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H I S TO I R E

NATURELLE,

GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE.

AVEC LA DESCRIPTION

DU CABINET DU ROI-

Tome QiiatorTJeme.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE.

M. D C C L X V I.

CaO.

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TABLE

De ce qui eft contenu dans ce Volume.

PsOMENCLATU RE des Singes page i

Les Oraug-oiitangs ou le Pongo ir le Jocko . . 4.3

Le P'ithèque g^

Le Gibbon , q2

Le Magot ,0^

Le Papion ou Babouin 1 -. ->

Le Alandrill. i ^ .

UOucmderou à' le Lowando 160

Le Alaimon ly^

Le Alacaque dT' l'Aigrette 100

Le Patas 208

Le Malbrouck f le Bonnet -chinois 224,

Le Mangabey 244.

La Al.one. . , . , . , 2<:6

Le Callitriche -)-r->

Le Aîouflac. 28-'

Le Talapoln . . , z'èj

Le Doue. . » ' "

De la dégênération des Animaux 3 * ^

Par M. DE BUFFON.

Defcriptîon du Jocko P^gc 7^

Defaîption du Gibbon 9"

Defcriptîon du Magot ^ ^ 4-

Defcription de la partie du Cabinet qui a rapport à

l'Hiftoire Naturelle des Singes 130

Defcription du Papion 139

Defcriptîon du Mandrill. ^5^

Defcription de VOuanderou 174.

Defcription du Maimon 179

Defcription de la partie du Cabinet qui a rapport a

l'Hifloire Naturelle des Babouins 188

Defcription du Macaque 194

Defcription de F Aigrette 206

Defcription du Pat as à bandeau noir. 212

Defcription du Alalbrouck 230

Defcription du Bonnet -chinois 241

Defcription du Aîangabey 24.6

Defcription de la Moue, 262

Defcrlption du Caiïitrlche 275

Defcnpt'ion du MouJIac 285

Defcriptïon du Taîapoin 291

Defcnptïon du Doue 302

Defcriptïon de la partie du Cabinet qui a rapport à l'Hifloire Naturelle des Guenons 3 04-

Defcriptïon des chofes qui font arrivées au Cabinet , depuis riwprejfion des articles auxquels elles ont rapport 375

Par M. Daubenton.

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M' c»;-/-.- ./.•/

_Z. J Ji^^ra/ui Sciilf^ .

HISTOIRE

NATURELLE.

NOMENCLATURE DES SINGES.

V->OMME enJodriner des Écoliers, ou parler à des Hommes . iont deux chofcs diiiérentes ; que les premiers reçoivent ians examen & même avec avidité l'arbitraire comme le réel, le faux comme le vrai, dès qu'il leur efl préfenié fous la forme de documcns; que les autres au contraire rejettent avec de'goût ces mêmes documens, lorfqu'ils ne font pas fondés; nous ne nous fervirons d'aucune des méthodes qu'on a Tome XIV. A

^ Hl STOÏRE NATU RELLE,

imaginées pour entaffer fous le même nom de Singe, une miiltitucle d'animaux d'efpèces différentes & même

très - éloignées.

J appelle/;/^^ un animal fans queue, dont la fiice efl aplatie , dont les dents , les mains , les doigts & les ongles reffemblentà ceux de l'homme, <Sc qui, comme Jni, marche debout fur fes deux pieds: cette déhnition tirée de la nature même de l'animal èL de fes rapports avec celle de l'homme, exclut, comme l'on voit, tous les animaux qui ont des queues , tous ceux qui ont la face relevée ou le mufeau long ; tous ceux qui ont les ongles courbés , crochus ou pointus ; tous ceux qui marchent plus volontiers fur quatre que fur deux pieds. D'après cette notion hxe <Sc précife , voyons combien il exifle d'efpèces d'animaux auxquels on doive donner Je nom àtfvige. Les Anciens n'en connoifToicnt qu'une feule; le pithccos des Grecs, \t finùa des Latins, efl un fingc , un wûfiige^ & c'efl celui fur lequel Ariflote, Pline &. Galien ont inftitué toutes les comparaifons phyfiques , <Sc fondé toutes les relations du fmge à l'homme; mais ce pithèque , ce fmge des Anciens , û reffemblant à l'homme par la conformation extérieure, <Sc plus femblable encore par l'organifition intérieure, en diffère néanmoins par un attribut qui , quoique relatif en lui-même, n'en efl cependant ici pas moins cffentiel , c'efl la grandeur ; la taille de l'homme en général efl au-dcffus de cinq pieds, celle du pithèque n'atteint guère qu'au quart de cette hauteur ; auffi ce

Nomenclature des Sinces, 3

finge cût-il encore été plus relTemblant à l'homme, les

Anciens auroient eu raifon de ne le regarder que comme

un homoncule, v\n Nain manque, un Pigmée capabL

tout au plus de combattre avec les grues , tandis que

riiomme fait dompter l'éléphant & vaincre le lion.

Mais depuis les Anciens, depuis la découverte des

parties méridionales de l'Afrique (Se des Indes, on a

trouvé un autre fmge avec cet attribut de grandeur,

un fmge (planche l) aufTi haut, auiïi fort que l'homme,

auiïi ardent pour les femmes que pour fes femelles ;

un fmge qui fait porter des armes, qui fe fert de pierres

pour attaquer, 6c de bâtons pour fe défendre, (Se qui

d'ailleurs reffemble encore à l'homme plus que le pi-

thèque ; car indépendamment de ce qu'il n'a point de

queue, de ce que fa face eft aplatie; que fes bras, fes

mains, fes doigts, fes ongles font pareils aux nôtres,

6(. qu'H marche toujours debout ; il a un efpèce de

vifage, des traits approchans de ceux de l'homme,

des oreilles de la même forme , des cheveux fur la

tête ; de la barbe au menton , &. du poil ni plus ni

moins que l'homme en a dans l'état de nature. Audi

les habitans de fon pays, les Indiens policés n'ont pas

héfité de l'affocier à l'efpèce humaine par le nom

(\' O rang- ont ûîigj Homme fauvage ; tandis que les Nègres

prefque auffi fauvages, auffi laids que ces finges, Sl

qui n'imaginent pas que pour être plus ou moins policé

l'on foit plus ou moins homme , leur ont donné un

nom. propre ( PongoJ , un nom de béte (Se non pas

A ij

^ Histoire Naturelle.

d'homme ; Si cet orang-oiiung ou ce pongo, n'efl en effet qu'un animal, mais un animal très-fmgulier, que i'hommc ne peut voir lans rentrer en lui-méjnc, lans fe reconnoître, fans Te convaincre que l'on corps n'efl pas la ])artie la plus efTentielle de ù nature.

Voilà donc deuK animaux, le pithèque & l'orang- outang, auxquels on doit appliquer le nom de fiige, 6c il y en a un troifième auquel on ne peut guère le refufer, quoiqu'il foit difforme. Si par rapport à l'homme Se par rapport au fmge : cet animal fpl il & lii ) jufqu'à préfent inconnu , & qui a ctc apporté des Indes orientales fous le nom de c^ibbon , marche debout comme les deux antres, &: a la face aplatie ; il eft auiïl fans queue : mais Tes hras , au lieu d'être proportionnc's comme ceux de l'homme, ou du moins comme ceux de l'orang-outang ou du pithèque à la hauteur du corps, font d'une longueur fi démcfurce, que l'animal étant debout fur fes deux pieds , il touche encore la terre avec fes mains fans courber le corps <Sc fans plier les jambes ; ce fmge cfl le troifième Si le dernier auquel on doive donner ce nom , c'efl dans ce genre une cfpèce monftrueufe, hétéroclite, comme l'efl dans l'efpèce liumaine , la race des hommes à groffes jambes, dite de Samt-Thouias *.

Apres les finges, fe préfente une autre famille d'ani- maux, que nous indiquerons fous le nom générique

* Voyez le difcouis fur les varictcs de refpèce humaine. Tome Ul de cet Ouvrage.

Nomenclature des Singes, j

de labonin ; Si pour les diflinguer nettement de tous les autres, nous dirons que le babouin efl un animal à queue courte , à face alongée , à mufcau large & reltvé, avec (ks dents canines plus grofTes à proportion que celles de Thoinme, & des callofitcs fur lesfeiïes: par cette définition , nous excluons de cette famille tous les fmgcs qui n'ont point de queue, toutes les guenons , tous les fipajous Si fagoins qui n'ont pas la queue courte , mais qui tous l'ont auffi longue ou plus longue que le corps , Se tous les makis, loris <Sc autres- quadrumanes qui ont le mufeau mince 6c pointu. Les Anciens n'ont jamais eu de nom propre pour ces animaux ; Aridote efl le feul qui paroit avoir défigné l'un de ces babouins par le nom (\q Jîmia porcana *, encore n'en donne-t-il qu'une indication fort indirede; les Italiens font les premiers qui l'aient nommé ^7^//>/^/ les Allemands l'ont appelé /5^i7^«/ les François habo^iin,. Si tous les Auteurs , qui , dans ces derniers fiècles ont écrit en latin, l'ont défigné par le nom papio ; nous l'appellerons nous-même/^^yw// pour le diflin^-uer des autres babouins qu'on a trouvés depuis dans les pro- vinces méridionales de l'Afrique Sl des Indes. Nous

* Nolû. Celte (^él^om'n^v\onfJnlaporcaria, qui ne fe trouve que dans Arinotc, & qui n';i eic emjiioyée par ;iucun autre Auteur , étoit néanmoins une très-lionne ex|>ie(Iiun pour dcfigner le babouin : car j'ai trouvé dans des Voyageurs , qui probablement n'avoient jamais \n AriHote , la mêtiie compaiailon du mulêau du babouin à celui du cochon ; & d'ailleurs ces deux animaux le relîemblent un peu par la forme du corps,

A ii;

6 Histoire Natu relle.

connoiiïbns trois cfpèccs de ces animaux , i.° \e p/ip'wn ou babouin proprement dit ( pL XIII ir XIV ) , dont nous venons de parler, qui le trouve en Lybie, en Arabie , (Sec. & qui vraifemblablejnent efl {çjjmiaporcaria d'Ariftote. 2.° Le mandrill (pi. xvi èr xvii) qui efl un babouin encore plus grand que le papion avec la fiice violette, le nez 6c les joues (lllonnées de rides profondes (S: obliques, qui fe trouve en Guinée <Sc dans les parties les plus chaudes de l'Afrique. ^."L'ouanderou (pi xviii ) qui n'efl pas fi gros que le papion , ni fi grand que le mandrill , dont le corps cft moins épais, <Sc qui a la tête &. toute la face environnée d'une efpèce de crinière très-longue & très-éj)aiiTe ; on le trouve à Ceylan , au Malabar & dans les autres provinces mé- ridionales de l'Inde : ainfi voilà trois finges & trois babouins bien définis, bien féparés , &i tous fix diflinc- tciTucnt ditîérens les uns des autres.

Mais , comme la Nature ne connoît pas nos défi- nitions, qu'elle n'a jamais rangé fes ouvrages par tas, ni les êtres par genres , que fa marche au contraire va toujours par degrés , év que fon plan eft nuancé par-tout 6c s'étend en tout fens , il doit fe trouver entre le genre du fmge * 6c celui du babouin , quelque

* Nota. Le gibbon commence déjà la nuance entre les finges & les babouins , en ce qu'il a des caliofités furies feffes comme les babouins, & les ongles des pieds de derrière plus pointus que ceux de l'orang- oiuang , qui n'a point de caliofités fur les feflcs , & qui a les onoles pLus & arrondis comme l'homme.

Nom ENC LATU RE DES Si N G ES, 7

efpèce intermédiaire qui ne foit précifcment ni l'un ni l'autre, 6c qui cependant participe des deux. Cette efpèce intermédiaire exide en effet , <Sc c'efl l'animal (pi. VII dr VIII ) que nous appelons magot ; il fe trouve placé entre nos deux définitions ; il fait la nuance entre les fmges (Se les babouins ; il diffère des premiers , en ce qu'il a le mufeau alongé & de groiïes dents canines ; il diffère des féconds , parce qu'il n'a réellement point de queue , quoiqu'il ait un petit appendice de peau qui a l'apparence d'une naiffance de queue; il n'eft par conféquent ni fjno-e ni babouin , & tient en même temps de la nature des deux. Cet animal qui eft fort commun dans la baute Egypte, ainfi qu'en Barbarie , étoit connu (\qs Anciens; les Grecs 6c les Latins l'ont nommé cynocéphale , parce que fon mufeau reffemble affez à celui (\\\\\ dogue : ainfi , pour prcfentcr ces animaux , voici l'ordre dans lequel on doit les ranger ; V orang-outaîis: ou pongo , premier finge ; \q fuhèque , fécond finge; le gibbon , troifième finge , mais difforme ; le cynocé- phale ou magot , quatrième finge ou premier babouin ; le papion y prenu'er babouin ; le mandrill , fécond ba- bouin ; V ouanderou , troifième babouin: cet ordre n'eft ni arbitraire ni fiétif, mais relatif à VàchcWQ même de la Nature.

Après les finges 6c les babouins , fe trouvent les guenons; c'efl ainfi que j'appelle , d'après notre idiome ancien , les animaux qui reffemblent aux linges ou aux

s Histoire Natu re lle.

habouins, mais qui ont de longues queues, c'efl-à- dire des queues aulFi longues ou plus longues que le corps. Le moi guenon a eu dans ces derniers (lècles , deux acceptions différentes de celle que nous lui donnons ici ; l'on a employé ce mot guenon , gé- néralement pour défigncr les fmgcs de petite taille*, ôi en même temps on l'a employé particulièrement pour nommer la femelle du fmge ; mais plus an- ciennement nous appelions (îngds ou îUûgois les finges fïms queue , 6c guenons ou mones ceux qui avoient .tine longue queue: je pourrois le prouver par quel- ques palTages de nos Voyageurs ^ des feizième & dix- feptième fiècles. Le mot même de guenon ne s'éiogne pas, &i peut-être a été dérivé de kchs ou képos , nom que ks Grecs don noient aux fmgcs à longue quvue. Ces kéùes ou guenons font plus petites <Sc

° Les différences des finges fe prennent en fr-mçoîs pnncipalement de leur gr.mdeur ; car les gr;inds font (iiiipitincnt npj^elés ftncres , foit c|u'tls aient une queue ou qu'ils n'en a'ent point, ou loit.ciu'ifs aient le niulêau long comme un chi.n ou qu'ils l'ait ik court ; & les finges qui Ibiit [)Ciits , lont appelts guenons. AdcmAres pour Jervir à VHiJîo'ire des animaux , page 120.

^\\y a au Scnégil plufieurs efpccesde finges, comme des ^i/^;7<7/7/, avec une longue queue , & des magots qui n\n ont pas. Voyage fie le Maire , page roi. D.ms les montagnes de l'Anicriqu^ jTiéridionale , il le trouve une clpèce de moncs que les Sauvages appellent cacuyen , de même grandeur que les communes , (-uis autre différence, finon qu'elle porte barhe au nienton ...Avec ces mones trouvent force petites bê.es j unes , nommc'es Jagouins. Singularités de la France antarctique j par Thtyet, page 10^,

moins

Nomenclature des Singes. 9

moins fortes que les babouins Sl les finges ; elles lont aifées à tliftingucr des uns Si des autres par cette différence, <5c fur -tout par leur longue queue. On peut auffi les fcparer aifément des makis , parce qu'elles n'ont pas le mufeau pointu y Se qu'au lieu de fix dents inciiives qu'ont les makis , elles n'en ont que quatre comme les fmges Se les babouins. Nous en connoiffons neuf efpèces , que nous indi- querons cliacune par un nom différent , afin d'éviter toute confufjon. Ces neuf efpèces de guenons font, 1.° les macaques ( -pi xx ir x x ij ; i.° les patas ' (pL XXV ir XXVI ) ; 3.° les malbrouks (pl.xxvilT & xxix); 4.° les mangabeys fpl. xxxii ir xxxiii) ; Ç la mone (flanche xxxvij ; 6.° le callitrichc (pi. X X XV II ) ; 7.° le mouflac (pi. x x x i x ) ; 8.° le taiapoin (planche x h) ; 9.^ le doue (pi. XLI )^ Les anciens Grecs ne connoifToient que deux de ces guenons , la mone &. le callitriche , qui font origi- naires de l'Arabie <Sc des parties feptentrionales de l'Afrique ; ils n'avoient aucune notion des autres , parce qu'elles ne fe trouvent que dans les provinces méridionales de l'Afrique & des Indes orientales , pays entièrement inconnus dans le temps d'Ariflote. Ce grand Pbilofoplie , & les Grecs en général , étoient fi attentifs à ne pas confondre les êtres par des noms communs <Sc dès-lors équivoques, qu'ayant appelé /;/- thecos le fmge fans queue , ils ont nommé kchos lu

guenon ou fmge à longue queue : comme ils avoient Tome XI K 13

10 Histoire Natu relle.

reconnu que ces animaux ctoient d'efpèces différentes 6c même aiïez éloignées , ils leur avoient à chacun donné un nom propre, & ce nom étoit tiré du carac- tère le plus apparent; tous les fmges (Se babouins qu'ils connoifToient, c'efl-à-dire, \t jnthcque ou fîige pro- prement dit, [c cynocéphû/e ow magot. Si \tfmia iwrcaria ou papion , ont le poil d'une couleur :> |} i près uni- forme ; au contraire la guenon que nous appelons ici 7)wne , Si que les Grecs appeloient L'ios , a le poil varié de couleurs dilîérentcs : on l'appelle méinr vulgairement ^^ f fige varié ; c'etoit rcfpèce de guenon la plus com- mune Si la mieux connue du tenips d'Ariflote, & c'efl de ce caradère qu'cft dérivé le nom de kélws , qui défjgne en grec la variété dans les couleurs : ainfi tous les animaux de la claiïe des fmges, babouins 6c guenons, indiqués par Ariflote , fc réduifent à quatre, lepyi/iccos , \t cynocephalos , \q fimia porcaria Si le kébos, que nous nous croyons fondés repréfenter aujour- d'hui comme étant réellement \t pir/ièque ow fmge pro- prement dit , le magot , le pap'mi ou babouin proprement dit Si la moue ; parce que, non-feulement les caradères particuliers que leur donne Ariftote leur conviennent en effet , mais encore , parce que les autres efpèces que nous avons indiquées , Si celles que nous indi- querons encore , dévoient néceffairement \m être inconnues , puifqu'clles font natives Si exclufivement habitantes des terres, les Voyageurs Grecs n ayoïent point encore pénétré de fon temps.

Nomenclature des Si nces. h

Deux ou trois ficelés après celui d'Aridote, on trouve dans les Auteurs grecs deux nouveaux noms , €aHhhrix Si ccrcop'ithccos , tous deux relatifs aux giumons owfiiges à longue queue : à mefure qu'on dccouvroit h terre & qu'on s'avançoit vers le midi, foiten Afrique, foit en Afie, on trouvoit de nouveaux animaux, d'au- tres efpèces de guenons ; & comme la plupart de ces guenons n'avoient pas, comme le kcbos , les couleurs variées, les Grecs imaginèrent défaire un nom géné- rique ccrcop'uhecos , c'eft-à-dire , yf//^^ à queue, pour défigner toutes les efpèces de guenons ou fmges à longue queue; &. ayant remar([ué parmi ces efpèces nouvelles une guenon d'un poil verdâtre &. de couleur vive, ils appelèrent cette cfpèce callhhrix , qui fignifie heau poil. Ce callithrix fe trouve, en effet, dans la partie méridionale de la Mauritanie .& dans les terres voifmes du Cap-verd; c'efl la guenon que l'on connoît vulgairement fous le nom dejînge verd; & comme nous rejetons dans cet ouvrage toutes les dénominations compofées , nous lui avons confervé fon nom ancien , callithrix ou calliiriclie.

A l'égard des fept autres efpèces de guenons que nous avons indiquées ci-deffus par les noms de ma- kaque , pat as , malbrouh , mangahey , vîoujlac , talapoin ôi doue ; elles étoient inconnues des Grecs & des Latins. Le makaque efl natif de Congo ; le patas , du Sénégal ; le mangabey , de Madagafcar ; le malbrouk ,

de Bengale ; le mouftac , de Guinée ; le talapoin ,

Bij

12 Histoire Natu rellë.

de Siam ; <Sc le doue , de la Cochincliine. Toutes ces terres étoient également ignorées des Anciens, <Sc nous avons eu grand foin de conferver aux animaux qu'on y a trouvés , les noms propres de leur pays.

Et comme la Nature efl confiante dans fa marche , qu'elle ne va jamais par fauts , 6c que toujours toul efl gradué , nuancé , on trouve entre les babouins <Sc Jes guenons vw\t efpèce intermédiaire, comme celle diî mairot i'cfl entre les finîmes 6c les babouins : l'animal (yhmche x i x) qui remplit cet intervalle, <5c forme cette cfpcce intermédiaire, reffemble beaucoup aux guenons, fur-tout au makaque, <Sc en même temps il a le mufeau fort large , 6c la queue courte comme les babouins ; ne lui connoifTant point de nom , nous l'avons appelé luahuon , pour le diflinguer des autres: il fe trouve à Sumatra; c'efl le feul de tous ces ani- maux , tant babouins que guenons, dont la queue foit dégarnie de poil ; 6c c'efl par cette raifon que les Auteurs qui en ont parlé, l'ont déilgné par la dénomi- nation (lefnge à queue de cochon , ou de Jînge à queue de rat.

Voilà les animaux de l'ancien continent, auxquels on a donné le nom commun de j^/?^^ , quoiqu'ils foient non -feulement d'eipèces éloignées , mais même de genres affez différens ; 6c ce (jui a mis le comble à l'erreur 6c à la confufion , c'eft qu'on a donné ces mêmes noms de Jinge , de cynocéphale , de kébe 6c de cercoph/ièque , noms faits, il y a quinze cents ans par

Nom ENCLATVRE DES SiNGES. 13

les Grecs , à des animaux d'un nouveau monde , qu'on n'a découverts que depuis deux ou trois fiècfcs. On ne fe doutoit pas qu'il n'exiftoit dans les parties mé- ridionales de ce nouveau continent, aucun des animaux de l'Afrique <Sc des Indes orientales. On a trouvé en Amérique des bétes avec des mains 6c des doigts ; ce rapport feiil a fuffi pour qu'on les ait appelées ^//^^j-/ fans faire attention que pour transférer un nom , il faut au moins que le genre foit le même; Se que pour l'appliquer jufle , il faut encore que l'efpèce foit identique : or ces animaux d'Amérique, dont nous ferons deux clafTes fous les noms de fapiijous <Sc dt fûgoins^ font très-différens de tous les fmgcs de l'Afie Sl de l'Afrique ; (Se de la même manière qu'il ne fc trouve dans le nouveau continent ni fmges , ni babouins , ni guenons , il n'exifte auffi ni fapajous , ni fagoins dans l'ancien. Quoique nous ayons déjà pofé ces faits en général dans notre difcours fur les animaux des deux continens , nous pouvons les prouver ici d'une manière plus particulière , Si démontrer (jue de dix-fept efpèces auxquelles on peut réduire tous les animaux appelés fiiges dans l'ancien continent , Se de douze ou treize auxquelles on a transféré ce nom dans le nouveau , aucune n'eft la même , ni ne fe trouve également dans les deux car fur ces dix-fepC efpèces de l'ancien continent , il faut d'abord retran- cher les trois ou quatre fmgcs , qui ne fe trouvent

certainement point en Amérique , Si auxquels les

13 iij

14 Histoire Naturelle,

fapajoiis 6c les fagoins ne refTemblcnt point du iowt 2." Il faut en retrancher les trois ou quatre babouins, (\\\\ font beaucoup plus gros que les ihgoins ou les ilipajous , 6c qui font au/Ti d'une figure très-différente : il ne refle donc que les neuf guenons auxquelles on puifTe les comparer. Or toutes les guenons ont , auiïi- bien que les finges &i les babouins , des cara6lères gcncraux &. particuliers , qui les fcparent en entier des fapajous Si des fagoins ; le premier de ces carac- tères efl d'avoir les feffes pelées , <Sl des callofités naturelles 6c inhérentes à ces parties; le fécond , c'efl d'a^oir des abajoues , c'efl-à-dire , des poches au bas des joues , elles peuvent garder leurs alimens ; 6c Jetroifième, d'avoir la cloifon des narines étroite, 6l ces mêmes narines ouvertes au-deffous du nez comme celles de l'homme. Les fapajous 6c les fagoins n'ont aucun de ces caradcres ; ils ont tous la cloifon des narines fort épaiffe , les narines ouvertes fur les côtés du nez 6c non pas en deffous ; ils ont du poil fur les feffes 6. point de callofités ; ils n'ont point d'abajoues ; ils diffèrent donc des guenons , non-feulement par Tefpèce , mais même par le genre, puifqu'ils n'ont aucun des caradères généraux qui leur font communs à toutes ; ÔL cette différence dans le genre en fuppofe néceffai- rement de bien plus grandes dans les efpèces, 6c dé- montre qu'elles font très-éloignées.

C'efl donc mal-à-propos que l'on a donné le nom ^t Jînge 6c de gu^iwîi m\ fa^mjom 6c m^ fa^o'ins ; li

NOMENCLATU RE DES SiNGES. 15 falloit leur confcrver leurs noms , Si au lieu de les aiïbcier aux fuiges , commencer par les comparer entr'eux: ces deux familles difièrent l'une de l'autre par un caradère remarquable ; tous les fiipajous fe fervent de leur queue comme d'un doigt , pour s'accrocher <Sc même pour faifn- ce qu'ils ne peuvent prendre avec Ja main ; les figoins au contraire ne peuvent fe fervir de leur queue pour cet ufïige ; leur face , leurs oreilles , leur pod font auffi ditfcrcns : on peut donc en faire aifément deux genres dillincls & féparés.

Sans nous fervir de dénominations qui ne peuvent s'appliquer qu'aux fingcs, aux babouins & aux guenons; fans employer des noms qui leur appartiennent <?c qu'on ne doit pas donner à d'autres , nous avons tâche d'indiquer tous les fapajous &. tous les fagoins par les noms propres qu'ils ont dans leur pays natal. Nous connoiffons fjx ou fept ei})cccs de fipajous Si, fix efpèces de figoins , dont la plupart ont des variétés ; nous en donnerons l'hiftoire <5c la defcription dans le volume fuivant * ; nous avons recherché leurs noms avec le plus grand foin dans tous les Auteurs, Si fur-tout dans les Voyageurs, qui les ont indiqués les premiers. En général , lorfque nous n'avons pu favoir le nom que chacun porte dans fon pays , nous avons cru devoir le tirer de la nature même de l'animal , c'efl- à-dire , d'un caradère qui feul fût fufîifant pour le

* Nous avons ete obliges de renvoyer au Volume XV rhiftoiie des Sapajous & Sagoins, parce que le Volume XIV auroit été trop épais.

i6 Histoire Naturelle,

faire rcconnoître <5c diflingucr de tous les autres. L'on verra dans chaque article les raifons qui nous ont fait adopter ces noms.

Et à l'cgard des variétés, lefquelles dans la clafTe entière de ces animaux font peut-être plus nombreufes que les efpèces, on les trouvera auffi très-foigneufc- ment comparées à chacune de leurs efpèces propres. Nous connoifTons 6c nous avons eu, la plupart vivans , quarante de ces animaux plus ou moins différens en- tr'eux: il nous a paru qu'on devoit les réduire à trente efpèces; favoir, trois fmges , une intermédiaire entre ics fmges <Sc les bahouins ; trois babouins , une inter- médiaire entre les babouins <Sc les guenons; neuf gue- nons, fept fapajous <5c fix fagoins, 6c que tous les autres ne doivent au moins pour la plupart être confi- dérés que comme des variétés : mais, comme nous ne fommes pas abfolument certains que quelques-unes de ces variétés ne puifTent être en effet des efpèces dif- tindes , nous tâcherons de leur donner auffi des noms qui ne feront que précaires, fuppofé que ce ne foient que des variétés , 6c qui pourront devenir propres 6c fpéciiiques , fi ce font réellement des efpèces diflindes

<5c féparées.

A l'occafion de toutes ces bêtes, dont quefques- unes reffemblent fi fort à l'homme , confidérons pour im inftant les animaux de la terre fous un nouveau point de vue : c'efl fans raifon fuffifante qu'on leur a donné généralement à tous le nom de quadrupèdes.

Si

NOMENCLATU RE DES SiNGES. \J Si les exceptions n'ctoient qu'en petit nombre, noiîs n'attaquerions pas l'application de cette dénomination: nous avons dit, <5c nous favons que nos définitions, nos noms, quelque généraux qu'ils puifFent être, ne comprennent jamais tout ; qu'il exifte toujours des ctres en deçà ou au-delà; qu'il s'en trouve de mitoyens; . que plufieurs , quoique placés en apparence au milieu <les autres, ne laiffent pas d'échapper à la lifte; que le nom générai qu'on voudroit leur impolér efl une for- mule incomplète , une fomme dont fouvent ils ne font pas partie; parce que la Nature ne doit jamais être préfcntée que par unités <Sc non par aggrégats ; parce que l'homme n'a imaginé les noms généraux que pour aider à fèi mémoire , & tâcher de fuppléer à la trop petite capacité de fon entendement ; parce qu'enfuitc il en a fait abus en regardant ce nom général , comme quelque chofe de réel ; parce qu'enfin il a voiilu y rappeler des êtres , & même des clafTes d'êtres , qui demandoient un autre nom ; je puis en donner & J'excmple <Sc la preuve, fans fortir de l'ordre des qua- drupèdes , qui de tous les animaux font ceux que J'homme connoit le mieux , <Sc auxquels il étoit par conféquent en état de donner les dénominations les plus précifes.

Le nom d^ quadrupède fuppofe que l'animal mquaiiv

peds\ s'il manque de deux pieds comme le lamantin,

il n'efl plus quadrupède; s'il a des bras (Se des mains

comme le fmge , il n'eit plus quadrupède; s'il a des

Tome XIV. C

i8 Histoire Naturelle.

ailes comme la chauve-fouris, il n'eft plus qiiaclrupèJe,. Si l'on fait abus de cette dénomination générale lorf- qu'on l'applique à ces animaux. Pour qu'il y ait de la précifion dans les mots, il faut de la vérité dans les idées qu'ils repréientent. Faifons pour les mains un nom pareil à celui qu'on a f;ut pour les pieds, <5c alors nous dirons avec vérité (Se précifion , que l'homme e(} le fcul qui Ibit bimane <Sc bipède , parce qu'il eft le fcul qui ait deux mains &. deux pieds; que le la- mantin n'efl que bimane ; que la chauve-fouris n'eft <]ue bipède , ôi que le fmge efl quadrumane. Maintenant appliquons ces nouvelles dénominations générales à tous les êtres particuliers, auxquels elles conviennent; car c'efl ainfi qu'il faut toujours voir la Nature, nous trouverons que fur environ deux cents efpèces d'ani- maux qui peuplent la furface de la terre, 6c auxquelles on a donné le nom commun de quadrupèdes , il y a d'al)ord trente -cinq efpèces de finges , babouins, guenons, fapajous , iàgoins & makis, qu'on doit en retrancher , parce qu'ils font quadrumanes ; qu'à ces trente- cinq efpèces, il faut ajouter celles du loris, du farigue , de la marmofe , du cayopollin , i\\\ tarfier, du phalanger , <SwC. qui font auïïi quadrumanes comme les fjnges , guenons , fapajous <Sc fagoins ; que par con- féquent la lifte des quadrumanes étant au moins de quarante efpèces * , le nombre réel des quadrupèdes

* Nota, Nous ne difoiis pas trop , en ne comptant que quarante efpèces dans la lifle des quadrumanes \ car il y a dans les guenons ,

NOMENC LATURE DES S INC ES, I9

cfl; déjà réduit d'un cinquième: qu'enfuite ôtant douze ou quinze efpèccs de bipèdes; favoir , les chauvc-fouris <Sc les roufTettes , dont les pieds de devant font plutôt des ailes que des pieds ; 6i en retrancJiant auITi trois ou quatre gerboifes qui ne peuvent marcher que fur Jes pieds de derrière , parce que ceux de devant font trop courts , en ôtant encore le lamantin qui n'a point de pieds de derrière, les morfes , le dugon Si les pho- ques auxquels ils font inutiles, ce nombre des quadru- pèdes fe trouvera diminué de prefqu'un tiers ; <5c fi 011 vouloit encore en fouflraire les animaux qui fe fervent des pieds de devant comme de mains, tels que les ours, les marmottes, les coatis, les agoutis, les écu- reuils , les rats <5c beaucoup d'autres , la dénomination de quadrupède paroîtra mal appliquée à plus de la moitié des animaux : 6c en eftét, les vrais quadrupèdes font les folipèdes <Sc les pieds- fourchus ; dès qu'on defcend à Ja claiïe des fiffjpèdes , on trouve des quadrumanes ou des quadrupèdes anibigus , qui fe fervent de leurs pieds de devant comme de mains, & qui doivent être fé- parés ou diftingués des autres. Il y a trois efpèces de folipèdes , le cheval , le zèbre 6c Tiine , en y ajoutant l'éléphant, le rhinocéros , l'hippopotame , le chameau^ dont les pieds , quoique terminés par des ongles , font folides, 6c ne leur fervent qu'à marcher; l'on a déjà ■fept efpèces auxquelles le nom de quadrupède convient

fapajous, fâgoins , farigues , &c. plufieurs variétés qui pourroient feien être des efpôces réellement cliltiades.

Cij

20 H r STO I RE NATU RELLE.

parfaitement: il y a un beaucoup plus grand nombre cfs piecfs-fourchus que de folipèdes : les bœufs, les béliers , les chèvres , les gazelles, les bubales , les chevrotains , Je lama , la vigogne , la girafîe , l'élan , le renne, les cerfs, les dains , les chevreuils, &c. font tous des pieds-fourchus (Se eompofent en tout un nombre d'en- viron quarante efpèces ; ainfi voilà déjà cinquante ani- maux , c'efl-à-dire , dix folipèdes &. quarante pieds- fourchus , auxquels le nom de quadrupède a été bien appliqué : dans les fiiïipèdes , le lion , le tigre , les. panthères , le léopard , les lynx , le chat , le loup , le chien, le renard, l'hyœne , les civettes, le blaireau, les fouines, les belettes, les furets . les porcs- épis , leshériffons , les tatous, les fourmiliers ik les cochons qui font la nuance entre les fiïïipèdes & les pieds- fourchus , fonnent un nombre déplus de quarante autres efpèces, auxquelles le nom de quadrupède convient aulTi dans toute la rigueur de l'acception ; parce que quoiqu'ils aient le pied de devant divifé en quatre ou cinq doigts, ils ne s'en fervent jamais comme de main: mais tous les autres tiffjpèdes , qui fe fervent de leurs pieds de devant pour fadir & porter à leur gueule, ne font pas de purs quadrupèdes; ces efpèces qui font auffi au nombre de quarante, font une clafle intermé- diaire entre les quadrupèdes 6c les quadrumanes , & ne font précifément ni des uns ni des autres: il y a donc dans le réel plus d'un quart des animaux auxquels. k nom de quadrupède difconvient, & plus d'une moitié

Nomenclature des Si n ces, 2*

auxquels il ne convient pas dans toute retendue de fon acception.

Les quadrumanes rempliffent le grand intervalle qui fe trouve entre l'homme <Sc les quadrupèdes ; les bi- manes font un terme moyen dans la diflance encore plus grande de l'homme aux cétacées * : les bipèdes avec des ailes font la nuance des quadrupèdes aux oifeaux , & les fiffipèdcs qui fe fervent de leurs pieds comme de mains , rempliffent tous les degrés qui fo trouvent entre les quadrumanes &^ les quadrupèdes : mais c'efi nous arrêter affez fur cette vue ; quelqu'utile qu'elle puiffe être pour la connoiffance difîinde deS' animaux , elle l'eft encore plus par l'exemple, 6c pap ia nouvelle preuve qu'elle nous donne , qu'il n'y 3 aucune de nos définitions qui foit précifc , aucun de nos termes généraux qui foit exad: , lorfqu'on vient à les applicjucr en particulier aux chofes ou aux êtres- qu'ifs repréfentent:

Mais par quelle raifon ces termes généraux , qui paroilfent être le chef-d'œuvre de la penfée , font-ils fi défeélueux ! pourquoi ces définitions qui femblent n'être que les purs réfuftats de la combinaifon des êtres font -elles fi fautives dans l'application ! eft-ce erreur ncceffairc, défaut de re6litude dans l'efprit humain ' ou plutôt n'efl-ce pas fim])le incapacité , pure impuiffance

"^ Nota. Dans cette plirafc & dans toutes les autres {emhhhlçs ^ Je n'entencfs parler que Je l'homme phyfique , c'eft-à-clire , de fa fonïse^ iiucarps de l'homnie , conipar^^ à la forme du corps des animaux.

C iij

22 Histoire Natv relle.

de combiner & même cfc voir à la fois un grand nombre de chofes ! Comparons les œuvres de la Nature aux ouvrages de l'homme; cherchons comment tous deux opèrent, c^ voyons h refprit, quelqu adil , quel- qu'étendu qu'il foit , peut aller de pair &. fuivre la incme marche , fans fc perdre lui-même ou dans i'immcnfité de l'elpace , ou dans les ténèbres du temps , ou dans le nombre infini de la combinaifon des ctres. Que l'homme dirige la marche de fon cfprit fur un objet quelconque ; s'il voit jufle , il prend la ligne droite , parcourt le moins d'efpace &. emploie Je moins de temps poiïible pour atteindre à fon but; combien ne lui faut -il pas déjà de réflexions &. de condjinaifons pour ne pas entrer dans les lignes obli- (|ucs , pour éviter les fauffes routes , les culs-de-facs , les chemins creux qui tous fe préfentent les premiers, &i en fi grand nombre , que le choix du vrai fentier fuppofe la plus grande jufteffe de difcernement ; cela <:ependant eft poHible , c'efl-à-dire , n'eft pas au-defTus des forces d'un bon efprit , il peut marcher droit fur ii\ ligne 6c fans s'écarter ; voilà fa manière d'aller la plus fûre <?c la plus ferme : mais il va fur une ligne pour arriver à un point ; ôi s'il veut lâifir un autre point, il ne peut l'atteindre que par une autre ligne; la trame de fes idées efl un fil délié , qui s'étend jongueur fans autres dimenfions : la Nature au contraire ne fait pas un feul pas qui ne foit en tout fcns ; en ifti;irchant en avant , elle s'étet^J à côté &i s'élève au-

NOMENCLATV RE DES SiNGES. 22 clcfTus ; elle parcourt & remplit à la fois les trois dimenfions ; <5c tandis que l'homme n'atteint qu'un point, elle arrive au folide , en embrafTe le volume & pénètre la mafl'e clans toutes leurs parties. Que font nos Phidias lorfqu'ils donnent une forme à la matière brute î à force d'art <5c de temps ils parviennent à faire une furface qui repréfente exadement les dehors de l'objet qu'ils fe font propofé : chaque point de cette furface qu'ils ont créée, leur a coûté mille combinaifons ; leur génie a marché droit fur autant de lignes qu'il y a de traits dans leur figure; le moindre écart l'auroit déformée : ce marbre fi parfait qu'il femble refpirer , n'efl donc qu'une multitude de points auxquels l'Ar- tifle n'efl arri\é qu'avec peine & fucceffivement ; parce que l'efprit humain ne faififïïint à la fois qu'une feule dimenfion , Si nos fens ne s'appliquant qu'aux furfices , nous ne pouvons pénétrer la matière Se ne favons que J'elHeurcr : la Nature au contraire fait la braffer Si la remuer à fond ; elle produit fes formes par des aéles prefqu'inflantanés; elle les développe en les étendant à la fois dans les trois dimenfions; en même temps que fon mouvement atteint à la furface , les forces péné- trantes dont elle efl animée, opèrent à l'intérieur; chaque molécule eft pénétrée ; le plus petit atome, dès qu'elle veut l'employer , efl forcé d'obéir ; clic agit donc en tout fens , elle travaille en avant , en arrière , en bas , en haut , à droite , à gauche , de tous côtés h la fois, & par conféquent elle embrafTe non-feulemcnî;^

2^ Histoire Naturelle,

la fiirface , mais le volume , la mafTe 6c le Iblide entier dans toutes fcs parties : auiïl quelle difierence dans le produit , quelle comparaifon de la flatue au corps orga- nifé ! mais auffi quelle inégalité dans la puifTance , quelle dirj)roportion dans les inflrumcns ! L'homme ne peut employer que la force qu'il a; borné à une petite quan- tité de mouvement qu'il ne peut communiquer que par la voie de l'impulfion , il ne peut agir que fur les furfaces, puilqu'en général Ja force d'impulfion ne fe tranfmct que par Je contact des furperficies; il ne voit, il ne touche donc que la furface des corps ; & lorfquc pour tâcher de les mieux connoître , il les ouvre , les divife (Se les fépare, il ne voit 6: ne touche encore que des furfaces: pour pénétrer l'intérieur, il lui fau- droit une partie de cette force qui agit fur la mafle , qui fiiit la pefmteur & qui efl le principal inftrument de la Nature ; fi l'homme pouvoit difpofer de cette force pé- nétrante , comme il difpofe de celle d'impulfion , fi feulement il avoit un fcns qui y fût relatif, il verroit le fand de la matière; il pourroit l'arranger en petit, comme la Nature la travaille en grand: c'efl donc faute d'inf- îrumens , que l'art de l'homme ne peut approcher de celui de la Nature ; fes figures, fes reliefs , fes tableaux , fcs deffeins ne font que des furfaces ou des imitations de furfaces , parce que les images qu'il reçoit par fes fens font toutes fuperficielles , & qu'il n'a nul moyen de leur donner du corps.

Ce qui cfl vrai pour les arts , l'eft auïïi pour les fciences ;

feulement

NOMENCLATU'ikE DES S/NGES. 2j feulement elles font moins bornées, parce que l'efprit efl leur feiil inflrument, parce que dans les arts il efl fubor- donné aux fens , Si que dans les fciences il leur com- mande , d'autant qu'il s'agit de connoître Se non pas d'opérer, de comparer & non pas d'imiter: or l'efprit, quoique refTerré par les fens, quoique fouvent abufé par leurs faux rapports, n'en eft ni moins pur ni moins adif; l'iiomme qui a voulu favoir , a commencé par Jes reélifier, par démontrer leurs erreurs ; il les a traités comme des organes mécaniques, des inflrumens qu'il faut mettre en expérience pour les vérifier Si juger de leurs effets : marcbant enfuite la balance à la main Si le compas de l'autre, il a mefuré Si le temps Si l'efpace; il a reconnu tous les debors de la Nature, Si ne pou- vant en pénétrer l'intérieur par les fens , il l'a deviné par comparaifon 6c jugé par analogie ; il a trouvé qu'il exilloit dans la matière une force générale , différente de celle d'impulfion, une force qui ne tombe point fous nos fens, <5c dont par conféquent nous ne pouvons difpofer , mais que la Nature emploie comme fon agent univerfel ; il a démontré que cette force appartenoit à toute matière également, c'efl-à-dire, proportionnel- lement à fi maffe ou quantité réelle ; que cette force ou plutôt fon a6lion s'étendo it à des dillances immenfes , en décroiffant comme les efpaces augmentent; enfuite tournant fes vues fur les êtres vivans , il a vu que la cbaleur étoit une autre force néceffaire à leur produc- tion ; que la lumière étoit une matière vive, douée d'une Tome XI K D

26 H I STO IRE N ATU RELLE.

élaflicitc (Se d'une adivitc fans ])ornes ; que la forma- tion Sl le développement des êtres organifcs fc font par le concours de toutes ces forces réunies ; que l'exten- fion , l'accroifTcment des corps vivans ou végétans fuit exactement les loix de la force attra6live , 6c s'opère en effet en augmentant à la fois dans les trois dimen- fions ; qu'un moule une fois formé doit , par ces mêmes loix d'affinité , en produire d'autres tout femblables , &. ceux - ci d'autres encore fans aucune alcération de la forme primitive. Cond^inant cnfuite ces caractères communs , ces attributs égaux de la Nature vivante <5c végétante, il a reconnu qu'il exilloit 6c dans l'une 6c dans l'autre, un fonds inépuifable & toujours reverfdde de fubflance organique 6c vivante; fubftance auffi réelle , auffi durable que la matière brute; fubftance permanente à jamais dans fon état de vie, comme l'autre dans fon état de mort ; fubflance univcrfellement répandue , qui , paffant des végétaux aux animaux par la voie de la nutri- tion , retournant des animaux aux végétaux par celle de la putréfadion , circule inceffuiiment pour animer les êtres : il a vu que ces molécules organiques vivantes exiftoient dans tous les corps organifés , qu'elles y étoient combinées en plus ou moins grande quantité avec la matière morte , plus abondantes dans les animaux oii tout eft plein de vie , plus rares dans les végétaux le mort domine 6c le vivant paroît étemt, l'organique furcbargé par le bnit , n'a plus m mouvement progreffif , jii fentiment; ni chaleur, ni vie, 6c ne fe manifelle que

NOMENCLATU RE DES SiNGES. IJ par le développement (Se la reprodudion ; & réfléchi (ïïint fur la manière dont l'un 6^ l'autre s'opèrent, il a reconnu que chaque être vivant eft un moule auquel s'afhmilcnc les fubAances dont il fe nourrit; que c'efl par cette aiïimitation que fe fait l'accroiffement du corps; que fon développement n'efl pas une hmple augmentation du volume , mais une extenfion dans toutes les dimen- fions , une pénétration de matière nouvelle dans toutes les parties de la maffe ; que ces parties augmentant pro- portionnellement au tout , Sl le tout proportionnellement aux parties , la forme fe conferve & demeure toujours la même jufqu'à fon développement entier ; qu'enfin le corps ayant acquis toute fon étendue , la même matière jufqu 'alors employée à fon accroiffement efl dès-lops renvoyée , comme fuperflue, de toutes les parties aux- quelles elle s'étoitafHmilée ; Si qu'en fe réuniffant dans un point commun , elle y forme un nouvel être fem- blabie au premier, qui n'en diffère que du petit au grand, Sl qui n'a befoin, pour le repréfenter, que d'atteindre aux mêmes dimenfions en fe développant à fon toiH* par la même voie de la nutrition. Il a reconnu que l'homme, le quadrupède, le cétacée, l'oifeau , le rep- tile , l'infecle , l'arbre , la plante , l'herbe , fe nourriffent , fe développent <Sc fe reproduifent par cette même loi ; <Sc que fi la manière dont s'exécutent leur nutrition & leur génération paroît fi différente, c'eft que, quoique dépendante d'une caufe générale ôl commune , elle ne

peut s'exercer en païticulier qiie d'une façon relative à

D i;

2S Histoire Naturelle,

la forme de chaque efpèce d'ctres; <Sc chemin faifànC ( car il a fallu des fièclcs à i'efprit luimain pour arriver à ces grandes vérités , defquelles toutes les autres dé- pendent ), il n'a cefTc de comparer les êtres ; il leur a donné des noms particuliers pour les diflinguer les uns des autres, & des noms généraux pour les réunir fous un même point de ^ue; prenant fon corps pour le mo- dule pliyfique de tous les êtres vivans , &. les ayant mefurés, fondés, comparés dans toutes \tws parties, il a vu que la forme de tout ce qui rcfpire ert; à peu près la même ; qu'en difféquant le fingo on pouvoit donner l'anatomie de l'homme; qu'e- A^ nt un autre animal , on trouvoit toujours le : .le fond d'organi- fation , les mêmes fens , les mêmcb vifcères , les mêmes os, la même chair, le mêuii mouvement dans les fluides , le même jeu, la même adiion dans les folides; il a trouvé dans tous , un cœur , des veines & des artères ; dans tous, les mêmes organes de circulation, de refpi- ration, de digeflion , dénutrition, d'excrétion ; dans tous , une charpente folide , compofée des mêmes pièces à peu près affemblées de la même manière ; (Se ce plan toujours le même, toujours fuivi de l'homme au fin^^e, du fmge aux quadrupèdes , des quadrupèdes aux céta- cées , aux oifeaux , aux poiffons , aux reptiles ; ce plan , dis-je, bien faifi par I'efprit humain , eft un exemplaire fidelle de la Nature vivante , & la vue la plus fimple <5c la plus générale fous laquelle on puiffc la confidérer : <5c lorfqu'on veut l'ttvndre <Sc pafler de ce qui yïI à ce qui

Nomenclature des Singes. 29

végète, on voit ce plan qui d'abord n'avoit varié que par nuances , fe déformer par degrés des reptiles aux: infedes , des infedes aux vers , des vers aux zoophytes , des zoophytes aux plantes; Se quoiqu'altéré dans toutes fes parties extérieures, confervcr néanmoins le même fond , le même caradère dont les traits principaux font la nutrition , le développement <Scla reproduction; traits généraux Sl communs à toute fubflance organifée, traits éternels S. divins que le temps, loin d'effacer ou de dé- truire, ne fait que renouveler Si rendre plus évidcns.

Si de ce grand tableau des reiïemblances dans lequel l'Univers vivant fe préfente, comme ne faifant qu'une même famille, nous paffons à celui des difiérences, chaque efpèce réclame une place ifolée & doit avoir fon portrait à part , on reconnoîtra qu'à l'excep- tion de quelques efpèces majeures, telles que l'éléphant, le rhinocéros, l'hippopotame, ie tigre, le lion , qui doivent avoir leur cadre , tous les autres femblent fe réunir avec leurs voifms Se former des groupes de fmiili- tudes dégradées , des genres que nos Nomenclateurs ont préfentés par un lacis de figures dont les unes fe tiennent par les pieds, les autres par les dents, par les cornes, par le poil <Sc par d'autres rapports encore plus petits. Et ceux même dont la forme nous paroit la plus par- faite, c'eft-à-dire la plus approchante de la nôtre, les fmges , fe préfcntent enfemble & demandent déjà des yeux attentifs pour être diflingués les uns des autres ,

parce que c'çft moins à la forme qu'à Ja grandeur qu'eft

Diij

Histoire Naturelle.

attaché le privilège de refpèce ifolce, Si que riiomme liii-mcme qLioi([ue d'efpèce unique, infiniment diffé- rente de toutes celles des animaux , n'étant que d'une grandeur médiocre efl moins ifolé & a plus de voifins que les grands animaux. On verra dans l'iiifloire de l'orang-outang, que fi l'on ne fàifoit attention qu'à Ja figure on pourroit également regarder cet animal comme le premier des fmges ou le dernier des hommes , parce qu'à l'exception de l'ame, il ne lui manque rien de tout ce que nous avons , &i parce qu'il difïère moins de l'homme pour le corps, qu'il ne diffère des autres animaux auxquels on a donné le même nom de fmge.

L'ame , la penfée, la parole ne dépendent donc pas de la forme ou de l'organilation du corps ; rien ne prouve mieux que c'eft un don particulier, & fait à l'homme feul , puifque l'orang- outang qui ne parle ni ne penfe, a néanmoins le corps, les membres, les fens , le cerveau 6c la langue entièrement femblables à l'homme , puifqu'il peut faire ou contrefaire tous les niouvemens , toutes les allions humaines , <Sc que ce- pendant il ne fiiit aucun aéle de l'homme : c'efl peut^ être faute d'éducation , c'eft encore faute d'équité dans votre jugement; vous comparez, dira-t-on, fort injuf-. tement le finge des bois avec l'homme des villes ; c'efl à côté de l'homme lauvage , de l'homme auquel l'éducation n'a rien tranfmis , qu'il faut le placer pour les juger l'un <Sc l'autre; (Se a-t-on une idée jufte de l'homme dans l'état de pure Nature ! la tcte couverte

Nom ENCLATURE DES SiNCES. 31 c!e cheveux liérifrés, ou d'une iaine crépue ; la f-ice voilée par une longue barbe, fiirmontée de (\cux croif- fans de poils encore plus groffiers, qui par leur largeur 6c leur faillie raccourciffent le front, &. lui font perdre fon caradcre augufte , Sl non -feulement mettent les yeux dans l'ombre , mais les enfoncent Si les arron- diifcnt comme ceux des animaux ; les lèvres épaiiïes Si avancées ; le nez aplati ; le regard ftupidc ou farouche ; Jes oreilles , le corps Si les membres velus ; la peau dure comme un cuir noir ou tanné; les ongles lon^^s, épais c^ crochus ; une femelle calleufc en forme de corne fous la plante des pieds ; Sl pour attributs du fexe , des mamelles longues & molles , la peau du ventre pendante jufque fur les genous ; les enfans fe vautrant dans l'ordure <Sc fe traînant à quatre ; le père Si la mère affis fur leurs talons, tous hideux, tous couverts d'une craffe empeflée. Et cette efquiffe tirée d'après le fauvage Hottentot, efl encore un portrait flatté; car il y a plus loin de l'homme dans l'état de pure nature à l'Hottentot, que de l'Hottentot à nous : chargez donc encore le tableau fi vous voulez comparer le fnge à l'homme, ajoutez-y les rapports d'organifation, les convenances de tempérament, l'appétit véhément des fmgcs mâles pour les femmes, la même conformation dans les parties génitales des deux fexes; l'écoulement périodique dans ies femelles , Si les mélanges forcés ou volontaires des Négreffes aux fmges , dont le produit efl rentré dans l'une ou l'autre cfpèce ; Si voyez, fuppofé qu'elles ne

32 Histoire Naturelle.

foicnt pas la même, combien l'intervalle qui les fepare eft difficile à faifir.

Je l'avoue, fi l'on ne devoir juger que par la forme; l'efpèce du fmge pourroit ctre prife pour une variété dans l'efpcce humaine : le Créateur n'a pas voulu faire pour le corps de l'homme un modèle abfolument différent de celui de l'animal ; il a compris fa forme , comme celle de tous les animaux , dans un plan général ; mais en même temps qu'il lui a départi cette forme matérielle femblable à celle du fmge , il a pénétré ce corps animal de fon fouffle divin ; s'il eût fait la même faveur, je ne dis pas au fmge , mais à l'efpèce la plus vile , à l'animal qui nous paroît le plus mal organifé , cette efpèce feroit bien -tôt devenue la rivale de l'homme; vivifiée parl'efprit, elle eût primé fur les autres; elle eût penfé , elle eût parlé: quelque reflemblance qu'il y ait donc entre l'Hottentot <&. le fmge , l'intervalle qui les fépare efl; immenfe, puifqu'à l'intérieur il eft rempli par la penfée Sl au dehors par la parole.

Qui pourra jamais dire en quoi l'organifation d'un imbécille difïere de celle d'un autre homme! le défaut efl certainement dans les organes matériels , puifque l'imbécille a fon ame comme un autre : or , puifque d'homme à homme , tout eft entièrement conforme ÔL parfaitement femblable , une différence fi petite, qu'on ne peut la faifir, fuffit pour détruire la penfée ou l'empêcher de naître, doit- on s'étonner qu'elle nefoit jamais néç dans le fmge qui n'en a pas le principe!

L'ame

No M enclature des Si ng es. 33

L ame en gcncral a Ton action propre &i indépen- dante de la matière ; mais comme il a plu à Ton divin Auteur de l'unir avec le corps , l'exercice de fcs actes ])articuliers dépend de la conftitution des organes ma- tériels : Si. cette dépendance efl non -feulement prouvée par l'exemple de l'imbécille , mais même démontrée par ceux du malade en délire, de l'homme en fanté qui dort, de l'enfant nouveau qui ne penfe pas encore, 6c du vieillard décrépit qui ne penfe plus : il femhle même que l'eftet principal de l'éducation foit moins d'inflruire l'ame ou de perfcdionner fcs opérations fpirituelles , que de modifier les organes matériels , 6c de leur procurer l'état le plus favorable à l'exercice du principe penfant : or il y a deux éducations qui mepa- roiffent devoir être foigneufement diftinguées , parce que leurs produits font fort différens ; l'éducation de l'individu qui efl commune à l'homme <Sc aux animaux , 6l l'éducation de l'efpèce qui n'appartient qu'à l'homme: un jeune animal , tant par l'incitation que par l'exemple , apprend en quelques femaines d'àgç. à faire tout ce que fes père <5c mère font ; il faut des années à l'enfant , parce qu'en naiffant il eil: fins comparaifon beaucoup moins avancé , moins fort (Se moins formé que ne le font les petits animaux ; il l'efl même fi peu , que dans ce premier temps il efl nul pour l'efprit relativement à ce qu'il doit être un jour: l'enfant efl donc beaucoup plus lent que l'animal à recevoir l'éducation individuelle ;

mais par cette raifon même il devient fufceptible de Tome XJK £

34 Histoire Naturelle,

celle de l'efpèce ; les fecoiirs multiplies , les foins continuels qu'exige pendant long-temps Ton état de foibleiïe , entretiennent, augmentent l'attachement des pères (3c mères : Sl en foignant le corps ils cultivent l'efprit ; le temps qu'il faut au premier pour fe fortilier, tourne au profit i\u fécond; le commun des animaux eft plus avancé pour les facultés dw corps à deux mois , que l'enfant ne peut l'être à deux ans : il y a donc douze fois plus de temps employé à fa première édu- cation , fans compter les fruits de celle qui fuit, fans confidérer que les animaux fc détachent de leurs petits, dès qu'ils les voient en état de fe pourvoir d'eux-mêmes; que dès-lors ils fe féparentcS: bien-tôt ne fe connoiffent plus; en forte que tout attachement , toute éducation cciïent de très-bonne heure, & dès le moment les fecours ne font plus nécefïliires : or ce temps d'édu- cation étant (i court, le produit ne peut en être que très -petit, 6c il efl même étonnant que les animaux acquièrent en deux mois tout ce qui leur efl néceflaire pour l'ufige du refle de la vie ; <Sc fi nous fuppofions qu'un enfant dans ce même petit temps devînt affez formé, affez fort de corps , pour quitter fes parens 6c s'en féparer uns befoin , fans retour, y auroit-il une différence apparente 6c fenfible entre cet enfant 6c l'ani- mal! qucl({ue fpirituels que fuffent les parens , auroienî- ils pu dans ce court efpace de temps préparer , modifier fes organes , 6c établir la moindre communication de penfées entre icinr ame 6c la ficnne \ pourroient-ils éyeiUev

Nomenclature des Sinces. 35

fa mcnioire , ni la toucher par des ades afîez fouvcn t

réitérés pour y faire imprefTion l poiirroient-ils même

exercer ou dégourdir l'organe de Ja parole ! II faut , avant

que l'enfant prononce un feul mot, que fon oreille foit

mille Sl mille fois frappée du même fon ; <S^ avant qu'il

ne puifTe l'appliquer Sl le prononcer à propos , il faut

encore mille <Sc mille fois lui préfenter la même com-

binaifon du mot 6c de l'objet auquel il a rapport :

l'éducation, qui feule peut développer fon ame, veut

donc être fuivie long -temps Se toujours foutenue ; ù

elle cefToit, je ne dis pas à deux mois comme celle

des animaux, mais même à un an d'dgc, l'ame de

Tenfant qui n'auroit rien reçu fcroit fms exercice , 6c

faute de mouvement communique demeureroit inactive

comme celle de l'imbécille, à laquelle le défaut des

organes empêche que rien ne foit tranfmis ; 6: à plus

forte raifon , fi l'enfant étoit dans l'état de pure

nature , s'il n'avoit pour inflituteur que fa mère hot-

tentote, 6c qu'à deux mois d'âge il fût affcz formé de

corps pour fe paffer de fes foins 6c s'en féparer pour

toujours, cet enfant ne feroit-il pas au-deffous de

l'ijubécille, 6c quant à l'extérieur tout-à-fait de pair

avec les animaux! mais dans ce même état de nature,

Ja première éducation , l'éducation de nécelfité exigo

autant de temps que dans l'état civil; parce que dans

tous deux, l'enfant eft également foible , également

lent à croître ; que par conféquent il a befoin de fe-

cours pendant un temps égal; qu'enfin il périroit s'il

Eij

36 Histoire Naturelle,

ctoit abandonné avant l'âge de trois ans. Or cette ha- bitude nccefTaire, continuelle &i commune entre la mère 6. l'enfant pendant un fi long -temps fuflit pour qu'elle lui communique tout ce qu'elle pofsède ; & quand on voudroit fuppofer faufTement que cette mère dans l'état de nature ne pofsède rien , pas même la parole , cette longue habitude avec fon enfant ne fuf- hroit-elle pas pour faire naître une langue! ainfi cet état de pure nature , l'on fuppofe l'homme fans penfce, fans parole eft un état idéal, imaginaire qui n'a jamais exifté; la néceiïité de la longue habitude des parens à l'enfant produit la fociété au milieu du défert ; la famille s'entend & par figncs & par fons , Se ce premier rayon d'intelligence, entretenu, cultivé, communiqué a fait enfuite éclore tous les germes de la penfée : comme l'habitude n'a pu s'exercer, fe fou- tenir fi long-temps fms produire des fignes mutuels <Sc des fons réciproques , ces fignes ou ces fons toujours répétés (Se gravés peu à peu dans la mémoire de l'enfant deviennent des expreffjons confiantes; quelque courte qu'en foit la lifte, c'eft une langue qui deviendra bien- tôt plus étendue, fi la famille augmente , Si qui toujours fuivra dans fa marche tous les progrès de la fociété. Dès qu'elle commence à fe former, l'éducation de l'enfant n'efl: plus une éducation purement individuelle, puifque fes parens lui communiquent non -feulement ce qu'ils tiennent de la Nature , mais encore ce qu'ils ont reçu de leurs aïeyx &. de la fociété dont ils font

Nom ENCLATURE DES Si N G ES. 37

partie ; ce n'efl plus une conimunicalion fiiite par des individus ifolés , qui comme dans les animaux, fe bor- neroit à tranfmettre leurs fimples facultés; c'efl une inftitution à laquelle i'erpèce entière a part, &i dont le produit fait la bafe 6c le lien de la focicté.

Parmi les animaux même, quoique tous dépourvus du principe penfant , ceux dont l'éducation efl la plus longue font aufTi ceux qui paroiffent avoir le plus d'in- telligence; l'éléphant, qui de tous efl le plus long- temps à croître, ôl qui a befoin des fecours de fa mère pendant toute la première année, efl auffi le plus in- telligent de tous : le cochon d'Inde, auquel il ne fiut que trois femaines (ÏAgc pour prendre tout fon accroif- fement & fe trouver en état d'engendrer , efl peut-être par cette feule raifon l'un des plus ftupides; & à l'égard dufmge, dont il s'agit ici de décider la nature, quelque reffemblant qu'il foit à l'homme, il a néanmoins une fi forte teinture d'animalité qu'elle fe reconnoit dès le moment de la naiffance ; car il efl à proportion plus fort <Sc plus formé que l'enfant, il croît beaucoup plus vite , les fecours de la mère ne lui font néceffaires que pendant les premiers mois , il ne reçoit qu'une édu- cation purement individuelle , &. par conféquent aufîx ftérile que celle des autres animaux.

Il efl donc animaf , & malgré fa reffemblance à

l'homme, bien loin d'être le fécond dans notre cfpèce,

il n'efl pas le premier dans l'ordre desanimaux, puifqu'il

n'eft pas le plus intelligent; c'ed yniquement fiir ce

£ iij

38 Histoire Natu relle.

rapport de refTemblance corporelfc qu'efl appuyé le préjugé de la grande opinion qu'on s'efl formée des facultés du finge ; il nous reffemble, a-t-on dit, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur; il doit donc non-feulement nous imiter, mais faire encore de lui-même tout ce que nous faifons. On vient de voir que toutes les allions qu'on doit appeller humaines , font relatives à la fociété , qu'elles dépendent d'abord de l'ame & cnfuite de l'éducation dont le principe pliyfique efl la néceffité de la longue habitude des parens à l'enfant; que dans le fmge cette habitude efl fort courte, qu'jl ne reçoit comme les autres animaux qu'une éducation purement individuelle , <Sc qu'il n'ell pas même fufceptible de celle de l'efpèce ; par conféquent il ne peut rien faire de tout ce que l'homme fait , puifqu 'aucune de fes allions n'a le mcme principe ni la même fin ; & à l'égard de l'imitation qui paroît être le caradlère le plus marqué, l'attribut le plus frappant de l'efpèce du finge, <Sc que le vulgaire lui accorde comme un talent unique , il faut avant de décider , examiner fi cette imitation efl: libre ou forcée : le finge nous imite-t-il, parce qu'il le veut, ou ])ien parce que fins le vouloir il le peut ! j'en appelle fur cela volontiers à tous ceux qui ont obfervé cet animal fans prévention , 6c je fuis convaincu qu'ils diront avec moi, qu'il n'y a rien de libre , rien de volontaire dans cette imitation ; le finge ayant des bras 6c des mains s'en fert comme nous, inais fins fonger à nous : la fimilitude des membres

Nomenclature des Singes. 39

Se des organes produit ncceflairejnent des mouvcnicns &. quelquefois nicme des fuites de mouvemens qui rcf- femblent aux nôtres; étant conformé comme l'homme, le finge ne peut que fe mouvoir comme lui ; mais fe mouvoir de mcme n'eft pas agir pour imiter : qu'on donne à deux corps bruts la même impulfion; qu'on conftruife deux pendules, deux machines pareilles, elles fe mouveront de mcme, ô. l'on auroit tort de dire que ces corps bruts ou ces machines ne fe meuvent ainfr que pour s'imiter; il en efl de même du fm^-e relati- vement au corps de l'homme, ce font deux machines conflruites, organifécs de mcme, qui par néce/Tité de nature fe meuvent à très-peu près de la même façon : néanmoins parité n'efl pas imitation; l'une gît dans la matière 6c l'autre n'exifte que par l'efprit ; l'imitation fuppofe le deffein d'imiter; le fmge efl incapable de former ce deflein, qui demande une fuite de penfées , ôi. par cette raifon l'homme ])eut, s'il le veut, imiter le fmge , & le fmge ne peut pas même vouloir imiter l'iiomme.

Et cette parité qui n'efl que le phyfique de l'imi- tation , n'efl pas auffi complète ici que la fmiilitude, dont cependant elle émane comme effet immédiat; le fmge reffemble plus à l'homme par le corps <5c les membres que par l'ufage qu'il en fliit; en l'obfcrvant avec quelqu'attention on s'apercevra aifémcnt que tous fcs mouvemens font brufques, intermittens, pré- cipités; ôi que pour les comparer à ceux de l'homme^

40 Histoire Naturelle,

il fhiicfroit leur fiippofcr une autre échelle ou plutôt un module différent : toutes les adions du finge tiennent de fon éducation qui eil purement animale , elles nous paroilfent ridicules , inconlcquentes , extravagantes , parce que nous nous trompons d'échelle en les rap- portant à nous, 6c que l'unité qui doit leur fervir de mefurc efl trcs-diffcrente de la nôtre : comme fa nature efl vive, fon tempérament chaud, fon naturel pétulant, qu'aucune de fes aiieétions n'a été mitigée par l'édu- cation ; toutes fes habitudes font exceffives <Sc reffem- Lient beaucoup plus aux mouvemens d'un maniaque qu'aux aétions d'un homme ou même d'un animal tranquille : c'efl par la même raifon que nous le trou- vons indocile , <Sc qu'il reçoit difficilement les habitudes qu'on voudroit lui tranfmettre : il efl infenhble aux carcffes 6c n'obéit qu'au châtiment ; on peut le tenir en captivité , mais non pas en domefticité ; toujours trifle ourevéche, toujours répugnant, grimaçant, on le dompte plutôt qu'on ne le prive : auffi l'efpèce n'a jamais été domeftique nulle part ; 6c par ce rapport, il efl encore plus éloigné de l'homme que la plupart des animaux : car la docilité fuppofe quelqu'analogie entre celui qui donne 6c celui qu'' reçoit, c'efl une qualité relative qui ne peut être exercée que lorfqu'il fe trouve des deux parts un certain nombre de facultés communes , qui ne différent entr'elles que parce qu'elles font aélives dans le maître 6c paffives dans le fujet. Or je pffif du fmge, a moins de rapport avec l'adif de

l'homme ,

Nomenclature des Singes. 41

l'homme, que le pafTif du chien ou de l'clcphant qu'il fuffit de bien traiter pour leur communiquer les fcnti- mcns doux & même déhcats de l'attachement fidèle , de robcifïïince volontaire, du Icrvice gratuit & du dé- vouement fans rélerve.

Le fmge efl donc plus loin de l'homme que la plupart des autres animaux par les qualités relatives : il en diffère aufTi beaucoup par le tempérament ; l'homme peut habiter tous les climats; il vit , il multiplie dans ceux du Nord (Se dans ceux du Midi ; le finge a de la peine à vivre dans les contrées tempérées , <Sc ne peut multi- plier que dans les pays les plus chauds : cette différence dans le tempérament en fuppofe d'autres dans l'orga- nifation , qui , quoique cachées , n'en font pas moins réelles; elle doit auffi influer beaucoup fur le naturel; l'excès de chaleur qui eft néceffaire à la pleine vie de cet animal rend exceffives toutes fes affeélions , toutes fes qualités ; 6c il ne faut pas chercher une autre caufe à fa pétulance , à fa lubricité 6c à fes autres pafflons , qui toutes nous paroiffent auffi violentes que défor- données.

Ainficefmge, quelesPhilofophes, avec le vulgaire, ont reirardé comme un être difficile à définir , dont ia nature étoit au moins équivoque 6c moyenne entre celle de l'homme 6c celle des animaux, n'efl dans la vérité qu'un pur animal, portant à l'extérieur un mafqiie de figure humaine, mais dénué à l'intérieur de lapenfée 6c de tout ce qui fait l'homme ; un animal au-dcflbus Tome XIK F

42 Histoire Natu belle , ère.

de j)liirieurs autres par les facultés relatives , <5c encore effentiellement différent de l'homme par le naturel, par Je tempérament ôl auffi par la mefure du temps nécef- faire à l'éducation , à la geflation , à l'accroiffement du corps, à la durée de la vie , c'eft-à-dire^ par toutes les habitudes réelles (jui conftituent ce qu'on appelle nature dans un être particulier.

^-.f^<^^^^j\

ifi^-p

43

LES ORANG-OUTANGS,

ou LE PONGO* ET LE JOCKO**.

N

ou s préfentons ces deux animaux enfeinble , parce qu'il fe peut qu'ils ne fadent tous deux qu'une feule <Sc

* Orang-outang, nom de cet animal aux Indes orientales; Pongo , nom de ce même animal à Lowando , province de Congo ; Kukurlacko dans quelques endroits des Indes orientales , félon Kjoep , chap, 86 , •cité par Linnaeus.

Homo filvejlris. Orang-outang. Bontius, pag. S ^ , fg. \h\d. Nota. Cette figure reprefente plutôt une femme qu'une femelle de finge.

Satyri fihejlres. Orang-outang diéli. Icônes arborum ut & ani-

malium. Lugd. Bat. apud. Vanderaa. Tab. antcpenult. duœfgurœ.

Troglodites. Homo noélurnus. Linn. Syjf. nat. edit. X , pag. 24.

Ooran-outan. Capt. Bealcmans Travel 10 Bornéo. London , lyiS,

fg'

Oerantrs-oetangs, de Ceyïan. Voyages de Gauthier Schoutten aux Indes

trientales. AmJIerdam , J 7 0 y.

Drill , félon Charleton. Exerc'it. pag. i 6.

■Smïtten , fclon Bofman. Voyage de Guinée, page y iS.

Barris , félon plufieurs Voyageurs.

Pongo , félon Battel , PurchafF & autres.

* Jocho. Enjocko , nom de cet animal à Congo que nous avons ndopté. En, efl l'article que nous avons retranchtf. \J Enpakajfa de Congo s'appelle Pacajfa ou Pacajfe, & par conféquent on doit appeler ï Enjocko, Jocko. ^^r/j en Guinée félon Fr. Pyx2ixd , page ^ 6 ^, & aufTj félon le P. du Jarric. Champaniçe , QuimpeTje , par les Anglors qui fréquentent la côte d'Angole ; on l'a aulli appelé Homme fauvage; Homme des bois , comme le Pongo ; d'.iutres l'ont nommé Pigmée de Cuinée. Quojafmoras, dans quelques endroits de l'Afrique, félon Dapper.

Fij

44- Histoire Naturelle

même efpèce. Ce font de tous les fingcs ceux qui refTeniblent le plus à l'homme , ceux qui par conréqucnt font les plus clignes d'être obfervés ; nous avons vu ie petit orang-outang ou lejocko vivant, <Sc nous en avons confervé les dépouilles ; mais nous ne pouvons parler du])ongo ou grand orang-outang, que d'après les rela- tions des Voyageurs : fi elles ctoient fidèles , fi fouvent elles n'étoient pas obfcures , fautives , exagérées, nous ne douterions pas qu'il ne fût d'une autre efpèce que le jocko , d'une efpèce plus parfaite & plus voifine encore de l'efpèce de l'homme. Bontius qui étoit Médecin en chef à Batavia, & qui nous a lailfé de bonnes obfcr- vations fur l'Hiftoire naturelle de cette partie des Indes , dit expreiïement * qu'il a vu avec admiration quelques

Qucjûvoran , Qulnomomu , Quoîafmorron , félon d'autres ; Schago ou le Sauvage^ par les Portugais.

Satyrus Indkus. Tulpius. Ohferv. Med. lib. III , cap. lvi, fig. ïbid. Homo fdvejlris , Our^^ng - outang. T y ion , Amtomy of a°P,Vm/>. London, i 699 , fig. png. 108.

Baris five Barris. Pygmeus Gmneenfis , Chimpanrce Anglis. Defcrip. of fome curious créatures , &c. London , 171 p , in-S." fg.

Theman ofthe Woods. Edwards Gleaiiings. London, lys'^S. mo 6 fig. ihid. yj ' t" a-

Satyrus JJmia ecmdata fultus nuda. Linn. SyJÎ. nat. edit. X , pag. 2 5 .

Smia ungmbus omnibus, planis & rotundads , cœfarie faciem cin- gente. . . . Homo fdvejlris , \ Homme des bois. Rrifl: Reg. anim. pag. 189.

* Ciuod meretur admirationem , vidi ego aliquot ulriufque fexûs ereâè încedentes imprimis ( cujus effigiem hic exhibée) fatyram femellam tantâ yerecundiâ ab ignoûsféi hominibus acculent em , tum quoque faciem manibus (hceat ita dicere J tegentem , ubertimque lacrymantm , gcmiius cientcm

DES OrAngs-Outangs, ifc. 4^

individus de cette efpèce marchant dehoiit fur leurs pieds , éc entr'autres une femelle ( dont il donne la figure ) ({ui fembloit avoir de la pudeur, qui fe couvroit de fa main à l'afped des hommes qu'elle neconnoiffoic pas , qui pleuroit, gémiffoit 6c faifoit les autres adions humaines , de manière qu'il fembloit que rien ne lui manquât que la parole. M. Linnaeus * dit d'après Kjoep 6c quelques autres Voyageurs , que cette faculté même ne manque pas à l'orang-outang, qu'il pcnfe , qu'il parle 6c s'exprime en fifflant ; il ra})pcllc homme iwâiime , Si en donne en même temps une defcription , par la- quelle il ne feroit guère poffible de décider fi c'efl un animal ou un homme. Seulement on doit remarquer que cet être, quel qu'il foit , n'a félon lui que la moitié de la hauteur de l'homme; 6c comme Bontius ne fait nulle mention de la grandeur de fon orang-outang, on pourroit penferavec M. LinUcTus que c'efl le même : mais alors cet orang-outang de Linnceus 6c de Bontius ne feroit pas

df cœteros humanos aâus exprimentem , vt n'ihil humanî ei deeffe diceres

prœter loquelam Nomen ei inJunt Ourang-outang {juod hominem

Jdvœ [ignïjïcat. Jac. Bout. H'ijl. nat. Ind. cap. XXXII , pag. 84 & 85.

* Homo noâurnus. Homo filvejîris Orang-outang Bontii. Corpus album , înce(fu ereâiim , nojlro dimidto minus , pUi albi contortuplicati , oculi orhicu- lati , iridi pupûlaque aurea. Palpebrœ antice incumbentes cum membrana mélilanie. Vifus lateralis, noâurnus. yEtas viginîi quinque annorum. Die cœcutit, latet ; noélu videt , exit, furatur. Loquiiur fibilo, cogiiat , crédit fui causa fadani tellurein , le aliquando iteruiii fore imperantem , fdes peregrinatoribus. . . Habitat in JavŒ , Amboinœ , Ternatœ fpduncis. \l\\ï\.Syjt, nat, edit. X, pag. 24.

Fiij

46 Histoire Naturelle

le véritable qui efl Je la taille des plus grands hommes ; ce ne feroit pas non plus celui que nous appelons/^<r^«7 <Sc que j'ai vu vivant : car, quoiqu'il Toit de la taille que M. Linnsus donne au fien , il en diffère néanmoms par tous les autres caradères. Je puisaiïlircr, l'ayant vu plufieurs fois, que non-feulement il ne parle ni ne fiftie pour s'exprimer , mais même qu'il ne fait rien (\u\m chien bien inftruit ne put faire : ôl d'ailleurs il diffère prefqu'en tout de la defcription que M. LinUcTus donne de l'orang-outang , <Sc fe rapporte beaucoup mieux à celle (lufa/j'nis de ce même Auteur: je doute donc beau- coup de la vérité de la defcription de cet lioîwne noc^ turne ; je doute même de fon exiflence , à. c'efl proba- blement un Nègre blanc , un chacrclas "^ que les Voyageurs , cités par M. Linnseus, auront mal vu <5c mal décrit. Car ces chacrelas ont en effet, comme X homme nodurne de cet Auteur , les cheveux blancs , laineux <&. frifés , les yeux rouges , la vue foible , <S:c. Mais ce font des hommes , <Sc ces hommes ne fifflent pas d>L ne font pas des pigmées de trente pouces de hauteur; ils penfent, parlent & agiiïent comme les autres hommes , à. font auffi de la même grandeur.

En écartant donc cet être mal décrit , en fuppofant auffi un peu d'exagération dans le récit de Bontius , un peu de préjugé dans ce qu'il raconte de la pudeur de

* Voyez ce cjue nou5 avons dit de cette race d'hommes dans notre Difcours fur les variétés de l'elpèce humaine. Volume 111 de cette jHiJloire naturelle.

DUS Orancs-Outancs ,i/c. 47

fa femelle orang-outang , il ne nous refiera qu'un animal , un fmge , dont nous trouvons ailleurs des indications plus précifes. Edward Tyfon * , célèbre Anatomifle Anglois , qui a fait une très- bonne def- cnption , tant des parties extérieures qu'intérieures de l'orang-outang , dit qu'il y en a de deux efpèces , &: que celui qu'il décrit n'eft pas fi grand que l'autre appelé bmris '' ou haris par les Voyageurs , &. vulgai- rement drill parles Anglois. Ce barris ou dr'ill t^ en effet le grand orang-outang des Indes orientales ou le pongo de Guinée, <Sc le pigmée décrit par Tyfon c(l le jocko que nous avons vu vivant. Le Philofophe Gaffendi ayant avancé, fur le rapport d'un Voyageur nommé S! AmmiJ , qu'il y avoit dans l'ile de Java une efpèce de créature qui faifoit la nuance entre i'homme &. le fmge , on n'héfita pas à nier le fait : pour le prouver , Peircfc produifit une lettre d'un M. Noël fNatdlis ) Médecin qui demeuroit en Afrique, par laquelle il affure" qu'on trouve en Guinée de très-

'The anatomy of a Pygmie. London , i^pp , în-jf..'

^ The Baris or Barris, Which tliey defcribe to be much taller ihnn

our animal, probably niay be what we call a Dril/.TyCon , anat, of

a pygfriie , pag. i .

'^ Smt in Guineâ fimiœ , barhâ procerâ cnnàque & pexâ propemodum

venerabiles, in cedunt lente ac videntur prœ cœteris faperc ; maximi faut ù*

Barris dicuntur ; pollent maxime judicio, femel dumtaxat quidpiam docendî.

Vejle induti Ulico bipèdes incedunt, Scitè ludunt fjlulâ , cytharâ aliifqus

id genus Fœminœ denique in m patiuntur mcnjîrua , & mares mU"

lierum funt appeîcntijfimi^ GafTciidi, iib, V.

48 Histoire Natu relle

grands finges appelés hanis , qui marclient fur Jeux

pieds, qui ont plus de gravité <Sc beaucoup plus d'in-

telli^^ence que tous les autres finges , Sl qui font <rès-

ardens pour les femmes. Darcos , Si enfuite Nierem-

berg ^ & Dapper ^ difent à peu près les mêmes cliofes

du barris. Battel '^ l'appelle poiigo , & affure^c qu'il eft

« dans toutes fes proportions femblable à l'homme , feu-

« lement qu'il eft plus grand ; grand , dit-il , comme un

» géant; qu'il a la face comme l'homme , les yeux en-

» foncés , de longs cheveux aux côtés de la tcte , le vifige

5> nu & fans poil , aulfi-bien que les oreilles & les mains;

» le corps légèrement velu , 6c qu'il ne diffère de l'homme

>) à l'extérieur que par les jambes , parce qu'il n'a que peu

» ou point de mollets ; que cependant il marche toujours

» debout ; qu'il dort fur les arbres 6c fe conflruit une hutte,

un a!)ri contre le foleil (5c la pluie ; qu'il vit de fruits 6c

ne mange point de chair ; qu'il ne peut parler, quoiqu'il

5) ait plus d'entendement que les autres animaux ; que

» quand les Nègres font du feu dans les bois , ces pongos

5> viennent s'affeoir autour 6c fe chauffer, mais qu'ils n'ont

pas allez d'efprit pour entretenir le feu en y mettant

du bois ; qu'ils vont de compagnie, & tuent quelquefois

« des Nègres dans les lieux écartés ; qu'ils attaquent même

5> l'éléphant , qu'ils le frappent à coups de bâton 6c le

" Nieremberg. Hijl. nat. Peregr. lib. IX , cap. 44 & 45. ^ Defcripiion de l'Afrique , par Dapper , page ^^p. '^ Purchaff Pilgr'ms , part, II, lib. VII, cliap. m. H'ijloïre génévAÎe des voyages , tome V, pag^ 8p.

chaffcnt

»

»

3)

»

DES 0 RAN GS-OUT AN G S , ira 49

chaiïent de leurs bois ; qu'on ne peut prendre ces « pongos vivans , parce qu'ils font fi forts , que dix :c hommes ne fuffiroient pas pour en dompter un fcul; « qu'on ne peut donc attraper que les petits tout jeunes; « que la mère les porte marchant debout, <5c qu'ils fe k tiennent attachés à fon corps avec les mains <S: les « genoux; qu'il y a deux efpèces de ces finges très- reffemblans à l'homme , le pongo qui eft auiïi grand & « plus gros qu'un homme, oc l'enjocko qui efl beaucoup « plus petit , 6vc. » : c'eft de ce paffage très -précis que j'ai tiré les noms de poîigo 6l de jocko. Battel dit encore que lorfju'un de ces animaux meurt, les autres couvrent fon corps d'un amas de branches <Sc de feuil- lages. Purcbaff ajoute en forme de note, que dans les converfations qu'il avoit eues avec Battel , il avoit appris de lui qu'un pongo lui enleva un petit Nègre qui pafîa un an entier dans la fociété de ces animaux ; qu'à fon retour, ce petit Nègre raconta qu'ils ne lui avoient fait aucun mai; que communément ils étoient de labauteur de l'homme , mais qu'ils font plus gros , ôl qu'ils ont à peu près le double du volume d'un homme ordinaire. Jobfon affure avoir vu dans les endroits fréquentés par ces animaux une forte d'habitation compofée de bran- ches entrelaffées , qui pouvoient fervir du moins à les garantir de l'ardeur du foleil ^ « Les fmges de Guinée , dit ( Bofman ^' ) que l'on appelle y?/w/^;z en Flamand , <%

Hifloire générale des Voyages , tome 111 , page 2p J.

* Voyage de Guiiiée , par Bofman , page 2^ 8.

