail. leurs eft facile à comprendre, puifqu’il ne confifte qu’en une petite caifle de bois fupportée à la hauteur convenable; par deux traverfes qu’on fixe à léchaffaud. (ef) Corde fans fin portant les godets. (g) Tambour ou cilindre fupérieur. (h) Réfervoir dans lequel les godets verfent l’eau en pañfant fur le tambour fupérieur. 88 MÉMOIRES DE &A SoOc1ET* (iii) Canaux de conduite fouterrains. (4) Fontaine qui eft placée dans l'endroit le plus élevé du terrein qu’elle arrofe dans toute fon étendue. pe que le mémoire précédent a été remis à la fociété, M. Venel a envoyé la note fuivante, contenant un moyen de perfectionner fa machine hydraulique. L’unique reproche un peu fondé que l’on puifle faire à cette machine, eft celui de confommer un peu de cordes; je lai fenti, jai. cherché à y remédier , & jy fuis parvenu en très- grande partie. L'expérience m ‘ayant appris que la corde s’ufe principalement dans l'intervalle des godets où elle eft à découvert & expolée aux frottemens de la rotation, & réfléchifflant que les godets ne couvrent que le quart de la corde, je me fuis décidé à ne mettre que ce quart en corde, & à faire le refte en chaine, &*cela ma très-bien réufli. Par cette derniere maniere de conftruire le chapelet, on commence par prendre huit bouts de corde, qui tous enfemble font le quart de fa lon- gueur , & l’on y enfile & aflujettit les godets de cuir tout près les uns des. autres, de maniere que la corde en foit toute couverte, enfuite on fait une petite anfe folide à chaque extrémités ou chefs des huit chapelets , & l’on garnit cette anfe d’un morceau de fort cuir. L'on a enfuite huit bout de chaï- ne de bon fil de fer de 3 lignes d’épaiffeur, dont les chainons font fimple- ment faits en S de trois pouces de longueur chacun , & dont la longueur totale fafle les trois quarts de celle du \ébapeleté ces bouts: de chats rem pliffent les intervalles des huit bouts de corde auxquels on les unit par les: anfes correfpondantes garnies en cuir pour éviter que le fer ne lime & coupe la corde; qui au moyen de ces précautions durera probablement envi- ron un an de temps, n'ayant preique plus à craindre que la pourriture dont leffet et aflez lent. | Examen & calcul fait, je trouve qu’une longueur donnée de cette chaîne pefe très-peu de chofe de plus qu’une pareïlle longueur de corde mouillée & imbibée d’eau, ainfi lobftacle de la pefanteur fe réduit prefque-à zero, rélativement au jeu de la machine, & à l'inclinailon du chapelet. 1} rot , DO cd } * MED en MÉMOIRE DES SCIENCES PHvys. pE Lausanne 89 7) M E M O IR E SUR L'INFLUENCE DES ASTRES ET EN PARTICULIER DE LA LUNE SUR EES VÉGÉTAUX. Par Jean Pairrpre DE LIMBOURG, L’arné, Doffeur en Médecine. K LS RODUL TON ET PLAN DE CE MÉMOIRE. Are A “voir le nombre, la variété, la fplendeur & les différens alpes des: corps céleftes ; on ne peut qu'être ravi d’une admiration fecrete, mélée de: foupçon d'effets divers qu’ils opèrent fur notre globe. Ne feroient-ils en effet pour nous ces corps fi nombreux, fi brillans, que de fimples objets d'agrément ou de récréation de la vue;xau tout au plus des fignaux pour notre globe ? Les planettes au moins #emlént infpirer l’idée d’une corref. pondance plus marquée ; elles, qui, malgré l’énormité de leurs volumes ,, fufpendues dans le vafte efpace de l’univers , y décrivent fans s'embarrafler, Tome IL. m1 90 ! MÉMOnRES DB:E LA S'o c1+eTÉ les cercles qui leur font propres; & que leur marche réguliere & conftante au tour du foleil, lie plus intimément entrelles & avec cet aftre, centre & fource commune de la chaleur & de la lumiere. Si de telles conjettu- res ont paru avoir quelque vraifemblance ; elles mont pä être plaufibles qu'à l'égard de la lune; planette fecondaire de notre terre, au tour de Îa- quelle & avec laquelle elle fait , fans la quitter jamais, fes révolutions au tour du foleil. La beauté de cette planette, fa grandeur apparente ( à rai- fon de fa plus grande proximité); fon changement continuel de figure dans fes différentes chofes ; fes révolutions plus fréquentes ; le rapproche- ment de certains phénomènes de la nature avec elle, par des périodes éga- les, ou à peu près égales aux fiennes , femblent donner plus de poids à l'idée de fon influence fur divers êtres du globe, auquel elle paroit fi conf, tamment attaché. | \ | &. 2. Si des propoñtions d’une vérité, ou d’une faufleté palpable , font généralement fujettes à des oppolitions de fentimens; combien , à plus forte raifon , l'influence de la lune doit-elle être regardée comme problé- matique , & partager les favans, dont les uns wy ajoutent aucune foi, & d’autres la regardent comme évidemment démontrée; différence, de penfer & de voir, dont l'appréciation eft un objet des plus dignes de recherches décifives ; & dont celles de ce Mémoire feront fans doute encore très-éloi- gnées ; mais qui réunies &. comparées avec celles des differtations couron- nées par les Accadémies ou Sociétés des Sciences & BellesLettres de Bor- deaux & de Montauban fur le même fujet, pourront fervir pour un fonds plus étendu & plus lumineux de cette doctrine. S. 3. Pour tâcher d'y concourir, en attendant que ces pièces paroil- fent, je me propofe de raffembler fous un même point de vue, les prin- cipaux fyftèmes rélatifs à cette influence ; & enfuite quelques obfervations de faits propres à la démontrer ou à la rejetter, du moins pour la prati- que, ce qui fera une divifion de ce Mémoire en deux parties. pg£gs Sciences Prvs DE LAUSANNE OT ER ————© mm eme n LE 7 PARMI EN RIENE MAC ROEUTE Abregé bifiorique € critique des opinions de l'influence des Affres , €S fur- 4 q s tout de la Lune, fur les Corps fublunaires, € en particulier fur les végétaux. 8. 4. Ox fe propofe de donner dans un autre Mémoire , quelques ob- fervations qui {emblent faire reconnoitre Finfluence de K lune fur les ani- maux , fur lefquels en la fuppofant réelle, elle doit être plus fenfible que fur les végétaux, à proportion de la différence de fenfibilité de leurs or- ganes. Ici, il ne s'agira que d’examiner fi elle influe fur les végétaux; c’eft- àdire, fi elle contribue à leur abondance , à leur accroiflement , à leur vi- gueur ou à leurs qualités; foit par une ation méchanique , foit par cer- tains efluves, ou tout autrement ; mais avant de defcendre à l'examen par ticulier de cette influence ; il convient de remonter aux idées & aux preu- ves qu’on a cru avoir de celle (autre que la chaleur) des aftres en géné-- ral & de la lune en particulier fur l’univerfalité des objets naturels connus, d'où il fera moins difficile de defcendre à l'examen de leur aétion fur les deux claffes de corps naturels, qu’on fe propole d'examiner fuccef- fivement. S. $. La premiere remarque à faire fur l’origine de cette opinion, c’eft qu'on ne paroït pas en avoir conçue l’idée, ni avoir fait aucune obferva- tion qui put l'indiquer dans ces premiers temps connus de l'étude du ciel, qui furent aufli ceux de la néceflité d’une grande attention aux produc- tions de la nature , & dans les climats qui y étoient les plus propres. Sextus Empiricus au fecond fiecle, & Aacrobe aux quatrieme & cinquieme nous ont tranfmis la maniere ingénieufe , par laquelle les anciens avoient déterminé les douze fignes du Zodiaque, favoir : par la quantité d’eau qui s’écouloit par un petit trou, hors d’un vafe d’airain dans un autre, depuis. le lever d’une étoile, jufqu’à fon coucher ; par l’obfervation , le foir fui. vant, du lieu où ils avoient vu le foleil & les planettes; & par la divi- fion de cette quantité d’eau en douze parties, fuivant lefquelles ils an. noterent chacune de ces conftellations fur un cercle d'environ feize degrés. m 2 92 MÉMoIrrREs DE LA SoctEeTé EE | de largeur qui fait le tour du Ciel, & dans lequel fe trouvent à peu près à d’égales diftances , les douze conftellations , nommées de là les douze fignes du Zodiaque. Les noms qu'ils leur donnerent ont été confervés & continuent à être la bafe de l'étude du Ciel, quoique leur afpett vis-à-vis du foleïl, foit changé d’environ 30 degrés, ou de la diftance d’un de ces fignes , depuis le temps des Grecs, qui étoient redevables de leurs Te ne aux Egyptiens, & ceux-ci probablement à la Syrie où à la Chaldée; mais qui y firent quelques changemens qui fubfftent encore. Ceit fous ce cercle que les autres planettes. auf bien qu la terre, font leurs révolutions autour du foleil. $.6. Il ny a aucune raifon de croire que les premiers pe qui obfer- verent ces conftellations , les ayent envifagé autrement que comme des fignes propres à régler la connoiflance du cours (apparent }, du foleil & la di- vilions des failons; ni que les noms qu'ils leur donnerent, répondiflent à autre chofe qu'aux productions, aux travaux, aux circonftances propres à chaque mois de l’année & concernant la vie domeftique. $. 7. Mais, après les avoir regardées comme des fignes, & enfuite comme les ftations ou les maifons du foleil , parce qu'on a fuppofé qu'il etroit fucceflivement dans un de ces fignes chaque mois; expreflion fuivie encore préfentement, quoiqu’on mentendit d'abord & qu’on n’entende encore que la manicre fucceflive de paroïtre en face de chacun d’eux : bientôt enluite on leur afligna diverfes divinités dont on les crut dominées, & par le£ quelles on leur fuppofa quelque puiffance fur notre globe. On en afligna fur-tout aux planettes. /fs, qui pañloit pour PVentte de l'agriculture, préfida à la lune ; on la peignit le front ceint du croiffant; idée bien pro- pre à faire naître celle d’une lune bienfaifante ou produdtrice de la végétation , & qui la fuppoloit peut-être; & de là quelque préjugé de fon influence fur notre globe. Mais cette idée n’aura probablement pas été celle des pre- miers Obfervateurs, des fignes du Ciel, dans lefquels ils ne chercherent fans doute que des points fixes du fiyftème des aftres, pour régler le temps & les faifons, & nullement les caufes des phénomènes de notre globe. €. 