Tome XIV, G

50 Histoire Natu relle

font de couleur fauve , Sl deviennent extrêmement grands : j'en ai vu , ajoute-t-il , un de mes propres yeux

qui avoit cinq pieds de Iiaut Ces fmges ont une

affez vilaine figure, auffi-bien que ceux d'une féconde efpèce qui leur reffemblent en tout , fi ce n'efl que quatre de ceux-ci feroient à peine auffi gros qvi'un de la première efpèce. . . . On peut leur a])prendre prcfque tout ce que l'on veut». Gauthier Schoutten * dit « que les fmges appelés par les îndicr^ oraug- outang^s , font prefque de la même figure (Se de la même grandeur que les hommes , mais qu'ils ont le dos <S^ les reins tous couverts de poil , fans en avoir néanmoins au-devant du corps ; que les femelles ont i}.<i\\x groffes mamelles ; que tous ont le vifage rude, le nez plat, même en- fonce, les oreilles comme les hommes; qu'ils font robufles , agiles , hardis, qu'ils fe mettent en défenfc contre les hommes armés , qu'ils font paffionnés pour les femmes ; qu'il n'y a point de fureté pour elles à paffer dans les hois, elles fe trouvent tout d'un coup atta- quées (3c violées par ces finges » . Dampier , Froger (Se d'autres Voyageurs affurent qu'ils enlèvent des petites filles de huit ou dix ans , qu'ils les em.portentau-deffus des arbres (Se qu'on a mille peines à les leur ôter. Nous pouvons ajouter à tous ces témoignages celui de jM. de la Broffe, qui a écrit fon voyage à la côte d' Angola en 1-738, (Se dont on nous a communiqué l'extrait : ce Voyageur aiïlire que * les orangs-outangs qu'il appelle * Voyage de Gaut. Scliouuen. Amjlerdam, Jyoy, in-J2,

ce

- u

DES 0 RANGS-OUT ANGS , dfc. 5I

quwtpezés , tâchent de furprendrc des Nègreiïes ; qu'ils «

les gardent avec eux pour en jouir; qu'ils les nourrifîcnt «

très-bien: j'ai connu , dit-il, àLowango une NègrefTe «

qui étoit refiée trois ans avec ces animaux; ils croifTent «

de fix à fept pieds de haut ; ils font d'une force (ans «

égale; ils cabanent (Se fe fervent de biUons pourfe de- <c

fendre; ils ont la face plate , le nez camus <Sc épaté, «

les oreilles plates fans bourrelet , la peau un peu plus ^c

claire que celle d'un mulâtre, un poil long & clair-femé '^

dans plufieurs parties du corps , le ventre extrêmement

tendu , les talons plats <?c élevés d'un demi -pouce en

viron par-derrière; ils marchent fur leurs deux pieds , *^

<5c fur les quatre quand ils en ont la fantaifie : nous en "

achetâmes deux jeunes , un mâle qui avoit quatorze ''

lunes , &. une femelle qui n'avoit que douze lunes «

à^Agç. , (Sec. »

Voilà ce que nous avons trouvé de plus précis &. de

plus certain au fujet du grand oran^-oiitang ou pon^o ;

& comme la grandeur eft le feul caractère bien marqué,

par lequel il diffère du jocko, je perfifle à croire qu'ils

font de la même efpèce ; car il y a ici deux chofes pof

fibles : la première, que le jocko foit une variété conf-

tante , c'eft-à-dire , une race beaucoup plus petite que

celle du pongo ; à la vérité ils font tous deux du même

climat; ils vivent de la même façon , & devroient par

conféquent fe reffembler en tout puifqu'ils fubiffent (Se

reçoivent également les mêmes altérations , les mêmes

influences de la terre 6l du ciel ; mais n'avons -nous

Gi;

52 Histoire Naturelle

pas clans rcfpècc humaine un exemple de variété feni- hlablc \ le Lappon <Scle Finlanclois fous le même climat diffèrent entr'eux prefqii'autant par la taille Si beaucoup plus pour les autres attributs , ([ue \e;ocko ou petit orang- oiitans, nedifîèredu grand. La féconde chofe poffible , c'efl que le jocko ou petit orang-outang que nous avons vu vivant, celui de Tulpius, celui de Tyfon 6c les autres qu'on a tranfportés en Europe , n'étoient peut-être tous que de jeunes animaux qui n'avoient encore pris qu'une partie de leur accroiffement. Celui que j'ai vu avoit près de deux pieds cSc demi de hauteur. Le fieur Nonfoux auquel il appartenoit , m'affura qu'il n'avoit que deux ans : il auroit donc pu parvenir à plus de cinq pieds de hauteur s'il eut vécu , en fuppofant fon accroif- fement proportionnel à celui de l'homme. L'orang- outang de Tyfon étoit encore plus jeune , car il n'avoic qu'environ deux pieds de hauteur , <Sc fes dents n'étoient pas entièrement formées. Celui de Tulpius étoit à peu près de la grandeur de celui que j'ai vu ; il en efl de même de celui qui ell gravé dans les Glanures de M. Edwards: il efl donc très -probable que ces jeunes animaux auroient pris avec l'âge un accroiffe- ment confidérable, <S( que s'ils euffent été en liberté dans leur climat, ils auroient acquis la même hauteur , les mêmes dimenfions que les Voyageurs donnent à leur grand orang-outang ; ainfi nous ne confidérerons plus ces deux animaux comme différens entr'eux , mais comme ne faifant qu'une feule <&. même efpèce.

DES Orancs-Outangs, i/c,

en attendant que des connoiffances plus précifes de- truifent ou confirment cette opinion qui nous paroil fondée.

L'orang-outang que j'ai vu marchoit toujours debout fur fesdeux pieds , même en portant des chofes lourdes ; fon air étoit affez trille , fa démarche grave, fes mou- vemens mefurés , fon naturel doux <5c très-différent de celui des autres fmges ; il n'avoit ni l'impatience du magot, ni la mécJianceté du babouin , ni l'extravagance des guenons ; il avoit été , dira - 1- on , inftruit 6c bien appris , mais les autres que je viens de citer 6c que je lui compare , avoient eu de même lair éducation ; le fjgne 6c la parole fuffifoient pour faire agir notre orang- outang, il falloit le bâton pour le babouin , 6c le fouet pour tous les autres qui n'obéiffent guère qu'à la force des coups. J'ai vu cet animal préfcnter fa main pour reconduire les gens qui venoient le vifiter , fe pro- mener gravement avec eux 6c comme de compagnie ; je l'ai vu s'affeoir à table , déployer fa ferviette , s'en effuyer les lèvres , fe fervir de la cuiller 6c de la fourchette pour porter à fa bouche, verfer lui-même û boiffon dans un verre , le choquer , lorfqu'il y étoit invité , aller prendre une taffe 6c une foucoupe, l'apporter fur la table, y mettre du fucre , y verfer du thé , le laiffer refroidir pour le boire , 6^ tout cela fans autre infligation que les fignes ou la parole de fon maître, 6c fouvent de lui-même. Il ne faifoit du mal à

perfonne, s'approchoit même avec circonfpedion, 6:

G iij

54 Histoire Natu relle

fe préfentoit comme pour d^mancl^r des careffcs ; il aimoit prodigieufement les bonbons , tout le monde lui en donnoit; 6c comme il avoit une toux: fréquente 6c la poitrine attaquée, cette grande quantité de chofcs fucrées contribua fans doute à abréger fa vie : il ne vécut à Paris qu'un été , 6c mourut l'hiver fuivant à Londres; il mangeoit prefque de tout, feulement il préféroit les fruits mûrs 6c fecsà tous les autres alimens ; il buvoit du vin, mais en petite quantité, 6c le laiiïbit volontiers pour du lait , du thé ou d'autres liqueurs douces. Tulpius ^ qui a donné une bonne defcription

* Erat hic fatyrus quadrupcs , fed ab humanâ fpecie quam prœ fe fert vocatur Imlis Ourang-outang , Homo fdvcjlris , uti Afrkanis Quojas- niorrou : expriiiiens longitudine puerum trimum ; ut crûjfitie fexennem , corpore erat nec obefo nec grac'di , fed quadrato, habUiffîmo tamen ne per- niciJJJmo. Artubus vero tant f riais Ù' mufculis adco vafis, ut quidvis Ô^ mderet Ù" poffet, Anlerius undique glaber at ponè hirfutus ac nigris cri- vibus obftus. Faciès mentiebatur hominem , fed nares fimœ ù" aduncx rugofam & edentulam anum. Aures verô Jiil difcrcpant ab humanâ forma vti neque peâus ornatum utrinque mammâ prœtumidâ ( erat enim fexus fœminei). Venter habebat umbilicum profundiorem , ù' artus , cum fjpe~ riores tu:n inferiores , tam exadam cum homine fimilitudinem ut vix ovum ovo videris fimilius. NeQ cubito défait débita commijfura, nec manïbus di- gitorum ordo ; ncdum pollici figura humanâ vel cruribus furœ vcl pcdi calcis fulcrum. Quœ concinna ac decens membrorum forma in caujja fuit, quod multoties incederet ereâus , neque attoUeret minus gravate , quam îransfcrret faciPe qualecumque graviffimi oneris pondus. Bibiturus prœhen- debat canthari anfani manu altéra ; alteram verè vafis fundo fupponens ,

dbfergebat deinde madorem labiis re/iâum Eandem dexteritatem

obfervabat cubitum iturus ; inclinans caput in pu/vinar dT' corpus fraoulis (onvenknter operiens, à^c Tulpii. Obferv. Mt'dicœ, lib. III, cap. l\U

DES OrANGS-OUTA NGS , ifc. 55

avec la figure d'un de ces animaux qu'on avoitprcfcnté vivant à Frédéric Henri , Prince d'Orange, en raconte les mêmes chofcs à peu près que celles que nous avons vues nous-mêmes , <Sc que nous venons de rapporter ; mais fi l'on veut reconnoître ce qui appartient en pro- pre à cet animal , & le diflinguer de ce qu'il avoitreçu de fi3n maître ; fi l'on veut fi^parcr fa nature de fi3n éducation , qui en effet lui ctoit étrangère , puifqu'au lieu de la tenir de fes pères 6c mères , il l'avoit reçue des hommes , il fiut comparer ces faits , dont nous avons été témoins , avec ceux que nous ont donnés les Voya- geurs qui ont vu ces animaux dans leur état de nature, en liberté 6c en captivité. M. de la Broiïe qui avoit acheté d'un Nègre deux petits orangs-outangs qui n'avoient qu'un an (\''ôLg(!i , ne dit pas fi le Nègre les avoit éduqucs ; il paroît affurer au contraire que c'étoit d'eux-mêmes qu'ils faifoient une grande j)artie des chofes que nous avons rapportées ci-dcfiiis. « Ces animaux , dit-il , ont l'infiinél de s'afi"toir à table comme « les hommes; ils mangent de tout fans diflinélion ; ils « fc fervent du couteau , de la cuiller 6c de la fourchette «• pour couper 6c prendre ce qu'on leur fert fur l'alTiette ; « ils boivent du vin 6c d'autres liqueurs: nous les portâmes << à bord; quand ils étoient à table , ils fe faifoient en- « tendre desMoufi^es lorfqu'ils avoient befoin de quelque « chofe; 6c quelquefois quand ces enfans refufoient de « leur donner ce qu'ils demandoient, ils fe mettoient en « colère^ leur faififfoient les bras, les mordoient 6c les «

>)

»

î)

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»

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56 Histoire Natu rëlle

» abattoient fous eux Le mâle fut malade en rade :

il fe fiifoit foigncr comme une perfonne ; il fut même faigné deux fois au bras droit: toutes les fois qu'il fe trouva depuis incommodé, il montroit fon bras pour » qu'on le faignât , comme s'il eût fu que cela lui avoit fait du bien ».

Henri GrofTe '*' dit <c qu'il fe trouve de ces animaux vers le nord de Coromandel , dans les forets du do- maine du Raïa de Carnate ; qu'on en fit préfent de deux, l'un mâle, l'autre femelle à M. Horne , Gou- verneur de Bombay ; qu'ils avoient à peine deux pieds » de haut , mais la forme entièrement humaine ; qu'ils » marchoient fur leurs deux pieds , Si qu'ils étoient d'un " blanc pâle, fans autres cheveux ni poil qu'aux endroits » nous en avons communément ; que leurs actions » étoient très-fcmblables pour la plupart aux a6tions hu- 3> maines , 6c que leur mélancolie fiifoit voir qu'ils fentoient » fort bien leur captivité ; qu'ils faifoient leur lit avec foin » dans la cage dans laquelle on les avoit envoyés fur le » vaifTeau ; que quand on lesregardoit , ils cachoientavec » leurs mains les parties que la modeflie empêche de » montrer. La femelle, ajoute-t-il, mourut de maladie fur » levaiffeau, &. le mâle donnant toutes fortes de fignes » de douleur prit tellement à cœur la mort de fa compagne, )' qu'il refufi de manger Sl ne lui furvécut pas plus de deux jours ».

* Voyage aux Indes orientales , par Henri Groflè, traduit de )'Anglois. Londres , 17^ S , pa^e ^2^ à" fuiyantes,

François

DES 0 RANGS-OUTANCS >ifc, 57

François PyrarcI "" rapporte ce qu'il fe trouve dans la province de Sicrra-liona une efpèce d'animaux, appelée «^ èiiris , qui font gros (Se membrus , lefqucls ont une telle « induflrie, que fi on les nourrit <Sc inflruit de jeuncfTe, ils fervent comme une perfonne ; qu'ils marchent d'ordi- « naire fur les deux pattes de derrière feulement ; qu'ils « pilent ce qu'on leur donne à piler dans des mortiers ; ^< qu'ils vont quérir de l'eau à la rivière dans de petites « cruches qu'ils portent toutes pleines fur leur tête , «' mais qu'arrivant bientôt à la porte de la maifon , fi on « ne leur prend bientôt leurs cruches , ils les laiffcnt tomber , & voyant la cruche vcrlée & rompue , ils fe « mettent à crier 6c à pleurer» . Le Père du Jarric , cité par Nieremberg ^ , dit la même chofe & prefque dans les mêmes termes. Le témoignage de Schoutten *" s'ac- corde avec celui de Pyrard au fujet de l'éducation de ces animaux: « on en prend , dit-il, avec des lacs , on Jes apprivoife , on leur apprend à marcher fur les pieds «« de derrière & à fe fervir des pieds de devant qui font " à peu près comme des mains, pour faire certains ou- vrages & même ceux du ménage , comme rincer des « verres , donner à boire , tourner la broche, cScc. » J'ai «^ vu à Java ( dit le Guat ^ ) un fmge fort extraordinaire; «<

* Voyages de François Pyrard de Laval. Pans , i 6 1 (} , tome II, page 3SI.

•"Euf. Nieremberg. H'ijl.nat. Peregm, lib. IX, cap. xlv.

* Voyages de Gaut. Schoutten aux Indes orientales. Amjlerd, i joj, ^ Voyages de Fr. le Guat. Tome H , pages ^ 6 ù" ^7-

Tome XIV. H

î)

»

58 Histoire Natu relle

c'cjtoit une femelle; elle ctoit de grande taille <5c marchoit

foiivent fort droit fur fes pieds de derrière ; alors elle

» cachoit d'une de fes mains l'endroit de fon corps qui

» diflinguoit fon fexe; elle avoit le vifage fans autre poil

» que celui des fourcils , <Sc elle reffembloit affez en gc-

»» ncral à ces faces grotefques des femmes Hottcntotes

^> que j'ai vues au Cap: elle faifoit tous les jours proprement

» fon lit, s'y couchoit la tête fur un oreiller & fe couvroit

» d'une couverture. . .. Quand elle avoit mal à la tête,

» elle fe ferroit d'un mouchoir, 6c c'étoit un plaifir de la

n voir ainfi coiffée dans fon lit. Je pourrois en raconter

» diverfes autres petites chofes qui paroiffent extrêmement

» fmgulières; mais j'avoue que je ne pouvois pas admirer

» cela autant que le faifoit la multitude, parce que n'igno-

» rant pas le deffein qu'on avoit de porter cet animal en

î> Europe pour le faire voir , j'avois beaucoup de penchant

'> à fuppofer qu'on i'avoit dreffé à la plupart des fmgeries

'' que le peuple regardoit comme lui étant naturelles: à

>' la vérité c'étoit une fuppofition. Il mourut à la hauteur

« du cap de Bonne - efpérance dans un vaiffeau fur lequel

" j'étois ; il efl certain que la figure de ce finge reffembloit

beaucoup à celle de l'homme, &c. » Gemelli-Carreri

dit en avoir vu un qui fe plaignoit comme un enfant;

qui marchoit fur les deux pieds de derrière , en portant

fa natte fous fon bras pour fe coucher <Sc dormir. Ces

fmges, ajoute -t- il , paroiffent avoir plus d'efprit que

les hommes à certains égards: car, quand ils ne trouvent

plus de fruits fur les montagnes , ils vont au bord de la

DES OrancS'Outan G S ,irc, 59

mer 011 ils attrapent des crabes , des huîtres <Sc autres choies fenihlables. Il y a une efpèce d'huîtres qu'on ap- pelle taclovo, qui peient plufieurs livres &. qui font fouvent ouvertes fur le rivage ; or le linge craignant que quand il veut les manger , elles ne lui attrapent la patte en fe refer- mant , il jette une pierre dans la coquille qui l'empêche Cit{ç, fermer, <Sc enfuite il mange l'huître fans crainte.

«Sur les côtes de la rivière de Gambie (dit Frogcr'*) les fingesy font plus gros & plus méchans qu'en aucun « endroit de l'Afrique; les Nègres les craignent &. ils ne « peuvent aller fculs dans la campagne fans courir rifque « d'être attaqués par ces animaux qui leur préfentent un « bâton 6c les obligent à fe battre. . . . Souvent on les a vus « porter fur les arbres des enfans de fcpt à huit ans qu'on « avoit une peine incroyable à leur ôtcr ; la plupart des Nègres croient que c'efl une nation étrangère qui efl " venue s'établir dans leur pays , fk que s'ils ne parlent pas, " c'cft qu'ils craignent qu'on ne les obligea travailler ».

« On fe pafferoit bien ( dit un autre Voyageur ^ ) de voir à Macacar un aulfi grand nombre de fmges , « carleur rencontre efî fouvent funefle ; il faut toujours être « bien armé pour s'en défendre.... Ils n'ont point de queue, «« ils fe tiennent toujours droits comme des hommes , « 6c ne vont jamais que fur les deux pieds de derrière».

Voilà du moins , à très - peu près , tout ce que les

' Relation du voyage de Gennes, par Yxogtx, pages ^2 & 43. ^ Defcripiion hiftoriquc du royaume de Macacar. Paris, i 6 S 8 , page ji,

Hi;

6o Histoire Naturelle

Voyageurs les moins crédules Si les plus véridi- qiies nous difent de cet animal ; j'ai cru devoir rap- porter leurs pafTages en entier , parce que tout peut paroître important dans l'hiftoire d'une bcte fi reflem- Liante à l'homme: Si pour qu'on puifTe prononcer avec encore plus de connoiiïance fur fa nature , nous allons expofer auiïi toutes les différences qui éloignent cette efpèce de l'efpèce humaine <Sc toutes les conformités qui l'en approchent ; il diffère de l'homme à l'extérieur par le nez qui n'efl pas proéminent , par le front qui efl trop court , par le menton qui n'efl pas relevé à la hafe; il a les oreilles proportionnellement trop grandes, les yeux trop voifins l'un de l'autre, l'intervalle entre le nez <5c la bouche efl auffi trop étendu : ce font-là les feules différences de la face de l'orang-outang avec le vifage de l'homme. Le corps Si les membres diffèrent en ce que les cuiffes font relativement trop courtes , les bras trop longs , les pouces trop petits, la paume des mains trop longue Si trop ferrée , les pieds plutôt faits comme des mains que comme des pieds humains ; les parties de la génération du mâle ne font différentes de celles de l'homme , qu'en ce qu'il n'y a point de frein au prépuce ; les parties de la femelle font à l'extérieur fore femblables à celles de la femme.

A l'intérieur, cette efpèce diffère de l'efpèce humaine par le nombre des côtes; l'homme n'en a que douze, i 'orang-outang en a treize; il aauffi les vertèbres du cou plus courtes, les os du baffm plus ferrés, les hanches

DES 0 RANGS-OUTANGS, fc. 6l plus plates, les orbites des yeux plus enfoncées ; il n'y a point d'apophyfe cpincufe à la première vertèbre' ''du cou; les reins font plus ronds que ceux de l'iiomme, 6c ies uretères ont une forme différente , auffi-bien que la ve/Tie & la vèficule du fiel qui font plus étroites &^ plus longues que dans l'bomme ; toutes les autres parties du corps, delà tcte 6c des membres, tant exté- rieures qu'intérieures , font fi parfaitement femblables à celles de l'bomme , qu'on ne peut les comparer fans admiration, <5(.fans être étonné que d'une conformation fi pareille &. d'une organifation qui eft abfolument la même, il n'en réfulte pas les mêmes effets. Par exemple, la langue &. tous les organes de la voix font les mêmes que dans l'bomme , & cependant l'orang-outang neparle pas; le cerveau efl abfolument de la même forme <Sc de la même proportion , ék: il ne penfe pas : y a - 1 - il une preuve plus évidente que la matière feule , quoique parfiitemcnt organifée , ne peut produire ni lapenféent la parole qui en efl le figne , à moins qu'elle ne foit animée par un principe fupérieurî L'bomme <Sc l'orang- outang font les feuls qui aient des feffes & des mollets, <Sc qui par conféqucnt foient faits pour marcber debout ; les feuls qui aient la poitrine large, les épaules aplaties «Se les vertèbres conformées l'un comme l'autre ; les feuls dont le cerveau , le cœur , les poumons, le foie, k rate, le pancréas , l'eflomac , les boyaux foient abfo- lument pareils , les feuls qui aient l'appendice vermi- culaire au cœcum; enfin l'orang-outang reffemble plus.

H 11/

62 Histoire Natu relle

à l'Iiomme qu'à aucun des animaux , plus nicme qu'aux babouins & aux guenons , non - feulement par toutes les parties que je viens d'indiquer, mais encore par la largeur du vilàge , la forme du crâne , des mâchoires , des dents, des autres os de la tête <S: de la face, paria groiïcur des doigts ôi du pouce , par la figure des ongles, par le nombre des vertèbres lombaires <Sc facrces , par celui des os du coccix. Si enfin par la conformité dans ies articulations , dans la grandeur & la figure de la rotule , dans celle du flernum , &c ; en forte qu'en comparant cet animal avec ceux qui lui reffemblent le plus , comme avec le magot , le babouin ou la guenon , il fe trouve encore avoir plus de conformité avec l'homme qu'avec ces animaux, dont les efpèces cependant paroiffent être fi voifmes de la fienne , qu'on les a toutes défignées par Je même nom A^fmges: ainfi les Indiens font excufables de l'avoir alTocié à Tefpèce humaine par le nom (^orang- cutdjig, homme fauvage, puifqu'il reffemble à l'homme par le corps plus qu'il ne reffemble aux autres finges ou à aucun autre animal. Comme quelques-uns des faits que nous venons d'expofer pourroientparoitre fufpeds à ceux qui n'auroicnt pas vu cet animal , nous avons cru devoir les appuyer de l'autorité de deux célèbres Anatomiftes, Tyfon * & Cowper qui l'ont enfemble

* L'Orang-ouiang reffemble plus à l'homme qu'aux finges ou aux guenons ; i en ce qu'il a les poils des épaules dirigés en bas & ceux écs bras dirigés en haut; 2.° par la fice qui eft plus feniblable à celle (i§ l'homme, étant plus large & plus aplatie que celle des fmo-es;

DES Orangs-outangs, ire, 6j

clifféquc avec une exactitude fcrupuleufe , <^ qui nous ont donné les réfultats des comparaifons qu'ils ont faites de toutes les parties de fon corps avec celui de

3.° par la figure de l'oreille qui reficmble plus à celle de l'homme, à l'exception que h pariie cartilagincufc efl: mince connue dans les finges; 4.° par les doigts qui font proporiionnellcment plus gros que ceux des finges; 5.° en ce quil cft à tous égards fait pour marcher debout , au lieu que les finges & les guenons ne font pas conformés ;i cette fin ; 6.° en ce qu'il a des fefles plus grofîès que tous les autres finges; 7.° en ce qu'il a des mollets aux jambes; 8.° en ce que poitrme & fês épaules font plus larges cjue celles des finges ; n.° fon talon plus long; i 0.° en ce qu'il a la membrane adipeufe , placée comme l'homme fous la peau ; i i ." le péritoine entier & non percé ou alongé , comme il i'efl dans les finges; 12." les inteftins plus longs que dans les finges ; 1 3 le canal des inteftins de différent diamètre , comme dans l'homme & non pas égal ou à peu près é<yal comme il l'eft dans les finges ; 1 4.° en ce que le cœcum a l'appen- dice vermiculaire comme dans l'homme, tandis que cet appendice vermiculaire manque dans tous les autres finges , & aufll en ce que le conmiencement du colon n'eft pas Ç\ prolongé qu'il l'eft dans les finges; 1 5," en ce que l'infertion du conduit biliaire & du conduit pancréatique n'ont qu'un feul orifice commun dans l'homme & l'orang-outang , au lieu que ces infertions font à deux pouces de dif- tance dans les guenons; 16." en ce que le colon eft plus long que dans les finges ; 1 7." en ce que le foie n'eft pas divifé en lobes comme dans les finges , mais entier & d'une feule pièce comme dans l'homme; i 8,° en ce que les vaifleaux biliaires font les mêmes que dans l'homme; ip." la rate la même; 20." le pancréas le même; 21." le nombre des lobes du poumon le même; 22.° le péricarde attaché au diaphragme comme dans l'homme & non pas comme il ï'eft dans les finges ou guenons; 23.° le cône du cœur plus émoufle que dans les finges ; 24.° en ce qu'il n'a point d'abajoues ou poches au bas des joues comme les autres finges & guenons; 2.;.° en c^

6^ Hïsroi RE Naturelle

l'homme. J'ai cm devoir traduire de l'Anglois , <5c préfenter ici cet article de leurs ouvrages , afin que

tout

qu'il .1 le cerveau beaucoup pîus grand que ne l'ont les finges , & dans toutes fês parties exactement conforme comme le cerveau de l'Iiomme ; 26.° le crâne plus arrondi & du double plus grand que daiis les guenons; 27.° toutes les futures du crâne femblables à celle de l'homme ; les os aj)peics offa tnquetra Wormiana fe trouvent dans la future lamboïde , ce qui n'efl pas dans les autres finges ou guenons; 28." il a l'os cribiforme & le crijla gallï , ce que les guenons n'ont pas; 2cj,° \\{c\\q fella equ'ina comme dans l'homme, au lieu que dans \qs finges & guenons cette partie efl plus élevée & plus proéminente ; 30.° \&proccJfus ptcrygo'ides comme dans l'homme , cette partie maiîque aux finges & guenons ; 31.° les os <\ts tempes & les os appelés ojfa hregmat'is comme dans l'homme ; ces os font d'une forme différente dans les finges & guenons ; 32." l'os zygomatique, petit , au lieu que dans les finges & guenons, cet os efl grand; 33.° les dents font plus (êmblables à celles de l'homme qu'à celles des autres finges , fur-tout les canines & les molaires; 34.° les apophylis tranfverfes des vertèbres du cou , & les fixième & feptième vertèbres refiemblent plus à celles de l'homme qu'à celles des finges & des guenons ; 35.° les vertèbres du cou ne (ont pas percées comme dans les finges pour laifler pafi"cr les nerfs , elles font pleines & fms trou dans l'orang- outang comme dans l'homme ; 3 6.° les vertèbres du dos & leurs apophyfes font comme dans l'homme ; & dans les vertèbres du bas , il n'y a que deux apophyfes inférieures , au lieu qu'il y en a quatre- dans les finges ; 3 7.° il n'y a que cinq vertèbres lombaires comme dans l'homme , au lieu que dans les guenons il y en a fix ou fept ; 38.° les apophyfes épineufes des vertèbres lombaires font droites comme dans l'homme ; 3(^.° l'os ficrum efl compofé de cinq ver- tèbres comme dans l'homme , au lieu que dans les finges & cruenons il n'efl compofe que de trois ; 40.° le coccix n'a que quatre os comme dans rhonime , & ces os ne font pas troués , au lieu que

dan$

DES OnANGS-OuTANGS, ifc. 6<; tout le monde puiflc mieux juger de la refTemhlance prefque entière de cet animal avec Thomme ; j'obfer- verai feulement pour une plus grande intelligence de

dans les finges & guenons le coccix eft compofc d'un plus grand nombre d'os, & ces os font troués; 41.° dans l'orang- outan» , il n'y a que fept vraies côtes { coftœ verœ), Ôc les extrémités des fiuiïès côtes ( nothœ) font cartilagincufes , & les côtes font articulées au corps des vertèbres; dans les finges & guenons, il y a huit vraies côtes , & les extrémités des fiufTes côtes font ofîèufes , & leur articu- lation fe trouve placée dans l'interftice entre les vertèbres ; 42." J'os du fternum dans l'orang-outang eft large comme dans l'homme , & non pas étroit comme dans les guenons ; 43.° les os des quatre doio-ts font plus gros qu'ils ne le font dans les finges; 44.° l'os de la cuifîè, foit dans fon articulation , foit à tous autres égards eft femblable à celui de l'homme ; 45.° la rotule eft ronde & non pas longue, fimple & non pas double comme elle l'eft dans les finges ; 46.° le talon Je tarfe & le métatarfe de l'orang-outang font comme ceux de l'homme ; 47.° le doigt du milieu dans le pied n'eft pas fi long qu'il l'eft dans les finges; 48.° \ç% mufcles ehliqms inferïor caphis , pyriformis & lïceps femor'is font femblables dans l'orang-outang & dans l'homme tandis qu'ils font différens dans les finges & guenons , &c.

L'orang-outang diffère de l'homme plus que des finges ou gue- nons ; I en ce que le pouce eft plus petit à proportion que celui de l'homine , quoique cependant il foit plus gros que celui des autres finges ; 2.° en ce que la paume de la main eft plus longue & plus étroite que dans l'homme; 3." il diffère de l'homme & approche des finges par la longueur des doigts des pieds; 4.° il diffère del'hommç en ce qu'il a le gros doigt des pieds éloigné à peu près comme un pouce , étant plutôt quadrumane comme les autres finges que qua-. drupède; 5.° en ce qu'il a les cuiiïes plus courtes que l'homme ; ^Z les bra? plus longs; 7.° en ce qu'il n'a pas les bourfes pendantes; 8.° l'épiploon plus ample que dans l'homme; 9.° la véficule du fiel longue & plus étroite; 10." Içs içins plus jonds quç dans riiouinie

Tome XIV, \

66 Histoire Natu rellé

cette note, que les Anglois ne font pas réduis comme nous à un feul nom pour défigner les finges ; ils ont, comme les Grecs, deux nomsdirîcrens, l'un pour les

& les uretères differens ; 1 1." la vefTie plus longue ; i 2." en ce qu'il n'a point de frein au prépuce ; 1 3.° les os de l'orbite de i'œil trop enfoncés ; i 4." en ce qu'il n'a pas les deux cavités au-deffous de la felle du turc (ftlla turcica) comme dans l'homme; i 5.° en ce que ksproceffus ma(loides & fylo'idcs font très -petits «Se prefque nuls; 16° en ce qu'il a les os du nez plats; 17." il diffjrc de l'homme, en ce que les vertèbres du cou font courtes comme dans les finges, plates devant & non pas rondes , & que leurs apophyfes épineufes ne font pas fourchues comme dans l'homme ; 18." en ce qu'il n'y a point d'àpophyfe épineufe dans la première vertèbre du cou ; 19.° il diffère de l'homme en ce qu'il a treize côtes de chaque côté , & que l'homme n'en a que douze; 20.° en ce que les os des îles font par- faitement fembiables à ceux des fmgcs , étant plus longs, plus étroits & moins concaves que dans l'homme ; 21.° il diffère de l'honnue , en ce que les mufcles fuivans fe trouvent dans le corps humain & manquent dans celui de l'orang-outang; Ç:iVo\r , occipitales , frontales, dilatatores alarum nafi feu éleva tores labii fuperioris , interfplinales colli , glutcei minimi , extenfor digitorum pedis brevis & tranfverfalis pedis ; 2.2.." les mufcles qui ne paroiffênt pas fe trouver dans l'orang-outang, éc qui fe trouvent quelquefois dans l'homme font ceux qu'on appelle Pyramidales , caro Mufculofa quadrata ; le long tendon & le corps charnu du mufde palmaire ; les mufcles attolens ù" retrahens auriculam ; 2.3.° les mufcles élévateurs des clavicules font dans l'orang-outano-, conmie dans les finges & non pas comme dans l'homme ; 24.° les mufcles par lefquels l'orang - outang reffemble aux finges & difïere de l'homme font les fuivans, longus colli, peâoralis , latifftmus dorfi , glutceus maximus & médius , Pfoas magnus & parvus , iliacus internus Ù" gnferonamius internus ; 24.° il diffère encore de l'homme par la forme des mufcles, deltoides, pronator radii teres & extenfor pollicis brevis» Auatoniie de l'orang-outang , par Tyfon. Londres, i 6 p p, in-^'

DES OrANG S-OUTANGS, i/c, dj finges fans queue * qu'ils appellent ûpe , <Sc l'autre pour les finges à queue qu'ils appellent monkie. J'ai toujours traduit le mot monkie par celui (\e gue?wîi , 6c le mot^/^ par celui de /nge ; ôl ces finges que Tyfon dcfignepar le mot ûpe , ne peuvent être que ceux que nous avons appelés \ej)iihèque Si le ?j2i7gû/ ; (Se il y a même toute appa- rence que c'efl au magot feul qu'on doit rapporter le nom ûpe owfmge de la comparaifon de Tyfon. Je dois oblerver auffi que cet Auteur donne quelques caraélères de reffemblance & de différence qui ne font pas affez fondés : j'ai cru devoir faire fur cela quelques remarques ; on trouvera peut-être que ce détail eft long , mais il me femble qu'on ne peut pas examiner de trop près un être qui, fous la forme de l'homme, n'efl cependant qu'un animal.

I . Tyfon donne comme un cara6lère particulier à l'homme <5c à l'orang - outang , d'avoir le poil des épaules (ï\x\gé en bas , <Sc celui des bras dirigé en haut ; W efl vrai que la plupart des quadrupèdes ont le poil de toutes les parties du corps dirigé en bas ou en arrière, mais cela n'efl pas fans exception. Le pareffeux <Sc le fourmiller ont le poil des parties antérieures du corps dirigé en arrière , & celui de la croupe (Se des reins dirigé en avant : ainfi ce caractère n'efl pas d'un grand poids dans la comparaifon de cet animal à l'homme.

* Sïm'iœ d'ividuntur in caudâ carentes quœ fimîœ JîmpUcker dicuntur & Caudatas quœ cercopitheci appellantur ; quce prions generis funt Anglice Apcs dicuntur ; quœ pojierioris monkeys. Ray. Syn. quad. pag. 14^.

68 Histoire Naturelle

2.° J'ai aiiffi retranché clans ma tradiidion les qiiatrtf premières différences, qui , comme celies-ci, font trop légères ou mal fondées; la première, c'efl la différence de la taille; ce caradèrc efl très-incertain €l tout-à-faic gratuit , puifque l'Auteur dit lui-même que fon animal étoitfort jeune : les féconde, troifième & quatrième ne roulent que fur la forme du nez, la quantité du poil <5c fur d'autres rapports auffi petits. Il en edde même de pluficurs autres que j'ai retranchées, par exemple , du vingt-unième caradère tiré du nombre des dents ; il efl certain que cet animal 6^. l'homme ont le même nombre de dents, Sl que s'il n'en avoit que vingt-huit , comme le dit l'Auteur, c'efl qu'il étoit fort jeune, &. l'on fait que l'homme dans fii jeuneffe n'en a pas davantage.

:^° Le onzième cara6lère des difïerences de l'Auteur cfl auffi très-équivoque ; les enfans ont les bourfes fort relevées, cet animal étant fort jeune ne devoit pas [qs avoir pendantes.

4.° Le quarante-huitième caradère des reffemblances, &. les trente, trente-unième, trente-deuxième, trente- troif^ème (Se trente-quatrième caradères des différences ne défignant que la préfence ou la figure de certains mufclcs , qui dans l'efpèce humaine varient pour la plupart d'un individu à l'autre , ne doi\ ent pas être confi- dérés comme des caractères effentieis.

y Toutes les reffemi)lances & différences tirées de parties trop petites , telles que les apophyfes des ver- tèbres, 011 prifes de h pofition de certaines parties,

DES 0 RANGS-OUTANG S, ire, 6^ leur grandeur , de leur groiïeur , ne doivent aufTi être confidérées que comme des cara6tères acceiïbircs , en forte que tout le détail de cette table de Tyfon peut fe réduire aux différences Se aux reiïeniblanccs ciïcn- tielles que nous avons indiquées.

6.° Je crois devoir infifler fur quelques caraclcrcs plus généraux , dont les uns ont été omis par Tyfon > & les autres mal indiqués, i ." L'orang-outang cfl le fcul de tous les finges qui n'ait point d'abajoues» c'efl-à-dire, de poches au bas des joues; toutes les guenons , tous les babouins , &. même le magot Sl le gibbon ont ces poches , ils peuvent garder leurs alimens avant de les avaler : l'orang-outang feul a cette partie du dedans de la bouche faite comme l'homme. 2-.° Le gibbon , le magot , tous les babouins ôl toutes ies guenons , à l'exception du doue , ont les feffes plates Si des callofités fur ces parties ; l'orang-outang eft encore le feul qui ait les feffes renflées dx fans callo- fités ; le doue les a auffi fans callofités , mais elles font plates (Se velues , en forte qu'à cet égard le doue fait la nuance entre l'orang-outang 6*: les guenons, comme le gibbon &i le magot font cette même nuance à l'égard des abajoues , & le magot feul à l'égard des dents canines (Se de l'alongement du mufcau. 3,° L'orang- outang efl le feul qui ait des mollets ou gras-de-jambcs (Se des feffes charnues; ce caractère indique qu'il cft de tous le mieux conformé pour marcher debout; feu-

kment comme les doigts de fcs pieds font fort longs,

] I"

jo Histoire Naturelle

Si que fon talon pofe plus cliilicilenient à terre que celui de l'homme, il court plus facilement qu'il ne marche. Si il auroit ])eroin de talons artificiels plus élevés que ceux de nos fouliers , fi l'on vouloit le faire marcher aifémcnt<Sc long-temps. 4.° Quoique l'orang-outang ait treize côtes , &. que l'homme n'en ait que douze , cette différence ne l'approche pas plus des babouins ou des guenons , qu'elle l'éloigné de l'homme , parce que le nombre des côtes varie dans la plupart de ces efpèces, éc que les uns de ces animaux en ont douze , d'autres onze Si d'autres dix , <Scc ; en forte que les feules diffé- rences eflentielles entre le corps de cet animal Se celui de l'homme, fe réduifent à deux, favoir , la confor- mation des os du bafhn Si la conformation des pieds : ce font-là les feules parties confidérables par lefquelles l'orang-outang reffemble plus aux autres fmgcs qu'il ne relTemble à l'homme.

D'après cet expofé que j'ai fait avec toute l'exaditude dont je fuis capable , on voit ce que l'on doit penfer de cet animal ; s'il y avoit un degré par lequel on pût defcendre de la nature humaine à celle des animaux , fi l'effence de cette nature confifloit en entier dans la forme du corps Se dcpendoit de fon organifation , ce fmge fe trouveroit plus près de l'homme que d'aucun animal: affis au fécond rang des êtres, s'il ne pouvoit commander en premier , il feroit au moins fentir aux autres fa fupcrioritc , <5c s'efforccroit de ne pas obéir ; û i'imitation qui femble copier de fi près la penfée en étoiî

i^Es Orancs-Outanc S , ifc, 71

le vrai figne ou l'un des réfultats , ce {ingç: fe trouveroit encore à une plus grande diflance des animaux <Sc plus voifin de l'homme; mais, comme nous lavons dit, l'intervalle qui l'en fcpare réellement n'en efl pas moins immenfc; (Se la reffemblance de la forme, la confor- mité de l'organifation , les mouvemens d'imitation qui paroiflcnt réfulter de ces fmiilitudes , ni ne le rapprochent de la nature de l'homme , ni même ne l'élèvent au- defTus de celle des animaux.

Caraâères diftïnâifs de cette efpece^

L'orang-outang n'a point d'abajoues, c'efl-à-dire , point de poches au dedans des joues , point de queue, point de callofités fur les fefTes ; il les a renflées <Sc charnues ; il a toutes les dents &: même les canines fem- blables à celles de l'homme; il a la face plate, nue <5c bafànée , les oreilles, les mains, les pieds, la poitrine. Je ventre auiïi nus; il a des poils fur la tcte qui defccndcnt €n forme de cheveux des deux côtés des tempes, du poil fur le dos & fur les lombes , mais en petite quantité ; il a cinq ou fix pieds de hauteur, <Sc marche toujours <Iroit fur fes deux pieds. Nous n'avons pas été à portée (le vérifier fi les femelles font fujcttes comme \q^ femmes à l'écoulement périodique, mais nous le pré- fumons , (Se par analogie nous ne pouvons guère en clouter.

jz Description

DESCRIPTION

DU J 0 C K O.

J E n'ai vu que la peau bourrée (pi. i ) & la plus grande partie du fquclette du Jocko , que l'on moiitroit à Paris en 1740:1! mourut l'annce fuivante à Londres 011 il fut ouvert; on le rap- porta ici dans de l'eau - de - vie , & on le mit au Cabinet : dans la fuite on a fait bourrer la peau &: préparer le fquelette. Ce finge avoit été pris en Afrique dan^ le fond du Gabon , fur la côte d'Angole : étant debout , il avoit deux pieds quatre ou cinq pouces de hauteur, depuis le talon jufqu'au fommet de la tête. Il étoit plus grand que celui qui a été décrit par Tyfbn fous le nom de pigmée * , & qui n'avoit guère plus de deux pieds : après avoir comparé la defcription du pigmée de Tyfon avec notre jocko, 'j'ai trouvé ces deux animaux fi reffeniblans , qu'il y a tout lieu de croiie qu'ils étoient de même elpèce comme ils étoient de même pays.

La peau qui a fervi de fujet pour cette defcription , avoit quelques poils durs fur le bord de la lèvre du deffus &: au-devant de la mâchoire du deiïbus ; le refle de la face étoit nu , à l'ex- ception dts joues il y avoit dQs poils femblables à ceux du refte du corps. Il fe trouvoit Ats cils aux deux paupières & quel- ques poils à l'endroit dts fourcils ; il y en avoit de gris fur le milieu du fcrotum & autour de l'anus. Le poil de la tête n'étoit pas différent de celui du refle du corps , par fa couleur noire ni par ks autres qualités ; le plus long fe trouvoit aux côtés de la

* Orang-outang y7v^ homo fdvefim : or the anatomy of apigmîs, &c ^ Yol. in-f° London, 16^^,

fâc^

D U J O C K O. y-y

face &: fur les épaules, il avoit deux pouces à deux pouces & demi. Le poil étoit aiïèz touffu pour couvrir la peau fur la tête , le dos , les épaules , & fur la face externe àts quatre jambes ; il étoit fort rare , & laiffoit voir la peau fur la poitrine , fur les côtés du ventre & fur la face interne àt^ quatre jambes. li étoit dirigé en bas fur les côtés de la tête , Se en haut fur le côté externe & poftéricur de la cuiffe , &: fur la face externe de i'avaut-bras , tandis que le poil du bras étoit dirigé en bas, de forte que les pointes àts pils étoient oppofées les unes aux autres , à l'endroit du coude. Tyfon donne la direélion du poil de l'avant- bras du jocko , comme un caraélère commun avec l'homme , mais il efl; auiïi commun avec plufieurs animaux.

Ne pouvant pas prendre des dimenfions exaéles fur une peau bourrée , telle que la peau du jocko qui efl au Cabinet du Roi , je rapporte dans la table fuivante les principales dimenfions que Tyfon a prifês fur ion pigmée qui étoit vivant.

pieds, pouc. lignes. Hauteur depuis le talon jufqu'au fommet de la tête. . . 2.

Circonférence du corps prife fur le bas de la poitrine. i ,

La même circonférence pri^è fur les hanches u

Circonférence de la tête prife fur les yeux & \q^ oreilles i .

Ouverture de la bouche ... h

Hauteur depuis le milieu de la lèvre fupérieure ;uf- qu'aux fourcils u

Longueur depuis les fourcils jufqua l'occiput. ... //

Diamètre de l'oreille du deffus au deflbus //

Diamètre tranfverfal n

Le pourtour de l'oreille h

Circonférence de la partie de l'oreille qui tenoit à la tête. a

Hauteur depuis le defibus dupubis jufqu'aux clavicules, n Tome XIV,

II

C.

3-

Il

9-

6.

II

6.

0

I.

2.

7-

7-

//

2.

4.

I.

h

5-

2.

2.

4.

P-

6,

74 Description

pieds.

Diflance entre le nombril & le fternuni "

Diftance entre le nombril & le bas du pubis //

Diflance entre les deux mamelons "

Longueur du bras depuis l'epauIe jufqu'au bout des

doigts ï

Circonférence du bras //

Circonférence de l'avant-bras u

Longueur de la main depuis ic poignet jufqu'au bout

du doigt du milieu "

Longueur du pouce "

Longueur du fécond doigt /'

Longueur du doigt du milieu /'

Longueur du quatrième doigt //

Longueur du cinquième doigt //

Circonférence du pouce & du jietit doigt ii

Circonférence des autres doigts //

Longueur de la paume de îa main ii

Largeur u

Hauteur depuis le talon jufqu'à l'extrémité fupérieure

de l'os de la cui/îe y

Longueur depuis le talon jufqu'à l'extrémité du doigt

du milieu qui étoit le plus long //

Circonférence de la cuifle h

Circonférence de la jambe à l'endroit le plus gros. . . //

Circonférence du pied prife à l'origine du pouce. //

Longueur du pouce //

Longueur du fécond doigt u

Longueur du troifième ^

Longueur du quatrième //

Longueur du cinquième n

pouc. lignes.

3

2.

4- 4-

I

u I

I I

5'

5

4-

4- I

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I

I

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3-

1 o.

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I.

8.

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3- 5-

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I o.

7Î.

5- 8.

//

8.

5-

I I

5-

2. 11 '-,

D U J O C K O. yr

pieds, pouc. lignes. La plus grande largeur de la plante du pied à la

naifîîince du pouce j ^ j ^ r

La même largeur près du talon /, j , ^

Circonft'rence du pouce à l'endroit le plus gros. ... // r. y.

Circonférence des autres doigts /, ^ i i -,

Pour donner quelque defcription des parties inteneuresdu jocko, je vais tirer dts obfervations que Tyfon a faites fur les vifcères de fon pigniée , celles qui ont le plus de rapport avec mon plan de defcription , ôc les rapporter ici.

Le ventre du pigmée de Tyfon, étoit plat ôc large comme celui de l'homme.

L epiploon s etendoit auiïi loin que les inteflins ; il ctoit large & fort mince.

Les circonvolutions des inteflins & leur fituation étoient à peu près comme dans l'homme.

L'ertomac reffembloit à celui de l'homme; fa. grande circon- férence éioit de dix-fept pouces , & la petite de près d'un pied.

Les inteflins avoient environ neuf pieds de longuem-, depuis le pylore jufqu'au cœcum ; & la longueur du canal inteflinal en entier, non compris le cœcum, étoit d'environ douze pieds. L'appendice vermiculaire étoit gros comme une plume d'oie; les inteflins grêles avoient deux pouces fept lignes de circonférence & le colon trois pouces & demi ; il étoit à proportion un peu plus long que dans l'homme, mais il avoit la même fiiuaiion.

Le foie reflèmbloit à celui de l'homme; il avoit cinq pouces deux lignes de longueur , deux pouces dix lignes de largeur , <Sc un pouce huit lignes d'épaifTeur. La véficule du fiel étoit plus longue que dans l'homme & plus détachée du foie; elle avoit trois pouces neuf lignes de longueur.

Kij

76 Description

La rate ttoit de couleur plombce &: de même forme que celle de l'homme; elle avoit deux pouces quatre lignes de longueur, &: un pouce deux lignes de largeur.

Les reins reffembloient à ceux de l'homme par leur fituation , par l'étendue du bafTm & par la conformation de leurs différentes fubdances , mais leur enfoncement étoit moins grand ; ils avoient deux pouces une ligne de longueur , un pouce cinq lignes de largeur, & près d'un pouce depaitîèur.

Le centre nerveux du diaphragme ctoit plus étendu que dans i'homme.

Les poumons refîèmbloient à ceux de l'homme ; le droit étoit compofé de trois lobes , & le gauche de deux.

Le cœur étoit obtus comme celui de l'homme.

La langue étoit un peu plus étroite que celle de l'homme.

Le cerveau refîcmbloit à celui de l'homme , &: étoit à pro- portion auffi grajid ; il pefoit onze onces /êpt gros. Le cervelet reffembloit auffi à celui de i'homme.

Les mamelons étoient au nombre de deux : un de chaque côté de la poitrine , comme dans l'homme.

Il n'y avoit point de fcrotum ; les tefticules étoient fous la peau dans la région du pubis , ils formoient une élévation de chaque côté de la verge.

La verge différoit de celle de l'homme; elle avoit près de deux pouces de longueur , un pouce deux lignes de circonférence à la racine ; elle étoit compofée de deux corps caverneux , &: pointue par le bout : il n'y avoit point de frein.

La veiïie étoit oblongue &: moins fphérique que dans l'homme; les terticules , les véficules féminales & les proftates reffembloient à cQs mêmes parties vues dans l'homme.

Le fqueleite du jocko qui m'a fervi de fujet pour cette

DU J O C K O, jj

defcription , ayant cté tire d'un jeune individu , &: Çqs cpiphyfës n'étant pas ofTifices en entier, je l'ai comparé à un fquelette d'enfant , qui eft à peu près dans le même état , afin de pouvoir reconnoître avec plus de précifion les refîèmblances & les diffé- rences qui font entre le jocko &. l'homme , pour la figure des os.

La tête du jocko efl à proportion moins grofîè que celle de l'homme ; elle a moins de hauteur , moins de largeur & même moins de longueur, quoique les mâchoires foient beaucoup plus (aillantes en avant. La boîte oHeulè du crâne a moins de capa- cité , principalement dans fa partie poflérieure ; & en général la tête du jocko efl très-différente de celle de l'homme par figure. Les apophyfès maltoïdes font très - peu apparentes. Il n'y avoit point de future coronale. Les grandes ailes de l'os fphénoïde ne font pas auifi étendues que dans l'homme; elles ne fe prolongent pas entre l'os temj>oral & le frontal jufqu'â l'os pariétal : au con- traire le temporal & le frontal s'articulent enfemble , & même le temporal touche à l'os de la pomette au-delfus du fJDhénoïde; ce qui fait une grande différence dans la conformation de la tête du jocko comparée à celle de l'homme: aufli la tête du jocko a inoins de hauteur depuis l'arcade zygomatique jufqu'au fbmmet. Les mâchoires font plus longues que dans l'homme , les os pro- pres du nez font auffi plus longs ; ils ne forment point de voûte tranfverfale avec ceux de la mâchoire ; l'ouverture Ati narines efl placée plus bas que dans l'homme : car elle efl en entier au-defîbus Açs, orbites ; elle a moins de hauteur que dans l'homme , &: partie inférieure efl: beaucoup plus éloignée du bord alvéolaire de la mâchoire; c'efl pourquoi le mufêau du jocko efl alongé , 6c lèvre fiipérieure efl très-longue. Les orbites At^ yeux font plus

grandes que celles de l'homme; la cloifon ollèufê qui les fépare

Kiij

yS Description

a beaucoup moins cfe largeur: par conféquent les yeux font moins éloignés l'un de l'autre. Les orbites ont plus de hauteur que de largeur , tandis que dans les hommes elles ont ordinairement plus de largeur que de hauteur, ou au moins ces deux dimenfionslônt égales. La partie fupérieure du bord des orbites e(t très-/;iillante , en forme de bourrelet qui continue fur le bas du front , depuis Tune des orbites jufqu'à l'autre :ce bourrelet donne à l'os frontal du jocko une forme très - différente de celle de l'os frontal de l'homme , & femble terminer le haut de la face & en fcparer la plus grande partie de l'os frontal. La face du jocko eft terminée en bas par l'arcade alvéolaire de la mâchoire lupcrieure ; la baie du menton , au lieu d'être lâillante en avant comme dans l'homme , efl: arrondie & inclinée en arrière ; auffi le jocko n'a-t-il point de menton charnu, faillant, & difhngué de la lèvre inférieure par un pli tranfverfal comme le menton de l'homme. J'ai fait la même obfervation fur toutes les autres efpèces des animaux que j'ai vus en chair ou en fquelette. -

Il ne refloit dans le fquelette dont il s'agit , que deux dents , qui étoient , la féconde & latroifième mâchelière du côté droit de la mâchoire du defîbus ; elles reflembloient à celles de l'homme.

En comparant les parois internes du crâne du jocko à celles du crâne de l'homme, on y trouve auffi des différences très- marquées dans les proportions de cette cavité ; ks folîès font moins grandes , il n'y a prefqu'aucun veOige de l'éminence de l'os ethmoïde , appelée crête de coq , (Sec.

Le jocko diffère beaucoup de l'homme par la fituation de iarliculation de la tête avec le cou , &: par la direélion du plan du grand trou occipital. Ce trou & les condyles qui font fur fon bord, fe trouvent placés plus en arrière dans le jocko, c'efl-à- dire , plus près de l'occiput & plus loin de la face , & par

D U J O C K O, 70

conféquent l'apophyfe bafjljire ell; beaucoup plus longue *. En fîippolànt le jocko debout fur Tes pieds comme un homme , le pian du grand trou occipital eft dirigé obliquement de bas en haut & de devant en arrière , de forte que s'il ttoit prolongé en avant , il palTeroit au-dedous de la face du jocko; au contraire dans l'homme, ce plan efi à peu prés horizonlal , & s'il étoit prolongé en avant, il palTeroit au-delîbus des yeux. Cette différence entre le jocko Se l'homme , par rapport à l'articulation de la tête avec le cou , fait que l'homme auroit bien moins de facilité que le jocko à préfenter fon vifige en avant, s'il pofoit fès mains à terre pour fe mettre dans l'attitude àts quadrupèdes , Se que le jocko eft obligé d'incliner fi tête pour préfenter fi face en avant, lorfqu'il eft debout dans l'attitude de l'homme.

Les vertèbres cervicales du jocko retfemblent à celles de l'homme , mais les vertèbres dorfiles différent de celles de l'homme par le nombre ; il y en a treize, & par conféquent treize côtes de chaque côté, fept vraies & fix fauffes; elles font moins larges & plus épaiffes que celles de l'homme. Le flernum n'étoit pas offifié en entier dans le fquelette du jocko qui fiit le fujet de cette defcription : on n'y diflinguoit que les trois premiers os. Il m'a paru que fi l'offification du ilernum avoit été complète , les articulations àts côtes avec le fîernum auroient été difpofo comme dans l'homme. Les côtes avoient moins de courbure & d'inclinaifon en bas ou en arrière que dans l'homme , & par conféquent le Ilernum étoit plus éloigné de la colonne vertébrale.

Il n'y avoit que quatre vertèbres lombaires dans le fquelette dont il s'agit ici ; mais j'ai reconnu qu'en fai(ànt ce fquelette , on

* Voyez les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences , année 17^^. Mémoire fur les différences de la fiiuatlou du grand trou occipital dans l'homme & dans les anjmaux.

8o Description

avoit fLippiimé la féconde ; ainfi je crois que le jocko a cinq vertèbres lombaires, comme le dit Tyfon* ; il m'a paru que ces vertèbres & les dorfales ne différoient de celles de l'homme qu'en ce qu'elles ctoient à proportion plus petites.

L'os facrum avoit cinq faulTes vertèbres comme celui de l'homme; mais il ctoit plus petit, & H s'écartoit moins de la direction de la colonne vertébrale : il étoit aufli moins concave le long de face interne.

Le coccix e'toit compofé de quatre ou cinq pièces comme dans l'homme , mais il étoit plus alongé & beaucoup moins courbe vers le baflin. Par ces différences de direction & de courbure , le jocko a moins de rapport à l'homme qu'aux quadrupèdes , car ils ont le facrum &: les premières vertèbres de la queue, placés à peu près, fur la même ligne que la colonne vertébrale. Tyfon a obfervé que le coccix du fatyre étoit un peu faillant , &: formoit une protubérance fur la peau.

Les os du baffm du jocko ont aufli plus de rapport à ceux des quadrupèdes qu'à ceux de l'homme, non-feulement parleur direélion , mais auiïi par leur forme.

L'os de la hanche efl à proportion plus long & moins large que dans l'homme , par confe'quent fa crête a moins de longueur, ce qui diminue beaucoup la largeur de l'os ; la plus grande dif- férence de longueur efl dans celle du bord antérieur & de l'échan- crure fciatique ; ainfi la partie de l'os qui fe trouve entre le ficrum & la cavité cotyloïde eft très-longue , &: donne au baffin beaucoup plus de longueur que de largeur , comme dans les quadrupèdes , & au contraire de ce qui efl dans l'homme; le bord antérieur de l'os de la hanche n'a point d'épines ; il n'y a point de convexité

* Orang-outang, <5cc. Pa^e 6^,

fur

r> u J o c K 0. 8i

fur \\ face externe, ni Je concavité fur la face interne, comme dans l'homme: cet os e(l moins incline fur la colonne vertébrale <jLie celui de l'homme , & par confcquent le plan de l'entrée du baffin forme avec la colonne vertébrale un angle plus ouvert dans le jocko que dans l'homme.

Les os pubis font plus longs que dans l'homme , &: contribuent avec les os <\ts hanches à rendre l'entrée du baiïin plus longue que large , comme dans \ts quadrupèdes. Les os pubis s'articulent «nfemhle, non-fèulement par leur angle comme dans l'homme, mais auffi par leur branche comme dans \&s quadrupèdes , de forte qu'ils forment une gouttière fous le vagin àts finges femelles , comme fous celui <\th femelles àts autres quadrupèdes.

La tubérofjté de î'ifchion m'a paru plus grande que dans i'homme , quoique le jocko n'ait point de callofités fur cet os ; comme la plupart des autres finges. Le trou ovalaire eft plus arrondi que dans l'homme à l'endroit de fon bord qui efl formé par I'ifchion , parce que fi branche s'écarte plus du corps de l'os pour joindre à la branche dti pubis , qui efl: auffi plus écartée du corps de cet os à cau(è de réunion avec la branche de i'autre os pubis.

L'omoplate efl moins large Se beaucoup plus alongce que celle de l'homme; par cette forme, elle relfemble plus ù l'omoplate <\qs quadrupèdes ; le h^c coracoïde , l'acromion &: les clavicules relfemblent à ces mêmes parties, vues dans l'homme.

La différence la plus fenfibîe que j'aie remarquée entre les os du bras & de la cuifîè du jocko & de l'homme , confÏÏfe en que l'os de la cuifîè efl plus court dans le jocko.

Les os de l'avant-bras , de la jambe & des pieds manquoient iians le fquelette qui a fervi de fujet pour cette defcription. Tome XIV. L

82 Description

picdî. pouc. J^es. Longueur depuis le bout des mâchoires jufl]u'à

l'occiput " '>' ^'

La plus grande largeur de la tête " 3* 4'

Longueur de la mâchoire inférieure depuis Ton extré- mité antérieure jufqu'au bord poftérieur de lapo-

phyfe condyloïde " 3* J*

Épaifleur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire

du deiïlis " ' ^•

Largeur de la mâchoire du defllis, à l'endroit des

dents canines " ' 7*

Diflance entre les orbites & l'ouverture des narines. . // //

Longueur de ceue ouverture " " 9'

Largeur " " ^•

Longueur des os propres du nez /' i ^

Lirgeur à l'endroit le plus large * "

Largeur des orbites " ' ^

Hauteur " * ^J

Largeur du trou de la première vertèbre de haut

en bas " " ° i'

Longueur d'un côté à l'autre * h 9.

Hauteur de l'apophyfe épineule de la féconde vertèbre. // // 2,.

Largeur n n 2. {.

Longueur de la huitième côte qui eft la plus longue. // 6. 2.

Longueur du fternum // 3. 2.

Longueur du corps de la quatrième vertèbre lom- baire, qui eft la plus longue h h 7.

Largeur de la partie fupérieure de l'os de la hanche. // 2. 4. Longueur de l'os depuis le milieu de la cavité cotyloide

julqu'au milieu du côté fupérieur // 4. 4.

Longueur des trous ovalaires // 1. 2,

Largeur . . . t > « a a 10.

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D U J O C K O. 83

picdi. pouc. lignes.

Largeur du baflxn // i . 11.

Hauteur u 3 . ^.

Longueur de lomoplate // 3. 6.

Largeur dans le milieu // i . 7.

Longueur de l'humcrus // 6. ^.

Longueur du fémur. , , ti 6. 7.

11 -ê^w" !■ Se**"'

Lij

84- Histoire Naturelle

:niii

I

LE PITHEQUE'.

»> 1 L y a , dit Ariflote, des animaux dont la nature cfl

»' ambiguë , <S; tient en partie de i 'Homme 6c en partie

« du quadrupède , tels que les Piihcqucs , les Kcbes <Sc les

« Cyîwcépliales ; le kèhe efl un pitlièque avec une queue;

w le cynocéphale efl tout femblable au pithèque , feu-

» lement il efl plus grand & plus fort , 6c il a le nuifeau

» avancé , approchant prefcjue de celui tlu dogue , & c'eft

» de qu'on a tiré Ton nom ; il efl aufTi de mœurs plus

» féroces , (Se il a les dents plus fortes que le pithè(|ue &. plus

reffemblantcs à celles du chien >^. D'après ce paiTage ,

il efl clair que le pithèque <5c le cynocéphale indiqués

par Ariflote n'ont ni l'un ni l'autre de queue, puifqu'il

dit quelespithèques qui ont une queue s'appellent /'^/vj-^

* Pithèque. n/0Hxof, en Grec; S'im'iû , en Latin; Chinchin , en Tartaric, félon Rubruquis; & S'infin , à la Chine, fclon le P. du Halde.

Pithecus , Aiiftotelis. Hijl. animal, lib. II, cap. Vili.

Sïm'ia , Gefner. H'ijl. /juaJ.p:\g. 847 ,fig. iùiJ. Icon. ^uûd. pag. 5>2, fig. ibiil. Nota. C'eft la même fignre copiée.

S'im'ia , Jonfton , de quad. tab. 59 , ducefgurœ.

Simia fimplic'uer diâa, caudâ carens. Ray. Syn. quad. pag, 149.

Figura prima ejl e arum fimi arum quœ caudas non hahent : arlerls facilius & citius manfuefiunt ; cœierifque folerùori ingenio prœjlani làhi- riorefque & verfutiores exijluiit. Profp. Alp. HiJL yEgypii , lib. IV, tab. 20 , fig. I .

Simia unguibns omnibus planis & rotuudatis. 1 .... Le finge. ^rijf, reg. cnim. pag. 188.

DUPiTHÈQVE. 85

ôi que le cynocéphale reffemble en tout au pithèque, à l'exception du niufeau qu'il a plus avancé &i des dents qu'il a plus grofTes. Aridote fait donc mention de deux efpèces de finges fans queue, le pithèque 6c le cynocéphale &. d'autres finges avec une queue qu'il appelle /(<^/^rj-. Maintenant, pour comparer ce que nous connoiffons avec ce qui étoit connu d'Ariftote, nous ohferverons que nous avons vu trois efpèces de fmges qui n'ont point de queue, favoir, l'orang-outang, le gibbon Si le magot , & qu'aucune de ces trois efpèces n'eft le pithèque ; car les (\tUK premières, c'efl-à-dire, i'orang-outang (Se le gibbon n'ctoicnt certainement pas connues d'Ariflote, puifque ces animaux ne fe trouvent que dans les parties méridionales de l'Afrique & des Indes qui n'étoient pas découvertes de fon temps , & que d'ailleurs ils ont des caradèrcs très-difîércns de ceux qu'il donne au pithèque; mais la troifème efpède que nous appelons 77Jngoi , eft le 97/^^^/?//^/^ d'Ariftote ; il en a tous les caradères , il n'a point de queue, il a le mufeau comme un dogue , 6c les dents canines groffes ÔL longues; d'ailleurs il fe trouve communé- ment dans l'Alie mineure <5c dans les autres provinces de l'Orient qui étoient connues des Grecs ; le pithèque efl du même pays, mais nous ne l'avons pas vu , nous ne le connoiffons que par le témoignage des Auteurs; 6c quoique depuis vingt ans que nous recherchons les fmges, cette cfpèce ne fe foit pas rencontrée fous nos

veux, nous ne doutons cependant pas qu'elle n'exiftc

L iij

S6 Histoire Naturelle

au/n réellement que celle du cynocéphale. Gefner ôl Jonflon ont donne des figures de ce finge pithèque; M. BriiTon l'a indiqué comme l'ayant vu, il le dil- tingue du cynocéphale ou magot, qu'il défigne aufTi comme l'ayant vu, &. il confirme ce que dit Ariflote, en aiïiirant que ces deux animaux * fe refTemblent à tous égards, à l'exception du mufeau qui eft court dans {e phhèque ou fmge proprement dit, & alongé dans le cynocéphale. Nous avons dit que l'orang-outang , le pithèque , le gibbon <Sc le magot fi^nt les feuls animaux auxquels on doive appliquer le nom générique Atfinge, parce qu'ils font les feuls qui n'ont point de queue, 6c les feuls qui marchent plus volontiers (Se plus fouvent fur deux pieds que fur quatre : l'orang-outang & le gibbon font très-différens du pithèque 6c du magot; mais comme ceux-ci fe refTemblent en tout, à l'ex- ception de la grandeur des mâchoires & de la groffeur des dents canines, ils ont fouvent été pris l'un pour

* Race preinicre àt^ fingcs , ceux qui n'ont point de queue , & qui ont le mufeau court ; i ." le finge. J'ai vu plufieurs fincres qui ne differoient entr'cux que par la grandeur ; leur face , leurs oreilles & leurs ongles font afîez fenibiables au vifàge , aux oreilles & aux ongles de l'homme ; le poil qui couvre tout leur corps , excepte les feiïcs qvii font nues , cft mêlé de verdàtre & de jaunâtre ; le verdàtre do- mine dans la partie fupcrieure du corps, <5c le jaunâtre dans la partie

inférieure Race féconde des fmges , ceux qui n'ont point de

queue , & qui ont le mufeau alongé; i ." le finge cynocéphale , il ne difîcre du finge que par fon mufeau alongé , comme celui d'un chien , d'ailleurs il lui refTèmble en tout. J'en ai vu plufieurs qui ne difîéroieni emr'eux que par la grandeur. Bnjf, reg. anim. pr.g. i C;j & ip i.

DU P I T H È QU E. Zj

V'àuixe ; on les a toujours indiqués par Je nom commun de fuige , & même dans les langues il y a un nom pour les linges fans queue, <Sc un autre nom pour les linges à queue, on n'a pas dillingué le pithèque du magot ; on les appelle tous deux du même nom aff, en Allemand; ^ipe ^ en Anglois: ce n'efl que dans la langue Grecque que ces deux animaux ont eu chacun leur nom; encore le mot cynocq^linle efl plutôt une dé- nomination adjedive qu'un fubflantif propre, <S<. c'efl par cette railon que nous ne l'avons pas adopté.

Il paroît par les témoignages des Anciens , que le pithèque ell le plus doux , le plus docile de tous les fingcs qui leur étoient connus, <?; qu'il étoit commun en Afie auiïi-bien que dans la Lybie à. dans les autres provinces de l'Afrique , qui étoient fréquentées par les Voyageurs Grecs <Sc Romains; c'efl ce qui me fait pré- fumer qu'on doit rapporter à cette efpèce de f ngc les pafTages fuivans de Léon l'Africain 6c de Marmol ; ils difent, que les fmges à longue queue qu'on voit en Mau- ritanie , <5c que les Africains appellent moties , viennent du pays des Nègres , mais que les fingcs fans queue font naturels <?c fe trouvent en très- grande quantité dans les montagnes de Mauritanie , de Bugie cSc de Conrtantine ; « ils ont, dit Marmol, les pieds, \qs mains, <5c s'il faut ainfi dire, le vifage de l'homme, « avec beaucoup d'efprit& de malice; ils vivent d'herbes, « de blé <Sc de toutes fortes de fruits qu'ils vont en troupes « dérober dans les jardins ou dans les champs, mais ayant ««

88 * Histoire Natu rellé

'' que Je fortir de leur fort il y en a un qui monte fur '' une cmincncc , d'où il découvre toute la campagne, »' 6c quand il ne voit paroitre perfonne il fut figne aux " autres par un cri pour les faire fortir & ne bouge de-là, '> tandis qu'ils font dehors; mais fitôt qu'il voit venir " quelqu'un il jette de grands cris, (S: fautant d'arbre en "arbre tous fe fauvcnt dans les montagnes; c'efl une ^' cliofe admirable (|ue de les voir fuir, car les femelles '' portent fur leur dos quatre ou cinq petits & ne laiffent " pas avec cela de faire de grands fauts de branche en " branche; il s'en prend quantité par diverfes inventions " quoiqu'ils foient fort fins; quand ils deviennent farou- " ches ils mordent , mais pour peu qu'on les flatte ils » s'apprivoifent aifément ; ils font grand tort aux fruits " 6l au blé, parce qu'ils ne font autre chofe que de ^' cueillir, couper ôl jeter par terre, foit qu'il foit mûr ou »' non, (Se en perdent beaucoup plus qu'ils n'en mangent » 6c qu'ils n'en emportent ; ceux qui font apprivoifcs » font des chofes incroyables, imitant l'homme en tout ce qu'ils voient '" ». Kolbe rapporte les mêmes faits à peu près au fujet des fingcs du cap de Bonnc-cfpcrance; mais on voit par la figure 6c la defcription (ju'il en donne que ces finges font des babouins, qui ont une queue courte, le mufeau alongé , les ongles pointus , &^c. 6c qu'ils fontauffi beaucoup plus gros 6c plus forts que ces finges de Mauritanie ^ : on peut donc prcfumer

' L'Afrique de Mannol , tome I , page jy. * Voyez ci-après larticlc du Papion.

que

DUPiTHÈQUE. $p

que Kolbe a copié le pafTage de Marniol , 6c applique aux babouins du Cap les habitudes naturelles des pi- thèques de Mauritanie.

Le pithèque, le magot, 6: le babouin que nous avons appelé papion , étoient tous trois connus des Anciens ; aiifTi ces animaux fe trouvent dans TAfie mineure , en Arabie , dans la haute Egypte & dans toute la partie feptentrionale de l'Afrique : on pourroit donc au/Ti ap- pliquer ce pafïïige de Alarmol à tous trois ; mais il efl clair qu'il ne convient pas au babouin, puilqu'il y efl dit que ces fmgcs n'ont point de queue; <Sc ce qui me fait préfumer que ce n'efl pas du magot , mais du pithèque dont cet Auteur a parlé, c'efl que le magot n'efl pasaifé àapprivoifer, qu'il ne produit ordinaire- ment que deux petits & non pas quatre ou cinq comme le dit Marmol : au lieu que le pithèque qui efl plus petit doit en produire davantage ; d'ailleurs il efl plus doux <5c plus docile que le magot qui ne s*apprivoife qu'avec peine & ne fe prive jamais parfaitement : je me fuis convaincu par toutes ces raifons, que ce n'efl point au magot, mais au pithèque qu'il faut appliquer ce pafïage des Auteurs Africains ; il en efl de même de celui de Rubruquis , il efl fait mention des finges du Cathay , il dit « qu'ils ont en toutes chofes

la forme ôl les façons des hommes qu'ils ne font

pas plus hauts qu'une coudée Sl tout couverts de poils; o qu'ils habitent dans des cavernes; que pour les prendre « on y porte des boiffons fortes <Sc enivrantes qu'ils «

90 Histoire Naturelle

>^ viennent tous enfemble goûter àtce breuvage, en criant » chinchin, dont on leur a donné le nom de chhichin , 6c » qu'ils s'enivrent fi bien qu'ils s'endorment; en forte que les chafTturs les prennent aifément''. » Ces caradères ne conviennent qu'au pithèque & point du tout au magot: nous avons eu celui-ci vivant, & nous ne l'avons jamais entendu crier chmchiu ; d'ailleurs \\ a beaucoup plus d'une coudée de hauteur (Se reiïemble moins à l'homme que ne le dit l'Auteur; nous avons eu les mêmes raifons pour appliquer au pithèque 6c non point au magot la figure <Sc l'indication de Profper Alpin, par laquelle il alïïire que les petits fmges fans queue qu'il a vus en Egypte s'apprivoifent plus vite <Sc plus aifément que les autres, qu'ils ont plus d'intelli- gence (Se d'induflrie, (Se qu'ils font aufTi plus gais 6c plus plaifans que tous les autres : or le magot efl d'une groffe 6c afTez grande taille, il eft mauflade , tri fie , farouche &. ne s'apprivoife qu'à demi; les caradlères que donne ici Profper Alpin à fon fmge fans queue , ne conviennent donc en aucune manière au magot (Se ne peuvent appartenir à un autre animal qu'au pithèque.

Caraâères diflinâifs de cette efpèce.

Le pithèque n'a point de queue, il n'a point les dents canines plus grandes à proportion que celles de l'homme , il a la face plate , les ongles plats auffi , 6c arrondis comme ceux de l'homme; il marche fur fes

* Reîcuions de Rubruquis , ^«a^w iy$ i/ fuiv.

DU P I T H ÈQU E. 91

deux pieds, il a environ une coudée, c'e(l-à-dire, tout au plus un pied & demi de liauteur ; Ton naturel efl doux , 6i on l'apprivoife aifénient. Les Anciens ont dit que la femelle efl fujette à l'ccoulenunt périodique, <Sc l'analogie ne nous permet pas d'en douier.

Mij

2 Histoire Naturelle

9

L

LE GIBBON*.

E Gibbon (plîièriij) fe tient toujours debout; lors même qu'il marche à quatre pieds , parce que fes bras font aufil longs que fon corps <5c fes jambes ; nous l'avons vu vivant, il n'avoit pas trois pieds de hauteur, mais il étoit jeune, il étoit en captivité: ainfi l'on doit prcfumer qu'il n'avoitpas encore acquis toutes fesdimenfions , <Sc que dans l'état dénature, lorfqu'il efl adulte , il parvient au moins à quatre pieds de hauteur ; ii n'a nulle apparence de queue : mais le caracflère qui le diftingue évidemment des autres fmges , c'efl cette prodigieufe grandeur de fes bras qui font aufii longs que le corps & les jambes pris enfemble , en forte que l'animal étant debout fur fes pieds de derrière , fes

* Gibbon, c'efl le nom fous lequel M. Dupleix nous a donné ce flnge qu'il nvoit apporté (\ts Indes orientales ; j'ai d'abord cru que ce mot étoit Indien, mais en fàilant des recherches fur la Nomen- clature des finges, j'ai trouvé dans une note de Dalechamp fur Pline, que Strabon a défigné le Ceplius par le mot Keipon , dont il efl pro- bable qu'on a fait Guibon, Gibbon. Voici le pafTige de Pline, avec la note de Dalechamp : Pompeii magni primiim ludi ojîenderunt ex ^thiopiâ quas vacant cephos '', quarum pedes pojleriores pedibus humanis é^ auribus priores îuanibus fuere fimiles ; hoc animal pojtea Rom a non vidit.

* Cephos ) Straioy lib. 15. Kt/Voi' vocat , fjfeque tradit facie fatyro fimktn. Dal, PIfru ////?. nm, lib. VUl , cap. xix. Nota. Il me proît que le Ccbus des Grecs , & ic Cephus de Pline, qu'on doit prononcer lûbus 6c Kej>/ius pourroient bien venir originajrcmenî de Koph ou KofhWf. qui en Hébreu & en Chaldécn cA k nom du fingc.

DU Gibbon, 9-»

mains touchent encore à terre &. qu'il peut marcher à quatre pieds , fans que fon corps fe panche; il a tout autour de la face un cercle de poils gris , de manière qu'elle feprcfente comme fi elle ctoit environnée d'un cadre rond, ce qui donne à ce fmge un air très-extraor- dinaire; fes yeux font grands, mais enfoncés , fes oreilles nues & bien bordées , fa face eft aplatie , de couleur tannée <Sc affez femblable à celle de l'homme : le gibbon efl après l'orang-outang & le pithèque , celui qui ap- procheroit le plus de la figure humaine , i\ la longueur exce/five de fes bras ne le rendoit pas difforme ; car dans l'état de nature l'homme auroit auffi une mine bien étrange; les cheveux & la barbe, s'ils étoient négligés, formeroient autour de fon viiàge un cadre de poil affez femblable à celui qui environne la face du gibbon.

Ce fmge nous a paru d'un naturel tranquille, & de mœurs affez douces, fes mouvemens n'étoient ni trop Lrufques ni trop précipités, il prenoit doucement ce qu'on lui donnoit à manger; on le nourriffoit de pain , de fruits, d'amandes, &ic. Il craignoit beaucoup le froid Sl l'humidité , Se il n'a pas vécu long-temps hors de fon pays natal : il efl originaire des Indes orientales, particulièrement des terres de Coromandel , de Malaca <5c des îles Moluques *. Il paroît qu'il fe trouve aufïï

"^ Le P. le Comte dit avoir vu aux Moluques une e(pcce Je finge ; marchant naturellement fur Çqs deux pieds, fe fervant de ks, bras comme un iiomme, le vifâge à peu près comme celui d'un Hottemotj mais le corps tout couvert d'une cfpèce de luine grife, étant exadeineAi

M Ji;

94 Histoire Naturelle

dans des provinces moins méridionales , (Se qu'on doit rapporter an gibbon , le finge du royaume deGannaurc frontière de la Chine , que quelques Voyageurs ont indiqué fous le nom àt fefé "^ ; au refte cette efpèce varie pour la grandeur 6c pour les couleurs du pod , il y en a deux au Cabinet , dont le fécond (pi. iiij quoi- qu'adulte efl l)ien plus petit que le premier { pL n ) , 6c n'a que du brun dans tous les endroits, l'autre a du noir; mais comme ils fe reffemblent parfaitement à tous autres égards , nous ne doutons pas qu'ils ne foient tous deux d'une feule 6c même efpèce.

Caraâères diflindifs de cette efpèce. Le gibbon n'a point de queue , il a les feffes pelées

comme un enfant & exprimant parfaitement ^ts pafrions& fes appétits; il ajoute que ces finges font d'un naturel très - doux , que pour montrer leur affe(5tion aux perfonnes qu'ils connoiiïent , ils les embraf- fent & lesbaifent avec des tranfports finguliers : que l'un de ces finges qu'il a vu , avoit au moins quatre pieds de liauieur , qu'il étoit extrê- ïucment adroit & encore plus agile. /Mémoires fur la Chine , par Louis le Comte , page ^ i o.

* Dans le royaume de Gnnnaure , frontière de la Chine , il fe trouve lin animal qui efl fort rare, qu'ils nomment Fefé ; il a prelque la forme liuinaine , les bras fort longs, le corps noir & velu, marche fort légèrement & fort vite. Recueil des Voyages, &c. Rouen, i j i jS , îome III, page 168. NoTA. i ." Ce caradère des bras fort longs n'appartient qu'à ce finge , & par conléquent indique aflez clairement que le Fcfc efl; le même que le Gibbon. Nota. On peut préfu- mer que le mot fefé vient de jfff on fefef , nom du babouin dans les provinces de l'A trique , voifines de l'Arabie , & qu'on a transfère ce nom du babouin au gibbon ; car le babouin n'a pas les bras plus longs tcjue les autres finges.

DU Gibbon.

95

avec de légères callofitcs; fa face efl plafe, Brune & environnée tout autour d'un cercle de poils gris; il a les dents canines plus grandes à ])roportion que celles de riiomme; il a les oreilles nues, noires <Sc arrondies, le poil brun ou gris fuivant Tâge ou la race; les bras exceffivement longs : il marche fur fcs deux pieds de derrière , il a Atwx pieds & demi ou trois pieds de hauteur. La femelle eft fujette, comme les femmes, à un écoulement périodique de fang. '^

9(5 Description

D E se RI Pflo N

DU GIBBON.

Le Gibbon (pi. 1 1 ) a la tête ronde , les yeux grands & enfoncés , le nez aplati , les oreilles arrondies &l bordées à peu près comme celles de l'homme ; il y a àts callofités fur les felîés * ^ mais je n'ai remarque aucune apparence de queue. Les jambes de devant font beaucoup plus longues que celles de derrière &: excefTivement longues , car l'animal étant debout &: tenant Çts jambes de devant pendantes, leurs doigts touchoient la terre. J'ai ouï dire que celui qui a fervi de fujet pour cette defcription , lenoit fouvent dans cette attitude. Le tour dts yeux, le nez »Sc rexlrémité des deux mâchoires ctoient nus «Se de couleur brune. Il y avoit une bande en forme de cercle , formée par des poils gris , qui paflbit au-deiïus des yeux , fur les joues & fous la mâ- choire inférieure ; ce cercle gris donnoit un air fort extraordi- naire à la face de ce linge. Les oreilles étoieni nues &: de couleur noirâtre; le poil de la tête, du cou , du dos , des côtés du corps & des jambes étoit noir ; celui qui recouvroit la face /îipérieure des pieds avoit une couleur grife ; la plante étoit nue & de couleur noire, les ongles étoient aulTi de cette couleur.

pioU. pouc. Jigne* Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite,

depuis le bout du mufeau jufqu a l'anus i. 3. 6,

Longueur de la tête depuis le bout du mufêau jufqu'à

l'occiput M 4. 4^

* Ces callofités (ont formées par une adhérence de la peau aux tubérofités

des os ifchions , fur lefquelies il y a une facette revêtue par une peau calieu/à

& nue ; les fcffes fcmblent être pelées dans ces deux endroits ; c'efl pourquoi

les callofités dont il s'agit, peuvent aufTi cire défignées par les mots et fejjes

pdéis ; je n'ai remarqué ce carat^ére dans aucun des fapajous ni des fagoins.

Circonftrencfi

DU Gibbon 97

^. c' Il j r f"'^'- P^"*"- ''"«""•

Circonrcrence du bout du muleau a, y

Circonférence du mufeau , prife au-defTous des yeux, n j . ? .

Contour de l'ouverture de la bouche // > -.

>•

Diftance entre les deux naiines u h i.

Diftance entre le bout du mufeau & l'angle ante'rieur

de l'œil u 4. 3 .

Diftance entre l'angle poftcrieur & l'oreille u u 11.

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre u n ^,

Ouverture de l'œil g 4

Diftance entre les angles antérieurs des yeux u n i o.

Circonférence de la tête , prile entre les yeux & les

oreilles /, p. 6,

Longueur des oreilles // // 7,

Largeur de la baie , inefurée fur la courbure extérieure. u 2. u

Diftance entre les deux oreilles, prife au bas // 2. ti

Longueur du cou zr 3 . 6.

Circonférence u y, ^,

Circonférence du corps , prife derrière les jambes

de devant i . i . //

Circonférence à l'endroit le plus gros ......... i. 3. //

Circonférence devant les jambes de derrière // i i. 6,

Longueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au

poignet // p. 6.

Circonférence du poignet u 3. 8.

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. n 6. 6.

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 7. //

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles ... // j . 4.

Cefingectoit femelle Scpefoit neuflivres;iepiplooii sctendoit

jufqu'au pubis ; l'eltomac étoit en plus grande partie à gauche qu'à droite ; le foie étoit placé en entier dans le côté droit.