8. Par-tout, où l’on retrouve le génie des anciens peuples qui ont habité les pays les plus proches du cours de la lune, & par conféquent es plus foumis à fon empire; on voit régner le plus profond filence fur Jon influence. Moyfe, qu'on le regarde comme auteur facré, ou fimple. ment comme hiftorien & phylofophe à la maniere de fon temps, ne lui DES SCIENCES PHYS. DE LAUSANNE. 93 en connut aucune; lui qui, fortant de l'Egypte & inftruit dans les fcien- ces des Egyptiens, ne donne aux aftres d’autre fon@tion, que de divifer le jour € la nuit, €3 de fervir de Jignes pour les temps, Les jours ES les nnées (a); fcience toujours également bornée au temps des Pfeaumes , ou Von voit que les Ifraëlites, environ quatre fiecles & demi après la fortie de l'Egypte, ne connoifloient pas encore d’autre influence des aftres fur la Terre, que de l'éclairer ; le foleil pendant le jour, €ÿ la lune € les étoi- les pendant la nuit (b). L'état des connoïflances des anciens Egyptiens & des Jfraëlites ne peut être rendu par des expreflions plus précifes. &. 9. Ce que nous avons de plus ancien de l'Hiftoire profane, n’en fup- pofe pas davantage. On ne voit pas que la Babylonie, qui comprenoit la Chaldée , eut la moindre idée, du moins raifonnée ou réfléchie d’une in- fluence particuliere des aftres. On en a cependant le monument le plus authentique de l'étude ancienne du Ciel. Ceft un recueil de tables de 1903 années d’obfervations aftronomiques , trouvées à Babylone & envoyées à Arifiote par Calliflène, fon neveu & fon difciple; envoi qui date de 327 ans au moins avant J. C., époque de la mort tragique de ce philofophe par ordre d'Alexandre le Graud; enforte que cet intéreffant recueil remon- teroit à 2230 ans avant lEre Chrétienne à un temps plus ancien qu’au- cun livre connu ; ainfi à environ 118 ans après l’époque du déluge, telle qu’elle eft fixée par la V’ulgate. Un recueil fuivi, de 1903 ans d’obferva- tions des aftres, par un peuple, dont les fciences en tous genres remon- tent à la plus haute antiquité, & que fa proximité du cercle du foleil & de la lune mettoit plus à portée d’en obferver les effets, prouve affez qu'il n’en avoit aucune idée , non plus que les Egyptiens, ni les Hé- breux. $. 10. Ce n’eft donc que par des obfervations faites dans des climats plus éloignés de l'équateur , & peut-être de l'imagination échauffée par lé. tude du Zodiaque & de la marche impofante des Planettes, qu’eft venue l'idée de leur reconnoïître ou de leur attribuer plus pofitivement une in. fuence fur notre globe. : (a) Dixit autem Deus; fant luminaria in firmamento cœæli & dividant diem ac noétem & fint in figna & tempora & dies & annos. Genef. Î 14. &c. . CB) Qui fecit luminaria magna &c. folem in poteftatem diei &c. lunam & ftellas in poteftaten noctis &ç. Pfalm. CXXXY. 7, 8, 9. 94 MaAéhmiori/auels :p 0e dur & Soie aelr . 1r. Cette idée une fois adoptée; les uns, moins fondés fur la nature pl qu'imbus de principes imaginaires, y auront cru & fe feront perfuadés de: fa réalité; d’autres, fans avoir la préfomption d’y rien comprendre, auront: pris le jargon de cette hypothèfe pour donner du relief à leurs foibles connoiffances, & aux erreurs qu’ils debitoient pour de la fcience. D’après. ces deux motifs , de l’opinion de l'influence des aîtres & particuliérement de la lune, ona vu fucceflivement des philofophes, des médecins, les alchimiftes,. les jardiniers, les laboureurs, les pêcheurs, adopter ce préjugé, & s’afler- vir à des principes vrais ou faux qui y font rélatifs. Pour ne point s'arrêter à d'inutiles détails, qu’il fufñife de remarquer que cette influence a été regardée comme la caufe principale de la formation des mouvemens & des qualités de différens corps ; de la produétion & de- la perfection des métaux, des mouvemens de la mer, des variations du temps, de la deftinée des hommes, des maladies ; enfin , de la plus grande: partie de l'économie animale & végétale, S. 12. Un des premiers & des plus diftingués Philofophes de lantiquité.. que les Fauteurs de cette opinion mettent de leur parti, eft Hippocrate ; ce Médecin, vraiment unique par l'étendue du génie, & par l'exactitude: de fes obfervations, & dont il importe de voir les principaux pañlages fur lefquels on fe fonde pour le mettre au rang de ceux qui y croyoient; Tout Pefbace qui eft entre le Ciel &ÿ la Terre, dit-il, ef} rempli d'ejprit.. qui eff la caufe de l'hiver ©3 de l'été, € qui même dirige la route du Soe- leil, de la Lune € des Afires €c. (c). Il dit ailleurs que es Afires do- mminent les parties extérieures du corps, le Soleil le milieu, € la Lune les: cavités &c. (d). Mais peut-on voir dans de pareilles propofitions une- preuve qu'il crut à l'influence des Aftres dans le fens propre; ou que, sil y croyoit, ce fut autre chofe qu'un refte de préjugé non réfléchi de la: Philofophie de fon temps, dont il confervoit quelques expreflions dans le raifonnement, fans s’y méprendre dans la pratique ; c’eft dequoi on jugera: en le comparant à lui-même, lorfqw'il en parle comme Médecin; ceft principalement dans fon Livre, de l'air, des Lieux € des Eaux, qu'on: doit puifer fa doûrine fur l'influence des Aftres. Il y avance que l’Aftro- 0 Cc) Lib. de Flatibus: (d) Lib, de Infomniigs tale ait pes Scrences PHys. DE Lausanxe. 95 nomie importe infiniment à la Médecine; mais il eft vifible qu’il ne foup- connoit pas que ce fut à raifon de l'influence des Aftres fur les corps; il y déduit aflez clairement que par la connoïflance du lever & du cou cher des Aftres & des changemens des temps, on pourra prédire l’état de Pannée, & c’eft en cela qu'il fait confifter l'utilité de l’Aftronomie pour la Médecine, parce que les changemens de temps de lannée, comme il l'a. joute, font juger de ceux des eftomacs; &, conformément à ces princi- pes, il obferve le danger des folftices, fur-tout de celui d'été; & des équi. noxes, & principalement de celui d'automne; de même de la canicule, des Pléïades & de quelques autres conftellations, non pas par elles - mé. mes, mais pour la qualité du temps qui règne ordinairement lorfque le Soleil eft dans ces fignes, comme on parle encore des temps, fuivant les lunes & les équinoxes. Enfin ce livre excellent eft un précis qui montre: VPutilité de connoitre les faifons & leurs intempéries, pour en déduire la connoiffance des maladies, qui y font les plus ordinaires; de même que les temps propres pour prefcrire tels & tels médicamens, fuivant les qualités de l'air, chaud, froid, humide, &c. Pareïllement , il débute dans le même Livre par l'importance de connoïtre la fituation des lieux, les diverles expofitions, les qualités des vents, celles des eaux & du fol, le tempérament & la maniere de vivre des habitans, les différences des temps & des faifons;, en quoi on trouve diverfes leçons intéreffantes, qui font autant de maximes préliminaires de celles adoptées par les meilleurs Médecins modernes, fur l'importance des obfervations météorologiques & de la topographie médicale des lieux; mais le tout fans aucune trace d’une influence particuliere des aftres, autre que celle de leur différente pofition relativement au Soleil, d’où dérivent principalement les différens états de Vatmofphère, dont nos corps fuivent la température. 13. D'autres Philofophes & fur-tout des Médecins célèbres, ont em- braflé lopinion d’une véritable influence; mais la plupart par conjecture & fans preuves, ou fur quelques faits ifolés & infuffifans. Ariflote, porté à donner des explications de tout, parut perfuadé de l'influence de la Lune fur divers objets & en particulier fur la végétation. Un tel maître ne pou voit manquer d’avoir des fectateurs. Théophrafte, fon difciple, 7arron, Columelle, Pline, qui ont tous écrit fur l'agriculture, fur les plantes & fur les arbres, embrafferent cette opinion fans défiance. Zucrece, dans fon excellent Poëme de la aature des chofes, en a parlé très-avantageufement, 96 MÉM o,1 RE S% De be À, Sxo: cité æ É Galien, imbu des mêmes principes & des paflages mal - entendus d'Hippo- crate, ou peut-être par une forte de politique, en a fait ufage pour la médecine: d’autres enfuite, dont les plus diftingués font Cardan , Diemer- brœck, Ramazzini, Pitcairn, Freind, tous Médecins, & Xeill, Mathé- maticien & Aftronome, l'ont foutenue avec chaleur & fur des faits plau- fibles. $. 14. Depuis fort long-temps on avoit fait attention à une correfpon- dance marquée entre certains phénomènes de la lune & le flux & le reflux de la mer; fur-tout un rapport des temps; un rapport entre le retour pé.. riodique des phénomènes de part & d’autre ; entre la hauteur des marées. & la diftance de la lune à la terre, ou les quartiers de la lune & les di- verfes lunaifons; & de ce rapport on avoit foupçonné une influence, ou une certaine ation de la Lune fur l'Océan. Quelques favans & principae lement Xeppler , avoient conjetturé, que la gravitation de la terre vers la lune & le foleil, étoit la caufe du flux & du reflux. Halley enfuite l’a rendu plus vraifemblable. $. 15. Et dès qu'il a été recu dans ces derniers temps, que Mewton a dé- montré, par des obfervations comparées, que toutes les planettes gravi- tent vers le foleil ; & la lune vers la terre, qui tend à la fois vers le fo... : leil & vers la lune; il a été naturel de conjeéturer que les fluides, qui couvrent la furface de la terre, l’atmofphère & la mer, dont ces deux af. tres attirent des particules, fufflent dans un état, varié continuellement , de preflion, d’attraétion & de mouvement. $. 