Tme XI K N

98 Description

Le duoJenum ctoit fort court , &: fe replioit en dedans prefqii'au fortir de l'eftomac; le jéjunum faifbit Tes circonvolutions dans (a région ombilicale & L\:.ns le côté gauche fur celles de l'ileum , qui s'étendoient aufll dans la région iliaque gauche. Le cœcum étoit placé dans la région hypogaftrique &: dirigé de devant en arrière ; le colon s'étendoit en avant dans le côté droit , palfoit de droite à gauche derrière Icftomac , prolongeoit en arrière le long du côté gauche fur les intedins grêles, &: fe replioit fur le bord du b^iXin, avant de joindre au reélum qui étoit fort court.

Les inieftins grc'es avoient tous à peu près la mcine grofîèur , excepté l'ileum ( A B , pi. i v , fy- i ) qui s'amincilfoit en approchant du cœcum ( C). Cet intellin étoit gros , court & ter- miné par un appendice (DE) qui avoit cinq pouces de longueur 5c environ deux lignes & demi de diamètre. Le colon ( FG ) étoit très -gros auprès du cœcum , & coudé à la diflance d'en- viron deux pouces & demi de cet inteftin ; le refle du colon diminuoit de grofîèur en approchant du rectum : il y avoit trois bandes tendineufês lur le colon.

Le foie (pi IV , fg.2) étoit divifé en deux parties, par une fcilîiire (A) peu profonde, dans laquelle patlbit le ligament fuf^ penfoir; la partie droite du foie étoit plus grande que la gauche; il trou voit un lobule (B) à leur racine : ce foie avoit une couleur rougeâlre , plus pâle au dedans qu'au dehors de ce vilcère : ii pefoit cinq onces trois gros & demi.

La véficule du ûtl ( C > pi, i v , fy. 2 ) étoit verdâtre & placée fur la face poftérieure du foie , près de la fcitlùre (e trouvoit le ligament fufj^enlôir.

La rate (pi. iv, f g. j J é\.o\i placée contre le fond du grand cul-de-fac de l'eftomac ; fi figure approchoit de celle d'un triangle,

D U G I B B O N, çp

dont la bafe aurait été en bas & lefommet en baul; cHe avoir au dehors & au dedans une couleur roiigeâtre : elle pefoit deux gros.

Le pancréas avoit une forme oblongue, &: il s'étendoit depuis ie duodénum jufqua la rate; il reffembloit beaucoup au pancréas de l'homme.

Le rein gauche étoit plus avancé que le droit d'environ un tiers de fa longueur ; ils avoient une forme à peu près ovoïde ; leur face fupérieure étoit plate, & l'inférieure convexe; l'enfoncement avoit peu de profondeur; la plupart des mamelons tenoient \ts uns aux autres ; le baiïinet étoit peu étendu.

Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes , placés 6c proportionnés comme dans la plupart àts animaux quadrupèdes. II n'y avoit qu'un lobe dans le poumon gauche , mais il étoit divifé par une profonde fciffureen deux parties, dont l'antérieure étoit plus petite que l'autre : le cœur relfembloit beaucoup à celui de l'homme , par fa figure &: fa fituation.

La langue étoit large , épailfe &: ronde à l'extrémité ; la partie antérieure étoit couverte de papilles très-petites , & de tubercules ronds & blancs. II y avoit fur la partie poftérieure de grolTes papilles (Se plufieurs glandes à calice, dont deux étoient placées fur le milieu de la langue , une de chaque côté , à quatre lignes de diftance l'une de l'autre : leur diamètre étoit d'environ une ligne.

Le palais étoit traverfé par fix filions aiïez laiges & peu élevés; ils étoient partagés par un fillon longitudinal, &: chacune de leurs parties étoit convexe en devant ; la partie poftérieure du palais avoit une couleur noirâtre ; lepiglotte étoit peu faillante <Sc coupée carrément à Ion extrémité.

Le cerveau étoit fort grand , il s'étendoit aulTi loin dans l'oc- ciput que le cervelet ; le cerveau pefoit deux onces d^u\ gros & quarante-huit grains, (Scie cervelet quatre gros &. douze grains.

N i;

100 Description

Il y avoit Jeux mamelons fur h poitrine , un de chaque côté; ils n ctoient éloignes l'un de l'autre que de quinze lignes.

La vulve étoit placée entre deux callofités ( AB, pi V, fg. i ) adhérentes aux os ifchions ; elles avoient chacune un pouce de longueur & neuf lignes de largeur; elles n'étoient éloignées l'une de l'autre que d'environ trois lignes.

Les lèvres de la vulve (C) avoient peu d'épaiffeur , 6c fa partie antérieure étoit terminée par un petit bec recourbé en bas. Le gland du clitoris n'étoit pas apparent au dehors ; onnevoyoit que le prépuce ( D) qui formoit le bec inférieur de la vulve dont il a été fiit mention ; la veffie (A.jig. 2) avoit moins de diamètre dans le milieu qu'aux deux bouts ; les bords de l'ori- fice de la Vi\2Xnct(B) étoient froncés; le corps fe terminoit par deux prolongemens fort courts (CD) & très-différens à^s cornes de la matrice des autres animaux; les ovaires (EF, fig. i & 2 ) avoient une figure approchante de l'ovoïde &: une couleur jau- nâtre très -pâle. On a repréfenté figure 2 les parois intérieures (GH) du vagin; l'orifice (1) àt l'urètre, marqué par un fliletÂX^ &: les trompes ( M N ) de la matrice.

piedi. pouc. lignes. Longueur des inieflins grêles depuis le pylore juf-

qu'au cœcum 7. /; u

Circonférence du duodénum // 2. 3

Circonférence du jéjunum // 2. 6

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. // 2.. p

Circonférence dans les endroits les plus minces. , . n 2. 2

Longueur du cœcum h i . 2

Circonférence du coccum à l'endroit le plus gros. . . u 6. tt

Circonférence à l'endroit le plus mince // 2. u

Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. // 1 o. n

Circonférence dans les endroits les plus minces .... // 3 . p

DU Gibbon. ioi

pieds, pouc. lignes.

Circonférence du rc(?lum près du colon // ^. a.

Circonférence du reduni près de l'anus // 5. #

Longueur du colon & du reduni pris enlemble. . . i. y. u

Longueur du canal inieflinal en entier , non conii)ris le

cœcuni 8. 7. //

Grande circonférence de l'eflomac i . i . C^.

Petite circonférence n 10. //

Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que

forme la partie droite jufqua l'œfophage // i. 8.

Profondeur du grand cul-de-ftc // i. 8.

Circonférence de l'œfophage // 3. //

Circonférence du pylore // i . 6.

Longueur du foie // z. 10.

Largeur u 5. 2.

Sa plus grande épaifleur // 1 . ■>,

Longueur de la véficule du fiel a i . p.

Son plus grand diamètre // // y.

Longueur de la rate // 2. i,

Epailîêur dans le milieu u u 4,

Epaifieur du pancréas ;/ // 3 .

Longueur des reins // i . 8.

Largeur n 1 . //

Epaifleur // // 8.

Longueur du centre nerveux du diaphragme depuis

la veine-cave jufqu'à la pointe // 1. u

Largeur // i , 3.

Circonférence de la bafe du cœur u 4. p.

Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naiflânce de l'artère

pulmonaire n i . 10.

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. . . a i. 6.

N lij

102 Description

pieds, pouc. îîgnes. Diamètre de l'aorte, pris de dehors en dehors. ... // // 3.

Lonorueur de la langue h 2. i.

Longueur de la partie antérieure , depuis le filet jufqu'à rextréniité /' u 8.

Largeur de la langue 11 11 9.

Longueur du cerveau n 2. p.

Largeur // 2. 3 .

Epatlleur // i . 4.

Longueur du cervelet m h i i .

Largeur // i . 10.

ÉpailTeur // // 10.

11 y a au Cabinet du Roi un autre finge (pl.jii) très-ref- femblant au gibbon ( p/. Il ) , mais beaucoup plus petit ; quoiqu'il foit deficché 5: bourré, on peut avoir (es dimenfions avec allez de prccifion , parce qu'on a laide tous les os fous la peau; il efl; d'environ un tiers moins grand que le gibbon dont la defcrip- tion précède celle ci. Le petit gibbon paroît avoir toutes les pro- portions du grand; il a les jambes &: les pieds de devant auffi longs ; les mêmes traits dans la face ; la même forme dans les oreilles & dans les ongles; la même couleur fur la face, fur les oreilles, fur les ongles &: fur la plante des pieds. Il a les ît^ts pelées ôc fans aucune apparence de queue ; enfin il reffemble exadement au grand gibbon par figure ; il a aulTi la face entou- rée de poils gris qui forment un cercle fur le bas du front , fur les tempes , fur les joues & fous la mâchoire inférieure; fes quatre pieds font auifi couverts de poils gris , mais les couleurs du poil des autres parties du corps différent de celles du grand gibbon ; la tête, le delfus &. les côtés du cou , la partie antérieure du dos, les épaules , le bras & la face externe de l'avant-bras font bruns ôc non pas noirs; le deffbus dj cou , la face interne de l'avant-

DU Gibbon. 103

bras, la poitrine , le ventre, !a cuiffe, les côtés du corps & la jambe proprement dite , ne font pas noirs comme fur le grand gibbon , mais de couleur grife , mélce de brun ; la partie pofté- rieure du dos & la croupe ont une couleur grife & non pas noire. Je ne fais fi cette différence de couleur du gris au noir ne vient que de la différence de l'âge , en fuppofant que le petit gibbon Toit de même efpèce que le grand , mais dans un âge moins avancé. Il e(l certain que ces différences de couleurs ne viennent pas de la différence des kxts , car ces deux animaux étoient femelles. Le petit a été apporté de Malac , par M. le Comman- deur Godeheu ; & le grand de Pondicheri , par M. Dupieix.

La tête du fquelette { p/. v i ) du grand gibbon etl moins alongée que celle >\w jocko ; le crâne a plus d'étendue à l'endroit de l'occiput ; l'os du front eft plus aplati : le bord fupérieur i^ts orbites a beaucoup moins de faillie ; le petit bourrelet qu'il forme ne s'étend pas d'un œil à l'autre comme dans le jocko ; au con- traire l'efpace qui fe trouve entre les deux yeux au-deffus du nez , eft un peu enfoncé ; les orbites à.^^ yeux ont plus de largeur que de hauteur comme dans l'homme ; la cloifon oflèufe qui fépare ks deux orbites, eft plus large que dans le jocko & à peu près auffj large que dans l'homme ; les os propres du nez font beaucoup plus longs que ceux de l'homme , mais moins lonas que ceux du jocko ; auffi l'ouverture àts naiines \\t^ pas en entier au-deffous de celles A^s orbites , & partie inférieure eii moins éloignée du bord alvéolaire de la mâchoire , ce qui fait que le mufeau eft moins alongé: ainfi le gibbon a plus de rapport à l'homme que le jocko, par les proportions ^ts orbites des yeux & par l'intervalle qui e(t entre deux , par la fitualion de l'ouverture àts narines qui eft placée en partie entre les orbites , & par la petite diftance qui fe trouve entre l'ouverture de^

104 Description

narines & le bord alvéolaire de la mâchoire ; ce qui fait que la lèvre fupc'rieure du gibbon eft moins longue que celle du jocko Se plus relTemblante à celle de l'homme. La forme de la mâchoire infcrieure eft à peu près la même dans c^s deux animaux.

Les dents du gibbon relfemblent à celles de l'homme pour le nombre & la fiiuaiion , &: même pour la forme, excepté les canines qui font pointues & beaucoup plus longues; celles du deiius ont une légère canelure longitudinale fur le côté interne.

Les vertèbres cervicales différent de celles de l'homme & du jocko , en ce que l'apophyfe épineufe de la première efl plus longue , &: que celles des autres vertèbres ne font pas fourchues.

Le gibbon n'a que douze vertèbres dorfales comme l'homme , & douze côtes de chaque côté , fept vraies & cinq fauffes ; elles ne font pas fi épailfes que celles du jocko. Le Oernum eflcom- pofé de fix os dont les premiers reffemblent à ceux du jocko (Se de l'homme, Les premières côtes, une de chaque côté, s'articulent avec la partie antérieure du premier os du fternum ; l'articulation àts fécondes côt^s eft entre le premier &: le fécond os du fternum ; celle des troifièmes côtes entre le fécond & le troifième os , & ainfi de fiite jufqu'aux fixièmes & fèptièmes côtes qui s'articulent entre le cinquième &: le fixième os du fternum.

Les vertèbres lombaires font au nombre de fix : ainfi il y en a une de plus que dans l'homme & le jocko.

L'os facrum n'eft compofé que de trois fiuffes vertèbres ; il n'y avoit que trois pièces dans le coccix du (cjuelette , fur lequel cette delcription a été faite , mais ii m'a paru qu'il manquoit au moins une pièce du coccix.

Les os du baftln diftérent de ceux du jocko, en ce que les os des hanches font plus étroits , & que le plan de l'entrée du baffm eft fur la même ligne que la colonne vertébrale ; à cet égard le

gibbon

DU Gibbon, loj

gibbon a encore plus de rapport avec les quaJnipt^Jes que le jocko* La tubcrofitc des os ifchions efl: beaucoup plus grande que dans lejocko, &: a une face plate, fur laquelle ctoit la caliofitc qui fe trouve de chaque côte de l'anus (ur la peau du gibbon.

L'omoplate & les clavicules diffèrent peu de ces mêmes os vus dans le jocko.

Les os du bras &: de l'avant-bras ont une longueur excefllve. L'os du bras efl plus long que celui de la cuifîè ; les os de l'avant- bras font beaucoup plus longs que ceux de la jambe , au contraire de ce qui eft dans l'homme : car il a \g.s os du bras »Sc de l'avant- bras beaucoup moins longs que ceux de la cuifîè & de la jambe. Les os de l'avant-bras du gibbon font beaucoup plus ccarlcs l'un de l'autre que dans l'homme.

Le carpe efl compofé de onze os , quatre dans le premier rang , quatre dans le fécond & trois furnuméraires *. Les os du fécond rang font places comme dans J'homine, relativement aux os du métacarpe; mais ils en diffèrent ^ou^, la* figure, principa- lement le quatrième, cfCû efî, pltis: long/gye le troilième qui correfpond au grand os du carpe de l'homme , de forte qu'il aboutit au fécond os du premier rang .• Je.troifième os de ce rang efl place fur le quatrième du fécond rang , & touche au cinquième du premier rang qui correfpond au pififorme de l'homme, mais qui efl: oblong comme dans la plupart des quadrupèdes. Le premier des furnuméraires trouve placé fur le joint qui efl entre le troifième &: le quatrième os du premier rang. Le fécond os furnu- méraire efl fort petit &: placé au côté interne du carpe , en partie contre le premier os du premier rang & en partie contre le premier os du fécond rang. Le troifième os fîirnuméraire efl entre ies deux rangs du carpe au-defîbus du premier & du fécond os * Il n'y en avoit qu'un de COnnu avant cette defcription.

TvmeXlK Q

io6 Description

du premier mng , 6c au-defTus du fécond <Sc du troifième os du fécond rang.

Le tarfe ed compolc de fept os comme dans l'homme ; le premier cunéiforme e(t beaucoup moins gros que celui de l'homme. Il y a de plus dans le gibbon un huitième os place au côte ex- terne du tarfe, à l'endroit le calcaneum touche aucuboïde.

l^ts os du métacarpe &:des doigts font à proportion aiiiTi longs que ceux de l'avant-bras &: du bras ; mais le premier os du méta- carpe efl; beaucoup moins long que les autres , & la première phalange du pouce a auffi , à proportion, moins de longueur que dans l'homme.

Les os du métatarfè &: àts quatre derniers doigts ont une lon- gueur proportionnée à celle des os de la jambe & de la cuillè; ie premier os du métatarfe a moins de grofîèur que celui de l'homme; il efl fort écarté du fécond os par fôn extrémité anté- rieure. Les deux phalanges du pouce font moins longues (Se moins grolîès que dans l'homme, relativement aux phalanges des autres doigts : les phalanges du troifième doigt font plus longues que celles du fécond qui efl de même longueur que le quatrième, comme dans une main. Le pouce des pieds du gibbon efl à peu près de môme longueur que celui des mains ; mais relativement à la iongueLU- des doigts , il efl beaucoup plus long.

pieds, pouc. llgne^i. Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires

jufqu'à l'occiput ^, % L,

Lt plus gronde largeur de la tête h 2. 6

Longueur de la mâchoire du defTous, depuis Ton

extrémité antérieure, jufqu'au bord poflerieur de

l'apophyfe condyloïdc // 2. j.

ÉpaifTeur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire

du deflus /f n 2 -►

DU Gibbon. 107

pieds, polie. lignci' Largeur de la mâchoire du defTiis, à l'endroit des

dents canines

/' // I r .

Dinance entre les orbites & l'ouverture des narines. // // 2 i

7-

Longueur de cette ouverture ,/

Largeur .

o // u 0.

Longueur des os propres du nez ^ i^

Largeur à l'endroit le plus large , ^

Lnrgeur des orbites ^, ^ ^

^^'^"^^"'" ,>. ,0.

Longueur d^'i dents canines ,1 -^

Largeur du trou de la première vertèbre de haut en

^^^ " // 51.

Longueur d'un côté à l'autre // ;, r 1^

Hauteur de l'apophyreèpineufe de la féconde vertèbre. // // z,

L-i'-geur ^1^

Longueur de la huitième côte, qui eft la plus longue. // 4. i o.

Longueur du fternum /; n. 7.

Longueur du corps de îa quatrième vertèbre lom- baire , qui eft fa plus longue // // j ,

Largeur de la partie fupérieure de i'os de la hanche, it i . 3 .

Longueur de l'os depuis le milieu de la cavité coty-

ioïde, jufqu'au milieu du côté fupérieur // 3. ^^ l.

Longueur dts trous ovalaires // ;, g i.

^^rgeur n %, 6K

Z

Largeur du baffin j ^ ^ i

l^^uteur ^, ^

Longueur de l'omoplate // 2.. 8.

Largeur dans le milieu , . a

Longueur de l'humérus ,/ 7. j j i.

Longueur de l'os du coude // o.

P i;

io8 D E S C R 1 P T 1 0 N, ifc.

piedi. pouc. Ilgticl,

Longueur de l'os du rayon " °* ' °'

Longueur du fémur " -Z- '

Longueur du libia " "• '

Longueur du péroné .... // J . o .

Hauteur du carpe " " 7*

Longueur du calcaneum n " * ^

Hauteur du premier os cunéiforme, & du fcaphoïde

pris enfemble " " 7'

Longueur du premier os du métacarpe qui eft le plus

x;ourt '^ ' 4*

Longueur du fécond os du métacarpe, qui eft le

plus long " ^' 4-

Lonc^ueur du preniier & du cinquième os du méta-

larfe , qui font les plus courts " i 4 j*

Longueur du troifième qui eft le plus long /' i . 7 f

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de devant n " 8

Longueur de la féconde // n 4 ï.

Longueur de b première phalange du troifième doigt. // «. 7|.

Longueur de la féconde // i . 2..

Longueur de la troifième u h j.

Longueur de la première phalange du pouce des

pieds de derrière u u S |.

Longueur de la féconde // // 5 .

Longueur de la première phalange du troifième doigt. // i . i .

Longueur de la féconde u u 7 1.

Longueur de la troifième // // 4. |.

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109

LE MAGOTS

V-> ET animal (pL vu dr viiij eft de tous les Singes, c'efl-à-dire de tous ceux qui n'ont point de queue \ celui qui s'accommode le mieux de la température de notre

* Alagot , nom ancien de ce Singe en françois , & que nous avons ^i^Q)^^\.é. Aiomenct , félon Jonfton ; on l'a auffi appelé Z^r^^rw , parce qu'il efl: fort commun dans la Tartarie méridionale.

Cynocéphales Ariflotelis. H'ijl, an'un. lib. II, cap. vill.

Cynocephûlus prunus. Jonflon.^^. taF:>. LIX.

Cynocephalus aller. Profp. Alpin. yEgypt. vol. II, pag. 241 ^ fg. tab. XVI.

Sim'ia cynocephala omnibus unguîhus plan'is & rotundatîs. ... Le finge cynocéphale. BrifT. Regn. anîm. pag. i p i . Nota. Il nous paroît que M. Briflbn s'eft trompé fur la forme des ongles de ce finge : il eft vrai que ceux des pouces des pieds de devant & des pieds de derrière font plats & arrondis à peu près comme ceux de l'homme; mais les ongles des autres doigts font courbés en forme de gouttière renverfée.

Sylvanus , fm'ia ecaudata cluntbus tubcrofocallofis. Cercopithecus , Jonfton, quad. tab. L\x,fig. /. Linn. Syjl. nat. edit. X, pag. 25. Nota. Il nous paroît que M. Linnaeus s'eft trompé en rapportant cet animal au Cercopithecus de Jonfton , c'eft plutôt le Cynocephalus de la même planche; mais il eft vrai qu'on pourroit regarder ce Cynoce- phalus & ce Cercopithecus comme le même animal , ii le poil de ce dernier n'étoit pas trop épais & trop long.

" Nota. Il eft certain que ce finge eft fans queue , quoiqu'il en ait une lécrère apparence formée par un petit appendice de peau d'en- viron un demi-pouce de longueur , qui fe trouve au-deiïus de l'anus , mais cet appendice n'eft point une queue avec des vertèbres , ce n'cft qu'un bout de peau qui ne tient pas ntçme plus particulièrement au

coccix que le rçfte de la peau.

O iij

110 H 1 STO I RE N ATU RELLE

climat : nous en avons nourri un pcncfant pluficurs années ; Tété il fe plaifoit à l'air, &. l'hiver on pouvoiC Je tenir dans une chambre fans feu. Quoiqu'il ne fût pas délicat , il étoit toujours trifle 6c fouvent mauffade; il fâifoit également la grimace pour marquer fa colère ou montrer fon appétit : ïqs mouvemens ctoient Lrufques , fes manières groffières &i fa phyfionomie encore plus laide que ridicule ; pour peu qu'il fût agité de pa/fion il montroit <Sc grinçoit les dents en remuant la mâchoire; il rempliffoit les poches de fes joues de tout ce qu'on lui donnoit , <Sc il mangeoit généralement de tout, à l'exception de la viande crue, du fromage 6c d'autres chofes fermentées : il aimoit à fe jucher pour dormir, fur un barreau, fur une patte de fer; on le tenoit toujours à la chaîne, parce que malgré longue domeflicité , '\\ n'en étoit pas plus civilifé , pas plus attaché à (es, maîtres; il avoit apparemment été mal éduqué : car j'en ai vu d'autres de la même efpèce, qui en tout étoient mieux , plus connoifTans , plus obéifïïins, même plus gais 6c affez dociles pour ap- prendre à danfer, à gefliculer en cadence, 6c à fe laiffer tranquillement vêtir 6c coiffer.

Ce finge peut avoir deux pieds 6c demi ou trois pieds de hauteur lorfqu'il efl debout fur fes jambes de derrière; la femelle efl plus petite que le mâle, il mar- che plus volontiers à quatre pieds qu'à deux : lorfqu'il eft en repos , il efl prefque toujours affis 6c fon corps porte fur deux caliofités très-cminentes qui font fituée^

D U M A G O T. III

au bas de la région clevroicnt ctrc les fefTcs ; l'anus efl plus élevé , ainfi il efl afTis plus bas que fur le cul : aufîi Ton corps efl plus incliné que celui d'un homme affis ; il diffère du piihèque owfaigc proprement dit; i."". en ce qu'il a le mufcau gros & avancé comme un do<^ue au lieu que le pithèque a la face aplatie; 2.° en ce qu'il a de longues dents canines, tandis que le pithèque ne les a pas plus longues à proportion que l'homme; 3.". en ce qu'il n'a pas les ongles des doigts auffi plats & aufTi arrondis , & enlin parce qu'il efl plus grand , plus trapu &i d'un naturel moins docile 6c moins doux.

Au refle, il y a quelques variétés dans VQiyccc du magot ; nous en avons vu de différentes grandeurs <Sc de poils plus ou moins foncés 6c plus ou moins fournis; il paroît même que les cinq animaux dont Profper Alpin a donné les figures 6c les indications fous le nom de cynocéphales % font tous cinq des magots , qui ne diffèrent que par la grandeur 6c par quelques autres caractères trop légers pour qu'on doive en faire des efpèces diflinétes 6c féparées. Il paroit auffi que l'efpèce en efl affez généralement répandue dans tous les climats chauds de l'ancien continent , 6c qu'on la trouve éga- lement en Tartarie , en Arabie , en Ethiopie, au Malabar \

"Profp. Alpin. H'ijl. nat. y£gypt. lib. IV, tab. XN , fg. i , & tab. XVI, xvii, XVIII & XIX.

^ La troifième efpèce de finge au Malabar e([ de couleur cendrce^ uns queue ou n'en ayant qu'une nés- courte, elle efl: fiiniilièrc ; ap- prend ailement tout ce qu'on lui cnfeigne on m'en avoit donne

112 Histoire Natu relle

en Barbarie , en Mauritanie & jurque clans les terres du cap de Bonne -efpérance *. ^ n^.

un , je m'avifai un jour de le battre , à Ces cris , il en accourut une fi grande quantité de Hiuvagcs, que crainte d'accident, je lu. rend.s la liberté. Voyage du P. Vincent Marie, cliap.xill, pag. 405- Trad, par M. le Marquis de Montmirail.

* C'efl vraifemblablemcnt de cette efpcce de finge dont parle

Kobert Lade , dans les termes fuivans. « On nous fit traverfer une

grande montagne dans les terres du cap de Bonne-efpérance , fur

,, laquelle nous primes plaifir à chafTer de gros finges qui y font en

abondance Je ne puis repréfenter toutes les foupIefTes de ces

animaux que nous pourfuivions , ni avec combien de légèreté & d'impudence ils revenoient fur leurs pas après avoir pris la fuite ., devant nous ; quelquefois ils fe lai/Toient approcher de fi près & à fi « peu de diflance , que m'arrêtam vis-à-vis d'eux pour prendre mes ., mefures , je me croyois prefque certain de les fiillr , mais d'un feu! 53 faut ils s'élançoient à dix pas de moi , en montant avec la même 5, agilité fur un arbre ; ils demeuroient enfuite tranquilles à nous regarder >. comme s'ils euffent pris plaifir à fe faire un fpedacle de notre éton- 5. nement ; il y en avoit de fi gros , que fi notre Interprète ne nous » eût pas affuré qu'ils n'étoicnt pas d'une férocité dangereufe , notre nombre ne nous auroit pas paru fuffifmt pour nous garanur de » leurs infultes ; conmie il nous auroit été inutile de les tuer nous ne » fimes aucun ufige de nos fufils : mais le Capitaine s'étant avifé d'en coucher en joue un fort gros qui étoit monté au fommet d'un arbre, M après nous avoir long-temps fatigué à le pourfuivre ; cette efpèce de » menace, dont il fe fouvenoit peut-être d'avoir vu quelquefois l'exécu- M tion fur quelques-uns de fes femblables, lui caufa tant de frayeur, qu'il i> tomba prefqu'immobile à nos pieds, & dans l'étourdifTement de fa ?^ chute nous n'eûmes aucune peine à le prendre ; cependant lorf- » qu'il fut revenu à lui , nous eûmes befoin de toute notre adrefle & ?'.4.e tous nos efforts pour le conferver, en lui liant étroitement les

pattes ,

»

■>■>

5>

D U M A G 0 T. 113

Caraâères difthiâifs de cette efphe.

Le magot n'a point de queue, quoiqu'il y ait un petit bout de peau qui en ait l'apparence, il a des aba- joues , de grofTcs caliofités proéminentes fur les fèiïes ; des dents canines beaucoup plus longues à proportion que celles de l'homme ; la face relevée par le bas en forme demufeau, femblabfe à celui du doaue. Il a du duvet fur la fice, du poil brun-verdatre fur le corps 6c jaune-blanchâtre fous le ventre. II marche fur fes deux pieds de derrière 6c plus fouvent à quatre ; il a trois pieds ou trois pieds 6c demi de hauteur, 6c il paroit qu'il y a dans cette efpèce des races qui font encore plus grandes. Les femelles font, comme les femmes, fujettcs à un écoulement périodique de fang.

pattes ; il fe dcTcncIoit encore par Çqs morfures , ce qui nous mit «< dans la nécefllte de lui couvrir la tête & de la ferrer avec nos « mouchoirs.» Voyage traduit de l'Anglais , tome 1 , pages 2 a àt 8 1 ,

Tome XIV,

114- Description

DESCRIPTION

DU MAGOT.

L E Magot (planche vu , il efl vu de face ; & pi. VI II , oh il cfl vu de profil ) qui a fcivi de fujet poLir cette defcriplion , avoit ia tcte grolîè , le nez fort plat & le mufeau fîiillant ; les dsnts canines étoient fort longues &: les yeux petits ; il n'y avoit que très-peu d'intervalle entre les deux yeux ; les oreilles ctoient courtes <Sc nues , elles avoient beaucoup de rapport à celles de l'homme. La phyfionomie du magot ctoit trlde; il ne l'animoit jamais qu'en montrant les dents , & en agitant rapidement la mâchoire inférieure, au point de choquer à coups réitérés les dents de defTous contre celles de delfus '". Le col étoit court. L'anus (A , pi. ix) lêmbloit être pôle plus haut que dans les autres animaux ; mais les parties du corps de cet animal que l'on pourroit comparer aux {dHîts de l'homme, parce que tout le corps portoit delTus lorfque l'animai étoit dans la fituation d'un homme alTis, (e trouvoient au-devant de l'anus, au lieu d'être de chaque côté comme dans l'homme; ces parties étoient dégarnies de poils, calleulês 6c fort dures, elles formoient deux callolités (^ ^ Cy) qui avoient chacune deux pouces de longueur fur quinze lignes de largeur.

Il y a dans la bouche du magot , de chaque côté de ia mâ- choire inférieure, l'entrée d'une poche qui s'étend le long du cou : on a appelé ces poches à^tï, abajoues ; l'animal y dépofe dts alimens , &: les y garde pour ks mâcher &: les avaler dans un autre temps. J'ai nourri un magot pendant plus d'un an; il aimoit L>eaucoup le vin : je l'ai vu manger Sl boire de tout ce que

* Ce mouvement cfl commun à pluficurs cfpèces de Singes,

DU Magot, 115

Ton fervoit fur la table , excepte la moutarde Se les fromaorés fermentes, il les a toujours refufes fous quelqu'appas que je ld$ lui aie prcfentcs. Je n'ai point trouvé d'abajoues dans aucun ^q& fâpajous ni des iâgoins , que j'ai difîcqués, (Voyci ci -après une Dcfaipùon Ae ces ahajoucs dans celle rie la moue. Le Hamfler a. nujjï des abajoues. Voyc^ le tome XI II de cette Hijloire Naturelle , page I jo, pi. xvj,fig. 2,

Le magot qui m'a fervi de fujet pour cette defcription , avoit èiti cils aux deux paupières, qui étoient entièrement nues & couleur de chair allez claire; le tour &: l entre-deux des yeux, nez, la mâchoire fupérieure & les lèvres n'avoient que très-peu de poils & étoient de couleur de chair très-bafànée ; les joues, le front, les côtés de la tête, le cou, à l'exception de la gorge, le dos, les côtés du corps, les reins, les épaules, les hanches &: la face extérieure des jambes de devant »Sc de derrière, étoient garnis d'un poil aflez touffu, qui avoit jufqu'à deux pouces de longueur; ce poil étoit de couleur grilè, noirâtre depuis la racine jufqu'à environ la moitié de longueur , enfuite il étoit d'un gris plus clair, & plus loin encore de couleur fauve verdâtre ; enfin l'extrémité étoit noire, on ne voyoit à l'extérieur que la couleur fauve verdâtre & le noir; la mâchoire inférieure, la gorge , le ventre, les aiffelles, les aines, la face intérieure des jambes de devant & de derrière étoient garnis d'un poil d'environ un pouce ou un pouce &: demi de longueur , & de couleur jaunâtre très- pâle; la peau étoit blanchâtre; les doigts a voient du poil, mais la plante (EEFF) des pieds étoit nue , le bout des doigts étoit gros & arrondi , les ongles avoient une couleur noire ou noirâtre, ceux à.ç^s pouces étoient plats à peu près comme dans l'homme, mais les ongles àts doigts étoient courbés <Sc difpofés en gouttière lur leur longueur.

pij

ii6 Description

DIMENSIONS DU Magot.

Longueur du corps cmier , mcfure en ligne droite depuis le bout du mufcau jufqu'à l'anus

Longueur de la tête depuis le bout du muftau jufqu'à l'occiput . . . .

Circonférence du bout du mufcau. .

Circonfe'rcnce du iTiufcau , prife au- dcflbus des yeux

Contour de l'ouverture de la bouclie.

Dlflance entre les deux nafeaux . . .

Diftance entre le bout du mu le au & l'angle antérieur de l'œil

DiRance entre l'angle poftcrieur &. l'oreille

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre.

Ouverture de l'œil

Diftance entre les angles antérieurs des yeux

Circonférence de la tête , prilê entre les yeux & les oreilles

Longueur des oreilles

pittlj. poucct. h^ncs.

Largeur de la bafe mefuréc fur la o

courbure extérieure.

Diflance entre les deux oreilles prife dans le bas

z.

n II

II

II u

I.

//

Longueur du cou j //

Circonférence du cou

Circonférence du corps, prife derrière les jambes devant

5- 6.

//

7- 6.

S. 8. 4- 5-

2. 2.

M

A G O T. 1

Femelle. 1

pictis.

pouco

Ij^nct.

I .

8.

H

H

4-

6.

U

4-

6.

il

7-

Il

II

1.

6.

M

^

It

II

u

7-

M

n

6.

II

u

3l

n

u

3-

I.

//

2.

3-

2.

9- 3-

z.

6. 8.

// I o.

8.

// // //

6. i. u

2. 6.

2. 8.

Z. 2.

6. ic. I. n

DU AI A G O T.

117

DIMENSIONS DU Magot.

La même circonférence à l'endroit le plus gros

La même circonférence devant les jambes de derrière

Longueur de l'avant-bras depuis le coude Jufqu'au poignet

Circonférence du poignet

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles

Longueur de la jambe depuis le genou julqu'au talon

Longueur depuis le talon jufqu'au

bout des ongles

Longueur des plus grands ongles. . .

M A G o T

Alâle.

Magot

Femelle.

Il II. 6.

Il

7-

"

tt

6.

4

II

3-

8.

n

3-

//

II

4-

6,

II

4-

//

II

8.

4.

II

7-

3-

II

6.

6.

II

5-

4.

II

Il

7-

.1

//

4-

// I o. 6.

Le mâle pefoit vingt-trois livres. Lepiploon setendoit juf- qu'au bafliii ; il étoit chargé daiîs quelques endroits d'une graiffe jaunâtre.

Le duodénum , au fortir de leflomac , replioit en dedans , &. k joignoit au jéjunum dans la région ombilicale; le jéjunum fuifoit fes circonvolutions dans la même région & dans l'hypo- condre gauche. Les circonvolutions de j'ileum étoient dans le coté gauche , & dans la région ombilicale , 011 il aboutifToit au cœcum qui étoit dirige obliquement de devant en arrière & de haut en bas dans le côté droit. Le colon setendoit en arrière dans la région iliaque droite ; il faifbit des circonvolutions dajis celte région, dans l'iiypogaftrique & dans l'iliaque gauche, avant de Te joindre au rectum qui , au lieu dj; Tuivre ks vertèbres

P iij

ii8 Description

lombaires , fornioit dans le baffm un arc, dont l'une des branches

aboulillbit à l'anus.

L'eflomac s'ctendoit plus à droite qu'à gauche ; il reffembloît beaucoup par fîi figure à celui de l'homme , mais il ctoit plus renflé fur la petite courbure à côté de rœfophage & fur Tes deux

faces.

Les inteflins grêles avoient tous à peu près la même grofîêur; leurs membranes étoient rougeâtres & aiïèz minces. Le cœcum (AB , pi. X ,fs-i) étoit court & gros; le colon (C ,D ,E) étoit aufli gros que le coecum près de cet inteflin , enluite il diminuoit peu à peu de grofîêur fur la longueur de huit pouces : le relie étoit à peu près de la même grofleur que le redum. II y avoit fur le cœcum le colon & le redum, trois bandes tendi- neules , dont l'une étoit peu apparente fur le cœcum , & il n'y en avoit qu'une feule qui s'étendît jufqu'à l'extrémité du reélum : le cœcum & fur-tout le colon formoient plufieurs petites poches.

Le foie étoit compofé de trois grands lobes , il y en avoit un de chaque côté , & le troifième trouvoit dans le milieu , féparé par la fciffure ( A,pl x , fg. 2) du ligament fufpenfôir en deux parties , dont la droite portoit la véficule (B) du fiel ; la partie gauche avoit aufTi une petite fciffure à fôn extrémité inférieure. II y avoit à la racine du lobe droit fur fa face poftérieure un petit lobe (C ) alongé 6c pointu , & près de l'origine de ce petit lobe une émi- nence ( D). La couleur de ce vifcère étoit au dehors & au dedans d'un rouge-brun ; il pefôit fèpt onces trois gros. La liqueur du fiel étoit d'une couleur orangée-rougeâtre , Ôc du poids de vingt- quatre grains.

La rate (pi X ,fg. ^ ) étoit fituée au côté gauche de l'eftomac , & s'étendoit obliquement de devant en arrière & de haut en bas; partie fupérieure étoit beaucoup plus large que l'inférieure;

D U M A G O T. jig

celle-ci formoit un globule fc-paié du lefte par une fcifîure ; h rate avoit au dehors Sl au dedans une couleur noirâtre; elle peloit trois gros.

Le pancréas étoit de figure fort irrégulière, & s'étendoit , depuis la courbure que formoit le duodénum au fortir de l'eftomac julqu a la rate & au rein gauche.

Les reins étoient alongés , & leur enfoncement avoit peu de profondeur ; le rein droit étoit plus avancé que le gauche d'environ la moitié de longueur : ks mamelons étoient fort gros &: réunis ies uns aux autres ; le baffinet avoit peu d'étendue.

Le poumon droit étoit divifé en quatre lobes conformes & fitués comme dans la plupart des quadrupèdes; à gauche, il n'y avoit que deux lobes , dont le premier étoit divifé en deux parties par une j^rofonde fcifiùre. Le cœur étoit peu pointu ; il ibrtoit deux branches de la crofiê de l'aorte.

Les papilles de la langue étoient très-courtes , 5c il y avoit à l'extrémité quanliié de grains blanchâtres & ronds; ces grains étoient plus éloignés les uns des autres fur le refîe de la lanc/ue» On voyoit fur l'extrémité poftérieure trois glandes à calice d'une ligne de diamètre , elles étoient placées de façon qu'elles fojnioiait un triangle , dont la baie étoit en avant. L'épiglotte n'avoit aucun prolongement en pointe.

Le cerveau pefoit trois onces, &: le cervelet trois gros Se demi; il étoit entièrement recouvert parla partie poflérieure du cerveau.

Le gland ^y4 , /;/. xi J étoit aplati fur ks côtés, Se terminé par un rebord fBJ femblable en quelque forte à la tète d'un champignon; le pédicule {AJ , qui tenoit à ce rebord , formoit le corps du gland, & étoit plus mince près du chapeau du champignon que près de la verge. Les tedicules fCCj étoient très-gros & prefque londs ; l'épididyme {DDJ a\'oit aufîi un très-

120 Description

grand volume; la fubriance de l'intérieur dts teflicuîes ctoit de couleur grifatre , &: il y avoit au milieu un axe blanchâtre ; les canaux dcfcrens ( EE) éloient à peu près de même diamètre dans toute leur étendue : la vefTie ( F) avoit peu de volume , clleétoit prefque ronde, les véficules réminales(^6'(^^ avoient une forme obIongue,& les proflates (H) étoient fort épaiffes.

Il y avoit au-defTus de l'anus une forte de petite queue en forme d'excroiHIince , qui étoit fans poil Se qui avoit cinq lignes de longueur , deux lignes de largeur &: une ligne d'cpailTeiir : cette queue trouvoit au bout du coccix , mais elle n'y adhéroit pas plus que le relie de la peau.

La femelle de magot , dont les dimenfions font rapportées dans la table précédente , m'a paru avoir plus de jaune & moins de verd que le jijâle , fur la tête , fur le cou , fur les épaules , la poitrine &: la face extérieure des jambes de devant : elle pefoit douze livres trois quarts.

L'anus étoit placé au-delîôus du dos comme celui du mâle ; la vulve trouvoit entre les deux callofités des os ifchioii^, fur îefquelles l'animal s'alfiecL

Cette femelle avoit deux mamelons flir la poitrine , un de chaque côté ; ils avoient trois lignes de diamètre , & ils fe trouvoient placés à vw\ pouce quatre lignes de diftance l'un de l'autre.

Dans cette femelle, le duodénum étoit auffi court que dans le mâle , à jîeine avoit -il trois ou quatre pouces de longueur; il fbrmoit un arc au lôrtir de l'eftomac , & il aboutiflbit dans la réoion ombilicale : le reélum étoit très-court.

Les inteflins grêles avoient lix pieds & demi de longueur depuis le pylore jufqu'au cœcum ; celle da colon <Sc du reélum prifes enfembîe étoit de trois pieds : l'extrémité fupéïieure de la rate étoit pointue.

Le

DU Magot. i^i

Le gîanJ Ju clitoris ^^,;;/. av/, qui rcpn'feute kv^gh ouvert) c'toJt peu apparent & place fur le bord de Ja vulve; il ne fomioit qu'un tubercule peu élevé , mais le corps du clitoris étoit gros. L'orifice (B) de l'urètre fe trou voit à trois lignes dediflancedu clitoris, ( cet orifice ejl marqué, pi xn , par un flikt CD). Le vagin (EF) avoitpeu de longueur ; l'orifice (G) de la matrice étoit long de trois lignes ; la matrice ( H) avoit une forme triangulaire. Ton col (î) étoit fort gros, il x{y avoit point de cornes; les trompes ( K K) fortoient de chaque côté du fond de la matrice , & aboutiffoient à un pavillon qui enveloppoit la plus grande partie des tefiicules (L L), qui étoient de couleur blanchâtre &:de forme trés-irrégulière , car leur furfice fupérieure étoit plate , & l'inférieure convexe: on voit dans h planche x 1 1 la veffiê (M) ^ une portion (NO) à.\x reclum.

T I n.- A, , . , . P'^'^' pouc, lignes.

Longueur des inteftins grêles depuis le pylore jufqu'aii

cœcum n

«• // If

Circonférence du duodénum ^

/' ^. 6.

Circonférence du jéjunum ^^

CiVconférence de l'ilcum dans les endroits les pfus

gros

° Il 2. p.

Circonférence dnns les endroits les plus minces ... /, o. Lon,^ueur du coecuni ^

° Il 2.. Il

Circonférence du cœcum dans les endroits les plus

gros .

^ // 7. n

Circonférence à l'endroit le plus mince ;, 2, 6

Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. ,1 7. /,

Circonférence dans les endroits les plus minces. ... // i. «^

Circonférence du redum près du colon /, 2. g.

Circonférence près de l'anus (, 2., -y

longueur du colon & du redum pris enfemble // 2 . C,

Tome XIV, " Q

122 Description,

pieds, pouc. ngnc5. Longueur du canal intcflinal en entier , non compris

le cœcum i o. 6. //

Grande circonférence de l'cllomac i. 9. h

Petite cii conférence 1 3 //

Longueur de la petite courïjure, depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à l'œfophage // 3. 6.

Profondeur du grand cul-de-fac a x. 6.

Circonférence de rocfophagc // 2. //

Circonférence du pylore n 2. 6.

Longueur du foie // 4. 6.

Largeur // 6. i/

La plus grande épailîcur // // j ï»

Longueur de la véfîcule du fiel u i . 4^

Son plus grand diamètre // // S.

Longueur de la rate // 2.

Largeur de l'extrémité inférieure // i . //

Largeur de l'extrémité fuj)érieure t 11 6,

Epaifleur dans le milieu y/ /, ^^

Epaifîèur du pancréas // // -y ^

Longueur des reins // 2. i.

Largeur ,. j,

Épaiflèur ^ ,, |^

Longueur du centre nerveux , depuis la veine-cave

jufqu'à la pointe ,. ^^

Largeur ^^ ^^

Circonférence de la bafe du cœur ^ ^ ^^

Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naiflànce de l'ar- tère pulmonaire ^ , , ^

* « i.io.

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fac pulmonaire. u i. 6.

Diamètre de l'aonç , pris de dehors en dehors ... u n ^

r> u Magot, ï^j

pieds. Jiouc. lignes.

Longueur de la langue . // 5 . ^ ,

Longueur de la partie anicrieure , depuis le filet

jufqu'à l'extrémité // i^ ^

Longueur du cerveau // 3 . /,

Largeur 2. 4.

Épaifleur , , 2.

Longueur du cervelet // i , i .

Largeur i . C,

Epaifleur z, g,

Diftnnce entre l'anus & le fcrotum // 3. 3.

Diftance entre le fcrotum & l'orifice du prépuce. , a 11 8.

Longueur du g'and // 1 . i .

Circonférence h i . //

Circonférence du champignon // i. 3.

Longueur de fa verge depuis la bifurcation des corps

caverneux jufqu'à i'infcrdon du prépuce // 2. i o.

Circonférence ^ // i . //

Longueur des teflicules // 2.

Largeur // i . 8.

Épaifleur // i . j.

Largeur de l'épididyme // // 5 .

Epaifleur // // 5.

Longueur des canaux déférens /; 8. n

Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue. /' // i.

Grande circonférence de la veflîe // 7. 6.

Petite circonférence // 6. 6.

Circonférence de l'urètre n i . 3.

Longueur des véficules féminales // 2. 6,

Largeur // h 6,

f

Epaifleur , n m ^j»

124- Description

pIcJs potîc. T]'^tS.

Longueur Jes prortates // i "

Largeur » " ^'

Epaiiïeur " " 4*

Diftance entre l'anus & la vulve ti ii 4.

Longueur de la vulve // // 4-

Longueur du vagin // i. ^.

CIrconfcrence /' 2 . j ,

Grande circonférence de la vefîle // 6. ir

Petite circonfcrence u 5. 6.

Longueur de l'urètre u n y.

Circonférence // // 9.

Longueur du corps du du col de la inatrice // i. 3;.

Dirtance en li^ire droite enu-e les tcfticules & lar

matrice . n m 4.

Longueur delà ligne courbe que parcourt h tronipe. // // ^.

Longueur des telliculc^ u h 5.

Largeur h h 4.

Épaifleur » // u

La tête du fquelette du magot diffère de celle de l'homme ^ du jocko &; du gibbon, principalement par le raiifèau qui eftplus long , par la fitualioii de l'ouverture des narines qui eft placée plus bas au-dcifous des orbites des yeux, par i'ctendue de ces orbitesi qui font plus petites ^ & par une arête tranfverfâle qui elt fur J'occiptjt ; cette arête fe trouve dans la plupart des quadj iipèdes , elle fert d'attaclie aux mulcles q^ui foulitnnent la tête ; plus elle a d epaifîèur & de fiiiiie , plus elle dénote l'effort que font ces mufcles pour fouteiiii- la tête di^s quadrupèdes & pour la relever parce qu'elle n'eft pas en équilibre fur le cou comme celle de rhojiinie. Le front du magot nes\:îève p.isau-deffus des orbites;

DU Magot. 125

leur bord fupuieiir forme un bourrelet très-faillant en avant , &: ce bourrelet s'étend d'une orbite à l'autie au-delîus du nez il a une face prefque perpendiculaire à celle dts os propres du nez ; ce même bourrelet fe prolonge fur le côte extcrieur àcs orbites , parce que l'apophyfe orbitaire de l'os frontal e: celle de l'os de k pomette font très -grofîès; l'arcade zygomatique efl auffi plus convexe que dans l'homme , le jocko & le gibbon , & a plus de rapport à celle de la plupart i\ts quadrupèdes. Les orbites des yeux ont beaucoup plus de largeur que de hauteur. L'uuvciture des narines s'étend prefque ju/quau bord alvéolaire. La mâchoire in- férieure diffcre de celle de l'iiomme, du jocko <Sc du gibbon , en ce que les branches font moins recourbées & plus reîîèmblanlc> à celles de la mâchoire de la plupart dts quadrupèiles.

Les dents du magot refTemblent à celles de l'homme pour (e nombre : mais il y a de grandes différences pour ix forme .prin- cipalement dans les canines qui font refîèmblantes à celles du gibbon, mais de beaucoup plus grandts. La première mâchelière du delîbus eO: proportion plus grolTè que dans l'homme , elle prélènte une longue face antérieure , formée par le frottement de la dent canine du defîùs. La dernière mâchelière de chaque cote des deux mâchoires eft la plus grollè comme dans la plupart dei^ animaux ; & au contraire de ce qui efl dajis l'homme , die a fuf chaque face deux cannelures longitudinales. Il y a entre \<is inci- fives & les canines du delfus , & entre \ts canines & les mâche- iières du dclîous , un elpace vide dans lequel la dent canine de la mâchoire oppofce entre loifque la bouche le ferme»

Aucune des vertèbres cervicales n'a l'apophyfe épineufe fourchue; la branche inférieure de l'apophyfe tranfverfe de la fixième ver- tèbre eil larges plate comme dans la plupart des quadrupèdes.

11 y a douz.e vertèbres dorf îles oC douze cotes de chaque côté^

126 Description

Iiuit vmies &: quatre faulTes. Le fteriium efl: compofe de fëpt 05. Les premières côtes , une de chaque cote , s'articulent avec la partie antérieure du premier os du fternum ; l'articulation des fécondes côtes efl entre le premier Se le fécond os du fternum ; celle dçs troifièmes côtes , entre le fécond oc le troifième os , & ainfi de fuite Jufquaux fêptièmes & liLiitièmes côtes qui s'articulent entre le fjxième & le (êptième os du fternum.

Les vertèbres lombaires font au nombre de fèpt.

L'os fâcrum efl: compofe de trois faufîès vertèbres ; il n'y a que deux pièces dans le coccix. L'os iâcrum &: le coccix font prefque en ligne droite avec la colonne vertébrale.

L'os de la hanche efl concave fur face externe , il a deux faces longitudinales internes , dont l'antérieure eft la plus étroite. Les os pubis ont beaucoup de largeur à l'endroit de leur angle & de leur branche; ils font plus fâillans vers l'abdomen que dans le gibbon Se le jocko ; la gouttière qu'ils forment efl convexe en dehors dans k longueur. La tubérofité de chacun des os ifchions efl très-grande , & a une facette fort étendue fur laquelle étoit la callofitc de la peau.

L'omoplate efl plus large que celle du gibbon & du jocko ; &i par conféquent plus reflèmblante à celle de l'homme , mais elle efl plus longue.

Les clavicules reffemblent à celles de l'homme , du jocko «Se du gibbon.

L'os du bras a moins de longueur que l'os du coude , au contraire de ce qui efl dans l'homme ; aufTi les os de i'avant-bras du magot font beaucoup plus longs que ceux de l'homme ; cependant le bras du magot étant appliqué le long du corps ne s'étend que jufqu'au milieu de l'os de la cuilfe, à peu près comme celui de i'homme , parce (^ue la grande longueur de I'avant-bras çft

DU Magot, 127

compenfce par I ttendue des lombes qui font plus fongucs dans fe magot , étant compofces de fept vertèbres , tandis qu'il n'y en a que cinq dans l'homme. L'os du bras du magot eft convexe en avant fur la longueur de fa partie moyenne fupérieure; il a le long de celte partie trois arêtes loiigitudinales , l'une fur le cote externe , 6c les deux autres fur les bortis de la gouttière. Les os de l'avant-bras font plus écartes l'un de l'autre que dans l'homme.

Les os deîa cuiffe &: de la jambe dKferent de ceux de l'homme; en ce qu'ils font à proportion beaucoup pkis courts.

Il y a onze os dans le carpe, ils redèmblent à ceux du gibbon par la fituation , mais ils en difterent à plufieurs égards pour la figure.

Le tarfe n'eft compofc que de fcpt os qui diflcrent peu de ceux du tarfè de l'homme.

Les plus grandes différences que j'aie remarquées dans les os du métacarpe , du métatarfe Se dans les phalanges Azs doigts du magot comparés aux os qui leur correfpondent dans l'homme, c'eft que le premier os du métacarpe & les phalanges du pouce font moins gros 5c plus courts que dans l'homme, & que les os du métatarfe & ôi^ cinq doigts à^s pieds de derrière du magot , font dilpoies & proportionnés , comme s'ils faifoient partie d'une main & non pas d'un pied, comme je l'ai déjà oblèrvé fur le gibbon,

picvls. pouc. IJgneJi'- Longueur depuis le bout des mâchoires jufqu'à

l'occiput // 4. I r.

La plus grande largeur de la tête u ?. %,

Longueur de la mâchoire inférieure, depuis fon ex- trémité antérieure jufqu'au Lord pofléricur i\c l'apophyfe condyloïJc // 4. t.

128 Description

pic<Is. pue. li^ncf. EpailTeur de la pnrtie antcViciire de l'os de îa mâ- choire du defTus " " 3*

Larocur de la mâchoire dutleflusà l'endroit des dents o

canines /' i 4*

Diftancc entre les orbites & l'ouverture des narines. // // 7

Longueur de cette ouverture // i ï

Largeur // " 7*

Longueur des os propres du nez // " 5?.

Largeur à l'endroit le plus large u " 2 j.

Largeur des orbites // i . i.

llauteur // // 8^.

Longueur des dents canines // i . //

Largeur du trou de la première vericbre de haut en bas. // ;/ 6 y.

Largeur d'un côté à l'autre // // 7.

Hauteur de l'apoj^hyfe épineule de la féconde vertèbre. // /' 4,

Largeur // n 3 ,

Longueur de la huitième côte qui efl: la plus longue. // 5.2,

Longueur du fternum // 4. 4.

Longueur du corps de la fixième vertèbre lombaire,

qui efl la plus longue // n nX,

Lnrgeur de la partie fupcrieurc de Fos de la hanche. // // 11, Longueur de l'os depuis le milieu de la cavité coty-

loïde, jufqu'au milieu du cô.é fupcrieur // 4, g

Longueur des trous ovalaires ^ j. 2.^,

Laigeur ^1^

// 2.. //

Largeur du baflia

îî'i"teur ^^ ^i^

Longueur de l'omoplate , g^

Largeur dans le milieu 2.. it

Longueur dp l'humtrus . j^^

Longueur

DU Magot, jzcj

pieJs. pouc. lignes.

Longueur de l'os du coude // c, , ^

Longueur de l'os du rayon // 5. p.

Longueur du fcmur // 6. 7.

Longueur du tibia // ^. ^ i.

Longueur du péroné // j. p.

Hauteur du carpe 4 h o.

Longueur du calcaneuni // i . c.

Hauteur du premier os cunéiforme «Se du fcaphoïdc,

pris enfenible // // p.

Longueur du premier os du métacarpe, qui cfl: le

plus court // I. If

Longueur du troificme os du métacarpe, qui eft le

plus long j I. 6.

Longueur du premier os du métatarfe, qui efl: le

plus court ir i . 2.

Longueur du iroifièmc, qui efl le plus long // 2. // '

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de devant h n 6 [,

Longueur de la féconde // // ^ -j.

Longueur de la première phalange du troifième doigt. // i . -.

Longueur de la féconde v 11 8 t.

Longueur de la troifième // ji 5 .

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de derrière // // 8

Longueur de la féconde // // 4.

Longueur de la première phalange du troifième doigt. // 1, 2.

Longueur de la féconde // u p.

Longueur de la troifième >* /' 5 .

Tome XIV. R

r

IJO

Description

m.»» ■■-< H' »i ••mitwmrm

DESCRIPTION

DE LA PARTIE DU CABINET

qui a rapport à l'Hijh've Naturelle

DES SINGES.

N." M C C X C I.

La peau d'un Jocko,

V^ETTE peau eft bouirce, on y a lailîc les os Jes dernières phalanges des doigts pour mieux confèrver leur forn"^, qui varie dans les différentes efpcces i^ts animaux de ce genre, par les proportions (\ts pouces, re'alivement à celles des autres doigts, La peau bourrce, dont il s'agit, reprciènte le Jocko affis.

N.° M C C X C I I.

Le fquelette d'un jocko.

Ce iquelelte efl incomplet , il y manque \qs os des avant- bras , des jambes &: des pieds du jocko; on y a /iibftitué des os d'un fquelette humain , à peu près de mcme hauteur que celui du jocko, rapporte fous le prclênt numéro ; la defcription de ce fquelette & celle de la peau dont il a été fait mention fous le numéro précédent , font dans la defcription du jocko.

N.° M C C X C I I r.

Lu peau d'un gibbon,

C'eft la peau d'un petit gibbon , elle e(l bourrée : on y voii h couleur grife du ventre 6c du dos, qui diftingue le petit gibbojî du grand.

DU Cabinet, iji

N.° M C C X C I V.

Le fqiielette d'un gibbon.

Ce fquelette efl remarquable entre tous ceux qui font au Cabinet , par la longueur exceffive de fès jambes de devant ; defcriplion &: Çts principales dinienfions fe trouvent dans çlefcription du gibbon.

N.° M C C X C V.

L'os hyoïde d'un gibbon.

Cet os n'eft compofc que de trois pièces , il n'a point (^c petites cornes comme celui de l'homme; il y a aulTi quelques différences dans la forme &i les proportions àts trois pièces de i'os hyoïde du gibbon, comparées à celles qui leur correfpondent dans l'homme.

N.° M C C X C V I.

Un magot.

Cet animal efl dans l'efprit-de-vin, il reffemble au mâk qui a fèrvi de fujet pour la defcriplion du magot,

N.' M C C X C V 1 1.

Une peau de magot.

Cette peau efl bourrée, elle ne difière pas de celle du magot qui a fèrvi de fujet pour la defcription de cet animal.

N.° M C C X C V ï I I.

Le fquelette d'un magot mâle,

C'efl: le fquelette qui a fervi de fujet pour la defcription &

les dimenfions des os du magot ; il y manque plufieurs dents.

- Ri;

132 Description, ire.

N.°^ M C C X C I X.

Le fqiielette d'une femelle de magot.

Ce fqLieiette e(l de taille plus petite que celui du mâle, il n'y a point d'arcles ofTeuiês fur l'occiput , les bords des orbites des yeux y font moins renfles &: moins faillans; au ref^e, je n'ai aperçu aucun caradcre qui put dcfigner la diffcience des fèxes, comme dans les fquelettes humains.

N.° M C C C.

L'os hyoïde d'un magot.

II y a cinq pièces dans cet os, une bafe, deux grandes cornes, îk au bout de chacune de ces cornes une pièce large & aplatie; la bafè efl: d'une figure très-différente de la bafê de i'os hyoïde de l'homme , elle prolonge en bas 6c forme une gouttière verticale.

N.° M C C C I.

L'os de la verge d'un jeune magot.

Cet os a quatre lignes de longueur, il eft courbe & plus mince à l'une de Tes extrémités qu'à l'autre.

W

J33

LE P A PI O N *

ou BABOUIN proprement dit.

D

ANS l'Honime , laphyfionoinie trompe , ôi la figure du corps ne décide pas de la forme de l'amc; mais dans les animaux, on peut juger du naturel par la mine, & de tout l'intérieur par ce qui paroîtau dehors : par exemple, en jetant les yeux fur nos Singes &i nos Babouins, il cft

* Popion, mot dérive de Pap'io , nom de cet niiimal en latin mo- derne, &: que nous avons adopté pour le diflinguer des autres Babouins. Baboon, en Anglois ; P^v)'o« , en Allemand ; Choac-hama , au cap de Bonne-efpérance , félon Kolbe.

Papïo. Gefner. Icon. Quad. pag. ^6 , fig. ibid. Nota. Celte figure donnée par Gefner a été copiée par AIdrovande. Quad. d'igit. pag. 260, ôi. par Jonflon. Qw^^A tab. 6 1 , fub nomine /^^/^/t» /^wz/uj. Nota. 2.^ Gefner s'eft beaucoup trompé en prenant cet animal pour i'Hyxne.

Babouin. Kolbe. Defcr'iption du cap de Bonne-efpérance , tome III , page 6 ^ , fg. 2., Cette figure donnée par Kolbe cft encore plus Kiauvaife que celle de Gefner , & cependant ce font les deux feuls Auteurs qui aient donné la figure de cet animal.

Pnpio. Le babouin. Brifl". reg. anim. pag. 192.

SpWinx. Simia Jè/nicaudata , ore vib^iffalo ^ unguibus acuwinatis, Lii^n. Syjî. nat. cdit. X , pag. 25. Nota. M. Linnaeus s'eft trompé en doiuiajn des mouftaches , comme cara(îtère diftindlif à cet animal ; c'e/l pro- bablement d'après la figure de Gefner qu'il a pris cet indice , & cette figure pèche en cela , car dans le réel le babouin n'a point de mouf- laches. Voye-^ lafgure que nous en avons fait deffiner d'après l'animal

vivant (pi, XIII J'

R iij

\^^^ Histoire N at u re l le

aile de voir que ceux-ci doivent être plus fauvages, plus méchans que les autres; il y a les mêmes difiérences, les mêmes nuances dans les mœurs que dans les figures. L'orang-outang qui reilemble le plus \ l'homme, efl le plus intelligent, le plus grave , le plus docile de tous ; le magot , qui commence à s'éloigner de la forme Jiamaine, (k qui approche par le mureau(S:par les dents canines de celle des animaux, cft brufque , dcrobciffant & maufTade; &l les babouins, qui ne refTemblent plus à rhomme que par les mains, (5c qui ont une queue, des ongles aigus , de gros mufeaux, (Sec. ont l'air de bêtes féroces , (Se le font en effet ; j'ai vu vivant celui dont nous donnons ici la figure (pi. xiii ) , il n'étoit point Iiideux , &i cependant il faifoit horreur : grinçant conti- nuellement les dents, s'agitant, fe débattant avec colère; on étoit obligé de le tenir enfermé dans une cage de fer, dont il remuoit {\ puiffamment les barreaux avec fes mains qu'il infpiroit de la crainte aux fpedateurs ; c'efl un animal trapu , dont le corps ramaffé 6l les membres nerveux indiquent la force (Se l'agilité, qui, couvert d'un poil épais &. long paroit encore beaucoup plus gros qu'il n'eft; mais, qui dans le réel, eft fi puiffant (S. h fort qu'il viendroit aifément bout d'un ou de plufieurs hommes, s'ils n'étoient point armés "^ :

* C'efl à cette efpcce qu'il faut rapporter ranimai appelé trétré trc tré à Madagafcar , il cft ( dit Flaccourt ) gros comme un veau de deux ans , il a la tête ronde & une face d'homme , les pieds de devant <5c de derrière comme un fijige , le poil frifotté , la queue

DU P A P I 0 N OW B A B O U I N, 135 d'ailleurs, il paroit continuellement excite par cette pafTion , qui rend furieux les animaux les plus doux ; il eft inlblemment lubrique, <Sc aiïedle de le montrer dans cet état , de le toucher, de fe fatisfairc feul aux yeux de tout le monde; & cette adion , l'une des plus honteufes de l'humanité 6c qu'aucun animal ne fc permet, copiée par la main du habouin, rappelle l'idée du vice 6c rend abominable rafpect de cette bétc que la Nature paroit avoir particulièrement vouée à cette efpèee.d'impudenee; car dans tous les autres animaux, 6c même dans l'homme, elle a voilé ces parties; dans le babouin au contraire, elles font tout -à- fait nues 6c d'autant plus évidentes que le corps efl couvert de longs poils; il a de même les feffes nues 6c d'un rou"-e couleur de fang , les bourfes pendantes , l'anus décou- vert, la queue toujours levée; il femble faire parade de toutes ces nudités, préfentant fon derrière plus fou- vent que fa tête, fur-tout dès qu'il aperçoit des femmes pour lefquelles il déploie \\\-\q telle effronterie, qu'elle ne peut naître que du dehr le plus immodéré *. Le

courte , les oreilles comme celfes de Thomnie ; il rcflemLfe au tanack décrit par Ambroife Part : c'ed un oninial foiiiaire , les gens du pays en ont grand peur. Voyage a Aladagnfcar , page i j i.

* Papio , animal ad libïd'incm pronum , cum mulieres vïdet alacr'itatem fuam ojlendit. . . . Pap'io quem v'idi vivum, ad nutum haud fecus , atque caput reliqua anhnalia , anumvenchatfreqnenùuspcpulooflentans. G e (lier. Icon. Qiiad. pag. yy. II y a aux Philippines des babouins trcs- lubriques , qui ne permettent pas aux femmes de s éloigner de leurs iiiaifons. Voyage de Gemelii-Carrcri , {meV,fag<^ 2 Oj?,— Les babouini

136 Histoire Naturelle

magot ÔL quelques autres ont bien les mêmes incli- nations ; mais comme ils font plus petits & moins pé- tulans , on les rend modeflcs à coup Je fouet, au lieu que le habouin cfl non-feulement incorrigible fur cela, mais intraitable à tous autres égards.

Quelque violente que foit la pa fi] on de ces animaux, ils ne produifcnt pas dans les pays tempérés; la femelle ne fait ordinairement qu'un petit qu'elle porte entre fes i)ras & attaclic, pourainfi dire, à fi mamelle; elle efl fujette comme la femme à l'évuacation périodique, (Se cela lui e(î commun avec toutes les autres femelles de fmges qui ont les fefTcs nues ; au refle, ces babouins quoi([ue médians & féroces ne font pas du nombre des animaux carnaffiers, ils nourriffent principalement de fruits, de racines &. de grains ; ils fe réuniffent * 6c

s'entendent

n'ont point de poils fur les fefles, elles (ont ù pleines de cicairices & d egraiignures , qu'il fcnible n'y avoir pas même de peau: ce font des animaux d'une lafciveté inexprimable. Defcr'ipi'ion du cnp de Bonne- efpérance , par Kolbe , tome III, page ^ p . Pa})io , animal libidinofum , fœminis facile vim infert. Umu. fyfi. nat. edit. X, pffg. 25.

* Les babouins aiment pafîionne'mcnt les raifins, fes pommes, &

en général les fruits qui croifient dans les jardins Leurs dents

& leurs griffes les rendent redoutables aux chiens , qui ne les vainquent qu'avec peine , à moins que quelque excès de raifm ne les ait rendus roides & engourdis. . . . J'ai vu qu'ils ne mangent ni poiflon ni viande, fi elle n'a été premièrement cuite & qu'elle ne foit accommodée de la manière dont les hommes la mangent , & qu'ils avalent fort avi- dement de la viande ou du poirt-on bien apprêtés Voici fa

manière dont ils pillent un verger , un jardin ou une vigne : ils font peur l'ordinaire ces expéditions en troupes ; une partie entre dans l'enclos,

tandis

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DU P A P I O N. 137

s'entendent pour piller les jardins ; ils fe jettent les fruits de main en main 6>l par-dcfTus les murs, 6c font de grands dégâts dans toutes les terres cultivées.

Caraâères dijî'mâifs de cette efpèce.

Le papion a des abajoues 6. de larges callofités fur les feffes , qui font nues & de couleur de fang ; il a la queue arquée 6l de fept ou huit pouces de long ; les dents canines beaucoup plus longues <S(. plus groffes à proportion que celles de l'homme ; le mufeau très-gros à. très-long, les oreilles nues, mais point bordées, le corps maffif <Sc ramaffé , les membres gros (Se courts , les parties génitales nues <Sc couleur de chair; le poil long (Se touffu, d'un brun-rouffitre (Se de couleur aflez

tandis qu'une autre partie refte fur la cIoi(bn en (entinelle , pour avertir de l'approche de quelque danger ; le refte de la troupe efl: placé au dehors du jardin à une diftance médiocre les uns des autres , & forme ainfi une ligne qui tient depuis l'endroit du pillage jufqu'à celui du rendez-vous ; tout étant ainfl difpofé , les babouins coiimiencent le pillage , & jettent à ceux qui font fur la cloifon les melons , les courges, les ponunes, les poires, &c. à melure qu'ils les cueillent; ceux qui font fur la cloifon jettent ces fruits à ceux qui (ont au bas , & ainfl de fuite tout le long de la ligne , qui pour l'ordinaire finit fur quelque montagne ; ils font fi adroits , & ils ont la vue fi prompte <5c fi jufle, que rarement ils laifîènt tomber ces fruits à terre en fe les jetant les uns aux autres : tout cela fliit dans un profond filence & avec beaucoup de promptitude. Lorfque les fcntinelles aperçoivent quel- qu'un , elles poufîênt un cri ; à ce fignal , toute la troupe s'enfuit avec une vîteffe étonnante. Defcriptîon du cap de Bonne- efpéramc , par Kolbe , tome III, page j y & fu'iv,

Tome XIV, S

138 Histoire Natu re LLE,iirc,

uniforme fur tout le corps ; il marche plus fouvenC à quatre qu'à deux pieds, il a trois ou quatre pieds de hauteur lorfqu'il eft debout; il paroît qu'il y a dans cette efpèce des races encore plus grandes Sl d'autres beaucoup plus petites. Le babouin que nous avons fait repréfenter (pi. xivj efl de la petite efpèce, nous l'avons foigneul'ement comparé au grand Babouin ou Pûpioîi (pi. XIII ) , Se nous n'avons remarqué d'autres différences entr'eux que celle de la grandeur. Se cette différence ne venoit pas de celle de l'âge, car le petit babouin nous a paru adulte comme le grand. Les femelles font fujettes , comme les femmes , à un écoulement périodique.

^^^■^r^^'

_______^^ '39

DES C R I P T I O N

DU P A P 1 0 N.

1_jE Papion (pi. xiii ), quoique de gianJe tailfe , a la tête «Se le corps 11 gros , qu'ils paroiirent mal proportionnés à (a hauteur. Le mufêau efl: fort alongc & très-gros ; le nez refîèmble à celui d'un mâtin ; les yeux font petits & places fort près l'un de l'autre ; les bords de leurs orbites trouvent fiir un plan qui efl prefque perpendiculaire au chanfrein ; l'os frontal ne s clève pas aii-deifus dis orbites, de forte que l'on nedillingue point de front, & que la partie fupcrieure des orbites eft au niveau du fommet de la tête. les oreilles font nues & de couleur brune , elles forment \.me, petite pointe dans leur partie fupérieure , elles ne font pas bordées , elles n'ont point de petit lobe. Le cou elt gros & fort court. Le papion qui a fêrvi de fujet pour cette defcription avoit la poitrine large en comparaifbn du ventre qui étoit peu ciendii. Les feflès ctoient maigres , digarnies de poil prefqu'entièrement & calleufès. Le pcrinc ctoit fort long & placé en arrière au-defîbus de l'anus, qui fèmbloit par cette conformation être filué plus haut que dans les autres animaux. La queue n'avoit que fèpt pouces de longueur, mais elle n'ètoit pas entière; elle stlevoit au fortir du corps, & elle fe recourboit en bas &: en arrière par fon extrémité. Les jambes de derrière étoient courtes en comparaifon de celles de devant & de la longueur totale de l'animal. Il avoit aufTi les pouces des quatre pieds fort courts ; \ts ongles àQs pouces étoient larges &: plats , ceux dts doigts étoient plus étroits , fort longs , crochus ^ plies en gouttière fur leur longueur.

Ce papion avoit le poil long d'environ fix pouces fur l'occiput ,

Si)

14-0 Description

fur le cou , fur la partie antcrieure du dos , fur les épaules &L flir ie devant de la poitrine , de forte que toutes ces parties ne pa- roifToient être qu'une mafTe informe, & difproportionnée par fou volume en comparaifon du ventre mince & plat, des kKQS pelées & des jambes courtes qui compoiôient le refte du corps , & qui paroifToient encore plus petits, parce que leur poil n'avoit pas plus de trois pouces de longueur.

Les couleurs étoient à très-peu près les mêmes fur toutes ks parties du corps. Chaque poil avoit une couleur brune , noirâtre &: une couleur jaune-rou(î?itre, placées fucceiïîvement depuis la racine jufqu a la pointe , de forte que la couleur de l'animal étoit mêlée de brun tSc de jaune-rouirâtre , qui dominoit lorfqLi'on le rec^ardoit à une certaine dillance. Le mufeau & le tour des yeiLv: étoient noirs & nus ; les paupières étoient blanches , de même que les aiiîèlles, le bas-ventre, les aines, la verge , le fcrotum &: le périné , & il n'y avoit prelque point de poil fur ces parties. Le delîbus àts quatre pieds & \&s doigts étoient auffi dégarnis de poil , & avoient une couleur noire de même que \ts ongles.

pieds, pouc. lignci. Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite

depuis le bout du mutcau jufqu'à i'anus i. i o. 6.

Longueur de la tête depuis ie bout du mufeau ju(cju'à

l'occiput H 6. 6,

Circonférence du bout du mufeau // y, /f

Circonférence du mufeau, prife au-deffous des yeux. // c^. 6,

Contour de l'ouverture de la bouche ;/ u j.

Diftancc entre les nafeaux // 2.

Diftance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur

de l'œil h 3. 2.

Diflance entre l'angle poflérieur & l'orçiile a a. 5.

DU P A P I O N, 1^1

pieds, pouc. lignes. Longueur de l'œil d'un nngîe à l'autre // // ^

Ouverture de l'œil ,1^

Diflance entre les angles antérieurs des yeux // // g.

La niêine diftance en ligne droite /; ,/ (5 £.

Circonférence de la tête, prife entre les yeux & les

oreilles i, 2. a

Longueur des oreilles i , ^

Largeur de la hafc, nicfurée fur la courbure extcrieure. // 2.0.

Dilbnce entre les deux oreilles, prife au bas h 4. //

Longueur du cou // 2. 7,

Circonférence 11, /,

Circonférence du corps, prife derrière les jambes de

devant ,. j. ^,

La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... i . 6. h

Circonférence prife devant les jambes de derrière. .. , i. 2.. u

Circonférence à l'origine de la queue * // 4. ^

Longueur de l'avaut-bras depuis le coude jufqu'au

poignet /, 8. 6.

Circonférence du poignet n 4. //

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 4. 2, Longueur de la jambe , depuis le genou jufqu'au

talon ,. n 8. 3 .

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . // 6. 4.

Cet animal pefoit vingt-fjx livres. L epiploon s etendoit jufqu au pubis. Après avoir enlevé icpiploon , j'ai vu l'eftoinac &; dts inteflins giêles qui occupoient la plus grande partie de l'étendue de labdomen , le cœcum qui éloit dans le côlé droit &. une portion du colon qui s'étendoit d'un côté à l'autre.

* Je ne donne pas la longueur de la queUC , parce qu'elle n etoit pas entière ; elle efl courte dans tom les Papions.

S ïi}

142 Description

Le duodénum fe replioit en dedans au fortir de l'eîlomac, avant de fe joindre au jéjunum qui faifoit Tes circonvolutions dans la région ombilicale & dans les côtés, celles de l'ileum étoient auiïi dans la région ombilicale, dans les régions iliaques & dans l'hy- pogadrique, &: il aboutiiïbit au cœcum dans le côté droit. Le cœcum étoit dirigé de devant en arrière. Le colon s'étendoit en avant, paffoit de droite à gauche fur les inttdins grêles, & faifoit quelques circonvolutions dans ie côté droit avant de fe joindre

au re(5lum.

L'eftomac étoit grand à proportion de la taille cîe l'animal, &: (e trouvoit placé plus à droite qu'à gauche ; ie grand cul-de- fac étoit profond. Les intefli ns grêles a voient tous à peu près la même grofleur , excepté l'ileum dont la circonférence diminuoit un peu près du cœcum. Cet inteftin étoit gros, court, &: avoit une figure conique dent la pointe étoit moufle. Le colon étoit aufli gros que le cœcum à ion origine ; il diminuoit peu à peu de grolTeur fur la longueur de neuf pouces ; enfuite il étoit très- menu fur la longueur d'un demi-pied , & enfin il dcvenoit plus gros juiqu'au reélum , mais cependant moins gros qu'à ion

orjguie.

Le foie étoit placé un peu plus à droite qu'à gauche & com- pofe de trois lobes ; le plus grand fe trouvoit dans le milieu ; if étoit divifé en deux parties par la fciiTure du ligament fuij:)enfoir : ia partie droite de ce lobe étoit la plus grande , (Se renfermoit la véficule du fiel qui y étoit prefqu'entièrement incrufiée. Le iobe droit étoit le plus pelit de tous , & avoit deux appendices à partie fupérieure près du rein ; le foie avoit, tant au dehors qu'au dedans , une couleur rouge très -pâle , il peioit onze onces {[X gros. La véficule du fiel étoit fort alongée, Se renfermoit une iiqueur verte-jaunâtre, qui pefoit un gro5& quai-ante-deux grains.

DU P A P I O N. 1^5

La rate avoit trois faces longitudinales , comme celle de h plupart d^s autres animaux; (on extrémité inférieure étoil l'endroit le plus large , Se elle diminuoit peu à peu de largeur jufquà l'autre extrémité; elle étoit au dehors d'un rouge-pâle , &: au dedans d'un rouge-noirâtre , elle pefoit deux onces trois gros.

Le pancréas s'étendoit depuis le duodénum julcju'au rein gauche, il fe terminoit en pointe , fon autre extrémité étoit beaucoup plus large.

Les reins étoient aplatis, (S: ils avoîent peu d'enfoncement ; le baiïinet étoit fort petit , on diflinguoit à peine ks mamelons 5c les différentes fubftances de ces vifcères.

Le cœur étoit placé au milieu de la poitrine , la pointe dirigée lin peu à gauche. Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes , comme dans la plupart àts autres animaux , il n'y avoit que dtux lobes dans le poumon gauche.

La langue étoit parfemée de petites papilles <Sc de grains glan- duleux , plus nombreux fur le bout de la langue que fur le refte de fon étendue ; il y avoit fur la partie poflérieure de petites glandes à calice rangées de file près dçs côtés , &: deux groiîès glandes auffi à calice placées à dix lignes de diftance de l'épiglolte & à cinq lignes l'une de l'autre ; à égale diflance de ces deux glandes & de l'épiglottc , il sqw trouvoit une troiiicme un peu plus petite & de couleur noire.

Le palais étoit traverlc par huit filons, dont les bords éloient interrompus dans le niilieu d\ divifes en deux parties convexes en avant ; les bords del'épiglotte étoient échancrés dans le milieu.

Le cerveau étoit très-convexe par partie fupérisure «Se fort épais dans le milieu ; il recouvroit le cervelet , qui différoit de celui Ôlqs autres animaux, non-feulement par podlion, mais encore par figure : car il n'y avoit pas fur le milieu de /a

144- Description

furface un rebord tranrverfal convexe & arrondi , mais feulement une arête qui cloit continue de part & d'aLitre avec la furface du vifcère ; il pefoit quatre gros &L trente-deux grains , &: le cerveau trois onces fix gros & trente-deux grains.

La verge Se les bourfes avoient à peu près la même forme qne dans l'homme, mais le gîand diffcroit beaucoup de celui de i'homme; il étoit terminé par une forte de champignon qui avoit huit lignes de longueur fur la face fupérieure du gland , & feu- lement fix \Vn^ts fîu- l'inférieure; ce champignon ctoit pointu au fommet,où il étoit ouvert par une fente alfez profonde , formée par l'orifice de l'urètre.

Les tefiicules étoient ovoïdes & gros en comparai/on de la verge , la fubfiance du dedans avoit une couleur grilê légèrement teinte de jaune; les véficules féminales étoient aufîi fort étendues &: compofées de tuyaux pelotonnés , qui avoient jufqu'à deux lignes de diamètre. Il y avoit près àes véficules (eminales un corps long d'un pouce , large de cinq lignes & épais de trois , qui étoit fur l'urètre , & qui m'a paru être les proftales , parce que je n'en ai pas vu d'autres : ce corps étoit cellulaire & prefque caverneux: en le comprimant , j'en ai fait (ortir du fing.

pieds pouc. iignej. Longueur des inteftins grêles depuis le pylore jufqu'au

cœcum p. // If

Circonférence du duotlenum // 2..

Circonférence du jéjunum // 0.

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. h 2. 9.

Circonférence dans les endroits les plus minces h 2.. ?,

Lonorucur du cœcum ,, ',

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. . . // 6. 10.

Circonférence à l'endroit le plus miiice , // 3 . ? ,

Circonférençç

DU P A P I O N,

Circonférence cîu colon dans les endroits les plus gros.

Circonférence dans les endroits les plus minces

Circonférence du reduni près du colon

Circonférence près de l'anus

Longueur du colon & du redum pris enfenible. . . Longueur du canal inteftinal en entier, non compris le cœcum

Grande circonférence de l'eftomac

Petite circonférence

Longueur de la petite courbure depuis l'angle que

forme la partie droite jufcju'à i'œfophaae

Profondeur du grand cul-de-fàc

Circonférence de l'œfophage

Circonférence du pylore

Longueur du foie

Largeur

Sa plus grande épaifleur

Longueur de la véficule du fiel

Son plus grand diamètre

Longueur de la rate

Largeur de l'extrémité inférieure

Largeur de l'extrémité fupérieure

Epaifleur dans le milieu

Epaifl~eur du pancréas

Longueur à^^ reins

Largeur

Épaifleur ,

Longueur du centre ncfvcux depuis la veine-cave

jufqu'à la pointe.

Largeur

Tome XIV,

H5

pieds.

pouc

lignes.

Il

6.

6.

n

I.

u

II

5-

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4-

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3-

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I.

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I.

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n

I.

8.

H

2.

if

146 Description

pieds, pouces, lign.

Circonférence de la bafe du coeur 11 6. u

Hauteur depuis la pointe julqu'à la naiflance de l'artère

pulmonaire // 2. p.

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fàc pulmonaire. . // 2. //

Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors // // 4.

Longueur de la langue // 3. (j.

Longueur de la partie ante'rieure depuis le filet jufqu'à

l'extrémité // 1

//

Largeur de la langue * 1 . i

Longueur du cerveau // 3. 4

Largeur // 2. 6

EpailTeur .....,, // i , 5

Longueur du cervelet // i . //

Largeur w i . 10

Épaifléur // // p

Longueur du gland // j . y,

Circonférence // i . 6

Circonférence du champignon // i . y

Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps

caverneux jufqu'à l'inferuon du prépuce u 3. 2

Circonférence i , ^

Longueur des tefticules // , , ,

Largeur , ^

Epaiffeur , , ^ ^

Largeur de l'épidydime ,, ^ i

Épaifléur ^, ^, ^^

Longueur des canaux déférens ', // g. 6

Diamètre dans la plus grande partie de leur Rendue. //

Crande circonférence de la veflje ^.

Petite circonférence

7i.

M

Il 4. U

ï> U P A P I O N.

H7

pieds, pouc. Tigncs. Circonférence de l'urètre // // -r.

Longueur des véficules féminales ... // 2. 4.

Largeur 1, 7.

^ï'

Epaiïîêur If

J'ai vu le nxikfpl. xiv) & b femelle d'une efpèce d'animal , dont le corps cioit de près d'un quart moins long que celui du papion , mais qui dans fa petite taille avoit tant de refTemblance avec lui par les proportions du corps * «Si par les couleurs du poil , que l'on pourroit regarder cet animal comme une varictc de l'efpèce du papion.

La femelle du petit papion avoit le poil de la tête à pro- portion moins long que celui du grand papion , car il ne couvroit pas les oreilles. Cet animal avoit le mufeau , le nez , le tour des yeux , les oreilles & la plante Ats pieds , de couleur noirâtre , le poil étoit mêle de jaunâtre (Se de verdâtre, de façon que le jaune ou le verd dominoit fucceffivement à diffcrens afpeds ; en regardant de près , on apercevoit que chaque poil avoit une couleur cendrée près de la racine ; le refle ctoit de couleur mêicc de jaune & de vert , interrompu en deux ou trois endroits par du brun-noirâtre ; la j^ointe avoit auffi une couleur brune qui ctoit fort apparente fur le front , fur le fommet de la tête , fur la face extérieure de l'avani-bras &: fur les quatre pieds. La face extérieure de la cuifîè & de la jambe étoit roufsâtre ; il n'y avoit que i>eu de poil fur le bas-ventre & fur ks aînés.

pieds, pouces, ligiiw. Longueur du corps entier, mefurè en ligne droite

depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus 1 . 5. //

Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à

l'occiput 4. ^.