16. Perfonne n’a mieux faifi cette doctrine & ne Pa appuyée par de plus fortes raifons que le Dr. Yead. Ce favant, mettant à profit les ob. fervations & les lumieres de ces grands hommes, & fe fondant fur - tout fur les principes de Newton, a fait, de lation combinée du foleil & de la. lune fur la terre , non-feulement lun des principaux agens de Péconomie animale, mais encore la caufe du flux & du reflux de la mer & lune des principales caufes des vents, ce que d’autres favans ont éclairci & prouvé ultérietrement dans des ouvrages, qui ont obtenu le fufrage des Corps . Académiques des plus diftingués Çe ). 18 HET AN Ce) Le premier, le Dr. Aead, dans un ouvrage qui ne promet de montrer le pouvoir du £o…., leil & de la lune que fur le corps humain & fur les-maladiés qui en dépendent, de Znperio folis. pes ScrENcESs PHys. DE LAUSANNE. 97 { 6. 17. Que fi ces caufes ne font pas uniques, ni même démontrées à l'évidence; il fuffit qu’elles foient trés-probables, & qu’il en paroifle quel- que chofe de certain ou de très- apparent fur ces deux grands phénomè- nes, pour foupçonner au moins que de mêmes caufes agiflent auffi fur . d’autres objets ; ne fut-ce que par des moyens fécondaires & fubalternes ; foit l'effet des marées fur l'air. foit l'action des vents,, dont il ne pourroit qu’en réfulter une fur l’économie des corps les plus fenfibles du globe, les animaux & les végétaux & les productions qui en dérivent. Or il n’eft prefque point de favant aujourd'hui, qui ne foit perfuadé de cette doc- trine pour ce qui eft des vents & de la mer; quoiqu'on ne fauroit dif. convenir qu’elle ne foit fujette à de très-grandes limitations. S$. 18. Pour apprécier autant qu’on: le peut le mécanifme de cette gras vitation univerfelle & réciproque entre les corps céleftes & le globe de la terre, il faut obferver que, comme,le foleil eft fi éloigné de la terre que la grandeur du diamêtre de celle-ci, ef prefque nulle rélativement à cette diftance,. on peut regarder tous les points de la terre comme s'ils en étoient également éloignés, & comme fi, par rapport à la diftance du foleil, ils étoient réunis en. un même centre. D'où il senfuit que, quelque confidé- rable que foit la mafle .du foleil, & quelque fupérieure qu’elle foit à celle de la lune, fa force d'attraction eft exercée prelqu'également fur toutes les parties du globe terreftre, dont il ne peut par conféquent changer no- tablement la figure, ni y produire des mouvemens fort variés; tandis que la lune eft fi proche de la terre, que la partie hémifphérique de ce globe, où elle eft au zéith, en eft confidérablement plus proche & par confé: quent plus attirée que la partie diamétralement oppofée; de forte que l’ac. tion: de la lune, quoiqu’intérieure à celle du foieü, quant à l’aétion de cet aftre fur la maffe totale de la terre, lui eft cependant aflez fupérieure fur cette partie au zémth, de laquelle elle eft pour faire élever fucceflivement vers elle , les parties des fluides qui couvrent la terre, à proportion qu’elle (la lune) ac lunæ'in corpora humana &? morbis inde-oriundis ; Va établi principalement fur le flux & le reflux de Ja mer & comme l’une des princip.les caufes destvents. Le prix de l'Académie Royale des Sciences de Paris, adjugé en 1740, a Mrs Bernoulli, Euler & Maclauwrin, fur le premier de ces phénomènes; & celui de l'Académie Royale de-Berlin, adjugé en 1746, à Mr Duleme- bert, fur le fecond; font d’excellens témoïgnages en faveur de cette opinions: Tome IL. mi 93 M Émorngs pe La SocigrTé en parcourt les différens gémith pendant fes révolutions menftruelles, & pendant celles de rotation que la terre fait journellement fur fon axe, $. 19. Cette action de la lune fur les fluides qui environnent la terre, doit être d'autant plus efficace & plus fenfible qu’elle fe troute en direc- tion commune ou contraire avec celle du foleil, comme il arrive dans la nouvelle & la pleine lune: elle doit être moins fenfble, lorfqu’elle eft en quadrature avec le foleil. Aïnfi ces vaftes fluides, répandus à la furface de la terre, l'Atmofphère & l'Océan, au lieu de s'arranger en une figure par- faitement {phérique, forment une mafle, dont la furface eft plus ou moins ovalaire, & dont le grand diamètre répond en direction au centre de la terre (vers laquelle ils tendent d’ailleurs) & à celui de la lune; fur-tout lorfque lation du foleil concourt avec celle de cet aftre, ou qu'il s'y Op- pole, comme il arrive dans les conjonions & les oppofitions; dans le£ quels temps on obferve en effet les plus hautes marées. $. 20. Ce principe une fois admis, on conçoit que la lune attire avec plus de force & de viteffe la mafle des matieres terreftres qui en eft la plus proche; & d'autant plus qu’elles feroient plus Auides & plus légères ; ainfi premierement l’atmofphère, enfuite les eaux; & puis la mafle folide de la terre, en y comprenant tout ce qui la couvre; & le moins tout ce qui en eit éloigné; ainfi tout ce qui eft vers les pôles & à lhémifphère le plus éloigné de cet aftre. De-là les marées doivent être les plus hautes vers lé. quateur , & moindres vers les pôles. Pour les mêmes raifons, dans les mé- mes lieux maritimes il fe fait chaque jour deux marées, lune, lorfque la lune montant fur l'horifon, elle s'approche du sénith; l'autre, lorfqw’elle s'approche du point oppolfé de lhorifon inférieur ; par la même railon il y a de plus hautes marées, dans les nouvelles & les pleines lunes de chaque mois lunaire que dans les quadratures ou les autres quartiers de la lune. Et enfin, les plus fortes marées arrivent aux nouvelles & aux pleines lu- nes des équinoxes, & les plus foibles vers les folftices; à proportion qu'à ces époques, l’action de la lune, fe trouve plus ou moins réunie avec celle du foleil; tellement même, que comme le foleil eft un peu plus près de la terre en hiver qu’en été, les marées du folftice d’hiver font plus gran. des, tout étant d’ailleurs égal, que celles du folitice d'été. Et ce font-là des faits qu’on obferve journellement. | S. 21. C'eit fur les mêmes principes qu'on a prouvé que, comme la + lune eft la caufe de très-grands mouvemens qui ont lieu dans l'Océan; fi, pes Sciences Pnys. DE LAUSANNE. Fog parmi les caufes des vents il en eft une, finon unique, du moins Ta plus générale , C’eft aufli Paëtion de la lune; & que les effets de cette attion, qui doit étre uniforme & invariable , lors même qu’ils femblent le plus ir. réguliers, ne font que modifiés & pour ainfi dire déguifés par des caufes accidentelles, dont le concours peut occafionner une infinité de variations, & altérer lation de la lune, combinée avec celle du foleil ; jufqu’à la faire méconnoitre. $. 22. La différence des propriétés de ces deux grands fluides, qui cou. vrent notre globe; dont Fun, le vafte Océan, fe trouve interrompu & ref. ferré dans les inégalités des terres ; d’ailleurs fort pelant & denfe; & l’au. tre, ou l'atmofphère, eft plus continu, plus libre, plus léger, plus fluide, & de plus très-variable dans fa denfité à caufe de fa propriété élaftique ; cette différence de leurs propriétés ne peut pas manquer de donner lieu à une différence proportionnée dans leurs effets; car il réfulte de la légére. té, de la mobilité, de la variation, de l’élafticité & de la continuité de latmofphère, que, malgré le changement continuel de fa hauteur, léqui- libre de fon poids ou de fa forme eft moins fujet à être dérangé par l'ac- tion de la lune que celui de l'Océan, fitué d’ailleurs en grande partie fous l'équateur, où la lune eft fouvent perpendiculaire fur lui; & que, lorf. qu'il arrive à l’atmofphère d’être dérangée par les montagnes, & par d’au- tres objets ou d’autres caufes qui s’oppolent au cours des vents, elle fe rétablit aufli plus promptement. $. 23. L'action de la lune fur labhotgfière eft d'ailleurs moins remar- quable aux habitans de la terre que fur l'Océan; parce qu’étant placés dans le bas de fa région, ils font à portée d'y obferver l'élévation & labaiïfle- ment alternatifs de l'Océan, & même la diredtiun & le degré de fes mou- vemens, au lieu qu’on n’y voit rien de ce qui fe pañle à la région fupé- rieure de Pair, mais feulement fa couche inférieure , interceptée entre les montagnes & moins fujette aux imprefions de la lune qu'à celles, que lui communiquent de la part de la terre & de l'Océan une infinité de caufes *accidentelles, qui peuvent faire haufler & baifler le baromêtre de plufieurs lignes en un jour; tandis que les changemens, que l’action du foleil &: » de la lune produiroit fur l’atmofphère, haute de feize à dix -fept lieues, ou de trente-fix à trente-fept mille toiles, fuivant les calculs des plus grands Mathématiciens de ce fiécle, ne peuvent faire varier le baromëtre que d'en. viron deux lignes fous l'équateur. x 3% 100 Mémotrtres pr LA SocréTé S. 24. Une autre raifon de ne pas diftinguer facilement Jes changemens: que la lune & le foleil produifent fur l'atmofphère, particulierement dans nos climats, éloignés des Tropiques & approchans des Pôles; -c'eft que: leur ation, affoiblie par l'éloignement, devient plus anomale, à caufe du circuit que le courant d’air eft obligé de faire, en fe détournant vers les Pôles, d’une maniere bien plus irréguliere que fous l'équateur. . &. 