* Voyez les dinienfions rapportées dans la table fuîvante, & comparez-Ic« avec celles des parties f>térieuics du grand papion.

148 Description

pieds, pouccj. ligne*.

Circonférence du bout du niufeau " ')' ^•

Circonférence du mufeauprifeau-dcfTous des yeux. . // 7. /'

Contour de l'ouverture de la bouche " 3 ^•

Diftance entre les nafeaux " " '

Diftance entre le bout du inufcau & l'angle antérieur

del'œil " ï- '0-

Diftance entre l'angle poftéricur & l'oreille /' 2. 2..

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre " " 7-

Ouverture de l'œil " " 4"

Diftance entre les angles antérieurs iles yeux n u 7.

Circonférence de la tête , entre les yeux & les oreilles. // 10. 6.

Lono^ueur des oreilles. " ^ "•

Longueur de la bafe, mefurée fur la courbure extérieure. // a. 8.

Diflance entre les deux oreilles , prife dans le bas. . // 3- -•

Longueur du cou " -• 4*

Circonférence du cou " 7* "

Circonférence du corps prife derrière les jambes de

devant " * ^ "

La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... 1. // 8.

La même circonférence devant les jambes de derrière . // p. 4.

Longueur du tronçon de la queue " 6. 11

Circonférence à l'origine " 3 * "•

Longueur de i'avant-bras depuis le coude jufqu'au

poignet " ^* "

Circonférence du poignet " 3 4*

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 3 . //

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 7. u

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles . . // y "

Je donne ici la defcription des parties de la génération de ïa femelle du petit papion , paice (]ue je n'ai jamais vu la femelle

DU P A P I O N. 149

du grand : celle dont il s'agit, pefôit huit livres quinze onces, elle avoit deux mamelles fur la poitrine , une de chaque côte.

Le clitoris étoit placé fur le bord de la vulve , & lorioit au dehors de la longueur de deux lignes ; l'orifice de l'urètre fe trouvoit à huit lignes de diftance du bord de la vulve , & lu portion du vagin qui étoit entre deux formoit àçs rides longitu- dinales très -grolfes ; le refle i\ts parois internes du vagin étoit tuberculeux , &: les plus gros tubercules trouvoient près de i'orifice de la matrice. L'urètre étoit court, (Se la velTie avoit un affez grand volume & une forme ovoïde. La matrice étoit aplatie , alongée & échancrée par /on bord antérieur ; elle n'a voit point de cornes, les trompes for m oient plulieurs zigzags & aboutilToient à un pavillon qui tenoit au tefticule , mais qui ne l'enveloppoit pas. Les tefliculesavoient la forme d'un rein plat 6c une couleur blanchâtre.

pieds, pouces. lignes.

Diflance entre l'anus & la vulve // // 5 ^.

Longueur de la vulve /' // 3.

Longueur du vagin // 2., 7.

Circonférence ir i . 3 .

Grande circonférence de la veflîe // 10. 3.

Petite circonférence // 7. p.

Longueur de l'urètre , // // p.

Circonférence n » 7.

Longueur du cou & du corps de la matrice // // p.

Circonférence du corps /' h 8.

Longueur de la ligne courbe que parcourt la trompe. // \. 6,

Longueur des teflicules " " 4*

Largeur » » 2.

Épaifleur » " l*

Le petit papion mfde peibit neuf livres 5c demie , il avoit un

T iij

150 Description

pied cinq pouces de longueur depuis le bout du mufêau jufqu'à l'anus , comme la femelle fur laquelle ks dimenfions des parties extérieures ont été prifès.

Les couleurs de cet animal étoîent prefque les mêmes fur toutes les parties du corps , elles étoîent roufsâtres , avec quelques teintes de verdâtre & de brun , cette dernière teinte dominoit fur le dos; au refle, les couleurs de ce mâle relfembloient à celles de la femelle; les plus longs poils avoient environ quatre pouces , & fe trouvoient fur les épaules , fur le garot , fur le cou , fur J'occiput &: autour des oreilles qu'ils auroient cachées entièrement s'ils avoient été plus toutfus.

La verge & le gland relTembloient à ces mêmes parties vues dans le grand papion ; il n'y avoit point de fcrotum , les parties intérieures de la génération n'a voient pas encore pris tout leur accroifiêment ; cependant les véficules féminales, quoique très- petites, avoient déjà àits tuyaux fort apparens.

Il y avoit dans le gland un petit os cylindrique, un peu courbe dans partie antérieui^e , cet os me fait préfumer qu'il y en a un pareil dans le gland du grand papion , mais je ne l'ai pas vu.

La tête du fquelette (pi. xv ) du papion reflêmble plus à îa tête du mandrill* , qu'à celle d'aucun autre fmge, cependant elle efl un peu moins longue &: plus groffe ; l'occiput efl plus renfle par la partie fupérieure ; l'arête ofîeufê de l'occipital efl interrompue fur le milieu de l'os; les bords des orbites des yeux font plus épais que dans le mandrill ; les os propres du nez font pkis courts ; l'ouverture des narines eft plus longue; il y a des filions à côté des os du nez , mais ils ont moins de largeur & de profondeur ; les côtés de la mâchoire fupérieure forment une grande concavité au-deffus dçs dents mâchelières.

* Voyez ci-après la Defcriptlon du fquelette du MandriU.

DU P A P I O N, 151

Les dents du babouin refTemblent à celles du mandiill pour le nombre & la fîluation ; je n'ai aperçu que dts différences irès- Ic'gères & prefque nulles dans la forme d^s dents de ces deux animaux.

h^s apophyfes des vertèbres cervicales du papion font plus petites que celles du mandrill.

Il y a treize vertèbres dorfales & treize côtes de chaque côté, huit vraies & cinq fauffes ; le fternum n ctoit pas offifié en entier.

Les vertèbres lombaires font au nombre de fept. L'os facrum efl: compofé de trois fauiïès vertèbres, comme dans le mandrill &: le jocko , mais il eft plus renverfé , & il forme un angle moins obtus fur la colonne vertébrale.

Il n'y avoit que douze fauffes vertèbres dans la queue du fquelette qui a fervi de fujet pour cette Defcription , mais il m -i paru qu'il en manquoit plufieurs à l'extrémité.

Les tubérofités àts os ilchions font beaucoup plus farces, <Sc leur face efl beaucoup plus grande que dans le fquelette du mandrill ; auffi les callofités des felîes du papion font plus étendues que celles des autres finges.

L'omoplate eft plus alongée , & fon côté fupérieur efl plus long que dans le mandrill.

Les clavicules , les os du bras &: de lavant-bras reffemblent à ceux du mandrill , mais l'os de la cuiffe, & principalement ceux de la jambe, font plus courts.

Il ny avoit que dix os dans le carpe , le premier dts furnu- méraires y manquoit ; le tarie n'étoit compofé que de fept 05.

pieds, pouces, ligncî. Longueur de fa tête depuis le bout des mâchoires

julcju'à rocciput // y, I.

La plus grande largeur de la tête n 4. 4.

152 Description

pieds, pouces. ligne*." Longueur de la mâchoire du deflbus, depuis Ton

exuéinitc antérieure jufqu'au bord poftérieur de

rapophyfe condyloïde " 5*

Épaiffeur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire

du dclTus " " 5

Largeur de la mâchoire du deflus à l'endroit des dents

canines " ' * ' ^

Diflance entre les orbites & l'ouverture des narines ... // i . 6

Longueur de cette ouverture " ^ 4

Largeur " " 9

Lon<yueur des os propres du nez /' ^- "

Largeur à l'endroit le plus large

// // 2

Largeur des orbites " ^ 3

Hauteur " " ^ ^

Longueur des dents canines. " i 4

Larceur du baflln " ^' 5

Hauteur " ^* 7

Longueur des plus longues vertèbres de la queue. ... v i . 4

Longueur de l'omoplate " 4* 5

Longueur de l'humérus // 7. 8

Lon<yueur de l'os du coude u 8. 10

o

Longueur de l'os du rayon // 8. i

Longueur du fémur // 8. 7

Longueur du tibia a 7. 2

Longueur du péroné , // 6. 8

Longueur du premier os du métacarpe, qui eft le plus

court // 1 . 3

Longueur du troifième os du métacarpe, qui eft le

plus long fi I . t;

Longueur du premier os du métatailè, qui efl le plus

court. » // 1 . 4

Longueur

T^ni . xn

Vl.XJIL Rk, J.^:i

. _ ="-- •-■tftS^^'^a^-^'^'^agsri^^'^'^^^.ijaat.V^^îy^-i^iJss.asifeëJ.'t^

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D U^ P A P I 0 N. 15^

pieit. pouces, lignes.

Longueur du troifième, qui eft le plus long /' 2.. z{.

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de devant " " ^^

Longueur de la féconde 'i " 4 i*

Lono^ueur de la première phalange du troifième doigt. // i. \ \,

Longueur de la (ècondc " * 7\-

Longueur de la troifième » " J*

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de derrière " "

Longueur de la féconde /' n 5.

Longueur de la première phalange du troifième doigt. // i . i .

Longueur de la féconde « * 8 f.

Longueur de la irçifième. »... « * ' > i*

Tome XI K

T54' Histoire N atu n e lie

ooDiccicciCîcoicisiiciCiiciiaciicicraci

c

LE MANDRILL*.

E Babouin (j^.xv J è^ XV 1 1) cfl d'une laideur dcfagrcable & dégoûtante ; indépendamment de Ton nez tout plat ou j)lutôt de àtwx nafeaux dont découle con- tinuellement une morve qu'il recueille avec la langue ;

* Mandrill , nom que les Anglois qui fréquentent ia côte de Guinée , ont donné à cet animal , & que nous avons adopté.

tfpcce fingulière , que les Blancs de ce pays de Guinée appellent 'mandrill. Je ne liiurois rien dire de l'origine de ce nom , que je ji'avois jamais entendu auparavant ; ceux même qui îe nomment ainfi , n'en peuvent indiquer la raifon , à moins que ce ne foit à caufe de la reflcmblance de cet animal avec l'homme , pendant qu'il n'en a point du tout avec le finge. ( Man , en Anglois , veut dire homme). Trouve au voyage de Guinée , par Smith , Paris , 1 7 j i , tome 1 , page 10^.

Cercopiihecus cynocephalus parte corporis anteriore longis pilis ohjita nafo violacée nudo, le Magot ou Tartarin. Briiïbn. reg. anim. pag. 2 1 4. J^ota. Il me paroît que M. Briflbn s'efl trompé; i.*' en donnant à ce finge le nom de magot ou de tartarin qu'il auroit appliquer à Ton finge cynocéphale ; 2.° en rapportant cet animal au cynoce- phalus de Gefner. Icon. Jf^'. pag. ^^ , au cynocephalus fecundus de Jonfton, pag. 100, tah. / j) , & au cynocephalus de Clufius Exotic, page 370 : car les figures de ces trois Auteurs ne refiêmblent point ?.u babouin dont il efl; ici queftion , qu'il efl: cependant aife de difiinguer de tous les autres par les filions longitudinaux qu'il a fiir ia face , & que M. Briffbn indique lui-même dans les termes fuivans : « Son M nez, dit-il , eft fort gros , dénué de poils, cannelé félon lor^eur, & d'une couleur violette 35. Or ces caradlères ne conviennent point au cynocéphale de Clufius , de Gefner «5c de Jonflon.

DU Mandrill. 155

indépendamment de Ton très-gros <5c long mufeau , de fon corps trapu , de Tes feffcs couleur de fang 6c de fon anus apparent, & place, pour ainfi dire, dans les lombes ; il a encore la face violette (S: fillonnce de^ deux côtés, de rides profondes 6c longitudinales qui en augmentent beaucoup la triflelfe 6: la diiiormité; il cfl auiïi pHis grand 6c peut-être plus fort que le papion , mais il efl en même temps plus tranquille 6c moins féroce : nous donnons ici la figure du mâle fpL xvij Si de la femelle (^p/. xvir), que nous avons vus vivans ; foit qu'ils eulTent été mieux éduqués , ou que naturel- lement ils foient plus doux que le papion, ils nous ont paru plus traitables 6c moins impudens fans être moins défagréables.

Cette efpèce de babouin fe trouve à la côte d'Or 6c dans les autres provinces méridionales de l'Afrique, les Nègres l'appellent boggo Si les Européens ///^//^/r///; il paroit qu'après l'orang-outang, c'efl le plus grand de tous les finges 6c de tous les babouins. Smith *, raconte

* Le corps Ju mandrill , lorfqu'il a pris fi croinùnce , e(l aufîi gros en circonférence f|ue celui d'un homme ordinaire ; les jambes font beaucoup plus courtes & les pieds plus longs ; les bras & les mains font dans fa même proportion ; la tête eft d'une aroflcur monf- trueufe ; la fhce large & plate , fans autres poils qu'aux fourcils ; le nez efl: fort petit, la bouche large & les lèvres font très-minces; la flice qui efl couverte d'une peau blanche , efl d'une laideur effroyable & toute ridée ; les dents font larges & fort jaunes ; les mains font fans poil ; tout le refle du corps , à l'exception du vilâge & des mains , cft couvert de poil long & noir comme celui de l'ours ; ces animaïuc

Vu

156 Histoire Naturelle

qu'on lui fit prcfent d'une femelle mandrill, qui n'ctoit agce que de fix mois , ik qui ctoit dc)à auiïi grande à cet âge qu'un babouin adulte : il ditaiilFi que ces mandrills marchent toujours fur deux pieds, qu'ils pleurent &i qu'ils gémiflTent comme des hommes ; ([u'ils ont une violente paiTion pour les femmes, <Sc ([u'ils ne manquent pas de les attaquer avec fuccès lorfqu'ils les trouvent à l'écart.

Caraâères dijîinâifs de cette efpèce. Le mandrill a des abajoues & des callofitcs fur les

ne marchent jamais fur les quatre pattes comme les guenons ; quand on les tourmente , ils crient précilement comme les enfans ; on prétend que les mâles cherchent fouvcni à violer les femmes blanches, quand ils les rencomient feules dans les bois; ils ont prefque toujours le nez morveux , & fe plaifent à faire entrer la morve dans la bouche. . . . On me fit préfent à Skerbro d'un de ces mandrills : les gens du piys les appellent hoogoc ; c'étoit une femelle qui n'avoit que ^\y^ inois , mais elle ctoit (\€]\ plus groflè qu'un babouin , &c. Nounnu yoyage en Guinée , par Smith , traduit de l' Anglais . Paris , 1751, tome 1 , page 1 04. Nota. Dans le même pays , l'on appelle donc loogoc ou boggo & mandrill, l'animal dont il eft ici queflion , & l'on appelle 7l\xÇ[\ pongo & drill , Y orang-outang ; ces noms fe reflemblent , & font vraifemblablement dérivés les uns des autres ; & en effet le pongo & le boggo , ou fi l'on veut , le drill & le mandrill ont plufieurs caradcres communs ; mais le premier eft un finge fans queue & prefque fans poil, qui a la fece aplatie & ovale , au lieu que le fécond eft un babouin avec une queue, de longs poils , & le mufeau gros & long. Le mot man , dans les langues Allemande, Angloife , &c. fignifie Y homme en général ; & le mot drill , dans le jargon de quelques-unes de nos provinces de France , comme en Bourgogne , fignifie un homme vigoureux & libertin: les payfans difent, c'ejl un bon drill, i'ejl un maître drill.

DU Mandrill, 157

fefTcs; il a la queue très-courte, <Sc feulement de <\ç\\x ou trois pouces de long ; les dents canines beaucoup plus groiïes & plus longues à proportion que celles de l'iion^ne; le mufeau très-gros 6i très-long, 6c fillonnc des deux côtes de rides longitudinales , profondes 6c très-marquées ; la face nue 6c de couleur bleuâtre, les oreilles nues auffi-bien que le dedans des mains 6c des pieds; le poil long, d'un brun-rouffâtre fur le corps, 6c gris fur la poitrine 6c le ventre ; il marche fur deux pieds plus fouvent que fur quatre ; il a quatre ou quatre pieds 6c demi de hauteur lorfqu'il efl: debout ; il paroît même qu'il y en a d'encore plus grands. Les femelles font fujettes , comme les femmes , à i'ccoulemcnt périodique.

V iij

158 Description

D E S C R I PTI O N

DU MANDRILL.

J j E mufeau Jii Mandrill ( pJ. xi'i ) eft fort alongé & très- gros ; ce finge a le nez aplati dans toute fa longueur , & place entre (\çs plis en forme de rides , dirigés obliquement de dehors en dedans &: de haut en bas fur les joues qui ont une couleur bleue. Les oreilles font nues , &: ne différent pas beaucoup de celles de l'homme , qnoiqu'elles foient un peu pointues dans le haut, 11 y a des callofités fur les ki^çs ; la queue efl très-courte.

Le front , l'occiput , le fommet & les côtés de la tête , la face extérieure du bras & de i'avant-bras d'une femelle (pi. xvii) de mandrill , fur laquelle cette defcription a été faite , étoient de couleur mêlée de brun & de jaune légèrement teint de verd; les poils avoient alternativement du brun &: du jaune-verdâtre depuis leur racine jufqu'à l'extrémité, de forte que chacun avoit deux ou trois taches d'un jaune-verdâire. La face fupcrieure du cou , les épaules, la face intérieure de l'avant - bras, le dos, le haut àt% côtés du corps , la croupe , la face extérieure de la cuiflè , la jambe & le defïïis des pieds, avoient à peu près les mêmes couleurs, mais le brun y étoit plus apparent que le jaune. Le poil du deflous de la mâchoire inférieure & de la gorge étoit de couleur fauve- roufsâtre, La partie antérieure de la poitrine, les ailîèlles , la fice intérieure du bras, le bas des côtés du corps &: la plante des pieds étoient de couleur cendrée-brune. La poitrine, le ventre, les aines & la face intérieure de la cuifîè avoient wnç. couleur blanchâtre , plus ou moins mêlée de jaunâtre. Les doigts ne font feparé^ les uns des autres, que le long de la féconde 6c de fa

DU Ma n d r I l l. j.^

troifième phalange; le pouce des pieds de derrière efl fort 0,05, & tous les ongles /ont noirs &: plats. ^

Les dimenfions des parties extérieures, rapportées dans la table fuivante, ont été pnïes fur un mandrill mâle.

T ^ ^ I . P'^^'' poucfs. ligner.

Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite,

depuis le bout du iiiufeju jufqu'à l'anus * 2.. i. 6

Longueur de la tête , depuis le bout du niufeau jufqu a l'occiput

Circonférence du bout du mufeau g

Circonférence du mufeau prife au-defibus des yeux. . i . /, '

Contour de l'ouverture de la bouche ^ ^ ^

DiUance entre les deux nifeaux .

// ^ ? ,

Dia.wce entre le bout du mufeau & l'anale antérieur

de l'œil

I' 4. Il

Diflance entre l'angle portcrieur & l'oreille // ^

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre

Ouverture de l'œil

// /' 4.

Dfflance entre les angles antérieurs des veux

■' " 7.

Circonférence de la tête prife entre les yeux & les

^'■^'"^^ ,. 3. 3,

Longueur des oreilles ....

^ "^ ^ z' 8.

Largeur de la Lafe , mefurée fur la courbure extérieure. ,t , . g

Diflance entre les deux oreilles prife dans le bas. . . ,

T j ' 5- ^•

Longueur du cou

. " 2.. 10.

Circonférence du cou . . .

/•• 1. // 0

Circonférence du corps prife derrière les jambes de

devant

'• ;. n

La mên.e circonférence à l'endroit le plus gros i . C. C

La même circonférencedevant les jambes de derrière. i. 2.. ^

i6o DESCRIPTION

^ ,j picJs. pouces, lîgncj:

Longueur du tronçon Je la queue

CircoDfërence àloriginc " ^'

Loncrueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au

o /r p. 5.

poignet

Circonférence du poignet " ^•

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 5 "

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon, n 9' 3

Largeur depuis le talon jufqu'au bout des ongles /r 7- 4-

La femelle de mandrill dont il a déjà été fait mention. & fur laquelle j'ai décrit les parties internes comme les parties externes . IvÏunLdeurtrés-app^^^^^^^^^ celle du mufc c^ ez f-e; elle pefoit feize livres, elle avoit un pied neuf pouces de ongueur, depuis le bout du mufeau jufqu a ianus. La longueur de la tête étoit de fept pouces 6c demi, & la circonférence dun pied a i'endroit le plus gms ; la queue avoit deux pouces trois ligne, de longueur & un pouce & demi de circonférence a i origine.

L'épipioon ^'éiendoit depuis l'eftomac jufqu'au pubis ; une nortion du colon pafioit tranfverfalemcnt de droite à gauche derrière l'eftomac, qui F^roiiToit s'étendre plus à gauche qu a droite, le foie étoit plus à droite qu'à gauche ; la rate étoit dirigée

de devant en arrière, ^ . , n o

Le duodénum fe replioit en dedans au fortir de ledomac , 6C s'étendoii feulement jufqu'à la colonne vertébrale, fur laquelle il fe lecourhoit à droite. Le jéjunum failoit fes circonvolutions dans la i-éPion ombilicale ôc dans le côté droit . l'ileum dans le côté gau' he & dans les régions iliaques 6c hypogaO.ique. Le cœcum étoit placé dans le côté gauche & di.igé de devant en arrière; le colon s'éiendoit à droite, le replioit à gauche & palfoit derrière l'caornac.

oïLite il s étendoit en arrière jufqu'au piibis , il fe replioit^ ^^"^ ' giiuchç

DU Mandrill, i6i

gauclie & fe proloiigeoit en avant pour fe joindre au revflum.

Le duodénum ctoit un peu plus gros dans quelques endroits que les autres inteftins giêles qui tous avoient à peu près la même groffeur ; ils ctoient minces & blanchâtres , à l'exception del'ileum qui étoit roiigeâtre. Le cœcum ctoit gros , court &: arrondi par le bout, il avoit à Ton origine autant de groffeur que le colon; il y avoit trois bandes tendineufes qui setendoient depuis l'extré- mité du cœcum jufqu a l'anus.

Le foie avoit m\ grand lobe &: deux petits , qui n'en étoient pas fcparés jufqu'à la racine; le grand lobe étoit diviféendeux parties inégales par une fcilfure dans laquelle pafToit le ligiment fufpenfôir. La véficule du fiel fe trouvoit incruftce dans la portion droite de ce lobe qui étoit la plus grande ; les jietits lobes étoient placés de chaque côté à la racine du grand, le droit étoit un peu plus gros que le gauche , & avoit deux ou trois pointes en forme d'appendices, placées au-devant du rein. La couleur du foie étoit au dehors &: au dedans d'un rouge pâle , il pefoit huit onces

La véficule du fiel avoit la forme d'une poire , plus étroite dans ie milieu qu'au bout le plus petit , elle contenoit un peu de liqueur fort épaifîè & de couleur brune un peu verdâtre.

La rate avoit une fcH-me trangulaire , alongée , la pointe ctoit en arrière & la bafe en avant ; elle avoit en dedans une couleur rougeâtre, elle pefoit une once un gros.

Le pancréas étoit court, épais & terminé en pointe, à peu près comme la rate , «Se placé dans la courbure du duodénum.

Le rein droit étoit plus avancé que le gauche de toute longueur ; leur enfoncement étoit peu profond , & le baffinet avoit peu d'étendue ; les mamelons fe réuni (îbient tous \ts uns aux autres; les capfules fïibrenales étoient chacunes prefqu'aufli grandes que la moitié de l'un àe,s> reins.

Tome XIV. X

i62 Description

Le centre nerveux étoit épais &: peu tianfparent. Le poumon droit ctoit fchireux , au point qu'on ne pouvoit pas didinguer ks lobes ; il y en avoit deux à gauche dont l'antérieur étoit divifé |!>ar i:n£ profonde fcifîure.

Le péricarde étoit adhérent au cœur, fur toute la bafè; le cœur avoit la pointe dirigée en arrière; la langue étoit large 5c épaiire , excepté à l'extrémité qui avoit peu d'épaiifeur , elle étoit couverte de petites papilles &: parfemées de petits grains ronds 6c blancs ; il n'y avoit qu'une petite glande à calice dans le milieu de la partie poflérieure.

L'épigloite étoit mince & aiTondie , & les bords de l'entrée du larynx formoient quatre tubercules, deux de chaque côté; il y avoit iiir le palais environ huit filions , dont les premiers &: les derniers étoient fort irréguiiers , & avoient leurs bords difpofes- en zigzag ; les bords à^ autres filions étoient convexes en devant & interrompus dans le milieu du palais.

J'ai vu un mandrill mâle dont l'anus (êmbloit être placé dans les lombes, car il étoit à deux pouces au-defliis àts parties qui touchoient la terre lorfque l'animal étoit afTis ; il portoit Çà queue renverfée le long àts lombes.

Le gland étoit fendu à l'extrémité , & l'orifice de l'urètre trouvoit au milieu de cette fente; ks bords étoient renflés & formoient une forte de champignon au bout du gland.

Le relie des parties de la génération avoit beaucoup de rapport à celles du magot, autant que j'ai pu en juger fur le mandrill qui m'a Icrvi de fujet , & qui étoit en grande partie corrompu.

Les mamelles étoient fur la poitrine au nombre de deux, une de chaque côté.

L'entrée de la vulve fe trouvoit à un pouce de diflance de l'anus & à un pouce du clitoris ; le gland du clitoris étoit environné d'un

DU Mandrill, 163

prcpuce & lerminé par une forte de champignon compofé de deux lobes, comme le gland de la verge du mâle; le prépuce tenoit au champignon par partie inférieure, mais on pouvoit tirer la partie fupérieure du gland du clitoris de quelques lignes au dehors du prcpuce.

Les borus de la vulve croient minces , & les parois intérieures du vagin formoient plufieurs rides très-marquées. La vefTie ctoit grodè & en forme de poire. La matrice avoit beaucoup de rap- port à celle d'une femme ; fon col débordoit dans le vagin & avoit la forme du bec de tanche, l'orifice étoit oblong & tranf- ver(âl , la cavité avoit peu d'étendue, les parois étoient fort épai fîês, ce viicère n'avoit point de cornes comme dans la plupart dçs qua- drupèdes ; les trompes fortoient du corps de la matrice , par- couroient une ligne courbe en formant des zigzags Sl abouiifîbient à un pavillon ; l'ovaire adhéroit au pavillon & étoit fort alongé, fort étroit, fort mince & de couleur blanchrure.

piedî. pouc. ligne»*

Longueur des inteftins grêles depuis le pylore /uf-

qu'au cœcum 14. 6. 1/

Circonférence du duodénum // 3. n

Circonférence du jéjunum h 2. 4,

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. // z. j.

Circonférence dans les endroits les plus minces .... n 2. 3.

Longueur du cœcum // i. 8.

Circonférence à l'endroit le plus gros m y. 8.

Circonférence à l'eixlroit le plus mince n 2. 6,

Circonférence du colon dans les endroits les plus gros, m 5. 8.

Circonférence dans les endroits les plus minces .... // 2. 3.

Circonférence du reélum près du colon u 2. 3.

Circonférence près de l'anus /' 3* ^

Xij

i54 Description

pieds, pouc. fîgnes.

Loncrueur du colon & du reduin pris cnfembfe .... 2. 8. a Longueur du canal intcflinal en cniier, non compris

le cœcuui ^7' -• "

Grande circonfcrence de l'eftoniac i. 5). "

Petite circonférence k 3 . 4.

Longueur de la petite courbure depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à i'œrophage u 2. 6.

Profondeur du grand cul-de-fac // 2.. 6.

Circonférence de rœfophage // 2.. h

Circonférence du pylore " 2. o.

Longueur du foie // 4 10.

Largeur " 5 o.

Sa plus grande épaifleur h i. //

Longueur de la véficule du fiel // i . 9.

Son plus grand diamètre // m 7.

Longueur de la rate // 3 . //

LarseuF de l'extrémité inférieure // i . 6.

Largeur de l'extrémité fupérieure m 11 C.

Epaiffeur dans le milieu // // 8.

Épaifîeur du pancréas // // 6.

Longueur des reins // 1 . fp.

Largeur u 1 . 4.

Epaiffeur // u 9,

Longueur du cenu'e nerveux depuis la veine-cave

jufqu'à la pointe // i . y.

Largeur , . . ^ y z. 6.

Circonférence de la bafe du coeur u 4, 6.

Hauteur depuis la pointe Jufqu a la naiflance de l'artère

pulmonaire // 2. 4,

Hauteur depuis la pointe jufqu'au iâc pulinoaairt ... u i.

DU Mandrill. i6^

piecîs. pot:c. lignes. Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors // * 4.

Longueur de la laugue. // j.

Longueur de la pardc antérieure depuis le filet jufqu a

i'extrénutc // // p.

Largeur de la longue // | . 2.

Longueur du cerveau // ^ n

Largeur ,/ 0. 7.

Epaifleur // j . i .

Longueur du cervelet // i. r

Largeur u 1. p.

Épaifleur g.

Longueur de la vulve // // g.

Longueur du vagin // a. i .

Circonférence u i . o.

Grande circonférence de la veflle. .• // 10. //

Petite circonférence // S. u

Longueur de l'urètre // // p.

Circonférence // i . //

Longueur du col & du corp.s de la matrice 1/ i. 7.

Circonférence du corps // z. u

Diflance en ligne droite entre les teflicules & la matrice. // // 5 .

Longueur de fa ligne courbe que parcourt la trompe. n i. 4.

Longueur des lefiicules zr u 6;

Largeur // // 2., .

Epai/Teur // // i.

La tête du fqLielette du mandrill diffère peu de celle du magot, par la forme du crâne , des orbites , de leur bord Tupérieur & de la partie inférieure de l'os du front qui eft entre les orbites; par la grandeur des apophyfès orbitaires de l'os du front & de

l66 DESCRIPTION

l'os de la pomette, & par la convexité de l'arcade zygomatîqiie; mais le mufeaii da mandrill ed: de beaucoup plus gros &L plus long que celui du magot. & par confcquent l'ouverture d^s narines efl bien plus éloignée des orbites , & les os propres du nez font plus longs, ils ont peu de largeur; il y a de chaque côté de ces os un large fillon qui s'étend depuis l'orbite jufqu'à l'ouverture àçs narines , & une petite cannelure moins longue & placée au côté externe de chacun à^s filions ; ces cannelures Se ces filions font marqués fur la peau, comme je l'ai déjà fait obferver. La mâchoire inférieure diffère de celle du magot, en ce que ks branches font plus recourbées.

Les dents du mandrill reffemblent à celles du magot pour le nombre, la fituation 8c la forme, excepté les deux incifives du milieu de la mâchoire du deffous qui font plus grandes que les

deux autres.

Le mandrill & le magot reffcmblent auffi par les vertèbres cervicales , dorfiles & lombaires, par les côtes & les os du flernuni qui fe trouvoient dans le fqueiette du mandrill qui a fervi de fujet pour cette defcription ; les derniers y manquoient , ainfi je n'ai pu en favoir le nombre total , ni diftinguer [qs vraies côtes

&: les fauflès.

L'os facrum forme un angle inoins obtus par fôn articulation avec la colonne vertébrale , que le ftcrum du magot ; il eft com- pofé de trois fauffes vertèbres , &: la queue de huit.

Les os du baifin du mandrill reilèmblent à ceux du magot.

L'omoplate diffère de celle du magot , en ce que Çts deux côtés font à peu près de mcme longueur , au lieu que dans le magot le côté poftérieur efl: plus long que l'antérieur.

Les clavicules de ces deux animaux ont à peu près la même forme.

1

DU MANDRILL. I 67

Les os du bras, de l'avanl-bias, de la cuiiîe & de la jambe font à proportion pkis longs que ceux du magot, mais moins longs que ceux du gibbon ; les os de lavant-bras font plus longs que celui du bras, mais cette différence n'eft pas fi grande que dans le gibbon ; au refle tous ces os refTemblent à ceux qui leur correfpondent dans le magot.

Le carpe du fquelette de mandrill qLii a fervi de fujet pour celte defcription , étoit incomplet; le quatrième os du fécond rang y manquoit , & il n'y avoit qu'un troifième os furnumcraire; je ne fais fi ks deux autres fe trouvent dans le mandjjii. H n'y a\'oit que fèpt os dans le tarfè.

T , T « f""^* ^^^- %neî.

Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires

jufqu'à l'occiput ,, ^^ ^

La plus grande largeur de la tête ^

Longueur de la mâchoire du deffous depuis Ton extrémité antérieure jufqu'au bord poOéricur de î'npophyle condyloïde. . ^

Ej^aifTeur de la partie anierieure de l'os de la mâchoire

^" ^e^"5 // // 4|.

Largeur de la mâchoire du defTus à l'endroit des dents

'^■'^""^^^ // I. ,1.

1 1,

" Il 7.

Diflance entre les orbites & l'ouverture des narines. // j

Longueur de cette ouverture y, j

Largeur , ^

Largeur des orbites ^^ ^

I^'^"^^"'" // // ,1.

Hauteur des dents canines ,} , ^ ^

Largeur du baflin ;, 2..

l^"teur...... a z. 5,

i68 Description, i/c,

pieds, pouc. ligntffj Longueur Je la première faufTe vertèbre Je la queue ,

qui ed la plus longue ••• " " ^'

Longueur Je l'omoplate " 4- 3-

Longueur Je Thumérus " 7- » o-

Longueur Je los Ju couJe » 9' 5*

Longueur Je l'os Ju rayon >' 8. 6.

Longueur Ju fémur " 9' ^*

I M , . Il 8.1.

Longueur Ju tibia ^

Longueur Ju péroné " 7-

Longueur Ju premier os Ju métacarpe , qui efl le plus

// I.

court

Longueur Ju troificme os Ju métacarpe , qui eft le

, I . ^ // 2. I,

plus long

Longueur Ju premier os Ju métatarfe , qui eft le

, ^ u I. g.

plus court -^

Longueur Ju troifième , qui eft le plus long ti i. 4.

Longueur Je la première phalange Ju pouce Jes pieJs

Je°Jevant " " 9'

Longueur Je la fecouJe " " 5*

Longueur Je la première phalange Ju troifième Joigt. // 1.4.

Longueur Je la (econJe " " i o-

Longueur Je la iroifième " « ^'

Longueur Je la première phalange Ju pouce Jes pieJs

de derrière •••' " " 9'

Longueur Je la feconJe " " 5

Il-lJl IIV. lU .www

o

Longueur Je h première phalange Ju troifième Joigt. // \. 2.

Longueur Je la feconJe " " 9-

Longueur Je la troifième " " 4

L'OUANDEROU,

Jcvn.AJi

/•/ \rr I\uy loP.

J>ui:\i'L„.;,.,uiu, M .

MANDRIIJ. AIATJ:

/v. xrii i\uf. ji\^.

PcOWc /).l.

yi.r,.

jVl A7^) RI L r . F K ]\ l R L. I .E.

ï^9 L'OUANDEROU* et leLO^TANDO**

v^uoiQUE CCS deux animaux nous paroifTent ctré dune feule <Sc nicme efpèce , nous n'avons pas laiflé de leur conferver à chacun le nom qu'ils portent dans leur pays natal , à Ce) lan , parce qu'ils forment au moins

* Ouanderou , Wandtru , nom de cet animal à Ceyian , & que nous avons adopté.

Simia ex ^gypto Venetîas deduâa. Profp. Alpin. Vol. II, pag. 245 , tab. 20.

Ouanderou , forte de finge à Ceyian , dont il paroît qu'il y a deux efpt'ces. Relation de Ceyian , par Knox , tome I , pages i 0 j cf 1 1 i ; figure ïbid.

Cercopithecus niger barba încanâpromljfâ, Wanderu Teylanenfibus. Ray. Syjl. quad. pag. 158.

SïUnus fimïa caudata , barbata , corpore n'igro , barbâ nîveâ, prolixâ, "LXnn. fyjl. nat. edit. X , pag. 2.6. Nota. II me paroît que M. Linnaeus s'eft trompé en rapportant à cet animal lejîmia callitriches magmtud'ine cynoccphalorum de Profper Alpin , page 2^2 , c'elt évidemment celui de fa page 2^^ , que nous venons d'indiquer ; il ne fout , pour s'en afTurer , que comparer la figure que nous en donnons ici , avec celle de Profper Alpin. /

Cercopithecus barbatus mger , barba incana , finge noir à barbe blanche. BrilT. reg. anim. pag. 207. Nota. II nous paroît que le finge indiqué par M. Briflon fous le nom de finge noir d' Egypte , page 2 0 p efl: le même que celui-ci , d'autant plus qu'il y rapporte celui de Profper Alpin , page 2^j , que nous avons cité ci-delTus.

** Lowando , Ehvandu , nom de cet animal à Ceyian, & que nous ayons adopté. Nota, i ° II nous paroît n'être qu'une variété de l'ouan- clerou. Nota. 2.° Il nous paroît qu'il y a une féconde vnriété dans

Tome XIV. Y

I70 Histoire Naturelle

deux races cliflindes 6c confiantes; l'oiiandemu a îe corps couvert de poils bruns & noirs , avec une large chevelure 6l une grande barbe blanches , au contraire le lowando a le corps couvert de poils blanchâtres avec la chevelure & la barbe noires ; il y a encore dans le même pays une troifième race ou variété qui pourroit Lien être la tige commune des deux autres , parce qu'elle eft d'une couleur uniforme & entièrement blan- che , corps , chevelure <Sc barbe : ces trois animaux: ne font pas des fmges , mais des babouins; ils en ont tous les caractères, tant pour la ligure que pour le na- turel; ils font farouches <5c même un peu féroces; ils ont le mufeau alongé , la queue courte , & font à peu près de la même grandeur (Se de la même force que les papions ; ils ont feulement le corps moins ramaifé , <Sc paroiiïcnt plus foibles des parties de l'arrière du corps: celui dont nous donnons la figure (pi. xviii) nous avoit été préfenté fous une fauffe dénomination , tant pour le nom que pour le climat. Les gens auxquels il appartenoit, nous dirent qu'il venoit du continent de l'Amérique méridionale, & qu'on l'appcloit cjyouvajfoiu Je reconnus !)ientôt que ce \\\o\. cayouvajfou^'^vm terme Brefilicn , qui fe prononce fajouounjfou , i^ qui fignifie fûpûjou, (Se que par confé(iuent ce nom avoit été mal

ces nnimnux ; rouamleiou a le corps noir & la barbe grife , le lowando a le coips gris & la barbe noire , & il y en a d'auircsde niêmetlpèce qui font tout "blancs , corps <5c barbe.

Slmia alla feu incanis ptlis barbâ n'igrâ promijfu. Elwandum Zeyh- vsnfibus, Ray. Syjî. quad, pag. i ^ 8,

de l'OUANDEROU if du LôJVANDO. 171 appliqué , puifquc tous les fapajous ont de très-longues queues , au lieu que l'animal dont il efl ici qucflion , efl un babouin à queue très -courte; d'ailleurs, non -feu- lement cette cfpèce, mais même aucune cfpèce de babouin , ne fe trouve en Amérique, Si par conféqucnt on s'étoitauiïi trompé fur l'indication du climat; (îv cela arrive aiïez ordinairement , fur -tout à ces Montreurs d'ours & de fmges , qui, lorfqu'ils ignorent le climat & je noni d'un animal, ne manquent pas de lui appliquer une dénomination étrangère , laquelle vraie ou fiiuffe eu également bonne pour l'ufage qu'ils en font. Au refte, ces babouins-ouanderous , lorfqu'ils ne font pas domptés , font fi médians qu'on efl obligé de les tenir dans une cage de fer , fouvent ils s'agitent avec fureur; mais lorfqu'on lesprend jeunes, on lesapprivoifc aifément, (Se ils paroiiïent même être plus fufceptibles d'éducation que les autres babouins : les Indiens fe plai- fent à les inflruire , & ils prétendent que les autres fmges, c'eft-à-dire les guenons , refpeôlent beaucoup ces ba- bouins , qui ont plus de gravité Si plus d'intelligence qu'elles. Dans leur état de liberté *, ils font extrémemenC

* On trouve au Malaîjar quatre efpèces de finges ; In premicre toute noire , le poil luiiïuit , avec une barbe blnnclie qui lui ceint le menton , & qui a une palme & plus de longueur ; les autres fmges ont tant de refjjed pour cette efpcce , qu'ils s'humilient en fa prclènce coinnie s'ils étoient capables de reconnoître en elle quelque Tuperiorité ; les Princes & les Grands eftiment beaucoup ces fingcs à baibc , qui paroifTent avoir plus de gravite & d'intelligence que les autres ; on les éduque pour des cercnionies & des /eux , & ils s'en acquittent fi

Yii

ï/^ D ESCRIPTION

faiivages, Sl fe tiennent dans les bois \ Si l'on en croie les Voyageurs , ceux qui font tout blancs font les plus forts ÔL les plus médians de tous ; ils font très-ardens pour les femmes, &. affez forts pour les violer lorfju'ils les trouvent feules ^S (Se fouvent ils les outragent jufqu'à. les fiire mourir.

Camâères dijîïnéîifs de cette efpèce.

L'ouanderou a des abajoues &. des callontés fur les feffes , la queue de fept ou buit pouces de long , les.

parfaitement, que c'eft une cliofe admirable. Voyage du P'ere Vincent Aiarie , ch. Xlii , pao". 40 5, traduit par AI, le Marquis de Aiontmirail.

A Ceyian , il le trouve des fmges auflî grands que nos épagneuls , qui ont le poil gris, le vi(age noir avec une grande barbe blanche

d'une oreille à Tautre On en voit d'autres de la même grofleur ,

mais d'une couleur différente; ils ont le corps, le vifage & la barbe xl'une blancheur éclat;inte; cette difTerence de couleur ne paroifîànt nas chancrer i'efpcce , on les appelle é^AQvc\t\\\ oucnderous ; ils caufent peu de mal aux terres cultivées , & fe tieruient ordinaiiement dans les bois ils ne vivent que de feuilles & de bourgeons , mais quand on les prend , ils mangent de tout. Relation de Knox , tome I, pages 107 & III.... Hijloire générale des voyages, tome VIII,. page 5 4J.

^ Les fino-^s blancs, qui font quelquefois aufîi grands & aufîî méchans que les plus gros dogues d'Angleterre, font plus dangereux que les noirs , ils en veulent priiicipalement aux femmes , & fouvent après leur avoir fut cent outrages, ils finiffentpar les étrangler. Quel- quefois ils viennent jufqu'aux habitations, mais les Macacarois cjui font, irès-'aloux de leurs femmes, n'ont garde de permettre l'entrée de lecirs- jnaifons à de fi méchans galans ; ils les chafiçm à coups de bâtotf». X^efcription de Maçaçar , page y q,-

loin- XI/ .

Pi. xriii. i\ui ij-2.

^^^^^^^^

De Sève Del

OrANDHROU

Def'e/irtScul

de lVuANDEROU êr du LOJVANDO, 175 'dents canines plus longues Si plus grofTes que celks de l'homme, le mufcau gros & alongé , la tcte envi- ronnée d'une large crinière & d'une grande barbe de poils rudes , le corps afTcz long 6^ aflez mince par le bas ; il y a dans cette efpèce des races qui varient par la couleur du poil ; les uns ont celui du corps noir 6c la barbe blanche; les autres ont le poil du corps blan- châtre 6i la l^arbe noire. Ils marchent à quatre pieds plus louvent qu'à deux, & ils ont trois pieds ou trois pieds Si. demi de hauteur lorfqu'ils font debout. Les- femelles font fujettes à l'écoulement périodique.

. «ta». ^^ /?S. /!a=iv

ïiij

174 Description

wamn

m

DESCRIPTION

DE rOUANDEROU,

J AI VU cet animal (planche xvill) à la foire Saint- Laurent, dans une cac^e, il t'ioit ctroiiement relîeiTc à caule de fcjocité: il fe faifoit remarquer par urje très-grande barbe giife, d'autant plus apparente que le poil du refte du corps avoit une couleur noire, il éloit plus fin que celui de la barbe, qui oc- cupoit non-/êulement le menton , mais aufTi les joues, elle ctoit un peu frifée , elle avoit un mélange de brun Se de gris fur les joues, &: feulement du gris fur le menton, je ne fais fi cette couleur venoit de l'âge, mais on affuroit que cet animai n'avoit que dix-huit mois ; le deffus de la tcte étoit furmonté par un toupet noir en forme d'épi ; il y avoit deux mamelles fur la poitrine; les ongles étoient plats & noirs; la queue éloit fort courte, 6c les felîès pelées.

pieds, pouc. lignes» Longueur du corps entier , mefure' en ligne droite

depuis le bout du niufeau jufqu'à l'anus 2. // n

Circonférence du bout du niufeau " ^' "

Contour de l'ouveriure de la bouche /' 3 . i O.

Diftance entre le bout du mufeau & l'angle ante'rieur

de l'œil // 2. »

Diftance entre les angles antérieurs des yeux // // p.

Longueur des oreilles n i . 6.

Laroreur de la bafe, mellirée fur la courbure extérieure. // \. tt

Circonférence du cou i . // '/

Ciiconférence du corps, prife derrière les jambes de

devant n i . 2.

DE L'OuANDEROU. 175

pieds pouc. lignes,

Xii même circonférence devant les jambes de derrière.. // 1 o. //

Longueur du ironçon de la queue // 7. u

Circonférence à l'origine u 2. 6,

Longueur de l'avant-bras dejjuis le coude jufqu'au

poignet // II. 6.

Circonférence du poignet // 4. m

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 4. //

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. </ 7. //

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles, ij 6. n

iy6 Histoire Naturelle

©Q@5®S@ô(f {©s©}©? ?i)5®5jK®5® 5^5 ®

L

LE M A I M O N '.

ES Singes, les Babouins &. les Guenons forment trois troupes , qui laifTent cntr'elles deux intervalles; Je premier efl: rempli par le Magot, Sl le fécond par le iVlaimon : celui-ci fiit la nuance entre les babouins <Sc les guenons, comme le magot la fait entre les fmges ôi les babouins; en effet, le maimon fpl. xix) reffemble encore aux babouins par fon gros & large mufeaii , par fa queue courte &. arquée ; mais il en diffère & s'ap- proche des guenons par fa taille qui efl fort au-deffous de celle des babouins , 6c par la douceur de fon naturel, M. Edwards nous a donné la figure <Sc la defcription de cet animal fous la dénomination A^ fin ge h queue de cochon , ce caradère particulier fuffit pour le faire re- connoitre, car il efl le feul de tous les babouins <Sc guenons qui ait la queue nue , menue & tournée comme celle du cochon. II efl à peu près de la grandeur du magot , 6c reffemble fi fort au macaque qu'on pourroit le prendre pour une variété de cette cfpèce, fi fa queue n'étoit pas tout-à-fait différente; il a la face nue 6: ba- fanée, les yeux châtains, les paupières poires , le nez

* Maimon- Ala'imonct, nom que l'on a donné dans les derniers fiècles aux Sino^es à queue courte , & que nous avons appliqué à celui-ci en nitendani qu'on foit informé du nom qu'il porte dans fon pays natal, à Sumatra & dans les autres provinces de l'InJe méridionale.

Le finoe à queue de cochon, Glanures d'Edwards , page S, fig. ibid.

plat ,

DU A 1 M O N. l-yj

plat , les lèvres minces avec quelques poiis ro;des, mais ti'-op courts pour faire une moudaciic apparente. Il n'a pas, comme les linges <î^ les babouins, les bourfes à l'extérieur Si la verge fiiillante ; le tout ed caché fous la jîcau ; auiTi le maimon, quoique très-vif <Sc plein de feu n'a rien de la pétulance impudente des babouins: il cft doux , traitable &. même care-îiint : on le trouve à Su- matra Si ^raifembIablemcnt dans les autres provinces de rindc méridionale , auiïi foulîre-t-il avec peine le froid de notre climat : celui que nous avons vu à Paris, n'a vécu que peu de temps, Si M. Edwards dit n'avoir ardé qu'un an à Londres celui qu'il a décrit *

Caraôlères difthulifs de cette ejpèce.

Le maimon a des abajoues & des callofités fur les feffes , la queue nue , recoquillée 6c longue de cinq ou fix pouces; les dents canines pas plus longues à proportion que celles de l'homme ; le mufeau très- large , les orbites des yeux fort iîiillantes au-delfus , la face , les oreilles , les mains Si les pieds nus , & de couleur de chair; le poil d'un noir -olive fur le corps

"^ Le fin^re à queue Je cochon de l'île de Sumatra dans la mer dti

Indes fut apporté en Angleterre en 1752 II étoit extrêmement

vif & plein d'adion : il étoit approchant de la grofleur d'un chat do - merticjue ordinaire .... c 'étoit un mâle .... il a vécu un an entre mes mains; je rencontrai une femelle de la même efpcce qu'on montroit par curiofué à Londres , elle étoit la moitié plus grande que mou mâle; ils parurent fort charmés de fe voir cnfemble , quoique ce fût leur première entrevue. Glmures d'Ew'ards , pi-^gcs S Ù" ^

Tom.e XI K Zi

178 Histoire Natu re lle, ire.

Ôi d'un jaune -roufTâtre fur le ventre; il marche tantôt fur deux pieds 6c tantôt fur quatre : il a deux pieds ou deux pieds Se demi de hauteur lorfqu'il efl debout. La femelle eft fujette à l'écoulement périodique.

179

«»»»«»j'p<m!j»«»n,wi ' xtHt'fiMiiTÊ sexr^iTiexsxawsjmcsmatK

DESCRIPTION

DU Al A 1 M 0 N.

V> ET animal (pi. xix ) efl de taille moyenne, il a îe mufêau iong & la tête grofTe à proportion du corps ; mais le nuifeau eft encore plus gros relativement à la grofîeur de la tête ; les oibites i\ts yeux font fort fîiillantes dans leur partie fupcrieure : le nez a aufîi une lâillie bien marquée à fon origine entre les deux yeux; mais dans le refte de (on étendue, il eft prefqu'entièremejit aplati, excepté fur le bout qui e(t un peu relevé; la cloifon d^s naiines a très-peu d'épaillcur , & par conféquent leurs onverlures le trou- vent placées au-de(îous du nez; les oreilles font de médiocre grandeur &: terminées en haut par une petite pointe tuberculeulè, comme dans les macaques &: plufieurs autres animaux de ce genre; le bout &. le delTus du mulêau , le tour des yeux , les oreilles , la plante àts pieds Se les doigts prefqu'en entier, font dénués de poil ; la peau de toutes ces parties &: du rededu corps eft de couleur de chair; la queue eft très-courte , fort menue, fur-tout à l'extrémité, «lie a peu de poil , elle eft prerqu'entièrement nue fur le côté inférieur, &: elle fe recoquille en deftbus comme celle d'un cochon : c'eft pourquoi on a défigné ce linge par le nom de fuige à queue de cochon ; il a des poches dans la bouche, & des callofités fur \ts ït^zi : le nombre des dents eft de trente-deux , içs canines ne font pas plus longues que les autres ; le gland diffère de celui de la plupart des autres linges par la forme de fon extrémité, il eft terminé par trois tubercules, dont deux font oblongs & placés fur \ti côtés ; le troifiçme eft arrondi , plus

Zij

i8o Description

petit que les deux autres & placé fur le devant; l'orifice de fu- rèire fe trouve entre ces trois tubercules. Ce finge difîcre auHl des autres, en ce que la verge n'efl /aillante que dans le temps de ieredion ; il n'a point de bourfes; les tcflîculcs font placés fous la peau, l'un à côté de l'autre, au-devant de la verge. Il y a fur le bout du mufeau , à l'endroit d&s fourcils & audeffus dj nez i.\cs poils longs, rares & noirs; le poil du front, de la ttte, du delTùs du cou , du garrot , du dos , des lombes & du côté fupérieur de la queue eil: mcié de couleur olivâtre & de noir; les côtés de la léte & du corps , & la face externe du bns , de i'avant-bras , de la cuilTe oc de la jambe font de couleur oîi\âtre, excepté le bas de la jambe qui ell noir près du talon ; le poil du delfous & i^ts côtés dw cou , de la poitrine , du ventre 5c de h. face interne dts quatre jambes ed rare iSc de couleur jaunâtre, avec une teinte de roux fur le ventre 6c fur les culfTes.

pieds, pouc. lignes. Lon<yucur Ju corps cniier , inefuié en ligne droite

depuis le bout du mufeau jurqu'à l'anus i.

Longueur de la tête depuis le bout du mufeau juf- qu'à l'occiput a

Circonférence du bout du mufeau //

Circonfciencc du mufeau , prife au-deH^ous des yeux. n

Contour de rouvcrture de la bouche //

Diflance entre les deux nafeaux n

Diftancc entre le bout du mufeau & l'angle antérieur de fœil u

Diftance entre l'angle poftérieur & l'oreille tt

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre *

Ouverture de l'œil #

Diflance entre les angles antérieurs des yeux , en fuivant la courbure du chanfrein k

^.

u

4.

1 0.

8.

2,

6.

2.

3-

4.

H

I.

I.

9'

I.

9-

U

S.

II

4-

M

8.

D V M A 1 M ON, I 8 I

plcJs. pouc. lipnc»,' La môme clîftance en ligne droite // /, ^^

Circonfcrence de la lête , entre les yeux & les oreilles. // i o. 2.

Longueur des oreilles u \. i ,

o

Largeur de la bn(e, mcTurée fur la couibure extérieure. // 1.9.

Diftance entre les deux oreilles, prife au bas // 2. 8.

Longueur du cou n i . g.

Circonférence du cou zr C. 6,

Circonfcrence du corps, prife derrière les jambes

de devant /, ^i. j.

La même circonférence à l'endroit le plus gros. , . i. i. //

La même cfrconfe'rence devant les jambes de derrière. // 8. 6,

Longueur du tronçon de la queue // j. 4.

Circonférence à l'origine w 2. 2.

Longueur de l'avant bras depuis le coude jufqu'au

poignet ff 6. Il

Circonférence du poignet // ■>, j.

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des on»les. // ?. 8.

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 6. 7.

Longueur dejmis le talon jufqu'au bout des ongles .. . // 5. j.

A l'ouverture Je FabJomen , j'ai vu que iVpiploon s'ctenJoit jufqu'au pubis; le foie ctoit en entier dans le côté droit, & l'cf- tomac à gauche.

Le duodénum seter.doit jufqu'au rein; le jéjunum faifôit /es circonvolutions dans la région épigadiique & dans l'ombilicale; Jes circonvolutions de l'ileum étoient dans la région lombaire droite, dans l'ombilicale, dans la lombaire gauche & dans l'iliaque du même côté : enfuite l'ileum pafîbit dans l'hypogaflre & abou- tifToit au cœcum dans l'iliaque droite; le cœcum étoit fituédans cette région & dirigé obliquement vers le pubis ; le colon s'étendoit

Z iij

i82 Description

en avant dans h région lombaire droite Se dans ' hypocondre du mcme côté jurqu'à 1 cpigadre , d'où il prolongeoit en arrière & enfuile en avant en faifant de grandes circonvolutions; enfin, il fe ioignoit au reclum fans avoir de courbure comme dans ï'homme.

Le pancréas & l'eflomac différoient peu de i'eflomac & du pancréas de l'homme ; il m'a paru que le fond du grand cul-de- iâc avoit moins de diamètre que dans l'homme.

Le coecum étoit plus long que celui de l'homme , il n'avoit point d'appendice vermiculaire ; le rectum n'étoit pas gros , & en général les membranes avoient moins d'épai(îèu« que dans l'homme.

Le foie avoit quatre lobes, le plus grand étoit placé dans le milieu 6c divifé en deux portions inégales par une profonde fcifîiire dans laquelle trouvoit le ligament fufpcnfoir ; la véfi- cule du fiel étoit incruflée dans la face pollérieure de la portion droite de ce lobe qui étoit la plus grande; il y avoit un lobe à gauche &: deux à droite; le lobe pofiérieur du côté droit étoit le plus petit de tous. II y avoit plufieurs hydatides dans le foie, les plus groifes avoient jufqu'à un pouce &: demi de diamètre, &: rcnfermoient d'autres hydatides plus petites, qui avoient cha- cune leur kifie; il fe trouvoit auiTi deskiftes roulés & renfermés dans quelques-unes de ces hydatides ; la véficule du fiel étoit fort alongée : la rate contenoit une très-groiïè hydatide qui la rendoit difforme , & qui avoit plus d'un pouce & demi de diamètre.

Le rein gauche étoit plus avancé que le droit d'environ fa moitié de fa bngueur; ils différoient peu de ceux de l'homme par leur forme, leur enfoncement, leur baffmet , &c.

Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes , & le ^auche ^e deux comme dans la pluprt des quadrupèdes ; le cœur avoit

DU AI A I M O N. 18?

h pointe un peu toiirnce à gauche : il refTenibîoit beaucoup à cdui Je l'homme par fa figure; il ne forloit que deux branches de la crofîè de l'aorte , mais la plus groffe partageoit en deux autres branches à une petite diiUnce de fon origine.

La langue ctoit nioiiis large &: plus longue que celle de l'homme, & moins cpaKîè à l'extrcmiié; elle étoit couverte de très-petites papilles &: de grains blancs & glanduleux ; il y avolt fîir la partie policrieure quelques peiites glandes à calice, rangées fîir deux files, dirigées obliquement de devant en arrière &. de dehois en dedans ^ deux à droite, trois à gauche &: une à l'angle formé par les^ deux files.

Le gland de la verge étoit terminé par un champignon , comme dans les autres animaux de ce genre ; les teflicuies étoient prefque- ronds; les canaux déférens avoient à peu près le même diamètre dans toute leur longueur; les véhcules (cminales étoient grandes &. bien formées; les proltates avoient peu de volume: la vtfîle- étoit oblongue.^

pîevis. poiK. lignes^. Longueur des inteHins giêles depuis le pylore juf--

qu'au cœcurn y. 6. 11

Circonférence du duodénum // 1 . C.

Circonférence du jéjunum . n 2. u

Circonférence de l'ileum dans les endroks les plus gros. // i, /, Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus

minces .7 i . 6,.

Longueur du cœcuin // 2.. 6,-

Circonférence du-cœcum à l'endroit le jîlusgros. . . h J. 5?.

Circonférence du cœcurn à l'emlroit le plus mince. . ;/ 3* >*

Circonférence du colon dans les endroits les-pius gros. // <y. n Circonférence du colon dans les endroits les plus

minces ,,.,,,........,»..,.,., n ^, 4

184. Description

picilf.

Circonférence du rcâum près du colon /'

Longueur du colon & du redum pris enfemble. . . 3. Longueur du canal inteflinal en entier , non compris le

coecum ' *

Grande circonférence de l'eftomac 1 .

Petite circonférence de i'eftomac /'

Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à l'œibijiiage //

Profondeur du grand cul-de-fic //

Circonférence de l'œfophage //

Circonférence du pylore u

Longueur du foie "

Largeur "

Sa plus grande épainéur //

Longueur de la véftcule du fiel //

Son \)\\xs grand diamètre //

Longueur des reins /r

Largeur "

Epaineur /'

Longueur du centre nerveux depuis la veiiîe-cavc

jufqu'à la pointe /'

Largeur h

Circonférence de la bafe du cœur n

Hauteur depuis la pointe jufqu'à b naiflânce de J'artère

pulmonaire //

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. . . u

Diamèu-e de l'aorte, pris de dehors en dehors. ... u

Longueur de la langue //

^Longueur de la partie antérieure, depuis le fiiet jufqu'à

jVxtrcuiité n

poiic.

li^iiefî

I.

9'

9'

il

3-

II

//

9-

1 o.

2.

//

Z.

z.

I .

3-

I.

6.

3-

6,

5-

fi

1 .

M

2.

5-

//

7*

1 .

6.

I. z,

// I O.

I. 6, u

7'

3-

3- 6.

Il s.

Largeur

*

DU M A I AI O N. 1 8 5

r^iccis. pouc. ligne».

Largeur de la langue z, , ^ g

Longueur du gland ;, */ i r.

Circonférence i, §^

Cil conférence du champignon y ,, j q.

Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps

caverneux jufqu'à l'infeidon du prépuce t i. i o.

Circonférence ,i ^, g

Longueur des teflicules (^^

L^i'geur M M ^.

ÉpaiiTeur ^ ^,

Largeur de I epididyme y 2 -.

Longueur Aqs canaux déférens zz a ,.

Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue . // h h i

H T.

Grande circonférence de la vefîie n 5. 10.

Petite circonférence u a, 3.

Longueur des véficuies féminales h i . i .

Largeur ^.

Épaifieur y ^ ,

r

Le maîmon a plus de rapports avec le macaque qu'avec le papion & le mandrill , par la forme de la icte dccharnce * ; cependant les bords àts orbites des yeux font moins gros &: moins élevés ; le crâne efl beaucoup plus grand ; les arêtes de l'occiput font moins Taillantes , & les angles que forment les branches de la mâchoire inférieure font moins arrondis.

Les dents font en même nombre que celles du macaque, mais elles en diffèrent beaucoup par la figure; les deux incifives dii iniiieu de chacune àts mâchoires du maimon font plus larges que celles du macaque ; les canines font très - petites.

* Voyez ci-après la dcfcription du fqUelettc du Macaque. '-

Tome XiV. A4

iS6 Description

tes vertèbres Joifales Se lombaiies , les côtes Se les os d\î flernum , relTemblent à ceux du macaque , pour le nombre , h forme & (es articulations; les trous ovabires font plus grands.

La queue eftcompoflje de vingt ou vingt-une fauffes vertèbres ^ dont les trois ou quatre dernières font extrêmement petites , les autres ont Ci peu de longueur que la queue eft très-courte, quoi- qu'elle ait un affez graivJ nombre de faufîcs vertèbres.

Les clavicules font moins longues & plus grofTes que celles du macaque ; les os des jambes lont plus longs & moins courbes ; ies os du métacarpe , du mctatarfe & les phalanges des doigls- font aufli plus longs que ceux du macaque.

pieds, pouc. lignes» Longueur Je la tête depuis le bout des mâchoires

jufqu'à l'occiput " 4- 5 ï"

La plus grande largeur de h tête " -• Z*

Longueur de la mâchoire du defl'ous , depuis Ton

extrémité antérieure jufqu'au bord poftéiieur de

l'apophyfe condyloïde " 3' ^'

Epaifieur de la pajiie antérieure de l'os de la mâchoire

du dedus // f 4*

Largeur de la mâchoire du dcfllis, à l'endroit des

dents canines m i 4*

Diftance entre les orbites & i'ouvenure des narines. . // // 7-!;^

Longueur de cette ouverture n h y\'

Largeur // // 47.

Longueur des os propres du ne2 h h 5? |.

Largeur à l'endroit le pfus large h h \ \^

Largeur des orbites h i. w

Hauteur 11 11 10.

Longueur des dents canines // v 3 |;.

Largeur du IjaiHn h i.

/'/. l/A .J'.T.y.u'^O'

MAIATON

DU AI A I AI O N. I 87

pitds. poiic. ligne*.

Hauteur ^ I . n .

Longueur des plus longues f-iuHes vericbres de la

queue ^^

Longueur de l'omoplate ^ 2. o.

Longueur de l'hunicrus r ,

Longueur de l'os du coude u c , q.

Longueur de l'os du rayon y c 5,

Lonaucur du fe'niur. , ... r «'

Longueur du tibia r r

Longueur du péroné ,/ ^, , q^

Longueur du premier os du mctacarpe , qui cH le

P'"s court g p.

Longueur du troifitme os du nictacarpe , qui eft le

pl"sIong ^ ,. j^

Longueur du premier os du niétatarfe , qui eft le])Ius

^■o"" n I. r.

I-ongucur du troificme , qui cft le plus long // \. 6.

Longueur de la première phalange du pouce i^^^ pieds

de devant /, ,, ç *^

Longueur de la féconde ,1 // 5,

Longueur de la première phalange du troificme doigt. // u 11.

Longueur de la féconde // // j^

Longueur de la troificme // n 4,

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de derrière C\,

Longueur de la féconde u n 3 i.

Longueur de la première phalange du troificme doigt, n n 1 1 |.

Longueur de la féconde // // yl.

Longueur de la uoifième // // 4,

Aa i;

i88 Description

DESCRIPTION

DE LA PARTIE DU CABINET

qni a rapport à l'HiJtoire Naturelle

DES BABOUINS.

N.° M C C C I I. La peau d'un Papion.

C'est la peau d'un grand Papioii , elle eft boiirrce ; les couleurs du poil reffemblent à celles du papioii qui a fervi de fujet pour la defcription de cet animal.

N.° M C C C I I I.

Le fquelette d'un papion.

C'eft le fquelette d'un grand papion . il a fervi de fujet pour la defcription & les dlmenfions àts os de cet animal.

N.° M C C C I V.

Autre fquelette de papion.

Ce fquelette a été tiré d'un papion de petite taille, mais adulte : car les arêtes olTeufes de l'occiput & du crâne font plus groffes & plus faillantes que fur le fquelette précédent : celui dont il s'agît ici, en diffère par la forme <^qs côtés de la mâchoire qui font moins enfoncés ; l'os facrLvm elt compofé de quatre faulîès ver- tèbres &: la queue de dix-fept, elle paroît être entière : quoiqu'il y ait dans l'os ficrum de ce fquelette une fàulle vertèbre de plus

DU Cabinet, 189

que t^ans celui du fqueletle prcccdent : celle diiiucnce peut n'éne qu'une vaiictc enire des individus demcme e(pèce : elle (c trouve dans refjxxe humaine.

N." M C C C V.

Autre fquelct te de papion.

Ce troifième fquelette e(l encore moins grand que le fécond, &. la tcle e(l à proportion moins groflè ; les joints (\ts épiphvTcs paroilîènt fur quelques os, il n'y a qu'une petite arête Iran fverlîiie fur l'occiput ; les bords des orbites des yeux font peu fciilians & ont peu d'cpaideur; les dents canines font courtes, &c. H y a lieu de croije que ce [quelette vient d'une jeune femelle de papion ; quoiqu'il ioit plus petit &: moins formé que les deux prcccdens , il y a de chaque côté du nez une éminence olîèufe plus grande que dans les deux autres.

N.'^ M C C C V r.

Os de la verge d\in papion.

Cet os vient d'un papion de la petite race, il a w\\ demi-pouce de longueur fur deux tiers de ligne de diamètre, il e(t prefqus droit & de figure approchante de la cylindriqiie.

N.° M C C C V I I.

Le fquelette d'un mandrUl.

n; m c c c V 1 1 1.

Le fquelette d'un rnaimon.

Les defcriptions &: les dimenfions de ce fqiielelte, 6c de celui cui efl: rapporté fous le numéro précédent , font partie des defcriptions du mandrill &: du mai mon.

A a iij

190 Histoire Natu relle

LE MACAQUE ^ et L'AIGRETTE^*.

JL^E toutes les Guenons ou Singes à longue queue, Je Macaque (pi. xx) ell celui qui approche le plus

* Macaque. Macaquo , nom de cet animal dans Ton pays natal , à Congo , & que nous avons adopté.

Cercophhecus Angolenjls nuijor , in Congo vocatur Alacaquo. Marcgr.

Bijl- nat. Brafil. p^g. 227-

Cercophhecus -cynocephalus ex vïrîdcfcentihus & jlavicantilus p'd'is variegatus. Le cercopithcque- cynocéphale, ^n^'. Reg. ûnim. pag. 213. Nota. Il me femble que M. Biin"on a fait ici un double em])loi , & que le fin^e qu'il indique dans l'ariicle fuivant par la dénomination de lercopithecus-cymccphalus naribus bifdis, elatis, natibus calvis le macaque,

£{1 le même animal.

Sïrma (yEgypliaca) caudâ elongatâ, clunibus tulerofis nud'is. Voyage .d'HafTelquifl. Ronock, 1762. Nota. Lepithète ^^j/^^wra a été niai appliquée à ce fiiige, qui ne s'eft trouvé en Egypte, que parce .qu'il y avoit été apporté ; ce que nous difons efl d'autant mieux fonde que ce Voyageur fe conucdit lui-même, car nprcs avoir appelé cet animal finge d'Egypte, il dit dans le même article qu'il vient d'Ethiopie ; l'on fait d'ailleurs qu'il n'y a aucime efpèce de finge <iui (bit naturelle au pays de l'Egypte , & que tous ceux qu'on y voit viennent d'ailleurs par la voie du commerce. Etfi in yEgypto (dit Profper Alpin ) nullum fimiarum genus nafcatur , cvjvjlibet tamen gcnens & ex Arabià felici & ex y£thiopiâ immenfœ mercaturœ causa illuc convehuntur. Hifl. ^gypt. lib. IV, pag. 240.

Cynamolgos. Simia caudata, imberbis, naribus bifdis, elaîis ; chinibuS îubcrofis. Linn. Syjl. nat. edit. X , pag. 28.

* * Aigrette, cette guenon ne nous paroît être qu'une variété du Macaque, nous l'avons appelée ï Aigrette, parce qu'elle a un grand <^pi de poil au-deÛus de la tête ; nous croyons que c'eft le mêine que

DU M ACACiUE if de l'Aigrette, içt

des Babouins ; il a comme eux, le corps court cfv ramaffc la tcte groiFe , le mufeau Jarge , le nez plat , les joues ridées, & en même temps, il eft plus gros (^ plus ^^rand que la plupart des autres guenons ; il c(l aufTi d'une laideur hideufe, en forte qu'on pourroit le regarder comme une petite efpèce de babouin , s'il n'en dif- féroit pas par la queue qu'il porte en arc comme eux ^ mais qui e(l longue Si bien touffue : au lieu que celle des babouins en gênerai, cft fort courte. Cette efpèce efl originaire de Congo <Sc des autres parties de l'Afric^ue méridionale * , elle efl nombreufe &. fujette à p'ufîeurs variétés pour la grandeur, les couleurs ôl h difpofition du poil. Celui qu'Haffelquid a décrit avoit le corps long de plus de deux pieds, <5c ceux que nous avons vus ne l'avoient guère que d'un pied 6c demi; celui que nous appelons ici Vaigrate (pl.xxi) ^ parce qu'il a fur le fommet de la tcte un épi ou aigrette de poil , ne nous a paru qu'une variété du prenucr auquel il reffemble en tout, à Texception de cette dificrence 6c de quelques autres légères variétés dans le poil ; ils ont tous <S.^\\\ les mœurs douces 6c font affez dociles mais indépendamment d'une odeur de fourmi ou de faux mufc qu'ils répandent autour d'eux; ils font fi

XAigula de M. Linna?us. Syjl. nat. ed'it. X , png. ay , indiqué par OfLeck, fous fa dénomination Smûa cudatâ fub barbala gr'ifea, cmi- nent/â pilosâ vertkis longitudlnalï. Itiner. pag. prj.

* Cercophhecus Angolenfis Mncaquo Caudam portât arcuatam

Clamât hah , hah ; dentés habet alh'iffmos.. . . Penem habet humano fimileia kijlar pueri. Marcgr. Jiif, na[. Brafil. pag. 227.

192 Histoire Naturelle

malpropres , fi laids & nicmc (i affreux lorrqu'ils font la grimace qu'on ne peut les regarder fans horreur & dégoût. Ces guenons vont fouvent par troupes 6i fe raffemblent, fur-tout, pour voler des fruits (Se des lé- gumes. Bofman raconte qu'elles prennent dans chaque patte un ou deux pieds de milhio , auUint fous leurs bras 6c autant dans leur bouche, qu'elles s'en retournent ainfr chargées, fautant continuellement fur les pattes de der- rière. Si que quand on les pourfuit, elles jettent les tiges de milhio qu'elles tenoicnt dans les mains â-i fous les bras, ne gardant que celles qui font entre leurs dents, ahn de pouvoir fuir plus vite fur les quatre pieds ; au refte { ajoute ce Voyageur), elles examinent avec la dernière cxaclitude chaque tige de milhio qu'elles arrachent, 6i fi elle ne leur plaît pas elles la rejettent à terre 6l en arrachent d'autres : en forte que par leur bizarre déli- cateffe elles caufent beaucoup plus de dommages, encore que par leurs vols *.

Caraâîères diftinâifs de ces efpèces»

Le macaque a des abajoues 6c des callofités fur les fclTes, il a la queue longue à peu près comme la tcte & le corps pris enfembfe, d'environ dix-huit à vingt pouces; la tète groffe, le mufeau très-gros, la face nue, livide 6c ridée, les oreilles velues, le corps court 6c ramaiïe, les jambes courtes 6cgrofres ; le poil des parties fupé- rieures efl d'un cendré-verdâtre, 6c fur la poitrine 6c le

♦Voyage de Bofinaii, Lettre XlY , poge 2^8 ù' fuïy,

ventre

duAÏACAQUE ir de L*Al GUETTE, 193 ventre d'un gris-jaunâtre; il porte une petite crcte de poil au-deiïiis de la tête; il marche à quatre Sl quelque- fois à deux pieds; la longueur de fon corps , y compris celle de la tête, ell d'environ dix-huit ou vingt pouces. Il paroît qu'il y a dans cette efpèce des races beaucoup plus grandes <Sc d'autres plus petites, telle que celle qui fuit.

L'aigrette ne nous paroît être qu'une variété du ma- caque, elle eft plus petite d'environ un tiers dans toutes les dimenfions : au lieu de la petite crête de poil qui fe trouve au fommet de la tête du macaque, l'aigrette porte un épi droit <5c pointu ; elle femble différer encore du macaque par le poil du front qui eft noir, au lieu que fur le front du macaque il eft verdâtre; il paroît aufîi que i'aigrette a la queue plus longue que le macaque , à proportion de la longueur du corps. Les femelles dans ces efpèces font fujettes, comme les femmes, à l'écoulement périodique.

Tome XIV. Bb

Î94 Description

DE S C R I P T I O N

DU MACAQUE.

La taille du Macaque (pj. xx) efl courte & cpaifîè: car il a le corps & les jambes beaucoup plus courts &: plus gros que la plupart à^s autres animaux de ce genre ; la téie efl aufTi fort grofFe à proportion du corps , & le mufeau encore plus gros à proportion de la tcte; le nez eft fort court & prefqu'entièrement aplati; les yeux font petits & enfonces, parce que les bords fupcrieurs des orbites &: la partie de l'os frontal qui efl au-deiïLis du nez , ont beaucoup de fiiliie; les joues du macaque qui a fèrvi defujet pour cette defcription étoient livides, teintes de rougeâtre & ridées : ces rides, la groiïèur du mulêau, l'afFaiflêment du nez &: la (âiilie de l'os frontal , rendoient la face de cet animal fort hideufe : 1 élévation de la partie inférieure de l'os frontal, formoit une concavité fur fi partie fupérieure. Les oreilles étoient de grandeur moyenne & velues pre(c]u'en entier : il y avoit fur la partie poflérieure de chaque oreille deux découpures afîêz profondes, dont je ne fais mention que parce qLi'elles étoient fimétriques fur les deux oreilles ; cependant ces découpures peu- vent venir de bleffures accidentelles , & n'être pas àt^ caractères conflans , parce qu'on n'en voit point dans aucune autre efpèce de finge; la queue étoit grofîè & longue quoiqu'elle eût été coupée à l'extrémité ; les feffes étoient pelées ; la plante des pieds avoit une couleur livide, &: les ongles étoient noirs, ceux àts pouces étoient plats & ceux des autres doigts étoient plies en gouttière, fur-tout dans les pieds de derrière.

DU Macaque, 195

Le poil du fommet de la tête, de Ibccipul, du defïïis &: à^s côtes du cou , du dos Se de la partie Tupcrieure des côtes du corps , (\ts épaules , de la face extérieure du bras , du côté antérieur de l'avant -bras, & de la face extérieure de la cuilfe, étoit de couleur mêlée de jaune- verdâtre «Se de cendré , parce que chaque poil étoit de couleur cendrée-claire fur la plus grande partie de fa longueur , depuis Li racine ; il y avoit plus haut fucceffivement du jaune- verdâtre & du cendré - brun. Les côtés de la tête, la mâchoire inférieure, la gorge, le detîous du cou, \qs aiffelles, la poitrine, le ventre, la partie inférieure des côtés du corps, les aînés, &: la face antérieure d^s quatre jambes étoient de couleur jaunâtre & grifâtre ; les fefies , la queue , la face ex- térieure de la jambe (Se le pied de derrière étoient gris. Il y avoit furie milieu du fommet de la tête, entre les oreilles, une petite crête, haute de Quatre ou cinq lignes, qui étoit formée par le poil, &: qui s'étendoit de devant en arrière; Çqs plus longs poils avoient deux pouces &: demi de longueur.

pieJs. pouc. ligiiM»

Longueur du corps entier , mefuré en ligne droite

depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus i, 6. è.

Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à i'occiput. . . é H

Circonférence du bout du mufeau u

Circonférence du mufeau prife au-deffous des yeux. . . //

Contour de l'ouveriure de la bouclic u

Diflance entre hs nafeaux //

Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur

de l'œil n 2.. u

Diflance entre l'angle poftérieur & l'oreille // 2. 4.

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // /' 8.

Ouverture de l'œil '/ n 4.

Bb ij

4.

10.

5-

3-

7-

6.

4-

8.

//

2.

jç6 Description

pieds, pouc. lignes. Diftance entre les nngles antérieurs des yeux en fuivant

la courbure du chanfrein " " i

La même dirtance en ligne droite n " 7*

Circonférence de la tête pri(e entre les yeux & les

oreilles " i o.

Longueur des oreilles // i 6,

Largeurde la bafe, mefurée fur la courbure extérieure, u 2. 4.

Dillance entre les deux oreilles prife au bas u 2. i i.

Longueur du cou /' i ^.

Circonférence if 8. 4.

Circonférence du corps prife derrière les jambes de

devant I. » 5.

Circonférence à l'endroit le plus gros i . i . 10.

Circonférence devant les jambes de derrière // 9. 6.

Longueur du tronçon de la queue i . 6. h

Circonférence à l'origine // 4. 10.

Longueur de Tavant-bras depuis le coude jufqu'au

poignet // 5 . 6.

Circonférence du poignet h 3. 6.

Longueur depuis le poignet jufcju'au bout des ongles. h 3. 8.

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // y 6.

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . . // 5. n

Ce macaque pefôit douze livres deux onces. Lepiploon se- tendoh jufqu'au pubis , il k replioit entre les inteftins & fe prolongeoit un peu en avant; le foie étoit placé beaucoup plus à droite qu'à gauche; i'eftomac fe trou voit pofé un peu obli- quement dans le côté gauche, & la rate étoit dans la fituation ordinaire.

Le duodénum fe replioit au fortir de i'eftomac avant de joindre au jéjunum, dont les circonvolutions ctoient dans la région

DU Macaque. 397

ombilicale : l'ileum faifôit les Tiennes dans la partie poftérieure de fa même région & dans la région hypogaftriqiie ; le cœcum éloit placé dans le côté droit & prolongeoit obliquement à gauche &: en arrière ; le colon s'étendoit un peu en avant dans le côté droit , fe replioit en dehors , fe prolongeoit en arrière , paiïbit de droite à guiche dans la région hypogaflrique , & s'étendoit en avant dans le côté gauche jufqirà l'eflomac , il faifoit quelques fïnuofités fous le rein gauche ; & enfin , il fe joignoit au redum.

Le duodénum étoit plus gros à l'endroit il aboutiffoit au jéjunum que dans le refle de fa longueur. Le jéjunum & l'ileum avoient à peu près autant de diamètre l'un que l'autre ; le cœcum ctoit court, gros &: de figure conique ; le colon avoit autant de diamètre que le cœcum à Ton origine, enfîiite il diminuoit peu ù peu de groiïêur jufqu'au redum ; les membranes de l'efiomac &i des intefUns étoient très -minces. Il y avoit trois bandes ten- dineules fur le cœcum , le colon & le redum.

Le grand cul-de-fàc de l'eflomac avoit beaucoup de profondeur, &: ce viicère étoit un peu renflé dans le milieu.

Le foie étoit compofe de trois grands lobes Se d'un petit : le plus grand de tous fe trouvoit dans le milieu, & étoit diviie en deux parties inégales par une fcitkire peu profonde , dans la- quelle palToit le ligament fufpenfoir ; la véficule du fiel tenoit à la portion droite de ce lobe, qui étoit la plus groffe ; les deux autres grands lobes étoient chacun à peu près de la même groffetir , &: placés l'un à droite & l'autre à gauche; le petit lobe tenoit à la racine du lobe droit , & il y avoit un appendice fur la racine du grand lobe moyen. La couleur du foie étoit d'un rouge-foncé ail dehors, & brun au dedans; il pe(oit cinq onces fix gros. La véficule du fiel avoit la forme d'une poire fort alongée, elle contenoil un peu de liqueur du poids de iêpt grains.

B b ii;

1^8 Description

La rate étoit large, cpaiilê &: peu alongée; elle avoit dans toute fon étendue à peu près la même largeur , qui étoit de dix lignes; elle avoit la même couleur que le foie; elle pefoit un gros quarante-deux grains.

Le pancréas éloit un peu alongé , il s'étendoit depuis le duo- dénum jufqu'à la rate.

L'enfoncement des reins étoit peu profond ; le baffinet avoit peu d'étendue; tous les mamelons étoient réunis, 6c toutes les différentes fubftances paroiffoient très-diflinctement ; la furface étoit mouchetée de points gris fur un fond rouge-brun; le rein droit étoit plus avancé que le gauche de la moitié de fi longueur.

Il n'y avoit rien de fingulier dans le diaphragme ; le cœur étoit placé dans le milieu de la poitrine, la pointe dirigée obli- quement en arrière &. en bas ; l'aorte fe divifoit en trois branches.

Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes, dont trois (ABC, pi xx/Zy) étoient rangés de files; le quatrième (^Z)^ qui étoit le plus petit de tous , fe trouvoit placé près de la bafe du cœur. 11 y avoit dans le poumon gauche trois \ohts (EFG) qui étoient rangés de file, comme les trois premiers lobes du poumon droit, &: qui leur correfi:)ondoient par leur figure & leur groffeur; le lobe poflérieur de chaque poumon étoit le plus grand de tous; le lobe antérieur avoit moins d'étendue; le lobe moyen étoit le plus petit des trois, & paroiflbit être encore plus petit dans le poumon gauche que dans le poumon droit.

La langue étoit large , épaiiîè , par(êmée de grains blancs & couverte de petites papilles dirigées en arrière; il y avoit fur la partie poftérieure quatre glandes à calice , deux en avant à une aifez grande diftance l'une de l'autre , & deux en arrière moins éloignées.

Les bords de l'épigloite étoient échancrés dans le milieu , &i

DU MACAQUE. jçç

ceux de l'entrce du larynx formoient de gros tubercules deux de chaque côté. Il y avoit fix ou fept larges filions qui traverfoient ie palais; leurs bords étoient convexes en devant, & ceux des derniers filions étoient interrompus dans le milieu. Le cerveau pefoit une once fix gros & demi , & le cervelet deux gros & dix grains , celui-ci n'étoit recouvert qu'en partie par le cerveau.

Le fcrotum ctoit fort ample, cependant il ne renfermoit pas les teflicules , ils étoient placés au-devant de i orifice du prépuce fous la peau , dans laquelle ils formoient une forte de fcrotum ( AB , pi. XXIII J , ils adhéroient l'un à l'autre & aux parties environnantes ; la place qu'ils auroient occuper dans le vrai fcrotum étoit en partie vide & en partie remplie de graifîe.

Le gland de la verge étoit terminé par un tubercule (C) en forme de champignon, comme dans \qs autres animaux de ce genre; il s'ed trouvé deux corps caverneux dans la verge. La vetfie (D ) avoit la forme d'un œuf; les teflicules (EE) étoient très-gros , de figure ovoïde &: de couleur blanchâtre au dehors , & jaunâtre au dedans; le tubercule de l'épididyme (FF) étoit petit; les canaux dcïc\tns ( G G ) avoient peu de longueur, ils étoient plus gros près des véficules féminales que dans le refîe de leur étendue , ils entroient dans les véficules féminales / H H) qui étoient très -grandes & collées contre le redum (JJ; elles avoient une figure prifinatique & elles étoient terminées en pointe & compofces de vaifîêaux qui avoient jufqu'à une ligne &: deinie de diumètre : au contraire les proflates étoient très-petites , fort compaéles & de figure ovoïde , elles communiquoient dans l'urètre par un petit tuyau qui avoit environ trois lignes de longueur.

pieds, pouc, fignef. Longueur des inteflins grêles depuis le pylore jufqu'au

cœc"m 7. // /,

200 Description

pieds, pouc. ligne*.