25. Que cette action foit moins contrariée aux lieux fitués entre les Tropiques & d’autant moins qu'on approche de l'équateur; on en a des preuves fenfbles; on voit dans les Æfjuis de Phyfique, du célèbre Muf- chenbræck, que dans l'Océan Atlantique & Ethiopique, il règne conftam- ment le vent d'ÆEf, & dans d’autres lieux, d’autres vents également fixes. Un pallage remarquable encore, c’eft où il dit, que fur les côtes du Bréfil, il règne en certain temps un vent de Mord-Eff, excepté lorfque la lune eft pleine ou nouvelle; car il arrive alors affez fouvent comme il l’obfer ve, que le vent change ou tombe pendant un ou deux jours; circonftan- ces qui femblent bien confirmer le pouvoir de la lune fur certains vents; entre les caufes defquels il la rapporte aufli-bien que le foleil, comme agiflant fur l’atmofphère, par leur attration & le mouvement perpétuel ‘que ces globes céleftes lui impriment de même qu'à l'Océan & par la cha leur du foleil &c. (f). S. 26. I eft bien vraifemblable que ces grands vents qui s'élèvent d’or- dinaire dans nos climats, vers les Equinoxes , dépendent de l’action de la lue, alors réunie avec celle du foleil; & que, quand ils font déviés, c’eft par des accidens fans nombre, qui peuvent changer, modifier, aug- menter, diminuer, déranger & mème anéantir leur cours; & que, fi nous connoilfions mieux ces accidens, nous pourrions mieux juger de ce qui en refte à la lune, comme le célèbre Auriotte prétend l'avoir ,obfervé dans les vents de chaque lunaifon. $. 27. Ces remarques touchant l'influence de la lune far les vents & la . mer, paroîtront peut-être trop diffufes; mais comme elle tient, du moins indirectement, à celle concernant les végétaux (S$. 17.),. elles ne font rien moins qu’indifférentes. à leur fujet; car l’on en conçoit que l’atmof phère reçoit diverfes impreflions, de-là divers changemens, foit de la lune (f) EL phyf. edit, 2da de meteoris aeris, $. 5372: pes Sciences PHvys. pe LaAusaAnNNYy, JOI directement, foit au moyen des mouvemens ‘qu’elle communique à l'Océan. Or il n’eft point douteux que les variations de l'atmofphère n’en différen- tient les effets fur nos conftitutions, comme il a été remarqué d’après le Père de la Médecine ‘(S. 12.); & pareillement fur la végétation, comme tout le monde en convient. ._ 6.28. Il faut cependant convenir que l'influence du foleil & de la lune fur notre globe, quelque certaine qu’elle paroiffe, n’eft point démontrée d’une maniere fi claire & fi évidente, qu'elle ne foit fujette encore à beau coup de difficultes;-‘entrautres., une remarque fur l'incertitude & l'ordre d’un mouvement du foleil; fur l'extrême différence de fon volume d’avec celui de la lune; fur la variation .des diftances de celle-ci à l'égard du fo- lil; fait déja entrevoir la difficulté d'apprécier les réfultats de leur action réciproque & leur action combinée fur la terre, outre la complication d’aétions diverfes de tous les autres globes de l'univers. | Quant au foleil & à la lune, qu’en doit regarder comme les prin- cipaux agens de cette influence ; on croit le diamètre de celle-ci de 72$ lieues, environ le quart de celui de la terre, .& fa diftance moyenne de da terre, d'environ 80,000 lieues. Elle luit dans {a partie tournée vers la terre & éclairée du foleil. Elle fait fa révolution autour de la terre en 27 jours, 7 heures 43 minutes. Mais la lunaifon eft de 29 jours & demi ou environ, parce que für lé temps de fa révolution autour de la terre, celle-ci fait une partie de fa révolution autour du foleil & avance de 27 degrés ou -de prefque un figne chaque jout vers l'Orient. Dans la fuppofition que le foleil tourne auf fur fon axe en 25 jours & demi , comme on le ‘croit; & attendu l'incertitude, qu'il ait de tous cô- tés, ou dans toute fa circonférence , la même quantité , ou le même principe de lumiere & de chaleur, & fur-tout la méme force d’attrac- tian; & que dans ce,mouvement de rotation le point de fon centre varie par une différence poflible, de fa forme extérieure, &c.; & dans une autre fuppofition, ou plutôt avec la certitude, que la terre ; dont la figure n’eft point abiolument ronde , ni les parties de la croûte extérieure d’une même : pefanteur fpécifique , & dont par conféquent, le centre varie dans fes diverfes pofi tions;, dans la certitude, dis-je, que la terre fafle fes révolu- tions fur fon axe‘en 24 heures (ou moins 4 minutes), d'Occident en Orient; & celles autour du foleil, en 365 jours $ heures & 48*minus tes; ce qui fait Pannée commune; avec de telles fuppofitions, de diverfités 102 MÉéÉmorreés DE LA SOct1ETÉ de formes & de mouvemens de ces globes, il ne femble pas poffible que Vattration compofée, à laquelle la terre doit être fujette de la part du foleil & de la lune, foit exactement la même d’une année à l’autre, ni dans les mêmes quartiers des lunes , ni dans les mêmes lunaiïfons ; fur - tout sil eft vrai, comme on le croit, que les fignes du zodiaque changent, ou qu'eux ou le foleil ait changé depuis le temps des Grecs; & s'il eft vrai fur-tout, que la terre ait encore une autre révolution qui ne s’accomplifle qu'en prefque deux millions d’années, comme Voltaire a paru le croire. Tant de mouvemens en apparence fi difparates , rendroient au moins im. poñibles les calculs qu’on voudroit faire des effets de l’attration ou de la gravité de ces aftres à l'égard de notre globe. Que s'il falloit de plus faire entrer dans les calculs de Ya&ion du foleil & de la lune fur la terre, toutes les influences co-agiflantes & contra. riantes de tous les autres aftres , l'opération en deviendroit abfolument im. poffible. On ne connoît pas avec évidence le terme de la révolution to. tale des aftres, ni l’efpace du temps auquel tous fe retrouvent à un même point, tant abfolument que refpectivement entr'eux ; Macrobe Va dit de 15,000 ans; on le fait aétuellement de 25,000 ; on l'a fait de 3,650,000. Mais la part qu'ont à l'influence fenfible fur notre globe ces différens agens, ne peut être que des infiniment petits & proprement que des ex. ceptions à la loi générale, telles que celles mentionnées ($. 21. 22. 23. 24. 25. 26.). $. 29. Mais il y a d’autres difficultés appuyées fur des faits & avancées comme des contradictions formelles. Le célébre Muffchenbroeck a regardé cette influence comme très-douteufe , jufqu’à avancer que rien n’étoit plus frivole qu’une telle doctrine (g). Mais qu’on ne s'y méprenne pas; il n’en. tend d'en parler ainfi que pour l’aftrologie judiciaire; car lorfqu’il traite des vents, il regarde les viciflitudes de la chaleur, des effervefcences & des éruptions fouterraines , la production des fluides élaftiques, les vagues de la mer, le mouvement des fleuves & d’autres accidens pour leur caufe la plus générale, aufli bien que le Joeil & la lune (b). $. 30. Le célébre de Huen, après avoir donné un pe de cette doc. Cg) Elem. Phyf. edit. 2da $. 825. { Ch) $. 1267. jufqu’a 1372 pes Sciences Pnvys. DE Lausanne. 103 trine , lui objecte enfuite les meilleures tables météorologiques ; d’où il paroït que la force des vents eft plus grande en décembre qu'aux équino. xes; que les vents les plus forts regnent de $ à 10 heures du foir, plu- tôt qu'à midi & minuit; que les plus forts regnent fouvent à la vérité vers les nouvelles & les pleines lunes, mais aufli qu'aux mêmes termes il n’en fait quelquefois aucun ; que fouvent il y na de trèsforts dans les temps intermédiaires & en tous temps indiftinétement ; enfin que le mercure ne montre fouvent vers l’équinoxe ni aux nouvelles & pleines lunes, aucune différence d’avec les autres temps ; mais bien que les plus grandes varia- tions ont lieu dans les temps de grandes tempêtes. D’où on doit conclu- re, ditil, que l'empire du foleil & de la lune eft bien petit fur le corps humain; on doit ajouter pour les mêmes raifons & fur les végétaux, & que l'imagination a fouvent la plus grande part aux effets qu’on leur at- tribue (à). $. 31. Ces objections font des faits qui fe réalifent très-fouvent; mais, outre que malgré ces oblervations, ce célébre médecin phyficien ne nie pas tout-à-fait l'empire du foleil & de la lune fur notre globe, qu'il veut feulement le rédure à peu de chofe; & que fes objections ne font établies que fur des événemens particuliers d’un petit nombre d'années. où la force des vents n’a pas toujours répondu exaétement à la pofitien refpective de ces aftres & de la terre ; elles peuvent d’ailleurs trouver leur folution dans les caufes contrariantes, ou les accidens indiqués aux articles précédens CS-:27T. 22 234 242652 26: 98.) $. 32. On peut donc sen rapporter à une doctrine fondée fur des faits qui répondent en général à des principes reçus de la gravitation mutuelle des globes de l'Univers, & fur un raifonnement tout fimple, que les rap- prochemens plus ou moins grands de la terre vers d’autres globes, ($: 15.) ne peuvent pas avoir lieu, fans qu’il en réfulte fur elle des impreflions diverfes , de preflion, d'attraction, de. commotion, ou autres quelcon- ques; ce qui fuffit pour qu'il y ait une certitude phyfique d’effets ou d’une certaine influence , directe ou inditette (S. 17. ), fur tous les corps fub. lunaires. à $. 33. Outre cette influence sécanigque, de l’a@ion combinée de la Cc) Praleë, in H, Bocrhaaveinjiit. Patholog. ‘104 MÉmorres DE LA Soc1EerT£é lune & du foleil; de laquelle feule il a été queftion jufqu'ici; il y en une, attribuée à la lumiere, autre que celle d'éclairer (S. 1.). Les anciens, & entr’autres Wacrobe , ont remarqué que le gibier , tran£.. porté de jour & expolé aux rayons du foleil, fe conferve; & que tranf£ porté de nuit à la clarté de la pleine lune, il fe corrompt. On a fait la même remarque fur le poiflon. On a attribué ces effets à la lumiere de la lune. Il eft naturel d’en déduire de pareils ou autres. quelconques fur _ les végétaux. Cependant, Macrole explique le fait d’une maniere à ne pas l’attribuer- à la lumiere dans. le fens propre; ou à la lumiere comme lumiere ; mais à une chaleur humide occulte, qui accompagne la lumiere de la lune ; tandis que le foleil chaud & fec diflipe au contraire l'humidité excédente.. Cette raifon paroît plaufible. La lune ne luit dans la pleine lune qu'après le coucher du foleil , lorfqne la chaleur qu’il. a commusiquée à l'air n’eft: pas entiérement diflipée, fur-tout près de terre, & que mélée à l'humidité du foir,. elle en eft plus propre à exciter la putréfadion. $. 