Circoiiférence du duodénum " ^' 9"

Circonférence du jéjunum ^ ^' "

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus

gros " ^' 4-

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus

minces " ^' "

Longueur du cœcum » ^' 4"

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. // 7. 4.

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus mince. . /' 1. 6. Circonférence du colon dans les endroits les plus

gros " 7* 4*

Circonférence du colon dans les endroits les plus

minces " ^' 9^

Circonférence du rcdum près du colon // 2. p.

Circonférence duredum près de l'anus n 3. 2.

Longueur du colon &du redum pris enfcmble. ... 3. 3. " Longueur du canal inteflinal en entier , non compris

le cœcum 10. 3 . n

Grande circonférence de l'eflomac i. 2. h

Petite circonférence " 10. 0.

Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à l'œfophage // 2. u

Profondeur du grand cul-de-fac u z. 2.

Circonférence de l'œfophage // i. »

Circonférence du pylore u i. 6.

Longueur du foie /' 3. 9.

Largeur n ^

Sa plus grande épaifleur // // 10.

Longueur de la véficule du fiel u i . 4.

Sojn plus grand diamètre »... » u u 7.

Longueur

DU Macaque. 201

pieds, pouc. lignes.

Longueur de la rate ^ ,,

Largeur de l'extrémité inférieure u u 8.

Largeur de l'extrémité fupérieure g y^

Epaifieur dans le milieu y . ^

Epaifleur diî pancréas 2.-.

Longueur des reins i, o.

L^''^^"'- // I. I.

ÉP'-^iireur ^ ^^

Longueur du centre nerveux , depuis la veine-cave

jufqu'à la pointe /, i . 4.

^'^'■geur ,, ^, ,,

Circonférence de la bafe du cœur m 4. 6.

Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naifllmce de l'ar- tère pulmonaire u i. 8.

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. u 1.4.

Diamètre de l'aorte , pris de dehors en dehors ... h ,1 3 .

Longueur de la langue /, 2.. 2.

Longueur de la partie antérieure , depuis le fifct

jufqu'à l'extrémité j ^

Largeur de la langue ,0.

Longueur du cerveau ,/ 2. 2.

Largeur ^, ,^ ,^

Épailfeur , . , ^

Longueur du cervelet u g l^

■Largeur j, , .^

Epai^eur p^

Longueur du gland n u i © i.

Circonférence

Circonférence du champignon // i . a

Tome XIV. C

c

202 Description

pieds, pouc. ligne?; Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps

caverneux juf([u a i'iiifcrtion du prépuce " ^- "

^. c Il tl Q.

Circonrerence ^

Longueur des teflicules " ^ ' ''

Largeur

■.'^ -rr Il H 10.

tpaiileur

' I

Largeur de 1 cpididynic " " ^ ï*

■J^ -n- Il II \.

Epaiileur

Longueur des canaux dcfc'rens " 5- 9'

Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue. /♦ " " I'

Grande circonférence de la veflie " 9' "

Petite circonférence " 7*

Circonférence de l'urètre " " 9-

Longueur des véficules féminales " -• 4-

T Il n 9-

Ltrgeur -^

Épaifleur " " 5-

Longueur des proflates,

H u 4:'

Il tl 2.

H H 2..

Largeur

Épaiiïeur

Le fquelette du macaque (pi. xxiv) e(l remarquabie entre ceux des autres animaux de ce genre, par la grolTeur & ia faillie à^ bords fupérieurs des orbites, qui sclèyent jufqu'à huit lignes au-de(îus de la partie poflcrieure de i'os frontal ; le bourrelet qu'ils forment s'étend d'une orbite à l'autre, mais il n'efl pas auffi fiillant au-detius du nez qu'au-deffus ^ts orbites; l'apophyfe orbitaire de l'os frontal & celle de l'os de la pometle, font très -grandes & donnent autant de groiïèur &: de faillie à la partie externe du bord des orbites qu'il en a dans fa partie fupcrieure : il y a deux «raires arêtes ollèufês fur l'occiput, l'une iranfverfale & l'autre

DU M A C A Q U II. 203

longitudinale; la preinicreeft la plus foile. Le macaque furpa^fcle magot , le mandrill & le papion , par le volume des bords de its orbites ; l'ouverture à^s narines efl à proportion plus cloianée des orbites que dans le magot , &: le mufeau efl plus long ; [qs angles de la mâchoire font plus recourbes.

Les dents refTemblent à celles du mandrill & du papion , par le nombre, la forme & la fituation.

Les trous ovalaires étoient plus arrondis, & ils avoient moins d'étendue que ceux du magot : il y avoit vingt-deux fiuffes ver- tèbres dans la queue; i'os du rayon étoit beaucoup plus courbe & plus éloigné de l'os du coude que dans le fquelette du magot.

Il n'y avoit que dix os dans le cai-pe du fquelette du macaque, fur lequel cette delcription a été faite ; je n'y ai pas vu le premier os iurnuméraire, dont j'ai fait mention dans la defcription du fquelette du gibbon. Le tarfê étoit compofé de huit os , comme dans ce finge.

Le premier os du méîatarfe eft à proportion plus long & pkis gros que dans le magot , & par conféquent le pouce a plus de longueur, relativement à celle d^s doigts ; au refle les os du ma- caque m'ont paru ne différer de ceux du magot, que par des proportions que l'on ne peut reconnoître, qu'en comparant la table fuivante , avec celle des dimenfions des os du magot.

pieds, polie, ligne*; Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires

jufqu'à l'occiput // 4. 4.

La plus grande largeur de la tête // 3. it

Longueur de la mâchoire du deffous, depuis Ion extrémité antérieure jufqu'au bord poriérieur de l'apophyfe condyloïde // 3. 2.

Epaifleur de la partie antérieure de l'os de la mâ- choire du defllis Il II 4'

C c ij

204 Description

pieds, polie, ligne?; Largeur de la mâchoire tludenusà l'endroit des dents

canines '

Diftance entre les orbites & l'ouverture des narines. // n 7-

Longueur de cette ouverture " " 7*

Largeur " " 5*

Longueur des os propres du nez /' n 9'

Largeur à l'endroit le plus large " " 3 i*

Largeur des orbites " " ^ ^ î*

Hauteur " " ^ î*

Longueur des dents canines " " 5?-

Largeur du baflln " ' 7-

o

Hauteur " ^- ^'

Lonoueur de la plus longue fiiufie vertèbre de la

queue " ^ ' *

Longueur de l'omoplate " 3 "

Longueur de l'humérus " 4- 4*

Longueur de l'os du coude " 5- "

Longueur de l'os du rayon n 4* 5*

Lono^ueur du fémur " 5* 3*

o

Longueur du tibia " 4- ^ <^'

Longueur du péroné " 5*

Longueur du premier os du métacarpe, qui eft le

plus court ^ >/ 8 j^

Longueur du iroifième os du métacarpe , qui eft: le

plus long M I I ^.

Longueur du premier os du métatarfe , qui eft le

plus court // I . /^ |.

Longueur du troifième , qui eft le plus long // i . j.

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de devant m b 5.

DU Macaque,

pieJi. pouc.

Longueur de la féconde

Longueur de la première phalange du troifièiiie doigt. // //

Longueur de la féconde u h

Longueur de la troifième

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de derrière

Longueur de la féconde ^

Longueur de la première phalange du troifième doigt. // //

Longueur de la féconde y, ^

Longueur de la troifième ^ ^

20J

lignes,

3-

10.

6.

4-

6,

4-

ici. 8.

•"^ # *

V C iij

2o6 Description

LUIIJMU J II m I ■■limill H !■! !■■ IWTll

DESCRIPTION

DE L'A IG RETT E.

Cet animal (planche xxj) nous a été donné fous le nom Je Miicû^ue coniii , pour une efpèce dilTérente de celle du macaque iimplement dit : mais quoiqu'il eût le corps d'un tiers moins long que celui du macaque, je penfe qu'il y a lieu de foupçonner que ces àQwx animaux font de même efpèce. La prétendue corne de celui dont il s'agit ici , n'efl qu'un toupet c^e poil, qui fe trouve fLir le front eu forme d'aigrette, &: qui a déterminé M. de Buffon, il donner à l'animal le nom à^ Aigrette. La longueur du poil de celle partie 6c de toute autre peut varier dans diftérens individus, Se ce caraélère eft d'autant plus incertain dans le cas préfent, qu'il y a auffi fur la tête du macaque wn toupet de poil , qui forme une forte de crête le long du fommet entre les deux oreilles. Les couleurs du poil étoient les mêmes fur ces deux animaux, excepté que l'aigrette avoit au poil du front une cou- leur noire qui ne paroiffoit pas fur le macaque. Les proportions du corps étoient auifi à peu près les mêmes dans l'un &: dans l'autre , ils étoient courts & gros en comparaifon de la plupart àcs autres animaux de ce genre ; mais l'aigrette n'avoit qu'un pied de longueur , depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue , qui étoit longue de quinze pouces ; tandis que fur le macaque , dont j'ai fait la defcription , la première de ces di- nienfions avoit fix pouces de plus, & la féconde trois : mais il faut remarquer que la queue du macaque n'étoit pas entière, & que l'on n'a pas fu l'âge de ces deux animaux; fi l'aigrette

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DE l'A I G R ET T E, loy

n'avoit pas encore pris tout (on accroiirement, ildevoit en effet être plus petit que le macaque. Les diffcrences de la longueur &. de la couleur du poil du front, pourroient bien venir auffi de la différence de l'âge.

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2o8 Histoire Natu relle

L

LE P A T A S

E Patas efl encore du même pays & à peu près

de la même grofTcur que le Macaque ; mais il en diffère,

en ce qu'il a le corps plus alongé , la face moins hi-

deufe 6v le poil plus beau ; il cft même remarquable

par la couleur brillante de fa robe, qui eil à\\n roux

fi vif qu'elle paroît avoir été peinte ; nous avons vu

deux de ces animaux qui font variété dans l'efpèce,

le premier f pl.xxvj porte un bandeau de poils noirs

au-dcffus des yeux, qui s'étend d'une oreille à l'autre;

le fécond f pi. xxvi ) ne diffère du premier que par lu

couleur de ce bandeau qui eft blanc, tous deux ont du

poil long au-deffous du menton 6i autour des joues ,

ce qui leur fait une belle barbe ; mais le premier l'a

jaune , Sl le fécond l'a blanche : cette variété paroît en

indiquer d'autres dans la couleur du poil , Si je fuis

fort porté à croire que l'efpèce de guenon couleur de

chat iauvage dont parle Marmol '^ , & qu'il dit venir

du

* Nom de cette efpèce de Guenon ou Singe à longue queue dans ion pays natal au Sc'négal , & que nous avons adopté , on l'appelle vulgairement le Singe rouge du Sénégal.

En arrivant à Tabao , Brue trouva une nouvelle efpèce de fînge d'un rouge fi vif qu'on l'auroit pris pour une peinture de l'art. . . , Les Nègres les nomment Patas. Relation de Brue. Hijloire générale des voyages , tome 11 , page j 2 o.

* J-es finges de couleur de chat (auvage avec la queue longue & fe

mufeau

ce

ce

ce

D U P A T A S. 209

du pays des Nègres, font des variétés de l'efpèce du patas. Ces guenons font moins adroites que les autres, «Scen'ménie temps elles font extrêmement curieufes ; - je les ai vues (ditBrue * ) defcendre du haut des arbres jufqu'à l'extrémité des branches pour admirer les bar- ques à leur pafTage; elles les confidéroient quelque temps Se paroifTant s'entretenir de ce qu'elles avoient vu , elles abandonnoient la place à celles qui arrivoient « après ; quelques - unes devinrent familières jufqu'à jeter « des branches aux François, qui leur répondirent à coup <c de fufds ; il en tomba quelques-unes , d'autres dcmcu- ce rèrent blefTées , S. tout le.refte tomba dans une étrange ce confternation ; une partie fe mit à pouffer des cris ce affreux , une autre à ramaffer des pierres pour les jeter ce à leurs ennemis; quelques-unes fe vidèrent le ventre ce dans leur main <Sc s'efforcèrent d'envoyer ce préfcnt ce aux fpedateurs , mais s'apercevant à la fin que le « combat étoit du moins égal, elles prirent le parti defe « retirer. »

Il efl à préfumer que c'efl de cette même efpèce de guenon dont parle le Maire : « on ne fauroit exprimer, dit ce Voyageur , le dégât que les fmges font dans ce les terres du Sénégal, lorfque le mil 6c les grains dont ce ils fe nourriffent , font en maturité ; ils s'aifcmblcnt ce

nnifèau blanc ou noir qui s'appellent conimuncment en Efjingne, Galos-paulés, viennent du pays des Nègres. L'Afrique de A'Iarmol , tome 1 , page j- 7.

* Relation de Bruc Htfloîre gcn. àes Voyages, tome II , page x 21, Tome XIV, \^i.\

}>

2IO Histoire Naturelle

quarante ou cinquante; l'un d'eux demeure en fentinellô fur un arbre , écoute <Sc regarde de tous côtés pendant » que les autres font la récolte ; dès qu'il aperçoit quel- >> qu'un , il crie comme un enragé pour avertir les autres, » qui , au fignal , s'enfuient avec leur proie , fautant d'un >. arbre à l'autre avec une prodigieufe agilité : les femelles qui portent leurs petits contre leur ventre , s'enfuient » comme les autres, <Sc fautent comme fi elles n'avoient

î>

rien \ "

Au refte , quoiqu'il y ait dans toutes les terres de l'Afrique un très-grand nombre d'cfpèces de fmges , de babouins 6l de guenons, dont quelques-unes paroifient aiïcz femblables , les Voyageurs '^ ont cependant re^ marqué qu'elles ne fe mclent jamais, & que pour l'ordi- naire cbaque efpèce liabite un quartier différent.

Caradères dijîinâifs de cette efpèce.

Le patas a des abajoues Si des callofités fur les feffes , fa queue c(l moins longue que la tcte <Sc le corps pris enfemble ; il a le fommet de la tcte plat , le mufeau long , le corps alongé , les jambes longues ; il a du poil noir fur le nez <Sc un bandeau étroit de même couleur au- deiïlis des yeux , qui s'étend d'une oreille à l'autre ; le

* Voyages de le Maire , pages i o ^ ù' i 04.

^ On s'eiigngeroit dans un dttail infini fi l'on vouloit décrire toutes les efpèces de finges qui fe trouvent depuis Arquin jufqu a Sierra- Leona; ce qu'il y a de plus remarquable, c'eft qu'elles ne (e mêlent point & qu'on n'en voit jamais de deux fortes dans le même quartier. Hijioire générale des voyages , tome II , page 221.

DU P A T A S, 211

poil de toutes les parties fiipérieiires du corps efl d'un roux prefque rouge , <Sc celui des parties de defTous , telles que la gorge, la poitrine <Sc le ventre , efl d'un gris jaunâtre. Il y a variété dans cette efpècc pour la couleur du bandeau qui efl au-defliis des yeux , les uns l'ont noir Sl les autres blanc. Ils n'agitent pas leur mâ- choire, comme le font les autres guenons lorfqu'elles font en colère ; ils marchent à quatre pieds plus fouvent qu'à deux , Se ils ont environ un pied S: demi ou deux pieds, depuis le bout du mufcau jufqu'à l'origine delà queue. Il paroît, par le témoignage des Voyageurs, qu'il y en a de plus grands. Les femelles font fujettes, comme les femmes , à un écoulement périodique.

Dd ij

212 Description

DESCRIPTION

DU PAT AS À BANDEAU NOIR,

Le mufeau du Païas ( pJ. xxv ) efl long, &: Tes yeux font enfonces ; ii a le delFus l^s orbites Se la partie fupcrieure du nez fort faiilans, la tête un peu alongce & un peu aplatie par le fômmet. Les oreilles font minces, elles n'ont point de rebord, & elles (ont en partie garnies de poils afîèz loJigs. Le corps efl effilé; les jambes font longues Se toutes à peu près de la même longueur; la queue efl groffe & longue, quoiqu'elle ne fût pas entière dans le patas qui a fervi de fujet pour cette defcriplion. La face de cet animal étoit de couleur de chair; il avoit la plante dits pieds de couleur brune, &: les ongles noirs; ceux des pouces ctoient plats, Se les autres ctoient plies en gouttière; il y avoit fiir la partie poflérieure dts os ilchions deux callofitès afîèz larges, entre lefquelles fe trouvoit la vulve : car c'ttoit une femelle.

Le nez ètoit revêtu d'un poil court 8c noir ; une bande de la même couleur s'ctendoit d'une oreille à l'autre en palîânt fur la partie fupcrieure des orbites des yeux ; de forte que les fourcils éioient noirs. Cette bande a fait donner au finge, dont il s'agit, le nom de Paiûs à handeaii noir. Les fourcils ctoient compofes de poils longs , Se il fe trouvoit quelques autres poils longs & noirs au-delTus de la lèvre fupérieure à côté des narines ; le deffus du front, le fommet de la tête, l'occiput, la face fupe'rieure du cou, le dos , les côtc's du corps , la croupe , la face fupérieure de l'ori- gine de la queue & la face extérieure des aiifîès, étoient de couleur roulTe-foncée, avec quelque mélange de noir & de gris, parce qu'il y avoit beaucoup de poils, dont l'extrémité étoit noire, &

du P A T A s a bandeau noir, 2 1 2

qu'il fe troLivoit du gris au-defTous de ce noir. L'epauIe, la face extérieure du bras , de l'avant-bras & de la jambe ; la face fupc- rieure de la queue &: dts pieds , avoieiit une couleur rouflè , pâle & mêlée de gris; les joues, le bout du mufcau, la gorge.' ledefTous & les côtés du cou; \ts ailîdles, la face iiuérieure dj bras & de l'avant-bras; la poitrine, le ventre, les aines, la face intérieure de la cuilîè & de la jambe , & la face inférieure de la queue étoient de couleur grife , mêlée de jaune 5c de cendré fur plufieurs de ces parties ; le poil étoit rude, le plus longavoit jufqua trois pouces & fe trou voit fur l'occiput, fur le detfus & les côtés du cou, & fur la partie antérieure du dos <Sc des côtés du corps.

Longueur du corps entier , niefuré en ligne droite, depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus

Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu a l'occiput

Circonférence du bout du mufeau

Circonférence du mufeau prife au-deffous des yeux. .

Contour de l'ouverture de la bouche

Diftnnce entre les deux nafeaux

Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur de l'œil

Diftance entre l'angle poftérieur & l'oreille

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre

Ouverture de l'œil

Diflance entre les angles antérieurs des yeux

La même diftance en ligne droite ^

Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles.

Longueur des oreilles ,

Largeur de la bafe , mefurée fur la courbure extérieure.

D d 1//

pieds.

pouc.

lignes.

I.

6.

Il

H

3-

10.

II

3-

6.

II

î-

u

II

3-

u

II

//

2,

II

1.

6.

II

z.

2.

II

Il

;•

II

II

4.

II

II

y

i

II

3'

//

9-

6.

II

1.

2..

II

2.

4.

214 Description

plcdi. pouc. lignes.

Diftance entre les deux oreilles prife dans le bas.... u 2. i o.

Longueur du cou

Circonférence du cou "

Circonférence du corps, prife derrière les jambes de

devant

La même circonférence à l'endroit le plus gros >/ 1 i ^.

La même circonférence devant les jambes de derrière, /f 9- »

Longueur du tronçon de la queue i- 2.. //

Circonférence à l'origine " 3 "

Longueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au

° „, Il j. u

poignet '

Circonférence du poignet " 3* "

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. u 3 ■^'

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. * 7. #

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles . . // 4.

Cet animal pefoit huit livres &: demie ; i epiploon s etendoit jufqu'aLi pubis; j'ai trouve dans la partie poftérieure de i'épiploon un petit prolongement membraneux , auquel tenoit un ver (pl.xxvîl, fg. I ) redemblant à une petite corne d'ammon: il étoit compofé de pluiieurs anneaux , il décrivoit un tour & demi de fpirale ; dans celte altitude , le groupe qu'il formoit avoit trois lignes de diamètre & une ligne d'épaiffeur. La peau de ce ver paroi(îbit être un peu cartilagineufe , elle renfermoit une fubflance molle & prefque liquide.

Après avoir enlevé 1 epiploon , j'ai vu le cœcum dans le côté droit dirigé de devant en arrière; le colon s'étendoit dans le milieu de l'abdomen auffi de devant en arrière , il fe replioit dans ia région hypogaftrique & k prolongeoit en avant dan* le côté gauche , prefcjue jufqu'à l'endroit du cartilage xyphoïde , il fe

du P AT A S Cl bandeau noir, 215

recourboit en haut <Sc en arrière avant de joindre au redum : on voyoit dans le côté droit, entre le cœcum 8: le colon un pe- loton de circonvolutions desinteflins grêles; l'eflomac etoit placé en entier dans le côté gauche ; le duodénum avoit très-peu de longueur & ne formoit, pour ainll dire, qu'une courbure fort courte, depuis le pylore jufqu'au jéjunum; \ts circonvolutions de cet inteflin &: celles de l'ileum ctoient toutes dans le côté droit, entre le cœcum & le colon , comme ii a déjà été dit.

Leftomac étoit petit &: oblong; le gra-.xl cul-de-fâc avok beaucoup de profondeifr , »8c la partie droite étoit afîèz courte ; ie duodénum avoit beaucoup plus de diamètre que le jéjunum &: l'ileum ; le cœcum (AB, pi. xxvii ,fg. 2) étoit court 5c de figure conique ; le colon (C ) étoit auiïi gros que le cœcum près de cet inteftin , mais il diminuoit peu à peu de grofîèur juftju'au recT:um; il y avoit trois bandes tendineulês fur le colon; ies membranes de i'eftomac & Ats inteftins étoient fort minces.

Le foie étoit beaucoup p'us étendu à droite qu'à gauche , il avoit trois grands lobes & un petit , le plus grand de tous étoit dans le milieu & divile en deux portions inégales par une fciffure peu profonde, fe trou voit le ligament fulpenfoir; la portion la plus grofle étoit à droite & renfermoit la véfrcule du fiel qui y étoit incrufiée ; il y avoit un grand lobe à gauche en entier ; le troilième des grands lobes étoit à droite &: le petit lobe tenoit à fa ncine. Le foie avoit une couleur un peu plus pâle au dedans qu'au dehors , il pefoit cinq onces deux gros & demi ; la véficule du fiel avoit une figure prefque cylindrique, elle contenoit une liqueur de couleur jaunâtre- foncée, du poids de dix-fèpt grains.

La rate (pi xxvil > fg- S ) ^^^^^ ^^^"^ ^^ ^^^^ gauche , placée comme à l'ordinaire , elle avoit beaucoup d'épaifîèur & peu de longueur; l'extrémité inférieure (A) étoit plus large & plus

2l6 D E s C R I P T I O N

groflè que l'extrémité fupérieLire (B) ; ce vifcère avoit trois faces ôc une couleur rougeâtre au dehors & i>oirâtre au dedans : on voyoit fur fa furface plufieurs tubercules d'un rouge aiïèz vif, il pefoit trois gros 6c quarante-huit grains.

Le pancréas étoit peu étendu , mais fort épais.

Le rein droit étoit un peu plus avancé que le gauche, ils avoient l'enfoncement peu profond , le baflinet peu étendu Se les mamelons confondus enfèmble : on voyoit diftindement les rayons, qui s'étendoient depuis le centre jufqu'à la circonférence.

Le centre nerveux & la partie charnue du diaphragme éloient fort minces. Le cœur trouvoit placé dans le milieu de la poi- trine, la pointe dirigée en arrière fans étie inclinée à gauche, il étoit court & prefque rond , il n'y avoit qu'une petite branche à côté de l'aorte afcendante. Les poumons étoient très -viciés & pleins de gros tubercules : on diflinguoit deux lobes dans le poumon gauche ; le poumon droit étoit d'une feule pièce , mais on y diflinguoit quatre lobes par des joints , dont les parois (èm- bloient avoir été collées les unes aux autres , de façon que l'on déchiroit plutôt les lobes que de féparer \ts parois de leurs joints; ces quatre lobes auroient été femblables à ceux de la plupart des autres quadrupèdes s'ils avoient été fâins : car il y en avoit trois, rangés de file &: le quatrième qui étoit le plus petit de tous fe trouvoit près de la bafè du cœur.

La langue étoit épai^fe, arrondie par le bout, couverte de papilles très-petites &: parfemées de grains ronds ; il y avoit fur la partie poflérieure trois gi'olîès glandes à calice , une en arrière & deux en avant, elles formoient un triangle par leur pofition; il stn trouvoit deux autres plus petites, placées chacune entre la groffe glande antérieure & la poftérieure de chaque côté.

L'épiglotte étoit échancrée à fon extrémité; les bords de l'entrée

du

du P AT A S à bandeau noir, 2 i y

du larynx formoient quatre tubercules , deux fur chaque bord; le poftcrieur de chaque côté ctoit beaucoup plus gros &: plus élevé que l'antérieur.

II y avoit fur le plais huit filions , dont les bords étoicnt larges & élevés , ils étoient tous convexes en avant dans leurs parties droite & gauche , les derniers étoient interrompus dans le milieu de leur longueur.

Le cerveau étoit giand, les lobes moyens defcendoient fort bas , &: les lobes poltérieurs étoient terminés en pointe & re- couvroient le cervelet en entier ; les parties latérales du cervelet: étoient logées dans une échancrure qui fe trouvoit de chaque côté du cerveau, entre le lobe moyen &: le lobe poflérieur ; il y avoit fur le cervelet des cannelures tranfverfales, qui setendoient d'un côté à l'autre ; le cerveau pefoit deux onces fept gros &: demi , &: le cervelet trois gros.

Le gland du clitoris (A, pi. xxvill, qui rcpréfeinc le vn^in ouvert) étoit terminé par un champignon femblable à celui du gland de la plupart des mâles de ce genre ; il y avoit fur ce champignon un petit fillon qui s'étendoit le long du côté fupé- rieur du gland. L'orifice (B, marqué par un filet C D ) dt l'u- rètre (E) fe trouvoit à fept lignes de diflance du gland du clitoris; & dans cet endroit du vagin il y avoit un rebord tranfverfal (FGJ qui s'étendoit fîir ks parois intérieures , elles étoient ridées en différens fcns Se fort épaiffes; fe vagin étant enflé fe trouvoit beaucoup plus gros entre l'orifice de l'urètre &: la matrice, qu'entre cet orifice &: la vulve ; il formoit auffi une convexité entre l'orifice de l'urètre & la matrice ; l'orifice (H) de la matrice n'étoit pas placé comme à l'ordinaire au fond du vagin, mais fur ia face inférieure près du fond; ks bords formoient un bourrelet qui avoit fix lignes de droite à gauche , &: quatre lignes de largeur de devant Tojrie XJK £ e

2i8 Description

en arrière ; l'orifice éloit en forme de fente tranfverfâle. La vefTie ( J) avoit une figure ovoïde &: un peu rctrécie dans le milieu par un étranglement. Le col ( K) de la matrice ctoit fort long, & la matrice (^Lj avoit une figure triangulaire;- les trompes fortoient immédiatement l[cs deux angles du fond ; !es tcfticules (MM) tenoient à un grand pavillon, ils ctoient parfêmcs à l'extérieur & compofts à i'intcrieur de petites caroncules jaunâtres ; j'ai aufTi fait reprcfenter fur h planche xxvlii l'anus A', & une portion 0 P du reélum.

pieds pouc. lignes» Longueur tles Imeftins grêles depuis le pylore jufcju'au

cœcuin C. 8. //

Circonférence du duodénum u 2. 3.

Circonférence du jéjunum // i . 6.

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus

gros ;/ 2. it

Circonférence de Tilcum dans les endroits les plus

minces // i . 6.

Longueur du ccecum // 2. 6.

Circonférence du ccecum à l'endroit le plus gros. . . // 4. 6.

Circonférence du coecum à l'endroit le plus mince. a 2. 3.

Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. 1/ 4, 6,-

Circonférence du colon dans les endroits les plus

minces n z. u

Circonférence du reduin prés du colon // 2. //

Circonférence du reétum près de l'anus h 4. /;

Longueur du colon &du rectum pris enfemble .... 2. i o. // Longueur du canal inteftinal en entier, non compris

le ccecum c^, 6. 11

Grande circonférence de i'eftomac i . i . tt

Petite circonférence h o. u

du P AT A S à bandeau jio'ir. 2 1 9

I>icd5. pouc. lignot.

Longueur de la petite courbure , depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à rœfophage // i.

Profondeur du grand ciii-de-fsiç. // i . j q

Cir.conftirence de l'afophage // j . ^^

Circonférence du pylore ^ i, g^

Longueur du foie ,, y q^

ur

* 4. IQ.

Large

Sa plus grande cpaideur /, j j^

Longueur de la vcficule du fiel // ,. g.

Son plus grand diamètre » ^ g^

Longueur de la rate /, ^. ,^

Largeur de l'extrcmité inférieure // i. j.

Largeur de l'extrémité fupéricure ,/ j^

Epaiflcur dans le milieu , // (, ^,

Epaifîèur du pancréas 2 -.

Longueur des reins ^ j, jq^

Largeur ^ i .

EP'ii^eur 8.

Longueur du centre nerveux depuis la veine-cave

jufqu'à la pointe // j. 4.

î-^rgeur ^ i . j o.

Circonférence de la bafe du cœur // 4. 7,

Hauteur depuis la pointe jufqu'à lanaifllmce de l'artère

j:)ulmonaire zz j . j q.

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. . h 1.4.

Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors. ... // // 3 1.

Longueur de la langue // z. n

Longueur de la partie antérieure depuis le fiJct jufqu'à

i'extrémité // s 7.

Largeur de Ifl langue u n S.

Ee i;

2ZO DESCRIPTION

pieds, pouc. ligncsi

Longueur du cerveau '' ^ ' ^'

Largeur -^

tpaiflcur ' ^ *

Longueur du cervelet " ^

, Il \ . 6.

Largeur

Epailleur

DJflancc entre l'anus & la vulve " " ^•

Longueur de la vulve " " '>'

Longueur du vagin " ' * 9*

Circonierence.

Grande circonférence de la vefDe " ^- 9*

Petite circonférence -'

Longueur de l'urètre " " ^'

Circonférence " " ^'

Longueur du col & du corps de la matrice " i- -•

Circonférence du corps : . . . " i 4"

Diflance en ligne droite entre les tefticules& la matrice. // /' 9.

Longueur de la ligne courbe que parcourt la trompe . * 1.6.

Longueur des teRicules * " 5*

Largeur " *' "*'

Épaiflcur " " 'î-

En comparant le rquelette du patas à bandeau noir , avec celui du macaque, l'on reconnoît ai fcment que ces deux am maux font d'efpèces différentes ; le premier a l'os du front beaucoup plus convexe ; il efl plus t'Ievc que les bords àcs orbites qui ne font pas plus gros dans cet animal que dans la plupart desquadrupt'des, tandis que le macaque diffère non-feulement du patas à bandeau noir, mais peut-ctre de tout autre animal, par l'exceffive grofîeur des bords de cqs> orbites , & par leur faillie au-deffus 4u refte de l'os

du P A T A S à bandeau noir. 21 1

frontal : celte différence clans la forme de la lête de ces deux animaux efl trop grande pour n'c:'tre qu'une varictc dans des in- dividus de même efpèce : d'ailleurs il y a encore d'autres carac- tères qui prouvent que le patas à bandeau noir , efl d'une efpcce diainde de celle du macaque; l'efpace qui fe trouve entre ks bords fïipcrieurs dts orbites efl plus faillant; ks os du nez font plus relèves & ont moins de largeur d'un côté à l'autre du nez; i'arcadc; zygomatique efl moins courbée en haut. Il n'y a point d'arêtes offeufes fur l'occiput. Les branches de la mâchoire in- férieure font moins relevées.

Il y a douze vertèbres dorfales & douze côtes de chaque côté, huit vraies & quatre fuifîès , comme dans le macaque; mais le fternum efl compofé de huit os ; les premières côtes , m\t de chaque côté, s'articulent avec la partie antérieure ciu premier os du fternum; l'articulation des fécondes côtes efl entre le premier &: le fécond os ; celle iks troifièmes côtes, entre le fécond & le troihèmeos, & ainfi de fuite jufqu'aux huitièmes côtes , qui s'ar- ticulent entre le feptième &: le huitième os du flernum.

Les trous ovalaires font plus grands que dans le fquelette du macaque ; il n'y avoit que feize fauffes vertèbres dans la queue du fquelette qui a fervi de fujet pour cette defcription : mais elle n etoit pas entière.

L'omoplate diffère de celle du macaque, en ce qu'il y a plus d'e/pace entje l'épine & le bord antérieur.

L'os du bras a moins de longueur que celui du rayon , tandis quil en a plus dans le macaque; l'os du rayon efl moins courbe &: moins éloigné de l'os du coude.

11 n'y avoit que dix os dans le carpe, le premier des furnu- méraires y manquoit; le tarfe étoit compofé de huit os.

Le premicj os du métatarfe efl moins gros &: moins long que

E e iij

222 Description

dans le macaque , & par confcquent le pouce a moins Je lon- gueur , relativement à celle ^cs doigts ; il efl proportionné comme dans le magot.

plats, pouc. lignes. Longueur de la tête depuis le bout des mkhohcs

jufqu'à l'occiput " 4- 5-

La plus grande largeur de la tête " ^' 7-

Longueur de la mâchoire du dcflous , depuis Ton

exiréniité antérieure, jufcju'au bord poftcrieur de

rapophyfc condyloVde " 2. i i.

Épaifleur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire

dudefTus " " >

Largeur de la mâchoire du defliis, à l'endroit des

, // I . I .

dents canmcs

Diftance entre les orbites & l'ouverture des narines. // // 6,

Longueur de cette ouverture " " ' °-

T Il U 5.

Largeur ^

Longueur des os propres du nez " " 7 ^'

Largeur à l'endroit le plus large " " ^ i-

Largeur des orbites " ^ * " ^'

,, II. Il 9.

Hauteur -^

Longueur des dents canines " " 5 !•

Largeur du baiïin " '* 9 î-

Hauteur

Longueur des plus longues faufles vertèbres de la

// 1.5.

queue -*

Longueur de l'omoplate " 3- 3-

Longueur de l'humérus " 5 ^•

Longueur de l'os du coude " ^- °*

Longueur de l'os du rayon " 5.10.

Longueur du fémur " ^- ^V

/'/ XX r /•,,,, 122.

PA ms . i BANDE ^ ir NOIR .

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PL XXI in IW7.222.

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du P AT A S à bandeau mh\ 2 -> ->

picJi. pouc. Iigiic5«

Longueur du tibia ^^ ^^

Longueur du pcroné z, ^

Longueur du premier os du métacarpe , qui cH le plur,

^û^^^'^ » 8

Longueur du troifjtuie os du métacarpe, qui efl le

PÏ"5^0"g // ,.3.

Longueur du premier os du inétaiaife , qui font les

P'"s courts ,, j , ^

Longueur du troifième qui efl le plus long « i . q

Longueur de la première'phalange du pouce des pieds

de devant . ^ ,, . r

' " 4 !•

Longueur de la féconde 2..

Longueur de la première phalange du troifiémc doigt. // // p.

Longueur de la féconde // /, ^ i^

Longueur de la troificme ^ 4.

Longueur de Ja première phalange du pouce des

pieds de derrière y; f, ^

Longueur de la féconde ,/ j 1.

Longueur de la première phalange du troifième doigt. // // g.

Longueur de la féconde zr // 5^,

Longueur de la troifième // # ? i.

Le patas à bandeau blanc fj)/. xxvi ) m'a parti ne différer dti patas à bandeau noir , que par la couleur dz ce bandeau : cette

tliffcrence eft bien légère pour cai'adcrifer une efpcce ; je croî^-

que l'on peut ne la regarder que comme une varictc ^Ims dc3 individus de même efpèce, jufqu'à ce que l'on ait des obfervations fur toutes \ts parties du corps de cet animai.

224 Histoire Natu relle

LEMALBROUCK*

ET LE BONNET-CHINOIS**.

V->ES deux Guenons ou Singes à longue queue (pi. XXIX èr XXX J nous paroiiTent t-tre de la même efpèce , ôi cette cri3èce, quoique différente à quelques éo'ards de celle du Macaque , ne laiffc pas d'en être afTez voifinc, pour que nous foyons dans le doute fi le Ma- caque, l'Aigrette, le Malbrouck Sl le Bonnet-chinois ne font pas quatre variétés, c'e(l-à-dire, quatre races

* Malbrouck, nom de cet animal clans Ton pays natal , à Bengale, & que nous avons adopte.

Cercop'nhecus primus Chfii Exotic pag. 371. Nota. Ckifjus efl le feul qui ait donné la figure de ce fmge, c(ue Nicrcnihcrg & Jonfton ont copiée : mais Clufius n'avoit pas vu l'animal , il en avoit feule- ment une figure enluminée qu'il dit même avoir fait corriger par {qw Peintre. Je ne fais cette obfervation que pour fonder \m doute que je crois très-raifonnable , c'efl: que le flocon de poil qui efl au bout de la queue efl une imagination du defTmateur; de tous les fincrcs à queue qui nous font connus, il n'y a que \e fagoin mank'ina ou peut lion, qui ait un flocon de poils au bout de la cjucue , encore cela n'efl-il pas fort fenfible : en ôtant donc ce fîocon de poils qui me paroît imaginaire dans la figure donnée par Clufius , ce fmge fera notre malbrouck.

Faunus. Linn. S\J}. rtat. edit. X, pag. ^6.

* * Bonnet-chinois , nom que Ton a donné à cette efjicce de guenon ou finge à longue queue , parce qu'elle a le poil du fbmmet de la tête difpolé en forme de caloitç ou de bonnet plat, comme le font Jes tonnets des Chinois.

confiantes

du Ma lbrouck ir du Bon net-ci i iNois. 225

confiantes d'une feule ôi même crpcce. Comme ces animaux ne produifent pas dans notre climat, nous n'avons pu acquérir par l'expérience aucune connoif- fance fur l'unité ou la diverfité de leurs efpèces , ôi nous fommcs réduits à en juger par la différence de h figure (Se des autres attributs extérieurs. Le macaque Se l'aigrette nous ont paru afTez femblables pour pré- fumer qu'ils font de la même efpèce ; il en eft de même du malbrouck <Sc du bonnet -chinois , mais comme ils diffèrent plus des deux premiers qu'ils ne différent entr'eux , nous avons cru devoir les en féparer. Notre préfomption fur la diverfité de ces deux efpèces eft fondée i ."^ fur la différence de la forme extérieure , fur celle de la couleur ôl de la difpofition du poil, 3.'' fur les différences qui fe trouvent dans les pro- portions du fquelette de chacun de ces animaux , & enfin fur ce que les deux premiers font natifs des contrées méridionales de l'Afrique , Si que les deux dont il s'agit ici font du pays de Bengale : cette der- nière confidération efl d'un auffi grand poids qu'aucune autre ; car nous avons prouvé que dans les animaux fàuvages & indépendans de l'homme , l'éloignement du climat eft un indice afîez fur de celui des efpèces : au refle, le malbrouck 6. le bonnet-chinois ne font pas les feules efpèces ou races de finges que l'on trouve à Bengale * ; il paroît , par le témoignage des Voyageurs,

Nota. Je crois qu'on peut rapporter au malbrouck de Bengale ielpèce de finge à poiJ grilâtre de Calicut dont parle Pyrard ; il cit T^me XIK F f

226 Histoire Naturelle

qu'il y en a quatre variétés, favoir , des blancs, Jes noirs , des rouges 6c des gris ; ils difent que les noirs font les plus aifés à apprivoifer : ceux-ci étoient d'un gris-rouilcitre , 6c nous ont paru privés 6c même afTez

dociles.

« Ces animaux ( difent les Voyageurs * ) dérobent » les fruits <Sc fur-tout les cannes de fucre; l'un (ïtux fait » fentinelle fur un arbre , pendant que les autres fe char- >' gent du butin; s'il aperçoit quelqu'un , il cx'\t hoiip , « Iwiip, houp , d'une voix baute 6c diflinde; au moment » de l'avis , tous jettent les cannes qu'ils tenoient dans la » main gaucbe, 6c ils s'enfuient en courant à trois pieds, » 6c s'ils font vivement pourfuivis , ils jettent encore ce ï» qu'ils tenoient dans la main droite, 6c fe fauvent en » grimpant fur les arbres qui font leurs demeures ordi- » naires ; ils fautent d'arbres en arbres ; les femelles même '^ cbargées de leurs petits , qui les tiennent étroitement « embraiïces , fautent aufîi comme les autres, mais tombent >^ quelquefois. Ces animaux ne s'apprivoifent qu'à demi, » il faut toujours les tenir à la cbaîne; ils ne produifeni » pas dans leur état de fcrvitude , même dans leur pays , » il faut qu'ils foient en liberté dans leurs bois. Lorfque « les fruits 6c les plantes fucculentes leur manquent , ils

( dit ce Voyageur ) défendu de tuer aucun finge dans ce p:iys ; ik font fi importuns , fi fâcheux & en fi grand nombre qu'ils caufent beaucoup de dommage , & que les Iwbitans des villes & des campagnes font obliges de mettre des treillis à leurs fenêtres pour les emjiêcher d'entrer dans les maifons. Voyages de Fr. Pyrard , tome 1 , page ^2 y, * Voyages d'Innigo de Biervillas, part'u IJ% page iy2.

du AlALBROUCK if dllBON NET-CH INOIS. Zlj mangent des infedcs, <Sc quelquefois ils cfcicendcnt fur « les bords des fleuves &i de la mer pour aUra[)cr des « poiffons &. des crabes ; ils mettent leur queue entre les « pinces du crabe , &. dès qu'elles ferrent , ils l'enlèvent « brufquement &. l'emportent pour le manger à leur aife. « Ils cueillent les noix de cocos, 6; favent fort bien en « tirer la liqueur pour la boire , & le noyau pour le manger. « Ils boivent auffi du lûri qui dégoutte par des bamboches « qu'on met exprès à la cime des arbres pour en attirer « la liqueur , & ils fe fervent de l'occafion. On les prend « par le moyen des noix de cocos l'on fait une petite « ouverture; ils y fourent la patte avec peine, parce que « le trou eft étroit , (Se les gens qui font à l'aifLit les prennent « avant qu'ils ne puiiïent fe dégager. Dans les provinces « de rinde babitécs par les Bramans , qui , comme l'on « fait , épargnent la vie de tous les animaux , les fmges , « plus refpcdés encore que tous les autres, font en nombre «c infini ; ils viennent en troupe dans les villes , ils entrent « dans les maifons à toute heure , en toute liberté; en « forte que ceux qui vendent des denrées, 6c fur-tout des « fruits , des légumes , 6cc. ont bien de la peine à les « conferver». Il y a dans Amadabad, capitale du Guza- rate, deux ou trois hôpitaux d'animaux, l'on nourrit les fmges ef^ropiés , invalides, (Se même ceux qui fans ctre malades veulent y demeurer. Deux fois par femaine les fmges du voifmage de cette ville fe rendent , d'eux- mêmes, tous enfemble dans les rues , enfuite ils mon- tent furies maifons qui ont chacune une petite terraffe ,

Ffij

228 Histoire Natu relle

l'on va coucjier pendant les grandes chaleurs ; on ne manque pas de mettre ces deux jours -là fur ces petites terraffes du ris, du millet, des cannes de fucre dans la faifon & autres cliofes femhiables; car fi par hafcird les finges ne trouvoicnt pas leur provifion fur ces tcnaiïcs , ils romproient les tuiles dont le refie de iamaifon e(l couvert, & feroient un grand defordre. Ils ne mangent rien fans le bien fentir auparavant , & lorfqu'ils font repus, ils rempliffent pour le lendemain les poches de leurs joues. Les oifeaux ne peuvent guère nicher fur les arbres dans les endroits il y a beaucoup de finges , car ils ne manquent jamais de détruire les nids Su de jeter les œufs par terre*.

Les ennemis les plus redoutables pour les fmges ne font ni le tigre ni les autres bêtes féroces , car ils leur échappent aifément par leur légèreté <& par le choix de leur domicile au- deffus des arbres, il n'y a que les ferpens qui aillent les chercher &. fâchent les furprendre. « Les fmges, dit un Voyageur, font en poffeffion d'être maîtres des forêts; car il n'y a ni tigres ni lions qui leur difputent le terrain; ils n'ont rien à craindre que les » ferpens , qui , nuit & jour leur font la guerre ; il y en a >> de prodigieufe grandeur, qui tout d'un coup avalent un

* Voyez les voynges de la Boulaye le Gouz, page 2 ^ y, la relation deTbevenot, tome III , page 20 ; le voyage de Gemelli -Carreri , tome V , page 1 6^; le recueil des voyages qui ont lervi à letablifle- ment de la Compagnie des Indes orientales , tome VII, page ^ 6; le voyage d'Orient du P. Philippe, page ^ 1 2 ; & le Voyage de Tavernier, tome III , page 6^.

»

»

du MALBROUCK irdilBON NET-CHINOIS. 229 finge ; d'autres moins gros , mais plus agiles, les vont « chercher jufquc fur les arbres Ils épient le temps « ils font endormis , <5vC. * »

Caraâères d'ijlinâifs de ces efpeces.

Le malbrouck a des abajoues &. des callofitcs fur les fciTes, la queue à peu près longue comme la tête & le corps pris enfemble , les paupières couleur de chair, la face d'un gris - cendré , les yeux grands , le mufeau large (Surélevé , les oreilles grandes, minces (S: couleur de chair : il porte un bandeau de poil gris , comme la mone ; mais au refte il a le poil d'une couleur uniforme , d'un jaune-brun fur les parties fupérieures du corps , (Se d'un gris-jaunâtre fur celles du deïïbus ; il marche à quatre pieds, Sl il a environ un pied" <5c demi de longueur depuis l'extrémité du mufeau jufqu'à l'origine de la

queue.

Le bonnet -chinois paroît être une variété du mal- brouck; il en dilîère en ce qu'il a le poil du fommet de la tête difpofé en forme de calotte ou de bonnet plat , Si que fa queue e(t plus longue à proportion du corps. Les femelles , dans ces deux races font fujettes, comme les femmes, à l'écoulement périodique.

♦Defciipiion hiflorique de Macacar , page ^i.

Ff iij

2^0 Description

DESCRIPTION

DU MA LB ROUC K.

I iF. Malbrouck a le tour des yeux, le nez &: les lèvres de couleur cendrce , & les paupières de couleur de chair; les yeux grands , le bout du nez court & aplati , &: le mufeau gros Se Taillant ; il fe trouve quelques poils lojigs & noirs à l'endroit des fourcils , fur les joues & fur les lèvres; les oreilles font grandes, minces &: de couleur cendrce - rougeâtre.

Le m met & le derrière de la tête, la face fupcrieure du cou, ie dos , les épaules , la lace extérieure du bras , &: la partie fupé- lieure des côtés du corps d'une femelle ( ph xxix ) qui a fèrvi de fujet pour cette defcriplioii , étoient de couleur mêlée de jaune & de noir, parce que chaque poil avoit alternativement du jaune & du noir, ils avoient tous une couleur cendrée à la racine; le front étoii gris près à^i> fourcils en forme de bandeau , à peu près comme le front de la mone , Se la même couleur fe trouvoit fur les joues, fur la gorge, fur la face intérieure du bras ôi de l'a van t- bras, fur la poitrine, fur le ventre, fur la face intérieure de la cuifîè &. de la jambe, & fur le côté inférieur de la queue; la fîice extérieure de l'avant-bras, de la cuilTe & de la jambe, le delTus des pieds, la croupe & le côté fupérieur de la queue avoient «ne couleur cendrée &: noiiâtre ou mêlée de jaune dans quelques endroits. La longueur des plus longs poils éloit de deux pouces ; ia plante des pieds avoit une couleur noirâtre de même que les ongles , ils étoient plies en gouttière. La queue n'étoit pas entière, & le poil qui la recouvroit avoit peu de longueur.

DU M A L B R 0 U C K, 2-, r

piedî. pouc. lignes. Longueur du corps entier, niefure en ligne droite

depuis le bout du muleau julqu'à l'anus i. j. ^^

Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqua l'occiput

* » 4. H

Circonférence du bout du mufeau m <: ,.

Circonférence du mufeau, prife au-deffbus des yeux. // 6. 6.

Contour de l'ouverture delà bouche * o a

Dirtance entre les deux narines ^ ^ ^

DiQance entre le bout du mufeau & l'ano-Ie antérieur

o

^^ 1'°^'' // I. 6.

Diilance entre l'angle poflérieur & l'oreilfe // j , g.

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre zz ^^

Ouverture de l'œil ^

Diftance entre les angles antérieurs des ycux,enfuivant

7-

fa courbure du chanfrein ,/ /,

La même diftance en ligne droite // r

Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles. . // o. 8.

Longueur des oreilles ,/ j q^

Largeur de la bafè, mefurée fur la courbure extérieure. // 2. u

Diftance entre les deux oreilles, prife dans le bas . . . m 2.

Longueur du cou 2.. 11

Circonférence du cou y^ ^

Circonférence du corps, prife derrière les jambes de

devant i . 2. it

La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... i. ?. ■>,

La même circonférence devant les jambes de derrière. // ii. t> Hauteur du bas du ventre au-deflus de terre fous les

flancs /, j. ,,

La même hauteur fous la poitrine // 4. n

Longueur du tronçon de la queue 1. 5, a

0.

Il 6,

232 Description

pieds, pouc. ligne».

Circonférence à i'origine " >'

Longueur de lavant-bras depuis le coude julqu'au

poignet

Circonférence du poignet » 3- -'

Loncrueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 3. ^.

Longueur de la jambe , depuis le genou julqu'au talon. // 6. 6. Longueur dejiuis le talon jufqu'au bouc des ongles. . // 5. //

Cet aniinal pefoit quatre livres huit onces; Icplploon sctendoit jufqu'au pubis; les inledins ctoient placés comme dans la plupart des autres finges , car il y avoit une portion du colon qui se- tendoit tranfverfilement derrière l'edomac.

Le duodénum étoit fort court , il fe replioit en dedans pref- qu'au fortir de i'edomac; le jéjunum faifoit ks circonvolutions dans la région ombilicale & dans les côtés ; celles de l'ileum étoient dans les régions iliaques & dans la partie poftérieure de la légion ombilicale ; le cœcum fe trouvoit placé dans le flanc droit ; le colon s'étendoit en avant , pafToit derrière l'eftomac de droite à «auche, faifoit quelques fmtiofités dans le côté gauche 8l fe joignoit au redum , cjui étoit en partie flottant dans la région Iiypogaflriqtie.

L'edomac étoit fort grand , placé plus à gauche qu'à droite , parce que le grand cul -de -fie s'étendoit en avant dans le côté gauche; le foie étoit prefque entièrement à droite; la rate avoit la même fituation que dans les autres animaux de ce genre &l les autres quadrupèdes.

Les membranes de l'eftomac & des inteftins avoient peu d'é- palflèur; le cœcum étoit gros, court & de figure conique obtufc. Le colon diminuoit peu à peu de grofleur , depuis le cœcum julqu'au re^um : il y avoit trois bandes tendineufes fur le rectum

DU AI A L B R 0 U C K, 233

<5c le colon , dont deux s etendoient jufqu'au bout du cœcum.

La rate avoit la même figure, & le foie le même nombre de lobes que la rate & le foie du papion : mais la vcficule du fiel du malbrouck ctoit de figure irrcgulière, elle avoit unç. forte de bulle ou de poche près de fon pédicule ; au refte , elle ctoit oblongue: la rate & le foie avoient une couleur rougeâtre, auiïi pûle au dehors qu'au dedans ; le foie pelôit deux onces cinq gros , &: la rate un gros &. iêize grains ; la vcficule du fiel ctoit piefcjue vide.

Le rein droit ctoit plus avancé que le gauche , leur enfon- cement n ctoit pas j^rofond ; le bafiinet avoit peu d'étendue ; les mamelons n'éioient point diftinc^, mais on reconnoifîbit aifément la fubltance corticale.

Le centre nerveux ctoit peu étendu; la partie charnue du diaphragme ctoit tort épaiiîè.

Le cœur étoit placé dans le milieu de la poitrine ; le poumon avoit quatre lobes à droite & deux à gauche comme dans le papion ; il ne (ôrtoit que deux branches de la crofîè de l'aorte.

Le palais, la langue, l'épi^lotte , l'entrée du larynx, le cerveau 6c le cervelet rellembloient à ces mêmes parties , vues dans, le papion; toute la difierenceque j'y ai obfervée , c'efi; qu'il y avoit quatre glandes à calice fur la partie pofiérieure de la langue, ^eux en avant &: deux en arrière , les premières étoient à cinq lignes de diilance l'une de l'autre, & à àtixx lignes (Si demie de dillance l\ç.s poitérieures. Le cerveau pefoit deux onces un grcs &. trente-fix grains , &: le cervelet fix gros &: iix grains.

Le malbrouck qui m'a (èrvi de fujet pour la ddcrjption dts

parties de la génération du mâle , étoit à peu près de la même

grandeur que la femelle dont il a été fait mention ; il n'y avoit

dms les teinies à^^s couleurs que des difFcrences fi L'gères qu'elks

Tom^XIV, G s

2^4- Description

ne fLiffifoient pas pour défigncr-Line autre efpèce que celle de fa femelle dont j'ai fait la defciiption.

Le fcrolLim ctoit grand , & l'orifice du prcpuce fe trouvoit place fur la partie inférieure de fa face antérieure ; le gland ctoit termine par un champignon, comme dans lesauties animaux de ce genre ; la veiïie avoit la figure d'une poire alongce ; la bande de Icpitlidyme qui fe trouvoit collc'e fur le tefiicuie , étoit large &: cpaiffe; les canaux dcfcrens avoient peu de longueur & à peu près la même grofîèur dans toute leur étendue ; les véficules fé- minaies étoient longues Se fe terminoient en pointes : on voyoit ieurs cellules bien apparentes, & il m'a paru que les profiates étoient placées près de leurs racines & fo]-moient un tubercule , dont la fubftance éloit plus compade que celle des véficules fcminales.

Le gland (A , pi. xxxi ) du clitoris de la femelle étoit à trois lignes de difiance de l'entrée de la vulve , &. il y avoit un petit fillon (AB) qui s'étendoit d'un bout à l'autre de cet efpace; le gland paroilîoit double, parce qu'il avoit la figure de celui de la verge du mâle , &; que l'on ne voyoit que les deux lobes qui ie terminoient & qui tenoient au prépuce. L'intérieur du vagin (BC) étoit ridé en dificrens fêns & tapiffé d'une membrane veloutée. La vefiie ( D) avoit à peu près la figure d'une poire , & l'urètre étoit \\hs-zo\x\\.Yloù^zt ( E, marqué parun jlïktC F) de la matrice (G) fe trouvoit entre deux lobes à peu près pareils à ceux du gland du clitoris: ces lobes étoient placés i'un au-deiïus de l'autre &: l'inférieur étoit plus grand que le fupérieur. La matrice étoit plate & triangulaire , elle n'avoit point de cornes ; les trompes aboutifîbient chacune à un petit pavillon , il ne tenoit <]u'à l'un à(ts côtés du tefticule (H H) qui étoit oblong & de couleur jaunâtre très-pâle ; je n'y ai point vu de caroncules ni de

DU AI A L B ROU C K. 23 J

véficiileslymph:uiq'.ies: j'ai aufli fait reprc.'ènter {wï\\ planche xxxi l'anus (_1) Si une portion f/i L) du recTium.

picJ:. poiic. ligne:. Longueur des intenins grêles depuis le pylore jufqu'au

cœcum 6. 6. j

Ciiconfcrence du duodénum , // i. o.

Circonférence du jéjunum // 2.. 11

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. // 2. 3,

Circonltrence de l'ileum d.ins les endroits les j)[us

minces. // i . 4.

Loïigueur du cœcum // i . c).

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. . . h 5, //

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus mince, . // 2. 3.

Circonféreiîcc du colon dans les endroits les plus gros. // 4. C.

Circonférence du colon cians les endroits les plus

minces // 2. 3.

Circonférence du re(n;um près du colon // 2. 3.

Circonférence du redlum près de l'anus // 2,. h

Longueur du colon & du redum pris cnlembje. . . 2. 3. //

Longueur du canrJ inteftinal en entier, non compris

le cœcum 8. 5). h

Crande circonférence de l'eftomac // 11. 10.

Petite circonférence /' 9. 8.

Longueur de la petite courbure depuis l'angle que

forme la partie droite julqu'à l'œfophage // i, //

Profondeur du grand cul-de-fac // i. 8.

Circonférence de l'œfbphnge n n i o.

Circonférence du pylore /' i . 6.

Longueur du foie // 2. 8.

Largeur // 4. 7.

Sa j)lus grande épaifieur // u 7.

LQnefuçur de U véficule du fiel /' i . 3

236 Description

pials. pouc. ligncî,

Son plus grand diamètre " " 5-

Longueur de la rate ' ' / *

Largeur de rextrémitc inférieure " ' "

Largeur de l'extremiic lupérieure " " 5*

ÉpaifTeur dans le milieu " " 3-

ÉpaifFeur du pancréas " ' ' 1'

Longueur des reins " ^' 4"

Largeur " " ^ °-

Épaiiïeur " " ^'

Longueur du centre nerveux depuis la veine-cave

julqu'à la pointe " " ^*

Largeur " " '^•

Circonférence de la bafe du cœur. " 3* ^*

Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naifïïmce de l'artère

pulmonaire " '* 4'

^î.

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fac pulmonaire. . » i. i.

Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors // //

Longueur de la langue " * 5

Longueur de la partie antérieure depuis le filet jufqu'à

l'extrémité " " 7'

Largeur de la langue " "' 7*

Longueur du cerveau " 2.. 4.

Largeur " -• ^•

ÉpaifTeur " « i i i

Longueur du cervelet n n ^•

Largeur > " i ^'■

Épaifleur /' " ^•

Longueur du gland /' ^ i i

Circonférence " ^ i '•

Circonférence du chairrpignon // 1.

// I o.

// u

7- 4-

DUMALBROUCK. i^y

t J i I î I -r I pieds, pouc. lignes.

Longueur de la verge depuis la bituication des corps

caverneux jufqua rinlèrtion du prépuce // z. 2.

Circonférence w // 10.

Longueur des teflicules // i . ^ //

Largeur m

ÉpaifTeur //

Largeur de 1 epididyme tt

Epaiflcur //

Longueur des canaux déférens u 5. é.

Dianicire dans la plus grande partie de leur étendue. // // /? -

Grande circonférence de la veHle i. // //

Petite circonférence //

Circonférence de l'urètre //

Longueur des véficules féminales ... n i. 6

Largeur // // 6

EpaifTeur >/ // 3

Longueur des proftates // // (J

Largeur // /' 6

Épaifîêur . // n 3

Diftance entre l'anus & la vulve // // 6

Longueur de la vulve « // 4.

Longueur du vagin // i. 5

Circonférence // i . 3

Grande circonférence de la veffie // 8. 6

Petite circonférence // 6. g

9. // // 9

Longueur de l'urètre // // o

Circonférence v /( 4

Longueur du col & du corps de la matrice // i. 2

Circonférence du corps // i. tf

Longueur de la ligne courbe que parcourt la trompe. // * 3

G g u;

2-8 Description

piefîs. pouc. fijL'iiffs*

Lonf^ucur Jes teflicules " " '^'

o r Il II X.

Liro;cur

O I

Lpai|Lcur *

Le fqueîette du nialbrouck a beaucoup de rapport avec le fquelette de la mone * ; cependant il y a nuïïi l\çs diffi-rences allez grandes pour prouver que ces deux animaux font d'efj^èces différentes. Les os propres du nez du nialbrouck font plus relèves, l'ouverture des narines eft plus près des orbites des yeux; l'omo- plale eft de foirne différente.

Il y a douze vertèbres dorfales & douze côtes de chaque côté, huit vraies & quatre fauffes ; le flernum eft compoîè de fept os; les premières côtes s'articulent avec la partie antérieure du premier os , l'articulation i\ts fécondes côtes elt entre le premier & le fécond os ; celle àts troiiièmes côtes entre ie fécond & le troifièmc os, & ainfi de fuite jufqu'aux feptièmes &: huitièmes côtes qui s'articulent entre le fixième & le fêptième os du flernum.

L'os du rayon efl plus courbe & plus ccarlc de l'os du coude que celui de la mone ; les fiulics \'eitèbies de la queue du iquelette tîemalbrouck qui a fervi de fujet pour cette dcfcription , e'toient au nombre de vingt & une.

Il nV avoit que dix os dans le carpe , le premier des fLirnii- mcriires y manquoit ; le tarfe n'ctoit compofé que de fept os.

pieds, pouces, lignes. Longueur de la teîe depuis le bout des mâchoires

julqu a l'occiput // 3. 3 i.

Li plus grande largeur de la icte n z. z\.

Lono'ucur de la mâchoire du dellbus, depuis foii extrémité antérieure jiifqu'au bord pofl:érieur de i'apophyfe condyloïde // z. 3.

# Voyez, ci-après la dcfcription du fquelette de Mone.

D U AI A L B R O U C K, 2

39

picdr. pouces, lignes, xiifleur de la pnrtie antc'i iture c!e los de h mâchoire

du dciTiis

" // i\.

Largeur de la mâchoire du dcfTus à l'endroit des dents

"'^'"es ,, jj^

Diflancc entre les orbites & l'ouvenure des narines. . . // // ^

Longueur de cette ouverture // // ,j^

Largeur ^ r^

Longueur des os propres du nez n n 6-.

Largeur à l'endroit le plus large // // i .

Largeur des orbites // // j qI,

Hauteur g i^

Largeur du bafljn // j , , i^

Hauteur i . , o.

Longueur des plus longues fàuiïes vertèbres de la queue. // i . ? .

Longueur de l'omoplate // ^, a^

Longueur de l'humérus // . i q.

Longueur de l'os du coude u a. ^ -,.

Longueur de l'os du rayon // 5. n.

Longueur du fémur // 4. g.

Longueur du tibia // 4. j^

Longueur du péroné // 4. 3.

Longueur du premier os du métacarpe, qui eft le plus

court // ;/ (5 i.

Longueur du troifiéme os du métiicarpe, qui eft le

plus long // , . j ,

Longueur du premier os du métatarfê, qui cfl le plus

court // // I o î.

Longueur du troifiéme , cjui eft le plus long // i . a

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de devant a n ^ £,

24.0 DESCRIPTION, te,

pi'.dî. poucc5, lipiict.

Longoeur cîc la feconcîe

Longneur de la p.emit-re phalange du iroifième doigt. // // «•

Longueur de la lecondc " " 5-

Loniiucur de la troificiue " " 3

o

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de derricie ^

Longueur de la féconde " " 3-

Longueur de la première phalange du iroifième doigt, n u 5? \.

Longueur de la féconde. " " 5*

Longueur de la troiiième " " 3 J-

^

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C^, câ'

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DESCRIPTION

7,'/;/. \ir

/y. A.V/.V. I\,o. 1-7,,

MAI.liROrC K

.././/.

1^1

DES C R I P T I O N

DU B 0 N N ET-C H I NO IS.

[y on s avons Jonnc à cet animal (planche xxx) le nom de Bonnet-dùnois , parce qu'il a fur le delllis de la tdie de lon^rs poils dirig.^s du cenire à tous les points de la circonfoence , & que Qcs poils formoient une forte de coiffure qui refrembb à une calotte ou à un bonnet , qui efl en ufage chez \ts Chinois. On a cru que la longueur &: la diredlon des poils de la tête de l'animal dont il s'agit. rufTifoient pour caraclcrifèr une efjxTe particulière; mais par rapport à la longueur du poil , il me fembfe que ce caraclère e(t comniLin au Macaque Se à l'Aigrette; l'un a fur le dtiïus de la tête un toupet de longs poils, qui forment une forte de crêle; l'autre a auffi un toupet fur le front, oui le fait parojtre cornu. Qiiant à la diredion de ce long poil de la tête, elle feroit auffi à peu près la même fur le macaque, fur Taigretteôc fur ie bonnet-chinois, fi l'on renverfoit les poils du toupet Açs deux premiers pour leur donner la forme d'une calotte ou d'un bonnet. Suppofons, comme il y a tout lieu de le croire, que \^s trois animaux dont il eft ici qLiertion , aient de longs poils fur le front & fur le deffus de la tête; en accourcidànt ceux du frojit &: en laiflànt fubfifîer ceux du fommet de la tête dans leur entier, il ne refiera qu'une crête comme dans le ma- caque; fi au contraire on laifTe fubfifier ceux du front après avoir coupe en partie ceux du fommet de la tête , le toupet Ai\ fjont aura la forme d'une aigrette, comme dans l'animal qui porte ce nom ; en renverfmt tous ces longs poils autour de la tête , on. en fera un bonnet comme fur l'animai dçnt il s'agit; ces Tome XIV, H h

2^1 Description

ditîcreiites clirpofiUons peuvent arriver par h^dûd , comme îî n'arrive aiiffi que trop foiivent que ion apprcte les objets de i'Hifloire naturelle pour en trouver le débit ou poLir les rendre

plus merveilleux.

L'animal nommé le bonnet-chinois, paroît par Tes caractères extérieurs, être de même efpèce que le macaque & l'aigrette, il nGW diftcre dans les couleurs du poil que par d^s teintes qui peuvent varier fur des individus de même efj^èce ; il étoit plus petit que les deux autres , mais il étoit auiïi fort jeune , & on verra par les dimenfions rapportées dans la table fuivante , qu'il avoit à peu près les mêmes proportions.

pieds, pouces, lignes» Lonf^iieur du coips entier, mefuré en ligne droite,

depuis le bout du inufeau jufqu'à l'anus i. // "

Longueur de ia tête , depuis le bout du niufeau jufqu'à

rocciin)t " 3 ^^'

Circonférence du bout du mufeau " 3. ^'

Circonférence du mufeau prife au-deflous des yeux. . // 5 **

Contour de l'ouverture de la bouche " " •'

Diflance entre les narines u ¥ 2.

Diftance entre le bout du inufeau & l'angle antérieur

de l'œil " ' 3

Diftance entre l'angle poflérieur & l'oreille « 1 7.

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // u 7.

Ouverture de l'œil " " 4*-

DiHance cnuc les angles antérieurs des yeux ê h ^{^

Circonférence de la tête , prife entre les yeux & les

oreilles " 8. ;/

Longueur des oreilles /' i . "

Longueur de la bafc, mefurée fur la courbure extérieure. /' i. 8.

Diftance entre les deux oreilles, prife dans le bas. . . . // i. fi

7,.„; \7/

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DU BO N NET'C H IJVOIS. 24.3

Lonooieur du cou

o

Circonférence. //

Circonk-rence du corps , prlfe derrière les jambes de

devant /r

Circonférence à l'endroit lei)lus2ros //

Circonférence devant les jambes de derrière /;

Longueur du tronçon de la queue i .

Circonférence à l'origine //

Longueur de l'avant-bras. depuis le coude jufqu'au

poignet //

Circonférence du poignet //

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. n

Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. tt

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . . »

pieds, pouces, lignes.

9-

9- 6.

6.

9' 9-

3-

8.

6.

H

II

-) 2.

2.

3- 3-

I o

3

6

I o 9

Le fqueleite de l'animal dont il s'agit , a beaucoup de rapport avec celui du macaque ; cependant en comparant ces deux (queleltes avec attention , j'ai vu les difîcrences iuivantes.

Le fommet delà tcte & l'occiput du bonnet-chinois /ont plus élevés , plus rentîés 8c plus arrondis ; il n'y a point d'arêtes oiïeufès fur l'occiput ; l'arcade zygomatique efl: moins courbce en haut ; les branches de la mâchoire infcrietire font beaucoup plus longues; l'omoplate efl: de forme différente. Le premier os du métatarfe n'efl; pas plus gros que les autres ; au relie , les deux fquelettes diffèrent peu l'un de l'autre; les £iuffes vertèbres de la queue du fquelette du bonnet-chinois , étoient au nombre de vingt-qu itre.

Il n'y avoit que dix os dans le carpe, le premier des (iirnu- méraires y manquoit. Le larfè n'étoit compofé que de iêpt os.

*ïSîoBn<5^

H h ij

244- Histoire N atu belle

iisiiSEiciaisciicraaisiCiisisiaasisiciiCiiCî^

N,

LE MANGABEY*.

ous avons eu deux incîiviJus fpt.xxxiidr xxxirij tic cette efpèce de Guenons ou Singes à longue queue; tous deux nous ont ctc donnés, fous la dénomination de Singes de Aladdgafcar : il cfl facile de les dif- tinguer de tous les autres par un caradère très -appa- rent. Les Mangaljcys ont les paupières nues & d'une blancheur frappante ; ils ont aii/Fi le mufeau gros, large <Sc alongc , (?v un bourrelet faillant autour des yeux. Ils varient ])0ur les couleurs ; les uns (jil. xxxii ) ont k poil de la tctc noir, celui du cou (Se (S.\\ defTus du corps, brun-fauve o: le ventre blanc ; les autres (pi. xxxiii ) l'ont plus clair fur la tète & fur le corps, (Se ils diffèrent fur-tout des premiers par un large collier de poils blancs qui leur environnent le cou (3c les joues : tous (\t\\)(. portent la queue relevée , cSe ont le poil long (Se touffu ; ils font du même pays que le vari ; (Se comme ils lui

* Alangahey , nom précaire que nous donnons à cet animal en attendant qu'on Tache Ion vrai nom; comme il fe trouve à Madagafcar», dans les terres voifmes deMangabey, cette dénomination en r3j)peHera J'ide'e aux Voyageurs qui lèront à portée de le voir & de s'informer du nom qu'il porte dpns cette île qui eft (on pays natal.

y£îhiops i fimia caudata imherbis , vertice pilis arreâis lunulaque frontis

ûlh'is corpus fiifcvrn, fuhtus album, cauda reéla , fubtus alba,fuper-

ci lia feu lunula alba tranfverfa , pnlpebra fnpenor nuda , alba , auxiS Qculiufculcç. Linn. SyJI. nat. edit, X, pag. 28.

D U AI A N G A B E r. 245

refTcmblent par l'alongement clii miircau , par la lon^ucar de la queue, par la manière de la porter Si par les variétés de la couleur du poil, ils me paroifFcnt' /aire la nuance entre les makis Se les guenons.

Caraâtres dift'mâifs de cette efpcce.

Le ATangabcy a des abajoues & des caflofités fur les fefTes , la queue aufli longue que la tête & le corps pris enfemble. Il a un bourrelet proéminent autour des yeux , 6. la paupière fupérieure iXxmç blancheur fra])pante. Son mufcau cil gros & long , fes fourcils font d'un poil roide c^ liérifîe , Tes oreilles font noires & pref{|ue nues ; le poil des parties fupéricures du corps cft brun , & celui des parties inférieures efl gris. 11 y a variété dans cette efpèce; les uns étant de couleur uniforme, (Se les autres ayant un cercle de poil blanc en forme de collier autour du cou , & en forme de i)arbc autour des joues. Ils marchent à quatre pieds , & ils ont à peu près un pied <Sc demi de longueur, depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue. Les femelles, dans ces efpèces font fujettes, comme les femmes, àr. un écoulement périodique.

H h ^,

24-6 Description

D E S C R I PTI O N

DU M A N G AB EY.

Le mufeau du Mangabey (pi xxxii ) eft gros & alongé; le tour àç.s yeux efl proéminent conime un boLirrelet , & la paupière lupcrieure blanche. La plus grande partie de la face & le poil de la tcie font noirs, ce qui rend le blanc de la paupière très-apparent , il eft en forme de croiiïant lorfque l'œil eft ouvert. Les oreilles font dégarnies de poil, noires, faiis bord & \\w peu plic'es en arrière par l'extrcmitc ; le poil de la plus grande partie du corps efl long & de couleur cendrée-noirâtre avec une légère teinte de fiuve fur la tête ; mais la gorge , la poitrine , le ventre &: la lace intérieure des jambes font de couleur cendrée-claire, & les extrémités des jambes depuis l'avant-bras & le talon jufqu'au bout des doiuts ont une couleur noire ; la queue eft longue, l'animal la porte ordinairement repliée en haut &: étendue en avant puallciement au corps. Il a les felTes pelées , les ongles plits & le bout Ats doigts fort gros , principalement le bout du pouce. Il y a quelques gros poils de chaque côté du mufeau , & ceux qui fe trouvent fur le bas du front au-deiïus du nez Se des yeux font fermes & héri (Tés.

pieds, pouces, lignes.' Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite

depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus i . 4. C.

Hauteur du train de devant i 1 <^.

Hauteur du train de derrière i. ^. 8.

Lono-ucur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à

i'occiput /^ 3 ' <^'

Circonférence du bout du muleau /' 3. 5?'

DU AI A N G A B EY. 2^j

pieds, pouces, lignes.

Circonférence du niufcau, prifeau-dcfioiis des yeux. // 6. 6.

Contour de l'ouverture de la bouche // 2. 8.

Diflance entre les deux narines // // i.

Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur

del'ceil // j . 4.

Diflance entre l'angle poflérieur & l'oreille // 1 . i o.

Longueur de l'oeil d'un angle à l'autre // // 7.

Ouverture de l'œil , // // 3 i.

Diftance entre les angles antérieurs des yeux en fuivant

la courbure du chanfrein // // p.

La même diftance en ligne droite, u n 5,

Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles. // i o. //

Longueur des oreilles // // p.

Longueur de la baie, mefurée fur la courbure extérieure. // 2,. 2,

Diftance entre les deux oreilles, prilc dans le bas. . // 2. 4.

Longueur du cou // 1 . 8.

Circonférence du cou // 5. 8.

Circonférciice du corps, prile derrière les jambes de

devant // 10. 4.

La même circonférence à l'endroit le plus gros .... // 11.//

La même circonférence devant les jambes de derrière . // 8. // Hauteur du bas du ventre au-deflus de terre fous les

flancs /' II. 8 .

La même hauteur fous la poitrine // p. //

Longueur du tronçon de la queue i . 4. 6.

Circonférence à l'origine " 4. n

Longueur de l'avant -bras depuis le coude jufqu'au

poignet // 5' "•

Circonférence du poignet // 2. 6.

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 3 ^'

248 Description

pied5. pouccî. lîgn»; Longueur de la J.imbc depuis le genou jufqu'au talon. // 6. 10.

Longueur depuis le talon julqu'au bout des ongles. . // 4. 6.

Le mangibey qui a fervi Je fujet pour fa defcriptioii d&s parties molles intérieures ctoit femelle, elle ne diiîcroit du mâle fur lequel la delcription prccédente des pajlies extérieures a été fîiite, qu'en ce qu'elle n'avoit aucune teinte de fauve fur fàlêîe; que les arcs blaiics des paupières n'étoient pas d'un beau blanc ; que le bout du pouce du pied de devant n'étoit pas plus gros que celui des autres doigts, & qu'eiiiin cette iemelle avoit fur la tête un bouquet de poil hériffé qui s'élendoit depuis le ï\on\. jufqua l'occiput; ce poil avoit environ un pouce de longueur, &; celui qui trou voit à côté étoit fort court : mais peut être avoit - il été coupé pour former une forte de crête 6k: donner un air de fin- gularité à l'aiiimal ; il avoit un p>ied fix pouces «Se demi de lojigueur depuis le bout du m ufe;uj jufqu'à l'anus, il pefoit dix livres.

X'épiploon étoit très nu'nce & s'étendoit jufqu'au pubis.

Le duodénum replioit en dedans près du pylore dans la région épigadrique ; le jéjunum fiifoit (^&s circonvolutions dans la région ombilicale, dans le côté droit ■&: dans la région épigal- trique ; celles de i'ileum éloient dans le côté gauche de devant en arrière & dans la région ombilicale; le cœcurn étoit placé dans le milieu du côté droit & dirigé de droite à gauche dans celte région; le colon s'étendoit en avant dans le côté droit, paffoit de droite à gauche deirière l'eflomac & formoit quelcjues circonvolutions dans le côté gauche; enfin, il fe replioit en avant dans le Hanc gauche avant de fe joindre au redum,qui s'étendoit obliquement dtpuis le côté gauche jufqu'à l'anus.

L'eftomac (pi. xxxiv.fy. i) éloit grand, & le cul-de-fac (A) .avoit beaucoup de .profondeur, au contraire la portion {BQ de

DU M A N G A B EY. 249

ïa {"Kirtie droite qui e(î au-ciclà de l'angL- (B) ctoit comte & avoit im petit diamctie; l'une i.ks faces |^Z)y ctoit beaiicoiip plus convexe que l'autre (E).

Les inteClins grêles avoient tous à peu près la même grolfeur , exce^îté l'ileum ( A B , pL xxxiv,jig. 2) qui ctoit plus petit près du cœcum ; cet intefiin (CD) ctoit court , gros 6<: défigure conique; le colon avoit à fon origine (E) moins de grofleur que le cœcum , & il devenoit de plus en plus petit jufqu'à l'endroit ou il fe joignoit au redum , qui n'ctoit pas plus gros que le colon, excepté près de raiiiis il fe trouvoit un peu plus gros. II y avoit fur le cœcum trois bandes tendineufes qui le prolongeoient le long du colon &: du redum jufqu'à l'anus.

Le foie s'ctendoit autant à gauclie qu'à droite, il avoit quatre grands lobes, le plus grand étoit place derrière le milieu du dia- phragme & divifé en deux parties inégales par une petite fcilïïire, dans laquelle pafloit le ligament fuijoenfoir ; la véficule du fiel fe trouvoit incruflée dans la partie droite de ce lobe qui étoit plus de deux fois auffi grande que l'autre ; il y avoit un lobe à droite & un lobe à gauche qui étoient prelqu'auiTi grands l'un que l'autre & moins grands que le lobe du milieu ; il y avoit à ia racine de la partie droite du foie deux lobules qui n'étoient pas entièrement féparcs l'un de l'autre ; ce vifcère avoit au dehors & au dedans une couleur rouge-p.ile , il peloit quatre onces trois gi'os ; la véficule du fiel étoit fort grande.

La rate avoit trois hcQS , partie inférieure étoit fort large &. formoit la balè d'un triangle alongé , dont le fommet le trouvoit à l'extrémité fupérieure; ce vifcère avoit une couleur brune-rou- geâtre plus foncée à l'intérieur qu'à l'extérieur , il pefoit un gros. Le rein gauche étoit plus avancé que le droit d'un quart de fa longueur, ils avoient tous Xq^ deux peu d'enfoncenient.

Tome XI K I i

250 Description

Le panerais c'toit compacle & sctendoit depuis la rate jurqu'au duodénum, contre lequel il fe recourboit en arrière comme un

crochet.

Le poumon droit avoit quatre lobes , dont trois ctoient de flfe, le quatrième fe trouvoil placé près de la bafe du cœur ; il n'y avoit que deux lobes dans le poumon gauche , mais l'antérieur élolt prefque divilc en i\ti\x parties par imt profonde cchancrure.

Le cœur ctoit court <Sc pointu ; il ne fortoit que deux branches de la croiïè de l'aorte , mais la branche droite ctoit fous-divifèe en trois rameaux à un demi-pouce de didance de Ton origine.

La langue étoit large, cpaitTe , parfemée de grains blancs & couverts de papilles très-petites; il y avoit fur la partie poftcrieure quatre glandes à calice rangées de file fur une ligne tranrveifale, & une autre fort grolTe placée à trois lignes en arrière fur le milieu de la langue.

Le bord de l'cpiglotte ctoit cchancré; le palais avoit neuf filions tranfverfiux dont les bords étoient peu élevés & inter- rompus dans le milieu de leur longueur , ils formoient chacun deux convexités en avant & une pointe en arrière à l'endroit de l'interruption ; le cerveau étoit grand & prefque rond , il recouvroit le cervelet en entier , leur anfraduofité & leur can- nelure reflèmbloient à celles de la plupart des autres animaux ; le cerveau pefoit deux onces fjx gros , & le cervelet trois gros &: vingt -quatre grains.

Le malc qui a fervi de fujet pour \ts parties de la génération ne différoit de celui dont les parties extérieures ont déjà été dé- crites , qu'en ce que le bout du pouce des pieds de devant n'étoit pas à proportion plus gros que celui des doigts ; il pefoit douze livres ; fi longueur étoit d'un pied huit pouces depuis le bout du mufcau jufqu'à l'anus.

DU M A N G A B E Y, 2 5 I

Il n'y «voit point de (crotum; le tellicule gauche ctoit cependiint placé lc)us la peau du pubis à côte de la vei'ge , 6c l'Hutre fous l'arcade dts mufcles de l'abdomen.

Le gland de la vei'ge ctoit terminé par un champignon , au centre diicjnel fe trouvoit l'ouverture de l'urètre qui sctcndoit fous un petit os oblong qui tenoit au champignon par (on ex- trémité la plus menue, (Se n'occupoit que la moitié antérieure du gland ; la vefTie n'étoit pas entière.

Les tedicules étoient très-petits , &: les véficules fémîniles encore plus petites; cependant la bande de l'épididyme ôc les prodates avoient un allez grand volume; les proflates étoient ieparées l'une de l'autre du côté de la verge ; les véficules féminales étoient fort alongées.

La femelle qui a déjà fèrvi de fujet pour la defcription des vilcères avoit deux mamelles fur la poitrine , une de chaque côté; la vulve étoit grande &: placée à fept lignes de didance du gland du clitoris , ce gland étoit terminé par une forte de champignon comme celui du mâle, il avoit cinq lignes de longueur; Çon prépuce étoit auffi fort grand & fàillant au dehors de la longueur de huit lignes; il y avoit qifelques rides peu apparentes fir les parois intérieures (A B , pi xxxv ) du vagin ; l'orifice (C) de l'urètre trouvoit à quatre lignes de difiance du bord de la vulve (Se à lin pouce du gland du clitoris; la veffie (D) avoit la forme d'une poire, elle étoit un peu aplatie en deOIis & en defîbus; le vaL'ia avoit beaucoup plus de circonférence au fond que dans le refte de Ion étendue ; il formoit de chaque côté du fond uw renflement fort apparent ; l'orifice (E) de la matrice (F) s'avançoit dans le vagin en forme de bec de tanche, comme dans les femmes; la matrice avoit auffi beaucoup de rapport à celle d'une jeune fille par fa forme , car elle 11 avoit point de cornes. Les trompes

2$2 Description

formoient des finuofîtcs fur les bords du pavillon qui étoit grand; ies teQicules fCGJ éioient pointus par l'une de leurs extrémitcs , l'autre avoit beaucoup plus de largeur, leur couleur ctoit rougeâtre au dehors : on voyoit au dedans de petits grains rougeâtres & jaunâtres , & de blancs encore plus petits que l'on n'apercevoit qu'à la loupe, c'ctoit fans doute les vtTicules lymphatiques, il y en avoit auffi de groffes fort tranfparentes. J'ai fliit reprcfenter fur h planche xxxv l'anus (H) & une portion (I K) du reclum.

pieds, pouc. ligne*. Longueur des imcftins grêles depuis le pylore juf-

qu'au cœcum 5- i o. h

Circonfcrence du duodénum // 3. 3.

Circonférence du jéjunum n 2.. 51.

Circonfcrence de i'ileum dans ies endroits iesplusgros. // 2.. p. Circonfcrence de I'ileum dans ies endroits les plus

minces /' i . 9.

Longueur du cœcum 2. // tj.

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros ... h 7. 4.

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus mince. . // 3. 6.

Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. m 6. 2.. Circonfcrence du colon dans les endroits les plus

minces k 2.. 7.

Circonfcrence du re<flum près du colon h z. 7.

Circonférence du rectum près de l'anus m 3. n

Longueur du colon & du redum pris enfemble .... 2. 10. ê Longueur du canal inteninal en entier, non compris

le cœcum 8. 8. t

Grande circonférence de l'efloniac i. 4. 2.

Petite circonférence 1 . i . h

Longueur de la petite courbure depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à i'œfophage b i. 5.

DU Mangabey,

Profondeur du grand cul-de-fac

Circonférence de l'œfophaoe

' o ••• u

Circonférence du pylore

Longueur du foie

Larcveur

^ //

Sa plus grande ép ai [Teur

Longueur de la véficule du fiel

Son plus grand diamètre

Longueur de la rate

° //

Largeur de l'extrémité inférieure , ,,

Largeur de l'extrémité fupérieure

Epaifleur dans le milieu

Épaifleur du pancréas

Longueur des reins

Largeur

EpaifTeur

Longueur du centre nerveiLx depuis la veine-cave

jufqu'à la pointe ^,

Largeur

Circonférence de la bafe du cœur ^

Hauteur depuis la pointe jufqu a la naiflànce de l'artère pulmonaire

Hauteur depuis la poùite jufqu'au lac pulmonaire ... //

Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors u

Longueur de la langue ,,

Longueur de la partie antérieure depuis le filet jufqu'à l'extrémité ^ ^^

Largeur de la langue ,^

Longueur du cerveau g

Largeur ^

li iij

^55

pouc,

ligiici»

2..

9'

I.

6.

2.

H

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S.

II

I I.

2.

6.

2.

4-

2)j^ Description

pieds, pouc. lignes.

Épaiffeui- " '• 5-

Longueur du cervelet " " ^ ^

Largeur ^. " ' ' 7-

É-rr-, ,. ' // // I o.

Longueur du gland " " ^°'

Circonférence " " ^ »'

Circonférence du champignon " >* 9-

Loncrueur de la verge depuis la bifurcation des corps

caverneux jufqu'à l'infertion du prépuce " i. i i.

Circonférence " " ^•

Longueur des tefticulcs " " o.

Largeur " " ^

Épaiffeur " " 3 ï-

Lont^ueur des cai-^ux déférens '/ ^. 3

Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue . // // // \.

Longueur des véficules féminales " i 4*

Largeur " " ^ J*

ÉpaifTeur " " '•

Longueur des proflates " " S-

Lirgeur " " 5*

Épaiffeur " " 4

Diftancc entre l'anus & la vulve f " S.

Longueur de la vulve " » ^'

Longueur du vagin // i ^'

Circonférence " 2. 6.

Grande circonférence de la veffie i . // 6.

Petite circonférence n i i . 4.

Longueur de l'urètre // i . i

Circonférence " 1 9'

Longueur du col & du corps de la matrice u i . 6.

DU M A N G A B EY. 25c

picJs. pouces. ligiic»^ 1. 5. 11

I .

// // //

3- 3- 4-

// 1 .'.

CîVconfe'rence du corps ^,

Dirtance en ligne droite entre les tcHicuIes & la matrice. //

Longueur de ia ligne courbe que parcourt la trompe. //

Longueur des tcfliculcs

Largeur

Epaiflcur ^

Autant le fqueleite du bonnet- chinois reiremble à celui du macaque, autant il y a de refîèmblance entre le /queleite du mangabe)^ & celui tlu patas à bandeau noir ; cependant le fquelette du mangabey diffère de celui du palas à bandeau noir, en ce que i'occiput eft plus élevé par (;i partie /îipérieure & plus arrondi ; les bords fupérieurs des orbites ilts yeux &: h partie de l'os frontal qui les fépare ont moins de groffeur <Sc de faillie ; ks os propres du nez font plus étroits , tSc par confcqtient le nez a moins de largem- ; l'omoplate eft de forme diftaente & plus ap- prochante de celle d'un triangle; l'os du bras eft moins courbé: le fémur efl: un peu plus long que le tibia, tandis que cts deux os font à peu près de même longueur dans le patas à bandeau noir. 11 y a vingt-deux fiuffes vertèbres dans la queue; le flernum n'étoit pas entier dans le fquelette de mangabey qui a fèrvi de fujet pour cette defcription ; ainfi je n'ai pas pu reconnoître le nombre des vraies & des fauiles côtes , ni le lieu de leurs ajticulations.

Il n'y avoit que neuf os dans le carpe, \ts deux premiers furnuméraires y manquoient ; le larfe n'étoit compofé que de fept os.

Le premier os du métatarfe eft à proportion plus gros (Se plus long que les autres , comme dans le macaque.

pieds, pouc. fignu. Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires

julqua l'occiput n 4. i -,

256

Description

La plus grande largeur de la tête

Longueur de la mâchoire du deflous depuis Ton extrémité anicrieure jufqu'au bord j^oftcrieur de l'apophyfc condyloïde

Épaiiïèur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire du deflus

Largeur de la mâchoire du deflus à l'endroit des dents canines

Diftance entre les orbites & l'ouverture des narines. Lon<^ueur de cette ouverture

o

Largeur

Longueur des os propres du nez

Largeur à l'endroit le plus large

Laro;eur des orbites

Hauteur

Largeur du baflin

Hauteur

Longueur des plus longues fàuflcs vertèbres âc la queue

Longueur de l'omoplate

Longueur de l'humérus

pieds, pouc. lignes» M Z, 7.

2. I O.

// . 2.

Longueur de l'os du coude

Longueur de l'os du rayon

Longueur du fémur

Longueur du tibia

Lojigucur du péroné ,

Longueur du premier os du métacarpe, qui e(l le plus

court,

Longueur du troifième os du métacarpe , qui eft le plus long . , » , . ,

ir

II

I.

I.

If

n

5Î.

II

II

8^

H

II

5-

II

H

lo^

II

II

3-

II

II

II ^.

H

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II

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II

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" "91-

M l. I.

Longueur

JV XXXII. J\!.u-:>So.

7K- c~\-'i>r /',•//

LE MANCVABEY.

n XXXIII j\^,n^:.o

MANCVABEY A COÎJ.IER JU.ANC

\-

/'/ , A 117/ Kia. iCyc.

n.- SiK- ././

LVi^-ri/fci .<'iVt/i,

/;-/// xjf

^'

1)

'" I iiiiBaji

saasa

DU AI A N G A B E V. 2^7

pieds, pouc. lignes. Longueur du premier os du mctatarfc , qui cR le

plus court /, , , ^ ^

Longueur dutroificmc , qui eft le plus long // i. o.

Longueur de la première phalange du pouce ét^s pieds

de devant ;, ^ j^

Longueur de la féconde /, ,, -, <:^

Longueur de la première phalange du troifième doigt. // // 1 i i.

Longueur de la féconde // // g.

Longueur de la iroifième // u 4,.

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de derrière // // ^ ».

Longueur de la féconde // /, 4-'.

Longueur de la première j:)halange du troifième doigt. // // 11.

Longueur de la féconde // // 8.

Loi]gueur de la troifième n n 5.

Le Mangabey à collier blanc (pi. xxxiii) m'a paru ne différer du mangabey fimplement dit, que par quelques teintes dans les couleurs du poil , principalement en ce qu'il a ftir le cou wwç, iorle de collier , formé par des poils blancs : cette bande pro- longe de chaque côté , le long du cou jufqu'aux joues ; il y a aufTi des poils blanchâtres au bout du muiêau & fous la mâchoire inférieure : cts différences peuvent ne venir que de l'âge &: du fèxe Se font trop légères pour caradéri fer une efpèce particulière, il faudroit pouvoir faire àts obfêrvations fur les autres parties At cet animal pour mieux juger de fon efjpèce.

nSf

m

^

Tome XIV. K k

258 Histoire Natu relle

L

LA M O N E

A Mone fpl. xxxvi) efl la plus commune des guenons ou fingcs à longue queue , nous l'avons eu vivante pendant plufieurs années; c'eft, avec le magot, l'efpèce qui s'accommode le mieux de la température de notre climat: celafeul fuifiroit pour prouver qu'elle n'cflpas originaire des pays les plus chauds de l'Afrique <S: des Indes méridionales; & elle fe trouve en effet ert Barbarie , en Arabie, en Perfe c^ dans les autres parties de r Afie '^ qui ctoient connues des Anciens ; ils l'avoient

* Mone, Alona , Alunina , AJounina, cfl; le nom des Guenons ou Singes à longue queue , dans les Lingues Morefque , Efpagnofe & Pro- vençale Reper'iuntur in Aiauritaniœ filvis fimiarum varice fpecies

quanun quœ caudam genint Alonœ dicuntur. Léon Afric. Defc. Africœ ,. vol. II, p:ig. 757. Simii caudali & barbati qui vulgo monichi vocantur, Profj), Alj). HiJL y£gypt. lib. IV, pag. 24:1. Nota. Le nom Monkit que les Anglois ont donné aux guenons ou finges à longue queue eft dérivé de Alonichi , &. tous deux paroificnt venir de Alona ou ylloninûf. nom primitif de ces animaux.

Kébos Ariftotelis. Aypor Avicennae. Kébos &. Kipor, font les noms par lefquels les Grecs & les Arabes défignoient les finges à longue queue , &: dont les couleurs étoient variées; celui dont il eft ici qucftion a plus c[u'>iucun autre cette variété dans les couleurs , & par cette »ai(on on l'appelle vulgairement hjînge varié.

Cercopithecus pilis ex nigro & rufo variegatis vejlitus , pedibus nigris , caudâ cinereâ. Le finge varié, Briff'. reg. anim. pag. 198.

' Monichi ///?// caudati à' barbati ex jEthiopiœ locis conterminis irt y£g)ptii/n deducuntur ; funtque adtnodum cicures & mundi. Profp. Alp^ /////. yEgypt. lib. IV, pag. 242.

DE LA AT O N E. 259

dcfignée par le nom l\q hélws , cchiis , cœplms , à caiife <Je ia variété de Tes couleurs ; elle a en crtct la iice brune , avec une cfpèce de barbe mêlée de blanc, de jaune & d'un peu de noir ; le poil du defllis de la tcte 6c du cou , mêlé de jaune & de noir ; celui du dos mêlé de roux &. de noir; le ventre blanchâtre aufTi-bien que l'intérieur des cuiires 6c des |anibcs, l'extérieur des jambes 6c les pieds noirs, la queue d'un gris foncé, deux petites taches blanches , une de chaque côté de l'origine de la queue , un croifïant de poil gris fur le front, une bande noire depuis les yeux jufqu'aux oreilles, 6c depuis les oreilles jufqu'à l'épaule 6c au bras ; quelques- uns l'ont appelée nonne par corruption de vione\ d'autres à caufe de fa barbe grife l'ont appelé le vieillard , mais ia dénomination vulgaire fous laquelle la mone eft la plus connue, efl celle àtjîjige varié , 6c cette dénomi- nation répond parfaitement au nom kél>os que lui avoient donné les Grecs , 6c qui par la déiinition d'Ariflote défîgne wnc guenon owjïnge à longue queue, de couleur variée.

En général, les guenons font d'un naturel beaucoup plus doux que les babouins , 6c d'un caraétère moins trifte que les fmges ; elles font vives jufqu'à l'extrava- gance 6c fans férocité , car elles deviennent dociles dès qu*on les fixe par la crainte ; la mone en particulier efl fufceptible d'éducation , 6c même d'un certain atta- chement pour ceux qui la foignent ; celle que nous

avons nourrie fe laiffoit touclier 6c enlever par les gens

K k i;

200 Histoire Naturelle

qu'elle connoifToit , mais elle fc refiifoit aux autres Se même les morcloit; elle cherclioit aulFi à fe mettre en liberté^ , on la tcnoit attachée avec une longue chaîne ; quand elle pouvoit ou la rompre ou s'en délivrer, elle s'enfuyoit à la campagne , Si quoiqu'elle ne revint pas d'elle-même, elle fe laiiibit alFez aifément reprendre par Ton maître; elle mangeoit de tout , de la viande cuite , du pain & fur-tout des fruits; elle cherchoit aulTi les araignées, les fourmis , les infectes* ; elle rempIilToit fes abajoues , lorfqu'on lui donnoit plufieurs morceaux de fuite ; cette habitude eft commune à tous les babouins- ôi guenons , auxquels la Nature a donné ces efpèces de poches au bas des joues , ils peuvent garder une quantité d'alimens affez grande pour fe nourrir un jour ou deux.

Cai'ûâères diflinâïfs de cette efpèce,

La Mone a des abajoues & des callofités fur les fefTcs , elle a la queue d'environ deux pieds de longueur , plus longue d'un demi -pied que la tête <&. fe corps pris cnfemble ; la tête petite <^ ronde, le mufeau gros 6c court, la fice couleur de chair bafanée ; elle porte un bandeau de poil gris fur le front, une bande de poils noirs qui s'étend des yeux aux oreilles , (3c des oreilles

* C'eft vraifeniLIablcment de cette efpcce dont parle Ludolf, fous

le nom de fmge de l'Ab'iJjJnie ; « ils vont, dit-il, par grandes troupes:

M comme ils aiment extrêmement les fourmis & les vers, il n'y a aucunes

3j pierres qu'ils ne renverfent ou. qu'ils ne remuent pour attraper les

iiifecT:€5 qui font delîbus.jj Bijloire di l'AbiJinie , page ^/.

DE LA M O N E. 261

jiifqu'aiix cpaules <S: au bras; elle a iinecfpèce de barbe grife formée par les poils de la gorge 6. du defTous du cou qui font plus longs que les autres ; fon poil eft d'un noir-roufïïitre fur le corps, blancbatre fous le ventre ; l'extérieur des jambes & les pieds font noirs, la queue efl d'un gris-brim avec (\t\\\ taches blanches de chaque côté de fon origine ; elle marche quatre pieds , c5< la longueur de fi tête <Sc de fon corps pris enfemble depuis l'extrémité du mufeau jufqu'à l'origine delà queue, efl d'environ un pied &. demi. La femelle efl fujette, comme les femmes, à l'écoulement périodique.

Kk

Uj

262 Description

D E S C R I P T 10 N

DE LA AI 0 N E.

La Alonc (pi. XXXVI ) a la tête petite & arrondie , le mufeau gros & peu alongc, le nez aplati &. les yeux enfoncés ; les pau- pières , le nez & les lèvres font nus & de couleur de chair. Le ix)il du front cioit gris & formoit une i^jile de croKfant ou de bandeau ; le deffus du front , le fomniet de la tête & la face fupcrieure du cou étoient de couleur mélce de jaune-verdâtre & de noir, parce que chaque poil avoit du noir à Li pointe, du jaune- verdâlre au-deilbus du noir & une couleur cendrce-noirâtre juf- qu'à la racine ; le dos , les lombes &. les côtes du corps ctoient de couleur mêlée de noir & de roux tirant ftir le marron , parce que la partie de chaque poil qui étoit d'un jaune-verdâtre fur la tête &: fur le cou , avoit fur le dos & fur les côtés du corps une couleur rouffe tirant fur le marron. 11 y avoit une bande noire qui commençoit au-deffus de l'angle extérieur de l'œil qui s'é- tendoit jufqu'à l'oreille, & depuis l'oreille jufqu'à l'épaule & au bras ; la fice extérieure du bras & celle de l'avant-bras & du poignet ; l'origine de la queue , la face extérieure de la cuiiïè &: de la jambe , & le delfus du pied avoient auffi une couleur noire; ie poil des joues & du defîous du cou étoit plus long que celui de la tête & de la poitrine, & reffembloit à une forte de barbe, il étoit mêlé de blanc , de jaune & d'un peu de noir ; ie menton, Ja gorge, les ailfelles, la face intérieure du bras & del'avant-bras, la poitrine , le ventre , les aînés , la face intérieure de la cuifîè & de la jambe étoient blancs. Il y avoit de chaque côté de la queue deux lâches blanches; le poil cjui bordoit le côté extérieur

DE LA M O N E. 262

des callofitcs placées près de l'anus , ctoit roux à la pointe ; la queue avoit une couleur noirâtre ; les pouces des piedi de derrière étoieiit plus grands que ceux des pieds de devant; le dedous des quatre pieds avoit une couleur brune (^ les ongles ctoient courts, plats Si noirâtres : la queue avoit une grande longueur, quoi- qu'elle ne tut pas entière.

Li . , plecîs. pouc. l/cjncr;

ongueui- du corps cHtier, meiurc en iîgne droite '

depuis le bout du mufe.iu jufqu'à Tauus i. 5. (^^

Hauteur du train de dtv.int i .

Hauteur du train de derrière j . i _ (^^

Longueur de la tête depuis le bout du niufeau juf- qu'à roccij)ut ij ^ ^

Circonférence du bout du mufeau /, , ^^

Circonférence du mufeau , prife au-deffous des yeux. n 5. 5.

Contour de l'ouverture de la bouche ,, -,

3,

Diuance entre les deux narines ^ j

Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur de l'œil

Dillance entre l'angle poftcrieur & l'oreille

Longueur de l'œil <

Ouverture de l'œil

^e l'œil ° /, ,,

Il 1 . 5.V o^ '' *'''"t'e /.

H II 4.

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre

Diflance entre les angles antérieurs des yeux en fuivanr

la couibure du chanfrein ^ ,, g

La même diflance en ligne droite ,

Circonférence de la tête , prife entre les yeux & \cs

o'eiilcs g^ 2,

Longueur des oreilles y, ^ j ^

Liirgeur de la bafè , mefurée fur la courbure extérieure. // i . S.

Diflance entre les deux oreilles, prife au bas // 2. //

Longueur du cou n j ^ r^^

Circonf(?rcnce , t, c g

264. Description

picdî. pouc. ligne?;

Cifco'nfcrcnce du corps, prlfe derrière les jambes

de devant '^ "• 9'

Circonférence à l'endroit le jjIus gros // 9. u

Circonfcrence prife devant les jojnbcs de derrière.. . . // 6. 6.

Longueur du tronçon de la queue i i i <J«

Circonférence à l'origine " 4* -•

Lonc^ucur de l'avant- l.^ras depuis le coude jufqu'au

// 4. 8.

F

o

oignet.

Circonférence du poignet " -. 6.

Longueur depuis le poignet jufcju'au bout des ongles. // 3. 4*

Longueurdela jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 6. 3.

Longueur dej)uis le talon jufqu'au bout des ongles ... // 4. 8.

Cet animal pefoit cinq livres neuf onces & demie. A l'ouverture de l'abdomen Icpiploon , les intefiins , le foie &i la rate ont paru futit's comme dans le papion , excepte que la portion du colon qui s'ctendoit iranfverfiiement de droite à gauche fur les inteftins grêles, dans le papion, ctoit dirigc'e obliquement de droite à gauche &: de devant en arrière dans la mone.

L'ellomac fe trou voit en entier dans le côté gauche, il ctoit prefque rond ; ks membranes &: celles <\çs intefiins ctoient minces & tranfjoarentes ; le canal intedinal diminuoit infenfiblement de grolîèur depuis le pylore juf]u'au cœcum qui éioitgros, court, de figure conique & arrondie à l'extrcmîté ; le colon avoit un peu moins de diamètre que le cœcum à Ion origine & diminuoit peu à peu de groffeur dans toute Hi longueur.

Le foie, la vtfjcule du fiel, la rate »Sc le pancréas aboient beaucoup de refîêmblance pour la figure & pour les couleurs au pancréas , au foie , à la véficule du fiel & à la rate du papion ; cependant \ç^ lobes droit & gauche du foie de la mone étoient à

peu

DE LA M ONE. i6<y

peu près aufTi grands l'un que l'autre ; l'extrcmilc inférieure de fa rate fe terminoit en pointe, tandis quelle étoit large dans le papion ; le foie }:)efoit trois onces trois gros &: cinquante-quatre grains , & la rate deux gros & feize grains ; la liqueur de la vcficule du tiel avoit une couleur rougedlre teinte de vert, & pefoit vingt -trois grains.

Les reins avoient peu d enfoncement ; leurs mamelons croient confondus les uns avec les autres ; le rein droit fe trouvoit placé un peu plus en avant que le gauche.

Le poumon droit avoit quatre lobes, dont trois étoient ranges de file & le quatrième étoit placé près de la ba(ê du cœur, comme dans la plupart des autres animaux quadrupèdes; il n'y avoit que deux lobes dans le poumon gauche.

Le cœur avoit la pointe dirigée en arrière, peu aloiigée, & pour ainfi dire double , parce que chaque ventricule formoit la fienne : l'aorte parlageoit en quatre branches.

II y avoit fèpt liilons qui traverfoient le palais &qui formoient une double convexité en devant , les bords des deux derniers étoient interrompus dans le milieu. La langue, l'épiglotte & \ts bords de l'entrée du larynx relîèmbloient à ces mêmes parties vues dans le babouin.

Le cerveau & le cervelet reflèmbloient au cerveau & au cer- velet du papion pour la forme »S: pour leur pofiiion refjieélive ; le cerveau pefoit imç once fèpt gros &: vingt -huit grains , &. le cervelet un gros & foixante-deux grains.

Le gland étoit terminé en forme de champignon, partagé dajis le milieu par un idlon , au fond duquel le trouvoit l'orihce de i'urètre; ce champignon étoit aplati par les côtés oC s'étendoit jufqu'à l'infertion du prépuce fur la face fupérieure du gland; fur l'inférieure le champignon n'avoit que trois lignes de lo.igueur. Tome XIV. L i

c

266 Description

Chacune des vcficules fominalcs avoit trois faces longîtuJîp.are^», Se les deux vcficules en fe rcunilîànt formoient une forie d'Y, dont la queue ctoit fort courte; les branches trou voient de chaque coté de la veHie 5c non pas- du reduni comme dans le papion. Les prodates ctoient placés contre les véficules (eminales cSc avoient une figure ovoïde ; la vefTie ctoit en forme de poire;, \ss tellicLiles étoient ovoïdes Si leur fubltance intérieure avoit une couleur jaunâtre; il ie trouvoit dans le gland & en partie dcmy h verge un os de cinq lignes de longueur 6c de deux lignes de circonférence dans la plus grande partie de fon. étendue , mais le bout qui tenoit à la verge étoit plus gros.

pieJs. pouc. lignes». Lonooieur des înteflins giêles depuis le pylore juf-

qu'au cœciim y. 10. a

Circonférence du duodénum. . m i. p.

Circonférence du jéjunum // i. y î.

Circonférence de i'ileum dans les endroits tes plus gros. // 1.6.

CirconféreiTce dans les endroits les plus minces.. . . // i. j.

Longueur dU coccum » 1. 4,

Circonférence du cœcum à Tèndroit le plus gros. . . // 4. 4,

Circonférence à l'endroit le j)lus mince. . . - v 2. m

Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. // 3. 4..

Circonférence dans les endroits les plus minces,. .„. y 2. 6,

, Circonfcrcnce du retftuin près de Innus n 2. ?,

Longueur du coton & du reéîum pris enfemble. . . 1. 8. ti Longueur du canal inteftinal en entier , non compris le

cœcum <j. C, u

Grande circonférence de i'eiîomac // p. p^

Petite circonférence ^ . . h S. y..

Longueur de la pctiie courbure, depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à 'celbpLage u ji %^

DE LA AI 0 N E. 267

- TKii. pouc. ligne».

Profondeur tlu grand cuI-de-fTic

Circonférence de l'œfophage ^

Circonférence du pyîore ,

Longueur du foie , ^^ , ^

L-aro^our ,, ^ ^

o // 4. 6.

S.1 plus grande épaifleiir ^. g

Longueur de la véficule du fiel g , ^

Son plus grand diamètre ^

Longueur de ia rate ^

Largeur de l'extrémité inférieure ^ ,, j q

Largeur de l'extrémité fupérieure // n .

Epaifîèur dans le milieu 1, ^

Ej)ainèur du pancréas n h j 1

Longueur des reins ^ j ^ ^^

Largeur ,, j ^^

Epaifleur , n a ci

Longueur du centre nerveux <Je}>uis la veine -cave

jufqu'à la pointe ^ , j ,

Largeur j. g^

Circonférence de la bafe du cœur // -.. i q^

Hauteur depuis la pointe jufqu'à lanaiflâncede l'artère

pulmonaire j ^

Hauteur depuis la pointe jufqu'au fnc pulmonaire. . . u i. it

Diamèu-e de l'aorte, pris de dehors en dehors, ... a a 2 '.

Longueur de fa langue , a/ i . g.

Longueur de la partie antérieure, depuis le filet jufqu'à

J'extrémité // ~

Largeur de la langue // // g.

Longueur du cerveau. ... , p 2. 6.

Largeur y a. a.

LI ij

268 Description

pieds, polie, lignes;

Épaiflèur "

Longueur du cervelet ''

Largeur "

Épaifleur "

Longueur du gland "

Circonférence "

Cil conférence du champignon "

Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps

caverneux jufqu'à i'inlèrtion du prépuce n

Circonférence n

Lontjucur des lefticules n

Largeur //

Épaifleur //

Largeur de Tépididynie u

Épaifleur u

Longueur des canaux déférens //

Diamètre dans la plus grande j)artie de leur étendue. //

Grande circonférence de la veffie //

Petite circonférence n

Circonférence de l'urètre //

Longueur des véficules féminales. , //

Largeur //

r

Epaifîèur //

Longueur des proftatcs //

Largeur //

Epaiiïeur n

Diftance entre l'anus & la vulve u

Le rquclette de la Mone a beaucoup de rapport avec celui du maiigabey ; cependant il en diffère alTez pour faire connoître

I.

I .

//

I 0.

I.

6.

//

7-

//

5-

/'

8.

//

10.

2.

I.

Il

8.

II

6.

II

J-

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3-

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II

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4.

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U

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8.

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//

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I.

4.

//

^î-

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//

3-

u

If.

n

I.

II

6,

DE LA M O N E, 269

qu'il efl d'efpèce particulière, quand même il n'y auroit pas d'autres caradères fpccifiqiies dans les vifcères & les parties extérieures de la mone.

Les os propres du nez ne font pas élevés comme ceux du mangabey ; l'ouverture <\t^ narines elt à proportion plus petite & placée plus près des orbites.

Le flernum n'eft compoléquede fix os; mais il y a quelque apparence que le fécond a été détruit par un vice de conformation dans le fquelelte de la mone qui fait le fujet de cette defcripiion ; l'articulation des fécondes &: des troifièmes côtes trouve entre le premier & le fécond os du (ternum ; les huitièmes &. neu- \ièmes côtes s'articulent avec le fixième os du fternum : ainfi il y a neuf vraies côtes & feulement trois fauOès.

La queue n etoit compofée que de quatorze faufîès vei tcbres , mais les dernières y manquoient.

L'os du bras éS. un peu })Ius long que celui du rayon , tandis qu'au contraire il efl un peu plus coui t dans le mangabey : l'omoplate difîère de celle de cet animal par fa forme.

H n'y avoitque dix os dans le carpe, le premier furnuméraire y manquoit ; le tarfe étoit compofé de huit os.

Le premier os du mctatarfe diffère de celui du macaque & du mangabey, en ce qu'il e(l moins gros &: moins long, & par conféquent le pouce a moins de longueur relativement à celle des autres doigts , il efl; proportionné comme dans le magot & la plupart des autres finges.

piedi. pouc. lignes. Longueur de la têtç depuis le bout des mâchoires

jufqu'à l'occiput o 3. p.

La plus grande largeur de la tête // 2. 6.

Ll ii;

zjo Description

piods. pouc. ffgncl* Longueur cîe la mâchoire du cleflc)us, depuis fbii exti'émitc nnterieure jufqu'au bord ponérieur de

rapophyfe condyloïde h 2.. ro.

tpainèiir de h jînrrie anieïicure de l'os de Li mâchoire

du Jefilis y m 2.

Largeur de la mâchoire du defllis, à Pendroit des

dents canines u i . i ^.

Dirtance entre les orbites & l'ouverture des narines. . n u 4I.

Longueur de cette ouverture n n 87.

Largeur // // 3 ^.

Longueur des os propres du nez n 11 7.

Largeur à Tenclroit le plus large u n i |.

Largeur des orbites h tt 11.

Hauteur n n 9 j.

Longueur des dents canines h u 7 i.

Largeur du baffin n 1 . j .

Hauteur // 2. h

Longueur des plus longues fiufles vertèbres de la

queue ,1 \. 7.

Longueur de l'omoplate // 2. 8.

Longueur de l'humérus // 5. ,1

Longueur de l'os du coude // 5. 5 l.

Longueur de l'os du rayon. . // a, g-.

Longueur du fcmur , , , // c j q.

Longueur du tibia r j ,^

Longueur du |>e'roné // r ^^

Longueur du premier os du métacarpe , qui eft le

pîus court a 8.

Longueur du troifième os du métacarpe , qui efl le

flus long , . o .

J'IXXX17. pu,/ 3.-0

.Miiyif'i ,'

A- .■;■/■.■ ,/../

j- A 3i():„ r> .

* \^M *

D E L A M O N E, 2yi

pieds, poiic. ligna» Longueur du premier os du niétatarfe , qui eft le j)Ius

co"" ^, j^ ,

Longueur du troificme , qui c(\ le plus long u i. 7 i..

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

^e devant ^

Longueur de fa féconde zr // >.

Long.ueur de la première phalange du troifième doigt, u n 11.

Longueur de la féconde /; // y ^

Longueur de la troifième u h 4,

Longueur de la première phalange du pouce des pieds

de derrière u u 6 -,

Longueur de fa féconde. // ^ ^ 1.

Longueur de fa première phalange du troifième doigt. x m 11.

Longueur de fa féconde it u 7 i.

Longueur de fa troifième // // 4^

\

ZJ2. H I STO I RE N AT U RE LLE

a

LE CALLITRICHE*.

ALLITRIX efl un terme employé par Homère, pour exprimer en général la belle couleur du poil des animaux : ce n'eft que plufieurs fiècles après celui d'Homère que les Grecs ont en particulier appliqué ce nom à quelques efpèces de guenons oujînges à longue queue , remarquables par la beauté des couleurs de leur poil ; mais il doit appartenir de préférence à celui dont il efl ici queftion (pi. xxxvii). Il efl d'un beau vert fur le corps, d'un beau blanc fur la gorge & le ventre , & il a la face d'un beau noir; d'ailleurs il fe trouve en Mauritanie ôi dans les terres de l'ancienne Carthage : ainfi il y a toute apparence qu'il étoit connu des Grecs 6c des Romains , & que c'étoit l'une des guenons ou fiiges à longue queue , auxquels ils don noient le nom de callhrix ; il y a d'autres guenons de couleur blonde dans les terres voifines de l'Egypte, foit du côté de i'^tbiopie, foit de celui de l'Arabie, que les Anciens

* Cercopîthecvs ex cinereo favefcens , gen'is , long'is pilh albis obfiûs. Le Singe vert. BrïjJ'. reg. anim. png. 204.

Le Singe de l'île Saint-Jacques ; on donne fouvent à cet animal le nom de Singe vert , & nous le diAinguons par ce nom; nos gens de mer l'appellent en gt' rai le Smge Je Saint- Jacques , parce qu'il trouve dans cette île du Cap- vert. Giinures d' Edwards , pag. i o, fig. ibid.

Aux îles du Cap-vert , il y a des finges à longue queue , qui ont îe vilîigc noir. J^vyage de Dampkr , tome IV , page ^^.

ont

DU Callitriche. 273

ont aufTi défigncs par le nom générique de caÏÏitr'ix. Profper Alpin <Sc Pietro délia Valle *, parlent de ces callitriches de couleur blonde ; nous n'avons pas vu cette efpèce blonde, qui n'ell peut-être qu'une variété de celle-ci ou de celle de la mone , qui efl très-com- mune dans ces mêmes contrées.

Au refle, il paroît que le callitriche o\\ Jînge vert fc trouve au Sénégal, auffi-bien qu'en Mauritanie <Sc aux iles du Cap-vert. M. Adanfon rapporte que les environs des bois de Podor, le long du fleuve Niger, font remplis de fmges verts. « Je n'aperçus ces fmges , dit cet Auteur, que par les branches qu'ils cafîbient au haut desarbres, d'où elles tomboient fur moi : car ils étoient d'ailleurs fort fdentieux <Sc fi légers dans leurs gambades, qu'il eût été difficile de les entendre; je n'allai pas plu> loin , & j'en tuai d'abord un, deux & même trois, fans que les autres paruffcnt eifrayés ; cependant lorfque la plupart fe fentirent blefles , ils commencèrent à fe mettre à l'abri ; les uns en fe cachant derrière les « grofles branches , les autres en defcendant à terre ; «

* Simium CaUitrkhum Cairi in cedibus hahuimus , felem mâgnam qua- damîenus magnitud'me œmulanîem , prolixiori corporis figura, capite parvo

erat & rotundo corpore circa ilia grac'dijjlmo , loto corpore rufo ruti-

love fpeâabatur , faciès vero humanœ fimilis fuit nigra, undique bar bat a

fed barba albi erat coloris caudamque longam rutilamque habebat.

Profp. Alp. Bifl. yEgypt. iib. IV, pag. 244, fig. tab. XX, n.° 4.— J'ai vu aufli dans le Caire plufieurs animaux vivans, comme des Callitriches ou Guenons de couleur blonde. Voyage de Pietro délia Valle , tome I, page jfoi.

Totm XJK M m

2y^ Histoire Natu RELLE,irc,

>' d'antres cnlin , Sl c'ctoit le plus grand nombre, s'é- » lançoient de la pointe d'un arbre fur la cime d'un

w autre Pendant ce petit manège , je continuois

» toujours à tirer dcHus , 6c j'en tuai jurfju'au nombre » de vingt-trois en moins d'une heure âc dans un efpace » de vingt toifes, fans qu'aucun d'eux eut jeté un feul » cri : quoiqu'ils fe fuffent plufieurs fois raffemblés par « compagnie en fourcillant , grinçant des dents & faifant

mine de vouloir m'atta(juer ». Voyage au Sénégal , "par

Ai. Aclanfon, page i/S.

Caraâères dijlmâifs de cette efpêce.

Le callitriche a des abajoues Si. des callofités fur les feffes , la queue beaucoup plus longue que la 'tête & le corps pris enfemble; il a la tcte petite, le mufeau alongé, la face noire auffi-bien que les oreilles; ii porte une bande étroite au lieu de fourcils au bas du front. Si. cette bande efl de longs poils noirs. Il efl d'un vert vif mêlé d'un peu de jaune fur le corps, Si. d'un blanc -jaunâtre fur la poitrine Se le ventre; il marche à quatre pieds, & la longueur de fon corps, y compris celle de la tête, efl d'environ quinze pouces. La femelle efl fujette à Técoulement périodique.

y

""l'y

DESCRIPTION

DU CALLITRICHE,

•jLE Callitriche (pi. xxxvii ) qui a fervi de fujet pour cette deicription, avoit la tête petite, le mufèau alongé, la partie fu- pt'rieure des orbites, le bas du front & le haut du nez très- fai liant, les oreilles fort grandes & la queue très-longue; les oreilles nctoient pas bordtes, elles formoient un pli à leur partie fiipérieure; les lèvres , la face , les oreilles <Sc la plante àts pieds ctoient noirs : il y avoit de longs poils de mcme couleur à l'endroit des lourcils, &: principalement au bas du front entre les orbites àtt^ yeux ; de forte que les deux fourcils fembloient n'en former qu'un qui s'é- lendoit depuis l'angle poftérieur de l'un des yeux julqu a l'angle poftérieur de l'autre œil, &: qui étoit plus garni aii-deffus du nez que dans le refle de fon étendue; les poils de ce fourcil ctoient dirigés en haut & avoient jufqu'à quinze lignes de lon- gueur. La tête, le delfus &: les côtés du cou, le dos, les jambes, la croupe, la queue , les- côtés du coi-ps , les épaules , la fie- ex- terne du bras & de la cuiffe avoient à^s teintes de jaune-verdâtre & de brun, mais le jaune-verdâtre dominoit liir le brun; la plus longue partie de chaqj.ie poil depuis la racine étoit de couleur cendrée ou brune, il avoit au-delîijs une couleur jaune-verdâtre fur la longueur denvir^Dn quatre lignes, &. la pointe étoit brune. La face externe de l'avant-bras 6c de la jambe., &. le delîijs des quatre pieds avoient une couleur, mêlée de gris , de brun & de jaune-verdâtre qui n'étoit pas le plus apparent. Le defîbus de la mâchoire inférieure (Sv du cou; la. gorge, la poitrine, le venti^ Se la face interne des quati^e jambes avoient une couleur blanchâtre

Mm ij

276 Description

avec quelques teintes de gris &: de jaunâtre; les ongles étoient noirs & plies en gouttière , excepté ceux des pouces qui étoient

plats dans les quatre pieds 5c beaucoup plus grands aux pieds de derrière qu'à ceux de devant, li y avoit à^s callofités (ur les feifès.

p!ed5. pouc (igncft Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite

depuis le bout du mulè^iu jufqu'à Tanus i. 2. 3.

Longueur de la tête depuis le bout du uiufèau jufqua

i'occi| ut M 3. p.

Circonférence du bout du mu(eau u 3. 2.

Circonférence du mufeau , pnfe au-deflous des yeux, . ti 5* *

Contour de Touverii re de la bouche m i. 9.

DiOance entre les deux narines // // 2.

Diftance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur

de l'œil h i. j.

Diftance entre l'angle poftérieur & l'oreille // i, 4,

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // m 4,

Ouverture de l'œil // // 3 1,

Diftance entre les angles antérieurs des yeux en

(uivant la courbure du chanfrein // h 8.

La même diftance en ligne droite v u 5.

Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles. // 8. u

Longueur des oreilles ^ g 11.

Lnrgpurde la bafe, mefurée fur la courbure extérieure. 0 \. 6,

Diftance entre les deux oreilles, prife dans le bas. . . u 2. 7.

Longueur du cou y i, r

Circonférence du cou // 4. »

Circonférence du corps , prife derrière les jambes de

dev int g ,0. g

La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... // 1 1 . c.

DU CALLITRICHE. 2yy

pieds, pouc. ligncij La même circonférence devant les Jambes de derrière, n 7. 6.

Longueur du tronçon de la queue x. 8. 6,

Circonférence à l'origine n 3. 2.

Longueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au

po'g'iet 4. 7.

Circonférence du poignet n z. 5.

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles, h i. 8.

Longueur de la jambe depuis le gtnou jufqu'au talon. 1/ 5. 9.

Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . , // 4. 6.

Le foie selendoit autant à gauche qu'à droite; Icpiploon étoit prefqu'entièrernent vicié , il avoit plus d'épailTeur &: de coiifif- tance qu'il n'aurojt en avoir; la graifîè étoit dure& errenue, &: i'abdomeii s'cft: trouvé plein d'eau &: de fânie; lorfque ces liqueurs ont été écoulées, l'animai pefoit quatre livres & demie; i'épipiooii ne s'étendoit que jufqu'au milieu de la région ombi- licale.

Le duodénum étoit engagé dans les glandes obflruées du mé- fentère; le jéjunum faifôit ^ts circonvolutions dans la région ombilicale & dans les côtés; celles de l'ileum trouvoient auffi dans la partie poflérieure de la région ombilicale; le cœcum étoit dirigé en arrière dans la région hypogaftrique ; le colon s'étendoit en avant fur les intefiins grêles , il formoit un arc dans la région épigaftrique & replioit à droite dans le côté gauche avant de fe joindre au réélu m.

Les inteftins grêles dimînuoient peu à peu de grofîèur depuis le pylore jufqu'à un pouce & demi de dillunce du cœcum , i'ileum (A, pi. xxxvili , f^, i) étoit plus petit que dans le refte de fbn éteji due; il avoit plus de grolfeur près du cœcum (B),

Cet inteftiii éioii fort court &: de iigure à peu près conique ;

Mm iij

278 Description

il avoit deux bandes tendineLifcs , elles fe prolongeoient fur le colon (C ) qui en avoit de plus une troifième placée du côte oii étoit l'infeilion (D) de l'ileum ; ie colon avoit à fon origine prefquautant de groHèur que le caecum , mais fon diamètre diminuoit peu à peu jufqu'au re(5tum qui avoit à peu près la même grolîèur dans toute Ton étendue, excepté près de l'anus Ion diamètre éioit plus grand.

Le giand cul-de-fac (A B, pL xxxvili, fg. 2) de l'eflomac avoit beaucoup de profondeur; le relie (BC) avoit peu de lon- gueur à proportion de la largeur de ce vifccre qui étoit beaucoup plus renflé fur la face inférieure (D) que fur la fupérieure (E), en fuppolânt k grande courbure en arrière 6c la petite (F) en avant; dans cette même fituation l'œfophage (G) étant dirigé en avant , & l'eflomac rempli d'air dans l'état il efl repré/enté^. 2 , la portion (H) de la partie droite qui s'étend depuis l'angle (I) que forme cette priie jufqu'au pylore ( K) étoit dirigée obli- quement en avant &: en bas. Les membranes de l'eflomac &. des intellins étoient très-minces &: plus qu'à derai-tranfparentes.

Le foie étoit compofe de trois lobes, le plus grand trouvoit placé dans le milieu, 6c les deux autres avoient moins de volume & étoient placés l'un à droite 6c l'autre à gaucbe, le droit avoit un appendice à la racine que l'on pourroit prendre pour un petit lobe ; le plus grand dts trois lobes étoit divife en trois portions égales par deux fciffures; le ligament fufjpenioir paffoit dans la fcîffure droite , 6c la véficule du fîel étoit placée dans la gauche , elle débordoit un peu au-delà du bord du foie. Ce vifcère avoit au dehors une couleur rouge très-pâle 6c prefquc brune ; au dedans la teinte de brun étoit plus foncée , il pefoit deux onces quatre gros 6c demi ; la véficule du fiel étoit fort longue 6c plus grofîê à fon extrémité que dans le relie de fon étendue, elle contenoit

DU CALLITRICHE, 2JQ

une liqueur d'un jaune- verdûtre & du poids d'un demî-gro5.

La rate éloit prefcjue pointue par 1 extrémité fupérieure, I autre ctoit fi large que ce vifcèie avoit jîrefque la figure d'un tiiaiK^îe, dont (on extrémité inférieure f^n'foit la bafe : il étoit au dehors & au dedans à\\[\ rouge-noiiâtre. Je ne lapporte pas Ton poids, parce qu'il éloit abcédé en différens endic)its.

Le pancréas étoit vicié au point de n'être pas jeconnoifîâble ; les reins avoient très-peu d'enfoncement , ils éioientalongés; il n'y avoit point de mamelons au dedans ; le balTinet étoit peu éteiidu.

Le centre nerveux du diaphragme n'étoit guère plus tranP parent que la partie charnue. Le poumon droit avoit quatre lobes ; (avoir, trois de file comme dans la plupart des animaux, & un quatrième très-petit , placé à la racine (\ts autres près du cœur. Le poumon gauche n'étoit compo/é que de deux lobes, dont l'antérieur étoit prefque divifé en deux parties par une fcilfuie placée fur Ton bord inférieur ; l'autre lobe avoit aufli une fciffure fur /on bord inférieur , mais moins protonde. Le cœur étoit gros , court & dirige en arrière. Il ne fortoit que àtux branches de la crolfe de l'aorte.

La langue étoit longue , large &: épailTe, excepté le bout qui avoit peu d'épaifîèur ; elle étoit couverte de papilles très-petites & d'une grande quantité de grains glanduleux ; il y avoit fur la partie poflérieure trois groflès glandes à calice, une en arrière & deux en avant à trois lignes de diflance l'une de l'autre, &: à une ligne de la glande poltérieuie ; i'épiglolte étoit grande fans échancrure ni pointe dans le milieu.

Le cerveau n'avoit que peu d'anfraétuofités, & elles étoîent très-légères, il recouvroit le cervelet en entier, il pefoit une once cinq gros & foixante-cinc^ grains, &: le cerveiet un gros &. iôixante- cinq grains.

28o Description

La vulve étoit longue de quinze lignes : celte longueur, cxcefTive pour un fi petit animal, venoit de ce que le gland du clitoris étoit à dix lignes de diûance de l'entrée du vagin , qui n'avoit qu'environ cinq lignes de longueur ; le gland du clitoris étoit placé fur le pubis & compofe de deux petits tubercules qui fembloient être les vertiges du champignon qui termine le gland des mâles de ce genre ; l'orifice de l'urètre trouvoit à cinq lignes de diftance d^s bords de la vulve &: à treize lignes du gland du clitoris; le vagin étoit traverfé par deux petites rides à l'endroit de l'orifice de l'urètre ; la veiïie étoit faite en forme de poire ; l'orifice de la matrice avoit des bords fort épais & très-faillans dans le vagin ; le col de la matrice étoit prefqu'auflî gros que le corps: il n'y avoit point de cornes; les trompes tenoient à deux pavillons attachés aux teflicules qui avoient à peu près la figure d'un rein : on diûinguoît dans leur intérieur quantité de petites caroncules jaunâtres.

pieds, pouc. iigno. Longueur des intcflins grêles depuis le pylore jufqu'au

coccum 5. // K

Circonférence du duodénum // 1 . 5).

Circonférence du jéjunum u i . 8.

Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus

gros ^ u I . C.

Circonférence dnns les endroits les plus minces. . . g i. 3,

Longueur du cœcum // i , i ©.

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. u 4. 8.

Circonférence à l'endroit le plus mince it 2.. u

Circonférence du colon dans les endroits les plus

gros •. ^ 3. 11.

Circonférence dans les endroits les plus minces. .. . n z. u

Circonférence du reélum près du colon // i. //

Circonférence

DU C A L L I T R I C H E, 28 I

pccls. pcuc. lignes.

Circonférence près Je l'anus u z. 8.

Lon'uicur du colon ôcdu redum pris enfemble. ... 2,. // u Longueur du canal inteflinal en entier , non compris

le cœcuin 7. " *

Grande circonférence de l'eftomac // 10. j.

Petite circonférence 1 3

Longueur de la petite courbure , depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à i'œlo])hage // i. #

Profondeur du grand cul-de-fac u i. 5.

Circonférence de rœfophagc n i. 4.

Circonférence du pylore // i. 8.

Longueur du foie. i' 2,. 11.

Largeur " "

Sa plus grande épaifleur u n 8-

Longueur de la véficule du fiel u i . 6.

Son plus grand diamètre * *> " 5 i

Longueur de la rate " 2. u

o

Largeur de l'extrémité inférieure /' i 3

Lajoreur de l'extrémité fupérieure ' >f 4*

Épaifleur dans le milieu " '

Longueur des reins * ^ 7*

Largeur " "

Épaifl^eur " " ®*

Longueur du centre nerveux , depuis lu veine-cave

jufqu'à la pointe " " ^ *

Largeur " * "•

Circonférence de la bafe du cœur u 3.

Hauteur depuis la pointe jufc{u'à la naiflânce de l'artère

pulmonaire " * ^'

Hauteur depuis la pointe jufqu'au (âc pulmonaire, n " ^ l*

Tome XI K Nn

zSz Description, ère,

pitJs. pouc. Ii'tfnej;

Diamètre de l'aorte , j^ris de dehors en dehors. . , h h 3.

Longueur de la langue , // i . 8.

Longueur de fa partie antérieure , depuis le filet

jafqu'à l'extrémité ^ // u r

Largeur de la langue >/ n y.

Longueur da cerveau // ^. 4,

Largeur // 2. //

Epaiiïèur // i . i .

Longueur du cervelet // // ] o.

Largeur // i . ^ .

Epaiiïèur // // y,

Diflance entre l'anus &. la vulve // n 6.

Longueur du vagin h i . ,.

Circonférence h i . 4.

Grande circonférence de la veUie n 7. 6.

Petite circonférence // c. 10,

Longueur de l'urctrc , // // 7.

Circonférence // // ^.

Longueur du col & du corps de la matrice. u 1 . n

Circonférence du corps '........ t n u 11.

Diflance en ligne droite entre les tefticules & la matrice. // n 3 .

Longueur des tefticules u /( ^ i.

Largeur ^ 2..

Epaiiïèur m n i.

t

Tom xir:

ri wxi 11 !'.,.> i/: '

( . li.hfu.-i/ tt.v/y'.

LE C'ALLirUIC^II]'.

PI ^XMUJ Ru, j^i

^8-

LE MOUSTACn

X-/E Mouftac (planche xxxix) nous paroh ctre du même pays que le Macaque, parce qu'il a, comme lui le corps plus court 6c plus ramaffé que les autres guenons; c'cfl très-vrairem!)Iablement le même animal que les Voyageurs de Guinée ont appelé BLmc-îiez^ parce qu'en effet, il a les lèvres au-deiïbus du nez d'une blancheur éclatante, tandis que le rcfte de fa face efl d'un bleu-noirâtre; il a aufTi deux toupets de poils jaunes au-defibus des oreilles, ce qui lui donne l'air très-fmgulier ; Sl comme il efl en même temps d'aiïez petite taille, c'efl de tous les fmges à longue queue celui qui nous a paru le plus joli.

Caraâères dift'môlifs de cette efpèce.

Le mouflac a des abajoues & des callofités fur les feffes , la queue beaucoup plus longue que la tête ôl le

* Mouflac. Mujlax. Mouftache : comme la Guenon dont if efl ici queflion n'a point été nommée, nous lui avons donné ce nom, qui fuffira pour la faire reconnoître & diftinguer de toutes les autres; elfe eft en efTet très-remarquable par fa lèvre fupérieure , qui efl nue & d'une blancfieur d'autant plus frappante, que le reffe de fa face eft

noir.

° II y a d'autres Singes à la côte d'Or, que l'on nomme Blancs-nej^, parce que c'efl: fa feule partie de leur corps qui foit de cette couleur : ils font puans & farouches. Relation d'Artus , hijlo'm générale des yoyages , tome IV , p^ge 2^8,

N n ij

284 Histoire Naturelle, ire.

corps pris enfemble, elle a dix-neuf ou vingt pouces de longueur; il a la face d'un noir-bleuâtre avec une grande & large marque blanche en forme de chevron au-defTous du nez & fur toute l'étendue de la lèvre fupérieure, qui efl nue dans toute cette partie; elle eft feulement bordée de poils noirs, auffi-bien que la lèvre inférieure tout autour de la bouche : il a le corps court <Sc ramaffé ; il porte deux gros toupets de poil d'un jaune-vif au-deffous des oreilles; il a auffi un toupet de poil hériffé au-deiïus de la tcte ; le poil du corps efl d'un cendré-verdcitre ; la poitrine & le ventre d'un cendré -blanchâtre; il marche à quatre pieds, Sl il n a qu'environ un pied de longueur , la tête & le corps compris. La femelle eft fujette à Tccoulement pério- dique.

2S5

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DESCRIPTION

DU AI 0 U S TA a

.Le Mouftac (planche xxxix) eft de grandeur médiocre, longueur prifê depuis le bout <\u mufeau jufqu'à l'origine de la queue ii'eft que d'un pied , mais la queue a dix-neuf pouces ; cet animal eft remarquable, non-feulement entre les animaux dtÇon genre , mais entre tous les autres , en ce qu'il y a fur la peau de la lèvre fupérieure une couleur blanche qui reprcfente la fifrure d'un chevron brifc dont l'angle eft au-defîbus du nez; la lèvre ell nue dans la partie colorée de blanc; le nez, le bas du ùon\. 8c les joues font aufli dénués de poil , mais ils ont une couleur mclée de noir & de bleuâtre. Le mufeau eft peu alon^^é , le nez eft faillanl à fon origine entre les yeux; les ouvertures des Jiarines font placées au-deflbus du nez &: féparées par une cloifon étroite : auffi a-t-il des poches dans la bouche & dts callofités fur les fefîès. La plante des pieds eft noirâtre ; les ongles font noiis , larges &: aplatis.

Le tour de la bouche eft revêtu de poils noirs , il y a de chaque côté de la tête une raie noire qui sclend depuis l'angle poflérieur de l'œil jufqu'à l'oreille: celte partie eft mince & un peu velue; fon poil eft de couleur de jonquille, celui du bas des tempes a la mcme conlcur, mais il efl beaucoup plus long, il forme une touffe au-defîbus de l'oreille de chaque côté de la hcç; les poils du deifus de la tète font de couleur mèiée de noir Se de jaune- verdâtre , ceux du milieu ont plus de longueui que ks autres 8c font hériffés comme une huppe. Le dos, les épaules, la croupe , la face externe de la cuille 8l le de fliis de la queue

N n iij

286 Description, ifc\

ont des teintes Je cendre (5c de roux; fa face externe dn bras, de J'avant-bras, de la jambe proprement dite &: le delfus.des pieds de -devant font de couleur melce de cendré-foncc &: deverdâtre; le delKis de la queue ell de couleur cendrce depuis Ton origine julqua environ la moitié de longueur, le refle eft jaunâtre, La gorge, la poitrine & le ventre, la face interne du bras, de l'.want-bras, delà cuiliè & de la jambe font blancs avec quelques teintes de cendre & de gris.

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LE TALAPOIN*.

ETTE Guenon (planche xlJ cfl Je petite tailfe, <Sc d'une affez jolie figure; Ion nom paroîtroit incliquer qu'elle fe trouve à Siani 6c clans les autres provinces (le i'Afie orientale, mais nous ne pouvons rafTurcr; feulement, il efl certain qu'elle cfl originaire de l'ancien continent <Sc qu'elle ne fe trouve point dans le nouveau, parce qu'elle a des abajoues & des caîlofitcs fur les feffes, & que ces deux caradères n'appartiennent ni aux fagoins ni aux fapajous, qui font les feuls animaux du nouveau monde qu'on puiffe comparer aux guenons.

Ce qui me porte à croire, indépendamment du nom , que cette guenon fe trouve plus communément aux Indes orientales qu'en Afrique, c'efl que les Voyageurs rapportent que la ]>lupart des fmges de cette partie de l'Alie ont le poil d'un vert -brun. «Les fmgcs du Guzaratte, difcnt-ils, font d'un vert-brun, ils ont la « barbe 6c les fourcils longs 6c blancs : ces animaux que « les Banianes laiffent multiplier à l'infini ])ar ui\ principe « de religion , font fi familiers, qu'ils entrent dans les « maifons à toute heure 6c en fi grand nombre que les « marchands de fruits 6c de confitures ont beaucoup de « peine à conferver leurs marchandifes ^ j>.

* Talapo'm, nom fous lequel ce Singe nous a cie donné, & que nous avons adopte'.

' Jbliltoire générale des voyages , tome X , page 6 y.

-88 Histoire Natu relle

M. Edwards a donne la ligure Si iadefcription d'une guenon , fous le nom àc Singe noir de moyenne grandeur, qui nous paroit approcher de refpèce du talapoin plus que d'aucune autre. J'ai cru devoir en rap])orter ici la defcription * , «Se renvoyer à la figure, donnée par M. Ed^^ ards , pour qu'on puifTe comparer ces animaux : on verra qu'à l'exception de lagrandeur & de la couleur, ils fe reflemblent aflez pour qu'on doive prt fumer que ce font au moins deux efpèces Lien voifincs , fi ce ne font pas des variétés de la même efpèce : dans ce cas, comme nous ne fommes pas fûrs que notre talapoin foit natif des Indes orientales, <5c que M. Edwards alfure que celui qu'il décrit venoit de Guinée; nous rendrions le talapoin à ce même climat, ou bien nous fuppoferions que cette efpèce fe trouve également

* Ce finge étoit à peu près de ïa taille d'un gros chat , il étoit d'un

naturel doux , ne failànt inal à perfonne c'etoit un mâle , & H

ctoit un peu vieux tête etoit afTez ronde, la peau de Ton viHige

etoit d'une couleur de chair rembrunie, couverte de poils noirs afTez clair-(èmc's ; les oreilles e'toient faites comme celles de l'homme'; les yeux ctoient d'une couleur de noifeue-rougeâtrc avec les paupières noires; le poil étoit long au-dclTous des yeux, & Tes fourcils fe joirnoient ; il ctoit long aufll fur les tempes & couvroit en partie les oreilles ; la tête , le dos , les jambes de devant & de derrière & la queue êtoient couverts d'affêz longs poils d'un brun-noirâtre, qui n'e'toit ni trop doux ni trop rude; la poitrine, le ventre, &c, étoient prefque fans poil , d'une couleur de chair rembrunie , ayant des bouts de (èin à la poitrine. Les quatre pattes étoient fiiites à peu près comme la main de l'homme étant couvertes d'une peau douce <?c noire prefque ^ms poil; les ongles étoient plats, Clanures d'Eàvards , pag,22i.

dans

DU T A L A P O 1 N. 2^C)

'dans les terres du midi dcI'Afrique & de l'Afie : c'eft vraifemblablement de cette même efpèce de finges noirs, décrits par M. Edwards, dont parle Bofman , fous le nom de Baurdmaiinajes ^ Se dont il dit que la peau fait une bonne fourrure *.

* On trouve en Guinée une troificme efpèce de fîno-es parfaite- ment jolis , qui ont pour l'ordinaire deux pieds de hauteur ; leur poil efl: extrêmement noir, de la longueur d'un doigt & davantage, avec une barbe blanche, d'oi^i les Hollandois les ont nppdéi, Baurdmannetjes : on fait des bonnets de leur peau & chaque fourrure s achette quatre écus. Voyage de Bofman, page 2 ^ 8.

Tome XIK

Oo

290 Description

DE SCRIPTION

DU T A L A P 0 I N.

l^ET animal (plxi) a la tcte ronde, le mulêau peualonge', les oreilles grandes, arrondies &: nues, la queue très-longue, le nez , les oreilles & la plante Ats pieds noirs ; les yeux & le bout des lèvres de couleur de chair. Les poils des joues, àts tempes, du front , du fommet de la tête, de l'occiput, du deflus & des côtés du cou , du dos , àts lombes , de la croupe , ôits côtés de la poitrine &: du ventre, de la face extérieure des jambes &: du delfus des pieds /ont de couleur mêlée de jaune , de vert & de noir ou de noirâtre ; chaque poil eft de couleur cendrée-noirâtre fur la plus grande partie de la longueur depuis la racine ; il y a du jaune - verdrure au-defTus du noirâtre, & la pointe efl noire. La mâchoire inférieure, le delTous du cou, la gorge, la poitrine, le ventre, les ailTelles, les aines &: la face intérieure des jambes font de couleur blanchâtre avec quelque légère teinte de jaunâtre. La queue ell en deiïïis de couleur cendrée-grisâtre : en général le delfus du corps & de la queue étoit mêlé de noirâti-e & d'oli- vâtre, & le defibus de couleur cendrée - claire. Les ongles àts pouces font ronds & plats , ceux des autres doigts font un peu plies en gouttière. Cet animal a des poches dans la bouche & des callofités fur les ït^ti»

pieds, pouc. ligna» Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite

depuis le bout du mufeau jufqu a l'anus 1 . g 8.

Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à

^'occiput u y B

D u Ta l a p o I n. 291

picd5. pouc. lignes.

Circonférence du bout du mufeau // 3. 2.

Circonférence du niulèau, prife au-deflbus des yeux. // 3.8.

Coniour de l'ouverture de la bouche // i .

Diflance entre les narines // // i.

Difliincc entre le bout du mufeau & lanole antérieur

o

de l'œil 10.

Difliince entre l'angle poftérieur & l'oreille « i. 4.

Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // u 5.

Ouverture de l'œil a // 3 i.

Diflance entre les angles antérieurs des yeux en fuivant

la courbure du chanfrein // u 7.

La même dift;ince en ligne droite // n 4.

Circonférence de la tête , prife entre les yeux & les

oreilles (t 6. 3.

Longueur des oreilles u n p.

Longueur de In ba(e , niefurée fur la courbure exté- rieure // ï . II*

Diftance entre les oreilles, prifê dans le bas u 2. //

Longueur du cou // /' 10.

Circonférence // 4. 2.

Circonférence du corps, prilê derrière les jambes de

devant u 7. it

Circonférence à l'endroit le plus gros // 7. 10.

Circonférence devant les jambes de derrière // 5 . 6,

Longueur du tronçon de la queue !• ^ o.

Circonférence à l'origine /' ^' o*

Lonoueur de l'avani-bras depuis le coude jufqu'au

poignet I' 3 7*

Circonférence du poignet u ï *

Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 2.

P O ij

292 Description

pieds, poiic. Iignel, Longueur de la janile depuis îe genou jufqu'au talon. # 5. # Longueur depuis le uilonjuiqu 'au bout des ongles. . // 3- ^•

L'animal dont il s'agit pefoit deux livres douze onces 5c demie. A l'ouverture de l'abdomen j'ai trouvé l'cpiploon étendu jufqu'au bout de la région ombilicale ; le foie étoit placé autant à gauche qu'à droite , & l'eflomac prefqu'entièrement à gauche.

Le duodénum étoit fort court , les circonvolutions du jéjunum & de rileum fe trouvoient dans la région ombilicale & dans les côtés; le cœcum étoit placé dans le côté droit &: dirigé en arrière ; le colon s'étendoit en avant dans le côté droit, palToit de droite à gauche derrière l'eftomac , & prolongeoit en arrière dans le côté gauche; enfin, il faifoit quelques finuofités dans la région iliaque gauche 8c dans la partie poftérieure de l'ombilicale avant de fe joindre au redum.

Le grand cul -de -lac de l'eflomac étoit fort ample, auffi la petite courbure n'avoit que très-peu de longueur entre i'œfophage 8c l'angle de la partie droite ; la grande courbure étoit très-convexe dans le milieu de longueur. Les intefiins grêles avoient tous à peu près le même diamètre, excepté lileum qui étoit moins gros à quelque diftance du cœcum que près de cet inteftin ; le cœcum étoit gros , court iSc conique , il formoit trois bourfou- flures fur fa bafe, il avoit trois bandes tendineufês qui s'étendoient fur le colon; cet inteftin avoit aulTi des bourfoufliires près du cœcum , les plus grofîès & le plus grand diamètre le trou voit à environ un pouce de diflance du cœcum ; le colon devenoit de plus en plus petit en approchant du reélum , qui étoit au contraire de plus en plus gros à mefure qu'il approchoit de l'anus; les membi-anes de i'eftomac &. àts inteflins étoient fort minces 8c tranlparentes.

D V Ta l a p o 1 n, 293

Le foie étoit compofc de trois grands lobes & d'un petit , le plus grand trouvoit dans le milieu & cloit divifc en deux parties par une fciffure, dans laquelle paffoit le ligament furpenfoir; ia vclicule du fiel adhéroit à la face poftcrieure de la partie droite; il y avoit à droite & à gauche un lobe moins gmnd que celui du milieu, le plus petit de tous tenoit à la racine du lobe droit: ce vifcère avoit au dehors & au dedans une couleur rouge-pâle , il peloit une once fept gros ; la vélicule du fiel avoit la figure d'un œuf alongé , fon pédicule formoil deux plis,

La rate étoit prefcjue triangulaire , parce que l'extrémité infé- rieure avoit piefqu'autant de largeur que le vifcère entier avoit de longueur , il étoit au dehors & au dedans d'un rouge plus vif que le foie , il peibit un gros.

Le pancréas s'étendoit depuis la rate jufcju'au duodénum , contre lequel il formoit un angle ; la branche qui fuivoit cet inteftin étoit très -courte &: pointue.

Le rein droit étoit plus avancé que le gauche d'un quait Je fa longueur , ils étoient oblongs , ils avoient peu d'enfoncement; ie rein gauche fembloit avoir un fécond rein plus petit, adhérent à fon côté extérieur , parce qu'il y avoit un fillon longitudinal qui s'étendoit en forme d'anneau fur le milieu des deux faces & fur les deux bouts; le baffinet étoit petit, & il n'y avoit point de mamelons.

Le diaphragme étoit mince ; il y avoit quatre lobes dans le poumon droit & deux dans le gauche , proportionnés (Se placés comme dans la plupart des quadrupèdes. Le cœur étoit court ; la croffe de l'aorte jetoit deux branches.

La langue étoit large , épaiffe , couverte de papilles, très-petite & parfemée de grains glanduleux ; il y avoit fur la partie moyenne poftérieure trois glandes à calice , une en arrière dans le milieu ^ ^ O o iij

294 Description

& deux en avant fur les côtes; l'épigiotte étoit échancrce dans le milieu. Il y avoit fept ou huit filions tranrverfânx fur le palais &; une arête longitudinale dans le milieu, qui partageoit leslillons en dtiw parties dont chacune étoit convexe en avant.

Le cerveau ctoit grand & recouvroit le cervelet en entier, il n'avoit que peu d'anhacfluorités & elles ttoient petites, il pefoit une once cinquante-fix grains , & le cervelet un gros onze grains.

L'animal qui m'a fcrvi de fujet pour cette defcription n'avoit que deux mamelles fur la poitrine placées fort près l'une de l'autre; le icrotum étoit grand; la verge fortoit en dehors de l'abdomen; le gland étoit terminé par un gros champignon ; la vefîie avoit la forme d'un œu^ ; les tedicules étoieni gros (5c prefque ronds: on voyoit au dedans l'axe tendineux de i'épididyme ; \es véficules leminales étoient grandes &: alongées , elles avoient trois faces longitudinales : on fèntoit au dedans du gland un os oblong dont la partie antérieure étoit courbe.

piccb pouc. lignes. Longueur des inteflins grêles depuis le pylore jufqu'au

cœcuin 4.

Circonférence du duodénum u

Circonférence du jéjunum //

Circonférence del'ileum clans les endroits les plus gros, n

Circonférence dans les endroits les plus minces. ... h

Longueur du ccecum zz

Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. . . //

Circonférence à l'endroit le plus mince a

Circonférence du colon à l'endroit le plus gros. . . u

Circonférence dans les endroits les plus minces. . .

Circonférence du reélum près du colon n

Circonférence du rcdum près de l'anus h

Longueur du colon «Se du redum pris enfemble .... i . 10.

6.

//

I.

7-

I.

P-

2.

H

I.

6.

I .

4.

4.

1.

6.

3-

y-

I.

8.

I .

8.

2.

a

0.

a

DU T A L A P O I N. 295

piccîs. pouc. iignej.

Longueur Ju canal inteflinal en entier, non compris

le cœcum (5. 4. g

Grande circonfcrence de i'eftoiiiac // 8. 4.

Petite circonférence a C. 3.

Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que

forme la partie droite jufqu'à l'œfophage m u n.

Profondeur du grand cul-dc-fac 0 i. //

Circonférence de i'ocfophage // i. 3,

Circonférence du pylore m 1. z.

Longueur du foie // 2. 7,

Largeur # 3 . 7,

Sa plus grande épaiflcur h u 6,

Longueur de la véficule du fiel u i. 5,

Son plus grand diamètre '/ u 6,

Longueur de la rate // i . u

Largeur de l'extrcmité inférieure // u 11.

Largeur de l'extrémité fupérieure // // 3,

Épaifleur dans le niilieu u 11 4.

Épaiiïèur du pancréas /r u 2.

Longueur des reins m i . 5 .

Largeur // // ^.

Epaifleur u n 5.

Longueur du centre nerveux depuis la veine-cave

jufqu'à la pointe n i. if

Largeur /' 1 . 2.

Circonférence de la bafe du cœur // 3. »

Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naifl~ance de l'artère

pulmonaire v " ' 4*

Hauteur dep««is pointe jufqu'au fac pulmonaire. . h it y

Diamètit de l'aorte , pris de dehors en dehors ... // u ^'

29<5 Description

pieds, pouc. IîgnW|

Longaeur de la langue n i 4.

Longueur de la partie antérieure depuis le filetjufqua

l'extréiniic " i>

Largeur de la langue // /' 4.

Longueur du cerveau // 2. 2.

Largeur // i p.

Épaiiïcur // n 11.

Longueur du cervelet // // 5^.

Largeur // i . i .

ÉpaifTeur H h 8.

Longueur du gland m 11 <?.

Circonférence // // 6.

Circonférence du champignon // // 10.

Longueur de la ver^e depuis la bifurcation des corps

caverneux ju(qua i'infertion du prépuce // 1. 8.

Circonférence 0 u 8.

Longueur àt% teflicules n u 8.

Largeur h 11 6.

EpaifTeur 11 u 4 i.

Largeur de l'épididyme u a 3.

Epaifleur // // i.

Longueur des canaux déférens it 4. 4,

Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue, f u u -,

Grande circonférence de la veflie y/ 6. 2.

Petite circonférence ;/ 4. 11.

Circonférence de l'urètre . é u u 7,

Longueur dQS véficules féminales g i , 6,

Largeur // u 3 |.

Epaifleur jr # 3.

Lojigueiir dis prQftates m a 6,

Largeur

/,'/// A//

l'I XL ./'„.,

w^

A- .C;..- y,-/

.l"'-'/f.V,..v-,/v '■'"•■ Zu-J..-u .-'.-..A:

■i"ALAlH)IN'

DU T A L A P O I N,

igy

Largeur. Epailleur

pieds, pouc. lignes. // u 5.

# /f 2.

Les orbites des yeux du talapoin, font plus grandes que celles du malbrouck ; le mufeau efl moins long , & l'ouverture des narines eft placée pk.s hiut; de (Ijrte qu'elle trouve en partie entre les orbites , à peu pi es comme dans l'homme , dans le gibbon, &.C.

11 y a douze vertèbres doriâles 8c douze côtes de chaque côté, fèpt vraies & cinq fauffes; le fternum eft compofé de ilx os; les premières côtes s'articulent avec la partie moyenne du premier os ; l'articulation des fécondes côtes eft entre le premier & le fécond os du (ternum ; celle ^th troihèmes côtes, entre le fécond & le troilième os , & ainfi de fuite jufqu'aux fixièmes &: /êptièmes côtes (qui s'articulent entre le cinquième &: le fixième os du flernum.

Les faulfes vertèbres de la queue font au nombre de vingt-cinq.

11 n'y avoit que dix os dans le carpe, le premier des furnu- iuéraiies y manquoit; le tarfe ètoit oompofë de huit os.

To7ne XIV.

pp

298 Histoire Naturelle

L

LE D O U C '.

E DoLic ( pLuîc/ie X L ij eft le dernier de la clafTe des animaux , que nous a ons appelés Singes, Babouins Sl Guenons: lans être précifcment d'aucun de ces trois genres, il participe de tous; il tient des guenons par fa queue longue , des babouins par fa grande taille, 6c des finges par fa face plate ; il a de plus un caradère particulier, <5c par lequel il paroît faire la nuance entre les guenons <5c les fapajous : ces deux familles d'ani- maux diffèrent entr'elles, en ce que les guenons ont les feffes pelées , & que tous les fapajous les ont cou- vertes de poil; le doue efl la feule des guenons qui ait du poil fur les feffes comme les fapajous : il leur reffemble auffi par l'aplatiffement du nuifeau : mais en tout , il approche infiniment plus des guenons que des fapajous defquels il difîère, en ce qu'il n'a pas la queue prenante , <Sc auffi par plufieurs autres cara(flères effen- tiels : d'ailleurs l'intervalle qui fépare ces deux familles eft immenfe , puifque le doue 6l toutes les guenons font de l'ancien continent, tandis que tous les fapajous

* Doue , nom de cet nnimal à la Cochinchine, & que nous avons adopté : ce nom que nous ignorions nous a été donné par M. Poivre, aufll-bien que l'animal même. Sifac à Madagafcar.

Cercopithecus c'mereus , genis longis p'tlis ex nlbo Jlavicûntibus obfitis, torque ex cajlaneo purpura fcente. Le fifrand finge de la Cochinchine, £rij[. reg. anim. pag. 2.0^,

DU Doue, 2Ci<)

ne fe trouvent que dans le nouveau : on pourroit dire aufTi avec quelque raifon que le doue ayant une longue queue comité les guenons , 6i n'ayant pas comme elles de callofités fur les fefTes, il fèiit la nuance entre les orang - outangs & les guenons, comme le gibbon la fait aufTi à un autre égard , n'ayant point de queue comme les orang-outangs, mais ayant des callofitcs fur les fefTes comme les guenons. Indépendamment de ces rapports généraux , le doue a des cara6lères particuliers , par lefquels il efl très -remarquable ôl fort aifé à dif- tinguer de tous les fmges, babouins, guenons ou fa- pajous , même au premier coup d'oeil ; fa robe variée de toutes couleurs, femble indiquer l'ambiguité de fa nature, 6c en même temps différencier fon efpèce d'une manière évidente. Il porte autour du cou un collier d'un brun-pourpre ; autour des joues une barbe blan- che; il a les lèvres <Sc le tour des yeux noirs, la face &. les oreilles rouges , le deffus de la tête &. le corps gris , la poitrine Sl le ventre jaune, les jambes blanches en bas , noires en haut ; la queue blanche avec une large tache de même couleur fur les lombes ; les pieds noirs avec plufieurs autres nuances de couleur *. Il me paroît que cet animal qu'on nous a afTurc venir de la Cochinchine fe trouve auffi à Madagafcar, & que c 'efl le même que Flaccourt indique fous le nom de Jifac dans les termes fuivans : « à Madagafcar, il y a, dit-il , une autre efpèce de guenuche blanche, qui a un chaperon *'

* Voyez ci-après la defcription du Doue,

Ppi;

300 Histoire Naturelle

'' tanné, <Sc qui fe tient le plus fouvent flir les pieJs

" de derrière ; elle a la niieuc blanclir <5c deux taches

*> tannées fur les flancs , elle efl plus grande que le vari

^' ( mococo ) , jiiais plus petite que le varicoffi ( vari ) ,

» cette efpèce s'appelle j^7f, elle vit de fèves; il y en a

"beaucoup vers Andrivoure , Dambouriomb & Rana-

foulcby "" ». Le chaperon ou collier tanné , la aueue

blanche , les taches fur les flancs font des caradères

qui indiquent aflcz clairement que ce fifac de Mada-

gafcar efl de la mcnie efpèce que le doue de la

Cochinchine.

Les Voyageurs aflîirent que les grands finges des parties méridionales de l'Afie , produifent des bézoards qu*on trouve dans leur eflomac , <Sc dont la qualité efl fupérieure à celle des bézoards des chèvres 6c des gazelles; ces grands fmges des parties méridionales de l'Inde , font l'ouanderou 6c le doue ; nous croyons donc que c'efl à ces efpèces qu'il faut rapporter la produdion des bézoards : on prétend que ces bézoards de fmge font toujours d'une forme ronde, au lieu que les autres bézoards font de diflérentes figures ^

* Voynge de Y\-xQcomi ^ page ij^.

^ Comme les fmges , auffi-bicn que hs chèvres mangent fes Boutom de certains arbrificaux , il fe produit dans leur ventre des pierres de bézoard : on en trouve fouvent dans leurs excrémens , que la peur qu'ils ont d'être battus leur fait lâcher en courant : ces pierres de bézoard font les plus chères & ks plus eHimèes de toutes celles qui fe trouvent dans les Indes , elfes font auOl plus rondes que les autres, ÔL ont bien plus de force : oa a éprouvé quelquefois qu'un graùidc

DU D ou C, 301

CaraBeres diflindifs de cette efpèce.

Le cloue n'a point de callofités fur les feffcs , il les a garnies de poil par-tout; fa queue, quoique longue, ne l'efl: pas autant que la tcte <Sc le corps pris enfenible; il a la fîi.:e rouge d<. couverte d'un duvet roux; les oreiilts nues & de même couleur que la face , les lèvres brunes, aud'i-bien que les orbites des yeux; le poil de couleurs très-vives <Sc très-variées ; il porte un ban- deau &. un collier d'un brun-pourpre ; il a du blanc fur le front , fur la tête , fur le corps , les bras , les jambes, <?cc. une efpèce de barbe d'un blanc-jaunâtre: il a du noir au-deffus du front &. à la partie fupcricure des bras ; les parties du deffous du corps font d'un gris-cendré &. d'un jaune-blancbâtre; la queue efl blan- cbe, auffi-bicn que le bas des lombes : il marche auiïi fouvent fur deux pieds que fur quatre , (9l il a trois pieds <Sc demi ou quatre pieds de hauteur lorfqu'il eft debout. J'ignore fi les femelles dans cette efpèce font fujettes à l'écoulement périodique.

celles-ci avoit autant d'effet que deux de ceUes qui viennent des chèvres. Defcript. hiJI. de Macacar , png. 51. J^ota. En coinj^arant ce pafîlige avec celui de Knox, que nous avons rapporté à l'article du Ouanderou , il paroît que ce font les ouanderous qui vivent de houtons d'arbres, & que par conféquent ce font eux qui produifent plus communément des bézoards.

P p u]

W^

302

Description

DESCRIPTION

DU D 0 U C,

Le Doue (planche X Li) efl de la grandeur àw magot 8c du papion. Quoiqu'il ne refte de l'individu qui fèrt defujet pour cette defcription que la peau bourrée Se Xo^ os àts iTiâchoires & des pieds , il me paroît que le doue a le mufeau moins long que celui du magot, les quatre jambes & les pieds de derrière à peu près aulTi longs : mais les pieds de devant ont beaucoup plus de lon- gueur ; quoique le }X)uce foit très-petit, /on extrémité ne s'étend pas jufqu'au bout du métacarpe ; il n'y a point de callofités fur les {ç.^ti> ; les ongles font un peu courbes & plies en gouttière, excepté celui du pouce àts pieds de derrière qui eft preique plat; leur couleur elt noirâtre de même que celle de la plante à^s pieds, celle des lèvres & du tour des yeux ; le refte de la face eft roufsâtre avec un petit duvet roux. Les oreilles font petites, nues, roufsâtres comme la face; leur forme, & leur couleur paroiflènt avoir été altérées par le defféchement.

Les couleurs du poil du doue le rendent très-remarquable par leur vivacité & par leur difpofition : elle efl: fi extraordinaire; que cet animal femble avoir des vétemens de différentes couleurs, fur le front, fur la tête, fur le corps, fur les parues honteufès, le bras, Tavant-bras, la cuifle & la jambe. Les tempes, les joues & la mâchoire inférieure ont un long poil de couleur blanchâtre, mêlée de jaunâtre ; il y a fur le bas du front un bandeau étroit qui s'étend de chaque côté jufqu'à l'oreille , & qui efl formé par des poils de couleur de marron d'un roux:foncé ; cts poils (ont plus longs vers les oreilles que lur le milieu du front ; il y a

PI MI P.i.f -.-,

A- .'\,:- ..'.;'„

i-)()r c

DU Doue. 303

auffi Tlii- îe (leffous &: les côlcs du cou un collier de même couleur; le haut du front & lu partie fupérieure àcs bras font noirs ; le delTus , le derrière Se les côtés de la tête , la partie infcrieure à^s bras , le dos , la poitrine, le ventre & les côtés du corps ont àts couleurs peu différentes de celles du petit-gris; chaque poil e(l d'un gris -blanchâtre vers la racine, àts couleurs noirâtres 6c grifes-verdâlres ou jaunâtres fe fucccdent jufqu'à quatre ou cinq fois dans le refte de fon étendue. ; le jaunâtre eit plus apparent fur la poitrine & fur le ventre que fur la tête, les bras &: le dos. L'avant-bras 6c le delTus du métacarpe font de couleur blan- châtre, teinte de jaunâtre; la queue ed blanchâtre : il y a un efpace triangulaire de cette même couleur , placé à l'origine de h queue & au-de(fus, il s'étend le long du périné, «Se il occupe le pubis Se une partie du dedans àits cuiffes; il y a à^s couleurs de petit-gris fous la cuilfe , & des poils de couleur de marron roux-foncé fur le bord de la tache blanche ; le refte de chaque cuilfe eft noir , 8c cette couleur forme une ceinture au-dellus du pubis ; enfin , les jambes proprement dites , & le deffus du mé- tacarpe font de couleur de marron roux-foncé, comme le collier 6c le bandeau du front ; les doigts des pieds de devant ont un poil noir; celui des doigts des pieds de derrière eft tombé, il n'en refte que des brins qui font noirs. La queue de ce doue a un pied fept puces 6c demi de longueur, elle n'efl pas fi longue que le corps.

304-

Description

DESCRIPTION

DE LA PARTIE DU CABINET

qui a rapport à l'HiJloire Naturelle

DES GUENONS*.

N.° M C C C I X.

Un macaque,

V_>ET animal eft dans l'efprii-cle-vin, il ne diffère pas de celui qui a fervi de fujei pour la defcriptioii du macaque.

N.** M C C C X.

Le fquelette d'un macaque.

Ce fquelette a fcrvi de (ujet pour la defcription 6c les dimcn-^ frons des os du macai.|Ue.

N.° M C C C X I.

L'os hyoïde d'un macaque.

li y a cinq pièces dans cet os, comme dans celui de l'homme; une bafê , deux grandes cornes & deux petites; la bafê retîèmbie à celle de l'os hyoïde du magot ; les petites cornes ont environ les deux tiers de la longueur des grandes, &: font couchées par-

dell'us.

* C'eft pour me conformer à la nomcndaturc de M. de BufTon que j'appelle ici Jes Cabei d'Ariftote du nom de Guenons que l'on donne en général AUX fen\clles des Singes.

N^MCCCXII.

DU Cabinet. 30J

N.*' M C C C X I T.

L'os de la verge d'un macaque.

Cet os a près de fept lignes de longueur, il efl uji peu courbe ; au lefle, il relfemble à celui du petit papion.

N.' M C C C X I I I.

L'os de la verge de l'animal appelé aigrette.

Cet os efl très-dclic , il paroît n'être pas formé en entier , parce que l'animal dont il a été tiré étoit trop jeune.

N.'^ M C C C X I V.

Le fquelette d'un pat as à bandeau noir.

La de/cription & les dimenfions de ce fquelette font partie de la defcription du patas à bandeau noir ; il y a une petite dent furnuméraire , placée au côté externe de la féconde des mâchelières du delîous.

N/' M C C C X V.

L'os hyoïde d'un patas à bandeau noir. Cet os efl compofédecinq pièces, comme celui du macaque ; mais il en diffère, principalement par les petites cornes , qui (ont à peine [ènfibles.

N.'' M C C C X V L

Une peau de malbrouck. Cette peau efl bourrée, elle reffemble par fa grandeur Sa par les couleurs du poil à la peau du malbrouck qui a fervi de fujet pour la defcription de cet animaL

Toute XI K Ql

3o6 Description N.° M C C C X V I I.

Le fquelette d'un malbrouck.

La defcription & fe.^ dimenfions de ce re]uelette font partie de lu delcjipliûii du malbrouck.

V^? M C C C X V I I I.

Le fquelette de V animal appelé bonnet-chinois.

C'efl le fquelette qui a fervi de fujet pour la defcription & ies dimenfions des os de cet animal.

N.° M C C C X I X.

ZW /zyi?/V^ ^^ ranimai appelé bonnet-chinois.

Cet os efl compofc de cinq pièces , comme celui de l'homme; il diffère de celui du macaque , en ce que les petites cornes font à proportion plus courtes , relativement à la longueur àt^ grandes cornes.

N." M C C C X X.

Dos de la verge de l'animal appelé chinois.

Cet os a fix lignes & demie de longueur , & environ unfl ligne de diamètre dans la plus grande partie de fon étendue; l'une de ks extrémités eft aplatie & plus large que le refie de l'os.

N.° M C C C X X 1.

Un mangabey.

Cet animal efl confervé dans l'efprit-de-vin, îl reffemble à imdividu qui a fervi de fujet pour la defcription du mangabey.

DU Cabinet, 307

N.° M C C C X X I I.

L'os hyoïde d'un rnangabey.

Il efl: comporé de cinq pièces, comme l'os Iiyoïcïe du macaque & du bonnet-chinois ; mais Tes petites cornes font encore plus couj bes que celles du bonnet - chinois , en compaiaifon de la longueur (^ts grandes cornes.

N.° M C C C X X I I I.

L'os de la verge d'un niangahey.

Cet os efl cylindrique &: un peu courbe, il a cinq lignes àt longueur,

N.° M C C C X X I V.

La peau d'une moue.

Cet animal efl dans l'efprit-de-vin, il ne diffère pas de l'individu tiui a lervi de fujet pour la defcriplion de la mone.

n; m c c c X X V.

Le fquelette d'une mone.

Les arrières-dents ne paroiffent pas dans ce fquelette ; le flernum efl difforme à l'endroit de l'articulation du premier os avec le fécond ; il y a deux cotes qui s'articulent entre ces deux os , au lieu d'une comme dans les autres animaux : cette fingularité , jointe à la difformité du fternum , peut faire préfumer qu'il y a eu un os oblitéré dans cet endioit , d'autant plus qu'il n'y en a que cinq dans le flernum du fquelette dont il s'agit, c'efl celui qui a (ervi de fujet pour la defcriplion &. les dimenfions des os de la mone.