34. On paroit avoir trouvé depuis quelques années que la lumiere- eft par elle-même un véritable agent , ce qui eft rendu vraifemblable par: des expériences & des obfervations fur les végétaux mêmes. Le doeur À: Wilfon, avoit obfervé plufieurs fois que dé la viande de: bœuf, expolfée aux rayons de la lune, fe putréfie bien plus promptement que celle enfermée dans une armoire ;. expérience qui peut fe rapporter: aux obfervations citées (S$. 33.) , & fur laquelle au moins il refte um doute pour la différence qu’il y a entre un lieu fermé & un liéu où Pair. agit plus librement, auf. bien que les rayons de la lune. $. 35. Prévenu par cette obfervation & perfuadé d’une opinion adoptée en Angleterre qu'on croit entre les Tropiques, que le clair de lune ac- célere laccroiffément des plantes & la maturité des fruits; ce favant a fait pluficurs expériénces qui: femblent le vérifier. De douze choux, qui dans. une même planche poufloient avec vigueur, les rayons de la-lune furent barrés à fix , pendant douze nuits confécutives, fix nuits avant. & fix nuits apres la pleine lune. Il y eut un avantage notable pour la beauté & la groffeur en faveur de ceux qui refterent expolés à cette lumiere. La: mÈme DES ScirENCESs PHys. DE LAUSANNE. 10$ même expérience fut répétée fur des laitues avec le même fuccès. S. 36. D'autres favans ont eflayé de démontrer l'influence de la lumiere fur les plantes par d’autres expériences. M. Bobnet & enfuite M. Meefe, ont prouvé que l’'étiolement des plante provient de Fabfence de In miere. Le fondement de ce fyftême contifte principalement ; en ce que di verfes plantes ( des pois, des haricots, des boutons de vigne), les unes crues à l'ordinaire , &@ les autres femées, ou menées dans des étuis de verre, ou de fer blanc, de bois, de carton, de papier, ont été d'autant plus étiolées que Pobfcurité , dans laquelle elles ont crû , a été plus par- faite ; & qu'en pratiquant de petites fenêtres dans ces étuis, ces plantes prenoient une couleur un peu plus foncée vis-à-vis de ces fenètres , que dans le refte de leur étendue. On dit qu’on ne fauroit douter après ces expériences que létiolement ne foit produit par le défaut de lumiere. On fait venir à l'appui de cette preuve, des obfervations rapportées par M. du Hamel; que des plantes élevées dans de petits jardins , entourées de bâtimens élevés ; ou élevées entre de doubles chaflis, ou femées trop dru, croiflent beaucoup en hauteur , peu en grofleur , & font plus ou moins , étiolées. On prouve par d’autres obfervations, que les plantes germent bien . “dans l’obfcurité , mais qu’elles s’y étiolent, ne fructifient pas & périflent; qu’elles s’étiolent d’autant plus qu’elles font plus duétiles ; que les cou- leurs s’en alterent ; que le raifin violet privé de lumiere, ne prend qu'une couleur d’œil de perdrix, &c.; que les plantes étiolées reprennent leur * couleur naturelle lorfqu’on les expofe à la lumiere , aflez promptement enété, mais point en automne dans les jours couverts, &c. à S$. 37. Ces expériences font données pour des” preuves , à n’en pas douter , que létiolement ne peut dé épendre que du manque de la lumiere. Cpeudant ne peut-on pas former quelque doute fur cette opinion, par la raifon que la liberté de l'air eft plus ou moins interceptée dans ces tuyaux, malgré les ouvertures qu'on y pratique ? Que ces tuyaux concen- trent de l'humidité fortant de terre , laquelle humidité jointe à la chaleur qui sy concentre aufli, doit agir comme humidité chaude fur les plan. tes qui y font emprifonnées; que la chaleur & Pair libre qui entrent par les fenêtres, pratiqués dans ces tuyaux, doivent vivifier les portions qui y répondent. D'ailleurs la remarque que la chaleur contribue à lalonge. ment, ne femble pas faire en faveur du défaut de la lumiere , compagne Tome IL. , 0” 106 Mémo x mets pæ LA Soc r E T'É ordinaire de la chaleur libre du foleil. L’étiolement ne dépendroit-il pas «autant de toute autre caufe qui fournit le fuc nourricier avec trop de cé- lérité, comme la chaleur en donnant trop d'action, l'humidité en don- nant , outre la plus grande quantité de fuc, trop de flexibilité aux fibres, & de là trop de difpofition à salonger d’une maniere informe ? Car, on obferve que la chaleur contribue fort à l’alongement des plantes, que Jhumidité caufe aufli l’étiolement, &c. $. 38. Quoiqu'il en foit de ces deux manieres (S. 35. 36.), dont on prétend avoir prouvé que la lumiere de la lune agit fur les végétaux ; & quelques fpécieufes qu’en foient les raifons pour chacune, jai cru pouvoir me permettre quelques doutes, non fur les faits dont j'en expoferai d’ana- logues dans la feconde partie ; mais fur la véritable caufe de ces faits, qui ne paroiflent dépendre de la lumiere que parce qu’elle fe trouve réu- nie à plus de chaleur, à plus d'humidité & à plus de liberté de Pair ;: & fort peu, sil en eft quelque chofe, de fa propre action. Ces doutes paroif. fent devoir fubfifter jufqu’à ce qu’on ait un plus grand nombre d’expérien- ces & d’obfervations faites dans des circonftances diverfes & fous les for- mes les plus variées. Il faut fe rappeller que la plüpart des phénomènes naturels tiennent à des caufes compliquées, liées l’une à l'autre par des nœuds imperceptibles; & que ces caufes, comme nous l'avons obfervé au fujet de lation réciproque des globes de l'Univers, font fouvent traver- fées, contrariées , ou aidées par tant d’autres, qu'on ne peut plus les évaluer , ni même les reconnoïtre clairement ($. 21. ). $. 39. Ces doutes au refte n’infirment point le mérite ni la valeur de ces expériences ; elles font très-curieufes & très-intéreffantes pour fonder des regles utiles de jardinage & d'agriculture; comme il paroïtra ultérieu- xement dans la feconde partie. S. 40. Nous ne devons pas omettre de faire mention d’une autre forte d'influence lunaire , détaillée dans divers journaux ; ©’eft dans une differta. tion du Comte Charles Maggi, qui en fait honneur à M. Toaldo. Ce fa- vant rapporte dans fa Météorologie appliquée à Pagriculture , plufieurs ob- fervations qui tendent à prouver que la lune exerce une aétion phyfique & mécanique fur notre atmofphère, & fur les végétaux & les animaux de notre globe. Il entend de prouver lation phyfique par le thermomètre organique de l'Abbé Fontana; par lequel on découvre la variation produite par la chaleur lunaire, qui, jufqu’à préfent, recueillie dans les meilleurs pes Sciences PHys. DE LAUSANNE. 107 miroirs ardens , n’avoit donné aucun figne de variation. Le Comte Magpi y ajoute une preuve plus forte, d’une lettre à lui écrite par M. Toa/do., qui doit avoir comparé dans une fuite d’obfervations de 40 années, le de. gré moyen de chaleur dans la femi-lunaifon de la nouvelle lune, & dont - le réfultat eft un excédent confidérable du côté du premier ; marque indu- bitable que la lune échauffe plus ou moins latmofphère. L’ation #écani- gue eft celle de l'influence des phafes lunaires fur les changemens de temps (4). On peut s’en tenir fur ce point , au fyftème des favans cités ci-devant (S. 16. &c.). Quant au premier, il mérite une répétition des. mêmes ob- fervations en différens pays. On conçoit au refte, la pofhbilité que les rayons lumineux de la lune, quoique reçus du foleil & renvoyés par elle fur la terre, double trajet qui doit faire perdre bien de la chaleur , puif- fent n’en. être pas tout-à-fait exempts : dans quelque défaut qu’ayent été ju£.. qu'à préfent les miroirs ardens pour la rendre fenfible. Mais autre chofe , eft la conféquence qu’en tire le Comte Maggi, que pour planter, femer tailler les arbres, il faut avoir égard aux phafes de la lune ; ce que ce- pendant il a la modeltie de ne donner que comme une conjecture ; quoi qu'on ne manque pas d’autorités anciennes , qui inculquent le même principe. 6. 