3o8 Description

N.° M C C C X X V I.

L'os de la verge d'une mone.

Cet os efl à peu près de même grandeur «Se de même forme que celui du macaque.

N.^ M C C C X X V I I.

La peau d'un cal lit riche.

Cette peau efl: bourrée; les couleurs du poil reflèmblent à celles de l'individu qui a fervi de fujet pour la defcriplion du callitriche»

N.*^ M C C C X X V I U.

L'os hyoïde d'un callitriche.

Cet os hyoïde diffèie de celui àw patas à bandeau noir, princi- palement en ce que la partie inférieure de la bafe efl percée»

N.° M C C C X X I X.

L'os de la verge d'un callitriche,

La longueur de cet os eft de fix lignes, il eft un peu courbe; Çqk\ extrémité antérieure efl pointue,

N.^ M C C C X X X.

Un talapoiu. Cet animal efl dans l'erprit-de-vin ; il ne diffère pas de Xm- dividu qui a fervi de fujet pour la defcription de la mone.

N.^ M C C G. X X X I.

Le fquektte d'un talapoin.

C'efl le fquelette qui a fervi de fujet pour la defcription & ks dimenfions àts os du taiapoin».

DU Cabinet, 309

N." M C C C X X X I I.

L'os hyoïde d'un îalapoïn.

Cet os efl: compofé de cinq pièces , il relFcmble plus à celui du mangabey qu'à aucun de ceux dont j'ai déjà fuit mention, par la forme de chacune de ces pièces.

N.° M C C C X X X I I L

L'os de la verge d'un talapo'm, *

La longueur de cet os n'eft que de quatre lignes & demie ,. îl eft un peu courbe & prefque cylindrique, comme ceux du papion , du macaque , du mangabey oc de la mone.

N." M C C C X X X I V.

Un fœtus de guenon.

A voir ce fœtus au premier coup-d'œil , fans en faire un exa- men détaillé, on pourroit ie prendre pour un fœtus humain; il n'a point de poil ; fa face a beaucoup de rapport avec le vifige d'un homme, parce que les mâchoires du fœtus dont il s'agit font plus courtes, Se que par conféquent le mufeau ed moins alongé que dans le fmge adulte * ; aiiifi la principale caufe de la laideur du finge n'eu pas développée dans ce fœtus; mais en oblervant de prêt ks différentes parties , il e(l facile de reconnoitre que c'eft un finge, parce qu'il n'a point de menton, & que la fofTette manque au milieu de la lèvre du deffus. La cloifbn des narines eft étroite, ce caraaère prouve que ce fœtus vient d'une guenon^

^ Je rapporterai ailleurs des observations que j'ai faites fur les caufcs qur rendent les mâchoires des adultes à proportion plus longues que celles des. enfans, & qui par cet effet, changent les traits du vifage a differcns âges.

310 Description, ifc.

queue ctaiit fort longue. Les yeux font fermes, ks oreilles forment déjà une petite pointe à la partie fupérieure & poltérieure de leur circonférence, elles font fort minces, elles n'ont ni bord ni lobe. Les deux mamelles &: les callofités à<^s feffes font apparentes, on voit que c'elt une femelle : mais le gland du clitoris efl fort petit, au contraire de ce qui eft dans les femmes à pareil âge. Les ongles font plies en gouttière , celui du pouce des pieds de derrière e(l large &: plat; ce fœtus a trois pouces huit lignes de long , depuis le fommet de la tête jufqua l'origine de la queue, dont la longueur ell de trois pouces trois lignes.

N.° M C C C X X X y.

La queue d'une guenon.

Cette queue a été diflcquée , il n'y refîe que les os & fes tendons des mufcles , qui tiennent aux fauffes vertèbres de la tjtieue j aux os du baffin & aux vertèbres loaibaiies.

•9^

DE LA

DÉGÉNÉ RATION

DES A NI AI AUX.

J_>/ès qiie l'Homme a commencé à changer de ciel, 6c qu'il s'efl répandu de climats en climats , fa nature a fubi des altérations : elles ont été légères dans les contrées tempérées , que nous fuppofons voifmes du Jieu de fon origine : mais elles ont augmenté à mefure qu'il s'en eft éloigné; <Sc lorfqu 'après des fiècles écoulés, des contincns traverfés & des générations déjà dégé- nérées par l'influence des différentes terres, il a voulu s'habituer dans les climats extrêmes, & peupler les fables du Midi <Sc les glaces du Nord ; les changemens font devenus fi grands &. fi fenfibles , qu'il y auroit lieu de croire que le Nègre , le Lappon & le Blanc forment des efpèces différentes , fi d'un côté l'on n'étoit affuré qu'il n'y a eu qu'un feul Homme de créé, <Sc de l'autre que ce Blanc, ce Lappon <Sc ce Nègre, fi diiïemblans entr'eux , peuvent cependant s'unir enfemble îk pro- pager en commun la grande &. unique famille de notre genre Jiumain : ainfi leurs taches ne font point origi- nelles; leurs difTemblances n'étant qu'extérieures, ces altérations de nature ne font que fuperficielles; & il eft certain, que tous ne font que le même homme, qui

5î2 Histoire Natu relle.

•s'eft verni de noir fous la zone Torride , <&: qui s'efl tanné , rapctiiïe par le froid glacial de la fplière du Pôle. Cela fcul fufTiroit pour nous démontrer qu'il y a plus de force, plus d'étendue, plus de flexibilité dans la nature de l'homme que dans celle de tous les autres ttrcs ; car les végétaux , (3c prefque tous les animaux font confinés chacun à leur terrain , à leur climat : <Sc cette étendue dans notre nature vient moins des pro- :i)riétés du corj)S que de celles de l'ame ; c'ell par elle que l'homme a cherché les fecours qui étoient nécef- faires à la délicateffe de fon corps; c'efl par elle qu'il a trouvé les moyens de braver l'inclémence de l'air, & de vaincre la dureté de la terre. Il s'eft , pour ainfi •dire, fournis les élémens ; par un feul rayon de fon intelligence, il a produit celui du feu, qui n'exifloit pas fur la furface de la terre ; il a fu fe vêtir, s'abriter, fe loger; il a compenfé par l'efprit toutes les facultés qui manquent à la matière; & fans être ni fi fort, ni fi f^rand, ni fi robude que la plupart des animaux, il a fu Jes vaincre, les dompter, les fubjuguer, les conhncr, les chaflcr (Se s'emparer des efpaces que la Nature iembloit leur avoir cxclufivement départis.

La grande divifion de la terre efl celle des deux continens , elle efl plus ancienne que tous nos monu- mens ; cependant l'homme ed encore plus ancien ; car il s'efl trouvé le même dans ces AitWY. mondes: i'Afiatique , l'Européen , le Nègre produifent éga- lement avec l'Américain; rien ne prouve mieux qu'ils

font

DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX, 313

font ifTus d'une feule & même fouclie que la facilite qu'ils ont de (e réunir à la tige commune : le fang efl: différent , mais le germe efl le même ; la peau , les cheveux, les traits, la taille ont varié fans que la forme intérieure ait changé ; le type en efl: général & commun : 6c s'darrivoit jamais , par des révolutions qu'on ne doit pas prévoir , mais feulement entrevoir dans l'ordre général des poffibiiités, que le temps peut toutes amener; s'il arrivoit , dis-je , que l'homme fût contraint d'aban- donner les climats ([u'H a autrefois envahis pour fe réduire à fon pays natal , il reprendroit avec le temps fes traits originaux, fa taille primitive & fa couleur naturelle : le rappel de l'homme à fon climat amèneroit cet effet, le mélange des races l'amèncroit auffi (Se bien plus promp- tement; le Blanc avec la Noire , ou le Noir avec la Blanche produifent également un Mulâtre dont la couleur efl brune, c'eft-à-dire, mêlée de blanc <Sc de noir; ce Mulâtre avec un Blanc produit un itconà Mulâtre moins brun que le premier; & fi ce fécond Mulâtre s'unit de même à \w\ individu de race blanche , le troifième Mulâtre n'aura plus qu'une nuance légère de brun qui difparoitra tout- à -fait dans les générations fuivantes: il ne faut donc que cent cinquante ou dtux cents ans pour laver la peau d'un Nègre par cette voie du mélange avec le fang du Blanc , mais il faudroit peut- être un affcz grand nom.bre de ftècles pour produire ce même effet par la feule influence du climat. Depuis qu'on tranfporte des Nègres en Amérique, c'efl-à-dire Tme XIV. ^ ^

314 Histoire Naturelle..

depuis environ Atyw cents cinquante ans , l'on ne s'efl pas aperçu que les fiunilles noires qui fe font foutcnues., /ans mélange, aient perdu quelques nuances de leur teinte originelle ; il eil vrai que ce climat de rAmcrique méridionale étant par lui-nîéme afTez chaud pour brunir fcs habitans , on ne doit pas s'étonner que les Nègres y demeurent noirs: pour faire l'expérience du clian- gement de couleur dans l'efpèce humaine, il faudroit tranfporter quelques individus de cette race noire du Sénégal en Danemarck , l'homme ayant commu- nément la peau blanche , les cheveux blonds , les yeux bleus , la différence du fàng 6c l'oppofition de couleur ell la plus grande. Il faudroit cloîtrer ces Nègres avec leurs femelles , 6c conferver fcruj)uleufement leur race fans leur permettre de la croifer ; ce moyen efl le feul qu'on puiffe employer pour favoir combien il faudroit de temps pour réintégrer à cet égard la nature de l'homme ; & par la même raifon , combien il en a fillu pour la changer du blanc au noir.

C'efl-Iàla plus grande altération que le ciel ait fait {whiT à l'homme, 6c Ton voit qu'elle n'efl pas profonde; la couleur de la peau, des cheveux 6c àk:% yeux , varie par ia feule mfluence du climat; les autres changcmens tels que ceux de la taille, de la forme des traits 6c de ia, qualité des cheveux , ne me paroiffent pas dépendre de cette feule caufe; cardans la race des Nègres , lefquels , comme l'on fait , ont pour la plupart la tcte couverte d'une laine crépue , le nez épaté , les lèvres épaiffes ,

DÉCÉNÉRATION des A NIMA UX, 3 l 5

on trouve des nations entières avec de longs Si vrais cheveux , avec des traits réguliers; 6c fi l'on comparoit dans la race des Blancs le Danois au Calmou({ue , ou feulement le Finlandois i^u Lappon dont il eft It voidn , on trouveroit entr'eux autant de différence pour les traits Si la taille , qu'il y en a dans la race des Noirs : par confcquent il faut admettre pour ces altérations qui font plus profondes que les premières, quelques autres caufes réunies avec celle du climat: la plus générale 6c la plus dire(fte efl: la qualité de la nourriture ; c'cft principa- lement par les alimens que l'homme reçoit l'influence de la terre qu'il habite , celle de l'air 6c du ciel agit plus fuperficiellement ; 6c tandis qu'elle altère la furface la plus extérieure en changeant la couleur de la peau, la nourriture agit fur la forme intérieure par fes pro- priétés qui font conflamment relatives à celles de la terre qui la protluit. On voit dans le même pays des diliérences marcjuées entre les hommes qui en occupent les hauteurs, 6c ceux qiii ckmeurent dans les lieux bas; les habitans de la montagne font toujours mieux faits , plus vifs 6c plus beaux que ceux de la vallée ; à plus forte raifon dans des climats éloignés du climat primitif, dans des climats les herbes , les fruits . les grains 6: la chair des animaux font de qualité 6. même de fuhdance différentes , les hommes qui s'en ncurrident doivent devenir différens. Ces impreflions ne fe font pas fubi> tement ni même dans l'efpace de quelques années; ii

faut du temps pour que l'homme reçoive la teinture du

R r ij

3i6 Histoire Natu relle,

ciel , il en faut encore plus pour que la terre lui tranf- mctte les qualités; 6c il a fallu des fiècles joints à un iifage toujours confiant des mêmes nourritures, pour influer fur la forme des trai s , fur la grandeur du corps , fur lafubflance des cheveux , & produire ces altérations intérieures, qui s'ctant enfuite perpétuées par la géné- ration font devenues les caractères généraux & conflans auxquels on reconnoît les races 6i même les nations différentes qui compofent le genre humain;

Dans les animaux , ces effets font plus prompts (Se plus grands; parce qu'ils tiennent à la terre de bien plus près que l'homme; parce que leur nourriture étant plus uniforme , plus conflamment la même , <& n'étant nullement préparée , la qualité en eft plus décidée <Sc l'influence plus forte; parce que d'ailleurs les animaux ne pouvant ni fe vêtir , ni s'abriter , ni faire ufâge de l'élément du feu pour fe réchauffer , ils demeurent nuement expofés , Si pleinement livrés à l'action de Tair <Sc à toutes les intempéries du climat : & c'efl par cette raifbn que chacun d'eux a, fuivant fa nature, choifi fa zone <Sc fa contrée; c'efl par la même raifbn qu'ils y font retenus, Si qu'au lieu de s'étendre ou de fe dif- perfer comme l'homme, ils demeurent pour la plupart concentrés dans les lieux qui leur conviennent le m/eux.. Et lorfque par des révolutions fur le globe ou par la force de l'homme, ils ont été contraints d'abandonner leur terre natale; qu'ils ont été chaffés on relégués dans des climats éloignés , leur nature a fubi des altérations fi

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 317

grandes & fi proloncles , (lu'eile n'eft pasreconnoifTable à la prcniicrc vue , <Sc que pour la- juger il faut avoir recours à rmipcclion h plus attentive , & même aux expériences <Sc à l'analogie. Si l'on ajoute à ces caufcs naturelles d'altération dans les animaux libres , celle de l'empire de l'homme lur ceux qu'il a réduits en fer- vitude , on fera furpris de voir jufqu'à quel point la tyrannie peut dégrader, défigurer la Nature; an trouvera fur tous les animaux efclaves les fligmates de leur captivité Si l'empreinte de leurs fers; on verra que ces plaies font d'autant plus grandes, d'autant plus incurables, qu'elles font plus anciennes, <Sc que dans l'état nous les avons réduits, il ne feroit peut-être plus poffible de les réhabiliter, ni de leur rendre leur forme primitive , 6c les autres attributs de Nature que nous leur avons enlevés.

La température du climat , la qualité de la nourriture 6c les maux d'efclavage , voilà les trois caufcs de chan- gement, d'altération 6c de dégénéraîion danslesanimaux. Les effets de chacune méritent d'être confidérés- en particulier, 6c leurs rapports vus en détail nous préfen- teront un tableau au-devant duquel on verra la Nature telle qu'elle eft aujourd'hui , 6c dans le lointain , on apercevra ce qu'elle étoit avant fa dégradation.

Comparons nos chétives brebis avec le moufflon dont elles font iffues; celui-ci, grand 6c léger comme un cerf, armé de cornes défenfives 6c de fabots épais , couvert d'un poil rude , ne craint ni l'inclémence de

l'air ^ ni la voracité du loup; il peut non -feulement

R r iij

3i8 Histoire N atu relle,

éviter Tes ennemis par la légèreté de fa coiirfe, mais if peut aufîi leur réfiller par la force de fon corps, &i par Ja folidité des armes dont fa tête &. fes pieds font munis : quelle dilîerence de nos brebis auxquelles il refte à peine la fiiculté d'exiflcr en troupeau , qui même ne peuvent le défendre par le nombre, qui nefoutiendroient pas fans abri le fi^oid de nos bivers , enfm qui toutes périroient fi l'bomme ceiïbit de les foigner & de les protéger. Dans les climats les plus cliauds de l'Afrique & de l'Afie, le mouiTlon qui eft le père commun de toutes les races de cette efpèce , ])aroit avoir moins dégénéré que par-tout ailleurs ; quoique réduit en do- meflicité, il a confervé fa taille & fon poil, feulement il a beaucoup perdu fur la grandeur 6^ la maiïe de fes armes ; les brebis du Sénégal 6l des Indes font les plus grandes des brebis domelliques, & celles de toutes dont la nature efl la moins dégradée : les brebis de la Barbarie , de l'Egypte, de l'Arabie , de la Perfe , de l'Arménie, de la Calmouquie, écc ont fubi de plus grands cbangemens ; elles fe font , relativement à nous, perfeélionnées à certains égards & viciées à d'autres; mais , comme fe perfeélionncr ou fe vicier eil la même cbofe relativement à la Nature , elles fe font toujours dénaturées ; leur poil rude s'eft cliangé en une laine fine; leur queue s'étant chargée d'une maffe degraiffe, a pris un volume incommode & fi grand , que l'animal ne peut la traîner qu'avec peine; & en même temps qu'il s'ell bouffi ^d'urtc matière fupcrflue, 6c qu'il s'efl

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 319 paré d'une J)elle toifon , ii a perdu fa force , fonarilité, ia grandeur <Sc fes armes ; car ces brebis à longues (Se larges queues n'ont guère que la moitié de la taille du mouftlon ; elles ne peuvent fuir le danger ni réfifler à l'ennemi ; elles ont un befoin continuel des fecours <Sc des fbins de l'homme , pour fe confcrver 6c fe multi- plier : la dégradation de rcfpèce originaire efl encore plus grande dans nos climats; de toutes les qualités du moufi^on , il ne refle rien à nos brebis , rien à notre bélier , qu'un peu de vivacité , mais fi douce , qu'elle cède encore à la houlette d'une bergère ; la timidité , la foibleffe , 6c même la ffiipidité 6. l'abandon de fon être font les feuls (Se trifles refies de leur nature dé- gradée. Si l'on vouloit la relever pour la force <Sc la taille , il faudroit unir le moufflon avec notre brebis Flandrine , (Se ceffer de propager les races inférieures; 6c fi , comme chofeplus utile, nous voulons dévouer cette tÇ\)hct à ne nous donner que de la bonne chair 6c de la belle laine , il fluidroit au moins, comme l'ont fait nos Voifms , choifir <Sc propager la race des brebis de Barbarie , qui tranfportée en Efpagne (S: même en Angleterre a très-bien réuffi. La force du corps (Se la grandeur de la taille font des attributs mafculins , l'em- bonpoint 6e la beauté de la peau font des qualités féminines : il faudroit donc dans le procédé des mélanges obferver cette différence ; donner à nos béliers des femelles de Barbarie pour avoir de belles laines , (Se donner le mouliion à nos brebis pour en relever la taille.

320 Histoire N ature l le.

Il en feroit à cet cgard de nos chèvres comme (fe nos hrehis ; on poiirroit, en les mêlant avec [a chèvre d'Angora, changer (eur poil Sl le rendre aiifTi utile que plus belle laine. L'efpèce de la chèvre en général , quoique fort dégénérée, l'efl cependant moins que celle de la brebis dans nos chmats ; elle paroit l'être davantage dans les pays cliauds de TAfrique ôi. des bides ; lesplu$ petites (Se les plus foibles de toutes les chèvres font celles de Guinée, de Juda, Sic. Si dans ces mêmes climats l'on trouve au contraire ies plus grandes & les plus fortes brebis.

L'efpèce du bxuf efl celle de tous les animaux do- iriefliques fur laquelle la nourriture paroit avoir la plus grande influence ; il devient d'une taille prodigieufe dan.s les contrées le pAîiirage eft riche Se toujours renaiiïànt ; les Anciens ont a])peié taiircau-élêphms les boeufs d'Ediiopie Sl de quelques autres provinces de i'Afie , ces animaux a})prochent en effet de la grandeur de l'éléphant ; l'abondance des herbes , ^ leur qualité fubdantielle 6c û-icculente produifcnt cet effet; nous en avons la preuve même dans notre climat ; un bœuf nourri fur les'têus des montagnes vertes de Savoie ou de Suiffe , acquiert le double du volume de cejui de nos bœufs , <Sc néanmoins ces bœufs de Suiffe font comme les nôtres enfermés dans l'étable <S^ réduits au fourrage pendant la plus grande partie de l'année : mais ce qui fait cette grande différence, c'eft qu'en Suiffe on les met en pleine pâture, dès que les neiges fonc

fondues,

DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX. 32 I

fondues; au heu que dans nos provinces on leur interdit l'entrée des prairies juiqu 'après la récolte de l'herbe qu'on réferve aux chevaux: ils ne iont donc jamais ni largement ni convenablement nourris , ôl ce feroit une attention bien nécelFaire , bien utile à l'Etat , que de faire un règlement à cet égard , par lequel on aboliroit les vaines pâtures en permettant les enclos. Le climat a aufll beaucoup inHué fur la nature du bœuf; dans les terres du Nord des deux continens, il eil: couvert d'un poil long (Se doux comme de la fine laine ; il porte aufîi une groffe loupe fur les épaules, Si. cette difformité fe trouve également dans tous les bœufs de l'Afie , de l'Afrique & de l'Amérique; il n'y a que ceux d'Europe qui ne foient pas boffus ; cette race d'Europe efl ce- pendant la race primitive à laquelle les races boffues remontent par le mélange dès la première ou la féconde génération ; <Sc ce qui prouve encore que cette race bofTue n'efl qu'une variété de la première, c'eft qu'elle efl fujette à de plus grandes altérations & à des dégra- dations qui paroiffent excefîives ; car il y a dans ces bœufs boifus des différences énormes pour la taille ; le petit zébu de l'Arabie a tout au plus la dixième partie du volume du taureau-éléphant d'Ethiopie.

En gén-^ral , l'influence de la nourriture efl plus grande , 6c produit des efléts plus fenfibles fur les animaux qui fe nourriffent d'herbes ou de fruits ; ceux au contraire qui ne vivent que de proie , varient moins par cette caufe que par l'influence du climat ; parce que la chair Tome XIV. ^i

322 H I STO 1 RE N ATU R ELLE.

efl un aliment préparc Si déjà affimilé à la nature de l'animal carnaiïier qui la dévore ; au lieu que Therhe étant le premier produit de la terre , elle en a toutes les propriétés , & tranfmet inmicdiatement les qualités terreflres à l'animal qui s'en nourrit.

AulTi le chien, fur lequel la nourriture neparoît avoir que de légères influences, efl néanmoins celui de tous les animaux carnafTiers dont refpèce efl la plus variée; il femble fuivre exaélement dans fes dégradations les difïérences du climat ; il eft nu dans les pays les plus chauds , couvert d'un poil épais & rude dans les contrées du Nord , paré d'une belle robe foieufe en Efpagne , en Syrie , la douce température de l'air change le poil de la plupart des animaux en une forte de foie ; mais indépendamment de ces variétés extérieures qui font produites par la feule influence du climat , il y a d'autres altérations dans cette efpèce qui proviennent de fa condition , de fa captivité, ou, fi l'on veut, de l'état de fociété du chien avec l'homme. L'augmentation ou la diminution de la taille viennent des foins que l'on a pris d'unir enfcmble les plus grands ou les plus petits individus; l'accourciffement de la queue, du mufeau , des oreilles , provient aufli de la main de l'homme; les chiens auxquels de génération en génération on a coupé les oreilles 6c la queue, tranfmettent ces défauts en tout ou en partie à leurs dcfcendans. J'ai vu des chiens nés fins queue, que je pris d'abord pour desmonflres indi- viduels dans l'efpèce ; mais je me fuis afliiré depuis, que

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 323

cette race exifle <&. qu'elle fe perpétue par la génération. Et les oreilles pendantes qui font le figne le plus général <Sc le plus certain de la fervitude domediquc , ne fe trouvent - elles pas dans prefque tous les chiens \ Sur environ trente races différentes , dont l'efpèce eft au- jourd'hui compolee, il n'y en a que deux ou trois qui aient confervé leurs oreilles primitives ; le chien de berger, le chien -loup <Sc les chiens du Nord ont feuls les oreilles droites. La voix de ces animaux a fubi comme tout le refte d'étranges mutations ; il femble que le chien foit devenu criard avec l'homme , qui de tous les êtres qui ont une langue eft celui qui en u'iQ 6c abufe le plus : car dans l'état de nature , le chien eft prefque muet, il n'a qu'un hurlement de befoin par accès affez rares; il a pris fon aboiement dans fon com- merce avec l'homme, fur-tout avec l'homme policé: car lorfqu'on le tranfporte dans des climats extrêmes 6c chez des peuples grofliers , tels que les Lappons ou les Nègres , il perd fon aboiement , reprend fa voix naturelle qui eft le hurlement 6c devient même quel- quefois abfolument muet. Les chiens à oreilles droites 6c fur-tout le chien de berger , qui de tous eft celui quia le moins dégénéré, eft auiïi celui qui donne le moins de voix : comme il paffe fa vie folitairement dans la campagne 6c qu'il n'a de commerce qu'avec les moutons 6c quelques hommes fimples, il eft comme eux férieux 6c fdencieux , quoiqu'on même temps il foit très-vif 6c fort intelligent ; c'eft de tous les chiens

. 5fij

324 Histoire Naturelle.

celui qui a ie moins ((c qualités acquifes &. le plus Je talens naturels , c'efl le plus utile pour le bon ordre ôi pour la garde des troupeaux , <Sc il fcroit plus avan- tageux d'en multiplier, d'en étendre la race que celles des autres chiens, qui ne fervent qu'à nos amufemens, 6l dont le nombre efl fi grand qu'il n'y a point de villes l'on ne pût nourrir un nombre de familles des feuls alimens que les chiens confommcnt.

L'état de domefticité a beaucoup contribué à faire varier la couleur des animaux, elle efl: en général ori- ginairement fauve ou noire ; le chien , le bœuf, la chèvre, la brebis , le cheval ont pris toutes fortes de couleurs ; le cochon a changé du noir au blanc ; 6c il paroît que le blanc , pur <Sc fans aucune tache efl à cet égard le figne du dernier degré de dégénération , <Sc qu'ordinairement il efl accompagné d'imperfeélions ou de défauts efTcntiels ; dans la race des hommes blancs, ceux qui le font beaucoup plus que les autres ôi dont les cheveux, les fourcils , la barbe, Sic. font naturellement blancs ont fouvent le défaut d'être fourds. Si d'avoir en même temps les yeux rouges Sl foibles: dans la race des noirs, les Nègres blancs font encore d'une nature plus foible & plus défedueufe. Tous les animaux abfolument blancs ont ordinairement ces mêmes défiuts de l'oreille dure Si des yeux rouges ; cette forte de dégénération , quoique plus fréquente dans les animaux domefliques, fe montre auffi quel- quefois dans [es efpèces libres , comme dans celles

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 325 des élcphan-s, des cerfs, des daims, des guenons, des taupes , des fouris ; Si dans toutes , cette couleur efl toujours accompagnée de plus ou moins de foiblefle de corps & d'hcbctation des fens.

Mais l'eipèce fur laquelle le poids de Tefclavage paroît avoir le plus appuyé (Se fiit les impreffions les plus profondes, c'ell celle du chameau, il nait avec des loupes fur le dos , &. des callofités fur la poitrine 6. lur les genoux : ces callofités font des plaies évi- dentes occafionnées par le frottement, car elles font remplies de pus &. de flmg corrompu : comme il ne marche jamais qu'avec une groffe charge , la prc/fion du fardeau a commencé par empêcher la libre extenfion & raccroiiTement uniforme des parties mufculeufes du dos, enfuite elle a fait gonfler la chair aux endroits voifms : 6. comme lorfque le chameau veut fe repofer ou dormir, on le contraint d'abord à s'abattre fur fes jambes repliées , & que peu à peu il en prend l'habi- tude de lui-même, tout le poids de fon corps porte pendant plufieurs heures de fuite, chaque jour, fur fa poitrine & fes genoux; Ôc la peau de ces parties preffée, frottée contre la terre fe dépile , fe froiflé , fe durcit <Sc fe déforganife. Le lama, qui, comme le chameau, pafle fa vie fous le fardeau, <Sc ne fe repofe auiïi qu'en s'abattant fur la poitrine , a de femblables callofités qui fe perpétuent de même par la génération. Les babouins <&. les guenons dont la poflure la plus ordinaire efl

d'être affis, foit en veillant, foit en dormant ont au/ïï

S f ii/

326 Histoire Natu relle.

des callofitcs aii-cIefTous de la région des fefTes, <Sc cette peau calleufe cft même devenue inlicrente aux os du derrière contre lefqucls elle efl continuellement prefTée par le poids du corps : mais ces callofitcs des J)abouins <Sc des guenons font sèches 6c faines , parce qu'elles ne proviennent pas de la contrainte des en- traves ni du faix accablant d'un poids étranger , &. qu'elles ne font au contraire que les effets des habi- tudes naturelles de l'animal qui fe tient plus volontiers <?c plus long-temps affis que dans aucune autre fjtuation : il en efl de ces callofités des guenons comme de la double femelle de peau que nous portons fous nos pieds : cette femelle efl une callofité naturelle que notre habitude coudante à marcher ou reder debout rend plus ou moins cpaiffe, ou plus ou moins dure, félon le plus ou moins de frottement que nous faifons éprouver à la plante de nos pieds.

Les animaux fiuvages n'étant pas immédiatement foumis à l'empire de l'homme , ne font pas fujets à d'aulfi grandes altérations que les animaux domediques; leur nature paroit varier fuivant les difiérens climats , mais nulle part elle n'ed dégradée. S'ils étoient abfo- lumcnt les maîtres de choifir leur climat & leur nour- riture , ces altérations feroient encore moindres : mais comme de tout temps ils ont été chades, relégués par l'homme, ou même par ceux d'entr'eux qui ont le plus de force cSc de méchanceté, la plupart ont été contraints de fuir, d'abandonner leur pays natal &. de

DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX, 327 s'habituer dans des terres moins heiireiifes : ceux dont la nature s'eft trouvée affez flexible pour fe prêter à cette nouvelle fituation fe font répandus au loin, tandrs que les autres n'ont eu d'autre reflburce que de fe confiner dans les déferts voifins de leur pays. Il n'y a aucune efpèce d'animal, qui, comme celle de l'homme, fe trouve généralement par-tout fur la furface de la terre; les unes, & en grand nombre, font bornées aux terres méridionales de l'ancien continent ; les autres aux parties méridionales du nouveau monde; d'autres, en moindre quantité, font confinées dans les terres du Nord , 6c au lieu de s'étendre vers les contrées du Midi , elles ont paiTé d'un continent à l'autre par des routes jufqu'à ce jour inconnues; enfin quelques autres efpèces n'habitent que certaines montagnes ou certaines vallées , & les altérations de leur nature font en général d'autant moins fenfibles qu'elles font plus confinées.

Le climat <Sc la nourriture ayant peu d'influence fur les animaux libres , & l'empire de l'homme en avant encore moins, leurs principales variétés viennent d'une autre caufe ; elles font relatives à la combinaifon du nomI)re dans les individus , tant de ceux qui produifent , que de ceux qui font produits. Dans les efpèces , comme celle du chevreuil le mâle s'attacbe à fa femelle Se r>e la change pas, les petits démontrent fa confiante fidélité de leurs parens par leur entière reffemblance entr'eux ; dans celles, au contraire, les femelles changent fouvent de mâle, comme dans celle du cerf,

328 Histoire Naturelle.

il fc trouve des variétés affez nombreufcs ; &. comme dans toute la Nature il n'y a pas un iQ\\\ individu qui foit parfaitement refTemhlant à un autre, il fe trouve d'autant plus de variétés dans les animaux, que le nombre de leur produit eft plus grand &. plus fréquent. Dans les efpèces la femelle produit cinq ou fix petits, trois ou quatre fois par an , de maies difîerens, il ffl nccef- faire que le nombre des variétés foit beaucoup plus grand que dans celles le produit efl annuel & unique; aufli les efpèces inférieures , les petits aniinaux qui tous produifent plus fouvent (Se en plus grand nombre que ceux des efpèces majeures, font -elles fujettes à plus de variétés. La grandeur du corps qui ne paroît être qu'une quantité relative , a néanmoins des attributs pofitifs <5c des droits réels dans l'ordonnance de la Nature ; le grand y efl aufTi fixe que le petit y efl variable: on pourra s'en convaincre aifément par l'énu- mération que nous allons faire des variétés des grands <Sc des petits animaux.

Le fanglier a pris en Guinée des oreilles très-longues Si coucliées fur le dos ; à la Chine , un gros ventre pendant <Sc des jambes fort courtes ; au Cap-vert & dans d'autres endroits, des défenfes très - sfrofTes 6l tournées comme des cornes de bœuf; dans l'état de domefticité , il a pris par-tout des oreilles à demi-pen- dantes , ÔL des foies blanches dans les pays froids ou tempérés. Je ne compte ni le pécari ni le babiroufîà dans les variétés de l'efpèce du fanglier , parce qu'ils

ne

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 329

ne font ni l'un ni l'autre de cette efpèce, quoiqu'ils en approchent de plus près que d'aucune autre.

Le cerf, dans les pays montueux , fecs& chauds , tels que la Corfe <Sc la Sardaigne , a perdu la moitié de taille, 6c a pris un pelage brun avec un bois noirâtre ; dans les pays froids &. humides , comme en Bohème 6c aux Ardennes , fa taille s'efl agrandie , fon pelage 6c fon bois font devenus d'un brun prefque noir , fon poil s'efl alongé au point de former une longue barbe au menton ; dans le Nord de l'autre continent, le bois du cerf s'efl étendu 6c ramifié par des andouillers courbes. Dans l'état de domefticité , le pelage change du fauve au blanc ; 6c à moins que le cerf ne foit en liberté , 6c dans de grands efpaces , fes jambes fe déforment 6c fe courbent. Je ne compte pas l'axis dans les variétés de l'efpèce du cerf, il approche plus de celle du daim 6c n'en efl peut-ctre qu'une variété.

On auroit peine àfe décider fur l'origine de l'efpèce du daim; il n'efl nulle part entièrement domeflique, ni nulle part abfolument fauvage ; il varie affez indiffé- remment , 6c par-tout du fauve au pie 6c du pie au blanc ; fon bois 6c fa queue font auffi plus grands 6c plus longs fuivant les différentes races , 6c fi chair efl bonne ou mauvaife félon le terrain 6c le climat : on le trouve comme le cerf dans les deux continens , 6c il paroît être plus grand en Virginie 6c dans les autres provinces de l'Amérique tempérée , qu'il ne l'eft en Europe. ï| en £ft de même du chevreuil , il efl plus grand dans le Tome XJK T t

330 Histoire Naturelle,

nouveau que dans l'ancien continent , mais au rcflc toutes fcs variétés fe réduifent à quelques différences dans la couleur du poil qui change du fauve au brun ; les plus grands chevreuils font ordinairement fauves , <5c les plus petits font bruns. Ces deux efpèces , le chevreuil 6c le daim , font les feuls de tous les animaux communs aux deux continens , qui foient plus grands <Sc plus forts dans le nouveau que dans l'ancien.

L'âne a fubi peu de variétés , même dans condition de fer\/itude la plus dure ; car fa nature efl: dure aufh , ôi rédfle également aux mauvais traitemens <5i aux incommodités d'un climat fâcheux <Sc d'une nourriture gro/fière : quoiqu'il foit originaire des pays cliauds , il peut vivre , Si mcme fe multiplier fans les foins de l'homme dans les climats tempérés; autrefois il y avoit des onagres ou ânes fauvages dans tous les déferts de TAfie mineure, aujourd'hui ils y font plus rares , Si on ne les trouve en grande quantité que dans ceux de la Tartarie ; le mulet de Daurie '' , appelé ciighhûi par les Tartares Mongoux, efl probablement le même animal que l'onagre des autres provinces de l'Afie ; il n'en diffère que parla longueur & les couleurs du poil, qui, félon M. Bell, paroit onde de brun Si de blanc '^i ces

' Mulus Dauricus fœcmdus , Czigithai , Mongolorum in Daurla. Aluf. PetropoUtmum , pag. 3 j j.

*■ In the forejls near Ku^netsky on the River Tom one of the four ces ofthe River Oby in Lat. y i à' y 2 arc W'ild ajfes. I hâve fe en many of their Skins ; they haye in ail refpcâs the Shape of the heaâ , tail

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 331 onagres ciighluiis fe trouvent clans les forets de la Tar- tarie jurqu'au cinquante-unième & cinquante-deuxième degré, <&. il ne faut pas les confondre avec les zèbres, dont les couleurs font bien plus vives 6c bien autrement tranchées , <Sc qui d'ailleurs forment une efpèce parti- culière prefqu'aufTi différente de celle de l'âne que de celle du cheval. La feule dégénération remarquable dans l'âne en domeflicité , c'eft que fa peau s'eft ra- mollie 6: qu'elle a perdu les petits tubercules qui fe trouvent femés fur la peau de l'onagre, de laquelle les Levantins font le cuir grenu, qu'on appelle chagrin.

Le lièvre eft d'une nature flexible <5c ferme en même temps , car il ell répandu dans prefque tous les climats de l'ancien continent, Ôl par-tout il efl: à très-peu près le même: feulement fon poil blanchit pendant l'hiver dans les climats très-froids , ôl il reprend en été fa couleur naturelle , qui ne varie que du fauve au roux ; la qualité de la chair varie de même ; les lièvres les plus rouges font toujours les meilleurs à manger. Mais le lapin , fans être d'une nature auffi flexible que le lièvre, puifqu'il efl: beaucoup moins répandu. Si que

and hoofs of the common afs , but their sk'm h Waved and undulated white and bronrn. Bell' s travels to China. NOTA. II fe poiuroit que M. Bell , qui dit n'avoir obfervé que les peaux de ces animaux , ait vu des peaux de zèbres; car les autres Voyageurs ne difent pas que les ciigithais ou onagres de Daurie foient comme le zèbre, rayes de brun «Se de blanc; d'ailleurs, il y a au Cabinet de Peterfbourg d«s peaux de zèbres & des peaux de czigithais , qu'on montre également aux Voyngeurs.

Tt ij

332 Histoire Naturelle,

même il paroît confiné à de certaines contrées , efl néanmoins fiijet à plus de variétés, parce que le lièvre efl fauvage par-tout ; au lieu que le lapin efl prefque par-tout à demi-domeflique. Les lapins clapiers ont varié pour la couleur du fauve au gris , au blanc , au noir; ils ont aulTi varié par la grandeur, la quantité, la qualité du poil : cet animal qui efl originaire d'Efpagne a pris en Tartarie une queue longue, en Syrie du poil touifu & pelotonné comme du feutre, &c. On trouve quelquefois des lièvres noirs dans les pays froids ; on prétend aufTi qu'il y a dans la Norwège & dans quelques autres provinces du Nord des lièvres qui ont des cornes. M. Klein * a fait graver deux de ces lièvres cornus : il efl aifé de juger a l'infpection des figures que ces cornes font des liois lemblablcs au bois du chevreuil: cette \ariété, fi elle exifle, n'efl ({u'individuelle 6c ne fe manifefle probablement que dans k s endroits le lièvre ne trouve point d'herbes, & ne peut fe nourrir que de fubflanccs ligneulls , d'écorce, de boutons, de kuilles d'arbres, de lichens, &c.

L'élan, dont l'efpèce efl confinée dans le Nord des deux continens, efl feulement plus petit en Amérique qu'en Europe, 6c l'on voit par les énormes bois que l'on a trouvés fous terre en Canada, en Ruffic, en Sibérie , 6cc. qu'autrefois ces animaux étoient plus g ands qu'ils ne le font aujourd'hui : peut-être cela vient-il de ce qu'ils jouifToient en toute tranquillité de * Klein, de quad, pag ; 2, tab. III , fîg. ad J- xxâ.

DÉGÉNÉRATION des ANIMA UX. 3 3 3

leurs forêts, <Sc que n'étant point inquiétés par l'homme qui n'avoit pas encore pénétré dans ces climats , ils étoient maîtres de choifir leur demeure dans les endroits l'air , la terre 6c l'eau leur convenoient le mieux. Le renne que les Lappons ont rendu domeftique , a par cette raifon plus changé que l'élan , qui n'a jamais été réduit en fervitude : les rennes fauvages font plus grands, plus forts <Sc d'un poil plus noir que les rennes domefliques : ceux-ci ont heaucoup varié pour la couleur du poil , <Sc aufTi pour la grandeur ôl la groffcur du bois ; cette efpèce de lichen ou de grande mouffe blanche qui fait la principale nourriture du renne, fem- ble contribuer beaucoup par fa qualité à la formation cSc à l'accroilTement du bois, qui proportionnellement ed plus grand dans le renne que dans aucune autre efpèce; & c'efl peut-ctre cette même nourriture, qui dans ce climat, produit du bois fur la tête du lièvre , comme fur celle de la femelle (\\\ renne; car dans tous les autres climats, il n'y a ni lièvres cornus, ni aucun animal dont la femelle porte du bois comme le mâle.

L'efpèce de l'éléphant efl la feule fur laquelle l'état de fervitude ou de domefticité n'a jamais influé, parce que dans cet état il refufe de produire , & par conféqucnt de tranfmettre à fon efpèce les plaies ou les défauts occafionnés par fa condition : il n'y a dans réléphant que des variétés légères <5c prefque individuelles ; fa couleur naturelle e(t le noir, cependant il s'en trouve de roux à. de blancs , mais en très -petit nombre.

T t iij

334 Histoire Natu relle.

L'élépliant varie aufl] pour la taille fiiivant la longitude plutôt que la latitude du climat ; car fous la Zone torride dans laquelle il efl , pour ainfi dire , renfermé <Sc fous la même ligne , il s'élève jufqu'à quinze pieds de hauteur dans les contrées orientales de l'Afrique , tandis que dans les terres occidentales de cette même partie du monde il n'atteint guère qu'à la hauteur de dix ou onze pieds; ce qui prouve que quoique la grande chaleur foit né- cefîhire au plein développement de fa nature , la chaleur cxceiTive la reftrcint 6c la réduit à de moindres dimen- fions. Le rhinocéros paroît être d'une taille plus uniforme (Se d'une grandeur moins variable ; il femble ne différer de lui-même que par le caraélère fmgulier qui le fait différer de tous les autres animaux , par cette grande corne qu'il porte fur le nez; cette corne eft funple dans les rhinocéros de l'Afie, <Sc double dans ceux de l'Afrique.

Je ne parlerai point ici des variétés qui fe trouvent dans chaque efj)èce d'animal carnafîier , parce qu'elles font très - légères , attendu que de tous les animaux, ceux qui fe nourrilfent de chair font les plus indépendans de l'homme, &. qu'au moyen de cette nourriture déjà préparée par la Nature , ils ne reçoivent prefque rien des qualités de la terre qu'ils habitent; que d'ailleurs ayant tous de la force & des armes , ils font les maîtres du choix de leur terrain , de leur climat , &c. <?c que par conféquent les trois caufes de changement, d'alté- ration &. de dégénération dont nous ayons parlé, ne

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 3 3 5 peuvent avoir fur eux que de très -petits effets.

Mais après le coup cl'œil que l'on vient de jeter fur ces variétés qui nous indiquent lesaltérationsparticulières de chaque efpèce, il le préfente une confidération plus importante & dont la vue efl: bien plus étendue; c'efl celle du changement des efpèccs mêmes , c'cfl cette dégénération plus ancienne & de tout temps immémo- riale, qui paroît s'être faite dans chaque famille, ou fi l'on veut, dans chacun des genres fous lefquels on peut, comprendre les efpèces voifmes Si peu différentes cntr'eiles : nous n'avons dans tous les ani maux terreflres que quelques efpèces ifolées , qui , comme celle de l'homme , fàffent en mcme temps efpèce 6^ genre ;

. l'éléphant , le rhinocéros , l'hippopotame , la girafîc forment des genres ou des efpèces fimples qui ne fe propagent qu'en ligne dire6le <Sc n'ont aucunes branches collatérales ; toutes les autres paroiffent former des familles dans lefquelles on remarque ordinairement une fouche principale 6c commune, de laquelle femblent être forties des tiges différentes (f< d'autant plus nom- breufes, que les individus dans chaque efpèce font plus petits <Sc plus féconds.

Sous ce point de vue, le cheval , le zèbre & l'âne font tous trois de la même famille ; fi le cheval eft la fouche ou le tronc principal , le zèbre & l'âne feront

' les tiges collatérales: le nombre de leurs reffemblances cntr'eux étant infiniment plus grand que celui de leurs différences , on peut les regarder comme ne fiifant

33^ Histoire Natu relle,

qu'un même genre, dont les principaux caractères font clairement énoncés & communs à tous trois : ils font les feuls qui foient vraiment folipèdes , c'efl-à-dire, qui aient la corne des pieds d'une feule pièce fans aucune apparence de doigts ou d'ongles; <Sc quoiqu'ils forment trois efpèces diftinéles, elles ne font cependant pas ahfo- kimcnt ni nettement féparées , puifque l'âne produit avec la jument , le cheval avec l'âneffe; 6c qu'il efl probable que fi l'on vient à bout d'apprivoifer le zèbre, & d'affouplir fa nature fauvage <5c récalcitrante , il produiroit auffi avec le cheval ^ l'âne, comme ils produifent entr'eux.

Et ce mulet qu'on a regardé de tout temps comme ime production viciée, comme un monftre compofé de deux natures, <Sc que par cette raifon l'on a jugé incapable de fe reproduire lui-même & de former lignée , n'eft cependant pas auiïi profondément léfé qu'on fe l'imagine d'après ce préjugé, puifqu'd n'efl pas réel- lement infécond , &. que fa flérilité ne dépend que de certaines circonflances extérieures Si particulières. On fait que les mulets ont fouvent produit dans les pays chauds, l'on en a même quelques exemples dans nos climats tempérés ; mais on ignore fi cette génération eft jamais provenue de la f mpîe union du mulet & de la mule , ou plutôt fi le produit n'en efl pas à l'union du mulet avec la jument, ou encore à celle de l'âne avec la mule. Il y a deux fortes de mulets, k premier efl le grand mulet ou mulet fmiplement dit,

qui

DÉGÉNÉRA TION des A NIAI A UX. 3 3 7 qui provient de la jondion de l'âne à la jument; le fécond eft le petit mulet provenant du cheval 6c de l'ânefTe , que nous appellerons bardeau pour le diflmguer de l'autre. Les Anciens les connoifToient <Sc les diftin- guoient comme nous par deux noms diftcrcns, ils appcloicnt mulas le mulet provenant de l'âne (Se de la jument, 6c ils donnoient les noms de Y'mo^ , hinnus , burdo au mulet provenant du cheval 6c de l'ânefTe ; ils ont afïïirc que le mulet , midus "* produit avec la jument un animal auquel ils donnoient aufh le nom de ginniis ou hinnus '•; ils ont afïïiré de même que la mule, vîula y conçoit afTez aifcment , mais qu'elle ne peut que rarement perfedionner fon fruit; 6: ils ajoutent que quoiqu'il y ait des exemples alfez frcquens de mules qui ont mis bas , il faut néanmoins regarder cette production comme un prodige. Mais (|u'eft-ce qu'un prodige dans la Nature, fmon un elfet plus rare que les autres ! Le mulet peut donc engendrer, 6c la mule peut concevoir, porter 6c mettre bas dans de certaines circonftances ; ainfi il ne s'agiroit que de

* Mulus equà conjunélus muhim procreavlt. . . . Muk quoque jam faâa gravida cjf , fed non quoad perficeret atque ederet prolern. Arift. H'ijl. anim.

\\h. VI , cnp. 24 EJl in annalibus nojlris wulûs peperije fœpe ;

vemm prodigïi loco hnbitum. Plin. HIJ}. nat. lib. VIII, cap. 44.

»» Nota. Le mot Gînnus a e:é employc par Aiiftote en deux fens; le premier pour dcfigner généralement un animal imparfait, un avorton, un mulet-nain, provenant quelquefois du cheval avec l'âneffe, ou de l'âne avec la jument ; «5c le fécond pour fignifier le produit particulier du mulet & Ac la jument.

Tome XIV. ^'"

338 Histoire Naturelle.

faire des expériences pour favoir quelles font ces cir- con fiances , <&. pour acquérir de nouveaux faits dont on pourroit tirer de grandes lumières fur la dégéné- ration des efpèces par le mélange , &. par conféquent fur l'unité ou la diverfité de chaque genre : il faudroit, pour réuffir à ces expériences , donner le mulet à la mule, à la jument &. à i'âneffe , faire la même chofe avec le bardeau , Si voir ce qui réfulteroit de ces fix accouplemens difïérens : il faudroit auffi donner le cheval Si l'âne à la mule , Si faire la même chofe pour la petite mule ou femelle du bardeau : ces épreuves, qiioiqu'affez fnnples , n'ont jamais été tentées dans la vue d'en tirer des lumières ; Si je regrette de n'être pas à portée de les exécuter, je fuis perfuadé qu'il en réfulteroit des connoiffances que je ne fais qu'entrevoir. Si que je ne puis donner que comme despréfomptions. Je crois , par exempte , que de tous ces accouplemens, celui du mulet Si de la femelle bardeau , Si celui du bardeau Si de la mule pourroient bien manquer abfo- Jument ; que celui du mulet Si de la mule , Si celui du bardeau Si de fa femelle pourroient peut-être réuffrr , quoique bien rarement; mais en même temps, je pré- fume que le mulet produiroit avec la jument plus cer- tainement qu'avec I'âneffe Si le bardeau , plus certai- nement avec I'âneffe qu'avec la jument ; qu'enfin le cheval Si l'âne pourroient peut-être produire avec les deux mules , mais l'âne plus fûrement que le cheval : il faudroit faire ces épreuves dans un pays auffi chaude,

DÉGÉNÉRATION des AnIMAUX. 339 pour le moins, que l'efl notre Provence, 6c prendre des mu!ets Je fept ans , des chevaux: de cinq (5v des ânes de quatre ans , parce qu'il y a cette diifércnce dans ces trois animaux pour les âges de la pleine puberté.

Voici les raifons d'analogie fur lefquelles font fondées fes prcfomptions que je viens d'indiquer. Dans l'ordon- nance commune de la Nature , ce ne font pas les mâles , mais les femelles , qui conllituent l'unité des efpèces ; nous favons par l'exemple de la brebis qui peut fervir à deux mâles différens Sl produire également du bouc 6c du bélier , que la femelle influe beaucoup plus que le mâle fur le fpécifique du produit , puifque de ces deux mâles différens il ne naît que des agneaux , c'eft- à-dire , des individus fpécifiquement refTemblans à la mère; aufli le mulet relTemblè-t-il plus à la jument qu'à l'âne , 6c le bardeau plus à l'ânefle qu'au cheval : dès- lors le mulet doit produire plus fûrement avec la jument qu'avec l'âneffe , &" le bardeau plus fûremem avec l'ânejje quavec lajwnem: de même le cheval 6c Vdne pourroient peut - être produira avec les deux înules , parce qu'étant femelles elles ont , quoique viciées, retenu chacune plus de propriétés fpécifiques que les mulets mâles ; mais l'âne doit produire avec elles plus certainement que U cheval, parce qu'on a remarqué que l'âne a plus de puifTance pour engendrer, même avec la jument, que n'en a le cheval , car il corrompt 6: détruit la géné- ration de celui-ci: on peut s'en afTurer en donnant d'abord le cheval - étalon à des jumens , 6c en leur

y u ij

540 Histoire Naturelle,

domant le lendemain . ou mcrne quelques jours après; l'âne au lieu du cheval ; ces jumens produiront prefque toujours des mulets (Se non pas des chevaux. Cette ohfervation qui mériteroit hien d'être conflatce dans toutes fes circonftances, paroît indiquer que la Touche ou tige principale de cette fomille pourroit bien être i'âne (Se non pas le cheval , puifque l'âne le domine dans la puiffance d'engendrer, même avec fafemelle; d'autant que le contraire n'arrive pas , lorfqu'on donne l'âne en premier & le cheval en fécond , à la jument ; celui-ci ne corrompt pas la génération de l'âne, car le produit eft prefque toujours un mulet ; d'autre côté la mémo chofe n'arrive pas , quand on donne l'âne en premier & le cheval en fécond à l'âneffe , car celui-ci ne corrompt ni ne détruit la génération de l'âne. Et à l'égard des accouplemens des mulets entr'eux, je les ai préfumé ftériles , parce que de deux natures déjà léfées pour la génération , Sl qui par leur mélange ne pourroient manquer de fe léfer davantage , on ne doit attendre qu'un produit tout-à-fait vicié ou abfolument nul.

Par le mélange du mulet avec la jument , du bardeau avec l'âneffe , 6c par celui du cheval ôl de l'âne avec les mules , on obtiendroit des individus qui remonteroient à l'efpèce & ne feroient plus que des demi-mulets , Jefquels non-feulement auroient, comme leurs jxarens , la puiffance d'engendrer avec ceux de leur efpèce ori- ginaire, mais peut-être même auroient la faculté de produire entr'eux , parce que n'étant plus léfés qu'à

DÉGÉNÉRA TION des A NI M A UX. 3 4 1 demi , leur produit ne fcroit pas plus vicié que le font les premiers mulets; Sl fi l'union de ces demi-mulets étoit encore flcrile, ou que le produit en fut tarare Se difficile, il me paroit certain qu'en les rapprochant en<:ore d'un degré de leur cfèce opriginaire, les individus qui en réfulteroient <Sc qui ne feroient plus léfés qu'au quart , produiroient entr'eux , Sl formeroient une nou- velle tige , qui ne feroit précifément ni celle du cheval ni celle de l'âne. Or , comme tout ce qui peut être a été amené par le temps , Sl fe trouve ou s'eft trouvé dans la Nature, je fuis tenté de croire que le mulet fécond dont parlent les Anciens, <Sc qui, du temps d'Ariflote, exilloit en Syrie dans les terres au de-là de celles des Phéniciens , pouvoit Lien être une race de ces demi-mulets ou de ces quarts de mulets, qui s'ctoit formée par les mélanges que nous venons d'indiquer ; car Ariftote dit expreffément que ces mulets féconds reffembloient en tout, Si autant qu'il cftpoffible, aux mulets inféconds *; il les diftingueauffi très-clairement des onagres ou ânes fûuvûges dont il fiit mention dans

* In terra Syrîâ fuper Phenîcem Aiulœ & coeunt & par'iunt ; fed id gcnus diverfum quanquam fimïle. Ariil. H'ijl. anhn. \\h. VI, cap. 24. ... Sunt in Syriâ quos mulos appellant genus diverfum ab eo quod cditu equœ & afini procreatur : fed fimile fac'ie , quomodo afini fyheflres fimilitudinc qiiâdam nomen urhanorum accepere ; & qu'idem ut afni illi feri fie inuli prceflant celeritate. Procréant ejufmodi mulœ fuo in génère, Cujus rei argumenta illœ funt quœ tempore Pharnacœ patris Pharna-^abim in terram Phrygiam venerunt quœ adkuc extant. Très tamen ex novem quos numéro êlimfuijfe aïunt, feryanîur hoc tempore, Icîeni. cap. 3 6.

V u iij

342 Histoire Naturelle.

le même chapitre , 6: par conféqucnt on ne peut rap- porter ces animaux qu'à des mulets peu viciés , Â. qui auroient conlervé la faculté de reproduire. Il fe pourroit encore que le mulet fécond de Tartarie , le ciigiihais dont nous avons parlé , ne fût pas Vofiagre ou âne fauvage, mais ce même mulet de Phénicie, dont la race s'eft peut-être maintenue jufqu'à ce jour; le premier Voya- geur qui pourra les comparer , confirmera ou détruira cette conjeclure. Et le zèbre lui-mcme qui refTemble plus au mulet qu'au cheval 6c qu'à l'âne, pourroit bien avoir eu une pareille origine ; la régularité contrainte & fimétrique des couleurs de fon poil , qui font alternati- vement toujours difpofées par bandes noires (Se blanches, paroît indiquer qu'elles proviennent de deux efpèces différentes , qui dans leur mélange fe font féparées autant qu'il étoit poiïible ; car dans aucun de fes ouvrages la Nature n'eft auffi tranchée <3c auffi peu nuancée que fur la robe du zèbre , elle paffe brufquement <5c alternati- vement du blanc au noir &. du noir au blanc fans aucun intermède dans toute l'étendue du corps de l'animal.

Quoi qu'il en foit , il eft certain par tout ce que nous venons d'expofer, que les mulets en général qu'on a toujours accufés d'impuiffance <Sc de flérilité , ne font cependant ni réellement llériles , ni généralement in- féconds; (Se que ce n'eft que dans l'efpèce particulière du mulet provenant de l'âne (Se du cheval , que cette flérilité fe manifefle , puifque le mulet qui provient du bouc (Se de la brebis , eft auffi fécond que fa mère ou

DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX. 34] fonpère; puifque dans les oifeaux la plupart des mulets qui proviennent d'efpèces différentes , ne font point mféconds : c*efl donc dans la nature particulière du cheval 6c de l'âne , qu'il faut chercher les caufcs de i'infccondité des mulets qui en proviennent; & au lieu de fuppofer la ftérilité comme un défaut général 6c nécefliiire dans tous les mulets , la reftreindre au contraire au leul mulet provenant de l'âne Sl du cheval , & encore donner de grandes limites à cette reltridion , attendu que ces mêmes mulets peuvent devenir féconds dans de certaines circonflances , &. iur-tout en fe rapprochant d'un degré de leur efpèce originaire.

Les mulets qui proviennent du cheval 6c de l'âne , ont les organes de la génération tout aii/fi complets que les autres animaux; il ne manque rien au mâle, rien à la femelle , ils ont une grande ahondance de liqueur féminale; 6c comme Ton ne permet guère aux mâles de s'accoupler, ils font fouvent fi preffés de la répandre, qu'ils fe couchent fur le ventre pour fe frotter entre leurs pieds de devant qu'ils replient fous la poitrine : ces animaux font donc pourvus de tout ce qui efl né- cefTaire à l'ade de la génération ; ils font même très- ardens, 6c par conféquent très-indifferens fur le choix; ils ont à peu près la même véhémence de goût pour la mule , pour l'âneiTe 6c pour la jument: il n'y a donc nulle difficulté pour les accouplemens, mais il faudroit des attentions 6c des foins particuliers , fi l'on vouloir rendre ces accouplemens prolifiques : la trop grande

344 Histoire Naturelle.

ardeur, fur-tout dans les femelles, efl ordinairement fuivie de la flcrilité, <Sc la mule efl au moins auffi ar- dente que l'ânefFe : or Ton fait que celle-ci rejette la liqueur fcminale du mule. Si que pour la faire retenir &. produire , il fiut lui donner des coups ou lui jeter de l'eau fur la croupe, afin de calmer les convulfions d'amour qui fubfillent après l'accouplement, <Sc qui font la caufe de cette réjaculation. 1/âneffe ôl la mule tendent donc toutes deux par leur trop grande ardeur à la ftérilité. L'âne (Se l'âneffe y tendent encore par ime autre caufe , comme ils font originaires des climats chauds , le froid s'oppofe à leur génération , (Se c 'efl par cette raifon qu'on attend les chaleurs de l'été pour Jes faire accoupler; lorfqii'on les laiffe joindre dans d'autres temps &. fur-tout en hiver, il efl rare que l'imprégnation fuive l'accouplement, même réitéré; &i ce choix du temps qui efl néceffaire au fuccès de leur génération , l'efl auffi pour la confervation du produit; il faut que l'ânon naiffe dans un temps chaud, autrement il périt ou languit; &. comme la geflation de l'âneffe efl d'un an , elle met bas dans la même faifon qu'elle a conçue : ceci prouve affez combien la chaleur efl néceffaire, non-feulement à la fécondité, mais même à la pleine vie de ces animaux ; c'efl encore par cette même raifon de la trop grande ardeur de la femelle qu'on lui donne le mâle, prefque immédiatement après qu'elle a mis bas ; on ne lui laiffe que fept ou huit jours de repos ou d'intervalle entre l'accouchement 6c

l'accouplement;

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 345 raccouplement ; l'âneiïe , affoihlie par fa couche , efl alors moins ardente, les parties n'ont pas pu dans ce petit efpace de temps reprendre toute leur roideur ; au moyen de quoi la conception fe fait plus fûrement que quand elle efl en pleine force cSc que fon ardeur la domine : on prétend que dans cette efpèce , comme dans celle du chat , le tempérament de la femelle efl encore phis ardent <Sc plus fort que celui du mâle; cependant Vànt efl un grand exemple en ce genre, il peut aifémcnt faillir fa femelle ou une autre phifieurs jours de fuite <5c pluficurs fois par jour; les premières jouifTances , loin d'éteindre ne font qu'allumer fon ar- deur; on en a vu s'excéder fims y être incités autrement que par la force de leur appétit naturel ; on en a vu mourir fur le champ de bataille , après onze ou douze conflits réitérés prefque fans intervalle, & ne prendre pour fubvenir à cette grande & rapide dépenfe que quelques pintes d'eau. Cette même chaleur qui le confume efl trop vive pour être durable ; l'âne étalon bientôt efl hors de combat & même de fervice , <Sc c'efl peut-être par cette raifon que l'on a prétendu que la femelle efl plus forte Se vit plus long-temps que le mâle ; ce qu'il y a de certain , c'eft qu'avec les ménagemens que nous avons indiqués, elle peut vivre trente ans , & produire tous les ans pendant toute fli vie; au lieu que le mâle, lorfqu'on ne le contraint pas à s'abflenir de femelles, abufe de fes forces au point de perdre en peu d'années la puifTance d'engendrer. Tome XIV. X X

34^ Histoire Natu relle.

L'âne &. l'âneiïe tendent donc tous deux à la flcrilité

par des propriétés communes, &i aufii par des qualités

différentes ; le cheval Si la jument y tendent de même

par d'autres voies. On peut donner l'étalon à la jument

neuf ou dix jours après qu'elle a mis bas , Si elle peut

produire cinq ou fix ans de fuite, mais après cela elle

devient ftérile ; pour entretenir fa fécondité , il faut

mettre un intervalle d'un an entre chacune de fes portées,

<Sc la traiter différemment de l'ânefTc ; -au lieu de lui

donner l'étalon après qu'elle a mis bas , il faut le lui

réferver pour l'année fui vante , & attendre le temps

chaleur fe manifefle par les humeurs qu'elle jette ; 6c

même avec ces attentions , il eft rare qu'elle foit féconde

au de-là de l'âge de vingt ans; d'autre côté, le cheval ,

quoique moins ardent Si. plus délicat que l'âne , con-

fcrve néanmoins plus long-temps la faculté d'engendrer.

On a vu de vieux chevaux qui n'avoicnt plus la force

de monter la jument fans l'aide du Palefrenier, trouver

leur vigueur dès qu'ils étoient placés , Si engendrer à

V'^\gQ de trente ans. La liqueur féminale efl non-feulement

moins abondante , mais beaucoup moins Simulante

dans le cheval que dans l'âne ; car fouvent le cheval

s'accouple fans la répandre , fur-tout fi on lui préfente

la jument avant qu'il ne la cherche ; il paroît trille dès

qu'il a joui, & il lui faut d'aiïez grands intervalles de

temps pour que fon ardeur renaiiïe. D'ailleurs , il s'en

faut bien que dans cette efpèce tous les accouplemens ,

même les plus confommés , foient prolifiques ; il y a.

DÉGÉNÉRATJON des ANIMAUX. 347

des jiimens naturellement flériles , ôl d'autres en plus grand nombre qui lont très-peu fécondes; il y a .auiîi des étalons , qui , quoique vigoureux en apparence , n'ont que peu de puifTance réelle. Nous pouvons ajouter h. ces raifons particulières une preuve plus évi- dente (Se plus générale du peu de fécondité dans les efpèces du cheval &. de fane ; ce font de tous les animaux domefliques ceux dont l'efpèce , quoique la plus foignée, efl: la moins nombreufe ; dans celles du J3ceuf, de la brebis, de la chèvre, Si fur-tout dans celles du cochon , du chien 6c du chat, les individus font dix 6c peut-être cent fois plus nombreux que dans celles àw cheval 6c de Tâne: ainfi leur peu de fécondité cft prouvée par le fait , 6c l'on doit attribuer à toutes ces caufes la ftérilité des mulets qui proviennent du mélange de ces Atux efpèces naturellement peu fé- condes. Dans les efpèces au contraire qui , comme celle de la chèvre 6c celle de la brebis, font plus nom- breufes 6c par conféquent plus fécondes , les mulets provenant de leur mélange ne font pas flériles , 6c re- montent pleinement à l'efpèce originaire dès la première o-énération ; au lieu qu'il faudroit deux , trois 6c peut- être quatre générations , pour que le mulet provenant du cheval 6c de l'âne pût parvenir à ce même degré de réhabilitatiort de nature.

On a prétendu que de l'accouplement du taureau 6c de la jument, il réfuîtoit une autre forte de mulet; Co-

kmielle eft , je crois , le premier qui en ait parlé ;

Xx ij

34^ Histoire Natu relle.

Gefner le cite, <Sc ajoute qu'il a entendu dire qu'il fe trouvoit de ces mulets auprès de Grenoble , (Se qu'on les appelle en françois jiimars. J'ai fait venir un de ces jumars de Dauphiné ; j'en ai fait venir un autre des Pyrénées , <Si j'ai reconnu , tant par l'infpeélion des parties extérieures que par la difTeclion des parties intérieures, que ces jumars n'étoient que des bardeaux, c'efl-à-dirc des mulets provenans du cheval & de l'ânefTe: je crois donc être fondé , tant par cette obfer- vation que par l'analogie , à croire que cette forte de mulet n'exifle pas, & que le mot jumar n'efl qu'un nom chimérique Se qui n'a point d'objet réel. La nature du taureau efl trop éloignée de celle de la jument , pour qu'ils puifTent produire enfemble ; l'un ayant quatre eftomacs , des cornes fur la tcte, le pied fourchu , 6cc. l'autre étant folipède Si fans cornes, & n'ayant qu'un feul eflomac. Et les parties de la génération étant très- différentes tant par lagroffeur que pour les proportions, il n'y a nulle raifon de préfumer qu'ils puifTent fe joindre avec plaifir , Se en^core moins avec fuccès. Si le taureau avoit à produire avec quelqu'autre efpèce que la fienne, ce feroit avec le buiïïe qui lui reffemble par la confor- mation Si par la plupart des habitudes naturelles ; cependant nous n'avons pas entendu dire qu'il foit jamais des mulets de ces deux animaux , qui néanmoins fe trouvent dans plufieurs lieux , foit en domeflicité , foit en liberté. Ce que l'on raconte de l'accouplement. Si du produit du cerf 6c de la vaehe, m'eflà peu près

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 349

aufTi fiirpe6t que l'hifloire des jumars , quoique le cerf foit beaucoup moins éloigné, par fa conformation , de la nature de la vache , que le taureau ne l'efl de celle de la jument.

Ces animaux qui portent des bois , quoique ruminans ÔL conformés à l'intérieur comme ceux qui portent des cornes , femblent faire un genre , une famille à part , dans laquelle l'élan efl la tige majeure, & le renne, le cerf, l'axis , le daim 6c le chevreuil font les branches mineures <Sc collatérales; car il n'y a que ces fix efpèces d'animaux , dont la tête foit armée d'un bois brancha qui tombe & fe renouvelle tous les ans; <Sc indépen- damment de ce cara6tère générique qui leur eft commun, ils fe relfemblent encore beaucoup par la conformation <5(L par toutes les habitudes naturelles : on obtiendroit donc plutôt des mulets du cerf ou du daim mêlé avec le renne 6c l'axis , que du cerf 6c de la vache.

On feroit encore mieux fondé à regarder toutes les

bi^bis 6c toutes les chèvres comme ne faifint qu'une

même famille , puifqu'elles produifent enfemble des

mulets qui remontent diredement , 6c dès la première

génération , à l'efpèce de la brebis ; on pourroit même

joindre à cette nombreufe famille des brebis 6c des

chèvres, celle des gazelles 6c celle des bubales qui ne

font pas moins nombreufes. Dans ce genre qui contient

plus de trente efpèces différentes , il paroît que le

moufflon, le bouquetin, le chamois, l'antilope, le

bubale, lecondoma, 6cc. font les tiges principales,.

Xx iij

350 Histoire Natu relle.

Si que les autres n'en font que des branches acceflbires , qui toutes ont retenu les caradtères principaux de la fouclie dont elles Ibnt ifTues, mais qui ont en mcme temps prodigieufement varié par les influences du climat (X les difiërentes nourritures , aufTi-bien que par l'état de fervitude Se de domefticité auquelTliomme a réduit la plupart de ces animaux.

Le chien , le loup , le renard , le chacal Si l'ifatis forment un autre genre , dont chacune des efpèces efl réellement fi voifme des autres <Sc dont les individus fe reflemblent fi fort, fur-tout par la conformation inté- rieure (5c par les parties de la génération , qu'on a peine à concevoir pourquoi ces animaux ne produifent point enfemble; il m'a paru parles expériences que j'ai faites fur le mélange du chien avec le loup Si avec le renard, que la répugnance à l'accouplement venoit du loup Se du renard plutôt que du chien, c'eft-à-dire, de l'animal fauvage & non pas de l'animal domeflique ; car les chiennes que j'ai mifes à l'épreuve, auroient volontiers fouffert le renard Si le loup , au lieu que la louve Si la femelle renard n'ont jamais voulu fouffrir les approches du chien ; l'état de domcfticité fcmble rendre les animaux plus libertins, c'eft-à-dire moins fidèles à leur efpèce ; il les rend auffi plus chauds Si plus féconds , car la chienne peut produire S. produit même affez ordi- nairement deux fois par an , au lieu que la louve Se la femelle renard ne portent qu'une fois dans une année; a.ileftà préfumer que les chiens fauvages, c'eft -à-dire.

DÉGÉNÉRATION des AnIMAUX. 351

ies chiens qui ont été abandonnés dans des pays déferts , ÔL qui fe font multipliés dans l'ile de Juan-Fernandes , dans les montagnes de Saint-Domingue , <5cc. ne pro- duifent qu'une fois par an comme le renard cS^ le loup; ce fait , s'il étoit conRaté , conlirmeroit pleinement l'unité du genre de ces trois animaux , qui fe reiïemhlent fi fort par la conformation, qu'on ne doit attribuer qu'à quelques circonitanccs extérieures leur répugnance à fe joindre.

Le chien paroit être Tefpcce moyenne 8l commune entre celles du renard &. du loup ; les Anciens nous ont tranfmis comme deux faits certains , que le chien dans quelques pays &. dans quelques circonflances pro- duit avec le loup 6c avec le renard *. J'ai voulu le vérifier, &i quoique je n'aie pas réuffi dans les épreuves que j'ai faites à ce fujet , on n'en doit pas conclure que cela foit impoffible; car je n'ai pu faire ces effais que fur des animaux captifs, &. l'on fait que dans la plupart d'entr'eux la captivité feule fuffit pour éteindre îe defir 6c pour les dégoûter de l'accouplement, même avec leurs femblahles ; plus forte raifon cet état forcé doit les empêcher de s'unir avec des individus d'une

* In Cyrcnenfi agro Lup'i cum Canibus coeiint & Laconiei canes ex yulpe ùr cane generanlur. Ariftot. HiJI. anim. lib. VIII , cap. 28 ... . Coeimt animalia gcneris ejufdem fecundùm natura?n , fed ea etiam quorum genus diverfum qui de m , fed naiura non multum dijiat ; fi modo par mamtudo fit if tempora œquent gravidhatis , rare id ft , fed tamen id Jîeri ùr in Canibus & m Vulpibus & m Lupis cerUim ef. IJem. de générât, anim. iib. II , cap. 5 .

^^2 Histoire Naturelle.

efpèce étrangère; mais je fuis perfiiadé que dans l'état de liberté Si. de célibat, c'efl-à-dire , de privation de fa femelle , le cliien peut en effet s'unir au loup Se au renard , fur-tout fi devenu fauvage , il a perdu fon odeur dedomefticité, <S^ s'efl en même temps rapprocbé des mœurs des habitudes naturelles de ces animaux. I{ n'en efl pas de même de l'union du renard avec le loup, je ne la crois guère poffible; du moins dans la nature aduelle le contraire paroît démontrépar le fait, puifque ces deux animaux fe trouvent enfemble dans le même climat Si dans les mêmes terres, & que fe foutenant cha- cun dans leur efpèce fans fe chercher, fms fe mêler, ii faudroit fuppofer ime dégénération plus ancienne que la mémoire des hommes pour les réunir à la même efpèce : c'efl par cette raifon que j'ai dit que celle du chien étoit moyenne entre celles du renard 6c du loup , elle eft au/fi commune puifqu'elle peut fe mêler avec toutes deux ; Si fi quelque chofe pouvoit indiquer qu'origi- nairement toutes trois font forties de la même fouche; c'efl ce rapport comnum qui rapproche le renard du loup, Si me paroît en réunir les efpèces de plus près que tous les autres rapports de conformité dans la figure Si l'organifation. Pour réduire ces deux efpèces à l'unité, il faut donc remonter à un état de nature plus ancien: mais dans l'état aduel , on doit regarder le loup (S. le renard comme les tiges majeures du genre des cinq animaux que nous avons indiqués; le chien , ie chacal Si i'ifatis n'en font que les branches latérales,

Si elles

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 353

ôc elles font placées entre les deux premières; le chacal participe du chien S: du loup , <Sc Tifatis du chacal & du renard : aufTi paroît-il par un aflez grand nombre de témoignages, que le chacal ôl le chien produifent aifcment enfemble ; Si Ton voit par la defcription de l'ifatis <Sc par l'iiiftoire de Tes habitudes naturelles, qu'il reiïemble prefqu'entièrement au renard par la figure & par le tempérament, qu'il fe trouve également dans les pays froids; mais qu'en même temps il tient du chacal ie naturel, l'aboiement continu , la voix criarde & l'ha- bitude d'aller toujours en troupe.

Le chien de berger , que j'ai dit être la fouche pre- mière de tous les chiens, efl en même temps celui qui approche le plus de la figure du renard; il efl de la même taille, il a comme lui, les oreilles droites, le inufeau pointu, la queue droite &i traînante; il approche auffi du renard par la voix , par l'intelligence ôi par la fineffe de l'infiind; il fe peut donc que ce chien foit originairement iffu du renard , finon en ligne droite , au moins en ligne collatérale. Le chien , qu'Ariflote appelle cnnis-laconicus , ôc qu'il afTure provenir du mé- lange du renard & du chien , pourroit bien être le même que le chien de be;gcr, ou du moins avoir plus de rapport avec lui qu'avec aucun autre chien : on feroit porté à imaginer que l'épithète laconicus qu'Ariflote n'interprète pas , n'a été donnée à ce chien que paf la raifon qu'il fe trouvoit en Laconie, province (\é la Grèce , dont Lacédémone étoit la ville principale ; inais Tome XIV, Y y

354 Histoire Naturelle.

fi l'on fait attention à l'origine de ce chien Laconic, que le même Auteur dit venir du renard & du chien, on fentira que la race n'en étoit pas ])ornce au feul pays de Laconie, &. qu'elle devoit fe trouver également dans tous les pays il y avoit des renards, & c'eft ce qui me fait préfumer que l'épidiète laconicus pourroit bien avoir été employée par Ariftote dans le fens moral , c'efl-à-dirc pour exprimer la brièveté ou le fon aigu de la voix; il aura appelé chien laeonic, ce chien provenant du renard , parce qu'il n'aboioit pas comme les autres chiens , & qu'il avoit la voix courte & glapifîànte comme celle du renard : or notre chien de berger efl le chien qu'on peut appeler laconic à plus jufte titre; car c'efl celui de tous les chiens dont la voix efl la plus brève & la plus rare ; d'ailleurs, les caratflères que donne Ariflote à fon chien laconic conviennent affez au chien de berger, (^ c'efl ce qui a achevé de me perfuader que c'étoit le même chien; j'ai cru devoir rapporter Jes pafîiiges d'Ariflote en entier, afin qu'on juge fi ma conjecture efl fondée *.

"^ Laconici canes ex Vulpe & Cane generantur. Hift. anim. lib. VIII, cap. 2.8 ... . Caniim gênera plurafunt. Co'it Laconicum menfe fuœ œtatis

oâavo & crus jam cîrca id tempus altoUentes nonnuUi urinam reddunt

Gerunt Laconicœ canes uterum parte fextâ annl , hoc ejl, fexagen'is diehus eut uno velaltero, plus m'inufve. Catelli cœci gignuntur, nec ante duodecimum d'ieni v'ifum acc'ip'iunt. Coeunt canes pojîeaquam parerunt fexto menfe nec citiùs. Sunt quœ parte quintâ anni uterum ferunt , hoi ejl, duobus & fep- tuaginta d'iebus , quorum catelli duodecim diebus luce carent : nonnulU quartà parte anni, hoc ejl, tribus menfibus ferunt , quarum catelli diebus decem & feptem luce carent. Lac ante diebus quinque quàm pariant, habent

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 355 Le genre des animaux cruels efl l'un des plus nom- breux (Se des plus variés ; le mal femble , ici comme

canes magnà ex parte ; verùm nonnullis etiam feptem aut quatuor dkbus anticipât : utile fiatim ut pepererint ejï ; genus laconicum pojl coitum

diebus triginta habere lac incipit parit canis duodccim compluriimim,

fed magnâ ex parte quinqut aut fex. Unum etiam aliquam peperijje cer~ tum ejl : laconicœ magnâ ex parte oâo pariunt. Coeunt quandiu vivunt & mares & fœminœ : peculiare generis laconici ejl ut cum htborarint cotre meliùs quam per otium pojjînt ; vivit in hoc codem gerere mas ad annos decem , fœmina ad duodecim : cœtcri canes viaximâ quidem ex parte ad

annos quatuordecim : fed nonnulti vel ad viginti protrahunt vitam

Laconici fané generis fœminas , quia minus laborant quam mares , Viva- ciores maribus junt : at ferb in cœteris , à' f non late admodum confiât,

tamen mares vivaciores funt. Idem. iib. VI, cap. 20 Fœminant

& marem natura difinxit moribus; funt enim fœminœ moribus mollioribus, mitefcunt celeriiis & manum faciliàs patiuntur : difcunt eiiam imi tan- turque ingeniofihs , ut in génère canum laconico fœminas ejje fagaciorcs quam mares apertum ejl. Aîoloticum etiam genus venaticum nihilo a cœteris difcrepat , at pecuarium longé & magnitudine & forlitudine contra belluas prœfat : infignes verô animo & induflriâ qui ex utroque moloticum dico Ù" laconicum prodierint. Idem. Iib. IX, cap. i.

Nota. Il faut obferver que le mot genus ne doit pas s'interpréter

ici par celui <ïefpèce , mais par le mot race. Ariftote y diftingue trois

races de cWicm Laconicus , Aloloticus & Pecuarius ; k Aloloticus qu"ii

nppelleaufTi Venaticus , vraifemblablement notre Lévrier, qui dans

la Grèce &l'Afie mineure eft le chien de chafTe ordinaire; le Pecuarius

qu'il dit excéder de beaucoup les autres cliiens par la grandeur & par

h forme , eft uns doute le mâtin , dont on fe fert pour la garde &

la défenfe du bétail contre les bêles féroces; «5c le Laconicus, duquel

il ne dcfjgne pas l'emploi , & qu'il dit feulement être un chien de

travail & d'induftrie, & qui eft de plus petite taille que le Pecuarius,^

ne peut être que le chien de berger, qui travaille en effet beaucoup à

ranger, contenir & conduire les moutons , & qui cR plus induftrieux,

^ Yy ij

35^ Histoire Natu relle.

ailleurs, fe reproduire fous toutes fortes déformes 6l fe revêtir de plufieurs natures. Le lion &. le tigre, comme efpèces ifolées , font en première ligne ; toutes les autres, favoir, les panthères, les onces, les léopards, les guépards, les lynx, les caracals, les jaguars, les cougars, les ocelots, les fervals, les margais & les chats ne font qu'une même <Sc méchante famille, dont les différentes branches fe font plus ou moins étendues , 6l ont plus ou moins varié fuivant les difïërens climats : tous ces animaux fe reffemblent par le naturel, quoiqu'ils foient très -différens pour la grandeur & par la figure ; ils ont tous les yeux étincelans , le mufeau court, & les ongles aigus , courbés 6c rétiadibles ; ils font tous nuifibles , féroces , indomptables ; le chat qui en efl la dernière Si la plus petite efpèce , quoique réduit en fervitude , n'en eft ni moins perfide ni moins volontaire; le chat

plus attentif & plus foigneux que tous les autres chiens : mais ce n'eft pas ce qu'il y a de plus difficile à entendre dans ces pafïïiges d'Ariflote , c'eft ce qu'il dit de la différente dorée de la gef- tation dans les différentes races de chiens , dont félon lui , les uns portent deux mois , les autres portent deux mois & demi , & les autres trois mois : car tous nos chiens de quelque race qu'ifs foient ne portent également que pendant environ neuf femaines , c'eft-à-dire, foixante-un, foixante-deux ou foixante- trois jours, & je ne fâche pas qu'on ait remarqué de plus grandes différences de temps que celle de ces trois ou quatre jours : mais Arillote pouvoit en fivoir fur cela plus que nous , & fj ces ftits qu'il a avancés font vrais , il en réfulteroit un rapprochement bien plus grand de certains chiens, avec le loup : car les chaffeurs affurent que la louve porte trois mois ou trois mois & demi.

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 357 fàuvasfe a confervé le caradlcre Je la famille ; il cH aiifîi cruel , aiifli méchant , aufii déprcclatciir en petit , que fes confanguins le font en grand ; ils font tous également carnaiïiers , également ennemis des autres animaux. L'homme avec toutes fes forces n'a jamais pu les dé- truire ; on a de tout temps employé contre eux le feu, le fer , le poifon , les pièges ; mais comme tous \i:ï> individus multiplient beaucoup , & que les efpèccs elles- mêmes font fort multipliées , les efforts de l'homme fe font bornés à les faire reculer & à les refferrer dans les déferts, dont ils ne fortent jamais fans répandre la terreur <&. caufer autant de dégât que d'effroi ; un feul tif^re échappé de fa forêt fuffit pour alarmer tout un peuple (Se le forcer à s'armer, que feroit-ce fi ces animaux fanguinaires arrivoient en troupe, &. s'ils s'cn- tendoient comme les chiens fauvages ou les chacals dans leurs projets de déprédation ! La Nature a donné cette intelligence aux animaux timides , mais heureufe- nient les animaux fiers font tous folitaires ; ils marchent feuls (Se ne confultent que leur courage, c'efl -à-dire , la confiance qu'ils ont en leur force. Ariflote avoit re- marqué avant nous , que de tous les animaux qui ont des griffes, c'eft-à-dire , des ongles crochus & rétrac- tibles, aucun n'étoit focial , aucun n'alloit en troupe*: cette obfervation qui ne portoit alors que fur quatre ou cinq efpèces, les feules de ce genre qui fuffent connues

* Nullum animal cuî ungues adunci , gregatile ejje perpendimus. Arift. U-ijl. anim. lib. 1, cap. 1. ^r ■■■

358 Histoire Natu relle,

de fon temps , s'efl étendue <Sc trouvée vraie fur dix ou douze autres efpèces qu'on a découvertes depuis; les autres animaux carnaiïiers , tels que les loups , les renards, les chiens , les chacals, les ifîitis, qui n'ont point de griffes , mais feulement des ongles droits , vont pour la plupart en troupes, <Sc font tous timides 6l même lâches.

En comparant ainfi tous les animaux & les rappelant chacun à leur genre , nous trouverons que les deux cents efpèces dont nous avons donné l'hifloire , peuvent fe réduire à un affez petit nombre de familles ou fouches principales, defquelles il n'ellpas impo/fible que toutes les autres foient ifïïies.