4r. Ce n’eft pas aflez d’avoir vu que la lune a vraifemblablement une influence fur les végétaux; foit par l’adtion de la lumiere, & peut-être: d'une certaine chaleur, foit principalement par une ation mécanique , au moins indirecte ; il convient de favoir fi l’on peut en déterminer par des obfervations & des expériences fur la végétation, ceft-à-dire par des faits puifés dans la nature, libre & non gênée, les effets rélativement aux di- verfes lunaifons & aux différentes phafes, ou du moins fi cette influence fe manitelte par de tels faits; & fi des preuves que femblent en fournir les con- noiflances aftronomiques & les expériences phyfiques , on peut déduire quelques regles pratiques pour rendre cette fcience utile. oo , Ck) Efprit des Journaux, Novembre 1777 ,. par extrait. d’un autre ouvrage périodique... intitule:. Nouvelle Litterarie. EX eee te LE a SEC: O. ND EPA RUE TE Obfervations © expériences fur la végétation, rélativement à la lune & à Jes différentes phafes. L] OBSERVATIONS GÉNÉRALES. * S. so ‘Avois fouvent remarqué que les végétaux , foit les bleds dans les terres, foit les herbes & les diverles plantes des jardins dont les grai- nes étoient femées ou plantées dans les différens quartiers de lunes, fuivant les idées des poifeffeurs, ou le loifir ou les préjugés des jardiniers, venoient à peu près également bien dans les mêmes terroirs & aux mêmes expofi: tions. En effet la raifon de femer ou de planter chaque efpèce , s'étendant ordinairement à 3, 4 ou $ femaines & même au delà; comme Mars & Avril pour l’orge & lavoine, & pour la plüpart des plantes des jardins; YAutomne pour les bleds, le feigle, &c.: ces deux faifons mêmes defti- nées à planter les arbres, les choux & quelques autres plantes, il arrivoit que ces travaux avoient lieu dans des lunes différentes & dans tous les quartiers de la lune indiftinétement. Les plantes femées les premieres pouf fent à la véritéles premieres, fur-tout fi le temps, après les femailles , con- tinué à étre favorable ; mais les autres, généralement parlant, croiflent en avançant de plus en plus dans la bonne faïfcn, avec une vigueur propor- tionnée aux influences de l'air, de forte que bientôt il ne refte point où prefque point de différence entre les unes & les autres, & qu’elles font également avancées au temps de la maturité; ou s'il y-a quelque différence dans la promptitude, ce n’eft point pour avoir été femées dans stel ou tel quartier de la lune; & il ne s’en trouve aucune qui foit fenfible pour ce. qui eft des qualités ou de la perfedion, lorfque chacune y et parvenue ; tout étant d’ailleurs égal, graines, terrain , expoñition , qualité du temps auquel on les cucillit, &c. Javois obfervé conftamment la même chofe plufieurs années; non pas qu'il y eut quelquefois des différences , mais elles étoient favorables tantôt à ce de avoit été femé ou planté dans le croiffané, & tantôt à ce qui l’avoit été dans le déclin, ou même dans l’une ou Pau. : . D'ÉSTSCIENCES PHYS per L'arus ANNE! 109 tre lunaifon; fouvent méme il y avoit des différences fort fenfibles dans ce qui l'avoit été tout enfemble & dans les mêmes planches. $..43.. J'avoue que ces premieres remarques, quoiqu'un peu vagues, cependant faites dans l'intention de me convaincre de la réalité ou de la faufleté du préjugé de linfluence de la lune fur les végétaux , m’ävoient in- duit dans le préjugé contraire, & me faïfoient rapporter les différences des fuccès à la diverfité des graines, des terroirs, des interftices, des matieres hétérogènes, des expoftions, de la rapine des infeîtes & fur-tout à l’ac- tion de l’atmofphère; température, pluies, vents, en un mot à toutes les qualités par lefquelles elle influe différemment de côté & d'autre fur les végétaux. $. 44. Mais pour m’aflurer fur cet objet d’une maniere plus particuliere & bien certaine , j'ai obfervé la végétation de plufieurs efpèces , femées ou plantées en différens quartiers de diverfes lunes ; j'en ai dreflé des ta- bles où font annotées à côté des jours, des mois, du cours des lunes & des obfervations météorologiques, les femailles & plantations & les pro- grès ou dérangemens de chaque efpèce. Les remarques que ce travail na donné lieu de faire, feront rapportées ici , après quelques obfervations gé- nérales ultérieures, néceflaires pour apprécier celles particulieres & tendant d’ailleurs au même but. S. 45. Le fol de Theux, lieu du pays de Liège, où j'ai fait ces obfer- vations , eft divilé en deux bandes de qualités différentes; le fonds de l'une eft fablonneux, celui de l’autre eft argilleux: les jardins dont le fonds - eft fablonneux pouffent mieux au printemps, ce qu'on obferve fur toute forte de légumes; mais les autres, dont le fonds eft argilleux, ayant une terre plus froide, ne pouflent bien que quand elle eft échauffée par une apparition fuflifante du foleil ; alors les plantes pouflent jufqu’à égaler cel. les de l'autre côté, enforte qu’au mois de Juin, années communes, on n’y voit plus de différence. S. 46. Mais fi les pluies ou la féchereffe font exceflives ; on remarque que celle-ci eft plus nuifible aux légumes dans les fonds fablonneux & Yhumidité dans les fonds argilleux. $. 47. En conféquence de ces obfervations connues d’un chacun, on eft prévenu généralement que les jardins du côté fablonneux demandent d’être cultivés de meilleure heure que ceux de l’autre côté. S. 48. La même remarque a lieu non-feulement fur les plantes annuel- ' 110 MÊÉMOIRES DE LA Soci1eTé les, mais auffi fur celles dont les racines durables continuent de repoulfer- plufieurs années. Ainfi, les afperges qui font du côté fablonneux , fur-tout celles qui font en même temps le moins recouvertes de terre, pouflent communément huit ou dix jours au moins avant celles du côté argilleux; celles fituées dans une plate-bande contre une muraille vers le Sud, huit ou dix jours avant celles qui font dans des planches au milieu du jardin. S. 49. Les mêmes obfervations ont lieu à l'égard des femailles dans les: terres & de l'herbe dans les prés. $. 50. On voit pareillement les arbres fleurir plus tôt dans les terrains fa. blonneux ou marneux à la campagne , que dans ceux argilleux; & par-tout jufqu'à un mois plus tôt ou plus tard une année que l'autre, & réuflir ou ne: pas réuflir, fuivant les temps qui fuivent. Par exemple, je vis Pan 1759 ,. un vieux abricotier en efpalier, fleuri à la fin de Février. La plüpart des. fleurs périrent, faute d’auvents, par les mauvais temps qui fuivirent. L'an. 1760 , fes premieres fleurs ne furent ouvertes que le premier d'Avril ;; wayant plus à fouffrir des injures du temps, elles furent plus heureufes ,, & donnerent d’excellent fruit. L’an 1761, elles commencerent à s'ouvrir: le 10 de Mars; il en périt beaucoup ; mais il y en eut une bonne par-- tie de fauvées. D'autres années, j'ai obfervé des abricotiers & des pêchers,, dont les fleurs venoient dix ou douze jours plus tôt ou plus tard fur les uns. que fur les autres, & réuffir ou ne pas réufir , fuivant le temps qu'il fai. foit, jufqu’à ce que les fruits fuffent noués; on les voit même périr encore. alors, sil furvient de la nielle, une gelée froide, &c. Il y a la même re. marque à faire fur tous les arbres fruitiers ; ils pouflent quinze jours & jufqu'à un mois plus tôtou plus tard une année que Pautre, & en général le trop de précocité expofant davantage à des temps contraires, elle eft plus nuifible qu'un peu de retardement. La qualité des fruits & des légu.. mes varie fur-tout par le temps qui fuivra, fouvent dans plufieurs Junai.. fons ; ainfi, les pluies aident. à faire monter le fuc nourricier & font grofs. fir- les fruits , les légumes; la féchereffe les fait languir, les pluies d'au tomne rendent-le fruit aqueux peu propre à fe garder , &c. &c. S. $1. Par ces obfervations auxquelles on pourroit en ajouter quantité: d'autres, on voit que les légumes, la fleur des arbres ne fuivent nullement: Ja marche de la lune ; ou que fi elle y a une part, cette influence n’eft nullement fenfble dans nos climats, puifqu'on voit les progrès de la végé.. tation varier d’une phafe à l'autre, d’une lune même à l'autre, & les diffé. rences de fuccès dépendre moins d’elle que d’autres caufes accidentelles. BES Sciences PHys. De LAUSANNE, 111 Obfervations partivculieres de jardinage, Ec. 6. 52. Ces obfervations ont été faites la plüpart dans un jardin, dont le fonds eft argilleux ; mais fourni d’environ trois pieds de fort bonne terre, corrigée par des cendres calcaires, d’ailleurs bien fumée, & à une bonne expolition. F Celles faites dans d’autres jardins feront défignées avec les qualités des terroirs. Elles ont commencé à la fin de Février 1758. Jomettrai ici le détail d’obfervations lunaires & météorologiques ($. 44.) & je me bornerai à celles de jardinage & d'agriculture, pour le temps des femailles, & le fuccès de la végétation. J'omets la premiere colonne, parce qu'on peut y fuppléer par les régiftres d’obfervations météorologiques pu- bliées dans différens ouvrages, mais furtout dans les Mémoires de l’'Aca- démie des fciences (de Paris), où on trouve ces obfervations expreffement pour fervir à celles de la végétation, fous le titre d’Obfervations botanico-mé. téorologiques, par M. du Hamel; ces obfervations commencent à l'an 1740, & ont été continuées pendant une longue fuite d’années. C'eft là qu’on pourra voir une note peu différente de la mienne, des obfervations météo- logiques de l’année 1758. Obfervations faites en 1758. L Larruezs. {a) J'ai femé par rayons, des graines de deux fortes de laitues, lune blanche, l’autre brune; huit graines de chaque forte, dans une plate. bande près d’un mur au midi, chacun des jours fuivans : T12 M Nm dOAtIRTE, S » D EU LS LONC x E ME Février 28 Il en eft venu 9, dont une a péri, huit fe font pommées. Mars 1 Hen eft venu 6, dont 4 pommées. : 2 6 toutes pommées. 3 . 2 pommées. 4 LE 8 pommées. $ . .:. . 6 dont deux feulement fe font pommées. 7 . + 6 pommées. 9". "2. "$ qui ont monte. 127 PNR MP PAUL ONL MON EE 3 qui ont monté. 23-24 & “re au 30 elles ont conftimment monté. -(b) De mêmes laitues femées dans des planches le 17 de Mars, &. de temps à autre jufqu'au milieu d'Avril, font bien venues ont pommé pour la plupart. (c) Le 1 de Mars, j'ai femé deux de ces graines dans de la bonne terre , dans un bac, contenant un laurier, :qui portoit l'ombre à la terre. Ces graines ont levé, mais l'accroiflément des plantes a été lent; elles ont eu une couleur plus pile, moins de volume, les feuilles en ont été ob. longues ; elles n’ont nimonté, ni pommé.. (a) De dix laitues des mêmes graines arrachées de terre & replantées le 27 de Mai, quatre fe font pommées; les fix autres ont monté. IL Orexows. (a) Jai femé par rayons dans une plate-bande huit graines d'oignons; cha- cun des jours fuivans: Février 28 Ilena levé $ qui ont paru le 29 de Mars. | Mars 1 Ilenaleyé 2. | d NE RC 3% Li L# grrr 3 qui ont paru le 3 d'Avril. LEE 2 quiont paru le 7 d'Avril. 9 . le même jour. LHC TNT 16. . . . 6 quiontparule 2 d'Avril. Tous ont été plus où moins petits, aucun gros, ni même médiocre. (b) Le Des Sciences Phys..ne Lausanne. 123 (b}) Le 6 de Mars on en a femé une quantité dans une planche; ils ont levé le 28 & les jours fuivans. La plupart ont été médiocres, d’autres . petits, fort peu de gros. (c) Le 13 on en a femé de pareille graine dans me planche à côté des précédens; ils ont commencé à lever le 29. Îls n’ont pas différé des précédens. (d) Le 17 on a femé de mêmes oignons dans une autre planche; ils ‘ont levé le 1 d'Avril & les jours fuivans, & n’ont pas différé des pré- cédens. (e) Le 26 on en a femé d’autres, ils ont bien-tôt égalé les précédens, __ & ont été pareils & mürs en même temps. Cf) Dans un autre jardin, aufli argilleux, on a femé le 20 de Mars trois planches d'oignons; ils ont levé le 37 &c. Ils n’ont pas différé de ceux de notre jardin. (g) Dans un jardin fablonneux, on a femé le 16 de Mars des oignons, . qui ont pouflé d’abord avec plus de vitefle que dans les autres_jardins; mais enfuite il n’y a pas eu de différence. IIL Panais. (a) Février 28, on en a femé dans une planche; ils ont levé le 6, 7 & 8 d'Avril, & ont la plupart bien réuff. (b}) Des panais femés le”16 de Mars, dans un jardin fablonneux, mais expofé au Nord, ont réufli de même. IV. PETrTs ro1s. = 3j re a) Le 16 Mars on a planté deux lignes dans une place à l'ombre; is ont paru le 29 & ont bien produit. < b) Le 30, deux autres lignes près des premiers; & ils font venus égale- ment, féulement un peu plus tardifs. x A oh LT m0 V. ECHALOTTES. En ai fai planter le 16 & le 30 de Mars ; elles ont réufi les unes & les autres parfaitement & fans différence. - D'autres’ avant Fhiver, & elles ont réufh. encore mieux. Tome 11: P 114 MÉémornes DE LA SOôocieTé VI. Hanrcors. Ça) Le 27 d'Avril on en a planté deux lignes, qui ont pouffé vite & ont été très-fertiles. | (b) Le 6 de Mai, deux lignes qui ont également réuff. (c) Le 26, quatre lignes; ils ont été lents à poufler, à raifon de la fé. chereffe, mais aufli abondans que les précédens. VIL GREFFE. (a) Avril 6, dernier jour du dernier quartier de la lune de Mars, dans un jardin fablonneux, on a enté fur un vieux poirier au vent, le petit & le gros rouffelet ; prefque toutes les greffes ont réufli ; dé même que d’autres efpèces fur trois autres poiriers. On a eu le même fuccès fur diverfes fortes de pruniers. (Bb) Dans la nouvelle lune d'Avril, le 8, dans un autre jardin fablonneux, on a enté divers pruniers & POI & prefque toutes les greffes ont réulli. (ce) Le 12, on a opéré plufeurs re dans notre jardin (argilleux), fur des poiriers, pommiers, cerilers, avec le même fuccès. De pareilles obfervations, faites en 1759, fur quelques-unes des mêmes plantes, & fur des choux, des porreaux &c. ont donné les mêmes si tats; ainf il feroit fuperflu de les détailler, $. $3. Il feroit d'autant plus fuperfu, que de pareilles obfervations faut confignées dans les Mémoires de l'Académie des Sciences (S. 52.) à la vé- rité fans aucune confidération pour la lune, & ainfi fans aucune attention äux jours des femailles. On y fait cette remarque générale, que les biens de la campagne, les bleds, les vins, le chanvre, les fruits, les bois, &c. ne viennent pas tous les ans auf abondamment, ni d’aufli bonne qualité, & que “ces variétés dépendent de la différente température des failons d’autres circonftances accidentelles. S$. 4. Sur ce principe général, très-bien apperçu par Mr. du Hamel, viennent, après les obfervations météorologiques de chaque.année, les ré. fumés d’obfervations botaniques , faites dans le Gatinois, C’eftä-dire, d’ob- fervations des productions végétales de toute efpèce, que l'on voit répon- pes Screncés Pays. DE LAUSANNE. r15$ dre conftamment à la différence des temps & des faifons, fans aucune con- fidération des lunes ou des quartiers des lunes, dans lefquelles les femailles ou autres opérations ont pu avoir lieu. S. $$. Ainfi, en prenant pour exemple l’année 1768 ; il obferve, à la fuite des obfervations météorologiques de cette année-là, que l’année a été froide, quoiqu'il wait pas fait de froid exccffif; que la féchercfle a été grande au printemps & partie de l'automne; Juillet & Août fort humides; que rélativement aux temps de l'année, le froment a été médiocre & le feigle perdu par les pluies de Juillet ; que les avoines & fur-tout les tar. dives font devenues belles, quoique légères, par les pluies de Juillet & du commencement d’Août; que les menus grains, orges, pois & féves, ont été abondarts, à la faveur des pluies de Juillet; qu'il y a eu peu de fain. foin, l'herbe bafle, à caufe de la féchereffe du printemps; beaucoup de chanvre; peu de vin; le fafran manqué ; beaucoup de fruits, müris de bonne heure & point de garde, excepté les pommes & le raifin. . $. 56. À cette autorité, d’autant plus refpectable, qu’on ne voit pas que l'auteur de ces obfervations, ($. 55.) eut en vue l'examen de l'in. fuence de la lune, à laquelle il ne penfoit probablement pas; on ne doit pas manquer de joindre celle du célèbre /a Quintinie, qui seft expliqué fans détour fur l'inutilité & Perreur de faire pour les opérations du jardi- nage, la moindre attention aux jours de la lune. $. $7. Il paroït qu’à l'appui de ces autorités (S, 56.) fondées fur une longue fuite d’obfervations , on puifle lire, dans celles que je viens de dé- tailler (S. $2.), des preuves fuffifantes que fi la lune influe fur la végé- tation, comme il femble démontré ($. 32.) cette influence eft fi peu fen- fible qu’on peut la regarder comme nulle dans la pratique. Prenant la lai. tue pour exemple ; des graines qui furent femées l'an 1758, le 28 de Fé. vrier, dans la pleine lune, il en eft venu neuf de feize; une a péri, peut- être par la voracité de quelque infe&e; il en eft refté huit, ou la moitié du total; de celles du 4 de Mars, il n’en eft venu que fix, ou trois hui- tiemes, dont deux ont monté; de celles du 2, il en eft venu auffi fix, toutes pommées ; ainfi alternativement dans ce même quartier de la lune. le fuccès a été un jour de moitié, le lendemain du quart, outre un hui. tieme ou deux qui ont monté, &c.; celles femées du 3 de Mars au 7, dans le dernier quartier ont fuivi à peu-près la même alternative; toutes Les autres femées dans la même plate-bande, en différens quartiers de la lune- p' Z 116 MMO1RES DYE:L A So € x æ * {uivante, ont mal réuffi; à caufe de la chaleur, réverbérée par la muraille » & point par la lune; puifque de celles, femées le 17 de Âlars dans cette plate-bande , il n’en a levé que trois (point le quart) & que toutes ont monté; & que celles qui ont été femées, de même graine, le même jour, dens une planche où la chaleur & la féchereffe étoient moindres, ont pre que toutes réull. Cétoit alors dans la nouvelle lune; comme c’étoit dans ta pleine lune, le 28 de Février, jour auquel celles qui réuflirent le mieux dans la plate-bande, avoient été femées. Ainfi, même fuccès dans la nou- velle lune de Mars, dans une planche, que dans la pleine lune de Février, dens la plate-bande. &. 58. En appréciant ainfi chaque obfervation rapportée, ($. 52.) il paroit évident que les différences de fuccès de la végétation , ne laiffent ap- psrcevoir aucune relation avec le cours de la lune, & qu’elles dépendent principalement de toutes autres caufes , favoir: 1°. la qualité des terres;” 2. celles des graines. 3°. Les temps qui fuivent les femailles ou la plan- tation. 4”. L'expoñition, dans des endroits plus ou moins chauds, dans les mêmes temps de l'année, comme la différence des laitues femées le 17 de Mars 175$, dans une platebande & dans une planche, le fait voir: clairement; ou dans des endroits plus où moins libres, ou plus ou moins couverts, comme on le voit par la différence de celles femées le r du même mois, dans la méme platebande, & dans un bac de mème terres: mais à l'ombre. $°. Divers accidens, comme les infectes plus ou moins nombreux une année que l’autre, ou qui par toute forte de hafards, fe! jettent plus d’un côté que de Pautre, &c. 6 59. De ces oblervations, ($. 52.) on peut déduire quantité de rè- gles utiles à la pratique du jardinage, entrautres que l'effentiel eft de bien” choifr les expoñiticns, non-eulement fuivant la qualité des plantes, mais. aufli fuivant les temps de l'année, que les laïtues & d’autres plantes qu'on eut avoir de très-bonne heure, doivent être femées dans des plates-ban-: des; qu'à proportion que la chaleur haufle, elles y feroient très -mal ;, qu’alors les laitues y montent, les oignons y font moins bien nourris &c. que pour ces plantes, une planche vaut mieux en été qu’une plate-bande, dans laquelle elles fe defléchent, ou montent, &c. s. 60. L'effet de l'ombre fur les deux laitues femées le 1 de Mars (8. 52. I. c.) répond aux expériences citées à la premiere partie(S. 35. 36.); fur quoi on conviendra, qu’il eft tout fimple que le défaut d'accès de la BES-SCIENCES PHYS DE LAUSANNE 117 lumiere foit nuifible à la végétation, non pas pour la lumiere même, mais pour toutes autres railons déduites ($. 37. 