Et pour mettre de l'ordre dans cette rédudion , nous féparerons d'abord les animaux des deux continens ; ôl nous obferverons qu'on peut réduire à quinze o-enres <5c à neuf efpèces ifolées , non -feulement tous les animaux qui font communs aux deux continens , mais encore tous ceux qui font propres & particuliers à l'ancien. Ces genres font i.'' celui des folipèdes proprement dits, qui contient le cheval , le zèbre , Vdï\c , avec les mulets féconds <?c inféconds; 2. '^ celui des grands pieds- fourchus à cornes creufes , favoir, le bœuf & le buîHe avec toutes leurs' variétés ; 3.° la grande famille des petits pieds-fourchus à cornes creufes , tels que les brebis , les chèvres , les gazelles , les chevrotains & toutes les autres efpèces qui participent de leur nature ; ^.° celle des pieds-fourchus à cornes pleines ou bois

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 359

folides, qui tombent d>i qui fe renouvellent tous les ans; cette famille contient l'élan , le renne, le cerf, le daim, l'axis 6c le chevreuil, y Celle des pieds -fourchus ambigus , qui eft compofce du fanglier <Sc de toutes les variétés du cochon, telles que celui de Siam à ventre pendant , celui de Guinée à longues oreilles pointues &i couchées fur le dos , celui des Canaries à groffes 6c longues défenfes , 6cc. 6.° Le genre très-étendu des fiffipèdes carnafficrs à griffes, c'eft-à -dire à ongles crochus 6c rétraéliblcs, dans lequel on doit comprendre les panthères, les léopards , les guépards, les onces, les fervals 6c les chats, avec toutes leurs variétés, y.*' Celui des fiffipèdes carnafficrs à ongles non rétradibles , qui contient le loup , le renard , le chacal , l'ifatis 6c le chien, avec toutes leurs variétés. 8."* Celui des fiffipèdes carnaffiers à ongles non rétraélibles, avec une poche fous la queue ; ce genre efl compofé de Thyccne , de la civette, du zibet , de la genette, du blaireau, &.C, 9.° Celui des fiffipèdes carnaffiers à corps très-alongé avec cinq doigts à chaque pied , Sl le pouce ou premier ongle féparé des autres doigts ; ce genre efl compofé des fouines , martes , putois , furets , mangoufles , belettes, vanfires, 6cc. lO.*" La nombreufe famille des fiffipèdes , qui ont deux grandes dents incifives à chaque mâchoire 6c point de piquans fur le corps ; elle efl compofée des lièvres , des lapins 6c de toutes les ef- pèces d'écureuils , de loirs , de marmottes 6c de rats. ii.° Celui des fiffipèdes, dont le corps efl couvert

3(5o Histoire Natu re lle.

(le piquans , tels que les porc -épies Si les hcrifTons. 12." Celui des lillipècles couverts d'écaiiles, les pan- golins &. les phatagins. 15.° Le genre des fi/Tipèdes amphibies, qui contient la loutre, le caflor, le defman, les niorfcs (Scies phoques. 14.'' Le genre des quadru- manes , qui contient les finges , les babouins, les guenons, les makis, les loris, &c. i <y° Enfin celui des fifTipcdes ailes, qui contient les rouiïettes <Sc les chauve- fouris , avec toutes leurs variétés. Les neuf efpèces ifolées, font l'ciéphant, le rhinocéros, l'hippopotame, la giraffe, le chameau, le lion, le tigre, l'ours &. la taupe, qui toutes font auffi fujettes à un plus ou moins grand nombre de variétés.

De ces quinze genres 6c de ces neuf efpèces ifolées, deux efpèces & fept genres font communs aux deux continens ; les dcwx efpèces font , l'ours ôl la taupe ; Si les fept genres font, i celui des grands pieds-four- chus à cornes creufes ; car le bœuf fe retrouve en Amérique fous la forme dubifon. 2.° Celui des pieds- fourchus à bois folides; car l'élan fe trouve au Canada, fous le nom orignal ; le renne fous celui de caribou, êc l'on trouve auiïi dans prefque toutes les provinces de l'Amérique feptentrionale des cerfs , des daims Se des chevreuils. ^.° Celui des fiffipèdes carnafiiers à ongles non rétradibles; car le loup & le renard fe trouvent dans le nouveau monde comme dans l'ancien. 4.° Celui des fiffipèdes à corps très-alongé, la fouine, la marte, le putois fe trouvent en Amérique comme

en

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 361 en Europe. 5.° L'on y trouve aufH une partie du genr-e des filTipèdes qui ont deux grandes dents incifives à chaque mâchoire, les écureuils, les marmottes, les rats , <5cc. 6^ Cekii des finipèdes amphibies ; les morfcs , les phoques , les caftors 6c les loutres exiftent dans le Nord du nouveau continent, comme dans celui de l'ancien. 7.° Le genre des fifTipèdes ailes y exifle aufTi en partie, car on y trouve des chauve -fouris &^ des vampires, qui font des ^fpèces de rouiïettes.

Il ne relie donc que huit genres & cinq efpèces ifolées , qui foient propres & particuliers à l'ancien continent : ces huit genres ou familles font, i.° celle des lolipèdes proprement dits ; car on n'a trouvé ni chevaux, ni ânes, ni zèbres, ni mulets dans le nouveau monde. 2.° Celle des petits pieds-fourchus à cornes creufes; car il n'exifloit en Amérique ni brebis, ni chèvres, ni gazelles, ni chevrotains. ^.'^ La famille des cochons , car l'cfpèce du fanglier ne s'cft point trouvée dans le nouveau monde ; &. quoique le pécari avec fes variétés doive fe rapporter à cette famille, il en ditîère cependant par des caraclères affez remar- quables , pour qu'on puiiïe l'en féparer. 4.** Il en c(t de même de la famille des animaux carnafTiers à ongles rétradibles ; on n'a trouvé en Amérique ni panthères , ni léopards , ni guépards , ni onces , ni fervals ; &. quoique les jaguars , cougars , ocelots «Se margais paroifTent être de cette famille, il n'y a aucune de ces efpèces du nouveau monde qui fe trouve dans Tome XIV. ^ z

362 Histoire Naturelle,

l'ancien continent, <5c réciproquement aucune efpèce de l'ancien continent qui fe foit trouvée dans le nouveau. 5.° Il en eft encore de même du genre des fifTipèdcs dont le corps efl couvert de piquans ; car , quoique le coendou &i Furfon foient très-voifms de ce genre, ces efpèces font néanmoins très-différentes de celles des porc-épics 6c des hérifTons. 6.** Le genre des fifTipèdcs carnafTiers à ongles non rétra6tibles , avec une poche fous la queue; car l'hysene , les civettes & les blaireaux n'exiftoient point en Amérique. 7.° Les genres des quadrumanes; car Ton n'a trouvé en Amé-» rique ni finges, ni babouins , ni guenons , ni makis ; & les fipajous , fagoins , farigues , marmofcs , <5cc. quoique quadrumanes , diffèrent de tous ceux de l'ancien con- tinent. 8.° Celui des Mpèdes couverts d'écaillés , le pangolin ni le phatagin ne fe font point trouvés en Amérique ; 6c les fourmiliers auxquels on peut les comparer , font couverts de poil , 6c en diffèrent trop pour qu'on puiffe les réunir à la même famille.

Des neuf efpèces ifolées , fept ; favoir , l'éléphant , le rhinocéros , l'hippopotame , la giraffe , le chameau , le lion 6c le tigre ne fe trouvent que dans l'ancien monde ; 6c deux, favoir, l'ours 6c la taupe font communes aux àtw\ continens.

Si nous faifons de même le dénombrement des animaux propres 6c particuliers au nouveau monde, nous trouverons qu'il y en a environ cinquante efpèces différentes , que l'on peut réduire à dix genres 6c quatre

DÈCÈ'NERATÎON des ANIMAUX. 3^3 efpèces ifolées ; ces quatre efpèces font le tapir , le cabiai, le lama (Scie pécari, encore n'y a-t-il quei'efpèce du tapir qui foit abfolument ifolée , car celle du pécari a des variétés, (Se Ton peut réunir la vigogne au lama, <Sc peut-être le cochon d'Inde au cabiai. Les dix genres font I.** les fapajous, huit efpèces; 2.° les fagoins , fix efpèces; 3.*' les philandres ou farigues , niarniofes , kaïopollins , phalangers , tarfiers , (S^c ; 4.'' les jaguars , cougars , ocelots, margais , &c ; 5." les coatis, trois ou quatre efpèces ; d? les mouflettes , quatre ou cinq efpèces ; -j? le genre de l'agouti , dans lequel je com- prends l'acouchi , le paca, Taperea (Se le tapeti ; 8.'' celui des tatous , qui eft compofé de fept ou huit efpèces ; ()? les fourmiliers, deux ou trois efpèces; (Se 10.'' les pareffeux , dont nous connoiffons deux efpèces , favoir,

i'u nau (Se l'ai.

Or ces dix genres (Se ces quatre efpèces ifolées , auxquels on peut réduire les cinquante efpèces d'animaux qui font particuliers au nouveau monde , quoi(]ue toutes différentes de celles de l'ancien continent, ont ce- pendant des rapports éloignés qui parqiffent indiquer quelque chofe de commun dans leur for^nation , 6. qui nous conduifent à remonter à des caufes de dégénc- ration plus grandes (Se peut-être plus anciennes que toutes les autres. Nous avons dit qu'en général tous les animaux du nouveau monde étoient beaucoup plus petits que ceux de l'ancien continent ; cette grande diminution

dans la grandeur, quelle qu'en foit la caufe, eft une

Z z 1;

364 Histoire NATilnELLC,

première forte Je dégénérât ion , qui n'a pu fe faire fans beauconp influer fur la forme , & il ne faut pas perdre de vue ce premier effet dans les comparaifons que l'on voudra faire de tous ces animaux.

Le plus grand eft le tapir qui , quoiqu'il ne foit que de la taille d'un âne , ne peut cependant être comparé qu'à l'éléphant, au rhinocéros (Se à l'hippopotame ; il cft dans fon continent le premier pour la grandeur, comme l'éléphant l'efl dans le fien ; il a, comme le rhinocéros , la lèvre fupérieure mufculeufe Se avancée , Si comme l'hippopotame, il fe tient fouvent dans l'eau. Seul , il les rcpréfente tous trois à ces petits égards , <Sc fa forme qui en tout tient plus de celle de l'âne que d'aucune autre , femble ctre au/fi dégradée que fa taille efl diminuée. Le cheval, l'âne, le zèbre, l'éléphant, le rhinocéros & l'hippopotame n'exifloient point en Amérique , 6c n'y avoient même aucun repréfentant , c'efl-à-dire , qu'il n'y avoit dans ce nouveau monde aucun animal qu'on pût leur comparer , ni pour la grandeur ni pour la forme ; le tnpir efl celui dont la nature fembleroit être la moins éloignée de tous , mais en même temps elle paroît fi mêlée & elle approche fi peu de chacun en particulier, qu'il ne{{ pas poiïible d'en attribuer l'origine à la dégénération de telle ou telle cfpèce ; & que malgré les petits rapports que cet animal fe trouve avoir avec le rhinocéros , l'hippo- potame ai Tâne, on doit le regarder non-feulement comme étant d'une efpèce particulière, mais même

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 365 d'un genre fingulier <&: différent de tous les autres.

Ainfi le tapir n'appartient ni de près ni de loin à aucune efpèce de l'ancien continent , <S: à peine porte- t-H quelques caractères qui l'approchent des animaux auxquels nous venons de le comparer. Le cabiai fe refufc de même à toute comparaifon , il ne refTeniLle à l'extérieur à aucun autre animal, (Se ce n'efl que par les parties intérieures qu'il approche du cochon d'Inde, qui eft de Ton même continent , & tous deux font d'efpèces ahfolument différentes de toutes celles de l'ancien continent

Le lama Sl la vigogne paroificnt avoir des fignes plus fignificatifs de leur ancienne parenté, le premier avec le chameau , Si le fécond avec la brebis. Le lama a, comme le chameau, les jambes hautes, le cou fort long, la tète légère, la lèvre fupérieure fendue; il lui relTemble aulfi par la douceur du naturel , par l'efprit de fervitude , par la fobriétc, par l'aptitude au travail; c'étoit chez les Américains le premier & le plus utile de leurs animaux domefiiques, ils s'en fervoicnt comme les Arabes fe fervent du chameau pour porter <\qs far- deaux : voilà bien des convenances dans la nature de ces (ÏQWX animaux , es. l'on peut encore y ajouter celles des ftigmates du travail , car quoique le dos du lama ne foit pas déformé par des boifes comme celui du chameau , il a néanmoins des cailof tés naturelles fur la poitrine, parce qu'il a la même habitude de fe re-

pofer fur cette partie de fon corps. Malgré tous ces

Z z iij

^66 Histoire Natu re lle.

rapports, \q lama efl d'une efpèce très-cliftinde (Se très- difîérente de celle du chameau; d'abord il efl beaucoup plus petit Se n'a pas plus du quart ou du tiers du vo- lume du chameau ; la forme de fon corps , la qualité & la couleur de Ton poil font aufTi fort différentes ; le tempérament l'efl encore plus; c'efl; un animal pitui- teux , Si qui ne fe plaît que dans les montagnes , tandis que le chameau efl d'un tempérament fec , Si habite volontiers dans les fables brùlans : en tout, il y a peut- être plus de différences fpécifiques entre le chameau Si le lama, qu'entre le chameau Si la giraffe : ces trois animaux ont plufieurs caraélcres communs, par lefquels on pourroit les réunir au même genre : mais en même temps, ils diffèrent à tant d'autres égards, qu'on ne feroit pas fondé à fuppofer qu'ils font iffus les uns des autres, ils font voifins Si ne font pas parens. La girafte a près du double de la hauteur du chameau , Si le chameau le double du lama ; les deux premiers font de Tancien continent Si forment des efpèces féparées; à plus forte raifon , le lama qui ne fe trouve que dans le nouveau monde efl-il d'une efpèce éloignée de tous Jes deux.

Il n'en efl pas de même du pécari , quoiqu'il foit d'une efpèce différente de celle du cochon , il efl cependant du même genre ; il reffemble au cochon par la forme Si par tous les rapports apparens, il n'en diffère que par quelques petits caradères, tels que l'ou- verture qu'il a fur Je dos, la forme de l'eflomac (Se

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. -^6^

des inteflins , Sic. On pourroit donc croire que cet animal feroit iffii de la même foiiche que le cochon, & qu'autrefois il auroit pafTé de l'ancien monde dans le nouveau, par l'influence de la terre , il aura dé- généré au point de former aujourd'hui une cfpèce dif- tincle & différente de celle dont il efl originaire.

Et à l'égard de la vigogne ou paco , quoiqu'elle ait quelques rapports avec la brebis par la laine 6c par l'habitude du corps, elle en difïère à tant d'autres égards , qu'on ne peut regarder ces efpèces ni comme voifmes ni comme alliées ; la vigogne efl plutôt une efpèce de petit lama , & il ne paroît par aucun indice qu'elle flit jamais pafTé d'un continent à l'autre. Ainfi des quatre efpèces ifolées qui font particulières au nouveau monde , trois; favoir, le tapir, le cabiai & le lama, avec la vigogne paroiflTent aj)partenir en propre Sl de tout temps à ce continent; au lieu que le pécari qui fait la quatrième femble n'être qu'une efpèce dé- générée du genre des cochons , ôl avoir autrefois tiré fon origine de l'ancien continent.

En examinant 6: comparant dans la même vue les dix genres, auxquels nous avons réduit les autres ani- maux particuliers à l'Amérique méridionale, nous trou- verons de même, non-feulement des rapports fmguliers dans leur nature, mais des indices de leur ancienne origine 6l des fignes de leur dégénération ; les fapajous &L\ts fagoins reffemblent affez aux guenons ou fmges à longue queue pour qu'on ieur ait donné le nom

-^63 H I STO I RE N ATU RE LLE,

commun dejînge ; cependant nous avons prouve que leurs efpèces Sl même leurs genres font diiférens, <Sc d'ailleurs il fcroit bien difficile de concevoir comment les guenons de l'ancien continent ont pu prendre en Amcrifjue une forme de fice diiîcrente, une queue mufclée <Sc préhenfde, une large cloifon entre les narines (Se les autres caradères , tant fpéciliques que génériques, par lefquels nous les avons diftinguées 6c réparées des fapajous; cependant comme les finges, les babouins 6l les guenons ne fe -trouvent que dans Tancien continent , on doit regarder les fapajous & les fagoins comme leurs repréfentans dans le nouveau ; car ces animaux ont à peu près la même forme, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, <5c ils ont auffi beaucoup de chofes communes dans leurs babitudes naturelles : il en efl de même des makis dont aucune cfpèce ne s'eft trouvée en Amérique, & qui néanmoins paroifTent y ctre remplacés ou repréfentés par les pbilandres, c'cfl- à-dire par les farigues , marmofcs (5c autres quadrumanes à mufeau pointu , qui fe trouvent en grand nombre dans le nouveau continent (Si nulle part dans l'ancien : feulement il faut obferver qu'il y a beaucoup plus de différence entre la nature <S: la forme des makis ôl de ces quadrumanes Américains, qu'entre celle des '^ue- nons <S^ des fapajous; <S. qu'il y a fi loin d'un farigue, d'une marmofe , ou d'un pbalanger à un maki , qu'on ne peut pas fuppofer qu'ils viennent les uns des autres Uns fuppofer en même temps que la dégénération peut

produire

DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 369 produire des effets égaux à ceux d'une nature nouvelle; car la plupart de ces quadrumanes de l'Amérique ont une poche fous le ventre; la plupart ont dix dents à la mâchoire fupérieure & dix à l'inférieure ; la plupart ont la queue prchen fde , tandis que les makis ont la queue lâche , n'ont point de poches fous le ventre & n'ont que quatre dents incifives à la mâchoire fupé- rieure , (Se fix à l'inférieure : ainfi quoique ces animaux aient les mains & les doigts conformés de la même manière, <&: qu'ils fe reffemblent auffi par l'alongement du mufeau ; leurs cfpèces <Sc même leurs genres, font fi différens , fi éloignés qu'on ne peut pas imaginer qu'ils foient iffus les uns des autres , ni que des difparités auffi grandes (5c aulfi générales aient jamais été produites par la dégénération.

Au contraire , les tigres d'Amérique que nous avons indiqués fous les noms de jaguars, cougars , ocelots & margais, (juoique d'efpèces différentes de la panthère, du léopard , de l'once , du guépard &i du ferval de i'ancien continent , font cependant bien certainement Aw même genre ; tous ces animaux fe reffemblent beaucoup tant à l'extérieur qu'à l'intérieur; ils ont auffi \t même naturel , la même férocité , la même véhé- mence de goût pour le fàng ; & ce qui les rapproche encore de plus près pour le genre , c'ell qu'en les com- parant , on trouve que ceux du même continent différent autant <?c plus les uns des autres que de ceux de l'autre continent: par exemple, la panthère de l'Afrique diffère Torn^ XIV, Aaa

3/0 Histoire N atu re lle.

moins cîu jaguar du Brefil , que celui-ci ne diffère du cougar qui cependant efl du même pays; de même Je ferval de l'Afie &. le margai de la Guiane font moins différens entr'eux, qu'ils ne le font de tous ceux de leur propre continent : on pourroit donc croire avec afTcz de fondement que ces animaux ont eu une origine commune, &. fuppofer qu'ayant autrefois paffé d'un continent à l'autre , leurs différences aétuelles ne font venues que de la longue influence de leur nouvelle ijtuation.

Les mouflettes ou puans d'Amérique, Ôl le putois d'Europe paroilfent être du même genre. En général, lorfqu'un genre efl; commun aux deux continens , \ts efpèces qui le compofent font plus nombreufes dans l'ancien que dans le nouveau; ici c'efl tout le contraire» on y trouve quatre ou cinq efpèces de putois , tandis que nous n'en avons qu'un , dont la nature paroit même inférieure ou moins exaltée que celle de tous les autres ; en forte qu'à fon tour le nouveau monde paroit avoir des repréfentans dans l'ancien ; & fi l'on ne jugeoit que par le fait, on croiroit que ces animaux ont fait la route contraire, & ont autrefois paffé d'Amérique en Europe. 11 en efl de même de quelques autres efpèces : les chevreuils Si les daims , auffi-bien que les mouflettes, font plus nombreux tant pour les variétés que pour les efpèces , & en même temps plus grands 6c plus forts , dans le nouveau continent que dans l'ancien; on pourroit donc imagine: qu'ils en font originaires, mais

DÉGÉNÉRATION des AnIAIAUX. 37I comme nous ne devons pas douter que tous les animaux en général n'aient été créés dans l'ancien continent, il faut nécefTairement admettre leur migration de ce continent à l'autre, 6. fuppofer en même temps, qu'au lieu d'avoir, comme tous les autres, dégénéré dans ce nouveau monde, ils s'y font au contraire perfedionnés, A que par la convenance <5: la faveur du climat, ils ont furpaffé leur première nature.

Les fourmiliers, qui font des animaux très-finguliers, Sl dont il y a trois ou quatre efpèces dans le nouveau monde, paroiflent auffi avoir leurs repréfentans dans i'ancien ; le pangolin 6c le phatagin leur reffemblent par le caradère unique de n'avoir point de dents , & d'être forcés comme eux à tirer la langue & vivre de fourmis ; mais fi l'on veut leur fuppofer une origine commune , il eft affez étrange qu'au lieu d'éca.lles qu'ils portent en Afie, ils fe foient couverts de poils

.en Amérique.

A l'égard des agoutis , des pacas & des autres du feptième'' genre des animaux particuliers au nouveau continent , on ne peut les comparer qu'au lièvre & au lapin, defquels cependant ils diffèrent tous par l'efpèce; 6c ce' qui peut faire douter qu'il y ait rien de commun dans leur origine , c'efl que le lièvre s'eft répandu dans prefque tous les climats de l'ancien contment , fans Le fa nature fe foit altérée <Sc fans qu'il ait fubi d'autres changemens que dans la couleur de fon pod ; on ne -peut donc pas imaginer avec fondement que le clmiat

Ijz Histoire Natu re llë.

d'Amcrique ait fait ce que tous les autres climats n'ong

pu faire, & qu'il eut changé la nature de nos lièvres au

point d'en faire ou des tapetis & des apérea, qui n'ont

point de queue; ou des agoutis à mufeau pointu, à oreilles

courtes & rondes ; ou des pacas à groffe tcte , à oreilles

courtes, à poil ras & rude , avec des bandes blanches.

Enfin , les coatis , les tatous Si les parefTeux font fi

différens, non-feulement pour l'efpèce, mais auffi pour

Je genre de tous les animaux de l'ancien continent,

qu'on ne peut les comparer à aucun , & qu'il n'efl

pas po/Tible de leur fuppofer rien de commun dans

leur origine, ni d'attribuer aux effets de la dégénération

des prodigieufes différences qui fe trouvent dans leur

nature, dont nul autre animal ne peut nous donner ni.

le modèle ni Vidée.

Ainfi de d\x genres Sl de quatre efpèces ifolées ^ auxquels nous avons tâché de réduire tous les animaux propres <Sc particuliers au nouveau monde , il n'y en a. que deux , favoir, le genre des jaguars, des ocelots, &c. 6c l'efpèce du pécari , avec fes variétés qu'on puifTe rapporter avec quelque fondement aux animaux de l'ancien continent ; les jaguars Si les ocelots peuvenc être regardés comme des efpèces de léopards ou de panthères , 6c le pécari comme une efpèce de cochon. £nfuite il y a cinq genres & une efpèce ifolée , favoir, l'efpèce du lama, 6cles genres des fapajous, des f^igoins,' des mouflettes , des agoutis Si des fourmiliers, qu'on peut comparer, mais d'une manière équivoque <Sc fort

DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX, 373 éloignée au chameau , aux guenons , aux putois , au lièvre <Sc aux pangolins, Si enfin il refle quatre genres 6c deux efpèces ifolées , favoir, les philan cires , les coatis , les tatous, les parefTcux , le tapir <Sc le cabiai, qu'on ne peut ni rapporter ni même comparer à aucun des genres ou des efpèces de l'ancien continent. Cela femblc prouver affcz que l'origine de ces animaux particuliers au nouveau monde ne peut être attribuée à la fmiple dégéncration ; quelque grands, quelque puiflans qu'on voulût en fuppoièr les effets , on ne pourra jamais fe per- fuader avec quelqu 'apparence de raifon que ces animaux aient été originairement les mêmes cjue ceux de l'ancien continent; il eft plus raifonnable de penfcr qu'autrefois les deux continens étoient contigus ou continus , 6l que les efpèces qui s'étoicnt cantonnées dans ces contrées du nouveau monde , parce qu'elles en avoient trouvé la t^rre <Sc le ciel plus convenables à leur nature , y furent renfermées <Sc féparées des autres par l'irruption des mers lorfqu'clles divisèrent l'Afrique de l'Amérique ; cette caufe efl naturelle 6c Ton pinit en imaginer de fembla- Ides, 6c qui produiroient le même effet ; par exemple , s'il arrivoit jamais que la mer fit une irruption en Afie de l'orient au couchant, 6c qu'elle féparât du refle du continent les terres méridionales de l'Afrique 6c de l'Afie, tous les animaux qui font propres & particuliers à ces contrées du Midi, tels que les éléphans, les rhi- nocéros, les giraffes, les zèbres, lesorang-outangs, 6cc, fc trouveroient relativement aux autres dans le mcmc

Aaa iij

374 Histoire Naturelle, i/c,

cas que le font adiiellenient ceux de l'Amérique méri- dionale ; ils feroient entièrement &: ahfolument féparés de ceux des contrées tempérées , & on auroit tort de leur chercher une origine commune & de vouloir les rappeler aux cfpèces ou aux genres qui peuplent ces contrées, fur le feul fondement qu'ils auroient avec ces derniers quelque reffemblance imparfiite ou quelques rapports éloignes.

Il fiut donc , pour rendre raifon de l'origine de cc$ animaux, remonter aux temps les deux continens n'éloient pas encore féparés, il faut fe rappeler les premiers changemens qui font arrivés fur la furface du <^lobe ; il faut en même temps fe repréfenter les deux cents efpèces d'animaux quadrupèdes réduites à trente- huit familles : Et quoique ce ne foit point l'état de la Nature telle qu'elle nous efl parvenue , & que noi» l'avons repréfentée , que ce foit au contraire un état beaucoup plus ancien , & que nous ne pouvons guère atteindre que par des indu6tions & des rapports pref- qu'auiïi fugitifs que le. temps qui femble en avoir effacé les traces ; nous tâcherons néanmoins de remonter par les faits (Se par les monumens encore exiflans à ces premiers âges de la Nature , & d'en préfenter les époques qui nous paroîtront clairement indiquées.

îit^

37)

DESCRIPTION

DES

CHOSES QVl SONT ARRIVÉES AU CABINET depuis rimprejjion des articles auxquels elles ont rapport,

-nr Mc ce XXXVI.

Une jnaln defféchée , dont les os font convertis

en Turquolfes.

Cette main eft dans leîat des momies deffëche'es fins em- baumement; la peau &- toutes les parties molles font noires, ncornies & même détruites dans plufieurs endroits elles lailfeiU les os à dccouvert , & l'on voit que ces os ont une couleur de turquoife. li ne refte aucun àts ongles, mais on reconnoît iûr la peau la rainure dans laquelle ils étoient incruflcs : toutes les phalanges des doigts & tous les os du métacarpe font entiers; ios unciforme eft le feul du cari>e qui tienne à la main dont il s'agit ; les proportions de tous ces os prouvent que c'eft la main droite d'une femme adulte. Cette main a été trouvée à Clamecy dans le Nivernois ; il n'ell pas furprenant -qu'elle ail paru mer- veilleufe aux gens du lieu qui lagardoientfoigneufement , lorfque feu M.i'abbé Lebœuf, de l'Académie royale des Infcriptions &■ Belles-Lettres, vilitant ce pays pour y iaire des recherches furies antiquités, l'obtint pour le Cabinet du Roi ; c'eft à plufieurs titres qu'elle mérite d'y avoir place. Ce morceau eft très-ilngulier & tïès-curieux, en ce qu'il a-été trouvé dans le Nivernois, foit qu'on

37^ Description

le conficlcrc comme partie d'une momie ou comme turquoifc, &: il eft le feul que l'on ait connu jufciu'à prcTent pour élre tout à la fois turquoifè & momie. On làvoit que le terrain dts Cordeliers de Touloufè avoit la propriété de prcferver \ts ca- davres de la corruption en its deiïcchant comme dts momies; on avoit trouve àts turquoifes dans le Lanauedoc , mais on na j-amais aperçu la couleur de la turquoiiè fur les os des momies de Touloufe ni d'aucun autre lieu, & on n'a jamais vu ks os dont on fait les turquoifes de Languedoc, ou d'ailleurs, revêtus de chair comme de5 momies. La dernière pfialange des doigts de la main trouvc'e à Clamecy ; les deux phalanges du pouce, \ts cinq os du métacarpe &: l'os unciforme font découverts & d'une couleur bleue teinte de vert & plus ou moins foncée , on voit que la couleur pénètre dans l'intérieur de plufieurs de ces .os qui ont été entamés à dedein de \ts fonder : il y a tout lieu de croire que les phalanges qui font couvertes de chairs ont la même couleur ; je ne me fuis pas permis de \ts découvrir, dans h crainte de déformer cette main plus qu'elle ne l'eft.

N/* MCCCXXXVLL Ongle d'une grandeur excejjive. Cet ongîe tW contourné en fpirale & long d'un demi-pied , il a trois faces longitudinales & irrégulières, & trois arêtes hé- rifîées d'écailies que forment \qs différentes lames dont il eft .compofé; fa circonférence eft de près de deux pouces. M. Cam- penon , Médecin à Tonnerre, l'a envoyé au Cabinet, il l'avoit £iit couper au gros doigi du pied d'une fille âgée de foixante- quinze ans , elle s'étoit aperçue de l'accroifTement exceffif de cet ongle depuis environ douze ans; l'amputation fut faite à un pouce de didance de la racine , il y avoit plus de cinquante petits

mamÊlon^

DU Cabinet. 377

mamelons de la nature des poireaux, gros comme de petits pois & ferrés les uns contre les autres en forme de grappe de raifin.

N.° MCCCX XX VIII.

La peau d'une Négrejje du premier âge.

Cette peau e(t bourrœ , elle n'a qu'environ quinze pouces de hauteur depuis le bas des talons jufqu'au fommet de la tête; Çms cloute qu'elle s'efl raccourcie lorfqu'on l'a préparée , car elle eft noire en entier , & il y a de la laine fur la tête. Cette petite figure efl revêtue de quelques ornemens dQ rafade.

N.° M G G G X X X I X.

La tête décharnée d'un Chinois. Cette tête a été Irouvée dans un défert de la Bucharie.

N." M G G G X L.

Autre tête décharnée d'un Chinois. Celle-ci vient d'un défert à^s Tartares de Nagai.

N.'^ M G G G X L I.

La tête décharnée d'un Tartare. Cette tête a été tirée d'un défert des Calmoucs ; c^s trois têtes ont été apportées au Cabinet, par M. de l'Iûe, de l'Académie Royale des Sciences; je n'y ai reconnu aucun caradère marqué qui les diflingue de celles des hommes de notre nation.

N.° M G G G X L I L Le fquelette d'un fœtus humain injeâé. On voit fur les différentes parties de ce fquelette des ramifi- cations d'artères injeaées , qui paroiffent fur le périofte , & qui pénètrent dans les os.

Tome XIV. Bbb

37^ Description

n; m C C C X L I I I.

Portion de nnmierus dans toute la circonférence de l'os, tombée par l'effet de la carie.

Cette portion de l'humeriis a jtifcju'à trois pouces Je longueur aux endroits elfe efl terminée en pointe ; l;i circonférence eft entière fur la ionguem- de neuf lignes; cette pièce détacha de l'os du bras gauche d'un jeune homine de vingt ans, après en- viron un an de maladie, caufée par une tumeur à ce bras; la fiippuraiion & la caj-ie avoient détruit les chairs 5c une partie de i'os. M. Tfiibault, Chirurgien à Mouiier-Saint-Jèan , village de Bourgogne deux lieues de la ville de Montbard, ayant donné fès foins au malade pendant {\^ (èmaines , & ayant pris coniêil de M. Julien, Médecin à Noyers, la portion de l'humérus dont il s'agit fe détacha ; en troii mois & neuf jours les chairs &: l'os fe regénérèrent au point que le jeune homme fut en état de travailler avec fon bras gauche aux ouvrages de la campagne les plus pénibles, comme s'il n'avoit jamais eu de mal. M. Thibault remit la portion qui s'étoit détachée de l'humérus à Dom Sebeion , religieux Bénédictin de l'abbaye de Moutier-Saint-Jean , pour la faire parvenir au Cabinet du Roi.

N.^ M C C C X L I V.

Tête injeâée d'un enfant de trois ans,

M. Mertrud , Chirurgien & Démonflrateur d'Anatom je ^\ Jardin du Roi , a injedé cette tête il y a quatorze ans, &: la donnée au Cabinet ; elle s'ell maintenue en bon ctat dans un mélange d'e.ui.-de-vie 6c d'eau»

B V Cabinet. 379

N.° M C C C X L V.

Les deux bras injeâés d'un enfant de trois ans.

Ces bras ont été injecflés avec la tcte, rapportée fous le numéro précédent , & font auiïî bien coniêrvés.

N." M C C C X L V I.

Le cœur avec une portion des gros vaijjeaux if de la trachée-artère.

On peut juger par îa grandeur de ces pièces qu'elles ont été tirées d'un individu adulte; cependant on y voit le trou ovale encore ouvert , &: le canal artériel creux d'un bout à l'autre.

N.° M C C C X L V I I.

Fœtus humain d'un pouce de hauteur.

La jambe droite mangue à ce fœtus, 6c l'autre paroît n'être .pas entière.

N.° M C C C X L V I I I.

Fœtus humain d'environ un pouce trois quarts de hauteur.

Les bras ont à peu près fix lignes de longueur, prife depuis i'aiffeile jirfqu'au bout des doigts, & les jambes cinq lignes 6c demie , depuis raifTeile jufqu'au bout des doigts des pieds.

N." M C C C X L I X.

Autre fœtus humain à peu près de même hauteur

que le précédent.

X.e defllis de la tète de ce fœtus eft aplati , «Se le corps entier

Bbbi/

380 Description

efl racorni au point que les vefliges àits os /ont tnce's fur la peau , comme dans une. mone delféchée.

N." M C C C L. Fœtus hiLumin mâle de près de deux pouces de hauteur.

Le corJon ombilical, le placenta, le chorion & l'amnios tiennent à ce fœliis.

N.° M C C C L I.

Fœtus hmna'm d'environ cinq pouces deux lignes

de hauteur.

Ce fœtus efl femelle , {ts bras ont vingt-trois lignes de lon- gueur depuis le haut du bras jufqu'au bout des doigts , & feulement vingt lignes depuis l'ainèile jufciu'au bout des doigts ; la jambe a vingt lignes de longueur depuis l'aîne jufqu'au talon , & deux pouces jufqu'au bout des doigts.

N.^ M C C C L I I.

Fœtus humain de cinq pouces deux lignes de hauteur. Ce fœtus eft femelle, l'ouverture de la vulve y eft bien marquce au-deffous de l'cminence formée par le gland du clitoris,

N.^ M C C C L I I I.

Fœtus humain defix pouces trois lignes de hauteur,

11 n'a que quatre pouces cinq lignes, depuis lanus jufqu'aa fommet de la tête ; il eft femelle.

N.° M C C C L I V.

Fœtus humain de même fexe , èr à peu près de même grandeur que le précédent. Quoique les fœtus rapportés fous le préfent numéro & fous ic

DU Cabinet. 381

préccdent, foienl déjà grands, il feroit difficile de reconnoître ieur fexe , l'on ne favoit , comme je l'ai déjà fait remarquer * , que dans les fœtus humains le clitoris de la femelle eft aufli apparent que la verge du mâle.

N.'^ M C C C L V.

Un fœtus humain morijlrueux. Le cœur, les poumons, &:c. fe trouvent placés au-de(lbus de la poitrine contre les inteflins & les autres vifcères du bas-ventre , qui font tous dénués de tégumens & hors de l'abdomen.

N.° M C C C L V I.

Enfant nouveau , monftrueux. Cet enfant eft femelle; il eft mort en naKfant , quoique l'accouchement fe foit fait au terme ordinaire &: qu'il ait été heureux pour la mère. L'enfant étoit fi mal conformé, qu'il ne pouvoit pas vivre ; le foie , les inteflins & une partie de l'eilomac font hors du ventre par une évenîration naturelle ; la mâchoire fupérieure eft renverfée en haut & confondue avec le nez ; il n'y a qu'un œil, il efl placé au-defTus du nez un peu à droite, enveloppé & prefque couvert par une malTe charnue : il fe trouve fur le fommet de la tête une adhérence du placenta avec la peau de l'enfant. Ce monfhe a été donné au Cabinet , par M. Mertrud , Chirurgien-Démonftrateur d'Anatomie au Jardin du Roi , en furvivance.

N.° M C C C L V I L Autre Enfant nouveau né, monflrueux. Il eft au terme ordinaire , il a une poche faillante, ronde 8c' adhérente au-devant du col ; le diamètre de cette poche eft de ^ Voyei le tomt II J de cet Ouvrage, pa^e ip6,

^ 13bb Jij

382 D ESCRIPTION

neuf jx)uces , elle tient à la partie antaieiire de la trachée-artère; elle renfeimoit , des cheveux &: un corps qui avoit quelques rapports à une tête informe : il k irouvoit auffi, près de lu trachée- artère & 4e l'origine de la poche ronde , une inafTe qui refîèmbloit i un groupe d'intelhns. Ce monflre efl femelle , il a été obfervé & donné au Cabinet par M. Morand , Doéleur en Médecine «Se Membre de l'Académie Royale l\qs Sciences.

N.° M G G C L V I I I.

Partie d'une concrétion tirée du cœcum d'un homme.

Ce morceau a été envoyé de l'Hôpital de Nantes à M. Morand ie père, en 1752 ; il e(l accompagné d'une note qui marque qu'il faifoit partie d une concrétion d'un volume confidénble, qtj'ii lenoit à un os , & que d'autres parties de la même concrétion lenfermôient i\çs noyaux de cerifes. La poition dont il s'agit eft une forte d'égagropile ou de feutre dur, compofé de filamens très- fins & jaunâtres ; elle enveloppe prefqu'en entier un fragment d'os , de couleur noirâtre à l'extérieur : le tout eft fort léger ^ à peu près de la groflèur d'une figue aplatie.

N.^ M G G C L I X.

Fragmens d'une pierre biliaire. La pierre entière avoit quatre pouces de longueur fur trois de circonférence; les morceaux rapportés Cous le pré/ênt numéro en font plus de la moitié, ils font de couleur rougeâtre : ils ont été mis au Cabinet par M. Sarrau , Chirurgien ordinaiie du Roi, Se ProfelTeur d'Anatomie à l'Académie Royale de Peinture &: de Sculpture; il avoit tiré la pierre d'une tumeur fifluleufe de l'hypocondre droit qui étoit venue à la fuite d'une jaunitfe uni- yerfelle ; celte pierje étoit placée fu; les raufcles de l'abdon\en

DU Cabinet. ^85

d'une femme de foixante & quatorze ans , qui fut parfiitement gutiie par M. Sarrau. Voyei les Alâmires de l'Académie royale de C/liniipe , tome l, page 1 8 y

N.° M C C C L X.

Pierre de la véficule du fiel d'un homme.

Cette pierre a e'té caffce en plufieurs pièces ; en les rapprochant, on voit qu'elle ctoit arrondie Se qu'elle avoit un demi-pouce de diamètre : elle a une couleur jaunâtre, excepté au centre elle eft brune: on voit les couches additionnelles Se concentriques, dont cette pierre efl compolee , Se des parties délites qui s'étendent du centre à la circonférence.

N." M C C C L X r.

Pierre du rein d'un homme.

Cette pierre eft de couleur brune , elle a dix - /êpt lignes de longueur, quatorze de largeur 5c neuf d'épaillèur ; furface eft grtnue, elle pè(è cinq gros Se trente-deux grains. Sans une note qui défigne qu'elle vient du rein , je l'aurois regardée comme une pierre de la velTie à caufê de fi forme régulière.

N.° M G C C L X I L

Pierre de la vejfie.

La furface de cette pierre eft tuberculeufe Se de couleur blan^' châtre, (on poids eft de deux onces quatre gros Se cinquante-cinq grains: elle a deux pouces deux lignes de longueur, un pouce dix lignes de largeur, Se jufqua treize lignes d'épaiifeur. M. I^ ^fofellèur Rhau fa tirée la velfie d'un homme.

384- Description

n; m C C C L X I I I.

Autre pierre de la vejfie.

Cette partie refièiiible à un rein par fa forme , elle a deux pouces huit lignes de longueur; fa furfiice eft grenue ; on l'a fciée en deux parties , pour faire voir {qs couches concentriques fur les plans de cette coupe ; elle eft compare , dure &: de couleur jaunâtre : c'efl une pierre de i'efpèce de celle que l'on appelle imiraks.

N.° M C C C L X I V.

Autre pierre de la vejjie.

Cette pierre eft grolTe & de forme à peu près ovoïde , elle a deux pouces neuf lignes de longueur, un pouce onze lignes de laigeur & jufqu'à dix- neuf lignes depaiffeur; elle eft grenue & mêriie tuberculeufe en quelques endroits ; fa couleur eft brune , elle pèfe cinq onces & trente-deux grains.

N.^ M C C C L X V.

Une três-grojfe pierre de la vejJJe.

La forme de cette pierre eft irrcgulière , mais arrondie ; elle a quelques rapports avec celle d'un cœur ; fa plus grande cir- conférence eft de neuf pouces , elle pèfe fept onces fix gros & vingt-neuf grains; fa furface eft liffe , on y voit plufieurs trous nui m'ont déterminé à divifer la pierre en deux parties pour mettre à découvert fa ftrudure interne. J'ai reconnu par le moyen de cette coupe que l'intérieur eft compofé de deux fortes de fubftances; il y a au centre une pierre murale de couleur brune Si de forme ovoïde qui a environ quatre pouces & demi dans fa plus grande circonférence; ce noyau eft enveloppé d'une

fubftance

DU Cabinet, 385

fubflance blanche &: criikHine, percée de plufieiirs trous qui 6nt quelques lignes de diamètre, qui pénètrent jufqu'au noyau & dont piufieurs communiquent enfemble ; les circonflances dont dépendoit la formation de cette pierre ont bien varié durant le temps de formation, puifqu'elle eft compofée de deux fubf- tances très - différentes l'une de l'autre. La pierre a été envoyée de Toul , par M. le Comte de Tre(îân , qui a eu h bonté de nous informer qu'elle a été tirée de la veffie du cadavre'd'un vigneron âgé de quarante-cinq ans ; il n'avoit cefîc de travailler que deux rnois avant mort : fur la fin de vie il rendoit des urines inélée de pus &. de (àng.

N.'^ M C C C L X V I.

Pierre de la vejfie qui enveloppe une partie d'un clou,

La fubflance de cette pierre eft tendre , au moins fon écorce , elle a une couleur blanchâtre & une forme ovoïde , elle eft un peu plus grofîè qu'une noix ; elle renferme la moitié d'un clou dont on voit la tête incruftée fur l'un des côtés de la pierre , le clou la traverfê obliquement & fort au dehoi-s de la longLieur de quinze lignes par le côté oppofé ; la partie renfermée dans la pierre eft à peu près de même longueur ; ce clou eft un peu courbé par le milieu à l'endroit il fort de la pierre, il a deux tiers de lignes de diamètre , il eft très-pointu ; c'eft un clou de fer de ceux que Ton nomme clous -d' épingles , mais la tête efl: formée par un globule de plomb d'environ deux lignes de dia- mètre : il y a lieu de croire que ce globule avoit été mis à la tête du clou pour fervir de fonde , & que la fonde étant tombée dans la velîîe , il s'y fera attaché une fubftance pierreufe.

Tome XIV. C c c

3S6 Description

N.° M C C C L X V ï L

Pierres du prépuce. Ces pierres font au nombre Je cinq , de formes irrcgiilières & de grandeurs différentes , la plus grande eft de la groffeur d'une aveline : elles font de couleur grife , de médiocre dureté &: com- pofées de couches concentriques ; on les a trouvées avec quatre autres fous le^«puce d'un garçon de douze ans , elles for- moient une tumeur qui comprimoit l'urètre &: qui caufoit une grande douleur , on les fit fortir par le moyen d'une incifion. Les cinq qui font rapportées fous le préfent numéro ont été envoyées au Cabinet, par feu M. Gibier, Médecin à Montbard en Bourgogne.

-^r M c c c L X V I I L

Egûgropile de cheval.

Cette égagiopile a environ deux pouces de diamètre ; elle eft' revêtue d'une croûte lillè, polie &: marbrée de gris & de brun.- M. de Villars la donna en ijT,6 pour une égagropile de cheval.

N.° M C C C L X I X.

Autre égagropile de cheval.

Celle-ci eff un peu plus groiïè que la précédente, elle n'a point d'écorce polie; fa furface efl âpre, on y fènt la pointe des- iilamens dont i'égagropile eft compofée.

N.° M C C C L X X.

Autre égagropile de cheval.

Cette égagropile eft très-groffe, elle a plus de quatre pouces & ■demi de diamètre; on l'a entamée pour mettre à découvert Êv

DU Cabinet. 387

fubflance interne qui efl une furie de feutre roufsâtre très-ferrc ; on y diftingue quelques couches concentriques : iccorce efl unie. Celte grolfe égagropile & In précédente ont clé apportées de Normandie , par feu M. le Monnier, de i'Acadéniie royale des Sciences, ProfefTeur de Philofophie au collège d'Harcour.

N.° M C C C L X X r.

Deux têtes de veau jnonjîmeux.

Ces deux têtes font unies par la bafe du crâne un peu oblique- ment , de façon qu'il n'y a fur le groupe qu'elles forment qu'une oreille pour le côté des deux têtes qui eft oppofé à celui étoit leur .cou; elles ont chacune leur oreille de l'autre côté.

N.° M C C C L X X I I.

JEgagropïle de bœuf.

Le diamètre de cette égagroplle e(l d'environ u^^ pouce & ,demi ; elle ert hérilTée de poils de bœuf fauve & gris, qui font difpofés comme les poils d'un manchon.

N.° M C C C L X X I I I.

Autre égagroplle de bœuf. Cette égagropile a été donnée par un boucher de Paris , elle a plus de deux pouces 8c demi de diamètre.; on l'a partagée en deux pièces ; fa fubflance intérieure efl un feutre brun , dont on voit fortir à^ts poils fort apparens ; l'écorce efl lilfe & brune.

N."^ M C C C L X X I V.

Une portion d'égagropile de bœuf. C'efl la moitié d'une égagropile qui difTéroit peu de la prc-

.çédente , quoiqu'elle ait été envoyée de Chandernagor.

C c c ij

388 Description

N.'^ M C C C L X X V.

Une égagropile de bœuf.

Celle-ci eft entière , elfe a une écorce brune , lifîè &: polie ,. elle reiïèmble par fa forme à v\n œuf, dont le grand djamctre auroit plus de deux pouces & demi : elle a été envoyée de Ma- dagafcar par M. Coffigni , Conelpondant de ' l'Académie royale des Sciences.

N.* M C C C L X X V I.

Pierre du fiel d\m bœuf.

Cette pierre ell oblongue & aplatie; elle a deux pouces de longueur, un pouce & demi de largeur , &: jufqu'à un pouce d'épaifîèur ; elle eft légère, tendre &: de couleur rouge à l'intérieur, l'extérieur eft bnin. Cette pierre a été donnée en 1738 par M. de Villars , Médecin.

N." M C C C L X X V I L

Pierres de la yejjîe d'un bœuf.

Ces pierres font de différentes grandeurs, mais les plus groiïês 'de celles qui font rapportées fous le préfent numéro , n'ont guèiie qu'une ligne de diamètre ; il y en avoit en fi grand nombre dans la veffie d'un boeuf, que la totalité pefoit plus de deux livres : elles font de couleur grife, leur furface extérieure eft liffe & polie, les différentes couches concentriques dont elles font compo/ces , ont aiiffi le même poli. Ces pierres ont été envoyées par M. Boui-gelat , Écuyer du Roi. Voyez l^^ Mémoires de Mathémmiqut, èi de Phyfique , jjréjcntés à ÏAaidmie royale des Sciences.

DU Cabinet. 389

N.' M C C C L X X V I I I.

JÉgagropïle de bélier.

Cette égagropile efl piefque régulièrement ronde , elle a trois pouces cinq lignes de diamètre : on l'a trouvée avec cinq autres pareilles dans la panfe d'un bélier de quatre ans, à Chandernagor; fon écorce efl: fi mince, qu'elle laiffe beaucoup de poils à découvert,

N." M C C C L X X I X.

JEgagropïle de ?nouton.

Cette cgagropile efl: de forine irrégulière , ion plus grand diamètre efl d'un pouce & demi ; fon écorce efl brune, inégale &: grenue dans quelques endroits.

N.° M C C C L X X X.

Autre égagropile de mouton.

Elle efl plus petite que la précédente , mais au refle elle lui reflemble ; elle a été trouvée près de Bordeaux , & donnée par M. Geofîioi.

N.'' M C C C L X X X I. Autres égagropile s de mouton. ir y en a deux , une groiïè Se une petite ; la plus grande a près de deux pouces 8c demi de diamètre ; leur écorce efl brune Se même noirâtre : elles ont été trouvées à Palnau , Se envoyées par M. Rigoler , Curé du lieu.

N." M C C C L X X X I L

Autre égagropile. Son diamètre n'efl que d'un pouce neuf lignes ; elle n'a pour

icorce qu'un feutre plus ferré que celui du dedans; elle a été

Ç c C lij.

39^ Description

apportée de Quito, par M. de la Condamine, de l'Acadcmie royale àts Sciences.

N.° M C C C L X X X I I L

Autre égagropïle.

Celte coragropile eft oblongue , elle a quatre pouces & demi de longueur fur environ deux pouces & demi de diamètre; elle efl compofce de Ibies & non pas de poils, c^ foies font dirige'es vers les bouts de Icgagropile.

N." M C C C L X X X I V.

La mâchoire inférieure d'unfangïier.

Cette mâchoire efl; remarquable par une difformité ; les trois premières dents mâchelières & la défenfê du côté gauche y manquent , {\ws qu'il y ait fur le bord de la mâchoire aucun vef^ lige d'alvéole , mais il y a quelques trous & des indices de carie fur les côtés. La première dent incifive du côté droit efl déplacée; elle fe trouve fur le milieu de la mâchoire vis-à-vis la défenfê du même côté , cependant la féconde dent incilive gauche touche par fon extrémité à la première dent incifive droite ; cette mâ- choire a été envoyée de Reims, par M. Saviot, Apothicaire.

N.^ M C C C L X X X V.

Une tête de fauglier de Alûdagafcar.

Celle lête efl décharnée ; en la comparant avec des tctes de nos fangliers , de nos cochons 6c du cochon deSiam, j'ai trouve qu'elle avoit plus de rapport par forme avec la tête du cochon deSiam qu'avec les autres, en ce que le fommet de la tête efl /ort étroit près àts arêtes tranfverf^lcs de l'occiput , 6c que le

DU Cabinet, 391

chanfrein eft large, mais elledifîère des têies de tous les cochons par la courbure de l'arcade zygomaiique qui efl fort Aillante , 8c par ie prolongement offeux qui eft au-delfus du renflement àts alvéoles des défeniês de la mâchoire du defîùs ; ce prolongement n'eft pas en forme de crête comme dans \ts fingliers , il eft fort élevé 8c terminé par àts tubercules : il y a auffi de femblables tubercules fur les bords du chanfrein vis-à-vis les prolongemens dts alvéoles.

Les dcfenfès , les dents incîfives 5c les mâchelièies m'ont paru reHêmbbntes à celles du fânglier 8c dts cochons , excepté pour le nombre des mâchelières du defîous, il n'y en a que cinq de chaque côté ; ainfi ce fânglier de Madagafcar n'a en tout que quarante dents , tandis que nos fangliers 8c nos cochons en ont quarante-quatre , parce qu'il s'en trouve fept de chaque côté de chacune de leurs mâchoires.

N.'' M C C C L X X X V I.

Un fœtus de cochon monjînieux. Ce fœtus a huit jambes, deux corps 8c une feule tête; ks deux corps font réunis par la poitrine.

^r M c c c L X X X V I T.

Autre fœtus de cochon monftrueux. Ce monftre a deux corps 8c huit jambes , les deux corps font réunis par la poitrine ; il n'y a qu'une tête , mais l'occiput eft double, car il fe trouve deux oreilles fur le derrière de la tête & deux autres dans leur fituation naturelle.

N.'' MC G CLX XX VIII.

Autre fœtus de cochon monftrueux. La tête de ce fatus eft fort petite , 8c n'a point de fice; qr'

392 Description

ne voit en avant que les deux oreilles qui font peu éloignées i'une de l'autre Se dirigées de chaque côté; il y a feulement entre les oreilles un enfoncement & quelques éminences, ce qui tient lieu de bouche & de mufeau.

N.° M C C C L X X X I X.

Autre fœtus de cochon monflrueux.

Ce fœtus n'eft difforme que fur le devant de la tcte ; le mufeau eft gros & court , la lèvre du àtiïows forme un menton , celle du deHus fe termine en pointe; il n'y a cju'un œil, il eft grand & placé prefqu'au milieu de la face un peu à droite, & au-deffous d'une forte de trompe pendante obliquement au côté gauche de l'œil. Ce monftre a été envoyé de la Martinique.

N.' M C C C X C.

Autre fœtus de cochon monflrueux.

Ce fœtus a entre les deux yeux une trompe pendante ; le rnufeau eft gros & court ; la lèvre du deffus efl recourbée à droite par fon extrémité.

N." M C C C X C L

Urie tête de cochon nouveau monflrueux.

Les globes àt% deux yeux touchent &: font en partie réunis ; îl y a une trompe placée au-deffus du double œil & faillante en avant; le mufeau efl: court &: gros; la lèvre fupérieure termine en pointe.

N.' M C C C X C I L

Cochon monflrueux nouveau né,

Ix mufeau de ce cochon eft fort couft 6c très- difforme; fa

lèvfC

DU Cabinet. 393

lèvre inférieure e(t élevée, & forme une forte de menton faillant &L terminé par un petit tubercule; il y a au-deffus des narines une eipèce de trompe pendante au-devant de la bouche.

N.'* M C C C X C I I I.

Béioard de cochon marron.

Ce bézoard efl: aplati , il a près d'un pouce de diamètre & un demi -pouce d epaiiïèur ; les premières couches font divifées en plufieurs pièces ; leur furface efl: blanche ou blanchâtre & cou- verte de tubercules. La fubflance de ce prétendu bézoard m'a paru femblable à celle d'une pierre murale de la veflie.

N.° M C C C X C I V.

Autres hêipards de cochon marron.

Ces bézoards ne font pas plus gros que des pois , ils ont plufieurs facettes ; leur furfîice efl de couleur grife & refTcmble à celle d'un gravier qui s'eft poli dans la vefTie ; ils font au nombre de trois ; j'en ai cafTé un , il n'a qu'une écorce peu épaifTe de fubflance pierreufe formée de plufieurs couches , le refle de l'intérieur eft rempli par un noyau de matière brune qui refTc mblc à de la terre. Ces bézoards font venus du Pérou avec celui qui eft rapporté fous le numéro précédent.

N.** M C C C X C Y. Béipard de porc.

La longueur de ce bézoard eft de dix-fèpt lignes , il a onze

lignes & demie de diamètre, il pèfe quatre gros & foixante-fix

grains; fa furface extérieure eft d'un blanc -f^Ie Se relftmble à

celle d'une pierre roulée: le bézoard a été calfé tranfverflilement ,

Tome XIV. t^^Id

394- Description

on voit fur cette coupe que la fubftance de l'intérieur a une couleur grife tirant fur le brun ; elle efl compofce d'aiguilles bril- lantes, dirigées du centre à la circonférence & très -ferrées ks unes contre les autres , excepté dans un efpace de quatre lignes de diamètre au centre du bézoard, les aiguilles font mêlées d'une matière brune & laifTent du vide entr'elles; il y a quelques cercles concentriques qui indiquent les différens degrés de l'ac- croitîèment de ce bézoard : Il a été envoyé du Pérou , fous le nom de héioard de porc ou cochun doimjlique,

N.' M C C C X C V I.

Les mâchoires d'un chien décharnées, La mâchoire inférieure n'a que cinq dents mkhelières au côté droit , & feulenient quatre à l'autre côté ; il manque dans cette mâchoire les deux premières mkhelières du côté droit &: les trois premières du côté gauche; mais il y a deux dents incifives furnuméraires placées au-defTus de l'avant-dernière incifive de chaque côté : il y a aufli une dent canine furnuméraire placée fur le côté externe de la vraie canine du côté droit ; il fe trouve encore trois incifives furnumémires dans la mâchoire fupérieure placées fur les vraies incifives , & deux canines furnuméraires placées derrière les vraies.

N.° M C C C X C V I I.

Chien rnonflrueux nouveau né. Ce chien n'a point de conque à l'oreille droite ; on ne voit aucune apparence de nez au bout du mufeau , mais il y a fur le front une trompe fiillante en avant, longue d'un demi-pouce, & terminée â l'extrémité par deux orifices ronds &; fcparés par une cioifon comme àfà naiines; il fe trouve au-defîbus de la bafè de cette trompe une cavité large &: profonde, au fond de laquelle

DU Cabinet. 395

on aperçoit un globe de deux ^ ignés de diamètre qui paroît être un œil ; au-delTous de ce globe il y a un troi» qui communique au fond de la bouche. Ce monftre a un demi-pied de longueur mefuré depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue : II a été envoyé dcNaples, par M. Taitbout, ConfuldeFrance.

N."^ M C C C X C V I I ï.

Autre chien wonflmeux iwuyeau né.

Ce fœtus eft à peu près de même grandeur que le précédent, &: il lui reffemble par la plupart de fe^ difformités; il a une trompe fur le front & quelques apparences de narines à l'extré- mité de cette trompe ; il a au(fi une cavité au-deflbus de la bafè de la trompe & le globe d'un œil au fond de cette cavité , mais il n'y a point de trou au-deffous de l'œil.

N.^ M C C C X C I X.

Autre chien monflrueux nouveau né. Ce fœtus a la tête très-difforme; la lèvre inférieure eft divifcc en deux parties qui s'écartent à droite & à gauche; on ne voit point de lèvre fupérieure ni de nez ; il n'y a qu'un œil, il eft placé au-deffus de la face dans le milieu ; la tête eft j>euie & ronde fans aucune apparence d'oreilles. Ce tfionare a ciaq pouces & demi de longueur depuis le fommet de la tête jufqci'à l'ori- gine de la queue.

N.' M C D.

Chat monflrueux nouveau né. Ce monflne eft par excès , il a un fécond train de derrière qui tient à Ton ventre par l'endroit du pubis de ce fécond train de derrière qui manque de queue, U. qui repréfente \x\\ fecoiid

D dd ij

39^ Description

intlivJJu (ôriant du ventre du premier à reculons, & ayant déjà les jambes de derrière & la croupe dehors.

N.° M C D I.

Autre chat monjîrueux nouveau né.

Ce chat a deux corps & huit jambes; les deux corps (ont réunis par le côté droit de la poitrine & du ventre de l'un de ces corps , & par le côté gauche de la poitrine & du ventre de i'autie corps.

N.** M C D I L Autre chat monjîrueux nouveau né.

II y a au-devant de la poitrine de ce monftre quatre jambes furiiumcraires , deux de devant & deux de derrière ; celles de devant font adhérentes à la partie antérieure de la poitrine &: dirigées en avant ; ces deux jambes font réunies par les bras & par les coudes ; les deux jambes furnuméraires de derrière tiennent ri une croupe aufTi (iirnuméraire qui adhère par fa partie interne à la partie poftérieure de la poitrine , & qui porte quelques ap- parences ilts parties externes de la génération d'une femelle ; c&s deux jambes iont dirigées en arrière. Ce monftre eft très-fingulia, ii a été donné au Cabijiet, par M. le Duc de laValière.

N." M C D I I I.

Autre chat monjîrueux nouveau né.

Ce monftre eft double par la tête , le corps & les jambes ; les deux têtes font réunies par le côté droit de l'une & par le côté gauche de l'autre tête, de manière qu'il n'y a qu'un œil & une oreille de chaque côté du groupe qu'elles forment ; mais le bout

DU Cabinet. -^^^j

du mufèau eft double, & il y a deux bouches ; les deux corps font rcunis jufqu'à l'ombilic par le côte droit de l'un de ces corps &: par le côté gauche de l'autre.

N."^ M C D I V.

Autre chat monflnieux rwuveaii né.

Ce chat a deux têtes réunies par le côte droit de l'une &: par le côte gauche de l'autre ; il n'y a que deux oreilles , une de chaque côté du groupe forme par les deux têtes; mais il y a deux mufeaux, le droit eft plus petit que le gauche ; les lèvres & la bouche y font difformes ; l'œil gauche de l'une des têtes paroît être confondu avec l'œil droit de l'autre tête.

N." M C D V.

Autre chat inonflrueux nouveau né.

Ce chat reffemble à celui qui efl i-apportc fous le nume'ro précédent , en ce qu'il a deux têtes réunies ; mais il en diffère par les deux mufeaux qui font plus régulieis & un peu plus écartés i*un de l'autre , de manière que l'œil gauche de l'une àç.h têtes ne tient à l'œil droit de l'autre tête que par les angles exteines.

N.° M C D V I.

Fœtus de cerf.

Ce fœtus a près de cinq pouces de longueur, depuis le fommet de la tête jufqu'à l'origine de la queue ; il efl mâle , les parties extérieures de la génération! font déj^ fort apparentes.

^? M C D V I I.

Autre fœtus de cerf

Ce fœtus a cinq pouces & demi de long, depuis le fommet

Ddd lij

398 Description

de la tête jufqu'à l'origine de la queue dont la longueur eft de huit lignes; il eft femelle, les quatre mamelons font très-apparens ; les oreilles ont quatre lignes de longueur.

N.° M C D V I I I.

Un béipard de cerf. Ce bézoard eft ovoïde , fon grand diamètre a un pouce neuf lignes de longueur. & le petit treize à quatorze lignes ; fa furface e(l inégale <Sc tachée de jaunâue & de gris; il pcfe une once tj-ois gros (Se quarante grains: Il a été apporté de Quito, par M. de Vergène, Ingénieur de la Marine.

N.° M C D I X. Bois hïiarre de cerf. Ce bois tient à l'os dy fi ont , je crois qu'il vient d'un cerf qui enlroit dans fa troifième année; car il eft compofé de deux dagues bien formées, & qui même auroient déjà être tombées, puifqu'il y a aufti un refait long de plus de trois pouces ; les meules du refait font placées fous celles àt^ dagues & ont plus de diamètre ; les perches du refait font au côté externe des dagues, chacune des perches du refait eft courbée & dirigée irrégulière- ment , elles font revêtues de leur écorce de même que leurs meules , qui fe trouvent placées fous celles àçs dagues ; leurs perlures forment de gros tubercules de figures très-inégulières ; les dagues ont fix à fept pouces de longueur. Ce bois fingulier s'eft trouvé fur w\\ cerf ^Q.% chaftes du Roi , & a été mis au Cabinet par l'oidre de Sa Majefté.

N.*' M C D X. Un refait de daim. Les perches de ce refait n'ont que cinq à fix pouces de longueur

DU Cabinet. 399

6c quinze ou dix- huit lignes de diamètre, elles font arrondies par l'extrémilc; il n'y a fur chacune que le maître andouiller, il efl; long d'environ trois pouces , & il a un pouce de diamètre ; ce refait efl ievêtu de Ion ècorce , & fi bien confêrvé dans l'efprit- de-vin, qu'il a encore moHefTe naturelle ; je ne fais li c'eft un refait qui n'avoil pas pris tout fon aca*oi(îêment lorfque l'animal fut tué , ou il c'efl un refi\it qui n'auroit produit qu'un bois bi- zarre ; il a été apporté comme tel au Cabinet. L^e daim étoit à féconde tête , il avoit été attaqué à la Garenne de Sève , de pris au puits de l'Angle , par M. de Champienet , avec l'équipage du Roi.

N.° M C D X I.

Une tête bimane de chevreuiL

Cette tête vient d'un chevreuil adulte , elle refîèmble à celle des autres chevreuils par fa grandeur & par fi forme, au contiaire le bois eft très-gros & d'une figure fort extraordinaire, les meules fe touchent, elles ont jufqu'à deux pouces neuf lignes de diamètre; aufli elles ne fervent pas debafeà une feule perche, elles portent chacune plufieurs andouillers qui fortent delà meule; il y en a fix fur celles du côté droit & cinq fur celles du côté gauche ; ces andouillers font difpofés en rond, de façon qu'il y en a fept qui forment une forte de couronne fur la tête, \qs quatre autres font placés au centre de la couronne & renvcrfés en arrière par leur extrémité ; les andouillers les plus grands ont un demi-pied de hauteur au-deffus de la meule , ils font tous revêtus de gros tu- bercules qui reffemblent plus à des cxoftofes qu'à àts perlures. Ce bois fingulier, & très-remarquable parmi tous les bois bizarres de chevreuïls , dont il a été fait mention dans cet ouvrage, a été donné au Cabinet , par M. le Marquis de Courtenvaux.

^oo Description

N." M C D X I I.

Lièvre mouflrueux nouveau né.

Ce monflie efl compofé de deux corps réunis par la poitrine ; par le cou & par le mufeau , de iôrte que les deux lêtes ne forment qu'une maffe ronde ; il n'y a que trois oreilles, &: entre deux de ces oreilles qui paroiflent venir des deux tctes , on voit quelques vertiges d'une bouche très-petite ; les deux corps font féparés à i^ndroit de rombilic, ils ont chacun leurs quatre jambes & une queue.

N.^ M C D X I I L

Autre lièvre monjïrueux nouveau né.

Ce monftre eft double depuis l'ombilic jufqu'à l'extrémité du train de derrière , de forte qu'il a deux croupes , fix janibes & deux queues.

N." M C D X I V.

Un fœtus de lapin monftrueux.

Ce fœtus étoit près du terme , il efi: compofé de deux corps réunis par la partie antérieure du ventre & par la poitrine & le cou ; il n'y a qu'une tête, elle ne paroît double que par l'occiput ou (ont deux oreilles furnuméraires , placées l'une contre l'autre.

N." M C D X V.

Un jeune lapin fans poiL

Qiioique ce lapin ait plus d'un demi-pied de longueur depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue; fa peau efl nue fur toutes les parties du corps , excepté fur la plante d^s quatre pieds , qui efl garnie d'un poil fort apparent.

N.' MCDXVI.

DU Cabinet, 4.0 i

N.° M C D X V I.

Pierres trouvées dans la vejjîe de plufieurs rats.

Ces pierres font de différentes grandeurs & de diverfès formes, îes plus grofles n'ont au plus que trois lignes & demie dans leur plus grande longueur ; elles font de couleur brune ou jaunâti-e & hcridees de pointes brillantes; la plupart (ont aplaties Se carrées. M. Morand, Do(fteur-régent de la faculté de Paris, &: Membre de l'Académie royale des Sciences , a donné ces pierres au Cabinet, 6c a inféré dans le Mercure de France, une Lettre qui contient éts obfèrvations fur les pierres des rats ; fuivant ces obfervations , de vingt de ces animaux, dans un âge avancé , il y en a pi es de la moitié qui ont la pierre ou quelqu'autre maladie dans les voies urinaires ; les femelles y font moins fujeltes que les mules. La flrudure de ces pierres diffcre de celle des pierres qui fe trouvent dans les autres animaux &: qui ont un noyau arrondi; il y a au milieu des pierres àts rats un feuillet carré très-mince, dont les angles & les cotés font apparens à l'extérieur dts piei rej carrées ; (^ts graviers oblongs s'amoncèlent fur les faces du feuillet, qui fait , pour ainfi dire , le noyau de la pierre & kii donnent différentes formes. Voyei Je Mercure de France du mois d Avril jy^p , page 8j & fuiv.

N.° M C D X V I L

La peau d'un rat d'eau de Canada. Les os de la tête, de la queue & des jambes tiennent à cette peau, elle eft bourrée; dans cet état elle reffemble affez à nos rats d'eau pour faire foupçonner que ceux de Canada font de même efpèce que les nôtres ; celui dont je décris les dépouilles ctoit de même grandeur que nos rats d'eau , il leur reffembloit Tome XIV. ^ee

4-02 Description

par les proportions du corps, & principalement par la queue Sl les oreilles , qui (ont les parties les plus remarquables dans les animaux de cette efpèce, par le nombre , la figure &: la fituation des dents &. dts doigts , & par la longueur & la qualité du poil * , qui , cependant eO: peut-être un peu plus fin, mais les couleurs (ont bien diffcrenles. Le poil de la peau dont il s'agit ed; blanc (iir la plus grande partie du corps; il y a une tache brune au-de(rus de i'œil droit , & d'autres taches de cette couleur fur le de(rus du cou ; le dos efi: aufTi de cette même couleur; la croupe, la jambe proprement dite , & une partie de la queue (ont fauves ; le bout de la queue eft blanc comme toutes les autres parties du corps, excepte celles qui font brunes ou fauves ; le poil du bout du îîiufèau &: des pieds efl d'un blanc lufiré fort brillant.

N.° M C D X V I I I.

Une peau de caflor.

Cette peau eft bourrée , on y a laide les os de la tête 8c àtz^ pieds; elle vient d'un jeune individu , car il n'y a qu'un pied & demi de longueur depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue.

N.° M C D X I X.

Une peau d'agouti.

On a laifTé dans cette peau \ç.s os de la tête & à^s jambes, elle eft bourrée &: difpo(ce de façon qu'elle repréfênte l'animal dans une bonne altitude; il eft moins grand que celui qui a fervi de fujet pour la defcription de l'agouti. Voyei le tome VIII de cet ouvrage, page ^80, & qui efl repre f enté , planehcxL; longueur priiè depuis le bout du mulêau jufqu'à l'anus n'efl que d'environ

* Voyez la derciiption du Rat d'eau, tome VU dt cet ouvrage, pagejjo»

DU Cabinet, 403

treize pouces ; il y a de grandes diffcrences dans ïes couleurs du poil de cts deux animaux , celui-ci eft prefqu'enticrenient noir fur la partie poftcrieure du dos 6c fur la croupe ; le deffous du cou, la poitrine & le ventre font de couleur rou lie -claire; les jambes de devant en entier & la partie antérieure des jambes de derrière font de couleur roulfe-foncée.

N." M C D X X.

Une peau de genette.

Les os de la tête & des pieds tiennent à celte peau , elle ert bourrée, & à peu près de même grandeur que la genette qui a fêrvi de fujet pour la defcription de cet ajiimal. Voyei le tome IX <k cet ouvrage, page ^^6, & la planche xxxvi du même volume.

N." M C D X X ï.

Fœtus de roujjette. Le cordon ombilical , le placenta , le cborion & lamnios tiennent à ce fœtus, qui a dix pouces d'envergure ; on aperçoit déjà quelques-unes de Tes dents, & tous ks ongles font bien formés; il m'a paru être femelle: on la envoyé de l'Ile de Bourbon ; il efl confervé dans l'efprit-de-vin.

N.^ M C D X X I L

Un kabaffou. Ce kabaffou efl de même efpèce que celui qui a fervi de fujet pour la defcription de cet animal. Voyez k wme X de cet ouvrage , page 2JS, & la planche XL du même volume ; mais il cft plus grand , caHl a au moins treize pouces de longueur depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue, quoiqu'elle foit de même longueur dans ces à'^vw animiuix.

4-04 Description

N.' M C D X X 1 I I.

Un cayopoïïm. Ce cayopollin a été deiréchc, ii cft mâle, comme celui qui a fèrvi de fiijet pour la de/criptîon du cayopollin. Voy. k lome Xde cet oiivrûge , page j jj ; il efl un peu plus grand , car il a plus de onze pouces de longueur depuis le bout du mufcau jufqu'à l'origine de la queue ; il m'a paru auffi avoir fur le àdXy\s du corps une couleur fauve plus foncée, & fur le dciïbus vm jaune moins pâle. Cet animal & le kaballbu rapporté /bus le numéro précédent oiit tlé donnés au Cabinet , par M. de Bonbarde.

N.° M C D X X I V.

Double corne de rhinocéros. Ces deux cornes touchent par la bafe , l'une eft prefque droite Se l'autre courbée, celle-ci eft la plus longue & l'antérieure, en fuppofant que la convexité doive être en avant comme dans les cornes fimples du même animal; il y a neuf pouces & demi de diftance entre les extrémités à^s àt\.\\ cornes , la plus lon^rue a un pied & demi de longueur, & un pied dix pouces de cir- conférence à la bafe; l'autre a quinze pouces &: dcTiii de long, & im pied fept ou huit pouces de circonférence à la bafe ; celle-ci efl aplatie par les côtés , de forte qu'il y a une arête longitudinale en avant &: en arrière ; la grande corne a auffi une arête fur k côté poflérieur , elles font toulej les deux de couleur brune.

N.'^ M C D X X V.

Egagropïle de bifon. Cette égagropile a près de deux pouces & demi de diamètre; ibw écorce elt brune ; fa fubftance interne a auiïi une couleui. brune , iruiis plus foncée.

DU Cabinet. 405

N.'' M C D X X V I.

Greffe êgûgropile de b'ifon.

Celle - ci eft aplatie ; {on grand diamètre a plus de cjuatic pouces Se demi; au relie, elle refîemble à la prcccdeute.

N.'' M C D X X V I I.

Dents de tapir.

Ces dents (ont dans un bocal, au nombre de quatre, Cous le nom de dents fie maypoury , qui eft le même animal que le tapir; de ces quatre dents, il y en a deux mâchelicres prefque carrées; leur bafê efl; traverfee par un fillon , elles ont neuf lignes de longueur, prife de devant en arrière à l'endroit du collet, &: huit lignes de largeur; les deux autres font très-différentes des mâchelières , elles font prefque cylindriques, elles ont fix lignes de diamètre à l'endroit le plus gros , elles ne peuvent être que àts dents incifives, fi elles viennent du tapir, parce que cet animal n'a que de ces deux fortes de dents.

N.'' M C D X X V I I I.

La tête d'un jeune hippopotame.

Cette tète eft décharnée, elle a un pied dix pouces de longueur; les dimenfions de fes dents incifives & de {^s à(:{^w{ts fe trouvent dans la defcription de l'hippopotame. Voyei le tome XII de cet oiivrû"e , page 6q & fiiiv. ?vl. Adanfon , de l'Académie royale dés Sciences, m'avoit alors communiqué cette tête, mais à préfent elle appartient au Cabinet , par l'acquifition que le Roi a faite de la coiMion d'Hiftoire naturelle que M. Adanfon a rapportée du-

tee II)

4-06 Description

N.° M C D X X I X.

Fil de nerf de renne.

Ce fil eft double & tors, il eft d'un blanc - bleuâtre & luifânt comme de la foie ; il a ctc envoyé par M. Tefdorf.

n; m c d X X X,

Une corne de corine.

Cette corne efl; reprcfentce dans le witie XII de cet ouvrasse , pkuk he X X X I , figure j ; elle a quatre pouces huit lignes de lon- gueur & un pouce neuf lignes de circonférence à la baie : elle a été apportée du Sénégal , par Al. Adan/ôn.

N.° M C D X X X I.

Les deux cornes d'un koba.

Ces cornes ont un pied & demi de longueur, & huit poLKes de circonférence à la bafe ; elles diffèrent peu de celles qui font re- préfentées dans le îome XII fie cet ouvrage , pi xxxil , fg. 2,

N.'' M C D X X X I I.

Une tête de kob.

La defcription de cette tête efl dans \ttome XII de cet ouvrage , page 2 6y, elle efl repréfenîée dans h planche xxxil du même volume, fg. I. M. Adanfon a rapporté du Sénégal la tcte de kob dont il ^'agit , &: les cornes de koba mentionnées fous le numéro précédent.

N.° M C D X X X I I I.

Un gros bê^oard. Ce bézoard pcfe une livre quatorze onces fêpt gros; il a trois .pouces fept lignes de hauteur & onze pouces de circcnférencc

DU Cabinet, 4.07

à ï'cnJroIt ie plus gros ; forme eft irrégulière, cependant il a trois faces longitudinales , une petite face tuberculeufê à l'un d^s bouts , & à l'autre une grande face concave & polie, qui dcnoie que ce bczoaid étoit appliqué contre un autre bézoard dans le corps de l'animal qui l'a produit ; fa fubflance e(l de couleur oli- vâtre & pâle ; (a furface eil grenue à gros grains plats ; couche extérieure a été entamée; on voit à l'endroit de la fradure, qu'elle a jufqu'à trois lignes d'épailTeur , & qu'elle eft compofée d'autres couches plus minces ; la furface extérieure de la féconde couche a des grains plus diftinéls que ceux de la première. Ce bézoard reiïèmble un peu à celui du rhinocéros, & il ne peut venir que d'un aulTi grand animal. Voyci le lonte XI de cet ouvrage , page 210,

N.° M C D X X X I V.

Autre héipard,

La forme de ce bézoard efl: très-régulière, 5<: approche d'un ovoïde , mais il eft un peu aplati fur les deux côtés oppofcs, il pèfe trois onces fix gros & trente grains ; il a deux pouces de ion^^ueur , un pouce fept lignes de largeur & un pouce & demi d'épaiffeur; première couche a été détruite dans piufieurs en- droits, les parties qui reflent font fort minces, tubercuieufes, à petits grains & de couleur grife; les endroits de la féconde couche qui font découverts ont une couleur d'olive , 5c leur fur- face eft polie ; ce bézoard a été cafle plus profondément pour mettre à découvert fa ftrudure interne; l'on peut enlever des fragmens dts couches dont il efl compofé , & dont la furface & la fubflance intérieure font de couleur grife. II a été donné au Cabinet , par M. de la Porte, ancien premier Commis de ia. Marine.

4o8 Description

N." M C D X X X V.

Autre béipard.

Ce bczoaiJ a été envoyé du Pérou , il efl: renfermé dans unô filigrane d'or; il a la forme d'un ovojde aplati fur longueur; /on grand diamètre eft de quinze lignes; il a huit lignes & demie dans /a plus grande largeur , & fêpt lignes d'cpailîèur ; il pèfè trois gros & cinquante -cinq grains; fa furface efl; de couleur olivâtre très-pâle; elle a des tubercules plats tels que l'on en voit fur d^s pierres de la veffie.

N.^ M C D X X X V I.

Autre bé-zoard.

Ce bézoard efl très-remarquable par fa figure régulière, c'efl un globe de quatorze lignes de diamètre ; il pc(è une once deux gros & lôixante-cinq grains; fuiface efl: de couleur grifèavec quelques taches brunes un peu tuberculeulês ; c'eft au grain de cts taches & au poli gras du globe que je le prends pour un bézoard, quoique la régularité de forme défigne plutôt un globe facflice qu'un bézoard.

N.° M C D X X X V I L

Une corne de nano^uer,

o Cette corne a été gravée dans le lome XII de cet ouvrage ^ phnche xxxii , figure ; elle a été mile au Cabinet , avec la colledion de M. Adanlôn ; elle efl recourbée en avant , elle a de petites flries longitudinales , & fix ou lêpt anneaux qui font plus gros fur le devant de la corne que fur le derrière ; ils s'é- tendent obliquement fur les côtés, de manière que leur partie antérieure efl placée beaucoup plus bas que la partie poflérieure ;

fa

DU Cabinet. 409

la longueur de la corne eft d'environ huit pouces ; elle a quatre pouces &: demi de circonférence à la bafè.

N.° M C D X X X V I I I.

La tête if le bas des quatre, jambes d'une gr'imme.

Cette tête a cté apportée du Sénégal , par M. Adanfon ; Je i'ai décrite dans le tome XI 1 de cet ouvrage, page j2^ ,pl XLI , fg. 2& ^.

N.° M C D X X X I X.

Une partie des mâchoires d'un fanglier du Cap-vert,

La mâchoire du deflbus eft prerqu'entiére ; celle du deffus a été coupée à l'endroit des premières mâchelières ; à juger du fanglier du Cap-vert par ces parties & par les dents qui y tiennent, je le crois d'efpèce voifine , mais différente de celle de nos fangliers ; il leur reffemble par l'os du boutoir , par les dents incifives & les défenfes du deiïbus , &: par deux incifives du deiïiis; il en diffère par l'étendue de l'ouverture àts narines qui eft beaucoup plus longue que dans les fangliers &: les cochons , par la grandeur exceffive des défenfes de la mâchoire du deffus , par le nombre & la forme des dents mâchelières , par la grande largeur de k mâchoire inférieure à l'endroit àts défenfes, & par le contour & la longueur de ks branches qui font moins recourbées & plus hautes que celles du fanglier & des cochons.

La mâchoire inférieure a environ un pied de longueur depuis fon extrémité antérieure jufqu'au bord poftérieur de l'apophyfe condyloïde; (^ dents incilives font au nombre de fix, elles reffemblent à celles àts fingiiers & des cochons , excepté la dernière de chaque côté qui eit inclinée par fon extrémité contre Tome XIV. Fff

4IO Description

l'avant-dernicre ; il n'y a que deux incifives à la mâchoire fupt- rieure ; les dtfenfês du deflbus ne (brtent que de trois pouces au dehors de l'alvéole , elles ont deux pouces quatre lignes de cir- conférence à la bafè ; les ddïtn^ts du defTus fbrtent de la longueur de près d'un demi-pied hors de l'alvéole, & ont jufqu'à cinq pouces de circonférence , elles font recourbées en haut Se en dedans à peu près comme les cornes du taureau ou du buffle ; leur fubrtance efl de la nature de l'ivoire ; il n'y a que trois dents de chaque côté de la mâchoire inférieure, les deux premières font de médiocre grandeur relativement à celle de la mâchoire; mais la dernière eft très-grande , elle a deux pouces deux lignes de longueur prife de devant en arrière , & cinq ou fix lignes de largeur de dehors en dedans ; l'émail pénètre dans l'intérieur de ces dents 5c forme fur leur table dix-neuf ou vingt aires circu- laires , ovales ou de figure irrégulière &: de différentes grandeurs rangées fur trois files longitudinales ; les plus petites font dans fa file du milieu ; la mâchoire fupérieure de la tête dont il s'agit a été coupée de façon qu'il n'y refle que deux petites dents mâ- chelières ; fi la partie du bord alvéolaire qui y manque n'étoit occupée que par une grofîè dent qui correfpondît à la grofîè dent du deffous, le fànglier du Capvert n'auroit que vingt-quatre dents , tandis que les fangliers & ks cochons en ont quarante- quatre.

N.* M C D X L. La queue d* un jeune fanglïer du Cap-vert.

Le tronçon de cette queue efl aplati en defTus & en defîbus; il n'a que ^ts crins noirs, il en efl plus garni fur les côtés que fur les faces vers fon extrémité ; les crins des côtés font difpofés

DU Cabinet. 41 i

par bouquets en forme de petits pinceaux , & longs de trois ou quatre pouces.

N.° M C D X L I.

Les quatre pieds d'un jeune fanglier du Cap-vert.

II y a fur ces pieds àts foies comme fur ceux des làngliers &: des cochons; elles font brunes.

Fin du quatorzième Volume,

AVIS AU RELIEUR.

I

L y a dans ce quatorzième Volume quarante- une Planches, qui doivent être placées dans l'ordre fuivant :

A la pagt 82 , la planche I.

A la page i 0 S , les planches II, III, IV, V & VI.

Alapage 128 , les planches VII, VIII , IX, X, XI &XII.

A la page //^ , les planciies XIII , XI V & XV.

A la page t 6 S ,\q% planches XVI «Se XVII.

A la page 1 7^ , la planche XVIII.

A la page 186, la planche XIX.

A la page 2 o (f , ks planches XX, XXI, XXII, XXIII & XXIV.

A la page 2 2 2,ks planches XXV, XXVI, XXVII & XXVIII.

A la page 2^2 , les pbnches XXIX, XXX & XXXI.

A la page 2;(f,ks planches XXXII, XXXIII, XXXIV & XXXV.

A la page 2yo , la planche XXXVI.

.^4/^;;^^^ ^^^, les planches XXX VII & XXXVIII.

Alapage 28^, la planche XXXIX.

A la page 2^6 , la planche XL.

A la page ^0^, la planche X L L

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