38.), & principalement pour le défaut d'air libre, qui eft un agent non moins néceffaire à la vie des plantes qu'a celle des animaux ; comme ceux-ci périffent ou que leurs fonc- tions font fufpendues pour un temps faute d’air ; il en eft de même de la vie & de la fanté des plantes. On auroit beau donner une chaleur fufi- fante dans une ferre; le fruit, lorfqu’il y vient, n’égalera jamais celui qui mürit à une chaleur combinée avec l'air libre; & qui. expofé à la belle lumiere, left parcillement aux rayons du foleil. Les feuilles intérieures d’une laitue pommée, ou d’une chicorée liée, toutes celles d’une chicorée qui a végété fous terre, font tendres, de couleur jaune ; tandis que celles expo- fées à la lumiere font vertes & dures; il femble que le changement de cou- leur en jaune, doit être moins imputé au manque de lumiere, qu’à un degré pré- curfeur de la corruption ; comme on voit beaucoup de fruits pafler du vert au jaunâtre, qui eft le figne de leur maturité, & dont un excès fe- roit la tendance à la corruption, & comme on voit les feuilles des arbres prendre une couleur rouge ou jaune ou brune à l'arrière faifon, ce qu’on mwimputera fürement pas au défaut de la lumiere, qui continue à donner fur elles comme au printemps ou en été; mais au defléchement qui eft dans elles, une fuite naturelle de la vie, comme la décrépitude dans les animaux; toutes raifons qui ajoutées aux précédentes augmentent les doutes (S. 38.) que les déviations de couleur des plantes dépendent de la privation de la lumiere, fi non à proportion que cette privation eft jointe à d’autres pri- vations, & à d’autres accidens qui en font les caufes principales. $. 61. Comment, apres ces doutes de l’aftion fenfible de la lune fur les végétaux , expliquer la qualité moufleufe des vins de Champagne , qua- lité reconnue généralement comme dépendante de l'influence de la lune de Mars dans fon plein ? Et fi elle a lieu fur un produit végétal introduit dans des bouteilles qu'on ferme hermétiquement , & qu'on garde dans un fouterrain plein de vapeurs ; comment n’agiroit-elle pas fur des végétaux vivans, fur lefquels tout ce qui en émane a un plus libre accès, & qui font foumis fans de pareilles entraves à fon attrattion & à fes autres propriétés 7. Mais cette comparaifon eft un argument qui, loin de favorifer l'idée d’une influence fenfible fur les végétaux en général, s'oppofe au préjugé de celle fuppofée fur le vin. Une autre remarque aide encore à détruire ce préjugé, ceft que la lune de Mars , telle qu’on l'entend, n’eft qu’une lune de con- 118 MEmMo1irREs p£g ta Soc:3ETÉ vention par l’églife pour fixer le jour de Piques; & que cette lune tombe jufqu'à un mois de diftance d’une année à l'autre ; parce qu'on nomme lune de Mars, celle dont le plein fuit l’équinoxe, & que ce quartier tombe le vendredi de la femaine fainte, aïnfi tantôt le 22 de Mars & tantôt le 22 d'Avril, & le plus fouvent dans le temps intermédiaire. Une troifieme reifon, c’eft que la qualité du vin dépend moins de l’exa@titnde à le mettre en bouteilles dans cette lune ou dans fon plein, que de l’année ou de la qualité du jus du raifin. Mais comme il eft effentiel que pour moufler , il * foit ainfi enfermé en bouteilles, afin d’y contenir le gas, forte d'acide très- fubtil ou l'air fixe, que la fermentation en dégage, & qu’elle a lieu dès que le foleil commence à échauffer fuffifamment l'atmofphère ; ceft pour- quoi cette lune tombant au moment ordinaire de ce changement de l'air, c'eft le temps que Pair fixe étant fur le point de fe dégager, le vin ainf enfermé deviendra moufleux ; cependant point fi ftriétement, qu’il ne foit. parfaitement égal, fur-tout eu égard à la diverfité de température en diffé- rentes années, de faire cette opération depuis le 20 de Mars, jufques vers. lé milieu d'Avril; ce qui tombe tantôt dans la lune de Mars , & quelque-. fois dans celle de Février, quand celle-ci traine jufques près ou au-delà de l'équinoxe. Auffi d’autres vins, & même de la bierre, & d’autres liqueurss ainfi mifes en bouteilles au moment auquel, après la dépuration , commence la fermentation vineufe, deviennent également moufleufes, la biere même a un degré fupérieur au vin de Champagne , furtout fi on y a ajouté dun fruit fort chargé d’air fixe, comme des raifins fecs, & ceia dans quel. que lune indiftinétement qu’on les y enferme. 6, Q NN AL LU SE ON. $. 62. Il paroïit donc que, quelque raïfon qu’il y ait de croire que fa lune à une aëtion fur les végétaux ($. 32.); il n’y en a aucune de regar. der cette ation comme fenfible, du moins dans les climats éloignés des” Tropiques; ni d'établir des regles pour y aflujettir les travaux des jardins & des campagnes; parce que, quelque vraifemblable quelle foit, elle eft contrariée ou furmontée par divers accidens, & fur-tout par les qualités di. verfes du temps; d’où, tout étant d’ailleurs égal, dépend principalement le fuccès de la végétation, mais c’eft moins du temps qu'il fait, lors des plan.” DES Sciences Pæys. DE Lausanxe. 119 tations ou des femailles ou de l'opération de la greffe, que de celui quil fera enfuite, qu'on doit attendre ce fuccès; quoique la température ac. tueile, ou l’état de l'air au temps qu’on travaille, mérite aufli de grandes at- tentions; c’eft une partie de la phyfique des champs à examiner indépen. demment des propriétés de la lune. De la complication de toutes ces circonftances, il réfulte qu’on ne peut établir d’autres regles pratiques fur les végétaux, que celles qui indiquent les temps les plus propres à chaque travail, rélativement aux terroirs & à l'état ordinaire de l’atmofphère dans les différens climats & dans les diffé rentes faifons ; avec les attentions convenables aux exceptions qu’exige l'état des momens d'opérer. 120 } TABLE DES MÉMOIRES. CR és on de CES te T À “Re. ee pe D E S, M ÉMOIRES POUR LA PREMIERE PARTIE: LH ANALYSE des eaux. de St. Eloi, près d'Eflavayer , par M. le Comte G. de RazOUMOwWSKY. Page’ 1° HI. RércexioNs fur la nature dés-rofes, des moufles, €ÿ fur la réproduëtion de cette famille de plantes, avec la defcription. d’une efpèce nouvelle, par M. REYNIER. 4 HI. Mémoire fur le phofphorifime des corps du règne minéral, par le’ moyen du frottement, par M. le Comte G: de RazoumoWsaY. 13 IV. Essar d'expériences analititiques ;: fur là pierre de goumoëns,-par M. le Comte G. de Razoumowsky: 39 V. RÉFLEXIONS Jur la maniere de diffinétr. les efpècee, les rnces € les va- riétés dans les animaux quadrupèdes, d'après leurs caraïfères extérieurs, par M. BERTHOUT VAN BERCHEN, fils. 4 VI OnsERvATIONS fur les dégats faits par la larve du banneton , pendant l'année 1784, € fur le moyen de: Sen garantis par M. BERTHOUT VAN BERCHEM, pere. 6$ VII. Essai fur l'état de la population de la Paroïfe d'Aigle, ns: M. Wir, Capitaine général des mines du Canton de Berne. 70 VII. DE L'Eau /a plus propre à la végétation des plantes, par M. Abbé BEr- THOLON: 106 IX. OBsEvATIONS fur l'analyfe du [el fédatif €5 fur la compofition du borax , par M. H. ExCHAQUET , & par M. le Profeffleur STRUVE. 132° X. HiTOIRE ET ANALYSE des’eaux de Brätrelen, dans le Bailliage d’Erlach ou. Cerclier ,-par M. le Comte G. de RAZOUMOWSKY. ,i 147 XI. OBSERVATIONS NOUVELLES fur l'analyfe des eaux minérales, par M. le Comte. G..de Razoumowsky, 1f9° LÉ CE TA rB 1L :E. XT. DescriPTION ET H1STOIRE NATURELLE du Bouquetin des Alpes de Se voye, par M. BERTHOUT VAN BERCHEM, fils. Proe XI. DesCRIPTION de pluleurs nouveaux moyens méchaniques, propres à pré. venir, borner € même corriger dans.certaïns cas, les courbures latérales € l-torfion de l'épine du dos , par M. VENEL. XIV. MÉmotne fur l'importance des \obfervations météorologiques , fuites dans ur prés tèl que la Suifle, ox même le Canton de Berneg pat M. JEAN S£- NEBIER, , XV. DESCRIPTION ET EXAMEN d’une pierre cuivreufe qui fe trouve vers le Jomimef du grand St. Bernard, par M. le Comte G. de Razoumowsxx: XVI. NouveLce MÉTHODE d'obtenir l'acide phofphorique des os, plus purs que par les procédés ordinaires, par M. H. ExcHaAQuEeT ; & par NL le Pro- feffleur STRUVE. XVIL. OBSERVATIONS fur l'emploi des [els phofphoriques dans les arts, €3 [ur la formation artificielle des pierres précieufes. XVII. Vues fur l’analyfe des mixtes phofphoriques , avec qnelques obfervations [ur la décompofitions des métaux, par M. H. EXCHAQUET, & par M. le Profeffeur STRUVE. XIX. PROJET d'expériences fur le borax, par M. H. EXCHAQUET, & par M. le Profefleur STRUVE. XX. Mémoire fur le ver luifant, par M. le Comte G. de RazOUMoOwsKy. XXI DESCRIPTION de la Favrodine dorée, par M. REYNIER. XXII. DESCRIPTION du Lièvre de Montagne, foit Lièvre Verficolor. par M. Am. STEIN. XXII. Mémoire fur la maniere de procurer la falubrité aux Villes, par le pavement €S nettoyewtent des vues , par M. l'Abbé BERTHOLON. XXIV. Mémoire fur l'infufilance des infrumens ordinaires, dont fe fervent les Ingéxieurs des Mines, €$ fur les moyens de les employer avec plus d'avan- tage dans les opérations géométriques fous terre, par M. Wip. XXV. MÉMOIRE fur la maniere de lever les Plans étendus , foit Cartes Géogra- hiques dans les pays à hautes montagnes @ÿ à gorges étroites, par M. WILD. XXVL MÉMOIRE Jar les Céfacés, par M. Henri Merck, 197 208 213 219 339 stats tumast EIRE NE: II CE sa are mme caen ne gomeneeenes 30071466 EE (| TABLE DES MÉMOIRES POUR, L'AUSIEICONDE PARTIE. XXVIL NouveLce THÉORIE des fources falées ©$ du roc falé , appliquée aux Jelines du Canton de Berne, € fuivie d'une excurfion aux falines d'Aigle, Page 7 par M. le Profefleur STAUVE. XXVIIL Essar fur l'exploitation des fources felées du fondement , dans le Gou- vernerment d’Aigle, par M. le Profeffeur STuvE. 57 XXIX. Mémoire fur la carie du froment , lu caufe de cette maladie, les cir- "conflances qui la développ:ne, ©$ Jur les moyens de la prévenir , par M. Ca- DET DE VAUX. (7 XXX. DESCRIPTION d’une nouvelle machine Hydraulique, inventée © exécutée a Orbe, par M. VENEL. 8r XXXI. Memoire fur l'influence des Afires ©3 en particulier de la Lune fur Les végétaux, par M. J. PH. DE LiMBOURG , l’ainé, 89 n°4 enr # LEE “st Fat si su wa A L a, %; 4 D Lou STI ni IAE Ar HANFRRe h X Dre He sé ne at hf: JS ay. “2 (sais rt pe, 1. : Ur, ne Ne) Phase Po en whsh Fe PR TOUT F Et 14 TEE er ; 40 2 RER ar mors RES in ni à ci dk A 4 va Ga dn, es La du dé f : N°, 2